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Full text of "Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments..."

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DICTIONNAIRE 


DES  ANTIQUITÉS 


GRECQUES  ET  ROMAINES 


,  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines.  Ce  Dictionnaire  se  composera  d’environ 
40  fascicules  grand  in-4.  Chaque  fascicule  comprend  20  feuilles  d’impression  (100  pages).  — 
Les  trente-cinq  premiers  fascicules  sont  en  vente.  Chaque  fascicule .  5  fr.  » 

TOME  I,  Première  partie  (A-B).  1  vol.  in-4,  broché .  23  fr.  75 

TOME  I,  Deuxième  partie  (C).  1  vol.  in-4,  broché .  29  fr.  50 

TOME  II,  Première  partie  (D-E).  1  vol.  in-4,  broché .  30  fr.  » 

TOME  II,  Deuxième  partie  (F-G).  1  vol.  in-4,  broché .  24  fr.  » 

TOME  III,  Première  partie  (H,  I,  J,  K).  1  vol.  in-4,  brôché .  27  fr.  50 

TOME  III,  Deuxième  partie  (L-M).  1  vol.  in-4,  broché . 40  fr.  » 


La  demi-reliure  en  chagrin  de  chaque  volume  se  paye  en  sus 


5  fr. 


DICTIONNAIRE 

DES  ANTIQUITÉS 

GRECQUES  ET  ROMAINES 

D’APRÈS  LES  TEXTES  ET  LES  MONUMENTS 


CONTENANT  L’EXPLICATION  DES  TERMES 


QUI  SE  RAPPORTENT  AUX  MŒURS,  AUX  INSTITUTIONS,  A  LA  RELIGION, 

AUX  ARTS,  AUX  SCIENCES,  AU  COSTUME,  AU  MOBILIER,  A  LA  GUERRE,  A  LA  MARINE,  AUX  MÉTIERS, 

AUX  MONNAIES,  POIDS  ET  MESURES,  ETC.,  ETC. 

ET  EN  GÉNÉRAL  A  LA  VIE  PUBLIQUE  ET  PRIVÉE  DES  ANCIENS 

OUVRAGE  RÉDIGÉ 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  D’ÉCRIVAINS  SPÉCIAUX,  D’ARCHÉOLOGUES  ET  DE  PROFESSEURS 

SOUS  LA  DIRECTION  DE 

MM.  CH.  DAREMBERG,  EDM.  SAGLIO  ET  EDM.  BOTTIER 

ET  ORNÉ  DE  PLUS  DE  6,000  FIGURES  D’APRÈS  L’ANTIQUE 

DESSINÉES  PAR  P.  SELLIER 


TOME  TROISIÈME 

Deuxième  partie  (L-M) 


PARIS 


LIBRAIRIE  HACHETTE  ET  C,E 

79,  BOULEVARD  S  A  l  N  T  -  G  E  R  M  A  I  N  ,  79 

1904 


Droil9  «le  traduction  et  de  reproduction  réserves. 


LA  B 


—  881  — 


LA  B 


LABRONIOS  (Aaêpwvioç,  Aaêpamov,  Aaëpoïûv) 1 . —  Vase 
à  boire  dont  la  forme  n’est  pas  bien  déterminée.  La  des¬ 
cription  d’Athénée2  en  fait  un  vase  largement  ouvert, 
muni  de  grandes  anses,  ce  qui  a  conduit  Krause3  à  le 
ranger  parmi  les  variantes  de  la  coupe  [cylix].  Mais 
Athénée  spécifie,  en  outre,  que  c’est  un  ustensile  d’ori¬ 
gine  perse  (ÊxTuopaxoç  irspatxoO  ei'Soç).  Ménandre  et  d’autres 
poètes,  dont  il  cite  les  extraits,  parlent  de  ce  vase  comme 
d’un  objet  de  prix,  faisant  partie  d’une  vaisselle  richement 
ciselée.  Il  y  avait  des  XaSpojvtot  enrichis  de  pierreries.  Un 
d’eux  (en  forme  d’oiseau  ou  orné  d’une  représentation 
d’oiseau,  d’après  un  vers  assez  obscur)  pesait  deux  cents 
statères  d’or  ;  un  autre  en  valait  vingt.  Il  est  mentionné  à 
côté  de  vases  portant  des  noms  d’animaux  (l’espadon,  le 
bouc-cerf, 'etc.),  comme  s’il  s’agissait  d’une  catégorie  de 
rhytons  [rhyton].  D’autre  part,  Didyme4  l’assimile  au  bom- 
iiylios,  ce  qui  achève  de  rendre  peu  nette  l’image  qu'on 
peut  s’en  faire.  E.  Pottieh. 

LABRUM,  LABELLUM.  —  Cuve,  vasque,  bassin.  Le 
mot  qui  signifie  lèvre  ou  rebord,  est  devenu  le  nom  du 
vase  lui-même,  que  caractérise  le  bord  replié  de  sa 


cuvette.  On  le  rencontre  dans  les  auteurs,  appliqué,  sans 
indication  de  forme,  à  des  vases  de  pierre,  d’argile,  de 
bois,  de  plomb,  contenantdu  vin  *,  de  l’huile  2,  de  la  sau¬ 
mure3,  des  fruits  et  des  légumes  ''',  ou  simplement  de 
l’eau5.  Il  convient  à  la  vasque  où  retombe  l’eau  jaillis¬ 
sant  d’une  fontaine6  :  on  en  a  vu  ailleurs  des  exemples 
[fons,  iiortus].  Il  désigne  spécialement,  dans  les  bains 
romains,  le  bassin  isolé  qui  servait  dans  le  caldarium 
aux  douches  et  aux  ablutions  [balneumj,  et  ainsi  il  corres¬ 
pond  au  louterion  des  Grecs.  Il  est,  comme  celui-ci, 
porté  par  un  pied  qui  le  monte  à  hauteur  d’appui.  Un 
labrum  (ainsi  nommé  dans  l’inscription  qui  y  est 
gravée  en  lettres  de  bronze) 7,  encore  en  place  dans  les 

LABROXIOS.  1  Différentes  orthographes  dans  Athénée,  XI,  68,  p.  484;  Hesych. 
Suid.  Phot.  s,  v.  Le  Thésaurus  d’Henri  Estienne  en  fait  un  féminin  singulier^ 
AtcSjuvia  (ô)-  Les  textes  qui  contiennent  ce  mot  me  paraissent  en  faire  le  pluriel 
de  USçùvtov,  comme  l'a  déjà  montré  Casaubon.  —  2  Alhen.  XI,  68,  p.  484  c. 
—  3  Angeiologie ,  p.  341.  —  4  Ap.  Ath.  I.  c. 

LABRUM,  LABELLUM.  1  Virg.  Georrj.  Il,  6  ;  Cal.  R.  rust.  154.  —  2  Cat. 
n.  rust.  10,  Il  et  13  ;  Colum.  XII,  5-2,  10  el  11.  -  3  Cat.  88.  —4  Cat.  1 1  ;  Col  XII 
lo  et  44.  —  5  Cat.  10  et  II.  —  0  Inscr.  de  Tunisie,  ntill.  arc  h.  du  Comité  des  trav. 
hist.  1893,  p.  205  :  «  Ad  labrum  lapideum  aqua  ut  saliret  ».  —7  Corp.  inscr.  lat  X 
817.-8  Inscr.  de  Nemi,  Hermès ,  1872,  p.  11  «  labellum  marmorcum  cum  coin 

V. 


L 


Anciens  bains  de  Pompéi,  a  pour  support  un  épais 
massif  circulaire  en  lave  (voir  t.  Ier,  p.  656,  fig.  756,  757); 
mais  ordinairement  le  pied  est  dégagé,  en  forme  de  pié- 
douche  ou  de  colonne  ( columella )8.  Celui  qui  est  dessiné 


figure  4311  est  en  marbre  et  appartient  au  musée  de 
Naples9.  De  magnifiques  exemples  de  ces  vases  existent 
encore  dans  les  musées,  faits  de  marbres  rares,  de  por¬ 
phyre,  de  basalte  et  richement  sculptés10.  Quelquefois 
plusieurs  pieds  à  figures  de  lions,  de  sphinx,  de  chi¬ 


mères,  etc.  (fig.  4312),  ont  été  groupés  autour  du  support 
central  ou  disposés  en  trépied 11  pour  soutenir  leurs 
vastes  bassins12.  La  beauté  du  travail  et  de  la  matière 
permet  de  supposer  que,  en  dehors  des  emplois  déjà 

mella  ».  9  Mus.  Borbon.  III,  xr.iv.  —  10  Voir  les  recueils  de  Piranesi,  Vasi, 

candelabri ,  etc.  Rome,  177G;  Roclieggiani,  Raccolta  di  cento  tavole  (s.  1.  n.  d.)  ; 
Pislolcsi,  Vaticano  descritto ,  Rome,  1829-30,  et  les  autres  descriptions  de  musées 
d  antiques,  en  tenant  compte  des  restaurations  modernes. Citons  seulement  encore  pour 
la  beauté  de  l  ornement  une  vasque  du  palais  des  Conservateurs  au  Capitole*  Bull, 
municip.  di  Borna ,  1875,  p.  80  ;  Hclbig,  Führev,  I,  n.  596.  —  H  Piranesi,  O.  c.  I, 
pl.  xxxiu  ;  Roclieggiani,  O.  c.  pl.  xxxu,  xu  ;  Pistolesi,  t.  VI,  pl.  xxn,  xxiv  ;  Gargiulo, 
Recueil  de  monum.  du  Musée  Farnèse,  pl.  xly,  xlvii,  etc.  —  12  Celui  de  la  Rotonde 
du  Vatican  provenant  des  thermes  de  Titus  (Pistolesi,  O.  c.  VI,  pl.  ex)  mesure 
44  palmes  et  1/2  de  circonférence. 


111 


LAB 


882  — 


LAB 


signalés,  quelques-uns  des  labrn  qu’on  a  conservés  n’ont 
été  faits  que  pour  l’ornement  de  résidences  princières1. 

Ils  pouvaient  avoir  encore  une  autre  destination.  Il  y 
en  avait  qui  étaient  placés  à  l'entrée  des  temples  et  qui 
contenaient  l'eau  lustrale  [luStratio].  Scipion  en  avait 
consacré  deux  de  marbre  devant  un  arc  qu’il  avait  fait 
elever  sur  la  pente  du  Capitole2.  Cet  usage  remonte  à  la 
plus  haute  antiquité3  et  s’est  perpétué  jusqu’à  l’époque 
chrétienne.  Les  mêmes  vases  sont  dé¬ 
signés  par  des  noms  très  divers,  can- 
tiiàrus,  concha,  piiiala,  lacus  4 ,  en 
même  temps  que  celui  de  labrum 
restait  attaché  à  toute  espèce  de  réci¬ 
pients  servant  aux  ablutions  5.  La 
variété  des  noms  est  la  preuve  que  la 
forme  ne  resta  pas  non  plus  inva¬ 
riable  ;  c’est  ce  qu’attestent  aussi  les 
monuments.  Dans  un  bas-relief  du 
Vatican6,  on  voit  (fig.  4313),  au  bas 
des  degrés  d  un  temple  païen,  et  protégés  par  des  grilles, 
deux  vases  très  différents  de  ceux  qui  ont  été  figurés 
plus  haut;  et  dans  une  miniature  du  vie  siècle7,  où  est 
représentée  l’enceinte  du  tabernacle  des  Juifs,  le  vase 
destiné  aux  ablutions  a  la  même  forme  se  rapprochant 
de  celle  de  1  amphore,  et  cependant  le  nom  qui  est  ins¬ 
crit  au-dessus  est  encore  celui  de  labrum  (fig.  4314). 

E.  Saglio. 


LAB4  RIIYTIIUS  (AaSûptvOoç).  —  [Jn  pharaon  de  la 
XIIe  dynastie,  Amenemhat  III,  avait  fait  élever  à  l’est  du 
lac  Mœris  une  immense  construction  qui  était  à  la  fois 
son  palais  et  son  tombeau  :  après  sa  mort,  il  fut  enseveli 
au  centre  des  bâtiments  sous  une  pyramide  de  briques 
revêtue  de  pierres  sculptées.  Les  édifices  et  les  voies  qui 
s’enchevêtraient  autour  de  ce  centre,  où  l’on  voyait, 
outre  le  tombeau  du  roi,  douze  grandes  salles  hypostyles, 
formaient  un  dédale  inextricable  pour  quiconque  s’y 
aventurait  sans  guide  :  c’étaient  des  milliers  de  petites 
chambres,  toutes  carrées,  toutes  recouvertes  d’un  seul 
bloc  de  pierre,  reliées  les  unes  aux  auLres  par  des  cou¬ 
loirs  étroits,  les  unes  souterraines,  les  autres  au-dessus 
du  sol.  Le  tout  formait  comme  une  cité  à  part,  un 
massif  quadrangulaire  d’environ  deux  cents  mètres  de 
long  sur  cent  soixante-dix  de  large  ;  la  façade  sur  le 
Mœris  était  tout  entière  d’un  calcaire  blanc  comme  le 
marbre1.  L’aspect  en  était  grandiose  et  original.  Il 
frappa  d’étonnement  et  d’admiration  Hérodote  qui  écri¬ 
vit  :  «  Si  Ion  rassemblait  tous  les  édifices  et  toutes  les 
constructions  des  Grecs,  on  les  trouverait  inférieurs 
comme  travail  et  comme  dépense  à  ce  Labyrinthe2.  »  Il 
estima  même  que  ce  monument  surpassait  en  beauté  les 
Pyramides.  On  lui  fit  visiter  les  chambres  supérieures, 
toutes  ornées  d  un  grand  nombre  de  sculptures  ;  dans 
les  chambres  souterraines,  qu’on  ne  montrait  pas,  étaient 


enfermés,  disait-on,  les  sarcophages  et  des  crocodiles 
sacrés  des  rois  fondateurs  du  Labyrinthe.  Une  mission 
allemande  croit  avoir  retrouvé,  de  nosjours,  ce  majestueux 
édifice3.  Bien  que  cette  découverte  ait  été  contestée4,  elle 
parait  définitivement  démontrée  par  de  récents  travaux  8. 

C’est  sur  cette  donnée  purement  égyptienne  que  les 
Grecs  ont,  à  leur  tour,  édifié  le  légendaire  Labyrinthe  de 
Crète,  qui,  d’après  Pline  6,  n’aurait  été  que  la  centième 
partie  du  labyrinthe  égyptien,  et  qui  pourtant  finit  par 
éclipser  dans  la  mémoire  des  hommes  le  seul  et  véritable 
prototype.  Construit  par  Dédale,  sur  l’ordre  de  Minos 
[daedalus],  près  de  la  ville  de  Cnossos,  ce  labyrinthe, 
perdu  dans  les  profondeurs  de  la  terre,  aurait  servi  de 
repaire  au  Minotaure  qui  se  nourrissaitde  chair  humaine  ; 
on  sait  après  quelle  série  d’aventures  le  grand  héros 
attique,  Thésée,  conduit  à  travers  les  détours  du  chemin 
par  le  fil  d  Ariane,  parvint  jusqu’au  monstre  et  le  tuajAuxo- 
TAURUS,  tüeseus].  On  ditque  pour  fètercette  heureuse  dé¬ 
livrance,  il  institua  avec  les  jeunes  gens  etles  jeunes  filles 
sauvés  par  lui  une  danse  qui  resta  rituelle  à  Dc1os  [géra- 
Nos],et  qui  reproduisait  dans  ses  mouvements  de  faran¬ 
dole  les  crochets  multiples  des  sentiers  du  Labyrinthe  1 

La  filiation  avec  l’édifice  égyptien  est  certaine  :  le  mot 
grec  lui-même  est  dérivé  d’une  racine  égyptienne,  dési¬ 
gnant  le  Temple  de  Rahounit8.  Non  seulement  le  plagiat 
est  flagrant,  mais  on  a  même  pu  se  demander  si  le 
labyrinthe  de  Crète  a  existé  autrement  que  dans  l’ima¬ 
gination  des  Grecs.  Les  études  les  plus  récentes  aboutis¬ 
sent  sur  ce  point  à  une  conclusion  négative9  :  même 
ceux  qui  cherchent  à  pallier  le  mensonge  poétique  des 
anciens,  reconnaissent  que  le  labyrinthe  crétois  pourrait 
tout  au  plus  être  représenté  par  une  grotte  profonde, 
remplie  de  cavités  et  de  couloirs  tortueux,  creusée  dans 
les  flancs  d'une  montagne,  aux  environs  de  Gortyne  (et 
non  de  Cnossos  qui  est  spécifié  par  la  majorité  des 
auteurs  anciens),  ayant  servi  autrefois  de  carrière  d'où 
l’on  extrayait  des  pierres10.  Peut-être  ces  «  latomies», 
comme  celles  de  Syracuse,  avaient-elles,  en  quelque 
occasion',  renfermé  des  prisonniers  de  guerre  qui  y 
seraient  morts  de  faim,  et  cette  circonstance  aurait 
donné  naissance  au  mythe  des  jeunes  gens  livrés  en 
proie  au  monstrueux  habitant  de  cette  caverne.  Mais  on 
fait  remarquer  11  que  ni  Homère,  ni  Hésiode,  ni  Hérodote 
ne  parlent  du  labyrinthe  crétois.  Hérodote  surtout 
devrait  y  faire  au  moins  une  allusion,  en  décrivant  si 
attentivement  celui  d’Égypte.  Les  auteurs  grecs  d’époque 
romaine  qui  le  mentionnent,  comme  Diodore12,  Apollo- 
dore13,  Plutarque  u,  donnent  d’ailleurs  à  leur  récit  un 
caractère  de  mythe  attique,  et  non  pas  proprement  crétois. 
Diodore15  dit  bien  qu'il  en  subsistait  encore  des  restes  de 
son  temps  ;  mais  ce  texte  même  a  été  contesté  et  corrigé, 
de  telle  sorte  que  certains  historiens  en  tirent  l’assertion 
tout  opposée 16. 


'  1  lusieurs  proviennent  de  la  villa  d  Hadrien,  où  abondaient  les  marbres  précieux. 
-  lit.  Civ.  XXX\  II,  3,  7.  3  Voir  chatf.r,  fig.  2038.  Le  labeltum  mentionné 

p.  882,  note  8,  élait  placé  à  Ventrée  d'un  temple  ;  cf.  Orelli,  fnsc.  4517.  —  4  Benndorf 
in  Büdingers,  Stud.  III,  330.  —  5  Le  même  nom  labrum  ou  labium  fut  aussi  donné  à 
la  cuve  baptismale.  Anastas,  Bibl.  De  vitis  pontif.  Rom.  1718,  p.  39  ;  ci',  lsidor. 
frloss.  in  sacr.  script.  Vil,  p.  412.  Arev.  :  «  Labrum  et  Iabum  unuin  sunt,  vas 
aencum  quadrangulum  in  quo  lavantur  sacerdotes  ».  —  C  Gerhard,  Arch. 
Zeit.  1847,  pl.  îv,  p.  50.  —  7  Garrucci,  Storia  d.  arte  crist.  pl.  cxxvi,  2. 

I.ABYRIMTHUS.  1  Voir  Maspero,  Hist.  anc.  des  peuples  de  l'Orient,  p.  llfi- 
117.  —  2  Hcrodot.  Il,  118.  —  3  Lipsius,  Briefe  ans  Aegypten,  p.  05-81  ;  Denk- 
maeler,  I,  pl.  xlvi-xlvih.  —  4  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'art ,  1,  p.  475-470. 
-  S  Maspero,  Hist.  anc.  des  peuples  de  l’Orient,  I,  p.  520,  noie  3.-6  p|jn. 


Hist.  nat.  XXXVI,  13.  —  7  Plut.  Thés.  21  ;  Callim.  Del.  311  ;  Scliol.  Iliad.  XVIII, 
590.  —  8  Maspero,  Ibid,  note  2.  Les  étymologies  grecques  sont,  comme  toujours, 
imaginées  d'après  des  analogies  de  mots  ;  cf.  Suid.  et  Ilesych.  s.  v.  D'autres  étymo¬ 
logies  grecques,  proposées  par  des  modernes,  ne  sont  pas  beaucoup  plus  acceptables  ; 
cf.  le  Lerik.  der  Myth.  de  Roschcr,  II,  p.  1782.  —  9  Voir  les  conclusions  de  Stoll, 
Fabricius,  Hfifer,  insérées  dans  le  même  article  du  Lexik.  der  Myth.  de  Rosclier, 

au  mot  Labyrinthos,  II,  p.  1778-1783.  —  to  Fabricius,  !.  c.  p.  1780.  _  U  Hôck, 

Kreta,  p.  56-02;  cf.  Lexik.  de  Rosclier,  p.  1783.  —  12  I,  f,i  97-  [y  91  77. 

—  13  III,  I,  4  ;  15,  8.  —  U  Thés.  15,  16,  19  ;  cf.  Hellanikos,  Fragm.  73,  ap.  Fragm. 
hist.  gr.  I,  p.  54,  Millier  ;  Pherecyd.  fr.  106,  ib.  p.  97  ;  Paus.  I,  27,  9  ;  Virg.  Aen.  V, 
588  et  Serv.  ad  b.  I.  ;  Iîyg.  Fab.  40,  41,  42.  —  13  I,  97,  édit.  Didot  (C.  Muller). 

-  10  Hôck,  l.  c.  Pline  dit  (Hist.  nat.  XXXVI,  90)  «  Cretici...  nulla  vestigia  exstent  ». 


IAB 


—  883  — 


La  réalité  historique  du  plus  célèbre  des  Labyrinthes 
reste  donc  tout  à  fait  douteuse.  Mais  la  légende  n’en  est  pas 
moins  ancienne  et  elle  a  du  prendre  naissance  assez  tôt 
en  Grèce.  Preller  a  eu  tort  de  croire  que  l'on  doit  seule¬ 
ment  à  des  mythographes  de  l'époque  romaine  l’idée 


Fig.  4315.  —  Thésée  sortant  du  Labyrinthe. 


d’associer  l'histoire  du  Minotaure  au  mythe  du  Laby¬ 
rinthe1.  Nous  ne  pouvons  pas  douter  aujourd’hui  que 
les  Grecs  n’aient  les  premiers  et  de  bonne  heure  com¬ 
biné  ces  deux  éléments  de  la  fable  crétoise.  Un  très  ancien 


vase  attique,  datant  au  moins  du  début  du  vie  siècle, 
montre,  derrièreThésée  en  lutte  avec  le  Minotaure,  Ariane, 

tenant  dans  ses  mains  le  peloton 
de  fil  qui  a  guidé  le  héros  à  travers 
les  détours  de  sa  route  téné¬ 
breuse2.  Sur  une  autre  peinture 
céramique,  du  ve  siècle,  on  voit 
Thésée  traînant  le  corps  du 
monstre  expirant  en  dehors  d’un 
édifice  figuré  par  un  portique 
auquel  est  accolée  une  bande 
d'ornements  en  forme  de  méandre 
compliqué  (fig.  4315)  qui,  par 
un  symbole  ingénieux,  rappelle  la  structure  inté¬ 
rieure  du  Labyrinthe3.  Le  même  ornement  apparaît  sur 
des  monnaies  autonomes  de  Cnossos  ayant  au  droit  le 
Minotaure4.  Sur  d’autres  monnaies  (fig.  4316),  le  laby¬ 
rinthe  est  représenté  seul 8;  les  formes  en  sont  variées1’. 


I  Article  Labyrinthus  dans  Pauly's,  Realencycl.  184G,  p.  705-707.  — 2  Gazette 
arch.  1884,  pl.  i-ii.  —  3  Journ.  ofi  hell.  Stud.  U,  pl.  x,  p.  60  (C.  Smith). 
—  4  Duruy,  Hist.  des  Grecs ,  I,  p.  62  ;  ==  Baumeister,  Denkmaeler,  II,  p.  936, 
lig.  1011.  —  5  Au  Cabinet  des  Médailles  de  Paris,  monnaie  de  Cnossos.  —  6  Pellerin, 
Rec.  111,  p.  05  ;  Eckhel,  Doct.  I,  2,  p.  308  ;  Mionnet,  II,  p.  265  ;  Hôck,  Kreta,  pl.  n 
M.  Iliick  veut  en  tirer  un  argument  contre  la  réalité  du  Labyrinthe.  Mais  ce  serait 
une  preuve  bien  faible.  Le  Capitole  et  d’autres  monuments  célèbres  sont  figurés  sur 
les  monnaies  avec  une  diversité  de  formes  aussi  étonnanle.  —  3  Oenochoé  de  Tra - 
glialella  ;  Annal,  dell'  Inst.  1181,  pl.  l  ;  =  S.  Reinach,  Répertoire  des  vases  peints , 
1,  p.  345.  —8  Museo  Borbonico ,  XIV,  pl.  a;  Niccolini,  Case  e  monum.  di  Pom- 
peji,  Casa  di  Lucrezio ,  p.  12,  pl.  i,  6  ;  Overbeck,  Pompeji ,  4'  éd.  p.  318.  —  9  Revue 
crehéol.  1884,  II,  p.  107.  —  10  Arch.  Zeitung,  1848,  p.  99,  Anzeiger  ;  Sitzungsber. 
d.  WUn.  Akad.  1851,  pl.  v.  —  U  Overbeck,  Op.  I.  p.  345  ;  Zahn,  II,  50,  dans  la 
maison  dite  du  Labyrinthe.  La  porte  seule  du  Labyrinthe  est  figurée  dans  certaines 
peintures  de  Pompéi  :  Helbig,  Wandgem.  n«s  1213,  1214.  —  12  S.  Reinach,  Pierres 


LAC 

Signalons  encore,  parmi  les  monuments  de  1  epoqui* 
ancienne,  une  curieuse  peinture  de  vase  étrusque  où.  dans 
une  scène  encore  mal  expliquée,  apparaît  un  dessin  de 
labyrinthe  h 

A  l’époque  romaine,  les  monuments  sont  plus  nom- 


j  IABYAvs  T-j-ïyf 


breux  encore  :  graffite  de  Pompéi  avec  l’inscription  :  hic 
habitat  Minotaur us  (fig.  4317) 8,  mosaïque  de  Brindisi9. 
mosaïque  de  Fribourgen  Suisse lü,  mosaïque  de  Pompéi  , 

pierres  gravées, etc.12.  Les  témoignages  desauteurs  devien¬ 
nent  aussi  plus  précis  et  plus  abondants,  à  mesure  que 
tous  les  détails  de  la  légende  sont  mieux  fixés  dans 
l’imagination  populaire13. 

Outre  le  Labyrinthe  de  Crète,  les  auteurs  mentionnent 
ailleurs  des  constructions  du  même  genre.  On  cite  en 
particulier  celui  de  Lemnos  (de  Samos  suivant  d  autres), 
qui  aurait  été  construit  par  les  célèbres  artistes  Rhœkos 
et  Théodoros14.  On  en  signale  d’autres  en  Grèce,  à 
Nauplie,  en  Sicile,  en  Italie13.  Il  semble  que,  dans  la 
réalité,  aucun  de  ces  prétendus  labyrinthes  n'aient  eu 
plus  de  droit  que  celui  de  Crète  à  prendre  place  dans 
l’histoire.  Pline  donne  aussi  le  même  nom  au  tombeau 
de  Porsenna16,  construit  âClusium  d’Etrurie,  à  cause  de 
la  multiplicité  des  cachettes  et  des  détours  aménagés 
dans  l’intérieur  du  tumulus  pour  dépister  les  recher¬ 
ches.  Mais  c’est,  dans  ce  sens,  un  simple  abus  de  mot  et 
une  métaphore  semblable  à  celle  qui  a  passé  dans  le  lan¬ 
gage  moderne  n.  E.  Pottier. 

LAC.  PiXa,  lait.  —  L’usage  du  lait  et  de  ses  produits 
[butyrum,  caseus]  remonte  vraisemblablement  aux  plus 
anciens  âges  de  l’humanité.  Au  témoignage  des  auteurs 
anciens,  le  lait  constitue  l’un  des  principaux  éléments  de 
la  nourriture  des  peuples  primitifs  ou  dontle  mode  d’exis¬ 
tence  se  rapproche  de  celui  de  ces  peuples.  Polyphénie, 
chez  Homère  ‘,  est  un  pasteur,  et  s’il  ne  dédaigne  pas  le 
vin,  le  lait  est  la  boisson  dont  il  accompagne  ordinaire¬ 
ment  ses  repas,  sanglants  ou  non.  Son  antre  est  une  vé¬ 
ritable  laiterie,  pleine  de  pots,  de  seaux,  etc.  Il  emploie 

gravées  {RM.  des  mon.  figurés),  pl.  lvi^  (,5,  1),  cxxxvi  (51).  —  13  Virg.  Aen. 
558;  VI,  27,  29;  Ovid.  Metam.  VIII,  167;  Apollod.  III,  1,  4  ;  III,  15,  8  ;  Etgm. 
magn.s.v .;  Riod.  I,  61,  97  ;  IV,  61,  77;  Plin.  Hist.  nat.  XXXVI,  85;  Plut.  Thés. 
la,  16,  19  ;  Slrab.  X,  p.  447;  Dio  Clirys.  Or.  71,  p.  626;  Ael.  Nat.  ail.  VI,  43. 
Claudien  (VI  Cons.  Honor.  Aug.  v.  634)  et  Cedreuus  (p.  98)  seuls  placent  le 
Labyrinthe  à  Goi'tyne,  au  lieu  de  Cnossos.  —  14  Plin.  XXXVI,  13(86  el90).  Mais 
comme  il  dit  «  indigenae  «  en  parlant  des  deux  architectes  samiens,  on  a  pensé  qu'il 
fallait  corriger  Lemnos  en  Samos  ;  cl.  Preller,  Realencycl.  de  Paulv,  s  v.  —  15  Strab. 
VIII,  p.  369,  373  :  cf.  Preller,  Op.  I.  p.  707  ;  Zoega,  Dcobeliscis,  p.  315,347.-16  Plin. 
Hist.  nat.  XXXVI,  13(911.  —  n  L’ornement  en  méandres  compliqués,  appelé  laby¬ 
rinthe,  figure déjàsur  les  monuments  antiques  ;  outre  les  monnaies,  la  coupe  grecque  et 
le  graffite  cités  plus  haut;  cl'.une  mosaïque  de  Pompéi  (Overbeek.Op.  L  p.  344).  —  Biblio¬ 
graphie.  Preller  dans  Realencycl.  de  Pauly,  1840,  Stuttgart,  IV,  p.  705-707;  Stoll,  Fabri- 
cius,  Hôfer,  dans  le  Lcxilcon  der  Mythologie  ie  Roscher,  1897,  Leipzig,  II,  p.  1778-1783. 

L  YC.  1  Hom.  CJd.  IX,  218-223,  244-249. 


surtout  le  lait  des  chèvres  et  celui  des  brebis.  Au  temps 
de  Théocrite,  la  nourriture  des  pâtres  siciliens,  anthro¬ 
pophagie  à  part,  est  la  même  b  Dans  le  monde  grec 
homérique,  maîtres  et  pasteurs  se  nourrissent  également 
de  lait  de  brebis  2.  Il  en  est  de  même  en  d’autres  régions. 
Les  Suèves,  d’après  César,  vivent  surtout  de  lait  et  de 
petit  bétail  3.  Partout  le  lait  de  la  brebis  et  celui  de  la 
chèvre  paraissent  plus  communément  en  usage  que  le  lait 
de  vache.  On  ne  dédaignait  pas  celui  de  plusieurs  autres 
animaux.  On  tirait  parti  du  lait  d’ànesse,  surtout  en  mé¬ 
decine,  comme  il  sera  dit  plus  loin.  Le  lait  de  jument  est 
le  plus  substantiel  de  tous,  au  dire  de  Yarron  4.  Le  même 
écrivain  se  contredit  du  reste  ailleurs  lorsqu’il  place  en 
première  ligne  le  lait  de  brebis,  puis  celui  de  chèvre  \ 
11  se  rencontre  presque  ici  avec  la  science  moderne  qui 
donne  le  premier  rang  au  lait  de  chèvre  et  le  second  au 
lait  de  brebis,  le  lait  de  la  vache  ne  venant  qu’en  troisième 
lieu,  puis  ceux  de  la  femme,  de  l’ânesse  et  de  la  jument0. 
En  Thrace,  les  Ilippêmolgues  consommaient  le  lait  de 
leurs  cavales  7.  Plus  tard,  dans  les  mêmes  contrées,  on 
voit  encore  les  Gélons  boire  du  lait  mêlé  de  sang  de  che¬ 
val  8.  Le  lait  de  truie  était  employé  en  médecine  9,  mais 
Pusage  habituel  de  cet  aliment  passait  pour  communiquer 
une  sorte  de  lèpre  10.  A  Rome,  le  lait  de  chamelle,  mêlé 
de  trois  parties  d’eau,  passait  pour  une  boisson  très 
agréable  11 .  Le  lait  d’ànesse,  en  raison  de  son  épaisseur, 
servait  parfois  en  guise  de  présure  pour  faire  cailler  les 
autres  laits  12.  En  Italie,  alors  que  les  raffinements  de  la 
bonne  chère  faisaient  sans  doute  dédaigner  aux  riches  le 
lait  dans  son  état  naturel,  au  moins  comme  aliment  ha¬ 
bituel,  il  reste  au  contraire,  avec  le  fromage,  la  principale 
ressource  des  paysans  13.  Toute  maison  rustique  ayant 
de  l’aisance  en  était  pourvue  abondamment,  comme  de 
miel  et  de  quelques  autres  denrées  u.  Il  importe  de 
marquer  ici  qu’il  est  beaucoup  plus  fréquemment  question 
dans  les  au  teurs  anciens  de  lait  de  chèvre  et  de  brebis  que 
de  lait  de  vache.  Ceux  qui  ont  écrit  sur  l’agronomie  trai¬ 
tent  presque  toujours  du  gros  bétail  au  point  de  vue  du 
labourage  et  de  la  reproduction.  Il  est  vrai  qu’ils  ne 
parlent  pas  non  plus  de  l’engraissement  en  vue  de  la 
boucherie,  d'où  il  serait  absurde  de  conclure  que  les 
anciens  nemangeaientpointla  chair  du  bœufet  delà  vache. 

Nous  savons  qu’en  Italie  on  considérait  comme  les 
meilleures  laitières  les  vaches  des  Alpes  que  les  ha¬ 
bitants  appelaient  cevae  13.  Notons  qu’ici  encore  on  les 
considère  surtout  comme  nourrices,  car  non  seulement  on 
leur  faisait  nourrir  leurs  veaux,  mais  on  leur  en  amenait 
qu’elles  n’avaient  pas  portés.  Virgile  recommande  que  le 
lait  des  vaches  soit  de  préférence  réservé  aux  veaux  et  ne 
remplisse  pas  la  laiterie,  «  comme  chez  nos  pères  », 
ajoute-t-il,  ce  qui  indique  à  la  fois  l’usage  et  la  restric¬ 
tion  10.  Comme  laitière,  en  raison  de  l’abondance  de  sa 
production,  il  préfère  la  chèvre  à  la  brebis  n.  L’édit  de 
Dioclétien,  de  son  côté,  ne  mentionne  que  le  lait  de  brebis. 
On  voit,  d’après  ce  qui  précède,  qu’il  n’y  a  pas  lieu  d’en 
inférer,  avec  M.  Waddington,  un  argument  en  faveur  de 
la  destination  particulière  decet  édit  aux  provinces  orien¬ 
tales  de  l’Empire  18. 

!  Tlieocr.  Id.  VIII,  42:  XI,  34-35,  etc.  —  2  Hom.  Od.  IV,  86-89.  —  3  Cacs. 
Bull.  Gall.  IV,  1.  —  4  Varr.  B.  rust.  II,  8.  —  3  Ibid.  II,  11.  —  6  Dict. 

eneyet.  des  sc.  médic.  2"  série,  t.  I,  p.  166.  —  7  Hom.  11.  XIII,  5.  —  8  Virg. 

Geory.  III,  462-3.  —  9  Plin.  Hist.  nat.  XXVIII,  33.  —  10  plut.  De  Is. 

et  Os.  6.  —  n  Plin.  Hist.  nat.  XI,  96.  —  12  Plin.  XI,  96.  —  13  Col.  VII,  2. 

—  14  Cic.  De  .S'en.  XVI,  50.  —  13  Col.  VI,  24.  '-=•  10  Virg.  Geory.  III,  176-177. 


Les  agronomes  latins  donnent  des  instructions  détail¬ 
lées  sur  la  production  du  lait  et  les  conditions  nécessaires 
pour  en  obtenir  d’une  bonne  qualité.  Cette  qualité,  dit 
Varron,  dépend  de  trois  conditions  :  la  nourriture  donnée 
aux  animaux  ;  l’orge,  la  paille,  et  en  général,  tout  four¬ 
rage  sec,  pourvu  qu’il  soit  substantiel,  donne  du  lait 
nourrissant;  ensuite  il  importe  que  le  bétail  soit  sain  et 
bien  portant;  enfin  l’époque  où  l’on  trait  n’est  pas  indif¬ 
férente.  Le  meilleur  est  le  premier  tiré  du  pis,  et  quand 
il  V  a  déjà  quelque  temps  que  la  bête  a  mis  bas.  Celui 
que  l’on  a  trait  avant  ce  moment,  appelé  colostra ,  est  mis 
à  part.  C’était  à  Rome  un  objet  de  friandise  19.  On  recom¬ 
mandait  aussi  de  garder  pour  faire  le  fromage  le  lait  tiré 
le  matin  ou  vers  midi,  tandis  que  le  lait  tiré  le  soir  était 
dès  le  point  du  jour  porté  à  la  ville  dans  des  pots  d’airain  2Ü. 
D’après  l’Édit  de  Dioclétien,  le  lait  se  vendait,  ainsi  que 
le  fromage  frais,  dans  les  mêmes  marchés  que  les  fruits 
et  les  légumes  21,  tandis  que  le  fromage  salé  était  débité  au 
marché  des  salaisons  22.  Le  prix  de  ce  lait  nous  paraîtfort 
élevé,  car  il  est  fixé  à  huit  deniers  le  sextarius  italique, 
ce  qui  équivaudrait  à  49  centimes  les  54  centilitres  23. 
Mais  les  savants  sont  loin  d’être  d’accord  sur  la  valeur  du 
denier  au  temps  de  Dioclétien  2V.  Encore  suivons-nous 
l’évaluation  la  moins  élevée,  qui  est  ici  à  coup  sûr  la 
moins  invraisemblable. 

Une  certaine  partie  du  lait  recueilli  revenait  au  proprié¬ 
taire.  Cela  est  vrai  au  moins  pour  l’époque  où  vivait  Caton. 
Dans  le  contrat  de  louage  d’un  troupeau  de  brebis,  on  in¬ 
sérait  cette  clause  que  la  moitié  du  lait  tiré  les  jours  de 
fêle,  avec  une  urne  en  plus,  lui  appartiendrait 2a. 

Le  lait  n’était  pas  seulement  consommé  pur.  Les  Grecs 
le  trouvaient  plus  doux  quand  de  la  farine  y  était  mêlée 26 . 
A  Rome,  les  gourmets  le  faisaient  bouillir  avec  des  cail¬ 
loux  de  mer  27.  On  conservait  le  lait  par  divers  moyens. 
Virgile  recommande  de  faire  deux  parts  du  lait  recueilli. 
L’unesera  utilisée  immédiatement,  l’autre  sera  salée  pour 
l'hiver  28.  Il  est  difficile  de  croire  que  le  procédé  fût  aussi 
sommaire  qu’il  l’indique.  On  appelait  oxygalci  une  autre 
préparation.  Selon  Pline,  l’oxygala  était  simplement  la 
partie  caillée  du  lait  à  laquelle  on  ajoutait  un  peu  de  sel, 
ou  encore  un  peu  de  lait  aigre  qu’on  ajoutait  au  lait  ré¬ 
cent  pour  le  faire  aigrir.  Le  lait  ainsi  aigri  passait  pour 
fortifier  l’estomac  20 .  Coluinelle  donne  de  l’oxygala  une 
recette  infiniment  plus  compliquée.  Dans  un  vase  de  terre 
propre,  on  verse  du  lait  de  brebis  très  frais  dans  lequel  on 
fait  nager  de  petits  bouquets  de  menthe,  d’oignons, 
d’origan,  de  coriandre.  Cinq  jours  après,  on  vide  le 
petit-lait,  puis,  au  bout  de  trois  jours,  on  jette  les 
bottes  d’assaisonnement.  On  ajoute  un  peu  de  thym  et 
d’origan  secs,  puis  on  mêle  des  poireaux,  suivant  telle 
quantité  que  l’on  juge  à  propos.  On  les  hache,  on  mêle  le 
lait  avec  soin  et  après  trois  jours  on  vide  encore  le  petit- 
lait.  Puis  on  sale,  et  on  bouche  le  pot  pour  ne  l’ouvrir 
que  lorsqu’on  veut  y  puiser  30.  La  recette  varie  d’ailleurs 
en  ses  détails  suivant  le  goût  de  chacun.  Galien  men¬ 
tionne  d’autres  laitages  analogues  :  l’àcppoyxXa,  sur  lequel 
on  n’a  pas  d’autres  renseignements  ;  la  melca,  qui  était  un 
breuvage  composé  d’une  manière  analogue  à  l’oxygala. 

—  17  Id.  IV,  30-89.  —  18  Waddington,  Éd.  de  Diocl.  p.  17,  n.  95.  —  19  Varr. 

Il,  11,  22;  Pliu.  Hist.  nat.  XXVIII,  35;  ci'.  Plaut.  Poen.  I,  2,  177,  cl 
Martial,  XIII,  38.  —  20  Virg.  Geory.  III,  400-403.  —  21  Waddington,  Éd.  de  Diocl. 
c.  vi,  95.  —  22  Ibid.  c.  v,  I  I.  —  23  Jd.  c.  vu.  95.  — .  24  Ibid.  Introd.  p.  2  et  3. 

—  2b  Cat.  II.  rust.  50.  —  26  Aristot. Probl.  XXI,  19.  —  27  Plin.  Hist.  nat.  XXVIII,  33. 

—  28  Virg.  Geory.  III.  403.  —  29 Plin.  Hist.  nat.  XXVIII,  35,  36.  -  30  Col.  XII.  8. 


ooo  — 


LAC 

On  le  donnait  comme  fortiiiant  et  c’était  en  été  un  rafraî¬ 
chissement  apprécié.  On  pouvait  le  servir  glacé  1 .  On 
mêlait  aussi  le  lait  avec  de  la  farine,  du  miel  et  des  fruits 
pour  faire  une  sorte  d’entremets  appelé  lactarium  opus. 

Le  pâtissier  qui  confectionnait  ce  mets  était  dit  lactarius  . 

En  certains  cas,  le  lait  était  donné  comme  aliment  a 
des  animaux.  Les  chiens  de  bergers  buvaient  du  peti t- 
lait  où  l’on  avait  fait  tremper  de  la  farine  d  orge  3.  Si 
leur  mère  venait  à  manquer  de  lait,  on  nourrissait  les 
petits  chiens  avec  du  lait  de  chèvre  *.  Oppien  recom¬ 
mande  que  les  jeunes  chiens  de  chasse  ne  sucent  jamais 
le  lait  d’une  chèvre  ou  d’unebrebis,  même  d’une  chienne 
domestique,  ce  qui  leur  ôterait  tout  courage.  Il  vaut 
mieux  les  nourrir  avec  le  lait  d’une  biche,  ou  d’une 
louve,  ou  d’une  lionne  apprivoisée  5  !  Xénophon  est  d’un 
avis  contraire.  Les  jeunes  chiens  doivent  être,  selon  lui, 
laissés  à  leur  mère,  qu’aucun  autre  animal  ne  Saurait 
remplacer  avec  avantage8.  Mêlé  avec  de  la  farine  de 
millet  grillé,  on  l’administrait  aux  vaches  qui  n’avaient 
pas  assez  de  lait,  pour  leur  en  faire  produire  davantage. 
Ici  encore,  l’auteur  qui  préconise  ce  moyen  se  place  au 
point  de  vue  de  la  nourriture  du  veau 

Les  anciens  connaissaient  la  composition  du  lait  s. 
Les  propriétés  curatives  de  cette  substance  n’avaient 
pas  échappé  à  leur  attention.  Tous  ceux  qui  ont  écrit  sur 
la  médecine,  Dioscoride,  Hippocrate,  Arétée,  Galien, 
Cœlius  Amelianus,  Alexandre  de  Tralles,  Amatus  Lusi- 
tanus,  etc.,  ont  traité,  avec  plus  ou  moins  de  détails,  des 
effets  du  lait  dans  les  maladies  ’.  On  faisait  chaque  jour, 
avant  1c.  repas,  boire  du  lait  d’ânesse  aux  enfants  qui 
avaient  besoin  d’un  fortifiant10.  Les  Grecs  employaient  le 
lait,  pris  en  grande  quantité,  comme  purgatif.  Le  lait 
de  cavale  passait  pour  le  plus  efficace;  puis  venaient  les 
laits  d’àncsse,  de  vache  et  de  chèvre  u.  Ün  en  usait  sous 
forme  de  breuvage,  de  clystères12,  d’injection  dans  la 
matrice11,  de  gargarismes,  chauds  ou  tièdes,dans  les  maux 
de  gorge  inflammatoires,  et  en  ce  cas  le  lait  de  chèvre 
bouilli  avec  des  mauves  et  une  pincée  de  sel  était  préféré  u. 
On  endormait  les  enfants  avec  du  lait  tiède  mêlé  de  suc  de 
pavot15.  Dans  les  maux  de  dents,  on  bassinait  les  gen¬ 
cives  avec  du  lait16.  D’une  manière  générale,  le  lait  étail 
très  employé  en  breuvage  pour  toute  sorte  d’ulcération, 
contre  la  phtisie,  la  consomption,  la  goutte,  etc.11.  Au 
contraire,  on  le  déconseillait  dans  les  affections  telles 
que  les  maux  de  tète,  du  foie,  de  la  rate,  dans  les  fièvres 
aiguës,  etc.,  à  moins  qu’on  ne  voulût  purger  le  malade  18. 
On  l’administrait  tantôt  pur,  tantôt  coupé  d’eau19,  ou 
d’eau  et  de  vin20,  mêlé  de  farine21,  d’un  vin  astrin¬ 
gent22,  d’hydromel 23,  etc. 

Les  Grecs  et  les  Romains  pratiquaient  de  véritables 
cures  de  lait.  Dans  les  cas  de  lèpre,  de  paralysie,  d’épi¬ 
lepsie,  d’hypocondrie,  etc.,  on  faisait  prendre  au  malade 
un  breuvage  appelé  schiston.  On  l’obtenait  en  faisant 
bouillir  du  lait  de  chèvre  que  l’on  agitait  avec  des 
branches  de  figuier  fraîchement  cueillies.  On  y  ajoutait 

l  Galen.  Al.  Suce.  H;  Meth.  med.  Vil,  41  ;  cl  X,  |).  408.  külm  ;  Paul.  Aegin. 
111,  37.  —  2  Lamprid.  Elag.  27  el  32  ;  Cels.  Il,  28  :  «  Lac,  mel,  ideoque  laclaria. 
atque  oranc  pistorium  opus  »;  Apic.  VU,  11  :  «  laclicinia  ».  —  3  Col.  VII,  2. 
—  4  Col.  Ibid.  —  6  Oppian.  De  ven.  I.  —  0  Xcnopli.  Cyneg.  p.  370.  —  7  Col. 
VI,  23.  —  8  Aristot.  p.  93t,  932  ;  Galou.  De  alim.  fac.  13.  —  9  Dict.  encycl.  des 
sc.  méd.  2U  série,  t.  I,  art.  i.ait.  —  19  Plin.  Hist.  nat.  XXMIÏ,  33.  —  U  Aristot. 
Probl.  1,  42  ;  Varr.  H.  rust.  II.  1 1.  —  12  Plin.  XXVIII,  33.  —  13  Hippocr.  trail.  Littré, 
t.  VIII,  p.  449.  —  U-  Plin.  XXVIII,  31.  —  13  Ovid.  Fast.  IV,  347  et  348.  —  18  Plin. 
XXVIII,  49.  —  n  Ibid.  XXVIII.  33.  —  18  Plin.  XXVIII,  33  ;  Cels.  III.  22.  —  19  Hippocr. 

V. 


un  eyatlie  de  vin  miellé  par  hémine  de  lait.  Luis, 
quand  le  sérum  était  isolé  par  refroidissement,  on  faisait 
cuire  le  liquide  jusqu’à  réduction  d  un  tiers.  On  en 
buvait  chaque  jour  et,  après  avoir  bu,  il  était  recom¬ 
mandé  de  prendre  de  l’exercice  2i.  C’est,  on  le  voit,  un 
traitement  suivi.  On  faisait  aussi  des  cures  de  lait 
de  jument.  Chaque  matin,  pendant  quarante  ou  qua¬ 
rante-cinq  jours,  on  en  buvait  trois  tasses2'.  D’autres  fois, 
on  suivait  le  même  régime  avec  du  lait  provenant  d’une 
vache  noire20,  sans  doute  parce  que  l’animal  de  ce  poil 
passait  pour  plus  vigoureux.  Ce  traitement  s’appliquait 
spécialement  aux  phtisiques.  Dans  certains  cas,  on  avait 
recours  au  lait  de  femme27.  Les  Romains  faisaient  des 
cures  du  lait  provenant  des  excellents  pâturages  du  Lac¬ 
tarius  Mons,  près  de  Stabies,  en  Campanie28.  Enfin  le 
lail  était  reconnu  comme  l’antidote  des  empoisonne¬ 
ments  par  la  ciguë,  la  colchique,  et  autres  plantes  véné¬ 
neuses.  On  se  servait  avec  succès  du  lait  d’ànesse  dans 
les  cas  d’empoisonnement  par  la  céruse,  le  soufre,  le  vif- 
argent,  etc.  29.  Il  semble  que  le  lait  soitentré  aussi  dans  la 
composition  de  certains  philtres.  C  estainsiqu  aux  fètesde 
la  Fortune  virile,  les  femmes  absorbaient  un  breuvage 
fait  de  lait,  de  suc  de  pavots  broyés  et  de  miel 30. 

On  sait  combien  les  femmes  romaines  usaient  et  abu¬ 
saient  des  fards  et  cosmétiques  de>  toutes  sortes.  Il  n’est 
donc  pas  surprenant  qu’elles  se  soient  avisées  des  res¬ 
sources  spéciales  que  leur  offrait  le  lait.  Certaines 
femmes,  au  dire  de  Pline,  se  frottaient  le  visage  de  lait 
d’ânesse  sept  cents  fois  par  jour,  pour  effacer  ou  pré¬ 
venir  les  rides,  et,  afin  que  l’on  ne  traite  pas  de  fantai¬ 
siste  un  nombre  si  prodigieux,  il  a  soin  d’ajouter  qu’elles 
l’observaient  scrupuleusement31.  D’autres  s  en  baignaient 
complètement,  et  Poppée,  femme  de  Néron,  traînait  par¬ 
tout  à  sa  suite  un  troupeau  de  cinq  cents  ànesses  nour¬ 
rices,  dans  le  lait  desquelles  elle  plongeait  tout  son 
corps,  croyant  donner  ainsi  à  sa  peau  plus  de  souplesse  :ia. 

Le  lait  était  souvent  employé  dans  les  sacrifices.  C’est 
d’abord,  avec  d’autres  petits  présents  du  même  genre,  le 
don  le  plus  ordinaire  des  pauvres  gens  et  des  paysans, 
parce  que  l’offrande  d’autres  victimes  eût  dépassé  leurs 
ressources33.  Les  anciens  Romains  en  offraient  à  Silvain, 
en  même  temps  qu’ils  sacrifiaient  un  porc  à  la  Terre37. 
Dans  VÉnéide ,  on  voit  le  héros  et  ses  compagnons  offrir 
deux  libations  devin,  deux  de  lait,  et  deux  de  sang,  sui¬ 
vant  le  rite,  écrit  Virgile,  sur  le  tombeau  d’Anchise33.  Ils 
répandent  de  même  sur  la  tombe  de  Polydore  du  lait  et 
du  sang36.  Théocrite  nous  montre  un  berger  offrant  du 
lait  aux  Nymphes,  un  autre  à  Pan  3'. 

Ailleurs  Cérès,  au  printemps38.  Phébus39,  reçoivent  le 
même  hommage.  A  Rome,  à  la  fête  des  palilia,  après 
avoir  offert  en  sacrifices  expiatoires  à  Paies,  entre  autres 
aliments,  du  lait  qu’on  venait  de  traire  et  tiède  encore, 
les  paysans  buvaient  du  lait,  puis  du  vin,  dans  un  vase 
en  bois40.  Enfin,  près  du  figuier  Ruminai,  on  faisait  à 
la  déesse  Rumina,  pour  les  enfants  en  bas  âge,  des  sacri- 

t.  V,  p.  239,  §  36  ;  p.  433,  §  73.  —  29  ld.  t.  V.  p.  129,  §  4.  —  21  ld.  t.  V,  p.  373,  S  4. 

—  22  ld.  t.  V,  p.  433,  §  101.  —  23  Id.  t.  VIII,  p.  449.  —2V  Dioscor.  II,  77  ;  Plin.  I.C., 
cf.  Galen.  S  impi .  med.  X,  2,  19,  t.  XII,  p.  292;  Paul.  Aeg.  I,  88.  —  23  Hippocr. 
t.  VII,  p.  81  et  177.  —  28  Id.  t.  VII,  p.  39b,  §  32.  —  27  Plin.  XXVIII,  21. 

—  28  Cass.  Il  ;  Variai'.  10;  Galen.  Meth.  med.  V,  12,  1.  X,  p.  3G3  et  s.  —  29  Plin. 
XXVIII,  33.  —  30  Ovid.  Fast.  IV,  131-132.  —  31  Plin.  XXVIII,  30.  —  32  Ibid. 

—  33  Ibid.  Praef.  I,  9.  —  34  Horat.  Ep.  Il,  I,  144.  —  33  Vii-g.  Aei i.  V,  78. 

—  38  Id.  III,  00.  —  37  Theocr.  V,  33  ,  34,  38.  —  38  Yirg.  Georg.  I,  344.  —  ,M  ld. 
Ecl.  V,  67.  —  49  Ovid.  Fast.  IV,  746  el  790. 


1 12 


—  886  — 


LAC 


LAC 

lices  où  le  lail  tenait  la  place  du  vin1.  A  Athènes,  une 
lete  de  la  grande  déesse  tirait  son  nom,  yaXàç-.a,  de  ce 
qu’on  y  mangeait  la  ga/axia,  c’est-à-dire  une  bouillie 
d’orge  et  de  lait2.  Parmi  ces  prodiges  que  les  anciens 
relevaient  avec  une  curiosité  superstitieuse,  on  signale 
des  pluies  de  lait 3. 

Des  sextarii  de  lait  et  d’autres  denrées  étaient,  dans  la 
Rome  primitive,  donnés  en  récompense  aux  soldats 

Il  existait  a  Rome,  dans  le  Forum  Olitorium,  qui  était 
le  marché  aux  légumes,  une  colonne  appelée  columna 
/actarias,  devant  laquelle  on  amenait  les  enfants  qui 
devaient  être  nourris  avec  du  lait  [lacté  a/endos).  Faut-il, 
avec  le  commentateur  de  Festus,  interpréter  cette  déno¬ 
mination  en  ce  sens  qu’on  y  exposait,  pour  les  aban¬ 
donner,  les  enfants  en  bas  âge?  Le  détail  fourni  par 
l’Edit,  de  Dioclétien,  à  savoir  que  le  lait,  confondu  dans 
le  texte  de  l’Édit  parmi  les  fruits  et  les  légumes,  se 
vendait  au  même  marché,  et  d’autre  part  le  fait  que 
nous  avons  signalé  des  cures  de  lait  ordonnées  aux 
enfants  débiles,  nous  conduisent  plutôt  à  croire  que  les 
enfants  /acte  a  f  endos  étaient  amenés  là  pour  boire  le 
lait  tout  frais  arrivé  de  la  campagne.  André  Baudrillart. 

LACEDAEMOXIORUM  RESPUBLICA  *.  —  Les  mots 
Lacédémone  et  Sparte  n’étaient  pas  exactement  syno¬ 
nymes.  Le  nom  officiel  de  la  cité  était  Lacédémone  ; 
Sparte  était  le  nom  de  la  ville.  Dans  les  textes  de  traités 
qui  sont  cités  par  Thucydide,  c’est  toujours  le  nom  de 
Lacédémone  qui  est  employé2.  Un  traité  commence  par 
cette  formule  :  «  Voici  ce  qui  a  paru  bon  à  l’assemblée  des 
Lacédémoniens3.  «Dans  les  discours  qui  étaient  prononcés 
à  Sparte,  c’est  par  l’expression  «  O  Lacédémoniens  »  qu’on 
s’adressait  aux  auditeurs4.  Les  inscriptions  désignent 
aussi  la  cité  par  l’expression  7)  ttôXiç  vq  AoouSaip.oviwv  A 

Au  point  de  vue  géographique,  le  mot  Lacédémone 
désigna  d’abord  la  région  entière  appelée  Laconie,  dont 
Sparte  était  le  chef-lien  e.  Le  nom  de  Lacédémoniens  était 
appliqué  à  l’ensemble  des  habitants  ;  celui  de  Spartiates 
en  désignait  une  partie7.  Toutefois,  comme  c’était  dans 
Sparte  que  s’était  groupée  la  race  maîtresse,,  et  comme  la 
vie  politique  s’était  concentrée  dans  cette  ville,  il  arriva 
peu  à  peu  que  le  nom  de  Sparte  fut  employé  pour  dési¬ 
gner  l’Etat,  et  le  nom  de  Spartiates  pour  désigner  les 
citoyens  actifs  et  les  véritables  membres  de  cet  Etat. 
C’est  ainsi  qu’Hérodote  dit  indifféremment  roi  des  Lacé¬ 
démoniens  ou  roi  des  Spartiates,  et  que,  voulant  parler 
de  l’Etat,  il  se  sert  de  l’expression  r'o  xotvov  tôv  il-rcaf- 
Tcmôv8.  D’ailleurs,  le  nom  de  Spartiates  paraît  avoir  été 
réservé,  non  pas  à  tous  les  hommes  qui  étaient  domici¬ 
liés  dans  la  ville  de  Sparte,  mais  à  ceux-là  seuls  qui 
jouissaient  de  tous  les  droits  politiques,  soit  qu’ils  habi¬ 
tassent  à  Sparte  ou  dans  la  campagne;  c’est  du  moins  en 
ce  sens  qu’il  est  employé  dans  un  passage  de  Xénophon0. 

Il  est  diflîcile  de  décrire  la  constitution  de  cet  État 

1  Varr.  II,  il  ;  Plut.  Quaest.rom.  LVI1.  —  2Hesych.  I.  p.  794. —  3  Plin.  Hisl. 
nat.  II,  57.  —  4  Plin.  Ibid.  XIV,  15.  —  5  Fest.  s.  v.  Lactaria. 

I.ACEDALMONIORljM  RESPUBLICA.  1  Nous  publions  sans  v  rien  changer 
(sauf  quelques  indications  bibliographiques)  cet  article  écrit  par  Fustel  de  Coulanges 
pour  le  Dictionnaire,  tableau  d'ensemble  des  institutions  de  Sparte.  Des  articles 
spéciaux  sont  consacrés  à  chacune  d’elles  ;  on  y  pourra  trouver  des  opinions  qui 
s'éloignent  de  la  doctrine  de  l’auteur  et  aussi  des  faits  nouveaux,  qu’il  y  eut  sans 
doute  ajoutés  lui-même.  —  2Thuc.  V,  18  ;  V,  23  ;  V,  79  ;  VIII,  18  ;  VIII,  37  ;  VIII,  58. 
—  3  Thuc.  V,  29.  —  4  Thuc.  I,  68  ;  I,  76  ;  I,  80  ;  1,  86  ;  Herod.  V,  92.  —  5  Bocckh, 
Corp.  inscr.  yraec.  u°*  1358,  1376,  1453.  —  6  Herod.  VII,  234  ;  S<mv  tv  iji  AocxeS«1;jlovi 
Hxàpï,;  xoÀ.t;  ;  Id.  VI,  58:  1*  xàavjç  Aaxe$atpovoç,  y_wpà  ExapxiYjTÉwv  ;  cf.  Iliad.  II, 
581  ;  ijlrab.  VIII,  5,  8  ;  Pausanias,  111,  11,  dit  que  Lacédémone  fut  d’abord  le  nom 


lacédémonicn.  Ce  n'est  pas  que  les  anciens  n’aient. beau¬ 
coup  écrit  sur  ce  sujet.  Hérodote  nous  donne  plus  de  ren¬ 
seignements  sur  Sparte  que  sur  aucune  autre  cité  grecque. 
Thucydide  et  Xénophon  semblent  avoir  assez  bien  connu 
cette  ville.  Ilellanicus,  Ëphore,  Timée,  Phylarque  lui  don¬ 
naient  une  grande  place  dans  leurs  histoires.  Cliaron  de 
Lampsaque  10  avait  écrit  ses  annales.  Aristote,  Héraclide 
de  Pont,Dicéarque,  Sphaeros,  Critias “,  Sosibios,  Perséos, 
Molpis,  Aristocratès,  avaient  composé  des  traités  spéciaux 
sur  son  gouvernement  on  sur  ses  usages,  et  ces  traités 
étaient  dans  les  mains  de  Plutarque  et  d’Athénée  l2.  Mais, 
outre  que  nous  ne  possédons  qu’un  très  petit  nombre  de 
fragments  de  tous  ces  auteurs,  il  y  a  trois  sources  de 
renseignements  qui  nous  font  défaut:  ce  sont  les  lois,  les 
orateurs  et  les  inscriptions.  Or,  si  nous  songeons  que 
c’est  surtout  par  ces  trois  sortes  de  documents  que  nous 
saisissons  le  détail  des  institutions  d’Athènes,  nous  com¬ 
prendrons  combien  de  lacunes  ce  manque  de  documents 
précis  laisse  dans  notre  connaissance  du  gouvernement 
de  Sparte.  A  cela  s’ajoute  qu’il  s’est  établi  dès  l’antiquité 
une  Légende  admirative  sur  Sparte.  Elle  ne  se  voit  pas 
encore  chez  Hérodote,  chez  Thucydide,  chez  Aristote; 
mais  elle  apparaît  chez  Xénophon  et  Platon  et  se  déve¬ 
loppe  d'àge  en  âge  jusqu’à  Polybe  et  Plutarque.  Comme 
Sparte  était  devenue  le  point  de  ralliement  des  aristo¬ 
craties  grecques,  il  se  forma  une  tradition  d’éloge  et 
d’enthousiasme  convenue  à  son  égard.  Comme  d’ailleurs 
il  se  trouvait  parmi  ses  institutions  quelques  éléments 
qui  avaient  toutes  les  apparences  de  l'égalité  et  de  la 
vertu,  plusieurs  philosophes  s’éprirent  d’elle  comme 
d  une  cité  idéale.  Ces  partis  pris  ont  eu  pour  effet  que  les 
écrivains  ont  donné  à  certains  côtés  de  sa  constitution 
une  importance  exagérée  et  en  ont  laissé  d’autres  dans 
l’ombre;  ils  ont  introduit  dans  cette  élude  des  préoccu¬ 
pations  morales  ou  philosophiques  qui  étaient  de  leur 
temps,  mais  qui  avaient  été  étrangères  aux  âges  anté¬ 
rieurs;  ils  ont  par  là  revêtu  certains  faits  d’une  couleur 
qui,  à  leur  insu,  en  altérait  plus  ou  moins  la  réalité. 

Nous  allons  essayer  de  tracer  le  tableau  des  institu¬ 
tions  de  cette  ville,  en  nous  plaçant  à  l’époque  sur 
laquelle  nous  avons  le  plus  de  renseignements,  c’est- 
à-dire  entre  le  temps  d'Hérodote  et  celui  d’Aristote,  au 
v°  et  au  ivu  siècle  avant  notre  ère. 

1°  Etat  des  personnes.  —  Lacédémone,  comme  toutes 
les  anciennes  cités,  avait  des  esclaves,  ooûXoc,  oixsTat. 
ivopa7rooa.  Thucydide  fait  même  observer  que,  parmi  les 
cités  grecques,  celle  qui  possédait  le  plus  d’esclaves  était 
Lacédémone13.  Plutarque  rapporte  que,  dans  une  incur¬ 
sion  qu’ils  firent  en  Laconie,  les  Étoliens  enlevèrent 
50000  esclaves 14. 

Dans  un  grand  nombre  de  textes  anciens,  les  hilotes 
sont  assimilés  aux  esclaves  1:i.  Le  nom  de  80QÀ01  leur 
est  fréquemment  appliqué16.  La  pratique  même  de 

du  pays,  Sparte  celui  de  la  ville,  et  que  plus  tard  Sparte  s’appela  aussi  Lacédé¬ 
mone.  —  7Thuc.  IV,  38.  —  8  Herod .  VI.  50;  VI,  58.  —9  Xenoph.  Bell.  III,  3.  5-0. 
—  Athen.  XI,  49.  —  H  Critias,  AaxiSaijjiov.'iuv  xoà'.te:  «  (Athen.  XI,  66).  - —  12  Athen. 
IV,  19  et  20  ;  111,  23;  XV,  15.  -  13  Thuc.  VIII,  40.  Platon  dit  aussi  qu’aucune 
ville  ne  peut  rivaliser  avec  Lacédémone  pour  le  nombre  des  esclaves  (Plat.  Alcib.  I, 
18,  éd.  Didot,  p.  480).  —  14  Plut.  Cleomen.  18.  —13  Platon,  Alcib.  I,  18,  compte 
les  hilotes  parmi  les  àv&çàxoSa,  mais  il  montre  en  mémo  temps  que  tous  les 
ivSpàxo&ot  de  Sparte  n’étaient  pas  des  hilotes  :  âv$jaxdSo,v  m,tv.  SX. ).uv  «al  -rdC 
eIWixûv.  Les  deux  classes  étaient  donc  distinctes.  —  l6  Theopomp.  ap.  Athen.  VI, 
102.  Harpocrale  explique  eI  aejte  j  e : par  Vajaejelv.  Suivant  une  tradition  vulgaire,  le 
mot  hilotes  serait  venu  du  nom  de  la  ville  d’Hélos;  il  est  plus  probable  que  ce 
terme  est  une  forme  passive  de  l’inusité  e'au.  prendre. 


—  887 


LAC 


LAC 

l’affranchissement,  que  nous  trouvons  employée  a  leur 
égard,  montre  bien  qu’ils  étaient  en  dehors  de  la 
classe  des  hommes  libres1.  Ils  avaient  toutefois,  au 
moins  la  plupart  d’entre  eux,  une  situation  particu-  , 
lière  au  milieu  des  autres  esclaves.  Ils  habitaient 
les  champs  ;  «  c’est  une  race  de  paysans  qui  depuis  une 
haute  antiquité  vit  groupée  dans  des  demeures 

rurales2  ».  Une  famille  d’hilotes  occupait  une  terre  de 
père  en  fils;  elle  n’en  était  pas  propriétaire  ;  elle  semait 
et  récoltait  en  payant  une  redevance  annuelle  au  pro¬ 
priétaire  Spartiate  3.  Cette  redevance  avait  été  fixée  a 
l’origine  et  ne  pouvait  pas  être  augmentée4  ;  «  car  le 
législateur  avait  voulu  que  les  hilotes  pussent  faire 
quelques  profits  et  se  plaire  dans  leur  service3  ».  Ils 
pouvaient  donc  posséder  un  pécule  et  quelque  fortune 
mobilière.  Le  roi  Cléomène  ayant  offert  la  liberté  à  ceux 
qui  voudraient  l'acheter,  il  se  trouva  6000  hilotes  en  état 
de  payer  immédiatement  le  prix  fixé,  qui  était  de  cinq 
mines6.  Ces  faits  nous  permettent  de  nous  représenter 
les  hilotes,  au  moins  la  plupart  d’entre  eux,  comme  une 
sorte  de  tenanciers  héréditaires  non  libres,  c’est-à-dire 
comme  des  serfs  de  la  glèbe,  analogues  aux  pénestes  de 
Thessalie,  aux  clérofes  de  la  Crète,  aux  Maryandiniens 
de  Bithynie,  aux  Gymnètes  d’Argos  ’.  Leur  servitude 
avait  des  limites;  l’historien  Éphore  dit  qu’ils  étaient 
esclaves  sous  certaines  conditions  déterminées  8,  et  le 
lexicographe  Pollux  les  place  «  à  un  rang  intermédiaire 
entre  les  hommes  libres  et  les  esclaves0  ».  Si  mal  traités 
qu’ils  fussent  dans  certains  cas111,  et  surtout  quand  on  les 
jugeait  redoutables11,  il  y  a  un  trait  qui  les  met  au- 
dessus  des  esclaves  ordinaires  :  c’est  qu’ils  servaient  dans 
les  armées  et  combattaient  à  côté  des  Spartiates12.  Et  ce 
qui  permet  de  croire  qu’ils  ne  formaient  pas  en  général 
une  population  hostile,  c'est  qu’on  les  voit,  en  418,  se 
lever  en  masse  pour  porter  secours  à  Sparte  menacée  13 . 

Pour  les  esclaves  et  pour  les  hilotes,  il  y  avait  plusieurs 
sortes  d’affranchissement.  Un  historien  ancien  nous  a 
conservé  les  noms  des  diverses  classes  d’affranchis,  mais 
sans  indiquer  en  quoi  elles  différaient.  Les  esclaves 
devenaient,  les  uns  àtpetat,  les  autres  àoÉffTtoTO!,  d’autres 
encore  lpuxT7|peç  ou  SîirTroctovauxat 14.  Les  hilotes  s’élevaient 
par  l’affranchissement  au  rang  de  Néodamodes,  qui  for¬ 
maient  la  classe  la  plus  haute  au-dessous  de  l’ingé¬ 
nuité  1S.  Mais  aucune  de  ces  classes  ne  se  confondait  avec 
celle  des  vrais  citoyens 1G.  L’affranchi  avait  le  droit 

l  Thucyd.  IV,  26;  V,  34.  —  2  Ti t.  Liv.  XXXIV,  27  :  «  Hi  sunt  jam  incle  anti- 
quitus  castcllani,  agreste  genus  ».  —  3  Myron  Pricn.  ap.  Atlien.  XIV,  74  :  xai 
raçaSôvTêç  aû-roT;  Trjv  yw'oàv  exaSav  [xoïçav  vjv  aÙTOÏ^  àvotffountv  &ei.  —  4  Plut. 
IllStit.  Lacon.  40  :  ot  eiXojte;  oc-jtoYç  etçyàÇovro  tvjv  *y)v,  aïtoçépovTEÇ  à7côçopav  tvjv  àvcoOev 
iTTccjxévifjv  ;  cl.  Ifl.  Lyc.  24.  —  5  Plut.  Ibid.  ïva  exeTvoi  xeoSûuvovte;  vjSéwç  uicvjçeTwtrt. 

—  0  Plut.  Cleom.  23.  —  7  Athen.  VI,  84;  Pollux,  III,  83;  Stcph.  Byz.  v.  yio;. 

8  Ephor.  ap.  Strab.  VIII,  5  :  Soj^ouç  èiu  Taxtoï;  tutu  II  ajoute  que  le  maître,  tov 
a  jto  jç  e/ov-ca,  ne  pouvait  ni  les  affranchir,  ni  les  vendre  en  dehors  des  limites.  Strabon 
conclut  de  là  qu’ils  étaient  «  en  quelque  façon  esclaves  de  l’État,  toôi:ov  -tvà,  5r,|xé<riot 
àoOXoi  ».  Les  mots  d’Ephore  xov  é'/ovt a  indiquent  bien  que  chacun  d’eux  avait  un 
maître;  ce  qui  est  probable,  c’est  qu’ils  ne  dépendaient  pas  absolument  de  la  volonté 
de  ce  maître,  et  que  l’État  exerçait  sur  eux  une  sorte  d’autorité  qui  pouvait  être 
parfois  une  protection.  11  semble  en  tout  cas  qu’il  fallut  l’agrément  de  l’État  pour 
affranchir  un  hilote.  —  9  Poil.  III,  83.  —  10  Voir  sur  les  mauvais  traitements 
infligés  aux  hilotes  un  texte  de  Myron  de  Priène,ap.  Athen.  XIV,  c.  74;  mais  Myron  do 
Priéne  a  peu  d’autorité  ;  Pausanias  dit  de  lui  (IV,  6)  qu’il  ne  regardait  pas  à  écrire 
des  choses  fausses  et  indignes  de  toute  créance.  Quant  au  passage  de  Plutarque  sur  la 
cryptie,  il  faut  le  rectifier  par  ce  que  dit  Platon,  Ley.  I,  p.633  ;  VI,  p.  763  [krypteiaA 
Le  qui  est  certain,  c’est  que  les  lois  de  la  cité  ne  les  protégeaient  pas;  il  était  per¬ 
mis  aux  magistrats  de  les  mettre  à  mort  sans  jugement  (Isocrat.  Panathen.  181). 
Aristote  (ap.  Plut.  Lyc.  28)  dit  que  les  magistrats,  chaque  année,  les  déclaraient  1 
ennemis  publics,  afin  qu’on  pût  les  tuer  impunément.  Tel  était  le  droit  :  mais  dans 
la  pratique,  il  est  clair  que  l’on  n’avait  aucun  intérêt  à  tuer  les  hilotes.  —  il  Thucydide  I 


«  d’habiter  où  il  voulait  11  »;  il  avait  «  1  enlree  des 
temples  18  »  ;  il  est  probable  aussi  <ju  il  jouissait  des 
droits  civils  et  pouvait  paraître  en  justice;  mais  on  ne 
voit  à  aucun  signe  que  les  droits  politiques  lui  fussent 
communiqués  ni  qu’il  entrât  dans  la  classe  des  gouver¬ 
nants;  «  d’hilote,  on  ne  devenait  jamais  Spartiate19  ». 

Fort  au-dessus  des  hilotes  étaient  placés  les  périèques 
laconiens.  Ils  étaient,  pour  la  plupart,  les  descendants 
de  l’ancienne  population  achéenne  que  les  Doriens 
n’avaient  soumise  qu’après  un  siècle  et  demi  de  luttes, 
de  victoires  ou  de  traités20.  La  conquête  achevée,  le  pays 
avait  été  divisé  en  six  parts;  l’une  d’elles,  où  se  trouvait 
la  ville  de  Sparte,  fut  le  lot  des  nouveaux  venus  ;  les  cinq 
autres  furent  laissées  aux  anciens  habitants21.  Il  paraît, 
s’il  faut  en  croire  un  texte  d’Éphore,  que  pendant  quel¬ 
ques  années  les  deux  populations  vécurent  sur  un  pied 
d’égalité  et  formèrent  ensemble  un  même  État22;  mais 
le  roi  Agis  Ier  enleva  aux  Laconiens  l’égalité  politique, 
l’isotimie  et  les  réduisit  à  l’état  de  sujets23.  Ils  avaient 
des  villes,  que  Strabon  dit  avoir  été  au  nombre  de  cent 2*, 
et  dont  plusieurs,  comme  Amyclae,  Prasio,  Cythère, 
avaient  de  l’importance.  Ils  étaient  hommes  libres.  Ils 
possédaient  leur  sol  en  toute  propriété.  Ils  se  livraient 
en  pleine  liberté  au  commerce  et  à  l’industrie.  Entre  les 
hilotes  attachés  à  la  glèbe  et  les  Spartiates  soumis  aux 
dures  obligations  du  citoyen,  les  périèques  laconiens 
étaient  peut-être  ce  qu’il  y  avait  de  plus  libre23.  Ils 
avaient  leurs  lois,  leur  justice,  leur  administration 
locale  26.  Mais  ils  ne  possédaient  pas  les  droits  politiques 
et  n’étaient  pas  membres  actifs  de  l’État  Spartiate.  Ils 
payaient  des  impôts  et  devaient  le  service  militaire;  mais, 
ce  qui  marque  bien  qu’ils  étaient  tenus  pour  hommes 
libres,  c’est  qu’ils  servaient  au  rang  des  hoplites27,  et 
pouvaient  même  obtenir  des  commandements28;  une 
autre  preuve  de  leur  liberté  est  qu’ils  étaient  admis  aux 
jeux  olympiques  et  pouvaient  figurer  parmi  les  vain¬ 
queurs29.  Les  Spartiates  étaient,  pour  la  plupart,  les 
descendants  des  conquérants  doriens.  Toutefois,  quel¬ 
ques  familles  achéennes  et  cadméennes  se  trouvaient  au 
milieu  d’eux30.  Hérodote  indique,  mais  en  termes  assez 
vagues,  que  de  son  temps  on  pouvait  compter  8000  Spar¬ 
tiates31.  Plutarque  donne  à  entendre  qu’ils  avaient  été 
9000  au  temps  de  Lycurgue.  Aristote  rapporte  comme  une 
tradition  qu’à  l’origine  leur  nombre  s’était  élevé  à  10  000 32 . 

Le  droit  de  cité,  à  Sparte  comme  dans  les  autres  villes 

VI,  80,  montre  bien  i|ue  c'est  la  crainte  seule  qui  a  rendu  parfois  les  Spartiates 
cruels  envers  les  hilotes:  cf.  I,  128.  L'histoire  mentionne  des  révoltes  d'hilotes; 
mais  il  s'agit  surtout  d’hilotes  messéniens,  Paus.  III,  11.  —  12  Herod.  IX, 
10  ;  Time.  IV,  8.  —  13  Time.  V,  64.  —  H  Myron  Prien.  ap.  Athen.  VI,  102. 

—  la  Poil.  III,  83;  Time.  XII,  38  :  Suvaxat  xo  vsoSa|rülSEÇ  èXeîjÔeoov  ((Ski  clvatt. 

—  16  Xcnoph.  Hell.  III,  3,  fi.  - —  U  Tliuc.  V,  34.  —  18  Time.  V,  80.  —  19  OASi 
U-O.Q/ZI  xot;  ÊtXwffi  yÉv£vOat  Ex:apxtâxat;,  Dio.  Chrysost.  XXXVI,  38.  —  '20  Pans. 

III,  2.  —  21  Ephor.  ap.  Strab.  VIII,  3.  —  2-2  Ibid.  :  toiî  mçioÎxgjs  SiuifxiaxSv 
tvovopou;  Eivai  [UTÉyovrv.;  coXmîa;.  —  23  Notons  toutefois  que  l'assertion  d'Ephore 
ne  peut  pas  s'appliquer  à  la  Laconie  entière,  dont  la  plus  grande  partie  ne  fut  con¬ 
quise  que  longtemps  après  le  règne  d'Agis  I"r.  L'histoire  des  villes  laconiennes 
reste  un  problème  fort  obscur.  —  24  Strab.  VIII,  4,  11.  —  23  Isocratc  reproche 
aux  Spartiates  leur  dureté  cpvers  les  Laconiens  [Panathen.  177-180)  ;  mais  dans  ce 
passage  vague  et  déclamatoire,  l'orateur  paraît  confondre  les  Laconiens  avec  les 
hilotes.  —  26  Dans  quelques  villes,  Sparte  envoyait  un  magistrat  ;  par  exemple,  à 
Cythère.  Tliuc.  V,  33.  —  27  Herod.  IX,  7;  IX,  11:  Thuc.  V,  18.  A  Platée,  il  y 
avait  10  000  Lacédémoniens,  dont  5  000  seulement  étaient  Spartiates;  4  500  autres 
étaient  des  périèques  (Herod.  IX,  28).  —  2S  Thuc.  VIII,  22.  Xénophon  signale 
des  xaTiotziyaOoi  parmi  les  périèques  [Hcll.  V,  3,  9).  —  29  Pausanias  en  cite  un 
exemple,  III,  22,5.  — 30  Par  exemple,  les  Tallhyhiades  (Herod.  VI,  00  et  VII,  134), 
les  Aegides,  de  race  cadmôenne  (Aristot.  fragm.  éd.  Didot,  t.  IV,  p.  2G9)  :  cf.  Herod. 

IV,  149  ;  les  Minyens,  Herod.  IV,  145.  —  31  Herod.  VII,  231.  —  32  Aristot. 
Polit.  Il,  6  (Didot,  p.  512). 


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grecques,  se  transmettait  par  la  naissance  ou  s’acquérail 
par  une  loi  spéciale.  Aristote  dit  que  dans  les  premiers 
siècles,  Sparte  accordait  volontiers  ce  droit  à  des  étran¬ 
gers,  réparant  ainsi  les  pertes  que  la  guerre  faisait  subir 
à  sa  population1.  Cette  assertion  est  confirmée  par  Plu¬ 
tarque2,  par  Élien  3.  Xénophon  montre  qu’il  y  avait  de 
son  temps  des  étrangers,  £évot,  qui  étaient  admis  d’une 
certaine  façon  dans  l’État  Lacédémonien  ;  on  peut  induire 
de  son  récit  qu’ils  étaient  en  assez  grand  nombre  et 
qu’ils  formaient  une  classe  réputée  libre  et  assez  consi¬ 
dérée’.  Mais  il  y  a  grande  apparence  qu’il  y  avait  des 
degrés  dans  le  droit  de  cité.  On  pouvait  être  admis  dans 
la  cité  lacédémonienne  sans  devenir  pour  cela  un  citoyen 
complet,  un  Spartiate.  Les  droits  politiques,  et  surtout  le 
jus  honorum,  étaient  mis  à  part.  Un  passage  d’Hérodote 
est  significatif  :  les  Spartiates  voulaient  avoir  avec  eux 
le  devin  Tisamène  qui  était  un  Eléen  ;  celui-ci  exigea 
«  qu’ils  le  fissent  citoyen  »,  «  qu'ils  lui  donnassent  part 
à  tous  les  droits  »,  «  qu’enfin  il  devînt,  ainsi  que  son  frère, 
un  Spartiate  5  ».  C’est  de  ce  rang  et  de  ce  titre  que  Sparte 
était  fort  avare  ;  mais  elle  ne  repoussait  pas  absolument 
les  étrangers  et  les  admettait  volontiers,  comme  veooa- 
aïoSstç,  comme  rfôcptgoi,  ou  comme  mothaces6,  soit  dans 
ses  murs,  soit  dans  ses  armées,  et  elle  leur  donnait,  avec 
quelques  droits  civils,  une  place  dans  l’État. 

Le  titre  de  citoyen  pouvait  se  perdre  de  deux  façons, 
soit  par  la  voôsla,  soit  par  l’arigta.  Était  réputé  vôOoç  qui¬ 
conque  était  né  d’un  Spartiate  et  d’une  femme  étrangère. 
Comme  cette  condition  était  héréditaire,  on  ne  doit  pas 
être  surpris  que  les  voOoi  aient  formé  une  classe  assez 
nombreuse  à  Lacédémone 7  ;  peut-être  y  faut-il  faire 
entrer  ceux  qu'on  appelait  iTrsuvaxToc'8.  Ceux  qui  étaient 
nés  de  pères  Spartiates  jouissaient  d’un  certain  rang  et 
de  quelques  droits  dans  la  cité  9. 

La  peine  de  l’atimic  était  prodiguée  à  Sparte.  Nous 
sommes  loin  d’avoir  la  liste  des  crimes  et  des  délits 
qu’clle  atteignait;  nous  savons  qu’elle  frappait  tout 
homme  qui  avait  reculé  dans  un  combat10,  tout  homme 
qui  ne  se  soumettait  pas  aux  règles  si  rigoureuses  de 
l’éducation  et  de  la  discipline  intérieure  de  Sparte11,  tout 
homme  qui  restait  célibataire12,  tout  homme  enfin  qui 
ne  pouvait  ou  ne  voulait  pas  prendre  part  aux  repas 
publics13.  Celui  qui  était  exclu  du  nombre  des  citoyens 
n’avait  plus  ni  droits  politiques  ni  droits  civils  ;  il  ne 
pouvait  plus  aspirer  aux  charges  ;  il  ne  pouvait  contracter 
ni  achat,  ni  vente,  ni  mariage  régulier  ;  frappé  et  mal¬ 
traité,  il  n’avait  aucun  recours  en  justice14.  La  religion 
même  lui  était  interdite;  il  ne  pouvait  pas  prendre  part 
aux  fêtes  ;  nul  citoyen  ne  lui  pouvait  communiquer  le  feu 
sacré  ni  même  avoir  un  entretien  avec  lui1”. 

l  Aristot.  Polit.  II,  G,  12.  —  2  Plut.  Instit.  Lacon.  22.  —  3  Aelian.  Hist.  var. 
XII,  43  ;  cf.  Phylarch,ap.  Alhen.  VI,  102  ;  Stob.  Serm.  XL,  8.  —  4  Xen.  Hell.  V,  3, 
1)  :  Eévot  t5v  tçobÎjxwv  *a^oujjisvwv.  Le  mot  xpôcpijxoi  indique  qu’ils  avaient  reçu  l’édu¬ 
cation  Spartiate.  —  G  Herod.  IX,  33:  w;  ito'XrqTYjv  itonqixovTat,  t<ov  -nâvxwv  'AExaStSovTEÇ 
...YtvsaOat  £iraçTi-qTrv.  Ibid.  35  :  yevopievo;  Eza^Tif.TYiç.  —  c  Sur  les  mothaces, 
\  oir  Phylarch.  ap.  Athen.  VI,  102.  Toutes  ces  classes  étaient  fort  nombreuses  ;  on 
sait  qu’ Agésilas  emmena  en  Asie  30  Spartiates  seulement  et  2000  neodamodes  ; 
ces  chiffres  ne  nous  donnent  sans  doute  pas  la  proportion  exacte  entre  les  deux 
classes  ;  mais  ils  nous  permettent  de  croire  qu’au  IVe  siècle  les  néodamodes,  ou  nou¬ 
veaux  citoyens,  étaient  beaucoup  plus  nombreux  que  les  Spartiates;  cf.  Xenopli. 
Hell.  V,  3,  9.  Suivant  Phylarque,  Lysandre  aurait  été  un  mothacc,  et  il  se  serait 
ensuite  élevé  au  rang  de  izo\hrt;.  —  7  On  voit  dans  Xenoph.  Hell.  V,  3,  9,  que 
l’élite  des  voôoi  formait  une  partie  de  l’armée  d'Agésilas.  —  8  Athen.  VI,  101. 
—  9  Xen.  Hell.  V,  3,  9  :  xai  vôOoi  xwv  E'rcaçxtaTwv  [xà\v.  eûeiSeï;  xai  [t«3v  tv  r>j  r.ôXzi 
xeàSv  oûx  fimieoi.  —  10  Herod.  VII,  231;  Thuc.  V,  34;  Plut.  Afjesil.  30. 

il  Xen.  Resp.  Lac.  10;  Plut.  Instit.  Lac.  21.  —  12  Plut.  Lyc.  15;  Apophth. 
Lyc.  14.  —  13  Aristot.  Polit.  Il,  G.  21  (éd.  Didol,  p.  514).  —  14  Thuc.  V,  34; 


Le  corps  des  citoyens  se  divisait  en  un  certain  nombre 
de  groupes  que  l’on  appelait  cpuXat  et  qui  se  divisaienl 
eux-mêmes  en  woa't16.  Un  a  lieu  de  croire  que  les  tribus 
étaient  au  nombre  de  trois  et  qu’elles  portaient  les  mêmes 
noms  que  dans  d’autres  villes  doriennes,  ceux  de  Hyl- 
léens,  Dymanes  et  Pamphyles17.  Quant  aux  <L6aî,  qui  ont 
peut-être  quelque  analogie  avec  les  phratries  athénien¬ 
nes,  on  est  d’accord  pour  penser  qu’elles  étaient  au 
nombre  de  trente. 

Les  citoyens  de  Sparte  étaient-ils  partagés  en  classes? 
Y  distinguait-on  des  familles  de  naissance  aristocra¬ 
tique,  comme  étaient  les  Eupatrides  d’Athènes  et  les 
Patriciens  de  Rome?  Y  marquait-on  des  rangs  suivant 
la  richesse,  comme  étaient  les  classes  de  Rome  et  les 
x-.a-çg-axa  d’Athènes?  Il  nous  paraît  impossible  de  répondre 
à  ces  questions.  D’un  côté,  la  tradition  attribuait  à 
Lycurgue  d’avoir  donné  aux  Spartiates  l’égalité  en  toutes 
choses.  D’autre  part,  ni  Hérodote,  ni  Thucydide,  qui  sont 
les  auteurs  les  plus  anciens  qui  nous  parlent  de  Sparte, 
ne  font  la  moindre  allusion  à  une  pareille  égalité.  Quel¬ 
ques  mots  d'Hérodote  semblent  même  indiquer  qu’il  y 
avait  des  Spartiates  que  l'on  distinguait  entre  leurs  con¬ 
citoyens  «  pour  leur  naissance  et  pour  leur  richesse  18  ». 
Le  même  historien  mentionne  des  hommes  qu’il  appelle 
ciXêioi 19,  ooxig.01,  ou  qu’il  désigne  par  l’expression  oi 
Ttpwxoi 20.  Aristote  décrit  la  société  Spartiate  comme  si  elle 
était  partagée  en  deux  classes  bien  tranchées  ;  il  les 
désigne  par  les  expressions  xaXoïxàyaôoi  et  3^g.oç'2i.  Xéno¬ 
phon  emploie  les  deux  termes  ôgoï&i  et  Ù7rojjt.eioveç,  les 
Égaux  et  les  Inférieurs  22.  Sur  les  différences  qu’il  y  avait 
entre  ces  deux  classes,  on  est  à  peu  près  réduit  aux  con¬ 
jectures.  Toutefois  on  remarque  que  Démosthène  men¬ 
tionne  la  première  comme  une  classe  très  puissante23, 
et  que  Xénophon  place  la  seconde  au  milieu  d’autres 
classes  déshéritées  et  opprimées24.  On  pourrait  même 
conclure  de  deux  passages  de  cet  historien  que  les  ôgoîoi 
jouissaient  seuls  de  tous  les  droits  politiques25.  Parmi  ces 
obscurités,  ce  qui  ressort  avec  le  plus  de  vraisemblance 
des  textes  et  des  faits,  c’est  que,  même  parmi  les  hommes 
de  sang  dorien,  il  y  avait  des  rangs  très  distincts.  En 
tête  étaient  les  Spartiates  ôg.oïoi,  puis  les  Spartiates 
67iog.£tovEç,  puis  les  voôot  STrapxiàxwv  ;  venaient  ensuite  les 
çévoi  Tpocpig.oi,  les  mothaces,  les  néodamodes  ;  au-dessous 
étaient  les  périèques,  et  au  dernier  degré  de  l’échelle  se 
trouvaient  les  hilotes  et  les  esclaves. 

2°  Institutions  sociales.  La  famille.  —  La  famille 
était  constituée  à  Sparte  comme  dans  le  reste  de  la  Grèce. 
On  ne  voit  à  aucun  signe  certain  que  les  relations  entre 
l’époux  et  l’épouse,  entre  le  père  et  les  enfants,  y  aient 
été  sensiblement  différentes  de  ce  qu’elles  étaient  ailleurs. 

Plut.  Agesil.  30.  Peut-être  y  avait-il  dos  degrés  dans  l'alimie,  ainsi  qu'à  Athènes  ; 
mais  nous  manquons  de  renseignements  sur  ce  point.  —  13  Herod.  VII,  231. 
—  13  Plut.  Lyc.  0  :  çuXàÇavTa  xaî  wGâçavTa  ;  Herod.  \  I,  145,  140.  -  13  \oir 

Hoeckli,  Co/y),  inscr.  graec.  t.  I,  p.  009.  —  l8  Herod.  VH,  134  :  yeyovôîes  s ù  xat 
àv^xovxeç  eïç  zv.  nçùizoï.  —  19  Id.  VI,  61.  —  90  Jd.  V  I,  85;  IV,  14G.  —  21  Al’is- 
lot.  Polit.  Il,  6,  15.  Ailleurs  il  appelle  la  première  classe  oî  yvwji[uu  cl  il  la  peint 
comme  une  classe  aristocratique  (V,  0,  7).  —  22  Xen.  Ltesp.  Lac.  X,  7  et  XIII,  1  ; 
Hell.  III,  3,  5;  Anab.  IV,  0,  14.  —  23  Demosth.  in  Leptin.  107.  —  24  Xen. 
Hell.  III,  3,  G.  —  23  Xen.  Jtcsg.  Lac.  X,  7  ;  on  peut  remarquer  que  ceux 
qui  sont  appelés  ojjwïo!  dans  la  seconde  partie  de  la  phrase  sont  les  mêmes 
qui,  dans  la  première,  sont  appelés  ol  tï;v  xôVtv  oîxEiav  é//,vte; ■  Lie  mémo, 
dans  l’Anabase,  IV,  6,  14,  on  voit  que  l'éducation  Spartiate  est  donnée  à  ouoi 
i!,i  ôjtofov;  or,  il  faut  avoir  traversé  cette  éducation  pour  jouir  du  droil 
complet  de  la  cité.  Sur  cette  question  toujours  obscure,  on  peut  consulter 
K.  Fr.  Hermann,  I.ehrbuch  der  griech.  Antiq.  §  2G  ;  Schoemann,  Opuscula 
acad.  t.  I,  p.  108-148;  Kopstadt,  De  constit.  Lyc.  indole,  p.  82-88  ;  Itieger, 
de  Homoeorum  el  Hypom.  origine.,  1853. 


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Hérodote,  observateur  si  curieux  des  mœurs  intimes,  ne 
signale  rien  dans  celles  des  Spartiates  qui  s  éloigne  de 
celles  des  autres  Grecs.  Ni  Thucydide  ni  Aristote  ne  font 
aucune  remarque  de  cette  nature.  A  Sparte  comme  pai- 
tout,  le  mariage  était  un  acte  sacré  qui  s  accomplissait 
suivant  des  rites.  Plutarque  rapporte,  à  la  vérité,  que 
l’époux  devait  enlever  l’épouse  1  ",  mais  il  y  a  grande 
apparence  qu  il  indique  là,  sans  y  penser,  un  rite  antiqm 
du  mariage,  lequel  se  retrouve  dans  une  grande  paitit 
de  la  race  indo-européenne  et  se  voit  aussi  à  Rome.  Le 
même  historien  semble  croire  que  le  lien  du  mariage 
était  peu  respecté  à  Lacédémone  et  que  les  femmes  y 
étaient  à  tous,  ainsi  que  les  enfants  -.  Mais  cela  est 
démenti  par  beaucoup  d’anecdotes  que  racontent  Héro¬ 
dote  et  Plutarque  lui-même  3.  il  est  vraisemblable  que 
Plutarque  s’est  mépris  sur  le  sens  d’une  institution  dont 
Polybe  avait  parlé  avant  lui  :  «  Trois  ou  quatre  maris, 
dit-il,  pouvaient  avoir  une  même  femme,  pourvu  qu  ils 
fussent  frères  L  »  Ce  vieil  usage  ne  serait  autre  que  le 
lévirat,  qui  fut  pratiqué  par  presque  toute  l’antiquité 
dans  l’intérêt  de  la  conservation  des  familles.  Dans  la 
pensée  des  vieux  âges,  toute  considération  morale  cédait 
devant  la  nécessité  de  donner  un  descendant  à  une  lignée 
d’ancêtres.  De  là  cette  loi  étrange;  de  là  aussi  la  règle 
du  divorce  en  cas  de  stérilité  de  la  femme.  Quelques  faits 
de  cette  nature  ne  doivent  pas  nous  induire  en  erreur 
sur  le  caractère  général  de  la  famille  à  Sparte.  La  mono¬ 
gamie  y  était  la  règle  absolue5,  et  l’adultère  y  était 
réputé  l’un  des  plus  grands  crimes  °. 

Il  ne  paraît  pas  que  la  puissance  paternelle  ait  été 
différente  à  Sparte  de  ce  qu’elle  était  dans  le  reste  de  la 
Grèce.  11  est  vrai  que  le  père  était  obligé  de  soumettre 
son  fils  aux  prescriptions  quotidiennes  de  l’éducation 
publique;  mais  le  fds  rentrait  chaque  jour  dans  la  mai¬ 
son,  et  beaucoup  d’anecdotes  montrent  que  le  lien  était 
assez  étroit  entre  le  fils  d’une  part,  le  père  et  la  mère  de 
l’autre7.  Dire  que  les  enfants  n’appartenaient  pas  à  la 
famille  serait  une  exagération  et  une  inexactitude. 

La  vie  intime  dans  la  famille  n’était  pas  inconnue  de 
Sparte.  La  maison  avait,  comme  partout,  son  foyer  sacré, 
son  dieu  intérieur.  Nous  lisons  dans  Hérodote  que  Déma- 
rate  entre  dans  sa  maison,  y  immole  un  bœuf  à  Jupiter 
et,  s’adressant  à  sa  mère  :  «  Je  te  supplie,  lui  dit-il,  au 
nom  de  notre  dieu  domestique  dont  je  touche  l’autel.  » 
Hérodote  et  Plutarque  mentionnent  des  sacrifices  privés, 
ce  qui  suppose  8  des  fêtes  domestiques  et  des  anniver¬ 
saires  9.  Aristote  et  Platon  assurent  qu’à  Sparte  les 
femmes  jouissaient  d’une  plus  grande  liberté  que  dans 
la  plupart  des  villes  grecques10.  Denys  d’Halicarnasse, 
comparantles  trois  grandes  cités,  Rome,  Athènes  et  Sparte, 
au  point  de  vue  de  l’ingérence  des  pouvoirs  publics  dans 

1  Plut  .  Lyc.  15  :  ouv  St'  àçitayri;.  Denys  d’Halicar  nasse  explique  cet  usage,  àç-scay?); 
oùx  eç  u'6  pet  &Xk’  etz\  yà|up  yevojiivY);,  'éT^yjvixbv  xai  àpy/xïo v  e6o;  xat  xçôirov  o-ujAiEàvxwv  KaO  ou; 
CTUvâ-rexovrat  yà[xot  Ta?;  yuvatS'iv  eiciçavéffTaxov  ( Aht .  TOm.  11,  30).  —  -  Plut.  Lyc.  15, 
va  fine,  —  3  Voir  par  exemple  les  Apophth.  Laconarum,  édit.  Tauclrailz,  p.  187-188. 
—  4  Polyb.  XII,  G  B,  8,  édit.  Didot,  p,  508  :  icaçà  AaxE8at[xoviot;  zàxçiov  îjv  tçeT; 
av8ça;  Ê^etv  yuvaïxa  xai  TExxaçaç,  àSEXœoù;  ovxa;.  —  5  Herod.  V,  39-40,  raconte  l’his¬ 
toire  d’un  roi  de  Sparte  que  les  épliores  voulurent  contraindre  à  renvoyer  sa  femme 
qui  était  stérile  ;  sur  son  refus,  ils  imaginèrent  l’expédient,  de  l’obliger  à  en  épouser 
une  autre  sans  renvoyer  la  première;  il  eut  ainsi  deux  femmes  et  deux  foyers,  mais, 
ajoute  l’historien,  «  cela  était  contraire  aux  ^nœurs  des  Spartiates  ».  —  fi  Plut. 
Lyc.  15  in  fine.  —  1  On  peut  remarquer  l'habitude  qu’avaient  les  riches  de  Sparte 
de  faire  accompagner  leurs  enfants  dans  les  gymnases  par  deux  ou  trois  enfants  de 
leur  propre  domesticité,  pour  adoucir  leurs  fatigues  (Athen.  VI,  102;  Aelian.  XII, 
43).  —  H  Herod.  VI,  68  :  TOU  eçxeiou  Al  b;  toù8e  xaxaicTÔ|Aevo;  cre  Ixeteûw.  —  9  Herod, 
VI,  57  ;  Plut.  Lyc.  12.  -  10  Aristot.  Polit.  II,  6  (éd.  Didot,  p.  512);  Plat.  Leg.  I, 


LAC 

la  vie  privée,  dit  que  Sparte  (Hait  celle  où  la  vie  pii\cc 
avait  le  plus  d’indépendance:  «  Toute  infraction  au  bon 
ordre,  si  elle  est  commise  en  un  lieu  public,  est  passible 
d’une  peine  ;  mais  de  ce  qui  se  fait  dans  1  intérieur  de  la 
maison,  l'État  n’a  nul  souci  ;  la  porte  de  la  cour  est  la 
limite  où  finit  l’assujettissement  et  où  commence  la 
liberté  11.  » 

2°  La  propriété.  —  Les  Spartiates  ont  pratiqué  de  tout 
temps,  ainsi  que  les  autres  Grecs,  le  régime  de  la  pro¬ 
priété  privée.  L’étude  des  documents  et  des  faits  ne  peut 
laisser  aucun  doute  sur  ce  point.  11  n’y  a  pas  un  seul 
texte,  parmi  tant  de  descriptions  et  de  récits,  qui  indique 
que  les  terres  y  aient  été  communes  Platon  rapporte  que, 
dès  le  premier  établissement,  la  terre  fut  partagée  en 
lots  de  propriété  12.  Suivant  Plutarque,  l’inégalité  des 
fortunes  se  serait  d’abord  fait  sentir;  «  les  uns  devinrent 
très  riches,  les  autres  très  pauvres  et  sans  ressources  >». 
C’est  pour  remédier  à  cette  inégalité  trop  profonde  que 
«  Lycurgue  aurait  persuadé  aux  Lacédémoniens  de  mettre 
pour  un  moment  la  terre  en  commun  et  de  procéder  à  un 
nouveau  partage  13  ».  Il  aurait  alors,  d  après  le  même 
historien,  divisé  le  territoire  de  Sparte  en  9000  lots 
égaux,  dont  chacun  pouvait  produire  environ  80  mé- 
dimnes  de  grains.  Il  y  a  des  raisons  de  douter  de  cette 
égalité  des  parts,  égalité  dont  il  n'est  lait  mention  que 
dans  des  historiens  très  postérieurs  à  Lycurgue  et  dont 
Hérodote  ne  parle  pas  ;  mais  ce  dont  ôn  ne  peut  pas 
douter,  c’est  que  la  terre  n'ait  été  possédée  en  propre  par 
chaque  Spartiate.  La  propriété  du  sol  était  héréditaire 
Elle  passait  nécessairement  du  père  au  fils,  sans  que 
celui-ci  pût  être  déshérité  par  un  testament  ;  cette  règle 
dura  jusqu’à  la  loi  d’Epitadéos  qui  ne  fut  portée  qu  après 
la  guerre  du  Péloponnèse  15.  La  terre  était  tellement  atta¬ 
chée  à  la  famille  que,  suivant  une  règle  que  nous  retrou¬ 
vons  dans  beaucoup  d’anciennes  cités  grecques,  il  n’était 
pas  permis  de  se  séparer  d’elle  par  la  vente  16. 

Le  Spartiate  ne  cultivait  pas  lui-même  son  champ  ;  il  le 
faisait  cultiver  par  un  hilote  qui  en  était  comme  le  fermier 
et  qui  lui  en  payait  une  redevance  annuelle.  Le  chiffre 
de  cette  redevance  avait  été  fixé  à  1  origine  1  ‘ .  Il  était 
interdit  au  propriétaire  de  louer  sa  terre  a  un  prix  plus 
élevé,  «  la  loi  visant  à  ce  que  l’hilote  pût  faire  quelques 
profits  et  à  ce  que  le  propriétaire  ne  s’enrichît  pas  outre 
mesure  18  ». 

Beaucoup  de  faits  montrent,  non  seulement  que  la 
propriété  privée  existait  à  Sparte,  mais  qu'elle  y  fut 
même  de  bonne  heure  fort  inégale.  Déjà  avant  Lycurgue, 
Plutarque  signale  une  grande  disproportion  dans  la 
richesse  19.  Au  siècle  qui  suit,  nous  voyons  la  guerre  de 
Messénie  éclater  à  l'occasion  d'un  crime  commis  par  un 
Spartiate  qui  est  un  propriétaire  de  vastes  pâturages20. 

p.  G37  ;  VI,  p.  781  ;  Aristote,  II,  G,  8,  rapporte  une  tradition  suivant  laquelle  Lycur¬ 
gue  aurait  renoncé  à  faire  des  lois  pour  les  femmes  ;  cf.  Dion.  Halic.  II,  24  : 
oute  àsftxav  îooirsp  oî  AaxeSatixôviot  xà;  xùjv  yuvatxwv  ©uÀaxa;.  —  H  Dion.  liai.  XX,  2 
(XX,  13,  édit.  Kiessling,  t.  IV,  p.  167)  :  Aaxe8at|xovioi  8è,  ote  toi;  itçE<xouxâTot;  Ltéxoeitov 
-où;  àxoffjxouvxa;  xulv  toXixùIv  Èv  ôx<;>8^xtvt  xwv  3rjjAO<rtu>v  xôiti»  Ta";  Baxxr.çiat;  -rateiv,  x«*»v 
$è  xaxotxiav  yEvojxÉvwv  oute  xrçovotav  oute  ©uXaxr.v  troiouvxo,  *c$jv  auÀEtov  0upav  Exa<rxtu 
oçiov  tlvai  xt};  IXeuOEçia;  tou  p?ou.  —  12  Plat.  Leg.  111,  p.  G84.  A  Sparte,  comme  a 
Athènes,  la  propriété  privée  avait  son  dieu  protecteur,  Zeù;  eoxeto;.  Herod.  NI. 
(58.  —  13  Plut.  Lyc.  8.  —  14  Plut.  Agis ,  5  :  ev  8ia8o-/a?;,  ï:axçb;  icai8i  xbv  x^tJçov  àro- 
)*eucovtq;.  —  15  Ibid.  —  16  Heraclid.  Pont,  dans  les  Fragmenta  de  Didot,  t.  II. 
p.  211  :  ‘kwAeïv  yrjv  AaxE3aip.ovtoi;  al<ryçbv  vevo|Ju*<rxat*  xîj;  8  àçyata;  |xoc?a;  ou8  e;e<tti.  Ci. 
Aristot.  Polit.  II,  6  (Didot,  p.  512). —  11  Plut.  Inst.  Lac.  40  :  ot  eeXwxe;  aûxot;  eiyyâ 

Covxo  x?qv  yyjv  àx:o®éçovTs;  Ôltz oipoçàv  xrtv  avwôev  tffxajilvTjv.  —  1®  Ibid .  :  ticàoaxov  8  r,v 
irXetovô;  xivà  puo-Owirat,  iva  ot  ê'.Xwxe;  jaèv  xEçSatvtoirtv,  ouxoi  8e  (les  Spartiates)  ïc'aéov 
It: iÇqtâffi.  —  Plut.  Lyc.  8.  —  20  Pans.  IV,  4. 


—  890  — 


LAC 


LAC 

A  la  fin  de  celte  même  guerre,  la  propriété  est  devenue 
à  tel  point  inégale  qu'un  parti  demande,  sans  d’ailleurs 
l'obtenir,  un  partage  du  sol  1 .  Un  siècle  après,  Hérodote 
montre  que  l'on  distinguait  à  Sparte  des  hommes  «  qui 
s'élevaient  au-dessus  des  autres  par  la  naissance  et  par 
la  richesse  2  ».  Plus  tard  encore,  Thucydide  fait  la 
remarque  que  tous  les  Spartiates  avaient  un  vêtement 
uniforme,  bien  qu’il  y  eût  parmi  eux  des  hommes  plus 
riches  que  les  autres3.  Aristote  affirme  que  de  son  temps 
la  richesse  était  si  inégalement  répartie  que  «  les  uns 
possédaient  des  biens  énormes,  les  autres  n’avaient 
presque  rien,  on  sorte  que  le  sol  est  en  un  petit  nombre 
de  mains  *  ».  Cette  disproportion  ne  fit  que  s'accroître 
avec  le  temps  ;  à  l'avènement  d’Agis  111,  tout  le  territoire 
de  Sparte  appartenait  à  cent  propriétaires6. 

La  richesse  mobilière  n’était  pas  inconnue  à  Sparte, 
Plutarque,  au  milieu  même  des  peintures  qu'il  fait  de  la 
pauvreté  Spartiate,  laisse  échapper  une  foule  de  traits  qui 
marquent  une  société  où  l’argent  tient  une  grande  place. 
Il  mentionne,  dès  une  époque  très  ancienne,  des  débi¬ 
teurs  et  des  créanciers,  et  la  question  des  dettes  était  déjà 
assez  grave  pour  troubler  l’État®.  Il  montre  à  tout  moment 
la  passion  du  lucre.  Un  ancien  oracle  avait  déjà  dit  :  «  C’est 
l’amour  de  l’argent  qui  perdra  Sparte 7.  »  On  répète,  à  la 
vérité,  que  les  Spartiates  ne  possédaient  ni  or  ni  argent  ; 
mais  les  textes  disent  seulement  qu’ils  ne  possédaient  pas 
d’or  monnayé,  pas  d'argent  monnayé  ;  ils  se  servaient  de 
lingots8.  Cette  absence  de  monnaie  d'or  et  d’argent,  au 
milieu  même  de  l’affluence  de  ces  métaux,  est  un  fait 
assez  fréquent  dans  l'antiquité  ;  on  la  remarque  dans 
l’ancienne  Rome  jusqu'au  temps  des  guerres  puniques, 
bien  que  Rome  fût  déjà  fort  riche  et  qu’elle  connût  depuis 
longtemps  le  commerce  et  même  la  spéculation.  Appa¬ 
remment  les  Spartiates,  comme  les  Romains,  aimaient 
mieux  peser  l'or  que  le  compter.  L’argent  ne  manquait 
pas,  puisqu’une  des  peines  les  plus  souvent  infligées 
était  l’amende  ;  Plistoanax,  en  445,  fut  condamné  à  payer 
15  talents9,  et  Agis,  en  418,  faillit  être  condamné  à  payer 
100000  drachmes  10.  Le  commerce  cîe  l’argent  parait  avoir 
été  interdit  par  quelque  vieille  loi  ;  mais  un  historien 
cité  par  Athénée  nous  renseigne  sur  l’un  des  moyens  par 
lesquels  la  loi  était  éludée  :  les  Spartiates  plaçaient  leur 
argent  chez  les  Arcadiens  ou  prenaient  pour  prête-noms 
des  hommes  de  ce  pays11.  Voici  un  autre  trait  de  mœurs 
qui  nous  est  fourni  par  Aristote  et  Plutarque  :  Les 
éphores,  disent-ils,  siègent  tous  les  jours  et  séparément 
pour  juger  les  procès  relatifs  aux  obligations  i2.  Ce  grand 
nombre  de  procès  donne  une  idée  du  mouvement 
d’affaires  et  de  la  complexité  des  spéculations  qu’il  y 

1  A  ris  tôt.  Polit.  V,  G  (Didot,  p.  573-574)  :  une  cause  de  révolution,  dit  le  philo¬ 
sophe,  est  otccv  o\  jxèv  àiïoçojirt Xtav  O*  S’eüTCoçîSffi  ;  or,  c  est  précisément  Sparte  cpi  il  choisit 
comme  exemple  :  ouvêSri  xouxo  lv  AaxeSaqAovi  uuo  xov  METirrçvtaxbv  tcôXejaov*  OAiSojaevoi  yào 
8ià  xbv  icôXejxov  ^çtouv  àvaSaorbv  tcoieïv  xv]v  y wçàv.  —  -  Hcrod.  \  II.  134  :  oùiji  te  YEyovôxEÇ 
eu  xa:  yor\  [xafft  àvqxovxeç  éç  xà  icpiuTa.  —  3TllUCyd.  I,G  lot  xà  jaeîÇyijàexext  v$. —  h  Al'istot. 
Polit.  11,6,  10  (Didot,  p.  512)  :  xoTç  jjlèv  yàç  auto Sv  ffujx?eS-/)XE  xexxvjffOat  •rcoXtojv  Xtav  oùofav, 
xoYç  8i  itàjXTîav  [juxpâv  &to’7;sp  elç  6‘kiyo’jq  yjxev  vj  £tôpa.  —  S  Plut.  Afjis ,  5.  —  G  Plut.  LlJC.  0-1  I . 
—  7  'H  oiAo/oTi|xaTta  -"àoTo.v  oAst,  Diod.  E xccrpta  \  aticanaf\ II,  14,  5  (éd.  Didot)  : 
Plut.  Proverb.  43;  Cic.  De  off.  II,  il.  L’oracle  avait  été  rendu  au  temps  des  rois 
Alcamèneet  Théopompe,  c’est-à-dire  au  vin"  siècle  avant  notre  ère  (Plut.  Inst.  Lac. 
41).  Il  correspondait  sans  doute  à  un  effort  qui  fut  fait  à  cette  époque  pour  réfrénez 
le  goût  de  la  richesse.  —  8  Pausanias,  parlant  d’un  fait  du  vme  siècle  avant  notre 
èl’C,  dit  :  oùx  r,v  xôxs  ^pùirou  voja tajxa^  xaxà  xpoiiov  8i  xhv  àjyarov  àvxe8t8o<xc/.v  flouç  xat 
àv SpàicoSa  xat  àpyov  tov  àpyuçov  xat  ypuirov  (Paus.  III,  12).  —  0  Ephor.  ap.  Schol . 
Aristoph.  JVub.  858.  —  10  Thucyd.  V,  63.  Autres  exemples  de  fortes  amendes,  Plut. 
Pelopicl.  G  et  13  ;  cf.  Xenoph.  liesp.  Lacaed.  8.  —  n  Posidon.  ap.  Athen.  VJ,  24: 

AaxeSaijAÔvcot  uirb  xùîv  e0wv  xwÂuôjj.evoi  el<r«6petv  e;  tvjv  Eràpxvjv  xat  xxâirûai  açyupov  xa: 
jrpuoov,  IxTwvto  ;*iv  où$*v  yjxtov,  ic«oaxaxETt0EvTo  8è  xoY;  oaciçot;  Mpxàatv.  ' -  Al’istot. 


avait  à  Sparte.  Xénophon  et  Aristote  disent  expressément 
que  «  la  richesse  était  fort,  estimée  dans  cette  ville  »,  et 
«  qu’on  s'y  faisait  gloire  d’être  riche13  ».  11  n’y  a  guère  de 
ville  où  l’accusation  de  corruption  à  prix  d'argent  ait 
été  aussi  fréquente  qu’à  Sparte.  On  connaît  l’histoire  de 
Cléomène  qui  avait  reçu  de  l’argent  des  Argiens  pour  ne 
pas  assiéger  leur  ville  u,  d’Eurybiade  qui  reçut  cinq 
talents  de  Thémistocle  pour  changer  le  plan  de  son 
expédition 1B,  des  éphores  que,  suivant  quelques  historiens, 
Thémistocle  gagna  à  prix  d’argent  pour  obtenir  la  per¬ 
mission  de  rebâtir  les  murs  d’Athènes16,  de  Plistoanax 
et  de  Cléandridas  qui  se  firent  acheter  par  Périclès  ”,  du  roi 
Léotychide  qui  fut  pris  sur  le  fait,  «  assis  sur  une  bourse 
pleine  »  qu’il  venait  de  recevoir  des  ennemis  de  Sparte  18, 
de  Gylippe  qui  essaya  de  voler  300  talents  à  l’État  10. 
Aristote  parle  de  la  vénalité  des  éphores  en  général  et 
même  de  beaucoup  de  sénateurs20.  Les  Spartiates  savaient 
aussi  se  servir  de  l'argent  pour  se  faire  des  intelligences 
chez  leurs  adversaires;  Pausanias  fait  observer  qu’ils  ont 
été  les  premiers  qui  aient  su  acheter  les  généraux 
ennemis  et  il  cite  deux  exemples  dont  l’un  remonte  à  la 
guerre  de  Messénie21  ;  il  ajoute  qu'ils  furent  les  seuls  qui 
aient  osé  corrompre  la  Pythie  à  prix  d'or  22.  Tous  ces  faits 
prouvent  que  les  Spartiates  avaient  l'usage  de  l’argent  et 
qu’ils  en  connaissaient  le  prix. 

«  Tu  te  crois  bien  riche,  dit  Socrate  à  Alcibiade,  dans 
Platon;  mais  regarde  Lacédémone,  et  tu  verras  que  les 
richesses  d’ici  sont  peu  de  chose  auprès  de  celles  qu’il  y 
a  dans  cette  ville.  Je  ne  parle  pas  seulement  des  terres 
qu’ils  possèdent  en  Laconie  et  en  Messénie,  du  grand 
nombre  de  leurs  esclaves,  de  leurs  chevaux  et  de  leurs 
troupeaux;  je  laisse  cela  de  côté;  je  parle  de  l’or  et  de 
l’argent;  il  y  en  a  plus  à  Lacédémone  chez  les  particu¬ 
liers  que  dans  tout  le  reste  de  la  Grèce  ;  car,  depuis  un 
grand  nombre  de  générations  d’hommes,  l’argent  y  aftlue 
de  chez  les  Grecs  et  de  chez  les  Barbares,  et  il  n’en  sort, 
jamais.  C’est  comme  dans  la  fable  de  l’antre  du  lion:  on 
voit  bien  les  traces  de  ce  qui  entre,  on  ne  voit  pas  les 
traces  de  ce  qui  sort.  Aussi  faut-il  reconnaître  que  par 
l’or  et  l’argent,  les  hommes  de  cette  ville  sont  les  plus 
riches  de  tous  les  Grecs23.  » 

3°  Les  institutions  de  discipline.  —  Ce  qui  distinguait 
le  plus  Lacédémone  des  autres  cités  grecques,  c’est  la 
discipline  qu’elle  imposait  à  ses  citoyens.  Encore  y 
aurait-il  de  l’exagération  à  dire  que  l’assujettissement 
de  l’individu  à  l’égard  de  la  cité  ait  été  une  chose  parti¬ 
culière  à  Lacédémone.  Les  prescriptions  dont  nous  allons 
parler,  telles  que  l’éducation  en  commun,  les  exercices 
gymnastiques,  les  devoirs  de  l’éphébie,  les  repas  publics, 

Polit.  III,  1,  7  :  xàç  (£txà;)  rapt  x<uv  o-ujjlSoWkov  Sixà^Et  Eipopoç  iïXkoç  a/Aaç  ;  Plut. 
Apopllth.  1(IC.,  Euvycvntidcis  :  rept  xà  Twv  <ru;jtfio).a»ov  Stxata  Éxàorr,;  r,;AÉoa;  xp tvouenv  ot 
Ê'çopot.  — 13  Aristot.  Polit.  II,  G,  5;  Xcn.  Jlesp.  Lac.  14:  xaAAwiciÇojxévouç  lx\  xy> 
xEXTrjorôat.  —  P»-  Hcrod.  VI,  82.  —  15  Hcrod.  VIII,  5.  — 16  Plut.  Themist.  19,  d'après 
Théopompe.  —  17  Ephor.  Frayai.  118;  Plut.  Per  ici.  22.  — 13  Hcrod.  Vf,  72. 
— 19  Diod.  XIII,  106  ;  Athen.  VI,  24.  Ajoutcz-y  l'histoire  du  Spartiate  Glaucus  qui 
voulut  s’approprier  un  dépôt  d’argent  qu’un  Milésicn  lui  avait  confié,  mais  chez 
qui  la  superstition  se  trouva  plus  forte  que  la  cupidité  (Herod.  VI,  86).  — 20  Aristot. 
Polit.  II,  G,  18.  Pausanias  (IV,  5)  dit  que  dans  la  guerre  sacrée,  les  rois,  les  éphores 
et  les  sénateurs  furent  gagnés  à  prix  d’argent.  Aristote  (. Rhètor .  Ilf,  18)  rapporte 
une  anecdote  qui  montre  quatre  éphores  sur  cinq  qui  reçoivent  de  l’argent 
pour  trahir  les  intérêts  de  l'État.  —  21  Paus.  IV,  17.  —  22  Paus.  III,  4. 

—  23  Plat.  Alcib.  I,  18,  éd.  Di^lol,  t.  I,  p.  480-481  :  e!  ÈQsXeiç  toù;  Aaxs- 
SatjAovtwv  itX^ûxou;  îSeYv,  yvworei  oxt  icoXu  xà  evOaSe  xù>v  IxeY  iXkt'.Kii...  joùn tov  Sè  xa: 
àpY’uptov  oùx  l'axiv  lv  iraaxv  EXXvjatv  octov  lv  AaxeoatjAûvi  tdta  *  iroXXà;  yàç  tJSyj  'yevéa; 

« Veo/exx:  jaèv  au xôa  il  âûàvxwv  xSv  ’E^X^vjov,  tco^X&xt;  Si  xa:  ex  xwv  papSâotov,  l^spysxat 
8  oùSajAÔaE...,  u>(tce  eu  ypv}  EtSsvat  oxi  xat  jrpucS  xa:  àçyupoî  ot  exêï  îtAouauâxaxot  eîo-t 
XtZv  *E ),),/•  vin v. 


LAC 


—  891 


LAC 


les  obligations  imposées  à  chaque  âge  de  la  vie,  se 
retrouvent  dans  beaucoup  d'autres  villes  doriennes, 
ioniennes  ou  éoliennes.  Les  différences  n’étaient  que 
dans  la  mesure.  Partout,  avec  plus  ou  moins  de  rigueur, 
le  principe  éminemment  grec  était  «  que  le  citoyen  dût 
mettre  toute  son  application  à  garder  et  entretenir  1  ordre 
établi  pour  tous  par  la  cité,  cwÇetv  xbv  xotvbv  rr^  TioXewç 
xbfffxov  1  ».  Ce  qui  est  particulier  à  Sparte,  c’est  que  la 
discipline  sociale  y  fut  plus  sévère  qu’ailleurs  et  s’y  mai  n¬ 
tint  plus  longtemps. 

La  cité  interdisait  au  Spartiate  de  faire  le  commerce 
ou  d’exercer  un  métier;  «  il  lui  était  absolument  défendu 
de  mettre  la  main  à  aucun  travail 2  ».  Il  ne  lui  était 
même  pas  permis  de  cultiver  sa  propre  terre  ni  d’en 
augmenter  le  produit  par  son  labeur.  La  règle  était  qu’il 
eût  abondance  d’inoccupation,  à^Ô&viav  ayolr^  3  ;  par 
quoi  nous  devons  entendre  qu’il  était  tenu  de  donner 
tout  son  temps  et  tous  ses  soins,  non  à  ses  intérêts  per¬ 
sonnels,  mais  à  l’État.  Il  n’avait  pas  le  droit  de  rester 
célibataire,  et  le  sévère  châtiment  que  les  Grecs  appe¬ 
laient  àx’.fju'a  frappait  celui  qui  ne  se  mariait  pas +. 
L’habillement  était  soumis  à  des  règles,  et  il  était  le 
même  pour  les  riches  et  pour  les  pauvres  L  Le  Spartiate 
ne  pouvait  pas  porter  des  bijoux6,  et  une  vieille  loi,  peu 
observée  peut-être,  mais  toujours  rappelée  d  année  en 
année,  lui  ordonnait  de  se  raser  la  moustache  1 

L’éducation  de  l’enfant  n’appartenait  pas  au  père.  On 
n’était  pas  libre  d’élever  son  fils  chez  soi  et  de  l’instruire 
ou  de  lui  donner  un  précepteur.  Dès  l’âge  de  sept  ans, 
les  enfants  étaient  pris  par  l’État,  distribués  en  classes  et 
élevés  en  commun  sous  des  maîtres  choisis  par  la  cité8. 
Bien  qu’il  y  eût  des  riches  et  des  pauvres  dans  la  société 
Spartiate,  l’éducation  était  la  même  pour  tous,  et  Aristote 
remarque  que  tous  étaient  élevés  comme  s’ils  eussent 
été  pauvres9.  Elle  se  composait  d’exercices  gymniques 
et  musicaux,  tous  également  obligatoires  et  fixés  inva¬ 
riablement  par  l’État.  Dans  les  uns  comme  dans  les 
autres,  ce  qu’on  enseignait  le  plus  à  l’enfant,  c’était  à 
obéir  lü.  La  discipline,  qui  s  étaitemparée  de  l’enfant,  gar¬ 
dait  l’homme  fait,  et  sc  prolongeait  toute  la  vie.  «  L’édu¬ 
cation,  à  Sparte,  soumettait  tous  les  citoyens  à  ses  règles  ; 
on  ne  laissait  à  personne  la  liberté  de  vivre  à  son  gré; 
la  ville  était  comme  un  camp  ;  chacun  y  menait  le  genre 
de  vie  déterminé  parla  loi  ;  toutes  les  occupations  avaient 
en  vue  la  communaùté,  et  l’on  devait  savoir  qu’on  ne 
s’appartenait  pas,  mais  qu’on  était  tout  à  l’État  H.  » 

Les  repas  en  commun  faisaient  partie  de  cette  disci¬ 
pline  qui  s’étendait  à  tous  les  actes  de  la  vie  [syssitia]. 
«  Le  législateur  avait  mis  les  citoyens  en  état  de  ne 
pas  même  savoir  vivre  isolément,  mais  d’être  toujours 

1  Plat.  Leg.  VIII,  p.  846.  Platon  dit  cela  du  citoyen  grec  eu  général,  et  non  pas 
seulement  du  Spartiate  ;  c’est  môme  dans  la  bouche  d’un  Athénien  qu’il  place  cette 
maxime.  —  2  Plut..  Lyc .  24  :  xé^vïjç  atî/atrOai  pavaiaou  xb  itàpaitav  oux  IçEtxo  ;  cf.  Aelian. 
VI,  6.  —  3  Plut.  Ibid.  —  4  plut.  Lyc.  15  ;  Lysand.  in  fine.  —  3  Thuc.  I,  G  ;  Xen. 
Besp.  Lac.  7.  —  6  Plut.  Lyc.  9.  —  7  Plut.  Cleom.  9.  —  8  Plut.  Lyc.  16. 
—  9  A  ris  toi.  Polit.  IV,  7  (Didot,  p.  553)  :  ô|Aotüj;  oî  xtbv  “Aouofwv  xj>ésovxat  xoïç  xù>v 
Tcev^xwv  xaî  raiS&ûovxai  xçôiïov  xoCxov  ov  av  Suvaïvxo  oî  izt vqxwv  TcatSlç.  Toutefois,  l’usage 
s’ôtait  établi  que  les  riches  fissent  accompagner  leurs  fils  dans  les  gymnases  par 
deux  ou  trois  enfants  de  leur  domesticité  qui  allégeaient  apparemment  les  fatigues 
et  les  sévérités  de  cette  éducation  (Aelian.  XII,  43;  Athen.  VI,  102).  —  10  Plut. 
Ages.  1.  —  11  Plut.  Lyc.  24.  —  12  Ibid.  25.. —  13  Ibid.  24  :  ireçà  yu|Avâ<xta  xa\ 
*aî(t///ç  xbv  ara vxa  yçovov  IrE^wçtaÇov.  Sur  les  longues  conversations  des  tables 
communes,  voir  Plut.  Lyc..  12  et  Xen.  Besp.  Lac.  5;  Plut.  Apopnth.  lac.  (éd. 
Tauchnitz,  l.  II,  p.  149)  ;  xb  t;).eY<7xov  x?i;  r,|iiçaç  ffuveïvat  xoV;  rfkiv. uôxat;.  —  14  Plut.. 
ibid.  xd.ç  vuxxaç  o'Xaç  ffuvavaiïaûeirOat  xoïç  i]  Aixuôxaiç.  —  P*  Al’istot.  Polit.  II,  G,  13, 
signale  les  ççouçai  ;  Plut.  Lyc.  28.  et  Plat.  L>eg.  I,  p.  G33  et  VI,  p.  7G3,  décri- 


ensemble,  comme  les  abeilles  dans  une  ruche,  toujours 
groupés  et  rangés  sous  l’œil  de  quelque  chef1-.  »  Les 
Spartiates  vivaient  donc  peu  dans  leur  maison  ;  ils  pas¬ 
saient  le  jour  dans  les  gymnases  ou  dans  les  Xea/ai,  la 
soirée  à  des  tables  communes  où  se  prolongeait  la  conver¬ 
sation  l3,  toujours  sous  la  surveillance  les  uns  des  autres 
ou  sous  celle  des  chefs.  La  nuit  même,  jusqu’à  un  certain 
âge,  ils  dormaient  en  commun  u,  ou  bien  ils  veillaient 
occupés  à  faire  la  garde  ou  à  parcourir  la  campagne19. 
On  était  soldat  presque  toute  la  vie16,  et,  à  la  différence 
des  autres  cités  grecques,  on  était  soldat  même  en  temps 
de  paix;  tous  les  citoyens  étaient  distribués  en  petits 
groupes  qu’on  appelait  des  énomoties17,  et  qui  étaient 
composés  d’hommes  du  même  âge  unis  par  un  serment18. 
Plusieurs  énomoties  formaient  un  Xbyo;  ;  quatre  Àôyoi 
formaient  une  gôpa19.  Tous  ces  corps  étaient  commandés 
par  des  énomotarques,  des  lochages,  des  polémarques. 
Les  300  cavaliers  étaient  commandés  par  trois  hippa- 
grètes.  Par  ce  système,  le  Spartiate  était  toujours  a 
l’état  de  soldat,  toujours  en  exercices  militaires  ou  en 
expéditions,  toujours  enserré  entre  deux  camarades 
toujours  sous  le  commandement  d’un  chef.  Aussi  les 
écrivains  athéniens  remarquaient-ils  que  Sparte  ressem¬ 
blait  à  un  camp  21.  Comme  le  mariage  devait  avoir  lieu 
bien  avant  l’âge  où  cessait  le  service  journalier,  il  ne 
fallait  pourtant  pas  que  les  devoirs  du  soldat  tussent 
négligés,  et  le  jeune  époux  ne  pouvait  que  se  dérober 
pour  quelques  heures  à  la  caserne22.  C’était  seulement 
lorsqu’il  avait  donné  trois  fils  à  l’État  qu  il  était  exempt 
des  gardes;  il  l’était  de  tout  service  quand  il  en  avait 
donné  quatre  23 . 

Il  y  avait  à  Sparte  quelque  chose  que  l’on  appelait 
«  la  vertu  ».  Quand  on  lit  les  Apophthegmes  de  Plutarque 
et  sa  vie  de  Lycurgue,  on  est  frappé  de  rencontrer  sans 
cesse  ce  mot,  et  l’on  entrevoit  que  les  documents  dont 
l’historien  se  servait  lui  parlaient  sans  cesse  de  «  la 
vertu  »  à  Sparte.  Il  a  pu  comprendre  ces  textes  impar¬ 
faitement  ;  il  a  pu  surtout  les  interpréter  en  moraliste  ;  il 
a  pu  croire  que  «  la  vertu  »  de  ces  anciens  Spartiates 
était  la  même  chose  que  ce  que  ses  contemporains 
entendaient  par  le  même  mot  ;  du  moins  ne  nous 
trompe-t-il  pas  sur  la  place  que  «  la  vertu  »  tenait  dans 
la  vie  civile  et  même  dans  le  gouvernement  de  Sparte. 
C’est  ici,  en  effet,  l’un  des  points  capitaux  de  l’histoire 
de  cette  société.  Xénophon  consacre  un  long  chapitre  au 
même  objet24  Platon,  quand  il  parle  de  Sparte,  ne 
manque  guère  de  parler  en  même  temps  de  vertu.  L'his¬ 
torien  voudrait  savoir  avec  quelque  précision  ce  qu’il 
doit  entendre  par  ce  mot  et  quelles  idées  les  Spartiates 
y  attachaient.  On  distingue  assez  bien  que  cette  vertu 

vent  les  expéditions  nocturnes.,  connues,  sous  le  nom  de  cryplics  et  parfois  mal  com¬ 
prises  [krypteia].  —  Thuc.  V,  G4;  Xen.  Hell.  VI,  4,  17  :  [aé/qi  x«ov  xexxaçaxôvxa 
àcp'^Yi;.  —  *7  Thuc.  V,  G7-68  ;  Xen.  Hell.  VI,  4,  12.  —  18  Hcsych.  :  Ivojgoxta, 
xtç  St  à  crœaytwv  èvio[i.oxôç  ;  Suidas  :  eéçyjxat  ex  xoij  6 -Avivai  aixoj;  jat,  Xsitcêiv  xrjv  xà;tv. 
—  19  HarpOCl’.  v°  jaoçwv  :  ’Aç'ixoxÉAYjç  ovj<r:  u>;  état  jAÔçai  c!;  «bvojAaaiAÉvai,  xaî  St^çîîvxat 
il'  xà;  [AÔoa;  AaxESatjAovioi  tcôvxeç.  On  les  appelait  [AÔçat  -noTwtxixat,  mores  composés 
de  citoyens,  pour  les  distinguer  des  corps  laconiens  ou  alliés,  Xen.  Besp.  Lac. 
XI,  4.  —  20  Plut.  Loc.  cit.  xoïç  VjXixtwxaiç  «ruvsVvai  ;  Isocr.  Panai  h.  217  :  xà  -çb; 
xr,v  ôjAovoîav.  —  21  Plat.  Leg.  II,  p.  66G  :  oxçaxoTrlbou  uo).ixEtav  e/exe  ;  IsoCl*. 
Arcliedam.  81  :  xoaixe îa  o|aoi«  «rrçaxozÉSf;»  xaAùi;  Siotxou|AÉv(.j .  Cette  pratique 
constante  de  la  vie  militaire  a  fait  des  Spartiates  les  premiers  soldats  de  la 
Grèce  el  a  fait  dire  qu’ils  étaient  des  artistes  en  matière  de  guerre,  xe/vïx a-, 
xal  aosiaxat  x.bv  uo'Xe[Aixwv  ;  Plut.  Pelop.  23;  Xen.  Besp.  Lac.  14.  —  22  PIul. 
Lyc.  15  ;  Apophth.  p.  149.  —  23  Aristot.  Polit.  11.  6,  13  (éd.  Didot, 
p.  512)  :  sort  vÔ;aq;  xbv  yEVv^aravxa  toeïç  utoù;  asço uçov  etvat*'’  xov  xlxx aça;  axîA/j 

21  Xen  Besp.  Lac.  X,  4-7. 


tkavxwv. 


LAC 


—  892 


a'était  pas  une  qualité  purement  morale  et  personnelle. 
Elle  ne  se  composait  pas  non  plus  uniquement  de  cou¬ 
rage  militaire  et  de  force  d’àmc.  Ce  qu’ils  appelaient  la 
vertu  ducitoyen,  rt  ttoXitlxt]  apex-/,,  était  l’observance  exacte 
et  continue  de  toutes  les  lois  et  de  toutes  les  règles  que  la 
cité  imposait  à  ses  membres.  Elle  consistait,  suivant 
1  expression  de  Xénophon,  «  à  peiner  pour  les  lois  »,  xb 
xi  vôjxtax  otaTtoveïffôai  *.  Dur  travail  de  l’éducation, 
exactitude  aux  exercices  gymnastiques  et  musicaux, 
assouplissement  du  caractère,  patience  dans  les  fatigues 
ou  sous  les  coups  du  maître,  adresse  à  ne  pas  se  laisser 
surprendre  en  faute,  plus  tard  fréquentation  des  gym¬ 
nases  «  ou  la  vie  était  plus  dure  que  dans  les  camps2  », 
mariage  au  temps  voulu,  habillement  conforme  à  l'or¬ 
donnance,  assiduité  aux  syssities,  ponctualité  au  service 
militaire,  bravoure  au  combat,  éloignement  pour  tout 
travail  manuel  et  tout  commerce,  respect  constant  pour 
la  loi  et  pour  les  chefs,  tels  étaient  les  éléments  dont  se 
composait  la  vertu.  Elle  était  de  tous  les  âges  et  de  tous 
les  jours  ;  elle  commençait  à  sept  ans  et  ne  (inissait 
qu’avec  la  vie. 

Cette  vertu  était  la  condition  des  droits  politiques.  «  Car 
le  législateur,  dit  Xénophon,  a  exigé  du  citoyen  sans 
nulle  rémission  la  pratique  de  la  vertu  tout  entière  qui 
convient  au  citoyen  ;  à  ceux  qui  remplissent  toutes  les 
obligations,  il  donne  la  cité  avec  les  droits  complets  ; 
mais  ceux  qui  n'ont  pas  la  force  de  supporter  tous  les  tra¬ 
vaux  prescrits  par  la  loi,  il  neveutpas  qu’ils  soientcomptés 
parmi  les  citoyens  3.  »  Ainsi,  une  peine  sévère,  l’àxi- 
gia,  était  suspendue  sur  la  tète  de  quiconque  s’écartait 
de  «  la  vertu  ».  Le  Spartiate  qui  ne  l’observait  pas  tout 
entière  perdait  par  cela  seul  son  rang  de  Spartiate. 

Il  y  avait  encore  cette  singularité  dans  l’existence  de 
Sparte  qu'elle  avait  des  concours  où  on  luttait  de  vertu. 
Ces  concours  se  renouvelaient  à  tous  les  âges  de  la  vie  : 
concours  entre  les  enfants  et  concours  entre  les  hommes 
faits  ;  concours  après  chaque  bataille  pour  désigner  le  plus 
brave  et  concours  en  temps  de  paix  pour  le  plus  obéis¬ 
sant  ;  concours  pour  être  dans  les  300  premiers  \  et  plus 
tard  «  concours  de  vertu  »  pour  être  sénateur.  Plutarque 
marque  bien  cette  habitude  de  concurrence  constante  : 

«  Le  législateur,  comme  pour  attirer  la  vertu,  a  mis  dans 
la  vie  du  citoyen  l’esprit  d’émulation  et  de  rivalité  ;  il  a 
voulu  que  les  bons  citoyens  fussent  toujours  en  lutte  et 
en  combat  les  uns  vis-à-vis  des  autres  5.  »  Ces  concours 
avaient  des  prix  divers  qui  étaient  décernés  soit  par  le 
choix  des  chefs,  soit  par  l'élection  6.  Quelquefois  c’était 
une  couronne  d’olivier7,  ou  une  place  d’honneur  à  la 
fête  sacrée  des  Gymnopédies.  Le  jeune  homme  qui,  sur 
l’autel  de'  Diane,  avait  supporté  le  plus  de  coups  sans 

1  Xen.  Resp.  Lac.  X,  7.  —  2  Plut.  Lyc.  2.  —  3Xen.  Resp.  Lac.  10  ;  lirlôvjxe  xal  Tr,v 

àvuicôffTaxov  àvàyxrjv  à<rxe Yv  auaaav  xîjv  itoAixixîjv  àçexrçv  *  xoïç  jxâv  yàç  xà  vôjAijxa  exxeAouaiv 
ô;xotu>;  au  a  ai  xîjv  icOAtv  otxeiav  eitotYjae. ,  el  Se  xiç  àuaSciXiàaeie  xo'j  xà  vô;xt|xa  StauovsYffOai, 
xo’jxov  exeïvoç  àiréSeiEe  |xv;Sè  vojjuÇsffQat  ett  xwv  o(xotb)v  elvai  ;  cf.  Ibid.  3  :  èotOel;  xal  ef  xtç 
xaffxa  ©ûyot,  {AvjSévoç  ett  xa»v  xaASSv  xuyyàveiv.  —  4  Voir  dans  les  Apophtli.  de  Plu¬ 
tarque  l'histoire  de  Pédarète.  —  S  Plut.  Ages.  5  :  eotxev  ô  Aaxwvixb;  vojxoOéxyjç 
juéxxaujA.*  xîfc  àpexî;;  èjxSaXetv  eîç  xtjv  uoXtxetav  xb  cptAbxijAov  xal  «ptAôveixov  àet  xtva  xoïç 
àyaOofç  Siaooçàv  xal  ajxtAAav  etvat  Tpbç  àAAvjAouç  ^ouXdjxevoç.  Aussi  Aristote  remarque- 
t-il  que  les  Spartiates  sont  ©iAôxijaoi.  C’est  encore  la  remarque  que  fait  Platon,  Alcib. 

I,  18  :  cptAovetxta  val  ©iXott[xia.  —  ®  Plut.  Lyc.  24  :  al  eu  àpexîjç  ttjxat.  —  7  Hcrod. 
VIII,  124.  —  8  Herod.  VIII,  124  :  xçtaxôatoi  AoyaSeç;  cf.  Plut.  Apoplith.  Pédarète, 
et  Lycurgue,  25.  —  9  Ibid.  :  Oluep  val  îuuetç  xaAeuvxa’.  ;  finie.  V,  72  :  ol  xçtaxôaioi 
fmcciç  vaÀoujxevot.  Ces  luueiç  n’étaient  pas  seulement  des  cavaliers  ;  Ephore  (ap. 

rah.  X.  4,  18,  éd.  Didot,  p.  513)  appelle  leur  dignité  une  àçyîj,  et  Plutanpie  dit 
d  un  .*  vjxt;  vjv  ev  xîj  uoXei  Kçioxeûoufra  xi|x/r  —  10  Herod.  I,  07.  —  ••  Plut.  Lyc.  22. 

—  12  Aristot.  Polit.  II,  0,  15  :  yepooafa  aOAov  xîfc  àpexîjç  ;  Xen.  Itcsp.  Lac.  10:  ulyoi  I 


LAC 

pousser  un  cri,  recevait  le  titre  de  et  le  portait 

avec  orgueil  toute  sa  vie.  C’était  aussi  par  concours  que 
l’on  était  admis  parmi  les  300  soldats  d’élite8  qui  for¬ 
maient  comme  un  ordre  équestre  dans  la  cité9.  On 
sortait  de  ce  corps  à  un  âge  déterminé  et  les  cinq  pre¬ 
miers  chaque  année  recevaient  le  titre  d’àyaQdspyot  avec 
des  prérogatives  particulières  10.  Un  honneur  encore  plus 
grand  consistait  à  occuper,  au  jour  du  combat,  ce  qu’on 
appelait  la  première  place,  celle  où  l’on  se  trouvait  devant  le 
roi H.  Venait  enfin,  mais  seulement  à  l’âge  de  soixante  ans, 
ce  que  Sparte  appelait  par  excellence  «  le  prix  de  la  vertu  » 
et  qui  n'était  autre  que  le  titre  et  le  rang  de  sénateur  l2. 

Ces  habitudes  et  ces  pratiques  ont  eu  sans  nul  doute 
une  grande  importance  dans  la  vie  de  Sparte.  Nous  ne 
devons  pas  les  juger  d’après  nos  idées  modernes,  ni  attri¬ 
buer  au  mot  vertu  la  signification  qui  s’y  attacherait 
aujourd’hui.  Mais  ce  qui  ressort  de  ces  faits,  c’est  que  la 
société  Spartiate  formait  une  sorte  d’échelle  hiérarchique, 
dont  l’homme  montait  quelque  degré  d’âge  en  âge  à  la 
suite  de  certains  concours,  et  où  les  rangs  elles  honneurs 
étaient  déterminés  par  «  la  vertu  »,  au  moins  en  théorie. 

i°  Institutions  politiques.  —  La  royauté.  —  Sparte  a 
toujours  eu  des  rois  ;  toujours  aussi  elle  en  a  eu  deux 
en  même  temps.  Ces  rois  appartenaient  à  deux  familles,' 
oîxot,  qui  se  rattachaient  l’une  et  l’autre  au  yévoç  des 
Héraclides  et  qui  étaient  les  deux  branches  principales 
de  ce  yévoç  13.  L’historien  ne  peut  pas  donner  la  raison  de 
ce  partage  de  la  royauté.  L’attribuer  à  un  calcul  de 
politique  est  une  pure  hypothèse.  Il  date  des  premiers 
âges;  on  disait  qu  il  avait  été  institué  en  vertu  d’un 
oracle u,  et  les  Spartiates  le  conservaient  avec  un  soin 
religieux.  Il  est  digne  de  remarque  que  la  loi  s’opposait 
a  ce  que  les  deux  rois  appartinssent  à  la  même  branche  l:i. 
Il  semble  que  la  branche  des  Agides  ait  eu  sur  celle  des 
Eurypontides  une  sorte  de  primauté  d’honneur  et  comme 
un  droit  d’ainesse 10  ;  mais  on  ne  voit  pas  qu’il  y  ait  eu 
entre  elles  aucune  différence  d’autorité. 

Les  rois  étaient  très  vénérés  à  Sparte.  On  les  croyait 
issus  du  grand  dieu  national  ’HpaxX-7,ç  17.  Leur  lignée 
était  sainte  et  divine.  Ils  étaient  chers  aux  dieux,  Oeoï'ji 
cptXoi,  dit  Tyrlée,  et  honorés  par  les  dieux  mêmes, 
OeoTtgYjToi 18 .  Aussi  devaient-ils  assurer  la  protection 
divine  à  la  cité.  Intermédiaires  naturels  entre  les  dieux 
et  les  hommes,  ils  étaient  chargés  de  tout  ce  qui  concer¬ 
nait  le  culte  19.  Leur  principal  devoir  était  d'accomplir  les 
rites  et  de  se  conserver  purs  de  toute  faute  qui  eût 
attiré  la  colère  divine  sur  eux  et  sur  la  ville.  Aussi 
Sparte  tenait-elle  beaucoup  à  être  sûre  que  ses  rois 
étaient  en  règle  avec  la  divinité.  A  cet  effet,  tous  les 
neuf  ans,  elle  interrogeait  les  dieux  mêmes  en  leur 

yqpwç  àoxoTx  av  àçexïj  *  Iicl  xÇ  xe'p|/.axt  xou  6iou  xrjv  xçtatv  xîj;  yeçovxcaç  îcpoffOetç.,..  Oel; 
xoèç  yéçovxaç  xuçtouç  xoo  itepï  xyjç  àySvoç...  xat  (Tiïoudà’Çexat  ouxo;  o  àyîov  piàWxa 

X«5v  àvOçwitwv  ;  plut.  Lyc.  26  :  «xaSe  Auxoffçyo;  yeçovxa  xafhirxàvat  xbv  açurxov  àçsx/j 
xotôévxa...  xat  |i.eyi(rxoç  èooxei  xu>v  Iv  &v8çûitotç  àyûvwv  ouxoç  eïvai.  Ull  peu  plus  loin. 
Plutarque  appelle  cette  dignité  vixTjxfjçtov  àpexîj;.  —  13  Plut.  Lysand.  24  :  xwv 
'HçaxAetSwv  yévoç  Iv  Eïcàpx-rj  iîoAù  plv  xal  AâjMtçov  ^vOirjffS,  oy  *xvxl  SI  aûxwv  tîj; 
PaaiAtxîJç  (aetîJv  XiaSo^ç,  ccAA  eoaatAeuov  ev  Suetv  otxwv  jaûvov  ÊùpuiîwvxtSai  xal 
AyiàSat,  xoïç  3è  aAXoïç  ouSèv  txépou  icAtov  êjteiv  Iv  ty)  icoAixeta  S tà  tîjv  eùyeveiav 

—  14  Herod.  VI,  52;  Paus.  III,  1.  —  15  Corn.  Nepos,  Ages.  I.  Cela 
est  confirmé  par  tous  les  faits  de  l’histoire.  —  L’oracle  de  Delphes  avait 
ordonné,  disait-on,  xtjxâv  jxaAAov  xbv  yeçaixeçov  (Herod.  VI,  52).  Pausanias  aussi 
présente  les  Agides  comme  une  branche  aînée  (III,  2).  —  il  Thucyd.  V,  16: 
«Tite'çjia  Aib;  uîoff  VjfxtOéou  ;  Xen.  Resp.  Lac.  15  :  ànb  ÔeoO' ;  Plat.  Alcib.  I,  17  (éd. 
Didot,  p.  470)  :  'HoaxAsou;  exyovet.  —  18  Tyrlée  ap.  Paus.  IV,  6,  et  Plul. 
Lyc.  6.  —  19  Aristot.  Polit.  III,  0,  2  (éd.  Didot,  p.  537)  :  x*  ™bç  xoû?  Oeoù^ 

à^oSsSoxat  xoeç  paatAeym. 


—  89 


LAC 


LAC 

demandant  «  un  signe  ».  Voici,  suivant  Plutarque,  en 
quoi  consistait  cette  cérémonie  :  «  Par  une  nuit  claire  et 
sans  lune,  les  éphores,  assis  en  silence,  tenaient  les  yeux 
fixés  vers  le  ciel;  s’ils  voyaient  une  étoile  traverser  le  ciel 
dans  un  certain  sens,  c’était  le  signe  que  les  rois  avaient 
commis  quelque  manquement  à  l’égard  de  la  divinité; 
ils  les  suspendaient  donc  de  la  royauté,  jusqu’à  ce  qu'un 
oracle  venu  de  Delphes  ou  d  Olympie  ordonnât  leur  i  éta¬ 
blissement1.  »  Une  telle  pratique  nous  instruit  des  idées 
des  vieux  âges  et  du  caractère  primitif  d  une  institution. 

Ces  rois  avaient  surtout  des  attributions  religieuses. 

«  Ils  ont,  dit  Hérodote,  deux  sacerdoces,  celui  de  Jupiter 
Lacédémonien  et  celui  de  Jupiter  Céleste.  On  leur  fournit 
autant  de  victimes  qu’ils  en  veulent  pour  les  sacrifices. 
Les  peaux  des  victimes  ainsi  que  les  meilleurs  morceaux 
de  la  chair  leur  appartiennent.  S  il  se  fait  un  sacrifice  au 
nom  de  la  cité,  ils  ont  la  première  place  au  repas,  et  dans 
la  distribution  des  viandes  on  commence  par  eux  ;  ils 
ont  double  part,  et  ce  sont  eux  qui  font  les  libations... 
'Chaque  mois,  le  jour  de  la  nouvelle  lune  et  le  septième 
jour,  l’État  leur  fournit  une  victime  parfaite  qu’ils 
immolent  dans  le  temple  d’Apollon,  et  on  leur  procure 
en  outre  un  médimne  de  farine  et  une  mesure  de  vin. 
Dans  tous  les  jeux  sacrés,  ils  ont  les  places  d’honneur. 
Ils  ont  le  droit  de  nommer  les  deux  Pythiens,  qui  sont 
chargés  d’aller  consulter  le  dieu  de  Delphes.  Ils  ont 
enfin  la  garde  des  oracles  et  le  droit  d’en  prendre  connais¬ 
sance  de  concert  avec  les  Pythiens2.  » 

Leur  personne  était  inviolable  ;  mais  c’était  surtout 
au  moment  de  leur  mort  que  la  vénération  des  hommes 
se  montrait.  La  perte  d’un  de  ces  êtres  sacrés  funestait 
la  cité  et  l’obligeait  au  deuil:  «  Quand  un  roi  meurt,  des 
cavaliers  courent  annoncer  l’événement  dans  toute  la 
Laconie  et  les  femmes  parcourent  la  ville  en  faisant 
résonner  une  sorte  de  tambour.  Dans  chaque  famille, 
deux  personnes  de  condition  libre,  un  homme  et  une 
femme,  doivent  se  couvrir  des  souillures  du  deuil.  De 
tout  le  pays  accourent  les  Spartiates,  les  Laconiens,  les 
hilotes  même,  et,  au  nombre  de  plusieurs  milliers,  le 
jour  des  funérailles,  tous  se  frappent  le  corps  de  grands 
coups  et  font  entendre  une  immense  lamentation.  Puis 
on  ensevelit  le  corps  et,  durant  dix  jours,  il  ne  se  tient 
ni  tribunaux  ni  assemblées;  ces  dix  jours  entiers  sont 
donnés  au  deuil  »  Xénoplion  présente  la  royauté 
Spartiate  sous  les  mêmes  traits:  «  Elle  est  restée  telle 
qu’elle  était  aux  temps  antiques,  et  voici  les  relations 
que  le  législateur  a  établies  entre  elle  et  la  cité:  les  rois 
accomplissent  tous  les  sacrifices  publics,  ce  qui  est 
naturel  puisqu’ils  sont  issus  du  dieu  ;  ils  ont  double  por¬ 
tion  ;  l’État  lçur  fournit  autant  de  victimes  qu’ils  en  ont 
besoin...  Quand  ils  meurent,  les  honneurs  qu'on  leur 
rend  sont  tels  qu’on  semble  honorer  non  des  hommes, 
mais  des  dieux5.  »  Beaucoup  de  respects,  peu  de  pou- 

1  Plut.  Agis ,  11  .  Plutarque  ne  parle  de  cet  usage  qu’au  temps  d’Agis  III 
et  lorsqu’il  n’était  plus  qu’une  arme  de  guerre  entre  les  mains  des  éphores  ; 
il  a  assurément  le  caractère  d’un  rite  très  antique  et  il  répondait  à  une 
croyance  religieuse.  —  2  Herod.  VI,  56-57.  —  ^  Plut.  Agis ,  in  fine.  —  4  Herod. 
Ibid.  —  a  Xeu.  Iîesp.  Lac.  15  (14)  ;  cf.  Hcll.  III,  l  :  <TE|AvoTÉça;  ^  v.u.-ù. 
avOoiuTCov  xaçîjç.  —  6  ’ASoouooçyjtoi,  Plut.  Apophlh.  lac.  1,  -.  —  7  Herod. 
VI,  57  :  x6tra.Sc  [loiTva.  —  8  Plat.  Alcib.  1,  18  :  6  f3acrt).txoç  çôçoç  oux  oXtyoç 

yiveT at  ov  xeXoQifftv  ot  A.<y.xE$ai[Jiôvt.oi  toIç  paciAEffo-t.  —  9  Plat.  AlciO.  I,  |S,  éd. 
Didot,  t.  I,  p.  481.  L’auteur  dit  que  c’est  surtout  par  ce  pamAixo;  œôço;  que  les  rois 
sont  devenus  les  plus  riches  des  Spartiates.  —  10  Herod.  VI,  59  :  oemç  Suaç-rtYiTÉtav 
7<'>  paatXEï  r\  tw  Sy][/.o<tio)  wcdeiXe.  - —  H  Plutarque  dit  que  les  Lacédémoniens  n’avaienl 
pas  de  trésor  public  ( Apophth .  Lac.  Anaxaud.)  ;  mais  Hérodote  parle  de  sommes 

v. 


voir.  Aussi  Xénophon  fait-il  en  même  temps  cette 
remarque  que,  pendant  leur  vie,  «  ils  ne  sont  guère  au- 
dessus  des  simples  particuliers  et  qu  ils  ne  peuvent  pas 
avoir  même  la  pensée  du  pouvoir  absolu  ». 

Les  rois  deSparte  n’avaient  pas  même  de  garde  11  ;  l’iu- 
larque  l’affirme,  et,  en  effet,  parmi  les  nombreuses  anec¬ 
dotes  qui  nous  renseignent  sur  la  vie  de  Sparte,  nous  ne 
voyons  jamais  que  les  rois,  dans  l’intérieur  de  la  ville, 
disposent  d’une  force  militaire.  Ils  n'avaient  aucun  moyen 
matériel  ni  de  garantir  leurs  personnes  ni  de  contraindre 
à  exécuter  leurs  ordres. 

L'autorité  judiciaire  qu’on  leur  accordait  était  très 
bornée,  lis  jugeaient,  dit  Hérodote,  les  procès  jydatifs 
aux  chemins  publics;  et,  lorsqu  il  se  trouvait  une  fille 
épielère,  c’est-à-dire  lorsqu’une  famille  n'était  plus  repré¬ 
sentée  que  par  une  tille  et  menaçait  de  s'éteindre,  il 
appartenaitaux  rois,  si  le  père  était  mort  sans  faire  choix 
d’un  mari,  de  décider  par  qui  la  fille  serait  épousée  et 
par  qui  se  perpétuerait  la  famille.  Toute  adoption  se  faisait 
aussi  devant  les  rois.  «  Ces  trois  sortes  d’affaires,  dit 
Hérodote,  étaient  les  seules  qui  leur  fussent  soumises  ‘.  » 

Il  ne  semble  pas  qu’ils  eussent  en  mains  l’administra¬ 
tion  financière.  Platon  parle,  à  la  vérité,  d'une  contribu¬ 
tion  que  les  Lacédémoniens  payaient  à  leurs  rois  8  ;  mais 
il  ressort  de  ce  passage  qu'il  s'agit,  ‘là  de  revenus 
annuellement  accordés  aux  rois  pour  leurs  dépenses 
personnelles,  d’une  sorte  de  liste  civile  sur  les  profits  de 
laquelle  les  deux  maisons  royales  devinrent  fort  riches  9. 
La  distinction  entre  le  tribut  payé  aux  rois  et  le  tribut 
payé  à  l'État  est  signalée  aussi  par  Hérodote10.  Quant  au 
trésor  public,  il  ne  paraît  pas  qu’ils  en  eussent  la  ges¬ 
tion11.  Jamais  ils  n'établissent  un  impôt  de  leur  propre 
autorité.  On  ne  les  voit  jamais  disposer  de  la  fortune 
publique.  Enfin,  ce  n’est  pas  à  eux,  c'est  aux  éphores  que 
tous  les  magistrats  inférieurs  rendent  leurs  comptes 

Les  rois  prenaient  part  aux  séances  du  sénat.  «  Ils  sont 
assis,  dit  Hérodote,  à  côté  des  sénateurs  dans  les  délibé¬ 
rations  ;  s’ils  sont  absents,  ceux  des  sénateurs  qui  sont 
leurs  plus  proches  parents  votent  pour  eux  et.  donnent 
deux  suffrages  u.  »  Ce  passage  d’Hérodote  est  significatif. 
Si  les  rois  n'avaient  pas  assisté  aux  séances,  nous  pour¬ 
rions  supposer  qu’ils  formaient  un  pouvoir  à  part,  au- 
dessus  ou  à  côté  du  sénat  ;  si  du  moins  ils  n'y  avaient  pas 
voté,  nous  pourrions  encore  conjecturer  qu'ils  auraient 
eu  une  sorte  de  droit  de  véto  à  l'égard  des  décisions  de 
ce  corps.  Aucune  de  ces  hypothèses  n’est  possible.  Les 
deux  rois  ont  les  mêmes  suffrages  que  les  autres  séna¬ 
teurs  ;  ils  sont  semblables  aux  autres;  ils  sont,  en  ma¬ 
tière  politique,  deux  sénateurs  au  milieu  de  vingt-huit 
autres  sénateurs  u. 

Aussi  les  rois  de  Sparte  n’avaient-ils  pas  la  direction 
des  affaires.  Ce  n'étaient  pas  eux  qui  concluaient  les 
traités.  Thucydide  donne  le  texte  d’un  traité  entre  Sparte 

dues  à  l’Étal  (VI,  59)  ;  Aristote  signale  aussi  les  impôts  auxquels  les  Spartiates 
étaient  soumis,  tout  en  ajoutant  qu'ils  étaient  peu  exacts  à  les  payer  (Polit.  II.  H, 
23,  éd.  Didot,  p.  514).  Thucydide,  dans  un  passage  qui  a  etc  souvent  mal  interprété 
(I,  111),  ne  dit  pas  que  Lacédémone  n’ait  aucun  trésor  public  ;  il  dit  que  les  l’élo- 
ponnésicns  en  général,  et  comparés  aux  Athéniens,  ont  des  finances  en  mauvais  élal 
—  12  Aristot.  Polit.  II,  0,  18.  —  13  Herod.  VI,  57  :  —  7. Ç L 7 L V  pouAsûouai  vottri  ysçou<n... 
Ç,  5=  eXOtoffl,  toù;  pâAujta  <T3i  -ù.v  yeoôvTMv  - qitv  T'i  -tuv  PotaiXfuv  yiç.a 
Sjîi  ir.svj;  tiOe[Uvo-j;.  Quoique  Hérodote  dise  seulement  ntcçîïtiv,  nous  pouvons 
admettre  que  l’un  d’eux  avait  la  présidence  ;  c’est  ce  que  parait  indiquer  ce  vers  de 
Tyrtée  :  âoyn.v  psv  PojX^;  ttoTqi^Tra;  pcccnAïia;.  —  H  Thucydide,  .1,  20,  a  combattu  l’erreur 
de  quelques  Grecs  qui  pensaient  que  les  rois  avaient  double  vote.  Chacun  deux 
n’avait  qu’un  suffrage. 

ild 


LAC 


LAC 


ot  Argos  ;  il  n  y  est  pas  fait  mention  des  rois,  et  le  com¬ 
mencement  est  ainsi  conçu  :  «  Voici  ce  qui  a  semblé  bon 
a  rassemblée  des  Lacédémoniens  L  »  Le  même  historien 
rapporte  un  autre  traité  conclu  entre  Sparte  et  Athènes, 
et  il  en  donne  ainsi  la  teneur  :  «  Les  Athéniens  et  les 
Lacédémoniens  ont  fait  la  paix  aux  conditions  suivantes.  » 
La  encore  il  n  est  pas  iail  mention  des  rois  ;  l’historien 
donne  la  liste  «  de  ceux  qui  ont  fait  la  libation  »,  c’est- 
à-dire  de  ceux  qui  ont  signé  le  traité  ;  il  cite  quinze  noms 
parmi  les  Spartiates;  le  premier  est  celui  d'un  éphore  ; 
le  nom  des  rois  ne  s’y  trouve  pas2.  Plus  tard,  quand  les 
Athéniens  assiégés  adressent  des  envoyés  au  roi  Agis  pour 
demander  la  paix,  le  roi  leur  répond  qu'ils  doivent 
s  adresser  à  SparLe  ;  «  il  n’a  pas,  lui,  les  pouvoirs  requis 
pour  traiter  3  ».  Agésilas  fait  une  réponse  semblable  aux 
envoyés  du  satrape  Tissapherne  4. 

Les  rois  de  Sparte  n’avaient  pas  davantage  le  droit  d'en¬ 
treprendre  une  guerre.  Hérodote  raconte  une  expédition 
que  le  roi  Cléomène  fit  contre  Pile  d’Ëgine;  cette  expé¬ 
dition  était  illégale  «  parce  qu’elle  avait  été  entreprise 
sans  l’assentiment  de  l’État  Spartiate  5  »  ;  aussi  Cléomène 
ne  put-il  la  mener  à  fin.  Le  même  historien  nous  montre 
des  députés  ioniens  allant  solliciter  des  secours  a  Sparte  ; 
ce  n  est  pas  aux  rois  qu  ils  s’adressent,  c’està  une  assem¬ 
blée0.  On  peut  voir  dans  Thucydide  comment  et  par  qui  la 
guerre  du  Péloponnèse  fut  décidée  :  une  assemblée  de  Spar¬ 
tiates  est  réunie  ;  les  députés  de  Corinthe  y  sont  i ntroduits  et 
demandent  la  guerre  ;  les  députés  d’Athènes  parlent  ensuite 
en  faveur  de  la  paix  ;  puis,  tous  les  étrangers  s’étant  retirés, 
l’assemblée  des  Spartiates  délibère;  plusieurs  avis  sont 
exprimés  ;  un  roi  parle  contre  la  guerre;  un  éphore  parle 
dans  le  sens  opposé:  l’assemblée  vote  enfin  et  la  guerre 
est  résolue  à  la  majorité  des  voix.  Les  rois  ont  pu  donner 
leur  opinion  et  leur  suffrage,  ils  n’ont  rien  décidé1. 

Mais,  une  fois  que  la  guerre  avait  été  décrétée,  c’était 
aux  rois  qu  appartenait  le  commandement.  «  Dès  qu’on 
est  sorti  du  pays,  dit  Aristote,  ce  sont  les  rois  qui  ont  la 
direction  de  la  guerre8.  »  Ainsi,  ces  rois,  qui  n’avaient 
aucun  pouvoir  militaire  à  l'intérieur  de  la  Laconie,  et 
qui  n’étaient  même  pas  chargés  du  recrutement  de  l’ar¬ 
mée,  soin  qui  regardait  les  éphores9,  avaient  l’auto¬ 
rité  militaire  en  dehors  des  limites  de  l’État.  C’est  ce 
qu  indique  aussi  Xénophon  :  «  Ils  commandent  l’armée 
partout  où  la  ville  les  envoie  10.  »  Il  fallait  donc  un  ordre 
spécial  de  la  cité  pour  qu’ils  fussent  investis  du  comman¬ 
dement.  Le  même  historien  montre  nettement  quelle 
était  la  nature  de  cette  autorité  :  «  Prenons  les  faits, 
dit-il,  au  moment  où  le  roi  se  met  en  marche.  11  com¬ 
mence  par  offrir  dans  la  ville  un  sacrifice  à  Zeus  con¬ 
ducteur  de  1  armée.  Si  les  victimes  donnent  des  signes 
favorables,  le  pyrophore  prenant  le  feu  de  l’autel 
marche  en  tète  de  l’armée  jusqu’à  la  frontière  11 .  Là,  le 
roi  offre  un  nouveau  sacrifice  à  Zeus  et  à  Athéné.  Si  ces 

1  I hue.  4,  77.  -  Thuc.  V,  18  et  19.  Il  ne  faut  pas  conclure  de  là 

que  le  nom  des  rois  lût  toujours  écarté;  ailleurs,  en  effet,  nous  voyons  les 
deux  rois  signer  les  premiers  (Thuc.  V,  24).  Ce  qui  est  certain,  c'est  quq  leur 
nom  n'est  pas  nécessaire,  et  qu’ils  ne  sont  pas  les  vrais  auteurs  des  traités. 

—  3  Xen.  Bell.  Il,  2,  12.  —  4  Plut.  Ages.  10  ;  Apophth.  p.  100.  —  3  Herod.  VI, 

50  :  £v su  tou  xoivo-J  EirapTii]T£Üv.  —  6  Herod.  I,  152;  III,  45;  IX,  6-10;  VI.  106. 

-  7  Thuc  ],  67-87.  —  8  Aristot.  Polit.  III,  9,  éd.  Üidot,  p.  537  :  St«v  {£1x63 

xf,v  f,yê[xo>v  in,  Twv  xeexoe  itAEpov.  —  9  Xen.  Resp.  Lac.  II  :  o\  éeopoi  x:poxr,pÙTTou»T.. 

Tà  ex»)  e!s  'à  Xsl  «Tp«T£Ù£ff8ou  xaî  ïiuietuin  xod  oitXi'xat?  ;  cf.  Herod.  IX,  9-10.  —  10  Xen. 
Resp.  Lac.  13:  xai  oxpaxtav,  oteol  -Ai;  IxitÉpu»;,  Hérodote  dit  aussi  que 

Léonidas  «  fut  envoyé  ».  aux  Thermopyles  (Vil,  206)  ;  il  en  est  de  même  pour  Pau 
sanias  (IX.  6-10  cl  Plul.  Lyc.  28).  Le  roi  Agésilas  ne  dirige  pas  l'expédition  d'Asie 


894 


deux  divinités  donnent  d’heureux  présages,  il  franchit  la 
frontière.  En  campagne,  chaque  matin,  il  fait  le  sacrifice, 
et  il  le  lait  avant  l’aube,  afin  de  saisir  plus  vite  que 
1  ennemi  la  faveur  des  dieux.  Le  sacrifice  terminé,  il 
donne  a  chacun  ses  ordres12.  »  De  même  avant  chaque 
bataille,  c’est  lui  qui  immole  les  victimes,  inspecte  les 
entrailles,  dit  si  les  auspices  sont  favorables  et  donne 
alors  le  signal  de  combattre13.  Comme  dépositaire  des 
auspices  et  intermédiaire  entre  les  dieux  et  les  hommes, 
il  possède,  à  la  guerre,  un  pouvoir  fort  étendu  :  «  Les  rois, 
dit  Hérodote,  conduisent  1  armée  du  côté  où  ils  veulent; 
quiconque  leur  ferait  obstacle  serait  sacrilège.  »  «  En 
campagne,  dit-il  encore,  ils  marchent  les  premiers,  ayant 
autour  d  eux  cent  guerriers  choisis,  et  on  leur  fournit 
autant  de  victimes  qu  ils  veulent  pour  les  sacrifices  u.  » 
De  tels  faits  ne  doivent  pas  être  appréciés  d’après  nos 
idées  modernes.  L’autorité  militaire  des  rois  de  Sparte 
ressemblait  peu  à  ce  que  nous  entendons  aujourd’hui  par 
les  mêmes  mots.  Elle  était,  à  certains  égards,  très 
absolue,  puisque  celui  qui  osait  y  résister  encourait  les 
peines  dues  au  sacrilège  et  que  le  roi  pouvait  de  sa  main 
le  frapper  de  mort10.  Sûr  de  la  volonté  des  dieux,  garant 
de  leur  bienveillance,  le  roi  marchait  en  tète  et  il  fallait 
le  suivre  où  il  savait  que  les  dieux  le  menaient.  «  Prêtre 
vis-à-vis  des  dieux,  il  était  général  vis^à-vis  des 
hommes  »  Mais  la  direction  stratégique  ne  lui  était  pas 
complètement  livrée.  «  Les  polémarques  sont  toujours 
auprès  de  lui  et  logent  dans  la  même  tente,  afin  de 
1  aider  toujours  de  leurs  conseils  ;  avec  eux  se  trouvent 
aussi  toujours  trois  citoyens  de  la  première  classe.  » 

G  étaient  autant  de  surveillants.  Parfois  même  deux 
éphores  les  accompagnaient17.  A  partir  de  l’an  -417,  on 
imposa  au  roi  la  présence  permanente  d’un  conseil  de  dix 
membres  18.  Aussi  voyons-nous  que,  même  à  la  tète  de 
l’armée,  il  s’en  fallait  beaucoup  que  les  rois  eussent  la 
pleine  liberté  de  leursmouvements.  Le  roi  Cléombrote  étant 
avcc  un  g  armée  en  Phocide  «  envoie  demander  aux  magis¬ 
trats  de  Sparte  ce  qu’il  doit  faire  19  ».  Le  roi  Agésilas  est 
rappelé  d’Asie  par  un  ordre  formel  des  éphores,  et  Plutar¬ 
que  cite  la  lettre  où  il  leur  répond  que  «  son  devoir  est 
d  obéir  aux  lois,  aux  éphores  et  aux  autres  magistrats 20  ». 

Le  pouvoir  militaire  des  rois  deSparte  était  donc  d’une 
nature  assez  particulière  et  avait  des  limites.  Quant  à 
I  leur  pouvoir  politique,  il  était  à  peu  près  nul.  «  Chaque 
mois,  dit  Xénophon,  il  se  prête  un  double  serment,  l’un 
de  la  part  des  rois,  1  autre  de  la  part  des  éphores  au  nom 
de  la  cité;  les  rois  jurent  d’observer  les  lois,  la  cité  pro¬ 
met,  àcette  condition,  de  conserver  la  royauté 21 .  Plusieurs 
rois  de  Sparte  ont  été  mis  en  accusation,  jugés,  déposés, 
non  par  acte  révolutionnaire,  mais  par  acte  légal22.  Les 
éphores  avaient  le  droit  d’infliger  des  amendes  aux  rois 
pour  les  plus  petites  fautes23.  Ils  pouvaient  même  les 
mettre  en  prison  sans  jugement24.  Un  fait  entre  beaucoup 


de  son  plein  droit  ;  il  faut  que  le  sénat  et  les  éphores  lui  décernent  ce  commande¬ 
ment  (Plut.  Lysand.  23).  Voir  Plut.  Apophth.  lac.  éd.  Tauchnitz,  t.  Il,  p.  ne,  ou 
1  on  voit  les  éphores  donner  des  ordres  au  roj  Agis.  —  Il  Cf.  Nicol.  Damasc.,  coll. 
Didot,  Lragm.  hist.  t.  III,  p.  458.  :  X  îuùpxopo;  «tùveitxi  x»r,  p«7iXer.  12  Xen. 

Resp.  Lac.  13.  —13  Voir  dans  Hérodote  le  récit  de  la  bataillede  Platée.  Voir  aussi 


Polit.  III,  9  :  xxeïviei  OÙ  xûpto;,  d  py  iv  xaï;  xoXEpuxotr;  UoXoïs  ev  yjTpoç  vop,,,.  —  16  Xen. 
Itesp.  Lac.  13  :  PouxtAEt  oùXiv  «IXo  spyov  xonx’i.eixtxat  rj  'eoeî  pUv  xà  npo'ç  xoùç  8to0;  elvou, 
trxpaxx.YÇi  X!  Xà  itpô;  xoùs  «vOpùxoup.  —  17  Xen.  Ibid.  —  18  Thuc.  V,  63.  —  19  Xen 
Hell.  VI,  4,  I  :  ÈiiEpaxiz  xi  oixoi  te'Xij  xi  jr p»)  ieoieïv.  —  20  Plut.  Apophth.  (t.  II,  p.  |05 
éd.  Tauchnitz).  —  21  Xen.  Resp.  Lac.  15(14).  -  22  Herod.  VI,  85  ;  plul.  Lysand'. 
29-30  ;  Paus.  III,  5,  3.  —  23  Plut.Zÿc. 12  ;  De  fratemo  amore,  9.  —  24Thucyd.  I,  13] 


LAC 


—  895  — 


d’autres  suffini  à  montrer  combien  les  rois  avaient  peu 
d’autorité  dans  la  ville  :  le  roi  Cléomène  Ier  voulait  faire, 
sortir  de  Sparte  un  étranger  dont  la  présence  lui  sem¬ 
blait  dangereuse  ;  il  dut  s’adresser  aux  éphores  et  obtenir 
d’eux  un  arrêt  d’expulsion1. 

En  résumé,  la  royauté  de  Sparte  était  une  autorité  reli¬ 
gieuse  en  temps  de  paix,  une  autorité  religieuse  et  mili¬ 
taire  à  la  fois  en  temps  de  guerre,  mais  elle  n’était  pas  un 
pouvoir  politique  Le  gouvernement  ne  résidait  pas  en  elle. 
Aussi  Thucydide  a-t-il  pu  dire  que  Sparte  n’avait  jamais 
connu  le  pouvoir  absolu  2.  Dans  Hérodote,  le  Corinthien 
Sosiclès,  s’adressant  aux  Lacédémoniens,  leur  dit  qu’ils 
ne  savent  pas  ce  que  c’est  que  la  monarchie  3.  Enfin  Xéno- 
plion  fait  la  remarque  que  Sparte  «  n’envia  jamais  à  ses 
rois  leur  supériorité  d’honneur,  mais  que  les  rois  ne 
cherchèrent  jamais  non  plus  à  augmenter  leur  pouvoir  4  ». 

5°  Le  peuple.  —  Le  principe  du  gouvernement,  à 
Sparte  comme  dans  toutes  les  cités  grecques,  était  que 
le  vrai  souverain  était  le  peuple.  Hérodote,  voulant  dési¬ 
gner  la  puissance  suprême  à  Sparte,  emploie  les  mots  xb 
xcivbv  twv  Ü7rapxiax(ov  s.  Ailleurs,  il  énumère  les  attribu¬ 
tions  des  rois  et  il  ajoute  :  tels  sont  les  privilèges  que  la 
communauté  des  Spartiates  a  donnés  aux  rois  r>.  La 
rliètra ,  que  Lycurgue  était  allé  chercher  à  Delphes  et  qui 
fut  le  premier  fondement  de  sa  constitution,  portait  que 
le  peuple  o  oY|goç  serait  le  maître  et  aurait  la  décision  des 
affaires7.  Tel  était  au  moins  le  principe  ;  nous  verrons 
que  la  pratique  n’y  répondait  pas  exactement. 

Le  peuple  exerçait  sa  souveraineté  légale  dans  des 
assemblées.  Il  paraît,  d’après  un  passage  d’Hérodote, 
que  dans  le  langage  de  Sparte  l’assemblée  s’appelait 
âXia8.  Les  écrivains  athéniens  traduisent  ce  mot  par 
celui  qui  était  usité  dans  leur  langue,  éjcxXr,<7ta9.  Parfois 
aussi  ils  le  rendent  par  celui  qui  signifie  au  sens  littéral 
la  multitude,  wX^Qo;10.  Thucydide  nous  a  donné  la  descrip¬ 
tion  d’une  de  ces  assemblées;  on  y  voit  que  les  rois  et 
les  sénateurs  y  assistaient  et  y  pouvaient  donner  leur 
avis,  qu’un  éphore  présidait,  que  c’était  cet  éphore  qui 
faisait  voter  et  qui  posait  les  questions,  qu’enfin  le  vote 
s’exprimait  ordinairement,  non  par  des  suffrages  écrits 
ou  par  la  levée  des  mains  comme  à  Athènes,  mais  par 
une  simple  acclamation  collective,  (îoÿj  ;  quelquefois  néan¬ 
moins,  si  l’on  ne  pouvait  pas  discerner  le  cri  le  plus 
fort,  le  président  pouvait  faire  voter  par  discession  11 .  Il 
n’y  a  pas  apparence  que  les  citoyens  fussent  distribués 
par  groupes  et  émissent  des  votes  collectifs,  ainsi  que 
cela  se  passait  dans  les  comices  curiates  et  centuriates 
des  Romains.  Cette  assemblée  décidait  de  la  paix  et  de 
la  guerre12.  Les  traités  de  paix  étaient  conclus  en  son 
nom  et  portaient  que  c’était  elle  qui  les  avait  voulus  13 . 
C’était  elle  enfin  qui  faisait  les  lois 14 

Ane  regarder  que  ces  faits,  il  semblerait  que  l’assem¬ 
blée  Spartiate  fût  composée  démocratiquement  et  qu’elle 

1  Herod.  III,  148.  Le  môme  historien  cite  un  autre  roi  de  Sparte  que  les 
éphores  obligèrent  ou  à  renvoyer  sa  femme,  ou  à  en  avoir  deux,  contrairement  auv 
mœurs  de  Sparte  (V,  39-40).  Ailleurs,  on  voit  un  roi  recevoir  un  ordre  des  éphores 
et  l’exécuter  en  maugréant,  Plut.  Apophth.  lac.  (éd.  Tauchnitz,  t.  II,  p.  y j o) . 
—  2  Thuc.  I,  18.  —  3  Herod.  V,  92.  —  4  Xen.  Ages.  I,  4  :  <j  ro/.i;  nù  ftov^mura 
-où  TipoTETiurjcrtlai  «ÙTou;...  oï  te  fairUtT?  o-l  (JisiÇovwv  <’o çt/8r,<rav  ï|  lo'ohritEp  l;  àpjrjj;  tîjv 
aarrUtiav  naféXaSov.  —  5  Herod.  VI,  50.  —  <>  Id.  VI,  58  :  roiù-a  Toi;  pamXiùm  SiS otgu 
èx  toù  xoivoù  TÉov  EitaçTtï|TÔ)v.  —  Plut.  Lyc.  fi  :  SâjjLo»  Tr,v  xupt'av  xat  xpàvo;.  —  8  Herod. 
VII,  134  :  âXt«;  (tj),4eyo;xévtiç  ;  cf.  hl.  [,  123;  V,  29;  V,  79;  Plut.  Lyc.  6:  ineXXàÇEiv’ 
TôSt’lrriv  IxrXr.iTià^Eiv.  Le  mot  47. îa  se  retrouve  dans  les  inscriptions.  Boeckh. 
n“s  1841,  1844.  —  9  Thuc.  I,  87;  V,  77;  Xen.  Bell.  III,  3  ;  V,  2,  11;  Aeschin.  in 
Timarch.  173;  Plut.  Ages.  30;  Agis,  9;  Diod.  XI,  50.  —  to  Thuc.  I,  72;  Polyb. 


J  AC 

f’ûl  LouLo-puissanlP.  Mais  d’autres  faits  nous  la  montrent 
sous  un  jour  fort  différent. 

Pour  ce  qui  est  de  sa  toute-puissance,  elle  était  plus 
apparente  que  réelle.  «  Le  législateur  a  voulu,  dit  Plu¬ 
tarque,  que,  lorsque  le  peuple  était  assemblé,  nul  ne  pût 
pnendre  la  parole,  si  ce  n’est  les  sénateurs  et  les  rois  (à 
quoi  il  faut  ajouter  les  éphores)  ;  les  sénateurs  et  les  rois 
faisaient  les  propositions,  le  peuple  décidait  et  ratifiait1  \  » 
Il  résulte  de  là,  d’abord,  que  le  peuple  n’avait  aucune 
initiative,  aucun  droit  de  proposition  ;  ensuite,  que  cette 
assemblée  était  muette.  A  l’opposé  d’Athènes,  où  le  pre¬ 
mier  venu  pouvait  parler  et  discuter,  Lacédémone  ne 
connaissait  ni  orateurs  ni  démagogues.  L’assemblée  ne 
faisait  qu’écouter,  et  elle  n’avait  à  choisir  entre  deux 
opinions  que  dans  le  cas  où  les  sénateurs  et  les  rois  se 
trouvaient  en  désaccord  entre  eux.  Plutarque  ajoute  que, 
dans  le  siècle  qui  suivit  Lycurgue,  l’assemblée  essaya  de 
jouer  un  rôle  plus  important;  on  réprima  ses  exigences 
par  une  nouvelle  rhètra  dont  l’historien  donne  le  texte 
et  qui  peut  être  traduite  ainsi  :  «  Si  le  peuple  se  prononce 
pour  l’opinion  mauvaise,  les  sénateurs  et  les  rois  se  reti¬ 
reront  »,  ce  qui  signifie,  dit  Plutarque,  que  l’assemblée 
sera  aussitôt  dissoute  et  que  ses  décisions  n’auront 
aucune  valeur  16.  Il  ressort  de  là  que  le  peuple  ne  pouvait 
pas  se  mettre  en  opposition  avec  les  sénateurs  et  les  chefs 
de  la  cité.  Ou  il  approuvait  ce  qui  lui  était  présenté,  ou 
il  se  retirait  sans  rien  faire.  Il  avait  bien  une  sorte  de 
droit  de  véto,  en  ce  sens  qu’aucune  proposition  ne  pou¬ 
vait  être  convertie  en  loi  s’il  ne  l’avait  ratifiée;  mais  il 
ne  pouvait  jamais  faire  prévaloir  une  volonté  qui  lui  fût 
propre.  Aristote  signale  très  nettement  l’impuissance 
ordinaire  de  l’assemblée  Spartiate,  dans  deux  passages  : 
en  parlant  de  la  Crète,  il  fait  observer  «  que  là,  comme  à 
Lacédémone,  l’assemblée  n’est  maîtresse  de  rien,  et 
qu’elle  ne  fait  que  confirmer,  par  son  vote,  les  décisions 
prises  à  l’avance  par  les  sénateurs  et  les  magistrats17  ». 
Parlant  ailleurs  de  l’assemblée  du  peuple  à  Carthage,  il 
remarque  au  contraire  qu’elle  diffère  de  celle  de  Lacédé¬ 
mone;  «  car,  lorsque  les  rois  et  les  sénateurs  de  Carthage 
font  une  proposition,  le  peuple  n’a  pas  seulement  à 
écouter  en  silence  ;  le  premier  venu  peut  parler  contre  la 
proposition,  ce  qui  n’est  pas  permis  à  Sparte18  ».  Voilà 
donc  des  assemblées  qui  sont  dites  souveraines  et  qui 
pourtant  ne  possèdent  ni  l’initiative,  ni  le  droit  d’amen¬ 
dement,  ni  même  le  droit  de  discussion.  Écouter  en  silence 
et  répondre  par  des  acclamations,  voilà  le  plus  souvent 
leur  rôle  19. 

On  doit  d’ailleurs  se  demander  si  ce  peuple  Spartiate, 
qui  se  réunissait  ainsi  en  assemblée,  était  une  multitude 
démocratique.  Il  est  vrai  que  Thucydide  et  Plutarque  se 
servent  parfois  de  l’expression  to  ttXtiQo;  ;  mais  on  sait 
qu’en  général  les  termes  de  la  langue  politique  n’ont 
qu’une  valeur  relative;  comparée  à  un  sénat  de  28  mem- 

IV,  34;  Plut.  Lyc.  C;  Ages.  6;  Xen.  Rell.  V.  2,  32-33.  —  H  Thuc.  I.  B7-87. 
Nous  avons  deux  autres  descriptions  d'assemblées,  mais  avec  beaucoup  moins  de 
détails,  dans  Diod.  XI,  50,  et  Plut.  Agis ,  0  ;  cf.  Plut.  Praecepta  ger.  reip. 
c.  4  in  fine.  —  12  Thuc.  I.  c.  ;  Diod.  XI,  50.  —  13  Thuc.  V,  77  ;  xarcàSe  Sorsï  zU. 
ex*\r,<n a  t«»v  AaxsSatjAovtwy.  —  H  Cela  ressort  de  la  rhètra  primitive,  Plut.  Lyc.  6  ; 
voir  aussi  Ages.  30,  où  les  éphores  chargent  Agésilas  de  proposer  une  modifica¬ 
tion  aux  lois  et  où  le  roi  se  présente  à  cet  effet  devant  l'assemblée.  —  **>  Plut. 
Lyc.  G.  —  16 Ibid. — 17  Aristot.  Polit.  II,  7, 4.  — 18  Ibid.  II,  8,  3.  —  19  Une  phrase  de 
Xénophon(/7ieZ/.  III,  3,  8)  donne  à  penser  qu’il  y  avait  à  Sparte  une  petite  et  une  grande 
assemblée  ;  mais  cette  phrase  est  trop  vague  pour  qu'il  soit  permis  d’en  rien  conclure.  Il 
est  possible  que  «  la  petite  assemblée  »  don  L  il  parle  ne  soit  que  la  réunion  des  magistrats 
et. des  sénateurs.  Il  n’v  a  pas  d'autre  document  qui  indique  deux  sortes  d'assemblées. 


LAC 


8  9  fi  — 


LAC 


bres,  toute  assemblée  pouvait  être  appelée  tO^Oo;.  On 
voudrait  savoir  avec  exactitude  comment  celle  de  Sparte 
était  composée.  Il  est  clair  que  ni  les  li ilotes  ni  les  Laco- 
niens  n’en  faisaient  partie;  mais  il  resterait  à  chercher 
combien  il  y  avait  de  Spartiates  et  même  si  tous  les 
hommes  de  race  doricnne  y  figuraient.  Or,  on  est  d’abord 
frappé  du  grand  nombre  de  Spartiates  qui  étaient  déchus 
du  rang  de  citoyen  par  l’àTipua.  Cette  peine,  si  prodi¬ 
guée  a  Athènes,  l’était  bien  plus  encore  à  Lacédémone. 
Nous  sommes  fort  loin  d’avoir  la  liste  complète  des 
crimes  et  des  délits  qu’elle  atteignait  ;  mais  nous  savons 
qu  elle  frappait  tous  ceux  qui  avaient  manqué  de  courage 
dans  un  combat  et  même  ceux  qui,  malgré  le  courage  le 
plus  brillant,  avaient  été  faits  prisonniers1,  fin  outre,  le 
même  châtiment  frappait  ceux  qui  ne  s’étaient  pas  sou¬ 
mis  dès  l’enfance  à  la  rigide  éducation  que  les  lois 
avaient  instituée2.  Il  frappait  encore  ceux  qui  restaient 
célibataires  au  delà  d’un  âge  déterminé3,  fl  frappait 
enfin  tous  ceux  qui  reculaient  devant  la  dure  observance 
des  lois  et  de  toute  la  discipline  de  Sparte  Il  y  a  plus; 
la  pauvreté  était  par  elle  seule  un  motif  suffisant  pour 
être  exclu  du  nombre  des  vrais  citoyens.  «  A  Lacédémone, 
dit  Aristote,  chacun  doit  apporter  sa  quote-part  aux 
repas  communs  (quote-part  qui,  d’après  Plutarque  3  et 
Dicéarque  fi,  ne  laissait  pas  d’être  assez  importante  et 
coûteuse7),  et,  s’il  ne  peut  la  fournir,  la  loi  le  prive 
du  droit  de  cité8.  »  «  Il  est  difficile  aux  pauvres,  dit-il 
ailleurs,  de  prendre  part  à  ces  repas;  or  la  loi  est  telle 
que  celui  qui  ne  peut  pas  supporter  cette  dépense  ne 
peut  pas  non  plus  partager  le  droit  de  cité9.  »  Ces  faits, 
affirmés  par  Aristote,  jettent  une  grande  lumière  sur 
1  état  de  la  société  Spartiate.  Les  pauvres  n’avaient  pas 
accès  à  l’assemblée,  puisqu'ils  n’étaient  pas  réputés 
citoyens.  Or,  le  nombre  des  pauvres  était  grand.  Aristote 
nous  apprend  en  effet  «  que  les  fortunes  étaient  très 
inégales  et  que  la  terre  était  dans  un  petit  nombre  de 
mains10»,  fit  comme  tout  travail  et  tout  commerce  étaient 
interdits  au  citoyen,  la  privation  du  sol  équivalait  à  l’ex¬ 
trême  pauvreté.  Plutarque  est,  s’il  se  peut,  plus  éner¬ 
gique  encore  qu  Aristote  :  «  La  richesse  s’accumula  dans 
quelques  mains  et  la  pauvreté  s’empara  de  Sparte  ;  le 
sol  appartenait  tout  entier  à  une  centaine  de  proprié¬ 
taires  ;  le  reste  est  une  tourbe  sans  moyens  d’existence 
et  sans  droits  ".  »  Sans  doute,  nous  ne  devons  pas  croire 
qu  il  en  ait  été  toujours  ainsi  ;  la  disproportion  n’était 
pas  si  énorme  avant  la  guerre  du  Péloponnèse  ;  mais  l'iné¬ 
galité  de  richesse  existait  déjà  depuis  longtemps,  et, 
dès  l’époque  de  la  guerre  de  Messénie,  Aristote  signale 
des  indigents,  a-ropouç,  parmi  les  Spartiates  i2.  Beaucoup 
d’hommes  se  trouvaient  donc,  quoique  nés  de  sang 
dorien,  mis  en  dehors  de  la  cité,  et  par  conséquent  exclus 
de  l’assemblée. 

Les  affranchis,  les  néodamodes,  et  ceux  que  l'on  qua¬ 
lifiait  d’inférieurs,  à'Troii.eioveç,  faisaient-ils  partie  de  l’as¬ 
semblée  du  peuple  ?  Sur  ce  point,  les  renseignements 

l  Tliuc.  V,  34;  Hcrod.  VII,  231  ;  Plut.  Ages.  30. —  2  [Mut.  Inst.  lac.  21.  Cela  csl 
confirmé  par  un  mol  que  Plutarque  rapporte  d'un  épliorc  :  An tipater  vainqueur  deman¬ 
dait  i  jue  cinquante  enfants  Spartiates  lui  fussent  remis  en  otage  ;  l’éphore  répond  que  cela 
n’est  pas  possible,  parce  que  ces  enfants,  ne  pouvant  plus  recevoir  l'éducation  de  Sparte, 
ne  pourraient  plus  être  citoyens,  oj8ï  iroXiTai  av  etyjirav  (Apophth.  éd.  Tauclmilz.  I.  II, 
p.  1 08) .  —  3 plut.  Lyc.  15  ;  Apophth. p.  148.  •*—  4  Xen.  Rcsp.  Lac.  10.  — B  Lyc.  12. 
—  G  Ap.  Athen.  IV.  19.  —  Voir  syssitia.  —  8  Aristot.  Polit.  II,  7,4,  éd.  Didot,  p.  515  : 

x£ç«)./,v  txar: o;  ei'Tség et  rb  T£T«yj*evov  '  e’  8z  jxv;,  (AETÉyeiv  vôj* o;  xciAûei  Tfj;  icoXtTetecç. 

—  9  Aristot.  11.  fi,  21  :  twv  irjffirt'rîwv  (JtersyEiv  o’j  bù8 tov  to?ç  7,tav  irevïjfriv,  ô'ooç  8z  Tyf <; 


font  défaut.  Toutefois  l’état  d’oppression  et  de  méconlen- 
tement  où  Xénophon  représente  ces  classes13  permet  de 
croire  qu  elles  n’avaient  pas  de  droits  politiques.  Com¬ 
bien  restait-il  donc  devrais  citoyens  Spartiates?  Plusieurs 
anecdotes  rapportées  par  Plutarque  montrent  que  les 
Grecs  étaient  désireux  d’en  savoir  le  nombre,  mais  que 
Sparte  le  cachai l-avec  un  grand  soin  u.  Thucydide,  racon¬ 
tant  la  bataille  de  Mantinée  en  418,  dit  qu’il  voudrait 
savoir  combien  il  s’y  trouvait  d’hoplites  Spartiates,  mais 
qu’il  l’ignore  à  cause  du  mystère  dont  cette  ville  s’en¬ 
toure  16.  A  Sphactérie,  les  Athéniens  n’avaie.nt  fait  prison¬ 
niers  que  120  Spartiates16  ;  mais  ce  nombre  parut  assez 
grand  pour  que  Sparte  crût  devoir  traiter  de  la  paix17. 
Agésilas,  partant  pour  son  expédition  d’Asie,  avait 
4000  alliés,  2000  néodamodes,  et  30  Spartiates.  On 
trouve  enfin  dans  Xénophon  un  récif  qui  permet  déjuger 
quelle  proportion  il  y  avait,  dans  l’intérieur  même  de  la 
ville,  entre  les  vrais  Spartiates  et  les  classes  inférieures. 
Un  homme  qui  révélait  un  complot  aux  éphores,  en  397, 
leur  dit  :  «  Cinadon  me  mena  à  une  extrémité  de  l’agora 
et  me  dit  de  compter  combien  j'y  voyais  de  Spartiates; 
je  comptai  le  roi,  les  éphores,  les  sénateurs,  et  d’autres 
jusqu’à  une  quarantaine;  alors  Cinadon  médit:  «  fihbien, 
«  ces  hommes-là  sont  nos  ennemis,  tandis  que  tous  lps 
»  autres  que  tu  vois,  et  qui  dépassent  4  000,  sont  nos 
«  amis18.»  Si  l’on  prenait  ce  texte  à  la  lettre,  il  faudrait 
croire  que  dès  l'année  397  la  proportion,  dans  la  ville 
même,  entre  les  vrais  Spartiates  et  les  hommes  des 
classes  opprimées,  était  comme  70  est  à  4000.  Sans  aller 
jusque-là,  on  peut  au  moins  tirer  cette  conclusion  que  les 
vrais  citoyens  étaient  peu  nombreux.  Lorsqu’Aristote 
signale  à  Sparte  le  manque  d’hommes,  àXiyavôpwTn'a19,' 
nous  devons  sans  doute  entendre  que  c'était  moins  les 
êtres  humains  qui  manquaient  que  les  citoyens  et  les 
hommes  libres.  Ce  qu’on  appelait  le  peuple,  à  Sparte, 
c’est-à-dire  ce  qui  formait  le  corps  politique  et  ce  qui 
avait  des  droits,  devint  de  plus  en  plus  une  oligarchie. 

0°  Le  .sénat.  —  Les  anciens  attribuaient  unanimement 
à  Lycurgue  l'institution  du  sénat  ■i0.  Il  était  composé  de 
trente  membres,  y  compris  les  deux  rois  dont  chacun 
n’avait  qu'un  suffrage.  Ce  sénat  deSparte  n’était  pashéré- 
ditaire;  il  n'était  pas  non  plus  annuel  et  issu  d’un  tirage 
au  sort,  comme  à  Athènes.  Chaque  sénateur  était  élu  par 
le  peuple.  Pour  être  éligible,  il  fallait  avoir  soixante  ans 21 . 
Une  fois  nommé,  on  était  sénateur  toute  la  vie.  C’était 
véritablement  une  assemblée  de  vieillards,  yepouffta22. 

Comme  ce  corps  est  ce  qu'il  y  a  eu  de  plus  important 
à  Sparte,  on  voudrait  pouvoir  s’en  faire  une  idée  exacte, 
etsavoir  avant  tout  comment  il  était  composé,  fin  principe, 
aucune  condition  de  naissance  ni  de  richesse  n’était 
imposée  pour  être  sénateur.  Du  moins  les  documents 
n’indiquent  aucune  condition  de  cette  nature.  C’était  par 
«  la  vertu  »  seule  qu’on  s’élevait  à  ce  rang.  Nous  avons 
dit  plus  haut  ce  que  Sparte  entendait  par  la  vertu  civique, 

7]  7roXiTtx:r)  àpsruj  ;  elle  commençait  à  l’âge  de  sept  ans  et 

TToXlTliaÇ  0070Ç  IffttV  aÙTotÇ  O  Ttàtçio^  7ÔV  [A>(  SuvàjAEVOV  TCÙTO  TO  TîÀOÇ  «p£££iv  jxyj  JASTS/ElV 

a ùtt.ç.  —  10  Aristot.  Polit.  II,  6,  10.  —  H  Plut.  Agis ,  5  :  S y/oç  ur.oçoç  xcu  artjio;. 

—  12  Aristot.  Polit.  V,  0  (éd.  Didot,  p.  573-574).  —  13  Xen.  Hell.  III,  3,  G  et  7. 

—  1*  Plut.  Apophth*  p.  116  :  ruvOavo|x£vou  nvbç  iroffoi  eïaiv  oî  Aaxtfcaijxôviot,  otrot  txavoi, 

Etire,  toù;  xaxoù;  àrîçiûxEtv  \  cl.  Ibid.  p.  123.  —  13  Thuc.  V,  08.  -  16  Jd.  IV,  38. 

—  l<  ld.  IV,  108.  —  18  Xen.  Hell.  111,  3.  —  19  Aristot.  Polit.  II,  G,  12  :  4  «fttç 
àircoAETo  St  à  tïjv  oXtyavôçwrrtav.  —  20  Horod.  1,  65  ;  Plat.  Lcçj.  III,  p.  691  ;  Plut. 
Lyc.  G.  —  21  Plut.  Lyc.  26.  —  22  Plut.  Pc  rep.  sent  yerenda,  10  :  ô  Ilûôto;  zoze- 

8u yevev.ç,  ô  8z  AuxoSoyo;  ysoovTa?  wvçj v/ffî. 


LAC 


597  — 


LAC 


s o  continuait  toute  la  vie.  Elle  avait  ses  concours,  ses 
récompenses,  ses  titres,  ses  degrés  qu’il  fallait  gravir  1  un 
après  l’autre.  La  dignité  de  sénateur  en  était  le  degré  le 
plus  élevé;  on  l’appelait  «  le  prix  de  la  vertu  »,  àOXov  t7,« 
àpeT7|ç 1 .  «  Le  législateur  a  voulu,  dit  Plutarque,  que,  dès 
qu’une  place  était  vacante,  on  choisit  parmi  ceux  qui 
avaient  dépassé  soixante  ans  le  meilleur  par  la  vertu, 
tgv  apidTov  apsTY)  xptOsvra  ;  c  était  bien  le  concours  le  plus 
glorieux  qui  fût  au  monde  ;  il  s  agissait  de  désigner  le 
plus  sage  entre  les  sages,  le  meilleur  entre  les  bons;  il 
s’agissait  en  un  mot  de  décerner  le  prix  de  la  vertu, 
vtxTjT'^ptov  tyjç  ocpsT'Tjç  ’  ».  Il  y  a  là  autre  chose  qu  une  dé¬ 
clamation.  Aristote  avait  dit  la  même  chose  avant  Plu¬ 
tarque.  Démosthène  et  Eschine,  qui  expriment  la  même 
pensée  dans  des  discours  prononcés  devant  le  peuple 
athénien,  marquent  bien  que  l’association  de  l’idée  de 
vertu  et  de  celle  de  sénateur  Spartiate  était  familière  aux 
Grecs;  d’où  nous  pouvons  inférer  que  cette  même  asso¬ 
ciation  d’idées  avait,  à  Sparte,  quelque  chose  d’officiel, 
ainsi  que  le  dit  Plutarque.  Cethistorien  rapporte  d’ailleurs 
certains  traits  de  mœurs  qui  montrent  que,  dans  les  habi¬ 
tudes  et  dans  la  langue  même  de  Lacédémone,  l’élection 
d’un  sénateur  était  un  dernier  concours  et  qu’il  s’y  atta¬ 
chait  l’idée  d’un  prix  suprême,  àpcffxsïov3.  Ces  faits  mé¬ 
ritent  l’attention  de  l’histoire.  La  manière  même  dont  ils 
sont  mentionnés  par  les  écrivains  n’autorise  pas  à  penser 
qu’ils  soient  une  pure  invention  de  moraliste.  Dans  cette 
vertu,  dontla  dignité  de  sénateur  était  le  prix,  nousdevons 
voir,  de  deux  choses  l’une,  ou  une  réalité  pratique,  ou  tout 
au  moins  une  fiction  légale. 

Essayons  de  préciser  ce  que  devait  être  cette  condition 
de  vertu  qui  donnait  à  l’élection  des  sénateurs  de  Sparte 
un  caractère  si  particulier.  Les  lois  ou  les  mœurs  exi¬ 
geaient  qu’on  eût  exercé  toute  la  vie  ce  que  Xénophon 
appelle  «  la  vertu  du  citoyen  4  »,  ou,  suivant  l’expression 
d’Eschine,  «  qu’on  se  fût  montré  vertueux  depuis  l’en¬ 
fance  jusqu’à  la  vieillesse  s  ».  En  pratique,  cela  voulait 
dire  qu’il  fallait  avoir  traversé  la  rude  et  interminable 
éducation  de  Sparte,  avoir  fait  tontes  les  campagnes,  avoir 
remporté  déjà  plusieurs  de  ces  prix  qui  étaient  distribués 
entre  les  différents  âges,  avoir  fréquenté  assidûment  les 
gymnases  et  les  syssities,  s’être  toujours  comporté  bra¬ 
vement  dans  les  combats  et  pieusement  dans  les  fêtes, 
s’être  marié  à  l’âge  fixé,  avoir  pu  vivre  toujours  hono¬ 
rablement  sans  travailler  jamais,  n’avoir  enfin  jamais 
encouru  aucune  de  ces  condamnations  qui  frappaient  les 
moindres  infractions  à  la  discipline  de  la  cité.  Il  était 
nécessaire  qu’on  fût  parvenu  à  l’âge  de  soixante  ans  sans 
commettre  une  faute,  au  moins  sans  avoir  été  convaincu 
de  faute,  et  surtoutsans  avoir  été  atteint  par  le  jugement 
d’un  magistrat;  c’est  ici  qu’on  entrevoit  le  lien  secret 
qu’il  y  avaitentreles  règles  si  minutieuses  de  la  vie  quo¬ 
tidienne  et  le  gouvernement.  Les  premières  étaient,  en 
théorie,  un  apprentissage  pour  arriver  à  l’autre  ;  elles 
étaient,  en  pratique,  un  moyen  de  tenir  la  foule  loin  de 
la  région  élevée  des  honneurs  et  du  pouvoir.  Le  Spartiate 
était  dans  tous  ses  actes  sous  l’œil  des  chefs,  et  il  y  avait 
pour  toutes  choses  des  récompenses  et  des  punitions.  Les 
punitions  fermaient  le  chemin  des  honneurs  :  chaque 
.  récompense  faisait  avancer  d’un  rang.  Il  avait  donc  fallu, 

1  L’expression  «8ac,v  t-;;;  «çE-rij;  pour  désigner  la  dignité  do  sénateur  à  Sparte  se 
trouve  à  la  fois  dans  Aristote.  Polit.  II,  0,  15,  et  dans  Démosthène,  in  Lcptin.  107’; 
Eschine,  in  Timarch.  173,  emploie  une  expression  analogue.  —  2  Plut.  Lyc.lü.  —  3  Plut. 


toute  la  vie,  plaire  à  ses  chefs,  pour  aspirer  à  compter  a 
son  tour  parmi  les  chefs.  Songeons  d  ailleurs  qu  il  n  y 
avait  aucune  ville  grecque  qui  eût  autant  multiplie  les 
grades  dans  la  vie  militaire  et  les  rangs  ou  les  titres  dans 
la  vie  civile.  U  n’était  pas  permis  d’arriver  d  un  seul  coup, 
comme  à  Athènes,  aux  suprêmes  honneurs;  il  f allai I 
suivre  une  filière,  monter  de  degré  en  degré  ;  il  est  très 
probable  qu’il  existaità  Sparte  comme  à  Rome  un  cursus 
honorum.  On  devait  être  successivement,  dans  l’armée, 
hoplite,  énomotarque,  lochage,  polémarque;  dans  la  vie 
civile,  irène,  chef  de  syssitie,  gymnasiarque,  chevalier 
parmi  les  300,  àyaSoEpy °ç  ou  hippagrète  ;  dans  les 
charges,  bidien,  agonothète,  éphore;  tout  cela  avant  de 
songer  à  être  sénateur.  Lors  donc  que  le  peuple  avait  a 
désigner  un  nouveau  membre  du  sénat, il  est  vraisemblable 
qu’il  n’était  pas  absolument  libre  dans  son  choix  ;  le  con¬ 
cours  n’avait  lieu  qu’entre  un  très  petit  nombre  d  hommes 
déjà  placés  dans  le  rang  qui  touchait  immédiatement  au 
sénat,  rang  où  chacun  n’était  parvenu  qu  à  la  suite  de 
nombreux  concours  et  de  triages  sans  cesse  renouvelés. 

Que  si,  maintenant,  à  côté  de  ces  règles  idéales  qui 
obligent  les  électeurs  et  les  élus  à  avoir  les  yeux  fixés  sur 
une  vertu  parfaite,  nous  regardons  ce  que  la  nature 
humaine  comporte,  nous  devinerons  bien  toutes  les  con¬ 
sidérations  qui  devaient  intervenir  dans  une  élection  de 
cette  sorte.  Dans  la  pratique,  il  n’est  rien  de  plus  aristo¬ 
cratique  que  la  vertu,  parce  qu’il  n’est  rien  qui  soit  plus 
difficile  à  apprécier  et  qui  se  prête  mieux  à  toutes  les 
confusions.  Il  est  bien  vrai  que  pour  le  philosophe  la  vertu 
ne  connaît  pas  les  rangs  sociaux  ;  mais  dans  l’opinion  du 
vulgaire  et  dans  l’invincible  réalité  des  choses,  la  vertu 
se  confond  aisément  avec  la  richesse  et  la  naissance.  Ce 
n’est  pas  le  hasard  qui  a  fait  que  les  noms  de  xaÀ&txàyaOo;, 
d 'optimates  ou  d 'honnêtes  gens  aient  été  presque  partout 
les  dénominations  officielles  d’une  classe  aristocratique. 
Malheur  au  législateur  qui  vise  trop  haut  :  prétendre  ins¬ 
tituer  une  aristocratie  de  pure  vertu,  c’est  s'exposer  à  ne 
fonder  qu’une  aristocratie  de  richesse  ou  une  coterie 
d’oligarques.  Le  «  prix  de  la  vertu  »  était  à  Sparte  une 
fiction  constitutionnelle,  mais  une  de  ces  fictions  qui,  se 
prêtant  au  jeu  des  forces  vives,  sont  toutes-puissantes 
dans  le  gouvernement  et  font  que  les  États  durent. 

Plutarque  nous  a  dit  tout  à  l’heure  comment  les  séna¬ 
teurs  de  Sparte  auraient  dû  être  élus  ;  il  va  nous  dire 
maintenant  comment  ils  l'étaient  :  «  Certains  hommes 
choisis  se  tenaient  enfermés  dans  une  maison  voisine 
de  la  place  où  se  tenait  l’assemblée;  ils  n’avaient  pas  vue 
sur  elle,  mais  ils  entendaient  les  cris  quelle  poussait;  les 
divers  candidats  traversaient  la  place  chacun  à  son  tour, 
et  sur  le  passage  de  chacun  d’eux  le  peuple  faisait  entendre 
ses  acclamations  ;  les  hommes  qui  étaient  enfermés  dans 
la  maison  voisine  notaient  l’intensité  de  chaque  clameur, 
et  ils  déclaraient  élu  celui  pour  lequel  il  leur  semblait 
que  les  cris  s’étaient  élevés  le  plus  haut6.  »  Aristote  qua¬ 
lifie  de  puéril  ce  mode  d’éleclion'.  C’était  au  moins  un 
procédé  qui  ne  permettait  ni  calcul  exact  ni  vérification, 
qui  ne  présentait  aucune  garantie,  et  qui  par  conséquent 
se  prêtait  mieux  que  tout  autre  procédé  à  la  brigue,  à 
l’arbitraire,  à  l'influence  des  coteries.  N’oublions  pas 
d’ailleurs  que  ce  «  peuple  »  qui  faisait  l’élection  était  déjà 

Lyc.  2G, infine  ;Defrat.am.  0.  —  ’*Resp.  Lac.  10:  a^xr.a^T^ro^tTtxyjçàçeTy;;.  —  ;iAes- 
cllin.  in  Tiniavcll.  17.i  :  xtnôtoratrt  $,aù‘coùç(?oûç  yêçovTaç)  'exTwvex  iwatSèç  (rwop- 

ûvwv.  —  6 Plut.  Lyc.  2fi.  —  7  Aristot.  Polit.  IT,  6, 18,  Æd.  Didol.  p.  513  :  ica:^aoiwSÿ,ç. 


LAC 


898  — 


LAC 


une  classe  aristocratique.  De  tout  cela  nous  conclurons 
qu'on  ne  doit  pas  être  surpris  de  lire  dans  Aristote  que 
la  dignité  de  sénateur  était  le  privilège  de  la  classe  la  plus 
élevée  Il  y  a  surtout  un  passage  de  sa  Politique  où  il 
marque  avec  netteté  le  caractère  de  ces  élections.  Parlant 
de  la  \  ille  d  Élis,  il  dit  :  «  Le  corps  des  citoyens  y  éLait 
peu  nombreux,  et  parmi  eux  il  en  était  encore  moins  qui 
pussent  s  élever  au  sénat,  lequel  était  viager  ;  or,  le  mode 
d’élection  des  sénateurs  était  tel  que  le  choix  des  plus 
puissants  s  imposait,  comme  cela  se  passe  à  Lacédé¬ 
mone-,  »  Il  est  donc  permis  de  penser  que,  s’il  est  vrai 
qu  au  commencement  la  dignité  de  sénateur  ait  été  réel¬ 
lement  «  le  prix  de  la  vertu  »,  il  vint  au  moins  un  temps 
<>ù  elle  fut  1  apanage  des  familles  riches  et  puissantes  ;  le 
sénat  tut  alors  une  oligarchie  de  vingt-huit  membres3. 

Or  toute  la  puissance  était  dans  ses  mains.  L’assemblée 
du  peuple,  nous  lavons  vu,  n’avait  ni  l’initiative,  ni  le 
droit  d’amendement,  ni,  en  général,  le  droit  de  discussion. 
La  vraie  direction  des  affaires  appartenait  au  sénat. 
«  L  homme  qui  est  une  fois  admis  dans  ce  corps,  dit 
Démosthène,  devient  aussitôt  un  des  chefs  du  gouverne¬ 
ment  et  un  maître  pour  la  foule  4.  »  Polybe,  Plutarque, 
Denys  et  Pausanias  s’accordent  à  dire  que  c’était 
par  lui  que  toutes  les  grandes  affaires  de  l’État  étaient 
décidées1,  et  nous  verrons  plus  loin  qu’il  disposait  même 
de  la  justice. 

‘  ‘  Les  magistrats  ;  les  éphores.  —  A  côté  du  sénat 
était  une  série  de  magistrats  que  les  écrivains  athéniens 
désignent  par  les  expressions  oi  èv  xéXei  ou  oi  àpyovT£çf'. 
Il  est  diflicile  d  en  donner  la  liste.  Thucydide  remarque 
«lue,  parmi  les  120  Spartiates  faits  prisonniers  dans  l’ile 
de  Sphactérie,  il  s’en  trouvait  plusieurs  qui  étaient  en 
possession  des  magistratures,  àpyà?  ’é/ovTeç  ;  cela  donne 
à  penser  que  les  magistratures  étaient  assez  nombreuses  à 
Sparte.  Nous  lisons  encore  dans  Xénophon  qu’un  jour  les 
éphores,  ayant  ordonné  une  levée  de  soldats  jusqu’à  l’âge 
de  soixante  ans,  ajoutèrent  que  ceux  mêmes  qui  se  trou¬ 
vaient  dans  les  charges,  èv  àpyat;,  devaient  suivre  l’ar¬ 
mée  ' .  Mais  l’énumération  complète  des  magistratures 
lacédémoniennes  ne  nous  est  fournie  par  aucun  écrivain. 
On  connaît  les  bidiens,  qui  étaient  au  nombre  de  cinq 
et  dont  la  principale  fonction  paraît  avoir  été  de  gouver¬ 
ner  la  jeunesse  lacédémonienne 8  ;  les  nomophylaques, 
dont  le  nom  indique  assez  les  attributions9;  les  agono- 
thètes,  les  gymnasiarques,  dont  les  fonctions  ne  laissaient 
pas  d’être  fort  importantes;lesàppiô<Tuvot  qui  correspondaient 
aux  Y'jvcaxovogot  d’Athènes10,  mais  qui,  d’après  Aristote, 
n  auraient  eu  qu’une  autorité  nominale  ;  noussavons  aussi 
qu’il  y  avait  à  Lacédémone  des  agoranomes11.  Peut-être 
laut-il  compter  parmi  les  magistrats  les  pythiens,  les 
spondophores,  les  hippagrètes  et  les  polémarques.  Quoi 
qu  il  en  soit,  les  écrivains  anciens  qui  décrivent,  comme 

1  Arislot,  Polit.  Il,  G,  15,  ed.  Didot,  p.  513  :  ot  jjuv  J3a<nXcïç  8iù.  xvjv  xijavjv, 
oi  ài  xaXotxàyaO&t  ôià  xijv  yeçouctav,  o  8l  Syjjxoç  8 *.à  xvjy  eaoçzîa y.  Lexpressioil 
y ccXotxayaOot  s  opposant  a  $v;|aoç  désigne  visiblement  la  classe  aristocratique. 

-  Aristot.  Polit.  V,  5,  8,  éd.  Didot,  p.  572  :  xïjvS’  aloeo-tv  ytçô vtwv  Suyafrxcuxtxîjv 
civa*.  xat  0}A0tav  xri  xwv  èv  Aaxe$ac(Jtoyt  yeçôvxov.  On  sait  que  le  terme  &uva<rxEUxtxo; 
n  a  aucun  rapport  avec  notre  mot  dynastique  ;  il  se  dit  de  tout  ce  qui  emporte 
le  pouvoir  par  une  sorte  de  force.  —  3  Plut.  De  rep.  seni  gerenda ,  10,  appelle 
le  sénat  de  Sparte  àoierxoxpotxta.  —  Demosth.  in  Leptin.  107  :  ro).tx£ta; 

yjç to;...  e<txi  xwv  iîoVawv.  —  &  Polyb.  VI,  45;  Plut.  Lgc.  2G  ;  Dion. 

Il,  ik,  Paus.  III,  11.  G  TIlUCyd.  V,  34  :  ot  xà;  àoyà;  e/ovteç  ;  I,  58  :  xà  xéXvj  xwv 
Aaxe^at;xovtojv  uwl^exo  aûxoïç  ;  Xen.  Hall.  VI,  4,  1  :  iicsçwxa  xà  oîxoi  xeXyj  xt  xpvj  roteïv  ; 

I  hue.  \  I,  88  :  x«ov  xe  isoptuy  xàc  xùîv  tv  xsXei  ovxwv  :  Hérodote,  VI,  G7,  parle  d’un  roi  de 
Sparte  qui,  dépossédé  de  la  royauté,  exerça  plus  tard  une  magistrature  élective, 
Yipi;e  aipéOst;  àpyvjv  :  son  récit  ne  permet  pas  de  supposer  que  cette  magistrature  lui 


Aristote,  le  gouvernement  de  Lacédémone,  ne  signalent  à 
noire  attention  qu  une  seule  magistrature,  apparemment 
parce  qu’elle  était  la  plus  haute;  c’est  celle  des  éphores. 

Hérodote  attribue  l’institution  des  éphores  à  Lycur¬ 
gue12  ;  Aristote  et  Plutarque  pensent  qu’ils  ne  furent 
établis  qu  au  temps  de  Théopompe13.  Les  deux  opinions 
peuvent  se  concilier  si  l’on  admet  que  leur  grande  puis¬ 
sance  ne  date  en  effet  que  du  règne  de  Théopompe,  mais 
que  leur  existence  est  plus  ancienne.  Un  passage  de  la  vie 
de Cléomène  présente  en  effet  deux  phases  bien  distinctes 
dans  1  histoire  de  cette  magistrature  ;  les  éphores  n’au¬ 
raient  été  à  l’origine  que  les  ministres  des  rois,  choisis 
par  eux  pour  les  remplacer  en  cas  d’absence  et  les  dé¬ 
charger  d’une  partie  de  leurs  fonctions;  c’est  plus  tard 
qu’ils  seraient  devenus  indépendants  et  plus  puissants  que 
les  rois  u.  De  toutes  les  institutions  de  Sparte,  l’éphorat 
semble  celle  qui  a  le  plus  varié  avec  le  cours  du  temps, 
et  elle  n’a  varié  que  pour  grandir  toujours. 

Les  éphores  étaient  au  nombre  de  cinq  ;  leur  pouvoir 
ne  durait  qu  un  an,  et  c’est  par  le  nom  du  premier  d’entre 
eux  que  Sparte  comptait  les  années13.  Ils  étaient  élus.  Les 
documents  n’indiquent  pas  quela  loi  leur  imposâtaucune 
condition  de  richesse,  de  naissance,  ni  dage.  Aristote  dit 
formellement  qu’ils  étaient  tirés  du  peuple,  et  souvent 
même  de  la  classe  pauvre.  Il  marque  cette  différence  entre 
le  sénat  et  la  magistrature  des  éphores  que  les  hommes 
des  hautes  classes  arrivaient  seuls  au  premier,  tandis  que 
les  hommes  des  derniers  rangs  pouvaient  parvenir  à  la 
seconde"’.  Aussi  quelques  historiens  modernes  ont-ils 
considéré  l’éphorat  comme  une  magistrature  démocra¬ 
tique  et  l’ont-ils  comparé  au  tribunal,  des  Romains17. 

Mais  pour  pouvoir  affirmer  qu’ils  eussent  ce  caractère, 
il  faudrait  sa\oir  par  qui  et  suivant  quels  procédés  ils 
étaient  élus.  C’est  ce  que  nous  ignorons  complètement. 
Aristote  se  contente  de  dire  que  le  mode  d’élection 
qui  était  employé  à  leur  égard  était  puéril  18  ;  d’où  nous 
pouvons  au  moins  conjecturer  qu’il  n’offrait  aucune 
garantie  de  libre  choix  aux  électeurs;  «  ils  sont  tirés 
•le  la  toule,  dit  Aristote  ;  mais  je  voudrais  qu’en 
les  tirant  de  la  foule  on  eût  adopté  une  autre  façon 
de  les  choisir  ». 

La  pensée  de  cette  phrase  n’est-elle  pas  que,  si  les 
éphores  sont  choisis  dans  la  foule,  ils  ne  sont  pas  choisis 
tout  à  fait  par  elle,  et  qu’il  y  a  au  moins  quelque  biais 
pour  diriger  son  choix?  Les  pauvres,  il  est  vrai,  étaient 
souvent  élevés  à  cette  magistrature  ;  cela  ne  prouve  pas 
nécessairement  que  ces  hommes  fussent  des  démocrates; 
car  Aristote,  l’observateur  exact  et  sans  parti  pris  de  la 
nature  humaine  et  des  faits  historiques,  ajoute  cette 
remarque  19  :  «  Souvent  ces  hommes  pauvres,  arrivés  au 
pouvoir,  se  sont  fait  acheter;  il  n’en  a  pas  manqué  qui 
se  sont  laissé  corrompre  par  argent.  »  Il  était,  en  effet, 


"jïi....  toüçtSv  Eoijguv  i^va;  tiOt'vii  KaOÉf77v;x£  ;  cf.  Boeckh,  Corp.  inscr.  gr.  n0!  1254, 
1270,  1271,  où  il  est  fait  mention  de  six  plW.  -  9  paus.  p  c.  .  v0(l0?uU„„lv' 
àjy.EÏc.  i„i,  lu',  xi-;  4Tofïç.  -  10  Hesych.  :  in  i)  Xt;  tv  ArveSocVov.  "tu't  xi;; 

,0xo<rl*;*5  T,“v  -  U  Id.  tpuEAupo;,  «ppàvoiio;,  AaxSvs;.  —  12  Herod.  I,  65. 

—  I:î  Aristot.  Polit.  V,  9,  1,  éd.  Didot,  p.  584;  Plut.  Lyc.  7;  cf.  Plat.  Leg.  III, 
p.  692.  —  lt  Plut.  Cleom.  10.  —  15  Xen.  Hell.  II,  3,  10  ;  Paus.  III,  11,  2.' 

—  !"  Aristot.  II,  3,  10  :  U  xoj  Sijpov;  II,  6,  14  :  yivovxott  t*  xoù  Sr.ptou  u*vxe;, 
ucMaxi;  Euxtztt/Jtrtv  ivOpoiuot  trxoipst  uevJjXE;  eI;  to  ip/.EÏov  ;  II,  6,  15  ;  oi  ,Uv  xodioixiyàdoï 
Sià.  tï]v  ysfoutTERv,  4  Si  3vj,ao;  iiôt  T7)v  tçopEîav.  —  17  Voir  Kopsladl,  p.  120-121. 

—  18  Aristot.  Polit.  II,  6,  16  :  xadioriaxat  i;  iudvxwv.  àtt’  ËJst  aioExvjv  «Ivat  IJ  «ràvwv 

|*ey,  (A v;  xov  xpôroy  8è  xoûxov  ov  vûv  *  )fàp  errxt  Xtav.  —  19  Aristot.  Polit  II 

0,  14,  Didot,  p.  513  :  Sii.  xŸiv  4- uopictv  ùviot  ijtrav  •  èStr.XOlo-oEv  Si  uoV/.ixt;  upûxEpov 
>t«7  vûv...  it«?9«pÉ,TEî  y*p  ippç-ttp  x.vl;,  OITOV  è*’  sootot;,  TÎ)V  7E4/.1V  duw7.etrav. 


LAC 


—  890  — 


LAC 


presque  inévitable  que  dans  une  ville  qui  aimait  tant 
l’argent1,  et  où  tout  moyen  légitime  d’en  gagner  était 
interdit,  les  pauvres  se  missent  souvent  à  la  solde  des 
riches.  C’est  d’ailleurs  un  usage  assez  fréquent  chez  les 
aristocraties  de  confier  le  pouvoir,  non  à  quelques-uns 
de  leurs  membres  qui  se  trouveraient  alors  trop  puissants, 
ce  qui  romprait  l’égalité  entre  eux,  mais  à  des  hommes 
d'une  classe  inférieure  qu’on  élève  aux  grandeurs  pour 
une  année  et  qu’on  peut  ensuite  laisser  retomber  dans  le 
néant.  Ces  hommes,  pendant  la  courte  durée  de  leur 
charge,  sont  armés  par  l’aristocratie  d’un  très  grand 
pouvoir;  mais  ils  sont  obligés,  par  le  sentiment  même 
de  leur  faiblesse  naturelle,  de  se  laisser  guider  par 
d’autres,  et  il  ne  leur  échappe  pas  que,  l’année  expirée, 
ils  se  retrouveront  dans  l’impuissance  et  seront  à  la 
discrétion  de  cette  même  aristocratie.  Il  semble  bien  que 
telle  ait  été  la  politique  de  l’oligarchie  Spartiate  en 
s’arrangeant  pour  que  les  éphores  fussent,  suivant  l’expres¬ 
sion  d’Aristote,  «  les  premiers  venus 2  ».  Il  est  d’ailleurs 
à  peu  près  inévitable  qu’une  magistrature  qui  ne  dure 
qu’un  an  et  qui  est  partagée  soit  faible  vis-à-vis  d’un 
corps  inamovible  ;  et  cela  est  surtout  vrai  lorsque  les 
magistrats  annuels  ne  sont  pas  tirés  de  ce  corps  et  ont 
pour  suprême  ambition  d’y  entrer.  L’histoire  de  Sparte, 
depuis  Théopompe  jusqu’à  \gis  III,  n’offre  pas  d’exemple 
d’éphores  qui  aient  pris  en  mains  les  intérêts  des  classes 
inférieures  contre  la  puissance  de  l’oligarchie  sénato¬ 
riale.  On  les  voit  souvent  agir  contre  les  rois  ou  contre  le 
parti  populaire  ;  on  ne  les  voit  jamais  agir  contre  le  sénat. 

Il  y  a  même  à  faire  celte  remarque,  que  l’autorité  des 
éphores  s’est  accrue  à  mesure  que  le  gouvernement  de 
Lacédémone  est  devenu  plus  aristocratique.  Plus  le 
nombre  des  propriétaires  et  des  citoyens  a  diminué,  plus 
la  direction  des  affaires  a  été  portée  au  sénat,  et  plus 
aussi  les  attributions  des  éphores  ont  été  augmentées. 
Ils  avaient  seuls  la  police  de  la  ville,  au  point  qu’un  roi 
souhaitant  l’expulsion  d’un  étranger  était  forcé  de 
s’adresser  à  eux3.  Ils  ne  rendaient  de  comptes  à  personne, 
et  c’était  au  contraire  à  eux  que  tous  les  hommes  revêtus 
de  quelque  autorité  rendaient  leurs  comptes4.  Ils  ne  se 
levaient  de  leurs  sièges  éphoriques  devant  personne,  et 
les  rois  au  contraire  se  levaient  devant  eux5.  Ils  pou¬ 
vaient  frapper  d’amende  qui  ils  voulaient6.  Ils  avaient 
le  droit  de  mettre  les  rois  en  accusation,  de  les  juger1, 
de  les  enfermer  en  prison  8,  de  les  condamner  à  des 
amendes9,  de  les  déposer10. 

C’étaient  eux  qui  présidaient  l’assemblée  du  peuple,  qui 
lui  posaient  les  questions,  qui  la  faisaient  voter11.  Us 
décrétaient  les  levées  de  soldats  12.  Deux  d’entre  eux 
pouvaient  accompagner  le  roi  à  la  guerre13.  Même  en 
restant  à  Sparte,  ils  dirigeaient  les  rois  dans  leurs  expé- 

1  Alistote,  Polit.  II,  0,  6,  dit  cil  pürtctnl  de  Sparte  :  -tt,  àvayxûùov  !v  xî;  Totaux-^ 
ito).  txela  xipSuOat  xo»  irXoù'xov.  Les  anciens  parlent  souvent  de  la  odutfyuçla  des  Spar¬ 
tiates  :  Plut.  Proverb.  43;  Inst.  Lac.  4t  ;  Agis,  3;  Diod.  VII,  1  4,  5  ;  Isocrat.  t.. 
etç»ivï;ç,  90.  2  Aristot.  Polit.  II,  6,  10  :  ot  ëooôot  ovxeç  oï  x»/ovxe;.  Il  y  aurait  tou¬ 

tefois  de  I  exagération  à  dire  que  tous  les  éphores  aient  été  des  hommes  de  néant. 
Brasidas  avait  été  éphore  ;  Antalcidas  le  fut  (Plut.  Ages.  32).  —  3  Herod.  III,  148. 

—  4  Aristot.  Polit.  Il,  0,  18.  —  >>  Xen.  Resp.  Lac.  15;  Plut.  Agis,  8;  Apophth. 
Anaxilas.  —6  Xen.  Hesp.  Lac.  8.  —  7  Herod.  VI,  82,  85.  —  »  Time.  I,  131. 

—  9  Plut.  Lyc.  12  ;  De  frai.  am.  9.  — 10  Plut.  Apophth.  p.  221  ;  Agis,  1 1  ;  Liban.  De 
servitule,  p.  80.  —  11  Thuc.  I,  87  ;  Xen.  Hell.  III,  3,  8;  Polyb.  IV,  34  —  12  Xen. 
Resp.  Lac.  1 1  ;  Hell.  VI,  4,  17.  —  13  Xen.  Resp.  Lac.  15  ;  Hell.  Il,  4,  30.  —  14  Xen. 
Hell.  VI,  4,  1.  —  13  Plut.  Apopht.  t.  II,  p.  105,  éd.  Tauchnitz.  —  10  Tlmeyd.  V.  18 
et  19;  Plut.  Lxjsand.  14.  —  17  Aristot.  Polit.  Il,  0,  14  :  v;  àoy_>(  ».j o [a  „7,v 

—  18  Aristote  l’appelle  en  effet  xupawlç  (Polit.  Il,  3,  10);  or  ce  mot  dans  la  langue 
d  Aristote  signifie  pouvoir  absolu;  cf.  Pial.  Leg.  III.  p.  712  :  xi  x,ô»  tœopwv 


ditions14,  ou  leur  enjoignaient  de  revenir15.  Us  con¬ 
cluaient  les  traités  de  paix  au  nom  de  la  cité16.  En  un 
mot,  ils  étaient,  suivant  Aristote,  maîtres  des  plus 
grandes  affaires17,  et  leur  autorité  était  une  sorte  de 
tyrannie18.  «  Leur  pouvoir  est  trop  grand,  dit  le  même 
écrivain,  et  il  est  aussi  absolu  que  celui  des  tyrans  19.  » 
Toutefois,  ce  que  nous  savons  de  leurs  actes  et  de  leur 
politique,  soit  au  dedans  soit  au  dehors,  nous  les  montre 
toujours  d’accord  avec  le  sénat  et  nous  permet  de  penser 
qu’ils  n’exerçaient  ce  grand  pouvoir  que  comme  instru¬ 
ments  du  corps  oligarchique.  Us  étaient  les  chefs  du 
pouvoir  exécutif  dans  un  gouvernement  dont  le  sénat 
était  Fâme. 

8°  De  la  justice.  —  L'autorité  judiciaire,  qui  a  en  tout 
pays  une  si  intime  relation  avec  l’état  social  et  politique, 
était  partagée,  à  Lacédémone,  entre  les  rois,  le  sénat,  et 
les  magistrats;  mais  elle  l’était  fort  inégalement  entre  ces 
trois  pouvoirs.  Les  rois,  sunrant  un  texte  très  précis  d  Hé¬ 
rodote,  ne  jugeaient  que  dans  deux  cas  :  1°  si  une  fille, 
unique  héritière  d’une  famille  ou  épiclère,  n  avait  pas  été 
fiancée  par  son  père,  le  roi  prononçait  par  jugement  à  quel 
époux  elle  devait  appartenir20;  le  roi  avait  en  ce  point 
la  même  juridiction  que  le  premier  archonte  d’Athènes; 
l’un  et  l’autre  devaient  veiller  à  la  perpétuité  des  familles 
et  cette  perpétuité  était  intéressée  dans  les  jugements 
relatifs  aux  filles  épiclères  ;  2°  les  rors  de  Sparte  pronon¬ 
çaient  dans  les  débats  relatifs  aux  voies  publiques21. 

La  juridiction  criminelle  appartenait  au  sénat  22.  Les 
peines  étaient  sévères  :  c’était  la  mort  23,  l’exil,  l’amende 2i, 
la  confiscation  des  biens25,  la  perte  du  droit  de  cité  ou 
atimie.  Aussi  Plutarque  dit-il  que  le  sénat  était  maître  de 
la  vie  et  du  rang  civique  des  Spartiates  2G. 

Les  éphores  avaient  le  jugement  des  procès  relatifs 
aux  contrats  et  aux  obligations27,  et  ces  procès  étaient 
assez  nombreux  à  Sparte  pour  qu’ils  dussent  siéger  tous 
les  jours28.  En  même  temps,  ils  jugeaient  en  matière 
politique,  faisaient  rendre  leurs  comptes  aux  magistrats, 
prononçaient  des  amendes29.  II  semble  même  qu'ils 
aient  pu  frapper  de  mort  sans  jugement  tout  homme  qui 
portait  atteinte  à  la  sûreté  de  l’État 30.  Les  magistrats 
inférieurs  avaient  aussi  le  jugement  de  quelques  délits31. 

11  y  avait  donc  cette  grande  différence  entre  Lacédé¬ 
mone  et  les  cités  démocratiques  comme  Athènes,  qu'à 
Lacédémone  la  justice  n’appartenait  pas  au  peuple. 
Jamais,  parmi  les  récits  assez  nombreux  de  jugements 
qui  nous  sont  parvenus,  nous  ne  x'oyons  ni  le  peuple 
jugeant  lui-même  ni  un  tribunal  issu  du  peuple.  La  jus¬ 
tice  émane  toujours  ou  des  magistrats  ou  du  sénat.  C’était 
un  grand  pouvoir  dans  les  mains  de  l'oligarchie,  et  Aris¬ 
tote  fait  observer  que,  comme  il  n’existait  pas  de  lois 
écrites,  les  sénateurs  prononçaient  à  leur  volonté  et 

0au(Aa<7tôv  wç  Tjçawtxôv  —  19  Al’istot.  Polit.  Il,  6,  14  :  àç^ijv  V.av  ;jL£(âXy|v  xa\ 

la o-ûçavvov.  —  29  Hei’0(I.  VI,  57  :  &ixtt'Çfciv  &s  jxouvou;  toù;  (Ôarrt),EaÇ  zoaô.Sz  jxoijva  . 
iz(azooù-/o'J  t  £  uaoOÉvou  uéoi,  tov  txv£<7TGU  tyziv,  o  îtaiv]  p  aùxijv  eYYü'^ffY)  ’ 

Poil.  111,  33  :  t]  lut  icavxl  Tfii  xVqpto  ji.ôvrj  *tç.eoo;jiivYj  Ouy^t'/jç  Èuiy.Xvjooç...  xtvlç  S  aùxr.v 
y.*\  uaxpoO'^ov  cùvôjJtaffav.  —  21  Herod.  /.  I.  :  o£wv  5r,;xofft£wv  r.içi.  Les  l*ois  pouvaient 
prendre  part  à  d’autres  jugements,  mais  non  pas  seuls  ;  ils  siégeaient  alors  comme 
membres  du  sénat.  —  22  Aristot.  Polit.  III,  1,  7  :  xàç  œovtxà*  (âixàç)  oî  yiçovzz; 
xptvouffi  :  Id.  Il,  0,  17  :  yjpiot  ypîcEuv  [xeYaXwv  ;  Plut.  Apophth.  Anaxandrid.  éd. 
Tauchnitz,  p.  120  :  xàç  ueçA  TOU  Oavâ-cou  &ixà?  uXctoatv  r,|i.î'pai;  oî  yéçovzzç  xohooa i. 
—  23  Herod.  IV,  146  ;  Thuc.  I,  134;  Plut.  Pericl.  22.  —  2i  Thuc.  V,  16;  V, 63  ;  Plut. 
Pelop.  6  et  13.  —  2c  Thuc.  V,  63;  Plut.  Amal.  narrai.  5. —  26  Plut.  Lyc.  26  : 
xûpto;  Qavàtou  xa\  —  27  Aristot.  Polit.  III,  1,7:  zo.q  xùiv  tru(i.€o)aiwv 

(£ixà;)  &txà‘Çe{v  £©opo;  a)»Ao;  &XXa*.  —  28  plut.  Apophth.  p.  221.  —  29  Xeil.  Besp. 
Lac.  8  :  loopoi  îxavot  tîat  Çv)(uoôv  8 v  v.v  {îoôXwvTai.  —  30  Plut.  Ages.  32;  Xen.  Hell. 
111,  4  ;  V,  4,  24.  —  31  Aristot.  Polit.  III,  1,  7  :  lz io%  Si  -si;  àû/rj  ET 4 a;  Six&.$  Sr/.d^e IV 


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—  900  — 


arbitrairement1.  On  comprendra  l'importance  de  ces 
faits  si  l'on  songe  qu’à  Athènes  c’est  surtout  par  les  tri¬ 
bunaux  populaires  que  le  régime  démocratique  s’esl 
établi.  A  Sparte,  au  contraire,  la  justice  resta  toujours  le 
privilège  du  corps  oligarchique  ou  des  magistrats  qui 
dépendaient  de  lui.  Aussi  Aristote  fait-il  cette  remarque  : 
<>  A  Lacédémone,  les  grands  peuvent  faire  ce  qu’ils 
veulent  ;  ils  s  enrichissent  outre  mesure,  et  les  propriétés 
s  accumulent  dans  leurs  mains2.  »  C’est  peut-être  aussi 
dans  le  même  sens  que  Démosthène  avait  dit  :  «  A  Sparte, 
dès  qu  un  homme  entre  au  sénat,  il  devient  un  maître 
pour  la  foule  3.  » 

lels  sont  les  institutions,  les  faits,  les  mœurs,  que  les 
documents  nous  permettent  de  saisir  dans  la  vie  de  Lacé¬ 
démone.  D  après  tout  cet  ensemble,  le  gouvernement  de 
cette  cité  se  présente  a  nous  sous  un  jour  tout  différent 
de  celui  d’Athènes.  Nous  n’y  trouvons,  en  effet,  ni  un 
sénat  annuellement  tiré  au  sort,  ni  des  magistrats  toujours 
dépendants  du  peuple  qui  peut  leur  retirer  leurs  pou¬ 
voirs,  ni  une  assemblée  maîtresse  et  composée  de  petites 
gens,  ni  rien  qui  ressemble  à  l’héliée  athénienne,  ni  le 
salaire  des  juges  et  des  ecclésiastes,  ni,  en  un  mot,  aucune 
de  ces  pratiques  qui  mettent  forcément  le  pouvoir  dans 
les  mains  de  la  foule.  Il  est  possible  que,  dans  le  système 
primitivement  établi  par  Lycurgue,  la  société  Spartiate 
fût  plus  démocratique  que  ne  l’était  la  société  athénienne 
à  la  même  époque,  c’est-à-dire  au  vm°  siècle.  Mais, 
depuis  ce  temps,  les  deux  cités  ont  suivi  toujours  une 
marche  opposée.  Sparte  est  devenue,  par  ses  mœurs 
comme  par  ses  lois,  de  plus  en  plus  aristocratique.  La 
propriété  foncière,  qui  était  déjà  répartie  inégalement 
avant  la  guerre  du  Péloponnèse,  s’accumula  peu  à  peu 
dans  un  très  petit  nombre  de  mains,  ce  qui  était  juste¬ 
ment  le  contraire  de  ce  qui  se  passait  à  Athènes.  Le 
nombre  des  citoyens  diminua  en  même  temps  que  celui 
des  propriétaires.  Les  distinctions  sociales  allèrent  se 
multipliant.  Les  institutions  politiques  servirent  exelusi- 
vementles  intérètsd'uneclassechaque  jour  plus  restreinte, 
et  Sparte  devint,  entre  toutes  les  villes  grecques,  celle 
où  l’inégalité  fut  le  plus  profonde. 

Aristote  range  toujours  Lacédémone  dans  la  catégorie 
des  gouvernements  aristocratiques,  bien  qu’il  dise  qu’on 
y  a  su  donner  quelque  satisfaction  au  peuple  par  l’élec¬ 
tion  d’ailleurs  illusoire  des  éphores.  Les  éloges  de  Platon 
et  de  Xénophon,  comme  les  reproches  d’Aristote,  s’adres¬ 
sent  à  cette  aristocratie.  Isocrate  dit  nettement  que  le 
gouvernement  de  Sparte  est  oligarchique  ".  Démosthène 
et  Eschine  le  donnent  à  entendre  clairement.  Tous 
les  anciens  sont  d'accord  sur  ce  point.  Plutarque 
dit  formellement  :  la  monarchie  chez  les  Perses,  la 

*  Aristot.  Il,  7,  éd.  Didot,  p.  316  :  xal  jaij  xaxà  yçéyxjji ata,  ATX’  «OToyvitpova;. 

-  Arislot.  lJolil.  V ,  6,  7,  cd.  Didot,  p.  574  ;  TQ  „àaaç  îà;  àpiaToxpatixà;  tco  Aercîa; 
oXiyap/_ixà;  eivai  pâMov  it7eQVE*toüm»  et  yvûçipoi,  oTo»  xal  Iv  Aax£cîai|Jiovi  ■{(àXtyoy;  ai  oùa-iai 
Ép/ov-tai  ■  xa\  tcoieîv  S  z  t  àv  6i*uai  toT;  yvmoi pot;  pâXxov.  —  3  Dcm.  in  Lept.  i 07  : 

Setzoty);  loti  tSv  tcoTXûv,  —  4  Isocr.  Nicoclès,  24  :  o!m  <Jliyapxoùpsvot.  Il  est  vrai 
qu’Isocrate  dit  ailleurs  (Areopag,  61)  que  les  Lacédémoniens  sont  Sr,p.oxpaToù|Juvot, 
mais  il  faut  voir  dans  tout  ce  discours  ce  qu’il  entend  par  iimoxçatiot  :  c’est  le  gouver¬ 
nement  qu’ Athènes  avait  eu  dans  les  temps  anciens,  c’est-à-dire  l'aristocratie.  — 3  Plut. 
IIeçA  povapyiu;,  éd.  Tauclinitz.  t.  V,  p.  117.  —  6  Time.  V,  81.  —  7  Thuc.  III,  82. 

-  8  Arislot.  Polit.  V,  7.  0,  éd.  Didot,  p.  375.  —  3  Tliucyd.  V, 68.  —  16  Aristot. 
Polit.  V.  G.  —  U  Aristot. Fraijm.  éd.  Didot,  l.  IV,  p.  273  :Aaxs Sa  tjAÔviot  oTatTiàÇovTe^ 
{Aexeue'jAij/avio  xa-rà  yçî[ff(Aov  xou  Oeou  l*  Aeo-êou  xov  notmvbv  Tep7rav£pov  *  r.ojAwaa  xà;  «Jiuyà; 

t*)v  (TTà<nv  eitauo-e  ;  cf.  Zcnob.  Proverb.  V,  9.  — 12  Aristot.  II,  G,  14. —  13  Aristot. 
Polit.  \  ,  6,  2,  cd.  Didot,  p.  573  I  bxav  àv&çtîxîyjî  xiç  wv  jjiÿ)  jisxeyrj  xwv  TtjAÙiv  olov 
Iv tvi/.Suv  ;  Xen.  Hell.  III,  3,  d  :  ouxoç  y jv  xo  ci&oç  veavi ovoç  va\  xyjv  tLuyvjv  sùpGKTXo;,  ou 
jaévxoi  xùîv  o|Aoîutv.  —  14  Xen.  Ibid.  III,  3,  G.  —  15  Xen.  Ibid.  —  Bibliographie.  Cragius, 

De  republica  Lacedamoniorum,  1593;  2e  édit.  1670  ;  Meursius,  Miscellanea  laco* 


démocratie  a  Athènes,  l’oligarchie  à  Lacédémone  s- 
La  politique  extérieure  de  cette  ville  fut  toujours  celle 
qui  convenait  à  de  telles  institutions.  Sparte  fut  toujours 
également  ennemie  des  tyrans  et  de  la  démocratie.  Elle 
combattit  la  tyrannie  de  Polycrate  à  Samos,  celle  des 
Pisistratides  a  Athènes.  Partout  aussi  elle  lit  la  guerre  à 
la  démocratie  ;  Thucydide  remarque  que  chaque  fois 
qu’elle  était  victorieuse  «  elle  renversait  le  gouvernement 
populaire  et  mettait  au  pouvoir  une  oligarchie  qui  lui 
était  attachée  0  ».  Elle  était  l’amie  d’Athènes  quand  Cirnon 
gouvernait,  son  ennemie  quand  Périclès  y  dirigeait  les 
affaires.  Pendant  la  guerre  du  Péloponnèse,  on  vit  dans 
chaque  ville  grecque  «  les  hommes  du  parti  populaire 
s’unir  aux  Athéniens  et  les  hommes  de  l’oligarchie 
s’attacher  aux  Lacédémoniens 7  ».  «  Partout,  dit  Aristote, 
les  Athéniens  renversaient  le  gouvernement  oligarchique, 
les  Lacédémoniens  le  gouvernement  populaire  8.  » 

Un  peut  bien  penser  toutefois  qu’à  Sparte,  comme  par¬ 
tout  ailleurs,  les  classes  opprimées  firent  des  efforts  pour 
secouer  le  joug.  Malgré  le  secret  dont  cette  ville  s'enve¬ 
loppait  volontiers  °,  plusieurs  révoltes  ont  été  connues 
au  dehors  et  ont  laissé  quelque  souvenir  dans  l’histoire. 
Nous  ne  parlons  pas  de  celles  des  Idiotes  messéniens, 
mais  de  celles  des  hommes  de  sang  Spartiate.  Dès  le 
vne  siècle,  Aristote  signale  une  lutte,  à  Lacédémone, 
entre  les  riches  et  les  pauvres  i0.  Le  poète  Terpandre, 
suivant  une  tradition,  aurait  eu  l’art  ou  le  bonheur 
d’apaiser  une  sédition  dans  Sparte11.  Plusieurs  rois 
essayèrent  de  relever  la  royauté;  pour  y  parvenir,  ils 
s'appuyèrent  sur  le  peuple  et,  suivant  l'èxpression  d’Aris¬ 
tote,  se  firent  démagogues12.  Le  récit  du  complot  deCina- 
don  est  particulièrement  instructif  ;  on  y  voit  un  homme, 
qui  est  Spartiate,  qui  est  «  homme  de  valeur  et  bien  en 
vue  »,  mais  qui  ne  peut  pas  parvenir  aux  honneurs  de  la 
cité  13  ;  il  jure  la  perte  d’un  gouvernement  où  des  hommes 
comme  lui  ne  peuvent  trouver  place;  il  réunit  des  con¬ 
jurés;  il  a  pour  lui,  non  seulement  les  Idiotes  et  les 
Laconiens,  mais  les  néodamodes  et  les  tnro|/.etoveç  14  ;  car 
«  chaque  fois  que  parmi  ces  gens-là  on  parle  des  Spar¬ 
tiates,  il  n'y  en  a  pas  un  seul  qui  dissimule  qu'il  lui  serait 
agréable  de  les  manger  tout  crus  15  ».  On  devine  ce  qu’il  ’ 
y  a  eu  de  haine  dans  les  classes  inférieures,  ce  qu’il  y  a 
eu  d’habileté,  d’énergie,  et  aussi  d’impitoyable  cruauté 
dans  la  classe  supérieure.  Sans  louer  ni  dénigrer  ce  sys¬ 
tème  d’institution,  on  juge  ce  qu’il  a  fallu  de  sagesse 
virile  à  celte  oligarchie  peu  nombreuse  pour  maintenir 
son  gouvernement  pendant  six  siècles,  pour  prévenir  ou 
réprimer  les  révolutions,  pour  fonder  enfin  la  grandeur 
de  Sparte  et  lui  donner  durant  un  temps  assez  long  l’em¬ 
pire  de  la  Grèce.  Fustel  de  Coulanges. 

nica,  1661;  Manso,  S  parla,  1800-1803;  C.  0.  Muller,  Dut  Dorier,  2"  édit.  1841; 
Lachraann,  Die  Spartanische  Staatsverfassung,  1836;  Arnold,  On  thehistory  and 
nature  of  the  Sparlan  constitution,  1831  ;  Ricgcr,  De  Homoeorum  et  Hypomcio- 
num  origine ,  1853;  G.  F.  Sclioemann,  Griechische  alterthümer,  1855;  4»  édit. 
1897  (Lipsius),  Opuscula  qcademica,  t.  I,  De  ecclesiis  Lacedaemoniorum,  de  Spar- 
Lanis  homoeis ,  1856;  K.  Fr.  Hermann.  Antiquitatum  laconicarum  libri  quatuor. 
Lehrbuch  der  griech.  Antiquitàten,  6»  édit.  1889  (Thumser);  Auerbach,  De  Lace¬ 
daemoniorum  regibus ,  1863  ;  Kopsladt,  De  constitutionis  Lycurgeae  origine 
atque  indole,  1849  ;  Schaefer,  De  ephoris,  1863  ;  Grote,  Uistory  of  Greece, 

P  édit.  1869  (trad.  fr.  1864-1867)  ;  F.  Curtius,  Griech.  Geschichte,  3“  édit.  1866  : 
Fustel  do  Coulanges,  La  cité  antique,  1864;  Nouvelles  recherches  sur  tous  les 
problèmes  d'histoire,  1891,  p.  52  et  suiv.  ;  Gilbert,  Sludien  zur  Spartan. 
Geschichte,  1872;  Id.  Gandbuch  der  griech.  Staatsalterthiimer,  I.  1  (2°  édit. 
1893);  Trieber,  Forschungen  zur  Spartan.  Verfassungsgeschichte,  1872;  G.  Llum, 
Entslehung  und  Entwicklung  des  Ephorats,  1878;  Claudio  Jannet,  Les 
Institutions  sociales  et  le  droit  civil  de  Sparte,  1893;  Paul  Guiraud,  La 
propriété  foncière  en  Grèce.  1893.  • 


LAC 


—  901 


LAC 


LACERNA.  —  Il  existait,  chez  les  Grecs  et  les  Romains, 
une  série  de  yêtements  de  dessus,  souvent  militaires  et 
civils  à  la  fois,  qui,  tout  en  portant  des  noms  différents, 
avaient  entre  eux  une  grande  analogie  :  abolla,  armi- 
LAUSA,  BIRRUS,  C1ILAMYS,  EPUAPTIS,  EPHESTRIS,  LACERNA, 
manduas,  paludamentum,  SAC  DM.  Même  chez  les  auteurs 
anciens,  ils  sont  souvent  confondus.  Artémidore 1  assimile 
la  chlamyde  à  la  manduas ,  à  Y  ephestris  et  au  birrus, 
tandis  que  le  scoliaste  de  Perse2  fait  du  mot  birrus  le 
synonyme  de  lacerna  ;  mais  saint  Augustin 3  et  Sulpice 
Sévère  '"  établissent  une  distinction  entre  le  birrus  et  la 
lacerna.  Pour  Suidas5,  ephestris ,  manduas  et  birrus 
sont  le  même  vêtement.  Velleius  Paterculus6  et  Plu¬ 
tarque7  racontant  le  même  fait,  l’historien  grec  se  sert 
du  mot  /1x[x6o£ç,  là  où  rhistorien  latin  a  employé  le  mot 
lacerna.  Le  trait  commun  à  tous  ces  vêtements  était  d’être 
un  manteau  retenu  sur  l’épaule  ou  sur  la  poitrine  par 
une  fibule  ou  par  une  agrafe.  Malgré  les  confusions  que 
nous  venons  de  noter,  les  texLes  des  auteurs  permettent 
d’établir  entre  ces  vêtements  des  différences;  mais  rare¬ 
ment  ces  différences  sont  assez  marquées  pour  que  nous 
puissions  les  reconnaître  avec  certitude  sur  les  monu¬ 
ments  figurés. 

Chez  les  Romains,  la  lacerna  fut  d’abord  un  manteau 
militaire  que  le  soldat  portait  par-dessus  son  armure 8  ;  à 
l’origine,  il  était  même  exclusivement  militaire9.  C’est  très 
probablement  une  lacerna ,  ornée  de  ses  franges10,  que 


Fig.  43)8.  Soldats  vêtus  de  la  lacerna.  Fig.  4319. 

porte  le  soldat  romain  représenté  ici  (fi g.  4318),  d’après 
un  bas-relief  de  la  colonne  Trajane11.  Le  même  monu¬ 
ment  nous  offre  des  soldats  dont  la  lacerna ,  autrement 
disposée,  laisse  voir  son  point  d’attache  sur  le  haut  du 
bras,  sur  l’épaule  ou  devant  le  cou  (lig.  4319) 12.  Ce  man¬ 
teau,  avec  des  dissemblances,  se  rapproche  beaucoup  de 
la  chlamyde  antique,  et  les  Romains  l’ont  peut-être  em¬ 
prunté  aux  Grecs,  qui  le  tenaient  eux-mêmes  de  peuples 
barbares  [chlamys].  La  lacerna ,  ou  un  vêtement  analogue, 
se  retrouve  sur  les  épaules  de  nombreux  guerriers  bar¬ 
bares  tigurés  dans  les  bas-reliefs  antiques  :  chez  les  Gau¬ 
lois  du  sarcophage  de  la  vigne  Amendola13,  chez  les 

LACIÎRXA.  i  ’OvEiçoxçutxov,  II,  3.-2  Ad.  Satyr.  I,  OS.  —  3  Serm.  CLXI,  10. 

—  4  Dialog.  I,  21,  4.  —  «  S.  v.  'E  ç£<ttÇ;;.  —  0  R,  70.  _  7  Br  ut  us,  XL1II.  -  8  pr0- 
perl;.  III,  12,  7  ;  IV,  3,  18;  Vell.  Pat.  II,  70,  2  ;  Ovid.  Fast.  II,  746;  Gallus,  Eleg. 
50.  —  9  Scliol.  ad  Pers.  Satyr.  I,  08  ;  Isidor.  Orig.  XIX,  24,  14.  —  10  Schol.  ad  Pors 
Isidor.  II.  cc.  ;  Amm.  Marc.  XIV,  0,  9.  —  11  Frohner,  Col.  Traj.  pl.  xxxiv  et  cum 

—  12  Frohner,  pl.  vi,  xxx,  xxxii  et  suiv.  —  13  Voir  bakbari,  p.  075,  fig.  795. 

—  U  Voir  p.  670,  fig.  797.  —  13  Voir  équités,  p.  787,  (ig.  2742.  —  10  Voir  bar- 
baiu,  p.  676,  fig.  798.  —  17  Voir  abolla,  fig.  18.  —  1»  Frohner,  pl.  cxv  et  suiv. 

—  19  Philipp.  II,  30.  —  20  Suct.  Uct.  XL  ;  Dio.  LVI1,  13.  —  21  Juv.  jx  09  •  Mari' 

V. 


Parthes  de  l’arc  de  triomphe  de  Septime  Sévère14,  chez 
les  cavaliers  maures13  et  chez  les  Daces16  de  la  colonne 
Trajane  l7.  Les  figures  qui  précèdent  permettent  de  com¬ 
prendre,  au  premier  coup 
d’œil,  combien  était  prati¬ 
que  ce  manteau  militaire 
se  prêtant,  pendant  l’ac¬ 
tion,  à  tous  les  mouve¬ 
ments  et  à  toutes  les  atti¬ 
tudes  du  combattant  dont 
le  bras  et  les  épaules 
restaient  complètement 
dégagés.  Au  repos,  la  la¬ 
cerna ,  au  lieu  d’être  reje¬ 
tée  tout  entière  sur  le  dos 
ou  sur  l’épaule,  retombait 
en  avant  sur  la  poitrine, 
qu’elle  défendait  du  froid 
ainsi  que  le  dos  et  les  épau¬ 
les;  comme  la  lacerna  ci¬ 
vile,  elle  pou  va  i  t  être  m  unie 
d’un  capuchon  [cucullus! 
qui  préservait  le  soldat  de 
la  pluie18  (fig.  4320). 

Du  costume  militaire,  la  lacerna  passa  dans  le  costume 
civil  des  Romains  à  une  époque  qu’il  est  difficile  de  pré¬ 
ciser.  L’usage  n’en  était  pas  encore  admis  au  temps  de 
Cicéron13.  Pendant  les  guerres  civiles  qui  troublèrent  la 
fin  de  la  République,  les  lois  qui  défendaient  de  porter 
dans  l’intérieur  de  la  ville  le  costume  militaire  cessèrent, 
à  maintes  reprises,  d’être  observées.  11  en  résulta  certai¬ 
nement  pour  les  particuliers  une  plus  grande  facilité 
d’adopter  certaines  parties  du  costume  militaire  et  d’en 
établir  peu  à  peu  l’habitude.  Et,  en  fait,  c’est  vers  cette 
période  et  au  commencement  de  l’Empire  que  nous  voyons 
l’usage  de  la  lacerna  se  généraliser  et  être  soumis  à  des 
essais  de  réglementation  20. 

Pour  les  civils,  comme  pour  les  militaires,  la  lacerna 
fut  un  pardessus21.  Manteau  d’hiver,  elle  était  de  couleur 
sombre22,  en  laine  épaisse23,  destinée  à  garantir  du  froid 
et  de  la  pluie24,  et,  à  cet  effet,  munie  d’un  capuchon 
adhérent  ou  mobile  [cucullus]25.  Pas  plus  que  nos  par¬ 
dessus  modernes,  on  ne  gardait  la  lacerna  dans  les  cir¬ 
constances  qui  exigeaient  une  tenue  de  cérémonie20. 
Retenue  par  une  fibule,  elle  couvrait  les  épaules,  la 
poitrine  et  le  dos,  enveloppant  le  corps  qu’elle  tenait’ 
serré27.  Dans  un  mémoire  qui  contient  des  développe¬ 
ments  intéressants  sur  la  lacerna ,  M.  E.  Schulze  a  cru 
reconnaître  ce  manteau  sur  un  buste  du  temps  de  la 
République28;  cette  attribution  plausible  ne  parait  pas 
cependant  absolument  démontrée. 

La  lacerna  était  portée  dans  toutes  les  classes  de  la 
société;  c’était  un  vêtement  exclusivement  à  l’usage  des 
hommes29.  Son  seul  aspect,  sa  couleur,  l’état  d’usure  ou 
de  malpropreté  où  elle  se  trouvait,  étaient  autant  d’in- 

II,  29,  3  ;  VIII,  28,  21  ;  XIV,  137  ;  cf.  Rio  Cass.  U.  —  22  Suct.  Oct.  XL  ;  Juv.  IX, 
29  ;  Mari.  1,  97,  4  ;  IV,  2.  —  23  JUv.  IX,  28  ;  Mart.  VIII,  58  ;  XIV,  133  ;  VII,  86,  8. 

—  24  Mart.  XII,  26,  41.  Pline  ( ffist .  nat.  XV 111 ,  60)  dit  que  si,  au  11  no¬ 
vembre,  le  coucher  nuageux  des  Pléiades  annonce  un  hiver  pluvieux,  aussitôt,  le 
prix  des  laccrnae  uft  augmenté  par  les  marchands  d'habits.  Schol.  ad  Juv. 
Satyr.  IX,  28-  —  Horat.  Strm.  Il,  7,  55  ;  Mart.  XIV,  132  ;  Stat.  Silv. 
IV,  9,  24.  —  26  Suet.  Hct.  Xl  ;  Rio.  LXXII,  21  ;  Suet.  Claud.  VI.  —  27  Arte- 
mid.  II,  3.  —  28  Arcliaeol.  Zeitung,  nouv.  sér.,  t.  VIII,  1876,  p.  15,  pl.  m. 

—  29  Juv.  I,  62  et  Schol. 

114 


Fig.  4320. 


LAC 


—  902  — 


LAC 


dices  auxquels  il  était  facile  de  reconnaître,  au  premier 
coup  d’œil,  la  condition  ou  la  situation  plus  ou  moins 
prospère  de  celui  qui  en  était  revêtu.  Martial  abonde  en 
allusions  de  ce  genre1. 

Mais,  avec  le  progrès  du  luxe,  on  ne  tarda  pas  à  faire 

des  lacer nae  légères  et  flottan¬ 
tes  2  qui,  sans  protéger  contre 
le  froid,  ne  visaient  qu’à  l'effet3. 
Le  manteau  frangé,  attaché  au 
moyen  d’une  fibule,  que  l’on 
voit(fig.  4321)  sur  un  verre  à  fond 
d’or  de  l’époque  chrétienne  1 , 
portée  par  un  chef  d’atelier,  est 
vraisemblablement  une  lacerna. 
On  choisissait  des  étoffes  d’une 
grande  richesse  et  de  couleurs 
voyantes;  on  fabriquait,  en 
effet,  des  lacernae  blanches  s, 
pourpres6  ou  écarlates1,  vio- 
Fig.  4321.  lettes8,  d’un  vert  pâle9,  de 

nuances  variées  comme  les 
fleurs  d’une  prairie  10,  tissues  d’or  et  de  soie  n,  ornées  de 
sujets  brodés  en  or  12.  11  n’est  pas  surprenant  que  ces 
vêtements,  d’un  luxe  parfois  insolent  13,  aient  souvent 
atteint  des  prix  très  élevés  u.  Aussi  la  lacerna  resta 
longtemps  un  vêtement  discrédité  sous  lequel,  de  temps 


à  autre,  on  reprochait  aux  .sénateurs  de  cacher  leur 
togels.  Henry  Thédenat. 

LACIIVIA  [toga]. 

LACUIVA.  —  Pièce  d’eau  plus  petite  que  le  lacus1. 
Pièce  d’eau  factice  destinée  à  l'élevage  des  oiseaux  de 
basse-cour,  spécialement  des  oies2.  Fossé  de  dessè¬ 
chement3.  —  Cuve  de  foulon4.  On  appelait  lacunarius 5, 
en  grec  Xaxxo7totôç 6,  l’ouvrier  qui  creusait  des  lacunae. 

Henry  Thêdénat. 

LACUNAR,  LACUIVA RIUM ,  LAQUEAR  1  («FaTvoigaxa). 
p  —  Ces  mots  dérivés  de  lacuna,  lacus,  cpxTVTp  dési¬ 
gnent  un  plafond  soutenu  par  des  poutres  apparentes 
dont  l’entre-croisement  forme  des  cavités  (lacas,  lacuna) 
rectangulaires  ou  losangées,  suivant  que  les  poutres  se 
coupaient,  ou  non,  à  angle  droit.  Chez  les  Grecs  comme 
chez  les  Romains,  le  lacunar  ne  fut  donc  pas,  al  origine, 
une  ornementation  voulue  et  inspirée  par  l’art,  mais  le 
simple  résultat  de  la  contignatio  ou  croisement  des  pou¬ 
tres  dans  la  construction  en  bois2. 

Les  plafonds  ne  tardèrent  pas  à  être  peints  et  ornés 
comme  les  murailles  des  chambres  et  des  édifices.  Puis, 
là  où  les  poutres  manquaient',  elles  furent  remplacées 
par  de  fausses  poutres,  ou  par  des  reliefs  en  bois,  en 
plâtre,  en  stuc,  circonscrivant  des  lacus  non  seulement 
rectangulaires  ou  losangés,  mais  aussi  ronds,  ovales,  poly¬ 
gonaux,  se  prêtant,  par  leurs  formes  diverses,  à  des 


Fig.  4322.  —  Voûtes  du  temple  de  Vénus  et  de  Rome. 


groupements  et  à  des  combinaisons  d’où  résultait  une 
ornementation  riche  et  variée.  On  peut  voir,  sur  une 
partie  de  la  voûte  des  anciens  thermes,  à  Pompéi,  un  très 
beau  spécimen  de  ce  genre  de  décoration  [fornix,  p.  1264, 
fig.  3233].  Parfois  aussi  les  lacunaria  étaient  simplement 
figurés  par  la  peinture3  sur  un  plafond  plat,  probablement 
avec  un  très  puissant  relief,  en  trompe-l’œil,  procédé 

l  Mari.  1,  93,  7  ;  97,  4;  111,  38,  9  ;  IV,  61,  4;  VI,  89,  9  ;  Vil,  92,  7, 
VIII,  28,  21  ;  98  ;  IX,  58,  1,  13  ;  X,  98,  5;  XIV,  137.  —  2  Sulp.  Scv.  Dialog.  1, 
21,  4  ;  Mart.  VI,  59,  5  ;  Juv.  I,  27  ;  Amm.  Marc.  XIV,  6.-3  Amm.  Marc.  I.  c.  ; 
S.  Aug.  Serm.  CLX1,  10.  —  4  Perret,  Peint,  des  catacombes,  IV,  22  ;  Garrucci, 
Vetri  orn.  di  flq.  in  oro,  pl.  xxxiu,  3.  —  5  Mart.  IV,  2;  XIV,  137,  139.  11  ld.  Il, 

29,  3;  43,  7  ;  V,  8,  5,  11  ;  IX,  23,  13;  X,  87,  10  ;  XIII,  87;  XIV,  133;  Juv.  I,  27. 

—  7  Mart.  Il,  43,  7  ;  XIV,  131  ;  Lamprid,  Sev.  Alex.  XLII.  —  8  Mart.  II,  57. 

—  9  ld.  XIV,  139.  —  10  Id.  II,  46.  —  il  Juv.  X,  212;  Capitolin.  Pertinax,  VIII. 

—  12  Galius,  Elcg.  49.  —  13  Mart.  II,  57;  V.  8,  11  ;  Sencc.  Epist.  CXIV,  20. 

—  14  Mart.  IV,  ci,  4;  V,  23,  6  ;  VIII,  10.  —  13  Gell.  XIII,  21  ;  Spart.  Hadrian. 

XXII.  -  Bibliographie.  Saumaise  ad  Tcrtullian.  De  pallio,  Paris,  1622,  p.  22  et  s. 
26  ;  ad  Script,  hist.  aug.  Paris,  1610,  p.  7,  121,  206  ;  Ferrari,  De  re  vestiaria,  pars  II, 
lib.  I,  Patav.  1685  ;  etdans  le  Thésaurus  de  Grævius,  t.  VI,  p.  785  ss.,  1732  ;  A.  Becker, 
Galius  oder  roem.  Scenen,  t.lll,p.48  ss.,  3'  éd.,  1883  ;  V.TeufTel.dans  Real  Encyclo¬ 
pédie,  s.  v.  Lacerna,  1846  ;  H.  Weiss,  Kostümkunde,  t.  III,  p.  962  ss.,  1 860;  E.  Schulze, 
dans  Archaeol.  Zeitunq,  série  t.  VIII,  1S76,  p.  15  et  s.  ;  Marquardt,  Das  Privatleben 
der  Rimer,  t.  Il,  p.  550,  1882,  trad.  V.  Henry,  t.  II,  p.  209,  1893;  Müller,  dans 

A.  Baumeister,  Denkm.  der  klass.  Alterthums,  s.  v.  Toga,  p.  1837  et  s.,  1888. 


très  usité  encore  aujourd’hui  dans  la  Rome  moderne  et 
que  connaissaient  très  bien  les  anciens4. 

En  même  temps,  on  transportait  les  lacunaria  dans 
l’architecture  des  grands  monuments.  Dans  les  plafonds 
plats,  en  pierre  ou  en  marbre,  que  nous  appelons  aujour¬ 
d’hui  sofittes5,  et  dans  les  voûtes,  des  cavités  creusées  en 
séries  droites  imitaient  visiblement,  par  leurs  sépara- 

LACUNA.  1  Varro,  Lilly,  lat.  V,  5.  —  2  pallad.  Res.  rusl.  I,  30,  1.  —  3  Servius, 
ad  Georg.  III,  365.  —  4  Lex  colley,  aguae  (Sacc.  I,  p.  Chr.),  dans  Bruns,  Fontes 
■juris  Rom.  anlig.  4'  édit.  p.  251,  14  ;  cf.  0.  Bliimner,  Teclinolog.  und  Termino¬ 
logie,  I,  161.  —  5  Jul.  Firmic.  Matcrnus,  Mathes.  VIII,  21.  —  «  Gloss.  Philoxen.-, 
cf.  Eslienne,  Thesaur.  ling.  gr.  s.  v.  Xaxxoïtoiô;. 

LACUNAR,  LACUNAltlUM,  LAQUEAR.  t  K.  Botticlier  ( Die  Tcktonik 
der  Hellenen,  t.  I,  1852,  p.  82,  n.  2|  n’admet  pas  la  synonyinio  complète 
des  mots  lacunar  et  laquear.  Suivant  lui,  le  lacunar  serait  le  schéma  du 
caisson,  et  le  laquear  tout  l’ensemble  des  séparations  entre-croisées,  entre 
lesquelles  sont  les  lacunaria,  de  telle  sorte  que  l’un  ne  saurait  exister  sans 
l’autre.  D’ailleurs,  Botticlier  lui-même  reconnaît  que  le  sens  a  dévié  et  qu  ou 
en  est  arrivé  à  donner  au  tout  le  nom  de  la  partie.  —  2  Transenna  dans 
Salluslc,  Fragm.  II,  a  le  même  sens  que  lacunar  :  le  contexte  indique  assez  que, 
dans  ce  passage,  ce  mot  désigne  l’entre-croiscment  des  poutres  entre  lesquelles 
étaient  ménagés  les  lacus.  Valère  Maxime  (IX,  1,  5),  racontant  le  même  fait  que 
Salluste,  emploie  l’expression  demissas  lacunaribus,  là  où  Salluste  avait  écrit 
transenna  . demissum .  —  3  Isidor.  Orig.  XIX,  12,  1.  —  4  Cf.  Plin.  Hist.  nat. 
XXXV,  7,  4  ;  36,  5-6.  —  3  Vitruv.  IV,  3. 


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tions  se  coupant  comme  des  poutres,  les  lacunaria  en 
bois.  C’est  ainsi  que  la  coupole  du  Panthéon,  a  Rome,  est 
tout  entière  ornée  de  lacunaria  rectangulaires;  dans  la 
même  ville,  près  du  Forum,  l’abside  et  la  nef  du  temple 
de  Vénus  et  de  Rome  nous  offrent  un  double  exemple  de 
lacunaria ,  les  uns  en  losange,  les  autres  en  carrés 
(fig  4322,  d’après  une  photographie).  C’est,  non  aux  la¬ 
cunaria  primitifs,  mais  aux  lacunaria  artificiels  dont 
nous  venons  de  parler,  que  s’applique,  dans  fous  ses 
termes,  la  définition  que  nous  en  a  laissée  Isidore1. 

Il  est  naturel  qu’on  ait  vite  attribué  aux  lacunaria  une 
large  part  dans  la  décoration  des  édifices  et  des  appar¬ 
tements.  Au  témoignage  de  Pline  2,  Pausias  de  Sicyone, 
peintre  renommé  de  petits  tableaux  de  genre,  surtout  de 
scènes  enfantines,  qui  vivait  au  iv°  siècle  av.  J.-C.,  fut  le 
premier  qui  peignit  les  lacunaria.  Les  principaux 
auteurs  qui  ont  traité  de  la  peinture  dans  l’antiquité 
sont  d’avis,  et  sans  doute  avec  raison,  que  Pausias  ne  fut 
pas  réellement  le  premier  peintre  de  plafonds,  mais  qu’il 
innova  dans  cet  art,  substituant  des  tableaux  de  genre  à 
une  peinture  plus  sévère  et  surtout  ornementale3.  Et  en 
effet,  il  serait  bien  surprenant  que,  en  Grèce  où  la  poly¬ 
chromie  fut  en  honneur  même  dans  Part  archaïque,  les 
plafonds  seuls  n’aient  pas  été  colorés.  Nous  savons  d’ail¬ 
leurs  que  les  Grecs  ornaient  les  caissons  de  leurs  plafonds 
d’étoiles,  de  fleurons, d’images  de  divinités4,  de  masques, 
d’étoiles  d’or  sur  fond  bleu,  d’ornements  en  bronze  rap¬ 
portés,  comme  à  l’Erechtheion  d’Athènes,  de  têtes,  de 
bustes  et  de  figures  entières  comme  dans  les  temples  de 
Balbek  et  de  Palmyre3.  Pausanias  fait  mention  des  lacu¬ 
naria  du  temple  de  Junon  à  Elis0  et  dit  que  ceux  de  l’an¬ 
tique  temple  de  Diane  à  Stymphale  étaient  ornés  de 
figures  d’oiseaux  qu’il  a  vues  d’en  bas,  sans  pouvoir  dis¬ 
tinguer  s’ils  étaient  en  bois  ou  en  plâtre  1  ;  ce  qui,  comme 
le  fait  remarquer  avec  raison  Raoul  Rochette8,  donne  à 
penser  que  ces  figures  d’oiseaux  étaienten  relief  et  peintes. 
A  une  époque  plus  tardive  à  Antioche,  Antiochus  Epiphane 
fît  construire  un  temple  dont  les  lambris  étaient  en  or9. 
Ce  luxe  s’appliquait  non  seulement  aux  temples,  mais  aux 
maisons  particulières.  Plutarque,  dans  une  anecdote  qui 
se  réfère  «au  v°  siècle  av.  J.-C.,  parle  d’une  maison  de 
Corinthe  dont  la  salle  à  manger  était  ornée  d’un  plafond 
somptueux  et  lambrissé10;  il  suffit  de  lire  dans  Diodore 
de  Sicile11  la  description  de  la  chambre  funéraire 
d’Alexandre  le  Grand  pour  comprendre  à  quel  point,  dès 
le  temps  de  Pausias,  la  Grèce  et  l'Orient  avaient  poussé 
l’art  de  décorer  les  plafonds.  Les  descriptions  conservées 
par  Athénée  du  vaisseau  de  Iliéron  II12,  de  la  tente  de 
Ptolémée  Philadelphe13  et  du  vaisseau  de  Ptolémée  Phi- 
lopator  14  démontrent  que  cette  tradition  ne  fut  pas  inter¬ 
rompue10. 

A  Rome,  c’est  seulement,  si  l’on  en  croit  Pline16,  au 
ti°  siècle  av.  J.-C.,  après  la  prise  de  Carthage,  que,  pour  la 
première  fois,  furent  dorésles  soflttes  du  Capitole. Depuis, 
ajoute  cet  auteur,  l’usage  s’est  étendu  aux  maisons  parti- 

l  L.  I.  :  «  Laqueavia  sunt  quae  cameram  sublcgunl  el.  ornant,  quac  et  lacunaria 
dicuntur,  quocl  lacus  quosdam  quadratos  vel  rotundos  ligno,  vel  gypso,  vel  eolorilms 
habeant  pictos  cum  signis  intermicanlibus.  —  2  Hist.  nul.  XXXV,  40,  1-2.  —3  Rauul 
Rochette,  Peintures  antiques  inédites,  p.  13G-137  ;  Letronne,  Lettres  d'un  anti¬ 
quaire  à  un  artiste,  p.  320  sq.  ;  Helbig,  Untersuchungen  über  die  campanische 
Wandmalerei,  p.  132  sq.  —  4  Cf.  K.  Botlicher,  Die  Tektonik ,  [,  p.  80,  sq, 

—  B  Cf.  Raoul  Rochette,  O.  I.  p.  132.  —  0  V,  20,  2.-7  vil I  22  5 

—  8  O.  I.  p.  134.  —  9  Liv.  XLI,  20  :  laqueatum  auro.  —  10  Lycurg  XIII 

—  n  xvill,  26.  -  12  v,  41  (207,  E).  -  13  V,  25  (190,  C).  -  H  y,  3g 


culières,  et  on  en  est  arrivé  à  dorer  les  plafonds  et  les 
voûtes  comme  des  vases.  Ajoutons  toutefois  que,  avant 
la  prise  de  Carthage,  Ennius,  dans  un  texte  conservé  par 
Cicéron17,  avait  déjà  parlé  de  tecta  caelata,  laqueata. 

Nous  trouvons  dans  les  auteurs  de  nombreuses  allu¬ 
sions  à  ces  lambris  dorés  dont  parle  Pline18.  Non  seule¬ 
ment  on  les  dorait,  mais  on  les  ornait  de  fleurons,  de 
ligures  et  d’autres  ornements  soit  peints l9,  soit  sculptés20. 
Les  perspectives  d’architecture  qui  décorent  les  murailles 
de  beaucoup  de  maisons  de  Pompéi  offrent  plus  d’un 


Fig.  4323.  —  Plafonds  lambrissés. 

exemple  de  plafonds  lambrissés  (fig.  4323) 21 .  Une 
miniature  du  AGrgile  du  Vatican  22  représente  le  bûcher 
de  Didon  dressé  sous  un  plafond  semblable. 

Les  lacunaria  étaient  souvent  de  fines  œuvres  d’ébénis- 
lerie  ou  de  marqueterie,  avec  incrustation  de  tablettes 
d’ivoire23,  de  bois  précieux,  spécialement  de  citronnier24, 
de  plaques  d’or20  ou  d'autre  riche  métal,  d’où  l’expression 
bracteatum  lacunar 2G. 

Mais  le  luxe  était  poussé  plus  loin  encore;  on  fit  des 
lacunaria  machinés  et  mobiles.  Ceux  de  la  maison  dorée 
de  Néron  étaient  garnis  de  plaques  d’ivoire  qui  s’ou¬ 
vraient  pour  verser  sur  les  convives  des  fleurs  et  des  par¬ 
fums21  ;  chez  Metellus  Pius,  une  couronne  d’or  descendait 
du  lacunar  sur  sa  tête28,  ou  une  Victoire,  avec  un  bruit 
imitant  la  foudre,  venait  elle-même  le  couronner29;  au 
repas  de  Trimalchion,  un  cercle  d’or  descend,  chargé  des 
présents  destinés  aux  convives  [apopuoreta]  30.  Sénèque31 
parle  d'une  maison  où  le  lacunar  changeait  à  vue  à  l’aide 
d’un  mécanisme  ;  de  telle  sorte  qu’à  chaque  nouveau 
service  correspondait  une  nouvelle  ornementation  du 
plafond.  Dans  les  monuments  publics,  les  lacunaria  furent 
aussi  de  plus  en  plus  ornés;  l’habileté  toujours  plus 
grande  des  architectes  et  des  ouvriers  de  plus  en  plus 
maîtres  de  leur  métier,  unie  à  la  décadence  du  goût, 
amena,  dans  ce  détail  aussi  bien  que  dans  l’ensemble  de 
l’architecture,  la  richesse  et  la  prodigalité  des  ornements. 

(205,  E).  —  15  Cf.  Raoul  Rochelle,  O.  t.  p.  139  sq.  —  10  Hist.  nat.  XXXIII,  18. 
—  H  Tusculaii.  I,  35.  —  18  Virgil.  Aen.  I,  72G  ;  Horal.  Od.  II.  18,  1  ;  Sonec.  Epist. 
XC,  9  ;  Plin.  XXXIII,  18  ;  Apul.  Florid.  IV,  22  ;  Claudian.  Dell.  get.  223.  —  19  Plin 
XXXV,  40,  1-2;  Isidor.  Orig.  XIX,  12,  1.  — 20Cicer.  Tusculan.  I,  35  ;  Senec.  Epist. 
XC,  42.  —  21  Mazois,  Daines  de  Pompéi ,  II,  pl.  xxvi.  —  22  Fig.  V,  fol.  0.  —  23  Horat. 
Od.  II,  18,  1  ;  Senec.  Quaest.  nat.  I,  prolog.  7  ;  Apul.  Met.  V.  —  24  Horat.  Od. 
IV,  1,  20  ;  Apul.  L.  I.  — 25  Liv.  XLI,  20  ;  Sidon.  Apoll.  Epist.  II,  10,8.  — 2G  Sidon. 
Apoll.  I.  L.  ;  Senec.  Epist.  CXV,  9-10.  —  27  Sueton.  iVero,  XXXI.  —  28  Val. 
Max.  IX,  1,  5.  —  29  Sallust.  Fragm.  II.  —  30  Petron.  LX.  — »  31  Epist.  XC,  15. 


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Les  restes  des  monuments  antiques  en  gardent  de  nom¬ 
breux  exemples  L  L’ouvrier  qui  faisait  des  lacunarin 
s’appelait  laquearius 2. 

IL  —  Le  mot  lacunar  désignait  aussi  un  cadran  solaire 
[uohologium],  de  forme  rectangulaire,  appelé  en  grec  tAiv- 
6tov,  inventé  par  Scopinas  de  Syracuse.  On  en  avait  placé 
un  à  Home  dans  le  circus  Ffnminius 3.  Henry  Tiiébenat. 

LACÜIVARIUS  [lacunar], 

LACUS(Aaxxcç).  —  Chez  les  Grecs,  le  mot  Kxxoç  désigne 
un  creux,  une  cavité  et,  par  extension  :  une  citerne1 
[cisterna],  les  fontaines  ou  bassins,  dans  les  villes2,  un 
vaste  réservoir  souterrain, de  forme  ronde  ou  carrée,  aux 
parois  enduites  de  chaux,  où  l’on  conservait  l’huile  ou 
le  vin3,  une  pièce  d’eau  aménagée  pour  l’élevage  des 
oiseaux  aquatiques4.  Arrien,  dans  son  périple  d’Erythrée, 
mentionne,  parmi  des  étoffes  et  des  pièces  de  vêtements 
provenant  de  l’Ethiopie,  un  produit  qu’il  appelle  Xàxxc; 
/owgdaivGç11,  et  dont  il  est  difficile  de  déterminer  la  nature. 

Les  acceptions  du  mot  lacus  sont  nombreuses  :  lac 
naturel  dont  l’État  tirait  un  revenu  en  mettant  la  pêche 
en  adjudication0;  grands  réservoirs  des  stations  d’eau 
(, hydreurmà )  établies  en  Égypte  pour  l’usage  des  cara¬ 
vanes1;  réservoir  découvert,  par  opposition  à  cisterna 
qui  était  un  réservoir  couvert8;  grand  bassin9;  pièce 
d’eau  artificielle  dans  une  ferme  ou  une  villa  10;  abreuvoir 11 
(on  établissait  ces  abreuvoirs  près  de  la  porte  des  villes, 
pour  l’usage  des  bêtes  de  somme  qui  entraient  ou  sor¬ 
taient,  et  aussi  pour  avoir  de  l’eau  à  portée  si,  en  cas  de 
siège,  l’ennemi  tentait  d’incendier  la  porte  12)  ;  bassin 
creusé  au  centre  d’une  cour  pour  recueillir  l'eau  des 
toitures,  lama  compluvius  13,  compluvium  [atrium, 
cavaedium]  ;  prison  (des  citernes  desséchées  ont  été  par¬ 
fois  employées  comme  prison14);  réservoir  d’une  fon¬ 
taine10;  fontaine10  [fons]. 

Le  mot  lacus  désigne  plus  spécialement  les  fontaines  ali¬ 
mentées  par  des  eaux  vives  et  naturelles11.  Rome  en  était 
abondamment  pourvue  et  Cicéron  loue  Romulus  d’avoir, 
à  ce  point  de  vue  spécial,  très  bien  choisi  le  site  de  sa 
ville18.  La  source  qui  jaillit  encore  au  fond  du  Tullianum 
appartient  à  ces  eaux  où  s’abreuvèrent  les  premiers 
habitants  de  Home.  Ces  lama  ou  fontes  ■ — on  leur  donnait 
ces  deux  noms  —  étaient  nombreux  à  Rome  où  les  fouilles 
et  les  travaux  ont  révélé  l’existence  de  puits  nombreux  l!). 
Les  noms  de  quelques-uns  ont  été  conservés;  ce  sont 
ceux  auxquels  s’est  attachée  une  légende  ou  une  croyance 
superstitieuse,  ceux  aussi  que  les  historiens  ont  men¬ 
tionnés  pour  localiser  quelque  fait  :  tels  sont  le  lacus 
Curtius 20 ,  le  lacus  ou  fons  Juturnae 21 ,  le  lacus  Servi¬ 
lius  22,  les  fontes  Apollinia ,  Camaenarum23 . 

Les  Romains  n’eurent  pas  d’autre  eau,  avec  celleduTibre 

l  Voir  les  beaux  lacunaria ,  avec  fleuron  central  de  l'arc  de  Tilus  (Philippi, 
Ueber  die  rüm.  Triumphabreliefe ,  cxlr.  des  Abhandl.  d.  Siichs.  Gesellsch. 
Wissensch.  t.  XVI,  1871,  pl.  n)  ;  voir  aussi  foknix,  p.  1461,  flg.  3232,  3233,  et  l'or¬ 
nementation  des  voûtes  des  tombeaux  de  la  Voie  Laline,  Monumenti  dell'  Instit. 
arch.  t.  VI,  1857,  pl.  xliii,  xuv,  xlix,  l,  u,  lui.  —  2  Cod.  Theod.  XIII,  4,  2; 
Glossar.  Phïloxen.  s.  v.  ;  Saumaise,  Notac  ad  Flav.  Vopisc.  392-393,  édit,  de 
Paris,  1620.  —  3  Vitruv.  IX,  8  (9). 

LACUS.  l  Allien.  IV,  21  (p.  170  C)  ;  Pbotius,  Lexilc.  s.  v.  a&xxoç  ;  Glossac  mss. 
ad  Gabr.  ap.  Estienne, Thésaurus,  s.  v.  Aàxxo;.  — 2Po!lux,  IX,  5  ;  cf.  éd.  d’Amster¬ 
dam,  1706,  p.  1012,  note  20.  —  3  Xcnoph.  Anabas.  IV,  2,  22  :  i.àxxoç  xoviard;  ;  Sui¬ 
das,  s.  v.  7.&xxo{  ;  Pbot.  s.  t’.  Xàxxo;.  —  4  Herodot.  VII,  119.  —  K  Arrian.  Peripl. 
Erythyr.  p.  4  (p.  146,  éd.  Blancard  et  Stock);  Saumaise  (in  Solin.  816  6,  R,  et 
in  Hist.  Aug.  éd.  de  1620,  398  a  F)  conjecture  :  7.ixxo;  ;rpw|iàTivoç,  laine  teinte. 
—  6  Festus,  X,  90,  s.  v.  lacus  lucrinus ,  p.  121,  éd.  Millier  ;  Isid.  Orig.  XIII,  19, 
7;  Brisson,  De  verb.  ad  jus  pertinent,  siynificatione,  s.  v.  Lacus.  —  1  Corp. 
inscr.  lat.  III,  suppl.  0627  :  lacci  uedificati  ;  cf.  le  commentaire,  p.  1210.--  8  Varr. 
Mes.  rust.  1, 11.  —  9  Varr.  Ling.  lat.  V,  5.  —  10  Varr.  Mes.  rust.  I,  1 1, 2.  —  n  Sueton. 


et  du  ciel,  jusqu’à  l’an  de  Rome  441  (313  av.  J.-C.)24.  Alors 
la  construction  du  premier  aqueduc,  quiamenal’at/Mfl  Ap- 
pia ,  donna  sans  doute  à  Home  les  premières  fontaines  ar¬ 
tificielles2’.  Mais  elles  ne  portèrent  pas  dès  cette  époque 
le  nom  de  lacus ,  et  Tite  Live  appelle  labra  [labrum]  les 
deux  fontaines  en  marbre  que  P.  Cornélius  Scipion  fil 
placer  au  Capitole  en  l’an  de  Rome  564  (=  190  av.  J.-C.)20. 

En  570  (=  184  av.  J.-C.),  les  censeurs  firent  paver  les 
lacus  de  Rome21.  C’était  une  mesure  utile;  en  effet,  ces 
sources  naturelles,  en  contact  avec  la  terre,  devaient  se 
troubler  dès  qu’on  les  agitait  un  peu  profondément;  les 
travaux  mis  en  adjudication  par  les  censeurs  durent 
fournir  aux  Romains  une  eau  beaucoup  plus  pure. 

C’est  seulement  au  temps  d’Auguste  que  s’établit  l’usage 
d’appeler  lacus  les  réservoirs  en  pierre  ou  en  marbre  des 
fontaines.  L’eau  des  aqueducs  était  amenée  par  des  con¬ 
duits  dans  un  certain  nombre  de  châteaux  d’eau  [castel- 
lum ,  aouaeductus]  ;  de  là,  des  tuyaux,  qu’on  appelait 
salientes ,  la  réparlissaient  dans  les  lacus  établis,  pour  les 
besoins  de  la  population,  dans  les  différents  quartiers  de 
Home28.  On  a  donné  au  tout  le  nom  de  la  partie  eu 
appelant  les  fontaines  lacus  ou,  quand  elles  étaient  jail¬ 
lissantes,  salientes ;  mais  c’est  la  réunion  de  ces  deux 
éléments  qui  faisait  la  fontaine  [fons  ;  ils  sont  d’ailletirs 
inséparables,  car  un  lacus ,  sans  les  salientes  qui  lui 
apportent  l’eau,  ne  serait  plus  une  fontaine29,  et  il  n’est 
pas  de  fontaine  jaillissante  dont  les  eaux  ne  retombent 
dans  une  de  ces  vasques  ou  bassins  appelés  lacus  et 
aussi  cantharus,  labrum.  Sous  Nerva,  l'usage  s’établit  de 
munir  chaque  lacus  de  deux  salientes  alimentés  par  des 
eaux  différentes,  afin  que.  si  des  réparations  ou  un 
accident  interrompaient  le  service  d'un  aqueduc,  les  lacus 
qui  en  dépendaient  ne  restassent  pas  à  sec30. 

Agrippa,  au  témoignage  de  Pline,  établit  à  Rome 
quatre  cents  lacus  alimentés  par  cent  trente  châteaux 
d’eau,  le  tout  orné  avec  une  grande  magnificence  de 
marbres  précieux,  de  quatre  cents  colonnes  et  de  trois 
cents  statues  de  marbre  et  de  bronze31.  Il  restaura  et 
embellit  aussi  les  anciens  lacus-,  nous  savons  qu’il  orna 
le  lacus  Servilius  d’une  hydre32,  bas-relief  ou  statue, 
qui,  sans  doute,  versait  l’eau  par  plusieurs  de  ses  nom¬ 
breuses  têtes.  Les  lacus  de  Rome  dont  les  noms  nous  sont 
parvenus  étaient  pour  la  plupart  dénommés  d’après  les 
œuvres  d’art  qui  les  ornaient:  lacus  Promethei™ ,  Pas- 
torisu,  Orphei 30,  Ganymedis 30,  Are  lis 37 ,  ou  d’après 
une  particularité  de  leur  construction,  lacus  tectus 38. 
Les  découvertes  de  Pompéi  nous  montrent  d’ailleurs, 
dans  des  proportions  plus  modestes  il  est  vrai,  avecquel 
artingénieux  les  Romains  savaient  varier  l’ornementation 
de  leurs  fontaines  [fons]. 

Galba,  VII  ;  Apul.  Met.  IX,  27.  —  12  Donalus,  ad  Terent.  Adelph.  IV,  2,  44;  Corp. 
inscr.  lat.  X,  5807  ;  inscr.  d’Allatri  :  Lacum  ad  portam.  —  13  Varr.  Mes.  rust.  I,  13, 
3.  — 14  Vidgat.  Genes.  XL,  50.  Cefail,  qui  est  mentionné  dans  la  Vulgate,  se  trouve 
confirmé  pour  Rome  par  la  disposition  du  Tullianum  qui  est  certainement  une 
ancienne  citerne  [carcerJ.  —  16  Serv.  ad  Aen.  VIII,  74.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  IX, 
1644.  —  17  Servies,  ad  Aen.  VIII,  74;  Isidor.XIII,  19,  9;  cf.  ForceIlini-I)e  Vitt, 
s.  v.  Lacus.  —  18  .De  rep.  Il,  6.  —  19  Cf.  Lanciani,  /  commentari  di  Frontino 
intorno  le  acque,  p.  4  et  s.  —  20  Forum,  p.  1288,  5.  —  21  Jbid.  p.  1290,  9. 
—  22  Ibid.  p.  1304.  —  23  Frontin.  IV.  -  21  ld.  I.  I.  —  25  Aquaeductus.  —  20  Tit. 
Liv.  XXXVII,  3,  7.  —  27  Id.  XXXIX,  44.  —  28  Vitruv.  VIII,  6  (7).  —  29  Dicebar 
sicco  vilior  esse  lacu,  Propcrt.  11,11,11.  —  30  Frontin.  LXXXVII.  —  31  plin.  Hist.  nat. 
XXXVI,  24,  17.  Le  texte  donne  700  lacus  ;  mais  il  faut  adopter  la  correction  400  pro¬ 
posée  par  0.  Gilbert,  Topogr.  der  Stadt  Mom,  III,  280,  n.  1,  car,  sans  elle,  après  les 
augmentations  de  Claude  et  de  Galba,  les  lacus  auraient  été  moins  nombreux  qu’au 
temps  d'Agrippa.  —  32  Festus,  5.  v.  Servilius,  p.  290,  éd.  Muller.  —  33  Notifia  et  Me- 
gionarium,  Reg.  I.  —  34  Ibid.  Reg.  III.  —  35  Ibùl.  Reg.  V. —  36  Ibid.  Reg.  VII.  —37  Corp. 
inscr.  lat.V I,  9664.  —  38  Urlicbs,  Codex  urbis  Momae  Topogr.  p.  57,  39. 


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—  905  — 


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Claude,  qui  amena  à  Rome  Vaqua  Amena  nova ,  la 
répartit  entre  de  nombreux  lacus  orna/ iss imi  i.  Le  règne 
de  Nerva  et  l’administration  de  Frontin  laissèrent  a 
Rome  591  lacus  alimentés  par  247  châteaux  d’eau,  ajou¬ 
tant  ainsi,  dit  Frontin  dans  son  rapport,  à  la  propreté  et 
à  la  salubrité  de  Rome,  à  la  fraîcheur  et  à  la  pureté  de 
l’air,  au  bien-être  des  habitants2.  Le  nombre  des  lacus 
augmenta  de  plus  en  plus;  il  avait  plus  que  doublé  au 
temps  de  la  Notifia  qui  en  compte  1204  et  du  Regiona- 
rium  qui  en  mentionne  1352 3.  Mais  il  faut  peut-être  com¬ 
prendre  dans  ces  chiffres,  outre  les  lacus ,  les  castella 
absents  de  ces  deux  documents4. 

Les  habitants  furent  admis  à  user  de  l’eau  des  lacus 
d’une  manière  de  plus  en  plus  large,  à  mesure  qu’elle 
devint  plus  abondante  [aquaeductus,  II].  Comme  les  autres 
monuments  de  Rome  affectés  au  service  des  eaux,  les 
lacus  étaient  entretenus  par  les  deux  familiae  créées, 
l’une  par  Agrippa,  l’autre  par  Claude  [aquarii]. 

Le  mot  lacus  désignait  encore  :  une  piscine  ou  une 
vasque  pour  les  bains5  [labrum];  de  grands  vases  ou 
vasques  6  ;  une  fosse  aux  lions1  ;  les  compartiments  d’un 
lacunar8;  le  vase  dans  lequel  le  vin  coulait  au  sortir  du 

pressoir9  [torcular] (un  lo¬ 
cus  creusé  dnns\e  sol  et  où  le 
j  ns  du  raisin  s’écoulait, grâce 
à  l’inclinaison  du  pavé, rem¬ 
plaçait  souvent  ce  vase10; 
parfois  aussi  le  pressoir 
était  dressé  entre  deux  de 
ces  lacus ,  d’où,  par  des 
tuyaux,  le  vin  s’en  allait  île 
lui-même  dans  les  cuves11)  ; 
la  cuve  où  le  vin  fermen¬ 
tait12,  et,  par  extension,  la 
cuvée  13  (Pline  se  plaint 
qu’on  frelaLait  le  vin  dans 
la  cuve  même  u)  ;  la  cuve  où  l’on  écrasait  le  raisin,  sans 
doute  avec  les  pieds15;  le  vase  où  coulaient,  au  sortir 
du  pressoir,  l’huile 16  ou  le  jus  de  tout  autre  fruit  pressé  17  ; 
des  divisions,  compartiments  réservés  dans  les  greniers 
[horreum]  pour  tenir  séparées  les  différentes  espèces 
de  légumes,  de  grains18  (on  les  appelait  aussi  lacuscu- 
lus19)  ;  un  saloir 20  ;  un  récipient  dans  lequel  on  plongeait 
le  fer  rouge  au  sortir  du  feu21;  un  auget  pour  gâcher  le 
plâtre  (fig.  4324) 22  ;  un  carré  peint  ou  cousu  sur  un  vête¬ 
ment,  d’où  laculata  vestis 23,  ou  plutôt  lacuata  vestis 21 
[secmentum].  II.  Thédenat. 

LACUSCITLUS.  —  Compartiment  dans  un  grenier, 
pour  déposer  des  légumes  ou  des  graines  [lacus, 
horreum]1.  Fosse  ménagée  autour  du  pied  de  la  vigne  et 
des  arbres2.  Henry  Thédenat. 

LAENA  [pallium]. 

LAETI.  —  Ce  nom  a  désigné  au  Bas-Empire  une 

l  Suolon.  Claud.  XX.  —  2  Frontin.  87  et  s.  —  3  Cf.  Notilia ,  Rcgionarium  ;  sur 
les  fontaines  de  Rome,  cf.  O.  Gilbert,  O.  I.  p.  278  et  s.  —  4  Ulpien  [Di/jcst.  XLI1I, 

21,  3,  §  3)  emploie  le  mot  lacus  pour  castellum.  —  &  Corp.  inscr.  lat.  X,  5807  : 
lacum  balinearium.  —  6  Voir  labrum.  —  7  Prudent.  Cathemer.  LXV  ;  Vulgat.  Daniel, 
VI,  7  ;  XIV,  30.  —  8  Scrv.  Ad  Aen.  I,  750.  — ‘3  Columel.  XII,  18,  3  ;  Isidor.  Origin. 
XX,  14,  22.  — 10  Varr.  R.  rust.  1, 13.  —  H  Pallad.  1, 18.  — 12  Gicer.  Brutus ,  LXXXlll  ; 
Üvid.  Fast.  IV,  888;  Plin.  Hist.  nat.  XIV,  2,  3;  Cal.  Res  rust.  XXV;  Colum.  Res 
rust.  XII,  18,  3,  29.  —  13  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  74,  G.  14  Id.  XXIII,  20.  1. 
—  1S>  Cat.  Res  rust.  XXV.  —  16 Colum.  XII,  50,  5  ;  Isid.  Or.  XX,  14,  22.  —  17  Colum. 
XV,  G,  8.  — 18  Id.  I,  G,  14;  XII,  50,  30.  —  io  Pallad.  1,  19.  —  20  Plin.  Hist.  nat. 
IX,  48,  3;  Colum.  XII,  53,  3.  —21  Virg.  Georg.  IV,  173;  Ovid.  Metamorph.  IX, 
170.  —  22  Frôhner,  Col.  Traj.  pl.  cxxvn  ;  cf.  Vitruv.  VII,  2,  2.  —  23  Isid.  Or.  XIX, 

22,  11.  —  24  Cf.  Salmas.  ad  Hist.  Aug.  513  a,  F,  édit,  de  1620. 


catégorie  d’auxiliaires  barbares,  établis,  sans  doute 
volontairement,  comme  colons,  sur  quelques  frontières 
et  en  d’autres  endroits,  à  la  charge  de  fournir  le  service 
militaire.  Ils.  ont  été  probablement  constitués  sur  le  mo¬ 
dèle  des  milites  limilanei.  Ils  sont  mentionnés  pour  la 
première  fois,  à  la  fin  du  mc  siècle  ap.  J.-C.,  dans  le  pané¬ 
gyrique  de  Constance  Chlore  :  Maximien  avait  rétabli  sur 
le  territoire  des  Nerviens  et  des  Trévires  des  Lè tes  Francs 
qui  en  avaient  été  chassés  par  des  invasions1.  Iis  sont 
souvent  mentionnés  par  Ammien  Marcellin  2  et  par  le 
Code  Théodosien3;  ils  figurent  sous  le  nom  de  Litiani 
dans  l’armée  conduite  par  Aetius  contre  Attila4;  la  der¬ 
nière  mention  se  trouve  dans  une  loi  de  l’empereur 
Sévère  de  465 s.  La  Notifia  dignitalum G  énumère  pour 
l’Occident,  au  début  du  ve  siècle,  douze  corps  de  Lètes 
cantonnés  dans  la  Gaule,  soit  seuls,  soit  réunis  à  des 
corps  de  g  enfiles,  et  chacun  sous  la  direction  d’un  prae- 
fectus,  à  savoir  :  le  praefeclus  Laetovum  Teuton  iciano- 
rum  Carnunta  (à  Chartres)  ;  le  praefectus  Laetorum 
Batavorum  et  gentilium  Suevorum ,  à  Bayeux  et  à  Cou- 
tances;  le  praefeclus  Laetorum  gentilium  Suevorum,  au 
Mans  ;  le  praefeclus  Laetorum  Francorum ,  à  Rennes;  le 
praefectus  Laetorum  Lingonensium  per  di versa  disper- 
sorum  Belgicae  primae,  répartis  en  différents  endroits 
de  la  première  Belgique;  le  praefectus  Laetorum  Acto- 
rum  (peut-être  Aeduorum )  Epuso  (peut-être  Yvoi)  dans 
la  première  Belgique  ;  le  praefectus  Laetorum  Nervio - 
T'uni,  Fanomantis  (plutôt  Fano  Martis )  (peut-être  Fa- 
mars,  près  de  Valenciennes)  dans  la  deuxième  Belgique  ; 
le  praefeclus  Laetorum  Batavorum  Nemelacensium, 
à  Arras;  le  praefectus  Laetorum  Batavorum  Con- 
traginnensium  7,  à  Noyon  ;  le  praefectus  Laetorum  gen¬ 
tilium 8,  à  Reims  et  à  Senlis;  le  praefectus  Laetorum 
Lagensium*,  près  de  Tongres;  le  praefeclus  Laetorum 
gentilium  Suevorum,  à  Clermont.  On  voit  que  quelques- 
uns  de  ces  corps  sont  cantonnés  à  l’intérieur  de  la  Gaule, 
à  Clermont,  à  Chartres,  au  Mans,  ou  le  long  de  la  Manche, 
à  Rennes,  à  Bayeux,  à  Coutances,  mais  que  la  plupart 
se  trouvent  sur  les  frontières  de  la  Germanie.  Quelques- 
uns  des  noms  qu’ils  portent  indiquent  certainement  leur 
origine;  tels  sont  les  Francs.  L’épithète  Teu/oniciano- 
rum  indique  aussi  une  origine  germanique;  les  troi¬ 
sième,  dixième  et  douzième  groupes  sont  probablement 
des  Suèves  qui  fournissaient  à  la  fois  des  Lètes  et  des 
geniiles’,  les  épithètes  locales  que  portent  deux  des  corps 
de  Bataves,  le  huitième  et  le  neuvième,  paraissent  indi¬ 
quer  des  cantonnements  ;  il  en  est  de  même  des  épithètes 
Batavorum,  Lingonensium,  Aeduorum ?,  Nerviorum , 
qui  ne  peuvent  guère  se  rapporter  à  l’origine.  Alors  les 
Lètes  Nerviens  auraient  été  établis  sur  le  territoire  même 
des  Nervii-,  les  Bataves,  les  Lingons,  les  Éduens  très 
loin  de  leurs  centres  légaux  de  cantonnement.  Du  reste, 
il  avait  dû  y  avoir  plus  d’un  déplacement.  Les  Lètes  se 

LACUSCULUS.  1  Pallad.  I,  19.  —  2  Columel.  IV,  8,  2  ;  d  où  le  verbe  ablaquare , 
(Plin.  XVII,  47),  corruption  de  ablacuare ,  de  lacus  ;  cf.  Saumaise,  in  Solin,  p.  366, 
éd.  d’Ulrecbt,  1089. 

LAETI.  1  Paneg.  Vet.  V,  21  (éd.  Behrens).  Tel  est  le  sens  incontestable  de  ce 
passage  :  «  Nerviorum  et  Treverorum  arva  jaccntia  Laetus  postliminio  restitutus 
et  receptus  in  leges  Francus  excoluit  ».  C'est  à  tort  que  Behrens  remplace  laetus 
par  relut.  —  2  16,  11,  2-4  ;  20,  8,  13;  21,  13,  IG.  —  3  7,  20,  10  (3G9)  ;  7,  20,  12 
(400)  ;  «  Quisquis  laetus  (à  la  place  de  luctus)  Alamanmis,  Sarmata,  vagus...  »  ;  13,  H, 
9  (399).  —  4  Jordan,  De  reb.  Getic,  306;  les  manuscrits  donnent  les  formes  litiani 
liticiani,  litigiani.  —  ^  Nov.  2,  1  (texte  altéré).  Des  abrégés  de  cette  loi  portent  : 
«  ut  si  ex  marcianilano  cl  anderoneco  —  marcianitano  lito  andorinico  ».  —  6  XLI1, 
33-44,  p.  216-217  (éd.  Seeck).  —  7  Est-ce  Cliauny?  Condren?  —  8  Seeck  propose 
de  lire  :  «  laetorum  gentilium  S ueborum  ».  —  9  Est-ce  Luaige  sur  le  Jaar  ? 


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—  90G  — 


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trouvaient  donc  surtout  dans  la  Gaule,  et  c’est  pour  cette 
raison  que  Zozime  les  appelle  à  tort  un  peuple  gaulois  L 
Le  texte  du  panégyrique  de  Constance  Chlore  prouve  que 
les  premiers  établissements  étaient  antérieurs  aux  cam¬ 
pagnes  de  Maximien  en  Gaule.  Y  en  avait-il  seulement 
dans  ce  pays  ?  D’après  Ammien2,  on  établit  en  370  des 
Alamans  dans  le  nord  de  l’Italie;  or,  nous  savons  qu’il 
y  avait  des  Lètes  Alamans  ;  il  se  peut  donc  qu’il  y  ait  eu 
au  moins  pendant  quelque  temps  des  Lètes  Alamans  en 
Italie.  Tous  les  textes  représentent  les  Lètes  comme  d’ori¬ 
gine  barbare  et  surtout  germanique3  ;  ils  citent  des 
Alamans  %  des  Francs,  des  Suèves !i,  et  on  peut  sans 
doute  encore  y  comprendre  des  Sarmates  :  le  texte  du  Code 
Théodosien  sur  les  Sarmates  est  obscur0,  mais  un  vers  de 
Claudien  '  indique  des  établissements  de  Sarmates  en 
Gaule  sous  Gratien. 

Au  point  de  vue  juridique,  les  Lètes  n’étaient  certai¬ 
nement  pas  assimilés  aux  dediticii;  la  lettre  de  Julien  à 
Constance  les  en  distingue  assez  nettement8.  Ils  n’avaient 
non  plus  rien  de  commun  avec  les  foederati  [foedus]; 
au  contraire,  ils  se  rapprochent  beaucoup  des  gentiles 
au-dessus  desquels  ils  paraissent  cependant  avoir  été 
classés.  Les  Lètes  n’étaient  ni  des  garnisons  locales,  ni 
des  corps  de  troupes  spéciaux:  mais  plutôt  des  espèces 
de  pépinières  où  le  gouvernement  romain  pouvait  puiser 
plus  largement  encore  que  parmi  les  colons.  Chaque 
groupe  était  organisé  en  corporation9  et  administré  par 
un  praefectus  ou  un  praepositus 10,  sous  la  direction 
générale  d  un  des  maîtres  de  la  milice,  du  magister  mi- 
litum  praesentalis  a  parle  peditum  ;  il  fournissait  des 
recrues,  selon  les  besoins,  soit  aux  légions",  soit  aux 
scholae  de  la  garde12.  Les  Lètes  cherchaient  souvent  à 
échapper  au  service  militaire  par  les  mêmes  fraudes  que 
les  autres  catégories  de  soldats,  soit  en  désertant,  en 
devenant  vagi ,  soit  en  obtenant  illégalement  des 
diplômes  de  retraite,  des  brevets  de  protectores ,  ou 
d’autres  dignités  soit  municipales,  soit  impériales,  soit 
ecclésiastiques13.  Il  est  probable  qu’ils  pouvaient  arriver 
aux  grades  de  praepositi  et  de  tribuni  dans  tous  les 
corps  de  troupes u  et  même  à  des  grades  supérieurs, 
comme  le  montre  l’exemple  de  Magnence15.  Godefroy  a 
prouvé16  que  l’obligation  imposée  à  beaucoup  de  fonc¬ 
tionnaires  de  fournir  des  garants  ne  s’appliquait  pas  aux 
praepositi  des  Lètes.  Les  Lètes  étaient  assujettis  hérédi¬ 
tairement  au  service  militaire.  En  échange  de  cette  obli¬ 
gation,  chaque  groupe  de  Lètes  avait  la  jouissance  héré¬ 
ditaire  et  irrévocable,  sauf  le  cas  de  fraude,  ou 
d  inexécution  des  charges,  d’une  certaine  étendue  de 
terres,  soumises  probablement  au  même  régime  que  les 
terrae  limitaneae  et  les  fundi  limitrophi  [limes,  limi- 
tanei]  ,  et  appelées  terrae  laeticae.  Une  constitution 

12,  54.  —  2  28,  5;  cf.  Godefroy,  Ad  C.  Th.  13,  1 1, 9.  —3  Ammian.  10,  U,  0. 

—  4  C.  Th.  7,  20,  12  ;  Aoson.  Gratiar.  act.  c.  4;  Claudian.  In  Eutrop.  I,  394-395. 
-r->Notit.  Oignit.  I.  c.  ;  Auson.  VI;  Paneg.  Vet.  I.  c.  —  c  7,  20,  12.  —  7  In 
Mosell.  9.—  »  Ammian.  28,  8,  13.  —  9  Sever.  Nov.  2,  I,  l.c.  —  10  Notit.  Oignit, 
t.c.  -.C.  Th.  7,  20,  10.—  il  C.  Th.  7,_  20,  12;  Ammian.  21,  13,  16.  — 12  Ammian.  20, 

8,  13.  —  13  c.  Th.  7,  20,  12.  —  H  On  pcul  le  conclure  de  C.  Th.  7,  20,  12-13. 

—  10  Zosim.  I.  c.  ;  Julian.  Paneg.  Constant.  I,  p.  219;  Aurel.  Vicl.  Epit.  41,  42. 

—  10  Ad.  C.  Th.  13,  11,9.  17  C.  Th.  13,  H,  9.  Claudien  [in  Eutrop.  I,  377) 

signale  à  celle  dale  des  établissements  de  Germains,  de  Chauques,  de  Suèves,  de 
Francs.  -  18  D'après  Paneg.  vet.  I.  c.  el  Ammian.  20,  4,  1  ( Dus  rômische  Mili- 
taerwesen  seit  Diocletian,  Hermes ,  1889,  p.  251-252).  —  19  Ammian.  25,  4,  15. 

—  20  JVotitia  Galliarum,  s.  v.  laeti.  —  21  Ad  Ammian.  10,  il,  4.  —  22  Histoire  des 
Empereurs,  IV,  1,  88.  —  23  Histoire  critique  de  la  monarchie  française,  1,  10. 

—  24 Oie  germanischen  Ansiedlungen,  V,  p.  109  etsuiv.  —  25  Guérard,  Polyplique 
d'irminon,  I.  p.  280  ;  Wâchter,  Gloss.  Germ.  p.  972;  Rambach,  De  Laetis,  p.  17  ; 


d’Honorius,  de  399,  constate  que  des  barbares,  introduits 
en  masse  dans  l’empire,  avaient  occupé  plus  de  terres 
létiques  qu’ils  ne  devaient,  grâce  à  la  collusion  des  ma¬ 
gistrats  municipaux,  principales  et  défenseurs;  et  elle 
envoie  des  inspecteurs  chargés  de  reviser  les  concessions 
en  décidant  qu’elles  ne  seraient  accordées  à  l’avenir  que 
par  décision  impériale 17.  Mommsen  a  conjecturé 18 
qu’une  partie  de  l’impôt  des  terres  létiques  revenait  à  la 
cité,  centre  légal  du  cantonnement,  et  que  c’est  en  res¬ 
taurant  les  établissements  létiques  de  la  Gaule  que  Julien 
avait  pu  rendre  leurs  revenus  à  plusieurs  cités  de  la 
Gaule19  :  cette  hypothèse  est  insuffisamment  fondée. 

On  a  proposé,  sans  arriver  à  une  conclusion  satisfai¬ 
sante,  de  nombreuses  étymologies  du  mot  laetas.  11  faut 
rejeter  d’abord  l’opinion  des  auteurs  tels  qu’Adrien 
Valois20,  Henri  Valois21,  Tillemont22,  qui  voient  dans  ce 
mot  le  nom  propre  d’un  peuple  gaulois  ou  germanique. 
C’est  évidemment  un  terme  générique.  On  a  voulu  y  voir 
l’adjectif  lactus,  joyeux,  c’est-à-dire  un  surnom  de  troupes, 
comme  la  légion  des  pétulantes  **  ;  celte  étymologie  est 
aussi  invraisemblable  que  celle  de  Gaupp  qui  a  rapproché 
ce  mot  de  l’adjectif  grec  X^ïto?  (public,  populaire)24.  Beau¬ 
coup  d’auteurs  le  regardent  comme  la  traduction  latine 
d’un  mot  germanique,  tel  que  liul,  liait,  leod ,  led,  lente, 
qui  signifierait  les  gens,  les  auxiliaires25.  D’autres  le 
font  venir  du  celtique  laydh,  leyt,  signifiant  une  classe 
de  clients26.  L’opinion  la  plus  vraisemblable  est  celle  qui 
rapproche  les  laeti  gallo-romains  des  /ides  qui  consti¬ 
tuaient,  au-dessous  des  nobles  et  des  hommes  libres,  la 
classe  inférieure  de  la  population  dans  toutes  les  races 
germaniques  sous  les  différents  noms  de  liti,  lidi ,  /edi. 
leti,  laeti,  lassi ,  lazzi 21.  Ch.  Lécrivain. 

LAETITIA.  — Cette  divinité  fait  une  apparition  tardive 
dans  le  panthéon  romain,  car  c’est  seulement  au  n°  siècle 
après  notre  ère  que  les  monnaies  romaines  en  donnent 
des  représentations.  Comme  pour  beaucoup  d’autres 
divinités  secondaires,  à  la  même  époque,  le  type  de  la 
Laetitia  est  variable  et  semble  avoir 
dépendu  de  la  fantaisie  des  artistes  ’. 

Sur  une  monnaie  en  or  d’Antonin  le 
Lieux,  à  la  légende  Laetitia  cos  INI, 
on  voit  Cérès  debout,  tenant  deux  épis, 
et  à  côté  d’elle  Proserpine  tenant  une 
grenade.  Un  autre  aureus  du  même  em¬ 
pereur  montre  une  femme  debout 
tenant  deux  épis  et  serrant  contre  elle  un  enfant.  Sur  les 
monnaies  des  empereurs  et  impératrices  qui  se  succèdent 
jusqu’au  commencement  du  iv°  siècle,  la  Laetitia  est 
représentée  seule,  tenant  une  couronne  et  un  sceptre 
(Faustine  jeune,  fig.  4325),  ou  une  branche  de  laurier 
et  une  palme  (Commode),  ou  deux  épis  el  un  gouvernail 

Giraud,  Essai,  I,  p.  185.  —  26  Loo,  Gloss.  Malberg.',  S  y  bol,  Oie  deuts.  Unterth.  p.  40; 
Moue,  Urgeschichte,  II,  p.  208.  —  27  Voir  à  ce  sujet  Bücking,  Notit.  Dign.  Occid. 
p.  1040-1053.-  BiBi.ior.RAPHiK.  J.  Godefroy,  Ad.  C.  Theod.  VU,  20,  10,  12,  p.  443- 
440  (éd.  Hitler)  ;  Gaupp,  Die  germanischen  Ansiedlungen  in  den  Provin  zen  des 
rômischen  Westreichcs,  1844,  V,  p.  109  et  suiv.  ;  Peligny,  Études  mérovingiennes, 
1851  ;  Guérard,  Polyplique  d’irminon,  1845,  I,  p.  250  cl  suiv.  ;  Giraud,  Essai  sur 
l’histoire  du  droit  français  au  moyen  âge,  I,  p.  184  et  suiv.  ;  Rôcking,  Notitia 
dignitatum,  Occ.  1853,  p.  1044-1080  ;  Léotard,  Essai  sur  la  condition  des  Barbares 
établis  dans  l’empire  romain,  1873,  p.  103-109;  Mommsen,  Das  rômische  Militaer- 
wesen  seit  Diocletian,  Hermes,  1889,  p.  251-252. 

LAETITIA.  1  Voir  ce  que  nous  avons  dit  à  propos  du  lype  de  I ’Annona,  Bull,  de 
la  Soc.  des  Ant.  de  France,  1899,  p.  245.  —  Bibi.iophaphie.  Eckhel,  Doctrina  num.  VU, 

21  ;  cf.  78,  1 10,  182,  200  et  475  ;  Cavedoni,  Bull,  dell’  lst.  arch.  1804,  221  ;  Cohen, 
Descr.  passim  ;  Stevenson,  Roach  Smith  et  Fr.  Madden,  A  Diction,  of  rom.  coins, 
1889,  501  ;  Drexler,  dans  le  Lexikon  der  Mythol.  de  Roscher,  s.  v.  col.  1788  à  1791. 


Fig.  4325.  —  Laetitia. 


LAG 


—  907  — 


LAG 


posé  sur  un  globe  (Commode),  ou  une  couronne  et  un 
gouvernail  (Lucille,  Julia  Domna,  Elagabale,  Julia  Maesa, 
Carin),  ou  une  couronne  et  une  ancre  (Gordien  III, 
Philippe  père  avec  la  légende  laet  fvndata,  Yalérien, 
Gallien,  Salonine,  Tetricus  père  et  fils,  Claude  II, 
Quintille,  Aurélien,  Tacite,  Florien,  Probus,  Dioclétien, 
Allectus,  Constance  Chlore  et  Galère  Maximien).  Sur 
d’autres  pièces,  la  divinité  pose  le  pied  droit  sur  une  proue 
de  vaisseau  (Philippe  père),  ou  tient  une  corne  d’abon¬ 
dance  à  la  place  du  gouvernail  ou  de  l’ancre  (Claude  II). 

Ces  attributs,  épis,  corne  d’abondance,  proue  de  vais¬ 
seau,  gouvernail,  ancre,  laissent  supposer  que  les  repré¬ 
sentations  de  la  Laetitia  sont  en  relation  étroite  avec  celles 
de  YAnnona,  et  que  les  monnaie^  rappelaient  de  cette 
manière  les  arrivages  de  blé  qui  étaient  un  événement 
heureux  pour  Rome. 

On  trouve  aussi  des  types  plus  rares:  vaisseau  du 
cirque  entouré  de  quadriges  et  d’animaux  (laetitia 
temporvm,  Septime  Sévère,  Caracalla,  Géta;ces  monnaies 
rappellent  probablement  des  fêtes  données  au  retour  de 
l’Orient);  vaisseau  avec  rameurs  (Postume,  Carausius, 
Allectus)  ;  Jupiter  enfant  sur  la  chèvre  Amalthée  (Gallien)  ; 
instruments  de  sacrifice  (Tetricus  II). 

Eckhel  a  conjecturé  qu’on  avait  institué  des  cérémonies 
publiques  en  l’honneur  de  Laetitia.  Aucun  texte  n’apporte 
de  preuves  en  faveur  de  cette  hypothèse.  A.  Blanchet. 

LAGAAITM  (Aiy avov).  —  Gâteau  plat1  de  farine  de 
fromentque  l’on  mélangeait  avec  des  substances  diverses  : 
suc  de  laitue  et  vin2,  huile  ou  graisse3,  miel4,  lait3,  et  qu’on 
assaisonnait  avec  du  poivre  et  du  liquamen6.  La  variété 
de  ces  indications  montre  que  le  mot  laganum  a  un  sens 
général,  s’appliquant  à  un  genre  de  gâteaux  plutôt  qu’à  un 
gâteau  particulier7.  Le  caractère  commun  est  que  le  laga¬ 
num  est  une  feuille  de  pâte  allongée 8  et  frite  dans  l’huile9. 

C’était  une  friandise  faite  pour  les  intérieurs  modestes 
et  dédaignée  par  les  tables  fastueuses  10. 

C’était  aussi  une  espèce  de  pain  léger  et  peu  nourris¬ 
sant11,  composé  sans  doute  d’après  les  mêmes  procédés 
que  le  gâteau,  mais  dans  lequel  on  mettait  parfois  du 
levain  afin  que  la  pâte  pun  is  qualitatern  habeat 12.  Ce  pain 
était  peu  consistant  et  se  mangeait  sans  effort,  car,  dans 
le  traitement  des  fractures  de  la  mâchoire  inférieure,  Celse 
le  fait  succéder  immédiatement  aux  aliments  liquides 
jusqu’à  ce  que  la  fracture  ait  été  consolidée  par  un  cal 13. 

Enfin,  on  appelait  laganum  une  feuille  de  pâte  dans 
laquelle  on  enveloppait  d’autres  substances  (viandes, 
œufs,  poissons),  mets  auquel  Apicius  a  donné  son  nom, 

(. patella  Apiciana  u),  et  qui  devait  ressembler  à  nos 
tourtes.  H.  Tiiédenat. 

LAGENA,  LAGYNOS  (Adyuvo ;).  —  I.  —  Ces  deux  mots 
désignent  un  même  type  de  vase,  qui  fut  en  usage  en  Ita¬ 


lie  comme  en  Grèce  ‘.  Les  Grecs  disaient  Xdyuvoç,  mot  qui 
était  à  volonté  masculin  ou  féminin  2  ;  les  Latins  disaient 
lageng ,  lagoena ,  lagona  3.  On  connaît  aussi,  par  les 
textes,  les  diminutifs  Xayuviov,  Aayuvtç,  laguncula  4. 

Le  lagynos  est  essentiellement  un  vase  destiné  à  con¬ 
tenir  du  vin.  Krause  croit  qu’il  y  avait  des  lagynoi  de 
grandes  dimensions,  jouant  le  même  rôle  que  les  am¬ 
phores  à  vin  et  les  pithoi  5.  Mais  de  l’ensemble  des  textes 
que  nous  possédons,  il  résulte  que  le  lagynos  des  Grecs, 
comme  la  lagena  des  Latins,  est  avant  tout  un  vase, 
analogue  à  nos  carafes  ou  à  nos  bouteilles,  en  usage  dans 
les  repas,  et  servant  à  verser  directement  le  vin  dans  les 
coupes  ou  les  verres.  Nous  voyons,  tant  par  les  textes 
latins  que  par  les  textes  grecs,  qu’il  s'agit  d’un  vase 
pansu,  avec  un  long  col  étroit,  et  un  petit  orifice  6.  Les 
épithètes  eûXdXoç,  6ypôtp6oyy oç  rappellent  le  murmure  du 
liquide  qui  s’écoule  par  un  étroit  goulot  7.  Un  poète  ap¬ 
pelle  le  lagynos  :  sœur  de  la  cylix  au  doux  nectar,  com¬ 
pagne  du  festin  8.  Dans  la  fable  du  Renard  et  de  la 
Cigogne,  telle  que  Plutarque  la  raconte,  on  voit  que  la 
Cigogne  sert  au  Renard  son  repas  dans  un  lagynos ,  au 
goulot  mince  et  long  9.  Les  lexicographes  nous  enseignent 
qu’on  désignait  parlesmots  de  |3utiv7i,  tcutîvt],  <pXa<7xtov,  une 
variété  de  lagynos  :  Xxyuvoç  tiXsxttj  10.  Cette  définition 
nous  permet  de  nous  représenter  une  bouteille,  en  verre 
ou  en  terre  cuite,  garnie  d’osier  à  sa  partie  inférieure, 
c’est-à-dire  quelque  chose  de  très  analogue  au  fiasco  des 
Italiens  d’aujourd’hui.  Les  voyageurs  et  les  chasseurs 
emportaient  leur  lagynos ,  c’est-à-dire  leur  gourde  de 
vin  11 .  Un  vase  d’argile  (fig.  4326)  qui  appartient  au  mu¬ 


sée  de  Saintes  12,  et  dont  la  forme  est  à  peu  près  celle 
qui  vient  d’être  décrite,  quoique  le  goulot  soit  peu  al¬ 
longé,  porte  l'inscription  :  « Martiali  soldelagonas  CLVI  », 
et  l’on  en  a  conclu,  non  sans  vraisemblance,  que  ce  vase 
est  une  lagona  ;  d’autre  part,  on  conserve  au  musée  Carna¬ 
valet  une  gourde  en  terre  cuite  (fig.  4327),  trouvée  à  Paris, 
portant  une  inscription  qui  indique  son  nom  :  lagona 13. 


LAGANUM.  1  Ilcsych.  s.  v.  Uyaw.  ;  Pliot.  s.  v.  W.T».vav.  ;  Allicn.  XIV,  57,  p.  647  E. 

2  Al  licn.  I.  c.  —  3  Hid.  ;  cf.  111,  p.  1 13  D.  —  4  Galen.  De  alim.  fac.  I,  4,  l.  VI,  p.  492, 
i'dil.  Kiilm.  —  5  Aclius,  Tetrubiblos,  I,  2,  97  (79  F),  d’après  Galion.  —  U  Acro,  ad 
Iloral.  Serin.  I,  G,  1 15  ;  Cruq.  Ad.  I.  L — 7  Allicn.  I.  c.  ;  cl'.  Casaubon  cl  Schweighaiiser, 
1.  \  II,  p.  5G3,  éd.  Bip.  —  8  Alhen.,  Acro,  Cruq.  I.  c.  —  9  Ilcsych .  s.  v.  ;  Allicn.  I.  c.  ; 
Isidor.  Orig.  XX,  2,  17.  —  10  Moral.  Serin.  I,  6,  115;  Acro,  Porphyr.  Cruq.  Ibid. 

u  Allicn.  III,  74,  p.  110  A .  —  12  Cad.  Aurelian.  De  morb.  chron.  II,  13.  —  13  Cels. 
VIII,  7.  —  H  Apic.  IV,  2. 

LAGENA,  LAGYNOS.  1  Lelronno,  Obscrv.  sur  les  noms  de  vases,  p.  49  ;  Ussin°-, 
De  nominibus  vasorum,  p.  36  ;  Krause,  Angeiologie,  p.  236-243.  —  2  Consulter 
à  ce  sujet,  le  Thésaurus  d’Eslienne  et  0.  Jalm,  Berichte  d.  Saechs.  Gesellschaft 
der  Wissenschaft.  zu  Leipzig,  1857,  p.  203.  Les  principaux  textes  anciens  relatifs 
au  lagynos  ont  été  recueillis  par  Athénée,  Deipnos.  XI,  p.  499.  11  faut  ajouter  • 
Lucian.  Lexiph.  §  13;  Anthol.  Palat.  V,  135;  VI,  248,  4;  Poil.  X,  72  ;  Plut. 
Moral,  p.  822  E  ;  Suid.  et  Etym.  Magn.  s.  v.  —  3  Consulter  le  dictionnaire  de 


Forcellini.  Principaux  textes  :  Plaut.  Cas.  I,  1,  43  ;  Moral.  Epist.  II,  2,  134;  Satir. 
II,  8,  41  ;  Juven.  V,  29  ;  XII,  60  ;  XIV,  271  ;  Martial.  IV,  46  ;  Vil,  61  ;  IX,  88  ;  XIV, 
116;  Petron.  Salyr.  22  ;  Pliu.  Hist.  nat.  XXVIII,  48,  2;  Colum.  X,  385;  XII,  38, 
45,  etc.  ;  cf.  0.  Jalm,  l.  c.  p.  204.  —  4  Poil.  X,  72  ;  Etym.  Magn.  p.  563,  38  ; 
Plut.  Moral,  p.  614  F;  Colum.  XII,  38;  Plin.  Jun.  Epist.  6.  —5  Krause,  Angciol. 
p.  205,  209,  236.  6  Anthol.  Palat.  V,  135;  VI,  248,  4  :  [xaxçox àçuyÇ,  trcetvaù^riv  ; 

Plin.  Hist.  nat.  XXVIII,  II,  48  ;  Juv.  XII,  60  :  «  cum  ventre  lagonae  »  ;  Colum.  X, 
383  et  sq.  ;  Suid.  s.  v.  ;  Apul.  Metam.  II,  15.  —  7  Atlicu.  XI,  p.  499  ;  Suid.  s.v. 

3  Ibid.  9  I  lut.  Ou.  SXJinp.  I,  5,  p.  614  E  :  èv  7ayoviSi  \nz-oy  lyoÿrTT.  xtù  [iaxjov 
-fàyriXov;  cf.  Pliaedr.  Fab.  I,  26,  8.  —  10  Hesych.  a.  v.  p-,mv>)  ;  Phot.  et  Suid.  s.  v. 
•ituT.'vii  ;  Scliol.  Arisloph.  Av.  798  ;  Plin.  Hkt.  nat.  XVI,  56,  2.  —  U  Athcn.  X,  p.  422c  ; 
Juv.  XU,  60  ;  Plin.  Epist.  6.  —  12  Rev.  arch.  t.  XII  (1875),  p.  155  ;  0.  Jalm, 
O.  I.  p.  197  ;  Thédenat  et  de  Villefosse,  Gazette  arch.  1885,  p.  261.  —  13  Rev. 
arch.  1868,  p.  226  ;  Mowat,  Remarques  sur  les  inscr.  cuit,  de  Paris,  p.  69;  Gaz. 
arch.  X,  p.  262;  0.  Jalm,  l.  I.  p.  197  ;  Bull,  de  l’Acad.  d.  inscr.,  1899,  p.  194,  210. 


LA  K 


—  908  — 


LAM 


La  forme  annulaire  qui  lui  est.  propre  peut  être  con¬ 
sidérée  comme  de  fantaisie.  Il  est  probable  que  le  môme 
nom  s  appliquait  a  des  vases  de  formes  assez  variées. 
Enfin,  nous  voyons  que,  au  moins  à  Rome,  la  lagena 
servait  à  conserver  et  faire  vieillir  le  vin.  Les  poètes 
parlent  de  lagenae  cachetées  L 

Les  archéologues  appliquent  quelquefois  le  nom  de 
lagynos  à  un  type  de  petite  bouteille,  pansue,  à  col  étroit, 
et  sans  anses,  généralement  pourvue  de  trous  de  suspen¬ 
sion  près  de  l'orifice,  type  qui  est  représenté  par  un  cer¬ 
tain  nombre  d  exemplaires  dans  les  collections  de  vases 
grecs,  spécialement  dans  le  groupe  des  anciens  vases  co- 
îinlhiens  -.  L  exemplaire  le  plus  fameux  de  ce  type  est 
le  vase  corinthien,  signé  du  nom  de  Timonidas,  sur  le¬ 
quel  est  représentée  la  rencontre  d’Achille  et  de  Troïlos3. 
Mais  l’identification  du  lagynos  reste  incertaine.  On  a  re¬ 
mat  qui*  que  ce  mot  ne  semble  pas  être  d’origine  très  an- 
(  hume,  et  qu  il  n  apparaît  jms  avant  l’époque  de  la 
comédie  moyenne  L 

Il  y  avait  des  lagynoi  de  toute  petite  taille,  qui,  comme 
les  lécythes,  étaient  destinés  à  contenir  de  l’huile  5. 
D  autre  part,  Columelle  parle  de  lagenae  qui  servaient  à 
conserver  des  fruits  ou  enfermer  des  confitures  6. 

One  inscription  1  fait  connaître  un  serviteur  de  la  mai¬ 
son  de  Trajan,  chargé  du  service  des  vins,  avec  le  titre  de 
a  lagona  ;  une  autre  8  nomme  un  adjutor  a  lagona. 

Athénée  raconte,  d  après  un  auteur  plus  ancien,  qu’il  y 
avait  a  Alexandrie  une  fête  appelée  Xayuvocpopta. C’était  une 

fête  en  l’honneur  de  Dionysos, consistant  essentiellement  en 

banquets, où  chacun  apportait  son  propre  Aâyuvoç  de  vin0. 

D’après  Athénée,  le  mot  lagynos  désignait,  à 
Athènes  et  à  Fatras,  une  mesure  de  douze  colyles 
attiques  [cotylos].  On  signale  aussi  un  Axyuvoç  rptyouç, 
c’est-à-dire  contenant  trois  choai  [cnoÉ]  10.  Louis  Couve! 

LAGUAAK1US.  —  Dans  une  inscription  l,  une  femme 
qui  vendait  ou  fabriquait  des  lagenae  est  appelée  laau- 
naria. 

LAKAIIYA  (Aàxaiva).  —  Vase  mentionné  par  Athénée1  : 

(  est,  dit-il,  une  sorte  de  coupe  (xuÀfxcov  eIooç)  dont  le 
nom  vient,  soit  de  l’argile  dont  le  vase  était  fait,  soit 
d  une  forme  particulière,  propre  à  la  Laconie.  E.  S. 

LAKOAIKAI  (Aaxtovixat).  —  Chaussure  d’homme1,  dont 
le  nom  indique  l’origine  lacédémonienne,  mais  dont  on 
se  servait  aussi  à  Athènes  et  ailleurs.  C’était  une  sorte 
d  embades  [embas]2,  c’est-à-dire  de  bottines  lacées  3.  11  y 
en  avait  de  grossières  et  d’usage  commun,  et  aussi 
d  élégantes,  pouvant  faire  partie  d’un  riche  costume, 
comme  celui  de  Lysias,  tyran  de  Tarse,  que  décrit 
Athénée  L  Cette  chaussure  était  blanche.  Pollux  parle 
aussi  1  de  lakonikai  rouges.  E.  Saglio. 

1  U  oral.  Epist.  11,2,  134  ;  Martial.  IX,  88  ;  Pers.  VI,  17.  —  2  0.  Jahn,  Vasens.  su 
München,  Einleitung ,  p.  xcm  ;  Wilisch,  Altkor.  Thonind.  p.  24  cl  pl.  »,  fig  22  • 
Baumeisler,  Denkmaeler,  III,  p.  1002  (Von  Rolidcn).  -  3  Collignon,  Calai,  des  \ases 
de  la  Soc.  Arch.  d'Athènes,  n»  181  ;  Arcli.  Zeitung,  1803,  pl.  clxxv  ;  Baumeister, 
Denkmaeler,  III,  lig.  2100.  —  4  Ussing,  De  nominibus  vasorum,  p.  36.  —  '■>  Etym. 
Alatjn.  p.  503,  38  :  àTT£rov  àXaioSdZov.  —  0  Coluin.  XII,  45.  —  7  Corp.  inscr.  lat. 
VI,  1884.  —  8  Ibid.  8800.  —  9  Athen.  VII,  p.  270  arb.  —  10  Ibid.  XI,  p.  490. 
LAGUNAIUUS.  1  Corp.  inscr.  lat.  VI,  0488. 

LAKAINA.  1  Deipn.  XI,  09,  p.  485  f. 

LAKONIKAI.  1  Aristoph.  Thesm.  141  ;  Lys.  74;  Eccl.  314,  345.  —  2  Dans  le 
passage  d’Aristophane,  Vesp.  1157,  où  Ion  a  voulu  voir  une  distinction  entre  ces 
chaussures,  oppose  seulement  les  lakonikai  à  tics  embades  plus  grossières. 

—  3  Aristoph.  Eccl.  508.  —  4  Deipn.  V,  p.  315.  —  ti  VII,  88. 

LAMIA.  I  Radical  U;io?,  W°S  =  abime.  Isidore,  Orig.  VIII,  1 1,  102, Mc  rattache 
à  laniare  ;  Suit!,  s.  v.  Aàjxta.  —  2  Stcsich.  ap.  Eustath.  p.  1714,  33  ;  cf.  Aristot.  De 
mor.  VII,  5  ;  Meinccke,  Comic.  graec.  fragm.  Menan.  p.  1 44..  —  3  Tim.  Lex. 
MoppoWov;  et  le  Thésaurus  de  II.  Estienne,  à  ces  mots;  cf.  Aristoph.  Han.  293  ] 


LAMIA  (Aajjxa).  —  Monstre  mythologique,  dont  le 
nom  est  en  rapport  avec  l’idée  d’abîme  dévorant,  laquelle 
se  retrouve  sous  la  même  forme  dans  celui  de  Lamos, 
roi  des  Leslrygons1.  Il  semble  qu’au  point  de  départ, 
Lamia  lut  tout  simplement  une  figure  de  la  légende 
marine,  analogue  à  Scylla  qu’on  lui  donnait  pour  mère, 
semblable  aux  Sirènes  et  aux  Harpyies  dont  elle  reproduit 
quelques  traits2;  de  là  elle  passa  dans  la  superstition 
populaire  qui  s’en  servait  pour  effrayer  les  enfants  en 
compagnie  de  Gorgo,  de  Mormolyké,  d’Empusa,  etc. 3. 
Nous  la  trouvons  à  ce  titre  dans  la  comédie  d’Aristophane 
et  elle  a  inspiré  des  drames  satyriques  aujourd’hui 
perdus*.  En  Libye,  où  sa  légende  prit  naissance,  elle 
passaiL  pour  une  fille  de  maison  royale  dont  s’éprit  Zeus; 
c’est  la  jalousie  d’Héra  qui  la  transforma,  tantôt  en  mère 
dénaturée  qui  dévore  ses  propres  enfants,  tantôt  en  mère 
malheureuse  qui,  privée  de  sa  progéniture,  se  confine 
dans  des  lieux  sauvages,  où  elle  s’abandonne  au  déses¬ 
poir.  On  racontait  que  Zeus  lui  avait  accordé  le  pouvoir 
de  quitter  à  volonté  et  de  reprendre  ses  yeux  ;  que,  buvant 
jusqu’à  l’ivresse  stupéfiante,  elle  était  inoffensive  durant 
son  sommeil,  mais  qu’à  l’état  de  veille  elle  errait  dans  les 
ténèbres  ”,  sinistre  fantôme,  vampire  altéré  de  sang, 
pour  s  abattre  sur  les  jeunes  enfants  et  les  épuiser  jusqu’à 
la  moelle,  elle  devenait  ainsi  1  explication  de  certaines 
maladies  aussi  soudaines  qu’étranges  qui  sévissaient  en 
particulier  au  temps  de  la  canicule6.  D'autres  incarnaient 
en  elle  les  effets  funestes  que  la  débauche  exerçait  sur 
les  grâces  et  la  vigueur  des  jeunes  gens7.  Sapplio  faisait 
d  elle  une  jeune  tille  de  Lesbos,  la  même  qui  ailleurs  est 
nommée  Gello  on  Gellôs  8  ;  une  tradition  la  localisait  dans 
une  caverne  du  mont  Cirphis,  près  de  Crissa  en  Phocide, 
une  autre  au  pays  fantastique  des  Leslrygons  dont  elle 
devenait  la  reine9.  Il  y  eut  ainsi  plusieurs  Lamies,  que 
1  imagination  populaire  mettait  en  action  partout  où,  sur 
1  enlanceetla  jeunesse,  sévissait  quelque  fléau  mystérieux. 
Les  striges  qu’Üvide  dans  les  Fastes  mêle  à  la  fable  de 
Carna,  sortes  de  démons  ailés  qui  durant  la  nuit  allaitent 
les  enfants  de  leurs  seins  empoisonnés  10,  ne  sont  que 
des  Lamies  accommodées  suivant  les  idées  latines.  C’esl 
d  ailleurs  chez  les  Latins,  et  même  bien  au  delà  de 
1  époque  classique,  que  ces  figures  ont  été  surtout 
exploitées  par  la  littérature,  les  Grecs  les  ayant  main¬ 
tenues,  autant  que  possible,  dans  le  cercle  des  supersti¬ 
tions  populaires.  Le  passage  où  Horace  défend  aux 
poètes  de  montrer  sur  la  scène  une  Lamie  du  ventre  de 
laquelle  on  arrache  vivant  l’enfant  qu’elle  a  dévoré, 
semble  indiquer  que  les  dramaturges  faisaient  du 
monstre  un  usage  au  moins  singulier  11 .  Plus  tard,  on  le 
représentait  sous  une  forme  double,  femme  par  le  buste 

Achar.  582;  Tcrlull.  Adv.  Valentin.  3.  Les  drames  satyrii|ues  sout  d'Euripide  et 
de  Cratès;  Schol.  Plat.  p.  963  B  et  915  B.  -  4  Aristoph.  Pax,  758  ;  Vesp.  1035 
avec  le  Schol.  Eguil.  639.  —  5  Plut.  Curios.  2;  Diod.  XX,  41.  citant  Euripide; 
Strah.  I,  19;  Isid.  Orig.  loc.  cil.  ;  Leutsch,  Paroemiogr.  Graec.  II,  498. 

—  5  llesych.  s.  v.  ;  cf.  Preller,  Gricch.  Mythol.  I,  p.  379  ;  507  Sq. 

-  ;  Philo str.  Vit.  Apoll.  IV,  25.  Sur  des  fables  analogues  dans  les  traditions  popu 
bures  de  la  Grèce  moderne,  voir  B.  Schmidt,  Volksleben  der  Neugriechen,  I, 

1  ”  1  et  SUIV-  —  8  Zcnob-  Iü>  3  i  Bcl'gk>  Fragm.  lyric.  Sappbo,  47  ;  cf.  llesych.  et 
Suid.  v.  VùAü,  ;  raioSç  uaiSoœiXoTEpa.  —  9  Anton.  Lib.  8  ;  Schol.  Thcocr.  XV,  40. 

I  anofka,  Annali,  1833,  p.  987  et  suiv.,  assimile  Lamia  à  Venus  Libitina.  _ iü  Ov. 

Last.  VI,  131  suiv.;  Uor.  Epod.  V,  20.  Une  inscription,  Corp.  inscr.gr.  5430,  Z, 

•*1 , 47,  mentionne  une  localité  appelée  Acqiiaî  \Mmoi  à  Akrae,  sans  doute  deux  collines 
que  I  on  comparaît  avec  les  seins  monstrueux  de  Lamia.  Voir  Stoll  chez  Roscher,  Lexi- 
kon  d.  Alythol.  II,  p.  1820,  et  Schmidt,  Op.  cit.  p.  134.  —  il  H0r.  ,4.  Poet.  340,  et  les 
interprètes  ;  cf.  Fricdlucnder, .Sittengeschichte,  1, 433.  Lamia  a  pris  place  dans  le’dramc 
populaire  des  Latins;  voir  Munck,  De  fabul.  Atellan.  p.  39  sq.  Sa  popularité  est 
attestée  par  des  locutions  familières  auxquelles  fait  allusion  Plutarque,  Demctr.  27. 


LAM 


—  909  — 


LAM 


et  àne  par  les  membres  inférieurs  ;  dans  la  fable  de  Psyché, 
les  sœurs  de  d’héroïne,  s’acquittant  de  leurs  fonctions  de 
tortionnaires,  sont  assimilées  à  la  fois  à  des  louves  et  à 
des  Lamies  On  a  cru  trouver  sur  un  vase  peint  à  figures 
noires2  une  représentation  de  Lamia  dans  la  figure  d’une 
femme  nue,  aux  traits  repoussants,  que  des  satyres  tor¬ 
turent  après  l’avoir  attachée  à  un  palmier.  Longpérier  a 
reconnu  une  Lamie  dans  un  oiseau  à  tête  humaine  figuré 
sur  un  vase  de  style  corinthien 3  ;  l’image  paraît  être  em¬ 
pruntée  aune  décoration  orientale  ;  il  l’a  ingénieusement 
rapprochée  d’une  mosaïque  de  bas  temps  où  des  oiseaux 
à  têLe  humaine  sont  désignés  par  une  inscription  lame  4. 

Les  Lamies,  au  nombre  de  trois,  paraissent  même 
avoir  été  l’objet  d’un  culte3.  J.-A.  Hild. 

LAMPADARIUS.  —  On  appelait  à  Rome,  sous  la  Républi¬ 
que,  lampadarii  les  appariteurs  qui,  la  nuit  venue,  précé¬ 
daient,  en  portant  des  lampades  (flambeaux  ou  torches) 
allumées,  les  principaux  magistrats  1  et  les  généraux 
vainqueurs  qui  célébraient  le  triomphe2;  sous  le  Haut- 
Empire,  les  empereurs  et  les  membres  de  la  famille  im¬ 
périale3,  et,  en  outre,  au  Bas-Empire,  plusieurs  hauts 
fonctionnaires4.  Les  décemvirs  et  les  édiles  des  colonies 
avaient  de  même  le  droit  de  faire  porter  devant  eux  des 
lampades  allumées6.  Les  lampadarii  étaient,  du  moins 
pendant  les  premiers  siècles  de  l’ère  chrétienne,  des  es¬ 
claves0.  Après  Dioclétien  et  Constantin,  les  lampadarii 
du  palais  impérial  formaient  un  groupe,  placé,  en  même 
temps  que  les  mensores ,  sous  l’autorité  du  magister  offi- 
ciorurn  \  A  leur  tête  se  trouvait  le  primicerius  Lampa- 
dariorum.  Une  novelle  de  Valentinien  III  nous  donne 
de  curieux  renseignements  sur  ce  primicerius.  Choisi 
parmi  les  lampadarii  eux-mêmes,  il  ne  devait  rester  que 
trois  ans  en  fonction,  afin  que  les  autres  lampadarii 
n’attendissent  pas  trop  longtemps  leur  tour.  Ceux  des 
lampadarii  qui  abandonnaient  leur  service  pendant  deux 
ans  perdaient  un  tour;  pendant  trois  ans,  ils  en  perdaient 
deux;  pendant  quatre  ans, ,  ils  en  perdaient  trois.  S’ils 
restaient  cinq  ans  absents,  ils  perdaient  tout  droit  au  poste 
de  primicerius  et  étaient  rayés  de  la  liste  des  candidats 8. 

A  la  même  époque,  les  préfets  du  prétoire  avaient  droit 
à  quatre  lampadarii'.  En  effet,  quatre  lampades  sont 
figurées  parmi  leurs  insignes  dans  la  Notitiadignitatum* . 
Par  une  faveur  exceptionnelle,  Justinien  accorda  le  même 
privilège  au  vicaire  du  diocèse  de  Pont10  ;  il  conféra  de 
même  le  droit  d  avoir  des  lampadarii  à  un  certain 
Bonus,  qu’il  avait  nommé  questeur  de  son  armée  et  qu’il 
avait  chargé,  par  mission  spéciale,  du  gouvernement  de 
la  Scythie,  de  la  Mysie,  de  la  Carie,  de  toutes  les  Cyclades 
et  de  l’ile  de  Chypre11.  J.  Toutain. 

LAMPADÉDROMIA.  —  Les  courses  aux  flambeaux, 


/  HüI'-  Schol‘  CrucO  A-  P»et.  340;  Apul.  Metam.  V,  H  ;  cf.  Ibid.  I,  17,  passages 
ou  Ion  voit  comment  les  Lamies  purent  servir  à  caractériser  les  courtisanes  ;  cf. 
dans  la  Irad.  de  la  Vulgate,  Isai.  34,  14,  cubavit  Lamia  et  invenit  sibi  requiem. 

—  2  M.  Meyer,  Mittheilungen  des  Instit.  Athen.  1891,  p.  300,  taf,  9.  Le  même 
auteur  avait  précédemment  vu  une  Lamia  dans  une  figure  monstrueuse  sur  un  vase 
peint,  Arch.  Zeitung ,  1885,  pi.  ix.  -3  Musée  Napoléon  III.  pl.  lxiv.  -  4  Gar- 
ducci,  Sul  grande  Alusaico  scop.  in  Pesaro,  1867,  pl.  i.  —  6  Corn  inscr  Int 
VII,  507  (dans  le  Norlhumberland). 

LAMPADAMUS.  l  Mommsen  et  Marquar.lt,  Manuel  des  antiq.  romaines  t  II 
irad.  franç.)  p.  61-62  2  Florus,  II,  2.  -  3 Marc.  Aur.  E„  Ucovév,  1,  .7  .  Her’odian. 

’  ’  ’  ’  >  Hi  3»  2;8,  6;  \  I[,  1,  9;  6,2.  —  4  Notit.  dignit.  Pars  Or  III  éd 

Boecking,  p.  125  ;  Occid.  II,  p.  8  ;  Corp.  jur.  civ.  éd.  Krueger,  t.  III  (Novellae,’  éd' 
Schoell),  p.  771  ;  Julian.  Antecess.  Epitome  latina  novell.  Justiniani,  éd.  Haenel! 
Constit.. XXX VIII.  —  5  Lex  Ursonensis ,  Corp.  inscr.  lat.  II,  5439,  §61  —  6  Suet/ 
Auÿ.  29  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  8867,  8869.  -  ^  Notit.  dignit.  Pars.  Or.X,  §  1  A  6  p.  38' 

—  »  Novell.  XXXVI  Valentiniani.  —  9  Pars  Or.  III,  Insignia  vir.  illust’r.’  prâe- 
fect.  praetorio^  per  Illyricum,  Boecking,  p.  12;  Occid.  II,  Insignia  viri  illus- 


Àa;j.7rao^opojj.ïa,  Xap.7iaorjipopta,  XafMrâç1,  sont  très  anciennes. 
Il  semble  qu’il  n’y  en  avait  d’abord  que  trois,  l’une  aux 
Panathénées,  l’autre  à  la  fête  d’Héphaistos,  la  troisième 
à  la  fête  de  Prométhée2.  Héphaistos  et  Prométhée 
sont,  par  excellence,  les  divinités  du  feu  ;  on  sait  les  rap¬ 
ports  qu’Athéna,  personnification  de  l’éclair,  présente 
avec  Héphaistos  3.  Hérodote  mentionne  une  quatrième 
lampas ,  qui  lut  instituée  par  les  Athéniens  après 
Marathon,  en  l’honneur  du  dieu  Pan4.  A  l’époque  de 
Platon,  les  courses  aux  flambeaux  furent  courues  pour 
la  première  fois  à  cheval;  cette  nouveauté  servit  d’abord 
à  relever  l’éclat  de  la  fête  des  bendideia,  célébrée  alors 
pour  la  première  fois  aussi  au  Pirée3.  Nous  verrons  plus 
loin  que  des  courses  aux  flambeaux  ont  été  dans  la  suite 
célébrées  à  beaucoup  d’autres  fêtes  à  Athènes  et  dans 
les  différentes  villes  de  la  Grèce. 

Les  règles  de  la  course  aux  flambeaux  et  les  combinai¬ 
sons  imaginées  pour  décider  à  qui  reviendrait  la  victoire 
ont  éLé  clairement  expliquées  pour  l’époque  classique  par 
M.  Paul  Foucart6.  La  lampadédromie  est  un  concours 
entre  tribus.  Il- n’est  pas  probable  que  les  dix  tribus  aient 
concouru  chaque  année;  on  peut  supposer  que  cinq  seu¬ 
lement  entraient  en  lice.  Chacune  de  ces  tribus  fournit 
un  gymnasiarque  [gymnasiarciiia].  Cé  personnage  acquitte 
une  liturgie  ordinaire,  dans  le  genre  de  la  chorégie  [lei- 
tourgia]  :  il  doit  recruter  parmi  les  membres  de  sa  tribu 
une  troupe  de  jeunes  gens,  les  nourrir  en  vue  delà  course 
et  les  équiper  à  ses  frais.  Le  nombre  de  ces  jeunes  gens 
était  assez  élevé;  deux  inscriptions,  contenant  des  dédi¬ 
caces  de  lampadéphores,  donnent  plus  de  quarante  noms 7. 
Lysias  dit  qu’un  gymnasiarque  a  dépensé  pour  la  fête 
des  Prome'the'ia  une  somme  de  douze  mines8. 

Le  soir  de  la  fête,  chacun  des  cinq  gymnasiarques  menait 
la  troupe  de  sa  tribu  sur  le  terrain,  la  porte  de  Dipylon. 
La  course  se  faisait  sur  la  route  d  Athènes  à  1  Académie; 
le  point  de  départ  était  la  muraille  de  la  ville;  le  but  à 
atteindre  l’autel  de  Prométhée,  un  peu  plus  de  1000  mètres. 
Les  40  coureurs  de  chacune  des  cinq  tribus  qui  con¬ 
couraient  étaient  échelonnés  sur  la  route  à  25  mètres 
1  un  de  1  autre  ;  on  avait  ainsi  5  files  de  coureurs. 

«  Au  signal  donné,  le  premier  part,  la  torche  allumée,  la 
tenant  de  manière  qu’elle  ne  s’éteigne  pas  ;  de  toute  sa 
vitesse,  il  parcourt  l’espace  qui  le  sépare  du  second; 
celui-ci,  qui  1  attendait,  saisit  la  torche  et,  s’élançant  à  son 
tour,  la  remet  au  troisième,  et  ainsi  de  suite,  jusqu’au 
quarantième  et  dernier.  Les  choses  se  sont  passées  de 
même  pour  les  quatre  autres  files9.  » 

Dans  ce  concours,  ce  qui  avait  surtout  frappé  les 
anciens,  c’était  cette  rapide  transmission  de  la  torche, 
qui  se  répétait  59  fois.  C’est  ce  détail  qui  a  fourni  des 


»  i  Ui  IUI11,  O. 


t IV.  tu. 


ms  uraeiccu  prueiurio  per 

1  ‘  ,  Mil,  Jj  »,  UOI 

Krueger,  t.  III  (Novellae),  p.  771.-11  Julian.  Antecess.  op.  eit.,p.  69-  Corn  iur 
civ.  t.  III,  Novell.  41  et  50.  J  ’ 

LAMPADLDROMIA.  1  Ou  trouve  encore  ^  ^  «  s  , 

nuuve  eucoie  AajAitadou£o;  it.^  OU  ôço|aoç,  àyùv 

àrs,v  m  Uçtî,  XajxuaSo  à^v  ou 

àT<iv.  -  2  Harpocr.  Hesych.  Suidas,  v.  X«^à?;  Schol.  Aristopfi.  Pan.  431  et 
1087;  Bekker,  Anecd.  228.  -  3  Decharme,  Mytbol.  de  la  Grèce  antique,  p.  77- 
78,  171.  -  4  VI,  5;  le  même  historien  (VIII,  98)  semble  considérer  ces  courses 

comme  primitivement  réservées  à  Héphaistos.  —  5  Hep .  p.  328  A . _ 6  Pevue  de  Phi- 

/oioÿîe,  t.  XXIII,  1899,  p.  112-116;  on  trouvera  aussi  de  bonnes  explications  dans 
Wccklein,  Der  Fackelwettlauf ,  dans  V Hernies,  VII,  p.  440  sqq.  ;  Alfred  Kôrie  Vase 
mit  Fackellaufdarstetlung ;  P.  Slengel,  Die  griech.Kult.  p.  198.-7  Corp.  inscr. 
att.  II,  006.  Décret  des  lampadéphores  de  la  tribu  Aiautis  au  iv«  siècle  ;  les  noms 
sont  graves  au-dessous  sur  plusieurs  colonnes;  celle  de  gauche  comprend  dix  noms  ; 
il  y  avait  probablement  quatre  colonnes.  Cf.  Corp.  inscr.  att.  II,  1223  é,  p.  253  ;  il  y  a 
quarante-six  noms  conservés,  deux  effacés  peut-être  à  dessein  ;  Foucart,  p.  115. 

8  Lysias,  XXI,  3.  —  9  Foucart,  l.  laud.  p.  115. 


115 


LÀM 


LAM 


—  910 


TZTr7 


comparaisons  si  caractéristiques  à  des  écrivains  de  l’an¬ 
tiquité,  Platon  et  Lucrèce1  par  exemple.  Il  est  probable 
que  les  coureurs  étaient  assez  exercés  pour  que,  fré¬ 
quemment  peut-être,  dans  les  cinq  files,  la  torche  allumée 
arrivât  presque  en  même  temps  au  dernier  coureur. 
L’intérêt  était  alors 
vivement  excité  quand 
ces  cinq  derniers  con¬ 
currents  s’élancaient 
pour  parcourir  les  25 
mètres  qui  les  sépa¬ 
raient  du  but.  La  vic¬ 
toire  appartenait  à  ce¬ 
lui  qui  de  sa  torche 
enflammée  allumait  le 
feu  sur  l’autel.  Mais  elle 
ne  lui  appartenait  pas  à 
lui  tout  seul;  elle  ap¬ 
partenait  aussi  à  ses 
compagnons  ;  chacun 

d’eux  avait  eu  sa  part  dans  l’œuvre  commune,  en  por¬ 
tant  rapidement  la  torche  sans  la  laisser  s’éteindre,  et  en 
la  remettant  lestement  et  commodément  au  suivant. 
C’était  donc  une  victoire  collective,  un  à.9Xov2.  Aussi, 
comme  le  dit  la  scholie  de  Patmos,  la  tribu  était-elle 
proclamée  victo¬ 
rieuse  avec  celui 
qui  était  arrivé 
le  premier  3. 

Dans  les  inscrip¬ 
tions,  le  nom  du 
gymnasiarque 
est  mentionné 
avec  le  nom  de 
la  tribu  ;  la  ré¬ 
daction  est  la 
même  que  celle 
des  inscriptions 
choragiques  ;  en 
voici  une  de  l’an 
346-345  : Axocjxav- 
tiç  ivi'xa  Xag7tâ8i 
navaÔvjvata  |  T7. 

[X£YâXa  ÈTt’Ap/tou  apyovToç  |  SevexX^ç  êyupflWictpyM  4.  Le 
coureur  qui  était  arrivé  le  premier  recevait,  comme 
récompense,  une  amphore  contenant  30  métrètes  d’huile6. 

Cette  explication  présente  un  point  obscur  :  dans 
quelle  direction  la  course  se  faisait-elle?  L’Académie  était- 
elle  le  point  de  départ  ou  le  point  d’arrivée?  M.  Foucart 
a  soutenu  cette  dernière  opinion  ;  il  s’appuie  sur  la  scholie 
de  Patmos  et  sur  le  vers  131  des  Grenouilles  d’Aristophane. 
Mais  d’autres  savants  0  allèguent  précisément  ce  dernier 
texte  pour  soutenir  le  contraire;  ils  prétendent  qu’il  est 
question  dans  ce  passage  de  la  tour  de  Timon  que  Pau- 

\  Lucrèce  l'a  empruntée  à  la  Grèce  :  «  El  quasi  cursores  vilai  lainpada  tradunt  », 
11,  79  ;  les  Romains  ne  connaissaient  pas  les  courses  aux  flambeaux  ;  on  la  trouve 
dans  Platon,  Ley.  VI,  776  B.  —  2  Alt.  Martin,  Cavaliers  athén.  p.  191.  —  3  'O 
ivtxa  ü  ««ou  luka-  Cette  scholie,  qui  était  déjà  connue  par  le  Lexi¬ 
que  de  Séguier,  p.  228,  a  été  donnée  d'une  façon  plus  complète  par  un  ms.  de 
Patmos  contenant  des  scholies  sur  Démostliène,  Bull.  corr.  h ell.  I,  p.  11. 
_  4  Corp.  inscr.  att.  11,  1229  ;  cf.  1230-1233.  —  6  Corp.  inscr.  att.  11,  965, 
fr  6,  col.  2,  I.  27.  —  6  SchOmann,  Griech.  Alt.  II,  468  ;  C.  Waclismuth,  Die 
Studt  Atlien,  1,  267  ;  Wccklein,  Op.  laud.  p.  443  ;  A.  Mommsen,  t  este  der  Stadt 
Atlien,  p.  341  ;  P-  Slengel,  Griech.  Kult.  p.  198.  —  7  1,  30,  4  ;  il  faut  dire  que  le 
scholiaste  d’Aristophane  ne  connaît  pas  cette  tour  de  Timon,  il  semble  croire  qu  il 


Fig.  4328.  —  La  lampadédromie. 


sanias  place  dans  l’Académie 1  ;  de  plus,  dans  cette  même 
comédie  des  Grenouilles ,  au  vers  1093-1094,  Aristo¬ 
phane  montre  les  lampadistes  à  la  fin  de  la  course  arri¬ 
vant  aux  portes  de  la  ville  et  accueillis  par  les  habitants 
du  Céramique  avec  des  cris,  des  moqueries  et  même 

des  coups. 

Telle  est  la  lampa¬ 
dédromie  que  les  textes 
nous  font  connaître 
pour  l’époque  classi¬ 
que  8.  Pausanias  décrit 
une  course  toute  diffé¬ 
rente  9  :  «  A  l’Acadé¬ 
mie,  il  y  a  un  autel  de 
Prométhée  ;  c’est  de  cet 
endroit  qu’ils  courent 
vers  la  ville  en  tenant 
des  flambeaux  allu¬ 
més  ;  si  le  flambeau 
du  premier  arrivé  est 


éteint,  il  ne  peut  prétendre  à  la  victoire,  qui  appar¬ 
tient  au  second  arrivé  ;  si  le  flambeau  de  celui-ci  est 
éteint,  la  victoire  est  au  troisième  ;  si  tous  les  flambeaux 
sont  éteints,  le  prix  n’est  pas  décerné.  »  .  • 

Ainsi,  à  l’époque  de  Pausanias  au  moins,  les  coureurs 

se  dirigent  de 
l’Académie  vers 
la  ville,  le  point 
de  départ  étant 
l’autel  de  Pro¬ 
méthée.  Certains 
auteurs  parlent 
de  l’autel  d’É- 


ros 


10 


mais, 


Fig.  4329.  —  La  tribu  victorieuse  clans  la  course  aux  (lambeaux. 


comme  il  se 
trouvait  devant 
l’entrée  de  l’Aca¬ 
démie  11 ,  non  à 
l’intérieur,  on 
peut  admettre 
qu’en  désignant 
cet  autel  ces 
auteurs  ne  se 

préoccupaient  pas  de  donner  une  indication  précise12; 
enréalité,  c’est  à  l’antique  base  consacrée  àHéphaistosetù. 
Prométhée  que  les  coureurs  allumaientleurs  flambeaux13; 
cette  base  était  à  l’intérieur  de  l’Académie,  à  peu  de 
distance  de  l’autel  d’Éros.  Les  deux  sortes  de  courses 
sont  représentées  sur  les  monuments.  La  course  an¬ 
cienne,  celle  qui  a  pour  trait  distinctif  la  transmission 
de  la  torche,  se  trouve  peinte  sur  deux  vases  reproduits 
ici.  Le  premier  (fig.  4328)  est  au  Suermondt-Musaeum  à 
Aix-la-Chapelle  u.  Deux  coureurs  sont  figurés  sur  ce 
vase  :  l’un  tient  une  torche  allumée  et  l’approche  de 

s'agit  ici  d'une  tour  des  murailles  d’Athènes.  —  3  Aeschyl.  Ayant.  303  sq.  ; 
llerodot.  VIII,  98;  Plat.  Bep.  328  A  ;  Ley.  776  B;  Arislot.  Phys.  V,  4,  10  ; 
scholie  de  Patmos  citée  n.  3,-9  I,  30,  2  E.  —  10  Cet  autel  aurait  été  élevé 
par  Pisistrate,  Plut.  Sol.,  1;  cf.  Hermias,  ad  Plat.  Pliaed.  c.  vu,  p.  78,  éd. 
Ast  :  K  où  ô  Sçono;  ô  toïî  navaOijvaioiî  In tî>  toù  pup-où  xoff  "Epwxoç  è-]ftvtxo  • 

tvTEuflev  YÙ.Q  di-l.0tpi.evot  oï  l'yr jSot  xàç  XotptTCtitStxç  eôeov.  H  PauS.  I,  30,  1. 

—  12  Nous  suivons  Wecklein,  loc.  cit.  p.  443.  —  13  II  faut  combiner  le 
passage  de  Pausanias  que  nous  venons  de  citer  avec  la  scholie  du  v.  56  de 
Soph.  Oed.  Col.  —  14  Kôrtc,  Op.  I.,  a  très  bien  montré  l'importance  de  ce  vase 
pour  notre  connaissance  de  la  lampadédromie  ;  il  pense  qu  il  a  élé  fait  peu  après 
l’an  400. 


LAM 


—  911 


LAM 


Fig.  4330.  —  Le  vainqueur  de  la  course  aux  flambeaux. 


l’autel  ;  l’autre  se  tient  un  peu  en  arrière,  sans  tor¬ 
che  ;  une  Victoire  et  un  arbitre  assistent  à  la  scène  . 
Les  coureurs  sont  nus;  ils  ont  sur  la  tète  une  couronne 
très  caractéristique  ;  on  dirait  qu’elle  est  formée  d  une 
rangée  de  plumes  droites.  Le  second  vase  (fig.  1329) 
appartient  à  la  collec¬ 
tion  Tyskiewicz  2  :  les 
coureurs  sont  ceints  de 
la  même  couronne  ;  sur 
le  bandeau  du  vain¬ 
queur  qui  tient  son 
flambeau  au-dessus  de 
l’autel,  on  lit  antiox(iç), 
nom  de  la  tribu  Antio- 
chide  victorieuse  avec 
lui.  On  distingue  aussi 
quelques  lettres  sur  le 
bandeau  des  deux  autres 
coureurs  sans  flam¬ 
beaux,  qui  représentent 
sans  doute  les  autres 

tribus.  La  seconde  sorte  de  course  nous  est  connue 
par  des  monuments  plus  nombreux.  Celui  !  que  repro¬ 
duit  la  figure  4330  représente  le  moment  qui  suit  la 
scène  figurée  sur  le  vase  d  Aix-la-Chapelle  :  la  victoire 
est  gagnée  ;  le  feu  est  allumé  sur  1  autel,  les  torches  a 
demi  brûlées  sont  éteintes;  près  du  vainqueur,  un  cou¬ 
reur  a  déjà  en  main  la  crxXeyY ;  à  gauche,  deux  autres 
causent,  un  seul  des  deux  tient  une  torche.  Ici,  tous  les 
coureurs  tiennent  un  flambeau;  c’est  la  seule  différence 
notable;  eux  aussi  ils  sont  nus  et  ils  ont  sur  la  tête  la 
couronne  avec  des  pointes  on  des  plumes  (voir  aussi 
figure  1074)*.  Cette  couronne  avait-elle  une  signification 
particulière  ?  C’est  probable  ;  mais  nous  ne  pouvons  dire 
rien  de  plus.  Le  Platéen  Euchidas,  avant  de  prendre  sur 
l’autel  de  Delphes  le  feu  qui  devait  servir  à  rallumer  les 
feux  éteints  à  Platées,  se  purifia  le  corps  et  mit  sur  sa 
tète  une  couronne  de  laurier3. 

La  torche  a  aussi  une  forme  particulière  [candelabrum]. 

C’est  un  manche,  quelquefois  une 
simple  poignée  que  surmonte  une 
large  bobèche  et  dans  laquelle  la 


tige  ou  le  faisceau  de  tiges  qui  doit 
fournir  la  lumière  est  enfoncé  ou 
piqué  (fig.  4331)  6.  Cette  torche,  les 
lampadéphores  victorieux  avaient 
coutume  de  la  consacrer  aux  dieux  7. 
Dans  certaines  représentations  de 
l’époque  romaine  manquent  les  traits  caractéristiques  : 
les  coureurs  n’ont  pas  la  couronne,  les  torches  n’ont  pas 


la  large  bobèche  ;  en  revanche,  les  coureurs  portent 
un  bouclier  au  bras  gauche  (fig.  4332)  A  Nous  n  avons 
aucun  renseignement  sur  cette  course;  mais  il  n  f  st  pas 
impossible  quelle  ait  été  réellement  pratiquée  ;  nous 
voyons  à  Céos  un  lampadarque  vainqueur  recevoir 

comme  récompense  un 
bouclier  d’une  valeur 
de  200  drachmes9. 

Quelques  textes  nous 
font  connaître  pour  les 
lampadédromies  un 
|j.a./.pd;  et  un  [Aixpo;  opdgoç. 
Le  [nxxpbç  opbp.o;  était 
couru  à  la  fête  des 
Panathénées  10  ;  on  le 
trouve  aussi  mentionné 
dans  des  inscriptions  de 
Sestos",  de  Patmos12; 
pour  Délos,  une  inscrip¬ 
tion  mentionne,  après 
la  XajJLTiiç  twv  iraioaiv,  le 
l>.v.Y.Qbz  opôpLoç  tojv  àvoptïjv  13.  Nous  n  avons  aucun  len- 
seignement  qui  nous  permette  de  distinguer  exactement 
ces  deux  courses  et  de  dire  en  quoi  elles  différaient  de 


Fig.  4331.  —  Monnaie 
d’Amphipolis. 


la  course  ordinaire,  ou  laquelle  des  deux  était  la  course 
ordinaire  u. 

L’archonte-roi  avait  la  présidence  et  la  direction  de 
toutes  les  courses  aux  flambeaux,  comme  le  dit  expres¬ 
sément  Aristote13.  Auguste  Mommsen16  suppose  que  ce' 
renseignement  ne  se  rapporte  qu’à  l’époque  d’Aristote  ; 
qu’anciennement,  au  moins  au  Ve  siècle,  c’étaient 
les  hiéropes  qui  étaient  chargés  de  ce  soin.  Il  s  ap¬ 
puie  sur  une  inscription  importante  qui  contient  un 
règlement  pour  les  fêtes  d’Héphaistos  11 ,  règlement  d  a- 
près  lequel  les  hiéropes  auraient  été  chargés  de  la  direc¬ 
tion  des  deux  principales  fêtes  qui  se  rattachent  au  culte 


1  Cabinet  Pourtalès,  pi.  v.  Ici  une  borne  parait  marquer  le  point  de  départ. 
Un  coureur  tient  un  flambeau  allumé  ;  un  autre  tend  vers  lui  la  main.  Autres 
vases  représentant  la  SmSo/jj  :  Calai,  of  the  gi-eek  and  etr.  vases  in  the  Britisli 
Mus.  t.  III,  Vases  of  the  finest  period,  n»s  111  et  3894  ;  Stephaui,  Ant.  du  Bos¬ 
phore  Cimmêrien,  pl.  lxui  ;  Dubois  de  Montpéreux,  Voyage  autour  du  Caucase, 
pl.  xiii  ;  Aschik,  Vosporskoia  Tsarstvo,  pl.  vu  (dans  les  pl.  de  Dubois  et  d'Asclnk, 
les  flambeaux  sont  allumés)  ;  peut-être  aussi  le  bas-relief  qui  est  au-dessus  de 
l’inscription  Corp.inscr.  ait.  II,  1221 .— 2Frôbner,  Calai,  illustré  delavcnte  Tyskie¬ 
wicz,  pl.  u  ;  Collect.  Tyskiewicz,  pl.  xxxv.  Voir  encore  Coll,  d' Hamilton,  II,  pl. 
xxv  ;  111,  pl.  xLvni,  Tischbein  ;  Calai,  des  vases  du  Brit.  Mus.  t.  IV,  n°  59. 
—  3  Stephani,  Antiq.  du  Bosphore  Cimmêrien,  pl.  lxui.  —  4  Lenormant  et  De 
Wilte,  Élite  des  mon.  céram.,  texte,  p.  2C4,  croiraient  que  ces  pointes  sont  des 
joncs;  il  est  certain  qu’il  ne  faut  voir  là  rien  d’analogue  à  la  couronne  radiée 
[corona]  ;  cf.  Stephani,  Nimbus  und  Strahlenkranz ,  p.  109.  —  S  Plut.  Aristid. 
20,  —  6  C’est  ce  flambeau  qu'on  frouve  représenté  sur  les  belles  monnaies  d’Am- 


pbipolis,  fig.  4331  ;  Duruy,  Hist.  des  Grecs,  II,  p.  516;  Barclay  Head,  Hist.  num. 

p  [go. _ 1  Toï;  6eoï;,  dit  l’inscr.  Corp,  inscr.  ait.  III,  1 114  a  ;  'Eçimaxcù  'Hfaxkeï, 

Ibid.  III,  123;  cf.  encore  124.  —  8  Figure  4332  d’après  la  mosaïque  Albani, 
Gerbard,  Antilc.  Bild  W.  taf.  63,  1  ;  Baumeister,  Denkmâlcr,  p.  522,  fig.  563. 
—  9  Dittenberger,  Sylloge,  348,  31.  —  «  Hcrmias,  le  passage  cité,  n.  10. 
p.  9 10  ;  Corp.  inscr.  att.  II,  1322,  consécration  d’une  Athénienne,  en  1  honneur 
de  son  fils  vixtiactwa  ITavaôévata  vov  |iaxjôv  Soôp.ov.  —  tt  Dittenberger,  Byll. 
240,  1.  83.  —  12  Ibid.  402,  1.  9.  —  13  Bull.  corr.  hell.  VII,  p.  370. 

_ 11  Peut-on  supposer  que  le  naxçf»;  SçôpLoç  est  la  lampadédromie  à  cheval 

Les  éléments  font  défaut  pour  décider  la  question.  —  1:>  Besp.  Ath.  57,  1  : 
Tt0x,7t  8è  (ô  ^onrtT.EÙ;)  xcù  toù?  vSv  ka[xTiàSuv  àyùxai  SxotvTa;  ;  —  16  1- este  der 
Stàdt  Athen,  p.  104,  125  et  341.  —  n  Corp.  inscr.  att.  IV,  I,  p.  64,  no  35  b  :  Ty  Si 
kap.r.àS<x  iîoisTv  rlf  -üEVTeTYiof8i  xal  voïç  'Hs auTTiot;.  IIotoiiv»lv  8i  oi  ieçoxoioi  oj.w, 

uiaTt  vljv  Xcqiica8o8ço[Juav  xal  zhv  wkXov  &yüva  yiyveirllai  xa6[âxeç  tlf  xevTevïiçtjSt -î;v  (Lav  Loi 

kajxxàSaçxloi  lîotoOfftv. 


LAM 


—  912  — 


LAM 


d'Erechthëe,  la  grande  Pentétérie,  c’est-à-dire  les  grandes 
Panathénées,  elles  Hëphaisteia.  11  faudrait  alors  admettre 
que  les  hiéropes  avaient  les  mêmes  attributions  qu’eurent 
plus  tard  les  gymnasiarques.  Nous  ne  le  pensons  pas1. 

Le  gymnasiarque  était  chargé  de  préparer  et  d’équiper 
pour  le  concours  une  troupe  d’Athéniens  de  sa  tribu. 
Devait-il  présenter  à  la  fois  une  troupe  d’enfants  et  une 
troupe  d  hommesfaits?  La  question  a  été  longtemps  contro¬ 
versée2;  nous  croyons  qu’elle  n’est  pas  encore  résolue3. 

Nous  avons  vu  qu’en  cas  de  victoire,  le  nom  du  gym¬ 
nasiarque  était  proclamé  avec  celui  de  la  tribu.  La  tribu 
peut  témoigner  sa  reconnaissance  au  gymnasiarque  qui 
a  tout  fait  pour  lui  procurer  la  victoire:  elle  peutlui  voter 
un  éloge  et  une  couronne4.  Les  lampadopliores  peuvent, 
eux  aussi,  décerner  une  couronne  au  gymnasiarque  5  : 
une  inscription  nous  montre  les  lampadistes  de  Patmos 
et  les  habitants  qui  ont  droit  à  l’huile  pour  les  frictions 
former  un  xotvôv  ;  cette  communauté  a  une  caisse  qui 
est  administrée  par  un  ypusovogo;  ;  elle  décerne  un  éloge, 
une  couronne  d’or  et  un  portrait  en  peinture  à  un  de 
ses  membres  qui  a  été  sept  fois  gymnasiarque,  une  fois 
lampadarque,  qui  a  été  vainqueur  à  la  course  longue 
et  qui  a  comblé  la  communauté  de  ses  bienfaits  ;  il  a, 
en  particulier,  pris  à  sa  charge,  sa  vie  durant,  les  frais 
pour  les  sacrifices  et  les  autres  dépenses  que  les  lampa¬ 
distes  doivent  faire  dans  les  fêtes6. 

Lorsqu’au  iue  siècle  la  gymnasiarchie  a  été  transformée 
et  a  cessé  d'être  une  liturgie  pour  devenir  une  magis¬ 
trature,  soit  politique,  soit  éphébique,  le  lampadarque 
est  chargé  de  préparer  la  course  aux  (lambeaux.  Assu¬ 
rément,  le  gymnasiarque  peut  être  aussi  lampadarque  ; 
mais  les  deux  fonctions  sont  désormais  distinctes  ;  ainsi, 
dans  une  inscription  de  Cëos,  il  est  dit  qu’on  élira  un 
gymnasiarque,  qui  devra  être  âgé  au  moins  de  trente 
ans,  et  qui,  entre  autres  soins,  devra  préparer  les  XagrcaSe; 
des  jeunes  gens  ;  mais  les  prix  des  concours  devront  être 
donnés  par  les  probouloi  ;  le  lampadarque  vainqueur 
devra  recevoir  un  bouclier  d’une  valeur  de  vingt 
drachmes  7,  comme  nous  l’avons  vu  plus  haut.  Dans 
les  dédicaces  pour  des  victoires  aux  lampadédromies, 
dédicaces  qui  se  rapportent  presque  toutes  à  des  éphè- 
bes,  on  trouve  nommés,  tantôt  l’agonolhète 8,  tantôt 
le  gymnasiarque  9,  tantôt  le  lampadarque  10,  tantôt 
le  paidotribe  et  l’hypopaidotribe u.  Les  lampadarques 
avaient  probablement  des  attributions  analogues  à  celles 
des  gymnasiarques 12.  On  peut  remarquer  qu’assez  souvent 
c’est  le  lampadarque  qui  est  vainqueur  au  concours  13. 

Les  inscriptions  relatives  aux  fêtes  de  Thésée14  nous 

1  Ils  peuvent  infliger  des  amendes,  ils  reçoivent  de  l'argent  pour  la  tôle.  —  2  Voir 
gymnasiarchia, p .  I67G,  il.  1;  G.  Fougères,  Bull.  corr.  hell.  XV,  p.  280.  —  3  On  s'appuie 
sur  l’inscr.  Corp.  inscr.att.  IV,  II,  1233  C,  p.  254;  ce  texte  a  clééeril  à  des  époques 
différentes  ;  rien  ne  prouve  que  la  mention  V I X y  T 7^  -rcaorc  xod  àvSpàm  se  rapporte 
à  une  même  fête;  cf.  comme  exemple  de  victoires  successives,  l'inscr.  Dittenberger, 
S  y  IL.  420.  —  4  Corp.  inscr.  ait.  II,  1181  ;  1340;  dans  cette  dernière  inscr.,  le  per¬ 
sonnage  en  l  lionneur  duquel  a  été  fait  le  monument  a  été  laxiarque  et,  à  ce  titre,  il 
est  couronné  par  le  peuple  ;  mais  les  membres  de  sa  tribu  le  couronnent  parce  qu’il  a 
été  gymnasiarque.—  3  Corp.  inscr.att.  II,  606,  et  surtout  l’inscr.  de  Patmos,  Ditten¬ 
berger,  Syll.,  402.  —  6  Inscr.  citée  dans  la  note  précédente.  —  7  Rangabé, 
Ant.  hell.  821  ;  Dittenberger,  Ol.  348.  Nous  avons  vu,  dans  l'inscr.  de  Patmos, 
que  le  personnage,  couronné  par  les  lampadistes,  a  été  sept  fois  gymnasiarque,  une 
fois  lampadarque  ;  cf.  encore  Journ.  of  hell.  Stud.  VII,  188G,  p.  148  ;  Bull.  corr.  hell. 
VIII,  p.  237  ;  surtout  XV,  p.  257,  inscription  de  Staséas,  qui  énumère  les  jeunes 
gens  libres  qui  ont  exercé  des  fonctions  dans  sa  palestre  aux  heumeia  des  enfants  : 
il  y  a  10  Rpttî,  3  agonothèles,  7  lampadarques,  5  gymnasiarques.  —8  Corp.  inscr. 
att.  Il,  1223.  —  9  II,  1221  ;  III,  107-110,  118. —  10  H,  1228;  III,  106;  dans  ces 
deux  inscriptions,  l’indication  de  l’année  est  mentionnée  de  cette  façon  :  lia^naSa- 
p///,<7aç  Iv  tç  lut  MgvàvSpou  Iviauvs}.  —  H  III,  106,  dans  III,  lt  14  a,  le  paidotribe  seul 
est  mentionné.  — 12  Cf.  Fougères,  Bull.  corr.  hell.  XV,  280.  —  13  Ainsi,  Corp.  inscr. 


montrent  que,  dans  Athènes,  au  n°  siècle,  l’agonothète 
est  chargé  d’organiser  la  lampadédromie  et  les  jeux 
gymniques  de  la  fête;  il  établit  pour  les  vainqueurs  des 
prix  qui  seront  consacrés.  Dans  le  catalogue  des  jeux 
qui  est  à  la  fin  de  ces  inscriptions,  la  lampadédromie 
est  mentionnée  après  les  concours  qui  semblent  se  rap¬ 
porter  à  la  procession.  Nous  connaissons  les  lampadé¬ 
dromies  des  Theseia  pour  cinq  années15: 


Corp.  inscr. 

atl.,  444,  col.  I,  61  et  suiv. 

enfants 

éphèbes  contre 

veavfcxot 

anciens  éphèbes 

Corp.  inscr. 

atl.,  445,  col.  1,  22  et  suiv. 

enfants 

éphèbes 

hommes  faits 

Corp.  inscr. 

ait.,  446,  col.  I,  22  et  suiv. 

enfants 

anciens  éphèbes 

VEOtvicXOl  iuTIEÏ; 

Corp.  inscr. 

ait.,  447,  col.  I,  17  et  suiv. 

enfants 

éphèbes 

veavtV/.ot  Tapavrivoi 

Corp.  inscr. 

ait.,  448,  col.  I,  25  et  suiv. 

enfants 

éphèbes 

vîavtV/.oi  Tapavxtvo 

Les  lampadarques  sont  mentionnés  seulement  sur  la 
première  de  ces  cinq  inscriptions  :  à  la  lampadédromie 
des  enfants,  c’est  le  lampadarque  Nicogène,  fils  deNicon  IG, 
qui  est  vainqueur;  le  prix  est  donc  individuel  ;  il  est,  au 
contraire,  décerné  à  une  troupe,  il  est  collectif  pour  la 
lampadédromie  des  éphèbes  contre  anciens  éphèbes  et 
pour  celle  des  veavt'rxot  ;  les  lampadarques  sont  men¬ 
tionnés  de  cette  façon  :  XagTraoapyo'jvToç  ’A7toXXwviou  toù 
Eùxtaiou  AxagavTtoo;  tpoXTji;.  Dans  les  inscriptions  qui 
suivent,  les  lampadarques  ne  sont  plus  mentionnés  et  les 
prix  sont  toujours  individuels17.  Ceci*  semble  justifier  la 
description  que  Pausanias  a  donnée  de  la  lampadédromie, 
à  1  époque  romaine,  c’est-à-dire  de  cette  course  dans 
laquelle  la  torche  ne  passait  plus  de  main  en  main  18. 

Le  corps  militaire  des  cavaliers  fait  une  lampadédromie 
aux  Theseia  sous  l’archontat  de  Phaidrias 19,  dans 
l’année  150/1.  C’est  aussi  vers  la  même  époque  que  nous 
constatons  l’existence  d’une  course  semblable  dans  la 
fête  des  Panathénées20.  Cette  lampas  des  cavaliers  se 
faisait  à  la  fin  de  la  première  des  deux  journées  con¬ 
sacrées  à  l’àywv  t7T7t txôç  pendant  le  11e  siècle21;  elle  est 
distincte  de  la  lampadédromie  à  pied,  qui,  de  temps 
immémorial,  se  faisait  entre  l’Académie  et  la  porte  du 
Dipylon,au  commencement  delapannychis  célébréeavant 
la  procession  22.  Quand  le  corps  des  Tarentins  fut  cons¬ 
titué  dans  Athènes,  c’est  à  eux  que  fut  confié  le  concours 
de  lampadédromie,  au  moins  à  la  l'été  des  Theseia 23. 

Il  n’est  pas  impossible  que  nous  ayons  une  représen¬ 
tation  de  la  lampadédromie  à  cheval,  sur  le  vase  de 

att.  II,  444;  1,63  ;  1221  ;  probablement  1228, 1322  ;  Dittenberger,  Sxjll.,  402.  — 14  Corp. 
inscr.  att.  Il,  444-448;  cf.  Alb.  Martin,  Cavaliers  alhén.,  p.  199.  —  13  La  plus 
ancienne  de  ces  inscr.,  n»  444,  est  de  I’archontat  d’Arislolas,  qui  sc  place  dans 
l’année  161/0  ;  le  n°  445  est  de  l'archontat  d’Antbcstcrios,  année  157/6  ;  le  n"  446  est 
do  l’archontat  de  Phaidrias,  année  151/0;  cf.  W.  Scott  Fergusson,  The  athenian 
archons  of  the  111  and  II  centuries  bef.  Ch.  1899;  les  inscr.  447  el  448  sont 
mutilées.  —  10  L  agonothète  porte  le  môme  nom  que  le  lampadarque  ;  le  premier 
est  donc  le  grand-père  du  second  ;  il  a  cependant  deux  fils  dont  l’un,  Lysandre,  est 
vainqueur  à  une  course  équestre  (col.  II,  1.  86)  ;  l’autre,  Nicon,  vainqueur  au  pugilat 
des  enfants  tlR  xpw-ur.f  V)Xixi«s  (11,52).  —  17  Ou  a  par  exemple,  445,  1,25  : 
tu,v  èoïjSwv  AyqxyjTptoî  ’AvTt|ifvou;  KexpoitiXoç  ouXlj;.  —  18  On  peut  rapporter  à  la  meme 
course  les  inscriptions  suivantes,  Corp.  inscr.  att.  Il,  1221,  1223,  1228;  III,  106-111, 
123-124,  1096,  1114.  1.  inscr.  III,  122,  donne  une  liste  de  quatorze  vain¬ 

queurs  ;  les  deux  premiers  sont  désignés  avec  le  patronymique  et  le 
démotique  ;  les  deux  suivants  avec  le  patronymique,  les  dix  autres  par  le 
nom  seul.  —  19  Corp.  inscr.  att.  II,  446,  1.  67;  Alb.  Martin,  Cav.  athén. 
p.  201.  -  20  Corp.  inscr.  att.  II,  969  B.  —21  Alb.  Martin,  Op.  cit.  p.  246.- 
..22  A.  Mommsen,  Feste  der  Stadt  Ath.  p.  153,  donne  la  distribution  de  la  fôte 
seulement  pour  le  milieu  du  iv"  s.,  d’après  l’inscr.  du  Corp.  inscr.  att.  II,  965. 
—  23  Corp.  inscr.  att.  Il,  447  et  448. 


LAM 


—  913  — 


LAM 


marbre  de  Pergame  qui  se  trouve  au  Musée  du  Louvre  , 
elle  est  plus  sûrement  rappelée  sur  une  monnaie  d  argent 
(fig.  4333)  de  Tarente2  où  l’on  voit  un  cavalier  tenant 
une  torche  à  bobèche.  C’est  la  course 
telle  que  la  décrit  Pausanias  qui  serait 
reproduite  sur  le  vase  de  marbre.  Cepen¬ 
dant  la  course  à  cheval  comprenait  an¬ 
ciennement,  comme  la  course  à  pied,  la 
transmission  de  la  lampe.  Platon  le  dit 
expressément  au  début  de  la  Républi- 
de  Tarente.  que  Xagjcaota  s/ovire;  oiaoiiHJOudiv 

àXXVjXotç  âjJuXXôpsvot  toiç  tW>i;.  La  oia8o/Ai 
était  certainement  plus  difficile  à  cheval  qu’à  pied  :  c’était 
donc  un  attrait  de  plus.  On  doit  aussi  supposer  que  les 
espaces  qui  séparaient  les  coureurs  d’une  même  file  étaient 
plus  grands  que  pour  la  course  à  pied  ;  la  course  à  cheval 
exigeant,  pour  un  espace  égal,  moins  de  coureurs,  on 
pouvait  les  échelonner  à  de  plus  longs  intervalles. 

Les  éphèbes  prenaient  une  part  importante  aux  fêtes 
publiques  ;  ils  étaient  chargés  de  divers  concours  parmi 
lesquels  il  faut  citer  en  première  ligne  les  lampadédromies . 
«Les  éphèbes,  dit  une  inscription3,  ont  fait  les  courses 
aux  flambeaux  qui  leur. sont  réservées  ;  ils  ont,  aux  Epita- 
phia,  couru  cette  course  contre  les  anciens  éphèbes  et  les 
ont  vaincus.  »  La  fête  des  Théseia  et  celle  des  E 'pitaphia 
sont  plus  particulièrement  nommées  dans  ces  inscrip¬ 
tions4'.  On  trouve  aussi  les  TvapeÛTaxxot  mentionnés  parmi 
les  corps  chargés  défaire  des  courses  aux  flambeaux6. 
Nous  avons  vu  à  Délos  des  lampadédromies  courues 
par  les  enfants  (Ttcdotov6);  quant  aux  courses  d  hommes 
faits  (àvSpûv),  nous  en  avons  cité  de  nombreux  exemples. 

Quelle  était  l’origine  et  la  signification  de  ce  concours? 
On  a  pensé7  qu’il  avait  un  caractère  religieux.  Le  fait 
essentiel  consiste  dans  l’acte  de  prendre  du  feu  à  un 
certain  endroit  et  d’aller  à  un  autre  endroit  rallumer  un 
autre  feu  ;  les  deux  endroits  sont  des  autels.  On  peut 
comparer  ce  qui  s’est  passé  à  Platées  après  la  défaite  des 
Perses  8  :  les  feux  furent  éteints  sur  tout  le  territoire  de 
cette  cité  ;  on  a  déjà  parlé  du  Platéen  Euchidas,  qui  alla 
à  Delphes,  se  purifia  et  mit  sur  sa  tète  une  couronne  de 
lauriers  :  il  prit  ensuite  sur  l’autel  d’Apollon  du  feu 
qu’il  porta  le  même  jour  à  Platées,  et  qu’il  remit  à  ses 
concitoyens  en  rendant  le  dernier  soupir,  après  avoir 
parcouru  mille  stades.  Ce  renouvellement  du  feu  au  moyen 
d’un  feu  pur  ou  sacré  rappelle  un  des  plus  anciens  rites 
du  culte  primitif;  on  le  trouve,  par  exemple,  à  Lemnos9, 
à  Rome  10,  faisant  l’objet  d’une  cérémonie  annuelle. 

En  tout  cas,  c’est,  comme  nous  l’avons  dit,  à  des  divi¬ 
nités  qui  se  rattachent  au  culte  du  feu  que  les  plus 
anciennes  lampadédromies  étaient  consacrées,  Athéna, 
Prométhée,  Héphaistos11.  Le  centre  de  la  fête  est  à 

1  La  gravure  de  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pl.  cxc  A,  n.  355  G,  interprète 
et  précise  des  détails  devenus  invisibles,  —  2  De  Luynes,  Choix  de  méd.  grecq. 
111,  1.  — 3  Ibid.  II,  470,  1.  9.  —  4  Corp.  iriser,  att.  II,  465,4;46G,  9;467,  19;  468, 
12;  409,  16  ;  470,  9  ;  471,  23;  cf.  encore  474,  480,  481,  etc.  —  5  Ibid.  III,  107. 
—  6  Bull.  corr.  hell.  XV,  257,  inscr.  de  Staséas,  et  263,  inscr.  d'Apollouios, fils  d’Hé- 
licou.  —  7  Wccklein,  Op.  laud.  p.  444  et  suiv.  —  8  Plut.  Aristid.  20.  Le  chiffre  de 
1  000  stades  qu'indique  Plutarque,  pour  la  distance  entre  Platées  et  Delphes,  est  fort 
exagéré.  —  9  Philostrate  (Heroic.  740  Olear.  ;  II,  157,  Kayser)  raconte  que  chaque  année 
ou  éteignait  tous  les  feux  dans  l'ilc  do  Lemnos  et  qu’on  allait  chercher  à  Délos  un 
feu  nouveau  pour  rallumer  les  foyers;  cf.  Wecklein,  Op.  cit.  p.  447.  —  10  Macrob. 
Sal.  I,  12;  Fustel  de  Coulanges,  Cité  ant.  liv.  I,  ch.  ni.  —  U  Nous  avons  cité  les 
principaux  textes  relatifs  aux  fêles  de  ces  trois  divinités;  on  peut  ajouter  ou  rappeler, 
pour  Athéna,  Corp.  inscr.  att.  II,  1181,  1229,  1322  ;  pour  Héphaistos,  Ibid.  Il, 
1340;  III,  111  ;  surtout  IV,  1,  n°  35  6,  p.  64;  Audoc.  De  Myst.  132;  Themist.  Or. 
V;  Harpocr.  Hesych.  Suid. s.  v.  kajiiuà?  ;  Sch.  Arisloph.  Ban.  131,  1119;  Bekker, 


l’Académie,  dans  le  téménos  d’Athéna,  près  de  la  hase 
qui  porte  les  autels  unis  de  Prométhée  et  d’Héphaistos  12. 
De  bonne  heure,  cependant,  de  pareils  concours  furent 
institués  en  l’honneur  de  divinités  qui  n’avaient  aucun 
rapport  avec  le  culte  du  feu  ;  ce  fut  le  cas,  par  exemple, 
pour  Pan  après  Marathon  13.  Nous  avons  vu  ensuite  des 
lampadédromies  célébrées  aux  fêtes  d’Hermès n,  de 
Bendis,  de  Thésée,  et  à  cette  fête  des  epitaphia  qui  se 
rattache  si  étroitement  aux  Théseia  ;  à  l’époque  impériale, 
une  course  aux  flambeaux  est  mentionnée  pour  la  fête  de 
Germanicus  18.  Les  Athéniens  portèrent  ce  goût  pour  les 
lampadédromies  dans  leurs  colonies  et  dans  les  pays  qui 
leur  étaient  soumis. 

On  nous  signale  un  monument 16  qui  est  inédit 
et  qui  de  plus  est  la  seule  œuvre  de  sculpture  antique 
qui  nous  soit  par¬ 
venue  sur  le  sujet. 

C’est  un  bas-relief 
(fig.  4334)  qui  sem¬ 
ble  être  une  stèle 
funéraire.  Il  pro¬ 
vient  de  Thasos  et 
est  du  ive  ou  du 
commencement  du 
me  siècle.  Il  repré¬ 
sente  un  jeune 
homme  nu,  qui  tient 
de  sa  main  droite 
une  torche  et  qui  de 
la  gauche  semble 
toucher  quelque 
chose  qu’on  ne  peut 
bien  reconnaître, 
car  la  pierre  est 
mutilée  à  cet  en¬ 
droit.  La  bobèche 
est  indiquée,  mais  elle  est  moins  grande  que  celles  qui 
sont  représentées  sur  les  vases.  Le  jeune  coureur  n’a  pas 
de  couronne  sur  la  tète.  Peut-on  conclure  de  cette  sculp¬ 
ture  que  les  lampadédromies  étaient  courues  àThasos,  ou 
bien  faut-il  supposer  que  le  jeune  homme,  auquel  la  stèle 
a  été  consacrée,  a  remporté  la  victoire  aux  lampadédro¬ 
mies  de  la  ville  d’Amphipolis  qui  est  située  sur  la  côte 
voisine  ?  Cette  dernière  ville,  on  l’a  vu,  ancienne  colonie 
athénienne,  célébrait  des  lampadédromies  11 .  Nous  pou¬ 
vons  citer  encore  parmi  les  pays  qui  subirent  l’influence 
d’Athènes,  Délos  18  et  Lemnos19.  On  ne  peut  d’ailleurs  pas 
affirmer  que  les  courses  aux  flambeaux  soient  une  création 
des  Athéniens  ;  on  les  trouve  pratiquées  dans  un  très  grand 
nombre  d’autres  villes  grecques,  à  Corinthe20,  Sestos21, 
Céos22,  Samos23,  Euménie2'*,  Thespis 23,  Coronée  26, 

Xnecd.  228.  — 12  Paus.  I,  30,  1,4;  Schol.  Oed.  Col.  5G  ;  Plut.  Sol.  1.  —  13  Wccklein, 
Op.  cit.  p.  450  ;  Preller  considère  cependant  Pan  comme  étant  dans  une  certaine 
mesure  un  dieu  de  la  lumière,  Griecli.  Mythol.  4»  éd.  p.  740.  —  14  Corp.  inscr.  att.  II, 
1223;  III,  113. —  15  Ibid.  III,  1096.  —  16  Ce  bas-relief  appartient  à  M.  Bulgaridis, 
agent  consulaire  de  France  à  La  Cavalle  (Roumélie).  Nous  en  devons  la  communi¬ 
cation  à  MM.  Perdrizet  et  Mendel,  qui  out  bien  voulu  nous  autoriser  à  le  repro¬ 
duire.  —  >7  Voir  la  figure  4331 .  Autres  références  pour  Amphipolis,  pour  Aplara  en 
Crète  et  Hephaislia  à  Lemnos,  dans  l’article  candelabkum,  t.  I,  p.  69,  n°s  5  à  7,  et 
figure  1073,  une  monnaie  d’Aptara.  — 18  Fête  des  Hermaia  des  enfants,  Bull,  corr. 
hell.  XV,  p.  257,  inscr.  de  Staséas;  p.  203,  inscr.  d’Apollouios  lampadarque.  —  19 
Dittenberger,  Sylloge,  402.  —  20  Fcte  d’Athéna  'EVAcma,  Schol.  Pind.  Ol. 
XIII,  56.  —  21  Dittenberger,  Sylloge,  246.  —  22  Dittenberger,  loc.  I.  348. 
—  23  Journ.  of  hell.  Stud.  VII,  1884,  p.  148.  —  24  Bull.  corr.  hell.  VIII,  1884, 
p.  2  37.  —  23  Inscr.  Graec.  Sept.  17  6  4.  —  26  Ibid.  2871,  1.  18,  -zr.t  Upàv 
7.oqj.uà5a. 


LAM 


914  — 


LAN 


Lébadëe1,  à  Larissa  2  en  Tliessalie;  et  si  nous  connais¬ 
sions  mieux  l'histoire  des  autres  cités,  nous  verrions  que 
dans  la  plupart  la  lampadédromie  forme  un  des  épisodes 
les  plus  goûtés  des  fêtes  religieuses.  Alb.  Martin. 

LAMPAS.  —  En  grec  et  en  latin,  le  mot  Xagrcocç,  lampas , 
a  un  sens  général.  Il  désigne  tout  objet  qui  produit  de 
la  lumière  par  la  combustion  de  matières  solides,  bois 
ou  cire  ;  il  s'oppose  au  mot  grec  lûyyoç  et  au  mot  latin 
lucerna ,  qui  s’appliquent  au  contraire  à  tout  ustensile 
où  la  lumière  résulte  de  la  combustion  d’une  mèche 
trempée  dans  l’huile.  Il  ressort  d’un  passage  d’Athénée 1 
que  les  ustensiles  désignés  par  les  mots  grecs  8 ad;  ou 
oï;,  Xôipvta  ou  Xocpviç,  éX<£v/|,  cpavô;,  aravo;,  Sett]  étaient  sim¬ 
plement  des  espèces  du  genre  Xajjnrâ;  :  tous  étaient  for¬ 
més  d’un  faisceau  de  tiges  ou  de  baguettes  de  bois  [fax]. 
L ' Etymologicum  magnum 2  confirme  cette  conclusion  : 
XafATidos;  3È  (Xsyovxai),  al  07i(ü;37j7roxE  xaxEaxsua'TgÉvat  (8S8e;), 
xat  dv  àxôcpuoç  oeoejaevocï  <Ù<tc.  L’expression  7tsuxfv7|  Xapnrx; 
(torche  en  bois  de  pin)  se  trouve  dans  Sophocle3.  D'autre 
part,  Plutarque  nous  apprend  que  le  mot  Xaja.7 ta;  servait 
aussi  à  désigner  des  flambeaux  de  cire  :..  ttsvte  XafvrcdSa; 
cottouotv  £ v  rot;  ydp.ot;,  a;  xïjpùova;  àvojLxÇouctv  4.  Souvent  le 
mot  Xap.7:d;  était  employé  purement  et  simplement  comme 
synonyme  de  85;.  L’exemple  le  plus  caractéristique  est 
fourni  par  Pausanias  :  ’Ev  ’AxaSvjpua  3é  eut t  npoaTjOÉoj; 
pwp.8;,  xoù  ÔÉouaiv  à.7r’  aùxoïï' npo;  xà|V  7rôX[v  lyovTE;  xatoutÉva; 
Xapi.7t58a;'  tô  Se  ày «Avista  bpoü  tco  Spoptto  ouXa^at  ttjv  353a  eti 
xatogÉvT,v  È(jt(vs.  Il  est  question  dans  ce  passage  de  la 
lampadedromia.  Sur  plusieurs  vases  peints  où  sont  repré¬ 
sentés  des  vainqueurs  de  cette  course,  la  Xag7rd;  est 
figurée  sous  la  forme  d’une  torche  piquée  ou  fichée  dans 
un  chandelier  à  bobèche  (fig.  1073,  1074,  4328  à  4331). 

De  même  en  latin,  les  torches  [fax,  taeda]  et  les 
flambeaux  de  cire  [cereus,  funale]  étaient  des  variétés  de 
la  lampas.  Les  lampadarii  portaient  des  flambeaux.  Les 
lampades ,  figurées  parmi  les  insignia  des  préfets  du 
prétoire  au  iv°  siècle  de  l’ère  chrétienne,  sont  des  flam¬ 
beaux  de  cire  supportés  par  des  candélabres6.  Très  sou¬ 
vent  les  auteurs  ont  employé  le  mot  lampas  pour  dési¬ 
gner  une  torche  7. 

Enfin,  le  même  mot  servait  à  désigner  les  torches  nup¬ 
tiales8  ;  or  nous  savons,  par  de  nombreux  monuments 
d’archéologie  figurée,  que  les  lampades ,  qui  éclairaient 
les  scènes  d’hyménée,  n’étaient  pas  autre  chose  que  des 
torches.  De  ce  qui  précède  il  résulte,  à  notre  avis,  que  le 
mot  XagTr 5;,  lampas ,  en  Grèce  et  à  Rome,  s’appliquait  non 
pas  à  un  objet  précis  et  unique,  mais  à  toute  une  catégorie 
d’ustensiles  II  désignait  l’un  des  deux  grands  genres  de 
luminaires  que  l’antiquité  a  connus.  J  Toutain. 

LAMPTEU  [CANDELABRUM,  LANTERNA,  LUCERNA,  FAX]. 

LAMPTERIA.  —  Les  AapTrx^pia  étaient,  d’après  Pau- 

l  Corp.  inscr.  Gr.  sept.  3056.  —  2  Un  catalogue  de  jeux  mentionne  le  jeu 
’AçuTTto'/.àtxitaSt,  Bull.  corr.  hell.  X,  p.  443,  1.  17.  Pour  les  autres  noms  de  ville  et 
autres  références,  cf.  Krause,  Gymn.  p.  204.  —  Biblioguaphie.  Aug.  Boeckli,  Die 
Staatshaushaltung  der  Athener,  3'  éd.  p.  548,  550  et  suiv.;  J.  H.  Krause,  Die 
Gymnastilc  und  Agon.  der  Hellenen,  p.  201  et  suiv.  ;  Aug.  Mommsen,  D’este  der 
Stadt  Athen,  p.  103,  153,  341  ;  N.  Wecklein,  Der  Fackclwettlauf,  dans  Her¬ 
mès,  t.  VU,  1873,  p.  437  ;  V.  Thumser,  De  cimum  Athen.  muneribus  eorumgue 
immunitate,  1880,  p.  88;  Alb.  Martin,  Les  Cavaliers  athéniens,  188G,  p.  199; 
Alf.  Kfirte,  l  ase  mit  Fackellaufdarstellung,  dans  le  Jahrbuch  des  deutsch.  arch • 
Inst.  VU,  1893,  p.  149  ;  Paul  Foucart,  La  course  aux  flambeaux,  dans  la 
Revue  de  Philologie,  t.  XXIII,  1899,  p.  112  ;  Albert  Wellauer,  Étude  sur  la 
fête  des  Panathénées,  1899,  p.  91. 

LAMPAS.  1  Ath.  XV,  57-61.  —  2  P.  570,  9  et  suiv.  —  3  Trachin.  1198. 
—  4  Quest.  Roman,  2.  —  B  I,  30,  2  ;  cf.  Schol.  Euripid.  ad  Phoenic.  1377  ;  Thucyd. 
111,24.  —  6  Notit.  dignit.  Pars  Orient.  III,  éd.  Boecking,  p.  12;  Occid.  II,  p.  8.  — 


sanias1,  une  fête  de  Dionysos  Aapurx-yjp,  célébrée  à 
Pallène  d’Achaïe  et  caractérisée  par  l’usage  de  porter 
des  torches  la  nuit  dans  le  temple  et  de  disposer  des 
cratères  de  vin  en  différents  endroits  de  la  ville.  Elle 
ressemblait  donc  aux  fêtes  habituelles  de  Dionysos 
[dionysia,  p.  231].  Cn.  Lécrivain. 

LANA  ("Eadov).  —  Aussi  haut  que  l’on  peut  pénétrer 
dans  l’histoire,  on  rencontre  le  mouton  fournissant  à 
l’homme  la  nourriture  et  le  vêtement.  Là  où  s’arrête 
l’histoire,  il  est,  comme  nous  aurons  plus  d’une  fois 
l’occasion  de  le  constater,  mêlé  aux  légendes  mytholo¬ 
giques.  Sesorigines  sont  donc  préhistoriques  et  remontent 
à  des  époques  sur  lesquelles  les  textes  sont  muets.  Avant 
d’aborder  l’étude  de  la  production  de  la  laine  chez  les 
Grecs  et  les  Romains,  nous  constaterons  qu’elle  était 
déjà  un  objet  de  culture,  de  commerce  et  d’industrie  chez 
les  peuples  du  monde  ancien  dont  l’histoire  a  précédé  la 
leur,  et  que,  si  les  voies  commerciales  changèrent  ou 
s’étendirent,  les  centres  de  production  et  de  fabrication 
restèrent  les  mêmes  pendant  le  cours  des  siècles1. 

I.  —  L’Égypte,  dit  la  légende,  dut  à  Mercure  l’art  de 
tondre  la  brebis  et  de  tisser  la  laine2,  art  qu’ÎIerculc 
transporta  d’Égypte  en  Grèce3.  Quoique,  chez  les  Égyp¬ 
tiens,  l’agriculture  fût  surtout  en  honneur  et  l’état  de 
berger  peu  estimé4,  ni  l’élevage  des  moutons3  ni  l’usage 
de  la  laine 6  n’étaient  négligés.  Des  bas-reliefs  égyptiens 
représentent  des  troupeaux  de  moutons7.  Après  l’inon¬ 
dation  périodique  du  Nil,  la  terre  produisait  de  si  bons 
pâturages  que  l’on  pouvait  faire  deux  tontes  dans 
l’année8;  mais  la  laine,  semblable  à  des  poils,  était  de 
mauvaise  qualité  et  ne  pouvait  être  tissée;  elle  servait  à 
réparer  les  habits  usés  et  leur  rendait  une  grande  solidité9. 

A  l’ouest  de  l’Égypte  s’étendaient  les  vastes  déserts  de 
la  Lybie.  Virgile  a  consacré  à  leurs  bergers  quelques-uns 
de  ses  plus  beaux  vers10.  Mais  nous  avons  sur  les  brebis 
de  cette  région  des  témoignages  plus  antiques,  car 
Homère11  et  Aristote12  louent  leur  fécondité,  et  Pindare 
appelle  7roXûg^Xo;  la  terre  qui  les  nourrit13.  Plus  au  sud, 
les  populations  pauvres  et  nomades  de  l’Éthiopie  u 
élevaient  des  brebis16  dont  la  laine  de  mauvaise  qualité, 
rude  et  sèche  comme  des  poils  de  chèvre,  ne  pouvait 
servir  à  les  vêtir  16. 

Les  Arabes  étaient  nomades  et  possesseurs  d’immenses 
troupeaux  de  moutons,  aussi  bien  ceux  qui  habitaient 
l’Arabie  Heureuse17,  au  sud  du  désert,  que  les  Arabes  de 
la  région  nabathéenne,  en  rapports  fréquents,  par  leur 
situation,  avec  la  Syrie.  Ils  avaient  plusieurs  espèces  de 
moutons  à  laine  blanche18,  dont  l’une  était  remarquable 
par  les  dimensions  de  sa  queue  10,  si  énorme  qu’il  fallait, 
pour  la  soutenir,  attacher  un  petit  chariot  à  l’arrière- 
train  de  l’animal20.  Autour  de  cette  queue  on  recueillait 

7  Virg.  Aen.  IX,  535;  Val.  Macx.  III,  124;  Ovid.  Fast.  IV,  493;  Metam.  IV,  403; 
Stat.  Theb.  VIII,  468;  Silv.  IV,  8,50-51.  —  8  Ovid.  Ep.  XII,  137-  138;  XIV,  23-26; 
Stat.  Silv.  1,2,4;  IV,  8,  59  ;  Térenl.  Adelph.  V,  7,  9. 

LAMPTERIA.  1  VU,  27,  3. 

LANA.  l  Je  citerai,  à  propos  de  ces  peuples,  les  références  de  toutes  les  époques, 
afin  de  n’avoir  pas  à  y  revenir  quand  j’aurai  à  parler  de  la  Grèce  qui  en  colonisa 
une  partie,  et  de  l’Empire  romain,  qui  les  absorba  tous.  —  2  Tcrtul.  De  pallio,  III. 

—  3  Varr.  R.  rust.  II,  1,  G.  —4  Genes.  XLVI,  34.  —  5  Herod.  II,  42  ;  Strab.  XVII, 
I,  23,  40  ;  Diod.  Sic.  I,  36;  Plut.  De  Isid.  et  Osir.  LXX1I,  LXXIV.  —  6  Herod.  III, 
81.  —1  Lipsius,  Denkmtiler,  II,  51,  132.  —  8  Diod.  Sic.  I.  I.  —  9  plin.  ]y at.  hist. 
VIII,  73,  3.  —  10  Georg.  III,  339,  s.  —  H  Odyss.  IV,  85,  s.  —  12  Probl.  X,  47. 

—  13  Pyt'h.  IX,  11.  —  14  strab.  XVII,  1,  3,  53.  —  15  Homer.  Odyss.  I,  25  ;  Virg. 
Buc.X,  68;  Athen.  V,  201  c.  —  to  Strab.  XVII,  2,  3.  —  17  Diod.  Sic.  II,  54. 

—  13  Strab.  XVI,  4,  26.  —  19  Herod.  III,  113;  Diod.  Sic.  I.  I.  —  20  Herod. 
I.  I. 


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—  915  — 


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la  laine  la  plus  fine  et  la  plus  abondante1.  Ces  Arabes 
entretenaient  avec  Tyr  un  commerce  de  moutons  2  et  sans 
doute  aussi  de  laines.  À  ces  relations  commerciales  est 
due  probablement  la  présence  en  Syrie  de  moutons  à 
grosses  queues 3,  comme  ceux  des  Arabes,  que  nous 
voyons  d'ailleurs  condamnés  à  payer  aux  Juifs  un  tribut 
de  7  000  béliers4  ;  toute  leur  richesse  était  représentée 
par  leurs  troupeaux.  Au  témoignage  de  Pline,  la  laine 
d’Arabie  était  plus  propre  que  les  autres  à  la  fabrication 
des  couvertures  dont  on  enveloppait  les  moutons  de  race 
pour  conserver  à  leur  toison  sa  finesse  et  sa  pureté  5 

La  Bible  nous  montre  les  Hébreux  pasteurs  G.  Il  est 
inutile  de  faire  ici  la  démonstration  de  ce  fait  bien  connu. 
Quelques  chiffres  seulement  nous  permettront  d’appré¬ 
cier  leur  richesse  en  troupeaux  et  aussi  celle  de  quelques 
peuplades  voisines  :  Lot,  Isaac,  Laban,  Nabal,  David 
étaient  propriétaires  de  grands  troupeaux7;  Mesha,  roi 
de  Moab,  payait  aux  Juifs  un  tribut  de  1000UÜ  agneaux 
et  de  10U00Ü  béliers  avec  leur  laine8.  Après  une  guerre, 
les  Juifs  prirent  à  plusieurs  peuplades  voisines  toutes 
leurs  richesses  consistant  en  animaux,  parmi  lesquels 
250000  brebis9.  Moïse  fit  sur  les  Madianites  un  butin 
de  675000  brebis10.  La  laine  des  brebis  de  Palestine  était 
très  blanche11.  Une  si  grande  abondance  de  laine  im¬ 
plique  l’usage  de  couvertures  et  de  vêtements  fabriqués 
sur  place12  et  aussi  l’exportation  de  ces  produits13. 

La  Phénicie,  relativement  peu  riche  en  troupeaux,  em¬ 
ployait  pour  la  teinture  de  la  pourpre  des  quantités  consi¬ 
dérables  de  laine,  qui  souvent  était  teinte  à  l’état  brute11  ; 
ses  vaisseaux  sillonnant  toutes  les  mers,  lui  apportaient 
la  matière  première  de  toutes  les  parties  du  monde15. 
Sidon16  et  surtout  Tyr11  avaient  des  teintureries  de 
pourpre  renommées  et  un  commerce  étendu  de  tissus18. 
Cette  dernière  ville,  dès  une  époque  reculée,  recevait  les 
laines  de  Damas  et  d’Arabie 19  ;  il  en  était  de  même  encore 
au  temps  de  saint  Jérôme20. 

De  tout  temps  la  Syrie  éleva  des  troupeaux  de  brebis  ; 
elle  avait  une  race  à  longue  queue,  comme  les  brebis 
arabes21  ;  Damas  recueillait  la  laine  de  ses  troupeaux  pour 
l’exporter  à  Tyr  et  à  Sidon 22.  Cette  dernière  ville  fabriquait 
aussi  des  étoffes  de  laine  qui  étaient  connues  au  loin23. 

En  avançant  plus  vers  l’est,  nous  rencontrons  la  Méso¬ 
potamie  qui,  nous  l’avons  vu  en  parlant  des  Hébreux, 
fut,  dès  la  haute  antiquité,  un  pays  de  pasteurs  de 
brebis24.  Babylone  exportait,  vers  l’Occident,  ses  étoffes 
de  laine  couvertes  de  riches  broderies,  ses  tapis  aux  vives 
couleurs25.  Nous  trouvons  encore  les  brebis  en  Perse26  et 

l  Plin.  Nat.  Iiist.  VIII,  75.  —  2  Ezechiel,  XXVII,  21.  —  3  pii„.  I,  /. 

—  4  Paralip.  II,  17,  U.  —  3  Plin.  VIII,  72.  Plus  d’une  fois  nous  aurons  occasion 
de  parler  de  ces  brebis  dont  la  laine  était  protégée  par  des  couvertures  :  oves  pel- 
litae,  oves  tectae.  Voir  plus  loin,  IV.  —  6 Genes .  XXIX,  1  s.  ;  XXXI,  38,  s.  ;  Michae. 
Il,  12;  Ezechiel,  XXXIV,  1,  s.,  etc.  —  7  Genes.  XIII,  5;  XXVI,  14;  Reg.  I,  25, 
2;  Paralip.  I,  27,  31.  —  8  Reg.  IV,  3,  4.  —  9  Paralip.  I,  5,  21.  —  10  Num. 
XXXI,  32.  Sur  la  production  de  la  laine  en  Palestine,  voir  Yales,  Textr.  ant.  t.  I, 
p.  14,  s.;  Bochart,  Hierozoicon,  t.  Il,  col.  475,  s.  —  H  Psalm.  CXLVII,  16. 

—  12  Proverb.  XXVII,  26  ;  XXXI,  13,  19,  21,  22;  Job ,  XXXI,  20.  —  13  Proverb. 
XXXI,  24.  —  14  Homer.  Odyss.  VI,  305  ;  Horat.  Epod.  XII,  21.  —  13  Ezoch.  XXVII  ; 
Expos,  tôt.  mund.  XXXI,  dans  Geogr.  min.  éd.  Riese,  p.  110.  —  16  Horat.  Epist.  I, 
10,  26  ;  Tibul.  III,  3,  18  ;  Martial.  XIV,  154  ;  Clem.  Alex.  Paedag.  II,  10.  —  17  Horat. 
Epod.  XII,  21  ;  Virg.  Georg.  III,  307  ;  Tibul.  IV,  2,  16;  Plin.  IX,  62,  3. 

—  18  Procop.  Hist.  arc.  XXV.  —  19  Ezech.  XXVII,  18,  21.  —  20  S.  Hieronym. 
Ad  Ezech.  VIII,  27;  t.  V,  p.  257,  édit.  Migne.  —  21  Aristot.  An.  hist.  VIII,  28; 
Plin.  Nat.  hist.  VIII,  75.  —  22  Ezech.  I.  I.;  S.  Hieron.  I.  I.  —  23  Amos,  III,  12  ; 
Rio  Clxrys.  LXXIX,  1  ;  Coripp.  In  laud.  Justin.  IV,  208,  où  quelques  éditeurs  lisent 
serica  au  lieu  de  sxjrica.  —  24  Cf.  Genes.  XXIX,  10;  XXXI,  38  ,  40.  —  23  d;0 
Chrys.  LXXIX,  1  ;  Tertull.  De  hab.  mut.  I,  I  ;  Perrol-Chipiez,  Hist .  de  l’art,  I,  709,  s. 

—  26  Herod.  1,  133  ;  Aristoph.  Vesp.  1 137,  s.  et  Schol.  ;  Yales,  Textr. ant,  I,  13,  s. 


jusque  dans  les  Indes 27,  où,  si  l’on  en  croit  Ctésias,  il  exis¬ 
tait,  comme  en  Arabie  et  en  Syrie,  une  race  à  large  queue28. 

Nous  arrivons  à  l’Asie  Mineure.  Dès  l’antiquité,  terre 
de  troupeaux  et  d’industrie  textile,  elle  fut  encore,  par  les 
colons  grecs,  poussée  davantage  dans  cette  voie.  Les 
légendes  mythologiques  de  cette  contrée  indiquent  déjà 
ce  double  caractère  :  Marsyas  était  un  berger  Phrygien29; 
Ganymède  fut  enlevé  au  milieu  de  ses  brebis,  en  Darda- 
nie30;  c’est  sur  les  pentes  du  mont  Ida  que  les  trois 
déesses  se  présentèrent  devant  le  berger  Paris31  ;  Ara- 
chnée  était  fille  d’un  teinturier  en  pourpre  deColophon  32. 

Dans  les  hautes  vallées  du  Taurus,  autour  de  Selgé  en 
Pisidie,  de  plantureux  pâturages  nourrissaient  des  bre¬ 
bis  33à  la  laine  douce  et  blanche34  que  Tertullien  compare 
aux  laines  de  Milet  et  d’Attique35.  Près  de  Mazaca  s’éten¬ 
daient  les  pâturages  des  brebis  de  la  Cappadoce36  qui 
exportait  des  tapis  de  laine  37.  Riche  en  troupeaux,  la 
Lycaonie  fournissait  au  commerce  une  laine  un  peu  rude, 
mais  très  abondante,  source  de  richesse  pour  le  pays; 
là  étaient  les  célèbres  troupeaux  d’Amyntas  38.  Pline 
mentionne  la  laine  de  Galatie  avec  celles  de  Tarente,  de 
l’Attique  et  de  Milet  qui  sont  les  meilleures,  et  la  recom¬ 
mande  pour  les  usages  médicinaux39.  Les  Galates  la 
teignaient  avec  une  pourpre40  végétale  moins  solide  que 
l’autre41  et  entretenaient  un  commerce  actif  de  laines 
manufacturées42. 

En  Phrygie,  les  troupeaux  de  brebis  étaient  très  nom¬ 
breux43  et  leur  laine  particulièrement  douce  et  belle44. 
Laodicée  fournissait  une  laine  très  estimée45  pour  sa 
belle  couleur  noire46  ;  Colossae  aussi  donnait  une  laine 
dont  la  couleur  était  recherchée47.  Athènes  achetait  la 
laine  de  Phrygie48.  Les  Phrygiens  faisaient  aussi,  pour 
le  commerce,  des  vêtements  de  laine49  et  des  étoffes 
qu'ils  brodaient  avec  un  art  merveilleux50,  art  que, 
disait-on,  ils  avaient  inventé  51 ,  et  teignaient  leurs  lai¬ 
nages  dans  les  teintureries  sans  rivales  d’Hiéropolis52. 

Milet  de  Carie  apporta  à  la  préparation  et  au  commerce 
de  la  laine  une  grande  activité.  Quoique  sa  laine  fût  de 
moins  bonne  qualité  que  certaines  autres33,  elle  n’en 
garda  pas  moins  une  vogue  qui  ne  se  démentit  pas  pen¬ 
dant  plusieurs  siècles54.  Elle  l’exportait  à  l’état  brut35, 
quelquefois  teinte56  et  en  nombreux  produits  manufac¬ 
turés57.  Cette  laine  était  particulièrement  propre  aux 
usages  médicinaux58,  et  la  race  des  brebis  qui  la  por¬ 
taient  très  estimée  59. 

L’Ionie  avait,  près  d’Érythrée,  des  brebis  qui  fournis¬ 
saient  une  belle  laine  rousse  60  ;  celles  de  Clazomène, 

—  27  Ctesias,  Ind.  XI,  XXII.  —  28  RI.  XIII.  —  29  Herod.  VII,  26.  —  30  Apollod.  III, 
12,  2.  —  31  Hygin.  Fab.  XCII.  —  32  Ovid.  Met.  VI,  5,  s.  —  33  Strab.  XII,  7,  3. 

—  34  Philoslr.  Apoll.  111,  5,  4.  —  35  Depall.  III.  —  36  Strab.  XII,  2,  9.  —  37  Edict. 

Dioclet.  XIX,  19  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  suppl.p.  1942.  —  38  Slrab.  XII, .6, 1. _ 39  Plin. 

Nat.  hist.  XXIX,  9,  4.  —  40  Terlul.  De  paît.  IV.  —  U  Plin.  IX,  G5,  3;  XXII,  3,  1. 
-42  Expos,  tôt.  mund.  XLI.  —  43  \’arr.  R.  rust.  II,  1,  5.  —  44  Aristoph.  Aves, 
493,  et  Schol.  ap.  Suidas,  s.  v.  «bçuyiuv  I?îwv.  —  43  Plin.  VIII,  73.  —  45  Strab.  XII, 
8,  16.  —  47  IJ.  Ibid.  —  48  Aristoph.  Aves,  493.  —  49  p0U.  VII,  77;  Edict.  Diocl. 
XIX,  26-29,  41;  XXI,  2,  10,  19,  20,  22;  Corp.  inscr.  lat.  III,  suppl.  p.  1942  et 
1944;  Expos,  tôt.  mund.  XLII.  —  50  Senec.  Herc.  Oet.  665;  Serv.  ad 
Aen.  III,  484;  Tort.  De  hab.  mul.  I,  1;  Isid.  Orig.  XIX,  22  :  picta  acu. 

—  61  Plin.  VIII,  74.  —  52  Strab.  XIII,  4,  15;  Corp.  inscr.  gr.  III,  3924. 

—  53  strab.  XII,  8,  16;  Plin.  VIII,  73.  —  54  Virg.  Georg.  III,  300;  IV,  334; 
Ael.  Hist.  an.  XVII,  34;  Mart.  VII,  28,  10;  Colum.  VII,  2,  3;  Serv.  in  Georg.  III, 
306  ;  Tertull.  De  pall,  III;  De  hab.  mul.  I,  1;  Clem.  Alex.  Paed.  II,  10; 
Tzetzes,  Chil.  X,  329.  —  53  Ezech.  XXVII,  [18;  Aristoph.  Lysist.  729  et  Schol. 

—  56  Serv.  in  Georg.  III,  306.  —  57  Cf.  les  nombreux  exemples  réunis  par 
Hugo  Bliimner,  Die  Geverb.  Thtïtigkeit,  p.  32,  s.  —  58  Plin.  XXIX,  9.  4. 

—  59  Athen.  XII,  540  d  ;  Colum.  Vil  2,  3.  —  60  Pljn.  Nat.  hist.  VIII,  73,  2  : 
Colum.  VII,  2,  4. 


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916  — 


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même  tout  à  fait  blanches,  donnaient,  suivant  la  nature 
des  eaux  quelles  buvaient,  des  agneaux  à  la  laine  grise, 
brune  ou  noire1;  Colophon  exploitait  des  teintureries 
renommées2.  La  Lydie,  dont  le  luxe  est  resté  proverbial, 
fabriquait  des  tissus  de  laine  à  Thyatire3,  à  Philadelphie  4 
et  à  Sardes s  qui,  en  outre,  les  teignait  en  pourpre6  ;  ce 
qui  suppose  une  abondante  production  ou  un  commerce 
considérable  de  laines  brutes.  Dans  la  plaine  de  Troie, 
les  eaux  du  Xanthe  donnaient  une  belle  couleur  rousse 
à  la  toison  des  brebis  qui  s’abreuvaient  à  ses  eaux7. 

Toute  la  région  du  Pont  envoyait  de  la  laine  brute  sur 
les  marchés  de  la  Grèce  et  de  ses  colonies,  surtout  sur 
celui  de  Milet8.  On  peut  signaler  particulièrement  les 
laines  de  la  Gazélonitide,  si  moelleuses  et  si  douces  que 
ni  le  Pontni  laCappadoce  n’en  fournissaient  de  pareilles9; 
les  laines  des  Coraxi 10,  là  où  Dioscorias,  colonie  de  Milet, 
était  un  centre  important  de  commerce  entre  l’Europe  et 
l'Orient11,  et,  sur  la  rive  opposée,  entre  le  Borysthène  et 
l’embouchure  du  Maeotis,  une  race  de  grands  moutons12. 
Enfin,  après  avoir  traversé  la  Thrace  qu’Homère  appelle 
la  mère  des  brebis13,  nous  arrivons  à  la  Grèce. 

IL  —  Pas  plus  que  pour  les  autres  pays,  nous  ne  con¬ 
naissons  l’époque  historique  de  l’introduction  du  mouton 
en  Grèce.  Les  quelques  origines  mentionnées  par  les 
auteurs  sont  mythologiques  :  c’est  Hercule  introduisant 
en  Grèce  cet  animal  amené  d’Égypte  14;  Nicias,  de  Mégare, 
l’inventeur  légendaire  de  l’art  du  foulon16;  le  tissage  de 
la  laine  enseigné  tout  d’abord  aux  Athéniens  probable¬ 
ment  par  Minerve16;  Mélos,  renvoyé  par  Vénus  de 
Cypre  à  Délos,  sa  patrie  d’origine,  pour  y  enseigner  la 
tonte  des  moutons  et  le  travail  de  la  laine11;  puis  les  mul¬ 
tiples  légendes  où  parait  le  bélier  à  la  toison  d’or;  le 
rapport  entre  la  vie  pastorale  et  les  cultes  indigènes  les 
plus  anciens,  celui  de  Pan,  par  exemple,  spécialement 
répandu  dans  l’Arcadie  et  l’Attique,  régions  par  excel¬ 
lence  productrices  de  la  laine18.  La  Grèce,  par  son  sol  et 
son  climat,  était  particulièrement  propre  à  l’élevage  du 
mouton;  aussi,  dès  le  temps  d’Homère,  nous  voyons  les 
différents  peuples  qui  l’habitent  s’y  livrer,  et  les  femmes, 
jusqu’à  l’invasion  du  luxe  asiatique,  travailler  la  laine 
et  en  faire  les  vêtements  de  tous. 

C’est  en  Thessalie  qu’Apollon  garda  les  cavales 
d’Admète19,  car  cette  contrée  élevait  surtout  des  che¬ 
vaux20;  cependant,  certaines  de  ses  parties  produisaient 
de  la  laine.  Homère  appelle  «  mères  des  moutons  »  les 
villes  d’I ton 21  et  de  Phthià22,  et  Aristote  loue  la  fécondité 
des  brebis  de  Magnésie23. 

L’Épire  avait  d’excellents  pâturages 24  et  nourrissait  une 
race  spéciale  de  grands  moutons  appelés  pyrriques,  du 
nom  du  roi  Pyrrhus26  qui  avait  des  domaines  où  vivaient 
de  nombreux  troupeaux26.  C’est  surtout  aux  environs  de 
Maledo  et  de  Pergamis  que  se  trouvaient  les  beaux 
pacages  et  les  troupeaux  d’Ëpire27.  On  y  élevait  des 

1  Vilruv.  VIII,  3,  14.  Nous  aurons  plus  d'une  fois  l’occasion  de  consta¬ 
ter  combien  était  répandue  chez  les  anciens  la  croyance  à  l'influence  des 
eaux  sur  la  couleur  de  la  laine  des  brebis.  ■ —  2  Ovid.  Met.  VI,  5,  s. 

—  3  Corp.  inscr.  gr.  II,  3480.  —  4  Ibid.  3422.  —  6  Athen.  VI,  255  c. 

—  6  Aristoph.  Acharn.  112;  Pax.  1174.  —  7  Vitruv.  VIII,  3.  8  Cf.  Hugo 

Blüniner,  O.  I.  p.  42.  —  9  Strab.  XII,  3,  13.  —  «  Tzetzes,  Chil.  X,  329  ;  XI,  388. 

—  n  Plin.  Nat.  Inst.  VI,  5.— 12  Strab.  Vil,  3,  18.  —  13  II.  XI,  223.  —  l4Varr.  R.  rust. 
IJ  6.  —  15  Plin.  VII,  57,  5.  —  15  Justin.  II,  0  ;  flesiod.  Op.  et  dies,  63,  64. 

—  n  Scrv.  ad  Virg.  Bue.  VIII,  37.  —  18  Sur  le  culte  de  Pan  et  ses  rapports  avec  la 
vie  pastorale  en  Grèce,  cf.  Yates,  Textr.  ant.  t.  I,  p.  43  s.  —  19  Homer.  II.  Il,  763,  s. 

—  20  Strab.  VIII,  8,  I  ;  X,  1 , 13.  -  21  if.  II,  696.  -  ^lbid.  IX,  479.  —  23  Probl.  X,  47. 
_ 24 Aristot.  De  anim.  hist.  III,  2t.  —  25  Ibid.  —  26  Plut.  Pyrr.  V.  2.  \arr. 


oves  pellitae 28  dont  la  laine  était  fine  et  très  douce. 

En  Béotie,  les  nombreux  troupeaux  de  Laius  et 
d’Œdipe  paissaient  sur  le  Cithéron  29,  et  ce  furent  les  trou¬ 
peaux  du  roi  de  Thèbes  qui  donnèrent  lieu  à  la  guerre 
des  sept  chefs30.  Une  inscription,  conservée  au  Musée  Bri¬ 
tannique,  contient  le  texte  d’un  décret  relatif  à  un  droit 
de  pacage  pour  des  troupeaux  de  moutons  sur  le  terri¬ 
toire  d’Orchomène31.  Deux  fleuves  de  Béotie,  le  Milès  et 
le  Céphise,  avaient  la  réputation  d'influer  sur  la  couleur 
de  la  laine  des  agneaux  portés  par  les  brebis  qui  s’abreu¬ 
vaient  à  leurs  ondes 32 . 

Les  habitants  de  la  Mégaride  s’attribuaient  l’honneur 
d’avoir  reçu  le  mouton  de  Déméler  à  qui  ils  avaient,  pour 
cette  raison,  élevé,  à  Nisaea,  un  temple  sous  le  vocable 
de  Déméter  Melophora33.  Nicias,  l’inventeur  légendaire 
de  l’art  du  foulon,  comptait  parmi  leurs  ancêtres34.  Ils 
faisaient  des  laines  fines  et  avaient,  en  grand  nombre, 
des  oves  pellitae.  On  connaît  le  mot  de  Diogène  le 
Cynique,  qui,  voyant,  à  Mégare,  les  moutons  paître  vêtus 
et  les  enfants  courir  nus,  disait  :  «  Mieux  vaut  être  le 
mouton  d’un  Mégarien  que  son  fils35  ».  Mais  les  Méga¬ 
riens  avaient  aussi  des  moutons  qui  leur  fournissaient 
des  laines  plus  communes  avec  lesquelles  ils  fabriquaient 
des  manteaux  appelés  exotnis ,  industrie  dont  vivaient  un 
très  grand  nombre  de  Mégariens36.  Ils  fabriquaient  aussi, 
avec  cette  même  laine,  des  manteaux  qu’ils  envoyaient 
sur  le  marché  d’Athènes37,  vêtements  à  vil  prix  que  por¬ 
taient  les  esclaves38  et  les  philosophes  cyniques  39. 

D’après  une  tradition,  l’Attique  aurait  été  le  premier 
pays  qui  sut  travailler  la  laine40.  D'ailleurs,  le  culte  de 
Pan,  qui  s’y  répandit  de  bonne  heure41,  prouve  que,  dès 
une  haute  antiquité,  on  y  élevait  le  mouton.  Les  Athé¬ 
niens  considéraient  les  troupeaux  comme  une  de  leurs 
principales  richesses42;  leur  sol,  en  effet,  était  plus  propre 
à  l’élevage  qu’à  l’agriculture43.  Des  lois  très  anciennes 
y  protégeaient  la  production  de  la  laine  en  défendant  de 
tuer  l’agneau  avant  qu’il  ait  été  tondu44  et  en  prescrivant 
la  destruction  des  loups,  ennemis  des  moutons46.  La  race 
des  moutons  d’Attique  était  excellente  et  Polycrate,  tyran 
de  Samos,  qui  tenait  à  acclimater  dans  son  royaume  les 
meilleures  races  d’animaux  domestiques,  avait  fait  venir 
ses  brebis  d’Athènes  et  de  Milet46.  Les  bonnes  brebis 
d’Attique  étaient  protégées  par  des  peaux47  ;  Aristo¬ 
phane48,  Démosthène49  et  des  auteurs  anciens  cités  par 
Athénée 50  louent  la  beauté  de  leur  race  et  la  finesse  de  leur 
laine.  Il  en  était  encore  ainsi  au  temps  de  Plutarque61, 
et  Pline  place  la  laine  d’Attique  au  même  rang  que  les 
laines  si  renommées  de  Galatie,  de  Tarente  et  de  Milet62. 

Corinthe  fabriquait  des  tissus  de  laine  53  et  des  couver¬ 
tures  ou  tapis  très  recherchés 64 . 

L’Achaïe  produisait  des  laines  fines66  et  fabriquait  des 
vêtements  que  le  commerce  exportait56.  Le  centre  de 
cette  fabrication  était  Pellène,  qui  donnait  son  nom  à 

1t.  rust.  II,  2,  1.-28  IH.  II,  2,  20.  —  29  Soph.  Oedip.  H25,  s.  —  30Hesiod.  Op.  et 
dies,  162.  —  31  Corp.  inscr.  gr.  I,  1569.  —  32  Vitruv.  VIII,  3.  —  33  Paus.  I,  44. 

—  34  Plin.  VII,  57,  5.  —  35  Diog.  Laerl.  Diog.  Cyn.  VI,  41;  Aelian.  Hist.  var. 
XII,  56;  Plut.  De  cupid.  div.  VII.  —  36  Xenopli.  Mem.  Il,  7,  6.  —  31  Aristoph. 
Acharn.  519.  —  38  ld.  Vesp.  444;  Pax,  1002.  —  39  Sext.  Empir.  I,  14,  153. 

—  40  Justin.  II,  6.  —  41  Herod.  VI,  105.  —  42  Thucyd.  Il,  14.  —  43  Plut.  Sol. 
XXIII.  —  44  Athen.  I,  p.  9  d.  —  45  plut.  I.  I.  — 46  Athen.  XII,  540  d.  —  41  Varr. 
R.  rust.  II,  2,  18.  —  43  Ran.  1386  et  Schol.  ;  cf.  Schol.  ad  Aves,  493.  —  4 9 In. 
Euerg.  et  Mnesib.  LII.  —  50  II,  p.  43  c;  V,  p.  219  a.  —  51  Re  audiend.  IX. 

—  52  XXIX, *41,  4.  —  83  Athen.  XIII,  582  d.  —  54  Aristoph.  Ran.  439  ;  Athen.  I,  27  d. 

—  55  Hesych.  s.  v  A^(a)ca.  —  56  Ed.  Diocl.  XXII,  26,  Corp.  inscr.  lat.  t.  III, 
suppl.  p.  1944. 


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—  917  — 


LAN 

un  manteau  d’hiver  dont  on  couvrait  les  vainqueurs  des 
courses1. 

L’Arcadie  était  par  excellence  une  terre  productrice  de 
brebis2.  La  haute  antiquité  du  culte  de  Pan  prouve  que, 
aussi  loin  que  nous  puissions  remonter,  cette  région 
était  occupée  par  des  populations  pastorales3.  C’est 
d’ailleurs  ainsi  que  les  Arcadiens  nous  apparaissent  dans 
Homère  A  Pindare  8  et  Théocrite  6  louent  leurs  trou¬ 
peaux.  Comme  l’Attique  et  Mégare,  l’Arcadie  avait,  près 
de  Cynaetha,  des  oves  pellitae1 . 

La  Laconie,  comme  les  pays  d’élevage  de  la  Grèce 
propre,  comme  la  Mégaride,  la  Béotie,  la  Phocide,  la 
Phthiotide,  l’Arcadie,  avait  des  pâturages  communaux 
qu’elle  mettait  en  location  [epinomia].  Horace  fait  allusion 
aux  laines  teintes  avec  la  pourpre  de  Laconie  8. 

Tels  sont  les  principaux  textes  relatifs  à  la  production 
de  la  laine  dans  la  Grèce  continentale.  On  en  pourrait 
citer  d’autres  :  les  brebis  volées,  avec  les  bergers,  au  roi 
d’Ithaque  par  les  Messéniens9,  qui  avaient  d’ailleurs  de 
bons  pâturages  pour  les  nourrir  10  ;  les  plaines  de  Crissa 
en  Phocide,  condamnées  à  ne  servir  que  de  pâturages  à 
des  troupeaux  de  brebis11,  etc.  Mais  cela  suffit  pour 
qu’on  puisse  affirmer,  par  l’analogie  du  sol  et  du  climat, 
que  toutes  les  régions  de  la  Grèce  continentale  produi¬ 
saient  la  laine  en  abondance. 

Il  en  était  de  même  des  îles.  A  Samos,  le  mouton  était 
l'objet  d’un  culte  divin  12,  fait  d’où  l’on  peut  conclure 
que,  depuis  une  haute  antiquité,  il  existait  dans  1  ile.  Le 
tyran  Polycrate  renouvela  la  race  en  faisant  venir  des 
sujets  d’Attique  et  de  Milet 13,  et  son  île  produisit  dans  la 
suite  des  laines  que  l’on  regardait  comme  égales  à  celles 
de  Milet14  et  des  tapis  non  moins  estimés  15.  L’ile  de  Cos 
avait  de  nombreux  troupeaux  de  moutons16.  Théra  fabri¬ 
quait,  depuis  une  époque  très  reculée,  des  tissus  de  cou¬ 
leurs  variées11  et  des  manteaux18.  C’est  de  Cypre,  par 
un  personnage  qui  se  rattache  au  mythe  d’ Adonis,  Mélos, 
que  les  habitants  de  l’ile  de  Délos  apprirent  à  tondre  la  laine 
et  à  la  tisser  19 .  Aristote20  et  Athénée21  font  mention  des 
brebis  de  l’ile  d’Eubée,  et  Ulysse  en  possédait  de  nom¬ 
breux  troupeaux  dans  son  île  d’Ithaque22  et  sur  le  conti¬ 
nent  voisin23. 

Quand  les  colons  grecs  s’établirent  sur  les  côtes  d’Asie 
Mineure,  ils  se  trouvèrent  dans  des  pays  qui  produisaient 
la  laine  avec  abondance  et  où  les  qualités  de  la  race 
étaient  excellentes.  Il  n’est  pas  surprenant  que,  déjà 
familiarisés  dans  la  mère  patrie  avec  cet  élevage  et  cette 
industrie,  ils  les  aient  continués  en  leur  donnant  une 
plus  vive  impulsion,  apportant  à  ces  anciennes  popula¬ 
tions  une  plus  grande  activité.  Et  bientôt  Rome,  en 
augmentant  le  luxe  et  en  attirant  tout  à  elle,  en  même 
temps  que  la  consommation,  décuplera  la  production. 

1  Pind.  Olymp.  IX,  98;  Nem.  X,  44;  Arisloph.  Aces,  1421  ;  cf.  Strab.  VIII,  386; 
Hesych.  el  Pliot.  Lexic.  s.  v.  nsXXïivixa!  ;  Suid.  s.  v.  IIeTAv/t, .  -  2  Hom.  Hymn. 

XVIII,  30.  —  3  Theocr.  VIII,  105-106  ;  Propart.  I,  18,  20  ;  Virg.  Bue.  X,  26  ;  Georg. 
III,  392.  Sur  le  culte  de  Pan  en  Arcadie,  cf.  Yates,  O.  I.  I,  p.  43,  s.  —  4  II.  II, 
605  (les  troupeaux  d'Orchomène)  ;  Hymn.  XVIII,  30;  cf.  11,2;  XVII,  2;  Apollod. 
ap.  Strab.  VIII,  3,  6;  Paus.  VIH,  3.  —  s  Olymp.  VI,  100.  —  0  XXII,  157. 

—  7  Polyb.  IX,  17.  —  8  Od.  II,  18,  5  ;  cf.  Plin.  IX,  60  ;  XXI,  22  ;  XXXV,  26,  2.  Mais 
il  n’est  pas  permis  de  conclure  de  ces  textes,  avec  certitude,  que  celle  industrie 
s’exercait  en  Laconie.  —  3  Hom.  Odyss.  XXI,  18.—  10  Hom.  II.  X,  149,  s.  ;  cf.  Strab. 
VIII,  4, 1 .  —  n  Isocr.  Plat.  XXXI.  —  Arislol.  Fragm.  197,  p.  286,  éd.  Didot  ;  Ael. 
De  nat.  anim.  XII,  40;  Clem.  Alex.  Protrept.  II,  p.  15.  —  13  Alheu.  XII,  540  d. 

—  14  Eust.  ad  Dionys.  Per.  823.  —  16  Theocr.  XV,  125.  —  16  Eust.  ad  II.  II,  676. 
— 17  Cf.  H.  Blümner,  Die  gewerbliche  Tliâtigkeit,  p.  96. — 18  Athen.  X,  424  f;  Hesych. 
s.  v.  ©içsov  ;  Suid.  s.  v.  ’Aywpysia.—  19  Serv.  ad  Bue.  VIII,  37.  —  20  Anim.  hist.  I, 
17,  0;  IV,  2.—  21  I,  27  f-,  V,  201  c.  —  22 Hom.  Odyss.  XXI,  18.-23  Ibid.  XIV,  100. 

V. 


III.—  Ce  n’est  pas  encore  quitter  la  Grèce  que  com¬ 
mencer  la  troisième  partie  de  cette  étude  par  la  Sicile  et 
l’Italie  méridionale,  ou  Grande  Grèce. 

La  Sicile  était  un  pays  de  bergers,  Théocrite  seul  sulli- 
rait  aie  prouver;  la  mythologie  l’établit  aussi  :  Pan  y 
était  honoré24;  Polyphème23  et  Daphnis  Jl’  étaient  Sici¬ 
liens.  La  Sicile  fut  le  berceau  de  la  poésie  bucolique-’ 
et  les  Sicelides  musae  sont  pastorales28.  De  merveilleux 
pâturages,  entre  autres  ceux  qui  couvraient  une  partie 
des  pentes  de  l’Etna  29,  nourrissaient  de  nombreux  trou¬ 
peaux  de  brebis30  qui  produisaient  une  laine  abon¬ 
dante31  qui  était  expédiée  à  Rome  32  ou  employée  à  la 
confection  de  vêtements  destinés  au  commerce33.  Cette 
laine  avait  probablement  les  mêmes  qualités  que  celles 
de  l’Italie  méridionale. 

Quelle  qu’ait  pu  être,  dans  l’Italie  méridionale,  la  race 
primitive  des  brebis,  les  races  grecques  y  furent  intro¬ 
duites  de  bonne  heure,  et  c’est  à  elles  que  1  on  doit  ces 
belles  laines  de  Calabre  et  d’Apulie,  rivales  des  laines 
d’Attique  et  de  Milet.  Cette  région,  d’après  une  tradition, 
aurait  été  colonisée  par  Oenotrius,  un  Arcadien  *  du 
pays  le  plus  pastoral  de  la  Grèce;  à  1  époque  historique, 
les  auteurs  appellent  grecques  les  races  de  brebis  de 
Pltalie  méridionale  3S  et  font  mention  des  liens  d  amitié 
que  l’échange  des  laines  avait  noués  entre  les  villes  de 
Sybaris  et  de  Milet  36 

En  Lucanie,  les  eaux  du  Crathis  donnaient,  aux  bre¬ 
bis  pleines  qui  les  buvaient,  des  agneaux  gris,  bruns  ou 
noirs  31  ;  mais  au  contraire  elles  rendaient  blanche  la 
toison  des  brebis  38,  tandis  que  la  rivière  voisine,  le 
Sybaris,  la  rendait  noire  39.  Malgré  la  qualitédes  laines 
nationales,  les  Sybarites  préféraient  celles  de  Milet  *°. 
Le  Bruttium  fabriquait,  pour  l'exportation,  des  articles 
de  lainage41. 

En  Calabre,  le  Galaesus  arrosait  des  prairies  nourrices 
de  nombreux  troupeaux  42  de  race  grecque  43  dont  les 
laines  étaient  des  plus  recherchées,  spécialement  celles 
de  Brindes  44  et  celles  de  Tarente  45  surtout 46.  Cette  der¬ 
nière  était  très  employée  en  médecine  4‘.  L’eau  du  Ga¬ 
laesus  donnait  une  grande  beauté  à  la  laine  qu  on  y 
lavait  48.  L’Apulie  aussi  produisait  des  laines  excel¬ 
lentes  49  ;  ses  grands  troupeaux  allaient  passer  l’été  sur 
les  montagnes  du  Samnium  o0  et  même  de  la  Sabine  jl .  La 
campagne  de  Garganum  produisait  une  laine  moins  bril¬ 
lante,  mais  plus  moelleuse  encore  que  celle  de  Tarente02, 
et  Pline  estime,  autant  que  cette  dernière  laine,  la  laine 
fauve  de  Canusium  S3.  Il  y  avait  donc,  en  Calabre  et  en 
Apulie,  des  laines  de  différentes  couleurs  également  re¬ 
cherchées  34.  Ces  pays  de  grande  production,  qui  avaient 
la  spécialité  des  laines  deluxe,  entretenaient,  comme  Mé¬ 
gare,  comme  Athènes,  des  oves  pellitae  53  ;  ils  se  livraient 

—  24  Cf.  Yates,  Texte.  I, p. 77.  —  25(}vid.  Met.  XIII,  770;  Theocr. VI,  XL  — 26  Theocr. 
I  ;  Diod.  IV,  84.  —  27  Bion.  Idyll.  VII,  t  ;  Diod.  I.  I.  —  28  Mosch.,  Idyll.  III  ;  Virg. 
Bue.  IV,  l.  — 29  Strab.  VI,  2,  8.  — 30  Pind.  Olymp.  I,  12  ;  Strab.  VI,  2,  6.  —  31  Athen. 
V,  209  a\Exp.  tôt.  mund.  LXV.  —  32  Strab.  V,  2,  7.  —  33  Athen.  XIV,  658  b  ;  Poil. 
VII,  77.  —  34  Paus.  VIII,  3  ;  Virg.  Aen.’l,  532  ;  III,  165. —33  Colum.  R.  rust.  VII,  4, 
1  ;  Plin.  VII,  73;  Stat.  Sylv.  III,  3,  93.  — 36  Athen.  XII,  5  1  9  6.-37  Vitruv.  VIII,  3,4. 
J  38  Ael.  Nat.  An.  XII,  26;  Plin.  XXXI,  9.  —  39  plin.  I.  I.  —  40  Athen.  XII, 
519  y.  —  41  Exp.  tôt.  mund.  LIV.  —  42  Hor.  Od.  Il,  610;  Sat.  Silv.  III,  3,  93; 
Mart.  V,  37,  2;  VIII,  28,  4;  XII,  63,  3.  —  43  Voir  note  35.  —  44  Strab.  VI,  3,  6. 

—  45  Plaut.  Trucul.  III,  1,  5;  Strab.  VI,  3,  9;  Calpurn.  Bue.  II,  69.  —  46  Colum. 
VII,  2,  3.  —  47  Plin.  XXIX,  9,  4.  —  48  Mart.  II,  43,  3  ;  IV,  28,  1.  —  49  Colum.  VII, 
2,  3  ;  Plin.  VIII,  73  ;  Mart.  XIV,  155.  —  30  Varr.  B.  rust.  II,  1,  16.  —  31  Id.  II,  2,  9. 

—  52  strab.  VI,  3,  9.  —  M  Nat.  Hist.  VIII,  73;  Mart.  XIV,  127,  129.  —  54  Pliu. 
I.  I.  ;  Mart.  II,  46,  5-6  ;  XII,  63,  3  ;  XIV,  155  ;  Tertull.  De  pall.  III  ;  cf.  Yates,  Textr. 
p.  79.  —  35  Horat.  Od.  II,  6,  10  ;  Varr.  R.  rust.  Il,  2,  18  ;  Clem.  Alex.  Pacd.  II,  10. 

116 


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aussi  à  un  grand  commerce  de  laines  manufacturées 
La  laine  commune  d’Apulie,  à  poils  courts,  servait  sur¬ 
tout  à  faire  des  penulae  2.  Il  y  avait  à  Tarente  des  fabri¬ 
ques  de  pourpre  3  qui,  au  temps  de  la  Notifia,  étaient 
sous  l’administration  du  cornes  sacrarum  largitionum  4. 

Les  tentures  de  couleur 3  et  les  teintureries  de 
pourpre  de  Campanie  0  indiquent  ou  une  production  ou 
une  importation  de  la  laine.  On  a  trouvé  à  Pompéi  d'im¬ 
portants  ateliers  de  foulons  [fullonica]. 

L’Ombrie  1  et  les  Sabines  8  recélaient  dans  leurs  mon¬ 
tagnes  d’excellents  pâturages  d'été 3  ;  ces  contrées  semblent 
cependant  avoir  livré  peu  de  laines  au  commerce.  Il  est 
vrai  que  les  troupeaux  qu’elles  nourrissaient  pendant  la 
belle  saison  appartenaient  surtout  à  l’Apulie10.  Tout  au 
nord  du  Picenum,  Ancône  faisait  de  la  pourpre11. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  le  travail  de  la 
laine  à  Rome.  Nous  savons  que,  parmi  les  très  anciennes 
corporations  dont  on  attribue  l’institution  au  roi  Numa, 
la  filature,  le  tissage,  les  feutres  avaient  trouvé  place  12. 
Les  inscriptions  romaines  nous  font  connaître  des  cen- 
tonarii  13,  des  f alloues  14  et  un  lanarius  coactiliariusiS, 
des  lanarii  16  habitant  le  vicus  Caesaris  11  et  le  vicus 
Fortunae  n ,  des  lanipendae  i9,  des  rgarii 20 .  Mais  ces 
industries  durent  peu  se  développer;  car,  de  bonne  heure, 
Rome  fit  venir  ces  produits,  et  aussi  les  laines  avec 
lesquelles  on  les  fabrique,  de  la  Grèce  et  de  l’Orient 
d’abord,  puis  de  toutes  les  parties  de  l’Empire  qui  tra¬ 
vaillaient  pour  la  nourrir  et  la  vêtir  Aux  temps  anciens, 
que  Juvénal  compare  à  la  mollesse  de  son  temps,  les 
Romaines  filaient  et  tissaient  la  laine  d’Étrurie,  plus 
rude  que  celle  dont,  plus  tard,  la  Grèce  et  l’Orient  inon¬ 
dèrent  le  marché  de  Rome  21 . 

Toute  la  région  qui  s’étend  de  la  Ligurie  à  l’istrie, 
au  pied  des  Alpes,  la  Gaule  Cisalpine,  était  riche  en  laines 
renommées  dont  quelques-unes,  sur  le  marché  de  Rome, 
faisaient  concurrence  à  celles  de  l’Italie  méridionale.  Elle 
produisait  aussi  des  laines  plus  grossières  qui  servaient 
à  fabriquer  des  vêtements  et  des  tissus  à  bas  prix.  Lanae 
Galcanae  22  circumpadanae  23. 

La  Ligurie  produisait  à  la  fois  une  laine  rude  avec  la¬ 
quelle  on  faisait  des  tuniques  grossières  et  des  saies  2\  et, 
près  de  Pollentia,  une  laine  noire  très  estimée  25-.  Au¬ 
tour  de  Parme  et  de  Modène  sur  les  bords  du  Scultanna, 
des  troupeaux  nombreux  2G,  de  race  choisie  27,  portaient 
une  laine  de  très  bonne  qualité  28,  la  meilleure  des  laines 
blanches  après  les  laines  d’Apulie  29.  Le  pays  des  In¬ 
subres,  au  contraire,  autour  de  Milan,  fournissait  une 
laine  très  commune  avec  laquelle  on  habillait  les  esclaves 
de  toute  l'Italie  30.  Les  laines  communes  de  cet  heureux 
pays  se  vendaient  donc  au  loin,  autant  que  les  plus  fines. 
Il  semble  d’ailleurs  que,  dans  toute  cette  région,  l’indus¬ 
trie  des  laines  ait  eu  une  très  grande  activité.  On  a  cons¬ 


taté  à  Modène  l'existence  d’un  negotians  lanarius  31  et 
d’un  foulon 32  ;  à  Brixellium,  il  y  avait  un  collège  de  car- 
deurs  33  et  à  Brixia  des  collèges  de  cardeurs  34  et  de 
foulons  3B.  A  Eporedia,  on  a  trouvé  l’épitaphe  d’un  esclave 
qui  avait  été  attaché  à  un  lanificium  36.  Vérone  fabri¬ 
quait  des  lainages  rudes,  couvertures  et  vêtements, 
appelés,  les  uns  et  les  autres,  lodices  37.  Padoue  semble 
avoir  été  le  grand  entrepôt  pour  l’exportation  à  Rome  des 
lainages  du  nord  de  l’Italie38. 

Les  environs  de  cette  dernière  ville  produisaient  aussi 
une  laine  de  qualité  moyenne,  tenant  le  milieu  entre  les 
laines  grossières  de  la  Ligurie  et  du  pays  des  Insubres, 
et  les  laines  fines  de  Parme  et  de  Modène.  On  l’employait 
à  la  confection  de  tapis  de  prix  [gausapa]  et  autres  tissus 
analogues, pelucheux  d'un  seul  côté  ou  des  deux33.  Plus 
à  l'ouest,  les  brebis  d’Altinum  donnaient  une  laine  douce 
et  recherchée  4n,  au  troisième  rang,  après  les  laines 
blanches  d’Apulie  et  de  Parme  41 .  Nous  voyons  toujours 
les  laines  d’Apulie  placées  au  premier  rang,  avant  les 
laines  de  la  Cisalpine;  ce  fait  tient  à  ce  que,  sans  être 
plus  belles,  elles  étaient  d’un  meilleur  usage  et  se  payaient 
plus  cher  42.Aquilée  fabriquait  des  lainages  43.  On  ne  peut 
pas  quitter  le  nord  de  l'Italie  sans  un  souvenir  pour  les 
brebis  du  Mincio,  que  Virgile  a  rendues  aussi  poétiques 
que  les  brebis  de  Sicile. 

La  laine  d’Istrie  et  de  Liburnie,  plus  semblable  à  des 
poils  qu’à  de  la  laine,  ne  pouvait  pas  être  utilisée  pour  la 
fabrication  des  étoffes  à  longs  poils  44  ;  mais  on  en  faisait 
des  manteaux  45  avec  capuchon  4G.  Aristote,  ou  l’auteur 
des  Mirabilia ,  attribue  aux  brebis  de  cette  région 
une  merveilleuse  fécondité  47.  La  Dalmatie  livrait  au 
commerce  diverses  espèces  de  vêtements  de  laine  qui 
portaient  son  nom  48  et  avait  une  fabrique  de  pourpre  dé¬ 
pendant  du  domaine  impérial  43. 

LeNoricum  fabriquait  un  vêtement  de  laine  mentionné 
dans  l’édit 50. 

On  a  peu  de  renseignements  sur  l'industrie  de  la  laine 
chez  les  Gaulois  avant  l’occupation  romaine.  Leurs  trou¬ 
peaux  suffisaient  sans  doute  à  leurs  besoins  et  les  femmes 
préparaient  la  laine,  la  filaient,  la  tissaient  et  faisaient 
les  vêtements.  Bientôt  la  conquête  romaine  et  l’exporta¬ 
tion  vers  Rome  dotèrent  la  Gaule  de  celle  industrie  qui  se 
développa  très  rapidement.  Les  Gaulois  ne  faisaient  pas 
des  étoiles  de  luxe,  mais  des  vêtements  épais  et  chauds 51 , 
comme  l’exigeait  leur  climat  et  comme  s’y  prêtait  la 
laine  rude  et  à  longs  poils  de  leurs  moutons  B2.  Les 
Romains  les  leur  achetaient  pour  les  temps  froids  et 
les  climats  rudes  53. 

Les  auteurs  anciens  ne  mentionnent,  en  Narbonnaise, 
que  la  ville  de  Pézénas  comme  productrice  de  la  laine. 
Pareille  à  celle  des  autres  régions  de  la  Gaule  5i,  cette  laine 
rude,  à  longs  poils,  ne  permettait  de  fabriquer  que  des 


*  Sur  ces  produits  manufacturés,  qui  ne  rentrent  pas  dans  notre  sujet, 

cf.  H.  Blümner,  Die  Gewerb.  TMt.  p.  122,  s.  —  2  Plin.  VIII,  73. _ 3  Hor. 

Epist.  II,  1,  207;  Plin.  IX,  63.  —  4  Not.  dign.  Occid.  X,  I  G,  p.  49* 

de  l’édit.  Bôcking;  cf.  commentaires,  p.  360*.  —  S  Plaut.  Pseud.  I,  2,  13. 

—  6  Coripp.  In  laud.  Just.  II,  104,  s.  —  7  Varr.  D.  rust.  II,  9,  6.  —  8  Id.  II,  2,  9. 

—  9  Strab.  V,  3,  1.  —  10  Varr.  I.  I.  et  II,  1,  16.  —il  Sil.  1 1 al .  VIII,  436.  —  12  Plut. 

Nu-.na,  XVII;  Wezel,  De  opificio  apud  veteres  Romanos,  Berlin;  Marquardt,  Pri- 
vatleben,  p.  392,  et  trad.  Henry,  t.  II,  p.  7.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  IV,  4925  ; 

ils  étaient  réunis  en  collège.  —  U  Ibid.  9428,  9429,  9430  ;  également  constitués 

en  collège.  —  13  Ibid.  9494.  —  10  Ibid.  9490,9491.  —  17  Ibid.  9492. _ 18  Ibid.  9493 

—  19  Ibid.  9495-9498.  —  20  Ibid.  9864-9872.  —  21JUven.  VI,  289.  —  22  Varr.  Lin  g 
lat.  IX,  39;  Hor.  Orf.  III,  16,  35.  —  23  Plin.  111,73,  1.  —24  Strab.  IV,  0,  2;  V,  1,  12. 

—  23  Colum.  VII,  2,4;  Mart.  XIV,  157,  158;  Plin.  VIII,  73,  2.  —20  Mari.  IV,’ 37, 
5;  V,  13,  8.  —  27  Id.  II,  43  ,  4.  —  28  Colum.  VII,  2,  3.  —  29  Mart  XIV,  155. 


—  30  Strab.  V,  1,  12.  —  31  Corp.  inscr.  lat.  XI,  802.  —  32  Mail.  III,  59. 

—  33  Sodalicium  carminatorum-,  Corp.  inscr.  lat.  XI,  1031.  —  34  Lanarii  pecti- 
narii-,  Corp.  inscr.  lat.  V,  450.  —  33  Lanarii  coactores ;  Ibid.  4504,  4505. 

30  Ibid.  6808.  -  37  Mart.  XIV,  152;  Jtiven.  VI,  195;  Corp.  inscr.  lat.  VIII, 
4508;  J. -B.  de  Rossi,  Dali,  d’arch.  chr.  1803,  p.  93.  —  38  Strab.  V,  1,  7. 

—  39  Id.  V,  1,  12.  —  «  Colum.  VII,  2,  3;  Juv.  VIII,  15;  Terlull.  De  pall.  III. 

—  41  Malt.  XIV,  25  5.  —  42  Varr.  Ling.  lat.  IX,  39.  —  43  Jd.  VIII,  28,  7, 

—  44  Plin.  VIII,  73.  —  45  Stepli.  Byz.  s.  v.  A.Suovoi  ;  Treb.  Poil.  Claud.  XVII. 

40  Mart.  XIV,  139.  —  47  Aristot.  De  mirab.  auscv.lt.  CXXVIII  (124).  _ 48  Treb. 

Poil-  l-  l  ',  Capit.  Pertinax,  VIII;  Isid.  Orig.  XIX,  22;  Edict.  Diocl.  XIX,  28,  30, 
3,1  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  suppl.  p.  19  42.  —  49  Plot.  dign.  Occ.  X,  p.  49*,  édit. 
Bôcking.  —  60  Edict.  Diocl.  Z.  I.  —  61  Mart.  VI,  11,  7;  Juv.  IX,  30.  —  52  Strab. 
IV,  4,  3.  —  53  Mart.  IV,  19  ;  Juv.  VIII,  245.  Sur  l'industrie  de  la  laine  et  les  vête¬ 
ments  fabriqués  en  Gaule,  cf.  H.  Blümner,  Gev.  Th.,  p.  137,  s.  -  «4  Cf.  Strab.  I.  I. 


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étoffes  épaisses  *.  Cependant,  dans  la  partie  la  plus  sep¬ 
tentrionale  de  la  Belgique,  on  réussissait,  en  enveloppant 
les  brebis,  à  obtenir  une  laine  assez  soyeuse^2. 

Les  inscriptions  nous  font  connaître,  dans  diverses  ré¬ 
gions  de  la  Gaule,  des  lanarii  et  d’autres  artisans  atta¬ 
chés  à  l’industrie  de  la  laine,  à  Narbonne  3,  à  Vienne  ', 
à  Lyon  B.  Les  principaux  lieux  de  fabrication  des  gros 
lainages  gaulois  étaient  Langres  (Lingones  j,  An  as 
(Atrebati 7),  Tournay  (Nervii)  8.  On  fabriquait  encore 
des  lainages  chez  les  Sequani  9,  et  chez  les  Santones  lu. 

César  11  et  le  rhéteur  Eumène  12  font  mention  des  nom¬ 
breux  troupeaux  qui  peuplaient  1  île  de  Bretagne. 

La  province  deBétique,  en  Espagne,  était  célèbre  dans 
l’antiquité  par  ses  laines.  On  avait  exporté,  sur  les  rives 
du  Baetis  (aujourd’hui  Guadalquivir),  des  brebis  de 
Tarente,  et  le  père  de  Columelle,  qui  possédait  de  vastes 
propriétés  dans  cette  région,  avait  croisé  ses  brebis  de 
Tarente  avec  des  béliers  de  couleur  extraordinaire,  qu  il 
avait  fait  venir  d’Afrique  ;  il  avait  ainsi  obtenu  des  laines 
douces  et  de  belle  couleur,  ayant  les  qualités  des  deux 
races  13.  Les  laines  d’Espagne  étaient  de  teintes  variées14. 
Columelle,  né  dans  ce  pays,  dit  que  les  toisons  des  brebis  de 
Cordoue  étaient  noires  et  d’un  brun  doré  15,  que  Juvénal 
attribuait  à  l’influence  de  l’eau  etde  la  lumière16.  C’étaient 
des  laines  très  recherchées  1  '  et  d  un  prix  élevé  1  .  Un  bel iei 
reproducteur,  de  cette  race,  se  payait  jusqu’à  un  talent  19. 
On  faisait,  avec  cette  laine,  des  vêtements  non  teints  qui 
gardaient  la  couleur  naturelle 20  et  que  le  commerce 
exportait21.  Salacia,  en  Lusitanie,  fabriquait  des  tissus 
légers22  et  une  spécialité  d’étoffe  de  laine  à  carreaux 23. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  les  laines  des 
provinces  romaines  de  1  Afrique.  Comme  aujourd  hui,  les 
contrées  fertiles  contenaient  d  excellents  pâturages  où 
paissaient  des  moutons 24.  Hérodote 23  et  Pindare  26  louent 
les  nombreux  troupeaux  de  la  région  de  Cyrène.  Mais 
l’Afrique21,  la  Maurétanie  et  la  Numidie  28,  la  Gétulie  29, 
Girba  30,  Carthage  3I,  livraient  au  commerce  des  laines 
manufacturées  ;  des  fabriques  de  pourpre,  plus  nom¬ 
breuses  encore,  soit  privées,  soit  impériales,  et,  au  temps 
de  la  Notitia 32 ,  réunies  sous  l’administration  d’un  procu¬ 
rateur  33,  sont  les  indices  certains  d’un  grand  commerce 
de  laine  entre  ces  établissements  et  les  colons  ou  les 
pasteurs  nomades  de  l’Afrique  septentrionale. 

En  somme,  il  y  avait,  dans  l’antiquité,  trois  sortes  de 
laines  :  les  laines  fines,  avec  lesquelles  on  fabriquait  les 
étoffes  de  luxe  ;  les  laines  moyennes,  qui  servaient  aux 
vêtements  ordinaires;  les  laines  rudes  et  grossières,  avec 
lesquelles  on  habillait  les  esclaves  et  avec  lesquelles  aussi 
s’habillaient  sans  doute  les  paysans.  Il  faut  ajouter  la 
bourre  de  laine  dont  on  faisait  des  tapis  34 . 

Dans  cette  course  à  travers  le  monde  antique,  nous 
avons  recherché  les  lieux  de  production  et  aussi  ceux  de 
fabrication,  chose  nécessaire  pour  étudier  le  commerce, 

1  Plin.  VIII,  73.  —  2  Strab.  I.  I.  —  3  Corp.  inscr.  lat.  XII,  4480,  4481,  4509. 

—  4  Ibid.  1898,  1928.  —  5  Allmer,  Inscr.  du  Musée  de  Lyon,  t.  II,  n»s  182  et 
183.  _  c  Mari.  I,  545;  XIV,  159.  —  7  Trcb.  Pol.  Gall.  duo,  IX;  Vopisc.  Carin. 
XIX;  Suid.  s.  v.  'AxpaSaTixàç.  —  9  Ecl.  Diocl.  XIX,  27,  32;  JYot.  dign.  Occ.  X,  1, 
12,  p.  49*,  édit.  Bocking.  —  9  Mart.  IV,  19,  1.  —  10  Juv.  VIII,  145,  et  Scliol.  ad  v.  ; 
Mart.  XIV,  128.  —  U  Bd.  gai.  V,  12.  —  12  Panegyr.  Constantin.  Aug.  IX  : 
pecorum  innumerabilis  multitudo...  onusta  velleribus.  —  13  Colum.  H.  rust.  VII, 
2,  4-0.  —  U  Plin.  VIII,  73.  —  15  R.  rust.  I.  I.  Pullus  et  fuscus ;  cf.  Mart.  IX,  02, 
3;  XII,  99,  2.  —  10  XII,  41-42,  et  Schol.  —  41  Strab.  III,  2,  6;  Mari.  VIII,  28,  G. 
J.  18  Mart.  XII,  05,  5.  —  19  Strab.  I.  I.  —  29  Mart.  XIV,  133;  cf.  1,  97,  4. 

—  21  Exp.  tôt.  mund.  LIX.  —  22  Strab.  I.  I.  —  29  Plin.  VIII,  73.  —  24  Cf.  Tissot, 
Geogr .  comparée  de  la  prov.  d’ Afrique,  I,  p.  342;  Digest.  XXXIX,  4,  10,  8. 

—  25  IV,  155.  —  2G  Pyth.  IX,  0.  —  21  Hor.  Od.  H,  10,  35  ;  Vopisc.'  Aurel.  XII  ; 


car  la  matière  brute  allait  aux  fabriques  privées,  et  aussi 
aux  fabriques  impériales,  qui  s’établirent  à  une  époque 
que  l’on  ne  peut  pas  déterminer,  mais  qui  sont  mention¬ 
nées  dans  la  Notitia.  Une  loi,  d’ailleurs,  obligeait  les 
particuliers  à  y  porter  leur  laine  [gynaeceum  J.  Nous 
avons  dû  aussi  indiquer  les  principales  teintureries  en 
pourpre,  parce  que  leur  existence  suppose  dans  le  pays 
une  production  ou  une  importation  de  laines.  Dans  la 
haute  antiquité,  c’est  Tyr  qui,  par  le  commerce  phénicien 
et  par  les  caravanes  d’Orient,  reçoit  le  plus  de  laines 
brutes  et  exporte  le  plus  de  produits  ;  la  Grèce  et  ses  co¬ 
lonies,  y  compris  la  Grande  Grèce,  se  suffisent  à  elles- 
mêmes  et  importent  peu;  elles  exportent  modérément 
jusqu’au  jour  où  Rome  attire  tout  à  elle  et  augmente  ainsi 
la  production.  Le  moment  vient,  en  effet,  où  c’est  surtout 
pour  elle  que  sont  recueillies  et  travaillées  les  laines 
fines  de  Milet,  de  l’Attique,  de  l’Apulie  et  de  la  Bétique, 
et  même  les  tissus  de  Babylone  et  des  Indes;  elle  ne  dé¬ 
daigne  pas,  pour  se  garantir  du  froid,  les  épais  lainages 
de  la  Gaule,  ni,  pour  habiller  ses  esclaves,  les  laines 
grossières  d’une  partie  de  la  Cisalpine  ;  ce  que  le  produc¬ 
teur  envoie  aux  manufactures  locales  ou  éloignées  re¬ 
vient  en  grande  partie  à  Rome,  en  tapis,  couvertures,  vê¬ 
tements  et  tentures,  tandis  que  l’Afrique  rivalise  avec 
l’Asie  pour  les  teindre  en  pourpre. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  des  opérations  par 
lesquelles  on  préparait  la  laine  brute  pour  le  filage. 

IV.  —  Les  brebis  de  luxe,  porteurs  d’une  laine  fine  et 
de  prix,  pecus  molle™,  oves  délicat  iss  imae  36, 
jAxXaxâ  31,  étaient  l’objet  de  soins  particuliers  et  d’une 
surveillance  constante.  Le  jour  même  où  l’agneau  était 
né,  et,  après  que,  en  le  léchant,  sa  mère  l’avait  nettoyé, 
on  l’enveloppait  dans  une  couverture  fixée  avec  des 
fibules  et  qu’il  ne  devait  plus  quitter  38.  Nous  avons 
plus  d’une  fois,  dans  cet  article,  mentionné  des  brebis 
dont  la  laine  était  ainsi  protégée,  particulièrement  à 
Milet,  en  Attique,  à  Mégare,  à  Tarente,  en  un  mot  dans 
les  pays  producteurs  des  laines  de  choix.  La  laine  d’Ara¬ 
bie  était  recommandée  pour  faire  ces  couvertures 39, 
mais,  le  plus  souvent,  on  se  servait  de  peaux,  ce  qui 
faisait  appeler  ces  brebis  oves  pellitae 40,  tectae “, 
Û7rootcpQépot  Tcoipvat 42.  Elles  demandaient  des  soins  assidus 
et  une  surveillance  continuelle  et  ne  devaient  paître  que 
dans  des  endroits  dépourvus  de  rochers  et  de  buissons 
qui  auraient  pu  accrocher  leur  enveloppe43,  dont  la 
réparation  était  coûteuse44.  Leur  étable  devait  être 
d’une  irréprochable  propreté  avec  un  plancher  percé  de 
trous45,  leur  nourriture  choisie46.  Il  fallait,  trois  fois 
par  an,  enlever  aux  brebis  leur  couverture  et  nettoyer 
leur  toison  avec  de  l’huile  et  du  vin,  en  séparer  les  poils, 
tlocon  par  flocon,  et,  si  la  température  le  permettait,  les 
soumettre  à  un  lavage  complet47.  La  moindre  négligence 
du  maître  ou  du  berger  pouvait  tuer  les  brebis  ;  elles  ne 

Carin.  XX  ;  cf.  Salmas  ad  I.  Z.;  Ed.  Diocl.  XIX,  42,  56  ;  Corp.  inscr.  lat.  III, 
suppl.  p.  1943.  —  28  Vopisc.  Aurel.  XII  ;  Exp.  tôt.  mund.  LXVI.  —  29  Hor.  Epist. 
11,2,  181  ;  Ovid.  Fait.  II,  319.  Ce  n’était  peut-être  que  des  teintureries  de  pourpre. 
J  30  Treb.  Poil.  Claud.  XIV.  —31  Athen.  I,  28  a;  XII,  541  b.  —  32  Not.  Dign. 
Occid.  X,  1,  5,  p.  49*,  édit.  Bocking.  —  33  Sur  les  fabriques  de  pourpre  de  l’Afrique, 
cf.  les  documents  réunis  par  II.  Blüinner,  Gev.  T.  p.  1 .  ss.  —  34Honier.  cité  par 
Pline,  VIII,  73.  Sur  cet  aperçu  géographique,  cf.  spécialement,  Yates,  Textr.  I,  p.  12- 
120,  et  O.  Blüinner,  Gev.  1.  passim.  —  33  Colum.  R.  rust.  VII,  4,  1  et  4.  —  3G  plin. 
Epist.  II,  11,  25.  — 31  Demoslli.  In  Everg.  XLV1I,25;  Polyb.  IX,  17. —  38  Talmud, 
cité  par  Bochart,  dans  Hierozoicon,  t.  II,  col.  480.  —  39  Plin.  VIII,  72  ,  3.  —  40  Varr. 
R.  rust.  II,  2,  18  ;  Hor.  Od.  II,  0,  10  ;  Clem.  Alex.  Paed.  II,  10.  —  41  \ arr.  R.  rust. 
II,  11,  7.  —  42  Strab.  IV,  4,  3.  —  43  Colum.  VII,  4,  4.  —44  Ibid.  3,  10.  —  43  Colum. 
VU,  4,  6  ;  Varr.  R.  rust.  Il,  2,  19.  —  4G  Colum.  :  Varr.  I.  I.  —  41  Colum.  Z.  Z. 


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supportaient  ni  le  froid  ni  la  chaleur;  si,  par  avarice  ou 
par  la  fraude  du  berger,  leur  nourriture  était  insuffi¬ 
sante,  elles  en  mouraient1.  Aussi,  tandis  qu’un  berger 
suffisait  pour  100  brebis  ordinaires,  il  en  fallait-  deux 
pour  100  oves  pellitae  2.  On  est  surpris,  en  pensant  à 
quel  prix  devait  revenir  l’entretien  de  ces  brebis,  que 
Pline  ait  écrit  qu’aucune  laine  n’a  dépassé  le  prix  de 
100  sesterces  (environ  21  francs)  la  livre3. 

Il  fut  un  temps  où,  au  lieu  de  tondre  les  brebis,  on 
arrachait  leur  laine4.  Varron5  et  Pline6  disent  que,  à 
leur  époque,  cette  coutume  subsistait  encore  en  certains 
endroits.  On  soumettait  alors  les  brebis  à  un  jeûne  de 
trois  jours,  avant  d’arracher  la  laine,  parce  que  les  racines 
adhéraient  moins  fortement  àla  peau  de  l’animal  affaibli7. 
Cet  usage,  qui  remontait  peut-être  à  l’époque  où  l'homme 
n’avait  pas  d'instruments  en  métal8,  a  pu  se  perpétuer 
par  une  autre  cause  que  la  routine;  car  Aristote  a  écrit 
en  plusieurs  endroits  que  la  laine  arrachée  repousse 
plus  douce9. 

Quoi  qu’il  en  soit,  à  l'époque  historique,  sauf  excep¬ 
tion,  on  tondait  les  moutons  avec  des  ciseaux  en  fer, 
forfex  10,  dont  une  pierre  gravée  du  Musée  de  Berlin 
nous  fournit  un  dessin  [forfex,  fig.  3169] 11 .  Les  auteurs  ne 
s'accordent  pas  sur  l’époque  convenable  pour  tondre  les 
brebis  de  luxe.  Varron  croit  qu’il  faut  procéder  à,  cette 
opération  entre  l’équinoxe  du  printemps  et  le  solstice,  parce 
que  alors  les  brebis  commencent  à  transpirer,  ce  qui  est 
une  condition  favorable12;  d’autres  proposent  mai 13,  ou 
juin11.  Columelle  fait  observer  avec  bon  sens  que  l’époque 
doit  varier  suivant  les  climats13,  Mai  est  lameilleure  saison 
pourlesclimats  tempérés 16.  Quant  aux  brebis  communes, 
c’est  quand  on  récolte  l’orge 17  ou  avant  la  fenaison  18  qu’on 
doit  les  tondre.  Il  faut  choisir  un  jour  serein,  entre  la 
quatrième  et  la  dixième  heure,  car  alors  le  suint  des 
brebis  rend  leur  laine  plus  douce,  plus  lourde,  et  de 
plus  belle  couleur19;  mais  ce  ne  doit  pas  être  pendant 
que  la  lune  est  en  décroissance20.  Il  est  important  de  ne 
tondre  ensemble  que  des  brebis  absolument  pareilles, 
pour  ne  pas  mélanger  des  laines  de  couleurs  et  de  qua¬ 
lités  différentes21;  on  fera  bien  aussi  d’opérer  sous  abri, 
afin  de  ne  perdre  aucun  flocon22.  Aussitôt  après  la  tonte, 
les  brebis  doivent  être  soumises  à  des  traitements  qui 
protègent  leur  peau  dénudée  et  contribuent  à  la  beauté 
de  la  laine  à  venir23.  Un  mois  avant  la  tonte,  les  brebis 
ont  été  lavées  avec  la  radix  lanaria 24. 

1  Colum.  VII,  4,  1  et  2.  —  2  Varr.  R.  rust.  Il,  2,  19.  —  3  Plin.  VIII,  73,  1. 

—  4  Varr.  R.  rust.  II,  11,  9.  -  '■>  L.  I.  —  6  VIII,  73.  —  7  Varr.  I.  t.  —  8  Cf. 
Varr.  Ling.  lat.  V,  54.  —  9  Probl.  X,  22;  Quadrup.  IV,  1G4,  21,  s.  et  305,  32,  s. 
D'après  Varron  (  Ling .  lat .  V ,  54),  la  Vetia  à  Rome  était  ainsi  nommée , 
parce  que  c'est  là  que  les  bergers  du  Palatin  arrachaient  ( vellere )  la  laine 
de  leurs  brebis.  Par  une  étymologie  non  moins  fantaisiste,  Isidore  ( Orig . 
XIX,  27)  dérive  vellus  de  vellere.  —  10  Calpurn.  Bue.  V,  74.  —  H  Winckel- 
mann,  Pierres  grav.  de  Stosch,  VII,  48  ;  Furlwangler,  Geschnitt.  Steine ,  3261. 

—  12  Varr.  R.  rust.  II,  XI,  6.  —  13  Menolog.  rustic.  mens.  Maius,  Corp.  inscr. 
att.  1. 1,  2e  éd.  p.  280.  —  14  Colum.  XI,  2,  44  :  in  aliquibus  regionibus.  — 15  VII,  4,  7. 
— 16  Pall.  R.  rust.  VI,  8.  —  UJuillet;  cf.  Menai.  Rust.,  mens.  Julius.  —  ISJuin; 
Ibid.  mens.  Jun.,  p.  281.  — lOVarr.  II,  11,  9.  —  20  Id.  I,  37,  2, — 21  Calpurn.  Bue. 
V,  69,  s.  — 22  Varr.  II,  11,  8.  — 23  Virg.  Gcorg.  III,  443,  s.  ;  Varr.  I.  I.  7  ;  Colum. 
VII,  4,  7;  Calpurn.  I.  I.  78,  s.;  Pall.  VI,  8.  — 24  Colum.  XI,  2,  35;  cf.  Menai. 
2,  mens.  April.  I.  I.  —  25  Aristoph.  Lgsistr.  575.  —  26  Paus.  VIII,  42,  11. 

—  27  plin.  XXIX,  10,  1.  — 28  Aristoph.  Acliarn.  1177;  Poil.  VII,  28  (9). —  29  Varr. 
R.  rust.  II,  11,  6;  Mart.  XI,  27,  8.  —  30  Aristoph.  Plut.  166.  —  31  Id.  Lysistr. 
575.  —  32  Varr.  R.  rust.  II,  2,  18.  —  33  Id.  Ibid.  ;  Non.  p.  369,  21. 

—  34  Aristoph.  Lysistr.  574;  Plin.  VIII,  73,  3.  —  35  Plin.  XXIV,  104,  1. 

—  36  Id.  XIX,  18,  1;  Col.  XI,  2,  35.  —  37  Lucian.  Alexand.  XII.  —  38  Aris¬ 
toph.  Lysistr.  732.  —  39  Ibid.  575.  —  40  Poil.  VII,  32.  —  41  Suid.  s.  v. 
(AYipuojAïvY).  —  42  Juv.  II,  54.  —  43  Virg.  Geory.  IV,  334;  Hor.  Od.  III,  27,  64. 

—  44  Ov.  Met.  II,  411.  —  4o  Ibid.  V,  20;  XIII,  511  ;  Mart.  VI,  3,  5.  —  46  Geopon. 


La  laine  tondue  et  encore  chargée  du  suint  (oîffTrwnrj  25 
oicuttoç  2C,  oesypum  21)  était  appelée  ’épta  oitjuTr^pot28,  lona 
succida 29.  Il  fallait  d’abord  la  laver  (irXuveiv30,  Ix7t)ujveiv31, 
lavare 32,  pu  tare 33)  dans  une  chaudière34  avec  Y/ierba  33 
ou  la  radix3*  lanaria,  patptxv]  (3ût<xvt)  37  [lavatio],  puis  la 
sécher  38.  Elle  était  ensuite  battue  (^aêoi'Çsiv,  IxpaêoîÇst v39) 
et  épluchée  (’éXxetv40,  teiveiv,  41 ,  trahere  42,  car- 

pere^ 3,  mollire 44)  avec  les  doigts43. 

Enfin  on  passait  à  l’opération  du  cardage  (çatveiv46, 
carere 41,  pectere 48,  pect  inare 49,  car  minore3*)  qui  se 
faisait  à  l’aide  d’un  peigne  (xxefç  ou  Ijâvi&v  31 ,  pecten  52, 
carmen33)  en  fer  34  dont  les  dents35  étaient  recourbées 
(ttnei)86.La  laine  pouvait  enfin  prendre  place  dans  la  cor¬ 
beille  et  autour  du  fuseau  des  fileuses  [calatiius,  fusus]. 

Au  temps  où  la  vie  était  simple  et  les  mœurs  austères, 
cette  préparation  de  la  laine  et  aussi  les  travaux  qui 
suivaient,  le  filage  et  le  tissage,  étaient  dévolus  aux 
femmes37.  Même  dans  les  intérieurs  riches,  la  mère  de 
famille  dirigeait  et  partageait  avec  ses  esclaves  le  travail 
de  la  laine  38,  dans  le  vestibule  de  la  maison  59,  qui  était 
alors  le  centre  de  la  vie  familiale.  Dans  les  ménages 
pauvres,  c’était  un  gagne-pain  60.  Ce  travail  s’appelait 
spioupyta 61 ,  lanificium  °2.  Lucrèce  s’y  livrait  avec  ses  escla¬ 
ves  lorsque  Tarquin  la  surprit63.  Mais  quand  le  luxe  fit 
fléchir  les  mœurs,  les  femmes  abandonnèrent  à  leurs 
esclaves  cette  partie  de  leurs  devoirs  de  maires  fami- 
liae 64  et  Columelle  se  plaignait  que  celles  de  son  temps 
ne  daignaient  même  plus  surveiller  ce  travail66;  les 
moralistes  le  leur  reprochèrent  durement 6G.  Les  indus¬ 
triels  se  mirent  alors  à  faire  ce  qu’abandonnaient  la  plu¬ 
part  des  femmes  67  et  le  nombre  des  lanarii  s'accrut. 

Le  mot  lanarius  est  un  nom  générique  qui  s’applique 
aux  divers  spécialistes  du  métier  et  dont  le  sens  ne  peut 
être  exactement  précisé  que  quand  il  est  accompagné 
d’une  épithète  :  un  marchand  de  laine  et  de  lainage 
s’appelle  lanarius  negotians  ou  negotiator  68  ;  un  fabri¬ 
cant  de  feutre  lanarius  coactor  69  ou  lanarius  coacti- 
liarius  70  ;  c'est  à  ces  épithètes  qu’il  faut  chercher  les 
renseignements  sur  ces  artisans.  Pour  la  petite  partie 
du  travail  de  la  laine  qui  nous  occupe,  nous  n’avons  à 
mentionner  que  ceux  qui  lavaient  la  laine  et  la  dégrais¬ 
saient,  les  IptoirXuTat71,  lanilutores ,2,  lanam  polientes 13, 
les  éplucheurs,  lanif ricarii  ?  74  et  les  cardeurs,  qui,  du 
nom  de  leurs  instruments,  s’appelaient  lanarii  egrmi- 
natores  75  et  lanarii  pectinarii 7C.  Henry  Trédenat. 

III,  4,  7;  Poil.  VII,  30.  —  47  Varr.  Ling.  lat.  VII,  54.  —  48  Colum.  XII,  3,  6. 

—  49  Paul.  Sent.  III,  6,  82.  —  6°  Varr.  Ling.  lat.  VII,  54  Plin.  IX,  62,  2. 

—  51  Non.  Dionys.  V,  145;  cf.  H.  Blümner,  Techn.  t.  I,  p.  104.  —  62  Claud.  In 
Eutrop.  II,  382.  —  63  Ibid.  458;  Venant. Fortun.  Mise.  V,  6.  —  64  JUv.  VII,  324. 

—  55  Claud.  O.  I.  II,  385.  —  66  Ibid.  282.  Sur  ces  opérations  préparatoires, 
cf.  H.  Blümner,  O.  I.  t.  I,  p.  96,  s.  et  Marquardt,  Das  Privatl.  p.  503,  s.;  trad. 
V.  Henry,  t.  II,  p.  137,  s.  —  67  Hom.  Odyss.  1,  256;  XXII,  423  et  passhn  ; 
Aristoph.  Nub.  50,  s.;  Lysistr.  574,  s.  728,  s.;  Justin.  I,  3;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
11002,  15340.  —  68  plaut.  Merc.  V,  2,46;  Vitruv.  VI,  10.  —  69  Ascon.  in  Milon. 
§  13;  Liv.  I,  57.  —  60  Terent.  Andr.  I,  1,  49  ;  Lucian,  Dial.  mer.  VI,  1. 

—  61  Cf.  H.  Blümner,  Techn.  I,  p.  96,  97.  —  62  Colum.  R.  rust.  XII,  praef.  9  ; 
Suet.  Aug.  LXIV  ;  Justin.  II,  6,5.  —  63  Aur.  Vict.  IX  ;  Liv.  I,  57  ;  Ov.  Fast.  II,  74  s. 

—  64  Plaut.  Merc.  Il,  3,62.-65  Colum.  I.  I.  —  66  Juv.  VI,  38  9.  —67  Digest.  VIH,  8, 12. 

—  68  Corp.  inscr.  lat.  XI,  862.  —  69  Ibid.  V,  4504,  4505.  —  70  Ibid.  VI,  9494. 

—  71  Dioscor.  De  mat.  med.  II,  192.  —  72  Gloss.  Philox.  s.  v.  ’EptojtMTï;;.  —  73  plin. 
VIII,  73,  3.  —  74  Corp.  inscr.  lat.  IV,  1190.  —  75  Ibid.  XI,  1031.  —  76  Ibid.  VI, 
9494.  —  Bibi.iocraphie.  Bochart,  Hierozoicon,  sive  bipartitum  opus  de  animalibus 
sacrae  scripturae ,  1.  II,  c.  xlv,  col.  475  et  s.  Londres,  1G63,  fol.  ;  Mongez, 
Recherches  sur  les  habillements  des  anciens,  dans  Hist.  et  mém.  de  l'Institut 
royal,  classe  d’histoire,  t.  IV,  1818,  p.  222,  s.;  B.  James  Yates,  Textrinum  anti¬ 
quorum,  an  account  on  the  art  of  weaving  among  the  ancients,  t.  I,  1843,  83; 
Fr.  A.  Magerstedt,  Bilder  aus  der  rôm.  Landwirthschaft,  2*  part.  IL  Das  Schaf, 
p  87,  s.  Sondershausen,  1859  ;  Dr  H.  Wiskeman,  Die  antike  Landwirthschaft. 


LAN 


—  921  — 


LAN 


LANCE  A  [hast  A  lancearius]. 

LANCEARIUS  ou  LANCIARIUS.  —  Soldai  armé  de  la 
lancea,  par  opposition  au  confortai  qui  porte  le  confus, 
à  Yhastatus  que  caractérise  la  hasta  [hasta,  contus]. 

La  lance  était  une  arme  à  large  fer  et  à  long  manche  , 
qui  pouvait  servir  à  la  fois  d’arme  de  trait  et  d  arme  de 
jet2.  Elle  était  usitée  surtout,  semble-t-il,  chez  les  Bar¬ 
bares,  Gaulois  3  ou  autres;  mais  on  s’en  servait  aussi 
dans  les  troupes  romaines  :  cavalerie  légionnaire  (lorsque 
son  armement  eut  été  modifié  à  l’exemple  de  celui  des 
troupes  étrangères)  *,  ailes  auxiliaires  6  ou  spéculât  ores , 
attachés  à  la  garde  de  l’empereur  6. 

Dans  un  sens  plus  restreint  et  technique,  on  nommait 
lanciarii,  à  l’époque  antérieure  à  Dioclétien,  des  corps 
auxiliaires,  absolument  irréguliers  et  composés  de  bar¬ 
bares.  Les  lanciers  n’ont  jamais  été  organisés,  que  nous 
sachions,  en  ailes  ou  en  cohortes;  mais  on  en  rencontre, 
par  exemple,  parmi  les  troupes  qu’Arrien,  légat  de  Cap- 
padoce,  leva  surplace  et  emmena  avec  lui  contre  les  Alans  ' . 
D’après  son  récit  même,  il  est  difficile  de  décider  s  ils 
formaient  un  corps  d’infanterie  ou  un  corps  de  cavalerie. 
Plus  tard,  sont  ainsi  désignées  deux  sortes  de  troupes. 

1°  Des  corps  de  fantassins  8,  semble-t-il,  qui  occupaient 
divers  cantonnements  en  Gaule  et  dans  la  région  du  Da¬ 
nube.  En  Gaule,  nous  trouvons  la  légion  nommée  Lan¬ 
ciarii  Sabarienses  9,  parce  qu’elle  avait  été  sans  doute 
établie  primitivement  à  Savaria,  en  Pannonie,  et  la  légion 
comitatensis,  appelée  Lanciarii  Honoriani  Gallicani  ,0. 

En  Illyricum  étaient,  du  moins  au  début  du  v°  siècle, 
les  Lanciarii  Juniores  (légion  comitatensis) 11 ,  les 
Lanciarii  Augustenses  ( id .)  ,2,  les  Lanciarii  Comagi- 
nenses  (légion  pseudocomitatensis ),  ainsi  désignée  de  la 
ville  de  Comagena ,  en  Noricum)  13,  les  Lanciarii  Lau- 
riacenses  (id.)  qui  tirent  leur  nom  de  leur  lieu  de  campe¬ 
ment,  Lauriacum  n,  et  enfin  les  Lanciarii'  Stobenses 
(légion  comitatensis ),  dont  la  garnison  était  en  Thrace  15. 
La  Notice  nous  a  conservé  l’image  des  insignes  de  ces  di¬ 
verses  troupes;  mais  on  ne  sait  rien  déplus  à  leur  sujet. 

2°  Des  corps  appartenant  à  la  garnison  de  la  capitale  et 
rattachés  à  la  garde  impériale  llJ.  La  Notice  des  Dignités 
les  désigne  sous  le  nom  de  Lanciarii  seniores  11  et  de 
Lanciarii  juniores  18,  et  nous  les  présente  comme  des 
légions  palatines,  dépendant  directement  du  magister 
militum  praesentalis ;  les  inscriptions  nous  apprennent 
qu’ils  ont  été  organisés  comme  tels  sans  doute  dès  l’époque 
de  Dioclétien  ,9,  que  ces  corps  étaient  inférieurs  en  dignité 
aux  cohortes  prétoriennes20  et,  postérieurement,  aux 

p  37  cl  p.  81-84,  Leipz.  1859;  Hermann  Grothe,  Die  Geschichte  der  Molle  und 
Wollenmanufalctur  im  Alterthum,  dans  Deutsche  Vierteljahresschrift,  1860, 
4,  livr.  p.  259,  s.,  Stulg.  ;  G.  Büchsenschiitz,  Besitz  und  Erwerb  im  griech.  Alter- 
thume,  p.  221,  s.  Halle,  1869;  Id.  Die  Hauptstütten  der  Gewerb/leisses  im  klas- 
sischen  Alterthume,  Leipzig,  1809;  H.  Blümner,  Die  gewerbliche  Thatigkeit  der 
Vôllcer  des  klassischen  Altertliums ,  Leipzig,  1869;  Id.  Technologie  und  Termino¬ 
logie  des  Gewerbe  und  Kiinste  bei  Griéehen  und  Rômern,  1.  1,  p.  90  el  s.  Leipzig, 
1874;  J.  Marquardt-Mau,  Das  Privatleben  der  Borner,  2”  édit.  1.  Il,  p.  475,  s. 
Leipzig,  1887;  trad.  V.  Henry,  t.  Il,  p.  105,  1893. 

LANCEARIUS.  1  Diod.  Sic.  V,  30.  «  Le  fer  a  une  coudée  de  longueur  et 
près  de  deux  palmes  de  largeur  ;  le  fut  a  plus  d'une  coudée  de  longueur.  » 

2  Arrian,  "Ex-rnU  xa t  ’AXav.  25  ;  Tact.  4,  7  ;  cf.  l’inscription  citée  à  la 

110ieg. _ 3Diod.  I.  c.  — 4  Cf.  Wil.  Scliurz,  Die  Militürreorganisation  Hadrians,  11, 

p.  1 1  et  suiv.  ;  Arrian.  Tact.  4,  7.  —  5  Un  nouveau  fragment  du  discours  d’IIadrien, 
adressé  aux  cavaliers  de  l’aile  des  Pannoniens,  contient  cette  phrase  :  «  Lanceas 
plurios  vestrum  permiserunt  »  ( Bull .  arch .  du  Comité  ;  Commission  de  l  Afrique 
du  Nord,  nov.  1899).  — 6  Suet.  Claild.  35;  Galb.  18.  —  7  Arrian,  "Extcü.  7  ;  tq  uu;x- 
lutguriv-"  xod  PiÇmvot  ot  XoYxo?4eoi.Rizius  est  un  fleuve  et  un  port  de  la  province  du  Pont, 
un  peu  à  l'ouest  de  Trapézonle  (Arrian.  Peripl.  7).  — 8  M.  Ot.  Seeck  les  classe  dans  sa 
table  ( Notitia  dignitatum,  p.  324)  parmi  les  Pedites.  —  9  Not.  dign.  Oc.  V,  9, 152  (où 
ce  corps  est  désigné  comme  légion  palatine)  ;  VII,  82.  —  10  Ibid.  Oc.  V,  90,  239  ;  VII, 


proteclores  21 ,  et  qu’ils  étaient  composés  de  fantassins  et 
de  cavaliers  —  ex  numéro  lanciariorum,  iscola  aequi- 
turn,  dit  un  texte  de  Rome  22.  Il  semble  que  1  effectif  de^ 
lanciarii  ait  été  souvent  recruté  parmi  les  soldats  des 
troupes  du  Danube23,  ce  qui  seproduisitdéjà,  depuis  Sep- 
time  Sévère,  pour  les  prétoriens  et  en  général  pour  les  sol¬ 
dats  delà  garde  [praetoriani,  équités  singulares],  les  bar¬ 
bares  de  rillyricum  etdela  Thrace  étant  considérés  comme 
d’une  fidélité  et  d’une  bravoure  éprouvées.  R.  Cagnat. 

LANIARIUM,  LANIENA.  LANIOLUM.  Magasin  débou¬ 
cher,  étal.  (Voy.  pour  la  Grèce,  lanius.)  —  Les  bouchers 
de  Rome  avaient  coutume  d’exposer  leurs  viandes 1  et  de 
parer  leur  étal.  L’étalage  des  bouchers,  comme  celui 
d’autres  boutiquiers,  débordait  même  sur  la  rue  et  en¬ 
vahissait  la  chaussée 2.  Martial,  félicitant  Domitien  d’avoir 
mis  fin  à  cet  empiètement,  cite  les  bouchers  comme  en 
ayant  abusé  3.  Les  bouchers  avaient  leurs  boutiques  sur 
le  forum  jusque  vers  le  milieu  du  ve  siècle  av.  J.-C.  *; 
puis  ils  se  transportèrent  au  nord  du  forum  où  étaient 
par  ticulièrement  groupés  tous 
les  marchands  de  comestibles 
[macellum].  Il  y  en  eut  aussi 
en  d’autres  endroits5.  Sous  la 
République,  ils  se  trouvaient 
sans  doute  en  grand  nombre 
derrière  le  cirque,  à  l’endroit 
où  s’éleva  la  basilique  Sem- 
pronia,  d’où  ils  furent  délo¬ 
gés  pour  la  construction  de 
ce  monument6.  Des  inscrip¬ 
tions  de  la  fin  de  la  Répu¬ 
blique  nous  apprennent  qu’à 
cette  époque  les  bouchers 
établis  autour  de  la  Piscina 
publica  de  la  XIIe  région 
d’Auguste  étaient  assez  nom¬ 
breux  pour  former  un  col¬ 
lège  7.  Un  bas-relief  de  la 
Villa  Albani  8  (fig.  4335)  montre  un  boucher  levant 
son  couperet  au-dessus  d’une  tête  de  porc  posée 
sur  un  billot;  une  deuxième  tête  et  d’autres  parties  du 
même  animal  sont  suspendues  au  carnarium  au  fond  de 
la  boutique. 

Il  y  avait  en  outre  pour  le  débit  de  la  viande  des  mar¬ 
chés  spéciaux,  correspondant  à  la  nature  des  viandes 
et  aux  trois  grands  collèges  de  bouchers  [lanius]. 
Le  forum  boarium  est  bien  connu9.  On  trouve  aussi 

81.  —  Il  Or.  IX,  16,  38.  —  12  Or.  IX,  14,  36.  —  13  0c.  V,  110,  260  ;  VII,  59.  —  U  Oc. 
V,  109,  259  ;  VU,  58.  —  13  Or.  VIII,  12,  44.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2787  :  Val. 
Ursinus,  m(iles)  lanciarius...  Val.  Vitalis  mil.  colhortis)  e{jusdem  ?)  pre(toriae) 
commanuculo  ;  cf.  Ammian.  XXI,  13,  16  et  XXXI,  13,  8.  — '17  Or.  V,  2,  42;  Corp. 
inscr.  lat.  XII,  673.  —  )s  Or.  VI,  7,  47.  C’est  sans  doute  à  l'une  de  ces  deux  troupes 
qu’il  faut  rattacher  l’àxTwàçio;  Aavxtaçluv  d  une  inscription  d  Iconium  en  Pbrygie 
(Corp.  inscr.  gr.  4004).  —  18  Cf.Jullian,  Bull.ipigr.  1884,  p.  8.  —  20  Corp.  inscr. 
lat  VI,  2759  ;  militavit  legione  Mesiaca  annis  V,  inter  lanciarios  annis  XJ,  in 
prêlori’a  annis,  etc.  ;  cf.  2787.  —  21  Corp.  inscr.  lat.  III,  6194  ;  Eph.  ep.  IV,  911  ; 
cf  V,  p.  124.  —  22  Not.  de.  scaui,  1888,  p.  735  ;  Bull,  comun.  1889,  p.  88. 
—  23’  Corp.  inscr.  lat.  III,  6194  ;  VI,  2759  ;  Eph.  ep.  IV,  911  ;  cf.  Jullian,  Le. 

LANIARIUM.  1  Phaed.  Fab.  III,  4,  1.  —  2  C'est  à  l  étal  d’un  boucher  sur  le 
forum  que  Virginius  prit  le  couteau  ayec  lequel  il  frappa  sa  fille.  Dion.  Hal.  Ant. 
rom.  XI,  27  ;  cf.  Tit.  Liv.  III,  48.  —  3  Martial.  Epigr.  VII,  60.  —  4  Varr.  ap.  Non. 
Marc.  p.  532,  Mercier)  ;  Quiclierat,  II,  p.  620,  lit  larignis)  ;  cf.  Tit.  Liv.  loc.  cit. 
et  IX,  40;  Gilbert,  Gesch.  und  Topographie  der  Stadt  Rom,  111,  p.  204. 
_  S  Plaut.  Curcul.  IV,  1.  —  G  Tit.  Liv.  XLIV,  16,  in  fine.  —  7  Corp.  inscr.  lat. 
VI,  107,  168.  —  8  Gualtani,  Monum.  ined.  1786,  Sat.  3  ;  Zoega,  Bassiril.  ant. 
28;  0.  Jalin,  Berichte  der  phil.-hist.  Classe  d.  Sachs.  Gesellsch.  der  Wissensch. 
1861,  p.  252,  pi.  xui,  1.  —  9  Voir  Jordan,  lopograph.  d.  Stadt  Rom,  I,  2*  Abtli. 
p.  468,  474  et  suiv. 


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un  forum  suarium1  pour  la  viande  de  porc  et  le  lard, 
dont  il  se  faisait  à  Rome  une  grande  consommation,  et 
un  forum  pecuarium 2  où  l’on  vendait  le  mouton,  la 
chèvre,  le  chevreau.  Nous  connaissons  l’organisation  de 
ces  forums  [forum]. 

L’approvisionnement  de  Rome  par  les  grands  collèges 
de  bouchers,  de  boulangers,  etc.,  étant  une  sorte  de 
service  public,  ils  étaient  soumis  à  la  haute  autorité  du 
préfet  de  la  ville  3,  qui  y  avait  ses  officiers,  un  tribunus 
fori  suarii 4,  un  seriba'%  un  cancellarius 6,  des  decu- 
riales1 .  En  outre,  des  adores  [actor  publicus]  étaient 
chargés  de  la  défense  des  intérêts  corporatifs  8.  Ces 
fonctionnaires,  à  l’exception  des  adores  qui  repré¬ 
sentaient  les  négociants,  étaient  chargés,  au  nom  du 
préfet  de  la  ville,  de  veiller  à  la  police  des  marchés 
[cancellarius,  decurialis]  et  à  la  régularité  des  tran¬ 
sactions.  On  affichait  dans  ces  forums  les  édits  concernant 
les  obligations  et  les  privilèges  des  corporations  de 
bouchers9  [lanius].  Les  marchés  devaient  présenter  un 
certain  luxe  architectural,  car  nous  voyons  en  204  les 
marchands  de  bœufs  élever  en  commun  avec  les  banquiers 
ou  orfèvres  [argentarius],  sur  le  marché  au  bétail  (  forum 
boarium ),  un  petit  arc  de  triomphe  en  l’honneur  de 
Septime  Sévère,  de  sa  femme  et  de  ses  enfants10.  Cet  arc 
{arcus  Argentarius),  dont  les  sculptures  assez  médiocres 
représentent  des  sacrifices  et  des  instruments  de  sacri¬ 
fice,  existe  encore,  non  loin  de  l’arc  de  Janus  Qua- 
drifons.  André  Baudrillart. 

LANIUS,  LANIO  (Kpeoûpyoç,  gdcyetpoç,  xpsautwXTi;). 

Grèce.  —  La  profession  de  boucher  n’existait  pas  dans 
la  Grèce  primitive,  au  temps  où,  dans  chaque  maison, 
celui  qui  en  était  le  chef  abattait  et  dépeçait  lui- 
même  les  animaux  qui  devaient  être  sacrifiés  et  les  dé¬ 
coupait  en  parts,  qui  étaient  distribuées,  d’abord  aux 
dieux,  puis  à  la  famille  et  aux  hôtes  réunis  autour  du 
foyer  [coena,  p.  1270].  Ce  sont  les  princes  eux-mêmes, 
c’est  Achille  *,  c’est  Ménélas2  qui,  dans  les  poèmes  homé¬ 
riques,  s’acquittent  en  personne  de  cet  office  ;  Nestor, 
affaibli  par  l’âge,  se  fait  remplacer  par  son  fils  aîné,  que 
ses  frères  assistent 3. 

Athénée  a  soin  de  rappeler  les  héros  d’Homère,  quand 
il  veut  honorer  et  rehausser  par  leur  antiquité  les  fonc¬ 
tions  de  ceux,  x^puxeç,  [xâyeipoi,  qui  restèrent  chargés 
par  la  suite  de  tuer  et  de  découper  en  observant  les  rites, 
et  il  accumule  les  citations  d’auteurs  destinées  à  prouver 
que  ces  fonctions,  devenues  un  métier,  furent  exercées 
jusqu’à  une  époque  très  avancée  par  des  hommes  libres 
et  respectés4.  Le  métier  se  constitua  nécessairement 
quand  il  fut  devenu  impossible,  surtout  dans  les  villes, 
que  chacun  sacrifiât  dans  sa  maison  pour  les  besoins  du 
ménage.  Les  ptyetpoi  connaissant  et  pratiquant  les  règles 
du  sacrifice,  ne  se  confondirent  que  fort  tard5  avec  les 
cuisiniers  [xo<puuç]  esclaves  ou  mercenaires,  dontles  auteurs 

1  Dig.  I,  12;  Notit.  dign.  Occ.  IV,  10;  et  Bôcking,  Not.  dign.  Il,  197;  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  1 1 50  et  903);  Bullet.  d.  commise,  areh.  comunale  di 
Borna,  1875,  71.  —  2  Dig.  loc.  cit.  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9600.  —  3  Dig.  Loc.  cil. 

—  4  Not.  dign.  loc.  cit.  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1770,  1771,  édits  d’Apronien,  préfet 
de  la  ville  en  368.  —  6  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1770;  Godefroy,  ad  Cod.  Theod.  XIV, 
4,  1.  4;  WalUing,  Étude  sur  les  corp.  profess.  chez  les  Romains,  p.  90.  —6  Ibid. 

—  7  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9600.  —  8  Corp.  inscr.  lat.  VI,  3728.  —  9  Cod.  Theod. 
XIV,  4,  1.  4.  —  *0  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1035. 

LANIUS,  LANIO.  1  lliad.  IX,  209  et  s.  ;  XXIV,  622  et  s.  —  2  Od.  III,  52  et  s. 

—  3  Od.  II,  445.  —  4  Atb.  XIV,  p.  659  et  660,  et  p.  601  c  :  x«Taf;to|i£()’^|x£ï5  °*  |*ii£ifoi, 
6ÿo[XEv,  (rroySttai;  Tîotoffjxcv.  Athénée  cite  Ménandre  qui  met  en  scène  un  jiàyeiçoç  officiant 
aux  fêtes  d’Aphrodite  Pandémos.  —  0  Sous  les  premiers  Macédoniens,  suivant 
Athénée,  XIV,  p.  059  f.  —  6  Voir  coqüus,  p.  1501.  Il  est  difficile  de  les  distinguer 


comiques  se  moquent,  qui  se  glorifiaient  de  les  avoir 
pour  ancêtres  ;  il  y  en  avait  qui  faisaient  partie  du  per¬ 
sonnel  d’un  temple c  ;  les  grands  et  les  riches  en  pouvaient 
avoir  dans  leur  domesticité7  ;  les  autres  les  faisaient  venir 
quand  ils  avaient  besoin  de  leurs  services  à  l’occasion 
d’une  fête,  d’un  mariage  ou  de  toute  autre  solennité8. 

L’endroit  où  ils  se  louaient,  au  marché,  appelé  gay 
peta9,  était  distinct  de  celui  où  les  détaillants  (xpewTiùiXail 
avaient  leur  boutique  (pxysipeïov)  et  leur  étal  (xcE&moiXwr, 
TpaTreÇa).  Ceux-ci  débitaient  toutes  sortes  de  viandes19, 
porc,  bœuf,  chèvre,  mouton  [cibaria]  ;  l’âne  aussi  était  au 
nombre  des  viandes  de  boucherie,  d’où  le  nom  de  [J.egvo- 
vsiut  donné  à  l’emplacement  où  l’on  en  vendait1 ‘.Ce  quartier 
de  revendeurs  était  assez  mal  famé;  des  hommes  pou¬ 
vaient  bien  parfois  y  faire  eux-mêmes  leurs  achats,  au 
lieu  d’y  envoyer  un  esclave  ;  une  femme  libre  et  de  bonnes 
mœurs  ne  s’y  aventurait  pas12,  et  tous  ceux  qui  étaient 
encore  attachés  aux  anciennes  pratiques  auraient  craint, 
en  s’y  approvisionnant,  de  s’exposer  à  manger  des  chairs 
non  sacrifiées  (aôuxot  tepà)13.  A  Athènes,  on  appela  toujours 
Ispeïov  l’animal  abattu,  même  en  dehors  du  sacrifice,  et 
IspEusiv  y  resta  synonyme  de  ai pàÇeiv  u.  E.  Saglio. 

Rome  —  On  sait  peu  de  chose  sur  le  métier  et  la  situation 
des  bouchers  dans  les  premiers  siècles  de  Rome.  Ils  ne 
sont  pas  compris,  non  plus  que  les  boulangers  jpiSTOR'. 
dans  l’énumération  que  fait  Plutarque  des  neuf  corpo¬ 
rations  industrielles  établies  par  Numa16.  Cela  ne  saurait 
surprendre,  comme  le  remarque  M.  Mommsen,  dans  un 
temps  où  chacun  faisait  son  pain  chez  soi  10  ;  on  peut 
ajouter  :  élevait  des  porcs  et  des  moutons  eL  préparait 
lui-même  sa  viande  à  la  maison.  «  N’est-ce  pas  une  pro¬ 
digalité,  écrit  encore  Yarron,  de  tirer  son  lard  de  la  bou- 
cherieetnon  de  son  propre  fonds17?  » 

Toutefois,  Plutarque  ajoute  qu’une  dixième  corporation 
comprit  tous  les  autres  métiers 18,  ceux  apparemment  qui 
occupaient  un  moindre  personnel.  Rien  n’empêche  de 
croire  que  les  quelques  bouchers  et  boulangers  existant 
alors  aient  été  inscrits  dans  cette  dixième  corporation. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  profession  de  boucher  paraît 
avoir  été  fort  méprisée  au  temps  de  la  République. 
Cicéron  en  parle  avec  un  dédain  extrême  19 et  Tite-Live  ne 
la  traite  pas  mieux  à  propos  de  Varron,  le  consul  de  la 
bataille  de  Cannes,  dont  le  père  colportait  lui-même  sa 
viande  etqueson  fils  aidait  dans  sa  répugnante  besogne 20. 
On  s’y  enrichissait  du  moins,  puisque  le  père  fut  en 
mesure  de  donner  à  son  fils  une  éducation  complète  et 
que  celui-ci,  abandonnant  la  profession  paternelle,  se 
consacra  au  barreau  et  aux  affaires  publiques. 

Mais  l’alimentation  de  Rome  devint  rapidement  une 
trop  grosse  affaire  pour  que  ceux  qui  y  contribuaient 
principalement  ne  formassent  pas  de  bonne  heure  des 
corporations.  Sous  la  République,  les  bouchers  formaient 
une  corporation  présidée  par  deux  magistri  que  l’on  ne 

dans  les  inscriptions  de  ceux  qui  apprêtaient  les  repas.  —  1  Atli.  IX,  p.  659  f. 
Olympias  envoie  à  Alexandre,  sur  sa  demande,  un  jjtàyeiço;  :  o utoç  oT&ô  va  ujpà  «rou 
tôt  uaTçfia  itàvTa  ov  tçotïov  OûeTou  xai  tôt  opyicurcixot  xat  pax^txât.  —  °Atll.  p.  659  de  : 
Otmxîjç  ïjcrav  epticeiçiot  oî  TtaXarcepot  [Attyciooi  *  icçoï*<rTavTO  yoùv  xai  yà[ji.wv  xat  Outriwv  ;  cf. 

VI,  p.  245  c  ;  IX,  p.  682  de  ;  Artemid.  Oneir.  III,  55.  —  9  Pollux,  IX,  48. —  lOTheophr. 
Char.  9;  Teles  ap.  Stob.  Floril.  III,  5,  p.  126  Teubner;  Plut.  Qu.  conviv.  II,  10,  1  ; 
Artemid.  Z.  /.  —  *1  Poil.  I.  I.  ;  Schol.  Aristoph.  Vesp.  194  :  ovou;  ET^wyov  lv 
*  AÔqvociç.  —  12  Poil.  I.  I.  ;  Theophr.  I.  I.  ;  Plat.  Leg.  VIII,  p.  849  d  ;  cf.  Athen.  XIII, 
p.  )80.  —  13  Simonid.  Am.  ap.  Athen.  V,  p.  180  d  ;  =  Bergk,  Lyr.  gr.  p.  741, 
v.  56.  —  14  Eustath.  Ad.  II.  XXII,  159;  ad  Od.  II,  v.  50;  cf.  Moeris,  s.  v.  ieçerov, 
qui  fait  exception  pour  le  porc,  et  Casaubon  ad  Athen.  I , p.  13.  — ispiut.  Numa,  11- 
—  16  Mommsen,  Rôm.  Geschichte,  trad.  de  Guerle,  t.  I,  p.  239.  —  n  Varr.  De  r.  rust. 
II,  4,  3.  —  18  Plut.  Loc.  cit.  —  19  Cic.  De  o/f.  I,  42.  —  20  Tit.  Liv.  XXII,  25. 


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923  — 


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retrouve  pas  plus  tard1.  Puis,  à  mesure  que  Rome  s  ac¬ 
croît,  l’importance  des  corporations  alimentaires  aug¬ 
mente  à  proportion.  Celle  des  bouchers  y  tient  l’un  des 
premiers  rangs,  si  du  moins  aux  bouchers  proprement 
dits  {qui  ad  cultrum  bovem  emunt )  nous  adjoignons  les 
négociants  chargés  de  faire  venir  les  animaux  de  la  pro¬ 
vince  et  d’assurer  l’approvisionnement  de  Rome.  Ces  der¬ 
niers  en  forment  même  plusieurs,  fondées  sur  la  nature 
de  la  marchandise  qu’ils  débitent,  porcs,  bœufs,  petit 
bétail  :  ce  sont  les  suarii,  les  boarii ,  les  pecuarii  Sous 
le  Bas-Empire,  un  édit  d’Honorius  (419)  réunit  les  suarii 
et  les  pecuarii  en  une  seule  et  puissante  corporation3. 
Valentinien  III,  en  432,  les  forme  tous  de  nouveau  en  trois 
collèges4.  En  raison  de  la  grande  consommation  que  les 
Italiens,  et  en  général  les  anciens,  faisaient  de  la  viande 
de  porc  (fîg.  4336) B,  les  suarii,  comme  il  ressort  du  nombre 

et  de  l’impor¬ 
tance  des  do¬ 
cuments  qui 
les  concer  - 
nent,  étaient 
les  plus  nom¬ 
breux  et  les 
plus  puis¬ 
sants.  Cette 
prépondé  - 
Fig.  i:t36.  —  Bouchers.  rance  ne  put 

que  s’accen¬ 
tuer  lorsqu’ Aurélien  eût  établi  les  distributions  gratuites 

delard  6.  Tousces  bouchers  se  recrutaient  principalement 
dans  la  classe  des  affranchis,  comme  on  peut  en  juger  par 
de  nombreuses  inscriptions7.  En  dehors  de  Rome,  on 
trouve  des  corporations  semblables  en  divers  lieux,  a  Pré- 
neste,  dès  le  temps  de  la  République  \  à  Narbonne1’,  a 
Vérone10,  à  Périgueux11.  Comme  toutes  les  corporations 
de  l’annone,  celles  des  bouchers  jouissaient  de  nombreux 
privilèges,  compensation  à  peine  suffisante  d’étroites  et 
lourdes  obligations.  La  plus  sensible  de  toutes  était  celle 
qui  les  enfermait  pour  ainsi  dire  dans  leur  collège.  Ils 
n’en  pouvaient  sortir  sous  aucun  prétexte,  même  pour 
entrer  dans  la  cléricature,  à  moins  de  s’être  trouvé  un 
remplaçant.  A  leur  mort,  un  au  moins  de  leurs  enfants 
devait  leur  succéder12.  Il  fallait  que  par  leurs  soins 
Rome  fût  toujours  suffisamment  approvisionnée  de  lard 
et  les  distributions  gratuites  faites  régulièrement  pendant 
une  notable  partie  de  l’année13.  Leurs  fonctions  étaient 
triples.  Elles  comprenaient  l’achat,  la  préparation  et  le 
débit  de  la  viande.  Tous  étaient  sur  leur  personne,  sur 
leurs  enfants,  sur  leurs  biens,  tenus  responsables  du 
bon  fonctionnement  de  leur  charge,  sous  la  surveillance 
des  primi  scrinii  Praefecti  Urbis  et  des  vicaires  de  ce 
dernier,  responsables  à  leur  tour  devant  le  préfet,  qui 
enfin  répondait  devant  l’empereur  de  l’approvisionnement 
de  la  ville 14.  L’État,  d’autre  part,  les  mettait  à  l’abri  delà 
rapacité  de  ses  propres  agents  de  contrôle  en  punissant 
de  mort  les  tribuni ,  scribae  ou  cancellarii  des  marchés, 

1  Corp.  inscr.  lat.  VI,  167,  168  ;  cf.  I,  d.  393  ;  Waltzing,  Étude  hisl.  sur  les 
corpor.  profess.  chez  les  Romains,  11,  p.  89.  —  2  Symmach.  Ep.  X,  27  (rel.  XIV)  ; 
Dig.  I,  12,  1,  etc.  -  3  Cod.  Tlieod.  XIV,  4,  1.  10.  —  4  Nov.  Val.  III,  33,  2  et  8. 
—  3  Figure  tirée  des  bas-reliefs  de  l'arc  de  Reims,  où  sont  représentées  les  occu¬ 
pations  des  diverses  saisons  ;  deux  suarii  figurent  le  métier  des  boucliers.  Al.  de 
I. aborde,  Monum.  de  la  France ,  pl.  cxm.  —  6  Vopisc.  Aur.  33,  46.  —  7  Corp. 
inscr.  lat.  IX,  4227  ;  XII,  4482  ;  XIV,  2878,  etc.  —  8  Corp.  inscr.  lat-,  I,  1131  et  XIV, 
2877.  —  9  Corp.  inscr.  lat.  XII,  4482.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  V,  3307.  —  U  Hcnzen, 


qui  auraient  détourné  pour  eux-mêmes  quelques  parties 
de  la  viande  débitée.  Seul,  celui  qui  abattait  1  animal  en 
recevait  une  portion13. 

Ces  obligations  rigoureuses,  cette  sorte  de  servage 
qui  les  liait  à  leur  corporation,  cette  lourde  et  péril¬ 
leuse  responsabilité  enfin,  étaient  reconnues  par  des 
privilèges  appréciables.  Et  d’abord  on  est  frappé  de  la 
manière  particulièrement  honorable  et  flatteuse  dont  les 
empereurs  en  leurs  édits  traitent  toujours  les  suarii  et 
autres  bouchers.  L’honneur  qui  se  rattache  à  unefonction 
est  en  raison  de  son  importance.  C’est  un  emploi  glorieux, 
écrit  un  auteur,  de  nourrir  la  ville  de  Rome16.  Nous 
voilà  loin  de  ce  ton  de  profond  mépris  qu’employaient 
à  l’égard  des  mêmes  industriels  les  vieux  auteurs  de  la 
République.  Les  trois  premiers  de  leur  ordre  ne  se 
virent-ils  pas  élevés  à  la  dignité  de  comtes  de  troisième 
classe,  et  gratifiés  en  même  temps  d’avantages  maté¬ 
riels17?  Ils  jouissaient  de  diverses  immunités.  Par 
exemple,  ils  étaient  dispensés  de  la  collatio  equorum 
[jugum],  et  quand  il  fut  question  de  les  y  soumettre,  ils 
trouvèrent  en  Symmaque  un  défenseur  zélé  qui  fit  valoir 
avec  force  la  légitimité  et  les  raisons  des  privilèges  atta¬ 
chés  à  leur  profession18.  Dès  le  temps  des  empereurs 
Sévère  et  Caracalla,  les  suarii  sont  dispensés  du  droit  de 
tutela,  dont  jouissaient  déjà,  disent  ces  empereurs,  tous 
ceux  qui  s’occupent  de  l’annone,  à  la  condition  qu  ils 
consacrent  les  deux  tiers  de  leur  fortune  à  leur  com¬ 
merce  10.  Dans  l’exercice  de  leurs  fonctions,  ils  étaient 
protégés  par  la  force  publique  et  en  tout  temps  garantis 
contre  toute  violence  corporelle20.  Indépendamment  de 
certains  avantages  dont  il  va  être  parlé  à  propos  de  1  achat 
des  animaux,  avaient-ils  droit  à  des  émoluments?  c’est  ce 
qui  paraît  résulter  d’un  édit  de  452  où  l'empereur  Valen¬ 
tinien  énumère  des  sommes  considérables  qui  auraient 
été  dues  à  ce  titre  aux  boarii  et  aux  suarii  ;  malheureu¬ 
sement,  ce  texte  n’est  pas  suffisamment  explicite21. 

La  collation  des  animaux  se  faisait  par  voie  de  réqui¬ 
sition,  du  moins  pour  les  porcs.  Les  bœufs  étaient 
achetés  et  venaient  pour  la  plupart  du  Bruttium  22 . 

Nous  connaissons  surtout  la  manière  d’opérer  des 
suarii.  Cet  impôt  en  nature  incombait  spécialement  aux 
propriétaires  du  sud  de  1  Italie,  Campanie,  Lucanie, 
Bruttium  et  Samnium23.  La  Sardaigne  y  était  également 
soumise,  mais,  en  raison  des  tempêtes  qui  rendaient 
souvent  le  transport  aléatoire  ou  dangereux,  Valenti¬ 
nien  III  décida  que  l’impôt  de  cette  île  serait  désormais 
versé  en  espèces  dans  la  caisse  prétorienne24.  U  est  pro¬ 
bable  que  plusieurs  propriétaires  se  réunissaient  pour 
fournir  un  seul  animal 23.  Quant  à  ceux  qui  ne  devaient 
qu’une  livre  de  lard  par  mois,  on  leur  faisait  de  préfé¬ 
rence  verser  cinq  livres  à  la  fois  pour  cinq  mois26.  Cet 
impôt  était  considéré  comme  d’une  importance  si  capitale 
qu’il  était  exigible  avant  tous  les  autres27.  Le  mode 
de  perception  varie  en  ses  détails  suivant  les  époques. 
Ordinairement,  les  suarii  eux-mêmes  font  la  levée,  sous 
la  surveillance  du  gouverneur,  responsable.  Mais  un 

Inscr.  7237  ;  Rev.  archéol.  I,  262  ( Laniones ).  —  12  Cod.  Th.  XIV,  41,  1.  I  ; 
Nov.  Val.  111,  33,  6.  —  '3  Cod.  Theod.  XIV,  4,  1.  3  ;  cf.  1.  10  et  le  commentaire  de 
Godefroy.  —  O  Cod.  Th.  XIV,  4,  1.  10.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1770,  éd.  d'Apronicn. 
—  l6Cassiod.  Var.  XI,  39.  —  17  Cod.  Th.  XIV,  4,  1.  10. —  18  Symm.  loc.cit. 
_  19  Fragm.  Vat.  236  ;  cf.  237.  —  20  Cod.  Th.  Leg.  nov.  Lib.  3  XXXVIII.  —  21  Nov. 
Val.  III,  t.  33;  Waltzing,  II,  p.  423.  —  22  Cassiod.  Var.  XI,  9.  —  23  Cod.  Th. 
XIV,  4,  1.  3  et  4,  et  Cassiod.  loc.  cit.  —  2V  Nov.  Val.  III,  35,  §  1,  3,  4. 
_  23  Waltzing,  II,  p.  9t.  —  2G  Cod.  Th.  XIV,  4,  1.  10.—  27  Nov.  Val.  III,  35,  1. 


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-  924 


LAN 


édit  de  Valentinien  II,  promulgué  en  452,  les  autorise  à 
se  faire  représenter  par  un  officier  du  gouverneur  assisté 
de  cinq  d'entre  eux,  afin  d’ajouter  à  leur  autorité1. 
Cette  mesure  semble  indiquer  que  la  levée  de  l’impôt 
n’allait  pas  toujours  sans  difficulté.  Pour  qu’il  n’y  eût 
pas  de  fraude  sur  le  poids  de  l’animal,  la  loi  exigeait 
qu'on  l’eût  laissé  jeûner  depuis  la  veille  avant  de  le 
livrer  au  fisc 2 . 

Observait-on  quelques  prescriptions  hygiéniques?  Ce 
n’est  pas  probable,  car  il  n’en  reste  pas  trace;  et  d’autre 
part,  au  temps  de  Varron,  la  clause  de  santé,  exigée  si 
l'on  achetait  une  bête  à  cornes  pour  la  reproduction  ou 
le  labourage,  était  supprimée  quand  on  l’achetait  pour 
la  boucherie  ou,  ce  qui  revient  au  même  en  ce  qui  con¬ 
cerne  la  consommation,  pour  les  sacrifices  3. 

Constantin  laissa  le  choix  aux  propriétaires  imposés 
de  payer  en  argent  ou  en  nature.  La  viande  était  évaluée 
au  cours  de  la  province.  Les  gouverneurs  en  faisaient 
connaître  le  taux  au  préfet  de  la  ville  et  alors  seulement 
les  collecteurs  se  mettaient  en  route4.  Si  l’on  payait  en 
espèces,  avec  les  sommes  reçues  ils  achetaient  des  porcs 
dans  la  même  région.  Sous  Julien,  la  levée  de  l’impôt 
se  faisait  en  argent  dans  la  Campanie,  par  les  soins  du 
gouverneur,  assisté  des  curiales  de  chaque  cité.  L’argent 
était  remis  aux  suarii  5.  Valentinien  Ier  laissa  de  nou¬ 
veau  le  choix  entre  les  deux  modes  de  payement,  mais 
partout  le  soin  de  lever  l’impôt  fut  confié  à  des  agents 
spéciaux  du  gouverneur  qui  formèrent  un  ordo  suarius 
local,  purement  fiscal,  et  par  conséquent  tout  distinct 
du  collège  des  suarii 6.  Mais,  à  l’inverse  du  régime 
établi  par  Constantin,  les  prix  furent  ceux  de  Rome, 
parce  que,  dit  l’Édit,  les  viandes  devaient  être  vendues 
dans  cette  ville1.  A  la  différence  des  suarii ,  les  boarii 
et  les  pecuarii  ne  percevaient  pas  d’impôt.  Ils  achetaient 
des  bœufs  qu'ils  revendaient  au  forum  boarium  et  au 
forum  pecuarium  sous  le  contrôle  de  l’État8. 

Pour  compenser  la  diminution  du  poids  que  les  porcs 
subissaient  dans  le  trajet  de  leur  lieu  d’origine  jusqu’à 
Rome,  il  était  accordé  aux  suarii  une  remise  de  5  p.  100 
sur  les  sommes  qu’ils  avaient  versées  9. 

Par  le  même  motif,  Apronien,  puis  Valentinien,  déci¬ 
dèrent  et  confirmèrent  que  25  000  amphores  de  vin 
seraient  levées  dans  les  mêmes  provinces  et  partagées 
entre  les  suarii  et  l’ ordo  suarius  10 .  Valentinien  ajouta 
que  les  habitants  de  la  Lucanie  et  du  Bruttium  seraient 
autorisés  à  fournir  soixante-dix  livres  de  lard  en  équi¬ 
valence  d’une  amphore  de  vin". 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que  sous 
l’Empire  les  bouchers  romains,  réunis  en  corporation,  ne 
sont  pas  de  simples  entrepreneurs  chargés  delà  fourniture 
de  la  ville,  mais  deviennent  de  plus  en  plus  de  véritables 
fonctionnaires,  détenant,  dans  une  partie  de  l’exercice  de 
leurs  fonctions,  la  levée  de  l’impôt,  une  part  de  l’autorité 
publique,  attachés  à  leur  office  par  un  lien  obligatoire, 

1  Nov.  Val.  111,  33,  3  et  4.  —  2  Cod.  Th.  XIV,  4,  1.  4.  —  3  Varr.  De  re 
rust.  H,  V,  11.  —  4  Cod.  Th.  XIV,  4,  1.  2.  —  ^  Ibid.  1.  3.  —  G  Cod.  Th. 
Ibid.  I.  4;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1771.  —  1  Cod.  Th.  Ibid.  —  8  Waltzing,  11, 
p.  95.  — 9  Cod.  Th.  XIV,  4,  4.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1771.  —  U  Cod.  Th. 
XIV,  4,1.  4;  cf.  Gebhart,  p.  32-30.  —  12  Aul.-Gell.  XI,  I.  —  13  plin.  Hist. 
nat.  XVIII,  4;  cf.  XV,  1,  pour  le  prix  de  l’huile.  —  14  I.amprid.  Sev.  Alex. 
21  ;  Waddington,  Ed.  Diocl.  p.  11,  cap.  iv,  n.  1.  —  15  Lamprid.  Loc.  cit. 
—  16  Waddington,  Ed.  Diocl.  p.  6.  —  17  Cod.  Th.  VIII,  4,  7.  —  18  Cod. 
Th.  XIV,  4,  3.  —  19  Plaut.  Pseud.  I,  3,  v.  93;  Varr.  H.  2,  5.  —  20  Plaut. 
Ibid.  v.  98 .  —  Bibliographie.  Mommsen,  üe  collegiis  et  soda.litatibus 
Romanorum ;  Waddington,  Edit  de  Dioclétien-,  Levasseur,  De  la  valeur 


personnellement  et  pécuniairement  responsables,  payés  I 
de  leurs  services  par  des  honneurs,  des  avantages  pécu¬ 
niaires,  la  détention  d’un  monopole,  peut-être  par  des  ’ 
émoluments.  Comme  on  l’a  remarqué,  la  principale  * 
différence  qui  existe  entre  leurs  corporations  et  celles  | 
des  ouvriers  de  l’État,  c’est  que  l’État  consomme  directe-  • 
ment  les  produits  fabriqués  par  ces  dernières,  tandis  t 
qu'il  vend  au  public,  ou  lui  distribue  gratuitement,  les  ■ 
denrées  fournies  par  les  premières  [collegium]. 

Voici  quelques  indications  sur  le  prix  de  la  viande  I 
à  différentes  époques  :  vers  l’an  500  avant  J.-C.,  un  bœuf 
valait  à  Rome  100  as,  soit  55  francs  ;  un  mouton  10  as, 
soit  5  fr.  5()12.  Pline  cite  comme  un  exemple  incroyable 
de  bon  marché  le  prix  de  un  as  (0  fr.  22),  demandé  en  604 
de  Rome,  année  où  la  récolte  avait  été  exceptionnelle 
et  où  l’abondance  était  extrême,  pour  douze  livres  (ita¬ 
liques  :  327  gr.  45)  de  viande.  Ce  prix  paraît  incroyable  en 
effet.  11  est  en  rapport  cependant  avec  celui  des  autres 
denrées,  mentionné  pour  la  même  année,  et  ne  s’écarte 
pas  à  l’excès  des  prix  divers  énumérés  par  le  même  auteur 
comme  exemples  de  bon  marché  à  différentes  dates13. 

Sous  Sévère  Alexandre,  la  livre  (italique)  de  porc  était 
de  8  minutuli  à  un  moment  de  cherté  excessive  et  du 

1  à  2  minutuli  quand  les  mesures  prises  par  l’empereur 
eurent  ramené  le  bon  marché.  Cette  monnaie,  dont  on  nu 
peut  du  reste  déterminer  exactement  la  valeur,  était  sans 
doute  le  denier  d'argent  déjà  altéré  à  cette  époque1’. 
Le  bœuf  et  le  porc  se  vendaient  alors  au  même  prix1 
D'après  l’édit  de  Dioclétien,  1  kilogramme  de  porc  de¬ 
vait  se  vendre  au  maximum  2  fr.  28;  1  kilogramme  du 
lard  de  lre  qualité,  3  fr.  04  ;  I  kilogramme  de  bœuf,  du 
mouton  ou  de  chèvre,  1  fr.  5216;  de  chevreau,  environ 

2  fr.  25  ;  de  foie  gras  de  truie,  3  fr.  04  ;  de  jambon,  3  fr.  18. 
En  389  après  J.-C.,  80  livres  italiques  de  lard  devaient 
être  livrées  aux  troupes,  sur  la  frontière,  au  prix  mo¬ 
dique  de  0  fr.  59 11  ;  en  363,  une  livre  de  viande  de  porc, 
en  Campanie,  à  raison  de  6  folles  18,  ou  environ  1  fr.  9î 
le  kilogramme. 

Ces  prix  ne  peuvent  avoir  qu’un  caractère  approximatif. 
Ils  sont  établis  en  réduisant,  autant  que  cela  est  pos 
sible,  les  monnaies  du  temps  à  la  nôtre,  et  naturellement 
sans  tenir  compte  de  la  puissance  d’achat  de  l'argent, 
méthode  encore  beaucoup  moins  exacte. 

Le  mot  lanius  est  pris  aussi  dans  le  sens  de  victi 
maire ,  sacrificateur 1D,  et,  par  plaisanterie,  de  bourreau 
(carnifeæ) 20.  André  Baudrillart. 

LANTERNA  ou  LATERNA.  AapntTijp,  Àuyvoüyoç,  cpavo;- 
Lanterne.  —  Les  deux  formes  laterna 1  et  lanterna 2  se 
rencontrent  également  dans  les  auteurs.  La  forme  des 
lanternes  antiques  paraît  avoir  été  généralement  cylin¬ 
drique.  Sur  la  plaque  du  fond  reposait  soit  une  lampe  en 
terre  cuite  ou  en  bronze  [lucerna]3,  soit  un  petit  flam¬ 
beau.  Les  parois  étaient  le  plus  souvent  de  corne  trans¬ 
parente4  ;  on  se  servait  aussi  de  linge  huilé  ou  de  vessie 

des  monnaies  romaines  ;  GchhardI,  Studien  über  das  Verp/lagungenswesen  von 
Domund  Constantinopel  in  der  spfit.  Kaiserzeit,  Üorpat,  1881  ;  Waltzing,  Étude 
historique  sur  les  corporations  professionnelles  chez  les  Romains,  Louvain, 
1896. 

LANTERNA.  1  Val.  Max.  VI,  8,  1  ;  lsid.  Orig.  XX,  10,  7  ;  cf.  Cic.  in  Pison.  IX, 
20.  —  2  Plaut.  Aulul.  III,  G,  30;  Martial,  Epigr.  XIV,  61,  62  :  cf.  Corp.  inscr- 
lat.  X,  3970.  La  forme  lanterna,  venant  de  Xapirrrço,  est  la  plus  ancienne  ;  Curtius, 
Grundzilge  der  Griecli.  Etymologie,  1879,  p.  265  ;  Bücheler,  Rhein.  Mus.  XVIII, 
393  ;  Schmitz,  Ibid.  XIX,  3Ô1.  —  3  Mart.  XIV,  61.  —  4  Ibid,  et  Lucret,  II,  388; 
Plaut.  Amphit.  I,  1,  185  ;  Athen.  XV,  p.  699  f  ;  Phot.,  s.  v.  Xuyynù/y,  ;  Olympiad. 
Meteorol.  IV,  49;  Cic.  Ad.  Attic.  IV,  3,  5. 


LAN 


LAP 


—  925  — 


tendue1  ;  plus  tard  on  employa  le  verre2.  Deux  lanternes 
de  bronze  presque  semblables  ont  été  trouvées  dans  les 

ruines  d’Herculanum  et  de 


Fig.  4338.  —  Fanal  de  vaisseau. 


Fig.  4339. 


Pompéi  ;  elles  ne  s’ouvrent  pas 
latéralement,  mais  sont  sur¬ 
montées  d’un  couvercle  hémi¬ 
sphérique  qui  se  relève.  Ce  cou¬ 
vercle  est  percé  d’ouvertures 
par  où .  la  fumée  de  la  lampe 
ou  du  flambeau  pouvait  sՎ 
chapper.  Plutarque3  parle  de 
lanternes  portatives  à  couvercle 
mobile,  que  l'on  couvrait  ou 
découvrait  à  volonté  suivant 
l’état  de  l’atmosphère.  Dans 
l’intérieur  de  la  lanterne  trouvée 
à  Herculanum  était  placé  un 
éteignoir.On  voit  ici  (fig.  -4337) 
celle  de  Pompéi  ;  dans  l’une  et 
dans  l’autre  le  corps  de  la 
lanterne  est  renforcé  par  une 
armature  en  métal,  composée 
de  deux  tiges  verticales  ;  à 
l’extrémité  supérieure  de  cha¬ 
que  tige  est  attachée  une  chai- 
nette;  une  troisième  chaîne  est  fixée  au  centre  du  cou¬ 
vercle  hémisphérique4. 


.  Fig.  4337.  —  Lanterne  en  bronze. 


On  doit  penser  que  les  lanternes  avaient  leur  emploi 
partout  où  il  était  nécessaire  de  préserver  le  feu  contre  le 
vent  :  par  exemple  à  bord  des  navires,  où  des  fanaux 
(XagTrTŸipeç8,  lumina  c)  étaient  allumés.  La  figure  -4338 
représente  une  lanterne  suspendue 
devant  la  cabine  d’un  vaisseau,  d’a¬ 
près  un  bas-relief  de  la  colonne  Tra- 
jane  7.  Sur  un  vase  peint  où  l'on  voit 
les  préparatifs  d’un  sacrifice,  un  ser¬ 
viteur  porte  une  lanterne  (fig.  4339)  8. 
Les  Romains  faisaient  surtout  usage 
des  lanternes  pour  sortir  de  chez  eux 
la  nuit.  C’est  ainsi  qu’Éros  est  repré¬ 
senté  (fig.  4340)  en  expédition  nocturne  sur  une  pierre 
gravée  du  Musée  de  Berlin  9.  J.  Toutain. 


Fig.  4340. 


1  Plaut.  Bacch.  III,  3,  42  ;  Mart.  XIV,  62;  Phot.  I.  c. —  2  Isid.  Orig.  XX,  10,  7. 

—  3  Quaest.  rom.  72.  — 4  Antich.  d'Ercolano,  VI.  27;  VIII,  56;  Mus.  Borbon. 
V,  12;  Ovcrbcck,  Pompeji,  4°  éd.  1884,  p.  418-449.  —  SXenoph.  HeLl.  V,  1,  6; 
Liiod.  XX,  75.  —  6  Tit.  Liv.  XXIX,  25.  — -  ^  Frôhner,  Col.  Traj.  pl.  cix.  —  8  Ger¬ 
hard,  Ant.  Bildwerlce,  LXX.  —  9  Furtwüngler,  Beschr.d.  geschnit.  Steine,  Berl. 
1896,  n.  1644;  Miillcr-Wieselcr,  Denktnül.  d.  ait.  Iiunst.  Il,  41,  647;  S.  Rcinacb, 
Pierres  gravées,  pl.  lxxx,  3  et  4  ;  voir  aussi  Poltier-Reinach,  Myrina,  pl.  xlii. 
Acteurs  portant  une  lanterne,  Furtwangler,  O.  I.  n.  1238,  1239,  1241  ;  Wiescler, 
Dcnkm.  d.  Bilhnenwesens,  XII,  37. 

LANX.  1  Rich,  I)ict.  des  antiq.  rom.  et  grecq.  p.  349.  —  2  Ulp.  ap.  Digest. 
XXXIV,  2,  20  ;  Paul.  Ibid.  VI,  1,6.  —  3  Horat.  Sat.  II,  4,  40  ;  Mart.  XI,  31  (32). 

—  IVirg.  Aen.  VIII,  284  :  «  cumülantque  oneralis  lancibus  aras  »  ;  cf.  Juvcnal.  V 
80.  —  3  Gic.  Ad  Attic.  VI,  1 ,  13  :  «  in  lilicatis  lancibus  et  spleudidissimis  canistris  »  • 

V. 


LANX. —  I.  C’est  une  variété  dans  la  catégorie  des  plats 

creux  qui  ont  été  étudiés  plus  haut  [catinum,  fig.  1250, 
cf.  aussi  cibaria,  fig.  4454  ;coena,  fig. 4705;  discus,  p.  2/9]. 

Je  ne  crois  pas  qu’on  puisse,  comme  on  1  a  fait  , 
l’assimiler  au  pinax,  et  en  faire  un  plateau  carré,  un 
tranchoir,  destiné  à  apporter  des  fruits  ou  à  découper 
quelque  mets:  le  terme quadratae lances2,  sur  lequel  est 
fondée  cette  interprétation,  ne  suffit  pas  à  caractériser 
nettement  un  plateau,  car  il  est  très  possible  que  les 

•  -  . .  ..  .  f..  !  l  m/v  zlzv  T4I  ‘1  f  C 


creux  de  forme  carrée.  Les  épithètes  ordinaires  qui  accom¬ 
pagnent  le  mot  lanx ,  rotunda ,  cava3 ,  donnent  l’idée 
d’un  vase  arrondi  et  creux,  dans  lequel  on  peut  entasser 
une  assez  grande  quantité  de  victuailles  f.  Comme  pour 
toute  la  vaisselle  de  ce  genre,  les  exemplaires  de  métal 
précieux,  richement  décorés  et  ciselés,  ornés  de  reliefs, 
sont  particulièrement  signalés  par  les  auteurs  Un 
affranchi  de  Claude  possédait  un  plat  d’argent  du  poids 
de  cinq  cents  livres  :  on  avait  dû  bâtir  un  atelier  spécial 
pour  le  fabriquer  6.  D’autres  personnes  de  la  cour 
avaient  réuni  des  spécimens  analogues  de  cette  vaisselle 
gigantesque  7.  Les  lances  du  poids  de  cent  livres  étaient 
nombreuses  à  Rome 8.  Le  nom  du  propriétaire  était  parfois 
gravé  sur  le  bord  du  plat9. 

H.  —  Le  droit  romain  admettait  une  action  per  lancein 


et  licium  pour  la  recherche  des  objets  volés  au  domicile 
de  la  personne  soupçonnée  [furtum,  p.  1422]. 

III.  —  Les  plateaux  de  la  balance  avaient  reçu  le  nom 
de  lances 10  ;  de  là  le  mot  bilanx  qui  a  formé  bilancia  et 
balance  [libra].  E.  Pottier. 

LAPHRIA  (Aohppta).  —  Fêtes  célébrées,  en  divers 
points  de  la  Grèce,  en  l’honneur  d’Artémis  Laphria 
[diana,  II,  p.  145  A].  C’était  Artémis  chasseresse  qu’on 
adorait  sous  le  nom  de  Laphria,  en  Messénie,  en  Ëtolie, 
en  Achaïe,  et  ailleurs  *.  Pausanias  rapporte  les  différentes 
légendes  par  lesquelles  les  anciens  essayaient  d’expliquer 
ce  nom.  Il  paraît  accepter  celle-ci  :  le  culte  d’Artémis 
Laphria  aurait  été  fondé  par  un  Delphien,  appelé  La- 
phrios,  fils  de  Castalios,  qui  aurait  consacré  une  statue 
de  la  vierge  chasseresse,  en  or  et  en  ivoire,  œuvre  des 
statuaires  Ménaichmos  et  Soidas,  à  Calydon  d’Ëtolie  2. 
Dans  cette  ville,  le  culte  d’Apollon  était  associé  à  celui 
d’Artémis3.  La  mention  d’un  mois  laphrios  dans  le  ca¬ 
lendrier  de  plusieurs  villes  grecques,  en  Phocide,  en 
Ëtolie,  à  Erinéos,  à  Gythion,  est  un  témoignage  de  l’ex¬ 
tension  de  ce  culte  U  D’après  des  textes  relativement 
récents,  le  culte  d’Artémis  Laphria  aurait  été  apparenté  à 
celui  de  la  Britomartis  crétoise,  et  on  en  trouverait  des 
traces  à  Corcyre  s.  Les  Messéniens  l’empruntèrent  aux 
Étoliens  et  ils  eurent,  à  Messène,  une  statue  de  la  déesse 
faite  par  Damophon  6. 

Mais  c’est  à  Patras  que  le  culte  d’Artémis  Laphria  fut 
particulièrement  florissant  et  vivant,  à  partir  du  jour  où 


Ovid.  Pont.  III,  5,  20  :  «  de  caclata  lance  »  ;  cf.  Treb.  Poil.  Trig.  tyr.  c.  32 
ap.  Script.  fJist.  August.  p.  122,  éd.  Peter.  Les  lances  d’argent  figurent  parmi  le 
objets  consacrés  dans  les  temples;  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  1858. —  6  PRu.  XXX11I 
52,  145.  —  T  Ibid.  —  8  Ibid.-,  cf.  Treb.  Poli.  I.  c.  — 9  Petron.  Satyr.  31;  cf 
Gazette  arch.  1885,  p.  112,  259.—  10  Cic.  Academ.  H,  12,  38;  Tuscul.  V,  17;Virg 
Aen.  XII,  725. 

LAPHRIA.  1  Prellcr,  Griecli.  Myth.J*  éd.  I,  p.  245  ;  Roscher,  Lcxikon  der 
Mythol.  s.  v.  Artémis,  p.  565,  et  Laphria,  p.  1849  ;  Usencr,  Gôtlernam.  p.  190. 
235;  Schoemann,  Gricch.  Altert.  3«  éd.  Il,  p.  233  ;  Hermann,  Griech.  Antiq.  2'  éd, 
II,  §26,  11;  51,  42.  — 2  Pans.  IV,  31,6  ;  VII,  18,  6.';— 3  Strab.  X,  459.  —  4  BischofT, 
De  Pastis  Graecorum,  p.  355-367,  passim  ;  Hermann,  Monatskunde,  p.  67. 
—  5  Anton.  Liber.  40  ;  cf.  Suid.  s.  v.  p«8sra  et  Mù^outo?.  —  6  Paus.  IV, 
31,  7. 


117 


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926  — 


LAP 


Auguste  fit  transporter  d’Étolie  en  Acliaïe  le  vieil  àyaAg.a 
de  la  déesse  \  C’est  à  Patras  que  se  célébrait  la  fête  an¬ 
nuelle  des  laphria,  décrite  par  Pausanias  2.  Elle  consis¬ 
tait  essentiellement  en  une  procession  solennelle  et  un 
sacrifice.  Dans  les  jours  qui  précédaient  la  cérémonie, 
on  préparait  l’autel  de  la  déesse,  en  y  entassant  le  bois 
qui  devait  servir  au  sacrifice,  en  réparant  la  voie  sacrée 
par  où  devait  se  développer  la  procession.  Le  jour  venu, 
la  ville  tout  entière  prenait  part  aux  cérémonies,  les  ma¬ 
gistrats  au  nom  de  la  cité,  et  les  simples  particuliers.  Le 
moment  le  plus  solennel  était  celui  où,  à  la  fin  de  la 
pompe  sacrée,  la  prêtresse  d'Artémis  apparaissait  debout, 
sur  un  char  attelé  de  cerfs.  On  sait  qu’Artémis  est  sou¬ 
vent  représentée  ainsi  dans  l’art  (fig.  2376)  3.  Puis  venait 
le  sacrifice,  étrange  et  d’espèce  rare.  On  mettait  le  feu  au 
bûcher  préparé  sur  l’autel,  et  dans  ce  brasier  on  jetait 
pêle-mêle,  pour  honorer  la  déesse,  toute  sorte  d’animaux 
vivants,  domestiques  ou  sauvages  :  des  oiseaux  et  des 
quadrupèdes,  des  sangliers,  des  cerfs,  des  louveteaux, 
des  ours,  d’autres  bêtes  encore  Aucune  hécatombe  ne 
pouvait  mieux  plaire,  semble-t-il,  à  la  déesse  de  lâchasse. 

Ce  même  caractère  se  retrouve,  comme  on  sait,  dans 
d’autres  solennités  analogues,  également  consacrées  à 
Artémis,  par  exemple  dans  les  elapuebolia,  où  l’on  sacri¬ 
fiait  des  cerfs  sur  l’autel  de  la  déesse.  Dans  certaines 
villes,  comme  à  Hyampolis  de  Phocide,  les  textes  si¬ 
gnalent  la  célébration  annuelle  de  deux  fêtes  distinctes  : 
les  lapuria  et  les  elaphebolia  5.  Peut-être  alors  les  deux 
fêtes  n’avaient-elles  pas  tout  à  fait  le  même  objet  ;  on  peut 
admettre  que  le  sacrifice  des  laphria  s’adressait  à  Artémis, 
déesse  de  la  chasse.  Par  la  fête  des  elapiiebolia,  on  recon¬ 
naissait  plus  particulièrement  la  protection  qu’Artémis 
accordait  aux  animaux  :  Pausanias  raconte  que  les  ani¬ 
maux  qui  lui  étaient  alors  consacrés  devenaient  plus  gras 
que  les  autres,  et  n’étaient  jamais  malades  6.  L.  Couve. 

LAPICIDINA  [meTALLa]. 

LAPIDARIUS,  LAPICIDA  (AtôoTop.oç,  Àtûoupyoç),  tailleur 
de  pierres.  —  Ces  termes,  et  quelques  autres  par  lesquels 
on  désignait  les  ouvriers  qui  travaillaient  la  pierre,  n’ont 
pas  toujours  été  rigoureusement  appliqués  à  telle  ou 
telle  catégorie  de  travailleurs  ;  les  acceptions,  d’abord 
très  étendues,  ont  été  restreintes  dans  le  cours  du  temps; 
de  plus,  les  langues  anciennes,  comme  les  modernes,  ont 
souvent  confondu  sous  le  même  nom  Partisan  et  l’artiste. 


Anciennement,  les  termes  de  lapidarii  *,  opifices  lapi- 
dnrii 2,  lapicidae 3,  Àt6oupyo(\  signifiaient  les  ouvriers  qui 
s’occupaient  des  pierres  après  leur  extraction  par  les 
carriers [exemptores5,  lapicidinarii G,  Xaropnot  7)[metalla 
et  les  préparaient  pour  la  bâtisse  ;  de  leurs  mains,  elles 
passaient  à  celles  des  maçons  (, structures 8,  AtOoÀôyoi9), 
qui  les  assemblaient  pour  faire  la  construction  [struc¬ 
tura].  A  Rome,  où  les  tailleurs  de  pierres  étaient  soit  des 
esclaves10,  soit  des  hommes  libres11,  nous  trouvons  la 
dénomination  de  lapidarius  appliquée  aussi  à  un  entre¬ 
preneur  regardé  comme  capable  de  bien  faire  exécuter  un 
monument  en  pierre12.  La  signification  de  lapicida  s’est 
aussi  modifiée  et  ce  mot  a  servi  pour  désigner  le  gra¬ 
veur  sur  pierre 13  [inscriptiones].  Le  même  phénomène  a  eu 
lieu  en  grec  où  XiOoxôgoç  a  pris  le  sens  général  d’ouvrier 
de  la  pierre  u  et  XtOoupydç  celui  de  statuaire15,  ou  sim¬ 
plement  de  sculpteur10  que  nous  trouvons  aussi  exprimé 
par  les  termes  XiO&xôtcoç  17  et  Xt6o;ooi;18  [sculptura]. 

Mettre  les  blocs  extraits  par  les  carriers  en  état  d’être 
employés  dans  la  construction  où  ils  entraient  sous 
forme  de  moellons  19  (caementa)  ou  de  pierres  de 
taille  20  ( lapides 

quadrati ),  telle 

était  la  besogne 
des  tailleurs  de 
pierres.  L’ouvrier 
qui  travaillait  spé¬ 
cialement  à  la 
pierre  de  taille  finit 
par  être  appelé 
quadratarius  21 . 

Les  pierres  tendres 
se  sciaient  avec 
une  scie  à  dents2'2 
( serra  dentata ) 

[serra]  ;  il  est  vrai¬ 
semblable  que  les 
pierres  dures  fu¬ 
rent  sciées  de  la  même  manière  que  le  marbre 23 1  marmorJ. 
Quant  à  la  taille  proprement  dite,  elle  devait  passer, 
comme  de  nos  jours,  par  diverses  phases  et  s’effectuait 
au  moyen  d’instruments  spéciaux  en  fer  (a-to-qpta  XiOoupyâ 
Xa?euT7)pt«) 24  qui  nous  sont  à  peine  connus.  Quelques 
noms  seulement  sont  parvenus  jusqu’à  nous,  mais  ac- 


l  Paus.  VII,  18,  6-7;  Corp.  inscr.  lat.  III,  499,  510  ;  Eckhcl,  Doctrina  numo- 
rum,  II,  257  ;  Gardner,  Catal.  of  greek  Coins  in  the  Brit.  Mus.  Pelop.  p.  26, 
n°  28,  pl.  v,  17.  —  2  Pans.  VII,  18,  6.  —  3  Voir  Part,  diana,  p.  145.  Pour  les  mon¬ 
naies,  cf.  Gardner,  Op.  I.  pl.  v,  21.  —  *Paus.  VII,  18,  7.  —  5  Athen.  Mitth.  IV, 
1879,  p.  223,  no  5  ;  Journ  ofhell.  Stud.  XVI,  1896,  p.  309.  —  6  Paus.  X,  35,  7. 

LAPIDARIUS,  LAPICIDA.  l  Corp.  inscr.  lat.  III,  1777.  —  2  Orelli,  Inscr.  lat. 
coll.  4208,  4220.  —  3  Varro,  Ling.  lat.  VIII,  62  ;  Tit.  Liv.  I,  59,  9.  —  4  Thuc.  IV, 
69,  2;  V,  82,  6;  dans  ce  dernier  passage,  on  pourrait  aussi  le  traduire  par  maçon; 
cf.  H.  Blümner,  Technologie  und  Terminol.  der  Gewerbe  und  Künste,  t..  III,  p.  90;, 
Ibid.  p.  3.  —  5  Plin.  XXXVI,  125.  —  6  Orelli,  3246;  cf.  Blümner,  Op.  cil.  III, 
p.  69,  n.  5.  D'autre  part,  un  glossaire,  cité  par  Blümner,  p.  6,  n.  5,  explique  ce 
mot  par  Xtôo^ooç.  7  Eustathe  (.4(2  lliad ,  p.  230,  3;  explique  Xa'tôjxoç  4tco  xoff  —  £  [XV  £  :  v , 
orXiôous  TÉjxvttv  signifiant  le  travail  des  carrières  chez  Hérodote  (I,  186),  on  s'atten¬ 
drait  à  trouver  XiIotoiaoç  avec  le  sens  de  carrier,  mais  ce  mot  a  plutôt  le  sens 
général  d'ouvrier  qui  travaille  la  pierre  ;  cf.  plus  bas  note  13.  —  8  Cic.  Ad  Attic. 
XIV,  3,  1  ;  Arf  Quint,  fratr.  II,  5,  3;  Cod.  Justin.  X,  64,  1,  etc.;  cf.  Blümner, 
Op.  I.  III,  p.  89  et  90.  —  9  Thuc.  VI,  44,  1;  VII,  43,  2;  Plat.  Leg.  858  B,  902  E; 
Xonoph.  Hell.  IV,  4,  18;  8,  10;  Bull,  de  corr.  hell.  (1883),  p.  390;  Themist.  Or. 
IV,  60  n;  X,  137  d\  Hcsych.  s.  v.  ;  cf.  Blümner,  t.  III,  p.  5,  87  et  90.  —  10  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  8871  ;  X,  6638  ;  Dig.  XIII,  6,  5,  §  7  ;  IV,  6,  7  ;  Cod.  Theod.  XIII,  4,  2. 
-  Il  Corp.  inscr.  lat.  II,  2772;  III,  1365  et  1601;  V,  3045;  cf.  J.  Marquardt,  Vie 
privée  des  Romains  ( trad.  franc.),  II,  p.  272.  —  12  Petron.  65-71  ;  cf.  J.  Marquardt, 
Op.  cit.  Il,  p.  273.  —  13  Sid.  Apoll.  Epist.  3,  12.  Lapicida  est  aussi  bien  celui 
qui  grave  sur  la  pierre  que  celui  qui  grave  sur  le  marbre;  cf.  Blümner,  III,  p.  6. 
—  14  Corp.  inscr.  ait.  I,  312  ;  IV,  I,  297  a  ;  Mittheil.  des  deutsch.  archüol.  Instit. 


t.  IV,  p.  3;  Xen.  Cyr.  III,  2,  H,  où  Valckcnacr  voulait  écrire  XiOoXoyot  ;  cf.  Pierson, 
Ad  Moerid.  p.  254.  Quant  à  la  variante  X.8i86;xo.  chez  Pollux,  VII,  118,  elle  est 
inadmissible;  ce  dernier  mot  se  lit  dans  Procop.  De  aedific.,  p.  18  D,  et  dans  Poil. 
I,  161.  —  16  Arist.  Et  hic.  Nicom.  VI,  7, où  Phidias  est  ainsi  qualifié.  Cf.  Photius, 
224,  1.  —  16  Plut.  Pericl.  c.  12  ;  c’est  l’opinion  de  Blümner  (III,  p.  3,  n.  2),  mais 
1  ensemble  n'exige  pas  absolument  cette  interprétation  ;  cependant  XtOouçycio.;,  chez 
Iséc  (V,  44),  paraît  bien  signifier  ateliers  de  sculpture.  Suidas,  s.  v.  X.0oufï«ii, 
interprète  ce  mot  chez  Lysias  (frag.  69,  éd.  Schcibe)  par  travail  du  carrier;  cette 
interprétation  n’est  peut-être  pas  très  sûre,  car  ce  mot  précède  immédiatement 
Xi6oTflSi*/,v  qui  ne  peut  être  qu'un  travail  de  polissage,  sens  que  lui  donne  Suidas  ; 
cf.  An.  Bekk.  p.  278,  2.  Voir  Blümner,  III,  p.  281.  —  n  Demosth.  (pseudo-)  XLVII, 
05  ;  Corp.  inscr.  ait.  III,  307  ;  cf.  Poil.  VII,  1 18  ;  Hesych.  s.  u.  X,0oufï<!?,  et  Blümner, 
t.  III,  p.  4.  Thomas  Magister  (p.  221,  6,  éd.  Ritschl)  blâme  ce  mot,  tout  en  consta¬ 
tant  qu'il  avait  été  employé  par  Antiphon  ;  nous  ne  l’avons  pas  dans  ce  qui  nous 
reste  de  cet  orateur.  — 18Plut.  Moral.  37,  p.  74  E;Timoap.  Diog.  Laert.  II,  5,  19; 
Manetho,  VI,  419;  cf.  Corp.  inscr.  att.  III,  1372;  Corp.  inscr.  gr.  260,’  6320; 
Antholog.  Palat.  V,  15,  5.  —  19  Cic.  De  Divin.  II,  47  ;  Vitr.  I,  5,  8  ;  II,  6,  1  •  8  5- 
Tit.  Liv.  XXI,  H,  8.  -  20  Vitr.  II,  83.  -  21  Cod.  Theod.  XIII,  4,  2’;  Corp.  inscr. 
lat.  VI,  9502;  Sid.  Apoll.  Epist.  3,  12.  —  22  Vitr.  II,  7,  1  ;  Plin.  XXXVI,  159  et 
167,  —  23  Theophr.  Lap.  5,  41.  La  scie  à  pierre  est  appelée  par  Pollux  itfi<uv 
Xitoitfhmiî,  x,  148  ;  Corp.  inscr.  lat.  I,  1108  :  Conlegei  secto(rum)  serrarium.  Une 
inscription  d  liai  ica,  en  Espagne,  mentionne  un  estât  io  serrariorum  ;  Hübner,  Monats- 

ber.  d.  Berlin.  A/cadem.  1861,  p.  93  ;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  11, 31-32. _ 24 Thuc  IV. 

4,  2  ;  Poil.  VII,  125;  Phot.  207,  16;  Suid.  s.  u.  ;  Hesych.  s.  v.  ;  cf.  Blümner,  III, 
p.  92.  On  lit  encore  chez  Diod.  Sic.  III,  12,  4,  X*TO|xtll<?  «nSvjçs, 


LAP 


927  — 


LAP 


compagnes  d’indications  si  vagues  et  de  définitions  tel¬ 
lement  insuffisantes  que  nous  ne  pouvons  presque  rien 
affirmer  relativement  à  la  forme  et  à  l’usage  des  outils 
qu’ils  désignent1. 

Pour  amener  la  pierre  à  la  forme  voulue,  il  fallait  natu¬ 
rellement  commencer  par  la  dégrossir,  par  faire  tomber 
toutes  les  portions  inutiles  ou  gênantes,  puis  enlever 
les  plus  fortes  aspérités  de  la  surface.  Cette  première 
taille  paraît  s’être  effectuée  au  moyen  d’une  espèce  de 
marteau  courbe  et  tranchant  appelé  ascia,  que  l’on  iden¬ 
tifie  avec  le  grec  tûxgç2  ;  on  employait  encore  à  cet  usage 
d’autres  outils  dénommés xq7teTç,  lyxoîtsïç 3,  qui  paraissent 
être  aussi  des  marteaux  tranchants  ou  non,  et  une  sorte 
de  DOLABiiA.  Une  terre  cuite  du  musée  du  Vatican  repré- 
sentc(fig.  4341)  deux  ouvriers  en  train  de  façonner  un  bloc 
de  pierre  avec  des  espèces  de  masses  à  deux  pointes  V  II 
fallait  ensuite  planer  et  unir  les  surfaces;  cette  deuxième 
façon  se  donnait,  semble-t-il,  avec  divers  genres  de  ciseaux 
[SCALPRUM s]  (Xetai,  yXaptoe;  6,  ço'fosç  7,  loi'Seç  yasaxTou  8, 
yXuepeïa  9,  ÜuarTipeç 10)  que  l’on  chassait  devant  soi  sur  la 
pierre  à  l’aide  d’un  maillet11.  C’est  ce  qui  parait  repré¬ 
senté  (fi g.  -4342)  sur  une  miniature  du  Virgile  du  Vatican 


Fig.  434 2.  —  Tailleurs  de  pierres. 

où  se  voit  un  tailleur  de  pierres  tenant  de  la  main  gauche 
un  ciseau  et  de  la  droite  un  maillet  levé  12.  A.  Jacob. 
LAPIDATIO  (KaxofXsÛEiv). —  Lapidation. 

Cirèce.  —  La  lapidation,  dans  les  sociétés  primitives, 
sert  à  châtier  en  fait  des  actes  dont  la  répression  n’est 
pas  encore  assurée  en  droit  formel.  Partout  où  règne  le 
système  de  la  vengeance  privée,  si  la  partie  lésée  est, 

l  Cf.  Blümner,  II,  p.  210.  —  2  Blümner,  III,  p.  90-03;  II,  208;  Eurip.  Berc. 
fur.  945  ;  Poil.  VII,  118;  X,  147  ;  Hcsych.  s.  v.  Eustatli.  Ad  Iliad.  p.  13G,  23  ; 
cf.  tuxtÇttv,  Arist.  Aves.  1138;  cf.  la  scholie  que  reproduit  Suidas,  s.  v.  tùxo;. 

3  Lucian.  Somn.  3  et  13;  Diod.  Sic.  I,  35,  10  ;  cf.  Blümner,  II,  p.  212,  et  III, 
p.  93.  ’Eyxou£«,  chez  Lucien  (c.  3),  parait  bien  être  une  sorte  de  marteau,  comme 
le  croit  Blümner,  et  non  un  ciseau,  car  l’apprenti  s’en  sert  directement  sans  maillet. 

—  4  Afuseo  Elrusco  Gregoriano,  I,  pl.  xxxvm,  n»  3  (édit.  1842).  —  5  Blümner,  II, 

-  i***  9  1  oïl.  X,  147  ;  Zonar.  Lcx.  s.  v.  Fkapiç  —  7  Hcsych.  s.  v.  çoi';.  —  8  Inscript,  dans 

AOqvottov,  1875,  p.  3G9sq.  ;  Fabricius,  De architectura graeca  commentât,  epigr.  p.  08  ; 

sui  la  mémo  inscription  on  lit  îîg'ïç  iïuxvti  ê-i-yjx o ;x£ vt; ,  ÇoV;  àoTiorô;j,oç  ;  cf.  Blümner,  III, 
p.  93  et  140.  —  9  Luc.  Somn.  13.  —  10  Plut.  Moral,  p.  350  U;  Authol.  Pal.  VI, 
205,  5;  cf.  Schol.  Ilom.  Ad  Odyss.  XXII,  455.  —  n  Blümner  (II,  211)  suppose  que 
ce  maillet  était  1  outil  appelé  xO.arTfip  dans  Athcn.  XI,  p.  488  c,  interprétation  qui 
n  est  pas  tout  à  fait  conforme  à  celle  de  Fabricius,  Op.  cil.  p.  71  ;  cf.  Blümner,  III 
p.  93.  -  12  Aug.  Mai,  Virgil.  pict.  ex  cod.  Vatic.  Rome,  1835,  pl.  xix.  Voir  encore 
Curtius,  Sieben  Karten  v.  Atlien.  pl.  vm. 

LAPIDATIO.  1  Durckhcim,  Divis.  du  travail,  80.  Voir  les  exemples  empruntés 
aux  sociétés  les  plus  différentes  par  Posl,  Bausteine  f  cine  allg.  Dechlsiviss.  I, 

191;  Grundriss  d.  ethnol.  Jurisprud.  Il,  271  ;  Afrik.  Jurisprud.  II,  44.  _ 2  11[ 

56-57  ;  cf.  Schol.  D  ;  Euslath.  p.  1197,  04.  Ce  sens  est  accepté  par  Wachsmuth, 
Bell.  Alterthumskunde,  II,  793  ;  Thonissen,  La  dr.  pén.  de  la  Itép.  ath.  33-34  • 
l’halheim,  Rechtsalt.  138,  n.  2  ;  Ebcling,  Laxic.  Borner,  s.  v.  X&tvo;;  Bailly,  ûict 
gr.  fr.  s.  v.  Contra  K.  F.  Hermann,  Ueb.  Grundsdtse  u.  Anwèndung  d.  Strafrechls 
Du  gr.  Alt.  dans  les  Abh.  d.  Gcs.  d.  AViss.  eu  Gbtt.  VI  (1S50),  p.  274,  n.  2;  Dodrc- 


non  pas  un  individu,  mais  un  yévoç,  une  tribu,  une  cité, 
tous  les  membres  de  ce  yÉvoç,  de  cette  tribu,  de  cette  cité 
concourent  à  la  vengeance  sociale.  Sur-le-champ,  par 
ordre  du  chef  ou  par  consentement  universel,  le  coupable 
est  mis  hors  la  loi  :  chacun  court  sus  à  1’aTtp.o;,  chacun 
a  sur  lui  droit  de  vie  et  de  mort.  Toutes  les  armes  sont 
bonnes,  javelots,  flèches  ou  pierres.  Tant  que  la  peine  de 
mort,  sans  être  légalement  prononcée  par  personne,  est 
infligée  par  tout  le  monde  dans  un  accès  de  fureur  tumul- 
tuaire,  tant  que  la  répression  est  «  diffuse  1  »,  le  mode 
d’exécution  ordinaire,  c’est  la  lapidation.  Et  le  crime 
typique  qu’elle  punit,  c’est  la  trahison  ou,  plus  généra¬ 
lement,  l’attentat  contre  la  sûreté  commune  ou  les  inté¬ 
rêts  communs.  «  Les  Troyens  sont  des  lâches,  dit  Hector 
à  Pâris  dans  Y  Iliade  2  ;  autrement,  tu  serais  déjà  habillé 
d’un  chiton  de  pierre  pour  tout  le  mal  que  tu  leur  as 
fait3.  »  Dans  Y  Odyssée  apparaît  un  malheureux,  traqué 
par  une  foule  qui  veut  «  le  tuer  et  lui  arracher  le  cœur  »  “. 
il  passe  pour  traître,  comme  Palamède,  qui  périt  sous 
une  grêle  de  pierres  5. 

Durant  ce  moyen  âge  hellénique,  dont  les  débuts  sont 
connus  par  les  récits  encore  légendaires  des  vo<7 toi  et 
dont  la  fin  se  soude  à  l’époque  historique,  on  voit  se 
préciser  d’abord,  se  compléter  ensuite*  la  jurisprudence 
spontanée  de  la  lapidation.  L’étranger  qui  offense  un  ou 
plusieurs  membres  d’une  société  se  met  en  état  de  guerre 
contre  la  société  tout  entière.  Elle  peut  donc  se  venger 
sur  lui  par  les  voies  rapides,  quelle  que  soit  l’offense. 
Politès,  compagnon  d’Ulysse,  est  lapidé  à  Témésa  en 
OEnotrie,  pour  cause  d’outrage  à  une  jeune  fille0; 
Hècabè  est  lapidée  «  comme  une  chienne  »,  pour  avoir 
invectivé  les  meurtriers  de  ses  enfants1.  Même  à  l’égard 
d’un  citoyen,  une  foule  exaspérée  ne  raffine  pas  sur  une 
définition  juridique.  Lorsque  les  légendes  de  la  Lycie, 
de  l’Attique  et  de  la  Laconie,  nous  montrent  la  défaite8, 
la  concussion  en  temps  de  guerre9,  ou  même  la  pro¬ 
position  d’une  loi  impopulaire10,  assimilées  à  la  trahison 
et  punies  à  coups  de  pierres,  il  n’y  a  là  qu'une  extension 
naturelle  donnée  aux  idées  de  la  période  précédente11. 
Mais  une  coutume  sans  racine  dans  le  passé,  c’est  celle 
de  la  lapidation  pour  offense  à  un  dieu  ou  à  un  simple 
particulier.  Il  y  a  une  vérité  rétrospective  dans  tous  ces 
passages  des  tragiques  athéniens  où  il  est  parlé  de  lapi¬ 
dation  à  propos  de  sacrilège  12,  de  meurtre  13  et  pari- 
cide  u,  d’inceste13  et  adultère16,  voire  pour  ensevelisse- 

lein,  Borner.  Gloss,  s.  v.  —  3  Euripide  (Or.  59)  a  bien  observé  qu’Hélcne 
méritait  le  même  sort  dans  Argos.  —  4  XVI,  426-429.  —  8" Schol.  Eurip. 
Or.  436;  Philostr.  Heroic.  XI,  11,  p.  714;  Vit.  Apollon.  111,22,2,  p.  112; 
cf.  O.  Jalm,  Palamedes,  Kil.  1836,  p.  12,  44.  La  peinture  de  vase  où  Welcker  (Alte 
Dcnkm.  III,  435;  Rh.  Mus.  IX,  1854,  p.  288;  cf.  Overbeck,  Gallerie  lieroisch. 
Bildwerlce,  367,  n°  2)  a  voulu  reconnaître  la  lapidation  de  f’alamèdc  est  une  «  mys¬ 
tification  grossière  »  (S.  Reinach,  Peint,  de  vases  ant.  73).  —  6  Paus.  VI,  6,  7; 
Suid.  s.  D.  EuBupio;.  —  7  Tzetz.  Ad  Lycophr.  315,  1030;  Mythogr.  lat.  III,  9,  8; 
Dictys,  V,  16;  cf.  Quint.  Smyrn.  XV,  384  s.  Voir  Uofcr,  art.  ffekabe,  dans  Roscher, 
Ausf.  Lexic.  d.  gr.  u.  rôm.  Myth.  1882-1883.  On  pourrait  signaler  encore  le  cas 
d’Eurip.  Ber.  60.  —  8  Quint.  Smyrn.  X,  164-166. —  9  Callisthcn.  ©çaxixi,  III, 
ap.  (Plut.)  Parall.  31,  p.  313  B.  —  10  Plut.  Lyc.  11.  Autre  exemple  de  lapidation 
en  temps  d’émeute  à  Trézcne  (Paus.  II,  32,  2).  —  n  C’est  peut-être  le  lieu  de  men¬ 
tionner  la  lapidation  du  roi  OEuoclospar  les  Ænianes  (Plut.  Quaest.  gr.  13,  p.  294  A). 

—  12  Eurip.  Andr.  1129,  1 1 54  (cf .  Pherecyd.  ap  Schol.  Eurip.  Or.  1654)  ;  Iph. 
Aid.  1350.  Voir  Arclin.  Iliupersis,  ap.  Procl.  Chrestom.  (Welcker,  Bp.  Cycl.  II, 
185,  522  ;  Kinkel,  Epie.  gr.  fragm.  I,  49)  ;  Harp.  s.  v.  <l>àj(i«xo5.  —  13  Acschyl.  Ag. 
1616.  Voir  Anticlid.  ap.  Schol.  Od.  XVI,  471  et  Euslath.  ad  l.  c.  ;  Xanth.  ap. 
Etym.  Magn.  s.  v.  'Epuaïov,  p.  375,  57  (Müller,  Fragm.  hist.  gr.  I,  38,  fr.  9)  et  les 
explications  de  B.  Schmidt,  Neue  Jalirb.  f.  class.  Philol.  CXLV11  (1893),  p.  370. 

A  signaler  encore  la  lapidation  de  Mélanchros  (correction  de  Cobet,  pour  Mélacharis) 
et  Cléomètra  (Dcinias  ap.  Schol.  Eurip.  Or.  872  =  Müller,  Fragm.  hist.  gr.  III,  24, 
fr.  3).  —  14  Eurip.  Or.  49-50,  440-442,  614,  863,  914-915,  946;  cf.  Plat.  Legg.  IX, 
p.  873  B-C.  —  15  Soph.  Oed.  Col.  435.  —  16  Eurip.  Troad.  1059, 


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ment  d’un  criminel  privé  de  sépulture1.  On  pourrait 
croire  à  des  erreurs  de  couleur  locale,  si  l’on  n’avait  pas 
pour  éléments  de  contrôle  les  vieilles  légendes  et  les 
fragments  des  poèmes  cycliques.  C’est  que  dans  la  Grèce 
du  vin0  siècle,  des  idées  nouvelles  s’étaient  répandues, 
sur  la  souillure,  la  contagion  et  la  purification.  Quand  le 
droit  divin  ou  humain  était  violé  par  une  lésion  grave, 
la  laisser  impunie  c’était,  pour  la  société,  en  accepter  la 
solidarité.  En  présence  d’un  attentat  énorme  et  flagrant, 
le  peuple  vengeait  sa  propre  cause  en  vengeant  celle  de 
l’offensé,  homme  ou  dieu.  Et,  tandis  qu’il  élargissait  ainsi 
son  droit  de  répression,  il  trouvait  dans  sa  conscience 
transformée  une  raison  déplus  pour  l’exercer  spécialement 
àcoups  de  pierres.  De  celte  façon,  on  ne  tuaitpas  le  misé¬ 
rable,  on  le  faisait  mourir,  et  nul  ne  contractait  ni  la  souil¬ 
lure  d’un  contact  impur,  ni  la  souillure  du  sang  versé. 

A  l’époque  historique,  le  progrès  de  la  juridiction  sociale 
n’alla  pas  jusqu’à  supprimer  tout  à  fait  la  lapidation.  De 
loin  en  loin  les  générations  nouvelles  appliquèrent  les 
principes  primitifs  sur  la  trahison  et  les  principes  plus 
récents  sur  le  sacrilège.  Mais  ces  crimes,  à  plus  forte 
raison  les  autres,  ne  furent  plus  capables  de  soulever 
une  fureur  homicide  que  dans  des  circonstances  extraor¬ 
dinaires  de  flagrant  délit  et  de  gravité. 

Pour  que  les  Arcadiens  lapident  Aristocratès  le  Jeune, 
il  faut  qu’exaspérés  par  la  défaite,  ils  le  surprennent 
recevant  de  l’ennemi  le  prix  de  la  trahison2.  C’est  à 
Salamine,  quand  ils  sont  chassés  de  leur  ville  incendiée, 
quand  il  leur  faut  maintenir  l’unanimité  par  la  terreur, 
que  les  Athéniens  lapident,  avec  sa  femme  et  ses  enfants, 
le  bouleute  Lykidès,  coupable  d’avoir  voulu  accepter  les 
propositions  du  Mède3.  Désormais,  on  ne  trouve  plus 
rien  de  pareil  qu’aux  extrémités  du  monde  hellénique. 
Vers  la  fin  du  Ve  siècle,  les  Agrigentins  lapident  encore 
quatre  de  leurs  stratèges,  pour  avoir  laissé  échapper  une 
occasion  de  victoire4,  et  les  Syracusains  en  auraient  fait 
autant  des  leurs,  au  nombre  de  dix,  s’ils  avaient  écouté 
Denys,  qui  les  excitait  «  à  ne  pas  attendre  le  vote  légal, 
mais  à  faire  justice  sur-le-champ,  de  leurs  mains  5 *  ». 
Cette  mesure  aveugle  de  vengeance  et  de  salut  public  est 
prise  exceptionnellement  en  temps  de  révolution  comme 
en  temps  de  guerre  :  à  Athènes,  on  lapide  les  partisans  de 
Cylon0;  à  Mitylène,  le  tyran  Coès  7.  En  dehors  de  la 
haute  trahison,  l’homicide  est  le  seul  des  crimes  reconnus 
par  le  droit  séculier  qui  ait  un  jour,  dans  les  siècles 
historiques,  poussé  une  foule  à  se  faire  justice  à  coups  de 
pierres.  Mais  cette  foule  se  trouvait  en  face  d’un  fait 

1  Aescliyl.  Sept.  199; Soph.  Antiij.  36  ;  Aj.  728.-2  Paus.  IV,  22,  5-7  ;  VIII,  S,  13; 
cl.  Callisthen.  ap.  Polyb.  IV,  33,  3-0.  -  3  Uer.  IX,  5  ;  Dem.  Pro  cor.  204,  p.  29G  ; 
Lyc.  C.  Leocr.  122,  p.  165  ;  Cic.  De  off.  III,  H,  parlent  cl’  un  bouleule  nommé  Kyr- 
silos.  Est-ce  un  cas  distinct?  C’est  peu  probable  (voir  de  Pastorct,  Hist.  de  la  lég. 
VII,  71  ;  Grote,  ffist.  of  Gr.  éd.  1869,  t.  V,  p.  9,  n.  I  ;  Thonissen,  93,  n.  2).  D’après 
Eyc.  C.  Leocr.  71,  p .  156,  on  aurait  déjà  failli  lapider  Alexandros  ;  mais  c’est  encore 
une  assertion  erronée  (voir  Grote,  t.  V,p.  G,  n.  IV  Cf.  Dem.  De  falsa  leg.  66,  p.  362; 
Aristoph.  Av.  280  s.  —  4  Diod.  XIII,  87,  5;  cf.  Brunet  de  Presle,  Hech.  s.  l'établ. 
des  Gr.  en  Sic.  21G  ;  Holm,  Gesch.  Sic.  im  Alt.  II,  91  ;  Freemann,  Hist.  of  Sic.  III, 
529.  —  5  Diod.  XIII,  91,  3;  cf.  Brunet  de  Presle,  220  ;  Holm,  93  ;  Freemann,  541. 

D  après  (Plat.)  Epist.  VIII,  p.  354  E,  le  conseil  de  Denys  aurait  été  suivi.  Grote,  X, 
190,  n.  2  (cf.  Holm,  428),  voit  là  une  méprise  provenant  du  cas  réel  qui  se  produisit 
peu  auparavant  à  Agrigenle.  —  6  Plut.  Sol.  12  ;  Schol.  Aristoph.  Eq.  447. 

—  7  Her.  V,  38;  cf.  Grote,  IV,  212;  de  Pastoret,  Hist.  de  la  législ.  IX,  69. 
L'épithète  Xeu<rrof  convient  aux  tyrans  (cf.  Id.  V,  67;  Aelian.  De  nat.  anim.  V,  15). 

3  faus.  \  1 ,  9,  7;  Suid.  s.  v.  KXcoja^&viç.  On  ne  sait  à  quel  drame,  réel  ou  lé¬ 

gendaire,  rapporter  les  vers  de  1  Anthol.  Pal.  IX,  157,  5-6.  Quant  à  la  lapidation 

d  Anytus  à  Héraclée  du  Pont  (Themislius,  Or.  XX,  p.  239  c),  c’est  une  pure  fable. 

—  3  Cf.  Aelian.  ap.  Suid.  s.  v.  —  10  Aescbin.  C.  Timarch.  163,  p.  23.  —  11  Di- 

narch,  ap.  Phot.  Suid,  s.  v.  x«T«7.Eu<ripov.  —  12  Plut,  Phoc.  34  ;  Philostr.  Vit. 


atroce  :  l’athlète  Cléomèdès  venait,  à  Astypalée,  d’ense¬ 
velir  une  soixantaine  d’enfants  sous  les  ruines  d’un 
gymnase  8.  On  ne  saurait  donc  prendre  à  la  lettre  le  mot 
Asu<7T7)p  lancé  à  la  tête  d’un  ennemi  9  :  il  ne  faudrait  pas 
croire  les  Athéniens  de  la  belle  époque  capables  de  lapider 
un  homme  pour  avoir  vendu  un  citoyen  comme  esclave10 
ou  pour  avoir  malversé11.  11  est  même  très  significatif 
qu’après  les  guerres  médiques  on  n’ait  plus  lapidé  per¬ 
sonne  dans  les  villes  grecques  au  nom  de  la  justice 
séculière.  Il  arrive,  beaucoup  plus  tard,  qu’une  populace 
lance  ou  menace  de  lancer  des  pierres  contre  un  person¬ 
nage  détesté12;  ce  n’est  plus  une  exécution  sommaire. 
Si  la  lointaine  Agrigente  fait  exception,  c’est  qu’elle  ;i 
sous  les  yeux  l’exemple  des  Carthaginois, grands  amateurs 
de  lapidation13.  Mais  la  même  année  (406),  dans  les 
mêmes  circonstances,  à  l’encontre  des  mêmes  magistrats, 
les  Syracusains  se  refusaient  à  tout  acte  de  violence,  el 
la  vindicte  des  Athéniens  respectait  les  formes  légales. 

Le  sacrilège  fut  bien  plus  longtemps  que  la  haute 
trahison  puni  par  la  lapidation.  Sans  doute,  on  ne  saurait 
croire  qu’Eschyle  faillit  être  lapidé  pour  outrages  aux 
cultes  officiels  ou  divulgation  des  mystères  14  :  l’anecdote 
est  apocryphe.  Mais  quand  les  Thessaliennes  assom¬ 
mèrent  Laïs  àcoups  de  pierres  et  d’escabeaux,  le  sacrilège 
servit  de  prétexte  à  leur  jalousie  l5.  Encore  au  ivc  siècle, 
le  peuple  d’Ephèse,  pour  lapider  le  chef  de  l’oligarchie 
et  sa  famille,  fit  semblant  de  venger  Artémis10.  L’Arcadie 
semble  avoir  gardé  une  prédilection  particulière  pour 
cette  tradition  de  pieuse  cruauté.  Aristocratès  l’Ancien 
fut  lapidé  pour  avoir  souillé  la  prêtresse  d’Artémis  dans 
son  sanctuaire11;  des  enfants,  pour  s’être  amusés  à 
étrangler  une  statue  de  déesse  à  Kaphyes  18.  Plutarque 
raconte  que  de  son  temps  encore  quiconque  pénétrait 
volontairement  dans  le  Lykaion  était  lapidé19.  C’était 
assurément  la  peine  portée  par  les  vieux  règlements; 
peut-etre  était-elle  toujours  inscrite  sur  le  ‘pvocjvuïtiTiHi 
affiché  à  la  porte  du  temple;  mais  il  est  douteux  qu’elle 
eût  trouvé  une  seule  application  depuis  des  siècles.  Il 
ne  faudrait  donc  accorder  aucune  créance  au  récit  d’une 
lapidation  ordonnée  par  Apollonius  de  Tyanes20,  même 
s’il  ne  se  terminait  point  par  un  miracle21. 

Si,  hors  le  cas  de  sacrilège,  les  citoyens  s’interdirent 
1  usage  de  la  lapidation  dès  le  premier  quart  du  v°  siècle, 
il  n’en  fut  pas  de  même  des  soldats  en  campagne.  Les 
Athéniens  trouvaient  vraisemblable  qu’on  leur  parlât  sur 
la  scène  de  guerriers  lapidant  un  des  leurs22.  Que  voit- 
on  dans  la  réalité  !  Les  Argiens, furieux  contre  leur  général 

Apollon.  IV,  8,  2,  p.  146;  I,  IG,  4,  p.  21  ;  V,  16,  2,  p.  209;  Vit.  soph.  I  23  I 
p.  527.  -  13  Her.  I,  167;  Polyb.  I,  80,  9  ;  TH.  Liv.  XLIX,  32;  cf.  de  Pastorct, 
Hist.  de  la  législ.  X,  142.  La  coutume  sc  retrouve,  même  pour  attentat  non  dirigé 
contre  la  religion,  chez  les  Juifs  [Oeuter.  XXI,  21  :  XXII,  24  ;  Exod.  XVII,  4;  Evaiig. 
Joh.  VIII.  5-7  ;  Joseph.  Ant.jud.  IV,  8,  36;  cf.  de  Pastorct,  Op.  cit.  IV,  128-132  ; 

A.  Ewald,  Die  Alterth.  d.  Volkes  lsr.  143  ;  Thonissen,  Et.  sur  Vhist.  du  dr.  crim. 
des  peuples  anciens,  II,  20-21,  30)  et  chez  les  Arabes  (Diod.  III,  47,  4).  —  14  Aelian. 
Var.  hist.  V,  19;  Anouym.  comment,  ad  Arislol.  Eth.  Nie.  III,  p.  i|||  a,  7  (éd. 
Heylbut,  t.  XX,  p.  145)  ;  cf.  Wachsmuth,  Op.  cit.  II,  204,  n.  91  ;  Thonissen,  92. 

—  13  Plut.  Amat.  XXI,  13,  p.  768A;  Timac.  cl  Polem.  ap.  Allien.  XIII  p  589  A 
(Müller,  Fragm.  hist.  gr.  I,  219,  fr.  105;  III,  127,  fr.  44).  Les  Thessaliennes  n’au- 
raient  pas  tué  la  malheureuse  dans  un  temple,  si  elles  ne  l’avaient  pas  déclarée  sa¬ 
crilège  (cf.  Plut.  Pericl.  32;  Vit.  dec.  oral.  Hyper.  20,  p.  849  D).  —  lOArrian. 
Anab.  I,  17,  11-12  ;  cf.  de  Pastoret,  Hist.  de  la  législ.  IX,  195.  —  17  Paus.  VIII,  .5, 

12;  cf.  Hiller  von  Gaerlringen,  art.  Aristokrates,  dans  la  Real-Encycl  de  Paùly- 
Wissowa.  -18  Paus:  VIII,  23,  7.  -  19  Plut.  Quaest.  gr.  39,  p.  300  c;  cf.  Immer- 
walir,  Die  Kulte  u.  Mythen  Arkadiens,  7  ss.  ;  Bérard,  Orig.  des  cultes  arc  86. 

-  20  Philostr.  Vit.  Apoll.  IV,  10,  p.  147.  -  21  Cf.  Schol.  Eurip.  Hec.  1261  •  Tzetz. 
ad  Lycophr.  1176.  -  22  Eurip.  Iph.  Aul.  1350;  Soph.  Aj.  728  ;  cf.  Aeschyl.  Sept. 


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Tlirasyllos,  qui  a  traité  quand  la  victoire  semblait  certaine, 
se  mettent  h  le  lapider1.  Avec  quelle  légèreté  une  troupe 
indisciplinée,  une  troupe  de  mercenaires  surtout,  poinail 
se  laisser  aller  il  la  folie  de  la  lapidation,  c  est  ce  que 
nous  montre  Y Anubase.  Les  Grecs  commencent  a  faite 
périr  sous  une  grêle  de  pierres  trois  députés  indigènes-, 
aux  cris  de  «  Frappe,  frappe,  lance,  lance  3  »,  un  grand 
nombre,  sans  savoir  pourquoi,  courent  sus  aux  agora- 
nomes  et  pourchassent  l’un  d’eux  «  comme  un  sanglier 
ou  un  cerf  4  »;  enfin,  peu  s’en  laut  que  leur  rage  sédi¬ 
tieuse  ne  s’attaque  aux  généraux 

Naturellement,  dans  les  armées,  les  javelots  venaient  en 
aide  aux  pierres  ou  les  remplaçaient  :  il  n’y  a  pas  de 
différence  essentielle  entre  xaxaXsùetv  et  xaraxovTtÇsiv  ü- 
Au  milieu  du  ivc  siècle,  dans  la  même  guerre,  presque 
en  même  temps,  les  Phocidiens  en  déroule  tuent  à  coups  de 
javelots  leur  chef  Onomarchos,  qu’ils  considèrent  comme 
l’auteur  responsable  de  leur  désastre  ',  et  les  Béotiens  vain¬ 
queurs  percent  leurs  prisonniers  jusqu’au  dernier  sous 
prétexte  de  sacrilège 8 .  Les  soldats  d’Alexandre  mettent 
en  croix  l’assassin  de  Darius  avant  de  tirer  sur  lui 9. 

Jusqu’ici,  la  lapidation  n’apparaît  pas  une  seule  fois 
comme  une  peine  prononcée  régulièrement  par  un  tri¬ 
bunal10.  Sans  doute,  tel  n’était  pas  l’avis  des  Grecs  au 
ve  siècle,  lorsqu’ils  parlaient  des  temps  mythiques.  Dans 
les  tragédies  d’Eschyle11  et  d’Euripide  12,  il  est  souvent 
question  de  lapidation  infligée  en  vertu  d’une  sentence 
rendue  froidement  lv  oi'xt).  Une  légende  représente  les 
dieux  lapidant  un  coupable  avec  leurs  tablettes  déjugés13. 
C’était  un  exercice  habituel,  dans  les  écoles  de  rhéteurs, 
décomposer  des  plaidoyers  pour  ou  contre  Palamède14. 
Mais  il  n’y  a  pas  à  tenir  compte  de  détails  inventés  après 
coup.  Dans  les  temps  mythiques  comme  dans  les  temps 
historiques,  la  lapidation  est  fréquemment  punie  par  les 
dieux15.  L’oracle  de  Delphes  ne  se  lasse  pas  de  demander 
des  réparations  pour  les  victimes  16,  même  quand  ce  sont 
de  grands  coupables  devant  les  hommes,  même  quand 
ce  sont  des  impies.  Ainsi  l’odieux  Cléomédès  en  réchappa 
et  y  gagna  encore  le  titre  de  héros  17  ;  le  zèle  fanatique 
des  Kaphyens  fut  jugé  criminel  (où  aùv  o t x. vj )  et  dut  être 
expié  par  des  sacrifices  périodiques18.  Ajoutezà  cela  que 
les  bourreaux  volontaires  ne  donnent  pas  à  leur  victime 
le  temps  de  parler  10,  mais  qu’ils  lui  laissent  la  vie  sauve 
si  elle  leur  échappe  sur  le  moment 20,  qu’assez  fréquem¬ 
ment  le  supplice  est  infligé  par  des  femmes21;  n’esl-il 
pas  évident  que  le  peuple  en  Grèce  a  toujours  vu  dans  la 
lapidation  un  acte  de  vengeance  (xifjuopta)22  ?  On  pourrait 
être  tentéde  faire  une  exception  pour  Injustice  militaire. 
Pour  lapider  leur  général,  les  Argiens  se  gardent  bien 
d’attendre  qu’ils  soienl  revenus  en  ville,  et  pourtant  ils 

1  Tliuc.  V,  00,  6  ;  Diod.  XII,  78,  5;  cf.  Grole,  VI,  344.  —  2  Xen.  Anab.  V, 
7,  19;  cf.  2,  30.  — 3  naïE,  (SoUe.  Cf.  Arisloph.  Acli.  281-282.  —  4  Xen.  I.  c.  21, 
27.  —  0  Ibid.  2,  28.  —  0  Voir  Eurip.  Andr.  1134.  Selon  Amen,  III,  26,  3,  Philolas 
el  ses  complices  furent  percés  de  javelots  ;  selon  Quinte  Curce,  VI,  11,  38,  ils  furent 
lapidés.  On  trouve  même  nataxovTcÇtiv  employé  à  désigner  le  fait  de  lancer  des  pierres 
(Grog.  Nyss.  In  Ecclesiast.  homilia,  VII,  dans  Migne,  Patrol.  XLIV,  712  B). 

—  7  Paus.  X,  2,  5.  Autre  version  dans  Euseb.  Pracp.  evang.  VIII,  14,  33,  p.  392c. 

—  8  Diod.  XVI,  31,  1.  —  9  Quint.  Curt.  VII,  5,  11.  —  10  [)e  Pastorct,  Hist.  de  la 
lég.  VII,  71,  admet  la  lapidation  parmi  les  peines  capitales  «  dans  l’ordre  de  la  jus¬ 
tice  »,  mais  il  fait  lui-même  des  réserves,  p.  72.  —  n  Ag.  1015  ;  Sept .  198.  —  12  Or. 
440-442, 014.  —  13  Anticlid.  ctXanth.  II.  cc.  (voir  n.  13,  p.  927).  —  14  Voir  l’accusation 
d’après  Alcidamas  ( Orat .  ait.  de  Didot,  II,  197  ss.).  et  la  défense  d’après  Gorgias 
{Ibid.  209  ss.)  ;  cf.  Philostr.  Heroic.  l.  c.  —  l8  Tzetz.  ad  Lycoplir.  1 170  ;  Paus.  VI. 
0,  8  ;  VIII,  23,  7  ;  Schol.  Arisloph.  Plut.  179  ;  lier.  I,  107  ;  Diog.  Laert.  I,  10,  109. 

—  10  Ajouter  aux  références  de  la  note  précédente  Paus.  II,  32,  2  ;  VI,  9,  7  ;  Quint. 
Siuyrn.  X,  104-100.  Contra  Plut.  Quacst.  gr.  13,  p.  294  A;  lier.  V,  07  ;  Diod.  XVI, 
31,  1.  -  17  Paus.  VI,  9,  7.  —  18  hj.  VIII,  23,  7.—  19  Diod.  XIII,  87,  5.  -  20  Arclin. 


attendent  d’être  arrivés  aux  portes  de  la  ville,  sur  cette  rive 
du  Charadros  où  siègent  leurs  conseils  de  guerre.  Mais 
est-ce  parce  que  la  loi  martiale  les  autorise  à  employer 
les  moyens  sommaires?  Non  ;  c’est  pour  donner  une 
vague  apparence  de  légalité  à  un  abus  de  la  force  brutale  : 
leur  coup  manqué,  ils  ne  peuvent  que  faire  condamner  le 
traître  par  la  juridiction  ordinaire  à  la  peine  ordinaire23. 
Même  les  Dix-Mille,  indépendants  de  tout  tribunal  civil 
ou  criminel,  ne  croient  pasexercer  un  droit  en  tuant  qui 
que  ce  soit  sans  jugement  (îxpixov)24;  car,  leur  colère 
tombée,  ils  portent  la  peine  de  mort  contre  quiconque 
renouvellerait  le  désordre25  et  font  purifier  le  camp26. 
La  lapidation  n’a  donc  jamais  été  infligée  par  une  justice 
procédant  en  la  forme.  Jadis  elle  a  pu  subvenir  aux 
défectuosités  de  la  justice;  les  Grecs  ont  pu  invoquer  la 
OÉfztç,  comme  les  Américains  invoquent  la  loi  de  Lynch. 
Mais  il  ne  faut  pas  appeler  Xeùffijxo;  obev)  2‘  ce  qui  n’est 
qu’un  !j.ôvoç  ÔTjjjtôXeuffxoç28,  accompli  sous  la  présidence  du 
XtOôXsucxoç  vApir]ç  20. 

Seuls  dans  l’antiquité  hellénique,  les  Macédoniens 
admirent,  comme  mode  d’exécution  légale,  de  xaxxXsùeiv 
ou  de  xaxaxovTi'Çeiv,  les  condamnés  à  mort30.  C’est  qu’en 
Macédoine  la  législation  criminelle  resla  de  longs  siècles 
dans  un  état  rudimentaire:  on  n’y  connaissait  pas  plus  qu’en 
Thrace31  la  peine  capitale.  Lorsqu’enfin  fut  organisée  une 
juridiction  criminelle,  le  peuple  et  l’armée,  qui  en  étaient 
investis,  selon  qu’on  était  en  paix  ou  en  guerre32,  exécu- 
tèrentles  coupables  more  patrio33,  sansbourreau,  à  coups 
de  pierres  ou  de  javelots,  mais  après  avoir  légitimé  le 
supplice  par  une  sentence.  Le  jugement  laissait  un  libre 
cours  à  la  vengeance  privée  ou  publique.  Condamnée  par 
l’assemblée,  Olympias  fut  livrée  auxparents  deceux  qu’elle 
avait  fait  tuer  et  probablement  lapidée 34.  Le  vengeur  du 
sang,  plus  généralement  l’accusateur, avait  donc  le  privilège 
de  jeter  la  première  pierre35.  Il  est  vraisemblable  que  ce 
genre  d’exécution  était  employé  régulièrement  chez  les 
Macédoniens  dans  les  mêmes  cas  où  il  l’était  extraordi¬ 
nairement  chez  les  Grecs;  mais  les  exemples  connus  sont 
tous  consécutifs  à  des  jugements  de  haute  trahison.  C’est 
de  ce  chef  qu’Olympias  fut  sacrifiée  à  la  haine  de  ses 
ennemis  par  la  justice  civile  ;  c’est  de  ce  chef  qu’Ilermo- 
laos  fut  avec  ses  complices  condamné  et  lapidé  par  l’ar- 
mée  d’Alexandre 36  ;  c’est  enfin  de  ce  chef  que  Philotas 
comparut  devant  une  cour  martiale  de  six  mille  hommes  37 
et,  après  avoir  pensé  périr  sous  les  pierres38,  périt  sous 
les  javelots39.  Les  Macédoniens  osaient  encore  par  prin¬ 
cipe,  sauf  lettres  expresses  de  rémission,  ce  que  les  Grecs 
n’avaient  jamais  fait  que  par  exception,  dans  des  mo¬ 
ments  de  fureur  :  étendre  à  la  famille  du  conspirateur 
une  solidarité  mortelle40. 

I. c.  (voirn.  12,  p.  927);  Eurip.  Iph.  Aul.  1350  ;  Plut.  Lyc.  H  ;  Paus.  VI,  9, 7  ;  Thuc.  V, 
00,  0  ;  Diod.  XII,  78,  5;  Xen.  Anab.  V,  7.  —  21  Voir  Quint.  Smyrn.  X,  155-159  ; 
lier.  IX,  5;  Dem.  Pro  cor.  204,  p.  296,  et  les  textes  relatifs  à  Laïs.  —  22  Diod .  XIII, 
91,  3  ;  cf.  (Plat.),  Epist.  VIII,  p.  354  E  :  xctxà  vô[X0v  obSivu  xçevovteç.  —  23  Thuc.  V, 
GO,  0  ;  Diod.  XII,  78,  5.  —  24  Xen.  Anab.  V,  7  ,  28  ,  29.  —  25  Ibid.  34.  —  20  Ibid. 
35.  —  27  Eurip.  Or.  014;  Heracl.  00.  —  28  Soph.  Antiy.  30.  —  29  Id.  Aj.  253. 
_  30  Cf.  Rubiuo,  Unters.  ûb.  rôm.  Verf.  u.  Gesch.  479-480;  Gilbert,  Beitr.  c. 
EtiliBickelungsgesch.  d.  gr.  Gerichtsverfahr.  u.  d.  gr.  Rechts ,  dans  les  Jahrb.  f. 
cl.  Phil.  Suppl.  XXIII  (1890),  p.  402.  —  31  Dem.  C.  Aristocr.  109,  p.  0  7  0.  —  32  Quint. 
Curt.  VI,  8,  25.  —  33  Id.  Il,  38  ;  cf.  9,  Macedonum  more  ;  Diod.  XVII,  80,  t,  xaxSt 

tiïv  MuxeSôvuv  i'Qo;.  —  34  Paus.  IX,  7,  2  ;  cf.  Droysen,  Gesch.  d.  Hellenism.  trad. 
Bouché- Leclercq .  II,  232.  Diodorc,  XtX,  51,  1,  parle  de  strangulation  (cf.  Just.  XIV, 
0,  11).  —  35  De  là  le  geste  de  Cœnos  dans  Quint.  Curt.  VI,  9,  31  ;  cf.  Tzetz.  ad  Ly- 
cophr.  1030.  —  30  Plut.  Alex.  54;  Arrian.  IV,  14,  3  ;  cf.  Droysen,  Op.  cit.  I,  491. 
—  37  Quint.  Curt.  VI,  8,  23.  —  38  Ul.  9,  31.  —  39  Arrian.  III,  20,  2-3;  Diod. 
XVII,  79,  0-80,  2  ;  cf.  Droysen,  Op.  cil.  1,  42  2-424.  —  40  Quint.  Curt.  VI. 

II,  9. 


LA  P  _ 

* 

Lu  lapidation  symbolique,  vestige  de  la  lapidation 
reelle,  se  retrouve  dans  la  vie  privée,  judiciaire  et  reli¬ 
gieuse  de  la  Grèce.  C’est  d’abord  la  lapidation  posthume 
Euripide  représente  Egisthc  attaquant  à  coups  de  pierres 
la  tombe  d’Agamemnon  *.  Il  n’est  pas  sans  exemple  que 
des  Grecs  aient  ainsi  exprimé  leur  mépris  ou  leur  haine 
a  des  morts2.  Un  meurtrier,  en  particulier,  espérait,  par 
cette  façon  de  gaa/aXtap.Gç,  rendre  inefficaces  les  malé¬ 
dictions  de  sa  victime  3.  Mais  cette  idée  se  complète  ici 
d  une  autre  :  Agamemnon,  victime  d’Egisthe,  est  aussi  le 
meurtrier  d’Iphigénie.  Or,  voici,  d’après  les  Lois  de  Pla- 
ton  ,  9uel  traitement  doit  être  infligé  à  l’homme  con¬ 
vaincu  d  avoir  tué  son  père  ou  sa  mère,  son  frère  ou  sa 
sœur,  son  fils  ou  sa  fille  :  «  Les  serviteurs  des  juges  et 
es  n^gistrats  le  mettront  à  mort  et  jetteront  son  cadavre 
nu  dans  un  carrefour  spécialement  désigné  hors  de  la 
ville.  Tous  les  magistrats,  agissant  au  nom  de  la  cité 
entière,  apporteront  chacun  sa  pierre  et  la  lanceront  sur 
la  tète  du  supplicié,  afin  que  la  cité  entière  soit  quitte 
envers  les  dieux.  Puis  on  le  jettera  sur  les  frontières  du 
pays,  conformément  à  la  loi,  sans  sépulture.  »  Platon  ne 
fait  là  que  transcrire  de  vieux  préceptes  probablement 
empruntés  au  droit  traditionnel  des  exégètes  athéniens. 

Mais  la  lapidation  du  mort  ne  sert  d’aggravation  de 
peine  que  dans  un  cas  exceptionnel.  La  privation  de 
sépulture  est  bien  plus  fréquente  et  peut  passer  pour  une 
^ague  réminiscence  de  la  lapidation.  Il  avait  toujours  été 
interdit  de  rendre  les  derniers  honneurs  au  criminel 
exécuté  par  le  peuple  en  masse  8.  C’est  une  des  raisons 
pour  lesquelles  on  l’entraîne  ou  on  va  l’attendre  quelque 
part  hors  de  la  ville  G.  Tout  au  plus  accumule-t-on  sur 
le  corps,  quelquefois  encore  vivant,  assez  de  pierres  pour 
le  recouvrir';  mais,  pour  qu’il  soit  enseveli  selon  le  rite, 
il  faut  l’ordre  formel  d’un  oracle8.  Lorsque  la  juridiction 
ordinaire  s’étendit  aux  actes  de  trahison  et  de  sacrilège, 
c  est-à-direauxcas  réglés  jusqu’alors  par  les  moyens  som¬ 
maires, partout  elle  continua, pour  ces  deux  cas  seulement, 
d  aggraver  la  peine  capitale  du  refus  de  sépulture9. 

Peut-être  aussi  est-on  fondé  à  croire  que  les  Grecs 
procédaient  parfois  à  la  lapidation  fictive  du  meurtrier 
inconnu  sur  la  tombe  de  la  victime.  En  Phocide,  à  l’en¬ 
droit  où,  disait-on,  Laïos  avait  été  tué  et  enterré,  on 
montrait  un  grand  amas  de  pierres10.  N’est-ce  pas  la 
même  superstition  qu’on  a  observée  chez  tous  les  peu¬ 
ples  et  qui  chez  les  Grecs  faisait  planter  une  lance 

1A7.  328.  —  2  Marc.  Argent,  ap.  Anlkol.  Pal.  VU,  403, 5.  —3  C’est  bien  l’idée 
d  Euripide  (329-331).  —  4  ix,  p.  873  B-C  ;  cf.  B.  Schmidt,  l.c.  382-383;  de  Pastoret 
Hist.  de  la  législ.  IV,  143-144.  -  »  Philostr.  fferoie.  XI,  11,  p.  714  ;  Pans.  IV,  22, 

7  ;  cf.  Tzetz.  ad  Lycophr.  1176.  —  C  Quint.  Smyrn.  X,  155:  lier.  V,  38;  Time.  V, 

60;  Diod.  XVI,  31,  1  ;  cf.  Plat.  Legg.  I.  c.  ;  Strab.  III,  4,  7.  —  7  Quint.  Smyrn! 

X,  158-161  ;  Schol.  Eurip.  Hcc.  1261;  Tzetz.  I.  c.  ;  Philostr.  Vit.  Apollon.  IV,  10, 

3,  p.  147.  —8  Paus.  VIII,  23,  7.  —9  Pour  la  Grèce  en  général,  voir  Diod.  XVI,  25, 
cl  la  légende  de  Polynicc  ;  pour  Athènes,  Xcn.  Hell.  I,  7,  22;  Plut.  De  ser.  mm. 
vmd.  2,  p.  549  A  ;  Vit.  dec.  oral.  Antipli.  28,  p.  834  A  ;  Dio  Chrys.  XXXI,  p  612 
Beiske;  Corp.  inscr.  ait.  U,  17,1.  61-63  ;  Thuc.  I,  138;  Eyc.  C.  Leocr.  89,  p.  159  ; 
cf.  Vischer,  Rh.  Mas.  XX  (1865),  p.  445  s.  ;  Le  Blant,  Comptes  rendus  de  VAc. 
des  mser.  1872,  p.  377-380  ;  Mahaffy,  Soc.  life  in  Gr.  266  ;  Hager,  How  were  the 
bodies  of  crtm.  at  Ath.  disposed  of  after  deatli,  dans  le  Journ.  of  philol.  VIII 
(ls"),  p.  1-13;  Lipsius,  Jahresber.  de  Bursian,  XV  (1878),  p.  343;  L.  Sclimid» 
hlh.  d.  ail.  Gr.  Il,  104.  -  10  Paus.  X,  5,  4  ;  cf.  B.  Schmidt,  l.  c.  392  -  U  a 
Liebrccht,  Zur  Volkskunde,  Ileilbr.  1879,  p.  271-276.  -  12  Lex.  Segucr.  ap.  Bekker 
Anecd.gr.  p.  237  30;  Etym.  Magn.  p.  354,  33  ;  Harp.  s.  ;  Hellanic.  ap.  Schol. 

;•  T  ^  ’  V,II>  65  !  (Dcm  )  C’  Ever«-  <*’  P-  "«0  ;  Eurip.  Troad.  .137 . 

,  °V,d’  Ibls'  ■*69-’t/0  et  Schol.  ;  cf.  Schneider,  Callim.  Il,  544.  -  H  lstros,  Ti 

-7  'Té!5 h  “P-  HarP-  s-  ;  Cf.  Mommsen,  Heort.  419; 

fnu  La  '  ;,T\AU'r,  "3  !  TÔpfîer’  Th*rgeliengebranchc,  dans  le  RI,  Mus. 

XLIII  (1888),  p.  142-145  (Beitr.  z.  gr.  Altertumswiss.  130-133)  -  1S  Aelian  De 

nat.  anim.  XII,  34.  -  16  Paus.  32,  2  ;  cf.  Lenormant,  Monogr.  de  la  voie  sacrée 


930  — 


LAP 


(ÈTreveyxerv  Sôpu) 12  sur  la  tombe  des  hommes  assassinés? 

Les  cérémonies  du  culte  étaient  souvent  des  occasions 
de  lapidations  symboliques.  Pendant  une  fêle  d’Abdère  13 
pendant  les  Thargélies  de  quelque  ville  asiatique  u,  on 
faisait  le  simulacre  ‘d’accabler  de  pierres  le 
dévoué  au  nom  de  tous  les  citoyens.  A  Ténédos,  le 
sacrificateur,  après  avoir  immolé  la  victime,  se  sauvait 
comme  un  meurtrier  sacrilège,  poursuivi  jusqu’au  bord 
de  la  mer  par  une  volée  de  pierres  inoffensive15.  Pour 
rappeler  la  lapidation  de  Damia  et  d’Auxèsia,  on  célébrait 
àTrézène  des  AtÔoêôXia16.  Les  Athéniens  avaient  laBaXXïj- 
tuç  l7[BALLÉTYs]oules  TÛ7tt«i 18.  C’était  un  combat  fictif  que 
se  livraient  les  initiés  pendant  les  Eleusinies  19,  probable¬ 
ment  sous  la  présidence  du  XtOotpôpoç,  ce  prêtre  qui,  d’après 
une  inscription  20,  servait  le  culte  de  Démèter  et  Corô. 

Moins  clair,  mais  bien  reconnaissable  encore,  est  le 
symbole  de  la  lapidation  dans  certains  monceaux  de 
pierres  consacrés  en  guise  d’autels.  Telle  est  l’interpré¬ 
tation  que  les  anciens  ont  déjà  donnée  des  Hermaia  et 
qu’on  a  rendu  très  vraisemblable  par  un  ingénieux  rap¬ 
prochement  avec  les  àv«0ép.«Ta  de  la  Grèce  contem¬ 
poraine  21 .  Les  dieux,  disait-on,  chargés  déjuger  Hermès 
après  le  meurtre  d’Argus,  jetèrent  à  ses  pieds  leurs 
tablettes  en  guise  de  pierres22,  si  bien  que,  par  une 
contradiction  fréquente  dans  l’évolution  des  légendes,  les 
honneurs  rendus  au  héros  rappelaient  son  ignominie. 
La  même  explication  est  valable  pour  ces  talus  de  pierres 
qu’on  voyait  à  Ephèse23,  à  Troie24,  àTlos 25  et  à  Pharai 2fi, 
amoncelés  en  l’honneur  d’Héraclès  àTrorpoTrocîoç  ou  àXe?G 
xaxoç,  de  Skylakeus  et  des  Dioscures.  Gustave  Glotz. 

Home.  —  A  Rome,  il  n’y  a  pas  de  terme  technique 
pour  la  lapidation  27 .  Le  peuple  jette  des  pierres  pour 
exprimer  sa  haine  ou  son  mépris28,  par  exemple  sur  des 
tombeaux29  et  en  matière  politique,  dans  des  émeutes30 
La  tradition,  représentée  surtout  par  les  poètes,  consi¬ 
dère  encore  la  lapidation  comme  une  peine  populaire  31 . 

A  l’époque  historique,  ce  n’est  pas  un  supplice  de  droit 
commun.  Cependant,  il  a  été  quelquefois  infligé  à  des 
soldats  sous  la  République32,  et  même  sous  l’Empire  à 
des  officiers33.  On  sait  que  la  lapidation  fut  souvent 
employée  contre  les  chrétiens.  Une  loi  de  Constantin  de 
315  defend  aux  Juifs  de  lapider  les  Juifs  convertis  au 
christianisme34.  Ch.  Lécrivain. 

LAPIDES.  AcOot,  les  pierres.  —  Ces  termes  servent  à 
designer  toutes  sortes  de  substances  minérales  dures  et 


d  406  D  H  ’  ^  Gfernamen,  Bonn,  1896,  p.  130.  -  17  AU, en.  IX,  71, 
p.  06  D,  Hesych.  s.  !  cf.  Ilymn.  Ccr.  265-267.  -  18  |Icsych.  S-  Voir 

outre  les  ouvrages  mentionnés  à  l’art,  ballztvs,  O.  Crusius,  Beitr.  z.  gr  Religions' 

dtTpaulv  Wisso  ^  Tr  * ° 5  ^  Wt-  dans  .a  ReaUEncycl. 

de  lauly-Wissowa.  -  20  Corp.  inscr.  ait.  III,  702,  cf.  296  ;  voir  Vischer  Neues 

chwexz  Mus.  III  0863),  p.  58;  Keil,  Philol.  XXIII  (1866),  p.  242  ;  Mommsen,  //. 

I  c~m  377  28  P,  jC‘(  369'395’  -^Anticlid.  et  Xanlh.  U.  ce.  ;  cf.  B.  Schmidt, 

L  c.  376-377.  28  Philostr.  Vit.  Apollon.  V,  10,  2-3,  p.  147.  —  24  Uellauic  an 

Tzetz.  ad  Lycophr.  469  (Millier,  Fragm.  hist.  gr.  fr.  138);  Apollod.  Il,  6  4  cf! 

379  "V'  C'vul%- r23QUint’  Smyn1’  X’  ,61-16«  =  cf’  B  Schmidt,  L  e  378- 
Paus’  V1I«  22’  S-  —  27  Lapidat io  signifie  jet  de  pierres  en  général 
Cic.  De  domo,  5,  12;  C.  Th  9  16  31  oS  p,„  ,  0  ,  1  en  general 

_ 29  Pronorl  i  H  A  ilnl  3)’~28flauL  loenul-  ^  ‘,26;  Petron.  Sat.  90. 

Tria  lue  «I  ’  il  ’  34’  ~  3°  GlC’  J)c  domo,  5,  12;  Treb.  Poil. 

6  07-  Anu  A^/  t  lT’  2_4:  Quinti1’  DeClam‘  l-'  l2’  ««rat .  Epod. 

5,  97 ,  Apul.  Metam.  I,  p.  41  ;  10,  p.  690.  -  32Poiylj.  6,  7>  35  Liy  y  3Q  2 

mi  cas  légendaire,  Liv.  I,  51.  -  33Spart.  Pèse.  Nig.  3.-  34 Cod.  Theod  16  8  I 

sanclTe^lT  ^  ^  ^  ^opaeas  adolescentes 

p  120  79  79  B  r'  ;P-  s™1™'  Alterthw^de,  2c  éd.  Halle,  1846, 

P  478  480  M  ’  R^m0’UniersuchunfJen  ab- rôm-  Verfass.  undGesch.  Cassel,  1839, 

I»  Ci  Thoni’s  ‘  7  /’  °T  al°,SSa9e  Und  das  Sardon ■  Lack*L  Saint-Pctersb.  1851, 

p.  64,  Thomsscn,  Le  droit pén.  de  laRêp.  athén.  Bruxelles-Paris,  1875,  p  33-34  92-93- 

GrilchetZf  alsrFh«hmale-  Bermesheiligtümer  und  Grabhügel  in 

Griechenland,  dans  les  NeueJahrb.  f.  class,  Philol.  CXLVII  (1893),  p  309-395 


LAP 


—  931 


LAP 


dénuées  d’éclat  métallique,  mais  de  densité,  de  couleur 
et  de  nature  souvent  très  différentes,  que  l’on  distingue 
les  unes  des  autres  en  joignant  aux  mots  XtÔoç,  /apis,  des 
adjectifs  qui  indiquent  l’origine,  le  caractère  apparent  ou 
l'usage  ;  ces  termes  s’appliquent  alors  aussi  bien  aux 
matériaux  de  construction  les  plus  communs  qu’aux  plus 
beaux  marbres  [marmor]  et  aux  pierres  précieuses 
[gemmae]1.  Mais,  en  faisant  ces  applications,  les  anciens 
ont  commis  dans  ce  domaine,  plus  encore  peut-être  que 
dans  les  autres,  des  erreurs  et  des  confusions  qui  rendent 
les  identifications  souvent  très  difficiles. 

De  tout  temps,  les  pierres  furent  utilisées  comme  armes 
de  jet;  nous  voyons  les  héros  d’Homère  les  lancer  avec 
les  mains2;  au  moyen  des  plus  grosses,  ils  brisent  des 
portes3.  On  s’en  servit  encore  à  l’époque  historique4, 
mais  on  les  lançait  alors  avec  des  frondes5  | fonda]  ou  au 
moyen  de  machines  [tormenta].  Le  disque  des  jeux  était 
en  pierre  chez  les  Phéaciens6  rmscus]. 

Les  belles  pierres  susceptibles  de  recevoir  le  poli 
servent  de  sièges  aux  grands  et  aux  juges  de  l’épopée 
antique7.  Les  appartements  des  enfants  de  Priam  sont 
construits  en  pierres  de  ce  genre  8.0n  ne  saurait  dire  de 
quelle  espèce  de  pierre  il  s’agit  dans  ces  passages  ;  mais 
il  esL  intéressant  de  noter  dès  cette  époque  l’emploi  de  la 
pierre  comme  matériel  de  construction;  on  en  fait  déjà 
des  murs  de  maisons  ou  de  clôture  en  Punissant  au  bois9. 

Partout,  dès  que  les  hommes  ont  éprouvé  le  besoin  de 
faire  des  constructions  solides  et  durables,  ils  ont  eu  re¬ 
cours  à  la  pierre  et  ont  utilisé  celle  qui  se  trouvait  à  leur 
portée10.  Les  constructions  dites cyclopéennes de  Mycènes 
en  sont  la  preuve;  ces  murailles  sont  constituées  d’une 
belle  brèche  dure  qui  abonde  dans  les  montagnes  voi¬ 
sines11.  En  Attique,  on  a  reconnu  l’existence  de  sept 
différentes  sortes  de  pierres  ou  roches  propres  à  la  cons¬ 
truction,  et  on  les  a  trouvées  toutes  dans  les  édifices 
d  Athènes  et  de  sa  banlieue12.  De  même  à  Pompéi,  on  a 
constaté  1  emploi  des  pierres  qui  se  trouvaient  dans  le 
voisinage  ou  a  peu  de  distance  13.  Les  matériaux  em¬ 
ployés  dans  les  constructions  varient  donc  selon  les 
lieux. 

Les  anciens  nous  donnent  peu  de  renseignements  pré¬ 
cis  sur  les  pierres  dont  ils  se  servaient,  car  ils  n’en  con¬ 
naissaient  pas  la  véritable  nature.  Pour  eux,  lorsqu’ils 
es  considèrent  au  point  de  vue  de  l’usage  qu’on  en  peut 
nue,  les  pierres  sont  dures  ou  tendres,  faciles  ou  diffi¬ 


ciles  a  travailler,  lourdes  ou  légères,  résistantes  ou  faci¬ 
lement  altérables  ;  elles  se  prêtent  ou  non  au  sciage,  à  la 
gravure,  à  la  sculpture  ou  au  travail  du  tour14.  En  ce  qui 
concerne  la  bâtisse,  nous  voyons  dans  l’antiquité  deux 
grandes  classes  :  les  pierres  dures,  capables  de  supporter 
les  intempéries,  mais  ne  résistant  pas  au  feu,  et  les  pierres 
tendres  qui  s  altèrent  aux  intempéries, mais  résistent  au 
feu  1  Les  premières  sont  des  pierres  calcaires,  les  autres 
des  pierres  volcaniques  1G. 

Tuf  calcaire.  —  L  une  des  pierres  les  plus  répandues 
dans  la  nature  est  le  tuf  calcaire  ( tofus  albus  ”,  parus  18 
-Trwpoç 19,  Ai 9o;  moptvoç  20)  ;  ce  fut  une  des  plus  employées 
en  architecture.  «  C  est  à  peu  près  la  seule  matière  dont 
le  Grec  use  dans  la  Grèce  propre  et  dans  ses  colonies  jus¬ 
qu’au  temps  des  guerres  médiques  21 .  »  Elle  servit  à  édi¬ 
fier  le  temple  de  Zeus  à  Olympie  22,  celui  d’Apollon  à 
Delphes  dont  le  7rpôvaoç  seul  était  en  marbre23.  On  l’assi¬ 
milait  pour  la  dureté  et  la  blancheur  au  marbre  de  Paros, 
mais  le  tuf  était  plus  léger24.  Un  calcaire  très  estimé  était 
celui  que  l’on  tirait  des  carrières  de  Tibur,  aujourd’hui 
Tivoli  ( tiburtinus  lapis )25,  situées  non  loin  du  cours  de 
1  Anio,  position  favorable  à  leur  exploitation,  car  elle  faci¬ 
litait  le  transport  des  matériaux26,  qui  furent  très  em¬ 
ployés  dans  les  constructions  de  Rome.  Ce  calcaire  appar¬ 
tenait  au  genre  modérément  dur  [temperatum)*1 .  On  en 
extrayait  un  semblable  des  carrières  d’Amiternum,  dans 
le  pays  des  Sabins,  et  de  celles  du ‘mont  Soracte,  en 
Ëtrurie  28 .  Il  peut  être  identifié  à  la  pierre  qu’on  nomme 
aujourd’hui  travertin  29.  Les  pierres  de  cette  nature 
étaient  très  appréciées  pour  leur  résistance  à  l’écra¬ 
sement  et  pour  la  manière  dont  elles  supportaient  les  in¬ 
tempéries,  mais  elles  se  désagrégeaient  au  feu  30.  Le  tuf 
blanc  ( tofus  albus)31,  que  l’on  trouvait  en  Ombrie,  en 
Picenum  et  en  Vénétie,  et  qui  se  coupait  avec  la  scie  à 
dents  comme  du  bois,  était  vraisemblablement  un  cal¬ 
caire  tendre  3_.  La  pierre  de  Tibur  a  été  reconnue  dans  les 
matériaux  du  Colisée  et  dans  ceux  du  théâtre  de  Marcel- 
lus  ,  on  en  a  aussi  constaté  l’emploi  à  Pompéi  comme 
équivalent  du  marbre  34.  Elle  a  servi  souvent  pour  les 
parties  artistiques  des  édifices,  pour  des  bases  de  colonnes, 
des  chapiteaux35,  etc.  En  Grèce,  au  contraire,  le  calcaire  fut 
rarement  employé  pour  la  sculpture  ;  on  citait  à  Athènes 
une  statue  de  Silène  en  7rwpoç  et  les  fouilles  en  ont  révélé 
d’autres  spécimens36.  En  Italie,  à  Pérouse  et  à  Clusium, 
on  a  trouvé  des  urnes  funéraires  en  travertin,  et  d’autres 


Apides.  i  AtOoç  signifiant  pierre  précieuse  est  féminin  à  l’époque  classiqui 

—  2  i/'v ,]nSCr'  att'  ’*>  670’  9  i  7 1 3,  21,  et  Riemann,  Rev.  de  Philol.  IX,  p.  7 

V  «  ,  ;  270  ;  V’  308  ;  XV1’  740  ;  VIII>  327-  etc.  -3  11.  XII,  459.  _  4  Thucv 

3)’17:  4*  I',^4’c1  et  2  ;  32’  4  i  *.  2-  -s  Thucyd.  VI,  69,  2;  Xen.  Anab.  il 

19°-  Dans  la  môme  île,  une  pierre  percée  d’un  trou  se 
»  II  VIH63  .“T68’  °d '  XI11’  77 '  ~  7  11  XV1II>  504  i  0d-  *04  ;  VIII,  6.  ■ 

nisch  M  ’8'  9  X'  *’  212  >  Gd.  V  185.  —  10  Cf.  Schubarl  dans  Rht 

12  Perrot  et  rr  °’  P  85’  ~~  **  Sc,lliemann,  Mycènes  (trad.  franc.),  p.  81. 
dieu,  Loin,  *  VArt'  l'  V11-  P-  3‘9-  -  13  Nissen,  Pompeian.  St 

HTheophr  f  i  l  ’°VerbeCk’  PomPeji  (*•  éd.),  p.  498;  cf.  Pans.  5,  10,  3.  - 
and  Kn  ns  te  a/5'  ’  et4l;  cfH- Blümner,  Technologieu.  Terminologie  dey-  Gewen 
O.  I  ,  t  m  „  T  ;  -18_VUl'llv-  H,  7;  Min.  XXXVI.  100-167.  -  16  H.  Blümne 
vont  pour  ctésio  .  !  '  '  •  **  7^’  7’  e  terme  totus  est  employé  assez  soi 

difficile  de  savo”*^ 'o”6’  Plerre  a  4>àtlr  > mais  cIuand  il  se  trouve  sans  adjectif,  il  e 
aquis  U.  R  i-ii.  agit  du  tuf  calcaire  ou  du  tuf  volcanique  (cf.  Frontin.  Z 
texte.  Tantôt  les  /  *'"V  7’  3)  >  011  esl  réduit  à  le  conjecturer  d’après  le  coi 

214;  stat.  Silv.  IV  Tw”  comme  d’une  pierre  grossière  (Virg.  Georg.  I 

Metam  VIII  soi  ’  m  "  ’  laulôt  comme  d’une  matière  polie  ou  légère;  cf.  Ovi< 
substance  que  Fli,L  «J T-  ~  18  Pli“'  XXXV1-  13-  lsid'  0ri9-  VI,  4,  24.  L 
marbre,  ne  peut  et  •  ^  6  °ncore  Porus’  Jbid.  53,  et  qui  sert  au  polissage  d 

Griech.  u.  Rôm  /iT'  dl'  tuf  volcanitlue  i  cf.  Lenz,  Minéralogie  der  alte 

—  20  Horod  V  ^  ’9  Pausan-  V,  10,  3;  Pbotius,  s.  v.  Mo»  *n;ltu. 

•  -•  Anstoph.  Fragrn.  429;  Poil.  VII,  123;  Scliol.  Arislopb.'  a 


JVub.  200.  On  lit  aussi  ap.  Strab,  XVII,  p.  808,  K6ou  et  dans  les  Script. 

Geoponic.  VII,  12,  10,  xiOov  xoçivov  ;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  p.  57,  et  Letronne, 
Lettres  d’un  Antiquaire ,  p.  438  et  suiv.  --  21  Perrot  et  Chipiez,  Op.  cit.  VII,' 
p.  319.  —  22  Pausan.  V,  10,  3.  —  23  Herod.  V,  02.  —  24  pu„.  XXXVI,  132.  On  a 
supposé  que  la  pierre  appelée  itoçoç  par  Théophraste  ( Lap .  7)  et  qui,  selon  cet 
auteur,  axait  la  couleur  et  la  dureté  du  marbre  de  Paros,  mais  la  légèreté  du  tuf 
calcaire  (lire  ici  ïnlpou,  mss  itoçou),  était  du  marbre;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  17g. 

-  23  Vitruv.  II,  7,  1.  —  26  Strab.  V,  p.  238.  —  27  Vitruv.  II,  7,  2.  —  28  Id.  II,  7,  i. 

-  29  Lenz,  Op.  cit.  p.  42,  138  et  154;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  III,  p.  59,  et, 'pour 
l’étymologie  du  mot  travertin,  Nissen,  Pompejan.  Studien,  p.  10.  11  est  très 
vraisemblable,  comme  ledit  Blümner,  qu’on  a  désigné  par  ce  terme  non  seulement 
la  pierre  de  Tibur,  mais  encore  le  calcaire  blanc  tendre;  cf.  Jordan,  Topographie 
der  Stadt  Rom,  I,  p.  5,  cité  par  Blümner.  —  30  Vitruv.  II,  7,  5;  cf.  Plin.  XXXVI 
107.  -  31  Vitruv.  II,  7,  1  ;  Plin.  XXXVI,  107.  Pline  (Ibid.  159)  signale  dans  la 
province  de  Belgique  une  espèce  de  pierre  blanche  excessivement  tendre  qui  se 
sciait  avec  la  scie  à  bois  plus  facilement  que  le  bois  et  que  l'on  débitait 
en  tuiles  ou  en  faîtières  pour  faire  l’espèce  de  toiture  appelée  pavonaceum. 

-  32  Blümner,  III,  p.  58,  n.  2.  -  33  Barbier  de  Montault,  Tableau  rai¬ 
sonné  des  pierres  et  marbres  antiq.  employés  à  la  construction  et  à  la 
décoration  des  monum.  de  Rome,  p.  5.  —  34  Overbeck,  Pompeji,  p.  499  ; 
cf.  Nissen,  Op.  cit.  p.  20.  -  33  Cf.  Jordan,  Op.  cit.  et  Blümner,  p.  59’ 
-36  Plut.  VitaX  orator.  p.  805  B;  cf.  Sybel,  Katalog,  der  Skulpt.  zu 
Athen,  n°  322  ;  bêchât,  Les  sculptures  en  tuf  de  l’Acropole  ( Revue  arch.,  1891). 


LAP 


—  932  — 


LAP 


laites  d'un  calcaire  jaunâtre  en  Étrurie  *.  On  extrayait 
du  côté  de  Mëgare  un  calcaire  conchylien 
Xi0oç) l  2  ou  lumachelle  3  d'une  blancheur  remarquable 
et  lorl  en  usage  dans  cette  ville  et  aux  environs  4 *.  Selon 
Pausanias,  il  n’y  en  avait  nulle  part  ailleurs  en  Grèce. 
Mai*  la  Sicile  en  possédait,  puisque  les  temples  d’Agri- 
gcnte  sont  s  en  csilcciirG  cl  g  cg  genre 

Tu/  volcanique.  —  Aux  alentours  de  Rome,  près 
d  Albe,  a  Rubres,  à  Fidènes  chez  les  Sabins,  se  trouvaient 
des  carrières  d  où  l’on  tirait  un  genre  de  pierres  tendres, 
faciles  à  travailler  et  qui  se  comportaient  bien  dans  les 
•  onstr  actions,  à  la  condition  d'être  abritées  ;  car  elles  ne 
résistaient  pas  aux  intempéries  et  s’effritaient  sous  l’in¬ 
fluence  des  gelées;  elles  ne  convenaient  pas  non  plus 
pom  les  constructions  au  bord  de  la  mer,  le  sel  exerçant 
sur  elles  une  action  destructrice6.  Mais  elles  avaient’sur 
la  pierre  de  Tibur  1  avantage  de  n’ètre  pas  attaquées  par 
le  feu7.  Cette  pierre  d’Albe  {lapis  albanus )8 *  n’est  autre 
que  le  tuf  volcanique  appelé  pépérin  (peperinus  °)  ;  elle 
•avait  servi  à  édifier  le  portique  de  la  maison  d’Auguste 
sur  le  mont  Palatin10 * *.  En  Campanie,  on  rencontrait  un 
autre  tuf  de  même  nature,  mais  de  couleur  rouge  ou 
noire  ( ruber  et  niger  tofus) 11 .  Le  pépérin  le  plus  estimé 
était  celui  des  carrières  d’Anicius  ( lapicidinae  anicia- 
nae),  situées  sur  les  confins  du  territoire  de  Tarquinies, 
dont  les  chantiers  étaient  près  du  lac  de  Volsinies  et  dans 
ia  préfecture  de  Statonia1-.  Cette  pierre,  qui  pour  la  cou¬ 
leur  ressemblait  à  celle  d’Albe  13 * *,  résistait  admirablement 
aux  intempéries  comme  au  feu  ;  elle  se  prêtait  bien  aux 
ouvrages  de  sculpture  et  ne  se  dégradait  pas  à  la  longue. 
Au  temps  de  Vitruve,  on  pouvait  voir,  dans  un  municipe 
qu  il  appelle  Ferentum,  d’antiques  monuments  construits 
avec  cette  pierre,  qui  offraient  des  sculptures  délicates, 
statues,  fleurs,  feuilles  d’acanthe,  parfaitement  conservées. 
Comme  elle  pouvait  supporter  une  haute  température,  on 
en  fit  encore  des  moules  pour  la  fonte  du  cuivre  u.  Une 
variété  verte,  qui  était  aussi  très  résistante  au  feu,  ne  se 
rencontrait  nulle  part  en  grande  quantité,  et  jamais  en 
masse  rocheuse. 

Les  carrières  étaient  trop  éloignées  de  Rome  pour 
fournir  les  matériaux  de  ses  constructions  ls.  Celles  de 
Rubres  et  de  Fidènes,  et  surtout  celles  de  Gabies,  situées 
près  du  cours  de  l’Anio  en  aval  de  Tibur,  qui  fournis¬ 
saient  une  pierre  rouge  estimée16,  ont  été  le  plus  mises 
à  contribution. 

On  savait  bien  qu’une  partie  de  ces  pierres  volcaniques 


extraites  dans  le  voisinage  de  Rome  ne  résistaient  pas  à 
l’action  du  temps,  mais  on  ne  pouvait  les  reconnaître  à  pre¬ 
mière  vue  ;  aussi,  avant  de  les  mettre  en  œuvre,  fallait-il 
les  éprouver.  Pour  cela,  après  les  avoir  extraites  de  la 
carrière  pendant  l’été,  on  les  laissait  durant  deux  années 
dans  des  lieux  découverts  à  l’injure  du  temps;  on  en 
faisait  ensuite  le  triage.  Les  pierres  lésées  étaient  réser¬ 
vées  aux  fondations,  les  autres  servaient  pour  les 
parties  des  bâtiments  qui  s’élevaient  au-dessus  du  sol. 
Cette  épreuve  s’appliquait  aussi  bien  aux  moellons 
( caementa )  qu’aux  pierres  de  taille  ( lapides  quadrati )17. 

Ces  divers  tufs  volcaniques  ont  été  reconnus  dans  les 
constructions  de  Rome  et  de  Pompéi.  On  a  tiré  du  tom¬ 
beau  des  Scipions,  sur  la  voie  Appienne,  un  sarcophage 
en  pépérin  aujourd’hui  au  Musée  du  Vatican  18. 

Les  pierres  dont  nous  venons  de  parler  sont  relative¬ 
ment  tendres  et  en  tout  cas  assez  faciles  à  travailler  ; 
mais  les  anciens,  notamment  en  Italie,  avaient  à  leur 
portée,  en  quantité  considérable,  une  matière  dure, 
difficile  à  tailler,  et,  par  cela  même,  très  résistante,  la 
lave  (pua?)  19.  Ils  l’ont  rarement  employée  sous  forme  de 
pierres  de  taille,  mais  ils  l’ont  débitée  en  moellons  et  en 
fragments  irréguliers  qui  ont  trouvé  place  dans  la  cons¬ 
truction  des  murs;  ils  en  ont  tiré  des  cippes,  des  bornes, 
plus  rarement  des  pieds-droits  et  des  piliers,  beaucoup 
de  dalles  de  seuils  et  de  trottoirs,  et  Font  utilisée  surtout 
au  pavage  des  rues  20 . 

C  est  la  lave  basaltique  qui,  avec  certains  tufs  volca¬ 
niques  et  une  espèce  de  ponce  [pumex],  constitue  la  pierre 
à  meules  [mola]  des  anciens  (guMaç  MO oç,  [auAity^  AtOoç, 
guAoç,  lapis  mola  ris)  - 1 .  La  lave  de  1  Etna  est  expressé¬ 
ment  indiquée  par  Strabon  comme  pierre  à  meules22. 
D’après  Varron,  cité  par  Pline  l’Ancien23,  les  meules 
tournantes  auraient  été  inventées  à  Volsinies  en  Étrurie; 
or  le  territoire  de  cette  région  est  volcanique 24.  La 
meulière  italienne,  d’après  Pline,  qui  a  soin  de  nous 
avertir  que  ce  n’est  pas  une  roche,  était  la  meilleure  de 
toutes23;  il  ajoute  un  peu  plus  loin  que  parfois  cette 
pierre  ne  supportait  pas  les  intempéries,  ce  qui  fait 
songer  à  un  tuf  volcanique.  Quelques-uns  avaient 
donné  à  la  meulière  dure  le  nom  de  pyrite 26  [igniaria].  En 
dehors  de  l’Italie,  on  trouvait  de  la  pierre  àmeules  à  N  isyros, 
le  sol  de  celte  île,  qui  est  volcanique,  en  était  formé  21. 
Strabon  fait  mention  d’une  carrière  de  ces  pierres  (gûAcov) 
au  promontoire  de  Mélaene  (M'éXatvoc)  en  Asie  Mineure28. 
Ces  pierres  servaient  encore  dans  la  métallurgie 


l  O.  Müilcr,  Etrusker  (2«  édit,),  l.  1,  p.  229  ;  cf.  Blünmcr,  Op.  cit.  p.  G 
I  ausan.  I,  44,  G.  Ce  genre  de  calcaire  est  appelé  xoyjjuMaç  MO 

par  Hesychius,  s.  v.,  qui  le  déclare  dur,  tandis  que,  selon  Pausanias,  ccl 

do  Mégare  était  tondre  ;  par  Poilu*,  Vil,  100,  qui  cite  Aristophane  (cf.  f 
240L  •/oy/uMiTïi;  MOo;  par  Xénophon,  Anab.  III,  4,  10,  qui  rapporte  que 

base  des  murs  de  Mcspila,  en  Médie,  était  laite  de  ce  calcaire  poli,  et  par  Philostrat 

l  il.  Apoll.,  Il,  20.  —  3  0.  Müllcr,  Handbuch  der  Archàol.  p.  208.  4  0 

scst  demandé  si  les  signa  mcgarica  dont  parle  Cicéron,  Ad.  AU.  1,  8,  u  étaient  pc 
sculptés  dans  cette  matière;  cf.  Blümner,  III,  p.  59,  note  7.-5  Blümnci 

p.  59.  —  G  Vitruv.  11,  7,  2;  Plin.  XXXVI,  160-167;  Colum.  De  re  rust.  II 
11,7.  Lorsque,  faute  d’autres  matériau*,  on  était  obligé  de  recourir  à  ceux-ci,  o 
protégeait  les  murailles  en  les  enduisant  de  poix,  comme  à  Carthage;  cf.  Plin.  loi 
cit-  1  Tacit.  Annal.  XV,  43,  --  8  Plin.  Ibid.  1G7.  —  9  lsid.  Orig.  XIX,  H 

8  ;  cf.  Blümner,  111,  p.  63.  —  10  Suelon.  Octav.  72.  —  11  Vitruv.  II,  7,  1.  D’aprè 

Barbier  de  Montault  (Tableau  rais.,  p.  5),  le  tuf  rouge  a  été  employé  à  la  cons 

truction  des  fondements  du  temple  de  Vesta,  à  celle  des  murs  et  de  plusieur 

colonnes  du  temple  de  la  Fortune  virile;  les  colonnes  du  temple  d’ilcrculc  , 

Saint- Nicolas  di  Cesarini,  seraient  aussi  faites  de  cette  pierre.  —  12  Vitruv.  II,  7,  3 

—  13  Vitruve,  qui  fait  ce  rapprochement  (II,  7,  3),  ne  dit  pas  quelle  était  la  co’uléui 

de  la  pierre  d’Albe,  qui,  d’après  Barbier  de  Montault,  p.  4,  est  une  piern 

volcanique  de  couleur  verdâtre,  formée  de  cendres  agglutinées  et  de  caillou*  noirs. 

Blümner  suppose  (III,  p.  64;  qu’il  s’agit  ici  du  tuf  volcanique  dur  cl  de  couleur 


gris  foncé  appelé  aujourd’hui  nenfro.  Quant  à  Pline  (XXXVI,  168),  en  parlant  de 
ces  pierres  qu  il  appelle  silices ,  il  dit  nonnusquani  vero  et  albi  sicut  in  Tarqui- 
niensi  Anicianis  lapicidinis.  — 14  Vitr.  II,  7,  4.  —  13  Id.  II,  7,  5.  _  10  Strabo  V, 
p.  238  ;  Tacit.  Annal.  XV,  43.  Strabon  dit  que  cette  pierre  est  rouge  (if utfoff  TuyoïxÉvou)  ; 
les  autres  auteurs  sont  muets  sur  ce  point.  Selon  Barbier  de  Montault  (Op.  cil. 
p.  4).  la  pierre  de  Gabies  est  de  couleur  cendrée  avec  quelques  taches  noires  ; 
il  y  en  a  aussi  de  couleur  jaune  foncé  et  jaune  clair.  La  voûte  de  la  cloaca 
maxima,  le  tabularium  du  Capitole  et  les  murs  du  forum  de  Nerva  seraient,  d’après 
lui,  en  pierre  de  Gabies.  —  17  Vitr.  II,  7,  5;  Plin.  XXXVI,  170.  —  18  Barbier  de 
Montault,  Op.  cit.  p.  4;  Jordan,  Op.  cit.  I,  5;  Ovcrbcck,  Pompeji,  p.  498;  Nissen, 
Op.  cit.  p.  14  et  suiv.  ;  Lenz,  Op.  cit.  p.  43,  n.  138;  cf.  Blümner,  III,  p.  64. 
—  19  Strab.  VI,  269.  —  20  Overbeck,  Op.  cit.  p.  498  ;  Nissen,  Op.  cit.  p.  5  ; 
cf.  Blümner,  111,  p.  65.  —  21  Tbeopbr.  Lap.  9  ;  Slrab.  VI,  p.  269  ;  X,  p.  488  ;  XIV, 
P'  645  ;  Galen.  Gloss.  Hippocr.  XIX,  118;  Procop.  Debell.  Golh.  I,  14  ;  Plin.  XXXVI, 
37;  Quintil.  Inst.  or.  II,  19,  3;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  I,  p.  29.  -  22  Strab.  VI, 
p.  269;  cf.  Lenz,  Minerai,  p.  150,  n.  545.  —  23  Plin.  XXXVI,  135.  —  24  Mongcz, 
Mém.  de  l’Instit.  III,  p.  464.  —  25  Plin.  Ibid.  I3G.  —  26  IJ,  Ibid.  137.  _  27  Strab. 
X,  p.  488;  cf.  Ross,  Insel  Iteise,  II,  69.  —  28  Strab.  XIV,  p.  645.  O11  a  supposé, 
d’après  le  nom  du  promontoire,  qu'il  y  avait  là  des  carrières  de  basalte  noir  ; 
cf.  Mongez,  M é ni.  de  llnst.  III,  p.  458.  Les  meules  de  couleur  noire,  dont  parle 
Ovide  (Medicam.  faciei,  v.  58),  fout  aussi  songer  à  la  même  espèce  de 
pierro. 


LAP 


—  933  — 


Où  on  les  adjoignait  aux  minerais  comme  fondants  . 

On  a  constaté  à  Pompéi  l’emploi  de  la  ponce  [pumex] 
comme  pierre  à  bâtir;  elle  entra  notamment  dans  la 
construction  des  voûtes;  elle  trouva  place  aussi  dans 
celle  des  murailles  avec  les  scories  volcaniques2. 

D’après  ce  qui  précède,  on  voit  que  la  lave  basaltique  et 
le  basalte  lapis  acthiopicus )  ont  été  connus 

des  anciens.  Du  reste,  on  a  conservé  de  nombreux  ou¬ 
vrages  de  sculpture  en  basalte  noir  et  vert  représentant 
surtout  des  types  égyptiens  ou  des  sujets  égyptiens  3. 
Pline  ne  parle  que  du  basalte  noir,  qu’il  décrit  comme 
une  pierre  extrêmement  dure  et  couleur  de  fer  trouvée 
par  les  Égyptiens  en  Éthiopie4.  A  ce  propos,  il  fait 
mention  d’un  bloc  énorme  de  cette  substance  d’où  l’on 
avait  tiré  un  groupe  sculpté  représentant  le  Nil  et  ses 
enfants,  qui  fut  consacré  par  Yespasien  dans  le  temple  de 
la  Paix8.  C’est  bien  au  basalte  que  paraît  s’appliquer  la 
description  de  Strabon6,  d’après  qui  cette  matière  entra 
dans  la  construction  de  la  troisième  pyramide  jusqu’à 
mi-hauteur  environ7.  On  tira  du  basalte  des  mortiers 
pour  usage  pharmaceutique  8,  des  moules  de  fondeurs 
[forma,  p.  1245] 9 ;  peut-être  aussi  s’en  servit-on  comme 

de  pierre  de  touche  [coticula]. 

On  a  utilisé  dans  le  bâtiment  et  dans  les  arts  d’autres 
pierres,  dont  quelques-unes,  très  dures,  se  rencontrent 
en  blocs  assez  considérables  pour  fournir  des  obélisques, 
des  colonnes,  etc.  Nous  les  énumérons  dans  l’ordre  alpha¬ 
bétique. 

Lapis  Claudianus.  —  Cette  pierre  était  tirée  d  une 
carrière  ouverte  au  commencement  du  règne  de  Claude, 
danslaThébaïde,  en  un  endroit  qui  fut  appelé  aussi  mons 
Claudianus 10.  C’était  un  granit  gris  dont  on  fit  des 
colonnes  et  des  pilastres.  Des  blocs  de  ce  granit  ont  été 
trouvés  sur  les  lieux  mêmes  et  à  Rome11. 

Lapis  Lacedaemonius .  —  Cette  pierre  dure,  verte  et 
de  l’aspect  le  plus  riant,  que  Pline  range  parmi  les  mar¬ 
bres12,  était,  selon  toute  vraisemblance,  un  porphyre  mêlé 

i  Theoplir.  Lap.  9  ;  Lenz,  Op.  cit.  p.  18,  pense  Lien  qu'il  faut  entendre 
ici  les  pierres  volcaniques  qui  abondent  dans  un  certain  nombre  d  îles  grecques.  11 
ajoute  que  Mélos  et  Cimolos  fournissent  encore  de  nos  jours  de  bonnes  pierres  à 
meules.  La  pierre  à  meules  des  anciens  ne  doit  donc  pas  être  confondue  avec  notre 
pierre  meulière,  qui  est  un  calcaire  siliceux.  —  2  Overbcck,  Op.  cit.  p.  49b»  ; 
cf.  Blümner,  111,  p.  G5.  Pline  en  a  signalé  l’emploi  dans  la  construction  de  grottes 
artificielles  (XXXVI,  154);  cependant  Lenz  (p.  151)  pense  qu  il  est  question,  ici,  du 
tuf  calcaire  poreux.  —  3  Blümner,  t.  III,  p.  25.  Figure  de  Satyre  au  Aatican, 
Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pl.  dccxv,  n.  170G  ;  Ilclbig,  Führer ,  398  a  ;  vases, 
cuves,  etc.  Clarac,  I,  170.  —  4  Plin.  XXXVI,  58.  —  5  Pausanias  (VIII,  24, 
12)  rapporte  que  l’on  avait  l’habitude  de  faire  les  statues  du  Nil  on  pierre 
noire  (p.é)tavoç  MOou).  Chez  Cosmas  Indicoplcustes  (Montfaucon,  /Y ov.  Patr.  coll.),  II, 
p.  140  D,  il  est  question  d’une  statue  ([xà^a^ov)  PacraviTou  )aôou.  —  G  Strab. 
XVII,  p.  818;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  67.  —  7  Id.  XVII,  p.  808.  —  8  Plin.  XXXVI, 
157;  Strab.  XVII,  p.  808.  Cependant  Pline,  ici,  fait  une  différence  entre  la  pierre 
basanite  et  la  pierre  d’Éthiopie.  Sidoine  Apollinaire  (XI,  17)  paraît  la  considérer 
comme  une  sorte  de  marbre.  Il  est  vraisemblable,  comme  le  pense  Blümner  (III, 
p.  24),  que  ce  terme  pa<ravcTYi;  a  pu  être  appliqué  à  d’autres  pierres  noires  et  dures. 

9  Deux  de  ces  moules  ont  été  trouvés  à  Mycènes  ;  Schliemann,  Mycènes  (trad. 
franc,  p.  177,  178);  cf.  Blümner,  t.  IV,  p.  237.  —  10  Jul.  Capitol.  Gord.  32  ; 
Orelli ,  Inscr.  lat.  3508;  Lctronne,  Rec.  des  inscr.  d'Égypte,  I,  158;  Bruzza, 
Annal,  del  Institut  archeol.  1870,  p.  121.  D’autres  carrières  furent  ouvertes  non 
loin  de  Philac  sous  le  règne  de  Scptime  Sévère;  cf.  Orelli,  1243.  —  H  Bruzza,  Ann. 
P-  200,  cité  par  Blümner,  Op.  cit.  p.  13.  Les  pierres  tirées  d’Égypte  sont  quelque¬ 
fois  désignées  dans  les  textes  par  l’adjectif  ouyûistios,  aîyyircta,  joint  au  mot  XîOoç  ; 
cf.  Paus.  I,  18,  G;  Poil.  VII,  100;  Thémistius  {Or.  XIII,  p.  179  a)  fait  mention  de 
vtôveç  ctlpic-ctcu  ;  Sénèque  {Epist.  CXV,  8)  de  columnae  ex  aegyptiis  arenis 
adveclae.  L’Égypte  ayant  fourni  au  monde  ancien  du  basalte,  du  granit  et  du  por¬ 
phyre,  il  est  impossible  de  tenter  une  identification  sur  des  données  aussi  vagues; 
cf.  Blümner,  Op.  cit.  III,  p.  12.  —12  Plin.  XXXVI,  55;  Isid.  Orig.  XVI,  5,  2. 
—  13  Cl.  Zirkcl,  Pétrographie ,  II,  54,  cité  par  Blümner,  III,  19  ;  Hermann, 
Privatalterth.  (3e  éd.),  p.  lo.  —  H  Stat.  Silv.  \,  2,  148;  5,  40;  II,  2,  90;  Mart. 
IX’  75,  9;  Prudent.  C.  Symmacli.  II,  247;  Sid.  Apoll.  Carm.  5,  38  ;  22,  139;  11, 
Epist.  II,  2;  II,  10;  Paul.  Silent.  II,  212  ;  Procop.  De  aedific.  I,  10. 
l’opinion  de  Blümner,  qui  pense  même  que  la  simple  mention  de  marbre 

V. 


17; 

—  16  C'est  l'< 


LAP 

de  cristaux  de  labrador13.  Les  écrivains  font  souvent 
allusion  à  la  couleur  et  à  la  dureté  des  pierres  de  Laconie 
ou  de  Sparte14,  et  il  est  probable  que  dans  la  plupart  des 
passages  il  s’agitde  ce  porphyre18.  C’est  la  pierre  des  car¬ 
rières  de  Crocées  (Kpoxéat),  pierre  difficile  à  travailler 
dont  Pausanias  vante  la  valeur  décorative16;  elle  entrait 
avec  d’autres  dans  l’ornementation  d'un  superbe  établis¬ 
sement  de  bains  construit  à  Corinthe  par  un  certain 
Euryclès  de  Sparte11;  elle  avait  encore  servi  à  exécuter 
une  statue  de  ZeùçKpoxsatTV);  érigée  à  Centrée  de  la  ville  de 
Crocées.  Sous  Iléliogabal,  on  l’employa  au  pavage  des 
cours  du  palais  impérial18.  Les  carrières  ont  été  retrou¬ 
vées  de  nos  jours,  ce  qui  a  permis  d’identifier  la  pierre 
de  Pausanias  avec  le  lapis  lacedaemonius  de  Pline,  et 
d’affirmer  que  cette  pierre  était  un  porphyre.  C’est  celui 
qui  est  connu  sous  le  nom  de  porphyre  vert  antique  1J. 

Un  autre  porphyre  vert,  celui  d’Atrax,  en  Thessalie 
(Xtôoç  OeTtaX-/])20,  ne  paraît  pas  avoir  été  connu  des  Romains. 
C’est  surtout  à  l’époque  byzantine  qu’il  fut  employé  ;  trois 
variétés  de  ce  porphyre  entraient  dans  la  décoration  de 
l’église  de  Sainte-Sophie 21  ;  on  en  fit  aussi  des  sarco¬ 
phages  pour  les  empereurs  de  Byzance22. 

Optâtes 23  (ôtpt'TY)?24),  serpentin  ou  granit.  Cette  pierre 
devait  son  nom  à  ses  taches  qui  rappelaient  celles  de  la 
peau  des  serpents.  Les  anciens  en  connaissaient  trois 
variétés,  une  lourde,  noirâtre  et  dure20,  que  1  on  croit  être 
un  granit26;  une  autre  couleur  de  cendre,  appelée  aussi 
tephrias,  ou  encore  Memphites,  du  lieu  où  on  la  trouvait-1  ; 
celle-ci  paraît  être  un  porphyre  gris28  ;  enfin  une  blanche 
dont  on  faisait  des  vases  divers  ( vasa  et  cados )29-. 

Les  poètes  ont  fait  mention  de  l’ophite  dans  les  descrip¬ 
tions  d’édifices  somptueux33;  mais,  au  dire  de  Pline,  on 
n’en  pouvait  faire  que  de  petites  colonnes31;  on  possède 
des  vases  de  cette  pierre  qui  a  été  aussi  employée  pour  des 
pavages  de  luxe  32. 

Phengites 33  —  Ceci  est  un  minéral  que  l’on 

n’a  pas  pu  identifier  avec  certitude38  [alabaster]. 

ou  de  pierre  de  Lacédémone  ou  de  Sparte  doit  être  ainsi  interprétée  ;  ce  qui  est 
aller  un  peu  loin,  puisque  les  carrières  du  Péloponnèse  fournissaient  des  marbres 
noirs  et  des  rouges  ;  cf.  Blümner,  p.  21.  Il  suppose  encore  que  les  carrières 
du  Taygète  dont  Strabon  (VIII,  p.  3G7)  rappelle  la  récente  ouverture  par  les 
Romains,  sont  précisément  celles  de  Crocées,  et  il  étaye  cette  supposition  du  vers  de 
Martial  (VI,  42,  1 1),  Illic  Taygcti  virent  metalla ,  où  il  s'agit  de  la  décoration 
d’un  bain.  -  16  Pausan.  III,  21,  4.  —  H  Id.  II,  2,  5.  —  18  Lamprid.  Hel.  X,  12. 

—  19  Fiedlcr,  Iteise  durch  Griechcnland ,  I,  320;  Curtius,  Peloponn.  1,34;  11,  260; 
Bursian,  Geogr.  II,  100;  cf.  Blümner,  III,  p.  20;  Corsi,  Op.  cit.  p.  206; 
Dclesse,  Ann.  des  mines,  XII  (1848),  p.  195  et  s.  —  20  p0U.  VII,  100;  Gregor. 
Nyss.  (Migne),  t.  XLIV,  p.  G56  c;  Paul.  Silent.  I,  255;  Salmas.  Exercit.  plinian. 
p.  495  B.  On  n'en  a  pas  retrouvé  les  carrières  ;  cf.  Blümner,  III,  p.  22.  —  2!  Paul. 
Silent.  II,  225.  —  22  Tafel,  De  marmore  viridi  veterum,  cité  par  Blümner,  III, 
p.  22,  note  4.  —  23  Plin.  XXXVI,  55.  —  24  Dioscor.  V,  161  ;  Galen.  XII,  p.  206. 

-  25  C'est  Dioscoride  qui  en  décrit  trois  sortes,  une  lourde  et  noire,  une  de  couleur 
cendrée  et  mouchetée,  une  troisième  piquetée  de  blanc  ;  Pline  (g  56)  n'en  connaît 
que  deux,  une  qui  est  blanche  cl  tendre,  une  autre  qui  est  noirâtre  et  dure  ;  on 
peut  identifier  celle-ci  avec  la  première  de  Dioscoride.  —  20  Lenz,  Op.  cit.  p.  39. 

—  21  Blümner  (III,  p.  20)  fait  observer  que,  dans  le  voisinage  de  Memphis,  il  n’y  a 
pas  de  carrières  de  serpentin.  Lucain  qualifie  l’ophite  de  Tliebanus,  Phars.  IX, 

714.  _ 28  F.  Corsi,  De  pietre  antiche,  p.  209.  —  29  Plin.  XXXVI,  158;  Blümner 

(p.  25,  n.  2)  suppose  que  cette  dernière  était  une  variété  de  syéuite  ou  peut-être 
de  stéalite,  dont  la  couleur  est  d’un  vert  clair  et  blanchâtre.  —  30  Stat. 
Silv.  I,  5,  35;  Mart.  VI,  42,  15.  —  31  Ceci  peut  servir  à  confirmer  l’opinion 
que  l'ophite  est  une  espèce  de  serpentin,  attendu  que  cette  pierre  ne  peut 
s’exploiter  en  gros  blocs;  cf.  Blümner,  III,  p.  26,  n.  1.  —  32  Corsi,  Op.  cit. 
p.  158;  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  I,  184;  cf.  Barbier  de  Montault,  Op.  cil.  p.  32. 
On  a  retrouvé  dans  l'île  de  Ténos  des  carrières  antiques  de  serpentin  vert  ;  cf. 
Blümner,  III,  p.  20,  et  Fiedler,  Deise  in  Gr.  II,  p.  250.  —  33  Plin,  XXXVI,  163. 
_  34  Pscudo-Chrysost.  VIII,  664.  —  35  Blümner,  III,  p.  68;  Lenz  (Op.  cit. 
p.  153)  la  regarde  comme  un  spath  calcaire  incolore,  ce  qui  ne  s’accorde  pas 
tout  à  fait  avec  la  description  de  Pline;  Hase  ( Thesanr .  t.  VIII,  p.  690  B) 
croit  que  c'est  l’espèce  de  mica  appelée  verre  de  Moscovie  ;  ce  serait  alors 
une  pierre  spéculaire  (voir  plus  loin).  On  a  aussi  pensé  à  un  albâtre  gypseux 
[ai.abaster]. 


118 


—  934  — 


LAP 


LAP 

Porphyrites 1  (Tuopyuprnriç  XtOoç2).  —  Cette  substance* 
appelée  aussi  purpuritis 3 * *,  Av/m’  purpureus\  marmor 
porphyreticum6 *,  est  le  porphyre  rouge6.  Pline  le  décrit 
comme  un  marbre  d’Égypte  dont  une  variété  tachetée  de 
points  blancs  était  appelée  leptopsephos. 

C’est  seulement,  à  ce  qu’il  semble,  sous  le  règne  de 
Claude  que  le  porphyre  fut  connu  des  Romains,  lorsque 
Vitrasius  Pollion,  procurateur  d’Égypte  ',  envoya  à  Rome 
des  statues  de  cette  matière,  qui,  d’ailleurs,  ne  furent  pas 
goûtées.  On  ne  sait  s’il  entra,  dès  cette  époque,  dans  les 
constructions  romaines;  mais  Lucain  le  fait  figurer  dans 
la  description  du  palais  de  Cléopâtre8.  Au  u°  siècle,  le 
porphyre  fut  très  recherché9, et  sous  Antonin  le  Pieux  on 
en  exploita  en  Arabie  des  carrières  où  travaillaient  des 
forçats10.  Cette  matière  se  taillait  surtout  en  colonnes 
quelquefois  monolithes,  les  carrières  pouvant  fournir 
des  blocs  de  toutes  grosseurs  ;  Héliogabal  Punissait  au 
porphyre  vert  pour  le  pavage  des  cours  du  palais  impé¬ 
rial  ;  on  le  sculpta  et  l’on  en  fit  des  bustes,  des  ligures 
entières  [acrolithus,  fig.  69  ;  lingulum,  fig.  1503],  des  bai¬ 
gnoires,  des  sarcophages  [sepulcrum],  des  vasques 
[labrumj  et  toutes  sortes  d’objets  de  luxe11. 

Silex.  —  Ce  mot  ne  désigne  pas  chez  les  Latins  une 
pierre  spéciale,  ipais  en  général  touLe  pierre  dure12,  sous 
quelque  forme  qu’elle  se  rencontre  :  le  caillou  à  l’aide 
duquel  on  pouvait  faire  jaillir  des  étincelles13,  le  roc  qu’il 
faut  briser  dans  une  mine,  le  calcaire  14 *,  le  tuf  volcanique 1 6 
appelé  pépérin16,  le  marbre17,  la  pierre  dont  on  faisait 
des  meules  l8,  la  lave  qui  servait  à  paver19,  et  telle  matière 
minérale  qui,  en  se  décomposant,  pouvait  servir  à  l’amen¬ 
dement  d’un  terrain20. 

On  appelait  lapides  silices  les  pierres  conservées  dans 
le  temple  de  Jupiter  Feretrius ,  qui  servaient  aux  céré¬ 
monies  du  sacrifice,  lors  de  la  conclusion  des  traités21. 

Lapis  specularis 22  (-rboia^avsi;23),  mica24. —  Les  plaques, 
qui  peuvent  se  diviser  en  lames  très  minces,  ont  été  long¬ 
temps,  mais  non  exclusivement,  employées  en  guise  de 
vitres  [fenestra,  p.  1039].  On  a  cru  longtemps  que  les 
anciens  n’en  connaissaient  pas  d’autres; maison  a  décou¬ 
vert  à  Pompéi  et  à  Ilerculanum  des  fenêtres  garnies  de 

1  Plin.  XXXVI,  57.  —  2  Euscb.  De  Mart.  in  Palaest.  8,  el  ropsuçïTt;, 

Arislid.  Or.  XL VIII,  p.  319.  —  3  Isid.  Orig.  XVI,  5,  5.-4  Luc.  Phars.  X,  116; 

Stat.  Silv.  I,  2,  150.  —  5  Suet.  Ner.  50;  Ael.  Lamprid.  Alex.  Sev.  25. 

—  6  Bliimner,  Op.  cit.  III,  p.  15.  —  7  Plin.  XXXVI,  51.  Les  carrières  de 

porphyre  étaient  en  Égypte  au  lieu  dit  Mons  Claudianus,  entre  Myos, 

Ilormos  et  Coptos;  cf.  Corp.  inscr.  gr.  III,  4713;  Lelronne,  Inscript.  d'Égypte, 

1,  136,  153  et  170,  Bruzza,  Annal,  del  Instit.  archeol.  1870,  p.  170.  Il  est  question 

dans  Ptolémée,  IV,  5,  27,  d  un  xofïuçîti r,ç  ôjoç  en  Égypte.  Ces  carrières  ont  été 
retrouvées  en  1832;  cf.  Joum.  of  the  royal  geograph.  Society  of  London,  1832,  el 
G.  Schweinfurth  dans  Naturwissenschaftl.  Beitr.  zur  Geogr.  u.  Kulturgesch.  p.95. 
On  peut  voir  des  allusions  au  porphyre  rouge  d'Égypte  chez  Prudence,  C.  Sxjmm.  Il, 
248  ;  Sid.  Apoll.  5,  34;  11,  18;  22,  141;  Paul.  Silent.  I,  214.  —  8  Luc.  I.  I. 

9  Visconti,  Mus.  Pio-Cteni.  VI,  p.  228  et  s.  Mongez,  Iconographie ,  II,  p .  240, 
fait  remarquer  que  les  Égyptiens  ont  travaillé  cette  matière  de  tout  temps.  Un 
fragment  de  porphyre  sculpté  a  été  trouvé  à  Mycènes,  Scldiemann,  Mycènes,  p.  10G. 

10  Aristid.  Or.  XLVIII,  p.  349  ;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  III,  p.  16.  Sous  Dioclétien, 

des  chrétiens  furent  occupés  à  celles  de  la  Thébaïde;  cf.  Euseb.  I.  I.,  et  plus  tard 

encore  dans  celles  de  la  Pannonie;  cf.  Passio  Sanctor.  IV  coronator.  c.  2,  in 

Büdingers,  Vntersuchung.  z.  rôm.  Kaiserzeit,  III,  323  et  s.  —  U  Jul.  Capit.  Anton. 

11;  Corp.  inscr.  gr.  II,  3148;  Vopisc.  Prob.  c.  2;  Claudian.  In  Ruf.  Il,  135; 

Lamprid.  Hel.  c.  24.  —  12  plin.  XXXVI,  171.  —  13  Virg.  Georg.  I,  135;  Plin.  VII, 

1+  Plin.  XXXIII,  71.  —  15  Vitruv.  II,  5,  1  (il  parait  s’agir  d'un  calcaire 

coloré);  Plin.  XXXVI,  174.  —  16  Plin,  XXXVI,  1G8.  —  17  Ibid.  135.  —  18  Virg. 

Moret.  22  et  27.  —  19  JUv.  Sat.  VI,  350.  -  20  Colum.  De  re  rust.  Il,  11,  7.  Voir 

encore  à  ce  sujet  Lenz,  Op.  cit.  p.  48  et  154;  0.  Muller,  Etruslcer,  I,  228;  Bliimner, 

Op.  I.  III,  p.  G2,  n.  4.  -  21  Tit.  Liv.  XXX,  43.  Plus  tard  on  dit  au  singulier  lapis 

silex  (Fest.  Epit.  p.  92).  C’est  cette  pierre  que  saint  Augustin  appelle  Lapis  Capi- 

tolinus  (De  civ.  D.  II,  29);  cf.  J.  Marquardt,  Le  culte  chez  les  Rom.  (trad.  fr.), 

t.  II,  p.  153  ;  Bouché-Leclerq,  Man.  des  Inst.  rom.  p.  543  [petiai.es,  p.  2000]. 

—  22  Pün.  IX,  113;  XXXVI,  160.  —  23  Galen.  (éd.  Kiilm),  t.  XIII,  p.  G63. 


vitres  en  verre;  aussi  ne  peut-on  plus  considérer  main¬ 
tenant  specularia  que  comme  une  expression  générale 
qui  sert  à  désigner  les  vitres,  qu’elles  soient  de  mica  ou 
de  verre.  Les  vitres  de  mica  ont  été  les  premières  connues 
et  les  plus  longtemps  employées  probablement;  car,  il  y 
a  lieu  au  moins  de  le  supposer,  le  prix  en  devait  être 
moins  élevé25.  Les  pierres  qui  les  fournissaient  se 
tiraient  de  l’Espagne  citérieure,  de  Cappadoce,  de  Sicile, 
de  Chypre  ;  il  y  en  avait  aussi  en  Afrique26.  Celles  d’Es¬ 
pagne,  qui  ne  se  rencontraient  que  dans  un  rayon  de  cent 
milles  autour  de  la  ville  de  Segobriga,  étaient  préférées 
comme  plus  transparentes27.  On  les  obtenait  en  fragments 
de  cinq  pieds  de  long  au  plus.  Leur  extraction  était  diffi¬ 
cile;  il  fallait  creuser  des  puits  très  profonds,  etsouvent  la 
pierre  était  enfermée  dans  la  roche28.  En  Cappadoce,  on 
les  extrayait  en  masses  assez  grandes  et,  bien  que  celles- 
ci  fussent  peu  transparentes,  elles  étaient  l’objet  d’un 
commerce  d’exportation  important29.  Celles  qu’on  trou¬ 
vait  en  Italie  sur  le  territoire  de  Bologne  étaient  petites 
et  tachetées30.  Quant  à  la  pierre  spéculaire  avec  laquelle 
on  fabriquait  du  plâtre  [gypsum],  ce  n’était  pas  du  mica, 
mais  du  gypse  cristallisé,  ou  du  spath  gypseux31. 

Les  déchets  et  les  rognures  de  cette  substance  furent 
aussi  utilisés  :  on  les  répandait  sur  le  grand  cirque  à 
l’époque  des  jeux  pour  lui  donner  un  éclat  agréable32. 

Syenites 33,  Thebaicus  lapisu,  granitrouge  de  Syène 3  \ 

—  Cette  pierre,  exploitée  en  Thébaïde  aux  environs  de' 
Syène 36  et  que  l’on  avait  d’abord  appelée  pyrropoecilos, 
puis  psaranos 37  (dénominations  qui,  vraisemblablement, 
s’appliquent  à  deux  variétés),  ne  doit  pas  être  confondue 
avec  la  syénite  des  modernes38. 

Pline  rapporte  que  les  Égyptiens  taillèrent  dans  la  pre.- 
mière  sorte  un  grand  nombre  d’obélisques 39  et  que  la 
syénite  entra  en  gros  blocs  dans  la  construction  du 
labyrinthe  d’Égypte40;  en  dehors  de  ces  ouvrages,  il  ne 
fait  mention  de  son  emploi  que  pour  les  mortiers 
destinés  à  piler  les  préparations  médicinales  et  les  cou¬ 
leurs41.  On  peut  cependant  penser,  d’après  Stace 42, 
qu’elle  eut  une  place  dans  les  constructions  romaines,  et 
cette  opinion  est  confirmée  par  les  restes  du  forum  de 

—  24  Lonz,  Op.  cit.  p.  152-153;  Blümner,  Op.  cit.  I.  III,  p.  GG.  —  23  J.  Marquardt, 

Vie  privée  des  Romains  (trad.  fr.),  t.  II,  p.  421.  —  26  Plin.  XXXVI,  160  ;  cf.  Isid. 
Orig.  XVI,  4,  37. —  27  Plin.  III,  30;  XXXVI,  160  ;  XXXVII,  203.  -  28  Pljn.  XXXVI, 
161.  29  Plin.  I.  I .  ;  Strab.  XII,  p.  540.  —  30  Plin.  /.  I.  Il  savait  qu’on  trouvait 

aussi  du  mica  noir;  cf.  §  1G2.  —  31  Plin.  XXXVI,  182;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  155. 
Ceci  montre  que,  le  cas  échéant,  on  a  confondu  le  mica  avec  le  gypse  cristallisé  et 
le  spath  gypseux  ;  celte  confusion  est  encore  confirmée  par  l’observation  du  §  16f 
que  la  moelle  des  os  des  animaux  tombés  dans  les  puits  se  transformait  en  pierre 
spéculaire;  ceci,  comme  le  fait  remarquer  Lenz  (p.  153),  ne  s’applique  qu’au 
gypse.  D’autre  part,  la  remarque  du  §  162,  que  la  pierre  spéculaire  blanche, 
quoiqu’elle  soit  très  tendre,  résiste  bien  aux  intempéries  et  ne  se  dégrade  pas,  ne 
convient  qu’au  mica.  —  32  Plin.  Ibid.  162.  —  33  Plin.  XXXVI,  03.  —  34  Ibid.  157. 

—  35  Lenz,  Op.  cit.  p.  143,  145  et  152  ;  cf.  Bliimner,  III,  p.  1 1  et  14;  Lelronne, 
Inscr.  de  l'Égypte,  I,  446;  Bruzza,  Ann.  del  Instit.  Archeol.  1870,  p.  168. 

—  36  Aujourd'hui  Assouan;  cf.  Blümner,  III,  p.  2,  n.  1.  En  dehors  de  l’Égypte,  ou 
a  trouvé  dans  les  îles  d’Elbe  et  de  Giglio,  l'ancienne  Igilium,  les  restes  de  carrières 
de  granit  exploitées  par  les  Romains;  cf.  Blümner,  III,  p.  13;  Corsi,  Dell.pictre 
antiche,  p.  220;  O.  Müller,  Etrusker,  p.  230  ;  Bruzza,  p.  169  ;  Platner,  Beschreibung 
Roms,  I,  349.  —  37  Blümner  fait  observer  que  cos  deux  termes  pyrropoecilos  et 
psaranos  sont  en  désaccord,  le  dernier  ne  pouvant  signifier  qu'une  sorte  de  gris 
pommelé.  On  doit  donc  entendre  par  pyrropoecilos  un  granit  rouge  moucheté  de 
blanc  et  par  psaranos  un  granit  blanc  et  noir  (quartz  blanc  semé  de  mica  noir  ; 
cf.  Barbier  de  Monlault,  Tableau  rais.  p.  35),  comme  celui  des  colonnes  du  forum 
de  Trajan;  cf.  Corsi,  Op.  cit.  p.  213.  —  38  Cf.  Blümner,  Op.  cit.  III,  p.  12, 
n.  I.  Cette  pierre,  qui  est  un  mélange  de  feldspath  el  d’amphibole,  ne  paraît 
pas  avoir  été  distinguée  du  granit.  Cependant  les  Romains  l’ont  exploitée, 
puisqu’on  a  trouvé  dés  carrières  de  syénite  à  Felsberg  (Hesse);  cf.  A.  von 
Cohausen  et  E.  Wôrner,  Rômische  Steinbrüche  auf  dem  Felsberg,  et  Blümner, 
p.  15.  —  39  Plin.  XXXVI,  G4  sqq.  —  40  Ibid.  86.  —  41  Ibid.  157.  —  42  Stat.  Silv. 

Il,  2,  86  ;  IV,  2,  27. 


—  935  — 


LAP 

Traian  On  en  fit  encore  des  pavages,  des  baignoires,  etc.1. 

I  es  Grecs  ne  paraissent  pas  avoir  exploité  le  granit2. 

Thebaicus  /apis.  -  La  pierre  thébaïque  semee  de 
gouttes  d’or  (inter stinctus  aureis  guttis)  que  l’on  trou¬ 
vait,  selon  Pline,  dans  une  partie  de  l’Afrique  dépen¬ 
dante  de  l'Égypte,  et  qui  servait  à  faire  des  mortiers  pour 
préparations  ophtalmiques  3,  est,  pour  les  uns,  un  ser¬ 
pentin  tacheté  de  mica*,  pour  les  autres  un  granit  avec 

des  cristaux  de  pyrite  jaune  '. 

Il  y  a  beaucoup  d’autres  pierres  qui  ne  paraissent  pas 
avoir  figuré  dans  les  constructions  ;  quelques-unes  ont 
été  employées  par  des  artistes  et  un  certain  nombre  sont 
intéressantes  à  divers  titres;  nous  ne  mentionnons  que 
les  plus  connues. 

Arniantus  [asbestus]. 

Aetites 6  (àextVrjç)1,  Aétite,  pierre  d  aigle,  géode 
Les  anciens  croyaient  que  l’on  trouvait  ces  pierres  par 
deux,  l’une  mâle, l’autre  femelle,  dans  le  nid  des  aigles9, 
où  elles  exerçaient  une  action  fécondante  sur  les  œufs. 
Ils  en  reconnaissaient  quatre  espèces  :  l’aétite  d  Afrique, 
regardée  comme  femelle,  petite  et  tendre,  à  l’intérieur  de 
laquelle  on  trouvait  une  argile  blanche  et  suave  ;  l’aétite 
d’Arabie,  considérée  comme  mâle,  dure,  semblable  à  une 
noix  de  galle  ou  un  peu  rousse,  qui  renfermait  une 
pierre  dure10;  ces  deux  étaient  globulaires.  L’aétitc  de 
Chypre11,  semblable  à  celle  d’Afrique  mais  plus  grosse, 
était  tendre  et  s’écrasait  facilement  entre  les  doigts  ;  on 
trouvait  à  l’intérieur  du  sable  et  de  petits  cailloux.  La 
quatrième  sorte,  blanche  et  ronde,  appelée  taphiusius , 
du  nom  du  lieu  où  elle  se  rencontrait,  entre  Ithaque  et 
Leucade,  renfermait  une  pierre  allongée  appelée  calli- 
mus.  On  attribuait  aux  aétites  une  influence  sur  la  gros¬ 
sesse  et  la  parturition 12. 

Arabus  lapis13  (àpaêocoç  Xîôo;1*).  —  Elle  est  donnée 
comme  une  pierre  semblable  à  l’ivoire  qui,  calcinée,  four¬ 
nissait  un  bon  dentifrice.  On  a  soupçonné  que  c’était  un 
silicate  de  magnésie15. 

A ss ius  lapis,  lapis  sarcophagus  16.  —  On  ne  peut  se 
prononcer  au  sujet  de  cette  pierre  qui  se  tirait  d’Assos, 
en  Asie  Mineure.  D’après  la  description  de  Pline,  elle 
était  déstructuré  schisteuse  et  elle  aurait  eu  la  singulière 
propriété  de  consumer  en  quarante  jours  les  cadavres 
dont  elle  formait  le  cercueil17  ;  les  dents  seules  échap¬ 
paient  à  son  action.  De  plus,  elle  passait  pour  pétrifier 
tous  les  objets  enfermés  avec  le  corps.  Enfin,  elle  entrait 
dans  une  composition  contre  la  goutte18. 

Cadmea ,  cadmia  10  (xaop.sîa  Xtôoç20).  —  Oxyde  de  zinc 


1  Blümner,  p.  14,  mentionne  d’après  Winckclmannune  baignoire  sculptée  en  granit 
vert  sombre  tacheté  de  blanc.  —  2  Blümner,  p.  13,  n.  6,  fait  remarquer,  d’après  Fiedler 
( Iteise  durch  Griechenland),  que  les  colonnes  de  granit  de  Délos,  toutes  de  1  époque 
romaine,  ne  sont  pas  en  granit  indigène.  —  3  Plin.  XXXVI,  63.  —  4  Lenz,  Op. 
c'd.  p.  1 43.  —  5  Blümner,  Op.  cit.  111,  p.  12,  n.  3.  —  6  Plin.  XXXVI,  149. 

—  1  Bioscor.  V,  1G0  ;  Aelian.  Nat.  anirn.  I,  35.  —  8  Lenz,  Op.  cit.  p.  151. 

—  9  Plin.  X,  12;  XXX,  130.  —  10  La  description  de  celle-ci  se  rapproche  de  celle 

de  1  aétite  proprement  dite  des  minéralogistes  modernes,  qui  est  une  variété  de 
ümonite  (sesquioxyde  de  fer  hydraté);  cf.  Ch.  d’Orbigny,  Dictionn.  d’I/ist.  nat.  s. 
e.  Aétite  et  s.  v.  Géode ;  Pelouzc  et  Frémy,  Traité  de  chimie ,  t.  III,  p.  221. 

—  11  l'Un.  Ibid.  150.  —  12  Pli„.  a .  cc.;  Aelian.  I.  I.  ;  Diosc.  I.  I.  —  13  Plin. 

XXXVI,  153.  —  14  Dioscor.  V,  148.  —  15  Lenz,  Op.  cit.  p.  78.  Pline  (§  62)  cite  une 
autre  pierre  d’Arabie  d’une  blancheur  remarquable  qui  servait  à  conserver  les  par¬ 
fums.  Lenz  (p.  142)  la  regarde  comme  un  marbre.  -  10  Plin.  II,  211  ;  XXXVI,  131; 
Tlieophr.  De  igné,  46,  où  iv  xùxko,  a  paru  devoir  être  corrigé  en  1»  “Aam?  ; 
cf.  Blümner,  Op.  cit.  lu,  p,  oo_  —  n  Lenz,  Op.  cit.  148,  croit  qu'il  s'agit  d’un  cal¬ 
caire  récemment  calciné  que  l’on  mettait  dans  le  cercueil  ;  mais  ceci  ne  s'accorde 
pas  avec  les  données  des  anciens.  Hermann,  Privaltalterthüm.  p.  377  (3»  éd.l, 
pense  a  un  schiste  alumineux.  On  ne  peut  faire  que  des  suppositions  au  sujet  de 
cette  pierre  et  d’autres  du  même  genre,  trouvées  en  Lycie,  qui,  attachées  à  des  per- 


LAP 

sublimé  dans  le  traitement  des  minerais  zincifères 
employés  pour  la  fabrication  du  laiton  ( aes )-'.  Le  mot 
cadmea  signifie  encore,  chez  Pline,  le  minerai  zincifère 
lui-même,  c’est-à-dire  la  cadmie  naturelle  qui  était 
vraisemblablement  la  calamine  (carbonate  de  zinc  natif) 
oula  blende  (sulfure  de  zinc  naturel22). 

La  cadmie  artificielle  était  un  sous-produit  de  la  fabri¬ 
cation  du  cuivre  {aes)  ou  plutôt  du  laiton  ;  elle  provenait 
de  la  cadmie  naturelle  23 ,  «  pierre  nécessaire  aux  fon¬ 
deurs  »,  dit  Pline2*;  il  se  formait  ainsi  dans  les  fourneaux 
pendant  l’opération  une  nouvelle  cadmie,  qui  devait  son 
nom  à  son  origine. 

Cadmie  artificielle.  —  On  distinguait  plusieurs 
genres  de  cadmies  artificielles,  qui  avaient  des  qualités 
différentes  selon  la  place  où  elles  se  déposaient  dans  les 
fourneaux.  La  plus  légère,  appelée  capnitis ,  se  recueil¬ 
lait  à  l’orifice  supérieur;  elle  semble  n’avoir  pas  été  prisée. 
La  meilleure  était  celle  qui  s’amassait  à  la  voûte  du  four 
et  y  était  comme  suspendue  ( dependens );  sa  position  et 
la  forme  qu’elle  affectait  (jüoxpiKÔÔTj;)  lui  avaient  fait 
donner  le  nom  de  botruitis  ((3oxpuïxtç).  Une  troisième, 
dénommée  placitis  (irXaxîxiç)25,  s’attachait  aux  parois  des 
fourneaux,  où  elle  avait  l’aspect  d’une  croûte  diversement 
colorée  à  l’intérieur.  La  cadmie  botruitis  est  décrite 
comme  dense,  modérément  lourde  et  plutôt  légère  . 
Dans  la  placitis ,  on  distinguait  deux  espèces,  1  une, 
appelée  onychitis ,  extérieurement  bleuâtre,  intérieuie- 
ment  d’une  teinte  un  peu  plus  claire,  offrait  à  la  vue 
des  couches  disposées  comme  celles  de  1  onyx  ;  1  autre, 
désignée  par  le  nom  d 'ostracitis  (ôiixpaxmç),  était  noire 
et  sale27.  Pour  recueillir  plus  facilement  les  cadmies,  on 
disposait  dans  les  fourneaux  des  espèces  de  treillis  en 
fer  sur  lesquels  elles  s’amassaient28. 

La  sorte  la  plus  prisée  était  la  botruitis  de  Chypre29, 
très  employée  pour  les  médicaments  ophtalmiques  ,  les 
deux  espèces  de  placitis  étaient  utilisées  pour  cicatriser 
les  plaies.  Après  les  avoir  calcinées,  on  les  éteignait  dans 
du  vin  ou  du  vinaigre  et  on  en  faisait  des  emplâtres.  Les 
cadmies  de  Macédoine,  de  Thrace  et  d  Espagne,  étaient 
déclarées  inutilisables30. 

On  a  encore  préparé  la  cadmie  artificielle,  notamment 
à  Soles  dan  si’ île  de  Chypre,  en  soumettant  au  grillage  des 
pierres  appelées  pyrites,  sur  la  nature  desquelles  on  ne 
peut  se  prononcer  avec  certitude31. 

Enfin,  il  se  produisait  dans  la  métallurgie  de  1  argent 
une  cadmie  qui  était  plus  blanche  et  moins  lourde 
que  celle  qui  provenait  de  la  fabrication  du  cuivre, 

sounçs  vivantes,  consumaient  leurs  chairs  (Plin.  Ibid.).  18  Plin.  XXVIII, 
ll0  _  19  Plin.  XXXIV,  2  et  4.  —  20  Diosc.  V,  84.  —  21  Plin.  I.  I.  ; 
Diosc  l  l  -,  Galen.  XII,  p.  219  (éd.  Kühn);  Oribase,  Collect.  13;  Lenz, 
Op  cit.  p.  68;  Blümner,  Op.  cit.  t.  IV,  p.  92  et  171.  -  22  Lenz,  Ibid. 

'54.  Cf  Blümner,  t.  IV,  p.  94.  -  23  Au  sujet  do  la  cadmie  naturelle, 
cf.  Blümner,  IV,  p.  93,  et  Plin.  XXXIV,  2,  4,  100  et  117.  -  24  Ibid.  100. 
_  26  Galen.  I  l-  —  25  Plin.  Ibid.  100-103.  Il  semble  distinguer  deux  qualités 
de  botruitis,  mais  le  texte,  ici,  manque  de  clarté;  Dioscoride  (V,  84)  n'en 
connaît  qu'une.  —  27  Plin.  Ibid.  103.  Dioscoride  décrit,  après  Yonychitis, 
une  sorte  qu’il  dénomme  iïXaxu.8ïiç  et  ÇwvTtk;  ;  celle-ci  parait  être  une  variété  de  la 
précédente.  Galien  (/.  I.)  ne  connaît  que  la  botruitis  et  la  placitis.  —  28  Diosc.  I.  I. 
Pline  ne  parle  pas  de  cette  disposition  qui  pouvait  n’être  pas  usitée  partout. 
_  29  Plin.  Ibid.  103.  Slrabon  (III,  p.  163)  dit  même  que  le  cuivre  de  Chypre  est 
le  seul  qui  donne  la  cadmie.  —  30  Diosc.  I.  I.  —  31  Diosc.  I.  I.  et  142  ;  Galen.  XII, 
p  219.  Selon  Dioscoride  (§  142),  ou  choisissait  la  pierre  qui  avait  une  couleur  de 
laiton  (/«XxoeiSnO  cl  donnait  facilement  des  étincelles;  or  la  pyrite  de  cuivre  nen 
peut  donner  (cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  77).  Hoffmann  (Zur  Geschichte  der  Zinkes 
beiden  Alten.  p.  491)  croyait  à  une  pyrite  de  fer  contenant  de  la  blende, 
comme  on  en  trouve  encore  à  Chypre;  cf.  Blümner,  IV,  p.  94.  Voir,  plus  loin, 
Pyrites,  p.  937. 


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—  936  — 


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mais  qui  lui  était  inférieure  au  point  de  vue  médical  *. 

Cadmie  naturelle.  —  Il  est  certain  que  les  anciens  ont 
connu  au  moins  un  minerai  zincifère  auquel  ils  donnaient 
le  nom  de  cadmie  ;  quatre  passages  de  Pline  ne  peuvent 
laisser  aucun  doute  à  cet  égard.  Mais  l’emploi  de  ce 
minerai  dans  la  fabrication  du  laiton 1  2  le  lui  faisait 
regarder  comme  une  pierre  cuivreuse  (aerosus  lapis)3 4  ; 
il  savait  néanmoins  qu  on  le  mêlait  au  cuivre  pour  faire 
1  aurichalque  1  [orichalcumI.  Cette  pierre,  qui  se  trouvait 
dans  les  couches  profondes  de  la  terre,  avait  abondé 
autrefois  en  Campanie  ;  à  l’époque  de  Pline,  elle  s'exploi¬ 
tait  sur  le  territoire  de  Bergame;  il  y  en  avait  aussi  en 
Gei  manie5.  On  ne  saurait  dire  avec  assurance  quel  était 
ce  minerai,  ou  s’il  s’agit  toujours  du  même  dans  tous  les 
passages,  puisque  nous  n’en  avons  pas  même  une  des¬ 
cription  sommaire.  On  peut  supposer  que  c’est  la  calamine 
aussi  bien  que  la  blende6,  qui,  jusque  vers  le  milieu  de 
ce  siècle,  ont  été  employées,  surtout  la  première,  presque 
exclusivement  à  la  fabrication  du  laiton  7. 

Chalcitis  (y_aAx?-nç  Xt'Ooç8).  —  Ceci  est  une  substance 
sur  la  nature  de  laquelle  on  n’a  pas  pu  se  mettre  d’accord, 
les  données  antiques  étant  trop  vagues  pour  permettre 
une  conclusion  positive  9.  Pline  en  parle  plusieurs  fois 
comme  d  une  pierre  dont  on  tire  du  cuivre  ou  du  laiton 
[ex  quo  fit  aes).  Dans  un  des  passages10,  il  semble  bien 
que  le  mot  chalcitis  désigne  un  minerai  de  cuivre;  mais 
dans  un  autre,  où  il  essaie  de  la  distinguer  de  la  calamine 
( cadmea ),  les  caractères  décrits  conviennent  en  partie  à 
celle-ci,  et  le  fait  que  laissée  quarante  jours  dans  du 
\ inaigre  elle  prend  une  couleur  de  safran  11  ne  saurait 
indiquer  un  minerai  de  cuivre  ;  enfin,  dans  un  troisième, 
il  s’agit  d’une  pierre  alumineuse12 * * *. 

Chernites Cettepierre,  delablancheur  de 
1  ivoire,  passait  non  seulement  pour  ne  pas  consumer  les 
cadavres,  mais  encore  pour  les  conserver.  Une  tradition 
voulait  qu’on  en  eût  fait  le  cercueil  de  Darius.  Ces  rensei¬ 
gnements  sont  insuffisants  pour  juger  de  sa  nature  n. 

Coralliticus  lapis.  —  C’était  aussi  une  pierre  d’une 
blancheur  approchant  de  celle  de  l’ivoire  et  qui  avait  quel¬ 
que  ressemblance  avec  cette  substance;  elle  se  trouvait 
en  Asie  en  blocs  de  deux  coudées  au  plus ls.  Cette  pierre  se 
Prêtait  à  la  sculpture.  On  possède  la  description  d’une 
statuette  de  Jupiter  en  pierre  corallitique  avec  des  vête¬ 

1  Dioscor.  V,  84;  Plin.  Ibid.  100  ;  Isid.  Orig.  XVI,  20,  12;  Galen.  t.  XII,  p.  219. 

Celte  assertion  s  accorde  avec  le  fait  que  dans  les  mines  du  Laurium  on  a  trouvé 

de  la  calamine  (cf.  Landerer,  dans  Berg-und  Hüttenmünn.  Zeitung,  1870,  p.  190 
et  309,  et  Blümner,  IV,  p.  160)  ;  on  y  a  rencontré  aussi  de  la  blende  et  de  la  galène 
argentifère;  cf.  Blümner,  IV,  p.  94.  —  2  Plin.  XXXIV,  100.  —  3  Ibid.  §  2. 

4  Ibid.  §  4  ;  au  §  130,  la  cadmie  (naturelle)  est  encore  nettement  distinguée  du 

minerai  de  cuivre  ( aerarius  lapis).  —  B  Ibid.  §§  2  et  117.  —  6  Cf.  ci-dessus, 

note  I.  —  7  Pelouze  et  Frémy,  Traité  de  chimie,  l.  III,  p.  G31.  —  8  pnn. 

XXXIV,  117  ;  Arist.  Uist.  Anim.  V,  19  ;  Galen.  XII,  p.  228.  —  9  Blümner,  Op.  cil. 

1. 1\  ,  p.  95  ;  Frantz,  Zink  und  Messing  im  Alterthum  dans  Berg-und  Hüttenmünn. 

Zeitung,  1881,  p.  378.  —  10  Plin.  XXXIV,  2;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  109.  Ilôfcr,  Hist. 

de  la  chimie,  croit  que  la  chalcitis  est  une  pyrite  de  cuivre;  cf.  Oribase 

(éd.  Bussemaker  et  Daremberg),  II,  p.  229,  10 ;  431,  3;  433,  8.  —  U  Plin.  Ibid.  117 

cl  119.  I.enz,  p.  itO,  fait  remarquer  qu’un  minerai  de  cuivre  donnerait  du  vert-de- 

gris.  _  12  pi;,,.  XXXV,  186  ;  cf.  Lenz,  p.  133;  c’est,  selon  lui,  la  couleur  de  laiton 

de  cette  pierre  et  les  cristaux  de  marcassite  (pyrite  de  fer)  qu’elle  contient  qui  ont 

causé  la  confusion.  —  13  Theopbr.  Lap.  6;  Plin.  XXXVI,  132.  —  14  Cf.  Blümner, 

III,  p.  G 8 .  Lenz,  Op.  cit.  p.  149,  suppose  qu’il  s’agit  d’une  espèce  de  marbre  dont 

011  faisait  dos  cercueils.  Un  certain  nombre  de  pierres  sont  ainsi  caractérisées 

«  blanches  comme  l’ivoire,  semblables  à  l’ivoire  ..  ;  cf.  ci-dessus  Arabus  lapis,  et 

une  pierre  de  Cappadoce  dont  Strabon  (XII, 'p.  540);dit  qu’elle  se  rencontrait  en  petits 

morceaux  de  la  grosseur  de  petites  pierres  à  aiguiser  dont  on  faisait  des  manches 

de  couteaux.  -  13  Plin.  XXXVI,  62.  -  IG  Passion  de  S.  Savin,  dans  Baluze, 

Miscell.  I,  p.  12;  cf.  Le  Blant,  Supplém.  aux  Actes  des  martyrs,  p.  198. 

—  17  Orclli,  Inscr.  lat.  coll.  1758  (inscr.  de  Préneste).  —  18  Lenz.  Op.  cit.  p.  142, 

croit  que  c’était  du  silicate  de  magnésie  (écume  de  mer)  ;  cf.  Blümner,  III,  p.  08*  I 


ments  dorés16.  Une  inscription  latine17  fait  mention  de 
deux  statues  de  cette  matière  dont  on  ignore  la  nature18 

Gagates  (yayaTr|Ç  AtOoç 1 9) .  —  Cette  substance,  qui,  disait- 
on,  devait  son  nom  au  fleuve  Gagés  en  Lycie,  était  une 
sorte  de  pierre  noire,  unie,  légère,  poreuse,  ne  différant 
guère  du  bois;  broyée,  elle  avait  une  senteur  désagréable 
et  exhalait  une  odeur  sulfureuse  ou  une  odeur  d’asphalte 
en  brûlant;  on  prétendait  que  l’eau  l’enflammait,  tandis 
que  l’huile  l’éteignait.  La  meilleure  était  celle  qui  prenait 
leu  avec  facilité.  Elle  avait  la  vertu  d’éloigner  les  serpents; 
déplus,  c’était  un  remède  contre  l’épilepsie.  On  a  cru  que 
ce  gagat  était  le  jais 20,  d’autant  plus  qu’on  avait  trouvé  des 
ornements  d’époque  romaine  taillés  dans  cette  matière21. 

Gangetis  ç  Xt'Ocç22).  —  On  a  voulu  identifier 

aussi  avec  le  jais23 *  cette  pierre  qui  se  rencontrait  dans 
le  pays  des  Gordyéens  et  qui  avait,  comme  la  précédente, 
la  propriété  de  mettre  en  fuite  les  serpents. 

Magnes  lapis21  (payvTiTtç  XîOo;25),  magnétite,  aimant.  — 
Ce  corps,  auquel  on  donne  encore  les  noms  de  sideritis 
(tnSTqptTiç)26  et  de  pierre  d’Héraclée  (-îjpàxXetoç  XtOoç) 27,  est 
identique  avec  la  magnétite  des  modernes28  (oxyde  de  fer 

naturel).  Une  tradition  voulait  qu’ildûtson  nom  àun  berger 

du  mont  Ida,  à  qui  1  attraction  exercée  sur  les  clous  de  ses 
chaussures  et  le  fer  de  sa  houlette  en  avait  révélé  la  pré¬ 
sence.  Les  anciens  en  connaissaient  cinq  espèces  :  l’aimant 
d  Éthiopie,  qui  était  le  meilleur  de  tous  et  se  payait  son  • 
pesant  d’or;  on  le  trouvait  dans  une  région  sablonneuse 
appelée  Zmiri  ;  celui  de  la  Magnésie  près  de  la  Macédoine, 
d’un  roux  tirant  sur  le  noir  ;  l’aimant  d’Hyettos,  en  Béo- 
lie,  d  un  roux  plus  clair  que  le  précédent;  celui  des  envi¬ 
rons  d’Alexandrie,  en  Troade,  noir  et  sans  valeur;  enfin, 

1  aimant  de  Lydie,  le  plus  mauvais  de  tous,  il  était  de 
couleur  claire  et  semblable  à  la  ponce 29 .  On  en  avait  trouvé 
aussi  dans  le  pays  des  Cantabres,  mais,  quoiqu’il  attirât 
le  fer,  il  n’était  pas  regardé  comme  un  véritable  aimant30. 

On  s  attendrait  à  voir  ce  minéral  utilisé  dans  la  produc¬ 
tion  du  fer;  cependant,  les  anciens  ne  nous  donnent  à  ce 
sujet  aucun  renseignement31.  Ce  qui  paraît  avoir  surtout 
attiré  leur  attention,  c’est  sa  force  attractive  d’ailleurs 
très  exagérée  dans  certains  récits,  comme  ceux  relatifs  à 
ces  montagnes  d’aimant,  situées  près  de  l’Indus,  dont  on 
ne  pouvait  détacher  les  pieds32.  Un  architecte,  Timocha- 
rès,  avait  songé  à  utiliser  cette  propriété  dans  la  cons- 

qui  ne  veut  rien  affirmer.  —  13  Plin.  XXXVI,  141;  Diosc.  V,  145;  Orpli.  De  lap. 
408,  486  ;  Alex.  Aphrod.  Problem.  2  ;  Gcopon.  XV,  i,  32.  —  20  Lenz,  Op.  cit.  p.  77. 

—  21  Lenz,  p.  151  ;  cf.  Blümner,  p.  68,  où  est  citée  l’opinion  de  Nôggcralh,  qui 
veut  voir  dans  le  gagat  des  anciens  un  asphalte  ou  un  bitume.  —  22  Strab.  XVI, 

р.  747.  C’est  probablement  la  môme  que  celle  qui  est  appelée  iy-fuyli  par 

Nicandre,  Ther.  37  ;  cf.  Schneider,  Ad  Nicandr.  —  23  Cf.  Nôggerath  cité  par 
Blümner,  III,  p.  68,  n.  4.  —  24  Plin.  XXXVI,  126-127;  XXXIV,  147.  —  23  Theopbr. 
Lap.  41  ;  Eubul.  apud  Athcn.  III,  112  F  ;  cf.  Suidas,  s.  r.  On  lit  ^vvït.s  dans  Galien, 

XII,  p.  20 r,  nayvljTi);  chez  Dioscorido,  V,  147,  ;x7.-vr ;  chez  Alexandre  Aphrodisias, 
Problem.  2  et  Porphyre,  De  Abstin.  4,  20,  gayvriat'a  Xiîoç  dans  Achill.  Tat.  Erotic 
1, 17.-26 Plin.  XXXVI,  127  ;  Strab.  XV,  p.  703.-27  Plat.  Tim.  80  G  ;  Lucian.  Imag. 

с.  1.  Voir  coticula,  noie  3.  On  trouvo  encore  dans  Hesychius  (s.  v.). 

—  28  Lenz,  Op.  cit.  p.  21  ;  Blümner,  Op.  cit.  IV,  p.  208.  —29  piin.  /  l.  — 30pün. 

Ibid.  128.  —  31  Plin.  XXXIV,  148.  Blümner  (t.  IV,  p.  208)  suppose,  malgré 
cela,  que  la  magnétite  a  dû  être  employée  de  tout  temps  à  la  production  du  fer  et 
que  le  défaut  de  renseignements  à  ce  sujet  est  un  effet  du  hasard.  D’ailleurs, 
Galien  (XI,  p.  612)  dit  que  la  nature  de  la  magnétite  se  rapproche  de  celle  du 
fer  et  qu’on  la  trouve  dans  les  mines  do  ce  métal.  —  32  Plin.  II,  211.  Sur  l’exis¬ 
tence  de  pareilles  montagnes,  voir  Lenz,  Op.  cit.  p.  84  et  147,  où  il  fait  remar¬ 
quer  que  1  attraction  n’a  lieu  que  dans  le  voisinage  do  la  partie  magnétique  et 
qu  il  n  est  pas  difficile  de  se  détacher.  Pline  signale  dans  une  autre  montagne, 
voisine  de  la  première,  une  force  répulsive  à  l’égard  du  fer.  Cette  répulsion  a  été 
constatée  dans  certains  minéraux  (XX,  2),  et  notamment  dans  une  pierre  d’Éthiopie 
qu’il  nomme  theamedes  (XXXVI,  130).  L’action  différente  des  doux  pôles  de  l’aimant 
avait  donc  été  observée  sans  qu’on  s’en  rendît  compte  ;  cf  Lenz  n  89  et 
148.  ‘  ’  1  ’ 


LAP 


—  937  — 


LA  K 


truction  d’un  temple  dédié  par  le  roi  Plolémée  à  sa  sœur 
Arsinoé  ;  grâce  à  l’attraction  exercée  par  l’aimant,  la  statue 
en  fer  de  la  princesse  devait  paraître  suspendue  dans 
l’air.  La  double  mort  de  l’architecte  et  du  roi  empêcha  de 
tenter  l’exécution  de  ce  projet  irréalisable1. 

Les  anciens  fabriquaient  divers  objets  d’ornement  avec 
cette  pierre  que  Théophraste  range  parmi  celles  qui  se 
prêtaient  au  travail  du  tour2.  Elle  entrait  aussi  dans  la 
composition  de  médicaments  ophtalmiques  ;  calcinée  et 
pulvérisée,  elle  passait  pour  cicatriser  les  brûlures  3. 
Enfin,  on  la  fondait  avec  le  verre,  probablement  pour  lui 
donner  une  teinte  sombre4,  et  l’on  en  faisait  la  fausse 
hématite5. 

Ostracias,  ostracitis ,  ostracites  (o<rTpaxiTr,ç  Xi'ôoç).  — 
Pline  désigne,  par  les  termes  ostracias  et  ostracitis ,  une 
pierre  d’une  extrême  dureté  semblable  à  l’agate,  dont 
les  fragments  servaient  pour  la  gravure  des  pierres  fines 
[gemmae]  ;  d  est  question  encore  chez  Dtoscoi  ide  et  chez 
lui  d’une  autre  pierre  qu’ils  appellent  ostracites  (ocrrpaxt- 
tï,;  6);  celle-ci  ressemblait  à  une  coquille  de  mollus¬ 
que;  elle  est  décrite  comme  feuilletée  et  facile  à  diviser  7  ; 
cette  description  l’a  fait  identifier  avec  l’os  de  seiche8.  On 
s’en  servait  en  guise  de  pierre  ponce  pour  l’épilation. 

Pyrites  (TrupiT7)ç  XtOoç),  pyrite.  —  Ce  mot  ne  désigne 
pas  toujours  le  même  corps  ;  on  l’a  appliqué  facilement  à 


toutes  les  pierres  dures  au  moyen  desquelles  on  pouvait 
faire  jaillir  des  étincelles  en  les  frappant  avec  un  morceau 
de  fer  [igniaria].  La  pyrite  qui  est  décrite,  dans  Diosco- 
ride9  et  dans  Pline10,  comme  une  pierre  couleur  de 
laiton  donnant  facilement  des  étincelles,  est  regardée 
avec  vraisemblance  comme  une  pyrite  de  fer  ;  de  même 
la  pyrite  vive  (vivus)li,  cette  pierre  lourde  nécessaire  aux 
exploratores  des  armées.  La  pyrite  poreuse  ( spongeo - 
sior ) 12  paraît  être  du  quartz  poreux. 

Siphnius  lapis  13-,  pierre  ollaire.  —  Il  y  avait  dans  l’ile 
de  Siphnos  une  pierre  dont  on  faisait  des  vases  de  cuisine 
et  des  ustensiles  de  table  parce  qu’elle  pouvait  se  creuser 
facilement  et  se  prêtait  au  travail  du  tour14.  Cette  pierre, 
dont  on  ne  nous  dit  pas  la  couleur,  était  tendre,  mais, 
arrosée  d’huile  et  chauffée,  elle  devenait  dure  et  noire.  Du 
côté  de  Côme,  en  Italie,  on  en  avait  trouvé  une  de  couleur 


verte  qui  pouvait  se  traiter  de  la  même  manière.  On  a 
découvert  à  Ithaque  des  fragments  de  flûtes  en  pierre 
ollaire 15 *. 

Thracius  lapis  lc(0pxxixçXi9os17),  pierre  de  Thrace,  char¬ 
bon  de  terre,  houille.  —  Dans  diverses  mines  de  Thrace  ou 
du  voisinage  de  la  Thrace  du  côté  de  la  Macédoine,  on 
trouvait  des  pierres  fragiles  qui  s’enflammaient  plus  ou 
moins  facilement  et  brûlaient  comme  des  charbons,  en 
répandant  une  odeur  désagréable.  Théophraste18  cite  des 
mines,  situées  près  d’une  localité  qu’il  appelle  Binae 
(Bivai),  d’où  l’on  en  extrayait  deux  espèces,  l’une  qui  avait 
besoin  de  charbons  pour  s’enflammer  et  dont  l’ignition 
ne  se  maintenait  pas  sans  qu’on  soufflât; l’autre,  appelée 
ffTCÏvoç,  brisée  et  mise  en  tas,  s’enflammait  spontané¬ 
ment,  surtout  lorsqu’elle  était  humectée19.  On  avait 
encore  rencontré  des  pierres  de  ce  genre  en  Elide 20  du 
côté  d’Ülympie,  en  Ligurie  et  en  Sicile21.  Une  autre  sorte 
semblable  à  du  bois  pourri,  trouvée  à  Skaptè  Hylé,  brû¬ 
lait  comme  une  mèche  quand  on  l’imbibait  d’huile,  mais 
sans  éprouver  aucune  altération22.  L’usage  de  ce  charbon 
de  terre  ne  parait  pas  avoir  été  très  répandu;  cependant 
Théophraste  fait  mention  de  son  emploi  par  les  ouvriers 
qui  travaillaient  les  métaux  (/aXxstç)  2\  Alfred  Jacob. 

LAQUEAR,  LAQUEARIUS  [lacunar]. 

LARA,  LARUADA  [lares,  acca  larentia]. 

LARARIUM  [lares,  larophorumj. 

LARENTALIA,  LARENTUYALI A  [lares]. 

LARES.  —  La  religion  des  dieux  Lares,  qui  compte 
parmi  les  plus  anciennes  des  peuples  de  l’Italie  latine,  fait 
partie  du  groupe  très  important  des  cultes  domestiques 
où  figurent,  avec  Vesta  et  Vulcain  *,  les  Pénates,  les 
Mânes  et  les  Génies  ;  on  la  rencontre  dès  les  débuts  de 
l’histoire,  chez  les  Latins,  les  Sabins  et  les  Étrusques  2. 
Si  les  pratiques  qui  la  distinguent  sont  rattachées  de  pré¬ 
férence  à  la  nation  sabine,  le  nom  même  de  Lar  est  rap¬ 
porté  à  la  langue  de  l’Étrurie  3 .  Il  y  signifiait  chef  ou 
prince  et  correspondait  à  àva;  des  Grecs  ;  les  historiens 
le  donnent  à  Porsenna  et  à  Tolumnius,  rois  et  guerriers; 
à  Rome  même,  on  cite  un  consul  des  commencements  de 
la  République  avec  le  coynomen  de  Lar  4.  Pour  en  déter¬ 
miner  la  signification  religieuse  qui  importe  seule  ici,  il 


1  Plin.  XX  IV,  148.  Suidas  (s.  v.  pay/ijii;)  croit  qu’une  statue  de  ce  genre  a 
existé  dans  le  temple  de  Sérapis  ;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  119.  —  2  Thcophr.  Lap.  41; 
cf.  Blümner,  t.  III,  p.  278,  qui  cite  Tôlkcn,  Verzcichniss  der  vertieft  geschnittenen 

Steine  der  Kônigl.  preuss.  Gemmensammlung,  p.  10,  n°  0;  p.  12,11°  4;  p.  22, 
n°  82,  et  Krausc,  Pyrgoteles  oder  die  edeln  Steine  der  Alten,  p.  124  sq.  — 

3  Plin.  XXXVI,  130.  —  4  pii„.  XXXIV,  148,  et  XXXVI,  192;  cf.  Lenz,  Op.  cit. 

p.  150;  Blümner,  t.  IV,  p.  389.  —  ô  Diosc.  V,  147;  Gai.  XII,  p.  204.  -  6  Plin. 

XXXV  U,  177.  —  7  Plin.  XXXVI,  139;  Diosc.  V,  104.  —  8  Lenz,  Op.  cit.  p.  79  cl 

l  'I.  Il  est  douteux  que  dans  le  premier  de  nos  passages  de  Pline  il  s’agisse  de  la 

même  substance  ;  cf.  Blümner,  III,  p.  290  ;  Krausc,  Pyrgoteles,  p.  229. 

0  Diosc.  V,  142.  Seulement,  lorsqu'il  ajoute  quelle  est  de  celles  dont  on  fait  le 

laiton  (nés),  il  commet  une  erreur;  les  pyrites  employées  dans  la  fabrication  du 

laiton  ne  sauraient  être  ni  des  pyrites  de  fer,  ni  des  pyrites  cuivreuses  ;  cf.  Lenz, 

p.  77.  Voir  plus  haut  Cadmca ,  p.  735.  «  Le  cuivre  pyriteux  ressemble  beaucoup 

au  bisulfure  de  fer  (pyrite);  on  l'en  distingue  cependant  parce  que  sa  teinte  est 

P  us  verdâtre,  parce  qu’il  se  laisse  entamer  par  le  couteau  et  qu’il  fait  difficilement 
eu  au  briquet.  »  Pclouze  et  Frémy,  Traité  de  chimie,  III,  p.  1005.  —  10  Plin. 

XXXVI,  137;  cf.  Lenz,  p.  150.  —  U  Plin.  Ibid.  138;  Lenz,  Ibid.  —  12  Plin.  Ibid. 
7,  Lenz,  Ibid.  La  description  dos  pyrites  de  Chypre,  qui  sont,  l'une  couleur 
argent  (cuivre  gris,  sulfure,  double  d'arsenic,  d'antimoine  et  de  cuivre,  renfermant 

que  quefois  de  1  argent  en  quantité  exploitable  ;  cf.  Pelouze  et  Frémy,  Op.  cit.  III, 

p.  05-),  1  autre  couleur  d'or  (celle-ci  peut  être  la  pyrite  de  fer,  la  pyrite  de  cuivre 

aille!!  CUr  Panac^  i  ®f.  Lenz,  p.  150;  Pelouze  cl  Frémy,  III,  1000),  la  mention 
cuis  (  lin.  XXXIV,  135)  d’une  pyrite  qui,  calcinée,  se  changeait  en  terre  rouge 

159  *  ,Ca|’ monlrenl  quelle  confusion  régnait  dans  ce  domaine.  —  13  Plin.  XXXVI, 

gris  "  ^eoPhr’  Lap.  42.  Selon  Lcuz  (Op.  cit.  p.  152),  c’est  la  pierre  ollaire 

var'éliT  *’llnc*t,a'emeu*;  composée  de  talc  (silicate  de  magnésie  hydraté);  c’est  une 

XXXIII  f°,S01Pcnllne'  15  Scliliemann,  Mycènes  (trad.  franc.),  p.  147.  —  16  Plin. 

,  4.  17  Diosc.  V,  14G.  —  18  Thcophr.  Lap.  12.  —  19  Ibid.  13  ;  cf.  Aristot. 


Mirab.  ausc.  c.  41.  Il  s'agit  évidemment  de  houille  pyrileuse;  cf.  Lenz,  Op.  cit. 
p.  18;  Pelouze  et  Frémy,  Chimie,  I,  p.  762.  Dioscoride  et  Pline  ajoutent  ce  détail 
que  ces  pierres  s’éteignaient  avec  de  l’huile,  propriété  peu  croyable  signalée  aussi 
pour  la  pierre  appelée  gagates.  —  20  Theophr.  Lap.  16.  —  21  Ibid.  15.  —  22  Ibid. 
17.  Lenz  (p.  19)  fait  observer  que  le  même  phénomène  se  produit  avec  le  Llack 
xvad  (composé  de  manganèse).  —  23  Ibid.  16.  —  Bibliographie.  Outre  les  ouvrages 
qui  ont  été  cités,  on  peut  consulter  :  Clarac,  Musée  de  sculpture,  t.  I  ;  P.  Carpi, 
Ilelazzione  dell’  accesso  fatto  ail'  isola  del  Giglio,  1828  ;  Conze,  Reise  auf  der 
lnseln  des  Thrakisch.  Meeres  ;  Bl.  Caryophilus,  De  antiquis  marmoribus,  Dtrccht, 
1743;  Bclli,  Catalogo  delle  collezione  di  pietre  usitate  degli  antichi  per  cos - 
truire  edornare  le  loro  fabbriche,  Rome,  1842;  Otlf.  Müller,  Handbuch  d.  Archéo¬ 
logie  d.  Kunst,  §§  2G8  et  309  ;  Fcrber,  Lettres  minéralogiques  sur  l'Italie,  trad. 
française,  Strasbourg,  1776  ;  Hermann-Blümner,  Griech.  Prirataltertliümer,  3°  édit. 
1882,  p.  8  ;  Mongcz,  Dictionnaire  d' Antiquités  de  l’Encyclopédie  méthodique, 
Paris,  178G-1794;  R.  Lepsius,  Géologie  v.  Attika,  Berlin,  1893;  Platner,  Beschrei- 
bung  der  Stadt  Rom-,  De  Rozière,  Description  de  l'Égypte,  Paris,  1821,  t.  111; 
v.  Remnont,  Geschichte  der  Stadt  Rom,  Berlin,  1867  ;  Id.  Rom.  Briefe,  Leipz. 
1840,  t.  I;  Winckelmann,  Geschichte  der  Kunst  ( Werke ,  t.  III,  V  et  IX). 

LARES,  t  Vulcain  est  relativement  rare  et  probablement  d’intrusion  tardive;  voir 
l’inscription  :  vulcano  lauibus  sacrum  chez  Eckhel,  Doctr.  num.  V,  p.  157,  et 
Helbig,  'Wandgcmaelde,  n°  64,  où  Vulcain  est  représenté  avec  les  Lares  dans  une 
cuisine.  —  2  Varr.  Ling.  lat.  V,  10,  74  ;  sur  le  culte  des  esprits  de  la  maison  chez 
les  Étrusques,  cf.  Arnob.  11,  G2  ;  Scrv.  Aen.  III,  168  ;  Müllcr-Deccke,  Etrusker,  I . 
462;  Ibid.  367,  405,  408;  II,  p.  90;  cf.  Schoemann,  Opusc.  acadtm.  I,(p.  360 

_  3  Val.  Max.  De  nomin.  et  praen.  10  ;  cf.  Charis.  I,  110  ;  Prise.  V,  645. 

_  4Tit.  Liv.  II,  9;  IV,  17;  Plut.  Poplic.  16;  Dion.  liai.  Ant.rom.V,  21.  Pour Zar 

Herminius  consul,  voir  T. -Liv.  III,  65;  Dion.  liai.  XI,  51  ;  Diod.  XII,  27.  Arnobe, 
III,  p.  124,  a  une  autre  étymologie,  rattachant  à  7.aùça=:  chemin.  Zocga,  Abhandl 
p.  327,  et  Schoemann,  Loc.  cil.  p.  362,  rapprochent  le  nom  de  Larisa  =  Urbs. 


LAR 


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LAR 


convient  de  s’affranchir  des  interprétations  dont  la 
notion  de  Lare  a  été  l’objet  sous  l'influence  de  l’hellé¬ 
nisme  ;  pour  cela,  il  suffit  de  raconter  l’origine  du  culte 
des  Lares  et  son  évolution,  en  suivant  autant  que  possible 
l’ordre  chronologique  des  témoignages  et  des  faits. 

I.  Origine  et  signification.  —  11  est  vraisemblable  que 
le  document  le  plus  ancien  où  leur  nom  figure  estlc  chant 
des  Frères  Anales;  nous  l’y  rencontrons  sous  la  forme 
Lases  qui  paraît  en  accentuer  le  caractère  étrusque  et  qui 
nous  est  garanti  par  d’autres  textes  encore1.  Ce  chant, 
qui,  d’après  l’interprétation  commune  qu’il  n’y  a  pas  lieu 
d’abandonner  2,  est  une  prière  pour  la  prospérité  des 
récoltes  au  début  du  printemps,  s’ouvre  par  l’invocation  : 
E  nos  Lases  juvate\  ces  divinités  y  jouent,  avec  Mars  et 
les  Semones ,  le  rôle  de  protecteurs  des  laboureurs,  dont 
elles  préservent  le  travail  contre  les  fléaux.  Elles  ont  la 
même  signification  aux  yeux  du  vieux  Caton  ;  dans  le 
traité  de  l’Agriculture  3,  il  recommande  à  la  fermière 
.d’orner  le  foyer  de  couronnes,  aux  Calendes,  aux  Ides, 
aux  Nones,  aux  jours  de  fêtes,  et  d’adresser,  ces  mêmes 
jours,  des  prières  au  Lare  Familier  pour  que  la  récolte 
soit  abondante.  Ailleurs,  il  avertit  le  père  de  famille  qui 
vient  à  sa  villa,  de  saluer  avant  toute  chose  le  Lare  Fami¬ 
lier  et  de  ne  faire  le  tour  de  sa  propriété  qu’après  s’être 
acquitté  de  ce  devoir.  A  peu  près  dans  le  même  temps, 
nous  voyons  Plaute  faire  une  place  importante  à  la  reli¬ 
gion  des  Lares  dans  sa  comédie  où  se  traduit  avec  tant  de 
fidélité  l’opinion  populaire.  Dans  YAululaire \  le  Lare  de 
la  maison  d’Euclion  prononce  le  prologue  et  définit  pour 
les  spectateurs  ce  qu’est  son  action  divine:  depuis  plu¬ 
sieurs  générations,  il  s’est  constitué  le  gardien  de  la 
famille  ;  c’est  lui  qui  a  reçu  en  dépôt  un  trésor  et  qui  le 
tient  caché  jusqu’au  jour  où  la  piété  de  l’un  des  habitants 
le  décidera  à  en  révéler  l’existence.  Parce  que  la  fille 
d’Euclion  lui  offre  régulièrement  de  l’encens,  du  vin  et 
d’autres  dons,  il  va  s’employer  à  son  bonheur  ;  le  père 
lui-même,  d’abord  négligent  à  l’égard  du  dieu,  vadéposer, 
une  fois  le  mariage  de  sa  fille  décidé,  ces  mêmes  offrandes 
sur  le  foyer  pour  que  l’union  soit  heureuse.  De  même 
ailleurs,  le  mari  invite  sa  femme  à  vénérer  le  Lare  et  à 
l’orner  de  guirlandes  pour  que  dans  la  maison  tout 
tourne  à  bien;  nous  voyons  des  personnages,  tantôt 
saluer  les  Lares  avant  d’entreprendre  un  voyage, 
tantôt  leur  rendre  grâces  pour  quelque  faveur  reçue 
et  les  invoquer  de  concert  avec  les  Pénates  en  décer¬ 
nant  au  Lare  unique  le  titre  de  familiae  Pater.  Le  vers 
d’un  vieux  poète,  qui  est  peut-être  Ennius,  résume  le  rôle 
des  Lares  Familiers  dans  la  maison  romaine  aux  beaux 
temps  de  la  République  par  cet  hommage  :  Vous  qui  avez 
le  souci  profond  de  tout  ce  qui  touche  la  maison 

1  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2104  a,  32  sq.,  dans  les  Actes  de  l’an  218  ap.  J.-C. 
On  a  rapproché  la  forme  Lases  d  une  divinité  étrusque  du  nom  de  Lasa,  identique 
à  Aphrodite  (Corssen,  Aussprach.  und  Vocal.  II,  309,  et  Spraclie  der  Etruslcer,  I, 
p.  24G).  Pour  Lases,  voir  Varr.  Ling.  lat.  VI,  1,3;  Paul.  Diac.  p.  2G4  ;  Quint.  Inst.  I, 
4,  13  ;  Tercnt.  Scaur.  VII,  13,  14  ;  Placid.  51,  15.  —  2  11  nous  est  impossible  d’ac¬ 
cepter  l’interprétation  nouvelle  tentée  par  M.  Edon,  Restitution  et  nouvelle  inter¬ 
prétation,  etc.  Paris,  1882  ;  et  nousnous  en  tenons  à  celle  de  Mommsen,  Corp.  inscr. 
lat.  I,  p.  9  ;  Teuffel,  Roem.  Lilter.  Gescli.  g  65,  et  Marquardt,  Staatsverwalt.  III, 
p.  457  sq.  —  3  Cat.  De  re  rust.  2,  1;  143,  2.  —  4  Plaut.  Aulul.  Prol.  et  II,  7, 
16;  cf.  Trin.  1,2,  1  ;  Mer  cat.  V,  1,  5  ;  Mil.  glor.  IV,  8,  29;  Rud.  V,  1,  17. 
—  5  Enn.  Annal,  fragm.  (Bachrcns),  311  ;  cf.  Ibid.  78,  citant  Varr.  De  ling.  lat. 
v,  74.  —  G  Dion.  Hal.  Ant.  rom.  IV,  2,  34  ;  Ovid.  Fast.  V,  G35  ;  Plut.  Fort.  Rom. 
10  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXXVI,  27  ;  pour  l'interprétation,  voir  Schwegler,  Roem.  Gesch. 
,  68  ;  430;  surtout  714  suiv.  et  703.  —  1  Serv.  Aen.  VII,  678  ;  Scliol.  Vcron.  Acn. 
VU,  681;  Solin.  II,  9;  cf.  Herlzberg,  De  diis  Roman,  patriis,  p.  27,  et  Klauscn, 
‘  Aeneas  und  die  Penaten,  II,  757  suiv.  —  »  Voir  genius,  II,  2,  p.  1488  sq. 


(  Vosque  Lares  tectum  nostrum  qui  funditus  curant  !5) 

Ces  témoignages  de  la  piété  populaire  dans  la  plus 
ancienne  littérature  des  Romains  sont  en  harmonie  avec 
les  légendes  primitives.  Celle  qui  a  embelli  les  origines 
du  roi  Servius  Tullius,  considéré  comme  le  fondateur  du 
culte  public  des  Lares,  veut  qu’il  ait  été  conçu  par  sa 
mère  Ocrisia,  tandis  qu’elle  offrait  un  sacrifice  devant  le 
foyer  de  la  Regia*.  Le  foyer  est  le  symbole  de  la  famille, 
celui  de  l’habitation  permanente  qui  succède  à  la  vie 
nomade  ;  rien  de  plus  naturel  que  de  considérer  l’auteur 
d’une  race,  le  fondateur  d’une  nationalité,  comme  issu  de 
la  flamme  qui  s’allume  au  foyer.  On  racontait  la  même 
chose  de  Caeculus,le  fondateur  de  Préneste  et,  plus  tard, 
sans  doute  par  imitation  littéraire,  de  Romulus  '.  A  ce 
point  de  vue,  le  Lar  est  identique  au  Genius  generis,  et 
il  en  précise  la  notion  en  la  matérialisant.  Le  Genius  est 
la  force  cachée  qui  engendre;  le  Lare  sera  la  divinité  tou¬ 
jours  présente  qui  protège  et  conserve  8.  Si  le  roi  Servius 
est  le  fils  du  Lare  dont  la  divinité  brille  dans  la  flamme 
sur  l’autel  domestique  de  la  Regia ,  c’est  qu’il  est  devenu 
devant  l’opinion  le  restaurateur,  et  par  là  même  le  con¬ 
servateur  de  la  puissance  romaine  à  travers  les  âges.  Les 
Grecs  avaient  des  légendes  analogues,  quoique  d’un 
caractère  plus  subtil.  Ainsi  Démarate,  roi  de  Lacédé¬ 
mone,  était  considéré  comme  le  fils  du  daetnon  familier 
Astrabakus  A  côté  de  la  légende  de  Servius  Tullius, 
il  faut  placer  celle  de  la  Gens  Valeria  ou  Valesia,  à 
laquelle  on  rattachait  l’origine  des  Jeux  séculaires10. 
C’est  en  priant  les  Lares  du  foyer  que  le  père  de  famille 
obtient  la  révélation  des  remèdes  qui  rendront  la  santé  à 
scs  enfants.  Enfin  Attus  Navius,  l’augure  célèbre,  lorsque 
enfant  encore  il  a  perdu  le  troupeau  dont  son  père  lui 
avait  confié  la  garde,  supplie  les  Lares,  dans  la  chapelle 
qu’ils  possèdent  au  fond  du  vignoble  de  la  Sabine,  de 
venir  à  son  aide,  ses  offrandes  les  décident  à  lui  rendre 
le  bétail  perdu  et  à  lui  enseigner  la  science  augurale11. 
Rapprochées  des  hommages  dont  les  Lares  sont  l’objet 
dans  la  Comédie,  image  de  la  vie,  ces  fables  s’accordent 
pour  nous  présenter  les  Lares  comme  les  dieux  qui 
président  à  l’existence  familiale,  qui  veillent  sur  la  pros¬ 
périté  et  sur  la  santé  des  hommes  groupés  sous  leur 
regard  autour  du  foyer. 

Cependant,  tous  ces  témoignages  sont  muets  sur  l’ori¬ 
gine  généalogique  des  Lares  ;  il  ne  semble  pas  que  la 
piété  primitive  s’en  soit  préoccupée;  un  document  posté¬ 
rieur,  mais  que  l’on  peut  avec  vraisemblance  ramener  au 
point  de  départ  du  culte,  parle  d’un  sacrifice  offert  à  la 
mère  des  Lares,  qui  n’y  est  pas  autrement  désignée  12.  Ce 
sacrifice  consistant  en  deux  béliers  est  offert  par  les  Frères 
Arvales;  des  légendes,  dont  plusieurs  n’ont  guère  que  la 

—  9  Ilcrod.  VI,  69.  Herlzberg,  loc.  cit.  36,  et,  à  sa  suite,  Sclnvegler,  loc.  cit. 
715  sq.,  ont  commis  l’erreur  de  faire  entre  les  héros  des  Grecs  et  ces  conceptions 
romaines  une  assimilation  complète  ;  il  n’est  pas  exact  que  Romulus  et  Remus 
apres  leur  mort  aient  jamais  été  élevés  au  rang  de  Lares  Regiae  domeslici,  l/rbis 
publici.  Qu’une  telle  idée  ait  haute  sur  le  tard  l'esprit  des  archéologues  hellénisants, 
rien  de  plus  plausible;  mais  jamais,  avant  l’Empire,  elle  n’a  eu  prise  sur  l’opinion 
populaire  et  clic  n'est  pas  dans  l’esprit  de  la  vieille  religion  latine.  —  10  Zosim.  Il, 
3  ;  l’histoire  est  à  placer  entre  le  règne  de  Tullius  Hostilius  et  la  fin  de  la  royauté. 
La  gens  Valeria  ou  Valesia  était  originaire  du  pays  des  Sabins  ;  cf.  Val.  Max.  2,  4, 
5,  qui  seul  nomme  les  Lares,  alors  que  Zosime  parle  de  Vcsta.  —  U  Dion.  liai. 
Ant.  rom.  111,  70,  2.  Cicéron,  De  divin.  I,  31,  met  la  chose  au  compte  d’un  dieu 
quelconque.  On  peut  rapprocher  ce  fait  que  dans  YAululaire  (6  sq.)  le  Lare  est 
'  dépositaire  du  trésor  et  que  chez  Caton  (loc.  cit.  143)  le  Lare  est  invoqué  : pro  copia. 
Rreller,  Roem.  Mythol.  p.  488,  n.  2,  rapproche  les  esprits  gardiens  de  trésors, 
dans  la  Mythologie  germanique  ;  voir  Grimm,  Deutsche  Mythol.  p.  479.  —  i-  Henzcn, 
Acta,  p.  145  :  il  s'agit  sans  doute  de  Dea  Dia. 


LAR 


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LAR 


valeur  de  subtilités  mythologiques,  ont  nommé  cette  divi¬ 
nité  ou  Lara ,  ou  Larunda ,  ou  Acca  Larentia  1  ;  la 
prosodie  seule  suffirait  à  nous  avertir  que  Larunda  et 
Larentia  n’ont  eu  avec  les  Lares  aucun  rapport  à  l’ori¬ 
gine  et  que  seule  une  ressemblance  tout  extérieure  les  a 
plus  tard  associés 1  2.  Alors  la  fête  des  Larentalia  ou 
Lurent inalia  est  absorbée  par  la  fête  propre  des  Lares; 
et  comme  elle  avait  un  caractère  funèbre,  analogue  à 
celui  des  Feralia  et  des  Parentalia ,  le  culte  des  Lares, 
tout  aussi  bien  que  l’être  propre  de  ces  dieux,  se  sont 
compliqués  d’un  élément  qui,  du  temps  de  Caton  et  de 
Plaute,  y  était  encore  totalement  étranger.  Nous  aurons  à 
montrer  comment  la  notion  des  Mânes ,  apparentée  à 
celle  des  Lares,  contribua  à  ce  résultat. 

Dès  les  débuts  de  la  question  des  Lares,  nous  nous 
heurtons  ainsi  à  des  confusions  qui  démontrent  que  l’opi¬ 
nion  religieuse,  très  nette  en  ce  qui  concerne  leur  action, 
est  peu  fixée  sur  leur  véritable  nature  3 *.  Nous  devinons 
seulement  que  les  Lares  ne  sont,  ni  des  dieux,  au  sens 
éminent  du  mot,  ni  des  hommes  divinisés,  personnifica¬ 
tions  absentes  de  la  vieille  religion  des  Latins  et  qui, 
même  chez  les  Grecs,  furent  d’introduction  relativement 
tardive  dans  la  piété  populaire.  Ils  sont  de  vagues  esprits 
qui  agissent  pour  le  salut  et  la  prospérité  des  familles, 
les  gardiens  des  hommes  et  de  ce  qui  leur  appartient, 
notamment  des  champs  d’où  les  hommes  tirent  leur  sub¬ 
sistance  \  Tibulle,  un  des  poètes  les  plus  fidèles  à  l’es¬ 
prit  des  temps  primitifs,  les  appelle  custodes  agri  ;  et 
l’auteur  anonyme  qui,  avec  les  ressources  de  la  langue  de 
Plaute,  a  écrit  la  comédie  du  Querolus ,  fait  dire  au  Lare 
d’une  maison  qu’il  est  :  custos  et  cultor  domus  eux  fuero 
adscriptus  5.  Remarquons  de  plus,  qu’en  dehors  du  Chant 
des  Frères  Arvales,  les  plus  anciens  documents  sur  le  culte 
des  Lares  nous  donnent  de  préférence  leur  divinité  au 
singulier  et  l’incarnent  dans  le  Lar  Familiarisa  père 
unique,  mais  idéal  d’une  race  :  ce  mot  en  effet  signifie, 
non  qu’il  a  procréé  matériellement  la  race  à  l’origine  en 
qualité  d’ancêtre,  mais  qu’il  est  la  raison  divine  de  son 
existence  et  de  sa  durée  6. 

Ce  Lare,  par  exception  seulement  mis  au  pluriel,  a 
l’allure  rustique  ;  nous  l’avons  signalé  avec  ces  traits 
dans  les  Actes  des  Frères  Arvales  et  dans  le  traité  de  l’Agri¬ 
culture  de  Caton.  Dans  une  inscription  archaïque  de  l’autel 
de  consus,  vieille  divinité  agricole,  il  est  en  compagnie 
de  ce  dieu  et  de  Mars  dont  la  signification  champêtre  est 
connue  '.  Malheureusement,  le  texte  de  cette  inscription 
est  corrompu  en  ce  qui  concerne  les  Lares  et  l’attribut 
spécial  de  leur  puissance  indéterminé.  La  légende  qui  a 
fait  d’eux  les  fils  d’ACCA  larentia,  identique  à  dea  dia, 


protectrice  de  la  floraison  printanière,  est,  elle  aussi,  un 
témoignage  en  faveur  de  leur  nature  champêtre8.  Un 
poète  dit  que  leurs  premières  images  étaient  taillées  dans 
une  souche  grossière  9,  tout  comme  celles  de  silvanus, 
avec  lequel  ils  ont  d’ailleurs  d’autres  ressemblances  ;  le 
même  constate  que  pour  la  première  fois  dans  les  champs 
ils  furent  l’objet  d’humbles  hommages  et  il  les  place  parmi 
le  cortège  des  divinités  rustiques  dont  il  célèbre  les  bien¬ 
faits  10.  De  son  côté,  Cicéron  11 ,  commentant  toute  une 
série  de  prescriptions  religieuses  dont  le  caractère 
archaïque  est  indéniable,  dit  qu’il  faut  honorer  les  Lares 
au  milieu  des  champs,  dans  les  bois  sacrés  dont  ils  ont 
fait  leurs  temples  :  c’est  à  la  porte  même  des  fermes,  sous 
le  regard  des  maîtres  et  des  serviteurs,  au  centre  de  l’ex¬ 
ploitation  rurale,  qu’ils  font  sentir  leur  action  divine  12. 
Des  inscriptions  plus  récentes,  mais  qui  sont  inspirées 
par  la  piété  des  anciens  temps,  leur  donnent  les  vocables 
d 'agrestes,  de  rurales ,  de  casanici.  Le  Lar  agrestis,  qui 
ressemble  à  Silvanus,  ressemble  aussi  à  Priape  et  paraît 
avoir  eu,  comme  lui,  le  phallus  pour  emblème  ;  il  est  le 
gardien  des  champs,  comme  Priape  est  celui  des  jardins, 
Silvanus  celui  des  bois,  Faunus  celui  des  pâturages13. 

La  preuve  la  plus  évidente  de  la  nature  champêtre  des 
Lares  à  l’origine  est  l’institution  d’un  culte  en  l’honneur 
des  Lares  Compilâtes.  On  peut  voir  à  l'article  compitalia  1 1 
comment  le  partage  de  Rome  en  vici,  transformé  par 
Servius  Tullius  et  subordonné  à  la  grande  division  régio¬ 
nale  [regiones],  fut  alors  sanctionné  par  ce  culte  et  devint 
l’occasion  d’une  grande  fête  mobile,  célébrée  durant  les 
jours  qui  suivent  les  Saturnales.  En  réalité,  la  religion  des 
Lares  Compitales  fut  importée  des  champs  etsimplement 
accommodée  aux  besoins  de  la  vie  urbaine15.  Avant  d’être 
des  carrefours  formés  par  l’intersection  de  deux  ou  plu¬ 
sieurs  rues,  les  compita  des  pagi ,  sous  le  régime  agri¬ 
cole,  étaient  l’emplacement  contigu  à  deux  terroirs 
voisins  :  ubi  plures  vicie  competunt  1G.  Ils  en  formaient 
les  limites,  elles-mêmes  consacrées  par  le  droit  primitif,  et 
devenaient  le  rendez-vous  forcé  des  travailleurs  '  \  Sur  ces 
emplacements,  il  était  d’usage  d’élever  des  chapelles  qui 
recevaient  les  images  des  divinités  protectrices.  Alors  que 
dans  chaque  maison  on  ne  vénérait  qu’un  seul  Lare , 
comme  le  cas  le  plus  fréquent  des  compita  ruraux  était 
celui  de  deux  chemins  se  coupant  à  angle  droit,  les  Lares 
y  formaient  une  paire,  ce  qui  fit  que  dans  la  pratique  les 
Lares  publics,  par  opposition  avec  les  Lares  privés'*,  se 
présentent  toujours,  quel  que  soit  d’ailleurs  leur  vocable 
spécial,  au  nombre  de  deux  ;  la  pluralité  de  l'idée  de 
Lares  semble  issue  de  la  vénération  des  Lares  de  carre¬ 
fours  avant  d’être  consacrée  par  leur  confusion  avec  les 


1  Yarr.  Ling.  lat.  V,  10,  74  ;  cf.  I.act.  I,  20,  35  ;  Auson.  27,  7,  9  :  Genius  domuum 
J.ai  unda  progenitus  Lar  ;  Placid.  p.  00,  25.  —  2  Voir  sur  cette  question,  Mommsen, 
noem.  i’orsch.  R,  3  sq.  et  Wissowa,  chez  Roseher,  Lexikon  d.  Alytli.,  Lares,  p.  1901. 

nez  (h  idc,  Larentalia  est  employé  avec  fi  long,  comme  Larunda  chez  Ausone  ;  Lare 
c  iez  tous  les  poètes  sans  exception.  Voir  d’autres  généalogies  des  Lares  :  chez  Ovid. 

II,  o99  ;  Yarr.  Ling.  lat.  IX,  01  ;  Arnob.  III,  p.  124,  et  articles  mânes,  mania, 
compita1. ia.  ~  3  I’0111'  les  diverses  interprétations  dont  l'ètrc  des  Lares  a  été  l’objet 
ez  les  mythologues,  voir  la  classification  et  la  discussion  très  complète  de  Wissowa, 
Ciez  Roseher,  loc.  cit.  p.  1888  suiv.  —  4  Tib.  Il,  1,  59  ;  cf.  Cicer.  Leg.  II,  8,  19  et 
cj.’  7  ’  ,  cn-  Aen.  I,  441;  III,  302.  —  B  Querol.  Prol.  ;  à  comparer  Aulul.  3; 
et  MC  *0emann’  De  dûs  Manibus,  Laribus,  etc.  dans  ses  Opusc.  Academ.  I,  p.  304; 
la  bu'Tdt’  ^  Cl'*'  I5'  *-3-  —  c  Le  singulier  est  l'habitude  aux  débuts  de 

ïet  ''ï  UFe  6  *1'llr10'  m('me  ne  désigne  alors  que  les  Lares  des  diverses  familles 
lijmnplusieurs  dans  la  même  ;  cf.  Wissowa,  Ibid.  p.  1870.  —  ^  Citée  par  Terlul- 
p  308  i  '  "  C0NSUS  CONSII-io,  mars  düeli.o,  rares  cou.LO  potentes.  Schoomann, 

Mytk'  11  ’  ’  'ou<1,’a't  corriger  :  caelo,  qui  n'est  pas  admissible  ;  Preller,  Roem.. 

fond  sur  i*  '’  "  *)10l’ose  compito ,  qui  est  satisfaisant.  La  correction  caelo  se 

6  l*assaSe  de  larron,  cité  par  saint  Augustin,  Civ.  Dei,  VII,  0,  où  les 


Lares  sont  placés  dans  le  ciel  avec  les  Génies;  cf.  Mart.  Cap_.  I,  48,  où  le  Lare 
est  appelé  caelestis.  —  8  Acca  larentia,  I,  1,  p.  15,  et  dea  dia,  II,  1,  p.  28; 
cf.  Prcuner,  Hestia-Vesta,  p.  407.  —  9  Tib.  I,  10,  17  :  prisco...  e  stipite  fados. 

—  10 Silvanus  est  appelé  Lar  Agrestis  dans  une  inscription  chez  Orelli,  1004;  voiries 
Indices  du  Corpus  au  mot  Silvanus  et  la  dissertation  de  Rcifferscheid  sur  ce  dieu, 
Annali  dell’  Instit.  Arch.  1800,  p.  217  suiv.  [silvanus],  —  U  Leg.  Il,  1,  59  suiv. 

—  12  Cic.  Leg.  II,  8,  19  ;  11,  27,  et  Rcp.  V,  5,  7.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  VI,  046  ; 
975  •  IX  725  ;  cf.  avec  2100.  Voir  Herculcs-Silvanus  faisant  vis-à-vis  au  Lar  Agrestis 
identifié  avec  Priape,  chez  Winekelmann,  Monum.  inédit.  n°  07.  Pour  les  res¬ 
semblances  du  Lare  champêtre  avec  Faunus  et  Priape,  voir  Premier,  Op.  cit.  p.  411. 
Le  même  auteur  croit  que  Mutunus  Tutunus,  divinité  priapique,  n'est  qu'une 
indigitatio  du  Lar  Familiaris.  —  H  I,  2,  p.  1428  suiv.  —  13  Voir  Wissowa, 
loc.  cit.,  art.  Lares,  p.  1874.  —  10  Varr.  Ling.  lat.  VI,  25  ;  Isid.  Orig.  XV,  2,  15  ; 
Philarg.  Virg.  Georg.  II,  382,  et  Scliol.  Pers.  IV,  28;  cf.  l'article  compitum,  I,  2, 
p  1429,  et  les  inscriptions  relatives  à  la  création  ou  à  la  consécration  de  compita  . 
Corp.  inscr.  lat.  V,  3257,  7739  ;  Inscr.  Regni  Neapolit.  1504;  cf.  Corp.  inscr.  lat- 
]  1 305.  —  11  Cf.  Mommsen,  Roem.  Staatsreclit,  III,  p.  MO,  n.  5,  et  Marquardt, 
Staatsverwalt.,W,  p.  201.  -  18  Plin.  Hist.  nat.  XXI,  3,  8. 


LAR 


—  940  — 


LAR 


Pénates.  Des  textes  nombreux  en  témoignent.  Cicéron 
oppose  les  délabra  des  villes  aux  sanctuaires  agrestes  des 
Lares,  aedes  Larum,  entourés  de  bois  sacrés;  ces  cha¬ 
pelles,  placées  aux  carrefours  et  appelées  carrefours  elles- 
mêmes,  formaient  des  passages  ( pertusa  compila),  sem¬ 
blables  à  des  tours,  dit  un  commentateur,  où  l’on  installait 
les  images  des  Lares1.  Là,  une  fois  les  travaux  terminés, 
à  l’entrée  de  l'hiver,  les  paysans,  pour  purifier  les  champs,  . 
immolaient  des  porcs  engraissés2;  là,  en  guise  d’offrande 
symbolique,  ils  déposaient  des  jougs  brisés  pour  rappeler 
la  tâche  heureusement  accomplie3.  Limités  d’abord  dans 
Rome  même  aux  habitants  des  pagi  ( pagani )  en  dehors 
du  Septimontium  où  habitaient  les  montani,  les  compila 
et  le  culte  dont  ils  étaient  l’objet  furent  adaptés  à  la 
nouvelle  organisation  urbaine  par  Servius  Tullius  *. 

Et  ce  n’est  pas  au  hasard  que  la  légende  reporte  à  ce 
roi  l’honneur  de  cette  institution  :  c’est  parce  que,  sorti 
de  la  condition  servile,  il  incarne  devant  l'opinion  la 
classe  des  travailleurs  obscurs6.  Une  des  particularités 
du  culte  des  Lares,  c’est  que  les  esclaves  y  prennent  une 
part  prépondérante  ;  il  est  même  le  seul  qui  les  ait  pour 
ministres  quelquefois,  comme  participants  toujours,  en 
souvenir  des  temps  où  ils  n’étaient  encore  que  les  auxi¬ 
liaires  de  l’agriculture  :  la  fermière  orne  de  guirlandes 
l’autel  du  Lare  et  le  fermier  remplit,  pour  les  vénérer, 
un  rôle  qui,  dans  toute  autre  manifestation  semblable, 
resterait  dévolu  au  père  de  famille0.  Ajoutons  que  le 
soin  de  célébrer  les  Compitalia  incombait  surtout  aux 
esclaves,  qu’à  cette  occasion  ils  étaient  dispensés  de  tout 
travail  et  recevaient  une  ration  supplémentaire  de  vin  7. 
L’origine  et  le  caractère  champêtres  de  la  religion  des 
Lares  est  donc  indubitable  ;  même  à  l’époque  d’Auguste, 
alors  que  la  politique  et  la  philosophie  y  ont  introduit 
des  idées  et  des  pratiques  inconnues  aux  beaux  temps  de 
la  République,  c’est  dans  les  milieux  rustiques  qu’il  faut 
chercher  son  expression  véritable.  Il  suffira  de  citer 
Horace  8  :  aux  yeux  de  ce  poète,  le  Lare  est  le  bon  esprit 
qui  préside  aux  repas  sans  apprêts,  aux  divertissements 
simples  qui  lui  rendent  chère  sa  ferme  des  Sabins  ;  ce 
qui  surabonde  dans  l’être  du  Lare,  c’est  l’idée  de  gardien 
des  hommes  et  de  tout  ce  qui  assure  leur  bien-être  :  nous 
retrouverons  ce  caractère  en  racontant  les  pratiques  des¬ 
tinées  à  l’honorer  etles  offrandes  qui  concilient  sa  faveur. 

Cependant,  de  très  bonne  heure  chez  les  anciens  et, 
avec  une  persistance  assez  surprenante  chez  les  histo- 

l  Cic.  Leg.  II,  19  et  27  ;  Virg.  Georg.  II,  Pers.  382  ;  IV,  82,  avec  le 
scholiaste  et  la  note  de  l'édition  Jalin  ;  Grat.  Falisc.  Cyn.  483  ;  Corp.  inscr.  lat.  IX, 
1618.  Il  est  probable  que  sous  la  royauté  ces  sanctuaires  des  Lares  étaient, 
dans  le  monde  Latin,  les  seuls  édifices  religieux.  —  2  Prop.  \oir  1,  23  : 
parva  saginati  lustrabant  compita  porci  :  cf.  Hor.  Sat.  Il,  3,  164;  Od. 
111,  23,  4.  _  3  Schol.  Pers.  IV,  28,  avec  les  commentateurs.  —  4  V.  Mom¬ 

msen,  lioem.  Slaatsreclit,  III,  p.  113  suiv.  avec  les  notes.  La  distinction, 
toute  primitive,  subsiste  encore  au  temps  de  Cicéron  :  De  dom.  XXVIII,  74; 
Depetend.  consul.  VIII,  30  ;  et  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  2105,  et  I,  p.  205.  —  5  Dion, 
liai.  IV,  14;  Plin.  Bist.  nat.  XXXVI,  204;  Macrob.  I,  7,  34.  Pour  l'identité 
des  Compitalia  et  des  Laralia,  Festus,  p.  253,  et  Mommsen,  Corp.  inscr.  lat.  p.  393. 
—  G  Scbwegler,  Op.  cit.  p.  716.  —  7  Cat.  de  Agric.  5,  4;  Dion.  liai. 
Ant.  Dom.  IV,  1 4,  35  et  1  ;  Dio.  Cass.  LV,  8  ;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  I,  602  et  ailleurs  ; 
Marini,  chez  Visconti,  Mus.  Pio.  Clementi .  IV,  p.  304  ;  cf.  Cat.  Op.  cit.  57  ;  cf. 
Virg.  Catal.  V,  27  :  Uncta  Compitalia-,  Colum.  XI,  1,  19.  —  8  Sat.  II,  C, 
05  ;  5,  12.  —  9  Telle  est  l’opinion,  pour  ne  citer  que  les  auteurs  les  plus  considé¬ 
rables,  de  Hartung,  Religion  der  Doemer ,  I,  p.  56  suiv.  et  passim  ;  Preller,  Roem , 
Mythol.  p.  486  suiv.  et  Real  Encyclopaedie ,  IV,  p.  772b;  Marquardt,  Staatsverwalt., 
III,  p.  123;  Scbwegler,  Roem.  Gesch .,  etc.  p.  715  suiv.;  Ilertzberg,  De  diis 
Roman,  patriis,  p.  36  suiv.  ;  Sclioemann,  Op.  cit.  p.  359  et  suiv.  ;  Fustel  de 
Coulanges,  La  Cité  antique ,  p.  20  ;  Rliode,  Psyché,  p.  232.  Ils  ont  été  réfutés  par 
Wissowa,  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  1688  suiv.,  qui  se  réfère  en  partie  à  Jordan, 
Vesta  und  die  Laren,  Berlin,  1865,  et  se  rattache  à  Premier,  Heslia  Vesta ,  où  le 
culte  des  Lares  est  surtout  envisagé  comme  l’expression  de  la  religion  du  foyer, 


riens  modernes  de  la  religion  romaine,  on  a  voulu  voir 
dans  le  Lare  unique  de  chaque  foyer  et  dans  les  Lares  en 
général  des  ancêtres  déifiés  devenus  les  protecteurs  de 
leur  race.  Nous  croyons  qu’il  y  a  là  une  erreur;  elle  date 
des  temps  de  Cicéron  et  de  Yarron  et  l’hellénisme  reli¬ 
gieux  en  a  fait  tous  les  frais9;  elle  n’a  pas  plus  de 
valeur  au  fond  que  celle  qui  les  faisait  identifier  par 
Nigidius  Figulus  avec  les  Curètes,  les  Corybanles  et  les 
Dactyles  du  mont  Ida.  Cicéron,  qui  n’a  jamais  nommé  en 
latin  le  Genius ,  a  traduit  Lares  par  Satgovsç,  sans  être  bien 
sûr  d’ailleurs  de  l’exaclitude  de  sa  traduction10.  Yarron 
les  confondait  avec  les  Mânes  en  leur  donnant  Mania 
pour  mère  :  ailleurs,  il  les  appelait  esprits  divins  ou 
héros  ;  ailleurs  encore,  il  les  assimilait  aux  Larvae  eL  les 
logeait,  avec  les  Génies,  dans  les  espaces  célestes,  entre 
les  nuages  et  la  voûte  éthérée;  l’assimilation  avec  les 
héros  grecs  est  celle  qui,  à  partir  de  cette  époque,  devient 
de  plus  en  plus  fréquente11.  Si  l’on  veut  se  rendre 
compte  comment  la  notion  mal  comprise  des  Lares  fut, 
par  les  milieux  instruits  de  Rome,  introduite  dans  le 
cercle  des  idées  générales  d’où  sont  issus  les  Daemons 
des  Grecs,  puis  confondue  avec  celles  des  Pénates,  des 
Mânes,  des  Génies,  tous  confondus  entre  eux,  il  faut  le 
demander  à  un  érudit  des  commencements  du  christia¬ 
nisme,  Cornélius  Labeo,  qui  a  écrit  un  traité  sur  les 
dieux  appelés  animales  :  il  donnait  ce  nom  à  toutes  les 
personnifications  divines  issues  de  l’idée  de  l’âme,  une 
fois  qu’elle  eut  été  conçue  comme  distincte  du  corps  : 
quod  de  animis  fiant'2.  L’immortalité  de  l’âme  admise 
avec  ses  conséquences,  on  disait  des  Lares,  comme  Ver- 
rius  Flaccus,  qu’ils  étaient  les  âmes  des  hommes  mises 
au  nombre  des  dieux,  ce  qui  signifie  qu’ils  étaient  des 
héros  à  la  façon  des  Grecs13.  «  Les  âmes  des  héros,  dira 
un  commentateur  de  YÉnéide ,  résident  dans  les  bois 
sacrés  »,  là  où  la  piété  rustique  des  Latins  vénérait  les 
Lares  des  carrefours  et  des  chemins  :  Mânes piorum  qui 
Lares  viales  sunt.  Le  même  les  opposaiL  aux  Larvae , 
esprits  funestes  qui  troublent  la  maison  et  tourmentent 
les  vivants,  tandis  que  les  Lares  seraient  les  esprits  secou- 
rables  qui  y  répandent  la  prospérité  et  la  joie14;  un  autre 
les  confond  avec  les  Lemures ,  ce  qui  revient  au  même; 
d’autres  enfin,  pour  mettre  quelque  ordre  dans  ces  per¬ 
sonnifications  voisines  mais  distinctes,  les  disposent 
toutes  dans  une  sorte  de  hiérarchie,  sans  réussir  pour 
cela  à  sauver  l’être  propre  des  Lares15.  La  classification 


sans  que  l’auteur  y  voie  la  moindre  tentative  d’héroïsalion,  et  à  Klauson,  Aeneas 
und  die  Penaten,  p.  636,  où  les  Lares  sont  définis  :  «  Génies  topiques,  qui  gardent 
les  maisons,  les  champs,  les  chemins  ou  les  carrefours.  »  —  10  Cic.  Tim.  H,  38; 
à  comparer  Plut.  Fort.  Rom.  10,  où  le  Lare  Familier  est  appelé  îjow;  olxoufd;; 
ailleurs  ( Quaest .  rom.  51),  cet  auteur  forge  le  motAàçïiTt;;  Dion.  liai.  Ant.  rom 
III,  70;  IV,  2  et  14.  De  même  sur  le  monument  d'Ancyre,  10,  11,  18,  23.  Pour 
Nigidius  Figulus,  voir  Arnob.  111,  41  ;  Hyg.  Fah.  139,  et  Schol.  Sial.  Thcb.  111,  785. 

—  il  Varr.  Lin  g.  lat.  IX,  38,  61,  et  chez  Arnob.  III,  41  ;  cf.  Varr.  Ibid.  VI,  3,  24; 

chez  Nonius,  538,  6,  où  ils  sont  confondus  avec  les  Mânes,  et  le  même,  cité  par 

saint  Augustin,  Civ.  Dei,  VII,  6,  à  comparer  avec  Mart.  Cap.  II,  155.  —  12  Chez 

Serv.  Aen.  111,  168.  —  13  Chez  Paul  D.  p.  121  et  239;  cf.  Serv.  Aen.  III,  302; 
1,441;  VI,  152;  August.  Civ.  Dei,  IX,  11;  Apul.  De  deo  Socrat.  13.  Le 
passage  capital  est  celui  d’Arnobe,  III,  41,  où  les  Lares  sont  d’abord  excel¬ 
lemment  définis  :  vicorum  atque  itinerum  deos,  et  où  sont  citées  ensuite  toutes 
les  opinions  qui  en  ont  déformé  la  nature  par  des  interprétations  philoso¬ 
phiques;  cf.  encore  Censor.  De  die  nat.  3.  —  14  Serv.  Aen.  III,  c' 

—  13  Wissowa,  chez  Roscher,  loc.  cit.,  rejette  la  théorie  qui  fait  dériver  les 

Lares  du  culte  des  morls;  les  cérémonies  d'un  caractère  funèbre  qui  se  ren¬ 
contrent  dans  les  Larentalia,  d’où  elles  sont  entrées  dans  les  Compitalia , 
ont  pour  objet  les  Mânes  (Varr.  Sat.  Mcnip.  fragm.  463,  cité  par  No¬ 
nius,  p.  538;  cf.  Macr.  Sat.  I,  7,  34  suiv.;  Paul.  D.  p.  121;  239);  et  même 
en  supposant  que  l’offrande  des  Maniae  soit  à  l’adresse  des  Lares  eux-mêmes,  d 
ne  s'ensuit  pas  qu’ils  soient  des  humains  déifiés  ;  cf.  Lobeck.  Aglaophamus,  I,  585  ; 
Boetticher,  Baumkultus,  p.  80,  suiv. 


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la  plus  raisonnable  est  celle  qui  met  d’un  côté  les  esprits 
bons  Génies,  Lares,  Pénates  et  Mânes,  de  l’autre  les 
mauvais  représentés  par  les  Larvae ,  les  Lemures  restant 
d’un  caractère  indéterminé.  Il  faut  la  philosophie  dualiste 
de  Plotin  pour  donner  à  ce  système  une  précision  suffi¬ 
sante  ;  saint  Augustin,  y  appliquant  le  vocabulaire  latin, 
dit  que  ce  philosophe  appelait  daemones  les  âmes  des 
hommes  affranchies  par  la  mort  et  que  les  hommes  qui 
ont  pratiqué  la  vertu  deviennent  alors  des  Lares1.  Mais 
rien  de  tout  cela  n’est  romain  ni  latin  ;  la  notion  d’ancêtre 
déifié  est,  avant  l’Empire,  étrangère  à  la  religion  romaine 
et  c’est  une  transposition,  œuvre  des  philosophes  et  des 
antiquaires,  qui  l’a  prise  dans  les  spéculations  récentes, 
ou  pour  la  rapporter  aux  temps  primitifs,  ou  pour  la  faire 
rentrer  dans  la  piété  populaire.  Quoique  les  anciens 
Latins  aient  eu  pour  coutume  d’ensevelir  leurs  morts, 
chacun  dans  sa  demeure2,  rien  ne  prouve  qu’ils  aient 
jamais  songé  à  les  déifier  :  il  est  certain  du  moins  qu’ils 
ne  voyaient  ces  morts,  ni  dans  les  Lares,  ni  dans  les 
Pénates,  et  que  la  confusion  des  Mânes  avec  les  uns  et  les 
autres  n’est  pas  antérieure  au  déclin  de  la  République. 
Mommsen  a  eu  donc  tort  de  dire,  après  beaucoup  d’an¬ 
ciens  et  bon  nombre  de  modernes,  que  chaque  gens  a  eu 
son  héros  éponyme  qui  fut  le  fondateur  de  la  gens  et 
qu’on  vénérait  en  qualité  de  Lar  Familiaris  3.  Ajoutons 
que  s’il  en  avait  été  ainsi,  il  y  aurait  eu  diversité  dans 
la  façon  de  concevoir  ce  Lare  suivant  les  familles,  tandis 
que  partout  existe  la  même  indétermination  d’un  être 
vague  par  sa  nature  comme  par  ses  origines,  identique 
seulement  dans  son  action  protectrice  et  bienfaisante 
Si  la  confusion  des  Lares  avec  les  Satixovs?  étr-riou/ot  et 
les  héros  éponymes  est  due  à  l’influence  des  Grecs,  en 
revanche  celle  des  Lares  et  des  Pénates  est  l’œuvre  de 
l’opinion  romaine  :  elle  est  même  générale  dans  la 
croyance  des  peuples  latins  et  nous  la  voyons  de  bonne 
heure  consacrée  par  la  littérature  et  par  l’art.  C’est  qu’au 
début  Lares  et  Pénates  sont  très  souvent  nommés 
ensemble  et  que  leur  sphère  d’action  est  la  même,  l’espace 
restreint  du  foyer  domestique5.  En  réalité,  les  Pénates 
rentrent  dans  la  classe  des  Lares  et  sont  des  Lares  avec 
la  fonction  déterminée  de  veiller  sur  le  penus  de  la  mai¬ 
son  ;  il  semble  que  le  mot  lares  soit  un  substantif  et 
celui  de  penates  un  adjectif  qui  désigne  les  Lares  du 
penus  et  du  penetrale.  La  langue  même  établit  entre  eux 
une  autre  distinction  caractéristique,  du  moins  à  l’ori¬ 
gine  ;  le  Lare  est  de  préférence  pris  au  singulier,  les 
Pénates  sont  toujours  au  pluriel  6  ;  si  les  Lares  devien¬ 
nent  plusieurs  dans  le  langage,  ce  n’est  pas  seulement 


sous  l'influence  des  idées  qui  ont  fondé  les  Compitalia , 
mais  aussi  parce  qu’ils  sont  habituellement  associés  dans 
une  idée  commune,  celle  de  la  maison  familiale,  et  que 
les  Pénates  y  interviennent  au  nombre  de  deux.  Couram¬ 
ment  et  de  très  bonne  heure,  ils  sont  ainsi  pris  les  uns 
pour  les  autres;  une  inscription  donne  aux  Lares  le 
vocable  de  Penates  7.  La  triade  des  dieux  du  foyer, 
subordonnés  à  Yesta  qui  en  incarne  la  flamme,  est 
constituée  par  le  groupe  des  deux  Pénates  encadrant  le 
Lare  unique8;  les  trois  figures  sont,  par  métonymie, 
appelées  indifféremment  ou  Lares  ou  Pénates  :  ensemble 
ou  séparément,  -elles  expriment  l’idée  de  la  patrie,  le  plus 
souvent  au  sens  restreint  du  mot9.  Les  passages  sont 
innombrables  chez  les  auteurs  où  le  mot  Lare  signifie 
simplement  la  maison  paternelle  ;  être  chassé  de  son 
héritage,  c’est  quitter  le  Lare  Familier;  n’avoir  point  de 
demeure  propre,  point  de  foyer,  c'est  n’avoir  de  Lare 
nulle  part  ;  une  maison  de  pauvre  apparence  est  un  Lare 
modeste,  etc.  Les  poètes  transportent  même  l’expression 
à  des  animaux  qui  vivent  en  société,  Virgile  aux 
abeilles,  Ovide  aux  oiseaux  10.  Dans  tous  ces  passages, 
les  Pénates  peuvent  se  substituer  aux  Lares,  sans  que 
l’idée  soit  différente. 

II.  Pratiques,  cultes,  vocables  et  temples  divers.  — 
Dans  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  religion  des  Lares,  il 
importe  de  distinguer  deux  époques  :  l’une  finit  avec  la 
République  romaine,  l’autre  commence  avec  Auguste  et 
la  restauration  de  certains  cultes  par  cet  empereur; 
parmi  ces  cultes,  celui  des  Lares  a  tenu  peut-être  la  place 
laplus  importante.  Durant  la  première  période,  les  Lares 
conservent  généralement,  même  dans  les  manifestations 
de  la  religion  officielle,  le  caractère  familial  et  rustique 
qui  est  celui  de  leurs  origines;  à  partir  d’Auguste,  la 
politique  leur  fait  subir  une  transformation  radicale,  et 
le  changement  est  consacré  tant  par  les  conditions  géné¬ 
rales  de  la  vie  plus  raffinée  que  par  le  mouvement  des 
idées  sur  l’âme  :  ils  sont  alors  ou  des  personnalités  de  la 
religion  philosophique  ( physicum  genus ),  ou  des  figures 
delà  religion  politique  ( civile  genus)-,  seuls  les  poètes 
et  avec  eux  la  piété  des  milieux  ruraux  ( poeticum 
genus)  leur  gardent  leur  antique  physionomie  M. 

A  ce  dernier  point  de  vue,  l’autel  propre  des  Lares  est. 
le  foyer,  centre  de  la  maison  romaine,  et  leur  temple 
1’ atrium12.  C’est  là  que  le  Romain  de  vieille  souche,  en 
compagnie  de  ses  enfants  et  de  ses  serviteurs  assis  sur  de 
longs  bancs  de  bois,  adresse  aux  dieux  domestiques  la 
prière  du  matin,  là  qu’il  prend  ses  repas  en  faisant 
une  part  de  tous  les  mets  aux  Lares  et  aux  Pé- 


1  I  our  le  dualisme  introduit  dans  le  monde  des  daemons  helléniques  et  par  contagi 
dans  celui  des  esprits  domestiques  delà  religion  laline,  voir  Apul.  De  deo  Socr.  loc.c 
August,  Civ.  Dei ,  IX,  il,  citant  Plotin  et  Mart.  Cap.  II,  155;  cf.  daemon,  III,  2,  p. 
—  2  Serv.  Aen.  VI,  152  ;  V,  64;  cf.  Prudent.  Adv.  Symmach.  I,  190  :  Sepulch 
heroum,  etc.  coutume  plus  tard  interdite;  Cic.  Leg.  11,23,  58  ;  Isid.  Orig.  XV,  11, 
Seiv.  Aen.  XI,  200.  —  3  Zeitschrift  fur  Alterthumswissensch.  1845,  p.  135-  dcméi 
Sehoemann  affirmant  (Op.  cit.  p.  3G5)que  les  Lares  sonlissus  :  e  principum  animi 
ene  olim  de  republica  meritorum.  —  4  II  n’y  a  jamais  eu  de  Lares  féminins  ;  et  c'< 
un  1  affinement  de  piété  isolé  que  l’inscription  métrique  (Corp.  inscr.  lat.  III,  7; 
ou  un  mari  dit  de  sa  femme  morte  :  Lar  mihi  haec  quondam  ;  remarquons  d’aillei 
|u  e  a  cessé  de  1  être  en  mourant.  Pour  l’expression,  on  peut  comparer  l’inscr 
on  c  ez  Oielli-Heuzen  (Suppl.  004),  où  Mitlira  est  appelé  le  Lar  du  dédicai 
p  us  fias  ce  qui  concerne  les  prétendus  Lares  d’enfants  morts  avant  le  quara 
M  T  ’  ^,euner’  Hestia-Vesta ,  p.  341  :  Les  Lares  sont  à  distinguer  t 
.. ai"  ”  ’  1  S  nc  sonl  Pas  les  esprits  des  morts  :  la  vénération  des  Lares  n’a  riei 
p'"  tT„  *C“Ue  d<î9  m0l'ts’  -  5  Voir  Cic.  Phil.  Il,  30,  75  ;  Republ.  V,  5,  7  •  1 

ftfêrc'  V  !1  ;'  ri V’  33  !  P,'°P'  30>  21  1  V,  1,  28  ;  8,  50,  etc.  ;  déjà  cl.cz  Plan 

A  .  e  “ppelle  Lares  les  Pénates  de  Troie,  II,  5,  20  et  42  ;  cf.  Se 

00,  et  Schol.  Hor.  Ep.  I,  2,  43.  Servius,  Ad  Aen.  II,  514,  dit  en  ce  ser 


Penates  sunt  omnes  dii  qui  domi  coluntur,  ce  qui  n'est  pas  exact;  voir  d’ailleurs 
Klausen,  Op.  cit.  p.  630  suiv.  [penates],  —  6  Pour  le  pluriel,  Varr.  chez  Nonius, 
p.  531;  Cic.  liepubl.  V,  7,  et  toute  la  discussion  chez  Reifferscheid,  Annali,  1863, 
p.  129,  n.  I,  et  Wissowa  (Itoscher,  Lexikon,  etc.  p.  1876).  Une  Atellane  de  Pom- 
ponius  porlait  le  titre  :  Lar  Familiaris  (Ribbeck,  Fragm.  Comic.  Lat.  p.  234)  •  cf 
les  textes  de  Plaute  et  de  Caton  cités  plus  haut  et  Marquardt,  Staatsverwalt.  111. 
p.  123  suiv.  avec  los  notes.  —  1  Orelli,  1589  :  sacrum  silvano  corser vatoiu  labium 
penatium;  cf.  Bull.  arch.  Napol.  1859,  p.  174.  —  8  Voir  plus  bas,  III,  Représenta¬ 
tions  figurées;  cf.  Premier,  ffestia-Vesta,  236  suiv.  ;  et  Helbig,  Wandgemaeldc 
61,  62,  63,  65,  66  b,  68,  etc.  —  9Voir  Trag.  incert.  fragm.  (Ribbcck),  199  ;  Laber. 
fragm.  110;  Cicer.  Verr.  V,  11  ;  54;  Sali.  Cal.  21;  Prop.  V,  10,  18;  Hor.  Ep.  I,  |, 
13  ;  II,  2,  51;  Od.  I,  12,  43  ;  III,  29,  14;  Sat.  I,  2,  56  ;  Ov.  Fast.  I,  136;  VI,  95  ;’ 
Trist.  I,  3,  30;  Pont.  I,  1,  10;  Senec.  Med.  20;  Luc.  V,  528;  Mart.  IX,  18,  2: 
Stat.  Silv.  II,  3,  15;  Juv.  XV,  152  ;  et  les  Lexiques.  Les  Lares  sont  la  patrie  que  le 
voyageur  emporte  pu  loin  avec  lui,  Tib.  II,  5,  41.  —  10  Ov.  Fast.  III,  242;  Val. 
Flacc.  IV,  44.  —  n  La  division  est  du  jurisconsulte  J.  Mucius  Scaevola  et  a  été 
reprise  par  Vairon  ;  voir  Aug.  Civ.  Dei,  IV,  27  ;  VI,  5.  —  12  Serv.  Aen.  I,  730  ; 
VII,  176;  IX,  648;  Isid.  Orig.  XV,  3  ;  cf.  Klausen,  Op.  cit.  p.  643,  et  Premier, 
p.  91. 


119 


—  942  — 


LAR 


LAR 


liâtes  '.  A  ces  dieux  et  à  Vesta,  qui  les  a  dans  sa  dépen¬ 
dance,  sont  consacrées  la  table  qui  porte  la  nourriture  etla 
salière  sans  laquelle  il  n’y  a  pas  de  repas  et  qui  à  ce  litre 
devient  leur  symbole2.  A  leur  contact,  les  ustensiles  les 
plus  vulgaires, 
les  patellae  pu- 
rae ,  plats  d’ar¬ 
gile  grossier  et 
sans  ornements, 
sont  com  m  e 
sanctifiés;  les 
dieux  eux-mê¬ 
mes  s’appelle¬ 
ront  patellarii3 . 

Alors  l’autel  do¬ 
mestique  et  le 
foyer,  la  pré¬ 
paration  de  la 
nourriture  parle 
feu  et  la  véné¬ 
ration  des  esprits 
qui  y  président 
ne  font  qu'un  ;  la 
même  intention 
les  réunit  ainsi 
que  le  même 
lieu  4.  A  la  cam¬ 
pagne,  l’atrium 
reste  le  temple 
des  Lares;  Ho¬ 
race,  dans  sa 
ferme,  mange  en 
face  du  Lare  avec 
ses  serviteurs,  à 
qui  il  partage 
les  plats  dont  le 
dieu  a  eu  les 
prémices  5.  A  la 
ville,  les  progrès 
du  luxe  feront  la 
scission  entre  la  cuisine  qui,  même  dans  ce  cas,  reçoit 
encore  en  bien  des  endroits  les  images  des  divinités  do¬ 
mestiques  [culina,  fig.  20061,  et  l'autel  familial,  destiné 
tant  aux  Lares  qu’aux  Pénates;  alors,  dans  la  maison 
des  riches,  on  leur  installe  un  sacrarium  spécial  où  ils 
sont  honorés  avec  tous  les  dieux  protecteurs  de  la 
maison. 

On  en  rencontre,  à  Pompéi  notamment,  des  exemples 
variés.  Dans  quelques-unes  des  habitations  les  plus 
élégantes,  le  laraire  n’a  pas  quitté  l’atrium  °,  ou  bien  il 
est  dans  une  pièce  séparée,  mais  voisine  :  c’est  une  des 
alae  qui  a  été  changée  en  chapelle  dans  la  maison  d’Epi- 

l  Cat.  Agricult.  143;  Plin.  Hist.nat.  XXVIII,  207;  Tib.  1,10,  15;  Ov.  Fast. 
Il,  633;  VI,  305  sq.  ;  Hor.  Epod.  II,  05  ;  Sat.  Il,  5,  12;  0,  04;  Coluin.  XI,  1,  19  ; 
encore  sous  l'Empire  :  Suet.  Oth.  6;  Lamprid.  Alex.  Sev.  9  ;  Quint.  Decl.  301. 
—  2  Cic.  Cat.  IV,  9,  18  ;  De  harusp.  resp.  0,  12;  Nat.  Deor.  II,  27,  07  ;  Ov.  Fast. 
IV,  317;  Macrob.  III,  4,  11  et  Serv.  Ad  Aen.  II,  290.  Pour  la  salière,  Hor.  Od.  II, 
10,  13  ;  III,  23,  19  ;  Pers.  III,  25  ;  Stat.  Silv.  I,  4,  131  ;  Arnob.  II,  67  ;  Festus,  p.  255 
et  p.  93,  où  est  cité  le  serment  par  la  table  et  le  blé  torréfié  ;  cf.  Sil.  Ital.  Pun.  VII, 
176;  Serv.  ad.  Virg.  Bucol.  VI,  31  ;  Ov.  Fast.  VI,  306;  Plut.  Quaest.  rom.  04; 
Conv.  VII,  4,  1.  —  3  Patella  est  un  diminutif  de  patina  et  n’a  rien  à  voir  avec 
paiera ;  Pers.  III,  20  et  Schol.  Ov.  Fast.  II,  633;  cf.  Cic.  De  fin.  II,  7,  22  ;  Val. 
Max.  IV,  4,  3;  Festus,  p.  130  et  214.  Pour  para,  voir  Ov.  VI,  309  et  Tib.  I,  1,  38, 
opposé  kcaelatum;  Cic.  Vnrr.  IV,  22,  49.  Les  Lares  appelés  patellarii  chez  Plaut. 
Cist.  II,  1,  40  :  Di  me  omnes  magni  minutique  et  patellarii.  —  4  Cf.  Premier, 
ffestia-Vesta,  p.  232  suiv.  ;  91  suiv.  —  3  Hor.  Sat.  Il,  6,  05;  cf.  Becker-Gôll, 


dius  Rufus  7  ;  dans  celle  de  Vettius,  il  se  trouve  dans  un 
deuxième  atrium  plus  petit  attenant  au  premier8;  mais 
ailleurs  il  a  été  transporté  dans  un  angle  du  péristyle  9 
ou  jusqu’au  fond  du  viridarium  10.  Nous  savons  qu’il 

pouvait,  dès  ce 
temps,  être  placé 
dans  les  cham¬ 
bres  ou  auprès 
des  chambres  à 
coucher;  il  en 
était  ainsi  dans 
le  palais  des  em¬ 
pereurs  1 1 .  Les 
images  des  Lares 
sont  peintes  sur 
la  muraille  (fig. 
4343) ;  leurs  sta¬ 
tuettes  abritées 
sous  une  niche 
plus  ou  moins 
profonde  ou  côte 
à  côte  avec  d’au¬ 
tres  à  l’intérieur 
d’un  édicule  à 
fronton12  sou- 
par  des 
es  (fig. 
Ces  dis¬ 
positions  ne  sont 
pas  propres  ex¬ 
clusivement  à 
ou  à 
on  les 
retrouve  aussi 
bien  en  d'autres 
pays14.  Des  au¬ 
tels  de  pierre  ou 
debrique  étaient 
quelquefois 
construits  de¬ 
vant  l’édicule  des  Lares;  dans  la  maison  du  centenaire, 
dont  on  voit  (fig.  4343)  le  laraire  fermé  par  un  mur 
bas,  on  a  trouvé  un  autel  mobile  fait  d’une  pierre  carrée 
posée  sur  un  piedeylindrique  [voir  aussi  ara,  fig.  408], mais 
souvent  on  n’en  trouve  aucune  trace  :  on  se  contentait  de 
petits  autels  portatifs  d’argile  ou  de  bronze 19  [ara,  p.  349]. 

Aux  principaux  jours  de  fête,  sans  compter  les  Calendes, 
les  Nones  et  les  Ides  et  le  jour  de  la  nouvelle  lune  10,  on 
offre  aux  Lares  des  sacrifices,  on  les  orne  de  fraîches 
guirlandes;  un  lexicographe  nous  apprend  que  ces  guir¬ 
landes  étaient  si  touffues  que  les  petites  images  des  dieux 
disparaissaient  sous  les  fleurs  ,7.  La  jeune  fille  de  YAulu- 

Gallus  (2e  édit.),  II,  p.  273.  —  3  Overbeck,  Pompeji ,  4*  éd.  (Mau),  1884;  Premier, 
ffestia-Vesta,  p.  91,  321,  324,  327,  348;  Helbig,  Wandgemaelde  Campaniens, 
n.  30  et  suiv.;  à  côté  de  la  cuisine,  Maison  du  Labyrinl  lie, Overbeck,  O.  I.,  p.34.  —  7  Over¬ 
beck,  O.  I.  p.  209,  319,  354,  358.  —  8  Ib.  p.  299.  —  9  Archaeologia,  Lond.  1897, 
p.  300.  —  10  74.  p.  387,  325.  —  11  lb.  p.  353.  —  12  Suet.  Aug.  7  :  «  inter  cubiculi 
Lares  »  ;  ld.  Domit.  17.  —  13  Maison  du  Centenaire  à  Pompéi  (photographie)  ;  Over¬ 
beck,  p.  358.  —  14  Duruy,  Hist.  des  Dom.  VII,  p.  51 1;  yVbfic.  d.  Scom,  1882,  p.  217  ; 
Overbeck,  p.  208,  299  ;  Petron.  Sat.  29  ;  Juven.  VIII,  114  :  «  in  aedicula  deus  unicus»  ; 
Tibul.  1, 10,  18  ;  Corp.  inscr.  lat.  II,  1899  ;  IX,  2990.  —  1S  Voir  par  ex.  Grivaud  de  la 
Vinccllc,  Arts  et  métiers  des  anciens ,  pl.  lxxxii  ;  Parenleau,  Mus.  arch.  de  Nantes, 
n.  128  ;  Id.  Essai  sur  des  poteries  de  l'ouest  de  la  France,  pl.  ni  ;  Pothier,  Un  quar¬ 
tier  de  Nimes,  Mém.  de  l'Acad.  du  Gard,  1889;  Archaeologia,  1890,  p.  237. 
—  1°  Cat.  De  agric.,  143  ;  cf.  Prop.  V,  3,  53  ;  Tib.  I,  3,  34  ;  II,  I,  59  ;  Plin.  Hist. 
nat.  XXI,  11  ;  Juv.  IX,  138;  XII,  86  suiv.  —  17  Paul  D.  p.  69  :  donaticae  coronae. 


Fig.  4343.  —  Un  laraire  à  Pompéi. 


—  9i3  — 


LAR 


LAR 


laire  est  redevable  de  la  faveur  du  Lare  à  des  offrandes 
journalières;  aux  fleurs  il  était  d’usage  d’ajouter  l’en¬ 
cens  au  moins  une  fois  par  mois,  et  aussi  des  fruits  ou 
des  libations  de  vin  Par  exception  seulement  on 


Fig.  4344.  —  Larairc  et  dieux  Lares. 

immolait  aux  Lares  domestiques  des  animaux,  des  truies 
ou  des  agneaux  ;  dans  la  belle  prière  que  Tibulle 
adresse  aux  Lares  de  son  enfance,  il  cite  comme  leurs 
offrandes  préférées  des  grappes  de  raisins,  des  couronnes 
d’épis,  des  rayons  de  miel,  des  gâteaux  de  froment 
(liba) 2.  Et  par-dessus  tout,  on  leur  destinait  par  la 
pensée  la  flamme  même  du  foyer  qui  est  leur  symbole  ; 
c’est  ainsi  que  chez  Virgile  nous  voyons  Énée,  après 
1  apparition  d’Anchise  en  Sicile,  ranimer  la  flamme 
assoupie  de  Pâtre,  invoquer  le  Lare  protecteur  de  la  race 
avec  Vesta  et  leur  offrir  un  sacrifice  de  froment  torréfié 
et  d’encens3.  Lorsque,  au  nom  du  christianisme  naissant, 
les  empereurs  s’attachèrent  à  détruire  les  manifestations 
de  1  antique  piété  païenne,  ils  interdirent  d’honorer  le 


Lare  par  le  feu,  le  Génie  par  le  vin,  les  Pénates  par  l’encens, 
et  défendirent  qu’on  leur  allumât  des  lumières,  qu’on  les 
vénérât  par  des  parfums  ou  des  guirlandes  de  fleurs  4. 

Ces  témoignages  périodiques  devenaient  plus  expressifs 
dans  les  occasions  où  la  vie  familiale  s’éclairait  de 
quelque  événement  heureux,  de  quelque  espérance  de 
bonheur  à  venir;  le  jour  où  les  jeunes  gens  revêtaient  la 
toge  virile,  la  bulle  passait  de  leur  cou  à  celui  du  Lare 
familial  (fig.  4345)  s  ;  on  luirendait  grâces  lorsque  l’absent 
rentrait  à  la  maison  après  un  long  voyage  ;  on  l'implorait 
à  la  veille  d’un  mariage®.  La  nouvelle  mariée,  en  fran¬ 
chissant  le  seuil  de  son  époux,  saluait  les  Lares  et  leur 
offrait  un  sacrifice.  Dans  l’union  célébrée  sous  la  forme 
de  la  coemptio ,  la  mariée  arrivait  dans  la  maison  avec 
trois  pièces  de  monnaie  dis¬ 
simulées,  l’une  dans  sa 
main,  l’autre  dans  sa  chaus¬ 
sure,  la  troisième  dans  une 
bourse  ;  la  première  était 
pour  l’époux,  la  seconde 
pour  l’autel  des  Lares  do¬ 
mestiques,  la  troisième 
pour  l’autel  du  carrefour  le  > 
plus  proche1:  dans  cette 
pratique,  nous  surprenons 
le  lien  qui  unit  la  religion 
du  Lar  familiaris  à  celle 
du  Lar  corripitalis.  Après 
les  funérailles,  la  maison  ne 
redevenait  pure  que  par  le 
sacrifice  aux  Lares  de  deux 
béliers8.  Au  lendemain  des 
Feralia ,  célébrés  en  l'hon¬ 
neur  des  morts  et  afin  de  resserrer  les  liens  qui  unis¬ 
saient  les  survivants,  les  Lares  avaient  leur  part  dans 
la  fête  de  caristia  ou  cara  cognatio  :  «  Offrez  de  l’en¬ 
cens  aux  dieux  de  la  famille,  s'écrie  à  cette  occasion 
le  poète,  présentez-leur  des  mets,  afin  que  le  plat,  tendu 
en  signe  de  vénération,  nourrisse  les  Lares  à  la  tunique 
retroussée9.  »  On  se  recommandait  à  la  protection  des 
Lares  quand  on  partait  en  voyage  ou  pour  la  guerre10; 
le  culte  des  Lares  viatorii,  viales ,  semitales,  attesté  par 
un  grand  nombre  d’inscriptions,  celui  des  Lares  mili- 
tares  et  permarini ,  qui  prit  place  dans  la  religion 
publique,  sont  d’abord  des  manifestations  de  cet  usage. 
A  sa  libération,  le  prisonnier  vouait  aux  Lares  sa  chaîne; 
le  soldat  après  ses  campagnes  suspendait  devant  leur 
autel  ou  ses  armes  ou  les  dépouilles  de  l’ennemi11. 
Toutes  ces  pratiques  concordent  pour  nous  présenter  les 
Lares,  non  comme  des  ancêtres  déifiés  exerçant  après  la 
mort  une  action  salutaire  sur  leurs  descendants,  mais 
comme  les  bons  esprits,  subordonnés  à  Vesta  et  com¬ 
pagnons  des  Pénates,  qui  embrassent  de  leur  protection 
tous  les  intérêts  domestiques  12 . 


1  l’iaut.  Aul.  24;  385;  Trin.  39  ;  Hor.  Od. III,  23,  3;  Sat.  11,5,  12;  Tib.I,  10,  15. 
-  2  Plaut.  Rud.  1208;  Tib.  1,  10,  26;  1,  l,  22;  Hor.  Od.  111,  23,4;  Sat.  II,  3,  165, 
ou  es  Lares  sont  appelés  aequi  ;  cf.  le  sacrifice  de  deux  béliers  aux  Lares,  piaculi 
causa,  eu  1  an  183  et  224,  par  les  Frères  Anales,  Henzen,  Acta,  p.  145  ;  Cic.  De 
cff.  II,  -1 ,  I,  10,  15  suiv.  et  les  commentateurs. —  3  Virg.  Aen.  V,  743  suiv.  ;  cf. 
Hcrtzbcrg,  De  dis  Romanonan,  etc.,  p.  64  suiv.  —  4  Cod.  Theod.  XVI,  10,  12. 

°  Pers.  \  ,  30  et  suiv.  ;  Prop.  V,  1,131;  Petr.  60;  c’est  pour  cela  que  les  Lares 
sonl  appelés  bullati.  Un  Lare  est  ainsi  représenté  (fig.  4345)  sur  un  autel  de  Caere, 
lonum.  d.  Instit.  N  1 ,  13,  ct  Annali,  1858;  cf.  Mus.  Lateran.  lab.  16,  avec  le 
commentaire  de  Garucci,  ct  Jalm,  De  larum  imag.  etc.  ;  Annali,  1862’,  p.  309  suiv.  ; 
u.  p.  312  F  ;  et  Henzen,  Annali,  1858,  p.  16.  Par  analogie,  l'Amour  sur  une 


fresque,  Mon.  d.  Dist.  111,  vi  a,  porte  une  bulle  au  cou,  peut-être  à  cause  de  la  présence 
des  Lares  dans  le  groupe.  —  opiaut.  Rud.  1206  ;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  IX,  725;  Plant. 
Aul.  385.  — 1  Varr.  chez  Nou.p.  531  ;  cf.  Dion.  Hal.  Anf.  rom.  IV,  15,  4. —  8  Cic.  Leg. 
H,  55  ;  cf.  Henzen,  ActaFrat.  Arv.  p.  145.  —  OOv.  Fast.  Il,  617  ;  Val.  Max.  11,  1,8; 
Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  386;  c’est  à  tort  que  Marquardt  ( Staatsverwalt .  III,  p.  127) 
mêle  les  Lares  aux  Saturnales.  —  10  Plaut.  Merc.  865  ;  Mil.  glor.  1339;  Corp. 
inscr.  lat.  XII,  4320  ;  XI,  3079  ct  souvent  ailleurs,  entre  autres  Corp.  inscr.  lat,  11, 
2417,  2518,  2572,  2987  ;  IX,  9755;  111,  1422,  et  Henzen,  Acta,  p.  122.  —  11  0\, 
Trist.  IV,  8,  22;  Prop.  III,  30,  21  ;  Hor.  Sat.  I,  5,  65.  —  12  Vesta  et  les 
Pénates  sont  propres  aux  mailres  seuls,  les  Lares  embrassent  également  dans  leur 
protection  les  esclaves  ;  cf.  Premier,  Op.  cit.  p.  245. 


LAR 


—  944 


LAR 


De  même  que  l'idée  du  (renias ,  très  simple  à  l’origine, 
s’est  morcelée  en  une  variété  indéfinie  de  conceptions 
particulières1,  ainsi  la  croyance  au  Lare  unique  el  le 
même  au  fond  pour  tous,  a  reçu,  quoique  à  un  degré 
moindre,  des  applications  diverses  en  dehors  du  cercle 
intime  où  elle  a  pris  naissance2.  Protecteur  par  essence 
de  la  maison  où  s’abrite  la  gens  primitive,  il  se  multiplie 
en  devenant  celui  des  individus  isolés;  il  varie  ses  aspects 
suivant  les  cas  particuliers  où  peuvent  se  trouver  placés 
soit  les  individus  eux-mêmes,  soit  la  collectivité  tout 
entière;  une  inscription  mentionne  les  Lares  d’un  viens 
et  d’autres  les  Lares  d'une  gentilitas3.  Il  semble  même 
que  par  ce  biais  surtout  les  hellénisants  aient  plié  la 
notion  des  Lares  aux  croyances  de  la  Grèce  sur  les  héros; 
Preuner  a  remarqué  avec  beaucoup  de  justesse  que  cette 
notion  est  tellement  propre  à  la  latinité  que  les  Grecs, 
malgré  la  richesse  de  leur  langue,  n’ont  pas  de  mot  qui 
la  traduise  avec  précision4;  d’où  les  formules  qui,  par 
leur  vague,  favorisaient  les  assimilations  inexactes  ;  ainsi, 
celle  de  Denys  d’Halicarnasse  qui  parle  des  démons  héré¬ 
ditaires  de  la  famille  d’Appius  Claudius,  entendant  par  là 
les  Lares  de  la  race  5.  Dans  le  même  ordre  d’idées, 
Creuzer  a  essayé  de  démontrer6  que  les  Lares  grondâtes , 
vocable  sur  le  sens  duquel  on  n’est  pas  fixé  encore, 
étaient  préposés  à  un  culte  propre  aux  Curies.  Les 
anciens  leur  donnaient  une  signification  politique  en  les 
rattachant  (par  grundire  et  grunditus)  à  la  fable  de  la 
truie  et  des  trente  porcelets  que  Virgile  a  fait  entrer  dans 
son  Enéide  et  qui  symbolisaient  les  trente  villes  de  l’an¬ 
tique  confédération  latine7. 

C’est  par  la  vénération  des  Lares  Compitales 8  que 
nous  nous  rendons  compte  de  la  façon  dont  le  culte  des 
Lares  en  général  est  devenu  public  après  avoir  été  privé 
à  l’origine9.  L’institution  des  Compitalia ,  attribuée  au 
roi  Servius  Tullius,  est,  dans  l’ordre  des  temps ,  la  première 
manifestation  de  ce  culte  public;  leur  restauration  par 
l’empereur  Auguste  en  est  l’épisode  capital.  Cependant, 
nous  voyons  déjà  figurer  les  Lares  comme  des  divinités 
nationales  dans  l’acte  par  lequel  Decius  se  dévoue  pour 
le  salut  de  l’armée  et  de  la  République  [devotio,  II, 
1,  p.  118,  1] lu.  Ils  y  sont  invoqués  entre  Janus,  Jupiter, 
Mars  Pater,  Quirinus,  et  les  dieux  Novensiles  et  Indi- 
gètes.  Les  Lares  ainsi  invoqués  sont  sans  doute  les 
mêmes  que  ceux  qui  portent  plus  tard,  dans  les  inscrip¬ 
tions,  le  vocable  de  Mili tares,  ceux  dont  un  poète  a  dit 
qu’ils  ont  éloigné  Ilannibal  des  murs  de  Rome  et  qui 
ailleurs  sont  désignés  comme  les  défenseurs  de  la  ville 
et  de  l’Empire11.  Festus  interprète  de  la  même  façon  ceux 
qu’on  appelait  Hostilii ,  quoique  le  sens  primitif  denosïis 
invite  plutôt  à  considérer  ceux-ci  comme  les  protecteurs 

l  Genius,  p.  1492.  —  2  Les  Laressont  appelés  Fami/tares,  C.  i.  /.IX, 2996,  3424;X, 
773,  8067  (12);  8068  (3,  4),  ces  deux  derniers  exemples  empruntés  à  des  pierres  servant 
de  poidsà  Pompéi.  Us  portent  le  vocable  de  Domestici,  C.  i.  I.  III,  4160  ;  et.  S.  Ieron. 
In  Esai.  57,  7:  de  même  Silvanus  ;  ap.  C.  i.  I.  III,  3491.  —  3  Lares  vicuovis 
fagutalis,  C.  i.  I.  VI,  452  ;  cf.  Orelli,  1663,  1674,  2411,  2412;  et  le  Supplément 
de  Henzen,  7389,  où  il  est  question  de  Lares  individuels,  Lares  d  une  décurie 
ou  autre  collectivité  ;  cf.  dans  la  littérature  l'expression  de  Lares  Palrii,  Tib.  I, 
10,  18  ;  Ov.  Rem.  am.  237  ;  Luc.  I,  128,  507;  Claud.  XXVIII,  603  ;  cf.  C.  i.  /.  III, 
3529  et  Orelli,  1667  ( Paterni )  ;  de  même  les  vocables  tirés  d'une  localité  : 
Albani,  etc.  ;  Tib.  I,  7,  58  ;  Luc.  VII,  394;  IX,  992;  C.i.  I.  11,431,  2469;  IX,  808; 
fréquents  surtout  en  Espagne;  cf.  Wissoxva  chez  Roschcr,  Op.  cil.  p.  1885. 
—  4  ffestia-Vesta,  p.  246.  —  5  Dion.  Hal.  Ant.  Rom.  XI,  14.  —  G  Symbol., 
Il  p.  854  suiv.  —  7  11  vaut  mieux,  avec  Sclioemann,  mais  sans  y  mêler  1  idée 
très  improbable  de  Lares  spéciaux  pour  les  enfants  morts  avant  le  quarantième 
our  et  enterrés  sub  grunda,  ce  qui  les  faisait  appeler  subgrundarii,  établir  un 
rapport  avec  la  grunda,  l'avant-toit  ou  l’auvent  de  l'ancienne  maison  romaine. 
Voir  les  textes,  dont  l'un  de  Cassius  Ilemina,  chez  Diom.  I,  379  ;  Non.  p.  114;  Arnob. 


des  citoyens  qui  vivaient  ou  voyageaient  à  l’étranger12. 
Ils  seraient  alors  à  rapprocher  des  Viales  qui  jouaient 
le  rôle  de  la  Fortuna  Redux  [fortuna,  p.  1276],  avec 
laquelle  on  les  trouve  associés  parfois,  notamment  pour 
un  sacrifice  db  deux  béliers  fait  en  214  par  les  Frères 
Arvales,  à  l’intention  de  Caracalla  parti  en  Nicomédie13. 
La  phraséologie  grecque  n’a  pas  manqué  d’assimiler  les 
Lares  militares  à  des  héros  en  les  appelant  .;  «  les  demi- 
dieux  qui  ont  fondé  la  ville  et  établi  l’empire  universel  ». 
Nous  avons  d’ailleurs  une  inscription  votive  en  l’honneur 


du  lar  victor,  et  une  autre  qui  célèbre  le  Lare  de  Mars 
et  de  la  Paix  :  martis  et  pacis  lari,  expression  qui  rap¬ 
pelle  le  dédoublement  de  certaines  personnalités  divines 
par  la  notion  de  leur  Génie  [genius,  p.  1491]  u.  Les  Arvales 
encore  sacrifient  à  ce  Lare  guerrier  un  taureau  blanc 
aux  cornes  dorées,  comme  à  Jupiter,  ob  sa  totem  vic- 
toriamque  germanicam ,  durant  l’expédition  entreprise 
en  213  par  Caracalla  contre  les  nations  germaniques15. 
Reilï'erscheid  16  a  reconnu  les  Lares  militares  sur  une 
lampe  d’argile  où  la  Victoire  est  placée  entre  eux  (fig.  4346). 

Des  préoccupations  suscitées  par  la  guerre  maritime 
sortit  un  culte  public  des  Lares  Marini  ou  Permarini. 
Aemilius  Regillus,  préteur,  leur  voua  un  temple  sur  le 
Champ  de  Mars  après  sa  victoire  navale  sur  les  généraux 
d’Antiochus  (190av.  J.-C.);  ce  temple  fut  dédié  onze  ans 
plus  tard  par  M.  Aemilius  Lepidus,  censeur 17  ;  il  s’élevait 
non  loin  des  navalia  et  fut  le  seul  qui,  durant  la  Répu- 


I,  15;  Serv.  Aen.  V,  64;  VI,  152;  Fulgcnt.  p.  560;  cf.  Sclioemann,  Op.  cil.  p.  560. 
—  8  Nommés  Compitales,  ap.  Varr.  Ling.  lat.  VI,  25;  Suet.  Aug.  31;  cf.  Ov. 
Fast.  II,  615;  Compitalicii,  Philarg.  Virg.  Georg.  II,  382;  ic;oy<Smot,  Dion. 
Hal.  IV,  14,  3;  Quadrivii,  Corp.  inscr.  Rli.  1139;  cf.  C.  i.  /.  XI,  3079,  avec 
les  viales  et  les  semitales.  —  9  Voir  compitalia,  1,  1,  2,  p.  1428,  et  Gilbert, 
Gesch.  und  Topographie,  H,  375  suiv.  ;  appelés  publici,  C.  i.  I.  Il,  816,  817  ;  V, 
2795;  VI,  456,  etc.  —  10  Tit.  Liv.  VIII,  9,  6;  cf.  Wissoxva,  De  dis  Romanorwn 
indigetibus,  p.  vu  et  s.  —  '•  Prop.  III,  3,  10  ;  cf.  Ov.  Fast.  V,  135  ;  Sil.  Ital. 
Pan.  Il,  592,  où  ils  sont  confondus  avec  les  Mânes  ;  cf.  Mai  l.  Cap.  1,  46,  48,  et  II, 
9,  2;  Excerp.  Vatic.  Diod.  37,  Il  (Dindorf).  -  «2  Paul.  D.  p.  102;  cf.  Sclioc- 
mann,  Op.  cit.  p.  305.  —  O  Henzen,  Acta,  p.  122  ;  cf.  C.  i.  I.  111,  1422;  for- 
TCNAE  REDUCI  LARI  VIAL1  ROMAE  AETERNAE.  —  U  C.  i.  I.  XI,  2096;  Orelli,  16/3; 
Corp  inscr  Rh.  484  et  H  hein.  Muséum,  XIX,  53  (N.  série).  On  peut  comparer 
l'expression  de  Lar  Vulcani,  chez  Claud.  XXXVII,  86.  -  13  Henzen,  Acta,  p.  86; 
cf.  C.  i.  I.  III,  3460,  3463;  Orelli,  1065.  —  16  ( Annali ,  1863,  p.  131,  n.  G)  ;  cf. 
Arch  '.Zeit.  1852,  pl.  xxxix,  3.  -  17  Tit.  Liv.  XL,  52  ;  Macrob.  I,  10,  10;  Fasti  Prae- 
nest.  22  décembre,  et  Mommsen,  C.  i.  I.  I.P-409  ;  appelés  marini  ap.  Nonius.p.  538  b. 


LÀ  R 


—  945  — 


LAR 


,  ,.mie  eût  coexisté  en  ce  lieu  avec  les  temples  de  Mars  . 
t  p  Live  nous  a  conservé  l’inscription  placée  à  la  fois  au 
frontispice  du  sanctuaire  et  dans  celui  de  Jupiter  Capi- 
î  elle  parait  avoir  été  rédigée  en  vers  saturniens. 

Le  fête  annuelle,  fixée  au  22  décembre,  commémorait 
1  événement;  cette  date  a  ceci  de  remarquable  qu’elle 
roïncide  avec  la  fête  d’ACCA  larentia,  mère  des  Lares,  que 
l’on  vénérait  le  lendemain.  Enfin,  s’il  n’y  a  pas  confusion 
chez  les  auteurs,  toutes  les  deux  se  compliquaient  de  la 
célébration  des  Lares  Praestites ,  dont  on  faisait  remonter 
le  culte  au  roi  Titus  Tatius  le  Sabin  et  qu’Ovide  assimile, 
clans  la  description  qu’il  en  a  faite,  aux  MilitaresK 
Le  vocable  de  Praestites  donné  aux  Lares  est  cité  pour 
la  première  fois  par  Varron  qui  a  dû  le  prendre  dans  les 
livres  des  Pontifes;  il  rappelle  celui  de  Jupiter  Praestes, 
vénéré  à  Préneste,  d’une  déesse  Praestota  qui  figure  sur 
les  tables  d’Iguvium,  et  d’une  divinité 
archaïque  de  Rome,  Praestitia  ou 
Praestana ,  honorée  dans  les  parages 
ou  la  cité  du  Palatin  confinait  au  Cae- 
lius  et  à  l’Aventin4.  Nous  connaissons 
ces  Lares  Praestites  par  un  denier  delà 
Gens  Caesia,  des  dernières  années  de  la 
République8;  ils  y  sont  représentés 
(fig.  -4347)  sous  les  traits  de  deux  jeunes 
tenant  la  lance,  vêtus  d’un  manteau  qui 
laisse  le  haut  du  corps  nu,  avec  un  chien  entre  les  deux  ; 
en  exergue  le  mot  lare  ;  le  vocable  manque,  mais  1  identi¬ 
fication  avec  les  Praestites  n’est  pas  douteuse.  Les  Sabins 
de  Cures  leur  dressèrent  pour  la  première  fois  un  autel  à 
Rome  et  leur  instituèrent  une  fête  que  les  calendriers 
fixent  au  1er  mai.  Ovide,  qui  nous  fournit  la  plupart  de 
ces  détails,  leur  donne  pour  compagnon  le  chien,  sym¬ 
bole  de  vigilance  ;  il  commente  en  ces  termes  leur  action 
tutélaire  : 


Fig.  4347.  —  Los  Lares 
praestites. 


guerriers  assis, 


...  Pracslànt  oculis  omnia  tuta  suis. 

Slant  quoque  pro  nobis,  et  praesunt  moenibus  Urbis 
Et  sunt  praesentes,  auxiliumque  ferunt  6. 

Plutarque,  qui  les  connaît  également,  leur  prête  pour 
vêtement  la  peau  d’un  chien 7  ;  un  petit  bronze  du  Louvre, 
d’ancien  style,  offre  l’image  (fig.  4348)  d’un  Lare  ainsi 
vêtu  et  tenant  de  la  main  droite  un  rhyton  qui  se 
termine  en  corps  de  chien  8.  Le  chien,  en  tant  que  vic¬ 
time,  a  une  place  dans  les  cultes  les  plus  anciens  de 
Rome,  et  particulièrement  de  la  cité  du  Palatin  ;  nous 
le  rencontrons  dans  celui  d’Hercules  sur  le  Forum  Boa- 
rium  et  dans  celui  de  Genita  Mana  ou  Mania  que  cer¬ 
tains  tenaient  pour  la  mère  des  Lares”.  Le  denier  de  la 
[/ens  Caesia  fait  les  Praestites  semblables  aux  Dioscures 


que  des  fables  récentes  ont  mêlés  au  culte  de  Juturna  et 
aux  souvenirs  de  la  bataille  du  lac  Régille;  des  modernes 
ont  cru  les  retrouver  dans  les  Praires  Depidii  ou  Digitii 
que  les  commentateurs  de  Virgile  placent  dans  1  entou¬ 
rage  de  Vesta  et  associent  au  culte  du  foyer10;  il  est  pro¬ 
bable  que  les  uns  et  les  autres  ne  sont  que  des  altérations 
des  Lares  Praestites,  divinités  protectrices  des  vici  habités 
à  l’origine  par  les  Rhamnes  :  l’unification  de  ces  vici  fut 
consacrée  par  la  légende  de  la  mort  de  Remus  et  de  la 
domination  de  Romulus;  puis,  du  temps  où  l'héroïsation 
suivant  les  procédés  des  Grecs  s’implanta  dans  l’opinion 
romaine,  on  identifia  les  Praestites  avec  les  premiers 
fondateurs  de  Rome,  devenus  ses  protecteurs  divins. 
C’est  là  moins  une  croyance  accréditée  chez  les  anciens 
qu’une  interprétation  erronée  de  la  personnalité  des 
Lares  chez  les  historiens  récents  de  la  religion  romaine11. 
Outre  les  honneurs  rendus  le  1er  mai 
aux  Lares  praestites ,  la  religion 
publique  des  Lares  est  consacrée 
dans  les  calendriers  par  une  fête 
qui  tombait  au  1er  août 12  et  sur¬ 
tout  par  la  fête  appelée  Laren- 
talia  ou  Larentinalia ,  que  l’on 
célébrait  le  23  décembre13.  Celle- 
ci  s’adressait  à  acca  larentia  con¬ 
sidérée  comme  la  mère  des  Lares  ; 
nous  avons-  dit  déjà  les  raisons 
pour  lesquelles  l’idée  des  Lares 
nous  paraît  avoir  été  à  l’origine 
étrangère  à  ce  culte.  Il  suffirait 
de  remarquer  que  toutes  les  cé¬ 
rémonies  et  pratiques  à  l’intention 
manifeste  des  Lares  ont  un  caractère  de  gaieté  et  de  vie 
satisfaite14,  alors  que  les  Larentalia  sont  une  fête  funè¬ 
bre,  célébrée  auprès  d’un  tombeau  et  en  l’honneur  des 
dieux  Mânes,  surnommés  seroilibus  [mânes]  ;  Varron  ne 
s’y  est  pas  trompé  quand  il  lesaassimilésaux  parentalia. 

Il  peut  paraître  surprenant  que  la  religion  des  Lares, 
si  importante  dans  la  vie  privée  et  publique  des  Romains 
sous  la  République,  n’ait  alors  parlé  aux  yeux  dans  les 
rues  et  sur  les  places  que  par  un  nombre  insignifiant  de 
monuments  sacrés.  A  part  le  temple  voué  par  Aemilius 
Lepidus  et  le  vieil  autel  qu’on  faisait  remonter  au  roi 
Tatius13,  il  n’est  question  chez  les  auteurs  que  d’un 
sacellum  qui  lui-même  n’eut  un  certain  éclat,  d’ailleurs 
bien  modeste,  qu  après  la  réforme  du  culte  des  Lares 
publics  par  Auguste.  Ce  sacellum  est  cité  pour  la  pre¬ 
mière  fois  par  un  auteur  à  propos  d’événements  qui  sont 
de  l’an  406  av.  J.-C.,  et  Ovide  en  fixe  la  dédicace  au 
27  juin  16.  L’emplacement  a  pu  en  être  déterminé  avec 


1  Gilbert,  Op.  cit.  III,  149  suiv.  —  2  Une  inscription  ( Corp .  inscr.  lat.  VI,  440), 
ttouvée  sur  1  emplacement  présumé  du  temple  des  Lares  Permarini  et  qui 
parle  de  la  restauration  d'un  sanctuaire  et  d'un  Lare  (aedem  et  larem  renovavit  ex 
voto),  ne  peut  avoir  avec  le  culte  fondé  par  Aemilius  Regillus  qu’un  rapport 
Jtpparent.  3  Ov.  Fast.  V,  129  suiv.  ;  voir  Marquardt,  Staatsverwalt.  III,  p.  206, 
573  et  589  ;  Premier,  Hestia-Vesta,  p.  389.  —  4  Varr.  Ling.  lat.  V,  74;  cf. 
pour  1  interprétation  du  vocable,  Ov.  Loc.  cit.  ;  Mart.  Cap.  Il,  152,  et  Festus,  p.  122; 

orp.  inscr.  lat.  XIV,  3555;  Buecheler,  Umbrica,  p.  98;  pour  les  rapports  avec 
;  ™es^*a>  voir  Gilbert,  Op.  cit.  1,52;  l'autel  dont  il  est  question  chez  Ovide  serait 
a  p  acei  à  1  angle  sud-ouest  du  Palatin,  près  de  la  porta  Calularia  qui  aurait 
-’m  '  n0m  <*U  c*‘‘en  symbolique.  —  B  Babelon,  Monnaies  de  la  Jiép.  rom.  I, 
Y  ’  °  len’  Médailles  consulaires,  tab.  vin,  Caesia  ;  cf.  Ecklicl,  Doctr.  num. 

le  Lai  °  SU1V'  ke  même  cite  une  terre  cuite  trouvée  à  Pérouse  et  représentant 

w  orriquc,  assis,  vêtu  d’une  peau  de  chien  ;  voir  sur  les  représentations  de  ce 

—  6/  °l '^an'  ^arum  iniagin.  dans  les  Ann.  d.  Instit.  1862,  p.  329  suiv. 

c.  13.1  suiv.  7  Plu(,  Honit  21;  Quacst.  Rom.  51  ;  Sol.  I,  13.  Plutarque  a 


hellénisé  le  vocable  en  écrivant  ;  -paiTTLTn;.  —  8  Longpérier,  Bronzes  antiq.  du 
Louvre,  1868,  n.  464.  — 9  Voir  juturna  (p.  781)  et  Serv.  Aen.  XII,  139.  —  lOSchol. 
Veron.  Aen.  VII,  681,  p.  99,  6  (Keil),  et  Preuner,  Hestia-Vesta,  p.  400  suiv.; 
Gilbert,  Op.  cit.  1,  p.  64,  n. — 11  Hertzberg,  De  diis  Roman,  patriis,  p.  36  ;  Schwegler, 
Op.  cit.  p.  715  et  s.  — 12  Suet.  Aug.  31  ;  Ov.  L'ast.  V,  147.  Ce  jour-là  entraient 
eu  fonctions  les  vico-magistri,  chargés  du  culte  des  Lares  Compitales  -,  voir  Mar¬ 
quardt,  Op.  cit.  p.  206,  n.  3.  — 13  Varr.  Ling.  lat.  VI,  23;  Macrob.  I,  10,  10, 
où  est  cité  Caton  qui  appelait  la  l'éle  ;  annua  parentatio.  Sur  la  question  très 
controversée  de  la  nature  de  celte  fête  et  de  sa  confusion  avec  le  culte  des  Lares, 
voir  Mommsen,  Roent.  Forschung.  II,  1  suiv.,  et  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  57,  n.  5; 
153  ;  105  et  106.  Le  texte  de  Varron  n'est  d'ailleurs  pas  sur  ;  voir  Mommsen,  Corp. 
inscr.  lat.  p.  409,  et  Thilo,  De  Varrone  Plutarchi  Quaest.  rom.  auclore,  etc.  p.  19. 

_ 14  Preller,  Roem.  Myth.  p.  494,  assimile  ces  fêtes  aux  Sementivae,  Terminalia, 

Parilia,  qui  sont  les  plus  gaies  du  cycle  agricole.  —  IB  Tit.  Liv.  XL,  52,  4  ;  Ov. 
Fast.  V,  130.  —  16  Jul.  Obs.  41  ;  Ov.  Fast.  VI,  791  ;  cf.  Varr.  R.  rust.  I,  2  ;  Prop.  II, 
24,  Il  ;  Ov.  .1rs.  am.  II,  263;  Amor.  I,  8,  99  ;  Anthol.  lat.  (Burm.),  1636. 


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précision  au  carrefour  formé  par  la  voie  sacrée,  la  Via 
Nova  et  la  rue  qui  montait  au  Palatin  1  ;  comme  l’endroit 
se  confond  avec  celui  de  la  demeure  du  roi  Ancus  Mar- 
tius,  c’est-à-dire  avec  la  maison  même  du  Rex  sacrorum, 
et  que  d’autre  part  le  sacellum  figure  dans  le  tracé  de 
l’antique  pomoerium,  il  n’est  pas  téméraire  d’affirmer  qu’il 
faut  mettre  en  ce  lieu  le  plus  ancien  sanctuaire  des  Lares 
Praestites.  En  le  restaurant  d’abord,  puis  en  plaçant  la 
mention  de  cetacte  parmi  les  plus  notables  de  son  règne2, 
Auguste  témoigne  qu'il  y  voyait  le  monument  vénérable 
entre  tous  du  culte  des  Lares,  le  plus  digne  de  relier  le 
passé  au  présent  par  les  liens  de  la  vieille  piété  romaine. 

Citons  enfin  un  sanctuaire  que  Varron  nomme  Quer- 
quetulanum,  et  qui  était  situé  auprès  du  Facutalis,  des 
bois  sacrés  de  Mefitis  et  de  Juno  Lucina  3  ;  tous  ces 
monuments  étaient  sur  l’Esquilin.  Il  paraît  probable  que 
les  Lares  Querquetulani  n’étaient  primitivement  que  des 
Compitales  auprès  desquels  les  habitants  de  l’Esquilin 
et  du  Caelius  se  rencontraient  dans  une  religion  com¬ 
mune  ;  Gilbert  croit  pouvoir  placer  leur  sanctuaire 
devant  la  Porta  Querquetulana ,  non  loin  de  l’église  de 
Santo-Clemente  4.  11  n’est  d’ailleurs  pas  téméraire  de 
supposer  que  si  les  Lares,  divinités  d’un  caractère  modeste 
et  issues  du  culte  domestique,  n’ont  possédé  à  Rome  que 
peu  de  temples  proprement  dits,  ils  ont  dù  être  honorés 
dans  tous  les  quartiers,  et  cela  dès  les  débuts  de  la  Répu¬ 
blique,  par  des  chapelles  analogues  aux  antiques  compita 
des pagi-,  il  en  fut  de  ces  chapelles  comme  de  celles  des 
argei  avec  lesquelles  la  piété  a  dû’les  mettre  en  rapport 6  ; 
un  grand  nombre  disparut  dans  l’envahissement  pro¬ 
gressif  des  emplacements  jadis  consacrés,  par  le  besoin 
de  monuments  plus  luxueux  ou  de  carrefours  mieux 
appropriés  à  une  circulation  active6 

Nous  n’avons  pas  à  revenir  ici  sur  l’historique  du  culte 
des  Lares  compitales  associés  à  la  vénération  du  Genius 
de  la  maison  impériale  et  qui  fut  l’œuvre  religieuse  la 
plus  considérable  réalisée  par  Auguste7.  Refusant  de  son 
vivant  toute  espèce  d’apothéose,  il  sut  ainsi,  par  une  voie 
détournée,  amener  l’opinion  à  la  consécration  de  sa 
dynastie,  sous  le  couvert  d’une  religion  rétablie  dans  ses 
anciens  droits8.  Au  sanctuaire  principal,  celui  de  la 
montée  du  Palatin,  ces  Lares  ne  s’appelèrent  d’abord 
que  Lares  publici ;  plus  tard  seulement  ils  furent  dénom¬ 
més  Augusti 9;  la  réorganisation  de  ce  culte,  mis  en  har¬ 
monie  avec  la  nouvelle  division  de  la  ville  en  quatorze 
régions,  est  complète  en  l'an  7  av.  J.-C.  ;  des  inscriptions 
datées  prouvent  qu’elle  était  en  voie  d’exécution  dès 
l’an  14;  à  la  mort  d’Auguste,  non  seulement  le  temple  des 

1  Monum.  Ancyr.  IV,  7;  Solin.  I,  23.  Il  était  voisin  d’une  chapelle 
d’Orbona  ;  cf.  Cic.  Nat.  deor.  III,  63  et  Plin.  Hist.  nat.  II,  16.  C’est 
Tacite,  Ann.  XII,  24,  qui  a  permis  d’en  fixer  remplacement  par  le  tracé  qu’il 
nous  donne  du  pomoerium  ;  le  Larum  sacellum  était  situé  sur  le  flanc  nord- 
est  du  Palatin;  Jordan,  Topogr.  I,  1,  163,  et  Gilbert,  Op.  cit.  I,  126  et  225. 
L’inscription  laribus  publicis  sacrum  ( Corp .  inscr.  lat.  VI,  1,  456)  a  été  trouvée  à  la 
descente  même  du  Palatin  sur  le  forum  ;  et  Solinus  nous  dit  que  la  chapelle  était 
in  summa  sacra  via.  — 2  Sur  cette  restauration,  cf.  Ephem.  epigr.  I,  p.  237, 
et  Richter,  dans  /fermes,  XX,  408  s.,  Pliilol.  XLV,  499  s.  11  est  probable  que 
l’autel,  de  fondation  Sabine,  cilé  par  Ovide  (Fast.  V,  129),  a  été  absorbé  plus  tard 
par  ce  sanctuaire  ;  cf.  Wissowa,  chez  Roscher,  loc.  cit.  p.  1871.  —  3  Varr.  Ling. 
lat.  V,  49;  c’est  le  lucus  Larum  dont  il  est  question  chez  Cicéron,  Leg.  II,  8. 

—  4  Op.  cit.  Il,  p.  63,  n.  1.  —  5  Ibid.  II,  378;  362  suiv.  —  6  Varr.  Ling.  lat. 

V,  49  ;  Plin.  Hist.  nat.  XVI,  37  ;  cf.  Gilbert,  Ibid.  III,  p.  49  suiv.  —  7  Compitalia, 
p.  1428;  Genius,  p.  1493.  —  8  Gilbert,  Op.  cit.  III,  p.  120.  —  9  Cf.  Hor.  Od., 

IV,  5,  35  ;  Ov.  Fast.  V,  145  et  s.  et  II,  145  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  443-455  ;  V,  3259, 
4865;  III,  1950;  II,  2013,  2233,  3113;  Epli.  epigr.  IV,  746;  VII,  1277;  Bull.arch. 
com.  XVII,  69  suiv.  —  10  Plin.  Hist.  nat.  III,  66  ;  Suet.  Aug.  30  et  31;  Dio  Cass. 

LV,  8  ;  le  texte  d’Horace  (Od.  IV,  5,  35)  se  rapporte  vraisemblablement  à  l’an  13  | 


Lares  au  point  culminant  delà  Voie  sacrée  était  restauré 
mais  dans  les  265  carrefours  de  la  ville  se  dressaient 
images  des  deux  Lares  publics,  encadrant  celle  du  géni,, 
de  l’empereur10.  Dans  ce  groupe,  les  Lares  ont  en  réalité 
pris  la  place  des  Pénates  primitifs,  tandis  que  le  Lare 
unique  de  l’ancien  culte  y  était  remplacé  par  le  Génie 
A  s’en  tenir  aux  apparences,  il  n’y  avait  rien  de  changé 
depuis  les  temps  où  un  personnage  de  Plaute  invoquait 
les  dieux  Pénates  de  ses  parents  et  le  Lare  père  de  la 
famille 11  ;  les  figures  sont  les  mêmes  et  en  même  nombre’ 
cependant,  pour  être  exact,  aux  yeux  d’Auguste  et  de  ses 
contemporains,  les  Pénates  ont  disparu  en  s’identifiant 
avec  les  Lares  des  carrefours,  et  le  Lare  lui-même  est 
devenu  la  représentation  religieuse  du  fondateur  de 
l’Empire  :  genio  augusti  et  laribus,  diront  les  inscriptions 
à  partir  de  cette  époque12. 

Et  l’empereur  ne  se  borna  pas  à  orner  ainsi  les  carre¬ 
fours  d’autels  surmontés  par  ces  trois  figures;  il  groupait 
autour  d’elles, du  moins  sur  les  places  les  plus  importantes, 
aux  frais  de  sa  cassette  et  en  y  destinant  d’une  façon 
spéciale  les  sommes  qui  lui  étaient  versées  sous  forme 
d’étrennes  1:!,les  plus  beaux  chefs-d’œuvre  delà  sculpture 
hellénique;  Suétone  cite  l’Apollon  Sandaliarius  et  un 
Jupiter  Tragoedus.  La  fête  spéciale  des  Compitalia  ainsi 
réorganisée  tombait  le  27  juin14;  elle  comportait  une 
procession  et  un  sacrifice  dont  de  nombreux  bas-reliefs 
nousontconservé,  tout  au  moinsen  partie,  l'ordonnance13: 
les  images  des  Lares  y  sont  portées  par  des  personnages 
en  toge.  Sur  un  autel,  aujourd’hui  au  Vatican,  voué  par 
le  sénat  et  le  peuple  en  l'an  12  av.  J.-C.,  elles  le  sont  par 
Auguste  et  Livie  en  personne  ;  un  autre  bas-relief,  daté 
de  l’an  7 ,  année  où  le  culte  est  devenu  régulier,  représente 
les  figures  d’Auguste,  de  Livie  et  de  L.  Caesar,  procédant 
avec  les  vico-magistri  au  sacrifice  en  l'honneur  des  Lares 
devant  1  image  du  Génie  impérial.  En  ce  qui  concerne 
les  chapelles  mêmes,  avec  les  édicules  et  les  autels  élevés 
ainsi  sur  tous  les  points  de  la  ville  au  croisement  des 
rues,  sur  les  confins  des  régions  et  des  quartiers,  on  a 
retrouvé  les  ruines  d’un  certain  nombre 16  ;  les  inscriptions 
prouvent  d’ailleurs  que  les  successeurs  d’Auguste  con¬ 
tinuèrent  de  s’intéresser  à  ce  culte  devenu  populaire 
et  que  même  sous  Trajan  les  monuments  qui  le  con¬ 
sacraient  furent  l’objet  d’une  restauration  générale  n. 
A  Pompéi,  dans  un  édifice  attenant  au  forum,  longtemps 
désigné  sous  le  nom  de  Curia  et  de  Senaculum,  on  a 
depuis  reconnu  avec  toute  vraisemblance  un  temple  des 
Lares  publics  et  du  Génie  d’Auguste  18. 

Il  était  naturel  que  la  faveur  officielle  accordée  à  ce 

et  même  14  ;  voir  encore  Corp.  inscr.  lat.  VI,  449  suiv.  ;  452  est  de  l’an  10.  Voir 
Mommsen,  Hernies ,  XV,  109,  et  Wissowa,  chez  Roscher,  Loc.  cit.  p.  1880;  Marini, 
chez  Visconti,  Mus.  Pio  Clem.  IV,  p.  298.  —  il  Plaul.  Merc.  834,  —  12  Corp 
inscr.  lat.  III,  5158,  et  souvent  ailleurs;  encore  Genius  caesaris  et  plus  tard  cenii 
caesarum  :  Ibid.  \  I,  445  ,  449  ,  55t.  —  t  3  Suet .  A  lu/ .  57.  Voir  les  inscriptions,  Corp- 
inscr.  lat.  VI,  456-458;  Bull.  arch.  com.  XVI,  221  s.  —  14  Ov.  Fast.  VI,  791;  Tac. 
Ann.  XII,  24;  Monum.  Ancyr.  4,  7.  —  13  Autel  du  Vatican,  Raoul-Rochelle, 
Monum.  inéd.  69,  voué  en  Tan  12;  bas-relief  du  Latran,  Benndorf-Schoene,  Bd 
antike  Bildwerke ,  etc.,  n»  486,  tab.  13,  1  [compitalia,  fig.  1886];  bas-relief  de  la 
Villa  Medici,  provenant  de  l'Ara  Pacis  Augustae,  voué  en  13  et  dédié  én  Tan  9 
reproduit  Monum.  dell'  lnstit.  XI,  tab.  34,  85,  n«  5,  et  commenté  Annali ,  1881. 
p.  302.  Le  bas-relief  chez  Visconti,  Op.  var.  IV,  p.  244,  et  Annali ,  1882,  p.  70  suiv., 
sont  des  manifestations  du  culte  privé.  A  partir  d’Auguste,  il  est  souvent  diffi¬ 
cile  de  distinguer,  sur  les  monuments  de  la  religion  des  Lares,  si  Ton  a  affaire  à 
un  acte  public  ou  privé.  —  16  Bull.  d.  comm.  arch.  com.  XVI,  221  suiv.  —  17  Voir 
l’inscription,  Ibid.  XV,  33  :  aediculas  Larum  restitueront  magistri  vicorum  urbis 
Beg.  XIV.  —  18  Fiorelli,  Descrizione  di  Pompei ,  p.  202  :  Ovcrbcck -Mau,  Pompej L 
p.  130;  Mau,  Mittlieilung.  d.  arch.  instit.  Sezione  romana,  1896,  p.  285  et 
Voir  forum,  p.  1317,  fig.  3277,  lettre  C. 


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ulte  eût  son  effet  sur  la  vénération  des  Lares  dans  les 
maisons  particulières,  d’autant  plus  qu’un  sénatus-con- 
sulte  rendit  obligatoire  l’hommage  à  la  divinité  impé¬ 
riale  et  aux  Lares  publics.  Nous  savons  par  Horace  que 
dès  l’an  14  il  était  d’usage  de  les  invoquer  dans  les 
repas;  sous  Néron,  chez  Trimalcion,  les  convives  prélu¬ 
dent  au  festin  par  l’exclamation  :  Augusto ,  patri  patriae , 
féliciter ,  et  le  maître  fait  apporter  sur  la  table  les  sta¬ 
tuettes  de  ses  Lares,  affublés  des  noms  mercantiles  ou 
prétentieux  de  Cerdo ,  de  Felicio  et  d eLucio1.  Si  la 
dévotion  à  l’empereur  acclimate  de  nouveau  ces  pratiques 
en  l’honneur  des  Lares,  elle  ne  tarde  pas  à  céder  devant 
une  piété  plus  personnelle;  le  génie  du  souverain  est 
remplacé  par  celui  du  maître  de  la  maison2;  ailleurs,  ce 
oénie  reste  anonyme  û  dessein,  ne  représentant  que  le 
tjenius  generis ,  traduction  teintée  de  philosophie  qui 
contribue  pour  sa  part  à  achever  l’identification  du  vieux 
Lare  Familier  avec  le  Saqjuüv  ou  le  héros  Éçxioùyo;  des 
Grecs3.  Outre  que  la  ligne  de  démarcation  qui  séparait 
jusque-là  le  culte  privé  des  Lares  de  leur  religion  offi¬ 
cielle  tend  ainsi  à  s’effacer  de  plus  en  plus,  chacun  y 
trouvait  le  moyen  d’y  loger  la  piété  de  ses  préférences 
ou  même  un  philosophisme  pieux  qui  était,  au  fond,  la 
négation  même  des  croyances  anciennes.  Ici,  les  hom¬ 
mages  aux  Lares  ne  sont  que  des  flatteries  à  l’adresse 
des  Césars  et  la  forme  la  plus  vulgaire  de  l’apothéose  ; 
ailleurs,  par  une  extension  trop  facile  pour  qu’elle  ne  se 
fût  pas  présentée  dès  l’abord  au  désir  de  faire  la  cour, 
ils  s’adressent  à  quelque  éminente  personnalité  dès  son 
vivant;  pour  les  âmes  plus  nobles,  ils  deviennent  un 
moyen  de  témoigner  de  l’admiration  à  des  morts  illus¬ 
tres  4.  Le  père  de  Vitellius  plaça  parmi  ses  Lares  les 
images  en  or  de  Narcisse  et  de  Pallas,  les  affranchis 
fameux  ;  l’empereur  lladrien  reçut  de  Suétone,  son  secré¬ 
taire,  une  statuette  en  bronze  d’Auguste  enfant,  dont  il 
fit  un  de  ses  Lares  familiers  ;  Marc-Aurèle  s’entourait  des 
Lares  de  ses  maîtres  vénérés  ;  Alexandre  Sévère,  avec  une 
largeur  de  vues  qui  marque  bien  le  caractère  de  la  piété 
romaine  à  cette  époque  de  syncrétisme,  honorait  de  con¬ 
cert  les  Lares  d’Orphée,  d’Abraham,d’Apolloniusde  Tyane, 
de  Jésus-Christ,  tous  également  jugés  dignes  d’un  culte 
pour  leur  sainteté.  Il  avait  un  deuxième  laraire  plus  petit 
où  étaient  réunies  les  images  de  Virgile,  de  Cicéron, 
d  Achille  et  d’autres  grands  hommes.  L’humble  sanc¬ 
tuaire  des  Lares  ( Lararium )  devient  une  sorte  de  musée 
où  les  chefs-d’œuvre  de  l’art  sont  enveloppés  d’une 
atmosphère  de  vénération  religieuse  8 .  Devant  ces 
images,  on  continuait  de  faire  ses  dévotions  le  matin, 
ainsi  qu’au  bon  vieux  temps,  d’apporter  des  fleurs  aux 
dates  consacrées  et  d’offrir  des  sacrifices.  Et  toujours 
dans  1  esprit  de  l’antiquité,  le  îpaître  se  faisait  assister 


par  ses  esclaves  ou  ses  affranchis,  lesquels  d’ailleurs, 
ainsi  que  le  prouvent  un  grand  nombre  d’inscriptions 
recueillies  sur  les  divers  points  de  l’empire,  sont  restés 
avec  une  prédilection  particulière  les  fidèles  des  dieux 
Lares6.  Des  collèges  et  des  associations,  ne  rappelant 
plus  que  par  le  nom  les  collegia  compitalicia,  foyers 
d’agitation  révolutionnaire  au  déclin  de  la  République, 
se  fondèrent  un  peu  partout,  pour  propager,  avec  le  culte 
des  Lares,  celui  de  la  divinité  impériale 

La  force  de  cette  religion,  qui  survitmême  au  triomphe 
officiel  du  christianisme,  nous  est  attestée  par  les  raille¬ 
ries  des  Apologètes  d'abord,  parleurs  doléances  ensuite; 
saint  Jérôme  déplore  que  de  son  temps  encore  il  n’existe 
pour  ainsi  dire  aucun  lieu  qui  ne  soit  souillé  des  hontes 
de  l’idolâtrie;  il  en  donne  comme  preuves  les  idoles  pla¬ 
cées  derrière  la  porte  des  maisons,  idoles  décorées  du 
nom  de  Lares,  à  qui  l’on  continue  d’offrir  des  sacrifices 
publics  et  privés  ;  les  provinces,  dit-il,  sont  infestées  de 
cette  vieille  erreur,  et  à  Rome  même,  dans  chaque 
quartier,  dans  chaque  demeure,  on  allume,  devant 
une  tutela  quelconque,  des  cierges  et  des  lampes:  ainsi 
ceux  qui  entrent  et  ceux  qui  sortent  sont  sans  cesse  con¬ 
firmés  dans  leur  superstition.  Tutela  dans  cette  plainte 
est  synonyme  du  Genius  loci  qui  lui-même  se  confond 
avec  le  Lare  Familier  8.  Nous  avons  cité  plus  haut  le 
rescrit  de  Théodose  qui,  en  l’an  392,  défend- les  pratiques 
en  l’honneur  des  Lares,  des  Pénates  et  des  Génies9;  les 
uns  et  les  autres  ne  disparaissent  que  pour  faire  place 
aux  saints  et  aux  anges  de  la  religion  nouvelle. 

III.  Représentations  figurées.  —  Si  l’on  met  à  part 
le  denier  de  la  gens  Caesia  (tlg.  4347),  qui  nous  donne 
l’image  officielle  des  Lares  Praestites  avec  le  chien  10, 
on  peut  dire  que  nous  savons  fort  peu  de  chose  sur  la 
représentation  plastique  des  Lares  sous  la  République. 
Tibulle  nous  apprend  que  pour  la  maison  rustique  ils 
étaient  grossièrement  taillés  dans  une  souche  de  bois  11 , 
ce  qui  est  le  cas  de  toutes  les  divinités  champêtres, 
comme  Silvanus,  Faunus,  Priape,  lesquels  ont  d'ailleurs 
avec  les  Lares  plus  d’un  trait  de  ressemblance.  Cepen¬ 
dant,  nous  savons  d’autre  part  que,  dès  les  temps  de  la 
deuxième  guerre  punique,  l’art  s’attachait  à  représenter 
les  Lares  d’une  façon  moins  primitive.  Un  fragment  d’une 
comédie  de  Naevius12  nous  montre  un  peintre  du  nom 
de  Théodole  qui,  assis  dans  la  cella  d’une  chapelle  et 
mis  à  l’abri  sous  des  planches,  peint  pour  les  Compitalia 
des  Lares  dansants  :  «  Lares  ludentes  ».  Il  n’est  pas  dou¬ 
teux  que  dès  lors  s’élabore  le  type  que  nous  allons  trouver 
réalisé  à  partir  d’Auguste  par  de  nombreuses  statuettes 
de  bronze  destinées  au  culte  des  Lares  domestiques. 

Il  en  est  toutefois  un  autre  qui  semble  antérieur  et 
paraît  correspondre  à  la  notion  du  Lare  unique,  tel 


Fist  10  /-aSS  ^  !  Hor.  Od.  IV,  5,  32,  avec  les  commentateurs;  ( 

_  .  *  '  V‘  ',f;'  ’  Peb--  Sat.  CO,  et  les  notes  de  Friedlaender,  p.  248  suiv.  à 
P,  °C’  2  bc  ba,e  au  singulier,  comme  dans  l'ancien  temps,  devient 

Pour  Te  P,US  raie’  V°‘r  cependant  c-  »’•  l-  VI,  440;  IX,  808;  X,  7555;  XI,  20 

r  géni«  du  nia'lre  de  la  maison  expressément  substitué  à  celui  de  l’e 
—  3  Z'0''  f  l  891  et  paasim  ;  cf.  Wissowa,  chez  Rosclier,  loc.  cit.  p.  18 
Ilisl  \  1  .*!’  1980  1  1238  et  ailleurs.  —  4  Suet.  Vit.  2;  Aug.  7  ;  Scri 

n ■ . |  ;  g  .  ’  Anton,  phil.  III,  5;  Al.  Sever.  29,  2;  cf.  pour  les  actes 
Hisl  A uT'"/) 1S.  dcva,lt  CCS  *maf>es  :  Suet.  Oth.  0;  Ner.  40  ;  Dom.  17;  Scri 

avec  1  r  . f  >  3  >  Anton.  P.  12;  Sever.  23.  On  frottait  ces  imai 

de  mtî  î  a  7°  P°Ur  les  faire  bril|er;  Hor.  Epod.  II,  Gfi  ;  Juv.  XII,  87.  Il  y  en 
î.-T.-m  Tcrlul1-  AP°l-  J>'V.  VIII,  110;  Pelr.  29;  C.  ,  I  X, 

Sévère  •  (•  auil'um  est  employé  pour  la  première  fois  par  l’historien  d'Alexam 
Bellev  lsmap'l01’  ^^eæ-  $ev.  29,  3i;  cf.  Grappo,  Sur  les  laraires  d'Al.  Se'vè 
’  4;  Cavedoni’  S“ II-  d.  Instit.  arc/,.  1855.  p.  10  s.  -  «  C.  i.  I.  II,  19i 


III,  1950;  V,  7739;  IX,  3900,  4053;  XI,  3018  ;  Ephem.  epigr.  IV,  744  ;  cf.  Preller, 
Roem.  Myth.  p.  493.  —  C.  i.  I.  III,  4038,  4792  ;  VI,  455  ;  I,  1305  ;  IV,  00  (Pompéi)  ; 
X,  3789  (Capoue)  ;  V,  4087  (Betriacum),  etc.  ;  Bull.  d.  Instit.  1855,  p.  xxvi;  cf. 
Wissowa,  chez  Roseher,  Loc.  cit.  p.  1881  suiv.;  et  Mommsen,  De  colle yiis  et  sodatit. 
p.  74  suiv.  —  8  S.  Hieron.  In  Esai.  57  ;  voir  un  sacrifice  à  une  Tutela  de  ce 
genre,  Annali,  1800,  tav.  d'agg.  K;  pour  l’identité  de  Genius  —  Tutela  =  Lar, 
voir  genius,  p.  1491.  —  9  Cad.  Tlieod.  XVI,  10,  12;  cf.  Marquardt,  Staatsverwult. 
III,  p.  125  suiv.  —  10  Ovide,  East.  V,  129,  déclare  avoir  cherché  vainement  l'image 
de  ces  Lares  Praestites  avec  le  chien.  —  u  I,  10,  17.  Ce  sont  ces  mêmes  images 
des  Lares  que  Tibulle  appelle  antiqui ,  Ibid.  3,  34;  7,  58,  et  qu’il  associe  à  celle  de 
Priape,  muni  de  sa  faucille;  I,  1,  17  suiv.  Pour  l’identification  de  ce  dernier  dieu 
avec  le  Lar  aqrestis,  assimilé  d'autre  part  à  Faunus,  voir  C.  i.  I.  VI,  040,  et  Premier, 
Hestia-Vesta,  p.  338,  408,  411.  —  12  Naev.  Fragm.  99,  et  Ribbeck,  Comic.  lat. 
reliq.  p.  20  suiv.  Pour  le  commentaire,  voir  Panofka,  dans  Rhein.  Muséum,  IV,  137, 
et  Jordan,  Annali,  1802,  p.  337  suiv. 


LAR 


—  948  — 


LAR 


Fig.  4349.  —  Le  Lare  familial . 


qu’on  Fhonorait  dans  les  maisons  aux  premiers  temps 
delà  littérature  romaine.  Il  nous  est  fourni  par  une  sta¬ 
tuette  du  musée  de  Dresde  (fig. 
43-49)  *,  qui  représente  une  figure 
juvénile,  à  l’expression  satisfaite, 
debout  et  au  repos  ;  le  corps  est 
drapé  dans  une  ample  tunique 
dont  un  des  pans  retombe  de  lՎ 
paule  gauche,  formant  sinus  au- 
dessus  de  la  ceinture  qui  le  re¬ 
tient  et  retombant  plus  bas  que 
les  genoux  ;  les  pieds  sont  chaus¬ 
sés  de  bottes  légères  ;  la  tête  est 
couronnée  de  fleurs  ;  la  main 
droite  tient  une  patère  et  la  gauche 
une  corne  d’abondance  ;  si  l’on 
remarque  que  la  tunique  s’arrête 
à  mi-jambe,  nous  relevons  dans 
cette  figure  tous  les  caractères  que  la  littérature,  ou 
contemporaine  des  guerres  puniques  ou  s’inspirant  des 
anciens  usages,  attribue  au  Lar  Fa  mil  taris.  Dans  le 

même  ordre 
d’idées,  on 
peut  citer  une 
statuette  de 
Lare  unique 
trouvée  à 
Mandeure 
(Doubs)  et  ac¬ 
tuellement  au 
Musée  de 
Montbéliard 
(fig.  4350). 
Seul  sur  sa 
base, avec  l’at¬ 
titude  qui  ca¬ 
ractérise  les 
Lares  dan  - 
sants  en  gé¬ 
néral,  il  est 
entouré  d’a¬ 
nimaux  domestiques,  d’un  porc,  d’un  coq  et  d’un  ser¬ 
pent  barbu  enroulé  sur  lui-même  ;  derrière  le  porc  est 
un  petit  autel 2.  Ovide  et  Perse  caractérisent  ces  dieux 
parla  tunique  retroussée  ( incincti ,  succincti) 3  ;  et  ce 
qui  domine  dans  la  peinture  morale  de  leur  être  par 
Caton  et  Plaute,  c’est  qu’ils  répandent  la  prospérité  ;  la 
corne  en  est  l’emblème,  comme  elle  l’est  ailleurs  du 
Génie.  Le  rhyton  a  la  même  signification  4. 

Les  diverses  représentations  des  Lares  sous  l’Empire 
ont  été  étudiées  en  détail  par  Zannoni  et  plus  récemment 


Fig.  4350.  —  Le  Lare  familial. 


par  Jordan  et  Reifferscheid,  qui  ont  rectifié  et  surtout 
complété  le  premier  “.  Jordan  en  particulier  a  énuméré 
ou  décrit  les  bas-reliefs,  statuettes  de  bronze,  peintures 
de  fresque  et  lampes  d’argile  qui  nous  ont  conservé 
ces  divinités6,  le  plus  souvent  dans  leurs  fonctions  de 
gardiens  domestiques  ou  préposées  à  la  religion  des  coin - 
pita  ;  depuis,  des  découvertes  nouvelles  ont  encore  grossi 
ce  trésor7.  Les  bas-reliefs,  ainsi  que  nous  l’avons  cons¬ 
taté  déjà,  se  rattachent  pour  la  plupart  à  la  restauration 
de  cette  religion  par  Auguste  ;  il  en  est  sur  lesquels  les 
Lares  sont  de  simples  poupées  portées  parles  assistants8, 
d’autres  qui  nous  les  montrent,  suivant  le  type  précé¬ 
demment  décrit,  au  nombre  de  deux,  flanquant  le  Génie 
de  l’empereur.  Le  bas-relief  reproduit  à  l’article  geniis 
(fig.  3542)  donne  à  celui-ci  la  patère  et  la  corne  d’abon¬ 
dance.  Les  Lares  sont  en  tunique  courte  et  bottes  légères; 
ils  élèvent,  l’un  de  la  main  gauche,  l’autre  de  la  droite 
(cette  différence  est  uniquement  pour  la  symétrie  et 
se  rencontre  ailleurs)  le  rhyton  àla hauteur  de  leur  fronl  ; 
on  peut  considérer  ce  groupe  comme  la  représenta¬ 
tion  officielle  du  culte  des  Compitalia  9.  Celui  du  Lar 
Familiaris  est  à  chercher  de  préférence  dans  les  statuettes 
de  bronze  dont  un  nombre  assez  considérable  provient  dus 
fouilles  de  Pompéi  et  d’Herculanum.  Leur  attitude  les  a 
fait  appeler  par  les  premiers  interprètes  des  échansons 10. 
Ce  sont  des  figures  juvéniles,  à  la  chevelure  bouclée,  lu 
plus  souvent  couronnées  de  fleurs  ;  ils  sont  vêtus  de  la 
tunique  dorienne,  parfois  avec  la  chlamyde,  une  ceinture 
autour  des  reins;  ils  rappellent  le  type  de  Bacchus  jeune, 
et  même  celui  de  l’Artémis  chasseresse11.  Leur  attitude  est 
celle  de  la  danse  gracieuse,  tout  au  moins  d’un  mouve¬ 
ment  souple  et  harmonieux  ;  de  la  main  droite  ils  élèvent 
au-dessus  de  la  tête  le  rhyton  d’où  le  vin  jaillit  dans  une 
patère  ou  situla  que  tient  la  gauche.  La  figurine  du 
Louvre  citée  plus  haut  (fig.  4348)  fait  la  transition  entre 
celle  du  Musée  de  Dresde  et  les  Lares  échansons  qui, 
trouvés  d’abord  en  Campanie,  se  rencontrent  aujour¬ 
d’hui  dans  un  grand  nombre  de  musées.  En  réalité,  c’est 
la  comparaison  de  ces  statuettes  avec  les  fresques  du 
Pompéi  qui  met  leur  signification  hors  de  doute.  Et  si 
l’on  se  demande  pourquoi  le  type  du  Lare  dansant  s’est 
substitué  peu  à  peu  à  celui  du  Lare  guerrier  qui  figure 
sur  le  denier  de  la  gens  Caesia  et  dont  Ovide  déjà  ne  peut 
plus  trouver  de  monuments,  c’est  à  l’identification  dus 
Lares,  tant  avec  le  Genius  qu’avec  les  Pénates,  qu’il 
en  faut  demander  la  raison  12.  La  légende  d’Énée  a 
eu  beau  anoblir  les  Pénates,  elle  ne  réussit  pas  à  faire 
oublier  leur  fonction  primitive  qui  est  de  pourvoir  le  garde- 
manger13.  Au  siècle  de  Constantin  encore,  un  polémiste 
chrétien  leur  reproche  de  n’exprimer  que  les  instincts  les 
plus  bas  de  la  nature  humaine,  l’appétit  de  la  boisson  et 


1  Roscher,  Lexikon.  p.  1892.  —  2  Mémoires  lus  à  la  Sorbonne,  18G7,  pi.  11. 

_  3  Incincti  ap.  Ov.  Fast.  Il,  G34  ;  succincti,  Pers.  V,  31  et  Scliol.  [cinculum, 

p.  1177]  ;  la  note  du  commentateur  ancien  qui  parle  à  ce  propos  de  toge  et  de  cinctus 
Gabinus  est  erronée.  —  4  Voir  cornucopia,  I,  2,  p.  1514,  avec  le  passage 
d' Athénée,  XI,  p.  497  c.  —  8  Zannoni,  Galleria  di  Firenze,  IV,  3,  142 
siiiv.  ;  Jordan.  De  Larum  imag.  dans  Annali,  1862,  p.  300  suiv.  et  la 
pl.  R  4  ;  Reifferscheid,  De  Larum  picturis  Pomp.  Annali,  1863;  cf.  Jordan, 
Vesta  und  die  Laren.  —  6  Pour  les  lampes,  voir  Bartoli,  Veter.  lucernae 
sepulchr.  I,  13,  14,  et  Arcli.  Zeit.  1852,  p.  425,  pl.  xxxix,  3.  —  7  Surtout 
à  Pompéi;  Helhig,  Wandgem.  35  à  95,  avec  les  -ouvrages  cités;  Sogliano, 
Pitture  murali  Campana,  IG  et  s.  ;  Archaeologia,  1897,  p.  306.  8  Benn- 

dorf  et  Schoene,  Ant.  Bildwerke,  etc.  n"  486  ;  cf.  Jordan.  Annali,  1872, 
p.  38,  la  reproduction  à  l'art,  compitalia,  p.  1429,  le  bas-relief  de  la  Villa 
Medici  provenant  de  l'Ara  Pacis,  Mon.  d.  Inst.  lab.  34,  35,  n"  5  ;  Annali, 


1881,  p.  302;  l’autel  du  Vatican,  chez  Raoul-Rochette,  Monum.  inéd.  n.  G9 
et  Corp.  inscr.  lut.  VI,  876.  —  9  Cf.  un  bas-relief  de  la  Villa  Medici,  Annali, 
1862,  tav.  R,  fig.  4.  —  10  Caylus,  Recueil,  V,  74,  218  ;  Mazois,  Ruines  de 
Pompéi,  III,  22;  Visconli,  Mus.  Pio  Clem.  IV,  tab.  45;  Gerhard  et  Panofka. 
Ncapels  ant.  Bildw.  p.  167,"  171  et  passim-,  cf.  Jordan,  De  Lar.  imaij- 
p.  311  suiv.;  de  l.ongpérier,  Bronzes  ant.  du  Louvre,  n.  404  et  s.;  Bahelou 
et  Blanchet,  Bronz.  de  la  Biblioth.  nat.  n.  740  et  s.  (voir  à  l’art,  clavcs, 
fig.  1629,  la  reproduction  du  n.  464)  ;  S.  Reinach.  Ant.  du  Musée  de  Saint- 
Germain,  Bronzes,  n.  142  cl  s.  ;  Friedrichs,  Berlins  ant.  Bildwerke ,  Klein- 
Kunst.  n.  2011  et  s.  ;Wissowa,  Annali,  1883,  p.  156  s.,  et  dans  Roscher,  Lexik.  d- 
Myth.  p.  1891.  —  U  Campana,  Opéré  in  plast.  31 ,  —  12  Cf.  sur  le  bas-relief  d1’ 
l'autel  d'Auguste  (Raoul-Rochette,  Monum.  inéd.,  69,  3),  les  Lares  couronnés  de  lau¬ 
riers  rappelant  le  laurigeros  domini  Pénates  de  Martial,  Mart.  VIII,  1,  C 
—  13  Voir  Klausen,  Aeneas  und  die  Penat.  p.  647  suiv.  et  Preuner,  Op.  cil.  p.  **• 


LAR 


—  949  — 


LAR 


de  la  nourriture1.  Les  Lares  héritèrent  de  ces  attributions 
et  leur  confusion  avec  le  Génie  fit  le  reste.  L’expression 
joyeuse,  la  danse,  les  fonctions  d’échanson,  la  tunique 
légère,  la  couronne  en  tête,  tous  ces  détails  sont  pris  dans 
la  littérature  autant  que  dans  l’opinion  populaire  et  suffi¬ 
raient,  en  dehors  de  la  discussion  sur  le  sens  des  plus 
anciens  témoignages,  pour  assurer  l’être  des  Lares  contre 
toute  interprétation  funèbre,  fût-elle  corrigée  par  des 
intentions  d  apothéose. 

La  même  impression  se  dégage  des  fresques  de  Pompéi, 
où  les  figures  de  ces  divinités  tiennent  une  place  consi¬ 
dérable2.  On  les  y  rencontre  soit  dans  leurs  attributions 
domestiques,  peints  à  l’intérieur  des  maisons,  sur  les 
parois  des  fours  et  des  cuisines  [culina,  fig.  2096],  soit 
au  dehors, 
sur  les 
murs  qui 
avoisinent 
les  carre¬ 
fours  [com- 

PITUM,  fig. 

1888],  où 
ils  rem¬ 
plisse  n  t 
leur  rôle 
de  Com¬ 
pitales  3. 

Les  fres¬ 
ques  de 
Campanie 
ne  sont  pas 
seulement 

une  confirmation  de 
Lares  en  général  par  les  réformes  d’Auguste  ;  elles  le 
ramènent  par  certains  détails  à  ses  lointaines  origines  en 
les  groupant  avec  les  divinités  du  foyer,  en  particulier 
avec  Yesta  et  avec  le  genius.  Dans  une  des  plus  remar¬ 
quables1  et  des  mieux  conservées  (fig.  4351),  Yesta,  faisant 
une  libation,  est  assise  au  centre;  elle  est  suffisamment 
déterminée  par  un  âne  dont  la  tète  et  une  partie  du  corps 
apparaissent  à  la  droite  de  l’autel  ;  les  deux  Lares  ont 
le  costume  et  l’attitude  que  nous  avons  précédemment 
décrits.  D’autres  fresques  nous  donnent  les  Lares  groupés 
avec  le  genius  generis ,  qui  peut  être  aussi  celui  de 
l’empereur6.  Enfin  il  faut  distinguer  celles  qui  repré¬ 
sentent  le  sacrifice  fait  aux  Lares  compitales  par 
les  vicomagistri  °.  Ces  représentations  démontrent  pour 
leur  part  que  la  réforme  apportée  par  Auguste  au  culte 
des  Lares  a  eu  pour  effet  d’effacer  la  ligne  de  démarca- 

1  Firmic.  Mat.  De  errore  profess.  relig.  c.  14,  1  ;  cf.  Marquardt,  Roem. 
Staatsverwa.lt.  III,  p.  125,  noie,  avec  la  rectification  de  Wissowa.  L'erreur  de 
Marquardt  provient  de  la  difficulté  qu’on  éprouve  à  concilier  entre  eux  le  type  des 
Lares  Praestites  tel  que  nous  le  donne  le  denier  de  la  gens  Caesia  et  celui  des 
.ares  dansants  ;  le  premier  a  péri  de  bonne  heure  et  il  est  douteux  qu’il  ait  jamais 
eu  giande  popularité  ;  voir  un  autel  portatif  en  terre  cuite,  aujourd’hui  à  Berlin,  sur 
equel  figurent  les  deux  Lares  dansants  avec  la  situla  ;  Gerhard,  Antike  Bildwerke , 
■  [ara,  fig.  416],  —  2  Voir  les  ouvrages  cités  de  Jordan,  de  Reifferscheid  et 

d  Helbig,  avec  la  synthèse  de  Wissowa,  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  1893  suiv.  > 
cf.  Premier,  Op.  cit.  p.  236,  note  3.-3  Pour  ces  derniers,  Helbig,  Op.  cit. 
n  il  43.  4  Jordan,  Vesta  u.  die  Laren ,  Berl.  1865  ;  Helbig,  n.  61  ;  autres  pcin- 

uics  des  Lares  avec  Vesta,  Helbig,  62,  63,  65,  66  6,  68  ;  pour  le  no  65,  voir  aussi 
,  °num ■  d-  Instit.  111,  6  a.  Voir  les  Laves  groupés  autour  d’un  autel,  avec  Jupiter 
a  10bc  et  Minerve  à  gauche,  Helbig,  no  60  b  et  Allas,  taf.  I.  —  5  Voir  Helbig,  n°’  46 
a  0.  La  classification  de  Helbig,  distinguant  entre  les  Lares  et  les  Pénates,  n'a  rien 
a  cigoui eux  ;  la  confusion  des  uns  et  des  autres  sur  les  fresques  de  Pompéi  est. 
on  rouelle.  Pour  les  représentations  où  se  rencontrent  à  la  fois  les  Lares  et  les 
enales,  voir  pénates.  _  G  Mus.  Dorbon.  XIII,  p.  2;  Helbig,  41  ;  Jordan,  Vesta 

Y. 


l’importance  donnée  au  culte  des 


tion  qui  séparait  autrefois,  dans  la  littérature  comme 
dans  les  cérémonies  et  les  arts,  les  Lares  publics  et 
privés,  les  Lares  et  les  Pénates.  En  résumé,  seuls  les 
Lares  Compitales ,  Familiares  et  Praestites ,  ceux-ci 
bientôt  absorbés  par  les  premiers  qui  se  distinguent 
à  peine  des  Familiares ,  ont  reçu  une  expression  artis¬ 
tique7.  J. -A.  Hild. 

LARGITIO.  —  1°  Largesses  officielles  faites  au  peuple 
[congiariumJou  à  l’armée  [donativum]. 

2°  Largitio  frumentaria.  —  Institutions  assurant  au 
peuple  de  Rome  le  blé  et  quelquefois  le  pain  à  bas  prix 
ou  même  gratuitement  [annona,  frlmextariae  leges, 

FRUMENTUM  EMPTUM,  HORREUM,  PANIS  GRADILIS]. 

3°  Le  mot  largitio  désignait  aussi  des  libéralités  faites 

p  ar  les 
part  icu- 
liers  dans 
un  but 
souvent 
intéressé  : 
recherche 
de  la  po¬ 
pularité, 
achat  des 
conscien  - 
ces  électo¬ 
rales,  ré¬ 
compense 
donnée  au 
peuple 
après  une 
él  ecti  on 

heureuse,  remerciement  en  sortant  de  charge.  Parfois 
aussi  le  peuple  recevait  des  largesses  après  les  funé¬ 
railles  des  citoyens  riches,  et  pendant  les  jeux  qui  les  ter¬ 
minaient;  souvent  ces  largesses  avaient  été  ordonnées  par 
disposition  testamentaire.  Elles  se  faisaient  sous  les 
formes  les  plus  variées  :  distribution  d’argent,  de  blé,  de 
pain,  de  vin,  d’huile,  de  denrées  alimentaires,  d’objets  de 
toute  nature;  repas,  spectacles,  jeux,  combats  d’hommes 
et  d’animaux  [ambitus,  circus  (p.  1201),  coena  (à  la  fin), 
epula  (à  la  fin),  funus  (p.  1401),  gladiator  (p.  1565  et 

1567,  S.),  LIBERALITAS,  LUDI,  MAGISTRATUS,  MISSILIA,  MUNUS, 
SPORTULA,  TESTAMENTUM,  VENATIO]. 

4°  Largitiones  sacrae  et  privatae.  —  Administration 
financière  de  l’Empire.  Au  ni3  siècle,  la  centralisation  se 
faisant  de  plus  en  plus  dans  tous  les  services,  Vaerarium 
et  le  fisc  sont  réunis  sous  l’administration  d’un  procura- 
tor  a  rationibus  qui,  sous  Dioclétien,  est  remplacé  par 

und  die  Laren,  p.  14  ;  Ann.  d.  Instit.  1862,  p.  313,  et  1863,  p.  121 .  —  7  Cf.  la  con¬ 
clusion  de  l'étude  de  Reifferscheid,  Op.cit.  p.  132  suiv.  —  Bibliographie.  Harlung, 
Die  Religion  der  Roemer,  Erlangen,  1836,  t.  I,  56  suiv.  el  passim:  Hempel,  De 
diis  Laribus,  Zwickau,  1797  ;  Hertzberg,  De  diis  Romanorum  patriis,  etc.  Halle, 
1846  ;  Jordan,  De  Larum  imaginibus  et  eorum  cultu,  dans  les  Annali  dell'  Insti- 
tuto ,  1862,  p.  320  suiv.  ;  Vesta  und  die  Laren,  Berlin,  1865  ;  cf.  Annali,  1872,  p.  19 
suiv.  ;  1882,  p.  70  suiv.  ;  Klausen,  Aeneas  und  die  Penaten,  Hamburg,  1839,  II,  p.  620 
suiv.  ;  Krahucr,  art.  Lares  dans  l' Encyclopaedie  d’Ersch  et  Grubcr,  sect.  III,  t.  XV, 
p.  409  suiv.  ;  Marquardt-Mommsen,  Roem.  Staatsverwaltung,  t.  111,  p.  124  suiv.  ; 
254  suiv.  2'  éd.  ;  J.  Millier,  De  diis  Romanorum  ;  Laribus  et  Penatibus,  Hanau, 
1811;  Preller,  art.  Lares,  dans  la  Realcncyclopaedie  de  Pauly,  t.  IV,  p.  772  et  s.; 
Preller-Jordan,  Roem.  Mythologie,  t.  II,  p.  101  s.  :  Preuner,  Hestia-Vesta ,  Tu- 
bing.  1864,  p.  232  et  s.  et  passim  ;  Reifferscheid,  De  Larum  picturis  Pompeianis, 
dans  les  Annali,  1863,  p.  121  suiv.;  R.  Scharbe,  De  Geniis  Manibus  et  Laribus, 
Casan,  1854,  p.  81  suiv.;  Schoemann,  De  diis  Manibus  et  Laribus,  Geniis,  Grcifswald, 
1840,  el  Opusc.  Academica,  Berlin,  1856,  t.  I,  325  suiv.;  Schwegler,  Roem.  Ges- 
chichte  i>u  Ze.italter  der  Koenige,  Tubing.  1867,  I,  317  ots.  ;  II,  p.  703  et  s.  ;  Wis¬ 
sowa,  chez  Roscher,  Lexikon  der  Griech.  und  roem.  Mythologie ,  t.  Il,  p.  1868  suiv. 

120 


—  950  — 


LÀ  R 


LÀR 

le  rationalis  summae  rei ,  auquel  succède,  sous  Cons¬ 
tance,  le  cornes  sacrarum  largitionum ,  qui  a,  sous  son 
autorité,  des  rationales  ou  comités  largitionum  d’un 
rang  inférieur,  répartis  dans  les  différents  diocèses. 
L’autre  branche  du  service  des  finances,  la  res  privata 
que  Septime  Sévère  avait  créée,  est  confiée  à  un  cornes 
rerum  privatarum  ou  prie  a  tara  m  largitionum.  Mais, 
comme  les  deux  caisses,  quoique  restant  séparées,  appar¬ 
tiennent  à  l’empereur  qui  en  a  la  disposition  et  ordonne 
les  dépenses,  il  est  difficile  de  bien  faire  le  partage  entre 
les  attributions  des  deux  collègues.  Ils  ont,  l’un  et 
l’autre,  une  administration  considérable,  officium ,  et  de 
nombreux  employés  1  [aerarium,  p.  118  ;  fiscus,  p.  2044  ; 
patrimonium  ;  res  privata].  Henry  Thédenat. 

LAROPIIORUM.  —  Ce  mot,  qu’on  ne  rencontre  que 
dans  une  inscription1,  désigne  un  support  sur  lequel 

étaient  placées  les  ima¬ 
ges  soit  des  Lares,  soit 
aussi  bien  d’autres  di¬ 
vinités  ;  c’est  de  la 
même  manière  que  la- 
rarium  est  devenu  sous 
l’Empire  le  nom  du  sa- 
cellum  où  les  images 
des  Lares  étaient  réu¬ 
nies  à  beaucoup  d’autres 
qui  étaient  l'objet  d’un 
culte  domestique  (voir 
p.  947).  La  figure  4350 
de  l’article  lares  mon¬ 
tre  un  de  ces  supports 
en  bronze  consistant  en 
un  soubassement  mou¬ 
luré,  de  forme  carrée, 
entaillé  par  devant  pour 
faire  place  à  des  degrés 
au  haut  desquels  un 
Lare  est  debout,  ayant  à  ses  côtés  un  serpent  barbu,  un 
coq,  un  porc  et  un  petit  autel.  Il  existe  dans  les  collections 
un  certain  nombre  de  groupes  analogues  où,  sur  des 
bases  carrées,  circulaires  ou  disposées  en  hémicycle,  sont 
placées  une  ou  plusieurs  figures  de  divinités  et  quelque¬ 
fois  des  candélabres2,  des  récipients  pour  l’eau  lustrale 
ou  pour  des  parfums.  L’exemple  que  nous  en  donnons 
(fig.  4352)  appartient  au  Musée  de  Vienne  (Autriche)3;  il 
est  en  bronze;  une  statuette  de  Jupiter  en  occupe  le  cen¬ 
tre  ;  un  enfant  est  accroupi  à  sa  gauche;  une  autre  figure 
devait  correspondre  à  celle-ci,  à  droite  ;  peut-être  celle 
de  la  Lune,  qui  a  été  trouvée  au  même  endroit,  faisait- 
elle  partie  de  ce  groupe.  Derrière  Jupiter,  une  tige  tordue 
en  spirale  sert  de  candélabre.  E.  Saglio. 

LARVAE.  —  Nom  que  portent  en  latin  les  revenants 

LARGITIO.  1  Cf.  Mispoulet,  Les  institutions  politiques  des  Romains,  t.  I, 
p.  325  ;  t.  II,  p.  296.  On  trouvera  la  bibliographie  et  le  détail  de  cette  adminis¬ 
tration  aux  mots  aerabiüm  et  fiscus. 

LAROPHORUM.  t  Corp.  inscr.  lat.  III,  1952.  —  2  Cf.  Orclli,  2505  : . delficam 

CUm  laribus  et  ceriolaris  ».  Delfica  est  un  support  en  trépied  [tiupus].  —  3  Jahrbuch 
des  arcli.  Instit.  VII,  Anzeiger,  p.  54,  trouvé  près  de  Comorn,  en  Hongrie.  Voir  au 
même  musée  des  groupes  analogues;  Sacken.  Bronzen  d.  Antik.  Cabinets,  pi.  i  :  Sa- 
icken  et  Kenner,  Sammlung .  d.  Münz.  u.  Antik.  Cabinets ,  18G6,  n.  1 199;  cf.  les  grou¬ 
pes  du  Cabinet  de  France,  Babelon  et  Blanchet,  Bronzes  delà  Bibl.nat.  n.  249-251. 

LARVAE.  l  Serv.  Aen.  VI,  152  :  Umbras  Larvas  vocamus  ;  cf.  Ibid.  III,  63; 
Non.  Mare.  p.  135;  Aug.  Civ.  B.  IX,  11,  où  Larvae  et  Lemures  sont  synonymes. 
Cf.  Apul.  Deo  Socr.  p.  237,  et  Mari.  Cap  II,  9.  —  2  Virg.  Aen.  X,  G 41  ;  Lucr.  I,  133 
suiv.  ;  Plut.  Quaest.  rom.  51  ;  Plaut.  Aul.  IV,  4,  15,  où  le  poète  écrit  Lâruae  par 
diérèse,  la  première  syllabe  restant  longue,  ce  qui  fait  rattacher  le  mot  à  Làrunda 


et  les  spectres1.  La  croyance  que  les  âmes  des  morts 
viennent  errer  parmi  les  vivants  pour  les  tourmenter  ou 
implorer  leur  pitié  a  été  répandue  de  toute  antiquité 
chez  les  peuples  de  l’Italie  2 .  Les  Larvae  dans  la  litté¬ 
rature  sont  à  proprement  parler  celles  qui  ont  emporté 
de  leur  existence  terrestre  la  tare  de  quelque  crime  ou 
tout  au  moins  la  marque  d’une  fin  tragique  et  violente. 
C’est  par  là  qu’elles  diffèrent  des  lemures  ;  l’action  des 
Larvae  sur  les  vivants  est,  chez  les  auteurs,  réputée 
funeste  et  leur  nature  invariablement  mauvaise3. 

Ces  Larvae  furent  néanmoins  bien  vite  confondues, 
tantôt  avec  les  lares,  tantôt  avec  les  mânes  ;  elles  n’avaient 
avec  les  premiers  qu’une  ressemblance  de  nom,  peut-être 
toute  fortuite  ;  avec  les  seconds,  une  analogie  de  signifi¬ 
cation  générale,  les  unes  et  les  autres  étant  des  esprits  des 
morts4.  Les  antiquaires  et  les  mythologues  philosophes 
comme  Varron  établirent  une  hiérarchie;  les  Larves 
furent  aux  Lares  ce  que  les  démons  mauvais  furent  aux 
bons  démons  ;  les  Lemures  et  les  Mânes  eurent  un  carac¬ 
tère  indéterminé,  et  la  mère  ou  grand’mère  des 
Mânes,  Mania ,  compta  également  les  Larves  parmi  sa 
lignée 5. 

Ce  qui  caractérise  avant  tout  les  Larvae ,  c’est  qu  elles 
exercent  une  action  sur  le  monde  des  vivants  auquel- 
elles  viennent  se  mêler.  Les  hommes  tourmentés  par  elles 
étaient  appelés  larvati  ou  cerriti ,  ce  qui  revenait  à  dire 
qu’ils  étaient  en  proie  à  l'hypocondrie,  aux  folles  terreurs, 
ou  simplement  à  l’extravagance 6  ;  l’épilepsie  même,  pour 
quelques-uns,  rentrait  dans  la  catégorie  des  maux  causés 
par  ces  fantômes  7.  «  De  quelle  maladie  le  vieux  est-il 
possédé?  dit  un  personnage  de  Plaute;  est-il  livré  aux 
Larves  ( larvatus )  ou  simplement  cerritus ?8»  On  expli¬ 
quait  ce  dernier  mot,  sur  la  foi  d’une  fausse  étymologie, 
par  l’action  funeste  de  Cérès9.  Alcmène,  séduite  par 
Jupiter  sous  les  traits  d’ Amphitryon,  est  dite  :  larvarum 
plena  *°,  ce  qui  correspond  à  la  notion  chrétienne  de  la 
possession  démoniaque.  Pour  s’en  guérir,  on  recourait, 
tout  comme  plus  tard  au  moyen  âge  et  déjà  dans  le  Nou¬ 
veau  Testament,  à  de  véritables  exorcismes  ;  le  patient  était 
soumis  à  des  lustrations  ;  on  faisait  en  son  nom  des 
offrandes  purificatrices;  c’est-à-dire  qu’on  le  portait  à  la 
ronde  dans  un  temple  ( circumferre )  avec  des  torches  de 
résine,  du  soufre  allumé,  des  victimes  expiatoires  11  ;  nous 
trouverons  d’autres  pratiques  plus  simples  au  service  des 
mêmes  superstitions,  pour  la  conjuration  des  lemures. 

On  voit  qu’à  Rome,  dans  les  milieux  populaires  où  les 
Larvae  ont  conservé  du  crédit,  même  aux  époques 
cultivées,  l’élément  terrible  est  tempéré  par  le  gro¬ 
tesque.  11  est  souvent  question  des  Larvae  dans  la 
comédie  de  Plaute,  et  la  Mostellaria ,  sans  que  leur  nom 
soit  prononcé,  suppose  la  croyance  aux  revenants  ;  mais 
cette  croyance  n’y  va  jamais  sans  une  nuance  de  ridicule1-. 

et  distinguer  de  Lùres  ;  cf.  Capt.  III,  4,  66  ;  Apul.  Met.  IX,  29  ;  Anuu.  Marc.  XIX  ,  1 1, 
17.  —  3  Festus,  p.  95  ;  169  ;  Isid.  IV,  7,  8;  VIII,  11,  101.  —  4  Aug.  Civ.  D.  I.  c.  d'après 
Varron  (fragm.  232).  —  6  Apul.  De  Deo  Socr.  XV,  15  ;  cf.  Roscher,  Ausführlichcs 
Lexikon,  etc.  p.  1889;  sur  la  parenté  prétendue  des  Larves  et  des  Lares, 
voir  Schoemann,  Opusc.  Academ.  I,  p.  362  suiv.  ;  réfute  par  Wissowa,  chez  Roschcr, 
loc.  cit.  ;  voir  aussi  Hartung,  Religion  der  Boemer,  I,  p.  68  suiv.  et  44,  note.  Poui 
Mania,  mère  ou  grand’mère  des  Larvae ,  voir  Fest.  p.  128.  — -  6  Menaechm.  l.c. , 
cf.  Non.  I,  p.  31  B;  Fest.  p.  88  et  p.  42;  et  Hor.  Sat.  II,  3,  278,  avec  les 
commentateurs.  —  7  Isid.  Orig.  IV,  7,  8. —  8  Fragm.  ap.  Non.  I,  p.  113.  9  Non. 

p.  44  ;  cf.  Festus,  p.  88  et  42,  et  Vanicek,  Etymol.  Woerterbuch  :  voir  Cerritus. 
—  10  Amph.  V,  2,  145.—  H  Serv.  Ad.  Aen.  VI,  229;  cf.  Juv.  II,  157,  elle 
vers  de  Virgile  (loc.  cit.)  :  ter  socios  circumtulit  unda.  —  12  Outre  les  passages 
déjà  cités,  voir  Cas.  III,  4,  2  ;  Amphitr.  II,  2,  145  ;  Menaechm.  V,  4,  2  ;  Mostell. 
II,  2,  68;  Bud.  IV,  3,  G7,'ctc.  ;  cf.  Arnob.  VI,  25. 


LAR 


—  951  — 


LAR 


Comme  les  Larves  molestent  les  vivants  par  les  visites 
qu’elles  leur  font  la  nuit,  on  en  vint  à  imaginer  quelles 
exercent  dans  les  enfers  la  fonction  de  tortionnaires  ; 
ainsi,  chez  Sénèque,  Janus  s’égaye  aux  dépens  de 
Claude  et  fait  livrer  aux  Larvae,  pour  qu’elles  les  rouent 
de  coups,  ceux  d’entre  les  mortels  qui  ont  usurpé  sur 
terre  les  honneurs  de  l’apothéose1 * * *;  et  Pline  l’Ancien 
cite  le  mot  de  Plancus  à  qui  l’on  annonçait  qu’Asinius 
Pollion  préparait  contre  lui  des  libelles  diffamatoires, 
destinés  à  ne  paraître  qu’après  sa  mort  :  «  II  n'y  a  que 
des  Larves  pour  lutter  avec  les  morts  -.  » 

Sur  la  foi  de  ces  textes,  certains  interprètes  modernes 
ont  voulu  voir  des  représentations  de  Larvae  sur  les 
monuments  étrusques  qui  empruntent  au  monde  des 
morts  des  scènes  de  superstition  sombre  et  terrifiante. 
Les  ligures  noires  qui,  sur  un  tombeau  de  Tarquinii,  sont 
mêlées  à  la  scène  du  départ  des  morts  pour  les  enfers, 
celles  de  même  nature  que  nous  donnent  les  tombes  de 
Corneto  et  qui  remplissent  le  rôle  que  la  fable  hellénique 
prête  aux  Furies  devraient  être,  à  ce  compte,  considérées 
comme  des  Larvae 3  ;  de  là  à  dire  que  celles-ci  sontd  ori¬ 
gine  étrusque,  il  n'y  avait  qu’un  pas.  Mais  cette  origine 
n’est  elle-même  nullement  démontrée,  et  les  monu¬ 
ments  authentiquement  romains  donnent  à  ces  figures 
une  individualité  qui  les  distingue  de  toutes  les  autres 
semblables,  aussi  bien  des  démons  tortionnaires  que 
des  Mânes  et  des  Larves  ;  elles  s’y  offrent  à  nous  depuis  la 
fin  de  la  République  romaine,  sous  la  forme  du  sque¬ 
lette  humain  ;  Lessing  s’en  est  avisé  le  premier  dans  une 
monographie  célèbre  A 

A  s’en  tenir  au  témoignage  des  auteurs  latins,  l’opinion 
se  représentait  les  Larves,  tantôt  comme  des  spectres 
pâles  à  la  face  grimaçante5,  ce  qui  paraît  être  le  cas 
de  Plaute  ;  tantôt  comme  des  squelettes  ou  des  manne¬ 
quins  grotesquement  articulés,  susceptibles  de  prendre 
les  attitudes  les  plus  caricaturales.  Sous  ces  traits,  elles 
figurèrent  dans  les  Atellanes  et  autres  spectacles  popu¬ 
laires6;  elles  servirent,  comme  la  lamia  chez  les  Grecs, 
à  effrayer  les  enfants  dans  les  contes  de  nourrices. 
Enfin,  chez  Trimalcion,  un  esclave  dresse  sur  la  table  du 
festin  une  Larve,  squelette  d’argent  dont  l’agencement 
se  prête  à  toutes  les  contorsions,  image  de  la  mort 
horriblequi  excite  à  jouir  de  la  vie.  Sénèque,  d’autre  part, 
ne  laisse  aucun  doute  sur  l’usage  répandu  de  son  temps 
de  représenter  la  Larva  sous  la  forme  du  squelette, 
lorsqu’il  parle  de  la  figure  des  Larves  formée  d’ossements 
nus  qui  sont  rattachés  entre  eux:  larvarum  habituai 
nudis  ossibus  cohaerentium  7.  Voilà  les  deux  textes  que 
Lessing  a  interprétés,  dès  1769,  avec  sa  perspicacité  habi- 

1  Senec.  Apocol.  9.  —  2  Plin.  Hist.  nat.  Pracf.  31  :  cum  mortuis  non  nisi 
larvas  luctari.  Voir  plus  bas  la  mention  d’une  lampe  d’argile  (fig.  4354)  sur  laquelle 
est  représentée  la  lutte  de  doux  squelettes  [Mélanges  de  l'École  franc,  de 
Home,  1887,  pl.  vii,  fig.  5).  —  3  Daemon,  II,  2,  fig.  2286.  Pour  Lemur  et  Larva 
chez  les  Étrusques,  voir  Mueller-Dcecke,  Die  Etrusker,  II,  p.  95,  101  ;  cf.  Ilartung, 
Die  Religion  der  Roemer ,  I,  p.  70,  et  Preller  chez  Pauly,  Realencycl.  IV,  792, 
citant  les  peintures  des  tombes  de  Corneto.  —  4  Lessing,  Wie  die  Alten  den  Tod 
gebildet  (1769)  ;  tome  XI  de  l’édition  Lachmann,  p.  1  suiv.  ;  voir  surtout  p.  7,  25, 
10  su*v-  —  5  Sid.  Apollin.  Epist.  lit,  13;  Apul.  Apol.  p.  533,  et  les  lexico¬ 
graphes,  notamm.  Étym.  Magn.  v.  SxEktTÔ;,  vtxjôî.  — G  Munck,  De  fabulis  Atellan. 
p.  39.  —  7  Senec.  Ep.  34;  Petr.  Sat.  34;  Priap.  33  ;  Isid.  Orig.  VIII,  il,  101; 

Fest.  p.  93;  169  ;  Ov.  Ibis ,  146  :  ossea  forma ;  cf.  de  Witte,  Note  sur  un  vase  de 
tn  ie,  dans  les  Mémoires  de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  France ,  1869,  p.  163  ; 
Aichaeol.  Anzeiger ,  1889,  p.  106  et  Treu,  De  ossium  humanorum  larvarumque 

apud  antiquos  imaginibus,  Berlin,  1874,  p.  50  suiv.  —  8  Voir  pour  l'énumération 

de  quelques-uns  de  ces  monuments,  la  lettre  de  Klotz  qui  a  donné  occasion  à  Lessing 

de  défendre  ses  idées  sur  les  représentations  de  la  mort  par  les  anciens  :  préface 

6  ^  °PUSCU'(‘.  p.  5  suiv.  ;  avec  Winckelmann,  Allégorie,  p.  81  ;  Spon,  Recherches 


tuelle  et  qu’il  a  éclairés  par  l’examen  du  petit  nombre  de 
monuments  figurés  connus  alors,  sur  lesquels  les  sque¬ 
lettes  humains  jouent  un  rôle  8. 

Depuis  Lessing,  des  découvertes  chaque  jour  plus  nom¬ 
breuses  ont  confirmé  son  interprétation,  sous  cette  réserve 
que  les  Larves  squelettes  ne  représentent  pas  nécessai¬ 
rement  des  âmes  coupables  et  mauvaises,  mais  des  âmes 
quelconques,  même  d’hommes  éminents  dans  les  lettres 
et  dans  la  philosophie,  dont  les  artistes  n’ont  pas  hésité 
à  traduire  la  destinée  dernière  parles  traits  du  squelette, 
afin  de  mieux  marquer  l’inanité  de  leur  gloire  et  d’engager 
ainsi  les  vivants  à  jouir  des  biens  positifs  d  ici-bas. 
En  1810,  le  chanoine  de  Jorio  signalait  un  bas-relief  dé¬ 
couvert  à  Cumes  dont  deux  faces  exprimaient  la  félicité 
des  morts  dans  les  Champs  Élysées,  alors  que  la  troisième 


nous  en  montre  comme  la  caricature  macabre  (fig.  -4353), 
sous  les  traits  de  trois  squelettes  ou  corps  décharnés  dan¬ 
sants  9.  Nous  connaissons  aujourd’hui  un  bas-relief  de 
marbre,  malheureusement  mutilé,  qui  représente  un 
squelette  jouant  de  la  double  flûte  et  à  côté  un  squelette 
dansant  que  l’ouvrier  chargé  de  nettoyer  le  morceau  a 
brisé  10.  De  tous  les  deux  on  peut  rapprocher  une  pierre 
gravée,  sur  laquelle  un  squelette  danse,  tandis  qu’un 
Satyre  ou  un  Silène  lui  joue  de  la  flûte  u. 

Une  seconde  catégorie  de  monuments  du  même  genre 
nous  est  fournie  par  des  lampes  sépulcrales,  dont  la 
première  a  été  étudiée  par  de  Witte  en  1870  12  et  dont 
la  série  entière  forme  la  matière  d’une  monographie 
dans  les  Mélanges  de  l’ École  française  de  Rome  13  ;  deux 
sont  particulièrement  intéressantes.  Suri  unenousvoyons 
deux  squelettes  debout,  dansant  l’un  vis-à-vis  de  l’autre, 
sujet  familier  au  moyen  âge,  consacré  depuis  lors  par  la 
peinture  des  grands  maîtres  et  par  la  poésie  de  Goethe,  et 
qui  se  trouve  reporté  ainsi  à  la  meilleure  époque  de  l'art 
gréco-romain14;  l'autre  nous  montre  un  personnage 

p.  93  ;  Miscellan.  Antiq.  p.  7;  Fabrelli,  Inscript,  cap.  I,  p.  17  ;  Gori,  Inscript. 
Antiq.  quae  in  Etruriae  urbibus  exstant,  pars  I,  p.  382,  455;  cf.  du  même, 
Muséum  Florentinum ,  n»  913  ;  Buonarotti,  Osserv.  sopra  alcuni  vetri,  t.  XXV11I,  3; 
du  même  :  Vetri  antichi,  p.  193  ;  Lippert,  Daktyliothek,  n°  998.  —  9  De  Jorio, 
Scheletri  Cumani  dilucidati,  etc.,  Naples,  1810;  Sickler,  De  monum.  aliquot  e 
sepulcro  Cuman.  etc.  Weimar,  1812;  sujet  repris  par  Olfers,  U  cher  ein  Grab  bei 
Cumae  mit  Riicksicht  auf  das  Vorkommen  mit  Skeleten  unter  den  Antiken ,  Berl. 
Akadem.  1831,  p.  40  suiv.  —  10  Le  Blaut,  De  quelques  objets  antiques  représen¬ 
tant  des  squelettes ,  dans  les  Mélanges  de  l’École  franc,  de  Rome,  1887 ,  p.  251  suiv. 
_  11  Gori,  Mus.  Florent.  91,  3  ;  S.  Reinach,  Pierres  gravées,  pi.  ii.ui,  n.  90  ; 
voir  aussi  les  pierres  du  Musée  de  Berlin,  Furtwangler,  Reschreib.  d.  gesclin. 
Stein.  n.  6518  et  s.;  du  Brilish  Muséum,  Smith  et  Murray,  Catalog.  n»  2053. 

_ 12  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  1870,  p.  107.  —  13  T.  VII,  1887, 

p  s>5 2,  et  pl.  vu  ;  les  deux  lampes  que  nous  citons  Ça  seconde  reproduite  après 
de  Witte)  portent  les  n»»  1  et  2  ;  la  première  aussi  chez  Comarniond,  Descript.  des 
intiques  du  Musée  de  Lyon,  pl.  iv,  et  ailleurs;  Treu,  p.  31,  en  cite  un  second 
exemplaire  au  Musée  de  Berlin.  —  14  Voir  l'article  de  Wunderer,  Ein  Antiker 
Todtentans,  dans  Illustriertes  Universum,  1897-98,  p.  555  suiv. 


LAR 


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LAR 


dans  l’attitude  delà  discussion,  assis,  les  jambes  croisées, 
le  bras  droit  détendu  par  le  geste  familier  à  l’orateur,  et 
dont  l’attention  semble  partagée  entre  un  squelette  dressé 
devant  lui  et  un  enfant  au  maillot  étendu  par  terre;  il 
s’agit  évidemment  d’un  philosophe,  prononçant  une  decla- 
matio{\uikirrù  sur  le  mystère  delà  naissance  et  de  la  mort. 

Une  particularité  digne  de  remarque,  c’est  que  la  signi¬ 
fication  morale  de  plu¬ 
sieurs  de  ces  scènes  est 
soulignée,  non  pas  seu¬ 
lement  par  la  danse  et 
les  instruments  de  mu¬ 
sique,  mais  par  la  pré¬ 
sence  d’attributs  em¬ 
pruntés  au  culte  de 
Bacchus  *,  tels  que  des 
masques  ou  le  thyrse 
qui  figure,  entre  autres, 
sur  une  lampe  d’argile 
(fig.  4354)  représentant 
deux  squelettes  aux 
prises  à  la  manière  des 
lutteurs  2.  A  côté  d'un  squelette  qui  orne  le  chaton  d’une 
bague  en  argent,  travail  délicat  du  i"  siècle  de  notre  ère3, 
on  voit  (fig.  4355)  une  amphore  couronnée 
de  fleurs  et  au-dessus  le  papillon  symboli¬ 
que,  image  de  l’âme  immortelle  ;  on  dirait  le 
commentaire,  relevé  d’ailleurs  par  des  in¬ 
tentions  spiritualistes,  des  odes  où  Horace 
engage  un  ami  à  goûter  les  biens  de  la  vie, 
jusqu’à  l’heure  où  le  sort  commun  nous 
mènera  tous,  par  le  Styx.  à  l’éternel  exil  L 
Cette  association  de  l’idée  de  la  mort, 
incarnée  dans  la  Larve  hideuse,  avec  celle  des  jouissances 
sensuelles  n’apparait  nulle  part  avec  plus  d’évidence  que 
dans  les  vases  qui,  destinés  aux  festins  \  portent  en  relief 
sur  leurs  flancs  les  squelettes  que  Trimalcion  plaçait  sur 
sa  table.  Le  premier,  en  argile,  découvert  en  1865  à  Ileude- 
bouville,’  dans  l’Eure,  et  conservé  au  musée  d’Orléans  ", 
est  orné  de  quatre  squelettes,  groupés  autour  d’un  autel 
que  surchargent  des  instruments  se  rapportant  à  la  navi¬ 
gation,  un  gouvernail,  un  aviron  :  allusion  probable  au 
voyage  vers  les  Enfers  ou  vers  les  Iles  Fortunées  1  ;  sur 
les  bords  du  vase  sont  figurés  trois  masques  comiques; 
les  squelettes,  dont  les  os  saillants  ont  conservé  la  peau 
adhérente,  dansent  du  même  mouvement  discret  que  nous 
avons  noté  sur  une  des  lampes  citées  plus  haut  ;  le  coryphée 
tient  d’une  main  une  bourse  pleine  et  de  l’autre  un  pot  à 
vin  ( capis );  de  Witte  en  a  pris  occasion  pour  passer  en 
revue  un  grand  nombre  de  représentations  analogues, 
urnes  cinéraires,  figurines  de  bronze,  dont  plusieurs 
votives,  trouvées  dans  le  lac  de  Falterona  en  Toscane  8, 
bas-reliefs  et  pierres  gravées  qui  sont  redevables  au 

l  Treu,  Op.  ciï.p.  20  s.;  cf.  Le  Blant,  Op.  cit.  p.  254.  —  2  Le  Blant,  pl.  vu, 
n°  5  ;  on  songe  à  la  description  des  Champs  Élysées  par  Virgile,  Aen.  VI,  642  :  Pars 
in  gramineis  exercent  membra  palaestris,  Contendunt  ludoet  fulva  luctantur  ha- 
rena.  —  3  Le  Blant,  Op.  cit.  p.  253,  pl.  vii,  n»  4,  qui  compare  Buonarotti, 
Frammenti  di  vetri  antichi,  p.  193,  pierre  gravée  représentant  un  squelette  avecun 
papillon,  un  vase  et  l’inscription  KT12  XPQ.  Voir  aussi  Ficoroni,  Gemmae  ant.  litte- 
rat.  Rome,  1758,  pl.  vin.  —  '*  Od.  II,  3,  avec  la  conclusion;  cf.  Ibid.  14,  etc. 

—  B  Sur  les  inscriptions  :  Béjouis-toi  (tùtppciîvou)  ;  Bois  et  riijouis-toi  (m’/t,  sùojaivou). 
Voir  Sccchi,  Campione  d'anlica  bilibra,  p.  26,  et  de  Witte,  Op.  cit.  p.  109,  n.  1. 

—  6  Étudié  par  de  Witte,  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France ,  1869,  p.  160, suiv. 
avec  une  planche  ;  cf.  Ballet.  1867,  p.  108,  et  Comptes  rendus  de  l’Acad.  des  Inscr. 
et  Belles-Lettres,  1866,  p.  389.  —  7  De  Witte,  loc.  cit.  p.  169.  —  8  Pour  ces  derniers, 
voir  Ballet,  de  ïlnstit.  Arch.  1838,  p.  65  suiv.;  1842,  p.  179  ;  1845,  p.  96;  Micali, 


squelette  de  leur  originalité  artistique  et  morale.  Des 
fragments  de  tasses  en  terre  d’Arezzo  présentent  l’image 
de  squelettes  portant  des  fruits,  des  plateaux  chargés, 
des  guirlandes  9. 

Tous  ces  monuments,  qui  éclairent  d’une  si  vive  lumière 
non  seulement  la  question  spéciale  des  Larvae,  mais 
celle,  plus  générale,  de  la  représentation  de  la  mort  par 
l’art  gréco-romain  sous  l’Empire,  passent  au  second  plan, 
grâce  à  deux  gobelets  en  argent  qui  font  partie  du  trésor 
de  Boscoreale  10  et  que  l’on  peut  dater,  presque  à  coup 
sûr,  des  règnes  d’Auguste  ou  de  Tibère  11 .  Nous  n’avons 
pas  à  entrer  ici  dans  la  description  détaillée  de  ces  mor¬ 
ceaux  d’orfèvrerie  ;  mais  nous  devons  en  retenir  pour 
notre  sujet  ce  fait  qui  a  son  importance  :  c’est  qu’outre 
les  squelettes  anonymes  qui  ont  fourni  les  motifs  d’orne¬ 
mentation,  nous  en  rencontrons  que  l’artiste  a  désignés 
par  leurs  noms,  et  que  ces  noms  comptent  parmi  les  plus 
célèbres,  les  plus  respectés  de  l’histoire  des  Lettres  et  de 
la  Philosophie  antiques.  Il  n’est  donc  plus  vrai  de  dire  que 
les  Larvae  impliquent  forcément,  à  cette  époque,  l’idée 


d’âmes  coupables  ou  mauvaises,  par  opposition  avec  les 
Lemures  ou  les  Mânes  12.  Chacun  des  gobelets  nous  offre 
des  poètes  et  des  philosophes  :  le  premier  (fig.  4356),  les 
poètes  Ménandre,  Archiloque  et  Euripide  ;  les  philosophes 
Monimus,  de  l’École  cynique,  et  Demetrius  de  Phalère, 
péripatéticien  ;  le  second,  les  poètes  Sophocle  et  Moschion 
avec  les  philosophes  Zénon  et  Epicure.  Ces  deux  derniers 
sont  aux  prises,  dans  une  lutte  de  doctrine,  1  un  fort 
animé  comme  il  convient  au  stoïcien  intraitable,  l’autre 
plein  d’indifférence,  uniquement  préoccupé  d’un  énorme 
gâteau  placé  sur  une  table  devant  lui  ;  à  ses  pieds, 
un  petit  cochon  semble  réclamer  sa  part  :  spirituel 
commentaire  du  mot  d’Horace  :  Epicuri  de  grege 

Mon  uni.  Incd.  p.  86  s.  ;  pour  l’ensemble,  Olfers,  Op.  cit.,  qui  est  loin  d  être  complet, 
surtout  aujourd’hui;  et  A.  Maury,  Revue  arch.  t.  V,  1847,  p.  287  suiv.  Le  travail 
d’ensemble  le  plus  récent  est  celui  delà  comtesse  Caetani-Lovalelli,  Monum.  antichi 
dei  Lincei,  1895,  avec  pl.  Du  môme  auteur,  Thanatos,  Rom.. 1888  (pieiie  gravée, 
mosaïque  avec  l'inscription  yvù>6i  uau-tov).  Voir  aussi  Longpêricr,  Notice  des  bronzes 
du  Louvre ,  n°  691;  S.  Rcinach,  Répertoire  de  la  statuaire ,  II,  p.  691. 
—  ^  Lovatelli,  Op.  cit.  p.  13.  —  10  Au  Louvre  ;  Héron  de  Villefosse,  dans  les  Monu¬ 
ments  et  Mémoires  (Fondation  Piot),  1899,  t.  V,  p.  5b  suiv.,  pl.  vu  et  vm.  H  La 
date  est  donnée,  approximativement,  par  les  qualités  de  1  exécution  et,  d  une  façon 
plus  précise,  par  l’orthographe  EEATON  pour  EEATTON  d’une  des  inscriptions  au 
pointillé  ;  voir  la  dissertation  de  II.  de  Villefosse,  p.61,n.  2.  12  En  réalité,  la  classifi¬ 

cation  des  daemons  grecs  et  des  variétés  diverses  d’esprits  qu’a  connus  la  religion 
romaine  est  le  fait  des  philosophes  plutôt  que  delafoi  populaire  ;  voir  lares,  p.  9*0. 


LAS 


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LAS 


Um  1  Bourses  remplies  d’or,  appareil  théâtral  figuré 
nar  des  masques  et  des  instruments  de  musique,  thyrse  et 
sceptre  aux  mains  d’Euripide  et  de  Sophocle 2,  guirlandes 
de  roses  en  relief  décorant  les  coupes,  papillon  image  de 
l’âme  inscriptions  caractéristiques  exhortant  à  user  de  la 
vie  pendant  qu’elle  fleurit,  tout  concourt  à  rendre  sen¬ 
sibles  aux  yeux  les  leçons  de  l’épicuréisme  facile,  qui  ne 
Soncre  à  l’au-delà  que  pour  mieux  jouir  des  réalités  pré¬ 
sentes  :  «  Bois  et  prends  du  plaisir,  voilà  comme  ta  seras 
quand  tu  seras  mort  »,  disait  aux  convives  chez  les 
Egyptiens  l’image  en  bois  d’un  mort  qui,  couchée  dans 
un  coffre  à  momie,  était  portée  à  la  ronde  durant  les 
repas  3  ;  c’est  ce  que  répètent  aux  Romains  les  Larves,  ou 
sculptées  sur  les  coupes  ou  dressées  sur  la  table  sous  la 
forme  de  squelettes  artistement  imités  4  : 

Eheu!  nosmiseros!  quant  totus  homuncio  nil  est! 

Sic  erimus  cuncti,  postquam  nos  auferet  Or  cm, 

Ergo  vivamits  dum  licet  esse  bene. 

Ainsi  l’idée  de  Larvae ,  indéterminée  encore  aux  débuts 
de  la  littérature  latine  et  sans  doute  dépourvue  d’expres¬ 
sion  plastique,  a  revêtu  peu  à  peu  la  forme  macabre  dans 
l’art  mis  au  service  d’une  certaine  philosophie.  Lespoètes 
toutefois  se  gardent  de  lui  donner  place  dans  leurs  des¬ 
criptions  :  par  là  ils  restent  fidèles  aux  traditions  de 
l’esprit  grec  qui  avait  horreur  de  la  mort,  en  tant  qu’elle 
déforme  l’être  humain,  et  qui  écartait  de  la  vue  les  images 
pouvant  en  rappeler  le  souvenir  5.  Il  appartenait  au 
moyen  âge  de  personnifier  la  Mort  elle-même  sous  les 
traits  du  squelette;  les  anciens  se  sont  bornés  à  leur 
demander  la  représentation  des  morts  individuels. 

Quelques  acceptions  spéciales  du  mot  larvci  dérivent 
de  cette  conception  fondamentale.  Au  théâtre,  on  appelait 
larvae  les  masques  grimaçants  que  nous  avons  vus 
d’ailleurs  si  curieusement  associés  aux  squelettes,  images 
des  Larves  véritables  G.  Enfin  le  mot  et  l’idée  de  larva 
furent  métaphoriquement  transportés  à  des  hommes 
vivants,  pour  caractériser  une  sorte  de  déchéance 
physique  ou  morale;  on  appelait  Larva  l’édile  ou  tout 
autre  magistrat  qui,  au  lieu  de  dépenser  pour  faire  hon¬ 
neur  à  sa  charge,  l’exploitait  pour  s’enrichir 7.  Une  nuance 
analogue  fait  le  sel  du  mot  de  Plancus  que  nous  avons 
cité8  ;  le  mot  masque  en  français  et  celui  de  fantôme  dans 
le  langage  de  certaines  provinces  servent  à  des  usages 
semblables.  J.  A.  Hilik 

LASA.  —  Nom  étrusque  que  l’on  trouve  plusieurs 
fois  inscrit  sur  les  miroirs  gravés  du  me  siècle  avant 


notre  ère1.  Les  figures  féminines  2,  à  côté  desquelles  il 
est  placé  et  qu’il  sert  à  désigner,  seprésentent  sous  divers 
aspects  :  elles  sont  nues  ou  vêtues  de  tuniques  plus  ou 
moins  longues,  avec  ou  sans  ailes,  sans  ornements  ou 
parées  de  bijoux  à  la  mode  étrusque,  chaussées  ou  non 
de  brodequins.  Mais  elles  ont  ceci  de  commun  qu  elles 
n’occupent  dans  la  composition  qu’une  place  secondaire. 
Comme  certaines  figures  allégoriques  qu’on  voit  souvent 
sur  les  vases  peints  de 
la  Grèce3,  elles  font  l’of¬ 
fice  d’auxiliaires  ou  de 
servantes.  Sauf  de  rares 
exceptions4,  elles  ont  en 
mains  des  objets  qui  se 
rapportent  à  la  toilette, 
tels  qu’un  miroir  ou  une 
aiguille  à  cheveux  [acus, 
discerniculum],  ou  une 
fiole  à  parfums  [alabas- 
tron]  ;  c’est  avec  ces  deux 
derniers  attributs  que 
sont  représentées  les  La- 
sas  d’un  miroir  du  Cabi¬ 
net  des  Médailles5  (fig 
4357).  Ces  attributs  don¬ 
nent  à  penser  que  les  Lasas  doivent  être  conçues  comme 
des  génies  de  la  toilette.  De  là  vient  qu  elles 'Sont  si  sou¬ 
vent  figurées  sur  les  miroirs5  et  de  préférence  associées 
à  l’image  de  Vénus1  ou  d’Hélène8,  c’est-à-dire  à  l’image 
de  la  déesse  et  de  la  mortelle  dont  le  nom  est  comme  le 
symbole  de  la  coquetterie  féminine. 

Le  mot  Lasa,  dont  le  sens  nous  échappe,  paraît  avoir 
été  en  étrusque  un  terme  générique  :  car  il  est  quelque¬ 
fois  accompagné  d’un  autre  mot,  destiné  sans  doute  à  le 
déterminer  ou  à  préciser  la  nature  spéciale  de  l’office 
dévolu  au  personnage.  C’est  ainsi  que  sur  le  miroir  d’où 
est  tirée  la  figure  4357,  l’une  des  Lasas ,  celle  que  l’on 
voit  ici,  est  qualifiée  de  Lasa  Thimrae tandis  qu’une 
autre  s’appelle  Lasa  Racuneta.  On  trouve  encore  ailleurs 
Lasa  Vécu10,  Lasa  Vecuvia il,  Lasa  Sitmica 12. 

Y  a-t-il  quelque  rapport  entre  l’étrusque  lasa  et  le  latin 
lases ,  forme  archaïque  de  lares™  ?  Les  Romains  ont  tant 
emprunté  à  l’Étrurie  que  la  chose  n’est  pas  impossible, 
mais  elle  n’est  pas  démontrée.  Jules  Martiia. 

LASANOPHOROS  (Aowavoçôpoç).  —  Esclave  chargé  de 
porter  à  son  maître  le  lasanum  1 . 

LASANUM  (Axcavov).  —  I.  Support,  pied  sur  lequel  on 


1  Ep.  I,  4,  10.  A  côlédu  groupe  figuré  sur  le  vase  est.  la  maxime  :  TO  TEA 
HAONH,  la  jouissance  est  le  bien  suprême.  —  2  La  vie  même  y  est  appelée 
théâtre  :  EKHNH  '0  BIOS,  pl.  vm  et  p.  6t.  —  3  Herod.  II,  78  et  86,  ai 
les  notes  dans  1  édition  Stein  ;  cf.  Plut.  ls.  et  Osir.  17  ;  Lumbroso  ( L'Egi 
al  tempo  dei  Greci  e  dei  Romani,  1882),  p.  70,  not.,  faisant  le  rapprochenu 
de  ce  passage  avec  celui  de  Pétrone,  soutient,  bien  à  tort,  que  chez  Trimalci 
épisode  du  squelette  est  une  preuve  d '  E  gyptomanie,  au  lieu  d'y  reconnaître 
caractère  romain.  —  4  petr.  Sat.  35.  —  6  Cf.  Lessing,  Laocoon ,  p.  77  (t. 
e  1  édit.  Lachmann)  avec  la  première  partie  de  la  dissertation  ci-dessus  cit 
et  de  Witte,  Note  sur  un  vase  de  terre,  loc.  cit.  p.  162.  —  6  Hor.  Sat.  I,  5,  ( 
c  .  Juv.  III,  175  .  „  personae  pal lcntis  hiatura  »,  qui  épouvante  l'enfant  prési 
•m  spectacle;  et  Plaut.  Rud.  II.  6,  81.  —  7  Fest.  p.  95;  129;  144;  239;  Macn 
’  g.?4’  61  le  fragment  de  Varron,  Sat.  Men.  463,  ap.  Non.  p.  538,  14.  —  8  V 
P  >  >  ,  note  2  ;  Petr.  Fragm.  Trag.  44  (édit.  Burmar.n)  ;  cf.  Plaut.  Merc.  11,  4,  ! 
p  °»  le  mot  est  une  injure. 

cccl  .A|f 1  ^°’1'  ^erhard,  Etruskische  Spiegel,  pl.  xxxvn,  cxv,  ci.xxxi,  ccxc(douteu 
se  i'X  ’  ürte  (6uP['lément à  l’ouvrage  de  Gerhard),  pl.  i,  xxm,  xxiv,  cvn  a.  Le  motif 
arcl  /  G  aUSS’  sur  un  cachet  d'or  représentant  une  sccne  de  toilette  ( Mittheil .  d 
nage"  dé*^'  b  1886,  p.  231).  —  2  Sur  la  planche  xxiv  de  Kôrte,  le  persi 

p  63  o  S'K1"')  Par  Lasa  parait  par  exception  être  un  jeune  homme.  —  3  Cf.  t 
j  ‘g.  10_.  4  Gerhard,  Op.  cit.  pl.  xxxvu  [Lasa  avec  une  fleur);  pl.  ccc 


[Lasa  déroulant  un  volumen  devant  Ajax  et  Amphiaraüs).  Dans  ce  dernier  exemple, 
il  est  très  probable  qu'il  y  a  une  confusion  entre  une  Lasa  et  quelque  génie  du 
destin.  De  pareilles  confusions  de  personnages  sont  très  fréquentes  sur  les  miroirs 
étrusques  (Martha,  Art  étrusque,  p.  552).  —  5  Babelon  et  Blauchct,  Bronzes  ant. 
de  la  Bibl.  nation,  n.  1287  ;  Gerhard,  pl.  clxxxi.  Le  registre  supérieur  représente 
l’apothéose  d’Uercule  [hercules,  fig.  3789];  le  registre  inférieur  montre  Agamemnon 
reçu  par  Hélène  dans  l'ile  de  Leucé  [helexa,  fig.  3748],  —  6  On  peut  en  effet  consi¬ 
dérer  comme  des  Lasas  un  grand  nombre  de  figures  ailées,  qui  ne  sont  pas  dési¬ 
gnées  comme  telles  par  une  inscription,  mais  qui  portent,  comme  elles,  l'aiguille 
à  cheveux  et  la  fiole  à  parfums  ;  cf.  Gerhard,  pl.  xxxii,  xxxm,  xxxtv,  xxxv,  ccxliv, 
ccxliv  A;  ccxlv,  1,  2;  ccxlvh;  ccxlviu  1;  ccl  ;  ccli;  cclxxxi;  K  Or  te,  pl.  n  ;  ni; 
vm  2  •  xxix,  etc.  —  1  Sur  le  rapport  des  Lasas  avec  lo  cycle  de  Vénus,  voir 
gchippko,  De  speculis  etruscis  particula,  1  (Diss.  inaug.  Vratislav.  1881),  p.  4-21. 
_-8  Voir  la  note  5.  —  9  La  figure  ailée,  qui  est  à  gauche  (lu  même  registre 
et  qui  est  désignée  par  le  mot  Mean,  a  aussi  toutes  les  apparences  d'une  Lasa. 
_  10  Gerhard,  pl.  xxxvu.  —  U  Mittheil.  d.  arch.  Inst.  Rom.  1886,  p.  231 
_  12  Gerhard,  pl.  cxv.  —  13  Cf.  Fabretti,  Corp.  viser,  ital.  gloss,  col.  1020 
Corsscn,  Sprache  d.  Etrusk.  1,  p.  245  et  suiv.  ;  O.  Millier  (éd.  Deccke),  Die 
Etruskcr,  t.  II,  p-  97,  note  50;  Deecke,  Etr.  Forsch.  IV,  p.  43  cl  suiv.;  Buggo, 
Etr.  Forsch.  u.  Stud.  IV,  p.  227. 

LASANOPIIOROS.  1  Plut.  Apopht.  p.  182  c. 


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LAT 


place  un  vase,  pour  le  tenir  au-dessus  du  feu.  Le  mot 
grec  est,  en  ce  sens,  synonyme  de  yuxpÔTtou;1  [chytra]. 
C'est  aussi  la  signification  du  mot  lasanum  dans  un 
passage  d’Horace2  où  il  a  été  souvent  pris  dans  une 
deuxième  acception,  qu’il  a  ordinairement  en  latin. 

II.  La  première  signification  fait  comprendre  comment 
une  disposition  analogue  a  fait  donner  le  même  nom  à  une 
chaise  percée  (Siçpoç3,  ou  perfusa*),  qu’elle  fût  mobile 
ou  installée  à  demeure5  [latrina]. 

DATER,  brique  [figlinum  orus,  p.  2019], 

LATERES.  —  Les  Romains  donnaient  le  nom  de 
lateres  aux  lingots  de  métal  précieux  non  monnayé,  qui 
avaient  généralement  la  forme  de  briques  ou  de  tuiles 
et  qu'on  conservait  soit  dans  Y aerarium  de  l’État,  soit 
dans  les  trésors  des  temples,  soit  enfin  dans  la  réserve 
des  hôtels  monétaires.  C’est  le  sens  que  Varron  applique 
à  ce  mot,  quand  il  dit  :  lateres  argentei  atque  aurei 
primum  conflati  atque  in  aerarium  conditi  1 .  Pline  dit 
que  Jules  César,  lors  de  sa  première  entrée  dans  Rome, 
pendant  la  guerre  civile  qui  porte  son  nom,  tira  du  trésor 
public  quinze  mille  livres  en  tuiles  d’or  et  trente-cinq 
mille  en  tuiles  d’argent  [ex  aerario  protulit  laterum 
aureorumXV  M.,  arge'nteorum  XXXV)2. 

Avant  l’invention  de  la  monnaie,  dans  toutes  les  civi¬ 
lisations,  l’usage  des  lingots  métalliques  ou  lateres  est 
le  mode  de  paiement  qu’on  trouve  le  plus  répandu  dans 
les  opérations  commerciales  ;  on  pèse  les  lingots,  ou  bien 
l’autorité  publique  les  fait  tailler  d’un  poids  déterminé 
qu’elle  garantit  par  l’apposition  de  son  estampille  sur  les 
lingots  eux-mêmes.  Dans  l’Égypte  pharaonique,  où  la 
monnaie  fut  toujours  inconnue,  les  métaux  précieux,  l’or, 
l’electrum,  l’argent  étaient  échangés  souvent  en  lingots 
ayant  la  forme  de  briques,  de  barres  ou  de  plaques,  obte¬ 
nues  par  la  fusion  ou  un  travail  de  métallurgie.  Des 
bas-reliefs  et  des  peintures  de  l’ancienne  Égypte  nous 
montrent  les  marchands  occupés  au  pesage  de  ces  lin¬ 
gots  à  l’aide  de  la  balance3.  Il  en  était  de  même  en 
Chaldée  et  en  Assyrie  ;  le  Musée  du  Louvre  possède  des 
tablettes  d’or,  d’argent,  de  cuivre,  dé  plomb  et  d’anti¬ 
moine  couvertes  d’inscriptions  cunéiformes,  qui  avaient 
été  déposées,  à  titre  d’offrandes  religieuses,  dans  les  fon¬ 
dations  du  palais  de  Ivhorsabad  :  elles  sont,  pour  nous, 
des  spécimens  des  lingots  échangés  dans  le  commerce 
pour  les  paiements,  ou  apportés  comme  redevances  par 
les  peuples  tributaires  du  roi  d’Assyrie4.  Dans  le  livre 
de  Josué,  il  est  parlé  d’une  langue  d'or  pesant  50  sicles 5  : 
nous  pourrions  multiplier  les  exemples  de  lingots  de 
métal  précieux  ayant  la  forme  de  barres,  de  tuiles,  de 
plaques  plus  ou  moins  épaisses  qui  se  transmettaient  en 

LASANUM.  l  Pollux,  X,  24,99;  Phot.,  Moeris.,  Hesych.  s.  v.;  Suid.  s.  v. 
AxoSàOoois  et  Aàirava  ;  Bekker,  Anecd.  I,  p.  10G  ;  Schol.  Aristoph.  Pax ,  839;  Scbol. 
Soph.  Aj.  1377  ;  Moschopoul.  ad  Ilesiod.  Op.  et  d.  748.  —  2  Sat.  I,  G,  109. 
Voir  les  commentateurs  et  surtout  Seebode,  Schol.  zu  Eorat.  Gotha,  1839.  Dans 
ce  passage,  le  sordidus  praetor ,  qui  porte  avec  lui  en  voyage  un  lasanum  et  un 
oenophorum,  n'a  que  faire  d'ajouter  à  son  mince  bagage  une  chaise  percée,  mais 
il  s’assure  le  boire  et  le  manger  sans  avoir  besoin  d’aller  à  l’auberge.  Ainsi  1  ont 
compris  Dacier,  Sanadon,  Seebode,  l.  I.  —  3  Moeris,  p.  250,  Pierson.  ;  Hesych. 
—  4  Calo,  R.  rust.  clvii,  11.  —  S  Pollux,  X,  9,  44,  et  lb.  Aristoph.  et  Pherec.  ; 
Moeris,  Phot.,  Hesych.  I.  I.  ;  Bekker,  Anecd.  I,  p.  51  et  106;  Petron.  Sat.  41 
et  47  ;  Epict.  Diss.  1,  19,  17.  Voir  aussi  Ilippocr.  De  superf.p.  261,  13  et  888 
Foes. 

LATERES.  t  Varr.  ap.  Non.  s.  v.  Lateres,  p.  35G,  éd.  Gerlach  et  Roth;  Hultsch, 
Gr.  und  rôm.  Metrol.  2e  éd.  p.  267.  —  2  Plin.  Nat.  hist.  XXXIII,  17,  1; 
cf.  J.  Marquardt,  De  Vorganis.  financ.  chez  les  Romains,  trad.  Vigié,  p.  27,  note  6. 

_  3  Lepsius,  Denlcmtiler,  t.  III,  10  a;  39  a,  d ,  etc.  ;  Barclay  V.  Head,  The  coinage 

of  Lydia  and  Persia,  p.  1  ;  W.  Ridgeway,  The  origin  of  metallic  currency  and 
weight  standards,  p.  128  ;  G.  Maspero,  Hist.  anc.  des  peuples  de  l’Orient  classique, 


paiement,  dans  les  anciennes  civilisations  de  l’Orient 
classique.  Aujourd’hui  encore,  chez  les  peuples  de 
l’Extrême-Orient,  en  Chine  notamment,  des  plaques  el 
des  tuiles  métalliques  remplacent  la  monnaie,  et  l’on 
peut  voir  au  Musée  de  l’Hôtel  des  Monnaies,  à  Paris, 
d’énormes  briques  rectangulaires  d’or  et  d’argent,  estam¬ 
pillées  au  nom  de  divers  souverains  de  l’Annam,  qui 
furent  trouvées  au  palais  de  Hué  lors  de  la  prise  de  cette 
ville  par  les  Français  en  1886  6. 

Chez  les  Grecs  de  la  civilisation  homérique  et  mycé¬ 
nienne,  l’usage  des  lingots  comme  instrument  le  plus 
ordinaire  des  échanges  est  non  moins  bien  constaté  que 
pour  l’Orient.  Schliemann  a  recueilli,  dans  le  grand 
trésor  d’Hissarlik,  des  lingots  d’argent  en  forme  de 
lames,  qui  ne  peuvent  guère  avoir  été  appropriés  à 
autre  chose  qu’à  l’usage  monétaire;  il  y  avait  aussi  dans 
le  même  trésor  des  lingots  d’or  et  d’electrum,  parfois  unis, 
parfois  percés  de  trous  ou  ornés  de  dents  régulières  qui 
servaient  peut-être  à  apprécier  la  valeur  de  ces  lingots 
sans  qu’on  eût  nécessairement  recours  à  la  balance7. 

Après  l’invention  de  la  monnaie  au  vue  siècle,  les  lin¬ 
gots  affinés,  préparés  pour  la  frappe  monétaire  et  gardés 
en  réserve  dans  les  ateliers  pour  être  monnayés  au  furet 
à  mesure  des  besoins,  continuèrent  à  recevoir  la  forme 
de  lingots  allongés,  ou  de  briques.  Hérodote  raconte  que 
le  roi  de  Perse  faisait  fondre  les  métaux  provenant  du 
tribut  Am  des  impôts;  il  les  gardait  dans  son  trésor  à 
l’état  de  lingots,  et  «  lorsqu’il  a  besoin  d’argent,  il  fait 
frapper  la  somme  qui  lui  est  nécessaire  »  8. 

Polybe  appelle  ces  briques  d’or  et  d’argent,  irXsvO&i 
ypuffaï  xat  àpyupaï9.  Dans  les  inventaires  du  trésor  du 
temple  d’Apollon,  à  Délos,  les  lingots  d’or  et  d’argent 
provenant  de  la  fonte  de  débris  d’offrandes,  de  cou¬ 
ronnes  brisées,  d’ustensiles  hors  d’usage,  reçoivent  le 
nom  de  yû^axa.  L’inventaire  d’IIypsoclès  enregistre  quinze 
yufjurra  d’or  pesant  ensemble  1600  drachmes,  et  vingt- 
deux  y6v.anx  d’argent10.  Parmi  les  offrandes  en  métal 
précieux  faites  au  sanctuaire  de  Delphes  par  le  roi  de 
Lydie  Gygès,  il  y  avait  des  briques  d’or  et  d’argent 
qu’on  appela  des  Gygéades  (Ynyotoai)  du  nom  du  dona¬ 
teur11  :  on  a  cru  à  tort  que  les  Gygéades  étaient  de  véri¬ 
tables  monnaies12.  Crésus,  qui  pourtant  avait  déjà  sa 
monnaie,  envoya  aussi  des  briques  de  métal  précieux  à 
la  Pythie  delphique  :  «  Sur  l’ordre  de  Crésus,  dit  Héro¬ 
dote,  on  fondit  une  immense  quantité  d’or,  dont  on  fit  au 
marteau  des  demi-briques  d’une  palme  d’épaisseur, 
longues,  les  plus  grandes  de  six  palmes,  les  moindres 
de  trois  ;  il  s’en  trouva  cent,  dont  quarante  d’or  pur, 
chacune  du  poids  d’un  talent  et  demi,  les  autres 

t.  I,  p.  324;  E.  Babclon,  Les  orig.  de  la  monnaie,  p.  50.  Les  lingots  ou  barres 
d'or,  d'argent,  de  cuivre,  de  plomb,  font  constamment  partie  du  tribut  que  les 
peuples  vaincus  paient  au  roi  d’Égypte.  Voir  notamment  Maspero,  Hist.  anc.  t.  U. 
p.  260,263,  267  et  s.,  283.  — 4  F.  Lenormant  et  E.  Babelon,  Hist.  anc.  de  l’Orient, 
t.  IV,  p.  277  et  t.  V,  p.  317.  —  s  Josué,  Vil,  21,  24.  —  6  E.  Babelon,  Les  orig.  * 
la  monnaie,  p.  42.  Sur  ces  usages  de  l’Extrême-Orient  qui  se  perpétuent  encore 
sous  nos  yeux,  on  peut  consulter  notamment  :  Otto  Sperling,  De  nummis  non  cusis 
dissertatio,  p.  267  ;  Les  six  voyages  de  J. -B.  Tavernier,  éd.  de  1681,  in-4»,  t.  b 
p.  110,  et  t.  II,  p.  20.  —  7  Schliemann,  Ilios,  trad.  Egger,  p.  568,  570,  579,  591. 
613-614,  621,  etc.  C’est  au  poids  de  l'or  qu’est  obtenue  la  rançon  du  cadavre  d’Hectoi , 
suivant  la  tradition  qu’Eschyle  avait  mise  sur  la  scène  (Aeseh.  Fragm.  Phnjtl- 
n»  54;  cf.  Henri  de  Longpérier,  dans  la  Rev.  num.  1869-70,  p.  33).  —  8  Herod.  Id. 
94;  E.  Babelon,  O.  I.  p.  59.  —  9  Polyb.  X,  27,  12.  —  10  Homolle,  Bull .  corr. 
hell.  t.  VI,  1882,  p.  94  et  134,  et  t.  X,  1886,  p.  470.  —  U  Herod.  I,  14  ;  Poil,  I11’ 
87  ;  Vil,  98.  —  12  Fr.  Lenormant,  dans  1  Annuaire  de  la  Soc.  fr.  de  num.  t.  D  - 
1874,  p.  171  et  s.;  G.  Radet,  La  Lydie  au  temps  des  Mermnades,  p.  155.  cl 
Revue  des  Universités  du  Midi,  1895,  p.  119;  E.  Babelon,  O.  h  P' 
223. 


—  9o5  — 


LAT 


LAT 


cl’or  blanc  (electrum)  pesant  chacune  deux  talents  *.  >' 

Longtemps  après  que  l’usage  de  la  monnaie  eût  été 
partout  répandu  dans  le  monde  hellénique,  Sparte  con¬ 
tinuait,  par  tradition,  à  se  servir  de  lingots  de  fer  comme 
intermédiaire  des  échanges.  Ces  lingots,  connus  sous  le 
nom  de  pelanor  (TtèXavop,  stS-rçpoüv  vogccg-a) 2,  pesaient  cha¬ 
cun  une  mine  éginétique  ;  pour  en  transporter  six  seu¬ 
lement,  c’est-à-dire  environ  4536  kilogrammes,  il  fallait 
un  chariot  attelé  de  deux  bœufs  3.  Dans  le  reste  du 
monde  hellénique,  on  continua  longtemps  de  voir  cir¬ 
culer,  à  côté  des  monnaies  véritables,  de  vieux  lin¬ 
gots  monétaires,  analogues  au  pélanor  ;  on  les  appe¬ 
lait,  suivant  leurs  formes,  pastilles  (<p0ote,  ®6of8eç)  ou 
saumons,  broches  (oêeXck,  oêeXûrxoç) 4.  Le  cp0oî;  ou  la 
pastille  métallique  est  encore  mentionné  dans  les  comptes 
des  trésoriers  du  temple  d’Athéna,  à  Athènes,  au 
ve  siècle  6.  Quand  Epaminondas  mourut,  il  était  si 
pauvre  qu’on  ne  trouva  dans  sa  maison,  pour  toute  for¬ 
tune,  qu’un  vieil  oSeXtcxo;  en  fer6,  qui,  sans  doute,  devait 
avoir  un  caractère  superstitieux  ou  talismanique,  car  au 
temps  d’ Epaminondas  la  monnaie  était  depuis  plusieurs 
siècles  universellement  répandue.  Lorsque  Phidon  fit 
frapper  les  premières  monnaies  à  Égine,  il  retira  de  la 
circulation  les  vieilles  broches  de  fer  qui  avaient  servi 
de  monnaie  jusque-là,  et  il  en  consacra  un  certain 
nombre  d’exemplaires  en  ex-voto  dans  le  sanctuaire  de 
liera,  à  Argos.  Au  temps  d’Aristote,  on  voyait  encore 
dans  le  temple,  avec  l’inscription  dédicatoire  de  Phidon, 
ces  anciens  oêeXàrxoi  qui,  ayant  revêtu  un  caractère  reli¬ 
gieux,  étaient  l’objet  de  la  vénération  autant  que  de  la 
curiosité  de  tous  7.  C’est  du  mot  06s Xôç  que,  dans  le  sys¬ 
tème  monétaire  de  Phidon,  fut  formé  le  terme  d'obole, 
la  sixième  partie  de  la  drachme,  sans  doute  parce  que 
l’obole  d’argent  avait  la  même  valeur  que  l’ancienne 
broche  de  fer  [obolus]. 

Dans  l  ltalie  centrale,  avant  l’invention  de  la  monnaie, 
nous  constatons  les  mêmes  usages  qu’en  Grèce  :  seule¬ 
ment,  au  lieu  du  fer,  ce  sont  des  lateres  de  cuivre  qui 
sont  dans  la  circulation,  comme  étalons  de  valeur.  Il  nous 
en  est  parvenu  des  spécimens  qui  ont  la  forme  de  tiges 
ou  barres  rectangulaires  ou  allongées,  portant  en  sail¬ 
lie,  sur  l’une  de  leurs  faces,  des  lignes  parallèles  régu¬ 
lièrement  espacées,  séparées  parfois  par  des  points  ou 
globules;  d’autres  de  ces  saumons  de  cuivre  sont  ornés 
d  une  ligne  qui  en  parcourt  toute  la  longueur  et  à  laquelle 
viennent  se  souder,  comme  à  un  axe  central,  des  lignes 
transversales  et  plus  petites  :  l’ensemble  de  cette  déco- 
lation  ressemble  assez  bien  à  une  arête  de  poisson3. 
Ces  emblèmes  rudimentaires  dispensaient,  dans  la  plu¬ 
part  des  cas,  de  recourir  à  la  balance  :  on  se  contentait 

e  compter  les  points  ou  les  lignes  en  saillie  sur  la  sur- 


Irad  B10  /  ^  aPr®s  Lepsius  ( Les  métaux  dans  les  inscript,  égyptienne 

1Cn  ’  P*  ^es  briques  offertes  par  Crésus  étaient  des  briques  creuse 

cf  H  H  î'0^  C^iacune  ^e^es  aui,ait  pesé  232  kilogr.  —  2  Hesych.  Phot.  Suid.  s.  i 

Mittli  i^v'li  ?  '  U)lC^  V°m‘  Metr°log.  28  éd.  p.  535;  U.  Kôhler,  dans  les  Athe 

r.  0  T  ’  P*  ^  s-  — 3  Xenopli.  jResp.  laitd.  7,  5;  Polvb.  <3,  49;  Pli 

T'Z:  Lys™d-  20 ;  A?ophth.  Lac.  p.  902  f  -  Poil.  Vil,  105;  IX,  79;  Pla 

monn  rf  ,°°  B;  d’  °‘  Müller-  û°rier,  t.  II,  p.  201  et  s.;  Fr.  Lenormant,  1 

monn.  dans  lantin  »  r  „  ’  *  ’ 

«Ad,  dans  Poil.  Vn\os  IY  „  U'°UVe  d“S  Plut'  Lys'  21 

Alexiph  488  /  °  >  lA>  77  ;  xe).avoç  dans  Hesych.;  «IX  <*vo*  dans  Niean 

©OoT'  voir  j] ç'CC|  °S  SC0^es  (^e  ^botius  et  de  Suidas.  Au  sujet  de  la  pastill 
cf.  Corn.  jW?CI  .0',~  6  Boeckh,  Corp.  inscr.  gr.  n°5  145,  146,  \ï 
fr.  48^  É(1  t)  a  ’  ’  P'  64  et  sl,iv-  "  6  P|ut-  Fcib.  27.  —  7  Aris 

sur  les  monn  Magn.  s.  v.  ’OêAurxo;.  —  8  L.  Sambon,  liée 

rucci,  Le  monete  Y.ir  "r ms,Ju  il*  Colique  (Naples,  1870),  p.  25  et  s.;  Ga 
e  U  alla  antica.  pl.  vu  à  ix  ;  L.  Milani,  A  es  rude,  signatw, 


face  des  lingots.  Avec  le  temps,  la  forme  de  ces  lateres 
primitifs  se  perfectionne  ;  leurs  côtés  sont  ornés  de  divers 
symboles,  tels  que  croissants  adossés,  fleurons,  étoile, 
dauphin,  fer  de  lance,  et  parfois  des  points  ou  globules 
dont  le  nombre  est  en  rapport  avec  le  poids  plus  ou 
moins  élevé  des  lingots.  On  arrive  ainsi  graduellement  a 
la  lourde  monnaie  de  bronze,  l’aes  signatum ,  dont  la 
tradition  romaine  attribuait  l’invention  à  Servius  Tul¬ 
lius  9.  Il  est  des  lingots  de  l’aes  signatum  qui  ont  la 
forme  de  tuiles  rectangulaires  portant  un  type  sur  leurs 
deux  faces  (bœuf,  sanglier,  poussins,  trident,  Pé¬ 
gase,  etc.)  et  pesant  parfois  jusqu’à  cinq  livres  romaines 
(1630  grammes).  Aussi,  pour  transporter  ces  lourdes 
briques,  monnaie  primitive  des  Romains  et  des  Étrusques, 
Tite  Live  dit  qu’on  était  obligé  de  se  servir  de  chariots  : 
aes  grave  plaustris quidam  ad  aerarium  convehentes l0. 
Quand  on  voulait  de  la  monnaie  divisionnaire,  il  fallait 
casser  à  l’aide  du  marteau  des  morceaux  de  ces  pavés,  et 
il  nous  est  parvenu  des  fragments  de  quadrussis  ou  de 
quincussis  dont  on  ne  saurait  attribuer  le  fractionnement 
au  hasard  ou  à  un  accident  quelconque.  Comme  en  Grèce 
encore,  après  l’introduction  de  la  monnaie  d’argent  à 
Rome,  en  269  av.  J.-C.,  les  anciens  lateres  de  cuivre, 
démonétisés,  furent  offerts  en  ex-voto  dans  les  temples  et 
aux  sources  des  fleuves,  où  nous  les  retrouvons  aujour¬ 
d’hui  accumulés  en  nombre  parfois  très  considérable. 

Sous  la  République  et  sous  l’Empire,  .les  généraux 
victorieux  ont  souvent  rapporté  dans  Y  aerarium  de  1  État 
d’énormes  quantités  de  matières  d’or  et  d’argent  qu  on 
transformait  en  lingots  et  qui  venaient  augmenter  la 
réserve  publique11.  En  outre,  à  côté  de  la  monnaie,  les 
lateres  d’or  etd’argent  n’ont  jamais  cessé  d’être  en  usage 
dans  les  gros  paiements  entre  particuliers  ou  officiels  ; 
on  les  appréciait  à  l’aide  de  la  pierre  de  touche  et  de  la 
balance,  même  pour  les  versements  faits  dans  les  caisses 
publiques12.  Ainsi,  à  l’époque  de  Dioclétien,  nous  voyons 
que  l’or  est  vendu  sous  deux  formes  dans  le  commerce,  èv 
pY,yXi'ot;  et  èv  ôXoxottivoiç.  Le  '/pu ffb;  êv  pYjyXtoiç  indique  l’or 
en  barres  et  le  yputjôç  èv  ôXoxottivoiç  est  l’or  monnayé  13. 
Dans  les  ateliers  monétaires,  l’or  et  l’argent,  affinés  et 
amenés  au  degré  de  pureté  admis  pour  les  monnaies, 
étaient  encore  à  la  fin  de  l’Empire  conservés  en  barres 
avant  de  subir  l’opération  de  la  frappe.  On  a  trouvé  en 
1887,  dans  le  comté  de  Haromszeker,  en  Transylvanie, 
dans  le  voisinage  de  l’atelier  monétaire  romain  de 
Sirmium,  des  lingots  d’or  à  980/1000  préparés  pour  la 
frappe  et  estampillés  sur  leur  face  principale,  non  seule¬ 
ment  des  effigies  impériales  qui  en  fixent  la  date  au  temps 
de  Valentinien  III,  mais  des  contremarques  des  contrô¬ 
leurs  {probatores)  et  autres  officiers  chargés  de  vérifier  le 
poids  et  l’affinage.  Les  plus  lourds  de  ces  lingots  attei- 

e  grave  rinvenulo  alla  Bruna  presso  Spalato,  dans  la  Rivista  ital.  di  num. 
1.  IV,  1891,  p.  27  et  s.  ;  Fr.  Gnecchi,  Ibid.  t.  VI,  1893,  p.  275.  —  9  Pliu. 
Nat.  hist.  XXXIII,  43;  cf.  XVIII,  12;  Hultscli,  Gr.  und  rôm.  Metrol.  p.  254: 
E.  Babelon,  O.  I.  p.  189.  —  10  Tit.  Liv.  IV,  60,  6.  —  H  Id.  XXVII,  10,  11; 
XXXIV,  52,  7  et  passim  ;  I’iin.  XXXIII,  10,  148  et  55;  cf.  J.  Marquardt,  De 
Vorganis.  financ.  chez  les  Romains,  p.  27.  —  12  La  lèse  Manilia  (357  av.  J.-C.), 
sur  l'affranchissement  des  esclaves,  établit  un  impôt  ( vicesima  pars  mamimis- 
sionum)  qui  fut  payé  en  lingots,  aurum  vicesimarium  (Tit.  Liv.  XXVII,  10,  1). 
Sous  l’Empire,  les  paiements  en  lingots  et  l  usage  de  la  balance  sont  cons¬ 
tants  ;  Mommsen,  Hist.  de  la  monn.  rom.  trad.  Blacas,  t.  III,  p.  64  ;  J.  Marquardt, 
De.  Vorganis.  financ.  trad.  Vigié,  p.  27.  Sur  une  inscription  de  l'époque 
impériale  trouvée  à  Cius,  une  amende  est  fixée  au  poids,  en  livres  d'or,  et  non 
en  espèces  monétaires  (Heuzey,  Mission  de  Macédoine,  p.  94;  Bull,  corr 
hell.  I.  XII,  1888,  p.  201).  —  13  P.  Paris,  dans  le  Bail.  corr.  hell.  t.  IX,  1885 
p.  237-238. 


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LAT 


gnent  52  i  grammes1.  Des  lateres  d'argent  analogues 
ont  été  aussi  découverts  en  1888  ùNeudorff,  près  Lclite, 
et  sont  conservés  au  Musée  de  Hanovre2.  L’explication 
des  estampilles  dont  ces  lingots  d’or  et  d’argent  sont 
revêtus  nous  éclaire  sur  certains  points  demeurés  long¬ 
temps  obscurs  de  l’histoire  monétaire  de  la  fin  de  l’Em¬ 
pire  romain  [obrysum].  E.  Babelon. 

LATERNA  [lanterna]. 

LATERNARIUS 1  ou  LA1VTERN AR IUS 2 .  —  L’esclave 
qui  la  nuit  précédait  son  maître  en  portant  une  laterna 
ou  lanterna 3. 

LATIAR  [feriae  latinae]. 

LATIFUNDIA.  —  L’histoire  des  latifundia  pendant 
la  République  se  confond  avec  celle  des  lois  agraires 
[agrariae  leges].  On  n’a  donc  à  étudier  ici  que  les 
latifundia ,  les  grands  domaines  sous  l’Empire  ro¬ 
main. 

Faisons  d’abord  remarquer  qu’on  a  singulièrement 
exagéré  l’extension  des  latifundia.  A  la  fin  de  la  Répu¬ 
blique,  les  lois  agraires,  les  fondations  de  colonies, 
dues  aux  triumvirs,  à  César,  à  Auguste,  avaient  recons¬ 
titué  dans  une  certaine  mesure  la  petite  propriété.  C’est 
ce  que  démontrent  les  écrits  des  Gromatici  b  II  y  est 
souvent  question  des  agelli,  des  particulae2 ;  Frontin 
parle  d’une  foule  de  petits  propriétaires,  densitas  posses- 
sorum,  en  particulier  dans  la  Campanie3;  le  liber  colo- 
niarum  ne  décrit  pas  de  grands  domaines;  le  texte  de 
Pline  le  Jeune4  sur  l’état  de  l’agriculture  dans  la  Cisal¬ 
pine,  près  de  Côme,  indique  plutôt  la  petite  propriété 
que  la  grande.  Caton  et  Varron  donnaient  des  chiffres  de 
100,  200,  300  arpents  pour  des  domaines  ruraux  ;  c’était 
la  moyenne  propriété,  qui  comportait  de  12  a  18  esclaves  , 
c’est  à  peu  près  encore  celle  que  décrit  Horace0,  dont 
Yagellus  avait  un  vilicus ,  5  fermiers  et  8  esclaves. 
D’après  une  inscription  de  l’époque  de  Trajan,  un 
aqueduc  de  5  950  pas  traversait,  sur  les  agri  Ferentien- 
sium  (Viterbe),  11  propriétés 1  ;  elles  ne  devaient  pas  avoir 
des  dimensions  considérables.  Les  Tables  alimentaires 
fournissent  des  résultats  du  même  genre8,  surtout  si 
nous  admettons,  avec  Mommsen,  que  le  prix  moyen  de 
l’arpent  était  alors  de  1000  sesterces0. 

A  Bénévent,  les  domaines  simples,  les  fundi,  sont 
estimés  de  60000  à  30  000  sesterces,  quelques-uns  de 
100000  à  60  000,  un  seul  dépasse  100  000  sesterces;  les 
noms  des  fundi  indiquent  qu’il  y  avait  au  début  90  pro¬ 
priétaires  ;  or,  à  l’époque  de  Trajan,  il  y  a  environ 
60  propriétaires  qui  ont  engagé  leurs  biens;  sur  ce 
chiffre,  il  y  en  a  16  dont  on  n’a  que  les  noms;  2  ont  en 
propriété  foncière  le  cens  équestre,  9  sont  compris 
entre  100  000  et  400  000  sesterces,  les  autres  sont 
au-dessous  de  100  000  sesterces;  il  n’y  a  que  2  proprié¬ 
taires  de  latifundia  :  un  qui  a  -4  fundi  avec  25  sait  us, 
d’une  valeur  de  451000  sesterces,  l’autre  qui  a  11  fundi 
valant  501000  sesterces;  la  petite  propriété  résiste  donc 

i  Domaszcwski,  dans  le  Corp.  i nscr.  lat.  III,  n.  8080  ;  les  barres  numérotées  11 
etXIll  sont  au  Cabinet  des  Médailles  de  Paris;  cf.  Dec.  num.  1889,  p.  143-145  et 
1893,  p.  283;  H.  Willors,  dans  la  Num.  Zeit.  de  Vienne,  t.  XXXI,  1898,  p.  !212  et 
t  XXXII,  1899,  p.  33.  —  2  J-  H-  Millier,  dans  Vor-und  früligeschichtl.  Allerthü- 
pier  (1er  Provins  Hannover,  1893,  p.  28;  H.  Willers,  loc.  cit. 

LATKllNARIUS  ou  LANTEIVNAniUS.  1  Cicer.  in  Pison.  IX,  20.  —  2  Corp. 
inscr.  lat.  X,  3970.  — 2  Val.  Max.  VI,  8,  1. 

LATIFUNDIA,  l  Édition  Blume,  Lachmann  et  RudorIT.  —  2  Loc.  cit.  50,  8  ;  1  - *•, 
41.  —  3  Ibid.  50,  19  ;  15,  1  ;  57,  10,  18  ;  42,  10.  —  1  Epist.  3,  19,  7.  —  5  Cat.  De 
re  rust.  I,  10,  Il  ;  Varr.  De  re  rust.  1,  19.  —  o  Sat.  2,  7,  118.  —  7  Corp.  inscr. 
lat.  ||,  3003. -»  Corp.  inscr.  lat.  9,1455;  11,  1147.  — 3  Mommsen  (/Termes,  1884, 


ici  vigoureusement  à  la  grande.  A  Veleia  et  Plaisance, 
les  résultats  sont  moins  clairs  ;  les  fundi  simples  ont  eu 
à  l’origine  une  très  faible  valeur,  et  il  faut  distinguer  les 
terres  arables  et  les  saltus.  Pour  les  terres  arables,  3  fonds 
seulement  dépassent  100000  sesterces;  16  sont  compris 
entre  60  000  et  100  000;  41  entre  30  et  60000;  31  sont 
au-dessous  de  30000;  il  y  a  plusieurs  latif  undia  qui 
comprennent  2,  3,  4,  5  ou  6  fonds,  mais  le  plus  considé¬ 
rable  ne  vaut  que  200  000  sesterces.  Quant  aux  saltus  de 
cette  région,  dont  la  composition  parait  très  ancienne, 
ils  forment  surtout  des  latifundia  ;  11  groupes  atteignent 
ou  dépassent  200  000  sesterces,  2  dépassent  le  cens 
sénatorial  d’un  million  de  sesterces;  mais,  tandis  qu’à 
Bénévent,  chez  les  Ligures,  un  capital  de  401  800  ses¬ 
terces  est  réparti  entre  66  propriétaires  emprunteurs, 
à  Veleia  le  capital  de  1044000  sesterces  n’est  réparti 
qu’entre  52  propriétaires  ;  presque  la  moitié  a  des  pro¬ 
priétés  au-dessous  de  100  000  sesterces,  16  ont  de  100 000 
à  400  000  sesterces;  un  cinquième  ale  cens  équestre, 
trois  dépassent  le  cens  sénatorial.  On  voit  que  ce  sont  les 
saltus  qui  forment  la  masse  des  latifundia.  La  petite 
propriété  n'a  pas  disparu,  mais  elle  est  plus  fortement 
atteinte  qu’à  Bénévent,  sans  doute  parce  que  la  plaine 
du  Pô  attirait  plus  les  capitaux  que  les  montagnes  de 
l’Italie  du  Sud  10.  La  race  des  petits  propriétaires,  minée 
par  les  causes  qu’on  va  voir,  se  refaisait  constamment 
par  les  affranchissements,  par  les  établissements  de 
vétérans,  par  les  concessions  de  terres  sur  les  domaines 
impériaux.  Au  Bas-Empire,  elle  résiste  encore  au  poids 
des  impôts,  aux  crises  monétaires,  aux  guerres  civiles. 
Les  textes  juridiques  citent  à  chaque  instant  les  petits 
propriétaires  ( médiocres )“;  ils  distinguent  des  colons 
ordinaires  ceux  qui  ont  leurs  terres  propres12;  1  histoire 
du  régime  municipal  est  l’histoire  même  des  moyens 
propriétaires;  et,  encore  au-dessous  des  décurions,  il  y 
a  ceux  qui,  n'ayant  pas  au  moins  25  jugera ,  ne  sont  pas 
en  règle  générale  appelés  à  la  curie13.  Les  empereurs 
protègent  de  toutes  leurs  forces  les  petits  propriétaires 
contre  les  grands,  en  créent  de  nouveaux  dans  les 
villages  libres  d’Orient,  les  métrocomies  u,  sur  les  terres 
désertes  des  particuliers  et  du  fisc13.  En  Italie,  sous 
lse  Ostrogoths,  Cassiodore  parle  encore  fréquemment 
des  petits  propriétaires  ( humiles ,  médiocres ,  mi¬ 
nores) ie. 

Il  n’en  est  pas  moins  vrai  que  la  grande  propriété, 
fortement  atteinte  en  Italie  à  la  fin  de  la  République,  ]1J1 
les  lois  agraires,  par  les  confiscations,  par  les  déposses 
sions  opérées  en  masse  pendant  les  guerres  civiles, 
n’avait  pas  tardé  à  reconquérir  du  terrain  pour  les  mêmes 
raisons  que  précédemment.  La  passion  de  la  terre,  colé 
«  cupido  agros  continuandi  »,  dont  parle  dite  Lne  , 
avait  de  nouveau  sévi  ;  les  capitalistes  romains  et  itali< ,l' 
avaient  recommencé  à  étendre  leurs  possessiones  ;  h  ' 
avait  toujours  des  terres  disponibles  dans  ces  colonies 


p.  398,  note  2)  le  conclut  de  Columel.  3,  3,  8,  et  de  ce  fait  que  César  donnait 
anciens  légionnaires  10  jugera  et  Auguste  12  000  sesterces  (Cic.  Ad.  Att.  -,  1  ]  ^ 
De  leg.  agr.  2,  28,  29  ;  Dio.  Cass.  55,  23).  Fustel  de  Coulanges  arrive  à  peu  ‘ 
la  même  conclusion  (L'alleu,  p.  26).  -  10  Nous  avons  résumé  les  résulta1^1] 
Mommsen  ( Hermes ,  1884,  p.  393-416).  —  n  C.  Theod.  8,  13,  7;  11,  1  ’  ^ 


10,  7,  12;  13,  9,  4  ;  17,  7,  12  ;  8,  13,  7;  11,  24,  6  ;  C.  Just.  11,  6,  4. 

11,  1,  4;  12,  1,  33;  C.  Just.  1.  48,  4.  —  13  C.  Th.  1  ’  ’ 
14  C.  Just.  11,  56;  C.  Th.  11,  24,  6.  -  10  C.  Th. 


5,  I  l  ;  14,  9 
33;  11,  22,  2. 
li. 

25 

—  17  34,  4. 


,  13 ;  C.  Just.  Il,  59,  3,  8,  13,  14.  -  16  Var.  1,  10,  15,  23,  27;  2,  •*> 
;  3,  14,  17,  25,  27,  34;  4,  17,  35,  40;  5,  3,  12,  14,  22;  6,  15;  8,  7;  -< 


LAT 


—  957  — 


LAT 


fondées  par  les  triumvirs,  César  et  Auguste, 
deVele7^eT^nne  existence  éphémère*;  dès  le 
débuT  il  y  avait  eu  dans  ces  colonies  des  fundi  excepti, 
des  l'oca  relief  a  qui  avaient  été  reserves  a  de  giant^ 
nprsonnages  et  formèrent  immédiatement  de  grands 
domaines2,  les  terres  laissées  vacantes,  les  subseciva , 
ou  réservées  aux  cités,  comme  les  saltus ,  les  pascua, 
furent  en  grande  partie  usurpées  par  les  possessores  , 
et  naturellement  par  les  plus  riches  d  entre  eux  ,  il  est 
souvent  question  dans  les  textes  juridiques  de  1  invasion 
des  terres  publiques  des  cités;  une  des  attributions  ces 

curateurs  fut  de  les  revendiquer  A 

Il  y  a  eu  évidemment  en  Italie  d’autres  modes  de 
formation  des  grands  domaines  :  les  acquisitions  à 
l’amiable  ou  par  contrainte,  les  défrichements  de  saltus. 
Il  y  a  donc  une  sérieuse  part  de  vérité  dans  les  plaintes 
de  la  littérature  classique  sur  l’extension  des  latif  undia. 
Pline  l’Ancien  dit  que  les  latifundia  ont  perdu  l’Italie  et 
commencent  à  perdre  les  provinces  A  Tacite  parle  des 
villae  qui  s’étendent  à  l’infini1 * * * * 6;  Sénèque  de  domaines 
aussi  vastes  que  des  royaumes  7  ;  Pétrone  décrit,  sans 
cloute  avec  quelque  exagération,  les  immenses  propriétés 
de  Trimalcion  8.  Il  y  a  des  doléances  et  des  descriptions 
analogues  clans  Tite  Live,  Salluste,  Virgile,  Horace, 
Lucain,  Juvénal,  Perse,  Apulée,  Valère  Maxime,  dans 
les  Déclamations  attribuées  à  Quintilien  9.  Les  Tables 
alimentaires  nous  ont  montré  que  la  petite  propriété 


avait  perdu  du  terrain  au  profit  de  la  grande.  Un  seul 
propriétaire  a  réuni  jusqu’à  10  ou  12  fundi  entre  ses 
mains.  Les  jurisconsultes  signalent  souvent  des  réunions 
analogues10.  Pline  le  Jeune  achète  une  terre  3  millions 
de  sesterces  ;  la  description  d’un  autre  domaine  qu  il  a 
donné  à  sa  ville  natale  et  qu’elle  afferme  30  000  sesterces 
donne  également  l’idée  d’une  grande  propriété11.  Aux 
grands  domaines  privés  s’ajoutent  ceux  des  villes,  et 
surtout  les  domaines  fiscaux  et  impériaux  dont  on  va 
voir  l’extension.  Les  régions  où  paraît  prédominer  la 
grande  propriété  sont  :  le  Latium,  l’Ombrie,  l’Étrurie,  le 
Samniuin,  le  Picenum,  la  Campanie  et  toute  l'Italie  du  Sud. 
Les  mêmes  causes  qu’en  Italie  ont  dû  agir  dans  les 
provinces  pour  constituer  la  grande  propriété  :  mais 
nous  n’avons  de  renseignements  précis  que  pour  quel¬ 
ques  pays.  Dans  la  Gaule,  par  exemple,  a  dû  constamment 
régner  la  grande  propriété.  Dès  César,  la  puissance  de 
la  classe  équestre,  la  servitude  de  la  plèbe  rurale, 
l’existence  d’une  classe  de  clients  et  de  redevances 
foncières12  ( tributa ),  ne  s’expliquent  que  par  la  prédo¬ 
minance  de  la  grande  propriété  13 . 

Elle  se  développa  naturellement  encore  sous  l’Empire. 
Ausone  appelle  villula ,  herediolum ,  un  domaine  de 


1  Tacit.  Ann.  14,  27;  Plin.  Hist.  nat.  3,  5,  70;  Horat.  Ep.  1,  7,  43;  Virgil. 

Georg.  2,  235;  Juven.  Sat.  3,  2;  Grom.  vet.  223,  3  ;  224,  3;  131,18-20. 

—  2  Grom.  vet.  157,  7-8;  48,  2,  4;  211,  4;  101,  12.  —  3  Ibid.  15,  4;  48, 

22,  20  ;  152,  12  ;  201,  13  ;  202,  2;  103,  10-14  ;  59,  0  ;  53,  22  ;  132,  7.-4  Dig. 

50,  10,5,  §  l;  so,  14,  2;  Corp.  inscr.  lat.  10,  1018  —  8  Hist.  nat.  18,  0,  35. 

6  An.  3,  53.  —  1  De  benef.  7,  10;  cf.  Dialog.  10,  12,  2;  De  tranq. 

anim.  2,  8,  6;  2,  11,  8  ;  '‘Epist.  87,  7,  89;  90,  39.  —  8  Satyr.  53  et  77. 

9  Uv.  6,  12;  34,  4;  Sali.  Cal.  12,  13;  Jug.  41;  Virg.  Georg.  2,  458; 

Horat.  Od.  2,  18,  20-27  ;  Luc.  Phars.  1,  166  ;  Juv.  Sat.  9,  55;  Pers.  Sat.  4,  26  ; 

Apu1’  Metam ■  8  et  9,  35.;  Val.  Max.  8,  6,  1  ;  Declam.  7,  13  ;  13,  2.  —  10  Dig.  34, 

A  1  !  cf.  32,  91,  3.—  U  Epist.  3,  19  ;  5,  6.  —  12  Caes.  Bell.  gall.  1,  4,  2;  G,  13,  2  ; 

’  *’  3  ’  4  ;  5,  3  ;  6,  30.  —  13  Malgré  les  faibles  objections  faites  par  d'Arbois 

e  Jubainville  ( Dec/t .  sur  la  propriété  foncière  et  les  noms  de  lieux  en 

ance,  p.  15-27,  91-121),  on  peut  considérer  connue  certaine  l’existence  de  la 

propriété  piivée  en  Gaule  au  moment  de  la  conquête,  surtout  d’après  Caes.  Dell. 

I  ■  ,  13,  --5,  /,  77,  i5  ;  voir  Fustel  de  Coulanges,  Le  problème  des  origines  de 

a.  propriété  foncière  {Rev.  d.  quest.  hist.  1er  avril  1889);  Lécrivain,  La  propriété 


1  050  arpents14 * * *;  les  domaines  décrits  au  ve  siècle  par 
Sidoine  Apollinaire  paraissent  être  de  grande  étendue  *”. 
Un  peu  plus  tard,  à  une  époque  de  crise,  sous  Clovis, 
une  villa  est  encore  vendue  5000  livres  pesant  d  argent  , 
on  peut  également  utiliser  les  chartes  mérovingiennes, 
les  villae  que  ces  chartes  mentionnent  ont  une  étendue 
fort  variable,  mais  beaucoup  correspondent  à  des  com¬ 
munes  rurales  actuelles  et  ont  dû  par  conséquent  avoir 
une  surface  assez  considérable  *7.  En  Sicile  aussi,  a  dû 
régner  de  tout  temps  la  grande  propriété  ;  à  l’époque  de 
Cicéron,  le  territoire  d’une  des  plus  grandes  cités,  Xager 
Leontinus ,  appartenait  à  84  propriétaires18.  Ces  condi¬ 
tions  n’ont  guère  dû  se  modifier  dans  la  suite.  L’Afrique 
a  été  de  tout  temps  la  terre  classique  de  la  grande 
propriété.  Il  est  probable  qu’à  la  fin  de  la  République 
une  partie  de  Xager  publicus  y  avait  été  usurpée  par 
les  particuliers.  Sous  l’Empire,  ils  y  possèdent,  comme 
on  va  le  voir,  des  domaines  immenses  *9.  Enfin,  dans 
tout  le  monde  romain,  surtout  en  Asie,  en  Égypte,  en 
Afrique,  les  terres  fiscales  et  impériales  augmentent  le 
nombre  des  latifundia.  La  concentration  de  la  terre 
s’accroît  encore  au  Bas-Empire  avec  la  toute-puissance 
de  l’aristocratie  sénatoriale,  et  les  transformations  écono¬ 
miques  et  sociales.  .  • 

Les  grands  domaines  peuvent  se  ramener  à  deux 
catégories  principales  :  les  latifundia  et  les  saltus.  Le 
mot  latifundia ,  assez  rarement  employé20,  n  est  pas  une 
expression  technique  ;  le  mot  propre  est  lati  fundi  ; 
c’est  une  terre  limitée,  dont  la  superficie  dépasse  1  unité 
de  culture  ordinaire21.  Mais,  dans  la  pratique,  les  lati¬ 
fundia  se  présentent  sous  deux  formes  :  on  a  soit  des 
domaines  d’un  seul  tenant,  soit  un  certain  nombre  de 
fundi ,  de  villae,  isolés  sur  le  terrain,  mais  appartenant 
à  un  seul  propriétaire.  Les  Tables  alimentaires  offrent 
des  exemples  des  deux  formes;  une  suite  de  noms  en 
anus ,  portés  par  les  différents  fundi  qui  ont  été  réunis, 
désigne  une  propriété  de  la  seconde  forme.  Les  riches 
devaient  s’efforcer  de  constituer  par  des  acquisitions 
successives  des  domaines  de  la  première  forme,  mais 
néanmoins  la  plupart  des  latifundia  devaient  se  compo¬ 
ser  de  propriétés  isolées.  C’est  ce  qu  indiquent  pour  le 
Haut  et  le  Bas-Empire  de  nombreux  textes  relatifs  aux 
propriétés  soit  privées,  soit  impériales22,  et  il  en  est 
encore  ainsi  après  les  invasions  et  à  l’époque  mérovin¬ 
gienne23.  Le  grand  domaine  comprend  donc  générale¬ 
ment  un  certain  nombre  de  fundi ,  mais  il  s  appelle 
aussi  fundus ,  en  Égypte  oust*24;  surtout  au  Bas-Empire, 
on  trouve  encore  les  expressions  :  ager 2S,  villa,  qui 
désigne  d’abord  la  maison  du  maître,  puis  le  domaine 
entier26;  praedium 27  ou  praedia ,  mot  qu’il  faut  sous- 

foncière  chez  les  Gaulois  {Ann.  de  la  Fac.  des  Lettres  de  Bordeaux,  1889, 
p.  181  et  suiv.).  -  U  Idyll.  3.  -  13  Epist.  S,  4  et  8;  2,  2  et  9.  -  16  Pardessus, 
Diplom.  1,  85  ( Testamentum  Remigii).  —  41  Voir  Fustel  de  Coulanges,  L  Alleu, 
p.  227-232.  -  18  Cic.  In  Verr.  act.  sec.  3,  51,  §  120.  —  19  Cf.  Cyprian.  Epist.  ad 
Donat.  12  (Migne,  Pat.  lat.  4,  p.  217)  :  diuites...  continuantes  saltibus  saltus. 

_ 20  On  ne  le  trouve  guère  que  dans  Val.  Max.  8,  6,  1  ;  Plin,  18,  7,  3  ;  13,  29,  1  ; 

17,  35,  32  ;  18,  67,  10  ;  Petron.  Sat.  77  ;  Senec.  Epist.  88  ;  Flor.  3,  19.  —  21  Grom. 
vet.  157,  5;  161 ,  7.  —  22  Plin.  Epist.  3,  19,  4;  Dig.  32,  41,  2  ;  33,  4,  6  ;  Senec. 
Epist.  87,  7  ;  Auson.  Epist.  23  (sur  Paulin  de  Nola)  ;  Vit  a  Placidi  (Mabillon, 
Acta  sanctor.  1,  52-53);  Ammian.  Marc.  27,  11,  1;  Vifa  Silvestri  (Lib. 

pontif.  éd.  Duchesne).  —  23  Fustel  de  Coulanges,  L'Alleu,  p.  231-236,  263. 
_  24  Rostowïew,  Oie  Icaiserliche  Patrimonialverwaltung  in  Aegypten  (Phi- 
lologus,  1898,  p.  573).-  2b  Plin.  Epist.  3,  19;  10,  9;  Cic.  Pro  Tull.  3; 
Sidon.  Apoll.  Epist.  2,  2  ;  Dig.  50,  15  ,  4.  —  26  Tacit.  Ann.  3,  53  ;  4,  73  ; 
Bist.  5,  23;  Plin.  Hist.  nat.  32,  25,  42;  Dig.  50,  16,  198  ;  Stat.  Silv.  21; 
Corp.  inscr.  lat.  10,  1748  ;  Sidon.  Apoll.  Epist.  1,  6.  —  27  Sidon.  Apoll.  2,  2,  9  ; 
3,  1. 


121 


LAT 


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entendre  devant  beaucoup  de  noms  de  lieux  terminés  en 
ana 1  ;  possessio ,  domus,  surtout  pour  les  domaines 
impériaux  et  sénatoriaux 2  ;  les  mots  grecs  corres¬ 
pondants,  yioptov,  XTTjpta  OU  xxT|<nç  %  tÔ7:oi4,  olxo;  “  ;  dès 
le  Haut-Empire,  on  trouve  le  mot  grec  ffuyxr-^dtç6;  le  mot 
latin  correspondant  massa  (sous-entendu  fundorum) 
n’apparaît  en  Occident  que  beaucoup  plus  tard,  mais 
devient  d’un  usage  très  fréquent7. 

Le  mot  saltas  signifie  à  l’origine  des  bois  ou  des  prai¬ 
ries  «  silvae  et  pastiones  »8  ;  dans  les  Tables  alimen¬ 
taires  et  au  Digeste  9,  le  saltus  s’oppose  au  fundus  ; 
c’est  le  territoire  montueux,  d’exploitation  difficile,  par 
rapport  à  la  terre  arable  ;  mais  peu  à  peu  le  saltus  a  fini 
par  désigner  aussi  le  grand  domaine  en  général,  surtout 
en  Orient10.  Les  assignations  avaient  porté  au  début  sur¬ 
tout  sur  les  terres  arables;  les  pascua  et  les  saltus 
avaient  été  en  général  livrés  à  l’occupation  ( possessio ); 
ils  se  trouvaient  en  dehors  du  territoire  de  chaque  cité 
et  avaient  ordinairement  une  étendue  considérable  ;  c’est 
pour  cette  raison  que  des  lots  assignés,  de  grande  éten¬ 
due,  par  exemple  de  25  centuriae  ou  5  000 jugera ,  portent 
quelquefois  le  nom  de  saltus  M.  Les  saltus  étaient  donc 
en  droit  primitivement  des  domaines  de  l’État  ;  celui-ci 
en  a  gardé  un  certain  nombre  et  on  les  retrouve  dans  le 
domaine  impérial  ou  public  ;  d’autres  ont  été  occupés  et 
mis  en  valeur  par  des  particuliers.  Il  y  en  avait  relati¬ 
vement  peu  en  Italie.  Ils  se  trouvaient  surtout  dans  les 
provinces.  Columelle12  décrit  ces  immenses  saltus  dont 
les  puissants  propriétaires  ne  peuvent  même  pas  faire 
le  tour  à  cheval  et  dont  ils  laissent  la  moitié  en  friche. 
C’est  sur  ces  espaces  que,  d’après  Frontin,  les  proprié¬ 
taires  possèdent  toute  une  population  de  paysans13.  La 
patrie  des  saltus  était  par  excellence  l’Afrique.  D’après 
Pline  l’Ancien 14 ,  six  propriétaires  dont  Néron  confisqua 
les  biens  possédaient  au  début  du  Ier  siècle  la  moitié  de 
l’Afrique.  On  a  vu  le  texte  de  saint  Cyprien  sur  l’exten¬ 
sion  des  saltus  africains.  Il  y  en  avait  en  particulier  de 
nombreux  dans  les  vallées  du  Bagradas  (Medjerdah)  et 
de  ses  affluents  ;  l'inscription  d’Ain-Ouassel  mentionne 
les  cinq  saltus  impériaux  :  Blandianus,  Udensis, 
Lamianus ,  Domitianus ,  Thusdritanus'6  ;  celle  de 
Souk-el-Khmis  le  saltus  Burunitanus  16  ;  celle  d’Ilen- 
chir-Mettich  le  fundus  villae  Magnae  Variani,  voisin 
d’autres  praedia11  ;  l’empereur  avait  encore  le  saltus 
Philomusianus,  une  partie  du  saltus  Massipianus  et 
celui  qu’indique  l’inscription  de  Gazr-Mezuar  18. 

Les  grands  domaines  sont  publics  ou  privés.  Voyons 
le  mode  de  formation  et  les  principales  catégories 

l  Ainsi  en  Sicile  sur  les  Itinéraires  et  dans  Gregor.  Magn.  Epist.  9,  82  ;  13,  32. 

—  2  C.  Th.  1,  32,  7;  6,  3,  3  ;  4,  5,  2;  11,7,  12;  12,  1,  G;  15,  3,  6  ; 

IG,  6,  2  ;  Cassiodor.  Var.  2,  24,  25.  —  3  Justin.  Nov.  157  ;  128,  3.  —  4  Schulten, 
Libello  dei  coloni...  ( Mittheil .  cl.  arch.  Instit.  Rôm.  Abth.  1898,  p.  226- 
227).  —  Si  Justin.  Nov.  21  et  102,  c.  1.  —  C  Dig.  2,  31,  34;  34,  4,  30,  g  1  ; 
Nov.  16G.  —  7  Corp.  inscr.  lat.  10,  807G  ;  14,  3482;  Nov.  Anlhem.  3, 

§  3  ;  Symmach.  Ep.  10,  41  (éd.  Seeck)  ;  Ammian.  14,  11,  27;  Cassiodor.  Var.  5, 
12  ;  8,  33  ;  12,  5  ;  Marini,  Papiri,  n08  82,  8G,  91  ;  Gregor.  Magn.  Epist.  1,  41  ;  5, 
44;  9,  30,  180,  236,  1  19,  128,  23,  170  ;  7,  38  ;  2,  29  ;  Fanluzzi,  Monum.  Ravenn. 
n»  116,  p.  59.  Le  mot  massa  figure  fréquemment  dans  la  donation  de  Constantin 
{Vita  Silvestri).  11  y  a  un  massarius  ap.  Corp.  inscr.  lat.  6,  9560.  —  8  Festus,  s.  h. 
v.  ;  Varr.  De  ling.  lat.  5,  36.  —  9  Voiries  textes  réunis  par  Schulten,  Die  Grundherr- 
schaflen,  p.  25.  — 10 Not.  dign.  Or.  c.  13;  C.  Just.  1,  69,  2  ;  U,  62,  14.  Ilieroclès 
signale  en  Orient  beaucoup  de  noms  de  lieux  qui  commencent  en  saltus,  ainsi 
Ea^Tofftéoto;.  —  n  Grom.  vet.  158,  20  ;  211,  4  (en  Calabre).  —  12  De  re  agr.  1,  3. 

—  13  Grom.  vet.  53.  -  H  Hist.  nat.  6,  35.  —  15  Rev.  arch.  1892,  XIX,  p.  221. 

—  16  Corp.  inscr.  lat.  8,  10570.  —  n  Nouv.  Rev.  hist.  de  droit,  1897,  p.  374-377. 

—  18  Corp.  inscr.  lat.  8,  p.  73,  et  n88  14603,  14428;  voir  sur  la  topographie  de  ces 
régions  :  Carton,  Découvertes  archéologiques  et  épigraphiques  faites  en  Tunisie, 


des  domaines  publics  pendant  le  Haut-Empire  19. 

I.  On  peut  distinguer  :  les  terres  publiques  propre¬ 
ment  dites  qui  forment  deux  groupes  : 

A.  Les  terres  du  peuple  romain.  Une  révision  générale 
en  avait  été  faite  par  Auguste  aux  règlements  duquel  se 
réfèrent  souvent  les  empereurs  suivants20;  les  bénéficia 
accordés  par  les  empereurs  se  rapportent  en  grande  partie 
à  ces  fundi  populi  romani 21 .  Les  lois  agraires  n’en 
avaient  laissé  subsister  qu’une  faible  étendue22.  Claude 
revendique  pour  lui  les  terres  publiques  des  environs 
de  Trente;  il  reprend  dans  la  Cyrénaïque  des  terres 
usurpées  par  des  particuliers23  ;  Vespasien  et  Titus  conti¬ 
nuent  cette  opération  24.  Ils  avaient  vendu  tous  les  subse- 
civa  d’Italie,  mais  Domitienles  rendit  définitivement  aux 
propriétaires  dépossédés25.  Les  Tables  alimentaires  mon¬ 
trent  encore  des  possessions  du  peuple  sous  Trajan  en 
Italie.  11  y  en  avait  aussi  en  Espagne,  en  Judée,  en 
Dalmatie26.  Au  m°  siècle,  il  y  a  encore  un  procurateur 
pour  les  res  populi  per  tr[actum]  utriusque  Numidiae 27 
et  un  procurator  vectigalium  populi  Romani  quae  sunt 
citra  Padum2i ,  que  Mommsen29  rattache  aux  saltus 
Galliani  mentionnés  par  Pline  dans  la  huitième  région  30  ; 
il  y  a  aussi  les  vectigalia  populi  romani  gallicana 31. 
On  a  de  plus  beaucoup  de  briques  avec  la  marque  «  ex 
praediis  populi  romani  ».  Mais  le  peuple  n’est  plus  pro¬ 
priétaire  de  ces  terres  que  de  nom  ;  surtout  dans  les  pro¬ 
vinces,  elles  passent  de  bonne  heure  sous  l’administration 
des  agents  impériaux  ;  à  partir  d’Hadrien,  les  juriscon¬ 
sultes  ne  parlent  plus  que  de  loca  fiscalia ,  de  fundi 
fiscales  82.  Disons  immédiatement  que  ces  domaines  sont 
affermés  à  des  mancipes,  des  conductores  agrorum publi- 
corum  qui  sous-louent  à  de  petits  fermiers  33  ;  il  y  avait 
des  publvcani  pour  les  pascua  de  la  Cyrénaïque  34. 

B.  Les  terres  du  fisc  35.  Elles  comprennent  :  les  débris 
des  terres  publiques  dans  les  provinces  impériales;  les 
bona  vacantia  et  caduca ,  soit  dans  les  provinces  impé¬ 
riales,  soit  aussi,  au  moins  dès  Marc  Aurèle,  dans 
les  provinces  sénatoriales 30  ;  les  terres  achetées  avec 
l’excédent  des  revenus  fiscaux 37  ;  une  partie  des  biens 
confisqués  ;  les  terres  réservées  au  fisc  dans  les  provinces 
d’acquisition  récente,  Afrique,  Pannonie,  Dacie  38,  Ger¬ 
manie,  Bretagne,  Cappadoce,  etc. 

IL  Le  patrimonium  principis  39.  Dès  Auguste40,  pour 
distinguer  des  terres  du  fisc  les  terres  possédées  en  propre 
par  les  empereurs,  apparaît  le  patrimonium  principis. 
Malgré  les  donations  que  font  les  empereurs  41 ,  il  acquiert 
immédiatement  une  extension  considérable.  Ses  princi¬ 
pales  sources  d’accroissement  sont  :  le  patrimoine  de 

carte  ;  Rev.  arch.  1892,  p.  221  ;  les  Cartes  du  Corp.  inscr.  lat.  t.  VIII  ;  Schulten,  Lex 
Manciana,  p.  4-5.  —  19  Nous  laissons  de  côté  les  domaines  qui  ne  sont  pas  purement 
fonciers,  tels  que  les  mines  [metalla]  et  le  domaine  de  Rome,  toute  la  série  des  Horti  ; 
voir  à  ce  sujet  Homo,  Mélanges  de  l’École  de  Rome,  1899,  p.  101-129.  —  20  Tacit. 
Ann.  3,  28;  Dio  Cass.  53,  2;  Suet.  Aug.  32;  Corp.  inscr.  lat.  2,  1423;  G,  260; 
10,  8038  ;  Orelli,  1460,  3118;  voir  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  2,  2,  1,  n"  4. 

—  21  Suet.  Tib.  8;  Dio  Cass.  67,  2;  Plin.  Atf.  Trai.  58  ;  Orelli,  3118  ;  Corp.  inscr 
lat.  6,  266  ;  Grom.  vet.  54,  10.  —  22  Grom.  vet.  114,  G  ;  137,  1.  —  23  Tacit.  An»- 
14,  18  ;  Corp.  inscr.  lat.  5,  5050,  1.  14.  —  24  Grom.  vet.  122,  20.  —  25  Ibid.  54, 
8-12;  Suet.  Dom.  9.  —  26  plin.  Hist.  nat.  12,  3,  123;  19,  3,39;  Dig.  41,  1,  14- 

—  27  Corp.  inscr.  lat.  8,  18909.  —  28  Corp.  inscr.  lat.  3,  249.  —  29  Hermes,  15, 
p.  395.  —  30  Hist.  nat.  3,  116.  —  31  Wilmanns,  1281.  Ils  étaient  peut-être  dans 
l’ancien  ager  gallicus.  —  32  Dig.  49,  14,  3,  §  9-10  et  45,  g  13.  —  33  Grom.  vet.  115  > 
Dig.  49,  14,  3,  §  6;  19,  2,  53;  49,  47,  1.  —  34 Plin.  Hist.  nat.  19,  39.  —  35  Voir 
Lécrivain,  De  agris  publicis  imperatoriisque,  p.  11-12.  —  30  Dig.  28,  4,  3  ;  34,  9, 
IC,  g  2.  —  31  Plin.  Ad  Trai.  54.  —  38  Pascua  en  Dacie  {Corp.  inscr.  lat.  3,  1363). 

—  39  Marquardt,  Org.  finane.  (trad.  fr.),  p.  392;  llis,  Die  Domünen,  p.  2-3;  Hirs- 
clifeld,  Untersucliungen,  p.  23-29  ;  Lécrivain,  Loc.  cit.  p.  15-26.  —  40  Suet.  Aug- 
101  ;  Monum.  Aucyr.  3,  8,  17;  3,  9;  3,  34,  11  ;  4,  19,  21,  24.  —  41  Suet.  Ner.  33. 


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Hriaue  nouvel  empereur,  y  compris  Auguste1  ;  les  heri- 
Les  et  les  legs,  volontaires  ou  forcés,  laissés  au  prince 
soit  comme  prince,  soit  comme  patron2;  les  biens  des 
condamnés,  répartis  entre  l’aerarium,  le  fisc  et  le  patri¬ 
moine3.  Tant  que  la  gens  Julia  Claudia  occupa  Tern¬ 
aire  Ce  patrimoine  se  transmit  régulièrement,  gardant 
son  caractère  privé;  mais  la  famille  des  Flaviens  acquit 
avec  l’empire  le  patrimoine  de  ses  prédécesseurs4;  il  en 
fut  ainsi  sous  les  familles  suivantes;  le  patrimoine 
d’Hadrien  passa  à  Marc  Aurèle5,  celui  de  Marc  Aurèle  et 
de  Pertinax  à  Septime  Sévère  6 *.  Cette  transmission 
devint  une  règle  juridique  ;,  et  le  patrimoine  se  trans¬ 
forma  en  fait  en  une  seconde  catégorie  de  biens  de  la 
couronne,  tout  en  restant  en  droit  un  trésor  privé.  C’est 
là  ce  qui  explique  les  précautions  prises  par  plusieurs 
empereurs  pour  assurer  à  leurs  enfants  ou  à  des  parents 
une  partie  de  leur  fortune  privée  8. 

III.  Septime  Sévère  créa9,  en  lui  donnant  les  mêmes 
droits  et  privilèges  que  le  fisc,  sous  le  nom  de  res  ou 
ratio  privata ,  une  nouvelle  catégorie  de  biens  de  la  cou¬ 
ronne,  composée  surtout,  au  début,  des  grandes  confis¬ 
cations  qu’avaient  amenées  les  défaites  de  Pescennius 
Niger  et  d’Albinus10.  On  eut  ainsi  d’un  côté  le  fisc  et  le 
patrimoine,  qui  étaient  presque  confondus,  de  l’autre 
1a.  ratio  privata  au  profit  de  laquelle  le  patrimoine  per¬ 
dit  un  certain  nombre  de  domaines11  et  quelques  reve¬ 
nus,  par  exemple  les  héritages  laissés  au  prince  qui 
furent  administrés  pendant  quelque  temps  par  un  nou¬ 
veau  procuralor  hereditalium  patrimonii privati ,  puis 
parle procurator  rationis privatae 12. 

IV.  Les  impératrices,  princes  et  princesses  de  la  famille 
impériale,  eurent  aussi  leur  patrimoine 13  Agrippine 
avait  une  fortune  presque  aussi  considérable  que  celle  de 
l’empereur  14  ;  Livie  avait  hérité  de  tout  un  district  de  la 
province  de  Judée  qui  rapportait  par  an  60  talents  1:\  Elle 
avait  des  domaines  à  Thyatira  de  Lydie,  où  il  y  avait  une 
area Liviana  16.  Les  briques  avec  des  marques  de  fabrique 
nous  font  connaître  des  domaines  d’Antonia,  femme  de 
Drusus;  de  Messaline,  d’Agrippine,  de  Poppaea  Sabina, 
d’Octavie,  de  Domitia,  de  Flavia  Domitilla;  de  Plotina, 
femme  de  Trajan;  de  Marciana,  sa  sœur  ;  de  Boconia  Pro¬ 
cilla,  grand’mère,  et  d’Arria  Fadilla,  mère  d’Antonin;  de 
Matidia  la  jeune;  deDomitiaLucilla,mère  de  Marc-Aurèle  ; 
deFaustina,  sa  femme;  d’ Aurélia  Sabina,  sa  fille11.  Quel¬ 
ques-uns  de  ces  biens  appartenaient  en  commun  au 


prince  et  à  son  épouse18.  Jusqu’à  Septime  Sévère,  ces 
domaines  furent  administrés  par  des  procurateurs,  avec 
le  caractère  de  propriétés  privées  19;  mais  après  la  création 
delà  ratio  privata ,  la  ratio  Augustae  devint  aussi  un 
service  public  pourvu  de  tous  les  privilèges  du  fisc  et 
considéré  comme  une  branche  de  la  ratio  privata  20. 

Nous  indiquerons  les  principaux  domaines  impériaux, 
en  faisant  remarquer  qu’il  est  souvent  difficile  de  dis¬ 
tinguer  les  différentes  catégories 21.  La  ratio  privata  avait 
des  biens  dans  la  Germanie,  la  Belgique,  la  Bithynie,  le 
Pont,  la  Paphlagonie,  la  Cappadoce  ;  mais  nous  ne  les  con¬ 
naissons  pas  dans  le  détail  22.  On  verra  ses  domaines  d  Italie 
et  d’Afrique  à  propos  des  fonctionnaires  qui  les  régissent. 

Le  patrimonium  avait  en  Italie  les  villae  ou  praetoria 
d’Albanum,  Antium,  Alsium,  Baiae,  Caieta,  Çapreae, 
Circei,  Lanuvium,  Formii,  Lorium,  Misenum,  Ostia, 
Praeneste,  Puteoli,  Tarracina,  Pausilippus,  Sublaqueum, 
Tibur,  Tusculum  ;  la  villa  Gordianorum ,  la  villa  Quin- 
tiliorum 23,  d’autres  villae  de  nom  inconnu24  ;  les  terres 
indiquées  dans  les  Tables  alimentaires  par  la  mention 
ad  fine  Caesare  nostro  25  ;  les  saltus  Caesaris  2G,  peut-être 
identiques  aux  saltus  Carminianenses  de  1  Apulie  et  de 
la  Calabre,  passés  au  Bas-Empire  dans  la  ratio  privata-' , 
et  à  ces  pâturages  de  la  même  région  dont  une  inscription 
de  168  fait  supposer  l’existence28-;  une  quantité  d  autres 
fundi  ou  praedia,  par  exemple  le  fundus  Albanus -9, 
le  saltus  Domitianus,  les  praedia  Luciliana ,  les  praedia 
Galliana 30,  Maeciana ,  Statoniensia31,  Peducanea  et 
Romaniana 32 ;  les  domaines  d’Istrie33,  le  fundus  Anto- 
nianus  près  de  Rome,  le  fundus  ad  T  ada  babatia  en 
Ligurie  3\  les  terres  dont  l’existence  est  indiquée  par  des 
briques  estampillées33.  On  verra  plus  loin  les  domaines 
d’Afrique.  Dans  le  sud-ouest  de  la  Phrygie  36,  un  groupe 
important  comprenait  dans  la  vallée  du  Lysisles  domaines 
d’Ormelos,  d’Alastos,  de  Cibyra,  de  Phylakaion,  de  Tym- 
brianassos,  de  Bindaion,  de  Dipotamon,  de  Docimium,  le 
saltus  de  la  vallée  de  Tembrogios 3 1 .  Enfin  il  y  a  beaucoup  de 
domaines  dontl’attribution  n’est  pas  indiquée,  par  exemple 
des  praedia  de  Sicile38  et  les  nombreux  domaines  ( prae¬ 
dia ,  tnassae ,  fundi)  d’Italie,  de  Sicile,  d’Afrique,  de  Grèce, 
d’Égypte,  de  Syrie,  qui  furent  donnés  par  Constantin 
aux  différentes  églises  de  Rome  et  de  l'Italie  39. 

Le  domaine  d’Égypte  a  une  importance  particulière40. 
Abstraction  faite  des  biens  des  temples,  il  comprend 
deux  parties  :  les  terres  fiscales,  l’ancienne  yŸ|  lîactXtxr,, 


1  Dio  Cass.  40,  48;  51,  4.  —  2  Suet.  Aug.  101;  Ner.  32;  Tac.  Hist. 
2,  32  ;  Pliu.  Pan.  43  ;  Vit.  Commodi,  19  ;  C.  i.  I.  6,  8432  ;  Dio  Cass.  54,  29. 

—  3  Dio  Cass.  53,  23  ;  55,  32,  2  ;  Joseph.  Bell.  Jud.  2,  7,3;  Tacit.  Ann.  4, 
19-20  ;  0,  2  ;  G,  19,  17  ;  Plin.  Pan.  55  ;  Vit.  Hadriani ,  7  ;  Plin.  Hist.  nat.  0,  35. 

-  4  Le  Pausilippe  (Dio  Cass.  54,  23  ;  Plin.  Hist.  nat.  9,  167)  ;  la  Chersonèse  (Dio 
Cass.  5r,  29;  C.  i.  I.  3,  726;  Ephem.  epigr.  5,  p.  83,  n°  226);  les  biens  de  Vibius 

ansa  (G.  i.  I.  5,  8110,  1-28).  L’Égypte  fournit  beaucoup  d’autres  exemples.  — 
Marini,  Iscrizioni  antiche  doliari,  n«»  120,  185,  186,  202,  221,  238,  269,  277, 
~  °lbid-  143  ;  C.  i.  I.  8,  8425-26;  Vita  Didii,  8.-7  Dig.  31,  56. 
\Ua  Anlonini,  7  ;  Dio  Cass.  Ep.  73,  7,  3  ;  Vita  Üidii ,  8,  Marci,  7  ;  Marini, 
i  oc.  ci  .  n»«  26-28.  9  Cependant  on  trouve  déjà  un  procurator  rationis  pri¬ 

vatae  sous  Anlonin,  d’après  la  restitution  probable  du  C.  i.  I.  8,  8810.  —  10  Vita 

30  *  e>10  12  ’  Wl'manUS’  1275  <  Cass.  49,14,  6,  §  1  ;  C.  Just.  Il,  71-74.  —  H  Dig. 

’  .’  ''  8  {Borti  Sallustiani,  fundus  Albanus)  ;  Lanciani,  Silloqe  epiqrafica 

«’^G-  12  Wilmanns,  1275.  —13  Voir  Hirschfeld,  Loc.  cit. g.  28-29  ;  His, 
RO  -  Tf’81  82;Lécrivain.  Loc. cil. g.  37-38.  —  U-Tacit.  Ann.  13,  13.  —  13  Joseph, 
tori  887  o.  *clj ’  Antiq .  jud.  18,  2,  2  ;  18,  6,  3.  - 16  C.  i.  gr.  3487,  3497.  —  17  Mura- 
5410  -ri  V.,V1,4,l7;918*  5  ;  Fabretti>  2S3.  302>  294<  243i  Orelli-Henzen,  5408, 
758-'-  V  ’.■*  ■  'l  5862’.  834,  869  >  Wilmanns,  235  ;  Suet.  Dom.  17  ;  C.  i.  I.  10,  4746, 

‘8  Marini "r'’  '°C'  n°!  27’  28’  57>  60’  72>  117’  U8>  i-0’  127>  42E>.  426.  — 

8  990'!  '  °iâ  r*'  ll”’  <-"rulov’  4’  12  !  Orelli-Henzen,  5949,  5738;  C.  i.  I. 

Dorn.it.  17~_  9oV'  L  9021  ;  l0’  1738'  7587  i  Vita  Marc-Aurel.  7;  Vita 

x0-  49 ,  14,  6,  §  1.  —  21  Voir  celte  statistique  dans  Friedlander, 


1,  234;  2,  94;  Hirschfeld,  Loc.  cit.  p.  24;  Lécrivain,  Loc.  cit.  p.  30-36.  —  22  Wil- 
manns,  1293;  C.  i.  I.  3,  1456;  sous  la  République,  les  pascua  de  Bithynie  étaient 
affermés  à  des  publicains  (Cic.  Ad  fam.  13,  9  et  65).  —  23  C.  i.  I.  1,  p.  326  ; 
5,  5050  ;  10,  6081,  1749-51  ;  Lanciani,  Loc.  cit.  n°5  262-264,  285,  195  ;  Orelli-Henzen, 
2351,  5144,  8583;  Frontin.  De  aquis,  93;  Gruter,  1112,  2;  Dio  Cass.  Ep.  72; 
jNibby,  Borna  antica,  art.  X,  p.  292-373;  Bull.  dell.  Istit.  1873,  fasc.  3,  p.  85. 

—  24  Lanciani,  Loc.  cit.  238.  —  25  C.  i.  I.  11,  1147,  col.  4,  1.  60-76,  col.  6,  1.  2  et  31  ; 
9,  1455  ;  col.  2,  1.  35,  49,  54,  70.—  26  Grom.  vet.  46  ,  5.  —  27  JVolit.  dign.  Occ. 
c.  Il  ;  cf.  C.  i.  I.  10,  1735  ( procurator  regionis  Calabricae)  et  Grom.  vet.  211. 

—  28  c.  i.  I.  9,  2438.  —  29  Dig.  30,  39,  8.  —  30  C.  i.  I.  3,  536;  Inscr.  Neap. 
6866;  cf.  Plin.  Hist.  nat.  3,  15,  116:  saltus  Galliani.  —  31  Orelli,  5015; 
Marini,  Loc.  cit.  n"  141.  —  32  C.  i.  I.  6,  270,  721.  —  33  C.  i.  I.  5,  41.  —  34  Lib. 
pontif.  2,  p.  203,  n»  3  (éd.  Duchesnc)  ;  De  Rossi,  Bull.  di.  arch.  Crist. 
1875,  p.  15G.  —  35  Marini,  Loc.  cit.  nos  3,  4,  5,  6,  7,  8,  10,  15,  26-28,  57,  60,  101, 
120,  127,  140,  185,  193,  194,  195,  202,  218,  227,  229,  241,  242,  278,  422,  440. 
. —  36  Ramsay,  The  historical  Gcography  of  Asia  3/inor,  p.  173-179  ;  The 
ciliés  and  bishopries  of  Phrygie-,  Schulten,  Libello  dei  coloni  d'un  demanio 
impériale  in  Asia  ( Bôm .  3/ittlieil.  1898, p.  221-247).  —  37 Ramsay,  Cities,  p.  290, 
302,  272,  273,  256,  336,  326  ;  Gcography ,  p.  172,  177,  178  ;  Hieroclcs,  Syiiecd. 
(éd.  Burckliardt),  p.  25  et  689,  8  ;  077,  3  ;  Schulten,  Libello,  p.  232-247.  — 38  Orelli, 
3  3  55.  —  39  Lib.  pontif.  p.  cxlv-cl,  170  et  suiv.  192-200.  —  40  Ce  qui  suit  résume 
le  travail  de  Rostowzcw,  Die  kaiserl.  Patrimonialverwaltung  in  Aegypten  (Philo - 
logus,  57,  p.  564-577.) 


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—  960  — 


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qui  relevait  sous  les  Ptolémées  du  ototxTjTvjç  et  qui  est 
administrée  sous  l’Empire  par  le  préfet  d’Égypte  et  ses 
procurateurs  1  ;  le  domaine  privé  des  empereurs,  Xdyoç 
oùffiaxo;,  OU  xuptaxôî,  OU  xupiaxoù  OU  ^Tjcptxoi  Xoyot  2  ; 

la  distinction  subsiste  encore  après  Dioclétien  ;  à  côté  du 
rationalis  Aegypti ,  il  y  a  le  magister  privatarum 
Aegijpti 3,  et  encore  sous  Justinien  il  y  aies  deux  caisses, 
yevtxTÎ  et  iSixr,  4.  Le  domaine  privé  était  alimenté  surtout 
par  les  héritages,  les  bona  damnatorum,\es  bona  caduca, 
vacantia 5.  La  yÿ\  oùffiaxi  comprenait  un  certain  nombre 
d’oùci'ou  qui  correspondent  en  petit  aux  saltus  d’Afrique  et 
dont  les  noms  indiquent  souventl’origine  ;  on  en  connaît 
qui  provenaient  par  exemple  de  Mécène,  de  Petronius,  le 
troisième  préfet  d’Égypte,  de  Sénèque,  de  Germanicus  6. 

Dans  l’administration  des  domaines  au  Haut-Empire, 
nous  avons  à  distinguer  l’administration  centrale  et 
l’administration  provinciale.  Voyons  d’abord  l’adminis¬ 
tration  centrale.  1°  Dans  l'Italie  et  les  provinces  sénato¬ 
riales,  les  terres  du  populus  sont  certainement  dès 
Auguste  sous  la  direction  de  l’a  rationibus  et  de  ses 
subordonnés  ;  d’ailleurs,  dès  Hadrien,  l’administration 
s’en  confond  presque  avec  celle  des  terres  fiscales.  2°  Les 
terres  fiscales  ont  les  mêmes  chefs  7 .  3°  A  la  tète  du 
service  du  patrimoine,  il  n’y  a  sans  doute  jusqu’à  Claude 
que  des  affranchis8.  Claude  constitue  le  service  central; 
c’est  un  de  ses  affranchis  qui  est  le  premier  procurator 
Augusti  a  patrimonio* .  Nous  en  connaissons  ensuite 
un  certain  nombre  jusqu’à  Hadrien 10.  Ils  ont  une  situa¬ 
tion  élevée,  réunissent  le  patrimoine  et  les  hereditates ; 
à  partir  d’Hadrien,  sans  doute  à  la  suite  de  ses  réformes 
relatives  au  patrimoine  et  encore  plus  après  la  création 
de  la  ratio  privata  par  Sévère,  les  procuratores  palri- 
monii ,  tous  chevaliers,  ont  une  situation  inférieure  ;  leur 
compétence  a  peut-être  été  réduite  à  l’Italie 11 .  4°  A  la 
tète  de  la  ratio  privata ,  Sévère  metle procurator  rationis 
privatae ,  personnage  important,  assimilé  de  suite  au 
directeur  du  fisc,  et  trecenarius1*  ;  au  début  du  Bas- 
Empire,  il  s’appellera  magister  rei  summae  privatae 
[ratio  privata]13.  5°  En  Égypte,  à  la  tête  du  patrimoine, 
il  y  a  l’ancien  o  nobç  t<5  toîco  Xoyw  des  Ptolémées,  Vidiolo- 
gusn,  quia  sous  ses  ordres  les  procuratores  patrimonii 
(ÈTiiTpoTïot)  locaux15,  d’abord  affranchis, plus  tard  chevaliers. 

Passons  à  l’administration  provinciale  16.  1°  Pour  le 
fisc,  chaque  domaine  a  son  procurateur  sous  la  direc¬ 
tion  du  procurateur  provincial 17  ;  mais  nous  avons  ici 
peu  de  renseignements.  2°  Pour  le  patrimoine,  en  Italie, 
chaque  villa  impériale  a  sa  ratio,  c’est-à-dire  son  budget, 
sa  caisse,  son  personnel  de  dispensatores ,  de  tabularii , 
de  comment  arienses™.  Dans  le  voisinage  de  Rome,  les 
domaines  relèvent  sans  doute  de  la  direction  centrale  ; 

1  Strab.  17,  p.  747  et  818;  Papyr.  du  Louvre,  03;  Urkunden  Berl. 
Mus.  n»>  8,  63,  199,  560.  —  2  Urk.  Berl.  Mus.  n»»  I,  8,  84,  277  ;  C.  i. 
nr.  4957,  1.  13,  15.  —  3  C.  i.  I.  3,  17-18;  Alhanas.  Apol.  ad  Const.  c.  10. 
—  4  Lex  de  dioeces.  Aegypt.  1,  18;  Noe.  Just.  130,  3.-6  Strab.  17, 
p.  747  ;  cf.  Wilcken,  Abh.  d.  Berl.  Akad.  1886,  p.  39-40,  Doc.  I,  1,  21.  —  6  Urk. 
Berl.  Mus.  nos  181,  650,  104,  160,  441  ;  voir  la  liste  des  domaines  connus  dans  Ros- 
towzew,  Loc.  cit.  p.  565-567.  —  7  Dig.  43,  8,  2,  §  4.  —  8  Muralori,  900,  3  ;  C.  i.  I. 
6,  3962  ;  voir  Lccrivain,  Loc.  cit.  p.  42-50  ;  Hirschfeld,  Loc.  cit.  p.  41-48  ;  Roslowzew, 
Das  patrimonium,  Boni.  Mittheil.  1898, p.  108-123. —  9  C.  t.i.il,  8501.  19  Ibid. 

11,  5028;  6,  8499,  8500,  798,  31863;  Plin.  Ep.  1,  17;  5,8;  8,  12;  Dessau,  Prosop. 
2,  p.  429,  n“41  ;  Notizie  dei  scavi,  1897,  p.  191.  Mais  les  personnages  cités  au  C.  i.  I. 
10,  1740,  6657,  sont  plutôt  des  procurateurs  provinciaux.  —  H  Dessau,  Loc.  cit. 
1389,  1454;  C.  i.  I.  14,  2922;  6,  8498.  —  12  YVilmanns,  1208,  1295  ;  Vita  Macrini, 
2,  7;  Dio  Cass.  18,  30.  —  «  C.  i.  I.  8,  822,  12315  ;  6,  1030;  Euseb.  Jlist.  eccles. 
8,'  il;  Edict.  Contant.  (Haenel,  Corpus  leg.  p.  191);  Bev.  arch.  1894,  n»  53, 
p  411  _  H  Strab.  Loc.  cit.  ;  Urk.  Berl.  Mus.  n°  106;  voir  Ruggiero,  Dizionario 


plus  loin,  il  y  pour  chaque  groupe  de  domaines  un 
procurator  patrimonii,  souvent  appelé  simplement  pro¬ 
curator  Augusti 19.  Dans  les  provinces  autres  que 
l’Égypte,  nous  connaissons  un  procurateur  pour  la 
Bithynie,  le  Pont  et  la  Paphlagonie,  un  autre  pour  la 
Belgique  et  les  deux  Germanies 20.  En  Afrique,  les  pro¬ 
vinces  paraissent  être  divisées  chacune  en  plusieurs 
circonscriptions  appelées  tractus  ;  ainsi  l’Afrique  pro¬ 
consulaire  comprend  les  tractus  de  Carthage  21,  d’IIadru- 
mète2i  et  de  Leptis  Minor23;  la  Numidie  ceux  d’Hippo 
et  de  Theveste2L  Chaque  tractus  a  son  procurator , 
généralement  de  rang  équestre25.  On  connaît  le  pro¬ 
curator  patrimonii  tractus  Carthaginiensis  et  le  pro¬ 
curator  patrimonii  per  regionem  Leptitanam 
D’autres  procuratores  tractus  relèvent  sans  doute  aussi 
du  patrimoine  plutôt  que  du  fisc.  Le  tractus  s’appelle 
aussi  praedia  saltuum,  diocaesis,  regio,  provincial . 
Nous  connaissons  le  personnel  du  bureau  du  procu¬ 
rator  tractus  Carthaginiensis î8,  les  officiales  :  tabularii , 
adjutores  tabularii,  adjutores  a  commentariis ,  librarii, 
notarii,  praeconcs ,  agrimensores,  chorographi,  cursores , 
pedisequi,  medici',  les  plus  intéressants  sont  les  procu¬ 
ratores  et  les  dispensatores  regionis  ;  la  regio  parait  être 
en  général  une  subdivision  du  tractus ,  la  réunion  de 
plusieurs  saltus  ;  elle  a  son  budget  ( mensa )  avec  son 
personnel  ( adjutor ,  dispensator,  vilicus )29.  3°  La  ratio 
privata  comprend  en  Italie  différents  groupes  de 
domaines  dont  le  nom  générique  parait  avoir  été  regio™. 
Ces  régions,  pourvues  chacune  d’un  procurateur,  ne 
correspondent  pas  aux  régions  ordinaires  de  l’Italie  ;  on 
connaît  les  groupes  suivants  :  regio  Ariminensium ; 
Tuscia  et  Picenum;  Salaria  Tiburtina  Valeria  Tuscia  ; 
Flaminia  Umbria  Picenum;  Flaminia  Aemilia  Liguria; 
regio  Padana  Vercellensium  Ravennatium31.  Dans  les 
provinces,  on  connaît  un  procurateur  pour  la  Belgique 
et  les  deux  Germanies,  un  pour  la  Mauritanie  Césarienne32, 
un  per  regionem  Tripolitanam  Vi  ;  il  y  en  avait  sans 
doute  un  pour  la  Mauretania  Sitifensisr\  Quelquefois 
un  même  fonctionnaire  est  procurateur  de  la  res  privata 
et  du  patrimoine35.  On  peut  rattacher  à  la  res  privata 
des  groupes  de  domaines  pour  lesquels  il  y  eut  provisoi¬ 
rement  des  chefs  spéciaux  ;  ainsi  sous  Sévère,  après  la 
confiscation  des  biens  de  Plautien,  le  procurator  ad  bona 
Plautiani  ;  au  me  siècle  av.  J.-C.,  le  procurator  ad  bona 
cogenclci  in  Africa,  le  procurator  ad  bona  damnato- 
rum  36.  Au-dessous  de  tous  ces  fonctionnaires,  il  y  a  pour 
chaque  saltus  un  procurateur  dont  on  verra  le  rôle. 

Nous  arrivons  au  Bas-Empire.  Il  y  a  pour  les  domaines 
impériaux  les  mêmes  sources  d’accroissement  que  précé¬ 
demment.  Signalons  surtout  :  l’obligation  fréquente  pour 

epigrafi.  s.  v.  Aegyptus.  —  15  Urk.  Berl.  Mus •  n05  150,  108,  8.  —  *6  Voir  ScliuHen, 
Die  Grundherrschaften,  p.  60-75;  His,  Loc.  cil.  p.  3,  4,  5,  55-63,  65,  66,  77-78  ■ 
Lécrivain,  Loc.  cit.  p.  42-50;  Hirscbfeld,  Loc.  cit. g.  41-48.  — U  C.  i.  I.  14,  49,  200, 
202,  204,205,304,  2259,  2261,  2426,  2431,2861,  2856,3567,3698,  3920,  3635-37;  U, 
2706,  3549,  3738,  3762,  6667;  10,  1730,  1731,  8179.  —  18  C.  i.  I.  9,  334  ;  10,  1740. 

—  19  C.  i.  I.  10,  1775;  5,  12,  37,  38,  39,  41,  42,  43.  — - 29  Wilmanns,  1293.  —  21  C.  i.  l- 
6,  8608  ;  8,  1578,  11163,  14763,  17899,  17900.  — 22  Wilmanns,  2223;  C.  i.  I.  8,  7039, 

1  1341,  11174.  —  23  C.  i.  I.  8,  16542,  16543.  —  24  Ibid.  6,  790;  8,  5351,  7053, 
11048;  14,  170.  Ces  deux  tractus  sont  tantôt  réunis,  tantôt  séparés.  —25  Wilmanns, 
2223;  C.  i.  I.  8,  10570.  —  26  C.  i.  I.  8,  11105,  11341,  178  9  9.  —  27  Wilmanns, 
2223;  C.  i.  I.  8,  5351,  11341,  11174,  16542;  6,  790.  —  28  C.  i.  I.  8,  12590-13214; 
Ephem.  epigr.  5,  p.  104-120.  —  29  Voir  Schulten,  Die  Grundherrschaften ,  p.  64-69- 

—  30  ScliuHen,  Ibid.  p.  05.  —  31  Wilmanns,  1291;  C.  i.  I.  3,  1464;  8,  822;  5, 
2385  ;  C.  i.  gr.  6771  —  32  C.  i.  I.  3,  1456.  —  33  Ibid.  8,  16542.  —  34  Ibid.  8,  8812. 

—  35  Ibid.  8,  16542,  11105,  16543.—  36  Ibid.  3,  1464,  6575;  Wilmanns,  1278, 
1291. 


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■e  fisc  de  se 

^  “Les  qui  suivent  les  guêtres 
d  i  c  3  •  d’autre  part,  le  domaine  s’amoindrit  par  les  con- 

C'V1  ^  de  terresaux  barbares  et  aux  vétérans, par  les  dona- 

CeSS  fflvorTs  aux  délateurs'’  et  surtout  aux  églises. 
llMal"ré  l’obscurité  des  textes,  on  peut  distinguer  «  trois 
grandes  classes  de  domaines  :  la  res  privata  ou  les  biens 

delà  couronne,  les  fundi  patrimoniales  M  domus  divina. 

A.  Res  privata ».  -  Elle  reçoit  la  plus  grande  partie 
Hpt.  biens  des  condamnés,  des  bona  vacant  la ,  caduca , 
des  biens  des  temples  et  des  villes.  Elle  a  sans  doute 
absorbé  les  anciennes  terres  fiscales  7 .  Nous  connaissons 
ses  domaines d’Occident  par  les  titres  des  fonctionnaires. 
Pour  l’Orient,  on  sait  seulement  qu’elle  avait  des  do¬ 
maines  dans  les  diocèses  d’Orient,  du  Pont  et  d  Asie,  en 
É„YPte  et  en  Arabie,  avec  des  rationales  rei  privatae  et 
des  procuratores  saltuum \  A  sa  tête  il  y  ale  rationahs 
rei  privatae 9  qui  devient  vers  340  le  cornes  rei  pri¬ 
vatae10-,  il  dirige  le  trésor  et  le  domaine  de  la  couronne, 
jusqu’à  Anastase  la  majeure  partie  des  fundi  patrimo¬ 
niales,  et  jusqu’à  Justinien  une  partie  delà  domus  divina. 
11  a  sous  sa  juridiction  en  seconde  instance  les  habitants 
des  domaines11.  Poür  la  partie  qui  nous  occupe,  il  a  sous 
lui  :  1°  Les  inagistri ,  plus  tard  rationales  rei  privatae 
ou  rerum  privât  arum  12  ;  pour  l’Occident,  il  en  a  neuf11, 
dont  les  districts,  correspondant  aux  diocèses,  sont  : 
l’Illyricum  **,  l’Italie,  Rome  et  les  régions  suburbicaires, 
la  Sicile,  l’Afrique,  l’Espagne,  la  Gaule,  la  Bretagne,  les 
cinq  provinces  (c’est-à-dire  le  sud  de  la  Gaule);  ils  ont 
la  juridiction  sur  leur  officium  et  en  première  instance 
sur  les  habitants  des  domaines,  et  aussi,  du  moins  dès 


383,  dans  les  procès  où  la  res  privata  est  partie,  avec 
appel  au  cornes  rei  privatae 1S.  Les  employés  de  leur 
offlcium  s’appellent  catholiciani  ou  Caesariani lb.  Ils 
n’ont  pas  de  caisse  propre;  la  perception  des  revenus  des 
domaines  a  été  confiée  tantôt  aux  agents  du  gouverneur, 
tantôt  aux  rationales  et  aux  procuratores  rei  privatae, 
sous  le  contrôle  d  e  palatini,  canonicarii ,  compulsores , 
détachés  par  le  cornes  rei  privatae 17  ;  pour  l’encaisse¬ 
ment  de  ces  revenus,  il  y  a  à  côté  du  gouverneur  un 
bureau  avec  un  numerarius  (plus  tard  tabularius,  trac- 
tator)  et  un  susceptor  ou  arcarius  et  au-dessous  d’eux 
des  receveurs  ( susceptores )  locaux.  L’argent  est  proba¬ 
blement  envoyé  ensuite  à  la  caisse  centrale  de  la  res  pri¬ 
vata i8.  —  2°  Les  procurateurs  attachés  aux  neuf  districts 
suivants19  :  Savie,  Dalmatie,  Apulie  et  Calabre  (ou  saltus 


Carminianenses ),  Mauritanie  Sitifienne,  Sicile,  Italie, 
Rome,  et  les  wbicariae  regiones  rerum  Juliani 20, 
Sequanica  et  prima  Germania.  Il  est  probable-1  que 
quelques-uns  de  ces  procurateurs  étaient  rattachés  direc¬ 
tement  au  cornes  rei  privatae  et  que  certaines  régions, 
telles  que  la  Sicile,  l’Italie,  Rome,  avaient  à  la  fois  un 
rationalis  et  un  procurateur.  —  3°  11  y  a  sans  doute 
encore  des  procurateurs  analogues  aux  anciens  procura¬ 
tores  tractas.  —  4°  Les  chefs  de  chaque  domaine,  les 
anciens  procuratores  saltus,  procuratores  rei  privatae, 
rei  dominicae,  domorum,  possessionum22,  en  grec  k;- 
xpo7rot23,  maintenant  en  général  de  naissance  libre.  On 
peut  rattacher  à  la  res  privata  certains  groupes  de 
domaines  dont  les  chefs  ne  relèvent  que  du  cornes  rei 
privatae,  par  exemple  :  le  cornes  Gihloniaci  patrimonii 
qui  administre  depuis  405  les  biens  confisqués  de  Gildon 
et  de  ses  complices24  ;  le  rationalis  per  Urbem  Romain 
et  suburbicarias  regiones  cum  parte  Faustinae,  sans 
doute  chef  de  l’ancien  patrimoine  d’Antonin,  passé  à  sa 
fille,  puis  au  fisc25. 

B.  Le  sacrum patrimonium 26.  Ce  sont  les  fundi  patri¬ 
moniales,  appelés  aussi,  à  cause  du  mode  d  exploitation, 
fundi  emphyteutici 21 ,  et  qui  comprennent  également  les 
fundi  saltuenses  d’Orient28  et  les  fundi  limitrophi 
[limitaneae  terrae].  Il  y  en  avait  dans  toutes  les  pro¬ 
vinces  de  l’Italie,  en  Sicile,  Sardaigne,  Dalmatie,  Espagne 
et  surtout  en  Afrique29.  Pour  l’Orient,  nous  en  connais¬ 
sons  dans  les  diocèses  d’Asie,  de  Pont,  d  Orient,  dans  les 
provinces  de  Phénicie,  Liban,  Mésopotamie,  Osrhoène, 
Arabie30.  On  sait  peu  de  chose  sur  leur  administration; 
on  connaît  un  praefectus  fundorum  patrimonial ium 
d’Afrique31.  Il  est  probable  que  la  plupart  de  ces  terres 
relevèrent  de  la  res  privata 32  jusqu’à  Anastase  qui  créa 
un  cornes  patrimonii  spécial,  de  même  rang  que  les  deux 
autres  comtes,  chefs  des  finances33.  Vers  la  même  époque 
apparaît  en  Italie  un  cornes  patrimonii  qui  subsiste  chez 
les  Ostrogoths  et  administre  la  domus  divina0'*. 

C.  La  domus  divina 3S.  Elle  se  sépare  de  la  res  privata 
dans  la  deuxième  moitié  du  ive  siècle  ap.  J.-C.  Des  biens 
de  cette  sorte,  anciens  domaines  sacrés  et  royaux,  dési¬ 
gnés  surtout  par  le  mot  c/omus,  apparaissent  en  Cappa- 
doce  en  379,  sous  la  direction  d’un  cornes  domorum ,  qui 
relève  du  praepositus  sacri  cubiculi 36  ;  en  390,  on  trouve 
aussi  en  Afrique  des  domus  de  ce  genre,  sous  un  cornes 
domorum,  rattaché  à  la  res  privata 37.  Dans  les  autres 
provinces,  la  domus  divina  n’apparaît  que  plus  tard.  Une 
Novelle  de  Marcien  de  450  distingue  la  domus  dominica 


1  C.  Just.  10,  10.  —  2  Nov.  Valent.  111,  TU.  10,  1,  1.  —  3  C.  Th.  10,  1, 
D  10/  8.  4;  10,  10,  8  ;  4,  22,  3  ;  9,  42,  17,  20;  7,  8,  7  ;  Notit.  dign.  Occ.  11. 
-  4  C.  Th.  15,  14, 10;  C.  Just.  7,  37,  1-2;  11,  59,  11;  C.  Th.  10,  8,  1-3;  10,  9,  2; 
10, 10,  5,  0,  12  ;  9,  42,  17  ;  Symm.  Epist.  5,  06.  —  S  [lis,  Toc.  cit.  p.  17-27  ;  Lécrivain, 
Toc.cit.  p.  74-82.  —  6  Voir  His,  I.oc.cit.  p.  34-44. — TC.  Just.  10,  10,4-5;  11,  71,  1; 
11, 73,  1  ;  7,  13,  2.  —  8  jy0v.  Just.  102,  147,  148;  Edict.  Just.  8,  2;  13;  C.  Th.  12, 

b  33;  c.  Just.  1,  52,  1;  1,  00,  1;  11,  68,  2;  Noiit.  dign.  Or.  c.  13.  —  9  Mom¬ 

msen,  Memor.  dell’  lst.  arch.  1865,  p.  295-322.  —  10  11  s’appelle  aussi  cornes  rerum 
pnvatarum,  aerarii  privati,  cornes  privotarum  largitionum ;  en  grec  m  at, 5  tùv 
*çi6àTOv  (C.  Th.  9,  27,  7  ;  12,  1,  30;  Aov.  Just.  128,  c.  25;  Lydus,  De  mag.  2,  27; 
Cassiodor.  Var.  8,  13).  —  H  Cassiodor.  Var.  G,  8.  —  12  C.  Th.  10,  1,  2-4;  12,  I, 
14,  10,  4,  3  ;  5,  13,  20.  —  13  Not.  dign.  Occ.  —  14  Ammicn  (29,  0,  7)  cite  une 
"  .  publica ,  près  de  Sirmium.  —  15  C.  Th.  Il,  30,  41,  45;  11,  36,  29;  Symm. 
ptsl.  11,  41.  —  10  c.  Th.  10,  7  ;  C.  Just.  9,  48,  9  ;  10,  1,  15  ;  Cyprian.  Epist.  80; 
c  ulten,  Libello,  p.  232,  1.  18.  —  17  C.  Th.  5,  13,  3;  8,  8,  5,  6,  7  ;  1,  5,  13;  1,  11, 

9,  3,  11,  7,  17,  21;  1,  13,  7;  Aov.  Majorian.  7,  g  16  ;  2,  §  2;  Cassiodor. 

12ai’’  8-  -18  c.  Th.  8,1,  9,  12;  12,  6,  2,  14,  30,  32;  Nov.  Just.  157,  2;  C.  Just. 

l’orV  '  l0'  13  ’  6"  —  13  ^°tit.  dign.  Occ.  —  20  On  ne  sait  pas  exactement 

hier 1^*8°  C°  ^rouPe  ’  Pour  Bôcking  (Notit.  dign.  Occ.  2,  387),  il  s'agirait  de 
dos  1  •  C9l*jmP'cs  rendus  par  Julien  et  repris  par  Valentinien  ;  pour  His(£oc.  cit.  p.  06) 
îens  c  1  empereur  Didius  Julianus.  —  21  Hypothèse  de  His,  Lac.  cit.  p.  62.  — 


22  C.  Th.  1,  32,  2;  10,  26,  1;  16,  5,  52.  —  23  Nov.  Just.  30;  Nov.  Tiber.  c.  1,  2, 
3,  5;  Ramsay,  Cities,  Loc.  cit.  p.  290.  On  trouve  encore  les  expressions  :  7:00/0 r^f,; 
OU  77ÇOEOTÙ/;  tîjî  8et«ç  oixlct;.  —  21  (_, .  2  h.  9,  42,  16;  Bôcking,  l\ot.  dign.  2,  350. 

25  Bôcking,  Loc.  cit.  2,  383.  —  26  C.  Just.  1,  34;  Lécrivain,  Loc.  cit.  p.  74-78  ;  His, 
Loc.  cit.  p.  70-75  ;  Bôcking,  Loc.  cit.  2  ,  3  7  6.  —  27  C.  Th.  11, 19  ;  10,  3,  7  ;  C.Just.  1 1 , 
62,  5,  7,  8,  12;  Nov.  Valent.  111,  18,  1  ;  Augustin.  Adv.  lilt.  Petit.  2,  184.  —  28  C. 
Th.  5,  15,  31,  38  ;  C.  Just.  11,  64,  1  ;  1,  62-64  ;  Nov.  Theod.  5,  2.  —  29  C.  Th.  2,  28, 
l;  11,  16,  1,  2,  9;  11,  19,  1,  3;  15,  3,  1;  13,  11,  6;  11,  7,  29;  5,  13,  16;  Nov. 
Valent.  24  et  18;  Nov.  Just.  75;  Cassiodor.  Var.  1,  16;  5,  7,  9,  18,  39;  9,  3,9;  12, 
5  ;  Procop.  Bell.  goth.  1,  4;  Notit.  dign.  Occ.  2.  —  30  C.  Th.  5,  13,  31,  34,  38, 
10, 10,  64;  11,  62,  6;  Nov.  Just.  147,  148,  102;  Nov.  Theodos.  5  et  26;  Edict.  Just. 
8,  2;  4,  2;  C.  Just.  11,  62,  8;  Hierocles,  Synecd.  —  31  Notit.  dign.  occ.  2. 
—  32  C.  Th.  5,  13,  19;  5,  14,  5-G;  1,  lt,  1;  C.  Just.  11,  62,  4;  Cassiod.  Var. 

0,  s. _ 33  C.  Just.  1.  34,  1  ;  Lydus,  De  mag.  2,  27  ;  Gloss,  nom.  (Otto,  Thesaur.  3, 

1176).  11  s’appelle  en  grec  :  xot/.r,;  xott  icgctçioeov'ou,  t?;ç  ïSixà;,  xt/.oew;.  —  3/  Marini, 
Papiri,  n°  82.  Il  s'agit  du  cornes  rei  privatae  ap.  Corp.  inscr.  lat.  6,  1726. 

_  33  Voir  Bôcking,  Loc.  cit.  293,  385;  Godefroy,  ad  C.  Tli'.  6,  30,  2;  Lécrivain, 

Loc.  cit.  p.  75-76  ;  His,  Loc.  cit.  p.  75-82.  —  30  C.  Th.  G,  30,  2  ;  C.  Just.  12,  5,  2: 
1,  49,  1  ;  Strab.  12,  2,  3  et  6.  —  37  C.  Th.  9,  27,  7  ;  Notit.  dign.  Occ.  13.  11  faut 
sans  doute  l'identifier  avec  le  «  rationalis  rei  privatae  fundorum  domus  divinité 
per  Africain  »  (Notit.  dign.  Occ.  11). 


LAT 


—  962  — 


LAT 


delà  res  privataK  Mais  c’est  seulement  au  vi°  siècle  pour 
l'Orient  que  nous  avons  des  renseignements  importants. 
La  do  mus  divina  a  des  biens  dans  presque  tout  l’Orient  -, 
surtout  dans  la  Cappadoce  où  les  domaines,  appelés  aussi 
praedia  tamiaca ,  forment  13  otxtat  ( do  mus )  ayant  cha¬ 
cune  un  ÊTtiTfO'jto;  ( procurator )  sous  la  direction  d’un 
cornes  domorum ,  vir  spectabilis1 *  3 *.  Pour  remédier  aux 
tiraillements  qui  se  produisaient  entre  les  autorités  ordi¬ 
naires  et  les  autorités  domaniales,  aux  usurpations  des 
grands  et  aux  souffrances  des  colons,  Justinien  réorga¬ 
nisa  en  330  les  domaines  de  Cappadoce  ;  il  remplaça  le 
cornes  domorum  par  un  proconsul  qui  réunissait  tous  les 
pouvoirs,  mais  avec  deux  officia  distincts,  et  qui  admi¬ 
nistrait  aussi  les  autres  praedia  tamiaca  de  la  région 
du  PontL  D’autre  part,  il  mit  à  la  tête  des  autres  domaines 
d’Orient,  qui  avaient  relevé  jusque-là  du  cornes  rei  pri- 
vatae,  deux  curatores  dominicae  domus,  réduits  plus 
tard  à  un  seul5. 

On  peut  rattacher  à  la  domus  divina  les  biens  des 
impératrices  et  des  princes  et  princesses.  Les  impéra¬ 
trices  ont  en  Cappadoce  des  domaines  qui  relèvent  du 
praepositus  sacri  cubiculi ,  et  qui  sont  administrés  par 
le  cornes  domorum,  plus  tard  sous  Justinien  parle  curator 
divinae  domus  Serenissimae  Augustae  6 *.  Les  domaines 
des  princes  et  princesses  constituent  une  sorte  de  service 
public,  sous  la  direction  du  cornes  rei  privatae ,  plus 
tard  du  curator  divinae  clomus1. 

Étudions  maintenant  l’organisation  intérieure  et 
l’exploitation  des  grands  domaines  privés  et  publics. 
Mettons  d’abord  en  relief  ce  fait  qu’après  l’empereur 
les  plus  grands  propriétaires  fonciers  sont  les  membres 
de  l’ordre  sénatorial  qui  fournit  les  principaux  fonction¬ 
naires  impériaux.  C’est  prouvé  par  toute  l’histoire  du 
Haut  et  surtout  du  Bas-Empire8,  par  celle  du  haut  moyen 
âge.  C’est  ce  que  Fustel  de  Coulanges  a  démontré  de  la 
manière  la  plus  probante9.  La  richesse  mobilière  était 
insignifiante  ;  le  sol  était  de  plus  en  plus  la  source  prin¬ 
cipale  de  la  richesse.  Au  début  du  moyen  âge,  le  mot 
senator  est  synonyme  de  riche  propriétaire  foncier10. 
D’après  les  inscriptions,  la  plupart  des  saltus  d’Afrique 
appartiennent  à  des  familles  sénatoriales11.  Il  en  est  de 
même  dans  la  Gaule  et  dans  les  autres  parties  de  1  Lm- 
pire12.  Les  grandes  familles  du  Bas-Empire  possèdent 
des  domaines  d’une  étendue  colossale  et  elles  les  conser¬ 
vent  encore  en  Italie  sous  les  Ostrogoths 13.  D’après 
Olympiodore,  au  vc  siècle,  beaucoup  de  familles  nobles 
avaient  encore  un  revenu  annuel  de  -40  centenarii  d’or 


1  Nov.  2,  §  1-  —  2  Nov.  Just.  28,  30,  102,  148;  Edict.  Just.  4,  2; 

g  c  3  yvoi).  Jusl.  30.  —  4  Nov.  30.  —  5  C.  Just.  7,  37,  3  ;  Edict.  Just.  4,  2; 

g’  2-  Nov  Just.  102,  148.  -  6  c.  Just.  7,  37,  3.  -  7  Voir  Zachariae,  Mo- 
natsber  d  Berl.  Akad.  1879,  p.  139-100.  11  y  a  un  procurateur  d’un  domaine 
princier  dans  Marcellini,  Com.  Chron.  ann.  434.-  8  Voir  Lécrivain,  Le  sénat  romain , 
n  81131-  Scliulten,  Die  Grundherrschaften,  p.  120-122;  Beaudouin,  Loc.  cit. 
p  i99.201.  -  »  lnslit.  polit,  de  l'anc.  France,  I,  p.  286-300.  -  «Mar.  Aventic. 
'en  456)  •  «  'erras  eum  gallicis  senatoribus  diviserunt  ».  —  11  C.  i.  I.  8, 
11451  1.  14  et  19;  597  et  11763  ;  8280;  6705,  6700;  19328;  Mélanges  d'arch. 

et  d’hist.  de  l'École  de  Dôme,  1893,  p.  470,  note  2;  Carton,  Découvertes  en 

Tunisie  p  112-113.  —  12  Exemple  d’une  fortune  sénatoriale  répartie  dans  le 
monde  entier,  dans  Hist.  Lausiaca,  Vila  Melaniae  (Migne,  Pair.  lat.  t  LXXIII), 
_  13  Ammian.  16,  8,  13;  27,  11,  1  et  3-4;  Vita  Euphrasiae  (Migne,  Pair,  lat 
i  T  XXIII  p.  630,  13);  Cassiod.  Var.  5,  12;  Procop.  Bell.  goth.  3,  18-2- 
_  14  Fr.  44  (éd.  Didot).  —  15  Dio  Cass.  69,  16.  —  «  C.  Th.  5,  13,  33  ;  10,  5,  1 

g  .4  4  _  n  Ainsi  un  décurion  d’Antioche  (Migne,  Patr.  lat.  t.  LXX1V,  p.  73 

’  ,4V  1  18  Suet.  Aug.  72;  Calig.  37  ;  iVer.  39;  Stat.  Sylv.  2,  84;  Dig.  7,  8,  12 

8  3  2;  50,  16,  198;  Palladius,  De  re  rust.  1,  8,  11,  23,  33  ;  Symmach.  Ep.  1,  4 

■  O  14  6  9'  66;  Charta  Cornutiana  (Duchesne,  Lib.  pont.  p.  cxlvi-cxlyii,  c.  20) 

Ji^Derc  rust.  I,  6.  -  *0  Ep.  2,  7  ;  5,  6.  -21  2,  2.  Il  décrit  aussi  la  mlla 

Octaviana,  8,  11  (éd.  Bar  et;.  —  22  Bains  de  Pompeianus  (Poulie,  Dec.  de  la  Soc. 


(A  000  livres  :  "288  Ü00  solidi)  et  ce  revenu  devait  provenir 
presque  uniquement  de  leurs  terres14.  Ajoutons  qu’au 
Bas-Empire,  contrairement  à  la  règle  suivie  sous  le  Ilaul- 
Empire15,  les  sénateurs  disposent  comme  fermiers,  par 
les  baux  emphytéotiques,  de  la  majeure  partie  des  terres 
impériales16  et  qu’ils  y  exercent  ainsi  à  peu  près  les 
mêmes  pouvoirs  que  les  procurateurs.  Les  membres  des 
curies  des  grandes  villes  avaient  aussi  des  possessions 
foncières  considérables11. 

Le  domaine  comprend  essentiellement  deux  parties, 
l’habitation  du  maître  et  les  demeures  des  colons. 

A.  L’habitation  du  maître.  Donnons-en  seulement 
ici  les  traits  principaux  en  renvoyant  pour  la  partie 
technique  à  l’article  villa.  Elle  s’appelle  villa  et  aussi 
d’assez  bonne  heure  praetorium 18.  D’après  Columelle, 
elle  a  des  appartements  d’été  et  des  appartements 
d’hiver,  de  grandes  salles  de  bains,  de  longues  gale¬ 
ries19.  Pline  le  Jeune  décrit  deux  de  ces  palais20.  Dans 
Sidoine  Apollinaire21,  la  villa  Avitacus  est  précédée 
d’une  longue  avenue  ;  elle  comprend  des  thermes,  l’appar¬ 
tement  des  femmes,  de  longs  portiques,  une  galerie  qui 
sert  de  promenoir,  trois  salles  à  manger,  une  salle  de 
repos.  Des  mosaïques  d’Afrique  nous  montrent  plus  net¬ 
tement  ces  châteaux  de  l’époque  romaine22.  On  en  trouve 
les  vestiges  dans  toutes  les  parties  du  monde  romain  - 
Au  Bas-Empire,  beaucoup  de  ces  châteaux  furent  fortifiés 
contre  les  pillages  de  toutes  sortes;  en  Afrique  en  parti¬ 
culier,  certains  domaines  constituent  de  vrais  camps 
retranchés24.  Les  propriétaires  de  l’époque  impériale 
habitaient-ils  ces  châteaux  la  plus  grande  partie  de  leur 
vie  ou  seulement  l’été  ?  Il  faut  distinguer  les  époques. 
A  l’époque  de  Columelle25,  les  propriétaires  italiens  habi¬ 
tent  généralement  la  ville  ;  les  renseignements  fournis  par 
Pline  le  Jeune  sont  peu  précis26;  mais  au  Bas-Empire  les 
textes  de  Symmaque,  d’Ausone,  de  Sidoine  Apollinaire, 
de  Paulin  de  Pella  et  de  Cassiodore  27  montrent  plutôt 
l’aristocratie  romaine  comme  une  classe  rurale  ;  l’histoire 
politique  et  sociale  du  sénat  romain  fournit  la  même 
conclusion  pour  cette  époque28.  A  côté  de  l’habitation  du 
maître,  de  la  villa  urbana,  il  y  avait,  autour  d  une  large 
cour  {ch ors),  les  bâtiments  destinés  à  l’exploitation  du 
domaine,  que  Columelle  divise  en  deux  parties  :  la  pars 
fructuaria  (granges,  celliers,  greniers)  et  la  pars  ou 
villa  rustica  qui  comprenait  les  logements  des  esclaves 
(les  cellae  et  Yergastulum),  les  étables,  les  remises  des 
instruments  de  culture.  On  a  la  description  de  la  villa 
rustica  dans  Caton,  Varron,  Columelle,  Vitruve29,  et  des 

arch.  de  Constant.  1878,  p.  431;  Tissot,  Géographie  comparée  de  i Afrique,  I- 
p.  360,  494  cl  planches  ;  Boissier,  L’Afrique  romaine,  p.  152-162).  Mosaïques  ih‘ 
Taharka  {Catalogue  du  Musée  Alaoui,  n»>  25,  26,  27,  et  pl.  m).  Mosaïque  d’Ulhina 
Ibid.  p.  24,  n»  105  et  pl.  vi;  Gauckler,  Le  domaine  des  Laberii  à  Uthina,  Monu¬ 
ments  Piot,  111,  177-229).  — 23  En  Afrique,  les  ruines  de  Kaoua  {Bull,  de  corresp. 
africaine,  1882,  p.  147),  la  villa  des  Hortensiani  {Mélanges  de  l'École  franc, 
de  Dôme,  1894,  p.  420-425),  la  villa  des  Laberii  à  Uthina  (Gauckler,  Loc.  cit.)  ;  po,n 
la  région  du  Rhin  et  delà  Moselle,  Scliulten,  Die  Grundherrschaften,  p.  53-51; 
Schumacher,  Westdeutsche  Zeitschrift,  1896,  p.  16;  pour  le  sud  de  la  Gaule, 
les  restes  de  la  grande  villa  de  Chiragan  à  Martres  Tolosanes  (Lebcgue,  Notice 
sur  les  fouilles  de  Martres  Tolosanes,  Bull.  arch.  du  Comité  des  trav.  hist. 
1891,  p.  391-423;  Perrot,  Dev.  archéol.  1891,  p.  56-73;  Lécrivain,  Les  fouilbs 
de  Martres  Tolosanes,  Mémoires  de  la  Soc.  arch.  du  Midi,  1894,  p.  7-21  ;  Jouhn. 
La  décoration  sculpt.  de  la  grande  villa  de  Chiragan,  Dev.  des  Pyrénca, 
1899).  —  24  Sid.  Apoll.  Carm.  22,  118-125;  Bull,  de  corr.  afrie.  I.  c.;  Ammian. 
29,  5,  13,  25.  —  23  De  re  rust.  1,  pr.  15.  —  26  Ep.  1,  6;  2,  8.  —  21  Symmacli 
Ep.  I,  1,  2,  5,  7,  8,  35,  51,  58,  53;  4,  18;  7,  18;  5,  11,  17;  Auson.  Ep.  23;  Sid. 
Apoll.  Ep.  1,6;  3,  12;  8,  4,  6,  8;  Paulin.  Eucharist.  205-211,  435-437  ;  Cassiodor. 
Var.  2,  28;  6,  10-11  ;  8,  31.  —  28  Voir  Lécrivain,  Le  sénat  romain,  p.  6o-6'- 
—  29  Varr.  De  re  rust.  1,  13;  Colum.  De  re  rust.  1,  6;  Vitruv.  6,  6-9;  Cal- 
De  re  rust.  3,  4,  10,  13-13. 


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,  „inhYins  sur  les  mosaïques  d’Afrique  [villa]. 
rePrCLes  demeures  des  colons  {casae,  casulae ) 1  étaient 
soit  isolées,  soit  plus  généralement,  et  surtout  en  Afrique 
trounées  en  petits  villages,  vicif  ou,  quand  ils  son 
fortifiés  castella 3.  Ces  vici  (en  grec  \  qui  ont 

couvent  donné  leurs  noms  aux  saltus  5,  n’ont  pas  d  orga¬ 
nisation  municipale,  comme  les  vici ,  subdivisions  des 
cités  -  cependant,  sur  les  terres  impériales,  ils  paraissent 
avoir’  eu  des  institutions  rudimentaires  ;  il  est  question 
par  exemple  de  décurions,  de  magister  ;  le  saltus  Sume- 
locennensis,  dans  les  agri  decumates  de  Germanie,  a  un 
ordo  6;  dans  la  Phrygie,  les  colons  forment  plusieurs 
groupes  appelés  xotvôv,  et  il  y  a  un  xcôyapxoç 7  ;  en  Égypte, 
chaque  groupe  a  des  ^poeaTÛre; 8.  On  trouve  même  sur 
des  saltus  privés,  en  Afrique,  un  defensor\  un  magister 10. 
Au  Bas-Empire,  on  trouve  partout  des  praefecti ,  des 
praepositi  (en  grec  TtpoàyovTsç),  des  primates  possessio- 
num  Il  y  a  sur  les  domaines  toutes  les  choses  néces¬ 
saires  à  la  vie,  des  temples,  des  bains  publics,  des  bou¬ 
tiques  ( tabernae ),  des  marchands  (; negotiatores )  12. 

Le  domaine  peut  avoir,  comme  la  cité,  son  marché 
spécial,  ses  nundinae  ;  aux  deux  premiers  siècles,  c’est 
le  sénat,  mais  dès  la  fin  du  ne  siècle  c’est  l’empereur  seul 
qui  autorise  les  grands  propriétaires  à  établir  un  marché 
sur  leurs  terres13.  Pour  l’Afrique,  on  a  deux  inscriptions 
qui  autorisent  des  propriétaires  de  la  classe  sénatoriale 
à  avoir  un  marché  deux  jours  par  mois14.  La  création 
d’un  marché  peut  amener  naturellement  la  création  d’un 
viens,  d’un  centre  pour  la  région  voisine  15. 

Le  domaine  a  des  limites.  Les  latifundia ,  formés  de 
fundi ,  ont  naturellement  les  limites  mêmes  de  ces  fundi. 
Les  saltus  sont  séparés  par  des  bornes  du  territoire  de 
la  cité;  il  est  souvent  question  dans  les  Gromatici  des 
controverses  qui  surgissent  à  ce  sujet  entre  les  cités  et 
les  saltus  ia.  On  a  les  inscriptions  de  bornes  qui  délimi¬ 
taient  en  Afrique,  en  Phrygie,  des  domaines  soit  impé¬ 
riaux”,  soit  privés18;  les  subseciva  du  fundus  Villae 
Magnae  Variant ,  laissés  en  dehors  de  l’assignation,  indi¬ 
quent  également  une  ancienne  délimitation  On  a  pu 
employer  la  méthode  des  agri  colonici , per  centurias  20,  et 
aussi  d’autres  procédés.  Yespasien,  par  exemple,  lit  limi¬ 
ter  les  terres  publiques  de  la  Cyrénaïque  avec  des  mesures 
égyptiennes21.  Les  domaines  impériaux  étaient  délimités 
soit  par  leurs  administrateurs,  soit  par  le  gouverneur  de 


la  province.  En  Phrygie,  il  y  a  des  gardiens  des  limites 
(ôpotpûXaxsç) 22.  D’ailleurs,  les  opérations  du  cens  ont  dû 
amener  partout  peu  à  peu  une  limitation  quelconque  des 
terres  cultivées.  On  peut  le  conclure  de  ce  fait  que  l’usage 
du  bornage,  avec  les  anciennes  méthodes  romaines,  per¬ 
siste  après  les  invasions  et  à  l’époque  mérovingienne  23, 
comme  le  montrent  l’édit  de  Théodoric,  les  lois  Salique 
et  ILipuaire,  les  lois  des  Wisigoths,  des  Burgondes,  des 
Lombards,  des  Bavarois  24,  et  beaucoup  de  chartes  et  de 
diplômes  23. 

Un  propriétaire  particulier  pouvait  certainement  donner 
un  règlement  général,  une  lex  à  son  domaine26  ;  mais 
nous  n’en  avons  d’exemples  que  pour  les  domaines  impé¬ 
riaux21.  Cette  lex,  appelée  aussi  forma,  généralement 
affichée,  divisée  en  chapitres28,  comme  les  lois  munici¬ 
pales,  avec  lesquelles  elle  présente  beaucoup  d’analogies, 
règle  toute  l’exploitation  du  saltus.  Hadrien  avait  dû 
réorganiser  les  domaines  impériaux  29  ;  on  a  sans  doute 
une  partie  de  ses  règlements  dans  cette  lex  Hadriana, 
appliquée  à  plusieurs  saltus  de  la  vallée  du  Bagradas30. 
La  lex  donnée  sur  l’ordre  de  Trajan,  en  116  ou  117,  par 
deux  de  ses  procurateurs  au  fundus  Villae  Magnae  Va¬ 
riant,  est  une  véritable  lex  data  31.  Elle  se  réfère  souvent 
à  une  loi  antérieure,  à  une  lex  Manciana 32  que  nous  ne 
connaissons  pas  autrement  ;  on  a  conjecturé33  que  c’était 
une  loi  agraire  de  la  fin  de  la  République  qui  aurait 
réglé  les  rapports  entre  les  propriétaires  et  les  colons,  à 
l’époque  où  l’État  avait  aliéné  la  majeure  partie  de  Yager 
publicus  d’Afrique  ;  ce  n’est  là  qu’une  hypothèse.  Une 
Novelle  de  Justinien  34  parle  d’une  loi  (tuttoç)  donnée  aux 
domaines  de  Cappadoce  par  Nicétas,  préfet  du  prétoire  ou 
praepositus  sacri  cubiculi. 

Quelle  est  la  situation  légale  des  grands  domaines  par 
rapport  à  la  cité  et  à  l'État?  Il  faut  distinguer  d’un  côté 
le  Haut  et  le  Bas-Empire,  de  l'autre  les  latifundia  ordi¬ 
naires,  et  les  saltus  impériaux  et  privés.  Les  saltus  parais¬ 
sent  avoir  été  laissés  légalement  en  dehors  du  territoire 
des  cités  ;  ils  avaient  avec  elles  des  contestations  au  sujet 
des  limites33;  les  géographes  Ptolémée  et  Pline  mention¬ 
nent  les  saltus  à  côté  et  en  dehors  des  cités 36  ;  il  y  a  sou- 
ventla  même  distinction  dans  des  textes  du  Bas-Empire31. 
Les  oùoïat  d'Égypte  ont  la  même  situation.  Les  saltus  sont 
donc  exemptés  de  la  juridiction  et  des  charges  munici¬ 
pales.  Quant  aux  latifundia,  les  textes  les  représentent 


Apul.  Me.tam.  VIII  ;  Charta  Cornutiana,  l.  c.  ;  Tables  alimentaires. 
L  c.  —  2  Cic.  Ad.  fam.  14,  1;  C.  i.  I.  8,  11470;  5,  898;  Migne,  Pair.  lat. 
JSpCXIV,  p.  73,  c.  14;  Vit  a  Basilisci  (Holland.  Hart.  1,  237);  Grom.  vet.  53. 
7,  «  vicos  circa  villam  in  modum  munitionum  »,  où  il  esl  inutile  de  corrigci 
D^°minSCn  Mermes,  XV,  p.  392),  munitionum  en  municipiorum  ;  Diplomate 
(ed.  Pardessus),  n-  177,  230,  237,  238,  258,  283  ;  voir  Fustel  de  Coulanges. 
..'  P’  214-  —  3  C’.  i.  I.  8,  8209,  8701,  8777,  8991.  On  a  des  des- 
p  ons  de  ruines  de  vici  pour  la  région  belge  dans  Doloche,  Mém.  de 
<■  Acad,  des  inser.  t.  XXXV,  2*  part.  p.  2G7),  pour  l’Afrique,  dans  C.  i.  I.  8,p.  31. 
’  el  Tlssot>  Vêogr.  comp.  de  T  Afrique,  II,  p.  632.  —  4  j\roi\  Just.  38. 
>  u  en,  Libella,  p.  227.  B  Ainsi  le  saltus  Burunitanus ;  le  viens  Aurel . 

uZîlLTT71'  P'  151\“’  1Jinder)-  “  6  Orelli-Henzen,  5248;  C.  i.  I.  11427 
*  ’  Les  aulres  inscriptions  que  cite  Schulten  (n°«  8270,  8811)  se  rap 

Meîloïn *  4àdeS8éCrrSnde  ft  Ramsay-  Ge°araphy,  p.  ,78;  Schulten 
d’Hennl.;.  M  .  Berl  Mus •  n"  130’  630d-  1  et  12.  —  9  Inscriptior 

Annfic  v  ^  h‘S‘ ’  de  droit'  1897’  P-  373>  lr“  face.  >•  3-)-  -  10  Gagnai 
SL  d’Ho  9V°.6G;  C-  "  *’8’  S1'PP>-  h  ”217’  Le  magister  de  Fins 
Cairnat  An  .UCm’  ottlch  (lre  face,  1.  31)  appartient  peut-être  au  pagus  (cf 
8  8  ’  treTCJT-  1897’  n°  107>-  -  11  Lamsay,  Cities,  p.  289,  292.  _  «  C.  i  l 
s’  10  i  uq ?  TrUm)  ;  11470  ^S[ur?]vici)  ;  14428,  1.  13;  C.  Th.  13,  1 

s' c.  jZ  a,  ST_1lvP1:n-;  T st- 5- 4;^- 50-  11  c-  L  L 3 

le  sénat, ,<•  ,  '  4  C.  i.  L  8,  11451,  et  Ephem.  epigr.  2,  p.  271  :  c’cs 

Tunisie')  -  cf°rSU  T”  d°  138  De  nundinis  Beguensis  (Ilenchir  Begar  ei 

184,  où  Gallien  et  v  VP  -  43’  82S0‘  ~  13  lb'  8’  8280  :  cf'  CorP ■  inscr-  lat ■  3 
a  ucn  confirment  l'autorisation  d'un  marché  dans  le  vici 


Baetotece  qui  avait  été  donné  par  Anliochus  à  Jupiter  Baetotecensis.  —  16  P.  46, 
3  ;  53,  3.  —17  C.i.  I.  8,  8810,  8811,  8812,  10567;  3,  7004;  Schulten,  Libello,  p.  23ü! 

—  18  C.  i.  I.  8,  7148.  —  19  Inscr.  d'Ilenchir-Mettich,  Loc.  cit.  1”  face,  1.  7-8. 

—  20  C'est  sans  doute  le  sens  des  mots  «  quae  in  centu[riis\  »  de  l’inscription  d'Aïn- 
Ouasscl  (Rev.  arch.  1892,  t.  XIX,  p.  221  ;  Hernies,  29,  p.  207).  —  2!  Grom.  vet. 
122,  15.  —  22  Ramsay,  Cities,  p.  291.  —  23  Voir  Fustel  de  Coulanges,  L'Alleu,  p.  109- 
112,  127-128.  —  2t  Edict.  Theod.  g  104;  lex.  Bal.  c.  34;  lex.  Ripuar.  XLIII,  34, 
4 1  (où  les  butinae  sont  les  botontini  de  Grom.  vet.  p.  280,  308);  lex.  Visig.  10,  3,  1; 

ex.  Burg.  XXVII  ;  45,  3;  Rothar.  236-240;  lex.  Baiuw.  11,  5,  2.  _  25  Diplom. 

(Pardessus),  3,  253.  —  26  Dans  Caton  (De  re  rust.  144,  145,  146,  150)  et  chez  les 
jurisconsultes  (Dig.  19,  2,  13,  §  10;  10,  2,  29,  30,  §  4,  51  pr.  01  pr),  le  mot  lex 

a  un  sens  plus  restreint,  celui  de  contrat,  de  cahier  des  charges,  etc.  _  27  C.  i.  I. 

8,  14428  (lex  du  saltus  de  Gasr-Mczuar)  ;  Caguat,  Année  épigr.  1894,  n»  55. 

—  28  C.  i.  I.  8,  10570,  col.  3,  1.  4,  5,  14,  16;  col.  4,  1.  7-8.  —  29  Dans  une 

région  de  domaines  impériaux  en  Phrygie,  il  y  avait  une  villa  Hadriana  (Ramsay, 
Cities,  p.  284-).  30  Q.  it  /.  10570,  col.  3,  1.  4-5,  24-2o  ;  incr.  d'Aïn-Ouassel, 

col.  1,  1.  3-7  ;  col.  2,  1.  10.  —  31  Inscr.  d'Ilenchir-Mettich.  —  32  u»  faCe,  1.  8, 
11,  12;  2e  lace,  1.  23,  29;  4e  face,  1.  7;  elle  est  appelée  consuetudo  Manciana 
(d'après  la  lecture  de  M.  Toulain,  t”  face,  1.  24;  2«  face,  1.  18-19).  —  33  Schulten, 
Lex  manciana ;  Cuq,  Le  colonat  paritaire  dans  l’Afrique  romaine.  Il  est  diffi¬ 
cile  d’admettre  qu’une  loi  ait  été  désignée  par  le  cognomen  d’un  magistrat  et 
non  par  son  nom  gentilice.  —  34  30,  4.  _  33  Grom.  vet.  35,  12;  46,  3-53  3. 

—  36  pim.  Hist.  nat.  3,  15,  116.  —  37  C.  Th.  16,  2,  31;  10,  3,  2;  Migne, 

Patr.  lat.  t.  XI,  p.  1203  (décret  du  Concile  de  Carthage  en  404);  Ibid.  p.  1320  ; 
autres  textes  dans  Schulten,  Grundherrschaften,  p.  7-9. 


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en  général  comme  situés  in  territorio  d’une  cité  déter¬ 
minée,  et  ce  n’est  pas  là  une  simple  indication  topogra¬ 
phique*  ;  les  latifundia  impériaux  sont  exemptés  de  la 
juridiction  et  des  charges  municipales2,  mais  les  lati¬ 
fundia  privésy  sontlégalement  soumis,  et  c’est  seulement 
au  Bas-Empire  qu’ils  acquièrent  en  fait  l’autonomie  et 
les  privilèges  qu’on  va  voir. 

A  l’égard  de  l'État,  le  grand  domaine,  même  impérial, 
rentre  dans  le  droit  commun  ;  il  est  soumis  à  l’autorité 
des  magistrats;  le  gouverneur  de  la  province  peut  tou¬ 
jours  y  entrer  pour  rechercher  les  criminels  ;  il  reste 
encore  au  Bas-Empire  le  juge  légal  des  hommes  qui 
1  habitent.  Quant  aux  charges,  si  le  domaine  impérial 
échappe  au xmunera  extraordinaria,  sordida, aux super- 
indictiones,  il  paie  l'impôt  foncier  ;  au  Ilaut-Empire, 
c’est  prouvé  pour  l’Égypte  3  et  probable  pour  les  autres 
pays  ;  au  Bas-Empire,  la  res  privata  est  peut-être  exempte 
de  l’impôt  foncier  à  l’époque  de  Constantin4  ;  mais 
vers  383,  et  peut-être  même  plus  tôt,  dès  3 43,  elle  parait 
le  payer  et  il  en  est  ainsi  jusqu’à  l’époque  de  Justinien  \ 
Elle  paie  certainement  aussi  Yannona 6.  Le  patrimoniutn 
a  été  de  tout  temps  soumis  aux  impôts  ordinaires  et  à 
Yannona,  sauf  temporairement  sous  Valentinien  III  h 
Nous  sommes  moins  bien  renseignés  sur  les  charges  des 
colons  des  domaines  impériaux  ;  ils  paraissent  payer  la 
capitation  sur  le  patrimoine,  mais  non  sur  la  res  pri¬ 
vata  8  ;  sur  toutes  ces  terres,  les  marchands  paient  la 
patente,  la  lustralis  collatio  \  Les  domaines  privés  paient 
légalement  l’impôt  foncier  et  les  impôts  accessoires10, 
sauf  les  privilèges  qu’on  verra. 

C’est  au  Bas-Empire  qu’on  voit  se  développer,  paral¬ 
lèlement  avec  l’affaiblissement  de  l’autorité  publique, 
l’autonomie  des  grands  domaines  impériaux  et  sénato¬ 
riaux.  Examinons  les  deux  points  principaux,  l’impôt  et 
la  justice.  Les  domaines  sénatoriaux  sont  en  principe 
dispensés  des  munera  municipaux  11  ;  ils  supportent  les 
impôts  sénatoriaux,  le  fo/lis  [senatus],  l'impôt  foncier, 
Yannona  et  les  charges  annexes,  par  exemple  la  capita¬ 
tion  des  colons  et,  au  moins  à  partir  du  iv°  siècle,  le 
logement  des  soldats  ( hospitium ,  metatum),  la  fourniture 
des  conscrits  ( tirones )12.  Les  colons  qui  les  cultivent  sup¬ 
portent-ils  les  munera  municipaux  ?  Il  n’y  a  pas  de  texte 
décisif;  c’est  cependant  probable.  Les  domaines  sénato¬ 
riaux  ont  en  outre  le  bénéfice  de  toutes  les  immunités 
collectives  accordées  aux  sénateurs,  de  la  dispense  des 
munera  sordida,  extraordinaria ,  viliora  *3.  En  361 ,  Cons¬ 
tance  exempte  de  la  patente  commerciale  ( lustralis  col¬ 
latio)  les  hommes  et  les  fermiers  des  sénateurs  pour  la 
vente  des  produits  récoltés  sur  leurs  domaines1'  ;  et  on 
voit  que  beaucoup  de  marchands  s’établissaient  clandes¬ 
tinement  sur  les  terres  des  grands  pour  ne  pas  payer  la 
patente13.  En  361,  Constance  crée  en  outre  pour  les  terres 
sénatoriales  un  cadastre  spécial.  Cette  mesure  fait  partie 

l  C.  i.  I.  14,  2934,  1.  18-19;  C.  Just.  10, 19,8  ;  Nov.  Majorian.2,  4;  Marini,  Papiri, 
n»-82,  83,80;  Vita  Silvestri  (Lib.  pont.  p.  170-187);  C.  Th.  10,  4,  2.  Sur  une  inscrip¬ 
tion  de  Mylasa,  la  curie  participe  à  la  levée  de  l’impôt  foncier  sur  les  biens  de  la 
domus  Placidiae  ( Sitz .  Ber.  d.  Berl.  Akad.  1879,  p.  159).  -  2  Dispense  des 
munera  municipaux  aux  colons  impériaux  (C.  Th.  1,  32,  7;  Dig.  50,  0,  0,  §  H). 
—  3  Urk.  Berl.  Mus.  199,  213,  653.  —  4  C.  Th.  Il,  1,1-  —  s  Th.  U,  16,  5; 
13,  10,  8;  C.  Just.  7,  38,  3;  11,  5,  2;  11,  09,  2;  Inscription  de  Mylasa,  l.  c.  Ces 
textes  prévalent  contre  les  objections  de  Külin,  Stôdt.  und  bürg.  1  erfass.  p.  275. 
_  6  C.  Th.  11,  7,  6;  11,  10,  12;  C.  Just.  Il,  74,  3.-7  C.  Th.  11,  16,  2;  lt, 
19,  2;  11,  1,  36;  Marini,  Papiri,  nes  82,  83.  —  8  C.  Just.  11,  68,  5;  C.  Th.  11, 
o0’  6  —  9  C.  Th.  13,  1,  5,—  10  C.  Th.  6,  26,  14;  Symmach.  Ep.  5,  87. 

l’ U  Dig.  50,  1,  22,  5  ;  50,  1,  23.  - 12  C.  Th.  7,  8,  1  ;  5,  13,  12-14  ;  Nov.  Valentin, 


d’un  ensemble  de  lois  portées  en  faveur  du  sénat  des 
deux  capitales  :  les  terres  sénatoriales  forment  mainte¬ 
nant  dans  chaque  cité  un  groupe  dont  l’impôt  doit  être 
levé  à  tour  de  rôle  par  chaque  sénateur;  l’impôt  foncier 
des  sénateurs  est  absolument  séparé  de  celui  des  décu¬ 
rions  ;  il  est  fixé  directement  par  l’empereur,  réparti  par 
le  gouverneur  et  un  nouveau  magistrat,  le  defensoi' 
senatus,  et  versé  aux  agents  de  l’État  par  les  intendants 
des  sénateurs10.  Ce  système  était  tellement  favorable  au 
sénat  qu’en  397  il  devait  encore  au  trésor  la  moitié  de  sa 
contribution  foncière.  Arcadius  et  Ilonoïius  durent  alors 
en  rendre  la  perception  aux  décurions  17  ;  dans  la  suite, 
nous  ne  savons  quel  système  prévalut  ;  une  Novelle  de 
Majorien  réserve  aux  gouverneurs  le  droit  de  poursuivre 
les  intendants  des  sénateurs  pour  le  paiement  de  l’impôt18, 
Pour  le  recrutement  militaire,  les  propriétaires  envoient 
leurs  acteurs  et  procurateurs  au  lieu  où  se  tient  l’agent 
impérial  19.  On  voit  de  quels  énormes  privilèges  jouit  la 
propriété  sénatoriale  en  matière  d’impôts  ;  et  ils  sont 
encore  augmentés  en  fait  par  la  toute-puissance  des  séna¬ 
teurs  ;  les  codes  le  prouvent  à  chaque  ligne  ;  dans  le 
régime  de  Yadjectio,  les  sénateurs  trouvent  le  moyen  de 
faire  retomber  sur  les  décurions  l’impôt  des  parlies  sté¬ 
riles  de  leurs  terres  ;les  répartiteurs  des  impôts,  comtes, 
honorati  (anciens  fonctionnaires),  sont  tous  de  la  classe 
sénatoriale  ;  ils  font  retomber  la  plus  grosse  part  de 
l’impôt  sur  les  décurions  et  les  petits  propriétaires20.  Les 
témoignages  de  Salvien  confirment  les  plaintes  incessan¬ 
tes  des  empereurs  à  ce  sujet21 .  On  s’explique  ainsi  l’exten¬ 
sion  prodigieuse  que  prend  le  patrocinium 

Passons  à  la  justice 22.  A.  Domaines  impériaux. 
1°  Pendant  le  Haut-Empire,  les  procuratores  saltus  ont 
naturellement  une  juridiction  ;  l’inscription  du  salfits 
Burunitanus  montre  l’usage  et  l’abus  du  droit  de  coer- 
citio  sur  les  hommes  du  domaine  ;  ils  se  plaignent  que 
le  procurateur  les  ait  fait  saisir  et  même  battre  de  verges 
par  des  soldats,  quoique  plusieurs  d’entre  eux  fussent 
citoyens  romains23.  La  lex  metalli  Vipascensis  donne  au 
procurateur  de  la  mine,  domaine  fiscal,  le  jus  mulctae  ; 
c’était  peut-être  contraire  au  droit,  puisqu’encore  au 
me  siècle  un  rescrit  de  Sévère  Alexandre  refuse  aux  pro¬ 
curateurs  en  général  ce  jus  mulctae 2”  ;  mais  ils  ont  sans 
contestation  les  droits  de  police  ;  ils  disposent  de  la  force 
armée,  des  postes  militaires  ;  ils  peuvent  expulser  des 
domaines  les  gens  dangereux26.  Légalement,  ils  n  ont  ni 
la  juridiction  criminelle  dans  les  aflaires  importantes,  ni 
la  juridiction  civile.  Mais  dans  la  pratique  ils  exercent 
les  pouvoirs  les  plus  arbitraires  ;  c’est  ce  que  prouvent 
justement  les  constitutions  qui  leur  défendent  de  rendre 
la  justice  au  criminel21.  Sous  Maximin,  en  Afrique,  un 
procurateur  peut,  malgré  le  proconsul,  proscrire  et  faire 
tuer  de  nombreux  colons28.  2°  Au  Bas-Empire,  nous  trou¬ 
vons  un  accroissement  important  du  pouvoir  des  procu- 

III,  tit.  6,  3  ;  voir  Lccrivain,  Le  sénat  romain ,  p.  83-85.  —  13  C.  Just.  12,  1,  ■■ 

_ H  C.  Th.  13,  1,  3.  —  16  Nov.  Valentin.  III,  lit.  23.  —  13  C.  Th.  11,  23,  1  ; 

7,  12;  6,  4,  13;' 11',  1,13.  — 17  C.  Th.  6,  3,  4.  —18  Nov.  2,  1,  4  (458).  —  I9  A’0'- 
Valentin.  III,  tit.  6,  2.  —  20  C.  Just.  11,  59,  10;  10,  30,  3  ;  C.  Th.  11,  26;  13,  Ui 
Aramian.  18,  1,  1.  -  21  De  gub.  Dei.  7,  21  ;  5,  7,  8  ;  C.  Th.  13,  10,  1;  13,  U,  1; 
Cassiodor.  Var.  2  ,  25  ,  2.  —  22  Voir  Scliulten,  Loc.  cit.  78-81,  1  11,  178;  His,  Lot’ 
cit.  7  50-52,  59-61,  113,  114;  Ldcrivain,  Le  sénat ,  p.  117-125;  Beaudouin,  Loc.cd- 
p.  178-191;  Sickel,  Westdeutsche  Zeitschr.  1896,  p.  111;  1897,  p.  47. 
cit.  col.  2,  1.  11-16.  —  24  Corp.  inser.  lat.  2,  5181,  1.  30.  —  23  C.  Just.  1,  "• 

—  20  Dig.  1,  19,  3,  1;  Plin.  Ad  Trai.  27,  28;  Urk.  Berl.  Mus.  n»  106,  8- 
_-  27  Dig.  1,  19,  3;  C.  Just.  3,  26,  3;  9,  47,  2;  9,  20,  4.  -  28  Vita  Gof 
dian.  7, 


LAT 


965  — 


LAT 


teurS;  les  hommes  du  domaine  sont  toujours  justi¬ 
ciables  du  juge  ordinaire  au  criminel  ;  mais  dès  358  c’est 
en  présence  de  l’administrateur  du  domaine  qu’ils  doivent 
être  jugés  ;  d’après  une  loi  de  Valentinien  I",  c’est  le 
rationalis  qui  doit  faire  comparaître  les  colons  et  les 
fermiers  du  domaine  devant  le  juge  ordinaire1.  Une  loi 
de  Valentinien  II  défend  aux  agents  du  juge  ordinaire 
d’entrer  dans  le  domaine  pour  amener  en  justice  les  délin¬ 
quants2.  C’est  pour  la  levée  des  redevances  le  rationalis 
rai  privât ae,  pour  les  autres  délits  les  adores  dominici 
qui  doivent  seuls  les  amener  et  les  défendre  devant  le 
tribunal.  Arcadius  et  Honorius  abrogèrent  cette  loi,  mais 
sans  succès,  puisqu’elle  figure  encore  au  code  de  Justi¬ 
nien.  Ce  régime  se  rapproche  déjà  de  l’immunité  franque. 
Au  civil,  c’est  le  juge  ordinaire  qui  doit  juger  les  gens 
du  domaine,  mais  ici  encore  en  présence  d'un  de  leurs 
chefs,  probablement  du  rationalis 3.  En  outre,  dès 
l'époque  de  Constantin,  le  juge  ordinaire  doit  soumettre 
au  cornes  rei  privatae  tout  ce  qui  touche  aux  intérêts 
domaniaux  ;  bien  plus,  une  loi  de  349  donne,  mais  peut- 
être  par  exception,  au  rationalis  sutnmae  rei  une  cer¬ 
taine  juridiction  civile  à  l’égard  des  colons  du  patrimoine  ; 
et  une  loi  de  383  donne  dans  ces  mêmes  affaires  une 
juridiction  de  première  instance  aux  rationafes  rei  pri- 
vataeK.  En  somme,  il  est  probable  que  les  fonctionnaires 
du  domaine  ont  fini  par  juger  les  affaires  peu  impor¬ 
tantes;  et  c’est  en  leur  présence  que  les  autres  étaient 
jugées  par  les  juges  ordinaires.  Une  loi  de  442  donne 
pour  juge  exclusif  aux  colons  de  la  domus  divina  de  Cap- 
padoce,  le  cornes  domoruin  avec  appel  au  praepositus 
sacri  cubiculi 8. 

B.  Domaines  privés.  Les  sénateurs  et  leurs  agents 
qui  n’ont  pas  en  droit  la  juridiction  finissent  par  la 
•conquérir  au  moins  partiellement.  C’est  là  un  des  traits 
les  plus  caractéristiques,  et  ce  sera  une  des  plus  graves 
conséquences  de  l’autonomie  des  grands  domaines.  Il 
est  interdit  aux  juges  de  séjourner  et  de  tenir  leurs 
audiences  dans  les  propriétés  privées6.  Ce  sont  les 
procurateurs  et  les  chefs  de  villages  ( primates  possessio- 
num)  qu’on  somme  d’abord  de  livrer  et  d’amener  les 
malfaiteurs;  c’est  seulement  quand  ils  refusent  qu’on 
emploie  des  soldats1.  Dès  l’époque  de  Marc  Aurèle,  la 
loi  qui  permettait  d’aller  chercher  les  esclaves  fugitifs 
sur  les  terres  du  fisc  et  des  sénateurs  paraît  prouver 
qu  ils  y  trouvaient  souvent  asile,  et  c’est  confirmé  par 
d  autres  textes8.  Saint  Augustin  met  les  autorités  des 
domaines  au  même  rang  que  celles  des  cités9;  dans  la 
querelle  des  Donatistes,  en  Afrique,  on  demande  la  pro¬ 
tection  ( tuitio )  des  chefs  des  domaines,  comme  celle  des 
magistrats  municipaux,  pour  les  églises  orthodoxes  10. 
En  Orient,  à  certaines  époques,  les  lois  confient  la  police 
aux  adores  et  aux  procurateurs11.  Léon  etAnthemius  en 
Orient,  Valentinien  III  en  Afrique  défendent  d’entretenir 


*C.  Th.  10,  4, 13;  C.  Just.  3,  26,  8.-2  C.  Th.  1,  11,  2.-3  C.Th.  10,  15,  4 
0,  4,  3  ;  cf.  2,  1,  5.  —  4  C.  Just.  3,  26,  6,  7;  C.  Th.  11,30,  41.  —  3  C.Just.  3,  Si 

7  T\  L’  l0’  U'  ~  7  C ■  Jl,St ■  9>  39>  2-  “  8  Di(l-  ll«  *•  §  »-3  î  C.  Tl 

,  ,.-14.-9  Ep.  43,  24  (Migne, Patr.  ht.  t.  XXXIII).— 10  Optât.  Milev.  Adv.  Doi 

iZTal' (MiSnC’  LC'  l-XI)'-11C-  Th-  12.  1 A  1  (409).  — 12  C.  Just.  9, 12,  10  (468 
loeseï  en*n-  *  O, lit-  18, 14.  Sur  les  Bucellarii, voir  Mommsen,  Das  rômische  Milita 
[Met  Se,t  '^^elian  ([Termes,  24,  224-239);  Lécrivain,  Études  sur  le  Bas-Empi 
!  lEcole  de  nome,  1898,  267-283);  Sickel,  Westd.  Zeitschr.  189 

4-  i  if.  on  ,C;  Just-  *>  65<  31>  35.;  12,  35,  15-16;  Nov.  Just.  116.-  14  AV.  2 

Theod’.’is  ’-Kn  diCt'  J"St'  8'  ~  C'  Th '  9’  1  :  C‘  J"sL  9’  Edit 

macli  E  t  4’  6’  9;  19,  28’  7  ;  Augustin.  Confess.  6,  10.  —17  Syi 

PretatJ^c;(u  1^1'  C9;Sid°"-4’  'U  3-  '•  -18^-A  *8-  «ans  Vlnte 

lM°dos xen,  3,  11,  le  personnage  appelé  «  dominica  rura  gubt 


des  troupes  d’esclaves  armés,  de  soldats  privés,  Isauriens, 
bucellarii  et  autres  sur  les  propriétés  12.  De  nombreuses 
lois  de  Léon  et  de  Justinien  défendent  aux  propriétaires 
de  détourner  de  l’armée  pour  leur  service  les  soldats 
réguliers,  souvent  avec  la  connivence  des  officiers 13. 
Justinien  place  les  intendants  des  grands  presque  au 
rang  des  magistrats  inférieurs  et.  leur  reproche  de  piller, 
à  la  tête  de  bandes  armées,  toutes  les  terres  même  impé¬ 
riales14.  Malgré  les  lois  de  toutes  les  époques  jusqu’à 
celle  de  Théodoric15,  il  y  a  des  prisons  privées  ( carceres 
privati)  pour  les  délinquants,  et  les  jurisconsultes  y  font 
peut-être  allusion  dès  le  11e  siècle  en  signalant  parmi  les 
causes  de  restitutio  in  integrum  la  détention  par  des 
brigands,  des  pirates  ou  des  potentiores t6.  Le  grand 
propriétaire  exerce  en  fait  une  véritable  domination  sur 
les  habitants  de  ses  terres,  ses  homines 17.  D’abord  il  joue 
vraiment  à  leur  égard  le  rôle  d’un  judex  privatus. 
Sidoine  Apollinaire  nous  dépeint  un  sénateur  qui  règle 
la  condition  de  ses  hommes  «  non  dominio  sedjudicio  »  18. 

Il  a  toujours  des  ergastula  pour  ses  esclaves19;  il  peut 
punir  même  de  mort  les  délits  qu’ils  commettent  à  son 
égard,  pourvu  qu’il  y  ait  un  motif  légal,  une  causa  legibus 
cognita 20  ;  il  arrange  souvent  lui-même  à  l’amiable  les 
délits  dont  ils  se  rendent  coupables  à  l’égard  de  tierces 
personnes21  ;  il  agit  de  même  à  l’égard  de  ses  affranchis22, 
et  de  ses  colons;  il  peut  punir  ces  derniers  pour  certains 
délits,  en  particulier  pour  le  crime  d’hérésie23;  saint 
Augustin  reproche  à  un  propriétaire  et  évêque  donatiste 
d’avoir  rebaptisé  en  bloc  les  80  colons  d  un  domaine 
emphytéotique24.  Les  plaintes  de  Salvien  sur  l’esclavage 
des  colons  sont  confirmées  par  les  faits  qu’on  va  voir  et 
par  les  textes  législatifs25.  Enfin,  nous  pouvons  suivre, 
depuis  Constance  jusque  sous  Justinien  et  plus  tard26,  la 
pratique  du  patrocinium  (irpoaTauia) 2 1 .  C’est  la  protection 
soit  d’un  grand  propriétaire,  soit  d’un  fonctionnaire, 
militaire  ou  civil,  ou  administrateur  de  biens  impé¬ 
riaux28;  appliquée  à  une  communauté,  à  un  village, 
elle  tient  du  patronat  municipal  ;  appliquée  aux  indi¬ 
vidus,  elle  constitue  une  vraie  clientèle,  établie  soit 
simplement  en  fait,  soit  par  un  vrai  contrat;  dans  ce 
dernier  cas,  le  client  cède  sa  terre,  par  donation  ou  par 
vente,  et  la  reprend  grevée  d’une  redevance;  sa  propriété 
s’est  ainsi  transformée  en  une  sorte  de  tenuredonton  ne 
saisit  pas  nettement  le  caractère.  Salvien  exagère  en 
nous  représentant  ces  clients  réduits  à  la  situation  de 
colons29;  c’est  plutôt  une  condition  qui  tient  du  précaire 
et  de  la  recommandation.  En  tout  cas,  un  des  résultats 
principaux  du  patrocinium  était  de  soustraire  le  protégé 
au  paiement  de  l’impôt:  c’est  pour  cette  raison  qu’on  lui  a 
fait  une  guerre  acharnée  mais  infructueuse30  ;  il  se  main¬ 
tient  tant  en  Orient  qu’en  Occident  pour  se  transformer 
au  moyen  âge.  En  Orient,  d’après  une  loi  de  Zénon, 
les  colons  de  certains  sénateurs  ne  peuvent  comparaître 

nans  »  n’est  pas,  comme  on  l'a  cru,  un  juge  privé,  mais  l'administrateur  des  domaines 
impériaux  opposé  au  gouverneur.  —  19  C.  Th,  7,  1 3,  8  ;  J.  Chrysost.  ap.  Migne,  Patr. 
gr.  t.  XLVIII,  p.  615.  —  20  Sidon.  Ep.  3,  1.  —  21  Svmmach.  Ep.  1,  74;  3, 
69;  Sidon.  Ep.  5,  7.  —  22  C.  Just.  2,  55,  6.  —  23  C.  Just.  H,  48,  28;  C.  Th. 
16,  5,  52,  5t.  —  21  Ep.  66  (Migne,  t.  XX11I).  —  23  C.  Th.  5,  5,  2;  10,  10,  25. 

_ 26  Noi  Just.  17,  c.  13;  Tibcrii,  Const.  I,  4.  —  27  C.  Th.  H,  24;  11,  56,  1; 

C.  Just.  11,  54,  1  ;  Liban,  vol.  II,  p.  501  léd.  Reiske).  Voir  Fuslel  de  Coulanges,  Les 
origines  du  régime  féodal ,  p.  235-247;  Flach,  Les  origines  de  l’ancienne  France, 
I,  p.  70-78;  Lécrivain,  Le  sénat  romain,  p.  126-128;  Sickel,  Loc.  cit.  p.  113-118, 
1897  p.  57-60  ;  Beaudouin,  La  recommandation  et  la  just  ice  seigneuriale  (Annales 
de  l’enseign.  super,  de  Grenoble,  I,  p.  116-122).  —  28  C.  Th.  11,  24,  4, 
C.  Just :  11,  72,  1;  10,  19,  8.  —  29  De  gub.  Dei.  5,  8,  9.  —  30  C.  Just.  H,  54,  1  , 
Cassiodqj.  Var.  5,  39. 


122 


LAT 


—  966  — 


LAT 


en  justice  que  par  l’intermédiaire  de  leurs  maîtres  1 . 

Une  Novelle  de  Justinien  reconnaît  aux  sénateurs 
propriétaires  qui  ont  leur  demeure  à  Constantinople  une 
véritable  juridiction  sur  les  gens  de  leurs  terres2.  Cette 
juridiction  territoriale,  née  du  désordre  universel,  de 
l’impuissance  du  gouvernement,  du  besoin  de  protection 
que  ressentent  les  petits,  favorisée  par  les  privilèges  des 
sénateurs,  étend  considérablement  le  pouvoir  du  pro¬ 
priétaire  sur  les  classes  agricoles,  c’est-à-dire  la  masse 
de  la  population.  C’est  une  des  bases  principales  de  cette 
puissance  des  grands,  des  potentes ,  qui  apparaît  dès  le 
Haut-Empire,  mais  qui  est  un  des  traits  caractéristiques 
du  Bas-Empire J.  La  protection  des  grands  soustrait  les 
criminels  aux  poursuites,  les  contribuables  au  paiement 
de  l’impôt,  les  débiteurs  aux  revendications  des  créan¬ 
ciers,  donne  le  succès  dans  les  procès,  même  contre  le 
fisc  4.  Ils  arrachent,  par  la  force,  les  ventes,  les  transac¬ 
tions,  les  donations,  bravent  les  juges,  usurpent  les 
terres  des  petits  propriétaires,  des  veuves,  des  orphelins, 
des  cités,  du  fisc  et  de  1  Église,  exercent  l’usure6.  La 
lutte  contre  les  grands  est  la  recommandation  invariable 
de  toutes  les  lois  adressées  aux  gouverneurs  depuis  Cons¬ 
tantin  jusqu  à  Justinien.  Il  y  a  trois  catégories  de  per¬ 
sonnes,  dit  Justinien 6,  qui  font  échec  àl’autorité  publique, 
les  ducs  militaires,  les  administrateurs  des  domaines 
impériaux,  les  chefs  des  grandes  maisons.  On  trouve  la 
même  situation  en  Italie  sous  les  Ostrogoths7.  Abus  de 
la  prise  de  gage  ( pignoratif) ),  résistance  à  la  justice,  au 
lise,  attentats  à  la  propriété,  à  la  paix  publique,  usage  des 
prisons  particulières,  tels  sont  les  principaux  griefs  qu’on 
relève  encore  à  la  charge  de  la  noblesse  italienne8. 

Les  saltus  ont  eu  souvent  au  Bas-Empire  leurs  églises, 
leurs  prêtres  et  même  leurs  évêques,  surtout  dans 
l'Afrique.  Les  Donatistes  eurent  des  évêques  dans  des 
villae  et  des  fundi 9.  Une  partie  des  noms  de  lieux 
mentionnés  dans  les  listes  épiscopales  de  l’Afrique  comme 
sièges  d’évêchés  parait  être  des  noms  de  domaines  10.  On 
en  trouve  aussi  ailleurs.  A  l’époque  du  pape  Grégoire  le 
Grand 1  *,  il  y  avait  des  évêques  dans  des  domaines  pontifi¬ 
caux,  dans  des  massae  de  la  Sicile  ou  du  midi  de  l^ftalie  ; 
Yepiscopus  Carmeienensis  est  évidemment  l’évêque  du 
saltus  carminianensis  12.  Dans  la  Gaule,  une  partie  des 
églises  rurales  des  vici  a  dû  être  établie  dans  des  vici  de 
grands  domaines13.  Une  loi  d’Arcadius  et  d’Honorius 

l  C.  Just.  12,  21,  8.  —  2  JYov.  Just.  80.  —  3  Voir  Lécrivain,  Le  sénat  ro¬ 
main,  p.  94-109.  —  i  C.  Th.  1,  20,  3;  C.  Just.  12,  1,  146  ;  U,  18,  1,  2,  3; 
8,  36,  3;  2,  19,6;  9,  9,  23;  S.  Augustin.  Migne,  Pair.  lat.  t.  XXXVI,.  p.  181; 
t.  XXXIII,  p.  90;  Concil.  Carthag.  Hefele,  trad.  Delarc,  2,  p.  297;  Basil. 
Epi st.  299  (Migne,  Patr.  gr.  t.  XXXII,  p.  1042);  A Tov.  Just.  17,  c.  15;  28  ;  29. 

—  t>C.  Th.  1,  16,  14;  1,  15,  1;  3,  10-11;  13,  11,  9;  C.  Just.  2,19,  12;  8,  4,  7,11; 
Dig.  1,  18,  6,  §  1  ;  Nov.  Valentin.  III,  t.  VIII  ;  JVov.  Just.  17;  13  ;  14;  30,  c.  5-7;  7, 
c.  1-5;  65;  120;  32,  34;  Symmach.  Ep.  1,  70;  7,  66;  9,  50;  10,  7;  Salviau.  De 
gub.  ùei.  5;  Adv.  avarit.  3,  7;  Ambros.  De  o/f.  ministr.  11,  21;  Hexamer.  5, 
10;  Sidon.  Ep.  3,  1 1  ;  Gregor.  Nazian.  Orat.  G,  §  18  (Migne,  Patr.  gr.  35); 

J.  Chrys.  Homil.  in  Matth.  57.  —  6  JVou.  29;  69;  102.  —  7  Lécrivain,  Le  sénat 
romain,  p.  170-183.  —  8  Edict.  Theodos.  §§  8,  10,  76,  123.  16  21  22  75  78 
79,  83,  45,  46,  43;  Cassiodor.  Var.  4,  10  ;  8,  33  ;  12,  5  ;  4,  45,  49-2  18-5  ®9  38  • 

I,  7;  3,  20,  27,  28;  4,  40,  42;  2,  24,  25;  Edict.  Athal.  1.  9  oita'collat. 

Carthag.  ;  Migne,  Patr.  lat.  11,  p.  5326;  S.  Augustin.  Ep.  65,  1  ;  2,  65;  3,  173. 

—  10  Exemple  :  Faustus,  Burunilanus  episcopus  (Victor.  Vit.  persec.  Vandal.  1 

II,  38);  cf.  les  Lambafundenses  (C.  i.  I.  8,  2438).  —  U  Greg.  magn  Ep  6 
38;  7,  38.  —  12  Voir  Mommsen,  Neues  Archiv,  15,  p.  187;  Mot.  dign.  Occ.  U 

—  13  Voir  Imbart  de  la  Tour,  Les  paroisses  rurales  de  l'ancienne  France  {Rev  hist 

1890,  p.  242-264).  -  H  C.  Tn.  16,  2,  33.  -  15  Cic.  De  orat.  1,  58;  Ad  Att'ic.  U, 
16;  Petron.  Sat.  30;  Scnec.  Epist.  14,  16;  Quintil.  Decl.  345;  et  les  textes 
déjà  cités.  —  16  Ramsay,  Cities,  p.  290;  Urk .  Berl.  Mus.  n°  150.  —  17  Gagnai, 
Ann.  épigr.  1896,  n»  117;  Analect.  Bail.  9,  p.  119;  C.  i.  I.  5,  5503;  Cassiod.’ 
Var.  5,  14;  Edict.  Thcod.  155.  —  18  Colum.  De  re  rust.  î,  6  ;  Petron.  Sat. 
30;  Plin.  Ep.  3,  19  ;  C.  Th.  18,  5,  34  et  36  ;  Auson.  Ep.  22,  11. _ 13  C.  Th.  4, 


parle  de  fondations  d’églises  par  les  propriétaires 14 

Nous  arrivons  à  l’exploitation  des  terres  :  chaque 
domaine  public  ou  privé  a  son  administrateur,  dont 
le  nom  générique  est  procurator  13  -(en  grec  iTrGpoTroç)  «  • 
il  s’appelle  aussi  praefectus ,  prae.positus ,  curator  et 
au  Bas-Empire  viee-dominus 17.  Le  procurateur  privé, 
mandataire  du  maître18,  est  le  plus  souvent  un  esclave  13  • 
le  procurator  saltus  impérial  est  généralement  un 
affranchi 2(1  ;  il  contrôle  les  gens  du  domaine  et  les  fer¬ 
miers;  il  dirige  l’exploitation,  avec  son  bureau  ( tahu - 
larium )**.  On  a  déjà  vu  l’importance  de  son  rôle. 
Au-dessous  du  procurateur,  il  y  a  le  régisseur,  vilicus 
le  plus  souvent  esclave22  ;  Yactor  (en  grec  wpaYjixreorVjç) 23 
ou  les  adores ,  presque  toujours  esclaves,  chargés  de  la 
discipline 24  ;  le  saltuarius,  souvent  esclave,  parait 
plutôt  être  un  employé  inférieur  qu’un  vilicus™. 

Voyons  d’abord  le  Haut-Empire.  1°  L’exploitation 
directe  de  tout  le  domaine  par  le  propriétaire,  ou  en 
régie  par  un  procurateur  ou  un  vilicus,  est  rare  ;  cepen¬ 
dant  il  y  en  a  des  exemples  26  ;  c’était  le  cas  des  jardins 
impériaux  d’Engaddi  en  Judée27.  On  utilise  alors  la 
familia  rustica  qui,  par  opposition  à  la  familia  urbana , 
comprend  les  esclaves  attachés  à  la  culture  du  domaine, 
Y instrumentum  fundi  [servus]28.  Disons  seulement  ici 
que  la  familia  rustica  était  très  nombreuse  ;  les  esclaves, 
groupés  en  services  ( officia ,  ministeria )  qui  avaient 
chacun  leur  magister  operum,  étaient  répartis  en  groupes 
de  dix  ( decuriae ),  ayant  chacun  un  decurio  ou  monitor  ; 
quelques  hommes  avaient  des  emplois  de  confiance,  tels 
que  le  cellarius  (sommelier),  le  dispensator  (économe) 29  ; 
on  connaît  aussi  des  gardiens  [custodes ,  7rapocçuXaxïTai) 30 
A  la  tête  de  la  familia  était  le  vilicus.  A  côté  de  cette 
exploitation,  on  voit  apparaître  sous  le  Haut-Empire  la 
tenure  servile.  Les  propriétaires  avaient  dû  comprendre 
qu’au  lieu  de  faire  travailler  les  esclaves  en  troupe,  le 
plus  souvent  enchaînés31,  ils  avaient  intérêt  à  leur 
confier  de  petits  lots  de  terre  isolément,  à  charge  de  les 
cultiver  moyennant  une  redevance.  L’institution  du 
pécule,  surtout  quand  il  consistait  en  animaux  laissés  à 
1  esclave  avec  le  droit  de  les  faire  paître  sur  la  terre 
du  maître32,  avait  dû  aussi  faciliter  cette  pratique.  En 
tout  cas,  cette  tenure  servile  apparaît  nettement  chez  les 
jurisconsultes  des  n°  et  me  siècles33.  Cette  pratique,  qui 
faisait  de  l’esclave  une  sorte  de  fermier,  un  quasi 

6  ;  voir  Fustel  de  Coulanges,  L'Alleu ,  p.  47-48.  —  20  Rev.  arch.  1892,  XIX,  p.  221; 
C.  i.  I.  14,  52;  8,  587,  16570,  col.  4,  I.  13;  Inscription  d'Henchir-Motticl], 
1"  face,  1.  4-5;  Americ.  journal  of  archaeol.  1886,  p.  267,  n»  22-25.  —  21  Dig. 
34,  4,  31  pr.  —  22  Dig.  32,  35,  1;  33,  7,  18;  C.  i.  I.  6,  276;  Orelli-Ilenzen, 
5015;  Wilmanns,  1748,  1888;  Colum.  1,  8;  11,  1;  Apul.  Metam.  8;  C.  Just.  6,  38, 
2;  Paul  Sent.  3,  6,  35;  Cat.  De  re  rust.  2,  5,  4;  142;  Inscription  d’Henchir- 
Mettich  ;  Marquardt,  Vie  privée,  trad.  franc.  1,  p.  163,  182,  207.  —  23  Dig.  40,  5, 
•U,  §  4;  Gloss,  éd.  Gotz,  2,  14  ;  Ramsay,  Cities,  p.  291.  —  24  Plin.  Ep.  3,  19,  2; 
Colum.  1,  6,  7;  11,  1,  2;  12,  3,  6;  Paul.  Sent.  3,  6,  47-48;  Cat.  De  re  rust.  2,  5, 
4;  C.  Th.  4,  H,  6;  Dig.  20,  1,  32;  34,  4,  31  ;  33,  7,  12,  §  38  ;  C.  Just.  2,  13,  16; 
Salvian.  De  gub.  Dei.  4,  3  ;  C.  i.  I.  5,  90,  1035,  1049,  1939,  7473,  8116,  5005  ;  6, 
721  (actor  praediorum),  272,  1464,  9120,  8088  ( actor  Caesaris ),  669  ( agens  actor 
Augusti);  8,  8209;  9,  6083,  163  ( actor  Augusti)  ;  autres  textes  dans  Ruggiero, 
Dizionario  epigrafico,  s.  v.  actor.  —  25  C.  i.  I.  8,  5383  ;  Dig.  33,  7,  12,  4  ; 
Ramsay,  Cities,  p.  615  (EaJ.Tàpioç)  ;  Saltuari  janus  (Mosaïque  de  l’Oued-Alhmenia, 
Tissot,  Loc.  cit.  pl.  îv). —  26  L’inscription  d'Hencbir-Mettich  prévoit  trois  modes 
principaux  d'exploitation  :  «  Dominis  aut  conductoribus  vilicisve  »  (lr°  face, 

I.  10,  22  ;  2e  face,  1.4;  4'  face,  1.  24).  Le  vilicus  ne  peut  être  que  le  régisseur  du 
propriétaire.  —  27  Plin.  Hist.nat.  12,  1  11,  113,  123.  —  28 Dig.  50,  10,  166;  39,  99 
pr.;  73,  7,  18,  §  13;  Colum.  1,  8.  —  29  Dig.  31,  65  pr.  ;  33,  7,  8,  12,  §  9  ;  U,  3, 
10;  46,  3,  51  ;  Gai.  3,  160;  Paul.  Sent.  3,  6,  35;  Tacit.  Germ.  25;  Colum.  1,  8,  9; 

II,  1  ;  C.  i.  I.  5,  91,  2883  ;  10,  237,  1732.  —  30  Inscr.  d’Hcnchir-Mettich,  4'  face, 

1.  29-30;  Ramsay,  Cities,  p.  281  (cf.  Frankel,  Inschriften  von  Pergamon ,  n»  249). 

—  31  Marquardt,  Loc.  cit.  p.  211.  —  32  Varr.  De  re  rust.  I,  2,  17.  —  33  Dig.  33,  7, 
18,  §  4;  15,  3,  16;  30,  Hïpr.  ;  2,  1,  32. 


LAT 


—  967  — 


LAT 


colonus \  a  dû  se  généraliser;  c'est  l’origine  des  servi 
casarii  du  Bas-Empire  2. 

2°  Le  mode  le  pins  fréquent  est  la  mise  à  ferme  du 
domaine,  entier  ou  en  partie  [locatio  conductio].  La 
partie  que  se  réserve  le  propriétaire  est  exploitée  comme 
on  vient  de  le  voir.  La  mise  à  ferme  a  lieu,  pour  les 
terres  privées,  selon  les  règles  habituelles  ;  pour  les  terres 
publiques,  on  suit  sans  doute  à  peu  près.les  mêmes  pro¬ 
cédés  qu’autrefois  ;  sous  la  République,  le  censeur 
affermait  les  terres  de  l’État  sur  le  Forum,  aux  enchères 
publiques,  sub  hasta,  et  avec  le  ministère  d’un  praeco  ; 
l’adjudicataire  donnait  à  la  fois  comme  garantie  de  ses 
obligations  des  cautions  ( praedes )  et  des  praedia ,  des 
biens  qu’il  engageait  à  l’État  [publicani]  3.  A  l’époque 
impériale, ce  sont  sans  doute,  suivant  les  cas,  les  chefs  de 
Yaerarium  Saturni  ou  les  directeurs  des  services  impé¬ 
riaux,  les  caisses  impériales,  qui  procèdent  aux  adjudica¬ 
tions  sur  les  propositions  des  procurateurs  locaux  4. 
Les  fermiers  fournissent  toujours  des  garanties  person¬ 
nelles  et  des  garanties  réelles  5. 

La  pratique  habituelle6  et  légale  est  toujours  le  bail  à 
court  terme,  quinquennal,  pour  toutes  les  catégories  de 
terres7.  Hygin  signale  cependant  des  baux  de  100  ans  et 
plus  pour  des  terres  de  l'État  et  des  cités8.  Pour  l’État, 
nous  n’avons  pas  d’exemple  précis.  Quant  aux  cités,  il 
est  certain  qu’au  moins  dès  le  début  de  l’Empire  leurs 
terres  ont  été  régulièrement  l’objet  de  baux  perpétuels  et 
héréditaires  sous  le  nom  d'agri  vectigales ;  le  tenancier 
et  les  héritiers  ne  pouvaient  être  dépossédés  tant  qu’ils 
payaient  le  vectigal ;  les  jurisconsultes  se  demandèrent 
si  ce  droit  constituait  une  vente  ou  un  louage  et  se 
prononcèrent  pour  le  louage9.  Sur  des  tablettes  de 
Pompéi,  ce  droit  s’appelle  aussi  avitum  et  patritum10 . 
Cette  tenure  a  eu  une  grande  importance  et  les  compila¬ 
teurs  de  l’époque  de  Justinien  ont  pu  l’assimiler,  en 
négligeant  les  différences,  au  bail  emphytéotique11. 
D  autre  part,  le  bail  de  cinq  ans  pouvait  devenir  un  bail 
de  longue  durée  par  l’emploi  de  la  tacite  reconduction  ; 
1  inscription  du  saltus  Burunitanus  montre  qu  elle  était 
habituelle  sur  les  saltus  d’Afrique  à  l’époque  de  Com¬ 
mode1-;  des  rescrits  impériaux  défendent  aux  chefs  des 
domaines  de  retenir  de  force  les  fermiers  au  bout  des 
cinq  ans13  ;  dès  68  av.  J.-C.,  un  préfet  d’Égypte  réprimait 
la  coutume  qui  s’était  introduite  d'obliger  les  fermiers  à 
affermer  les  vectigalia  ou  les  terres  du  domaine14.  Cette 
pratique  de  la  tacite  reconduction,  volontaire  ou  obliga¬ 
toire,  va  contribuer  à  faire  naître  d’un  côté  les  tenures 
perpétuelles,  de  l’autre  le  colonat  du  Bas-Empire.  Une 
constitution  de  Gordien,  de  239,  peut  faire  croire  que  des 


particuliers  donnaient  aussi  des  terres  à  bail  perpétuel 15. 

Il  y  a  deux  catégories  de  fermiers,  de  conductores  ou 
coloni  (en  grec  p.!<r0wTai lc),  les  petits  et  les  grands.  Les 
petits  fermiers  libres  ont  été  très  nombreux  à  l’époque 
impériale  ;  ils  ont  remplacé  dans  une  certaine  mesure  les 
petits  propriétaires  11  ;  leur  redevance  consiste  soit  dans 
une  somme  d’argent,  soit  dans  une  part  des  fruits  ;  le 
colonat  partiaire,  qui  existait  déjà  sous  la  République  et 
qui  sera  la  règle  au  Bas-Empire  18,  est  une  pratique  légale 
pendant  le  Haut-Empire  19,  moins  usuelle  cependant  que 
le  fermage  à  prix  d’argent.  On  a  prétendu  découvrir  le 
petit  fermage  dans  les  agri  decumates  de  Germanie;  de 
petits  fermiers  y  auraient  cultivé  de  petites  parcelles, 
moyennant  la  redevance  du  dixième  de  la  récolte 20  ;  cette 
hypothèse  n’a  pas  de  fondement;  ces  terres  avaient  plutôt 
été  abandonnées  aux  occupants.  Sur  les  grands  domaines, 
surtout  publics,  c’est  le  grand  fermage  qui  a  prédominé 
sous  l’Empire  comme  sous  la  République.  Quel  a  été  le 
rôle  du  grand  fermier?  C’est  une  question  très  contro¬ 
versée.  A  notre  avis21,  la  terre  affermée  au  grand  fermier 
comprend  deux  parts  :  la  part  disponible  et  les  petites 
tenures  ;  il  afferme  donc  à  la  fois  la  part  disponible  et  les 
redevances  que  doivent  les  possesseurs  des  petites 
tenures,  les  coloni  :  c’est  prouvé  par  plusieurs  inscrip¬ 
tions  d’Afrique  qui  montrent  des  locations  de  vectigalia , 
c’est-à-dire  de  redevances  des  colons  22,  de  quintae ,  rede¬ 
vances  du  cinquième23.  En  Italie,  à  l’époque  de  Marc 
Aurèle24,  les  fermiers  qui  ont  affermé  le  bétail  et  les 
pâtres  de  l’empereur  dans  la  Sabine  ont  sans  doute  aussi 
affermé  les  redevances25;  les  documents  d’Égypte  prou¬ 
vent  aussi  que  les  grands  fermiers  afferment  les  rede¬ 
vances  (Ixcpopta)  des  petits  fermiers,  des  yewpyoi  Br^ôatot 26. 
C’est  ce  qui  explique  l'opposition  constante  que  nous 
rencontrons  sur  les  grands  domaines  entre  le  grand  fer¬ 
mier,  le  conductor ,  d’un  côté,  et  les  coloni  de  l’autre.  Le 
conductor  exploite  d’une  part  la  portion  disponible,  soit 
personnellement,  soit  par  un  vilicus  27  ou  un  actor ,  en 
payant  au  propriétaire  (fisc  ou  particulier)  une  rede¬ 
vance  fixe,  appelée  en  Égypte  cpôpoç  à7ïOTaxToç28  ;  d’autre 
part,  les  colons  sont  à  son  égard  tantôt  des  sous-fer¬ 
miers,  comme  en  Égypte,  tantôt  des  tenanciers  perma¬ 
nents  dont  la  redevance  a  été  fixée  une  fois  pour  toutes; 
ils  lui  doivent  généralement,  outre  la  redevance,  des 
corvées  qu’on  va  voir,  des  operae  qui  correspondent  aux 
corvées  que  les  habitants  devaient  ailleurs  aux  cités27. 
Naturellement,  par  rapport  aux  colons  ce  conductor  e  st  un 
puissant  personnage  ;  il  dispose  de  gros  capitaux  pour 
l’exploitation  de  cet  immense  domaine;  il  devient,  lui 
aussi,  en  fait,  fermier  perpétuel,  par  le  renouvellement 


%  33,  7,  12,  §  3.  -  2  c.  Th.  9,  42,  tl.  -  3  Cic.  De  leg.  agr.  I,  3,  7  ;  2,  : 

;  Ve/r.  1,  54,  142  ;  C.  i.  I.  1,  n»  200  ;  7,  40-49,  73,  74,  84  ;  2,  1803  ;  Festi 
v  praes,  manceps.  —  SC.  i.  I.  8,  10570,  col.  3,  1.  20-34.  —  3  Dig.  39,  4, 

la  t,5  4|G’  1’,68’  §  \!  20,  4’  21  pr-  ’  49’  14’  28;  50-  °’6’  §  10-  Nous  laissons  de  c< 
|ucs  ion  ce  savoir  si  les  praedes  sont  maintenant  des  fidejussores  et  si  l'hyj 

a ;0“Ue  *  ’’e“pIacé  la  su teignatio  praediorum.  -  6  Voir  Bcaudouin,  Loc.  cit.  n.  2: 

5439.C.  82  sVsV’  M  /’  2i’  §§  2  et  4  ;  19’  2’  23>  f-C.i.  I.  2,  supple 
Droit  rmhr  ’i  °i  ’  C°  "  3,1-22'23I  Grom.vet.  117,1.  10  ;  voir  à  ce  sujet  Mommsi 
vel  i  IB  -IC’  lat^  llanÇ-  P-  148-151  ;  Esmein,  Mélanges ,  p.  219.  —  8  Qro 

5-6  ;  3.  2 \7s£V'rU5/  ^ •  6’  3’  ’  ^  ;  *'  8’  13’  §  1  ;  3‘J’  4’  ‘ l’  §  1  '  30> 

10  585V  M  ’  S  ;  C-  USL  U>  31-  1  i  Plin-  Ep.  7,  18;  Grom.  vet.  102,  19;  C.  i 
124  l0m"lsen’  fermes,  12,  p.  123-124.-  10 Mommsen,  Hernies,  12,  p.  | 
8  10570  T  ’  31  ’  2’  8>  151  1  ;  c.  Just.  5',  71,  9  ;  lmt.  Just.  3,  24,  3.  —  12  C  t 

11  (Philippe0).'  -  H  r22'23’  -  nDi,h  49’  14’  3’  §  6  (Hadl'icn):  C-  Just-  4- 
p.  290,  272  273  ano  n  ° ’’’  3’  49°7'  ~  C’  JuSt'  4’  C5,  *0’  —  10  Kamsay.  Citi 
Bull.  dt.  arri,  r  ••  "  0n_lrouve  féminin conductrix  (C.  i.  I.  10,  8070;  De  Ko: 

•  -  os  .  18 , 1 ,  p.  90).  —  il  Colum.  1 ,  7,  8  ;  Plin.  Ep.  3,  19  ;  9,  37  ;  voir 


ce  point  Mommsen,  Hernies,  1884, Loc.  cit.  et  Ruggiero,  Dision.  epigr.  s.  v.  Colonus. 
—  18  Cal.  De  re  rust.  137  ;  C.  Just.  11,  48,  5.  —  19  Dig.  19,  2,  23,  §  6;  Plin. 
Ep.  9,  37,  3.  Celte  démonstration  a  été  faite  par  Cuq,  Le  colonat  partiaire, 

р.  37-41,  contre  Fustel  de  Coulanges  qui  n'y  avait  vu  qu’une  pratique  extralégale 
(. Recherches ...  p.  13-14’.  —  20  His,  Loc.  cit.  p.  8;  Meilzen,  Siedelungen  und 
Agrarwesen  der  Westgermanen  und  Ostgermanen,  1,  p.  355-339;  3,  147-101; 
Mommsen,  Hist.  rom'.  9,  192-203.  —  21  Surtout  d'après  C.  Th.  9,  42,  7; 
Dig.  33,  7,  20  et  27;  5,  15,  4;  C.i.  I.  8,  105  7  0.  —  22  Mélanges  d’arch. 
et  d’/iist.  de  l’Ecole  de  Dôme,  1873,  p.  470,  note  2.  —  23  C.  i.  I.  8,  17841. 
Appien  signale  déjà  la  redevance  du  cinquième  des  productions  (Bell.  civ. 
1,  17)  et  elle  est  encore  dans  une  Novelle  de  Valentinien  III  sur  la  Numidie 
et  la  Mauritanie  (18,  1,  2).  —  2V  C.  i.  I.  9,  2438.  —  23  On  a  aussi  des 
Manéjpes}...  gregum  do[minorum]...  sur  Yager  Albanus  (14,  2299).  —  2G  Urk. 
Berl.  Mus.  n05  100,  150,  181,  650.  —  27  il  peut  avoir  son  vilicus  (Wilmauns, 
1419  a).  —  28  Urk.  Berl.  Mus.  n°s  8,  18  ,  24,  306.  —  29  Mommsen 
( Hernies ,  15,  p.  406)  rapproche  de  ces  operae  la  ic'T  Coloniae  Juliae  Genetivae, 

с.  98  ;  cf.  Dig.  50,  4,  4. 


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—  968  — 


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périodique  de  son  bail1;  il  a  presque  l’importance  du 
procurateur  impérial  qui  est  souvent  son  complice  ; 
c'est  ainsi  qu'il  peut  maltraiter,  exploiter  les  colons. 

Nous  renvoyons  pour  l’histoire  générale  du  colonat  à 
l’article  colonus.  Indiquons  seulement  ici  les  traits  parti¬ 
culiers  du  colonat  sur  les  grands  domaines,  surtout 
d  Afrique.  Les  colons  doivent  des  corvées  au  propriétaire 
ou  au  conductor  pour  l’entretien  et  l’exploitation  de  la 
part  disponible.  Sur  le  saltus,  Burunitanus,  ils  doivent 
par  an  deux  journées  de  labour,  deux  de  sarclage  et 
deux  de  moisson2;  à  Gazr-Mezuar  quatre  journées  de 
chacune  de  ces  trois  catégories 3  ;  dans  l’inscription 
d’Henchir-Mettich,  il  est  probable  qu’ils  doivent  les 
corvées  du  saltus  Burunitanus 4 .  On  peut  sans  doute 
faire  rentrer  dans  les  operae  les  travaux  faits  par  les 
colons  pour  l’entretien  du  domaine,  la  construction  de 
bâtiments,  de  forts3. 

En  Afrique,  la  redevance  est  toujours,  comme  autrefois 
pour  les  agri  occupatorii  de  la  République,  une  quote- 
part  des  fruits,  partes  fructuum,  partes  agrariae  G.  La 
proportion  n’est  pas  indiquée  pour  le  saltus  Buruni¬ 
tanus ;  les  colons  protestent  seulement  contre  l’augmen¬ 
tation  arbitraire  de  la  redevance  par  le  conductor  ou  le 
procurateur;  dans  l’inscription  d’Aïn-Ouassel 7,  c’est  le 
tiers  des  fruits  ( tertias  p artes)  ;  il  y  a  une  centcsima 
fructuum  qu’on  ne  sait  comment  expliquer  dans  une 
autre  inscription  8.  Dans  l’inscription  d’Henchir- 
Mettich9,  ils  doivent,  d’après  la  lex  Manciana ,  le  tiers 
des  fruits  pour  le  blé,  l’orge,  le  vin  et  l’huile  ;  le  quart 
(ou  le  cinquième)  pour  les  fèves  ;  pour  le  miel,  un  setier 
par  ruche  ou  par  vase  à  miel10  ;  tous  ces  produits  doi¬ 
vent  être  livrés  sans  déchet,  c’est-à-dire  les  céréales  au 
sortir  de  l’aire,  les  fèves  écossées,  le  vin  au  sortir  de  la 
cuve,  le  miel  extrait  des  rayons,  le  produit  des  oliviers 
sous  forme  d’huile.  Il  y  a  quelques  autres  dispositions 
spéciales;  le  colon  qui  a  plus  de  cinq  ruches  doit  sans 
doute  fournir  une  part  un  peu  plus  élevée.  Une  autre 
clause  prévient  la  fraude  qui  consisterait  à  transporter 
hors  du  fundus  des  ruches,  des  essaims  et  des  vases  à 
miel  pour  les  mettre  ailleurs  dans  un  champ  dit  octona- 
rius  ;  en  ce  cas,  tous  les  objets  transportés  sont  confisqués 
au  profit  du  fundus  u.  Un  paragraphe  mutilé  est  consa¬ 
cré  aux  figues  sèches  ( ficus  aridae )12  ;  le  passage  relatif 
au  bétail  est  altéré13;  pour  chaque  tête  de  bétail  qui  nait 
(ou  qui  paît?)  sur  la  terre,  les  colons  doivent  payer  une 
redevance  ;  si  des  portions  du  sol  sont  consacrées  à 
la  culture  de  la  vesce,  il  y  a  une  disposition  spéciale, 
mais  dont  le  texte  a  disparu  en  partie14.  Les  colons  doi¬ 
vent  toutes  leurs  redevances  in  assemVi,  c’est-à-dire  sans 
doute  non  pas  solidairement,  mais  en  bloc,  à  tout  le 

1  C'est  ce  que  montre  C.  i.  I.  8,  10750,  col.  3, 1.  22-23.  —  2  C.  i.  I.  8,  10570  :  binas 
aratorias,  binas  sartorias,  binas  messorias.  —  3  Ibid.  8,  14128,  1.  12.  —  '*  Loc.  cit. 
V  facc,l.  22-28,  d'après  les  restitutions  probables.  —  5  C.  i.  I.  8,  587,  11731,  10411, 
14457,  8426,  8701, 8777  ;  Cagnat,  Ann.  épigr.  1893,  n»  66.  —  B  C.  i.  I.  S,  10570,  col.  3, 
1.8.  —  7  Loc.  cit.  col.  3,1.2.  — 3  Cagnat,  Ann.  épigr.  1 1894,  n°  55.  —  9  VoirToulain, 
Noue.  rev.  hist.  de  droit,  1897,  p.  375-415;  1899,  p.  137-169,  284-312,  401-414  ;  Cuq, 
Le  colonat  partiaire  dans  l’Afrique  romaine  [Mém.  prés.  p.  div.  sav.  Acad.  Inscr. 
1"  série,  t.  XI,  1"  part.  p.  83)  ;  Schullen,  Die  lex  Manciana  ( Abh .  d.  Gesell.  d.  Wis- 
sensch.  eu  Gôtting;  phil.  hist.  Cl.  t.  II,  n»3)  ;  Beaudouin,  Loc.  cit.  p. 57-150.  On  ne  sait 
pas  exactement  s  il  s  agit  sur  cette  inscription  d’un  domaine  privé  ou  d’un  domaine 
impérial  ;  1  opinion  intermédiaire  de  M.  Cuq,  que  la  lex  data  s’appliquerait  à  un  do¬ 
maine  impérial,  mais  qui  aurait  été  auparavant  une  propriété  privée,  est  peu  vraisem¬ 
blable.  C’est  plus  probablement  un  domaine  privé  ;  car  il  s’appelle  fundus  ou  villa  et 
non  saltus  ;  1  expression  dommus  ne  peut  se  rapporter  ni  à  un  conductor,  ni  à  l’empe  • 
rcur  (l,ciace,  1.  10-1 1  ;  2e  face,  1.  3-4,  8-10  ;  3'  face,  1.  19-20;  4e  face,  1.  23-24,34-36); 
l’intervention  des  procurateurs  impériaux  s’explique  en  admettant  que,  transmettant 
le  domaine  de  l’empereur  à  un  particulier,  ils  règlent  pour  l'avenir  les  droits  et  les 


domaine,  de  telle  sorte  que  le  montant,  invariable,  soit 
réparti  entre  les  copropriétaires  ou  leurs  fermiers,  pro¬ 
portionnellement  à  leur  droit.  Une  clause  s’occupe  des 
dommages  causés  aux  récoltes;  il  est  probable  que  la 
peine  était  répartie  entre  le  conductor  et  le  colonus  au 
prorata  de  leur  intérêt16. 

L’inscription  d’IIenchir-Mettich17autorise  les  colons  du 
domaine  à  défricher  les  subseciva ,  c’est-à-dire  les  par¬ 
celles  laissées  en  dehors  des  limites  officielles  du 
domaine,  soit  parce  qu’elles  étaient  incultes  ou  trop 
accidentées,  soit  parce  que  la  surface  en  était  inférieure 
à  une  centurie  ;  elles  pouvaient  donc  être  situées  aux 
extrémités  du  domaine  ou  y  former  des  enclaves18.  On  a 
donc  accordé  ici  aux  colons  un  droit  analogue  à  Yoccu- 
patio  de  la  République;  en  échange,  ils  doivent  immé¬ 
diatement  comme  redevance  la  part  de  fruits  fixée  par  la 
lex  Manciana  ;  d’après  un  passage  altéré  de  l’inscription, 
ce  sont  les  colons  eux-mêmes  qui  paraissent  déclarer 
arbitratu  suo  le  produit  total  de  la  récolte  et  le  partage 
se  fait  d’après  cette  déclaration.  A  ces  conditions,  ils  ont 
sur  ces  terres  Yusus  proprius  :  ces  mots  paraissent  dési¬ 
gner  non  pas  seulement  une  servitude  d’usage,  mais  bien 
une  propriété  de  fait  analogue  à  celle  qu’avaient  sous  la 
République  les possessores  de  Yager  publicus19.  En  second 
lieu,  ce  même  règlement  d’Henchir-Mettich  et  celui  d’Aïn- 
Ouassel  accordent  aux  colons  pour  les  nouvelles  cultures 
et  les  défrichements  des  avantages  qu’on  va  voir  à  pro¬ 
pos  de  l’emphytéose.  Le  règlement  d’Henchir-Mettich 20 
prévoit  le  cas  où  un  lot  de  terre  cultivé  serait  abandonné 
par  le  colon  et  décrit  la  procédure  des  denuntiationes  à 
suivre  avant  d’arriver  à  la  déchéance  du  colon  ;  mais  le 
passage  est  très  mutilé.  Il  faut  peut-être  distinguer  deux 
cas;  s’il  y  a  eu  sur  le  champ  délaissé  des  améliorations 
importantes,  des  constructions  de  bâtiments,  le  colon 
garde  pendant  deux  ans  après  l’abandon  son  droit  de 
culture  (jus  colendi )  ;  si  le  champ  a  été  simplement  cul¬ 
tivé,  le  conductor  ou  le  vilicus  annonce  la  première  et  la 
deuxième  année  l’abandon  du  champ  et,  s’il  ne  se  pré¬ 
sente  aucun  colon  nouveau,  doit  le  faire  exploiter.  En 
Egypte,  d’après  un  papyrus  de  l’an  17  ap.  J.-C.,  les  colons 
ne  gardent  que  le  tiers  des  fruits  et  versent  les  deux 
tiers  comme  redevance21. 

Les  colons  des  grands  domaines  privés  et  impériaux 
sont  toujours  libres  en  droit  :  ils  peuvent  quitter  le 
domaine  à  l’expiration  du  bail,  ou  à  leur  guise  si,  comme 
sur  certains  saltus  d’Afrique,  ils  cultivent  en  vertu  de  la 
simple  occupatio  en  acceptant  les  règlements.  Ils  ne  sont 
pas  encore  des  serfs  de  la  glèbe 22  ;  en  Égypte,  ils  restent 
libres  jusqu’au  vie  siècle23.  Mais  les  propriétaires  avaient 
intérêt  à  s’assurer  des  fermiers  à  demeure.  Dès  le  Ier  siècle, 

charges  tics  colons.  Nous  ne  savons  pas  si  ces  colons  étaient,  comme  on  Ta  pré¬ 
tendu,  des  indigènes,  anciens  possesseurs  du  sol,  ou  des  Italiens  ;  le  mot  mappalia 
ne  prouve  rien;  en  tout  cas,  il  n'y  a  qu’une  catégorie  de  colons,  ceux  qui  sont 
englobés  dans  les  limites,  car  à  la  ligne  6,  lr*  face,  il  faut  plutôt  lire  avec  Schullen  : 

«  (i)ntra  fundo  »  ;  les  procurateurs  appliquent  les  règles  suivies  par  l'administration 
impériale.  —  10  Selon  qu’on  adopte  l’explication  de  Toulain  ou  celle  de  Cuq  et 
Schullen.  —  U  U»  face,  1.  22-23;  2'  face,  1.  1-13.  Le  sens  du  mot  octonarius  n’a 
pas  encore  été  déterminé.  —  12  2e  face,  1.  13-15.  —  13  3»  face,  1.  17-20;  la  lecture 
de  Schullen  «  aéra  quatuor  »  (quatre  as)  est  inadmissible.  —  14  3“  face,  1.  12-17; 
d’après  Toutain,  Loc. cit.  les  colons  n’auraient  aucun  droit  sur  ce  produit.  Les  correc¬ 
tions  de  Schullen  sont  inadmissibles.  —  15  lr*  face,  1.  16,  23;  2°  face,  I.  5,  12; 
3e  face,  1.  1;  4“  face,  1.  23.  —  10  3e  face,  1.  20-21  ;  4"  face,  I.  1-14;  Cuq,  Loc.  cit. 
p.  49-55.—  17  l»  faCe,  1.  7-20.  —  1»  Grom.  vet.  6,  8,  56,156,  163,  132-133.  —  13  C’est 
l’opinion  développée  par  Cuq,  Loc.  cit.  p.  10-14.  — 204s  face,  1.  10-22,  avec  l’inter¬ 
prétation  de  Toutain.  — 21  Urk.  Berl.  Mus.  11“  197,  1.  12-13.  —  22  Cela  ressort  de 
l’inscription  d’Henchir-Mettich,  4*  face,  1.  10-22;  Urk.  Berl.  Mus.  523.  —  23  Voir 
Wessely,  Wiener  Studién,  9,  p.  259-261  ;  Grenfell  and  Hunt,  Greek-Papgr.  1,  56-57 


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h  fixité  de  la  tenure  apparaît  comme  une  nécessite  eco- 
nomiaue  Columelle  recommande  déjà  d’avoir  sur  sa 
tprre  des  coloni  indigenae ,  parce  que  le  changement  de 
ipnniers  est  une  cause  de  ruine*.  Les  fermiers  euv- 
mèmes  avaient  intérêt  à  rester  sur  le  domaine.  D’autre 
,nrt  beaucoup  de  fermiers,  besogneux,  endettes,  n  au¬ 
raient  pu  quitter  la  ferme  sans  laisser  leur  matériel,  sans 
donner  caution  ;  ils  se  résignaient  à  rester  indéfin.ment 
sur  Ja  même  propriété2.  C’est  de  ces  fermiers  attaches  au 
sol  par  leurs  dettes  qu’il  est  question,  dès  l’époque  répu¬ 
blicaine,  dans  Varron  3,  plus  tard  dans  Columelle  % 
dans  César  B,  pour  toutes  les  provinces  du  monde 
romain.  Les  inscriptions  signalent  aussi  fréquemment  des 
fermiers  qui  ont  cultivé  leur  ferme  pendant  très  long¬ 
temps  6.  La  pratique  attachait  donc  de  plus  en  plus  le 
cultivateur  au  sol;  le  fermage  se  transformait  en  colonat. 
C’est  surtout  sur  les  grands  domaines  impériaux  que 
nous  saisissons  cette  transformation.  Les  colons  n’y  sont 
plus  considérés  en  fait  comme  des  fermiers  libres,  mais 
comme  les  hommes  de  l’empereur,  coloni  domini  nos- 
tri1,  plebs  fundi 8,  rustici  tenues ,  mediocritas  nos- 
tra 9  ;  ils  s'intitulent  rustici  tui ,  vernulae  et  alumni 
saltuum  tuorumi0,  c’est-à-dire  serviteurs  nés  sur  le 
domaine  ;  quoiqu’ils  soient  molestés  par  les  procurateurs 
et  le  conductor ,  il  ne  leur  vient  pas  à  l’idée  de  quitter 
le  domaine;  ils  n’invoquent  que  le  règlement  d’Hadrien, 
la  forme  perpétua  11 .  Au  Bas-Empire,  l’État  n’aura  plus 
qu’à  proclamer  l’attachement  obligatoire  et  indissoluble 
au  sol.  D’autres  documents  nous  renseignent  sur  les 
misères  des  colons.  Une  inscription  de  Phrygie  renferme 
une  supplique  adressée  entre  244  et  247  à  Philippe  par 


les  colons  d’un  saltus  ;  ils  se  plaignent  des  vexations  que 
leur  font  subir  les  agents  du  fisc  (Kociuaptavoi),  les  soldats 
qui  traversent  le  domaine  et  les  puissants  (Suvddxat)12. 
D’après  un  décret  de  Gordien,  les  gens  du  village  de 
Skaptoparénè  en  Phrygie  se  plaignent  également  des 
pillages  des  soldats13.  A  l’époque  de  Justinien,  les 
Novelles  signalent  encore  les  pillages  des  gouverneurs, 
des  grands  propriétaires,  tyrans  féodaux,  des  soldats  de 
passage  ou  des  garnisons  et  même  des  agents  de  police 
ruraux  (XirjffToSunxTat,  (hoxcoAuxo»),  surtout  dans  l’Asie 
Mineure14.  Un  rescrit  de  Justin  Ier  et  de  Justinien 
(vers  527)  a  pour  but  de  protéger  les  terres  et  les  hommes 
(colons,  adscripticii,  cura  tores  et  conductores )  contre 
les  soldats  de  passage  et  les  agents  de  police15.  La 
répression  de  ces  fléaux  fut  un  des  principaux  soucis  du 
l'ègne  de  Justinien  ;  elle  amena  en  particulier  la  grande 
réforme  de  533,  la  réunion  des  pouvoirs  civil  et  militaire 
dans  plusieurs  provinces  d’Asie,  la  création  de  comtes 
en  Phrygie,  Galatie,  Isaurie  et  Arménie,  de  préteurs  en 


Pisidie,  Lycaonie  Lycie  et  Paphlagonie,  d’un  proconsul  en 
Cappadoce16.  C’est  cette  misérable  situation  des  colons 
qui  explique  qu’au  Bas-Empire  il  y  ait  eu  en  Occident 
tant  de  révoltes  agraires,  en  particulier  celle  des  Bagaude» 
en  Gaule17,  celle  des  Circoncelliones  d’Afrique,  bandes 
d’esclaves  révoltés,  de  débiteurs  insolvables,  de  proprié¬ 
taires  ruinés  par  le  fisc,  et  surtout  de  colons  sortis  des 

cellae  des  grands  domaines  18. 

L’inscription  d’Henchir-Mettich  mentionne  à  côté  des 
colons  les  stipendiarii  et  les  inquilini.  Le  passage 
relatif  à  ces  stipendiarii,  qui  sont  astreints  à  des  rede¬ 
vances  envers  le  domaine,  est  trop  mutilé  pour  fouinii 
une  conclusion  certaine19.  Le  passage  relatif  aux  inqui¬ 
lini  est  également  très  mutilé20  ;  on  voit  seulement  qu  ils 
doivent  déclarer  leurs  noms  dans  un  certain  délai  aux 
régisseurs  ou  aux  grands  fermiers  ;  au  Bas-Empire,  les 
inquilini  sont  rapprochés,  mais  cependant  distingués 
des  colons;  ils  ne  paraissent  pas  être  assujettis  au  sol21  ; 
plusieurs  textes  les  mentionnent  comme  des  ouvriers  non 
agricoles  du  domaine,  pâtres,  jardiniers--  ;  il  est  difficile 
de  préciser  davantage.  On  trouve  aussi  au  Bas-Empiie 
des  negot iatores  qui  paient  sans  doute  une  redevance 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  la  tenure 
d’affranchi24.  Nous  savons  qu’il  y  avait  beaucoup  d’aflran- 
chis  dans  les  campagnes,  qu’au  Bas-Empire  ils  fournis¬ 
saient  une  partie  des  soldats 2j.  Il  est  probable  qu  ils  ont 
suivi  le  sort  et  les  transformations  du  colonat 26. 

Nous  arrivons  au  Bas-Empire.  Les  particuliers  conti¬ 
nuent  à  employer  à  peu  près  les  mêmes  formes  d’exploita- 
tion,  notamment  le  bail  à  court  terme.  On  trouve  toujours 
d’un  côté  les  adores  ou  les  procuratores  qui  dirigent  les 
esclaves  et  les  colons,  de  l’autre  les  conductores  libres 
Une  charte  du  ve  siècle  montre  la  toute-puissance  de  deux 
conductores  sur  les  adores ,  et  les  conductores  massa- 
rum 28.  L’emphytéose  a  peut-être  été  employée  en  Occi¬ 
dent  dès  la  fin  du  ive  ou  le  ve  siècle29;  en  tout  cas,  en 
Orient,  elle  est  d’un  usage  courant  à  partir  du  v°  siècle30. 

Sur  les  domaines  impériaux,  le  caractère  général  des 
tenures  est  la  concession  au  preneur  d’un  droit  perpétuel 
et  héréditaire.  On  trouve  cinq  formes  principales  d’exploi¬ 
tation  : 

1°  L’exploitation  en  régie,  de  moins  en  moins  fré¬ 
quente;  elle  est  appliquée  aux  palais  impériaux,  aux 
haras,  à  quelques  domaines31.  Dans  ce  cas,  les  différents 
cultivateurs,  esclaves,  colons,  sont  régis  par  des  adores 
(les  anciens  vilici)  ou  des  procuratoi  es,  qui  sont  quel¬ 
quefois  esclaves,  mais  qui  sont  pris  le  plus  souvent  parmi 
les  officiales  32.  Il  est  souvent  difficile  de  distinguer  cette 
exploitation  du  fermage,  car  Yactor  peut  jouer  un  rôle 
même  là  où  il  y  a  un  conductor. 


De  re  rust.  1,  7.  —  2  Plia.  Epist.  9,  19,  37  ;  voir  Fustel  de  Coulanges, 

e cherches ,  p.  15-23.  —  3  De  ling.  lat.  1,  17  :  obaeratos.  —  R.  rust.  1,  3 

neæu  civium  ».  —  5  Bell,  g  ail.  1,  4  «  clientes  obaeratosque  ».  —  6  Orelli, 

;°44’  C-  '■  1  9>  3G7ii  10,  1918;  13,  1877.  —  7  C.  i.  I.  8,  8702.  —  8  Cagnat,  Ann. 

'■Piijr.  1893,  n»66._ 9C.U.8,  10370,  col.  3,1'.  18,  28-29.-  10 Ibid.  —  H  Ibid.  col.  3, 
ô/.^’C°*'  4’  ''  7-8'  ~  12  Schulten,  Libello,  p.  232,1.  18.  —  13  Zeitsclir.  d.  Savigny- 
^  gtung,  1892,  p.  244-207;  Ath.  Miltheil.  10,  p.  207-282.  —  .14  Nom.  8,  pr.  et  12; 
m  1  l7’r°.‘28’  3'29’  4;  30’7’  l-2 : 31.  3;  33;  6Sj)r.;  13°, 4-9;  143  pr.\  128,21; 

—  15  Diel>b  Bull.  deeorr.hell.  1893,  p.  301-520.  —  le  h'ov.  8, 

O  i  _  1  ’  "7  ’ 23-3 1  !  130;  143;  149.  — 17  F.utrop.  9,  13;  Aur.  Vict.  DeCaes.  39; 

clav'  ’ ”a’  P* °  res^aul'-  Behol.  1 4  ;  Gratiar.  act.  4  ;  Wallon,  Hist.  de  l’es- 

g  ’  *8'--93-  —  18  Textes  principaux  :  Optât.  Milev.  De  scliism.  Donat.  3,  4  ; 

Psalm^i  v  Cresc '  3--  26  ;  108,  14  ;  Contr.  litt.  Petil.  2,  82  ;  Enarr.  ad 

Landschaft  ^  '  V011  ^‘"omonb  Mémoires,  V 1,  p.  88-89;  Jung,  Die  romanischen 
138  I  ,  7>'  2 70-180  ;  Ferrère,  La  situation  religieuse  de  l'Afrique,  p.  155- 

4“  face,  1.  32.  —  20  4.  faCe,  4  22-30.  —  21  C.  Th.  5  10,  1  ;  10  12,  2,  2. 


Marini,  Loc.  cil.  n»  83  ;  C.Just.  3,  38, 11-13;  3,  20,  11;  11,33,  1;  11,66,6;  10,32,  29; 
41  48,  12;  Haenel,  lex  rom.  Visigoth.  p.  460;  Isidor.  Or.  9,  4,  38;  Arnob.  Adr. 
gent.  1,  12.  Schullen  voit  des  inquilini  dans  les  icafolxoi  dune  inscription  de 
Phrygie  ( Libello ,  p.  238).  —  22  Charta  Cornutiana  (Lib.  Pont.  éd.  Duchesne, 
p.  clxvi)  ;  S.  Augustin.  Adv.  litt.  Petil.  2,  184  :  furnarius  inquilinus  ;  cf.  les  figuli, 
les  fabri  des  domaines  impériaux  (C.  Th.  13,  1,  10).  —  28  C.  Th.  13,  5,  1  et  10. 

—  24  Voir  Fustel  de  Coulanges,  L'Alleu,  p.  58-61  ;  Itecherches,  p.  59-60. —23  Liv.  40, 
18;  42,  27;  24,  11;  Dio  Cass.  55,  31;  Vell.  Paterc.  2,  111;  C.  Th.  4,  10,  l 
C.  Just.  11,  53,  l.  un.  —  26  C.  Just.  11,  53,  l.  un.  —  21  C.  Th.  2,  30,  2;  11,  16,  32 
11,  7,  16;  16,5,  54;  Symmach.  Ep.  9,  52,  6:  Fulgent.  Ferrand.  Brev.  can.  n»  70 
(Migne,  Patr.  lat.  1.  LXXXVU1);  Nov.  Valentin.  III,  (if.  6,  1;  Inst.  Just.  3,24,  6; 
Vit.  Euphras.  c.  5  et  13  (Migne,  Patr.  lat.  t.  LXX1I1).  —  28  Marini,  Papiri,  v«  73. 

—  29 Formul.Andeg.  n"  37  (éd.Zeumer).  Sur  cette  question  controversée,  voir  Beau- 
douin,  Loc.  cit.  p.  295,  note  2.- 30  C.Just.  4,  66,  1-4.  -31 Ç.  Th.  5,  14,4;  15,  10,  1  ; 
U,  49,  4.,  H,  7,  6  ;  10,  4,  2;  11,  16,  12;  C.Just.  11,  19,  4.—  32  C.  Th.  1,  32,  2;  2, 
3o[  2;  7,  18,  7,  §§  I  et  8  ;  7,  18,  12, §  1  ;  10,  4,  1  ;  10,5,  1-2;  C.  Just.  3,26,9;  4,  65,  35. 


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2°  Le  fermage  à  court  terme,  peu  fréquent  et  qui  est 
sans  doute  toujours  de  cinq  ans 

3°  Le  jus  perpetuuml  2,  droit  de  jouissance  concédé  sur 
un  fundus  perpetuarius  ou  privât i  juris ,  perpétuelle¬ 
ment  et  héréditairement,  moyennant  le  paiement  d’une 
redevance  annuelle  ( pensio ,  canon)  ;  le  fermier  s’appelle 
perpetuarius.  Cette  tenure,  distincte  au  début  de  l’em- 
phytéose  3 * *,  et  qui  est  toujours  une  location,  est  employée 
pour  la  res  privata ,  les  fundi  patrimoniales  et  les  terres 
des  cités  \  Elle  a  donc  remplacé  1  ejus  in  agro  vectigali 
du  Haut-Empire,  ou  plutôt  c’est  ce  droit  qui  a  été  appli¬ 
qué  sous  un  nom  nouveau  aux  domaines  impériaux.  Le 
perpetuarius  a  un  droit  héréditaire,  peut  l’aliéner  de 
toutes  manières  entre  vifs;  mais,  n’étant  pas  le  proprié¬ 
taire,  il  ne  peut  affranchir  les  esclaves  du  domaine  6  ; 
mais  dès  la  fin  du  ve  siècle,  en  tout  cas  à  l’époque  de  Jus¬ 
tinien,  ce  droit  s’est  confondu  avec  l’emphytéose  6. 

■4°  Le  jus  privation  salvo  canone.  C’est  une  aliénation 
à  prix  d’argent  et  où  l’acquéreur  doit  en  outre  une  rente 
fixe,  perpétuelle  {canon),  plus  petite  que  dans  le  jus 
perpetuum.  L’acheteur  est  donc  propriétaire,  peut  aliéner 
le  domaine,  le  transmettre  à  ses  héritiers,  en  affranchir 
les  esclaves.  Cette  vente  n’a  guère  été  employée  que  poul¬ 
ies  fundi  patrimoniales  et  sans  doute  en  cas  de  néces¬ 
sité  urgente,  car  plusieurs  empereurs  révoquent  des  con¬ 
cessions  de  ce  genre  ou  les  interdisent  pour  l’avenir  7. 
On  peut  rapprocher  de  ce  jus  privation  salvo  canone  les 
cigri  privati  vectigalesque  de  l’époque  républicaine. 
Justinien  interdit  aux  églises  des  ventes  de  ce  genre  qui 
constituaient  un  droit  appelé  Ttapouuxôv 8. 

o°  L’emphytéose.  Nous  renvoyons  à  l’article  empiiy- 
teusis.  Ajoutons  seulement  les  renseignements  que  four¬ 
nissent  les  inscriptions  et  quelques  textes  sur  les  origines 
de  ce  contrat.  Plusieurs  passages  de  l’inscription  d’IIen- 
chir-Mettich  se  rapportent  aux  avantages  accordés  aux 
colons  qui  ont  fait  des  plantations  nouvelles  de  figuiers, 
de  vignes  et  d’oliviers,  ou  qui  ont  défriché  des  terres. 
Voici  les  principales  dispositions  :  pour  les  figueries 
nouvelles,  les  colons  disposent  en  totalité  des  cinq  pre¬ 
mières  récoltes  ;  ils'  ne  doivent  que  pour  la  suite  la  rede¬ 
vance  légale;  pour  les  vignobles  nouveaux  ou  constitués 
à  la  place  de  vieilles  vignes  épuisées,  ils  disposent  des 
deux  premières  vendanges  ;  pour  les  olivettes  créées  de 
toutes  pièces,  des  dix  premières  récoltes  ;  pour  les  olivettes 
obtenues  par  la  greffe  d’oliviers  sauvages,  des  cinq  pre¬ 
mières  récoltes  seulement 9.  On  a  vu  ce  qui  était  relatif 
au  défrichement  des  subseciva  et  des  terres  incultes.  On 
a  donc  ici,  quoiqu’il  n’y  ait  pas  de  contrat  formel,  quel¬ 
ques-uns  des  traits  qu’aura  plus  tard  l’emphytéose, 
c’est-à-dire  l’amélioration  d’une  terre  par  le  preneur  et 
l’exemption  de  toute  redevance  pendant  un  certain  temps. 

Ce  droit  conféré  aux  colons  est-il  déjà  perpétuel  et  héré¬ 
ditaire?  On  a  vu  qu’en  fait  ils  sont  attachés  au  sol; 
d’autre  part,  ce  fait  même  qu’ils  peuvent  engager  leur 
droit  pour  la  sûreté  d’une  créance,  par  l’emploi  de  la 

l  C.  Just.  Il,  71,  5-7;  il,  3G,  3  ;  11,  62,  8  ;  C.  Th.  11,  16,  12,  20;  11,  20,  3; 

10,  o,  54,  §  5-6.  Une  inscription  de  523  mentionne  un  fermier  de  Théodoric 
resté  vingt  ans  fermier  (C.  i.  I.  2,  549).  —  2  Voir  Beaudouin,  Loc.  cit.  p.  251- 
256;  His,  p.  91-94;  Lécrivain,  De  agris  publicis,  p.  79-82.  —  3  A  ou.  Va¬ 
lentin.  III,  2G,  pr.  §  4.  Cependant  les  deux  tenures  paraissent  être  confondues  à 
C.  Th.  5,  13,  33  (393).  —  4  C.  Just.  H,  G6,  3;  11,  70,  4;  11,  71,  I,  3,  5;  11,  59, 

3  ;  11,  62,  7;  C.  Th.  5,  13,  18;  -10,  3,  4-8 ;  10,  5,  1  ;  1,11, 1 :  11,  15,  20;  11,  19,  4. 

—  5  c.  Just.  Il,  71,  5,  §  4;  11,  46,  3;  11,  63,  2.  —  6  C.  Just.  1,  33,  2;5,  71,  13. 

_  7  C.  Th.  5,  13,  17,  19,  38,  39;  C.  Just.  11,  62,  4,  9,, 10,  12;  H,  63,  2;  11, 69,2;  | 


fiducia ,  paraît  impliquer  aussi  un  droit  héréditaire  qUj 
se  rapproche  du  droit  de  l’emphytéote10.  La  déchéance 
du  droit  des  colons  au  bout  de  deux  ans  d’interrupfi0ll 
de  culture  est  encore  une  des  règles  de  l’emphytéose 
classique  11 .  Dans  l’inscription  d’Aïn-Ouassel,  la  l0j 
d’Hadrien,  appliquée  de  nouveau  sous  Sévère,  s’occupe 
des  terres  qui  n’ont  pas  été  cultivées  ( rudes  agri)  ou  quj 
délaissées  par  le  conductor ,  sont  en  jachère  depuis  dix 
ans12.  Elle  accorde  aux  colons  qui  voudraient  les  occuper 
sans  contrat  les  avantages  suivants  :  ils  paient  comme 
redevance  le  tiers  de  la  récolte  de  céréales  ;  ils  sont 
exempts  de  redevance  pour  les  fruits  des  arbres  fruitiers 
s’ils  en  ont  planté,  pendant  sept  ans  ;  pour  les  oliviers 
plantés  ou  greffés,  pendant  dix  ans  ;  au  bout  de  ces 
périodes,  ils  doivent  la  redevance  habituelle  du  tiers  des 
fruits,  et  encore  ils  peuvent  déduire  du  partage  des  poma 
la  quantité  nécessaire  à  leur  consommation  propre.  Un 
passage  mutilé  parait  prouver  que  la  redevance  en 
céréales  sera  payée  au  conductor  pendant  cinq  ans  et 
ensuite  au  fisc13.  En  outre,  les  colons  acquièrent  sur  ces 
terres  un  droit  de  jouissance  perpétuelle  et  héréditaire 
{jus  possidendi  ac  f'ruendi  heredique  suo  relinquçndi ); 
nous  avons  donc  ici  deux  des  caractères  essentiels  de 
l’emphytéose,  l’exemption  de  redevance  pendant  quelques 
années,  la  jouissance  perpétuelle  et  héréditaire. 

Nous  ne  savons  pas  si  l’occupant  peut  céder  son  droit. 
C’est  donc  à  la  fois  une  propriété  analogue  à  Voccupatio 
de  la  République  et  une  tenure  emphytéotique  sans  con¬ 
trat.  A  la  fin  du  11e  siècle,  Pertinax  accorde  à  ceux  qui 
voudront  le  droit  d’occuper  les  terres  abandonnées  et  en 
friche,  de  toutes  les  catégories,  de  tous  les  pays  et  de  les 
garder,  comme  s’ils  en  étaient  les  maîtres,  avec  l’exemp¬ 
tion  de  tout  impôt  et  de  toute  redevance  pendant  dix 
ans11.  C’est  donc  le  même  régime  que  dans  la  loi  d’Ha¬ 
drien.  Avec  Aurélien  (270-275)  commencent  la  législation 
sur  les  terres  abandonnées,  sur  les  agri  deserti ,  et  le 
régime  de  Yadjectio  ;  il  charge  les  décurions  de  ces  cités 
de  l’entretien  de  ces  terres,  en  les  exemptant  d’impôt 
pendant  trois  ans  ’5.  Les  empereurs  appliquent  donc  aux 
terres  incultes  des  particuliers  les  mêmes  mesures  qu’à 
leurs  domaines.  Elles  aboutissent  naturellement  à  la 
tenure  emphytéotique.  Elles  offrent  des  analogies  avec 
l’emphytéose  grecque  de  la  même  époque,  telle  qu’on  la 
voit  dans  l’inscription  de  Thisbé,  de  Béotie,  qui  est  du 
iic  ou  du  iiic  siècle  ap.  J.-C.16;  c’est  un  règlement  pro¬ 
mulgué  conformément  aux  anciennes  pratiques  du  droit 
grec  par  le  proconsul  d’Achaïe  sur  le  fermage  des  terres 
publiques  de  Thisbé  ;  la  demande  de  prise  à  ferme 
(fhêXiov)  doit  être  adressée  aux  magistrats  municipaux; 
le  fermier  ne  devra  aucune  redevance  pendant  les  cinq 
premières  années  à  la  condition  qu’il  mette  le  sol  en  cul¬ 
ture  ;  ensuite,  à  la  condition  de  payer  la  redevance 
annuelle  (cpôpoç),  il  aura  sur  cette  terre  un  droit  de  jouis¬ 
sance  héréditaire;  il  pourra  en  disposer  soit  entre  vifs 
soit  par  testament,  mais  uniquement  en  faveur  d  un 

U,  70,  4.  —  8  Nov.  7,  1,  1.  —  B  2«  face,  1.  20-30;  3'  face,  I.  1-12.  —  10  i‘  faec' 
1.  8-9  ;  voir  Schullen,  Lex  Manciana,  p.  32  ;  Cuq,  L oc.  cit.  p.  25  ;  Beaudouin. 
Loc  cit.  p.  275-277.  Mais  le  texte  est  très  altéré  et  ne  peut  fournir  de  conclusw11 
certaine.  —  H  C.  Just.  4,  6G,  2,  I  ;  Nov.  Just.  7,  3,  2.  —  12  Col.  2,  1.  7-13  ;  col.  3, 
1.  1-13;  voir  Sclmllen,  Dermes,  29,  p.  204-230.  —  13  Hypothèse  de  Schulte11. 
Loc.  cit.  D'après  Dareslo  (l\'ouv.  rev.  hist.  de  droit,  1892,  p.  117-124),  le  sen= 
serait  que  la  redevance  non  payée  au  conductor  dans  les  cinq  ans  reviendrait  111 
fisc.  -  -  14  Herod.  2,4,  18.  —  16  C.  Just.  11,  59,  1.  —  16  Lnscr.  Gr.  Sept ■ 
ndd.  p.  748;  Diltenberger,  Index  schol.  in  Universitate  Halensi,  1891-92. 


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,  Thisbé  On  trouve  ici  les  traits  caractéristi¬ 
que  l’emphytéose  :  le  fhêXt'ov  [libellus)  *,  l’obligation 
T  cultiver,  l’exemption  de  la  redevance  pendant  cinq 
^  le  retour  au  propriétaire  ( commission )  en  cas 
inexécution  des  engagements.  L’emphytéose  a  certaine¬ 
ment  une  origine  grecque,  mais  on  voit  que  l’adminis¬ 
tration  impériale  établissait  dès  le  n*  siècle  au  profit  de 
ses  colons  un  droit  analogue  à  l’emphytéose.  Il  n’est  pas 
étonnant  qu’elle  ait  pris  l’extension  qu’on  connaît  au 
Bas-Empire.  Elle  était  mieux  appropriée  que  le  jus  per- 
petuum  à  la  culture  des  agri  deserti  et  même  des  terres 

fertiles2  du  domaine  impérial. 

Il  n’y  a  plus  guère  que  de  grands  fermiers  :  sénateurs, 
fonctionnaires 3,  avec  lesquels  les  administrateurs  des 
domaines  ont  souvent  à  lutter  et  qui  essaient  d’usurper 
les  pouvoirs  judiciaires4;  quelquefois  des  décurions  et 
des  curies  entières  5.  Plusieurs  personnes  peuvent  s’asso¬ 
cier  pour  prendre  une  grande  ferme6.  A  côté  du  fermier, 
il  y  ale  procurator,  chargé  de  la  gestion  des  comptes  et 
de  la  surveillance.  Au  iv«  siècle,  c’est  généralement  le 
gouverneur,  au  Ve  siècle  les  fonctionnaires  de  la  res 
privata  qui  procèdent  ù  la  location  des  domaines  par 
voie  d’enchères  publiques  et  reçoivent,  sans  doute  en  les 


faisant  enregistrer  devant  les  curies,  les  cautions  et  les 
garanties  réelles  des  fermiers.  Le  fermage  est  générale¬ 
ment  payé  en  argent,  quelquefois  en  blé7.  La  ferme 
comprend  comme  précédemment  deux  parties,  la  partie 
disponible  et  les  tenures  des  colons  ;  pour  la  partie  dis¬ 
ponible,^  conductor  peut  amener  son  bétail,  ses  esclaves, 
et  il  a  encore  droit,  d’après  le  règlement,  la  forma,  à  des 
services  des  colons;  c’est  pour  cette  raison  qu’il  y  a  tou¬ 
jours  des  contestations,  par  exemple  pour  la  jouissance 
des  eaux,  entre  le  fermier  et  les  colons  8.  Une  partie  des 
esclaves  a  obtenu  des  tenures  qui  les  assimilent  à  des 
colons;  ce  sont  des  servi  casati  ou  easariP. 

On  peut  utiliser  pour  l’étude  des  grands  domaines  à  la 
fin  de  l’Empire  les  renseignements  que  nous  fournissent 
sur  les  domaines  de  l’Église  les  lettres  du  pape  Grégoire 
le  Grand15.  Chaque  circonscription  domaniale  ( patrimo - 
nium ),  composée  de  plusieurs  fundi,  saltus,  massae ,  est 
administrée  par  un  rector  qui  lève  les  redevances,  gou¬ 
verne  les  colons,  choisit  les  conductores ,  avec  l’aide 
d  actionarii,  de  notarii,  de  defensores,  exerce  les  droits 


de  police,  juge  les  petites  affaires  ;  les  petits  cultivateurs 
( patrimoniales ,  rustici ),  soit  esclaves,  soit  coloris,  doi¬ 
vent  à  l’État  l’impôt  foncier,  le  service  militaire,  restent 
soumis  à  la  juridiction  générale  du  gouverneur,  paient  à 
l’Église  comme  redevance  une  quantité  déterminée  de 
mesures  de  blé,  des  taxes  secondaires  ( pensiones )  qui 
consistent  le  plus  souvent  en  argent,  des  corvées  ( anga - 
ridé)  pour  le  propriétaire  ou  le  fermier,  et  un  droit  de 
formariage11.  Il  y  a  deux  catégories  de  fermiers,  les  con¬ 
ductores  et  les  emphytéotes.  Chaque  conductor  afferme 
un  groupe  de  terres  appelé  conduma ;  ce  personnage, 
souvent  colon,  quelquefois  même  esclave,  a  pour  attribu¬ 
tion  essentielle  de  lever  sur  les  cultivateurs  toutes  les 
redevances  dues  soit  à  l’Église,  soit  à  l’État,  et  dont  il  a  pris 
la  perception  par  un  bail  à  court  terme,  en  engageant  ses 
biens12  A-t-il  un  autre  rôle?  Le  fait  qu'il  touche  pour 
lui-même  certaines  redevances  peut  faire  croire  qu'il  est 
en  même  temps  fermier  d’une  partie  du  sol13.  L’emphy¬ 
téose  est  régie  d’après  le  droit  de  Justinien.  L’emphytéote 
est  un  grand  personnage;  il  prend  la  terre  sub  specie 
libellorum ,  libellario  nomine  ;  une  seule  lettre  de  Gré¬ 
goire  le  Grand  parle  de  la  durée  de  l’emphytéose  qui  est 
de  trente  ans14;  mais  dans  les  lettres  des  papes  posté¬ 
rieurs  on  trouve  des  durées  très  variables,  quelquefois  la 
perpétuité 16.  Ch.  Lécrivain.  -  ‘ 

LATIAR,  LATIIYAE  FERIAE  [feriae  latinae]. 

LATINI.  —  Les  Latins,  habitants  du  Latium,  consti¬ 
tuaient  une  partie  de  la  race  latine,  sœur  des  races 
ombrienne,  Sabine,  osque1.  Toutes  les  étymologies 
anciennes  du  mot  Latinus  sont  plus  ou  moins  puériles  2. 
La  prétendue  occupation  dû  Latium  par  les  Sicules,  qui 
y  auraient  fondé  de  nombreuses  villes,  telle  queCaenina, 
Crustumerium,  Tibur,  Aricia,  Faleriae,  Gabii  et  même 
Rome3,  doit  s’expliquer  par  le  rôle  qu’ont  joué  les  his¬ 
toriens  grecs  de  la  Sicile  dans  la  formation  de  l’histoire 
romaine  primitive.  La  prétendue  expulsion  des  Sicules 
parles  Aborigènes  s’explique  probablement  par  la  diffu¬ 
sion  des  races  montagnardes  sabelliques  dans  le  Latium 
et  la  Campanie4.  Le  Latium  ayant  été  composé  essentiel¬ 
lement  de  la  plaine  du  Tibre  et  n’ayant  que  des  côtes  d’un 
accès  très  difficile,  les  Latins  ont  été  surtout  un  peuple 
agricole  ;  leur  religion  a  été  avant  tout  agricole  et  pasto¬ 
rale  ;  la  plupart  de  leurs  divinités  et  de  leurs  fêtes  se 


C.  Th.  5,  14,  4  ;  cf.  les  libellatica  de  Gregor.  Magn.  Ep.  1,  42  ;  Cassiod.  Va 
5.  /  :  libellario  titulo-,  plus  tard,  en  italien,  livello.  -  2  C.Just.  11,  62,  3  ;  C.  Th. 
13,  30.  -  3  C.  Tli.  10,  26  ;  5,  13,  15  ;  10,  5,  5.  -  4  C.  Th.  10,  20,  1.  —  S  C.  T 
'  7'2 ’  12>  C  33’  114-  —  6  C.  Th.  5,  13,  33;  11,  19,  1-2.  —  7  C.  Th.  7,  7, 

’  U’  10  ;  10’  17>  7  ;  S.  43>  44  ;  c.  Just.  11,  71,  5  ;  11,  62,  2,  11;  H,  71,  1  ;  No 
leodos.  19.  —  8  c.  Th.  5,  14,  4  ;  2,  25,  l.  un.  ;  10,  8,  1  ;  5,  13,  18  ;  C.  Jui 
’  1  ’  b  3  ’  *b  60,  2.-9  C.  Th.  9,  42,  7.  —  10  Paul  Fabre,  De  patrimoni 
(H  ’  ecc^eSL(ie'  P*  ^3-93  ;  Les  colons  de  V Église  romaine  au  VIe  siée 
jr.  ,  Uf‘  el  de  itérât,  relig.  I,  p.  74)  ;  Mommsen,  Die  Bejvirtschaftung  cl 
n  431  if/hter  unter  Babst  Gregor  I  (Zeitschr.  fùr.  Soe.  und.  Wirtschaftgesch. 
2  38  '’4  ««d°-Uin-’  L0C"  CÜ'  P'  201"219’  298-335.- Il  Greg.  Epist.  1,  1,  37,  42,  7: 

Diurn  Fori  V  '  Vr’  ‘23’  37’  96  !  VÜa  Cononis  ( Lib ■  PunL  b  P-  3G9)  ;  Li 
nion  de  P  i  ri  ~  Gl'eg-  Ep>SL  2’  38  !  *>  4-  1  U,  34  ;  13,  37.  —  13  C’est  l’ot 
2  3-3  3^  a  16’  L°c'  c'1'  P-  G4_90,  et  elle  est  probable.  —  14  Greg.  Epist.  1,  7i 

_ Bibl'iogr.  '  ' k'  78’  19^'  —  13  Voir  Beaudouin,  Lot.  cit.  p.  328-32 

Beichs  le’  ■  ujm.  Vie  stüdtische  und  biirgerliche  Verfassung  des  rômisciu 
Verwnlhm  86+ ’  Hirschfeld,  Untersuchungen  auf  dem  Gebietc  der  rôt 
tuelZ, Z7ZI  :Berl!n>  1870  :  Ga“b  But.  des  locations  perp 
des  Savants  *  iss  *  ^  ’  ^sme*ni  Les  colons  du  sal'tus  Burunitanus  (Journ 

Mommsen,  Decret  98b"70j)  :  ffis‘oire  du  droit  français ,  3=  éd.  p.  22-2Î 
P-  385-411,  478-480)  *  mmodus  für  dcn  Salt“s  Burunitanus  (Hei  •mes,  188 
°*tgo thucheStudientNeuèta!iSC,he  BodentheüunS  fermes,  1884,  p.  393-416 
sur  quelques  nrobUm  ,,  sArchw'  ’1889.  P-  î>3) ;  Fustel  de  Coulanges,  Becherch 
lune.  France  l’ail  ^  t,stoire,  p.  1-186,  1885;  Hist.  des  instit.  politiques  i 
bUcis  imperâtoriuZe  h  d°fminerural>  1889>  P-  4-96  !  Lécrivain,  De  agris  p 
v  <•  «  Augusti  temporç  vsque  qcl  finem  imperii  Bornai 


Paris,  1888  ;  Le  sénat  romain  depuis  Dioclétien  à  Borne  et  à  Constantinople, 
Paris,  1888  ;  Weber,  Die  rôm.  Agrargeschichtc ,  Stuttgart,  1891  ;  Wiart,  Le  ré¬ 
gime  des  terres  du  fisc  au  Bas-Empire ,  Paris,  1894  ;  Segré,  Origine  e  sviluppo 
dello  colonato  romano  ( Archivio  giuridico,  t.  XLII,  XLIIi,  XL1V,  XLV1);  Dra- 
mard,  Étude  sur  les  latifundia  (Acad,  des  sc.  morales  et  polit.  1895,  p.  554)  : 
Weilzen,  Siedelungen  und  Agraruiesen  der  Ost  =  und  Westgermanen,  Berlin, 
1895,  1.  1,  p.  322-377  ;  Minutillo,  l  latifundi  nella  legislazione  dcll'  impero 
romano,  Naples,  1896  ;  His,  Die  Domânen  der  rômischen  Kaiserzeit,  diss.  inaug. 
Leipzig,  1896;  Toulain,  L'inscription  d’Henchir-Afettich  ( Nouv .  revue  hist.  de 
droit ,  1897,  373-415;  1899,  137-169,  284-312,  401-414);  Schulteu,  Die  lex  Hadriana 
de  rudibus  agris  (Hermès,  1894,  p.  204-230);  Die  rômischen  Grundherrschaften, 
Weimar,  1896;  Die  lex  Manciana  (Abli.  d.  Gesell.  d.  Wïss.  zu  Gôttingen,  pliil.- 
hist.  Klasse,  t.  Il,  n°  3);  Cuq,  Le  colonat  partiaire  dans  l’Afrique  romaine 
(Mém.  prés,  par  div.  sav.  à  l’Acad.  Inscript.  lr°  sér.  t.  XI,  trc  part.  p.  83); 
Roslowzew,  Das  patrimonium  und  die  ratio  thesaurorum  (Mittheil.  d.  deuts. 
arch.  Inst.  rôm.  Abth.  1898,  p.  108-123);  Beaudouin,  Les  grands  domaines  dans 
l'Empire  romain,  d'après  des  travaux  récents,  Paris,  1899;  Salvioli,  S  alla  distri- 
buzione  délia  proprieta  fondiaria  in  ltalia  al  tempo  delT  Impero  romano  (Ar¬ 
chivio  giuridico,  1899,  p.  211-246,  499-539). 

LATINI.  l  Voir  Schwegler,  Bôm.  Geschichte,  t.  I.  — 2  Latinus,  le  roi  légen¬ 
daire  ;  Latium,  quod  ibi  Saturnus  latuit  (Virgile,  Ovide,  Isidore  de  Séville,  etc.); 
latus,  à  cause  de  la  largeur  de  la  plaine  du  Tibre.  —  3  Dionys.  1,  21,  67,  73  ;  2,  35; 

Solin.  2,  8,  p.  33  ;  2,  10,  p.  34  ;  Varr.  De  ling.  lat.  5,  101  ;  Fab.  Picl.  fr.  1  ; 

Serv.  Ad.  Aeneid.  1,  533  ;  3,  500  ;  8,  638  ;  7,  631. —  4  Liv.  1,  1  ;  Sali.  Cat.  6  ; 

Dionys.  1,  72;  Lycophr.  v.  1253  ;  voir  là-dessus  Pais,  Storia  di  Borna,  I,  p.  129- 

231, 


LAT 


—  972  — 


LAT 


rapportent  au  bétail,  aux  moissons  :  telles  sont  les  Luper- 
cn/ia,  les  Palilia,  les  Consualia ,  les  Ambarvalia ,  les 
Poplifugia ,  la  procession  des  Saliens,  les  rites  des 
Arvales.  Il  reste  d’un  grand  nombre  d'anciennes  villes 
latines  des  débris  de  murailles,  dites  cyclopéennes, 
péiasgiques,  analogues  à  celles  de  la  Roma  quadrata, 
généralement  carrées1,  situées  le  plus  souvent  sur  une 
colline  isolée2,  quelquefois  au  confluent  de  deux 
rivières  5  ;  elles  entouraient  des  espèces  d’acropoles,  au 
pied  desquelles  s’étendait  la  ville  basse,  entourée  d’une 
muraille  spéciale  souvent  reliée  à  la  partie  supérieure*. 

L  histoire  primitive  du  Latium  se  compose  unique¬ 
ment  de  légendes  inventées  et  arrangées  par  les  historiens 
et  les  archéologues  grecs  et  romains.  Des  raisons  chro¬ 
nologiques  ont  fait  inventer  la  série  des  rois  albains  pour 
correspondre  avec  les  calculs  d'Eratosthène  qui  mettait 
la  prise  de  Troie  en  1184;  des  raisons  politiques  ontexigé 
qu  Ascagne  bâtit  Albe  la  Longue  qui  devait  devenir  la 
métropole  des  trente  Ailles  du  Latium  antiquum s.  Des 
traditions  plus  anciennes  faisaient  de  Romulus  le  fils  ou 
le  petit-fds  d’Énée,  ou  attribuaient  soit  à  Énée  soit  à 
Silvius  Latinus  la  fondation  de  ces  mêmes  villes6.  Nous 
ne  sa\Tons  fnême  pas  si  Albe  la  Longue  a  réellement 
existé.  Il  n’y  a  qu’un  fait  certain,  l’existence  dans  le 
Latium  primitif  d’une  civilisation  antérieure  aux  origines 
mêmes  de  Rome.  L’histoire  de  la  confédération  latine  n’a 
pas  été  seulement  refaite,  mais  complètement  défigurée 
par  les  premiers  annalistes  de  Rome  qui  ont  appliqué  au 
passé  la  situation  de  la  ligue  telle  qu’elle  était  à  l’époque 
historique,  après  la  soumission  du  Latium.  L’histoire 
certaine  ne  commence  probablement  qu’avec  la  deuxième 
moitié  du  ve  siècle  av.  J.-C.,  après  l’époque  des  Décem¬ 
virs.  Toute  l'histoire  antérieure  a  été  refaite,  en  partie 
avec  les  faits  postérieurs,  souvent  répétés  plusieurs  fois, 
en  partie  avec  d’autres  éléments  de  valeur  très  inégale, 
monuments  archéologiques,  légendes  politiques  et  reli¬ 
gieuses,  mythes  indigènes  et  grecs,  étymologies,  indica¬ 
tions  topographiques,  imitations  des  écrivains  grecs  dans 
la  forme  et  dans  le  fond,  avec  des  préoccupations  morales, 
didactiques,  avec  des  falsifications  nationales,  politiques  7. 

L’histoire  légendaire  des  Latins  comprend  deux 
périodes  principales,  la  première  sous  les  rois  de  Rome, 
la  deuxième  depuis  le  commencement  de  la  République 
(509  av.  J.-C.)  jusqu’à  l’époque  des  Décemvirs  (454-449). 

I.  Les  faits  principaux  de  la  période  royale  sont  les 
suivants  :  l’hégémonie  d’Albe  sur  le  Latium  prend  fin 
avec  la  destruction  de  cette  ville  par  Tullus  Hostilius 8  et 
passe  à  Rome  ;  les  familles  nobles  d’Albe  sont  incorpo¬ 
rées  dans  le  patriciat  romain  [gens]  ;  un  traité  établit  une 
alliance  offensive  et  défensive  entre  Rome  d’un  côté,  les 
Latins  de  l’autre  avec  leurs  alliés,  les  Herniques 9. 
Ancus  Martius  étend  le  territoire  de  Rome  aux  dépens 
des  Latins  par  la  prise  de  Politorium,  de  Tellene,  de 
Medulliaetla  fondation  de  la  colonie  et  du  port  d’Ostie 1 0  ; 
Tarquin  l’Ancien  prend  un  grand  nombre  d’autres  villes 

i  Ferentinum,  Cossa,  Alatriam,  Arpinum;  voir  Jlicali,  Monum.  lav.  13  ;  Pelil- 
Radel,  Annal,  dell.  lstil.  4,  p.  247.  —  2  Fidenae,  Collatia,  Apiolae ,  Politorium, 
Tolerium.  —  3  Lavinium,  Antemnae,  Satricum  ;  voir  Abeken,  Mittel  Italien, 
p.  131  ;  Bail.  dell.  Istit.  1839,  p.  74.  —  4  Aricia,  Praeneste.  —  8  Fab.  Picl. 
ap.  Euseb.  Chron.  I,  p.  285  (éd.  Schoene)  ;  Serv.  Ad  Aen.  5,  269.  —  B  Lycopbr. 
v.  1255;  Origo  gent.  Rom.  17  ;  Dionys.  1,  73;  Diod.  7,  5.  —  7  Voir  l'excel¬ 
lente  critique  de  Schwegler,  Loc.  cil.  et  surtout  de  Pais,  Loc.  cit.  —  8  Voir  la  critique 
des  faits  et  du  mythe  des  Horaces  et  des  Curiaces  dans  Pais,  Loc.  cit.  p.  296-301. 
_ 9  Liv.  1,  32;  Dionys.  3,  37;  Cic.  De\rep.  2,  18,  38;  Strab.  5,  p.  237  c. 


latines,  Corniculum,  Cameria,  Ficulnea,  Medullia,  cr, 
tumerium11;  c’est  la  reproduction  des  guerres 
dentes;  Rome  signe  un  nouveau  traité  avec  les  Latin' 
mais  sans  faire  encore  partie  de  la  confédération.  I{0^' 
y  est  admise  sous  le  règne  de  Ser\ûus  Tullius;  ce  roi 
voulant  imiter  soit  l’amphictyonie  grecque,  soit  le  teninh 
de  Diane  d’Ëphèse  ou  le  Panionion12,  fonde  à  frais  cour 
muns  avec  les  Latins  le  temple  de  Diane  sur  l’Aven 
tin,  pour  y  célébrer  des  fêtes  annuelles  et  y  avoir  un 
refuge  pour  les  esclaves;  la  loi  réglant  les  rapports  des 
confédérés  est  gravée  sur  une  plaque  de  bronze,  qu, 
d'après  Denys,  aurait  encore  existé  à  la  fin  de  la  Répul 
blique  13.  Tout  ce  qui  se  rapporte  au  roi  mythique  Ser- 
vius  Tullius  est  essentiellement  fabuleux;  il  se  peut 
qu’on  ait  conservé  sur  l’Aventin  des  lois  très  anciennes 
mais  l’attribution  à  Servius  Tullius  et  à  son  époque  est 
de  pure  fantaisie;  rien  ne  prouve  que  le  temple  de  Diane 
ait  été  un  temple  fédéral.  Sous  Tarquin  le  Superbe,  la 
puissance  romaine  devient  prépondérante,  après  de  nou¬ 
velles  guerres,  en  particulier  avec  Ocriculum  et  Suessa 
Pometia;  elle  obtient  la  direction  et  la  présidence  des 
Feriae  latinae ,  transportées  de  la  source  de  la  dea  Fem- 
tina  au  sommet  du  mont  Albain  ;  les  Herniques  et  deux 
villes  Yolsques,  Antium  et  Écetra,  entrent  dans  la  ligue; 
Rome  et  les  Latins  doivent  se  partager  par  moitié  les  con¬ 
quêtes  communes  ;  Tarquin  conclut  avec  Gabii  un  traité 
particulier,  le  foedus  Gabinum,  écrit  sur  un  bouclier  de 
bois  recouvert  de  cuir  et  conserva;  dans  le  temple  de  Jupi¬ 
ter  Fidius  sur  le  Quirinal  u.  Tous  ces  faits  sont  certaine¬ 
ment  postérieurs  à  cette  époque;  le  temple  de  Jupiter  n'a 
probablement  été  dédié  qu’en  466  par  le  dictateur  Postu- 
mi  us  ’*  ;  l’accession  des  Herniques  à  la  ligue  n’a  eu  lieu 
que  plus  tard.  Il  n’y  a  donc  rien  d’historique  dans  cette 
première  période.  Rome  n’a  été  probablement  au  début 
qu  un  membre  ordinaire  de  la  ligue,  et  cette  situation  a 
duré  fort  longtemps.  Nous  ne  pouvons  plus  retracer  les 
étapes  de  la  conquête  romaine  ;  peut-être  la  Fossa  Cluilia 
a-t-elle  indiqué  une  ancienne  frontière,  à  environ  cinq 
milles  delà  ville16  ;  et  Ostie  faisait  peut-être  déjà  partie 
du  territoire  romain.  Rome  a  dû  s’annexer  d’abord  les 
villes  latines  situées  sur  le  haut  Tibre  et  entre  le  Tibre 
et  l’Anio  :  Antemnae,  Crustumerium,  Ficulnea,  Medullia. 
Caenina,  Corniculum,  Collatia  ;  elle  a  peut-être  lutté 
longtemps  contre  Gabii,  le  cinctus  gabinus  étant  resté 
longtemps  le  synonyme  de  vêtement  de  guerre  11 . 

IL  Dans  la  deuxième  période,  les  Latins  profitent  des 
guerres  avec  les  Étrusques  et  les  Sabins,  de  la  prise  de 
Rome  par  Porsenna  pour  reconquérir  leur  indépendance 
avec  l’aide  des  Tarquins;  leurs  trente  vùlles  se  sou¬ 
lèvent18;  la  bataille  du  lac  Régille  en  496  (?)  amène  ce 
traité  de  Spurius  Cassius,  ce  foedus  Cassianurn ,  gravé 
sur  une  table  de  bronze  que  Cicéron  affirme  avoir  vue 
près  des  Rostres  19.  D’après  ce  traité20,  Rome  conserve  sa 
prépondérance,  quoique  ce  soit  un  foedus  aequum,  d’après 
l’aveu  même  de  Ti te  Livre  et  sans  doute  aussi  selon  b 

—  10  Cic.  De  rep.  2,  18,  38;  Strab.  5,  p.  232  c  ;  Liv.  t,  33;  Dionys.  3>  **• 

—  11  Dionys.  3,  51-54;  Liv.  1,  38.  —  12  Liv.  1,  45  ;  Dionys.  4,  25;  Festus,  s- l'' 
servorum  dies,  p.  343;  Plut.  Quaest.  rom.  4;  Val.  Max.  7,  3,  1.  Les  historié118 
de  Marseille  se  seraient  aussi  vantés  (d’après  Strabon,  4,  273  c,  et  Justin,  43,  3,  *) 
d’avoir  donné  le  modèle  de  ce  temple  de  Diane.  —  13  Liv.  l,  52,  53  ;  Dionys.  h 
49  ;  Flor.  2,  4,  12.  —  1^  Dionys.  4,  49,  58  ;  9,  GO  ;  Fest.  s.  v.  ciipeum ,  p* 

—  15  Voir  PaïSjXoc.  cit.  p.  357.  —  16  Liv.  1,  23.  —  17  Fest.  p.  225.  —  18  Liv.  2,  P* 
2-21  ;  Dionys.  5,  50,  61  ;  Cat.  Frag.  58  (éd.  Peler).  —  19  Pro  Balb.  23, 

20  Liv.  2,53  ;  8,  2  et  4  ;  Dionys.  G,  21  ;  8,  70-77. 


LAT 


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LAT 


conception  des  annalistes  *,  et  que  Denys  1  assimile  a  a 
CA  une  symmachie  et  à  une  isopolitie  grecque  ;  le 
h„lin  et  les  conquêtes  se  partagent,  comme  précédem¬ 
ment  par  moitié  ;  les  Latins  conservent  le  droit  de  faire 
la  guerre  isolément.  Mais  on  sait  que  toute  l’histoire  de 
Suurius  Cassius  est  plus  que  suspecte;  ce  rôle  d’allies 
fidèles  qu’auraient  joué  alors  les  Latins  et  les  Berniques 
est  invraisemblable  ;  le  traité  de  Spurius  Cassius  est  sûre¬ 
ment  postérieur,  et  sans  doute  seulement  du  iv-  siècle 
av  j.  C.  2.  Les  Romains  et  les  Latins  s’unissent  ensuite 
contre  les  Eques  et  les  Volsques,  fondent  en  commun  les 
plus  anciennes  colonies  latines,  Norba,  vers  432,  Signia 
vers  435;  en  486,  les  Berniques  sont  incorporés  à  la 
ligue  3  ;  elle  a  ainsi  trois  portions  principales  qui  ont 
chacune  droit  aune  part  du  butin  4  ;  les  contingents  des 
Romains  et  des  Latins  sont  tantôt  réunis,  tantôt  sépa¬ 
rés8;  la  ligue  fonde  contre  les  Volsques  les  colonies 
latines  de  Suessa  Pometia,  de  Velitrae,  d’Ardea  (494-442) 
et  la  première  colonie  d’Antium  (467).  C  est  a  peu  près  a 
cette  époque  que  nous  entrons  dans  1  histoire  certaine. 

III.  La  troisième  période  de  la  ligue  latine  va  jusqu  à 
sa  dissolution  en  338.  L’augmentation  de  l’hégémonie  de 


Rome,  des  injustices  comme  la  sentence  d’arbitrage  entre 
Aricia  et  Ardea  par  laquelle  les  Romains,  choisis  comme 
arbitres  au  sujet  d’un  territoire  contesté  entre  ces  deux 
villes,  se  l’adjugent  à  eux-mêmes,  et  l’envoi  de  colons 
romains  sur  une  partie  du  territoire  d’Ardea,  l’occupa¬ 
tion  du  territoire  pomptin  sur  lequel  Rome  fonda  seule 
les  colonies  latines  de  Satricum  en  385  et  de  Setia  en 
3826,  provoquent  le  mécontentement  des  Latins.  Ils  pro¬ 
fitent  des  invasions  gauloises  et  de  la  prise  de  Rome  par 
les  Gaulois  en  364;  ils  ont  l’appui  des  Gaulois,  des 
Étrusques  et  des  Volsques  ;  dans  cette  guerre,  Rome  est 
obligée  de  soumettre  par  la  force  les  plus  importantes 
villes  et  colonies  latines,  Lanuvium,  Praeneste,  Tuscu- 
lum,  Tibur,  Velitrae,  Circeii,  Antiuin  1 .  En  358,  la  menace 
d’une  nouvelle  invasion  gauloise  amène  la  soumission 
des  Latins  et,  peu  de  temps  après,  des  Berniques  ;  on  ne 
sait  pas  exactement  les  clauses  de  la  paix  8.  Rome 
recouvre  rapidement  son  hégémonie  ;  après  la  chute  de 
Veii  et  la  conquête  du  territoire  pomptin,  qui  fournit  deux 
nouvelles  tribus,  Rome  réduit  les  villes  latines  à  une 
véritable  sujétion.  C’est  ce  que  prouve  le  premier  traité 
avec  Carthage  que  Polybe9  place  sous  les  premiers  con¬ 
suls,  mais  qui  est  certainement  de  beaucoup  postérieur, 
mais  en  tout  cas  antérieur  à  la  dissolution  de  la  ligue. 
Les  Carthaginois  s’engageaient  à  n’infliger  aucune  injure 
aux  Latins  sujets  de  Rome,  en  particulier  aux  gens  d’Ar¬ 
dea,  d’Antium,  de  Laurentum,  de  Circeii,  de  Tarracina  ; 
s  ils  attaquaient  et  prenaient  une  ville  latine  qui  ne  fût 
pas  alors  dans  la  sujétion  de  Rome,  ils  devaient  la 
remettre  aux  Romains;  ils  s’engageaient  à  ne  pas  bâtir 
de  forts  dans  le  pays  latin.  Rome  continue  ses  progrès; 
après  avoir  battu  les  Privernates  et  les  Aurunci ,  elle 
arrive  par  la  prise  de  Sora  sur  le  Liris  (357-345),  adjoint 


inclus  dans  Festus,  p.  241.  _  2  llme  (Rôm.  Gesch.  I,  2,  p.  7»,  142)  lo  recule 
J^sciue vers  358.  -  3  Dionys.  7,  09.-  4  Pli,,,  Hist.  nat.  34,  Il  ;  Dionys.  8,  69-77. 
P  K.'pi’f ;8,  ~6  Liv-  °’  lC’  30  !  Vell.  Pat.  1,  14.  -  ^  Liv.  G.  -  8  Liv.  7) 
— n  Liv  7  \j  "’  *8'  3  3,22‘ —  10Liv.7,28;  8,5.  —  n  Festus,  s.  ».  munioipium. 

/.-  -,  •  "3  ’  8’  3‘J'~ 13  Liv.  8,9-14.—  H  Voir  Sollau,  Livius  Geschichtswerk,  seine 

8  U  T  T  md  Se'ne  Qucllen'  1897>  ]’•  116-139.  -  13  Liv.  45,29,  10.  —  16  Liv. 

p’.  220  •  L-  •  -  T  11  GCl1'  10,  13  ;  SchoL  CrUq-  ad  Horal'  Ep-  L  6’  62  ; Strab,  3- 

l’appeù  ”  t)io.  Cass.  fr.  142.—  18  La  tradition  est  très  incertaine;  Cicéron 

Tusculun,mrnC^!“”1  antiquissimum  (&.  Plane.  8,  19);  Fcst.  p.  127,  donne  à 
teintas  sine  suffragio-,  Denys  (14,  6,  9)  dit  que  les  villes  vaincues 


à  la  ligue  les  Aurunci ,  les  Sidicini ,  les  Volsques10, 
confère  le  titre  de  municipe  aux  Formiani ,  Cumani, 
Fundani ,  Acerrani 11  et  entre  en  contact  avec  les  Sam- 
nites.  Le  premier  traité  avec  les  Sainnites  laisse  à  Rome 
Capoue.  C’est  alors  que  les  Latins  rompent  de  nouveau 
avec  Rome,  aidés  des  Volsques  et  des  Campaniens;  la 
ligue  demande  à  Rome  de  partager  la  direction  de  la  con¬ 
fédération;  les  Latins  réclament  un  des  consuls  et 
l’adjonction  au  sénat  romain  d’un  nombre  égal  de  séna¬ 
teurs  latins,  la  fusion  complète  des  deux  groupes  latin  et 
romain12.  Le  refus  de  Rome  d’accepter  ces  conditions 
amène  la  guerre  que  terminent  la  victoire  décisive  de 
Trifanum  en  340  et  la  prise  ou  la  capitulation  des  villes 
des  Latins  et  des  Volsques  dans  les  deux  années  sui¬ 
vantes  ;  le  résultat  final  est  la  dissolution  de  la  ligue 
latine  en  338  13.  Telle  est  la  tradition  sur  cette  période. 
Venant  surtout  de  Tubero,  de  Valerius  Antias,  de  Lici- 
nius  Macer,  sources  principales  de  Tite  Live.  elle  est  sur 
beaucoup  de  points  plus  que  suspecte  ;  les  données  pri¬ 
mitives  ont  été  considérablement  falsifiées,  enrichies  par 
ces  historiens,  surtout  sous  l'influence  des  souvenirs  de 
la  guerre  sociale.  Il  n’entre  pas  dans  notre  plan  d’en  faire 
la  critique1*.  Acceptons  le  résultat  principal.  De  fédéra¬ 
tion  politique  indépendante,  la  ligue  latine. devient  une 
simple  association  pour  la  célébration  de  fêtes  reli¬ 
gieuses  ;  les  villes  conservent  leurs  privilèges  antérieurs, 
leur  autonomie;  quelques-unes  concluent  des  traités  par¬ 
ticuliers  avec  Rome  ;  mais  elles  sont  en  général  isolées 
les  unes  des  autres;  il  leur  est  interdit  de  s'allier;  le 
commercium  et  le  conubium  sont  supprimés  entre  elles 
momentanément15;  il  n’y  a  plus  de  partage  légal  du 
butin  de  guerre;  les  organes  collectifs  de  la  ligue  sont 
remplacés  par  les  organes  romains  ;  les  créations  de 
nouvelles  colonies  latines  ne  sont  plus  l’œuvre  de  la  ligue, 
mais  de  Rome  seule. 

IV.  La  quatrième  période  va  jusqu’à  la  guerre  sociale. 
La  condition  donnée  aux  Latins  n’était  que  provisoire. 
Quelques  villes  reçoivent  immédiatement  le  droit  de  cité 
complet,  par  exemple  Aricia,  Pedurn,  Nomentum  et 
Lanuvium  qui  avait  eu  jusque-là  un  traité  spécial  avec 
Rome 16.  On  avait  déjà  donné  à  la  ville  étrusque  de  Caere 
le  jus  civitatis  sine  suffragio  11  ;  c’est  le  droit  que  Rome 
va  conférer  aussi  aux  villes  latines  comme  étape  intermé¬ 
diaire  avant  le  droit  de  cité  complet,  avec  ou  sans  cons¬ 
titution  municipale,  c’est-à-dire  de  deux  classes.  A  la 
première  classe  appartenait  déjà  Tusculum  dès  381 18  ;  on 
y  fit  entrer  après  338  Fundi,  Formiae  19,  peut-être  à  la 
même  époque  Atella  etCalatia'20  ;en  332,  Acerrae 21  ;  en  303, 
Arpinum22;  en  306,  Anagnia  entra  dans  la  deuxième 
classe23.  En  somme,  la  plupart  des  anciennes  villes  latines, 
sauf  Praeneste  24  et  Tibur  23  qui  restent  villes  alliées  et 
libres  jusqu’en  90,  et  peut-être  Cora26,  puis  la  plupart 
des  villes  des  Volsques27,  des  Berniques,  des  Eques,  des 
Sabins  28,  c’est-à-dire  presque  toute  l’Italie  centrale,  ont  eu 
ce  droit  pendant  quelque  temps;  mais  Rome  le  remplace 

reçurent  la  cité  complète  ;  Tito  Live  dit  la  même  chose  ((7,  26  ;  6,  36,  2)  et  eu  323 
fi  fait  entrer  Tusculum  dans  la  tribu  Papiria  (8,  14,  4)  ;  voir  Corp.  inscr.  lat.  14, 
p.  232,  493.  —  19  Liv.  8,  14;  Festus,  p.  127  ;  Vell.  Pat.  1,  14,  3.  —  20  Fesl. 
p.  131,  142;  C.  i.  I.  10,  p.  359,  369;  Mommsen,  Hist.  de  la  monnaie  rom. 
(Irad.  de  Blacas  et  Wilte),  t.  111,  p.  215,  note  1.  —  21  Liv.  8,  17  ;  Vell.  Pat. 
1,  14,  4;  C.  i.  I.  10,  p.  362,  602.  —  22  Liv.  10,  1  ;  Cic.  Ad.  fam.  13,  11,  3  ;  Orelli, 
no  571.  —  23  Liv.  9,  43,  24;  C.  i.  I.  10,  p.  584.  —  24  Liv.  8,  14;  Vell. 
Pat.  1,  14;  C.  i.  I.  10,  p.  651.  —  23  p0lyb.  6,  14;  C.  i.  I.  14,  p.  288,  365,  495. 
—  26  Ibid.  10,  p.  645.  —  27  Liv.  8,  14;  Vell.  Pat.  1,  14;  Dionys.  15,  7.  — 28  Vell. 
Pat,  1,  14  ;  C.  i.  I.  9,  p.  396. 


123 


LAT 


—  97  i 


LAT 


bientôt  par  le  droit  de  cité  complet;  Fundi,  Formiae, 
Arpinum  l’ont  en  188  x,  les  Sabins  en  268  2  ;  la  plupart 
des  villes  latines  et  sabines  jusqu’au  Liris  et  au  Yolturnus 
paraissent  avoir  obtenu  le  droit  de  cité  complet  un  siècle 
avant  la  guerre  sociale3.  Le  droit  latin  s’applique  donc 
dès  lors  en  Italie  :  1°  Aux  villes  qui  le  reçoivent  posté¬ 
rieurement;  mais  nous  ne  les  connaissons  pas  dans  le 
détail;  ainsi  des  trois  villes  des  Herniques  qui  conti¬ 
nuèrent  à  rester  alliées, Ferentinum,Alelrium  etVerulae  4, 

Ferentinum  est  compté  plus  tard  parmi  les  Latins5.  Du 
fait  que  des  villes  ont  frappé  des  monnaies  avec  des 
légendes  latines,  Mommsen  conclut  qu’elles  ont  eu  en 
general  le  droit  latin  6  ;  ce  serait  le  cas  pour  les  Vestini, 
Larinum,  Teate,  Apulum,  Caiatia,  Aquinum.  Il  est  clair, 
en  eflet,  que  si  le  droit  latin  a  été  donné  après  la  guerre 
sociale  à  des  villes  étrangères  de  la  Gaule  cisalpine,  c’est 
qu  il  avait  été  donné  auparavant  à  des  villes  non  latines 
de  l’Italie  centrale.  2°  Aux  colonies  latines  des  trois 
catégories,  celles  fondées  en  commun  par  les  Romains, 
les  Latins  et  les  Herniques  jusque  vers  389,  celles  fondées 
par  les  Romains  seuls  jusqu’à  la  dissolution  de  la  ligue 
(Sutrium,  Setia,  Nepete),  celles  fondées  ensuite  par  les 
Romains  [coloniae  latinae,  p.  1307-1309].  Ces  colonies 
latines  constituent  désormais  la  masse  du  nomen  latinum. 

V.  La  cinquième  période  va  jusqu’en  49  av.  J.-C.  A  la 
fin  de  la  guerre  sociale,  la  LexJulia  de  90  donne  le  droit 
de  cité  aux  villes  latines  7;  le  droit  latin  disparait  donc 
de  1  Italie  propre  ;  dans  la  Gaule  cisalpine,  les  quatre 
colonies  latines  de  Placentia,  Bononia,  Cremona  et 
Aquileia  obtiennent  aussi  la  cité  et  deviennent  des  mu- 
nicipes  de  droit  complet8.  En  81,  la  lex  Cornelia  decivi- 
tate  de  Sylla  remet  quelques  villes  dans  le  droit  latin, 
mais  ce  n'est  que  passager  9.  La  Gaule  cispadane  reçoit 
sans  doute  aussi  le  droit  de  cité  en  8910;  la  Gaule  trans- 
padane  est  organisée  en  89  par  la  lex  Pgmpeia  du  consul 
Cn.  Pompeius  Strabo;  elle  divise  cette  région  celtique  en 
circonscriptions  urbaines,  leur  donne  le  droit  latin  des 
colonies11,  en  leur  attribuant  à  chacune  une  certaine 
étendue  de  territoire  celtique,  loci  attribut! ',  contributif. 
Toutes  les  villes,  cités  autonomes  13,  colonies  de  citoyens, 
villes  et  colonies  latines1*,  ont  pu  avoir  de  ces  lieux 
attribués  ;  les  habitants  qui  s’y  trouvent  ont  une  situa¬ 
tion  inférieure  ;  leurs  agglomérations  (gens,  castellum , 
oppidum ,  conciliabulum)  n’ont  ni  souveraineté  politique 
ni  magistrats  ;  elles  relèvent  à  tous  les  égards  de  la  ville 
suzeraine  qui  leur  rend  la  justice  par  ses  magistrats  ou 
par  des  praefecti  jure  dicundo  spéciaux15;  leur  terri¬ 
toire  est  considéré  comme  un  ager  privatus  ;  ils  peuvent 
recevoir  de  la  cité  suzeraine  des  terres  en  jouissance 
moyennant  le  paiement  d'une  taxe  10.  Les  lieux  attribués 
à  des  villes  latines  ou  romaines  ont  généralement  le  droit 
pérégrin17  ;  attribués  à  des  villes  romaines,  ils  ont  quel¬ 
quefois  le  droit  latin  ;  tel  fut  le  cas  des  gentes  Euganeae 

1  Liv.  38,  36.  —  2  Vell.  Pat.  1,  14;  C.  i.  I.  10,  p.  556.  —  3  Cic. 

Pr.  Balb.  13,  31;  De  off.  1,  11,  35.  —  4  Liv.  9,  43.  —  5  Liv.  34, 

42,  5  ;  C.  i.  I.  10,  p.  572.  —  6  Le  droit  public  romain,  trad.  fr.  VI,  2,  p.  243-244. 

—  7  Cic.  Pr.  Balb.  8,  21  ;  Gell.  4,  4,  3;  Vell.  Pat.  2,  10;  Appian.  Bell.  civ. 

1,  49.  —  8  Ascon.  In  Pison.  p.  3;  C.  i.  I.  5,  n»>  903,  908  et  p.  83.  —  9  Sali. 

Hist.  fr.  41,  p.  12,  fl  (éd.  Dielsch);  Cic.  Pr.  Dom.  30,  79;  De  leg.  agr.  3,  2,  5; 
Appian.  Bell.  civ.  1,  100  ;  Vell.  Pat.  2,  10.  —  10  On  le  déduit  de  Cic.  Ad.  AU.  1,’ 

1,  2,  et  Dio  Cass.  37,  9.  —  il  Ascon.  In  Pison.  p.  3;  Plia.  Hist.  nat.  3,  138. 

—  <2  Ce  sonl  les  expressions  techniques  :  Caes.  Bell.  gai.  1,  00,  7,  76  ;  Plin.  Hist. 
nat.  3,  4,  37;  3,  20,  134,  138;  3,  3,  18;  4,  22,  117;  C.  i.  I.  0,  532  (décret 
d’Antonin);  5050  (décret  de  Claude);  Lex  col.  lui.  Genet.  c.  103  ( C .  i.  I.  2,  sup¬ 
pléai.  5439).  —  13  Ibid.  C.  i.  I.  1,  n»  199.  —  14  Jaeil.  Hist.  3,  34.  —  13  Grom. 


attribuées  à  la  fin  de  la  République  aux  municipes  de 
Brixia  (Brescia)  et  de  Bergomum  (Bergame),  en  particu 
lier  des  Trumplini  et  des  Camunni18.  La  Gaule  transpa- 
dane  ne  reste  pas  longtemps  dans  le  droit  latin  ;  dès  65 
un  des  censeurs  avait  eu  l’intention  d’incorporer  lés 
Transpadans  dans  les  tribus  19  ;  avant  49,  César  les  admet 
dans  les  légions20  ;  en  49,  il  leur  donne  enfin  la  cité  et  le 
régime  municipal21.  Le  droit  latin  ne  subsiste  donc  plus 
en  Italie  que  dans  les  petites  peuplades  des  Alpes. 

Après  cette  exposition  historique,  étudions  le  droit 
latin  jusqu  à  la  fin  de  la  République.  Au  point  de  vue 
géographique,  on  peut  distinguer  trois  périodes  succes¬ 
sives.  Le  plus  ancien  Latium  allait  du  Tibre  au  nord 
jusqu’au  Numicius  et  à  la  ville  d’Ardea  au  sud,  de  la  mer 
aux  monts  Albains  22  ;  on  a  vu  dans  une  seconde  période 
1  extension  de  ce  Latium  ;  ce  fut  le  Latium  antiquum, 
limité  par  les  frontières  des  Etrusques,  des  Sabins,  des 
Eques,  des  Herniques  et  des  Rutules  ;  Pometiaet  Velitrae 
étaient  des  villes  volsques  ;  les  colonies  anciennes  de 
Sutrium  et  de  Nepete  restaient  en  dehors;  du  côté  de 
1  Etrurie,  la  frontière  était  à  peu  près  invariable23.  Dans 
une  troisième  période,  le  Latium  s’étendait  d’abord  jus¬ 
qu  a  Tarracina,  comme  le  montre  le  traité  avec  Carthage, 
puis  jusqu’à  Fundi24  et  enfin  jusqu’au  Liris25  et  même 
jusqu  au  Yolturnus  •c  :  ce  fut  le  Latium  adjectum  ou 
novum  qui  comprenait  les  pays  des  Rutules,  des  Volsques, 
des  Herniques  et  des  Aurunces  ;  à  l’intérieur  des  terres, 
Slrabon-1  met  dans  le  Latium  Interamna  du  Liris  et 
Casinum  ;  Ptolémée  28  y  fait  entrer  Atina  et  Aquinum; 
sur  la  côte,  il  faut  sans  doute  laisser  Sinuessa  à  la  Cam¬ 
panie.  La  nouvelle  dénomination  de  Latium  novum  ou 
adjectum  fit  disparaître  sur  les  listes  officielles  les  noms 
des  Herniques  et  des  Volsques29.  Les  villes  principales 
étaient  :  1°  dans  le  Latium  antiquum  sur  la  côte,  Ostia, 
Lauientum  (6  apocotto),  Lavinium  (P  rat  ira  ) ,  Cas  tr  um  I  n  u  i 
(bossa  dell  fncastro) 30,  Castra  Troiana31,  Satricum 
(Casale  di  Conçu),  Pollusca32,  Astura  (Torre  d’Astura ); 
dans  le  pays  entre  1  Anio  et  le  Tibre,  Cameria,  Corniculum, 
Medullia  (Sant  Atigelo),  Ameriola33,  Caenina,  Nomentum 
(■ Mentana ),  Ficulea,  Crustumerium,  Fidenae,  Antemnae; 
au  sud  de  1  Anio,  dans  le  voisinage  de  Rome,  Bovillae, 
Apiolae,  Mugilla,  Ficana,  Politorium,  Tellenae;  dans  le 
massif  des  monts  Albains,  Alba,  Aricia  (La  liiccia ), 
Lanuvium  (Civita  Lavigna),  Corioli,  Tusculum  (Fras- 
catt),  Labicum  ( Colonna ),  Corbio,  Algidum;  dans  la 
plaine  de  1  Anio  jusqu  au  Trerus,  Collatia,  Gabii,  Aesula, 
libur  (  rivoli ),  Empulum  (. Ampiglione ), Sassula,  Scaptia, 
Pedum,  Praeneste  ( Palestrina ),  Bola,  Tolerium;  2°  dans 
le  Latium  novum  3*,  Velitrae  (Velletri),  Signia  ( Segni ), 
Anagnia  ( Anagni ),  Ferentinum  ( Ferento ),  Frusinum 
(■ Frosinone ),  Ecetrae,  Cora  (Cori),  Norba  (. Norma ),  Setia 
(Sessa),  Privernum  ( Piper  no ),  Antium  (Porto  d’Anso), 

vet.  p.  100  ;  C.  i.  I.  10,  6104.  —  10  Grom.  vet.  p.  135  ;  C.  i.  I.  1,  199; 
Sliab.  4,  1,  12,  p.  186.  —  17  C.  i.  I.  5,  532  :  les  Garni  et  les  Catali 
attribués  à  Tergesle.  —  l»  Plin.  Hist.  nat,  3,  20,  133.  —  19  Dio.  Cass.  37, 

9.  —  20  Caes.  Bell.  civ.  3,  87.  —  21  Cic.  Ad.  Att.  5,  2,  3;  Dio.  Cass.  41,  30. 

—  22  Voir  la  carte  du  Corp.  inscr.  lat.  t.  XIV.  —  23  Scvlax,  §  8  ;  Strab.  5,  3, 

4,  p.  231  ;  5,  2,  1,  p.  219;  5,  3,  9,  p.  237;  Plin.  Hist.  niât.  3,  5,  56.  —  24  Sert. 
Ad.  Aencid.  i,  6.  —  25  plin.  Hist.  nat.  3,  5,  50;  Ptolcm.  3,  1,  6,  63. 

--  20  Strab.  Loc.  cit.-,  Pomp.  Mel.  2,  4,  70;  Plin.  Hist.  nat.  3,  5,  59;  Scrv. 
Loc.  cit.  —  27  9,  p.  237.  -  28  3,  1,  03,  68.  -  29  Polyb.  2,  24.  -  30  Annal,  dell ’ 
Ist.  1830,  p.  1-25.  —  31  Praedium  Troianum  dans  Cic.  Ad.  Att.  9,  13,  6.  —  32 
Nibby,  Analisi  storica,  I,  p.  409.  —  33  Nibbv,  Loc,  cit.  2,  p.  323.  —  34  D’après 
Corp.  inscr.  lat.  X,  p.  498-499  et  carte. 


LAT 


LAT 


-  97? 


Anxur  ou  Tarracina,  Fundi  ( londi ),  Caecubum,  Formiae 
(Mola),  Caieta  ( Gaeta ),  Minturnae,  Sinuessa,  Interamna, 
Aquin  um  (Aquino),  Casinum  (San  Germano),  Atina 
(Atina),  Arpinum  (. Arpino ),  Sora  (Sara),  Fregellae. 

Passons  aux  institutions,  en  distinguant  deux  périodes, 
l’une  antérieure,  l’autre  postérieure  à  la  dissolution  de 


la  ligue. 

I  La  nation  latine  comprend  en  théorie  tous  les  peuples 
(populi)  de  même  nationalité  que  Rome  ;  c’est  le  nomein 
latinum  1  (aussi  commune  Latium)*,  mot  qui  désigne 
d’abord  les Prisci Latini 3,  puis  par  extension  les  Latins 
du  nouveau  Latium  4.  Le  Latin  s’appelle  généralement 
l’homme  de  race  latine  ( nominis  Latini)  3,  rarement  dans 
les  textes  anciens  officiels  6,  mais  très  fréquemment  chez 
les  écrivains,  Latinus ,  plus  tard  par  extension  sodas 
nominis  Latini  ou  socius  Latinus  7.  On  trouve  aussi  les 
expressions  dois  ex  Latia,  dois  latinus  8.  La  représen¬ 
tation  religieuse  de  la  ligue,  la  fête  fédérale  était  le 
Latiar ,  célébré  sur  le  mont  Albain.  Était-elle  de  date 
très  ancienne?  D’après  la  tradition  romaine,  la  fête  aurait 
été  fondée  après  l’établissement  de  l’hégémonie  romaine 
sur  le  Latium  soit  par  Romulus,  mais  plutôt  par  Tullus 
Hostilius  ou  l’un  des  deux  Tarquins  9;  l’organisation  de 
la  fête  à  l’époque  historique  implique  l'hégémonie  de 
Rome;  mais  d’autres  légendes  la  rattachaient  aux  Prisci 
Latini ,  aux  rois  Faunus  ou  Enée10;  le  sanctuaire  du 
mont  Albain  paraît  avoir  appartenu  primitivement  non 
pas  aux  Albains,  mais  aux  Cabenses 11 .  Les  Latins  se 
réunissaient  plutôt  primitivement  dans  le  temple  de 
Vénus  sur  le  territoire  de  Lavinium  ou  d’Ardea  ou  dans 
le  bois  de  Diane  près  d’Aricia12;  à  l’époque  historique,  ils 
se  réunissent  habituellement  dans  le  bois  et  à  la  source 
de  la  dea  Feront  ma,  oii  était  en  même  temps  leur  marché 
commun1*.  C’est  donc  sans  doute  seulement  après  la 
conquête  de  tout  le  Latium  que  le  mont  Albain  est  devenu 
le  centre  religieux  de  la  ligue  [feriae  latinaeJ.  Chaque 
peuple  apportait  ses  victimes  pour  le  sacrifice  de  la  fête 
fédérale;  la  principale  était  un  taureau  dont  la  viande  était 
partagée  entre  les  représentants  des  peuples.  A  l’épo¬ 
que  historique,  on  continua  la  distribution  de  viande 
même  à  des  peuples  qui  n’existaient  plus,  soit  par  une 
isparition  matérielle,  soit  par  la  suppression  de  leur 
existence  politique;  d’autre  part,  comme  les  villes  par¬ 
venues  au  droit  latin  par  l’extension  du  Latium  et  après 
a  dissolution  de  la  ligue  furent  exclues  de  la  distrifau- 
J°n,  ce  sacrifice  conserva  plus  ou  moins  fidèlement 
image  de  la  ligue  telle  qu’elle  était  au  moment  de  sa 
sso  ution.  Il  est  difficile  de  retrouver  la  liste  primitive 
es  populi  admis  au  sacrifice  ;  elle  était  sans  doute  au 


(h  «  ;  5  61  •  S  )«'.  !’  7'  ~  2  ClnC'US  dans  Fcstus>  P'  m  ! 11  y  a  dan< 

nat.  34,  5’  o0  ’  J.  ”  ’T°V  f"  A«™"v-  —  3  Liv.  1,  32,  43  ;  8,  3,  9  ;  Plit 
bus)  ■  iOR  ’  i"  |  „  ‘  •  Jurj'  40’  2  !  CorP ■  inscr.  lat.  1,  196  (s.-c.  de  liacc 

tr, ’Trtr}'*!- '■  ** <*»  *»"»■■■*)•  -  ‘ ** 

d,,«  t««‘i  ■  ,%  “■  y  -, 1  c°rr-  “•  '■  m 

faf.  2,  1903-04)  -  9  e!/  ,  c  7  Ju^  00  !  ^ex  Malac.  c.  53  ( Corp . 

;  4,  49;  0,  95  *  I  iv  8  t  2  C''C'  Pr ’  PlanC'  P'  255  <éd-  0relli)  !  Di, 

le. -il  r'  .  ’  8  ;  De  mr-  »,  2;  Plut.  Rom.  23,  9.  -  10  S  du 

P-  232  c  ;  iCu  L  T"  T  2173  ;  nat.  2,  209  ;  3,  63.  _  ï.  S 

~13  Diouy,  3  3,  V."’,  ’  7‘;  Plm-  Hist-  nat.  3,  5,-57;  Cat.  dans  Prise.  4, 

-‘‘Voirsurce’slis’tes-Sè  5°’  2,38  ;  7’23;  Fcstus’  *•  n.praetor, 

Mus.  1882,  p,  j.og. cec  ’  -  rl:undenétudien  zur  âlteren  rôm.  Geschichte 
Latium  (Hermes,  °\e  untergegangenen  Ortsdiaften  imeiger 

~'~aHht.nat.Z,s  68-fq  «0  '  Les  llstes  %urent  dans  l'article  feuuf.  , 

Caenina,  Ficana  c.,,7  ’  .  Satricum,  Pometia,  Scaptia.Politorium,  Tellene 

Antipolis  (Janicule)  !"ncrium’  Ameri°la,  Medullia,  Corniculum,  Saturnia  i 
~  17  Scaptia,  Tellenà  s  ?  e'”nae’  Camerium'  Col,atia,  Amitinum,  Norba, 

’  "a  ‘cum’  figurent  certainement  sur  la  liste  sacrée,  etsai 


début  la  même  que  celle  des  .30  prétendues  colonies 
albaines  ;  les  listes  qu’on  a  dans  Pline  l’Ancien  et  dans 
Denyssont  d’origine  très  ancienne  et  ont  gardé  beaucoup 
de  formes  archaïques,  mais  elles  ont  été  très  remaniées, 
comme  le  prouve  la  présence  de  la  lettre  récente  y  u.  La 
liste  que  donne  Pline13  des  villes  disparues  (politique¬ 
ment  parlant)  du  Latium,  et  qui  ne  comprend  que  les 
Prisci  Latini,  forme  deux  séries  :  la  première  a  20  noms 
de  villes,  par  ordre  alphabétique16,  qui,  sauf  quelques 
erreurs,  ne  devaient  plus  figurer  sur  la  liste  sacrée  17 ;  la 
deuxième  commence  par  les  mots  «  et  cum  his  carnem 
in  monte  Albano  soliti  accipere  populi  »  18  ;  elle  paraît 
donc  indiquer  les  peuples  qui,  tout  en  n’existant  plus 
politiquement  ou  matériellement,  continuaient  à  figurer 
dans  le  partage  de  la  viande  ;  elle  donne  31  noms  19.  Pline 
portant  à  33  le  nombre  des  peuples  disparus,  il  faut 
admettre  que  deux  noms  ont  disparu  sur  les  manuscrits. 
Dans  la  première  liste  de  Pline,  les  noms  de  Saturnia 
(Rome)  et  d'Antipolis  (Janicule)  viennent  de  légendes 
anciennes;  Norba  et  Sulmo  sont  des  villes  volsques;  les 
seize  autres  villes  sont  tirées  en  grande  partie  de  la  liste 
des  villes  des  Prisci  latini  fondées  par  le  roi  d’Albe, 
Latinus  Silvius,  autrement  dites  des  colonies  albaines, 
qu’on  a  dans  d’autres  textes20.  Il  y  avait  d’ailleurs  d’autres 
listes  de  colonies  albaines;  Virgile  signale  d’autres  pré¬ 
tendues  fondations  des  rois  albains21.  Denys  donne  deux 
listes  :  la  première,  attribuée  à  l’époque  de  Tarquin  le 
Jeune,  comprend  47  peuples  qui  avaient  droit  au  partage22; 
la  deuxième  comprend  les  30  peuples  qui  se  seraient 
réunis  contre  Rome,  à  l’époque  de  Spurius  Cassius23. 
Comment  concilier  et  expliquer  ces  différentes  listes  ? 
Le  système  le  plus  vraisemblable  est  celui  de  Mommsen  : 
aux  30  villes  disparues  que  donne  Pline,  ajoutons  les 
12  villes  survivantes  de  l’ancien  Latium  que  nous  con¬ 
naissons  d’une  manière  certaine  et  qui  sont  aussi  dans 
Denys,  à  savoir  :  Aricia,  Bovillae,  Cora  2\  Gabii,  Labici, 
Lanuvium,  Laurcntum,  Lavinium,  Nomentum,  Praeneste, 
Tibur,  Tusculum  ;  puis  Ficulea23  et  les  Cabenses  qui  ont 
duré  jusqu'au  m*  siècle  ap.  J.-C.26;  on  a  43  noms.  En  y 
joignant  les  trois  peuples  des  Scaptini,  des  Telleni,  des 
Corbinti,  que  donne  Denys,  on  a  48  noms,  c’est-à-dire  à 
peu  près  le  total  qu’il  indique27;  cette  augmentation  du 
nombre  primitif,  de  30  à  48,  a  dû  se  faire  de  très  bonne 
heure  par  la  transformation  en  peuples  indépendants  de 
botfrgâdes  auparavant  subordonnées  à  des  peuples  dé¬ 
truits28.  A  ces  42  ou  48  peuples,  on  ajouta  plus  tard  les 
six  plus  anciennes  colonies  latines,  Ardea,  Circeii, 
Norba,  Satricum,  Setia,  Velitrae  ;  la  liste  totale  fut  donc 
de  53  ou  54  peuples,  sur  lesquels  environ  33  ne  subsis- 


.  ci  vutri  nia  se 

rapportent  plutôt  à  fuere  du  début,  qu'à  soliti.  — 19  0n  la  ramène  généralement  à  30, 
Nicbuhr  en  faisant  du  premier  nom  Albenses  l’épithète  de  tous  les  peuples  suivants’ 
Seeck  en  combinant  Albani  et  Longulani  ;  d'autres  auteurs  en  faisant  de  Latinienses 
l'épithète  de  Hortenses.  20  Euseb.  I,  p.  289(18  villes);  Orig.gent.  rom  c  17 
P'i“e  d0,me  des  noms  de  villps  q»>  ne  sont  pas  dans  Eusèbe  :  Ameriola,  Amitinum  ’ 

Antemnae,  Collatia,  Corniculum,  Ficana,  Polilorium,  Tifata.-  21  Aeneid  G  773.775’. 

Bola,  Castrum,  [nui,  Fidenae,  Nomentum.  -  22  4,  49.  Denys  y  fait  entrer ’à  tort  les 
Herniques  et  deux  villes  Volsques.  -235,  61.  Les  manuscrits  n’en  donnent  que  29 
“  21  Cora  n'est  pas  colonie  latine,  car  il  faut  lire  avec  Mommsen  .Sora  et  non  Cora 
dansLiv.  2/,  10;  29,  l.>;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  10,  p.  SCO,  645.  —  2.ï  Liv  1  38  -3  52  • 
Dionys.  1,  10;  Vsrr.Re  ling.  lat.  6,18;  Cic.  Ad.  AU.  12,  34,  1  ;  Orellb  III,’  voir  U 

détermination  topographique  dans  Mommsen,  Loc.  cit.  p  51  note  1  _ -  26  Plin  Hist 

nat.  3  5,  64  ;  Corp  inscr.  lat.  6  ,  2  1  73.  -  27  Cinq  villes  sont  à  la  fois  dans  Pline  et 
dans  Denys  :  Dubetam,  Corioli,  Pedum,  Querquetula,  Toleria.  Deux  sont  pro- 
blématiques  :  les  Caruentani  de  Denys  et  les  Cusuetani  de  Pline.  Les  Foreti  de 
F  line  et  les  ïortineii  de  Denys  sont  peut-être  identiques.  —  28  Ljv  G  £>9  •  Fcstus 
.  t>.  trxentem  ter  Hum,  p.  363.  ’  ’  ’ 


—  976  — 


LAT 


IAT 


taient  plus  qu’au  point  de  vue  religieux  ou  avaient  com¬ 
plètement  disparu.  Mais  jusqu’à  la  fin  le  nombre  officiel 
fut  30,  nombre  sacré,  multiple  de  3,  qu’on  trouve  dans 
toutes  les  institutions  primitives  de  Rome;  on  groupait 
sans  doute  toutes  les  villes,  mortes  ou  survivantes,  autour 
de  30  noms,  de  façon  à  conserver  le  nombre  théorique. 

Quelle  était  la  constitution  fédérale?  La  comparaison 
établie  par  Denys  entre  les  lois  latines  et  les  amphi¬ 
ctyonies  grecques  n’a  aucune  valeur  historique  '.  Nous  ne 
pouvons  qu’utiliser  avec  prudence  par  voie  d’analogie 
les  renseignements  de  l’époque  postérieure.  Les  villes 
avaient  entre  elles  le  droit  de  guerre,  sauf  pendant  la 
durée  de  la  fête  fédérale,  mais  pas  avec  des  États  non 
latins  .  Elles  avaient  sans  doute  entre  elles  le  comniev- 
ciuvn ,  quant  au  conubium ,  il  y  a  de  nombreux  exemples, 
mais  légendaires,  de  mariages  mixtes  3;  l’interdiction  du 
conubium  après  la  dissolut  ion  de  la  ligue  montre  que  beau 
coup  de  villes  devaient  l’avoir  entre  elles;  trois  villes  des 
Herniques  le  possédaient4  ;  c’est  tout  ce  que  nous  savons. 
L  institution  du  cens  était  peut-être  la  même  partout. 

Les  Latins  avaient  au  lucus  Feroniae  un  temple  et  un 
marché  communs  avec  les  Sabins5.  L’assemblée  de  la 
ligue  ( concilium )  se  tenait  au  pied  du  mont  Albain,  dans 
le  bois  et  à  la  source  de  la  dea  Fercntina  ;  nous  ignorons 
absolument  comment  elle  fonctionnait.  La  légende  en 
donne  la  présidence  aux  rois  ou  dictateurs  d’Albe,  puis  à 
deux praetores  non  romains  6,  à  côté  desquels  elle  place 
une  sorte  d’assemblée,  des  decem  primi  7  ;  il  est  peu 
vraisemblable  que  cette  assemblée  ait  eu  la  juridiction 
criminelle8.  Il  est  probable  que,  comme  le  disent  les  his¬ 
toriens  anciens,  et  en  vertu  des  ressemblances  nationales, 
il  y  avait  dans  les  villes  latines  des  patriciens  et  des  plé¬ 
béiens,  des  patrons  et  des  clients,  un  sénat,  un  droit 
d’asile,  des  sacra  comme  à  Rome 9,  que  les  magistratures 
municipales  étaient  déjà  celles  qu’on  trouvera  plus  tard 
et  que  le  droit  privé  était  analogue  à  celui  de  Rome.  Nous 
avons  vu  que  le  rôle  de  Rome  dans  la  confédération  avait 
été  complètement  dénaturé  par  la  légende  romaine.  Elle 
a  représenté  les  relations  de  Rome  et  des  Latins  à  la  fois 
comme  un  foedus  aequum  et  comme  une  subordination  à 
Rome  10.  Denys  a  refait  le  prétendu  traité  de  Spurius  Cas- 
sius  sur  le  modèle  des  traités  grecs  de  symmachie  et 
d’isopolitie  u.  Rome  est  censée  exercer,  sous  Tullus  Hos- 
tilius,  l’hégémonie  qu’avait  exercée  Albe,  el  les  traités  sui¬ 
vants  sont  censés  la  renouveler  ou  la  confirmer12.  Elle 
est  exprimée  au  point  de  vue  religieux  par  la  présidence 
du  Latiar13  et  par  le  droit  qu’ont  les  magistrats  romains 
de  partager  la  chair  des  taureaux  sacrifiés.  Au  point  de 
vue  politique,  Rome  peut  conclure  des  traités  spéciaux 
avec  des  villes  fédérées  :  tel  fut  le  traité  avec  Lavinium, 
puis  avec  Laurentum,  renouvelé  tous  les  ans  jusque  sous 
l’Empire14,  et  le  traité  qu’on  a  vu  avec  Gabii.  Rome  est 
représentée  comme  participant  aux  délibérations  du  con- 
çilium ,  mais  sans  y  avoir  le  droit  de  suffrage15,  proba- 

1  4,23,26.  —  2  Dionys.  8,  13;  9,  60,  67;  4,  49;  Liv.  2,  30,  8  ;  2,  53,  4  ; 

3,  19,  8  ;  8,  4,  8  ;  Macrob.  Sat.  1,  10,  6.  —  3  Liv.  1,  26,  2;  1,  49,  9  ;  Dionys.  4, 
43;  6,  1  ;  Fest.  p.  170,  s.  v.  Numerium.  —  4  Liv.  9,  43.  —  5  Liv.  1,  30;  26, 

2;  Dionys.  3,32;  Plin.  ffist.  nat.  3,5;  Serv.  Ad.  Aen.  H,  785.  —  6  Liv. 
8,3,  9;  Dionys.  3,  34 ;  5,  61  ;  6,  4.  —  7  Liv.  8,  3,  9.  —  8  Liv.  1,  51,  9; 
Dionys.  4,  49.  —  9  Liv.  1,  9,  14,  30;  49,  50  ;  2,  18,  37;  3,  18;  0,  26; 
Dionys.  3,  32;  7,  71.  —  10  Liv.  8,  4,  2;  1,  45;  3,  34;  1,  52,  4;  8,  2,  12;  Dionys.  3, 
49,  54.  —  H  6,  95.  —  12  Liv.  1,  32,  5;  1,  52;  Dionys.  3,  34.  —  13  Dionys.  4,  49. 
—  14  Liv.  1,  14;  8,  11,  15  ;  Corp.  inscr.  lat.  10,  p.  797.  —  13  Dionys.  4,  45  ;  5,  50; 
Liv.  1,  51.  —  10  Liv.  1,  25,  1  ;  1,  52,  5;  6,  10,  6  ;  7,  12,  7;  8,  4,  7;  3,  4,  10;  3, 
22,  4;  4,  26,  12;  7,  25,  5;  Dionys.  9,  5.  —  17  Rüm,  Gesch.  2,  343.  —  18  Fest. 


blement  à  l’imitation  de  Sparte.  Elle  réclame  chaque 
année  le  contingent  militaire  de  la  ligue  d’après  les  trai¬ 
tés16  ;  l’hypothèse  de  Schwegler  que  pour  le  commande¬ 
ment  il  y  aurait  eu  roulement  entre  les  Romains  et  les 
Latins  est  inadmissible17;  le  texte,  d’ailleurs  altéré,  de 
Cincius  18  paraît  dire  que  la  ligue  faisait  prendre  les  aus¬ 
pices  à  Rome  par  des  Romains  délégués  à  cet  effet  et 
remettait  ensuite  ses  troupes  au  consul  (praetor)  romain. 
Les  annalistes  romains  ont  évidemment  représenté  l’or¬ 
ganisation  des  troupes  d’après  les  institutions  posté¬ 
rieures19  ;  les  textes  de  Tite  Live20,  où  on  voit  une  armée 
consulaire  composée  par  parties  égales  de  Romains,  de 
Latins  etd’Herniques,  et  une  autre  armée  consulaire  com¬ 
posée  seulement  de  cohortes  latines  et  herniques,  sont 
seulement  vraisemblables.  Le  butin  de  guerre  (terres  et 
objets  mobiliers)  devait  être  partagé  d’abord  entre  les 
Romains  et  les  Latins,  puisen  trois  parties  après  l’adjonc¬ 
tion  des  Herniques  [agrariae  leges]  21 .  Pour  le  droit  civil 
et  l’administration  intérieure,  les  villes  latines  gardaient 
sûrement  leur  autonomie,  comme  on  le  verra  dans  la 
seconde  période.  Ont-elles  le  conubium  «avec  Rome?  Il  n’y 
a  de  preuves  ni  pour  ni  contre  cette  hypothèse22. 

Elles  ont  probablement  le  commercium  ;  le  traité  dit  de 
Spurius  Cassius  renfermait  des  stipulations  sur  les  prêts 
d’argent  et  la  remise  d’un  gage23.  La  clause  que  donne 
Denys, d’après  laquelle  les  actions  nées  de  contrats  devaient 
être  jugées  dans  les  dix  jours,  au  lieu  où  l’affaire  avait 
été  conclue,  nous  parait  apocryphe  et  empruntée  à  des 
traités  grecs24.  Denys  accorde  également  aux  Latins,  con¬ 
formément  à  sa  théorie,  le  droit  de  voter  à  Rome  et  de  de¬ 
venir  citoyens  romains  en  y  établissant  leur  séjour 25  ;  nous 
ignorons  s’il  en  était  réellement  ainsi  dès  cette  époque. 

II.  Passons  à  la  seconde  période.  Nous  avons  vu  les 
principaux  changements  politiques  amenés  par  la  disso¬ 
lution  de  la  ligue.  Dès  lors,  la  terminologie  rassemble  les 
Latins  et  les  socii  italiques,  quoiqu’il  y  ait  entre  ces  deux 
groupes  des  différences  notables  et  que  les  Latins,  parents 
naturels  ou  fictifs  des  Romains,  aient  une  situation  pri¬ 
vilégiée.  Le  texte  le  plus  ancien,  le  sénatus-consulle  sur 
les  Racchanales  de  186  av.  J.-C.  2C,  met  avec  raison  le 
nomen  Latinum  avant  les  socii  ;  mais  postérieurementon 
ne  met  les  Latins  en  tète  que  pour  opposer  les  deux 
groupes27;  en  général,  on  les  met  en  seconde  ligne28; 
quelquefois  même  on  confond  les  deux  groupes  sous  L 
nom  d’alliés  de  la  race  latine  (socii  Latini  nominis )  ou 
de  Latins29.  Les  Latins  s’appellent  Latini ,  nomen  Lati¬ 
num ,  socii  Latini  nominis.  Le  citoyen  d’une  ville  latine 
étant  municeps  par  rapport  à  Rome,  sa  ville  peut  s’appeler 
municipium  au  sens  primitif  du  mot30;  sous  l’Empire, 
on  verra  aussi  des  municipes  latins. 

Les  villes  latines  sont  dispensées,  comme  les  socii ,  de 
toute  redevance  directe  ;  elles  font  leur  recensement 
elles-mêmes,  sauf  douze  colonies  latines  obligées  de¬ 
puis  20i,  à  cause  de  leur  révolte  pendant  la  deuxième 

p.  241,  s.  v.  praetor.  —  19  Liv.  8,  8,  14;  Dionys.  9,  5,  16,  18.  —  20  3,  22,  4-5;  3, 

4,  10;  3,  5,  8.  —  21  Dionys.  6,  95;  Liv.  2,  41,  1;  Plin.  ffist.  nat.  34,  5,  20. 

—  22  Liv.  8,  4;  Dionys.  6,  18,  20;  8,  69;  H,  2.  —23  Fest.  s.  v.  Nanator. 

—  24  6, 95.  —  23  8,  72.  —  26  Corp.  inscr.  lat.  1,  196.  —  27  Sali.  Jug.  40,  2  ;  Liv.  27,  9 

—  28  Liv.  2,  41,  6;  8,  3,  8  ;  10,  26,  14;  22,  57,  10;  22,  27,  11;  34,  56,  5;  35, 

7,  5  ;  39,  20,  3  ;  37,  2,  6,  9  ;  37.  39,  7;  33,  26,  4;  40,  1,  6;  41,  8,  9;  41,  9,  9; 
Cic.  Verr.  5,  24,  60;  Pr.  Sest.  13,  30  ;  Pr.  Balb.  8,  20-21  ;  lael.  3,  12  ;  Brut.  20, 

99  ;  De  rep.  1,  19,  31  ;  3,  29,  41  ;  Sali.  Jug.  39,  2  ;  43,  4  ;  ffist.  1,  17,  c.  41,  12. 

—  29  Voir  Mommsen,  Droit  public ,  6,  2,  p.  287-289.  —  30  Feslus,  p.  127,  s.  v. 
municipium...  jusqu'aux  mots  praeterquam  de  ;  Corp.  inscr.  lat.  1,  200,  1.  31 
[lex  agraria). 


LAT 


—  977  — 


[.AT 


ffIierre  punique,  à  envoyer  leurs  listes  du  cens  a  Rome  . 
Files  gardent  théoriquement  leur  souveraineté  politique, 
mais  purement  illusoire  ;  elles  sont  soumises,  comme  les 
utres  villes,  à  la  tutelle  et  au  droit  de  police  générale  du 
sénat  qui  refusa  le  triomphe  au  vainqueur  de  Fre- 
cllae  en  125,  en  considérant  cette  guerre  comme  une 
guerre  civile.  Elles  gardent  leur  droit  privé  ;  ainsi  elles 
ont  gardé  jusqu’en  90  leur  législation  spéciale  des  fian¬ 
çailles2  ;  mais  Rome  peut  leur  imposer  telle  ou  telle  loi  ; 
ce  fut  le  cas  pour  la  lex  Didia  de  143,  qui  appliqua  à 
toute  l’Italie  la  lex  Fannia  sur  le  luxe  de  161  ;  pour  le 
plébiciste  Sempronien  de  193,  qui  assimila  les  Italiotes 
aux  Romains  en  matière  de  dettes  d’argent  3  ;  d’ailleurs, 
les  villes  latines  peuvent  adopter  telle  ou  telle  loi  romaine 
à  leur  guise  et  ainsi  devenir  fundus,  municipium  fun- 
danum 4.  Les  deux  droits  latin  et  romain  étaient  d’ail¬ 
leurs  à  peu  près  les  mêmes  sur  les  points  essentiels, 
mariage,  propriété,  puissance  paternelle  s;  de  sorte  que 
l’assimilation  se  faisait  tout  naturellement.  On  prenait 
aussi  partout  les  auspices  de  la  même  façon  qu 'à  Rome  °. 
Il  y  a  commercium  entre  les  Latins  et  les  Romains  ‘ , 
avec  toutes  les  conséquences  qui  en  découlent,  en  parti¬ 
culier  l’emploi  de  la  mancipatio  \  la  possibilité  réci¬ 
proque  de  l’adoption 9,  mais  sans  doute  pas  de  l’adroga- 
tion 10,  le  droit  d’acquérir  la  propriété  complète  du  sol,  de 
contracter  par  le  nexum ,  de  laisser  et  de  recevoir  par 
testament  des  successions  et  des  legs,  de  plaider  devant 
les  tribunaux  ordinaires11.  Quant  au  conubium ,  il  n'est 
probablement  accordé  que  par  concession  spéciale12.  Le 
service  militaire  est  le  même  que  celui  des  socii  ;  c’est 
l’obligation  de  fournir  un  contingent,  fixé  sans  doute  par 
les  traités  (ex  formula)  et  proportionné  à  la  population 
de  chaque  ville.  Elle  est  exprimée  par  la  formule  :  «  Socii 
nominisve  Latin i  quibus  ex  formula  togatorum  milites 
in  terra  Italia  imperare  soient  »13.  Ce  sont  les  villes 
latines  qui  fournissent  la  plus  grosse  partie  du  contin¬ 
gent  des  alliés.  Il  est  probable  que  chaque  ville  impor¬ 
tante  fournit  une  cohors  d’infanterie  et  une  turma  de 
cavalerie14;  peut-être  groupait-on  les  détachements  de 
villes  moins  fortes;  on  ne  sait  au  juste  ce  que  représen¬ 
tent  les  equit es  latini  deTite  Live16.  Les  différents  corps, 
conduits  à  l’armée  romaine  et  dirigés  en  sous-ordre  par 
un  magistrat  indigène16  qu’assiste  un  trésorier11,  sont 
incorporés  dans  les  alae  sociorum  dont  chacune  est  com¬ 
mandée  par  les  6  praefecti  sociorum  romains.  Nous  ren¬ 
voyons  pour  le  détail  aux  articles  exercitus,  alae,  socii. 

On  ignore  quels  furent  les  contingents  de  la  Gaule 
transpadane.  Les  Latins  à  l’armée  jouissent-ils  du  droit 
de  provocatio  ad  populuml  II  semble  qu’en  théorie 
ce  droit  leur  ait  été  refusé  jusqu’à  la  fin18.  Les  lois  des 
Gracques  donnaient  le  droit  de  provocation  au  Latin  qui 


avait  refusé  le  droit  de  cité  romaine19.  Livius  Drusus  pro¬ 
posa  qu’il  fût  défendu  de  frapper  de  verges  un  Latin  à 
l’armée20;  mais  cette  proposition  fut  rejetée  ou,  si  elle 
fut  votée,  abrogée  plus  tard. 

Il  n’y  a  plus  de  partage  régulier  du  butin  ;  mais  a  la 
suite  des  triomphes,  les  alliés  et  les  Latins  touchent  les 
mêmes  gratifications  que  les  citoyens21  ;  quelques  villes 
reçoivent  des  sommes  d’argent22  ;  quant  aux  terres,  les 
alliés  sont  admis  en  partage,  mais  en  général  avec  des 
parts  moindres  que  celles  des  citoyens  2  \  soit  dans  les  fon¬ 
dations  de  colonies,  soit  dans  les  assignations  indivi¬ 
duelles;  dans  la  loi  agraire  de  Tiberius  Gracchus,  l’ex¬ 
pression  «  in  numéro  coloni  »  désigne  peut-être,  selon  la 
conjecture  de  Mommsen,  les  alliés  ou  les  Latins24;  des 
Latins  peuvent  être  admis  dans  des  colonies  romaines,  sans 
toutefois  acquérir  le  droit  de  cité  complet2",  à  moins  que 
la  charte  de  fondation  ne  le  leur  confère  expressément26. 

D’autre  part,  les  villes  alliées  et  latines  reçoivent  en 
jouissance  des  portions  de  territoire,  peut-être  des 
subseciva 27,  et  peuvent  laisser  s’y  établir  leurs  habitants 
par  le  droit  d 'occupatio.  On  sait  que  la  loi  agraire  de 
Tiberius  Gracchus  frappait  dans  ses  intérêts  aussi  bien 
l’aristocratie  latine  que  l’aristocratie  romaine25;  la  loi 
agraire  de  111  indemnise  les  anciens  possesseurs,  tant 
latins  et  alliés  que  citoyens29. 

Au  point  de  vue  politique,  un  texte  obscur  de  Cicéron  3? 
indique  une  division  des  villes  latines  en  deux  catégories. 
On  a  fait  à  ce  sujet  toutes  les  hypothèses  imaginables 
sans  arriver  àun  résultat  satisfaisant.  D’après  Mommsen 31, 
les  12  colonies  latines  les  plus  récentes,  Ariminum  et  les 
11  autres  fondées  entre  268  et  la  guerre  sociale  (Bene- 
ventum,  Firmum,  Aesernia,  Brundisium,  Spoletium, 
Cremona,  Placentia,  Copia,  Valentia,  Bononia,  Aquileia), 
auraient  eu  un  droit  inférieur  ;  elles  auraient  été  privées 
du  conubium ,  du  droit  d’émettre  de  la  monnaie  d’argent, 
et  5  même  (Spoletium,  Bononia,  Placentia,  Cremona, 
Aquileia)  du  droit  d’émettre  de  la  monnaie  de  cuivre  ; 
les  habitants  n’auraient  pu  acquérir  la  cité  par  un  simple 
transfert  de  résidence,  mais  seulement  par  les  autres 
moyens  qu’on  va  voir  ;  ce  droit  des  12  colonies, 
opposé  au  droit  supérieur  des  anciennes  villes  et  colo¬ 
nies  latines,  aurait  été  appliqué  comme  droit  des  Latini 
coloniarii 32,  dès  171,  à  la  colonie  latine  de  Carteia 
(Espagne)  composée  d’enfants  nés  dans  le  camp  de  l’ar¬ 
mée  d’Espagne,  puis  aux  villes  latines  de  la  Transpadane 
après  la  guerre  sociale,  et  ensuite  à  la  fin  de  la  République 
et  sous  l’Empire  aux  villes  latines  des  provinces.  Ce  sys¬ 
tème  est  peu  vraisemblable. 

Un  des  privilèges  les  plus  importants  des  Latins  et  que 
n'ont  pas  les  socii,  est  la  possibilité  légale  d’acquérir  de 
trois  manières  le  droit  de  cité  romaine  :  1°  par  la  trans- 


1  Liv.  2a,  13  ct  37  _  2  Ge„  ^  4j  3  _  3  Macrob  Sat  3,  17) 

s!'p,J’  7‘  T  4  Cic'  Pro  Balb •  8’  20‘21  ;  H,  27;  Fcst.  p.  89;  Gell.  16,  13; 
jy’  au|’  ®>  h®  (1122);  lex  Jul.  municip.  1.  108  ( Corp .  inscr.  lat.  1,20 

s  a  optons  sur  le  sens  très  controversé  de  ces  mois  la  théorie  de  Mommsi 
, m. , ,  Vl\!Uc’  C’  P-  324-  —  6  Lex  Salpens.  c.  21-22  (Corp.  inscr.  lat.  2,  19i 
«29  ï”»!?’4'  -  °W  De  fa*.  3®-  -  1  Ulpian.  19,  5;  L 

cit  n  '033  Plan-  19,  4-  —  9  Liv.  41,  8.  —  10  Le  sens  que  Mommsen  (L 
inadmissiljl  n°^C  'Cu4  ^rcr  b'v-  41>  8.  pour  la  possibilité  de  l'adrogation 
d  Ulpien  .C'i  f  *.*  ^'C'  ^>r°  Paec‘  3®,  202.  —  12  On  peut  le  conclure  du  te: 
22,  57  |’o  !  9-  n  *  *a  P<“‘r‘0<^e  impériale  (0,  4).  —  13  Lex  agraria,  1.  21,  50;  L 
-13  I  k-  Y,  oe  3  1  F>°'yb’  2’  24’  ~  14  Liv-  *L  L  ®i  ®  (pour  Placent; 

Liv.  27  q  ’  10-  16  Pohb-  ®,  21,  5  ;  Liv.  25,  14,  4.  -  17  Polyb.  6,  21, 

d’au  moins  t°mmSCn  PlMic,  C,  2,  p.  304,  noie  3)  rattache  à  cela  l'existci 
dans  enlln  1  'v'S  ciuesteurs  dans  la  colonie  latine  de  Venusia  et  d’au  moins  ci 
elle  de  Flrmum  (C.  i.  I.  9,  439,  5351).  -  1S  Sali.  Jug.  68  ;  Cic.  Ad.  AU. 


Il,  3.  —  19  Lex  repetund.  1.  78  (C.  i.  I.  1,  198)  ;  Val.  Max.  9,  5,  1,  loi  proposée  en 
125  par  M.  Fulvius  Flaccus  «  de  civitate  danda  et  de  provocatione  ad  populnm 
eorum  qui  civitatem  mutare  noluissent  ».  —  20  Plut.  C.  Graec.  9.  —  21  Liv.  41, 
7,  3;  41,  13,  8  ;  39,  5,  17;  41,  43,  7  ;  C.  i.  I.  1,  534.  —  22  C.  i.  I.  10,  6527.  —  23  Liv. 
42,  4,  4  ;  Serv.  Ad.  Aen.  1,2.. —  21  C.  i.  I.  1,  200,  1.  55,  59,  60,  66,  68  ;  Mommsen, 
Droit  public,  4,  p.  350,  note  1.  —  25  Liv.  34,  42.  —  20  Cic.  Brut.  20,  79;  Pro  Balb. 
21,48.  —  27  Lex  agrar.  1.21,  31.  — 28  Cic.  De  rep.  3,  29,  41  ;  Appian.  Bell.  civ.  1, 
30.  — 29  Lex  agrar .  I.  c.  —  30Cic.  Pro  Cacc.  35,  202  «...codera  jure  esse  quo  fuerint 
Ariminenséi  quos  quis  ignorât  duodecim  coloniarum  fuisse  et  a  civibus  Romanis 
hereditates  capere  potuisse?  »  — 31  Hist.  de  la  monnaie  rom.  trad.  fr.  t.  111, 
p.  190  ;  Droit  public,  6,  2,  p.  245  ;  voir  la  liste  des  diverses  opinions  dans  Walter, 
Gesch.  d.  rôm.  Bcchts.  §  253,  note  84.  Mispoulet  ( Les  institutions  politiques  des 
Romains ,  11,  p.  54-56)  croit  au  contraire  que  les  douze  colonies  étaient  privilégiées 
ct  qu  elles  avaient  de  plus  que  les  autres  la  testamenti  factio.  —  32  Gai.  I,  22,  29, 
79;  3,  56;  Ulp.  19,  4. 


LAT 


978  — 


LAT 


lation  du  domicile  à  Rome.  A  l’époque  historique,  le 
Latin  qui  émigrait  à  Rome  y  acquérait  immédiatement 
le  droit  de  cité,  par  une  simple  déclaration  faite  au  cen¬ 
seur  ou  par  une  manifestation  quelconque  de  sa  volonté. 
Ce  droit  illimité  d’émigration  eut  de  bonne  heure  des 
inconvénients  graves  :  il  amenait  la  dépopulation  des 
villes  latines,  1  accroissement  de  la  plèbe  indigente  à 
Rome  ;  les  villes  latines  furent  les  premières  à  se  plaindre 
de  cette  désertion  de  leurs  habitants  aussi,  une  loi  ren¬ 
due  avant  177  interdit  aux  Latins  d’émigrer  à  Rome  s’ils 
ne  laissaient  au  moins  un  fds  dans  leur  ville  d’origine  2. 
Les  Latins  essayèrent  de  tourner  la  loi  par  toutes  sortes 
de  subterfuges,  par  exemple  en  obtenant  de  citoyens 
romains  pour  leurs  enfants  une  adoption  qui  les  rendait 
citoyens  3.  En  187,  on  dut  expulser  de  Rome  12000  La¬ 
tins  4;  en  177,  on  annula  les  émigrations  postérieures 
à  189  et  on  expulsa  les  Latins  arrivés  à  la  cité  depuis 
cette  époque  ;  un  préteur  était  chargé  d’informer  au  cri¬ 
minel  contre  les  récalcitrants  5  ;  il  y  eut  sans  doute  ensuite 
d'autres  expulsions  analogues.  C.  Gracchus  échoua  dans 
sa  tentative  d’accorder  le  droit  de  cité  à  tous  les  Italiens  0  ; 
en  95,  les  consuls  M.  Grassus  et  Q.  Scœvola  firent  voter  la 
lex  Licinia  Mucia  de  civibus  regundis  (ou  redigendis) 
qui  avait  pour  but  d’exclure  les  non-citoyens  et  qui 
visait  particulièrement  les  Latins,  peut-être  même  avec 
effet  rétroactif;  les  délinquants  devaient  être  déférés  à 
un  tribunal  spécial  1  ;  le  résultat  immédiat  de  cette  loi 
qui  exaspéra  les  Latins  fut  la  guerre  sociale.  —  2°  Par  la 
gestion  d’une  magistrature  municipale  ;  la  première 
mention  de  ce  droit  se  trouve  dans  la  lex  repetundarum 
de  123-122  (lex  Acilia  ?)  qui  cite  la  dictature,  la  préture 
et  l’édilité  8.  Ce  droit  fut  conféré  en  89  aux  cités  transpa- 
danes9  et  ensuite,  comme  on  va  le  voir,  aux  provinces  10  ; 
la  questure  conférait  le  droit  de  cité  là  où  elle  était  con¬ 
sidérée  comme  une  magistrature,  par  exemple  à  Nîmes  11  ; 
elle  ne  le  conférait  pas  quand  elle  n’était  qu’un  simple 
munus  ;  en  Espagne,  ce  droit  sera  sans'doute  restreint  au 
duumvirat12.  —  3°  Par  le  mode  suivant  :  la  lex  repe¬ 
tundarum  de  123-122  et,  peut-être  même,  d’après 
Mommsen13,  la  loi  qui  avait  établi  la  procédure  des 
quaestiones  en  149,  accordaient  le  droit  de  cité  à  tout 
étranger  qui  ferait  condamner  un  citoyen  pour  repe- 
tundae ;  la  lex  Servilia  de  111  restreignit  ce  privilège 
aux  seuls  Latins  14. 

Enfin  les  Latins  des  deux  catégories15  ont  le  droit,  au 
début  quand  ils  viennent  temporairement  à  Rome,  plus 
tard,  après  la  suppression  du  droit  d’émigration,  quand 
ils  y  sont  domiciliés,  de  voter  à  Rome  dans  les  comices 
par  tribus  (patricio-plébéiens  ou  plébéiens),  mais  non, 
sans  doute,  dans  les  comices  centuriates.  Avant  le  vote, 
on  tire  au  sort  la  section  dans  laquelle  ifs  doivent  voter  ; 

1  Liv.  39,  3  (187);  41,  8  (177).  —  2  Liv.  41,  8,  9;  où  il  faut  supprimer 
ac  dans  la  phrase  «  lex  sociis  ac  nominis  latinii  »,  car  la  suite  prouve 
qu'il  lie  s’agissait  que  des  Latins,  et  non  des  sncii.  —  3 4J,  8.  La  seconde 
fraude  qu’indique  Tite  Live  est  inintelligible  dans  l’état  du  texte.  Pour  la  première, 
nous  suivons  l’explication  de  Mommsen,  Droit  public ,  6,  2,  p.  232,  note  1. 

—  4  Liv.  39,  3.  —  »  Cic.  Pro  Sest.  13,  30;  Schol.  Bob.  p.  290;  Liv.  41,  9,  9. 

—  6  Appian.  Bell.  civ.  1,  23.  —  7  Ascon.  In  Cornet,  p.  67  ;  Schol.  Bob.  p.  29G  ; 
Cic.  De  off.  3,  11,  47  ;  B  rut  us,  16,  63  ;  Pro  Bnlb.  21,  48,  34.  —  8  C.  i.  I.  1,  198,  1. 
73-83.  —  9  Aseon.  In  Pison.  p.  3  ;  Appian.  Bell.  civ.  2,  20;  Cic.  Ad.  Alt.  5,  11, 
2.  —  10  C.  i.  I.  2,  1945  ad(l.  2090,  1631,  1610,  1635;  12,  83  ;  lex  Salpens.  c.  22  et 
25.  —  11  Strab.  4,  1,  12,  p.  187.  —12  Cf.  lexSalp.  c.  22,  25  et  C.  i.  I.  2,  1945, 1631, 
1610,  1635. —  13  Droit  public,  6,  2,  p.  266.  —  14  C.i.l.  1,  198,  1.  76  ;  Cic.  Pro 
Balb.  23,  53;  24,  54.  —  1»  Mommsen  {Droit  public,  6,  2,  p.  268)  dit  avec  raison 
qu’aucun  texte  n’exclut  les  Latins  de  la  2'  catégorie  et  qu’il  y  a  en  leur  faveur  le 
texte  d’Appien,  Bell.  civ.  1,  23.  —  16  Liv.  25,  3  ;  23,  3.  16  ;  Ascon.  In  Cornet,  p.  70  ; 
Ad  Hrrenn.  1,  12,  21.  Le  port  de  l’urne  pour  le  tirage  se  dit  sitellam  deferre. 


il  en  est  encore  ainsi  à  l’époque  de  Cicéron10  el  pjn 
tard  sous  l'Empire  dans  les  comices  des  villes  latines  •' 
l’égard  des  inro/ae,  tant  citoyens  que  Latins11.  C'est  par 
rapport  à  ce  droit  des  Latins  que  le  Grec  Denys  considère 
comme  une  isopolitie  grecque  leur  situation  légale1» 

La  population  des  villes  latines  comprend,  comme 
celle  des  municipes,  deux  éléments,  les  cives  et  les 
ineolae ;  elle  est  généralement  divisée  en  curies19;  0n 
trouve  comme  magistrats  municipaux  soit  le  dictateur 
[dictator],  soit  deux  préteurs,  comme  à  Lavinium,  à 
Praeneste,  à  Cora20,  dans  les  colonies  latines  de  Signia 
de  Setia21,  dans  les  villes  berniques  d’Anagnia,  de  Capi- 
tulum,  de  Ferentinum22,  plus  tard  dans  les  colonies 
latines  de  Nemausus,  de  Carcaso,  d’Aquae  Sextiae, 
d’Avenio,  de  Vasio,  de  Dea23;  il  est  probable  que  h 
magistrature  des  édiles,  créée  à  Rome  en  367,  a  été 
introduite  peu  après  par  une  loi  générale  dans  toute 
l’Italie  [magistratus  municipales,  aedilis,  municipium]. 

On  a  vu  qu’à  la  fin  de  la  République  le  droit  latin  avait 
été  relégué  dans  la  région  des  Alpes;  c’est  le  jus  Latii » 
ou  Latium 25,  le  droit  de  Latini  coloniarii  ;  il  passe  dans 
les  provinces  où  il  sert,  sous  1  Empire,  d’étape  intermé¬ 
diaire,  avant  l’obtention  du  droit  de  cité  complet.  On  ne. 
1  a  trouvé  jusqu’ici  que  dans  les  provinces  de  civilisation 
romaine,  Alpes,  Sicile,  sud  de  la  Gaule,  Espagne, 
Afrique;  il  est  inconnu  dans  les  provinces  du  Danube, 
du  Rhin,  de  la  Bretagne,  dans  l’Orient  grec;  mais  il  se 
peut  qu'il  ait  été  répandu  dans  la  Dalmatie  et  le  Noîique. 
Nos  renseignements  sont  malheureusement  très  incom¬ 
plets.  Mommsen  avait  cru  pouvoir  soutenir 20  que  toute 
ville  qui  sous  l’Empire  fournissait  des  soldats  à  un  corps 
de  troupes  latin  avait  le  droit  soit  pérégrin  soit  latin; 
cette  théorie  eût  donné  au  droit  latin  une  extension 
énorme,  même  en  Orient,  et  eût  permis  de  l’attribuer  à 
un  grand  nombre  de  colonies  que  jusqu’ici  on  croyait 
romaines  ;  mais  elle  a  été  victorieusement  réfutée27.  César 
donna  le  droit  latin  à  beaucoup  de  villes  de  Sicile,  peut- 
être  à  toutes28;  en  Afrique,  à  Utique29;  c’est  sans  doute 
lui  qui  dans  la  Narbonaise  le  donna  avec  le  titre  honori¬ 
fique  de  colonie  à  Antipolis  (Antibes),  Reii  Apollinares 
(Riez),  Aquae  Sextiae  (Aix),  Avenio  (Avignon),  Apta 
(Apt),  Carpentoracte  (Carpentras),  Yasio  (Vaison),  Yienna 
(Vienne),  Nemausus  (Nimes),  peut-être  Cabellio  (Cavail- 
lon) 30.  Auguste,  moins  libéral  cependant  que  César, 
donna  le  droit  latin  à  beaucoup  de  villes  de  la  Bétique 
dans  l’Aquitaine  aux  Ausci  (Auch)  et  aux  Convenae 
(Saint-Bertrand  de  Comminges) 32  ;  on  a  cru  longtemps 
aussi  qu’il  l’avait  donné  à  de  nombreux  petits  peuples 
des  Alpes,  car  Pline  33,  qui  décrit  en  général  les  insti¬ 
tutions  de  l’époque  d’Auguste,  attribue  le  droit  latin  : 
aux  Alpes  Cotliae34;  dans  les  Alpes  maritimes  àus 

—  17  Lex  Malac.  c.  53.  —  18  6,  13;  8,  69,  70,  77  ;  7,  53.  —  19  C.  i ■  l- 
14,  2120  (Lanuvium);  Lex  Malac.  c.  52,  53,  5’5,  56,  57.  —  20  C.  i.  I.  10,  1,  79". 
6527  ;  1,  1134,  1136,  1  137,  1141.  —  21  Ibid.  10,  i,  5969,  G466.  —  22  Ibid.  10,  L 
5920,  5926,  5929,  5832;  14,  2960.  —  23 Ibid.  12,  3215,5371,  4409,  1028,  1 309, 1580. 

—  24 Tac.  Ann.  15,  32;  Appian.  Bell.  civ.  2,  26;  Gai.  1,  95.  —  25Tae.  Hist. 
55;  Plin.  Hist.  nat.  3,  7  ;  Gai.  1,  96.  — 26  Schweizer  Nachstudien  (Hernies,  10. 
p.  445-494).  —  27  Par  Uirschfeld,  Gallische  Studien  (Sitzungsber.  d.  phil.  hist. 
kl.  d.  Wien.  Akad.  d.  Wissensch.  1883,  t.  CI1I,  p.  319-328  =  trad.  fri  de  II- 
Thédenat,  dans  le  Bullet.  épigraphique,  1885).  —  28  Cic.  Ad.  Att.  14,  12,  1;  0,1 
connaît  quatre  de  ces  villes  :  Centuripae,  Netinum,  Segesta,  Henna  (Plin.  Hist.  nul. 
3,  14,  5;  Eckhel,  Doct.  num.  1,  p.  207;  Ilenzen,  Annali,  1857,  p.  113).  —  29Cacs. 
Bell.  civ.  2,  36;  Hirt.  Bell.  afr.  87. — 30  Voir  les  notices  du  C.  i.  I.  XII,  pour  ces 
villes.  — 31  Car  Pline  parle  de  27  villes  «  Latio  antiquitus,  donata  »  (Hist.  nat.  •!, 
3,  7;  et  Strabon  (3,  2,  15,  p.  151)  de  concessions  encore  plus  larges;  cf.  Sud- 
Aiig.  47.  —  32  strab.  4,  p.  191.  —  33  3,  20,  135.  —  34  Cf.  C.  i.  I.  5,  p.  810; 
C.  i.  I.  12,83  (inscription  d’Ebrodunum,  avec  la’ restitution  d'Hirschfeld). 


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—  979 


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Baqienni,  à  une  partie  des  Ligures  Montant  et  Capillati  ; 
dans  les  Alpes  Graiae  aux  Ceutrones  ;  dans  les  Alpes 
Poeninae  aux  Octodurenses ,  et  peut-être  à  d’autres 
peuples;  mais  c’est  plutôt  Claude  qui  a  fait  ces  con¬ 
cessions.  C’est  sans  doute  Auguste  qui  a  donné  le  droit 
latin  dans  la  Narbonaise  à  :  Alba  Helviorum  (Aps), 
Luteva  (Lodève),  Carcaso  (Carcassonne),  Ruscino  (Castel- 
Roussillon),  Tolosa  (Toulouse),  Tricastini  (Saint-Paul- 
Trois-Châteaux),  Forum  Voconii  (les  Arcs?),  Glanum 
Livii  (Saint-Remy),  Cessero  (Saint-Thibery),  Tarasco, 
Lucas  Augusti  (Luc-en-Diois)  et  à  tous  les  Allobroges1. 
Néron  le  donna  aux  Alpes  Maritimae  2.  Il  y  eut  sans 
doute  de  nouvelles  concessions  pendant  les  guerres 
civiles.  Tacite  reproche  à  Vitellius  de  gaspiller  le  droit 
latin  ( Latium  externis  dilargirï)  3  ;  on  a  conjecturé 
que  les  nova  jura  promis  par  Otton  a  la  Cappadoce  et  a 
l’Afrique 5  se  rapportaient  au  droit  latin.  Ces  générosités 
étaient  probablement  blâmées  par  le  vieux  parti 
romain6;  ainsi  s’expliquerait,  d’après  Ilirschfeld 7,  le 
passage  obscur  de  Pline  sur  le  «  jactaturn  procellis 
reipublicae  Latium  »  8;  il  s’agirait  de  la  latinité  jetée 
au  loin,  gaspillée  par  les  guerres  civiles.  Vespasien  la 
donna  à  toute  l’Espagne,  sans  doute  pendant  sa  censure 
en  75  9;  ilirschfeld  rapporte  à  quelque  autre  concession 
de  la  latinité  les  monnaies  de  Vespasien  et  de  Titus 
de  78  où  il  y  a  la  laie  et  les  marcassins 10,  symbole  de  ce 
droit,  comme  la  truie  et  ses  trente  petits11.  Sous  Nerva 
et  Trajan,  Pline  le  Jeune  ne  parle  pas  de  concessions  de 
la  latinité;  il  signale  seulement  leurs  mesures  libérales 
à  l’égard  des  Latins  au  sujet  de  l’impôt  sur  les  héri¬ 
tages12;  la  parenté  civile  était  détruite  en  effet  entre  le 
Latin  arrivé  au  droit  de  cité  romaine  et  ses  parents  ;  ils 
devaient  donc  l’impôt  du  vingtième  pour  hériter  les  uns 
des  autres  ;  Nerva  et  Trajan  les  en  dispensent  pour  les 
héritages  en  ligne  directe  (des  petits-enfants  aux  grands- 
parents)  et  en  ligne  collatérale  (entre  frères  et  soeurs). 
Hadrien  donna  le  droit  latin  à  beaucoup  de  villes13. 
D  Antonin  nous  connaissons  une  mesure  u,  le  droit  qu’il 
donna  à  deux  peuples  alpins,  rattachés  à  Tergeste 
(Trieste),  les  Carni  et  les  Catali,  d’avoir  des  candidats 
a  1  édilité  de  Tergeste;  il  leur  conférait  ainsi  le  droit 
latin.  Dans  l’Afrique,  outre  l’Utique,  nous  connaissons 
comme  villes  de  droit  latin  :  Oppidum  U zalitanum  et 
Chisiduo  dans  la  Proconsulaire  1S,  Tipasa  dans  la  Mauri¬ 
tanie,  Icosium  qui  le  reçut  de  Vespasien  1U,  Lambaesis  et 
Gemellae  n.  La  dernière  mention  des  Latini  coloniarii  se 
trouve  a  1  époque  de  Sévère  et  de  Caracalla  dans  Ulpien  18 
et  dansDosithée  19.  Les  jurisconsultes  de  l’époque  de  Jus¬ 
tinien  en  parlent  comme  d’une  institution  morte  qu’ils  ne 
comprennent  plus20.  Elle  a  dû  disparaître  sous  Cara- 


_  ,  B‘sL  na: ■  3-  5  :  v°ir  les  notices  du  C.  i.  !.  XII,  sur  ces 
W'Ân,n-  13-  32  :  C ■  *'•  L  2,  p.  903.  -  3  Hist.  3,  55.  -  4  Hirs 
,,  ,,  °em™}e  d"  droit,  p.  302,  note  3.  —  5  Tac.  Hist.  I,  78.  —  6  Cf.  Ta< 
n  Tm'  n  ,!•  *  *’  n°  (discours  de  Claude);  Scuec.  Apocol.  3.  —  7  L 

i.  I.  »  2ior  3>  30-  9  Ibid.  — 10  Eckliel,  Loc.cit.  0,  336,  356.  - 

—  15  pu"  "*  TT'  *  an*  3'  et  39.  —  13  Spartian.  Hadr.  21.  —  H  C.  i.  I. 

Loc  cit\  n “r5-  C'  ”•  L  8’  suPPlém'  P-  139°;  8.  L  1269.  — 

s  G  n  4Q  LÀ  d-  ,  l'  •  8,  supplém.  2,  182)8.  —  19,  4.-19  De  ma. 

icio,'  1031  rg)j  7  2“  C-  «.*.§!•-  21  C.  i.  I.  2,  1963,  I! 

latines  -  la  -u  .  °'S  de  ®a,Pcnsn  et  de  Malaga  sont  bien  des  lois  d 

Gemeindp u  lmon''t,allon  de  Mommsen  est  probante  ( Die  Stadtrechte  de 
c.  54  ;  les  obiecUonT*!*1 7^  MalaCa)’  surlo»t  d’après  l.  Salp.  c.  28,  29,  l. 
municinnl  i,  -r  0  umpt  (Sfudia  romana,  p.  269  et  suiv.)  et  de  Iloudoy  (j 
1,  57.  -  24P,  ;:,  .7)  nc  >’0rtent  Pas-  -  22  Paul.  Sent.  4,  9,  3.  -  23  Ulp.  fr.  5, 
dans  C.  i.  l  g  |  '  “P*,^  la  lecture  de  Sludemund).  On  a  un  exemple  de  majus 

Bell.  cii\  s,  os  ■  tu  <  ~  23  Ascon' 1,1  Pison- P-  3  i  Cic-  Ad-  S,  U ,  2  ; 

u  .  Lues.  29  ;  voir  Ilirschfeld,  Loc.  cil .  p.  299-300.—  20  SU 


calla  après  l’extension  du  droit  de  cité  à  tout  l'Empire. 

Les  Latini  coloniarii  ont  le  droit  latin  de  la  deuxième 
catégorie  qu’on  a  vu  à  la  fin  de  la  République.  Leurs 
villes  s’appellent  généralement  oppida  Latina  ou 
Latinorum ,  et  aussi  officiellement,  comme  le  prouvent 
les  lois  municipales  de  Salpensa  et  de  Malaga21,  muni- 
cipia.  Nous  renvoyons  pour  l’étude  du  droit  municipal 
latin  aux  articles  qui  traitent  du  droit  municipal  en 
général  [leges  municipales,  municipium].  Les  Latini  colo¬ 
niarii  ont,  comme  on  l’a  vu,  le  droit  privé  des  Latins22, 
mais  presque  identique  à  celui  de  Rome;  ils  n’ont  ni  le 
jus  suffragii,  ni  le  conubium,  sauf  concession  spéciale23. 
Pour  l’acquisition  du  droit  de  cité  romaine,  il  faut 
distinguer  maintenant,  d’après  le  texte  récemment 
déchiffré  de  Gaius,  le  majus  et  le  minus  Latium1'*.  De 
quelle  époque  date  cette  distinction  ?  A  l'époque  de  César, 
il  n’y  a  encore  que  le  droit  latin  ordinaire23;  il  en  est 
encore  de  même  sous  Tibère  2G,  Vespasien  et  Domitien  *7. 
Le  droit  latin  majus  ne  doit  guère  être  antérieur  à 
l’époque  de  Gaius,  c’est-à-dire  d’Antonin.  On  peut 
l’attribuer  à  Hadrien  ou  à  un  de  ses  prédécesseurs 
immédiats,  à  une  époque  où  la  décadence  du  régime 
municipal  oblige  déjà  les  empereurs  à  attirer  dans  les 
villes  latines  de  nouveaux  candidats  au  décurionat  par 
un  nouveau  privilège  ;  on  voit  déjà  dès  Trajan  des 
citoyens  nommés  décurions  malgré  eux23;  et  le  décret 
d’Antonin  sur  Tergeste  montre  aussi  la  difficulté  du 
recrutement  des  sénats  municipaux29.  Le  majus  Latium 
ouvre  donc  la  cité  romaine  à  beaucoup  plus  de  Latins 
que  le  minus  Latium  ;  car  dans  le  premier  cas  les 
décurions  et  ceux  qui  gèrent  un  honor  ou  une  magis¬ 
trature,  dans  le  second  cas  ces  derniers  seuls  obtiennent 
le  droit  de  cité  romain.  La  distinction  qu’établit  ici 
Gaius  entre  une  magistrature  et  un  honor  est  assez 
obscure80;  car  ces  deux  expressions  sont  généralement 
synonymes;  le  mot  honor  ne  peut  s’appliquer  ni  aux 
sacerdoces,  ni  à  là  questure,  ni  à  la  charge  des  praefecti 
qui  suppléaient  les  duumvirs  absents,  car  il  est  certain 
que  cette  dernière  charge  ne  conférait  pas  le  droit  de 
cité31  ;  on  a  conjecturé32 qu’il  s’agissait  du  praefectus  dé¬ 
signé  pour  le  remplacer  par  l’empereur,  élu  duumvir  d’une 
ville,  car  ce  personnage  paraît  obtenir  le  droit  de  cité33. 
L’exercice  d’une  magistrature  municipale  conférait-il  le 
droit  de  cité  dès  le  début  ou  seulement  à  la  sortie  de 
charge?  Les  textes  classiques34-  et  plusieurs  inscriptions 
d’Espagne  paraissent  être  en  faveur  de  la  première  hypo¬ 
thèse  ;  mais  le  début  de  la  loi  de  Salpensa 33  doit  plutôt  faire 
accepter  la  seconde  qui  est  d’ailleurs  plus  conforme  aux 
principes  généraux  du  droit  romain :Jti.  Nousrenvoyons  l'é¬ 
tude  des  Latini  j  un  iani  à  l'article  libertés.  Ch.  Lécrivain. 

12,  p.  187.  —  27  Lex  Salpens.  c.  25.  —  28  pliu.  ad.  Irai.  113  (114).  —  29  C.  i.  I. 
5,  532,  1.  8,  14-17.  —  30  La  théorie  de  Beaudouiu  {Nom.  Rev.  hist.  de  droit,  1879, 
1-30,  1 1 1-169)  est  fausse.  —  31  Lex  Salpens.  c.  25.  —  32  Ilirschfeld,  Loc.  cit.  p.  296. 

—  33  Lex  Salpens.  c.  24.  —  34  Gai.  1,  90  ;  Ascou.  In  Pison.  p.  3  ;  Strab.  4,  1,  12. 

—  35  Avec  la  restitution  de  Mommsen.  —  30  Sur  les  inscriptions  de  magistrats 
municipaux  latins  d'Espagne,  la  tribu,  qui  était  la  marque  extérieure  du  droit  de" 
cité,  est  tantôt  absente  (C.  t.  I.  2,  1610,  1631),  tantôt  indiquée  (2,  1945, 
Add.  p.  704).  —  Biuliogiuphie.  Savigny,  Ueber  die  Entstehung  und  Fortbildung 
der  Latinitiit  { Verm .  Schrift.  1812,  I,  p.  14-28);  Nibby,  Analise  storica  topogra- 
fica  antiquaria  délia  caria  dei  contorni  di  Roma,  Rome,  1837  ;  Abekcn,  Mittelita- 
lien  von  den  Zeiten  der  rôm.  Herrschaft,  Stuttgart,  1843  ;  Canina,  Storia  e 
topografia  délia  Campagna  romana  antica,  Rome,  1840;  Forbiger,  Latium 
{Paul g  s  Real-E ncyclopaedie,  t.  IV,  p.  801-820);  Walter,  Geschichtc  des  rôm. 
Redits,  3»  éd.  Bonn,  1860,  n»5  9,  84-92,  224-229,  258,  259  ;  Rudorff,  De  majore  et 
minore  Latio,  Berlin,  1860;  Zumpt,  Studia  romana,  Berlin,  1859  ;  Scliwegler, 
Rômische  Geschichte,  Tübingen,  2'  éd.  1867,  t.  I-1I  ;  Houdoy,  Le  droit  inunici- 
pal,  Paris,  1876;  Zôller,  Latium  und  Rom,  Leipzig,  1878  ;  Belocli,  Der  italische 


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—  980  — 


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LATINITAS,  LATINUM  FOEDUS  [LATINl]. 

LATINES.  —  Roi  des  Aborigènes  dans  le  Latium,  que 
la  légende  gréco-romaine  a  transformé  en  héros  éponyme 
de  son  peuple  et  qu’elle  fait  régner  sur  Laurente  au 
temps  de  la  guerre  de  Troie,  afin  de  l’associer  aux  évé¬ 
nements  qui  amenèrent  les  Troyens  d’Énée  en  Italie1. 
A  s  en  tenir  aux  témoignages  de  provenance  romaine, 
dont  le  plus  ancien  est  à  chercher  dans  les  Origines  de 
Caton  -,  Lalinus  serait  une  personnalité  purement  litté¬ 
raire,  une  sorte  de  héros  ex  machina ,  inventé  ou  exploité 
par  les  annalistes  et  les  poètes  pour  l’explication  des 
origines  de  Rome  et  de  ses  rapports  avec  le  Latium3. 
Il  n  a  aucun  des  traits  qui  font  de  saturnus,  de  F  au  nus,  de 
ncus,  a  la  légende  desquels  il  a  été  mélé,  des  créations  de 
la  religion  populaire,  ayant  leurs  racines  dans  la  croyance 
primitive.  Cependant  Latinus  est  le  seul  des  personnages 
ayant  trouvé  place  dans  les  plus  anciennes  légendes  du 
Latium,  quisoitmentionné  par  un  documentlittéraire  con¬ 
temporain  de  la  royauté  romaine.  Un  passage  de  \n.  Théo¬ 
gonie  hésiodique,  passage  que  la  critique  autorisée  date 
du  vnc  siècle  avant  notre  ère,  le  mentionne  avec  Agrios  et 
Télégonos,  ses  frères,  comme  issu  des  amours  de  Circé 
et  d  Ulysse  :  «  Tous  trois,  suivant  le  poète,  régnent  bien 
loin  au  fond  des  iles  sacrées,  sur  les  illustres  Tyrrhé- 
niens*.  »  Tandis  qu’Énée,  Ulysse,  Diomède,  d’autres 
encore,  sont  des  héros  grecs  transplantés  dans  l’histoire 
primitive  de  l’Italie  centrale,  Latinus  est  le  seul  qui,  à 
cette  époque  reculée,  ait  émigré  du  Latium  dans  la  lé¬ 
gende  hellénique3.  Envisagés  à  ce  point  de  vue,  les  vers 
de  la  Théogonie  ont  la  même  importance  que  ceux  des 
Troïca  de  Stésichore,  qui  nous  parlent  d’Ënée  faisant 
voile  vers  l’Hespérie  au  lendemain  de  la  chute  de  Troie0. 
Malheureusement  pour  l’intérêt  historique  de  cette  lé¬ 
gende,  près  de  quatre  siècles  séparent  le  témoignage 
grec  de  ceux  qui,  chez  les  Latins,  ont  fait  revivre  Latinus. 
Dans  l’intervalle,  nous  n’avons  que  les  inventions  de 
Callias,  annaliste  sicilien  qui  fut  le  biographe  et  le 
contemporain  d’Agathodes  1  et  peut-être  de  Timée,  éga¬ 
lement  d’origine  sicilienne,  qui  rattacha  l’émigration 
d'Énée  à  la  religion  des  Pénates  de  Lavinium8.  En  réalité, 

Bund  v.nter  Rouis  Heyemonie,  Leipzig,  1880  ;  Madvig,  L'État  romain  (Irad. 
Morel),  1882,  Paris,  1.  1,  p.  23-81  ;  Secck,  Urkunilen  Studien  zur  ülteren 
rôm.  Geschielite  ( Rhein .  Mus.  1882,  p.  1-23);  Willems,  Le  droit  public 
romain ,  3'  éd.  Paris,  1874,  p.  127-133;  Bouché-Leclercq ,  Manuel  des  institutions 
romaines,  Paris,  1886,  p.  171-180;  Mispoulet,  Les  institutions  politiques  des 
Romains,  Paris,  1883,  1.  II,  p.  50-63;  Bcaudouin,  Le  majus  et  le  minus  Latium 
( Nouv .  rev.  hist.  de  droit,  1879,  p.  1-30,  11  1-169);  Accarias ,  Précis  de  droit 
romain,  4'  éd.  Paris,  1886,  n“  60  ;  Mommsen,  Die  Stadtrechte  der  lateinischen 
Gemeinden  Salpensa  und  Malaca,  Leipzig,  1855  ;  Die  untergegangenen  Ortscliaften 
im  eigenllichen  Latium  ( Hernies ,  1882,  p.  42-58);  Droit  public  romain  (Irad.  fr.), 
Paris,  1889,  1.  VI,  2,  p.  226-269,  407-417  ;  Marquardt,  Organisation  de  l’Empire 
romain  (trad.  fr.),  t.  VIII,  l,p.  28-94. 

LATINUS.  1  Aur.  Vicl.  Orig.  gent.  rom.  9  et  12  ;  Tit.  Liv.  1,  1,  16  suiv.  ;  Jusl. 
XLI1I,  1,  10;  Zonar.  VII,  1;  Serv.  Aen.  I,  267;  Ov.  Met.  XIV,  449;  Arnob.  II,  71; 
Aug.  Civ.  D.  XVIII,  16;  Cauer,  Die  roem.  Aeneassage  von  Naevius  bis  Vergi- 
ius  (Extrait  des  Jahrb.  fur  Klassische  Philol.  Supplém.  XV,  p.  97  suiv.)  et 
Schwegler,  Roem.  Geschichte  im  Zeitalter  der  Koenige,  p.  198  suiv.  —  2  Chez 
Serv.  Ad  A  en.  I,  6;  VI,  760;  VII,  158  ;  XI,  316.  Même  tradition  chez  Cassius  Ilemina, 
Solin.  II,  14,  cl  Dion.  Halic.  I,  59  ;  cf.  Cauer,  Op.  cit.  p.  109  sq.  —  3  Schwegler, 
Op.  cit.  p.  215  et  suiv.  avec  les  texles  cités.  Le  fait  seul  que  Latinus  est  présenté 
sous  les  traits  d'un  héros  à  la  façon  des  Grecs  suffirait  à  prouver  qu’il  n'a  rien  de 
national  ;  on  peut  d’ailleurs  s'étonner  que  Schwegler  ait  mélé  mal  à  propos  les 
Lares  de  Lavinium  à  la  question;  ce  sont  les  Pénales  qu’il  fallait  dire  et  Lalinus 
n’est  pas  plus  un  Lare  que  Romulus  ;  voir  lares,  p.  940.  —  4  Theog.  1011  ;  pour  la  date 
probable  de  ces  vers,  voir  Schocmann,  ffesiod.  carm.  p.  284-,  et  Goettling,  Theog. 

013  et  1014.  Us  sont  cités  par  Scliol.  Apoll.  Rliod.  III,  200;  Joann.  Lyd.  De  mens. 

I,  4,  p.  7,  et  Euslath.  II.  p.  1796.  Sur  la  connaissance  que  les  Grecs  avaient  des 
peuples  de  l’Italie  latine  à  l’époque  préhistorique,  voir  Den.  Halic.  I,  29;  cf.  Hild, 
Légende  d'Enée,  p.  17  suiv.  —  5  Agrios  est  le  Faunus  des  Latins;  voir  Hesych. 
s.  v.  et  Apoll.  Fragm.  38  ;  cf.  la  note  de  Schwegler,  p.  217,  1.  —  6  Hild,  Légende 
d'Enée,  p.  13  à  16,  avec  les  textes  cités  et  le  commentaire  de  la  Tabula  Iliaca  ; 


Latinus  ne  prend  quelque  importance  que  par  Énée  q 
sous  l’influence  desfaits  tant  politiques  que  littérairesqui 
après  les  guerres  puniques,  donnèrent  crédit  à  la  légende 
de  la  fondation  de  Rome  par  une  colonie  de  Troyens 9 
L’histoire  fabuleuse  du  roi  ne  revêt  sa  forme  définitive 
que  par  VÉnéide  de  Virgile  i0. 

Latinus,  comme  Énée,  est  absent  de  la  fable  romaine 
des  deux  jumeaux,  et  même  les  faits  qui  lui  sont  attri¬ 
bués  sont  en  contradiction  avec  cette  fable  ;  il  suffit  p0ur 
s'en  convaincre  de  mesurer  les  efforts  qui,  tentés  de 
Caton  à  Virgile,  ont  pour  but  de  les  concilier11.  D’autre 
part,  Latinus  ne  parait  pas  avoir  figuré  dans  les  poèmes 
épiques  de  la  plus  ancienne  littérature  12  ;  il  est  impos¬ 
sible  de  le  conjecturer  chez  Naevius  et  chez  Ennius.  En 
ce  qui  concerne  ce  dernier,  les  Latins  comme  nation  sont 
chez  lui  antérieurs  à  l’arrivée  d’Énée  en  Italie 13, 
L’opinion  la  plus  vraisemblable,  c’est  que  Latinus,  an¬ 
cêtre  des  Aborigènes  et  par  eux  des  Romains,  est 
sorti  de  Lavinium,  la  métropole  religieuse  des  Latins14. 
Là  on  vénérait  une  divinité  nationale,  Jupiter  Latiaris, 
dont  le  sanctuaire  principal  était  sur  le  mont  Albain,où 
tous  les  peuples  de  race  Latine  pratiquaient  une  religion 
commune.  A  côté  de  lui,  dans  la  plaine,  on  rendait  des 
hommages  à  Jupiter  Indiges,  divinité  topique  qui  parait’ 
s’être  confondue  avec  le  dieu  fluvial  Numicius l8.  Les 
mêmes  influences,  contemporaines  au  plus  tôt  des  guerres 
puniques,  qui  firent  disparaître  Jupiter  Indiges  dans  la 
personnalité  d’Énée,  héros  troyen,  transformèrent  Jupiter 
Latiaris  en  un  ancêtre  fabuleux  de  la  race,  héros  épo¬ 
nyme  à  la  façon  des  Grecs,  qui  fut  le  roi  Latinus  10.  Il  est 
à  peu  près  certain  que  la  première  apothéose  tentée  en 
faveur  d'un  Latin  fut  celle  de  Romulus  par  le  poète 
Ennius;  cette  fantaisie,  toute  poétique  encore,  fut  exploi¬ 
tée  au  profit  de  Latinus,  puis  à  celui  d’Ënée,  sans  que  le 
sentiment  religieux  des  foules  aitpuen  être  complice  n.  On 
racontait  que  Latinus  tomba  frappé  dans  une  bataille 
contre  Mézence,  roi  de  Caeré,  sur  l’emplacement  même  de 
la  citadelle  de  Lavinium  où  devait  être  son  tombeau  ; 
quant  à  Énée,  il  disparut  mystérieusement  au  sein  du 
Numicius  dont  il  confisqua  la  divinité  18. 

cf.  Cauer,  De  fabulis  graecis  ad  Romain  pertinentibus,  p.  10  suiv.  —  7  Chez  Diou 
liai.  I,  72,  qui  donne  pour  femme  à  Lalinus  une  Troyenne  du  nom  de  Romé,  donl  il 
eut  trois  fils,  Romus,  Romulus  et  Telcgonus;  cf.  Euseb.  Chron.  1,  45,  3  ;  voir  sur  1rs 
différences  de  la  légende  grecque  et  de  la  légende  romaine,  en  ce  qui  concerne  Lalinus, 
Preller,  Roem.  Mgth.  p.  696;  Schwegler,  Op.  cit.  I,  p.  402,  note  22.  Voir  aussi  1rs 
versions  différentes,  Serv.  Ad  Aen.  I,  273,  et  Feslus,  p.  269,  et  pour  la  question  ou 
général,  Aust,  chez  Roscher,  Lcxikon  der  Mgth.  etc.  II,  p.  1909,  et  Cauer,  Op.  cil- 
p.  108  suiv.  —  8  Aul.  Gcll.  Noct.  At.  XI,  I  ;  Dion.  liai.  Ant.  Rom.  I,  6;  74;  cf. 
Klausen,  Aencas  und  die  Penaten,  p.  580;  réfuté  sur  certains  points  par  Cauer, 
De  fabulis  graecis,  etc.  p.  29.  —  9  Hild,  Légende  d'Enée,  p.  76  suiv.  :  cf.  Nisscn, 
Zur  Kritik  der  Aeneassage,  p.  389,  dans  les  Jahrb.  fur  Philol.  1865,  fasc.  5  cl 
6.  —  10  Cauer,  Die  Roem.  Aeneassage,  p.  147,  et,  avant  lui,  Schwegler,  Op.  c>h 
p.  279-337.  —  H  Aust,  Loc.  cit.  p.  1905. —  12  Voir  la  critique  des  témoignages  chez 
Cauer,  Op.  cit.  p.  114  suiv.  Ou  a  cru  trouver  Latinus  dans  ce  vers  de  Naevius  (Lib. 

11,  fragm.  l,VahIen):  Jamque  ejus  mentem  fortuna  fecerat  quietam ;  c’cst  pure 
conjecture.  —  13  Ennii  fragm.  (Vahlen),  21-23.  —  14  Dion.  Haï.  Ant.  Rom.  U 

12.  —  16  Klausen,  II,  p.  834;  788,  etc.  :  «  Le  dieu  vénéré  sur  le  mont  Albainrègue 
en  qualité  d’homme  à  Laurenlum.  »  Pour  Lavinium  et  son  rôle  religieux,  voir  l’inscrip¬ 
tion  chez  Orelli,  2275  (du  règne  de  Claude);  cf.  Mommsen,  Inscript,  regni  Neapo'- 
221 1  ;  cf.  Cauer,  Op.  cit.  p.  130-132;  cf.  Tit.  Liv.  I,  1  ;  Dion.  liai.  I,  57  ;  Serv.  Ad  Ae"- 
III,  148;  I,  2;  VI,  84  ;  VII,  659  ;  678,  etc.  ;  Varr.  Ling.  lat.  V,  144;  Slrab.  V,  229.’ 
Aug.  Civ.  D.  XVIII,  19.  —  16  Hild,  Op.  cit.  p.  69  suiv.  ;  Cauer,  De  fabulis  graecis,  ch’ 
p.  27,  surtout  les  notes  52et53  ;  cf.  Jackcl,  Zur  Aeneassage,  Frcisladt,  1881,  P'  |h 
—  17  Pour  Romulus,  voir  le  commentateur  Probus,  Georg.  111,25  ;  Tit.  Liv.  I,  IC  ;  P01" 
Enée,  Scliol.  Bob.  Cic.  Pro  Plancio,  IX,  23  ;  Serv.  Ad  Aen.  IV,  620,  citant  Caton  ;  Aug 
Civ.  D.  XVIII,  19,  citant  Varron;lc  Scliol.  Véron,  de  Virgile,  Aen.  I,  259,  et  Corp. 
inscr.  lat.  X,  8348  ;  pour  Latinus,  voir  Feslus,  p.  194  ;  cf.  Klausen,  Op.  cit.  p.  S01, 
n.  1492  ;  Schwegler,  p.  317  s.  ;  Marquardt-Mommsen,  Handbuch  (Staatsverwall)' 
VI,  252,  477,  etc.  ;  et  pour  les  héros  en  général,  Mommsen,  Roem.  Gesch.  1 
p.  164  ;  225  (3»  éd.).  —  18  Cf.  Arnob.  I,  36.  Pour  les  détails,  voir  les  textes  cités  par 
Hild,  Légende  d'Enée ,  p.  69,  n.  I. 


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—  981 


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Ce  n’est  pas  ici  le  lieu  d’entrer  dans  la  discussion  des 
détails  de  la  légende  que  fabriquèrent  pour  Latinus  les 
nnalistes  et  les  poètes  romains,  les  agençant  tant  bien 
mal  entre  eux  et  les  rattachant  aux  traditions 
grecques1.  Latinus  ne  garde  quelque  intérêt  que  par  le 
rôle  dont  Virgile  l’a  chargé  dans  X  Enéide-,  là,  toutes  les 
fables  antérieures  sont  comme  clarifiées  et  ingénieusement 
adaptées  au  plan  de  l’épopée  2.  Pour  Virgile,  Latinus,  à 
l’arrivée  d’Énée,  est  un  vieillard  doux  et  pacifique,  fils  de 
Faunus  et  de  la  nymphe  Marica;  c’est-à-dire  que  le  poète 
substitue  à  la  généalogie  hésiodique  une  origine  natio¬ 
nale  3.  Faunus,  dieu  prophétique,  rend  des  oracles  sur 
l’emplacement  de  Laurente,  la  ville  des  Lauriers,  et  Marica 
est  une  divinité  indigène,  personnification  des  massifs  de 
roseaux;  on  la  trouve  vénérée  encore,  à  côté  de  Jupiter, 
dans  les  marais  de  Minturnes  au  temps  de  Marius  et 
l’on  citait  d’elle  un  tombeau  en  Campanie  ;  les  uns  la 
confondaient  avec  Cérès,  les  autres  avec  Vénus  ou  avec 
Circé  V  C’est  l’oracle  de  Faunus  qui  engage  Latinus  à 
faire  alliance  avec  les  Troyens  et  à  donner  sa  fille 
Lavinia  à  leur  chef  Enée  5.  Amata  ou  Amita,  l’épouse  de 
Latinus,  favorable  aux  prétentions  de  Turnus,  roi  des 
Rutules,  et  hostile  aux  Troyens,  est  elle-même  une 
personnification  mêlée  au  culte  de  Vesta  et  des  Pénates 
de  Lavinium 6  ;  la  preuve,  c’est  que  chaque  vestale, 
dans  la  cérémonie  de  la  captio,  était  par  le  grand 
Pontife  interpellée  sous  le  nom  d’ Amata  7.  Les  péripéties 
diverses  qui,  dans  X Enéide,  séparent  la  consultation  de 
Faunus  par  le  vieux  roi  de  la  mort  de  Turnus  et  de  la 
victoire  d’Enée  reposent  à  la  fois  sur  les  données  de 
l’histoire  fabuleuse,  telle  qu’elle  s’est  élaborée  en  se 
diversifiant  depuis  Caton  jusqu’à  Denys  d’Halicar- 
nasse8  et  sur  la  nécessité  pour  le  poète  de  donner  à  son 
œuvre  et  la  variété  dramatique  et  le  dénouement 
vraisemblable.  Pour  l’ensemble,  Virgile  a  surtout  suivi 
Caton  9,  à  ceLe  différence  près,  qui  tient  à  des  considé¬ 
rations  purement  littéraires,  que  ni  Enée  ni  Latinus  ne 
succombent  au  terme  de  la  lutte  :  à  l’apothéose  mythique, 
X Enéide  a  substitué  la  glorification  poétique. 

On  ne  peut  citer  du  héros  aucune  image  authentique, 
soit  avant,  soit  après  le  règne  d’Auguste  où  triomphe  la 
légende  d’Enée.  Si  l’influence  de  Virgile  et  celle  de  la 
politique  ont  valu  au  héros  Troyen  une  certaine  popula¬ 
rité  artistique  10,  il  ne  semble  pas  que  Latinus  ait  eu  part 
au  même  honneur.  Sur  les  trois  monuments  où  l’on  a 
pensé  le  rencontrer,  il  en  est  un  seulement  qui  nous  le 
fasse  reconnaître  avec  quelque  vraisemblance  11  :  c’est  un 
autel  des  Lares  Augusti  conservé  au  Belvédère,  sur 
lequel  un  héros  barbu,  assis  contre  un  arbre  avec  un 
rouleau  dans  la  main,  semble  donner  la  réplique  à  un 


héros  debout,  entouré  de  la  truie  symbolique  et  des 
trente  porcelets  qui  représentent  Rome  (ou  Lavinium) 
avec  les  villes  de  la  confédération  latine  ;  le  premier  serait 
Enée,  le  second  Latinus.  Une  fresque  d’un  tombeau  exhumé 
sur  l’Esquilin  et  datant  du  règne  d’Auguste  12,  représente 
les  combats  livrés  entre  Latins  et  Rutules,  mais  suivant 
une  tradition  qui  n’est  pas  celle  adoptée  par  Virgile;  la 
partie  relative  aux  rapports  d'Enée  et  de  Latinus  a 
d’ailleurs  péri.  La  figure  du  mort  étendu  devant  le 
vainqueur  ne  saurait  être  celle  de  Latinus,  comme  onl  a 
prétendu,  car  elle  est  dépourvue  de  barbe,  et  l’on 
songerait  plutôt  à  Turnus  13. 

Reste  une  ciste  de  Préneste  devenue  l’objet  d‘un  débat 
archéologique  qui  n’est  pas  encore  clos  u.  Cette  ciste  se 
compose  de  deux  parties,  le  couvercle  qui  est  intact  etdont 
l’interprétation  est  tout  le  problème,  le  corps  de  l’œuvre 
qui  est  incomplet.  On  a  daté  cette  ciste,  comme  d  autres 
analogues,  de  la  fin  du  me  siècle  avant  notre  ère,  plus 
exactement  des  dernières  années  de  la  présence 
d’Hannibal  en  Italie  ;  sur  le  couvercle  et  dans  le  corps  de 
la  ciste,  le  héros  principal  de  l’aventure  représentée  a 
les  mêmes  traits,  le  même  costume.  Le  couvercle  associe 
dans  une  action  commune  treize  personnages  ;  on  y  voit  un 
guerrier  mort  apporté  par  deux  soldats  devant  le  vain¬ 
queur  ;  à  côté  de  ce  dernier,  en  réalité  au  centre  de 
l’action,  est  un  personnage  âgé  et  barbu  qui  lui  tend  la 
main  gauche,  tandis  qu’il  lève  la  droite  comme  pour 
prêter  serment  ;  de  ses  pieds  il  foule  un  trophée  d’armes, 
ce  qui  fait  penser  à  un  traité  de  paix  et  d’alliance  1S.  Plus 
loin  à  droite,  sont  deux  femmes  dont  l’une  lui  adresse 
la  parole,  tandis  que  l’autre,  couronnée  de  fleurs,  se 
détourne  d’une  troisième  femme,  laquelle  fait  pendant 
au  cadavre  déposé  devant  le  vainqueur  ;  elle  en  est 
séparée  par  deux  figures,  l’une  du  génie  de  la  mort  (?) 
avec  un  flambeau  allumé,  l’autre  d’un  génie  endormi  ; 
cette  femme  paraît  s’enfuir  dans  un  état  de  surexcitation 
violente.  Au  bas,  on  voit  un  Silène  couché  auprès  d’un 
dieu  fluvial  et  d’une  nymphe.  S’il,  en  faut  croire  Brunn, 
le  vainqueur  serait  Enée,  le  vieux  roi  Latinus,  le  cadavre 
celui  de  Turnus  ;  la  femme  couronnée  de  fleurs,  Lavinia, 
qui  va  devenir  l’épouse  d’Enée,  la  femme  qui  prend  la 
fuite,  Amata  qui  court  au  suicide,  et  les  deux  génies 
incarneraient,  l’un  la  destinée  funeste  de  l’épouse  de 
Latinus,  l’autre  celle  de  Turnus.  A  l’oreille  de  Latinus 
parlerait  Marica  samère,  et  les  deux  divinités  aquatiques 
accostant  Silène,  dont  la  présence  est  d’ailleurs  malaisée  à 
expliquer,  seraient  à  identifier,  l’une  avec  Juturna,  l’autre 
avec  NumickiS.  Dans  son  ensemble,  la  scène  gravée  sur  le 
couvercle  reproduirait  la  conclusion  des  luttes  entre 
Troyens,  Latins  et  Rutules,  telle  que  la  présentera  X  Enéide. 


■  ,T.°lr  SU1  ce  P°‘nt  Cauer,  Die  Roem.  Aeneassage,  absolument  complet  et 
rci-  (LeiI’z'  «88).  -  2  Latinus  ap.  Virg.  Aen.  VU,  45  sq.  ;  XI,  251 

îu'sn,  mW9;  XI1’  18’  lfi1,  CtC';  cf’  0v'  MeL  XIV’  611  :  Fast ■  U'  544i 
cnnl  ;  ’  ;  Am-  12’  22  ;  Macr-  Sat-  1V-  ù  5  ;  V,  1 ,  10  ;  17,  2  ;  présenté 
—  3  Vir.  COnlc"’P°(ain  Priam,  chez  Lact.  I,  22;  Cassiod.  Praef.  Chron. 
P  10t»i>-,Bf  ^ei>  ^  4”’  avCC  *cs  C0mment®t8urs  î  voir  faunus,  II,  2, 

47-  té,  P<T  Laurentum’  Klauscn,  Op.  cit.  Il,  780  sq.  —  4  Serv.  Ad  Aen.  VII, 
Seq.Tvèm  J  Ma'''  39  :  A,'S'  Civ-  D-  23>  2I  Tit-  Liv-  XXVII,  37;  Vib. 
Myth.  n  3G3  *  „Ct‘  23  ;  cf-  Klausen,  Op.  cit.  II,  p.  833;  Prcller,  Roem. 

tnt.  I,  202  •  g  p~  J  Tlt'  ^1V'  *’  2  >  Just-  43’  1 1  Serv.  Ad  Aen.  I,  259,  267  ;  Myth. 

017  a_  _  g  y-°  m  ^  14  ’  c^'  1  inscription  chez  Wilmans,  Exempta  inscr.  lat. 

53.  —  7  Au|  pB.j  Aen'  314 1  Aur.  Vict.  Orig.  13;  cf.  Varr.  Lin  g.  lat.  V,  8, 

Klausen,  Op.  cit  il  12,  14,  19  ;  cf>  Scllwe8ler-  °P-  cit ■  h  287>  et 

Die  Sagl.  von  ./  ’.L  '7o'  ~  8  Cai,er,  Die  Aeneassage,  p.  168  suiv.,  et  Woerner, 

'»  conclusion  *•”  an^erungen  des  Aeneas.  etc.  (I.eipz.  1882),  p.  6  suiv.  ;  avec 
t,Ul  comparc  Virgile  et  Denys.  —  9  Serv.  Ad  Aen.  I,  5,  207-570;  III, 


711;  IV,  427-620;  VI,  760;  VII,  158;  IX,  745;  XI,  316.  —  10  Voir  aeneas,  I, 
p  (o6.  —  U  Arch.  Zeitung,  1872,  p.  122;  Mus.  Chiaram.  III,  p.  19  ;  cf.  la  truie 
sur  les  monnaies  d'Antonin  le  Pieux,  représentant  ou  le  debarquement  d'Enée, 
ou  son  arrivée  à  Lavinium  ;  Frôhner,  Médaillons  de  l'Empire  rom.  p.  59  ;  Cohen, 
Méd.  imper.  II,  p.  340  et  341,  n"s  441,  447  ;  [aeneas,  I,  p.  107,  fig.  153],  — 
12  Voir  Brizio,  Pitture  e  sepolcri  sull'  Esquilino  (Rome,  1876),  p.  U  s.; 
Monum.  d.  Inst.  X,  tab.  60,  et  Annali,  1878,  p.  234  suiv.  ;  cf.  Cauer,  Op.  cit. 
p.  137  suiv.  —  13  Robert  tient  pour  Lalinus  ( Annali ,  loc.  cit.  p.  255);  Cauer, 
avec  raison,  pour  Turnus  ou  Mézence;  Op.  cit.  139.  —  H  Monum.  d.  Inst.  arch. 
VIII,  tab.  7  et  8;  Annali ,  t.  XXXVI  (1864),  p.  356-371;  interprétation  contestée 
par  Nissen,  Zur  Kritik  der  Aeneassage  ( Jahrb .  für  Philol.  1865,  p.  378); 
cf.  Heydcmann,  Arch.  Zeitung,  1872,  p.  122;  Robert,  Annali  dell’  Instit.  1878, 
p.  271,  n.  1  ;  et  Aust,  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  1915.  Heydeinann  constate  l'inexac¬ 
titude  de  la  reproduction  donnée  en  1864  par  Brunn  dans  les  Monumenti ,  ce  qui 
ajoute  un  argument  sérieux  à  ceux  de  Nissen.  —  15  Voir  la  reproduction  du  groupe 
suivant  l'opinion  de  Brunn,  aeneas,  I,  1,  p.  107,  fig.  155. 


124 


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—  982  — 


LAT 


Il  est  certain  que  si  l’œuvre  était  postérieure  au  poème  I 
de  Virgile,  rien  ne  serait  plus  légitime  que  de  la  consi¬ 
dérer  comme  la  traduction  par  l’art  des  derniers 
épisodes  de  Y Enéide  ;  mais  s'il  faut  la  dater  de  la  seconde 
guerre  punique,  il  n’y  a  rien  de  plus  invraisemblable. 
Chacun  des  faits  et  des  personnages  entrés  dans  la  com¬ 
position  de  l 'Enéide  peuvent  se  justifier,  il  est  vrai,  par 
quelque  tradition  antérieure;  mais  la  combinaison  de 
ces  éléments  est  l’œuvre  propre  du  poète,  et  elle  a  été 
déterminée  le  plus  souvent  par  les  exigences  de  la  com¬ 
position  épique1.  La  conclusion  du  débat  soulevé  par 
1  étude  de  la  ciste  est  celle-ci  2  :  ou  la  ciste  Prénestine  a 
été  mal  datée  et  sa  fabrication  est  postérieure  à  Y  Enéide 
qui  1  a  inspirée  ;  ou  le  sujet  représenté  n’est  pas  tiré  de 
la  légende  de  Latinus  et  d’Enée.  Ajoutons  que  toutes  les 
autres  cistes  trouvées  dans  la  nécropole  de  Préneste  sont 
l’œuvre  d’artistes  grecs  et  ne  traitent  que  des  sujets  puisés 
dans  la  fable  hellénique3.  J.  A.  IIild. 

LA.T01VA  (Arjirw).  — Légende.  —  Le  témoignage  à  peu 
près  unanime  de  l’antiquité  fait  de  Latone  la  fdle  du 
Titan  lvoios  et  de  la  Titanesse  Phœbé1  ;  seul  Ilygin  lui 
donne  pour  père  le  Titan  Polos2.  Elle  a  pour  sœur 
Astéria  ou  Ortygia3.  La  partie  la  plus  célèbre  de  sa 
légende  est  l'histoire  de  sa  maternité  :  aimée  de  Zeus4, 
elle  a  donné  naissance  à  Apollon  [apollo]  et  à  Artémis 
[diana].  Homère  et  Hésiode,  qui  connaissent  ce  double 
mythe3,  ne  l’ont  pas  localisé.  C’est  dans  l’hymne  homé¬ 
rique  à  Apollon  Délien  que  nous  trouvons  pour  la  pre¬ 
mière  fois  le  récit  circonstancié  de  la  naissance  d’Apollon 
à  Délos6.  Latone,  en  quête  d’un  asile  pour  ses  couches, 
parcourt  en  vain  les  îles  et  les  rivages  de  la  mer  Egée  : 
toutes  les  contrées  la  repoussent,  par  crainte  sans  doute 
du  redoutable  fds  qu’elle  doit  mettre  au  monde7.  Délos 
enfin  l’accueille,  sur  la  promesse  des  brillantes  destinées 
que  lui  réservera  le  culte  du  nouveau  dieu.  Neuf  jours 
et  neuf  nuits  les  douleurs  déchirent  la  déesse;  toutes  les 
immortelles  s  empressent  autour  d’elle  ;  seule  Héra  est 
absente;  ilithyia,  que  la  déesse  irascible  tient  également 
à  l’écart,  se  décide  à  intervenir  secrètement,  gagnée  par 
l’offre  d’un  riche  collier  de  neuf  coudées8.  Son  arrivée 
décide  enfin  la  délivrance  :  Latone  jette  ses  deux  bras 
autour  d’un  palmier  et  appuie  ses  genoux  sur  le  gazon  : 
Apollon  bondit  à  la  lumière. 

Telle  est  la  version  délienne  :  elle  a  servi  de  base  à  la 
tradition  antique.  On  la  retrouve,  à  quelques  variantes 

1  Sur  les  changements  introduits  dans  la  tradition  par  Virgile  et  la  com¬ 
binaison  personnelle  des  épisodes  divers,  voir,  outre  Cauer  et  Wocrner,  Op. 
cit.,  Rubino,  Beitraege  zur  Vorgeschichte  Italiens,  p.  156  sq.  —  2  C'est  celle  de 
Robert,  Annali,  1878,  p.  271  ;  elle  est  reprise  tant  par  Heydemann  que  par  Cauer  et 
Aust,  Op.  cit.  —  3  Voir  cista,  I,  2,  p.  1204.  Une  seule  ferait  exception,  celle  qui 
représente  la  cérémonie  du  triomphe  romain  et  dont  le  sujet  n’a  rien  de  fabuleux. 

LATONA.  l  Hes.  Theog.  404-409  ;  Hvmn.  Hom.  1,  62  ;  Bull,  clc  corr.  hell. 
XVII,  p.  506  (hymne  delphique  à  Apollon  Pythien,  str.  1)  ;  Etym.  Magn.  s.  v.  Koinj  ; 
Apoll.  Bill.  éd.  Wagner,  1,  8  ;  Paus.  IV,  33,  6,  etc.  ;  C-f.  les  épithètes  Koioyevi^ç, 
Pind.  fr.  88  Bergk  ;  Kotr/fç,  Callim.  Hgmn.  IV,  150;  Koiavxf;,  Hymn.  orpli.  XXXV, 

2;  Kotoyévtta,  Apoll.  Rhod.  11,  712.  —  2  Praef.  p.  H,  1.  12,  éd.  Schmidt;  Fa  b. 
CXL,  p.  17,  1.  16.  —  3  Hes.  Theog.  409  ;  Apollod.  1,  8  et  21  ;  Schol.  Apoll.  Rhod.  1 , 
308  ;  Hyg.  Praef.  p.  Il,  et  Fab.  LIII,  p.  58  sq.  —  4  II.  XXI,  498  sq.  ;  Od.  XI,  580  ; 
Hymn.  hom.  I,  5  sqq.  ;  Hor.  Carm.  1,  21,  etc.  —  *  II.  I,  9  ;  XVI,  849;  XIX,  413  ; 
XXI,  504  ;  XXIV,  006;  Od.  XI,  318  ;  Hes.  Theog.  918  sqq.  ;  Sent.  Herc.  478  sq.  ; 
Hymn.  hom.  111,  253,  321,  403,  513,  524;  cf.  cependant  Gaz.  arch.  1876,  p.  20; 
Studniczka,  Kyrene,  p.  151.  —  6  V.  19-139.  On  peut  croire  que  la  même  légende  se 
trouvait  exposée  dans  les  hymnes  du  poète  Démotélès  d’Andros,  Bull,  de  corr. 
hell.  IV,  p.  347.  —  7  C’est  du  moins  la  raison  qu’on  peut  déduire  de  la  réponse  faite 
par  Délos  à  Latone,  v.  66  sqq.  O.  Gruppe,  Gr.  Mythol.  p.  240,  conjecture  que  le 
refus  des  différents  pays  sous-entend  la  haine  de  Héra  et  la  légende  du  serpent 
Pvlhon,  envoyé  dès  lors  à  la  poursuite  de  la  déesse.  —  8  Peut-être  l’ancien  simu¬ 
lacre  d’Ilithyia  à  Délos  portait-il  effectivement  un  collier  qui  aura  suggéré  ce  trait 


près,  dans  l’Hymne  à  Délos  de  Callimaque.  Le  poète 
Alexandrin  a  motivé  avec  plus  de  précision  la  course 
errante  de  Latone  par  une  persécution  systématique 
d’IIéra  :  c’est  par  ordre  de  cette  déesse  qu’Arès  et  Iris 
s’attachent  aux  pas  de  Latone,  et  lui  font  interdire  l’accès 
de  tous  les  pays  où  elle  aborde9.  Il  n’est  pas  question, 
dans  Callimaque,  de  l'intervention  d’Ilithyia;  en  revanche, 
les  Déliades,  filles  d’Inopos,  chantent,  pour  faciliter  la 
délivrance,  un  hymne  à  la  déesse  des  accouchements10. 

On  désignait  avec  précision,  à  Délos,  l’endroit  où  le 
jeune  dieu  avait  vu  le  jour  :  c’était  aux  pieds  du  Cynthe", 
plus  exactement  sur  les  bords  du  petit  lac  que  forme 
l’Inopos  en  s’échappant  de  la  montagne 12.  D’après  l’hymne 
homérique,  c’est  un  palmier  qu’embrasse  Latone  pour  se 
soutenir  pendant  ses  douleurs13;  au  palmier,  qui  est 
déjà  connu  par  YOdyssée u,  des  auteurs  postérieurs 
substituèrent  ou  ajoutèrent  l’olivier,  l’arbre  d’Athéna, 
variante  où  se  reconnaît  l'influence  attique13,  ou  bien 
le  laurier,  l’arbre  d’Apollon16  ;  un  texte  d’Euripide  men¬ 
tionne  simultanément  les  trois  arbres  17.  Tandis  que  dans 
l’hymne  homérique  Latone  en  s'agenouillant  embrasse 
l'arbre  d’un  geste  tout  naturel,  un  des  hymnes  découverts 
à  Delphes  imagine  qu’il  lui  suffit  de  toucher  une  branche 
de  l’arbre  sacré  pour  sentir  son  action  bienfaisante18. 

Le  mythe  relatif  à  la  naissance  d’Artémis  ne  semble 
pas  lié  primitivement  à  celui  qui  vient  d’être  exposé, 
mais  il  s’y  inséra  à  une  certaine  époque.  C’est  à  Ortygia 
que  l’on  s’accordait  à  faire  naître  Artémis.  Ortygia  est 
encore  une  région  indéterminée  dans  YOdyssée'9 .  Un 
vers  de  l'hymne  homérique,  que  l’on  retrouve  textuelle¬ 
ment  dans  un  hymne  orphique,  et  qui  pour  cette  raison 
a  paru  suspect,  fait  naître  Apollon  à  Délos  et  Artémis  à 
Ortygia20.  Différentes  localités  du  monde  grec,  où  l’on 
retrouvait  une  Ortygia,  se  disputaient  l’honneur  d’avoir 
été  le  théâtre  de  cette  légende21  ;  mais  beaucoup  plus 
communément  on  identifia  Délos  et  Ortygie 22.  Latone  y 
aurait  mis  au  jour  Artémis  la  première  qui,  aussitôt  née, 
remplit  auprès  de  sa  mère  l’office  d'Ilithyia  et  l’assistapour 
la  naissance  d’Apollon23;  on  célébrait,  à  Délos,  la  nais¬ 
sance  d’Artémis  le  6  Thargélion,  et  celle  de  son  frère  le  7  b 

La  maternité  de  Latone  est  liée,  dans  plusieurs  ver¬ 
sions,  à  des  fables  qui  expliquaient  l’origine  de  Délos. 
Une  tradition  que  ne  paraît  pas  connaître  l’hymne  homé¬ 
rique,  mais  qu’on  trouve  déjà  dans  Pindare,  voulait 
que  Délos  eût  été  primitivement  une  île  errante  ;  au 

de  la  légende  :  Preller-Robert,  Gr.  Myth.  I,  p.  237,  n.  2.  —  9  Callim.  Hymn.  U. 
55-200.  —  10  Ibid.  256.  —  U  Hymn.  hom.  I,  26  ;  cf.  18  (vers  suspect).  —  12  Theog»- 
5-7  ;  Callim.  loc.  cit.  206  sqq.  ;  Bull,  de  corr.  hell.  XVIII,  p.  349,  1.  6  (hymne  del- 
phique).  —  13  V.  117  ;  cf.  Theogn.  6.  Le  palmier  est  figuré  sur  la  pyxis  du  Louvre 
représentant  l’enfantement  de  Latone  ( Mon .  Piot,  VI,  p.  170,  pl.  xv).  — -  U  Od.  \  h 
162;  cf.  Theophr.  Hist.  plant.  IV,  13,  2.  —  l»  Callim.  Ibid.  262;  Aelian.  Var. 
hist.  V,  4  ;  Catull.  XXXIV,  7  ;  Hygin.  Fab.  CXL.  —  1G  Eurip.  Hec.  458  ;  Ion,  9U>- 

—  17  Iphig.  Taur.  1102.  —  18  Bull,  de  corr.  hell.  XVII,  p.  580;  XVIII,  p.  349, 
1.  7-8  et  p.  350  (Weil).  —  19  Od.  V,  123;  XV,  404  :  'OoTuyiijç...  o6t  Tpoicai  ^eXtoio- 

—  20  Hvmn.  hom.  I,  16  =  Hymn.  orpli.  XXXV,  5,  éd.  Abel  :  ity  piv  ev  ’Oçirop'?,- 
•rtv  Si  xçavaji  tvi  Avjl.M  ;  cf.  Schol.  in  Pind.  Nem.  I,  1,  et  Anthol.  Pal.  VI,  273  ; 
Lebcgue,  Bcch.  sur  Délos,  p.  26  sq.,  et  sur  la  double  tradition  relative  à  la  naissance- 
simultanée  ou  distincte,  d’Apollon  et  d’Artémis,  Ibid.  p.  186  sqq.,  et  0.  Gruppe,  II" 
griech.  Culte  und  Mythen ,  I,  p.  524  sq.  —  21  Un  bois  sacré  près  d’Ephèse,  Hic 
qui  fut  rattachée  à  Syracuse,  une  région  de  l’Étolie  ;  voir  les  lextes  dans  Prellor 
Robert,  Gr.  Myth.  I,  p.  297,  n.  4.  —  22  Le  premier  texte  où  cette  identification 
est  faite  est  celui  de  Phanodémos,  fr.  1  (iv*  siècle)  =  Athen.  IX,  392  D  ;  cf.  un  sco- 
lionap.  Athen.  XV,  694  =  Bergk,  Poet.  lyr.  Graeci,  IV,  4°  éd.  644  ;  Callim.  Hymn- 
IV,  59,  Epigr.  LXII  ;  Apoll.  Rhod.  1,  537;  Nicandr.  ap.  Schol.  Apoll.  Rhod.  L 
419;  Antipater  in  Anlh.  Pal.  IX,' 550;  Strab.  X,  5,  5,  p.  486;  Hyg.  Fab.  LUI  ;  «>■ 
Buchholz,  Hom.  Beat.  I,  p.  256;  Bérard,  Bev.  de  l'hist.  des  relig.,  XXXIX,  p.  i'ü 
sqq.  et  p.  189.—  23  Diog.  Laert.  II,  44;  III,  2;  Apollod.  I,  21  Wagner;  Serv.  Ad 
Aen.  III,  73.  —  24  Diog.  Laert.  Ibid.  ;  Preller-Robert,  I,  p.  238,  n.  2;  302,  n.  L 


LAT 


983  — 


LAT 


moment  où  Latone  y  aborda,  elle  fut  fixée  au  fond  de  la 
mer  par  quatre  colonnes  *.  C’est  a  1  occasion  de  la  nais¬ 
sance  d'Apollon  que  l’ile,  primitivement  appelée  Astérie 
Ortv-ie  aurait  reçu  son  nom  de  Délos,  la  brillante-. 
Quant  au  nom  d 'Ortygia  (Me  de  la  caille,  on 

l’expliquait  par  une  légende  relative  à  la  sœur  de  Latone  : 
AStérie  poursuivie,  comme  celle-ci,  par  l’amour  de  Zeus, 
obtint  des  dieux  sa  métamorphose  en  caille,  puis  en  îlot 
rocheux3.  D'après  une  version,  c’est  Latone  elle-même 
nui  aurait  gagné,  sous  forme  de  caille,  l’ile  de  Délos  *.  On  lit 
encore  dans  Hygin  un  récit  qui  paraît  une  contamination 
de  la  légende  delphique  avec  celle  de  Délos  :  Iléra  envoie 
le  serpentPy  thon  à  la  poursuite  de  Latone  encore  enceinte; 
elle  fait  le  serment  que  sa 
rivale  n’accouchera  qu’en 
un  endroit  où  n  attein¬ 
dront  pas  les  rayons  du 
soleil.  Borée,  sur  1  ordre 
de  Zeus,  amène  Latone  à 
Poséidon  qui,  pour  res¬ 
pecter  le  serment  pro¬ 
noncé  par  liera, élève  les 
(lots  comme  un  dôme  au- 
dessus  de  l’ile  d'Ortygie, 
et  déjoue  la  poursuite  de 
Python,  qui  retourne  au 
Parnasse  (fig.  4358)  :  c’est 
là  qu’ Apollon  va  l'attein¬ 
dre  quatre  jours  après  sa 
naissance5. 

Le  récit  des  circons¬ 
tances  qui  ont  accompa¬ 
gné  la  naissance  des  Lé- 
toïdes  se  rencon  tr  e  encore 
avec  d’autres  variantes  et 
d'autres  localisations.  Au 
temps  de  leur  hégémo¬ 
nie  maritime,  les  Athé¬ 
niens  avaient  imaginé  un  FiS-  *358.  —  Latone 

épisode  qui  mettait  en 

contact  le  dieu  delien  et  leur  divinité  poliade  :  Latone, 
ayant  passé  par  l’Attique  avant  ses  couches,  y  ressentit 
les  premières  douleurs;  elle  dénoua  sa  ceinture  (Çwv-/))  au 
promontoire  qui  fut  par  suite  appelé  Zco<mjp  ;  puis,  sous 
la  conduite  d’Athéna  Pronoia,  elle  passa  du  cap  Sunium 
a  Délos1’.  Il  y  avait,  peut-être  en  commémoration  de  cette 


légende,  un  sanctuaire  d’Athéna  Zostéria  au  cap  Zoster  ’, 
et  un  temple  d’Athéna  Pronoia  à  Délos  8.  Une  petite 
localité  de  Béotie,  Tégyra,  revendiquait  l’honneur  d  avoir 
vu  naître  Apollon  :  on  y  voyait  un  mont  Délos,  et  deux 
ruisseaux,  Phoinix  et  Elaia,  entre  lesquels  Latone  aurait 
fait  ses  couches  9.  La  même  légende  s’était  localisée 
aussi  à  Amphigéneia  en  Triphylie  10,  ainsi  que  dans  le 
fameux  sanctuaire  d’Artémis  à  Ephèse  “. 

Dans  plusieurs  traditions,  et  notamment  dans  celle  de 
Délos,  intervient  le  mythe  des  Hyperboréens.  Ainsi,  c’est 
du  pays  des  Hyperboréens  qu’arrive  Ilithyia  pour  opérer 
la  délivrance  de  Latone  12.  Mais  on  disait  aussi  que 
Latone  elle-même  était  née  dans  la  même  contrée  fabu¬ 
leuse13,  ou  encore  que, 
pour  échapper  aux  per¬ 
sécutions  d’Héra,  c’est 
sous  la  forme  d’une  louve 
(Xéxoç)  qu’elle  fi  t  le  trajet, 
en  douze  jours,  du  pays 
des  Hyperboréens  à  Dé¬ 
los  u.  Il  n’est  pas  difficile 
ici  de  reconnaître  une  in¬ 
terprétation  des  épithè¬ 
tes  Auxeioç  et  Aux7|Yevyjç 
attribuées  à  Apollon  1S. 
Ces  mêmes  épithètes  ont 
vraisemblablement  con¬ 
duit  à  la  légende  qui  fait 
naître  Apollon  en  Lycie  16, 
et  l'on  ajustement  remar¬ 
qué  que  la  Lycie  jouait 
souvent  dans  la  fable  le 
même  rôle  que  le  pays  des 
Hyperboréens  17 .  Une  tra¬ 
dition  localisait  encore  en 
Lycie  une  autre  aventure. 
Après  sa  délivrance,  la 
déesse  vient  en  Lycie, 
transportée  à  Délos.  nommée  alors  Trémi  - 

lia.  Près  d’une  source 
ou  d’un  étang,  elle  s’arrête  afin  de  boire  ou  de  baigner 
ses  enfants  ;  les  indigènes  le  lui  interdisent  ;  en  punition, 
elle  les  transforme  en  grenouilles18.  Ou  bien  encore  ce 
sont  des  loups  (Xéxot)  qui  la  conduisent  aux  bords  du 
fleuve  Xanthos  ;  Latone  s’y  baigne,  consacre  le  fleuve  à 
Apollon,  et  donne  au  pays  le  nom  de  Lycie19. 


Fiagm.  87-bS ,  Bcrgk  _  61-05  ;  cf.Anthol.  lat.  éd.Ricse,  p.  707  ;  Lcbcguc,  Ilech. 
sur  clos,  p.  1  /9  sq.  De  là  1  opinion,  d’ailleurs  démentie  par  les  fails,  que  l’île  ne  pou- 
vai  être  sujet  te  à  des  tremblements  de  terre  :  lier.  VI,  98  ;  Time.  II,  8,  2  ;  Macrob. 
,,a  jj ^  ,  Plin.  Hist.nat.  IV,  66. —  2  Cette  signification  du  mot  Ajjlo;  a  été  contes- 
pai  ick,  \eigleich.  \\  ürterbuch ,  4e  éd.  p.  69  et  456,  qui  rattache  ce  mot  à  la 
. .  ""!°  eui  opéenne  del,  de  le  =  osciller.  On  a  donné  une  interprétation  analogue  à 

.  A^"1’  a  "  non'so'idc  »,  et  à  ’Optuyfa,  la  «  tournante  »  (du  thème  vert  =  tourner)  ; 

.  nmann  ap.  Roschcr's  Lexik.  art .Leto,  1962.  —  3  Hygin.  Fab.  LUI  ;  cf.  Callim. 
jmn  IV  37  sq  ;  Apollod.  I,  21  ;  Serv.  Ad  Aen.  111,  73  =  Mfjthogr.  Yat.  I,  37  ;  II,  17  ; 

’  ’  U®t-  flac-  ad  Slat-  Theb.  IV,  796  ;  V,  533  ,  Ach.  I,  206,388.  Stern,  Ber.  der 

dans  ni  “„'18o6’P-32stiq..  explique  le  nom  d'Ortygie  par  le  passage  des  cailles 
V  e  ;  Cf'  Athcn'  1X-  P-  3a2'  -  4  Schol.  in  Callim.  Hyrnn.  Il,  59  ;  cf.  Aristoph.  Av. 

sur  ce^rT'Ir  ~  S  H-Vg-  Fab ■  CXL  ;  Acl-  Arist-  0r-  111  (I.  34  Dindorf);  cf. 
O  fin  J.’0,' 11  6S  dSendes,  Lebègue,  Loc.  cit .  ;  Robert,  Jahrbuch,  V,  p.  215-727  ; 
voir  pPP985  UltC.  und3Jythen’  *-  P-  523-534,  et  Gr.Myth.  p.  240  sq.  Pour  la  figure  4358, 
aurait  éch  J!  ’  C Fue  aulrc  tradition  met  eu  relation  Latone  et  Poséidon  :  elle 
Lucian  Difl  ^  *  CCl-le  occasiou'  Rélos contre  Calaurie  :  Epb.  fr.  59  ;  cf.  encore 

Rabe,  I,  n  37 ' r~  °  îlyper'  3“  éd’  Blass>  fl’‘  07  :  syriau-  aP-  Hermog.  éd. 


Menand.  Rb.  L.ÏTv  \T“U'J  10  !  Ioann'  Sic'  Vl’  P'  -10  ’  Aristid-  b  P- 157  ; 


P-  37  sq.;  Max.  Planud.  V,  481, 

T  .  A  IX’  P-  *-2  Walz-  On  expliquait  le  nom  même  d’Athéna  Pronoia, 

—  1  Cor  T°U  l°X0U  tS|î  A’1To0f<;  Schol.  Aristid.  I.  c.  ;  cf.  Suid.  et  Etym.  Magn.  s.  u. 
P-  mser.  ait.  1,  «73;  cf.  cependant  une  autre  interprétation  dans  Paus.  I. 


OTl 


31,  1;  Preller-Robcrt,  Op.  cit.  1,  p.  194,  n.  5  in  fine.  —  8  Macrob.  Sat.  I,  17,  55; 
Prellcr-Robert,  Ibid.  —  9  Plut.  Pelop.  16  ;  De  def.  orac.  0  ;  Stcph.  Byz.  v.  Terj?a. 

-  10  Stcph.  Byz.  Ibid.  —  u  Strab.  XIV,  1,  20,  p.  639;  Tac.  Ann.  111,  61. 

—  12  Paus.  I,  18,  5.  —  13  Hecat.  fr.  2  (Muller,  Fragm.  hist.  gr:  II,  p.  386); 
Diod.  Sic.  II,  47.  —  14  Aristot.  Hist.  anim.  VII,  p.  580  A,  17  ;  Schol.  Apoll.  Rh. 
Il,  123  (Philoslephan.  fr.  32);  Antig.  Caryst.  Mirab.  61  ;  Aelian.  Hist.  anim.  IV, 
4;  X,  26  (un  loup  de  bronze  fut  consacré  à  Delphes  en  souvenir  de  cette  légende)  ; 
plut.  Quaest.  nat.  38;  Plin.  VIII,  83.  —  15  Aux^yevéî,  qui  se  trouve  deux  fois  dans 
l 'Iliade  (IV,  101,  119,  dans  la  bouche  du  Lycien  Pandarosl,  n'est  sans  doute  qu'une 
forme,  exigée  par  le  mètre,  du  mot  Auxoytv^;,  et  doit  ctre  une  interprétation  du 
surnom  usuel  Aùxtio;  ou  #4*105,  lequel  parait  être  d'origine  péloponésienne  :  cette 
dernière  épithète  elle-même  a  été  interprétée  par  les  modernes,  soit  dans  le  sens 
de  Xuxoxtovo5  (Wernicke  ap.  Paulv-Wissowa,  Iteal-Encycl.  v.  Apollon,  59-60),  soit 
dans  celui  de  dieu  de  la  lumière,  rac.  Vjx,  lux  :  Prellcr-Robert,  I,  253  sqq.  ;  Usener, 
Goetternamen,  p.  198  sqq.  —  10  Usener,  Ibid.  p.  202  sq.  ;  Schol.  ad  Hom.  Loc. 
cit.;  cf.  Etym.  Magn.  767,  54;  Hesych.s.u.  Auxmytvi;;  Stcph.  Byz.  s.  c.  l'Eyùoa.  Parti¬ 
culièrement  on  le  fait  naître  à  Araxa  en  Lycie  :  Benndorf  et  Niemaun,  Reisen,  I, 
p.  76,  n°  53  b,  1.  14  ;  Quint.  Stnyru.  XI,  21.  —  17  Sur  l’équivalence  du  pays 
hyperboréen  et  de  la  Lycie,  voir  Preller- Robert,  I,  p.  242  sq.  ;  sur  les  rapports  de 
la  légende  hyperboréenne  avec  celle  de  Délos,  O.  Gruppe,  Gr.  Mytholog.  p.  241. 
—  18  Ovid.  Metam.  VI,  313. — 19  Anton.  Liber.  XXXV.  Servius,  iuVirg.  Georg.  I,  378 
.(cf.  Mytliogr.  Vat.  I,  10;  II,  95),  substitue  dans  cette  légende  Déméter  à  Latone.- 


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Enfin  un  autre  surnom  d'Apollon,  celui  de  ÜTtüoç,  sug¬ 
géra  la  fable  d’après  laquelle  Latone  en  couches  aurait  été 
effrayée  à  la  vue  d'un  sanglier;  de  là  l’épithète  de  rixcux 
(du  verbe  -rrroéto,  s’effrayer)  qu’elle  aurait  reçue  et  trans¬ 
mise  à  son  fils  *. 

Indépendamment  de  ces  récits,  tous  relatifs  à  la 
maternité  de  la  déesse,  la  légende  de  Latone  com¬ 
prend  encore  les  deux  épisodes  de  Tityos  et  de  Niobé, 
tous  deux  localisés  dans  la  Grèce  centrale,  le  premier 
en  Eubée  ou  aux  environs  de  Delphes,  le  second  en 
Béotie.  Tityos,  Géant  né  de  la  Terre,  succombe  sous  les 
coups  d’Apollon  et  d’Artémis  pour  avoir  voulu  faire 
violence  à  leur  mère2.  Dans  le  second  de  ces  épisodes, 
les  deux  Létoïdes  jouent  un  rôle  analogue  :  ils  exter¬ 
minent  la  descendance  de  Niobé  qui  a  outragé  leur 
mère  dans  son  orgueil  maternel3. 

Culte.  —  Latone  avait  à  Délos  un  sanctuaire  par¬ 
ticulier,  le  Létôon,  avec  la  grossière  statue  archaïque 
qui  avait  rendu  le  rire  à  Parméniscos  de  Métaponte,  et 
un  palmier  de  bronze  consacré  par  Nicias4.  Un  autre 
Létôon,  à  Argos.,  qui  contenait  une  Latone  de  Praxitèle, 
passait  pour  avoir  été  fondé  par  la  seule  survivante  des 
Niobides,  Méliboia  ou  Chloris,  dont  on  voyait  également 
l’image  dans  le  temple  5.  On  connaît  encore  d’autres 
sanctuaires  de  Latone  :  à  Décélie  en  Attique  fl,  à 
Amphigéneia  en  Triphylie  7,  à  Lété  en  Macédoine8. 
Le  même  culte  est  très  répandu  dans  tout  le  sud-ouest  de 
l’Asie  Mineure;  outre  l’aXsoç  A^xaiov  d’Ortygie  près 
d’Ephèse9,  il  y  avait  encore  des  temples  de  Latone  à 
Calynda  et  à  Physcos  en  Carie 10,  à  OEnoanda  en 
Phrygie  à  Pergé  en  Pampbylie  12,  à  Antiphellos  et  à 
Xanthos  en  Lycie  13,  et  la  popularité  de  ce  culte  dans 
ces  parages  explique  que  Latone  y  fût  particulièrement 
invoquée  comme  protectrice  des  tombeaux  u.  Le  temple 
de  Latone  à  Phaestos  en  Crète  mérite  une  mention  par¬ 
ticulière:  la  déesse  y  était  adorée  sous  l’épithète  de  <t»uTtT), 
qu'on  expliquait  par  une  légende.  Latone  aurait  changé 
le  sexe  de  Leukippos,  fille  de  Lampron  et  de  Galateia, 
pour  répondre  aux  supplications  de  la  mère,  Lampron 
ayant  déclaré  que  si  l’enfant  qui  naîtrait  de  lui  n’était 
pas  de  sexe  masculin,  il  le  tuerait  :  de  là  le  surnom  de 
d* ut t Yj  (tjtiç  e<pu<7e  jj.'/jSea  t7)  xôpv]  10).  Nous  connaissons  le 
culte  et  les  fêtes  de  plusieurs  de  ces  sanctuaires  [latonia]. 

Mais  il  s’en  faut  que  ces  noms  épuisent  la  liste  des 

1  Tzetz.  in  Lycophr.  266;  cf.  Plut.  Pelop.  IG.  —  2  Hom.  Ocl.  VII,  324;  XI, 
576;  Pinel.  Pyth.  IV,  90;  Apoll.  Rhod.  I,  759  sq.  et  Scliol.;  Apollod.  I,  21  ;  Strab. 
IX,  3,  12,  p.  422  sq.  ;  Virg.  Aen.  VI,  595  sqq.  ;  Hyg.  Fab.  LV.  —  3  Hom.  II.  XXIV, 
602  sqq.;  lies.  fr.  61  Rzach ;  Sappho,  fr.  31;  Pind.  IV.  64  sq.  ;  Aescli.  et  Sopli. 
Fragm.  trag.  gra.ee.  2e  éd.  Nauck,  fr.  155-167,  40J-413  ;  Parthen.  33,  Ovid. 
Metam.  VI,  146  sqq.  ;  Apollod.  III,  45-47  ;  Hyg.  Fab.  IX  et  XI.  *  Strab.  X,  5, 
2,  p.  485;  Aristot.  Eth.  Nie.  I,  8;  Ovid.  Her.  XXI,  105;  Athen.  XIV,  p.  614; 
Plut.  Nie.  3.  Athénée,  citant  un  extrait  de  Sémos  (XI,  p.  502  B),  attribue  aux 
Naxiens  la  consécration  du  palmier  d'airain  ;  sur  cette  confusion,  voir  Homolle, 
Archives  de  Vint,  sacrée,  p.  10,  n.  4.  -  8  Paus.  II,  21,  10.  -8  Décret  de  la  phratrie 
des  Üémotionotides,  Corp .inscr.  att.  IV,  Suppl.  II,  841  b,  123-5=  Dittenberger,  Syll. 
2‘  éd.  II,  439,  325  ;  Ch.  Michel,  Rec.  d’inscr.  gr.  96 1,  B  G5-67  :  |>  -rç  tejjss  -cf, ;  Ay;toO?. 

—  7  Strab.  VIII,  3,  25,  p.  349;  Steph.  Byz.  v.  ’Aiieiytveioc.  —  8  Stcpli.  Byz.  v.  Ai;t»|. 

—  9  Strab.  XIV,  1,  20,  p.  639.  —  10  Strab.  XIV,  2,  2  eU,  p.  651  sq.  —  l*  Bull,  de 
corr.  hell.  X,  p.  234.  —  12  Ibid.  VII,  p.  263,  Il  sq.  —  13  Le  Bas-Waddington,  Inscr. 
d’Asie  Alin.  n»  1273.  Pour  le  Létôon  de  Xanthos,  voir  Appian.  Mithrid.  c.  27  ;  Strab. 
XIV,  3,  6,  p.  665.  Les  ruines  de  ce  sanctuaire  ont  été  décrites  par  Benndorf-Niemann, 
Reisen  in  Lykien,  I,  p.  118  sqq.  (cf.  tout  le  chap.  xi).  C  est  le  Létôon  de  Xanthos 
(jui  fut  le  premier  centre  de  la  confédération  lycienne  :  Fougères,  De  Byciotuni 
commuai,  1898,  p.  12.  —  14  Corp.  inscr.  gr.  4259  (Pinara),  4256  (Patara),  4303  h 
add.  4303  add.  4303  e  3  add.  (Myra);  cf.  sur  cet  aspect  du  caractère  de  Latone 
un  vers  de  Timocréon  cité  par  Plut.  Them.  21.  —  18  Anton.  Liber.  XVII  (d  après 
Nicandros).  —  18  Corp.  inscr.  gr.  2283;  Bull,  de  corr.  hell.  VI,  p.  29,  1.  3-4; 
cf.  p.  142  sqq.  (  =  Dittenberger,  Sylloge,  1"  éd.  367);  X,  p.  462,  1.  26,  et  p.  465, 

108;  XIV,  p.  500,  n.  3.  —  17  Bull,  de  corr.  hell.  VI,  22,  1.  181  ;  81,  n.  1  et  2  ; 


localités  où  Latone  était  honorée.  Elle  est  associée  à  ses 
enfants  en  un  grand  nombre  de  sanctuaires.  A  Délos,  où 
les  témoignages  épigraphiques  sont  particulièrement 
abondants,  on  trouve  mentionnées  dans  les  inventaires 
des  hiéropes  des  offrandes  consacrées  à  Latone  elle- 
même  10,  des  sacrifices  pour  les  autels  d’Artémis, 
d’Apollon  et  de  Latone,  auxquels  sont  associés  quelque¬ 
fois  Zeus  Soter  et  Athéna  Soteira11  [latonia]  ;  un  très 
grand  nombre  de  bases  de  statues  portent  des  dédicaces 
aux  trois  divinités  réunies18.  Cette  association  de  la 
triade  divine  se  rencontre  très  fréquemment  dans  les 
contrées  les  plus  diverses  :  en  Attique,  au  cap  Zoster, 
où  les  pêcheurs  sacrifiaient  sur  les  autels  des  trois  divi¬ 
nités  19,  à  Tanagra  et  à  Cirrha,  où  elles  ont  un  temple 
commun  20  ;  toutes  trois  ont  leur  statue  dans  les  temples 
d’Abae21,  de  Délion22,  du  Ptoon 23,  dans  l’Héraion 
d’Olympie 24,  dans  le  double  sanctuaire  d’Asclépios  et  de 
Latone  à  Mantinée23,  dans  le  temple  d’Artémis  Orthia 
sur  le  mont  Lyconé  en  Arcadie  20,  à  l’agora  de  Sparte 21, 
dans  le  temple  d’Apollon  Palatin  à  Itome  28,  sans  parler 
de  plusieurs  groupes  de  Latone  portant  ses  enfants  que 
nous  aurons  à  signaler  plus  loin.  Au  temple  d’Apollon 
Didyrnéen,  chacune  d’elles  reçoit  des  offrandes  29.  Comme 
à  Délos,  leurs  noms  sont  associés  dans  des  dédicaces  à 
Erétrie  30,  à  Tamynae  31,  à  Koraza32.  En  plusieurs  loca¬ 
lités,  elles  reçoivent  des  sacrifices  communs33;  toutes 
trois  enfin  sont  invoquées  ensemble  comme  garantie  des 
serments  à  Delphes  34  et  des  traités  d'alliance  entre 
certaines  villes  de  Crète  33.  L’association  particulière 
d’Artémis  et  de  Latone  est  attestée  pour  Athènes,  où 
elles  ont  une  prêtresse  commune30,  et  pour  Ifali- 
carnasse37.  11  faut  signaler  celle  de  Latone  et  d’Apollon 
Hélios  Lyerménos  en  Phrygie38. 

Dans  la  région  du  Cithéron,  et  particulièrement  ù 
Platées,  le  culte  de  Latone  se  trouvait  associé  à  celui 
d’IIéra.  Elles  partageaient  le  même  temple,  y  recevaient 
les  mêmes  honneurs  ;  et  même  c’était  à  Latone,  sur¬ 
nommée  Mu^ta  ou  Nu/tx,  que  l’on  offrait,  dans  la  fête 
des  daidala,  les  premiers  sacrifices  39.  Les  légendes 
par  lesquelles  les  anciens  expliquaient  cet  usage  ont 
donné  à  penser  que  le  culte  de  Latone,  indigène  à  Pla¬ 
tées,  a  plus  tard  été  supplanté  par  celui  d’IIéra,  introduit 
de  l’Eubée 40. 

En  Asie  Mineure,  Latone  s’est  parfois  substituée. 

XIV,  455,  n.  5;  492,  n.  5;  495,  n.  5;  500,  n.  5.  —  18  Corp.  inscr.  gr.  2280,  2282, 
2283  add.  2284;  Bull,  de  corr.  hell.  Il,  p.  400  ;  III,  151,  156,  160  sq.,  364,  367,  373, 
381,  470;  IV,  217  sq.,  222  sq.  ;  V,  462;  VI,  43,  1.  128;  44,  1.  139;  VIII,  106,  133, 
137,  2;  154,  156;  XI,  249,  252,  259  sq.,  260,  262,  264,  269  sq.  ;  XIII,  412;  XVI. 
150,  157  ;  XVIII,  336.  —  19  Paus.  1,  31,  1  ;  Steph.  Byz.  s.  v.  Zuiv/.ç.  —  20  Paus.  IX, 
22,  1  ;  X,  37,  8.  —  21  Ibid.  X,  35  ,  4.  —  22  Ibid.  IX,  20,  1.  —  23  Plut.  Pelop.  16; 
Scliol.  in  Lycophr.  365.  —  24  Paus.  V,  17,  3.  —  23  Ibid.  VIII,  9,  1.  —  26  Ibid.  IL 
24,  5.  —  27  Ibid.  III,  11,  9.  —  28  Prop.  II,  31.  —  20  Corp.  inscr.  gr.  2852, 
2855,  2858  (=  Dittenberger,  Syll.  170),  1.  34;  cf.  2800,  col.  II,  1.  7;  peut-être  un 
Av;ti'jov  est-il  mentionné  à  la  1.  9.  —  30  ’Eçuui.  «s/.  1892,  154,  41  et  42;  157,  52, 
160,  54  sq.  —  31  Ibid.  160;  cf.  pour  Chalcis,  XVelcker,  Gr.  Goetterl.  1,  530. 
—  32  Bull,  de  corr.  hell.  XII,  p.  267.  —  33  A  Lesbos,  sacrifice  légendaire  d’Achille 
pour  se  purifier  du  meurtre  de  Thcrsite,  Procl.  Chvestom.  ap.  Kinkel,  Epie, 
fragm.  p.  33  ;  oracle  de  Dodone  in  Dem.  Mid.  52  ;  à  Delphes,  Bull,  de  corr.  hell. 
V,  p.  164  =  Dittenberger,  Syll.  233,  1.  54  sqq.;  à  Rome,  aux  lectisterncs  et  dans 
les  jeux  séculaires  ;  Zosim.  II,  5,  2.  —  34  Formule  de  serment  dans  la  loi  des 
Amphictyons  :  Corp.  inscr.  gr.  1688,  1.8  ;  Aesch.  in  Ctes.  108.  —  35  Cauer, 
Delectus,  2'  éd.  n»‘  116,  117,  1.  20  (=  Michel,  n°  29);  121,  1.  26  (=  Corp.  inscr- 
gr.  2554,  180  sq.  2555,1.  13  ;  Michel,  n°  23)  ;  Mus.  ital.  di  ant.  class.  I,  145  ;  HL 
692  ;  Corp.  inscr.  att.  II,  549.  —  36  Corp.  inscr.  att.  III,  3  76.  —  37  Bull-  de 
corr.  hell.  IV,  398.  —  38  Ramsay,  The  cities  and  bishopries  of  Phrygia,  I,  n°  34; 
cf.  Hogarth,  Journ.  of  hell.  stud.  1887,  p.  376  sqq.,  et  Ramsay,  Ibid.  1889, 
p.  216  sqq.  —  39  Plut.  ap.  Euseb.  Praep.  ev.  III,  p.  83  sqq.  =  Moralia,  éd.  Dübner, 
V,  p.  18  ;  Paus.  IX,  2,  7  ;  -  3,  1-4.  —  «  Prellcr-Robert,  Gr.  Myth.  1,  p.  165,  n.  4, 
et  233. 


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•  si  gu’ Artémis,  à  la  Grande  Déesse  A  En  Égypte,  elle  a 
-té  également  assimilée  à  des  divinités  indigènes.  On 
trouve  son  nom  dans  des  inscriptions  gréco-égyptiennes; 
le  sphinx  est  son  animal  familier  2,  et  Fichneumon  lui 
est  consacré3.  Hérodote  mentionne  une  divinité  égyp¬ 
tienne  qui  avait  un  temple  et  un  oracle  dans  la  ville  de 
Bouto,’  appelée  quelquefois  Lélopolis4;  Latone  y  était 
considérée  comme  la  nourrice  d’Apollon-Horos  et 
d’Artémis-Boubastis,  qui  sont  les  enfants  d’Osiris 
(Dionysos)  et  d’Isis  (Déméter).  Dans  une  inscription 
nubienne,  elle  est  la  mère  du  dieu  polyonyme  Mandoulis  s. 

Monuments  figurés.  —  Dès  l’époque  archaïque,  la  sta¬ 
tuaire  avait  reproduit  l’image  de  Latone  et  ses  aventures. 

Nous  avons  signalé  les  anciens  simu¬ 
lacres  de  Délos  et  d’Ëphèse  ;  il  faut 
ajouter  une  Latone  que  cite  Pausa- 
nias  parmi  les  très  anciennes  statues 
de  l’Héraion  d’Olympie  °.  Au  dire  du 
pérïégète,  c’était  une  œuvre  de 
Praxias,  élève  de  Calamis,  que  le 
fronton  de  Delphes  où  figurait  Latone 
en  compagnie  des  Létoïdes  et  des 
Muses7.  C’est  également  au  ve  siècle  qu’il  convient  de 
rattacher  un  relief  de  la  collection  Baracco,  où  Latone, 
assise  sur  un  rocher,  ses  enfants  auprès  d’elle,  reçoit  la 
prière  des  adorants8,  et  le  relief  consacré  parle  fils  de 
Baccliios  9.  Pour  le  ive  siècle,  les  tex¬ 
tes  énumèrent  un  certain  nombre  de 
statues  de  Latone,  soit  isolée,  soit  en 
groupe,  œuvres  des  grands  maîtres. 
A  Ephèse,  Scopas  avait  représenté  la 
déesse  appuyée  sur  un  sceptre,  et  à 
ses  côtés  une  Ortygia,  nourrice  des 
Létoïdes,  tenant  les  deux  enfants 
dans  ses  bras10.  De  Praxitèle,  on  cite 
un  groupe  de  Latone  et  de  ses  en¬ 
fants,  dans  le  temple  d’Apollon  Prostatérios  à  Mégarc11, 
reproduit  sur  une  monnaie  de  cette  ville  (fig.  4359) 12;  puis 
une  Latone  groupée  avec  une  petite  figure  de  Chloris  dans 
le  Lëtôon  d’Argos13,  œuvre  dont  le  souvenir  s’est  éga¬ 
lement  conservé  sur  des  monnaies  (fig.  4360) 14  ;  enfin  un 
groupe  de  Latone,  Apollon  et  Artémis,  dans  un  temple  de 
Mantinée13  :  on  sait  que  les  fouilles  de  M.  Fougères  ont 
découvert  trois  reliefs  qui  décoraient  la  base  de  cette 
dernière  œuvre 16.  Une  Latone  de  Céphisodote  le  Jeune  se 
trouvait,  avec  l’Apollon  de  Scopas  et  l’Artémis  de  Timo- 
1  éos,  clans  le  temple  d’Apollon  fondé  par  Auguste  au 
a  afin  n.  Pline  mentionne  également  une  Latone 


portant  ses  deux  enfants,  œuvre  d’Euphranor,  au  temple 
de  la  Concorde  à  Rome18.  Enfin  Polyclète,  sans  doute  le 
Jeune,  était  l’auteur  d’un  groupe  en  marbre  des  trois 
divinités,  consacré  sur  le  mont  Lyconé  près  de  Tégée1'. 
Peut-être  un  relief  d’une  base  en  marbre  de  Sorrente 
nous  donne-t-il  l’idée  de  l’un  de  ces  groupes  d’apparat 
exécutés  au  iv°  siècle  20.  A  l’époque  hellénistique  ou 
gréco-romaine,  on  retrouve  encore  plusieurs  fois  la  repré¬ 
sentation  de  la  triade  divine21,  en  particulier  sur  une 
ciste  et  un  miroir  étrusques 22. 

Les  différents  épisodes  de  la  légende  ont  également 
été  traduits  par  les  monuments.  Nous  avons  rapporté  la 
version  d’Hygin  sur  le  secours  qu’apporte  Poséidon  à  la 
détresse  de  Latone  avant  ses  couches;  une  mosaïque 
trouvée  en  Algérie,  sur  l’emplacement  de  Portus 
Magnus  (fig.  4358),  présente  un  motif  qui  concorde  d’une 
manière  frappante  avec  ce  récit  :  Latone,  transportée  par 
Borée,  est  accueillie  par  Ortygie,  tandis  que  Poséidon 
tient  en  respect  le  serpent  Python  23 .  Une  pyxis  en  os  du 
musée  du  Louvre  montre  Apollon  sortant  du  sein  de  sa 
mère  en  présence  de  l’ile  Délos  personnifiée  24.  Sur  un 


relief  de  marbre,  le  travail  de  l’enfantement  est  en  train 
de  s’accomplir  :  une  petite  Diane  drapée  est  déjà  debout 
près  de  Latone,  mais  Apollon  n’est  pas  encore  né  23 .  Un 
certain  nombre  de  vases  peints  représentent  Latone, 
tenant  dans  ses  bras  ses  deux  enfants,  en  présence  du 
serpent  Python  ou  fuyant  devant  lui26  (fig.  4361).  C’est 
également  le  motif  de  deux  statuettes  du  musée  Torlonia 
et  du  Capitole  qui  s’inspirent  peut-être  d’un  original  du 
ve  siècle27,  et  d’un  monument  funéraire  du  musée  Chia- 
ramonti 28.  Même  sujet  sur  différentes  monnaies  d’Asie 
Mineure29.  Un  miroir  étrusque  montre  les  deux  enfants 
tuant  le  monstre30.  L’épisode  de  Tityos  a  fourni  le  motif 


Fig.  4300.  —  Latone 
cl  Chloris. 


3  Aeliaii S  jJ-’  douin‘  °f  hell.  stud.  1889,  p.  21G  sqq. —  2  Corp.  inscr.  g r.  4/00.  - 
Lalnno  lSl'  an‘.  X’  't‘  '  ^nlon'mis  Liberalis,  XX  VIII,  3,  parle  de  la  métamorphosée 
«w.-cf  *0  ™USaraienc-  ~  4  Hcl'-  H.  155  sqq.  ;  Plut.  De  le.  et  Os.  38  ;  Stvab.  XIII,  8( 
Y  o  '  r_uPPc'  Or. Culte  undMyth.  I,p.53isq. —  $Corp.  inter.gr.  5039.—  6  Pau 
pi.  xx  'i6~L  H  X’  19,  f  •  —  8  CoU •  Baracco ,  pl.  l,  p.  41.  —  9  Overbeck,  Atla 
An;.  189/  °S,C  lei'’  Lcx^c-  "  ( Beto ',  1975,  (ig.  4;  cf.  un  relief  de  Dresde,  Arc. 

y  aurait  eu  'dans  lT  i'°  Stl'ab-,XIV>  Gl9-  ~ 11  paus.  I,  44,  2  :  le  texte  indique  qu 
d’autre  part  i  J  eniple,  d  une  part  trois  statues  indépendantes  des  divinité 
12  Imhoof-lJI  1  bIOU1,c  dc  la  m6me  triade,  toutes  ces  œuvres  du  même  Praxitèle.  • 
P-  7;  Ovcrhpr'l'101/^1  (Tdner’  Numism-  comm.  on  Pausanias,  pl.  A,  x,  ir,  i,  u 
~  14  Imlioof-Ri’  '  Kumtm'Jth-  I!I>  Münztafel  V,  3.  -  13  Paus.  Il,  21, 
p.  44,  |]g.  /  J"161’  Ct  Gardner>  Ibid.  pl.  K,  36-38  ;  Overbeck,  Gr.  Plast.  4”  éd.  I 

~  13  Paus.  VI,lV’,C<>lll?rT’.  HiSt‘  de  la  sculpt-  9r-  Ilj  P'  20-’  fiS'  13 
p.  543-564;  Loch  i  r>  °  ^  oir  en  dernier  lieu  Fougères,  Mantinée ,  pl.  î-iv 
Rrop.  ni,  285  , A  ’  _  des  ét-  sr-  XI  (1899),  p.  234  sqq.  -  n  Plin.  XXXVI,  2- 
Werkdes  Eunln -  ^  v  **  Plin‘  XXXIV>  T*-  Sur  le  motif,  Reisch,  Ein  vermeint 
—  m  Paus.  l[  oj  7S,!Up’  18°3,  P’  30  sqcl'  >  Oollignon,  Sculpt.  gr.  Il,  p.  352  s 
~  20Boem.  Mitth  IV  j  IaiiS’  Pul»clète>  P-  -8>  a  Pe“sé  à  Polyclète  l’Ancie 
,  p  .  x  a.  —  21  Overbeck,  Gr.  Kunstmyth.  111,  p.  259  sqq. 


Atlas,  pl.  xxi,  10  ;  Reisch,  Gr.  Weihgeschenke,  p.  26  sq.  ;  Herrmann,  Arch.  Ans. 
1894,  p.  27  ;  Fougères,  Bull,  decorr.  hell.  XIII,  p.  392.  — 22 Gerhard,  Etr.  Spiegel, 
I,  15-16,  77.  —  23  Bev.  de  l'Afrique  franc.  II  (1884),  pl.  v,  p.  117  ;  V  (1887),  pl.  îv, 
p.  395  (Héron  de  Villefosse)  ;  Jahrbuch,  V  (1890),  pl.  v  ct  p.  215  sqq.  (C.  Robert). 
On  peut  comparer  le  relief  d’un  sarcophage  de  la  villa  Borghèse  :  Arch.  Zeit.  1869, 
pl.  xvi ;  Robert,  ffennes,  XXII,  p.  460  sqq.;  cf.  Jahrbuch,  V,  p.  220,  n.  6. 
Voir  la  pyxis  en  os  du  Louvre,  où  la  femme  portée  par  un  Triton  représente  Orty¬ 
gie,  l’ile  de  Délos  elle-même,  et  le  couvercle  de  sarcophage  de  la  villa  Borghcse 
{Mon.  Piot,  VI,  pl.  xv,  p.  165  et  fig.  3).  —  24  Monuments  Piot,  VI,  p.  166,  pl.  xv 
(H.  Graeven).  —  23  Ibid.,  p.  167,  fig.  4.  —  26  De  Witte  et  Lcnormant,  Élite 
ce  ram.  II,  1  et  1  A  ;  Muller-Wieseler,  II,  13,  144;  Berlin,  Vas.  2212;  Overbeck, 
Kunstmyth.  III,  p.  378,  et  Atlas,  XXI11,  1;  Roscher,  Lexik.  II,  1973,  fig.  1. 

—  27  Schreibcr,  Apollo  Pythoktonos,  pl.  i;  Tischbein,  Ane.  Vas.  III,  pl.  iv; 
Overbeck,  Gr.  Plastik,  II,  p.  172;  Kunstmyth.  III,  p.  572,  et  Atlas,  XXIII,  18; 
Reisch,  Op.  cit.\  Hclbig,  Führer  der  ôffentl.  Samml.  I,  p.  316;  Roscher,  Loc.  cit. 
fig.  2  ;  Rcinach,  Répcrt.  de  la  statuaire,  II,  417,  6  et  7.  —  28 Muller-Wieseler,  II,  880. 

—  29  Schreiber,  Ibid.  pl.  net  p.  79  sqq.  ;  Overbeck,  Kunstmyth .  III,  p.  373  sq.  etMünz- 
tafel,  V,  17-20  ;  Roscher,  Loc.  cit.  1974,  fig.  3  ;  Catal.  of  the  greek  coins  Brit.  Mus. 
/onia,  104, 165, 200.  —  30Gerhard,  Etr.  Sp.  IV,  291  A  ;  cf.  Anth.  Pal.  III,  7. 


LAT 


—  986  — 


LAT 


de  plusieurs  vases  peints  1 .  Quant  à  celui  de  Niobé,  nous 
nous  bornerons  à  rappeler  ici  que  Latone  figure  dans 
plusieurs  représentations,  mais  sans  prendre  elle-même 
part  à  l’action  2.  Une  peinture  d’IIerculanum,  copie  d’un 
original  attique  du  iv°  siècle,  se  rapporte  à  une  phase 
de  la  légende  antérieure  au  dénouement  tragique  ;  c’est 
une  querelle  entre  Latone  et  Niobé,  encore  jeunes  filles, 
à  propos  d’une  partie  d’osselets;  une  de  leurs  compagnes, 
Phœbé,  intervient  entre  elles  comme  conciliatrice 3 . 

On  peut  signaler  encore  la  présence  de  Latone  sur  un 
assez  grand  nombre  de  vases  peints  à  figures  noires  et  à 
figures  rouges,  parmi  d’autres  divinités  :  elle  s’y  reconnaît 
d’ordinaire  à  la  proximité  d’Apollon  ou  d’Artémis,  et  ne 
porte  guère,  comme  signes  distinctifs,  que  Vhimation 
passé  sur  la  tête  en  guise  de  voile,  et  une  couronne  ou  un 
diadème  garni  de  fleurons  ;  parfois  aussi  elle  tient  un 
rameau  ou  une  coupe  4.  Quelquefois  elle  assiste,  der¬ 
rière  Apollon,  à  la  dispute  du  trépied5,  à  la  lutte  au 
sujet  de  la  nymphe  Marpessa6,  au  concours  entre  Apollon 
et  Marsyas7..  Au  grand  autel  de  Zeus,  à  Pergame,  elle 
figure  parmi  les  divinités  combattantes,  armée  d’une 
torche,  qu’elle  dirige  contre  un  Géant8. 

Interprétation. —  Le  mythe  de  Latone  est  un  de  ceux 
qui  se  prêtent  le  mieux  à  une  explication  naturaliste. 
On  a  souvent  rattaché  le  nom  de  A^toj  à  une  racine 
Xa9,  qui  se  retrouverait  dans  les  verbes  Xvjôw,  Xavôctvo», 
lateo  :  étymologie  contestée  il  est  vrai  9,  mais  que 
ses  partisans  ont  défendue  contre  les  critiques10.  Latone 
serait,  dans  cette  hypothèse,  une  personnification  de 
la  nuit  (littéralement  Y  obscure,  la  receleuse ),  ou  encore 
de  la  terre  enveloppée  des  ténèbres  de  la  nuit.  Cette  in¬ 
terprétation,  déjà  donnée  par  les  anciens11,  a  été  de  nos 
jours  fréquemment  reproduite  12.  Max  Muller  remarque 
que  Léto  est  la  sœur  d’ Astérie  ou  du  «  ciel  étoilé  »  13. 
Délos,  le  lieu  de  naissance  d’Apollon,  est  l’orient  «  clair  »  ; 
Ortygie,  celui  d'Artémis,  a  son  équivalent  dans  le  sans¬ 
crit  vartikâ ,  opTu;,  la  «  caille  »,  et  celle-ci  est  un  sym¬ 
bole  du  printemps  ou  de  l’aurore14.  L’union  de  Zeus  et 
de  Léto  est  donc  une  image  de  l’union  du  ciel  et  de  la 
nuit,  qui  donne  naissance  au  dieu  de  la  lumière  et  de 
l’été,  Apollon,  lequel  est  à  la  fois  le  soleil  diurne  et  le 
soleil  annuel,  les  concepts  du  printemps  et  du  matin 
étant  constamment  parallèles  dans  la  vieille  mythologie. 
Plusieurs  des  détails  de  lalégende  ont  été  interprétés  sui¬ 


vant  cette  donnée  générale  :  le  palmier  (cpoïvtÇ)  représen¬ 
terait  la  rougeur  du  matin,  etc.15. 

On  a  cherché  aussi  dans  un  ordre  d’idées  tout  diffé¬ 
rent  le  vrai  sens  du  mythe.  Latone  serait  une  déesse  de 
la  maternité,  de  la  fécondité  heureuse16.  Son  nom  pour¬ 
rait  dériver  d’un  thème  indo-européen,  lê ,  «  donner,  pro¬ 
curer  »n;  mais  l’hypothèse  invoque  surtout  quelques 
détails  significatifs  de  la  légende  et  du  culte.  Latone  est 
avant  tout  la  mère  divine,  comme  Héra  est  l’épouse  par 
excellence.  On  l’invoque,  dans  un  épithàlame,  comme 
Koupoxpôcpoç  18.  Par  là  s’expliquent  ses  accointances  avec 
Ilithyia,  et  avec  Héra,  particulièrement  dans  le  culte  de 
Platées,  ainsi  que  son  surnom  de  $utG|,  qui  est  si 
caractéristique19.  La  déesse  qui  procure  les  naissances 
heureuses  est,  par  une  induction  naturelle,  la  même 
qui  peut  tarir  la  source  de  la  vie,  causer  l’avortement 
ou  anéantir  la  descendance  :  de  là  le  mythe  cruel  de 
Niobé.  Ce  dernier  aspect  se  traduit  encore  dans  le  culte 
d’Argos,  où  on  lui  donne  pour  compagne  XXwptç,  la 
«  pâle  »,  nommée  aussi,  comme  Perséphone,  MeXiêota,  la 
«  destructrice  »20.  F.  Durrbach. 

LATONIA  (Atjtcoix)  1 .  —  Fêtes  en  l’honneur  de  Latone. 
On  a  relevé,  à  l’article  latona,  les  différentes  villes  oit  la 
déesse  avait  un  sanctuaire,  soit  particulier,  soit  en  com¬ 
mun  avec  Apollon  et  Artémis.  Tous  ces  sanctuaires  ont 
naturellement  leur  culte  et  leurs  fêtes.  Nous  avons  des 
renseignements  sur  quelques-unes  de  ces  fêtes. 

A  Délos,  on  offrait  dans  le  courant  du  Lénaion,  le  pre¬ 
mier  mois  de  l’année,  des  sacrifices  à  Apollon,  Artémis, 
Latone,  Zeus  Soter  et  Athéna  Soteira2  ;  à  la  fin  du  dernier 
mois,  Posidéon,  des  sacrifices  à  Apollon,  Artémis  et 
Latone  3  ;  au  quatrième,  Artémision,  étaient  célébrées  les 
Aijxia  et  les  ’Ap-rspuW  4.  Des  comptes  déliens  mentionnent 
l’achat  de  pourpre  pour  l’himation  de  Latone5;  ce  détail 
prouve  que,  suivant  une  habitude  fréquente  des  cultes 
grecs,  on  renouvelait  à  l’occasion  des  fêtes  les  vêtements 
et  les  parures  de  l'idole  sacrée.  Aux  Létôa,  comme  aux 
autres  fêles  de  Délos,  le  chœur  des  Déliades  participe  à 
l’éclat  de  la  cérémonie  6  :  il  s’agit  du  chœur  des  jeunes 
filles,  habiles  aux  chants  et  à  la  danse,  qui  sont  déjà 
célébrées  par  l’hymne  homérique7.  Les  frais  du  chœur 
sont  supportés,  suivant  les  cas,  par  différents  donateurs, 
insulaires  ou  étrangers  :  c’est  en  leur  nom  que  les  Dé¬ 
liades  consacrent,  à  Latone  comme  aux  autres  dieux,  des 


1  Élite  céram.  II,  55-57;  Monument i,  1850,  pl.  x-xi;  Gerhard,  Trinkscli.  und  Ge  . 
C  ;  -Eo  .  4K.  1883,  pl.  ni;  Overbeck,  Atlas,  XXIII,  2-8.  Ce  motif  se  trouvait  déjà  sur 
le  trône  d’Amyclées,  Paus.  III,  18, 15,  et  à  Delphes,  dans  un  ex-voto  des  Cnidiens,  Paus. 
X,  II,  1  ;  uu  fragment  de  cette  dernière  œuvre  a  etc  retrouvé  :  Homollc,  Bull,  de 
corr.  '  hell.  XXI,  p.  402.  —  2  Ant.  Denkm.  I,  22  =  Roscher,  Lexik.  art.  Niobé, 
398,  fig.  1  ;  cf.  Lœschcke,  Jahrbuch,  II,  p.  275  sqq.  ;  fragment  de  relief  inédit  de  la 
villa  Albani,  Fea-Morcelli-Visconti,  178;  cf.  Roscher,  Lexik.,  art.  Leto ,  1979; 
Latone  assise  à  côté  de  scs  enfants  sur  un  vase  de  Naples,  Heydemann,  3246  ;  Ber. 
der  saecbs.  Gesellsch.  1875,  pl.  iv  =  Roscher,  art.  Niobé,  407,  fig.  6.  On  a  vu 
encore  une  Latone  ou  une  Héra  dans  la  déesse  assise  au  haut  d'un  vase  Jatta  ;  Stark, 
Niobe  pl.  Il,  p.  153;  Heydemann,  Berichte,  p.  218.—  3  Helbig,  U  andgemülde, 
170  b  ;  Roscher,  art.  Leto,  1979,  fig.  5;  Robert,  2i'“  Hall.  Winckelmanns  progr. 
1897,  pl.  I.  L'étude  de  Robert,  à  qui  est  duc  la  véritable  interprétation,  dispense 
de  citer  la  bibliographie  antérieure  ;  cf.  Léchât,  Rev.  des  ét.  gr.  XI,  p.  233  et  s. 
Ce  motif  était  peut-être  le  sujet  d’une  pièce  de  Sappho,  dont  il  reste  un  vers,  fr.  31  ; 
cf.  encore  un  relief  de  style  attique  conservé  au  musée  des  Thermes  :  Savignom, 
Bull.  dell.  comm.  di  Borna,  XXV  (1897),  pl.  v  =  Roscher,  art.  Niobe,  402,  fig.  3 
_  4  Élite  céram.  II,  23  B,  24,  20  sq.  33  sq.  3G,  30  A,  44;  Gerhard,  Auser  .. 
Yasenb.  I,  20,  21,  25,  20,  28;  Monumenti,  IX,  17.  Au  sujet  du  voile,  cf.  1  épithète 
de  Bacchylide,  X  (XI),  Blass,  98  :  çoivixoxfaSéjivoto  Aa-toü;.  —  B  Overbeck ,  Ci . 
Kimstmyth.  III,  394  sqq.  n°*  17-30.  —  6  Id.  Ibid.,  Atlas,  XXVI,  6.  —  Ibid. 
XXIV,  20  et  25  ;  XXV,  5.  —  8  Mayer,  Gig.  und  Tit.  p.  372  ;  Puchstein,  Sxtzungsber. 
d.  Berl.  Ak.  1888,  p.  1232,  et  Tafel  zw.  S.  1242;  Collignon,  Sculpt.  gr.  Il,  5-0. 
Cet  attribut,  que  ne  prête  jamais  à  la  déesse  l'art  archaïque,  autorise  peut-êlie  à 
reconnaître  une  Latone  dans  une  déesse  voilée  et  armée  de  deux  torches,  qu  ou 


voit  auprès  d’Artémis  sur  un  relief  du  Vatican  [Gigantes,  fig.  3502]:  Millier- Wicsclcr, 
H,  848.  Latone  assiste  une  fois  à  la  naissance  d'Athéna,  Monumenti,  VI,  5i>, 11  ■ 
elle  fi  "lire  dans  la  procession  des  dieux  du  vase  de  Sophilos,  Athen.  Mitth.  XD'i 
pl.  i,  etc.  —  »  Curtius,  Gr.  Etym.  5«  éd.  120.  —  10  Enmann,  ap.  Roscher  s,  Lexik 
II,  1970,  qui  combat  cette  interprétation,  admet  cependant  que  l’étymologie  tradi¬ 
tionnelle  ne  souffre  pas  de  difficultés  péremptoires;  cf.  Fay,  Americ.  Journ.  »[ 
philol.  XVI,  p.  4  ;  Max  Millier,  Nom.  études  de  mythol.  trad.  Job,  1898,  p 
et  en  général  sur  l’application  des  lois  phonétiques  aux  noms  propres,  Ibid ■  p.  -1"' 
317.  Vraisemblablement,  d'ailleurs,  Ar.i»  est  un  diminutif.  —  H  Plut.  De  Daeda . 
plat.  3-4;  Etym.  Magn.  564,  16.  Autres  étymologies  dans  Plat.  Crat.  p.  406  A,  <■ 
Aristot.  ap.  Tzetz.  ad  Od.  I,  9.  —  12  Wclcker,  Gr.  Goetterl.  I,  513;  Prellcr,  Gr. 
Mylh.  (3«  éd.),  I,  p.  190  ;  Max  Miiller,  Op.  cit.  p.  100,  378,  490  ;  Decharme,  Myt"°  ' 
de  la  Grèce,  p.  97.-13  Op.  cit.  p.  496.  -  U  Ibid.  p.  424.  -  is  Decharme,  /■<*• 
cit.  —  16  Enmann,  l.  I.  1967  sq.  ;  Wernicke,  art.  Artémis  in  Pauly-Wissowa.  l  . 
1359,  s'est  rallié  à  cette  interprétation.  —  17  Fick,  Wôrterbucli,  4”  éd.  I,  120.  53" 

_  18  Thcocr.  XVIII,  50  :  Aa tù  |Uv  8ot»i  Aat!»  xouçotjo<çoî  tiiTtxvîocv  ;  cf.  hlsonei , 

Goetternamen,  p.  124  sqq.  -  «  Wernicke,  Ibid.,  voit  aussi  dans  l’épithète  « 
M.J/îa  (de  ,iuxo;,  caverne,  retraite)  une  allusion  à  la  protection  exercée  Par  1,1 
sur  la  grossesse.  —  20  Enmann,  p.  1970,  explique  Me>.{8oux  par  («ktoî,  vain,  irrillis< 
et  la  racine  foi  qui  se  retrouve  dans  ph>s,  la  «  vie  ». 

LATONIA.  l  La  forme  se  trouve  à  Délos  :  Bull,  de  corr.  be  ■ 

p,  397,  L  9  ;  comptes  de  279, 1,  1.  93.  —  2  Ibid.  VI,  p.  81,  n.  I  ;  XIV,  P-  49-,  " 

-  3  Ibid.  XIV,  p.  495,  n.  5.  —  4  Ibid.  p.  493,  n.  8.  —  5  Ibid.  p.  455,  n.  • 
p.  500,  n.  5  ;  cf.  sur  l’organisation  des  fêtes  do  Délos  en  général,  Ibid.  p.  4J» 

—  0  Ibid.  p.  500  sqq,  —  7  Hymn.  hom.  I,  157. 


LAT 


—  987  — 


LAT 


offrandes,  couronnes,  phiales,  etc.,  qui  portent  le  nom 

gêüneal inscription  d’Hiérapolis  mentionne  des  At|t<6«* 

11  L^Létôon  de  Xanthos  fut,  par  ses  fêtes,  un  des  pre¬ 
miers  centres  d’attraction  pour  la  Lycie  tout  entière  et 
probablement  l’origine  de  la  confédération  lycienne  \ 
La  fête  fédérale  annuelle  était  célébrée  alternativement 
dans  plusieurs  des  villes  du  Koivôv  ;  nous  voyons  qu’elle 
l’était,  en  particulier,  au  Létôon  de  Xanthos  .  les  piy- 
tanes  '  des  villes  voisines  participaient  aux  cérémonies 
sacrées s.  Plus  tard  on  y  célébra  le  culte  des  empereurs 
en  même  temps  que  celui  des  dieux  nationaux6. 

A  Phaestos,  en  Crète,  on  a  vu  que  Latone  est  adorée 
sous  l’épithète  de  a» uti't),  qu’on  expliquait  par  la  légende 
de  la  métamorphose  de  Leukippos  en  jeune  homme 
[latona].  On  y  célébrait,  en  l’honneur  de  la  déesse,  la 
fête  des  ’Exoûata,  qui  commémorait  le  miracle,  parce 
que  la  vierge  avait  dépouillé  (i?é Su)  ses  habits  de  jeune 
fille  7.  F.  Dürrbach. 

LATRINA.  —  Chez  les  Grecs,  "AcpoSoç 1 ,  açooo;  àvocyxatoç2  , 


àvayxaïa3,  ànoTta xo;4,  ïirvciç  5,  Xasocva  ou  Xaaavov 11 .  Le  dernier 
mot,  outre  le  sens  de  latrines,  avait  aussi  celui  de  chaise 
percée7;  toutefois,  dit  Pollux,  ce  meuble  était  plus  conve¬ 
nablement  désigné  par  le  mot  otcppoç  et  par  son  diminutif 
StçpGxoç8.  La  chaise  percée  était  mobile,  Tiôsfxsvoç,  avai- 
poégevoç9,  ou  fixe,  crrepeôç10,  àxt'vTrproç11.  Quant  au  mot 
xoTtpwv,  auquel  on  a  quelquefois  attribué  le  sens  de  latri¬ 
nes i2,  les  textes  allégués13  n’établissent  pas  qu’il  ait 
désigné  autre  chose  qu’un  dépôt  d’immondices  u. 

Il  est  donc  établi  que  les  Grecs  avaient  des  latrines  et 
des  chaises  percées;  un  des  textes  précités  se  rapporte 
évidemment  à  une  latrine  publique13,  un  autre,  plus 
probablement  à  une  latrine  privée  16  ;  il  semble  que,  près 
des  temples  fréquentés,  il  y  en  avait  17.  Mais  les  maisons 
particulières  en  étaient-elles  généralement  pourvues  ? 
Quelle  en  était  l’organisation?  Autant  de  questions  ou  con¬ 
troversées  ou  encore  insolubles18. 

Le  mot  latin  latrina  a  comme  synonymes  :  forica 19, 
secessus20,  sel/a21,  necessarium 22.  Quant  au  mot  latrina 
lui-même,  c’est  une  contraction  du  mot  lavatrina,  qui,  à 
une  époque  ancienne,  désignait  le  bain  que,  plus  tard,  on 
appela  balneum23.  La  lavatrina ,  dont  le  nom  dérive,  on 
n  en  peut  douter,  du  mot  /avare,  était  généralement  dans 
la  cuisine  ou  àcôté.  C’était  une  installation  simple  et  primi¬ 
tive  ;  plus  d’une  fois,  l’eau  du  bain  arrivait  boueuse  et  jaunie 
par  1  orage  récent2'*;  mais  aussi  c’était  économique;  le 


même  foyer  chauffait  le  bain  et  cuisait  le  repas.  Un  réci¬ 
pient  posé  sur  le  fourneau  contenait,  tant  que  celui-ci 
était  allumé,  de  l’eau  toujours  chaude,  prête  à  être  versée 
dans  la  baignoire25.  En  même  temps,  l’eau  du  bain 
s’écoulait  par  les  mêmes  conduits  que  les  eaux  ménagères. 
Quand  l’usage  des  latrines  privées  s’établit,  la  même 
raison  les  fit  placer  dans  la  cuisine  ou  à  côté,  parce  que 
la  canalisationyétaittouteprête.  Et  c’esttoutcetensemble 
qui  s’appela  d’abord  lavatrina ,  puis  latrina  ;  c’était 
l’endroit  par  où  s’écoulaient  toutes  les  eaux,  toutes  les 
immondices  qu’une  maison  habitée  livre  quotidiennement 
à  la  fosse  et  à  l’égout.  Lorsque,  au  commencement  du 
me  siècle  av.  J.-C.,  à  l’exemple  des  Grecs,  les  Romains 
établirent  des  bains  publics,  offrant,  à  bon  marché, 
le  luxe  et  le  confort,  le  bain  privé  disparut  des  intérieurs 
modestes,  les  familles  riches  construisirent  dans  leurs 
maisons  des  bains  avec  hypocaustes,  et  la  latrine  seule 
resta  à  la  cuisine,  conservant  le  nom  emprunté  au  bain. 
Il  y  eut  donc  trois  périodes  :  le  mot  lavatrina ,  latrina , 
désigna  d’abord  le  bain26  ;  puis  le  bain  et  la  latrine-1, 
enfin  la  latrine  seule28.  Le  mot  latrina  ne  fut  donc  pas 
créé  pour  la  chose  qu’il  désigna  plus  tard,  mais  il  y  fut 
appliqué  par  extension,  et  c’est  à  tort  que  certains  auteurs 
et  lexicographes  le  font  dériver  de  latere ,  parce  que  la 
latrine  est  un  endroit  où  l’on  se  cache29. 

Les  latrines  publiques  durent  être  én  usage  de  bonne 
heure  à  Rome.  Un  texte  remontant  au  ne  siècle  av.  J.-C. 
y  mentionne  des  urinoirs30,  et,  d’un  autre  endroit  du 
même  passage,  on  peut  conclure  qu  il  y  avait,  au  forum 
ou  au  comitium,  non  loin  du  tribunal,  un  de  ces  établis¬ 
sements31.  Au  i^  siècle  av.  J.-C.,  Rome  s’enrichit  d’une 
nouvelle  latrine  publique,  quand,  par  décret  du  sénat,  on 
donna,  afin  de  la  déshonorer,  cette  affectation  honteuse 
à  la  salle  de  la  curie  de  Pompée  où  César  avait  été  frappé 32. 
Sous  Tibère,  ce  fut  un  crime  de  lèse-majesté,  puni  de  la 
peine  capitale,  d’aller  dans  une  latrine  publique  avec  une 
bague  dont  la  pierre  gravée  représentait  l’empereur 
ou  avec  des  monnaies  à  son  effigie33.  Sous  Néron,  Lucain, 
jeune  encore,  lança  dans  une  latrine  publique  une  gros¬ 
sière  insulte  à  l’adresse  de  l’empereur,  mettant  en  fuite, 
par  la  crainte  d’être  compromis  dans  une  accusation  de 
lèse-majesté,  tous  les  Romains  qui  s’y  trouvaient35.  Et, 
de  ce  fait  que  l’historien  appelle  les  fugitifs  sessores,  on 
peut  conclure  que  ces  latrines  avaient,  non  pas  seulement 
des  dalles  percées,  mais  des  sièges.  Il  est  permis  aussi 
de  leur  supposer  d’assez  vastes  dimensions,  car  Néron  y 
fit  jeter  les  statues  de  tous  les  athlètes  vainqueurs  dont 


‘  Bu«.  decorr.  hell.  X,  p.  402, 1.  20  ;  p.  405,  l.  108  ;  XIV,  p.  500,  n.  3,  et  p.  502. 
d  f  N’0^  ™SCr'  yraec’  3910;  cf.  Eckhel,  Doctr,  num.  vet.  IV,  p.  452.  —  3  Benn- 
or  iemann,  Reisen,  I,  p.  53;  Fougères,  De  Lyc.  comm.  p.  12.  —  4Benndorf- 
emann,  I,  p.  122,  n»  92  ;  p.  123,  n”  90.  —  B  Fougères,  Ibid.  p.  12.  —  0  Fou- 
®  71  '  108  ’  cP-  P-  HA-  —  7  Anton.  Liberalis,  XVII. 

Ec  l  1  H‘PPocr.  De  affect.  Kiihn,  t.  II,  p.  403  (Foës,  523,  18)  ;  Aristoph. 

I  23CS"  aC'  AHien.  X,  444  b  ;  Dio.  XL VII,  19  ;  cf.  Lucian.  Hist.  ver. 

LXXXVtït  oian.  Hipp.  VIII,  et  Schol.  ad.  I.  «ooSoç  ô  âxon«T ôç.  —  3  Epict.  Sent. 
nf..„  .  ’  P'  134  :  cf-  Diod-  IV,  33,  XfE;a  Cic.  De  nat.  deor.  Il,  50  : 

Galen  "nT~  4  Aristoph.  Acharn.  81  ;  cf.  Plut.  1184;  Ecc.  351,  354  :  ànoicatelv  ; 
Plut  Ris  Tu  UI’  3’  éd‘  Külm’  !•  XVI>  P-  300  ;  Poil.  X,  44  (9).  —  B  Aristoph. 
(Foës  9fii  es?c^‘  s‘  ^  —  1  Hippocr.  De  superf.  Kuhn,  1. 1,  p.  4G3 

__  8  Pou  1  _91>ist°Ph*  Proa9-  îr.  VIII  (80)  et  Phcrec.  ap.  Poil.  X,  44,  45  (9). 

-  11  Poil  l  l  9  Arist0|,h-  et  Phorec.  ap.  Poil.  I.  I.  —  i0  Artemid.  Oneir.  II,  20. 

n  3  _  12  Cf’  u  A"  WillCkler’  Die  Wohnhàuser  d.  Hellen.  Berl.  1808,  p.  187, 
Demos th  ArisioauT^'  Privatalt-  19'  “■  »•  -  13  Aristoph.  Thesmop.  485; 
rep  XLI  ■  ri  a,  ’  W ld'  ap'  Po11-  V’  91  (u):  At,ien-  x-  417  plut.  Sloic. 
«*: ”•  «•  >■  >.  *“•  «■  Migne.  —  14  Cf.  A. 

—  17  Id.  Ibid  Tlxi  Anllpl1'  ap-  AUien-  x,  444  4.  —  16  Aristoph.  Plut.  815. 

18  HI.  Hermann  et  Winckler,  l.  I.  ■ —  19  Juv.  III,  38,  et 


Schol.  ad  v.  Beaucoup  de  commentateurs  traduisent  le  mot  forica  dans  ce  vers  par 
boutique  ;  mais,  quel  que  soit  le  sens  que  l'on  adopte,  le  fait  que  le  scoliaste, 
quand  même  il  interpréterait  mal  Juvénal,  explique  forica  par  latrine,  prouve  que 
le  mot  avait  aussi  cette  acception.  —  20  Vêtus  colloq.  gr.-lat.  publié  à  la  fin  des 
glossaires  :  àroîtaxo;  y  est  traduit  par  secessus  ou  réciproquement  (cf.  Forcellini-de 
Vit,  s.  v.  secessus,  8).  — 21  Mart.  XI,  98,  12,  et  Varr.  R.  rust.  I,  13,  4  ;  Scrib.  Larg. 
Comp.  med.  CXCX.  Quelques  auteurs,  trompés  par  la  consonance  du  mot  caca- 
bulus,  ont  voulu  lui  donner  le  sens  de  latrine  ;  mais  aucun  texte  n'autorise  cette 
interprétation  (cf.  Forcellini-de  Vit,  s.  v.).  Quant  au  mot  sterquilinium,  il  corres¬ 
pond  exactement  à  xonj.lv.  —  22  Cic.  Nat.  Deor.  II,  56.  —  23  Varr.  Ling.  lat.  IX, 
68;  Lucil.  ap.  Non.  III,  131.  —  24  Senec.  Epist.  LXXXVI,  10.  —  25  Varr.  Ling. 
I.  V,  118  ;  Vitruv.  VI,  6,  2.  —  26  Varr.  ;  Non.  I.  L;  Gloss.  Philox.  Latrina,  AOUTÇtü  V. 
_ 27  piaut.  Curcul.  IV,  4.  24.  ..  Ancillam  quae  latrinam  meam  lavat  ».  Les  com¬ 
mentateurs  traduisent  latrinam ,  les  uns  bain,  les  autres  latrine  ;  il  est  probable  que 
le  mot  désigne  ici  tout  l'ensemble.  —  28  Voir  les  lexiques,  s.  v.  —  29  Cf.  Forcellini-de 
Vit,  s.  u.  ;  Mazocchi,  Tabul.  Heracl.  p.  229,  n.  35,  qui  admettent  la  dérivation  de 
latere.  —  30  C.  Titius,  ap.  Macrob.  Sat.  II,  12.  —  31  Ibid.  L'expression  employée  : 
judex  il  minet um,  ne  suppose  pas  une  latrine  complète  ;  mais  il  y  eu  avait,  selon 
toute  probabilité.  —32  Dio,  XLVII,  19.  —  33  Suct.  Tib.  LVIII.  —  34  Suet.  La¬ 
can. 


LAT 


LAT 


988  — 


la  gloire  lui  portait  ombrage  *.  C’est  dans  une  latrine  où 
il  s’était  réfugié  qu’Elagabale  fut  mis  à  mort2. 

Ces  modestes  établissements  ne  sontmentionnës  parles 
historiens  que  dans  des  occasions  exceptionnelles,  quand 
ils  ont  été  mêlés  par  hasard  à  des  événements  importants. 
Aussi  le  petit  nombre  de  textes  que  nous  venons  de  citer 
suffit  pour  établir  que,  dès  le  temps  de  la  République, 
l'usage  des  latrines  publiques  était  général  à  Rome  et 
entié  dans  les  mœurs.  Cependant,  on  n’en  a  guère  trouvé 
dans  les  fouilles  et  travaux  de  Rome.  Il  faut  probablement 
attribuer  aune  latrine  publique,  ou  tout  au  moins  dépen¬ 
dant  du  camp  des  Prétoriens,  les  restes  mis  au  jour  rue 
Magenta,  en  1872  3.  Probablement  aussi  les  sella e 
Patroclianae  mentionnées  par  Martial  4  étaient  une 
latrine  publique,  située  dans  les  environs  du  temple  de 
Jupiter  Capitolin.  Quoi  qu’il  en  soit,  plus  tard,  les  légion¬ 
naires  indiquent  à  Rome  144  ou  154  latrines  publiques6. 

Les  documents  sont  plus  rares  encore  sur  les  latrines 

privées  de 
Rome.  On  a 
trouvé  l’em- 
placemen  t 
de  celles  de 
la  maison 
dorée  de  Né¬ 
ron  s.  Des 
fouilles  ont 
ramené  au 
jour,  dans 
un  état  de 
con  serva- 
lion  com¬ 
plète,  en 
1775,  celles 
du  palais 
d’Auguste 
au  Palatin. 
Elles  ont 
malheureu  - 
sement  été 
recouvertes 
depuis, mais 
l’abbé  G.  A. 
G  u  a  1 1  a  n  i 
nous  en  a 
laissé  une 
description 
et  un  des¬ 
sin  7  (fig.  4362).  La  latrine  était  établie  daus  une  pièce  en 
hémicycle,  dont  le  mur  était  divisé  en  trois  niches  ;  dans 
chacune  de  ces  niches  était  un  siège  en  marbre,  accosté 
de  deux  consoles,  en  marbre  aussi,  d’un  bon  travail,  for¬ 
mant  à  la  fois  séparation  et  appui  pour  les  mains;  la 

1  Suet.  Nero,  XXIV.  —  2  Lamprid.  Elag.  XVII,  il  est  probable  qu’il  s'agit  ici  non 
d’un  établissement  public,  niais  d'une  latrine  privée  du  palais  des  Césars. 

—  3  Lanciani ,  Bull.  com.  t.  I,  1872-1873  ,  p.  243.  —  4  Mart.  XII,  77,  9. 

—  3  I légion .  Urb.  breviar.  p.  26,  éd.  Urlicli  ;  cf.  Preller,  Die  Région,  p.  30,  31, 
234;  0.  Gilbert,  Gesch.  u.  Top.  d.  Stadt  Bom,  III,  p.  292,  n.  1.  —  G  Bull, 
com.  I.  I.  —  7  Borna  descritta  ed  illustrala,  t.  I,  p .  51  ,  n .  1 1 ,  pl.  xm.  Il  y  a 
lieu  de  remarquer  que  dans  Guatlani  (2e  édit.  1805),  par  suite  d’une  erreur,  la 
description  de  la  planche  xm  est  dqnnée  dans  le  texte,  p.  51,  sous  le  nuni.  11.  Le 
dessin  a  été  reproduit  et  la  description  traduite  par  H.  Deglane,  Gaz.  arch.  1888, 
p.  146,  147.  —  8  Doinitien  fit  de  grands  travaux  de  constructions  et  aussi  de  restau¬ 
rations  sur  le  Palatin;  cette  latrine  est  à  l'extrémité  de  la  maison  d’Auguste  qui 
touche  au  palais  élevé  par  Domitien  ;  sous  la  maison  de  Livie,  on  a  trouvé  aussi  des 
tuyaux  au  nom  de  cet  empereur;  il  est  possible  qu’il  faille  lui  attribuer  une  restau- 


tablette  percée  et  les  conduits  étaient  également  en 
marbre  ;  en  avant,  dans  le  sol,  une  vasque  peu  pro. 
fonde  (1)  recevait,  par  un  conduit,  de  l’eau  qui  se  renou¬ 
velait  sans  cesse;  en  arrière,  un  gros  tuyau,  au  nom  d’un 
procurateur  de  Domitien  8,  et  plusieurs  tuyaux  plUs 
petits,  embranchés  sur  le  gros,  envoyaient  l’eau  aux 
conduits  de  descente  pour  les  maintenir  propres  et  faci¬ 
liter  l'écoulement.  Dans  la  partie  supérieure  du  mur 
trois  autres  niches  correspondaient,  à  titre  de  simple 
ornementation,  aux  niches  inférieures;  la  voûte  était  en 
forme  de  dôme  9.  Il  existait  aussi,  à  la  villa  Hadriana, une 
latrine  dont  les  places,  au  nombre  de  sept  ou  huit,  étaient 
disposées  le  long  d’un  mur  semi-circulaire;  les  tubes  en 
terre  cuite  descendaient,  dans  l’épaisseur  du  mur,  vers  la 
fosse  ou  l’égout10.  Tout  leur  revêtement  extérieur  a  dis¬ 
paru11.  Les  substructions  indiquent  qu’il  y  avait  des  sièges. 

Il  est  probable  que  les  latrines  publiques  de  Rome 
étaient  placées  sur  les  égouts  ou  communiquaient  avec 
eux;  mais  on  n’en  a  trouvé  aucun  indice.  Quant  aux 
latrines  privées,  il  est  certain  qu’elles  ne  communiquaient 
pas  avec  les  égouts;  une  canalisation  si  considérable, 
qui  aurait  intéressé  tout  le  sous-sol  de  la  ville  habitée, 
aurait  laissé  des  traces.  Or  il  n’en  existe  pas 12.  Les 
fosses  (pozzi  neri)  devaient  être  nombreuses,  quoiqu'on 
en  ait  trouvé  très  peu  :  une  voûtée  et  sans  ouverture,*  près 
de  la  caserne  des  Prétoriens13  ;  une  autre  dans  les  flancs 
de  la  colline  de  Saint-Pierre  aux  Liens,  du  côté  de  la  rue 
Cavour;  cette  dernière,  creusée  dans  l’argile  à  une  pro¬ 
fondeur  de  1  m.  64,  est  large  de  2  m.  88  sur  2  m.  40;  sa 
voûte,  qui  repose  sur  quatre  piliers,  avait  une  ouverture 
par  où  se  faisait  le  curage14;  elle  n’est  pas  étanche. 

Il  y  avait  aussi,  dans  les  rues  de  Rome,  des  urinoirs 
qui  étaient  disposés  dans  les  ruelles  étroites  et  peu  fré¬ 
quentées  [in  angiportu)  ;  il  en  était  au  moins  ainsi  ctu 
ne  siècle  av.  J.-C.  1R.  C’étaient  des  amphores13,  des  dolial\ 
des  vases  quelconques  en  terre,  testa 18,  que  l’on  coupait 
quand  il  y  avait  lieu,  afin  de  les  ramener  à  une  hauteur 
pratique  et  auxquels,  pour  cette  raison,  on  ajoute  souvent 
l’épithète  curtus1 9.  Les  foulons,  au  métier  desquels 
l’urine  était  nécessaire,  et  sans  doute  aussi  les  tanneurs 
qui  en  faisaient  également  usage  [fullonica,  coriarius], 
étaient  autorisés  à  mettre  dans  les  rues  des  récipients 
qu’ils  vidaient  quand  les  passants  les  avaient  remplis20. 
C’est  sans  doute  ce  privilège  que  les  foulons  achetaient 
en  payant  le  célèbre  impôt  sur  les  urines,  établi  par  Ves- 
pasien21. 

Dans  l’intérieur  des  maisons,  les  Romains  possédaient 
aussi  des  chaises  percées,  fixes  ou  mobiles22  :  elles  étaient 
appelées  lasanum,  le  scoliaste  d’Horace  le  dit  sans  réti¬ 
cence23,  et,  quoiqu’il  se  trompe  dans  l’interprétation  du 
passage  qu’il  commente  [lasanum],  le  mot  avait  certaine¬ 
ment,  dans  d’autres  textes,  le  sens  qu’il  lui  donne  ;  on  les 
nommait  aussi  sella  pertusa 24  ;  le  contexte  en  eflet 


ration  de  cette  latrine.  —  9  Cf.  Guatlani,  l.  I.  —  10  Nibby,  Descriz.  délia  i 
Adriana ,  1827,  p.  32.  —  n  Héliogravure  dans  Lanciani,  The  ruins  and  excave 
lions  of  ancient  Borne,  1897,  p.  32.  —  12  Cf.  Lanciani,  Ibid.  p.  81.  —  13 
com.  1872,  p.  244.  —  14  Bull.  com.  1892,  p.  286.  —  15  Macrob.  Sat.  IL  i'1 
—  16  Id.  Ibid.  —  U  Lucret.  IV,  1023.  —  18  Mart.  XII,  48,  8  :  Junctaque  testa 
viae.  —  19  Lucret.  I.  I.  :  dolia  curta ;  Propcrt.  IV,  5,  73  :  curto  vêtus  amph»"1 
colla.  —  20  Mart.  VI,  93,  i.  —  21  Suet.  Vesp.  XXIII.  C’est  l’opinion  adoptée  |'u 
Casaubon,  ad  l.  éd.  de  1G72,  p.  693.  Les  foulons  jouissaient  d’aillein"- 
relativement  à  la  voie  publique,  d’autres  privilèges  qu’il  était  juste 
leur  faire  payer  ;  cf.  Frontin,  De  aq.  XCIV;  Dig.  XLIII,  10 
X,  44,  45  (9).  —  23  Acro  ad  Ilor.  Sat.  I,  6,  109-111  :  « 
in  quo  exoneratur  venter  »  ;  Petron.  Sat.  XLI,  XL  VIL  —  24  Cato,  B 
11. 


de 

_1  22  Poil- 


Lasanum, 


vas 


CL  VIL 


LAT 


—  989  — 


LAT 


semble  bien  indiquer  qu’il  s’agit  ici  d'une  chaise  mobile. 
Quant  au x  sellae  familiaricae  de  Varron,  auxquelles  on 
a  donné  le  même  sens,  je  crois  que  c’est  simplement  une 
latrine  pour  les  esclaves  et  les  serviteurs  d’une  ferme 
(familia),  à  laquelle  le  tas  de  fumier  (sterquilinium)  1 
tient  lieu  de  fosse  ;  le  contexte  ne  me  paraît  laisser  sub¬ 
sister  aucun  doute.  Les  cellac  familiaricae  de  Vitruve  2, 
qu’on  a  aussi  interprétées  latrines  ou  garde-robes,  sans 
doute  par  rapprochement  avec  les  sellae  familiaricae 
de  Varron,  semblent  être  des  pièces  pour  le  service. 

Nous  trouverons  en  province,  à  Pompéi  et  dans  les  villes 
d’Afrique,  les  renseignements  que  Rome  nous  a  refusés. 

Pompéi  avait  des  latrines  publiques  assez  nombreuses  : 

au  Forum  3,  aux 


3 

5 

thermes  du  Fo¬ 
rum  ou  petits 
thermes 
grands 


Fig.  43G3.  —  Plan  des  latrines  publique  à  sPompéi. 


-,  aux 
thermes, 
dits  ne  Stabie  5, 
aux  thermes  cen¬ 
traux  aussi  appe¬ 
lés  nouveaux  6, 
au  théâtre7,  aux 
portiques  d’Eu- 
machia  8  et  dans 
divers  endroits  de 
la  ville9.  Ces  la¬ 
trines  publiques 
sont  générale¬ 
ment  établies  d’a¬ 
près  le  système  du  tout  àl’égout.  Celles  du  Forum,  quoique 
toute  la  partie  extérieure,  sauf  les  murs,  ait  disparu, 
nous  permettront  dՎ 
tudier  le  fonctionne¬ 
ment,  à  l’aide  du  plan 
ci-joint  (fig.  4363) 10 , 
car  le  sous-sol  est  in¬ 
tact.  Un  vestibule  A, 
dontles  portes  d’entrée 
et  de  sortie  1  et  2  sont 
contrariées,  afin  que, 
du  dehors,  on  ne  puisse 
pas  voir  l’intérieur  de 
la  latrine,  donne  entrée 
dans  la  salle  princi¬ 
pale  B.  Sur  trois  côtés 
de  cette  salle,  le  long 
du  mur,  courait  un 
canal  C,  aujourd’hui  à 
découvert,  sur  lequel 
étaient  posés  les  sièges 
dont  on  voit  encore,  de 
distance  en  distance,  les  supports  en  pierre  3.  Les  sièges 
te^en.  °nc  susPendus  sur  le  canal  où  tombaient  direc- 
na'^r  esma^res  qu’une  eau,  toujours  courante,  entraî- 
uectement  à  un  égout  passant  derrière  la  latrine. 

dans  rW  î  ,  f  '  3”  m^me  disposition  se  trouve  encore  quelquefois  en  France, 

p.  251  9jj.  ln*s  rusl>ques.  2  Vitruv.  VI,  10.  —  3  Fiorelli,  Descr.  di  Pompéi,  1875, 
_  4  0 vert  i  v.n’  PoniPe*a’  18"0,p.  130;  J.  Overbeck-Mau,  Porhpeji ,  1884,  p.  72. 
Ovcrbeck-Mau  5  Mic,laelis> ArcA-  ZeiL  XV11’  1859> P-  26>P>-  cxxlvi 

Fiorelli,  GH  '?/  ~  R  P'  234‘  “  7  Id-  P-  >02-  -  8  H-  P-  ‘33-  ~  9  Cf. 

et  Descr.  na  ■  '  “ 1  PomPet,dél  1861  al  1872,  p.  9,  n.  41  ;  35,  n.  27-28  ;  37,  n°  47, 
Tin igad,  1897 ^  10  ^  après  Breton,  l.  I.  —  il  D'après  A.  Battu,  Les  ruines  de 

’  I1'  13’  *'&• 6>  et  ld.  Guide  de  Timgad,  1897,  p.  1 13.  Voir  aussi  une 


La  latrine  publique  du  forum  de  Timgad,  en  Afrique, 
établie  d’après  le  même  système  que  celle  de  Pompéi,  est 
assez  bien  conservée  pour  que  nous  puissions  en  recons¬ 
tituer  l’appareil  extérieur  ;  nous  aurons  ainsi  la  descrip¬ 
tion  complète  d’une  latrine  publique  romaine.  Dans  le 
dessin  de  l’état  actuelquenous  reproduisons  (fig.  4364) 11 , 
on  voit,  à  gauche,  une  partie  de  l’ouverture  ménagée  au- 
dessus  du  canal  qui  longe  le  mur,  et,  en  avant,  sur  le 
dallage,  lp  trace  des  sièges  qui,  comme  à  Pompéi,  étaient 
suspendus  sur  le  vide  au-dessus  de  ce  canal.  Entre  chaque 
siège,  large  de  60  centimètres,  une  dalle  debout  haute  de 
80  centimètres,  dont  la  partie  supérieure  était  arrondie 
et  sculptée  en  dauphin,  formait  séparation  et  donnait  au 
bras  un  point  d’appui;  des  caniveaux,  creusés  peu  pro¬ 
fondément  et  inclinés  vers  l’égout,  facilitaient,  de  distance 
en  distance,  l’écoulement  des  liquides12.  Au  centre  d’un 
des  murs,  une  fontaine,  encore  accostée  de  ses  séparations 
sculptées  en  dauphin,  recevait  l’eau  par  le  fond  et  en 
déversait  sans  cesse  le  trop-plein  dans  une  rigole  figurée 
sur  notre  dessin,  qui  faisait  tout  le  tour  de  la  salle  et  se 
vidait  dans  le  canal.  Le  dallage,  la  présence  de  la  fon¬ 
taine,  l’eau  qui  circulait  sans  cesse  dans  la  rigole,  l'en¬ 
trainement  perpétuel  des  matières  à  l’égout  rendaient 
certainement  ces  latrines  propres,  faciles  à  maintenir  en 
bon  état  à  l’aide  de  lavages  à  grande  eau  et  probablement 
presque  inodores.  La  salle,  longue  de  8  m.  53  sur  6  m.  20, 
contenait  environ  25  places;  elle  était,  comme  nous 
l’avons  déjà  remarqué  à  Pompéi,  précédée  d’un  vestibule13. 
Les  latrines  des  thermes  de  Timgad  étaient  aussi  établies 
sur  un  canal  courant  le  long  d’un  mur;  mais  ce  mur, 
auquel  étaient  adossés  28  sièges  limités  par  des  séparations, 
était  en  demi-cercle,  de  telle  sorte  que  la  pièce  formait 

un  hémicycle  de  14  mè¬ 
tres  de  diamètre.  Au¬ 
tant  de  caniveaux  qu’il 
y  avait  de  places  facili¬ 
taient  l’écoulement  des 
liquides  vers  la  fosse; 
une  rigole,  comme  aux 
latrines  du  forum,  cou¬ 
rait  devant  les  sièges, 
alimentée  d’abord  par 
une  fontaine  centrale, 
qui,  plus  tard,  fut  sup¬ 
primée  et  remplacée 
par  un  robinet  placé 
au-dessus  de  la  rigole 
à  chaque  extrémité  du 
demi-cercle.  Les  sièges 
en  pierre,  artistement 
moulurés,  étaientépais 
de  17  centimètres  et 
profonds  de  51  ;  les  lunettes  avaient  un  diamètre  de  21  cen¬ 
timètres11.  Dans  des  latrines  entièrement  en  marbre, 
attenant  au  marché  de  Pouzzoles,  les  trous  des  lunettes 
ne  sont  pas  parfaitement  circulaires,  mais  ont,  en  avant, 

vue  prise  d'un  autre  côté,  ld.  Les  ruines,  pl.  xi ,  p.  111,  et  le  dessin,  différent 
encore,  de  E.  Boeswilhvald  et  R.  Cagnat,  Timgad,  une  cité  africaine,  1892,  p.  14, 
fig.  7.  —  12  Pour  comprendre  Futilité  de  ces  caniveaux,  il  faut  sans  doute  se  rendre 
compte  que  les  sièges,  qui  aujourd'hui  n  existent  plus,  couvraient  à  la  fois  l'espace 
vide  au-dessus  de  l’égout  et  l'extrémité  des  dalles  en  bordure  où  étaient  ménagés 
les  caniveaux  ;  ceux-ci  pouvaient  en  même  temps  servir  à  l'expulsion  des  eaux  de 
lavage.  —  ,3  Cf.  A.  Ballu,  Les  ruines,  p.  112  et  s.;  Boeswilhvald  et  Cagnat,  O.  I. 
p.  13  et  s.  —  U  A.  Ballu,  Les  ruines,  p.  187,  pl.  xxv  ;  Guide,  p.  48. 

125 


LAT 


—  990  — 


LAT 


une  légère  échancrure,  ce  qui  leur  donne,  à  la  partie 
antérieure,  une  forme  un  peu  ovale1.  Le  sol  de  lalatrine 
des  thermes  de  Timgad  est  couvert  d’une  belle  mosaïque 
représentant  des  animaux  entourés  de  rinceaux  variés. 
Les  latrines  publiques  de  Lambèse  sont  organisées 
d  après  le  même  système  et  également  semi-circulaires, 
avec  canal  et  courant  d’eau  poussant  tout  à  l’égout.  Mais, 
au  lieu  de  sièges,  elles  ont  de  simples  dalles  percées,  et, 
en  avant  du  trou,  une  dépression  en  forme  de  cuiller  pour 
l’écoulement  des  urines  2. 

Si  nous  rapprochons  les  latrines  de  Lambèse  et  des 
thermes  de  Timgad  de  celles  du  palais  d'Auguste  et  de  la 
■\illa  d  Hadrien,  nous  constaterons  que,  pour  les  latrines 
a  sièges  multiples,  la  forme  en  hémicycle  n’était  pas 
moins  usitée  que  la  forme  rectangulaire.  Nous  remar¬ 
querons  aussi  que  le  système  très  hygiénique  et  très  pra¬ 
tique  adopté  par  les  Romains  était  d’un  usage  général, 
puisque  nous  le  retrouvons  en  Italie  et  dans  les  villes 
d  Afrique.  Les  villes  de  province  de  l’empire  romain  étaient, 
a  ce  point  de  vue,  plus  favorisées  que  nos  capitales  qui 
hésitent  encore  devant  «  l’innovation  »  du  tout  à  l’égout. 

C  est  a  Pompéi  qu  il  nous  faut  revenir  pour  étudier  les 
latrines  privées.  Celle  dont  nous  donnons  ici  le  dessin 
(fig.  4305)  se  trouve  dans  une  maison  située  derrière  le 


monument  d’Eumachia3.  Deux  socles  en  maçonnerie, 
surélevés,  marquent  la  place  des  pieds  (1),  un  peu  au- 
dessous  de  l’amorce  qui  supportait  à  droite  (2)  le  siège 
aujourd’hui  disparu  ;  une  forte  pente  (3)  s’incline  vers  un 
conduit  ménagé,  au  fond  de  la  latrine,  dans  l’épaisseur 
du  mur  (5)  et  en  communication  avec  l’égout;  un  tuyau  (4) 
descend  de  l’étage  supérieur,  soit  pour  apporter  de  l’eau, 
soit  plutôt,  à  cause  de  salargeur,  comme  tuyau  de  décharge 
des  eaux  ménagères  ou  d’une  latrine  située  au-dessus  de 
la  première. 

1  Cochin  et  Bellicard,  Obscrv.  sur  les  antig.  d' Herculanum,  2e  éd.  1755,  pl.  xxx, 
p.  83,  et  1757,  p.  66.  Voir  le  dessin,  sans  doute  restauré,  de  Jorio,  dans  Cagnat, 
Timgad,  p.  212.  —  2  A.  Poulie.  Hecueil  de  la  Soc.  de  Constantine,  3e  sér.,  I.  Il 
(XXXIII),  1883-1884,  p.  194;  II.  Cagnat,  Lambèse,  1893,  p.  49,  s.  —  3  Reg.VII, 
ius.  9,  via  4,  n°  63.  —  4  Fiorelli,  Gl i  scav.  d.  1801  a.  <872,  p.  24,  n01  2-3  ;  57,  18. 
Je  cite  cet  ouvrage  de  préférence  à  la  Descrizione  du  même  auteur  :  les  plan¬ 
ches,  à  grande  échelle,  permettent  de  Suivre  la  description  pièce  par  pièce.  Je 
ne  citerai  qu’un  très  petit  nombre  d’exemples  par  variété.  —  5  Ibid.  p.  33,  20  ; 
55,  7;  56,  10.  —  6  P.  49,  11,  —  7  P.  55,  4;  63,  22.  —  8  Fiorelli,  Descr.  p.  374. 
—  9  Id.  Gli  scav.  p.  27,  9-11;  58,  24.  —  10  P.  4,  9  ;  40,  8;  47,  4-5;  57,  16. 


Une  chose  qu’il  faut  admettre  tout  d’abord,  c’est  que 
sauf  exceptions,  chaque  maison,  à  Pompéi,  avait  sa 
latrine.  L’usage  de  placer  la  latrine  dans  la  cuisine,  ou  à 
côté,  subsiste  encore,  mais  il  est  loin  d’être  la  règle  géné¬ 
rale.  La  latrine  de  la  cuisine  est  dissimulée  dans  un  ren¬ 
foncement4,  isolée  par  une  cloison  8  ou  par  un  petit 
mur  6  quelquefois  semi-circulaire  et  simplement  à  hau¬ 
teur  d’appui,  souvent  aussi  sans  aucune  séparation  ’• 
mais  il  est  probable  qu’il  y  avait  alors  une  barrière  en 
bois  que  le  temps  aura  détruite,  un  paravent,  ou  quelque 
autre  clôture  mobile.  On  a  vu  des  cuisines  en  possession 
de  deux  latrines  8.  Installée  dans  une  pièce  voisine  de  la 
cuisine,  la  latrine  avait  encore  une  canalisation  commune, 
à  travers  le  mur  mitoyen9;  mais  souvent  on  lui  réservait 
une  pièce  isolée  et  écartée  au  fond  de  la  maison  10,  ou 
bien  ouvrant  au  contraire  sur  le  vestibule 11  ;  très  souvent 
encore  on  utilisait  l’espace  libre  sous  l’escalier12.  Il  exis¬ 
tait  aussi,  au  premier  étage,  des  latrines  se  déversant, 
par  un  conduit,  dans  celles  du  rez-de-chaussée  13  ou  pour¬ 
vues  de  leur  canalisation  spéciale14.  Certaines  maisons 
en  ont  deux  isolées13;  il  existe  encore  des  latrines  à  deux 
places16,  avec  un  urinoir  à  côté  du  siège11.  Quelquefois 
le  siège  était  remplacé  par  un  socle  bas  percé  d’un  trou 
avec,  en  avant,  la  place  des  pieds  marquée 18  ;  l’inclinaison 
du  sol  ramenait  l’urine  dans  le  tuyau  de  décharge,  grâce 
à  un  trou  ménagé  sous  le  socle19.  Le  soir,  une  niche 
recevait  la  lampe20.  Les  sièges  conservés21,  assez  nom¬ 
breux,  sont  en  maçonnerie;  ceux  qui  étaient  en  bois  ont 
péri.  L’installation  des  latrines  de  Pompéi  était  inégale, 
comme  les  maisons  elles-mêmes,  et  comme  les  fortunes; 
elles  étaient  riches  ou  mesquines,  petites  ou  spacieuses, 
obscures  et  sans  air  ou  largement  éclairées  avec  une 
fenêtre  sur  la  rue  ou  le  jardin.  La  plus  luxueuse  latrine 
est  celle  de  la  maison  des  Dioscures  :  la  salle  est  vaste  et 
éclairée,  le  siège  double,  les  murs  peints  avec  élégance22. 

Les  systèmes  de  latrines  étaient  variés.  Le  tout  à 
l’égout,  général  pour  la  plupart  des  latrines  publiques, 
était  beaucoup  plus  rare  pour  les  latrines  prixrées; 
on  en  rencontre  cependant  des  exemples,  probablement 
dans  les  maisons  qui  se  trouvent  sur  le  passage  des 
égouts23.  Si  Ton  étudiait  sérieusement  le  sous-sol  et  la 
canalisation  de  Pompéi,  ce  qui  n’a  pas  encore  été  fait, 
on  trouverait  peut-être  que  le  tout  à  l’égout  était  moins 
exceptionnel  qu’on  le  pense.  D’autres  latrines  avaient  des 
fosses24;  les  latrines  de  deux  maisons  voisines,  adossées 
au  mur  mitoyen,  profitaient  de  la  même  fosse28. Dans  le 
quartier  qui  avoisine  la  porte  de  Stabie,  une  latrine  très 
simple  est  appliquée  contre  un  mur  percé  d’une  ouverture 
au  niveau  du  sol,  de  telle  sorte  que,  de  l’extérieur  qui 
m’a  paru  être  un  petit  jardin,  on  pouvait,  avec  une  pelle, 
faire  le  nettoyage26.  Enfin,  certaines  latrines  n’ont  ni 
égout,  ni  fosse,  ni  ouverture  d’aucune  sorte  vers  l’exté¬ 
rieur.  Il  est  plus  que  probable  qu’elles  contenaient 
autrefois  des  récipients  que  l’on  retirait  par  une  porte 
ouvrant  sur  le  devant  de  la  latrine;  et, en  effet,  que  pour- 

_ Il  p.  47,  4-5  ;  52,  3  ;  54,  13.  —  12  P.  10,  47  ;  20,  18  ;  57,  16  ;  Descr.  p.  270,  2/1, 

287,  300,  etc.  —  *3  Gli  scav.  p.  4,9;  18,  4  ;  41 ,  19-20.  —  1 4  Overbeck-Mau,  Pompej’i 
p.  292.  _  13  Fiorelli,  Descr.  p.  309-310,  n»  4-5  ;  Gli  scav.  p.  47,  4-5.  —  I6  Over¬ 

beck-Mau,  O.  I.  p.  316.  —  U  Fiorelli,  Descr.  p.  53,  166;  Gli  scav.  p.  72,  13-1 1 
—  18  J'ai  le  souvenir  d'avoir  vu  en  plusieurs  endroits,  à  Pompéi,  des  latrines  <lc 
ce  genre.  —  I9  Voir  le  dessin  de  P.  Gusman,  Pompéi,  1900,  p.  316.  —  20  Fiorelli, 
Descr.  p.  44.  —  2*  Ibid.  p.  39  ;  Gli  scav.  p.  4,  n.  9.  —  22  Cf.  Overbeck-Mau,  p.  3J;| 
Fiorelli,  Descr.  p.  137.  —  23  Mittheil.  d.  arch.  Inst.  roem.  t.  IV,  1889,  p.  1°:I’ 
V,  189o',  p.  238  ;  VIII,  1893,  p.  52.  —  24  Breton,  p.  382.  —  25  Fiorelli,  Gli  scae. 
p.  10,  n0’  47,  48.  —  20  Souvenir  personnel. 


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raient  être  ces  chaises  percees  fixes  dont  parle  Pollux  , 
linon  des  latrines  contenant  un  vase  mobile  ? 

Pompéi  nous  a  fourni  des  éléments  d’étude  assez  com¬ 
mets  pour  que  nous  ne  cherchions  pas  ailleurs;  les 
Romains  nous  l’avons  vu  pour  les  latrines  publiques,  ont 
porté  dans  les  provinces  éloignées  leurs  progrès  et  leur 
civilisation,  en  cela  comme  dans  les  monuments  d  un  ordre 
plus  élevé.  A  Nîmes,  le  général  Pothier  a  découvert,  dans 
les  ruines  d’une  maison  romaine,  une  latrine  contiguë  à 
la  cuisine,  dont  la  fosse  était  sans  cesse  lavée  par  des  eaux 
courantes  2.  Au  Châtelet,  Grignon  a  trouvé  des  fosses  ma¬ 
çonnées,  carrées,  circulaires  et  semi-circulaires 3 .  On  avait 
relevé  en  Gaule  l’existence  d’un  grand  nombre  de  puits, dits 
puits  funéraires.  On  s’étonnait  toutefois  de  n’y  pas  rencon¬ 
trer  d’ossements  humains,  mais  un  dépôt  noir  caractérisé, 
et  des  débris  de  toute  sorte  qui,  d’habitude,  ne  constituent 
pas  les  mobiliers  funéraires.  La  présence  de  substruc- 
tions  surprenait  aussi,  tant  les  vivants  semblaient  4  ivre 
avec  les  morts.  M.  Lièvre,  de  Poitiers,  a  découvert  et 
démontré  que  ces  prétendus  puits  étaient  simplement 
des  fosses  d’aisance  ;  on  a  même  reconnu,  entre  certains 


d’entre  eux  et  la  cuisine,  les  tuyaux  dé  communication  4. 
Ces  découvertes  démontrent  que  le  système  de  la  fosse  était 
très  usité  dans  les  campagnes  gallo-romaines.  Il  est  bon 
de  remarquer  toutefois  que  beaucoup  de  ces  puits  étaient 
de  simples  trous, danslesquels  on  jetaitles  vidanges  ;  quand 
ils  étaient  pleins,  on  les  recouvrait  et  on  en  creusait 
d’autres;  c’est  ce  qui  explique  leur  nombre  considérable. 

Nous  sommes  bien  peu  renseignés  sur  le  mobilier  des 
latrines  antiques.  Par  Sénèque,  on  sait  qu’on  y  trouvait 
une  éponge  fixée  à  un  bâton  5.  Certains  auteurs,  Mon¬ 
taigne  entre  autres0,  ont  cru  que  cet  instrument  servait 
au  même  usage  que  nos  papiers  modernes  7  ;  mais  c’est 
une  erreur  :  ces  éponges  faisaient  ce  que  font  aujourd’hui 
nos  petits  balais.  Trimalchion,  dans  un  accès  de  cette 
grosse  gaieté  qui  lui  était  naturelle,  conseille  à  ses  con¬ 
vives  de  l’imiter  et  de  ne  pas  se  gêner  :  dans  une  pièce 
voisine  ils  trouveront  des  lasani 8,  de  l’eau  et  cetera  minu- 
talia ;  si,  au  lieu  de  garder  une  réserve  qui  ne  lui  était 
pas  habituelle,  Trimalchion  avait  énuméré  ces  minuta  lia, 
il  nous  aurait  appris,  sur  le  mobilier  des  latrines  antiques, 
des  choses  que  nous  ignorons. 

Comme  de  nos  jours,  les  murs  des  latrines  se  cou¬ 
vraient  d  inscriptions  gravées  à  la  pointe9,  écrites  au 
charbon  ou  à  la  craie  10. 


Comment  s’enlevait  la  vidange  dans  les  villes?  Des 
industriels  en  affermaient  l’entreprise  u,  si  toutefois  on 
admet  que  dans  le  texte  de  Juvénal  et  dans  le  Digeste  12 
e  con(luctor  foricarum  ou  foricarius  est  bien  un  entre¬ 
preneur  de  vidanges13.  Le  texte  de  Juvénal,  surtout  avec 
interprétation  d  un  des  scoliastes14,  peut  s’expliquer  dans 


1889  ’  ‘  2  fumier,  Mérri.  de  l’Acad.  de  Nîmes,  7 «  série,  t.  XI,  (1888), 

p.  viu  4  ?  •  3  <-’r*Snon>  Bulletin  des  fouilles  faites  au  Châtelet  en  1772, 
mire  ioqo  , lovre’  ^ es  fosses  gallo-romaines  de  Jarnac  et  les  puits  funé- 
Id  Une  m-  CXtlait  <lu  ballet,  de  la  Soc.  hist.  et  archéol.  de  la  Charente)-, 
de  la  S  "PT  archéo,o0i(Iue>  h's  puits  funéraires,  1894  (extrait  des  Mém. 
antiq  de  F-  '  ^  ^  Oaest)  ;  cf.  A.  de  Barthélemy,  Bull,  de  la  Soc.  des 

de  l’homme  ‘  '! "  vi’i!SM’  P' 141  ’  C,lailvet>  Matériaux  pour  servir  à  l'hist.  naturelle 
cf.  MaTxû  48  ’  !;  f  arM  189i-  P'  399.  -  «  Senec.  Epist.  LXX,  t7  ; 

cailloux  et  de  r  ’  j.  -,  Jissa,s’  l’  49-  —  7  Aristoph.  (Plut.  817-818)  parle  de 
-  8  Petron  XLVH  f  ^  482’  ^  d'éP°"^  12»,  et  Schol. 

lut.  Meyer,  XI  34  9'^°  **  °lme  lasanus  qui  se  rencontre  aussi  dans  VAnthol. 

2375.  —  lOMart  vu  e  °‘P'  lnscr-  lat-  lv>  3149  :  Secundus  hic  cacat  ;  cf.  3146  a: 
3- -«Celte  .nternJL,  ’  “  “  Juv'  Hl>  38>  ^  Schol.  ad.  v.  -  «XXII,  1,  17, 

S.  v.  FonicuLAniuM.  —  H  11"1  a  étéco,nbaUue-  Voir  entre  autres,  ici  même,  Humtert, 
est  vrai  qu  un  autre  scoliasle,  au  lieu  d'interpréter,  comme 


ce  sens;  quant  au  Digeste,  il  dit  peut-être  que  l’entre¬ 
preneur  avait  à  payer  un  impôt  analogue  à  celui  qui 
était  exigé  des  foulons  pour  l’enlèvement  des  urines  ;  on 
peut  admettre  que  la  question  reste  douteuse,  mais,  quoi 
qu’il  en  soit,  on  n’avait  pas  le  droit,  dans  les  villes  de  1  em¬ 
pire  romain,  de  jeter  les  vidanges  sur  la  voie  publique  'S  et, 
comme  l’engrais  humain  avait  une  valeur  vénale,  étant  très 
recherché  pour  l’agriculture  [rustica  res]  16,  il  était  facile 
de  faire  vider  ses  latrines,  latrinas  stercorare'1  '.  Nous 
savons,  par  une  disposition  de  la  lex  Julia  municipalis  18 
et  par  d’autres  textes19,  que  l’enlèvement  se  faisait  dans 
des  chariots,  plaustra 20,  et,  comme  de  notre  temps,  pen¬ 
dant  la  nuit.  II.  Thédenat. 

LATROCINIUM.  —  Vol  à  main  armée  ou  s’exerçant 
habituellement  sur  les  grands  chemins,  par  surprise. 
[C’est  ce  qu’indique  la  définition  de  Verrius  Flaccus  1 
qui  fait  venir  latro  de  latere ,  en  rejetant  l’étymologie 
grecque  à7to  ty,î  Aarpsiaç.]  Cicéron  assimile  également  le 
latro  et  Yinsidiator2.  Les  jurisconsultes  opposent  les 
latrones  ou  latrunculi  et  les  pirates  (praedones)  aux  en¬ 
nemis  publics3.  Le  latrocinium  suppose  que  le  voleur 
est  armé,  qu’il  a  l’intention  arrêtée  de  piller;  pour  lui, 
le  meurtre  n’est  considéré  que  comme  un  moyen  acces¬ 
soire  et  non  pas  comme  un  but 4.  Le  crime  est  plus  évi¬ 
dent,  quand  les  brigands  forment  une  bande  (  factio )  ;  la 
préméditation  est  certaine3.  Le  brigand  s’appelle  aussi 
aggressor*",  on  assimile  aux  latrones  les  grassatores , 
quand  ils  attaquent  à  main  armée  7.  [La  personne  qui, 
repoussant  l’attaque  d’un  brigand,  le  tue,  est  dans  le  cas 
de  légitime  défense8.  Le  brigandage  a  toujours  été  un 
fléau  endémique  dans  le  monde  romain,  sous  la  Répu¬ 
blique  et  sous  l’Empire.  Il  en  est  très  fréquemment  ques¬ 
tion  dans  les  écrits  des  jurisconsultes  impériaux.  Septime 
Sévère  admet  1’  «  incursus  latronum  »  parmi  les  causes 
légitimes  d’empêchement9.  L’Italie  en  particulier,  sur¬ 
tout  l’Italie  du  Sud,  était  déjà  la  terre  classique  du  bri¬ 
gandage.  En  185  av.  J.-C.,  le  préteur  Postumius  fit  la 
chasse  aux  brigands  dans  la  région  de  Tarente  et  en  prit 
jusqu’à  7  000  dont  la  plupart  étaient  des  bergers10;  à 
l’époque  de  César,  la  ville  de  Rome  et  la  Sicile  étaient  en 
proie  aux  brigands  ;  Sabinus  mit  une  année  à  les  dé¬ 
truire  11  [vigiles].  Sous  Auguste,  des  bandes  ravagèrent 
pendant  trois  ans  la  Sardaigne  ;  Auguste  dut  prendre  des 
mesures  spéciales,  établir  des  postes  militaires  ( statio - 
narii )  en  Italie,  faire  une  véritable  guerre  aux  Isauriens 
dans  l’Asie  Mineure,  mettre  à  prix  pour  250  000  drachmes 
la  tête  d’un  brigand  espagnol,  Coracottas 12.  Yarron 
signale  les  brigandages  qui  rendaient  souvent  impossible 
la  culture  des  champs  dans  la  Sardaigne,  l’Espagne13. 
Tibère  continua  les  mesures  d’Auguste;  il  expédia  en 
Sardaigne  4  000  affranchis  de  religion  juive,  à  la  fois 


le  premier,  forica  par  latrine,  lui  donne  le  sens  de  boutique.  —  13  Di  y.  XL1II,  10,  4. 

_ 16  Colum.  XI,  3,  12  :  «  nam  quod  homines  faciunt  [stercus],  quamvis  habeatur 

cxcellentissimum...»  cf.  id,  I,  6,  21  ;  X,  85  ;  Galen.  De  httnior.  III,  édit.  Külm,  XVI, 
p.  360.  —  11  Dig.  Vil,  1,  15,  1.  —  18  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  ICI,  1.  60  ;  G.  Bruns, 
Font.jur.  rom.  ant.  4e  éd.  1881,  p.  98-99,  10.  —  l9Cic.  De  divin.  I,  7  ;  Val. Max.  I,  7, 
extern.  10  ;  Suid.  s.v.TqiwpoïvToî.—  20  Corp.  inscr.  lat.  1. 1.;  Digest.  XXXI1I.7, 12, 10. 

LATROCINIUM.  [1  Paul.  Diac.  s.  v.  latrones  :  «  at  nunc  viarum  obsessores  dicun- 
lur,  quod  a  latere  adoriuntur,  vel  quod  latentev  insidiantur  »  ;  cf.  Isidor.  Etym.s.v. 
X  159.  D'autres  font  dériver  latro,  de  Xirrpo;,  synonyme  chez  les  Thessaliens  de 
SoùU>4,  Bekker,  Anccd.  1095  ap.  Athen,  VI,  p.  264  c.J  —  2  Pro.  JUil.  4  et  19,  50, 
—  3  Dig.  50,  16,  118;  49,  15,  24.  —  4  Voir  cependant  Senec.  De  benef.  5,'  14,  1  ; 
Quintil.  Decl.  15,4  .  —  ^  Dig.  48,  19,  11,  §  2.  —  0  Dig.  48,  9,  7.  —7  Dig.  48,  19, 
28,  §  10  ;  Suet.  Oclav.  32.  —  [8  Paul.  Sent.  5,  23,  8  ;  C.  Just.  3,  27, 1-2.  —  9  Dig. 
27,  I,  13,  §  7.  —  l°Liv.  39,29,  41.  —  1*  Appian.  Bell.  civ.  5,  132.  —  12  Dio.  Cass. 
55,  28;  50,  43,  54,  12;  71,  4;  Suet.  Octav.  32;  Tib.  8.  —  13  De  re  rust.  I,  16,  2. 


LAT 


—  992  — 


LAT 


pour  s’en  débarrasser  et  pour  les  occuper  contiœ  les  bri¬ 
gands1.  Même  sous  les  meilleurs  empereurs,  il  y  eut  peu 
de  sécurité  en  Italie  2.  Il  en  était  de  même  dans  la  plu¬ 
part  des  provinces,  en  Corse,  Afrique,  Égypte,  Dalmatie, 
Espagne,  surtout  dans  les  régions  montagneuses  de 
l'Asie  Mineure,  Mysie,  Isaurie,  Pamphylie  3.  Arrien 
avait  écrit  la  biographie  du  brigand  Tilloboros  4  ;  sous 
Commode,  un  déserteur,  Maternus,  à  la  tète  de  bandes 
considérables,  surtout  de  déserteurs,  désola  pendant 
longtemps  l’Espagne  et  la  Gaule,  pillant  les  villes, 
ouvrant  les  prisons;  il  fallut  envoyer  contre  lui  toute  une 
armée  0  ;  sous  Septime  Sévère,  un  certain  Bullas  tint  en 
échec  en  Italie  toute  la  police  impériale  pendant  deux 
ans  0  ;  un  autre  brigand,  Claudius,  qui  dévastait  la  Pales¬ 
tine  et  la  Syrie,  se  présenta  devant  l’empereur  avec  le 
costume  de  tribun  militaire  7  ;  aussi  Sévère  fit  établir 
des  stationarii  dans  tout  l’Empire  8.  Le  mal  ne  fit  que 
s  accroître  au  Bas-Empire  ;  ainsi  en  364  Valentinien  et 
Valens  défendent  l’usage  des  chevaux,  sauf  aux  séna¬ 
teurs  et  au x  honorati,  dans  plusieurs  provinces  du  centre 
et  du  sud  de  l'Italie,  pour  arrêter  les  progrès  du  brigan¬ 
dage  9.  Il  était  exercé  particulièrement  par  les  hommes 
des  grands  domaines  impériaux  et  sénatoriaux,  souvent 
avec  la  complicité  de  leurs  chefs,  les  actores  et  les  procu- 
ratores  10  [latifundia]. 

Nous  ne  savons  pas  exactement  dans  quelle  catégorie 
de  criminels  étaient  rangés  les  latrones  aux  premiers 
siècles  de  la  République  ;  plus  tard,  sous  Sylla,  ils  furent 
compris  dans  les  termes  de  la  /ex  Cornelia  de  sicariis 
qui  atteignait  entre  autres  ceux  qui  «  furti  faciendi 
causa  cum  telo  ambulant 11  »,  et  par  conséquent  assi¬ 
milés  aux  sicarir,  mais  le  latrocinium  forme  cependant 
un  crime  spécial,  distinct  de  Yhomicidium ,  comme  le 
prouve  une  loi  de  292  ap.  J.-C.12.]  En  général,  on  appli¬ 
quait  aux  brigands  la  peine  de  l’homicide,  mais  souvent, 
extra  ordinem ,  un  châtiment  plus  sévère,  à  raison  des 
circonstances  ;  ainsi  les  famosi  latrones  étaient  punis 
de  la  furca ,  ou  jetés  aux  bêtes  ou  crucifiés  13.  Les  magis¬ 
trats  chargés  de  la  répression  étaient  les  magistrats  or¬ 
dinaires,  c’est-à-dire  à  Rome  sous  la  République  les 
questeurs,  les  très  viri  capitales ,  sous  l’Empire  les  pré¬ 
fets  de  la  ville  et  du  prétoire,  le  préfet  des  Vigiles,  dans 
les  provinces  les  gouverneurs  [judicia  publica].  [Mais 
sous  la  République,  en  Italie,  le  sénat  a  souvent  donné 
pour  ces  affaires  des  pouvoirs  spéciaux  à  des  magistrats 

l  Tacit.  Ann.  2,  85  ;  Suel.  Tib.  37.  —  2  pim.  Epist.  G,  25  ;  Front.  Ep.  2, 
17;  Petron.  Sat.  3;  Juven.  3,  305-307;  10,20;  Dio.  Cass.  74,  2.  —  3  Galon. 
De  anatom.  adm.  I,  2  (éd.  Kuhn,  t.  Il,  p.  221  ;  4,  5,  p.  385);  De  usu  part, 
corp.  2,  p.  188;  Cels.  Praef.  I,  p.  10;  Dig.  17,  1,  26,  §6;  Apul.  Metam.  I,  p.  268  ; 
3,  p.  292,  300;  4,  p.  303  ;  6,  339;  7,  343  (éd.  Nisard);  Cic.  Ad  Quint.  I,  1,  8;  Strab. 
7,  7,  3  ;  Dio.  Cass.  74,  2  ;  Ovid.  Trist.  I ,  11,  31;  Vita  Marci,  21  ;  Corp.  inscr.  lat.  2, 
2968,  3479;  3,  1,  1559,  1579,  1585,  2399,  2544;  8,  2494,  2495  ;  Corp.  inscr.gr.  3612  ; 
Wilmanns.  785;  Cyprian.  Ep.  68,  3.  —  4  Lucian.  Alex.  2  et  44.  —  3  Herod.  1, 
10,  5-16  ;  Spart.  Aig.  3.  —  6  Dio.  Cass.  76,  10.  —  7  Dio.  Cass.  75,  2.-8  Tertull. 
Apol.  2-3.  —  9  c.  Theod.  9,  30,  2  ;  9,  31,  1,  9,  14,  2;  Ammian.  28,  2.  —10  C.  Theod. 
9,  30,  2  ;  Nov.  Just.  102.  —  H  Dig.  48,  8,  1  pr.  ;  Paul.  Sent.  5,  23,  1.  —  12  C.  Just. 
9,  2,  11],  —  13  Dig.  48,  19,  28,  §  15;  Collât,  leg.  Mos.  1,  0;  Scnec.  Ep.  7,  40; 
Petron.  91.  -  [14  Cic.  Brut.  22,  85-86;  Polyb.  6,  13;  Liv.  8,  20,  7;  39,  29,  8  et 
41  ;  10,  1,  3;  28,  10,  4;  29,  30,  10.  —  15  Mommsen,  Inscr.  Helvet.  119].  —  16  Strab. 
11,2;  Cic.  De  off.  3,  29  ;  Joseph.  Dell.  jud.  3,  9,  2  ;  Epict.  4,  1,  9  ;  Lucan.  3,  228. 
—  17  Polyb.  2,  4-12.  —  18  Appian.  Mithrid.  92;  Cic.  Pr.  leg.  Man.  ;  Plut.  Pomp. 
24;  Zonar.  10,  30  ;  Dio.  Cass.  36,  3.  —  19  Cic.  Verr.  5,  27  ;  Suel.  Caes.  4,  74  ;  Vell. 
2,  42;  Val.  Max.  0,  9,  15;  Plut.  Caes.  1;  Crass.1  ;  Polyaen.  Strat.  8,  23,  1.  — 
Bibliocraphik.  Rein,  Das  Criminal  Recht  der  Ilômer ,  Leipzig,  1844,  p.  424-420; 
Walter,  Rôm.  Rechtsgesch.  3e  éd.  18G0,  t.  II,  n°»  813-816;  [Pauly’s,  Real-Ency- 
clopaedie,  1848,  t.  IV,  p:.8S4;  t.  V,  p.  1636;  Ilirschfeld,  Die  Sicherheitspolizei 
im  rômis.  Kaiserreich  [Sitsungsber.  d.  Rerl.  Akad.  1891,  p.  24etsuiv.  Friedlan- 
der,  Darstellungen,  1889,  l.  II,  p.  40-53], 


supérieurs,  consuls  ou  préteurs,  qui  jugeaient  sommai¬ 
rement  avec  leur  conseil  et  pouvaient  faire  procéder  à  des 
exécutions  en  masse  u.  Une  inscription  signale  à  Novio 
dumum  (Ayons)  un  «  praef ectus  arcendis  latrociniis 15  »  1 

On  peut  rapprocher  du  brigandage  la  piraterie,  autre 
fléau  que  l’administration  romaine  ne  put  jamais  faire 
complètement  disparaître,  surtout  sur  les  côtes  de  l’Asie 
Mineure,  en  particulier  dans  la  Cilicie,  l’Isaurie 16  et  sur 
les  côtes  illyriennes 1 ‘.  Il  ne  fut  pas  supprimé  par  les 
belles  campagnes  de  Pompée  18.  Il  appartint  aux  géné¬ 
raux  et  aux  gouverneurs  de  province  de  réprimer  la 
piraterie  extra  ordinem  ;  les  pirates  étaient  généralement 
décapités  ou  mis  en  croix  19.  G.  Humbert.  [Ch.  Lécrivain.] 

LATRUNCULI.  —  Latroncules,  jeu  de  combinaisons 
en  usage  chez  les  Romains  ;  il  se  jouait  avec  des  pions 
sur  une  tablette  divisée  par  des  lignes. 

Les  Grecs  connurent  de  très  bonne  heure  un  jeu  où  l’on 
faisait  manœuvrer  des  pions  (ttettoi,  ^epot)  ;  c’était  la 
TtETTEta.  Palamède  passait  pour  l'avoir  inventé  aussi  bien 
que  le  jeu  de  dés,  xô(ioi  [tessera],  tandis  que  l’armée 
grecque  était  retenue  à  Aulis  par  les  vents  contraires1; 
dans  Euripide,  nous  voyons  ce  héros  engager  une  partie 
avec  Protésilas2.  Cependant,  même  chez  les  Grecs,  on  a 
quelquefois  attribué  1  origine  de  la  7reTT£i'«  aux  Égyptiens3, 
tradition  qui  semble  confirmée  par  un  assez  grand  nom¬ 
bre  de  monuments  L  Quoi  qu’il  en  soit,  il  en  est  déjà 
question  dans  YOdyssée  ;  Homère  montre  les  prétendants 
jouant  a  la  pettie  devant  la  demeure  de  Pénélope3. 

Il  y  avait  deux  manières  d’y  jouer.  Dans  la  première 
(ire-TTct  7tEVTÉYpa;x[4a) fi,  «  chacun  des  deux  adversaires,  dit 
Pollux,  a  cinq  pions  sur  cinq  lignes,  et  des  cinq  lignes 
en  partant  de  chaque  côté  (éxarÉpMÔEv),  la  ligne  du  milieu 
s  appelle  ligne  sacrée  (îepi  ypafj.pnj).  Par  comparaison 
avec  le  joueur  qui  pousse  le  pion  à  partir  de  cet  endroit, 
on  dit  en  guise  de  proverbe  :  il  pousse  le  pion  de  la 
ligne  sacrée  ».  Ce  jeu  est  mentionné  dans  des  auteurs 
grecs  de  la  meilleure  époque1;  malheureusement,  le 
texte  de  Pollux  comporte  des  interprétations  assez 
différentes,  et  ceux  qu’on  peut  en  rapprocher8  ne  suffi¬ 
sent  pas  à  l’éclaircir.  «  Pousser  le  pion  de  la  ligne 
sacrée  »,  c’était  évidemment,  en  cas  d’extrême  nécessité, 
employer  les  grands  moyens,  «  jouer  son  dernier  atout». 
Mais  chacun  des  joueurs  avait-il  cinq  lignes  et  faut-il  y 
ajouter  la  ligne  sacrée,  ce  qui  ferait  onze,  ou  bien,  au 
contraire  n’y  en  avait-il  en  tout  que  cinq  pour  les  deux, 

LATKUNCULI.  1  Soph.  ap.  Euslalh.  ad  Hom.  11.  II,  308,  p.  228,  5  =  Tragic. 
gr.  (ragm.  Nauck2,  Soph.  438;  Pausan.  II,  20,  3;  X,  31,  1  ;  Suet.  dans  Miller, 
Mél.  de  litt.  gr.  (1868),  p.  435;  Jahn,  Palamed.  (Hambourg,  1836,  8°),  p.  27. 
—  2  Eurip.  Jphig.  Aul.  194,  Weil  ;  passage  ponctué  et  interprété  de  différentes 
manières.  —  3  plat.  Pliaedr.  p.  274  D.  Les  Lydiens  prétendaient  avoir  invente 
tous  les  jeux,  sauf  la  pettie,  ilerod.  I,  94.  Sur  les  Égyptiens,  cf.  Herod.  II,  122; 
Plut.  De  Is.  et  Os.  12.  —  4  Rosellini,  Monum.  dell'  Egitto,  I,  122;  Rawlinson, 
History  of  Herodotus,  II,  p.  275-276;  Wilkinson,  The  Egyptians  in  the  time  of 
the  Pharaons ,  p.  14;  Manners  and  customs,  I,  p.  41;  Th.  Wright,  A  history  «/ 
caricature  and  grotesque,  Lond.  1865,  p.  8;  Bircli,  dans  la  Rev.  archéol.  n.  s- 
t.  XII  (1865),  p.  56;  Champfleury,  Hisl.  de  la  caricature  antique,  3°  éd.  p.  24  : 
Lenormant,  Hist.  anc.  de  l'Orient,  t.  II,  Paris,  1882,  p.  320,  321  ;  Maspéro,  dans  la 
Rev.  de  l'Assoc.  des  étud.  grecq.  1878,  p.  158  ;  Falkener,  Games  ancient  and  orien¬ 
tal,  p.  9-101  ;  Maspéro,  Hist.  anc.  de  l'Orient,  I,  p.  194.  Parmi  ces  monuments,  il 
y  a  un  papyrus  égyptien  du  temps  de  Trajan,  Falkener,  p.  14.  —  5  Hom.  Od.  I,  107. 
Apion  d’Alexandrie  (ap.  Athen.  I,  29,  p.  16  F)  en  faisait  un  jeu  de  marelle; 
v.  lusoria  tabula.  —  6  Soph.  ap.  Poil.  X,  97  Tragic.  gr.  fragm.  Nauck  2,  Sopk- 
396;  cf.  977.  —  7  Alcaei  fragm.  82,  Bergk  ;  Soph.  I.  c.  ;  Sophron.  ap.  Eustatli.  ad 
Ilom.  Od.  I,  107  ;  Tlicocr.  VI,  18,  Fritzsche,  ad  h.  I.  I,  p.  187.  —  8  Suet.  dans 
Miller,  Mél.  de  litt.  gr.  p.  435;  Schol.  ad  Plat.  Leg.  VII,  p.  820;  Hesycli.  s.  v. 
re<TffàirevT2yça|Ajjia  ;  Etym.  M.  iteixtrot  ;  Diogenian.  Prov.  V,  41  ;  Eustath.  ad  Hom.  II.  VI, 
p.  633,  59  ;  Eustath.  Ismen.  Amor.  X,  10,  p.  267,  Hcrcher;  Meineke  ad  Menandr. 
P-  94;  v.  Lcutsch.  ad  Apostol.  IV,  55. 


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pi„  la  üSne  sacrée?  Le  jeu  se  composait-il  unique- 
y  C°uie  lignes  parallèles,  ou  celles-ci  étaient-elles  cou- 
men  r  d’autres?  Les  solutions  qu'on  a  essayé  de  donner 
frTdiverses  questions  ne  sont  que  de  pures  hypo¬ 
thèses1  Autant  qu’on  en  peut  juger,  cette  forme  de  la 
pettie  aurait  quelque  ressemblance  avec  la  marelle  [luso- 

rIA  TABULA].  vj* 

•  i;aulre  se  jouait  avec  un  plus  grand  nombre  de  pions, 
soixante  à  ce  qu’on  suppose  2.  On  se  servait,  dit  Pollux, 
d’un  tableau  (itXiv9tov)  comprenant  des  cases  (x<*P««) 
limitées  par  des  lignes  ;  le  tableau  s’appelait  la  Ville  [U6- 
l  \  et  chacun  des  pions  un  chien  (xûwv)  3.  Les  pions 
étaient  partagés  suivant  leur  couleur  en  deux  camps  de 
trente  chacun.  Pour  prendre  (àvatP£Ïv)  un  pion,  il  fallait 
l’enfermer  (irsptXagêâvetv,  àiroxXEtv,  auyxXsTv)  entre  deux 
pions  de  la  couleur  opposée,  de  manière  à  lui  couper  la 
retraite  (àiwwimffOai).  D’autres  auteurs  appellent  ce 
même  jeu  les  Villes  (IWXstç),  chacune  des  cases  du  tableau 
représentant  pour  eux  une  ville  différente  *.  Les 
manœuvres  auxquelles  se  livrait  le  joueur  pour  avancer 
(àffâyeiv,  TtOÉvat  tV  ^(pov),  reculer  (àvaxiQÉvat),  changer 

de  place  (  gsTartôÉvixt  , 
;x£xa7i£TTEU£tv)  et  pour  ne 
pas  assurer  un  avantage 
(xpEtTxov  otoôvai)  à  l’adver¬ 
saire  ,  ont  donné  naissance 
dans  le  langage  à  des 
comparaisons,  à  des  pro¬ 
verbes,  qui  témoignent  de 
la  popularité  de  ce  jeu  s. 
La  victoire  était  d’autant 
plus  honorable  qu’on 
avait  sacrifié  moins  de 
pions  pour  l’obtenir0.  Le 
jeu  passait  pour  difficile 
et  ceux  qui  s’y  distinguaient  par  une  supériorité  manifeste 
étaient  rares1.  Suétone  avait  traité  delà  pettie  dans  son 
ouvrage  sur  les  Jeux  des  Grecs*.  La  figure  4366  repré¬ 
sente  un  groupe  de  terre  cuite  trouvé  à  Athènes;  un 
homme  et  une  femme,  assis  l’un  en  face  de  l’autre,  ont 
sur  leurs  genoux  une  tablette  de  jeu  chargée  de  pions. 
11  semble  qu’à  la  suite  d’un  coup  douteux  la  femme  a 
interrompu  la  partie  pour  faire  une  observation  à  son  ad¬ 
versaire  ;  à  l’arrière-plan,  on  voit  un  personnage  dont  la 
grosse  tête  aux  traits  grotesques  a  une  expression  comi¬ 
que.  La  figure  -4367  reproduit  la  disposition  des  pions  sur 
la  tablette  ;  on  remarquera  que  les  uns  sont  posés  sur  les 
lignes  qui  limitent  les  cases,  les  autres  à  l’intérieur  de 

Clnistie,  L.  ï.  ;  Becq  de  Fouquièrcs,  p.  397.  Falkener,  p.  91,  semble  avoir 

meie  des  données  très  différentes.  —  2  pi10t.  Lex.  p.  439:  «  TC3Xst5  icatÇetv 

T*5  V'ÎV  (X“Ç«Î  Naber)  **Xo ul*Éva5  (,  t«ï;  Ç’  (*’  Pors.)  »  —  3  Ils 

aient  le  môme  nom  dans  le  jeu  égyptien  ;  Maspéro,  Rev.  des  ét.  gr. 

’  P'  de  Falkener,  p.  31.  —  4- Cratin.  fragm.  56  Comic. 

n  XCJla°m-  K°Ck’ 1  P'  29  1  Plat*  RePnbl  Iv>  P-  *23,  Scliol.  Ad.  h.  I.  ;  cf.  VI, 

_  ..L ,  .  *  R nVx ’  P*  3^5;  Polyb.  I,  84;  Plut.  Prov.  alex.  14;  Zenob.  Prov.  V,  G7. 

m.  *'wh*BeCl  98?i  P‘at'  ^  V1,  P’  487  ;  ffiPParcli.  p.  229  ;  Leg.  X,  p.  903; 

Nauck2  F  ’•  p'  39a’  ^org.  p.  430  D  ;  Eurip.  Suppl.  400  ;  Tragic.  gr.  fragm. 

13U1  ’  E"rip;  3G0’  9  ;  Anliph.  ap.  Ilarpocr.  àvcSÉ^a,;  Polyb.  1,  84  ;  Plut.  De  exil. 

8S„pI  p  temid'  0nirocr ■  III,  I-  Reif.  -  7  Plat.  Polit,  p.  292;  Ilcp.  H,  p.  374.— 

puisé  da  ']'n  '  ■  MiUer>  Mil.  de  litt.  gr.  p.  43  c.  Suétone  a  probablement 

De  cnlf  i  °  Al|iwv  Pampl>ile  et  il  a  été  la  source  de  Pollux,  l.  c.  Voir  Boelim, 

tuf  j°’  1SS'  Poiln>  1893,  p.  5-8,  —  9  Micbaelis  dans  VArch.  Zeit.  1863, 

Musée  rie  iv  tl  ~  10  Eurip.  Iphig.  Aul.  194,  Weil.  —  H  Amphore  de  Nola  au 

"•  1".  r  *•  «-  ».  ■*  ►  «  f.  Ov.rbcck, 

anf  Leh  lof  v  ‘  (W'  ’  P'  3l0’  15;  M°n-  dell’  Ist.  I,  pl.  xxvi;  Panofka,  Bildw. 

sentait  '  ’  Welck«  d°™e 

seutalions  ;  mais  il  n’a 


Fig.  4366.  —  Jeu  de  pions. 


un  copieux  catalogue  de  ces  sortes  de  repré- 


sulté 


avec  Précaution.  11  est 


pas  du  tout  dislingue  les  r.z-.-.a'.  des  : 


;  et  doit  être  con- 
vrai  que  cette  distinction  n’est  pas  toujours  facile  à 


ces  cases  ;  C  indique  la  place  de  l’homme,  B  celle  de  la 
femme.  Il  y  a  en  tout  douze  pions  et  quarante-deux  cases. 
On  peut  considérer  comme  vraisemblable  que  la  partie 
engagée  est  une  partie  de  Ville]  cependant  ces  détails,  il 
faut  bien  le  reconnaître,  ne  correspondent  qu’imparfaite- 
ment  aux  données  des  textes  9.  Les  vases  peints  nous 
offrent  aussi  quelquefois  des  scènes  analogues;  deux 
guerriers  assis  face  à  face  ont  les  yeux  fixés  sur  des  pions 
de  couleurs  différentes,  et  l’un  d’eux,  le  doigt  tendu, 
semble  chercher  celui  qu’il  va  faire 
mouvoir  ;  on  a  donné  à  ces  deux 
personnages,  d’après  le  texte  d’Eu¬ 
ripide  10,  les  noms  de  Palamède  et  de 
Protésilas,  ou  encore  ceux  d’Achille 
et  d’Ajax,  par  comparaison  avec 
d’autres  vases  où  se  trouve  repré¬ 
senté  le  jeu  de  dés  [tessera]11,  ou 
plutôt  une  consultation  du  sort  au 
moyen  de  cailloux  ou  de  dés  [divinatio,  p.  301,  lig.  2479]. 

On  admet  généralement  que  les  latrunculi  des  Ro¬ 
mains  ont  un  rapport  étroit  avec  la  irerrsfa  des  Grecs. 
Ce  jeu  se  jouait  aussi  sur  une  tablette  ( tabula  latruncu- 
laria)12.  On  faisait  pour  cet  usage  des  tablettes  à  deux 
fins,  qui  pouvaient  se  retourner  comme  nos  damiers  ;  sur 
une  face  on  jouait  aux  latroncules,  sur  l’autre  au  jeu  de  dés 
appelé  duodecim  scripta  13.  Les  pions  ( calces ,  calculi) 14 
portaient  le  nom  particulier  de  latrones,  latrunculi  i5,d’où 
est  venu  celui  du  jeu  lui-même;  à  l’origine,  le  latro  n’ètait 
pas  autre  chose  qu’un  soldat  [miles) 10,  mais  un  soldat 
mercenaire  11  ;  c’est  qu’en  effet  dans  ce  jeu  savant,  comme 
dans  la  ndXtç  des  Grecs,  tout  rappelait  l’art  des  batailles 
et  des  sièges.  La  tablette  était  divisée  en  cases  par  des 
lignes  qui  se  coupaient  à  angles  droits  13  ;  nous  ne  con¬ 
naissons  pas  le  nombre  des  cases;  on  conjecture,  par 
analogie  avec  la  IlôXi;,  que  les  pions  devaient  être  au 
nombre  desoixante  en  tout,  soittrente  pions  dans  chaque 
camp.  On  les  distinguait  par  la  couleur  19;  d’ordinaire  ils 
étaient  blancs  dans  un  camp  et  noirs  dans  l’autre.  Quoi¬ 
que  sans  doute  ils  fussent  le  plus  ordinairement  en 
pierre,  on  en  faisait  aussi  en  verre  20,  et  même  en  pierres 
précieuses21.  Comme  dans  la  pettie.  il  fallait,  pour  qu’un 
pion  fût  en  prise,  qu’il  se  trouvât  enfermé  entre  deux 
pions  de  l’adversaire  22  sans  pouvoir  se  dégager  [exire) 23  ; 
on  disait  alors  qu’il  était  ligatus ,  alligatus,  obligatus  24. 
Le  joueur  dont  tous  les  pions  étaient  bloqués  et  qui  ne 
pouvait  plus  en  remuer  un  seul  était  redactus  ad 
incitas  ( calces )  2\  Les  bons  joueurs  étaient  ceux  à 
qui  il  restait  encore  un  grand  nombre  de  pions  après 

faire  sur  les  monuments.  Tables  de  jeu  en  pierre  trouvées  à  Epidaure,  imitant  sans 
doute  des  tables  en  bois  :  Blinkenberg  dans  les  Alittheil  d.  bais,  deutsch.  Inst., 
Athen.  Abth.  1898,  p.  1-14.  Il  me  paraît  très  douteux  qu'elles  aient  servi  à  la 
itETxsia  tri  zivTs  Yçannwv,  comme  le  veut  Blinkenberg.  Il  n’est  pas  démontré  non  plus 
qu'on  doive,  à  l’exemple  de  Bliimner,  Loc.  cit.  p.  511,  identifier  les  isévte  Yjan[ial  avec 
le  SiaYjot|ii|it!Tfi.o;  [tesseua].  Voir  néanmoins  sur  ces  tables  lusoria  tabula.  —  12  Sen. 
Epist.  117,  30.  —  13  Mart.  XIV,  17.  —  14  Fest.  Calces;  Plaut.  Poenul.  906; 
Lucil.  XIV,  11,  Miiller;  Mart.  Loc.  cit .  ;  Plin.Æ'pisf.  VH,  24,  5. —  13  Ov.  Ars  am. 
II,  207;  Sid.  Apoll.  Epist.  VIII,  12;  Sen.  Ep.  106,  11;  Macrob.  I,  5;  Corp. 
inscr.  lat.  XIII,  444.  —  13  Ov.  Trist.  II,  477.  —  17  Fest.  Epit.  p.  118, 
16;  Varr.  De  l.  I.  VII,  52;  Suid.  Xàiçov;  Callim.  fr.  238;  Plaut.  Mil.  75;  cf. 
Cure.  548  ;  Stich.  135;  Ov.  Ars.  am.  III,  357.  —  18  Varr.  De  l.  I.  X,  22, 
—  19  Ov.  Trist.  H,  477;  Mari.  XIV,  17  Plin.  Hist.  nat.  XXXVI,  26,  199;  Sid. 
Apoll.  Ep.  VIH,  12;  De  laude  Pison.  vers  194.  —  20  Ov.  Ars  am.  II,  208;  Mari. 
VII,  72,  8;  l.  c.  —  21  Mart.  XIV,  20;  cf.  XII,  40,  3.  —  22  C’est  ce  qui  résulte 
notamment  de  Mart.  XIV,  17  :  «  Calculus  hoc  gemino  discolor  hostc  périt  »  ; 
cf.  Ov.  Ars  am.  III,  357  ;  Trist.  Il,  477.  —  23  Sen.  Epist.  117,  30.  —  24  De 
laude  Pison.  dans  Baehrens,  Poet.  lat.  min.  I,  225,  vers  194-201  ;  Sen.  Epist. 
117,  30.  —  23  Incitus  de  ct'eo,  mouvoir.  Plaut.  Poen.  IV,  2,  85;  Trinumm.  Il, 
4,  136;  Isid.  Orig.  18,  67. 


LAT 


—  991  — 


LAT 


leur  victoire  *.  Le  vainqueur  était  proclamé  imperator  2. 

Comme  on  le  voit  par  cet  exposé,  les  latroncules  aussi 
bien  que  la  pettie  diffèrent  de  notre  jeu  de  dames  en  un 
point  essentiel,  à  savoir  la  manœuvre  des  pions.  La  pettie 
et  les  latroncules  sont-ils  identiques  à  notre  jeu  d'échecs? 
Il  ne  semble  pas  qu’on  puisse  le  prétendre  pour  la  pettie, 
si  les  textes  nous  disent  bien  tout  le  nécessaire;  car  ce 
qui  caractérise  les  échecs,  c’est  que  les  pièces  se  parta¬ 
gent  en  plusieurs  catégories  qui  se  distinguent  par  leur 
forme,  et  dont  chacune  a  sa  marche  propre  ;  à  notre  con¬ 
naissance,  il  n’y  avait  rien  de  tel  dans  la  pettie;  jusqu’à 
preuve  du  contraire,  les  pions  ou  chiens  (xüveç)  devaient 
tous  être  semblables  les  uns  aux  autres3. 

Faut-il  en  dire  autant  des  latroncules  ?  Quelques  auteurs 
modernes  ont  admis  leur  identité  avec  les  échecs.  Sans 
discuter  ici  tous  les  arguments  invoqués  en  faveur  de 
cette  thèse 4,  nous  ferons  simplement  remarquer  qu’à 
certains  égards  ce  jeu  semble  au  moins  se  rapprocher  de 
nos  échecs  ;  il  admettait  probablement  des  combinaisons 
qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  la  pettie.  A  côté  des  lat ro¬ 
ues, les  anciens  mentionnent  ce  qu’ils  appellent  des  man- 
drae 5,  d'où  quelques  savants  ont  été  conduits  à  penser 
que  les  pions,  dans  chaque  camp,  se  divisaient  en  deux 
catégories,  les  uns  jouant  le  rôle  d’officiers,  les  autres 
celui  de  simples  soldats  6.  Mais  le  sens  ordinaire  du  mot 
mandra  paraît  mal  se  prêter  à  cette  interprétation  : 
[xàvopa  désigne  en  général  une  étable,  une  écurie,  un  lieu 
clos  propre  à  garder  les  animaux  domestiques,  et  par 
suite  l'ensemble  des  animaux  enfermés  dans  ce  lieu  7. 
On  peut  donc  tout  au  plus  l’entendre  ici  d’une  file  de 
pions  alignés  sur  les  cases  8  ;  mais  la  distinction  qu’on 
a  essayé  d’établir  entre  les  pions  ainsi  désignés  et  les 
latrones  est  tout  à  fait  hypothétique  et  hasardeuse  9. 
Nous  trouvons  sur  les  latroncules  des  détails  curieux 
dans  un  poème  anonyme  du  temps  de  Néron,  où  est 
décrite  en  termes  ingénieux  la  tactique  d’un  joueur 
habile;  c’est  dans  le  sujet  notre  principale  source  ;  mal¬ 
heureusement,  ce  texte  est  pour  nous  plein  d’obscurités 10. 
Mais  nous  devons  à  Isidore  de  Séville  un  renseignement 
précieux  ;  c’est  que  parmi  les  pions  les  uns,  comme  les 
simples  soldats  ( ordinarii ),  ne  pouvaient  marcher  que 
dans  le  rang,  droit  devant  eux  ;  les  autres,  au  contraire, 
avaient  une  marche  plus  libre,  et  probablement,  par  oppo¬ 
sition  aux  premiers,  une  marche  oblique  :  «  Calculi partirn 
ordine  moventur ,  partirn  vage ;  ideo  alios  ordinarios, 
alios  vagos  appellant11.  »  Ceci  supposerait  que  dans  un 
même  camp  les  'pions  ordinarii  etles  vagi  se  distinguaient 

1  De  laude  Pison.  I.  c.  vers  206-720.  —  2  Hist.  Aug.  Yopisc.  Procul.  13,  2. 
—  3  C’esl  aussi  la  conclusion  de  Falkener,  p.  51.  Voir  les  pions  à  têtes  de  lions  trouvés 
en  Égypte,  Ibid.  p.  31 . —  '*  Fauvel  aurait  possédé  un  cavalier  d’un  jeu  d’échecs,  en  ivoire, 
trouvé  dans  un  tombeau  d’Athènes  :  Raoul-Rochette,  Mém.  de  l'Institut,  XIII,  p.  638 
(3e  Mém.  p.  110).  Mais  qu’est  devenue  cette  pièce  et  était-elle  antique  ?Plin.  Hist.  nat. 
VIII,  215  :  «  Mucianusetlatrunculis  lusisse  [simias  dicitj,  fictas  cera  icônes  usu  distin- 
guente  »,  conjecture  de  Saumaise  sur  un  passage  corrompu,  «  fictas  cera  nuces  visu  dis¬ 
tinguer  »  (Detlefsen).  Suet.  Ner.  22:«cum  eburnis  quadrigisinabacoluderet  »;  pour 
que  ce  texte  pût  s'entendre  des  échecs,  il  aurait  fallu  qu’il  y  eut  sur  la  table  d’autres 
pièces  que  des  quadriges,  ce  que  l’auteur  nedit  pas.  —  *>  Mart.  VII,  72,  7  ;  De  laude 
Pison.  I.  c.  vers  191.  —  6  Wersdorf,  Becker-Gôll,  Marquardt.  —  7  Hesych.  s.  v.  ;  cf. 
Mart.  V,  22;Juv.  III,  237. —  8  Becqde  Fouquières,  p.  438.  —  9  R  faut  en  dire  autant 
de  la  distinction  imaginée,  parBecq  de  Fouquières  entre  les  latrones  d’une  part  et  les 
latrunculi  de  l’autre.  —  10  De  laude  Pison.  I.  c.  vers  178-196.  —  H  Isid.  Orig. 
XVIII,  67.  —  12  L’origine  de  nos  échecs  est  généralement  attribuée  aux  Hindous; 
voir  Frère t, Mém.  de  V Acad,  des  inset*,  et  b.-l.  t.  V,  p.  250  ;  Rcinaud,  Journ.  Asiat. 
août  1844;  Falkener,  p.  113-231.  —  13  Les  reconstitutions  de  Becq  de  Fouquières, 
p.  441-456,  et  de  Falkener,  p.53,  sont  de  pures  hypothèses  sur  lesquelles  il  est  impos¬ 
sible  de  se  prononcer.  —  H  Falkener,  Op.  cit.  p.  37,  les  identifie  avec  le  jeu  de 
Tau  des  anciens  Égyptiens.  —  13  Minervini,  Bull.  arch.  Napolet.  n.  s.  t.  I  (1852), 


les  uns  des  autres  par  la  forme.  Nous  aurions  donc  affaire 
là  à  un  jeu  plus  savant  que  la  pettie  et  qui  en  serait  Un 
perfectionnement.  Mais  il  ne  s’ensuit  pas  qu’il  doive  être 
identifié  avec  les  échecs  modernes  12  ;  en  tout  état  de  cause 
il  est  téméraire  de  pousser  plus  loin  l’induction  et  de 
prétendre  retrouver  les  règles  perdues  13.  C’est  peut-èi,.e 
dans  les  jeux  en  usage  chez  les  Orientaux  qu’on  pourrait 
le  mieux  s’éclairer  sur  la  pettie  et  les  latroncules  u. 

Une  améthyste  ayant  appartenu  au  duc  de  Luynes 
(fig.  4368)  nous  montre  deux  personnages 
en  train  de  jouer  à  l’un  de  ces  jeux  ; 
deux  autres,  debout  à  côté  d’eux,  les 
guident  de  leurs  conseils15.  On  a  quel¬ 
quefois  recueilli  dans  les  fouilles  des 
pions  qui  ont  dû  être  employés  à  cet  Fig.  43cb. 
usage  ;  tels  sont  ceux  que  représentent  les 
figures  4369  et  4370.  Les  trois  premiers  sont  en  pierre  ;  ils 
font  partie  d’une  série  trouvée  dans  une  tombe  romaine 
de  Cumes  16.  L’autre  est  en  os  etprovient  d’Halicarnasse11, 
Enfin,  on  a  recueilli  dans  une  fouille  près  de  Pérouse  des 
pions  hémisphériques  en  verre,  semblables  à  ceux  de 


Fig.  4369.  Pions.  Fig.  4370. 


la  figure  4369;  il  y  en  avait  de  bleus,  de  jaunes  et  de 
blancs,  en  tout  huit  cent  seize18.  Cette  division  en  trois 
couleurs  a  suggéré  à  M.  Tilley  une  théorie  nouvelle;  il 
suppose  que  sous  le  nom  de  calculi  inciti  on  désignait 
une  troisième  catégorie  de  pions,  dont  le  rôle  particulier, 
à  côté  des  ordinarii  et  des  vagi,  aurait  été  de  ne  pouvoir 
jamais  bouger  ;  ils  auraient  représenté  le  camp,  la  gar¬ 
nison  sédentaire  par  opposition  aux  troupes  mobiles19. 

On  a  soutenu  non  sans  vraisemblance  que  les  médail¬ 
lons  de  l’empire  romain,  connus  sous  le  nom  de  co.n- 
torniàti  nummi,  n’étaient  pas  autre  chose  que  des  pions 
ayant  servi  à  quelque  «  jeu  de  table20  ». 

Les  Grecs  ont  eu  un  goût  très  vif  pour  ces  sortes  de 
jeux.  Comme  les  prétendants  de  Pénélope21,  les  oisifs  se 
réunissaient  souvent  en  plein  air  pour  y  jouer;  c’était 
un  plaisir  savant,  apprécié  surtout  des  vieillards22  ;  à  Co- 

p.  192,  tav.  VIII,  5.  Cf.  Dütschke,  Ant.  Bildw.  in  Ober  liai.  IV,  23,  31,  W 
(=  Corp.  inscr.  lat.  V,  7510);  Heydemann,  Mittheil.  aus  den  Antik.  in  Obéi' u. 
Mittél.  liai.  p.  19  et  36;  Matz-Dulin,  Ant.  Bildw.  in  Rom,  II,  n.  3056;  Mowat 
Bull,  des  Antiquaires  de  France ,  1895,  p.  238;  1896,  p.  215  (cf.  Corp.  insef. 
lat.  VI,  22108) .  Damier  (?)  sur  une  gemme,  Caylus,  Bec.  d’unt.  IV,  pi.  lxxx,  iv. 

—  10  Minervini,  l.  c.  tav.  VIII,  n.  C  ;  cf.  Fiorelli,  Mon.  Cumani,  tav.  11,5. —  i7  Newton, 
Halicarnassus ,  p.  307.  ■ —  18  Notizie  degli  scavi,  1887,  p.  396.  —  1°  Classict d 
review,  VI,  1892,  p.  335.  Le  Musée  du  Louvre  possède  six  pions  en  terre  cuite,  <1f 
forme  conique,  trouvés  dans  un  tombeau  d’enfant  en  Grèce  (salle  L).  Au  M"'11 
Walraf-Richartz,  à  Cologne,  vingt-quatre  pions  en  os,  dont  douze  colorés  en  rouge, 
Jalirb.  d.  deutsch.  Inst.  XII  (1897),  Arch.  Anz.  p.  19;  mais  étant  joints  à  llcs 
cornets  et  à  des  dés,  ils  ont  plutôt  servi  à  un  jeu  de  trictrac  [tessera].  P-  PclaUl 
Antiqu.  suppcllect.  portin.  (1610),  pl.  xiv,  reproduit  des  pions,  qui  peuvent  élu 
antiques,  sur  un  damier  et  dans  un  ordre  qui  sont  l'un  et  l’autre  de  son  invent1011’ 

—  20  Froeliner,  dans  V Annuaire  de  la  Société  française  de  numism.  mars-a'11 
1894  ;  C.  W.  King,  On  the  truc  nature  of  the  conlorniate  medals,  p.  5; 
dans  la  Rivista  italiana  di  numismatica,  XI  (898),  n.  1  ;  cf.  Petron.  33,  où  **  1 
question  du  trictrac  ;  «  pro  calculis  albis  ac  nigris  aureos  argenteosque  habe  « 
denarios  ».  —  21  Hom.  Od.  I,  107.  —  22  Lucian.  Vit.  auct.  14,  interprété  a  cou 
tresens  par  Becq  de  Fouquières,  p.  388, 


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•nthe  il  y  avait  sous  la  citadelle,  près  de  la  fontaine 
n  ^  J  nn  endroit  où  ils  se  donnaient  volontiers  rendez- 
V  ’  C’était  aussi  la  distraction  des  criminels  dans 
raisons2,  des  soldats  en  campagne  3.  Plutarque,  qui 
Ird  ûux  philosophes  les  jeux  de  hasard  leur  recom- 
rnde  s’ils  sont  exilés,  de  cultiver  la  pcttie  comme  1res 
prcmre’à  charmer  leur  ennui  ».  Lucien,  dans  la  journée 
L  Phomme  de  loisir,  place  la  petüe  avant  le  bain,  «  quand 
l’ombre  du  cadran  est  de  six  pieds6  ».  L’antiquité  vantait 
DOur  leur  habileté  Diodore  de  Mégalopolis,  Théodore  et 
Léon  de  Mitylène,  tous  trois  inconnus  d’ailleurs 7 .  Chez  les 
Romains,  on  a  cité  parmi  les  joueurs  qui  ont  marque  dans 
l’histoire  le  stoïcien  Julius  Canus,  une  des  victimes  de 
Calcula  8,  etC.  Calpurnius  Piso,  condamné  à  mort  pour 
avoir  pris  part  à  un  complot  contre  Néron  ;  il  était  si 
fort  aux  latroncules  qu’on  accourait  de  tous  côtés  pour 
le  voir  jouer  9.  Ajoutons-y  deux  contemporains  de  Mar¬ 
tial,  qu’il  appelle  Novius  et  Publius10.  Proculus,  qui  dis¬ 
puta  quelque  temps  le  pouvoir  à  Probus  (280  ap.  J.-C.), 
venait  de  gagner  dix  parties  de  suite,  lorsqu’on  eut  l'idée 
d’en  faire  un  véritable  imperator11.  On  a  trouvé 
l’épitaphe  d’un  affranchi,  habitant  d’Auch,  qui  est  qua¬ 
lifié  de  professeur  de  calligraphie,  doctor  librarius ,  et  de 
latroncules,  et  luso? '  latrunculorum.  Ce  personnage,  qui 
a  vécu  probablement  au  ier  siècle,  occupait  un  rang  assez 
élevé  dans  sa  cité  ;  il  y  était  curator  civium  romano- 
rum  ,2.  Georges  Lafaye. 


LAUDATIOfETtcuvo;,  lyxcüfxiov).  Discours  élogieux,  apo¬ 
logie,  panégyrique.  —  Faire  l’histoire  de  l’éloge  chez  les 
anciens  serait  faire  l’histoire  de  l’éloquence  épidictique, 
c’est-à-dire  de  l'éloquence  d’apparat  tout  entière.  Ce 
genre  oratoire  se  développa  toujours  davantage  au  cours 
des  siècles,  au  fur  et  à  mesure  que  l'éloquence  politique 
perdait  de  son  importance  et  de  sa  dignité.  Sous  1  Em¬ 
pire,  il  n’y  eut  point  de  solennité  ou  de  réjouissance 
publique  qui  ne  comportât  quelque  discours  en  l’honneur 
du  prince  et  de  sa  famille  ;  le  Panégyrique  de  Trajan  par 
Pline  le  Jeune  et  le  recueil  des  Panegyrici  veteres  sont 
les  principaux  monuments  de  cette  éloquence  déclama¬ 
toire.  Il  y  eut  alors  de  tous  côtés  un  véritable  déborde¬ 
ment  de  rhétorique  officielle.  Pour  que  les  enfants 
fussent  un  jour  en  mesure  d’y  prendre  part  avec  succès, 
on  les  exerçait  de  bonne  heure  dans  les  écoles  à  com¬ 
poser  des  éloges  de  personnages  célèbres  ;  c’était  un  des 
principaux  exercices  auxquels  présidait  le  grammairien 1 . 
Sans  entrer  ici  dans  des  questions  qui  sont  du  domaine 
de  1  histoire  littéraire  2,  nous  nous  bornerons  à  passer  en 


revue  les  formes  de  la  laudatio  qui  touchent  de  plus 
près  à  l’histoire  des  mœurs  et  des  institutions3. 

I.  Vers  le  temps  d’Alexandre,  l’usage  s  introduisit 
dans  les  jeux  publics  de  la  Grèce,  de  faire  une  place  a 
l’éloquence  d’apparat  au  milieu  des  àywveç  p.ou<rixot,  c  est- 
à-dire  des  concours  de  poésie  et  de  musique  [ludi]4.  De 
tout  temps  il  y  avait  eu  un  prix  spécial  pour  le  poète  qui 
chantait  avec  le  plus  de  talent  la  divinité  ou  le  héros  en 
l’honneur  de  qui  se  célébrait  la  fête  locale  °  ;  évidem¬ 
ment  c’est  encore  l’hymne  [hymnus]  que  les  inscriptions 
agonistiques  de  l’époque  postérieure  appellent  êyxwfAtov 
’étuxov.  Mais  à  côté  de  cette  épreuve  est  mentionné  dans 
certaines  villes  un  autre  6  ;  quelques  savants 

après  Boeckh  entendaient  par  là  un  hymne  lyrique,  qui 
aurait  fait  suite  à  l’hymne  en  vers  épiques 7.  La  question 
a  été  tranchée  par  la  découverte  d’inscriptions  nouvelles 
qui  mentionnent  formellement,  outre  1  éloge  épique,  un 
Éyxwjxiov  Xoytxov  ou  lyxoSfiiov  xaTxXoyxÔTjv,  c’est-à-dire  un 
éloge  en  prose 8.  Le  nom  de  l’iyxwjjiioypàçpoç  couronné  vient 
après  ceux  du  trompette  et  du  héraut;  c  est  lui  qui  ouvre 
la  série  des  concours  littéraires.  Sous  1  Empire,  cet  usage 
se  répandit  dans  toutes  les  provinces  de  langue  grecque; 
il  y  eut  alors  un  prix  spécial  pour  l’éloge  en  prose  dans 
beaucoup  de  fêtes  publiques9;  à  Athènes,  nous  voyons 
des  éphèbes,  vers  la  fin  du  n°  siècle,  remporter  ce  prix 
jusqu’à  sept  fois  dans  une  seule  année10.  En  Italie,  ce 
furent  sans  doute  les  jeux  grecs  de  Naples  qui  en  don¬ 
nèrent  le  premier  exemple  sous  Auguste  “.  Une  couronne 
fut  proposée  pour  la  laudatio  dans  Yayon  musicus ,  fondé 
à  Rome  par  Néron,  en  l’an  60 12  ;  enfin,  en  96,  Domitien  en 
institua  une  nouvelle,  la  plus  glorieuse  de  toutes,  lorsqu'il 
ouvrit  les  concours  quinquennaux  du  Capitole13;  là  le 
sujet  traditionnel  était  l’éloge  de  Jupiter  Capitolin14. 
L’éloge  de  l’empereur  fut  souvent  aussi  le  thème  de  ces 
joutes  oratoires  ls.  Quintilien,  d’après  les  rhéteurs  grecs, 
a  tracé  les  règles  du  genre16  ;  plusieurs  discours  d’Aelius 
Aristide  nous  en  offrent  des  échantillons17. 

IL  Laudatio  judicialis.  — C’était  chez  les  Romains  une 
coutume  très  ancienne  18  que  dans  les  procès  l’accusé  fût 
admis,  après  les  plaidoiries  des  avocats,  à  produire  des 
apologistes  (laudatores),  distincts  des  témoins àdécharge, 
qui  venaient  faire  valoir  à  la  barre  tous  les  arguments  qu’ils 
croyaient  de  nature  à  bien  disposer  le  tribunal  en  sa  fa¬ 
veur  ;  quelquefois  même  des  lettres  de  recommandation, 
adressées  aux  juges,  pouvaient  être  lues  en  séance  et  tenir 
lieu  de  ces  discours  19.  Il  est  clair  que  la  laudatio  judi¬ 
cialis 20  devait  porter  beaucoup  moins  sur  les  faits  de  la 


I  Em-ip.  Med.  67.  —  2  Plut.  -Scr.  mm.  vind.  9.  —  3  Strab.VlII,  6,  23.  —  V  Plut. 
vit.pud.  5.-5  piut,  De  exj[  H.  —  6  Lucian.  Saturn.  17  et  18.  —  7  Phanias 

aP-  Athen.  I,  29,  p.  te  F.  —  8  sen.  De  tranquill.  an.  14,  7.  —  9  De  laude  Pison. 
l-  c.  vers  178-208  ;  Scl.ol.  .fuv.  Vall.  V,  109.  —  10  Novius  (Vindcx?)  :  Mart.  Vil,  72, 7  ; 
_  b  80-  2,  Friedl.  ;  Publius  :  Mart.  VII, 92,  7;  cf.  I,  109,5  ;  II,  57  ;  VII,  87,  3;  X,  98. 

II  Hist.  Ail  g.  Vopisc.  Procul.  13.  —  12  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  444.  —  Bibliocha- 
vhie.  Saumaise,  Ad  Script,  hist.  Aug.  (1620),  t.  II,  p.  741;  Boulenger,  De  ludis 

raecorum  (1627),  dans  le  Thesaur.  ant.  de  Gronovius,  t.  VII  (1735),  p.  934; 
eursius, /6id.  (1622),  p.  982;  Souter(1625),  Ibid.  p.  1038  ;  Scnfllebcu  (1667),  Ibid. 
p  .  87  »  Calcagnino  (1544),  Ibid.  p.  1229;  Aur.  Severino,  Dell’  anticapettia  overoche 
liulU(\L'/e  n°n  è  ^  *nven*ore  degli  scachi,  Nap.  1690;  Th.  Ilydc,  Historia  Nerdi- 
the  m)'  Syntarjma  dissert.  Oxon.  1707,4»,  p.  217;  Christie,  An  inquiry  into 
180  >lt  ^ree^  yame  suPposed  to  hâve  been  invented  by  Palamedcs ,  London, 
1840 '  jr,'-ISC'0'*  at'  P°et.  lat.  viin.  IV,  p.  404;Rangabé  dans  la  Dev.  archéol. 

1  ’  Hubert  Coleridge,  On  Gr.  and  R.  chess  (1855)  dans  Forbcs,  History 
(180USSn  î°);  WaylC'art -^truncuti  dans  Smith,  Dict.  of  gr.  a.  r.  ant.  3 
BecqdeF  1GÔ11’  CMes  (1878)>  1'-  P-  371  ;  Gallus  (1882),  111,  p.  335; 
Privataît°l'am  lQS'JeUX  anc‘ens  2  (1873),  cliap.  xviii;  H.  Blümner,  Griech. 
P>e  Spide  J'  ri  508  ’  ®artIuardt-Mau,  Rôm.  Privatalterth.  Il,  p.  433;  Richtcr, 
der  Gr  un.’  **.'  P°m-  Leipzig,  1888;  Frankel,  Die  schônsten  Lustspiele 
~u>  ICinftihrung  in  die  antike  Komoedie,  Halle,  1888  ;  Edw.  Falkcner, 


Games  ancient  and  oriental  and  how  to  play  them,  London,  1892,  8»,  p.  37-62. 
LAUDATIO.  l  Em.  Jullien,  Les  professeurs  de  littérat.  dans  l’anc.  Rom.  p.  308. 

—  2  Walsch,  üissertalio  de  panegyricis  veterum,  lena,  1721  ;  Aug.  Guil.  Ernesti, 
De  panegyrica  eloquentia  Romanorum  aureae  quidem  aetatis,  progr.  Lips.  1783, 
4»;  O.  Ribbcck,  Lobpreis  von  Fürsten  und  Helden  bei  Griech.  u.  Rôm.,  Reden.  u. 
Vortraege  (1899),  p.  97.  —  3  Elles  sont  indiquées  avec  beaucoup  de  précision  par 
Quintilien,  Inst.  or.  III,  7.  —  4  Lafaye,  De  poetarum  et  oratorum  certaminibus 
apud  veteres,  p.  30.  Auparavant  ou  y  avait  bien  débité  des  morceaux  d’éloquence, 
mais  sans  qu’il  y  eût  un  concours.  —  »  Ibid.  p.  3  et  29.  —  6  Boeckh,  Corp.  inscr. 
gr.  1585-1587.  —  1  Liidcrs,  Dionys.  Künstler  (1873);  Alb.  Muller,  Bilhn.  Altertli. 
p.  405,  n.  2,  p.  120-127.  —  8  Dittenbcrger,  Corp.  inscr.  Graeciae  sept.  I,  415,  416, 
418,  419,  420,  1773,  2727  ;  Liermann,  Agonistica,  Dissert.  Halens.  X  (1889),  p.  122. 

—  9  Corp.  inscr.  gr.  1587,  2758  A,  1,  5;  2759  I,  3  ;  pour  le  surplus,  voir  Lafaye, 
p.  41-46.  —  *6  Corp.  inscr.  ail.  III,  1,  n»  1100,  I.  36-39;  Dumont,  Ephéb.  att.  I, 
p.  244.  —  n  Lafaye,  p.  49-55.  —  12  Tac.  Ann.  XIV,  20  ;  XVI,  2  ;  Lafaye,  p.  56-01. 

—  13  Suet.  Dom.  4  ;  Lafaye,  p.  62-09.  —  1’»  Quintil.  Inst.  or.  III,  7  ;  Lafaye,  p.  87-88. 
_ 15  Voir  les  inscriptions  de  l'éphébie  attique,  Loc.  cit.  ;  Diltenberger,  Loc.  cit.  1773. 

—  16  Quintil.  Loc.  cit.  ;  Menand.  ap.  Rhet.  graec.  (Spengel),  III,  25.  —  17  Acl.  Aristid. 
In  Jovem,  in  Dacchum,  in  Neptunum,  in  Serapidem,  in  Minervam,  in  lmperato- 
rem.  —  18  Mos  inveteratus,  Fronto,  Epist.  ad  amie.  1,  1,  3;  Quintil.  Loc.  cit. 
_  19  Fronto,  Loc.  cit.  ;  Ascon.  ad  Cic.  Pro  Scaur.  40,  139.  —  20  Sucl.  Octav,  56. 


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cause  que  sur  les  circonstances  accessoires,  sur  le 
caractère,  les  antécédents  et  la  moralité  de  l'accusé.  Au 
temps  de  Cicéron,  nous  voyons  des  personnages  impor¬ 
tants  user  de  ce  moyen  de  défense  :  M.  Caelius  Rufus 
étant  accusé  de  brigue,  la  ville  de  Pouzzoles  envoie  à 
Rome  une  députation  pour  intercéder  dans  sa  cause  1  ; 
Cadix  rend  le  îpême  service  à  L.  Cornélius  Ralbus,  le 
jour  où  il  se  voit  contester  le  droit  de  cité  romaine  2.  Les 
magistrats  qui  avaient  eu  une  part  dans  le  gouvernement 
des  provinces  ne  manquaient  pas  non  plus  d'invoquer 
le  secours  de  la  laudatio,  lorsqu’en  sortant  de  leur 
charge  ils  étaient  inculpés  de  concussion:  M.  Aemilius 
Scaurus,  ancien  gouverneur  de  Sardaigne,  pour  lequel 
avaient  plaidé  six  avocats,  entre  autres  Cicéron  et 
Hortensius,  fit  faire  ensuite  son  apologie  par  dix  per¬ 
sonnes  ;  neuf  étaient  des  consulaires;  la  dixième  était 
son  frère;  la  plupart  exposèrent  leur  opinion  par  écrit  3. 
Cicéron  assure  que  ce  chiffre  de  dix  personnes  était 
exigé  en  pareil  cas,  sinon  par  une  loi,  du  moins  par  une 
coutume  presque  aussi  forte,  et  que  les  accusés  qui  ne 
pouvaient  produire  dix  laudatores  faisaient  mieux  pour 
leur  honneur  de  n’en  produire  aucun  *.  Mais  cette  affir¬ 
mation  évidemment  exagérée  ne  doit  s’entendre  que  des 
procès  retentissants,  dans  lesquels  se  jouait  la  destinée 
de  quelque  puissant  personnage.  Ce  qui  arrivait  le  plus 
fréquemment,  c’est  que  le  gouverneur  menacé  cherchait 
à  recruter  lui-même  des  apologistes  parmi  ses  anciens 
administrés  ;  il  demandait  aux  principales  villes  d’en¬ 
voyer  des  députations  dont  le  témoignage  pût  être  opposé 
à  celui  de  ses  adversaires  ;  Verrès  ne  trouva  en  Sicile  5 
que  la  seule  Messine  qui  voulût  bien  se  charger  de  ce 
rôle.  Si  toutes  se  récusaient,  il  y  avait  encore  une 
ressource:  L.  Valerius  Flaccus,  repoussé  par  les  villes  de 
l’Asie,  son  ancienne  province,  fit  appel  à  celles  de  l'Achaïe, 
qui  l’avaient  connu  légat  à  une  époque  antérieure,  et  à 
Marseille,  où  il  avait  été  questeur  °. 

Cette  coutume  offrait  l’avantage  que  le  magistrat 
romain,  toujours  exposé  à  rendre  des  comptes,  avait  un 
intérêt  personnel  à  traiter  les  provinciaux  avec  équité  et 
douceur;  mais  il  en  résulta  aussi  de  graves  abus:  les 
gouverneurs  faibles  ou  corrompus  achetaient  par  des 
complaisances  les  éloges  dont  ils  pouvaient  avoir  besoin; 
ils  s’y  prenaient  longtemps  à  l’avance  et  intriguaient, 
pendant  la  durée  même  de  leur  charge,  pour  s’assurer 
des  témoignages  d'estime  et  de  reconnaissance.  Inquiétés 
ou  non,  ils  priaient  les  villes,  par  provision,  d’envoyer 
à  Rome  des  citoyens  notables  pour  célébrer  leurs 
mérites  dans  le  sénat;  une  fois  sortis  de  la  province, 
ils  pressaient  leur  successeur  de  favoriser  ces  déléga¬ 
tions  1  ;  de  là  des  marchandages  avilissants,  et  aussi, 
pour  les  provinciaux,  des  dépenses  qui  grevaient  quel¬ 
quefois  lourdement  leur  budget.  Le  mal  s’accrut  encore 
lorsque  le  système  des  assemblées  provinciales  eut  été, 
au  début  de  l’Empire,  réorganisé  et  généralisé.  Alors  on 
vit  les  gouverneurs  s’agiter  pour  se  faire  délivrer  régu¬ 
lièrement  par  les  concilia,  à  l’expiration  de  leur  charge, 

1  Cic.  Pro  Cael.  2,  b.  —  2  Cic.  Pro  Balb.  18.  De  même  encore  P.  Scstius,  trib. 
pl.,  affaire  défis  (Cic.  ad  fam.  I,  9)  ;  sous  Auguste,  Nonius  Asprenas,  affaire  d  em¬ 
poisonnement  (Suet.  Octav.  56)  ;  cf.  Cic.  Brut.  4i,  1G2;  Plut.  Pomp.  55. 

—  3  Ascon.  ad  Cic.  Pro  Scaur.  40,  139.  —  4  Cic.  Verr.  II,  5,  22,  57.  —  s  Cic.  Loc. 
cil.  ;  cf.  II,  5,  13  ;  26,  G4.  - —  6  Cic.  Pro  Place.  15,  26,  63.  Voir  encore  Pro  Font.  7, 
16. —  4  Ainsi  Appius  Claudius  accusé  de  majestas,  Cic.  ad  fam.  III,  8  et  10.  —  8  Gui¬ 
raud,  Assemblées  provinciales  de  l’Empire  romain,  p.  168. — 9  Dio  Cass.  LM,  25. 

—  lü  Tac.  Ann.  XV,  20,21.  —  U  Plin.  Paneg.  70;  Lamprid.  Alex.  Ber.  12.  \  oir  encore 


les  attestations  élogieuses  que  leurs  prédécesseurs,  sous 
la  République,  avaient  sollicitées  des  autorités  munici¬ 
pales8.  Pour  remédier  en  quelque  manière  à  ces  abus 
Auguste  (11  ap.  J.-C.)  «  défendit  aux  provinciaux  de 
rendre  des  décrets  honorifiques  à  l'égard  d’aucun  de  leurs 
gouverneurs,  soit  durant  le  temps  de  ses  fonctions,  soit 
dans  l’espace  de  soixante  jours  après  son  départ ,J  » 
En  62,  le  sénat  se  montra  plus  sévère  encore  :  un  Cretois 
à  qui  sa  fortune  donnait  une  grande  influence,  s’était 
vanté  de  disposer  entièrement  des  suffrages  de  ses  com¬ 
patriotes  ;  à  lui  seul,  il  était  maître,  disait-il,  de  faire 
accorder  ou  refuser  aux  proconsuls  les  remerciements  de 
la  Crète.  Paetus  Thrasea  saisit  cette  occasion  pour  se 
plaindre  de  la  situation  humiliante  que  cette  coutume 
créait  aux  magistrats  romains  dans  les  provinces.  Le 
sénat  interdit  d’une  manière  générale  aux  concilia  ces 
manifestations  honorifiques  et  les  députations  qui 
auraient  pour  objet  de  les  porter  à  sa  connaissance; 
c’était  revenir  à  l’ancienne  coutume  :  la  laudatio  ne 
devait  plus  être  autorisée  que  devant  les  tribunaux  en 
faveur  des  magistrats  contre  qui  avait  été  portée  une 
accusation  en  forme10.  Mais  les  mœurs  furent  plus  fortes 
que  les  lois;  les  villes  et  les  provinces  continuèrent 
comme  par  le  passé  à  voter  des  éloges  aux  gouverneurs 
sortants  ;  nous  savons  même  que  certains  empereurs  les 
considéraient  comme  des  titres  à  l’avancement,  quand  ils 
en  avaient  reconnu  la  sincérité  11.  On  en  vint  bientôt  aies 
prodiguer,  au-dessous  du  gouverneur,  à  des  personnages 
de  moindre  importance,  pour  peu  qu’ils  eussent  rendu 
quelques  services  dans  l’administration  provinciale  ‘L 

III.  Il  est  possible  qu’on  ait  appliqué  le  nom  de  lauda¬ 
tio  aux  félicitations  que  le  général  adressait,  en  présence 
des  troupes,  aux  soldats  qui  s’étaient  signalés  par  leur  I mile 
conduite  ;  c’était  l’équivalent  de  notre  citation  à  l’ordre13. 

IV’.  Laudatio  funebris.  —  Chez  aucun  peuple  l’éloge 
funèbre  n’a  eu  une  fortune  plus  durable  et  n'a  tenu  une 
plus  large  place  dans  la  vie  nationale  que  chez  les 
Romains.  En  Grèce,  au  temps  de  l’indépendance,  c’était 
un  hommage  collectif,  qu’un  orateur  désigné  par  l’Etat 
rendait  une  fois  l’an  aux  soldats  morts  pour  la  patrie 
[epitaphia].  A  Rome,  au  contraire,  tout  personnage  qui 
s’était  distingué  par  son  mérite  était  loué  individuellement 
en  public  au  moment  même  où  l’on  portait  ses  restes  au 
tombeau14.  Polybe,  en  décrivant  cette  coutume  étrangère 
à  sa  nation16,  en  a  mieux  que  personne  dégagé  l’esprit 
et  il  a  rendu  très  fidèlement  aussi  le  sentiment  des  Grecs 
qui  comme  lui  savaient  la  comprendre  :  «  Un  seul 
exemple,  dit-il,  suffira  à  montrer  avec  quel  soin  Rome 
forme  ses  citoyens  à  tout  sacrifier  pour  se  faire  un  nom 
illustre  dans  leur  patrie.  Lorsqu’un  homme  considérable 
meurt,  on  porte  en  grande  pompe,  après  la  cérémonie 
funèbre,  son  corps  à  la  tribune,  sur  le  Forum;  là  on  1( 
dresse  tout  droit,  de  façon  que  tous  puissent  le  voir,  pl'lS 
rarement  on  le  couche.  Alors,  en  présence  du  peupl* 
entier  rassemblé  alentour,  son  fils,  s’il  en  a  un  qui  soü 
en  âge  et  qui  se  trouve  à  Rome,  sinon  quelqu’un  de  ses 

Corp.  inscr.  lat.  XIII,  3162  ;  III,  14.  —  12  Voir  les  exemples  réunis  par  Guiraud,  Op- 
cit.  p.  170.  —  13  'Eyxiüjxiov  dans  Polyb.  VI,  39,  2.  —  14  Cic.  De  leg.  II,  2C>  1  ' 
— 15  II  faut,  bien  entendu,  écarter  le  tliréne  plus  ou  moins  rythmé  (Aescli.  Agamemn- 
1547),  voir  threnos;  on  ne  peut  pas  davantage  alléguer  Dionys.  Halic.  tiy.vfi,  '  L 
Lncian.  De  luctu,  23,  comme  le  fait  Vollmer,  Op.  cit.  p.  451,  notes  I  et  2;  ces  tel  h'5 
ne  prouvent  rien  pour  l’épor|ue  antérieure  à  Alexandre.  Mais  il  est  vrai  que  l(l  ^ 
tume  de  l’éloge  funèbre  a  dû  exister  en  Égypte  à  une  époque  ancienne  ; 

I,  92,  5. 


997  — 


LU!  - 

,  monte  à  la  tribune  pour  rappeler  les  vertus  du 
9arC?l  choses  qu’il  a  accomplies  durantsavie.  Qu  arr.ve- 
mr  t es  assistants,  qui  se  rappellent  et  remettent  a, ns, 
t-'1 1  mlvcu*  tout  ce  qu’il  a  fait  (je  ne  dis  pas  ic.  seu- 
s0US  1  uni  ont  pris  part  aux  mêmes  actions,  mais 

lemcn,1  mêmes  qui  y  ont  été  étrangers),  sont  tellement 
“llX"‘  m  souvenir  que  le  deuil  d’une  famille  semble 
T\r  un  deuil  publie...  L’orateur  qui  fait  l’éloge  du 
ITprononce,  lorsqu’il  est  terminé,  celui  des  ancêtres 
l„t  les  statues  assistent  à  la  cérémome  et  raconte  leurs 
pv lits  et  leur  vie  en  commençant  par  le  plus  ancien, 
ne  elle  manière,  la  renommée  des  citoyens  vertueux  se 
renouvelle  sans  cesse,  la  gloire  des  grandes  actions  de¬ 
vient  immortelle,  le  nom  de  ceux  qui  ont  b, en  mer, te  de 
le,,,,  patrie  est  répété  par  toutes  les  bouches  et  transmis 
à  la  postérité.  Mais,  ce  qui  vaut  mieux  encore,  la  jeu¬ 
nesse  est  vivement  sollicitée  ainsi  à  tout  braver  pour 
!  intérêt  commun,  dans  l’espoir  d’atteindre  cette  gloire 

oui  s’attache  aux  bons  citoyens1.  » 

Il  est  probable  que  dans  les  temps  les  plus  recules, 
lorsque  les  funérailles  se  célébraient  de  nuit  [funus, 
p  1390] ,  la  coutume  de  l’éloge  funèbre  n  était  pas 
encore  en  vigueur  2,  ou  du  moins  on  peut  admettre  qu’il 
fut  d’abord  prononcé  à  1  intérieur  de  la  famille.  Suivant 
quelques  historiens,  Valerius  Publicola  aurait  dès 
pan  509  av.  J.-C.  rendu  cet  hommage  en  public  à  la 
mémoire  de  Brutus,  son  ancien  collègue  dans  le  consulat  ; 
mais  on  a  des  raisons  de  considérer  cette  tradition  comme 
fabuleuse  3.  En  tout  cas,  il  est  certain  que  le  consul 
M.  Fabius  Vibullinus  prononça  en  480  devant  le  peuple 
l’éloge  de  son  frère  Quintus  et  par  la  meme  occasion 
celui  de  son  propre  collègue  C.  Manlius  Cincinnatus,  tous 
deux  morts  à  l’ennemi 4.  Depuis,  il  n  y  eut  guère  de  per¬ 
sonnage  marquant  dans  les  grandes  familles  de  Rome 
qui  ne  reçût  le  même  honneur  ;  à  la  fin  de  la  République, 
on  notait  comme  des  exceptions  ceux  qui  en  étaient 
privés  5.  À  l’origine,  les  patriciens  seuls  durent  y  avoir 
droit  ;  car  il  se  rattache,  comme  le  jus  imaginum,  atout 
un  ensemblede  traditions  essentiellementaristocratiques, 
qui  avaient  pour  but  d’assurer  et  de  perpétuer  à  travers 
les  siècles  la  cohésion  de  la  gens  ;  nous  ne  savons  pas  à 
quelle  époque  les  familles  plébéiennes  furent  admises  à 
en  jouir.  Les  impubères  étant  portés  de  nuit  au  tom¬ 
beau  °,  on  ne  pouvait  leur  consacrer  un  éloge  funèbre. 
Q.  Lutatius  Catulus,  consul  en  102,  fit  celui  de  sa  mère 
Popilia;  ce  serait,  d’après  Cicéron  7,  la  première  fois 
qu’on  aurait  rendu  cet  hommage  en  public  à  une  femme  ; 
son  témoignage  est  sur  ce  point  en  désaccord  avec 
d  autres 8  ;  mais  il  paraît  plus  digne  de  créance.  Les 
exemples  se  multiplièrent  et  il  y  en  eut  d’illustres. 

L’orateur  était  toujours  un  des  plus  proches  parents 
du  défunt,  son  fils,  son  gendre,  son  frère,  son  père,  son 
beau-père  ou  son  neveu;  plusieurs  femmes  connues 

I  olyb.  X I,  5»,  11-54.  Sur  l'influence  politique  et  morale  île  la  laudatio, 
.voii  Marlha,  Op.  cit.  C’est  le  meilleur  commentaire  de  ce  passage.  —  2  Cf.  Tac. 
Am X111-  17-  —  3  Dionys.  Hal.  V,  17  ;  Plut.  Val.  Public.  IX,  53;  Auctor 
I  evir.  ill.  i irb.  Rom.  10;  Joli.  Lyd.  I,  33,  p.  145,  Bekker;  H.  Peter,  Rist.rom.  rel. 
j>.  XXIX  ;  Vollmer,  p.  455.  —  4  T.  Liv.  II,  47.  —  a  Cic.  Pro  Mil.  XIII,  33  ;  Tac.  Ann. 
'  ’  5'  ~  6  8orv-  nd  Aen.  XI.  143.  _  7  Cic.  De  Or.  Il,  1 1, 41.  —  8  Plut.  Caes.  5, 

j  ■  V,  50;  II.  Peler,  Histor.  rom.  rel.  p.  xxx,  note  1  ;  Vollmer, p.  453; 

-  Plut.  Fab.  M„x.  94,  4.  Caes  5.  Zona|,  XI  2  f.  Tac.  Ann.  v,  2;  Polyb.  VI, 

•  K.  on.  ep.  f,0;  Dio.  Or.  XXIX,  t.  —  10  Appian.  1,  100;  Suet.  Jul.  84;  les  autres 
fUnoignages  prêtent  à  la  discussion.  Voir  Vollmer,  p.455.  —  n  Dio.  Cass.  57,  11,7; 

—  '13°  <  ert,n-  —  12  Suet.  Aug. S  ;  Quintil.  XII,  6.  I  ;  Nicol.  Damasc.  Aug.  3. 
note  »  ^el,'-  T‘lj'  G;  Calig.  10.  —  H  Mommsen,  Pôm.  Staatsreclil,  l3,  p.  442, 

folvb.  \  |,  53  ;  Cic.  ad  Att.  XV,  20,  2  ;  XV.  1 1  ;  Auctor  De  vir.  il. 

V. 


dans  l’histoire  furent  louées  par  leur  mari  5.  Un  orateur 
étranger  à  la  famille  n’était  chargé  de  la  laudatio  h  titre 
privé  que  dans  le  cas  où  le  plus  proche  parent  avait  un 
empêchement  légitime  ».  Cependant,  les  empereurs 
semblent  s’en  être  quelquefois  arrogé  le  droit,  par  excep¬ 
tion,  pour  honorer  une  famille  amie".  H  va  de  soi  que 
personne  ne  pouvait  remplir  celte  tâche  pieuse,  s  i 
n’était  pas  dans  les  conditions  exigées  par  la  loi  pour 
prendre  la  parole  devant  le  peuple;  par  conséquent,  elle 
ne  pouvait  être  confiée  ni  à  une  femme  ni  à  un  enfant, 
qui  n’avait  pas  encore  pris  la  toge  virile.  Pourtant,  en  a  , 
nous  voyons  Octave,  âgé  de  onze  ans,  louer  sa  grand  - 
mère  Julia  pro  concione  12,  et  bientôt  après  il  se  produit 
encore  des  faits  semblables,  mais  seulement  dans  la 
maison  Julienne  13.  On  s’est  même  demandé  si  1  orateur 
ne  devait  pas  être  magistrat  pour  avoir  le  droit  de 
s’adresser  à  la  concio  funebris  14  [funus]  ;  rien  ne  prouve 
cependant  que  cette  condition  fût  nécessaire  dans  les 

funérailles  célébrées  à  titre  privé. 

L’éloge  funèbre  était  prononcé  au  forum  du  haut  de 
la  tribune,  le  corps  du  défunt  étant  exposé  et  même 
dressé  sur  les  Rostres  anciens  (: rostra  vetera)lh.  Certains 
personnages  de  la  famille  impériale  furent  honorés  en 
outre  d’un  second  éloge  ;  en  pareil  cas,  les  deux  orateurs 
s’entendaient  probablement  pour  se  partager  le  sujet,  et 
le  second  choisissait  pour  y  prendre  la  parole  d  autres 
monuments,  tels  que  les  Rostra  Julia ,  le  terhple  de 
Jules  César,  le  Cirque  Flaminius,  etc.  16.  Il  a  dû  arriver 
aussi  quelquefois  que  les  vertus  ou  les  mérites  de  citoyens 
récemment  décédés  fussent  l’objet  d’éloges  publics  dans 
l’enceinte  du  sénat  de  Rome  17  ou  des  sénats  munici¬ 
paux18,  à  l’occasion  des  honneurs  qu’on  demandait  pour 
perpétuer  leur  mémoire. 

Lorsque  les  funérailles  étaient  célébrées  aux  frais  de 
l’État  ou  aux  frais  d’unmunicipe,  la  laudatio  était  confiée, 
non  plus  à  un  parent  du  défunt,  mais  à  un  magistrat 
désigné  expressément  pour  cette  tâche  par  un  sénatus- 
consulte  ou  par  un  décret  des  décurions19.  Il  n  est  pas 
certain  cependant  que  le  funus  publicum  comportât 
toujours  et  nécessairement  ce  genre  d  hommage-0.  La 
presque  totalité  des  inscriptions  où  il  est  mentionné  sont 
des  inscriptions  d’Espagne21  ;  on  en  connaît  une,  qui  a 
été  découverte  à  Tanger22.  Cependant,  on  ne  peut  douter 
que  cet  usage  ait  été  aussi  en  vigueur  dans  la  ville  de 
Rome23. Nous  savons  que  Tacite,  étant  consul,  fut  chargé 
par-  le  sénat  de  prononcer  l’éloge  funèbre  de  L.  Vergi- 
nius  Rufus,  personnage  éminent,  qui  avait  refusé  deux 
fois  l’empire24.  En  Espagne,  cet  honneur  est  accordé  par¬ 
fois  à  des  femmes25,  et  il  arrive  aussi  que  plusieurs 
éloges  funèbres  soient  consacrés  à  un  seul  et  même  per¬ 
sonnage  par  des  municipes  différents  26. 

Lorsqu’un  officier  mourait  à  1  armee,  une  laudatio 
pouvait  être  prononcée  devant  sa  dépouille  au  nom  de  la 

urb.  Ilom.  10;  Dionys.  Hal.  Ant.  rom.  IX,  54;  Plul.  Fab.  Max.  24,  4;  Appian. 
Bell  ci».  I,  106:  Plut.  Caes.  5;  Dio.  Cass.  39,  64,  54  ;  28,  55,  2;  54,  35;  Plut. 
Brut.  20  ;  Anton.  14,  3;  Suet.  Caes.  6  ;  Aug.  8,  100;  Tib.  6;  Calig.  10,  Claud.  1; 
Ouintil.  xil,  6,  1;  Tac.  Ann.  III,  5,  76;  IV,  12  ;  V,  1  ;  XVI,  6;  Sen.  ad  Marc.  15; 
Zonar  XI,  2  c;  Plin.  Ep.  II,  1-6;  Jul.  Capitol.  VII,  Il  ;  Nicol.  Damasc.  Aug.  3. 

I  IG  Dio.  Cass.  LIV,  35  ;  LV,  2,  2;  LVI,  34,  4;  Suet.  Aug.  100  ;  Jul.  Capitol.  VU, 

II  —17  Cic.  Philipp.  IX,  fin  ;  Vollmer,  p.  459.  —  18  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  15880  ; 

X  3903  4-9.  —  19  Quintil.  Inst.  or.  III,  7.  —  29  Vollmer,  p.  461.  —  21  Coip. 
inscr.  lat.  II,  1065,  1089,  1186,  1286,  1342,  1735,  2131,  2150.  2188,  2344,  2345,  3251, 
3952  3746,  5409.  Probablement  aussi  Corp.  inscr.  lat.  II,  4217,  4611.  22  La 

Mart'inière  dans  le  Bull,  arc  h.  du  Comité  des  trav.  histor.  1888,  p.  476. 
_  23  Quintil.  Loc.  cit.  -  24  Plin.  Epist.  U,  1,  6.  —  »  Corp.  inscr.  lat.  II,  1089, 
9(88  2345,  5409.  —  26  tbid.  II,  3251,  3252. 

126 


troupe  où  il  commandait,  et  même  au  nom  de  plusieurs 
troupes  qui  connaissaient  ses  services  *. 

Les  familles  de  Rome  qui  avaient  donné  à  la  République 
un  grand  nombre  de  magistrats  et  de  personnages 
remarquables  conservaient  pieusement  dans  leurs 
archives  domestiques  la  suite  des  éloges  de  leurs 
membres  défunts.  Cette  catégorie  de  documents,  pré¬ 
cieuse  pour  l’histoire  des  premiers  siècles  de  la  Répu¬ 
blique,  fut  mise  à  profit  par  les  annalistes;  mais  de 
bonne  heure  elle  leur  devint  suspecte;  déjà  Caelius  Anti- 
pater  s’en  défiait2.  Cicéron  et  Tite-Live  en  ont  dit  la 
raison  :  c’est  que  la  vanité  des  familles  s’y  était  donné 
libre  carrière,  au  point  même  d’altérer  les  faits  3.  Ce  fut 
sans  doute  vers  la  fin  du  111e  siècle  avant  notre  ère  que 
l’on  commença  à  publier  les  éloges  funèbres  des  contem¬ 
porains  au  fur  et  à  mesure  qu’ils  étaient  composés  ;  le 
plus  ancien  dont  il  soit  fait  mention,  comme  d’un  ou¬ 
vrage  connu  par  des  copies,  est  celui  que  Fabius  Cunc- 
tator  prononça  en  l’honneur  de  son  fils  entre  207  et  203; 
on  l’avait  encore  au  temps  de  Plutarque  Vers  la  fin  de 
la  République,  on  voit  s’introduire  l’usage  de  publier  des 
biographies  de  personnages  contemporains,  écrites  plus 
ou  moins  longtemps  après  leur  mort  comme  un  hommage 
destiné  à  remplacer  l’éloge  funèbre,  lorsque,  pour  des 
raisons  diverses,  il  n’avait  pu  être  prononcé  devant  leur 
dépouille:  tel  fut  Y  Éloge  de  Caton  d'Utique  par  Cicéron  6. 
De  même,  s’il  est  inexact  de  dire  que  YAgricola  de  Tacite 
est  proprement  une  laudatio  funebris  6,  on  peut 
admettre  qu’il  donne  une  idée  du  genre,  d’où  ces  biogra¬ 
phies  tirent  probablement  leur  origine. 

Quoique  Cicéron  ait  donné  sur  la  composition  des 
éloges  en  général  des  préceptes  qui  pouvaient  trouver 
leur  application  dans  l’éloge  funèbre  7,  il  ne  semble  pas 
avoir  eu  beaucoup  d’estime  pour  ce  genre  d’éloquence, 
ni  même  avoir  aperçu  le  parti  que  l’on  en  peut  tirer  8. 
La  principale  cause  de  ce  dédain  est  dans  l’abus  qu’en 
avaient  fait  les  familles  puissantes  de  Rome  ;  nous  savons 
que  l’éloge  des  ancêtres  en  était  un  des  thèmes  obliga¬ 
toires  et  qu’il  y  tenait  une  large  place  ;  l’orateur,  à 
propos  de  chaque  décès,  commençait  toujours  par  réca¬ 
pituler  les  laudationes  antérieures  de  la  même  famille  9, 
et  c’était  une  des  raisons  pour  lesquelles  on  les  conser¬ 
vait  si  soigneusement;  de  là  dans  ces  morceaux  d’appa¬ 
rat  une  convention  et  une  monotonie  qui  leur  nuisaient 

1  Corp.  inscr.  lat.  II,  2079  ;  VI,  3617.  —  2  Cad.  Anlipat.  ap.  T.  Liv.  XXVII,  27,  12  ; 
W.  Soltau,  Die  rôm.  Laudalionen  u.  ihre  Einfluss  auf  die  Annalistik , 
Deutsche  Zeitschr.  f.  Geschicht.  Wissensch.  1897,  p.  98,  —  3  Cic.  Brut. 
16,  62;  cf.  De  leg.  II,  63;  T.  Liv.  VIII,  40.  —  4  Plut.  Fab.  Max.  1, 
5;  Cic.  Cat.  maj.  IV,  12.  Autres  mentionnées  dans  Plin.  Hist.  nat.  VU,  43; 
T.  Liv.XXVIl,  27,  12;  Cic.  De  orat.  II,  84,  341  ;  Schol.  Bob.  ad  Cic.  Pro  Mil. 
VII,  2  ;  Suct.  Jul.  6;  Serv.  ad  Aen.  I,  712;  Plut.  Marcell.  30,  4  ;  Comp.  Marcelli 
et  Pelop.  1,  4;  Suet.  Claud.  1.  Témoignages  plus  douteux;  Cic.  ad  Quint,  fr. 
III,  8,  5;  ad  Attic.  XIV,  11  ;  Tac.  Ann.  XIII,  3.-6  Voir  les  autres  exemples 
réunis  par  Vollmer,  p.  468-471.  - —  6  Hübner,  Hermès ,  I  (1866),  p.  447  ;  cf.  Plin. 
Epist.  V,  5,  2.  —  7  Cic.  De  or.  II,  11,  44,  50  ;  cf.  Dionys.  Halic.  -«xvri,  6  ;  Theon. 
Progymn.  8;  Menandr.  IieiSeixt.  H  ;  ap.  Jiliet.  gr.  Spengcl,  II,  p.  109;  III,  p.  418. 

—  8(ÿC.  Deor.  II,  84,  341.  Vollmer  cherche  en  vain,  p.  478, à  interpréter  autrement 
ce  passage.  Voir  H.  Peter,  Berlin.  Philolog.  Wochenschr.  XII  (1892),  p.  1421. 

—  9  Suet.  Caes.  0  ;  Plut.  Caes.  5  ;  A.  Oeil.  XIII,  20  j  Dio  Cass.  LUI,  30,  5  ;  Serv .  ad 
Virg.  Aen.  1,  712  ;  Tac.  Ann.  XIII,  3  ;  Cic.  Brut.  XVI,  61 .  Un  autre  ordre  est  peut- 
être  indiqué  par  Polyb.  VI,  54.  Cf.  Vollmer,  p.  477,  combattu  par  H.  Peter,  Roc.  cit. 

—  10  Voir  surtout  Martha,  Op.  cit.  Amatucci,  Eeloquenza  latina  nei  primi  cingue 
secoli  di  Borna,  Torino,  1895,  a  essayé  de  réhabiliter  les  laudationes.  —  "  Vollmer 
donne,  p.  478,  la  liste  chronologique  des  laudationes  connues,  et,  p.  480,  une  édition 
critique  de  tous  les  fragments  contenus  dans  les  textes  et  les  inscriptions.  —  42  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  10230,  Vollmer,  n°  12.  —  43  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1527,  Vollmer,  n“  13. 
Nouveaux  fragments  trouvés  en  1898,  Notizie  degli  scavi,  1898,  p.  413.  —  44  Corp , 
inscr.  lat.  XIV,  3579,  Vollmer,  n°  18.  —  15  Bio.  Chrys.  Melancomas-,  Hérode 
Atticus  sur  son  maître  Secundus  (Philostr.  Vif.  sopli.  I,  26,  p.  225,  Didot),  Hadrien 


beaucoup  aux  yeux  des  véritables  orateurs.  On  s’explique 
ainsi  qu’ils  aient  pu  paraître  aussi  peu  susceptibles  d’art 
que  dangereux  pour  la  vérité  historique  10. 

Outre  les  fragments  d’éloges  funèbres  cités  par  les 
auteurs  latins,  nous  en  avons  conservé  quelques-uns 
dans  les  inscriptions  ;  quelquefois,  en  effet,  les  familles 
ont  tenu  à  faire  graver  le  texte  de  ces  discours  sur  le 
tombeau  même  des  personnes  qui  en  avaient  été  l’objet11. 
Parmi  les  plus  intéressants,  nous  mentionnerons  seule¬ 
ment  l’éloge  de  Murdia,  qui  date  du  temps  d’Auguste12, 
celui  de  Turia,  prononcé  par  son  mari,  le  consul  Q.  Lu- 
cretius  Vespillo,  entre  l’an  7  et  l’an  1  av.  J.-C. 13,  celui  de 
Matidie  par  son  gendre,  l’empereur  Hadrien  (an  119)  u. 

L’usage  romain  constammentrespecté,  quoique  n’ayant 
produit  aucune  œuvre  éclatante,  eut  pour  effet  de  déve¬ 
lopper  chez  les  Grecs,  par  imitation,  le  goût  du  Xôyoç 
sTitTctcptoç  ou  l7ttx7jo£iGç  ;  sous  l’Empire,  ils  composèrent  à 
leur  tour  des  éloges  funèbres  pour  honorer  individuelle¬ 
ment  des  personnes  qui  s’étaient  recommandées  par 
divers  genres  de  mérites.  Quelques-uns  de  ceux  qui  nous 
sont  parvenus  ont  été  réellement  prononcés  ;  les  autres 
ne  sont  que  des  exercices  d’école  16.  Au  iv°  siècle  appa¬ 
raissent  dans  l’Église  les  premières  oraisons  funèbres 
inspirées  du  sentiment  chrétien  16.  Georges  Lafaye. 

LAUTIA.  —  Ce  mot 1  désigne  le  mobilier  que  le  gou¬ 
vernement  de  la  République  romaine  mettait  à  la  dispo¬ 
sition  des  ambassadeurs  étrangers,  en  même  temps 
qu’une  habitation  pour  la  durée  de  leur  séjour  à  Rome2 
[hospitium,  p.  301].  L’étymologie  de  cette  expression  est 
incertaine.  On  donne  lautus*  ou  lavare ,  lotus ,  le  bain 
étant  à  l’origine  le  premier  besoin  de  l’hôte4'.  D’après 
Festus5,  Livius  Andronicus  aurait  employé,  au  lieu  de 
lautia ,  le  mot  dautia ,  en  supposant  sans  doute  une  racine 
grecque,  oiSwp.  En  grec,  l’expression  correspondante  est 
7rapôy T;  ou  7i7.po/at6.  Dans  un  sénatus-consulte  de  45  av. 
J.-C.,  le  mot  yopijy.a  parait  désigner  à  la  fois  le  mobilier  et 
le  présentd’hospitalité7.  Plus  tard  Apulée  emploie  aussi  le 
mot  lautia  àpropos  de  l’hospitalité  privée 8 .  Cn.  Lécrivain. 

LAVATIO,  nXudt;1. —  Lavage,  nettoyage  en  général, 
blanchissage2.  Chez  tous  les  peuples  qui  ont  atteint  un 
certain  degré  de  civilisation,  les  soins  de  propreté  ont  été 
regardés  comme  indispensables.  C’est  à  l’eau  froide  ou 
chaude,  pure  ou  additionnée  de  certaines  substances  que 
partout  on  a  eu  recours  pour  enlever  les  souillures  des 

de  Tyr  sur  Hérode  Alticus  [Ibid.  II,  10,  p.  245  D)  ;  Ael.  Arislid.  Et;  ’Exur/iu,  1- 
•ATieEivSfw  ; Libanius,  ht’  ’loukavS,  etc.  Voir  Westermann,  Quaest.  Demosth.  II,  p.  4 i 

—  4G  Euseb.  Vif.  Constantin.  IV,  55.  Voiries  exemples  réunis  par  Vollmer,  p.  472, 
475.  —  Biblioghaphie.  Kirchmann,  De  funeribus  Bomanorum,  II,  cap.  xvui-xix, 
llamburg,  1605;  Ant.  Frid.  Meyer,  De  laudationibus  funebr.  veterum,  Lipsiar. 
1670;  Taylor,  Lectiones  Lysiacae  (1739),  ap.  Rciske,  Oral.  graec.X I,  p.  231 
Doring,  De  laudationibus  funebr.  ap.  veteres,  Golha,  1804,  4";  Westermann,  Quaes- 
tiones  Demosthenicae,  II,  cap.  u  (18311,  p.  23-48;  Cadenbacli,  De  Roman.  laudationibus 
funebribus,  Essen,  1832;  Herm.  Graff,  De  Roman,  laudationibus  commentatio , 
Dorpat,  1862  ;  Const.  Martha,  L oraison  funèbre  chez  les  Romains  (Rev.  des  Deux 
Mondes,  1877,  21,  654)  dans  scs  Études  morales  sur  l'antiquité,  Paris,  1883,  p.  1-59 
Marquardt-Mau,  Privatleben  der  Rôm.  (1886),  p.  357  ;  J.  Kukutsch,  Ueber  die 
laudatio  fun.  bei  den  Rôm.  Progr.  gymn.  Theres.  Vindobon.  1888  ;  Frid.  Vollmer, 
Laudationum  funebr.  Romanor.  historia  et  reliquiarum  editio  dans  les  Jahrb. 
fur  class.  Philologie  de  Fleckeisen,  LXXX,  Suppl.  Band,  Leipzig,  1892,  p.  445. 

LAUTIA.  1  Plutarque  (Quaest.  rom.  43)  écrit  kaùtEia  qu'il  traduit  à  tort  par 
;e\ioc.  —  2  Tit.  Liv.  28,  39;  30,  17;  33,  24;  35,  23;  42,  26  ;  44,  16;  45,  20. 

—  3  Festus,  p.  117  :  lautitia  epularum  magnificentia.  —  4  Cic.  Ad  fam.  9, 

_ 5  p.  68  :  «  item  dautia  quae  lautia  dicimus  et  dantur  legatis  hospitii  gratin.  » 

_ 6  Polyb.  21,  18  ;  24,  4,  6  ;  32,  23,  2  ;  Corp.  inscr.  lat.  1,  203,  1.  26.  —  1  Inscr. 

gr.  insular.  II,  35  6,  1.  24.  —  8  Metam.  9,  p.  300,  370  (éd.  Nisard). 

LAVATIO.  4  Plat.  Rep.  429  E.  —  2  Le  terme  lavatio  a  servi  encore  pour  dési¬ 
gner  les  ustensiles  de  toilette  (Cic.  Ad  famil.  IX,  5,  s.  fin.;  Pliaedr.  IV,  4;  Ulp- 
Dig.  XXXIV,  2,  26)  et  l'endroit  où  l’on  se  lave  (Vitruv-  V  11  Dig.  XIX,  2,  30  1 
Inscript,  ap.  Gruter.  444,  8). 


LAV  —  999 

matières  premières,  comme  la  laine,  des  étoiles  au  sortir 
,  ‘  Ja  fabrication,  des  vêtements  et  des  corps. 

Nettoyage  de  la  laine  surge.  -  Avant  d’être  mises  en 
„livre  les  laines  surges  {lana  succida *,  Spt*  ofownip*-) 
doivent  être  débarrassées  du  suint  (oi^o/tt)  ,  oututo;  , 
oesi/pum*)  dont  elles  sont  enduites.  A  cet  effet,  on  les 
plongeait  ^obixsiv)6  dans  de  l’eau  chaude  (c’était  le  pro¬ 
cédé  antique),  à  laquelle  on  ajouta,  dans  la  suite,  de  la 
racine  de  saponaire  (arpouSiov7,  radix  lanaria  \  herba 
lanaria  9)  dontla  plus  estimée  se  tirait  desrégions  situées 
au  delà  de  l’Euphrate.  Relativement  au  désuintage  de  la 
laine,  on  fait  encore  mention  du  vin,  de  l’huile,  de  la  cire 
blanche  et  de  la  graisse  de  porc  10.  Quant  aux  souillures 
contractées  pendant  le  filage  et  le  lissage,  leur  nettoyage 
taisait  partie  des  manipulations  auxquelles  les  tissus 
étaient  soumis  par  les  foulons  [fullonica]. 

Blanchissage  des  vêtements  et  du  linge.  —  Le  procédé 
le  plus  ancien  consistait  à  immerger  les  objets  salis  dans 


(  'TcXuvséç  )  était  exercée  a 


des  bassins  ou  lavoirs  (tOoivoi)11  aménagés  au  bord  de 
cours  d’eau  ou  auprès  de  sources  froides  ou  chaudes12,  et 
à  les  fouler  aux  pieds  vivement  (<ttîi'6siv  13,  ÀaxxiÇsiv  u, 
ffugTOxxîicai 16 ,  argutari pedibus 10),  pour  en  faire  sortir  les 
impuretés.  C’est  ce  que  nous  voyons  les  servantes  de 
Nausicaa  faire  dans  Y Odyssée11.  Dans  la  scène  décrite  par 
Homère,  le  lavage  a  lieu  sans  addition  d’aucune  substance. 
Mais  on  conçoit  aisément  qu’un  pareil  procédé  ne  pouvait 
faire  disparaître  que  très  imparfaitement  les  taches  grais¬ 
seuses.  Comme  les  anciens  ne  connaissaient  pas  le  savon 


1  Van-,  De  r.  rust.  H,  11,  C;  Mart.  XI,  27,  S;  Juven.  V,  24;  Dig. 
XXXII,  1,  70.  —  2  Aristoph.  Acliar.  1177;  Dioscor.  11,84;  Poil.  VII,  28  ;  cf. 
Smd.  s.  v.  oliruitriçdî  î  Ét.  Mar/n.  p.  019,  12,  ou  encore  o!<rwn»içà  dans 

necd.  de  Bckkcr,  l,  p.  50,  7.  —  3  Aristoph.  Lysistr.  575;  Dio  Cass.  XXXVI, 

,  Hcsych.  s.  v.  ;  Suid.  s.  v.  O11  lit  encore  o'Krxàsn  et  outtet,,  Suid.  s.  r. 
Dioscor.  II,  84;  Paus.  VIII,  42,  11;  Hesycli.  s.  v.  Chez  Hérodote,  oîo-û^ry,  ; 
cf.  Suid.  s.  v.  B  Plin.  IHst .  nat.  XXIX,  85-38  ;  XXX,  27,  28,  etc.;  Ovid.  Ars 
, IU’  213 ;  flemed.  am.  354.  -  0  Arist.  Ecoles.  215.  Il  se  sert  ailleurs  de 
*7:  ùvnv,  Lysistr.  575.  Le  terme  technique  latin  pour  désigner  cette  opération  était 
cf.Varr.  De  r.  rust.  II,  2,  18;  Titin.  apud  Non.  Marccll.  (éd.  Quicherat), 
Cett"  "  i  Di0Sr01'  ^  011  lcrme  rcçouOÎÇtiv,  id.  84;  Hcsych.  s.  V.  (itjouBiov. 

> .  .,6  11  ' 11  U  cst  arPelée  aussi  paot*4  po-rivn;,  Lucian.  Aléa.  c.  12;  Beckmann, 
vf'T  "T  Geschichte  der  Erfindungen,  IV,  p.  18.  —  8  Plin.  XIX,  48;  Colum. 
0  ’ri;  •  Plin-  XX1V>  »«  et  1«8  ;  XXV,  52.  -  10  juv.  V,  24  ;  Varr.  II,  11,7.  Les 
lanilut* ’Cni^  °/éS  3  ccdôsuinlag°  de  la  laine  étaient  appelés  eçto-^ÜTat,  Diosc.  II,  90, 

,  S>  '  Glesscir .  Philox.  cité  par  Blümner,  Technologie  und  lerminol.  der 

*ZuadWiïrte’  L  *:  P-  10S-  -  11  0d^  VI.  *0  e,  80;  Iliad.  XXII,  153. 
Üt  Se  l’ilissos  •  f’  f^01  r",V-  l,CS  Alhéniens  avaient  établi  leurs  lavoirs  dans  le 
p.  24.  _  13  r.,  '  ;UI'lius’  Abhandlung  üb.  gr.  Quell-und  Brunneninschriften, 

p.  182  u  IJ2‘  ~  14  Hippocr.  De  diaeta,  I,  14;  Synes.  Epist.  44,- 

—  17  Bans  les  °  '.  ’  '?7'  ~  16  ^tin.  ap.  Non.  Marcell.  (éd.  Quicherat),  p.  270. 

A-uscrles.  Vn *e,1’*ll0DS  Jc  la  scèn®  de  l 'Odyssée  sur  un  vase  peint  (Gerhard, 
le  linge  comme  '  î  ’  ■’  1’1'  “1S  *r's'  4371î>  011  voil  des  laveuses  tordre  et  presser 

0,1  e  ail  encore.  Sur  uu  charmant  vase  d’Athènes  (Dumonl,  Céra- 


_  LAV 

|  SApOj 18,  pour  enlever  réellement  ces  taches,  il  leur  fallait 
ajouter  à  l’eau  des  substances,  désignées  par  les  termes 
généraux  de  péggxxa,  ^uTrrtxà19,  capables  d  absorber  ou 
d’émulsionner  les  matières  grasses.  Les  propriétés  absor¬ 
bantes  de  certaines  espèces  de  terres  argileuses  (yvj  7tXuv- 
xpt;20,  <7|jt7)xxp tç 21  ou  ffg^xxtç22),  étaient  connues  dans  l’an¬ 
tiquité  et  les  foulons  faisaient  un  grand  usage  de  la  terre 
de  Cimolos  [creta,  fullonica]  qui,  parait-il,  est  encore 
employée  aujourd’hui  en  guise  de  savon23.  A  côté  prennent 
place  les  sels  alcalins  comme  le  carbonate  de  soude  et  le 
carbonate  de  potasse,  égale¬ 
ment  désignés  par  le  mot 
vtxpov 24,  nitrum 2,\  Xtxpov  chez 
les  attiques26  [nitrum].  Enfin 
les  anciens  connurent  et  em¬ 
ployèrent  la  lessive  de  cen¬ 
dre27  (xovta),  dont  la  plus 
efficace  (pu7rxtxwxâx7))  était 
celle  qui  se  faisait  avec  la 
cendre  de  bois  de  figuier28. 

Les  tissus  une  fois  lavés  de¬ 
vaient  être  rincés,  comme  de 
nos  jours,  puis  tordus, comme 
le  montre  une  scène  sur  un 
vase  peint  (fig.  4371)  29.  La 
profession  de  blanchisseur 

Athènes  par  des  hommes  et  des  femmes  30  QiXûvTptai). 

D’autres  parties  du  vêtement,  comme  la  chaussuie,  se 
lavaient  à  l’occasion  avec  des  éponges31  (fig.  4372). 

Toilette.  —  C’était  d’éponges  qu’on  se  servait  aussi 
pour  la  toilette  quand  on  voulait  opérer  un  nettoyage 
doux 32  et  notamment  pour  laver  et  sécher  le  corps  des 
malades33.  Le  lavage  à  l’eau  chaude  était  recommandé 
pour  les  enfants  et  les  vieillards  u.  Mais  pour  enlexei  les 
impuretés  provenant  de  la  transpiration  et  surtout  la 
crasse  formée  par  la  poussière  et  1  huile  dont  on  axait 
l’habitude  d’oindre  la  peau,  l’eau  seule,  même  chaude, 
aurait  été  insuffisante;  aussi, pour  nettoyer  la  peau,  non 
seulement  se  servait-on  d’une  espèce  détrille  [strigilis], 
mais  encore  axrait-on  recours  aux  pugga-ra,  avec  lesquels  on 
se  frictionnait  [balneum,  unguenta].  Parmi  ceux  qui  étaient 
employés  ou  fournis  par  les  baigneurs,  on  cite  le  nitre,  la 
lessive  de  cendre  et  la  terre  de  Cimolos  et  une  compo¬ 
sition  de  farine  de  fèxres  appelée  lomentum  1,1 .  Alfred  Jacob. 

miq.  de  la  Grèce  propre,  pl.  vm,  p.  364)  une  femme  verse  de  l’eau  sur  du  linge 
étendu  à  terre,  des  vêtements  sont  posés  sur  un  escabeau  suspendu  et  sur  une  chaise. 
_  18  Voir  K.  B.  Hoffmann,  dans  XViener  Studien,  1882,  2'  livr.  -  19  Plat.  Rep. 
IV  4->q  E  et  430  A  ;  Atheu.  VIII,  351  E  ;  XI,  484  A  ;  Poil.  VII,  40  ;  Alciph.  III,  61  ; 
Tim.  Lex.  platon.  s.  v.  ÿV|i«;  Nicand.  Alex.  96.  -  20  Theophr.  Caus.  plant.  H, 

t  j  _ 21  Poil.  VII,  40.  —  22  Galen.  Glossar.  hippocr.  p.  90  et  139.  Le  même  (XII, 

170)  parle  d'une  terre  de  Lemnos  dont  on  se  servait  pour  laver  le  linge.  —  23  Tour- 
nefort  Relation  d'un  voyage  du  Levant,  I,  p.  H*  (éd.  in-4»)  ;  Choiseul  Gouffier. 
Voyage  pittor.  dans  l'Empire  Ottoman,  I,  p.  14  (éd.  in-8»)  ;  L.  Lacroix,  Iles  de 
la  Grèce,  p.  73,  col.  1.  —  24  Synes.  Epist.  44,  p.  182  D  ;  Alciphr.  III,  61  ;  Blümner, 
Op.  cit.  t.  I,  p.  162  et  163,  n.  i;  Hôfer,  ffist.  de  la  chimie,  I,  146.  —  25  Isid. 
OWi/.  XVI,  2,7.  —  20  Moeris  (éd.  Piersou),  p.  246;  Aristoph.  Ran.  711;  Ilerod.  11, 
80  ;  Hesych.  s.  Greg.  Cor.  p.  148  ;  Poil.  VII,  39  ;  X,  135.  —  27  Arist.  Ran.  711; 
Plat.  Rep.  430  B  ;  Poil.  VII,  39  et  40  ;  XV,  67  ;  Arnob.  VII,  p.  237  ;  ef.  Beckmann, 
O.  I.  IV,  p.  10.  -•  28  Plut.  Moral.  697  A;  Galen.  XII,  35;  Dioscor.  I,  186. 

_ 29  Gerhard,  Ausertes.  Vasenbild.  III,  pl.  ccxvm.  —  30  E.  Curtius,  Loc.  cit.  p.  25  ; 

cf.  Mittheil.  des  deutsch.  arch.  Instit.  in  Atlien,  1885,  p.  77,  où  la  blanchisseuse 
est  appelée  hWïtçik.  —31  Lenormant  et  do  Witte,  Elite  des  mon.  céramogr.,  111, 
pl.  xuv  ;  voir  aussi  Catalog  of  the  collection  of  antiq.  formed  b  y  lier:  (Londres, 
1851),  pl.  ni.  —  32  Arist.  Thesm.  247.  —  33  Plin.  XXXI,  131.  — 34  Gels.  1,  3. 
—  35  Arist.  Ran.  710  et  suiv.  Galien  (XII,  p.  180)  rapporte  qu'on  extrayait  à  Sélinonte 
et  à  Chios  une  terre  don  le  femme  se  servaient  pour  se  laver  le  visage  ;  cL 
Becker,  Gallus  (3e  éd.),  t.  III  p.  117  et  suiv.  —  35  Mart.  III,  42,  1;  Pallad.  XI, 
14,  9. 


1000 


LEB 


LEB 


LAVERNA.  —  Divinité  de  la  plus  ancienne  religion 
des  Romains,  dont  le  nom  n’a  jamais  été  expliqué  d’une 
façon  satisfaisante1  et  qui,  après  avoir  fait  partie  des 
esprits  souterrains,  était  devenue  la  protectrice  spéciale 
des  voleurs,  sans  doute  parce  qu’elle  régnait  dans  les 
ténèbres  et  que  ses  sanctuaires  étaient  au  fond  des  bois 
obscurs2.  Elle  en  possédait  un  au  nord  de  la  ville,  sur  la 
Via  Salaria ,  dans  un  endroit  particulièrement  mysté¬ 
rieux,  où  les  voleurs  se  donnaient  rendez-vous  pour  le 
partage  de  leur  butin  ;  de  là  leur  vint  le  nom  de  Laver- 
niones  ;  et  sans  doute  par  le  même  biais,  la  déesse  perdit 
sa  signification  première  pour  ne  plus  être,  dans 
1  opinion,  que  la  patronne  des  scélérats  qui  volent  dans 
l'ombre3.  Elle  avait  aussi  un  autel  sur  les  pentes  de 

I  Aventin,  au  voisinage  de  la  Porte  qui  lui  était  redevable 
de  son  nom  [, lavernalis J  ;  la  porte  débouchait  sur  Y  Empo¬ 
rium  où  il  y  avait  de  bons  coups  à  faire4.  Ces  associations 
d'idées  expliquent  son  rôle  dans  la  littérature  où  elle 
n’est  plus  que  la  déesse  des  voleurs.  Elle  leur  donne  la 
ruse  et,  après  le  vol  accompli,  l’impunité  avec  une  répu¬ 
tation  de  gens  de  bien6.  Un  aigrefin,  chez  Plaute, 
l’appelle  à  son  aide  pour  qu’elle  lui  procure  des  profits 
malhonnêtes.  La  formule  :  lta  me  bene  omet  Laverna 
est  spéciale  aux  voleurs,  et  la  prière  que  lui  adresse 
un  de  ces  personnages  chez  Horace,  l’appelant  :  pulchra 
Laverna ,  et  la  suppliant  d’abriter  ses  larcins  dans 
l'ombre  et  la  nuit,  est  l’expression  plaisante  de  sa  double 
nature6.  Une  coupe,  qui  porte  l’inscription  lavehnalis 
pocolom,  provenant  d’un  tombeau  étrusque  et  contempo¬ 
raine,  suivant  toute  vraisemblance,  de  la  première  guerre 
punique,  est  une  ofirande  à  Laverna1,  déesse  du  monde 
des  morts,  proche  parente  de  Lara  appelée  plus  lard  la 
mère  des  Lares  8.  Nous  savons  que  les  libations  en  son 
honneur  se  faisaient  avec  la  main  gauche,  alors  que  pour 
les  dieux  d’en  haut  on  se  servait  de  la  droite 9.  J .  A.  Hild. 

LÉBÈS  (A éêvjç  OU  Aéêetç 1 .  Asêv^Ttov 2,  Asê^Tocpiov 3,  diminu¬ 
tifs).  Chaudron.  —  Le  lébès  était  généralement  en  métal 
(pour  les  vases  de  même  forme  en  terre  cuite,  voir  crater). 

II  y  en  avait  d’or4  et  d’argent6, mais  la  plupart  étaient  de 
bronze6.  La  forme  du  lébès  est  variable  suivant  la  pro¬ 
fondeur  du  récipient,  la  courbe  de  la  panse,  le  profil  de 
l'épaule  et  de  l’embouchure.  Certains  ressemblaient  tout 
à  fait  à  nos  chaudrons 7,  mais  le  plus  grand  nombre  étaient 
beaucoup  moins  hauts  que  larges,  et  le  diamètre  de  la 
panse  est  généralement  très  supérieur  à  celui  de  l’embou¬ 
chure  :  celle-ci,  toujours  dépourvue  de  col,  est  tantôt 
simple,  tantôt  à  lèvres  horizontales  ou  verticales.  Le  cou¬ 
vercle  8  était  fixé  par  des  clous9  ou  posé  simplement 
sur  l’ouverture  10.  Ces  récipients,  de  dimensions  souvent 

LAVERNA.  1  Fcslus,  X,  ]).  U",  parait  rattacher  ce  nom  à  luere ;  le  schol.  Cruq. 
d  Horace  (Ep.  I,  16,  60)  fait  dériver  de  latere  et  cite,  pour  lavernio  =  voleur,  la 
variante  laternio  ;  Acron  au  même  passage  en  appelle  à  lavttre  et  dit  que  les 
voleurs  étaient  nommes  lavalores.  II  est  probable  que  Laverna  est  une  doublure  de 
Lara.  Pour  l'étymologie,  cf.  Curlius,  Griech.  Etyrnol.  I,  329.  —  2  Feslus,  Ibid.  : 
cf.  une  interprétation  analogue  du  dieu  Summanus,  considéré  comme  un  dieu  des 
voleurs  chez  Plaute,  Bacchid.  IV,  8,  5,  et  le  verbe  summanare  (Id.  Curcul.  III,  43) 
avec  le  sens  de  voler,  ce  qui  le  lit  identifier  avec  Pluton  ou  Dis  Pater  (Arnob. 
111,  26,  et  V,  34;  Mart.  Cap.  11,  161).  —  3  Schol.  Cruq.  Hor.  Loc.  cit.  :  Est  dea 
furum  et  simulacrum  ejus  fores  cotant  et  qui  consilia  sua  volant  taxi  ta  ;  nam 
preces  ejus  cum  silentio  exercent ur  ;  cl.  Arnob.  IV,  24,  et  Harlung,  Belig.  der 
Boemer,  II,  p.  54  suiv.  —  4  Varr.  Ling.  lat.  V,  163,  et  Festus,  Loc.  cit.  —  6  Hor. 
Ep.  I,  16,  60;  cf.  Novius,  ap.  Non.  Marc.  p.  483,  20,  et  Prudent.  C.  Symm. 

II,  869.  —  0  Non.  Marc.  p.  134  :  Plautus  Cornicularia  (pièce  perdue)  :  militave- 
ram  Lavernae...  furtis  celcbrassit  manus...;  cf.  Lucilius,  Lib.  XVII,  fragm.  la  : 
si  messes  facis  invisas,  si  rendis  Lavernae  ;  Plaut.  Aul.  111,  2,  24.  Ausone,  Ep. 

III,  103,  emploie  laverna  comme  synonyme  de  fur.  —  7  Corp.  inscr.  lat.  I,  47  ; 
Annali  d.  Instit.  1884,  5  suiv.  ;  voir  donabia,  fig.  2535.  —  8  Cl.  Preller,  Boeni. 


très  grandes11,  étaient  en  bronze  mince  et  battu  au 
marteau.  Parfois,  dans  les  exemplaires  archaïques,  deux 
ou  plusieurs  lames  de  métal  sont  jointes  par  des  rivets12. 
Comme  les  vases  étaient  exposés  au  feu,  et  que  le 
poids  du  chaudron  rempli  d’eau  devait  être  considé¬ 
rable  par  rapport  à  l’épaisseur,  ils  devenaient  assez 
vite  hors  d’usage  ;  les  lébès  détériorés  sont  souvent  men¬ 
tionnés  dans  les  inventaires  des  sanctuaires13.  Ainsi 
s’explique  qu’ils  soient  d’ordinaire  mal  conservés  et  que 
beaucoup  ne  soient  parvenus  qu’en  fragments. 

Le  chaudron,  lorsqu’il  était  de  petites  dimensions, 
n’avait  que  des  anses  mobiles,  au  nombre  de  deux  ou  de 
quatre,  attachées  d’ordinaire  près  de  l’embouchure14.  Les 
lébès  ovoïdes,  trouvés  en  Campanie,  et  dont  plusieurs 
sont  très  richement  décorés15,  sont  même  généralement 
dépourvus  d’anses  et  ne  se  portaient  qu’à  deux  mains  : 


seul  le  couvercle  avait  une  poignée  fixe,  formée  d’un  per¬ 
sonnage  ou  d’un  groupe16.  Il  n’en  était  pas  de  même 
lorsque  le  lébès  était  de  grand  diamètre.  Les  anses  étaient 
alors  circulaires,  en  forme  de  couronnes  verticales,  qu’un 
ruban  métallique  reliait  à  la  panse11.  Le  décor  en  était 
purement  géométrique,  mais  des  figurines  symétrique¬ 
ment  dressées  ai¬ 
daient  parfois  à 
soutenir  l’o¬ 
reille  18  ;  des  che¬ 
vaux  étaient  fixés 
à  la  partie  supé¬ 
rieure19,  et,  lors¬ 
que  l’espace  resté 
vide  au  milieu 
était  trop  grand, 
de  grandes  Gor¬ 
gones  venaient  le 
remplir 20.  D'au¬ 
tres  fois,  les  anses  manquaient,  remplacées  par  des  poi¬ 
gnées  fixes 21 .  De  fortes  protomes,  en  col  de  lions  ou  de  bé- 

Mythol.  p.  218.  —  9  Scplim.  Seranus,  ap.  Schol.  Sial.  Theb,  1 V,  502  :  laeru 
(pocula)  quae  vides  Lavernae,  Palladi  sunt  dextera. 

LEBES.  l  Foi'ine  béotienne,  Eust.  p.  1401,  et  Thésaurus,  s.  v.  —  -  Poli.  6,  92 

—  3  Poil.  10,  06.  —  4  Ath.  9,  408  c;  Piud.  Isth.  I,  19-20  (27-8).  —  P  Horo.  Od.  P 
137;  *  E  © .  ’A?Z.  1888, p.  44,  1.  63  (inscr.  d’Eleusis).  —  «Ath. 9, 408  d-,  Virg.  Aeih 
5,  266.  —  7  Gerhard,  A  user  l.  Vascnb.,  II,  pl.  cxxvir.  —  8  Poil.  10,  188.  —  9  Bronzes 
du Polytechneion,  19,  p.  9.  —  10  Atll.  Mittheil.  1893,  pl.  xiv.  —  H  II  y  en  a  de 
conservés,  ou  de  faciles  à  restituer,  dont  le  diamètre  est  supérieur  à  un  mètre.  Le 
lébès  où  vogue  Héraklès  (Eust.  Dionys.  558,  voir  suprà ,  III,  p.  93,  fig.  3763),  celui 
où  l’on  voit  assis  Apollon  (voir  suprà,  I,  p.  315,  fig.  370)  n'avaient  rien  qui  choqui'1 
l'imagination  des  Grecs.  —  12  Walters,  Br.  in  Brit.  Mus.,  384,  p.  57  (Vulci). 

—  13  Bull,  de  corr.  hell.,  VI,  p.  47,  106,  p.  51,  210  (Délos)  ;  cf.,  au  contraire,  les 
lébès  en  bon  état,  ibid.  X,  p.  466,  1.  138.  —  1'*  Br.  du  Polytechneion,  13  et  son- 
p.  8-10.  —  «  Walters,  Br.  in  Brit.  Mus.,  560,  p.  80-1.  —  10  Liste  dans  Dulin, 
Annali,  1879,  p.  119-157.  -  U  Boem.  Mittheil.,  H,  p.  236.  —  18  Br.  du  Pol’J- 
techneion,  5-6,  p.  4-5;  Br.  de  V Acropole,  48-9,  p.  19-20.  —  »  Olympia,  P', 
pl.  xxvn,  016-7;  Br.  de  l'Acropole ,  50-1,  fig.  1-2,  p.  20-1.  -  20  Br.  de  l'Acropok 
500-1 ,  p.  181.  —  21  Ibid.  451,  p.  159. 


LËB 


—  4001  — 


LÈB 


..  ,  4373),  de  serpents2,  ou  de  grillons  (üg.  A3U)\ 

!‘er&  sur  le  haut  de  la  panse  et  pouvaient  être 

facilement  saisies  à  pleines  mains.  Des  tètes  d’animaux  4, 
L  monstres  fantastiques  aux  ailes  d  oiseau,  aux  bras  et 
buste  de  femme  8,  s’appliquaient  sur  la  même  panse, 

.  ès  de  l’embouchure,  et  regardaient  vers  l’inte- 
I^eur  au  lieu  qu’ailleurs  les  protomes  de  griffons  ou  de 
béliers  sont  tournées  vers  l’extérieur6.  Leur  destina¬ 
tion  était  d’ailleurs  la  même  que  celle  des  anses  ver¬ 
ticales  et  des  avant-corps  d’animaux:  elles  servaient,  en 
même  temps  qu’à  orner,  à  soulever  et  transporter  les 

grands  et  lourds  lébès.  ,  .  , 

Ceux-ci,  étant  convexes,  avaient,  de  toute  nécessité,  un 
support.  Il  y  en  avait  de  formes  différentes.  Certains  chau¬ 
drons  reposaient  sur  des  stèles1,  d’autres  sur  des  pieds 
coniques  8,  des  âYyuÔYixat 9,  des  bases  de  toute  espèce 
[incitega] .  Mais,  le  plus  souvent,  un  trépied  portait  le 
lébès.  L’association  était  même  si  étroite  entre  le  vase  et 
son  support  habituel,  que  l’on  ne  distinguait  plus  l’un  de 
pautre  :  lébès  et  trépied  formaient  un  tout  que  l’on  dési¬ 
gnait  tantôt  du  nom  de  lébès  11 ,  tantôt,  le  plus  souvent, 
de  celui  de  trépied12.  La  confusion  des  termes  est  très 
antérieure  aux  grammairiens 13  et  remonte  aux  poèmes 
homériques  :  la  capacité  du  lébès  semble  bien,  dans 
Homère,  légèrement  inférieure  à  celle  du  trépied1*,  et 
par  suite  sa  valeur  est  généralement  moindre  1  ",  mais  rien 
ne  prouve  que  cette  distinction  ait  prévalu  par  la  suite. 
Seul  le  contexte  permet  souvent,  dans  les  auteurs  et  les 
inscriptions,  de  juger  s’il  est  question  du  chaudron  seul, 
ou,  à  la  fois,  du  trépied  qui  le  porte  [tripus].  Il  va  sans 
dire  que  nous  ne  nous  occuperons  ici  que  du  seul  lébès. 

I.  Comme  le  trépied  d’ailleurs,  le  lébès  était  souvent 
offert  en  prix  dans  les  jeux.  Il  figure  à  ce  litre  dans  des 
peintures  de  vases10  (fig.  ±231).  Il  l’est  aux  jeux  mythi¬ 
ques  de  Castor  et  d’Iolaos11,  à  ceux  qu’offrent  Achille  dans 
Ylliade™  etEnée  chez  Virgile19,  comme  il  l’estaux  grands 
concours  de  la  Grèce20  et  aux  combats  de  toute  espèce 
que  les  agonistes  se  livrent  entre  eux21.  Aussi  des  scènes 
empruntées  aux  luttes  ou  aux  courses  solennelles  déco¬ 
rent  parfois  la  panse  des  lébès22  ;  des  inscriptions,  gra¬ 
vées  sur  le  rebord  du  vase,  désignent  le  concours  pour 
lequel  il  est  offert  en  prix.  Nous  en  connaissons  de  rela¬ 
tives  aux  jeux  d’Erétrie23,  de  Cumes  2l,  d’Athènes28:  peut- 
être,  parmi  ces  dernières,  y  en  a-t-il  qui  se  rapportent  à 
des  jeux  funéraires26? 

II.  Les  lébès  servaient  aussi  d’offrandes  dans  les  tem¬ 
ples  [donarium,  p.  373].  Ils  sont  souvent  mentionnés  dans 
ms  inventaires21,  à  Délos28,  à  Eleusis29.  C’étaient,  ou  bien 

Olympia ,  l.  I \  ,  pl,  xr  v  ;  cf.  II.  Winnefold,  Altgriech.  Bronsebecken 
M  eontini,  dans  le  59'  Winckelmann's  Progratnm,  1899,  |>l.  i  cl  u, 
ou  csl,  tuée  la  figure  4373.  Pour  les  prolomes  de  liou,  voir  Mus.  Greg.  1, 
pl  .X1V’,  ~  2  Gerhard,  Aus.  Vas.  t.  II,  pl.  cxxvn.  —  3  Mus.  Gregor.  I, 

Cf  L'  1  -.1  •  °r’  de  l  AcroPole<  *31-439,  p.  147-133.  Voir  suprà,  II,  p.  1072,  fig.  3060  ; 
àu  M  '  ■  °S  |I0UV<?  1,105  t1c  Châlillon,  dans  la  Côte-d’Or;  S.  Reinach,  Guide  illustré 
Br  hri  '  aml-Germain ,  p.  33,  fig.  18.  —  4  Br.  du  Polytechneion,  8,  p.  5; 
380-39-;  A.Cr0p°le’  518’  P-  189-  538>  P-  197,  etc.  —  3  Bull,  de  corr.  hell.  1888, 
sont  l  ’à'  XU’  ^ c  l Acropole,  704,  fig.  273,  p.  287-8.  Certains  exemplaires 

XIV  r,  in'!  T"  AI  us.  etr.  Gregoriano ,  I,  pl.  xiv,  1.—  7  Ath.  Mittheil., 

p.  193,  A  59,  B  13  (Eleusis).  - 


9g(li|l  -  ™;.  —  8  Marllia,  L'Art  étrusq.,  fig.  101,  p.  109. 

soi'  un  fn.)  '  10  Jahrb .,  1899,  p.  131-2  (Wolters).  ’ —  U  Inscription  XéSeç 

1892-3  ni  b  1UM1 1  l1e  vase  archaïque  trouvé  sur  l’Acropole,  Journ.  hell.  st. 
Hesychius  s  !  !’  12  T?'1'°S’  ûtùîïTa,  Hom.  II.  23,  264.  —  13  Pour 

■'{MtoSodSr  y  ^  esl  un  trépied;  pour  Euslathe  (p.  1312),  c’est  un  vase 
15  F,,!!’  <Juatrc  l*h?«  au  lieu  de  vingt-quatre,  Hoin.  II.  23,  259-204. 

1,1  Gerhard,  Auserl.  Vas.,  IV,  pl.  cclvii. 
18  Hom.  II.  23,  259.  —  19  Virg.  Aen.  5,  266. 
Tliraceetde  l'Acer  CX''°S<’S  00111,110  P>’i*  des  concours,  sur  des  médailles  delà 
'  S‘°  1  lncurc> 11  • lle  Longpérier,  lie v.  archéol.  t.  XIX,  1809,  p.  139  (la 


-  i  p  ’  P’  1312  G'-  23,  485).  - 

-  ,„P"ld-  hth-  h  4 0-20  (27-8).  _ 

’  oir  les  vec..n _  r 


des  ex-voto  de  luxe,  ou  des  meubles  d  usage,  néces¬ 
saires  aux  sacrifices  et  aux  diverses  cérémonies  du  culte. 

III.  Les  poèmes  homériques  font  à  propos  des  lébès, 
comme  d’ailleurs  aussi  des  trépieds,  une  distinction  essen¬ 
tielle.  Ou  bien  le  vase  va  au  feu,  aÏTrwv30,  ég.0u ptêijTYjç 3I,  ou 
bien,  au  contraire,  il  est  anupoc32.  Dans  ce  dernier  cas,  il 
remplit,  semble-t-il,  l’office  du  crater33  et  nous  n’avons 
pas  à  nous  en  occuper  ici.  Sauf  quelques  exceptions  que 
nous  verrons,  le  lébès  est  pour  nous  un  vase  de  métal 
qui  sert  à  faire  chauffer  de  l’eau  ou  tout  au  moins  à  en 
contenir.  Il  se  distingue  par  là,  non  seulement  du  crater , 
où  l’on  préparait  le  vin,  mais  du  kothon ,  ou  vase  à  parfum, 
dont  la  forme  est  à  peu  près  la  même,  mais  dont  les  di¬ 
mensions  sont  plus  réduites34. 

IV.  Les  textes  mentionnent  souvent  le  lébès  avec  le 
sens  de  bassin  à  aiguière.  C’est  le  récipient  qui  reçoit, 
G7too£/&g£Vûv3ii,  l’eau  versée  par  la  prochoos.  On  s’en 
servait  pour  la  toilette  du  matin 30,  mais  surtout  au  com¬ 
mencement  des  repas.  La  religion  voulant  qu  on  eût  les 
mains  pures  avant  de  faire  les  libations  aux  dieux3',  le 
xaxà  ystpwv  était  le  signal  du  festin 3S  :  les  hérauts39,  les 
jeunes  esclaves40,  les  femmes41  versaient  de  1  eau  sur  les 
mains  des  convives  qui  pouvaient  ainsi  toucher  aux  mets 
sans  impiété.  L’usage  était  le  même  à  la  fin  des  repas*-, 
mais  l’observance  en  était  moins  fréquente.  A  ce  double 
titre,  le  lébès  fait  partie,  chez  Pollux,  des  objets  néces¬ 
saires  au  service43  de  la  table. 

V.  Il  servait  aussi  à  laver  les  pieds  des  hôtes  et  des 
convives44.  C’est  un  lébès  que,  dans  Y  Odyssée,  Euryclée 
apporte  à  Ulysse  et  les  suivantes  versent  l’eau  dans  le 
bassin  d’airain48. 

VI.  Le  lébès  était  par  suite  indispensable  dans  les 
bains46.  Non  seulement  on  y  chauffait  l’eau41,  mais  cer¬ 
tains  grands  chaudrons,  de  taille  exceptionnelle,  pouvaient 
servir  de  baignoires.  C’est  dans  un  lébès  qu’Eschyle  fait 

surprendre  Agamemnon par  Clytemnestre48.  De  même,  chez 

Pindare,  Klotho  sort  Pélops  du  lébès  où  les  dieux  ont 
plongé  les  membres  de  Pélops49. 

VII.  Il  y  aurait  lieu  de  parler  ici  du  XéS-qç  yagtxdç  que 
mentionne  une  inscription  d’Eleusis80  et  du  Xéër,ç  vug^t- 
xôçdont  parle  un  autre  texte  épigraphique51.  On  sait  qu’un 
bain  nuptial  précédait,  chez  les  Grecs,  la  cérémonie  du 
mariage.  De  fait,  aux  noces  de  Zeus  etd’Hera,  nous  voyons, 
sur  une  amphore  à  figures  noires  de  Londres,  une  déesse 
(Aphrodite?)  portant  sur  sa  tète  un  lébès  52  :  il  contenait 
sans  doute  l’eau  lustrale.  La  forme  habituelle  du  lébès 
gamikos  parait,  à  Athènes  du  moins,  un  peu  différente, 
et  se  rapproche  du  loutrophoros53.  M.  Wolters,  qui  a 

figure  1333,  art.  oehtamina)  et  une  médaille  de  Gordien  avec  inscr.  n  r  0 1 A ,  reproduite 
par  Rich.Za'ct.tfes  Ant.  s.  v.  Lebcs\  Piud.  Ol.  G,  152,  scli.  (jeux’d’Argos).— 21  Course, 
Allien.  p.  408  d  (Eupolis)  ;  Walters,  Br.  in  Brit.  Mus.  257,  p.  28;  Lutte,  Tanis , 
pl.  evi,  7  ;  Exercice  du  javelot,  J.  hell.  st.  1892-3,  pl.  xn-i  ;  Course  de  chars, Walters, 
Loc.  cil.  500,  p.  80,  etc.  ;  cf.  Anllt.  Pal.  9,  391,  3.  —  22  Walters,  Br.  in  Brit.  Mus. 
257,  p.  28  ;  560,  p.  80.  —  23  Br.  du  Polytechneion,  18,  p.  9.  —  24  Walters,  Br. 
in  Brit.  Mus.  257,  p.  28.  —  23  J.  hell.  st.  1892-3,  p.  129,  pl.  vu,  02-4,  p.  233, 

nole.  _  20  Ibid.  p.  2  3  3.  —  27  Corp.  inscr.  att.  II,  01,  778,  810;  cf.  Anth.  Pal. 

6,  153.  —  28  Bull.  corr.  hell.  VI,  p.  47,  51;  X,  p.  406;  XV,  p.  104.  —  29  Atli. 
Mittlieil.  XIX,  p.  193  A,  59;  B,  13.  —  30  Hom.  11.  9,  123,  265.  —  31  Hom.  II.  23, 

7p2_  _ 32  Hom.  II.  23,  207  ;  cf.  la  aiiXiri  w-j f wtoç  du  v.  270.  —  33  Athen.  I,  p.  37-8. 

_ 3 S  Jahrb.  1889,  p.  00-73  (Pcrnice)  ;  voir  contra  Robinson,  dans  les  Trustées  o, 

the  Muséum  Boston,  1899,  p.  74-76.  —  33  Poli.  6,  92.  —  36  p0U.  10,  46.  —  37  Eusl. 
p.  1401  ;  Hom.  II.  24,  302-5.  —  38  Athen.  4,  p.  156  e,  etc.  —  39  Athen.  9,  p.  408  f. 

_  40  Athen.  15,  p.  685  d  (Philoxenos).  —  41  Hom.  11.  24  ,  304.  —  42  Athen.  9. 

p,  408  f.  _ 43  poil.  10,  90.  —  44  Hesych.  s.  v.  El.  Mayn.  559.  —  43  Hom.  Od.  19, 

386  et  suiv.  —  *0  Poil.  10,  63.  —  47  Poil.  10  ,  60.  —  48  Aesch.  Ag.  1128-9. 

_ 49  Pind,  Ol.  I,  20  (  40).  —  60  ’E?.  ’Aç/otioX.  1888,  p.  44,  1.  63.  —  31  Corp.  inscr. 

att.  H,  720,  1.  36,  721,  1.  4.  —  62  Walters,  Vas.  in  Br.  Mus.  H,  B  197,  pl.  v. 
-  63  C.  Smith,  Vas.  in  Br.  Mus.  IH,E774,  p.  366-7  ;  Jahrb.  1899,  p.  129  elpassim. 


récemment  étudié  ces  vases,  a  fait  connaître  aussi  une  i 
sorte  de  lébès  à  pied,  dont  la  destination  serait  plus  spé¬ 
cialement  funéraire 1  :  il  servirait  aux  ablutions  du  mort 
hëroïsé  et  se  rattacherait  toujours  à  la  même  conception 
du  récipient  balnéaire. 

^  III.  Le  lébès  est  aussi  un  vase  de  cuisine  2.  Le  yu tpo- 
tîoûç,  auquel  Hésiode  défend  de  puiser,  n’est  qu’un  chau¬ 
dron  chytraj  monté  sur  pieds  On  cuisait  la  viande  dans 
ces  vases  \  d  où  1  épithète  de  XeêTqToyàpwv  donnée  à  un 
gourmand  \  Un  camée  nous  montre  un  porc  cuisant  dans 
un  lébès  qui  repose  sur  de  grosses  pierres  6,  et  l’on  con¬ 
naît  les  peint ures  de  vases  où  parait  Mëdée  avec  le  bélier  7. 

IX.  Je  réunis  ici  quelques  acceptions  particulières  du 
mot.  C’est,  chez  Pollux,  le  Xexav/ov  qui  sert  aux  usages  les 
plus  divers  des  convives  8  ;  chez  Hérodote,  la  cloche  que 
les  femmes  de  Sparte  font  retentir  à  la  mort  des  rois 
chez  Lucien,  le  chaudron  dont  se  servent  les  teinturiers  10. 
Un  texte  obscur  des  Problèmes  appelle  de  ce  nom  une 
sorte  de  cloche  qui  «  conservait  de  l’air  »  aux  plongeurs  : 
tout  ce  que  nous  en  dit  le  Pseudo- Aristote  est  qu’il  fallait 
faire  descendre  verticalement  l’appareil;  s’il  penchait 
quelque  peu,  l’air  pur  s’en  échappait  et  il  s’emplissait 
d’eau  :  c’était  sans  doute  une  cage  analogue  à  celle  où  entre 
aujourd’hui  la  tète  des  scaphandriers11.  Enfin,  le  Sé-rca; 
/puffïïov  du  Soleil,  dans  lequel  Héraklès  traverse  les  mers, 
n’est,  suivant  certains  textes,  qu’un  lébès  de  bronze12. 

X.  Sur  un  certain  nombre  de  monnaies  de  Crète  est 
frappée  une  contremarque  qui  représente,  à  n’en  pas  dou¬ 
ter,  un  chaudron  vu  d’en  haut  u.  M.  Svoronos,  rappro¬ 
chant  d'anciennes  inscriptions  de  Gortyneoù  les  amendes 
sont  évaluées  en  lebesn,  a  cru  que  le  mot  s’appliquait  aux 
pièces  ainsi  contresignées  u.  Certaines  difficultés  chrono¬ 
logiques,  exagérées  semble-t-il16,  n’ont  pas  empêché  que 
la  théorie  fût  généralement  admise  par  les  numismates 17 . 

XI.  La  dernière  acception  du  terme  est  celle  du  vase 
funéraire.  Les  cendres,  avec  quelques  ossements  du  mort, 
étaient  enfermés  dans  une  kalpé  ou  un  lébès  de  bronze 
'kalpis].  On  les  y  déposait  avec  soin18,  après  les  avoir, 
dans  certains  cas,  entourés  d’une  étoffe  qui  remplaçait  le 
linceul19  ;  d’autres  fois,  c’était  le  vase  même  que,  sans 
doute  pour  mieux  assurer  l’adhérence  du  couvercle  ou 
pour  une  raison  de  piété,  on  enveloppait  ainsi  d'un  voile20. 
La  kalpé,  une  fois  parée,  était  placée,  soit  dans  une  cuve 
de  pierre,  généralement  rectangulaire21,  soit  dans  un 
manchon  cylindrique22,  dans  un  cadre  en  bois23,  ou 
simplement  dans  une  cavité  de  même  forme  creusée  dans 
le  sol24.  Assez  souvent  des  plaques  de  pierre  posées  sur 
le  chaudron  assuraient  la  fermeture  du  vase  et  le  protc- 

1  Jahrb .  1899,  p.  I2G,  fig.  29,  sqq,  —  2  Athen.  9,  p.  408  d  (Epicharmc); 
Excorp»  Apionis,  éd.  Slurz,  p.  608,  8;  Poil.  10,  95.  —  3  Hcs.  Opcr.  748. 

—  4  Suid.  8.  v.  —  »  Athen.  8,  p.  347  d  (Cercidas).  —  G  Camée  de  Bcverley 
(Inpr.  d.  Inst.  p.  24,  IV,  535  e?;  Panofka,  Bild.  ant.  Leb.  pl.  xii,  0  ;  ef.  les  figures  1935, 
1938  de  l'art,  coquüs).  —  7  Gerhard,  Ans.  Vas.  II,  pl.  clvh.  —  8  Poil.  10,  76. 

9  Her.  6,  58.  —  10  Luc.  Bis.  acc.  8.  —  -  H  Ps.  Arist.  Probl.  32,  5,  p.  960. 

— 12  Texte  de  Gerhard,  Ans.  Vas.  II,  p.  85,  10.  —  13  Bull.  corr.  hell.  1888,  fig.  1-4, 
p.  413.  Neuf  a  illes  différentes  de  Crète  possèdent  des  pièces  ainsi  marquées  (Ibid. 
p.  409-412),  mais  aucune  n’est  antérieure  au  milieu  du  vc  siècle.  —  14  Bull.  corr. 
hell.  1887,  XI,  p.  114;  1888,  p.  406.  —  13  Bull.  corr.  hell.  1888,  p.  405-418. 

—  IG  Th.  Rcinach,  Bev.  d.  et.  gr.  I,  1888,  p.  354-6.  —  17  Babelon,  Orig.  de  la 
monnaie ,  p.  71  [voir  incusa  signa,  p.  4G7  et  fig.  4046].  —  1#  Acsch.  Ag.  443-4; 
Choepk.  686-7  ;Soph.  El.  1401-2.  —  19  Ath.  Mittheil.  1893,  p.  160,  185.  —  20  Hom. 

U.  23,  252  ;  24,  795  ;  Mon.  gr.  I,  2,  p.  2  (Cap  Zoster,  lettre  de  Fauvcl)  ;  ’Eç.  'Apyam).. 
1898,  p.  1 14  (Eleusis). —  21  Ath.  Mittheil.  1893,  p.  92-3,  fig.  4-5  (Dipylon);  Roem. 
MittheiL  II,  p.  236,  fig.  1,  p.  241,  fig.  (Suessula);  Mon.  Anticlii ,  I,  p.  900,  fig. 
(Mcgara  Hyblaea),  etc.  —  22  Ath.  Mittheil.  1893,  p.  160,  fig.  32.  —  23  Ibid.  n°  22, 
p.  160.  —  24  Exemplaire  à  Daphni.  Un  autre  à  Eleusis,  *Eç.  ’AoyatoX.  1898,  p.  114. 

—  25  'Es.  ‘Ap/atoX.  1898,  p.  114.  —  20  Bibl.  d.  Br.  du  Polytechneion,  p.  7. 

—  27  Ajouter  aux  exemples  que  j'ai  donnés,  *Ec.  ’  A  oya  1898,  p.  114  Eleusis); 


geaient  contre  la  chute  des  terres23.  Un  a  trouvé  de  (.f, 
lébès  dans  presque  toutes  les  nécropoles  helléniques^ 
on  particulier  en  Attique27.  Un  vase  de  même  forme  en 
terre  cuite,  conservé  au  Musée  Britannique,  était,  l0rg 
qu'il  a  été  découvert,  rempli  d’ossements28  :  il  avait  du 
servir  au  même  usage  funéraire.  A.  de  Ridder. 

LECTICA.  —  Litière  ou  lit  portatif  d’origine  orientale 
et  d’un  usage  très  ancien.  Les  Égyptiens  connaissaient 
déjà  la  litière,  ou  plutôt  une  sorte  de  chaise  que  portaient 
sur  leurs  épaules,  à  l’aide  de  brancards,  des  serviteurs  pins 
ou  moins  nombreux.  Nous  possédons  plusieurs  représen¬ 
tations  du  palanquin  royal  dans  lequel  les  pharaons  con¬ 
duisaient  certaines  processions  religieuses  :  c’était  un 
trône  magnifiquement  orné  autour  duquel  l’air  était 
rafraîchi  par  des  fiabellifères  [flabellum] ;  le  roi  y  était 
assis,  le  plus  souvent,  sous  un  dais  qui  le  défendait  des 
ardeurs  du  soleil  ;  le  nombre  des  porteurs  variait  do  six 
à  huit1.  Une  chaise  plus  simple,  à  quatre  porteurs  seule¬ 
ment,  servait  aux  riches  particuliers  pour  se  rendre  à  de 
faibles  distances  ;  les  tableaux  peints  des  tombes  de  Béni- 
Ilassan  nous  en  ont  conservé  un  curieux  spécimen 2.  Une 
peinture  de  la  nécropole  de  Thèbes  nous  montre  un 
palanquin  dans  lequel  deux  personnes  pouvaient  prendre 
place  l’une  à  côté  de  l’autre  ;  point  de  toiture,  mais,  au- 
dessus  du  siège,  une  large  touffe  de  lotus.  La  même  pein¬ 
ture  représente  un  autre  palanquin  pourvu  d’un  toit  que 
supportent  des  colonnettes;  l’ensemble  n'est  pas  sans 
analogie  avec  nos  chaises  à  porteurs  du  xvn°  et  du 
xvine  siècle 3.  Certaines  divinités  comme  Cybèle  [cybele 
étaient  promenées  en  litière  à  travers  les  villes  d’Asie; 
la  même  coutume  existait  à  Carthage  4.  Les  Assyriens 
ne  semblent  pourtant  pas  avoir  pratiqué  la  litière. 
Sur  un  bas-relief  de  Nimroud,  on  voit  une  procession 
où  des  statues  de  divinités  sont  portées  à  bras,  mais 
les  civières  sur  lesquelles  elles  reposent  rappellent  plutôt 
le  ferculum  des  Romains  que  la  litière  à  proprement 
parler6.  Il  n’est  pas  douteux  que  la  litière  n’ait  été  de 
bonne  heure  employée  chez  les  Perses  :  Plutarque  conte 
l’histoire  d’un  certain  Timagoras,  ambassadeur  des  Atlié- 
niens  auprès  d’Artaxerxès  Mnémon,  qui  s’attira  les  cri¬ 
tiques  de  ses  compatriotes  pour  les  faveurs  dont  l’avait 
comblé  le  Grand  Roi  ;  celui-ci,  notamment,  l’avait  fait 
reconduire  jusqu’à  la  mer  dans  une  litière  somptueuse, 
aux  porteurs  de  laquelle  il  avait  donné  quatre  talents H 
est  question  de  litière  dans  la  Bible  :  le  Cantique  des 
cantiques  décrit  la  litière  que  Salomon  s’était  faite  de  bois 
du  Liban,  et  où  il  avait  prodigué  l’or,  l’argent,  lapourpre, 
la  mosaïque7.  Le  palanquin  était  également  usité  dans 

Mon.  Gr.  I,  S,  p.  2  (Cnp  Zoster)  ;  lier.  Arch.  1 8 !) 7 ,  II,  p.  93  (llissus).  —  -8  -C.  N'iilE 
Vas.  in  Brit.  Mus.  III,  E  811,  p.  383. 

LECTICA.  l  Prisse  d’ Avelines,  Monuments  égyptiens ,  pl.  xxviii  et  xxix  (pals"' 
quiu  d'Ainénophis  I",  à  huit  porteurs)  ;  Wilkinson,  Manners  and  customs  o/  H11 
ancient  Egyptians,  III,  pl.  lx  (palanquin  de  Ramsès  II,  à  six  porteurs;  cf.  1  ’eri ol 
et  Chipiez,  Hist.  de  l'art,  I,  p.  207,  fig.  172).  On  ne  peut  guère  assimiler  au  pal-"1 
quiu  royal  le  siège  qu’occupe,  sur  uu  monument  de  la  XIX'  dynastie,  le  roi  Hainl 
liahi,  porté  en  triomphe,  à  la  suite  de  ses  succès  militaires,  par  douze  servilei11"" 
tandis  que  deux  fiabellifères,  l'un  derrière  lui,  l'autre  devant,  agitent  autour  de  ^ 
tète  de  larges  éventails  de  plumes.  Voir  Maspero,  Hist.  ancienne  des  peuple*  < 1 
l’Orient  classique,  II  (1897),  p.  351.  —  2  Wilkinson,  Op.  cit.  I,  p.  421,  üg-  1 

—  3  Prisse  d’ Avenues,  Hist.  de  l’art  égyptien  d'après  les  monuments,  II,  p'-  ''' 
des  Monuments  de  l’art  industriel.  —  '*  Serv.  ad  Virg.  A  en.  VI,  08;  Augu?l  1 
civ.  Bei,  II,  4;  cf.  Heuzey,  Catal.  des  fig.  ant.  de  terre  cuite  du  musée  du  Lo""^ j 
I,  p.  45,  pl.  ni,  4.  —  0  Layard  Niniveh  and  ils  remains,  II,  p.  451  ;  cf.  Pcrro1  ^ 
Chipiez,  Op.  cit.  II,  p.  70-77,  fig.  13  et  14.  —  «  Plut.  Artax.  22;  Petop • 

—  7  Sept.  Cant.  III,  9  sqq.  Dans  un  passage  d’Isaïe  (LXVI,  20),  la  version  V 
introduit  le  mot  lectica,  mais  l’expression  grecque,  Iv  koqiitiivan 
donne  plutôt  l’idée  de  chariots  couverts  d’une  banne  et  traînés  Par 
mulets  [cAltPENTCHf.. 


LEC 


1003 


LEC 


de  ancienne1.  C  est  donc  d’Orient  que  la  litière  a  passé 
1  ”  jgg  Grecs  et  plus  tard  chez  les  Romains,  qui  en  ont 
f  h  un  si  grand  usage  ;  voyons  ce  que  les  textes,  et  aussi 
]es  monuments  trop  rares  qui  la  reproduisent,  nous 
apprennent  sur  son  histoire. 

<  'Grèce.  —  De  bonne  heure,  sans  qu’il  y  ait  lieu  de  faire 
intervenir  aucune  influence  étrangère,  l’usage  paraît 
s’être  établi  en  Grèce  de  transporter  les  blessés  et  les 
morts  par  accident  sur  des  espèces  de  civières  dont  nous 
ignorons  la  forme,  mais  qui  étaient  probablement  fort 
simples.  Dans  Y Andromaque  d’Euripide,  le  cadavre  de 
Néoptolème  est  ramené  de  Delphes  «fopào-rçv,  c’est-à-dire 
sur  une  couchette  portative,  peut-être  protégée  par  une 
sorle  de  baldaquin2.  Était-on,  dans  la  rue,  victime  d’une 
agression,  faisait-on 
une  chute  de  cheval, 
on  était  reconduit 
chez  soi  en  litière 
(èv  xXlV/|,  èlù  3cXlV7]Ç, 

(f0fâôï)v)3.  Mais  bien¬ 
tôt,  grâce  aux  rela¬ 
tions  des  Grecs  avec 
l’Orient,  particuliè¬ 
rement  avecla  Perse, 
la  litière  devint  chez 
eux  un  moyen  de 
transport  à  l’usage 
des  délicats.  Au 
temps  de  Périclès, 
l’architecte-mécani  - 
cien  Artémon,  qui 
vivait  dans  la  mol¬ 
lesse  et  qui,  d’ail¬ 
leurs,  était  boiteux, 
se  rendait  à  ses 
affaires  couché  sur 

un  lit  porté  presque  au  ras  du  sol  (Iv  xXtvtBiw  xpegarfTùj 
Ttap*  TY|V  yrjv  auxvjv),  disposition  peu  commune,  à  ce  qu’il 
semble,  très  différente,  dans  tous  les  cas,  de  celle  de  la 
litière  ordinaire  (cpopeïov)  4,  que  soutenaient  des  bran¬ 
cards  reposant  directement  sur  les  épaules  des  porteurs. 

tait-ce  cette  disposition  spéciale,  ou  le  fait  qu’ Artémon 
ne  quittait  guère  sa  litière,  ou  encore  la  rareté  des  litières 
i  cette  époque  ?  Toujours  est-il  que  ce  personnage  jouis- 
sai  à  Athènes  dune  certaine  popularité,  qui  l’avait  fait 
surnommer  6  7reptcpop-/jxoç  ’Aexégiov  8.  Au  ive  siècle,  la 
i  îere  est  un  luxe  généralement  réservé  aux  femmes, 
i  mos^  'éne,  pour  avoir  été  rencontré  en  litière  sur 
roule  du  Pirée,  est  violemment  pris  à  partie  par 
hon^r<^Ue  ",^0ur|anL  1  habitude  se  répand,  même  pour  les 
dresmeS-  *1  ^  a'  °'r  recours-  On  a  des  esclaves  spécialement 
1(1  s,"'  S  'l  d  Porter’  et  n°us  voyons  le  philosophe  Lycon, 
deux  0SSf  Ur  ^b’aton  au  Lycée,  affranchir  par  testament 
service^  ^r^1  SOnt  depuis  quatre  années  à  son 

ronsqueiéhVinCtl°nu  étaienttrès  pénibles  9.  Nous  igno- 
deï  nnio  i  '  nom^re habituel  des  porteurs;  au  temps 
’ 1  ne  semble  pas  qu’ils  fussent  plus  de  quatre  10. 

109. —2  Eurip .Andr0mtY\Rr'enJnUbeS°ndererIiilcksichtaufAegVPten,  II,  P- 108- 
De  mW-  01  ;  Demos,!,  '  )  J  Cf’  F™US  ,P'  l374>  et  LECTCS-  ~  3  lYs-  1V<  9  !  Andoc. 
x",  P-  533  E-F  ;  Ephor  i”,.  on‘ 4  Poil.  III,  94.  —  5  Anacr.  ap.  Athen. 

! ophane  ( Acharn .  850)  ■  •  °' a°'’  Pon^  aP-  Plut.  Pericl.  27.  Cf.  la  parodie  d'Aris- 
~ 3  On  trouve  aussi  Dolll,  ’,tyinov,i904  ’Açxtpuv.  —  fi  Dinarch.  In  Demosth.  36. 
—  ’  Poil.  Ill,  94  _ 8  ces  porteurs,  le  mot  çooer?  ;  voir  Plut.  Artax. 


t  rv-  puituus,  îe  moi  cooeï. 

D,0?-  Laert-  V,  73.  -  9  Lucian. 


10.  —  10  Id.  Somn. 


La  matière  dont  la  litière  était  faite  chez  les  Grecs,  sa 
forme,  sa  décoration,  nous  sont  à  peu  près  inconnues. 
D’après  Suidas,  certaines  litières  à  l’usage  des  femmes 
auraient  été  formées  d’osier  tressé11.  La  litière  dans 
laquelle  Eumène  malade  se  faisait  porter  à  la  tête  de  ses 
troupes  était  pourvue  de  rideaux  (aûXafat),  ce  qui  prouve 
qu’elle  avait  un  toit,  et  comme  ily  passait  la  nuit,  il  faut  la 
supposer  assez  grande  etassezbien  aménagée  pour  qu'il  y 
pût  dormir  à  l’aise12.  Les  litières  d’apparat  dans  lesquelles 
les  femmes  de  condition  princière  se  rendaientau  théâtre, 
ou  qu’on  envoyait  au-devant  des  ambassadeurs  revenant 
démission  et  qu’on  voulait  honorer  d’une  façon  spéciale, 
étaient  splendidement  décorées  ;  les  coussins  y  étaient  de 
pourpre,  les  pieds  incrustés  d’argent,  ou  façonnés  dans 

l'argent  massif13. Car 
la  litière,  comme  le 
lit,  avait  quatre  pieds 
qui,  lorsqu’elle  était 
posée  à  terre,  main¬ 
tenaient  la  couchette 
à  une  certaine  hau¬ 
teur  au-dessus  du 
sol.  Dans  les  litières 
de  luxe,  ces  pieds 
étaient  d’or  ou  d’ar¬ 
gent.  La  célèbre  pro¬ 
cession  organisée  à 
Daphné,  près  d’An¬ 
tioche,  paj’  Antiochos 
Épiphane,  vers  l’an 
167  avant  notre  ère, 
montrait  quatre  - 
vingts  femmes  dans 
des  litières  à  pieds 
d’or  ;  cinquante  au¬ 
tres  suivaient,  ma¬ 
gnifiquement  parées,  dans  des  litières  à  pieds  d’argent  14. 

La  peinture  d'un  vase  trouvé  dans  la  Russie  méridionale 
(fig.  4375)  représente  une  litière  d’un  genre  assez  par¬ 
ticulier13.  C’est  un  lit  garni  de  coussins,  sur  lequel  ont  pris 
place  deux  personnages,  un  homme  à  demi  couché,  tenant 
un  thyrse  et  un  canthare,  et  une  femme  assise.  Ce  lit  est 
placé  sur  le  dos  d’un  mulet  conduit  par  un  satyre  qui 
danse  en  soufflant  dans  une  double  flûte.  Le  sens  de  la 
représentation  n’est  pas  douteux  :  il  s’agit  des  noces 
d'Ariadne  et  de  Dionysos 16  ;  ce  qui  est  plus  embarrassant, 
c'est  le  nom  qu’il  convient  de  donner  à  cette  litière  portée 
par  une  bête  de  somme.  Il  n’est  pas  possible  de  l’assimiler 
à  la  basterna,  sorte  de  chaise  fermée,  d'invention  tardive, 
et  que  supportaient  des  brancards  auxquels  étaient  attelés 
deux  mulets,  un  devant,  l’autre  derrière.  On  a  vu  dans  la 
peinture  que  nous  reproduisons  une  image  de  l’àffxpàêT), 
sur  laquelle  nous  avons  peu  de  lumière 17  ;  mais  il  semble 
que  l’àffxpâSri  ait  plutôt  été  une  espèce  de  selle18.  La 
figure  4375  n’a,  de  toute  façon,  qu’un  lointain  rapport 
avec  la  litière  ordinaire,  dont  le  propre  était  d’ètre  portée 
à  bras  d'hommes,  et  peut-être  n’y  faut-il  voir  qu'une  simple 

s.  gallus,  10  ;  Epist.  sat.  28.  —  U  Suid.  s.  v.  çoçeTov.  —  *2  Plut.  Eumen.  14.  Cf.  Suid.  s 
v.  —  13  Plut.  Arat.  17  ;  Posid.  Apara.  ap.  Athon.  V,  p.  212  B-C.  —  14  Athen. 

V,  p.  1 95  C.  — 13  Stephani,  Compte  rendu  p.  1863,  pl.  v,  3,  p.  228.  —  16  Voir  abiadne  et 
bacchos (p.  637).  —  l'  Demosth.  In  Alid.  133,  et  le  Schol.  adpag.  558,  16  ;  Machon 
ap.  Athen.  XIII,  p.  582  B sqq.  ;  Hesycil.  s.  v.  Sur  la  figure  4375  interprétée  comme  repré¬ 
sentant  l  àinpàSri,  voir  Hermann-Blümner,  Griech.  Privatalterthümer,  p.  481,  n.  4. 
—  18  Paulv-Wissowa,  Real-Encyclopaedie,  s.  v.  Astrale.  Cf.  euuitatio,  fig.  2716. 


—  1004  — 


LEC 

fantaisie.  Chez  les  Orées,  en  résumé,  la  litière  ne  fut 
jamais  très  répandue.  Elle  était  surtout  employée  par 
les  femmes  ;  â  l’époque  de  Lucien,  elles  s’y  faisaient  suivre 
volontiers  de  philosophes  ou  de  poètes  à  gages  avec 
lesquels  elles  s’entretenaient  en  public,  et  dont  la  pré¬ 
sence  leur  donnait  une  réputation  de  bel  esprit1. 

Rome.  —  Un  des  premiers  emplois  de  la  litière  (lectica) 
chez  les  Romains,  comme  chez  les  Grecs,  paraît  avoir  été 
d'aider  au  transport  des  blessés  2.  Dans  Rome,  les  infir¬ 
mes,  les  vieillards,  à  la  condition  d’ètre  d'un  certain  rang, 
sortaient  en  litière.  S'il  faut  en  croire  Plutarque,  c’est  en 
litière  (êv  cpopeio»),  à  travers  le  Forum,  qu’Appius  Clau- 
dius,  vieux  et  aveugle,  se  serait  fait  conduire  au  sénat 
pour  combattre  les  propositions  de  paix  de  Pyrrhus  3. 
Nous  voyons  Tibère,  souffrant,  se  rendre  à  la  curie  dans 
une  litière  couverte  4.  Un  certain  nombre  de  textes  nous 
montrent  des  généraux  malades,  dirigeant  de  leur  litière 
une  opération  déterminée  ou  même  toute  une  campagne  : 
tels  Hannibal  au  combat  de  Trasimène,  Scipion  sous  les 
murs  de  Sagonte,  Octave  peu  avant  la  bataille  de  Phi- 
lippes;  l'empereur  Sévère  en  Bretagne,  vers  l’an  208  de 
notre  ère  5.  Longtemps,  à  Rome,  les  hommes  semblent 
n’avoir  usé  de  la  litière  que  contraints  par  la  nécessité. 
Pourtant,  d’assez  bonne  heure,  ils  l’employèrent  aussi 
pour  leur  commodité  ou  leur  plaisir,  particulièrement  en 
voyage  6  et  à  la  campagne  7.  Cicéron  était  dans  sa  litière, 
allant  de  sa  villa  de  Gaëte  au  rivage,  où  il  comptait  s’embar¬ 
quer,  quand  il  fut  rejoint  par  les  soldats  d’Herennius  8.  Mais 
c’étaient  surtout  les  femmes  qui  se  servaient  de  la  litière. 
Les  femmes  de  sénateurs  allaient  en  litière  couverte  9. 
Était-ce  un  privilège? Il  semble  dans  tous  les  cas  qu’elles 
l’aient  bien  vite  partagé  avec  d’autres;  c’est  ce  qui  explique¬ 
rait  la  mesure  de  Jules  César  interdisant  l’usage  delà  litière 
aux  femmes  qui  n’avaient  ni  mari  ni  enfants,  et  qui  étaient 
âgées  de  moins  de  quarante-cinq  ans 10.  D’ailleurs,  le 
droit  de  se  faire  porter  en  litière,  pendant  longtemps, 
n'appartint  pas  à  tout  le  monde.  C’était  une  faveur  que 
Claude  accorda  à  certains  de  ses  affranchis,  avec  la  liberté 
de  donner  des  jeux  publics11,  et  que  Domitien,  qui  vou¬ 
lait  réformer  les  mœurs,  retira  aux  femmes  convaincues 
d’adultère12.  Malgré  cette  réglementation,  la  litière  paraît 
avoir  été,  sous  l'Empire,  d’un  usage  à  peu  près  général. 
Les  femmes  de  mœurs  légères  l'employaient  comme  les 
matrones  13  ;  d’après  Quintilien,  on  en  abusait  pour  les  en¬ 
fants,  qui  s’y  amollissaient14;  les  jeunes  gens  eux-mêmes 
en  usaient  sans  vergogne15;  les  riches,  les  personnages 
importants,  trouvaient  agréable  de  s'y  étendre  pour  se  faire 
conduire  à  leurs  affaires,  accompagnés  de  leursclients  qui, 
parfois,  leur  servaient  de  coureurs  [anteambulones]  et  les 
précédaient  pour  écarter  la  foule  devant  eux16. 

Aussi  y  avait-il  à  Rome  toute  une  population  d’esclaves 

l  Lucian.  De  merced.  cond.  36. —  2  Plut.  Public.  16.  —  3  [a.  Pyrrh.  18.  Cf.  C. 
Marc.  21.  —  IDio  Cass.  LV11, 17,  6.  Cf.  Suet.  Tib.  30.  Voir  encore,  pour  l'usage  que 
les  malades  faisaient  de  la  litière,  Liv.  II,  36  ;  Dio  Cass.  L  VII,  15,  4  ;  Tac.  Ann.  II,  29; 
Suet.  Cal.  27.  —  5  Corn.  Nep.  Hann.  4;  Lir.  XXIV,  42;  Suet.  Aug.  91  ;  Dio  Cass. 
LXXVI,  13.  Cf.  Val.  Mai.  11,  8,  2,  etc.  —  6  Gell.  X,  3;  Cic.  De  div.  Il,  36;  In 
Verrem.  V,  11;  Phil.  II,  41;  Sulp.  ap.  Cic.  Epist.  ad  fam.  IV,  12.  —  7  Cic. 
Epist.  ad  fam.  VII,  1,5.  —  8  Aufid.  Bass.  ap.  Sen.  Suas.  VII,  17  ;  Plut.  Cic.  48; 
Appian.  De  bell.  civ.  IV,  19-20.  —  9  Dio  Cass.  LVII,  15,  4.  —  10  Euseb.  (Hieron.) 
Chron.,  p.  137,  A.  Schoene,  Berlin,  1875;  cf.  Suet.  C.  J.  Caes.  43.  —  U  Suet. 
Claud.  28.  —  12  Id.  Domit.  8.  —  13  Ov.  Ars  amat.  I,  487-488  ;  Demed.  amor.  663. 
—  H  Quint.  I,  2,  7.  —  15  Sen.  Cons.  ad  Marc.  16,  1.  —  16  Id.  Ep.  80,  8;  Juv. 
III,  239  sqq.  ;  Mart.  Il,  46,  4;  Id.  H,  18,  5;  111,  7,  2;  X,  74,  3.  —  17  Sen.  Ep.  110, 
16.  —  18  Mart.  VI,  77,  4;  IX,  3,  11;  Juv.  VI,  351;  IX,  142  sqq.  ;  Id.  VII,  132; 
Corp.  inscr.  lai .  VI,  6302,  6307,  6313.  On  trouve  aussi,  parmi  les  lecticarii,  des 
Bithvniens  (Catull.  X,  15-16),  des  Liburniens  (Juv.  III,  240;  VI,  477),  des  Celles, 


LEC 

( lecticarii )  particulièrement  habiles  à  porter  la  litière 
C’étaient  des  hommes  robustes  17,  généralement  Cappa. 
dociens,  Syriens,  Mésiens,  Thraces,  etc.18;  ils  faisaient 
le  métier  de  porteur  aussi  bien  en  dehors  de  la  ville  qUe 
dans  la  ville  elle-même  19.  Tout  Romain  aisé  en  possédait 
un  certain  nombre;  avec  les  cuisiniers,  les  boulangers 
ils  étaient  au  dernier  rang  de  la  domesticité20;  leurs  ser¬ 
vices  n’en  étaient  pas  moins  appréciés,  et  l'on  jugeait  de 
la  fortune  des  gens  aux  lecticarii  qu’ils  pouvaient  mettre 
en  ligne21.  Dans  une  même  famille,  chaque  membre  avait 
les  siens,  spécialement  attachés  à  sa  personne 22,  mais  au- 
dessus  de  tous  étaient  souvent  placés  des  chefs  qu’on 
désignait  de  différente  manière  :  parmi  les  inscriptions 
funéraires  de  Rome,  il  en  est  qui  mentionnent  des  supra 
lecticarios23  ;  ailleurs,  on  voit  nommé  un  praepositus 
fectika(riorum)n.  Peut-être  ce  dernier  titre  fait-il  allu¬ 
sion  à  quelque  association  ;  nous  savons,  en  effet,  que 
les  porteurs  de  litière  formaient  des  collèges  [couegii’m] 
ayant  leur  decurio,  leurs  scribes25.  Les  empereurs  avaient 
de  nombreux  lecticarii ;  quelques-uns  de  ceux  qui  fai¬ 
saient  partie  de  la  farnilia.  Augusta  nous  sont  connus  par 
les  inscriptions20.  Vers  la  fin  de  l’Empire,  on  trouve  aussi 
des  lecticarii  indépendants,  qui  habitaient,  dans  la 
douzième  région,  les  castra  lecticariorum ;  ils  étaient 
surtout  au  service  des  magistrats 27.  Il  y  avait  également,  il 
Rome,  des  litières  de  louage,  ou  du  moins  des  chaises 
( sellae )  à  l’usage  du  public  '28.  Les  lecticarii  portaient  une 
sorte  de  livrée  qui  les  rendait  aisément  reconnaissables  et 
dont  la  pièce  principale  était  un  manteau  rouge  ou  brun, 
à  capuchon  ( paenula ),  en  laine  de  Canusium29. 

Six  à  huit  hommes  étaient  nécessaires  pour  manœuvrer 
les  lourdes  litières  romaines30. Dans  certaines  litières, on 
tenait  deux  :  telle  était  celle  où  Néron,  au  début  de  son 
règne,  prenait  quelquefois  place  auprès  d’Agrippine11. 
Mais  ces  litières  monumentales  ne  paraissent  dater  que 
de  l’Empire  :  lorsque  Cicéron,  au  moment  des  proscrip¬ 
tions,  s’enfuit  de  Tusculum  avec  son  frère  Quintus,  nous 
le  voyons  monter  dans  une  litière;  Quintus  monte  dans 
une  autre  et,  pour  pouvoir  se  parler,  ils  font  cheminer  les 
deux  litières  de  front32. 

Il  est  question  dans  certains  textes  de  litières  couver¬ 
tes,  (popstcv  ou  uxtpTTÔStov  xotTaiTTEyov,  operta  lectica  On 
s’est  demandé  ce  qu’il  faut  entendre  par  ces  expressions. 
D’après  une  opinion  qui  paraît  vraisemblable,  toutes  les 
litières,  à  Rome,  étaient  couvertes  et  garnies  de  rideaux; 
quand  ces  rideaux  étaient  fermés,  la  litière  était  dite 
operta3'*.  C’est  dans  des  lecticae  opertae  qu’étaient  trans¬ 
portés  les  malades  et  les  morts.  Car  la  litière  était  aussi 
employée  pour  les  obsèques  [funus,  p.  1390]  ;  nous  avons 
sur  ce  point  des  témoignages  précis,  dont  un  nous  reporte 
au  temps  de  C.Gracchus33.  Dans  ce  cas,  elle  était  entière- 

(Clem.  Alex.  Paed.  III,  27),  des  Allemands  (Tcrtull.  Ad.uxor.  1, 4). —  19  Sen.  Ep- 

—  20  Cic.  Pro  Dose.  Amer.  46.  —  21  Catull.  X,  15-16  ;  Sen.  De  const.  sap.  XI'. 1 

—  22  Dig .  XXXII,  49.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  VI,  5198,  6301.  —  24  Ibid.  VI, 88,4, 

—  25  Ibid.  VI,  6218,  8875.  —  26  Ibid.  VI,  8872-8875.  Voir  Caligula  défendu  par  ses  lie 
tiefirii  (Suet.  Cal.  58).  Cf.  les  allusions  aux  litières  de  Vespasien,  de  Galba,  d  0U|(I11' 
contenues  dans  Suet.  Tit.'  10;  Plut.  Galb.  25-27.  En  dehors  des  inscriptions  déjà 
citées,  qui  donnent  des  noms  de  lecticarii,  voir  Corp.  inscr.  lat.  VI,  4447,  5865,  G'1"3’ 
6306,6308-6312,7292,  7608,  7989,  8876,  9462  a  I,  I,  9  5  0  4-95  1  4.-  27  Preller.  <te' 
gionen,  p.  218.  —  28  Juv.  VI,  353.  —  29  Sen.  De  ben.  III,  28,  4;  Mart.  IX,  23,f-e| 
XIX,  129.  — -  30  Mart.  VI,  77,  4  (six  porteurs);  Cic.  In  Verr.  V,  11;  Epi-d- 
Quint .  II,  10  ;  Mart.  II,  81,  1  ;  IX,  3,  U  (huit  porteurs).  —  31  Dio  Cass.  LX1- 

—  32  Plut.  Cic.  47.  —  33  Dio  Cass.  XLVII,  10;  LVH,fc15,  4  et  17,  6;  LXXVI,  |i; 
Cic.  De  div.  II,  36;  Phil.  II,  41.  —  34  Castellani,  Bull,  delta  comm.  archeol . 
mun.  di  Borna,  1881,  p.  217.  —  35  Gell.  X,  3.  Cf.  Cic.  Phil.  II,  41  ;  Sulp.  “P- 
Epist.  ad  fam.  IV,  12;  Corn.  Nep.  Att.  22;  Tac.  Hist.  III,  67:  Dio  Cass.  M'1’ 


LEG 


—  1005 


LEG 


ment  close.  Pour  les  enterrements  populaires,  on  se 
servait  d’un  coffre  portatif  ( sandapila ),  complètement 
dépourvu  d’ornements  [funus,  p.  1 390].  C’est  dans  un  coffre 
de  ce  genre  que  le  corps  de  Domitien  fut  emporté  pour 
être  inhumé  clandestinement  le  long  de  la  voie  Latine  '. 
La  sandapila  n’exigeait  que  quatre  porteurs2. 

Nous  pouvons  nous  faire  une  idée  de  la  forme  des 
litières  en  usage  sous  l’Empire  grâce  à  différents  débris 
trouvés  surl’Esquilinen  1874et  àl’aide desquels Aug. Cas- 
tellani  a  reconstitué  une  litière  complète  (.fi g.  4370), 


actuellement  exposée  au  Musée  du  Capitole3.  Cette  litière 
comprend  :  1°  un  lit  a  quatre  pieds  composé  d’une  cou¬ 
chette  (torus) ,f,  sur  laquelle  on  étendait  un  matelas  (cul- 
cita ,  pulvinus)  ",  et  d  une  sorte  d’accotoir  qu’on  garnissait 
d  un  coussin  [cervical]  pour  pouvoir  s’y  accouder  ou 
même  y  poser  la  tète;  2°  un  ciel  ou  toit  fait  en  peau0  et 
surmonté  d’une  tringle  horizontale  d’où  tombaient  des 
rideaux  (vêla,  plagulae)  \  Quatre  colonnettes  sou¬ 
tiennent  ce  toit;  celles  de  devant  se  terminent  par  d’élé¬ 
gants  hermès  en  bronze.  Des  anneaux  lixés  de  chaque  côté 
du  lit  retenaient  les  brancards  (asseres)  8  qui  servaient 
à  porter  la  litière  [asser]  ;  on  aperçoit  encore,  à  l’extré- 
mile  d  un  de  ces  brancards,  une  boucle  métallique  dans 
aquelle  passait  peut-être  une  courroie  destinée  à  soulager 
e  temps  en  temps  l’épaule  ou  les  bras  du  porteur.  Dans 
es  anciennes  litières,  les  asseres,  semble-t-il,  étaient  fixés 
pai  (  es  iens  ( struppi )  au  lieu  d’anneaux9. 

a  décoration  des  litières  était  souvent  très  riche.  Celle 
ue  nous  ^produisons  avait  un  revêtement  de  bronze 
pinemc  ni  c iselé,  avec  incrustations  d’argent.  La  figure  4377 
etrm-SeUl(\  11  ne  statuette  d’argent  trouvée  à  Rome 
iLe  '•°1  nai*’  d  aPrès  Visconti,  le  brancard  d’une  litière10. 
fusspnfX  fIU  °n  attaclîait  ;l  ces  ornements,  quels  qu’ils 
dédicac.*1 7 1  <lt  l| ,attesté  par  une  inscription  d’Algérie,  une 
n  auteur  a  consacré  à  Bellone  lecticamcum 


suis  ornamentisli .  A  l’intérieur,  même  luxe  :  en  général, 
les  coussins  étaient  rembourrés  avec  de  la  plume;  ceux 
de  la  litière  de  Verrès,  de  cette  li¬ 
tière  qu’il  s’était  fait  construire  sur 
le  modèle  de  celle  des  rois  de  Bi- 
thynie,  étaient  d’une  étoffe  légère  et 
transparente  et  tout  remplis  de 
roses  de  Malte  ;  c’est  là  que,  non¬ 
chalamment  étendu,  une  couronne 
de  roses  sur  la  tète,  un  collier  de 
roses  autour  du  cou,  Verrès  voya¬ 
geait  à  travers  la  Sicile  en  porLant 
sans  cesse  à  ses  narines  une  résille 
pleine  de  roses  qu’il  tenait  à  la 
main  12. 

Les  litières  à  rideaux,  quand  les 
rideaux,  en  étaient  fermés,  ne  laissaient  rien  voir  des 
choses  du  dehors,  pas  plus  qu’elles  ne  livraient  passage 
aux  regards  indiscrets13.  Or,  si  c’était  là,  dans  certains 
cas,  un  avantage,  si  Marcellus,  au  dire  de  Cicéron,  quand 
il  voulait  aller  quelque  part,  s’enfermait  soigneusement 
dans  sa  litière  afin  de  n’être  détourné  de  son  but  par 
aucun  présage  u,  cette  claustration,  rendue  nécessaire  par 
les  rigueurs  de  l’atmosphère,  avait  ses  inconvénients.  On 
imagina,  pour  y  remédier,  de  mettre  aux  litières  des 
vitres  à  l’aide  de  cette  pierre  facile  à  tailler  en  lames 
transparentes,  que  les  Romains  appelaient  lapis  specu- 
laris 15  |vitrum].  Il  fut  possible  ainsi  de  voir  autour  de 
soi,  sans  souffrir  du  vent;  mais  un  pareil  aménagement 
ne  pouvait  se  concilier  avec  des  rideaux  :  il  est  probable 
qu’aux  rideaux  succédèrent  des  parois  solides,  dans  les¬ 
quelles  on  pratiqua  des  fenêtres  qui  s’ouvraient  ou  se 
fermaient  à  volonté16.  La  litière,  ainsi  perfectionnée, 
offrait  un  refuge  où  il  était  facile  de  s’isoler  et  où,  effecti¬ 
vement,  on  lisait,  on  écrivait,  on  dormait  à  l’aise17. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  lectica  la  sella  gestato - 
ria,  qui  s’en  rapprochait  beaucoup,  mais  dans  laquelle  on 
é La i L  assis,  au  lieu  d’être,  comme  dans  la  lectica,  couché 
ou  à  demi  couché.  La  différence,  d’ailleurs,  apparaît 
nettement  dans  quelques  textes  où  les  deux  mots  sont 
rapprochés,  ce  qui  prouve  bien  qu’ils  désignaient  deux 
choses  distinctes18.  Une  petite  terre  cuite  de  Pompéi 
(fig.  4378)  nous  montre  la  sella  sous  sa  forme  probablement 
la  plus  ordinaire  19.  On  y  voit  deux  esclaves  portant  à 
l’aide  de  brancards  une  sorte  de  caisse  qui  ressemble  à 
une  maison,  et  dans  laquelle  se  trouve  un  personnage 
dont  on  ne  saurait  déterminer  le  sexe  ni  l’âge.  Les  deux 
porteurs  tiennent  les  brancards  avec  la  main,  au  lieu  de 
les  avoir  posés  sur  les  épaules  ;  le  second  a  recours,  pour 
alléger  son  fardeau,  à  une  espèce  de  bretelle  qui  lui  passe 
sur  l’épaule  droite20.  Un  autre  groupe  presque  identique 
et  provenant  également  de  Pompéi,  est  conservé,  comme 
celui-ci,  au  Musée  de  Naples21.  Nous  voyons  par  ce  spé¬ 
cimen  que  la  sella  gestatoria,  ou  chaise  à  porteurs,  était 
couverte,  comme  la  litière;  mais  les  ouvertures  latérales 


Fig.  4377.  —  Ornement 
de  brancard. 


Snct.  Domit  .17  o,  ,, 

Lucain  (Phars.  VIII  iT-  81  ’  ''  1X’  3’  12’  Ccst  la  san<iapi 

encore  Hn»i  ’  é  '  ts'Sne  par  les  mois  vilem  plebeii  funeris 
L°c-  cit.  p,  214  s™’  nfm-  ’’  8’  9-  -  2  Mari.  VIII,  73,  0.  _  3  Cas 
S<m-  Co)is.  „d  ~  4  0v‘  Ars  amaL  h  487-  -  5Suet-  Vifé 

TiL  10--  BsÜeî  r  ,’  '•  "  6  Mart.  XI, ^98,  11.  _  7  RI.  lbid. . 
~  9  Oeil.  X,  3.  -’dor  58  !  JUV'  245  !  V1h  l3U  Mart.  IX, 

Société  des  Antio  l9contl’  Opéré  varie,  I,  pl.  xvm,  16.  —  n  Bull. 
~~  13  Voir  sur  cenoinl  ,a“CL<  1398,  p.  205.  —  12  Cic.  In  Verrem, 
y  Un  cxlc  caractéristique  dans  Suet.  Tib.  G4  :  «  Nui 


nepoles  nunf|uam  aliter  post  damnationem,  quam  catenalos,  obsulaquo  lectica,  loco 
movit,  prohibais  per  militem  obviis  ac  viatoribus  respicere  usquam,  vel  consistere.  » 
—  U  Cic.  De  div.  Il,  36.  —  13  JUv.  IV,  21.  —  16  [d.  III,  242.  —  n  Id.  III,  239  sqq. 
Cf.  Plin.  hpist.  \ ,  5,5,  mais  1  objet  dont  il  est  question  dans  ce  passage  est  une 
sorte  de  chaise  longue  (lectuhts)  plutôt  qu'une  litière;  Voir  i.ectcs.  — 18  Suet.  Claud. 
25  ;  «  Viatores  ne  per  Ilaliae  oppida  nisi  autpedibus  aut  sella  aut  lectica  transirent, 
monuit  edicto.  »  Cf.  Domit.  2;  Mart.  XI,  98,  II  sqq.  —19  Niccolini,  Le  case  ed  i 
monumenti  di  Pompéi,  fasc.  VIII,  pi.  iy,  2.  —  '20  Cf.  Mart.  II,  57,  6.  —  21  H.  von 
Rohden,  Terracotten  von  Pompeii,  p.  50,  col.  I,  pl.  xxxvui,  1. 


127 


LEC 


—  1006  — 


LEC 


en  pouvaient  être  fermées  par  des  rideaux  ( lintea )  '.  Dans 
certains  cas,  elle  se  composait,  à  ce  qu’il  semble,  d’un 
simple  siège  flanqué  de  brancards 1  2.  Il  y  avait  à  Rome 
des  chaises  de  louage  dans  lesquelles  on  s’installait  pour 
assister  commodément  aux  spectacles  du  cirque  3.  Deux 

esclaves  généralement 
suffisaient  pour  porter 
la  sel/a,  moins  lourde 
que  la  litière;  parfois, 
cependant,  il  en  fallait 
jusqu’il  six  4.  La  sella 
gestatoria  (Stcppoç,  oscppoç 
xaTàcreyoî  )  5  était  , 
comme  la  litière,  très  en 
faveur  sous  l’Empire. 
Les  riches  sortaient 
dans  Rome  en  sella, 
traînant  derrière  eux 
leurs  clients  dans  la 
boue  des  rues  6.  Néron  se  faisait  quelquefois  porter  en 
sella  au  théâtre,  et,  de  la  partie  supérieure  du  prosce¬ 
nium,  il  contemplait  et  dirigeait  les  mouvements  des 
pantomimes  7.  Nous  voyons  Agrippine,  instruite  du 
parricide  que  médite  son  fils,  se  rendre  à  Baïes  en 
chaise  à  porteurs,  afin  d’éviter  la  mer,  qu’elle  redoute  8. 
C’est  dans  une  chaise  que  Vitellius,  traqué  de  toute  part, 
s’échappe  du  Palatin  et  gagne,  sur  l’Aventin,  la  maison 
de  sa  femme9. 

Il  va  sans  dire  que  la  sella  elle-même  ne  doit  pas  être 
confondue  avec  le  siège  pliant  que  des  serviteurs  portaient 
derrière  les  personnes  riches  ou  considérables,  pour  leur 
permettre  de  s’asseoir  en  tout  lieu.  Ce  siège  n’est  autre 
chose  que  l’ôxXaSia;  des  Grecs10.  Les  Romains  lui  don¬ 
naient  le  nom  de  sella11,  et  le  code  Théodosien  enréglait 
1  usage12;  mais  il  n’avait,  en  réalité,  rien  de  commun 
ni  avec  la  sella  gestatoria  ni  avec  la  litière.  P.  Girard. 

LECTISTERIVIUM.  — Cérémonie  propitiatoire,  de  rite 
grec,  pratiquée  à  Rome,  par  ordre  et  sous  la  surveillance 
des  interprètes  des  livres  sibyllins  [duumviri  s.  f.],  céré¬ 
monie  consistant  en  repas  servis  à  une  ou  plusieurs 
divinités  d’origine  exotique,  matériellement  représentées 
par  des  images  ou  symboles  qui  figuraient  au  banquet 
sur  des  lits  de  parade  garnie  de  coussins  (lecti  pulvina- 
ria ).  La  même  cérémonie,  avec  substitution  de  sièges 
(. sellae )  aux  lits,  s’appelle  sellisternium. 

Cette  définition,  que  nous  serons  amenés  à  élargir  pour 
tenir  compte  de  certaines  modifications  apportées  à  la 
pratique,  suppose  résolues  bien  des  questions  litigieuses 
qu’il  convient  d’examiner  de  plus  près. 

1  Mart.  II,  57,  6;  cl.  XI,  98,  12.  —  2  Brizio,  Giornale  degli  scavi  di  Pompei, 
IV.  S.  I,  p.  187  sqq.,  pi.  vi.  Voir  p.  191  :  «  Finalmente  ciiiude  la  processione  lin  ultinio 
gruppo  di  due  giovani,  portant!  una  -/7:vr  abbellita  di  lîori,  nel  cui  rieco  sedile  mirasi 
una  corona  ».  —  3  Juv.  IX,  142  sqq.  Le  fait  que  les  porteurs  sont  ici  au  nombre  de 
deux  seulement  paraît  indiquer  qu'il  s'agit  d'une  sella  plutôt  que  d’une  litière.  Cf. 
sur  la  location  des  sellae,  Juv.  VI,  353.  —  4  La  nuda  pciene  cathedra  dont  parle 
Juvénal  (I,  04)  paraît  bien  être  une  sella  gestatoria,  et  non  une  litière.  S'il  en  est 
ainsi,  la  sella ,  comme  la  litière,  pouvait  être  portée  sur  les  épaules  ( cervice ). 
Cf.  Juv.  IX,  143.  —  s  Dio  Cass.  XLVII,  23  ;  LVI,  43  ;  LX,  2.  —  G  Mart.  II,  3G,  4. 

—  7  Suet.  Ner.  26.  —  «  Tac.  Ann.  XIV,  4.-9  Suct.  Vi '.tell.  16;  Tac.  Hist.  83. 

—  10  Aristoph.  Eq.  1384;  Paus.  I,  27,  1  ;  Lucian.  Lexiph.  6  ;  Atlien.  XII,  p.  512  C. 

il  Juv.  \  il,  142.  12  Cod.  Theod.  lib.  XV,  Lit.  XIII  :  De  usu  sellarum.  —  Bibi.io- 

uraphie.  Ginzrot,  Die  Wagenund  Fahrwerke  der  Griechen  und  Rômer ,  II, p.  254  sqq. 

LECTISTERMDM.  1  Hom.  Iliad.  IV,  48-49.  —  2  Hesiod.  Theog.  535-557. 

3  Sur  la  casuistique  raffinée  qui  est  sortie  de  I  idée  première  du  sacrifice,  voir, 

au  point  de  vue  général  et  international,  H.  Hubert  et  M.  Mauss,  Essai  sur  la 

nature  et  la  fonction  du  sacrifice  (Extr.  de  l 'Année  sociologique),  Paris,  1899; 

au  point  de  vue  des  Grecs,  P.  Stengel,  Quaest.  sacrificales,  Gymn.  —  Progr.  Berlin, 


L’idée  de  se  concilier  la  faveur  des  dieux  ou  de  détour¬ 
ner  leur  colère  en  leur  offrant  des  aliments  est  au  fond 
de  tous  les  cultes  primitifs.  Elle  est  la  première  et  prin¬ 
cipale  raison  d’être  du  sacrifice.  Celui-ci  représente  un 
festin  où  les  dieux,  invités  par  leurs  fidèles,  communient 
le  plus  souvent  avec  eux  en  leur  abandonnant  une  part 
des  mets  sacrés.  Le  Zeus  d’Homère  s’applaudit  de  ce  que 
son  autel  n’â  jamais  manqué  «  de  mets  équitablement 
partagés,  de  libations  et  de  graisse1  »,  et  le  Zeus 
d’Hésiode  se  repent,  au  contraire,  d’avoir  laissé  aux 
hommes  la  part  la  plus  succulente  des  victimes2.  L’un  et 
l’autre  se  souviennent  de  ce  que  les  théologiens  allaient 
oublier  de  plus  en  plus,  à  Rome  notamment,  en  distinguant 
diverses  espèces  de  sacrifices,  non  seulement  au  point  de 
vue  du  but,  mais  au  point  de  vue  de  la  chose  offerte;  en 
prétendant,  par  exemple,  que,  de  certaines  victimes,  les 
dieux  ne  prenaient  que  la  vie  ( hostiae  animales),  et  que 
certaines  autres  n’étaient  que  des  instruments  de  divi¬ 
nation  ( hostiae  consultât oriae) 3 . 

Mais,  tout  en  s’oblitérant  peu  à  peu,  l’idée  première 
s’est  maintenue  quand  même.  Ceux  qui  ne  reconnaissaient 
plus  dans  l’autel  la  cuisine  des  dieux  ne  pouvaient  se 
méprendre  sur  la  destination  originelle  des  tables  sacrées 
qui  faisaient  partie  du  mobilier  des  temples  grecs  et 
romains.  C’est  sur  ces  tables  que  l’on  déposait  les  obla¬ 
tions  non  sanglantes,  que  l’on  versait  les  libations,  et  il 
est  dit  expressément  que  ces  tables  étaient  assimilées  ou 
substituées  à  l’autel4.  Il  n’y  avait  qu’à  disposer  à  l’entour 
des  sièges  ou  des  lits  à  l’intention  des  convives  divins 
pour  installer  ce  que  les  Romains  ont  appelé  des  sello 
sternia  et  des  lectisternia. 

La  première  question  à  débattre,  en  ce  qui  concerne  les 
lectisternes,  est  celle  des  origines.  Elle  a  été  provisoire¬ 
ment  tranchée  plus  haut  dans  la  définition  qui  adjuge 
les  lectisternes  au  rite  grec,  mais  il  faut  passer  en  revue 
les  arguments  contraires.  Preller  est  persuadé  que  «  la 
présence  des  dieux  réalisée  au  moyen  de  pulvinaria 
portant  leurs  attributs,  et  même  la  coutume  d’alimenter 
les  dieux,  est  certainement  paléo-italique 3  ».  Ihne  affirme 
plus  nettement  encore  que  les  lectisternes  sont  «  dépuré 
origine  italique  »,  qu’ils  s’adressaient  jadis  exclusivement 
aux  «  divinités  paléo-italiques  »,  et  même  que  les  préten¬ 
dus  livres  sibyllins  d’après  lesquels  on  les  ordonnait 
étaient  en  majeure  partie  de  vieux  grimoires  italiques6. 
Marquardt,  exagérant  en  sens  inverse,  triomphe  trop  aisé¬ 
ment  d’objections  qu’il  réfute  d’une  façon  insuffisante  '• 

Personne  ne  nie  que  le  sacrifice  alimentaire,  coutume 
universelle,  ait  trouvé  place  dans  les  rites  italiques  ou 
romains.  Il  est  resté  de  oet  usage  des  traces  très  visibles 

1879  ;  des  Romains,  E.  Lübbert,  Commentât .  pontificales  (p.  79-132),  Berlin,  IS‘10 ; 
A.  Bouché-Leelercq,  Les  Pontifes  de  l’ancienne  Rome  (p.  93-113),  Paris,  1871. 

—  4  Pour  les  Grecs,  voir  les  textes  réunis  par  H.  Klausen,  Aeneas,  p.  634-635; 
K.  Bœtticbcr,  Die  Tektonik  der  Hellenen,  112  [1881],  §§  31,  1  ;  59,  9-12.  A  Home, 
mensae  anclabres,  assidelae  (Fest.  s.  vr.),  curiales  (Fest.)  avec  SeTuviz  npox«Vs,“ 
Oeoï;  (Dion.  II,  23;  cf.  II,  50),  paniceae  (Serv.  Aen.  III,  257),  augusta  mensa  dan* 
le  T.  de  Juno  Populonia  (Macr.  Sat.  III,  11,  6).  En  général,  mensae  in  aedibu s 
sacris  ararum  vicem  obtinent,  quia  legibus  earum  omnium  simul  mensae  dedi- 
cantur,  ut  vel  in  ararum,  vel  pulvinaris  loco  sint  (Fest.  p.  157,  s.  v.),  assertion 
conûrmée  par  Plut.  Q.  Rom.  64  ;  Macr.  Sat.  III,  11,  5-8  (ci-après,  p.  1012, 12)  ;  Serv. 
Aen.  VIII,  279;  XI,  19.  —  5  L.  Preller,  Rôm.  Mgthol.  13,  p.  150.  —  6  W.  Ih"e> 
Rom.  Gesch.  12,  pp.  69,  3;  364-365.  Il  cite  les  sortes  Albuneae,  ceux  de  Paieries, 
les  carmina  Marciana,\es  libri  fatales  étrusques  (d'après  T.  Live,  XXII,  9,  qui  11 J 
songeait  certainement  pas),  et,  «omnie  vieilles  divinités  italiques,  Juventas  et 
Saturne  (lectisternes  de  218,  voir  ci-après).  On  n'a  aucune  preuve  que  ces  prophéties 
aient  été  confondues  avec  les  livres  sibyllins,  et  que  Juventas  ou  Saturne  aient 
jamais  été  honorés  d'un  lectisterne  avant  l’époque  de  la  seconde  guerre  punique- 

—  7  J.  Marquardt,  Staatsvenvalt.  111,  45  sqq. 


LEG 


—  1007  — 


LEG 


dans  un  culte  rustique,  que  l’on  peut  considérer  ù  la  fois 
comme  très  ancien  et  indigène,  celui  de  Jupiter  Dapalis, 
dont  le  rite  nous  a  été  conservé  par  Caton1,  dans  le  rite 
delà  confarreatio,  qui  comportait  l’offrande  d’un  gâteau 
d’épeautre  à  Jupiter  Farreus 2  :  et,  au  surplus,  répé- 
tons-le,  il  n’y  a  pas  de  sacrifice  ou  d’offrande  comestible 
qui  ne  suggère  cette  interprétation.  L’argument,  trop 
général,  ne  peut  servir  de  preuve  dans  un  cas  particulier 
et  pour  des  rites  très  spéciaux.  Il  ne  suffit  pas  à  ébranler 
l’autorité  d’un  texte  qui  domine  tout  le  débat,  le  texte  de 
Tite  Live  affirmant  que  la  cérémonie,  du  lectisterne  fut 
célébrée  «  pour  la  première  fois  dans  la  ville  de  Rome  » 
en  399  avant  notre  ère3.  Ce  qui  complique  la  question, 
c’est  que  l'on  rencontre,  dans  des  usages  supposés 
archaïques  et  indigènes,  les  éléments  ou  même  la  com¬ 
binaison  des  éléments  qui  forment  le  rite  des  lectisternes. 

A  Rome,  la  superstition  populaire  (je  dis  populaire 
et  non  officielle,  quoique  enregistrée  par  les  Pontifes 
[indigitamenta])  voulait  que  les  accouchées  eussent 
besoin  d’être  protégées  contre  les  assauts  du  lubrique 
Silvanus  par  Picumnus  et  Pilumnus,  et  Yarron  assure 
qu’on  dressait  dans  la  maison  un  lit  pour  ces  gardiens  L 
Comme  on  les  invitait  à  veiller,  et  non  à  dormir,  ce  lit 
devait  être  un  lit  de  table.  Que  l’on  suppose  les  symboles 
de  ces  numina ,  le  pic  ou  hache  et  le  pilon,  posés  sur  le 

lit,  on  a  un  lectisterne  privé, 
qui  aurait  pu  servir  de  mo- 
dèleaux  lectisternes  officiels. 
En  tout  cas,  c’est  bien  un 
lectisterne  qu’installaient 
dans  leur  atrium  les  familles 
riches,  à  pareille  occasion, 
en  l’honneur  du  couple 
J  unon-IIercule;  car  on  trouve 
réunis,  pour  ces  hôtes  de  cir¬ 
constance,  le  lit  et  la  table  s. 
Seulement,  au  rebours  de 
l'étiquette  mondaine,  le  dieu 
est  supposé  assis  et  la  déesse  couchée.  On  avait  tenu 
compte  du  rite,  soi-disant  vieux-romain,  qui  défendait  de 
disposer  en  forme  de  lectisterne  les  ripailles  offertes, 
sous  le  nom  de  dime  ( decuma ),  à  l’IIercule  misogyne  de 
1  Ara  Maxima  c,  l’Hercule  «  assis  »  à  la  table  d’Évandre 
(tig.  4379)  7,  un  usage  que  nous  retiendrons  comme 
origine  des  sellisternia  à  la  mode  romaine. 


Enfin,  on  rencontre  dans  le  culte  romain,  réglé  par  les 
Pontifes,  une  cérémonie  que  nous  aurons  grand  peine  à 
distinguer  des  lectisternes,  Yepulum  Jovis  in  Capitolio 
[bpulum],  qui  passait  pour  avoir  été  institué  par  Numa  8, 
ou  lors  de  l’expulsion  des  rois  9,  ou  inscrit  au  rituel  dès 
l’origine  du  culte  de  Jupiter  Capitolin,  sous  les  Tarquins, 
en  tout  cas  avant  le  lectisterne  de  399  av.  J.-C.  Ajoutons, 
pour  clore  cette  enquête  sur  les  usages  romains  analogues 
ou  identiques  aux  lectisternes,  les  ludi  Terentini ,  que, 
dès  l’époque  royale,  un  certain  Valesius  était  censé  avoir 
célébrés  «  par  des  jeux  et  lectisternes  durant  trois  nuits 
consécutives  »,  rite  repris,  toujours  avec  «  lectisterne  et 
jeux  »,  par  le  consul  P.  Valerius  Publicola  10 . 

Si  les  usages  susmentionnés  appartiennent  bien  au 
culte  romain,  public  et  privé,  et  s'ils  en  faisaient  partie 
de  temps  immémorial,  avant  tout  emprunt  fait  au  culte 
hellénique,  la  question  est  tranchée  en  faveur  des  tenants 
de  l’origine  italique.  Il  ne  suffirait  pas,  pour  échapper  à 
cette  conclusion,  de  dire  que  le  culte  de  Numa  ne  con¬ 
naissait  pas  les  images11,  car  cette  assertion  n  est  peut- 
être  pas  plus  exacte  que  la  prétendue  abstention  de  sacri¬ 
fices  sanglants  en  cet  âge  d’or;  et  d’ailleurs  les  symboles 
ou  fétiches,  dont  les  Romains  étaient  abondamment  pour¬ 
vus  12,  suffisaient  à  représenter  les  convives  divins  aux 
lectisternes.  Il  faut  essayer  de  contrôler  l’origine  des 
pratiques  données  comme  romaines,  en  gardant  le  droit 
de  ne  pas  considérer  même  un  Varron  comme  infaillible. 

A  quelle  époque  remontait  l’usage  de  dresser  un  lit  à 
Picumnus  et  Pilumnus?  Nous  n’en  savons  rien.  Le  lit 
était-il  bien  pour  ces  divinités,  et  non  pas  le  lectus 
genialis  qu’ils  avaient  à  garder  ?  Varron  l'a  décidé  ainsi, 
mais  l’explication  qu’il  n’a  pas  acceptée  est  au  moins 
aussi  plausible.  Quant  au  lectisterne  des  familles  riches, 
si  le  scoliaste  inconnu  qui  est  seul  à  en  parler  n’a  pas 
commis  de  méprise,  on  peut,  on  doit  même  y  reconnaître 
un  rite  fortement  teinté  d'hellénisme  et  de  date  récente. 
On  dirait  une  mode  pédantesque,  suggérée  par  quelque 
bel  esprit,  tant  il  y  a  de  science  dans  cette  combinaison 
del 'accubatio  pour  Junon  et  de  la  sessio  pour  Hercule,  qui 
fait  part  égale'entre  le  rite  grec,  connu  par  les  lectisternes 
officiels,  et  celui  de  Y  Ara  Maxima ,  supposé  indigène  13. 

L 'epulum  Jovis  mérite  qu’on  s’y  arrête  davantage.  On 
y  rencontre  aussi  une  combinaison  non  moins  savante, 
mais  autrement  comprise,  du  lectisterne  et  du  sellisterne. 
Le  lit  était  pour  Jupiter,  les  sièges  pour  les  déesses, 


Fig.  4379. 


Cal.  Agricult.  50;  131-132,  Dapes,  epulae  deorum propriae  (Serv.  Aen.  Vil 
17a).  —  2  Gaius,  1,  112;  Ulpian.  fr.  IX,  1.  Cf.  Serv.  Georg.  I,  31.  —  3  Liv.  V,  1! 

oit  ci-après,  p.  1008  b.  —  4  Diis  conjugalibus Pilumno et Picumno  in  aedibus  ledit 
s  ernebalm  (\arr,  ap.  Non.  p.  528).  [Varro  ait]  eis pro puerpera  lectum  in  atri 
s  ei  ni  (Intel  p.  Serv.  Aen.  X,  76).  Cf.  Yarr.  ap.  Augustin.  Civ.  Dei,  VI,  9. —  i>  Nobilibu 
£  / TT'  •”  n^r‘°  d°n‘usJunoni  lectus,  Herculi  mensa  ponebatur  (Tulcrp.  Sert 
•  ’  1 10x10  soulève  bien  des  difficultés.  On  sait  qu’Hercule  et  Junon  formaier 

do  J  '  oniuSal  (  hercules,  junones],  et  l’on  est  tenté  de  croire  que  le  lit  ou  pulvina 
'  'C1  un  genialis,  comme  lo  pulvinar  géniale  de  Thétis  (Catull.  r.xn 
318  '  coul'lc  u  est  point  au  lit.  D'autre  part,  la  table,  à  laquelle  Hcrcuh 
ja  'S  lo°i isternes  (voir  ci-après),  est  censé  assis,  Tertullien  (De  anima,  3! 

_ (i , , ,  1  '  P0l,r  Junon  :  per  totam  hebdomadem,  Jimoni  mensa  proponitu) 

Sal.  iT;  r  9’  09  ;  Pk,t'  Q‘  n°m'  60 *  GoU-  X1>  6>  -  ;  Terl.  Apol.  14,  39  ;  MaCi 
269)  ôiii’.i"  U  CU'^°  uu  PerPotuae  epulationis  sacrum  (Serv.  Aen.  VII 
lieu  in  T111,,!131  'e  />US  PerI‘duus  (Serv.  Aen.  VIII,  183).  Les  banquets  avtlici 
lucosa^Zo  J  TT-Sat-  111  U’  8lTl«  Poil-  Triginta  tyranni,  14,  5),  i 
la  table  (Macr  "t  SaCra  (Macl-‘  Sat‘  III,  11,7)  :  libation  versée  au  dicU  st 
Uram  Mn+im,»  UC,'  C,lt’  ^erv‘  VIII,  278-2Ï9).  Cornélius  liai  bus...  ait  apu 
Aen.  VIH  \  7 6!”  °^rvatum  ne  lectisternium  fitit  (Macr.  Sat.  III,  G,  16;  cf.-  Ser 
Cohen  »  MédaiUon  d'Antouin  le  Pieu*  (Eckbel,  D.  Num.  VII,  p.  3C 

De  orat.  \[\  19.  ^5  ;  Frühner,  Méd.  de  l’emp .  rom.  p.  58.  —  8  Ci, 

orn  de  A'urna  concernant  les  banquets  ad  pulvinar , 

lit  Verr.  p.  143.  Le  culte  des  Arvales,  restiti 


^  XXXII,  §  20,.:‘a9lo;6c7n. 


au  temps  d’Auguste,  mais  tenu  pour  archaïque,  comportait  aussi  des  epnlae, 
avec  une  part  de  vin  et  d’encens  servie  sur  l’autel  à  Dea  Dia.  Dans  les  cultes 
privés,  l' epulum  funèbre,  avec  visceralio  (Liv.  XXXIX,  46;  XLI,  28;  cf.  VIII 
22;  Suet.  Cacs.  38)  et  lits  pour  les  convives  (Cic.  Pro  Muren.  36;  Liv.  XXXIX, 
46),  est  parfois  appelé  lectisternium  ( C .  1.  L.  V,  5272  ==  Grutcr.  753,  4  =  Oi\- 
Henzen,  7336).  C’est  même  de  l 'epulum  funebre  représenté  dans  les  tombeau* 
étrusques  que  F.  Robiou  (voir  Bibliographie]  dérive  l’erigine  des  lectisternes 
romains.  —  10  Val.  Max.  II.  4,  5.  —  H  Assertion  répétée,  d'après  Varron 
(ap.  Augustin.  Civ.  Dci,  IV,  31),  par  Denys  d’Halicarnasse,  Plutarque,  Clément 
d’Alexandrie,  Tertullien,  etc.  Cf.  Marquardt,  Op.  cil.  p.  5.  Cependant,  Pline 
attribue  à  Evandre  la  consécration  de  la  statue  d’Hercule  à  l’Ara  Maxima,  et  à 
Numa  celle  de  la  statue  de  Janus  (Plin.  XXX1\  ,  §  33).  L’absence  de  sacrifices  san¬ 
glants  est  une  légende  pythagoricienne  (Plut.  Numa,  8)  qui  n’a  pas  besoin  de  réfu¬ 
tation.  —  12  Hastes  et  ancilcs  de  Mars,  silex  et  sceptre  de  Jupiter,  lituus  de 
Romulus-Quirinus,  le  soi-disant  Palladium,  le  tapis  manalis,  etc.  —  13  Les  rites 
de  l’Ara  Maxima  étaient  déjà  un  arcane  pour  les  anciens.  Varron  les  tenait  pour 
grecs  (Macr.  Sat.  III,  6,  17;  cf.  12,  1-4;  Liv.  I,  20),  Gavlus  Bassus  pour  italiques, 
ou  gréco-italiques,  antérieurs  même  à  l’arrivée  d’Enée  en  Italie  (Macr.  Loc.  cit.). 
La  légende  voulait  que  le  premier  banquet  offert  à  Hercule  l'eùt  été  à  la  table 
d'Evandrc,  à  une  époque  où  l’on  ne  connaissait  pas  encore  la  mode  orientale  de 
V accubatio.  Sur  la  médaille  reproduite  figure  4379,  Hercule  est  assis  :  lo  repas  est  urt 
sellisternium.  Aussi,  j'estimo  que  la  défense  de  tenir  des  lectisternes  à  l'Ara 
Maxima  (ci-dessus,  note  6)  signifiait  que  le  sellisterne  y  était  seul  permis. 


—  1008  — 


IÆC 

Junon  et  Minerve1.  L’étiquette  était  conforme  à  l’usage 
des  honnêtes  gens,  comme  le  remarque  à  ce  propos 
Valère  Maxime.  Nous  n’avons  aucun  renseignement  sur 
la  façon  dont  ces  divinités  étaient  représentées  au  banquet; 
Valère  Maxime  ne  dit  même  pas  expressément  que  leurs 
images  y  figuraient;  mais  nous  n’avons  non  plus  aucune 
raison  de  penser  que  le  lit  et  les  sièges  fussent  laissés 
vides,  et  que  ce  soit  là  ce  qui  distingue  Yepulurn  du  lec¬ 
tisternium.  Nous  admettrons  qu’en  fait,  Yepulurn, 
quoique  n’étant  jamais  appelé  lectisternium ,  était  bien 
un  lectisterne,  additionné  de  sellisternes.  Si  l’on  fait 
abstraction  de  cette  variante,  on  ne  trouve  plus  de  diffé¬ 
rence  caractéristique  à  noter  entre  ces  deux  espèces  de 
cérémonies  2.  C’est  une  raison  précisément  de  se  deman¬ 
der  si  Yepulurn  Jouis  a  été  un  modèle  ou  une  copie  des 
lectisternes.  Il  se  pourrait  que  Yepulurn  eût  été  institué 
avant  le  «  premier  lectisterne  »  de  399  mentionné  par 
Tite  Live,  comme  banquet  en  l’honneur  de  divinités  capi¬ 
tolines  3  ;  mais  il  ne  s’ensuit  pas  que,  dans  le  rite  primitif, 
les  divinités  fussent  elles-mêmes  invitées  à  y  prendre 
part.  Le  même  Tite  Live  fait  dire  à  Cam;lle,  à  la  date  de 
390  avant  notre  ère  :  in  Jouis  epulo  mon  alibi  quam  in 
Capitolio  puluinar  suscipi  potest?  Si  Yepulurn  avait 
comporté  jusque-là  un  lectisterne  ou  une  cérémonie  tout 
à  fait  analogue,  on  ne  comprendrait  pas  que  Tite  Live  n’y 
ait  aucunement  songé  en  mentionnant  le  lectisterne  de 
399  et  le  notant  comme  un  fait  nouveau.  On  comprendrait 


très  bien,  en  revanche,  que,  le  lectisterne  de  399  ayant 
frappé  les  imaginations  et  passé  popr  efficace,  les  Pontifes 
aient  eu  l’idée  d’incorporer  au  rite  national  ce  moyen  de 
propitiation,  de  l’y  fixer  en  un  temps  et  un  lieu  déterminés, 
après  l’avoir  modifié  par  la  substitution  du  sellisterne 
(considéré  comme  de  tradition  romaine,  à  cause  àeYAra 
Maxima )  au  lectisterne  grec  pour  les  divinités  féminines. 
Il  se  peut  même  que,  en  un  temps  où  la  réputation  des 
Mystères  d'Éleusis  commençait  à  se  répandre,  il  y  ait  eu, 
par  surcroît,  dans  la  combinaison  du  sellisterne  et  du 
lectisterne  pour  Yepulurn  Jouis,  une  imitation  plus  ou 
moins  consciente  de  rites  mystiques  (fig.  4380)  L 

Les  lectisternes  soi-disant  célébrés  par  Valesius,  fon¬ 
dateur  des  Ludi  Terentini ,  appartiennent  à  la  légende. 

i  Jolis  epulo  ipse  in  lectulum,  Junoet  Miner  va  in  sellas  adcenam  invitabantur 
(Val.  Max.  1,  1,  2),  —  2  Si  l'on  ne  confond  pas  epulurn  et  lectisternium,  on  parle 
couramment  du  pulvinar  Jouis  in  Capitolio,  et  précisément  a  propos  de  Yepulurn 
(Liv.  V,  52).  —  3  L ’epulum  a  pu  être  institué  indépendant  des  ludi  Plebeii  ou  Ito- 
mani  dont  il  est  devenu  la  préface,  et  la  création  des  Epulones  en  196  av.  J.-C. 
n'autorise  pas  à  conclure  que  Yepulurn  était  à  cette  date  une  innovation  récente 
Epm-oNEsj.  —  '■*  Bas-relief  découvert  eu  octobre  1885  dans  les  fouilles  d’Eleusis 
('Eœv,|x.  i p/Kiok.  1886,  pl.  in,  fig.  1),  dédié  par  Lvsimachidès  8e, r,  *cù  OeS  (ni'  ou 
iv'  siècle  av.  J.-C.).  Cf.  les  nombreux  banquets  ou  lectisternes  mitliriaquessignalés 
par  Fr.  Cumont  [Text.  et  mon.  fig.  t  [1899],  p.  175).  —  b  Voir  les  textes  réunis 


LËC 

Le  terme  même  dont  se  sert  Valère-Maxime  auraitétë  jugé 
*  impropre  par  les  ordonnateurs  des  Jeux  séculaires  du 
temps  d’Auguste,  car  ils  ne  portèrent  au  programme  de 
la  solennité  que  des  sellisternes.  En  résumé,  nous  n’avons 
trouvé  nulle  trace  de  lectisterne  romain  ou  d’usage  ana¬ 
logue  que  l’on  puisse  faire  remonter  à  une  époque 
antérieure  à  la  célébration  du  «  premier  »  lectisterne 
ordonné  parles  livres  sibyllins  en  399  av.  J.-C.  ;  et,  si  l’on 
suppose  plus  ancien  le  sellisterne  dérivé  des  rites  de 
Y  Ara  Maxima ,  on  aboutit  encore  de  ce  côté  à  un  culte 
noté  comme  hellénique  par  Varron  lui-même. 

C’est  donc  du  côté  de  la  Grèce  que,  comme  nous  y 
invite  la  mention  très  précise  et  plusieurs  fois  réitérée  des 
livres  sibyllins,  nous  devons  rechercher  l’origine  et  le 
modèle  des  lectisternes.  Là,  nous  rencontrons  les  ©so^éviï. 
[tueoxenia],  banquets  de  dieux  ou  de  héros,  qui  étaient 
censés  inviter  à  leur  table  des  hôtes  divins  (Osot  çlvoi) 5 
et  engager  leurs  fidèles  à  les  imiter  en  festoyant  avec 
eux.  Les  Athéniens  en  servaient  à  Zeus  Soter,  à  Athéna 
Soteira,  à  Eiréné,  à  Ajax  ;  les  Tégéates,  à  Athéna  Aléa; 
les  Pariens  et  les  Agrigentins,  aux  Dioscures;  les  Alexan¬ 
drins,  à  Aphrodite  et  Adonis  ;  et  les  textes  mentionnent 
expressément  les  lits  (xXivat)  et  coussins  (ffTpwgvaO 
employés  à  cette  occasion.  Les  théoxénies  d’Apollon  à 
Delphes,  à  Pellène,  devaient  comporter  des  rites  ana¬ 
logues,  et  Héraklès  n’aurait  sans  doute  pas  été  repré¬ 
senté  si  souvent  couché  sur  un  lit,  à  table  et  la  coupe  en 
main6,  si  son  culte  ne  lui  avait  largement  procuré  cc 
genre  de  satisfactions. 

L’importation  des  lectisternes  à  Rome  s’explique  tout 
naturellement  par  l’influence  grecque  installée  à  demeure 
dans  la  cité  romaine  depuis  l’introduction  des  livres 
sibyllins  [libri]  et  la  création  d’un  collège  d’interprètes 
de  ces  prophéties  [duumviri  s.  f.].  Ceux-ci  consultaient 
les  livres  lorsque  des  prodiges  effrayants  ou  des  calamités 
extraordinaires  déroutaient  la  science  des  Pontifes,  même 
aidée  de  l’art  divinatoire  des  haruspices,  et  ils  ordon¬ 
naient  des  «  procurations  »  en  conséquence  [procuratio- 
rrodigium].  C’est  comme  procuration  que  fut  célébré  à 
Rome  le  premier  lectisterne.  En  399  avant  notre  ère 
(U.  C.  335),  une  peste  décimait  les  hommes  et  les  ani¬ 
maux.  «  Comme  on  n’en  trouvait  ni  la  cause  ni  la 
fin,  les  livres  sibyllins  furent  ouverts  par  ordre  du 
sénat.  Les  duumvirs  S.  F.,  au  moyen  d’un  lectisterne 
tenu  alors  pour  la  première  fois  dans  la  ville  de  Rome, 
apaisèrent  huit  jours  durant  Apollon,  Latone  et  Diane, 
Hercule,  Mercure  et  Neptune,  placés  sur  trois  lits 
garnis  aussi  somptueusement  qu’on  pouvait  le  faire 
à  l’époque.  Cette  cérémonie  fut  aussi  célébrée  par  les 
particuliers.  On  rapporte  que,  dans  toute  la  ville,  les 
citoyens,  portes  ouvertes  et  mettant  tout  au  grand  jour  fi¬ 
la  disposition  de  tout  venant,  invitaient  au  hasard  les 
étrangers,  connus  et  inconnus  :  même  avec  des  ennemis, 
on  liait  conversation  en  douceur  et  politesse;  querelles 
et  procès  étaient  arrêtés.  On  ôta  aussi  les  liens  aux 

par  II.  Klauscn  et  K.  Bœtlicher  (ci-dcssus,  p.  1006,  4);  G.  F.  Schoomann,  Sf‘ 
Alt.  112,  p,  46;  K.  Fr.  Hermann,  Gr.  Antiq.  Il,  §§  10,  12;  58,  38;  J.  Marlba, 
Les  sacerdoces  athéniens,  Paris,  1881,  pp.  45-54;  F.  Dcncken,  De  Thèàxenüs, 
Bcrolin.  1881;  W.  Rcicbcl,  ücber  vorhellen.  Gotterculte,  Wicn,  1897,  p.  18  sqfi- 
Pulvinar  de  la  Paix  [Eiréné]  à  Athènes  en  375/4  (Corn.  Nep.  Tim.  2)  ;  pulvinarm 
des  Dioscures  à  bord  de  navires  locriens  (Justin.  XX,  2,  14).  Au  temps  de  Séleuctis 
Nicalor,  les  statues  d’Harmodius  et  d’Aristogilon  passant  par  Rhodes,  Rhodn 
quoque...  eas  sacris  etiam  in  pulvinaribus  conlocaverunt  (Val.  Max.  H,  |n' 
Ext.  t).  —  6  Cf.  Stepliani,  Der  ausruhende  Heralcles,  S'-Petersb.  1854,  et  la 
parodie  de  cc  rite  par  Tbémison-Héraklès  dans  Athénée  ( Deipnos .  Vil,  p.  289  f )■ 


—  1000  — 


LE  G 


LEC 


,Iirnnt  ces  jours-là,  et  ensuite  on  se  fit  scrupule 
à  des  gens  que  les  dieux  avaient  secourus 

«plie  façon l.  » 

r  s  six  dieux  sur  trois  lits  étaient  clone  apparies  par 
nllls  dont  Denys  d'Halicarnasse  précise  la  compo- 
cUion  '  Apollon-Lêto,  Héraklès-Artémis,  Ilermès-Posei- 
|n  Ce  sont  bien  des  dieux  grecs,  reconnaissables  même. 
S0US  les  noms  latins  que  leur  donne  Tite  Live.  La  répar¬ 
tition  exclut  toute  idée  d’union  conjugale,  mais  elle  n’a 
aS  dû  être  faite  au  hasard.  Apollon  est  ici  le  coryphée, 
non  seulement  comme  inspirateur  des  livres  sibyllins, 
mais  comme  médecin,  rôle  prépondérant  en  temps  de 
este  2.  Sa  présence  entraîne  celle  de  la  triade  apolli¬ 
nienne  3.  Héraklès  n’est  plus  ici  l’Hercule  acclimaté  de 
y  Ara,  Maxitna ,  qui  ne  voulait  pas  de  lit  a  sa  table,  mais 
l’exterminateur  de  tous  les  êtres  malfaisants,  y  compiis 
les  mouches,  produits  et  agents  de  pestilence  L  Le 
secours  attendu  de  Poséidon  est  plus  énigmatique.  Celui- 
là,  il  s’agissait  probablement  de  l’apaiser.  La  sibylle 
savait  mieux  que  personne  qu’il  avait  été  jadis  l’ennemi 
desTroyens  et  qu’il  pouvait  garder  rancune  à  leurs  des¬ 
cendants.  Hermès  serait  le  psychopompe,  à  qui  1  on 
demandait  de  ne  plus  conduire  tant  d’âmes  aux  enfers  J. 

Nous  ne  connaissons  Je  deuxième  lectisterne  officiel 


que  parce  que  celui  de  364  (U.  C.  390)  est  qualifié  troi¬ 
sième6.  La  peste  sévissait  encore  cette  année-là,  et  dite 
Live  avoue  que  le  lectisterne  fut  inefficace.  On  essaya 
sans  plus  de  succès  des  jeux  scéniques  et  du  clou  enfoncé 
par  un  dictateur  dans  le  mur  de  la  cella  de  Jupiter 
Capitolin  [clavus].  En  348,  retour  de  la  peste  et  nouveau 
recours  au  lectisterne  7.  En  326,  cinquième  lectisterne, 
offert  aux  mêmes  dieux  et  probablement  pour  le  même 
motif8.  La  seconde  décade  de  Tite  Live  étant  perdue, 
aucun  lectisterne  ne  nous  est  signalé  entre  326  et  218. 
Nous  savons  seulement  que,  en  291,  pour  conjurer  la 
pestilence,  les  livres  sibyllins  ordonnèrent  d’amener  à 
Home  Esculape  9  :  comme  médecin,  Apollon  ne  suffisait 
plus.  En  218,  après  les  défaites  du  Tessin  et  de  la  Trébie, 
les  Xviri  S.  F.  ont  recours  aux  lectisternes,  mais  adressés 
à  des  divinités  plus  italiennes.  Ils  ordonnent  un  lecti¬ 
sterne  à  Cæré,  où  «  les  sorts  s’étaient  ratatinés10  », 
cest-à-dire  à  la  Eortune  du  lieu,  et  une  supplication  à  la 
fortune  sur  l’ Algide;  à  Rome,  un  lectisterne  à  Juventas 
et  une  supplication  au  sanctuaire  d’Hercule  par  des  per¬ 
sonnes  nommément  désignées,  à  tous  les  pulvinaria  par 


*v'  13,  Même  récit,  d'après  Calpurnius  Piso  Frugi,  dans  Denys  (XII,  9), 

*c  lccl'ster«e  (ifc;  x«}.ou|tÉva;  rîj  litiyiujioi  trtow; xvi;)  dure  sept  jours  au 

e  mit,  cf.  Augustin.  Civ.  Dci ,  III,  17,  qui  insiste  sur  la  nouveauté  du  spec- 
trat  j  nova  teclisternia,  quod  nunquam  antca  fecerat,  exliibenda  arbi- 

Uj,  ...  "  '  estâtes  indigitant  :  Apollo  Medice,  Apollo  Paean  (Macr.  S  al .  I,  17, 

Éuéc  V U  U’'  ^ eneas ,  pp.  184  et  259)  fait  remarquer  que  Léto  et  Artémis  guérissent 
a  pro  hi'S  ^  ^  slIti-)  pouvaient  guérir  aussi  ses  descendants.  —  3  On 

méme'lii  |  fC  \Cmni"C1  *a  1'<Tartition  cn  mettant  Apollon-Lêto-Arlémis  sur  un 
cn  °  '  'acLermann,  Ueber  das  Lectistemium ,  p.  7)  :  c'est  récuser  Denys 

™  upposant  les  Romains  du  ,y  siècle  plus  savants  que  lui.  - 
Ko 'EfUe;s,  1 


hellénisé.  Bomae 


contre-épreuve  du  Z  eù;  aTCÔjAut 


Cf.  Héraklcs 
;  ou  Baal-Zeboub 


intrant  (I'lin  \  ae^em  Hcr  cutis  in  foro  Boario  nec  muscae  nec  canes 
merce  de  i , . ,  .ù  8  ~V’  ~  3c  ’ne  vo's  Pas  ce  que  viendraient  faire  ici  le  com- 
niann  (Op  cil  u")^elc*c  mer  (Poséidon),  explication  acceptée  par  Wacker- 


•  9Liv.  X,  47  ;  Êpit.  XI  ;  V 
e-dtenualae  pou 


Liv.  VII,  27.  —  8  Liv.  VIII,  25. 
a''  Max.  h  8,2.  —  10  Sortes  eætenuatae  (Liv.  XXI,  02)  ; 
lablcttes  de  bois  ou  f  ""n"10  mC,tlent  à  Faléries  en  217  (Liv.  XXII,  l).  Les  sortes, 
séchai, i  ii  t UU  ,es.  quelconques,  formaient  un  faisceau  qui  sej  desserrait  en 

ici  la  vieille  divinité  du  Capitole, 


se  desséchant.—  Il  i;v  »YI  ,  , 

niais  la  transcrintim  .  ’  Juven^as  n'est  plus  ici  la  vieille  divinité  du  Capitole, 
12  Liv.  XXII  |  p  v  |  LHe  de  Junon,  Hcr  cutis  uxor  (Ovid.  Fast.  VI,  05).  — • 

lectisternes  do  "M7  i  uc't  'i''  chronologique.  C'est  après  avoir  mentionné  les 

Saturai  immolât  uni ^  z'1'  ^  'V°  aloulc  :  Postremo  Decembri  jam  mense  ad  aedem 
Phis  haut  XXI  (Wt  **  ■<<,'v^e,’,lu(,,iîue  iniperatum.  La  mention  aurait  dû  figurer 

’  1  e  o  se  rapporte  à  décembre  21 


218;  mais  s'il  s'agissait  de 


le  peuple  entier  'L  A  la  fin  de  l’année,  lectisterne  encore, 
dressé  par  la  main  des  sénateurs  devant  le  temple  de 
Saturne,  avec  banquet  public  et  saturnales  bruyantes 

Quelques  mois  plus  tard,  en  217,  parmi  les  procura¬ 
tions  décrétées  parités  Xviri  S.  F .,  figure  un  lectisterne 
à  Juno  Regina  sur  l’Aventin,  en  sus  de  cadeaux  ofl'erts 
par  cotisation  entre  matrones13.  Cependant,  rien  n’arrê¬ 
tait  Hannibal;  la  défaite  de  Flaminius  au  lac  Trasimène 
(juin  217)  fit  rouvrir  les  livres  sibyllins.  Cette  fois,  les 
procurations  furent  proportionnées  au  courroux  supposé 
des  dieux.  On  fit  ou  renouvela  des  vœux  promettant  des 
temples,  des  jeux,  des  hécatombes,  un  ver  sacrum ,  et  on 
procéda  à  une  supplication  en  masse,  suivie  d’un  lecti¬ 
sterne  où  furent  attablés,  trois  jours  durant,  les  douze 
grands  dieux,  ceux  qu’on  appelait,  ou  qu’on  appela 
depuis  lors,  les  Consentes  [dii].  «  Six  pulvinaires  furent 
exposés  en  spectacle  :  un  pour  Jupiter  et  Junon,  un  pour 
Neptune  et  Minerve,  un  troisième  pour  Mars  et  Vénus, 
un  quatrième  pour  Apollon  et  Diane,  le  cinquième  pour 
Vulcain  et  Vesta,  le  sixième  pour  Mercure  et  Cérès11.  » 
Ne  cherchons  pas  à  débrouiller  la  mixture  de  traditions 
étrusques  et  helléniques  que  représente  le  groupe  des 
Consentes 13.  Il  est  certain  que  les  Xviri  S.  F.  durent 
faire  un  choix  dans  le  personnel  mythologique,  car  si  le 
nombre  douze  était  fixé  par  une  vieille  coutume,  les 
Douze  n’étaient  pas  partout  les  mêmes 1B.  Ils  eurent  aussi 
à  répartir  les  couples  n,  qui,  sans  être  conjugaux,  asso¬ 
cient  les  deux  sexes.  Sur  le  nombre,  il  en  est  trois  qui 
prêtaient  à  l’arbitraire.  Rivaux  à  Athènes,  Poséidon  et 
Athéna  sont  ici  réconciliés  18  ;  Héphæstos  et  Hestia  sym¬ 
bolisent  le  même  élément;  Hermès  et  Démèter  unissent 
le  commerce  et  l’agriculture.  L’ordre  de  préséance  des 
couples  semble  indiquer  des  préoccupations  patriotiques  : 
Apollon  n’est  plus  au  premier  rang  ;  il  laisse  même  passer 
avant  lui  Mars  et  Vénus,  les  ancêtres  des  Romains. 

La  défaite  de  Cannes  (216)  dut  faire  douter  delà  vertu  des 
lectisternes.  On  en  essaya  peut-être  encore  en  212,  lors  de 
l’institution  des  jeux  Apollinaires 19,  mais, en  203,  les  Xviri 
S.  F.  ont  recours  à  des  innovations  imprudentes.  Ils  font 
venir  de  Pessinunte  la  Grande-Mère,  fêtée  à  son  arrivée 
par  un  lectisterne  auquel  il  ne  parait  pas  que  d’autres 
dieux  aient  été  invités20.  Cette  fois,  le  remède  opéra  :  la 
guerre  fut  transportée  en  Afrique  et  Carthage  vaincue. 

Depuis  lors,  il  n'est  plus  question  de  lectisternes  offi¬ 
ciels.  Ce  genre  de  dévotion  avait  dû  tourner  en  pratique 

décembre  217,  le  jam  n’aurait  plus  de  seus  (cf.  Wackermann,  p.  12,  51).  L'bonimago 
à  Saturne  pouvait  être  à  plusieurs  fins,  s’adressant  à  la  fois  au  dieu  latin  et  au  Kronos 
grec  (sur  le  rite  grec  du  culte  de  Saturne,  voir  Fest.  p.  322,  s.  v.  Satumia),  indirec¬ 
tement  au  Baal-Moloch  punique  assimilé  à  Saturne  (Dion.  I,  38  ;  Scrv.  Aen.  IV,  580), 
avec  l'espoir  de  le  détacher  de  la  cause  d’Hannibal,  ou  encore,  sur  le  conseil  de  quelque 
astrologue,  à  la  terrible  planète  Saturne.  —  13  Liv.  XXII,  t.  Macr.  Sat.  I,  6,  13.  11  y  a 
entre  ces  deux  textes  des  divergences  notables,  mais  il  est  évident  qu'ils  se  rapportent 
au  môme  fait.  —  14  Liv.  XXII,  10. —  15  Ajouter  à  la  bibliographie  de  l'article  du: 
G.  Schmeisser,  Ite  Etruscorum  deis  Consentibus  qui  dicuntur  (Conim.  in  lion.  Reifl'er- 
scheidii.  Vratislav.  1884)  cl  l'article  de  G.  Wissowa,  Consentes,  dans  la  Ii.  E.  (1885). 
— 10  Cf.  les  opinions  dissidentes  de  H.  Petersen,  Das  Z  veôlf yôtter  System  der  Griechen 
und/fômer  (Hamburg,  1868)  et  de  K.  Lcbrs,  Bas  sogenannte  Zwôlfgôttersystem  (Pop. 
Aufs.  Leipzig,  1875,  pp.  233-258).  —  17  II  n'y  a  aucun  ordre  dans  les  vers  mnémo¬ 
niques  d’Kunius  (voir  du,  p.  183).  La  répartition  des  Consentes  dans  le  zodiaque  ne 
s’accorde  que  pour  trois  couples  sur  six  (Jupilcr-Junon,  Apollon-Diane,  Mars- Venus) 
avec  celle-ci.  Les  autres  sont  Neptune-Cérès,  Vulcaiu-Minervc,  Mcrcure-Vesta.  Voir 
mon  Astrologie  grecque,  p.  184.  —  18  L'hypothèse  qu'il  s'agit  icid  o  Min  erra  Medica 
(cf.  Bruclimann,  De  Apolline  et  graeca  Minerva  deis  medicis,  Breslau,  1885)  me 
parait  arbitraire  et  inutile.  —  19  rite  Live  (XXV,  12)  donuc  des  cérémonies  de  cette 
année  une  analyse  qui  ressemble  à  une  définition  périphrastique  de  lectistemium.  Il 
y  a  supplication  par  les  matrones  :  vulgo  apertis  jaunis  in  propatulis  epulati  sunt 
(accompagnement  caractéristique  des  lectisternes),  celeberque  dies  ornai  caerimo- 
niarumgenere  fuit.  —  20  Lectistemium  et  ludi  fucre  (Liv.  XXIX,  14),  avec  banquet  s 
et  invitations,  nobilium  mutitaliones  cenarum  (Kal.  Praen.  4  April). 


—  1010  — 


LEC 


LEC 

courante,  mise  à  la  portée  des  particuliers  par  l’aména¬ 
gement  dans  les  temples  de  pulvinaria  permanents, 
où  chacun  pouvait  apporter  de  quoi  garnir  la  table  des 
dieux  Il  n’est  guère  possible  d’entendre  autrement  le 
sens  d’une  phrase  énigmatique  que  Tite  Live  dit  avoir 
empruntée  aux  S.-C.  de  l’an  191  et  171  av.  J.-C.  Le  sénat 
ordonnait  «  des  sacrifices  dans  les  sanctuaires  où  l’on  a 
coutume  de  faire  lectisterne  la  plus  grande  partie  de  l’an¬ 
née  2  ».  On  ne  remarque  plus  ce  qui  est  passé  en  habitude. 
Ce  que  Tite  Live  note  en  179,  une  année  où  on  ne  voit 
guère  de  prétextes  à  lectisternes  officiels,  c’est  un  présage 
fâcheux  survenu  au  cours  de  lectisternes  servis  «  dans  les 
temples  publics  »,  par  reflet  d’un  tremblement  de  terre 
qui  dérangea  «  les  têtes  des  dieux  »  et  fit  tomber  le  plat 
servi  à  Jupiter  3.  Sans  cet  incident  fortuit,  aggravé  par 
les  souris  qui  rongent  des  olives  sur  les  tables  sacrées,  ces 
lectisternes  n’avaient  plus  d’intérêt  historique.  Le  pul- 
vinar  à  demeure  devient  chose  commune  à  Rome  *,  et  le 
lectisterne  semble  rayé  du  rôle  des  procurations. 

Nous  le  voyons  reparaître,  mais  sous  la  forme,  consi¬ 
dérée  comme  romaine  et  archaïque,  des  ellisterne,  dans  le 
rituel  des  Jeux  Séculaires  célébrés  en  l’an  17  avant  notre 
ère.  Dans  les  procès-verbaux  découverts  en  1890,  nous 
lisons  les  décrets  par  lesquels  le  collège  des  XVviri 
S.  F.  décide  qu’il  y  aura,  trois  jours  et  trois  nuits  durant, 
des  jeux,  fériés  et  sellisternes,  et  que  les  sellisternes 
seront  célébrés  sur  le  Capitole  par  les  femmes.  En  con¬ 
séquence,  «  les  ex  matrones  auxquelles  avait  été  délégué 
cet  office  ont  tenu  des  sellisternes,  suivant  les  formules 
des  Quindécemvirs,  après  avoir  placé  deux  sièges  pour 
Junon  et  Diane».  De  même,  la  seconde  et  la  troisième 
nuit  On  peut  deviner  les  motifs  qui  ont  guidé  les 
Quindécemvirs  dans  le  choix  du  sellisternc  et  des  divi¬ 
nités  appelées  à  y  siéger.  La  fête  étant,  suivant  les  pré¬ 
occupations  du  moment  °,  toute  aux  divinités  prolifiques, 
ils  n’invitent  au  banquet  que  les  déesses,  et  exclusive¬ 
ment  les  déesses  génitales,  Junon  comme  Lucina,  Diane 
aussi  comme  Lucina  ou  Genitalis ,  assimilée  à  Artémis 
Ilithyia,  laquelle  est,  par  surcroît,  invoquée  à  part.  Le 


1  Le  public  participant  aux  lectisternes,  môme  officiels,  par  banquets, 
quêtes,  etc.,  l'usage  nouveau  se  greila  tout  naturellement  sur  l'ancien.  Cf. 
Ci-après,  1012,  3.  —  2  In  omnibus  fanis  [ailleurs,  circa  omnia  fana,  Liv.  XLII,  30] 
in  quibus  lectisternium  majorem  partent  anni  fieri  solet  (Liv.  XXXVI,  1).  C  est 
la  définition  môme  des  pulvinaria.  —  3  Ce  texte,  reproduit  avec  variantes  par 
J.  Obscquens  [Prodig.  Gl),  est  une  crux  interpretum.  Chacun  l’entend  et  le  corrige 
à  sa  façon.  Terra  movit  :  in  foris  [fanis.  Duker]  publicis,  ubi  lectisternia  crant 
deorum  capita  quae  [qui.  Duker.  Madvig]  in  lectis  crant  averterunt  se,  lanaque 
[laenaque.  Scheffer;  lanxque.  Cuper.  Marquardt]  cum  integumentis  [intrimentis. 
Oudendorp]  quae  Jovi  opposila  [apposita.  Scheffer]  fuit ,  decidit  (Liv.  XL,  59).  Le 
scrupule  porte  principalement  sur  foris  publicis,  qui  est  un  pléonasme,  tandis  que 
fanis  publicis  ubi  lectisternia  crant  serait  l'équivalent  exact  de  pulvinaribus.  La 
correction  fanis  supprime  bien  des  difficultés.  On  conçoit  bien  des  supplications 
(Liv.  XXXYI11,  3G  ;  XL,  19  et  37),  mais  non  pas  des  lectisternes  dans  plusieurs  fora 
en  même  temps.  Obsequcns  écrit  :  in  lectisternio  Jovis  :  il  suppose  arbitrairement 
(ci-après,  p.  1012,  7)  les  convives  rassemblés  chez  Jupiter.  Il  n  y  avait  en  1  an  179, 
date  de  la  mort  de  Philippe  de  Macédoine  et  de  deux  triomphes  (Liv.  XL,  50 
et  59),  aucune  raison  d’ordonner  des  lectisternes  officiels.  11  s  agit  donc  de 
pulvinaria  à  demeure  et  d’actes  de  dévotion  privée.  —  -  En  I  an  214,  un  S.-C. 
distingue  encore  les  dieux  quorum  pulvinaria  Bomae  essent  (Liv.  XX1\,  10)  :  par 
la  suite,  pulvinaria  devient  synonyme  de  templa.  Pulvinaria  pro  templis 
poninius,  quum  sint  proprie  lectuli,  qui  slerni  in  templis ...  consuerunt  (Serv. 
Georg.  III,  533).  Pulvinar  icmplurn  (Corp.  Gloss,  éd.  GoctZ,  V,  p.  477).  —  Voir 
les  textes  édités  et  commentés  par  Th.  Mommsen,  Comment  aria  ludorum  Saecvla- 


rium  quintorum  et  septimornm  (Ephem.  Epigr.  4 III,  2  [1892],  pp.  225-309). 
L  inscription  relative  aux  Jeux  de  l’an  17  av.  J.-C.  a  168  lignes.  Aucune  allusion 
aux  sellisternes  sur  les  monnaies;  cf.  H.  Dressel,  Nummi  Augusti  et  Domitiani 
ad  ludos  saeculares  pertinentes  [Ibid.  p.  310-315).  Ils  sont  mentionnés  sur  les 
fragments  de  l’an  204  ap.  J.-C.  :  sellisternia  (IV,  4  Mommsen)  —  [sellisternjia  eodem 
more  per  easdem  matronas  habita  (V,  8).  Les  110  matrones  symbolisent  les 
1 10  années  du  saeculum  à  la  mode  étrusco-romaine.  —  6  Cf.  Hor.  Carmen  saecu- 


sellisterne  parut,  pour  des  déesses,  plus  conforme  à  |a 
décence  que  le  lectisterne,  plus  conforme  aussi  au  m,. 
probable  des  ludi  Terentini  originels,  fondés  en  un  temps 
où  Yàccubatio  devait  être  inconnue. 

Le  rite  des  sellisternes  nocturnes  reparaît  en  64,  sous 
Néron,  après  l’incendie  de  Rome.  Les  livres  sibyllins 
avaient  enjoint  aux  femmes  mariées  d’apaiser  Junon  par 
ce  procédé  7.  Il  n’en  est  plus  question  par  la  suite,  sauf 
aux  Jeux  Séculaires  de  [204,  peut-être  parce  qu’on  les 
confondait  avec  les  lectisternes  proprement  dits  8.  .) e  ne 
crois  pas  qu’il  faille  en  faire  un  «  rite  romain  »,  par  oppo¬ 
sition  au  rite  grec,  et  reconnaître  des  sellisternes  dans 
les  lectisternes  célébrés  «  suivant  le  rite  romain  7  »  lors 
de  la  grande  lustration  ordonnée  par  Marc  Aurèle  en  167, 
Pour  Capitolin,  contemporain  de  Dioclétien,  «  romain» 
s’oppose  simplement  à  «  pérégrin  ».  Parmi  les  cérémonies 
lustrales  accomplies  par  ordre  des  Quindécemvirs 
en  271,  Vopiscus  ne  mentionne  pas  de  lectisterne10.  Si 
c’est  un  oubli,  il  est  significatif.  Le  lectisterne  n’est  plus 
qu’une  cérémonie  ordinaire  et  banale.  On  appelle  tic 
ce  nom,  substitué  hepu/ar ,  des  banquets  funéraires,  où 
les  morts  ne  sont  sans  doute  présents  que  par  le  souve¬ 
nir11,  ou  même  des  régals  de  gens  qui  festinent  chez  eux, 
à  l’occasion  de  quelque  fête  de  famille12.  Le  mot,  a  repris 
son  sens  étymologique,  le  sens  auquel  le  ramenait  déjà 
Plaute,  quand  il  en  tirait  le  barbarisme  lectisterniator 
pour  désigner  le  serviteur  qui  prépare  la  salle  à  manger11, 

Il  faut  maintenant  revenir  sur  des  questions  qui  ont  été 
indiquées  en  passant  ou  ajournées. 

Le  lectisternium  ayant  pour  caractéristique  la  présence 
réelle  des  images  divines  sur  un  pulvinar,  de  quelles 
images  s’agit-il?  Les  textes  sont  ici  rares  et  l’exégèse 
tonie  en  conjectures.  Tite  Live,  dans  un  passage  visé  plus 
haut,  appelle  les  images  attablées  capita  deorumv'.0t, 
l’abréviateur  de  Festus  dit  :  capita  deorum  appellabmitur 
fasciculi  ex  verbenis  1B,  et  nous  savons  par  ailleurs  quon 
appelai  t  verbenae  toute  espèce  de  rameaux  bénits,  avec 
feuilles  ou  réduits  à  l’état  de  baguettes i6.  Ces  faisceaux 
de  baguettes  s’appelaient  aussi  d’un  autre  nom:  SlrufP 


lare,  et  l'élaboration  des  lois  Julia  cl  Papia  Poppaea  de  maritandis  v.  ; 
(Bouché- Leclercq,  Les  lois  démographiques  d’Auguste  in  Rev.  Histor.  L\H  ! 
p.  241-292).  —  7  Tac.  Ann.  XV,  44.  —  8  Tertullion,  averti  peut-être  par  les  Je*8 
de  204,  sait  encore  distinguer  entre  solisternia  (=  sellisternia  :  cf.  Fest.  P* 
s.  v.  Solia.)  et  lectisternia  (Tort.  Ad  nat.  I.  10)  :  à  la  fin  du  ni0  siècle,  "M  j11’ 
connaît  plus  que  les  lectisternia ,  conservés  dans  le  culte  de  Cérès  et  tonus  ],,u 
édiles  (Kal.  Pracn.  ad  Id.  Dec.  :  [Telluri  et  Cere]ri  in  Carinis.  Aedi  les 
tisternium  e  lec[tis  faciant  guos]  manccps  praestat.  C.  I.  L .  I,  p.  ,|s 
sternium  Cereris  crit  Idibus  proximis.  Ilabent  enim  dii  lectos  atque  et  g 
possint  mollioribus  inenbare ,  pulvinorum  tollitur  atque  excitatur  iu'r'  ^ 
(Àrnob.  Adv.  nat.  Vil,  32).  Ce  lectisterne  à  date  fixe  est  en  réalité  un  epv 
-comme  celui  de  Jupiter  Capitolin.  —  0  Apres  avoir  mentionné  peregrinos  "  '  - 
Capitolin  ajoute  :  Celebroyit  et  Romano  rit  a  lectisternia  per  septevi  dics  (  1 
Aug.  AI.  Ant.  P  h  il.  13).  —  10  Vopisc.  Aurelian.  10-20.  —  11  En  vertu  d  un 
les  dendropliorcs  de  Bcrgamc  célèbrent  un  lectisternium  tempore  parental"""^  ^ 
les  vexillarii  un  autre  lectisterne  au  dies  natalis  dAlbinia  Valeriana  ^ 
statue  de  la  défunte  (C.  L  L.  V,  5272;  ci-dessus,  p.  1007,  9).  On  trouve  dans  • 

v  ,  .  ,  ...  r -n\  12  SnlüUK 

glossaires  (éd.  Goclz)  pulvinaria  arae  mortuorum  (\,  p.  4/7). 

Apollinaire  [Epist.  IV,  15)  écrit  à  Elaphius  :  Epulum  multiplex  et 
lectisternia  para,  peut-être  avec  l’intention  de  parodier  les  expressions  hti".-"l  ^ 
epulum  (et  non  epulae)  et  lectisternium.  ■ —  13  Plaut.  Pseud.  IGo.  H  1  ^ 
être  aussi  là  une  parodie  comprise  du  public  de  l’époque,  car  Plaute  a  p»1  1  ^ 


haut  delà  Sibulla  (v.  25),  et,  en  191  av.  J.-C.,  le  souvenir  dos  nombrein 
sternes  de  la  deuxième  guerre  punique  était  encore  récent.  Les  glossaires  (i 1  • 
ont  oublié  le  sens  liturgique  de  lectisternia,  vestimenta  lecti  (V,  p.  il3b 
stramenta  lectorum.  (V,  p.  571).  —  Ci-  Liv.  XL,  59.  Ci-dessus,  note  3. 


Il  II 'S 
;t. 
(es 


(v>  p-  579-  RSfl 

Epit.  p.  64,  s.  v.  —  te  Abusive  tamen  verbenae  jam  vocamus  omîtes  /  .... 

sacratas,  ut  est  laurus,  oliva,  myrtus  (Serv.  Aen.  XII,  120;  ci.  Eclog.  ' 
Donat.  ad  Terent.  Andr.  IV,  3,  11).  Antiqui  felicium  arborm  ramas,  f  ^ 
detracto,  in  effigies  deorum  formabant  (Masurius  ap.  Serv.  Aen.  II, 

56). 


LEG 


—  1011  — 


EEC 


mabaniur  in  pulvinaribus  fasciculi  deverbenis  facti 

uLrodeorum  capitibus  ponebantur  .  En  rapprochant 
?  deux  extraits  de  Festus,  on  voit  que  struppi  est  syno- 
Le  de  capita,  ou,  plus  exactement,  que  les  faisceaux 
nnelés  couramment  des  capita  deorum ,  parce  qu  ils 
remplaçaient  des  tètes  à  visage  humain,  étaient  en  réalité 
des  struppi,  espèces  de  couronnes  ou  coiffures  substi¬ 
tuées  aux  têtes.  On  nous  dit  h  ce  propos  que  les 
Tugculans  plaçaient  un  struppus  sur  le  pulvinar  de 
Castor2.  Le  renseignement  est  précieux,  en  ce  sens 
que  Tusculum  passant  pour  avoir  été  fondée  par 
un  fds  d’Ulysse,  le  rite  local  devait  être  tenu  pour 
hellénique,  d’où  l’on  peut  induire  que  la  représen¬ 
tation  symbolique  était  aussi  l’usage  courant  dans  les 
théoxénies  grecques,  et  qu’il  est  passé  tel  quel  dans 
les  lectisternes  romains  3. 

Du  reste,  les  lectisternes  n’étaient  pas  les  seules  céré¬ 


monies  où  l’on  portât  des  images  de  divinités  sur  ou 
vers  des  pulvinaria.  Les  dieux  assistaient  aux  jeux  du 
cirque  sur  un  pulvinar  \  et  on  les  y  menait  procession- 
nellement  dans  des  tcnsac.  Sous  quelle  forme?  Servius 
parle  vaguement  de  simulacra  deorum  et  songe  sans 
doute  à  des  statues 5  ;  mais  Sinnius  Capito  définit  la  tensa 
véhiculant  quo  exuviae  deorum  ludicris  Circensibus  in 
Circurn  et  ad  pulvinar  vehuntur  6.  On  ne  peut  guère 
entendre  par  ces  «  défroques  »  des  dieux  que  leurs  attri¬ 
buts  symboliques,  et  surtout  des  vêtements  avec  lesquels 
on  pouvait  draper  des  mannequins  7.  Le  fait  qu’on  portait 
dans  les  cortèges  funèbres  les  masques  en  cire  des 
ancêtres,  et  parfois  le  masque  du  mort  lui-même  sur  un 
corps  drapé  8,  fait  penser  que  les  mannequins  pouvaient 
avoir  des  têtes  analogues  substituées  aux  struppi  d’au¬ 
trefois.  Le  rituel  n’avait  sans  doute  pas  fixé  une  fois 
pour  toutes,  soif  pour  les  dieux,  soit  pour  les  morts,  la 
forme  et  la  matière  des  images9. 


En  face  de  toutes  ces  présomptions,  on  ne  trouve  pas  un 
texte  affirmant  en  termes  clairs  la  présence  de  statues  aux 
lectisternes.  11  ne  faut  pas  demander  ici  de  renseigne¬ 
ments  aux  monuments  figurés.  Les  artistes  ne  pouvaient 
exprimer  l’idée  de  banquet,  pour  dieux  ou  défunts,  qu’en 
l'eprésentanl  des  convives  à  forme  humaine,  et,  du  reste, 


on  ne  connaît  pas  de  monuments  représentant  des  statues 
couchées  10.  Nous 


insérons 
titre  de 
gnement 
question 


ici,  a 
rensei- 
sur  la 
mixte 
des  tbéoxénies  et 
lectisternes,  et 
pour  que  l’on 
puisse  juger  de 
la  valeur  des  in¬ 
ductions  fondées 
sur  de  pareilles 
représentations  , 
deux  monuments 
figurés.  Ce  sont  les 
de  deux  lampes  d’ar 


Fig.  4381. 

reliefs  placés  sur  les  poignées 
gile.  L’une,  souvent  reproduite 


d’après  le  recueil  de  S.  Bartoli 11  (fig.  4381),  met  en  scène 


Fig.  438-2. 


Sérapis  et  Isis,  Ilélios  et  Séléné;  sur  l’autre  (fig.  4382), 
trouvée  à  Pesaro12,  les  dieux  et  les  déesses  ne  sont 
caractérisés  par  aucun  attribut. 

On  est  donc  en  droit  de  conclure  que  les  images  posées 
sur  les  pulvinaria  n'étaient  pas  les  statues  consacrées 
dans  les  temples,  mais  des  figurations  portatives,  soit  de 
purs  symboles,  soit  des  mannequins  drapés  dans  des 
exuviae ,  auxquels  il  était  loisible  de  donner  des  figures 
humaines 13. 

Cette  question  élucidée,  d’autres  surgissent.  Où  se 
tenaient  les  lectisternes?  On  a  vu  que  des  pulvinaria 
avaient  été  installés  à  demeure  dans  les  temples,  si 
nombreux  même  que  pulvinar  devint  par  métonymie 


1  Fcst.  Epit,  p.  34G,  s.  v.  —  2  Stroppus  est...  quod  sacerrlotes  p 
msigni  liaient  in  capile.  Quidam  coronam  esse  dicunt,  aut  quod  pro  coro, 
insigne  in  caput  inponatur,  quale  sit  u-cp  o  01  o  v...  et  a  Tusculanis,  quod  in  pi 
linaii  inponatur  Castoris ,  struppum  vocari  (Fcst.  p.  313,  s.  v.).  Pline  (XXI,  § 
sait  que  les  struppi  sont  des  couronnes  de  rameaux,  par  opposition  aux  couronn 
"  ^ems(ser/a),  et  que  le  mot  est  usité  inter  sacra  tantum.  —  3  Télégouus  œkis 
e  usculum  (Ilor.  Od.  111.  29,  8.  Dion.  IV,  43.  Liv.  I,  49).  Dans  la  no[XTrq  alexa 
une  déciile  par  Callixène  de  Rhodes  (ap.  Athen.  V,  p.  196  sqq.),  Ptolémée  Sol 
AChè^  rePr^sen^  Par  une  couronne  d’or  posée  sur  un  trône  (p.  202  i 
(l’a ils-' 0111  (  ’  Agamcmnon,  représenté  par  un  sceptre,  avait  table  garnie  tous  les  joi; 
•  11  H-12)  :  à  Athènes,  la  xXcvnj  d’Ajax  était  ornée  d’une  icavorcXta,  an 

installé  T  '■  Xm^ae  ^ome  (Schol.  Pind.  Nem.  II,  19).  Les  Locriens  qui  avaie 

n’avaioi  i '  *  sur  leurs  navires  pour  Castor  et  Pollux  (ci-dessus,  p.  1008, 

laeti  t  '  c  mP°rté  de  Sparte  les  images  des  Dioscurcs  :  ils  agissaient  haud  sec 
Rh0;,r  Sl  dt0S  ipS0S  SGCUm  avecturi  essent  (Justin.  XX,  2,  14).  Le  fait  que  ’ 
p.  1008  \ ■°ll\ !^a.C<'  Un°  s*'a*'ues  de  bronze  sur  leurs  pulvinaria  (ci-dcssi 

___  Celui  V  *  <"*le  n°^  comme  U,1C  exceplion  et  presque  une  monstruosi 
(Mon  Ane  ^  re^a^  Par  Auguste,  après  l’incendie  de  31  av.  J.- 

cf  Claut^i)  *  ^  a  du. prince  y  prenait  place  aussi  (Suct.  Aug.  \ 

d’Aniyucf »  '  l)u^nar  en  ce  sens  devient  la  loge  impériale,  comme  le 

mL  mlPOU,r.0vido  < Pont ■  2,  7 1),  loin  do  Claude  pour  Juvénal  ( Sat .  1 

(Serv.  Aen  j  1  nensam  sigmficat ,  qua  deorum  simulacra  portant 

brévia  nun »  '  ,^a*S’  com,ne  simulacra,  il  se  contente  des  Sôava,  simulac 

-  ’ LvZT  T'"  inleC‘iCiS  (VI’  68>’  -  °  Fcsl-  P-  304...  v-  Tensa 
[Ce  spect  7)  disU in''  ^a'sa*^  Par*'*e  ^es  exuviae  Jovis  (Suet.  Aug.  94).  Tertulli 
tient  pour  les  n  ''°Ue  ^  Cœ!tt,,ae  ^es  simulacra  et  imagines.  Wackermann  (p.  : 
p.  182,  t)?  (|Uj  a^lneil"‘ns  eu  verbenae  drapés,  contre  Marquardt  ( Staatsverw .  1 
cire,  el  invoque  |U'°SC  “  Pl8urcs  en  bois  drapées  »,  avec  tête  de  marbre  ou 
emp  e  des  acrolithcs  grecs  [acrolithus].  La  divergence  en 


ces  opinions  se  réduit  à  une  nuance.  On  connaît  les  mannequins  ou  poupées  de 
jonc  qui  constiluaient  les  argei.  —  8  Aux  obsèques  d'Auguste  figurait  tixdv  ti; 
oc’jvoj  xïjotvŸi  tv  l— ivixt,;»  ffTïikîj  (Dio  Cass .  L\  I,  34)  )  cf.  ceha.  —  9  Tibère  place  une 
statue  en  or  d'Auguste  sur  \m  pulvinar  dans  le  temple  de  Mars  (Dio  Cass.  LVI,  4G); 
Germanicus  figure  dans  la  pompe  du  Cirque  comme  eburna  effigies  (Tac.  Ann.  Il, 
83),  mais  il  était  représenté  chez  les  sodales  Augustales  par  une  couronne  de 
chêne  posée  sur  une  chaise  curule  [Ibid.),  comme  le  fut  Jules  César,  probablement  au 
pulvinar  du  Cirque  (Dio  Cass.  L,  10.  Appian.  II.  Civ.  III,  28).  —  >0  Cicéron  [Phil.  II, 
43)  et  Suétone  ( Caes .  76)  ne  confondent  pas  le  pulvinar  de  Jules  César  avec  sa 
statue  ou  ses  statues  [simulacrum,  simulacra  juxta  deos).  On  ne  peut  prendre 
au  sérieux  des  gloses  vagues  comme  pulvinar  est  lectulus  in  quo  deorum  statua 
reclinabatur  (texte  cité  par  Rein,  in  f’aulys  Iteal  Encyct.  s.  v.  Pulvinar ,  et 
Wackermann,  p.  20,  mais  introuvable  à  la  référence  indiquée  [Serv.  Georg.  III, 
333]),  ou,  d’un  Pscudo-Acron  :  ( pulvinar )  tabulatum  in  quo  stabant  numina. 
ut  eminentiora  viderentur,  aut  lecti  deorum  (Schol.  Horat.  Od.  I,  37,  3).  S.  Augustin 
(Civ.  Dei,  III,  17)  dit  simplement  :  lecti  sternebantur  in  honorent  deorum.  — 
il  Bartoli,  Lucernae  vet.sepulcr.,  II,  pl.  xxxiv  ;  Monlfaucon,  Antiq.  expi.  V,  2,  pl. 
ci.xix.  —  *2  Passcri,  Lucernae  fictiles,  III,  pl.  u.  Sur  les  peintures  étrusques,  voir 
les  références  dans  Robiou  (ci-dessus,  p.  1007,  9).  Allusion  à  1  'epulum  Jovis  et  au 
lectisterne  y  afférent  sur  une  monnaie  de  la  gens  Coelia  (E.  Babelon,  Monn.  de 
la  Rép.  1,  p.  373-375,  et  ci-dessus,  art.  epui.ones,  fig.  2708),  avec  lit  vide  (?)  et 
trophées  ou  exuviae.  —  13  La  toilette  de  la  statue  de  Jupiter  au  Capitole  (Sencc.  ap. 
Aug.  Civ.  Dei,  VI,  10.  Plin.  XXXIII,  §  111-112.  XXXV,  §  137.  Cf.  Plut.  Q.  Rom. 
98)  ou  de  la  statue  d’Hercule  à  l’Ara  Maxima  (Plia.  XXXIV,  §  33)  n’a  donc  pas 
pour  but  de  les  préparer  au  festin,  et  je  ne  pense  pas,  comme  S.  Reinach  (Rev. 
arcliéol.  XXXI  [1897],  p.  31G),  que  la  présence  de  Vestaau  lectisterne  de  217  av. 
J.-C.  soit  une  preuve  qu’elle  avait  déjà  sa  statue.  G.  Wissowa,  Rom.  G ôtterbilder 
(N.  Janrbb.  /'.  Alterth.  1  [1898],  p.  IG  1  - 173),  hésite  encore  à  trancher  la  question  : 
|  elle  me  parait  résolue  sur  un  point,  l’élimination  des  slatucs. 


LEG 


—  1012  — 


LEC 


synonyme  de  temple.  Nous  en  connaissons  quelques-uns. 
En  218,  un  corbeau  entra  dans  le  temple  de  Juno  Sospita 
à  Lanuvium  et  alla  se  poser  in  ipso  pulvinario  G  En 
l’an  38  de  notre  ère,  un  fou  furieux  escalada  le  pulvinar  de 
Jupiter  au  Capitole  et  se  tua  sur  place 1  2.  Ceux-là  étaient 
destinés,  soit  aux  epula ,  soit,  en  diverses  circonstances,  à 
recevoir  les  offrandes  alimentaires  des  particuliers  3,  qui 
pouvaient  même,  paraît-il,  avoir  permission  de  dédier  à 
leurs  frais  des  chapelles  pourvues  d’un  pulvinar  4  :  mais 
ils  ne  servent  pas  aux  lectisternes  officiels,  qui  sont  des 
cérémonies  exceptionnelles  et  étalées  au  grand  jour,  le 
public  étant  invité  à  s’y  associer.  Tite  Live  songe  quelque¬ 
fois  à  noter  que  les  pulvinaria  sont  in  conspectu  5,  et  un 
texte  peu  explicite  d’Antistius  Labeo  porte  à  croire  que  les 
lectisternes  se  tenaient  sur  des  emplacements  transformés 
pour  la  circonstance  en  lieux  consacrés  ou  fana  [fanum] 
par  le  ministère  des  Pontifes.  On  appelait  cela  «  situer» 
ou  «  arrêter»  des  fana  c.  D’ailleurs,  les  lectisternes  à  un 
seul  convive  sont  l’exception,  et  il  aurait  fallu  violer  une 
règle  pontificale  pour  réunir  plusieurs  dieux  dans  la  cella 
de  l'un  d'eux  G  II  est  probable  que  les  lectisternes  à 
plusieurs  convives  étaient  dressés  sur  le  Forum  ou  le 
Capitole,  et  les  lectisternes  à  une  divinité,  sur  le  parvis 
du  temple  de[celle-ci8. 

Il  ne  reste  plus  qu’une  équivoque  à  dissiper.  On  est 
tenté  de  confondre  les  supplicationes  [supplicatio]  et  les 
lectisternia  9,  ces  deux  cérémonies  étant  souvent  asso¬ 
ciées  et  la  formule  courante,  supplicatio  [ou  obsecratio \ 
ad  [ou  circa  ou  apud ]  omnia  pulvinaria 10  établissant 
entre  elles  une  affinité  incontestable.  Le  mot  pulvinar 
n’est  pas  là  synonyme  de  temple  en  général,  car  un 
S. -C.de  214  spécifie  qu’il  aura  supplicatio  omnibus  dcis 
quorum  pulvinaria  Romae  essent11,  excluant  ainsi  les 
divinités  non  pourvues  d’un  aménagement  comprenant 
au  moins  une  table  12.  Si  l'on  rapproche  certains  indices, 
à  savoir,  que  les  supplications  sont  la  plupart  du  temps 
de  rite  romain  et  décrétées  sans  consultation  des  livres 
sibyllins13;  qu’elles  ont  été  usitées  avant  les  lectisternes, 
mais  que,  pour  les  plus  anciennes,  celles  de  463,  de  449, 
de  436  av.J.-C.,  Lite  Live  n’emploie  pas  l’expression  plus 
tard  usuelle  ad  pulvinaria 14  ;  enfin,  que  celte  expression 
apparaît  pour  la  première  fois  à  la  date  de  218 av.  J. -C. 15  ; 
on  arrive  à  conjecturer  qu’il  y  a  eu,  pour  la  supplicatio 


comme  pour  Vepulum,  pénétration  d’usages  exotiqUl 
dans  le  rite  romain,  vers  la  même  date  et  aussi  coimn' 
conséquence  de  l’importation  des  lectisternes.  Le  lecti 
sterne  officiel  resta  un  rite  grec,  mais  il  suggéra 
d’adapter  ce  mode  de  propitiation  au  culte  romain  plr 
l’installation  de  pulvinaria  dans  un  certain  nombre  4, 
temples,  et  l’existence  de  ces  pulvinaires  rendit  possible 
une  sorte  d’adoration  perpétuelle,  qui  s’appelait  suppU. 
catio  quand,  au  lieu  d’être  affaire  de  dévotion  privée 
elle  était  ordonnée  par  l’Etat.  La  supplicatio  élan! 
accompagnée  d’offrandes  alimentaires16,  on  comprend 
que  cet  acte  religieux,  même  privé,  ait  paru  ressembler 
au  lectisterne  et  ait  été  parfois  appelé  de  ce  nom17. 

Ainsi  l’idée  archaïque  qui  avait  engendré  les  lecti- 
sternes  s’était  comme  diluée  dans  le  culte  romain  et  mul¬ 
tipliée  dans  les  pulvinaria  permanents  :  mais  les 
lectisternes  proprement  dits,  décrétés  extraordinairement 
par  les  interprètes  des  livres  sibyllins,  tenus  à  la  vue  et 
avec  la  participation  du  public,  hors  des  temples  et  en 
l’honneur  de  divinités  en  qui  l’on  reconnaît  aisément  des 
divinités  étrangères,  les  lectisternes  sont  bien  une  impor¬ 
tation  de  rites  helléniques  et  l’origine  de  tous  les  usages 
analogues.  A.  Bouché-Leclerco. 

LECTOR,  RECITATOR.  Lecteur.  — I.  La  lecture  à  haute 
voix  fut  à  Rome  un  art  assez  goûté  pour  qu’on  en  fit  une 
profession.  11  y  avait  dans  les  riches  maisons  des  esclaves 
instruits  dontla  fonction  était  de  faire  lalecture  à  leurs  maî¬ 
tres,  au  bain1,  dans  les  veillées 2  ou  pendant  les  repas3. Ils 
sont  désignés  par  les  noms  de  lector 4,  recitator 5,  anagnos- 
tes  6.  Ce  dernier  nom  semblerait  indiquer  une  origine 
grecque,  mais  on  ne  le  rencontre  à  vrai  dire  dans  aucun 
texte  grec7. 

Pline,  se  défiant  de  lui-même,  fit  lire  par  un  affranchi 
des  vers  de  sa  composition8;  telle  était  sans  doute  la 
condition  de  plus  d’un  lecteur,  mentionné  sans  autre 
qualification,  qui  était  chargé  de  produire  des  œuvres 
littéraires  dans  des  réunions  publiques  ou  devant  quel¬ 
ques  auditeurs  choisis.  Le  plus  souvent,  comme  on  va  le 
voir,  les  auteurs  n’en  laissaient  le  soin  à  personne. 

II.  Lectures  publiques.  —  De  tout  temps,  les  auteurs 
ont  aimé  àlire  leurs  ouvrages.  Ils  les  lisent  tantôt  ù  leurs 
amis,  —  et  l’on  sait  qu’Horace  recommande  de  les  choisir 
éclairés  et  sévères9,  —  tantôt  à  ceux  dont  le  sutlrage 


1  Liv.  XXI,  62.  En  99  av.  J. -G.,  Lannvii  in  aeclc  Junonis  Sospitae,  in  cubiculo 
deae  sanguinis  guttae  visae  (Obserj.  46).  Cf.  le  cnbicnlum  Isidis  (Apul.  Met.  XI,  17). 

—  2  ’Eirt  Tyjv x ).  t  v  Y)  v'-zoiï  Atoç...  béa véffrj  (Dio  Cass.  EIX,  9).  Le  pulvinar  Jovis  men- 
tionnédès  390av.  J.-C.  (Liv.  V,  62  ;  ci-dessus,  p.  1008  a).  —  ZjVunc  Saliaribus  Ornare 
pulvinar  deorum  Tempns  erat  d  api  bu  s ,  sodales  (Hor.  Od.  I,  37).  — 4  Ainsi 
avaitfait  (pour  BonaDea)  la  vestale  Licinia,  quum  avant  et  aediculam  et  pulvinar 
sub  saxo  sacro  dedicasset  (Cic.  Pro  dom .  53).  Le  Soleil  avait  un  jjulvinar  juxta 
aedem  Quirini  (Quintil.  I,  7,  12),  Solis  pulvinar  eis  aedem  Salutis  (Van*.  L.  lat. 
V,  52),  dédié  par  la  gens  Aurélia  (Fest.  Epit.  p.  23,  s.  y.  Aureliam).  —  5  Liv. 
XXII,  10  :  ci-dessus,  p.  1009  b.  —  G  Sistere  fana  cum  in  urbe  condenda  dicitur , 
significat  loca  in  oppido  futurorum  fanorum  constituere  :  [quan]quam  Antistius 
Labeo  ait  in  Commentario  À' F  juris  pontificii  fana  sistere  esse  lectisternia  certis 
locis  et  dis  habere  (Fest.  p.  3G1,  s.  y.  Sistere.  Cf.  Fest.  Epit.  p.  3G0).  Labeo 
disait  sans  doute  que  l’opération  faite  à  l’origine  des  cités  se  répétait  pour  les  lec¬ 
tisternes.  On  ne  voit  pas  autrement  pourquoi  il  aurait  fait  intervenir  les  lecti- 
s ternes  dans  l’exégèse  d’une  formule  où  il  n’y  est  pas  fait  la  moindre  allusion. 

—  7  Cf.  Liv.  XXVII,  25.  —  8  Cf.  les  lectisternes  à  Cæré  (Fortune),  sur  l’Aventin 
(J  un  on),-  ad  aedem  Saturni  (Liv.  XXI,  62.  XXII,  1).  —  9  Confusion  ordinaire 
chez  les  humanistes  d’autrefois  :  elle  se  retrouve  encore  à  l’article  Lectisternium 
de  la  Ii.-E.  de  Paulv,  où  Baumstark  appelle  lectisterne  la  supplication  de  l’an  63, 
décernée  en  l’honneur  de  Cicéron.  —  10  Liv.  XXI,  62.  XXII,  1.  XXIV,  10.  XXVII, 

4  et  11.  XXX,  21.  XXXI,  8  et  9.  XXXII,  1.  XXXIV,  55.  XL,  19  et  28.  XL1II,  13. 

XLV,  2.  Cic.  Catil.  III,  10.  Phil.  XIV,  14.  Mon.  Ancyr.  II,  19.  Kal.  Amit.  3  sept. 

Tac.  Ann.  XIV,  2  —  11  Liv.  XXIV,  10.  A  l’époque,  le  mot  pulvinar  ne  devait  pas 

avoir  pris  déjà  l’extension  qu’il  eut  plus  tard  (ci-dessus,  p.  1010,  4).  —  12  Voir 

ci-dessus,  p. 1005,  3.  On  peut  se  représenter  le  pulvinar  romaincommc  répondant  aux 


définitions  citées  par  Macrobe  :  rnensa  in  qua  epulae  libationesque  et  stipes  i*]10 
niintur.  Ornamenta  vero  sunt  clipei  coronae  et  hujuscemodi  donarin  (c es 0,71(1 
menta  ou  certains  d’entre  eux  pouvaient  être  des  symboles  représentatifs)-  1^" 
hoc  ritu  dedicata  in  templo  arae  usum  et  religionem  optinet  pulvinaris  0lacr' 
Sat.  III,  1 1,  6).  —  13  II  n’y  a  de  supplications  décemvirales  que  pour  la  p1’1"'111'1 10 
des  prodiges.  —  11-  Liv.  III,  7  et  63.  IV,  21.  —  L»  Liv.  XXI,  62.  —  1°  En  396  av- J-  ^ 
publiée  vinum  ac  tus praebitum  (Liv.  X,  23).  Cf.  la  Murrata  potio  que 
Aediles  per  supplicationes  dis  addunt  ad  pulvinaria  (Fest.  p.  158,  s.  '•)■  ^ 
s'agit,  ce  qui  est  fort  probable,  des  lectisternes  des  Megalesia  (4  avril)  et  ^  l _ 
aux  Ides  de  Décembre  (ci-dessus,  p.  1010,  8),  ces  fôtes  statives,  et,  comme 
epula  plutôt  que  lectisternia ,  se  seraient  appelées  aussi  supplicationes.  — 
les  textes  (Liv.  XXXVI,  1.  XL,  59)  cités  plus  haut  (p.  1010,  2-3),  où  je 
reconnaître  des  lectisternes  officiels.  —  Bibliographie.  F.  Robiou,  Reclu  h  '  ^ 

l'origine  des  lectisternes  {Rev.  archêol.  XV  f  1807],  pp.  403-415);  VVackti  ^ 
Ueber  das  Lectisternium ,  Gymn.-Progr.  Hanau,  1888,  pp.  1-28,  le  seul 
plet  sur  la  matière.  C.  Pascal,  De  lectisterniis  apud  Romanos  (Rivist.  d<  1 1 
XXII  [1894],  p.  272-280),  compilation  de  textes,  hâtive  et  inorganique. 

LECTOR,  RECITATOR.  1  Plin.  Ep.  I,  5,  14.  —  2  Suet.  Aug.  78.  —  ^ 

Nep.  Attic.  XIV,  1  ;  Plin.  Ep.  111,  5,  11  ;  IX,  36,  4.  -  4  Lector,  Corp. 

VI,  3978;  Lectrix,  Ibid.  8786.— «  Plin.  Ep.  1,  13,  2;  Senec .  Ep.  93,  2.-  1  ^ 
Att.  I,  12;  Corn.  Nep.  Alt.  13  ou  14.  —  7  Le  mot  est  écrit  en  grec  par  d( 

XVIII,  5,  mais  il  s'agit  d'un  lecteur,  son  contemporain,  qui  faisait  sa  sp'-'11'1 
lire  les  vers  d'Ennius-,  Sénèque  {Ep.  XXVII,  5)  parle  aussi  d'un  riche  Iiolj’G0()(. 
avait  un  esclave  pour  réciter  les  vers  d  Homère,  un  autre  P0111  ^  0 

d'autres  pour  chacun  des  lyriques  grecs.  —  8  Ep.  IX,  34.  J  -1 
et  sq. 


â 


—  1013  — 


LEC 


LËC 


neullc  plus  les  flatter,  comme  lit  le  poète  Attius  qui,  en 
passant  à  Tarente,  vint  lire  sa  tragédie  d 'Atrée  au  vieux 
Pacuvius,  son  prédécesseur  1  ;  tantôt  enfin  à. de  puissants 
protecteurs  qui  peuvent  servir  de  patrons  au  livre  qui  les 
aura  charmés  :  c’est  ainsi  que  Virgile  lut  des  fragments 
de  son  Enéide  devant  Auguste  et  devant  Octavie,  à  qui 
le  sixième  livre  fit  verser  tant  de  larmes2.  Mais  cet 
auditoire  restreint  ne  suffisait  pas  toujours  à  la  vanité 
des  auteurs  ou  à  l’empressement  du  public,  avide  de 
connaître  leurs  œuvres.  Aussi  appelaient-ils  quelquefois 
une  foule  nombreuse  à  les  entendre.  Dans  la  Grèce, 
les  jeux  publics  servaient  d’occasion  à  ces  lectures 
solennelles.  On  raconte  qu’Hérodote  lut  sa  grande 
histoire  devant  les  Grecs  réunis  à  Olympie3.  Plus  tard, 
quand  la  littérature  se  transporta  à  Alexandrie,  ces  lec¬ 
tures  semblent  être  devenues  plus  fréquentes  ;  elles  avaient 
lieu  dans  le  Musée ,  tout  près  de  cette  belle  bibliothèque 
que  les  rois  d’Égypte  y  avaient  réunie  ;  le  peuple  y  assis¬ 
tait,  et  l’on  choisissait  des  juges  chargés  de  décerner  des 
prix  aux  meilleurs  ouvrages4. 

C’est  à  Rome  que  les  lectures  publiques  ont  pris  le  plus 
d’extension  et  qu’elles  ont  eu  le  plus  d’importance. 
«  Asinius  Pollion,  dit  Sénèque8,  fut  le  premier  qui 
convoqua  les  gens  à  venir  entendre  ses  ouvrages.  »  Assu¬ 
rément,  il  ne  veut  pas  dire  qu’avant  Pollion  personne 
n’avait  lu  ses  ouvrages  au  public,  mais  qu’il  rendit  les 
lectures  plus  fréquentes,  qu’il  les  organisa  régulièrement 
et  qu’il  en  fit  une  sorte  d’institution  littéraire.  Le  moment 
était  bien  choisi  pour  cette  innovation.  Jamais  le  goût 
des  lettres  n’avait  été  plus  vif  qu’à  cette  époque;  on  ne 
voyait  plus,  dit  Horace6,  que  des  gens  transportés  de  la 
manie  d’écrire.  Ces  écrivains  cherchaient  naturellement 


tous  les  moyens  de  se  faire  connaître;  il  n’y  en  avait  pas 
qui  parût  plus  commode,  plus  rapide,  plus  sûr,  que  les 
lectures  publiques  ;  aussi  eurent-elles,  dès  le  début, 
un  grand  succès.  Les  empereurs  les  favorisaient.  Auguste 
prenait  plaisir  à  y  assister  :  «  il  écoutait  avec  bienveillance, 
dit  Suétone 7,  non  seulement  ceux  qui  lisaient  des  poèmes 
et  des  histoires,  mais  des  discours  et  des  dialogues  ». 
Claude  qui,  dans  sa  jeunesse,  avait  écrit  une  histoire 
romaine,  d’après  les  conseils  de  Tite  Live,  et  l’avait  lue 
devant  une  grande  assemblée8,  aima  toujours  beaucoup 
les  lectures  publiques.  Pline  9  rapporte  qu’un  jour,  ayant 
entendu  un  grand  bruit,  il  en  demanda  la  cause,  et  que, 
comme  on  lui  répondit  que  c’était  Nonianus  qui  lisait  un 
de  ses  ouvrages,  il  quitta  tout  et  vint  prendre  place  parmi 
es  auditeurs.  Domitien  lui-même,  qui  se  piquait  d'aimer 
es  lettres,  lut  en  public  des  poésies  qu’il  avait  com¬ 
posées10.  C’était,  à  ce  qu’il  semble,  le  plus  beau  temps 
tes  lectures  publiques.  Pourtant,  Pline11  se  plaint  qu’on 
n  y  assiste  plus  avec  le  même  empressement  qu’autrefois, 
tpi  on  invente  toute  sorte  de  prétextes  pour  s’en  dispenser, 
°u  que,  si  1  on  consent  à  s’y  rendre,  on  y  vienne  quand 
elles  sont  commencées,  et  l’on  s’en  aille  avant  qu’elles 
u  soient  finies.  Néanmoins,  elles  se  maintinrent  jusqu’à 

a  m  ce  1  Empire  et  ne  disparurent  qu’avec  les  lettres 

elles-memés. 

oinme  elles  réunissaient  d’ordinaire  un  public  nom- 


dûeîtépM  Knlt  Tl  ?nRt’  Vit‘  Virg-  l2’  et  ?ei'v-  VI>  36-'  -  3  Co  fait  a 

ce  suie  l’anccdn?  ’  "tersuch‘  über  das  **ben  des  Thucyd.  p.  1 1  s,,.  -  i  Voi 

-  6  &!. 7T Vitruve’  vu-  IV,  ^ 

— -  10  Suet  ’i  Aug.  89.  —  8  Suet.  Claud.  41. 


u  ccux  ‘Il|i  viennent  les 

V, 


9  Epist.  i, 

12  Les  auteurs,  pour  parler  du  noml 
écouter,  emploient  les  mots  d e  populus,  multitude), 


breux12,  on  ne  pouvait  pas  les  donner  partout.  On 
s’occupa  donc  d’aménager  ou  même  de  construire  des 
salles  spéciales.  Les  grands  seigneurs  en  firent  bâtir  chez 
eux.  Jusqu’à  présent,  on  n’en  a  pas  retrouvé,  ni  à  Pompéi, 
ni  ailleurs13;  ce  qu’on  peut  soupçonner,  c’est  que  ces 
salles  devaient  avoir  la  forme  d’un  théâtre.  Ce  qui  rem¬ 
plaçait  la  scène,  c’était  le  suggestus ,  sorte  de  tribune  ou 
de  chaire  élevée14,  destinée  au  lecteur.  Juvénal 18  parle  de 
Y orchestra,  qui  était  garnie  de  chaises,  occupées  sans 
doute  par  les  personnages  importants;  au  fond,  sur  des 
gradins  de  bois,  se  plaçaient  les  clients,  les  affranchis,  et 
surtout  les  claqueurs.  Plus  tard,  l’empereur  Hadrien  fit 
construire  YAthenaeurn ,  où  les  poètes  et  les  orateurs 
lisaient  leurs  ouvrages10. 

Jusqu’à  l’époque  où  YAlhenaeum  fut  bâti,  les  écrivains 
romains,  qui  voulaient  se  faire  connaître,  avaient  d’abord 
à  se  pourvoir  d’une  salle  de  lectures.  Tantôt  ils  la  louaient, 
tantôt  ils  l’empruntaient  à  quelque  riche  personnage  qui 
en  possédait  une  chez  lui,  et  qui  voulait  bien  la  leur 
prêter.  Mais  il  la  prêtait  comme  elle  était,  c’est-à-dire  sans 
meubles.il  fallait  la  garnir  de  chaises,  de  banquettes,  faire 
rétablir  ou  raffermir  les  gradins,  auditorium  struere 1  ■ , 
ce  qui  coûtait  cher  et  ne  rapportait  rien.  Les  applaudis¬ 
sements  qui  accueillaient  la  Thébaïde  de  Stace,  et  qui,  au 
dire  de  Juvénal18,  ébranlaient  la  salle  de  lecture,  n’em¬ 
pêchaient  pas  le  poète  de  mourir  de  faim.  Aussi  les  écri¬ 
vains  pauvres,  qui  ne  pouvaient  pas  faire  ces  dépenses, 
avaient-ils  recours  à  des  procédés  moins  coûteux  :  ils 
lisaient  leurs  vers  en  plein  Forum,  sous  les  voûtes  des 
salles  de  bain,  «qui  font  résonner  agréablement  la  voix 19  », 
ou  sous  les  portiques,  au  risque  d’être  accueillis,  comme 
Eumolpe,  à  coups  de  pierre20. 

Les  lectures  publiques  étaient  fréquentes  à  toutes  les 
époques  de  l’année.  Pline21  parle  d’un  mois  d’avril  pen¬ 
dant  lequel  il  ne  s’est  pas  passé  de  jour  où  quelqu’un  ne 
fît  quelque  lecture.  On  lisait  beaucoup  aussi  au  mois 
d’août,  quand  la  politique  prenait  ses  vacances22.  Il  était 
donc  assez  difficile  de  se  procurer  des  auditeurs  ;  on  les 
avertissait  d’avance  par  des  lettres  ou  des  billets  (per 
libellas  aut  codicillos ),  et,  pour  être  sûr  que  l’invitation  ne 
serait  pas  oubliée,  on  avait  soin  de  leur  en  rappeler 
plusieurs  fois  le  souvenir.  Le  jour  venu,  celui  qui  devait 
lire  s’y  préparait  comme  un  acteur  pour  une  représenta¬ 
tion  de  théâtre;  il  prenait  des  breuvages  émollients  pour 
s’assouplir  le  larynx.  Si  nous  en  croyons  Perse23,  il  se 
présentait  devant  ses  auditeurs  «  bien  peigné,  couvert 
d’une  toge  neuve,  portant  des  bagues  à  ses  doigts  et 
regardant  l’assistance  avec  un  œil  caressant  » .  D’ordinaire, 
il  faisait  précéder  sa  lecture  d’une  praefatio  où  il  remer¬ 
ciait  le  public  de  sa  complaisance,  et  donnait  en  quelques 
mots  une  idée  de  son  ouvrage;  puis  il  le  lisait  le  mieux 
qu'il  pouvait,  ou,  s’il  craignait  d’y  mal  réussir,  le  faisait 
lire  par  un  de  ses  esclaves  ou  de  ses  affranchis. 

On  peut  croire  qu'à  peu  près  toute  la  littérature  de 
l'époque  impériale  s'est  produite  dans  les  lectures  publi¬ 
ques.  Quelques-uns  des  ouvrages  les  plus  importants  de 
ce  temps  portent  la  marque  manifeste  de  cette  origine.  Ce 
sont,  pour  l’épopée,  la  Thébaïde  de  Stace  ;  pour  l’histoire, 

mémo  vulgus.  Juvénal  dit  que  Romeentièi'e  venait  enleudrc Stace,  VII,  83.  —  13  Voir 
à  propos  du  prétendu  Auditorium  Maecenatis ,  qu'au  croyait  avoir  retrouvé  sur  l’Es- 
quilin,  l’article  de  Mau,  Bull,  de  l'Inst.  de  covresp.  arch.  1873,  p.  89-9C.  —  U  Pers. 
j,  17  :  «  Sede  legeus.  celsa  ». —  13  VII,  47.  —  16  Aur.  Victor,  De  Caes.  14;  Lam- 
prid.  Al.  Sev.  33.  —  17  Tacit.  De  or.  9  ;  Juv.  VII,  43.  —  18  VII,  8G.  —  19  Hor.  Sut. 
I,  [V,  73.  -20  Petron.  Sut.  90.  —  21  Epist.  I,  13.  —22  Juv.  III,  9.  —  23  r,  t7  cl  19. 

1-28 


LËC 


—  101  i 


LEC 


*  l’abrégé  de  Florus;  pour  la  poésie  dramatique,  les  tragé¬ 
dies  de  Sénèque;  pour  l’éloquence,  le  Panégyrique  de 
Pline.  On  voit  bien,  quand  on  lit  ces  ouvrages,  qu’llorace  1 
n’avait  pas  tort  d’être  mal  disposé  pour  les  lectures 
publiques,  lorsqu’il  les  vit  commencer,  et  de  refuser  d’y 
prendre  aucune  part.  Il  prévoyait  sans  doute  la  déplorable 
influence  qu’elles  devaient  avoir  sur  les  lettres  latines;  il 
comprenait  que  ces  succès  faciles,  auprès  d’amis  com¬ 
plaisants,  entretiendraient  la  vanité  des  auteurs,  qu'ils  les 
habitueraient  à  se  contenter  d’œuvres  médiocres,  qu’ils 
voyaient  si  bien  réussir,  et  à  se  dispenser  de  tout  effort 
pour  les  perfectionner  ;  qu’ils  seraient  portés  à  ne  plus 
tenir  compte  que  des  qualités  qu’ils  voyaient  réussir  dans 
ces  sortes  d’exhibitions  littéraires;  que,  par  exemple, ils 
négligeraient  la  composition  de  l’ensemble,  l’harmonie  et 
la  liaison  des  parties,  pour  ne  s’occuper  que  des  détails 
qui  frappent  seuls  dans  une  lecture  rapide,  pour  chercher 
uniquement  à  ranimer  l'attention  d’un  public  distrait  et 
à  provoquer  ses  applaudissements,  par  ces  pensées  écla¬ 
tantes,  qu’on  appelait  sententiae,  et  qui  sont  ce  qui  domine 
dans  la  littérature  de  l’Empire.  Gaston  Boissieu. 

LECTUS.  KXivt] .  —  Le  lit,  chez  les  anciens,  servait  à 
trois  usages  :  on  y  dormait;  on  s’y  couchait  à  demi  pour 
manger  ;  avant  les  funérailles,  on  y  exposait  les  morts. 
Nous  étudierons  ces  trois  emplois  du  lit  successivement 
chez  les  Grecs,  chez  les  Étrusques  et  chez  les  Romains, 
en  notant  chemin  faisant  quelques  emplois  accessoires. 

Grèce.  —  Dans  les  poèmes  homériques,  il  est  souvent 
question  de  lits,  mais  seùlement  de  lits  pour  dormir  ou 
de  lits  funéraires  :  les  héros  d’Homère  mangent  assis,  et 
non  couchés1.  Non  pas,  peut-être,  qu’à  l’époque  où 
furent  composées  Y  Iliade  et  l 'Odyssée,  ce  fût  là  la  cou¬ 


tume  grecque  :  on  sait  que  l’Épopée  peint  un  monde 
disparu,  dont  les  traits,  fixés  une  fois  pour  toutes,  re¬ 
viennent,  toujours  les  mêmes,  dans  ses  récits.  De 
l’absence  du  lit  de  table  dans  les  descriptions  homériques, 

1  Epist.  I,  iv,  73.  —  Bibliographie.  Just.  Lipsius,  Epistol.  ad  Delgas,  II,  43; 
Wolff,  Praef.  ad  Cicéron,  pro  Marc.  p.  19  sq.  ;  Gicfig,  Esc.  ad  Plin.  Epist.  1802, 
t.  Il,  p.  538  ;  Thovbecke,  De  Asinii  Pollionis  vita  et  stud.  Lugd.  Bat.  1820,  p.  104 
cl  s.;  Weber,  De  poetarum  Itoman.  récit  ationibus,  Vimar,  1828;  Nisard,  Études 
sur  les  poètes  rom.  de  la  décadence,  Brux.  1834,  p.  334  et  s,  380  et  s.;  Géraud, 
Sur  les  livres  dans  l’antiquité,  Paris,  1840,  p.  186  et  s.;  Th.  Herwig,  De  récitât, 
poelarum  ap.  Romanos  (thèse),  Marburg,  180  4. 

LECTUS.  1  Athen.  I,  p.  17  F;  V,  p.  192  E;  VIII,  p.  363  F.  —  2  II  est  à  remar¬ 
quer  que,  dans  les  nombreuses  représentations  de  l’offrande  au  mort,  celui-ci  est 
toujours  figuré  assis  devant  la  table  chargée  des  victuailles  qui  lui  sont  destinées. 
—  3  Perrot  et  Chipiez,  Bist.  de  l'art,  II,  p.  106  et  107,  fig.  27  et  28;  p.  652, 
fïg.  317.  —  4  Heuzey,  Catal.  des  figurines  ant.  de  terre  cuite  du  Musée  du 
Louvre ,  I,  p.  44  sqq.  —  '■>  Perrot  et  Chipiez,  Op.  cil.  III,  p.  585,  fig.  397;  cf.  la 
figure  398.  —  G  Jd.  Ibid.  111,  p.  017,  fig.  420.  -  7  11.  IX,  200;  XI,  623;  XXIV, 
515;  Od.  I,  145;  III,  471;  VII,  169,  203;  X,  352  sqq.,  360  sqq.;  XVII,  84  sqq.,  90, 
333,  478;  XX,  136,  257  sqq.  Voir  coena,  p.  1271,  col.  II.  —  8  Sur  iWf,,  xoîtoç  et 
xoi '-r„  Mxtjov  etXixrja,  voir  Buchholz,  Die  homer.  Realien,  II,  2°  partie,  p.  147  sqq., 
153  sqq.  —  9  On  trouve  aussi  dans  Homère  le  pluriel  'Uyi a,  qui,  d’après  Buchholz 
(Op.  cit.  II,  2e  partie,  p.  152),  désignerait  le  lit  avec  tous  ses  accessoires,  taudis 
que  le  singulier  /.I/o;  ne  se  rapporterait  qu’au  bois  du  lit  (Ibid.  p.  150).  Mais  cette 
distinction  paraît  mal  s’accorder  avec  les  textes  où  >.lxe«  est  accompagné  d’épi- 


on  ne  doit  donc  pas  conclure  qu’il  était  étranger  aux 
populations  parmi  lesquelles  vivaient  les  aèdes;  si  les 
Égyptiens  ne  paraissent  pas  l’avoir  connu2,  il  semble 
avoir  été  employé  de  bonne  heure  en  Asie  Mineure  :  le 
bas-relief  de  Kouioundjik  qui  reproduit  le  festin  d'Assour- 
banipal,  fait  sans  doute  allusion  à  un  usage  très  ancien3; 
on  peut  rapprocher  de  ce  monument  quelques  terres 
cuites  gréco-babyloniennes  que  possède  le  Louvre4,  un 
curieux  groupe  chypriote  en  pierre  calcaire  (fig.  438b, 
représentant  trois  convives  couchés  autour  d’une  table, 
sur  des  lits  garnis  de  hauts  coussins®,  un  des  grands 
côtés  du  sarcophage  d’Athiénau,  au  musée  de  New- 
York6,  etc.  Quoi  qu’il  en  soit,  les  seuls  lits  dont  Homère 
fasse  mention  sont  ceux  où  l’on  passait  la  nuit  et  ceux 
sur  lesquels  on  couchait  les  morts;  toutes  les  fois  qu’il 
s’agit  d'un  repas,  les  convives  y  prennent  part  assis  sur 
des  sièges  (ôfovo:,  xXiagot,  Suppôt) 1 . 

Nous  n’avons  pas  ici  à  examiner  le  sens,  souvent  diffi¬ 
cile  à  préciser,  de  tous  les  termes  dont  se  sert  l’Épopée 
pour  désigner  le  lit8.  Qu’il  suffise  de  rappeler  qu’Homère 
décrit  trois  façons  principales  de  se  coucher  pour  dor¬ 
mir.  La  première  comporte  l’emploi  du  ksyo;,  qui  a  sa 
place  déterminée  dans  la  maison9.  Pour  la  seconde,  on 
a  recours  aux  Béf ma  :  il  faut  entendre  par  ce  mot  un  lit 
qui  n’a  pas  d’emplacement  fixe,  qu’on  dresse  ici  ou  là10. 
La  troisième,  enfin,  consiste  à  s’étendre  à  terre  (/agàoiç) 
sur  des  peaux 11 .  Le  Hyoç,  est  en  bois  ;  l’épithète 
TTJxtvov  qui  lui  est  quelquefois  donnée  12  fait  allusion 
aux  pièces  qui  le  composent  et  qui  sont  fortement  jointes 
entre  elles,  soit  qu’elles  s’emboîtent  les  unes  dans  les 
autres,  soit  qu’on  les  ait  assemblées  à  l’aide  de  che¬ 
villes13.  Nous  connaissons  d’ailleurs  assez  mal  sa  struc¬ 
ture  et  sa  décoration.  Le  lit  célèbre  qu’Ulysse  s’était 
fabriqué  lui-même  dans  son  palais  d’Ithaque,  et  dont  l'un 
des  montants  était  formé  du  tronc  d’un  olivier  soigneu¬ 
sement  équarri,  avait  pour  sangles  des  lanières  de  cuir 
de  bœuf  teintes  en  rouge;  il  était  orné  d’incrustations 
d'or,  d’argent  et  d’ivoire14.  Les  expressions  rpr^i,  Sivona 
às/îx  semblent  indiquer  que  les  montants  des  lits  homé¬ 
riques  étaient  tantôt  plats  et  découpés  à  jour,  suivant  une 
mode  qui  persista  durant  des  siècles,  tantôt  façonnés  au 
tour15.  Nous  ignorons  s’il  y  avait  des  lits  de  différente 
largeur16.  Nous  sommes  mieux  renseignés  sur  les  acces¬ 
soires  dont  on  avait  l’habitude  de  garnir  (arosivou)  soit  le 
Xsyoç,  soit  les  o£gvtx.  Sur  les  sangles  qui  reliaient  les 
côtés  latéraux,  on  disposait  d’abord  les  pvjysa  17,  sorte  de 
tissu  probablement  Lrès  épais,  qui  faisait  l’office  d’un 

thètes  faisant  allusion  de  la  façon  la  plus  précise  à  un  travail  d’ébénisterte. 
—  10  Buchholz,  Op.  cil.  Il,  2°  partie,  p.  155-157.  Quelques  textes  indiquent  très 
clairement  que  les  Septvta  étaient  un  lit  portatif.  Voir  11.  XXIV,  Gi3  sqq.  ;  Od .  IV,  -O1’ 
sqq.  ;  VII,  335  sqq.  Ce  mot  se  rencontre  aussi,  scmblc-t-il,  avec  le  sens  général  de 
lit .  Voir  Od.  VI,  20;  VIII,  282.  —  il  Les  paroles  suivantes  de  Pénélope  à  Ulysse  (Od. 
XIX,  598  sqq.)  montrent  bien  la  différence  qu’il  y  avait  entre  les  Scjxvca  et  le  lil  ,m' 
provisé  qu’on  disposait  sur  le  sol:  <rô  8è  Xét-eo  '  £vi  ofxw,  —  $  ya.u-iSiç  irxopltrai;, 
x«Tà  8c>.a  GévTwv.  —  12  II.  IX,  621,  059;  Od.  XXIII,  179.  —  13  Suivant  une  autre 
interprétation,  icuxivôv  ferait  allusion  aux  couvertures  qui  garnissaient  le  lit.  Voir 
chliolz,  Op.  cit.  II,  2°  partie,  p.  loi,  note  1.  —  1*  Od.  XXIII,  190-201  ;  cf.  BucIiholZ: 
Op.  cit.  II,  2e  partie,  p.  151-152.  —  15  II.  III,  391,  448;  XXIV,  720;  Od.  I?  ,f|1 
XXIU,  179.  —  10  Ce  qui  est.  certain,  c’est  qu’il  y  on  avait  d’assez  larges  pour  qu  011 
y  pût  dormir  à  deux.  Plusieurs  passages  do  Y  Iliade  et  de  Y Odyssée  ne  laissent 
subsister  aucun  doute  sur  ce  point  :  voir  II.  ni,  4 47-4-48  ;  Od.  X,  334-335,  340, 342,  o-Hi 
480,  49G-497;  cf.,  à  propos  de  ces  derniers  textes,  qui  font,  allusion  aux  amours  d< 
Circé  et  d’Ulysse,  l’épisode  du  coffre  de  Kypsélos  qui  rappelait  le  môme  mythe  (I  aU!ï* 
V,  19,  7).  Ce  que  nous  savons  également,  c’est  que,  dans  la  vie  homérique,  coinnic 
plus  tard,  dans  la  vie  réelle,  on  se  dépouillait,  pour  se  coucher,  de  tous  scs  vête 
ments  :  voir  Od.  X,  54*2  ;  Aristopli.  Lysistr.  920,  925  ;  cf.  une  amphore  corinthienne 
du  Louvre  (Salle  E,  n.  640)  qui  représente  le  meurtre  d’Ismcne  (Pottier,  Vases  wd- 
du  Louvre ,  p.  58,  pl.  i.  ;  Catalog .,  2e  partie,  p.  485).  —  17  Od.  X,  352. 


LEG 


101S  — 


.  ,  c  co ns  être,  comme  le  matelas,  rembourré  àl’in- 
téHem  (ce  qui  le  prouve,  c’est  qu’on  plaçait  aussi  des 
<  '  ea  sur  les  sièges,  où  un  matelas  eût  été  gênant  ;  c  est 
de  plus,  que  les  ^Y.«  se  lavaient  »).  Des  tapis  (T®n,«0 
étaient  étendus  sur  les  le  dormeur  s  y  couchait  et 

se  recouvrait  d’une  y>tva  (ce  mot  est  le  plus  souvent  au 
pluriel),  qui  n’était  autre  que  le  vêtement  connu  sous 
ce  nom  [pallium]  3.  Quelquefois,  sous  le  ffiYoç  étaient 
placées  des  peaux  de  brebis  (xwsa)  ;  puis  venaient  le 
Loç  et  une  pièce  de  lin  dans  laquelle  on  s’enveloppait  G 
D'autres  fois,  nous  trouvons  la  disposition  suivante  : 
des  peaux,  une  yXatvx,  puis  les  p •qYea  servant  de  couver- 
ture  G  Les  peaux,  en  général,  forment  dans  Homère  le 
fonds  de  la  literie  des  gens  de  mœurs  simples  et  des 
pauvres  gens  :  Télémaque  dort  empaqueté  dans  une 
peau  de  brebis  6  ;  ceux  qui  ne  possèdent  ni  Hï£a  ni 
yXatvai  7  s’étendent  ù  terre  sur  des  toisons  :  Ulysse, 
chez  Eumée,  passe  la  nuit  sur  des  peaux  de  brebis  et  de 
chèvres;  une  épaisse  yXaîva,  que  jette  sur  lui  le  pâtre, 
le  défend  du  froid8;  le  même  Ulysse,  dans  son  palais, 
refuse  le  lit  que  lui  fait  offrir  Pénélope  :  une  peau  de 
bœuf  et  quelques  peaux  de  brebis  lui  suffisent;  quand  il 
y  a  pris  place,  les  servantes  le  recouvrent  d’une  y\ ouvat  9. 
Le  coucher  du  vieux  Laërte  est  encore  moins  compliqué  : 
l’hiver,  ses  servantes  lui  font  son  lit  dans  la  cendre  du 
foyer;  l’été,  il  se  contente  d’un  lit  de  feuillage  n’importe 
où,  dans  sa  vigne  10. 

Les  lits  sur  lesquels  on  expose  les  morts,  dans  Homère, 
sont  les  mêmes  que  ceux  dont  usent  les  vivants.  La  gar¬ 
niture  seule  semble  différer  :  le  cadavre  de  Patrocle  est 


recouvert  de  la  tête  aux  pieds  d’une  grande  pièce  de  lin, 
sur  laquelle  on  a  étendu  une  toile  plus  forte  (<papoç),  écla¬ 
tante  de  blancheur  H.  Le  corps  d'Hector  disparaît  presque 
tout  entier  sous  un  cpapo;  et  unchiton12  [funus,  p.  1372]. 

Dans  la  période  historique,  le  lit  sert  aux  trois  usages 
que  nous  avons  indiqués.  Certains  peuples,  il  est  vrai, 
paraissent  tenir  d’une  haute  antiquité  la  tradition  de  n’y 
point  recourir  pour  les  repas  :  tel  est  le  cas  des  Crétois, 
qui  mangent  assis13  ;  tel  est  aussi,  semble-t-il,  du  moins 
à  une  certaine  époque,  le  cas  des  Macédoniens14.  Mais 
ce  sont  là  des  exceptions.  La  coutume  de  beaucoup  la  plus 
répandue  est  de  se  coucher  pour  manger  ou  pourboire  ; 
les  enfants,  les  adolescents  au-dessous  d’un  certain  âge 
font  seuls  exception  à  la  règle13,  avec  les  personnes  de 
condition  inférieure  et  les  femmes16.  Celles-ci,  quand 
elles  assistent  au  repas  des  hommes,  sont  généralement 
assises  au  pied  du  lit  sur  de  hauts  sièges  à  dossier17  ; 


1  0d •  V1<  38-  —  2  II.  XXIV,  643  sqq.  ;  Od.  IV,  290  sqq.  -  3  II.  F 
I ,  à  moins  que  1  ordre  des  objets  indiqués  dans  ce  vers  ne  soit  pas  celui  q 
pondait  à  la  réalité.  —  4  Od.  XXIII,  180.  Môme  observation.  —  0  Od.  I,  44 

-Ubïd G1"’349,  ~  1  Ibid-  X1V>  518  sqq.  -  8  Ibid.  XX.  138  sqc 
vis^  "  ^  188  SCW-  II  faut  considérer  comme  une  exception  le  lit  impr 

jl  I'°ur  HIyss9  sur  le  vaisseau  pbéacien  qui  doit  le  ramener  à  Itbaqu 
XIII  '  -3'°  °n  ""  ^7°’  el  11110  P'aco  l*u  (Xr/05)  disposés  sur  le  lillac  :  voir  O 
jCS(  ’  cl  118'  sur  les  tissus  dont  parle  l’Épopée  et  sur  les  épithètes  p 
1  'selle  les  caractérise,  Helbig  (trad.  Trawiuski),  L’épopée  homérique  expliqu 
P^lesn  ts,  P’  209  -  10  11 ■  **111,  352-353.  -  11  lbid-  XXIV,  58 

aP  Atlion L I  '  6;  aP-  Alhen.  IV,  p.  143E.  —  13  Dourisel  Hcgcsand 

ne  peuvent  \  *'  4cs  'ors  de  Pbocylide  cités  par  Athénée  (X,  p.  428 

t-il  dans  LtlC  1  ‘‘gardés  comme  concluants,  le  mot  xa8f,jXEvov  y  étant  pris,  semb 
P7)  prouvc"."  SOnS  C1U1  nosl  Ilas  le  sens  propre.  Un  fragment  de  Xenophane  (Fragi 
symposion' en  q**18  t<H1S  *es  cas’  flue  si  é  piait  l’usage,  à  Milet,  de  prendre  part 
hclléni  |>  p1  an  assis’  ncn  était  pas  de  même  dans  un  autre  grand  cenl 
ffH)  17  nu10  ‘"'noure’  a  Colophon.  —  H  Xen.  Conv.  I,  8;  Aristot.  Polit. 

Dio  Chrysost  vi/’ü'"  ~  ^  P'Ut-  Sept'  Sap'  conv'  4-  —  16  Ps--Lucial>-  Asin. 

môme.  Voir  |a  \  ,11  ’  P'  —  17  Souvent  aussi,  elles  sont  assises  sur  le 

<  coupe  allique.fcoRKucopiA,  fig.  1959]  qui  représente  le  symposi 


LEG 

,  celles  qui  prennent  place  à  côté  des  convives  sont  des 
courtisanes 18  :  les  monuments  de  toute  nature  qui  repro¬ 
duisent  de  pareilles  scènes  sont,  comme  on  le  sait,  extrê¬ 
mement  nombreux  [COENA,  SYMPOSION]. 

Il  ne  paraît  pas  y  avoir  eu  de  différence  sensible,  chez 
les  Grecs,  entre  le  lit  pour  dormir,  le  lit  de  table  et  le  lit 
à  exposer  les  morts.  Il  arrivait  quelquefois  aux  convives 
de  s’endormir  sur  le  lit  où  ils  avaient  pris  leur  repas  19, 
ce  qui  prouve  que  ce  meuble  offrait  pour  le  sommeil  les 
mêmes  commodités  que  celui  qui  était  spécialement 
réservé  à  cet  usage.  On  exposait  les  morts  sur  les  lits  où 
l’on  avait  l’habitude  de  se  coucher  pour  la  nuit.  Nous 
pouvons  donc,  sans  distinction  d’emploi,  essayer  de  nous 
rendre  compte  de  l’aspect  d’un  lit  grec,  tel  que  les  textes 
et  les  monuments  nous  permettent  de  le  reconstituer. 
Voici  quels  en  étaient  les  principaux  éléments2". 

Il  y  avait  d’abord  les  montants  (IvTjXaxa,  ttôoeç)21,  qui 
supportaient  la  caisse  ou  la  couche  proprement  dite  et 
se  terminaient  par  une  sorte  de  chevet  plus  ou  moins 
élevé  (àvdxXtvrpov,  É7rixXtvTpov,  àvâxXtxov),  sur  lequel  nous 
reviendrons  tout  à  l’heure  22.  Lacouche  (xXtvr/jpi&v)  2\  for¬ 
mée  de  quatre  traverses  assemblées,  avait  pour  fond 
une  sorte  de  treillis  végétal  (tjTtapxa,  «jTtapxta ,  xovo;, 
xstpia)  2\  où  l’on  étendait  le  matelas  (xuXvj,  xuXsTov) 25.  Les 
oreillers  (irpoffxeçàXaia)  étaient  places  a  la  tète  :  ils  étaient 
de  fine  toile  de  lin,  ou  de  laine,  ou  bien  encore  de  cuir26  ; 
on  les  remplissait  d’un  duvet  plus  ou  moins  léger  2‘,  de 
même  qu’on  rembourrait  le  matelas  avec  le  fruit  coton¬ 
neux  d’une  plante  appelée  yvatpxXtov28.  Les  couvertures, 
qu’on  désignait  par  différents  noms,  étaient  teintes  de 
couleurs  vives,  et  brodées  de  fleurs,  d’animaux,  d’étoi¬ 
les,  etc.29;  on  les  parfumait  d’odeurs  pénétrantes:  le 
poète  comique  Ephippos  parle  de  po5o7rvoa  xxpoqxaxx 30  ;  le 
péripatéticien  Cléarchos  de  Soli  décrit,  dans  Athénée, 
le  luxe  efféminé  d’un  jeune  homme  de  Paphos,  qui 
aimait  à  s’étendre,  vêtu  d’une  yXavtç  blanche,  sur  un 
lit  à  pieds  d’argent  recouvert  d’un  riche  tapis  de  Sardes  ; 
un  tissu  de  couleur  pourpre  était  jeté  sur  son  corps  ;  sa 
tête  reposait  sur  trois  oreillers  du  lin  le  plus  fin,  bordés 
d’une  bande  de  pourpre,  tandis  que  deux  autres,  écar¬ 
lates,  soutenaient  ses  pieds  31 .  De  tout  temps,  les  Grecs 
semblent  avoir  porté  dans  ce  détail  de  leur  vie  intime  une 
grande  recherche.  Si  l’orateur  Lycurgue,  toujours  dur 
à  lui-même,  se  contentait  d’un  lit  étroit,  garni  seule¬ 
ment  d’une  peau  et  d’un  oreiller32,  Isocrate  dormait  sur 
un  matelas  d’une  forme  particulière  et  sur  un  oreiller 
imprégné  de  safran33.  Ces  habitudes  de  mollesse  parais¬ 
ses  dieux  ;  les  dieux  y  sont  figurés  couchés,  tandis  que  les  déesses  sont  assises 
sur  le  bord  de  leurs  lits,  Monumenti ,  V,  1853,  pl.  xi.ix.  —  18  Alciphr.  I,  39. 
—  19  Plat.  Conv.  p.  217  D.  —  20  Poil.  X,  34  sqq.  —  21  Id.  X,  34;  Schol.  Aristoph. 
Eq.  ad  v.  532;  Corp.  inscr.  att.  1,  p.  73,  1  a,  1.  13,  etc.  —  22  poil.  VI,  9  ;  X,  34; 
Corp.  I/Ioss.  II,  74,  8.  —  23  p0ll.  VI,  9.  —  24  Poil.  X,  36  ;  cf.  Aristoph.  Av.  814  sqq. 
et  le  Schol.  ad  v.  816;  Lysistr.  923;  Plut.  Alcib.  10;  Corp.  inscr.  att.  II,  Suppl. 
P  178,  082  c,  1.  22  sqq.  —  23  Poil.  X,  38-39.  —  20  Id.  X,  40.  —  27  Id.  VI,  10; 
cf.  III,  sur  les  itpomEiàAaia,  Becker,  Charikles ,  II,  p.  305  sqq.—  28  Dioscor.  I,  132; 
Plin.  Hist.  nat.  XXVII,  88  ;  Poil.  X,  41  ;  Suid.  s.  v.  pieiXoï.  —  29  p0U.  X,  42-43  ; 
cf.  Plat.  com.  ap.  Alhen.  II,  p.  48  B.  —  30  Ephipp.  ap.  Atben.  Il,  p.  48  C; 
cf.  Aristoph.  ap.  Athen.  Ibid.  —  31  Clearch.  ap.  Alhen.  VI,  p.  255  E.  —  32  Ps.-Plut. 
Vit.  -Y  Orat.  p.  842  C;  cf.,  p.  844  D,  un  trait  analogue  relatif  à  Dcmosthènc. 
Prodicos,  chez  Callias  (Plat.  Protag.  p.  315  D),  est  également  couché  sur  des 
peaux,  mais  il  est  enveloppé  dans  de  nombreuses  couvertures.  Voir  encore  les 
ain’iftn  dans  lesquelles  dort  Pbidippide  (Aristoph.  Nub.  10.  Cf.  Ai’.  122;  Ecclcs. 
347;  Poil.  VII,  70  et  X,  123).  Chez  les  pauvres,  il  n’y  avait  même  pas  de  lit 
(Aristoph.  Plut.  540  sqq.).  On  connaît,  enfin,  les  jonchées  de  roseaux  sur  lesquelles 
s’étendaient  la  nuit  les  jeunes  Lacédémoniens  (Plut.  Lyc.  16;  Inst.  Lac.  5). 

_  33  Ps.-Plut.  Vil.  X  Orat.  p.  839  A.  L'expression  îiEonàircoi  uocçEtXxuo-jLÉvui  esl  très 

obscure. 


LEC 


-  101G  — 


LEC 


sentêtre  venues  en  partie  de  l'Orient. Hérodote  mentionne, 
au  nombre  des  objets  abandonnés  par  Mardonius  après 
la  bataille  de  Platées,  des  lits  de  table  incrustés  d'or  et 
d’argent  et  recouverts  d'étoffes  magnifiques1.  C’étaient 
les  Perses  qui,  les  premiers,  avaient  dressé  des  esclaves 
spéciaux  à  garnir  un  lit,  de  façon  à  le  rendre  aussi 
agréable  à  la  vue  que  moelleux  au  contact2.  Aussi 
voyons-nous  Artaxerxès  Mnémon,  pour  honorer  l'am¬ 
bassadeur  athénien  Timagoras,  lui  donner,  outre  une 
grande  quantité  d'or  et  d'argent,  un  litsomptueux  et  des 
serviteurs  habiles  à  le  disposer  (exportât),  sous  prétexte 
que  les  Grecs  ne  savent  pas  s’y  prendre3. 

Bien  avant  ce  temps,  les  monuments  nous  permettent 
d'imaginer  le  luxe  avec  lequel  étaient  garnis  les  lits 
grecs,  à  quelque  usage  qu’ils  fussent  destinés.  Les  vases 
peints  du  vie  siècle  qui  représentent  des  scènes  de  ban¬ 
quet,  ou  d’autres  scènes  dans  lesquelles  figure  un  lit, 
nous  font  voir  les  draperies  qui  le  décorent  formées  de 
bandes  parallèles  de  differentes  couleurs,  ou  rayées  de 
quadrillages  variés,  munies  de  franges  à  leur  bord  infé¬ 
rieur,  etc.  A  Les  matelas  sont  faits  d'une  étoffe  semée  de 
fleurs5;  parfois  ils  présentent  des  imbrications  tracées 
à  la  pointe  qui  visent,  semble-t-il,  à  rendre  l'aspect 
floconneux  de  certains  tissus6. 

Mais  ce  qui,  plus  encore  que  la  literie,  paraît  attirer  de 


Fig.  4384.  —  Lit  funéraire  d’Açhillc. 


bonne  heure  l’attention,  c’est  le  lit  lui-mème.  On  en  orne 
toutes  les  parties  visibles  ;  sur  les  montants  surtout 
s’exercent  la  fantaisie  et  l’habileté  des  fabricants.  Il  y  a 
deux  manières  bien  différentes  de  façonner  ces  montants  : 
tantôt  on  leur  donne  la  forme  quadrangulaire,  tantôt  on 
les  travaille  au  tour.  Lafigure  4384,  oùl'on  voit  Achille  sur 
son  lit  funèbre,  entouré  des  Néréides  qui  le  pleurent, 
offre  un  spécimen  de  la  première  manière  A  Deux  traits 
caractérisent  les  montants  de  cette  espèce  :  1°  les  incrus¬ 
tations  qui  les  décorent,  les  découpures  qui  y  apparais¬ 
sent  et  font  penser  aux  tpY,tà  Xsysa  d’Homère  ;  à  mesure 


que  l’industrie  progresse,  on  prend  même  l’habitude  d’en 
amincir  la  partie  médiane  de  façon  à  la  rendre  aussi 
légère  que  possible  et  à,  créer  un  contraste  entre  sa 
fragilité  apparente  et  la  solidité  massive  des  extré¬ 
mités8;  en  même  temps,  ces  extrémités  elles-mêmes 
reçoivent  des  applications  d’ivoire  9,  ou  sont  agrémentées 
d’incisions  et  de  dessins  variés  10.  2°  L’autre  traitqui  dis¬ 
tingue  les  montants  quadrangulaires  est  le  chapiteau 
ionique  dont  ils  sont  surmontés.  Les  exemples  sont 
innombrables,  sur  les  vases  peints,  démontants  terminés 
par  des  volutes  plus  ou  moins  compliquées,  sur  les¬ 
quelles  est  souvent  posé  un  abaque  qui  complète  la  res¬ 
semblance  avec  une  colonne.  Chez  les  Étrusques,  si 
directement  influencés  par  les  Grecs,  au-dessous  des 
volutes,  on  aperçoit  même  quelquefois  des  cannelures". 
La  colonne  ionique,  avec  ses  proportions  élégantes  et  les 
gracieux  enroulements  qui  la  couronnent,  devait  être,  en 
effet,  un  modèle  tentant  pour  les  artistes,  et  il  faut  voir  là 
une  preuve  de  la  popularité  des  ateliers  ioniens  de  Milet 
et  de  Chios,  dont  les  lits  étaient  célèbres  dans  le  monde 
entier12.  Lespieds  tournés  serencontrentégalementdetrès 
bonne  heure  dans  les  représentations  figurées  13  ;  ils  rap¬ 
pellent  les  ôtvwtà  Xéyea  de  la  poésie  homérique.  Ils  se 
composent  en  général  de  parties  massives  alternant  avec 
des  parties  frêles  à  l’excès,  où  semble  se  jouer  l’audace 
des  artisans.  Ces  montants,  par  leur  forme,  se  prêtaient 
moins  à  la  décoration  ;  nous  les  voyons  même,  avec  le 
temps,  devenir  de  plus  en  plus  simples1'",  tandis  que  les 
montants  quadrangulaires,  avec  leurs  découpures,  leurs 
bases  terminées  par  de  larges  fleurs  de  lotus18,  leurs 
placages  de  buis  ou  d’érable  rehaussés  d’incrustations 
d’argent,  d’ivoire,  d’écaille10,  restent  le  luxe  de  l’ameu¬ 
blement.  Aussi  comprend-on  que  les  lois  somptuaires  se 
soient  efforcées  de  les  proscrire  ;  la  loi  de  Céos  sur  les 
funérailles  recommande  expressément  que  les  morts 
soient  portés  au  tombeau  sur  un  lit  à  pieds  pointus, 
c’est-à-dire  simplement  tournés  (ex^efev  Bà  èy  xXt'vyt 

<7:prs]v(f  Tiroot. ..)  1  \ 

Nous  ne  pouvons  nous  rendre  compte  de  tous  les  chan¬ 
gements  apportés  par  le  temps  dans  la  construction  et  la 
décoration  du  lit  grec;  les  monuments,  si  explicites  qu’ils 
soient,  nous  laissent  ignorer  bien  des  détails  ;  les  textes 
ne  nous  renseignent  guère  mieux.  Voici  pourtant  quel¬ 
ques  modifications  faciles  à  apercevoir. 

Dans  les  lits  archaïques,  les  pièces  d’assemblage  qui 
forment  le  cadre  sont  généralement  assez  étroites.  Celle 
de  la  façade,  c’est-à-dire  du  côté  qui  regarde  le  spectateur, 
était  sans  doute,  comme  les  montants,  revêtue  d’un  pla¬ 
cage  orné  d’incrustations  :  on  y  distingue  des  palmettes, 
des  figures  de  quadrupèdes,  de  serpents,  etc. 18.  A  mesure 
qu’on  descend  vers  des  époques  plus  basses,  l’influence 
de  l’architecture,  limitée  d’abord  aux  montants,  parait 
s’étendre,  et  la  pièce  de  bois  qui  forme  le  côté  principal 
s’élargissant,  offre  à  la  décoration  un  champ  plus  vaste. 


1  Herod.  IX,  80  et  82.  —  2  Heracl.  Pont.  ap.  Atlien.  II,  p.  48  C-D. 

_  3  pjut.  Pelop.  30  ;  Artax.  22  ;  ef.  la  même  anecdote  rapportée  à  un  certain 

Eutimos  par  Phoenias  d’Érésos,  ap.  Athen.  II,  p.  48  D.  —  4  Louvre,  Salle  E, 
n.  623  (Pottier,  Vases  antiques,  p.  53,  pl.  xi.v)  ;  n.  629  (Potlier,  p.  54,  pl.  xlvi); 
n  634  (Pottier,  p.  55,  pl.  xi.vm)  ;  n.  635  (Potlier,  p.  56,  pl.  xtvm  et  xux  ;  Cata¬ 
logue,  2e  partie,  p.  481  sqq.),  etc.  —  5  Louvre,  Salle  E,  n.  643  (Pottier,  Vases 
ant  p.  59, pl-  u  :  Catal .,  2e  partie,  p.  485).  Voir  les  flgures  4384,  4388.  —  6  Louvre, 
Salle  E,  n.  640  (Pottier,  Vases  ant.,  p.  58,  pl.  t;  Calai.,  2e  partie,  p.  485).  —  I  An- 
nali  Inst.  4864,  pl.  BP  ;  Louvre,  Salle  E,  n.  643  (Pottier,  Vases  ant.  p.  59,  pl.  n; 
Catal  partie,  p.  485).  —  8  Monumenti,  III,  4843,  pl.  lx  ;  Ibid.  VIII,  1864,  pl.  v, 
na,  \nt,  Denkmaeler,  II,  1893,  pl.  xi,  n.  4;  Mon.  et  mém.  Fond.  Piot.] I,  1894, 


pl.  v-vi  et  vu.  Voir  fünus,  0g.  3332.  —  9  Gerhard,  Auserl.  Griech.  Vasenb.  U. 
pl.  cviii,  2  et  ex  lu,  2;  Jahrbuch,  1892,  pl.  i.  Cf.  le  Schol.  d’Aristopli.  Eq.  ad  v.  53-- 
— 10  Voir  ligures 4384,  4385,  4388, 4391.  —  U  Inghiramid/on.  et  r.  I,  pl.  îu.  12  Ih  a 
zey,  Recherches  sur  les  lits  antiques  considérés  particulièrement  comme  formi 
de  la  sépulture  (Paris,  1873,  p.  10J.  —  13  Voir  une  coupe  à  fond  blanc  du  Mu-1' 
de  Ravestein,  à  Bruxelles  ;  Pottier,  Gaz.  arch.  1887,  pl.  xiv,  1.  Cf.  Arcli.  Zeit.  18'' 1 
III,  6;  Louvre,  Salle  E,n.  623,  n.  630  (Pottier,  Vases  antiques,  p.54,pl.  xi.vi),  n.  63L 
n.  635.  —  H  Voir  ligures  4387,  4389.  Monumenti,  IX,  1871,  pl.  xxxiii  -Arch.  Zed- 
1883,  pl.  vu,  1,  etc.  —  13  Louvre,  Salle  E,  n.  629.  —  l6  Poil.  X,  34-35.  —  "  jla 
reste,  Haussoullier  et  Th.  Reinaeh,  Recueil  des  inscr.  jurid.  grecques,  l"  "  1 1 
p.  11,  1.  6.  —  18  Cdi.ter,  fig.  2124;  dioscubi,  fig.  2439, 


LEG 


—  1017  — 


LEG 


i  •  beaux  lits  de  marbre  découverts  par  M.  Heuzey 
DpThtiUa  et  à  Pydna  \  cet  élargissement  est  très  sen- 
''•t  1  'mais  il  n’entraîne  aucune  décoration.  Un  monument 
S‘  r  inédit  du  Musée  du  Louvre,  un  petit  lit  de  terre 
°uüe  trouvé  dans  un  tombeau,  à  Tanagra  (fi g.  4385), 


Fig.  4385.  —  I.it  orné  (le  reliefs. 


donne  une  idée  du  parti  qu’on  tirait  de  cette  bande  laté¬ 
rale  :  elle  jouait  le  rôle  d’une  véritable  frise  où  l’on  mul¬ 
tipliait  les  ornements.  Celle  du  lit  que  nous  reproduisons 
porte  en  relief,  sur  fond  rouge,  les  motifs  suivants,  colo¬ 
riés  en  blanc  :  aux  deux  extrémités,  deux  masques  de 
femme,  puis  deux  dauphins,  deux  enroulements  en 
forme  de  crosse  pastorale,  enfin  une  palmette  occupant 
le  centre.  On  remarquera,  d’ailleurs,  les  élégantes  figu¬ 
rines  en  relief  qui  décorent  la  partie  supérieure  des 
montants,  lesquels  sont  découpés  avec  une  certaine  re¬ 


cherche  et  ornés  de  ciselures  imitant,  semble-t-il,  quelque 
application  d’orfèvrerie. 

Une  transformation  plus  radicale,  qui  porte  sur  le 
meuble  tout  entier,  s'opère,  au  ve  siècle,  dans  le  lit  de 
banquet.  A  la  richesse  du  siècle  précédent,  aux  montants 
plaqués,  incrustés,  ou  curieusement  façonnés  au  tour, 
succède  une  extrême  simplicité.  Les  nombreux  vases 
attiques  de  style  sévère  qui  représentent  des  scènes  de 
banquet,  nous  montrent  des  lits  complètement  dépourvus 
d  ornements,  où  ne  se  retrouve  que  rarement  le  pied 
écoupé,  surmonté  des  volutes  ioniques  2  ;  le  matelas 
m  me  en  est  absent,  et  les  convives  sont  étendus  sur  le 
bois  qui  forme  le  fond  de  la  couchette  3.  Telle  était  la 
coutume  lacédémonienne  *  ;  peut-être  faut-il  voir  là  une 
nouvelle  preuve  de  l’engouement  que  les  Athéniens  ma- 
esb  n  nt,  après  les  guerres  médiques,  pour  les  mœurs 
„  6S  man^reS  dé  Sparte.  Dans  les  représentations  de  ce 
mênt'  Un  ®ran(\  C0ussin  rayé,  parfois  replié  sur  lui- 
et  eï .e’^0ui  foilrrfir  un  appui  plus  doux5,  soutient  le  coude 

emnre|fSqUeS°"S  IeS  reins  du  bllveur;  la  figure  4386, 
V  un  (e  aune  belle  coupe  du  Musée  Britannique,  fait 

ptxv,  et  xx.  Voi/plus  bl'  ^t1  ÂIr6y  O  ,Daumct’  Mission  arch-  de  Macédoine, 
schakn,  pl.  IiXX  9  2  \oir  pourtant  Ilarlwig,  Griech.  Meister- 

m«it  Baïtwie  On  rit  .  °n'mmti'  X>  i878,  Pl-  lui,  1  a,  etc.  -  3  Voir  notam- 
c‘o.  Pro  Murena  35  r  ^,XMV’  xxxv’let2-  -  4  Tim.  ap.  Athen.  XII,  p.  518  E; 
~  1  Uiog.  UerÙV  130  °  el'n\°P'  dL  pL  xxxv’  2‘  -  6  Id'  Ibid-  P'-  “vu,  4, 

,!hod-  ap.  Athen  Ÿ  n'  /  h5',al'ch-  aP-  All,en-  lv-  P-  1*3  A.  —  9  Callix 

11  Armnido’rc  ,!  du. *  ~  ^  r’°"'  VI’  X’  34;  ^  gl°SS’  11 

T  ^  «90;  xfçftXîj,  t'o  Xi  r>  IS  ,lî®U^  entre  'cs  Êv-qAccca,  -C b  (X£V  t;w,  to  «W 

®0»t  nombreux  dans  les  ^  1  ’  ’  ’  î:o'r'  12  ^es  c';cmI,les  Oc  cette  dispositior 
.  Acl,ille  tenons  avons  ,  J."1, "reS  d°  va8es  *  fi«w’es  noires  :  voir  le  lit  funèbr( 
a  Utre  de  spécimen  Hev  ln  °  Ul1  ^lig'  ^38*).  P°»r  les  époques  postérieures,  voir 
mdS*‘.  Ulenb  ICI ,e?™’Grieeh-  Pl-  «,  S  «;  Benndorf,  Griech 

■  >  3  (ni  (le  banquet).  _  13  Monument!,  V.  1849,  pl.  xi.  I 


voir  comment  ce  coussin  était  calé  par  l’accotoir  disposé 
à  la  tête  du  lit6.  Cette  simplicité  ne  fut  pas  toujours  à  la 
mode.  Si  peu  fastueux  que  fussent,  au  me  siècle,  les  repas 
que  le  philosophe  Ménédème  offrait  à  ses  amis,  et  où 
chacun  apportait  son  coussin,  les  lits  y  étaient  garnis,  en 
été,  d’une  natte,  en  hi¬ 
ver,  d’unepeau  de  bête  7. 

A  Sparte  même,  avant  le 
règne  de  Cléomène,  les 
tptStria  avaient  singuliè¬ 
rement  perdu  deleuran- 
tique  austérité  :  les  lits 
de  table  y  étaient  recou¬ 
verts  d’étoffes  luxueuses 
et  ornés  de  coussins  si 
richement  brodés  que 
les  hôtes  qu’on  invitait 
à  y  prendre  place  osaient 
à  peine  y  enfoncer  leur 
coude  8.  Dans  la  tente 
dressée  par  les  soins  de 
1  tolémée  Philadelphie,  Fig.  438C.  —  Dos  d'un  lit  de  banquet, 
lors  de  la  fête  célèbre 

qu’il  donna  à  Alexandrie,  se  trouvaient  cent  lits  de  ban¬ 
quet  dorés  et  parés  magnifiquement,  entre  les  pieds  des¬ 
quels  étaient  tendus  des  tapis  de  Perse  décorés  de  dé¬ 
licates  figures  d’animaux9. 

Une  autre  modification  est  celle  qui  consista  à  munir 
les  deux  extrémités  du  lit  d’accotoirs  10,  de  façon  à  per¬ 
mettre  de  se  coucher  indifféremment  dans  un  sens  ou 
dans  l’autre.  Dans  les  lits  anciens,  et  même  dans  beau¬ 
coup  de  ceux  du  ve  siècle,  les  montants  de  la  tète11  sont 
plus  élevés  et  probablement  reliés  par  une  traverse  sur 
laquelle  viennent  s’appuyer  le  matelas  et  l’oreiller,  et  qui 
exhausse  la  tête  du  dormeur,  tandis  que  le  pied  du  lit 
reste  au  niveau  de  la  couchette  ou  ne  présente  qu’un 
faible  relèvement12.  Le  progrès  fut  de  faire  les  deux 
extrémités  pareilles,  comme  on  le  voit  dans  la  figure  4387, 
dont  la  clarté  rend  tout  commentaire  superflu  13.  C’est  sans 
doute  aux  lits  de  ce  genre  que  s’appliquait  l’épithète 
àpptxéipaXo;  ou  àppixvs<paXXoç.  La  seconde  forme  est 
donnée  par  Pollux,  chez  lequel  elle  désigne  un  lit  qui 
avait  appartenu  à  Alcibiade  et  qui  fut  vendu  à  la  criée, 
avec  d  autres  objets  confisqués,  à  la  suite  du  procès  des 
Hermocopides  l\  La  correction  àp.çtxÉçaXoç,  imaginée 
par  Becker15,  d’après  ce  passage  du  Grand  Étymolo¬ 
gique,  au  mot  agcptxîipotXoç  ;  IvXtvTjç  siSgç  tixo’  ’AOvjvoctotç, 
Ttapx  to  exotTEpcoOev  avaxXto-tv  î/eiv  xoe’t  TTp&a-xstpâXatov  *6, 
s’imposa  d’abord  17,  quand  la  découverte  de  plusieurs 
fragments  d’inscriptions  contenant  précisément  la  liste 
des  biens  vendus  des  Hermocopides,  sembla  devoir  jeter 
sur  ce  petit  problème  un  jour  définitif.  Il  n’en  futrien  mal¬ 
heureusement,  le  fragment  relatif  au  mobilier  d’Alcibiade 

y  a  entre  les  deux  accotoirs  une  légère  différence  :  celui  de  la  tète  est  plus  fort 
que  l’autre  et  terminé  d’une  façon  plus  élégante,  mais  peut-être  n'est-ce  là  qu’une 
inconséquence  du  dessin.  Le  pied  du  lit,  en  perspective,  montre,  dans  tous  les  cas, 
la  manière  très  simple  dont  était  établi  l’accotoir  :  il  se  composait  de  deux  mon¬ 
tants  obliques,  réunis  par  deux  tringles  horizontales  sur  lesquelles  reposait  l'extré¬ 
mité  du  matelas,  lequel  à  son  tour  supportait  l'oreiller.  Cette  disposition  remonte 
beaucoup  plus  haut  que  1  époque  de  la  peinture  dont  nous  ne  reproduisons  qu'une 
partie  :  voir  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l’art,  III,  p.  617,  fig.  420  (deuxième  lit  à 
partir  de  la  gauche);  Ant.  Denkmaeler,  11,  1893,  pl.  i.  Mais  elle  peut  être,  alors, 
considérée  comme  exceptionnelle.  —  U  p0ll.  X,  36.  —  13  Becker-Goell,  Charikles,  lü] 
p.  73.  16  Etym.  M.  p.  90,  30.  Le  mot  àvàxWiç  semble  désigner  ici  l’accotoir  ;  cf. 

Phot.  s.  v.  xiivr)  ôqxoi xé<faU(..  —  17  Voir  Hermann-Bliimner,  Griech.  Privataltèrth. 
p.  159,  note  7;  cf.  Pauly-W’issowa,  Beal-Encycl.  art,  Betten,  p.  370. 


LEC 


—  1018  - 


LEC 


étant  très  mutilé  et  ne  portant,  à  l’endroit  où  le  texte 
épigraphique  coïncide  avec  Pollux,  que  ces  mots,  dont 
la  restitution  est  conjecturale  :  x>iv[t|  pLiXTpJctoupY'/iç  [à]g- 
[ixv]é^[aXXoç]  *.  Faut-il  lire  àg(ptxÉ<paXoç?Nous  n'avons  pas 
ici  à  nous  le  demander,  ni  à  chercher  quelle  serait,  dans 
ce  cas,  l’origine  du  désaccord  entre  Pollux  et  l’inscription 
des  8ruu.tdTipaTot  2.  Pour 
des  raisons  trop  lon¬ 
gues  à  développer,  il  ne 
parait  pas,  d’autre  part, 
que  Pollux  doive  être 
corrigé3.  Nous  serions 
donc,  à  nous  en  tenir  à 
son  témoignage  et  à 
celui  du  Grand  Etymo¬ 
logique,  en  présence  de 
deux  épithètes,  àjjupixvé- 
cpaXXo;  et  à|jtçtx£^aÀoç, 
dont  il  s’agit  de  déter¬ 
miner  le  sens4.  Or  la 
seconde  n’a  rien  d’obs¬ 
cur;  quant  à  la  pre¬ 
mière,  elle  devient 
claire,  elle  aussi,  pour 
qui  fait  attention  que 
le  matelas,  TuX-q,  por¬ 
tait  également  le  nom 
de  xvécpaXXov,  notamment  chez  les  Athéniens5;  le  mot  qui 
servait  à  désigner  le  contenu  (to  èp.6aXXôg.evov  ■xX^pwg.oc) 
avait  fini  par  désigner  le  contenant6,  de  sorte  qu'il  faut 
entendre  par  àpupixvécpaXXo;  un  lit  dont  le  matelas,  dé¬ 
bordant  aux  deux  extrémités  sur  les  accotoirs,  y  formait 
oreiller;  peut-être  certaines  représentations  (  fi  g .  4388) 


Fig.  4387.  —  Lil  U  double  chevet. 


lers  n’indique  pas  nécessairement  que  le  lit  soit 
cpaXXoç.  On  a  vu  par  un  passage  d’Athénée  analysé  |iri; 
cédemment,  qu’en  dehors  de  l’oreiller  sur  lequel  j] 
posaient  la  tête,  les  délicats  aimaient  à  en  avoir  m, 
ou  deux  autres  où  ils  pussent  enfoncer  leurs  pieds  t, 
mais  les  lits  garnis  de  la  sorte  n’avaient  pas  toujours 

double  chevet,  témoin 
celui  qui  figure  dans 
ce  gracieux  tableau 
de  la  toilette  d’Hélène 
(fi g.  4389),  et  quivisi. 
blement  n’est  pourvu 
d'accotoir  que  d’un  seul 
coté10.  Quelquefois,  il 
n’y  a  pas  trace  d’acco¬ 
toir,  et  le  coussin  de  la 
tête  ne  se  distingue  de 
celui  des  pieds  que  par 
son  volume  et  son 
épaisseur,  comme  dans 
cette  scène  des  noces 
de  Pirithoos  et  de 
Laodamie,  qui  contient 
un  beau  lit  nuptial 
aux  pieds  artistement 
découpés  et  ornés  de 
palmettes  et  de  mas¬ 


Fig.  4388,  —  Lit  de  Uanaé. 

traduisent  -  elles  exactement  cette  disposition  b  Si, 
comme  cela  semble  résulter  d’un  passage  de  Pollux, 
xvÉcpocMov  était,  dans  certains  cas,  synonyme  de 
TtpoffxetpâXaiov  8,  l’explication  serait  plus  simple  encore  : 
àgcptxvétpaXXo;  désignerait  un  lit  à  deux  oreillers,  c’est- 
à-dire  dont  le  chevet  était  indifféremment  à  la  tête  ou  aux 
pieds  (fig.  4383,  4387).  On  voit,  de  toute  façon,  que  les 
deux  termes  qui  nous  occupent,  se  rapportant  au  même 
objet,  doivent  être  considérés  comme  synonymes. 

Un  détail  à  noter  est  que  la  présence  des  deux  oreil- 

1  Koeliler,  Hermokopideninschriften  (/fermes,  XXIII,  1888,  p.  39G  sqq.),  Corp. 
înscr.  ait.  IV,  fasc.  III,  n.  277  d.  —  2  Nous  pouvons  dire  néanmoins  que  c  est 
4ao„r5,,|,;  qui  paraît  être  la  vraie  leçon.  M.  Koeliler  lui-même,  tout  en  restituant 
àao.xvioaVAo;,  pour  se  conformer  au  texte  de  Pollux,  reconnaît  (p.  400)  que  1  espace 
qui  sépare  sur  la  pierre  ?  et  t  ne  semble  pas  avoir  pu  contenir  les  trois  lettres  mv. 
_  3  Une  de  ces  raisons  est  la  citation  d'Euripide  qui  précède  immédiatement  la 
mention  de  la  xXfvv)  à|A?.*vÉç*no;  d'Alcibiade,  citation  dans  laquelle  se  trouve  le  mot 
„v|«ai7.ov,  lequel  semble  prouver  que  Pollux  savait  ce  qu’il  faisait  en  écrivant,  deux 
lignes  plus  bas,  4|io.ii«e'ij«5Jo;,  et  non4|xsix«ca°s.  —  4  Cf.  llesycli.  s.  u.4n?;*eX°?y)..v>]v 


ques  en  applique  (fig.  4390)  11 . 

Ajoutons,  pour  en  finir  avec  ces  remarques  techniques, 
que  l’équilibre  du  lil  était  souvent  assuré  par  deux  pièces 
de  bois  posées  à  terre  et  dont  le  dessus  offrait  une  surface 


Fig.  4389.  —  Hélène  sur  son  lit. 


plane,  parfaitement  horizontale,  sur  laquelle  venaienj 
s’appuyer  les  pieds  du  lit.  Une  des  figures  de  l'ad'^ 
hercules  (fig.  3780),  qui  représente  en  perspectif  1 
lit  nuptial  d’Héraclès  et  d’IIébé,  rend  très  bien  coiuU 
de  ce  détail,  et  explique  en  même  temps  une  PartlCU'. 
rité  des  représentations  archaïques,  a  savoir  ces  M"  ^ 
cales  dont  on  peut  douter  si  elles  adhèrent  au  meub  c 

Ê*cuîÇ(ü8iv  jouira  4vax5.tvtrij.ov,  où  il  ne  parait  pas  nécessaire,  comme  on  U  ( 
de  corriger  &;a?.xiaoc  (impi,  tCxt/.o?)  en  à^ï.xÉçaXoç.  5  Hesycli.  et  . 
xvcoaXov  ;  Herodian.  n.  jaov.  XéÇ.  p.  1 37,  Lclirs  :  tùav),  Sittj  ovvr,5=î  p0ll. 

xal.tïv  ôjluvû|au«  tO  ittçttxo|Atviji  t))v  itîjiéxouaav.  Cf.  Slrab.  XV,  P-  ll9,!’  ^las, 
X,  41.  —  7  Raoul-Rochette,  Choix  de  peint.  I,  p.  181  ;  Overbock,  Kunstnnj ^  ^ 
VI,  2.  Cf.  Monumenli,  XI,  1882,  pl.  xi.ii,  2.  8  Poil.  X,  •  ^,.a. 

plus  haut,  p.  4015,  note  31.  —  1»  Lenormant  et  de  Witte,  El.  des 
moijr.  IV,  pl.  i.xxii.  —  U  Mon.  Ann.  e  liullctt.  dell'  Inst,  di  cotr. 
pl  xvi.  . 


—  1019  — 


LËC 

.  llps  en  sont  indépendantes.  Probablement  elles  ne 
51  G  -e  chose  que  les  traverses  indiquées  dans  la 
S°nt  aoU-80  ou  de  gros  cubes  de  bois  supportant  chacun 
f]gUrC  l  du  lit  Dans  les  deux  cas,  le  but  visé  était  atteint  : 


JK  /?<*"** 


Fig.  4390.  —  Lit  nuptial. 


il  s'agissait  de  corriger  les  inégalités  du  sol  formé,  an¬ 
ciennement  du  moins,  de  terre  battue  et  sur  lequel,  sans 
cette  précaution,  le  lit  eût  risqué  de  paraître  boiteux. 

Enfin,  comme  complément  du  lit  de  table  et  du  lit  à 
dormir,  il  faut  signaler  le  tabouret  qui  aidait  à  y  monter 
[scabellum]  et  sur  lequel  souvent  les  convives  déposaient 
leurs  chaussures  (fig.  4390)  *.  Ce  tabouret  varie,  sur  les 
monuments,  de  forme,  de  dimension,  de  décoration,  etc. 

Il  reste  peu  de  chose  à  ajouter,  après  ce  qui  vient  d’être 
dit,  sur  les  divers  usages  que  les  Grecs  faisaient  du  lit. 

On  a  vu  à  l’article  coena  (p.  1273)  que  les  lits  de  ban¬ 
quet  recevaient  ordinairement  deux  convives,  dont  le 
second  était  le  «  compagnon  de  lit  »  (op-oxXtvoç)  du  pre¬ 
mier  2;  le  chiffre  trois  paraît  avoir  été  tout  à  fait  excep¬ 
tionnel  ;i.  Ces  convives,  lorsqu’ils  étaient  mal  appareillés, 
se  causaient  l’un  à  l’autre  toute  sorte  de  désagréments 
S  appuyant  du  coude  gauche  sur  le  coussin  mis  à  la  dis¬ 
position  de  chacun  d'eux  5,  ils  se  servaient  de  la  main 
droite  pour  manger  et  pour  boire  ;  c’est  du  moins  ce  que 
nous  montrent  d’une  façon  constante  les  monuments.  Les 
jambes  de  celui  qui  était  placé  à  la  tête  du  lit  s'allon¬ 
geaient  derrière  le  dos  de  son  voisin  ;  une  table  unique, 
haute  de  trois  coudées  °,  portait  les  mets  destinés  à  l’un 
et  à  1  autre.  La  place  d  honneur  appartenait  au  convive 
qui  occupait  la  partie  du  lit  située,  dans  les  représen¬ 
tons,  à  la  droite  du  spectateur  :  l’autre  était  dit  avoir 
a  place  inf  erieure  (ûiroxâ tu  xaTaxXivssôat)7.  Le  nombre 
es  îts  ne  semble  pas  avoir  été  limité,  excepté  peut-être 
c  ez  es  Lacédémoniens,  à  une  certaine  époque  :  Cléo- 

ene  ne  faisait  jamais  dresser  plus  de  cinq  lits  de  table, 


lors 
plus  s 


s  meme  qu  il  traitait  des  ambassadeurs  être 


angers  ;  le 


v  n  s®lUei1|)  d  n  en  faisait  dresser  que  trois 8.  Quand  il 
autre1  aU1S'-  P^us*eurs  Ms  rangés  à  la  suite  les  uns  des 
S’  °  * 'e  personnage  couché  le  premier,  ou  quel- 

heinach,  Nécropole^deM  1  j  ,Iartw,8.  Op.  cit.  pi.  xxxiv,  xxxv,  2;  Pottier  et 
~  3  Plat.  Com\  p  «pi  ‘  XL’  elc'  2  Hcrod.  IX,  10;  Lucian.  Conv.  38. 

n,l-'nic  lit,  et  il  jttrihnn  ‘  LlCII°n  parlc  dc  cin<l  convives  et  plus  couchés  sur  un 
authentique,  il  no  pcut  ê,UnC  pareilIe  coutume  aux  Grecs  (In  Pis.  27)  ;  si  le  fait  est 
*0;  Lucian.  Gall.  n  aus®^  Ç11  exceptionnel.  —  4  Plut.  Quaest»  symp.  II, 

°PPOsés  aux  iroofrvrm-t  J  •  C8  UTiaYxwvia  o"cpiû|AGcca  cites  par  Pollux  (VI,  9),  cl 
-  7  Plat.  Co„;  ;trFÜTOtr  *9.  -  8  Evang.  ap.  Alhen.  XIV,  P.  6M  E. 

■  —  -  AU, en.  IV,  p.  142  C.  Pollux  (VI,  7)  parle,  pour  les 


LËC 

quefois  seul,  sur  le  premier  lit  a  droite,  qui  présidait  le 
banquet9.  Ce  serait  d’ailleurs  une  erreur  de  croire  que 
les  banqueteurs  ouïes  buveurs  fussent  toujours  disposés 
sur  une  ligne  unique  :  ce  devait  être  là,  au  contraire, 
une  exception,  que  les  procédés  du  dessin  chez  les  Grecs 
feraient  prendre  à  tort  pour  le  cas  le  plus  habituel.  Quel¬ 
ques  monuments  placent  sous  nos  yeux  des  dispositions 
différentes,  qui  doivent  se  rapprocher  davantage  de  la 
réalité,  témoin  la  figure  1693  [coena]  et,  dans  le  présent 
article,  la  figure  4383. 

Le  lit  funéraire  ne  différait  pas  sensiblement,  nous 
l’avons  dit,  de  celui  sur  lequel  on  se  couchait  pour  dor¬ 
mir  10.  Dans  les  peintures  des  vases  du  Dipylon,  il  est 
généralement  orné  de  draperies  a  damier  noir  etblanc11. 
Plus  tard,  on  y  retrouve  les  oreillers  rayés  et  décorés  de 
zigzags,  les  couvertures  semées  de  croix  ou  de  fleurs 
qui  garnissaient  les  lits  ordinaires.  U  ne  fresque  découverte 
à  Kertch  montre  le  mort  étendu  sur  un  lit  de  parade  que 
protège  un  baldaquin  soutenu  par  quatre  colonnes;  l’en¬ 
semble  repose  sur  une  sorte  de  soubassement  dans  lequel 
ont  été  ménagées  des  ouvertures  destinées  a  recevoir  des 
brancards;  quatorze  porteurs,  septde  chaque  côté,  étaient 
nécessaires  pour  faire  avancer  cette  lourde,  litière  12  [lec- 
tica]  . 

L’assimilation  naturelle  de  la  mort  au  sommeil  devait 
conduire,  dans  le  tombeau  même,  à  placer  le  cadavre  sur 


un  lit,  mais  sur  un  lit  de  pierre  ou  de  marbre  faisant 
corps  avec  l’une  des  parois  de  la  sépulture.  Cette  cou¬ 
tume  se  rencontre  de  bonne  heure  en  Orient;  des  lits 
semblables  ont  été  trouvés  en  Phrygie  et  en  Lydie  ,3.  Le 
tombeau  de  Cyrus  à  Pasargade  présentait,  d’après  Arrien, 
une  disposition  analogue14.  Les  lits  de  marbre  découverts 
dans  les  tombes  de  Palatitza,  de  Pydna,  de  Kourino,  par 
la  mission  de  Macédoine,  et  dont  nous  reproduisons  le 
plus  intéressant,  actuellement  au  Musée  du  Louvre 
(fig.  4391),  font  voir  comment  les  Grecs  s’inspiraient, 
dans  ces  constructions  funéraires,  de  la  réalité  que  leur 
offraitla  vie  de  chaque  jour16.  Ils  n’avaient,  pour  décorer 
ces  couches  funèbres,  qu’à  suivre  le  goût  qui  semble  les 
avoir  portés  de  tout  temps  vers  l’industrie  du  meuble,  sur 
laquelle  il  nous  reste  à  grouper  ici  quelques  indications. 

Elle  florissait  surtout  dans  certaines  villes,  par  exem- 


<ru;xsoï.a,  de  salles  contenant  trois,  chu)  ou  dix  lits.  —  9  Plut.  Quaest.  symjios.  I,  3; 
Eilstalh.  ad  II.  VI,  241.  —  10  Voir  trocs,  fig.  3332,  3335.  —  U  Louvre,  Salle  A, 
n.  541  (Potlier,  Vases  antiques ,  p.  24,  pl,  xx).  Cf.  Fixes,  fig.  3338  et  3342.  —  12  Kou- 
dakof,  Tolstoï  et  S.  Reinach,  Antiq.  de  la  Russie  mérid.,  p.  212,  fig.  194.  —  13  Perrot 
et  Chipiez,  Ilist.  de  l'art,  V,  fig.  G9,  71,  125,  12U,  134,  143,  148,  178,  179,  211.  Voir 
la  môme  particularité  dans  certaines  tombes  lyciennes  (p.  374).  —  14  Aristob.  ap. 
Arrian.  Anab.  VI,  29.—  15  Ileuzcy,  Recherches  sur  les  lits  antiques ,  p.  4  sip|  ; 
Heuzey  et  Daumct,  Mission  arcli.  de  Macédoine,  p.  250v2fifi,  pl,  xvi,  xx  et  xxi, 


—  1020  — 


LEC 


LEG 


pie,  comme  on  l'a  vu,  à  Milet  et  à  Chios1.  Les  draperies 
dont  on  recouvrait  les  lits  étaient  fabriquées  à  Milet  2  ; 
d'autres,  moins  renommées,  venaient  de  Corinthe3. 
Carthage  était  réputée  pour  ses  tapis  et  ses  oreillers 
bariolés1.  Quelques  noms  de  tisserands  célèbres  nous 
sont  parvenus,  ceux  des  Chypriotes  Akésas  et  Hélicon,  de 
l’Ëgyptien  Pathymias6.  Il  y  avait  à  Athènes  des  fabri¬ 
cants  de  matelas  (tuXucpâvTai)  parmi  ces  esclaves  laborieux 


et  habiles  dont  le  travail  procurait  à  qui  en  était  le  maître, 
ou  à  qui  les  avait  loués,  des  revenus  fort  apprécia¬ 
bles  °.  Le  xXtvoTTQtoç  ou  xXivoupyoç,  appelé  ailleurs  xXi- 
vo7t7]yd;  \  y  était  au  nombre  des  industriels  les  plus 
estimés  8.  On  sait  que  vingt  esclaves  xXivoitoioi  figuraient 
dans  la  succession  du  père  de  Démosthène  :  ils  lui 
avaient  été  engagés  pour  une  créance  de  quarante  mines 
et  rapportaient  annuellement  douze  mines,  tous  frais 
payés9.  Parmi  les  matières  premières  mentionnées  dans 
l’estimation  générale  et  se  rattachant  à  cet  atelier,  nous 
trouvons  de  l’ivoire  destiné  aux  incrustations,  des  bois 
précieux  (ÇüXa  xXîvsia),  de  la  noix  de  galle  (xTjxtç),  qui 
servait  à  faire  une  sorte  de  vernis  l0.  Ces  détails  montrent 
quelle  était,  à  Athènes,  l’importance  de  la  xXtvo7roüxyi 1 1 , 
qui  paraît  avoir  résumé  pour  les  Grecs  toute  l'industrie 
du  meuble,  bien  que  chaque  spécialiste  fût  aussi  désigné 
par  le  nom  qui  répondait  à  sa  spécialité12.  Le  riche  voca¬ 
bulaire  employé  pour  caractériser  les  différentes  variétés 
de  lit  et  la  multiplicité  des  formes  figurées  sur  les  monu¬ 
ments,  sont  d’ailleurs  autant  de  preuves  de  l’activité  et  de 
la  vogue  des  xXivoiroioi  :  depuis  le  divan  ou  le  simple  lit 
de  repos 13  jusqu’à  certains  lits  déformé  étrange,  proba¬ 
blement  peu  usités  dans  la  pratique,  comme  ce  lit 
de  Procruste  qui  représente  un  animal  marchant 
(fîg.  4392) 14  ;  depuis  le  lit  bas  (yaasuv-^),  souvent  orné 
d’applications  artificielles  (^cqueuvY]  TrapxxoXXoç) lb,  jus¬ 
qu’aux  lits  de  luxe,  étincelants  d’or,  d’argent  et 
d’ivoire16  ;  depuis  le  lit  étroit,  habituellement  dépourvu 
d’ornements  (cxi[X7rdStov,  xpâêêaTo ç,  kn xâvxrjç) l7,  jusqu’aux 
lits  de  bois  doré  consacrés  dans  le  Parthénon  l8,  aux  lits 
plaqués  d’ivoire  à  la  mode  chez  les  Agrigentins 19,  à  ces 
lits  somptueusement  drapés  dont  le  beau  groupe  de 

1  Coi'p.  inscr.  ail.  I,  164,  176  ;  II,  646  ;  IV,  fasc.  III.  u.  277  d.  —  2  Aristoph.  llan. 
542  sqq.  ;  Theocr.  Idyll.  XV,  125  sqq.  —  3  Antiplian.  ap.  Atlieu.  I,  p.  27  I). 

—  4  Hermip.  ap.  Athen.  I,  p.  28  A.  —  5  A tiieli.  Il,  p.  48  B.  —  6  Hyperid.  ap.  Poil. 
VII,  191  el  X,  39;  cf.  Ibid.  les  7ivoçç!z.ip5j  iu7.tïa  dont  parlait  Sophocle.  —  7  Corji. 
inscr.  gr.  2135  ;  cf.  tvoic-4yiov  (Poil.  VU,  159).  —  8  Plat..  Hesp.  X,  p.  597  A-B;  l)e- 
mosth.  In  Aphob.  A,  9. —  0  Demostli.  Ibid.  —  '0  Id.  Ibid.  —  ii  Poil.  Vil,  159. 

—  12  Hugo  Blümner,  Technol.  und  Terminol.  der  Gewerbe  und  Kilnste,  II,  p.  326. 

—  13  Monumenti,  V,  1849,  pl.  vin  ;  Kondakof,  Tolstoï  et  S.  Reinacli,  Op.  cit.  p.  21 1, 
lîg.  193.  —  14  Millingen,  Peint,  de  vases,  pl.  îx;  cf.  S.  Reinach,  Bibl.  des  mon. 
figurés;  Peint,  de  vases  ant.  roc.  par  Millin  et  Millingen,  p.  97,  pl.  ix. 

—  13  poil.  X,  35-36;  Scliol.  Aristoph.  Av.  ad  v.  816;  Corp.  inscr.  att.  IV,  fasc. 
III,  n.  277  d.  —  16  Clem.  Alex.  Paedag.  Il,  3,  p.  188.  —  17  Hesych.  s.  vv.  <m|McoSiov, 
ffxqMtouî;  Moeris,  s.  vv.  s.tr/ivT/,;,  rolniiouî;  Poil.  X,  35. —  18  Corp.  inscr.  att.  I, 
J76.  — 19  Tim.  ap.  Aelian.  Yar.  hist.  XII,  29.  Voir  le  lit  entièrement  revêtu  d’appli- 


Myrina,  au  Musée  du  Louvre,  nous  offre  un  si 


curies 


spécimen20,  ils  ont  tout  conçu,  tout  exécuté,  se  pija^ 
aux  circonstances,  aux  besoins,  aux  goûts,  avec  une  sou 
plesse  qui  se  retrouve  dans  toutes  les  industries  de: 


Grecs  et  où  se  marque,  comme  dans  leur  art,  leur 


esprit 


d’initiative  et  d’invention. 

Étrurie  et  Rome.  —  Le  lit,  chez  les  Étrusques  et  chQ 
les  Romains,  servait  aux  trois  usages  auxquels  nous 
l’avons  vu  employé  chez  les  Grecs.  Le  lit  étrusque,  te[ 
qu’il  est  représenté  sur  les  monuments,  reproduit  ]a 
structure  générale  et  l’ornementation  du  lit  grec.  Gomme 
dans  celui-ci,  on  y  retrouve  les  pieds  découpés,  décorésde 
palmettes  et  surmontés  de  volutes  ioniques,  qui  rappel, 
lent  l’ébénisterie  gréco-ionienne:  nous  citerons  comme 
exemple  le  sarcophage  de  terre  cuite  figurant  un  lit  et 
provenant  de  Caeré,  qu’on  voit  au  Musée  du  Louvre 
(fîg.  4393);  on  y  remarquera  la  riche  décoration  du  grand 
côté,  qui  répond  à  ce  que  les  Grecs  ont  eu  de  plus 
luxueux  21 .  Les  pieds  tournés  étaient  aussi  en  faveur 
chez  les  Étrusques  :  on  en  peut  voir  la  preuve  dans 


Fig.  4393.  —  Lit  funéraire  étrusque. 


une  urne  funéraire  en  forme  de  lit,  récemment  trouvée 
à  Pérouse,  et  où  les  moulures  façonnées  au  tour  sont 
interrompues  par  un  motif  sculpté,  représentant  un 
monstre  ailé  à  visage  de  femme22.  Les  matelas,  les  cou¬ 
vertures  étaient  disposés  sur  le  lit  étrusque  à  peu  pré» 
de  la  même  manière  que  sur  le  lit  grec.  Les  oreillers; 
ont  la  même  forme  et  y  paraissent  faits  de  la  mènie 
matière,  c’est-à-dire  d’étoffe  remplie  de  duvet  végétal  ou 
de  plume.  Il  faut  signaler,  cependant,  une  espèce  * 
coussin  que  nous  n’avons  pas  rencontrée  en  Grèce  :  ce»1 
l’outre  à  demi  gonflée  d’air  et  repliée  sur  elle-même,  p®' 
faitement  reconnaissable  dans  le  grand  sarcophage  ®l 
Caeré,  où  elle  sert  d’appui  au  coude  gauche  delà  f®nlll,e 
couchée23.  , 

De  nombreux  monuments  montrent  l'usage  0 
grec  que  les  Étrusques  faisaient  du  lit  dans  leurs 1,311 

calions  el  de  sculptures  en  os,  qui  a  été  trouvé  dans  un  tombeau  de  *''ou"1^tr#. 
ant.  delV  Accad.  dei  Lincei,  I,  p.  234,  pl.  i  et  n).  -  20  Potticr  et  Rcin®cb’ 
pote  de  Myrina,  pl.  xl.  Cf.  Mus.  Gregor.  I,  pl.  xLvi,  1,  1  a  et  1  b,  >•  jj, 
Op.  cit.  p.  36,  pl.  MX  ;  p.  40,  pl.  I.xix,  etc.  —  21  Longpérier,  Musée 
pl.  xxxv,  Louvre,  Salle  D  ;  Potticr,  Catal.  des  vases  ant.  2e  partie,  p.  414  ('>  '  jf(( 
cf.  Mar  Ilia,  L'art  étrusque,  p.  199,  fig.  155  (pieds  en  forme  de  colonne  canin  I 
chapiteaux  ioniques;  époque  postérieure).  La  persistance  et,  en  même  temp^  ^ 
nérescence  des  formes  de  l’architecture  grecque  se  manifestent  d’une  faÇ011 
sanie  dans  le  lit  de  terre  cuite  (sarcophage  de  Chiusi)  dont  les  Antikc  U'  "  ‘  ^ 
(I,  pl.  xx)  ont  donné  une  reproduction  en  couleur.  —  22  Atti  dei  ^‘ncC^  jp 
p.  264.  Cf.  pour  les  pieds  de  lit  travaillés  au  tour,  Marlha,  Op.  cit.  ^  ^ 
[fonds,  fig.  3359],  262,  263,  285  [fonds,  fig.  3350J.  —  23  Cette  particularité  ,  (f| 
aussi  ailleurs  :  voir  Marlha,  Op.  cit.  p.  214,  fig.  165,  etc.  C  est  peu1  ^ 
usage  que  Pollux  fait  allusion  quand  il  parle  (X,  40)  de  xjo«£ià7.tuov  l”J'1 


LEC 


—  1021  — 


LEC 


,  j-,jen  qUe,  anciennement  du  moins,  la  coutume 
semble'  avoir  existé  chez  eux  de  manger  et  de  boire 
ssis  2.  Les  femmes  s’asseyaient  sur  le  pie'd  du  lit 3  ; 
celles  qui  y  prenaient  place  dans  la  même  position  que 
les  hommes  étaient,  semble-t-il,  des  courtisanes  *.  Un 
curieux  texte  d’Aristote  nous  apprend  que,  chez  les 
Étrusques,  hommes  et  femmes  mangeaient  couchés,  les 
épaules  couvertes  du  même  manteau  ;  il  est  peu  pro¬ 
bable  que  ce  renseignement  concerne  les  matrones6. 

Pour  le  lit  funéraire,  celui  où  le  mort  était  exposé, 
nous  renverrons  à  l’article  funus,  p.  1382  sqq.  Notons, 
comme  dans  le  monde  gréco-oriental,  la  tradition  du  lit 
servant,  dans  le  tombeau  même,  de  support  au  cadavre  et 
constituant  l’un  des  éléments  essentiels  de  la  sépulture  6. 

Les  éléments  du  lit  romain  étaient  les  sangles  (fascine, 
institue ,  lora ) 7  :  on  peut  se  rendre  compte  de  l’espèce  de 
treillis  croisé  qu’elles  formaient  par  un  lit  de  bronze 
trouvé  au  commencement  de  ce  siècle  dans  une  tombe  de 
Corneto,  et  dont  nous  donnons  le  profil  et  la  partie  supé¬ 
rieure  (fig.  4394  et  4395)  8.  Venaient  ensuite  le  matelas 


9 


Fig.  439").  —  Lit  de  bronze  romain. 


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{torus)  et  l’oreiller  ( culcita ,  cervical)  9  ,  garnis  d’un< 
bourre  ( tomentum ) 10,  consistant  à  l’origine  en  paille  oi 
en  foin  ",  plus  tard  en  laine  ou  en  plume12. 

Les  couvertures  (vestes  stragulae)13  se  composaien 
d  une  draperie  qu’on  étendait  sur  le  matelas  et  d’un< 
large  pièce  d’étoffe  dans  laquelle  on  s’enveloppait14.  Elle: 
étaient  souvent  brodées  et  décorées  avec  un  grand  luxe 16 
celle  qu  on  ramenait  sur  soi  s’appelait  proprement  oper 
toriiim *\  Tels  étaient  les  accessoires  du  lit  à  dormi 
( e<  tus  ru  h  h  k taris) .  Ordinairement  en  bois,  il  présentait 
u  côté  de  la  tète,  une  assez  forte  saillie  formant  cheve 
6  esl’n('(1  tl  ca^er  1  oreiller1  ‘  ;  souvent,  quand  deux  per 

sonnes  j  det aient  prendre  place,  il  offrait  sur  un  de  se, 


côtés,  celui  qui  était  appliqué  contre  la  muraille,  un 
rebord  ( plut  eus )  dont  les  fouilles  de  Pompéi  nous  ont 
fourni  un  intéressant  spécimen  ;  le  côté  opposé,  ou  côté 
extérieur  du  lit  (spotida),  était  celui  par  où  l’on  y  mon¬ 
tait18  ;  on  se  servait  pour  cela  d’un  escabeau  [scabellum], 


Fig.  4390.  —  Bidon  sur  sou  lit  de  mort. 


ou  même  d’une  sorte  d’escalier  à  plusieurs  degrés19, 
dont  peut  donner  une  idée  la  figure  4396,  empruntée  au 
Virgile  du  Vatican,  et  qui  représente  Didon  sur  le  point 
de  se  donner  la  mort20. 

Les  Romains,  comme  les  Grecs,  mangeaient  à  demi 
couchés,  et  le  lit  de  table  ( lectus  tricliniaris )  était  chez 
eux  un  meuble  de  luxe  sur  lequel  se  donnait  carrière  la 
verve  ingénieuse  des  fabricants.  Mais  c’est  surtout  à 
partir  de  l’an  187  av.  J.-C.  qu’on  trouve  à  Rome  une 
certaine  recherche  dans  cette  partie  de  l’ameublement, 
c’est-à-dire  à  partir  du  jour  où  Cn.  Manlius,  vainqueur 
des  Galates,  fait  figurer  à  son  triomphe  un  grand 
nombre  d’objets  précieux,  d’un  caractère  artistique,  qui 
initient  les  Romains  aux  industries  d’art  de  l’Orient21. 
C’est  à  dater  de  cette  époque  qu’on  commence  à  fabri¬ 
quer,  au  lieu  des  larges  tréteaux  de  bois,  plus  hauts 
du  côté  de  la  table  que  du  côté  opposé22,  des  lecti  aerati , 
inargentati ,  inaurati ,  eborati,  testudinei ,  c’est-à-dire 
de  bois  revêtu  de  bronze,  d’argent  ou  d’or,  plaqué  ou 
incrusté  d’ivoire  ou  d’écaille23.  La  figure  4397  reproduit 
un  de  ces  lits  recouvert  de  bronze,  non  pas  précisément 
dans  l’état  où  il  fut  trouvé  à  Pompéi,  mais  tel  qu’on  le 
voit  aujourd’hui,  reconstitué,  au  Musée  de  Naples24  :  on 
peut  se  rendre  compte  sur  notre  dessin  de  la  riche  orne¬ 
mentation  qui  en  décore  le  chevet;  des  incrustations 
d’argent  se  détachent  sur  le  placage  de  bronze  ;  l’élé¬ 
gance  des  pieds,  travaillés  au  tour  et  qui  reposent  sur 
deux  longues  traverses,  ajoute  encore  à  la  grâce  de  l’en- 


fi‘  'V  v6’  P'’  XXX,,;  V>  1851'  PL  «*";  VIII,  186.4,  pi.  „  [n 

laquelle  sont  figurée  °U’  Marllla-  °P-  P-  214,  fig.  163,  stèle  funéraire 
convives  sont  s  c  oux  seene^  de  banquet,  celle  du  registre  supérieur,  oi 
p.  460  fi-  304  r  i*0  °9’  C°  C'  (*U  roglsl,'e  Inférieur,  où  ils  sont  assis;  cf.  j 
menti' 1 m  ».  [Cü"Ar’  1C9l]’  -  3  Martha-  °r-  cit-  %•  233  -  4  M 

1  aTA’  ?g’  1G98]  etxxx‘“; IX-  1870>  !>'•  *««,  L  pl.  xiv,  1 

pl.  xxxu,  o  -  7  Cio  n  ,ICn' P-  23  D-  —  0  Monumenti,  V,  1850,  pl.  x.v,  G  ;  1 
X-  6  ;  cf!  les  tenta  i  ,r  f  ’  ’  °5  ;  Mart’  V-  C2’  6  I  **•*«»■  «  1  Cat.  De  rc  , 
I,  pl.  xv.  _  9  Lo  !'  'a  d°nt  Parlc  IIora«e  (Epod.  XII,  12).  —  8  Mus.  Gre 
le  matelas  (Suct.  dCUX  tel'mcs  était  aussi  employé  pour  dési 

Ht  (Virg.  A  en  u  _  ln  ’  ’  0  n,ômc  'illc  torus  désignait  souvent  l'ensembl 

Vl«.  193  ;  Mart.’  XIV  loo  jfnr’  V1,  23  ;  SueL  Tib‘  54‘  ~  11  PU".  Hist. 
CIc.  Tusc.  Ri,  )9 .  ,  P1,n-  Hist.  nat.  VIII,  192;  XIX,  13;  Id.  X 

ligner  l-oreiUer’(Juv'v,'Sî’o\f<f”L?CIX’  26>  4  ;  cf-  ,c  mot  pluma  servi 
monument  étrusque  fiw’v!  '  '  lS9)’  “  13  Liv-  XXXIX-  «•  ~  1 

Y  SSt  ePociue  donne  une  idée  de  la  façon  dont  le 


meur  était  enveloppé  de  la  tète  aux  pieds  dans  ce  second  tissu.  Voir  Martlia,  L’art 
étrusque,  p.  356,  fig.  243.  —  13  Cic.  Tusc.  V,  21  ;  cf.  Marquardt-Mau,  La  vie  privée 
des  Domains,  trad.  par  V.  Henry,  II,  p.  180.  —  16  Sen .  Ep.  87,2.  —  17  Voir 
Overbeck-Mau,  Pompeji ,  p.  424,  fig.  225.  —  18  Isid.  Hispal.  Etÿm.  XX,  11,  3; 
llor.  Epod.  III,  22;  Ov.  Am.  III,  14,  26;  Mart.  III,  91,  9;  Overbeck-Mau,  Op.  cit. 
p.  424,  fig.  224.  Au  contraire,  dans  Suétone  (Caes.  49),  la  sponda  est  désignée 
comme  étant  le  côté  intérieur  du  lit,  celui  qui  était  contre  le  mur.  —  19  Varr. 
L.  I.  V,  108;  Serv.  ad  Aen.  IV,  685;  Luc.  Phars.  II,  336.  —  20  Virg.  Vatic. 
éd.  Mai,  1833,  pl.  38.  —  21  Liv.  XXXIX,  6-7  ;  Hin.  Bist.  nat.  XXXIV,  14; 
XXXVII,  12.  —  22  Marquardt-Mau,  Op.  cit.  I,  p.  355.  —  23  Dig.  XXXII,  100,  4; 
XXXIII,  10,  3,  3;  Plaut.  Slich.  377;  Varr.  L.  I.  IX,  47;  Mart.  IX,  59,  9.  On 
faisait  aussi  des  lits  cn  bois  précieux,  par  exemple,  en  bois  de  citronnier  (lecti 
citrei)  :  voir  Virg.  Cir.  440;  Mart.  XIV,  89;  Pers.  I,  52-53.  —  24  Niccolini,  Le 
case  ed  i  monumenti  di  Pompéi,  III,  Descr.  gen.,  pl.  xxxv  ;  cf.  Overbeck-Mau, 
Op.  cit.  p.  426  sqq.,  fig.  228  ;  Baumeislcr,  Denkm.  des  Alterth.  art.  Bette n, 
fig.  329  (d’après  des  photographies). 


129 


LEC 


—  1022 


LEC 


semble.  D'assez  bonne  heure,  semble-t-il,  on  avait  ima¬ 
giné  de  plaquer  d'afgent  les  lits  destinés  aux  femmes, 
mais  ce  fut  un  chevalier  romain,  Carvilius  Pollio,  qui  eut 
l'idée  d’ajouter  à  cette  parure,  sur  les  lits  de  table,  de 
minces  lames  d’écaillc  qui  en  diversifiaient  l’aspect  On 
en  vint  même,  par  un  curieux  raffinement,  à  imiter,  à 
l’aide  d’écailles  habilement  coloriées,  toute  sorte  de 
bois2.  L’ivoire  jouait  aussi  un  grand  rôle  dans  la  déco¬ 
ration  des  lits3  ;  de  même  l’or  L  A  une  certaine  époque, 
on  ne  se  contenta  plus 
d’applications  métalli¬ 
ques  et  c’est  d’argent 
massif  qu’étaient  les  lits 
de  table  et  les  lits  à 
dormir  d’Héliogabale  s. 

Tout  ce  luxe  ne  rappelle 
que  de  loin  l’antique 
simplicité,  qui  consis¬ 
tait  à  manger  sur  des 
planches  formant  un 
plan  incliné  autour  de 
la  table  carrée  ou  tri¬ 
clinium,  dont  un  côté 

était  laissé  libre  pour  les  besoins  du  service  [cogna, 
p.  1278,  fig.  17Ut)j. 

A  l’origine,  d’ailleurs,  à  Rome  comme  en  Grèce, 
l’usage  était  de  prendre  ses  repas  en  étant  assis  ;  plus 
tard,  le  père  de  famille  seul  eut  le  droit  de  manger  cou¬ 
ché  :  la  femme  était  assise  sur  le  pied  du  lit  et  les  enfants 
à  côté,  sur  des  chaises  ou  des  escabeaux  [cogna,  p.  1277- 
1278]  G.  Plus  tard  encore,  la  coutume  de  se  coucher  pour 
manger  devint  générale;  au  lieu  de  diner  dans  I’atrium 
[domus,  p.  850],  on  disposa  dans  la  maison  des  salles  spé¬ 
ciales  [triclinium],  oit  la  famille  se  réunissait  aux  heures 
des  repas  7  :  c’est  alors  surtout  qu’apparaissent  ces  meu¬ 
bles  de  luxe  dont  la  vogue  va  grandissant  sous  l’Empire. 

Nous  n’avons  pas  à  revenir  ici  sur  l’arrangement  des 


Fig.  4397.  —  Lil  plaqué  de  bronze  cl  incrusté  d’argent. 


Fig.  4398.  —  Lit  en  sigma. 

lits  autour  de  la  table,  sur  la  façon  dont  les  convives  s’y 
accommodaient,  sur  la  hiérarchie  des  places  et  les  épi¬ 
thètes  par  lesquelles  on  désignait  chacune  d’elles  [cogna, 
p.  1278  i  s.  Aux  trois  lits  distincts  dont  chacun  contenait 
trois  convives,  les  pieds  tournés  vers  le  bord  extérieur, 
le  coude  gauche  appuyé  sur  un  pulvinus,  on  eut  1  idée,  a 

t  Plia.  Bist.  nat.  IX,  39  ;  XXXIII,  144.  -  2  ld.  Ibid.  XVI,  233;  cf.  IX,  139;  Scn. 
De  baie f.  VII,  9,  2.  —  2  Varr.  L.  I.  IX,  47.  —  4  Cic.  Tusc.  V,  21;  Suct,  Cacs. 
49;  Sen.  Ep.  XVII,  12;  CX,  12.  —  6  Laniprid.  Beliog.  19;  cf.  Di  g,  XXXIII,  10, 
3,  3.  —  ü  Cf.  Marquardt-Maü,  Op.  cit.  I,  p.  352.  —  Id.  Ibid.  I,  p.  353-3o4. 
_  8  Ibid.  I,  p.  356-359.  —  9  Niccolini,  Case  e  monum ,  di  Pompei ,  fasc.  XV, 
p).  _  10  Laniprid.  Beliog.  24.  —  »  Voir  Campana,  Di  due  sepolcri  del  secolo 

di  Augusto,  pl.  xiv  (peinture  actuellement  au  Louvre);  d'autres  indiqués  par  Ste- 
pbani,  Auarw/i.  Beraldés.p.  56  ;  O.  Jalm.  Wandgemillde  des  Columbariums  in  der 
Villa  Pam/ili,  p.  42,  pl.  vi,  17.  Cf.  Garrucci,  dans  les  Mélanges  darchéol.  de 
Cahier  et  Martin,  t.  IV,  p.  3  et  8.  —  12  Serv.  ad  Aen.  I,  698;  Plin.  Jun.  Ep.  V, 
5,  36-37;  Mari.  XIV,  85;  Ed.  Diocl.  éd.  Waddington,  p.  29-30.  —  13  Varr.  L.  I. 


une  certaine  époque,  de  substituer  un  lit  unique,  demi- 
circulaire,  appelé  s  à  cause  de  sa  ressemblance 
avec  le  sigma  lunaire  des  Grecs.  Comme  le  montre  lu 
figure  4398,  empruntée  à  une  peinture  de  Pompéi 9,  une 
sorte  de  bourrelet  ininterrompu  régnait  sur  le  bord  inté¬ 
rieur  des  lits  de  ce  genre,  remplaçant  les  coussins  à 
l’usage  de  chaque  convive;  on  remarquera  en  même 
temps  que,  dans  cette  combinaison,  la  matière  du 
lit  disparaissait  tout  entière  sous  les  draperies, 

ne  permettant  plus 
■  que  le  luxe  des  riches 
étoffes.  Héliogabale, 
d’après  Lampride,  au¬ 
rait  le  premier  réduit 
le  sigma  aux  seules 
draperies  et  au  coussin 
circulaire,  disposés  à 
terre  sans  aucun  sup¬ 
port10,  disposition  qui 
se  voit  dans  quelques 
monuments  d’un  temps 
postérieur  11 .  On  re¬ 
trouve  l’usage  du  sigma 
jusqu’à  une  époque  avancée  de  l’ère  chrétienne,  comme 
l’atteste  une  miniature  du  manuscrit  de  Virgile  au  Vati¬ 
can  [cogna,  fig.  1704].  Cette  forme  de  lit  portait  aussi  le 
nom  de  stibadium  12  :  elle  supposait  naturellement  lu 
table  ronde,  et  non  carrée13. 

En  dehors  du  lit  de  table  et  du  lit  où  l’on  dormait, 
dont  remplacement  était  fixe,  les  Romains  connaissaient 
le  lit  portatif,  qui  semble  avoir  été 
formé  d’un  cadre  monté  sur  quatre 
pieds  très  simples  et  assez  bas  ;  un 
treillis  analogue  à  celui  qu’on  a 
vu  plus  haut  y  servait  de  sommier 
(fig.  4399)  u.  Ils  avaient  des  lits  de 
repos  pour  les  malades  ou  les  conva¬ 
lescents,  sorte  de  chaise  longue 
munie,  sur  trois  côtés,  d’un  rebord 
plus  ou  moins  haut,  où  les  membres 
trouvaient  un  appui13.  Les  pauvres 
couchaient  sur  des  lits  peu  confor¬ 
tables  ( grabati ),  dont  les  textes  nous  ont  conservé  Ie 
souvenir  18.  Il  faut  enfin  signaler  le  leclus  lucubrato- 
rius ,  sur  lequel  on  s’étendait  pour  écrire  et  travailler' 
Un  passage  topique  de  Suétone  le  distingue  de  la  façon  la 
plus  précise  du  lit  à  dormir  et  du  lit  de  table.  Auguste, - 
nous  dit  cet  historien,  avait  coutume,  après  le  repas  du 
soir,  de  s’installer  commodément  sur  une  lecticula  lucu- 
bratoria ,  où  il  travaillait  jusqu’à  une  heure  avancée  de 
la  nuit  ;  delà,  il  gagnait  son  lit  et  y  dormait  sept  heures1  • 
Ovide  et  Pline  le  Jeune  nomment  ce  meuble  lectulus  f\ 
Ovide,  encore  et  Perse  le  désignent  simplement  par  h 
mot  lactus  19. 

V,  118.  Voir  encore  sur  le  sigma,  Mari.  X, 48, 6;  Laniprid,  Beliog ,  28  ;  fleckeC-Ooi'H, 
Câlins,  III,  p.  384  sqq.;  Marquardt-Mau,  Op.  cit.  I,  p.  360  sqq.  —  *4  Srron' 
d'Agincourt,  Recueil  de  fragm.  de  sculpt.  ant.  en  terre  cuite  (Paris,  pl  - 
pl.  XXVIII,  10).  —  13  Mus.  Veron.  p.  cxxxvn,  3;  Mus.  Capitol.  IV.pl.  xxxv  ;  H'"»'' 
meister,  Op.  cit.,  art.  Detten,  fig.  330  ;  cf.  Gell.  XIX,  10;  Rio  Cass.  LW'I- 
13.  Voir  le  lit  du  paralytique,  figuré  sur  le»  monuments  chrétiens  :  Garrucc*, 
Storia  delV  arte  crût.,  III,  pl.  ci.xxvii,  2,  3  et  4  ;  Botfari,  Seuil,  e  pd- 
sagre,  I,  pl.  xxxi,  3,  xxxv i  et  xi.i,  etc.  —  111  Cic.  De  div.  U,  *3;  N" 
Ep.  18,  20;  Virg.  Mor.  5;  Petron.  97.  -  ”  Suct.  Aug.  78.  -  *»  Ov.  Tris- 
I,  11,  38;  Plin.  Jun.  Ep.  V,  5,  5.  -  l»  Ov.  Ars  amat.  III,  542;  Pers.  . 
52-53. 


LEC 


—  102:i  — 


funèbrc,  sur  lequel  le  mort  était  exposé  dans 

U  !  Z  la  maison,  les  pieds  tournés  vers  la  porte,  ne 
laTiiiv'-uait  pas,  à  ce  qu’il  semble,  du  ledits  cubicu- 
s°  -dhuiire,  si  ce  n’est  parle  luxe  des  draperies  qui 
larU  01’!it  La  figure  3360  [funusJ,  qui  représente  une 
fornaiem ndue  ^  ^  ut  de  parade  aux  quatre  coins 

Daniel  brûlent  quatre  grandes  torches,  fait  voir  le  soin 
Romains  apportaient  à  ces  expositions  qui  cons- 
?  tuaient  un  des  rites  essentiels  des  funérailles.  Conlrai- 
'  enl  à  l’usage  grec,  ce  n’était  pas,  en  général,  le  lit 
de  l’exposition  qui  servait  à  transporter  le  mort  au  tom¬ 
beau  •  on  retirait  de  ce  lit  le  cadavre  pour  le  placer  dans 
un  cercueil  de  bois  (capulus)  qu’on  portait  sur  des  bran¬ 
lé  rpTiwis  n  1390;  lectica].  Dans  certains  cas,  ces 
carets  [i  uinus,  p-  >  . J  .  . 

sortes  de  litière  étaient  très  richement  decorees.  Voici, 
d’après  Dion  Cassius,  comment  se  fit  l’èxcpopâ  d’Auguste  : 
un  lit  magnifique  avait  été  préparé,  tout  d’or  et  d’ivoire, 
orné  de  draperies  de  pourpre  brochées  d’or  ;  on  dissi¬ 
mula  dans  ses  profondeurs  le  cercueil  (xTjOv))  contenant  le 
corps;  une  image  du  prince,  à  visage  de  cire,  le  repré¬ 
sentait  en  costume  triomphal,  donnant  à  la  foule  l’illu¬ 
sion  de  sa  présence  L  Aux  funérailles  de  Pertinax, 
une  image  en  cire  de  l’empereur  fut  de  même  couchée 
sur  un  lit  somptueusement  paré  ;  près  d’elle  se  tenait  un 
jeune  esclave  muni  d’un  grand  éventail  de  plumes  à 
l’aide  duquel  il  chassait  les  mouches  loin  du  prince  qui 
était  censé  dormir  2.  Ce  sont  là,  il  est  vrai,  des  cérémo¬ 
nies  d’une  nature  un  peu  exceptionnelle.  On  voit,  de 
toute  façon,  quel  était  le  rôle  du  lit  dans  les  différents 
actes  des  funérailles  :  soit  qu’il  servît  de  principal  orne¬ 
ment  à  l’espèce  de  chapelle  ardente  dans  laquelle  le 
cadavre  était  exposé,  soit  que,  porté  sur  un  char,  le  plus 
souvent  à  bras  [funus,  fig.  3361],  on  y  vît  étendue 
l’image  du  défunt3,  ou  sa  personne  même  \  il  y  avait  sa 
place  et  contribuait  à  accentuer  le  caractère  théâtral  que 
les  Romains  aimaient  à  donner  aux  obsèques. 

La  fabrication  d’un  meuble  aussi  nécessaire  et  dont  les 
usages  étaient  aussi  variés,  devait  faire  vivre  de  nombreux 
artisans.  Nous  sommes  malheureusement  fort  peu  rensei- 
gnéssur  la  condition  des lectarii romains  6.  Sansdoute,  la 
plupart  d’entre  eux  étaient  étrangers,  cette  industrie, 
commebeaucoup  d’autres,  étant  venue  à  Rome  du  dehors, 
particulièrement  d’Orient.  Les  matières  premières 
qu  elle  employait  arrivaient  elles-mêmes,  en  général,  de 
1  étranger  ;  jusqu’aux  accessoires  du  lit  avaient  une  ori¬ 
gine  orientale  :  Y Edit  de  Dioclétien  fait  allusion  aux 
matelas  et  aux  oreillers  de  Tralles  en  Carie,  d’Antinou- 
polis  d  Égypte,  de  Damas  de  Syrie,  comme  si  c’étaient  là 
des  spécialités  de  ces  différentes  villes  6.  C’est  peut-être 
pour  cette  raison  que,  malgré  sa  richesse  et  l’esprit 
e  imitation  heureuse  que  nous  y  devinons,  le  lit  romain 
n  a  four  nous  ni  la  valeur,  ni  l’intérêt  du  lit  grec,  beau¬ 
coup  plus  original  et  qui  procède  directement  du  grand 
art’  avec  }ecinel  il  a  d’étroits  rapports.  P.  Girard. 

Ll.C'i  1IIUS  (AVjxuSoç,  Xtjxijôiov).  —  Le  mot  n’est  guère 


Sévère  Ilr  2  LXX1V,  4,  2-3  ;  cf.  sur  les  funérailles  de  Sepli 

était  le  ni  lan,n,  2,  2  sqq.  —  3  Au  temps  de  Polybe  (VI,  53,  i),  cette  im 
bo  Cass  I  \|0U'C”1  ^e^ouL’  —  4  A  visage  découvert  :  voir  Vcll-Palerc.  II,  4, 

cloaca.  maxima  -  i r~n  &7°a  C°1P'  laL  VI’  7882’  Un  faber  lectarius 

üiucl  h i  ai  C  9303,  la  mention  d'esclaves  lectarii.  —  11  i 

■  «V, 

donnent  •  l .  •  '  ,10U'  21  «  lecythino  perfusos  oleo  ».  D’autres  variai 

dans  la  Vulfjâ l  ?  ^ovcellini,  Lexic.  lat.  ad.  h.  v.  ;  cf.  lsid.  Gloss,  s.  i 

cy.  3,  17,  12.  —  2  Lelronne1  Observations  sur  les  noms  des  vi 


LEC 


latin  et  il  no  se  trouve  employé  que  sous  une  forme  adjec- 
tive,  lecythinus ,  dans  un  seul  cas,  encore  assez  douteux, 
ou  bien  dans  la  basse  latinité  L  Dans  la  langue  grecque, 
il  s’applique  d’une  façon  très  générale  a  toute  espèce  de 
vases  à  parfums,  spécialement  aux  récipients  à  huile. 
Si,  dans  les  usages  de  la  langue  archéologique,  il  désigne 


avec  précision  une  certaine  catégorie  de  vases  à  col 
long  (fig.  4401  à  4004),  il  ne  faut  pas  oublier,  comme  l’a 
démontré  Letronne2,  qu’aux  yeux  des  anciens  c’était  un 
terme  générique,  seconfondantavec  d’autres  mots  comme 
I’alabastron,  I’aryballos,  le  bombylios, 
le  prochous, I’olpè,  etc., et  admettant  des 
formes  très  diverses.  En  latin,  il  est 
traduit  surtout  par  ampüLla3. 

I.  La  destination  du  lécythe  comme 
vase  à  huile  est  déjà  mentionnée  par 
Homère4.  A  l’époque  classique,  c’est 
l’accessoire  indispensable  delà  maison, 
du  bain,  de  la  palestre, pour  frictionner 
les  membres  et  leur  donner  de  la  sou¬ 
plesse  [gymnastica,  lig.  3677]  ou  pour 
se  parfumer  3  [gynaeceum,  fig.  3684].  Il 
est  aux  mains  de  tous  les  jeunes  gens 
et  des  femmes.  Mais  il  prend  aussi  une 
acception  particulière,  celle  de  vase 
funéraire6.  Placé  près  du  mort  pendant 
la  durée  de  la  prothesis,  il  sert  d'a¬ 
bord  à  oindre  le  corps,  puis  il  combat 
et  purifie  par  ses  émanations  l’œuvre 
de  la  décomposition  ;  enfin  il  fait  partie 
du  mobilier  que  l’on  dépose  dans  le 
cercueil,  des  offrandes  que  les  survi¬ 
vants  apportent  au  tombeau  [funus,  p.  1371,  1379,  1381]. 


Fig 


4402.  —  Lécythe à 
fond  blanc. 


yrecs,  dans  les  Œuvres  choisies,  III"  série,  I,  p.  397-400.  —  3  Vampulla  est 
nommée  à  côté  de  la  strigilis  par  Apulée,  Florid.  p.  122,  comme  en  Grèce  on 
réunit  la  et  la  a-ridy-ji;.  La  remarque  est  de  Krause,  Angeiologie,  p.  395, 

note  3;  cf.  Cic.  Fin.  4,  12.  —  4  Odyss.  VI,  79.  —  S  Aristoph.  Han.  1200-1203; 
Plut.  810;  Diod.  Sicul.  XIII,  82;  Suidas,  s.  v.  Aristopfîane  parait  dire  proverbiale¬ 
ment  (Av.  1589)  :  tkaiov  oûx  ê'vettctv  Iv  /.rixùOi.,,  comme  nous  disons  :  il  n’y  a  plus 
d’huile  dans  la  lampe.  —  6  Aristoph.  Eccl.  996,  1032,  1101,  Mil;  Scliol.  Plat. 
Hipp.  min.  p.  334,  Rekk.  Cf.  E,  Potlier,  Etude  sur  les  lécythes  blancs  attig.  p.  2, 
19,  20. 


—  1024  — 


LEG 


LEC 

A  deux  reprises,  Aristophane  compare  une  vieille  femme 
à  un  lécythe,  d’abord  pour  dire  qu’elle  est  toute  fardée, 
ensuite  pour  marquer  son  grand  âge  qui  la  destine  pro¬ 
chainement  au  tombeau1.  11  servait  aussi  de  fiole  odori¬ 
férante,  placée  sur  les  tables  de  banquets  pour  parfumer 
les  convives2.  C’est  donc  un  ustensile  à  deux  fins  :  vase 
à  contenir  et  à  verser  l’huile,  récipient*immobile  dont 
les  émanations  profitent  à  l'entourage.  Cette  double 
destination  n’a  pas  été  sans  influence  sur  les  formes 
très  variées  qu’a  prises  le  lécythe  dans  le  monde 
hellénique,  tantôt  adapté  merveilleusement  à  un  usage 
pratique  et  manuel  comme  l’aryballe  (fig.  543-545),  ou 
comme  le  lécythe  de  palestre  et  de  bain  (fig.  4400,  4401), 
tantôt  compliqué  à  plaisir  et  enrichi  d'un  décor  plastique 
qui  en  faisait  un  véritable  meuble  artistique  (fig.  4404). 
Il  en  résulte  que  la  capacité  de  ces  vases  pouvait  différer 
beaucoup,  les  uns  contenant  quelques  grammes  d’huile, 
d'autres  jusqu’à  un  cotyle,  parfois  même  sept  cotyles3. 
Les  matières  précieuses,  l’or,  l’argent,  remplaçaient  sou¬ 
vent  l’argile4.  On  fabriquait  aussi  des  fioles  de  ce  genre 
en  verre  3.  Le  prix  variait  en  conséquence,  depuis  une 
obolè  6.  Quant  aux  lécythes  de  cuir,  dont  il  est  question 
dans  un  texte  de  Plutarque,  peut-être  s’agit-il  de  gourdes 
en  peau,  semblables  à  celles  dont  se  servaient  les  soldats 
en  campagne,  ou  bien  de  bourses  de  cuir  pour  mettre  de 
l'argent  [crumena,  marsupium]7. 

IL  Quand  on  étudie  les  formes  du  vase  auquel  l’archéo¬ 
logie  moderne  réserve  d’ordinaire  le  nom  de  lécythe,  on 
constate  qu’il  doit  être  le  produit  d’une  fabrication  déjà 
avancée.  On  ne  le  rencontre  pas  dans  les  séries  du  style 
mycénien.  Dans  le  style  géométrique,  il  garde  une  structure 
si  voisine  de  l'alabastre  et  de  l’aryballe  qu’il  se  confond 
encore  avec  eux  8.  C’est  seulement  dans  le  courant  du 
vic  siècle  av.  J.-C.  qu'il  paraît  se  constituer  définitive¬ 
ment  et  entrer  dans  le  répertoire  des  formes  classiques. 
11  offre  alors  l'aspect  d’un  alabastron  que  l’on  aurait 
posé  sur  une  base  solide  et  auquel  on  aurait  ajouté  une 
anse  de  grand  module  (fig.  4400)  9.  Les  fabricants  des 
vases  à  figures  noires  modifient  et  perfectionnent  ce  pre¬ 
mier  essai  ;  ils  régularisent  la  forme  cylindrique  de  la 
panse,  allongent  le  col  trop  court,  évasent  l’embouchure 
de  façon  que  l’huile,  en  sortant  de  l’étroit  goulot,  trouve 
un  large  rebord  pour  s’y  étaler  (fig.  4401)  10  :  c’est  la 
série  des  lécythes  pansus  que  l’on  avait  à  tort  attribués 
aux  ateliers  béotiens  “.  Les  fabricants  de  vases  à  figures 
rouges  adoptent  d’abord  un  type  analogue  12.  Ils  réalisent 
ensuite,  dans  la  seconde  moitié  du  ve  siècle,  un  modèle 
d’admirable  pureté  que  l’on  peut  considérer  comme  un 

1  Aristoph.  Eccl.  1101  el  1111.  —  2  Atlieu.  IV,  3,  p.  129;  cf.  Xeuopli. 
Sympos.  2,  3.  Voir  la  dissertation  de  Treu,  Griech.  Thongefiissc  ( 35 e  Winckelmanns- 
programm,  1875)  et  l'article  de  J.  Six,  Revue  arch.  1897,  II,  p.  1G2.  —  3  Athen. 
Ibid..,  et  X,67;  Poli.  Onomast.  X.  67.  —  b  Athen.  Ibid.\  Diodor.  Sicul.  XIII,  82; 
Hom.  Odyss.  VI,  79;  cf.  l'article  de  J.  Six  sur  un  lécythe  en  argent,  Op.  I. 
—  5  Hesych.  s.  v.  ûàl.ivov.  —  6  Aristoph.  Ran.  1236.  —  7  Plut.  Sylla,  13, 

p.  460.  Les  Athéniens  assiégés  par  l'armée  romaine  en  sont  réduits,  pour  sc  nourrir, 
à  mettre  sur  le  feu  et  à  manger  le  cuir  des  chaussures  et  des  lécythes  (SittlS/.ixaTà  te 
*aî  Xti*ù6oo;  IitSiovtuv).  Pour  le  sens  de  Bourse,  cf.  Pholius,  s.  v. 

Pour  le  scholiaste  de  Platon  (Ad  Hipp.  min.  p.  334),  c’est  même  une  enveloppe  de 
cuir  assez  grande  pour  y  emballer  des  vêtements;  cf.  aussi  Athen.  XIII,  p.  584. 
Voir  Letronne,  Op.  I.  p.  399.  —  8  Voir  l'étude  de  la  catégorie  des  lécythes  dits 
protocorinthiens  par  M.  Couve,  Revue  arch.  1898,  I,  p.  214  ;  cf.  E.  Potlier,  Cata¬ 
logue  des  vases  du  Louvre,  p.  425.  —  9  De  La  Borde,  Coll,  des  vases  de  Lamberg, 
11,  pi.  xlv,  n°  36.  —  16  CeTiick,  Griechische  Keramik,  pl.  xxxix,  n°  2.  —  n  Les 
exemples  sont  très  nombreux  :  Inghirami,  Mon.  etruschi,  V,  pl.  lxv  ;  Galleria 
omerica,  II,  pl.  xciv  ;  Millingen,  Vases  coll.  Coghill,  pl.  xxxv;  Millin  et  Dubois- 
Maisonneuve,  Peint,  vas.  antig.  I,  pl.  xxxm;  Moses,  Coll.  Englefield,  pl.  xxxm  à 
xxxvi,  etc.  L’origine  en  pourrait  être  ionienne,  d'après  Boehlau,  Aus  der  ioniscli. 


des  chefs-d’œuvre  des  formes  céramiques  grecques  ie 
lécythe  à  fond  blanc  (fig.  4402)  13.  C’est  celui  qui  ^ 
vait  dans  les  cérémonies  funéraires  et  dont  l’emploi  est 
bien  démontré  par  le  décor  même  de  certains  de  ces 
vases  où  l’on  voit  la  morte  étendue  sur  un  lit  et  ]es 
lécythes  disposés  autour  d’elle  (fig.  4403)  u.  Dans  b 
lécythe  appelé  aryballisque,  dans  le  lécythe  à  base  imi¬ 


tant  la  cupule  d’un  gland,  on  suit  les  modifications 
incessantes  qui  tendent  à  altérer  ce  type  et  à  le  faire 
revenir  à  une  forme  plus  basse,  plus  réduite,  en  somme 
plus  voisine  des  créations  primitives13. 

Les  lécythes  à 
décor  plastique, 
déjà  usités  avant 
les  guerres  médi- 
ques  1C,  jouissent 
d’une  grande  vo¬ 
gue  à  la  fin  u  ve 
et  durant  tout  le 
iv°  siècle  (fig. 

4404) 17  :  figures 
de  sphinx,  cueil- 
leuses  de  fleurs, 
joueuses  d’osse¬ 
lets,  danseurs,  sla- 
tuettes  de  Bac- 
chus,  de  Coré, 
tètes  de  femmes, 
tels  sont  les  mo¬ 
tifs  préférés  des 
céramistes  ;  ils  ri¬ 
valisent  avec  les  produits  d’une  fabrication  similaire, celle 
des  rhytons  [ruyton].  Il  faut  encore  ranger  parmi  les 

und  italisch.  Necropol.  p.  147-148,  pl.  vu,  fig.  8  et  9.  Mais  l'extension  en  esl  sm» 
ment  due  aux  Attiqucs.  M.  Lœsehcke  a  le  premier  démontré  la  provenance  aUi(|at> 
et  non  béotienne,  de  la  plupart  de  ces  vases;  Arch.  Zeitung ,  1881,  p.  32  ;  cf.  lHinio11 
el  Chaplain,  Céramiq.  de  la  Grèce  propre,  I,  p.  375,  note  5.  —  12  Voir 
exemple  le  lécythe  portant  la  signature  de  Douris,  un  autre  avec  le  nom(_ 
Chairestratos  ou  celui  de  Diogénès,  etc.;  Hartwig,  Meisterschalen,  p.  228,  • 

—  13  Furtwaengler,  Coll.  Sabouroff,  pl.  i.x.  Voir  aussi  Rayet  et  Collignon,  < 
miq.  grecq.  pl.  xi;  E.  Potlier,  Étude  sur  les  lécythes  blancs  attiq.  p-  •*' 

—  H  Dumont  el  Chaplain,  Céramiq.  de  la  Gr.  pr.  pl.  xxxn,  vase  du  Jlll(u 
d’Athènes.  Sur  ces  représentations,  cf.  E.  Potlier,  Op.  I.  p.  19-20.  —  13  Furt'v aeng ®  j 
Coll.  Sabouroff,  pl.  lv;  Benndorf,  Gr.  und  Sicil.  Vasenbilder,  pl.  xxxvm; 

et  Collignon,  Céramiq.  fig.  95  ;  P.  Milliet,  daus  les  Monuments  Grecs,  I f93!^ 

—  10  Voir  le  lécythe  en  forme  de  coquillage  signé  par  l'artiste  Phiutias;  Ep/“ 11 
arch.  1885,  pl.  ix(10);  Hartwig,  Meisterschalen,  p.  167.— U  Lécythe  en 
sphinx  du  Musée  de  St-Pélersbourg;  Rayet  et  Collignon,  Céramiq.  grecq. 

cf.  celui  du  British  Muséum,  Journal  of  hell.  studies,  Atlas,  pl.  lxxii.  Sur  a 
de  ces  vases-statuettes,  voir  la  dissertation  déjà  citée  de  M.  Treu,  et  1  ni  tu*  ^ 

Colt.  Sabouroff,  pl.  ux,  lxxi,  lxxii;  Heuzey,  Atlas  des  figurines  anttq^ 
Louvre,  pl.  xxxvu,  xxxvm;  Six,  article  cité,  etc. 


LEG 


—  1025 


,  décor  plastique  du  iV  siècle  les  lécythes  ornés 
typ6S  ,  tZ  reliefs  dont  les  plus  célèbres  sont  le  vase 
de pebts  k  tr0UVé  en  Crimée  elle  lécythe  d’An- 

de  Xénophantos, 

■f  nVpc  Astyanax". 

drn?rnsase  très  courant  du  lécythe  avait  introduit  dans 
'  Le  Tirées  maintes  expressions  métaphoriques 
toujours  facile  à  démêler.  Ainsi,  on 

thiUÙToXVixueo.  les  jeunes  gens  de  mise  élégante  et  de 

C  dissolues,  peut-être  parce  qu’on  les  comparait  a 
b?»  7^1  toujours  onctueux  •.  On  a  vu  plue 
?  1  la  pittoresque  image  d'Aristophane  comparant  une 
S, «  femme  amoureuse  à  un  lécythe  funera.re.  Au 
contraire,  les  pauvres  gens  étaient  des  ««oMxoO»., 
parce  qu 


soit 


’ils  n’avaient  même  pas  le  llacon  d’huile  que 
tout  le  monde  possède,  soit  plutôt  que  le  mot  contienne 
le  sens  déjà  signalé  de  bourse  à  mettre  de  l’argent  4. 

On  disait  aussi  ^xuefoiv,  XvjxuOoç  et  dans  le 

Se„s  de  phrases  de  rhétorique,  couplets  d’éloquence 
sonore  et  vibrante6.  Cicéron  s’en  sert  encore  et  écrit  en 
grec  le  mot  Mjxuôoi  comme  une  sorte  d’expression  pro¬ 
verbiale  °.  Cette  métaphore  est  exactement  traduite  par 
les  mots  ampullae  et  ampullari  qu’emploie  Horace  1  et 
qu’on  ne  rencontre  pas  ailleurs.  L’origine  en  est  expli¬ 
quée  par  Pollux  qui  rapproche  le  mot  X-qxuOi^wv  des  mots 
Lpuyyi'Çwv,  cpapuyyi'Çojv  et  papucpwvoç,  s’appliquant  à  la  voix 
d’un  acteur  8.  C’est  la  déclamation  tragique,  les  phrases 


ronflantes,  comparées  au  son  que  rend  la  cavité  du  lécythe 
ou  de  l’aryballe  quand  on  parle  dedans  E.  Pottier. 

LEGAT10.  npÉaêeia,  TtpéffSsup-a,  -jtpéffêsugiç,  députation, 
ambassade.  —  Grèce.  —  A  l’époque  homérique,  les  rela¬ 
tions  internationales  comportent  déjà  l’emploi  de  député 
pour  les  réclamations1,  la  conclusion  de  trêves2,  d  ac¬ 
cords  quelconques 3 .  Le  député  porte  l’épithète  de  o-qpuo; 
(public)4;  c’est  soit  le  héraut,  agent  permanent  du  roi 
[praeco],  soit  un  mandataire  spécial,  ayyeXoç.  Leroi  géné¬ 
ralement  ou  un  grand  personnage  est  chargé  de  le  loger 
et  de  le  nourrir 5.  Les  députés,  quoique  généralement  res¬ 
pectés,  ne  sont  cependant  pas  considérés  comme  invio¬ 
lables6;  aussi  leur  adjoint-on  des  hérauts  pour  les  pro¬ 
téger1. 

A  l’époque  historique,  le  droit  international  grec  a 
connu  toutes  les  formes  possibles  de  députations,  sauf 


LEG 

/ 

les  ambassades  permanentes8,  remplacées  dans  une  cer¬ 
taine  mesure  par  les  proxénies  [proxenos].  Distinguons 
d’abord  les  députés  des  hérauts.  Les  auteurs,  depuis 
Hérodote9 *,  en  font  deux  groupes  de  personnages,  sauf 
Xéflophon  à  l’égard  des  députés  des  Perses,  dont  il  ne 
sait  sans  doute  pas  exactement  quelle  est  la  condition  . 
Leurs  fonctions  sont  différentes,  quoique  pour  les  décla¬ 
rations  de  guerre  on  puisse  envoyer  tantôt  les  uns,  tantôt 
les  autres;  les  hérauts  agissent  surtout  pendant  la  guerre, 
les  députés  surtout  pendant  la  paix 11  ;  les  députés  traitent, 
les  hérauts  ne  font  qu’annoncer  une  décision,  un  ordre, 
exécuter  un  mandat12  et  sont  de  plus  en  plus  rarement 
employés  en  paix13 * * * *. 

Le  mot  ayyeXoç  n’est  plus  employé  que  par  Hérodote1* 
et  les  poètes  tragiques  pour  désigner  les  députés  ordi¬ 
naires  des  Grecs;  mais  il  continue  à  désigner  souvent  les 
envoyés  des  rois  barbares,  surtout  des  Perses  ,  les 
simples  messagers,  généralement  esclaves  1(\  les  députés 
d’une  faction11,  surtout  pour  faire  jurer  un  traité,  une 
réconciliation  entre  différents  partis18,  quelquefois  les 
députés  chargés  de  recevoir  des  serments19.  Les  mots 
usuels  sont  maintenant  irpÉtrêo;  et  7tpec6eu rqç.  A  Athènes, 
il  n’y  a  que  les  anciens  auteurs  qui*  emploient  upeffëuç  au 
singulier  20  ;  la  forme  habituelle  est  np^i?  au  pluriel  21. 
Le  mot  Trpscêîoxat  ne  commence  à  apparaître  que  dans 
Aristote  et  dans  Dinavque22  et  sur  les  inscriptions  du 
11e  siècle  av.  J.-C.23 * *  ;  ailleurs,  on  ne  constate  pas  chez  les 
auteurs  de  règle  fixe  ;  ils  emploient  indifféremment  les 
deux  mots.  Plutarque,  Arrien  et  Pausanias  se  servent 
presque  exclusivement  du  premier2';  il  en  est  de  même 
des  inscriptions.  Le  mot  le  plus  ancien  est  irpsGosu; ,  la 
mention  la  plus  ancienne  de  7rpEef6suTGd  est  de  la  première 
partie  du  me  siècle  av.  J.-C.23;  on  trouve  les  formes  par¬ 
ticulières  :  TrpsffysuTOu,  7tpEiyeuTat,  TipstayeuTat  et  'jrpeyysuTai 
en  Crète,  «pteryeieç,  en  Béotie 20.  Tous  les  actes  imaginables 
de  la  vie  politique  ont  comporté  en  Grèce  l’envoi  de 
députés.  Il  suffit  de  signaler  :  la  demande  ou  la  conclusion 
de  trêves,  de  traités  de  paix,  d’alliance,  de  symmachie, 
de  commerce21  [foedus]  ;  l’intercession  en  faveur  d’alliés  ; 
la  défense  des  intérêts  d’une  ville  dans  une  autre  -8  ;  1  ar¬ 
rangement  des  affaires  d’alliés29  ;  la  demande  de  passage 
pour  une  armée30;  l’obtention  de  promesses,  de  satisfac- 


1  Rayetet Collignon, flg.  100-101.  — 2  R.  Rochette,  Mon.  inédits,  pl.  xlix,  3.  —  3  De- 

moslh.  Contr.  Conon.  14,  p.  1261;  cf.  Krause,  Angeiologie,  p.  398-399  el  les  notes, 

rhotius,  s.  v.  appelle  de  ce  nom  les  pauvres  gens,  obligés  de  s’expatrier;  il  est  pro¬ 
bable  qu  il  y  a  confusion  avec  les  àicoXVjxuOot  (voir  la  note  suivante). —  '*■  Schol.  Plat. 

Hipp,  rnin.  p.  334,  Bekker.  —  5  Aristopli.  Acharn.  589  et  Schol.  ad  h.  loc.  ;  Suidas, 
b*  V.^xu’t^etv  (pour  fojxuOtÇeiv) ;  Strab.  XIII,  54,  p.  009.  —  6  Cic.  Ad  Atticum ,  1,  14, 

'  “  Nostl  lllas  toptûOouç  »  ;  Plin.  JEpist.  I,  2,  3.  —  7  Horat.  Ars  poet.  97;  Epist.  I, 

»  l*-  T  oll.  1\ ,  114;  cf.  le  Schol.  Aristoph.  Acharn.  589  :  ).y,xy8iÇeiv,  u.eï£ov  6oà'v 

u  Suid.  Loc.  cil.  —  9  L,e  texte  des  Anecd.  Dekk.  p.  50,  8,  est  explicite  : 

8  f  °‘*0Tav  T0'jô lüvTai  ot  œwvatrxotjvTeç  xoYAov  xt  ©Geypia  tîo'.eïv  wentep  et;  7kY|y.jQouç 

réfuTTl’  "  3  ^  Par  Krause,  Angeiologie,  p.  394,  note  2,  qui 

fc'br  '  ’^)0l*l4Se  11  Ussing  [De  nominib.  vas.  graec.  p.  04);  celui-ci  pensait 

nécessa'  ^  Un  'lc*ui(l0  en  s’échappant  du  goulot  d'un  vase,  mais  il  serait 

D’autre" C  covr'8er  *°  texte,  de  mettre  Ix  5o)xù6uv  et  de  sous-entendre  CSoij. 

cograph!'ai  ''Clronnc  atlmel  que  l’étymologie  de  l.-^xuOo;  donnée  par  quelques  lexi- 

élroil  d  (  'i"CS’  1ctxàÇElv,  crcpare,  clamare,  désignerait  les  vases  à  col 

contre  ,  "  '  '‘'lu'de  s  échappe  avec  murmure  (Op.  I.  p.  397).  11  faut  noter,  par 

qui  a  là  voix  01,'ll0C^e’  Clté  Pai’  Suidas,  s.  v.  J.r,xu6«rtr,;,  appelle  de  ee  nom  l’homme 

qui  se  Irom  t'l  L'  ^aiS  sans  <lou^e  **  faut  corriger  par  le  mot  {xax^osuvo; 

temeutrélahli  ^  ^cs^cl‘*us’  s-  v ■  ‘um-fkiaim «.  Dans  Hesychius,  le  sens  est  correc- 

qui  sera  inséré  \  *’1  Sur  tout  ce  sujet,  je  renvoie  à  un  article 

—  Birnmr  °  anS  'a  ^evue  des  Études  anciennes,  1900  ( Sur  un  vers  d'Horace). 

utsuiv.  (iu  jon  j lonnei  Observations  sur  les  noms  des  vases  grecs,  p.  397 

■ports»  nr  '  ^  'a  s^1-*0  <les  Œuvres  choisies  ;  Ussing,  De  nominibus 

l-KGATlê  lT/  P-  60  el  suiv’  ^  Krause,  Angeiologie,  p.  393-400. 

-  4  Oll.  3  u.  ,:d'  u’  15‘21  ;  H-  3,  205.  —  2  n.  7,  381-415.  —  3  Od.  9,  89.  i 

*’  ’’  82’’  ~  3  H-  ",  381-415;  3,  205;  1 1,  139-140  ;  ’4,  384  ;  5,  804;  1 


10,  286  ;  Od.  4,  314.  —  6  II.  41,  139-141.  -  7  Od.  9,  89  ;  II.  9,  105-170.  -  8  Un 
surveillant  permanent  de  port,  envoyé  par  un  roi  du  Bosphore,  porte  cependant  le 
titre  de  iujt.r6c.nr,?  [Corp.  inscr.  gr.  2132  d).  —  9  7,  9,  2.  —  l»  Hell.  2,  4,  t,  18  ; 

3  j  3  4-2,  6,  9;  3,  1,  28.  -  11  Suid.  s.  v.  xfjoui;  ;  Poil.  8,  137.  —  Corp. 
“inscr.  att.  37,  38,  47  ;  Time.  1,  131,  1.  -  13  Cf.  Plut.  Per.  30  (Périclès  envoie 
un  héraut  à  Mégare  et  à  Sparte  pour  accuser  les  Mégariens).  -  14  U  n’emploie 
qu’une  fois  rcf£<rSuî  (3,  58)  et  le  verbe  dérivé  (5,  93).  —  !•>  Xen.  Hell.  I,  4,  2;  2,  1, 
7;  3,  J,  i  ;  3,  2,  18  ;  Diod.  11,  2,  6  ;  11,  5,  4  ;  Arrian.  Anab.  2,  14,  1,  3  ;  Paus.  4, 
35  4;’  7,  25,  3;  Corp.  inscr.  att.  2,  175  b.  Mais  on  trouve  aussi  le  mot 
(Xen.  Hell.  3,  4,  11,  25;  Ages.  1,  13;  Arrian.  Anab.  1,  4,  0;  1,  5,  2  ;  1,  28,  1)  . 

_  16  qqluc  2  0,  1  ;  4,  72,  1  ;  8,  40,  1  ;  Xen.  Hell.  3,  4,  3  ;  Paus.  4,  20,  4;  Plut. 

Tinwl.  23  ;  pàdyb.  4,  00,  1.  -  n  C.  i.  gr.  2106.  -  18  Le  Ras,  Voy.  arcli.  5,  1530  a  ; 
C  i.  ait.  2,  140  (restitution  de  Kochlcr)  ;  Thuc.  5,  82,  4,  où  Poland  [De  leya- 
tionibus  Graec.  publicis,  p.  10-11)  supprime  avec  raison,  comme  glose,  le  mot 
-£ff8euv;  Arch.  Zeit.  1875,  p.  131, 1.  23.-19  Cauer,  Del.  181,1.  102.-20  Aeschyl. 
Suppl.  728  ;  Aristopli.  Acharn.  93  ;  Schol.  ad  II.  4,  394;  Suid.  I.  c.  21  Herod.  3, 

38  ;  C.  i.  ait.  i,  33  a,  40,  01  a  ;  2,  15,  13  i,  17,  18,  19,  49,  50’,  31,  52,  52  c,  58,  64 
60,  80,  87,  88-90,  98,  108,  109,  135  b,  104,  105,  191,  235,  238,  239,  251,  254,  286, 
297,  300,  301,  311,  332,  366,415,  488,  552  ;  3,  39  a.  —22  1,  20  ,  82.  —ïiC.i.  ait. 
3§(j_ _ 24  Voir  la  statistique  dans  Poland,  Loc.  cit.  p.  15-19.  —  2°  C.  i.  gr  3595. 

—  20  c.  i.  att.  2,  547  ;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  04,  60,  65,  74,  Cl,  07,  03,  81,  75,  76,  77, 

81  82,  118  ;  Bull,  de  corr.  hell.  3,  292  ;  Inscr.  gr.  Sept.  I,  24  1  8.  —  27  Dem.  18, 

165  ;  19,  10,  273  ;  2,  1  ;  18,  79;  Diod.  12,  4,  72  ;  16,  87  ;  14,  82  ;  Aesch.  2,  18,  57, 

132;  Thucyd.  4,  118;  5,  22;  2,  7;  8,  54;  3,  86;  Xen.  Hell.  1,  5,  8  ;  2,  2,  II  ;  Andoc. 
3,  31  .  Lys.  13,  8-9  ;  Plut.  Per.  17;  Herod.  5,  73.-  28  C.  i.  att.  1,40,  1.  16;Thuc. 

i’  73;  Xen.  Hell.  4,  8,  12,  13;  7,  I,  33  ;  lier.  5,  90.  —  29  Thuc.  3,  3  ;  3,  70. 

—  30  Aesch.  3, 151 . 


LEG 


—  1026  — 


lions1  ;  la  demande  de  livraison  de  citoyens,  d’orateurs2; 
la  demande  de  faveurs  à  des  souverains,  suzerains  des 
villes  à  l’époque  macédonienne  3 *  ;  l'envoi  de  remercie¬ 
ments  de  toutes  sortes  et  surtout  d’honneurs,  de  dons 
honorifiques,  soit  à  une  ville,  soit  à  quelques-uns  de  ses 
citoyens  S  soit  à  un  roi.  11  est  impossible  d’énumérer 
toutes  les  causes  d  envoi  de  députés  B.  Nous  laissons  de 
côté,  en  renvoyant  aux  articles  spéciaux,  les  fonctions 
particulières  des  députés  chargés  de  prêter  et  de  faire 
prêter  serment  [foedus,  p.  1208],  des  députés  envoyés 
comme  juges  et  arbitres  [epiiesis,  p.  641-642],  des  députés 
qui  représentent  les  villes  dans  les  confédérations  et  les 
amphictyonies  !  koinon,  synedroi,  hieromnemones,  pyla- 
goroi],  des  députés  avocats  municipaux  [ekdikoi,  syndi- 
koi],  des  députés  pour  les  affaires  sacrées  [theoroi]. 
Faisons  seulement  observer,  pour  cette  dernière  caté¬ 
gorie,  qu’on  peut  confier  à  des  Oewpo-',  par  supplément, 
une  mission  purement  politique  6 *.  Les  députés  chargés 
d’aller  demander  à  une  autre  ville  l’envoi  d’arbitres  s’ap¬ 
pellent  quelquefois  8ixat7TaY«Y01 1 . 

L’envoi  et  la  réception  de  députés  sont  une  prérogative 
de  l’État.  Les  généraux  ont  quelquefois  en  cette  matière 
des  pouvoirs  très  larges;  il  en  a  été  ainsi  quelquefois  à 
Sparte8;  quand  les  généraux  n’ont  pas  ces  pouvoirs,  ils 
sont  quelquefois  eux-mêmes  les  députés 9.  Les  envoyés  des 
souverains  barbares  sont  moins  estimés  par  les  Grecs  que 
ceux  des  villes  grecques  ;  on  les  appelle  simplement  &yys- 
loi  ou  oî  t]xovteç  10,  quoiqu’on  leur  applique  parfois  aussi  les 
termes  habituels  11  ;  c’est  surtout  avec  les  rois  et  peuples 
barbares  que  les  villes  grecques  échangent  les  marques 
dites  (7Ûii.êoXa  pour  faire  reconnaître  réciproquement  leurs 
députés12  [hospitium,  p.  297],  Théoriquement,  les  États 
autonomes  ont  seuls  le  droit  d’envoyer  et  de  recevoir  des 
députés13  ;  cependant,  dans  les  confédérations  de  la  der¬ 
nière  époque,  chaque  ville  garde  son  droit1'",  sauf  chez 
les  Aehéens  où  l’autorisation  des  pouvoirs  fédéraux  est 
nécessaire  15  [achaicum,  aetolicum  foedus].  Les  Aehéens 
reconnaissent  la  suprématie  d’Antigone  en  s’interdisant 
d’envoyer  des  députés  sans  son  autorisation10 *.  Les 
députés  envoyés  par  une  faction  d’une  ville  sont  désignés 
simplement  par  le  mot  v.yy eXgi  ou  par  des  périphrases11  ; 
cependant,  à  Athènes,  à  la  chute  des  Trente,  les  députés 
des  deux  factions  s’appellent  -Trpéa-ëetç 18  C’est  seulement 
à  l’époque  romaine  que  des  villes  grecques  envoient  des 
députés  à  un  Romain,  particulier 19  ;  plus  tard,  on  appelle 
abusivement  Tcpéo-ëeiç  les  députés  envoyés  par  une  ville  à 
un  de  ses  généraux  ou  réciproquement20;  il  est  naturel¬ 

1  Her.  5,  84;  Dem.  19,  121;  Thuc.  1,  135;  Diod.  11,  55;  10,  22.  —  2  Plut. 

Hem.  25;  Diod.  17,  15.  —  3  Diod.  17,  15,  20,  45;  18,  00;  Plut.  Dem.  23; 

Hemetr.  9;  Arrian.  Anab.  1,  10,  6;  1,  29,  5;  Plut.  Cat.  maj.  22.  —  4  Aescli. 

3,  47,  242  ;  C.  i.  ait.  2,  104,  311  ;  Plut.  Dcmetr.  13  ;  Diod.  20,  46;  Ditlcnberger, 

Syll.  104,  160.  —  0  Autres  causes  :  Her.  9,  G  ;  Tliuc.  1,  90  ;  2,  101  ;  5,  4,  01  ;  0, 

6  ;  Dem.  1,  2;  19,  306;  Aescli.  3,  100;  Diod.  11,43;  15,  28;  16,54;  Plut. 

Ages.  24;  et  les  inscriptions  qu’on  va  citer. —  6  Bull,  de  corr.  hell.  4,  472 

B;  C.  i.  att.  2,  592;  C.  i.  (jr.  2070.  —  7  Inscr.  Gr.  Sept.  I,  n“  4130;  lnscr.  cjr. 

Insul.  III,  172.  —  8  Thuc.  8,  5,  3.  —  9  Thuc.  4,  15,  2  ;  3,  28,  1  ;  Xen.  Dell.  2, 

2,  H,  12,  17;  5,  3,  23.  —  10  Aescli.  2,  83;  C.  i.  att.  2,  12,  6G  b,  fr.  c,  80. 

—  11  C.  i.  att.  2,  of,  52,  235;  Bhein.  Mus.  33,  p.  418.  —  12  C.  i.  att.  2,  80. 

—  13  C’est  sans  doute  pour  cette  raison  qu’Athènes  appelle  oî  tjxovVî;  les  députés 

de  l  ile  de  Julis  révoltée  (Dittenherger,  Syll.  79,  1.  51-50).  —  14  Polyb.  23,  1,  10. 

—  15  Polyb.  2,  48;  Paus.  7,  9,  3  ;  7,  12,  2;  7,  11,  1.  —  IG  Plut.  Arat.  45. 

—  17  Aescli.  2,  142-143.  —  1»  Thuc.  8,  71,  3;  8,  89,  2,  92,  2;  Xen.  Hell.  2,  4,  28, 

35.  D’après  Poland,  Aoc.  cit.  p.  30,  il  faut  supprimer,  connue  étant  une  glose,  le  mol 

tzoïitôi'.i;  dans  Thuc.  8,  53,  1;  8,  77  ;  S,  80,  1  ;  8,  89,  1,  et  peut-être  8,  90,  1. 

—  19  Plut.  Cio.  32.  —  20  Diod.  13,  5,  4;  14,  9,  4;  14,  12,  4;  Aesch.  2,  109. 

—  21  Dem.  19,  120  ;  Thuc.  5,  60,  1  et  G  ;  Aesch.  3.  250  ;  Xen.  Hell.  5,  3,  11. 

—  22  Thuc.  5,  43,  3  ;  8,  47,  2  ;  8,  48,  1  ;  Plut.  Arat.  11  ;  Xen.  Hell.  6,  1,2;  lier. 

8.25. —  23  c.  i.  lat.  1,  n"  203.  —  24 Exemples  :  Frankel,  lnschr.  v,  Pergam 


LEG 


lement  interdit  aux  particuliers,  sous  les  peines  les  i 
graves,  d’envoyer  des  députés  21  ;  cependant,  des  hoim  'S 
politiques  puissants  ont  souvent  pu  traiter  avec  une  a'a^ 
ville,  sans  avoir  de  mandat  spécial,  mais  à  leurs  risqu  ; 
et,  périls22  ;  Rome  a  accordé  à  quelques  Grecs  le  privila 
d’envoyer  des  députés  à  Rome  pour  leurs  affaires23^ 
l’époque  romaine,  des  corporations  ont  souvent  envoyé  des 
députés  soit  aux  magistrats  romains,  soit  à  l’empereur21 

En  temps  de  guerre,  les  députés  ne  sont  pas  inviolable;, 
à  moins  qu’ils  n’aient  avec  eux  des  hérauts  ;  s’ils  n’en  oui 
pas,  ils  peuvent  être  tués,  emprisonnés 20  ;  mais  on  épargne 
en  général  les  députés  d’une  ville  non  ennemie  quand  ils 
se  rendent  auprès  d’ennemis  ;  on  se  contente  d’arrêter 
leur  voyage 20.  En  temps  de  paix,  on  respecte  les  députés 
sauf  quand  ils  se  livrent  à  des  intrigues  ou  à  des  machi¬ 
nations  contre  le  pays  qui  les  reçoit  :  en  ce  cas,  ils  peuvent 
être  accusés  et  jugés27.  Avant  les  déclarations  de  guerre 
on  signifie  aux  députés  d’avoir  à  partir  dans  un  certain 
délai,  le  plus  souvent  le  jour  même28.  Il  ne  manque  pas 
d’exemples  de  députés  maltraités  en  paix,  ou  même  avec 
des  hérauts,  en  guerre  ;  mais  ces  actes  passent  pour  con¬ 
traires  au  droit  des  gens29,  sauf  à  l’égard  d’une  ville 
qu’une  autre  a  mise  hors  la  loi 30. 

La  fonction  du  député  n’est  pas  une  magistrature,  mais 
un  simple  mandat,  une  ÈTnpsXeîa;  aussi,  à  Athènes,  au 
début,  il  n’y  avait  pas  de  nom  propre  pour  la  désigner31, 
Le  député  n’est  chargé  que  d’une  mission  spéciale,  tem¬ 
poraire,  généralement  dans  une  seule  ville,  rarement 
dans  plusieurs32.  Aussi  il  peut  y  avoir  en  même  temps 
quelque  part  plusieurs  députations  d’une  même  ville13. 
C’est  le  décret,  instituant  les  députés,  qui  indique  leur 
mission,  soit  d’une  manière  très  précise,  soit  dans  des 
termes  vagues,  selon  le  cas3'";  elle  est  quelquefois  résu¬ 
mée  dans  les  réponses  qui  leur  sont  données35 ;  les 
députés  peuvent  en  outre  agir,  selon  les  circonstances,, 
au  mieux  des  intérêts  de  leur  ville,  mais  avec  circons¬ 
pection,  car  ils  engagent  leur  responsabilité 30.  Il  leur  est 
interdit  sous  les  peines  les  plus  graves,  amendes  énormes, 
mort,  de  recevoir  des  dons37.  Leurs  pouvoirs  sont  eu 
général  très  restreints  et  il  en  résulte  que  pour  les  affaires 
importantes  l’accord  final  exige  souvent  l’échange  de 
nombreuses  députations  38.  Aussi  c’est  seulement  quand 
les  principales  conditions  ont  été  fixées  qu’on  envoie, 
souvent  sur  la  demande  de  l’une  des  parties  contrac¬ 
tantes39,  des  députés  qui  ont  le  pouvoir  de  conclure,  de 
faire  la  convention  définitive  ;  ils  sont  désignés  par  l’une 
das  deux  formules,  tsao;  e^ovrsç  40  ou  atiToxpàxopeç41,  I'0l‘l 


274  ;  Bull,  de  corr.  hell.  1899,  p.  1-50  ;  II,  1.  13-15  ;  III,  1.  1-2.  —  23  Time.  F  '"l 

1;  2,  07,  4;  7,  32,  2;  8,  86,  9;  5,  80,  1;  Polyb.  21,  20,  8  ;  Aescli.  2, '13;  Ua>'P' 

s.  v.  ’Ayvîa;.  —  20  Thuc.  4,  50  ;  Aman.  Anab.  2,  15,  2  ;  3,  24,  4;  2,  -L  ^ 

—  27  Xen.  Hell.  5,  4,  22;  Diod.  11,  40,  2;  Plut.  Them.  19;  Tliuc.  I,  !|L  1 

—  28  Her.  7,  149  ;  Dem.  15,  22  ;  Tliuc.  2,  12,  2  ;  Arrian.  Anab.  7,  19,  2.  — -11  f1'’1" 
12,  3  ;  Aesch.  2,  133  ;  Plut.  Ages.  10  ;  Polyb.  39,  10,  1  ;  20,  10,  7  ;  Diod.  16,  U,»; 


18,  48,  3  ;  19,  79,  1.  —  30  Décret  d’Athcnes  contre  Mégare  (Plut.  SüV.  r 

-  31  Andoc.  3,  0;  Dem.  23,  122;  Aesch.  2,  18;  3,  03,  100;  C.  i ■  att.  h”-’ 

2,  loi  b,  197,  251,  311,  592,  17  A;  4,  22  a,  27  a,  40.  —  32- Tliuc.  5,  4,  47;  ” 

108;  Plut.  Per.  17;  Xen.  Hell.  0,  2,  2.  —  33  Polyb.  28,  19,  3;  30,  5,  4.  -  3>L'-  ] 

att.  2,  17,  1.  74;  Aesch.  2,  104.  —  35  C.  i.  gr.  2070,  3508  f,  2577  B,  364  > 

Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  87;  Bull,  de  corr.  hell.  4,  p.  32"  ;  5,  p.  157.  --  30  AesU'-  -■ 

104;  Thuc.  2.  07,  1  ;  5,  27,  2;  cf.  Hcr.  7,  161  et  Thuc.  1,  72.  —  37  Dem.  L'  ’ 

7,  31,  137,  279  ;  Xen.  Hell.  7,  1,  38  ;  Plut.  Pelop.  30  (condamnation  à  mort).  I1'" 

19,  273  (amende  de  50  talents).  —  38  Xen.  Hell.  5,  1,  32;  7,  1,  39.  —  39  Aesc\.! 
03;  Arisloph.  Lysist.  1009.  —  40  Thuc.  4,  118,  10  ;  Corp.  inscr.  ait.  L  -i’0,  ^  ^ 
C’est  le  sens  habituel  de  tüo;  (Polyb.  21,  39,  G;  Andoc.  3,41;  Dem.  IL  1  ^ 

—  41  Thuc.  5,  45,  1-48  ;  Xen.  Hell.  2,  2,17;  5,  3,  20  ;  7,  1,  1  ;  Arisloph.  Av.  ] 
Lysist.  1010;  Andoc.  3,  0,  33,  34,  39  ;  Polyb.  24,  9,9;  Diod.  Il,  24,4; 

Plut.  Phoc.  26  ;  Arrian.  Anab.  1,  26,  2  ;  0,  14,  1  ;  Dionys.  3,  59  ;  0,  71  ■  1 1  " 
lnschr.  v,  Pergam,  n°  5,  5;  Schol.  ad.  Thuc.  4,  118,  10. 


LEG 


—  1027  — 


I,  ■  est  incontestable.  Les  députés  ainsi  désignés  ont 
Pouvoir  déterminé,  plus  ou  moins  large  1  ;  s’ils  ne 
im  j  sl.nt  pas,  ils  peuvent  être  remplacés  par  d’autres, 
"  "'hirïe  même  titre2  ;  ils  peuvent  naturellement,  après 
p!r  ,'rl  prêter  ou  recevoir  de  suite  le  serment3.  Du  reste, 
Autorité des  députés,  surtout  de  ceux  qu’envoyaient  les 
Jri,  est  toujours  allée  en  diminuant;  ils  ont  été  de  plus 
en  plus  liés  par  le  texte  de  la  pièce  officielle  qui  établis- 
gait  leur  mission,  (décret  du  peuple),  ou,  en 

général,  ypWaTa  4-  Dès  r<:‘Poclue  ancienne,  les  députés 
emportent  avec  eux  cette  pièce  qui  leur  sert  de  lettre 
de  crédit  auprès  des  magistrats  de  1  autre  État  et  qui 
prend  une  importance  de  plus  en  plus  considérable;  à 
l’époque  postérieure,  la  réponse  mentionne  le  décret  et 
les  députés 6 ;  on  félicite  les  députés  de  s’être  exactement 
conformés  dans  leurs  discours  aux  termes  du  décret  7. 
Les  rois  de  Perse  les  premiers  ont  envoyé  aux  Grecs  des 
lettres  scellées  8  ;  les  autres  rois  et  tyrans  envoient  à  la 
fois  des  lettres  et  des  députés  9  ;  on  sait  quelle  importance 
avaient  les  lettres  de  Philippe  de  Macédoine  aux  villes 
grecques  et  surtout  à  Athènes10. 

Les  villes  imitèrent  cet  usage  royal  et  rédigèrent 
souvent  leurs  réponses  ou  leurs  envois  sous  forme 
de  lettres11.  Les  messagers  de  l’époque  primitive  fu¬ 
rent  remplacés  par  des  ypaup-aToa/opcu  12,  fhêXtocpôpoi  13, 
qui  se  distinguèrent  théoriquement  des  députés  u, 
quoique  ceux-ci  ne  fussent  plus  guère,  surtout  pour 
les  députations  aux  empereurs  romains  ls,  que  de 
simples  porteurs  de  lettres. 

Les  députés  ne  sont  jamais  tirés  au  sort,  mais  élus  ou 
choisis;  la  procédure  est  naturellement  conforme  à  la 
constitution  de  chaque  peuple  ;  en  règle  générale,  le  sénat 
exerce,  ici  comme  ailleurs,  son  rôle  probouleumatique 
[boulé],  à  Athènes,  les  députés  sont  élus  par  le  peuple10, 
parmi  tous  les  Athéniens  17  ;  cependant,  quelquefois,  par 
délégation  spéciale,  le  sénat  choisit  une  partie  des 
députés 18  et  même  toute  la  députation19,  ou  remplace  un 
député  Les  candidats  se  présentent  eux-mêmes  ou  sont 
recommandés  par  des  citoyens21.  On  prend  souvent  les 
mêmes  députés  pour  plusieurs  ambassades  relatives  au 
même  sujet -L  Les  citoyens  frappés  d’atimie  sont  exclus 23  ; 
dans  la  période  macédonienne  et  plus  tard,  on  a  pris  par¬ 
fois  des  étrangers21.  On  a  prétendu  à  tort23  que  l’auteur 
un  décret  instituant  une  députation  ne  pouvait  pas  pri- 
mdh  omcnt  être  élu  député  ;  en  tout  cas,  cette  règle  aurait 


—  2  Ti  ’  ll0't  G'1110,  b  *18,  10;  Lys.  13,9),  largo  (Corp.  inscr.  ait.  1,  40), 
10  ’  ^ndoc'  3,  39.  —  3  Xen.  Bell.  5,  3,  26  ;  Arisloph.  Lysist.  1183, 
10  27S  m[  ]  Ml,‘i;Al,doc;  3>35;  Àesch.  2,l°i.  —  B  Poil.  8,  9G  ;  Andoc.  3,  35;Dcm, 
251  •  nùn  i  ''  "paii  des  ln8cril’ti0“  citées.  —  0  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  64, 63,07,  70-80. 
552  J.  ».!,/'  cou'-hel1-  383  ;  0,  171;  Ditlcnbergcr,  Syll.  166.  —  7  C.i.  ait.  2, 

7,  p  ■);,  _'9  C°"  '  heJl;  °>  383.  —  8  Thuc.  4,  30,  2;  Xen.  Bell.  3,  1.  30: 

p.  oo-oi  -ni'  ’’  <J>  '  ~~ 3137,  3605  >  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  88  ;  Atli.  Miltheil.  7 

‘b  «•  <■  «“■  -■ 51  ;  «.  m 

07,  08  o,  75,  _!  12  p  '  *'  a'  '  'jj7>  2060  1  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  00,  61,02,64 

25,  â-  27  ,  ,  aus'  l3,  1  ’  Pyrrh.  10  ;  Demetr.  22;  Polyb.  4,9,  9  ;  19. 

‘9>  100,  3  ;  20  18  .  D»?d',  21’  *'  li,28>  8;  14’  10,.2;  l9>  «,  •  1  1»,  13,5; 

Aristot.  Ath.pol  4-i  _jr'  7'.‘*  Polyb‘  27’  *>  3 '>  Diod.  i»,  13,  S;  Plut.  Dio.  26 
d'aljard l’exnrpss 7,  ' ’ •'  '  c- *•#<’.  3838  ;  Iloss.  Inscr.  ined.  129,  312.  — 16  On  trouve 

(«•  2,  (C-  "  aLL  1»27“-;  2, 12;  4,  7  ô,  fr.  6,  L  10),  puis 

|  b  Arrian.  t"  m  f  ‘  ~  J ,  22  <l  ;  2,  06,  231,  311,392,  393;  Aude 

déroiia  comme  anflm  !■  ’  18  a^‘  b  7  b  L’.  b ,  1.  10.  —  19  Nous  con 

~  20  Dem.  (o  "[Uocclle  Partie  des  décrets  qu'il  y  a  dans  Dem.  18, 


;  Andoc 
consi 

'20  Dem.  19  _  Uj[l'7  CClte  l,tu't‘e  des  décrets  qu'il  y  a  dans  Dem.  18,  161 

39i  Aesch.  2!  [V  b  81 1  Xcn.  Bell.  2,  2,  16;  Lys.  13,  9;  Diod.  H 

-  -Uem.  19,  121,  163-105;  Time.  S,  19-24.  —  23  Aesch 


L  19 •  TV  ,  ’  ~~  -  Dem.  19, 

’  Diod.  18  IR-  a  1  , 

T  2o  Heyso  De  Ip,  3‘  24  DDit.  Phoc.  27;  Cic.  De  orat.  2,  15: 

f46;  C.'i,  att.  2  ,ia  [  P-  24,  d'après  Plut.  Arist.  10.  —26  Thu< 

Procédure  à  Lampsacme  fDi’t,70 ,(378/7)l  “  27  Po"‘  8*  88  i  Dcm‘  l9’  lu-  Môm 

81  189 1  Dem.  19  :J38.  J.  ltteul)ei'ger,  Syll.  200,  L  10).  —  28  Aesch.  2,  23;  2,  113 
l0t  ■  10,  83;  18,  10.  —  29  Schol.  Aesch.  2,  94;  Dem.  1! 


LEG 


disparu  de  bonne  heure26.  Le  député  élu,  qui  ne  peut  pas 
ou  ne  veut  pas  partir,  doit  immédiatement  se  récuser, 
devant  le  peuple,  par  le  serment  dit  ê^wjxoffta27.  Avant 
leur  départ,  les  députés  subissent  sans  doute  devant  les 
héliastes  une  dokimasie  qui  porte  sur  leurs  qualités 
civiques  et  morales.  On  les  a  choisis  autant  que  possible 
dignes  de  confiance  et  surtout  orateurs28.  C’est  le  sénat 
qui  veille  au  départ  des  députés  ;  pour  les  voyages  mari¬ 
times,  l’État  leur  fournit  un  navire29.  Leurs  noms  sont 
inscrits  sur  le  décret,  au  moins  à  partir  du  ive  siècle 
av.  J.-C. 30.  Nous  trouvons  à  peu  près  les  mêmes  pratiques 
dans  les  autres  villes,  le  rôle  préliminaire  du  sénat,  le 
choix  par  le  peuple,  parmi  tous  les  citoyens81.  En  beau¬ 
coup  d’endroits,  les  magistrats  ont  un  plus  grand  rôle 
qu’à  Athènes;  à  Sparte,  ce  sont  les  éphores32,  à  Rhodes, 
les  prytanes  qui  choisissent  les  députés33  ;  ils  sont 
pris  quelquefois  dans  le  sénat  ou  parmi  les  magis¬ 
trats34;  à  Sparte,  ce  sont  souvent  les  rois33;  à  Rhodes, 
le  navarque  est  de  droit  député  3G;  les  rois  choisissent 
souvent  leurs  parents,  seuls  ou  avec  d’autres  députés3'  ; 
les  Achéens  et  les  Etoliens  leur  stratège  ou  d’autres 
magistrats  38.  Partout  on  choisit  les  personnes  qui 
peuvent  être  agréables  à  l’autre  partie  39,  et  particu¬ 
lièrement  ses  proxènes;  l’emploi  des  proxènes  en  pa¬ 
reille  matière  a  été  extrêmement  frétaient 40  et  encore  à 
l’époque  romaine  on  trouve  quantité  de  proxènes  parmi 
les  ambassadeurs  envoyés  par  les  villes  grecques  aux 
commissaires,  aux  généraux  ou  au  sénat  de  Rome41.  Pri¬ 
mitivement,  comme  l’indique  le  mot  irp écrSetç,  les  députés 
étaient  pris  parmi  les  gens  âgés  ;  et  pendant  long¬ 
temps  il  fallut  pour  cette  fonction  à  Athènes42  et  à  Chal- 
cis43  l’àge  de  cinquante  ans. 

En  règle  générale,  on  choisit  plusieurs  députés  ;  c’est 
seulement  à  l’époque  de  la  décadence  que  souvent  on 
n’en  prend  qu’un  seul,  comme  à  l’époque  primitive. 
A  Sparte,  il  y  en  a  généralement  trois 44,  rarement  deux  ou 
quatre43;  le  roi  est  tout  seul46  ;  auprès  du  roi  des  Perses, 
Sparte  envoie  souvent  un  seul  député,  mais  qui  a  une 
importance  particulière 47  ;plus  tard  et  à  l’époque  romaine, 
il  y  a  des  chiffres  variables48.  A  Athènes,  le  nombre  des 
députés  varie  selon  l’importance  des  affaires  ;  mais  les 
chiffres  usuels  sont  surtout  ceux  qu’on  trouve  aussi  dans 
les  mandats  analogues,  c'est-à-dire  trois 49 ,  cinq50  et  dix51. 
On  trouve  aussi  le  chiffre  de  cinq  dans  les  ambassades 
des  clérouquies32.  On  a  des  exemples  de  beaucoup  d’autres 

134;  Thuc.  8,  86.-  30  C.  i.  ail.  2,  17,  546.—  3i  C.  i.  gr.  1837  b,  2334,  2166, 
3395, 3640,  3137,  2270  ;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  87,  281  ;  C.  i.  insul.  II,  42,  509.  —  32  Voir 
l’article  ephokoi,  p.  652,  col.  2. —  33  Polyb.  29,  10,1-4.  — 34  Duchesne  et  Bayet, 
Mission  au  mont  Atlios ,  p.  80,  u°  127;  Ditteuberger,  Syll.  171,  1.  15.  — 33  Aristot. 
Pol.  2,  9,  1271  n;  Xen.  Ages.  2,  25.  — 30  Polyb.  33,  1  3,  3.  —  37  Diod.  14,  02,  1  ; 
21,  13;  Polyb.  30,  1,  1  ;  32,  3,  2;  33,  28,  1  ;  33,  18,  1  ;  C.  i.  ait.  2,  66  b,  173  6;  Bull, 
de  corr.  hell.  4,  48, 1.  6.  —38  Pans.  7,  14,  2;  Polyb.  18,  1,  4;  20,  10,  1  ;  21,  25,  11. 

—  39  Thuc.  5,  40,  3-5,  44,  3;  Xeu.  Bell.  6,  5,  4;  Arrian.  Anab.  1,  10,  3.  —  40  Xen. 
Bell.  0,  3,  3-5;  Anab.  5,.  4,  26;  Aesch.  2,  141*143  ;  3,  138;  Thuc.  3,  52;  5,  43,  59, 
70;  G,  89  ;  Plut.  Alcib.  14;  lier.  8,  136  ;  Arisloph.  Av.  1021  ;  Curtius,  Anec.  Delpli. 
68-69.  Voir  Monceaux,  Les proxénics  grecques ,  p.  1 8-19.  —  41  Liv.  23,  7,11;  35,  38, 

1  ;  35,  46,  9;  Polyb.  23,  3;  30,  4;  Wcscher-Foucart,  Inscr.  Delph.  n°  18,  1,  122, 

2  3  0.  —  42  Plut.  Per.  17;  C.  i.  ait.  1,  40,  1.  17.  —  43  Heraelid.  Pont.  p.  222 
(éd.  Didot,  t.  11).  —  44  Thuc.  1,  139,  3;  2,  07,  1  ;  4,  119,  2;  5,  21,  1;  5,  42,  1;  5, 
44,  3;  Xen.  Bell.  3,  2,  0;  3,  4,  6  ;  5,  4,  22.  —  43  Thuc.  5,  22,  2;  Plut.  Ages.  10  ; 
Arrian.  Anab.  3,  24,  4;  Curt.  3,  13,  13.  —  46  Xen.  Hell,  0.  5,  4.  —  47  Xeu.  Bell. 
4,  8,  12  ;  7,  1,  33  ;  Plut.  Ages.  23;  Diod.  Il,  110,  2  ;  Arrian.  Anab.  2,  15,  2. 

—  48  Plut.  Demetr.  42  ;  Polyb.  22,  15,  7  ;  4,  23,  4.  —  40  piut.  Aristid.  10  ;  Thuc. 
1,  93,  3;  5,  4,  1  ;  8,  86,  9  ;  Dem.  24,  12  ;  Diod.  18,  04,  o;  Curt.  3,  13,  13;  Gell.  7, 
14,  9  ;  C.  i.  atl.  1,  40,  1.  IG;  2,  17,  52  c,  251,  311  ;  4,  14  c.  —  50  Xen.  Bell.  1, 

3,  13;  Plut.  Per.  17;  C.  i.  att.  1,  52,  fr.  a;  2,  18,  19,  546  ;  88,  15;  4,  15  c, 
22  a,  fr.  a  et  b,  59  b,  110  b.  —  51  Andoc.  3,  6  ;  Thuc.  8,  72,  1  ;  Xeu.  Bell.  2,  2,  17; 
Aesch.  2,  18,  98;  Dem.  23,  172;  18,  178;  Arrian.  Anab.  1,  10,  3;  C.  i.atl.  2,  105, 

4,  7,  b.  —  52  C.  i  att.  2,  592,  593. 


LEG 


—  1028 


LEG 


chiffres,  de  deux  ' ,  de  quatre  2,  d’un  chiffre  compris  entre 
seize  et  vingt  3;  l’exemple  de  sept  députés  s’explique 
peut-être  par  une  énumération  incomplète  *,  ceux  de 
onze  et  de  douze  par  l’adjonction  d’un  ou  de  deux  hommes 
politiques  à  une  députation  de  dix  5  ;  enfin,  si  dans  beau¬ 
coup  de  cas  les  textes  ne  nomment  qu’un  député  en 
laissant  ses  compagnons  dans  l’ombre  G,  il  est  certain 
qu  il  y  a  souvent  des  députations  d’un  seul  membre  7. 
Pour  les  autres  États,  on  peut  distinguer  la  période  avant 
Alexandre  et  celle  après  Alexandre  ;  avant  Alexandre,  on 
trouve  les  chiffres  de  deux8,  trois9,  quatre  10  et  cinq11, 
un  seul  député  dans  plusieurs  petits  États 12,  un  nombre 
i  ariable  de  la  part  de  rois  1 3  ;  l’assemblée  des  Grecs  envoie 
quinze  députés  à  Alexandre14.  Après  Alexandre,  nous 
trouvons  une  variété  encore  plus  considérable  de  chiffres  ; 
il  n  y  a  aucune  fixité  ni  de  la  part  des  villes  ni  de  la  part 
des  rois.  On  a  prétendu  à  tort10  que  les  villes  grecques 
envoient  toujours  trois  députés  à  Rome  ;  c’est  un  chiffre 
fréquent,  mais  il  y  en  a  d’autres.  On  a  donc  les  chiffres 
suivants  :  un16,  deux17,  trois18,  quatre19,  cinq20,  sept21, 
huit--,  trente-3.  La  formule  employée  fréquemment  par 
Polybe,  o'.  Tcept,  avec  un  ou  plusieurs  noms  propres, 
désigne  toute  la  députation24. 

Les  députés  touchent  non  pas  un  traitement,  mais  une 
simple  indemnité:  elle  s’appelle  généralement  ItpôStov  (au 
singulier  ou  au  pluriel)25;  on  trouve  aussi  les  expres¬ 
sions  iropetov20,  à  Smyrne  geôôoiov27,  en  Crète  irpeiyqïa 
Ttoprpto  28 .  A  Athènes,  cette  indemnité  a  été  payée  jusqu’à 
une  époque  très  tardive29,  généralement  par  tète  et  par 
jour;  a  l’époque  d’Aristophane,  c’est  deux  ou  trois 
drachmes  par  jour30,  à  l’époque  de  Démosthène  environ 
neuf  à  dix  oboles31  ;  quelquefois  il  y  a  l’indication  de  la 
somme  totale,  fixée  sans  doute  pour  tout  le  voyage  d’après 
le  tarif  de  la  journée32;  quant  au  mode  de  paiement,  il 
est  vraisemblable  qu’on  payait  l’indemnité  à  l’avance, 
comme  1  indiquent  beaucoup  de  textes  33,  quand  on  pou¬ 
vait  fixer  approximativement  la  durée  du  voyage  ;  et 
qu’autrement  on  la  payait  au  retour34;  l’argent  était 
remis  par  le  trésorier  du  peuple  sur  les  fonds  desti¬ 
nés  à  ces  sortes  de  dépenses  33.  A  Smyrne,  il  y  a  aussi 
un  tarif  de  la  journée  et  le  peuple  fixe  immédiate¬ 
ment  le  nombre  de  jours,  comme  dans  d’autres  villes30; 
à  Abdéra,  il  y  a  un  budget  spécial  pour  les  députations  37. 

A  l’époque  postérieure  et  surtout  à  l’époque  romaine, 

1  Xen.  Bell.  7,  i,  33;  Allien.  G,  229;  Tliuc.  2,  07,  2.  Les  stratèges  paraissent 
aussi  envoyer  deux  députés  (Aescli.  2,  134;  Lys.  19,  19).  —  2  Bull,  de  corr.  helt. 
i 899,  p.  1-50,  I,  1.  7-8.  —  3  C.  i.  att.  2,  88.  —  4  Xen.  Hell.  G,  3,  2,  —  8  Tliuc. 

8,  54,  2;  8.  90,  2.  —  0  Plut.  Nie.  10;  Tliuc.  5,  4G,  2  ;  Paus.  5,  21,  3;  Plut.  Dem. 
23;  Dem.  19,  162.  —  7  Andoc.  3,  29;  Arrian.  Anab.  2,  15,  2;  3,  24,  2;  Xen.  Hell. 

2,  2,  10;  Plut.  Demetr.  13;  C.  i.  att.  4,  179  i,  1.  36.  —  8  Argos  (Time.  5,  40,  30  ; 
Xen.  Bell.  1,  3,  13);  Thèbes  ( Corp .  inscr.  att.  2,  18  ;  Plut.  Artax.  22);  Ampliipo- 
lis  (Dem.  1,8);  des  villes  du  Péloponnèse  (Tliuc.  4,  119,  2).  —  9  Samos  (Hcr.  9,90)  ; 
Colophon  (C.  i.  att.  2,  164);  Leontiui  ( lb .  4,  33  a)  ;  les  Étoliens  (Tliuc.  3,  100,  1). 

—  *0  Rhégion  et  Cliios  (C.  i.  att.  1,  33;  2,  15).  —  11  Byzance  (C.  i.  att.  2,  19)  ; 
Syracuse  (Plut.  Dio.  42).  —  12  Egine  (Plut.  Tliem.  19);  Epidaure  (Tliuc.  4,  119,  2). 

—  13  Plut.  Dem.  18;  Justin.  9,  4;  C.  i.  att.  2,  15  b,  add.  n.  —  H  Diod.  17,  48, 

G  ;  Curt.  4,  5,  1 1.  — lo  Buettner-Wobst,  De  leyationibus  reipublicae  liberae  tempo- 
ribus  Bornant  missis,  p.  19,  réfuté  par  Poland,  Loc.  cit.  p.  05.  —  16  C.  i.  ait.  2,  253, 
387  ;  Frankel,  Loc.  cit.  224  A  ;  C.  i.  gr.  2485, 3137,  35GS  ;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  394, 409  ; 
Inscr.  gr.  Insul.  1,  48,  701;  Collitz,  Dialekt  Inschr.  318,  215,  305;  Diod.  21,  15; 
Polyb.  5,  102,4.  —  17  Polyb.  23,  16,  5;  27,  1,  1;  2,  48,  G;  10,  30,  7;  22,  5,  3; 

28,  19,  5  ;  18,  52,  2  ;  30,  13,  4  ;  7,  2,  2  ;  Bull,  de  corr.  hell.  5,  157  ;  4,  48  ;  3,  400  ; 

G,  364  ;  4,  352;  5,  383;  Frankel,  Loc, cit.  5;  C.  i.  insul.  II,  15;  C.  i.  gr.  2557  B,  5491, 
2058  A;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  87,  195-198,  251.  —  18  Dittenberger,  Syll.  120,200  ;  Col¬ 
litz,  Loc.  cit.  345  ;  Inscr.  gr.  Sept.  I,  413;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  193-198;  C.  i.  gr.  2270, 
3137  ;  Polyb.  18,  34,  4  ;  23,  1,5.  —  19  Dittenberger,  Loc.  cit.  171  ;  Polvb.  29,  10,4. 

—  20  Polyb.  21,  G,  4.  —  21  C.  i.  gr.  1837  b  ;  Bull,  de  corr.  hell.  0,  171  ;  Polyb. 

13,  10,  9.  —  22  Dittenberger,  Syll.  209;  Inscr.  gr.  Insul.  II,  35.  —  23  Députa¬ 
tions  des  Crétois  à  Rome,  —  24  33  ,  8  ,  6  ;  33,  9,  3.  —  28  Aristoph.  Acharn.  53; 


ce  sont  presque  partout  les  citoyens  riches  qui  f0n,  , 
frais  des  députations  et  en  sont  récompensés  par  ^ 
éloges  et  des  honneurs  publics  38. 

ï  a-t-il  dans  les  députations  un  chef  analogue  au  chef 
des  théories?  A  l’époque  ancienne,  ce  n’est  pas  la  règle  ],;  1 
mot  àpxtTrpstrêEUTijç  n’apparaît  qu’à  l’époque  d'Auguste*  I 
dans  Diodore  et  dans  Strabon39.  A  Sparte,  les  formules  J 
7rspt  tov  osîva  et  ot  p.£xà  tou  oeïvoî  indiquent  peut-être  une 
supériorité  d’un  des  députés 40 ;  mais  c’est  seulement;) 

1  époque  de  Polybe  qu’il  y  a  un  véritable  chef41.  A  Athènes 
la  mention  d’un  seul  des  députés  peut  indiquer  simple! 
ment  son  rôle  général  comme  homme  d’Ëtat  ou  son  rôle  I 
spécial  dans  l’ambassade42;  mais  cette  mention  accom¬ 
pagnée  d  un  chiffre  et  du  mot  auxo;43,  ou  l’emploi  delà  I 
formule  ol  Txspi  ou  ot  gsxx 44,  de  formules  analogues,  et  I 
1  énumération  des  autres  députés  suivie  des  mots  [j-Exà.  xoù 
ôstvoç 4o  paraissent  souvent  exprimer  l’autorité  particulière  ] 
d’un  des  députés40.  Celui  que  les  formules  donnent  I 
comme  chef  parle  quelquefois  seul  ou  le  premier47.  Plus 
lard,  Polybe  ne  cite  qu’une  fois  expressément  un  chef  I 
d’une  ambassade  athénienne48.  Dans  les  autres  États,  ] 
il  semble  y  avoir  eu  aussi  des  chefs  pour  les  I 
députés  désignés  par  les  mots  ot  p.£xà  xoù  oeïvoç,  ot  auu.- 
TrpÉaêEtç 49  ;  c’est  ce  qu’indique  aussi  l’emploi  d’autres  for¬ 
mules  et  surtout  du  mot  apyt7rpsc,ë£UT7]ç00.  A  l’époque  pos-  I 
térieure,  la  pauvreté  des  villes  grecques  a  rendu  déplus  ] 
en  plus  nécessaire  la  nomination  d’un  chef  des  députa¬ 
tions,  surtout  de  celles  qui  allaient  à  Rome;  elles  se  I 
déchargeaient  de  tous  les  frais  sur  un  citoyen  riche  I 
qui  en  était  récompensé  par  ce  titre  honorifique.  J 
On  a  vu  que  dans  l’état  de  guerre  il  fallait  adjoindre  I 
des  hérauts  à  la  députation  ;  à  l’époque  de  la  guerre  I 
du  Péloponnèse,  on  pouvait  envoyer  le  héraut  avec  I 
les  députés  ol  ;  plus  tard,  il  dut  les  précéder.  Les  I 
députés  avaient  quelquefois  avec  eux  des  scribes s2;  I 
les  àxoXou 0oi,  que  mentionne  une  fois  Thucydide53,  I 
paraissent  avoir  été  des  délégués  de  petites  villes  qui 
accompagnaient,  comme  cela  se  faisait  souvent54,  les 
députés  des  villes  principales. 

Nous  arrivons  à  la  gestion  du  mandat.  En  règle  géné-1 1 
raie,  avant  de  comparaître  devant  le  peuple,  les  députés 
remettent  d’abord  leurs  lettres  de  créances  à  certains  I 
magistrats  ou  à  une  délégation  du  sénat,  analogue  aux 
prytanes  d’Athènes,  ainsi  à  Iasos  aux  7rpoffxàxat u5,  à  I 

Dem.  19,  138,  31 1  ;  Theophr.  Car.  30  ;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  395,  409;  Bull,  de  corr.  I 
hell.  5,  453;  303  B;  C.  i.  gr.  3040,  3837  add.;  C.  i.  att.  2,  15  *,  add.  n.  89,  108,  I 
fe.  c  et  b,  1.  24,  31  1,  360  ;  3,  37  ;  4,  179  b.  A  Alhènes,  il  y  a  toujours  le  pluriel,  sauf  I 
à  C.  i.  ait.  2,251  (avec  restitution  probable).  —  2G  Elym.magn.  684,8. —  &  LÀ-  I 
gr.  3137,  1.  31;  Hesycli.  s.  h.  v.  —  28  C.  i.  gr.'  2556,  I.  29. —  29Sous  Coin-  1 
mode  (C.  i.  att.  3,  702). —  30  Aristoph.  Acharn.  66,  602.  —  31  D’après  Dem.  C1,  I 
158,  et  C.  i.  ait.  2,  G4.  —  32  C.  i.  att.  2,  108,  271,  15  i,  add.  n.  311;  L  179  1 
b,  1.  3G.  —  33  Theophr.  Car.  31  ;  C.  i.  att.  2,  15  b,  add.  n.  108,  251,  311.  —  0  I 

att.  2,  89.  L  assertion  des  scholiastes  qu’on  fixait  à  30  jours  la  durée  de  lad'l1"  I 
talion  est  fausse.  —  38  C.  i.  att.  2,  15  b,  add.  n.  89,  251,  300;  Dittenbcrgtt,  I 
Syll.  85.  —  30  Dittenberger,  Syll.  171,  1.  31  ;  C.  i.  gr.  3640  ;  Bull,  de  corr.  hell .  a,  I 
304  B.  —  37  Bull,  de  corr.  hell.  4,p.48. — -31  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  395,  409,1-U-i7,  I 
2737;  C.  i.  gr.  2099,  2721,  2780,  3495,  2271,  1625.  —  39  Diod.  12)53,  2;  13. ,lJ’ 

2;  14,  23,  1;  Slrab.  17,  796  c;  cf.  C.  i.  gr.  4347.  -  40  Tliuc.  5,  21,  3;  5,  U, l;  I 
Xen.  Bell.  3,  2,  8;  cf.  Diod.  13,  52,  2.  —  41  Polyb.  4,  23,  5.  -  «  Plut.*'"1-  I 
18,  23;  Phoc.  26,  27;  Tliuc.  7,  54,  2;  90,  2;  Diod.  17,  15,  4.  —  «,  Tliuc.  5,  *•  I 

Xen.  Hell.  2,  2,  17.  —  44  Tliuc.  5,  46,  2  ;  lier.  7,  151  ;  Dem.  19,  331  ;  Acscb. 

174.  —  45  Xen.  Hell.  4,  8,  13.  —  46  Sur  la  question  des  ambassades  athénien111'5 
Philippe,  voir  Poland,  Loc.  cit.  p.  73-75.  —  47  Xen.  Hell.  2,  2,  22;  6,  3,  2;  U111)' 
fl,  75,  4;  cf.  Aristoph.  Av.  1587.  —  48  28,  19,  4.  —  49  C.  i.  att.  2,  58;  Diu.  L  '  ’  I 
Aescli.  2,  143.  —  80  Polyb.  28,  12,  4;  Diod.  18,  42,  1;  28,  15,  2;  12,  2;  W  I 

52,  2;  14,  25,  1  ;  C.  i.  gr.  2905,  0, 1.  5  ;  C.  i.  att.  4,  01  a;  C.  i.  gr.  1837  b,  I-  ^  I 
Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  395,  399  ;  Ditlenbergcr,  Syll.  200.  —  Cl  Time.  I,  53,  I- 
C.  i.  att.  4,  33  a;  C.  i.  gr.  1837  b.  —  53  4,  118,  G.  —  54  Tliuc.  2,  07,  I  ;  AcsC  ’ 

2,  97;  Xen.  Hell.  7,  1,  33.  —  55  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  281. 


LEG 


—  1029  — 


LEG 


’  Methymnaau  irputcm;1,  à  Rhodes  aux  a p^ovteç  en  géné¬ 
ra.  puis,  soit  immédiatement,  soit  après  quelques 
|  j0Urs  d’attente3,  ils  sont  introduits,  soit  devant  le  sénat 4, 
!  comme  à  Athènes,  soit  devant  certains  magistrats,  tels 
I  que  les  éphores  à  Sparte  e,  les  cosmes  en  Crète6,  les 
|  stratèges  à  Smyrne  \  les  xayot  en  Thessalie8.  Les  pou¬ 
voirs  du  sénat  ou  des  magistrats  à  l’égard  des  députés 
varient  selon  les  villes;  ils  sont  plus  considérables  dans 
les  États  aristocratiques  ;  ainsi  à  Sparte  les  éphores  trai- 
[  tent  quelquefois  seuls  avec  les  députés  9  et  peuvent  les 
j  congédier  sans  les  présenter  au  peuple10;  il  en  est  de 
même  à  certaines  époques  à  Argos11,  à  Marseille12,  à 
Mantinée13,  à  Mélos14.  Dans  la  ligue  achéenne,  les  députés 
1  vont  d’abord  devant  le  stratège  qui  convoque  les 
démiurges  et  ces  magistrats  réunis  avaient  sans  doute 
pleins  pouvoirs  aux  époques  où  l’assemblée  fédérale  ne 
se  trouvait  pas  réunie15.  Dans  la  ligue  étolienne,  les 
députés  traitent  avec  les  stratèges  et  les  à7roxÀY)Tot16.  Nous 
.  connaissons  mieux  la  procédure  suivie  à  Athènes.  Les 
députés  se  rendent  d’abord  devant  les  prytanes  qui  les 
introduisent  devant  le  sénat;  ils  remettent  leurs  lettres  de 
créance  et  exposent  leur  mandat  au  sénat17  ;  celui-ci  doit 
,  les  introduire  devant  l’assemblée  du  peuple  ;  il  n’a  pas 
besoin  pour  cela  d’une  autorisation  spéciale  18  ;  mais  il  n’a 
pas  le  droit  non  plus  de  renvoyer  une  ambassade  sans  la 
présenter  au  peuple19;  il  peut  louer  les  députés  dans  le 
décret  probouleumatique 20 .  La  présentation  des  députés 
au  peuple  doit  figurer  sur  le  programme  de  l’assemblée, 

■  elle  est  réservée  en  principe  aux  deux  dernières  séances 
ordinaires  de  chaque  prytanie  où  le  peuple  doit  traiter 

I  régulièrement  trois  affaires  de  ce  genre  (audition  de 
I  hérauts  ou  de  députés) 21  ;  mais  quand  le  programme  obli- 
•  gatoire  est  épuisé,  le  peuple  peut  traiter  d’autres  affaires 
I  u  meme  genre,  non  seulement  dans  ces  deux  séances 
mais  même  dans  la  première  de  la  prytanie,  dans  la  xuPfc 

^X  T'a  -Devant  ]e  peuple,  les  députés  exposent  de  nou- 
u  t ui  mandat  ,quelquefoisàplusieursreprises;onpeut 

■  W XT'  S  f Uler;  11  y  »  “»«  discussion, comme  à 
If'  .  auPres  des  rois,  puis  dans  toutes  les  villes !t  ils 

lab If"  °"  leur  lil  équité  la  réponse-  ; 

mit,:,, .  ,fl  généralement  une  preuve  d'hos- 

’  *  lUt  fois,  il  y  a  en  outre  une  réponse  orale 29  : 

l \ac-  dt-  S.  281  ;  C.7i.err^lfl7Pc01 30G77’p4’l  h  f  3  P°'yb'  ~7’  3'  “  4  Le 

200.  _  B  „er  3  ,  8  •  -  J  c’  3067 ;  Polyb.  27,  4,  3;  29,11,  1  ;  Dittenberger,  Sy 

>  «'•  -  7  c.  1,  ;r313  ,  CU ‘  "f  771  Cf-  5'  G2’  G3'  GA  7Ù  73,  7 

—  8  Hcr.  t),  7_j  |  .  y  '  '  8  C.ollitz,  Loc.  cit.  345,  I.  2,  11,  2 

(al  'ls  les  présentent  au  peuple  'V  P°lyb'  4’  343'  ~  10  Mais  cn  ëén 
*■*.  38;  3,  2,  u  -  6  ,  £Upla  Tl,«<=-  1,  67,  3;  1,  119;  Xcn.  Hell.  2,  2,  4 

ber^,  Syll.  200.  ’  J  à  Z  ~ù  „  ’  7’  1471  TI‘UC-  5-  G1«  '•  -  12  Mlle 

f  -  13>  28,  7,  3:  38  10  2  P  ,  ’  5’  ^  ~  U  Thuc'  5>  84-  3-  -  15  Poly 

8-  "l  Tl, uc.  5,  43.  ph  ,  ’  t  PaUS-  7’  «•  *■  -  16  Polyb.  21,  S,  2.  -  17  Roi 

17  A;  Aristot. Ath  poZi^r  A,’‘Stopl1-  Eq'  007  ’  C •  »•  atL  2.  49,  51,  S 

AàTp;  vU  *  l°rt  d’api’ès  Aesch  2’  V™  lk,'tel  Studien’  2’  P- 

[■  \l;  Phi.  1880,  p,  SOI.  -  19  n  ’  /o  '  pas  ce  sens-  Voir  H°eck,  John 

'  'ques,  le  sénal  renvoie  le  dé  t'”i  *’  J8'  *>ar  excePlion’  pendant  les  guerrt 

^  ^ophon,  où  le  sénat  n’invite  ^  <H-  9’  *> 1  11  X  *  -  cas°obscn 

I  *90j[Hf0T„r«;  (Aristot  far  V  ’  1  C-l-att •  2.  191,  238.  On  discul 

•P  ‘calton  excellente  de  KelU/Z  '  Y°'r  ^  ‘B  Sens  conteslé  do  la  W‘f«ovî 
Ï  “.  117>  «04,  238.  iSf  T°’  lm>  P-  l»«-202).  -  23  C.  i.  att\  5t 
'  l43;Dem.  18,136._23Ae„u  ,  ’4,’  Plut’  Alcib-  1*1  Nie.  10;  Aesch.  3,  72 

L:1;79-1  (SpaUc).  _  2C  Dent  '  in'  |P'“!ipPe):  Curt-  4’  H’  10  et  16  (Alexandre) 

2g .  ,,  °’Dem.  7,  19  20- Tl,  i’  *  ;  Plut-  Arist.  10,  pour  Athènes.  —  27  piu( 

Sfcfi  -% ï"' 5'  «-••«  •«>  - 

k  CùV-n  1,  _  j  i  ..  C.  1, 


,  -•  iu.  —  31  c  .  .  7  •»  -u*  —  29  Plut.  Arist.  10.  —  30  TLi.p 

Voir°p  llell‘  5-  383 ;  LeBas  /  ’  8’  ‘°8’  109-  1 ,7’  IGL  23«.  323,  332,  532-  B 

-  PT°bland-  cü B  V L°^  «V..  73,70,  77,  78  ;  Cor,,  inicr.yr.l 

TW-  a,«iPolyb.  i r*7 'l  5>  27'  2'28-  '•  -  33  Thuc.  I  22, 

V.  18>  47>  t-  3SBull.  de  con\  hell.  4,  48  ;  Le  Bas,  Loc 


I  et  les  députés  peuvent  ajouter  de  leur  côté  leurs  obser¬ 
vations30.  Dans  toutes  les  villes,  la  réponse  comprend  les 
mêmes  éléments  essentiels  :  l’indication  de  la  demande, 
de  1  exposition  des  députés  et  la  réponse  proprement 
dite  .  Ces  délibérations  publiques  présentaient  de  nom- 
ln  eux  inconvénients  ;  aussi  on  voit  les  Argiens  demander 
aux  Corinthiens  de  choisir  des  magistrats  avec  pleins 
pouvoirs  pour  traiter  avec  eux32;  Sparte  demande  une 
discussion  secrète  aux  Athéniens  qui  la  refusent33.  Les 
députés  assistent  quelquefois  aux  fêtes  de  la  ville34;  ils 
sont  souvent  chargés  de  faire  faire  eux-mêmes  '  les 
offrandes  qu’a  décernées  leur  ville,  telles  que  les  cou¬ 
ronnes,  les  statues,  de  faire  graver  les  décrets  hono¬ 
rifiques35.  Faisons  remarquer  ici  que  les  formalités  de  la 
réception  sont  abrégées  lorsqu’une  ville  a  reçu  pour  ses 
députés,  d’une  manière  permanente,  le  -ncôtroSoî  Tipbç  t-^v 
pouAV  xcù  TGV  Û7)gcv,  c’est-cà-dire  le  droit  d’être  reçus 
immédiatement  devant  le  sénat  et  le  peuple,  cependant 
après  la  discussion  des  matières  de  droit  sacré36. 

Les  députés  sont  généralement  logés  chez  les  proxènes 
de  leur  ville  qui  doivent  aussi  les  aider,  les  présenter, 
leur  procurer  des  places  aux  représentations  dramatiques. 
Primitivement  ils  étaient  sans  doute  nourris,  pendant 
toute  la  durée  de  leur  séjour,  aux  frais  de  l’État  qui  les 
recevait37;  mais  à  l’époque  historique  il'  n’en  est  plus 
ainsi  que  par  exception  38  ;  l’État  se  borne  à  les  inviter 
dans  le  local  officiel,  au  Prytanée,  siç  -r b  IIpuravEiov,  au 
foyer  public,  ènl  ttjv  xotvYjv  éirxiav39,  à  un  seul  repas,  È7Ù 
?evta40,  quelquefois  s  tu  i-evi<rp.o'v41,  ou  aussi,  fréquemment 
cà  Athènes,  ÈTtt  Ssïttvov42.  A  Athènes,  l’invitation  au  repas 
est  généralement  pour  le  lendemain  du  jour  où  on  a  voté 
le  décret43  ;  il  en  est  de  même  à  Céos,  à  Délos44  et  proba¬ 
blement  aussi  dans  beaucoup  d’autres  villes;  le  peuple 
seul  tà  Athènes,  et  non  le  sénat,  a  le  droit  d’inviter43;  les 
magistrats  chargés  d’inviter  sont  tantôt  les  magistrats 
ordinaires40,  tantôt  les  magistrats  ou  les  prêtres  qui  pré¬ 
sident  habituellement  à  ces  repas41;  à  Athènes,  c’est  je 
sénat48  ;  le  refus  du  peuple  d’inviter  les  députés  est  une 
preuve  d’hostilité49. 

En  second  lieu,  les  députés  reçoivent  presque  partout 30, 
sauf  à  Athènes51,  des  dons  d’hospitalité,  appelés  aussi 
çsvta,  dont  la  somme  est  tantôt  fixe32,  tantôt  variable33  ; 


a,  ;  c.  i.  att. 


—  «  Four  Athènes,  C.  i.  ait.  1,  36;  2,  34,  4i  c  Q|  1 
164.  209,  233,  289,  367  ;  4,  24  a,  3.,  1.  17  ;  pour  d'autres  villes,  Deu,  18  9,  C  ’ 
gr.  3640  ;  Dittenberger,  Syll.  132,  165  ;  W.  o  f  British  Mus.  cD..v,r  Bull  'de 
corr  hell.  1892,  p.  99-101,  „•  6.  11  n'y  a  pas  de  doute  sur  le  sens  de  la  formule 

1  T;,~  '  9’  40;  8’  59'  ~38  C-  nr.  1193,  1.  32;  1837.  -  39  0n 

trouve  tantôt  les  deux  expressions  réunies  (Le  Bas,  Loc.  cit.  3,  73,  77  •  C  i  or  9340/. 

f'  ütL  2>  488h  talltôt  rune  ou  |,aütre.  le  prytanée  seul  (C.i.  gr.  1837  b  3137"  3598  ! 
Le  Bas,  Loc.cit.  5,  87  ;  Bull,  de  corr.  hell.  4, 472  B;  3,  21 1  ;  8,  353  ;  et  près  me  lou’tes  les’ 
inscriptions  attiques,  sauf  C.  i.  ott.  2, 488),  la  ^  loriot  seule  (C.  i.  qr  1193-LelJs 
Loc.  cit.  o,  70,  231  ;  Bull,  de  corr.  hell.  0,  238  ;  Polyb.  29,  H,  6).  _  40  Her’  9  |rr  ’ 

4,  lo4;  a,  18;  0,  34;  9,  89;  Diod.  4,  79;  13,  83;  Dem.  7,  20-  Poil  8  118  "’r  •’ 

f,20’  41  ’  5I>  61  a’  l8>  l9>  06  A  86,  88,  163,  106,’  235,  '286  413  5^ 

4  supplem.  pars.  Il,  11  b,  fr.  b-c,  I.  15-16;  13  c,  fr.  d,  1.  13;  18  6.  1  93  u'iH  b’ 

59  b  ;  04,  1.  9;  73  A;  107  4;  109  4  ;  1104;  111  c;  fr.  6  ,  4  17  4-  217  4  La'for  '  •  ' 

est  la  seule  exacte  ;  ef.  Cobet,  Var.  lect.  p.  248.  -  41  C.  i.  qr.  2349  4  .  a ,  o"6, 

33-  —  42  C-  att'  1  ^f18.  1 15,  164.  Les  deux  formules  1*1  Stïuvov  et’ 1  >  p-  \ 

le  môme  sens  (ef.  C.  i.  att.  2,  4,4).  -  43  Par  esception  ,e 

corr.  hell.  3,  p.  473,1.  15).  —  44  Q  i  att  *  546-  Fh.li  /  ,J  de 

fx  n  r  »  ,  .  ,  ,  BllU-  de  corr.  hell.  4,  472  B 

-  -  Il  ne  faut  pas  prendre  a  la  lettre  Aristopli.  Acharn.  124  _  4G  r  /  L  i  ,o, 

18  3  7  4  .  47  Le  Bas,  Loc.  cit.  2,  194  ;  C.  i.  gr.  3137.  — -  48  C.  i.  att  2  1  4-  98  5-i' 

fr.  4.  -  49  Thuc.  1,  145  ; 3,  42;  Xen.  Bell.  6,  4,  20.  _50C.  i.  gr  \m  m,  3^  ’ 
Bull  de  corr.  hell.  5,  383,  6,  214;  Wood,  Discov.  at  Ephesus,  no  7  •  ,je  c  35  V 

29  ;  Xen.  Bell.  7,  2,  3;  Anab.  G,  1,  15;  Dem.  19,  167.  On  trouve  J  r'  ’  ,  ’ 

ined.  318).  —  Si  On  ne  sait  ce  cpie  signifient  les  mots  rà  VEV -  'T' 1  °5S’  ,"SCr' 
att.  2,  87.-52  C.  i.  g,  2349  4  ;  Le°Bas,  Xoc.  cit.  "T 

hell.  5,  3/2,  I.  26;  9,  518;  Cauer,  Delectus,  118.  —  63  c.  i.  gr.  U93  133/3^3“' 

L  27.;  Cauer,  Loc.  cit.  264;  Bull,  de  corr.  hell.  5,  383;  Ath.  Mittheil.  I,  p.  337’ 

130 


LEG 


1030  — 


LEG 


comme  autres  distinctions  honorifiques,  ils  obtiennent 
fréquemment  l’éloge  public  pour  eux  et  pour  leur  ville  1 , 
plus  rarement  la  proxénie  2,  une  couronne  de  feuillage  3, 
ou  une  couronne  d'or4,  l'invitation  à  assister  aux  jeux 
publics  3,  très  rarement  le  droit  de  cité  G.  Athènes  a 
enterré  aux  frais  de  l’État  des  députés  de  Corcvre1. 

A  leur  retour  dans  leur  ville,  les  députés  doivent  rendre 
compte  de  leur  mandat;  la  procédure  est  la  même  que 
pour  la  réception  des  députés  étrangers  ;  ils  racontent 
leur  mission  et  en  outre  tout  ce  qu’ils  ont  pu  voir  et 
apprendre  8;  à  Athènes,  ils  peuvent  tous  parler  devant  le 
sénat  ou  le  peuple.  Ils  obtiennent  en  général  comme 
récompenses  l’éloge  public,  quelquefois  une  couronne  <J; 
Athènes  leur  accorde  presque  toujours  l’invitation  au 
prytanée  pour  le  lendemain  et  l’éloge 10,  quelquefois  la  cou¬ 
ronne  de  feuillage  11  ;  elle  refuse  l’invitation  aux  députés 
dont  elle  est  mécontente  12.  Après  avoir  exposé  les  résul¬ 
tats  de  leur  mission  devant  le  sénat  et  le  peuple,  les 
députés  n’en  doivent  pas  moins  rendre  leurs  comptes, 
comme  tous  les  fonctionnaires  et  commissaires,  dans  les 
délais  légaux,  devant  les  Aoyiaxat  [logistai]  i3.  Comme  la 
loi  défendait  de  recevoir  une  couronne  et  sans  doute  aussi 
un  éloge  avant  la  reddition  des  comptes,  il  est  vraisem¬ 
blable  que  ces  honneurs  n’étaient  décernés  que  quand 
aucun  citoyen  ne  s’engageait  par  serment  à  poursuivre  les 
députés  devant  la  juridiction  compétente14.  L'examen  des 
logistes  porte  sans  doute  sur  toute  la  gestion  des  députés, 
car  la  poursuite  qui  peut  en  être  la  conséquence  devant  les 
héliastes,  la  ypoujr^  Traponrpsffêeîaç,  repose  sur  les  délits  de 
toute  nature  commis  par  les  députés,  par  exemple  :  l'usur¬ 
pation  de  leur  mandat,  une  négligence  quelconque  de 
leurs  devoirs,  une  désobéissance  quelconque  aux  ordres 
reçus,  la  trahison  des  intérêts  de  l'État,  le  fait  de  s’être 
laissé  corrompre  ou  simplement  d’avoir  reçu  des  dons, 
d'avoh’  fait  à  l’État  étranger  des  communications  indues, 
d’avoir  faitàleurs  concitoyens  des  rapports  mensongers1  ’. 
Dans  certains  cas  extraordinaires,  l’accusation  peut  pren¬ 
dre  la  forme  d’une  EtffayyeXta 10  et  même  amener  1  arresta¬ 
tion  de  l’accusé  par  ’ÉvoEtiji;1 '.  Elle  est  toujours  estimable 
^tcu.T|TÔç)  18  ;  les  peines  habituelles  sont  la  mort,  1  atimie, 
de  grosses  amendes,  de  10,  de  50  talents.  Ch.  Lécrivain. 

Rome.  —  Nous  établirons  dans  cet  article  plusieurs 
distinctions  suivant  la  nature  des  légations  qu’on  ren¬ 
contre  à  l’époque  romaine  et  dans  le  monde  romain.  Les 
unes  émanent  d’une  source  officielle,  soit  romaine,  soit 
étrangère  :  de  là  deux  sortes  d’ambassades:  celles  que  le 
sénat  ou  l’empereur  envoient  aux  étrangers,  aux  alliés, 
aux  habitants  des  provinces  soumises,  et  celles  qu’ils  en 
reçoivent.  D  autres  sont  des  délégations  d  assemblées 
provinciales  ou  municipales  ;  d’autres,  entin,  proviennent 

i  Cauer,  Loc.  cit.  1 18  ;  C.  i.  gr.  1193,)  837  b  ;  Le  Bas,  Loc.  cit.  5,  76,  79,  80  ;  Bull, 
decorr.  hell.  5,  383,  388;  G,  214,  238  ;  C.  i.  att.  2,  15  6,  164,  488,  4,  supplem.  15  c, 
I.  13  ;  264  e,  1.8;  345  c,  1.  20;  108  6;  11 1  c,  fr.  6  ;  347  c  ;  lnscr.  Gr.  Sept.  I,  16;  Déni. 
19.  31,  234.  —  2  Bull,  de  corr.  hell.  S,  383,  388;  6,214;Le  Bas,  Loc.  cit.  5,61,  76, 
80;  Atli.  Mittkeil.  I,  337.  Athènes  ne  la  donne  jamais.  —  3  C.  i.  att.  2,  164;  108, 
fr.  e-6  ;  488,  fr.  c-d  ;  Mittheil.  1,  337.  —  4  lnscr.  gr.  Insul.  Il,  n°  15,  1.  14. 
—  S  Acsch.  2,55;  Dem.  18,28;  C.  i.  att.  2,  164.  —  C  Wood,  Discov.  at  Ephesus, 
Temple  of  Diana,  n°  7.  —  7  Kaibel,  Epigr.  gr.  37.  —  8  Les  expressions  techni¬ 
ques  sont:  trpi'iAta,  à.a-^ÉV/.nv, b.r.àypO.uv  :  C.  i.  gr.  1693,  2267,  2355,5401,  -353, 
Le  Bas,  Loc.  cit.  4,  1765;  C.i.  att.  2,  50,  191;  lnscr.  gr.  lnsul.UX ,  173  c.  —  9 Lnscr. 
gr.  Insul.  111,  173;  I,  701.  —  10  C’est  la  formule  *a).£Tv  U!  Seruvov  ( C .  i.  att.  2,  156. 
add.  n.  ;  18, 1.  7;  33;  52  c  ;  89;  Aescli.  2,46,  53,  121  ;  Dem.  19,  31,  234).  —  H  C.  i. 
att.  2,  108,  fr.  c-6  ;  488,  fr.  c-d  ;  Aesch.  2,  17,  46.  —  12  Dem.  19,  31.  —  13  Schol. 
Dem.  24,  54;  Dem.  19,  211.  —  14  Cependant  un  député  pouvait  être  accusé  même 
après  avoir  été  loué  et  invité  (Dem.  19,  31).  —  Poil.  8,  40,  46;  Quintil.  7,  4,  .10  , 
Dem.  19,  4,31,  126,  273,  131,  277-281  ;  Aesch.  3,  250  ;  2, 107;  Plat.  Leg.  12,  p.  941, 
955  c  ;  Aelian.  Var.  6,  5;  Plut.  Artax.  22;  Pelop.  30;  Schol.  Aristoph.  Nub.  691  ; 


d’associations  privées,  de  groupes  religieux.  Nous  passe¬ 
rons  successivement  en  revue  chacune  de  ces  catégories 

I.  Légations  officielles  :  légations  envoyées  pA(l 
Rome.  —  Le  droit  d’envoyer  des  ambassades  appar¬ 
tenait  primitivement,  autant  qu’on  peut  le  conjecturer 
au  roi l9,  etles ambassadeurs  étaientles  féciaux [fetiales 
A  l’époque  historique,  nous  voyons  qu’il  a  passé  entre 
les  mains  du  sénat. 

Quels  que  soient  les  événements  qui  nécessitent  une 
ambassade,  c’est  au  sénat  d’en  décider  l’envoi.  11  rend,  à 
cet  effet,  un  sénatus-consulte.  Quis  /égalas  unquam  audi- 
vit  sine  senatusconsulto  ?  dit  Cicéron20.  Le  sénat  déter¬ 
mine  le  nombre  et  la  qualité21  des  membres  qui  la  com¬ 
poseront.  Le  choix  des  députés  est  généralement  réservé 
au  magistrat  président  du  sénat  et  non  au  sénat  lui- 
même  :  celui-ci  se  contente  de  poser  les  principes  suivant 
lesquels  la  légat io  sera  constituée22. 

Parfois  on  avait  recours  au  tirage  au  sort;  mais  c’est  là 
une  exception 23.  11  arrivait  aussi  qu’un  personnage,  dans 
un  moment  difficile, posât  lui-même  sa  candidature24,  ou 
qu’un  gouverneur  désignât  les  légats  qui  devaientfaccom- 
pagner  en  province28.  Dans  ce  cas,  le  sénat  pouvait  tenir 
compte,  et  tenait  compte  vraisemblablement,  la  plupart 
du  temps,  des  vœux  des  intéressés.  Nul  n’avait  le 
droit  de  refuser  les  ambassades  qui  lui  étaient  con¬ 
fiées  ;  les  magistrats  pouvaient  obliger  à  l’acceptation 
et  contraindre  au  départ20.  Mais,  en  fait,  du  moins  à  la 
tin  de  la  République,  on  permettait  au  sénateur  dési¬ 
gné  de  s’excuser 21 . 

Le  sénat  avait  Loute  liberté  pour  choisir  les  députés 
aussi  bien  dans  son  sein  qu’en  dehors  de  lui 28  ;  chaque 
fois,  le  sénatus-consulte  qui  décidait  l'ambassade  réglait 
ce  détail;  néanmoins,  on  peut  dire  qu’en  thèse  générale 
le  président  ne  s’adressait  guère  qu’à  des  collègues29.  H 
faisait  appel  aux  quatre  classes  qui  composaient  l’assem¬ 
blée  :  anciens  consuls,  anciens  préteurs,  anciens  édiles, 
pedarii 30.  M.  Willems  a  dressé  la  liste  de  toutes  les 
ambassades  envoyées  depuis  le  début  de  la  deuxième 
guerre  punique  jusqu’en  106  av.  J.-C.  Il  a  ainsi  établi  "  '. 
1°  que  le  sénat  n’a  jamais  confié  une  ambassade  à  un 
seul  personnage,  car  il  n’est  pas  conforme  aux  principes 
romains  de  sua  unius  sententia  omnia  gerere™ —  quand 
les  auteurs  ne  mentionnent  qu’un  nom,  c’est  celui  du  pré¬ 
sident  de  la  commission33;  2°  que  les  députations  du 
sénat  se  composaient  de  deux,  de  trois,  de  quatre,  de  cinq 
ou  de  dix  membres,  le  nombre  ordinaire  étant  de  trois 
(19  cas)  ;  celui  de  deux  étaiL  réservé  pour  les  missions  de 
moindre  importance  (8  cas)  ;  celui  de  quatre  était  excep¬ 
tionnel  (1  cas);  3°  les  ambassades  de  cinq  (6  cas)  ou  de 
dix  membres  (3  cas),  sont  celles  qui  ont  eu  à  s’occuper 

Xen.  Hell.  7, 1, 38  ;  Libanius,  Declam.  16.  Voir  Meier-Schômann-Lipsius,  Dec  attise ht 
Process, p. 459-461.  —  18  Hyperid.  Pro  Euxen.  c.  30  (Didol,  p.  379);  Dem.  19.  J  J0' 

—  n  isoer.  18,22.  —  13  Aesch.  2,  5,  59;  Dem.  19,  101,  262,  313;  Plat.  Leg.  I2,P  ,"1 

—  19  Mommsen,  Droit  public  romain,  VII,  p.  376  ;  IV,  p.  394,  note  1.  —  01 

In  Vatin.  15,  36  ;  cf.  35  ;  Pro  Sestio,  14,  33.  Les  ambassadeurs  se  nomment  !fÿ“ 
ou  oratores  (Fest.  s.  v.  oratores  ;  Paul.  Diac.  s.  v.  adorare).  —  21  Liv.  XXIX,  -  •  ’ 
XXXIII,  24,  7 ;  XLIII,  1,  10;  XLV,  17;  App.  Mithr.  0;  Cic.  Ad  fam.  I.J'^’. 
Sénatus-consulte  de  Thisbae  (1.  11  etsuiv.),  — 22  Exceptions  :  Liv.  XXXII,  -  ’ 
XXXVI,  I,  8.  * —  23  Cic.  ad  Att.  I,  19;  Dio,  LIX,  23;  Tac.  Hist.  IV,  6,  8.  —  2*  ) 

XXXV,  4,  9;  Liv.  Epit.  48;  Cic.  Phil.  II,  7,  17.  —  25 Schol.  Bob.  ad  Cic.  ™  ’ 

15,34.  -  26  Val.  Max.  III,  7,  5;Polyb.  XXXV,  4,  9.  -  27  Cic.  ad  -» 

5,  1  ;  Caes.  B.  C.  I,  33.  —  28  Liv.  IV,  52;  XXXI,  8.  —  29  Mommsen,  Droit 
romain,  IV,  p.  401;  Willems,  Le  sénat  de  la  République,  p.  49  '  ll  ^ 

—  30  Thurm,  De  Rom.  legatis  ad  exter.  nationes  missis,  p.  17  ;  Wllle'os’  ,3 
cit.  —  31  Loc.  cit.  ;  cf.  Thurm,  Op.  cit.  p.  72  et  suiv.  —  32  Liv.  X  ’  ^ 

—  33  Liv.  XXXIII,  39  ;  cf.  Polyb.  XVUI,  49;  Liv.  XXXIX,  48;  cf.  Polï'  >■ 

8;  Paus.  Vil,  11,  1  ;  cf.  Polyb.  XXXI,  9,  10. 


LEG 


—  1031  — 


LEG 


fissions  religieuses  ou  de  négociations  importantes  1  ; 
|  /o  'toute  ambassade  avait  un  président  (princeps  lega- 
\  .  x .  et  ce  rôle  appartenait  soit  au  sénateur  du  rang  le 

I  ^ lus  élevé",  soit  à  l 'égalité,  au  plus  ancien.  Il  était  ordi- 
I  nairement  de  rang  consulaire,  mais  pouvait  être  prétorien 
I  et  même  pedarius  ;  5°  les  députations  de  deux  membres 
I  comprenaient  généralement  un  sénateur  curule  et  un 
I  sénateur  pedarius  ;  celles  de  trois  membres,  deux  séna- 
I  leurs  curules  ;  celles  de  cinq  membres,  trois  sénateurs 
I  curules  et  deux  pedarii  ;  celles  de  dix  membres,  six  sëna- 
I  teurs  curules  et  quatre  pedarii.  Pour  la  justification  de 
I  ces  assertions,  nous  renvoyons  au  travail  de  Willems  et 
au  tableau  qu’il  a  établi  2.  Naturellement,  ces  principes 
I  souffraient  des  exceptions,  par  suite  de  circonstances 
I  particulières  qu’il  est  impossible  aujourd’hui  d’apprécier, 
même  quand  on  peut  les  deviner. 

Celui  qui  faisait  partie  d'une  ambassade  ne  portait 
aucun  des  insignes  des  magistrats;  son  insigne  propre 
I  était  l’anneau  d’or  3,  qui  lui  donnait  droit  aux  transports 
gratuits  [evectio].  Parfois,  pour  relever  le  prestige  de  la 
députation  ou  pour  en  assurer  la  sécurité,  le  sénat  la  faisait 
I  escorter  par  des  navires  de  guerre  4.  En  général,  ilmobili- 
sait,  autant  de  quinquérèmes  qu’il  y  avait  de  membres  5. 
Les  légats  du  sénat  avaient  droit  à  des  frais  de  route 
I  ( viaticum )  qu’on  calculait  probablement  d'après  le 
nombre  de  jours  nécessités  par  l’ambassade  et  qu’on 
payait  soit  au  départ,  soit  au  retour  6.  En  outre,  ils 
recevaient,  pour  leur  permettre  de  faire  figure  pendant 
leur  mission,  de  la  vaisselle  d’argent,  des  vêtements,  du 
linge  et  des  tentes  \  Un  personnel  assez  nombreux  était 
attaché  aux  ambassadeurs  :  des  esclaves,  chargés  de 
s’occuper  de  leurs  bagages  et  de  leur  entretien  (boulan¬ 
gers,  bouchers,  cuisiniers,  etc.)8,  des  affranchis  qui 
lleur  servaient  de  secrétaires,  de  scribes,  d’interprètes  9; 
des  hommes  libres  dont  ils  recherchaient  la  compagnie 
ou  les  conseils10. 

I  La  qualité  d  ambassadeur  du  peuple  romain  procurait  à 
I  ceux  qui  en  étaient  revêtus  de  nombreux  privilèges  et  leur 
assurait  la  plupart  du  temps  l’accueil  le  plus  empressé. 
En  piemier  lieu,  pour  se  rendre  au  but  qui  leur  était 
■-  assigné,  ils  avaient  le  droit  de  réquisitionner  des  moyens 
de  transport,  aussi  biensur  le  territoire  romain  que  chezles 
3  comme  nous  l’avons  déjà  indiqué  plus  haut  [evec¬ 
tio  •  S  ils  n  avaient  pas  a  attendre  des  cités  et  des  peuples 
1  ont  ils  traversaient  le  territoire  la  nourriture  (viande  et 
arir|i  j  ,  ils  en  recevaient  tout  au  moins,  sinon  en  droit, 
moins  pai  1  effet  de  la  coutume,  le  bois  pour  se  chauffer, 

|  c  umierf  ,1e  sel,  le  vinaigre,  et  souvent  aussi  le  logement13. 

'  111  .^eur  manquait  jamais,  s’ils  avaient  avec 
foi  mbitant  de  la  ville  où  ils  séjournaient  des  liens 

traités  de  paix  ^  ^  membres  :  ,es  députations  chargées  d’exécuter  les 

Tiv.  XXX11I  >4  US  aVCC  PluliPPe  de  Macédoine  (Polyb.  X VIII,  42,  48,  49; 
envoyée  pom'orJ  ’  aVT  A‘ltiochusde  Syrie  (Liv.  XXXVII,  55),  et  la  députation 
~  2  Le  sénat  de  là  ^  U  gUen’e  dc  Pcrsée  (Liv’  XLV’  17)‘ 

LH;  Zonar.  VIII  493  Ct  suiv’  “  3  Plin-  »<*■  XXXIII, 

fhurm,  On.  c;i  ’  Sl,  ■  0r,fJ ■  Xlx,  32  ;  De  anulis,  3;  Val.  Max.  II,  2,  7  ;  cf. 

~  3  Liv.  XXIX,  Il  („•  Ct  ,5U1V- 4Liv-  XXIX,  II;  XXX,  26;  XXXI,  U,  etc. 
lrois  vaisseaux)’;  pol  ciurl.  'aisseaux);  Liv.  XXX,  26  (trois  députés, 

Ad  hm.  xn  3  .  n.  ■  '  X  *’  8  (Clnil  députés,  cinq  vaisseaux).  —  6  Cie. 

XV,,’L  ISl’F’ro'n’t.  ZT  Ial-  X’52;Liv-  XL*V>  22;  Aul.  Cdl.  Noct.  at. 

1  Liv.  XXX,  17-  vi  I,  '  Cd-  IXabcr)  ;  cf.  Thurm,  Op.  cit.  p.  87. 

9’  d>e  kg.  agr.  II  311.  •’  ’  )  '  XIax-  US,  2  ;  II,  2,  7  ;  Cic.  In  Verr.  (act.  II)  IV, 

10  :  Cal.  ali  5‘-  ~  8  Di0»ys-  Haï.  VII,  12;  Plut.  Cal. 

ybo>  *>i  tyk.  epigr  ’  ^  3’  ,3‘  ~  9  Cic.  De  leg.  agr.  Il,  32  ;  Pro 

**i  Dig.  XLvil  ’  ,  ~  i0  Liv’  XXX-  42  i  Gic-  Acad.  II,  2,  5  ;  Plut. 

XXX>I.  23,  2.  _  12  Th  ’  ’  7-  -  11  Dionys.  Hal.  VII,  12;  Liv.  XLII,  I;  Polyb. 

>  P •  cit.  p.  98,  note  5.  —  13  p0lyb.  XXXII,  23  ;  Cic.  Ad 


d’hospitalité  11  [hospitium],  ou  bien  si  la  cité  ou  le  peuple 
sur  le  territoire  duquel  ils  se  trouvaient  avait  fait  alliance 
avec  les  Romains13.  Les  amis  du  peuple  romain  dépas¬ 
saient  même  la  mesure  et  s’imposaient  des  dépenses  très 
supérieures  à  celles  qu’on  était  en  droit  d’attendre  d'eux 16. 

Arrivés  à  destination,  les  ambassadeurs,  si  on  ne  les 
éloignait  pas  sans  vouloir  entrer  en  pourparlers  l7,  étaient 
reçus  avec  toutes  les  marques  de  respect  dues  à  leur  rang. 
Les  rois  venaient  au-devant  d'eux  18,  les  saluaient  d’aussi 
loin  qu’ils  les  voyaient19  et  s’empressaient  de  leur  faire 
les  honneurs  de  leur  résidence20.  On  les  logeait  dans  des 
palais21,  on  leur  offrait  l’hospitalité  la  plus  complète,  des 
repas  somptueux22,  des  cadeaux23,  on  leur  accordait  les 
distinctions  les  plus  recherchées24;  au  départ  même  on 
leur  offrait,  en  souvenir  du  succès  de  leurs  négociations, 
des  présents  d’importance23  qu’il  leur  était  permis  de 
garder  ensuite26.  Le  caractère  d’inviolabilité  de  leur  per¬ 
sonne  et  de  leur  entourage  leur  assurait  ce  traitement 
privilégié,  comme  aussi  la  majesté  du  peuple  romain 
qu’ils  représentaient.  De  tout  temps  les  ambassadeurs  ont 
été  l’objet  de  semblables  attentions.  Pour  y  répondre,  ils 
avaient  soin  d’allier  à  la  fermeté  dans  leurs  réclamations 
et  cà  l’habileté  dans  leurs  démarches,  une  politesse  toute 
diplomatique.  D’un  côté.  Popilius  Laenas,  envoyé  auprès 
d'Antiochus  IV  Ëpiphane,  roi  de  Syrie,  pour  lui  enjoindre 
de  lever  le  siège  d’Alexandrie,  trace  autour  du  roi  un  cercle 
sur  le  sable,  et  déclare  qu’il  n’en  sortira  pas  avant  d'avoir 
donné  une  réponse27;  de  l’autre,  les  ambassadeurs  N.  Fa¬ 
bius  Pictor,  Q.  Fabius  Maximus  et  Q.  Ogulnius,  accrédités 
auprès  de  Ptoléméell  Philadelphe,  en  reçoivent,  avec  une 
invitation  à  diner,  des  couronnes  d’or  ;  le  lendemain,  ils 
les  placent  eux-mêmes  sur  la  tète  des  statues  du  prince 2S. 

Leur  mission  achevée,  les  légats  avaient  à  rendre 
compte  de  la  façon  dont  ils  avaient  exécuté  les  instruc¬ 
tions  reçues  du  sénat  29.  C’est  ce  qu’on  nommait  legatio - 
nem  renuntiare  ou  referre 30. 

Sous  1  Empire,  ce  n’est,  plus  au  sénat  qu'il  est  réservé 
de  députer  des  ambassadeurs  auprès  des  États  étrangers; 
leur  choix  est  devenu  une  prérogative  de  l'empereur  31. 
On  voit  encore  les  sénateurs  envoyer  des  missions,  mais 
à  l’empereur  absent  de  Rome32,  ou  aux  princes  associés 
à  l’Empire  pour  leur  porter  ses  hommages  ou  ses  félici¬ 
tations33.  Les  rares  députations  d’un  autre  genre  que 
signalent  les  textes  se  rapportent  à  des  époques  troublées 
où  l’autorité  du  sénat  est  à  peu  près  la  seule  qui  subsiste34. 

On  peut,  à  l’époque  républicaine,  comme  aussi,  du 
reste,  à  l’époque  impériale,  distinguer  deux  sortes  de  léga¬ 
tions  :  les  légations  temporaires  et  les  légations  perma¬ 
nentes.  Chronologiquement,  c.elles-làontprécédé  celles-ci. 

A.  Légations  temporaires.  —  Il  serait  aussi  inutile 

Att.  V,  16,  3  ;  Liv.  LX1I,  1,  12  ;  Schol.  Acron.  ad  Hor.  Sat.  I,  5,  46-47. 

—  14  Dion.  Haï.  VII,  2;  Liv.’  XXXV,  49;  XLII,  1;  Appian.  Mac.  II  ;  Cic.  Phil. 

9,  6;  Val.  Max.  VII,  3,  9.  —  16  Liv.  V,  28.  —  16  Thurm,  Op.  cit.  p.  99,  note  1. 

—  17  Polyb.  XXXII,  23;  Liv.  XXI,  19.  —  18  Dio,  XL,  29;  Val.  Max.  V,  1,  3;  Liv. 
XXXI,  19,  5.  —  la  Liv.  XLV,  12;  Diod.  Sic.  XXXI,  2;  Just.  XXXIV,  3;  Val.  Max. 

VI,  4,  3.  —  20  Diod.  Sic.  XXXIII,  28  a  ;  Plut.  Apopht.  Scip.  min.  13.  —21  p0lybi 
XXXI,  5,  3  ;  Plut.  Lucul.  2  ;  Dio,  LXXII,  2.  —  22  Just.  XVIII,  2,  9  ;  Liv.  XXXIII  39 
2  ;  Diod.  Sic.  XXVIII,  12  ;  Dionys.  Hal.  V,  34;  Arch.  Zeit.  1876,  p.  129  ;  Corp.  inscr. 
att.  II,  89,  136,  284;  Joseph.  Ant.  Jud.  XIV,  8,  5.  —  23  Jusp  XVIII,  2  9  ;  Zonar 
VIII,  4  ;  Dionys.  liai.  XX,  14.  —  24  Polyb,  11,12;  Zonar.  VIII,  19.  —  25  piut,  Lucul. 

21  ;  Liv.  XXXIX,  5,i  ;  XLII,  25.  —  26  Dion.  Hal.  XX,  14  ;  Zonar.  VIII,  6  ;  Val  Max  IV 
3,  0.-27  Polyb.  XXIX,  11  ;  Liv.  XLV,  12;  Just.  XXXIV,  3  ;  Plut.  Apopht.  G.  Popitii 

—  28  Dionys.  Hal.  XX,  14;  Just.  XVIII,  2.  —29  Liv.  IX,  4;  XXIII,  6  ;  XXIX,  33.  —30  H. 

VII,  32.—  31  Mommsen,  Droit  publ.  rom.X,  p.  245.  —  32  Dio,  LIV,  10-  LIX  >3 
Suet.  Cl.  19;  Calig.  49  ;  Mon.  Ancyr.  II,  34etsuiv.  ;  Corp.  inscr.  lat.X I,  1440,  1698  • 

VIII,  7062;  Ammian.  XXI,  12,  24;  Liban.  Epist.  923,  etc.  —33  Tac.  Ann.  I,  14  Corp 
inscr.  lat.  VIII,  7062.  -  34  Suet.  Xitel.  16;  Tac.  Il, si.  III,  80;  Vita  Juliani,  5,  6.' 


1032  — 


LEG 


LEG 

que  fastidieux  d’énumérer  tous  les  ras  où  le  sénat  avait 
l'occasion  d’envoyer  des  commissions  a  1  étranger  ou 
même  en  Italie;  nous  insisterons  sur  les  suivants  ; 

1°  Déclaration  de  guerre.  —  On  sait  qu’il  y  avait  des 
personnages  spéciaux,  les  fetiales,  a  qui  ce  soin  était 
réservé  ;  mais  avant  d’en  venir  à  une  déclaration  formelle, 
il  était  d’usage  que  le  sénat  engageât  des  négociations 
pour  essayer  d'obtenir  pacifiquement  ce  qu’il  souhaitait 
et  les  réparations  auxquelles  il  croyait  avoir  droit.  Il  en 
chargeait  des  ambassadeurs  qui  partaient  ad  res  repe- 
tendas  *.  Si  ceux-ci  échouaient,  le  sénat  votait  le  com¬ 
mencement  des  hostilités  et  en  prévenait  les  intéressés 
par  une  nouvelle  ambassade  -  (ad  bellum  indicendum). 

2°  Conclusion  de  la  paix.  —  Il  semble  que  primitive¬ 
ment  le  général  victorieux  ait  eu  le  pouvoir  de  mettre  fin 
à  la  guerre  par  un  traité  définitif;  mais  à  partir  de  l’année 
513  de  Rome  3,  où  nous  voyons  le  fait  se  produire  pour 
la  première  fois,  on  prend  l’habitude  de  déléguer  auprès 
de  lui,  pour  l’aider  dans  les  négociations,  une  députation 
de  cinq  4  ou  de  dix  membres.  Ceux-ci,  d’abord  nommés 
par  le  peuple  6,  sont  bientôt  au  choix  du  sénat6.  C’est 
par  des  commissions  de  cette  nature  que  furent  préparés 
tous  les  traités  de  paix  signés  à  l’époque  républicaine, 
ceux  qui  suivirent  la  guerre  d’Antioclius  \  celle  de 
Persée  8,  celle  des  esclaves  de  Sicile9,  celle  de  Mithri- 
date  10,  celle  de  Gaule  ",  etc.  12.  Le  but  du  sénat,  en 
envoyant  ces  conseillers  au  général,  était  de  garder  la 
haute  main  sur  la  conclusion  de  la  paix  et  de  tempérer 
les  désirs  ou  les  ambitions  du  chef  victorieux;  il  n’enle¬ 
vait  pas  à  celui-ci  l’honneur  de  signer  le  traité13,  mais, 
par  l'intermédiaire  de  ses  légats,  il  lui  en  dictait  les 
conditions14;  il  s'en  réservait,  d’ailleurs,  la  ratification 
définitive ,5. 

3°  Traités  d’alliance16.  —  Nous  avons  gardé  le  souvenir 
de  nombreuses  ambassades  dont  le  but  était  de  gagner 
au  peuple  romain  l’amitié  de  cités  ou  de  nations  étran¬ 
gères17,  de  renouveler  des  traités  précédemment  con¬ 
clus18,  d’assurer  par  de  nouvelles  conventions  la  fidélité 
chancelante  de  peuples  ou  de  rois  alliés,  et  leur  neutra¬ 
lité19.  En  pareil  cas,  les  ambassadeurs  étaient  souvent 
chargés  d’offrir,  au  nom  du  sénat,  des  présents  plus  ou 
moins  importants.  Ainsi,  en  544  =  210,  on  envoya  à  Pto- 
lémée  IV  Philopator  une  toge  et  une  tunique  de  pourpre 
avec  une  chaise  d’ivoire,  à  la  reine  son  épouse  une  robe 
brodée  et  un  manteau  de  pourpre  20.  A  Massinissa,  en 
554  =  200,  les  légats  remirent  des  vases  d’or  et  d’argent, 
une  toge  de  pourpre,  une  tunique  «  palmée  »,  un  sceptre 
d'ivoire,  une  toge  prétexte  et  une  chaise  curule-1. 

4°  Organisation  des  provinces  soumises.  —  La  paix 
une  fois  conclue,  il  était  nécessaire  de  surveiller  l’exé¬ 
cution  des  clauses  du  traité  et  d’organiser  le  nouveau 

1  Liv.  III,  25;  IV,  58;  XXX,  26;  XXXVI,  3;  XLII,  25  ;  Val.  Ma*.  II,  2,  5  ;  Dionys. 
IX,  60;  X,  23  ;  cf.  Mommsen,  Droit  public  romain,  IV,  p.  410,  noie  I.  —  2  Exemples 
dans  Willcms,  Le  sénat  de  la  Rép.  rom.  II,  p.  469  et  470  ;  Thurm,  Op.  cit.  p.  29  el 
6Uiv.  _  3  Polyb.  I,  63.  —  4  Liv.  XLV,  17.  —  5  Id.  —  «  JAv.  XXXIII,  24;  App.  Mac. 
10  ■  Pun.  32  ;  Polvb.  XVIII,  42  ;  Bail,  de  corr.  hell.  VI,  p.  363.  —  7  Polyb.  XXI,  24, 
44,’ 48  ;  Liv.  XXXVII,  55.  -  8  Polyb.  XXX,  13,  6;  Liv.  XLV,  17,  20;  Plut.  Paul 
Aem.  28.  —  9  Cic.  Verr.  II,  13,  32;  16,  39.  —  -10  Cic.  ad  Alt.  XIII,  6,  4;  Plot. 
Luc.  35,36;  Dio,  XXXVI,  46.  —  «  Dio,  XXXIX,  25;  Cic.  ad  Fam.  I,  7,  10; 
Pro  Balbo ,  XXVII,  61.  —  12  Cf.  Mommsen,  Droit  publ.  rom.  IV,  p.  414,  noto  2, 
avec  tons  les  exemples  qu'il  cite;  Willems,  Le  sénat  de  la  Rép.  loin.  II,  p.  477 
et  s.  ;  Thurm,  Op.  cit.  p.  38  et  suiv.  -  13  Liv.  XXXIII,  24  ;  XXXVIII,  58  ;  XLV,  17  ; 
Senàlus-consulte  de  Priène  (Viercck,  14),  1.  7  ;  Sénatus-consvlte  de  Narthacion 
(Vicreck,  12),  I.  17.  -  14  Liv.  XXXIII,  34;  XXXIV,  25  ;  Polyb.  XVIII,  47.  La 
formule  officielle  est  :  ex  decem  legatorum  sententia.  —  15  Liv.  XXXI\  ,  57,  1. 
_  16  Thurm,  Op.  cit.  p.  40  et  suiv.  —  17  Dion.  Hal.  V,  34;  Polyb.  II,  23,  XM, 


territoire  acquis  par  la  République.  Là  encore  le  sénat 
avait  recours  à  des  ambassadeurs,  généralement  au  nom¬ 
bre  de  dix22;  ceux-ci  se  rendaient  dans  le  pays  soumis  et 
soutenaient  de  leur  autorité  et  de  leur  expérience  le  gou¬ 
verneur  militaire  :  telle  fut  la  commission  qui  assista 
Scipion  Emilien  après  la  chute  de  Carthage23  ou  celle  qui 
organisa,  de  concer  t  avec  Mummi  us,  la  province  d’Achaïe31, 
Ce  n’est  qu’à  la  fin  de.  la  période  républicaine  que  des 
généraux,  comme  Pompée  et  César,  se  dégagèrent  de 
cette  surveillance26. 

5°  Missions  religieuses.  —  Était-il  nécessaire  d’accom¬ 
plir  à  l’étranger  certaines  cérémonies  religieuses  ou  de 
consulter  des  oracles,  le  sénat  décidait  l’envoi  d’une  com¬ 
mission  spéciale.  En  356,  à  la  veille  de  la  prise  de  Voies, 
des  légats  durent  aller  à  Delphes  pour  obtenir  d’Apollon 
l'explication  de  certains  présages26;  de  même  quand, 
en  461,  la  peste  fit  à  Rome  de  terribles  ravages,  les  livres 
sibyllins  ordonnèrent  de  faire  venir  Esculape  d’Epidaure. 
On  y  députa  une  légation  qui  en  ramena  le  serpent  sacré 
du  dieu  ;  et  Valère  Maxime  raconte  les  craintes  que  l’ani¬ 
mal  inspira  aux  députés  pendant  la  traversée-1.  11  serait 
facile  de  citer  d'autres  exemples28. 

6°  Missions  comminatoires.  —  Le  sénat  ne  disposait 
d’aucun  moyen  de  contrainte  pour  faire  exécuter-  sts 
décisions  par  les  magistrats,  et  en  particulier  par  les 
commandants  militaires.  Mais  son  autorité  était,  du  moins 
jusqu’au  dernier  siècle  de  la  République,  assez  puissante 
pour  imposer  l’obéissance.  Néanmoins,  dans  certaines 
circonstances,  il  dut  intervenir  et  notifier  ses  volontés  à 
des  généraux  oublieux  de  la  loi;  en  pareil  cas,  il  leur 
faisait  porter  ses  ordres  par  des  députations  de  deux  , 
de  trois30,  parfois,  dans  les  cas  graves,  de  cinq  "  ou  de 
dix  sénateurs32. 

7°  Décision  de  litiges.  —  Pour  couper  court  à  certains 
litiges,  qui  ne  pouvaient  être  tranchés  aisément  a  Rome, 
le  sénat  déléguait  ses  pouvoirs  à  des  légats  qui  se  trans¬ 
portaient  sur  place  et  jugeaient  conformément  aux 
instructions  qu’ils  avaient  reçues.  Qu'il  s’agit  de  cilrs 
italiques,  comme  Pise  et  Luna33,  Reate  et  Interamna  ",  de 
villes  alliées  comme  Gênes36,  ou  d’étrangers  comme 
Antiochus  et  Eumène36,  Carthage  et  Massinissa",  la 
méthode  était  la  même  :  le  sénat  s’en  remettait  aux  devi¬ 
sions  de  ses  envoyés38  prises  sur  place  in  re praesenii  ■ 

B.  Légations  permanentes.  —  Il  n’y  a  qu  une  sorte  o 
légations  permanentes,  celles  que  le  sénat  envoie  allP"L 
des  commandants  militaires  et  des  gouverneurs.  D'  |nl 
temps,  nous  l’avons  vu,  on  avait  eu  recours  à  des  h'S-'j 
lions  de  cette  sorte,  mais  provisoires.  A  mesure  P01"1'"^ 
que  le  théâtre  de  la  guerre  se  reculait  et  que  le  nombn  <  ^ 
provinces  augmentait,  une  telle  combinaison  d|,'"1'|.| 
plus  difficile  à  pratiquer  en  même  temps  qu  il  de' . 

9  XXXV, 

35  ;  Liv.  XXI,  29  ;  XXVII,  4.  -  18  Polyb.  VII,  3  ;  Liv.  XXIV,  4;  XXXII,  2  m  ^ 
23;  XLII,  6  ;  App.  Mac.  IL  -  '9  Liv.  XXI,  19;  XXVI,  25;  XXXII,  19: 

—  20  Liv.  XXVII,  4.  —  21  Liv.  XXXI,  1 1  ;  cf.  Thurm,  Op.  cil.  p.  47,  qui i  c>  '  |  J8 

d'autres  exemples.  —  22  Cic.  Verr.  Il,  2,  16,  §  40;  37,  §  90,  Stiab.  •  ^ 

App.  Disp.  99,  100,  etc.  ;  cf.  Thurm,  Op.  cit.  p.  124  et  suiv.  —  23  ApP-  ^  3 
Cic.  De  leg.  agr.  II,  19,  51.  —  24  Polyb.  XXXIX,  15,  16;  Cic.  ad  AU-  ’  ^ 
Autres  exemples  dans  Willems,  Op.  cit.  p.  705  et  suiv.  —  Dio,  -  ’  v  |:, 

49;  XL,  4;  Plut.  Pomp.  39,  42  ;  Liv.  Epit.  Cil  ;  Suet.  Caes.  2o.  — 

Plut.  Cam.  4;  Val.  Max.  I,  6,  3.  —  27  Val.  Max.  I,  8,  2;  cf.  Pc  i ” 

—  28  Willcms,  Op.  cit.  Il,  p.  310  et  suiv,  —  29  App.  Disp.  81  ;  Oros.  ,  ■■ 

XLIII,  1.-31  Liv.  IX,  36.  —  32  Liv.  XXIX,  20  ;  Diod.  Sic.  XXVII,  4  ;  P  u  •  ^  Cgff 

—  33  Liv.  XLV,  13  (15  légats).  —  34  Cic.  Pro  Scaur.  2,  27  (10  léga  ^  3,  DcIiug 

inscr.  lat.  1,  199.  —  36  Liv.  XXXIX,  22.  37  Liv.  XXXIV,  9-<  XL,  ^  jiotnafl 

giero,  Diz.  epigr.  I,  p.  616  s.  v.  Arbiter  ;  L Arbitrato  pubblico  près  Q 

Rome,  1893,  p.  154  et  suiv.  —  39  Corp.  inscr.  lat.  V,  7749;  Eph.cpuj'- 


LEG 


—  1033  — 


LEG 


.  pssaire  du  moins  aux  yeux  des  sénateurs,  de 
P!,1S  lier  de  près  la  gestion  des  gouverneurs,  qui  se  trou- 
SUr'e'  ■  r  leur  éloignement  même  livrés  à  eux-mêmes. 
n-nStution  de  légations  permanentes.  A  partir  d’une 
■  T ine  époque,  tout  gouverneur,  consul  ou  proconsul, 
ce  ^ur  ou  propréteur,  tout  personnage  revêtu  de  Yim- 
p,r .'  dut  être  accompagné  d’un  ou  plusieurs  légats 
r',';  publiée,  quorum  opéra  consilioqueuteretur  peregre 
e'  •/.„/,,/ 1  A  quelle  date  faut-il  faire  remonter  cet 
te?  M.  Willems  veut  le  ramener  aux  premiers  temps  de 
h  République  2,  parce  que  les  auteurs  mentionnent  des 
légats  à  cette  époque  ;  M .  Mommsen,  au  contraire,  tientleurs 
assertions  pour  peu  dignes  de  foi  3  et  regarde  l’institu¬ 
tion  comme  ayant  pris  naissance  seulement  vers  la  tin  du 
vi»  siècle  de  Rome  4.  U  la  considère  comme  une  imitation 
de  ce  qui  se  passait  à  Carthage  ;  les  légats  des  consuls  et 
des  préteurs  n’auraient  été  que  la  reproduction  des 
gerousiastes  du  quartier  général  carthaginois. 

Quoi  qu’il  en  soit,  et  pour  prendre  les  choses  en  l’état 
où  nous  les  trouvons  au  vu0  siècle,  le  sénat  désignait 
pour  chaque  cas  particulier  ( sénat  us  consul  tum  de  lega- 
tionibus),  sur  la  proposition  de  son  président  5,  les 
membres  de  la  commission  qu’il  adjoignait  aux  gouver¬ 
neurs  ou  commandants  militaires.  Généralement,  le  prési¬ 
dent  ne  faisait  que  mettre  en  avant  les  noms  de  ceux  que 
le  magistrat  ou  le  promagistrat  avait  présentés6;  mais 
il  pouvait  choisir  de  lui-même  7.  Le  nombre  de  ces  légats 
n’était  pas  constant  :  au  vic/vne  siècle,  les  titulaires 
des  provinces  consulaires  avaient  deux  8  ou  trois  légats  9  ; 
ceux  des  provinces  prétoriennes,  deux10.  Ce  nombre  fut 
ensuite  pour  ceux-ci  de  deux11  ou  trois12,  pour  ceux-là 
de  trois 13  à  cinq14.  Pour  le  proconsul  César,  il  fut  élevé 
jusqu’à  dix  en  70015,  jusqu’à  douze  en  702 1G.  Pour  Pompée, 
il  monta  jusqu’à  quinze  n. 

La  compétence  de  ces  légats  n’était  pas  non  plus  abso¬ 
lument  fixe,  à  l’époque  républicaine.  D’une  façon  géné¬ 
rale,  on  peut  dire  qu’ils  sont  destinés  à  composer  le 
conseil  du  gouverneur  (TCpeaëeuTTiç  xat  cujaSou Xoç),  et  à  lui 
servir  en  toutes  choses  d’auxiliaires  et  au  besoin  de  rem¬ 
plaçants  ;  dans  ce  dernier  cas,  on  leur  donne  le  titre  de 
roppraetore  18.  Ce  n’est  que  plus  tard,  à  l’époque  impé¬ 
riale,  que  les  fonctions  des  légats  se  sont  précisées. 

Les  légats  permanents  pouvaient  être  pris  en  dehors  du 
sénal,  comme  les  autres,  et,  primitivement,  on  ne  s’en 
faisait  pas  faute10  ;  mais  à  partir  de  687,  il  fut  établi  par  la 
oi  Gahinia  que  le  choix  en  devait  être  restreint  aux  séna- 
eors  .  Dorénavant,  ce  devint  une  règle  qui  ne  souffrit 
pas  d  exception  et  qui  s’appliqua  pendant  toute  la 
un  e  de  1  Empire.  On  sait  qu’à  cette  époque  il  était 
i  a>  i  qU  un  légat  devait  être  d’un  rang  au  plus  égal  à 
•  Ul  (  0  SOn  chef,  et  généralement  d’un  rang  infé- 
11  •  •  Mommsen  admet  que  le  principe  était  déjà 

en  ligueur  antérieurement21. 


Il,  p.  610.  —  3  //.  -]a^'  ** 2  Willems>  Le  sénat  de  La  Républiqiu 

-  5  Polyb.  XXXV  Tbl'r0m-  IV’  P-  4I5’  note  3-  -  4  Liv.  XXXIX,  31;  XL,  3Î 
T'on  semblo  ail,.’;/’  'C'  Pr°  lcfl '  Alan •  19  ’  58  •  —  0  C'est  pour  cei 

„ Di°d.  Sic.  XXXVII  ••  >.U pl  S0l,vcnt  choix  au  magistrat;  Sali.  Jug.  28 
41,  42,  c^c  ’  los*  Gic.  ad  Att.  II,  18,  3;  De  prov.  consu 

Itfwena.  ù  «  g  .  Max;  'L  2.  *;  V,  7,  1;  Liv.  XXXVII,  1;  Cic.  Pr 


’ena,  1 4^  32.  __  g 


_ _ oï-  .  .  '  ’  »  "  J  *  J  .  JliliV  1  **,  1  ,  U1V,.  JL  I  I 

;  XXXVll’  n  10°t  Jlv-  XXVL  33;  XXVII,  14.  —  9  Liv.  XXIX,  1,  6,  8;  XXXII 

Cms.  9.  J2  D .  V',XXIU>  16  ;  XXXIX,  31.-11  Cic.  Pro  Font.  4,  8  ;  Plut 

10-  ~  14 Cic.  De  ’  '  '  '  ’  47'48  ;  Cic-  A<t  Q-  (r.  I,  1,  10.  -13  Cic.  Ad  fam.  1,  7 

‘fléau  des  ]é  tg  ,  *■  7;  t'n  Pis.  23,  54.  -  15  App.  Bell.  civ.  I,  40;  cf.  1, 

P-  613.  —  le Qf  Wjii  1  'le  ,  à  go  dans  Willems,  Le  sénat  de  la  République ,  li 
Ml ■  IV,  1,  7  ;  Dio  IT'J!:0C-  cit  -  -  17  Wo,  XXXVI,  37  ;  Plut.  Pomp.  25  ;  Cic.  Ai 
,20.-18  Cf.  C.  i.  I.  I,  204,  1.  2,  0,  14,  où  un  Icga 


La  nomination  des  légats  resta,  pendant  la  plus  grande 
partie  de  l’époque  républicaine,  exclusivement  entre  les 
mains  du  sénat.  Ce  n’est  que  dans  les  derniers  temps  de 
la  République  que  les  comices  ont  été  appelés  à  y  inter¬ 
venir  :  tantôt  ils  en  fixaient,  comme  précédemment  le 
sénat,  le  nombre  et  la  qualité,  tantôt  ils  en  déféraient  la 
désignation  au  magistrat  auquel  les  auxiliaires  étaient 
destinés.  Ainsi  la  loi  Gabinia  donna  en  687  à  Pompée  le 
droit  de  choisir  ses  légats 22  ;  la  loi  Clodia  accorda  la  même 
faveur  à  Pison  et  Gabinius  en  696 23  ;  et  l’habitude  d’agir 
de  la  sorte  s’introduisit  peu  à  peu  dans  les  mœurs.  Lors 
de  la  réorganisation  d’Auguste,  le  principe  fut  consacré. 
Dès  lors  et  pendant  toute  la  durée  de  l’Empire,  les  gou¬ 
verneurs  désigneront  eux-mêmes  leurs  légats. 

Les  avantages  et  les  facilités  de  voyage  accordés  aux 
ambassadeurs  donnèrent  naissance  à  une  coutume,  qui 
était  déjà  profondément  entrée  dans  les  mœurs  à  la  fin  de 
la  République.  Lorsqu’un  sénateur  désirait  se  rendre 
dans  une  province  pour  ses  affaires  privées24,  pour 
recouvrer,  par  exemple,  un  héritage  ou  une  créance23, 
pour  accomplir  un  vœu26,  il  exposait  son  désir  au  sénat 
et  obtenait  de  lui  une  mission  libre  [légat io  libéra)21. 
Ainsi,  sans  avoir  d’autre  raison  d’absence  que  son  bon 
plaisir  ou  son  besoin  personnel,  il  obtenait  de  voyager 
aux  frais  de  l’État  entouré  de  la  considération  et  des  hon¬ 
neurs  réservés  aux  missionnaires 28.  On  conçoit  que,  dans 
les  cas  où  son  intérêt  était  en  jeu,  cette  situation  pouvait 
donner  lieu  à  des  abus  de  pouvoir  scandaleux29;  aussi 
Cicéron,  dans  son  consulat  de  691,  fit-il  un  effort  pour 
supprimer  ce  privilège,  objet  de  nombreuses  plaintes  de 
la  part  des  provinciaux30  :  il  échoua,  et  l’usage  de  la  legatio 
libéra  persista  sous  l’Empire31.  On  se  contenta  de  fixer  à 
ces  légations  un  terme  au  delà  duquel  le  bénéficiaire 
cessait  d’être  considéré  comme  envoyé  officiel,  et  par 
suite  de  jouir  des  droits  attachés  à  ce  titre32. 

Légations  envoyées  a  Rome33.  —  Non  seulement  le 
sénat  envoyait  des  ambassades  aux  puissances  étrangères, 
mais  il  en  recevait;  et  cette  réciprocité  n’était  point  aban¬ 
donnée  au  hasard.  Rome  ne  recevait  de  députés  que  de 
ceux  à  qui  elle  en  envoyait,  c’est-à-dire  des  villes  et  des 
peuples  indépendants,  des  familles  princières  liées  avec 
elle  par  un  pacte  d’amitié34  ;  une  cité  sujette  ou  une  ville 
peuplée  de  citoyens  ne  pouvait  lui  adresser  de  députation 
que  si  elle  en  avait  obtenu  le  droit  par  faveur  particulière 
(jus  légat ionis) 35 .  Toute  mission  émanant  de  sujets  non 
autorisés  n’était  pas  pour  cela  écartée  par  le  sénat,  qui 
acceptait  parfois  de  lui  donner  audience36,  mais  les 
membres  n’en  jouissaient  pas  des  privilèges,  reconnus  aux 
ambassadeurs  officiels,  qui  seront  énumérés  plus  loin. 

Parmi  les  ambassadeurs  envoyés  à  Rome,  il  faut  dis¬ 
tinguer  deux  catégories  :  ceux  qui  viennent  du  territoire 
ennemi,  et  ceux  qui  sont  députés  par  des  peuples  amis. 
Jamais  les  premiers  n’étaient  admis  dans  l’intérieur  de 

est  appelé  pro  magistratu  legatus.  —  19  Cf.  Mommsen,  Droit  public  romain, 
IV,  p.  402  et  note  1.  —  20  Plut.  Pomp.  25  ;  App.  Mitlir.  94.  —  21  Op.  cil.  IV,  p.  403. 

—  22  Plut.  Pomp.  25;  App.  Mithr.  94.  —  23  Cic.  In  Vat.  15,  35,  30;  Pro  Sest. 

XIV,  33.  —  24  Cic.  Ad  fam.  XII,  21  ;  De  leg.  III,  3,  9.  —  25  la.  nq  S) 

—  20  Cic.  Ad  Alt.  II,  18,  3;  IV,  2,  6.  Celte  mission  se  nommait  votiva  legatio. 

—  27  Cic.  Ad  fam.  XII,  21  ;  Ad  Att.  II,  18,  3  ;  Pro  Flacco,  34,  86;  Suet.  Tib.  31  ; 
Dig.  XL,  7,  15.  —  28  Cic.  Ad  fam.  XII,  21.  —  29  Cic.  De  leg.  III,  8,  18.  —  30  pro 
Flacco,  34,  80;  De  leg.  I.  c.  —  31  Suet.  Tib.  31  ;  Dig.  I.  c.  — 32  Loi  Tullia  (Cic. 
De  leg.  III,  8,  18J;  loi  Julia  (Id.  Arf  Att.  XV,  11,  4).  —  33  Sur  le  nombre  très 
variable  de  ces  ambassadeurs,  voir  Bültner-Wobst,  De  legationibus  reipublicae 
liberae  temporibus  Romain  missis,  p.  18  et  suiv.  —  34  Liv.  XLIV,  16,  7;  Joseph. 
Ant.  Jud.  XIV,  20;  C.  i.  I.  I,  p.  110,  etc.  —  35  Mommsen,  Droit  public  romain , 

.VI,  2,  p.  380  ;  Vil,  421.  —  3e  Liv.  XLI,  8,  5;  Cic.  Verr.  i,  35,  90. 


LEG 


—  1034  — 


LEG 


la  ville  L  On  leur  donnait  l’hospitalité  dans  le  Champ  de 
Mars  2;  il  y  avait,  là  une  sorte  de  parc  avec  des  édifices, 
nommé  villa  publica,  qui  leur  était  assigné  3.  Ils  y  atten¬ 
daient  qu'il  plût  au  sénat  de  leur  donner  audience  ;  quand 
il  le  faisait,  c'était  dans  le  temple  de  Bellone  4,  voisin  de 
la  v-Ula  publica ,  ou  dans  le  temple  d’Apollon,  qui  était 
aussi  en  dehors  du  pomérium 5. 

Mais  il  est  des  cas  graves  où  tout  entretien  leur  était 
refusé.  Alors  on  leur  enjoignait  de  quitter  l’Italie  dans  un 
délai  fixé  et  on  les  faisait  reconduire  à  la  frontière  par  un 
sénateur,  avec  défense  de  revenir  sans  une  autorisation 
formelle  :  c’est  ce  qui  arriva  aux  légats  étoliens  en  562  6  : 
on  les  chassa  de  Rome  et  on  leur  donna  quinze  jours  pour 
sortir  d'Italie.  Eu  581,  les  députés  envoyés  par  Persée  se 
virent  pareillement  intimer  l'ordre  de  quitter  le  territoire 
romain  sous  onze  jours  et  on  chargea  Sp.  Carvilius  de 
les  surveiller  jusqu’à  ce  qu'ils  fussent  embarqués  7 .  De 
même,  au  commencement  des  hostilités,  des  ambassa¬ 
deurs  de  Jugurtha  furent  obligés  uti  in  diebus  proximis 
decem  Italia  decederent  * . 

Pour  les  autres,  les  députés  des  nations  amies,  on  ne 
leur  ménageait  point  les  égards.  Si  les  ambassadeurs  étaient 
des  personnages  de  rang  élevé,  on  envoyait  un  questeur 
pour  les  saluer  à  leur  arrivée  en  Italie,  pour  les  accompa¬ 
gner  partout  pendant  leur  séjour  et  pour  les  reconduire, 
au  départ,  jusqu'à  une  certaine  distance9.  Dans  tous  les 
cas  ils  recevaient  des  guides  sur  le  territoire  romain  ;  les 
communes  qu'ils  traversaient  devaient  leur  faire  bon 
accueil10;  ils  devenaient  les  hôtes  du  peuple;  ils  étaient 
logés  à  Rome,  hébergés11  (locus  lautiaque)',  ils  avaient 
droit  à  des  dons  dont  le  montant  était  fixé  et  inscrit  sur 
la  liste  officielle  des  admis12.  Assistaient-ils  à  une  fête 
publique,  à  une  représentation  théâtrale,  on  leur  réservait 
une  place  d’honneur13;  ils  étaient  admis  à  sacrifier  au 
Capitole  14  ;  s’ils  tombaient  malades,  on  les  soignait  aux 
frais  de  l’État;  en  cas  de  mort,  on  leur  faisait  des  funé¬ 
railles  publiques15.  Enfin  leur  personne  était  inviolable, 
et  ceux  qui  ne  les  respectaient  pas  étaient  traduits  devant 
le  tribunal  des  fétiaux16.  Ce  traitement  privilégié  fut 
continué  jusqu'au  Bas-Empire  aux  ambassadeurs  des 
nations  étrangères17.  De  leur  côté,  les  ambassadeurs 
apportaient  avec  eux  des  présents.  Nous  en  trouvons  de 
nombreux  exemples  dans  les  auteurs  ;  on  peut  citer  l’am¬ 
bassade  des  Latins  et  des  Herniques  venue  pour  féliciter 
les  Romains  aprèsle  rétablissement  de  laconcordeentre  les 
patriciens  et  la  plèbe  (368  =  446) i8,  celle  des  Carthaginois 
qui  était  chargée  d’offrir  des  félicitations  à  la  suite  de  la 


victoire  de  Rome  sur  les  Samnites19;  celles  de  Ptolémée 
Philadelphe  en  481  =  27320,  et  celle  des  Juifs  en  615 
=  139 21  accourus  pour  demander  l’amitié  du  peup|e 
romain;  celle  du  roi  Attale  rendant  grâces  au  sénat  de 
l’avoir  délivré  du  roi  Antiochus  22,  et  bien  d’autres 
encore*3.  Ces  présents  étaient  la  plupart  du  temps  des 
couronnes  d’or  ;  on  y  lisait  le  nom  de  ceux  qui  les  avaient 
offertes  et  le  motif  de  leur  libéralité24  [corona  ;  les 
ambassadeurs  les  déposaient  au  Capitole  dans  le  temple 
de  Jupiter25.  Mais  on  cite  aussi  des  statues26,  des  bou¬ 
cliers27,  même  des  vases  précieux28.  M.  Büttner-Wobsta 
réuni  dans  un  tableau  la  liste  de  tous  les  présents  de  cette 
espèce  dont  nous  avons  gardé  le  souvenir29.  Le  moindre 
est  la  couronne  de  25  livres  d’or  offerte  par  Carthage  :  elle 
valait  100000  sesterces30;  le  plus  élevé  est  un  ensemble 
de  vases  d’or  envoyés  par  le  roi  Antiochus  en  581  =  173; 
ils  pesaient  500  livres  et  valaient  deux  millions  de  ses¬ 
terces31. 

Quand  le  président  du  sénat  avait  décidé  de  donner 
audience  aux  ambassadeurs,  au  jour  fixé  ceux-ci  se  ren¬ 
daient  dans  la  Graecostasis 32,  voisine  de  la  Curia  Hosti- 
lia 33,  où  un  magistrat  venait  les  chercher  pour  les  intro¬ 
duire34.  Lorsqu’ils  avaient  fait  connaître  le  but  de  leur 
mission  en  latin,  s’ils  savaient  la  langue,  ou  par  l’inter¬ 
médiaire  d'un  interprète35,  et  répondu  aux  questions  que 
les  sénateurs  croyaient  devoir  leur  poser36,  ils  étaient 
reconduits  dans  la  Graecostasis  pour  attendre  le  résultat 
de  la  délibération37.  Ce  résultat  leur  était  communiqué 
soit  dans  le  vestibule  de  la  curie38,  soit  dans  la  salle 
des  séances 39 . 


Les  demandes  des  députés  étaient-elles  trop  nombreuses 
et  trop  difficiles  à  résoudre  pour  pouvoir  donner  lieu  uti¬ 
lement  à  une  discussion  publique,  le  sénat  nommait  une 
commission  spéciale,  chargée  de  préparer  la  réponse  et 
de  lui  présenter  un  projet  de  décision.  C’est  devant  cette 
commission  que  les  délégués  exposaient  l’affaire  dont 
ils  étaient  chargés40. 

A  l'époque  impériale,  par  la  loi  organique  du  pri ncipat, 
les  relations  extérieures  passèrent  entre  les  mains  de 
l’empereur  :  Foedusve  cum  quibus  volet  facere  liceat  ■ 
Et  pourtant  on  trouve  encore  la  mention  d'ambassades 
envoyées  au  sénat  pour  conclure  fa  paix42,  pour  solliciter 
l’amitié  du  peuple  romain 43,  ou  pour  toute  autre  raison 
M.  Mommsen45  admet  que  c’étaient  là  seulement  «  des 
solennités  de  forme  ».  Quelques-uns  des  princes  °nt 
marqué  de  cette  façon  leur  déférence  pour  lasscnddo 
suprême  de  l’État,  suivant  le  conseil  que  Dion  fait  donner 


1  Dio,/V.  43.27;  Polyb.  XXXV,  2;  App.  Pun.  31;  Sali.  Jug.  28.  —  2  Liv.  XXX,  21; 
XXXIII,  24  ;  Dio,  fr.  79.  —  3  Lanciani,  Ruins  and  excavations  of  ancient  Rom, 
p.  474.  —  A  Feslus,  p.  347,  Epit.  33;  Liv.  XXX,  21,  40  ;  XXXIII,  24;  XLII,  36. 

—  S  Id.  XXXIV,  43.  —  6  Id.  XXXVII,  1.  —  7  Id.  XLII,  30.  —  «  Sali.  Jug.  28  ; 
cf.  Liv.  XXXVII,  49;  App.  Mac.  9,  5;  Polyb.  XXXII,  1  ;  Diod.  Sic.  XXXI,  23. 

—  9  Liv.  XXX,  21  ;  XLV,  13,  14,  44;  Val.  Max.  V,  1,  1.  — 10  Liv.  XXVIII,  39. 

_  il  Feslus.  Ep.  p.  68.  Lautia  dantur  legatis  hospitis  gratia  ;  Sénatusconsidle 

de  Asclep.  (Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  111,  112),  I.  8,  «  Munusque  eis  ex  formula 
locum  lautiaque  q(uaestorem)  u(rbanum)  [e]i*  locare  mittereq[ue  j]ube[rent]  ». 
Locus  est  le  logement,  lautia ,  le  mobilier  et  les  ustensiles;  Liv.  XXVIII,  39  ;  XXX, 
17;  XXXUl,  24,  etc.;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Forschungen,  I,  p.  344,  note  37. 

—  12  Munus  ex  formula  (note  précédente)  ;  Sénatusconsulte  d'Astgpalée  (Viereck, 
21),  1.  10;  Sénatusconsulte  de  Priène  (Viereck,  14),  1.  12;  Mommsen,  Op.  cil. 
p.  345;  Willems,  Le  Sénat  de  la  Rép.  rom.  p.  430;  Biiltner-Wobst,  Op.  cit.  p.  48 
(tableau  des  munera  connus).  —  *3  Varr.  De  l.  I.  V,  155;  Suet.  Aug.  44. 

_  14  Sénatusconsulte  de  Asclepiade,  1.  25  ;  Corp.  inscr.  gr.  5880,  5881  ;  Liv. 

XXII,  37;  XXVIII,  39.  Nous  avons  conservé  la  dédicace  d'un  certain  nombre  de 
monuments  élevés  au  pied  du  Capitole  par  des  ambassadeurs  étrangers  venus  à 
Rome  pour  lier  amitié  avec  le  peuple  romain  :  envoyés  de  Mithridate  Philopator  et 
Philadelphe  (Bull.  corn.  1886,  p.  403);  envoyés  des  Lyciens  [Corp.  inscr.  lat.  I,' 


589), etc.  ;  cf.  Dessau,  lnsc.  lat.  sel.  I,  n"‘  30  et  suiv.  ;  Galti,  Loc.  cit.  ;  Hiib'  ».  ^ 

Mitth.  1889,  p.  252.  —  1»  Plut.  Quaest.  rom.  43;  cf.  l'article  hôspitm>'I,  P-^ _ 
col.  2.  —  16  Varr.  cité  par  Nonius,  s.  v.  Fetiales,  p.  529  ;-Val.  Max.  VI,  <0  '  c  ^ 
Liv.  XXXVIII,  42  ;  Diod.  Sic.  XXXVI,  15  ;  Dig.  L,  7, 17.  —  «  Cod.  Theod.  ;  j  j 
Paratit.  —  1»  Liv.  III,  57.  —  19  Liv.  VII,  38.  —  20  Liv  Epit.  14;  Justin.  -  •' 

Val.  Max.  IV,  3,  9.  —  21  Joseph.  Ant.  Jud.  XIV,  8,5.  —  22  Liv.  X  -  •  " 

—  23  Cf.  Büttner-Wobst,  Op.  cit.  p.  39  et  40.  -  24  C.  i.  gr.  5880,  5881  ;  ^ 

Ant.  Jud.  XIV,  3,  1;  Diod.  Sic.  XXXIII,  28.  -  25  Liv.  VII,  48  ;  ’g4 

XXXII,  27;  XXXVI,  35;  XLIU,  G;  XLIV,  14.  —  26  Diod.  Sic.  XX, g 

—  27  Joseph.  Ant.  Jud.  XIV,  8,  5.  —  28  Liv.  XXII,  32,  36;  XLII,  G.  1 

p.  42.  -  30  Liv.  VII,  38.  -  31  Liv.  XLII,  6.  —  32  Varr.  De  l.  (■  j)ts,liv 
Plin.  Hist.nat.  VII,  60,  212  ;  XXXIII,  1,  19.  —33  Lanciani,  Op.  P' j)' ! .  | 

—  34  Liv.  X,  45;  XXXIV,  54,  57;  Polyb.  XXXV,  2;  Diod.  Sic.  X-  >  ^ 

—  35  Val.  Max.  II,  2,  3.  —  36  Liv.  XXX,  22.  —  37  Emovere  curia  :  Liv.  v  4„ 

6;  XXVI,  30;  XXIX,  19;  XXX,  23  ;  Sali.  Jug.  15,  etc.  —  38  Liv.  VII,  3*  .  s-.  |)iod 
XL,  34.  —  39  Liv.  XXVI,  32  ;  Dionys.  VI,  21  ;  VIII,  10.  —  40  Liv.  XXX  .  '  ^  |t 
Sic.  XXVIII,  15;  Polyb.  XXIII,  4;  Sénatusconsulte  de  Thtsbe,  •  ,, 

—  41  Lex  Regia,  1.  1  et  suiv.  —  42  Dio,  LXVIII,  9,  10.  —  ,3  .„it  puM‘c 

—  44  Suet.  Cl.  42;  Ner.  57;  Tac.  Ann.  XII,  10;  ffist.  IV,  51. 
romain ,  V,  p.  245. 


LEG 


—  1035  — 


LEG 


T«Ç*P 

Ttov  x( 

des  cas 


de  présenter  toujours  au  sénat 

eaëstaç  lâçTS  7tapà  tûv  tcoXs|Xiwv  xai  tfiv  7tocpà  tôuv  êvtnrdv- 


à  Auguste  par  Mécène 


-  »  Mais,  en  droit,  et  en  fait  dans  la  plupart 

twv  xai  ot)  P>v  ”•  ’  .  ,  .  , ,  ,  .  .r  r, 

,  jeg  solutions  à  intervenir  ne  dépendaient  que  de 

—initiative  impériale 

B  j  e  soin  de  recevoir  d  abord  ces  ambassades,  comme,  du 
'  ste  toutes  les  députations  envoyées  au  souverain,  de 
I  prendre  connaissance  de  leur  nature,  de  leurs  requêtes,  de 
leurs  vœux,  celui  de  préparer  la  solution  à  intervenir  et 
I  de  l’introduire  auprès  du  prince  était  réservé  à  un  bureau 
I  spécial  de  la  chancellerie  impériale  2,  le  bureau  ab  epis- 
tiiHs,  A  l’époque  de  Caligula,  le  père  de  Trogue  Pompée 
avait  epistularum  et  legationum  curam  3,  et,  au  temps  de 
■  la  Notice,  le  magister  epistolarum  legal iones  civitatum, 
I  consultât  loties  et  preces  tractat  *.  Il  en  fut  de  même  dans 
la  période  intermédiaire5.  L’on  comprend  très  bien  que 
celui  qui  devaiL  rédiger  la  réponse  impériale  fût  égale¬ 
ment  chargé  d’en  préparer  les  éléments.  L’introducteur 
des  ambassades  est  appelé  par  Phi  Ion  d’Alexandrie  :  6  à™ 

TWV  7tpS(jêEl(üV  °. 

II.  Légations  provinciales.  - — On  sait  que,  sous  l’Em¬ 
pire,  chaque  province  possédait  une  diète  [commune,  con- 
cilium],  où  chaque  cité  envoyait  un  ou  plusieurs  députés. 
Cette  légation  étant  soumise  aux  mêmes  conditions  que 
les  légations  municipales  ordinaires,  nous  n’en  parlerons 
pas  ici  en  détail;  ce  qui  sera  dit  au  paragraphe  suivant 
s’applique  aux  délégués  des  villes  près  l’assemblée  pro¬ 
vinciale  aussi  bien  qu’aux  autres.  Les  membres  du  conci- 
lium  se  réunissaient,  on  le  sait  également,  en  un  lieu 
fixé  d’avance,  la  plupart  du  temps  au  chef-lieu  adminis¬ 
trai**  de  la  province,  et,  presque  partout,  annuellement  7. 
Quand  les  fêtes  dont  la  célébration  accompagnait  ces 
réunions  étaient  terminées,  les  députés  avaient  la  liberté 
de  délibérer  sur  leurs  intérêts  communs,  et,  s’ils  le 
I  croyaient  nécessaire,  d’envoyer  au  gouverneur  ou  à  l’em¬ 
pereur  une  délégation  chargée  de  représenter  la  province. 
Tantôt  elle  n’avait  d’autre  mission  que  d’offrir  au  prince 
1  hommage  de  ses  sujets,  accompagné  souvent  de  pré¬ 
sents  ,  tantôt  elle  allait  lui  soumettre  des  questions  qui 
intéressaient  l’ensemble  des  villes  9,  tantôt  enfin  elle  lui 
poitait  un  xote  de  félicitations  pour  le  gouverneur  dont 
les  fonctions  venaient  de  prendre  fin10  ou,  au  contraire, 
un  vote  de  blâme  suivi  d’une  accusation  en  règle  et  d’une 
demande  de  poursuites11.  Louanges  ou  blâmes  notaient 
1  dl  eu>s,  laissés  à  l’initiative  du  concilium  :  au 
d  é  nv*  *  '  ll0mmer  leurs  délégués,  les  décurions  des  cités 
n*  c^11  jugement  qu’il  convenait  de  porter  sur  le 
naître  ,nUlr  ^"duuieuf  mandat  impératif  de  faire  con¬ 
tions  em  m'lsi0n  a  la  diète12.  En  somme,  ces  députa- 
gaien/  ]U'.ait  " 1  louc*ier  a  toutes  les  questions  qui  intéres- 
d’aillpnr^  i ' U"ls  des  Pr°vinciaux.  L’empereur  était, 

rapport  ^eV ^  ,enC0Urager  à  se  metlre  en 
•  «  J  accorde  à  toutes  les  assemblées 

1  Dio,  UI,  3i  2  H' 

XLl'l,  12.  -  t'jf  ,  ,.  "'sc''reld>  Verwaltungsgeschichte,  p.  205.  -  3  Justin. 

A,u  jTxx  ,  'ï  °CC-  10-  “  ‘  Suid-  S'  l’-  Di°-  L"- 

Ceei>  v°ir,  outre  les  arllel  ’  ’  "  °  Le°'  ad  Gaium,  28.  —  7  Pour  tout 

'provinciales  dans  ÏEmniT  C°*mw  ot  conc‘'-ium,  Guiraud,  Les  Assemblées 
•>•"^«1  ^  et  deurlier,  Le  culte  impérial , 

a“K'a  simulacra  Valentinien  ,  ’  ®’  1<'gatl0n  de  la  Tripolitaine  :  «  Victoriarum 

planter  des  vignes  :  Philos»  v/T’'1'  P'amitias  oblaturos  ».  -9  Permission  de 
s>ons libérales  :  Dig .  XXYH  V '  t°Ph'  }’  21,  12  î  immunité  attachée  aux  profes- 
’  §  Ô  Réduction  de  taxes  ■  1  V  ’  '"dl'0lt  011  déb«quera  le  proconsul  :  üig.  1,  16, 

;  Carnations  contre  des'  ^ 1  C°d '  Tkeod '  XI-  7’  18i  Xl-  28.  2-  ô 

'  Qu*l'aud,  0p  cit  162“as  vexaloires  :  Cad.  Theod.  XII,  1,21;  XII,  5,  2; 

'  *• 1  VI,  1736.  -  il  N  ,  ;  •  10  pl>n.  Paneyyr.  70;  Tac.  Ann.  XV,  17  • 

"UX  oxe'"U'lcs  dans  Guiraud,  Op.  cit.  p.  173  et  88. 


des  provinces  d’Afrique,  lit-on  dans  le  Code  Théodosien, 
le  pouvoir  de  rédiger  à  leur  gré  les  décrets  qui  leur  con¬ 
viendront,  d’adopter  les  résolutions  qui  leur  paraîtront 
utiles,  de  manifester  librement  leur  opinion  et  d’entrer 
en  relations  avec  moi  par  des  députations  13.  » 

Pendant  le  Haut-Empire,  comme  plus  tard,  les  députés 
étaient  choisis  parmi  les  membres  du  concilium  ;  mais 
après  Dioclétien  la  composition  de  ces  assemblées 
s’était  considérablement  modifiée  ;  au  lieu  d’un  seul 
délégué  par  ville,  on  y  fit  siéger  les  plus  élevés  des 
curiales,  les  honorât i,  même  des  hommes  de  la  classe 
sénatoriale11.  On  fut  amené  par  là  à  charger  de  députa¬ 
tions  auprès  de  l’empereur,  outre  des  notables  du  pays11, 
des  nobles,  des  avocats,  même  des  membres  du  clergé10. 

Arrivés  à  Rome,  les  députés  de  la  province  avaient  à 
faire  parvenir  à  l’empereur  les  demandes  ou  les  récla¬ 
mations  qu’ils  apportaient17.  Ils  les  remettaient  au  bureau 
compétent18.  En  principe,  ils  auraient  dû  attendre  patiem¬ 
ment  que  l’empereur  leur  accordât  une  audience  ou  leur 
fit  donner  réponse,  s'il  jugeait  inutile  de  les  recevoir; 
mais,  en  fait,  il  leur  fallait  multiplier  les  démarches  pour 
triompher  de  l’inertie  des  uns  et  de  l’opposition  des 
autres  ;  ils  faisaient  agir  surtout  en  pareil  cas  les  patrons 
de  la  province  [patronus]  ou  ceux  de  ses  enfants  qui 
étaient  arrivés  à  de  hautes  situations  dans  l’État 19.  Tout 
cela,  d’ailleurs,  leur  était  commun  avec  les  députés  des 
municipalités  et  je  reviendrai  plus  loin  sur  ses  détails. 

Il  suffira  ici  de  parler  de  ce  qui  était  propre  aux  dépu¬ 
tations  provinciales,  aux  accusations  portées  contre  les 
gouverneurs. 

Une  fois  la  plainte  des  provinciaux  accueillie,  le  procès 
s’engageait  soit  devant  l’empereur,  soit,  antérieurement 
à  Hadrien  20,  devant  le  sénat.  Les  députés  y  pouvaient 
prendre  la  parole  pour  exposer  les  réclamations 
de  leur  province,  ou  s’en  remettre  à  l’éloquence  de 
patrons  choisis  parmi  les  sénateurs21.  D’habitude,  on 
débutait  par  une  demande  d’enquête22;  il  était  rare  que 
le  sénat  s’y  refusât.  Le  temps  nécessaire  pour  y  procéder 
était  pour  les  délégués  une  période  d’inaction  ;  et  elle 
durait  parfois  une  année  ou  plus  23.  Puis  l’affaire  revenait 
devant  le  sénat;  ils  reprenaient  leur  rôle  d’accusateurs; 
les  témoins  déposaient;  on  entendait  les  plaidoiries; 
l’arrêt  intervenait21. 

Leur  ambassade  achevée,  quel  qu’en  eût  été,  d’ail¬ 
leurs,  le  motif,  les  députés  revenaient  dans  leur  pro¬ 
vince,  rapportant  la  réponse  du  prince,  accusés  de 
réceptions  et  remerciements,  rescrit,  sentence  suçant 
les  cas;  ils  rédigeaient  un  rapport  au  concilium  et  on 
leur  votait  des  félicitations  ou  des  honneurs  23,  en 
même  temps  qu’on  élevait  des  statues  au  Génie  du 
sénat  ou  à  l’empereur20. 

Quant  aux  frais  de  leur  mission,  il  semble  qu’ils  les 
touchaient  à  ce  moment27,  s’ils  n’y  avaient  pas  renoncé 

—  12  Ibid.  p.  175.  —  13  Cod.  Theod.  XII,  12,  I.  -  14  Guiraud,  Op.  cit. 
p.  264.  —  IB  Nov.  Theod.  23;  C.  i.  I.  VIII,  27.  —  16  Cod.  Theod.  VI, 

22,  1;  XII,  1,  25,  186  -,  Nov.  Theod.  23;  Sid.  Apol.  Epist.  I,  7.  —  17  Symmach' 
Epist.  1,  17;  Ennodius,  Vita  Epiph.  54,  82;  Idat.  (Pair,  de  Migne,  LR 
p.  880).  —  18  Justin.  XLIII,  12;  Suidas,  s.  v.  A,ovû<rioî;  Pliil.  Ley.  ad  Gaium, 

28  ;  Dio,  LU,  33.  Voir  ci-dessus  notes  2  à  C.  —  19  pij„.  Epist.  Vil  33  • 

C.  i.  I.  XIV,  2,  516.  —  20  Guiraud,  Op.  cit.  p.  193  et  suiv.  —  21  pli,,.  Epist. 

II,  H;  III,  4;  V,  20.  —  22  Tac.  Ann.  XIII,  43;  PI  in.  Epist.  111,  9;  V,  20 

-  23  Ibid.  III,  4  et  9;  Tac.  Ann.  XIII,  43.  -  24  Cf.  sur  ces  procès  Guiraud’ 

Op.  cit.  p.  185  et  suiv.  -  2Ü  C.  i.  gr.  1625,  3487  ;  Arch.  Zeit.  1878,  p.  177;  Le 
Bas-Waddinglon,  Inscr.  d'Asie  Min.  866,  867,  869;  C.  i.  lat.  VIII,  1 1025  ;  Denk- 
schriften  d.  Wien.  Akad.  1857,  p.  48.  —  26  C.  i.  lat.  VIII,  11017.’  —  27  Guiraud, 

Op.  cit.  p.  167. 


LEG 


—  1036  — 


LEG 


gracieusement  Nous  allons  retrouver  tous  ces  détails  à 
propos  des  légations  municipales. 

III.  Légations  municipales.  —  Dès  l’époque  républi¬ 
caine,  les  cités  provinciales  eurent  le  droit  et  prirent 
l'habitude  d’envoyer  à  Rome  des  députations 2  pour  porter 
au  sénat  leurs  plaintes  3  contre  le  gouverneur  sortant  ou 
pour  en  faire  l'éloge  l,  pour  exprimer  leurs  doléances  ou 
leurs  vœux5,  pour  offrir  l’hommage  de  leur  fidélité  à  la 
République.  Ce  fut  bien  autre  chose  encore  sous  l’  Empire. 

«  A  chaque  avènement  de  règne,  dit  M.  Guiraud G,  c’était 
à  Rome  une  affluence  énorme  de  députations.  Tout  évé¬ 
nement  heureux  ou  malheureux,  une  naissance,  une 
adoption,  une  mort,  une  victoire,  une  guérison,  un  com¬ 
plot  déjoué,  suscitait  de  toutes  parts  des  adresses  de  féli¬ 
citations  ou  de  condoléances.  On  n'attendait  même  pas  les 
occasions,  on  les  provoquait  à  plaisir.  Tantôt  c’était  une 
consultation  juridique  qu’on  réclamait  de  l’empereur, 
tantôt  c’était  des  honneurs  qu’on  lui  conférait  ;  aujour¬ 
d’hui  on  avait  des  remerciements  à  lui  prodiguer,  demain 
c'était  le  tour  des  récriminations  et  des  plaintes.  Mille 
circonstances,  en  un  mot,  s’offraient  de  communiquer 
avec  lui  et  on  n'en  laissait  échapper  aucune1.  »  Les  auteurs 
et  les  textes  épigraphiques  font  allusion  à  chaque  instant 
à  cet  usage.  Les  villes  ne  se  contentaient  même  pas  de 
ces  légations  envoyées  à  Rome;  elles  en  députaient  vers 
le  gouverneur8,  comme  les  Byzantins  qui,  chaque  année, 
au  dire  de  Pline,  faisaient  porter  leurs  hommages  au 
légat  propréteur  de  la  Mésie9.  Lorsque  l’empereur  tra¬ 
versait  la  province,  pour  gagner  la  frontière,  à  la  tête  de 
ses  troupes,  toutes  les  cités  se  hâtaient  de  dépêcher  des 
représentants  pour  le  saluer  au  passage10. 

Le  mode  de  nomination  de  ces  délégations  est  très  net¬ 
tement  indiqué  pour  les  hauts  temps  par  la  /ex  coloniae 
Genetivae"  .«Duum  viriquîcumquein  eo  colon(ia)  mag(is- 
tratum)  habebunt ,  ei  de  legationibus  publiée  mit  tendit 
ad  decuriones  referunto,  cum  m(ajor)  p[ars )  decurio- 
n(um)  ejus  colon[iae)  aderit ,quotque  de  /us  rebus  major 
pars  eorum  qui  tum  aderunt  constituent,  it  jus  ratum- 

queesto.  »  C’est  exactement  ce  que  nous  apprennent  d’autre 

part  les  délibérations  de  conseils  municipaux  relatives  à 
des  légations  que  nous  avons  conservées12.  On  y  voit  les 
duumvirs  proposer  au  sénat  l’envoi  de  députés  à  1  empe¬ 
reur,  après  avoir  longuement  exposé  les  raisons  de  1  am¬ 
bassade,  et  le  sénat  émettre  un  vole  favorable.  Copie  de 
cette  résolution  ( decretum ),  qui  dictait  aux  délégués 
leur  devoir  et  indiquait  nettement  le  but  de  leur  mission, 
qui  en  était  aussi  la  preuve  otficielle,  leur  était  remise, 
elle  leur  servait  d’introduction  auprès  de  celui  vers  qui 
ils  étaient  délégués13.  Un  député  qui  n’aurait  pas  eu  en 
main  cet  acte  était  considéré  comme  chargé  d’une  missio 
libéra  ll,  et  n’avait  pas  droit  aux  facilités  de  voyage 
accordées  aux  véritables  missions. 


I  C.  i.  gr.  1025;  Arch.  Zeit.  1878,  p.  177.  -  2  Willems,  Le  sénat 
de  la  République,  11,  p.  713  et  suiv.  —  3  Liv.  XXVI,  20,  30  et  sutv.  ; 
XXXIX,  3;  Val.  Max.  IV,  1,  7;  V,  8,  3.  —  *  Liv.  XXVIII,  39;  Cic.  A<  Q. 
fr.  Il,  11,  §  2.  —  0  Cic.  Ve)’)’.  Il,  3,  9,  §  2;  ad  Q.  fr.  Il,  13,  §  1, 

C  Gracc’h.  2;  C.  i.  I.  I,  547,  548,  549.  —  6  Les  Assemblées  provinciales,  p.  154. 
J  -i  Par  exemple  :  Suet.  Ner.  22;  Vesp.  23-;  Tac.  Ann.  III,  00  et  suiv.;  Pli». 
Epist.  X,  43;  Animian.  XXVIII, 0;  Symmach.  Epist.  X,  53;  Vit.  Soph.  I,  25,  §  2; 
Eunap.  De  leg.S-.C.  i.  gr.  477,  2743,  3170  a;  Haussoullier,  Rev.  de  phil.  1899, 
p  13u  et  suiv.;  C.  i.  I.  II,  1423,  4055;  III,  548,  1502;  V,  5127  add.  5894;  VI, 
1803,  etc.  ;  cf.  toutes  les  notes  qui  suivent.  11  ne  s'agit  pas  ici  seulement  des  villes 
d’organisation  romaine,  municipes  ou  colonies,  mais  de  cités  de  droit  pérégnn 
.  (Corp.  inscr.  lut.  VIII,  09,  70),  de  pagus  (lb.  XII,  594),  de  vicus  [lb.  IX.  3850} 

_ g  jfj  xil,  594.  —  9  Plin.  Epist.  X,  43. —  10  Ann.  épigr.  1888,  43.  11  *•  • 

Il  5439  (Fr.  Girard,  Textes  de  droit  romain,  p.  83),  §  XCII.  —  ri  C.  i.l.V,  o32, 
5127  add.  ;  IX,  3429;  XI,  1420;  Orelli,  784;  cf.  X,  4658  (leg.  s.  c.)  et  Cod.  Theud. 


Le  choix  des  conseils  municipaux  se  portait  en  règle» 
sinon  d’une  façon  absolue16,  sur  des  décurions  ou  des 
magistrats,  et  parmi  eux  on  prenait  naturellement  ceux 
qui  étaient  le  plus  aptes  à  faire  réussir  l’ambassade  par 
leur  facilité  de  parole11.  Une  première  mission,  surtout 
quand  elle  avait  bien  tourné,  était  un  titre  à  une  seconde. 
On  trouve  la  mention  de  personnages  qui  ont  été  trojs 
fois  et  plus  désignés  comme  légats18,  et  l’un  même 
d’entre  eux  porte  le  titre  de  legatus  perpetuus  ia. 

Il  n’était  pas  permis  de  se  soustraire  à  une  mission  de 
cette  sorte.  Mais  la  loi,  pour  éviter  des  injustices  ou  des 
abus,  avait  spécifié  certaines  règles,  auxquelles  les 
assemblées  municipales  devaient  se  soumettre  en  pareil 
cas;  ainsi  on  ne  pouvait  choisir  malgré  lui  un  décurion 
que  si  la  liste  des  sénateurs  plus  anciens  que  lui  était 
épuisée,  à  moins  que  la  légation  de  primoribus  viris 
desideret  personas 20 .  En  dehors  de  ces  cas,  de  ces  excuses 
légales,  on  était  tenu  d’accepter  la  charge  et  de  s’y  sou¬ 
mettre  jusqu’au  bout21.  Le  seul  moyen  de  se  dégager  qui 


restât  était  de  fournir  un  remplaçant  :  Quamque  legatio- 
nem  ex  h[ac)  l{ege)  exve  d(ecreto)  d(ecurionum )  quoi  n 
h(ac)  l[ege)  factum  erit  »,  dit  la  loi  de  la  colonie  Genetiva22, 
obire  oportuerit  neque  obierit  qui  lectus  eritx  is  prose 
vicarium  ex  eo  ordine,  uti  bac  lege  de(curionum)m 
décréta  d(ari)  o(portet),  dato.Ni  ita  dederit ,  in  res  sin- 
g {ulas),  quotient  ita  non  fecerit.  sestertium  (decem  milia) 
col  on  (i  s)  hujusque  col(oniae)  d(are)  d(amnas)  e{sto).* 
Une  restriction  fut  apportée  postérieurement  à  celte  règle; 
les  députés  furent  tenus  de  présenter  comme  remplaçants 


leurs  propres  fils23.  On  conçoit  qu’une  légation  à  Rome  ou 
même  auprès  du  gouverneur  fût  une  gêne  terrible  pour 
ceux  à  qui  elle  incombait.  Du  moment  que  la  loi  en  faisait 
une  obligation,  et  que  l’élu  était  dans  I  impossibilité  de 
s’occuper  de  ses  affaires  avant  d’avoir  rempli  son  mandat  ,  , 
il  était  juste  de  l’assurer  contre  les  risques  que  sou 
absence  pouvait  lui  faire  courir;  de  là  certaines  pres¬ 
criptions  insérées  au  Digeste2’. 

Le  nombre  des  membres  d’une  légation  municipale 
était  variable.  D’après  le  Digesle,  un  édit  de  Vespasiea 
avait  fixé  comme  maximum  le  chiffre  de  trois  -1’  ! 

documents  littéraires  et  épigraphiques  confirment  ce 
témoignage  ;  nous  rencontrons  tantôt  un  tantôt  fit • 
ce  qui  paraît  le  cas  le  plus  ordinaire,  tantôt  trois  députa 
mais  nous  trouvons  aussi  des  exemples  de  députations 
composées  de  quatre30,  cinq31  et  même  sept  membre  • 
y  compris  le  chef  de  la  légation,  un  magistrat  en  loin  fi 
(trois,  quatre  ou  six,  si  l’on  n’en  veut  pas  tenir  compU 
Quelques-uns  de  ces  documents  étant  postérieur  s  .m  1 1  » 
de  Vespasien,  il  faut  en  conclure  que  le  règlement 
prince  ne  fut  pas  observé  strictement  dans  la  suite. 

Ces  députations  pouvaient-elles  quitter  la  province  ^ 
l’autorisation  du  gouverneur,  ou  fallait-il  sa  Pen111^ 

i.  n» 


XII  12  15.  —  13  C.  i.  I.  II,  1423;  Ammian.  XXVIII,  0;  Cod.Theod.  XII, 

»  !..  /Ll.i 


aussi  pour  désigner  ces  mandats  les  expressions  mandata ,  ges  a  i  ^  ^  ^ 

tiones  leqationum ;  cf.  Godefroid,  ad  Cod.  Theod.  XII,  l-,  P(U  j750; 

II,  2132;  'X,  49v6;  XIL 


l. 


ti’ouve  aussi 
instructiones  legatL 

L,  7,  14;  Cod.  Theod.  XII,  12,  15.  -  i’i  c.  i . .  { 

Dig.  L,  7,  1.  —  16  c.  i.  I.  XII,  594.  Le  légat  n’est  qu’un  sévir  A«ir  __  y  -g# 
dans  un  pagus  d’Arles.  —  17  C.  i.  I.  V,  5894  iavocal).  18  tb.  II,  ,  (JlL 

(quinquies);  X,  3725  (ter)  ;  XII,  594;  Le  Bas-Waddinglon,  Inscr.  ~  ^  g  cf  sUr 

TtTfàxi;’,  1002  a  (itXeovàxiî).  —  19  C.i.  l.  II,  2132.  -u  Dig.  ’  ’  ’  g,  sur  lB 
la  réglementation  juridique  de  ces  légations  tout  le  litre  du  ‘g  s  ^  ^  C||, 
excuses  légales,  Dig.  L,  7,  G  et  8,  §  1.  -  21  Dig.  L,  7, 1.  —  22Lex 


_  23  Dig.  L,  7,  4,  §  4.  -  24 Dig.  L,  7,  8,  §  2.  -  23  Dig.  L,  7,  H, 

L,  7,  4,  §  0.  —  27  C.  i.  I.  III,  548  ;  Cod.  Theod.  XII,  12,  4.  -  •  ’  ( 

2960,  5790;  VIII,  09,  8837  ;  IX,  5420;  X,  8038;  Ammian.  XX,  8,  .  ^ 

mach.  Epist.  IV,  9  ;  VI,  22.  -  29  C.  i.  I.  V,  4919  ;  VIII,  08,  9707. 

(an  158).  —  3'  lb.  III,  1562  (au  150);  V,  4920  (an  27). 


II,  2958, 

0  ;  S)'1»’ 


_  30  lb.  X 
.  32  Ibid.  4981  (ali 


7815 

28). 


LEG 


—  1037  — 


LEG 


P01"  <|1  •  )ndans  les  deux  sens.  En  somme,  on  n’a,  pour  se 
rononcer,  qu’un  seul  texte,  celui  où  Dion  fait  dire  à 


u’une  cité  pût  envoyer  une  ambassade?On  a  résolu 
ja  questioi 

,  qu  un  sem  i 

Auguste  par  Mécène'  :  «  Les  provinciaux  indiqueront 
d’abord  à  leurs  gouverneurs  ce  qu’ils  désirent;  c’est  par 
lui  qUe  ieurs  vœux  parviendront  j  usqu’à  toi ,  après  qu’il  les 
a  approuvés.  »  Cette  assertion  ne  peut  valoir  pour  les 
deux  premiers  siècles  de  notre  ère  et  n’est  pas,  même 
our  l’époque  postérieure,  confirmée  par  les  documents 
que  nous  possédons  ;  ce  ne  sont  pas  d’ordinaire  les  gou¬ 
verneurs  qui  transmettent  à  l’empereur  les  requêtes  des 
provinciaux,  mais  des  envoyés  de  ces  provinciaux  eux- 
mèmes.  Deux  autres  textes  sont  mis  parfois  en  avant, 
Pun  de  Pline  le  Jeune  2  et  l’autre  de  Philon  d’Alexandrie  ; 
ils  ne  semblent  pas  concluants.  Philon  3  parle,  non  d’une 
municipalité  quelconque,  mais  de  Juifs  d’Alexandrie,  ce 
qui  n’est  pas  la  même  chose.  Quant  à  Pline  le  Jeune, 
ce  n’est  pas  sollicité  de  donner  son  autorisation  qu’il  a 
refusé  aux  Byzantins  la  permission  d’envoyer  une  am¬ 
bassade  annuelle  à  l’empereur  :  en  vérifiant  les  comptes 
de  la  ville,  par  ordre  du  prince,  il  s’est  aperçu  que  ladite 
ambassade  coûtait  beaucoup  trop  cher,  et,  par  mesure 
d’économie,  il  la  supprime  ;  il  y  a  là  une  différence  capi¬ 
tale.  11  n’est  donc  nullement  prouvé  qu’au  Haut-Empire 
les  municipalités  qui  voulaient  députer  quelques-uns  des 
leurs  au  souverain  aient  eu  à  en  obtenir  du  gouverneur 
l’autorisation  préalable. 

11  en  fut  autrement,  comme  on  le  verra,  au  ive  siècle. 
Le  titre  de  député  d’une  municipalité  donnait  à  ceux 
qui  l’avaient  reçu  certaines  facilités  de  voyage  pour  se 
rendre  à  Rome.  Ainsi,  au  iv°  siècle,  ils  avaient  droit  de  se 
servir  de  la  poste  4  ;  nous  ne  pouvons  pas  affirmer  qu’il 
enfûtde  même  antérieurement:  c’est  probable,  cependant. 
Une  fois  à  Rome,  les  ambassadeurs,  après  avoir  remis 
leurs  pétitions  aux  bureaux  ab  epistulis 5,  attendaient  le 
jour  d  être  introduits  en  présence  de  l’empereur.  Si 
1  affaire  en  valait  lapeine,ils  y  arrivaient,  surtout  lorsqu’ils 
étaient  bien  appuyés  par  les  patrons  de  la  cité  ;  certains 
princes  se  faisaient,  d’ailleurs,  un  devoir  de  prêter 
1  oreille  aux  députations  municipales  6.  C’était  pour  eux 
le  moment  de  se  montrer  dignes  de  la  confiance  de  leurs 
concitoyens  et  de  faire  appel  à  leurs  talents  d’orateurs. 

:  ous  avons  gardé  le  souvenir  de  quelques-uns  des  dis- 
<om>  prononcés  en  de  telles  circonstances  :  celui  que 
au  de  T\ r  adressa  à  l’empereur  Hadrien  pour  faire  con¬ 
çue  ei  a  sa  patrie  le  titre  de  métropole7,  ou  celui  dans 
eque  e  S0Ph'ste  Polémon  demandait  les  fonds  néces¬ 
saires  a  1  eiection  d’un  gymnase  à  Smyrne  8,  d’autres 

r”C,0re  '  Cette  éloquence  d’ambassade  avait  même  ses 
rl-u  i  011  aPPrena'l  dans  les  écoles  et  qu’on  inscrivait 
S  manue3s  de  rhétorique10.  S’agit-il  du  discours 
de  couronnement,  que  l’on  adressait 
avenement  ou  dans  les 


au  prince  lors  de  son 
circonstances  qui  lui  attiraient 

'  Dio  LU  30.  _  •>  Pr  ... 

Oaium,  23.  _  t  r  .  In'  EVxst-  X,  33.  —  3  Phil.  In  Flacc.  15;  Leg.  ad 
note  2  et  3.  __  o  Diô  |  12’  0  et  9  1  VIII,  5,  32.  —  S  Plus  haut  p.  1033, 

(Antonin);  Iii0.  ’  J7  f'1,Jère)  i  Suet.  Vesp.  24  (Vespasien) ;  Vit.  Anton.  G 

1  Suid.  s  „  n  ’  .  1  aic  Aurèle);  Vit.  Sev.  Alex.  15  (Sévère  Alexandre). 


réponses  faites  à  Cia"  ~  *  VU'  Soph-  *’  23’  §2'-  9  Voir,  par  exemple, 

Rome  pour  accuser  A  °  ^  Commode  par  des  ambassadeurs  alexandrins  venus  à 
P-  161  et  suiv.  ;  Greufeli'Tu01  ^  ',Ulfs  Reinacll>  Pev-  des  Études  juives,  1893, 
R£é  dansV  ,Î!'nl’  0xDrinc A-  pmr.  L  p.  65  et  suiv.).  -  10  Menand. 

cf'  Egger,  Mêm  r.  f'  !/r’  6d’  SPenSel.  *•  UI  ;  Themist.  Or.  3  et  14; 
>-»  “e  ‘Acad,  des  ‘  •  -  - 


Éwtixi5v,  1°)  *  aes  uwcnpt.  XXIV,  p.  119  et  suiv. 

•  '*tbid.  13.  13  £.  i.  gr.  1585  •  ’ .  • 


n  n 


Cor 


E?1 


lat-  H,  1423; 

V 


R-  l29,  130.  —,  te  Q 


:  èpu»|xioyçà^o;  tîç  Tbv  Kat  traça. 
IX,  5420;  x,  8038.  —  IB  Bull,  de  corr.  hell.  XI, 
'■  aL  *’  4192 i  *1,  4201,  4208  ;  V,  5894;  XII,  594;  Le  Las’ 


l’offrande  d’une  couronne  d’or?  L’orateur,  dit  Ménan¬ 
dre",  y  montrera  d’abord  le  monde  entier  qui  s’empresse 
autour  du  trône,  Toi  geyûrrcj)  ors© avouera  atscpavqj,  ratç 
éuij)7)g.tatç;  puis  sa  propre  patrie  rivalisant  d’empresse¬ 
ment  avec  les  autres  villes  pour  apporter  sa  part  de 
présents  et  d’éloquence.  Ensuite  il  abordera  l’éloge  du 
souverain,  de  ses  vertus,  de  son  courage,  de  ses  vic¬ 
toires  sur  les  Barbares.  Puis,  passant  à  ses  talents  paci¬ 
fiques,  l’orateur  recommandera  sa  patrie  à  la  bienveil¬ 
lance  et  à  la  générosité  impériale;  enfin  il  priera  qu’on 
lui  permette  de  lire  le  décret  de  couronnement.  Un  tel 
discours  ne  devait  pas,  paraît-il,  dépasser  150  ou 
200  lignes.  Pour  d’autres  sujets,  il  faut  modifier  l’argu¬ 
mentation  et  varier  les  effets  12. 

Les  villes  grecques  qui  surpassaient  toutes  les  autres 
dans  ce  genre  d’éloquence  avaient  été  jusqu’à  proposer 
des  prix  dans  les  fêtes  municipales  à  ceux  qui  compo¬ 
saient  le  meilleur  éloge  du  souverain  13. 

Le  résultat  de  la  députation  faisait  l’objet  d’une  réponse 
de  l’empereur  qui  était  remise  aux  députés  par  les 
bureaux,  tandis  qu’une  autre  copie  était  envoyée  au 
magistrat  compétent;  nous  en  possédons  plusieurs 
exemples  que  les  municipalités  avaient  eu  soin  de  graver 
sur  marbre  pour  faire  connaître  à  tous  les  décisions 
impériales14.  De  retour  chez  eux,  les  députés  remettaient 
la  lettre  du  prince  au  sénat13,  et  en  recevaient  des  félici¬ 
tations  ;  souvent,  on  leur  élevait  des  statues  en  récom¬ 
pense  de  leur  succès16. 

Les  ambassades  municipales  étaient  naturellement 
rétribuées  et  les  députés  étaient  remboursés  de  leurs 
débours11,  ce  qui  coûtait  aux  villes  des  sommes  souvent 
fort  élevées.  Pour  faire  porter  chaque,  année  leurs  hom¬ 
mages  à  Rome  et  au  gouverneur  de  Mésie,  les  habitants 
de  Byzance  ne  dépensaient  pas  moins  de  15000  sesterces18. 
Aussi,  lorsqu’un  des  députés  offrait  de  prendre  à  sa 
charge  tous  les  frais  de  sa  mission  [gratuita  legatio),  ses 
concitoyens  l’acceptaient  avec  reconnaissance,  et  cette 
générosité  restait  pour  lui  un  titre  d’honneur  ;  on  avait 
soin  de  le  rappeler  dans  les  inscriptions19.  Mais  tous 
n’avaient  pas  les  moyens  ou  le  désir  d’en  agir  de  la  sorte. 

A  ceux  qui  ne  refusaient  pas  l’argent  de  la  cité,  on  payait 
une  somme  au  moment  de  leur  départ,  nommée  legati¬ 
vum  ou  viaticum  20,  somme  que  les  héritiers  n’avaient 
pas  à  restituer  si,  ce  qui  arrivait  quelquefois21,  le  per¬ 
sonnage  mourait  pendant  la  durée  de  sa  légation'22. 

D  autres  fois,  elle  laissait  ses  ambassadeurs  avancer  le 
montant  de  leur  légation  et  le  leur  rendait  au  retour23. 
Tout  cela  grevait  le  budget  communal 24  ;  aussi,  quand 
l’occasion  se  présentait  de  faire  quelque  économie,  on  la 
saisissait  avec  empressement.  Par  exemple,  on  profitait  de 
la  présence  à  Rome  d’un  habitant  de  la  cité,  venu  à  ses 
frais  dans  la  capitale,  pour  le  charger  de  remettre  à  l’em¬ 
pereur  les  lettres  qu’on  eût  été  obligé  sans  cela  de  faire 

Waddington,  781.  -17  Dig.  III,  4,  7.—  18  pim.  Epist.  X,  43.  —  19  Corp.  inscr. 
lat.  II,  4057  :  functus  legatione  gratuita  ;  4201  :  ob  legationem  qua  gratuita 
functus  est  ;  cf.  4208;  V,  5894:  legationibus  gratuitis  urbicis  et  peregrinis 
quinquies  functus-,  XII,  594  :  ad  praesides  prosecutus  est  injuriam  nos- 
tram  suis  im[pensis] ;  Le  Bas-Waddington,  Inscr.  d’Asie  Min.  1212  ;  Bull 
de  corr.  hell.  X,  p.  161.  -  20  Dig.  L,  4,  18,  §  12  :  Viaticum  quoi 

legativum  dicitur ;  Phn.  Epist.  X,  52.  F.ir  grec,  UBSisv.  _  21  c  i  lat  111 
5031;  VI,  1803  (i);  XII,  1750.  -  22  Dig.  L,  7,  10,  §  1;  Sumptus  qui 
proficiscenti  sunt  dati.  -  23  Dig.  L,  7,  2,  §  3  :  Eis  qui  non  gratuitam 
legationem  susceperint,  legativum  ex  forma  restituitur  ;  cf.  C.  i.  gr.  1319; 
Le  Bas  et  Waddington,  Inscr.  d'Asie  Min.  409,  874  ;  Bull,  de  corr.  hell.  V 
p.  454;  XI,  p.  109.  —  21  Pour  le  paiement  des  délégués  au  îv»  siècle,  cf.  Cod. 
Theod.  XII,  12,  Paratill. 


131 


LEG 


—  1038  — 


LEG 


« 


porter  parvin  député  payé  *  ;  ou  encoreon  conflaitplusieurs 
légations  à  un  même  individu  i. 

Il  eût  été  plus  simple  de  restreindre  le  nombre  des 
légations  et  de  charger  plus  souvent  le  gouverneur  de 
transmettre  à  l'empereur  les  requêtes  des  municipalités, 
comme  avait  fait  Pline  le  Jeune  à  l’égard  de  Byzance  3  ; 
mais  la  manie  des  ambassades  allait  toujours  en  augmen¬ 
tant,  si  bien  que  pour  arrêter  les  prodigalités  des  villes 
et  modérer  les  embarras  qui  en  résultaient  pour  l’admi¬ 
nistration  de  la  poste  publique,  sans  cesse  occupée  à 
transporter  des  députations  de  cités,  on  fut  amené  à 
réglementer  plus  sévèrement  le  droit  de  legatio.  D’abord 
on  obligea  les  provinciaux  à  soumettre  à  l’approbation 
du  gouverneur  delà  province  les  projets  d’ambassade 
si  celui-ci  jugeait  les  demandes  exagérées  ou  incon¬ 
venantes  [impudentior  petitio),  il  les  arrêtait;  s’il  pouvait 
y  donner  satisfaction  immédiatement,  il  le  faisait;  enfin, 
s’il  jugeait  le  recours  à  l’empereur  nécessaire,  il  autorisait 
le  voyage  des  députés  et  leur  donnait  la  permission  de  se 
servir  de  la  poste  5.  Toute  facilité  était  refusée  aux  lega- 
tioncs  liberae  G,  fout  ambassadeur  qui  ne  pouvait  justifier 
à  Rome  d’une  mission  officielle  ou  dont  la  demande 
paraissait  irrecevable  devait  revenir  chez  lui  à  ses 
frais1.  On  finit  même  par  prescrire  que  plusieurs  cités 
devaient  réunir  leurs  doléances  ou  leurs  vœux  et  les  faire 
présenter  en  bloc  à  l’empereur  par  une  députation  de 
trois  membres  8.  D'ailleurs,  le  principe  de  la  liberté  des 
ambassades  était  soigneusement  conservé  :  les  empe¬ 
reurs  le  proclament  presque  dans  chacune  des  lois  qui 
forment  au  Code  Théodosien  le  titre  De  mandatis  et 
legatis9. 

Les  municipalités  ne  se  contentaient  pas  d'envoyer  des 
légations  auprès  de  l'empereur  ;  elles  en  envoyaient  aussi 
au  sénateur10,  au  gouverneur  de  la  province,  ainsi  qu’il 
a  été  dit  plus  haut,  et  même  à  des  particuliers.  Les 
plus  fréquentes  semblent  avoir  été  celles  qui  allaient 
trouver  les  personnages  élus  patrons  de  la  ville  et  leur 
portaient,  gravé  sur  une  table  de  bronze,  le  décret  du  con¬ 
seil  municipal  rendu  en  leur  honneur  [patkonus] n.  Nous 
en  avons  conservé  des  exemples  :  les  noms  des  députés 
chargés  de  la  mission  sont  inscrits  en  bas  générale¬ 
ment12. 

IV.  Légations  de  communautés,  de  collèges.  —  L’orga¬ 
nisation  des  collèges,  des  associations,  était  en  toutes 
choses  calquée  sur  celle  de  l’État,  reproduite  parles  muni¬ 
cipalités  [collegium].  Là  encore  nous  trouvons  l’usage 
des  légations,  envoyées  soit  à  l’empereur,  soit  à  des  gou¬ 
verneurs,  soit  à  des  particuliers 13  ;  là  encore  on  choisis¬ 


sait  des  patrons  à  qui  l’on  faisait  porter  par  des  députés 
le  décret  d’élection  n;  tout  ce  qui  a  été  exposé  précédem¬ 
ment  pourrait  donc  être  redit  ici.  Je  dois  pourtant  avertir 
que  le  nombre  de  documents  que  nous  possédons  est 
assez  restreint,  et  que  les  dispositions  législatives,  en 
particulier,  nous  font  à  peu  près  défaut.  C’est  encore  sur 
les  légations  émanant  de  communautés  juives  [juoaei 
que  nous  possédons  le  plus  de  renseignements,  grâce  à 
celle  que  nous  a  raconté  Philon  d’Alexandrie.  Cet  auteur 
nous  apprend 15 que  les  Juifs  d’Alexandrie,  se  voyant  en 
butte  à  la  violence  des  habitants  de  cette  ville,  décidèrent 
l’envoi  d’une  mission  auprès  de  Caligula  pour  lui  porter 
leurs  doléances.  Il  leur  faut  d’abord  solliciter  et  obtenir 
l’autorisation  du  gouverneur 16  ;  puis  les  cinq  membres  qui 
composent  l’ambassade  se  mettent  en  route;  ils  arrivent 
à  Rome.  Une  première  fois  ils  sont  mis  en  présence  de 
l’empereur  au  Champ  de  Mars;  celui-ci  leur  rend  leur 
salut,  ce  qui  leur  fait  espérer  une  solution  favorable, 
d’autant  plus  qu’aussitôt l’affranchi  Hélicon,  introducteur 
des  ambassadeurs,  vient  leur  dire  que  leur  affaire  serait 
étudiée  à  loisir  —  ils  ignoraient  qu’Hélicon  eût  été  gagné 
par  leurs  adversaires11.  Quelques  jours  après,  Caligula 
part  pour  Pouzzoles;  les  ambassadeurs  le  suivent, 
afin  de  pouvoir  répondre  à  son  appel  ;  mais  leur  attente 
est  trompée;  on  semble  ignorer  leur  présence.  Puis  ils 
reviennent  à  Rome,  à  la  suite  du  prince.  Enfin  ils  obtien¬ 
nent  audience  :  elle  leur  est  donnée  dans  les  jardins  de 
Mécène  et  de  Lamia18.  Caligula  se  fait  accompagner  par 
eux,  pendant  qu’il  parcourt  les  constructions,  blâmant 
certains  aménagements,  donnantdes  ordres  pour  d’autres. 
De  temps  à  autre  il  leur  pose  des  questions  :  «  Vous  êtes 
donc  les  seuls  qui  refusiez  de  me  reconnaître  pour  dieu?  » 
ou  encore  :  «  Pourquoi  ne  mangez-vous  pas  de  viande  de 
porc?»  Finalement,  se  tournant  vers  eux  d’un  air  irrité: 
«  En  somme,  qu’est-ce  que  vous  réclamez?»  leur  deinan- 
det-il.  Euxcomencent  à  exposer  l’affaire  ;  mais  l’empereur 
est  déjà  reparti  dans  une  galerie  vitrée  ;  de  là  il  passe 
dans  une  galerie  de  peinture,  entraînant  toujours  les 
Juifs  à  sa  suite.  Quand  il  voit  qu’ils  ont  fini  de  parler,  il 
termine  l’audience  en  les  plaignant  de  ne  pas  croire  a  sa 
divinité  et  les  congédie. 

Des  papyrus,  récemment  publiés  10,  font  allusion  a  des 
ambassades  de  même  genre,  envoyées  par  les  Juifs 
d’Alexandrie  pour  se  défendre  contre  les  accusations  de 
leurs  concitoyens  portées  devant  l’empereur  Claude  et 
devant  l’empereur  Commode.  R.  Cagnat. 

LEGATUM.  Legs.  —  I.  Nature  des  legs.  —  En  droit 
romain  classique,  le  legatum  peut  être  défini  une  libera- 


1  Dig.  L,  1,  36.  —  2  Dig.  L,  7,  16.  —  3  Epist.  X,  43.  —  4  Godefroid, 
ad  Cod.  Theod.  XII,  12,  Paratitl.  —  6  Cod.  Theod.  XII,  12,  3,  8,  12,  14,  15. 

—  6  Ibid.  15.  —  7  Ibid.  6,  11.  —  8  Ibid.  7.  —  9  Cod.  Theod.  XII,  12. 

—  10  C.  i.  I.  X,  3507  add  :  legatione  gratuita  apud  f Divum]  Hadrianum  et 
apud  amplissimum  ordinem  de...  llibus  redhibendis  functus.  Les  termes  mêmes 
employés  prouvent  qu’il  s’agit  d’une  légation  envoyée  à  la  fois  à  l’empereur 
et  au  sénat,  non  d’une  mission  spéciale  auprès  du  sénat  (voir  plus  liant);  C.  i. 
gr.  1124.  —  n  C.  i.  I.  II,  2958,  2960,  5792;  V,  4919,  4920,  4921,  5127  add.;  VI, 
1684,  1685,  1686,  1688,  etc.  —  12  Cf.  Aem.  Sébastian,  De  palronis  coloniarmn 
atque  municipiorum  romanorum,  p.  49  et  50.  —  13  C.  i.  gr.  3176  (a)  (félicitations 
pour  l'avènement  d’un  prince);  Suet.  Claud.  6  (députations  de  T  ordo  equesler  aux 
consuls);  Cod.  Theod.  XII,  12,  11;  XIII,  1,  16;  XIII,  6,  12  (requêtes  de  corporations 
à  l'empereur)  ;  C.  rendus  de  l' Acad,  des  Inscr.  1899,  p.  355  (appel  à  un  gouverneur 
de  province  par  une  corporation  de  bateliers).  —  14  C.  i.  I.  XI,  5748,  5750  (16  dé¬ 
putés).  —  13  Legatio  ad  Gaium.  —  16  Phil.  In  Flacc.  15;  Leg.  ad  Gaium,  23. 

_  17  Op.  cit.  11.  — 13  Op.  cit.  18  et  suiv.  —  m  Page  précédente,  note  9.  —  Biblio- 

graphik.  Turrettini,  De  légation ibus  publiais  apud  Athenienses,  Genève,  1841  ;  C.  F. 
\V.  Miiller,  De  ritibus  et  cerimoniis  quibus  Graeci  commercia publica...  sanxe- 
runt,  Koeuigsberg,  1854;  Laurent,  Histoire  du  droit  des  gens,  t.  Il,  Bruxelles, 


1862  ;  Eggcr,  Éludes  historiques  sur  les  traités  publics  chez  les  Grecs  et  cl"  ■ 
les  Romains,  Paris,  1866;  Sorgcnfrey,  De  vestigiis  juris  gentium  borna" 
Leipzig,  1871;  Buettner-Wobst,  De  légation,  reipubl.  liberae  tempo' 
bus  Romam  tnissis,  Leipzig,  1876  ;  Heyse,  De  légation,  alticis,  diss.  111  '  - 
Gotting.  1882;  Poland,  De  légation.  Graecorum  publicis,  diss.  i|1,1"- 
Leipzig,  1885;  Rudolf  von  Scala,  tsveaa  St  IJiertrûge  des  Altertums,  P''"1^ 
Leipzig,  1898;  Conr.  Dümmler  :  De  prudentia  senatus  romani  in  mitUs 
legatis  ad  exercitus  ad  pacis  leges  dicendas  et  ad  res  regnorum  p' " 
ciarumque  inspiciendas  aut  constituendas ,  Gotting.  1881  ;  Aug.  V 
Considérations  historiques  et  diplomatiques  sur  les  ambassades  des  Roi"11' 
comparées  aux  modernes,  Zvvickau,  1834;  Egger,  Mémoire  histonqu  ^ 
les  traités  publics  ( Mém .  de  l'Acad.  des  Inscriptions,  XXIV,  l1  I1,11 
p.  I  et  suiv.);  Solda»,  De  reipublicae  romanae  legatis  provincialibus  ' 
legationibus  liberis,  Marburgi,  1854  ;  Adamek,  Die  Senatsbolen  der  rômùu  ■ 
Republik  (Programm  du  Gymnase),  Grez,  1883;  Thurm ,  De  Romanorum  ' 
reipublicae  liberae  temporibus  ad  exleras  nationes  missis,  Lipsiae,  188 1  ; 1  01  , 

Le  droit  public  romain  (trad.  P.  F.  Girard),  IV,  p.  394  et  suiv.  ;  Willi  ^ 
sénat  de  la  République  romaine,  II,  p.  465  et  suiv.  ;  Iloudoy,  Le  droit  munie  l 
p.  451  et  suiv.;  Godefroid,  Faratillon  du  Code  Théodosien  (XII,  12). 


LEG 


1039  — 


LEG 


.  (,oncue  en  termes  solennels  au  moyen  d’une  des 
!  mules  consacrées1,  verbis  civilibus,  prélevée  sur  une 
hérédité  et  mise  par  un  testateur  à  la  charge  d’un  ou 
'  Videurs  héritiers  institués.  On  avait  adopté  des  formules 
f  Virées  en  termes  impératifs  [legis  modo)2.  Au  contraire, 
le  fidéicommis  [fideicommissum]  était  une  libéralité  de  der- 
nière  volonté,  non  soumise  à  des  formes  solennelles3,  et 
'  j  pouvait  être  mise  à  la  charge  soit  d’un  héritier  institué 
ou  V  intestat,  soit  d’un  légataire  ou  donataire,  etc.  Sous 
Justinien,  qui  confondit  les  legs  avec  les  fidéicommis,  le 
1(lu.s  est  plus  vaguement  défini,  une  certaine  libéralité 
laissée  par  un  défunt4  ;  mais  elle  ne  suppose  pas  un  con¬ 
cours  de  volontés,  à  la  différence  de  la  donation  à  cause 
de  mort,  mortis  causa  donatio. 

On  ignore  si,  dans  les  deux  formes  primitives  de  tes¬ 
tament  [testamentum],  calatis  comitiis  et  in  procinctu , 
les  legs  étaient  admis  B,  et  sous  quel  mode  dans  le  tes¬ 
tament  per  aes  et  libram ,  en  sa  première  forme,  où 
l’acheteur  du  patrimoine,  emtor  familiae ,  était  le  véri¬ 
table  héritier  °,  le  testateur  le  priait,  rogabat ,  d’exécuter 
les  legs7.  Lorsque  ce  mode  de  testament  fut  transformé  et 
que  Yerntor  familiae  ne  fut  plus  employé  que  dans 
la  mancipatiù  pour  la  forme,  dicis  gratin,  le  testateur 
instituait  dans  le  testament  écrit  un  héritier,  à  la  charge 
duquel  étaient  mis  les  legs 8,  et  le  testateur  prononçait,  en 
tenant  l’écrit  ( tabulas  testamenti ),  une  formule  qui  indi¬ 
quait  la  volonté  d’assurer  l’exécution  des  legs  inscrits 
dans  les  tablettes9  ( nunçupatio ).  Cette  volonté  se  trouvait 
sanctionnée  d’avance  par  laloi  des  XII  Tables10,  qui  donnait 
efficacitéaux  legs  comme  à  l'institution.  Cet  acte  impliquait 
la  faciio  testamenti  passive  chez  les  légataires  au  moment 
même  de  la  confection  de  l'acte11,  sous  peine  de  nullité 
radicale12,  alors  même  que  le  legs  était  conditionnel13. 

Indépendamment  des  différences  de  forme  qui  sépa¬ 
raient  les  legs  des  fidéicommis,  en  droit  romain  classique, 
un  legs  ne  pouvait  être  mis  qu’à  la  charge  d’un  héritier 
institué,  et  non  d’un  légataire,  ce  qu’on  exprimait  ainsi  : 
a  legatario  legari  non  pot  est 1 4  ;  il  devait  être  fait  par  tes¬ 
tament,  ou  par  codicille  [codicillus]  15  confirmé  par  testa¬ 
ment,  et  tombait  en  général,  lorsque  le  testament  ne  pou¬ 
vait  recevoir  son  exécution;  néanmoins,  dans  ce  cas,  le 
legs  valaitcomme  fidéicommis,  si  le  testateur  avait  exprimé 
a  cet  égard  sa  volonté  par  une  clause  du  testament16, 
que  les  interprètes  appellent  clausula  codicillaris . 

H.  Acquisition  des  legs.  —  Le  légataire  n’acquiert 
un  droit  au  legs,  droit  de  créance  ou  droit  réel,  suivant 
es  cas,  qu  après  la  mort  du  testateur,  et  le  die  s  cedens 
u  legs,  et  lorsqu ’en  outre  l’héritier  institué  a  accepté 

éi  édité  ( aditio  lier  éditât  fs)11  à  moins  qu’en  qualité 

Æ??/  Scho1' ad  Horat-  Sat •  n> 8’ 9’ et  n>  5> 07  ;  u1p-  RecJ •  xxiv, 1  ; 

689  «ni  °  ’  Pr'  110  De  leg.  1°  ;  Du  Caurroy,  Instit.  expi.  I,  nV  688, 

4  XXIV  TT"1’  C°“rS  éUm ■  de  dr '  rom ■  h  P'  711  2'  Mit.  -2  Ulp. 

ab  herede  r  fi  '  ^  ’  Accams’  prêcis  de  dr.  rom.  I,  n»  378.  On  dit  legare 
XIII  ■  ru  0  Un  legS  a  la  cl,arSe  a'un  héritier  ;  Cic.  Pro  Cluent.  12  ;  ad  Attic. 
ülp-  ReH.  XXIV,  20,  De  leg. 


Les  fidéicommis  "ont  éléT'’  L”’  ""  'e’9'  ~  3  Ulp’  Reg ’  XXV’  l’  De  lideic' 
matière  de  tes!  inventés  comme  moyen  d’éluder  la  rigueur  des  lois  en 

de  vue  des  lois'"0!11  ~  *  9nstit'  Just •  20>  i  *•  Déjà  antérieurement,  au  point 

en  sens  large  m  Ca  uoaires  JCADUCAI'IAE  leges],  Paul  prenait  le  mot  legatum  dans 
fr.  87,  Dig^/jç,  j  Cm  lassa‘l  même  le  fidéicommis  et  la  donation  à  cause  do  mort; 

disposition  tecian  9 ’ , \  ’  611,111  'e  mo1,  legare  dans  les  XII  Tables  s’entendait  de  toute 
j-  ■  dentaire  :  Uln  Ftpn  Y  T  t  r.  r 

*?««  des  Roma-  ■  'P'  UeQ.  XI,  14.  . 


1°2. -  8,,„  — P- 300-307.  -  6  Ibid.  p.  298,  n.  2.  —  7  Gai.  Comm.  11, 
Xl'H’Retut'elis.Lu,ef  XX’  Re  testam.  —  9  Id.  I.  I.  II,  104.  -  10  Ulp.  Reg. 
nienne,  Paris,  187c  Ù,  20, 24,  De  leg.  —  12  y.  Massol,  De  la  règle  Cato- 

obs‘at.  lefr.  è2  h  ’  P'  *1-  ~  13  Pr-  S9>  §  * ,  Dig.  De  hered.  instit.  XXVIII,  5  ;  Nec 
In*tit.  J.  I[,  n?'  '  ’  relatif  seulement  au  jus  capiendi.  —  U  Gai.  Comm.  II,  200  ; 

e  sing,  reb.  per  fi d.  relict.  —  lb  Gai.  I.  I.  Il'  269,  270,  271. 


■  5  Cf.  Édouard  Cuq,  Institutions  juri- 


d’héritier  nécessaire  ( necessarius  hères)  [voir  heres  18 1 
il  n’ait  acquis  de  plein  droit  la  succession,  indépendam¬ 
ment  de  sa  volonté.  Néanmoins,  au  moment  de  la 
mort  du  testateur,  si  le  legs  est  pur  et  simple,  ou  de 
l’événement  de  la  condition,  si  le  legs  était  condition¬ 
nel,  le  legs  s’ouvre,  die  s  cedit19.  Cette  ouverture  produit, 
avant  l’adition,  des  effets  fort  importants.  En  ellet, 
1°  elle  rend  le  droit  éventuel  au  legs  transmissible  aux 
héritiers  du  légataire20;  on  avait  ainsi  séparé  cet  effet  de 
l’acquisition  définitive  du  droit  au  legs,  afin  d’enlever 
aux  héritiers  la  possibilité  de  faire  tomber  les  legs,  en 
retardant  l’adition  d’hérédité  jusqu’à  la  mort  des  léga¬ 
taires21.  2°  En  outre,  on  se  plaçait  au  moment  du  dies 
cedit  pour  déterminer  la  consistance  du  legs,  lorsqu’il 
portait  sur  un  objet  susceptible  d’accroissement  ou  de 
diminution22,  comme  un  pécule  [pecelium]  ou  un  trou¬ 
peau,  etc.  Le  dies  cedit  servait  enfin  à  déterminer  la 
personne  qui  devait  profiter  du  legs  :  il  était  acquis  au 
légataire  sui  juris  à  ce  moment,  ou  à  la  personne  sous 
la  puissance  de  laquelle  le  légataire  alieni  juris  était 
placé  à  cette  époque23.  Dans  le  cas  de  legs  d’usufruit 
ou  d’usage,  le  dies  cedit  était  retard?  par  exception 
jusqu’au  moment  de  l’adition,  et  même  du  terme  ( dies 
venit),  s’il  était  postérieur24.  De  plus,  quand  le  testateur 
faisait  un  legs  à  son  propre  esclave  en  l’affranchissant, 
ou  en  le  léguant  à  un  autre  légataire,  le  dies  cedit  ne 
précédait  pas  l’adition23. 

Enfin,  quand  le  testateur  avait  mis  un  legs  à  la  charge 
du  substitué  pupillaire*  [substitutio],  le  dies  cedit  était 
placé  non  à  la  mort  de  l’impubère,  mais  à  celle  du  testa¬ 
teur26.  Le  dies  cedit  fut  retardé  pour  les  legs  purs  et 
simples  ou  à  terme  par  la  loi  Papia  Poppaea  jusqu’à 
l’ouverture  du  testament27. 

Un  legs  pouvait  porLer  sur  une  dation  de  choses,  sur 
un  fait  ou  une  abstention  imposés  à  l’héritier.  Dans  le 
premier  cas,  il  était  relatif  à  un  ou  plusieurs  objets  déter¬ 
minés,  ou  embrassait  une  quote-part  de  l’hérédité;  ce 
dernier  legs  se  nommait  legatum partitionis-*  et  le  léga¬ 
taire,  partiarius-9 .  Dans  la  pensée  du  testateur,  ce  legs 
comprenait  une  quote-part  des  objets  corporels  et  des 
créances  héréditaires,  diminuée  d’une  quote-part  propor¬ 
tionnelle  des  dettes  ;  mais  le  droit  civil  ne  considérant  pas 
le  legs  comme  un  mode  d’acquérir  per  universitatem ,  le 
légataire  ne  succédait  point  ipso  jure  à  la  personne  du 
testateur.  Pour  arriver  à  exécuter  la  volonté  du  défunt,  il 
fallait  que  l’héritier  promit  au  légataire  de  lui  communi¬ 
quer  l’émolument  de  sa  quote-part  de  créances,  et  que  le 
légataire  s’engageât  envers  lui  à  l’indemniser  de  sa  quote- 
part  des  dettes.  Cela  se  faisait  au  moyen  de  stipulations 

—  !6  Fr.  1  Dig.  Dejur.  codic.  XXIX,  7  ;  Théodose  exigea  une  clause  formelle,  c.  8, 

§  1,  Cod.  Just.  VI,  36.  —  17  Gai.  Il,  194,  195,  200  ;  fr.  66,  §  2;  Dig.  De  leg.  10-50  ; 
Démangeai,  Cours  élém.  II,  p.  712,  713.  Le  légataire  acquiert  à  son  insu  d’après 
les  Sabiniens.  —  l8  Gai.  Comm.  II,  152,  etc.;  Ulp.  Reg.  XXII,  24,  Qui  heredes 
institui  poss.  — 19  Fr.  5,  §  2.  Dig.  Quando  dies  legati  cédât,  XXXVI,  2  ;  V.  de  Van- 
gerow,  Lehrbuch ,  I,  §  529,  et  II,  404,  529.  —  20  Ulp.  Reg.  XXIV,  31  ;  Démangeai, 
Cours  élém.  de  dr.  rom.  2“  éd.  I,  p.  713,  743,  etc.  ;  Accarias,  Précis  de  dr.  rom. 

I,  110,  §  81.  —  21  Fr.  7  Dig.  Quando  dies ,  XXXVI,  2;  Du  Caurroy,  Instit.  expi. 
v“  744.  —  22  Instit.  Just.  II,  20,  §§  18  à  20,  De  leg.  —  23  Fr.  5,  §  7  ;  fr.  7,  §  6,  Dig. 
Quando  dies,  XXXVI,  2.  —  24  Fr.  2  D.  Quando  dies,  XXXVI,  2;  fr.  501,  cod.  lit. 
Vatic.  fragm.  60.  —  25  Fr.  91 ,  §  6  D.  De  leg.  1°,  XXX,  1  ;  fr.  17  D.  Quando  dies. 

—  26  Fr.  1,  Dig.  Quando  dies.  —27  Ulp.  Reg.  XXIV,  31,  De  leg.  —  28  Gai.  I.  I. 

II,  254  ;  Ulp.  Reg.  XXV,  15,  et  XXIV,  25;  cf.  sur  le  legs  partiaire,  Marezoll,  De 
partitione  legata,  Leipzig,  1858;  Ed.  Cuq,  Instit.  jur.  des  Romains,  t.  I,  p.  554, 
n.  1.  —  29  Fr.  22,  §  5  D.  Ad  sénat.  Trebell.  XXXVI,  1.  L’héritier  avait  le  droit  de 
partager  réellement  les  biens,  ou  de  payer  au  légataire  la  valeur  de  la  portion 
léguée.  Fr.  26,  §  2  ;  fr.  27  D.  De  leg.  lu,  XXX,  1  ;  V.  de  Vangerow,  Lehrbuch  der 
Pandekt.  II,  §  556,  6e  éd.  p.  640. 


LEG 


—  1040  — 


LEG 


réciproques  appelées  stipulntiones  partis  et  pro  parte  1 . 

III.  Formes  des  legs.  —  La  nature  et  les  effets  du 
legs  dépendaient  essentiellement  de  l'emploi  d'une  des 
quatre  formules  consacrées  par  le  droit  civil  et  dont 
l’analyse  indiquait  la  portée  juridique  du  legs2.  Ces  for¬ 
mules  ont  cela  de  commun  qu’elles  sont  conçues  legis 
modo  et  impérativement3,  c’est-à-dire  au  mode  impé¬ 
ratif  :  par  exemple  :  Titius  Stichum  servum  meum 
capito ,  sumito,  sibi  habeto ,  ou  livres  meus  Titius  Sti¬ 
chum  damnas  esto  dure.  Cependant  le  legs  per  vindica¬ 
tionem ,  dont  nous  allons  parler,  pouvait  avoir  lieu  à 
l'indicatif,  en  ces  termes  do,  lego ,  mais  l’usage  qui  auto¬ 
risait  ce  mode  direct  de  translation  de  propriété  ne  pouvait 
dans  ce  cas  laisser  confondre  le  legs  avec  un  fidéicommis 
dont  l’exécution  est  toujours  imposée  à  un  fiduciaire  *. 

Quoi  qu’il  en  soit,  on  distinguait,  en  droit  romain 
classique,  quatre  espèces  de  legs,  savoir  :  les  legs  per  vin- 
dicationem,  per  damnationem ,  sinendi  modo  et  per 
praeceptionem  5,  que  nous  allons  analyser  rapidement. 

Le  legs  per  vindicationem  avait  pour  effet  direct  de 
transférer,  immédiatement  au  légataire,  dès  le  moment 
de  l’adition  (et*après  la  condition  accomplie  s’il  y  avait 
lieu),  la  propriété  romaine  de  la  chose  léguée6,  et,  par 
conséquent,  l’action  en  revendication,  rei  vindicatio 
[vir.  actio],  qui  avait  donné  son  nom  à  cette  espèce 
de  legs.  11  s’opéraitau  moyen  d’une  des  formules  suivantes  : 
do  lego ,  ou  Titius  rem  sibi  habeto,  capito ,  sumito  \ 
Pour  que  ce  legs  fût  valable,  il  fallait  que  la  chose  fût 
susceptible  de  propriété  privée, *qu  elle  appartînt  au  tes¬ 
tateur  ex  jure  Quiritium  [voir  dominium],  lors  du  décès, 
et,  s'il  s’agissait  de  corps  certain  et  déterminé,  en  outre  lors 
de  la  confection  du  testament8,  sans  avoir  égard  toutefois 
au  temps  intermédiaire. 

Quant  au  moment  de  l’acquisition,  il  y  avait  eu  dissi¬ 
dence  entre  les  deux  sectes  de  jurisconsultes.  Suivant  les 
Proculiens,  en  cas  de  legs  pur  et  simple,  le  légataire 
acquérait,  lors  de  son  acceptation,  sans  effet  rétroactif, 
la  chose  qui  jusque-là  restait  res  nullius.  Gaius  9  croit 
que  cet  avis  avait  prévalu  d’après  un  rescrit  d’Antonin  le 
Pieux,  qui  ne  paraît  pas  décisif10.  Suivant  les  Sabiniens, 
au  contraire,  le  légataire  acquérait  la  chose  dès  l’adition 
d’hérédité  par  l’héritier,  même  avant  d’avoir  accepté  le 
legs;  s’il  répudiait,  l'héritier  était  resté  propriétaire  du 
jour  de  l'adition.  Ainsi,  jusqu’alors  la  propriété  de  la 
chose  serait  restée  in  pendenti.  Dans  le  Digeste,  cette 
doctrine  semble  avoir  prévalu11. 

Lorsque  le  legs  était  conditionnel,  le  legs  de  liberté 
pendente  conditione  n’empêchait  pas  l’esclave  statu 
liber  d’appartenir  à  l'héritier.  Les  Sabiniens  généra¬ 
lisaient  cette  idée  et  décidaient  que,  jusqu’à  l’adition, 
l’objet  légué  sub  conditione  restait  à  Vheres,  et  ne  lui 
passait  que  lors  de  l’événement  de  la  condition,  sans 
rétroactivité;  opinion  qui  l’emporta12  contre  celle  des 

l  Instit.  J-  H,  27,  5,  De  fidei.  hered.  ;  fiai.  Il,  254.  —  2  Au  défaut 
de  ces  verba  civilia,  il  peut  y  avoir  un  fidéicommis,  mais  non  un  legs, 
v.  Instit.  J.  II,  24,  2.  —  3  Ulp.  Reg.  XXIV,  1»;  XXV,  1;  Du  Caurroy, 
„„  801.  —  4  Cf.  Édouard  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I",  p.  302,  n.  2. 
—  5  Ulp.  Reg.  XXIV,  2,  De  leg.  ;  fiai.  Comm.  il,  192  et  s.  ;  Instit.  J.  II,  20,  §  2, 
De  leg.  —  «  Fr.  80  Dig.  De  leg.  2”,  XXXI;  fr.  G4  D.  De  perlis,  XLVII,  2;  Paul. 
Sent.  rec.  III,  fi,  fi  ;  Ulp.  Reg.  XXIV,  3  à  C  ;  Accarias,  Précis  de  dr.  rom.  I,  n»  379  ; 
Du  Caurroy,  Inst.  expi.  1,  n”>  G90  et  s.  ;  de  Yangerow,  Lehrbuch,  II,  §  549.  —  'Gai. 
II,  193,  194  ;  Ulp.  Rey.  XXIV,  2,  3.  —  »  Gai.  II,  196.  —  9  Gai.  II,  198.  —  10  Gai. 
Il  195;  Demangeat,  I,  p.  712  et  s.  ;  Accarias,  I,  n°  379  ;  Éd.  Cuq.  t.  Ior,  p.  54o  et 
n’3  11  Fr.  8  D.  XII,  1  ;  fr.  15  D.  XXXIV,  5;  fr.  2,  De  manum.  XL,  1; 

fr  86,  §  2  U.  De  leg.  1°,  XXX;  fr.  3C  pr.  ad  leg.  ;  Aquil.  X,  2;  fr.  44  D  .De  leg. 
lo  ;  fr.’  19,  §  1  D.  VIII,  6,  Quem  servit.  —  12  Fr.  66  D.  De  rei  vind.  VI,  1  ;  fr.  13, 


Proculiens,  qui  considéraient  la  chose,  dans  l’intervalle 
comme  res  nullius'3. 


Le  legs  per  damnationem 14  était  celui  par  lequel  le 
testateur  condamnait  son  héritier  à  donner  ou  à  faire 
quelque  chose  au  profit  du  légataire.  Ce  legs  tirait  son 
nom  de  la  formule  suivante  qu’on  employait  à  cet  effet  : 
lier  es  meus  damnas  esto  dare  facere'-'  ou  même  hem 
meus  data  facito ,  ou  heredem  meum  dare  facere 
jubeo,  qui  avait  été  admise  ensuite16.  Il  en  résultait  au 
profit  du  légataire  une  créance  contre  l’héritier,  garantie 
par  l’action  personnelle extestamento,  sorte  decondictio n 
par  laquelle  il  était  poursuivi,  et  condamné  s’il  y  avait 
lieu,  in  id  quod  interest',  et  la  dénégation  de  l’héritier 
( inficiatio )  entraînait  sa  condamnation  au  double  ce 
qui  empêchait  la  répétition  en  cas  de  prestation  de  l’indû 
par  erreur19.  Comme  ce  legs  n’engendrait  qu’une  obli¬ 
gation  à  la  charge  de  l’héritier,  il  pouvait  avoir  pour 
objet  un  fait  ou  une  dation,  porter  sur  la  chose  du  testa¬ 
teur,  de  l’héritier  ou  même  une  res  aliéna 20,  ou  une  chose 
future;  c’était  donc  la  forme  la  plus  avantageuse 
optimum  jus  légat i 21 .  Dans  le  cas  de  legs  de  la  chose 
d'autrui,  le  legs  était  valable,  lorsque  le  testateur  savait 
qu’elle  ne  lui  appartenait  pas,  et  n’avait  point  reculé 
devant  l’onéreuse  nécessité  imposée  à  l’héritier. de  se 
procurer  l’objet  ou  d’en  payer  la  valeur  au  légataire22, 
auquel  incombait  d’ailleurs  la  preuve  de  la  scientia  du 
testateur23,  à  moins  que  celui-ci  ne  fût  son  conjoint  ou 
son  proche  parent24. 

Le  legs  sinendi  modo  était  celui  par  lequel  le  testateur 
imposait  à  l’héritier  l’obligation  de  laisser  prendre 
quelque  chose  par  ce  légataire  ;  il  était  ainsi  conçu  :  Hem 
meus  damnos  esto  sinere  Lucium  Titiurn  Stichum 
sumere  sibique  habere 26  ;  que  mon  héritier  soitcondamné 
à  laisser  L.  Titius  prendre  (l’esclave  Stichus  par  exemple), 
et  à  le  posséder  comme  sien.  11  semble  au  cas  particulier  du 
legs  per  damnationem ,  car  il  crée,  en  forme  de  condam¬ 
nation,  une  dette  spéciale,  consistant  à  s’abstenir,  sinere , 
et  engendre  au  profit  du  légataire  une  action  personnelle 
ex  testamento 26.  Mais  celui-ci  pouvait  se  mettre  en  posses¬ 
sion  et  usucaper  la  chose,  indépendamment  de  toute  tra¬ 
dition21,  et  en  outre  il  fallait  que  la  chose  appartint 
d’une  manière  quelconque  au  testateur  lors  du  décès 
ou  même  à  l’héritier28  ;  ce  legs  était  donc  plus  large 
que  le  legs  per  vindicationem ,  et  moins  large  que  b 
legs  per  damnationem.  On  admettait  d’abord,  dapn* 
la  rigueur  des  termes,  que  le  légataire  ne  pouvait  e\i 
ger  que  l’héritier  lui  transférât  la  propriété  de  1  obi 
attendu  qu’il  n’était  tenu  qu’à  une  abstention-9;  luU 
tefois,  d’après  l’avis  de  Julien,  les  intérêts  et  les  fruits 
étaient  dus  ici,  comme  en  matière  de  fidéicommis,  '1 
partir  de  la  demeure  (mora)30,  avis  qui  avait  d'J'1 
prévalu  au  temps  de  Gaius. 

Enfin,  le  legs  per  praeceptionem  était  un  legs  par  p" 


,  De  pign.  XX,  1  ;  fr.  Il,  §  1  D-  VIII,  fi  ;  fr.  12,  §  2  D.  X,  2,  fam .  ^  ^ 

13  Gai.  II,  200.  —  14  Id.  Il,  201;  Serv.  ad  Aen.  XII,  227  ;  Quintil.  > 

15  Gai.  II,  201;  Instit.  J.  II,  20,  §§  2  et  21  ;  Paul.  Sent,  m,  6,  6;  de  va  g 
hrbucli,  II,  S  549.  —  16  Gai.  II,  201  ;  Ulp.  Reg.  XXIV,  4;  voir  Husc  î  e,  ( 

213-224;  Mayer,  Von  den  Légat,  p.  11  et  s.  ;  Accarias,  Précis  i  e  (  ioi ^  ^ 

379;  Démangeai,  I,  p.  714.  —  17  Gai.  II,  204,  213.  —  18  W-  ll’  28j'  ^  peg. 

I.  —  20  Id.  II,  202,  203;  Ulp.  Reg.  XXIV,  8  et  9.  —  21  Gai.  H,  L  >  ,,  ,  pe 

[V,  H.  —22  Gai.  II,  202,  210;  Instit.  J.  II,  20,  §  4,  De  leg.',  fr. 

l’o.  -  23  Fr.  21  D.  De  probat.  XXII,  3.  -  24  C.  10,  Cod.  Jusl.  De  leg.  ' 

23  Gai.  II,  209  ;  Ulp.  Reg.  XXIV,  5,  10;  Du  Caurroy,  I,  n-  091  ’  X. 

lin  379;  Demangeat,  1,  p.  715.  —  26  Gai.  U,  213.  -1  Fr.  8  ‘  '°  3o  Id.lt 

,  8.  -  28  Gai.  II,  210,  211  ;  Ulp.  Reg.  XXIV,  10.  -  29  Gai.  H,  ?**• 


LEG 


—  1041  — 


LEG 


I.  h  ; n s i  conçu  :  Lucius  Titius  hominem  Stiehum 
cipU  .  -/0.  que  Lucius  Titius  prélève  l’esclave  Stichus. 
fr  mrès  une  analyse  rigoureuse  faite  par  les  Sabiniens, 
I  leas  pouvait  s’adresser  à  un  des  héritiers  et  porter  sur 
CS  chose  de  la  succession  2,  mais  il  n’aurait  pu  être  fait 
nu  profit  d’un  autre,  ni  porter  sur  d’autres  objets  \  et  on 
le  pouvait  agir  pour  le  réclamer  que  par  l’action  en 
Le  d’hérédité  [familiae  erciscundae  actio]  *.  Sui- 
lanUes  Proculiens,  dont  l’avis  était  confirmé,  dit-on,  par 
Le  constitution  d’Hadrien  5,  le  mot praecipere  était  pris 
pour  synonyme  de  capere ;  ce  legs  pouvait  donc  être  fait 
iTun  étranger  et  produisait  la  revendication,  mais  sur 
les  choses  seulement  dont  le  testateur  avait  la  propriété 
quiritaire  lors  du  décès.  Cependant  ils  n’exigeaient  pas 
qu’il  fût  maître  lors  du  testament,  et,  dans  le  cas  où  il 
n’avait  la  chose  qu’m  bonis,  ils  permettaient  à  l’héritier 
légataire  de  la  réclamer  par  l’action  en  partage. 

L’erreur  dans  le  choix  d’une  des  formules  précédentes 
pouvait  entraîner  la  nullité  du  legs,  par  exemple  si  le 
testateur  avait  légué  per  vindicationem  une  res  aliéna 
ou  per  praeceptionem  à  un  non  héritier,  dans  la  doc¬ 
trine  de  Sabinus,  etc.  Le  sénatus-consulte  Néronien, 
rendu  sous  Néron  r',  valida  tout  legs  qui  aurait  été  fait 
au  moyen  d’une  formule  peu  appropriée  à  la  nature 
de  la  chose  léguée  ou  à  la  personne  du  légataire,  minus 
aptis  verbis.  Le  legs  devait  valoir  désormais,  comme 
s’il  eût  été  fait  per  damnationem.  Il  en  résulta  la  vali¬ 
dité:  1°  du  legs  per  vindicationem  d’une  chose  simple¬ 
ment  in  bonis  du  testateur,  ou  dont  il  n’avait  pas  la 
propriété  quiritaire  aux  deux  époques  fixées,  ou  d’une 
res  aliéna  1  ;  2°  du  legs  sinendi  modo  portant  sur  une 
chose  acquise  par  l’héritier  depuis  la  mort  du  testateur  8; 
3°  du  legs  per  praecept  ion  en)  d’une  chose  non  héréditaire  ; 
4° dans  l’opinion  Sabinienne,  du  legs  per  praeceptionem 
fait  a  un  extraneus 9,  et  dans  l’opinion  Proculienne  du 
legs  per  praeceptionem  d’une  res  in  bonis  à  un  extra- 
neus"'.  Les  jurisconsultes  ont  induit  de  l’assimilation 
üun  legs  per  damnationem  d’un  legs  nul  par  emploi  de 
la  formule  per  vindicationem ,  qu’on  pouvait  autoriser 
àussi  le  légataire  à  transformer  en  legs  per  damnationem , 
s  il  y  trouvait  avantage,  un  legs  valable  fait  sous  une 
autre  forme.  Ainsi  le  légataire  per  vindicationem  put 
agir  ex  testamento  par  action  personnelle,  et  le  légataire 
sinrndi  modo  exiger  la  translation  de  la  chose11. 

On  alla  plus  loin  au  Bas-Empire;  en  339  de  J.-C.,  une 
constitution  des  fils  de  Constantin  ayant  abrogé  toutes  for- 
es  solennelles,  on  put  faire  une  des  quatre  espèces  de 
If- m°yen  de  paroles  quelconques 12.  La  base  de  la 
rarnJ  '  <Jlant  ainsi  écartée,  Justinien  déclara  ensuite 
p  ner  d  une  seide  les  quatre  sortes  de  legs13,  en 


''  7  093  ;  Demangeat’  f  P-  776  :  Accarias,  I,  n»  379 
tetjato  I ter  , enpraele9-  ,énai  1850  ;  de  Vangerow,  H,  g  523  ;  Degenkolb 
M2;t.  XL  VII  n  r-'.  Tm'  ®ei'*ln’  l85S:  Arndts,  Glüctc's  Fortsetzung,  l,  XLVI 
Cherches  hiltormne  KrelS;Chmar’  Natur  des  prülegats,  Leipzig,  1874;  Ed.  Cuq 
Zei‘schnft  der  W  S  Sîlr  e  testamen‘per  aes  et  lit, ram,  1887,  p.  44  ;  Bernstein 
XXIV,  G  •  pLT  hbtunS>  R  -A.  1894,  t.  XV,  p.  “20  ;  cf.  Gai.  II,  216  ;  Ulp 
XXX1I’2>  11;  Pli,,  p  p-  80’  Müller;  Val.  Max.  VII,  8,  4;  Plin.  ffist.  nat 
'2.  —  2  Qa;  ,,  fl*  '  ’  7  ’  <7>re*li,  3461,  4800  ;  Suet.  Galba,  V  ;  Sidon.  Epist 
22t-  e.  12  L  n  ;  "  3  ld’  ">  217’  218-  -  4  M.  II,  219,  220.  -  5  Id  II 

215,  222;  Vat.VraffTOLS'fVI’ 37'~  6  U1P-  Pe9-  XXIV,  H  a  ;  Gai.  II,  197,  212 

echtsgesch.  I,  §  47  .,  ' '  8i’  el  tr.  108,  De  leg.  I»;  voir  RudorlT,  Itôm 

mU".69C  Accarias, ’l  no  osnS'ÂM“yer:  den  Let>aL  >’  P-  17  ••  !  Du  Caurroy 

«si,  p  24  A  ‘  >  •  Ferrini,  Teoria  generale  dei  legati  e  fedeeom 

1889’P-  200.  JT;L/,r,0?lUWrfiC0’  1888>  XL,  P.  329;  Ferrini,  Md.  t.  XLI 
reconnut  qUe  |a  ’  197;  8  Id-  ù,  212.  —  9  Malgré  Sabinus,  Julien 

enait  lci  à  l’impropriété  de  la  formule  ;  Gai.  II  218 


donnant  au  légataire  le  choix  entre  trois  actions,  savoir 
la  revendication,  l’action  personnelle  ex  testamento  çt 
l’action  quasi  servienrte  ou  hypothécaire  [voir  pignus]  ; 
toutefois,  l’action  personnelle-  reste  seule  applicable, 
d’après  la  nature  des  choses,  toutes  les  fois  que  le  legs 
porte  sur  un  fait,  une  libération,  une  créance  ou  une  res 
aliéna,  enfin  sur  des  choses  de  genre  quand  il  n’en  existe 
pas  de  cette  espèce  dans  la  succession.  Du  reste,  l’inno¬ 
vation  de  Justinien  permit  au  légataire  d’écarter,  sans 
demander  la  séparation  des  patrimoines u,  bonorum 
separatio, le  concours  des  créanciers  personnels  de  l’héri¬ 
tier.  Tout  légataire  peut  désormais,  sauf  les  exceptions 
ci-dessus,  et  indépendamment  de  la  forme  du  legs,  se 
présenter,  à  son  choix,  comme  propriétaire  ou  comme 
créancier  de  la  chose  du  défunt  à  lui  léguée,  et  même  son 
choix  n’était  pas  définitif.  Le  légataire  eut  une  hypothèque 
sur  tous  les  biens  du  défunt,  non  sujette  aux  causes  d’ex¬ 
tension  spéciales  à  la  bonorum  separatio ,  mais  restreinte, 
avant  le  partage,  à  la  mesure  de  l’action  personnelle 
contre  chaque  héritier15. 

Enfin  Justinien,  par  une  innovation  plus  large,  assimila 
entièrement  les  legs  aux  fidéicommis16.  Les  anciennes 
formes  de  legs  exerçaient  également  une  grande  influence 
sur  le  droit  d’accroissement  et  Justinien  dut  aussi  réor¬ 
ganiser  cette  matière  ”,  pour  laquelle  nous  renvoyons 
aux  articles  accrescendi  jus  et  caducariae  leges. 

Autrefois,  les  legs  devaient  être  placés,  sous  peine  de 
nullité,  avant  l’institution  d’héritier 18  qui  étaitda  base  de 
tout  le  testament;  d’ailleurs,  ils  étaient  à  la  charge  d’un 
ou  de  plusieurs  des  institués  19.  De  là  des  difficultés  pour  le 
cas  de  legs  compris  entre  deux  institutions,  et  Justinien20 
décida,  en  528,  que  la  place  des  legs  serait  désormais 
indifférente21. Du  reste, la  désignation  du  légataire  ou  de 
la  chose  léguée  n’était  soumise  à  aucune  forme  spéciale, 
et  l’erreur  sur  la  désignation,  falsa  demonstratio ,  sur  le 
nom  n’entraînait  pas  nullité,  si  l’individualité  ne  pouvait 
faire  doute22.  Il  n’était  pas  nécessaire  d’indiquer  le  motif 
du  legs  ( ratio  v et  causa  legati );  et  par  conséquent  la 
falsa  causa ,  l’expression  d’un  motif  inexact,,  n’annulait 
pas  la  disposition,  puisque  la  cause  véritable  était  dans  la 
bienveillance  du  testateur'23;  il  en  serait  autrement  si  le 
motif  spécial  avait  été  énoncé  comme  condition  du  legs 24. 
On  annulait  tout  legs2’,  fait  à  titre  de  peine,  poenae 
nom  me ,  c  est-à-dire  conçu  de  telle  façon  qu’il  avait  moins 
pour  but  d’avantager  ce  légataire  que  de  contraindre 
l’héritier  à  faire  ou  à  ne  pas  faire  quelque  chose  ;  et  cela 
s’agît-il  même  d’un  legs  de  liberté  ou  d'un  legs  contenu 
dans  un  testament  militaire26.  Mais  Justinien  valida  avec 
raison  les  legs  faits  poenae  nomine,  toutes  les  fois  qu’ils 
n’étaient  pas  subordonnés  au  non-accomplissement,  par 

—  10  Gai.  II,  220,  222;  Du  Caurroy,  Instit.  expi.  691,  694;  Démangeai,  Cours  elém. 

1,  p.  716  el  s.  —  H  Gai.  II,  213,  214;  fr.  64,  §  13;  fr.  85,  fr.  106,  §  2,  De  leg. 

1»;  fr.  70,  §  6,  De  leg.  I».  —  12  C.  21,  Cod.  Just.  De  leg.  VI,  37;  Instit.  J.  II. 

20, §  2.  13  C.  I,  Cod.  Just.  connu.  De  leg.  VI,  43;  Demangeat,  Cours ,  I,  p.  717. 

—  14  Fr.  4,  §  I,  D.  De  séparai.  XLII,  0.  —  1S  Voir  Accarias,  Précis  de  dr.  rom. 

I,  n»  980  ;  Demangeat,  I,  p.  718,  719.  —  IG  Instit.  J.  II,  2,  §  3,  De  leg. 

—  11  Instit.  J.  II,  20,  §  8,  De  leg.-  Gai.  II,  199,  205,  206  à  208,  215,  223  ; 
de  Vangerow,  Lelirbuch  der  Pand.  II,  §  496  ;  Accarias,  Précis,  n»  494  ;  Du  Caurroy! 

I,  n0!  748  et  s.  ;  Demangeat, p.  719  et  s.  —  18  A  la  différence  de  Vexheredatio  et  de  la 
tutoris  datio  qui  ne  sont  pas  des  charges  pour  l’héritier.  Fr.  I,  Dig.  XXVIII  5  De 
hered.  instit.  —  19  Gai.  11,229  ,  230.  —  20  Ulp.  Heg.  I,  21  ;  Paul.  Sent.  III,  6,  2  , 
Demangeat,  I,  p.  75G.  -  21  Instit.  J.  U,  20,  §  34,  De  leg.  c.  24,  Cod.  Just.  De  lat’.X  1. 
23.  —  22  Instit.  J.  II,  20,  §§29  et  30,  De  leg.  —  23  Instit.  ].  II,  20,  §  3),  De  leg; 

7  24  Fr-  7“;  §  6’  Ü-  De  cond-  et  dem-  XXXV,  1.  -  25  Ou  toute  institution  d’héri¬ 
tier,  révocation  ou  translation  de  legs,  poenae  nomme.  —  26  Gai.  Comm.  II,  235  ; 
Instit.  J.  II,  20,  §  36  ;  fr.  2,  Dig.  XXXIV,  6,  De  bis  qttae  poenae  nomine. 


LEG 


—  1042  — 


LEG 


l’héritier  grevé,  d’an  fait  illicite  ou  impossible1  .  Au  con¬ 
traire,  la  condition  de  ce  genre  imposée  au  légataire  est 
réputée  non  écrite,  et  le  legs  traité  comme  pur  et  simple, 
d'après  la  doctrine  Sabinienne,  qui  avait  prévalu  et  que 
Justinien  a  confirmée2. 

IV.  A  qui  on  pouvait  léguer.  —  En  règle  générale, 
pour  être  nommé  légataire,  il  fallait  avoir  la  même 
capacité  que  pour  être  institué  héritier3,  factio  testa- 
menti  4.  Or  un  testateur  pouvait  instituer  un  citoyen 
romain  ou  son  esclave  du  chef  de  son  maître  et  même  un 
Latin-Junien  [heres,  testamentum],  pourvu  qu’il  eût,  avec 
lui  la  factio  /esta nient i  lors  du  testament  et  de  la  délation 
de  l'hérédité.  De  même  le  légataire  devait  avoir  cette  fac¬ 
tio  au  moment  de  l'acte  et  du  t lies  cedit,  sous  peine  de 
nullité  radicale.  Cela  excluait  les  personnes  incertaines  s, 
personae  incertae,  celles  sur  l’individualité  desquelles  le 
testateur  ne  pouvait  avoir  d'idée  précise  c,  et  parmi 
elles  les  posthumes  externes  [voir  heres]  ',  au  moins 
d’après  le  droit  civil  s,  et  les  personnes  purement  civiles 
comme  les  cités,  civitat.es,  oppida,  les  colonies,  les  vici, 
les  temples,  etc.  Cependant  Nerva  et  Adrien  permirent 
par  exception  de  léguer  aux  cités  9,  notamment  ad  hono¬ 
rent  ou  ad  ornatum 10,  et  Marc-Aurèle  à  une  personne 
morale  autorisée,  un  rotlegium".  Mais  parmi  les  per¬ 
sonnes  ayant  la  factio  testamenti ,  des  lois  postérieures 
aux  Douze  Tables  introduisirent  des  restrictions  à  la 
capacité.  Ainsi  la  loi  Voconia  [lex  voconia],  rendue  en 
585  de  Rome  ou  169  av.  J.-C.,  défendit  à  un  testateur 
ayant  plus  de  cent  mille  as  d’instituer  une  femme12  ou  de 
lui  faire  un  legs. 

La  loi  Junia  Norbana  ne  permit  pas  aux  Latins-J uniens 
de  profiter  (jus  capiendi )  des  dispositions  testamentaires 
faites  en  leur  faveur,  s’ils  n’étaient  devenus  citoyens 
romains  au  décès  du  testateur  ou  dans  les  cent  jours  sui¬ 
vants13.  Sous  Auguste,  la  loi  Julia  de  maritandis  ordi- 
nibus  rendit  les  célibataires,  coelibes ,  incapables  de 
recueillir  des  hérédités  ou  des  legs,  s’ils  n  avaient  sa¬ 
tisfait  à  la  loi  en  se  mariant  dans  le  même  délai 14  ;  enfin 
la  loi  Pappia  Poppaea  ne  permit  aux  gens  mariés  restés 
sans  enfants,  orbi,  de  recevoir  que  la  moitié  des  dispo¬ 
sitions  testamentaires  faites  cà  leur  profit  ls.  Mais  ces 
prohibitions  des  lois  caducaires  [caducariae  leges]  furent 
abrogées  par  Constantin  et  Théodose11',  en  revanche, 
Théodose  et  Justinien  rendirent  les  hérétiques,  les  apos¬ 
tats,  incapables  de  rien  recevoir  par  un  testament  , 
même  militaire,  ou  par  un  fidéicommis. 

Mais  Justinien  permit  de  disposer  en  faveur  des  per¬ 
sonnes  incertaines 18  et  des  corporations,  comme  les  villes, 
les  pauvres  et  les  captifs19.  Certains  temples  pouvaient 
seuls  jadis  recevoir  des  legs  et  des  institutions  [voir  boxa 
templorum]20.  Justinien  confirma  les  dons  et  legs  en  faveur 
de  l’église  et  des  établissements  pieux21  ;  mais  les  enfants 

d  C  un  Cod.  De  his  quae  pocnae  nomme  ;  Ru  Caurroy,  I,  n"  737,  738; 
Accarias,  n°  385;  de  Vangerow,  II,  §§  432,  434.  -  2  Gai.  III,  98;  Instit  Just. 
Il  14,  §  10,  De.  hered.  instit.  -  3  Instit.  J.  II,  20,  §  14,  De  leg.  -  4  Ulp. 

Dey.  XXII,  1  et  s.  —  3  Ulp.  Reg.  XXII,  4;  Cal.  XXIV,  18;  Gai.  II,  238. 
_  6  A  moins  qu’elles  ne  fussent  comprises  dans  une  classe  actuellement  limi¬ 
tée,  ex  certis  personis.  -  7  Instit.  J.  II,  20,  §§  25  et  20  ;  Gai.  II,  242. 
—  8  Car  le  préteur  permettait  de  les  instituer  et  leur  donnait  la  honorum 
possessio,  Instit.  J.  III,  9,  pr.  ;  Demangeat,  I,  p.  751.  —  9  Ulp.  Reg.  XXIX, 
28-  Gai.  II,  195;  fr.  73,  §  1,  De  leg.  1";  c.  12,  Cod.  Just.  VI,  24,  De  hered.  instit. 
L’,o  Fr.  122  pr.  D.  De  leg.  1»,  XXX,  1.  -  «  Fr.  20,  Dig.  XXXIV,  5.  -  12  Gai. 
II  274  ;  Gell.  XX.  1,  22.  —  13  Gai.  II,  110;  Ulp.  Reg.  XVII,  1  ;  XXII,  3.  —  14  Gai. 
h’  tu  *  Ulp.  Reg.  XVII.  1  ;  XXII,  3.  -  1»  Gai.  Il,  280.  —  ,G  G.  1  et  2,  Cod.  Just. 
De  inf.  poenis  caelib.  VIII,  58.  -  «  C.  4,  5,  Cod.  Just.  De  hered.  I,  5  ;  C.  2, 
ü  !  7  De  Apost.  — 18  Instit.  J.  II,  20,  §  27.  -  *9  C.  12,  Cod.  Just.  De  hered. 


des  personnes  condamnées  pour  crime  de  lèse-majesu 
[MAJESTAs]22et  la  femme  veuve  qui  s’était  remariée  avam 
l’expiration  d’une  année  furent  frappés  d’incapacité23.];^ 
ritier  seul  institué  ne  pouvait  être  appelé  à  un  legs,  dont 
il  aurait  supporté  la  charge24;  s’il  y  avait  plusieurshéri- 
tiers,  l’un  d’eux  pouvait  recevoir  un  legs  de  préciput 
praelegatum,  pour  les  parts  qui  grevaientses  cohéritiers,  I 
Le  legs  conditionnel  fait  à  l’esclave  de  l’héritier  produit 
son  effet  si,  au  moment  du  die  s  redit ,  c’est-à-dire  de 
l’événement  de  la  condition,  qui  détermine  à  qui  profite 
lelegs,  l’esclave  n’est  pas  sous  la  puissance  de  l’héritier, 
Il  en  est  autrement  si  ce  legs  est  pur  et  simple,  à  cause 
de  la  règle  Catonienne  dont  nous  allons  parler,  régula 
Catoniana 2C. 

La  règle  Catonienne  était  une  maxime  due  à  Caton  le 
censeur  ou  à  son  fils,  aux  termes  de  laquelle  un  legs  qui, 
à  moins  d’un  obstacle  relatif  au  légataire  ou  à  la  chose 
léguée,  n’avait  pu  s’exécuter  si  le  testateur  était  mort  au 
moment  de  la  mutation  du  testament,  n’aurait  pu  pré¬ 
valoir  par  cela  seul  que  le  testateur  aurait  survécu21, Ce 
principe,  inutile  pour  les  legs  nuis  ipso  jure,  \mr  exemple 
pour  défaut  de  factio  testamenti ,  tendait  à  placer  l’wi- 
tium  legati,  quant  aux  nullités  relatives,  à  l’époque  de 
la  rédaction  du  testament  ;  la  règle  ne  s  appliquait  pas 
aux  legs  conditionnels,  ni  aux  hérédités,  pour  lesquels 
les  principes  ordinaires  suffisaient28.  Suivant  la  plupart 
des  auteurs29,  c’est  une  interprétation  de  volonté  d’après 
laquelle  le  testateur  était  censé  disposer  pour  l’époque 
où  il  testait;  suivant  d’autres,  c’est  un  principe  rationnel, 
qui  exige  les  conditions  de  validité  du  legs,  au  moment 
où,  indépendamment  de  toute  acceptation,  le  germe 
d’un  droit  éventuel  naît  pour  le  légataire 30.  Cette  maxime 
ne  s’étendait  pas  aux  legs  dont  le  dies  cedit  n’avait  pas 
lieu  lors  du  décès,  car  il  eût  été  contradictoire  de  s'atta¬ 
cher  à  l’époque  de  la  confection  pour  un  acte  qui  ne  pou¬ 
vait  s’exécuter  immédiatement. 


D’après  cette  maxime,  on  ne  pouvait  léguer  purement 
et  simplement  à  quelqu’un  sa  propre  chose11,  ni  1rs  maté¬ 
riaux  d’un  édifice  existant32,  ni  une  servitude  prédiale  a 
celui  qui  n’avait  pas  de  fonds,  ni  une  créance  non  exh 
tant  actuellement  contre  un  tiers33,  ni  la  libération  d  une 
somme  qui  n’était  pas  due34  actuellement,  ni  une  hiw  a 
l’esclave  de  l’héritier.  Dans  ce  dernier  cas,  le  juriscon- 1 
suite  Servius  pensait  que  la  règle  Catonienne  ne  ^app 
quait  point,  peut-être  parce  qu  il  séparait  la  pei*"nm 
l’esclave  de  celle  du  maître  au  point  de  vue  de  lelleUn  ] 
legs33.  Les  Proculiens  annulaient  le  legs  a  priotij^ 
fait  sans  condition,  parce  qu’on  ne  peut  devoir  ;»  ^ 
esclave;  mais  les  Sabiniens  le  déclaraient  nul,  s  ’ 
pur  et  simple,  par  application  de  la  règle  Catonienne,^ 
leur  avis  a  été  confirmé  par  Justinien36,  qui  admet  a  m* 
oue  le  legs  peut  valoir  s’il  est  conditionnel,  et  q111 


inst.  VI,  24.  -  20  Ulp.  Reg.  XXII,  6.  -  21  C.  20,  Cod.  Just.  De  sacr. ad.  h  ^ ^ 
Vangerow,  Lehrbuch,  II,  §  538.  -  22  C.  5,  §  I,  Cod.  Just.  ad  ^  §  u; 

—  23  Accarias,  Précis,  I,  nos  97,  339.  —  24  Ulp.  Reg.  XXI\  ,  £aurr°y,  I» 

fr.  H0,  §  1  ,De  leg.  t»  ;  Dig.  XXX,  I;  Accarias,  Précis,  n»  880 ;UU  jfl 
n»  72G;  do  Vangerow,  II,  §  523.  —  26  Instit.  J.  II,  20,  g  32.  Voir  a,  ’fclttA. 
rationnel  de  la  règle  Catonienne,  1870;  de  Vangerow,  Lehrbuch  der ^  ^  ^ 
§  95;  II,  §§  525  et  540.  —  27  Fr.  1,  Dig.  De  reg.  caton.  XXXIV,  t.  -  .  , 

Dig.  eod.  -  29  Ortolan,  Expi.  liist.  II,  800 ;  Maclielard,  Eludes  sur  tar  a  <  ^ |( 

p.  2;  cr.  Mittermaier,  Arcliiv  f.  civ.  Prax.  XIV,  p.  278  ;  de  \  angero\s  (fJ 
525,  540.  —  30  Voir  Mossol,  Op.  cit.  p.  9  et  s.  —  31  Instit.  J ■  U,  2II>  s  iej.l» 

—  32  Fr.  4,  §  2,  De  leg.  1“  D.  XXX,  1 .  —  33  Fr.  75,  §§  t  et  2,  ■  ^  ^ 

—  34  Fr.  25  D.  De  liber,  leg.  XXXIV,  3.  -  35  Gai.  II,  244;  fr.  02,  §  -<  ' 

2°  ;  conip.  Ir.  5  D.  De  serv.  légat.  XXXIII,  3;  Pellat,  Rev.  histor.  de  « 

p ,  224  et  s.  -  36  Instit.  J.  II,  20,  §  32;  Ulp.  Reg.  XXIV,  23,  De  leg ■ 


LEG 


—  1043  — 


LEG 


clave  soit  sor 


ti  de 


la  puissance  de  l’héritier  à  l'événement 


de  la  condition.  ^  on  instituait  un  esclave  en  faisant 


An  contraire,  «  •  i 

,t  soll  maître,  ce  legs,  pur  et  simple,  pouvait 
présence  de  la  règle  Catonienne,  le  tes¬ 


tateur  fût- d 

rait  le  legs  sur- 

d’hérédité  pendant  lequel  1  esclave 


un  legs 

valoir,  nu  1"^ortiimmédialement,  car  si  le  maître  acqué- 

le-champ,  il  restait  un  délai  pour  l’adition 
pouvait  sortir  de  la 

iîissance  de  son  maître,  et  faire  acquérir  à  un  autre  le 
bénéfice  de  l’hérédité1,  incompatible  avec  le  profit  du 
(L  dans  la  personne  du  légataire.  Justinien  ne  paraît 
ms  avoir  supprimé  la  règle  Catonienne  ;  peut-être  meme 
l’a-t-il  étendue  aux  hérédités  testamentaires  *  ? 

V.  Des  choses  qui  pouvaient  être  léguées.  —  On 
des  choses  corporelles  ou  incorporelles, 


pouvait  léguer 
ou  imposer  un 


fait  ou  une  abstention  à  son  héritier 


Léguer  une  chose  corporelle,  c’est  léguer  la  propriété 
[vtfir  res]  ;  mais  on  pouvait  le  faire  directement  comme 
on  l’a  vu  par  les  legs  per  vindicationem  ou  per  praecep- 
tionem,  ou  seulement  imposera  l’héritier  perdamnatio- 
nem  l’obligation  de  dure.  Les  choses  futures  ne  pouvaient 
régulièrement  se  léguer  que  per  damnationem  '%  avant 
lejlénatus-consulte  Néronien.  Le  legs  pur  d’une  chose  non 
existante  était  nul  ipso  jure ,  comme  le  legs  d’une  chose 
hors  du  commerce  à  l’égard  de  tous  8,  fût-il  conditionnel. 

On  ne  peut  léguer  purement  à  quelqu’un  la  chose  qui 
n’est  pas  in  commercio  par  rapport  à  lui  spécialement, 
cujus  commercium  non  habet  6,  ainsi  son  propre 
esclave;  mais  on  pouvait  le  lui  léguer  sous  condition, 
parce  que  la  règle  Catonienne  ne  s’y  appliquait  pas.  On 
a  vu  dans  quels  cas  le  legs  delà  chose  d’autrui  était  vala¬ 
ble1;  celui  de  la  chose  du  testateur  valait  en  général 
même  s’il  l’avait  crue  à  autrui  ou  au  légataire  8.  Quand 
le  testateur  avait  légué  une  chose  hypothéquée  à  un  tiers, 
le  légataire  pouvait  exiger  de  l’héritier  qu’il  libérât  la 
chose,  si  le  testateur  connaissait  la  charge  hypo¬ 
thécaire,  sauf  à  rechercher,  dans  tous  les  cas,  l’intention 
réelle  du  disposant9.  Le  légataire  de  la  chose  d’autrui, 
qui  avait  acquis  depuis  l’objet  (et  non  son  estimation),  en 
vertu  d  une  autre  cause  lucrative,  ne  pouvait  plus  rien 
demander  à  l’héritier  10  ;  si,  au  contraire,  il  avait  fait 
quelque  dépense  pour  acquérir  la  chose,  il  obtenait 
indemnité  par  l’action  ex  testamento.  Ainsi  le  légataire 
du  fonds  d’autrui,  qui  en  avait  acheté  la  nue-propriété 
et  acquis  1  usufruit  par  extinction,  demandait  fundum 
ex  testamento 1 1 ,  mais  ne  recevait,  en  vertu  de  l’office  du 
juge,  que  la  valeur  du  prix  payé  par  lui. 

Un  testateur  pouvait  léguer  à  un  débiteur  ce  qu’il  lui 
evait  {legatum  libération  ) sf-  ;  ce  legs  était  valable,  bien 

qui  semblât  un  legs  de  la  chose  du  légataire  quod  debet , 

» 

%G«1V  n  !  JTmL  20)  §  33>  De  le9- 1  fr-  9 1  ü-  De  kg.  1»,  XXX,  I  ;  Ulp. 
Sent  lit  r  «  .  SS°  ’  0p *  ciL  P-  39  cl  s-  ~3  Instit.  J.  U,  20,  §  21  ;  voir  Paul. 

Rossbirt,’  II’  'L8,9,1.’.  ratm!.  Dastuuii,  I,  1.  59  et  s;  de  Vangerow,  II,  §  525; 
de  i|L„  ,  ’  '  ’  l'em>  fias  Privatrecht  der  R.  p.  807  ;  ainsi  on  léguait 

CaeS.  L  T  dCS  ,mmeubles  <Di0  Cass.  XLIV,  35  ;  App.  Bell.  civ.  II,  143  ;  Suet. 
XXXUI  8)  Q|c  ll'l'.  S  JUg.  XXXIII,  10),  des  instruments  d’exploitation  (Dig. 
'Rliou  tacite  (V  <»«  !  H’  203  ’  Instit-  J-  lL  20,  §  7,  De  leg.  11  y  avait  con- 

II,  20  sa  -  in  8  ’  Ul^'  XXXVI,  2,  Quando  dies  leg.  ced.  —  5  Instit.  J. 

"■  '.-hi ï;5;f ?■ - •  »•  «•  **«». * %-  ». •%. xxxi, , , 

gerow,  nt  s  g.>5  'à  ’  '  —  7  Distit.  J.  II,  20,  §  4,  De  leg.;  de  Van- 

§  5.  De  iLj  ïr  sTn  J’  11  -  20,  §  U,  De  leg.  —  0  Instit.  J.  11,20, 

§  i  -U  h\n,  '  r  De  le'h  10  ;  c-  6>  De  fideic.  VI,  42.  —  10  Instit.  J.  II,  20, 

1  Usufruit  est  lacilom  ■  M  ’  ^  D  ^  avait  I,as  011  Plus  pétition,  parce  que 

Ùescrip.  signif  p  V*  dans  la  demande,  comme  toute  servitude,  fr.  25  D. 

Accarias,  no  3go  .  j  ...  *"  l*emangeat,  I,  p.  737  ;  Du  Caurroy,  I,  nos  704,  709  ; 

fuient,  ou  sinendi  „  *°W’  Dehrbuch,  II,  §  555.  —  13  Bien  qu'il  ail  lieu  direc- 

1  m0d°-’  Paal-  Sent.  111,  0,  11.  -  U  Paul.  Sent.  111,  G,  10  ;  fr.  1, 


car  il  avait  réellement  pour  objet  la  libération  de  la 
dette13.  On  pouvait  d’ailleurs  condamner  1  héritier  a 
libérer  le  débiteur n  du  testateur  ou  d’un  tiers.  Même 
dans  le  premier  cas,  le  legs  ne  figurant  pas  parmi  les 
causes  d’extinction  des  dettes  d’après  le  droit  civil,  le 
débiteur  n’était  pas  libéré  ipso  jure 15  ;  mais  il  était  pro¬ 
tégé  par  une  exception  de  dol  contre  la  poursuite  dq 
l’héritier,  et  pouvait  même  agir  contre  lui  ex  testamento 
pour  obtenir  sa  libération  par  un  mode  approprié  à  la 
nature  de  la  dette  et  à  l’intention  du  testateur10,  à  moins 
que  celui-ci  n’ait  voulu  lui  procurer  qu’un  délai,  exceptio 
temporalis11,  ou  un  avantage  personnel.  Il  était  permis 
à  un  débiteur,  àl’inverse,  de  léguer  àson  créancier  ce  qu  il 
lui  devait,  legatum  déb  it  i 18. 

Ce  legs  était  valable,  d’abord  quand  il  n’y  avait  pas 
concours  de  deux  causes  lucratives,  c’est-à-dire  quand  la 
créance  ne  résultait  pas  également  d’une  cause  onéreuse, 
ou  que  le  legs  contenait  des  charges;  alors  le  légataire 
annulait  le  bénéfice  du  legs  et  de  la  créance  pour  tout 
ce  qu’il  y  avait  d’onéreux  dans  l’un  ou  dans  l’autre  '  En 
outre,  lorsque  le  legs  et  la  créance  étaient  également 
lucratifs,  le  legs  pouvait  valoir  dans  la  limite  de  l’avan¬ 
tage  qu’il  présenterait  à  raison  d’une  exigibilité  anticipée 
sur  celle  de  la  créance  à  terme  ou  sous  condition, propter 
repraesentationem 20.  Mais  quid  si,  dans  ce  cas,  la  créance 
devenait  exigible  du  vivant  du  testateur  ?  Suivant  Paul21, 
le  legs  s’éteignait,  mais  Papinien  le  maintenait,  soit  à 
raison  de  la  duplicatio  per  inficiationem 22,  soit  par 
application  de  la  règle  Catonienne23  ;  d’ailleurs,  le  créan¬ 
cier  avait  le  choix  entre  les  deux  actions,  et  il  pouvait 
avoir  l’action  réelle  dans  le  cas  de  legs  per  vindicatio¬ 
nem  ,  ou  une  action  au  lieu  d’une  obligation  simplement 
naturelle,  ou  d’une  action  perpétuelle  au  lieu  d’une  action 
temporaire. 

Le  legs  de  la  dot  fait  par  le  mari  à  la  femme  valait 
toujours  ( relegatio  dotis) 2l,  parce  que  la  légataire  obte¬ 
nait  une  restitution  plus  prochaine  des  choses  fon- 
gibles25,  et  ne  subissait  pas,  en  agissant  ex  testamento , 
les  retenues  pour  les  dépenses  utiles26.  La  femme  était 
d’ailleurs  obligée,  par  l’édit  prétorien  de  alterutro  27 , 
d’opter  entre  l’action  rei  uxoriae  et  Yactio  ex  testa¬ 
mento ;  mais  Justinien  admit  le  cumul,  sauf  déclaration 
contraire  du  testateur  de  donner  specialiter  pro  dote 28. 

Le  legatum  debiti.  était  nul,  quand  il  n’y  avait  pas  dette, 
à  moins  que  le  testateur  n’eût  indiqué  un  objet,  car  la 
falsa  demonstratio  n’annulait  pas  un  legs  20. 

On  considérait  comme  legs  de  chose  incorporelle, 
non  seulement  le  legs  de  libération,  le  legs  d’une  ser¬ 
vitude  soit  prédiale  soit  personnelle,  qui  pouvait  se  faire 
per  vindicationem  ou  per  damnationem30  [voir  sehvitus], 

3  et  8  D.  De  liber.’ leg.  XXXIV,  3.  —  15  Gai.  III,  168  ;  Instit.  J.  111,  29.  Quib. 
mod.  obi.  tolli,  Instit.  J.  11.  20,  §  13,  De  leg.  —  16  Fr.  3,  §  3,  D.  De  liber  leg. 
fr.  5,  §  I  eod.  tantôt  ou  recourt  à  1  ’acceplilatio,  tantôt  à  un  pacte  do  non  petendo. 

—  17  Instit.  J.  IV,  13,  10,  De  except.  —  18  Instit.  J.  IV,  20,  §  14,  De  leg.  ;  de 
Vangerow,  II,  §  555.  —  19  Fr.  108,  §§  4  et  5,  De  leg.  1°,  Dig.  XXX,  1  ;  Du  Caurroy, 

I,  n»  710  ;  Accarias,  I,  n°  391  ;  Deinangeat,  I,  p.  740.  —  20  Instit.  J.  II,  20,  14  ; 
fr.  29  L).  De  leg.  1»  ;  fr.  14  D.  De  liber,  leg.  XXXIV,  3.  —  21  Fr.  82  D.  De  leg. 
2»,  XXXI,  1.  —  22  Gai.  II,  280;  IV,  171.  —  23  papin.  fr.  5  D.  ad  leg.  Falcid. 
XXXV,  2  ;  Massol,  Reg.  Caton,  p.  25  et  s.  —  24  Instit.  J.  II,  20,  §  15  ;  cf.  sur  le 
legatum  dotis  et  le  legalum  pro  dote,  Czyhlarz,  Das  rômische  Dotalrecht,  1870, 
p.  465  ;  Esinein,  Nouv.  revue  historique  de  droit,  1884,  t.  VIII,  p.  5  ;  Éd.  Cuq, 
Instit.  jur.  des  Romains,  t.  I,  p.  498,  u.  3.  — >  25  Fr.  1,  g  2,  D.  De  dot.  prael. 
XXXriI,  4.  —  26  Fr.  5  D.  XXXIII,  4.  —  27  Fr.  6,  §  1  It.  Quando  dies,  XXXVI,  2. 

—  28  C.  un.  §  3,  Cod.  Just.  De  rei  üxor.  act.  V,  13. —  29  Fr.  75,  §  1,  De  leg.  I"; 
fr.  25  D.  De  liber,  leg.  XXXIV,  3;  voir  le  motif  donné  par  M.  Massol,  Reg. 
Cat.  p.  27,  note  1.  —  30  Paul.  Sent.  111,  6,  17  ;  Dig.  XXXIII,  3;  de  Vangerow, 

II,  §  554. 


—  10Ü  — 


LEG 


LEG 


le  legs  qui  obligeait  l’héritier  à  un  fait  ou  une  abstention 
licite  au  profit  du  légataire  \  mais  encore  le  legs  d’option 
legatum  optionis  et  le  legs  de  créance  légation  nominis. 
Ce  dernier  suppose  le  legs  d’une  créance  existante2  au 
profit  du  testateur,  qui  veut  en  attribuer  le  bénéfice  au 
légataire.  Avant  le  sénatus-consulte  Néronien,ce  legs  ne 
pouvait  se  faire  que  per  damnationem ,  car  une  créance 
n'est  pas  susceptible  de  revendication,  et  les  Romains  la 
regardaient  comme  intransmissible  en  droit  pur  3;  pour 
en  procurer  l’émolument  au  cessionnaire,  il  fallait  que  le 
titulaire  lui  cédât  ses  actions  en  le  constituant  procu- 
rator  in  rem  suarn,  ou  en  lui  déléguant  la  créance  par 
novation  faite  avec  le  débiteur,  ce  qui  entraînait  la  perte 
des  accessoires  de  la  dette  ( novatio ).  En  conséquence,  au 
cas  de  legatum  nominis ,  le  légataire  demandait  à  l’hé¬ 
ritier  la  cession  d  actions,  et,  s’il  s’y  refusait,  pouvait  agir 
contre  lui  en  dommages-intérêts  extestamento  ;  plus  tard, 
on  admit  même  le  légataire,  en  vertu  d’une  cession  future, 
à  poursuivre  le  débiteur  par  une  action  utile4.  Quand  la 
créance  léguée  n’existait  pas,  le  legs  était  nul,  et  il 
s’évanouissait  si  elle  venait  à  s’éteindre  du  vivant  du 
testateur5. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  legs  d’option  avec  le  legs 
d’une  chose  de  genre,  legatum  generis.  Celui-ci  est  un  legs 
d’une  ou  plusieurs  choses  comprises  dans  une  catégorie 
déterminée;  il  valait  comme  legs  de  chose  corporelle  6; 
primitivement,  il  était  possible  per  vindicationem ,  si 
l’hérédité  renfermait  des  choses  de  cette  classe,  et  le  léga¬ 
taire  avait  le  choix,  à  raison  de  la  nature  même  de  cette 
action,  qui  impliquait  une  désignation  individuelle.  Si  le 
legs  avait  eu  lieu  per  damnationem ,  le  débiteur  obtenait 
le  choix  même  en  dehors  de  lasuccession  7,  ce  qui  rendait 
le  legs  nul,  lorsque  le  genre  indiqué  était  trop  indéter¬ 
miné  8.  Dans  aucun  cas,  le  choix  ne  s’étendait  pas  d’une 
manière  illimitée  sur  tous  les  objets  du  genre  ;  le  légataire 
ne  pouvait  prendre  le  meilleur,  ni  être  forcé  de  recevoir  le 
plus  mauvais  9.  Sous  Justinien,  le  choix  est  conféré  au 
légataire,  sauf  volonté  contraire  du  testateur,  puisque  le 
légataire  peut  revendiquer,  à  moins  que  le  genre  ne 
manque  dans  la  succession. 

Le  legatum  optionis  ouelectionisl0eslle  legs  de  la  faculté, 
pour  le  légataire  personnellement  ou  pour  un  tiers  désigné, 
de  choisir  une  chose  de  genre  parmi  les  biens  de  la  succes¬ 
sion,  fût-ce  la  plus  précieuse  11 .  Le  légataire  pouvait  agir 
ad  exhibendum  pour  se  faire  représenter  les  objets  sur 
lesquels  devait  porter  l’option,  et  l’héritier  ne  pouvait  en 
disposer  au  préjudice  de  l’option, mais  le  légataire  devait 
choisir  avant  son  décès,  et,  cette  condition  manquant,  il 
ne  transmettait  rien  à  ses  héritiers 12,  car  dies  cedit 
optione  tantum ;  il  en  était  de  même  en  cas  de  dissen¬ 
timent  entre  les  légataires.  Justinien  modifia  ces  règles  13 
en  décidant  que  les  héritiers  du  légataire  pourraient 
choisir  à  sa  place,  et  qu’au  cas  de  dissentiment  entre 


1  Jnstit.  J.  Il,  20,  §  21,  De  Ier/.  —  2  Instit.  J.  II,  20,  §  21  ;  Accarias, 
Précis y  1,  n°  390;  Du  Caurroy,  I,  nos  712,  713;  Demangeat,  I,  p.  740  et  747; 
de  Vangerow,  Lehrbucli ,  II,  §  555.  —  3  Gai.  II,  38,  39.  —  4  Fr.  105  1).  De  letj. 
1°,  c.  18,  1.  7,  De  leg.  VI,  37.  —  5  Fr.  "5,  §§  1  et  2,  D.  De  leg.  1°;  Instit.  J. 
II,  20,  §  21,  De  leg.  —  0  Instit.  J.  11,  20,  §  22,  De  leg.  ;  Du  Caurroy,  I,  n°*  714  à 
710  ;  Accarias,  1,  n°  388  ;  Demangeat,  I,  p.  747  ;  de  Vangerow,  Lehrbuch,  II,  §  549. 
—  7  Ulp.  Reg.  XXIV,  14.  —  8  Paul.  Sent.  111,  0,  13.  —  «  Fr.  37  et  110  D.  De 
leg.  1°.  Ce  legs  était  réputé  pur  et  simple,  et  après  le  dies  cedit ,  le  légataire  trans¬ 
mettait  le  choix  à  ses  héritiers,  fr.  12,  §  7  D.  XXXVI,  2.  —  10  Instit.  J.  II,  20, 
§  23;  de  Vangerow,  II,  §  549;  Bernstein,  Zur  Lehre  des  legatum  optionis ,  dans 
Zeitschrift  der  Savigny-Stiftung,  K. -A.,  1880,  I.  I,  p.  151  ;  C.  Ferrini,  Sul  lega¬ 
tum  optionis  dans  Mernorie  del  R.  Istit.  Lomb .  (cl.  di  lett.  c  sc.  mor.  e  pol.) 


le  SOrl  déci 
cas  de  refUi 


à  un  étranger  ou  à 
le  léguant  lu 


colégataires  ou  héritiers  du  légataire, 
derait  celui  qui  choisirait;  enfin  qu’au 
ou  de  décès  du  tiers  désigné,  le  droit  d’opter  p;tSs, 
au  légataire  lui-même,  mais  en  ce  cas  parmi  les  chose 
de  qualité  moyenne. 

Le  legs  peut  porter  sur  un  corps  certain  et  déterminé 
species  u,et,  dans  ce  cas,  il  s’éteint  par  la  perte  de  l'objet 
arrivée  par  cas  fortuit,  sans  le  fait  de  l’héritier15  p,, 
reste,  la  chose  doit  être  délivrée  dans  l’état  où  elle  se 

trouvait  lors  du  dies  cedit,  sauf  les  accroissements  on 
décroissements  naturels  qu’elle  pouvait  subir  ensuite 
Ainsi  le  legs  d'une  chose  comprend  les  embellisse¬ 
ments  et  annexions  qu’elle  a  reçus  du  vivant  du  testa. 
teur16:  le  legs  d’un  troupeau  par  exemple  (université 
facti )  renferme  les  bêtes  qui  s’y  trouvaient  lors  du 
décès17,  sans  distinguer  si  elles  étaient  les  mêmes  qu’au 
moment  de  la  disposition,  etc. 18. 

Un  legs  a  quelquefois  pour  objet  un  ensemble  de 
choses  corporelles  ou  incorporelles  (universitas  jurhy 
nous  avons  mentionné  déjà  le  legs  partiaire  (partiliop 
disons  un  mot  du  legs  du  pécule  ( légation  peculiï)-\  On 
appelait  peculium  un  petit  patrimoine,  dont  le  père  de 
famille  confiait  l’administration  à  un  fils  de  famille  ou 
même  à  un  esclave.  Or  le  maître  pouvait  léguer  ce  pécule 
'esclave,  soit  en  l’affranchissant,  ou  eu 
même  à  un  tiers21.  Dans  ces  deux  derniers 
cas,  le  dies  cedit  n’avait  lieu  qu’à  l’adition  d’hérédité,  pour 
ne  pas  rendre  le  legs  inutile  ;  dans  le  premier  cas,  il  avait 
lieu  au  décès.  Or  le  peculium  comprenait  non  seulement 
tous  les  accroissements  antérieurs  au  décès,  mais  ceux  qui 
résultaient  ensuite  naturellement  des  objets,  ex  rebuspem- 
liaribus22.  Quant  aux  acquisitions  postérieures  de  l’es¬ 
clave,  ellesfaisaient  partiedu  pécule  légué danslescasoùle 
dies  cedit  était  retardé  jusqu’à  l’adition  d’hérédité  ;  au  con¬ 
traire,  le  légataire  étranger  du  pécule  ne  profitait  pas  de 
ces  acquisitions.  Au  reste,  le  legs  du  pécule  ne  résultait 
pas  au  profit  de  l’esclave  de  son  affranchissement  par 
testament;  mais  il  étaitsous-entendu  quand  le  maître  décla¬ 
rait  l’esclave  libre,  après  avoir  rendu  ses  comptes  et  payé 
le  reliquat23.  Le  legs  du  peculium  ne  transmettait  pas  les 
créances  ou  les  dettes  du  pécule  au  légataire,  niais  il 
donnait  lieu  à  des  engagements  réciproques  tendant  à  en 
répartir  l’émolument  et  la  charge  entre  l’héritier  et  le  i 
légataire24;  fait  à  un  tiers,  ce  legs  l’obligeait  à  payer  les 
dettes  naturelles  de  l’esclave  envers  le  maître  ( oblige ttio 
naturalis ),  sauf  à  recouvrer  les  dettes  de  celui-ci  envers 
l’esclave  ;  si  ce  dernier  était  le  légataire,  il  n’était  pas 
cependant  autorisé  à  intenter  action  pour  ces  créances 
naturelles23  [peculium]. 

Quant  à  l’étendue  des  legs,  elle  pouvait  être  illimitée 
dans  l’origine;  il  en  résultait  que  l'héritier  institué  sur 
chargé  de  legs,  n’ayant  plus  d’intérêt  à  accepter  1 1"" 
dité,  la  répudiait  souvent,  ce  qui  rendait  les  legs  inutdes’ 

_  ,  ynleleci' 

1881,  I.  XV,  p.  179  ;  Ed.  Cuq,  Op.  cit.  I.  I,  p.  303.  —  n  Fr.  2  D-  De  opt-  « 
kg.  XXXIII,  S  ;  fr.  14,  eod.  tit.  —  12  Fr.  12,  §  8,  D.  Quando  dies  leg.  eed •  ^  ^ 

II,  09  1).  l)e  cond.  et  dem.  XXXV,  1.  —  13  C.  3,  Cod.  Just.  Comm.  de  leg- 
—  1  Instit.  J.  Il,  20,  §§  1 6  et  17  ;  de  Vangerow,  Lehrbuch,  II,  §  048  ;  H"  (  ^ 
I,  n“*  740,  741.  —  13  Fr.  35,  De  leg.  10  I).  XXX,  1  ;  fr.  112,  §  1  eod.  ; fl' /  |, 

Ad  Sen.  Treb.  XXXVI,  I.  —  io  Instit.  J.  II,  20,  §  19,  De  leg.-,  Du  1 
n°‘  742  et  s.  ;  de  Vangerow,  II,  §  553.  —  17  Instit.  J.  11,  20,  §  18.  —  15  ^ 

Précis,  I,  no  389.  —  19  Gai.  II,  254,  257.  —  20  Instit.  J.  Il,  2°,  §  *°’  ^,1, 

l'r.  1  et  18  D.  De  pec.  leg.  XXXIII,  8;  Du  Caurroy,  Loc.  cil.  ;  Accarias»  1 
n°  392;  Demangeat,  I,  p.  745;  de*  Vangerow,'  II,  §  853.  — 21  C.  4,  C"<1  pc  pec- 
leg.  VI,  37.  —  22  Fr.  8,  §  8,  D.  De  pec.  leg.  XXXIII,  8.  —  23  Fr.  8,  §  7  D 
leg.  XXX11I,  8.  —  24  Fr.  5  et  18  D.  cod.  —  25  Fr.  6,  §  4,  D.  cod. 


—  1 045  — 


LEG 


LEG 


](1  disposant  intestat  Dans  l'inlérèt  même  des  lesta- 
**  s  autant  que  des  légataires,  il  fallut  restreindre  la 
liberté  accordée  au  testateur  par  la  loi  des  XII  Tables,  et 
ce  fut  l’objet  de  trois  lois  successives,  dont  la  dernière 
seule  atteignit  le  but. 

La  première  fut  une  loi  Farta  testamentaria ,  placée 
‘conjecture  en  571  de  Rome  ou  185  av.  J.-C.2  qui 
défendit  en  général,  et  sauf  certaines  personnes  excep¬ 
tées  de  recevoir  à  titre  de  legs  ou  de  mortis  causa  capio 
Imortis  causa  capio]  plus  de  1000  as  du  même  disposant; 
mais  cela  ne  l’empêchait  pas  d’épuiser  son  patrimoine  en 
léguant  à  un  certain  nombre  d’individus  [lex  furia  tes¬ 
tamentaria].  Ensuite  la  loi  Voconia,  portée  sous  l’in¬ 
fluence  de  Caton  le  censeur,  en  585  de  Rome  ou  169 
av.  J.-C. 3,  interdit  à  toute  personne  de  prendre  comme 
légataire,  ou  mortis  causa  captais,  plus  que  les  héritiers 
institués.  C’était  assurer  quelque  chose  à  ceux-ci  ;  mais, 
en  multipliant  le  nombre  des  légataires,  on  arrivait 
encore  à  n’assurer  aux  institués  qu’un  intérêt  minime  à 
faire  adition  d’hérédité,  en  leur  laissant  le  risque  des 
charges  [lex  voconia].  Enfin,  la  loi  Falcidie  (Lex  Fal- 
cidia )4,  rendue  en  714  de  Rome  ou  40  av.  J.-C.,  décida 
qu’on  ne  pourrait  léguer  plus  des  Lrois  quarts  de  la 
masse  héréditaire,  plus  quant  dodrantem,  en  sorte  que 
les  institués  conservaient  au  moins  le  quart,  qui  fut 
appelé  ensuite  quarta  Falcidia  [lex  falcidia].  On  sait 
que  la  loi  Fufia  Caninia  8  restreignit,  en  761  de  Rome 
ou  8  de  J.-C.,  le  nombre  des  affranchissements  testamen¬ 
taires  ou  legs  de  liberté,  mais  qu’elle  fut  abrogée  par 
Justinien  6  [lex  fufia  caninia].  Cet  empereur  modifia 
d  ailleurs  le  système  de  la  loi  Falcidie,  en  permettant  au 
testateur  d’en  exclure  l’application,  et  déclara  l’héritier 
même  qui  exerce  le  jus  deliberandi ,  déchu,  à  défaut 
d  inventaire,  du  droit  d’invoquer  la  quarte,  et  tenu  de 
payer  les  legs  ultra  vires  successionis  7. 

M.  Modalites  des  legs.—  Un  legs  pouvait  être  fait,  de 
même  qu  une  institution  d’héritier,  à  terme  ou  sous  con¬ 
dition  suspensive  ;  on  a  vu  que  dans  ce  dernier  cas  le  dies 
™d!'  \  etait  rePorté  à  l’événement  de  la  condition. 

ec  uance  du  terme  suspensif  (dies  quo )  9  n’avait  trait 
qu,i  exigibilité  et  non  à  l’acquisition  du  droit  au 
GhS,  un  même  à  la  transmissibilité.  Toute  condition 


i  e  impossible  ou  immorale  était  réputée  non  écrit 
„.  feS  U'  's  Hui  avait  prévalu,  et  le  legs  valait  alo 
[exfin  a'  f1'1  '  *  S!mple  * COn traire,  l’addition  d’un  teru 
conl/tr  0U,  dmie  condition  extinctive  (ad  dies  qua 
ce  mu.  i  V'am}  cn  train  ait  la  nullité  du  legs,  jusqu 
cas  le  |US"!ien  eùt  abrogé  cette  rigueur  “.Dans  certaii 
devait  *'  ltuiae  cachait  une  véritable  condition  q 

ges  héribpCOmP-  ”  dU  vivant  du  légataire  pour  profiter 
entiers;  ainsi,  quand  le  legs  était  fait  sub  incer 

rom-  247,  éd  1U po il t  ^  T.2  Gai-  225  1  Vavr-  9,  Se  vita  p, 

~  3  °ai.  II,  226,  274  •  p’.  o  X’  83 1  Kudorff-  Rüm-  Ilecht.  I,  §  23,  p. 

M  Foie.  II,  22  :  T)  -  ient-  IV>  8-  22;  Collât,  leg.  Mos.  XVI,  3;  Inst. 

*  Voconia,1! ieiJbim  Tr ^  ’’  §  **’  P'  36  el  s‘  =  de  Vangcro 

8;  huit.  J.  I,  •  n  ’  227  ;  UIIK  XXIV,  32  ;  Paul.  5e 

Dell.  Civ.  v  ’c; .  n.  a,g-  Cod-  a.st.  VI,  20,  ad  leg.Falcü 

f  Vaagerow,  le hr bue h  R°  «r l',XLVUI’  33  ;  Rudorff>  Rôm.  Jtccht.  I,  §  25,  p.  î 
[aw'r°y.  I,  11».  763  et  .  ’  ’  s§  53*  et  s-  >  Accarias,  Précis,  I,  n«  400  et  s.  ; 

'■  ’  rau,.  sei  jv  p- 764  et  s-  - 3  ■■ 

v  Cod-  Just.  vil  3  n  7  bUet'  0ctav •  i0’  l,iouys-  IV,  24;  Instit.  J.  I, 
,,°VcU-  '19.  C.  u  .  ’  ’  fus-  Can.  tollenda.  -  7  Novell.  I,  c.  2,  § 

’  ,'4’  9  ^  «ai.  II,  200  '  9  p  C°0d-  Just  Vl-  30-  Me  de  lib.  -  8  lnslu 

A  «.  H  10  9  J’-  2‘3  D-  eerb.  sign.  L,  10.  -  10  Gai.  III,  c 

VI’  '  12  75  D I  *’  §§  *  et  2.  —  H  C.  20,  Cod.  Just.  Z>e  /t 

V.  ■  '  ’  6  COnd-  et  dem-  !  tr.  I,  g  2  ;  tr.  79,  §  I  c< 


die'1,  ou  pour  le  moment  où  l’héritier  serait  mourant, 
quum  Itérés  morietur13,  ou  lorsque  le  légataire  aura 
atteint  un  certain  âge14,  ou  lorsque  le  legs  portait  sui¬ 
des  prestations  périodiques  payables  par  jour,  par  mois 
ou  par  année,  in  singulos  dies ,  menses  vel  annos,  qui 
supposaitla  vie  du  légataire  au  début  de  chaque  période13. 
Les  legs,  même  de  liberté,  laissés  pour  une  époque 
postérieure  à  la  mort  de  l’héritier  ou  du  légataire,  ou 
pour  la  veille  de  cette  mort,  étaient  nuis,  parce  que  les 
anciens  n’admettaient  pas  que  l’objet  pût  naître  activement 
ou  passivement  dans  la  personne  de  l’héritier16.  Mais 
Justinien  abrogea  cette  prohibition  n.  On  a  vu  qu’il  abolit 
aussi  la  nullité  des  legs  faits  poenae  no  mine 18.  Il  ne 
faut  pas  confondre  avec  une  condition  le  modus  ou  le 
but  du  legs,  par  exemple  l’indication  qu’il  est  fait  pour 
construire  un  tombeau  ou  un  édifice,  ou  à  charge  de 
remettre  une  partie  de  l’objet  à  un  tiers19.  Le  legs  reste 
pur  et  simple;  le  légataire  peut  ici  exiger  le  legs  en 
garantissant  qu’il  exécutera  la  charge20,  mais  il  est  tenu 
de  restituer,  si  l’exécution  a  dépendu  de  lui21. 

Au  contraire,  la  condition  suspend  le  dies  cedit  el 
a  fortiori  l’exigibilité  du  legs.  Ainsi,  en  général,  le  léga¬ 
taire  conditionnel  ne  pouvait  exiger  l’exécution  du  legs 
avant  l’adition  d’hérédité  et  l’échéance  de  la  condition  et 
du  terme,  s’il  y  en  avait  un22.  Seulement,  en  attendant  cette 
double  échéance,  le  légataire  qui  courait  le  risque  de 
voir  contester  ultérieurement  la  validité  du  legs,  ou 
s’évanouir  la  solvabilité  de  l’héritier,  pouvait  exiger  de 
lui  une  promesse  personnelle  avec  garantie,  satisdation23 
(cautio  legatorum)  [voir  cautio],  et  en  cas  de  refus  obtenir 
du  préteur  un  envoi  en  possession  purement  conserva¬ 
toire  des  biens  héréditaires24. 

Bien  plus,  lorsque  la  condition  d'un  legs  consistait  de 
la  part  du  légataire  à  ne  pas  accomplir  un  acte  qui  dépen¬ 
dait  de  sa  volonté,  ou  qu’il  aurait  la  possibilité  de  faire 
jusqu’à  sa  mort,  par  exemple  de  ne  point  affranchir  tel 
esclave,  le  jurisconsulte  Mucius  Scaevola23  avait  fait 
admettre  que,  la  condition  ne  pouvant  s’accomplir  qu’au 
décès  de  manière  que  le  légataire  ne  put  profiter  du 
legs,  il  lui  serait  permis  de  réclamer  l’exécution  immé¬ 
diate,  à  charge  de  promettre  avec  caution  à  l’héritier  de 
lui  restituer,  en  cas  de  contravention,  la  chose  avec  les 
fruits  (cautio  Muciana).  Le  legs  fait  sous  la  condition 
qu’un  tiers  le  voudra  bien,  si  Maevius  voluerit,  est  nul  26. 

VIL  Extinction  ou  révocation  des  legs.  —  Un  legs 
s’éteignait  :  1°  quand  l’exécution  en  devenait  impossible 
sans  le  fait  de  l’héritier,  sine  facto  heredis  ;  car  son  fait, 
même  sans  faute,  ne  pouvait  le  libérer,  par  exemple  s’il 
avait  affranchi  l’esclave  légué  à  son  insu 27 .  La  perte  fortuite 
arrivée  avant  le  dies  cedens  empêchait  les  accessoires 
d’être  dus,  par  exemple  au  cas  de  l’esclave  légué  avec 

tit.  ;  fr.  811).  QUando  dies  leg.  ced.  XXXVI,  2.  —  13  Fr.  4  pr.  Ilig.  Quando  dies 
leg.  ced.  XXXVI,  2.  —  14  Fr.  49  pr.  cl  §  2  D.  Se  leg.  1»,  XXX.  —  15  Fr.  10,  II, 
12  D.  Quando  dies ,  XXXVI,  2.  —  16  Paul.  Seul.  VI,  5;  Gai.  II.  232,  233  ;  Ulp. 
Jleg.  XXIV,  16;  Instit.  J.  II,  20,  35.  —  1*  C.  unie.  Ut.  actiones ,  IV,  1 1  ;  c.  11. 
Se  cont.  et  comm.  stip.  VIII,  38.  —  18  Gai.  II,  235,  n.  36  ;  Instit.  J.  II,  20, 
36;  c.  I,  Cod.  Just.  VI,  41.  —  19  Fr.  17,  §  4  I).  Se  cond.  et  dem.  XXXV,  1; 
de  Vangerovv,  II,  §438.  —  20  Fr.  40,  §  o,  eod.  —  21  Fr.  21,  §  3  D.  Se  ann.  leg. 
XXXIII,  1.  —  22  Fl-,  72,  §  2;  fr.  101,  §  3  ;  fr.  106  D.  Se  coud  et  dem.  XXXV,  1. 

—  23  Fr.  I,  De  ut  kg.  XXXVI,  3  ;  e.  7,  Cod.  Just.  Ut  in  poss.  leg.  VI,  54.  _ at  Fr.  1, 

§  2  ;  fr.  5,  §§  3  et  4  D.  XXXVI,  4,  Ut  in  poss.  leg.  ;  Accarias,  Précis,  I,  40,  384. 
_  23  Fr.  7,  fr.  67,  fr.  79,  §  2  D.  Se  cond.  et  dem.  XXXV,  1  ;  fr.  76,  §  2,  Se  leg.  2»,  Dig. 
XXXI,  l  ;  Du  Caurroy,  n»  733  ;  Accarias,  u«s  324,  384  ;  de  Vangerow,  II;  §  436  ;  Déman¬ 
geât,  1,  p.  758.  —  26 Fr.  52  D.  Se  coud.  XXXV,  t  ;  voir  cependant  fr.  t  pr.  D.  Se  leg. 
2»  et  fr.  46,  §  2  D.  XL,  5,  Se  fideic.  lib.;  Bufnoir,  Théorie  de  la  condition,  p.  196 
ot  s.  —  27  Fr.  47,  §§4  et  5,  Se  leg.  1°  ;  Instit.  J.  II,  20,  16  ;  Accarias,  Précis,  n»  399. 

132 


—  1046  — 


LEG 


LEG 


son  pécule  *.  2°  Un  legs  devenait  encore  inutile  quand  le 
légataire  acquérait  gratuitement  la  chose  léguée2.  Mais 
il  n’est  pas  exact  de  dire,  avec  certains  textes3,  qu’un  legs 
s’éteint  toujours  par  l’événement  de  circonstances  qui 
l’eussent  empêché  de  naître.  3°  Un  legs  s’éteignait  encore 
ou  plutôt  ne  se  réalisait  pas  au  cas  de  défaillance  de  la 
condition.  4°  Enfin  il  tombait  par  la  mort  ou  l’incapacité 
du  légataire  survenue  avant  le  dies  ceclil. 

Tout  legs  s’évanouit  quand  le  testament  ne  produit  pas 
ses  effets;  par  exemple  s’il  est  irritum  ou  destitutum 
[voir  testamentum]  ;  mais  en  supposant  que  le  testament 
ait  son  effet,  un  legs  pouvait  encore  être  révoqué  soit 
directement ,  soit  par  translatio.  La  révocation  directe 
(i ademtio  légat ï) 4  profitait  à  l’héritier  dégrevé,  à  moins 
qu’il  n'y  eût  lieu  à  accroissement  au  profit  d’un  coléga¬ 
taire.  En  droit  civil  pur,  la  révocation  directe  devait  être 
expresse  et  faite  au  moyen  d’une  formule  contraire  àcelle 
du  legs,  et  insérée  dans  un  testament  ou  dans  un  codicille 
confirmé5,  exemple  non  do,  non  lego,  heres  meus  non  dam¬ 
nas  esto.  Justinien  a  abrogé  ces  conditions.  S’il  y  avait 
■  révocation  expresse  sous  condition,  le  legs  pur  et  simple 
devenait  subordonné  à  la  condition  inverse6. 

La  révocation  tacite  n’opérait  pas  ipso  jure  avant  Jus¬ 
tinien  et  donnait  seulement  à  l’héritier  une  exception  de 
dol,  lorsque  le  testateur  avait  manifesté,  d’une  manière 
quelconque,  son  intention  de  révoquer'1.  Ainsi  quand  le 
testateur  avait  rayé  volontairement  la  disposition  que 
renfermait  le  legs  8,  ou  quand  il  était  sui'venu  une  inimitié 
grave  et  non  suivie  de  réconciliation  entre  le  testateur 
et  le  légataire  9.  La  plupart  des  jurisconsultes  admettaient 
aussi,  au  temps  de  Gaius,  que  toute  aliénation  par  le  tes¬ 
tateur  de  sa  propre  chose  par  lui  léguée  entraînait 
révocation  tacite10;  mais,  d’après  l’avis  de  Celsus,  con¬ 
firmé  par  Septime  Sévère  et  Antonin  Caracalla,  on  dis¬ 
tingua  si  le  testateur  avait  aliéné  avec  ou  sans  l’intention 
de  révoquer11  ;  et,  dans  le  premier  cas,  la  révocation  sub¬ 
sistait,  malgré  la  nullité  de  l’aliénation,  ou  une  nouvelle 
acquisitioû  ultérieure  12.  L’aliénation  de  l’objet  principal 
(fundus  instructus  ou  cum  instrumenta  13)  emportait 
révocation  même  pour  les  accessoires  ( accessiones ),  ainsi 
pour  Y  instrumentum  placé  pour  l’exploitation  des  fonds14. 
Une  volonté  contraire  faisait  d’ailleurs  revivre  le  legs  para¬ 
lysé  par  une  volonté  tacite  en  excluant  l’exception  de  dol 15. 

La  translation  d'un  legs,  translatio  legati16,  pouvait 
avoir  lieu  de  quatre  manières  différentes:  par  changement 
du  légataire,  de  l’héritier  grevé  du  legs,  de  l'objet  ou  de  la 
modalité17.  La  translatio  renfermait  deux  actes  distincts 

l  Fr.  1,  2,  12  L>.  De  pcc.  leg.  XXXIII,  8;  Jnstit.  J.  II,  20,  17.  —  2  Inst  U. 
J.  II,  20,  §§  6  et  9;  fr.  8  a,  §§  2  et  3  I).  De  leg.  1».  —  3  Voir  Instit.  J. 
11,  20,  §  li;  fr.  3,  §  2  I).  XXXIV,  8.  —  *  Instit.  J.  II,  21  pr.  De  ademt.  et 
transi,  leg.  ;  von  Vangerow,  Lehrbuch,  II,  §  541  ;  Du  Caurroy,  I,  n0!  756 
it  760  ;  Accarias,  I,  n“  398  ;  Demangeat,  I,  p.  702  et  s.  —  5  Ulp.  Reg.  XXIV, 
29.  —  G  Fr.  107  D.  De  cond.  et  dem.  XXXV,  1  ;  fr.  10  D.  De  adim.  tel.  transf. 
XXXIV,  4.  —  7  Gai.  Il,  198.  —  8  Fr.  153  D.  De  his  quae  intest.  del.  XXVIII,  4. 

—  9  Fr.  3,  g  1 1  D.  De  adim.  XXXIV,  4.  Voir  cependant  un  cas  de  legs  perpraecep- 
tionern,  fr.  22  h.  lit.  —  10  Gai.  II,  198.  —  n  Fr.  18,  Dig.  XXXIV,  4;  Instit.  J. 
II,  20,  g  12,  De  leg.  —  ri  Fr.  15  ;  fr.  24,  §  1  D.  XXXIV,  4.  —  13  Le  legs  du  fundus 
instructus  comprenait  tous  les  objets  qui  se  trouvaient  sur  le  fonds  même  pour 
l'agrément  personnel;  fr.  8,  fr.  12,  g  27  1).  XXXI11,  7,  De  instr.  —  14  Instit.  J. 
II,  20,  g  17  in  fine.  —  15  Fr.  15  D.  De  adim.  leg.  XXXIV,  4.  —  10  De  Vangerow, 
Lehrbuch,  II,  gg  434  et  541  ;  Du  Caurroy,  II,  n”  761,  762.  —  17  Jnstit.  J.  II,  21, 
§  1  ;  fr.  60,  De  adim.  et  transf.  leg.  XXXIV,  4.  —  18  Fr.  8  et  20,  Dig.  eod.  lit. 

—  19  Fr.  24,  eod.  —  20  Instit.  J.  II,  20,  g  36,  De  leg.  —  Bibliographie.  Kirsten, 
Bistoria  legatorum,  Leipzig,  1731;  Saney,  De  legatis,  Gand,  1823;  Goslinga,  De 
legatis,  Lugd.  Batav.  1823  ;  W.  v.  Swinderen,  De  legatis,  Groning.  1824; 
De  Quertenmondt,  De  legatis,  Lugd.  Batav.  1827;  A.  D.  Lublink,  Observationes 
juris  romani,  Amsterdam,  1827 ,  Rosshirt,  Lchre  von  den  Vermüchlnissen  nach 
rüm .  Recht.  Heidelbung,  1835  ;  Marezoli,  Zeitschrift  für  Civilrccht  und  Prozess, 


et  indépendants,  savoir  la  révocation  du  premier  legs  q 
l’établissement  du  second,  et  la  première  subsistait  alor 
même  que  la  nouvelle  disposition  devenait  inefficace1* 
Cependant  la  modalité  d’un  premier  legs  est  tacitemem 
transportée  au  second,  s’il  a  son  effet  dans  le  cas  (je 
changement  de  légataire19.  La  révocation  ou  la  translation 
de  legs  opérée  poenae  tiomine  était  nulle  avant  les  inno¬ 
vations  de  Justinien'20.  G.  Humbert.  Edouard  Cuq. 

LEGATUS  (ripsffSeuç,  tz peffêsurrjç).  Personnage  chargé» 
d’une  mission,  d’une  ambassade  [legatio]. 

A  l’époque  romaine,  le  mot  legatus  sert  à  désigner 
non  seulement  une  charge  temporaire,  mais  aussi  toute 
une  série  de  fonctions  de  plus  ou  moins  longue  durée. 
On  le  rencontre  employé  dans  les  différents  sens  suivants  : 

1°  Envoyé  du  sénat  et  plus  tard  de  l’empereur  aux 
puissances  étrangères  [legatio]. 

2°  Délégué  temporaire  du  sénat  auprès  d’un  général 
vainqueur  au  moment  où  il  organise  la  province  [legatio  . 

3°  Délégué  permanent  envoyé  par  le  sénat  pour  secon¬ 
der  un  gouverneur  de  province  ( legatus  pro  praetore ), 
ou  pour  le  remplacer  par  intérim  [legatio,  provincia], 

4°  Délégué  envoyé  au  sénat  avec  une  mission  officielle 
par  un  magistrat  séjournant  dans  les  provinces  et  choisi 
par  lui  dans  son  entourage.  C’est  par  légats  qu’on 
demandait  des  envois  de  fonds1,  des  vivres  ou  des  vête¬ 
ments  pour  les  troupes  en  campagne  2,  des  renforts,  etc.3. 

5°  Personnage  chargé  de  fonction  spéciale  par  un  gou¬ 
verneur  ou  un  chef  militaire.  Ainsi,  celui  qui  prend  le 
commandement  de  la  cavalerie  dans  la  bataille  ou  celui 
qui  est  mis  à  la  tête  de  la  réserve  est  dit  legatus ,  en  tant 
qu’il  n’exerce  cette  attribution  que  par  délégation  et 
pour  un  temps4.  Le  légat  légionnaire  n’a  d’abord  été 
qu’un  officier  chargé  temporairement  de  commander 
une  légion.  De  même  un  gouverneur  qui  veut  se  faire 
remplacer  pendant  une  absence  a  recours  à  un  légat 
{legatus  pro  praetore,  pro  quaestore).  Sous  l’Empire,  on 
donne  ce  nom  à  des  officiers  généraux  commandant  plu¬ 
sieurs  légions,  des  détachements  importants,  des  armées 
[exercitus,  vexillatio]. 

6°  Chef  d’une  légion  à  l’époque  impériale  {legatus 
legionis)  [legio]. 

7°  Gouverneur  d’une  province  impériale  {legatus  Au- 
gusti  ou  Augustorum  pro  praetore)  [provincia]. 

8°  Directeur  du  recensement  dans  les  provinces  impé¬ 
riales  {legatus  Augusti  pro  praetore  ad  census  acci- 
piendos)  [census]. 

9°  Juge  auxiliaire  envoyé  dans  les  provinces  et  pouvant 

1836,  t.  IX,  p.  61  ;  Mayer,  Von  den  Legaten  und  Fideicommisscn,  Tiibiiigcn.  IS'  *' 
Arndts,  Gluck’ s  Fortselzung,  t.  XL  VI  à  XLVIII  ;  G.  Hartmann,  Begriff und  M» 
der  Vermüchtnisse,  Braunschweig,  1872  ;  Puchta,  Cursus  der  Institutions»  C  y 
Leipzig,  1875,  t.  II,  §  321  ;  von  Vangerow,  Lehrbuch  der  Pandekten,  7e  éd.  O  ‘1  ' 
1876,  t.  II,  p.  399;  Maynz,  Cours  de  droit  romain,  4e  éd.  Bruxelles,  18",  J 
p.  525;  Hôlder,  Reitrâge  zur  Geschichte  der  rôm.  Erbrechts,  1881;  Ortoan^ 
J.-E.  Labbé,  Explication  historique  des  Instituts  de  Justinien,  12' éd.  Paris’  ^ 
t.  II,  p.  567;  Fadda,  Dell'  origine  dei  legati  dans  Hindi  giurid.  e  stor- P" 
pel  V  VIII  centenario  dell'  Università  di  Rologna,  1888  ;  C.  Ferrim,  Su  ^ 
dei  legati  dans  Bull,  dell'  Istituto  di  diritto  Romano,  1888,  t.  I,  P-  111  ’  ^ 

generale  dei  legati  e  fede  commissi,  Milano,  1889;  Wiudscheid,  Lehi  ^ 
Pandekten,  7'  éd.  1890,  t.  III,  §  623  ;  Accarias,  Précis  de  droit  r0™ain’  ins, 
Paris,  1886,  t.  I,  p.  1023;  Édouard  Cuq,  Les  institutions  juridiques  des  ,  ^ 
1891,  Paris,  t.  1,  p.  300  et  544;  Karlowa,  Rôm.  Redits  geschichte,  I»e*Pa8'  )g93i 
t.  II,  p.  914;  Van  Wetter,  Cours  élémentaire  de  droit  romain,  3°  éd.  •  ajlS 
t.  Il,  p.  544  ;  Moritz  Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  Leipzig,  1892-1899.  I  I1 
t.  Il,  p.  829  ;  Dernburg,  Pandekten,  0'  éd.  Berlin,  1900,  t.  III,  §§  98-1  b', 

LEGATUS.  1  Liv.  XXIII,  21,  48;  XLIV,  20;  Sali.  Hist.  III  ( Ep .  Cn. • 

Sen.  2)  ;  Plut.  Sert.  21  ;  Cic.  ad  Eam.  XII,  30,  3.-2  Liv.  XXIII,  2*.  4  ’  (  §  5. 

.  Polyb.  III,  106.  —  3  Sali.  Hist.  III  {Or.  C.  Catl.  §  6)  ;  Cic.  ad  Eam.  ■ 

—  4  Mommsen,  Droit  public  romain ,  IV,  p.  446. 


1047 


LEG 


t 


LEG 


doubler  ou  suppléer  le  gouverneur  ( legalus  jurridicus) 

'"p (“Envoyé  de  l’empereur  pour  rétablir  l’ordre  dans 
r0Vinces  [legatus  adcorrigendum  staturn  civitatium 
Uberarum)  [corrector]. 

11»  Personnage  charge  de  régulariser  les  finances  des 
cités  ( legatus  ad  rationes putandas  civitatium )  [curator]  . 
C  190  péputé  envoyé  par  l’assemblée  provinciale  à  Rome 

ou  vers  des  particuliers  [legatio]. 

13°  Député  envoyé  par  des  municipalités  soit  à  1  as¬ 
semblée  provinciale,  soit  à  l’empereur,  soit  à  des 
i gouverneurs,  soit  à  des  particuliers  [legatio]. 

°  1 4..  Député  de  corporations,  de  groupes  religieux  [lega- 
TI0].  R.  Cagnat. 

LEGIO.  —  Corps  de  troupes,  le  plus  considérable  de 
tous  ceux  qui  composaient  l’armée  romaine.  Les  auteurs 
grecs  traduisen  t  le  mot  par  différentes  expressions  comme 
cxpaTÔTtE oov1,  Tcdjc;  2,  téXo;  3,  (paXayS4,  Tayga  0  ;  dans  les 
inscriptions  on  trouve  surtout  Àeyuov6  ou  Àeyscév  1 . 

I.  Développement  de  la  légion  romaine.  - —  Il  est  oiseux 
de  chercher,  en  s’appuyant  sur  le  témoignage  d’écrivains 
qui  11e  le  savaient  pas  eux-mêmes,  à  quelle  date  on  doit 
faire  remonter  l’établissement  de  la  légion.  Peu  importe 
que  Tite  Live  en  parle  seulement  à  propos  de  la  guerre 
des  Antenmates  8,  quatre  ans  après  la  fondation  de  Rome, 
ou  que  Plutarque  nous  apprenne  que  ce  fut  la  première 
institution  de  Romulus9.  Si,  comme  le  dit  Varron  10, 
comme  on  l’admet,  le  terme  legio  vient  de  legere et  signifie 
la  «  levée  »,  la  légion  est  aussi  ancienne  que  Rome  même  : 
c’est  l’ensemble  des  citoyens-soldats.  La  cité  patricienne 
étaitcomposée  de  quelques  centaines  de  familles  groupées 
en  curies  et  en  tribus  ;  leur  réunion  les  armes  à  la  main 
constituait  la  légion.  A  en  croire  la  tradition  n,  ces  tribus 
étaient  au  nombre  de  trois  [tribus],  les  curies  au  nombre 
de  trente  [curia].  Chaque  curie  fournissait  cent  hommes 
de  pied  et  dix  cavaliers  ( centuria ),  chaque  tribu  comptait 
mille  soldats  et  cent  cavaliers  [équités]  ;  par  suite,  la 
légion  comprenait  un  effectif  de  3  000  hommes  12.  Fausses 
ou  exactes,  ce  sont  là  des  données  qu’il  n’y  a  pas  lieu  de 
discuter.  Ce  qu’il  importe  de  noter,  c’est  qu’à  l’époque 
intérieure  a  Servius  Tullius,  la  légion  n’est  autre  chose 
raue  1  assemblage  des  diverses  gentes  patriciennes,  s’unis¬ 
sant  entre  elles  pour  la  défense  de  la  cité,  sur  la  convo¬ 
cation  du  roi 13. 

C  est  au  roi  Servius  Tullius  que  les  auteurs  rapportent 
a  modification  de  cet  état  de  choses  :  ce  fut  une  véritable 
revo  ution.  Les  anciens  cadres  de  la  légion  patricienne 
turent  basés  et  remplacés  par  des  cadres  nouveaux.  La 

partition  par  tribus,  curies,  gentes ,  fit  place  à  la  répar- 

0°U  ,Pai  C01ps  et  compagnies,  la  base  de  cette  nouvelle 

Tous"^  lllün  etant  n°n  ^US  naassance’  mais  la  fortune. 
LT*  citoyens  propriétaires  de  biens-fonds  furent 
b  an  seivice  militaire  à  partir  de  la  dix-septième 

Pesai,1,0'!  I'°lyb'  X’  16,  4;  Dio’  XXVIII,  47;  LV,  24.  -  2  Cf.  H. 


gr  j-n/  s  ■  . .  !  ^  -  ua.  U.  Estienne, 

3U‘o,  LXXI  9  c'r  '[  Uid,  s.  v.  —  4  Arrian.  "EjtTaàs  'Aioiv.  15,  22. 
40:u,  Arch.Hc  ■  •  *  C°rP'  insC’- •  9r-  1128>  2941,  3192,  4011,  4023,  4029,  4033, 

Ann .  épigr.  1890  r'!  A*llth'  1885>  P-  144,  n°  6  ;  Bull,  de  corr.  hell.  1893,  99  ; 
c4-  Dio,  l  c  ST-'  7  'C'  inscr-  9r-  41°h  4238  c,  4452  ,  4460  ,  4639  ,  4766,  etc.  ; 


...  >  ;  Varr.  De  l.  I.  4  et  9.  —  10  Ibid.  V,  16 

P-  266.  _  12  Var7  jC(I’  ManUel  deS  InSL  rom-  p.  5  et  6  avec  les  notes  ;  cf. 
fostel  de  Coulanges'  /  „  Y'  ■'  7  89  1  ,)ion-vs-  U>  2-  10  ;  Plut.  Rom.  13.  -  13  Cf. 
iwKÎes,  1870^  n  \  militaires  de  la  Répub.  romaine  (Rev. 

~~  14  Liv.  I  43  .  T.’,  7  ]  et  suiv');  Mommsen,  Droit  public  romain,  VI 

P.  sus  -,  ,UIl30;Aul.  Gell.  X.  98  -  m _ _ 


Loulang 

.  des  Deux 
.  -,  VI,  p.  115. 

p'  et  suiv.  7  i5  f11,1  X’  28  ’  cf-  Mommsen,  Droit  public  romain,  VI, 

P-  10  et  les  notes  -  J  i  \i"n  GeI1'  X’  28  >  cf-  Marquardt,  Organis.  militaire, 
’  Muller,  Die  Et  ' 


Entheilung  des  servianiichen  Heeres  (Philo¬ 


année,  les  autres  n’étant  appelés  que  dans  des  cas  urgents 
[tumultus].  Les  propriétaires  étaient  répartis  en  cinq 
bans  ou  classes  suivant  leur  fortune  [classis]  ;  les  plus 
riches  formaient  la  cavalerie  [équités],  les  autres  l’infan¬ 
terie  et  les  services  auxiliaires  14.  De  plus,  chaque  classe 
se  partageait,  suivant  l’àge,  en  deux  divisions  :  les  plus 
jeunes  formaient  l’armée  active,  les  plus  âgés  constituaient 
la  réserve  affectée  à  la  défende  de  la  ville  ( legiones 
urbanae ) 13  [exercitus].  «On  sait  peu  de  chose,  dit  M.  Bou- 
ché-Leclercq 10,  de  la  légion  au  temps  de  Servius  Tullius. 
Les  auteurs  qui  en  parlent  (Tite  Live,  Denys  d’Halicar- 
nasse)  confondent  des  termes  et  des  méthodes  appartenant 
à  différentes  époques.  Ils  assimilent  la  légion  de  Servius 
à  la  phalange  macédonienne11,  et  le  groupement  qu’ils 
décrivent,  assemblage  de  miliciens  de  différentes  classes 
et  différemment  armés,  est  loin  de  rappeler  la  masse 
compacte  et  homogène  de  la  phalange.  Enfin,  on  ne  sait 
quel  rôle  assigner  dans  cette  «  phalange  »  romaine  à  la 
centurie  qui  est  cependant  l’unité  tactique  instituée  par 
Servius  Tullius  [centuria].  Aussi,  les  systèmes  abondent 
et  chaque  érudit  explique  à  sa  manière  la  transition  de 
l’ordre  compact  usité  au  temps  de  Servius  Tullius  à  l’ordre 
fractionné  introduit  par  Camille  et  de  là  à  l’ordre  mixte 
du  temps  de  Polybe  18.  »  A  en  croire  les  auteurs  anciens  19, 
la  légion  servienne  présentait  six  rangs  de  profondeur. 
Au  premier  et  au  second  rang  se  tenaient  les  citoyens  de 
la  première  classe,  avec  armure  complète  (casque,  cui¬ 
rasse,  bouclier  rond  d’airain  et  jambières);  le  troisième 
et  le  quatrième  renfermaient  les  citoyens  de  la  deuxième 
classe,  sans  cuirasse,  mais  avec  casque,  jambières  et 
bouclier  carré  ;  le  cinquième  et  le  sixième  rang  étaient 
formés  par  les  citoyens  de  la  troisième  classe,  armés  de 
mèrtie,  mais  privés  de  jambières.  Les  citoyens  de  la  qua¬ 
trième  classe,  pesamment  armés,  suivant  Denys  d’Hali- 
carnasse  20,  n’ayant  qu’un  javelot  et  une  lance,  suivant 
Tite  Live21,  étaient  en  dehors  de  la  phalange,  avec  les 
gens  de  trait,  constitués  par  ceux  de  la  cinquième  classe 22 
[rorarii].  A  la  légion  étaient  réunies  cinq  centuries  sup¬ 
plémentaires  :  deux  de  fabri  (adjoints  à  la  première  et 
à  la  deuxième  classe),  une  de  cornicines,  une  de  tubi- 
cines  et  une  d’ACCENSi  velati.  La  cavalerie  était  disposée 
de  chaque  côté  de  la  légion  dont  elle  faisait  partie 
[équités]. 

Une  troisième  transformation  de  la  légion  eut  lieu  vers 
l’époque  de  Camille,  disent  les  uns  2î,  entre  la  mort  de 
Camille  et  la  guerre  de  Pyrrhus,  pensent  les  autres24.  Il 
est  fort  possible  que  les  deux  assertions  soient  vraies,  si 
les  innovations  militaires  de  ce  temps  se  sont  produites, 
non  d’un  seul  coup,  mais  par  degrés  et  séparément.  11 
parait  certain  que  les  guerres  du  Samnium  avaient  révélé 
les  inconvénients  du  système  de  Servius  Tullius:  l’imi¬ 
tation  romaine  de  la  phalange  n’était  plus  assez  mobile 
pour  faire  face  aux  ennemis  nouveaux  de  Rome,  ni  la 

logus,  1876,  p.  126  et  suiv.)  ;  Steinwender,  Die  legiones  urbanae  ( Philologus , 
1880,  p.  527  et  suiv.).  —  16  Man.  des  Inst.  rom.  p.  275.  —  17  M.  Frülich  ( Beitrâge 
zur  Geschichte  der  Kriegführung  und  Kriegskunst  der  Rômer  zur  Zeit  der 
Republik,  Berl.  1886,  p.  17)  fait  observer  que  la  phalange  romaine  n'était  pas 
la  phalange  macédonienne,  comme  le  pensent  les  auteurs  romains,  mais  la  pha¬ 
lange  italique.  —  *8  L  auteur,  Op.  cit.  p.  275,  note  4,  résume  l'argumentation  de 
M.  Bruncke  ( Philol .  1881,  p.  357  et  suiv.).  —  19  Üionys.  IV,  16  et  suiv.;  Liv.  I,  43  ; 
cf.  Marquardt,  Organis.  milit.  p.  11.  —  20  IV,  17.  —21  l,  43)  6  ;  cf.  Mommsen, 
ROm.  Tribus,  p.  138,  note  135.  —  22  Nonius,  p.  552,  31,  Il  ;  Varr.  De  Vit.  pop. 
rom.  3;  Liv.  I,  43,  7  ;  Mommsen,  Droit  pub.  rom.,  VI,  p.  299.  —  23  Marquardt, 

O.  kl.  p.  20.  ■  2+  Fr.  Frôlich,  O.  I  p.  19  et  suiv.  U  rapproche  ces  transfor¬ 

mations  des  réformes  démocratiques  opérées  lors  de  la  censure  d’Ap.  Claudius 
Caecus  en  312/311  av.  J.-C. 


—  1048 


LLSG 


lhi; 


composition  des  cadres  en  harmonie  avec  les  progrès  de 
l'art  militaire;  déplus,  l'armement  devait  être  modifié  afin 
de  permettre  aux  légionnaires  de  tenir  tête  à  des  adver¬ 
saires  auxquels  ils  n'étaient  point  encore  habitués.  De 
tout  cela  résulta  une  organisation  bien  différente  de  la 
précédente *. 

Ce  n  est  plus  la  fortune,  mais  1  âge  qui  dorénavant  assi¬ 
gnera  aux  soldats  leur  place  sur  le  champ  de  bataille.  Les 
jeunes  sont  mis  en  première  ligne  (/ lastati ),  les  hommes 
faits  (principes)  au  second,  les  plus  âgés  (triarii  ou 
pilant)  en  troisième  ligne2.  En  même  temps,  on  renonce 
a  la  formation  par  masses  compactes  qui  caractérisait  le 
système  de  Servius  Tullius  ;  on  divise  l’infanterie  en 
manipules,  séparés  les  uns  des  autres  par  îles  intervalles 
qui  facilitent  la  manœuvre  :  ce  sera  désormais  la  base  de 
toute  l’organisation  légionnaire  romaine  3.  Comment  se  fit 
le  changement  et  par  quels  intermédiaires  arriva-t-on  à 
l’organisation  que  l’on  nomme  manipulaire?  C’est  ce  que 
nous  ignorons  absolument.  Ceux  mêmes  qui  ont  tenté 
d  éclaircir  l’origine  de  la  formation  par  manipules  recon¬ 
naissent  que  les  renseignements  fondamentaux  fournis 
par  lite  Live  4,  sur  lesquels  on  s’appuie  pour  élucider  la 
question,  sont  pleins  d'incertitudes  et  d’obscurités.  Dans 
ces  conditions,  il  suffit  de  renvoyer  aux  dissertations 
parues  sur  ce  sujet,  et  à  l’exposé  de  la  question  tel  que 
l’a  résumé  Marquardt5. 

Autre  question.  Le  manipule  créé  à  cette  époque  est-il 
le  même  que  celui  dont  Polybe  nous  a  laissé  la  définition? 
Les  avis  sont  partagés  c  ;  c’est  encore  là  un  détail  sur 
lequel  nous  ne  pouvons  insister  ici.  Nous  nous  contente¬ 
rons,  au  sujet  de  cette  réforme  capitale,  de  transcrire  ce 
que  l'auteur  grec  nous  a  dit 7  et  d’indiquer  par  là  quelle 
était,  à  son  époque,  l’économie  de  la  légion  romaine  : 
«  Quand  les  légions  se  sont  réunies,  les  plus  jeunes  et 
les  plus  pauvres  sont  désignés  comme  vélites,  ceux  qui 
suivent  sont  hastats,  les  plus  vigoureux  forment  les 
princes  et  les  plus  anciens  les  Lriaires  8.  Telles  sont  chez 
les  Romains,  pour  chaque  légion,  les  différences  de  noms, 
d’âges  et  même  d’armes  qu’on  observe.  La  division 
s'opère  de  manière  que  les  plus  anciens,  que  l’on 
nomme  triaires,  soient  au  nombre  de  six  cents,  les 
princes  de  douze  cents,  les  hastats  en  nombre  égal  ;  le 
reste  est  composé  des  plus  jeunes,  des  vélites.  Si  la  légion 
renferme  plus  de  quatre  mille  hommes,  chacun  de  ces 
corps  augmente  en  proportion,  excepté  celui  des  triaires, 
qui  demeure  invariable.  »  Polybe  décrit  ensuite  l’arme¬ 
ment  de  chacune  des  parties  de  la  légion  et  il  ajoute  : 
«  ...  Après  cela,  les  différents  corps  sont  divisés  en  dix 
parties  :  chacune  de  ces  sections  reçoit  pour  chefs  deux 
capitaines  et  deux  officiers  d’arrière-garde.  Les  vélites 
sont  répartis  en  nombre  égal  entre  toutes.  Ces  différents 
corps  se  nomment  -ayaa,  aTis-pa,  <rt igata.  »  Le  principe  de 
la  division  légionnaire  est  donc  tout  à  fait  différent  de 


ce  qui  avait  lieu  antérieurement.  La  légion  se  com, 
dès  lors  de  trois  corps  qui  prenaient  part  successive!)!!*! 
à  la  lutte  dans  des  conditions  différentes  :  après  qi1(,  |" 
troupes  légères  avaient  engagé  le  combat,  les  hast-^p 
étaient  appelés  à  supporter  le  premier  choc  de  l’enneuij' 
S’ils  ne  suffisaient  pas  à  l’œuvre,  ils  trouvaient  des  aux! 
liaires  dans  les  princes,  qui  venaient  remplir  les  vide 
laissés  entre  leurs  compagnies.  Ceux-ci,  à  leur  tour,  étaient 
soutenus  par  les  triaires,  sorte  de  réserve  ou  d’élite  l  (. 
rorarii  et  les  accensi  de  l’époque  antérieure  ont  ôté 
remplacés  par  les  vélites,  une  infanterie  légère  propre  aux 
escarmouches  et  aux  opérations  irrégulières  (milita 
expediti ,  quasi  velites,  i.  e.  volantes)  \  Ils  ne  formen! 
pas  une  division  spéciale,  mais  sont  répartis  également 
entre  les  différents  manipules  [velites].  La  cavalerie  occu¬ 
pait  les  ailes  de  l’armée  [équités!. 

Cette  organisation  subsista  pendant  150  ans  ;  durant 
toute  cette  période,  la  classe  moyenne  continua  à  donner 
i  l'État  ses  légionnaires.  Mais  il  vint  un  temps  où  cette 
classe  10,  «  épuisée  par  la  conquête,  rongée  d’ailleurs  par 
la  misère,  ne  fournissait  plus  assez  d’hommes  pour  rem¬ 
plir  les  légions.  Marins  y  appela  les  pauvres  et  les  ouvrit 
aux  prolétaires.  Les  anciennes  conditions  de  fortune 
furent  supprimées.  Plus  de  cens  pour  être  cavalier,  plus  de 
cens  pour  être  légionnaire.  Tout  homme  peut  être,  suivant 
son  aptitude,  vélite,  légionnaire  ou  cavalier.  Les  distinc¬ 
tions  fondées  sur  la  richesse  ou  la  pauvreté  disparurent, 
L  armée  devint  un  corps  absolument  démocratique.  « 

Assurément,  cette  réforme  n’aurait  pas  été  possible  si 
elle  n  avait  été  préparée  par  une  lente  transformation  des 
mœurs.  On  avait  été  successivement  amené  à  abaisser  le 
chiffre  minimum  du  cens  [census]  ;  on  devait  finir  par  ne 
plus  en  tenir  compte  ;  les  capite  censi  devinrent,  au  point 
de  vue  militaire,  les  égaux  des  autres  citoyens  Cette 
réforme,  qui  peuplait  l’armée  de  soldats  besoigneux,  prêts 
a  tout  entreprendre  pour  gagner  leur  solde  et  pour  l’aug¬ 
menter  par  le  butin,  disposés  à  suivre  partout  le  général 
qui  les  payait12,  eut  les  plus  graves  conséquences  pour  la 
destinée  de  la  République  ;  elle  modifia  profondément, 
et  ceci  seul  peut  nous  occuper  ici,  l’organisation  de  la 
légion  13. 

Dès  lors,  il  n’est  plus  question  de  distinctions  parmi  les 
légionnaires  :  lesquatre  sortes  d’armes (hastati, principes, 
triarii ,  velites)  sont  confondues  en  une  seule  n.  Même 
armement,  même  dignité  pour  tous  :  les  légions  forment 
des  corps  homogènes  où  les  anciennes  classifications  ne 
se  retrouvent  plus  que  dans  la  hiérarchie  des  centurions. 

A  la  même  époque  s’introduisait  une  autre  nouveauté  ; 
si  le  manipule  continua  à  constituer  l’unité  tactique  de  b 
légion,  celle-ci  fut  désormais  divisée  en  dix  cohortes, 
placées  sous  le  commandement  du  premier  des  centurions 
qui  s’y  rencontrent.  Ces  cohortes  n’avaient  pas,  comme 
on  l’a  dit18,  d’enseignes  propres;  mais  la  légion  elle- 


1  Frôlich,  Ibid.  p.  23.  —  2  Varr.  De  l.  I.  V,  80  :  Pilani  triarii  quoque 
dicti.  —  3  Steinwender,  Entwicklung  des  Manipularwesens  im  rôm.  Heere 
( Zeitschrift  fûr  Gymnas.  1878,  p.  705  et  suiv.)  ;  Frôlich,  Die  Bedeutuny 
des  zweiten  punischen  Krieges  für  die  Entwicklung  des  rôm.  Jfeercwesens 
1881  ;  Uclbriick,  Die  rôm.  Manipulai- taktik  ( Histor .  Zeitschrift,  1884,  p.  239 
et  suiv.);  Soltau,  Die  il anipular taktik  (Hernies,  1885,  p,  262);  Fr.  Frôlich, 
Beitrüge  zur  Geschichte  der  Kriegführ.  ;  les  dissertations  sont  indiquées 
par  Marquardt,  p.  16  et  suiv.  —  4  Liv.  VIII,  8.  —  B  Or  g  an.  milit.  p.  54, 
note  1  ;  cf.  note  3,  ci-dessus.  —  6  M.  Soltau  est  pour  l'affirmative  (Enstehung  der 
altrômischen  Volksversammlungen,  p.  310  et  suiv.);  M.  Frôlich  (Beitrâge,  etc. 
p.  23)  pour  la  négative.  —  7  Pelyb.  VI,  21  et  suiv.  —  8  Sur  ces  différentes  appel¬ 
lations  dont  nous  saisissons  difficilement  l'origine,  puisque  les  principes,  par 


les 


exemple,  ne  combattent  pas  au  premier  rang,  et  que  les  hasla  i  ne  sont  pas 
seuls  à  porter  la  haste,  cf.  Marquardt,  Or ganis.  milit.  p.  51.  —  9  Feslus,  *•  ^ 
—  10  Fustel  de  Coulanges,  Bev.  des  Deux  Mandes,  1875  (II),  p-  307.  1- 
ajoute  :  «  Rien  ne  prouve  que  Marius  ait  eu  en  cela  des  vues  politiques  et  il  est  1 


bable  qu'il  ne  fut  déterminé  que  par  des  raisons  toutes  militaires  ». 


_  li  Sali.  J«i- 


classibus,  sed.-  '  aP[ 


26.  Ipse  milites  scribere...  non  more  majorum ,  ncque  ex  , _  .  . 

censos plerosque -,  Plut.  Mar.  9;  Val.  Max.  II,  3,  1.  — 12  Sali.  Jug.  86  ;  App-  L“ '* 

V,  17;  Plut.  Lucul.  li;  Syl.  12.  —  13  Lange,  Hist.  mutationum  rei  »>’ 1  ^ 
Romanorum,  p.  3  et  suiv.  ;  Votsch,  Caius  Marius  als  reformata’  ^ 

H cenve  s  ms.  —  14  II  est  question  pour  la  dernière  fois  des  vélites  '  _ ,  , 
guerre  de  Jugurtha  (Sali.  Jug.  46,  105).  —  15  Marquardt,  Org.  ’diil.  P- 
153. 


—  1049  — 


LKG 


LEG 


,  ^tée  par  Marins  d’un  signum  spécial,  l'aigle 
inènir  a  duque]  commença  à  se  développer 

(1'arge"  corpS  et  l’amour  du  régiment. 
leSpI‘  itimpnts  de  cette  sorte  n’avaient  pu  prendre 
’  ce  à  une  époque  antérieure,  puisque,  apres  chaque 
nâissan^-  ^  légionnaires  étaient  licenciés  et  rentraient 

?mPlews  foyers.  Mais  ce  qui  était  possible  au  moment 
■Rome'  n’avait  à  combattre  que  des  voisins  en  Italie, 
0U  '  de  pètre  lorsque  les  expéditions  devinrent  plus 
f  SSaues  et  qu’il  fallut  porter  les  armes  au  delà  de  la  mer. 

I  sîue-là,  comme  l’a  dit  Lebeau  2  «  chaque  année  voyait 
de  nouvelles  légions  sans  voir  de  nouveaux  soldats  »  ;  à  la 
(i„  de  la  République,  la  multiplicité  des  guerres  et  leur 
éloignement  engendra,  sinon  la  permanence,  au  moins 
la  stabilité  des  légions;  en  droit,  on  aurait  dù,  si  la  paix 
était  intervenue,  renvoyer  les  hommes  3  ;  mais  la  paix 
n’intervenait  pas  ou  était  de  très  courte  durée  et  peu  à 
peu  les  légions  tendaient  à  la  perpétuité.  Les  gens  sans 
fortune  qui  les  peuplaient  n’avaient  aucun  désir  d’obtenir 
leur  congé  et  acceptaient  volontiers,  quand  ils  ne  la 
réclamaient  pas,  la  prolongation  du  service  ;  les  géné¬ 
raux,  tout  à  leur  ambition  personnelle,  ne  demandaient 
qu’à  voir  leurs  armées  composées  d’effectifs  solidement 
organisés.  Ainsi  se  préparait  le  changement  capital 
qui  caractérise  les  réformes  militaires  d’Auguste. 

J'ai  eu  l’occasion  d’expliquer  ailleurs  que  pendant 
cette  période  de  l’histoire  militaire  de  Rome  la  cavalerie 
légionnaire  n’existait  plus  ou  du  moins  avait  été  si  profon¬ 
dément  modifiée  qu’on  a  pu  nier  son  existence  [équités]. 

C’est  au  fondateur  de  l’Empire,  à  Octavien  vainqueur, 
qu’il  était  réservé  de  décider  et  d’organiser  la  permanence 
des  cadres  légionnaires.  Après  Actium,  la  réorganisation 
militaire  de  l’Empire  fut  son  premier  souci.  Le  principe 
fondamental  du  nouveau  système  fut  la  persistance  du 
service  :  il  fit  de  ses  soldats,  suivant  le  mot  de  Dion,  urpa- 
TiwTaç  àôavâxouî 4,  de  son  armée  un  organisme  indépen¬ 
dant  se  suffisant  à  lui-même.  D’où  les  grandes  réformes 
qui  s’attachent  à  son  nom  :i  et  dont  les  effets  se  firent 
sentir  jusqu'à  la  chute  du  principal  . 

Tout  d’abord,  il  lui  fallait  arrêter  le  total  des  forces  néces¬ 
saires  à  la  sécurité  de  Rome.  S’il  avait  gardé  toutes  les 
légions  ou  tous  les  corps  décorés  de  ce  nom  qui  s’étaient 
formés  pendant  les  guerres  civiles  G,  la  dépense  eût  de 
I  beaucoup  excédé  les  besoins.  11  en  licencia  un  certain 
nombre  et  envoya  les  soldats  qui  les  composaient  dans 
|  ^es  c°lonies  '  ;  les  autres  entrèrent  dans  les  cadres  de 
I  son  armée,  avec  une  numérotation  spéciale,  désormais 
invariable. 

I  ^es  légions  ne  devaient  plus  servir  qu’à  la  garde  des 
I  lontières  ;  Auguste  les  répartit,  suivant  les  besoins,  dans 
I  es  provinces  dont  il  s’était  réservé  l’administration 
■  Uecle>  coinme  autant  de  divisions  ou  de  corps  d’armée  ; 

i,  es  orSanisa  pour  leur  permettre  de  suffire  à  leur  tâche. 
Chacune  d’elles 


d’infanter 


îe 


un  rôm.  Beere,  p.  23  et  notes.  —  2  Mém.  de 
tarin  „  .  !’•  *69.  —  3  Suet.  Caes.  28  :  quoniam  confecto  bello  pax 

-  vT,  “  nm  dBbmt  viclor  4  Dio,  LU,  27,  t  ; 


s  se  composa  dorénavant,  comme  autrefois, 
et  de  cavalerie  ;  elle  fut  placée  sous  les 

Die  Faehnen  i 
Acad,  des  Inscr.  XXV,  p 

—  yQcr  |  ,  ^  leberet  Victor  exercitus.  —  4  Dio,  LU,  27,  t;  LVI,  40,  2. 

des  Auqusti  S’  îï  ’  *®,  12,  §  i  ;  cl’.  W.  Strcit,  Die  Heeresreorganisation 

—  7  Morams  '  /l  *n’  U  De  legionibus  reipublicae  romande, 

l’empire  romain  i  *  </eStne’  p'  02  et  suiv.,  p.  U9etsuiv.  ;  Marquardt,  Organis.de 
deductis  liai'  "q  ’  P  1  J<>  ’  Oollaender,  De  militum  coloniis  ab  Augusto  in  ltalia 
24;Tib.s.  Di  ‘  v]<]num’  1880-  —  8  C.  inscr.  lat.  VIH,  2582,  2741.—  9  Suet.  Oct. 
l'ancienne  F  f'  ^  1  ’  >  c*-  Fustel  de  Coulanges,  Institut,  publiques  de 

aWe'  F’  182  cl  »“*'•.  —  10  Herod.  Il,  11  ;  Dio,  LU,  27  :  Suet.  Oct.  83  : 


ordres  d’un  chef  unique  et  permanent,  le  Icgutus  legionis, 
qui  commandait  en  même  temps  les  troupes  auxiliaires*, 
cohortes  de  fantassins  on  ailes  de  cavalerie  [exercitus, 
couors,  ala]  adjointes 'à  la  légion  et  représentant  un 
effectif  aussi  élevé,  c’est-à-dire  à  peu  près  6000  hommes. 

Mais  cette  dispersion  des  corps  d’armée  loin  de  1  Italie 
et  des  pays  déjà  gagnés  à  la  civilisation  romaine  offrait 
pour  le  renouvellement  des  cadres  légionnaires  un 
certain  inconvénient;  il  rendait  difficile  le  recrutement, 
tandis  que  d’autre  part  les  Italiens  témoignaient  un  éloi¬ 
gnement  de  plus  en  plus  marqué  pour  la  carrière  des 
armes  °.  Auguste  fit  du  service  un  métier  lucratif  capable 
d’attirer  et  de  retenir  les  provinciaux  10  :  il  décida  que 
l’entrée  dans  les  légions  procurerait  le  droit  de  cité  aux 
pérégrins11;  il  assura  aux  hommes  une  solde  régulière 
assez  élevée;  il  offrit  aux  vétérans  à  la  sortie  de  leui 
corps  des  avantages  pécuniaires  ( praemia  militiae).  Ces 
mesures  habiles  réussirent  pleinement.  Le  service  lé¬ 
gionnaire  resta,  en  principe,  obligatoire  pour  tous  les 
citoyens,  ce  qui  permettait,  dans  les  cas  difficiles,  des 
levées  exceptionnelles  ;  en  fait,  les  engagements  volon¬ 
taires  suffisaient  à  compléter  chaque  année  les  vides  et 
à  maintenir  les  légions  au  complet  [dilectus]. 

L’organisation  intime,  elle-même,  de  la  légion  ne  fut 
pas  modifiée  :  elle  demeura  telle  qu  elle  avait  été  établie 
à  l’époque  de  Marius  et  perfectionnée  par  César,  avec  sa 
division  en  cohortes  et  en  centuries. 

Les  règlements  édictés  par  Auguste  restèrent  en 
vigueur  à  peu  près  sans  changement  pendant  un  siècle. 
Le  premier  empereur  à  qui  l’on  fasse,  dans  la  suite,  hon¬ 
neur  de  modifications  sérieuses  est  Hadrien.  Les  auteurs ’’ 
le  considèrent  comme  un  grand  réformateur  de  1  armée13. 
En  fait,  il  se  préoccupa  surtout  de  mettre  les  institutions 
militaires  d’accord  avec  les  besoins  de  son  temps.  L’énu¬ 
mération  de  ses  réformes,  qui  touchèrent  à  l’armée  tout 
entière,  ne  saurait  trouver  place  dans  une  étude  restreinte 
aux  légions  ;  il  suffit  d’indiquer  en  deux  mots  que  son 
activité  se  porta  sur  tous  les  points  :  discipline,  armement, 
ordre  de  bataille,  recrutement,  organisation  des  fron¬ 
tières  ;  ainsi  il  rendit  plus  effective  la  responsabilité  des 
tribuns,  diminuant  par  là  le  pouvoir  exagéré  des  centu¬ 
rions14;  il  modifia  les  armes  des  cavaliers  légionnaires 
pour  leur  permettre  de  tenir  tête  avec  succès  aux  peuples 
contre  lesquels  Rome  avait  alors  à  guerroyer  (Bretons, 
Sarmates,  Arméniens,  Scythes) 1S,  et  aussi  quelque  peu 
celui  des  fantassins10  ;  il  prescrivit,  sur  le  champ  de 
bataille,  de  revenir  à  la  disposition  en  phalange11,  etc. 
Les  légions  se  recrutèrent  régulièrement  et  exclusive¬ 
ment  sur  place,  parmi  les  indigènes  de  la  province 
qu’elles  étaient  chargées  d’occuper  [dilectus]18. 

Si  les  écrivains  font  l’éloge  des  règlements  d’Hadrien 
et  le  considèrent  comme  le  restaurateur  de  l’antique  dis¬ 
cipline,  ils  déclarent  au  contraire  que  Septime  Sévère  lui 
porta  un  coup  terrible  par  ses  réformes  19.  Ce  prince  fut, 
en  effet,  l’auteur  d’un  certain  nombre  de  mesures  qui 

Senec.  Epist.  30  ;  Tac.  Hist.  I,  11.  —  11  Cf.  le  travail  de  M.  Mommsen  sur  la  cons¬ 
cription  sous  l'Empire  ( Hernies .  1884,  p.  t  et  suiv.  ;  et  l'article  dii.ectos).  —  12  Dio, 
LXIX.9;  Vit.  Had.  10  cl  suiv.:  cf.  Plew,  Quellenuntersucliungen  zur  Geschichte 
des  Kaisers  Badrian,  Strasbourg,  1890,  p.  61  et  suiv.  —  13  Sur  ces  réformes, 
voir  outre  les  écrivains  qui  se  sont  occupés  de  l'empereur  Hadrien  en  général  : 
W.  Scburz,  Die  Mililaerreorganisation  Hadrians ,  Leipzig,  1897  et  1898  (2  pro¬ 
grammes  du  gymnase  de  Oladbach).  —  U  Scburz,  Op.  cit.  1,  p.  13.  —  15  Ibid . 

j[  p  ii  1 6  Ibid.  p.  24.  —  O  Arrian.  "Ex-rot;!?  xtv  "AXavSl*  ;  Marquardt, 

Org.  mil.  p.  350.  —  18  Mommsen,  Hermes,  XIX,  p.  21.  —  19  Herod.  III, 
8,  5. 


'  Herod.  Loc.  cit.-,  Mommsen,  C.  inter,  lat.  III, p. 2011;  R.  Cagnat,  Armée  d'A- 
frique,  p.  -ial  etsuiv.  2  Oig.  L,  5,  7. —  3  Waltzin,  Corporations  professionnelles 
chez  les  Itomains ,  I,  p.  309.  —  4  Hirschfeld,  Rôm.  Verwaltungsgeschichte,  p.  249. 

—  a  Schiller,  Gesch.  der  rôm.  Kaiserzeit,  I,  p.  727.  —  6  Aur.  Vict.  Caes. 

33,  34.  —  1  c.  i.  lat.  VI,  3367  et  suiv.  ;  Annali,  1867,  p.  73  et  suiv. 

—  «  Naudet,  Changements  introduits  dans  ladministr.  par  Dioclétien  et  ses 
successeurs,  II,  p.  157  etsuiv.;  Mommsen,  Dermes,  1889,  p.  195  etsuiv.  ;  Kuhn, 

Die  staedt.  und  bürgerl.  Verfassung  des  rôm.  Reichs,  I,  p.  134.  9  f)p. 

cit.  p.  201  et  suiv.  —  10  Mommsen,  Op.  cit.  p.  225;  Kuhn,  Op.  cit.  p.  137. 

—  11  Mommsen,  Op.  cit.  p.  209.  —  12  Ibid.  p.  210  et  230.  —  13  Bull.  com.  1889 
p.  88.  -  14  Mommsen,  Op.  cit.  p.  241.  -  lë  Marquardt,  Organ.  mil.  p.  361  et 
les  auteurs  cités  à  la  note  2.  Végèce  est  le  premier  à  dire  «  nihil  auctoritatis 
assurait,  sed  horum  quos  supra  rettulit,  quae  dispersa  sunl,  velut  in  ordinem  epi- 
tomala  conscribit  (I,  8).  —  16  Ibid.  p.  215  et  254  ;  Zosim.  V,  45  ;  Ammian.  XVIII, 
9,  3  ;  XIX,  2,  14;  XXVII,  12,  16.  —  17  Ibid.  p.  215  et  268.  —  18  Le  Beau,  Atém.  de 


LEG  —  1030 

'levaient,  choquer  les  partisans  du  passé.  Mais  il  semble 

Uen  qu  11  ait  eu  P°"r  Ie*  Pendre  des  raisons  très 
semeuses  :  il  lui  fallait  rendre  la  carrière  plus  attrayante 
pour  les  soldats  comme  pour  les  officiers  inférieurs.  Il 
eleva  donc  la  solde  des  légionnaires,  il  leur  donna  la 
permission  de  porter  Panneau  d’or,  réservé  longtemps 
aux  chevaliers  ;  il  leur  facilita  la  vie  des  camps  en  leur 
permettant  d  y  prendre  des  compagnes,  sinon  des  femmes 
légalement  reconnues1  ;  il  accorda  de  nouveaux  privilèges 
aux  vétérans2;  il  autorisa  les  sous-officiers  à  former  des 
co  eges  militaires  3.  En  même  temps,  il  faisait  du  grade 
de  centurion  le  premier  échelon  de  la  carrière  équestre  *  ■ 
surtout  il  transformait  le  préfet  du  camp  en  préfet  de  là 
légion  et  lui  attribuait  une  part  d’autorité  plus  grande 
aux  dépens  de  celle  du  légat».  C’est  le  premier  pas  vers 
la  suppression  de  ce  haut  commandement  qui  devait 
être  l’œuvre  d'un  de  ses  successeurs,  Gallien6. 

Une  autre  réforme  de  Septime  Sévère,  non  moins 
importante  pour  1  avenir,  fut  la  création  de  trois  légions 
dont  l’une  fut  établie  aux  portes  de  Rome  7.  Cette  mesure 
annonce  déjà  la  suppression  de  la  garde  prétorienne  et 
I  affectation  de  certaines  légions  à  la  défense,  non  plus 
de  l’empire,  mais  de  l’empereur 

Tel  est  précisément  le  caractère  de  l’armée  au  ive  siècle, 
à  la  suite  des  changements  apportés  par  Dioclétien  et 
Constantin  U  Les  garnisons  des  frontières  cessèrent  d’être 
composées  surtout  de  légionnaires,  et  l’on  fit  largement 
appel  pour  les  former  aux  populations  barbares.  Les 
légions  qui  y  séjournaient  antérieurement  n’en  furent 
pas  rappelées  cependant;  mais  une  partie  importante  en 
fut  détachée  et  ramenée  dans  l’intérieur  du  pays  pour  la 
garde  du  souverain  9.  Ainsi  la  légion  XIe  Claudia  occupe 
toujours  la  Mésie,  mais  un  détachement  est  en  Orient, 

I  au  tre  en  Occident  ;  la  VIIe  Gemina  n’a  pas  quitté  l’Espagne, 
mais  deux  ou  trois  détachements  sont  campés  dans  l’in¬ 
térieur,  a  la  disposition  de  l’empereur.  D’une  façon 
générale,  on  peut  dire  qu’un  détachement  est  affecté  à 
1  Orient,  sous  le  nom  de  junior  es,  un  autre  à  l'Occidenl, 
sous  le  nom  de  seniores.  Ces  divisions  de  la  légion, 
qui  portent,  elles  aussi,  le  nom  de  légions,  reçurent 
le  titre  de  palatinae  ou  comitatenses,  c’est-à-dire  atta¬ 
chées  a  la  défense  de  l’empereur  ou  à  son  escorte10. 

Les  légions  de  1  intérieur  étaient,  ce  qui  est  encore  une 
nouveauté,  supérieures  en  dignité  à  celles  de  la  frontière, 
dénommées  pseudo-comitatenses11  ;  elles  pouvaient,  en 
cas  d  expédition,  s  unir  à  ces  dernières  pour  faire  cam¬ 
pagne  et  revenaient,  la  guerre  terminée,  reprendre  leurs 
emplacements  dans  les  provinces  du  centre. 

La  légion  de  Constantin  ne  comprend  plus  de  cava¬ 
lerie1-;  sous  Dioclétien,  elle  renferme  encore  les  deux 
armes13.  Elle  se  compose  de  citoyens  romains,  comme 


LEG 

par  le  passé14;  mais  on  ignore  le  détail  de  son  , 
sation  :  les  monuments  épigraphiques  sontexcessi  -'^*1'' 
rares,  et  les  données  des  auteurs  contemporains  '  "len* 
Végèce,  sont  sujettes  à  caution,  car  elles  se  rappàrl0?* 
grande  partie  à  des  époques  antérieures  18.  nten 

A  cette  époque,  l’effectif  des  différentes  légions 
sidérablement  réduit,  ce  qui  se  comprend  aisé 
puisqu’elles  ne  représentent  plus  que  des  fragments  d*"1, 
même  légion.  La  légion  mère  compte  encore  6000  h"" 
mes;  mais  chacune  des  légions  en  lesquelles  elle  v' 
décomposée  ne  contienL  plus  que  \  000  fantassins 18  *  ^ 

Cette  organisation  eut  aussi,  pour  le  commandement 
une  conséquence  importante  :  une  direction  uni,,,  ’ 
n’étant  plus  possible,  le  légat  légionnaire  ou  son  rem 
plaçant,  le  préfet  de  légion,  disparurent;  c’est  un  tribun 
qui  est  devenu  le  chef  suprême  de  chacun  des  tronçons  de 
la  légion  morcelée17. 

La  Notice  des  Dignités  est  le  dernier  document  qui 
nous  parle  des  légions;  il  n’en  est  plus  question  à  propos 
des  guerres  de  Justinien18. 

Effectif  de  la  légion™.  —  L’effectif  de  la  légion  n’est 
pas  toujours  resté  le  même  :  il  a  varié  suivant  les 
époques.  Sous  le  régime  établi  par  Servius  Tullius,  le 
chiffre  normal  des  légionnaires  était  de  4200  hommes; 
c’est  celui  que  donnent  Polybe20  et  Tite  Live21  en  plu¬ 
sieurs  circonstances,  ce  que  l’on  exprime  en  chiffres 
ronds  par  le  nombre  de  4000  22.  11  faut,  y  ajouter  les 
300  cavaliers  réglementaires23. 

L’effectif  de  la  légion  ne  cessa  dès  lors  d'augmenter, 
bien  qu’il  soit  assez  difficile  de  tirer  des  auteurs  des  ren¬ 
seignements  tout  à  fait  précis;  car,  dans  la  plupart  des 
cas,  on  ignore  si  les  cadres  des  légions  dont  ils  nous 
parlent  étaient  complets  ou  avaient  subi  des  réductions. 
En  216,  le  nombre  des  légionnaires  fut  porté  à  3000 21  ou 
même  o  200 2o,  qui  resta  le  chiffre  normal  pendant  quelque 
temps  -6.  Néanmoins,  lorsque  le  besoin  s’en  faisait  sentir, 
on  n  hésitait  pas  à  l’élever  encore  et  à  atteindre  le  chiffrede 
6000- 7  ;  mais  ce  sont  là  des  cas  tout  à  fait  exceptionnels. 

D  ordinaire,  le  nombre  des  cavaliers  était  de  300  par 
légion,  quel  que  fut  l’effectif  de  l’infanterie28. 

A  1  époque  de  Polybe29.  cet  effectif  se  décomposait  de 
la  façon  suivante  : 


r  Hastati . 

infanterie  )  PrinciPes . 

1  200 

)  Triarii . 

(  Velites . 

Cavalerie . 

Total . 

Mari  us  est  le  premier  qui  ait  porté  le  total  des  légion¬ 
naires  jusqu’à  6200  hommes 30  ;  mais  on  revint,  comme 

VAcad.  des  laser.  XXV,  p.  473  et  suiv.  —  19  Cf.  Th.  Steinwender,  Ueber  du 
Staerkc  der  rôm.  Legionen  und  die  Ursache  ilires  allmaehlicliem  Wachsens- 
Marienburg,  1877.  —  20  Polyb.  VI,  20.  —  21  Liv.  VII,  25;  XXI,  17.  —  22  JW1' 
III,  107  ;  Dionys.  VI,  42  ;  Liv.  VI,  22  ;  Epit.  XV  et  XXVIII,  28  ;  Fest.  Epit.  P- 336  Ml 

—  22  Polyb.  1,16;  II,  24  ;  VI,  20.  —  24  polyb.  III,  107.  —  25  Polyb.  II,  24,  3  ; 
Liv.  XL,  1,  18,  36;  XLI,  9;  XLII,  31  :  Quina  milia  et  duceni  pedites,  upM 
instituto.  —  26  Liv.  XXII,  36;  XXVI,  28;  XXXIX,  38;  XL,  1,  18,  36;  XLI,  21  : 
XLI1I,  12;  Polyb.  VI,  20.  —  27  Liv.  XLII,  31;  XLIII,  12;  XLIV,  21.  —  28  Pol>b' 
1,  16;  VI,  20,  25;  Liv.  III,  62;  XXI,  17  ;  XXXV,  il  (légion  de  4200  hommes) ; 
XXVI,  28;  XXXIX,  38  (légion  de  5  000  hommes);  Liv.  XL,  1,  18;  XLII,  31-  1  ) 
12  (légion  de  5200  hommes);  Liv.  XLII,  31;  XLIII,  12;  Serv.  Ad  Aen.  VII,2'1 
(légion  de  6  000  hommes);  Liv.  XXIX,  24;  XXXV,  2  (légion  de  6  200  horomcV 

—  29  Polyb.  VI,  21.  Le  nombre  des  véliles  se  déduit  de  la  somme  totale  >1, 
légionnaires;  Polybe  ne  le  donne  pas  expressémenl.  —  30  Festus,  /' 
p.  336  M. 


—  1051  — 


LEG 


LEG 


rc 


èglo 


-  celui  de  <>000,  C’était  l’effectif  normal  des  légions 


>  bien  qu’on  trouve  chez  lui  et  chez  les  écrivains 
de-C<on't  parlé  de  ses  guerres  des  renseignements  très 

différents  sur 


dispar 


cette  question  2;  mais  toutes  les  difficultés 
•aissent  si  l’on  considère  les  chiffres  donnés  comme 
,  tant  le  nombre  des  soldats  présents  au  corps  et 
non  pas  celui  des  inscrits  sur  le  papier  3.  C’est  aussi 
l'effectif  que  les  auteurs  ont  indiqué  d’une  façon  générale 
our  l’armée  impériale  :  «  La  légion,  dit  Isidore4,  ren¬ 
ferme  six  mille  soldats  »,  eton  lit  dans  Suidas3;  «  Asyewv 
à  Pwtiatocç  éijaxiff/i'Xioi  ffTpaTitSrat.  »  EL  pourtant  ces  asséc¬ 
hons  si  nettes  sont  contredites  par  d’autres  témoignages  G. 
Suétone  dit:  «  Legio  dicitur  virorum  electio  fortium  vel 
vertus  militum  numerus  id  est  VDC  ».  D’autre  part,  Hy- 
uin,  dont  les  écrits,  d’après  les  travaux  les  plus  récents, 
représenteraient  l’état  de  l’armée  au  début  du  11e  siècle, 
avant  les  réformes  de  l’empereur  Hadrien  7,  indique  pour 


chaque  cohorte  le  total  de  480  hommes,  soit  S  280  pour  la 
légion  tout  entière 8 ,  la  première  cohorte  ayant  un  effectif 
double  de  celui  des  autres.  Par  contre,  au  temps  de 
Septime  Sévère,  Dion  compte  pour  chaque  cohorte ,J 


550  soldats,  c’est-à-dire  6050  pour  toute  la  légion,  ce  qui 
nous  ramène  au  chiffre  théorique  de  6000.  C’est,  en 
somme,  celui  qu’il  faut  adopter10,  du  moins  pour  l'époque 
postérieure  à  Hadrien  et  antérieure  à  Dioclétien. 

J’ai  expliqué  plus  haut,  d’après  M.  Mommsen,  comment 
le  chiffre  de  6000,  tout  en  restant  en  principe  celui  de 
l’effectif  légionnaire,  fut  fractionné  en  six  parties,  et  com¬ 
ment  le  personnel  des  légions  du  ive  siècle  ne  s’élevait  pas 
au-dessus  de  1000  hommes11. 


Cet  effectif  se  composait  de  fantassins  et  de  cavaliers, 
du  moins  aux  époques  où  la  légion  comprenait  de  la 
cavalerie.  On  verra  à  l’article  équités  quel  fut  le  nombre 
des  cavaliers  aux  différentes  périodes  de  l’histoire  mili¬ 
taire  de  Rome.  Je  rappellerai  seulement  que,  sous 
1  Empire,  il  s’élevait  à  120  au  Ier  siècle  et  peut-être  à  300 
a  partir  d’Hadrien.  Yégèce  donne  le  total  de  730,  qui 
semble  considérable12. 

Divisions  de  la  légion.  — A  l’origine,  la  légion  était 
divisée  en  centuries,  la  centurie  étant  une  division  de.  la 
classe 13  [centuria].  Plus  tard,  à  la  suite  de  la  réforme 
attribuée  à  Camille  (voir  p.  1047),  l’unité  tactique 
evient  le  manipule,  ainsi  nommé  de  l’enseigne  qui  le 
istinguait  et  qui  était  primitivement,  dit-on,  une  poignée 
e  oin  attachée  au  haut  d’une  perche  u.  Il  paraît  résulter 
c  certains  textes  lu  que  l’on  distingua  d’abord  par  ce 
enne  la  compagnie  de  100  hommes  :  centurie  et 
manipule  auraient  été  alors,  théoriquement  du  moins,  la 
jQJ.  6  chose-  *  Uls’  les  mots  .perdant  leur  valeur  étymo- 
h  que,  e  manipule  fut,  pour  des  raisons  militaires. 

Se  en  ^eux  centuries,  placées  chacune  sous  la  direc¬ 


tion  d’un  centurion  :  celui  de  droite  (prior)  commandait 
tout  le  manipule  et  avait,  par  conséquent,  sous  ses  ordres, 
comme  lieutenant,  le  centurion  de  gauche  (posterior). 
C’est  l’état  que  nous  décrit  Polybe16. 

L’effectif  légionnaire  étant  variable  et  le  nombre  des 
manipules  étant  constant,  trente  par  légions 17,  leureffectif 
variait  naturellement,  lui  aussi,  suivant  le  nombre  des 
légionnaires.  Pour  la  légion  de  4200  hommes  on  comptait  : 

Hastati...  10  manipules  de  120  hommes  =  20  centuries  de  60  hom. 

Principes.  —  —  =  —  — 

Triarii....  —  60  =  —  30 

Les  vélites  n’avaient  pas  de  divisions  propres  :  «  ils 
étaient,  nous  dit  Polybe 18,  répartis  en  nombre  égal,  entre 
tous  les  manipules  »  à  raison  de  20  par  centuries. 

Marquardt  19  admet  que  les  hommes  dans  le  manipule 
étaient  rangés  sur  huit  rangs  de  profondeur,  sauf  les 
triaires  qui  étaient  disposés  sur  cinq  rangs.  [Pour  l’ordre 
de  combat,  voir  acies].  Sur  une  même  ligne  ou  dans  une 
même  file,  les  soldats  étaient  à  trois  pieds  romains  l’un 
de  l’autre  (Om,887);  mais  on  modifiait  cette  distance  si 
l’on  voulait  donner  plus  de  mobilité  ( ordines  laxare )20. 

Nous  avons  indiqué  ailleurs  que  les  300  cavaliers 
légionnaires  étaient  répartis,  de  leur  côté,  en  dix  turmes 
de  30  hommes  chacune  [équités]. 

Peut-être  rencontre-t-on  déjà  à  cette  époque  la  trace 
d’une  autre  division.  Suivant  certains  auteurs,  on  pour¬ 
rait  conclure  de  quelques  textes  que  parfois  des  fractions 
de  légions  étaient  groupées  ensemble  sous  le  nom  de 
cohorte,  par  exemple  un  manipule  d’hastats,  un  manipule 
de  princes  et  un  manipule  de  triaires21.  En  tout  cas,  il 
est  certain  que  c’est  là  la  base  même  de  la  répartition  des 
légionnaires  en  dix  cohortes  attribuée  à  Marius.  Comme 
la  légion  comptait  alors  à  peu  près  6  000  hommes22, 
la  cohorte  était  forte  de  600,  du  moins  en  principe,  et  ce 
chiffre  resta  l’effectif  réglementaire  dans  la  suite;  en  fait, 
il  variait  suivant  l’importance  des  cadres  légionnaires 
[COUOBS] . 

Naturellement,  l’ordre  de  combat  de  la  légion,  à  la  suile 
de  ces  changements,  fut  complément  modifié  [acies]. 

Ainsi,  dans  le  nouvel  état  de  choses  militaires  qui 
caractérise  le  début  du  Ier  siècle  av.  J.-C.,  la  légion 
était  divisée  en  10  cohortes,  chacune  de  ces  cohortes  en 
3  manipules,  et  chaque  manipule  en  2  centuries,  soit 
6  centuries  par  cohorte  ou  60  par  légion. 

Rien  ne  fut  changé  par  César.  Cincius,  son  contem¬ 
porain,  le  dit23,  et  différents  passages  de  ses  écrits  le  prou¬ 
vent24.  On  y  voit  très  nettement,  en  particulier,  que  le 
manipule  continua,  de  son  temps,  à  être  l’unité  tactique25, 
la  centurie  l’unité  administrative 2fi. 

La  même  organisation  persista  sous  tout  l’Empire, 


P’  «)  et  Cnn'  T’’  Il1,4’  K  Lange  ( Hist.  mutât .  rei  mil. 

U'api-ès  Plutarnm.  ri,  ’U  '  ^neg.  *h  P-  213)  admettent  le  nombre  de  5  000 

Caesars,  1,  p  g  _ 2  p  COIHlus'ou  osl  combattue  par  M.  FrSlich,  Das  Kriegwesen 

Ca esars,  p.  3  __  , 1  p  1Cl!’  ^oc'  cl7- ’  ^ustow,  Heerwesen  und  Kriegführung 

~  5  Suidas  H  Kio,-,  r  ‘Ch’  °P ’  CiL  p>  11  et  12-  —  4  Orig.  IX,  3,  46. 
VU,  274.  J  6  Bernlla«iy)  ;  cl.  Veget.  I,  17;  il,  2;  Serv.  Ad  Aen. 

castra,'  f/J  n  reli(D'iae,  p.  315,  29  (Éd.  Rotti).  -  7  Lib.  de 

LXXV,  12,  5.  1  10  mmm  Z6WSki’  P-  69  et  suiv>-~  *Ibid-  P-  69-  -  9  Dio, 

Permanent  de  la  p,,;  ommsen  et  R.  Bôckh  ne  croient  pas  que  l’effectif  réel 
eP'gr.  iruth.  VU,  ^83  ^S0lt  élevé  jamais  plus  haut  que  5  000  hommes  (Arch. 
" 12  Voir  l'articte’  ’  ~  11  Mommsen,  Hermes ,  1889,  p.  215  et  254. 

fés  au  mot  cENT„R,AL.S’rP'  784  Ct  sulv',  noles  t>20  à  627.  —  13Cf.  outre  les  articles 
■'U  Muller,  Bie  Entl  -,  Cm'  ^‘e  serv’an.  Centurienverfassung ,  Sorau,  1874; 
“~14,uc.  auct.  Oria  l™9  de*  Servian-  Beeres  (Philol.  1876,  p.  126  et  suiv.). 

.  »  .  rom.  22, 3  ;  Plut.  rt0m.  8  ;  Or.  Fast.  111,  115  ;  Isid.  Orig. 


IX,  3,  50;  XVIII,  3,  3.  —  13  Non.  p.  520  M;  Varr.  De  l.  I.  V,  88;  Liv.  I,  52. 

_ 16  Polyb.  VI,  24.  — 17  Polyb.  Loc.  cit.  ;  Cincius  cité  par  Aul.  Gell.iV.  att.  XVI,  4,0  ; 

In  legione  sunt  centuriae  sexaginta,  manipuli  triginta  ;  Serv.  Ad  Aen.  XI,  463  : 
Dionys.  IX,  10  ;  Liv.  XLU,  34.  — ISPolyb.  VI,  24,  4.  — i s  Org.  mil.  p.  37  ;  cf. 
Schneider,  Der  Botten-und  Gliederabstandin  der  Légion  ( Philolog .  Wochensclir. 
VI,  p.  609  et  suiv).  —  20  Polyb.  XVIII,  30,  6  ;  Liv.  XXII,  47  ;  Caes.  Bell.  civ.  II,  25, 2  ; 
Veget.  III,  14.  —  21  Polyb.  XI,  23  ;  cf.  Marquardt,  Org.  mil.  p.  149  et  les 
notes  2  et  3.  Cette  opinion  est  vivement  combattue  et  avec  d’excellents  arguments 
par  M.von  Domaszewski  (Die  Fahnen  im  rôm.  Heere,  p.  16  et  suiv.).  Voir  aussi 
Mommsen,  Die  Bildung  der  Legioncohorte  dans  les  Arch.  epigr.  Millh.  X,  1886, 
p.  7  et  suiv.—  22 Cf.  les  notes  1  à 3,  ci-dessus.  — 23  Aul.  Gell.  N. al.  XVI,  4, 6.  —  24  Par 
exemple  :  Bel.  gai.  VII,  60,  2,  3;  Bel.  civ.  I,  11,  4;  I,  83,  2;  Bel.  Alex.  63,  1  ; 
Bel.  Afr.  11,  3;  12,  3;  Bel.  hisp.  30,  1.  —  25  Caes.  Bel.  gai.  II,  25,  2;  VI,  34, 
6;  Bel.  civ.  I,  76,  1  ;  H,  28,  1.  —  26  Caes.  Bel.  civ.  I,  64,  4;  76,  3;  cf.  Friihlich, 
Das  Kriegwesen  Caesars,  1,-  p.  13  et  suiv. 


LEG 


—  1052  — 


comme  le  démontrent  de  nombreux  textes  d’auteurs  et 
plus  d’une  inscription.  Il  suffit, pour  s’en  convaincre,  de 
se  reporter  aux  listes  militaires  qui  nous  ont  été  conser¬ 
vées.  Les  soldats  y  sont  classés,  non  par  manipules,  mais 
par  centuries  et  par  cohortes,  chacune  renfermant  des 
principales  aussi  bien  que  des  soldats1.  Par  contre,  la 
centurie  ne  possède  aucune  enseigne  propre;  les  signa 
continuent  à  être  attribués  aux  manipules2. 

De  bonne  heure,  cependant,  le  nombre  des  soldats  de 
la  première  cohorte  fut  doublé;  si  cette  modification  de 
détail  ne  remonte  pas  à  César,  elle  a  été  attribuée  par 
certains  à  Auguste  ;);  en  tout  cas,  la  légion  dont  Hygin 
décrit  le  camp,  c’est-à-dire  celle  du  début  du  11e  siècle, 
offre  cette  particularité  4.  On  la  retrouve  aussi  signalée 
par  Yégèce  5.  A  partir  d’une  certaine  époque,  également, 
le  nombre  des  centuries  de  la  première  cohorte  fut 
ramené  de  six  à  cinq  :  il  était  encore  de  six  sous  Tibère  11 
et  au  temps  d’Hygin’;  il  n’est  plus  que  de  cinq  sous 
Septime  Sévère  8.  On  a  rapporté  ce  changement  à  l’empe¬ 
reur  Hadrien  avec  vraisemblance,  mais  sans  une  certitude 
absolue9.  Rien  n’est  modifié  à  cet  égard  dans  la  légion 
que  décrit  Yégèce  :  cet  auteur  compte  pour  la  première 
cohorte  dix  centuries10,  soit  cinq  centuries  renforcées. 

A  l’époque  impériale  on  rencontre  une  autre  subdivi¬ 
sion  de  la  centurie  dont  il  n'était  pas  question  auparavant,  le 
contubernium  ou  groupe  de  10  hommes,  avec  un  deçà  nus 
pour  chef.  Yégèce  11  nous  en  parle,  mais  nous  n’en  trou¬ 
vons  pas  trace  sur  les  monuments  officiels. 

Chaque  cohorte  comprenait  un  certain  nombre  de  cava¬ 
liers  ;  nous  en  trouvons  la  preuve  sur  les  inscriptions  et 
en  particulier  dans  les  listes  légionnaires  qui  nous  pré¬ 
sentent  l’effectif  de  la  légion  divisé  par  cohortes12.  Cette 
répartition  pourrait  remonter  à  l’empereur  Hadrien; 
auparavant,  la  cavalerie  légionnaire  aurait  été  divisée  en 
turmes,  suivant  quelques-uns;  mais  le  fait  est  très  incer¬ 
tain13  [équités]. 

II.  Composition  de  i,a  légion.  —  A.  Le  commandant  en 
chef.  —  Pendant  toute  la  période  républicaine,  la  légion 
n’eut  pas  de  chef  propre.  Le  commandement  était  tour  à 
tour  exercé  par  les  tribuns.  Deux  d’entre  eux  prenaient 
en  commun  pendant  deux  mois  la  direction  des  soldats1'  , 
soit  qu’ils  alternassent  l’un  avec  l’autre  chaque  jour 13  ou 
chaque  mois16,  soit  qu’ils  se  partageassent  les  devoirs  de 
la  charge11.  On  ignore  tout  à  fait  quels  étaient,  dans  le 
détail,  leurs  rapports  entre  eux  et  la  situation  des  autres 
tribuns  à  leur  égard. 

C’est  César  qui  le  premier  comprit  la  nécessité  de 
réunir  en  une  seule  main  les  fonctions  de  commandant 
supérieur;  il  lui  arriva  plus  d’une  fois  de  choisir  un  offi¬ 
cier  et  de  le  placer  à  la  tète  d’une  légion  soit  un  jour  de 

1  C.  i.  I.  III,  0380,  66 27,  7449  ;  VIII,  2567,  2568,  2569.  Pour  la  division 
en  dix  cohortes,  cf.  aussi  II,  p.  335  (Index,  s.  v.  Legiones).  —  2  Domas- 
zewski,  Die  Fahnen  im  rôm.  Hetn'e ,  p.  23.  —  3  Marrpiardt,  Or  g.  mil.  p.  362. 
—  4  Lib.  de  mun.  castr.  3.  —  3  Veget.  II,  8.  —  6  Tac.  Ann.  I,  32; 

cf.  Cincius  (contemporain  d'Auguste)  ap.  Aul.  Gell.  XVI,  4,  6.  —  ’  Lib.  de 
mun.  castr.  (éd.  Domaszewski),  p.  45  et  46.  —  8  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2555, 
18072.  - —  9  Nous  avons  un  autre  document  qui  nous  fait  connaître  sous  Marc- 
Aurèle  le  nom  des  centurions  de  la  légion  IIP  Augusta;  malheureusement,  pour 
ce  détail,  il  n’est  pas  probant  (C.  i.  I.  VIII,  18065).  —  10  Veget.  II,  8.  —  U  Ibid. 

_ 12  C.  i.  I.  III,  6178  ;  VIII,  2576.  —  13  Ce  que  j'ai  dit  à  ce  sujet  à  l’article  équités 

est  à  corriger;  cf.  Domaszewski,  C.  i.  I.  III,  7459,  et  Yerhandlungen  der 
42  Philologenversamml.  p.  339;  Mommsen,  Korrespondenzblatl  der  Westd. 
Zcitschr.  V,  p.  568;  Arch.  epigr.  Mitth.  X,  1880,  p.  29.  —  14  Polyb.  VI,  34,  3. 
_  13  Polyb.  III,  lto,  4;  Liv.  XXII,  41,  3.  —  10  Liv.  XL,  41,  8.  —  17  Mommsen, 
Droit  public  rom.  I,  p.  54,  note  1.  —  18  Cacs.  Bel.  gai.  I,  52;  II,  20;  Bel.  Civ. 

III  _  19  Id.  V,  1,  24,  25,  47  ;  cf.  Frôlich,  Bas  Krieguiesen  Cacsars,  I,  p.  19. 

_  20  Dio,  LU,  22;  Tac.  Ann.  I,  44.  —  21  Bor^hcsi,  Œuvr.  IV,  p.  138  et  suh. 


LEG 


bataille18,  soit  pour  un  temps  plus  long19;  majs  rii|| 
combinaison  n’offrait  aucun  caractère  de  stabilité  •  p 
légats  légionnaires  de  César  ne  sont  que  des  officie,.' 
détachés  de  l’état-major  et  chargés  d’une  mission  temp0 
mire  :  tel  est  d’ailleurs  le  sens  propre  du  mot  legatus 
[legatus]. 

Avec  Auguste,  au  contraire,  l’institution  devint  défini 
tive.  Chaque  légion  fut  mise  sous  les  ordres  d’un  com¬ 
mandant  unique  et  permanent  qui,  étant  le  délégué  du 
chef  suprême  de  l'armée,  l’empereur  [imperator],  i-ecoii 
le  titre  de  legatus  legionis 20.  Les  légats  légionnaires 
appartenaient  àl’ordre  sénatorial21  ;  en  principe,  ils  étaient 
pris  parmi  les  anciens  préteurs  (on  a  pourtant  quelques 
exemples  de  personnages  appelés  au  commandement 
d’une  légion  avant  la  préture  22),  de  préférence  parmi 
les  préteurs  sortant  de  charge23.  Ceux  qui  ne  remplissent 
pas  ces  conditions  portent  dans  les  textes  le  titre  de  prn 
legato  ou  de  praepositus  24. 

On  trouve  même  au  111e  siècle  des  chefs  de  légion  qui 
prennent  le  titre  de  dux,  pour  indiquer,  sans  doute, 
qu’ils  avaient  le  commandement  du  corps  dans  une  expé¬ 
dition,  par  opposition  au  praepositus  qui  a  un  sens 
surtout  administratif 2B. 

Le  légat  avait  sous  ses  ordres,  non  seulement  la 'légion 
dont  il  portait  le  nom,  mais  encore  tous  les  auxiliaires  qui 
y  étaient  rattachés 26 .  Il  possédait,  naturellement,  toutes 
les  prérogatives  d’un  commandant  en  chef.  A  partir  du 
règne  de  l’empereur  Gallien,  qui  interdit  aux  sénateurs 
la  carrière  militaire,  les  légions  cessèrent  d’être  com¬ 
mandées  par  des  légats.  Ces  officiers  généraux  furent  rem¬ 
placés  par  des  préfets  appartenant  à  l’ordre  équestre2’. 

A  l’état-major  d’un  légat  légionnaire  étaient  attachés 
un  certain  nombre  de  sous-officiers  :  des  bénéficiant, 
employés  à  des  missions  spéciales,  de  confiance 29 ,  benefi- 
ciarii] ,  des  stratores  ou  écuyers30,  un  comment ariensis", 
qui  devait  tenir  au  courant  les  registres  où  I  on  relatait 
chaque  jour  les  faits  intéressant  la  légion  et  conserveries 
archives32  ;  u  n  corn  iculari us 33 ,  sans  doute  le  chef  des  libra- 
rii  ou  comptables34;  un  actarius  avec  des  exacte  pl;ices 
sous  ses  ordres,  pour  rédiger  les  différentsactes  adminis¬ 
tratifs  relatifs  au  corps36;  peut-être  un  cerarius  qui  était 
un  librarius  d’un  genre  particulier  (la  différence  nous 
échappe,  l’origine  du  nom  étant  d’ailleurs  évidente  )« 
enfin  peut-être  aussi  un  ou  plusieurs  quaeslionarii,  P0111 
informer  les  affaires  disciplinaires  de  la  légion  1 

Les  papiers  delalégion  étaientconservés  dans  des  cnllres 

confiés  à  la  surveillance  de  capsarii 38. 

B.  Les  officiers  supérieurs.  —  Tribuns  ".  - 
qu’à  l’époque  antéhistoriqye  où  la  légion  se  comptai1 
de  trois  contingents  de  mille  hommes  empruntés  o u x 


. .  (  y  |  y 

-  22  Tac.  Ann.  Il,  36  :  XIV,  28  ;  Suct.  Ner.  15  ;  Corp.  inscr.  lat.  X.  fi<W_ [  ^ 

1608.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  II,  4509;  III,  4013,  6819;  V,  531,  6974,  69 
2456,  3364;  XI,  3004,  5210  et  5211  (praet.  design.) ;  Inscr.  Helv.  17’’;  1  .J, 
1036;  Tac.  Hist.  I,  48.  —  24  C.  i.  I.  III,  605;  Tac.  Ann.  XV,  28;  Hu. 
jrenfell  et  Hunt,  Oxyr.  papyr.  I,  n»  un,  recto,  col.  2,  n»  4,  6.  —  ■  •  ’ 

2034;  III,  4855  :  P.p.  leg.  Il  liai,  duci  leg.  III  liai,  duci  et  praep.  ley-^  ^  ( 

-  26  Corp.  inscr.  lat.  Vlll,  2582  ,  2744.  —  27  Aur.  Vict.  Caes.  33.  —  -  ’  ^ 

[II,  1050,  3412,  4318,  4321;  VI,  3335;  Brambach,  500,  999;  Arch.  epuj'^ 

1892,  p.  209.  —  29  R.  Cagnat,  Armée  d'Afrique,  p.  127.  —  30  C.  »•  ■  ’  ^3. 

1317;  Ann.  épigr.  1888,  50.  -  31  C.  i.  I.  III,  4452.  -  32  Arm.d'. ^ 

-  33  Corp.  inscr.  lat.  III,  4363  ;  Brambach,  149.  —  34  Cf.  '  .([  387. 

'  Acad,  des  Inscr.  1898,  p.  384  et  suiv.  -  33  Ibid.  p.  386  et  387.  ‘‘ÿ  ’  wj 

il  faut  en  rapprocher  les  notarii  ou  exceptores,  secrétaires  (Eph.  ep‘!l' '  Jionarii 
;t  suiv.).  —  37  M.  Mommsen,  Eph.  epigr.  IV,  p.  421,  regarde  les  ^ 
:onimc  attachés  plutôt  aux  chefs  de  corps  d  armée.  38  Diy.  J’  1  r0nim^'' 
user.  lat.  VIII,  25  53.  —  39  p.  Geppert,  De  tribunis  militum  in  légion  ^  s||iv, 
tladvig,  Die  rôm.  Officiere,  dans  les  Kleine  philol.  Scriften ,  P- 


LEG 


—  1053  — 


LEG 


u-énétiques  de  Rome,  chacun  de  ces  contingents 
tro^11’1  ,Ui,«  ,  ar  un  tribun:  soit  trois  tribuns  pour 
était  cominc  tard,  le  nombre  fut  doublé,  on 

toute  ‘l“and  e't  comment2,  et  le  chiffre  de  six  tribuns 
ignore  fl, J  ^  chiffre  réglementaire  pour  toute  la 

Par  la  République.  Ceux-ci  furent  d'abord  désignés 
dU1,|7  consuls  ou  les  dictateurs,  héritiers  du  pouvoir 
Pai'.  7"  mais  à  partir  de  l’année  392  =  362,  le  peuple 
™ Vlxi’-ea  le  droit  de  nommer  dans  les  comices  par  tribus 
I  tribuns  sur  les  24  que  comportaient,  chaque  année,  les 
!  dres  normaux  de  l’armée»;  puis,  en  443  =  311,  il 
nleva  aux  consuls  dix  autres  nominations  et  prit  l’habi¬ 
tude  de  désigner  16  tribuns  4  ;  enfin,  en  547  =  207,  il 
se  réserva  la  totalité  des  nominations,  ou  tout  au 
moins  le  choix  des  tribuns  des  quatre  premières 
légions,  les  autres  continuant  à  être  nommés  par  les 
consuls5.  Ces  tribuns  désignés  par  les  généraux  se 
nommaient  rufuli 8,  les  autres  comitiati  7.  Les  uns  et 
les  autres  étaient  considérés  comme  égaux.  Us  entraient 
en' fonction,  comme  tous  les  magistrats,  au  1er  janvier  8 
et  restaient  en  charge  une  année  9. 

y  Les  tribuns  étaient  généralement  choisis  parmi  les 
jeunes  gens  de  la  classe  sénatoriale,  ou  les  chevaliers 
qui  voulaient  commencer  leur  carrière  ( nobiles  adoles¬ 
centes)10]  ils  n’avaient  point,  d’habitude,  servi  antérieu¬ 
rement  en  qualité  de  soldats  ou  d’officiers  subalternes, 
mais  avaient  fait  leurs  premières  campagnes  dans  la 
cavalerie,  ou  dans  l’état-major  d’un  général  [comes,  con- 
ïubernalis]  11 .  Mais  on  sait,  d’autre  part,  qu’à  l’époque  de 
Polybe,  sur  les  24  tribuns  des  quatre  premières  légions, 
14  devaient  être  choisis  parmi  les  citoyens  ayant  fait 
3  campagnes  et  10  parmi  ceux  qui  avaient  dix  ans  de 
service12.  M.  Geppert  suppose  que  cette  obligation  fut 
imposée  par  la  loi  Yillia  de  574=180;  elle  aurait  été 
ensuite  abolie  par  Sylla  13. 

Du  temps  de  César,  les  tribuns  légionnaires  étaient  des 
jeunes  gens1'",  quelques-uns  assez  peu  habitués  aux 
choses  de  la  guerre;  c’est  ce  qui  explique  pourquoi  il 
les  faisait  remplacer  à  la  tète  des  légions,  dans  les 
circonstances  graves,  par  des  officiers  éprouvés  {légat i). 
I  A  1  époque  impériale,  le  tribunat  militaire  continua  à 
èüe  accordé  aux  jeunes  gens  de  la  classe  sénatoriale,  qui 
faisaient  ainsi,  assez  aisément,  leur  temps  de  service  obli- 
j  gatoire  pour  entrer  au  sénat 1S.  On  exigeait,  avant  de  leur 
louMii  les  légions,  1  âge  minimum  de  dix-huit  ans16.  Au 
■commencement  de  l’Empire,  ils  géraient  parfois,  avant 
I  arriver  au  tribunat,  une  des  charges  du  vigintivirat  17  ; 

,  aUtl‘es  fois_le  b’ibunat  précédait 18  ;  à  partir  des  Flaviens, 
■  a  camère  sénatoriale  n’a  jamais  débuté  par  le  tribunat 19. 


2  Gcp- 
3  Liv.  VII,  5. 


m  o!WtC!Wq;  Manud  dcS  dilutions  romaine s,  260 

-  4  ij,  P-  ' ;  Mommsen,  Droit  publ.  rom.  lit,  p.  213  -  3 

cf.  Oepnert  Cir  -,  ’  AAlNI1'  36  (l)our  llû  système  un  peu  différent, 

HlM;  S,; ^  «!  Ç-  <■  '■  1.  I».,  L  *,  Cic.  Pr'o 

Mbuns,  Ch.  Giraud  I  n’  B  1  eslus’  Bpit.  p.  260  s.  v.  —  7  Voir  sur  ces 

Da«s  cette  brochure  r .  r0nze*  d'0suna>  remarques  nouvelles ,  p.  23  et  suiv. 
Wbuns  nommés  pai.  j’  11  aUC  a  souteau’  contre  certains  savants,  l'opinion  que  les 
opinion  adoptée  nu-  mm  °i|UCCS  S°nt  *6S  tribuni  militum  a  populo  des  inscriptions, 

-  6  Cic.  Ad  Z  V-;  ^omnisen  et  Marquardt.  —  8  Cic  ./„  Verr.  act.  I,  10,30. 

Marquardt  ’  ~  10  Liv‘  XIV'  R  XX"-  «b  1  ;  Plut.  Flam.  1. 

vh  10,  i.  _  13’  , miL  P-  62  i  Geppert,  Op.  cit.  p.  15  et  suiv.  —  12  p0lyb. 
39>  2  i  V,  30,  1.  J  j3 1*  '  P„21'  ~  U  Caes-  Bel.  afr.  28,  2  ;  54,  1  ;  Bel.  gai.  \, 
«vil,  u.  __  1B  0  I®"-  Ep,st-  47-  10;  Suet.  Tib.  9;  Plin.  Epist.  VI,  31;  Dio, 
P*  -03,  note  \  ’  ,,  ’  -8.;  *)l0’  20  J  cf.  Mommsen,  Droit  publ. 

V.  35  jo-ir-  *  1  1 •  ^  III,  551  :  V.  531  :  cf  _  18  r 


l0t  V>  35,  3375  ;  VI,  Km  “..jV  ;  V'  531  i  <*•  36.  -  18  Corp.  inscr. 

■  Mommsen  (On  ru  u  ’  19  Cf.  toute  la  liste  d’inscriptions  citée  par 

mmsen,  Op.  cit.  p.  204,  note  3, 


■“Oiumscn  (On  ni  ir  "  loute  1 

el  Cours  aL p-  ,!03;  ,110tc  *).  -  20  Mo 


v. 


ePif/ranhip  n o  /  r.  x  -  ’  I’*  11016 

(•  dit.),  p.  99  ;  cf.  Ccnterwal,  Quae  publica  officia 


Les  tribuns  de  cette  sorte  se  nommaient  tribuns  lati- 
c laves.  On  en  rencontre  .jusqu’à  l’époque  de  l’empereur 
Sévère  Alexandre'20;  il  est  certain  qu’ils  disparurent  en 
même  temps  que  les  légats  au  temps  de  Gallien. 

Les  tribuns  militaires,  sous  la  République,  avaient, 
par  le  fait  même  de  leur  grade,  rang  de  chevaliers  et 
droit  à  l’anneau  d’or.  Il  en  fut  de  même  sous  les  empe¬ 
reurs  pour  les  tribuns  laticlaves  21 . 

Mais  à  côté  de  ces  jeunes  sénateurs,  on  rencontre 
comme  tribuns  des  personnages  qui  avaient  déjà  accompli 
un  certain  nombre  d’années  de  service  au  titre  de  sous- 
officiers  ou  d’officiers.  C’est,  là  encore,  le  résultat  des 
réformes  d’Auguste.  Il  voulut  ainsi  fournir  à  la  légion 
des  chefs  éprouvés.  Il  établit  donc  que,  pour  être  admis 
dans  la  carrière  équestre,  les  jeunes  gens  de  famille  ou 
de  cens  équestre  et  ceux  qui  pouvaient  prétendre  au  rang 
de  chevalier  par  des  services  antérieurs  devraient  com¬ 
mencer  par  faire  leur  service  militaire  comme  officiers 
[eques].  II  leur  imposa,  entre  autres,  la  charge  de  tribun 
légionnaire  [a  milites].  Au  début  de  l’Empire,  le  tribunat 
était  le  dernier  degré  de  cette  carrière22  ;  il  devint  ensuite 
l’avant-dernier23.  Par  opposition  aux  premiers, les  tribuns 
militaires  de  rang  équestre  s’appelaient  ailgusticlaves. 

Le  rôle  des  tribuns  était  à  la  fois  celui  d’officiers  et 
d’administrateurs,  ou  plutôt  une  partie  des  tribuns  d’une 
légion,  les  laticlaves  généralement,  s’occupaient  d'admi¬ 
nistration,  les  autres,  les  angusticlaves,  étant  plus  spécia¬ 
lement  chargés  d’attributions  militaires  21  ;  distinction 
qui  n’est  pas  faite  par  ceux  des  auteurs  qui  nous  ont  parlé 
des  fonctions  réservées  aux  tribuns 25.  Ces  fonctions  sont  : 
1°  Pour  la  partie  purement  militaire  :  conduire  la  légion  et 
ses  différentes  parties  dans  les  marches  et  sur  le  champ 
de  bataille26  ;  inspecter  les  postes  qui  ont  la  garde  du 
camp  et  surveiller  les  rondes27;  former  les  recrues28, 
présider  aux  exercices 29,  faire  partie  du  conseil  de 
guerre 30  et  du  tribunal  légionnaire 31 .  2°  Pour  la  partie 
administrative  :  tenir  au  courant  les  listes  des  soldats 
présents  au  corps32;  donner  leur  congé  aux  libérés33; 
distribuer  les  permissions3'*;  avoir  soin  des  approvi¬ 
sionnements  35  et  surveiller  l’hôpital  3G.  C’est  surtout 
comme  administrateurs  que  les  tribuns  avaient  besoin 
d’auxiliaires  et  de  commis  aux  écritures.  A  l’état-major 
des  tribuns  étaient  affectés  des  benefteiarii  37,  un  com¬ 
ment  ariensis™  et  un  comicularius 39 ,  chef  de  librarii t0. 

Préfet  du  camp'11.  —  Le  règlement  impérial  qui  ren¬ 
dit  les  légions  permanentes  et  assigna  à  chacune  d’elles 
un  camp  fixe  eut  pour  conséquence  la  création  d’un  per¬ 
sonnage  spécial  chargé  du  commandement  de  ce  camp. 
Cette  fonction  demandait  non  point  un  brillant  officier. 


ante  quaesturam  geri  solda  sint,  p.  39  ut  suiv. —  21  Appian.  Bell.  pnn.  104  ;  Cacs. 
Bd.  gall.  III,  10  ;  VII,  05;  Bel.  civ.  I,  77.  —  22  Suet.  Claud.  25.  —  23  Geppert, 
Op.  cit.  p.  27  et  28  et  les  noies;  Hirschfeld,  U ntersuchungen ,  p.  247;  cf.  mon 
Cours  d'épigraphie ,  p.  110.  —  24  Mommsen,  Etude  sur  Pline  le  Jeune ,  p.  52: 
Eph.  epigr.  IV,  p.  394,  note  1.  —  23  Macer,  Dig.  XL1X,  16,  12,  §  2;  Veget.  II,  12; 
Tac.  Ann.  1,  37.  —  26  Caes.  Bel.  gai.  VI,  36  et  39  ;  Bel.  civ.  II,  20  ;  111,  93  ;  Bel.  afr. 
77  ■  Vit.  Alex.  57  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXII,  11  ;  Vit.  Aureliani,  7.  —  27  Polyb.  VI, 
35  el  36.  Sous  l’Empire,  cette  charge  a  passé  en  partie  entre  les  mains  du  préfet  du 
camp  (Tac.  Ann.  I,  32).  —  28  Vit.  Maximin.  duor.  5.  —  29  Dig.  I.  c.  ;  Veget.  II, 
12  ;  Vit.  Maximin.  I.  c.  ;  cf.  Geppert,  Op.  cit.  p.  47  et  suiv.  —  30  Caes.  Bel.  gai. 
V,  28;  VI,  7.  -  31  Tac.  Ann.  I,  44;  Quint,  üecl.  III,  9  ;  Veget.  II,  9;  Isid.  Orig. 
IX,  3,  29.  —  32  Marquardt,  Op.  cit.  p.  181.  —  33  Tac.  Ann.  I,  37.  —  34  Cgd.  Just. 
XII,  36,  13.  —  3o  Caes.  Bel.  gai.  III,  7;  VI,  39;  Dig.  I.  c.  —  36  Liv.  VIII,  36; 
Dig.  I.  c.;  Veget.  III,  2.  —  37  C.  i.  I.  III,  101,  190,  1584;  V,  7366  ;  VIII,  2551, 
2564,  2567,  2774;  Grenfell  et  Hunt,  Oxyr.  papyr.  I,  u»  32;  Ann.  èpigr.  1891, 
149.’—  38  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2586.  —  39  C.  i.  I.  III,  4322,  4558,  59741 
VIII,  2930  ;  Ann.  épigr.  1891,  149.  —  40  C.  i.  I.  VIII,  2626.  —  41  VVilmanns, 
Eph.  epigr.  I,  p.  8 1  cl  suiv. 


133 


LEG 


—  1054  — 


LEG 


mais  un  homme  très  expérimenté  et  parfaitement  au  cou¬ 
rant  des  détails  du  service  ;  aussi  ne  choisissait-on  pas  le 
préfet  parmi  les  jeunes  nobles  ou  les  futurs  procurateurs 
de  rang  équestre,  mais  parmi  d'anciens  centurions,  géné¬ 
ralement  même  d'anciens  primipiles  1 .  Au  icr  siècle, 
où  plusieurs  légions  occupaient  le  même  camp,  il  y  avait 
autant  de  préfets  légionnaires  2  dans  une  province  que  de 
castra  siativa.  Mais  au  u°  siècle,  les  choses  changèrent  : 
Domitien  ayant  décidé  que  désormais  chaque  légion 
aurait  son  lieu  de  campement  particulier,  il  fut  créé  un 
praefectus  castrorum  par  légion3  :  c'est  à  partir  de  cette 
date  que  ce  genre  d'officiers  prit  le  titre  de  praefectus 
castrorum  legionis,  ou,  par  abréviation,  depuis  Septime 
Sévère,  praefectus  legionis'4’ . 

Un  texte  de  Yégèce  5,  confirmé  par  des  allusions 
éparses  chez  les  auteurs  et  par  des  inscriptions,  nous 
apprend  que  le  praefectus  castrorum  était  à  la  tête  de 
tous  les  services  intérieurs  destinés  à  assurer  l’entretien 
du  camp,  des  édifices  et  des  baraquements  qu’il  conte¬ 
nait,  et  du  matériel  légionnaire  :  il  décidait  de  la  position 
du  camp,  de  la  hauteur  du  valfum  et  de  la  largeur  du 
fossé  ;  il  s’occupait  des  casernements  des  soldats  et  de 
leurs  bagages  ;  des  malades  et  des  médecins  attachés  à 
l’hôpital  ;  des  voitures,  des  outils,  des  bois  et  des  maté¬ 
riaux  de  construction  ;  de  l’alimentation  en  eau  de  la 
place,  des  machines  de  guerre,  etc.  Ce  sont  là  ses  fonc¬ 
tions  administratives.  On  le. voit  aussi  chargé  de  main¬ 
tenir  la  discipline  dans  le  camp  0  ;  et,  à  ce  titre,  il  jouis¬ 
sait  d'une  certaine  juridiction,  pourtant  assez  limitée7. 
On  le  trouve  à  la  tête  des  détachements  légionnaires 
envoyés  dans  la  campagne  pour  établir  des  routes  ou 
construire  des  ponts8.  Rarement  il  prenait  part  aux 
opérations  militaires;  d’habitude,  pendant  le  combat,  il 
demeurait  au  camp  avec  la  réserve  9,  prêt  à  marcher  à 
sa  tête  au  secours  de  la  légion,  si  sa  présence  devenait 
nécessaire 10. 

Le  préfet  du  camp  pouvait  en  certains  cas  remplacer 
le  légat  absent11.  C'était  la  règle,  en  Égypte,  d’où  les 
personnages  d'ordre  sénatorial  étaient  exclus  par  un 
règlement  formel 12  :  les  légions  cantonnées  dans  ce  pays 
n'ont  jamais  eu  à  leur  tète  qu'un  préfet l3.  Ce  fut  aussi  la 
règle  pour  les  légions  Parthiques  créées  par  Septime 
Sévère 14  et  pour  toutes  les  autres  après  le  règne  de  Gallien 
qui  décida,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  la  suppression 
des  légats  légionnaires.  Les  praefecti  castrorum ,  ou 
mieux  les  praefecti  legionis ,  prirent  alors  le  titre,  que 
l’on  rencontre  sur  les  inscriptions  entre  Gallien  et 
Dioclétien,  de  vice-legatorum  1  ;. 

Les  bureaux  d'état-major  [officium)  du  préfet  du  camp 
se  composaient  de  beneficiarii 1G,  d’un  commenlariensis  1  ‘ 
et  d’un  corniculariusiS ,  chef  du  bureau  des  librarii 19. 

C.  Officiers  inférieurs.  —  Centurions 20.  —  J’ai  expli- 

1  Tac.  Ann.  I,  20  ;  Vcget.  II,  10;  Corp.  inscr.  lcd.  III,  6809;  IX,  2687; 
X,  4868  ;  XI,  5215.  —  2  Tac.  Ann.  I,  16  ;  Hist.  I,  56;  IV,  24.  —  3  Suel. 
Boni.  7.  —  4  M.  Hirschfeld  ( Verwaltungsgesch .  p.  249,  note  5)  pense  que 
Septime  Sévère  augmenta  les  attributions  du  préfet  de  la  légion  aux  dépens 
de  celles  du  légat.  —  G  Veget.  II,  10.  Un  deuxième  passage  (II,  9)  s  applique 
au  préfet  de  la  légion  d’époque  postérieure  et  contient,  par  conséquent,  ré¬ 
numération  des  fonctions  réservées  à  îa  fois  au  major  de  la  place  et  au  chef  de 
la  légion.  —  G  Tac.  Ann.  1,  20  ;  Hist.  III,  7.  —  7  Tac.  Ann.  I,  38.  —  8  Ibid.  I,  20; 
XII,  38.  —  9  Tac.  Hist.  II,  26.  —  10  Ibid.  II,  29;  Vell.  II,  119,  120.  —  H  Tac. 
Ann.  XIV,  37  ;  Hist.  II,  29.  —  12  Dio.  LI,  17  ;  Tac.  Ann.  II,  59.  —  13  Mommsen, 
Arch.  Zeit.  1869,  p.  124  et  suiv.  ;  Wilmanns,  Eph.  epigr.  I,  p.  90  et  91.  Les 
inscriptions  militaires  ne  mentionnent  jamais  que  le  préfet  du  camp;  cf.  par  ex. 
Ann.  épigr.  1897,  40,  41,  42,  129.  — 14  Hirschfeld,  Sitzungsberichte  derBerl.  Akad. 
1889,  p.  434.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  III,  3424,  3469,  4289.  —  IG  Corp.  inscr.  ht. 


qué  plus  haut  que  la  centurie  était  une  division  i|(.  ] 
légion  primitive  aussi  bien  que  de  la  légion  servienn,, 
L’officier  qui  commandait  la  centurie  portait,  comme  i| 
est  naturel,  le  nom  de  centurio.  Quand  le  manipule  l'm 
devenu  l’unité  tactique,  la  centurie  persista  comme  divi 
sion  du  manipule  et  chaque  manipule  compta  deux  cen 
Lirions,  celui  de  l’aile  droite  étant  le  prior ,  celui  de 
l’aile  gauche  le  posterior.  Mais  d’autre  part  les  soldats 
comprenaient  trois  catégories  :  triarii  ou  pilf  pr^ 
cipes  et  hastati ;  il  y  avait  donc  20  centurions  de/n/,' 
10  priores  et  10  posteriores,  qui  se  distinguaient  entré 
eux  par  le  numéro  du  manipule  :  un  pilus  prior 
prioris  centuriae ,  et  un  pilus  posterior  prions  cen¬ 
turiae,  un  pilus  prior  secundae  centuriae  et  un  pHUs 
posterior  secundae  centuriae ,  etc.  De  même  pour  les 
autres  sortes  de  manipules21. 

La  hiérarchie  des  centurions  était  déterminée  à  la 
fois  par  celui  de  la  classe  à  laquelle  ils  appartenaient 
(pili,  principes ,  hastati)  et  par  le  rang  qu’ils  occupaient 
dans  chacune  d’elles 22  ;  mais  on  n’est  pas  d’accord  sur  la 
façon  dont  l’avancement  se  faisait.  Les  uns  23  veulent  que 
les  centurions  aient  dû  franchir  successivement  ou,  du 
moins,  par  échelons,  les  dix  grades,  des  centurions 
posteriores  des  hastats,  puis  ceux  des  centurions  poste¬ 
riores  des  princi pes,  puis  ceux  des  centurions  posterions 
des  pili,  pour  recommencer  ensuite  avec  le  rang  de 
centurion  prior  la  même  ascension  à  travers  les  divers 
manipules  de  hastats,  de  princes  et  de  pili  jusqu’au  litre 
de  primus  pilus.  D’autres21  sont  d’avis  qu’il  fallait  par¬ 
courir  les  différents  degrés  hiérarchiques  de  la  classe 
des  hastats  ( decimus  hastatus  prioris  centuriae ,  ded- 
mus  hastatus  posterions  centuriae ,  nonus  hastatus 
prioris  centuriae ,  nonus  hastatus  posterions  centu¬ 
riae,  etc.),  puis  ceux  de  la  classe  des  princes  et  enfin 
ceux  de  la  classe  des  pili. 

La  division  en  cohortes  qui  s’introduisit  vers  la  fin  de 
la  République  amena  un  nouveau  changement  dans  la 
classification  des  centurions.  Ceux-ci  continuèrent  à  être 
divisés  en  priores  et  en  posteriores,  à  être  qualifies  de 
hastati ,  principes  et  pili,  bien  que  la  distinction  entre 
ces  différentes  sortes  de  légionnaires  eût  perdu  toute 
signification;  mais  on  les  classa  d’après  la  dignité  de  la 
cohorte  à  laquelle  ils  appartenaient,  et  dans  cette 
cohorte  suivant  le  rang  qu’ils  occupaient,  conformément 
aux  anciennes  coutumes 2:;.  La  dernière  cohorte  était 
naturellement  la  dixième,  et  la  première  était  la  pli|S 
honorable  ;  ainsi,  pour  prendre  les  expressions  mêmes  de 
César,  les  octavi  ordines  2\  par  exemple,  ou  centurions 
de  la  huitième  cohorte,  appartenaient  à  la  catégorie  des 
inferiores  ordines 27,  les  superiores  ordines  se  composant 
des  centurions  des  cinq  premières  cohortes  28 .  Quant  a 
ceux  de  la  première,  qui  contenait  le  primipile,  ils  P01 


7  ,  III  II)  1*1*1 

111,  3559,  5071.  --  17  Corp.  inscr.  lat.  V,  7004.  —  18  Corp.  inscr.  lat.  > 
3565,  6023.  —  19  Brambacli,  146;  Comptes  rendus  de  l’Acad.  des  Inset.  1 
p.  58.  —  20  Marquardt,  Organis.  milit.  p.  65.  —  21  H  faut  noter  aussi  q>‘ 
de  dire  par  exemple  :  Centurio  decimi  ordinis,  on  appliquait  le  mot  ordo  a  o 
lui-même  et  on  l'appelait  ordo  decimus  (Caes.  Bel.  gall.  V,  30;  VI,  7,0  ;one 
II,  112).  —  22  Liv.  XLII,  34.  —  23  Marquardt,  Loc.  cit.  ;  Schneider,  De  6"  '  ( 

hastaria,  p.  45  et  suiv.  —  2t  A.  Millier,  Die  Bangordnung  und  das  A'  ""^  '^ 
der  Centurionen  in  der  rôm.  Légion  ( Pkilologus ,  1879,  p.  126  et  su‘vd ’.*)  weten 
Brunke,  Bangordnung  der  Centurionen,  1884.  —  25  Frôlich,  Das  K"1- !C  ^ 

Caesars ,  I,  p.  23  et  suiv.  ;  Rüstow,  Heerwesen  und  Kricgführung  ^aeSa'fortlre 
et  suiv.  ;  Gôlcr,  Caesars  Gall.  Krieg.  II,  p.  223  à  228  ;  Belin  de  Launay,^  jg{ 
en  bataille  et  les  centurions  à  l'époque  de  Jules  César  ;  A.  Muller,  Loc.  a  ■  ^ 

et  siiiv.  -  26  Cacs.  Bel.  gai.  III,  53.  -  27  Ibid.  VI,  40.  -  2»  Millier,  OP- 
p.  133. 


LEG 


—  1055  — 


LEG 


nom  de  primi  ordines  1  ;  ces  centurions 
«aient  le  n  légion  une  place  tout  à  fait  excep- 

0CCUPnpnt  Panaient  part  au  conseil  de  guerre2  et 
ti0nnplus  d'un  cas  recevaient  du  général  des  missions 

deCette  Mérâichie  des  centurions  se  retrouve  sous  l'Em¬ 


pire  Le  seul  changement  qui  s’introduisit  fut  le  résultat 
de  l’importance  numérique  donnée  à  la  première  cohorte. 
Sous  ce  nouveau  régime,  le  nombre  des  centurions  fut 
réduit  à  cinq,  le  pilus  posterior  ayant  été  absorbé  par  le 
primus  pilus.  Dès  lors,  la  légion  comprit  59  centurions, 
conformément  au  tableau  suivant 5  : 


COHORS  I. 

Primus  pilus 6. 

Centurio  princeps  pnor  7- 
Centurio  hastatus  pnor  8. 
Centurio  I  princeps  pos¬ 
terior  9. 

_  hastatus  pos¬ 

terior  10. 

Cohors  11. 

Centurio  11  poilus  prior. 

—  princeps  prior 11 . 

—  hastatus  prior i 2. 

_  pilus  posterior. 

—  princeps  poste¬ 

rior  13. 

—  hastatus  poste¬ 

rior. 

Cohors  III. 

Centurio  III pilus  prior  u. 
princeps 

prior  13. 

—  hastatus  prior. 

—  pilus  poste¬ 

rior. 

—  princeps  pos¬ 

terior. 

—  hastatus  pos¬ 

terior  16. 

Cohors  IV. 

Centurio  IV pilus  pjrior. 

—  princeps  prior. 

—  hastatus 

prior  17 . 

—  pilus  posterior. 

—  princeps  pos¬ 

terior. 

—  hastatus  pos¬ 

terior. 

Cohors  V. 

Centurio  V pilus  prior. 

—  princeps  prior. 

—  hastatus  prior. 

—  pilus  posterior. 

—  princeps  poste¬ 

rior  18. 

—  hastatus  poste¬ 

rior  19. 

Cohors  VI. 

Centurio  VI pilus  prior  20. 
_  princeps  prior. 

—  hastatus 

prior  21 . 
_  pilus  posterior. 

—  princeps  pos¬ 

terior  22. 

—  hastatus  pos¬ 

terior. 

Cohors  VII. 

Centurio  VII  pilus  prior. 

—  princeps 

prior. 

—  hastatus 

prior. 

—  pilus  poste¬ 

rior. 

—  princeps  pos¬ 

terior. 

—  hastatus  pos¬ 

terior. 

Cohors  VIII. 

Centurio  VIII  pilus  prior  23 . 

—  princeps 

prior. 

—  hastatus 

prior. 

—  pilus  poste¬ 

rior. 

—  princeps  'pos¬ 

terior. 

—  hastatus  pos¬ 

terior. 

Cohors  IX. 

Centurio  IX pilus  prior. 

—  princeps 

prior  2*. 

—  hastatus  prior. 

—  pilus  poste- 

—  rior  2S. 

—  princeps  pos¬ 

terior. 

—  hastatus  pos¬ 

terior  26. 

Cohors  X. 

Centurio  X  pilus  prior  27. 

—  princeps  prior. 

—  hastatus  prior. 

—  pilus  posterior. 

—  princeps  poste- 

’rior. 

—  hastatus  poste¬ 

rior. 

‘  A  effectif  complet,  ce  qui  n’arrivait  pas  toujours, 
chacun  de  ces  centurions  commandait  80  hommes 2S, 
excepté  ceux  de  la  première  cohorte  qui  constituaient, 
comme  auparavant,  les  primi  ordines 29.  Parmi  eux, 
d’après  Végèce30,  leprimipile  était  à  la  tête  de  400  hommes, 
le  princeps  prior  ou  princeps  praetorii ,  de  150  ;  le 
primus  hastatus,  de  200,  le  primus  princeps  posterior , 
de  150;  le.  primus  hastatus  posterior ,  de  100. 

Outre  les  59  centurions  réglementaires,  il  est  probable 
que  la  légion  en  comptait  un  certain  nombre  d’autres, 
répartis,  d’après  leur  grade,  dans  les  différentes  cohortes31, 
h  qui  le  général  confiait  des  fonctions  administratives 
spéciales  ( centuriones  supernumerarii ) 32. 

[  A  1  époque  républicaine,  les  centurions  sortaient  du 
jang,  on  choisissait  pour  capitaines  ceux  que  leur  valeur, 
cuis  qualités  militaires  avaient,  dans  des  campagnes 
precedentes,  désignés  à  l’attention  du  général33.  Sous 
Empire,  la  plus  grande  partie  des  postes  de  centurions 


étaient  encore  donnés  de  cette  façon  ;  l’empereur  appelait 
à  ce  grade  ceux  qui  avaient  fait  leurs  preuves  dans  les 
différentes  fonctions  inférieures  des  légions31-,  ou  même 
d’autres  corps  de  troupes35.  Mais  un  certain  nombre  de 
centurions  appartenaient  à  une  classe  sociale  plus  élevée, 
à  des  familles  de  l’ordre  équestre.  Au  lieu  de  commencer 
leur  carrière,  comme  il  était  de  règle,  par  le  grade  de 
préfet  de  cohorte  auxiliaire,  ils  préféraient  entrer  dans 
l’armée  à  titre  de  centurions  légionnaires,  attirés  par  les 
bénéfices  de  l’emploi:  ce  sont  les  centuriones  ex  équité 
romano  des  inscriptions36. 

L’avancement  ne  se  faisait  que  rarement  sur  place3'. 
Pour  l’ordinaire,  les  centurions  passaient  par  un  grand 
nombre  de  légions,  chaque  changement  correspondant  à 
une  promotion  dans  un  grade  supérieur  d.e  la  hiérarchie  38 . 

Les  centurions  avaient  d’abord  et  surtout  un  rôle  mili¬ 
taire  :  ils  commandaient  et  administraient  leur  com¬ 
pagnie.  C’est  pour  cela  que  Végèce  nous  apprend  dans 


milii  '  .'Ia  .Clt‘  P'  26’  comljat  *es  opinions  de  Marquardt  ( Organ 
’  tC  <JÔler  (P- 288),  de  Belin  de  Launay  [Op.  cit.  p.  71)  et  d'auti 

-  3  ICI  jl0mmseu’  EPh-  V,  p.  238.  —  2  Caes.  Bel.  Gai.  V,  28;  VI, 

Nominal f  5  44’  37  ’  Vil,  17;  Cît’-  h  64.  —  4  Moramst 

Poe.  cit.  ■  R  cdUS  Centurionmn  ( EPP ■  épigr.  IV,  p.  226  et  suiv.)  -  6  Mommsc 

-  c  p,!  aSnat,  dans  le  Dizionario  épigr.  deM.  de  Ruggiero,  s.v.  Centur 

4461  446v  nf*  T  011  PrirniPilus  '■  Corp.  inscr.  lat.  II,  1)72,  1207,  2424,  32’ 
VI,  326  1?*9,  2917’  4835’  8224  i  V>  533,  534>  SOS.  807,  030,  6513,  86( 

inscr.  ht  m’  „  J  ’  VlU’  1322’  2555>  2624>  2634,  7050,  18065,  etc.  —  7  Coi 
^482,  2676  9x41  !n!‘80’  159°’  29‘7’  350l>  3846’  5293  i  VI,  3628  ;  VU,  168;  VI 

;  T,  !  *■  “5,“ Xl' 3*5-  *“•  -  •  ^  ~ 

III,  2883 ;  VIII  i8û79  ;  ,  1574,  2G4°’  2825>  18072’  etc-  -  9  CorP-  inscr- 1 

18072.  1  U  F  L  10  CorP-  inscr •  lat-  III,  2883,  3846,4454;  Vil,  597;  V 

-  13 Ibid  195 PvrfT.‘  H’  33S-  ~  42  Ihid-  327  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  263,  65 
1480.  -  17 Ibi'd  ’  11;  -  UIbid:  III,  6611.  -  13  Ibid.  X,  2770.  -  16  Ibid. 

~  19  Corp.  inscr  ht  vr’aT™*  IM'  IU’  502  ;  VIII>  14698  :  Ann'  iPi9r-  1898> 

-  ®lbid.  VI  saq,  ‘  •  ~  20  Dessau,  2361.  —  21  Corp.  inscr.  lat.  VII,  1 

Ibid.  V,  7004.  —  l'+Ibid.  III,  8047  ;  VIII,  2938.  —  23/4 


III,  187.  —  26  Ibid.  VIII,  28  7  7.  —  27  Ibid.  189,  23;  Arm.  épigr.  1899,  p.  190. 

—  28  Ilygin.  De  mun.  castror.  1.  —  29  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2532,  18042,  18065 
M.  Mommsen  {Epk.  epigr.  IV,  p.  239)  limite  les  primi  ordines  aux  trois  premiers 
centurions  de  la  première  cohorte.  On  les  nomme  aussi  ordinarii  [Corp.  inscr.  lat. 
V,  942,  8275  ;  XI,  388  ;  Veget.  II,  8,  etc.)  ou  ordinati  [Corp.  inscr.  lat.  VIII,  830). 

—  30  Veget.  II,  8;  cf.  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  228,  et  Corp.  inscr.  lat.  III,  830. 
31  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  18065.  —  32  Ibid.  VI,  1110;  cf.  R.  Cagnat,  Armée 

d'Afrique,  p.  196,  et  von  Domaszewski,  dans  Pauly,  Bealencyclopaedie,  s.  v.  Cen- 
turio,  p.  1963,  col.  1,  1.  41  et  suiv.  —  33  Polyb.  VI,  24;  Liv.  XLII,  34.  —  31  Les 
exemples  épigraphiques  sont  innombrables  :  C.  i.  I.  III,  2035;  V,  942;  VI,  3603; 
VIII,  217  :  cf.  11301  ;  XI,  390;  Ann.  épigr.  1892,  106.  —  36  C.  i.  I.  II,  4147  [ex 
sing.  Imp.);  III,  3846  [ex  cornicul.  pr.  praet.);  7334  [evocat.  Aug.);  X,  3733 
evocat.  in  foro  ab  actis)  ;  XI,  395  [exercit.  equit.  specul.)  ;  Ann.  épigr.  1899,  190. 
evocatus),  etc.  —  36  Dio,  LU,  25;  C.  i.  I.  III,  1480,  758  add.  ;  V,  7865,  7866; 
III,  1647,  14698;  IX,  951  ;  X,  1127;  C.  i.  gr.  2803,  etc.;  Stat.  Silv.  V,  t,  94. 

—  37  C.  i.  I.  III,  186;  VIII,  2627;  XI,  390  et  391.  —  38  C.  i.  1.11,  4147,4162, 
4461,  4463;  III,  1480,  7334,  7397  ;  VlU,  2938,  3001,  14854,  14698;  IX,  4122;  X, 
1202,  etc. 


LEG 


—  1056  — 


LEG 


un  passage  1  qu'ils  étaient  occupés  à  faire  respecter 
la  discipline  et  à  diriger  les  exercices  ;  à  surveiller  les 
vêlements  et  les  chaussures  de  leurs  hommes;  à  exiger 
que  les  armes  fussent  bien  fourbies  et  brillantes  ;  dans 
un  autre  -,  qu  ils  présidaient  à  l’établissement  du  fossé 
du  camp  et  punissaient  les  soldats  qui  travaillaient  avec 
négligence.  D'après  Juvénal,  ils  rendaient  Injustice  3  :  le 
cep  de  vigne,  signe  de  leur  grade,  indique,  d’ailleurs, 
suffisamment  leur  pouvoir  coercitif  4.  Mais,  outre  les 
fonctions  propres  à  leur  situation,  les  centurions  étaient 
hien  souvent  chargés  de  missions  spéciales  soit  auprès 
du  commandant  en  chef,  soit  à  Rome,  soit  même  dans 
les  provinces.  Les  inscriptions  nous  les  montrent  à  la 
tète  de  l'écurie  du  légat  [strator]  5,  ou  de  sa  garde  par¬ 
ticulière  [airain  agens  peditum  singularium 6,  exerci- 
tntor‘,  praepositus  equitum  singularium  8),  directeurs 
de  fabriques  d’armes  [curator  opificum  9),  ou  d’exploi¬ 
tations  minières10,  occupés  à  faire  tracer  des  routes11, 
ou  a  régler  des  contestations  de  frontières12,  remplaçant 
le  préfet  légionnaire13,  commandant  des  cohortes14,  des 
ailes  lü,  des  troupes  irrégulières  16,  des  détachements  sou¬ 
vent  importants17,  etc.18. 

Parmi  les  différents  centurions,  deux  méritent  une 
mention  spéciale:  le primipile  et  le  princeps  practorii . 

Le  premier,  nous  1  avons  vu,  commandait  un  nombre 
d’hommes  plus  considérable  que  ses  collègues;  mais  de 
plus,  il  avait,  à  certains  égards,  autorité  sur  eux;  c’était  à 
lui  qu’était  confiée  la  garde  de  l’aigle10  et  l'aigle  était 
comme  le  centre  de  ralliement  de  la  légion  [signa  mili- 
taria];  il  donnait  le  signal  du  départ,  se  portait,  en 
marche,  à  la  tète  de  l'armée,  pendant  le  combat,  à  la  pre¬ 
mière  ligne;  c'était  lui  qui  faisait  exécuter  les  sonneries 
intéressant  l’ensemble  des  cohortes  20.  Aussi  Denys  d’IIa- 
licarnasse  a-t-il  pu  dire  que  le  primipile  conduisait  les 
<>Ü  centuries  [primipilus]  21 . 

Quant  au  princcps  practorii ,  son  activité  s’exercait 


surtout,  semble-t-il,  sur  l’administration  «  ad  quem  propc 
oninta  quae  ni  legione  ordinata  sunt  pertinent  22  ». 
Aussi  est-ce  le  seul  des  centurions  auprès  duquel  on 
trouve  des  employés  aux  écritures  ( librarii )  au  nombre 
de  deuxJi.  J  ai  fait  remarquer,  ailleurs,  que  son  nom 
figurait,  pour  la  même  raison,  sur  le  matériel  légionnaire 
à  côté  de  celui  du  légat  24. 

On  sait  que  les  fonctions  de  centurion  et  surtout  de 
primipile  étaient  tenues  pour  fort  lucratives  ;  les  béné¬ 
fices  plus  ou  moins  licites  qu’on  en  pouvait  retirer 
(exemptions  de  corvées  à  prix  d’argent)23,  la  part  qu’on 
avait  au  butin26,  la  grasse  retraite  que  ce  grade  assu¬ 
rait2',  en  faisaient  un  objet  d’émulation  pour  la  petite 
bourgeoisie  à  l’époque  impériale. 

Options.  —  Le  lieutenant  d’infanterie,  auxiliaire  du 


1  \eget.  Il,  14.  — 2  Id.  I,  25.  —  3  Juv.  Sat.  XVI,  17.  —  '*  Marquardt,  Ory. 
mil.  j).  73,  avec  les  noies.  —  '•>  C.  i.  I.  II,  4114;  VIII,  7050;  Foueart-Waddinglon, 
2225.  —  «  Ann.  épigr.  J89I,  140.  —  7  C.  i.  I.  Il,  4083;  III,  7904.  —  8  Ann. 
rpigr.  1891,  62.  —  '■>  C.  i.  I.  XIII,  2828.  —  10/A.  III,  25;  XIV,  125;  Brambaeli, 
062,  064,  071,  672,  674,  075,  679,  680,  685,  1982.  —  U  C.  i.  I.  III,  8663; 
V,  098.  —  12  lb.  2882,  2883  ;  111,  9832,  98G4.  —  13  Orclli-Hcnzen,  0747.  —  14  C.  i.  I. 
III,  1918,  0025,  0302  ;  Vil,  1084,  1092  ;  Brambaeli,  787,  1583.  —  15  C.  i.  I.  V,  7007, 
VII,  587.  —  16  Ibid.  VIII,  2491,  18008;  Brambaeli,  1548,  1732,  1751.  —  17  C.  i.  I. 
11,  484;  III,  0745;  VII,  914;  VIII,  10990  ;  X,  1202,  5829, 6657  ;  Brambach,  1283, 1554, 
—  18  Cf.  tous  les  exemples  que  j'ai  rassemblés  dans  le  Dizionavio  de  M.  de  Ruggiero, 
s.  v.  Cenlurio.  —  19  Val.  Max.  I,  G,  il  ;  Tac.  Uist.  III,  22;  Plin.  Hisl.  nat.  XIV, 
19;  \eget.  Il,  8;  C.  i.  I.  VIII,  2034.  —  20  Marquardt,  d'ap.  Just.  Lips.  (Org.  mil. 
p.  1 30,  note  I).  21  Dionys.  IX,  10.  —  --  Vegct.  II,  8  ;  cf.  Mommsen,  Eph.  epigr.  IV, 

p.  233.  —  23  C.  i.  I.  \  III,  18072. —  24  Rev.  arcli.  1887,  XI,  p.  29  ;  Armée  d’Afrique 
p.  198. —  20  Tac.  Ann.  I,  17  ;  lïist.  I,  58.  —  26  Asconius,  Ad.  oral,  in  tog.  cand. 
p.  81  (éd.  Kiessling).  -  27  Plin.  Uist.  nat.  XIV.  19;  Suet.  C'ait  y.  44;  Mari.  I,  31 


ueniuriun, 


- ^  ^mporc  ,IU 

quem  vclint  centurionibus  permission  est  optare  f>r 
nomen  ex  facto  sortitus  est  »  28,  dit  Festus.  Auparay.^ 
ils  étaient  nommés  par  les  tribuns  militaires  dît  la  „  n1, 
auteur 2 J  ;  ce  qui  ne  prouve  pas,  ni  qu  ils  aient  cessé  d 
l’être  après  que  le  centurion  eut  reçu  le  droit  de  ]e! 
désigner,  ni  qu’auparavant  le  centurion  n’ait  pas  été 
sulté  officieusement  par  les  tribuns.  Sous  l’Enipiro°] 
nomination  appartient  naturellement  à  l’empereur^ 
[imperator]. 


Il  est  admis  d’habitude  que  le  nombre  des  options  m 
moins  des  options  ordinaires,  était  égal  à  celui  des  cen¬ 
turions,  soit  fit)  avant  l’Empire,  59  dans  la  suite31. 

On  arrivait  au  grade  d’option  en  quittant  un  antre 
poste  de  principalis  32  ;’  cette  fonction  menait  assez  sou¬ 
vent  au  centurionat 33. 

A  côté  des  options  réguliers,  ou  de  combat,  on  en  ren¬ 
contre  un  certain  nombre,  chargés  de  fonctions  purement 
administratives  ( optio  valetudinarii  34,  optio  navalio- 
rum 33,  optio  custodiarum 3G,  etc.). 

Officiers  de  cavalerie.  —  Décurions.  —  A  l’époque 
antérieure  à  la  guerre  sociale,  les  cavaliers  légionnaires 
divisés  en  trente  turmes,  étaient  commandés  par  des  dé¬ 
curions  :  chaque  décurion  était  à  la  tête  de  neuf  de  ses 
compagnons,  et  le  premier  décurion  nommé  conduisait 
la  turme  [eques,  p.  775].  En  fut-il  de  même  à  l’époque 
impériale?  J’ai  admis  ailleurs,  suivant  en  cela  l’opinion 
d’un  certain  nombre  d’auteurs  31,  qu’à  cette  époque  la 
cavalerie  était  encore  commandée  par  des  décurions,  un 
par  turme  [eques,  p.  784].  Mais  ce  système  a  été  combattu 
récemment  par  M.  von  Domaszewski,  qui  ne  croit  pas  à 
l’existence  des  turmes  en  dehors  des  troupes  auxiliaires 
et  place  les  cavaliers  légionnaires  sous  le  commande¬ 
ment  d’un  centurion  3S. 

Options.  —  S’il  existait  des  décurions,  c’est  à  eux 
qu’étaient  attachés  les  optiones  equitum  dont  l’existence 
est  certifiée  par  des  textes  épigraphiques  30.  Dans  le  cas 
contraire,  ceux-ci  étaient,  comme  les  autres  options,  sous 
les  ordres  des  centurions,  évidemment  des  centurions 
chargés  de  la  cavalerie. 

D.  Sous-officiers.  —  Au-dessous  des  centurions,  se 
place  toute  la  série  des  sous-officiers  ou  spécialistes  que 
l’on  désignait  par  le  titre  de  principales 40  :  en  tête  les 
options  dont  il  a  déjà  été  question  et,  à  côté  d’eux  : 

1°  Le  tesserarius 41,  qui  faisait  l’office  de  notre  sergent- 
major.  Il  y  en  avait  un  par  centurie.  Il  recevait  des  chefs 
les  ordres  et  les  transmettait  aux  intéressés;  le  mot  de 
passe  lui  était  remis,  inscrit  sur  une  tessère  qu’il  faisait 
circuler,  d’où  son  nom  [tessera]. 

2°  Les  porte-drapeaux  et  porte-enseignes  ;  en  prenne1 
lieu  X aquilifer ,  qui  ava i L  l’aigle  légionnaire  ;  les  signifiera 


3  ;  M  y.  XXXIV,  4,  23.  —  28  Fcslus,  p.  198  ;  cf.  Epit.  p.  184  ;  Vegct.  II,  7.  '  " 

—  30  C.  i.  I.  VIII,  2554  «  ad  spem  suai»  confirmandam  ».  L’option  porté  au 
est  dit  optio  spei  (C.  i.  I.  III,  3445;  V,  G423  ;  cf.  Cauer,  Eph.  epitjv.  IV,  P- 
Ann.  épigr.  1892,  100  {optio  ad  spem  ordinis).  —  31  Mommsen,  Eph.  epW- 
p.  227  et  suiv.  ;  cf.  Hall,  des  Antiq.  africaines ,  1884,  p.  282  et  suiv.  !" 

Eph.  epigr.  IV,  p.  480.  —  33  C.  i.  I.  VIII,  2824,  2894?  Par  contre,  on  a  de  om¬ 
breux  exemples  d  oplions  nommés  par  exemple  signiferi  (Cauer,  Loc.  cit-  P- 

—  34  C.  i.  I.  VIII,  2553,  25G3  ;  Brambaeli,  462.  —  35  Id.  1301,  1302.  —  ,l  ^  ^  ^ 

Katalog  der  rom.  Inschr.  der  Stadl  Mainz  (2  Nachlrag),  p.  2G  et  27.  ^ 

quardt,  Org.mil.  p.  176  et  les  notes;  cf.  p.  3G5.  —  38  Verhandl.  de i  4$  ^ 

logenversammlung ,  p.  339  ;  cf.  Dessau,  Inscr.  select.  2324.  Le  texte  de  V  égèec  o  ^ 
pendanl  formel  (II,  14)  :  et  habetuna  turma  équités  XXXI 1  ;  lime  quipraeesl  i 
nominalur.  — 39  C.  i.  I.  VIII,  25G8  ;  cf.  V,  895,  où  au-dessus  de  1  épitaphe  d  1111  0|  ^ 

de  la  légion  XI0  Claudia  se  voit  un  homme  qu’accompagnent  un  cheval  et  son  u 

—  40  Yeget.  II,  7  ;  Dig.  L,  G,  7  (G)  ;  cf.  Cauer,  De  muneribus  militaribus  cenlm 
infer  ioribus  dans  Y  Eph.  epigr.  IV,  p.  355  et  suiv.  —  41  Op.  cil.  p.  45-. 


LEG 


—  1057  — 


LEG 


signa  manipulaires  ;  Yimaginifer , 


q,li  confiées  dans  la  première  cohorte  les  images 

auqUe  1  r lirs  •  le  ÿexillarius,  chargé  du  vexillum attribué 
(jesemprieu^u  aux  détachements  légionnaires  [signa]. 
aux  Ca'‘l  offlciers  étaient  en  même  temps  des  comptables, 
GeS.f"  ”  !,nt  la  gestion  des  économies  déposées  par  les 
[légionnaires  sous  la  protection  des  enseignes  ;  d’où  la 
fîence  auprès  d'eux  d'élèves-enseignes,  ducmta'. 

|  3»  Les  instructeurs  ( campidoctor ) 2  et  les  chefs  de  ma¬ 
nèges  (basilica  equestris)  3. 

I  4.  Le  chef  de  musique  {optio) 1  et  les  diirérents  genres 
de  musiciens  [tübicines,  cornicines,  bucinatores]  8. 

3°  Les  médecins,  medicus  ordinarius  [medicus]. 

6.  Les  spécialistes  attachés  au  génie  :  Yarchitectus  6, 
[chargé  de  l’aménagement  et  de  la  construction  des  bâti¬ 
ments  militaires;  le  librator  ou  géomètre  arpenteur 
[liiirator]  \  les  mensores  ou  metatores ,  dont  le  rôle 
n’était  pas  très  différent  [mensoresj  8. 

7°  Les  gardiens  d’armement  [armorum  cüstos]  u,  les 
chefs-ouvriers, poliones 10,  et  l’administrateur  de  l’arsenal 


[optio  naval  iorum) 11 . 

8°  Les  speculatores ,  au  nombre  de  dix  par  légion  12, 
qui  étaient  préposés  à  l’accomplissement  ou  à  la  sur¬ 
veillance  des  exécutions  capitales  13. 

9° Les  ministres  eL  auxiliaires  du  culte,  haruspices  et 
victîmaires  u. 

,  10°  Les  commis  aux  vivres,  principalement  les  pecua- 
m15,  dont  la  mission  était  de  surveiller  l’entretien,  l’ac¬ 
croissement  et  l’administration  des  troupeaux  légion¬ 
naires,  et  les  venatores 10  qui,  auprès  de  certaines  légions 
et  surtout  en  cas  de  détachement  n,  fournissaient  par  la 
chasse  aux  besoins  de  leurs  camarades. 

11°  L 'evocatus;  il  n’y  en  avait  qu’un  par  légion  qui 
devait  avoir  un  rôle  administratif 1S,  mais  dont  la  fonction 
na  pas  encore  été  nettement  définie  19  [evocati]. 

>  12°  Les  ma  ni ,  spéciaux  à  l'armée  d’Afrique  20. 

L’avancement  entre  ces  différents  grades  ou  fonctions, 
sans  être  strictement  établi,  était  néanmoins  soumis  à 
certaines  règles  résultant  de  l’importance  même  de  ces 
fonctions.  Le  tableau  suivant  donnera  une  idée  de  la 
hiérarchie  de  chacune  d’elles21. 


De adjutor  offtcü  rationum  22  on  devient 

—  aquilifer  _ 

~  architectus  ’  _ 

—  armorum  custos  __ 

commentariensis  legionis  — 

—  praef.  le  g.  — 

cornicularius  legionis  _ 

~  evocatus  Augusti  _ 

~~  librarius 

r  optio 

~~  signifer 


cornicularius  praèf.  cas- 
trorum. 

curât  or  veteranorum. 

tesserarius. 

signifer. 

quaestionarius. 

optio. 

centurio. 

centurio. 

tesserarius. 

centurio. 

signifer. 

aquilifer. 


légions  dans  1  ’  —  2  Ce  mot  ne  se  rencontre  pas  p 

bacli,  1131-  r  "r"1"1-’-  ’  ,nais  D  est  donné  par  Végcce  (I,  13).  — 

'  Vin  965--t/6-  VliI’  -  Veget.  m,  5.  - 

-128,  A  s  1  1,101 1  Bonn.  Jahrbücher ,  1865,  p.  146  et  suiv.  — 

P-  183.  n  y  en  ,  -  ^  SUr  lcmP*°i  des  deux  mots  mon  Armée  d'j 
O-  i.  m,  g|,  ai1  [u  ''eux  l,oul'  la  première  cohorte,  un  pour  les 
23G1.  —  n  g  "  '  ~  9  VIII,  25fl7 .  Brambach,  1024.  —  10  C.  i. 

Mns  180]aC’’  13C"’  1302'  ~  12  C.  i.  I.  III,  3524,  4452.-  13  Uomr 
VIH,  2567  ’  I?90'.1'-  211 1  cf.  Bull. 


,  2507,  v,38g  »*"  “•  ,JulL  corr.  1895,  p.  237  et  suiv.  —  14 

«w-  IV,  p.  loi  __  ’  433.  _  15  C.  i.  I.  VIII,  2568,  2569; 

BPh-  epigr.  V  .A’  L’  6’  7  (6)-  —  17  C.  i.  I.  III,  7449.  —  18  M 

P-  -  21  ci  n  °  SUIV-  —  19  Cf.  mou  Armée  d'Afrique,  p.  394.  - 
-  unl>runte  à  l'article  de  M.  Cauer  déjà  cité,  p.  479,  , 


on  devient  centurio. 

—  optio  navaliorum. 

—  comment,  cos. 

—  cornicularius  leg. 

—  optio. 

E.  Soldats.  —  J’ai  longuement  expliqué  ailleurs  com¬ 
ment  se  recrutaient  les  légions  romaines  à  toutes  les  pé¬ 
riodes  de  l’histoire  de  l’armée  [dilectus].  Je  rappellerai 
seulement  ici  que  le  légionnaire  romain  est  par  nature 
un  citoyen.  Sous  la  République  jusqu’à  Marins,  c’est  un 
citoyen  possesseur  d’une  certaine  fortune  ;  après  Marius, 
ce  peut  être  un  prolétaire.  Plus  tard,  si,  pour  une  raison 
quelconque,  on  avait  besoin  d’enrôler  des  non-citoyens, 
le  général  qui  en  faisait  des  légionnaires  commençait  par 
leur  concéder  la  cité  romaine.  C’est  un  procédé  que 
Pompée  mit  ie  premier  en  application  lors  de  la  guerre 
de  Mithridate  23  :  il  arriva  même  à  créer  ainsi  des  légions 
entières  de  pérégrins  changés  subitement  en  citoyens 
(, legiones  vernaculae,  c’est-à-dire  levées  sur  place  et  non 
en  Italie)  2'\  Le  principe  subsista  sous  l’Empire,  mais  on 
le  tourna,  comme  avaient  fait  les  généraux  de  la  fin  de 
la  République.  Quand  on  n’avait  pas  assez  de  citoyens 
pour  suffire  à  la  conscription,  on  recrutait  des  pérégrins, 
pourvu  qu’ils  fussent  nés  dans  une  cité  et  de  parents 
libres;  et  il  était  admis  que  l’entrée  dans  les  légions  con¬ 
férait  le  droit  de  cité23.  D’habitude,  on  n’y  incorporait 
de  la  sorte  qu’un  certain  nombre  d’unités.  Deux  fois, 
cependant,  on  forma  ainsi  deux  légions  complètes  :  la 
légion  7a  Adjutrix  et  la  II&  Adjutrix,  toutes  deux  com¬ 
posées  de  soldats  de  la  flotte  26  ;  encore,  pour  comprendre 
une  telle  irrégularité,  faut-il  tenir  compte  des  circons¬ 
tances  qui  amenèrent  à  recourir  à  cet  expédient. 

J’ai  aussi  examiné  dans  l’article  dilectus  quel  était  l’âge 
auquel  on  enrôlait  les  conscrits.  J’ai  admis  que  l’âge 
inférieur  était  de  treize  ans,  l’âge  supérieur  de  trente-six 
et  l’âge  moyen  de  vingt  ans  27 . 

La  taille  exigée  en  vue  du  service  légionnaire  était  de 
cinq  pieds  dix  pouces  :  Végèce  indique  cette  mesure  poul¬ 
ies  cavaliers  légionnaires  et  les  soldats  des  premières 
cohortes28.  D’autres  ne  font  pas  la  même  distinction  29. 

Une  fois  levées,  les  recrues  prêtaient  le  serment  mili¬ 
taire  :  ils  portaient  alors,  jusqu’à  ce  qu’ils  fussent  attribués 
à  une  légion  spéciale,  le  nom  de  tirones  30.  On  les  cons¬ 
tituait  en  corps  spéciaux  [vexillatio]  pour  les  amener  à 
destination  ou  pour  leur  apprendre  les  premiers  prin¬ 
cipes  de  leur  métier  [vexilla  tironum) 31.  Après  quoi  on 
leur  assignait  leur  place  dans  la  légion,  en  inscrivant 
leur  nom  sur  les  registres  matricules  de  l’armée 32  et  plus 
tard  en  les  marquant  au  fer  rouge  33 .  Par  là  ils  acquéraient 
le  droit  au  titre  de  milites.  On  les  soumettait  alors  à 
toutes  sortes  d’exercices  destinés  à  les  préparer  à  la 
guerre.  Végèce  nous  en  parle  avec  détail34.  Je  les  ai 
résumés  ailleurs  3o. 

élimine  tout  ce  qui  n'a  pas  trait  aux  légions.  —  22  Sorte  de  commis  aux  écri¬ 
tes,  _ 23  Caes.  Bel.  cio.  III,  4.  —  24  Ibid.  II,  20;  Bel.  hisp.  7  ;  Bel.  Alex.  53. 

_ 25  Pour  tout  ceci,  voir  Mommsen,  Hernies ,  XIX,  p.  14  et  suiv.  —  26  Cf. 

plus  bas  l'histoire  de  ces  légions.  —  27  Cf.  Fôrster,  Bliein.  AIus.  XXXVI, 
p.  158  et  159.  —  28  Veget.  I,  5.  —  29  Ruinard,  Ad.  martyr,  (éd.  1713), 
p.  300;  Symphosii  aenigma  93;  Cod  Tlieod.  VII,  1,5;  22,  8;  VII,  13,  3.  — 
30  Plia.  Epist.  X,  39  ;  Dig.  XXIX,  1,  42.  —  3'  Tac. An».  II,  78;  Plin.  Ep.  X,  39, 
40;  Corp.  inscr.  lat.  V,  4138;  Borghesi,  Œuv.  III,  p.  543  et  suiv.  —  32  Suid. 
s.  v.  xorcdAoyo;  ;  Isid.  Orig.  I,  23.  D'après  lui,  le  T  indiquait  le  nom  des  vivants, 
le  0  celui  des  morts,  et  pour  indiquer  que  le  conscrit  n’avait  que  17  ans  on  mettait 
un  A  devant  son  nom.  Cf.  Wessely,  Schrifttafeln  zür  ülteren  latein.  Palâographie, 
pl.  V,  n“  8.  —  33  Veget.  I,  8.  —  34  Ibid.  I,  9  cl  suiv.  —  35  Armée  d'Afrique , 
p.  427  et  suiv. 


De  signifier 

—  speculator 

—  tesserarius 


—  1058 


LEG 


LEG 

Quand  il  était  parvenu,  par  un  travail  spécial,  à  une 
grande  expérience,  le  soldat  était  dit  armatura  ;  on  a  éta¬ 
bli  que  ce  mot,  qui  signifie  aussi  l’ensemble  des  exercices 
nécessaires  pour -se  perfectionner  dans  l'art  de  la  guerre  *, 
appliqué  à  un  homme,  indique  un  soldat  d’élite  2. 

11  y  avait  encore  une  autre  sorte  de  recrues  destinées 
à  alimenter  les  légions  :  on  les  trouve  désignées  sous  le 
nom  de  supernumerarii,  adscriptitii ,  accrescentes, 
jeunes  gens  propres  au  service  et  exercés  qui  recevaient 
une  solde  moindre  que  les  soldats  et  étaient  prêts  à 
remplir  les  vides  des  cadres  réguliers,  une  sorte  de  com¬ 
pagnie  de  dépôt 3.  On  en  fait  monter  le  nombre  à  cent 
ou  cinquante  (par  cohorte?)  G  Quand  les  légions  com¬ 
mencèrent  à  se  recruter  sur  place,  il  est  bien  probable  que 
ces  remplaçants  étaient  fournis,  pour  la  plupart,  par  les 
enfants  des  légionnaires,  nés  dans  les  villes  issues  du 
camp  lui-même  (voir  plus  haut).  Godefroid  les  rapproche 
des  familiae  militum,  cités  par  les  codes 5. 

Parmi  les  milites ,  il  y  avait  aussi  des  catégories.  On 
distinguait  les  munifices  et  les  immunes. 

Par  muni f ex,  on  entendaitcelui  qui  était  soumis  à  toutes 
les  corvées,  à  tous  les  menus  services  de  détail  ( mimera 
militiae)  6  ;  Y  immunis,  au  contraire,  était  celui  qui  en 
était  exempt  en  totalité  ou  en  partie1.  Cette  exemption 
s’achetait  souvent  et  c’était  là  une  des  sources  de  revenus 
les  plus  importantes  pour  les  centurions  8.  Une  autre 
division  existait  encore  entre  les  hommes.  Les  uns  tou¬ 
chaient  comme  faveur  spéciale  une  double  paye,  c’étaient 
les  duplarii  ou  duplicarii 9,  ou  une  paye  égale  à  une 
fois  et  demie  celle  des  soldats  ordinaires  ( sesquipfi - 
carii ) 10.  Ces  faveurs  étaient  réservées,  pense-t-on11,  en 
grande  partie  aux  réengagés  [emehiti],  ou  à  ceux  qui 
reprenaient  du  service  après  avoir  reçu  leur  congé  (evo- 
cati).  Sous  la  République,  il  arriva,  en  effet,  fréquemment, 
que  les  généraux  rappelaient  des  vétérans12  et  les  versaient 
dans  des  légions  déjà  existantes  pour  les  renforcer  ;  le 
cas  se  présenta  sous  Marius13,  Pompée14,  César15  et 
ensuite  pendant  les  luttes  des  triumvirs  10  [evocati]. 
Naturellement,  on  leur  offrait,  en  échange  de  ce  service 
supplémentaire,  des  avantages  importants17.  Sous  l’Em¬ 
pire,  cela  se  fit  encore  quelquefois18.  Par  contre,  il  n’était 
pas  rare  qu’on  gardât  à  l’armée,  après  leur  temps  de  ser¬ 
vice  accompli,  des  soldats  et  des  sous-officiers19.  Quand 
on  ne  leur  avait  pas  encore  accordé  leur  congé,  on  les 
maintenait  dans  leur  ancienne  situation  ;  mais  s’ils 
avaient  reçu  leur  missio  [veterani],  comme,  en  droit,  ils 
n’étaient  plus  et  ne  pouvaient  plus  être  soldats,  on  en 
formait  des  corps  spéciaux  avec  un  vexillum  pour 
enseigne  20  et  des  officiers  spéciaux  21.  Ils  constituaient 
des  troupes  d’élite  auxquelles  on  avait  recours  dans  les 
circonstances  délicates 22 . 


1  Veget.  I,  13.  —  2  Ibid.;  cf.  23;  C.  i.  I.  III,  10435  ;  VII,  138  ;  Mommsen  dans  les 
Bonn.  Jahrbücher,  LXVIII,  p.  53.  — 3  Godefroid,  ad  Cod.  T/ieod.  VII,  1,  il; 
13,  6;  Veg.  II,  19  ;  J.  Nicole  et  C.  Morel,  Archives  militaires  du  1"  siècle,  Genève, 
1900,  verso,  pièce  IV.  —  '*  Inc.  auct.  De  reb.  bell.  5.  —  S  Cod.  Theod. 
Vil,  4,  17  et  28  ;  Mommsen,  Hernies,  XIX,  p.  422.  —  6  Fest.  Epit.  p.  33;  Veget. 
II,  7,  19;  Ammian.  XVI,  5.  —  7  Dig.  L,  6,  7  (6);  cf.  Eph.  epigr.  IV,  p.  409. 

—  *  Tac.  Ann.  I,  17  ;  Hist.  I,  58.  —  9  Varr.  De  ling.  lat.  V,  90  ;  Liv.  II,  59  ;  VII, 
37  ;  Caes.  Bel.  civ.  III,  53  ;  Veget.  II,  7;  C.  i.  L  VII,  1090;  VIII,  2564;  Brambacb, 
475. —  10  Veget.  Loc.  cit.  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  3164.  —  11  Marquardt,  Org.  mil., 
p.  285.  —  12  Mommsen,  Eph.  epigr.  V,  p.  142  et  suiv.  —  13  Sali.  Jug.  84. 

—  14  Caes.  Bel.  civ.  III,  88;  Suet.  Vesp.  1.  —  15  Caes.  Bel.  civ.  I,  3,  17;  III,  53, 
91  ;  C.  i.  I.  x,  3886.  —  16  Appian.  Bel.  civ.  III,  40;Dio,  XLV,  12  ;  Cic.  Ad 
fam.  XV,  4.  —  l~  Appian.  Bel.  civ.  III,  40;  Caes.  Bel.  cio.  I,  3.  —  18  Tac.  Hist. 

II,  82;  Inscr.  Helv.  179.  —  19  C.  i.  I.  III,  p.  2014.  —  20  Tac.  Ann.  1,  17,  39,  44; 

III,  21.  —  21  C.  i.  I.  V,  4903  (t •exillarius  veteranorum)-,  III,  2817  ( centurio  vete- 


III.  Organisation  et  administration  i»e  la  lio  n,v 
A.  Durée  du  service.  —  Les  légats  légionnaires  «v , 
nommés  par  l’empereur  pour  un  temps  indéfini  do  " nl 
était  seul  juge.  Ainsi  Larcins  Lepidus,  contemporai^  i* 
Vespasien,  ne  resta  sans  doute  pas  à  la  tête  de  la  p;!!-" “ 
Xe  Fretensis  plus  de  neuf  ou  dix  mois23,  durée  du  sh4'? 
Jérusalem;  Hadrien  commanda  la  légion  I  Minerve*' 
dant  un  peu  moins  de  deux  ans21  ;  le  légat  de  la  lé!'" 
IIIe  Auguste,  qui  était,  en  même  temps,  gouverneur"]!! 
Numidie,  conservait  son  commandement,  un,  deux  ur 
et  même  jusqu’à  cinq  ans  de  suite  2B. 

Les  tribuns  étaient  tenus  par  la  loi  à  un  an  de  service 
militaire  au  moins26,  mais  par  faveur  spéciale  l’empereur 
autorisait  certaines  personnes  à  ne  rester  à  l’armée  que 
six  mois  ( tribunatus  semestris) 21 .  Plus  d’un  tribun,  par 
contre,  demeurait  deux  ou  trois  années  attaché  à  mi(, 
ou  plusieurs  légions  28,  par  exemple  Hadrien,  qui  fui 
tribun  dans  trois  légions  successivement,  pendant  les  an¬ 
nées  95, 96,  97 29  ;  quant  aux  tribuns  d’ordre  équestre,  on  en 
trouve  qui  ont  conservé  leur  poste  cinq  ou  même  neuf  ans 30 

Pour  les  simples  soldats  et  les  officiers  au-dessous  des 
tribuns,  la  durée  légale  du  service  était  de  vingt  ans31, 
l’année  militaire  commençant  au  1er  mars  qui  suivait 
l’entrée  au  service32.  Mais  d’ordinaire  et  surtout  pendant’ 
le  Ier  siècle,  il  était  d’usage  de  garder  plus  longtemps  les 
légionnaires  33  ;  on  trouve  des  exemples  de  légionnaires 
qui  ont  servi  vingt-trois  34,  vingt-quatre  33,  vingt-six  3(, 
vingt-huit37,  trente-deux 38  années  ou  même  davantage3*. 
La  moyenne  est  de  vingt-cinq  ans 40.  Hadrien  parait 
avoir  agi,  à  cet  égard,  tout  à  fait  arbitrairement  ;  Antonin 
le  Pieux  revint  aux  traditions  et  à  la  légalité41. 

Naturellement,  les  sous-officiers  et  les  centurions,  en 
particulier,  qui  trouvaient  au  service  un  grand  avantage 
et  au  réengagement  un  bénéfice,  restaient  plus  longtemps 
encore  sous  les  armes.  On  peut  citer  le  nom  de  centurions 
qui  ont  servi  dix-neuf42,  trente-sept43,  quarante-cinq  M, 
voire  même  quarante-huit  ans  4S. 

B.  Praemia  militiae.  —  Retraite.  —  Tant  qu’il  n  y 
eut  pas  d’armée  permanente,  il  était  inutile  de  s’occuper 
de  la  condition  faite  aux  soldats,  une  fois  leur  temps  de 
service  achevé  ;  mais  du  jour  où  les  généraux  de  la  lin  de 
la  République  eurent  créé  un  métier  militaire  auquel  les 


hommes  durent  se  consacrer  à  l'exclusion  de  tout  autre, 
il  leur  fallut  songer  à  assurer  leur  existence  dans  leur 
vieillesse.  Marius,  César  les  avaient  récompensés  par  des 
concessions  de  terre  [colonia,  deductio]  ;  Auguste  agit  de 
même.  Il  avait  à  pourvoir  les  vétérans  de  son  armée  e 
ceux  d’Antoine  et  de  Lépide.  Les  plus  jeunes,  au  cas  où 
n'entrèrent  pas  dans  les  légions  reconstituées,  reçurent 
une  indemnité  pécuniaire  ;  les  autres  une  assignation  de 
terres  en  province  ou  en  Italie46.  Il  procéda  ainsi  à  deux 


ranorum).  —  22  Tac.  Ann.  III,  21.  —  23  Voir  ce  que  dit  au  sujet  de, ce  |«'  jjj 

L.  Renier,  Journal  des  Savants,  1867,  p.  95  et  suiv.  —  24  Vit.  Had.  ■' 

’  1  .  Th'nit  VllDlu 

550.  —  2.;  Cf.  mon  Armée  d’Afrique,  p.  118  et  suiv.  —  26  Mommsen,  ^ 

rom.  VI,  p.  158.  —  27  Plin.  Epist.  IV,  4  ;  Juv.  Sut.  VII,  88  ;  cf.  Mommsen,  l  ^  ^ 

der  Sachs.  Gesellsch.  1852,  p.  219  et  suiv.  ;  Droit  public  romain,  loc.  cil 

—  28  c.  i.  I.  II,  1262,  4509;  VI,  332,  1333,  1450;  IX,  2457;  XI,  376,  3 '  '  j,’omme 

3599,  3602,  etc.  —  29  Vit.  Had.  3;  C.  i.  I.  III,  550.  Trajan  servit  dix  ans  ^ 
tribun  (Plin.  Paneg.  15).  —  30  C.  i.  I.  III,  399.  —  31  Dio,  LV,  23;  lac.  •  ^ 
17,  78  ;  Dig.  XXVII,  I,  8,  §  2  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  849.  -  32  Mo,nnjf])  i'||, 
I.  III,  p.  2029.  —  33  Ibid.  p.  282.  —  34  Jb.  III,  2709;  VIII,  2744.  -  j, /j, 
2839;  VIII,  2744.  —  36  Jb.  III,  1172;  VIII,  27  47,  18  067.  —  37  lb.  Ht  4858,  ^ 

III,  2048.  —  39  [b.  III,  2014,  2818;  Brambach,  1212.  —  40  C.  i.  I ■  VI».  'Moro’msen, 
2961,  3049,  18067,  18068;  Ann.  épigr.  1887,  11;  1890,  7,  26,  etc.  —  *  îgîî, 
Loc.  cit.  p.  2029.  —  42  C.  i.  I.  III,  1480.  —  43  Jb.  VIII,  2891.  —  4 

—  45  Ibid.  3001.  —  46 £)io.  LI,  3,4  ;  lies  gestae,  16  ;  cf.  Mommsen,  p.  0-  O 


LEG 


—  1059  — 


LEG 


déductions 
740 


la  première 


en  724=30,  la  seconde  en 


14  *. 


sur 

ai' 


a 

pionnier: 

système 


Il  décida,  de  plus,  qu’à  l’avenir  les  légion- 
leur  temps  de  service  achevé,  recevraient  une 
naires,  d  ils  arriveraient  à  obtenir  Yhonesta  missio 
'.gtrade,  ^  ‘  3000  deniers2  ;  Caligula  la  réduisit 
rSSIUL3  mais  Caracalla  la  releva  4.  Elle  était  prise 
de  111  une  caisse  particulière,  I’aerarium  miliïare.  Il 
•  a  aussi  pendant  la  suite  de  l’époque  impériale, 
Ton  donna  des  terres  aux  vétérans,  comme  par  le 
|  .  en  Italie  et  surtout  en  province  5  ;  tantôt  on  les 

envoyait  dans  des  villes  qui  existaient  déjà,  tantôt  on  for- 
itavec  eux  des  colonies  sur  les  frontières  6,  les  chargeant 
1  la  fois  de  défendre  le  territoire  soumis  et  de  servir  de 
s  à  la  civilisation  romaine.  On  sait  combien  ce 
fut  en  faveur  après  Dioclétien  7  [veterani]. 

C  Solde  des  légionnaires.  —  L’établissement  d’une 
solde  pour  la  légion  remonte  au  siège  de  Yéies  par 
Camille  (348  de  Rome  =  406  av.  J.-C.)  s.  Au  temps  de 
Poiybe  9,  elle  était  de  deux  oboles  par  jour,  c’est-à-dire  de 
-120U  as  ou  120  deniers  par  an  i0.  César  le  premier  apporta 
des  modifications  à  cette  loi  :  il  doubla  la  solde  u,  ou  plus 
exactement  il  paya  trois  stipendia  au  lieu  d’un,  ce  qui 
porte  le  total  de  la  solde  à  225  deniers.  Auguste  régle¬ 
menta  dans  le  même  sens  la  question  12.  Domitien  ajouta 
un  quatrième  stipendium ,  c’est-à-dire  qu’il  éleva  la  paye 
d’un  légionnaire  à  300  deniers  par  an  13.  Elle  était  payée 
en  trois  termes  14 . 

Sur  cette  somme  on  prélevait  à  l’époque  républicaine 
les  fournitures  faites  par  l’État,  en  habillements  15,  en 
armes10  et  en  vivres  ”.  Sous  l’Empire,  il  en  était  encore 
ainsi  au  ier  siècle48.  Postérieurement,  il  est  possible  que  le 
règlement  ait  été  modifié  19. 

[  Naturellement,  la  solde  des  sous-officiers  et  celle  des 
officiers  était  supérieure  à  la  solde  des  soldats.  Nous 
avons  parlé  plus  haut  (p.  1058)  des  duplarii  et  des  sesqui- 
piicarii.  D’après  Polybe,  les  centurions  recevaient  une 
allocation  double  de  celle  des  soldats  20  ;  nous  n’avons 
aucune  autre  donnée  à  ce  sujet. 

Les  auteurs  ne  disent  pas  quelle  était  la  solde  d’un 
tribun  aux  deux  premiers  siècles,  mais  ils  laissent  sup¬ 
poser  quelle  atteignait  un  chiffre  assez  élevé21.  Le 
hnarbre  de  Thorigny  donne  celui  de  25000  sesterces 
pour  un  tribunat  semestris22.  Au  me  siècle,  on  trouve 
comme  chillre 250  aurei  1/3;  mais  tout  porte  à  croire  que 
è était  la  un  taux  extraordinaire23.  • 
l°m  les  légats  légionnaires,  nous  ne  possédons  aucun 

renseignement. 

[leur  S  *'IC*ers  ava*enl  d’autres  bénéfices  pécuniaires  que 
gur  so  de.  Les  centurions  se  faisaient  de  gros  revenus 
ÏPu  a'.h,Ul1  Pa.ver  les  exemptions  de  corvée  ou  la  levée  des 
j  "."IS  -Qnantaux  tribuns,  les  soldats  leur  faisaient 
’a-uaux  [stillaturae)n.  L’usage  fut  d’abord  regardé 


Voir 


avec  les  f10(cs  °  ^arquardt,  Or  g.  de  l'Empire  rom.  I,  p.  156  et  suiv 

**■  -  0  Marquerai  /  Di°'.#LV’  23'  ~  3  Suet.  Calig.  44.  -  4  Dio,  LXXV11 
C.  i.  I.  VIII  8473.  ’boc.cit.  p.  163  et  suiv.  —  6  Tac.  Ann.  I,  17;  XIV,  27,  31 
h{J  H  Adi.  d',  ygm-.Gl'oni-  P-  121  (éd.  Lachmann)  ;  C.  i.  I.  III,  4057  :  vei 
Theod.  VII,  20  3  'jf  **  ”llss,9n(e)  agr(aria)  secundo.  (sous  Trajan).  —  7  Coa 

Zonai’-  m\,  20 ;  Flo  e  41i‘  ~~  8LiV‘  1V’  59  ;  V’  4;  YI11’  8;  Diod*  Sic*  XIV’  16 
10  Sur  ces  faits  „uis S’  !  12;.  Lyd-  De  ma9-  b  46.  —  9  Polyb.  VI,  3S 
Mdm.  de  l’Acad  des  dans  lm  ar^cle  spécial  [stipendium],  cf.  Le  Beau 

Iloninins,  q  p  13)SW '  P-  181  et  suiv.  ;  Dureau  de  la  Malle,  Écon.  poli, 
I  auteurs  qu’il  cj^e  __  4,  SU1V-  >  Marquardt,  Organis.  financière,  p.  118,  et  le 
lloref  Archives  militai»  ï  f”*'  26'  ~  12  Au9'  49  •  ~  13  Domit ■  7-  ~  14  Nicole  e 
~16Uv-I,43;  Dionvs  *sdu recto,  pièce  I.  -  13  Liv.  XXVII,  10;XLIV,lf 
y  ’ IV’  46  i Polyb-  VI,  39.  - 17 Ibid.  ;  cf.  Tac.,  A nn.  I,  17.  - 18  ar 


comme  abusif  et  condamné  par  les  empereurs26;  plus 
tard,  on  le  toléra  en  le  réglementant21  [stillatura]. 

A  la  solde,  il  faut  ajouter  les  gratifications  que  les 
officiers  et  les  soldats  recevaient  de  l’État  sous  la  Répu¬ 
blique  comme  sous  l’Empire,  à  l'occasion  des  triomphes, 
de  l’avènement  des  souverains,  d’événements  intéres¬ 
sant  la  famille  impériale,  de  révoltes  même  qu  il  fallait 
faire  cesser  à  prix  d’or  [donativum].  Les  légionnaires 
arrivaient  ainsi  à  se  constituer  un  capital  si  élevé  que 
Domitien,  par  prudence,  limita  à  mille  nummi  la  somme 
que  chacun  d’eux  pouvait  avoir  avec  lui  au  camp  i8.  On 
sait,  en  effet,  que  César  donna  à  ses  soldats  500  deniers 
par  tète,  en  70829;  Auguste  2500  en  711 30  ;  Tibère,  au 
début  de  son  règne,  62  deniers  1/2 31 ,  etc. 

Enfin,  bien  que  le  butin,  en  droit,  fût  propriété  exclu¬ 
sive  de  l’État32,  il  arrivait  souvent  qu’une  partie  en  fût 
distribuée  entre  les  soldats  et  les  officiers  après  la  vic¬ 
toire.  En  pareil  cas,  la  part  accordée  était  d’autant  plus 
importante  que  le  grade  était  plus  élevé  :  dans  le  partage 
du  butin,  comme  dans  les  distributions  d’argent,  les  cen¬ 
turions  recevaient  le  double  des  soldats,  les  tribuns  le 
double  des  centurions33  [praeda]. 

Service  de  la  solde.  —  Trésorerie  militaire.  — -  Sous  la 
République,  où  l’argent  nécessaire  à  la  solde  et  aux  achats 
de  vivres  était  fourni  par  le  trésor  public,  le  trésorier  en 
chef  de  l’armée  était  le  questeur34.  Le  quaeslor  ad  exer- 
citum  missus  était  custos  pecuniae 35.  C’est  donc  à  lui 
qu’il  revenait  de  payer  la  solde  des  légions.  On  sait 
qu’une  place  spéciale  lui  était  réservée 
dans  le  camp  [quaestor,  quaestorium]. 

Sous  l’Empire,  où  la  caisse  impériale 
faisait  les  frais  de  l’entretien  de  l’ar¬ 
mée,  le  trésorier  de  l’armée  et  de  la 
légion,  quand  il  fut  établi  que  chaque 
légion  occuperait  un  camp  distinct 
[castra],  ne  pouvait  être  qu’un  délégué 
de  l’empereur.  J’ai  admis  ailleurs  que  le  maniement  des 
fonds  était  entre  les  mains  d’esclaves  et  d’affranchis  de 
l’empereur  [familia  castrensis )36  ; castrenses].  Ils  for¬ 
maient  Yofficium  rationum 37  :  un  tabularius  était  à  la 
tête  du  bureau38;  un  ou  plusieurs  dispensatores  rece¬ 
vaient  les  mandats,  les  vérifiaient,  en  autorisaient  le 
paiement39;  un  arkarius  l’effectuait  à  des  officiers  tré¬ 
soriers  de  la  légion  40.  Quant  à  l’émission  des  mandats, 
à  la  comptabilité  légionnaire,  elle  était  confiée  aux 
bureaux  du  légat,  des  tribuns,  du  princeps  praetorii ,  et 
spécialement  aux  librarii  (voir  plus  haut).  L’argent  était 
fourni  par  le  procurateur  de  la  province  ou  d’une  pro¬ 
vince  voisine.  Quand  on  en  manquait,  le  général  en  faisait 
frapper  [castrenses  nummi],  ou  simplement  faisait  apposer 
sur  du  numéraire  existant  des  contremarques  destinées 
à  donner  provisoirement  à  la  monnaie  une  valeur  fidu- 


Fig.  4405.  —  Monnaie 
avec  contremarque. 


chives  militaires  du  Ier  siècle,  loc.  cit.  —  19  Vit.  Alex.  53,  9  ;  cf.  mou  Armée  d’Afri¬ 
que,  p.  377. — 20  Polyb.  VI,  39.  —  21  Plin.  Hist.nat.  XXXIV,  6  ;  Juv.  Sat.  III,  132; 
cf.  Mommsen,  Berichte  der  SSchs.  Gcsellsch.  1852,  p.  251.  —  22  C.  i.l.  XIII,  3162 
(II,  13).  —  23  Vit.  Claud.  14;  cf.  Mommsen,  Loc.  cit.  — 24 Tac.  Ann.  1, 17  ;  Hisl.  I,  46. 

—  23  Cf.  Godefroid  au  Cod.  Theod.  VII,  4,  28.  —  2G Vit.  Hadr.  10  ;  Vif.  Pèse.  3;  Alex. 
Sev.  17.  —  27  Cod.  Theod.  VII,  4,  28,  29  ;  cf.  à  propos  de  cadeaux  analogues, 
Waddington,  lnscr.  de  Syrie,  1906  (a).  —  28  Suet.  Domit.  7.  —  29  Dio,  XLIII,  21. 

—  30  Id.  XL VI,  47.  —  31  Tac.  Ann.  I,  8;  Dio,  LVÏ,  32.  —  32  Dig.  XL VIII,  13,  15; 
Polyb.  X,  16;  Aul.  Gell.  XVI,  4,  2.  —  33  Liv.  XXXV,  1  ;  Polyb.  X,  16  ;  XIV,  7. 

—  34  Mommsen,  Droit  publ.  rom.  IV,  p.  266  et  suiv.  —  33  Cic.  Verr.  I,  15,  40. 
_  36  Armée d' Afrique,  p.  408  et  suiv.  ;  cf.  Mommsen,  Eph.  epigr.  V,  p.  117  ;  Mar- 
quardt,  Or  g .  mil.  p.  398  et  les  textes  en  note.  —  37  C.  i.  /.VIII,  3292.  —  38  Ibid. 
3290.  —  39  Ibid.  3288  ,  3289  ,  3291.  —  40  Ibid.  3288. 


LEG 


1060 


LEG 


ciaire  suffisante  pour  pouvoir  effectuer  le  paiement  de  la 
légion  1  (fig.  4406 

D.  Vivres  et  vêtements.  —  Service  (te  l’intendance.  — 
Il  a  été  question  dans  un  article  spécial  des  vivres  du 
soldat  romain,  et  en  particulier  du  légionnaire  [cibaria 
miutum].  Je  rappellerai  seulement 3  que  la  ration  d’un 
soldat  était  de  4  boisseaux  (00  livres  par  mois,  soit 
27  kilogrammes  environ)  ;le  cavalier  qui  avait  deux  valets  à 
nourrir  en  recevait  soixante-douze,  ainsi  que  de  l’orge 
destiné  aux  trois  chevaux  qu’il  devait  entretenir4.  Du 
temps  de  Sylla,  la  ration  parait  avoir  été  augmentée  au 
moins  temporairement,  et  cela  dura  sans  changement 
sous  l’Empire  jusqu’à  Septime  Sévère,  auquel  on  attribue 
un  nouveau  relèvement  de  la  ration  légionnaire. 

Les  officiers  et  sous-officiers  avaient  droit  à  des  vivres 
plus  abondants,  en  proportion  de  leur  grade  B.  Outre  du 
blé,  on  fournissait  encore  aux  légions  du  sel,  du  vin,  du 
vinaigre  pour  la  posta,  de  la  viande  fraîche  ou  salée  6. 
Ces  vivres  étaient  distribués  à  certaines  dates  et  pour  un 
temps  limité.  Quand  on  était  en  station,  la  distribution 
se  faisait  pour  une  période  assez  longue  (dix-sept  7, 
vingt8,  trente9  jours).  On  rangeait  la  légion  dans  l'ordre 
de  bataille  et  chaque  soldat,  à  l’appel  de  son  nom,  sortait 

du  rang  pour  re¬ 
cevoir  ce  qui  lui 
était  dû.  Plus  tard, 
il  semble  qu’on  ait 
à  peu  près  renoncé 
aux  distributions 
à  long  terme  10. 
Ces  distributions 
étaient  surveillées 
par  les  généraux 
qui  tenaient  à  se 
rendre  compte  de 
tout  par  eux- 
mêmes11;  mais  c’était  surtout  l’affaire  des  tribuns  char¬ 
gés  spécialement  du  service  des  vivres12.  On  comprend 

par  là  pourquoi  on  a  recueilli 
dans  les  camps  légionnaires 
ou  aux  environs  des  poids 
portant  le  nom  d’une  lé¬ 
gion  13  (fig.  4406)  ou  certains 
cachets,  comme  celui  qui  a 
été  trouvé  assez  récemment 
a  Mayence,  et  que  l’on  pense 
avoir  servi  à  marquer  les 
pains  d’une  centurie  de  la 
légion  XIV14  (fig.  4407). 

La  nourriture  des  troupes 
était  assurée,  en  temps  de 
paix,  par  l’existence  de  dé¬ 
pôts  de  subsistance  horrea 
militaria]  .  Avant  César,  sem- 
ble-t-il,  les  généraux  en  cam- 
pagne  taisaient  choix  de  certaines  villes  pour  servir  de 


centre  de  ravitaillement;  mais  il  n’existait  pas  fi,. 

sins  militaires  ;  il  est  le  premier  qui  ait  songé  à 

niser15.  Sous  l'Empire,  au  contraire,  on  en  trou"'^' 

nombreux  exemples18.  C’est  de  là  que  les  lésion*  r" 

biui|s  liraient 

011  pour 


leurs  approvisionnements  17 .  En  cas  de  marche 
les  détachements  légionnaires,  on  avait  recours 
réquisitions  ;  on  demandait  aux  autorités  locales  <v  ]d"X 
on  avait  besoin  et  on  leur  donnait,  en  échange  (|"1 
reçus18.  En  temps  de  guerre,  on  créait  des  dépôts  da- 
le  voisinage  du  terrain  de  combat,  et  au  besoin  les  trou  ? 
vivaient  sur  le  pays  19. 

Le  système  adopté  pour  la  fourniture  des  vêtement 
était  à  peu  .près  le  même  :  ils  étaient  réunis  dans  de- 
magasins  où  les  légions  venaient  s’approvisionner'20 

On  ne  sait  à  peu  près  rien  sur  la  façon  dont  les  chevaux 
et  les  bêtes  de  somme  étaient  fournis  aux  légions 21 

E.  Armes.  —  Machines  de  guerre.  —  Service  de  Vartil- 
terie  légionnaire.  —  Il  sera  question  plus  loin  de  l’arme¬ 
ment  des  légionnaires.  L’artillerie  romaine  donnera  lieu 
à  un  article  spécial  [tormenta],  comme  aussi  les  différentes 
enseignes  [signa  militaria].  Il  faut  noter  seulement  que 
la  légion,  étant  une  division  complète,  avait  avec  elle  ses 
machines  de  guerre  et  ses  provisions  d’armes.  Nous  en 
avons  la  preuve  dès  l’époque  de  César22  et  pour  toute  la 
durée  de  l’Empire.  C’est  ainsi  que  nous  voyons,  lors  de 
la  guerre  d’Alexandrie,  la  légion  XXXVIIe  venir  débar¬ 
quer  devant  la  ville  avec  ses  armes  et  machines  de  guerre. 
Ailleurs,  nous  lisons  que  César  envoya  au  secours  des 
habitants  deThabena  un  tribun  avec  une  cohorte  légion¬ 
naire  et  des  machines 23 .  Tacit  e,  dans  la  deuxième  bataille 


de  Bédriac,  fait  mention  d’une  balistedela  légion  XVe qui 
lit  merveille  contre  l’ennemi24  ;  Josèphe  nous  parle  des  ma¬ 
chines  des  différentes  légions  qui  assiégèrent  Jérusalem*5. 
Enfin,  et  pour  ne  point  citer  d’autres  exemples,  Végèce 
nous  apprend  que  de  son  temps  chaque  centurie  avait 
une  carroballiste  traînée  par  des  mules  et  servie  par 
Il  hommes;  il  ajoute  qu’il  y  a  dans  chaque  légion 
55  carroballistes,  10  onagres,  un  par  cohorte,  et  tout  le 
matériel  nécessaire  aux  travaux  du  génie;  «  car,  dit-il, la 
légion  doit  porter  avec  elle  tout  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
guerre  pour  que,  à  quelque  endroit  qu’elle  établisse  son 
camp,  elle  puisse  former  une  cité  tout  armée20  ». 

Armes,  machines,  outils,  tout  cela  était  fabriqué  dans 
des  ateliers  spéciaux  répartis  entre  les  différentes  villas 
de  l’Empire  [fabrica]  27  ;  mais,  de  plus,  chaque  légion 
possédait  des  ateliers  propres  pour  l’entretien,  la  répa¬ 
ration,  et  au  besoin  la  fabrication  des  armes.  Ces  ateliers, 


appelés  fahricae  également,  étaient  peuplés  d  un  p1'1' 
sonnel  d’ouvriers  de  toute  sorte,  civils  et  milifaires  l 
sous  les  ordres  d’un  optio  fahricae  et  avec  des  conlu- 
maîtres  instructeurs29. 

En  outre,  dans  chaque  cohorte,  il  y  avait  des  gardt» 
d’artillerie  ( custodes  armorum )  et  des  fourbissei»s 
( poliones )  pour  l’entretien  journalier  et  la  conservilio'1 
des  armes  et  des  machines30.  .( 

Le  dépôt  d’armes,  le  magasin  légionnaire  se  nom|lU 


*  Lcuormant,  La  monnaie  dans  l'antiquité,  II,  p.  3G3  et  note  2.—  2  De  Saiilcv, 
Rev.  arch.,  1869  (XX),  p.  251.-  3  Polyb.  VI,  39.  -  4  Gauldrée-Boilcau,  L'admi- 
nistr.  militaire  dans  l'antiquité,  p.  239.  —  S  Veget.  III,  3.  —  6  Cf.  outre  l’article 
r  .BAiiiA,  Langen,  Die  Heeresverpflegung  der  Rômer-  Frolich,  Bas  Kriegswesen 
Cüsars,  II,  p.  125  et  suiv.  -  7  Vit.  Sev.  Alex.  46;  Ammian.  XVII,  9.  -  8  Cad. 
Theod.  VII,  4,  5.  —  »  Liv.  XLIII,  1  ;  Suet.  Ner.  10.  C’est  la  durée  la  plus  usuelle. 
—  10  Cod.  Theod.  Vil,  4,  6.  —  u  Caes.  Bel.  gai.  VI.  33.  —  12  Big.  XLIX,  16,  12, 
§  2.  —  13  C.  i.  I.  III,  784.  —  H  Wéstd.  Zeitschrift,  1897,  p.  344  et  pl.  xvii.  — 15  Bel. 


17  El.  il  ^ 

civ.  III,  42.  —  Ui  yn.  ffad.  Il;  Vit.  Alex.  45;  Vit.  Gordiani,  28.  —  ^  ^ 
sujet  R.  Cagnat,  Armée  d’Afrique ,  p.  39 1  et  suiv.  —  18  Sic.  Flac.  Be  ^  ^ 
p.  165  (éd.  I.achmann) ;  Cod.  Theod.  VII,  9,  1,  2,  3;  Oxyrinch.  pat'!/1 
suiv.  ;  p.  119  et  suiv.  ;  p.  121  et  suiv.  ;  cf.  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  397.  - 


l  P-  .. 

19  Op-  c,l‘ 
n  iki- 


p.  399  et  suiv.  —  20  Op.  cit.  p.  464  et  suiv.  —  21  Op.  cit.  p.  411  et  suiv.  ^  * 
Alex.  X,  9.  —  23  Bel.  Alex.  77.  —  24  Tac.  Hist.  III,  23.  —  23  Joseph-  •  ‘ 

V,  6,  3.  —  26  Veget.  II,  25.  —  27  Vcgct.  II,  Il  ;  Big.  L,  0,  7.  -  )  ' 
cit.  ;  C.  i.  I.  III,  2043;  VII,  49.  —  29  Big.  Loc.  cit.  —  30  C.  i.  M11- 


LEG 


—  1061 


«ikaditim  II  était  placé  sous  la  surveillance  d’un 

RjIAMBMAt'lu  •  .... 

r  (curator  armamentarny  responsable,  avec  un 


ARM  Aï 

officier  P» . 

Lsonnel  de  scribes  sous  ses  ordres', 
f  j’ai  montré  ailleurs  quel’  armamentarium  d’une  légion, 
Icomme  sa  fabrica,  étaient  soumis  au  préfet  du  camp3,  le¬ 
quel  avait  aussi  à  surveiller  le  train  des  équipages 
[impedimenta]  L 

F  Baraquements ,  casernes ,  camps.  —  Les  armées  en 
marche  se  retranchaient,  on  le  sait,  chaque  soir  dans  un 
camp  construit  suivant  des  règles  fixes  et  propres  à 
assurer  la  sécurité  absolue  des  soldats.  Ce  qu’étaient  ces 
camps  et  comment  les  différentes  troupes  y  étaient 
réparties,  c’est  ce  qui  a  été  expliqué  à  l’article  castra. 
Ils  contenaient  d’habitude  plusieurs  légions.  Il  en  était 
de  même  des  camps  permanents  au  début  de  l’Empire  ; 
à  la  mort  d’Auguste,  trois  légions  étaient  établies,  sous 
Blaesus,  dans  le  même  camp  en  Pannonie  5,  tandis  qu’à 
Vetera  deux  légions  étaient  réunies6.  Sous  Domitien,  on 
agissait  encore  ainsi1,  et  ce  fut  là,  dans  l’opinion  de 
l’empereur,  ce  qui  facilita  la  révol  te  d’ An  ton  i  us  Satura  inus. 
Aussi  défendit-il  désormais  d’admettre  dans  un  même 
camp  plus  d’une  légion.  Dès  lors,  l’histoire  des  camps  se 
confond  avec  celle  des  légions.  Et  comme,  d’autre  part, 
à  partir  du  début  du  11e  siècle,  les  changements  de  gar¬ 
nison  se  firent  très  rares,  les  anciens  camps  avec  tentes  et 
baraquements  firent  place  à  de  véritables  places  fortes 
avec  casernes,  contenant  tout  ce  qui  était  nécessaire  à  la 
vie  des  soldats  en  temps  de  paix.  On  en  a  retrouvé  des 
restes  importants  dans  plusieurs  pays.  Les  plus  célèbres 
et  les  mieux  conservés  que  l’on  connaisse  encore  sont 
ceux  de  Lambèse  51  en  Algérie,  et  de  Carnuntum  9  en 
làutriche,  auxquels  il  fautcomparér  tousles  camps  du  limes 
«n  Angleterre l0,  sur  le  Rhin  “,  ou  ailleurs  [limes,  vallum]. 

K  ,  Ces  forteresses  légionnaires,  dont  on  peut  considérer 
le  camp  de  Lambèse  comme  le  type  le  plus  parfait 
(fi0.  i  (0<S),  étaient  conçues  sur  le  plan  des  anciens  camps 
provisoires.  Comme  eux,  elles  étaient  entourées  de 
retranchements;  mais  au  lieu  de  défenses  en  terre  ou  en 
petites  pierres,  c’étaient  de  solides  murailles,  flanquées 
e  tours  et  capables  de  résister  à  des  assauts  répétés12; 
jcomn"  e  ux  elles  étaient  divisées  en  quatre  parties  par  deux 
i  .  D(  1 P*  n<l i<  ulaires,la  via prmcipalis  allant  de  la  porte 
mm''!  gauche  à  la  P°rte  latérale  droite,  la  via  prae- 
mJin  fa  COntlnuati°n,  la  via  decumana,  rejoignant  la 
lues  ;i  h\ïJOrta  decumana.  A  la  rencontre  de 

ses  ,^ran  GS^0ies  s  (devad  1g praetorium  avec  tous 
9meSlZZZVeV  ei’rière  16  Pra<Horium  était  situé  le 
constructif’  °  !°Ut  autour  011  disposait  les  différentes 
ces  divers  fiT  CeSSaireS  aUX  besoins  de  la  légion.  Mais 
grandes  nm  *.!CeS  °taient  conÇus  dans  de  bien  plus 
I  "  poi  ions,  comme  il  convient  à  des  bâtiments 

■  ^  c  ?  / 

fj186  etsuiv.  d’après  Véjèc/f  '-'1’  " ~  ?  Cf’ RlCagnat’  Armée  d' Afrique 

\P-  37  ct  su‘v-  -  9  Arch. 


8  ~  *  Ibid.  —  B  Tac.  Ann.  I,  16.  —  C  Ihid 

v,  -> I  «h  suiv  _  o  ’  Armée  d' Afrique,  p.  519  et  suiv.  ;  Id.  Guid 
^fp.  146  et  s.  ;  XX,  p  m .  K.  i'?h:TSr‘  MittheiL  X’  P-  12  ^  s.  ;  XI,  p.  1  et  s. 
Ltnes  m  Oesterreich  Vienn»  If,'1’  Führer  durch  Carnuntum,  1894  ;  Der  rom 
quantité  de  monographie,  „  ,’  19°°’  ’P’  19  et  suiv.  — 10  Bruce,  The  roman  wall  e 
‘J6®8  membres  de  la  sociéff  descriPtion  du  Hardknott-Castle  par  plu 

°rland  Antiquarian  and  A  'T*  ransactions  °f  the  Cumberland  and  West 
°kr^<mùàh' Z  r  T ^  Societ,J ’  XII>  P-  375  suiv.  -  u  fl; 

les  nombreuses  monlTS’i  °n  Cohausel1’  Der  rom.  Grenswall  in  Deutsch 
as  rom.Kôtn,  1885-  ld  n„.gr.aP  “S Parues  en  Allemagne,  par  exemple  :  Von  Veitli 

Z  ™lbWS  bei  Homhurn  vo^de  ZVn  ^  im  ’  L'  Jacobi’^  **»«*« 
T  R>  Armée  dAM  ,899’  ~  12  C-  «’•  L  VIII,  2546,  2548 

59,nbun(/en  in  Aquincum  igof’  li,  536  ;  Kubitschek,  Op.  cit .;  Kuzscinsky,  Di 
V.  ’  ’  0berO*rm.  raet.  Limes  (Castelle  bei  Oehringen 


LEG 

qui  sont  destinés  à  avoir  une  certaine  durée.  Nous 
reviendrons  sur  ce  sujet  aux  mots  praetorium  et  quaesto- 
RIüm.  Il  suffira  de  rappeler  ici  qu’un  camp  légionnaire 
contenait,  outre  les  casernes  mêmes,  des  bains  spéciale¬ 
ment  affectés  à  l’usage  des  soldats13,  des  salles  de  réunion 
pour  les  sous-officiers  [soûla]14,  des  chapelles  pour  le 
culte  (voir  plus  loin),  des  bureaux  pour  les  services  admi¬ 
nistratifs  (tabularium)1* ,  un  hôpital  [valet  udinarium) lfi, 
une  prison17,  un  arsenal  ( armamentarium ) 18,  un  mar¬ 
ché19,  des  magasins  ( horrea ) 20,  etc.  On  doit  signaler  aussi 
un  monument  qui  parait  avoir  été  comme  une  annexe  du 


camp,  bien  qu’il  fût  situé  en  dehors  de  l’enceinte,  l’amphi¬ 
théâtre  21 .  Des  quatre  portes  de  la  forteresse  partaient  des 
voies,  prolongement  des  voies  intérieures,  qui  étaient 
bordées  à  droite  et  à  gauche  de  cimetières  militaires22. 

Le  camp  et  les  édifices  qui  s’y  élevaient  étaient  sous  le 
commandement  du  préfet  de  la  légion,  praefectus  castro- 
rum  legionis  (voir  plus  haut,  p.  1053). 

La  présence  de  ces  camps  attirait  naturellement  une 
grande  quantité  de  marchands  de  toute  sorte;  ceux-ci 
s’établissaient  d’abord  sous  des  cabanes  ;  puis  la  brique 
et  la  pierre  succédaient  à  la  toile  et  aux  planches,  et  peu  à 
peu  un  village  se  fondait,  embryon  d’une  ville  future 
[canabae].  Ces  villes,  nées  des  camps  légionnaires23,  ont 
joué  un  grand  rôle  dans  l’histoire  des  légions  impériales  ; 
elles  leur  ont  fourni  la  plupart  de  leurs  recrues  à  partir  de 
l’empereur  Hadrien,  ainsi  qu’il  sera  expliqué  plus  bas,  et 

p.  7  et  pl.  u;  C.  i.  I.  III,  3525.  —  14  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  540. _  45  C.  i  !  III 

2555  ;  Besnier,  MCI.  de  Home,  1898,  p.  452.  —  16  C.  i.  i.  VIII,  2553,  2563.  _  17  Tac 

Ann.  I,  16;  C.  i.  I.  III,  433;  Relier,  Katalog.  der  rôm.  Inschriften  der  Stadt 
Mainz  (2'  Nachtrag),  p.  26  el  27.  —  18  Ibid.  III,  1121;  cf.  1138;  VII,  446;  VIII, 
2563.  —  19  Kuzcinsky,  Op.  cit.  ;  C.  i.  I.  VIII,  18224.  —  20  Ann.  épigr.  1898  75  — 
21  De  la  Mare,  Mém.  des  Antiq.  1852,  p.  34;  R.  Cagnat,  Guide  à  Lambèse,  p.  48  ; 
Kubitschek,  Führer  durch  Carnuntum  ;  Arch.  epigr.  Mitth.  XII,  p.  151  e[  suiv  ■ 
Schulten,  Hernies,  XXIX,  p.  496  ct  497  ;  Kuzcinsky,  Op.  cit.  A  rapprocher  dé 

l'amphitheatrum  castrense  de  Rome,  voisin  du  camp  prétorien. _ 22  l{  Ca°uat 

Lambèse,  p.  45  et  suiv.;  Arch.  epigr.  Mitth.  XVIII,  p.  208  et  suiv.;  Der  rôm 
Limes  im  Oesterreich,  p.  101  ct  130;  Von  Vciili,  Das  rôm.  Lager  in  Bonn  (carte)  ; 
Kubitschek,  Op.  cit.  (id.).  —  23  Jôrgenseu,  De  municipiis  et  coloniis  aetate 
imperat.  roman,  ex  canabis  ortis,  Berolini,  1871;  Mommsen,  Die  rôm.  Lagerstàdte 
(Hernies,  1873,  p.  299  ct  suiv.)  ;  Wilmanns  Étude  sur  le  camp  et  la  ville  de 
Lambèse  (trad.  Thédenat),  Paris,  1884. 


134 


LEG 


—  1062 


LEG 


elles  n  ont  pas  été  sans  influence  sur  la  propagation  de 
la  civilisation  romaine  dans  les  provinces. 

G.  Territorium  legionis —  Le  camp  d’une  légion 
était,  a  1  époque  impériale,  le  centre  d'un  vaste  territoire 
dont  elle  avait  lajouissance.  On  le  trouve  mentionné  sur  les 
monuments  épigraphiques  ( territorium  legionis  2,  prata 
legionis)  Toute  1  étendue  de  ce  terrain,  qui  couvrait 
souvent  un  espace  considérable,  était  réservé  aux  besoins 
de  la  légion  :  c  est  là  qu’elle  trouvait  le  foin  nécessaire  à 
ses  bêtes  de  somme  *,  les  herbages  pour  faire  paître  les 
troupeaux  5  confiés  à  la  garde  des  pecuarii ,  le  bois  de 
construction  et  de  chauftage6,  bref  tout  ce  qu’une  grande 
propriété  fournit  à  des  familles  ou  à  des  collectivités. 

Dans  ce  territorium  legionis 7,  il  n’y  avait  pas  de  villes 
établies,  en  dehors  de  celles  qui  émanaient  de  la  légion 
même  et  dont  je  vais  parler  ;  le  territoire  de  la  légion  était, 
par  rapport  a  celle-ci,  ce  qu’était  le  territoire  d’une  muni¬ 
cipalité  par  rapport  à  cette  municipalité  :  le  légat  y  était 
maître,  comme  les  quatuorvirs  ailleurs. 

On  conçoit,  dès  lors,  aisément,  comment  se  consti¬ 
tuaient  ces  grandes  cités  voisines  des  camps  auxquelles 
j  ai  fait  allusion.  Le  commandant  de  la  légion  attribuait 
aux  marchands  et  autres  qui  en  étaient  l’origine  et  les 
premiers  habitants  un  terrain  pris  sur  les  dépendances 
du  camp  légionnaire,  en  ayant  soin  de  le  choisir  à  une 
certaine  distance  de  ce  camp  afin  de  ne  pas  gêner  la 
défense  et  de  réserver  les  servitudes  militaires8. 

On  comprend  aussi  par  là  comment  on  pouvait  concéder 
aux  vétérans,  sans  aucune  difticulté  et  sans  léser  aucun 
habitant  du  pays,  des  terres  à  cultiver  et  des  emplacements 
pour  des  villes.  L  histoire  de  la  légion  d’Afrique  nous 
fournit  à  cet  égard  des  renseignements  très  précis.  Le 
territoire  qui  lui  était  réservé  était  absolument  désert  au 
début  du  ne  siècle,  quand  les  soldats  vinrent  l’occuper; 
il  se  peupla  peu  à  peu  de  cités  dont  quelques-unes  devin¬ 
rent  florissantes  :  Verecunda,  qui  est  toujours  resté  un 
viens  dépendant  de  la  municipalité  de  Lambèse,  Ksar-el- 
Ghennaia,  qui  n’arriva  pas  non  plus  à  une  grande  fortune, 
El-Mader  et  Seriana,  agglomérations  plus  importantes, 
enfin  Zana  ( Diana  veteranorum ),  dont  le  nom  seul 
témoigne  de  la  qualité  des  habitants,  et  qui  atteignit  une 
véritable  prospérité9.  Dans  ces  cités,  certains  monu¬ 
ments  étaient  faits  par  la  légion  même10,  ce  qui  prouve, 
mieux  que  tout,  les  rapports  étroits  qui  les  unissaient  au 
corps  d’armée  sur  le  territoire  duquel  elles  s’élevaient. 

M.  Schulten  admet  que,  même  lorsque  ces  agglomé¬ 
rations  avaient  obtenu  de  la  faveur  impériale  une  admi¬ 
nistration  civile  autonome,  elles  restaient  soumises 
à  la  surveillance  du  commandant  légionnaire11. 

H.  Service  médical  de  la  légion 12.  —  Il  n’y  eut  point 
de  médecine  militaire  organisée  pendant  la  durée  de  la 
République.  Les  consuls,  les  préteurs  ou  même  des 
officiers  moins  élevés  en  grade  emmenaient  avec  eux  des 

1  Schulten,  Las  territorium  legionis  ( Hernies ,  XXIX,  p.  481  et  suiv.). 

—  2  C.  i.  I.  III,  10488.  —  3  lb.  II,  2910  ;  III,  13250;  cf.  Tac.  Ann.  XIII, 

•  —  4  C.  i.  I.  VIII,  4322.  —  6  Tac.  Loc.  cit.  —  o  Ann.  èpigr.  1899, 

194.  "  Schulten,  Loc.  cit.  p.  502.  —  8  Mommsen,  tiennes ,  VII,  p.  305; 

R.  Cagnat,  Armée  d’Afr.  p.  545;  Tac.  Hist.  IV,  22;  Kuzscinsky,  Loc. 
cit.  Kubitschek,  Loc.  cit.  —  9  Sur  tout  ceci  voir  mon  Armée  d’Afr.  p.  482 
et  suiv.  —  10  C.  i.  I.  VIII,  4590  (Zana);  2355  (Timgad).  —  11  Loc.  cit.  p.  502. 

—  i’2  brian,  Luservice  de  santé  militaire  chez  lesBomains,  Paris,  1866;  Id.  L’assis¬ 
tance  médicale  chez  les  Tlomains ,  Paris,  1869;  Gaupp,  Las  Sanitâtswesen  in  den 
Heeren  der  Allen,  Blaubeuren,  1869.  —  13  Plut.  Cat.  min.  70;  Cic.  Ep.  ad  Brutus, 

I,  6,  2;  Suet.  Aug.  11.  —  H  Cic.  Tusc.  II,  16,  38.  —  15  Frôlich,  Las  Kriegwesen 
Caesars,  II,  p.  131  et  suiv.  —  16  Vell.  Il,  114,  1  ;  Tac.  Ann.  I,  65.  —  n  Plin. 
Paneg.  13;  Vit.  Alexandri  n.  —  18  Eph.  epigr.  IV,  p.  530;  C.  i.  I.  III,  3537, 


esclaves,  médecins  ou  chirurgiens13,  qu’ils  aelici 
pour  leurs  usages  personnels  et  qu’ils  prêtaient  r  i"  "1 
de  besoin,  pour  donner  leurs  soins  aux  légion ir 
blessés  ou  malades  u  Les  armées  de  César  n’étaient  '  " 
mieux  organisées  à  cet  égard16.  Sous  l’Empire  seiilrj,^ 
les  choses  changèrent16;  à  partir  de  cette  époque  i] 
avait,  pour  chaque  légion,  un  service  sanitaire  'h’J 
conçu.  Des  médecins  de  corps  étaient  chargés  de  passc 
la  visite  des  malades  dans  les  tentes  et  de  les  y  traiter 
quand  la  maladie  était  légère17  ( medici  ordinarii) ,8  •  \ \s 
accompagnaient  aussi  les  soldats  dans  leurs  marches  et 
leurs  expéditions  pour  donner  leurs  premiers  soins  aux 
malades  et  aux  blessés  10.  Lorsque  la  maladie  était  .rrave 
on  transportait  les  hommes  dans  l’hôpital  légionnaire 
( valetudinarium )20  qui  était  sous  les  ordres  du  préfet 
du  camp21  qui  avait  ses  administrateurs  particuliers 
[optio  valet udinarii)**,  ses  médecins  distincts  ( medicus 
castrensis )23  et  ses  infirmiers  {qui  aegris  praesto  sunt)u 
Les  blessés  qu’on  laissait  en  arrière  dans  un  hôpital 
étaient  rangés,  comme  tous  les  soldats  détachés,  sous  un 
vexillum 25. 


Des  médecins,  il  convient  de  rapprocher  les  vétéri¬ 
naires,  chargés  de  soigner  les  bêtes  de  somme,  parti¬ 
culièrement  les  chevaux  [veterinarium]26. 

I.  Occupations  des  légions  en  temps  de  paix.  — 
D’après  les  principes  des  généraux  romains,  qui  sont 
ceux  de  tous  les  hommes  de  guerre,  un  soldat  doit  tou¬ 
jours  s’exercer  s’il  veut  rester  à  la  hauteur  de  sa  tâche. 
«  Un  bon  soldat  qui  ne  s’exerce  plus,  dit  Yégèce,  quelque 
âge  qu’il  ait,  reste  toujours  un  conscrit27.  »  Soit  en  pré¬ 
sence  de  l’ennemi,  soit  en  temps  de  paix,  le  légionnaire 
était  soumis  à  des  travaux  réguliers28.  Outre  les  exer¬ 
cices  imposés  aux  recrues,  il  faut  citer:  les  marches 
( ambulatio )  et  promenades  qui  se  répétaient  trois  fois 
par  mois  :  les  fantassins  parcouraient  dix  milles 
(15  kilom.)  au  pas  militaire,  avec  armes  et  bagages29; 
les  manœuvres  [decursio 30,  exercitatio  31)  ;les  travaux  de 
fortification  et  de  terrassement 32  ;  le  saut 33,  la  nage  3\  etc. 
Les  grands  chefs  militaires  de  la  République  s’intéres¬ 
saient  tout  particulièrement  à  ces  exercices35  et  certains 
empereurs  y  apportèrent  toute  leur  attention.  On  sait  que 
Hadrien,  dans  son  voyage  en  Afrique,  fit  évoluer  devant 
lui  les  fantassins  et  les  cavaliers  de  la  légion  IIIe  Auguste, 
et  leur  adressa,  à  la  suite  de  ces  manœuvres,  un  ordre  du 
jour  qui  nous  a  été  conservé  en  partie  3G. 

Mais,  de  plus,  afin  de  fournir  à  l’activité  des  légion¬ 
naires  des  occupations  que  les  exercices  même  répétés 
n’auraient  pas  suffi  à  leur  procurer,  l’autorité  ne  se 
faisait  pas  faute  d’employer  les  hommes  à  des  travaux 
intéressant  les  provinces,  qu’ils  eussent  ou  non  un  but 
militaire.  En  567  de  Itome,  le  consul  Flaminius  fit  tracer 
par  ses  troupes  la  route  de  Bologne  à  Arretium37  ;  Scipion 
Nasica  occupa  ses  soldats  à  construire  des  navires,  «  bien 

4279,  5959;  V,  4367;  VIII,  2872,  2874,  2951;  Bramb.  H27;  C.  i.  gr.  4766,  50!’S'i 
—  19  C.  i.  I.  III,  7449.  — 20  Lig.  L,  6,  7;  Veget.  II,  10;  Ilygiu.  Lemun.cast.  , 
Bramb.  462.  —  21  Veget.  II,  10.  —  22  C.  i.  I.  VIII,  2553,  2563;  IX,  1617  I 
462;  Lig.  loc.  cit.  —  23  Allmer,  Inscr.  de  Lyon,  I,  p.  437  et  suiv.  ;  Brian,  Op. 
p.  28  et  s.  —  24  Lig.  Loc.  cit.  — 23  Cacs.  Bel.  gai.  VI,  36  et  40.  '  !(’ || 

mun.  cast.  4;  Lig.  L,  6,  7  ;  C.  i.  I.  V,  2183  ;  C.  i.  gr.  1953,  5117.  7  lu| 

23.  — 28  Polyb.  X,  20,  1  et  s.  ;  Joseph.  Bel.  Jud.  III,  5,  1  ;  Senec.  Epist •  ,s 
ad  Martyr.  3  ;  Onosand.  Strat.  9,  10  ;  Léo,  Tact.  7.  —  29  Veget.  I,  27.  —  30  ^  ^ 

35;  XXVI,  51  ;  Veget.  III,  4;  Suet.  Ner.  7.  —  31  C.  i.  I.  VIII,  18242  ;  Bull-  ar^ 
du  Comité  (extrait  des  procès-verbaux,  1899,  p.  H).  —  32  Senec.  Epist .  Ç ’•  _ 

lull.  ad  Mari.  3  ;  C.  i.  I.  VIII,  18242.  —  33  Veget.  I,  9;  II,  23  ;  III,  V  -  ' ^  ^ 
C.  i.  I.  III,  3076.  —  35  Polyb.  X,  20.  —  36  C.  i.  I.  VIII,  18242.  -  ; 

XXXIX,  2. 


LEG 


—  1063  — 


LEG 


I  v  '  U  aucun  besoin  d  une  flotte  et  simplement  pour 
qUlh|'.U  l’oisiveté  de  corrompre  les  mœurs1  »  ;  Marius 
Cmpr'  Jereuser  le  canal  du  Rhône2  et  Sylla  détourner 
fit  anlj’l  .,e  3 .  eésar  ordonna  à  une  de  ses  légions  de  relier 
16 Cl  ||'l! 'muraille fortifiée  le  Jura  au  lac  de  Genève4.  Sous 
par  U.^iereurS)  les  mêmes  traditions  se  perpétuèrent  et 
déci(ià  que  les  troupes  pouvaient  être  employées 
à  des  travaux  publics3,  mais  non  à  des  entreprises 


6  Qrâce  aux  inscriptions,  nous  connaissons  un 
grand  nombre  de  ces  constructions  militaires  7. 


privées 


^Établissement  de  routes  stratégiques  8  :  en  Dalmatie 
(route  de  Salone  à  Andetrium  tracée  par  la  VIIe  légion) 9  ; 

'  en  Pannonie  (route  d’Aquincum  10  à  Mursa  tracée  par 
la  légion  //°  Adjutrix )  ;  én  Syrie  (voie  établie  par  la 
lésion  IIP  Gallica) 11  ;  en  Afrique  (route  de  Carthage  à 
Theveste  établie  par  la  légion  IIP  Augusta 12  ;  route  de 
Theveste  à  Tacape  faite  dans  les  mêmes  conditions13; 
voie  stratégique  à  travers  l’Aurès  ouverte  par  un  déta¬ 
chement  de  la  légion  VP  Fer  rata)  14  [via]. 

b)  Ponts  sur  ces  routes  :  à  Nauportus,  en  l’an  14 13  ;  à 
Chemtou,  sous  Trajan  10. 

c)  Tunnels  :  le  grand  tunnel  de  Séleucie  de  Piérie11. 

d)  Citernes  sur  les  routes  :  les  réservoirs  de  la  route  de 
Coptos  à  la  mer  Rouge,  pour  la  construction  desquels 
128  hommes  des  légions  IIP  Cyrenaica  et  XXIIe  Dejo- 
tariana  furent  détachés18. 

t  e )  Camps,  places  fortes  :  en  Bretagne,  sur  lé  vallum 
d’Hadrien  19  et  sur  celui  d’Antonin  le  Pieux20  [vallum]; 
en  Germanie,  sur  le  limes  du  Rhin  [limes]  21  ;  en  Illyri- 
cum  sur  le  Danube22  ;  en  Afrique,  au  camp  central  de 
Lambèse23  et  à  la  frontière  même  la  plus  extrême  de  la 
province24;  en  Asie  jusque  dans  les  pays  situés  en  dehors 
de  la  domination  romaine  immédiate  23 . 


Mais  les  légions  n’étaient  pas  seulement  occupées  à  des 
travaux  d’intérêt  défensif  ou  stratégique  ;  pour  ne  pas 
laisser  les  hommes  inactifs  ou  pour  venir  en  aide  aux 
provinces,  on  les  employait  à  élever  des  édifices  de  toutes 
sortes:  elles  traçaient  le  plan  de  colonies  et  en  bâtissaient 
les  grands  monuments,  les  villes  de  Timgad  en  Afrique20 
et  de  Sarmizegetusa  en  Dacie 21  ont  été  créées  de  la  sorte  ; 
elles  construisaient  des  temples28,  des  amphithéâtres29, 
des  aqueducs  et  des  fontaines 30  ;  elles  étaient  employées 
à  1  exploitation  des  mines31,  etc. 

Rmn  ne  permet,  d’ailleurs,  d’affirmer  que,  en  pareil 
cas,  les  légionnaires  aient  fait  vraiment  l’office  d’ouvriers. 

0llt  iK" ,J<!  71  croire,  au  contraire,  qu’il  n’en  était  ainsi 
qUe  1  ennemi  et  pour  des  travaux  militaires 

urb'  u's.  I  our  lesautres,  ils  jouaient  plutôt  le  rôle  de  nos 
sJqUeui*  0U  conducteurs  du  génie  et  des  ponts  etchaus- 
sohï't  T  ®rosses  kes°gnes  étaient  laissées  soit  aux 
gens1  î  eS  C0^0I^es  auxiliaires,  soit  aux  esclaves  et  aux 
1 11  Pays  mis  en  réquisition.  La  preuve  en  est  fournie 


^  Froutin.  Sh'nl  iv  •  .y 

Bell.  r/al.  I  s  r*  r  ■  ’  1  2  Mar.  J5.  —  3  Id.  Syl.  16.  —  4  Caes. 

-  7  W.  Harster  *6’  12,  §  ' ;  cf’  16’  7-  §  i-  -  6  Cf.  Liv.  Epit.  II. 

Spcier,  U73,  _  s  gj*  "")en  der  rôm.  Soldaten  zum  ôffentlichen  Nutsen , 
inscr.  ht.  m  3200°'  ^C1  '  ^C^er  ^îe  dleerstrassen  der  rôm.  Ileichs.  —  9  Corp. 
et  suiv.  1  13’  ~  °  Ibid-  3708.  —  11  Ibid.  20S.  —  12  Ibid.  VIII,  10048 

-  16  C.  1.7.  y IIImoii7°018’  10023  •  ~  14  nid.  10230.  —  15  Tac.  Ann.  I,  20. 

6015.  —  Ig  yj  i|  '  11  ^a<ldmgton,  Inscr.  de  Syrie,  2714,  2717  ;  C.  i.  I. 

()-3  (Pfocolitia).  __  20// w”"  ~~  19  ^ai*  exemP^e  g  ^  VII,  401  (Uxelloduiium), 
fortins  de  ce  limes  c  •  .  ‘  (Netherby),  1117  (Auchindavy).  —  21  Voir  sur  les 
^alt  et  le  travail  inlHul  '.°/ *  ^  ^  ou  entretenus  par  des  légions,  le  Limes- 
~  22  C.  i.  /,  ]| [^  f  ei  ® berffer>nanisch-Iiaetische  Limes  des  Rômerreiches . 

Mxlth •  VI  (1882,  ’  ■  ’  1980’  G324>  «55,  4659,  4660,  4661,  6000;  Arch.  epiqr. 

2572.  2652,  2054;cPf  n  ’  90  ;  X  (188Gh  P-  <2  et  suiv.  -  23  C.  i.  I.  VIII,  2532, 

agnat,  Année  d  Afr.  p.  431  et  suiv.  —  21  C.  i.  I.  VIII,  3  et  4 


par  la  part  faite,  dans  les  inscriptions  mentionnant  les 
travaux,  aux  légionnaires  et  aux  soldats  auxiliaires  :  le 
nombre  des  premiers  est  tout  à  fait  minime  à  côté  de 
celui  des  seconds.  Ainsi,  pour  construire  les  citernes  sur 
la  voie  de  Coptos  à  la  mer  Rouge,  on  détacha  128  hommes 
sur  les  10  ou  12  000  que  comptaient  les  deux  légions 
d’Égypte,  et  1273  sur  les  7  ou  8  000  que  comportaient 
les  ailes  et  les  cohortes  du  pays32. 

On  peut  juger  du  nombre  de  ces  constructions  mili¬ 
taires  par  celui  des  tuiles  et  briques  estampillées  que  l’on 
a  recueillies  dans  toutes  les  parties  du  monde  romain  [fig- 
linum  opus,  p.  1120],  Comme  les  légions  les  faisaient  elles- 
mêmes,  elles  y  inscrivaient,  à  l’exemple  des  industriels, 
leur  nom  et  leur  numéro,  en  les  faisant  suivre  quelquefois 
d’indications  secondaires  et  de  la  désignation  du  spécia¬ 
liste  attaché  à  la  fabrication33.  Par  cela  même,  ces  monu¬ 
ments  sont  fort  importants,  puisque  leur  présence  sur  un 
point  du  monde  romain  permet  de  conclure  à  celle  d’une 
légion,  ou,  tout  au  moins,  d’un  détachement  légionnaire 
à  cet  endroit 34. 

L’officier  chargé  de  surveiller  l’atelier  des  briques  était 
Yoptio  navaliorum ,  cité  plus  haut35. 

J.  La  discipline  dans  la  légion.  —  Pour  maintenir  la 
discipline  dans  une  armée,  il  faut  des  punitions  et  des 
récompenses.  Chez  les  Romains,  les  unes-et  les  autres  ont 
toujours  été  les  mêmes,  à  peu  près,  sous  la  République 
aussi  bien  que  sous  l’Empire.  C’était  aux  tribuns  qu'il 
appartenait  de  se  prononcer  sur  les  cas  les  moins  graves  30  ; 
ceux  qui  entraînaient  la  peine  capitale  revenaient  aux 
généraux  37  ;  ils  avaient  aussi  à  informer  sur  les  délits 
commis  par  les  officiers38.  Les  punitions  infligées  aux 
légionnaires  étaient  la  privation  de  solde  ;  la  dégradation  ; 
le  renvoi  de  l’armée;  les  peines  ignominieuses;  les  ch⬠
timents  corporels  et  même  la  peine  de  mort.  Tout  cela 
sera  étudié  à  l’article  poenae  militum. 

Les  récompenses  se  composaient  d'avantages  pécu¬ 
niaires,  augmentation  de  solde  39  ou  gratifications 
[donativa]  ;  de  décorations  pour  les  officiers  comme  pour 
les  soldats  [dona  militaria]. 

Il  y  avait  aussi,  pour  soutenir  les  légionnaires  dans 
l’accomplissement,  de  leur  tâche  de  chaque  jour,  l’espoir 
de  la  retraite.  D’après  les  règlements  d’Auguste,  celle-ci 
consistait  dans  une  somme  d’argent  payée  une  fois  pour 
toutes  à  ceux  qui  étaient  honorés  de  Yhonesta  missio 
[missio].  Nous  en  avons  parlé  brièvement  plus  haut. 

K.  État  civil  des  légionnaires.  —  La  création  de  l’ar¬ 
mée  permanente  qui  obligeait  les  légionnaires  à  rester 
au  service  de  dix-sept  ans  à  quarante  ans  pour  le  moins 
devait  entraîner,  sous  le  rapport  de  leur  état  civil,  de 
graves  modifications.  Si  le  soldat  était  marié  avant  d’en¬ 
trer  dans  l’armée,  il  pouvait  garder  sa  femme40,  sauf  à 
ne  pas  vivre  avec  elle,  mais  aussi  il  lui  était  loisible  de 


(Boudjem);  10990  (Ghadamès).  —  25  Ibid.  III,  6052  (Arménie).  —  26  Ibid.  VIII, 
2  3  5  5.  —  27  Ibid.  III,  1443.  —  28  Ibid.  VIII,  2579  ,  2630  ,  2654,  2671.  —  29  Tac. 
Eût.  II,  26;  C.  i.  I.  VIII,  2488.  —  30  Ibid.  2572,  2657,  2658.  —  31  Ch.  Robert, 
Inscript,  laissées  dans  une  carrière  de  la  Haute-Moselle  par  les  légions  romaines 
(Mélanges  Graux,  p.  329  et  suiv.);  Ann.  épigr.  1889,  182;  Arch.  epigr.  Mitth. 
IX.  —  32  c.  i.  I.  III,  p.  1210.  —  33  Voir,  par  exemple,  pour  la  Pannonie,  Ib.  III, 
p.  578  ;  pour  l’Afrique,  R.  Cagnat,  Armée  d’Afr.  p.  432  (pi.).  Sur  plusieurs  briques 
trouvées  en  Pannonie,  on  lit  le  nom  des  Figlinae  Vensianae  legljonis )  I  Noricorum 
(C.  i.  I.  RI,  6489).  —  34  Voir  mon  Manuel  d'épigraphie,  p.  309  et  suiv.  —  3S  Sur 
le  sens  de  navale  (fabrique  de  tuiles),  cf.  Mommsen,  C.  i.  I.  III,  11382.  —  36  polyb. 
VI,  37;  Liv.  XXVIII,  24;  Dig.  XLIX,  10,  12,  §  2;  Veget.  II,  7.  —  37  Dionys.  XI, 
43;  Dio.  LU,  22.  —  38  Florus,  I,  18;  Val.  Max.  II,  7,  4  et  8;  Dio.  LU,  22; 
Suet.  Tib.  30.  —  39  Voir  plus  haut,  p.  1058.  —  40  Dig.  XXIV,  1,  32,  §  8  ; 
XLIX,  176  et  8. 


leg 


—  1064  — 


LEG 


divorcer.  «  Il  arrive  souvent,  lit-on  au  Digeste1,  que 
pour  cause  de  service  militaire,  le  mariage  ne  peut  être 
utilement  maintenu ,  en  ce  cas,  bona  gratia  dissolvitur  ». 
S'il  n’était  point  marié  avant  son  enrôlement,  il  lui  était 
interdit  de  le  faire  pendant  son  service  2.  C'est  ce  que 
certains  textes  prouvent  surabondamment  3,  en  parti¬ 
culier  une  lettre  du  préfet  d'Égypte  Lupus  en  116/117 
011  011  lit  en  toutes  lettres  :  CG  yàp  ’ÉÇEffTtv  <rrpauu)T7]v  yagstv 
Si  donc  il  leur  plaisait  de  s’unir  à  des  femmes  pendant 
le  temps  qu  ils  passaient  a  1  armée,  cette  union,  con¬ 
tractée  en  dehors  de  la  loi,  n’avait  pas  le  caractère  d’un 
justum  matrimonium ,  d’un  conubium  ;  la  femme  n’était 
en  droit  qu'une  concubine  et  les  enfants  que  des  enfants 
dlégitimes.  Mais  comme  ces  fds  de  soldats,  ces  enfants  de 
troupe,  pouvaient  fournir  à  la  légion  d'excellentes 
recrues,  imbues  par  tradition  de  l’esprit  militaire,  l’em¬ 
pereur  avait  trouvé  moyen  d’effacer  à  peu  près  pour  eux 

I  inconvénient  qui  résultait  de  leur  naissance,  lorsqu’il 
les  employait  a  son  service.  Il  leur  donnait,  lors  de  leur 
entrée  dans  la  légion  qui  leur  conférait  le  droit  de  cité 
[dilectus],  non  pas  son  gentilice,  mais  celui  de  leur  père, 
a\ec  le  prénom  paternel  :  pourtant  la  faveur  impériale 
n  allait  pas  jusqu  à  les  autoriser  à  faire  suivre  leur  nom 
de  la  tribu  paternelle,  ce  qui  les  aurait  assimilés  entière¬ 
ment  à  des  enfants  légitimes.  Ils  n'étaient  pas  davantage 
inscrits  dans  la  tribu  de  l’empereur,  sous  qui  ils  prenaient 
place  dans  la  légion,  mais  bien  dans  la  tribu  Pollia,  dont 
le  nom,  de  bon  augure  par  sa  racine  même,  semblait  pro¬ 
mettre  à  ceux  qui  y  figuraient  la  force  et  le  courage  5. 

II  y  avait  donc,  en  somme,  entre  la  loi  et  la  pratique 
une  sorte  de  désaccord,  les  empereurs  faisant  tout  ce  qui 
était  en  leur  pouvoir  pour  créer  une  famille  au  légion¬ 
naire,  sans  modifier  les  règlements  militaires  qui  le 
défendaient.  L  empereur  Septime  Sévère  poussa  plus  loin 
encore  la  tolérance  :  d’après  Hérodien  6,  il  autorisa  les 
légionnaires  à  habiter  avec  leurs  femmes.  La  réforme  fut 
capitale  :  elle  modifia  entièrement  la  vie  des  soldats.  Le 
camp  cessa  d’être  pour  eux  une  cité  commune  où  la  plus 
grande  partie  de  leur  vie  se  passait  ;  il  devint  simplement 
un  lieu  d’exercices  où  ils  se  retrouvaient  quelques  heures 
par  jour.  Leur  demeure  véritable  se  transporta  dans  la 
ville  voisine  où  ils  retrouvèrent  femme  et  enfants  7.  Le 
service  légionnaire  se  change  dès  lors  en  une  sorte  de 
milice  territoriale.  Cette  tolérance  devait  amener  un  rema¬ 
niement  dans  l'état  civil  du  légionnaire;  on  croit  qu’elle 
se  produisit  au  ive  siècle8. 

La  défense  de  contracter  mariage  ne  pouvait  s’appli¬ 
quer  aux  officiers  supérieurs,  légats  ou  tribuns,  qui 
appartenaient  à  l’ordre  sénatorial  ou  à  l’ordre  équestre  9. 
Pour  les  officiers  inférieurs  et  les  sous-officiers,  la  solu¬ 
tion  est  beaucoup  moins  claire.  J’ai  émis,  ailleurs, 

1  opinion  qu  ils  étaient  soumis  à  la  condition  des  soldats  10. 

M.  P.  Meyer11  est  d'un  avis  contraire.  Pour  lui,  les  offi¬ 


ciers,  comme  les  centurions  et  les  évocats  m  ■ 
de  Septime  Sévère,  avaient  rang  équestre ’  * 
contracter  mariage  au  service.  Quant  aux  n  ?°UVaien‘ 
la  même  facilité  leur  aurait  été  donnée  -  [\  Tjal^ 
comme  preuve  le  fait  que,  suivant  Végèce12  1  “  °l'rnil 


cipales  privilegiis 


muniuntur  »  et  la  façon  dont  • 


rédigées  les  épitaphes  de  ces  sous-officiers 


(la  fem 


prin. 

sont 


s’y  appelle  conjux ,  les  enfants  portent  le 
pere)  Mais  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  argume”,,  4 
semble  probant14.  °  n  s  ne  me 

L.  L’épargne  des  légionnaires  et  les  collée, es  mi);,  ■ 

-  Ce  serait  une  erreur  que  de  considérer  tous  les  J/*’ 
narres,  même  les  simples  soldats,  comme  réduits 
solde.  Ils  avaient  le  droit  de  posséder  et  quell  ^ 
en  usaient  largement.  Les  codes  contiennent  toute  , 
sérié  de  dispositions  relatives  cà  leur  avoir  à  ce  U"e 
appelait  leur  peculium  castrense.  Celui-ci  se  composa! 
d  abord  des  sommes  d’argent  qu’ils  tenaient  de  leur  fa 
nulle  «  quod proficiscenti  ad  militiam  datur 18,  guodarm 
rentibus  vel  cognatis  in  militia  agenti  donatum  est 16  »  •  i 
a  cela  s  ajoutaient  les  héritages  qu’ils  recueillaient  de 
leurs  compagnons  d’armes  et  dont  les  inscriptions  nous 
parlent  pus  dune  fois17,  le  produit  de  la  solde  et  sur¬ 
tout  les  libéralités  impériales  (, donativa ).  Cette  petite 
fortune  était  reconnue  par  la  loi  et  protégée:  le  1(~ 
naire  en  disposait  librement,  même  lorsqu’il  était  en 
puissance  paternelle  [peculium  castrensej. 

Elle  lui  servait  en  partie  à  s’assurer  certaines  aises,  i 
en  particulier  à  acheter  et  à  entretenir  auprès  d’eux  des 
esclaves  hommes  ou  femmes  18,  sur  qui  ils  se  déchar¬ 
geaient  de  toutes  les  besognes  serviles,  du  soin  des 
bagages  10  et  de  celui  des  armes20. 

Mais  d’autres  notaient  point  aussi  fortunés;  pour 
eux  l’argent  que  leur  donnait  l’État  formait  leur  seul 
avoir,  jusqu’au  jour  où  ils  touchaient  leur  prime  de 
retraite.  Or  tous  n’étaient  point  assurés  d’y  arriver:  les 
maladies,  les  accidents  pouvaient  les  arrêter.  L’État 
avait  donc  dû  envisager  le  cas  où  le  légionnaire  serait 
obligé  de  quitter  l’armée  avant  sa  libération.  De  là  des 
mesures  de  prévoyance  dont  Végèce  nous  a  conservé  le 
souvenir-1.  Il  nous  apprend  que,  pour  empêcher  les 
hommes  de  dépenser  tout  l’argent  qu’ils  recevaient,  pour 
les  obliger  a  1  économie,  on  faisait  sur  les  donativa  des 
retenues  qu  on  mettait  en  dépôt  au  nom  de  chaque  I 
légionnaire,  entre  les  mains  des  signiferi  et  sous  la 
protection  des  enseignes.  La  retenue  était  égale  à  la 
moitié  du  donativum.  Cette  réserve  était  rendue  aux 
intéressés,  une  fois  le  service  achevé;  elle  pouvait  s’éle¬ 
ver  assez  haut,  puisque  Domitien,  craignant  de  voir  se 
former  ainsi  un  trésor  de  guerre  à  la  disposition  dun 
chef  ambitieux  et  infidèle  au  souverain,  limita  à  1000  de-  j 
niers  la  somme  que  chaque  soldat  pouvait  déposer  - • 
Quand  il  mourait  au  service,  le  dépôt,  faisant  partie  du 


1  Ibid.  XXIV,  1,  60  et  suiv.  —  2  Mommsen  C.  i.  I.  III,  p.  903  et  suiv.  ;  p.  2011 
et  suiv.  ;  Wilmanns,  Étude  sur  le  camp  et  la  ville  de  Lambèse,  p.  21  ;  Mispoulet,  Iiev. 
de  philologie,  1884,  p.  I13et  suiv.;  R.  Gagnai,  Armée  d' Afrique,  p.  441  et  suiv.  ; 
P.  Meyer,  Ber  rôm.  Konkubinat ,  p.  100  et  suiv.  —  3  Tac.  Ann.  XIV,  27;  Dio, 
LX,  24;  Tertull.  /Je  exhortatione  castitatis,  12;  Brunns,  Fontes  (6e  édit.),  p.  381. 

—  4  Wilcken,  Griech.  Urkunden  aus  Museen  zu  Berlin,  114.  —  3  Pour  tout  ceci, 
voir  Mommsen,  Hernies,  1884,  p.  11  ;  C.i.  I.  III.  p.  1212;  Wilmanns ,Op.  cit.  p.  23 
et  suiv.  ;  R.  Cagnat,  Op.cit.  p.  368  ;  P.  Meyer,  Op.  cit.  p.  111.—  6  Ilerod.  III,  8. 

—  7  Wilmanns,  Loc.  cit.  ;  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  431  el  suiv.  -  8  Cod.  Theod.  VII, 
1,  3;  13,  6;  Cod.  Just.  II,  32,  2;  V,  4,  21  ;  C.  i.  I.  III,  p.  909,  note  I  ;  P.  Meyer,  Op. 
cit.  p.  123  et  note  248.  —  9  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  441.  —  10  Op.  cit.  p.  444. 
C'est  aussi  l'avis  de  M.  0.  Secck,  Ber  Untergang  der  antiken  Wclt,  1893,  p.  533 


et  suiv.  —  il  Op.  cit.  p.  103  et  suiv.  —  12  Veget.  II,  7.  —  13  C.i.  1  VIH.  25i8, 
275a,  2798,  2862,  3324,  3325,  etc.  —  1 4  Je  n’insiste  pas  sur  le  premier,  dont  I® 
peu  de  solidité  est  évidente.  Pour  infirmer  le  second,  il  suffit  de  faire  remarquer 
que  sur  quantité  de  tonifies  de  simples  soldats,  la  femme  est  appelée  C0"./IU'  ' 
fils  porte  le  gentilice  du  père  et,  lorsque  la  mère  est  seule  nommée,  il  ne  pe,l:  I1 
son  gentilice,  ce  qui  caractérise  les  enfants  naturels.  En  conclura- t-on  que  les  k  g011 
naires  ont  eu  le  droit  de  se  marier  au  service  ?  — 15  Paul..Se»f.  III,  4,§  3-  — 

XI. IX,  17,  11.  1.  Juv.  Sut.  XVI,  51  et  suiv.  ;  Biq.  loc.  cit.  —  18  Veget.  I  [ 

Big.  XLIX,  G;  Cod.  Theod.  VII,  I,  3;  C.  i.  I.  III,  P-  989:  X-  60  , 
—  lJ  Veget.  III,  G.  —  20  On  appelait  galearii  les  valets  qui  /'  [  ^ 
dans  les  marches  le  casque  de  leur  maître.  —  21  Veget.  II,  20.  —  22 
Domit .  7. 


LEG 


1065  — 


LEG 


castrense ,  passait  à  son  père 1  ou  aux  héritiers 


pl!CU  '  1  institués  par  testament2 


ix  soldats  de  former  des  colleges  dans  le  camp  %  ce  qui 
■comprend  aisément  :  le  contraire  eût  été  incompatible 
^ec  les  règles  les  plus  élémentaires  de  la  discipline  ;  ils 


uliuni 

?U Celte  caisse  n’était  pas  la  seule.  Il  en  existait  une  autre, 
I  .  ,  .  r.rnrnrer  une  sépulture  honorable  aux  soldats 

destmee  a  pi  urux  ci  *  .  , 

■p  au  service.  «  Dans  cette  caisse,  dit  Vegece  3,  tous 
^^légionnaires  mettaient  quelque  argent,  de  façon  que 
.  j,un  (|e  ieurs  camarades  venait  à  mourir  on  trouvât  là 
d  uoi  faire  face  aux  dépenses  de  sa  sépulture.  »  C’est 
une  organisation  qui  rappelle  celle  des  collèges  funéraires. 

Elle  se  comprend  d’autant  mieux  que  la  loi  interdisait 
aux  soldats  de  former  des  collèges  dans  le  camp  4,  ce  qui 

[se 

avec  Mi  *  -  * 

„„  r„_vaient  donc  pas',  comme  le  plus  humble  des  habi¬ 
tants  de  l’Empire,  prendre  les  mesures  nécessaires  pour 
s’assurer  à  peu  de  frais  une  sépulture  honorable.  L’État, 
pour  y  remédier,  avait  fait  des  légions  autant  de  sociétés 
d’assurances  en  cas  de  décès. 

11  n’en  était  pas  de  même  des  sous-officiers.  Ceux-ci, 
du  moins  à  partir  de  Septime  Sévère,  se  constituèrent 
directement  en  associations,  en  cercles  5.  Nous  avons 
conservé  le  souvenir  d’une  vingtaine  de  ces  associations  6, 
et,  ce  qui  est  mieux,  le  règlement  d’un  certain  nombre 
1  d’entre  elles1.  Nous  y  voyons  que,  à  son  entrée  dans  le 
:  collège,  chaque  membre  doit  verser  entre  les  mains  du 
trésorier  une  certaine  somme  ( scamnarium )  qui  donne 
droit  de  prendre  place  sur  les  bancs  delà  société,  soit  qu’il 
la  payât  en  une  fois,  soit  plutôt  qu’elle  fût  répartie  en 
une  série  de  contributions  mensuelles.  Avec  les  fonds 
ainsi  réunis,  le  collège  assurait  aux  participants  certaines 
primes.  Ainsi,  chez  les  cornicines  de  Lambèse  8,  l’associé 
promu  à  un  grade  supérieur  dans  la  légion  avait  droit  à 
500  deniers;  celui  qui  passait  dans  une  autre  légion 
recevait  la  même  somme  augmentée  de  frais  de  voyage  ; 
les  vétérans  touchaient  aussi  500  deniers,  tandis  que 
ceux  qui  quittaient  le  service  par  punition  n’avaient 
dmit  qu  à  250  deniers  ;  enfin  celui  qui  mourait  au  service 
était  enterré  aux  frais  de  la  caisse,  qui  versait  500  de¬ 
niers  entre  les  mains  de  l’héritier  ou  du  procurateur  du 
efunt.  Dans  tous  les  cas,  la  prime  donnée  à  la  sortie  du 
c°  ège  ( anularium )  était  inférieure  à  la  somme  versée  à 
enliu  par  les  intéressés.  J’ai  montré  longuement 
6U1S’  alH4‘sM-  Boissier,  que  les  collèges  avaient  comme 
u  principal  d  assurer  la  sépulture  à  leurs  membres. 

.  u  1  sous-officier  mourait  au  service,  la  prime  ser- 
S^>U^Ure  ’  ma*s’  comme  la  plupart  du  temps  il 
,ai  a  soc*^  au  bout  de  quelques  années  ;  comme, 
fruit  d  Ü  ne  Allait  pas  qu’il  perdit,  pour  cela,  le 

luive,.:r;ilCe  fait  en  vue  de  sassurer  une  tombe,  on 

droit  s’il*  'u  ■  S°n  '  ^vard’  lu  somme  à  laquelle  il  aurait  eu 
chose  qu  moi  t  ’  a*nsL  «  l 'anularium  n’était  autre 
du’un  an!  6  *X  de  séPuEure  payé  d’avance  à  quel¬ 
le  sommT  r°U.^  pas  l  attendre  sur  place10  ».  Avec 
collège  pr.ii'  assurase  disait  inscrire  dans  un  nouveau 

collège  dp  C  6  SOus'°f6ciers  s’il  restait  au  service 
se  ue  vétérans 

cette  mise  de 


1  Dit 


s  il  avait  atteint  la  limite  de  temps 
fonds  qu  il  avait  faite  lors  de  sa  récep 

"  •  XLlx,  i7  » 

!T'S  do  Genève  (Nicole  m"  Ib>d'  2°'  ~  3  Loc-  cit-  •  cf-  aussi  un  Pa 
r°  !)-  -  *  Dig;  XJ  vn  r1’  Archives  Maires  du  1™  siècle,  recto 
!’•  a>  et  02;  R.  *•  —  5  Boissier,  Rev.  arch.  1872  (XXUI) 

sch>chte  und  0  *  ‘  ’  A^née  d' Afrique,  p.  457  et  suiv.;  Liehenam,  Zu 
Wa"||  --  '  '  e*  rom-  Vereinswesens,  Leipzig,  1890,  p.  297  c 

s,n  les  corporations  professionnelles  chez  le 
p.  308.  —  g  R.  Gagnai,  Op.  cit.  p.  4G3  et  suiv. 


"'•5  Wali2ino.  fi.  j  y 1 

Romn°’  ^C?mî!tor-  SHr  les 


tion  dans  une  première  association,  augmentée  de  sous¬ 
criptions  supplémentaires  à  mesure  qu’il  montait  en 
grade,  le  suivait  sans  aucun  risque  pendant  toute  sa 
carrière.  De  la  sorte,  il  assurait  sa  sépulture  presque  en 
entrant  au  corps  etse  gardait  contre  tous  les  accidents  pos¬ 
sibles.  D’autre  part,  ces  collèges  ne  pouvaient  pas  avoir  un 
caractère  aussi  exclusif  que  les  collèges  funéraires  ordi¬ 
naires  ;  ils  mettaient  aussi  les  membres  à  même  de  faire 
face  à  certaines  dépenses  attachées  à  la  carrière  des  sous- 
officiers,  par  exemple  les  changements  de  garnison. 

Le  surplus  de  l’avoir  du  collège  servait  à  pourvoir  aux 
dépenses  et  aux  fêtes  de  l’association. 

Il  est  remarquable  que  le  lieu  de  réunion  de  ces  asso¬ 
ciations  était  le  camp  lui-même  et  que  leurs  salles  de 
cercles  ont  été  retrouvées  dans  la  partie  postérieure  du 
praetoriumil .  Ils  recevaient  donc  de  l’autorité  impériale 
un  accueil  bienveillant;  on  faisait  plus  que  les  tolérer, 
on  les  encourageait  et  on  les  protégeait. 

Ainsi,  qu’il  s’agit  de  simples  soldats  ou  de  sous-offi¬ 
ciers,  l’autorité  faisait  en  sorte  que  les  légionnaires 
pussent  s’assurer  un  tombeau  honorable,  par  des  moyens 
très  semblables.  Grâce  à  la  caisse  de  sépulture  légion¬ 
naire,  les  simples  soldats  étaient  certains  d’être  enterrés 
avec  les  égards  convenables;  grâce  à  la  retenue  sur  les 
donativa ,  ils  avaient  de  quoi  se  faire  inscrire,  à  leur 
libération,  dans  un  collège  funéraire  civil,  et  grâce  aux 
associations  de  sous-officiers,  ceux-ci  pouvaient  envisager, 
sans  crainte,  soit  la  fin  de  leur  service,  soit  même  les 
hasards  de  l’existence  militaire. 

M.  Culte  des  légions.  —  Le  principe  qui  faisait  de  la 
légion  un  ensemble  complet  et  qui  l’avait  pourvue  de  tout 
ce  qui  lui  était  nécessaire  s’appliquait  aussi  à  la  religion  ; 
elle  transportait  son  culte  avec  elle,  comme  elle  transpor¬ 
tait  son  artillerie  ou  ses  ateliers.  Il  fallait  donc  qu’elle 
adorât  des  dieux  mobiles,  ce  qui  était  contraire  àl’essence 
même  de  la  religion  romaine  12,  où  les  dieux  ne  pouvaient 
être  enlevés  ni  déplacés  sans  des  cérémonies  minutieuses. 
De  là  la  nécessité  de  limiter  le  culte  légionnaire  à  un  petit 
nombre  de  divinités,  facilement  transportables. 

Sous  la  République,  d’après  les  recherches  très  intéres¬ 
santes  de  M.  Domaszewski,  ces  divinités  militaires  étaient 
au  nombre  de  cinq.  Au  temps  où  les  anciens  Latins 
représentaient  leurs  dieux  sous  la  forme  d’animaux,  on 
les  avait  assimilées  à  certains  oiseaux  ou  quadrupèdes, 
et,  pour  pouvoir  les  avoir  toujours  avec  eux,  les  légion¬ 
naires  en  avaient  fait  des  enseignes.  Pline  13  nous  apprend 
qu’avant  Marius,  «  crut  aquila  prima  cum  quatuor  aliis  ; 
lupi ,  minotauri ,  equi,  aprique  singulos  ordines  antei- 
bant.  »  Dans  ces  emblèmes,  M.  Domaszewski  a  reconnu 
Jupiter  (aigle),  Mars  (loup),  Quirinus  (sanglier),  —  ces  trois 
divinités  forment  la  triade  primitive  du  culte  romain,  — 
Jupiter  Feretrius  (minotaure),  le  dieu  de  l’offensive,  et 
Jupiter  Stator  (cheval),  le  dieu  de  la  défensive  14.  L’origine 
de  ces  signa  explique  pourquoi,  même  transformés,  ils 
restèrent  toujours  un  objet  de  culte  pour  les  soldats.  Ils 
étaient,  en  effet,  à  l’époque  impériale,  suivant  le  mot  de 
Tacite,  les  propria  legionum  numina 1S.  Qu’il  s’agit  de 

Liebenam,  Loc.  cit.  —  7  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  4G7  et  suiv.  —  8  c.  i. 
I.  Mil,  2557.  —  9  Op.  cit.  p.  471  et  suiv.  —  10  Boissier,  Loc.  cit.  —  il  Besnier, 
Les  scholae  de  sous-officiers  dans  le  camp  romain  de  Lambèse  ( Mélanges  de 
Rome,  XIX).  —  ^  Die  Relir/ion  des  rôm.  Heeres,  Trier,  1895  (Forme  la  première 
partie  du  11e  volume  de  la  Westdeutsche  Zeitschrift).  —  13  Pli,,,  ffist.  nat.  X,  6. 
—  U  Pour  les  preuves,  cf.  Domaszewski,  Op.  cit.  p.  115  et  suiv.  —  15  Tac.  Ann.  Il, 
17. 


LEG 


1066  — 


LEG 


l'aigle,  enseigne  de  toute  la  légion  des  signa  manipu¬ 
lâmes  2  ou  des  animaux  servant  d’emblèmes  aux  diffé¬ 
rentes  légions  3,  la  piété  des  troupes  les  entourait  de  la 

même  vénération.  L'aigle 
lui-même,  au  dire  de 
Dion,  était  porté  au  haut 
d'une  hampe  terminée  en 
pointe  par  le  bas,  dans 
une  sorte  de  châsse  affec¬ 
tant  la  forme  d’un  tem¬ 
ple  (veto;  (juxpdç)  *.  En  ou¬ 
tre,  chaque  camp  avait  sa 
chapelle  des  enseignes  où  l’on  déposait  l’aigle  avec  les 
autres  signa  légionnaires  8. 

On  voit  une  représentation  très  nette  de  ces  édifices  sur 
l'épée  de  Tibère  6  (fig.  4409)  et  sur  un  bas-relief  de  Vimi- 

nacium  (fig.  4410)  7  ; 
on  y  distingue  nette¬ 
ment  au  centre  l’ai¬ 
gle,  et  de  chaque  côté 
les  signa  et  les  em¬ 
blèmes.  Une  pierre 
votive  de  la  légion  Xe 
Gemina  nous  montre 
aussi  un  emblème,  le 
taureau,  dans  une 
édicule  8  (fig.  4411). 
Pareille  place  était  ré¬ 
servée  aux  images  des  empereurs  portés  sur  les  signa 
et  aux  vexilla  des  détachements  9.  C’est  dans  ces  temples 
qu’aux  jours  de  fête  et,  en  particulier,  au  jour  anniver¬ 
saire  de  la  création  de  la 
légion  (natalis  aquilaë) 10, 
on  ; venait  offrir  11  des  sa¬ 
crifices  et  célébrer  les  cé¬ 
rémonies  du  culte.  Nous 
dirons  ailleurs  quels  rap¬ 
ports  unissaient  cette  cha¬ 
pelle  avec  le  quaestorium 
des  camps  [quaestorium]. 

A  côté  desenseignes,  les 
légionnaires  honoraient 
d’un  culte  spécial  l’empe¬ 
reur  et  sa  famille.  En  ex¬ 
pédition  et  dans  les  camps 
de  marche,  les  hommages 
ne  pouvaient  s’adresser 
qu’aux  images  du  prince  représentées  sur  des  médail¬ 
lons  pendus  aux  enseignes  ou  cousues  sur  les  vexilla 
[imago]12  ;  mais  dans  les  camps  permanents  il  en  était 
autrement.  On  élevait  aux  empereurs  des  statues  de 
pierre  ou  de  métal  précieux  et  on  les  disposait  sur  des 
piédestaux  ou  dans  des  édicules,  au  praetorium  ou 

1  Tac.  Ann.  1,  39;  Suet.  Calig.  14;  Plin.  Hist.  nat.  XIII,  23;  C.  i.  I.  Il, 
6183;  III,  7591.  —  2  Tac.  Ann.  I,  39;  Hist.  I,  3G  ;  Hcrod.  IV,  4,  5;  Suet.  Calig. 
14;  Pim.  Hist.  nat.  XIII,  23;  Tcrtul.  Apol.  16;  C.  i.  I.  II,  2552-2556;  III,  3526; 
XIV  .  3608  .  —  3  Arch.  epigr.  Mitth.  XV,  p.  184  et  suiv.  —  l  Dio,  XL,  18. 
—  5  Herod.  IX,  4,  5;  C.  i.  I.  III,  3526  :  excubitorium  ad  tutel(am)  signor(um)  et 
imagm(um)  saerar(um).  —  6  Domaszewski,  Op.  cit.  p.  11.  Voir  celte  épée  à 
gladius,  fig.  3619.  —  7  Arch.  epigr.  Mitth.  XV,  p.  192. —  874, rf.  p.  185. —  9  Suet. 
Cahg.  14;  C.  i.  I.  III,  3526.  —  10  74.  R,  6183.  —  U  Joseph.  Del.  Jud.  VI,  6,  1  ;  Plin. 
Hist.  nat.  XIII,  23.  —  12  Tac.  Hist.  I,  55;  Plut.  Galb.  22.  —  13  Tac.  Ann.  I,  43; 
V, 2;  Suet.  Tib.  48.  —  H  C.  i.  I.  III,  1371,  5G54,  5906,  5912,  6168,  6658;  VIII,  25331, 
2535,  18065.  etc.;  cl.  Domaszewski,  Op.  cit.  p.  08  et  suiv.  —  15  C.  i.  I.  III,  3472. 
3473,  759) .  —  lc  Tac.  Hist.  III,  10  ;  cf.  Domaszewski,  Op.  cit.  p.  1  et  suiv.  _ 17  C.  i. 


Fig.  4409. 


ailleurs13.  Il  n’est  pas  de  garnison  légionnaire  où  l’on  ’  • 
point  trouvé  des  bases  de  statues  ou  même  des  shi'  "l 
impériales,  en  grand  nombre1*.  ''  UOs 

Puis  venaient  certains  des  grands  dieux  de  Toi 
{diimilitaresu,  bellorumdei™),  Jupiter,  JunonetMinl'i'yJ 
soit  seuls,  soit  associés17;  Mars,  le  dieu  militaire  0  ’ 
excellence,  Mars  ultor 18,  Mars  militarisé ,  Mars  miij 
tiae  potens 20,  Mars  campes  ter 21  ;  la  Victoire,  sa  com' 
pagne22,  Victoria  Aeterna 23,  Victoria  ReduxVt ;  et  a 
111e  siècle,  dans  certaines  parties  de  l’empire,  Hercule2® ■ 
quelques-unes  de  ces  entités  auxquelles  les  Romains  dé 
l’Empire  accordaient  tant  de  place  dans  leur  religion  • 
Fortuna 2G,  Honos 27,  Virtus 2\  Pietas 29,  Bonus Eventus s°- 
et  enfin  la  Disciplina  militaris 3I,  sans  laquelle  il  n'y  a 
pas  d’armée  digne  de  ce  nom. 

Ces  divinités  diverses  avaient  aussi,  dans  les  camps 
permanents,  leurs  chapelles  et  leurs  autels,  devant  ou 


Fig.  4412.  —  Les  dieux  de  la  légion. 


dans  le  praetorium  [praetorium].  On  les  trouve  sculp¬ 
tées  sur  les  monuments  élevés  par  les  légionnaires 
(fig.  4412) 32. 

On  ne  s’étonnera  pas  de  voir  figurer  également,  parmi 
les  divinitéshonorées  dans  les  camps,  les  dieux  protecteurs 
du  lieu  où  ils  étaient  établis,  des  corps  qui  y  étaient  fixés, 
des  édifices  qui  s’y  élevaient,  Genius  legionis  33,  Genius 
castrorum  3\  Genius praetorii 38,  Genius  valet udinariP\ 
Genius  centuriae31 ,  beneficiariorum  38,  scholae  ,0;  et  des 
divinités  qui  réunissaient  toutes  les  précédentes  sous  un 
seul  vocable,  les  Lares  militares  *° . 

Il  ne  s’est  agi  dans  l’énumération  précédente  que  fies 
dieux  adorés  par  la  légion  dans  l’intérieur  du  camp,  filie 
du  culte  officiel  de  l’armée.  On  comprend  que  la  piété  ou 
la  superstition  des  soldats  ne  s’en  contentât  pas  en  temps 
de  paix.  Ils  s’étaient  habitués,  avant  leur  entrée  au  s« 
vice,  à  révérer  d’autres  divinités,  chères  à  leurs  compa 
triotes,  à  leur  cité,  à  leur  famille  ;  ils  en  conservaient  <■ 
culte  sous  les  drapeaux.  De  plus,  ils  trouvaient  dans  ^ 
pays  où  le  sort  leur  désignait  une  garnison  des  dix  iml 

l.  III,  10435,10437,  13443;  VIII,  2636,  1839,  16499,  18060;  Brambach- 

—  t»  C.  i.  I.  III,  12467.  —  19  Ibid.  VII,  390,  391  ;  Brambach,  467.  —  30  1 

2034.  —  21  Ibid.  II,  4083.  —  &  Ibid.  III,  11082;  VII,  217  ;  Brambach,  ■**>  ^ 
respondenzblatt,  1899,  p.  196.  —  23  C.  i.  I.  XIV,  2257.  j*  1^59; 

—  25  Domaszewski,  Op.  cit.  p.  49.  —  26  C.  i.  I.  III,  1008,  10992,  ]îcn-ski, 
Brambach,  1033. -*-27  Brambach,  Ibid.  ;  Westd.  Zeitschrift,  XI,  p.  298  ,  Doa ,ç)S( 
Op.  cit.  p.  41.  -  28  c.  i.  I.  III,  7591,  10285.  —  29  Westd.  Zeitschrift ,  X  <  ^ 

—  30  C.  i.  I.  III,  6223  ;  Brambach,  983,  1034.  —  3'  C.  i.  I.  VIL  896  i  '  ’  c;(, 

—  32  C.  i.  I.  VII,  1050:  Bruce,  Roman  Wall.  p.  327;  Domaszewski,  U  ^ 
pi.  III,  fig.  3.  —  33  C.  i.  I.  III,  6577,  6638  ;  VIII,  2527.  —  34  Corp.  "iscr  ^  ^ 
2634,  VII,  703  et  704.  —  33  [b.  VIII,  2529.  —  36  74.  III,  10403.  --  ^  jW0, 
11017;  VIII,  2331.  —  38  Brambach,  1791.  —  39  C.  i.  L  VIII,  2603.  -  w 1  ' 


LEG 


—  1067  — 


LEG 


ifils  apprenaient  à  connaître  et  à  vénérer.  Ils 
l0Cf  C>,  ion t  pouvoir  s’adonner  à  ces  dévotions  toutes  pri- 
ruha|  ^tat  n’avait  aucun  motif  pour  y  mettre  obstacle  :  il 
Vt  ^  , -i  ii  Libre  aux  officiers  etaux  soldats  de  se  créer  en 

PeS  lër"°du  cainp  des  sanctuaires  où,  dans  leurs  moments 
liberté,  ils  allaient  porter  leurs  hommages  au  dieu  de 
1  ur'choix.  Cette  tolérance  religieuse  n’était  point,  d’ail¬ 
leurs  une  neutralité  absolue;  les  légionnaires  élevaient 
ces  temples  annexes  sur  le  territoire  de  la  légion,  ce  qui 

I  pose  une  concession  de  terrain  par  l’autorité.  A  Lam- 

bège  ie  temple  de  Jupiter  Optimus  Maximus  Dolichenus 
était  situé  aux  portes  mêmes  du  camp1  ;  celui  d’Isis  et 
Sérapis,  ce  qui  est  plus  caractéristique  encore,  fut 
construit  grâce  à  la  main-d’œuvre  légionnaire  par  toute 
une  série  de  légats2.  A  Carnuntum,  on  a  déblayé  récem¬ 
ment,  tout  à  côté  de  l’amphithéâtre,  un  sanctuaire  dédié 
à  Némésis3.  Il  était  rempli  d’ex-voto  consacrés  par  les 
soldats.  La  statue  de  la  déesse  avait  été  offerte  par  un 
primipile  de  la  légion  XIVe  Gemina. 

N.  Armement  et  costume  des  légionnaires.  —  Nous 
avons  déjà  dit,  en  parlant  des  différentes  phases  par 
.lesquelles  a  passé  la  légion  romaine,  que  l’armement  des 
soldats  s’était  modifié  suivant  les  époques  et  suivant  les 
besoins  de  la  tactique.  En  consultant  pour  la  période  répu¬ 
blicaine  les  textes  des  auteurs,  pour  l’Empire  les  écrivains 
et  les  monuments  figurés4,  on  peut  arriver  à  des  con¬ 
clusions  assez  précises.  Il  ne  sera  point  question  ici  des 
cavaliers  dont  l’équipement  a  déjà  été  étudié  [équités]. 

Sous  le  régime  de  la  constitution  servienne,  le  légion¬ 
naire  de  la  première  classe  était  revêtu  d’une  armure 
complète,  constituée  par  le  casque  [galea],  la  cuirasse 
[lorica],  un  bouclier  rond  [clipeus]  en  airain  et  des  jam¬ 
bières  [• ocreae );  il  avait  de  plus  un  glaive  [gladius],  une 
haste  [hasta]  et  des  javelots  [telum]8.  Aux  soldats  de  la 
!  deuxième  classe  étaient  attribuées  les  mêmes  armes, 
moins  la  cuirasse  ;  le  clipeus  était  remplacé,  pour  eux,  par 
!  h  scutum  (bouclier  de  forme  rectangulaire)  ;  l’armement 
de  ceux  de  la  troisième  classe  était  semblable,  à  l’exception 
des  jambières.  Enfin,  ceux  de  la  quatrième  étaient 
dépourvus  de  toute  arme  défensive  et  réduits  à  la  haste  et 
la  la  pique  [verutum]. 

I  Pour  la  période  suivante,  qui  correspond  à  l’introduc- 
!°n  u  la  tactique  manipulaire,  Polybe  6  nous  a  conservé 
I  e  pu  ci  eux  renseignements.  D’après  lui,  les  trois  genres 
e  cbionnaires,  hastats,  princes,  triaires,  portaient  une 
aj  UU  n  ne  ^ffère  que  par  les  détails.  Il  s’exprime 
énpp  i'  6S  ^US  ^eunes  son^  tenus  d’avoir  pour  arme  une 
ro  t  ^  JaVe^°tS  et  la  par  ma.  C’est  un  bouclier  d’une 
ü  so^e  et  assez  grand  pour  couvrir  le  corps  ; 

outre  T!aire  et  a.trois  Pieds  de  diamètre.  Ils  ont,  en 
recoii'vmu  "1  ^arn’e  ^  un  casque  sans  crinière,  mais 
animal  -n  due[°ls  de  la  peau  d’un  loup  ou  d’un  autre 
distinctiw  UTr  SeTr,à  ^  f°is  de  Protection  et  de  marque 
naître  cen  •  °S  C  1<?fs  Peuvent  ainsi  plus  facilement  recon- 
de  leurs  S°nt  Slgnalés  Par  leur  courage.  Le  bois 

(  o  s  a  généralement  deux  coudées  de  long  et 

’  U ■  VIII,  2680  18-1-20  „t  ■ 

"  C-  »•  l  Vin  <»630  _  1SU]V'  cf'  R'  Ca=nat’  Armée  d’Afrique ,  p.  422,  note  2. 
défensives  du  ,nW  ,  \'ePiar’  Mitth-  XX-  P-  205  et  suiv.  -  4  Lc  Beau, 
r*\37etsuiv,);-°e«an; tesHw  lcgwnmtre  (Mêm-  de  l’Acad.  des  Inscv.  XXXIX, 
^follement  du  fantassin  l  /enmes  du  soldat  légionnaire  (Ibid.  p.  478  et  suiv.)  ;  De 
T.  D^a/fnung  des  '  égwnnaire  (Ibid.  p.  50G  et  suiv.)  ;  A.  Muller,  Ausrüstung 

C  P-  221  et  suiv,'  •  Die  '  eeres  '>  Sepuicratmonumente  rôm.  Kriege  (Philol. 
tf'e'  *«  der  Kaiser-lit  '  el'  A’ beiten  über  Traclit  und  Bewaffnung  des  rôm. 

eit  {rb,d ■  XLV1I,  p.  514  et  suiv.;  721  et  suiv.); 


un  doigt  d’épaisseur.  La  pointe,  qui  a  une  palme,  est  tel¬ 
lement  acérée,  effilée,  que  dès  le  premier  coup  elle  se 
recourbe  et  que  les  ennemis  ne  peuvent  la  renvoyer... 
Les  soldats  qui  viennent  au  second  rang  pour  l’âge,  et 
que  l’on  nomme  hastaires,  doivent  porter  une  armure 
complète.  Cette  armure  se  compose,  chez  les  Romains, 
d’un  bouclier  convexe,  large  de  deux  pieds  et  demi,  long 
de  quatre.  Les  plus  longs  ont  une  palme  de  plus...  Les 
hastaires  ont  aussi  une  épée  qu’ils  portent  suspendue  au 
côté  droit  :  ils  l’appellent  ibérique.  Excellente  pour  percer, 
elle  est  tranchante  des  deux  côtés.  La  lame  en  est  forte  et 
solide.  Ajoutons  à  cela  deux  javelots,  un  casque  d’airain 
et  des  jambières.  De  ces  javelots,  les  uns  sont  épais,  les 
autres  minces.  Parmi  ceux  qui  sont  épais,  plusieurs  sont 
ronds  et  ont  une  palme  de  diamètre  ;  d’autres  sont  carrés 
et  ont  une  palme  sur  chacun  de  leurs  côtés.  Les  minces 
sont  semblables  aux  épieux  de  médiocre  grandeur  que  les 
hastaires  portent  avec  le  reste.  La  longueur  de  la  hampe 
et  de  tous  ces  traits  est  d’environ  trois  coudées  :  le  fer  qui 
y  est  adapté  a  la  forme  d’un  hameçon  et  une  longueur 
égale  à  celle  du  bois;  on  l’attache  si  fortement,  pour  en 
assurer  l’effet,  par  des  liens  et  de  nombreuses  agrafes 
jusqu’au  milieu  du  bois,  que  le  lien  ne  manque  jamais 
avant  que  le  fer  soit  brisé.  Or,  à  son  extrémité  et  à  l’en¬ 
droit  où  il  s’unit  au  bois,  ce  fer  a  une  épaisseur  d’un  doigt 
et  demi,  tant  les  Romains  apportent  de  soin  et  d’attention 
à  consolider  cette  jointure.  Déplus,  leur  casque  est  sur¬ 
monté  d’une  aigrette  ou  de  trois  plumes  rouges  ou  noires, 
droites,  d’une  coudée  environ  Ces  ornements  placés  au 
sommet  de  l’armure  semblent  doubler  la  taille  des 
soldats...  La  plupart  ajoutent  à  cela  une  plaque  d’airain, 
de  la  largeur  d’une  palme  en  tous  sens,  qu’ils  mettent  sur 
leur  poitrine  et  qu’ils  nomment  xapotocpuXa^  :  c’est  le  com¬ 
plément  de  l’armure.  Ceux  qui  possèdent  plus  de  mille 
drachmes,  au  lieu  de  cette  défense,  se  ceignent  la  poitrine 
d'une  cuirasse.  Les  princes  et  les  triaires  portent  les 
mêmes  armures,  si  ce  n’est  que  les  triaires  ont  des  lances 
au  lieu  de  javelots.  »  De  ce  passage  il  résulte  que  tous  les 
légionnaires  étaient  armés  d’un  casque,  d’un  bouclier, 
de  jambières,  et  d’une  cuirasse.  Sous  cette  cuirasse,  faite 
de  cuir,  vers  la  région  du  cœur,  était  une  plaque  de  fer 
haute  et  large  de  trois  quarts  de  pied.  Les  hastats  seuls 
étaient  vêtus  d’une  cuirasse  composée  d'anneaux  ou  de 
plaques  de  métal.  Comme  armes  offensives,  les  soldats 
de  cette  époque  portaient  tous  le  glaive  espagnol  qui 
semble  avoir  été  introduit  par  Scipion  au  cours  de  la 
deuxième  guerre  punique  ;  les  hastats  et  les  princes  étaient 
munis  du  pilum,  les  triaires  de  la  hasta.  Mais,  assez 
rapidement,  le  pilum  fut  donné  à  tous  les  soldats  sans 
distinction  :  il  devint  l’arme  caractéristique  de  la  légion 
romaine  [pilum]1. 

Les  vélites  ne  portaient  pas  de  cuirasse  ;  leur  casque 
était  de  cuir,  leur  bouclier  rond  et  léger;  ils  étaient  armés 
de  l’épée  espagnole  et  de  hastes  ( hasta  velitaris j 8. 

Les  écrits  de  César  ou  de  ses  lieutenants  et  les  fouilles 
faites  autrefois  sur  l’initiative  de  Napoléon  III  à  Alise  9 


Hiibner,  Zur  Bewaffnung  der  rôm.  Legionare  ( Hermes ,  XVI,  p.  302  et  suiv.)  ; 
Lindenschmidt,  Traclit  und  Bewaffnung  des  rôm.  Heeres  waehrend  der  Kaiser- 
-eit,  1882  ;  Schiller,  Kriegsaltertümer  (dans  le  Handbuch  d’hvan  Muller),  IV, 
p.  737  et  suiv.  —  5  Liv.  I,  43  ;  Dionys.  IV,  16,  17.  —  6  Polyb.  VI,  22  et  s.' 
-  7  Sur  tout  ceci,  voir  Marquardt,  Organis.  milit.  p.  25  et  suiv.;  Lindenschmidt, 
Op.  cit.  p.  3.  —  8  Outre  le  passage  de  Polybe,  voir  ;  Id.  VI,  22  ;  Liv.  XXXVIII,  21  ; 
Varro  ap.  Non.,  p.  552,  29  M.  -  9  Verchère  de  RefTye,  Les  armes  d' Alise  (Rev. 
arch.  X  [1864],  p.  337  et  suiv.). 


LEG 


1068  — 


LEG 


et  ailleurs,  nous  donnent  sur  l’armement  et  le  costume 
«les  légionnaires  dans  les  dernières  années  de  la  Répu¬ 
blique  des  renseignements  assez  précis  L  Ils  étaient 
armés  du  glaive  espagnol  et  du  pilum  comme  à  la  période 
précédente2;  mais  il  n’est  plus  question  des  deux  pila, 
un  long  et  un  court,  dont  parle  Polybe  :  chaque  soldat  ne 
portait  avec  lui  qu’un  seul  pilum*.  Il  n’est  pas  fait 
mention  non  plus,  parmi  les  armes  des  légionnaires, 
d  une  petite  épée  ( pugio )  que  l’on  trouve  figurée  sur  les 
monuments  de  l’époque  impériale  :  cette  arme  n’était  pas 
réglementaire.  D’ailleurs,  le  pugio  paraît  plutôt  avoir  été 
icserxe  aux  officiers  \  Les  armes  défensives  se  compo¬ 
saient  d  un  bouclier,  d’un  casque  et  d’une  cuirasse.  Le 
bouclier  des  fantassins  était  le  scutum  rectangulaire  B, 
le  casque,  la  galea  G.  Pour  la  cuirasse,  la  question  est  un 
peu  plus  compliquée  7.  Les  officiers,  depuis  les  tribuns 
jusqu  au  général,  cela  est  certain,  portaient  une  cuirasse 
de  fer  8  ;  pour  les  soldats,  le  doute  s’impose.  De  certains 
passages  on  peut  déduire  que  leur  cuirasse  était  assez 
pesante  et  quelle  brillait  au  soleil10,  toutes  données 
qui  obligent  à  supposer,  dans  sa  composition,  l’emploi 
du  métal.  Mais,  comme,  d'autre  part,  les  soldats  étaient 
astreints  à  des  travaux  qui  nécessitaient  une  souplesse  de 
mouvement  incompatible  avec  la  rigidité  d’une  cuirasse 
laite  tout  dune  pièce11,  on  peut  supposer  que  la  lorica 
des  légionnaires  de  César  était  ou  une  cotte  de  cuir  ren¬ 
forcée  de  pièces  de  métal,  ou  la  cotte  de  mailles,  ou  la 
lorica  segmentata,  telle  qu’on  la  voit  figurée  sur  la  co¬ 
lonne  Trajane 12.  Pour  les  centurions,  on  possède  un  texte 
assez  embarrassant 15  :  il  y  est  fait  mention  d’un  centurion 
de  l’armée  de  César  qui  traversa  un  bras  de  mer  «  duabus 
loricis  onustus  ».  Les  uns  ont  vu  dans  ces  deux  loricae 
les  deux  moitiés  d’une  cuirasse  de  métal,  les  autres  une 
cuirasse  de  cuir  recouverte  d’une  lorica  de  fer.  On  ne 
trouve  pas,  dans  les  écrivains  militaires  de  cette  époque, 
la  mention  de  jambières,  comme  dans  Polybe.  Sous  la  cui¬ 
rasse,  les  soldats  portaient  une  tunique;  comme  manteau, 
ils  avaient  un  sagum  u.  Nous  ne  possédons  malheureuse¬ 
ment  pas,  pour  cette  période  de  l’histoire  romaine,  de 
représentations  figurées  relatives  à  des  légionnaires  :  le 
monument  de  saint  Rémy,  qu’on  a  souvent  interrogé  à 
cet  égard,  et  l’arc  d’Orange,  ne  présentent  aucune 
gaiantie  de  fidélité  dans  1  exécution  des  costumes  mili¬ 
taires  15. 

Les  légionnaires  ne  se  servaient  d’habitude  ni  d’arcs  ni 
de  fi  ondes .  ils  en  laissaient  1  usage  aux  auxiliaires  [fun- 
ditores,  sagittarii] .  Exceptionnellement  pourtant,  au 
siège  de  certaines  villes,  ils  usèrent  eux-mêmes  de  ces 
sortes  de  projectiles.  Parmi  les  balles  de  fronde  [glandes] 
qui  ont  ctë  recueillies  à  Ascoli  et  qui  remontent  au  temps 
de  la  guerre  des  Marses,  quelques-unes  portent  inscrits  les 
noms  des  légions  XI  et  XV  16  ;  sur  celles  qui  proviennent 
du  siège  de  Pérouse  de  713-714  (de  Rome),  on  a  lu  le  nom 
des  légions  II,  IX,  XI  et  XII 11 . 

L’armement  et  le  costume  des  légionnaires  sous  l’Em¬ 
pire  nous  sont  connus  par  certains  passages  d’auteurs 
latins  ou  giecs,  comme  Tacite  ou  Josèphe,  par  des  repré¬ 


sentations  itinéraires  qui,  Ou  moins  jusqu’à  la  fj, 

Ier  siècle,  ont  une  certaine  importance,  les  soldats  "r  lu 
rant  avec  leurs  armes,  ce  qui  ne  se  rencontre  pl us  ’8U' 
périodes  suivantes 18  ;  enfin  par  les  sculptures  des  colon^ 
et  des  arcs  triomphaux  élevés  pendant  le  ne  siècle "r^ 
documents  nous  permettent  d’arriver  à  quelque  précisi  ^ 

On  peut  dire,  d’une  façon  absolue,  que  le  vêtement^ 
composait  d’une  tunique  et  d’un  sagum.  La  tunimie  — 
paraît  sur  les  mo-  ’  1,111 

numents  funérai¬ 
res  aussi  bien  que 
sur  les  bas-reliefs 
militaires,  était 
peut-être  de  cou¬ 
leur  rougeâtre 
( r  ussa  ta )  19;  le 
sagum  est  très  vi¬ 
sible  sur  un  mo¬ 
nument  du  musée 
de  Strasbourg  re¬ 
produit  ici  (fig. 

4413)  20. 

Pour  l’arme  - 
ment,  il  faut  tenir 
compte  des  diffé¬ 
rentes  époques. 

Les  armes  défen¬ 
sives  consistaient 
en  un  casque,  une 
cuirasse,  un  bou¬ 
clier,  un  cingu- 
lum.  Le  casque, 
de  métal,  était 
garni  de  deux  piè¬ 
ces  latérales,  cou¬ 
vrant  les  oreilles 
et  se  reliant  sous 
le  menton.  La 
forme  en  a  été 
nettement  indiquée  à  l’article  galea.  Le  sommet  était 
surmonté  d’un  panache,  comme  on  le  voit  sur  la  tombe 
du  légionnaire  C.  Valerius  Crispus  à  Wiesbaden 
(fig.  4414) 21 ,  et  sur  la  colonne  de  Marc  Aurèle  (fig.  4415), 


Fig.  4413.  —  Légionnaire,  np  siècle  ap.  J.-C. 


ou  d  une  sorte  d’anneau  comme  sur  la  colonne  de  Trajan 
et  sur  l’arc  de  Septime  Sévère  (fig.  4416).  Au  début  de 


l’Empire,  la  cuirasse  fut  probablement  en  cuir,  consolidé 
sans  doute  intérieurement  de  plaques  de  fer  :  le  légion¬ 
naire  de  Wiesbaden  en  est  revêtu  et  aucun  monument  de 


cette  date,  relatif  à  un  simple  soldat,  n’en  présente 
d’autre22.  On  la  complétait  par  deux  pièces  {humcralw) 
protégeant  les  épaules.  Le  bouclier  réglementaire  était  le 
scutum,  muni  à  sa  partie  antérieure  d’un  umbo  saillant, 
au  milieu  d’une  pièce  rectangulaire  qui  formait  la  part'1 
centrale  du  bouclier.  On  en  a  trouvé  plusieurs  spécimens, 
dont  l’un,  découvert  en  Angleterre  [clipeus],  est  particule* 
rement  intéressant  (fig.  4417).  Un  texte  de  Végèce  nous 
apprend  que  cette  partie  centrale,  sinon  le  bouclier  l°ul 


i  FriSIich,  Op.  cit.  I,  p.  60  et  s.  -  2  Caes.  Bel.  gai.  1,  25-  II  23-  V 
44;  Bel.  civ.  III,  93,  etc.  -  «  Ibid.  -  4  Bel.  hisp.  18,  2;  Frôntin.  Strat. 

II,  7,  5;  cf.  Mommsen,  Droit  public  romain ,  II,  p.  73.  y  j}ei  qai 

H,  21,  25,  elc.  —  «i  lb.  II,  21  ;  Bel.  civ.  III,  62,  03;  Bel.  afr.  12.  —  7  Frôlicli 
Op.  cit.  p.  68  et  suiv.  -  8  Plut.  Lucul.  28  ;  Pomp.  35;  Crois.  35  -  9  Caes’ 
Bel.  gai.  V,  16;  Bel.  afr.  71.  -  10  Bel.  hisp.  9;  Plut.  Brut.  38;  Anton 
74.  -  U  Bel.  gai.  II,  21.  —  12  Frôlich,  Op.  cit.  p.  72.  —  13  Val.  Max.  III 


2,  23.  —  14  Frôlich,  Op.  cit.  p.  73.  — -  13  Caes.  Bel.  civ.  I,  75;  Bel.  ?«*(•  '  ^ 
—  10  C.  inscr.  I.  IX,  p.  633.  —  17  Ibid.  I,  693  à  706.  —  18  Domaszewski,  y  ’ 
epigr.  Mitth.  V,  p.  200;  A.  Muller,  Philologue ,  XLVII.  p.  551.  —  19  Isl)1,  'VJ) 
XIX,  22,  10  ;  Mart.  XIV,  131  ;  Terlull.  De  coron,  mil.  1 .  —  20  Bonn.  Jahr*’.  ^ 
p.  74el  pi.  ii.  —  21  Lindenschmidt,  Tracht  uiul Bewaffn.  pl.  iv,  fig.  I  î  D°«liasZ^ ^ 
Wien  sur  Z  ait  der  Rômer  (extrait  du  tome  Ier  de  l’Histoire  de  Vienne),  p*'- 
denschmidt.  Op.  cit.  p.  G  et  suiv.  ;  A.  Muller  Philologus,  /.  C.  p.  550  cl 


LEG 


1069 


en  tic'’ 


(,|ait  peinte  et  constituait  un  épisème  qui  permet- 
m  '  différentes  cohortes  de  se  reconnaître  :  Ne  milites 
h1'1  i"1'' 1  aliquando  in  tu- 

multu  proelii  a 
suis  contuber- 
nalibus  aberra- 
rent ,  diversis 

cohortibus  di- 
versa  in  scutis 
signa  pinge  - 
bant,  ut  ipsi  no¬ 
mmant,  dig - 
mata  ;  et,  en 
effet,  le  bouclier 
était  la  seule  par¬ 
tie  de  l’armure 
qui  différenciât 
les  légions  entre 
elles  L  Le  reste 
de  l’arme  était, 
d’ailleurs,  égale¬ 
ment  ornementé, 
ainsi  qu’il  res¬ 
sort  des  repré¬ 
sentations  des 
colonnes  Tra  - 
jane  et  Auré- 
lienne.  Les  cuis¬ 
ses,  sur  le  mo¬ 
nument  de  Wies- 
baden,  sont  dé¬ 
fendues  par  des 
bandelettes  de  cuir  formant  comme  une  sorte  de  culotte 
hès  courte.  Une  ceinture  [cingulum]  entourait  la  taille, 


A  VGA  N  X  h  S  T  '  P,  X  X  l  t  '  F  vC 


Fig.  4H4. 


Légionnaire  (u«  siècle). 


If;'  *Oo.  Légionnaires  (n*  siècle).  Fig.  4416. 

blées^de  j  \î'd.aptai.t  un  tablier  formé  de  lanières  dou- 
ventre  poip'u  ’  re^om^a^  sur  Ie  ventre  et  le  bas- 
caliqa )  ^  0r°téger.  Les  pieds  étaient  chaussés  de  la 

soldats  et  J  tbSenl‘e^ement  la  chaussure  des  simples 
du  cou  s’en^  °i  ('.e‘ers  grade  inférieur  [caliga].  Autour 
Ju  ait  une  cravate,  utile  surtout  aux  légion- 


‘  1  "lac'  ®isl.  il,  23  __ 

^  a  A.  MüUcr miiilolonus  X !  Vrr0'1"?’  U  C°L  TraJane  <éd'  186S)>  P-  71 
c‘  fte  puis  i)as  ’  *  P’  4  Petersen,  Die  Marcussâule ,  p.  4’ 

C  avcc  T°C'lcsco  que  les  soldats  vêtus  de  la  eu 


LEG 


naires  dans  les  pays  froids  [focale]  ;  on  la  distingue 
très  nettement  sur  le  relief  de  Wiesbaden  (fig.  4414). 

Comme  armes  défensives,  les  soldats  portaient,  ainsi 
qu’à  l’époque  républicaine,  un  large  glaive,  maintenu  au 
côté  droit  par  un  baudrier  suspendu  à  l’épaule  gauche 
[balteus]  ou  par  une  ceinture,  et  le  pilum.  Parfois,  on 
voit,  sur  les  monuments,  un  poignard  ou  une  petite  épée 
supplémentaire  attachés  au  flanc  gauche. 

Au  11e  siècle,  quelques  détails  de  cet  armement  ont 
changé.  La  cuirasse  de  cuir  a  fait  place  à  la  cuirasse,  dite 


segmentata ,  faite  de  plusieurs  pièces.  Celle-ci  se  compose 
essentiellement  de  deux  carapaces  de  bronze  réunies  sur 
le  dos  par  deux  charnières  et  par  des  boucles  sur  la  poi¬ 
trine  ;  la  taille  et  les  épaules  sont  garnies  de  bandes  de 
cuir,  suivant  les  uns  2,  de  lamelles  de  métal,  suivant 
certains3,  juxtaposées  et  se  recouvrant  l’une  l’autre 
[lorica,  cingulum].  C’est  la  cuirasse  qui  caractérise  les 
légionnaires  sur  la  colonne  de  Marc  Aurèle  *  et  sur  l’arc 
de  Septime  Sévère  ;  on  la  verra  aussi  sur  le  groupe  de 
soldats  de  la  figure  4418,  empruntée  à  la  colonne  Tra- 
jane  :  elle  montre  une  troupe  de  légionnaires  en  marche, 
qui  portent  leur  casque  suspendu  à  l’épaule  droite,  leurs 
provisions  et  ustensiles  au  haut  d’une  perche  [sarcina]5. 

Le  bouclier  rectangulaire  semble  ne  plus  être  à  cette 
époque  le  seul  dont  on  fit  usage  régulièrement  ;  le  bou¬ 
clier  oblong  se  remarque  au  bras  des  légionnaires  sur  la 
colonne  de  Marc  Aurèle  et  sur  l’arc  de  Sévère  ;  sur  la 
colonne  Trajane,  il  est  réservé  aux  prétoriens  et  aux 
auxiliaires.  Sur  toutes  ces  représentations  (fig.  4415, 
4416),  la  tunique  descend  jusqu’au  genou;  les  jambes 
sont  nues  et  chaussées  de  la  caliga. 

Pour  le  iii°  siècle  et  la  période  suivante,  nous  n’avons 
plus  de  documents  figurés  concluants.  Les  dessins  que 
l’on  possède  des  colonnes  de  Théodose  et  d’Arcadius  nous 
^offrent  peu  de  garanties  pour  l’exactitude  des  détails; 
et,  en  tout  cas,  il  n’est  pas  possible  d’y  distinguer  les 

rasse  squamata,  avec  les  manches  bardées  de  fer,  qui  se  voient  sur  le  monument 
d’Adam-Klissi,  soient  des  légionnaires  (Beundor,  Niemann  et  Tocilesco,  Das  Monu¬ 
ment  von  Adam  Kiwi,  p.  75). 


135 


LEG 


1070 


LEG 


légions  des  autres  troupes.  Tout  ce  que  l'on  peut  dire, 
c’est  que  l'armement  général  ne  semble  point  avoir 
éprouvé  de  grandes  modifications.  C’est  aussi  ce  qui  res¬ 
sort  d'un  passage  de 
Végèce.  D’après  lui1, 
les  soldats  légionnaires, 
qu’il  divise  encore  en 
principes ,  hastati , 
triarii,  portaient  des 
casques  ( cassides ),  des 
eu  i  russes  (cata  fra  ctae), 
des  jambières  (ocreae), 
deux  épées  [spatha  et 
semispathium ),  un  scu¬ 
tum,  dans  lequel  ils 
dissimulaient  cinq  ja¬ 
velots  ( plumbatae );  et 
enfin,  au  lieu  du  pi- 
lum ,  deux  lances,  l'une 
assez  grande  ( spicu - 
lum ),  l'autre  plus  pe¬ 
tite  ( verutum ).  La  na¬ 
ture  de  la  cuirasse 
désignée  dans  ce  texte 
par  catafracta  est  dif¬ 
ficile  à  reconnaître  ; 
car  Végèce  se  sert  la 
plupart  du  temps  de  ce  mot  pour  indiquer  une  cuirasse 
quelconque2.  Peut-être,  cependant,  faut-il  y  voir  la  cui¬ 
rasse  s  (j  un  mat  n  ou 
hamata ,  la  cotte  de 
mailles  [cataphrao- 
ta].  Dans  un  autre 
passage,  d'ailleurs  3, 
il  ajoute  un  rensei¬ 
gnement  contradic¬ 
toire  ;  à  partir  de 
Gratien,  la  plupart 
des  soldats,  par  mol¬ 
lesse,  auraient  de¬ 
mandé  à  l’empereur 
la  permission  d'aban¬ 
donner  les  armes  tra¬ 
ditionnelles,  primo 
cala  fra  etas ,  deincle 
cassides  ;  celui-ci  au¬ 
rait  eu  la  faiblesse 
d'y  consentir.  Les 
Romains,  désormais 
sans  défense,  au¬ 
raient  été  de  ce  fait 
très  éprouvés  par  les 
flèches  des  Gotlis, 

«  nec  post.  tôt  cla- 
des...  cuiquam  eu- 

rig.  4410. — Option  légionnaire.  , 

rae  fuit ,  vel  cata- 

f raclas  vel  galeas  pedestribus  reddere  ». 


Le  costume  distinctif  des  divers  sous-officiers 
cialistes  de  la  légion  ne  nous  est  pas  connu  4  •  ' 
probable,  d’ailleurs,  qu’il  ne  différait  de  celui  des  ■  " 

légionnaires  que 
détails.  Pour  ies 


spé- 
est 

s'mple& 


Fig.  4418.  —  Soldats  légionnaires. 


les 

particularités  relatives 
à  l’armement  des  mu 

siciens,  à  l’uniforme  des 

porte -enseignes,  voir 

CORNU  et  SIGNA  MILITARI  \ 

Nous  possédons  pour 
les  options  légionnaires 
deux  monuments  :  le 
plus  important  a  été 
trouvé  à  Aquincum  et 
appartient  au  musée 
de  Pesth8  (fig.  44m 
On  y  voit  un  homme 
revêtu  d’une  tunique 
serrée  à  la  taille  par 
une  ceinture  à  laquelle 
est  attachée  une  épée. 
11  est  couvert  d’un 
sagum  dont  les  pans 
retombent  par  devant, 
présentantune  suite  de 
festons.  La  main  droite 
s’appuie  sur  une  lance;  de  la  gauche  il  tient  des  ta' 
blettes,  indices  de  ses  fonctions  administratives 
Les  pieds  sont  chaussés  de  caligae. 
prend  qu’il  appartenait  à  la  légion  II 
nument  remonte  donc  au  m°  siècle6, 
récemment  publié  7, 
vient  d’Angleterre  : 
il  est  conservé  dans 
le  Grosvenor  Mu¬ 
séum  à  Chester.  Le 
défunt  y  porte  les 
mêmes  insignes  :  sa¬ 
gum  retombant  en 
pointe  sur  le  devant 
du  corps,  épée,  lance, 
tablettes;  il  servait 
dans  la  légion  XX 0 
Valeria  Victrix. 

Nous  sommes  assez 
bien  informés  poul¬ 
ie  costume  des  cen¬ 
turions,  grâce  à  qua¬ 
tre  représentations  que  nous  possédons  :  le  tombeau  dt 
M.  Caelius,  tué  lors  de  la  défaite  de  Varus  (fig.  4420  - 
celui  de  Q.  Sertorius  Festus  (fig.  4421)  9,  celui  di 
T.  Calidius  Severus  (fig.  4422)  )0,  et  enfin  celui  de 
M.  Favonius  Facilis11  (fig.  4423),  morts  tous  vers  la  Prt 
mière  moitié  du  1er  siècle. 

Les  centurions  portaient,  comme  les  légionnaires,  UIU 
cuirasse  :  mais  il  semble  que  la  nature  en  ait  varié  eu 


L’inscription  ap 
Adjutrix  ;  le  mo 
Le  second,  tou 


Fig.  4420.  —  Centurion. 


1  \  eget.  II,  15.  2  Id.  I,  20  :  «  ab  urbe  condita  usque  ad  tempus  Divi  Gratiani 

et  cata  f  radis  et  galeis  muniebantur  pedestres  exercitus  ;  cf.  11,  14,  loricas  suas 
vel  catafractas.  3  Ibid.  +  Les  documents  manquent,  ou,  quand  ils  existent 
par  exception,  il  n'en  existe  pas  de  représentations  ;  par  exemple  C.  i.  I.  III,  190. 
—  6  Desjardins,  Musée  national  hongrois ,  pl.  xxiv,  138;  C.  i.  I.  III,  3530.  La 
figure  4119  a  été  exécutée  d’après  une  photographie.  —  G  Cf.  l’histoire  de  la  lé¬ 
gion  pour  la  date  de  son  séjour  à  Aquincum.  —  7  Haverfield,  Catalogue  of  Lhe 
roman  inscribedand  scii  ptured  stones  in  the  Grosvernor  Muséum,  Chester,  1900, 


,  l’oi-jcinal. 

p.  108,  no  38.  —  8  Brambach,  209;  Lindenschmidt,  pl.  i,  1,  “1Prt> 

—  9  C.  i.  I.  V,  3374  ;  Lindenschmidt,  Ibid.  I,  6,  d'après  Orti,  GU  an^c  " 
alla  Gente  Scrtoria  Veronese  spettanti,  pl.  i.  —  10  C.  i.  I-  UL  O-  ’  morl 
epigr.  Mitth.  V,  p.  206  et  s.  —  U  Corp.  insc.  lat.  VII,  90  ;  B.  lj0l'fC’ln„rapliie 
se 

d’après  laquelle  _ _  ---  - 

M.  le  professeur  Haverfield).  Autres  représentations  de  centurion  :  C.  i. 

4315. 


W/Cy'  *  -  ......  »,  j  1.  -uu  a.  .....  ...»  1  otOlU,ilf 

scpulchral  monument  foand  at  Colchester,  Colchester,  1868  pa  P 11  y  ^|ar 
d’après  laquelle  le  dessina  été  exécuté  nous  a  été  aimablement  connu"1  I 


LEG 


—  1071 


LEG 


.  ceue  de  M.  Caelius  est  de  cuir  avec  trois 
[  ''"q,! 'lambrequins  retombant  sur  le  ventre  et  autant 

^"^liaque  bras;  celle  de  Favonius  est  analogue;  les 
s,Uf  oli;T,pq  ont  une  cuirasse  du  genre  dit  squamata. 
M  Domaszewski  a  supposé  que  Claude  avait  eu  la  pensee 
pP  ffenre  de  cuirasses  à  toute  l’armée  romaine, 
mais  qu’il  y  avait  renonce  assez  rapidement1.  Et,  en 
I  ffet  nous  n’en  trouvons  plus  trace  sur  les  monuments 
li curés  du  iic  siècle,  en  particulier  sur  les  colonnes,  où 
I  on  a  certainement  représenté  des  centurions,  sans  que 
I  n0us  puissions,  d’ailleurs,  les  reconnaître.  On  y  revint 
I  peut-être  plus  tard  :  car  Végèce  leur  assigne  des  cata- 
I  fractae  comme  aux  autres  légionnaires  2. 

Leur  grande  tenue  comportait,  en  outre,  une  riche 
[  tunique  (fig.  4421),  des 


jambières  ornementées  (fig. 
4421,  4422  et 4423),  et  peut- 
être  des  c.alcei  (fig.  4421  et 
4423).  En  temps  ordinaire, 
ils  portaient  la  caliga  3. 
Leur  casque,  comme  l’in¬ 
dique  Végèce,  n’offrait  au- 


TÏÏAÛmvS) 

P-CAM-SEVEK 

E  O  !  T  F  M’OPT  10 
DEC  V  RC  0HTAIP1N 
ITFM-'L  EG'XV-APOLL' 

ANNOP  I  viipsiipxxxtin 

QCAL1D1VS  FPA^I 
POSVIT 


Fig.  4421 .  Costumes  de 


centurions.  Fig1.  4422. 


;'Ulle  l)arlicularité,  sinon  d’être 
transversal 


couronné  d’un  panache 


*  h  figure  uZÙT  tramver°™)  parfaitement  visible 

«M  acjnoscermuJT^  ^  d’arëent’  Ut  cde- 

et  s**?*''  LeU1’  manteau  était  le 

l’épitaphe  de  CiV  v  J'  Le  1>eIief  sculPlé  au-dessous  de 
tés  %  44221  S™We  Pr0llver  qu'ils 
moins;  c’est  Ü'  ?uelques“uns  d’entre  eux,  tout  au 
bi°n  Chacuii^U  °n  *n^rer  aussi  d’un  texte  de 
du  c°mniandpm,  'Sc!il  qu  ds  Portaient  comme  insignes 

caractérise  sur  Tu,  1°  ^  ^  ^  ^  qui  les 

Sur  un  de  pp  .  es  monuments.  Comme  on  le  voit 

ment  ^glaive.^l'fi^;  4423)’  ÜS  avaient  certaine- 
aut  aussL  si  l’on  en  croit  Végèce, 


comme  dernier 


c>r  complément  au  costume,  un  ,< 


scu- 


aJouter, 

tum  \ 

k(  'ètenient  pi  p.,_, 

mement  des  officiers  supérieurs  de 


3 V?rhandl-  der  4S  p,..' 

ri  /°Sepl‘-  Sel.  jud  ,, ltlolo^rsammlung,  p.  337.  - 
L  W.-^Veg.  U,  lfl.  _ 


2  Vegel.  Il,  16. 

«Mui  de’|f"  ~  1  Cf-  suc  Je  co,t„m’U;j  ~  *  Ves'  16-  -  5  Dio,  LXXI,  27. 
B^/rnunaTeW’  m°'ns  10  ^  °ificiei,s  supérieurs  (qui,  en  somme,  est 

.xecres  P^amentum)  :  A.  Millier,  Ausrüstung  und 
aiserzeiti  p.  30  et  s.  ;  Id.  Das  cingulum 


la  légion  7  présente  de  grandes  différences  avec  tous  ceux 
que  nous  venons  de  décrire.  Sans  parler  de  leur  bouclier, 
qu  i  était  sans  do  u  te  plus  orné,  et  de  le ur  casque  don  t  le  pana¬ 
che  devait  être  plus  fourni  et  plus  brillant,  mais  dont  nous 
n’avons  pas  conservé  d’exemples  certains,  leur  cuirasse 
était  le  corselet  plein  et  droit  (Ooipy.;  <7x7.010 ç)  à  lambrequins 
et  à  épaulières  ;  leur 


MFA/ONMfPÔI-FÂCI 

US>LEGXXVERE£tO 

VSETNO  VI£\Sl!BP05 

ERVNT  HSE 


£  S’- 


Fig.  4423.  —  Centurion. 


épée,  le  gladius  ou 
plus  proprement  le 
j ougio* ,  pendu  à 
l’épaule  par  un  bau¬ 
drier  ou  supporté 
par  une  ceinture; 
leur  manteau  consis¬ 
tait  en  un  sagum 
plus  riche  que  celui 
de  leurs  subordon¬ 
nés.  M.  Mommsen 
croit  que,  sous  la 
République,  les  tri¬ 
buns  se  distin  - 
guaient  par  le  cla- 
vus ,  comme  les 
généraux  par  le  pa- 
ludamentum  et  les 
centurions  par  le  cep 
de  vigne  ;  d'où  serait 
venu  le  diminutif  de 
rufulus  appliqué  au 
tribun  par  opposi¬ 
tion  avec  la  pourpre 
du  général  9  [cla- 
vüs].  S’il  en  est  ainsi, 
on  peut  croire  que 
sous  l’Empire  le  lé¬ 
gat  et  le  tribun  se 
reconnaissaient  à  la 
largeur  du  clavus 
et,  sans  doute  aussi, 
les  tribuns  laticlaves  et  les  angusticlaves.  Les  officiers 
n’avaient  point  de  cingulum ,  sinon  ce  petit  ceinturon 
souple  noué  sur  l’estomac10  dont  il  a  été  question  à  l’ar¬ 
ticle  cingulum.  Il  faut  enfin  signaler  qu’ils  portaient  des 
braies  qui  tombaient  jusqu’au  genou  et  que  leur  chaus¬ 
sure  était  le  calceus.  Malheureusement,  les  représenta¬ 
tions  précises  de  légats  et  de  tribuns  manquent  complè¬ 
tement  sur  les  monuments  funéraires  et  sont  très 
rares  sur  les  bas-reliefs  des  colonnes,  ou,  du  moins,  très 
difficiles  à  reconnaître.  Nous  possédons  pourtant  certai¬ 
nement,  sur  la  colonne  Trajane,  le  portrait  de  deux  légats 
dh  légions  :  leur  présence  à  la  tête  du  groupe  de  légion¬ 
naires  cité  plus  haut  et  en  avant  des  porte-enseignes  ne 
laisse  aucun  doute  à  cet  égard  (fig.  4424) 11  ;  ils  sont  cui¬ 
rassés  et  couverts  d’un  sagum  retenu  à  l’épaule  par  une 
fibule;  de  la  main  gauche  ils  tenaient  un  bâton  de  com¬ 
mandement  ou  un  rouleau  très  détérioré  aujourd'hui. 
Ailleurs,  derrière  1  empereur,  et  à  côté  d’un  autre  légat, 
figure  un  jeune  officier,  dont  les  braies  et  les  calcei  indi- 


militiae ,  p.  19  et  suiv.  —  8  Val.  Max.  III,  5,  3;  Suet.  Galb.  11  ;  Slat.  Sjlv.  V,  2, 
154,  173;  Mart.  XIV,  32.  —  9  Droit  public  ro)nainr  II,  p.  74,  note;  çf.  Liv. 
XX' M,  24.  •  10  Cf.  p.  H81,fîg.  1301,  et  A.  Muller,  Das  cingulum  militiae,  p.  19 

et  suiv.  —  U  Frôhner,  La  colonne  Trajane,  éd.  in-Sf,  p.  71  et  73;  Cichorius,  Die 
Reliefs  der  Trajansaeule,  p.  29,  33,  37. 


LEG 


—  1072  — 


LEG 


0 Lient  la  dignité  ;  sa  cuirasse  est  île  peau  et  il  n’a  pas  d’épau- 
lières.  M.  Cichorius  pense  que  ce  pourrait  être  un  tribun, 
à  moins  qu'il  ne  faille  y  voir  un  préfet  de  cohortes  auxi¬ 
liaires,  ou  même  un  tribun  de  cohorte  prétorienne.  Dans 

le  doute,  il  convient  de  s’abstenir 
de  toute  affirmation1. 

IV.  Légions  jusqu’à  Dioclétien. 
—  Nombre  des  légions.  —  Le 
nombre  des  légions  romaines  a 
varié  suivant  les  époques  et  sui¬ 
vant  l’importance  des  guerres 
que  l'État  a  eu  à  soutenir.  En 
principe,  et  pendant  les  deux 
premiers  siècles  de  la  Républi¬ 
que,  l'armée  se  composait  chaque 
année  de  quatre  légions,  réparties 
en  deux  divisions  commandées 
chacune  par  un  consul.  Le  consul 
recrutait  les  deux  légions  dont  il 
avait  la  direction  2.  Mais  la  durée 
et  l’extension  des  guerres  néces¬ 
sitèrent  un  déploiement  de  forces 
plus  considérables,  et  les  quatre 
légions  annuelles  furent  assez 
rapidement  remplacées  par  six  légions3  et  même  davan¬ 
tage.  L’histoire  de  la  seconde  guerre  punique,  pour  la¬ 
quelle  nous  avons  beaucoup  de  renseignements,  est  à 
cet  égard  très  instructive.  J’emprunte  à  un  travail  de 
M.  Schemann  4  les  indications  suivantes  qui  sont  le  ré¬ 
sumé  de  ses  recherches. 


y*  ^ 

Fig.  4424.  —  Legal  de  légion. 


Année. 

Nombre  de  légions. 

Année. 

Nombre  de  légions. 

53G  —  218  .. . 

S 

—  209. . . 

21 

537  —  217... 

546 

—  208  .. . 

....  21 

—  12 

538  —  216... 

.  19  — 

547 

=  207... 

. . . .  23 

—  13 

539  —  215... 

5 

548 

—  206... 

....  19 

—  14 

VfH 

II 

O 

.  21  — 

6 

549 

—  205... 

...  19 

—  15 

541  —  213... 

.  23  — 

7 

550 

=  204.. . 

...  18 

—  16 

542  —  212  .. . 

.  26  — 

8 

551 

—  203. 

20 

17 

543  —  211  ... 

.  27  — 

9 

552 

—  202 . . . 

...  16 

—  18 

544  —  210... 

....  21  — 

10 

553 

—  201 .. . 

—  19 

En  fait,  chaque  année,  par  le  sénatus-consulte  de  exer- 
citibus ,  le  sénat  arrêtait  le  nombre  des  légions20,  ainsi 
que  celui  des  socii ,  et  les  répartissait  en  autant  d’armées 
qu’on  créait  de  provinces  militaires  italiques  et  extra-ita¬ 
liques21.  Il  décidait,  en  outre,  si  les  légions  déjà  formées 
seraient  licenciées22  ou  maintenues23,  s’il  y  avait  lieu  de 
procéder  à  des  levées24  pour  compléter  les  armées  exis¬ 
tantes25  ou  pour  en  former  d’autres26.  En  règle  générale, 
il  décrétait  annuellementle  recrutement  de  deux  nouvelles 
légions27  ;  mais  il  pouvait  augmenter  sensiblement  ce 
nombre  qui  alla  jusqu'à  H  au  moment  de  la  guerre  de 
Persée  28 . 

I  Op.  cil.  p.  57  cl  pl.  XI.  —  2  Polyb.  I,  IC  :  VI,  19  ;  Liv.  VIII,  8.-3  Liv.  X,  27. 

■ —  4  L.  Scliemann,  De  legionum  per  ait erurn  bellum  Punicum  historia,  Bonnae,  1875. 

—  ■>  Liv.  XXIV,  11.  Sur  ce  nombre,  3  légions  en  Espagne.  —  3  Liv.  XXIV,  11; 
Id.  —  <  Dont  3  en  Espagne.  - —  8  Id.  —  9  Dont  4  en  Espagne.  —  1 0  Id.  ;  cf. 
Liv.  XXVI,  28.  —  11  Id.  —  12  Id.  ;  cf.  Liv.  XXVII,  22.  —  13  Id.  ;  cf.  Liv.  XXVII,  36. 

—  14  Id.  —  13  Id.  —  16  Id.  —  17  Dont  3  en  Espagne  ;  cf.  Liv.  XXX,  30.  —  18  Id.; 
cf.  Liv.  XXX,  27.  —  19  Dont  1  en  Espagne  (Liv.  XXX,  41).  —  20  Liv.  XXI,  17  ; 
XXII,  36;  XXIII,  25;  XXIV,  11  ;  XXV,  3;  XXVI,  1  ;  XXVII,  7;  XXVIII,  10,  etc.  ; 
Polyb.  III,  107.  —  21  Liv.  XXVII,  7.  —  22  Liv.  XXVI,  28;  XXVIII,  10;  XXXI,  8; 
XLV,  2.  -  23  Id.  XXIV,  44;  XXVI,  1.  -  24  Id.  XXIV,  44;  XXVI,  1  ;  XXVIII,  45; 
XXIX,  13  ;  XXXIV,  56,  etc.  —  25  id.  XXXII,  8  ;  XXXIII,  43  ;  XXXIV,  56  ;  XXXV,  20  ; 
XXXVI,  1  et  2,  etc.  —  26  Id.  XXVII,  22;  XL,  36;  XLI,  8;  XLII,  1;  XLIU,  12. 

—  27  Id.  XXIV,  44;  XXV,  3;  XXVI,  28;  XXVII,  36;  XXIX,  13;  XXX,  2,  etc. 


A  partir  du  début  delà  deuxième  guerre  puniqU(.  | 
a,  en  principe,  à  côté  de  l’armée  active,  une  arin,-.,. '  ' 
réserve  composée  de  deux29  et  même  de  quatre  légim,  t 
ce  sont  les  legiones  urbanae3i . 

Ce  qui  caractérise  les  armées  légionnaires  dans  tout 
cette  période,  antérieure  à  Marins,  c’est  qu’elles  étaien 
formées  d’un  nombre  de  légions  tout  à  fait  variable  | 
que  leur  existence  n’avait  aucune  durée  fixe.  Les  réforme 
introduites  par  Marius  apportèrent  à  cet  égard  de  g'rands 
changements,  ainsi  qu’il  a  été  expliqué  plus  haut. 

Du  jour  où,  contrairement  à  l’ancienne  coutume  W 
citoyens  des  classes  ne  furent  plus  seuls  admis  dans 
l’armée,  où  les  capite  censi  purent  être  enrôlés,  ceu\-H 
restant  au  service  pendant  de  longues  années,  les  légions 
acquirent  une  sorte  de  permanence,  et  on  commença  à 
les  distinguer  entre  elles  par  un  numéro  qui  leur  était 
propre.  Ce  n’est  pas  à  dire  qu’on  ignorât  jusque-là  toute 
numérotation:  on  trouve  dans  Tite  Live  des  exemples  de 
légions  spécifiées  par  des  chiffres  de  classement32,  et  l’on 
sait  que  le  numéro  d’un  certain  nombre  de  celles  qui 
prirent  part  au  siège  d’Asculum  pendant  la  guerre  sociale 
figure  sur  des  balles  de  fronde  recueillies  aux  environs 
de  cette  ville33.  Mais  cette  numérotation,  qui  comprenait 
la  série  de  toutes  les  légions  de  la  République,  se  renou¬ 
velait  chaque  année,  si  bien  qu’une  légion/sans  voir  son 
personnel  complètement  modifié,  pouvait  recevoir  un 
numéro  différent  de  celui  qu’elle  portait  dans  la  campagne 
précédente,  si  le  rang  qui  lui  était  attribué  dans  l’ensemble 
de  l’armée  n’était  plus  le  même.  C’est  précisément  là  ce 
qui  commence  à  changer  vers  l’époque  de  César.  Ainsi, 
pour  n’en  citer  qu’un  exemple,  la  légion  Ve  qu’il  recruta 
en  Gaule 34  se  trouve  citée  plusieurs  fois  avec  le  même 
chiffre  dans  la  suite  de  ses  guerres35.  Cette  persistance 
de  la  numérotation  initiale  n’est  point  encore  une  règle 
établie,  mais  elle  a  tendance  à  s’établir. 

De  ces  légions  numérotées  et  quelquefois  même  carac¬ 
térisées  par  un  surnom,  nous  connaissons  un  certain 
nombre,  non  seulement  par  les  auteurs,  mais  encore  par 
des  monuments  épigraphiques  :  une  legio  II  de  Pom¬ 
pée36,  une  legio  II  Sabina 37,  une  legio  II II  Sorana  au 
temps  des  triumvirs38,  une  legio  V  Urbnna 39,  une  legio 
VI  Gemella ,  qui  est  une  légion  de  César40,  une  legio 
VII ,  une  des  plus  célèbres  de  son  armée41,  une  legio 
VIII  Mutinensis +2,  une  Vil  IN  Triumphali*  'b  um‘  ; 
X  Veneria  u,  une  XII  Paterna 45,  une  XI IX de  Cornélius 
Spinter46,  une  XXX  Classica 41,  une  XXXIII  '8,  line 
XXXXN\  etc. 

En  même  temps,  le  nombre  des  légions  se  mullip  i>u 
d’une  façon  excessive,  chaque  compétiteur  levant  u- 
corps  nouveaux  pour  grossir  l’armée  sur  laquelle  il  111  ,J  1 
ses  espérances.  César,  qui  en  58,  en  partant  p,ml  ^ 
Gaule,  avait  6  légions50,  était  à  la  tète  de  11 
51 51  ;  c’est  avec  le  même  nombre  qu’il  combattit  a  I  kU 

—  28  Id.  XLII,  31  cl  35.  -  29  id.  XXIV,  14;  XXV,  3’ XX!/cf  Kinder!  I 

XXVIII,  46;  XXX,  2,  etc.  —  30  Id.  XLII,  35;  XL11I,  12.  —  31  x,  I*.  I 

Die  legiones  urbanae,  dans  le  Philologue,  XXXIX,  p.  527  et  s.  —  v XXI-V, 33  I 
XXII,  53,  XXXIII,  56,  XXXIV,  46  (n«  I,  II,  III);  X,  18,  XXVI,  48  (IV)  ^  ^  I 
(V);  XXVI,  5  (VI),  etc.  -  33  C.  inscr.  lat.  IX,  633,  693  et  suiv.  ^  I|[  8i 
Cites.  24.  —  35  Cic.  Ad  fam.  X,  33;  Ad  Att.  XVI,  8;  App.  Bel.  cm.  1  .  ^  I 

40,  45;  Del.  afr.  I,  5,  47,  60,  80,  84;  Bel.  hisp.  30.  —  36  C.  t. J-  ’  W;  cf.  I 

—  37  Ibid.  X,  4876.—  38  Ibid.  57  1  3.  —  39  Ibid.  2514.  —  w  Ibid-  '  '  I 

Caes.  Bel.  gall.  III,  4.  —  41  Ibid.  I,  624  ;  cf.  Caes.  Ibid.  VIII,  8.  —  42  ^  k  I 

—  43  lb.  V,  397.  —  44  lb.  4191.  —  45  Ib.  XI,  10  58.  —  46  Ib.  HÉ  6:,  t  '  j.owano«»  I 
X,  18.  —  48  Ib.  1,  1278.  —  49  Dessau,  2229.  —  50  Krohl,  De  legionibus  "  m  far  j 
Dorpati,  1841,  p.  15.  —51  Domaszewski,  Die  Heere  der  Bütgei  p.  Iï*)‘  I 
Jahren  49  bis  4Î  vor  Cliristus  (dans  les  N  eue  Heidelberg.  Jaht  büc 11 


LEG 


1073 


LEG 


I  i  \  sa  mort)  le  total  de  scs  légions  se  montait  à.  37 2. 
Sale  '  , ,  avait  avec  lui  à  Pharsale  11  légions  3  ;  le  reste  de 
P°®P^e  ge  composait  de  7  autres  légions,  6  en  Espagne 
s0“  ^Afrique*.  Brutus  et  Cassius  alignèrent  à  Philippes 
19  légions  3,  tandis  que  leurs  adversaires, 
qui  n'en  engagèrent  qu’un  nombre  égal, 
en  possédaient  plus  d’une  quarantaine  G. 
Au  moment  de  la  bataille  d’Actium,  An¬ 
toine  pouvait  mettre  en  ligne  30  légions, 
19  formant  l’armée  de  terre  7,  8  étant  sur 
Fi».  442o.  —  Won-  ja  fi0t,te  s  et  4  autres  se  trouvant  en 
Rnaieiégionnnuc.  ggypj.e  9_  Les  monnaies  de  ce  général 

nousles  mentionnent  avecleurs  numéros10.  La  figure 4423 
reproduit,  comme  spécimen,  une  de  ces  monnaies. 

I  L’armée  d’Octavien  comprenait  quarante  à  quarante- 
cinq  légions11.  La  bataille  gagnée,  les  troupes  du  vaincu 
venaient  grossir  l’armée  du  vainqueur.  Celui-ci  en  licen¬ 
ciait  une  partie  et  gardait  le  reste.  Ainsi,  après  la  bataille 
de  Philippes  et  la  mort  de  Cassius  et  Brutus,  quarante 
mille  de  leurs  soldats  furent  incorporés  dans  la  légion 
d’Antoine  et  d’Octave  12.  Il  en  fut  de  même  après  Actium  : 
Octavien  vainqueur  se  trouva  à  la  tête  de  plus  de  cin¬ 
quante-sept  légions,  suivant  Marquardt13,  d’une  cinquan¬ 
taine  suivant  M.  Mommsen11. 

!  C’était  beaucoup  plus  qu’il  n’en  fallait  pour  la  sécurité 
de  l’empire.  Il  en  supprima  un  grand  nombre  et  envoya 
les  soldats  qui  les  composaient  dans  des  colonies13. 
Quant  aux  autres,  il  les  conserva  et  leur  donna  une 
organisation  définitive,  sans  créer,  d’ailleurs,  de  cadres 
nouveaux  ni  de  dénominations  nouvelles. 

11  leur  garda  les  numéros  et  les  surnoms  qu’elles  por¬ 
taient,  soit  dans  son  armée,  soit  dans  celle  de  son  compéti¬ 
teur,  ce  qui  explique  qu’on  trouve  plusieurs  fois 7e  même 
numéro  dans  la  liste  des  légions  impériales  16.  Voici, 
d’après  M.  Mommsen,  comment  les  choses  se  passèrent11. 
Lorsqu’il  organisa  l’armée  permanente  en  725  =  29,  Octa¬ 
vien,  craignant  de  froisser  les  susceptibilités  du  peuple 
romain,  déclara  publiquement  que  son  armée  ne  compte¬ 
rait  plus  que  douze  légions  ;  il  licencia  donc  celles  dont  le 
■chiffre  distinctif  dépassait  le  nombre  douze.  A  ces  troupes 
il  ajouta  seulement  six  légions,  enipr  un  tées  à  l’armée  d’ An¬ 
toine,  ou  plutôt  cinq  légions  d’Antoine  et  une  de  Lépide,  qui 

avaitpasséantérieurement  à  Antoine18,  légions  qui,  d’après 

lune  observation  assez  récente,  auraient  été  celles  qui 
■vaient  déjà  servi  sous  César19.  Mais  les  guerres  qui  éclatè- 
en  sur  le  Rhin  en  737  =  4  et  en  Iilyricum  dix  ans  plus  tard 
.  !?Ul  111,1  augmenter  l’effectif  de  l’armée  impériale.  Il 
<n  °ac  p0ui  -  Gire  lace  huit  nouvelles  légions,  qu’il  can- 
■  -  ae n!,uile  en  Germanie  et  sur  le  Danube  et  auxquelles 


il  donna 


U‘le  numérotation  supérieure  à  douze.  Cela  por- 

m  VHA  .1  , 


des  léc.0m  >ie  S6S  ^§10ns  à  26.  Mais,  d’autre  part,  trois 
etravpo10l?S  en8agées  avec  Varus  ayant  été  détruites 
1  es  cadres  de  1  armée,  il  les  remplaça  par  deux 

■  1  Florus,  Enit,  iv  -i .  i? 

■^0f.  cit.  p,  _  3  a  l°P.'  V’  ”9,  cP  ^rolil,  Op.  cit.  p.  20.  —  -  Domaszewski 

5?i<-  IV>  5:  cf.  Krnl,l  PP',,  '  C,V:  49 1  cf-  Krohl-  °P-  cit ■  P-  40.  —  4  Fl  or  u  s 

foohl-  P-  la  et  73.  _’oPr  '  °  VeU-  PaL  «8;  App.  Bel.  cio.  IV,  88;  cf 

10  Cohen  xf  Plt"  GXXIL  ~  1  Plllt-  Anf.  68.  —  8  Oros.  VI,  10 
eC  cio.  IV,  135_  j/  xrnP-  h  P-  41-  —  11  App.  Bel.  civ.  V,  127.  —  12  App 

’’  h  0r0s.  VI,  Ig.  Hvainÿ<TV”MW'  P'  161  •  “  14  Res  9«stae,  p.  75.  -  15  Dio 
•  ü commentaire  de  M  &  P'  1/7  Lachmann)  ;  Iles  qestae,  111,  üG 
(f!°ns portant  le  num  'r!  r;SCn;  P’  °*  6t  S' ;  cf'  74’ nole  *■  -  «  Ainsi  il  y  a  trois 
bdeL^e,PaSsta  ttIIAl:rlade  1  armée  d’Octavien,  la  III  Cyre- 
S;re"'  cl>a  ^  Gallica  d’Antoine  ; 


"■*  wstae,  n  69  n  n  -,  1 

rtszewski  Ard,  1  •  J}  C,L  P-  69  et  suiv.  -  18  Voir  la  note  16. 

■  ^  Mm-  X-  P-  184  et  suiv.  -  20  Ch.  Robert,  Les  lé- 


seulement;  de  sorte  qu'en  somme  le  total  des  légions 
d’Auguste,  tant  de  celles  qu’il  conserva  après  Actium  que 
de  celles  qu’il  établit  dans  la  suite,  se  monta  à  25. 

Cette  théorie  a  trouvé  des  contradicteurs.  Ch.  Robert, 
le  plus  ardent  d’entre  eux,  l’a  combattue  dans  une  note 
assez  développée  20.  Pour  lui,  rien  ne  justifie  l’adoption  du 
chiffre  de  dix-huit  légions  après  Actium  ;  toutes  les  pro¬ 
babilités  historiques  sont,  au  contraire,  en  faveur  de  la 
conservation  par  Octavien  vainqueur  d’un  pied  militaire 
plus  considérable.  En  conséquence,  les  huit  légions  numé¬ 
rotées  de  XIII  à  XX  doivent  remonter  beaucoup  plus  haut 
quel’année  6, sans  doute  à  l’organisation  de  l’armée  perma¬ 
nente21.  Quant  au  nombre  des  légions  à  la  mort  d’Auguste, 
personne  ne  conteste  qu’il  se  soit  élevé  à  vingt-cinq22. 

Dès  le  règne  de  Claude,  on  constate  la  création  de  deux 
nouvelles  légions  par  dédoublement  de  légions  déjà 
existantes23,  la  XV Primigenia  et  la  XXII  Primigenia. 
Néron  constitua  la  /  Italica  et  la/  Adjutrix ;  Galba,  la 
VII  Gemina.  Sous  les  Flaviens,  le  nombre  total  des 
légions  ne  fut  pas  modifié,  mais  quatre  des  anciennes  dis¬ 
parurent  et  furent  remplacées  par  quatre  nouvelles  : 
II  Adjutrix ,  IV  Flavia,  XVI  Flavia  et  /  Miner  via  ; 
sous  Domitien,  deux  légions  sont  supprimées  à  la  suite  de 
défaites;  Trajan  en  crée  deux  autres,  la  II  Trajana  et  la 
XXX  Ulpia  ;  le  numéro  donné  à  cette  dernière  nous 
montre  qu’à  cette  époque  le  nombre  total  des  légions 
romaines  était  de  trente.  Au  temps  de  Marc  Aurèle,  la  for¬ 
mation  des  deux  légions  Italica  vint  combler  le  vide 
résultant  de  la  suppression  de  deux  autres  sous  Hadrien, 
mais  sans  changer  la  somme  des  légions  existantes.  Nous 
possédons,  en  effet,  un  document  officiel  de  ce  temps,  un 
laterculus  legionum  rédigé  entre  120  et  170  ap.  J.-C.  et 
gravé  sur  une  colonne  conservée  au  musée  du  Vatican24. 
On  y  lit  le  nom  de  trente  légions,  celles  qui  existaient  à  la 
fin  du  IIe  siècle,  énumérées  dans  l’ordre  géographique. 
A  la  suite,  et  rajoutées  après  coup,  figurent  trois  légions 
créées  par  Septime  Sévère  (/  Parthica ,  II  Part  h  ica  et 
III Parthica ),  ce  qui  porta  le  total  des  légions  romaines  à 
trente-trois  :  c’est  le  chiffre  donné  par  Dion  Cassius23.  Il 
se  maintint  jusqu’à  Dioclétien. 

Numéros  et  surnoms  des  légions26.  —  Nous  avons 
déjà  indiqué  que  la  plupart  des  numéros  portés  par  les 
légions  impériales  sont  ceux  qui  leur  étaient  attribués 
soit  dans  l’armée  d’Octavien,  soit  dans  celles  d’Antoine. 

Il  en  est  de  même  d’un  certain  nombre  de  surnoms,  en 
particulier  de  ceux  qui  provenaient  du  nom  des  pro¬ 
vinces  où  les  légions  avaient  combattu  ou  avaient  été 
levées  (. Macédonien ,  Gallica,  Cgrenaica ,  Hispana ,  etc.). 
D’autres  furent  tirés  de  noms  de  divinités  comme  .1  pot- 
lin  ari  s  ou  Minervia  ;  d’autres  de  particularités  relatives 
à  leur  formation  ( Adjutrix ,  Primigenia ,  c’est-à-dire 
obtenue  par  voie  de  dédoublement,  la  Primigenia  étant 
l’ancienne  légion  ;  Gemella,  c’est-à-dire  obtenue  par 

gions  d’Auguste  {C.  rendus  de  V Acad,  des  Inscr.  1808,  p.  94  el  suiv.). _  21  Cf.  l'ar¬ 

gumentation  de  Ch.  Robert  qui  suit  pas  à  pas  celle  de  M.  Mommsen.  Ce  dernier  lui  a 
répondu  (Bes  gestae,  2'  édit.  p.  73,  note  I)  en  maintenant  son  opinion.  Voir  aussi 
Domaszewski  {Iiorrespondenzblatt,  1891,  p.  59  et  suiv.)  qui  est  du  même  avis  que 
M.  Mommsen,  et  G.  Hardy  {The  Journal  of  Philologrj,  XXIII,  p.  29  et  suiv  ) 
qui  est  d'une  opinion  contraire.  —  22  Tac.  Ann.  IV,  23  ;  Dio,  LV.  23 
—  23  F*our  tout  ce  qui  va  être  dit,  voir  l'histoire  de  ces  différentes  légions  ;  cf.  aussi 
Marquardt,  Organis.  milit.  p.  166  et  suiv.;  Ch.  Robert,  Les  légions  du  Rhin  :  In¬ 
troduction:  Coup  d’œil  sur  les  légions  romaines ,  Paris,  1867  ;  Pützner,  Geschichte 
der  rom.  Kaiserlegionen.  —  2t  C.  i.  I.  VI,  3492;  cf.  Borghesi,  Œuv.  IV,  p.  259: 
Domaszewski,  Wiener  Sludien,  VII,  p.  297.  —  23  Uio,  LV,  24.  —  2f>  Marquardt. 
Organis.  milit.  p.  171  ;  Pfttzner,  Gesch.  der  Kaiserlegion.,  p.  3  et  suiv. 


—  1074 


LEG 


LEG 


voie  de  fusion).  Certaines  légions  portèrent  le  nom  de 
l’empereur  qui  les  créa  :  Aurjusta,  Claudio ,  Ulpia,  Tra- 


jana .  Il  est  impossible  d’insister  ici  sur  tous  ces  surnoms  ; 
I  origine  d  un  grand  nombre  d  entre  eux  sera  expliquée 
à  propos  de  l’histoire  particulière  de  chaque  légion. 

A  côté  de  ce  surnom 


meme  représentation 

numéro  des  légions  soit  i 


res  monnaies 
dation, 
ndiqué 


s.  vl.  4430)  7.  Enfin,  toutes  les  monnaies  milj. 


qaractéristique,  on  en 
rencontre  d’autres  que  les 
légions  recevaient  comme 
récompense  de  leur  dé¬ 
vouement  à  l’empereur  : 
ce  sont  les  épithètes  Pia, 

Fidelis,  Cotisions ,  Firmo , 

Victrix ,  etc. 

De  plus,  à  partir  de  Ca- 
racalla,  l’usage  s’établit 
de  donner  à  toutes  les 
légions  un  surnom  sup¬ 
plémentaire  tiré  du  nom 
du  souverain  régnant, 
pour  bien  affirmer  l’union 
du  prince  et  de  l’armée, 
jtour  marquer  nettement 
la  soumission  de  celle-ci 
a  celui-la.  On  voit  alors  apparaître  les  épithètes  de 
Antonimana  (Caracalla),  Severiona ,  Alexandriono 
(Sévère  Alexandre)  Maximiana  (Maximin),  Gordiano 
(Gordien),  Philippiana  (Philippe),  Gollieno  (Gal- 
lien  ,  etc.,  qui  fournissent  des  données  chronologiques 
fort  utiles  sur  les  inscriptions. 

Insignes  des  légions.  — -  On  a  reconnu  depuis  long¬ 
temps  que  chaque  légion  avait  un  ou  plusieurs  insignes, 
généralement  des  animaux,  qui  la  caractérisaient;  ces 
insignes  se  rencontrent  soit  à  côté  du  nom  de  la  légion, 
soit  même  seuls,  et  à  la  place  de  ce  nom,  sur  des  monu¬ 
ments  figurés  et  sur  des  monnaies.  Par  exemple,  sur  une 
pierre  trouvée  à  Benwell  ( Condercum ),  on  lit  les  mots 
Leg.  II  Aug.,  sur  une  enseigne  accostée  d’un  Capri¬ 
corne  et  d  un  Pégase  1  (fig.  4426)  ;  sur  une  plaque  de 
bronze  découverte  à  Crémone,  l’indication  Leg.  II II  Mac. 
ligure  entre  deux  disques  supportés  par  une  haste 
où  l’on  voit  un  taureau  et  une  chèvre  2  (fig.  4427). 

1  Corp.  inter,  lat.  VII,  517  ;  Bruce,  Roman  Wall,  p.  115.  -  2  JVotizie  cl.  scavi, 
mll  P1'  lv;  J{er'  arch-  ,888>  XI,  p.  29  et  suiv.  -3  Der  obergermanisch. 
raetische  Urnes  (k'astell  Bulzbach,  pl.  m,  30).  —  »  lire.  Bibl.  1899,  p.  101  et 
suiv.  —  •>  Ilev.  Arch.,  1869,  XX,  p.  251  ;  cf.  Numismatique  de  la  Terre  Sainte , 
p.  84.  —  6  Eckliel,  Docl.  num.  II,  p.  8;  cf.  Numismat.  Zeitschrift,  1891, 
p.  30,  pour  la  Dacie.  7  Blanchet,  Monnaies  inédites  de  la  Chersonèse  Tau- 
rique,  1892,  p.  6  et  pl.  n°  2.  -8  Kolb,  dans  la  Wiener  Num.  Zeitschr.  V,  p.  53  et 


Une  brique  découverte  dans  le  Castelluni  de  it 
montre  à  côté  des  mots  Leg.  XXII  Pr.  p  p 
corne3,  et  d’autres,  recueillies  à  Jérusalem,  pj”  r^' 
Leg.  X  Fret.,  accompagnée  d’une  galère  *  et'd’u  ^  " 

(fig.  4428).  C’est  ce  qu’on  voit  aussi  sur  une  moim^8'^ 
tremarquée 8  de  la  même  légion  (fig.  4405).  Des  1  C°n' 
de  Viminacium  portent6  une  femme  tenant  un  l'.'!"lnaies 
de  chaque  main  ;  sur  celui  de  droite  se  voit  le  chiir  ^ 
sur  celui  de  gauche  le  chiffre  IY  ;  à  droite  de  la  JJ*'11’ 
est  un  taureau,  à  gauche  un  lion.  D’autr 
de  la  même  ville  offrent  la 
mais  sans  que  le 
(fig.  4429  et 

taires  émises  par  Gallien  8,  Carausius  9  et  Viol  , 
(fig.  4431,  4432,  4433),  présentent  les  noms  et  1  ' 
insignes  des  légions  pour  la  solde  desquelles  J* 
étaient  frappées.  es 

On  est  d’accord  aussi  pour  admettre  que  ces  insv 
figuraient  sur  les  enseignes  légionnaires11.  Leur'C' 
gine  et  leur  nature  n’avaient  point  été  déterminées.  c°esî 

à  M.  Domaszewski  que 
revient  l’honneur  de  les 
avoir  fixées.  Il  a  établi 
très  ingénieusement12 que 
la  plupart  de  ces  animaux 
n’étaient  autres  que  des 
signes  du  zodiaque  et  in¬ 
diquaient  des  dates  en 
rapport  avec  l’origine  de 
la  légion.  Ainsi  le  tau¬ 
reau  est  le  signe  du  zo¬ 
diaque  du  mois  auquel 
préside  Vénus13;  Vénus 
est,  d’autre  part,  la  divi¬ 
nité  protectrice  de  la  gens 
Julia.  Le  taureau,  dans 
les  armes  d’une  légion, 
signifie  donc  qu’elle  doit 
sa  création  à  César.  Le 
capricorne  correspond  à  la  dernière  quinzaine  de  dé- , 
cembre  et  à  la  première  semaine  de  janvier.  Or,  c’est 
au  début  de  janvier  qu’Octave  déposa  son  pouvoir  reipv- 
It/icoe  eonstituendoe  pour  le  changer  contre  la  puissance 
impériale1'.  Les  légions  que  caractérise  le  capricorne 
seront  donc  des  légions  d’Auguste.  Si  elles  ont  à  la  fois 
comme  insigne  le  taureau  et  le  capricorne,  c’est  po® 
rappeler  que  leur  origine  remonte  à  César  qt  que  le®' 
introduction  dans  l’armée  impériale  est  le  fait  d’Auguste '• 
De  même  pour  la  légion  Minervia  de  Domitien.  Ladéesse 
Minerve  présidait  au  mois  que  le  bélier  caractérisai1 
comme  signe  du  Zodiaque16  ;  il  est  tout  naturel  que  la 
légion  ail  pour  emblème  à  la  fois  Minerve  et  le  Délie1, 
Ces  observations  ne  suffisent  pas  à  expliquer  tous  les 
insignes  légionnaires.  Ainsi  la  cigogne  de  la///' 
n  est  pas  un  signe  du  zodiaque,  le  Pégase  eles  dt® 
légions  Adjutrix  et  de  la  IP  Augusta  non  plus-  U  laU 
donc  chercher,  dans  certains  cas,  d’autres  interprétati°ns 

• 

suiv.  —  9  Colien,  Mon.  imp.  V,  p.  519  cl  suiv.  —  10  De  Witte,  Jler-  nu»-  ^ 

]).  293  et  suiv.  —  n  Domaszewski,  Die  Tahnen  im  rôm.  Hecre,  p-  38  cl  "inl)CS, 
nu'me  auteur  admet  que  l’image  de  ces  insignes  pouvait  être  figurée  sui  U 
par  exemple  sur  les  casques  ( Die  Marcus- Saule,  p.  113).  —  12  4^* 

Milth.  XV,  p.  182  et  suiv.  —  13  Mommsen,  /lom.  Chronol.  p.  305.  —  j|onl. 
Chronologie  de  l’Empire  romain,  p.  fi. —  15  Domaszewski,  P-  1  s '  ' 
msen;  Rôm.  Chronol.  p.  305. 


LEG 


—  1075  — 


LEG 


is  sont  évidentes  ;  ainsi  le  dauphin  de  la^Y"  Fre- 
Un:L  certainement  un  souvenir  de  son  origine, 
lensU  et,(i  |e  taureau  que  lui  attribuent  les  monnaies  la 
lan(-''s  <l'"  signale  comme  une  légion 


de  César.  Les  autres  sont 
encore  incertaines.  S’il  est 
possible  que  la  cigogne  ait 
été  assignée  à  la  légion 
IJ Ie Ilalica,  nommée  aussi 
Concordia  *,  parce  que 
cet  oiseau  est  le  symbole 
de  la  concorde 2,  il  parait 
bien  moins  probable  que 
Pégase  ait  été  donné  à  cer¬ 
taines  troupes  parce  que 
Pégase,  d’aprèsles  résultats 
des  recherches  assyriolo- 
giques,  était,  chez  les  Chal- 
déens,  une  constellation 
sacrée  3 .  De  même  est-il 
bien  certain  4  que  le  san¬ 
glier,  qui  caractérise,  par 
exemple,  la  légion  XX 
Valeria  Victrix  et  aussi 


la  Xe  Fretensis ,  n’ait  pas  d’autre  raison  d’être  que  d’avoir 
figuré  sur  les  enseignes  de  l’armée  romaine  antérieure  à 
Marius5  ?I1  subsiste  encore,  dans  ces  questions,  quelque 

obscurité. 


V.  Histoire  som¬ 
maire  DES  DIFFɬ 
RENTES  LÉGIONS.  — 

L’histoire  des  diffé¬ 
rentes  légions  im¬ 
périales  a  été  écrite 
plusieurs  fois,  soit 
pour  leur  ensem- 
le,  soit  dans  le  détail®.  Elle  est  assez  aisée  à  fixer  pour 
période  antérieure  au  n°  siècle,  grâce  aux  récits  de 
facile  et  d  autres  historiens  de  cette  époque.  Il  devient 
eau co ii p  plug  malaisé  de  la  préciser  pour  la  période 


Fig.  443u. 


Fl,-  4431.  —  Monnaie 
de  Gai  lien. 


Ednnm’  N°tre  S6llle  ressource  011  à  Peu  Près  réside 
donnent  1.^  msw‘ipUons’  surtout  dans  celles  qui  men- 
b  ''xP('ditions  ou  des  décorations  militaires, 

T  6  Surtout  toJCdl  r,  T  f™’  P‘  12-  -  5  Pli“-  »<“■  X,  16. 

QSuv.  IV  18.|  ^tealencyclopMie  de  Pauly,  1™  édit.  s.  v.  Legio  ; 

!°ria  le9‘°num  auxiliorumoueinih  h™™’  °eSCh ’  de>'  Kaiserl«Sionen  ;  Stille,  Bis- 
;.P™P0S  de  Chaque  légion  1  r  ?  P““  Divi  A»9«sti.  Cl.  notre  bibliographie 

;;6“  nkh‘  "on  Nerïc  «rrichJT  ’  ^  P’  869  :  Le<>io  1  AdJutrix 

^  Adjutrix  dans  les  Sit-lZ’  ,  1%  *8W  ;  Asbach-  Dier°m-  Legionen  Iund 

^  ^:iï9X  ;firen-  nkad- (phil- iiisior-  xx,  X 

“S'^idansl eW.-i0Bori”’P:  :04’  Pfitïner’  Op.cit.  p.  218;  Stille,  Op.  cit.  p.  120- 

''«b'ici,  Rome,  1887  ;  A.' jâne^^n  ‘  deRugsiero’  L  P-  86;Id.  Le  due  légion} 
Nuove  iscrizi’oni  ed  ."lanU’.  e  le9ione  I  Adfutrice ,  Lipsiae,  1894-  II 

Z*' lm' P-  32  et  suiv  1  8  uTIl0ni  int0rn°  aW  0rdiname’'t°  d»lle  armate, 
°DS sans  nombre,  les  .  .f„“Sa"Ce  deJa  1 a  donné  lieu  à  des  discus- 

10;Dio,  LV,  24;  Tac.  Hist.  I, 


,  — ao  la  lé 

S  extes desauteurs (Suet.  Galb. 


et  dans  les  monnaies  légionnaires  de  Septime  Sévère  el 
de  quelques-uns  de  ses  successeurs. 

Il  faut  y  ajouter  l’étude  des  différents  camps  dont  les 
ruines  existent  encore  sur  toute  l’étendue  de  l’empire 
romain.  Je  présenterai  les  faits  relatifs  à  chaque  légion, 
en  me  bornant  au  strict  nécessaire.  Pour  le  reste,  le 
lecteur  devra  se  reporter  aux  ouvrages  cités  en  note. 

Legio  I  Adjutrix  \  Insignes  :  Capricorne,  Pégase.  — 
Suivant  toute  vraisemblance,  la  légion  fut  constituée 
par  Néron  en  68,  un  peu  avant  sa  mort;  elle  était  formée 
de  soldats  de  la  flotte  8,  probablement  de  la  flotte  de 
Misène  9.  Son  surnom  d 'Adjutrix  indique  un  corps  de 
troupes  créé  dans  un  moment  difficile  pour  venir  en  aide 
à  des  troupes  régulières.  Il  lui  fut  conservé;  nous  le 
trouvons  mentionné  dès  l’année  68  dans  un  diplôme  mi¬ 
litaire10.  A  la  mort  de  Néron,  elle  resta  à  Rome  avec 
quelques  troupes  de  Germanie11.  Elle  se  déclara  presque 
aussitôt  pour  Othon 12.  Elle  combattit  pour  lui  à  Bé- 
driac  avec  acharnement  «  ferox  et  novi  decoris  avida  », 
mais  n’en  fut  pas  moins  vaincue13.  La  guerre  terminée, 
Vitellius  l’envoya  en  Espagne  «  ut  pace  et  otio  mites- 
eeret 14  ».  Cette  combinaison  ne  réussit  pas:  dès  qu’elle 
vit  la  possibilité  de  se  déclarer  pour  le  nouveau  compé¬ 
titeur  Vespasien,  elle  n’hésita  pas  et  son  adhésion 
entraîna  celle  des  deux  autres  légions  espagnoles,  la 
VIe  Victrix  et  la  Xe  Geminci.  Quelques  auteurs  ont  pensé 13, 
ajuste  titre,  qu’elle  avait  pris  part,  l’année  suivante,  à  la 
guerre  contre  Civilis  et  ses  Bataves  16  ;  d’autres  admettent, 
au  contraire,  qu’elle  ne  quitta  pas  l’Espagne  jusqu’en 
l’année  8817.  En  cette  année,  sous  l’empereur  Domitien, 
éclata  la  sédition  d’Antonius  Saturninus18.  La  légion,  qui 
avait  alors  sans  doute  pour  légat  Trajan,  fut  appelée 
sur  le  Rhin  pour  combattre  les  rebelles  19.  Elle  y  resta  et 
occupa  le  camp  de  Mayence20.  C’est  delà  qu’elle  partit  ou 
envoya  des  détachements  à  la  guerre  de  Domitien  contre 
les  Chatti21  età  l’expédition  de  Nerva  contre  lesSuèveset 
les  Germains 22.  Elle  prit  vraisemblablement  aussi  part  à  la 
guerre  Dacique  de  Trajan.  D’après  M.  Jünemann23,  elle 
aurait  quitté  la  Germanie  dès  le  début  de  la  campagne, 
puis,  entre  les  deux  expéditions,  aurait  été  cantonnée  à 
Apulum2l,oùelle  serait  revenue  après  la  fin  de  la  seconde 
guerre  et  la  réduction  de  la  Dacie  en  province23.  Elle  n’y 
resta  pas  longtemps.  Lorsque,  en  114,  la  légion  XVe  Apol- 
linaris  partit  avec  Trajan  pour  l’Asie,  elle  fut  appelée 
en  Pannonie  à  sa  place26  et  s’établit  à  Bregetio,  dans 
la  province  supérieure21.  On  y  a  trouvé  des  preuves 
épigraphiques  très  nombreuses  de  son  existence28. 
Elle  y  resta  campée  jusqu’à  la  fin  de  l’Empire.  Comme 
toutes  les  légions  de  Pannonie,  elle  dut  participer  aux 
luttes  qui  se  livrèrent  sur  le  Danube  pendant  la  deuxième 
moitié  du  ne  siècle  et  la  première  moitié  du  me  siècle  ; 
nous  n’avons  de  preuves  ou  de  présomptions  que  pour 

23;  Plut.  Galb.  13,  etc.)  étant  assez  difficiles  à  conciliée  ;  cf.  Vaglieri,  Op.cit.  p.  7 
et  s.  ;  Jünemann,  p.  5  et  s.  —  9  Jünemann,  p.  19.  —  10  C.  i.l.  III  ;  Dipl.  IV,  V.  p.  847 

el  suiv.  —  U  Tac.  Hist.  I,  26,  31.  —  12  Ibid.  I,  44.  —  13  Ib.  II,  43. _  H  Ib.  66,  67. 

—  15/4.  III,  34.  — 16  Pfilzner,  Loc.  cit.  ;  Westd.  Zeitschr.  1893,  p.  105  et  suiv.  ■ 
Asbach,  Loc.  cit.  p.  317;  Ritterling,  De  leg.  X  gemina,  p.  70;  Vaglieri,  Op.  cit. 
p.  14  (d’après  Tac.  Hist.  IV,  68  :  Sexta  ac  prima  ex  Hispania  accitae,  où  l’on  a 
introduit  sans  raison  la  correction  décima  ;  cf.  R.  Cagnat,  De  l’utilité  de  l'épigr 

latine  pour  l' établissement  de  certains  textes,  Douai,  1884,  p.  8  et  s.) _ 17  Jünemann 

p.  35  et  s.  — 18  Donner  Jahrbuch,  1876,  p.  134  et  s.  —  19  Jünemann,  Op.  cit.  p.  40 
et  s.  -  20Bramhach,  1666  ;  Jünemann,  p.  64,  avec  renvoi  aux  inscriptions.  —  21  Jüne¬ 
mann,  p.  65.  —22  C.  i.  I.  V,  7425.  —  23  Op.  cit.  p.  67  et  s.  —  2V  C.  i.  I.  III,  1004 
1628.  —  2j  Cf.  Mommsen,  Ib.  p.  256.  —  26  Jünemann,  p.  72.  — 27  C.  i.  I.  VI,  3492  • 
Ptolcm.  II,  14,  §  3,  p.  292  (Müller)  ;  [tin.  Anton,  p.  246  ;  Dio,  LV,  24.  —  28  Corp. 
inscr.  lat.  III,  p.  539. 


LEG 


1070  — 


1ÆG 


les  suivantes  :  expédition  germanique  de  Marc  Aurèle  et 
L.  Verus  1  ;  guerre  contre  les  Marcomans2;  guerre 
■contre  les  Germains  et  lesChattiJ;  expédition  Parthique 
de  Septime  Sévère4;  guerre  de  Maximin  contre  les 
Daces  5.  Elle  figure  sur  les  monnaies  de  l’empereur  Sep¬ 
time  Sévère6  et  de  1  empereur  Gallien  7.  Elle  existait 
encore  au  v  siècle  8,  et  continuait  à  occuper  le  camp  de 
Bregetio.  Elle  porte  sur  les  monuments  les  surnoms  de 
Jii(t  Fidelis,  qu’elle  n'avait  pas  encore  reçus  en  98.  On  ne 
peut  donc  pas  admettre,  ainsi  qu’on  l'a  fait,  qu’elle  les 
acquit  a  la  suite  de  la  révolte  d’Antonius  Saturninus  9  ; 
on  ne  sait  pas  davantage  à  quelle  occasion  elle  fut  appelée 
iterum  Pia  Fidelis10.  Au  début  du  iue  siècle,  une  ins¬ 
cription  lui  donne  le  titre  de  Constant  u. 

Legio  I  Germanica12.  —  L'origine  de  ce  corps  est 
mal  connue  :  M.  Mommsen  13  à  émis  l’hypothèse  que  la 
légion  existait  à  l’époque  de  la  réorganisation  de  l’armée 
romaine  par  Auguste  ;  que  celui-ci  la  licencia  ensuite, 
après  la  défaite  de  Varus,  mais  pour  la  reconstituer  immé¬ 
diatement,  comme  fit  par  exemple  Vespasien  plus  tard 
pour  les  légions  IVe  Macédonien  et  XVIe  Gallica.  Tacite 
dit  simplement  qu'elle  reçut  ses  enseignes  de  Tibère  u. 
A  la  fin  du  règne  d’Auguste,  elle  campait  en  Germanie 
inférieure  avec  les  légions  Ve,  XXe  et  XXL,  chez  les 
Ubiens,  où  Cécina  les  avait  réunies  en  vue  d’une  expé¬ 
dition  contre  les  Germains.  C'est  là  que  la  nouvelle  de 
la  mort  du  prince  les  surprit 13.  Elle  se  révolta  aussitôt16. 
11  résulte  du  récit  de  Tacite  qu'à  cette  époque  le  camp  de 
la  légion  était  à  Ara  Ubiorum.  En  l’année  15,  elle  prit 
part  à  une  expédition  contre  les  Chatti  et  contre  les  Bruc- 
ières1'.  L’année  suivante,  elle  fit  de  nouveau  campagne 
en  Germanie  18  et  assista  à  la  bataille  d’Idistavise  i9.  Les 
historiens  ne  mentionnent  plus  son  nom  avant  l’année  (38  ; 
à  cette  époque,  son  camp  était  à  Bonna20.  Elle  fut  la 
première  à  reconnaître  Vitellius  et  son  exemple  entraîna 
l’adhésion  de  toutes  les  autres  légions  de  Germanie  Infé¬ 
rieure21.  Une  moitié  de  l'effectif  partit  pour  l’Italie  sous 
les  ordres  du  légat  Fabius  Valons  et  se  fit  battre  à  Cré¬ 
mone22.  On  ne  sait  pas  ce  qu’elle  devint  ensuite;  peut- 
être  fut-elle  dispersée,  avec  les  autres  troupes  de  Vitellius, 
en  Illyricum23.  Quant  à  l’autre  moitié  de  la  légion  restée 
en  Germanie,  elle  n’eut  point  une  destinée  meilleure  :  obli¬ 
gée  de  tenir  tète  à  la  révolte  de  Civilis,  elle  commença  par 
se  laisser  vaincre  par  les  Bataves  rebelles 24,  puis  marcha 
avec  Hordeonius,  son  chef,  contre  Civilis 25  et  sur  Mayence, 
avec  Vocula26.  Après  le  meurtre  de  celui-ci,  elle  se  déclara 
pour  l'empire  gaulois  et  jura  fidélité  à  l’usurpateur27: 
•courte  fidélité  d’ailleurs,  car,  prise  de  remords  presque 
aussitôt,  elle  se  retira  chez  les  Mediomatrici 2S,  et  de  là 
rejoignit  l’armée  de  Petilius  Cerialis,  avec  laquelle  elle 
marcha  contre  celui  qu’elle  saluait  empereur  quelques 

U  Ann.  épigr.  1891,  p.  151.  —  i  C.  i.  I.  XIV,  3900.  —  3  Vit.  Pertin.  2.  —  4C. 
i.  I .  VIII,  217.  —  5  Jünemanu,  p.  91;  cf.  uue  inscription  du  temps  de  Gordien,  trou¬ 
vée  en  Syrie  et  qui  semble  indiquer  la  présence  d'un  détachement  de  la  légion  en 
Asie,  en  243  (C.  i.  I.  III,  190).  —  0  Eckhel,  VII,  108  ;  Cohen,  Monn.  imp.  IV,  p.  31,  256. 

—  7  Ibid.  V,  p.  387  ,  443,  446,  451,  452.  —  8  Not.  Dign.  Oc.  XXXIII,  51.  —  9  Rit- 
■terling,  De  leg.  X ,  p.  10  ;  Schilling,  De  leg.  X Min.  p.  6.  —  10  C.  i.  I.  111,4300  ;  cf. 
les  monnaies  de  Gallien  où  on  lit  à  côté  de  son  nom  :  V  P,  V  F,  VI  P,  VI  F  (Kolb, 
Wiener  Num.  Zeit.  V,  p.  53  et  suiv.).  —  U  C.  i.  L  III,  l.  c.  —  12  Grolefend,  Op. 
cil.  p.  870  ;  Borghesi,  Loc.cit.  p.  201;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  214;  Stille,  Op.  cil. 
f>.  9;  Brambach,  lnscr.  Ithen.  p.  12.  —  13  Des  gestae,  p.  68,  note  1.  —  14  Tac. 
Ann.  I,  42.  —  15  lb.  I,  31,  39.  —  16  Ib.  31  et  suiv.  —  17  Ib.  1,  64.  —  18  Ib.  II,  16. 

—  19  lb.  17.  —  20  Bi st.  I,  57  ;  IV,  19,  25.  -  21  Ib.  I,  57.  —  22  Ib.  III,  22.  —  23  Stille, 
Op.  cit.  p.  17  et  122.  —  24  Tac.  Hist.  IV,  20.  —  25  lb,  25.  —  26  Ib.  38.  —  27  Ib.  59. 

—  28  Ib.  70  et  suiv.  —  29  //;.  77,  —  30  Schilling,  De  legionibus  XXX  Ulpia  et  II 
Trajana,  p.  31  et  suiv.  — 31  Grotefend,  Loc.cit.  p.  871  ;  Pfitzner ,Op.  cit.  p.  220; 


jours  avant.  Mais  une  troupe  ainsi  démoralisée  est 

d’avance  ;  dans  la  bataille  de  Trêves,  elle  se  mm,!! 

nn  "1  au. 


,  ,  „  se  montra 

dessous  de  tout29.  Elle  disparut  des  cadres  de  L 

avec  la  réorganisation  de  Vespasien  30.  ,u  111(1,1 

Legio  I  Italica 31 .  Insigne:  sanglier,  taureau  r 
par  Néron32  le  20  septembre  de  l’année  (37  33  •  sa  J|et'e 
fut  d’abord  la  ville  de  Lyon34.  Vitellius  Temmen.M  "!'?’! 

35  .  „lù  —  J!  ,•  '  '  '-‘Gui 


dans  sa  marche  vers  l’Italie  33  ;  elle  se  distingua  à  |. 
taille  de  Bédriac 30.  Dans  la  campagne  suivante,  elle  f*  ^ 


à  la  bataille  de  Crémone  et  fut  vaincue  a 


XXIe  Hapax 


37 


avec  la 

A  la  fin  de  la  guerre,  elle  fut  env. 


°yée  en 


Mésie,  qui  resta  sa  province  jusqu’à  la  fin  de  l’Empire 


Une  inscription  nous  apprend  qu’elle  prit 


part  à  la  g 


uerre 


de  Dacie,  sans  doute  sous  Trajan 38  ;  une  autre  qu’elle 
envoya  un  détachement  sous  Marc  Aurèle  pour  une  exn' 
dition,  sans  doute  la  guerre  contre  les  Marcomans 39 •  une 
troisième  qu’à  la  même  époque  elle  fournissait  la’ gar¬ 
nison  de  la  Chersonèse  Taurique40. 

Son  camp  était  au  ier  siècle  établi  à  Durostorum41'  M 
iic,  peut-être  depuis  Hadrien,  elle  occupait  Novae42,  H 
semble  aussi  qu’elle  ait  eu  une  partie  de  son  effectif 
pendant  quelque  temps  du  moins,  campé  à  Troesrais11! 
A  l’époque  de  la  Notice  des  Dignités,  elle  occupait  encore 
le  camp  de  Novae  44  avec  des  détachements  dans  le  resle 
de  la  province43. 


Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère* 


et  sur  celles  de  Gallien47. 

Legio  I  Macriana48.  —  Quand  le  légat  de  h 
IIIe  Auguste,  Clodius  Macer,  à  la  fin  du  règne  de  Néron] 
tenta  de  se  soulever  contre  le  gouvernement  centrale! 
de  se  créer  en  Afrique  un  royaume  indépendant49,  il 
leva  une  nouvelle  légion  et,  à  l’exemple  des 
généraux  de  la  fin  de  la  République,  qui 
donnaient  aux  troupes  qu’ils  commandaient 
une  numérotation  spéciale  sans  considérer 
le  rang  qu’elles  tenaient  dans  l’ensemble  de 
l’armée  romaine,  il  l’appela  Legio  I  Ma¬ 
criana  Liberatrix  (fig.  4434).  Elle  est  con¬ 
nue  par  les  monnaies  de  Clodius  Macer30 


Fig.  443  1.— Mou- 
naic  de  Cio*  1 
diiis  Macer,  I 


On  a  voulu  faire  de  cette  légion  une  transformation  de 


la  légion  IIIe  Auguste31; 


mais 


il  est  beaucoup 


simple  d’admettre,  en  interprétant  à  la  lettre  le  texte 
de  Tacite32:  «  In  Africa  legio  cohortesque  dclectM 
a  Clodio  Macro  »,  que  la  légion  Macriana  fut  h'iet 
par  Clodius  Macer  et  est  par  conséquent  distincte  J* 
la  légion  IIIe  Auguste.  A  la  mort  du  prétendant,  celte 
nouvelle  légion  fut  licenciée  par  Galba83-  N itellius, 
ayant  eu  besoin  de  compléter  la  légion  d’Afrique  ou 
d’autres  corps  d’armée,  rappela  ses  effectifs  sous 
drapeaux  et  les  versa  dans  des  cadres  déjà  |XIS 
tants  54 . 


les 


Stille,  Op.  cit.  p.  22.  —  32  Dio,  LV,  24.  —  33  Domaszewski,  Die  Iteligi1111  I 


Heeres,  p.  19  cl  20.  —  34  Tac.  Hist.  1,  59.  —  33  lb.  64.  —  36  lb.  II,  1  '  ,  ^ 

100;  III,  14,  18,22.-3»  C.  i.  I.  VI,  3584.  —  39  C.  i.  I.  VIII,  2582,  274b  -  M 
VIII,  619.  —  41  Ptolem.  III,  10,  10.  —  42  Itin.  Ant.  p.  221;  Anon.  Han'»-  IJ 
189;  Epk.  epigr.  IV,  p.  528  et  C.  i.  I.  III,  p.  13  49.  —  43  C.i.  I ■  M, 

C.  rendus  de  l' Acad,  des  lnscr.  1865,  p.  273.  —  44  Not.  Dign.  Or.  XL,11- 
31,  32.  —  46  Cohen,  Monn.  imp.  IV,  p.  31,  255.  —  47  74.  \  ^  jf;,  ,/ff,  I 
—  48  Grotefend,  Loe.  cit.  p.  871;  Pfilzncr,  Op.  cit.  p.  48  ;  Schillu,  ^  jallsli 
rom.  Kaiserzeit,  I,  p.  367;  Mommsen,  C.  i.  I.  VIII,  p-  20;  1,1  , .  ( jjiut  I 

Da.Het.  d.  commiss.  archeol.  comunale  di  Itoma ,  1886,  p.  11'  et  sun'  ’ 

Armée  d" Afrique,  p.  150  et  suiv.  —  49  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  30  et  si"'  I 

Numism.  de  l'Afrique  ancienne,  II,  p.  171,  n0!  383  et  384;  feydlQ 

impériales ,  I,  p.  317,  n“  8.  —  31  Mommsen,  Loc.  cit.',  Ficge'^  yr,oi;,  ciG  | 


Aug.  p.  10.  —  52  Tac.  Hist.  I,  11. 
p.  122;  R.  Cagnat,  Op.  cit.  p.  153. 


53  Tac.  Loc.  cit . 


LEG 


—  1077  — 


LegioiMinervia'.  Insigne  :  Minerve,  bélier.  — Créée 
Domitien,  antérieurement  à  l’année  88  2,  peut-être 
!  Elle  fut  tout  d’abord  occupée  à  combattre  la 


gn 

révolte  d’Antonius  Saturninus  Elle  prit  part  ensuite 
aüx  deux  guerres  de  Dacie  ;  son  légat  était  à  cette 
époque  le  futur  empereur  Hadrien  5.  Des  soldats  de  la 
légion  avec  un  imaginifer  portant  une  enseigne  en 
forme  de  bélier  sont  représentés  sur  la  colonne  Trajane  G. 
A  la  fin  de  la  deuxième  campagne,  elle  revint  en  Ger¬ 
manie  Inférieure  où  elle  occupait  le  camp  de  Bonna  \ 
Elle  prit  part  à  l’expédition  Parthique  de  Marc  Aurèle 
et  de  L.  Verus 8,  et  à  la  lutte  de  Septime  Sévère  contre 
Pescennius  Niger9. 

'  Les  Minervii  sont  indiqués,  par  la  Notice  des  Dignités, 
comme  formant  une  légion  comitatensû  d’Illyricum 10. 

La  légion  porta  d’abord  les  noms  de  Flavia  Pki  Fidelis 
Domitiana 11  :  elle  les  reçut  en  récompense  de  la  fidélité 
qu’elle  avait  montrée  lors  du  soulèvement  d’Antonius 
Saturninus12.  A  la  mort  de  Domitien,  elle  ne  garda  que 
ceux  de  Fia  Fidelis.  Son  nom  figure  sur  les  monnaies 
de  Septime  Sévère 13  et  de  Gallien  u. 

Legio  I  Parthica15.  —  Etablie  par  Septime  Sévère  au 
moment  où  éclatait  la  guerre  contre  les  Parthes16.  Elle 
avait  son  camp  en  Mésopotamie 11 .  En  360,  sous  l’empereur 
Julien,  elle  prit  part  a  l’expédition  contre  Sapor,  défendit 
l^i  ville  de  Singara  et  fut  faite  prisonnière18.  Au  temps  de 
la  Notice,  elle  était  encore  en  Mésopotamie,  àNisibena19. 

Legio  II  Adjutrix20.  Insigne  :  Sanglier,  Pégase.  — 

I  Constituée  en  70,  de  soldats  de  la  flotte  de  Ravenne  qui 
avaient  pris  le  parti  de  Yespasien  21 ,  elle  fut  armée  par 
Antonius  Primus  22.  On  la  voit  marcher  tout  d’abord,  par 
ordre  de  Mucien,  contre  Civilis  révolté23  ;  elle  fit  toute  la 
guerre  sous  les  ordres  de  Petilius  Cerialis24  ;  puis  l'expé¬ 
dition  terminée,  en  71,  suivant  M.  Gündel,  il  semble 
quelle  ait  été  envoyée  en  Bretagne  où  l’on  a  recueilli  des 
races  de  sa  présence  dans  la  partie  orientale  de  l’ile,  à 
indum-'.  On  la  retrouve  ensuite  sur  le  Danube  ;  elle  y 
était  certainement  arrivée  à  l’époque  de  Domitien  :  nous 
possédons  la  tombe  d’un  de  ses  centurions,  mort  pendant 
.  5Ueiretde  cet  empereur  contre  les  Daces26.  Elle  prit 
Sir  i'1,  * 1,1 1 1  d  1  expédition  de  Domitien  contre  les 
suivant1’  .>tei  Sarmates  2?- Au  commencement  du  ne siècle, 
s’phhl'i  0  emée)  son  camp  était  à  Acumincum28;  elle 
peut  vn  ■  ,IIMIll<.  <l  Aquincum,  à  une  époque  qu’on  ne 
P  lxer,  a  peu  près  vers  le  milieu  du  ne  siècle5 


87 


>29 


1  Grotefend,  Loc.  cit  n  «71  o  ,  .  . 

01.  Schilling  De  tenir, „  v  ’  l  ’  BorSheS1’ loc ■  «'*•  p.  202  ;  Pfltzner,  Op.  cit.  p. 

^ 1  »<%, o, T  , f’ "T,r '**—«< «r mr„, Li,,;.’ 

C. U.  Il,  2424;  m  556  VI  n  P'  I3‘  ~  *  lbid'  P-  «•  “  ?  Vil.  lia, 
Mitlh-  XV,  p.  ,83  f  Urambacli,  405.  -  6  Domaszewski,  Arch.  ej 

~  ‘Bonn erJahrbücher  V i î 'Cl' <9rius’  Dle  Reliefs  der  Trajansaeule ,  p. 

U.  p.  147  ;  Von  Veith  n  ■■  1  P  ' 1  ’  CXXXII,  pl.  m  ;  Klein,  KorrespondenzL 

"*W.  De  relus  lmp  M  1  T-'  ^  “  B°nn'  B°"'h  1888.  -  8  C.  U  V1?  , 

1890,  no  82  ;  SchillL  ’0nUrehf°  ln  0nente  geslis’  P-  69  el  suiv.  -  9  Ann.  q 
Mrliiich.  LVI1,  n  7n.  m  Cl  '  P’  GE>‘  ~  i0  N°t.  Dign.  Or.  IX,  15.  —  il  B 

L12'  V2  XU™?  epigr'  V’  p-  202;SchillillS’  Op. 

.  1  14  Ibid.  V  n  387  ;’nP  '  Ct  SUU'  —  13  Cohen,  Monn.  imp.  IV,  p 

LV'24-  -  n  ,d.  1P;8337-  459  01  suiv.  -  Grotefend,  loc.  cit.  p.  872.  _  « 
f  20  Ufotefend,  Loc.  „“CCl'  XX’  G-  ~  19  NoL  DiSn-  Or.  XXXVI, 

' «WMler.  der  Wiener  Akad  y  y  Boi'shesi’  Loc-  cü-  P-  205  ;  Asbach,  dan 
t,lle.Op.  eu.  p.  ,22  n  v  ,  XX’  P'  290  ct  suiv.  ;  Pfltzner,  Op.  cit.  p. 
Il'0'  P-  89;  Gündel  De  b  Dizionario  epigraf.  de  M.  de  i 

<\t9°  AdMrtx  (Jih'ein  Leipzig,  1895;  Domaszei 

Z  °  ^  «  y  a  ies  XLVI’  P’  602  el  suiv.)..  -  2*  Sur  les  cri, 

»piniUonSIn,rapporteni  la  ci  ^ “““  dU'à  propos  do  la  P“  AdD 

<nscr  i  .  es  autres  en  v  a  VesPasien  -  nous  avons  admis 
1895,"  p/j. 1U’  P-  907),  à  O  thon  m"1  ^  i0rmation  a  Vitellius  (Mommsen,  C 
l  IVl'aison),  et  |’6tal|.  (Domaszewski,  Atcue  Heildelberger  Jahrbüc 
V.  soment  définitif  à  Vespasien  ;  cf.  Giiudel,  Op. 


LEG 

Sous  Marc  Aurèle,  elle  prit  part  à  la  guerre  contre  les 
Parthes 30.  Elle  se  rallia  sans  difficulté  à  la  candidal  tire  de 
Septime  Sévère  et  le  reconnut  empereur  en  193 31.  Sous 
Garacalla,  elle  envoya  un  détachement  en  Asie  pour  la 
guerre  Parthique32.  Elle  figura  aussi  dans  la  guerre  de 
Maximin  contre  les  Daces33.  A  l’époque  de  la  Notice  des 
Dignités,  elle  campait  encore  à  Aquincum34;  mais  elle 
était  répartie  dans  différents  autres  postes  de  la  province 
de  Valérie:  Alisca35,  Florentia36,  Contra  Tautantum  37, 
Cirpi38,  Lussonium39. 

La  légion  reçut  dès  les  premiers  temps  de  son  existence 
les  titres  de  Fia  Fidelis  :  elle  les  porte  déjà  sur  un 
diplôme  militaire  de  mars  de  l’an  70  40  ;  plus  tard  elle  prit, 
on  ne  sait  àquelle  occasion,  celui  de  iterum  Pia  Fidelis 41 . 
Sous  Claude  le  Gothique,  elleavait  le  titre  de  Constans 42. 

Legio  II  Augusta  43.  Insigne  :  Capricorne.  —  C’est 
naturellement  une  légion  d’Auguste  ;  on  l’a  identifiée  à 
la  seconde  légion  que  César  avait  en  Espagne44  ;  elle 
serait  passée  de  là  en  Germanie,  suivant  les  uns45,  en 
Égypte  suivant  les  autres46;  mais  ce  ne  sont  là  que  des 
suppositions  sans  aucun  fondement.  Ce  que  l’on  sait,  c’est 
qu  elle  était  à  la  mort  d’Auguste  en  Germanie  Supérieure47; 
elle  prit  part  à  l’expédition  de  Germanicus  en  l’année  13, 
où  l’on  donna  la  sépulture  aux  soldats  de  Varus48.  Elle 
y  perdit  même  ses  bagages  et  faillit  périr  dans  une  tem¬ 
pête49.  On  a  peu  de  souvenirs  épigraphiques  de  son  pas¬ 
sage  en  Germanie80.  Elle  passa  en  Bretagne  sous  l’em¬ 
pereur  Claude  et  prit  part  aux  batailles  qui  amenèrent  la 
conquête  de  l’ile;  elle  avait  alors  pour  légat  le  futur 
empereur  Vespasien01.  Elle  s’établit  presque  aussitôt 
dans  le  camp  d’Isca52,  qu’elle  occupa  dans  la  suite  et  où 
elle  a  laissé  de  nombreuses  traces  de  sa  présence  53 .  Au 
moment  des  guerres  civiles  qui  suivirent  la  mort  de 
Néron,  la  légion  fournit  à  Vitellius  un  détachement  de 
2600  hommes  contre  Vespasien54;  il  se  montra  dans  la 
bataille  de  Crémone,  où  il  formait  le  centre  de  l’armée 
vitellienne",  mais  le  reste  de  la  légion  demeuré  en 
Bretagne  se  prononça  sans  hésitation  pour  Vespasien  56. 
Un  autre  détachement  fut  peut-être  envoyé  en  70  sur  les 
frontières  de  Germanie  51.  On  sait  fort  peu  de  choses  de 
son  histoire  jusqu  a  1  époque  de  Dioclétien  :  on  peut  dire 
seulement  qu  elle  ne  quitta  pas  la  Bretagne  et  sa  vie  est 
celle  de  la  province  58.  A  la  fin  du  ne  siècle,  son  camp 
était  toujours  à  Isca  59.  Elle  prit  parti  pour  Carausius  sur 
les  monnaies  duquel  son  nom  ligure00.  La  Notice  des 


1  Cl  SUIV. 


-  IclL.  ÎIISL.  111,  DU  ;  Cl.  Luo,  LV,  z4. 


l  de  »  xi  tô  L  . 


-  24  Ibid.  V,  16,  20,  21,  22.  -  25  C.  i.  I.  VII,  185  à  188  ;  cf.  Arch.  Journal , 

XXXIX,  p.  248;  Gündel,  Op.  cit.  p.  25.  —  26  C.  i.  I.  III,  10224;  cf.  3336.  M.  Gündel 
l’y  fait  venir  en  87  (Op.  cit.  p.  41).  —  27  C.  i.  L  X,  135.  —  28  ptol.  II,  15,  3; 
Domaszewski,  Loc.  cit.  p.  603  et  suiv.  —  29  c.  i.  I.  lit,  p.  4,6  et  439;  p.  1138 
(en  120  suivant  M.  Gündel,  Op.  cit.  p.  47).  —  30  Ann.  épigr.  1893,  88.  -31  Cohen, 
Monn.  imp.  IV,  p.  31,  260.  —  32  C.  i.  I.  III,  3344;  cf.  Gündel,  Op.  cit.  p.  61  et5-’ 
note  3.  —  33  C.  i.  I.  111,  3336.  —  34  Pfot.  Dign.  Oc.  XXXIII,  54.  _ 35  JH  d.  52. 

36  Ibtd'  53.  — 37  Ibid.  55.  —  38  Ibid.  56.  —  39  Jbid.  57.  —  40  C.  i.  I.  111,  Dipl. 
VI.  —  41  Ibid.  3217;  cf.  sur  les  monnaies  de  Gallien  (  Wiener  Num.  Zeitsch.  V, 
p.  53  et  suiv.)  :  VI  F.  —  42  C.  i.  I.  3521.  —  43  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  873  ;  Pfltzner, 
Op.  cit.  p.  220;  Stille,  Op.  cit.  p.  24  ;  Allmer,  Inscr.  de  Vienne ,  I,  p.  463  et  s.  ; 
Hübner,  Hernies ,  XVI,  p.  530;  D.  Vaglieri  dans  le  Dizionario  de  M.  de  Ruggiero! 
I,  p.  814.  —41  Bel.  Alex.  53;  Hübner,  C.  i.  I.  Il,  suppl.  p.  88.—  43  Brambach! 
p.  10.  -  46  Pfltzner,  Op.  cit.  p.  16  ct  190.  —  47  Tac.  Ann.  I,  37.  -  48  55 

et  suiv.  -  49  md.  70.  -  50  Brambach,  946,  976,  1892  \  Korrespondenzblatt ,  1884 
p.  130,  no  H.  _  bt  Tac.  Ann.  XIV,  37  ;  Hist.  III,  44;  Agr.  XIII  ;  Suet.  Vespas. 
4;  C.  1.  I.  III,  6809.  -  52  Tac.  Ann.  XII,  32  et  38  ;  cf.  Hübner,  Hermes,  XVI 
p.  531  et  s.  -  53  C.  i.  I.  VU,  90  et  s.  -  54  Tac.  Hist.  I,  01.  -  55  md.  III,  22! 

—  56  U.  III,  44.  —  57  Mommsen,  Hermes ,  XIX,  p.  441.  —  58  C.  i.  I.  VI,  3492  ; 
Dio,  LV,  23  ;  ltin.  Ant.  p.  484;  C.  i.  L  VII,  p.  335.  -  59  pt0lem.’  II,  3’, 
30;  ltin.  Ant.  p.  484;  C.  i.  I.  VII,  p.  37.  —  60  Colien,  Mon.  imp.  VII. 
p.  10,  132. 


196 


LEG 


1078 


LEG 


Dignilés  nous  la  montre  encore  campée  en  Bretagne  avec 
la  ville  de  Rutupiae  comme  dépôt1. 

Legio  II  Italica  Insignes  :  Louve  allaitant  les 
jumeaux,  Capricorne.  —  Établie  par  Marc  Aurèle  avant 
I/O',  on  la  trouve  d’abord  désignée  par  les  noms  de 
11  Pin  G  M.  Mommsen  suppose  qu’elle  occupa  en  pre¬ 
mier  lieu  la  Pannonie,  où  la  guerre  contre  les  Marcomans 
nécessitait  un  grand  nombre  de  troupes.  Elle  fut,  peu 
après,  assignée  comme  garnison  à  la  province  de  Nori- 
cum,  qu  elle  occupa  pendant  tout  l’Empire.  Les  inscrip¬ 
tions  qui  la  mentionnent  y  sont  très  abondantes5.  On 
connaît  deux  épitaphes  de  légionnaires  de  la  II  Italica 
qui  moururent  dans  une  expédition  en  Dacie  :  malheu¬ 
reusement  la  date  de  ces  textes  est  incertaine6. 

Le  camp  de  la  légion,  d’après  l'Itinéraire  d’Antonin, 
était  a  Lauriacum1;  on  a  trouvé  des  inscriptions  et  des 
tuiles  estampillées  au  nom  de  la  légion  dans  toute  la 
province.  Au  temps  de  la  Notice,  elle  était  divisée  en 
plusieurs  parties,  campées  l'une  à  Lauriacum8,  l’autre  à 
Lentia9,  la  troisième  à  Joviacum10;  une  autre  portion 
était  en  Afrique 11 . 

Elle  avait  reçu,  antérieurement  à  l’année  214 t2,  les 
surnoms  de  Pia  Fidelis.  Sur  deux  inscriptions 13,  on  la 
trouve  désignée  par  la  qualification  de  legio  secunda 
Divitensium  Italica ,  dont  le  sens  précis  échappe;  il  est 
probable,  pourtant,  que  quelque  partie  de  la  légion  était 
à  cette  époque  campée  à  Divitia  (Deutz). 

Elle  figure  sur  les  monnaies  de  Gallien  u. 

Legio  II  Parthica15.  Insigne  :  Centaure.  —  C’est  une 
création  de  Septime  Sévère,  comme  les  deux  autres  de 
même  nom.  Contrairement  à  tous  les  précédents,  il  l’éta¬ 
blit  aux  portes  mêmes  de  Rome,  sur  le  mont  Albain16. 
Caracalla  en  emmena  une  partie  avec  lui  en  Asie17.  Elle 
prit  part  aux  différentes  conspirations  militaires  qui 
amenèrent  successivement  l’avènement  de  Macrin  et  celui 
d’Elagabal.  Au  moment  ou  elle  se  déclara  pour  ce  dernier, 
elle  était  à  Apamée18.  De  retour  dans  son  camp  d’Albano, 
elle  y  resta  jusqu’à  l’époque  de  Constantin,  non  sans 
prendre  part  à  différentes  campagnes  hors  de  l’Italie19. 
Celui-ci  l’établit  en  Orient20.  Sous  Julien,  elle  campait  en 
Mésopotamie,  où  elle  subit  un  grave  échec  à  Singara21. 
Nous  la  retrouvons,  à  l’époque  de  la  Notice  des  Dignités, 
à  Céfa,  en  Mésopotamie22. 

Elle  portait  déjà  les  noms  de  Pia  Fidelis  Aeterna  à 
l'époque  de  Septime  Sévère23.  Son  nom  figure  sur  les  mon¬ 
naies  de  Gallien24  (elle  y  porte  les  noms  de  V,  VI  et  VII 
Pia ,  V,  VI  et  VII  Fidelis)  et  sur  celles  de  Carausius28. 

Legio  II  Trajana26.  Insigne  :  Hercule.  —  Fondée  par 
Trajan27  après  la  XXXe  Ulpia 28,  vers  108,  quand  la  légion 
IIIe  Cyrenaïca  eût  été  expédiée  en  Arabie29.  Elle  reçut 

i  Not.  Dign.  Oc.  XXVIII,  19.  —  2  Grolefend,  Loc.  cit.  p.  874.  —  3  Dio.  LV,  24; 
Oros.  VII,  15;  C.  i.  I.  III,  n°  1980  et  p.  1030.  —  4  //>.  Le.  —  5  lb.  III,  p.  1139. 

—  6  lb.  4857,  5218,  etc.  —  7  Itin.  Ant.  p.  100;  cf.  C.  i.  I.  III,  p.  089.  —  8  Not. 
Dign.  Oc.  XXXIV,  39.  —  9/6.  38.  —  10  lb.  37.  —  H  Oc.  V,  80-235;  VII,  144. 

—  12  C.  i.  I.  III,  5187.  —  13  Orelli,  3391  ;  C.  i.  I.  VI,  3037.  —  14  Cohen,  Mon.  imp. 
V,  p.  388,  n°  471  (VI  P,  VI  F).  —  l»  Grolefend,  Loc.  cit.  p.  874;  Henzen,  La 
legione  II  Partica  et  la  sua  stazione  in  Albano  ( Annali ,  1807,  p.  73  et  suiv.). 

—  16  Dio.  LV,  24  ;  LXXV1ÏI,  13  ;  Herod.  VIII,  5,  8  ;  Vit.  Caracallae ,  0  ;  C.  i.  I.  III, 
3307  et  suiv.  —  17  Dio,  LXIX,  2.  —  18  Dio,  LXXVIII,  34.  —  19  C.  i.  L  III, 
p.  909;  add.  ad  n.  113.  —  20  De  Rossi,  Bullett.  1884,  p.  84.  —  21  Amm.  Marc. 
XX,  7,  1.  —  22  Not.  Dign.  Or.  XXXVI,  30.  —  23  C.  i.  I.  III,  187.  —24  Cohen, 
Mon.  imp.  V,  p.  388,  478  et  s.  —  25  Ibid.  VIII,  p.  50,  134  et  s.  —  26  Grotefend, 
Loc.  cit.  p.  874  ;  Borghesi,  Œuv.  IV,  p.  206  ;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  225  ;  P.  Trommsdorlf, 
(Juaestiones  ad  historiam  legionum  spcctantes,  Lipsiae,  1890,  p.  9  à  00.  —  27  Dio, 
LV,  24.  —  28  Trommsdorff,  Op.  cit.  p.  9  et  suiv.  ;  Mommsen,  Bull,  des  Ant.  Afr. 
1884,  p.  278.  —  29  Voir  l’histoire  de  la  légion  IIIe  Cyrenaïca.  —  30  C.  i.  I.  III,  79. 

—  31  R  n’y  en  a  pas  de  preuve  certaine  :  c’est  une  conjecture  vraisemblable 


l’Égypte  pour  garnison30.  Nous  en  trouvons  la  m*  ,• 
pour  la  première  fois  dans  une  inscription  du  ‘ 
vrier  109.  On  l’envoya  presque  aussitôt,  sembleVl 
grossir,  au  moins  par  un  détachement,  l’armée  dV  ' 
dition  dirigée  par  Trajàn  contre  les  Parthes31.  ' 
années  plus  Lard,  sous  Hadrien,  elle  prit  part  à  la 
de  Judée32;  puis,  peut-être,  à  la  guerre  Parthique  J* 
Marc  Aurèle  et  de  L.  Verus 33.  Enfin  en  213,  Caracalla  IV 
mena  avec  lui  dans  sa  campagne  contre  les  Germains11 
Elle  était,  d’ailleurs,  suffisamment  occupée  à  maintenir 

la  paix  en  Égypte  et  à  défendre  le  pays  soit  contre  les 
ennemis  du  dehors,  soit  contre  ceux  du  dedans. 

Le  camp  de  la  légion  fut,  pendant  le  11e  et  le  ni* siècle 
établi  à  Alexandrie.  A  l’époque  de  la  Notice35,  elle  était 
divisée  entre  plusieurs  campements  :  on  cite  Parembole 
et  Apollo  Superior36. 

Elle  porte  sur  les  inscriptions  et  les  papyrus  le  surnom 
de  Fortis  (Gyypâ)  :  on  le  lit  déjà  sur  une  inscription  de 
l’an  109 37,  soit  qu’elle  l’ait  obtenu  avant  cette  date  par 
quelque  action  d’éclat,  soit  qu’elle  en  ait  été  dotée  dès  sa 
formation  comme  d’un  surnom  de  bon  augure38.  On  lui 
donna  aussi  le  surnom  de  Germanica  qu’elle  dut  prendre, 
suivant  M.  Trommsdorff39,  à  l’occasion  de  la  guerre  de 
Caracalla  contre  les  Germains  en  21  i.  Quant  aux  surnoms 
de  Pia  Fidelis ,  qui  lui  sont  attribués  sur  les  monnaies 
de  VicLorin,  et  jamais  sur  les  inscriptions,  on  ne  saurait 
dire  à  quelle  occasion  ils  lui  ont  été  accordés40. 

Son  nom  figure  sur  des  monnaies  de  Numérien41,  de 
Carin42  et  de  Victorin43. 


Legio  III  Augusta4'".  —  La  légion  IIIe  Augusta  est 

une  légion  d’Auguste.  M.  Mommsen  la  regarde  comme 
établie  par  César  pendant  les  guerres  civiles".  Lors 
de  la  réorganisation  de  l’armée  impériale,  Octave  garda 
les  trois  légions  désignées  par  le  numéro  III  qu’il  avait 
trouvées  constituées  à  son  avènement  (IIIe  Augusta, 
IIIe  Cyrenaïca,  IIIe  Gallica)  et  les  distingua  par  des  sur¬ 
noms  différents  4G.  Elle  fut  établie  tout  d’abord  en 
Afrique  suivant  les  vraisemblances;  on  l’y  trouve  à  la 
mort  même  d’Auguste47  ;  sous  Tibère  elle  lutte  vigoureu¬ 
sement  contre  Tacfarinas48.  A  la  fin  du  règne  de  Néron, 
elle  était  commandée  par  le  légat  Clodius  Macer li  ; 
entraînée  par  l’influence  de  son  chef,  elle  se  souleva 
contre  le  gouvernement  central50,  mais  après  la  morl 
violente  de  celui-ci  elle  rentra  dans  le  devoir.  File  prit 
part  à  toutes  les  guerres  qui  agitèrent  l’Afrique  pondant 
les  trois  premiers  siècles.  On  connaît  quelques-uns  dus 
événements  les  plus  importants  de  son  existence.  A  I  ou 
nement  de  Vespasien,  le  légat  Valerius  Festus,  parent  e 
Vitellius,  tout  en  gardant  l’apparence  de  la  fidélité  cnvn> 
celui-ci,  se  déclara  en  secret  pour  le  nouvel  empereui 


(Trommsdorff,  Op.  cit.  p.  32  el  s.).  —  32  C.  i.  I.  X,  3733  ;  cf.  Dio,  I-X'A  ^ 
Euseb.  ad  an.  132/3;  Trommsdorff,  Op.  cil.  p.  39  cl  s.  —  33  Ibid,  p-  ^  ^ 

—  84  Ibid.  p.  24  et  s.  —  33  Trommsdorff,  Op.  cit.  p.  31  ;  Néroulsos  l"V 
cicnne  Alexandrie,  1888, p.  85.  —  36  j\T0t.  Dign.  Oc.  XXVIII,  19  ;  XXXI,  ^  ^ 
i.  I.  III,  79.  —  38  Trommsdorff,  Op.  cit.  p.  24  (cf.  14,  note  4),  d  api  '  --  V" 

—  39  Op.  cit.  p.  25.  —  40  Ibid.  p.  20.  —  41  Eckliel,  Doct.  mm.  cet.  .  ^ 

—  42  Ibid.  515.  —  43  Cohen,  Mon.  imp.  VI,  p.  75,  59.  —  44  Grolefend,  ‘  ^ 

p.  875,  Pfitzner,  Op.  cit. .p.  22G;  Mommsen,  C.  i.  I.  VIII,  p.  19  I  F‘eBc  •  ^ 

legionis  III  Augustae  (Berlin,  1882);  R.  Cagnat,  Armée  rom.  dA/n'lÇ  (  G(  ; 
et  s.  ;  C.  H.  Baale,  De  provinciis  Africanis  aetate  imperatoria,  p-  1  ^  -j 

D.  Vaglieri  dans  le  Dizion.  de  M.  de  Ruggiero,  I,  p.  815.  —  45  Res  y sl  ^  ^jg, 
et  C.  i.  I.  loc.  cit.  — 46 Mommsen,  Loc.  cit.  ;  Fiegel,  Op.  cil.  p.  t-  gyet. 

100  23.  —  48  Tac.  Ann.  Il,  52  ;  cf.  R.  Cagnat,  Armée  d'Afrique,  p.  J  et  'occl$t 
Galb.  H.  —  50  Cagnat,  Armée  d’Afrique ,  p.  149  et  s.  C’est  à 

ipie  furent  frappées  les  monnaies  au  revers  desquelles  on  lit  :  U  '  1  ,  //». 

(Muller,  Numism.  de  l’Afrique  anc.  Il,  p.  171,  il01  385  à  392).  — 

U,  98. 


—  1079  — 


LEG 


LETG 


Dès  qu'il  apF 

consu 


suspectait  la  fidélité  et  emmena  ses  troupes 
r  amantes 1  •  Sous  Domitien,  elle  fit  une 
r  LL  Nouions2.  En  l’année  128,  sous 


,rit  la  défaite  de  Crémone,  il  fit  tuer  le  pro- 
d’ Afrique  Pison,  châtia  les  légionnaires  dont  il 

troupes  contre  les 
expédition 

J  trc  les  Nasamons-  un  ibuucc  i^u,  le  consulat 

I  de  Torquatus  et  de  Libon,  comme  le  prouve  une  inscrip- 
Ition  récemment  découverte3,  elle  reçut,  à  Lambèse,  la 
l 'site  de  l’empereur  Hadrien  qui  la  fit  manœuvrer  devant 
■lui  ‘  et  le  l"r  juillet  eut  lieu  une  revue  d’honneur  où  l’em- 
Iper’eur  lui  adressa  une  allocution  aujourd’hui'  célèbre4. 
Pendant  le  courant  du  ne  siècle,  elle  envoya  quelques  déta¬ 
chements  dans  les  différentes  parties  du  monde  romain. 

■  C’est  ainsi  qu  elle  aurait  pris  part  à  la  gueiie  de  Lucius 
Verus  contre  Vologèse5,  et  à  l’expédition  de  Marc  Aurèle 
contre  les  Quades  et  les  Marcomans 6.  Lorsque  l’Africain 
Seplime  Sévère  arriva  au  pouvoir,  la  légion  d’Afrique  ne 
pouvait  que  soutenir  la  cause  de  son  compatriote.  Il  est 
très  probable  que  la  légion  combattit  vigoureusement 
dans  son  armée  contre  Pescennius  Niger7;  ce  serait  à 
l’occasion  de  ces  événements  qu’elle  aurait  reçu  les  titres 
de  Pia  V index  qu’elle  porte  sur  les  monuments  depuis 

•  l’année  191  ou  195  8.  Pendant  le  règne  de  Septime  Sévère, 
en  même  temps  qu’elle  élevait  à  Lambèse  et  dans  le  reste 
de  l’Afrique  ces  grandes  constructions  d’utilité  publique 
dont  les  restes  subsistent  encore  aujourd’hui,  elle  envoyait 
un  détachement  pour  l’expédition  mésopotamique  9 . 
En  216,  un  autre  détachement  prenait  part  à  la  guerre 
deCaracalla  contre  les  Parthes10  et  se  déclarait  en  faveur 
d’Ehigabal  vainqueur  de  Macrin  n.  La  révolution  qui  mit 
l’empereur  Gordien  à  la  tète  de  l’État  fut  faite  en  dehors 
de  la  légion,  mais  elle  ne  se  soumit  point  au  nouvel  état 
de  choses,  et  se  déclara  pour  Maximin,  rival  heureux  de 
Gordien.  Celui-ci  ayant  été  définitivement  écarté  et  rem¬ 
placé  par  Gordien  III,  la  légion  paya  chèrement  sa  con¬ 
duite  :  elle  fut  licenciée  et  son  nom  fut  martelé  sur  tous  les 
monuments  où  il  était  gravé  12.  Les  soldats  furent  versés 
sans  doute  dans  des  légions  de  Germanie  13;  ils  auraient  été 
du  nombre  des  troupes  rassemblées  en  ltétie  par  Yalé- 
rien  * ,  pour  exciter  leur  zèle,  celui-ci  leur  aurait  promis  de 
les  rendre  àleur  ancien  campementsi  elle  le  débarrassait  de 
[son  rival  Emilien.  La  mort  de  ce  dernier,  survenue  à  la  fin 
[  del  année  253,  entraîna  la  reconstitution  de  la  légion  :  dès 
afin  d  octobre,  elle  reprenait  possession  du  camp  de  Lam- 
.  est  cl  de  ses  dépendances15;  elle  reprit  aussi  ses  anciens 
Biirnoms,  ce  qui  la  fait  appeler  sur  une  inscription16  : 

e°l°  111  AuO-  iterum  Pin ,  iterum  Vindex.  Elle  y 
ttV/n  °n  ne  Sa^‘  a  9üe^e  époque,  ceux  de  Construis'1 
Et  6  r  '  L '  11111  *  ’  on  D’ouve  ceux  de  Pia  Fidelis  employés 
1  r  '!  *.  '  Dioclétien10.  La  dernière  trace  de  sa  présence 
ï  C  *  Aiuès  se  trouve  sur  deux  bases  honorifiques 

■  1  Tac.  Bist.  III,  4n  „ 

(exlrai I,  Jcs  ’  “  tonar.  Ann.  XI,  10.  —  3  Bull.  arch.  du  Comité 

n0V-  189°-  »)•  -  4  C.  i.  I.  VIII,  „0  l8242; 

inédits  de  ce  discours  (Tl  //  *'  °U  &  Ll°UVl5  récemmeut  do  nombreux  fragments 

nov-  et  déc.  18091  -1  v,  r  ■  arcb‘  d u  Comité-,  extr.  des  procès-verbaux,  juillet, 

f19;  *  Arch.  ep'inr.  Lûh  Ll'"'  "1  ^  ''  ^  FicgeI’  °P'  dt  |K  17'  “  6  Ibid- 
h  P-  709;  I(  Caenat  n  ■  ’  P’  8i’  u°  28‘  —  7  Schiller,  Boni.  Kaisergesch. 

*>•*  r-m-, 7'c-‘-  <•  ™.  om  -  * 

P  "R-  Gagnai,  Armée  d' ’  ’  P‘  38  et  Suiv'  “  10  C'  1  1  VIU>  25e4- 
Mommsen,  C.  /  yiii  ^ 'Que,  P-  —  12Henzen,  Annali,  1800,  p.  58  et  s.; 

P- i74  et  s.  ;  ’  P'  7°’  üonior,  Archives  des  Missions,  ir"  série,  t.  II, 

Victor.  pe  çaes  ^  ((;  Cl1-  P-  Ififiels.  —  13  Mommsen,  Ibid.  p.  21.  — U  Aurel. 

"  11  «Ad.  10474  Y  _  ,»  ,  ’•  1  VU1’  2482>  i807--  -  16  Ibid.  2482;  cf.  17970. 
o°39.  — 19£,  ;  __  ,!SCÎ  '  édites  extr.  des  papiers  de  Léon  Renier, 

Cl  U- VIII,p..21.'R  ’  2577- ~20Xot.  dign.  Oc.  VII,  151.  —  21  Mommsen, 

~2',Lc  camP  provisoire  T  n  ~  ™  Ibid '  P'  499'  ~  23 P-  «00. 

aPPellc  vulgairemen,  ,  °  8  ébftblil  tout  d  abord  paraît  bien  être  celui  que  l'on 

P  es  auxiliaires;  cf.  Wilmanns,  É tu.de  sur  Lambèse, 


élevées  en  l’honneur  de  l’empereur  Maximien  et  du  César 
Constance.  Elle  était  cependant  encore  en  Afrique  où  la 
Notice  des  Dignités20  mentionne  les  Tertioaugustani 
parmi  les  légions  comitatenses  aux  ordres  du  comte 
d’Afrique. 

Son  camp  était  au  Ier  siècle  à  Theveste21  (Tébessa). 
Elle  abandonna  ce  point  vers  l’époque  des  Flaviens  ou 
peut-être  seulement  sous  Trajan 22,  pour  se  porter  plus  à 
l’ouest  du  côté  de  Khenchela23.  Vers  123,  elle  s’établit  à 
l’extrémité  occidentale  de  l’Aurès,  à  Lambèse 24,  où  elle  a 
laissé  des  traces  d’un  camp  monumental  extrêmement 
riche  en  antiquités  de  toutes  sortes 25  (plus  haut,  fig.  4408). 

Elle  envoyait  naturellement  des  détachements  dans 
tous  les  endroits  où  des  légionnaires  étaient  nécessaires 
pour  les  besoins  du  service26  ou  la  défense  du  pays27. 

Legio  III  Cyrenaïca28.  —  Appartenait  sans  doute 
à  l’armée  de  Lépide  et  fut  ensuite  comprise  dans  la 
réorganisation  des  légions  d’Auguste29.  Son  nom  vien¬ 
drait  de  ce  qu’elle  aurait  campé  quelque  temps  en  Cyré¬ 
naïque  avant  de  s’établir  en  Égypte  30,  ce  qui  eut  lieu 
à  l’époque  d’Auguste  31.  On  ne  sait  pas  exactement  où 
était  son  campa  cette  première  période  de  son  existence. 
Sous  Caligula,  elle  se  fixa  à  Alexandrie,  avec  la  légion 
XXIIe32,  d’où  elle  envoyait  des  détachements  sur  diffé¬ 
rents  points  de  la  province33.  En  63,  elle-etit  à  apaiser 
le  soulèvement  des  juifs  d’Alexandrie  34,  puis  à  aider 
Corbulon  dans  sa  seconde  campagne  contre  les  Parthes 3S. 
Six  ans  plus  tard,  à  peine  avait-elle  prêté  à  Vespasien 
le  serment  de  fidélité,  qu’elle  dut  envoyer  en  Judée,  à 
l’armée  de  Titus,  un  détachement  de  1000  hommes, 
sous  les  ordres  de  Liternius  Fronto  et  du  préfet  d’Égypte 
Ti.  Julius  Alexander36.  Elle  se  distingua  au  siège  de 
Jérusalem.  Puis  elle  revint  en  Égypte.  L’année  107/108 
marque  une  date  importante  dans  l’histoire  de  la  légion. 
En  106,  A.  Cornélius  Palma  avait  soumis  les  districts  de 
Bostra  et  de  Petra  en  Arabie  ;  il  fallait  organiser  l'occu¬ 
pation  de  la  nouvelle  province  :  on  y  envoya  la  légion  IIIe 
Cyrenaïca.  Cette  organisation  est  assurément  postérieure 
à  l'année  107  ou  tout  au  plus  contemporaine  de  la  fin  de 
cette  année  ;  car  le  4  août  107  la  légion  IIIe  était  encore  à 
Alexandrie37.  Bostra  lui  fut  assignée  comme  lieu  de  cam¬ 
pement38.  Peu  après  (114-115),  elle  envoya  un  détache¬ 
ment  pour  combattre  le  soulèvement  des  Juifs  qui  venait 
d’éclater39.  Cette  opération  militaire  achevée,  il  semble 
qu’elle  ail  reçu  mission  d’aller  avec  la  IIe  Trajana  jus¬ 
qu’en  Mésopotamie  pour  quelque  expédition40.  Elle  dut 
fournir  d’autres  détachements  encore  :  en  132,  quand 
les  Juifs  se  révoltèrent  de  nouveau  sous  Hadrien41,  peut- 
être  sous  Antonin  le  Pieux,  lors  du  grand  soulèvement  des 
Maures  42,  vraisemblablement  aussi,  au  moment  de  la 

p.  fl  et  suiv.  On  vient  d'y  faire  des  fouilles  qui  semblent  confirmer  cette  identifi¬ 
cation  (Bail.  arch.  du  Comité,  extr.  des  procès-verbaux,  nov.  1899,  p.  in). 

—  25  Wilmanns,  Étude  sur  Lambèse-,  R.  Cagnat,  Armée  d'Afrique,  p.  519  et 
s.  avec  vues  et  plans.  —  28  C.  i.  I.  VIII,  432  2.  —  27  Ibid.  3,  G,  2465,  2482,  8796, 

107  1  7.  —  28  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  875;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  227;  Stille,  Op.  cit. 
p.  30  ;  P.  Meyer,  Die  Aegyptische  legio  XX LL,  und  die  legio  III  Cyrenaica 
dans  les  Neue  Jahrbücher  für  Philologie,  1897,  p.  577  et  suiv.'  cf.  Bas  Heeru-e- 

sen  der  Ptolemaeer  und  Rômer  in  Aegyptien,  1900,  p.  158  et  s.  _  29  Mommsen, 

Res  nestae,  p.  48  et  74.  —  30  Ibid.  p.  170  et  171.  —  31  C  i  l  III  6627-  X  lf.8'1 

C.  i.  r.  *«- -»  c.  i.  '■  III.  XV,  M.  .c, 

18,  etc.  —  33  C.  i.  I.  III,  33,  34,  13580;  C.  i.  gr.  4713  d,  4843.  —  34  Joseph.  Bel. 
Jud.  Il,  18.  —  33  Tac.  Ann.  XV,  26.  —  38  Joseph.  Bel.  Jud.  IV,  10;  V,  1  ;  VI,  4 
Tac.  Bist.  V,  1  ;  Eph.  epigr.  I,  p.  84  et  suiv.  ;  V,  p.  577  ;  Wiener  Studien,  1892, 
p.  26  2.  —  37  Berlin.  Griech.  Urkunden,  140.  —  38  Plolem.  V,  17,  7;  cf.  Meyer', 
Op.  cit.  p.  587  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  17.  —  39  Ann.  épigr.  1895,  25.  —  40  c\ 
i.  I.  XIII,  1802.  —  41  Ibid.  X,  3733  ;  XIV,  3610.  —  42  C.  i.  I.  VIII,  5678;  cf.  mon 
Armée  d'Afrique,  p.  104. 


—  1080  — 


LEG 


îiuerre  des  Marcomans •*.  Lors  de  la  lutte  entre  Septime 
Sévère  et  ses  compétiteurs,  la  légion  se  déclara,  comme 
toutes  les  légions  d’Orient,  contre  le  premier  2.  Sous 
Caracalla,  elle  prit  part  à  l’expédition  de  l’empereur 
contre  les  Partl.es  3.  La  Notice  nous  la  montre  toujours 
campée  à  Bostra l. 

Ln  papyrus  du  Favoum,  daté  de  la  troisième  année 
du  règne  de  Néron,  donne  à  la  légion  IIP  le  surnom 
de  Claudia  '-'. 


Legio  III  Gallica.  Insigne  :  Taureau6.  —  C’est  une 
légion  d’Antoine,  avec  qui  elle  combattit  contre  les 
Parthes  ' .  Il  est  probable  qu’elle  reçut  dès  cette  époque  la 
S\rie  comme  lieu  de  garnison.  On  ignore  entièrement 
son  histoire  jusqu’en  58  où  elle  fut  appelée  à  servir  sous 
les  ordres  de  Corbulon  dans  sa  campagne  contre  les 
Arméniens.  Elle  prit  part  à  la  conquête  d’Artaxata  et  de 
Tigranocerle  8  et  aux  autres  coups  de  force  qui  obli¬ 
gèrent  Tiridate  à  demander  la  paix  9.  Sous  le  règne  de 
Néron,  elle  passa  en  Mésie,  son  dépôt  restant  pourtant 
Peut-être  en  Syrie10,  où  elle  trouva  bientôt  l’occasion  de 
se  distinguer  contre  les  Roxolans  u.  La  guerre  civile 
ayant  éclaté,  elle  se  déclara  pour  Othon  et  marcha  à  son 
secours;  elle  ne  rejoignit  néanmoins  ses  troupes  à 
Aquilée  qu’après  la  bataille  de  Bédriac 12.  Malgré  la 
défaite  de  leur  empereur  favori,  ses  soldats  ne  purent  se 
résoudre  à  se  soumettre  à  Vitellius  13.  Aussi,  à  la  pre¬ 
mière  nouvelle  de  l’avènement  de  Vespasien,  salué  em¬ 
pereur  par  les  légions  d’Orient,  ils  l’acclamèrent  et  se 
déclarèrent  nettement  contre  son  compétiteur,  entraînant 
avec  eux  toutes  les  troupes  de  Mésie11'.  Sous  la  conduite 
de  son  légat  Dillius  Aponianus,  la  légion  entra  en  cam¬ 
pagne  1  ’  ;  à  Crémone,  elle  occupait  l’aile  droite  et  eut  une 
Part  importante  à  la  victoire  10.  L’un  de  ses  soldats,  C.  Vo- 
lusius,  pénétra  le  premier  dans  la  ville  n.  Après  la  victoire 
et  la  mort  de  Vitellius,  elle  fut  envoyée  à  Capoue,  où  elle 
prit  ses  quartiers  d’hiver18  (déc.  69).  Mucien,  jaloux  du 
pouvoir  et  de  l’influence  d’Arrius  Varus,  auquel  la  légion 
était  particulièrement  attachée,  la  renvoya  en  Syrie  au 
début  de  1  an  /O  19.  Elle  y  était  au  temps  où  Pline  le  Jeune 
la  commandait  en  qualité  de  tribun20.  On  croit  que  sous 
Hadrien  elle  s’établit  en  Phénicie  ;  on  l’y  trouve  fixée 
sous  Marc  Aurèle21;  elle  y  séjourna  dans  la  suite  22. 

Sous  Elagabal,  son  légat,  Verus  ou  Severus,  eut  la  pré¬ 
tention  de  se  faire  reconnaître  empereur,  et  entraîna  les 
soldats  dans  sa  révolte;  il  échoua  et  fut  mis  à  mort 23. 
Quant  à  la  légion,  elle  lut  rayée  des  cadres  légionnaires 
et  son  nom  martelé  sur  les  monuments21.  Une  partie  de 
ses  effectifs  fut  alors  dépaysée  et  versée  dans  la  légion 
IIIe  Auguste  d’Afrique 2S.  Elle  fut  réhabilitée  quelques 
années  plus  tard.  On  la  rencontre  sous  Aurélien,  engagée 
dans  la  guerre  contre  Zénobie26,  et  pillant  le  temple  du 
Soleil  lors  de  la  prise  de  Palmyre 27.  Il  semble  qu’à 


l’époque  de  Licinius  elle  ait  envoyé  en  Es'vnt*  „ 

lation  qui  opérait  avec  un  détachement  de  L  i  •  ex  ' 
Ulyrica 2».  Qe  la  légion  I 

La  Notice  des  Dignités  lui  assigne  comme  lieu  d 
peinent  la  localité  de  Danaba,  entre  Damas  et  p.,|,'  ^ 
Sur  une  inscription  d’Espagne,  elle  porte  le  sur nlT/ 
Félix  ".  D’après  une  trouvaille  assez  récente  SOn  'n 
aurait  figuré  sur  les  monnaies  de  Victoria  31 
Legio  III  Italica.  Insigne:  Cigogne  32 


nom 


_ _  Qj*i'  ' 

Marc  Aurèle,  à  l’occasion  de  la  guerre  contre  les  M  ^ 
mans,  entre  166  et  170  33.  Elle  porta  d’abord  le  n0mî 
///  Concordia ,  comme  la  légion  II  Italica  sWi,î 
Il  P ui  34 .  Elle  formait  la  garnison  de  la  Rétie  •  son  ni'" 
était  à  Reginum 3S,  d’où  elle  envoyait  des  détachement! 
sur  la  frontière  du  Danube36. 


On  sait  fort  peu  de  chose  sur  son  histoire  ;  une  inscrip¬ 
tion  nous  la  montre  revenant  d’une  expédition  contre  les 
Bures37  ;  mais  on  ne  connaît  ni  le  motif  ni  la  date  de  cette 
campagne.  A  l’époque  de  la  Notice,  elle  était  divisée  en  un 
certain  nombre  de  parties  sous  des  préfets.  Le  dépôt  de 
Reginum  avait  été  transporté  à  Vallatum  (Manchingj38  • 
les  autres  parties  étaient  cantonnées  à  Submunto- 
rium  30,  entre  Vimania  et  Cassiliacum,  à  Cambidunum 
(Kempten) 40,  à  Fœtus  41  et  à  Terioli  (Tirol) 42. 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère  41 
et  de  Gallien  44. 

Legio  III  Parthica 4S.  —  Créée  par  Septime  Sévère  en 
même  temps  que  les  deux  légions  de  même  surnom 
(,lr  et  IL)  et  établie  en  Mésopotamie46.  Son  nom  se  trouve 
sur  des  monnaies  de  Sidon,  sous  Elagabal47,  et  sur  des 
monnaies  de  Rhesaenae,  sous  Sévère  Alexandre  et 
sous  Trajan  Dèce48.  On  ne  sait  rien  de  particulier  à 
son  sujet. 

Suivant  une  conjecture  de  M.  O.  Seeck,  elle  aurait  été 
campée,  au  temps  delà  Notice,  à  Apadna  en  OsrhoèneL 

Legio  IIII  Flavia  50 .  Insigne  :  Lion.  - —  Elle  remplaça 
la  légion  IV  Macedonica  licenciée  par  Vespasien,  et 
reçut  pour  garnison  la  Mésie  Supérieure81.  Quelques-uns 
ont  pensé,  à  cause  du  nombre  d’inscriptions  relatives  a 
cette  légion  découvertes  en  Pannonie,  qu’elle  avait  d’abord 
été  envoyée  dans  cette  province  82.  Elle  parait  avoir 
pris  part  à  la  guerre  de  Domitien  contre  les  Sarmatesf, 
peut-être  à  l’expédition  de  ce  prince  contre  les  Races  " 
et  à  celle  de  Marc  Aurèle  contre  les  Germains38.  On  sait 
fort  peu  de  chose  de  son  histoire.  On  a  trouvé  des 
inscriptions  qui  la  mentionnent  et  des  tuiles  marquées 
de  son  nom  dans  toute  l’étendue  de  la  Mésie,  surtout  a 
Viminacium86  et  à  Singidunum 87,  même  en  Dacie  •  I 
Maison  ne  saurait  indiquer  exactement  où  était  son  camp’ 

Il  estpossible  qu’il  ait  été  à  Singidunum.  Un  détachenn  id 
de  la  légion  accompagna  l’empereur  Dioclétien  en  l 0 
dans  son  expédition  en  Égypte89. 


*  C.  i.  I.  III,  2038.  2003;  cf.  Meyer,  Op.  cil.  p.  589.  —  2  Vit.  Severi,  9  et  12. 
--  3  c.  i.  yr.  4610,  4G51 .  —  4  Mot.  Dign.  Or.  XXXVII,  21.  —  t  Bull.  de  Vlnst. 
égyptien,  1896,  p.  123.  —  C  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  876;  Pfilzncr,  Op.  cit.  p.  228' 
Slillc,  Op.  cit.  p.  32.  -  7  Tac.  Hist.  III,  24.  -  8  Id.  Ann.  XIII,  38,  40;  XIV,  40.’ 

—  9  Ibid.  XV,  26  et  suiv.;  C.  i.  LUI,  6741,  6742,  -  10  Tac.  Hist.  11,74;  Suet.  Vesp. 
6.  U  Tac.  Hist.  1,  79;  III,  24.  —  12  Ibid.  11,46.—  13  Ibid.  II,  74,  85  —  14  Ibid.  II, 
85,  90  ;  Joseph.  Bel.  Jud.  IV,  11  ;  Suet.  Vesp.  6.—  13  Tac.  Hist.  I,  10.  —  16  Ibid. 

III,  21,  25  ;  Dio,  LXV,  14.  —  17  Tac.  Hist.  III,  27  et  suiv.  —  18  Ibid.  IV,  3. _ 19  Tac. 

Hist.  IV,  39,  —  20piin.  Epist.  I,  10;  III,  il;  VII, 16,31;  VIII,  14.— 21  C.i.gr.  4544 

—  22  Ibid.  4348,  4571  ;  Dio,  LV,  23.  —  23  Dio,  LXXIX,  7.  —  24  C.  i.  I.  III,  186  et  206. 

'  "G'  *'■  G  2904,  3049,  3113,  3157,  4310  ;  cf.  Henzen,  Bullett.  1865,  p  58 

—  26  Zosim.  I,  52.  -  27  Vit.  Aurel.  31.-  28  Ann.  épigr.  1894,  163-  1900 
n»  29.  -  29  Mot.  Dign. Or.  XXXII,  31.  -  30  C.  i.  I.  II,  2103  ;  ci.  Vit.  Aurel’.U,  31  ’ 
Vit.  Probi,  5  (s’il  est  bien  question  de  cette  légion  dans  le  passage).  —  31  Bull.de 


Antiquaires,  1889,  p.  271  ;  Rev.  num.  1889,  p.  514  et  suiv.  —  32 Grotefend, 
p.  877;  F.  Olilensclilager,  Die  rom.  Truppen  im  Bechtsrheinischen  Bayeun- 
chen,  1884,  p.  29  et  s.  —  33 Dio,  LV,  24.  —  34  C.  i.  I.  III,  1980;  cf.  le  comme" 

—  33  Ibid.  p.  730;  Limesblatt.  1899,  p.  883.  —  36  Ibid.  n°  6000;  Ann-épiy’-  ^ 
195.—  37  Ibid.  5937.  —  38  Mot.  Dign.  Oc.  XXXV,  17.  —39  Ibid-  *8-  " 

—  41  Ibid.  21.  —  42  Ibid.  22.  —  43  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  31,  -6-  ^ 

—  44  Ibid.  V,  p.  389,  487  et  suiv.  —  45  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  8//._—  ^ 

24.  —  47  Eckhel,  Doct.  num.  III,  p.  371;  VIII,  p.  489.  — w  ^bid.  1 

—  49  Mot.  Dign.  Or.  XXXV,  25.  —  50  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  878  ;  Borglp'j  ^ 
IV,  p.  207;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  234.  -  51  Dio,  LV,  24.  —  52  Grotefcn^  # 
cit.;  Borghesi,  Loc.  cit.  —  53  Wilmanns,  1589.  —  54  Muratori ,  P-  ^ 

—  55  c.  i.  I.  VIII,  2582  ,  2745.  —  56  Ibid.  III,  p.  264  et  1471  ;  cf.  surtou  n  ^ 

—  57  Ibid.  p.  265  et  1454.  —  58  Ibid.  p.  1019  ad  no  1631.  —  63  Grcil 
Oxyrinch.  papyr.  I,  43. 


LEG 


—  1081 


LEG 


|FHe  portait  le  surnom  de  Félix ,  qu’on  rencontre  déjà 
ur  une  inscription  du  règne  de  Trajan  1 
I  A  l’époque 
gingidunum 


de  la  Notice ,  elle  occupait  certainement 


Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de 


Septime  Severe 


3  de  Gallien4,  de  Victorin  s  et  de 


S  Carausius  .  .  . 

Legio  IIII  Macedonica  7.  Insigne:  Taureau,  Caprt- 

■orne  _  Légion  formée  sans  doute  par  M.  Brutus  en 

■  Macédoine,  d’où  lui  vint  son  surnom  de  Macedonica  8. 
Elle  prit  part  à  la  bataille  de  Philippes.  Auguste,  après  la 

V  réorganisation  de  l’armée,  l’envoya  en  Espagne,  où  elle  a 
■laissé  quelques  traces  de  sa  présence  9  Son  camp  devait 
I  être  quelque  part  dans  les  environs  de  Burgos  10.  C’est  de 
l]à  qu’elle  fut  envoyée  en  Maurétanie  pour  procéder  à 
l’occupation  du  pays  à  la  mort  de  Ptolémée11.  Peu  après, 
I  sous  Claude,  les  légions  de  Germanie  ayant  été  affaiblies 

■  pour  alimenter  le  corps  d’expédition  de  Bretagne,  la 
légion  passa  sur  les  bords  du  Rhin  et  s’établit  à  Mayence  ; 
on  l’y  retrouve  sous  Galba  12.  Elle  fit  quelque  difficulté  à 

*  se  déclarer  pour  cet  empereur13;  et  bientôt,  sa  soumis- 
r  sion  n’étant  qu’apparente,  elle  se  révolta  contre  lui  et 
arracha  ses  images  des  enseignes  u.  Vitellius  reconnu  1B, 
la  moitié  de  la  légion  partit  avec  Cécina  pour  l’Italie  16. 
On  ne  sait  si  elle  prit  part  à  la  bataille  de  Bédriac,  mais 
elle  assista  assurément  à  celle  de  Crémone17,  où  elle  fut 
défaite.  Elle  laissa  ses  bagages  sur  le  champ  de  bataille  : 
on  a  retrouvé  les  ferrures  d’une  des  caisses  militaires 
qu’elle  abandonna  dans  le  désastre18.  L’autre  moitié, 
restée  en  Germanie,  quitta  Mayence  avec  Hordeonius 
Flaccus  pour  marcher  contre  Civilis19.  Son  histoire 
se  confond  dès  lors  avec  celle  de  la  légion  I  Ger- 
manica  qui  a  été  racontée  plus  haut;  comme  elle,  elle 
reconnut  1  empire  gaulois,  puis  rentra  dans  le  devoir, 
et  participa  aux  dernières  opérations  conduites  par  Peti- 
lius  Cerialis  20. 

I  ^espasien,  lors  de  la  réorganisation  de  l’armée,  la  raya 
des  cadres  légionnaires. 

Legio  IIII  Scythica21.  —  On  ignore  où  Auguste  plaça 
I  a  égion  I\  Scythique  ;  quelques-uns  ont  avancé  qu’elle 
■campait  en  Syrie,  mais  sans  preuves  22.  On  peut  seule¬ 
ment  dire  qu’en  l’année  33-34  elle  était  établie  en  Mésie 
I  avec  la.  \  Macédonique 23,  détail  qui  est  confirmé  par  une 
mscription  athénienne  24.  En  62,  elle  était  fixée  en  Syrie  : 

■  e  aisaü  partie  des  troupes  que  Paetus  emmena  contre 

,  11  '  ,,n  sai^  combien  cette  expédition  fut  mal- 

rai'iu'i  ^  ^atlre  en  retraite  et  la  légion  fut 

iîtiphnf  2?  S‘Vlie  l3^06  clue  parum  habilis  praelio 
&  \L°rSdela^0lte  des  Juifs,  en  67,  on  lui 
oui  in! f°Urnir  un  détachement  de  2000  hommes, 

•part  qGÏa  reC  le  s°uverneur  de  Syrie  Cestius  et  prit. 
Ce  nniiv  ")nteuse  retraite  à  laquelle  il  fut  contraint28. 

<  Cltc  n  était  pas  fait  pour  relever  sa  réputa- 

I*.  1  Wi|manns,  1580  _ 

P.  3],  %i  _  , Dyn-  IV>  Or.  XLI,  30.  -  3  Coben,  Mon. 

et  Vl‘  Fidelis)  s  t,  p-  390'  499  et  suiv-  (Vi  et  VII  Pia,  VI 

sui'^  (Ph  Fiddü)  '?1!  P'  751-  eo-  -  6  Ibid.  VII,  p.  16,  141 

Pfitzner  ni  Gl'°tcfend’  Loc-  cit.  p.  878  ;  Borghesi,  Loc. 

*s  °es‘ae,  p.  69,  note  4  nV  ^  Stlll°’  °P ’  cit'  p’  42’  ~  8  Mommsen, 

l  **«-  11  Inù  eolf  L  '■  1  1681  :  m>  399  ■’  X‘b  «66.  -  10  Ibid. 

’’  -  «  Ibid  I  5  mon  Armée  d’Afrique,  p.  26.  -  U  Tac. 

~  6  Cf.  Stille,  Op.  J  _  Ibld '  55  ^  Plut-  Galb.  22.  _  IB  Tac.  ffist.  I,  67. 

ct  ’.  p-  20fl;  Pev.  arch  1888  «p  ”  TaC'  HlSt'  I!I’  2“’  ~~  18  Notizie  de  scavi, 

l  l,IV;~21  Grotefend  J  ^  P'  *9'  ~  19  Tac'  ***.  IV,  24.  _  20  Ibid.  70 
~23C.  i.  j,,’  ’  '  P'  879  ;  stille,  Op.cit.  p.  47.  -  22  Grotefend, 

T’  v'v~'n"',  ■'  aH‘  ÜI’  C3°  ("ET  *'  h  SW*b 

•  XV’  11  cl  BUV.  -  27  Ibid.  17.  -28  Joseph.  Bel. 


tion  ;  néanmoins,  elle  fut  appelée  par  Trajan  à  marcher 
avec  lui  contre  les  Parthes29.  Lorsque  les  Juifs  se  soule¬ 
vèrent  de  nouveau  à  l’époque  d’Hadrien,  elle  nequitta  pas 
le  pays;  son  légat  fut  chargé  de  l’administration  de  la 
province  pendant  l’absence  du  gouverneur  Publicius 
Marcellus30.  Sous  Marc  Aurèle,  elle  avait  pour  légat  le 
futur  empereur  Septime  Sévère31.  Sous  le  règne  d’Ela- 
gabal,  un  autre  de  ses  légats,  Gellius  Maximus,  se  révolta 
contre  le  prince32  ;  mais  son  entreprise  échoua  et  il  fut 
mis  à  mort  ;  les  noms  de  la  légion  n’ayant  pas  été  mar¬ 
telés  à  la  suite  de  cette  aventure,  comme  il  arriva  pour 
la  III  Gallica  dans  un  cas  analogue,  il  est  probable  qu’elle 
ne  prit  pas  une  part  active  à  la  tentative  de  son  chef. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sur  son  histoire.  Dion  nous 
apprend  que  de  son  temps  son  camp  était  en  Syrie,  mais 
il  ne  nous  indique  pas  l’emplacement  exact33.  A  l’époque 
delà  Notice,  il  était  établi  à  Oresa34. 

Legio  V  Alandae  3S.  — Formée  par  César,  pendant 
la  guerre  des  Gaules,  de  Transalpins  auxquels  il  donna 
ensuite  le  droit  de  cité  romaine  36.  Elle  se  distingua  dans 
la  guerre  d’Afrique,  et  en  particulier  contre  les  éléphants 
de  Juba,  ce  qui  lui  fit  accorder  par  César  l’autorisation 
de  surmonter  ses  enseignes  d’un  éléphant  37.  Elle  prit 
aussi  part  à  la  bataille  de  Munda38.  La  guerre  finie,  César 
l’envoya  avec  cinq  autres  légions  en  Macédoine  pour  y 
attendre  qu’il  les  emmenât  contre  les  Parthes39.  Elle 
passa  ensuite  à  Antoine  dont  elle  embrassa  chaleureuse¬ 
ment  la  cause40.  Depuis  la  bataille  de  Mutina  jusqu’à 
l’époque  d’Auguste,  elle  campait  en  Espagne41  ;  ce  prince 
l’envoya  en  Germanie,  où  en  738  =  16  elle  perdit  son 
aigle  dans  une  expédition  contre  les  Germains  42.  A  la 
mort  de  ce  prince,  elle  campait  à  Vetera43  ;  elle  fut  une 
des  premières  à  se  révolter.  Ce  soulèvement  calmé,  Ger- 
manicus  l’emmena  contre  les  Germains  u.  Elle  prit  part 
aussi  aux  autres  expéditions  de  Germanicus  el  à  celle 
que  L.  Apronius  dirigea  en  28  contre  les  Frisons  :  sa  con¬ 
duite  y  fut  remarquable45.  A  la  mort  de  Néron,  elle 
reconnut  Galba,  mais  à  contre-cœur  46,  et  bientôt  après 
Vitellius.  Elle  partit  aussitôt  avec  son  légat  Fabius 
Valens  pour  l’Italie47,  traversa  la  Gaule  au  milieu  d’inci¬ 
dents  de  toute  nature  48  et  finit  par  rejoindre  l’armée  de 
Caecina  49.  Elle  combattit  à  Bédriac,  puis  vint  à  Rome  50. 
Elle  prit  part  à  la  bataille  de  Crémone51. 

Une  partie  de  la  légion,  le  dépôt,  était  restée  en  Ger 
manie,  à  Vetera.  Là,  les  soldats  furent  assiégés  par  Civilis 
et  obligés  de  se  rendre;  on  leur  imposa  comme  condition 
de  reconnaître  l’empire  gaulois,  ce  qu’ils  firent.  Ils 
purent,  à  ce  prix,  sortir  du  camp.  Mais  à  peine  étaient-ils 
à  cinq  milles  que  les  Germains,  qui  leur  servaient  d’es¬ 
corte,  se  jetèrent  sur  eux  et  les  menacèrent 62.  On  ne  sait 
pas  ce  que  devint  ensuite  lalégion.  Les  uns  veulent  qu’elle 
ait  été  rayée  par  Vespasien  des  cadres  de  l’armée  ;  d’autres 


Jud.  II,  18.  -  20  c.  i.  I.  III,  1033G.  —  30  C.  i.  gr.  4033,  4034.  —  31  Vit.  Severi ,  3 

—  32  Dio,  LXXIX,  7.  —  33  Dio.  LV,  23.  —  31  JVot.  Dign.  Or.  XXXIII,  23. 

—  35  Grotefend,  Loc.  cil.  p.  880;  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  216;  Pfitzner,  Op.  cit. 
p.  235  ;  Miller,  Op.  cit.  p.  50.  —  36  guet.  Caes.  24.  —  37  Bel.  Afr.  I.  47,  60,  80 
84;  App.  Bel.  civ.  II,  96.  —  38  Bel.  hisp.  30.  —  39  Cic.  Ad  Att.  XIV,  ,5  ;  Àpp 
Bel.  civ.  III,  8,  24.  —  40  Cic.  Phil.  V,  19;  XIII,  2;  Ad  fain.  X,  33  et  34. 

—  41  Hübner,  C.  i.  I.  II,  Suppl,  p.  LXXXVIII.  —  42  Vell.  II,  97.  —  43  Ann.  I, 
31,  44.  —  'A  Ibid.  64.  —  4b  [üd.  73;  cf.  l’inscription  de  Novellius  Torqualus 
(C.  i.  I.  XIV,  3602).  Dans  une  inscription  du  temps  de  Claude  (Ibid.  IX,  3380), 
il  est  question  d’un  tribun  de  la  légion  qui  a  reçu  des  dons  militaires,  on  ignore  à 
quelle  occasion.  —  46  Tac.  Hist.  I,  55  et  s.  —  47  Ibid.  61  ct  s.  —  48  Ibid.  64  et  s.  : 


II,  28  et  29.  —  49  Ibid.  30,  17.  —  50  Stille,  Op.  cit.  p.  54.  _  B1  Ibid.  III,  22. 

—  52  Ibid.  IV,  60  et  s. 


—  1082  — 


LEG 

qu  elle  ait.  disparu  a  la  suite  d’une  grosse  défaite  soit  en 
ST  dans  la  guerre  contre  les  Daces',  soit  en  92  dans 
l’expédition  contre  les  Sarmates2. 

Ce  serait  cette  légion  qu’on  trouverait  désignée  sur  des 
inscriptions  du  début  de  l’Empire  sous  le  nom  de  leqio  V 
G  a  II  ica  3.  J 

Legio  V  Macedonica*  Insigne:  Taureau.  _ Pro¬ 

bablement  formée  par  Brutus  ;  elle  aurait  pris  part  à 
la  bataille  de  Philippes,  d’où  elle  tirerait  son  surnom, 
comme  les  autres  légions  Macédoniens  5.  Auguste  l’en¬ 
voya  en  Mésie:  en  33-34  elle  traçait  une  route  stratégique 
dans  le  pays  avec  la  IVe  Scythique  6.  Dix  ans  plus  tard, 
elle  prenait  part  aux  opérations  qui  se  terminèrent  par  la 
réduction  de  la  1  lirace  en  province  romaine1.  Elle  resta 
en  Europe  jusqu’en  62:  à  cette  époque,  elle  partit  en 
Syrie  et  fut  placée  sous  les  ordres  de  Caesennius  Paetus, 
gouverneur  d  Arménie  8  ;  elle  reçut  pour  garnison  le 
l’ont 9-  Peu  après  commençait  la  guerre  contre  les  Juifs  ; 
la  légion  fut  envoyée  à  Alexandrie,  et  Titus  reçut  de  Ves- 
pasien  l’ordre  de  l’amener  sur  le  terrain  de  la  lutte  en 
même  temps  que  la  X"  légion  »«.  Elle  attaqua  successive¬ 
ment  les  villes  de  Gadara,  de  Jotapata,  de  Taricheae,  de 
Gamala,  et  pendant  trois  ans  tint  la  campagne,  luttant 
sans  répit  avec  les  Juifs  ”,  jusqu’au  jour  où,  en  69,  elle 
\  int  avec  les  autres  troupes  de  l’armée  romaine  mettre  le 
siège  devant  Jérusalem12,  fîlle  y  joua  un  rôle  important  : 
c’est  elle  qui  s’empara  de  la  tour  Antonia,  et  assura  par 
la  la  prise  de  la  ville13.  Nous  avons  gardé  l’épitaphe  d’un 
de  ses  centurions,  qui  reçut  à  l'occasion  de  ce  succès  des 
décorations  militaires1'.  A  la  suite  de  la  victoire,  elle 
suivit  Titus  en  Égypte  13  et  jusque  sur  l’Euphrate  16,  non 
sans  laisser  peut-être  un  détachement  dans  son  ancien 
camp  d’Emmaüs  17 .  De  là  elle  revint  en  Mésie.  Nous  la 
retrouvons  dans  la  suite  engagée  contre  les  Daces,  sous 
Domitien18,  puis  de  nouveau  sous  Trajan  19  ;  contre  les 
Parthes,  à  l’époque  de  L.  Verus,  et  pendant  l’expédition 
que  commandait  M.  Statius  Priscus  20  ;  enfin  contre  les 
Marcomans  sous  Marc  Aurèle  21. 

D’Hadrien  à  Marc  Aurèle,  le  camp  de  la  V°  Macédonique 
était  à  Troesmis22.  On  y  a  trouvé  des  traces  du  séjour 
de  la  légion  à  cette  époque,  inscriptions  23  ou  briques 
estampillées2*.  C’est  ce  que  nous  indique  le  laterculus 
legionum  du  Musée  du  Vatican23.  Quand  Septime  Sévère 
voulut  augmenter  les  garnisons  de  la  Dacie,  elle  fut 
transportée  à  Torda  (Potaissa),  où  elle  demeura  pendant 
une  partie  du  iiic  siècle26.  Lors  de  l’abandon  de  la  pro¬ 
vince  par  Aurélien,  elle  revint  en  Mésie  Inférieure.  L’Iti¬ 
néraire  d’Antonin  place  son  camp  à  Oescus27,  ce  qui  est 
confirmé  par  l’épigraphie28.  Au  temps  de  la  Notice,  une 

l  Grolefend,  Loc.  cit .  ;  Schilling,  Op.  cil.  p.  24;  cf.  Sud.  Domit.  G  ;  Eulrop.  VII, 
ta.  —  a  Trommsdorf,  Op.  cit.  p.  82  et  suiv.  —  3  C.  i.  I.  III,  294;  cf.  Wilmanns, 
1431  ;  Sittlington  Sterret,  The  Wolfe  expédition,  I,  p.  275,  no  393.  —  4  Grolefend 
Op.  cit.  p.  881;  Boi'ghesi,  Loc.  cit.  p.  210;  Stille,  Op.  cit.  p.  57;  Hübner,  dans  le 
Bullett.  1862,  p.  185  et  suiv.  On  a  parfois  confondu  les  débuts  de  la  légion  V 
Macedonica  avec  ceux  de  la  légion  V  Alaudae,  par  exemple  Borghesi,  Loc.  cit. 

—  B  Mommsen,  B  es  r/estae,  p.  G9,  note  4.  —  6  C:  i.  I.  III,  1698.  _  7  Ibid. 

Il,  3272.  —  8  Tac.  Ann.  XV,  G  ;  cf.  Annali,  1859,  p.  5  et  s.  —  9  Ibid.  9  et  2G. 

—  10  Joseph.  Bel.  Jud.  III,  1  et  suiv.  Nous  avons  une  inscription  de  Pales  lino  où 
elle  est  mentionnée  avec  la  XI  Claudia  {Ann.  épiyr.  1890,  53).  —  il  Ibid.  III,  7  et 
s.;  IV,  1  et  s.;  V,  1.  —  12  Ibid.  V,  2.  —  13  Ibid.  V,  11;  VI,  1.  —  14(7.  i.  I.  VI,  3580. 

—  15  Joseph.  Bel.  Jud.  VII,  1.  —  IG  Ibid.  VII,  3  et  suiv.  —  17  Mommsen,  Eph. 
epigr.  V,  p.  620.  —  18  C.  i.  I.  XII,  3617  ;  cf.  le  commentaire,  Ann.  épiyr.  1892,  106. 

A  la  fin  du  règne  de  ce  prince,  elle  eut  pour  tribun  le  futur  empereur  Hadrien  (  Vit. 
/lad.  2;  C.  i.  I.  III,  55).  —  19  C.  i.  I.  III,  1443;  X,  6321  ;  Arch.  epiyr.  Mitth. 
1884,  p.  219.  —  20  C.  i.  I.  III,  6189,  7505.  —  21  J/,.  6189.  —  22  Ib.  JH,  p.  999. 

—  23  Ib.  n°s  6166,  6168,  6169,  6178.  —  24  lb.  6240.  —  25  Ib.  VI,  3492;  cf.  IX,  5363 
(leg  V Mac.  in  Moesia).  —  26Dio,  LV,  23  ;  C.  i.  I.  p.  161  ;  Ibid.  n«!  875,905,  etc. 


LEG 

partie  de  la  légion  occupait  encore  Oescus29-  ,p 


parties  se  trouvaient  à  Cebrum 30,  Variniana31 
dava 32,  sans  compter  celle  qui  était  en  Égypte  à  Mem’nh 
On  trouve  différents  surnoms  attribués  à  L,  i  US 
Pia3'\  Pin  Fi dtdis  33 ,  Pin  Constants : 


autres 
i  Suci- 

bués  à  la  légion  i 

antérieur  au  règne  de  Septime  Sévère.  ' 

Son  nom  ligure  sur  les  monnaies  de  Sentimr  - 
et  de  Gallien38.  Suivant  certains  auteurs,  cetlù  r  " 
serait  la  même  que  la  légion  V  Urbana] citée  s,?? 
inscriptions  d’Ateste39.  des 

Legio  VI  Ferrata*6.- C’est  une  légion  d’Antoi„eu  I 

Elle  a  toujours  été  campée  en  Syrie.  A  la  mort  de  Gen  . 
meus,  en  19,  Pison.  chassé  de  Syrie,  envoya  son  ami  Domi 
ti  ns  Celer  pour  lui  concilier  les  esprits  des  soldats 12  Celui 

ci  se  mit  en  devoir  de  gagner  le  camp  de  la  légion  L"! 
il  y  fut  prévenu  par  le  légat  Pacuvius  qui  maintint  se 
troupes  dans  le  devoir*3.  Pison  se  retira  dans  un  fortin 
de  Cilicie  ou  le  légat  de  Syrie  le  vainquit  :  la  légion 
VI  Ferrata  faisait  partie  du  corps  expéditionnaire1*  || 
faut  aller  jusqu’à  l’année  59  pour  trouver  une  nouvelle 
mention  de  la  légion.  A  cette  date,  Corbulon  l’emmena 
contre  les  Arméniens  et  les  Parthes*3.  Son  Histoire  se 
confond  pendant  cette  période  avec  celle  de  la  111  Gallka. 
La  paix  faite,  elle  ne  jouit  pas  longtemps  du  repos. 
L’année  67  fut  signalée  par  un  terrible  soulèvement  dei 
Juifs  ;  un  détachement  de  la  légion  VI  Ferrata  faisait 
partie  de  1  armée  de  Cestius  ;  son  légat  fut  tué  dans  le 
désastre  de  ce  général*6.  Après  l’avènement  de  Vespasieii] 
elle  partit  avec  Mucien  en  Italie;  mais  le  sort  de  l’empire 
était  décidé  à  Crémone  avant  qu’elle  fût  arrivée  à  destina¬ 
tion  ",  Mais,  les  Daces  18  ayant  profité  des  désordres  civils 
pour  menacer  la  frontière,  elle  fut  chargée  de  leur  tenir 
tète  et  sa  fermeté  tint  les  ennemis  en  respect.  Après 
quoi,  elle  alla  rejoindre  son  dépôt  en  Syrie*9.  La  qua¬ 
trième  année  du  règne  de  Vespasien,  Caesennius  Paetus 
1  emmena  en  Commagène  et  soumit  avec  elle  lu  pays. 

A  1  époque  de  Trajan,  elle  prit  part  à  l’expédition  de  cet 
empereur  contre  les  Parthes30.  En  145/150,  elle  envoyait 
une  vexillation  en  Afrique,  pour  soutenir  l’effort  de 
l’armée  de  Maurétanie  que  les  Maures  soulevés  serraient 
de  près  et  qui  ne  suffisait  pas  à  les  contenir  3I.  Enfin  elle 
marchait  contre  les  Arméniens  et  les  Parthes,  sous  Marc 
Aurèle  et  L.  Verus 32. 

On  ne  sait  pas  au  juste  où  était  son  camp:  pour  le  ( 
début  de  l’Empire,  on  a  prononcé  les  noms  de  Raphaneae  ; 
ou  d  Apamée.  Après  la  seconde  guerre  contre  les  Juifs, 
peut-être,  elle  se  fixa  en  Palestine.  C’est  l’emplacement 
que  lui  attribue  le  laterculus  legionum.  du  Vatican  . 1111 
texte  épigraphique3* et  l’historien  Dion33.  M.  von  Rohden 

Ann.  épiyr.  18  94,  99.  —  27  Ant.  p.  220;  C.  i.  I.  III,  P-  302  <L®  , 
MOES).  —  28  Ib.  III,  6241  ;  Eph.  epigr.  Il,  46  2.  —  29  Not.  Dign.  Or.  XLU,  |  I 
—  30  Ibid.  32.  —  31  Ibid.  31.  —32  Ibid.  39.  —  33  Ibid.  Or.  XXVIII,  J 
4,  39  ;  cf.  aussi  Oc.  V,  7,  150  ;  VII,  8,  où  les  Moesiaci  Seniores,  légion  Pala('"<’j/i'1'! 
cités  inlra  Italiam.  —  34(7.  i.  I.  VIII,  5349  (Septime  Sévère).  —  35  Ann.  épW- 
99  (Septime  Sévère  et  ses  fils);  C.  i.  I.  III,  875  ( Tertium  Pia  Fidelis)-  y  1 
i.  I.  III,  8  78,881,  1077.  —  37  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  31,  265.  —  3»  Ibid  V,  1'-  ^’  . 
504  et  suiv.  (  VI  et  VII  Pia ,  VI  et  VII  Fidelis).  —  39  Corp.  inscr.  lut-  ■ 
et  suiv.  ;  cf.  Wilmanns,  1430.  —  40  Grolefend,  Loc.  cit.  p.  883  ;  Pfitznev,  ^  I 
p.  240 ;  Stille,  Op.  cit.  p.  62.  —  41  Cf.  Domaszewski,  Arch.  epigr.  Mitth ■  V'  ' ^  , 

—  42  Tac.  Ann.  II,  77.  —  43  Ibid.  79.  —  44  Stille,  Op.  cit ■  P-  li2’/_‘”,Tac.  I 

—  45 Tac.  Ann.  XIII,  38,  40;  XV,  10,  26.—  4(i  Joseph.  Bel.  Jud.  11,1*  et  1  l'^.  ;  /  I 

Hist.  Il,  83.  —  48  Ibid.  III,  46.  —  49  Joseph.  Bel.  Jud.  VII,  3  et  7.  -  ^  I 

X,  5829.  —  51  Ib.  Vin,  2440,  10230;  cf.  mon  Armée  d'Afrique,  P-  1 

—  02  C.  i.  I.  V,  955  ;  Cohen,  I,  p.  46,  n.  83  ;  cf.  Domaszewski,  Arch.  'Y''/'  I 

XV,  p.  188;  Ann.  épigr.  1893,  88.  —  53  C.  i.  I.  VI,  3492.  —tbllnd.  '  J  j,  I 

“  date  en»' 


—  55  Dio,  LV,  23.  M.  Mommsen  (C.  i.  I.  III,  6641)  suppose  qu'à  cette 
peut-être  en  Batanée. 


LEG 


—  1083  — 


LEG 


1  ce  changement  dans  la  période  de  109/140  \ 
■jlCen,es(  pius  question  de  la  légion  dans  la  suite  :  la 

Notice  des  Dignités  n'en  parle  plus 

Elle  portait  les  surnoms  de  Fidelis  Constans  qu  on 
■rencontre  sur  des  inscriptions 

■  Legio  VI  Victrix  3.  Emblème  :  Taureau.  —  Elle  appar- 
Iteinil  à  l’armée  de  César/  puis  servit  dans  celle  des 
Itriumvirs  et  prit  part  à  la  bataille  de  Pbilippes,  d’où  le 
■surnom  de  Macédonien ,  qu’elle  porta  quelque  temps. 
■Lors  de  la  réorganisation  de  l’armée  par  Auguste,  elle 
■reçut  de  lui  celui  de  Victrix  8.  Il  l’établit  en  Espagne  : 

I  en  749  =  5,  un  de  ses  tribuns  fut  honoré  d’une  inscrip¬ 
tion  par  les centuriones  leg  VI exHispania  6.  Elle  yresta 
jusqu’au  temps  de  Néron  :  en  60,  elle  prenait  part  à  une 
campagne  contre  les  Astures1.  De  cette  époque  datenL 
quelques  inscriptions  espagnoles  8.  M.  Hübner  pense  que 
son  camp  était  peut-être  auprès  d’Asturica  9.  Elle  fut  la 
première  à  reconnaître  Galba  comme  empereur  10  :  celui-ci 
ne  l’emmena  pourtant  pas  avec  lui  en  Italie.  Vitellius 
vaincu,  elle  se  déclara  aussitôt,  comme  les  autres  légions 
espagnoles,  pour  Vespasien  11 .  Peu  de  temps  après,  la 
guerre  ayant  éclaté  entre  Civilis  et  les  Romains,  elle  fut 
appelée  en  Germanie  pour  porter  secours  à  l’armée  de 
Petilius  Cerialis12  et  combattit  à  la  bataille  de  Vetera, 
qui  décida  de  l’issue  des  événements  u. 

Le  calme  revenu,  elle  resta  en  Germanie,  à  Vetera 
même14  ;  à  cette  période  remontent  les  inscriptions,  trou¬ 
vées  en  Allemagne,  où  elle  est  mentionnée 18.  Sous 
Hadrien,  elle  passa  en  Bretagne,  pour  remplacer  la 
IX  'Hispana  anéantie  par  les  Brigantes16  :  elle  y  resta 
pendant  tout  le  reste  de  l’Empire  n,  prenant  part  à  des 
expéditions  contre  les  Bretons  dë  l’ile  18  ou  du  continent19. 

I Son  camp  étaita  Eburacum,  ainsi  que  nous  l’apprennent 
Ptolémée20,  l’Itinéraire  d’Antonin 21  et  de  nombreuses 
inscriptions  ou  tuiles  estampillées22.  Au  temps  de  la 
Notice,  elle  était  encore  établie  en  Angleterre23. 

T  ^0r l;|d  les  surnoms  de  Fia  Fidelis ,  au  moins  depuis 

Trajan  On  pense  qu’elle  dut  cet  honneur  à  la  fidélité 
oui  .  ]|(  ni  preuve  lors  de  la  révolte  d’Antonius  Satur- 
jjnnus,  in  89  \  Il  est  possible  qu’elle  ait  porté,  pendant 
«  à  cause  de  son  séjour  en  Espagne,  le  surnom  d 'Hispana 
qui  se  lit  sur  des  briques 26 . 

Legio  vil  Claudia21.  Insigne:  Taureau.  —  C’est 
p,  ■  ; 1111  ll(‘  ces  logions  qui  prirent  part  à  la  bataille  de 
rfo/i/?'1"  km  1  ^Ul  re-urent’  Par  suite,  le  surnom  de  Mace- 
anu  •  "  e  ,e  P01*-6  sur  un  certain  nombre  d’inscriptions 

Illvricn"1  *  i  '  <ilau<le''!'-  Elle  campait  à  cette  époque  en 
t>onian,m  JÜIS'Iüe>  en  42  ap.  J.-C.,  Furiiis  Camillus  Scri- 
pii"  onsul  de  Dalmatie,  s’insurgea  sur  l’inspi- 

j  réorganisation  dp  la  "Cna,  p.  .11.  Lui  aussi  attribue  ce  changement  à  la 
X’532'  -  3  Grotcfend°VI/Ce  ^  Had‘'ien'  “  2  C’  ’  VI,  2,0  (an.  208); 

°1K  CÜ ■  |  04;  Hiibner,  ’VrLt  XVl'  "Vj’  P '  ^  StÜ‘e’ 

4  C.  î.  I,  X u  r  i’  , V  ’  p-  54G’  et  c-  l-  L  II,  Suppl 


P-  t.xxxix. 


Anh-  Instituts  11  »  XI1’  P‘  77  ’  üomasze\vski,  Jahr 

P-  83-  -  p.  82  =  . 

cr-  a“ssi  IX,  4L»  '■  yi>‘d.  395.  -  8  c.  i.  I.  II,  490, 
-«  Tac.  But  m  ■  P-  89’  ~  10  Tac-  Büt.  V,  IG; 
“Cfde.inscrinii  i!’,  T  **  "■  IV’  C8I  V,  14  et  19.  - 

66°’  «12,  064  etc8  °“c  'a  loCalité-  ~  13 


77;  Domaszewski,  Jahreshefte  des  Oesten 
Ann.  épigr.  1899,  73 

,  491,  1442,  2374,  etc. 
89-  -  10  Tac.  Hisf  Vj  10;  cf  i_  16.  guel_  Galb 

Ib.  V,  16  et  suiv 

-,  etc.  -  ,o  c  ;7vr  ~ Brambach-  ~33’ 2fii- 330 

trunsiit)  <7  „  . ,  '  v1’  lj49  (“’Éfr  VI  cum  qua  ex  Germania  v 

I  4510  ;  VIII,  2401  ;  vil,  1095,  1121,  1131,  1  132 


Oui 

il,,,,, 

1614,  etc. _ 18  y/  ■  "" 

’  1,119  (contre  les  Armn  . B’. 940  ■  res  trans  vallum  prospéré  gestas. — 19 /fri 

c- 1  «■  h,  Î  - 20  <*.  3,  <«.  -  *  /«».  P.  466, 

Xaï  8UIV— 2tc.i.  l  „  hgn-  0c-  XL-  18  ;  Cf.  Ciaudian.  Bel.  Gel; 

■  »C7'  P-  16  el  Wes/rf  7  7  *a“bach>  1892-  ~  23  Ritterling,  De  leg.  Borna 

•  cit.  p.  885  ;  Roi-  hesi  O  ..  cit.  p.  219  ;  Pfitznc 


ration  d’Annius  Vinicianus  contre  l’empereur,  il  voulut 
s’assurer  l’appui  des  légions  qu’il  commandait,  la  VIL  et 
la  IXe29.  Leur  obéissance  à  leur  général  ne  dura  que 
quatre  jours  ;  le  cinquième  elles  rentrèrent  dans  le  devoir, 
et  tuèrentle  gouverneur  rebelle30.  Pour  les  récompenser, 
Claude  leur  donna  le  surnom  de  Claudia  Fia  Fidelis. 

Nous  possédons  quelques  inscriptions  contemporaines 31 
du  séjour  de  cette  légion  en  Dalmatie32,  qui,  d’ailleurs, 
ne  nous  apprennent  rien  sur  l’histoire  de  ce  corps.  Peut- 
être  fut-elle  appelée  en  Mésie  par  Néron  lorsqu’il  prépa¬ 
rait  son  expédition  contre  les*Albani.  En  tout  cas,  elle 
était  dans  ce  pays  en  69.  Galba  mort,  la  légion,  qui 
'était  du  parti  d’Othon,  envoya  2000  hommes  pour  le 
soutenir33.  Ils  arrivèrent  trop  tard  pour  pouvoir  assister 
a  la  bataille  de  Bédriac.  Sa  destinée  est  ensuite  la  même 
que  celle  de  la  IIP  Gallica  (voir  ce  qui  a  été  dit  plus 
haut);  elle  figura  honorablement  à  la  bataille  de  Cré¬ 
mone34.  On  ignore  entièrement  le  détail  de  son  histoire 
pour  la  suite.  Auteurs  et  inscriptions  sont  à  peu  près 
muets.  On  sait  seulement  qu’à  l’époque  de  Dioclétien 
elle  envoya  un  détachement  en  Égypte  avec  l’empereur 
(295)  38. 

Son  camp  était  à  Viminacium  3C.  A  l’époque  de  la 
Notice,  une  des  préfectures  de  la  légion  y  avait  encore 
son  siège37,  l’autre  était  établie  à  Cuppi38. 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère39, 
de  Gallien  40  et  de  Carausius  41 . 

Legio  VII  Gemma  42.  —  Quand  Galba  entreprit  la 
lutte  contre  Néron,  il  n’avait  en  Espagne  qu’une  légion 
la  VI  Victrix 43.  Aussi,  voulant  augmenter  ses  troupes, 
il  leva  dans  le  pays  une  autre  légion,  la  VIIe  qu’on 
nomme  quelquefois,  à  cause  de  cela,  Galbiana 44.  Le  jour 
de  sa  fondation  est  exactement  connu  :  c’est  le  11  janvier 
de  1  an  68'".  On  ignore  pourquoi  elle  porta  le  nom  de 
Gemma ,  peut-être  parce  qu’elle  était  formée  de  la  réunion 
de  deux  corps  déjà  existants.  Elle  fut  établie  quelque 
temps  en  Pannonie46.  C’est  de  là  que,  sur  l’ordre 
d’Othon,  elle  vint  en  Italie  41.  Elle  prit  part  à  la  bataille 
de  Bédriac48,  puis  retourna  en  Pannonie49.  Là  elle  se 
déclara  pour  Vespasien  u0  et  reprit  bientôt  la  campagne. 
Elle  assistait  à  la  bataille  de  Crémone  51 ,  où  elle  déploya 
la  plus  grande  bravoure  82.  Elle  ne  retourna  en  Pannonie  83 
que  pour  passer  en  Espagne.  Elle  devait  y  séjourner 
jusqu’à  la  fin  de  l’Empire  S4.  Elle  ne  combattit  que  rare¬ 
ment  hors  de  ce  pays.  Nous  la  trouvons  pourtant  en 
Germanie  sous  le  règne  d’Hadrien  88  ;  à  la  même  époque, 
une  vexillation  faisait  en  Bretagne  une  expédition86; 
enfin  elle  semble  aussi  avoir  envoyé  un  détachement  en 
Numidie,  on  ne  sait  à  quelle  date  ni  à  quelle  occasion81. 


tpiy/ .  ue  in.  ae 


up.  CU.  p.  2^;  oLine,  up.  cit.  p.  07;  Yaglieri,  dans  le  Dxzionario 
Ruggiero,  II,  p.  281.  —  28  C.  i.  I.  X,  1711,  3890,  4723,  6321,  elc.  ;  Epii.  epigr.  V, 
229.  —  29  Suet.  Claud.  13;  Dio,  LX,  15;  Oros.  VII,  G.  —  30  Suet.  Oth.  I  •  Tac 
Hist.W,  75.  —  31  Dio,  LV,  23;  LX,  15.  -  32  C.  i.  I.  III,  2908  (a.  18/19);  Arch 

epigr.  Mitth.  1884,  p.  159,  n»  235;  C.  i.  I.  III,  2882  (a.  37/41).  _  33  Tac  Hist  II 
40  et  83.  -  34/6.  m,  21  et  suiv.  -  35  Grenfell  et  Hunt,  Oxyr.  pap.  I,  43' 

-  36  Ptolem.  III,  9;  Itin.  Ant.1  p.  133;  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  204;  cf  1701 
[Legio  Vim(inacensis )}.  —  37  jyot.  Dign.  Or.  XLI,  31.  —  38  Ibid.  32.  —  39  Cohen 
Mon.  imp.  IV,  p.  31,  26G.  -  40  Jbkl  V,  p.  391,  510  et  suiv.  (  VI  et  VII  P  VI 
et  VII  I).  —  41  Ibid.  VII,  p.  17144.  —  42  Grolefend,  Loc.  cit.  p.  88G-  Pfilzner 
°p.  cit.  p.  243  ;  stille,  Op.  cit.  p.  71  ;  Hübner,  C.  i.  I.  II,  Suppl,  p.  89  ;  Boissevain 
De  re  militari  prouinciarum  Mispaniarum,  Amstelodami,  1879,  p.  31.  _  43  Tac’ 
Hist.  I,  16;  V,  16;  Suet.  Galb.  10.  -  44  Ibid.  II,  11,  8G  ;  III,  7,  25-  Dio  LV  «4 

-  45  C.  i.  I.  II,  2553,  -  46  Tac.  Hist.  II,  86.  -  47  Ibid.  II,  il.  L  uî Ibid  H 
80.  -  49  Ibid.  II,  67.  -  50  Ibid.  II,  86.  -  51  Ib.  III,  21.  _  52  Ib  III  25  et  suiv’ 

-  53  lb.  IV,  39.  -  54  C.  i.  I.  VI,  3492.  -  55  Ib.  3588.  -  56  Ib.  X,  5829.  -  57  Ib. 
VIII,  3075,  3226,  3245,  3208  ;  cf.  mon  Armée  d’Afrique ,  p.  102  el  suiv.,  et  p  43-’ 
(pl.). 


—  1084  — 


L  emPlacement  de  son  camp  à  l’époque  de  sa  création 
est  inconnu.  Depuis  Vespasien,  elle  occupait  certainement 
la  localité  d’Asturie  qui  tirait  son  nom  du  mot  Legio  (auj 
Uon1).  Le  plus  ancien  souvenir  de  la  légion  qui  y  ait 
ete  trouvé  remonte  à  Nerva2.  Elle  fut  envoyée  vers  172, 
pendant  quelque  temps,  du  moins  en  grande  partie,  à 
,ca3  i  ^  changement  était  nécessité  par  les  incursions 
des  Maures,  qui  rendaient  nécessaire  l’occupation  des 
parties  voisines  de  la  Tingitane  *  ;  mais,  le  péril  passé, 
elle  retourna  tout  entière  dans  son  ancien  camp.  La  Notice 
des  Dignités  y  place  encore  une  des  préfectures  de  la 
légion 5.  Uneautreétaiten  Orient G.  Ailleurs  il  estquestion 
des  Seplt  ma  ni  seniores,  qui  appartiennent  peut-être  au- 
meme  corps,  et  dont  les  uns  étaient  en  Espagne  \  les 
autres  en  Tingitane8. 

Sous  \espasien  9,  la  légion  reçut  le  surnom  de  Félix, 
nous  ne  savons  à  quel  propos;  à  partir  de  Caracalla,  on 
lui  donne  sur  les  monuments  les  surnoms  de  Gemina 
Félix  '".Dans  une  inscription  en  vers,  elleest  nommée 
legio  Hibera 1 1 . 

Legio  VIII  Augusta12.  Insigne:  Taureau.  —  Sans 
doute  une  des  légions  de  César  13  ;  on  sait  par  une  médaille 
qu’en  /23  =  31  elle  occupait  la  Cyrénaïque  sous  le 
commandement  de  Pinarius  Carpus 14  ;  de  là  elle  passa  en 
Syrie,  où  ses  vétérans  furent  établis  à  Beyrouth18.  Elle 
semble  avoir  porté  à  cette  époque  le  surnom  de  Gallica 
Sous  Auguste,  après  un  court  séjour  en  Dalmatie17,  elle 
se  fixa  en  Pannonie,  à  Poetovio  (Pettau) 18.  Elle  fut  du 
nombre  des  légions  qui  se  révoltèrent  à  la  mort  d’Au¬ 
guste10;  mais  elle  rentra  la  première  dans  le  devoir. 

I  n  détachement  fut  envoyé  en  Bretagne  sous  l’empereur 
Claude  avec  mission  de  coopérer  à  la  conquête  de  l’ile20 
Vers  l’année  46,  elle  se  transporta  en  Mésie  prendre 
part  aux  luttes  qui  se  terminèrent  par  la  réduction  de  la 
Thrace  en  province  romaine  21 .  A  l’occasion  de  ses 
exploits,  elle  aurait  reçu  le  titre  de  bis  Augusta  22.  Elle 
était  encore  en  Mésie  sous  Othon 23.  Envoyée  en  Italie 
avec  les  deux  autres  légions  de  Mésie,  la  III  Gallica  et  la 
4  II  Claudia,,  elle  n  arriva  pas  à  temps  pour  figurer  à  la 
bataille  de  Bédriac.  Elle  ne  rejoignit  les  troupes  d’Othon 
q u  après  sa  défaite,  à  Aquilée24.  Lanouvelle  de  sa  mort 
ji-ta  les  soldats  de  la  légion  dans  une  telle  surexcitation 
qu  ils  se  prononcèrent  immédiatement  pour  Vespasien 
et  écrivirent  une  lettre  aux  légions  de  Pannonie  pour  les 
engager  à  suivre  leur  exemple25.  Ils  firent  plus  :  ils  se 
mirent  sous  les  ordres  d’Antonius  Primus  26  et  prirent 
part  à  la  bataille  de  Crémone  et  à  l’assaut  de  la  ville27. 

La  légion  ne  revint  pas  en  Mésie  :  Mucien  l’établit  en 
70 en  Germanie  Supérieure28.  Tout  d’abord  elle  n’occupa 


1  C.  i.  I.  II,  p.  369.  —  2  Ibid.  5074.  —  3  y*.  H25,  0252,  2.  —  4  Hübner, 
Ibid.  p.  XXC.  —  5  JVo<.  Dign.  Oc.  XLII,  26.—  G  Ib.  Or.  VII,  41.  —  7  Jb.  Oc  V 
79,  228;  VII,  132.  _  8/6.  V,  93,  242;  VII,  139.  -  9  Hübner,  Loc.  cit. ;  C.  i’. 
I.  II,  2477  (an.  79);  IX,  247  (antérieurement  à  Anlonin  le  Pieux);  III,  72C  (an  108). 

—  ‘0  Ibid.  Indices,  p.  1121.  —  il  Ibid,  no  2000  6.  —  12  Grotefend,  Loc.  cil. 
p.  885;  Borghesi,  Op.  cit.  p.  223;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  245;  Stille,  Op.  cit.  p.  73; 
VagÜeri  dans  le  Dizionario  de  M.  de  Ruggiero,  I,  p.  819.  —  13  Bulletin  du  Comité 
(extrait  des  procès-verbaux,  mars  1899,  p.  3).  —  14  Cohen,  Méd.  cons.  Pinaria  IV. 

!■’  Rio,  IJ,  9;  Strab.  XVI,  2,  9;  Eckliel,  Doct.  num.  III,  p.  350.  —  16  Bulletin 
du  Comité ,  loc.  cit.-,  cf.  Dio,  LIV,  11.  —  17  C.  i.  I.  III,  2863,  3051,  8375, 
10181,  2.  18  Ibid.  III,  p.  482;  cf.  Arch.  epigr.  Mitth.  1892,  p.  123.  —  19  Tac. 
Ann.  I,  23.  —  20  C.  i.  I.  V,  7003;  Hübner,  Hermes,  XVI,  p.  521.  —  21  C.  i.  I.  II, 
32,  72,  et  XIV,  3608.  —  22/6.  XI,  3004;  Domaszewski,  lihein.  Mus.  1892, 
p.  211  etsuiv.  —  23  Tac.  Hist.  I,  79;  II,  85;  III,  10.  —  24  Tac.  Bist.  II,  40  et 
suiv.  —  23  Ibid.  85;  Suet.  Vesp.  0.  —  26  Tac.  Hist.  III,  10.  —  27  Jbid.  II,  27. 

—  28  Jbid.  IV,  68;  Dio.  LV,  23;  C.  inscr.  lat.  VI,  2492.  —  29  Tac.  Hist.  III,  78- 

Mommsen,  Hermes ,  1884  (XIX),  p.  437  et  suiv.  ;  Mowal,  Bull,  épigr.  1883,  p!  221 
et  suiv.;  p.  303  et  suiv.;  1884,  p.  22  et  suiv.;  p.  65  et  suiv.  _ 30  ptol.  H,  9 


LEG 


dans  la  Gaule  que  des  posilions  qui  lui  perinen 
tenir  en  respect  les  cités  soumises  à  l’empire  (,..a'|Cnt de 
ce  n’est  que  plus  tard,  lorsque  la  Gaule  fut  calmée 
occupa  le  camp  de  Strasbourg30.  Une  partie  de  |  ’  T ^ 
prit  part  à  l’expédition  d’Hadrien  en  Bretagne3''  ^ 
guerres  qui  marquèrent  l’avènement  de  Septime  Séy 
Elle  est  mentionnée  sur  les  monnaies  de  Septime  Sé 
de  Carausius34  et  de  Gallien35.  On  croit  qu’elle  ren T* 
185  les  surnoms  de  Fia  Fidelis  36 .  Une  inscription? 
temps  de  Septime  Sévère  lui  donne  les  noms  ,| A- 
Fidelis  Constans  Commoda  37.  '  H> 

La  Notice  fait  des  Octavani  une  légion  palatine  d’1  i-dipii 

Legio  IX  Hispana39.  -  Légion  qui  a  peut-être  été 
formée  par  César,  mais  qui,  en  tout  cas,  figurait  à  h 
bataille  de  Philippes,  d’où  le  surnom  de  Macedmù 
qu’elle  porta  d’abord  /f0. 

Elle  eut  aussi  celui  de  Triumphalis  41  qui  rappelle 
1  entrée  triomphale  des  triumvirs  à  Rome  en  43 |>ost(;_ 
rieurementelle  prit  le  titre  d’ H ispaniensisi3  ou Hispana 
qui  est  courant.  Sous  Auguste,  elle  était  en  Pannonie 
avec  la  légion  VIIIe  et  la  légion  XVe  ;  à  la  mort  de  ce  ’ 
prince,  elle  se  révolta  comme  les  autres:  on  connaît  tous 
les  détails  de  cette  sédition  **.  En  l’année  20,  l’Afrique 
étant  déchirée  par  le  soulèvement  de  Tacfarinas  et  la 
lutte  qui  en  résulta,  on  fut  obligé  d’expédier  des  renforts:  j 
la  légion  IX  Hispana  s’y  rendit  de  Pannonie15.  Elle  y  I 
resta  quatre  ans  et  revint  dans  cette  province  en  21,  sans  j 
que  la  guerre  d’Afrique  fût,  d’ailleurs,  terminée46.  Il  est 
probable  qu  elle  y  resta  fort  peu  de  temps  et  que,  sous 
Claude,  elle  fut  envoyée  en  Bretagne.  Là,  en  61,  elle 
prit  part  à  une  expédition  contre  les  Bretons  et  se  laissa  j 
tailler  en  pièces  ",  si  bien  que  son  effectif  dut  être  I 
complété  par  2  000  légionnaires  empruntés  aux  troupes  I 
de  Germanie48.  En  69,  elle  fournit  des  renforts  à  farinée  I 
de  \  itellius 49  ;  ils  furent  vaincus  avec  les  autres  partisans  j 
de  1  empereur,  à  Crémone50.  Sous  Domitien,  des  vexil-  I 
larii  de  la  légion  prirent  part  à  une  expédition  germa-  I 
nique51,  soit  la  guerre  de  83  contre  les  Chatti,  soit  la  I 
campagne  contre  les  Suèves  et  les  Sarmates  de  88.  Elle  I 
disparut,  au  début  du  règne  d’Hadrien,  détruite  parles  I 
Brigantes  52. 

Son  camp  était  peut-être,  à  l’origine,  près  de  Calleva,  I 
et  ensuite  à  Lindum  53  ;  sous  Agricola,  elle  s’établit  dans  I 
la  nouvelle  capitale  de  la  province,  Eburacum54,  où  elle 
resta  jusqu’à  sa  disparition. 

Legio  X  Fretensis  55.  Insigne  :  Taureau,  sanglier  I 
(galère).  —  Aurait  combattu,  d’après  M.  Mommsen  \  I 
dans  la  guerre  de  Sicile  contre  Sextus  Pompée  et  aurait  I 
tiré  son  nom  de  Fretensis  du  fait  qu’elle  aurait  eu  son 

—  3i  C.  i.  I.  X,  5829.  O  il  a  trouvé  en  Angleterre  le  bouclier  d’un  soldai  dr  )  I 
légion,  perdu  à  cette  époque  (Hübner,  Arch.  epigr.  Mitth.  1878,  p.  109).—  B 
guat,  Ann.  épigr.  1890,  p.  82.  —  33  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  31,2m- 
VII, p.  17,  145.  —  33  /b.  V,  p.  39),  521  et  suiv.  —  36  Rillerling,  De  leg.  hom"-  I 
-Y  Gemina,  p.  123;  cf.  Wilmanns,  1459.  —  37  C.  i.  I.  XII,  2587;  cl.  lfl'al"l'3lJ’  I 
7030,  et  Ann.  épigr.  18  98,  1 19.  —  38  Not.  Dign.  Oc.  V,  153  ;  VII,  28.  -  39  I 

Loc.  cit.  p.  888  ;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  247  ;  Stille,  Op.  cit.  p.  77  ;  Hübner,  H" 1  I 

XVI,  p.  535.  —  40  C.  i.  I.  III,  551  ;  cf.  Domaszewski,  Jahreshefte  dis  7  ^  I 

Arch.  Instituts,  1899  ( Beiblatt ),  p.  83.  —  41  C.  i.  I.  V,  397.  —  42  App-  I 

IV,  7  ;  cf.  Domaszewski,  Loc.  cit.  —  43  C.  i.  I.  V,  7443.  —  44  Tac.  An«- ’  ^  I 
s.  ;  Dio,  LVII,  4.  -  45  Tac.  Ann.  III,  9.  -  46  /6.  IV,  23.  -  47 

—  48  /6  .  38.  —  49Tac.  Hist.  H,  57.  —  50  /6.  III,  22.  —  51  Wilmanns,  Ucl-  "(  's(._  I 

ghesi,  Œuv.  IV,  p.  115;  Trommsdorf,  Quaest.  ad  histor.  legionum  specl«>d<  ^ 

—  53  Hübner,  Loc.  cit.  p.  536.  —  54  C.  i.  I.  VII,  p.  61,  n«  241,  243,  244  y  ■  ■ 

—  55  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  889  ;  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  224;  Pfitzner,  Op-  1  ^ 

Slille,  Op.  cit.  p.  78;  Clermont-Ganneau,  Trois  inscriptions  de  la  léillu‘  I 

tensis,  Paris,  1872.  —  56  Bes  gestae,  p.  G9  ;  Ritterling,  De  leg.  Hom. 

p.  7. 


LEG 


—  1085  — 


LEG 


i  ou  d’une  galère2.  Elle  fut  envoyée  par  Auguste  en 
18,  son  camp  était  à  Cyrrhus3.  Son 


I  .  rnp  pendant  plusieurs  années  sur  le  rivage  du  Freturri 
WtSiculum  :  c’esl  pour  cela  que  certains  monuments 
li-uirés  relatifs  à  cette  légion  portent  l’image  d’un  Nep 

tune  , 

Syrie.  Sous  Tibère,  en 

■  histoire  jusqu’en  59  se  confond  avec  celle  de  la  VI  Fer- 
I ra1a\  A  cette  date,  Corbulon  l’emmena  contre  les  Par  thés 
I  et  jeg  Arméniens,  d’où  elle  revint  à  Cyrrhus 5.  Après  avoir 
I  caimt;  la  révolte  des  Juifs  d’Alexandrie,  unie  à  la  légion 
y  Macédonien  °,  elle  allait  avoir  à  se  mesurer  de  nouveau 
avec  eux,  dans  leur  pays  même,  en  Judée.  Titus  l’amena, 
en  effet,  en  67  à  son  père  Vespasien7;  le  légat  de  la 
|  légion  était  alors  Trajan,  le  futur  empereur8.  Elle  prit 
part  à  la  plupart  des  opérations  qui  marquèrent  la  guerre 
(prise  de  Japhta9,  de  Tibériade,  de  Taricheae10,  de  Ga- 
mala11),  jusqu’au  jour  où  Titus  l’emmena  faire  le  siège 
de  Jérusalem12  ;  elle  établit  son  camp  sur  la  montagne 
des  Oliviers  13.  Elle  commença  par  plier  par  deux  fois 
devant  l’attaque  des  Juifs  14  ;  mais  elle  se  ressaisit  bientôt 
et  déploya  une  grande  valeur  dans  l’attaque  même  de  la 
place15.  Quelques-uns  de  ses  officiers,  et  en  particulier 
son  légat  Larcius  Lepidus,  reçurent  à  l’occasion  de  cette 
guerre  des  décorations  militaires  16 .  Le  siège  terminé, 
elle  demeura  campée  aux  portes  de  Jérusalem17.  De  là 
elle  fit  encore  quelques  opérations,  sous  Lucilius  Bassus, 
contre  la  ville  de  Machaerus 18,  sous  Flavius  Silva,  contre 
Masada19.  Mais  son  siège  était  toujours  Jérusalem, 
comme  le  prouvent  les  briques  estampillées  que  l’on  a 
découvertes  autour  de  cette  ville20,  et  des  inscriptions 
du  ii"  et  du  me  siècle,  de  même  provenance  21 .  C’est  de 
Judée  que  partit  le  détachement  qu’elle  envoya,  sous  le 
règne  de  Trajan,  contre  les  Parthes22.  Elle  prit  natu¬ 
rellement  une  grande  part  à  la  guerre  de  l’empereur 
;  adnen  contre  lesJuifs;  nous  avons,  sur  une  inscription, 
enom  d’un  de  ses  centurions  qui  reçut,  à  la  suite  de  la 
victoire,  des  récompenses  honorifiques23. 

Dion  Cassius  lui  donne  pour  province  la  Palestine  24 . 

Ly-fTU'Tf  enC°re  au  temPs  de  la  Notice;  son 
“1  était  a  Alla  (Elath,  sur  la  mer  Rouge25). 

on  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Victorin  20 
est  nfui  m  G1emina27’  InsiSQe  :  Taureau.  -  Légion  qui 

qui  en  to  n  ^  qUe  la  X‘  léSion  de  César,  mais 
cl’ \nfni  -,  -  CaS’  a  aPPartenu  à  l’armée  de  Lépide  ou 
des  deux'efie'senmR b°SS'^e  de  décider  sous  lequel 

en  Espagn^'mWfie  ^  °n  ^  AugUSte’  elle  fut  établie 
d’années 50  Fn  ro  eüa.demeura  Pédant  une  centaine 
I  8  ’En  69,  an  dire  de  Tacite 


une 

i 31,  elle  fut  sur  le  point 


I,  ap. 

II,  57. 


p '7^'  orientale ’  11  >  P-  ^1  Cf- 

6  plus  haut.--  8  Ibid  et  SU1V-  et  P1-  «•  -  3  Tac.  Ann.  .., 

I1’  18'  ~  7  Ib-  III,  1  •  Tac  Hi’f  v  1  XV’  J°  ;  J°S01)h-  BeL  Jud ■  V»,  1.  - 
~  ,IU  etl°- 11  nid.  IV  ‘i-  f ’/o  *  JosePh-  Bel-  Jud.  III,  7.  —  9  74 

*  4-V,  3.  —  15  yj  y  i  l  o’  ’  c  •  -,  8-  —  12  Joseph.  5e I.  Juct.  v,  2.  _  13/4 

„n/er’  Mm.  de  VAcad  de,  r  ^  ^  “u  siège  Par  cctte  «gion,  voi 

BeL  **  w  ,  lT;/w  7ù,p- 209  et  su,v-  -  “C-ugx,M 

-OanDoaUi  Troü  I-  lbtd-  Vlf  C.  -  19/i.  VII,  8.  _  20  Cler 

IVr’  !896’30  d  ic  ;  C.  “V  ,  tTi  i:’etensis;  Ann-  é™r-  188y-  173 

l)jQ  ' 1 *  ['  1838.  __  23  Ann  y  °  ‘  1  0641  î  Ann.  épigr.  J 888,  50 

J  ■  Or.  XXXIV  30  xi  r,  *  ■  ePlf/r'  1888,  105.  —  21  J)j0  J  y  «3  25  ly,  , 

c»  AeUne  ^  C1*m?aW anneau,  Op.  cit.  °’  ^  '3'  “  A°‘ 


Capit0lina^  niais  Euscbê  {On 
tefe»d,  On  ftotlce-  -  20  Coh  [ 


9,  propose  de  corrigei 
-  *>*  xi  u  uce  _ _  9p,  r  1  ,  x-.iOî72  s.  v.  AîXau,  p.  2^1 

lingot  CiL  P'  890 1  Pfltaer  eu  imp-  VI’  p-  75>  62‘  -  27  Gro- 
el*>iv.;  i-f  !°d-  Bornan-  X  Gemina,  I.ipsiacj  1883  Stl“C’  cit ■  P-  82 1  RRter. 

X  P. 


[  21  et  suiv.  ;  Co> 


:t  Brb-'i,  «i  iTxpTi  mr  Riueriing-  -g  p. 

P-  "«o-.  lat.  IX,  36io.  -1  3o'nübne”a  “  ~  **  R‘Ilerling,  Op.  cit. 


V. 


Corp.  inscr.  lat.  II,  Suppl 


de  passer  en  Maurétanie  pour  combattre  la  révolte  du 
procurateur  Lucceius  Albinus;  mais  la  mort  de  ce  gou¬ 
verneur  rendit  son  intervention  inutile.  Après  Crémone, 
de  même  que  les  autres  légions  d’Espagne,  elle  reconnut 
sans  retard  Vespasien  32.  On  ne  sait  pas  au  juste  où  elle 
était  fixée  pendant  cette  période;  peut-être  partageait-elle 
le  camp  de  la  légion  \  I  Victrix33 .  En  70,  elle  fut  appelée 
en  Germanie  pour  servir  sous  les  ordres  de  Cerialis  et 
s’établit  en  Germanie  Inférieure34.  Elle  y  figure  sur  des 
inscriptions  qui  datent  de  la  fin  du  ier  siècle  ou  du  com¬ 
mencement  du  ne35.  Il  semble  qu  elle  ait  campé  d’abord  à 
Arenacum  30  ;  mais  bientôt  elle  se  transporta  à  Novio- 
magum,  où  elle  remplaça  la  IIe  légion.  On  y  a  trouvé  de 
nombreux  témoins  de  son  séjour,  inscriptions  ou  briques 
estampillées37.  Sauflapart  qu’elle  pritaux  combats  livrés 
par  Cerialis33,  on  ne  peut  pas  affirmer  qu’elle  ait,  pen¬ 
dant  son  séjour  en  Germanie,  fait  quelque  expédition  sur 
les  confins  du  Rhin  ou  ailleurs.  Au  moment  des  guerres 
Daciques  de  Trajan,  elle  était  encore  dans  la  province  39. 
Elle  passa  de  là  en  Pannonie,  sous  Trajan,  et  se  fixa  dans 
le  camp  de  Vindobona,  abandonné  par  la  légion  XIIIe  Ge- 
mina  40.  Elle  y  resta  jusqu’à  la  fin  de  l’Empire41.  C’est  de 
là  qu’elle  envoya  des  détachements  pour  la  guerre  Par- 
thique  de  L.  Verus  en  Asie  42  et  pour  celle  des  Marco- 
mans43.  Plus  tard  elle  défendit  la  cause  de  Gallien44.,On 
sait  également  qu  elle  se  conduisit  valeureusement  pen¬ 
dant  la  guerre  Gothique  de  l’empereur  Claude43. 

La  Notice  des  Dignités  nous  montre  la  légion  TtGemina 
divisée  en  trois  parties:  le  dépôt  à  Vindobona46,  des 
liburnarii  à  Arrabona41,  et  un  détachement  devenu  legio 
comitatensis  en  Orient48. 

Cette  légion  reçut  les  surnoms  de  Fia  Fidelis,  en 
récompense  de  la  fidélité  dont  elle  fit  preuve  lors  de  la 
révolte  d’Antonius  Saturninus  en  89  49. 

On  n’a  point  rencontré  son  nom  sur  les  monnaies  de 
Septime  Sévère  ;  M.  Ritterling  admet,  cependant,  qu’elle 
fut  des  premières  à  saluer  le  nouvel  empereur  et  à  com¬ 
battre  pour  lui  :  il  n  y  aurait,  dans  cette  absence  de  docu¬ 
ments,  qu’un  effet  du  hasard50. 

Legio  XI  Claudia51.  Insigne  :  Neptune.  —  Levée  par 
César  pour  la  guerre  des  Gaules  52;  elle  figura  dans  la 
guerre  civile  53,  puis  jxassa  dans  l’armée  d’Octavien  54. 
Après  Actium,  ses  vétérans  furent  établis  à  Ateste55. 

Sous  les  premiers  empereurs,  elle  stationnait  en  Dal- 
matie56.  Son  camp  était  à  Burnum57  ;  mais  elle  avait  des 
détachements  dans  le  reste  du  pays 58.  Elle  envoya  d’abord 
une  partie  de  son  effectif  au  secours  d’Othon,  et  s’y  porta 
bientôt  tout  entière59;  on  croit,  bien  que  Tacite  n’en 
parle  pas,  qu’elle  prit  part  à  la  bataille  de  Bédriac  00. 

p.  f-xxxix.  —  31  Tac.  Hist.  II,  58.  —  32  Ibid.  III,  44.  —  33  Ritterling,  Op.  cit.  ' 
p.  26.  —  34  Tac.  Hist.  V,  19.  —  33  Brambach,  660,  662,  680.  —  36  Tac.  Hist.  V. 
20.  —  37  Ritterling,  Op.  cit.  p.  44.  —  38  Tac.  Hist.  V,  20.  —  39  Ritterling.  Op. 

cit.  p.  42.  —  40  Ptolem.  II,  14,  3;  Ritterling,  Op.  cit.  p.  51  et  55. _ 41  ç.  i.  I 

III,  4042  (an.  198),  4560,  4659,  2  ;  X,  1836  (an.  253-259);  Dio,  LV,  23;  Wilmanns 
1639;  Itin.  Ant.  p.  248.  —  42  .Ritterling,  Op.  cit.  p.  59.—  43  Ibid,  p  On’ 

—  44  Cohen,  Mon.  imp.  V,  p.  392,  529  et  suiv.  ;  (  VI  et  VI  Pia,  VI et  VU  Fidelis ) 

—  45  Vit.  Aurel.  17;  Vit.  Probi ,  6.  —  46  Mot.  Dii/n.  Oc.  XXXIV,  25.  —  47  Ibid 
27.  -  48  Ibid.  Or.  VII,  42.  -  49  Ritterling,  Op.  cit.  p.  15  et  suiv.’—  50  /6.  p  62‘ 

—  51  Grotefend,  Op.  cit.  p.  891;  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  225;  Pfilzner.  Op  cit 
p.  252  ;  Stille,  Op.  cit.  p.  83  ;  Vaglieri,  dans  le  Dision.  epigr.  de  M  de  Ru-giero 
II,  p.  284.  -  52  Bel.  gall.  I,  10;  II,  23;  VIII,  6,  8;  cf,  Domaszeushi,  N  eue 
Hmdelb.  Jahrb.  IV,  p.  160.  —  u3  Bel.  civ.  III,  34.  —  54  Eph.  epigr.  VI  77 

—  55  C.  i.  !..  V,  2501,  2503,  2512.—  iü  Ibid.  III,  10158  (Tibère);  2883,  9973 
(Caligula)  ;  9832  (Claude);  Dio,  LX,  65.  —  .57  c.  i.  I.  IR,  p.  282.  —  58  Salonae 
(C.  i.  I.  III,  2031  et  suiv.  ;  Dclminium,  2708  et  suiv.);  cf.  aussi  Jahreshefte  des 
Oesterr.  arch.  Instituts,  II  ( Beiblatt ),  p.  121  et  s.  —  59  Tac.  Hist.  II,  11 

—  00  Vaglieri,  Loc.  cit.  p.  285;  A.  Muller,  Philolog.  1881,  p.  221. 

137 


LEG 


—  1086  — 


EEG 


Après  cet  échec,  elle  revint  dans  sa  province1  pour 
embrasser  le  parti  de  Vespasien  et  marcher,  de  nouveau, 
vers  l'Italie2.  On  l’envoya  en  Germanie  pour  tenir  tète  à 
Civilis  et  à  ses  Bataves 3.  Elle  était  alors  ou  fut  peu  après 
établie  dans  le  camp  de  VindonissaE  Elle  occupait  encore 
la  Germanie  à  l’époque  de  Trajan6.  C’est  probablement 
à  1  occasion  des  guerres  de  Dacie  qu’elle  reçut  l’ordre  de 
se  porter  sur  le  Danube6.  Elle  a  laissé  des  traces  de  son 
passage  à  Brigetio  7,  à  Carnuntum8  et  à  Aquincum9. 
En  loo,  sous  Antonin  le  Pieux,  elle  était  établie  en  Mésie 
Supérieure10.  Son  camp,  quoi  qu’en  aitditM.  Mommsen11, 
était  déjà,  à  cette  époque,  à  Durostorum12  où  le  place 
1  Itinéraire  d  Antonin13.  Il  ne  semble  pas  qu’elle  ait  pris 
part  à  beaucoup  d’expéditions  en  dehors  du  pays. 
Pourtant,  son  nom  figure  à  côté  de  celui  de  la  V  Mace - 
donica  sur  une  inscription  trouvée  près  de  Jérusalem  ;  on 
ignore  la  date  de  ce  monument u.  De  même  elle  paraît 
avoir  envoyé,  à  une  époque  indéterminée,  peut-être  assez 
basse,  un  détachement  en  Maurétanie16.  Enfin,  sous 
Dioclétien,  en  29516,  elle  prit  part  à  l’expédition  d’Egypte 
conduite  par  cet  empereur. 

A  1  époque  de  la  Notice  des  Dignités,  le  camp  de  Duros¬ 
torum  était  encore  occupé  par  la  légion11;  ses  effectifs 
étaient  répartis  en  outre  à  Transmarica18,  quelque  part 
en  Orient  (légion  palatine) 19 et  en  Espagne20. 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère21 
et  de  Gallien22. 

'Elle  reçut  sans  doute  de  Claude  en  42,  à  l’occasion  de 
la  révolte  de  Camillus  Scribonianus  dont  elle  ne  voulut 
pas  appuyer  la  tentative  23,  les  surnoms  de  Claudia  Pia 
Fidelis 2t. 

Legio  XII  Fulminata25.  —  On  ignore  où  était  cette 
légion  à  l’époque  d’Auguste.  Grotefend  et  Stille  lui  attri¬ 
buent  comme  province  la  Syrie,  avec  la  plus  grande 
vraisemblance.  Borghesi  la  place  en  Germanie20  ;  Pfitzner 
en  Egypte-'. En  tout  cas,  il  est  plus  que  probable  qu’elle 
y  fut  établie  de  très  bonne  heure.  En  62,  elle  combattit 
sur  l’Euphrate  avec  Corbulon28,  mais  cette  même  année 
ce  général  la  renvoya  en  Syrie,  comme  incapable  de  lui 
rendre  service  29.  Peu  après  éclatait  la  révolte  des  Juifs; 
Eestius  Gallus,  légat  de  Syrie,  lui  donna  l’ordre  de  mar¬ 
cher  avec  lui  contre  les  rebelles.  On  sait  que  l’expédition 
commença  par  des  succès  et  finit  en  un  désastre30.  La 
réputation  de  la  légion  était  si  mauvaise  que  Vespasien 
ne  l’employa  pas  quand  il  commença  à  son  tour  la  guerre 
contre  les  Juifs  :  elle  resta  tranquillement  dans  son  camp 
de  Raphaneae31.  Ce  n’est  que  lorsque  Titus  prit  le  com¬ 
mandement  des  troupes  et  sentit  le  besoin  d’augmenter 

1  Tac.  Hist.  II,  60,  67.  -  2  Ibid.  III,  50.  -  3  Ibid.  IV,  68  ;  cf.  Hermes,  XIX, 
p.  439.  —*  lnscr.  Conf.  Helv.  251  et  suiv.  ;  344.  -  B  Brambach,  1066;  cf.  Ham- 
meram,  Die  A /  und  XXII  Légion  am  Mittelrhein  ( Korrespondenzblatt,  VI,  p.  80 
et  suiv.).  —  0  Eph.  epigr.  IV,  528.  —  7  c.  i.  I.  III,  11351.  _  8  Ibid.  11239. 

—  9  Ibid.  11351.  —  10  Ibid.  7449,  7474;  cf.  lb.  VI,  3492.  —  11  Cf  Mommsen 
Eph.  epigr.  IV,  528.  -  12  C.  i.  I.  III,  7474.  -  13  Itin.  Ant.  p.  223.  -  14  Ann 
ép>gr.  1890,  53.  -  15  C.  i.  I.  V,  893  ;  VIII,  9761  ;  cf.  mon  Armée  d'Afrique ,  p.  712 
et  735.  —  10  Grenfell  et  Hunt,  Oxyr.  pap.  I,  43.  —  17  A ot.  Dign.  Or.  XL,  33  ;  cf.  35 
avec  la  note  de  M.  Seeck.  —  18  Ibid.  34.  —  19  Ibid.  VI,  46.  —  20  Ibid.  Oc.  VII, 
134;  cf.  C.  i.  I.  III,  6194.  —  21  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  32,  n°  268.  —  22  Ibid.  V 
P'  392,  o33  (  VI  Pia,  VI  Fidelis).  —  23  Suet.  Claud.  13;  Oth.  1  ;  Tac.  Ilist.  II,  75; 

Dio,  LX,  15.  -  21  Voir  l'histoire  de  la  légion  VII  Claudia.  -  25  Grotefend,  ' Loc 
cit.  p.  891  ;  Borghesi,  Œur.  IV,  p.  228  ;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  253;  Stille,  Op.  ait. 

P’  87,  20  ^oc-  Clt •  21  L°c-  c‘t-  —  28  Tac.  Ann.  XV,  7,  10,  1.  _  29  Ibid 

XV,  26.  -  30  Joseph.  Bel.  Jud.  II,  18  et  suiv.  -  31  Ibid.  VII,  1.-32  Ibid.  V,  1  • 
cf.  Tac.  Hist.  V,  1.  -  33  Joseph.  Bel.  Jud.  V,  11  ;  C.  i.  I.  III,  2917  (tombe  d’un 
primipile  décoré  pendant  la  guerre  Judaïque).  —  34  Joseph.  Bel.  Jud.  VII  1 

-  35  Arriau.  Contra  Atanos,  6  ;  cf.  C.  i.  I.  VIII,  7079  (trib.  mil.  leg.  X II Faim 
in  Kappadocia\  —  36  Dio,  LXXI,  9;  cf.  Tertul.  Apol.  5  ;  Euseb.  Hist.  eecl  V  5 


l’armée  expéditionnaire  qu’il  fit  appel  à  la  léoq0ll  Yl 
«  avide,  dit  Josèphe,  de  venger  la  honte  qu^ll,,  \  . 
subie  sous  Cestius32».  Nous  savons  fort  peu  de  .i^ 
sur  son  rôle  pendant  le  siège  de  Jérusalem33  _\  *  1'°Ses 
prise  de  la  ville,  elle  reçut  une  nouvelle  destination 
fut  envoyée  par  Titus  à  Melitène,  sur  l’Euphrate34  r 
de  là  qu’elle  partit,  sous  Hadrien,  pour  marcher  corn 
les  Alani3j,  et  sous  Marc  Aurèle  contre  les  Quades36  n  I 
faut  ajouter  foi  au  récit  de  Xiphilin.  On  sait  comté  I 
la  question  «  du  miracle  de  la  légion  Fulminante  j 
divisé  et  divise  encore  les  savants37.  Elle  demeura #  * 
bord  de  l’Euphrate,  au  temps  de  Dion38,  à  l’époque  dek 
Notice  des  Dignités  39  et  jusque  sous  Justinien  40. 

Le  surnom  de  Fulminata  (en  grec  Keoowvocpdpoç)  fut 
donné  à  la  légion  de  bonne  heure,  certainement  avant  I 
l’année  6o41.  Sur  une  inscription  du  débutdu  me siècle  on  I 
lit  ceux  de  Certa  Constans'* 2. 

Legio  XIII  Gemina43.  Insigne  :  Lion.  —  Elle  aurait  été 
créée,  suivant  M.  Mommsen44,  par  Auguste,  ainsique  les  I 
sept  autres  légions  de  XIII  à  XX,  en  7o9,  à  l’occasion  de  I 
la  guerre  de  Pannonie.  Le  nom  de  Gemina  indique  une 
fusion  de  deux  ou  plusieurs  légions  en  une  seule.  Sui-  I 
vaut  M.  Schultze,  elle  daterait,  comme  la  légion  XIV,  de  I 
l’an  739  =  45  av.  J.-C.,  et  aurait  reçu  pour  mission  de 
défendre  la  Germanie43. 

Elle  eut  d’abord  son  camp  à  Mayence 46  ;  puis,  quelques  I 
années  après  l’expédition  de  Bretagne,  s’établit  à  Vin- 
donissa  (vers  l’an  oO)4'.  Plus  tard,  on  ignore  à  quelle 
époque48,  elle  passa  en  Pannonie.  C’est  de  là  qu’elle 
marcha  au  secours  d’Othon  contre  Vitellius,  sous  son 
légat  Vedius  Aquila 49.  Vaincue  à  la  bataille  de  Bédriac,  I 
elle  s’employa  à  construire  les  amphithéâtres  de  Crémone 
et  de  Bononia  60.  A  peine  revenue  en  Pannonie,  elle 
repartit  en  Italie  pour  soutenir  Vespasien,  et  pril  part  à 
la  victoire  de  Crémone51.  D’où  elle  retourna  en  Pannonie.  J 
Son  camp,  d’après  Tacite,  était  établi  à  cette  époque  à 
Poetovio62.  Les  inscriptions  confirment  cette  assertion1'.  I 

En  84,  elle  prit  part  à  la  guerre  de  Domitien  contre  les  I 
Suèves  et  les  Sarmates54.  C’est  à  cette  occasion,  suivant 
M.  Schultze  °5,  que  son  camp  aurait  été  porté  à  Vin- 
dobona  50,  qu’elle  occupa  jusqu’à  l’époque  de  Trajan. 
Acette  date,  elle  quitta  la  Pannonie  pour  la  Dacie.  G  est  I 
que,  dès  le  début  des  hostilités  contre  Décébale,  1  empe¬ 
reur  lui  donna  l’ordre  d’entrer  en  campagne67;  après  la 
victoire,  elle  resta  dans  le  pays  conquis  38  et  occupa 
Apulum  sur  la  Marisia  °9.  On  a  retrouvé  dans  cette  loca-  I 
lité  de  la  Dacie,  etdans  une  infinité  d’autres,  des  traces  de  I 
son  passage  ou  de  son  séjour60.  Après  la  perte  de  la  I 

Zonar.  XII,  2.  —  37  Cf.  parmi  les  derniers  travaux  publiés  à  ce  sujet,  1  I 
Bullfitt.  1894,  p.  78  et  suiv.;  Harnach,  Sitzungsberichte  (1er  Acad.  dt>  '  ^ 
schaft,  1894,  p.  833  el  suiv.  ;  Domaszcwski,  Rhein.  Mas.  1891,  p.  012  et  s. ,  ^  j 

Hermes,  1895,  p.  90  et  suiv.  —  38  Dio,  LV,  23.  —  39  Not.  Dign.  Or.  \  n  0.  I 

—  40  Procop.  De  aedif.  I,  7.  -  41  C.  i.  I.  III,  30  (anno  XI  Neronis ,  X  ^ 

A  pril).  —42  Notiz.  d.  scavi,  1888,  p.  236.  —  43  Grotefend,  Loo.  cit .  P-  I 
Borghesi,  Loc.  cit.  p.  234;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  255;  Stille,  Op.  ^  ^  I 
Em.  Schultze,  De  légions  Romanorum  XIII  Gemina,  1887.  41  ‘  aj|]Si  I 

p.  70  et  suiv.  Ce  système  a  été  combattu  par  plusieurs  oulcui  ^  ^  1 

que  je  l'ai  dit  plus  haut.  —  45  Op.  cit.  p.  19.  —  46  Ibid.  p.  21  el  s.  ^  ^  1 

p.  27.  —  43  /bid.  p.  34  et  s.  —  49  Tac.  Hist.  II,  it  ;  Suet,„2  U,  I 

—  50  Tac.  Hist.  II,  47;  III,  32.  —  51  Ibid.  III,  I,  21,  27,  32.  {i(>  j 

il;  III,  1.  —  53  lb.  II,  4058,  4061  ;  cf.  p.  482.  —  64  lb.  IU,  291-  _  I 

p.  44.  —  56  C.  i.  I.  III,  p.  565  et  4660  ;  cf.  Donmszewski,  Wian»  sw  ^  I 
Ilômer,  Wienn,  1897,  p.  3  et  4.  —  57  C.  i.  I.  II,  4401.  —  68  ..  ’r  glrouvée* 

—  59  C.  i.  I.  III,  p.  182  (au  moins  depuis  142)  et  toutes  les  insciip  1  Quilès  I 
à  cet  endroit,  n»>  990,  1012,  1017,  1019,  10GJ ,  1070,  1171,  elc' ’  ,  lu"telI,ps  dc  I 
estampillées).  —  60  Schultze,  Op.  cit.  p.  93  et  suiv.;  C.  i.  I-  XI» 

Gallien). 


LEG 


—  1087 


LEG 


,  elle  passa  sur  la  rive  droite  du  Danube  et  se 
P1-"-;  ce  qu’on  appelle  la  Dacia  Ripensis.  On  la 

■  •fixa  '<■  la  Notice  des  Dignités,  répartie  entre  difïe- 
[  l^campements,  Aegeta  *,  Transdrobeta  2,  Burgum 

r6D  a  '/mil  *  Ratiaria3.  Un  autre  détachement  de 
•  Novmtt  ?  U1  ’ 

la  légion  était  en  Égypte  6,  un  autre  enfin  en  Thrace  7. 
Il  Elle  reçut  à  une  date  qu’on  ne  peut  déterminer  les 
I  urnoms  de  Pia  Fidelis  ;  ils  apparaissent  sur  les  inscrip¬ 
tions  à  partir  d’Hadrien8,  peut-être  plus  tôt  sur  les 
briques  estampillées 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère10, 

de  Gallien 11  et  de  Victoria12. 

Legio  XIIII  Gemina  Martia  Vietrix13.  Insigne: 
Capricorne.  —  C’est  encore  une  légion  créée  par  Au¬ 
guste1''.  Sous  ce  prince,  elle  campait  en  Germanie  Supé¬ 
rieure15.  Au  temps  de  Claude,  en  43,  elle  fut  conduite 
en  Bretagne16;  là  elle  se  distingua  en  62  sous  Suetonius 
Paullinus11.  Sa  réputation  fut  telle,  à  la  suite  de  cette 
campagne,  que,  lorsque  Néron  prépara  sa  marche  contre 
les  Albani,  il  la  choisit  pour  faire  partie  du  corps  expé¬ 
ditionnaire.  Elle  vint  ainsi  sur  le  continent.  Au  moment 
où  Othon s’arma  contre  Vitellius  1S,  elle  étai  t  en  Dalmatie  : 
il  l’appela  en  Italie19.  Elle  prit  part  à  la  bataille  de 
Bëdriac20.  Mais,  quoique  vaincue,  elle  ne  voulait  pas  se 
soumettre  sans  arrière-pensée  au  nouvel  empereur  :  il  la 
renvoya  en  Bretagne21.  Son  retour  fut  marqué  par  une 
grave  dissension  avec  des  cohortes  bataves  qui  l’accom¬ 
pagnaient22.  Naturellement  elle  embrassa  avec  ardeur 
le  parti  de  Vespasien  qui  lui  écrivit  une  lettre  pour 
s’assurer  de  sa  lidélité23.  En  70,  elle  passa  de  nouveau 
en  Gaule  pour  augmenter  les  forces  de  Petilius  Cerialis24  ; 
elle  combattit  à  Vetera  et  ne  fut  pas  étrangère  au  succès 
de  la  bataille28.  Le  lendemain  même,  elle  reçut  l’ordre  de 
se  fixer  en  Germanie  Supérieure26.  Son  premier  quartier 
en  Bretagne  avait  été  Camalodunum 21  ; 
en  Germanie  elle  s’établit  à  Mayence28. 
Elle  passa  de  là  en  Pannonie  Supérieure, 
vers  la  fin  du  rr  siècle  ou,  suivant  d’au¬ 
tres,  à  l’occasion  des  guerres  de  Dacie  ; 

Pi  , ,  et  vint  occuper  le  camp  de  Carnuntum 29 

Je  Septime  sévère'11  qu’elle  habita  pendant  tout  EEmpire  30. 

C’est  par  erreur  que  Ptolémée  l’a  placée 
à  ad  Flexum 31 .  Elle  ne  semble  pas  avoir  été  appelée 
souvent  a  prendre  part  à  des  guerres  extérieures  :  un 
Seu  lexte  fait  mention  d’un  de  ses  soldats  mort  Partia , 
r//o,  sans  doute  à  l’époque  de  Caracalla32.  Mais  elle 
0i" 101  plus  d  une  fois,  sur  le  Danube,  contre  les  Bar- 
L  rtS’  c'e  ses  légats  reçut  des  décorations  militaires 

■  propos  de  la  guerre  contre  les  Marcomans,  en  180  33. 


“  -Ibid,  35. —  %  Ibid.  30. —  Ibid.  37.  —  &  Ibid. 


38-  NJLDi!'n-  °r-  XLII,  43. 
i- t  III  ,,  j(y:m  011  a  ^Cl *t par  erreur  Al V  Gem.  pour  XIII  Gem.  iMommsen,  C. 

m  (Hadrien)?! iMo  JÎÏ  ^  *XV,U’  ^  ~  7  Jbid'  V111’  38‘  ~  8  C'  <•  VI, 
Auprès M.  Scliult  ■  ommode).  9  Brambach, 707.  Ces  briques  remonteraient, 
IV,  P-  32,  209  JC’,,a  ”ne  date  aillériew'e  à  50  ap.  J.-.  —  10  Cohen,  Mon.  imp. 
P-  75,  63.  —  13  r„„.  .  Jbld-  P-  392>  337  (VI  Pia ,  VI  Fidelis).  -  12  Ibid.  VI, 
°P-  cil.  p,  257 .  s...,C  ™  ’  Loc'  cit •  P-  893  i  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  235;  Pfilzner, 
pMol.  1887,  p.  053e’  ,  p'  Clt-  P-  91  Hübner,  Hernies ,  XVI,  p.  533;  M.  Meyer, 
*°  Tac.  Ann  1  a»  7nS'l,',V’  *'  ce  clu‘  a  dit  P°nr  la  XUI“  Gemina. 

XlV.  34,  37.  -  18  „  ;  ,  yev’  Loc-  cit ■  P-  «58.  -  10  Ibid.  p.  659.  -  «  Ibid. 

~22  nid.  -23  .  “*•  n*  U-  -  ™lbid.  -  20  Ibid.  II,  43.  -  21  Ibid.  II,  06. 

V’ 10-  -  27  Hübner  T  ’  v  ~  ^  Ibid '  IV’  68‘  ~  23  lbid ■  v>  i4>  16-  —  26  Md. 
29  C-  i.  I.  m  ~  23  Brambach,  989,  1051,  1119,  1170  à  1183,  etc. 

.ePuis  quinze  ans  loti;»/  i  el°1’.  ^°C'  cd'  P’  6G--  —  30  Ou  sait  que  ce  camp  fait 
ln  «ides  documents  rehir  6  OUI"es  lrès  importantes;  on  y  a  trouvé  en  nombre 
Ul"  ( Arch .  epinr,  Mitth  v  °L^e  lc§'°n-  ^oir  en  particulier  les  fouilles  du praeto- 
|  Sln  du  camp  (/^-j  YY  ’  P'  13  el  suiv-'>  XI,  p.  f  et  suiv.)  et  du  Nemeseum , 
’  U’  P-  203  et  s-v.);  ef.  Kubilschek,  Führer  durch  Car- 


A  l’époque  de  la  Notice  des  Dignités,  elle  avait  son 
camp  à  Carnuntum34,  et  un  détachement  à  Arrabona  ij  ; 
une  partie  de  la  légion  était  en  Orient  (legio  comita- 
■  tensis)36. 

Elle  porte  sur  les  monuments  les  noms  de  Martia  Vic- 
trix,  qu’elle  reçut  sans  doute  à  la  suite  de  ses  succès  en 
Bretagne  l’an  62 31. 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère38 
(fig.  4435)  et  de  Victorin39. 

Legio  XV  Apollinaris40.  —  Créée  par  Auguste,  pro¬ 
bablement  en  759  =  6  ap.  J. -C.,  à  l’occasion  de  la  guerre 
de  Pannonie41.  A  sa  mort  elle  campait  en  Pannonie  avec 
les  légions  VIII  Augusta  et  IX  Hispana  et  se  révolta  avec 
elles42.  On  ignore  quel  était  exactement  son  lieu  de  cam¬ 
pement  :  les  uns43  pensent  à  Emona,  où  l’on  a  trouvé  des 
inscriptions  relatives  à  la  légion,  d’époque  ancienne44; 
les  autres,  avec  beaucoup  plus  de  raison,  à  Carnuntum45. 
En  63,  Marius  Celsus  l’emmena  en  Orient  pour  la  guerre 
que  Corbulon  préparait  contre  les  Parthes  46:  en  67,  sous 
la  conduite  de  Titus41,  elle  fut  dirigée  contre  les  Juifs. 
Elle  prit  à  cette  guerre  une  part  importante  :  elle  s'empara 
de  Jotapata48,  enleva  d’assaut  Gamala  49  et  assista  au 
siège  de  Jérusalem50.  La  guerre  achevée,  elle  accompagna 
Titus  à  Alexandrie81  et  retourna  avec  lui  en  Pannonie82; 
le  camp  de  Carnuntum  fut  reconstruit  par  elle  à  cette 
occasion83.  Elle  n’y  resta  point,  d’ailleurs,  fort  longtemps  ; 
elle  retourna  en  Orient,  probablement  à  l’occasion  de  la 
guerre  Parthique  de  Trajan  ;  sous  Hadrien  elle  formait, 
avec  la  légion  XII  Fulminata ,  la  garnison  de  la  Cappa- 
doce,  son  camp  étant  à  Sattala84.  On  la  voit,  à  l’époque 
d’Hadrien,  occupée  à  guerroyer  contre  les  Alani38,  sous 
Commode  contre  les  Arméniens86.  Elle  dut  se  déclarer, 
comme  les  autres  légions  d'Orient,  pour  Pescennius  Niger 
contre  Septime  Sévère,  sur  les  monnaies  duquel  elle  ne 
figure  pas.  A  l’époque  de  la  Notice,  elle  occupait  encore 
son  camp  de  Sattala87. 

Elle  porte  sur  une  inscription  contemporaine  de  Sep¬ 
time  Sévère  et  de  Caracalla  38  les  noms  de  Pia  Fidelis. 
On  ne  sait  pas  à  quelle  date  exacte  elle  les  avait  reçus. 

Legio  XV  Primigenia89.  —  Créée  par  Claude  pour 
remplacer  les  légions  du  Rhin  appelées  à  former  l’armée 
d’occupation  de  la  Bretagne  nouvellement  conquise 60. 
Son  nom  indique  qu’elle  sortit  d'un  dédoublement  de  la 
XV  Apollinaris  qui  reçut,  à  ce  moment,  une  aigle  nou¬ 
velle  tout  en  gardant  l’ancien  nom  de  la  légion61.  Elle 
était  en  Germanie  Inférieure  à  la  mort  de  Néron62.  Aux 
Calendes  de  janvier  69,  comme  les  autres  corps  de  Ger¬ 
manie  Inférieure,  elle  reconnut  Galba  à  contre-cœur63, 
mais  pour  se  déclarer  bientôt  en  faveur  de  Vitellius.  La 

nuntum,  1894,  II,  15,  3.  —  31  Plolem.  et  Der  rôm.  Limes  in  Oesterreich,  lr"  livraison. 

—  32  C.  i.  I.  111,  4480.  —  33  Ibid.  V,  2112:  cf.  Klein Verwaltungsbeamten, 
p.  266.  —  34  iVof.  Dign.  Oc.  XXXIV,  26.  —  35  Ibid.  27.  —  36  Ibid.  Or.  VIII,  39. 

—  37  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  7  ;  Stille,  Op.  cit.  p.  93  ;  M.  Meyer,  Loc.  cit.  p.  657. 

—  38  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  31,  270  et  suiv.  —  39  Ibid.  VI,  p.  393,  64  et  suiv. 

—  40  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  894;  Pfilzner,  Op.  cit.  p.  259  et  suiv.;  Stille,  Op.cit. 
p.  90;  D.  Vaglieri,  dans  le  bizion.  de  M.  de  Ruggiero,  I,  p.  514.  —  41  Mommsen, 
Res  gestae,  p.  70  et  suiv.  —  42  Tac.  Ann.  I,  16;  Hist.  I,  30.  —  43  Arch.  epigr. 
Mitth.  V,  p.  210.  —  44  C.  i.  I.  III,  3835,  3845,  3847.  —  45  Arch.  epigr.  Mitth.  V, 
p.  20S  ;  X,  p.  14  et  suiv.;  XVIII,  p.  298  et  suiv.  —  46  Tac.  Ann.  XV,  25,  ®6. 

—  47  Joseph.  Bel.  Jud.  III,  5,  2.  —  48  Id.  Ul,  7,  34.  —  40  Id.  IV,  1,  9.  —  10  Tac. 
Hist.  V,  1  ;  Joseph.  Bel.  Jud.  V,  2,  3  ;  3,  12;  6,  4;  11,  4.  —  tl  ld.  VII,  l,  3. 

—  52  Id.  VU,  5,  3.  —  53  c.  i.  I.  111,  4662,  11194,  11195  et  11196.  —  54  C.  i.  I. 

VI,  3492  ;  Dio,  LV,  23;  ltin.  Ant.  p.  183.  —  55  Arrian,  'Ex-a;.  ’AXav.  3. 

—  56  C.  i.  I.  III,  6052.  —  57  Not.  Dign.  Or.  XXXVIII,  5  et  13.  —  58  C.  i.  I.  XIII, 
1680.  —  59  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  895;  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  237;  Pfitzner,  Op. 
cit.  p.  261  ;  Stille,  Op.  cit.  p.  97.  —  00  Schilling,  De  leg.  1  Min.  et  XXX 
Ulpia,  p.  17.  —  “I  Grotefend,  Loc.  cil.  —  62  Tac.  Hist.  I,  55,  —  63  Ibid. 


LEG 


—  1088  — 


moitié  de  la  légion  partit  pour  l’Italie  avec  Fabius  Valens’  • 
elle  Partagea  à  Bédriac  et  à  Crémone  le  sort  des  autres 

lv?claSV  1/  f  iUS/;L’aUtre  Partie’  resté°  -  Germanie 
a  ec  la\  Alaudae,  fut  comme  elle,  engagée  contre  Civilis 

-anisation  XT  &°^  ’  U  légl°n  disparut  avec  la  réor¬ 
ganisation  de  larmee  par  Vespasien4 

,’r™P'-a‘-A  la  place  delà  légion  XVI 
'  P;,sl''n  constitua  la  legio  X VI  F/avin‘  11  est 
probable  qu'il  l’envoya  aussitôt  eu  Cappadoce’.  Elle  prù 

Dalla"  à0  f6"6  Parlhique  de  Traian  *■  Plus  lard  elle 

I  assa  en  byrie,  ainsi  que  le  prouvent  la  place  qu’elle 

occupe  sur  la  colonnette  Mafféienne*,  le  témoignage  de 
Dion  ■  et  celui  des  inscriptions".  On  ignore  son  lieu  de 
campement  dans  cette  province. 

elleaé,Na°,liC,e  nS  indi<I“è  qU’au  débul  du  *  siècle 

,  ciai1  Oublie  a  Sura,  dans  la  Sgria  Eufratensis 

lp.  ,a.  eg‘,0n  P°rte  Sur  un  cerlain  nombre  d’inscriptions 
les  titres  de  Flama  Flrma  ;  ils  apparaissent  sur  les  docu¬ 
ments  contemporains  de  l'empereur  Trajan  ",  Un  teste 
du  temps  d  Antonin  lePienx  la  nomme  Flavia  Fidelis". 

gioxvi  Gallica  ".  -  Légion  qui  était  établie  sous 
t'ZT  e”  G™nie  Supérieure"  et  avait  ses  quartiers 
.  nce  '  b'.au  contraire,  elle  occupait  laGermanie 
Inferieure,  peut-etre  depuis  le  règne  de  Claude  où  elle 
aurait  permuté  avec  la  légion  XXI  Hapax".  Aux  Calendes 
de  janv  1er  de  69,  elle  prêta  serment  à  Galba,  mais  pour 
se  retourner  bientôt  vers  Vitellius".  Une  grande  partie 
i  e  a  légion  partit  avec  cet  empereur  pour  l’Italie20.  Elle 
combattit  parmi  ses  partisans  à  Bédriac,  mais  fut  ensuite 
yincue  a  Cremone  par  l’armée  de  Vespasien21.  Le  reste 
des  effectifs,  resté  en  Germanie,  était  campé  àNovesium. 

II  marcha,  sous  les  ordres  de  Vocula,  contre  Civilis 
auquel  il  se  rendit  bientôt  après22  ;  mais,  pris  de  remords, 
.1  se  réfugia  chez  les  Mediomatrici  d’où  il  rejoignù 
Cerialis  -  .  Il  assista  a  la  bataille  de  Trêves  ;  il  y  fut  hon¬ 
teusement  battu.  Vespasien  raya  cette  légion  des  cadres 
de  1  armee  lors  de  la  réorganisation  de  70 24. 

Elle  porte  sur  une  inscription  le  surnom  de  Gallica 25  • 
partout  ailleurs  elle  n’est  désignée  que  par  son  numéro20’ 
Legio  XVII,  XVIII,  XIX  ».  -  Légions  qui  périrent 
lors  de  là  défaite  de  Varus.  Nul  n’ignore- qu’en  souvenir 
de  ce  desastre  ces  nombres  furent  désormais  rayés  à  tout 
jamais  de  la  série  des  numéros  légionnaires28.  Elles 
étaient,  au  temps  d’Auguste,  campées  en  Germanie  Infé¬ 
rieure.  La  XVIIe  légion  n’est  citée  nulle  part;  la  XVIIIe 
est  connue  par  trois  inscriptions  dont  l’une  provient  du 
camp  de  Vetera20;  la  XIX*  est  mentionnée  par  Tacite80. 

l  Tac.  Ann.  I,  61;  II,  100.  -  2  7/,,'rf. .  cf  m>  22  _ 

v  Cf.  sur  ce  point  Trommsdorff,  Quaesl.  ad  hist.  legiormm  rom.  Ipectanles 
p.  Oo  ct  s.  (qui  combat  les  assertions  de  Schilling,  Op.  eit.  p.  33  et  «  G? 

tefend,  Loc.  et t.  p.  890.  -  6  Dio,  LV,  24.  -  7  Suel  Ven  8  •  n 
Korrespondenzblatt,  1892,  p.  115.-8  C.  i.  I.  X,  120*  -  9  VI  Ih  “n  ’ 

Cph.  epigi.  Y,  -a  et  26;  C.  x.  gr.  4240,  4001.  —  12  ffotm  Di(  Q  ÿ„y.|f’ 

-Üc  f'l'lx  r‘ T  Heh'  *7S !  ArCk-  epirjr-  MlWl-  «S*.  !>•  H9 

pUl-PMnro'p  ci]  7  262  Snî n  ^  ^  P'  H%;  B°^hesi-  ^  cit. 

I  V  ■  ,  p  U  ;  v  ’  StlUe’  °P ■  c,t ■  P-  98--)G  Tae-  Ann.  I,  37  _ il  c 

’■  L  V’  5747  ^  Brambach,  1079,  1080,  1197,  etc.;  cf  Cil  lit  envi  vr  o-  7 

Vï  r  t1’ 

ieg^man.  X  GelJnal  7  65  Tll’.  ^  ‘V  ",  ?  ^  * 

sr p-  ^  <*•  c-,  Jr,v  tiïvr. 

Pfitzner,  Op.  cit.  p.  263.  -  2S  Mommsen,  fies  gestae,  p  69  -'art,  V 
2499;  VI,  3530;  Brambach,  209  (ceeidit  belle  Variano).  -  3^  Tac  ïnn  l  rl'- 
XIX  legioms  aquilam  cum  Varo  amissam.  —  31  GrntefenH  r  ’  ’  ' 

Borghcsi,  IV,  p,  ^ 


LEG 


Legio  XX  Valeria  Victrix31.  Insigne  •  c 
—  Formée  pendant  la  guerre  de  Pannonie32 «1  ba“glier- 
définitivement  par  Tibère33.  En  6  an  J  r  ,  Stllu«e 
lllyriciim».  Là,  sous  le  commandement'  d’  vf 
Messalinus,  elle  commença  par  éprouver  unèdéhîi  “ 
ensuite  lit  un  grand  carnage  d'ennemis» 
reçut  a  cette  occasion  les  insignes  consulaires  »  ""f 
désastre  de  Varus,  elle  fut  envoyée  eu  Germant 

d  rurit:1  dansie  î 

légions  du  Rhin  38  et  ensuile  aux  campagnï T q“  ^ 
nicus  contre  les  Germains30.  Sous  Claude,  elle  ^ 
loi  die  de  passer  en  Bretagne.  Là,  elle  combattit  avo 
succès  en  00  sous  les  ordres  de  Suetonius  Paulinus« 
En  69,  elle  envoya  un  détachement,  comme  les  01,1,7 
légions  d’Angleterre,  à  Vitellius  4‘  ;  celui-ci  prit  part  ! 
bataille  de  Crémone  et  y  fut  vaincu 42.  Après  fa  bataille  fl 
regagna  le  depot  de  la  légion  en  Bretagne.  La  légion  XX* 
resta  dans  le  pays  jusqu’à  la  fin  de  l’Empire».  Dès  le 
tebut,  elle  eut  sans  doute  son  camp  à  Chester-  on  IV 
trouve  assurément  déjà,  aveclall  °  Adjutrïx  au  temps  des 
Fia  viens  ',  seule  ensuile  à  partir  du  ne  siècle.  Ptolémée 
1  y  place  ainsi  que  l’Itinéraire  d’Antonin40,  et  on  va 
trouve  un  certain  nombre  d’inscriptions  relatives  à  la 
légion  ".  Naturellement,  elle  fut  employée  à  toutes  sortes 
de  travaux  sur  le  vallum  et  dans  la  province*8.  Au 
moment  ou  Gallien  renforça  les  garnisons  du  Rhin 
pour  tenir  tète  aux  Germains,  il  appela  en  Gaule  des 
détachements  des  légions  de  Bretagne40.  Des  soldats  de 
la  légion  XXe  furent  dirigés  sur  le  camp  de  Mayence”, 

C’est  pour  cela  quelle  figure  sur  les  monnaies  de  cet 
empereur01. 

Elle  portait  les  noms  de  Valeria  Victrix.  Le  premier 
ne  serait,  d  après  M.  Domaszewski,  que  la  traduction 
latine  du  nom  sabin  Nero  °2,  surnom  de  Tibère,  le  véri¬ 
table  fondateur  de  la  légion53;  d’autres  voient  dans  ces 
deux  épithètes  des  surnoms  honorifiques  attribués  à  la 
légion  à  la  suite  de  ses  victoires  en  Illyricum54. 

Cette  légion  figure  sur  les  monnaies  de  Victorin  1  .  Il  est 
a  remarquer  qu  on  ne  la  trouve  pas  sur  celles  de 
Carausius. 

La  Notice  des  Dignités  ne  fait  pas  mention  de  cette 
troupe66. 

Legio  XXI  Hapax.  Insigne  :  Capricorne  57. —  Légion 
formée  par  Auguste,  à  la  suite  de  la  défaite  de  Varus”' 

A  la  mort  de  ce  prince  elle  campait  à  Vetera  '9.  Elle 
fut  a  la  tète  de  1  insurrection  militaire  qui  éclata  alors 

p.  loi;  Hübner,  Hernies ,  XVI,  p.  537.  —  32  Cf.  plus  haut  ce  qui  a  iHé  ®  à 
propos  de  la  légion  XIIIe.  —  33  Domaszewski,  Korrespomlenzblatt,  1893,  p-  I 

—  34  Vel.  Patère.  II,  112;  C.  i.  I.  1[I,  2830.  3ü  Dio,  LV,  30.  —  35  Tac.  I 


38  Cf.  l’histoire  de  la  légion  I  Germanica.  —  3!)  Tac. 

40  Ib.  XIV,  34.  —  41  ld.  Hist.  H,  T 


31.  —  37  Ibid.  39 
1,  50  et  suiv.  ;  C.  i.  I.  V,  4365. 
sui\.  42  Jb.  III,  22.  —  4.1  Cf.  une  plaque  de  bronze  où  le  nom  et  les  insigf 
la  légion  sont  représentés  à  côté  de  ceux  de  la  légion  IIe  Auguste  (Babelon,  Br> 
antiques  de  la  Biblioth.  nationale ,  n»  1303).—  44  Domaszewski,  fihein.  Mus-  X1 
p.  342.-  45  ptolem.  II,  3,  19.  —  46  2tin.  Ant.  p.  469, 2  ;  cf.  Rav.  V,  31.  -  4U' 
VU,  p.  47  ;  Eph.  epigr.  VII,  p.  287  ;  cf.  C.  i.  I.  VII,  2080.  —  48  C.  i.  I  VII,  3I-- 
943,  1122,  1133,  1137,  1139,  etc.  —  49  Ibid.  II[,  3228.  —  50  KorrespondenzblaU, 
p.  219  (an.  255).  -  51  Cohen,  Mon.  imp.  V,  n»  548  (VI  Pia,  VI  Fidelis ),  si  la lc 
de  cette  pièce  n'est  pas  mauvaise,  comme  le  prétend  M.  Kolb.  —  82  Au!.  Gell.  XU1 
JVeria  Sabinum  verbum  est  eoque  significaturvirtus  et  fortitudo.—  Doniasze’ 
KorrespondenzblaU ,  1893,  p.  266.  —  S4Grotefend,  Loc.  cit.  ;  Stille,  Loc.  ct- 
Tac.  Ann.  I,  42  :  tôt  praemiis  aucta.  —  55  Cohen,  Mon.  imp.  VI,  p-  76.  G01’1' 

—  86  Les  Victores  Britanniciani  sont  classés  parmi  les  auxilia,  non  parmi  les  U 
( Not .  Dign.  Oc.  VII,  154).  —  57  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  898  ;  Borghesi, 

p.  247  ;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  266;  Stille,  Op.  cit.  p.  103.  —58  Ann.  épior-  " 

—  59  Tac.  Ann.  I,  31  ;  Suet.  Oct.  25  ;  Dio.  LVII,  5  ;  cf.  Stille,  Op-  cit . 


LEG 


1089  — 


LEG 


I  Ja  eiie  j’ai  déjà  fait  souvent  allusion  L  Puis 

II  "prit  part  aux  campagnes  de  Germanicus  en  Ger- 
e  0  ■  2  A  la  mort  de  Néron,  elle  était  fixée  à  Vindonissa 

Germanie  Supérieure  3.  Elle  suivit  Yitellius  en  Italie 
combattit  à  Bédriac  *.  Vaincue  à  Crémone,  elle  regagna 
I  C  camp  B,  mais  pour  repartir  presque  aussitôt  et 
Larcher  contre  Civilis  6.  C’est  grâce  à  sa  valeur  que  les 
Romains  furent  vainqueurs  à  Trêves  et  purent  triompher 
du  soulèvement 7.  Après  cette  brillante  victoire,  elle  resta 
sur  le  Rhin  et  fut  cantonnée  à  Mayence8.  Nous  igno¬ 
rons  ensuite  ce  qu’elle  devint.  Il  est  certain  qu’elle 
n’existait  plus  au  moment  où  fut  gravé  le  laterculus 
legionum  du  Musée  du  Vatican  0  ;  quelques-uns  la  font 
disparaître  en  89  à  la  suite  de  la  révolte  d’Antonius  Satur- 
ninus10;  d’autres  dans  la  guerre  contre  les  Sarmates 
en92n;  d’autres  enfin  sont  d’avis  qu’elle  fut  rayée  des 
cadres  de  l’armée  sous  le  règne  de  Trajan  ou  même  au 
début  de  celui  d’Hadrien,  mais  sans  pouvoir  expliquer  la 
cause  de  sa  disgrâce12. 

Son  surnom  de  Rapax  lui  aurait  été  donné  à  cause  de 
sa  vaillance,  de  son  élan  dans  le  combat 13. 

Legio  XXII  Dejotariana  '  \  —  Cette  légion  semble 
avoir  été  formée  d’abord  par  le  tétrarque  Galate  Dejo- 
tarus,  à  l  imitation  des  troupes  romaines18.  Quand  la 
Galatie  devint  province  romaine,  en  25  av.  J.-C.,  elle 
ne  fut  pas  supprimée  et  continua  à  subsister  comme 
corps  auxiliaire;  après  la  défaite  de  Varus  et  l’anéan¬ 
tissement  des  troupes  qui  y  succombèrent,  elle  fut 
inscrite  avec  le  nombre  XXII  sur  la  liste  des  légions 
impériales16.  Elle  ne  porta  pas  d’abord  de  surnom  :  on 
nen  sentit,  d’ailleurs,  la  nécessité  qu’à  la  suite  de  son 
dédoublement  sous  Claude  et  de  la  création  de  la  légion 
XAII  Primigenia.  Le  surnom  de  Dejotariana  ne  lui 
appartient  officiellement  que  depuis  le  règne  de  Trajan  n. 

Auguste  1  établit  en  Égypte18,  à  Alexandrie19.  Comme 
la  III  Cyrenaïca,  elle  prit  part  à  la  soumission  de  la  ré- 
\olte  des  Juifs  sous  Néron20;  en  63,  elle  fournit  un  con¬ 
tingent  à  l'expédition  de  Corbulon  contre  les  Parthes21; 
elle  fut  la  première  à  reconnaître  Vespasien  22  ;  puis  elle 
envoya  un  détachement  de  100U  hommes  avec  Ti.  Julius 
A  exander  au  siège  de  Jérusalem  où  elle  se  distingua  23. 

e  disparut  des  cadres  de  l’armée  au  commencement 
a  n  siècle,  dans  la  guerre  Parthique  de  Trajan  suivant 
pes  uns,  suivant  les  autres2'",  qui  semblent  avoir  raison, 
prit  .  1  xlir ^Uion  d  Hadrien  contre  les  Juifs.  On  sait  que 
utU  fut  difficile  et  coûta  beaucoup  de  pertes  aux 


B  'Tac.  Ann.  I,  3i  _  o  ri  KO  „ 

61  ct  suiv.;  II,  43-  Plut  n,/  À  ’  ~  Id"  BisL  IV-  70’  “  *  Jt 

-  1  Ibid.  78  _  s  t-  0tk°'  12-  ~  lb-  HI>  18’  22.  —  6  Ib.  IV, 

VI,  3492.  io  T"  U“emaUn’  °ie  Le°io  1  Adjutrix,  p.  48.  —  9  C.  i 
toinenia.  et  XXxZ/Z’  °P  Ci<'  P'  58’  ~  11  SclliIling>  De  lef) ■  Ron 
spect.  p.  91  •  Unm»  .  P\a’  J1.'  24’  12  Tronirasdorff,  Quaest.  ad  hist. 

Bist.  n,  43’.  ,  pSiC"s  ’’  Dle  -Religion  des  Hôm.  Heeres ,  p.  25.  —  13  r 

®orShesi,  Loc.  cit  VTsa  °pnU'  V'n'  ~  U  Grotcfend-  Loc ■  ciL  P-  f 

Meyer,  Die  AemmtZ'l  r  ’  Pfitnier’  °P-  cit •  P-  268  ;  Slillc,  Op.  cit.  p. 

Cyrenaïca ,  dans 

Rklemtier  und  Hômer  1897’ P-  578  et  suiv.  ;  cf.  Das  Heerwesen 

39’  69’  77  ;  Cic  ad  L  VIe :  1900,  p-  149  et  suiv-  -  15  D°  Bel.  Alex. 
P-  U,  note  1.  m,  •  ’  '  Mommson.  Res  gestae,  p.  70  ;  Hernies,  ) 

de  la  légion  donné  ïe  28  i  °cu™ent  daté  que  l'on  possède  est  un  reçu  d’un  so 

7  GrieseZZnnl  "d  ^  ^  W*’  °f  ^  BHL  ^  *>>  P- 

C  '  tlomaszewslii  Korre*  d  f™’  U0,  *'  5  ct  suiv.  ;  Meyer,  Op.  cit.  p.  5 

Tr a  1891’ p- 59  ct  ™ 

,cL]C-  i-  lat.  in  6597-  n  ‘  XV  ’  12  et  30  !  Tac-  Ann.  IV,  6.  —  19  Sti 

inn~  XL  26.  -  22  Tac  «  f?,"’  2274  ~  20  JosePh-  Be l .  Jud.  II,  18.  -  2r 

’  p-  ,l77  ;  Tac.  Hist  V  i6.  i  ’  ’  n”04  VCSp'  6’  —  23  EPh'  ePirJr-  I,  p. 

ad  hist.  kg'  '  ’  °7ph'  Bel  Jnd •  V,  1  et  14.  _  24  Trommsdi 

un  de  ses  tribuns  en  104  .  P'  92  ct  SUIV'  0u  Possède  encore  la  men 

’  °US  Hadncn  (C-  <■  or.  4724).  -26  Front.  De  Bel.  Pa, 


Romains  :  Avo  vestro  Hadriano  imperium  obtinente, 
dit  Frontin  2S,  quantum  militum  a  Judaeis  caesum 26. 
Elle  est  peut-être  désignée  sur  une  inscription  par  les 
noms  de  XXII  Cyrenaïca  21. 

Legio  XXII  Primigenia  28.  Insigne  :  Capricorne. 

—  Créée  par  Claude 29,  par  suite  de  la  conquête  de  la  Bre¬ 
tagne  et  par  dédoublement  de  la  légion  Dejotariana  30. 
Elle  fut  envoyée  en  Germanie  Supérieure  pour  remplacer 
une  autre  légion  destinée  à  occuper  l’ile  nouvellement 
soumise31.  Son  camp  était  à  Mayence32.  Aux  Calendes  de 
janvier  de  69,  elle  ne  voulut  pas  prêter  serment  à  Galba, 
mais  seulement  au  sénat  et  au  peuple  romain  33 .  Deux 
jours  après  elle  saluait  empereur  Vitellius,  et  une  moitié 
de  son  effectif  partait  avec  Caecina  pour  l'Italie  3'\  Cette 
fraction  de  la  légion  partagea  le  sort  et  l’insuccès  final 
des  troupes  de  Vitellius.  L’autre  moitié  restée  en  Ger¬ 
manie  marcha  avec  Hordeonius  Flaccus  contre  Civilis 
révolté35.  Elle  commença  par  délivrer  Mayence  assiégé36; 
puis,  après  la  mort  de  Vocula,  son  légat37,  elle  se  laissa 
aller  à  reconnaître  l’Empire  gaulois  38  ;  mais  bientôt  elle 
rentra  dans  le  devoir  et  aida  Petilius  Cerialis  à  mener  à 
bien  la  lutte  contre  les  rebelles  39.  Elle  revint  ensuite  à 
Mayence  où  elle  demeura  pendant  toute  la  durée  de  l’Em¬ 
pire40  ;  le  nombre  des  inscriptions  relatives*  à  ce  corps 
qu’on  a  trouvé  soit  dans  le  camp  de  Mayence  41 ,  soit  sur 
le  limes  42,  soit  ailleurs,  est  incalculable.  Quelques-unes 
d’entre  elles  sont  instructives  pour  l’histoire  même  de  la 
légion.  On  y  voit  qu’elle  envoya,  à  l’époque  d’Hadrien, 
un  détachement  en  Bretagne  43 ,  qui  a  laissé  des  traces  de 
son  séjour  à  Ambloglanna,  sur  le  vallum  de  cet  empe¬ 
reur  44.  A  l’avènement  de  Septime  Sévère,  elle  prit  parti 
pour  le  nouveau  souverain  45  et  marcha  contre  ses  compé¬ 
titeurs  46.  Après  la  défaite  d’Albinus,  elle  revint  dans  son 
camp,  mais  fut  presque  aussitôt  appelée  à  défendre  Trêves 
assiégée  par  l’ennemi 1  '.  Il  est  possible  qu’elle  ait  pris  part 
aussi  à  l’expédition  de  Caracalla  contre  les  Germains  48. 
Au  moment  du  règne  de  Gordien,  une  partie  de  la  légion 
fut  sans  doute  envoyée  en  Afrique,  pour  remplacer,  avec 
des  auxiliaires  et  d’autres  détachements  légionnaires,  la 
légion  III  Augusta  licenciée49. 

Elle  dut  ses  surnoms  de  Pia  Fidelis  à  la  fidélité  dont 
elle  fit  preuve  à  l’occasion  de  la  révolte  d’Antonius  Satur- 
ninus  en  89  50. 

Son  nom  figure  sur  les  monnaies  de  Gallien81,  de  Vic- 
torin  82  et  de  Carausius83. 

Legio XXX Ulpia84.  Insigne:  Neptune  ;  Capricorne.  — 

p.  144,  <5d.  Mai.  —  26  Cf.  Dio,  Epit.  LX1X,  14;  Zonar.  XI,  23.  —  27  C.  i.  I.  X.4862  ;  cf. 
Korrespondenzblatt,  1893,  p.  148. —  28  Grotefend,  Loc.  cit.  p.  899;  Borghesi,  Loc. 
cit.  p.  254;  F’fitzner,  Op.  cit.  p.  270;  Slille,  Op.cit.p.  108.  —  29  M.  Ùomaszcw  ski 
veut  en  faire  remonter  l’origine  jusqu'à  Auguste  {Korrespondenzblatt,  1894,  p.  17, 
Arch.epigr.  AJitth.  X,p.  188).—  30  Schilling,  De  kg.  I  Min.  et  XXX  U Ip.  p.  59; 
cf.  la  leg.  XV Primig.  —  31  Ann.  des  Etudes  gr.  1875,  p.  272.  —  32  Tac.  Hist.  I, 
12,  16,  18,  26,  55;  IV,  37.  —  33  Ibid.  I,  55;  Plut.  Galb.  22.  —  34  Grotefend,  Loc. 
cit.  ;  Stille,  Loc.  cit.  —  36Tac.  Hist.  IV,  24  et  s.  —  36  Ibid.  28.  —  37  C.  i.  I.  VI,  1402. 

—  38  Tac.  Hist.  IV,  59.  —  39  Ibid.  71,  72,  77.  —  40  Au  début  du  règne  de  IXerva  elle 
avait  pour  tribuu  le  futur  empereur  Hadrien  (Vif.  Hadr.  2;  C.  i.  I.  III,  550). 

—  41  Brambach,  972, 979,  1024,  1025,  1027,  1034,  1052,  1076,  1095,  1135,  etc.:Korres- 
pondenzblatt ,  1S83,  p.  65;  1887,  p.  148,  etc.  —  42  Limesblalt,  1892,  p.  24, 
42;  1894,  p.  269;  Der  Obergerm.  Raet.  Limes  (Oehringen),  pl.  iv  ;  (Markobel), 
pi.  m  ;  (Niedenbergt,  pl.  n;  (Osterburken),  pl.  v;  (Butzbach),  pl.  m,  etc.  —  43  Corp. 
inscr.  lat.  X,  5829.  —  44  Ibid.  VII,  840.  —  4o  Cohen,  Mon.  imp.  IV,  p.  32,  276, 
277.  —  46  Ann.  épigr.  1890  ,  82.  —  47  Korrespondenzblatt,  1888,  p.  51. 

—  48  C.  i.  I.  X,  5  1  78,  5  3  98.  —  49  Mommsen,  C.  i.  I.  VIII,  p.  21  ;  cf.  mon  Armée 
d'Afrique,  p.  273  et  suiv.  —  30  Ritterling,  De  leg.  Rom.  X  Gem.  p.  122; 
cf.  lia  16.  —  SI  Cohen,  Mon.  imp.  V,  p.  394,  542  et  s.  {VI  et  VII  Pia,  VI  et 
VII  Fidelis).  —  62  lb.  VI,  p.  76,  67.  —  S3  lb.  VII,  p.  17,  147.  —  54  Grote¬ 
fend,  Loc.  cit.  p.  901;  Pfitzner,  Op.  cit.  p.  272;  Borghesi,  Loc.  cit.  p.  258; 
0.  Schilling,  De  legionibus  Romanorum  I  Minervia  [et  XXX  Ulpia,  Lipsiae,  1893. 


LeAt 


Constituée  par  Trajan,  dès  le  début  de  son  règne, 
98  peut-être1,  elle  aurait  campé  d'abord,  a-t-on  avai 


en 
ancé, 


en 


uLjVJ 

Pannonie  2,  puis  aurait  passé  en  Germanie  lnf,y 
la  disDarition  de  la  lésion  I\«  //»v„ —  " 


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Fidelis. 

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XVI  GALLICA . 

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XVII,  XVIII,  XIX . 

XX  VALERIA  VICTRIX. 

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XXI  RAPAX  . 

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XXII  DEJOTARIANA  . 

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Hdelis. 

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A  l’époque  de  Ptolémée 3,  elle  occupait  le  camp  de  Vetera, 
où  l'on  a  recueilli  de  nombreuses  traces  de  son  séjour4. 
Elle  prit  part  sans  doute  à  la  guerre  Dacique  de  Trajan  3, 
certainement  à  celle  de  Septime  Sévère  contre  ses  com- 

l  Schilling,  Op.  cit.  p.  31  et  suiv.  —  2  lb.  p.  38,  noie  2  (briques  estam¬ 
pillées  trouvées  à  Brigelio,  Carnuntum,  Vindobona).  La  présence  du  surnom 
Victrix  sur  ces  briques  rend  très  difficile  de  les  attribuer  à  une  époque  aussi  élevée. 


pétiteurs6,  ce  qui  explique  la  présence  du  nom  d<  ,  l 
légion  sur  les  monnaies  de  Septime  Sévère; et,  >HM"1 
plus  tard,  à  l’expédition  de  Constantin  II  contre  Sap°  ^ 
Elle  garda  pendant  tout  l’Empire  son  campent  11 

Tahrbüchiï'' 

-  3  Ptol.  II,  9,  15.  —  4  Bramb.  1?1,  202,  211,  219,  220,  etc.;  Sonner  #1  s2; 
XXXI,  p.  80  et  s.  —  3  Schilling,  Op.  cit.  p.  41.  —  6  Ann.  dpigr. 

Schilling,  Op.  cit.  p.  65.  —  7  Arum.  Marc.  XVIII  9,  3. 


LEG 


1091 


LEG 


,  nn  1»  trouve,  dans  la  Notice  des  dignités,  parmi 
TZ^euiocommensesieG^e*. 

l6S  n  ortaLt  le  surnom  de  Victrix,  qu’elle  reçut  sans 
1  p -fia  suite  de  succès  obtenus  pendant  la  guerre  de 
d0l‘  e3d  leg  surnoms  de  Pia  Fidelis  qui  lui  sont  attribués 
P^1  ■'■'laines  inscriptions  du  m°  siècle  lui  auraient  été 

décernés  par  Septime  Sévère  *. 

Son  nom  figure  non  seulement  sur  les  monnaies  de  Sep- 
Le  Sévère  S  mais  sur  celles  de  Gallien6,  de  Victoria  7 

et  de  Carausius  8. 

Pour  permettre  d’embrasser  d’un  coup  d’œil  les  chan¬ 
gements  apportés  dans  le  nombre  des  légions  d’Auguste 
à  Dioclétien,  les  créations  et  les  suppressions  effectuées 
.par  les  différents  empereurs  des  trois  premiers  siècles, 
j'ai  dressé  le  tableau  précédent9. 

VI  Légions  après  Dioclétien.  —  Telle  est,  dans  ses 
traits  principaux,  l’histoire  des  légions  créées  par  Auguste 
et  par  ses  successeurs  jusqu’à  Septime  Sévère.  L’époque 
de  Dioclétien  et  les  temps  qui  suivirent  apportèrent  dans 
la  liste  des  légions  impériales  de  grandes  modifications  ; 
on  établit  une  multitude  de  nouvelles  légions,  la  plupart 
du  temps  en  scindant  des  troupes  déjà  existantes  ou  en 
élevant  à  cette  dignité  des  troupes  auxiliaires  10.  L’histoire 
de  ces  nouveaux  corps  ne  saurait  être  tracée  dans  le 
détail,  faute  de  documents.  Mais  on  peut  en  dresser  une 
liste,  et,  grâce  à  la  Notice  des  Dignités,  indiquer  où 
chacun  était  campé  au  début  du  ve  siècle.  J’exclus,  natu¬ 
rellement,  de  cette  énumération  les  légions  du  Haut- 
Empire  qui  subsistaient  encore  à  cette  date. 

Legio  I  (Primani  seniores,  légion  palatine)11.  — 
On  a  émis  l’opinion  que  c’était  la  même  que  la  légion 
d e  primani,  citée  par  Ammien  sous  Constance  et  Julien 
etqui,  d’après  lui,  se  serait  vaillamment  comportée  contre 
les  Mamans  12.  11  se  pourrait  encore  qu’il  s’agît  dans 
Ammien  de  la  légion  des  Primani  Juniores  (légion  comi- 
tatensis  de  Bretagne) 13. 

Legiol  Julia,Alpma.(pseudocomitatensis),  en  Italie  u. 
LegioIArmeniaca(psewc?ocomïta£enm),enOrient 13. 
Legio  I  Flavia  Const&ntiSL  (pseudocomi  tatens  is) ,  en 
Orient 10 . 

Legio  I  Flavia  Gallicana  Constantia  (id.),  en 
Oaule  17. 


Legio  i  Flavia  Gemma,  (comitatensis),  en  Thrace  18. 
Legio  I  Flavia  Métis  [=  Martis?]  (pseudocomita- 
en  Gaule  10. 


Legio  i  Flavia  Pacis  ( comitalensis ),  en  Afriqu 
egio  I  Flavia  Theodosiana  (id.),  en  Orient21. 

donf?î°  I  IUyriCOrUm’  à  Palmyre22.  -  C’est  s 

m’émis  ‘‘"T  qUe  Celle  qui  %ure  sur  une  inscript 

iciniiKb°US  6  n°m  d’ ’IÀXu?t)iavTi  23>  et  qui,  à  l’époque 

temnsn’  en  ÉgyPte  un  détachement  en  mé 

temPs  que  la  IIP  Gallique  24. 


E  *  Ûio,  LV  9  A  •  Tr 

P'  41"  ’>  'il.  p  43 7  2  iVOi'  mOn-  0c-  VIL  108.  -  3  Schilli 
SW.-W4.  Vlp.  7  °  )e“’  Alon-imP-  IV,  p.  32,  278.  —  6  Ibi, 

G’quêes  par  des  traits  h'ori»  Vl*’ P'  17’  149.  —  9  Les  suppression 

7  10  On  compte  alors  '  Z°“.auX  donl  Ia  Iongueur  indique  la  durée  du  li 
K  Coup  d'œi;  «JT'?*  'égi0ns  plarquardt,  Organis.  milit. 
^  «*  anciens  cadrT  ^  V '  30  Ct  s0  =  vingt-huit  seule, 
^re.-iliY  Or’vie  SA-qUl!S  s  étaient  constitués  d'Auguste 

?■  ~ w  ^  v  S  Ammian- XV1- l2-  - 13 

(Ammian.  XX,  8) _ n  ù V ™dlt  Singara  et  fut  faite  prisonnière 

7  !'  ÙO,  269;  VII  05  M  C  ;  1U’  264 1  V11’  90-  -  )s  '*•  Or.  VIII, 
jj,’  'i9;  ML  146.  -  2i  7à.Ce“k  pr0p0se  de  corriger  Métis  en  Marti 

1  -  24  *».  rpig  t°V11’  ^  47'  ~  22  Ib-  XXX*L  30.  - 
P9K  lm’m’  «99,  29.  —  23  nia.  Ant.  p.  22 


Legio  I  Jovia.  —  Créée  par  Dioclétien  qui  lui  donna 
son  surnom  de  Jovius.  11  l’établit  sur  le  Danube,  dont  il 
voulait  renforcer  les  garnisons,  à  Troesmis 23.  Au  iv°  siècle, 
elle  permuta  avec  la  légion  II  Ilerculia  et  vint  camper  à 
Noviodunum ,  oùla  place  la  Notice 2G.  Les  J oviani  Seniores 
(palatini)  d’Italie 21  elles  Joviani  Juniores  (id.)  d'Orient 2S 
sont  des  divisions  de  cette  légion. 

Legio  I  Isauria  sagittaria  ( pseudocomitatensis ), 
d’Orient 29. 

Legio  I  Martiorum.  —  Mentionnée  sur  une  inscrip¬ 
tion  de  371  30,  et  peut-être  dans  la  Notice  où  les  Martii 
d’Illyricum  figurent  comme  légion  comitalensis  31. 

Legio  I  Maximiana,  d’Égypte,  campée  àPhilae32.  — 
Peut-être  une  division  de  la  suivante. 

Legio  I  Maximiana  Thebaeorum  ( comitatensis ), 
en  Thrace  33.  —  C’est  peut-être  à  cette  légion  qu’appar¬ 
tenait  le  martyr  saint  Maurice  34. 

Legio  I  Norica.  —  Citée  par  des  inscriptions  33  et 
sur  des  tuiles  trouvées  dans  le  Noricum  36  ;  la  Notice 
la  divise  en  deux  parties  campées  l’une  à  Adjuvense  37, 
l’autre  à  Fafianae  (—  Favianis )  38. 

Legio  I  Pontica,  d’Arménie,  campée  à  Trébizonde  39. 
—  Un  de  ses  préfets  figure  sur  une  inscription  contempo¬ 
raine  de  Dioclétien  40. 

Legio  I  Valentiniana,  de  Coptos  41 . 

Legio  II  ( comitatensis ),  en  Illyricum42. 

Legio II  Armeniaca  (pseudocomitatensis),  d’Orient43, 
Fut  vaincue  et  taillée  en  pièces  par  Sapor  à  Bezabde  44 , 

LegioII  Félix Valentis  Thebaeorum  (comitatensis), 
d’Orient  43 . 

Legio  II  Flavia  Constantia  Thebaeorum  (id.) 4Û. 

Legio  II  Flavia  Constantiniana  (id.),  d’Afrique47. 

Legio  II  Flavia  Gemina  (id.),  d’Orient48. 

Legio  II  Flavia  Virtutis  (id.),  d'Afrique49. 

Legio  II  Hereulia.  —  Créée  par  Dioclétien  qui  lui 
donna  le  nom  de  son  collègue  Maximien  Hercule.  Elle  fut, 
comme  la  Jovia,  établie  sur  le  Danube  pour  en  renforcer 
les  garnisons,  à  Noviodunum  30  ;  dans  la  suite,  elle 
permuta  avec  celle-ci  et  occupa  le  camp  de  Troesmis51, 
où  nous  la  trouvons  au  iv°  siècle  s2.  Deux  cohortes  de  la 
légion  étaient  en  Maurétanie,  à  Sétif,  à  une  date  qui  nous 
échappe  :  ils  élevèrent  un  monument  Mithriaque  33.  La 
Notice  nous  fait  connaître  plusieurs  divisions  de  cette 
légion,  l’une  à  Axiupolis  34,  l’autre  à  Inplateypegii S5. 
Les  Herculani  Seniores  d’Italie  56  et  les  Herculani 
Juniores  37  d’Orient  sont  également  des  corps  issus  de 
la  légion. 

Legio  II  Isauria,  en  Isaurie58. 

Legio  II  Julia  Alpina  ( pseudocomitatensis ),  d’Illy¬ 
ricum  39 . 

Legio  II  Valentiniana  d’Hermunthus,  en  Thé- 
baïde 60 . 


III,  0139.  —  26  Not.  Dign.  Or.  XXXIX,  33  ;  C.  i.  I.  III,  p.  999  ;  ef.  d'autres  divisions 
de  la  légion;  Not.  Dign.  Ib.  3 1  et  35.  —  27  Not .  Dign.  Oc.  V,  2,  143.  —  28  lb.  Or. 
V,  3,  43.  —  29  Ib.  VII,  20,  5G.  —  30  C.i.  I.  III,  3653.  -  31  Not.  Dign.  Or.  IX. 
10.  —  32  Ib.  XXXI,  37.  —  33  Ib.  VIII,  4  et  36.  —  34  Ruinart,  Act.  martyr,  p.  276 
(éd.  1713);  Greg.  Tur.  De  glor.  martyr.  I,  73.  Voir  aussi  la  l”g.  1 II  Diocletiana 
Thebaeorum.  —  36  C.  i.  I.  III,  4803,  6489.  —  36  /*.  4033  (a)t  5750  .  H847.  — ^  37  Not. 
Dign.  Oc.  XXXIV,  40.  —  38  lb.  41.  —  39  Ib.  Or.  XXXVIII,  16.  —  40  c.  i.  I.  III,  236. 

—  'A  Not.  Dign.  Or.  XXXI,  36.  — 42  761(1.  IX,  35.  —  43  Ib.  VII,  14,50.  —  44  Ammian. 
XX,  7,  i.  —  46  Not.  Dign.  Or.  VII,  11,  40.  —  46  /h.  10  et  43.  -  47  lb.  Oc.  V, 
253;  VII,  149.  —  48  Ib.  Or.  VIII,  9  et  41.  —  49  lb.  Oc.  101  et  250;  Ann.  épigr. 
1890,  127.  —  60  ltin.  Ant.  p.  226.  —  61  C.  i.  I.  III,  6194;  cf.  p.  999.  —  62  Not. 
Dign.  Or.  XXXIX,. 29.  —  63  C.  i.  I.  VIII,  8840.  —  64  Not.  Dign.  Or.  XXXIX,  30. 

—  86  lb.  35.  —  66  lb.  Oc.  V,  3  ,  44.  —  87  //,.  Or.  V,  4,  146.  —  88  lb.  Or.  XXIX,  7 

—  69  Ib.  Oc.  V,  108,258;  VII,  70.  —  60  Ib.  Or.  XXXI,  39. 


« 


LEG 


1092  — 


LEG 


Legio  III  Diocletiana,  en  Égypte.  —  Une  partie  était 
campée  à  Ombos1,  une  autre  à  Thèbes2,  une  troisième  à 
Praesentia3. 

Legio  III  Diocletiana  Thebaeorum  {comitatensis) 
de  Thrace  \  -  Peut-être  celle  à  laquelle  appartenaient 
saint  Maurice  et  ses  compagnons  5. 

Legio  III  Flavia  Salutis  (id.),  d'Occident6. 

Legio  III  Herculia  (id.),  dlllyricum7. 

Legio  III  Isaura,  en  Isaurie8. 

Legio  III  Julia  Alpina  ( comitatensis ),  en  Italie9. 

Legio  IIII  Italica  (pseudocomitatensis),  en  Orient10. 

Legio  IIII  Martia,  campée  à  Betthorus,  en  Arabie 

—  De  cette  légion  viennent  les  Martenses  Seniores 
d  Orient 12  et  les  Martenses  Juniores  de  Gaule  13. 

Legio  IIII  Parthica.  —  Campée  à  Circesium,  en 
Osrhoène,  à  l’époque  delà  Notice14. 

Legio  V  Jovia.  —  Créée  par  Dioclétien  pour  la  défense 
de  la  Pannonie  ;  on  en  trouve  trois  divisions,  l’une  à 
Bononia15  ;  l’autre  à  Burgenae16  et  l’autre  dans  le  castel- 
lum  Onagrinum17. 

Legio  V  Martia.  —  Citée  par  Trebellius  Pollion18. 
Inconnue  d’ailleurs. 

Legio  V  Scythica11,  d  Arménie.  —  Citée  par  une 
inscription. 

Legio  V  Parthica.  —  Tenait,  au  temps  des  empe¬ 
reurs  Constance  et  Julien,  garnison  à  Amide  20  ;  elle  y  fut 
taillée  en  pièces,  ainsi  que  les  autres  troupes  assiégées 
dans  la  ville  par  Sapor  21.  Elle  ne  figure  plus  dans  laNotice 
des  Dignités. 

Legio  VI  Gallicana  22 .  —  Citée  par  Vopiscus. 

Legio  VI  Gemella.  —  Figure  sur  une  inscription 
mutilée 23 . 

Legio  VI  Herculia.  —  Au  temps  de  la  Notice,  une 
partie  campait  au  Mons  Aureus  24,  une  autre  à  Teuti- 
bargium  2S,  une  troisième  dans  le  castellum  Onagri¬ 
num  26. 

Legio  VI  Parthica  {pseudocomitatensis),  en  Orient 21. 

Legio  VIII  ( palatina ),  en  Italie28. 

Legio  XI  \  palatina) 29  et  comitatensis,  en  Espagne30. 

A  ces  légions,  qui  se  distinguent  les  unes  des  autres  par 
des  numéros  et  des  surnoms,  il  faut  joindre  les  suivantes 
qui  ne  portent  aucun  numéro. 

1°  Légions  palatines. 

Armigeri  propugnatores  Juniores31. 

—  —  Seniores32. 

Britones  Seniores,  en  Illyricum33. 

Cimbriani  34. 

Daci  3S. 

Divitenses  Seniores,  en  Italie36. 


Fortenses  37. 

Lanciarii  Juniores  38. 

—  Seniores39. 

Sabarienses 40. 

Mattiarii  Seniores41. 

Juniores  42. 

Moesiani  Seniores43. 

Nervii.  —  Ils  prirent  part  à  l’expédition  de 
contre  Gildon44. 


Stilichon 


Pannoniciani  Seniores  45 . 
Scythae  46. 

Thebaei 41. 

Tungraecani  Seniores  48. 
Undecimani. 


2°  Légions  comitatenses. 

Armigeri  defensores  Seniores,  en  Gaule  4!l. 
Augustenses  defensores,  en  Thrace 30. 
Balistarii  Dafnenses,  en  Thrace61. 

Juniores,  en  Thrace62. 

—  Seniores,  en  Orient63. 
Constantini  Dafnenses,  en  Thrace  84. 

—  Seniores,  en  Thrace  6S. 
Cortoriacenses,  en  Gaule  6G. 

Dianenses,  en  Illyricum  57. 

Divitenses  Gallicani,  en  Thrace68. 

Flavia  Victrix  Constantiana,  en  Afrique69. 
Fortenses,  en  Espagne  00  et  en  Afrique61. 
Geminiacenses,  en  Gaule62. 

Gernianiciani  Juniores,  en  Italie63. 

—  Seniores,  en  Illyricum  °4. 

Gratianenses,  en  Thrace03. 

Honoriani  Félix  Gallicani,  en  Gaule66. 
Julia  Aïexandria,  en  Thrace  67. 

Lanciarii  Augustenses,  en  Illyricum68. 

Gallicani  Honoriani,  en  Gaule69. 
—  Juniores,  en  Illyricum70. 

—  Stobenses,  en  Thrace  71 . 
Martenses  Seniores,  en  Orient72. 

Martii,  en  Illyricum73. 

Mattiarii  Constantes,  en  Illyricum74. 

Juniores,  en  Italie78. 

Mauri  cetrati,  en  Illyricum76. 

Menapii,  en  Thrace  7\ 

—  Seniores,  en  Gaule  78. 

Minervii,  en  Illyricum  79. 

Pacatianenses,  en  Illyricum80. 
Pannoniciani  Juniores,  en  Thrace81. 
Praesidienses,  en  Gaule  82. 

Propugnatores  Juniores,  en  Illyricum83. 


l  Not.  Dign.  Or.  XXXI,  31.  —  2  lb.  38.-3  Ib.  33.  —  4  Ib.  VIII,  5,  37.  —  8  Voir 
plu?  haut  la  legio  Maximiana  Tlæbaeorum.—  6  Not.  Dign.  Y,  102,  251  ;  Vil.  148. 

—  7  Ib.  Oc.  V,  89,  238;  VII,  54.  —  8  /6.  Or.  XXIX,  8.  —  9  Ib.  Oc.  V,  99,  248; 
VII,  35.  —  10  Ib.  Or.  VII,  18,  54.  —  il/6.  XXXVII,  22.  —  12  Ib.  VII,  5,  40.  —  13  lb. 
Oc.  V,  115,  265;  VII,  91.—  H  lb.  Or.  XXXV,  24.—  18  lb.  Oc.  XXXII,  44.  —  16  Ib. 
40.—  n/4.  48.  —  18  Vit.  Claudii.  14.—  19  C.i.  I.  IX,  3427.—  20  Amin.  Marcel.  XVIII, 
9.  —  21  lb.  XIX,  8.  —  22  Vit.  Aurel.  7.  —  23  C.  inscr.  lat.  IX,  2648  ;  cf.  Eph.  ep. 

IV,  942.  —  24 Rot.  Dign.  Oc.  XXXII,  45.  —  25  lb.  47.  _  2G  lb.  48.  —  27  Ib.  Or.  VII, 

55.  —  28  Ib.  Oc.  V,  153;  VII,  28.  —  29  Ib.  Or.  VI,  6  ,  46.  —  30  /6.  Oc.  V,  85,  234; 
\1I,  134.  31  Not.  Dign.  Oc.  V,  13,  156  f=z  VII,  143,  où  la  légion  est  comitatensis 

in  Africa).  —  32  lb.  V,  8,  151  (=  VII,  142  ;  id.).  —33/6.  Or.  IX,  2,  22.  —  34  Ib. 
Oc.V,  12,  155  =  VII,  145,  où  la  légion  est  comitatensis  in  Africa).  —  35/6.  Or.  VI,  3. 

—  36  Ib.  Oc.  V,  4,  147  =:  VII,  5.  —37/6.  Or.  V,  5,  45.  —38/6.  Or.  VI,  7  ,  47.  —  39  /6. 

V,  2,  42.  +0/6.  Oc.  V,  9,  152  (—  \  II,  82,  où  la  légion  est  donnée  comme  comi¬ 

tatensis  in  Gallia ).  —  41  Ib.  Or.  VI,  2,  42.  —  42  /6.  V,  7,  47.  —  43  lb.  Oc.  V 


7,  150;  VII,  8.  —  44  Ib.  Or.  V,  6,  46;  Claud.  Bel.  Gild.  422  et  suiv.  -  4’  ^ 
Dign.  Oc.  V,  6,  149;  VII,  7.  —  40  Ib.  Or.  VI,  4,  44.  —  47  Ib.  Oc.  V,  H,  18  '  ’ 
29,  où  la  légion  est  donnée  comme  comitatensis  in  Gallia).  —  48 
VII,  6.  —  49  Ib.  v,  78,  227  ;  VII,  80.  —  50  Ib.  Or.  VIII,  20,  52.  -  61  V>-  '  ^ 

46.  —  52  lb.  15,  47.  —  53  lb.  VII,  8,  43.  —  54  /6.  VIII,  13  ,  45.  —  66  Ib-  '  J' 

—  56  Ib.  Oc.  V,  96,  245;  VII,  88.  —  57  /6.  Or.  IX,  11,  33.  -  68  tb.  Vllj'  '  ’0c' 

—  59  lb.  Oc.  V,  252  ;  Vil,  150.  —  60  Ib.  Oc.  V,  76,  225;  VII,  130.  -  ’  ^  Jj6. 
V,  106,  255  ;  VII,  152.  —  62  Ib.  Oc.  V,  97,  246  ;  VII,  87.  —  63  Ib.  Oc.  '  ’  jj',’ 
VII,  33.  —  64/6.  Or.  IX,  12,  34.  —05  Ib.  Or.  VIII,  22.  —  00  lb.  Oc.  V,  #*.  - 

89.  —  67  Ib.  Or.  VIII,  19,  51.  —  08  lb.  Or.  IX,  14,  36.  —  69  Ib.  Oc.  -  ^ 

VII,  89.  -  70  Ib.  Or.  IX,  16,  38.  —  71  y*.  Or.  VIII,  12  ,  44.  —  72  /i.  ÿ^'30, 

—  73  ib.  Or.  IX,  10,  32.  —  74  Ib.  Or.  IX,  9,  31.  —  75  lb  Oc.  V,  «3>  ”  ÿ’7s, 

—  76  Ib.  Oc.  V,  84,  233;  VII,  56.  —  77  Ib.  Or.  VIII,  3,  35.  —  18 lb'  °.C'„ Vllt 


Vil,  83.  — 79/6.  Or.  IX,  15,  37. 

16,  48.  —  82  Ib.  Oc.  V,  94,  243;  VII 


80/6.  Oc.  V,  81,  230;  VII,  55.  — 81  74  ' 


86 


—  8.3/6.  Oc.  V,  91,  240;  VU,  ' 


LEG 


LEG 


—  1093  — 


Propugnatores  Seniores,  en  Espagne*. 

Rpffiii  1 1 cili o  • 

Solenses  Gallicani,  en  Thrace3. 

Seniores,  en  Thrace4. 

Tzanni,  en  Thrace5. 

Valentinianenses,  en  Thrace6. 

Vesontes,  en  Espagne7. 

Ursarienses,  en  Gaule  . 

3°  Légions  pseudocomitatenses . 

Abrincateni9,  en  Gaule. 

Antianenses  10. 

Balistarii  Theodosiaci 11 ,  en  Orient 
Constantiaci  n,  en  Tingitane. 

Corniacenses  13,  en  Gaule. 

Defensores  Seniores 14,  en  Gaule. 

Funditores  1S,  en  Orient. 

Lanciarii  Comaningenses  l6,  en  Illyricum. 

Lanciarii  Lauriacenses  17,  en  Illyricum. 
Martenses18,  en  Gaule. 

Mauri  Osismiaci  19,  en  Gaule. 

Pontinenses  20,  en  Italie. 

Romanenses  21,  en  Gaule. 

Superventores  Juniores22,  en  Gaule. 
Tauvenenses23. 

Transtigritani24. 

I  Insignes  des  légions  après  Dioclétien.  —  La  Notice 
ne  se  contente  pas  de  nous  donner  ainsi  la  liste  de  toutes 
les  légions  existant  au  début  du  v°  siècle  ;  elle  indique 
Également,  à  côté  du  nom  de  chacune  d'elles,  l'insigne  qui 
^servait,  à  la  distinguer.  Ces  insignes  se  présentent  sous  la 
lorme  de  cercles  dans  l'intérieur  desquels  sont  dessinés 


soitd'autrescercles  concentriques,  soit  des  dessins  géomé¬ 
triques,  soit  des  animaux,  le  tout  peint  de  couleurs 
diverses.  Oq  a  admis  depuis  longtemps  que  c’étaient  les 
boucliers  des  différents  corps  ;  et,  en  effet,  il  semble, 
ainsi  qu’il  a  été  dit  plus  haut,  que  les  légionnaires  por¬ 
taient,  aux  premiers  siècles,  des  boucliers  sur  Yumbo 
desquels  il  était  d’usage  de  peindre  certaines  figures 
destinées  à  différencier  les  cohortes  entre  elles  25.  Cette 
coutume  persista  après  Dioclétien26.  Les  figures  de  la 
Notice  seraient  donc  la  reproduction  de  la  partie  distinc¬ 
tive  des  boucliers  de  chaque  légion,  dont  l’importance 
numérique  ne  dépassait  pas  de  beaucoup,  on  le  sait,  celle 
d’une  cohorte  du  Haut-Empire.  On  a  remarqué  aussi  que 
ces  emblèmes  étaient  les  mêmes,  comme  dessin,  pour  les 
corps  qui  avaient  entre  eux  quelque  similitude27,  et  ne 
différaient  que  par  les  couleurs.  C’est  ainsi  que  les 
Joviani  Seniores  ont  pour  insigne  un  aigle  (?)  rouge, 
sur  fond  bleu,  entouré  d’une  double  zone  circulaire  rouge 
et  jaune  ;  tandis  que  pour  les  Herculiani  Seniores ,  l’oi¬ 
seau  est  vert  sur  fond  rouge  et  la  double  zone  circulaire 
de  l’encadrement  jaune  et  rouge.  De  même  pour  les 
Joviani  Juniores  et  les  Joviani  Seniores  d’Orient. 

On  voit,  d’après  M.  Mommsen,  sur  la  partie  supérieure 
d’une  base  de  Troesmis28,  l’image  des  insignes  de  la 
légion  XI  Claudia  après  Dioclétien  :  ils  rappellent  beau¬ 
coup  ceux  que  la  Notice  indique  pour  les  Undecimani  ; 
si  le  rapprochement  est  exact,  ce  serait  une  preuve  de  plus 
qu’il  faut  bien  tenir  ces  représentations  pour  des  épisèmes 
légionnaires  29 .  R.  Cagnat. 

LEGIS  ACTIO.  —  L’expression  legis  actio  comporte 
une  double  acception.  Dans  un  sens  large,  lege  agere, 
c’est  entreprendre  un  acte  conformément  à  la  loi  : 
tel  le  licteur  qui  applique  la  peine  prononcée  par  le 
juge1,  l’accusateur  qui  intente  une  action  crimi- 


J/4:  °C'  V '  77’  220  ;  VI1>  13 '•  —  2  Not.  Dign.  Oc.  V,  S0,  229  ;  VII,  32.  —  3  lb.  O 
l  ’ ’  a0-  ~  4  "■  0r-  VI‘É  2,  34.  -  B  Ib.  Or.  VIII,  17,  49.  -  0  /*.  0r.  VII 
7  rl  ^ '  °C-  V*  82’  231  1  VII>  133'  -  *Ih-  Oc.  V,  95,  244;  VII,  8! 
Zn  n  '  T  °C-  V*  260  :  VII>  9â-  - 10  Ib-  Oc.  v,  262.  -  11  Ib.  Or.  VII,  21,  5' 
VII  n  -Vm  vîl  138‘  "  13  Ib-  0c-  v’  272;  VII>  102-  -  14  Ib-  Oc.  v,  207 
&■  VII  -is  16’  52'  ~  18  lb •  0c-  V’  260  :  VII>  "•  —  17  lb-  Oc.  V 

0e  V  ‘>n  vu  i/4'  °C'  V,265;  VII>  91-  — 19ü.  Oc.  V,  268  ;  VII,  94.  —  20  /, 

K'3i™'  $  »..»t  va,  m.  -  »  »  o,.  v,  va,  , 

dipit.  utriusm,  •  7  h'  0r‘  '  ü’  22,  58,  ~  Bôcking,  Ueber  die  Notiti 

14;  Aur  Prudent  P'  93'  ~  26  Veget.  Il,  18;  Procop.  De  bel.  Goth. 

4 eoaûeariZÏuZ  ï  1  488  et  suiv’ ’  «aud.  Bel.  Gild.  425 

p.  19  et  suiv.  -  7  r  e°n7  ’  Cf’  pluS  haut-  —  27  °-  Seeck,  Not.  Dign.  Praefath 
ii«cr.  1865,  p.  302.  _  29  v  ;  1111  0104 >  L-  Renier>  C.  rendus  de  l'Acad.  d( 
(lc  détail,  Voir,  au  cours  1*  r  ,r  ^  V'  Bibliographie.  Pour  tous  les  travail 
'*u  sujet.  J.  Linso  T) >  .?*  *C  Ouvraoes  cités  à  propos  de  chaque  divisio 

11,0  partie  ;  Le  Beau  a/T  /  °™ana  ^VL  ^  dans  ses  Œuvres  complètes 
XXV  et  suiv.  :  |  },e  \  .  Ce  lAcad •  des  Inscrijitions  et  Belles-Lettrei 

quel  temps  cette  milire  '7-  ”0MÎ  Bt  de  Ponl5f!ne  de  la  légion  et  jusqu' 

4  Pied  dûnt  hl 7 Zt  '  (XXV’  P-  462  et  “iv.)  ;  H,  Du  nombre  de  gen 

TZatT-  r  480  et  s°;  m- De  V°ri°™  *  1 

G>'wyues  (XX VIII,  ,,  j  et  s  ,  at  dans  lequel  elle  subsista  jusqu'au  temps  de 
Graeques  (Ibid,  p  35  ei  1  létat  de  la  cavallerie  légion  aire  aprè 
FTOfn*  soldais  vesantJ  \  ^  diverses  esfèces  de  soldats  et  premü 

^nxpxdc  et  de. *U partie»  fTv\ n  ?  C°hoHe  {Ihid'  392  et  s-)l  VIII,  D 
I  Wj*aderie  tigionaire  (Ibid  ^  S’^ 5  ^ es  divers^s  parties  d 

7  soldats  pour  composer  l  ■  6t  S'^  ’  X’  De  la  ™anière  dont  on  levai 
tT*01"'  -nC  L  SWn  {md ■  p-  318  et  xi,  Des  qualité 

s  ')!  Y, 7  1 ,hid ■  p.  224  et  b  v'vili  ^XXV’  p'  189  et  suiv-)l  XII,  Du  sermen 
,:V  V’  D"S  enseignes  tnr,,  exercices  militaires  (Ibid.  p.  246  e 

i  ir  (XXXV".  P  U2  ;P;..vv,el  S');  XV>  orfieL  générante  d 
""tps  parties  de  la  lénion  'dl-  i  ’  °ffic'Lers  Çui  commandaient  le 
ïr/rCH#«  des  {  Z  P-  140  et  S-)=XV».  ^  dénomination. 

L'„;  J21’  ûes  différentes  sortel  de  Z  C°mp0mient  la  lé»ion  Jbid'  P-  i7' 
p.  407  ''P*  *22);  XIX  Do  sonnes  attachées  au  service  de  lt 

' .  ;  r:1'  ».  *  ■°u“  %<»«■■«  («xix 

Cillement  du  2  T,  *oWn'  ^onaire  (Ibid.  p.  471 
cavalier  ^  P-  "6  et  s.);  XXII,  D. 

y.  1  <  e  la  fourniture  des  habits  (XL,  p.  291 


et  s.);  XXIII,  Z>e  la  nourriture  du  soldat  légionaire  (XLI,  p.  129  et  s.);  XXIV, 
De  la  paye  du  soldat  légionaire  (Ibid.  p.  181)  ;  XXV,  Discipline  de  la  légion 
(Ibid.  p.  206)  ;  Lange,  Historia  mutationum  rei  militaris  Bomanorum  inde  ab 
interitu  reipublicae  usque  ad  Constantinum  magnum,  Goetting.,  1846;  Marquardt 
et  Domaszewski,  De  V organisation  militaire  chez  les  Romains  (trad.  Brissaud), 
Paris,  1891;  H.  Schiller,  Die  Kriegsaltertümer,  dans  le  Handbuch  d’hvan  Millier, 
t.  IV,  p.  707  et  s.;  Grotefend,  Pauly’s  Beal-Encyclopüdie .  s.  v.  Legio  (IV, 
p.  868  et  s.);  J.  J.  Millier,  Die  Eintheilung  des  servianischy  ffeeres  und  die 
sex  suffragia,  dans  le  Philologue,  XXXIV  (1876),  p.  126  et  s.;  Id.  Die 
Aushebutig  unddas  Verlidltniss  der  Legionen  su  dem  Tribus,  dans  le  Philologus, 
XXXIV  (1876),  p.  104  et  s.  ;  Bruncke,  Ueber  die  servianische  Phalanx  und  die 
altère  Manipularlegion,  dans  le  Philologus,  XL  (1881),  p.  357  et  s.; 
Th.  Steimvender,  Die  Stâr/ce  der  rôm.  Légion  und  die  Ursache  ihres  allmühl. 
At  aclistums,  Marienburg,  1873;  Id.  Die  Entwickelung  des  Alanipularwesens  im 
rôm.  Hcere,  dans  le  Zeitschr.  für  .Gymnote,  1878,  p.  705  et  s.;  Id.  AUer- 
klassen  und  regulüre  Dientsze.it  des  Legionars,  dans  le  Philologus,  XLVIII. 
1889;  H.  Delbrück,  Die  rôm.  Manipulartaktik  dans  la  Histor.  Zeitschrift,  XV 
(1884),  p.  239  et  s.;Sottau,  Die  Manipulartaktik,  dans  le  Dermes,  XX,  1885, 
P-  262  et  suiv.  ;  Fr.  Giesing,  Rottenabstaende  in  der  Phalanx  und  der  Manipular¬ 
legion,  dans  les  Neuc  Jahrbücher  für  Klassische  Philologie,  1889,  p.  161  et  s.; 
Fr.  Frôlich,  Die  Bedeutung  des  zweiten  punischen  Erieges  für  die  Entwikelung 
des  rôm.  Eeerwesens,  Leipzig,  1884;  Id.  Beitrâge  zur  Geschichte  der  Kriegfüli- 
rung  und  Kriegskunst  der  Rômer  zurZeit  der  Republik,  Berlin,  1886  ;  Delbrück. 
Die  Manipularlegion  und  die  Schlacht  bei  Cannae,  dans  le  Dermes,  1886,  p.  65  et  s.  ; 
Fr.  Lnterbacher,  Die  rôm.  Legionen  und  Kriegsschi/fe  wührend  des  zweiten  punis¬ 
chen  Erieges,  1 894  ;  Schemann,  De  legionum  per  bellum  punicum  secundum  his¬ 
toria,  Bonnae,  1875;  F.  Gessler,  De  legionum  romanarum  apud  Livium  numeris 
Berolini,  1866  ;  Krohl,  De  legionibus  reip.  romanae,  Dorpat,  1841  ;  Domaszewski 
Die  Deere  der  Bürgerkriege,  in  den  Jahren  49  bis  42  v.  Christus,  dans  les  Neue 
Deidelberger  Jahrbücher,  IV,  p.  157  et  s.  ;  Rüslow,  Deenvesen  und  Eriegführung 
Casars,  Nordhauseu,  1862  ;  F.  Krauer,  L'armée  romaine  au  temps  de  César  ftrad. 
Baldy  et  Larroumet),  Paris,  1884;  Fr.  Frôlich,  Das  Eriegwesen  Caesars,  1,  II,  Zurich, 
1889  et  I S90  ;  Ch.  Robert,  Coup  d'œil  général  sur  les  légions  romaines,  Paris,  1867  ■ 
Id.  Les  légions  romaines  et  leur  emplacement  sous  l’Empire  (Mélanges  d'archéo¬ 
logie  et  dhist.,  p.  37  et  s.);  Stille,  Distoria  legionum  auxiliorumque  inde  ab 
excesiüdivi  Augusti  usque  ad  Vespasiani  tempera,  Kiliae,  1877  ;  Pützner,  Geschichte 
der  rôm.  Kaiser  legionen  von  Augustus  bis  Dadrianus,  Leipzig,  1881  ;  Mommsen, 
Das  rom.  Militàrwesen  seit  Diocletian,  dans  le  Dermes,  XXII.  p.  195  et  s 
LEGIS  ACTIO.  t  Cf.  Édouard  Cuq.  Institutions  juridiques  des  Romains, p.  407, 1. 1, 

138 


LEG 


—  1094  — 


LEG 


neUe1,  le  plaideur  qui  agit  au  civil  en  une  forme  quel¬ 
conque  de  procédure2.  Celui-là  même  qui  accomplit  un 
acte  juridique  solennel  fait  un  actus  legitimus\  une 
civilis  actio  \  aussi  bien  que  celui  qui  intente  un  procès. 

Le  plus  souvent,  on  donne  à  la  legis  actio  une  accep¬ 
tion  plus  étroite,  celle  d’une  forme  de  procédure.  La 
logis  actio  est  la  plus  ancienne  forme  de  procédure  usitée 
à  Rome.  Elle  a  pour  but,  non  pas,  comme  la  procédure 
moderne,  de  fournir  au  juge  les  moyens  de  découvrir 
plus  sûrement  la  vérité,  mais  de  subordonner  l’exercice 
de  la  justice  privée  à  l’existence  d’un  droit  incontestable 
et  publiquement  affirmé  5. 

La  legis  actio  tire  son  nom  des  solennités  à  accomplir 
pour  affirmer  le  droit  que  l’on  prétend  avoir  et  pour  le 
rendre  incontestable.  Ces  solennités  ne  pouvaient  être 
accomplies  d'une  manière  efficace  que  dans  les  cas  pré¬ 
vus  par  la  loi.  «  Les  actions  qui  étaient  autrefois  en 
usage  s  appelaient,  dit  Gaius,  legis  actiones ,  soit  parce 
qu’elles  avaient  été  créées  par  la  loi,...  soit  parce  que  les 
formules  de  ces  actions  étaient  calquées  sur  les  termes 
de  la  loi.  Elles  étaient  par  suite  immuables  comme  la  loi 
elle-même6.  » 

Les  solennités,  à  observer  variaient  suivant  les  cas. 
Gaius  distingue  cinq  modes  de  procéder  qui  tirent  leur 
nom  de  1  un  des  éléments  de  la  solennité  :  ils  ont  lieu  per 
sacramentum ,  per  judicis  postulationem ,  per  manus 
injectionem ,  per  pignoris  capionem ,  per  condictio- 
nem  '.  Ces  cinq  modes  de  procéder  seront  étudiés 
ailleurs  [sacramentum,  per  judicis  postulationem  actio, 

MANUS  INJECTIO,  PIGNORIS  CAPIO,  PER  CONDITIONEM  ACTIO]. 

Chacun  de  ces  modes  de  procéder  comprend  un  nom¬ 
bre  plus  ou  moins  grand  de  formules  applicables  aux 
divers  cas  où  la  loi  permet  de  les  employer.  Ces  formules, 
adaptées  aux  termes  de  chaque  loi  créant  une  action  en 
justice,  avaient  été  composées  par  les  pontifes.  Deinde 
ex  lus  legibus  ( XII  Tabularum )  eodem  tempore  fere 
actiones  compositae  sunt,  quibus  inter  se  hommes  dis- 
ceptarent;  quas  actiones  ne  populus ,  prout  vellet ,  insti¬ 
tuent,  certas  solemnesque  esse  voluerunt;  et  appellatur 
haec  parsjuris  legis  actiones ,  id est  legitimae actiones... 
Omnium  tarnen  harum  et  interpretandi  scientia  et  ac¬ 
tiones  apud  collegium  Pontificum  erant 8.  Immuables 
comme  les  règlements  des  pontifes,  ces  formules  devaient 
être  observées  à  la  lettre.  On  n’y  pouvait  rien  changer  à 
peine  de  nullité5. 

La  legis  actio  consiste  essentiellement  dans  ces  rites 
minutieusement  réglés  par  les  pontifes;  mais  par  exten¬ 
sion  on  donne  le  nom  d  actions  de  la  loi  aux  modes  de 
procéder  et  à  la  procédure  elle-même.  C’est  dans  ce  sens 
large  qu’on  va  l’étudier.  On  peut  ramener  à  six  les  carac¬ 
tères  distinctifs  de  la  procédure  des  actions  de  la  loi. 

1°  Elle  exige  la  présence  du  magistrat.  Dans  le  principe, 
la  legis  actio  fut  une  procédure  extrajudiciaire.  Celui 
qui  prétendait  avoir  un  droit  pouvait  se  faire  justice  à 
lui-même,  à  la  seule  condition  d’accomplir  certains  rites, 
de  prononcer  certaines  paroles  pour  affirmer  l’existence 


de  son  droit.  On  trouve  encore  la  trace  de  cette 

li 


- Haut?  üe  cette  p 

tion  à  l’époque  historique  dans  certaines  applj  ■eP* 


la  manus  injectio  et  dans  la  pignoris  capio'* 
bonne  heure  l’action  de  la  loi  donna  lieu  à  Un 


lcation$ 

•  Mais  de 

l’on  recherchait  qui  avait  tort  et  qui  avait  rai 01 
être  autorisé  à  se  faire  justice,  il  ne  suffit'plus  I>0l"‘ 
solennellement  son  droit,  il  fallut  en  outre  p.  • 
judiciairement  reconnaître.  Seule  la  pignoris  ^ 
serva  son  caractère  primitif,  ce  qui  détermina  e!?0"' 
auteurs,  dit  Gaius,  à  lui  refuser  le  caractère  dm,  !DS 
de  la  loi11.  e  act'on. 

Le  premier  acte  de  la  procédure  consiste  donc  -, 
le  défendeur  in  jure  par-devant  le  magistrat  •  c’est  l’  ''  ''' r 
vocatio  [jus,  t.  V,  p.  743],  C’est  en  sa  présence  J,,!! 
solennités  prescrites  doivent  être  accomplies,  qued, 
des  plaideurs  doit  prononcer  les  paroles  consacrées  T 
rôle  du  magistrat  consiste  à  présider  à  l’action  de  Idni 
et  à  prononcer,  le  cas  échéant,  les  paroles  sacramentelle 
[carmeny-.  Il  ne  peut  en  principe  refuser  son  concoure 
( denegare  legis  actionem ),  à  moins  que  la  loi  ne  l’y 
autorise.  Mais  le  magistrat  n’a  pas  à  décider  si  le  demain 
deur  a  tort  ou  raison  :  il  ne  juge  pas  le  procès.  C’est  un 
principe  fondamental  de  la  procédure  des  actions  de  la  loi 
comme  de  la  procédure  formulaire,  que  tout  procès  doit 
subir  deux  phases,  l’une  injure,  l’autre  in  judicio;  il  doit 
être  successivement  soumis  à  deux  autorités  différentes, 
le  magistrat  et  le  juge.  Ces  deux  phases  sont  séparées  par 
un  entracte  :  la  litis  contestatio  [litis  contestatio]. 

On  n’a  pas  à  rechercher  ici  quels  étaient  les  magistrats 
compétents,  ni  quels  étaient  les  juges  :  il  suffit  de  ren¬ 
voyer  aux  articles  jurisdictio  et  judex.  Mais  il  est  utilede 


remarquer  que  1  instruction  de  l'affaire  par  le  juge  est 
étrangère  à  la  notion  de  la  legis  actio  :  la  loi  n'a  pas 
posé  de  règle  sur  la  direction  des  débats  in  judidon. 

2°  La  legis  actio  exige  la  présence  des  parties.  Nem 
o lien o  nomme  lege  agere  potest u.  Cette  règle  souffre 
quelques  exceptions  :  a)  on  peut  lege  agere  pouruneper- 
sonne  dont  on  est  chargé  de  protéger  les  intérêts  [pro 
tutela  agereio )  ;  (3)  pro  libertale,  dans  les  procès  relatifs 
à  la  liberté  [assertor]  16  ;  y)  pro  populo ,  vraisemblable¬ 
ment  en  cas  d’action  populaire 17  [popularis  actio]  ;  8) pour 
la  victime  d’un  vol  lorsqu’elle  est  absente  pour  le  ser¬ 
vice  de  l’État,  ou  retenue  en  captivité  chez  l’ennemi 
[lex  uostilia]. 

3°  La  legis  actio  ne  peut  avoir  lieu  qu’à  des  jours, 
heures  et  lieu  déterminés. 

Pour  les  jours  où  l’on  peut  lege  agere ,  il  faut  tenir 
compte  de  la  distinction  des  jours  fastes  et  néfastes, 
intercisi ,  comitiales  [dies,  p.  175],  fériés  ou  non  fériés 
[feriae,  p.  1047],  du  justitium  [justitium,  p.  779]. 

L’audience  du  magistrat  était  ouverte,  d’après  la^j 
des  Douze  Tables,  jusqu’au  coucher  du  soleil 18  ;  c  était  a| 
suprema  (empestas19.  La  loi  Plaetoria  de  jurisdicbom 
confirma  cette  règle  [lex  plaetoria]  20.  Le  Préteur  b  ',l^ 
la  séance  en  rendant  grâces  aux  dieux;  il  prononça'1  I 
formule  Diis  honorent  dico 21 .  Aussitôt  le  pra&‘°  Pr0 1 


1  Gai.  IV,  II.  —  2  Ibid.  12.  —  3  Pompon.  Eochirid.  Dig.  I,  2,  2,  6. 
-  4  Cf.  Ed.  Cuq,  Op.  eit.  t.  I,  p.  150.  -  5  Tit.  Liv.  XXVI,  15,  9;  10,  3  :  Fulvius 
praeconi  imperavit  ut  lictorem  lege  agere  juberet;  Val.  Mas.  111,  8,  1.  —  6  Cic.  in 
Caecil.  5,  19;  20,  65;  Sueton,  Tit.  8;  Utgue  etiam  similia  quandoque  ausuros 
(delatores)  perpetuo  coerceret,  vetuit  inter  cetera,  de  eadera  re  pluribus  legibus 
agi;  Quintil.  Decl.  352.  —  7  Cic.  2  in  Verr.  II,  10,  39;  Tac.  Ann.  XII,  00  ;  XIII, 
28  ;  Quintil.  Inst.  Orat.  VII,  4,  9.  _  8  papin.  28  Quaest.  Dig.  L,  17,  77.-  9  Cf. 
Éd.  Cuq,  Op.  cit.,  I.  I,  p.  150.  —  10  Ibid.  p.  429.  —  11  Ibid.  p.  422,  —12  Ibid. 


p.  11,  n.  4  in  fine.  —  13  Ibid.  p.  407.  —  14  Ibid. 
n.  4.  —  10  Ibid.  p.  182.  —  17  Inst.  IV,  10  pr.  — 
XII  tabulis  ortus  tantum  et  occasus  nominantur 
In  XII 
die  nat 

VI,  2,  5.  —  21  Scrv.  in  Aen.  I,  G32  :  Apud  majores 


,An  q  _  JO  jota,  r 

p.  408,  n.  3.  a, 

18  Plin.  Hist.  nat-  '  "y  . 

Varr.  De  Ung ■  laL  '  ’  ’ 
_  ,9  Censoi1"’ 


’  i  19  Censoi,|n 

tabulis  dicunt  solis  occasu  die  suprema  tempestas  esto.  ’ 

.  24,  3  ;  Fest.  s.  v.  Supp[remum]. —  20  Ccnsorin.  Loc.  cit.  ;  \ arl  •  ^ 

.  —  21  Scrv.  in  Aen.  I,  G32  :  Apud  majores  nostros  inos  fuit ,  "l^..sjl0nA 
post  res  sérias,  quae  consulto  peraqebantur  in  fine  actus  adderent . 
dico. 


LEG 


1095  — 


LEI 


fczistrat  doit  siéger  pro  tribunali  -,  c 
«aglblra  •  . .  i0  tribunal  3  [TRIBUNE 


oies  consacrées  :  Actum  est  :  ilicet!1  Le 

est-à-dire  sur 


JT;’,.  ,]e  nui  forme  le  tribunal 3  [tribunal].  A  Iiome, 

l  6S  'a  ,  Jp  était  ordinairement 4  élevée  au  comitium  G 
rpftG  GStl clClC  Glcl  .  .  i 

UM  P  1279  et  1285]‘  Le  IliaSlStraL  eSt  aSS1S  SUF  la 

jjpru  curul^s  • 

n,  La  procédure  de  la  teÿ**  actio  est  orale  et  solen- 
elle  La  prononciation  de  paroles  solennelles  par  le  ma- 
FLrat  et  par  les  plaideurs  est  l’un  des  éléments  essen- 
dels  de  la  legis  actio.  En  cela  elle  diffère  de  la  procédure 
formulaire  qui  est  une  procédure  écrite. 

5»  On  ne  peut  soumettre  au  juge  dans  chaque  instance 
qu’une  seule  demande.  Celui  qui  a  plusieurs  prétentions 
à  faire  valoir  contre  un  même  adversaire  doit  intenter 


autant  de  legis  actiones  distinctes.  , 

6»  Il  est  défendu  d’accomplir  deux  fois  pour  une  même 
affaire  les  solennités  d’une  action  delà  loi.  Qua  de  re 


actum  semel  erat ,  de  ea  postea  ipso  jure  agi  non  po- 
terat\  Cicéron  fait  allusion  à  cette  défense  lorsqu’il  dit: 
Acta  agimus,  quod  vetamur  vetere  proverbio  8.  Cette 
règle  très  rigoureuse  paraît  avoir  été  introduite  par  la 
jurisprudence  pontificale  :  elle  se  rattache  très  étroitement 
à  une  autre  règle  que  Gaius  attribue  à  la  trop  grande  sub¬ 
tilité  des  veteres  qui  tune  jura  condiderunt ,  c’est-à-dire 
des  pontifes,  celle  qui  entraîne  la  perte  du  procès  pour 
la  plus  petite  erreur  commise  dans  une  action  de  la  loi. 

|  eût  été  trop  facile  d’éluder'cette  règle,  s'il  eût  été  per¬ 
mis  de  recommencer  la  legis  actio 
L’exercice  de  la  legis  actio  est  en  principe  réservé  aux 
citoyens  romains.  La  question  de  savoir  si  et  dans  quelle 
mesure  elle  a  été  étendue  aux  pérégrins  est  discutée  lu 

[PEREGRINUS,  LEX  CALPURNIA  REPETUNDARUM] . 

[  Sur  l’emploi  de  la  legis  actio  en  matière  gracieuse, 
voir  l’article  jurisdictio,  p.  7i28. 

La  procédure  des  actions  de  la  loi  présentait  de  nom¬ 
breux  inconvénients,  les  uns  d’un  caractère  général,  les 
autres  propres  à  chacun  des  cinq  modes  de  procéder11. 
Elle  lut  supprimée,  dit  Gaius,  par  la  loi  Aebutia  et  par  les 
legesJuliae  [lex  aebutia,  lex  julia  judiciorum  privatorum 
ei  publicorum].  Elle  fit  place  à  la  procédure  formulaire, 
armi  les  causes  de  défaveur  de  la  procédure  antique, 
aius  signale  l’extrême  rigueur  avec  laquelle  on  s’atta- 
c  ait  à  1  emploi  des  termes  consacrés  :  Istae  omnes  legis 
actiones paulatim  in  odium  vénérant  :  namque...  eo  res 
pei  diu  ta  est  ut  ve!  qui  minimum  errasset  litern  perderet. 
a  1  gis  actio  a  continué  cependant  à  être  appliquée  en 


matière  gracieuse,  et  même  en  matière  contentieuse 
dans  deux  cas  signalés  par  Gaius,  notamment  dans  les 
procès  soumis  au  tribunal  des  centumvirs.  Ën.  Cuq. 

LEITOURGIA.  —  Le  mot  liturgie  *,  pris  dans  son 
sens  général,  désigne  toute  prestation,  tout  service  qu’on 
acquitte  envers  l’État  ou  qui  est  imposé  par  la  loi.  Ainsi 
l’hoplite  qui  s’arme  à  ses  frais  et  va  combattre  pour  la 
patrie  acquitte  une  liturgie 2  ;  il  en  est  de  même  du 
citoyen  qui  exerce  une  magistrature3,  de  l’éphèbe  qui 
remplit  les  devoirs  de  son  état4. 

Mais  ce  mot  avait  encore  un  sens  plus  restreint  ;  il  ser¬ 
vait  à  désigner  un  certain  nombre  de  prestations  ou  de 
contributions  bien  déterminées,  qui  avaient  une  organi¬ 
sation  propre  et  à  l’aide  desquelles  fonctionnait  une 
partie  des  services  publics. 

Le  système  des  liturgies  est  un  des  traits  les  plus  cu¬ 
rieux  de  l’organisation  financière  des  États  helléniques. 
Il  répugnait  au  sentiment  des  Grecs  de  demander  à  l’im¬ 
pôt  tout  l’argent  nécessaire  pour  les  besoins  publics. 
Il  existait  bien  un  système  fiscal  :  des  droits  de  douane, 
des  droits  de  mutation,  une  taxe  personnelle  sur  les 
esclaves  et  les  métèques;  mais  tous  ces  impôts,  avec  les 
revenus  que  l’État  retirait  des  domaines  publics,  comme 
les  mines,  etc.,  avec  l’appoint  important  que  donnaient 
les  amendes  et  les  confiscations,  ne  suffisaient  pas  à 
couvrir  toutes  les  dépenses.  L’État  rejetait  donc  sur  les 
citoyens  riches  une  partie  des  charges  publiques.  C’étaient 
eux  qui  étaient  chargés  non  seulement  de  faire  les  frais 
de  tel  service,  mais  d’en  assurer,  par  leur  soin  et  leur 
activité,  le  bon  fonctionnement. 

Les  anciens,  distinguaient  deux  sortes  de  liturgies. 

1.  Les  liturgies  extraordinaires  ont  pour  objet  la  dé¬ 
fense  de  'État  ;  elles  ne  sont  exigées  qu’en  temps  de 
guerre.  La  plus  importante  est  la  triérarchia.  Son  orga¬ 
nisation  se  rattache  à  l’institution  des  naucraries  et  des 
trittyes  5.  Elle  était  primitivement  réservée  aux  citoyens 
de  la  première  classe,  les  pentacosiomédimnes,  qui  de¬ 
vaient  équiper  une  flotte  de  48  vaisseaux,  tandis  que  les 
citoyens  de  la  deuxième  classe  devaient  fournir  un  corps 
de  96  cavaliers  ;  le  corps  des  hoplites  était  formé  par  les 
citoyens  des  trois  premières  classes.  Ces  trois  façons  de 
servir,  comme  triérarque,  comme  cavalier,  comme  ho¬ 
plite,  étaient  autant  de  liturgies.  La  division  des  citoyens 
de  l’Attique  en  quatre  classes,  instituée  par  Solon,  n’a 
eu  d’autre  objet  que  l’organisation  de  la  défense  mili¬ 
taire  du  pays  au  moyen  des  liturgies  G.  Nous  n’avons  pas 


■tignificat  uM  /’  '’  9  ’  ^,0uat'  *Q  Phorm.  I,  4,  31  :  Semper  ilicet  finem  re 
amer»  w  ‘  ?-Hm  c®1"'  ^Judice»  de  eonsilio  dimittebantur  suprema  dicta  eu» 

K "•  -  «  "■  p- 

94;  Tacit  Ann  j  -  ’  ,P  m'  Hut'  naL  X’  iS’  31-  —  3  Cic.  in  Verr.  II,  38 

en  imperia  e<  ,  -  r°'  ~  '  ^‘v'  XXXL  ^99  :  Praetor  romanus  conventm  agit 

stipntum  licto  a'1  ‘  C°*lven*unt  ’  excelso  in  suggestu  superba  jura  reddentem 
V en .  iv  4Q  J[S  lUint’  virgae  tergo,  secures  cervicibus  imminent  ;  Cic.  il 
#rrum  jùrUd-cr  '  De  l0C°  suPeriore  >'  Tu-  Liv-  XXIII,  32,  4:  Praetores 
Deling,  iai  y  tr‘t>unalia  adpiscinam  publicam  posuerunt. —  3  Vari 

iitium  causa  ’ _j'  ab  eo,  quod  coibant  ex  comitiis  curiatis  e 

—  Gai.  iv  log  Caliiei  el  Martin,  Mélanges  dt  archéologie,  t.  I,  p.  I fit 
lions  juridiaup  *  ^'c'  ^ e  amic-  —  9  Cf.  Édouard  Cuq,  Institu 

«*«■  ^  T  jf-  -,  10  lbid-j-  L  P-  -  11  «.  Wlassal 
Civilpro  ~ess  ’  P*  ^3  suiv.  —  Bibliographie.  Keller,  De 

Prozess  des  lat''  Capmas,  Paris,  1870;  Belhniann-Hollweg,  Per  Civil 

fcuiowa,  per  '  r^meZ  Rechts  in  geschiclitl.  Entwickelung,  t;  I,  1864 
Aktioncn  der  jlRP,0~ess  zur  Zeit  der  Legisactionen,  1872;  Bekke: 
Rro~ess,  1 88a ;  Bar  ^uva^rechl.  1871-1873;  Schullze,  Privatrecht  un 

della  Procedura  èhei  /,ÎSW‘  Und  CivilPro=ess,  1884;  Buonamici,  La  S  ton 
*ra<E  franc.  pi  r°rnana,  1886  ;  R.  von  Iheriug,  Geist  des  rôm.  Recht 
'fyslein  des  Civil  ]  ^01'lz  Voigt,  Pie  XII  Tafcln.  Geschichte  un 

"'o  Criminal-rechtes,  wie-Processes  der  XII  Tafeln  neb. 


deren  Fragmentent  1883-1884;  Wlassak,  Rôm.  Processgesetze ,  1888-1891  ;  Hugo 
Krüger,  Geschichte  der  capitis  deminatio  zugleich  eine  neue  Bearbeitung  des 
Legisactionsrechtes ,  t.  I,  1887  ;  Edouard  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Ro¬ 
mains,  1891,  t.  I,  p.  400;  Jobbé-Duval,  Etudes  sur  l'histoire  de  la  procédure  civile , 
t.  I,  1896. 

LEITOURGIA.  1  L'orthographe  de  ce  mot,  à  la  bonne  époque,  est  X^-ou^ta  ; 
P.  Foucart,  Rev.  de  Philol.  I,  p.  37.  A  partir  de  l’an  300,  on  ne  trouve  plus  que  la 
forme  XeiToupY‘«  ï  Meisterhans,  Grammatik  der  attischen  Tnsch.  p.  28-30;  Kühuer- 
Blass,  Ausführl.  Gramm.  der  gr.  Spr.  I,  p.  185;  le  mot  serait  composé  de  XVjïTo; 
=  Sy)(aô<tioç  (Xq'tToç  viendrait  de  7»yjoç  =  Xaôç,  Xeoiç  ;  cf.  Herod.  VII,  197  :  X^itov  Sè 
xaXIouiri  xb  icçuTotv^tov  ol  ’Ayatot)  et  de  tçvov.  —  2  Lys.  XXXI,  15;  XIX,  58  ;  [Demj.  IX, 
28  ;  Scliol.  à  Dcm.  XXI,  95  :  XeiToupyia  Si  icIvyjtpç  q  3t àtoî  uwp.a-roç  elrrooçâ..  —  3  Andoc. 
DeMyst.  132;  Corp.  inscr.  att.  II,  331  (Ch.  Michel,  Recueil  d'inscr.  gr.  129,  60)  ; 
454,  20;  Michel,  24,  35;  694  (Insc.  des  myst.  d’Andanie),  48,  74,  97;  dans  Corp. 
inscr.  ail.  IV,  2,  623  b  (Dittenb.  2e  éd.  731  ;  Michel,  971),  il  est  question  d’un 
T*{uaç  et  d’un  yça|A[xaT£Ûç  d’un  Ihiase.  —  4  Corp.  inscr.  att.  II,  467,  28;  48 i ,  22  et 
54;  482,  4b;  cf.  olb  (Michel,  107),  10  :  SteTtXscav  tov  Ivcoiutov  tcxç  te  ou Xaxà-î 
XeiTouoyoijvTE;  "at  aitavxa  Tà  Tcaça^yeXXô^eva  uirb  tou  a-çiaTrjo-j.  —  5  Poil.  VIII,  108. 
—  6  Aristote  ( A.th .  vesp.  4)  le  dit  pour  Dracon  ;  iitaScSoTo  jxlv  iroXtTeta  toï^  otcXoc 
itao£xo[i.évotç.  Cette  appréciation  s  applique  aussi  à  l’œuvre  de  Solon.  C’est  là  aussi 
un  des  points  essentiels  que  nous  nous  sommes  efforcé  de  montrer  dans  les  C  avait. 
Ath p.  105  eu  particulier. 


LEI 


—  1096  — 


LEI 


à  nous  occuper  ici  de  montrer  comment  fonctionnait  ce 
service  ;  rappelons  seulement  que,  lorsque  Athènes  fut 
devenue  la  première  puissance  maritime  de  la  Grèce  la 

nerarchie  resta  toujours  un  impôt  qui  ne  frappait  que 
es  riches;  1  expression  «  fortune  triérarchique  »  était 
synonyme  de  «  grande  fortune  ».  11  n’y  avait  d’abord 
qu  un  seul  triérarque  pour  un  vaisseau  ;  à  partir  de  411, 
on  rouvedes  <n>vTPn,'p«pXoi,  deux  ou  trois  citoyens  s’unis- 
S0n  pour  se  Partager  la  dépense;  en  357,  la  loi  de  Pé- 
riandre  applique  à  la  triérarchie  le  système  des  symmo- 
nes  [eisphora];  enfin  ce  dernier  système  est  modifié  en 
•  d  par  Demosthène.  La  durée  de  cette  liturgie  était  d’un 
an  ;  la  dépense  pouvait  varier  entre  40  mines  et  un  talent 2 

L  impôt  sur  le  revenu,  lYexçopà,  n’était  pas  une  liturgie  ! 
H  irappait  sans  aucune  exception  tous  les  citoyens  qui 
axaient  le  revenu  imposable.  Mais  une  liturgie  nouvelle 
fut  creée,  quand  fut  institué  le  système  des  symmories 
en  .G  /  ;  cette  nouvelle  liturgie  était  la  wpociroopà  [eis- 
puoraJ.  Dans  chacune  des  vingt  symmories,  les  quinze 
plus  riches  citoyens  faisaient  l’avance  de  la  prestation 
<  n  nie  ,  ils  se  faisaient  ensuite  rembourser  par  les  autres 
membres  de  la  symmorie3.  C’est  cette  avance  qui  cons- 
i  ua  a  liturgie;  mais  jusqu'à  la  réforme  opérée  par  Dé- 
mosthene  en  340,  cette  charge  n’était  pas  bien  lourde  ; 
car  es  300  citoyens  riches,  qui  avançaient  la  7rpoeiffœopa, 
s  entendaient  pour  répartir  ensuite  l'impôt  de  façon  à 
en  rejeter  la  plus  lourde  part  sur  les  autres  symmorites  ; 
c  est  cet  abus  que  voulut  corriger  Démosthène. 

Lutin  la  cavalerie,  c’est-à-dire  le  service  dans  le  corps 
militaire  des  cavaliers,  peut  être  comptée  parmi  les  litur¬ 
gies  militaires  ;  mais  cette  liturgie  avait  un  caractère 
particulier  a  cause  de  la  nature  même  du  service  qu’avait 
a  remplir  le  cavalier  L 

II.  Les  liturgies  ordinaires  ont  pour  objet  les  fêtes 
religieuses;  elles  reviennent  régulièrement  tous  les  ans; 
c  est  pour  cela  qu'on  les  désigne  sous  le  nom  de  éyxéxXiot. 

La  chorégie  [choregia]  était  la  plus  importante  des  li¬ 
turgies  ordinaires  ;  aussi  ce  mot  est-il  souvent  employé 
comme  terme  général  pour  désigner  toutes  les  liturgies5. 

Il  y  avait,  dans  Athènes,  des  chorégies  pour  un  grand 
nombre  de  fêtes;  nous  en  connaissons  pour  les  Grandes 
Dionysies,  les  Lénécnnes,  les  Thargélies,  les  Grandes  et 
les  Petites  Panathénées,  les  fêtes  d’Athéna  Skiras,  de 
Prométhée,  d  Héphaistos.  Pour  chacune  de  ces  fêtes  il  y 
avait  plusieurs  chorégies  ;  ainsi  aux  fêtes  de  Dionysos, 
il  y  avait  des  chœurs  tragiques,  comiques  et  cycliques, 
des  concours  de  joueurs  de  flûte,  de  danseurs  de 
pyrrhique,  etc.  La  dépense  pour  un  chœur  cyclique  pou¬ 
vait  n’être  que  de  300  drachmes  ;  pour  un  chœur  tragique, 
elle  pouvait  s’élever  à  3  000  «. 

Les  autres  liturgies  étaient  généralement  moins  coû¬ 
teuses  ;  nous  indiquerons  les  principales. 

La  gymnasiarchie  [gymnasiarchia,  lampadedromia]  avait 
surtout  pour  objet  la  préparation  des  courses  aux  flam- 

ipour  la  triérarchie,  cf.  Boeckh,  Staalsh.  der  Ath.  I,  p.  628;  Schoemann, 

t  '  Tlmmser-  D*  eiv.  Ath.  num.  p.  38.  -  2  Schoemann,  Op. 

UUd''  tn  «*’  -~  B°eCkh‘  Staats'1-  h  P*  535i  Thumser,  Op.  laud.  35. 

7  *  Mar  "’’  Ca"-  Ath-  P-  205.  -  5  Tlmmser,  Op.  laud.  53;  Dcm.  C. 

tept  19,  avec  la  note  de  H.  WeU;  Lys.  XIX,  57  ;  Isae.  V,  4;  VU,  35  Sur  la 

chorégie,  cf.  Boeckh,  Op.  laud,  I,  539.  -  c  Lys.  XX1,  1  et  2  -  Un 

Ibid.  3;  Boeckh,  Op.  laud.  I,  548.  —  8  Boeckh  Staatsh  I  „  Qi 

„  ~AJ  m  ’  oucLKiij  btaatsh,  J,  p.  bo 4;  Schoemann, 

so.  J  Tt!'’  P‘  ~  9,!0CCkh’  Staatsh-  P-  271  ;  Schumann,  Grieck.  Alt. 

I  5°1  ;  II,  53  ;  Thumser  p.  95  ;  Lys,  XXI,  5.  -  lo  Tlmmser,  p.  99  ;  Aug.  Mommsen, 

ûie  J  uste  de,  St.  Ath.  p.  107,509;  Jane  Ilarrisou,  Mythology  and  Monuments 
of  Ancient  Athens,  p.  33.—  H  Equités  giiaeci.  —  12  Canephobae;  cf.  Corp. 


beaux  ;  nous  connaissons  de  ces  courses  aux  p  ln. , ,  . 
aux  fêtes  de  Prométhée,  d’Héphaistos,  de  Pan  g  '0n(iesi 
aux  Bendidies,  aux  Lénéennes.  La  dépense  " 
lampadédromie  est  évaluée  à  1  200  drachmes 1  P°1"'  "ne 
L’hestiasis  [hestiasis]  consistait  en  banquet 
liturge  offrait  aux  membres  de  son  dème  ou  de  ^  k 
à  1  occasion  de  certaines  solennités8.  '  Sd  ll'^u 

L’archithéorie  consistait  à  faire  les  frais  d’une  il 
envoyée  pour  représenter  l’Etat  aux  grands  jeux  7? 
Grèce,  pour  consulter  les  oracles,  etc. 9.  0  la 

L’arrhéphorie  [arrhephoria]  constituait  une  lihlr, 
était  a  la  charge  des  parents  des  quatre  jeunes  Iil7  i" 
signées  pour  être  arrhéphores  10?  dt!' 

_  L’hippotrophie  est  aussi  une  liturgie  ;  elle  a  pour  oh. 
jet  d  elever  des  chevaux  pour  concourir  aux  'Jfinds  ' 
d’Olympie,  de  Delphes,  de  l’Isthme  et  deNéméVouT* 
Athènes,  aux  Panathénées  et  aux  Théséia,  par  exemnl? 
mais  seulement  pour  les  courses  désignées  sous  la  ru’ 
brique  Ix  Ttivxtov  ou  lx  tûv  icoXitwv.  Cette  liturgie  pèsel 
sur  tous  les  citoyens  qui  ont  de  la  fortune.  Quant  aux 
cavaliers,  s’ils  sont  riches,  ils  ont  un  devoir  d’honneur 
de  prendre  part  à  ces  courses;  mais  en  réalité  il  semble 
qu  ils  n  onl  été  astreints  qu’aux  concours  réservés  exclu¬ 
sivement  à  la  cavalerie,  c’est-à-dire  les  concours  b  xùv  j 

C7T7C£COV  et  SX  TWV  ÇtuXâp^CüV  1 1  . 

t  E*lfin  on  Peut  encore  citer  les  liturgies  xav/joWaç  »  I 
sûavSpiaç,  sûoTcXtaç,  eùxa^aç13*,  àpuXXaç  Twvtvsûv  u. 

telles  étaient  les  liturgies  ordinaires  qui  avaient  été  I 
instituées  pour  relever  l’éclat  des  fêtes  religieuses  et  qui, 
comme  ces  fêtes,  revenaient  régulièrement  chaque  an- 
née.  Ce  n  était  pas  seulement  la  capitale  qui  honorait  I 
ses  dieux  par  des  cérémonies  et  des  sacrifices  ;  les  dèmes  I 
avaient  aussi  des  cultes  particuliers  qu’ils  célébraient  I 
par  des  fêtes  lj.  Ces  solennités  étaient  assurément  moins 
nombreuses  et  moins  brillantes  que  celles  de  la  ville;  I 
mais  elles  faisaient  aussi  l’objet  de  liturgies  qui  impo-  I 
saient  de  nouvelles  dépenses  aux  citoyens  riches.  Les  I 
dèmes  avaient  deux  sortes  de  fêtes;  les  unes  étaient  corn-  I 
munes  a  tous  les  dèmes,  par  exemple  les  Dionysies 
champêtres,  les  Thalysia,  les  Epicleidia,  les  Haloa,  fêtes 
qui  marquaient  le  retour  des  saisons  et  des  occupations 
qui  s’ensuivaient;  d’autres  fêtes  étaient  particulières  à 
tel  ou  tel  dème,  comme  les  Kybernesia  pour  Phalère ,s. 

Le  divertissement  le  plus  goûté  paraît  avoir  été  les  repré¬ 
sentations  dramatiques,  qui  fonctionnaient  la  aussi  par 
des  chorégies  ;  nous  connaissons  des  théâtres  à  Collytos, 
Eleusis,  Aixoné,  Thoricos,  Phlya,  Myrrhinonte;  il  y  en 
avait  deux  au  Pirée  I7.  Dans  certains  dèmes,  nous  voyons 
célébrer  des  lampadédromies  i8,  quelquefois  même  des 
lampadédromies  à  cheval 19. 

Les  citoyens  athéniens  n’étaient  pas  seuls  soumis  aux 
liturgies  ;  les  métèques  aussi  avaient  à  en  acquitter  un 
certain  nombre.  Il  y  avait  d’abord  des  liturgies  qu> 
étaient  uniquement  réservées  aux  métèques,  par  exempt 

iriser,  ait.  II,  1G2  c,  10;  Thumser,  p.  99.  —  13  Alb.  Martin,  Car.  Alh.  I’-  '  ^ 
riiumser,  p.  97;  en  particulier  l’insc.  Corp.  inscr.  ait.  II,  172.  11 

XI,  87;  Lys.  XXI,  5;  Corp.  inscr.  att.  II,  905;  [Plularch.]  Vit.  -X  oi  ■ 

A.  Mommsen,  Die  Feste  der  St.  Ath.  p.  145.  —  U  Sur  la  disliucliou  Ç1  ^ 
les  O*; froTcAff  Uo «,  sacrifices  qui  se  faisaient  aux  frais  de  l’Etat,  et  les  Sv0"1"' 
qui  se  faisaient  aux  frais  des  dèmes,  cf.  Thuc.  II,  15;  Harpocr.  s.  v. 
xa!  î»ipoxtx&  Up«;  Boeckh,  Op.  laud.  I,  269  ;  Schumann,  Gr.  Alt.  IL 
tout  ce  qui  touche  aux  dèmes,  voir  surtout  Haussoullier,  La  vie 
en  Altique ,  p.  145,  162.  —  16  Plut.  Tlies,  17  fin.  —  17  Ilaussoullier,  Op ■  •  J 

Thumser,  105;  Alb.  Muller,  Die  griech.  Bühnenalt.  317.  —  *8  Isac’  ' 
m  Notamment  à  la  fête  des  Bendidies  au  Pirée,  Plat.  Rep.  au  début. 


LEI 


1097  — 


laskaphéphorie  et 


a  skiadéphorie  *.  Les  skaphéphores 
-  ^tpmips  qui,  à  la  procession  des  Panathénées, 

sont  des  nieitquLn  i  >  . 

.|,,nt  des  bassins  de  bronze  ou  d  argent  qui  conte- 
P'iiViil  pr0bablement  du  miel  ou  des  gâteaux  ;  les  skiadé- 
KaiCn.  sont  des  femmes  ou  des  filles  de  métèques  qui 
ï  '[aient  des  ombrelles  à  cette  même  procession.  On  a 
I prouvé  aujourd’hui  qu’il  n’y  avait  dans  ces  deux  presta¬ 
tions  rien  d’humiliant  pour  les  métèques  ;  que  c’était  là, 
lau  contraire,  un  moyen  de  les  faire  participer  au  culte 
t  iblie.  Les  métèques  étaient  aussi  soumis  à  quelques-unes 
Ides  liturgies  qui  frappaient  les  citoyens,  mais  le  fardeau 
Iqu’ils  avaient  à  supporter  de  cè  fait  était  beaucoup  moins 
lourd.  Ils  étaient  exempts  de  la  triérarchie,  et  il  semble 
bien  que,  pour  les  liturgies  ordinaires,  ils  n, 'avaient  à 
prendre  part  qu’aux  concours  d’sùavopia  et  d’sôoicXfa  et  à 
la  chorégie,  et  encore  pour  la  chorégie  seulement  aux 
Lénéennes;  nous  savons  qu’ils  ne  présentaient  pas  de 
chœur  aux  Grandes  Dionysies  ;  et  rien  ne  prouve  qu’ils 
aient  dû  préparer  des  lampadédromies  2. 

Si  l’on  compare  les  liturgies  extraordinaires  avec  les 
liturgies  ordinaires,  on  voit  que,  pour  les  premières,  la 
prestation  porte  à  la  fois  sur  les  biens  et  sur  les  per¬ 
sonnes;  le  triérarque  équipe  un  vaisseau  et  il  est  tenu  de 
le  commander  et  de  le  conduire  lui-même  devant  l’en¬ 
nemi  :  ï'^ioDoyeX  ypvjp.a'jt  xat  ceo ixax i .  Les  liturgies  ordi¬ 
naires  ne  portent  que  sur  les  biens  :  le  chorège  est  tenu 
de  faire  instruire  un  chœur,  de  l’entretenir  et  de  l’habil¬ 
ler  richement  le  jour  du  concours;  c’est  sa  fortune  seule 
qui  est  atteinte  par  la  liturgie  :  XyjToupysî  ^ p.oc<j' . 

L’impôt  sur  le  revenu,  lYtffœocà,  n’est  pas  une  liturgie  ; 
il  frappe,  sans  aucune  exception,  tous  les  citoyens  qui 
ont  le  revenu  imposable.  Les  liturgies,  au  contraire,  ad¬ 
mettent  des  immunités  3.  Sont  exempts  des  liturgies 
tant  ordinaires  qu’extraordinaires  :  les  neuf  archontes  \ 
les  orphelines  non  mariées,  les  orphelins  mineurs3,  les 
Iclerouques  c  ;  si  l’on  assimile,  comme  c’est  naturel,  le 
senii  c  militaire  à  une  liturgie,  il  y  avait  des  exemptions 
pour  les  invalides7,  pour  les  sénateurs8,  les  fermiers 
publics9,  les  choreutes10  et  les  marchands11.  Nul  n’était 
enu  ,i  deux  liturgies  a  la  fois  12,  ou  à  la  même  liturgie 
eux  an, s  de  suite  Y  II  s’ensuit  que  ceux  qui  acquittaient 
■me  durgie  soit  ordinaire,  soit  extraordinaire,  étaient 
uupls  du  service  militaire11'.  Il  y  avait  enfin,  mais 
i  j.en!1 nl  p0LU '  ^es  liturgies  ordinaires,  des  exemptions 
namdueHes  qu’on  avait  accordées  comme  des  témoi- 

Dipun n  10U°rifiqueS'  Ces  exemptions  étaient  assez  rares  ; 
c0nn„;  ,t  b  uto^ens  qui  ont  joui  de  cette  faveur,  nous  ne 
d’ApLf^'-!^  <’Uère  t-lue  ^es  descendants  d’Harmodius  et 
de  Zoibr^'p  Conon>  Chabrias*  Aristophon,  Miltiade  fils 
lituro-ip'î  -  bnhn  étaient  exempts  de  plein  droit  de  toute 

santé  pour  ^  -  n’avaierit  Pas  une  fortune  suffi- 

dans  Afehèr  !  *  ace .  a  de  telles  dépenses.  Y  a-t-il  eu, 

Pouvait  être^mr116,101  flXant  Cens  à  parlir  ducIuel  on 
nulle  nari  m  ,  "iS  comme  üturge?  Nous  ne  trouvons 
‘un  ion  de  cette  loi.  Il  est  probable  que  le 


1  Al.  Cleri 


''•'tiriaphoria  atkC'niens>  P-  154,  162  ; 


rie  comme  litu»  •  . y.  102;  on  trouve  aussi  mentionnée 

P-  +-4  g Clerc,  Ç)p  iouc ?  métècIuesi  Her m an n-T h u mser ,  Staatsalterth. 

v,^  Staat8alterth.  p  ’  ^5  ITl  dMrépenle8  dans  K-F-  Hermann- 

Vva-.  lUttlSei’i  p.  108  /  ,  111  *y0u^e  cette  question  des  cas  d’exemption, 

n  ;  *i  XXIX,  sÆ'vvv81"-  XX’  28-  -  5  Uem'  XIV,  16  ;  XXVII,  7; 

‘  ’  1,8>  131.  __  e’jj"'’'  '  XH’  24  ;  Boeckh,  Staatsh.  I,  534,  539;  Tliumser, 
C  ,Lïc-  C.  Lcocr  37  '  j  1Gl  ~  1  Byc.  C.  Leocr.  40;  Lys.  XXXI,  15. 

|  °C’'  Tllum  J;  7  Dem-  L'X,  27.  -  10  Don,  XXI,  15.  -  H  Lyc. 

tlue  l10111'  ces  derniers  cas  l’exemption  n’était 


LEI 

capital  fixé  devait  varier  selon  la  liturgie  10  ;  ce  capital 
devait  être  au  moins  de  deux  talents  n. 

D’après  Démosthène  18,  le  nombre  des  liturgies  ordi¬ 
naires  était  chaque  année  de  soixante;  il  est  très  pro¬ 
bable,  comme  le  dit  Boeckh  19,  qu’il  y  en  avait  davantage 
et  que  l’orateur  a  diminué  ce  chiffre  pour  les  besoins  de 
sa  cause.  Nous  avons  d’autre  part  une  indication  qui 
porte  à  1  200  le  nombre  des  citoyens  athéniens  en  état  de 
participer  aux  dépenses  publiques  20.  Pour  nous  rendre 
compte  du  fardeau  qu’un  tel  système  imposait  aux  classes 
riches,  il  suffit  de  citer  quelques  exemples.  Le  person¬ 
nage  pour  lequel  Lysias  a  écrit  le  discours  XXI  fait  le 
compte  de  l’argent  qu’il  a  dépensé  pour  l’État  dans  l’in¬ 
tervalle  de  neuf  ans,  de  l’ol.  92,2  à  fol.  94-2,  de  411  à  403. 


En  411,  Chorégie  d’un  chœur  tragique .  3000  drachmes. 

Chœur  d’hommes,  aux  Thargélies,  victoire.  2000  — 

En  410,  Concours  de  pyrrhique  aux  Grandes  Pana¬ 
thénées .  800  — 

Chœur  d’hommes  aux  Dionysies,  victoire.  5000 
En  409,  Petites  Panathénées,  chœur  cyclique....  300 

En  405,  Prométhéia,  gymnasiarchie,  victoire .  1200  — 

?  Chœur  d’enfants .  1500  — 

En  403,  Chorège,  comédie,  victoire .  1000  — 

Petites  Panathénées,  pyrrhique  de  jeunes 

gens .  700  — 

Victoire  aux  régates  de  Sunium .  1500  — 

Archithéorie,  arrhéphorie,  etc .  3000  — 


20600  drachmes. 

Dans  cet  espace  de  neuf  années,  il  a  été  triérarque  pen¬ 
dant  sept  ans  et  a  dépensé  six  talents  ;  il  a  pris  part  deux 
fois  à  une  eisphora  et  a  dépensé  7  000  drachmes.  Le  total 
des  dépenses  est  63  600  drachmes  ou  10  talents  3  600  drach¬ 
mes21  ;  cela  fait  une  moyenne  de  7  000  drachmes  par  an. 

Cet  Aristophane  pour  lequel  Lysias  a  écrit  un  discours 
a  dans  quatre  ou  cinq  années  dépensé  pour  lui  ou  pour 
son  père,  dans  deux  chorégies,  la  somme  de  5  000  drachmes; 
il  a  de  plus  été  trois  ans  triérarque  22 . 

Ou  peut  dire  assurément  que  ces  deux  Athéniens  ont 
bien  fait  les  choses  ;  ils  n’ont  pas  voulu  profiter  des  im¬ 
munités  dont  nous  avons  parlé  ;  ils  ont  acquitté  plus 
d’une  liturgie  à  la  fois  ;  ils  n’ont  pas  usé  du  droit  qu’ils 
avaient  de  ne  contribuer  aux  liturgies  que  de  deux  ans 
l’un.  Un  des  deux  citoyens,  dont  nous  venons  d’indiquer 
les  libéralités  envers  l’État,  dit  que  s’il  s’en  était  tenu  à 
ce  que  la  loi  exigeait  il  n’aurait  pas  eu  à  faire  le  quart 
des  dépenses  qu’il  énumère23.  Pour  expliquer  de  telles 
dépenses  et  un  tel  entraînement,  il  faut  tenir  compte  du 
caractère  agonistique  de  l’institution.  La  liturgie  est  une 
prestation  publique  imposée  aux  citoyens  riches  en  vue 
d  un  concours.  Il  y  a  des  prix  pour  les  triérarques  qui 
ont  le  mieux  équipé  leur  galère,  comme  pour  le  chorège 
qui  a  présenté  le  plus  beau  chœur  :  la  couronne  triérar- 
chique  pour  les  premiers,  un  trépied  pour  le  second.  Les 
fêtes  religieuses  sont  autant  de  concours  et  ce  sont  les 
citoyens  les  plus  riches  qui  se  disputent  les  prix.  Une 

pas  de  droit,  qu’il  fallait  do  plus  l’assentiment  du  stratège  ;  cf.  p.  133,  —  12  Aristol. 
Rép.  des  Ath.  50,  3;  Dcm.  XX,  19,  20;  XXI,  155;  L,  9;  [Plut.]  Vit  Hyper.  6. 
—  13  Aristot.  Ibid.  ;  Dem.  XX,  8.  —  H  Dem.  XXI,  165.  -  lü  Voir  Tliumser, 
p.  137-1 43  avec  les  textes  cités.  —  16  Isocr.  XV,  154;  Isée,  III,  80.  —  17  Dem. 
XXVIII,  64;  Isae.  III,  80;  Boeckh,  Staatsh.  I,  537,  672,  et  II,  la  note  756  de 
Frankel;  K. -F.  Hermann-Thumser,  Staatsalterth.  p.  697;  Tliumser,  p.  54. 
— 18  Dem?  XX,  21.-19  Boeckh,  Staatsh.  1, 538.  —20  Philochoros,  fr.  126,  éd.  Millier; 
d'après  Lécrivain,  eisphoba,  p.  506,  ce  chiffre  devrait  être  plus  grand.  —  21  Boeckh) 
Staatsh.  I,  p.  543.  —  22  Lys.  XIX;  29,  42;  cf.  encore  57.  —23 Lys.  XXI,  5, 


LEI 


—  1098 


LEI 


vive  émulation  les  anime  tous;  c’est  à  qui  éclipsera  ses 
concurrents  par  son  luxe  et  par  l’étalage  de  ses  richesses. 
Les  dépenses  que  lit  Alcibiade  quand  il  concourut  aux 
jeux  équestres  d’Olympie  paraissent  incroyables  ;  les  gens 
raisonnables  criaient  à  la  folie;  lui,  prétendait  avoir  ainsi 
rendu  un  grand  service  à  la  patrie  1 ,  en  montrant  aux 
étrangers  que  les  ressources  d’Athènes,  qu’on  croyait 
ruinée  par  la  guerre,  étaient  inépuisables.  Aussi  arri¬ 
vait-il  très  souvent  que  ces  prodigalités  entraînaient  des 
désastres  et  des  ruines2  ;  le  comique  Antiphane  nous 
montre  un  chorège  qui  avait  couvert  d’or  les  vêtements 
de  ses  choreutes,  le  jour  du  concours,  et  qui  ensuite 
n  avait  plus  que  des  haillons  pour  se  couvrir  lui-même  3. 
A  côté  du  citoyen  zélé  et  prodigue,  fier  de  dépenser  et 
d’éblouir  par  son  opulence,  il  n’e^t  pas  étonnant  de 
trouver  l’honnne  froid,  qui  calcule,  qui  voit  où  peuvent 
mener  ces  folles  dépenses  et  qui,  sans  souci  de  ses  de¬ 
voirs  civiques,  essaie  d’y  échapper.  Il  y  avait  un  mot 
dans  la  langue  pour  désigner  ceux  qui  cherchaient  à  se 
dérober  à  cette  charge  des  liturgies  :  le  otaSpaanroX-'TYii; 4 
nous  est  connu  par  les  comiques.  D’ailleurs,  les  citoyens 
qui  veulent  éblouir  le  peuple  et  gagner  ses  faveurs  se 
préoccupent  de  plus  en  plus  des  liturgies  ordinaires  qui 
ont  pour  objet  l’amusement  et  le  plaisir  de  la  foule  ;  ils 
négligent  les  liturgies  de  la  guerre  qui  ont  pour  objet  le 
salut  de  la  patrie.  L’orateur  Lycurgue  s’indigne  contre 
ces  abus"  ;  mais  est-il  bien  sûr  que  le  peuple  fût  de  son 
avis?  La  loi  de  Démade  sur  le  thëoricon  suffirait  pour 
attester  le  contraire. 

En  somme,  les  liturgies  ont  été  instituées  sous 
l'influence  de  cette  idée  que  la  patrie  est  tout  pour  le 
citoyen,  qu’elle  seule  lui  assure  la  liberté  et  la  vie,  et 
qu’en  retour  elle  peut  tout  exiger  de  lui.  Cette  idée  est 
juste  et  en  somme  pratique,  quand  la  concorde  règne  dans 
la  cité,  ou  quand  les  citoyens,  qui  ont  à  supporter  les 
charges,  ont  la  direction  de  l’État.  C’est  ce  que  Solon 
avait  fait  dans  Athènes6;  les  premières  classes  avaient 
à  acquitter  les  liturgies,  mais  elles  avaient  des  privi¬ 
lèges  en  compensation  de  ces  charges.  Le  progrès  de  la 
démocratie  a  consisté,  dans  Athènes,  à  enlever  aux  classes 
riches  leurs  privilèges  en  leur  laissant  ces  charges  qui 
étaient  devenues  exorbitantes  ;  la  triérarchie,  au  temps  de 
Solon,  n’avait  à  équiper  que  48  vaisseaux  ;  au  vc  et  au 
ivc  siècle,  Athènes  aune  flotte  de  300  et  même  de  400  ga¬ 
lères  ;  les  liturgies  ordinaires  sont  devenues  très  coû¬ 
teuses  par  le  développement  de  la  richesse  et  la  rivalité 
des  citoyens  entre  eux.  Le  fardeau  finit  par  devenir  trop 
lourd.  Les  classes  riches  voyaient  parfaitement  que  le 
peuple  ne  regardait  les  liturgies  que  comme  un  moyen 
pour  les  ruiner  7  ;  la  situation  devint  encore  plus  diffi¬ 
cile,  quand,  à  l’époque  de  Démosthène,  le  peuple  athé¬ 
nien,  pris  de  lassitude  et  devenu  indifférent  pour  la  chose 
publique,  répugna  de  plus  en  plus  au  service  militaire  ; 
alors  les  aristocrates  pouvaient  lui  adresser  ces  paroles 

1  Tliuc.  VI,  16.  —  2  Boeckli,  Staatsh.  1,  53G,  544,  6G9  ;  IC. -F.  Herniaun- 
Thumser,  Staatsalterth.  p.  G88  ;  Dcm.  XXI,  G1  ;  Xen.  Econ.  II,  G;  cf.  les  expres¬ 
sions  xata^T.-oujYéTv,  Isac.  fr.  29  de  Scheibe;  xaTajropïiyeYv,  Lys.  XIX,  -42;  Plut. 
De  glor.  Ath.  6.  —  3  Fr.  204  de  Kock.  —  4  Bekkcr,  Anecd.  34,  20  ;  Arislopli. 
Dan.  1014;  cf.  I0G5;  Acharn.  601  ;  Lys.  XXI,  12  :  toT^  StaSuopiÉvots  xàç  /./jTojpy’a?. 
Eschine  (I,  101)  reproche  à  T i marque  d’avoir  vendu  ses  biens  pour  échapper  aux 
liturgies.  Il  était  naturellement  plus  difficile  d’atteindre  la  propriété  mobilière. 
—  »  C.  Leocr.  139.  —  6  Les  liturgies  sont  au  moins  aussi  anciennes  que  Solon  et 
Hippias,  Aristot.  Econ.  Il,  2,42=  1347  a,  H  ;  Dem.  XLII,  1  ;  cf.  Boeckh,  Staatsh.  I, 
p.  534;  Thumser,  p.  52.  —  7  [Xen.],  Desp.  Atli.  I,  13;  Xen.  Oecon.  Il,  G.  —  8  Dcm. 
C.  Mid.  203;  cf.  encore  153.  —  9  Boeckh,  Staatsh.  I,  p.  343,  dit  que  le  taux  élevé 


que  Démosthène  met  dans  la  bouche  de  Midhs 


Voiij 


comme  vous  êtes,  Athéniens  ;  vous  ne  marchez  • 
mêmes,  et  vous  ne  voyez  pas  la  nécessité  de  conh'K°US' 
Après  cela,  vous  êtes  surpris  si  vos  affaires  vo  ’"er' 
Croyez-vous  que  les  choses  puissent  durer  ainsi'  ^ 
de  contribuer,  à  vous  de  recevoir  ?  à  moi  d’êt™  t,/'  '  a 
a  vous  de  ne  pas  vous  embarquer  8  ? 


a  Ulfli 

'De, 


A  Rome,  sous  la  République,  l’aristocratie  avait  • 
faire  face  à  de  grandes  dépenses  ;  elle  avait 
après  les  Gracques,  à  acheter  le  peuple  aux  élet-t ' t0Ut 
mais  le  patricien,  qui  s’était  ruiné  pour  se  faire  nom 
consul  ou  préteur,  avait  la  ressource  d’aller  gouvi''^ 
une  province  où  il  refaisait  sa  fortune.  Athènes  a''!o 
ses  défaites  en  Sicile,  doit  ménager  ses  alliés  •  après? 
guerre  du  Péloponnèse,  elle  n’en  a  plus  ;  le  riche,  qui. 
ruine  en  liturgies,  n’a  plus  de  chances  de  refaire  sa  for* 
tune.  Mais  à  l’époque  de  Périclès,  Athènes  est  la  „andj 
cité  industrielle  et  commerciale  de  la  Grèce  ;  elle  esta  la 
tète  d’un  grand  empire;  les  vieilles  familles  riches  ont 
encore  une  place  importante  dans  l’État  ;  il  leur  est  pos¬ 
sible  de  suffire  aux  dépenses  que  le  sentiment  publie 
leur  impose  9.  C’est  le  grand  moment  de  la  puissance 
d’Athènes  et  le  système  des  liturgies  a  été  l’élément  or¬ 
ganisateur  de  cette  puissance.  C  est  par  des  liturgies  que 
les  Athéniens  ont  armé  ces  flottes  qui  ont  été  si  long¬ 
temps  les  maîtresses  de  la  mer  ;  c’est  par  des  liturgies 
qu’ont  été  formés  ces  chœurs  qui,  sur  le  théâtre- de  Dio¬ 
nysos,  venaient  exécuter  les  danses,  réciter  les  chants 
que  leur  avait  appris  l’art  d’un  Eschyle,  d’un  Sophocle, 
d  un  Euripide,  d’un  Aristophane.  Peu  d’institutions  ont 
exercé  une  influence  aussi  décisive  sur  le  développement 
de  la  grandeur  militaire  et  artistique  d’Athènes. 

La  pratique  des  liturgies  se  trouve  naturellement  dans 
les  colonies  athéniennes,  ainsi  à  Potidée  10,  à  Amphipo- 


11 


,  à  Siphnos  l2,  à  Céos  13,  à  Délosu,  à  Byzance16  dont 


la  population  était  en  partie  athénienne.  Ce  serait  d’ail¬ 
leurs  une  erreur  de  croire  que  l’institution  des  liturgies 
est  propre  à  Athènes;  c’est  une  institution  hellénique; 
on  en  constate  l’existence  à  Ëgine  16  avant  les  guerres 
Médiques  ;  à  Mytilène  17  à  l’époque  de  la  guerre  du  Pélo¬ 
ponnèse;  cà  Corinthe18,  h  Delphes  19,  à  Orchomène 20 ;  à 
Rhodes  21  fonctionnait  la  triérarchie  avec  une  ehorégie 
ordinaire  dans  le  genre  de  la  Trposisœopà.  Une  inscription 
importante,  qui  contient  la  décision  du  roi  Antigone  re¬ 
lative  au  synoikismos  de  Téos  et  de  Lébédos,  renferme 
une  clause  qui  règle  la  question  des  liturgies  entre  les 
deux  cités22.  On  peut  dire,  d’une  façon  générale,  qne 
partout  où  se  célèbrent  des  jeux,  ces  jeux  fonctionnent' 
l’aide  des  liturgies;  or  chaque  cité  a  des  jeux  ph|S  01 
moins  importants  pour  des  causes  qui  ne  tiennent  p 
toujours  à  l’importance  de  la  ville.  Il  n’entre  pas  dans  * 
nature  de  notre  sujet  de  faire  une  enquête  complet s 
les  cités  pour  lesquelles  l’existence  des  liturgies 
constatée  par  des  textes  positifs  23.  Albert  Martin. 


t  j|S  sll|,issaiel11 

de  l’intérêt  permettait  aux  riches  de  réparer  facilement  les  portes  flu  as cel®<lui 
par  le  fait  des  liturgies.  A  Rome,  le  taux  était  encore  plus  élevé  et  ce  n  ^  ceiu 
a  sauvé  de  la  ruine  l’aristocratie  romaine.  —  10  Boeckh,  Staatsh.  1,  ‘^s/tn. Il, 
question,  cf.  Boeckh,  Ibid.  p.  368  ;  G.  Gilbert,  Handbuch  der  griec  >■  *  ^  ,350  ea 
p.  372.  - —  H  Lampadedkomia.  —  12  Isocr.  XIX,  36.  —  13  Corp.  ,MS  j  203* 
2363  =  Michel,  834.  —  U  Bull.  corr.  hell.  IX,  147.  —  13  Corp.  "'s ^  '^sü. 

—  16  Hcrod.  V,  83.  —  17  Antiph.  V,  77.  —  1»  Schol.  ad  P^„  ' 

—  m  Ditlenb.  S  y  II.  313.  —  20  Larfeld,  Insc.  Boeot.  24,  25.  "  Michel.  ^  ^ 

1579,  1580  ;  Aristot.  Polit.  1304  6,27.-22  Dittenb.  Syll.  126,  668tI'1’^  jU-lHi 

—  23  H  nous  suffira  de  renvoyer  à  A.  Krebs,  choregia;  voir  Thumser,  p-  jjij.jtÜ' 
E.  Reisch,  art.  jro^yfa,  dans  la  Real-Encyclopaedie  de  Pauly-W*S30' 


LEM 


—  1099  — 


I  11?K4 NÉ  (  AexàvYj).  -  Le  type  particulier  de  vase  que 
il  désigne  est  souvent  mentionné  par  les  auteurs 
C<3  n°!".',  ((iii  ne  veut  pas  dire  que  nous  sachions  exacte- 
I ’(r  (jn’il  était*.  Des  rares  définitions  qui  en  sont 
a^'néeSj  comme  des  allusions  à  ses  usages  qui  en  sont 
r,R  n’ous  pouvons  cependant  conclure  que  la  lékané 
'tiiUne  sorte  de  grand  bassin,  très  évasé,  plus  ou  moins 
6  ofond  probablement  muni  d’anses;  un  texte  compare 
f  lékané  à  la  kélébé  ;  un  autre  au  cratère  [crater]  2.  En 
_e  la  vie  domestique,  la  lékané  servait  à  des 
Lages  très  divers,  suivant  qu’elle  était  plus  ou  moins 
grande.  Ainsi,  nous  voyons  qu’elle  servait,  comme  le 
podanipter,  de  bassin  pour  se  laver  les  pieds3  ;  comme  le 
psvivTER,  on  l’employait  pour  rafraîchir  le  vin  ou  le  lait  ; 
on  pouvait  aussi  y  laver  le  linge  et  les  vêtements4,  y 
rincer  les  verres  et  les  coupes  après  les  repas5,  y  faire 
boire  les  bêtes6.  Nous  voyons,  dans  Aristophane,  que  les 


oiseaux,  bâtissant  leur  cité  aérienne,  se  servent  de  lexiv ou 
comme  de  récipients  à  mortier1.  Comme  le  louter  et  le 
podanipter,  la  lékané  servait  de  but  aux  joueurs  de  cot- 
tabe  [kottabos].  Enfin  on  peut  supposer  que,  comme  le 
icoôctviTiTijp,  au  dire  d’Hérodote,  la  lékané  servait  acciden¬ 
tellement  à  des  usages  tout  à  fait  intimes 8. 

Les  textes  mentionnentdes  Àexdvai  de  bois,  de  terre  cuite, 
de  bronze,  d’argent  et  d’or9.  On  y  trouve  aussi  les  dimi¬ 
nutifs  Xexocvia,  Aexavîaxat,  Xexaviosç  *°.  Le  mot  Xexavi'Seç  parait 
quelquefois  désigner  des  espèces  d’assiettes  profondes 
(ratÊXXai,  XoTcotSeç),  qui  figuraient  dans  les  cérémonies 
nuptiales,  comme  cadeaux  de  noces  aux  jeunes  mariés11. 

Il  serait  vain  de  prétendre  retrouver,  dans  la  masse  des 
vases  grecs  conservés,  en  bronze  ou  en  terre  cuite,  le  type 
exact  de  la  lékané ;  car  aucun  indice  ne  nous  permet  de  dis¬ 


tinguer  ce  vase  des  autres  vases  analogues,  comme  le 

xoSavt7TT7]p,  le  CHEIRONIPTRON,  le  CRATER,  le  LOUTER,  etc. 

Iles  hypothèses  de  quelques  archéologues  à  ce  sujet 
n’offrent  aucun  caractère  de  certitude12.  On  peut,  par 
B  commodité,  appeler  lékané  tel  type  particulier  de  vase, 
Benfomiede  bassin,  avec  deux  anses  et  un  couvercle13, 
Imais  à  la  condition  de  n’attacher  à  cette  désignation 
aucune  valeur  scientifique.  L.  Couve. 

I  LEMBULüs  1  et  LEIVUiMCULUS,  par  corruption  du 
I  diminutif  lembuncul us . ^-Lembus de  petite  taille;  barque 
■  a  ant  sui  mer  et  servant  à  la  pêche2.  César  3  emploie  le 
I  ^  Pnuncutt  c°mme  synonyme  de  scaphae ,  pour  dési- 
f.1' !  6S  chaloupes  chargées  d’amener  les  troupes  de  la 
I  an  dux  vaisseaux  ;  celles-ci  n’étaient  peut-être  d’ailleurs, 
tinm  ,MUs, ,  n  f'O'tie,  que  des  barques  de  pèche  réquisi- 
I  s  a  a  hâte.  De  même,  Prudence  4  donne  au  mot 


'oyons  aux  arlii-io  n  indiquons  guère  que  des  ouvrages  généraux  ;  uo 
Fr.  Aug  Wolf  n  A'TID0SIS’  CHOnEGIAi  gvmnasiarchia,  hestiasis,  lampadi 

r- .i7o°’ p-  a0*. 

Alterth.  t.I  u  . .  11  '  l)ai  Frankel,  1880;  G. -F.  Scilômann, 

tert.  G»  éd.  par  V  Tl  'PS1US’ K-‘F-Hermann,  Lehrb.  der  gr.Ant.  I,  St 
’’2’  éd.  p.  401,  4|'g  .  I]l|"lsel'’  1892  ;  a.  Gilbert,  Handbuch  der  griech.  Staat 

e«rumi]ue  immimiféf,.  '  '  ^llUmscP’ "°e  civ‘um  Atheniensium  mu 

1885  ;  du  même  artirl'  ™  ^eiscB’  musicis  graecorum  certain 

LÉKa^É.  l  Lctmnnt  dans  Ia  Real-Encyclopacdie  de  Pauly-W 

h'j<  P-  285; Ugsino.  n’  Sei?‘  sur  les  noms  de  vases,  p.  38;  Krause,  . 

"  3Fliot.  et  Suid  °s  „*  Vasorum’  P ■  118.-2  Phot.  s.  v.  ;  Sui 

BoecWb  Corn  ins: ;  •  0n°m ■  X’  70-  -  4  Schol.  Aristoph.  Plut 

’  45>  P-  583  b.  _  3071  ’  8  ;  cf.  C.  i.  att.  II,  855.  —  G 

‘bcf-  Aristoph.  AV,  907*  p?1'/’  fV'  1144-1146 i  cf-  VesP-  60°-  —  8  He 
;  10;  Athen.  v  07  jn7  !  °ral  p-  801  b>  r°u-  X,  70.  -  9  Polyl 
H1’  Vl’86:  Athèn  V,  „  ’  X’  78’  -  19  Phot.  Hesyl 

„  l0'~11Cf.  poll  P hot  H  C!  Xen’  Cyrop ■  ‘>3>4;  Schol.  Aristoph.  J 

,.j C1' ■  12  Panofka,  necheJ^  'in  °  Jalln’  ^asens-  zu  München, 

0.j’aSC  J 42  ;  K*'ause’  P1-  «v,  9;  Gerhard, 
Pl’ *'*• vase  po  ù  n°a,”  P- 1 üssi»g.  Op.  ait.  p.  119.  Cf.  Ga:.  arc , 
P  6  Pai  ,m  b.hèhe  nu,  type  possible  de  -  1 


lembulus  le  sensde  petitbateaudetransport.  P.  Gauckler. 

LEMBCJS  (AÉptêoç).  —  Petit  navire  à  rames,  léger  et 
rapide,  rentrant  dans  la  catégorie  de  ces  bâtiments  que 
les  Romains  appelaient  naves  actuariat ?,  généralement 
réservés  à  la  navigation  maritime  :  seuls,  les  lembi  de 
faibles  dimensions  étaient  utilisés  pour  la  navigation  flu¬ 
viale1.  Pline  2  attribue  aux  Cyrénéens  l’invention  du 
lembus,  qui  semble  avoir  été  perfectionné  par  les  pirates 
d’Illyrie,  et  être  devenu,  dès  le  ni0  siècle  avant  notre  ère, 
leur  type  préféré  d’embarcation  3.  Les  lembi  servaient  de 
croiseurs  et  d’éclaireurs  dans  les  flottes  de  guerre  ;  leur 
présence  est  signalée  par  Diodore4  au  siège  de  Rhodes, 
en  304  av.  J.-C.  ;  par  Polybe  5  et  Tite  Live  0  dans  la  flotte 
macédonienne,  à  diverses  reprises,  entre  les  années  234 
et  168;  et,  à  la  même  époque,  par  Tite  Live7  dans  les 
flottes  Spartiate  et  syrienne,  par  Polybe  8  dans  la  flotte 
romaine.  Les  lembi  servirent  également  de  bonne  heure 
à  la  navigation  privée.  Plaute  9,  traduisant  dans  le  Mer- 
cator  l”E|A7topo;  de  Philémon,  qui  vivait  au  temps  d’Aris¬ 
tote,  emploie  déjà  ce  mot  pour  désigner  des  chaloupes 
allant  et  venant,  pour  le  service  des  voyageurs,  entre  la 
côte  et  les  gros  vaisseaux  mouillés  au  large.  Ils  étaient 
aussi  employés  pour  la  pêche  10  au  filet. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  forme  exacte  du  lembus , 
dont  nous  ne  possédons  encore  aucu-ne  représentation 
figurée  bien  certaine11.  Nous  en  sommes  réduits,  sur  ce 
point,  aux  renseignements  assez  vagues  que  fournissent 
les  textes.  D’une  façon  générale,  le  lembus  s’oppose  tou¬ 
jours,  dans  une  flotte,  aux  vaisseaux  de  haut  bord12: 
c’est  un  bâtiment  léger,  peut-être  non  ponté,  toujours 
sans  éperon  13.  Il  pouvait  avoir  jusqu’à  cinquante  hommes 
d’équipage*4,  et  atteignait  parfois  une  taille  suffisante 
pour  pouvoir  transporter,  en  outre,  à  l’occasion,  vingt 
prisonniers  et  deux  chevaux  *5.  Dans  le  traité  conclu  en 
195  av.  J.-C.  entre  Rome  et  Sparte,  il  est  encore  question 
de  lembi  qui  étaient  munis  de  seize  rames  1S.  Les  lembi 
fluviaux,  beaucoup  plus  petits,  se  maniaient  ordinaire¬ 
ment  avec  une  simple  paire  d’avirons  *7.  Sidoine  Apolli¬ 
naire  en  mentionne  un  à  plusieurs  rameurs,  qui  conte¬ 
nait  un  lit18.  P.  Gauckler. 

LEMNISCUS  (A-qptffxoç).  —  Bandelette  qui  s’enroule 
autour  d’une  couronne  de  fleurs  et  de  feuillage  et  en 
maintient  les  tiges,  et  dont  les  extrémités  flottent  sur  le 
cou  et  les  épaules  de  celui  qui  la  porte  [corona,  p.  1523, 
fig.  1978],  Le  mot  ne  se  rencontre  que  chez  les  auteurs 
latins1  et  chez  des  auteurs  grecs  qui  ont  écrit  au  temps 
des  Romains  2.  Tatvia,  fr-iépaa  sont  en  grec  les  noms  du 
bandeau  à  la  fois  emblème  d’une  supériorité  ou  d’une 

gnon,  Vases  de  la  Soc.  arch.  d’Athènes,  fig.  79,  n“  497-499  ;  Furlwaengler, 
Vasens.  im  Antiq.  fig.  218,  nos  2571-2579. 

LEMBULUS  et  LENUNCULUS.  1  Prudent.  Peristeph.  5,  455.  —  2  Sallust. 

ap.  Non.  13,  8;  Amm.  Marc.  XIV,  2,  10,  et  XVI,  10,  3;  Tac.  Ann.  XIV,  5.  _ 

3  Caes.  De  bel.  civ.  II,  43.  —  4  L.  I. 

LEMBUS.  1  Tit.  Liv.  XXIV,  40  :  «  lembis  hiremibus  ceutum  viginti  flumine 
adverso  subvectum  »  ;  Virg.  Georg.  I,  201,  202  :  «  qui  adverso  vix  flumine  lembum 
remigiis  subigit  ».  —  2  Plin.  VII,  57.  —  3  Polyb.  II,  3,  G,  8-12  ;  IV,  16,  19  29  •  V 
4,  95,  101  ;  Tit.  Liv.  XXXI,  45  ;  XXXII,  21  ;  XXXVIII,  7  ;  XLII,  48;  XLIV,  30  ; 
XLV,  43  ;  Appian.  De  reb.  lllyr.  7.-4  Diodor.  XX,  85.  — o  XVI,  2  4-7  •  XVII  1 

—  0  XXXII,  32;  XLIV,  28  ;  XLV,  10,  31.-  7  TU.  Liv.  XXXIII, ’l9,  XXXIV  35  • 
XXXV,  20.  -  s  Polyb.  I,  20,  53.  -  9  Merc.  I,  2,  81-82  et  II,  1,  35.  -  10  Tlicocr’ 
XXI,  12  ;  Accius,  ap.  Non.  13,  5.  —  H  Peut-être  était-il  représenté  dans  lune 
des  parties  aujourd'hui  détruites  de  la  mosaïque  découverte  en  1895  àMedeïnaeu 
Tunisie.  —  12  Polyb.  I,  20;  XVI,  2  ;  Tit.  Liv.  XXXII,  21  ;  XXXIII,  19;  XXXV,  26. 

—  13  Tit.  Liv.  XXXII,  32.  —  14  Polyb.  II,  3;  Strab.  II,  3,4.  —15  Tit.  Liv. 
XLIV,  28.  le  Id.  XXXIV,  35.  —  17  Id.  XXIV,  40  ;  Virg.  Georg.  1,  201,  202. 

—  18  Ep.  II,  12. 

LEMNISCUS.  l  Pour  la  première  fois  chez  Plaute,  Pseud.V,  1.  21.  —  2  Polyb. 
XVIII,  29,  12;  Plut.  Sylla,  27.  De  même  pour  les  inscriptions,  Corp.  inscr.  gr.  III, 
5361  ;  Corp.  inscr.  att.  III,  /4.  D  après  Hesychius,  s.  v.  le  mot  serait  syracusain. 


—  1100  — 


LEM 


LEM 


victoire  quelconque  et  signe  de  consécration  [taenia, 
vitta,  diadema,  coNSECRATio],  Chez  les  Grecs  comme  chez 
les  Romains,  le  bandeau  ajouté  àla  couronne  lui  donnait 
Plus  prix1.  Pour  la  même  raison,  on  l’attachait  aussi 
à  la  palme  décernée  au  vainqueur  ;  dans  ce  cas  encore 
les  latins  l’appellent  lemnisque2.  Le  lemnisque  et  la 
couronne  sont  ordinairement  nommés  ensemble  ;  quel¬ 
quefois  ils  sont  mentionnés  comme  séparés  \  Dans  une 

peinture  de 
tombeau  *,  une 
Victoire  tient, 
d’une  main  la 
couronne,  de 
l’autre  le  lem¬ 
nisque  (fig. 
4436). 

D’après  le 
témoignage  de 
Pline  3,  les 
lemnisques 
auraient  été 
faits  de  lՎ 
corce  inté  - 
Fig.  4436.  —  Lemnisque.  1  ieure  du  til¬ 

leul,  appelée 

philyra,  avant  de  l’être  de  laine  teinte  en  pourpre  ou  en 
d’autres  couleurs  brillantes  ;  puis  on  y  employa  de  min¬ 
ces  feuilles  d’or  ( bracteae )  uni  ou  estampé6. 

Les  lemnisques  comme  les  couronnes  ont  passé  dans 
l’usage  des  banquets  {corona,  p.  1527],  Ici  encore  les  lem¬ 


nisques  sont  nommés  comme  liés  aux  couronnes  ou  indé¬ 


pendants  7. 


Dans  le  langage  de  la  médecine,  le  lemnisque  est 
un  bandage  et  une  compresse  8.  E.  Saglio. 

LEMURES.  —  Esprits  des  morts  dans  la  religion 
romaine,  apparentés  aux  mânes  et  aux  larvae,  moins 
proches  de  la  nature  divine  que  les  premiers,  de  carac¬ 
tère  moins  terrifiant  que  les  secondes,  mais  partageant 
avec  celles-ci  le  pouvoir  de  revenir  sur  la  terre  à  certains 
jours  et  de  tourmenter  les  vivants  *.  Leur  nom  même  n’a 
jamais  été  expliqué  d’une  manière  satisfaisante  ;  les 
lettrés  en  avaient  pris  occasion  pour  les  rattacher  à  la 
légende  de  Remus  tué  par  son  frère  Romulus  et  pour 
interpréter  Lemures  par  Remures ,  parce  que  l’ombre  de 
Remus  serait  venue  tourmenter  Acca  Larentia  et  Faustu- 
lus  après  le  meurtre  Romulus,  pour  l’apaiser,  aurait 
institué  les  Lemuria,  fête  analogue  à  celle  des  Paren- 
taha  [feralia],  avec  cette  différence  que  celle-là  n’avait 
aucun  caractère  public  et  qu’elle  se  célébrait  au  sein  de 
chaque  famille,  en  l’honneur  des  morts  qui  lui  appar¬ 
tenaient  en  propre  3.  Elle  était  fixée  aux  9,  11  et  13  mai; 
pieds  nus  et  vêtements  flottants  \  le  père  se  levait  à 


1  Varr.  ap.  Serv.  Ad  Aen.  V,  «69;  Pliu.  Hist.  nat.  XVI,  25  (14);  XXI,  4; 
Tertull.  De  anima,  1.  —  2  Cic.  Dose.  Am.  35,  100;  Auson.  Ep.  V,  20*. 
~  3  T.  Liv.  XXXIII;  33,  2;  Suet.  Ner.  25;  cf.  ceutamina,  p.  1084.  —  4  Pyramide 

de  Cestius  à  Rome;  S.  Bartoli,  Anticlli  sepolcri,  pl.  j.xix.  _  5  L.  I.  _ _  6  //A  ct 

Fest.  p.  115,  Muller;  Serv.  I.  I.  —  7  Plaute,  dans  .e  passage  cité  note  1,  p.  1099  ; 
Capitol.  Ve»-.  5,  3.  —  8  Cels.  VII,  28;  Aelius,  XIV,  7;  Paul.  Aeg.  VI,  24;  Publ. 
Veget.  Art.  veter.  III,  14,  2;  III,  48,  6,  et  11. 

LEMURES,  l  Varr.  ap.  Non.  p.  135;  S.  August.  Civ.  D.  IX,  il  ;  cf.  Ilor.  Ep. 
II.  2,  208;  Ov.  Fast.  V,  483  ;  Pers.  V,  185  avec  le  Schol.  ;  cf.  i.arvae,  p.  950. 
—  2  Ov.  Loc.  cit.  445  sq.  ;  cf.  Porph.  Hor.  Ep.  II,  2,  209;  Serv.  Ad  Aen. 
I,  276,  792.  3  Ov.  Loc.  cit.  V,  419-492.  Mommsen,  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  393, 

suppose  que  les  Lemuria  sont  la  plus  ancienne  fête  des  morts  à  Rome  et  que  les 
Feralia  de  février  \  ont  été  ajoutés  en  même  temps  que  ce  mois  fut  ajouté  au 
calendrier.  —  4  Ov.  Loc.  cit.  432;  cf.  pour  ce  détail  du  costume,  Met.  I.  382;  VII, 


minuit,  faisait  claquer  le  pouce  contre  les  t]0'u. 
d’empêcher  les  fantômes  de  lui  apparaître  ;  pu'pS’  af'n 
s  être  purifié,  jetait  derrière  lui  des  fèves  noires'^  ^ 
tant  neuf  fois  :  Je  jette  ces  fèves  et  par  ell,T^  1 
rachète,  moi  et  les  miens  ;  on  supposait  que  les  nf,  % 
suivaient  sans  être  vues  et  ramassaient  ]es  p,  8 
père  se  purifiait  à  nouveau,  faisait  résonner  ^ 
d’airain5  et  prononçait,  neuf  fois  encore,  la  forinV'T 
conjuration  :  Mânes  de  la  famille,  sortes  !  6  de 

La  signification  funèbre  du  nombre  neuf  se  rein 
dans  le  sacrifice  appelé  novemdiale  qui  terminâuT 
période  des  neuf  jours  suivant  chaque  décès,  pjj 
durant  laquelle  la  maison  restait  souillée  par  la  hioh' 
Quant  aux  fèves,  elles  figurent  également  dans  les  liistn 
fions  mortuaires  des  Grecs  1  ;  chez  les  Romains  dk 
sont  employées  encore  dans  les  Feralia  et  les  vivants 
en  jetaient  sur  les  sépultures  pour  se  garantir  contre 
l’action  funeste  des  ombres 8  ;  la  vieille  femme  qui  chez 
Ovide  conjure  Tacita,  personnification  du  silence  de  la 
tombe,  roule  dans  sa  bouche  sept  fèves  noires8,  Les 
fèves  étaient  employées  à  titre  de  remède  contre  les 
striges  ou  vampires,  dans  les  cérémonies  que  l’on 
accomplissait  aux  Calendes  de  juin  en  l’honneur  de  la 
déesse  Corna  ;  l’importance  de  cette  pratique  a  même 
fait  donner  à  ces  Calendes  le  qualificatif  populaire  de 
fabariae10.  On  peut  remarquer  d’autre  part  que  le  fla- 
mine  de  Jupiter  ne  devait  ni  toucher  des  fèves  ni  même 
en  prononcer  le  nom11;  c’est  qu’on  les  disait  ou  issues 
du  sang  humain,  ou  incarnant  l’âme  des  hommes,  et  la 
philosophie  pythagoricienne  donnait  à  ce  sujet  la  réplique 
aux  superstitions  du  vulgaire12  [faba].  Le  rachat  parles 
fèves  aux  Lemuria  des  vivants  auprès  des  morts,  dans 
chaquefamille,  s’explique  à  la  lumière  de  ces  croyances  et 
de  ces  pratiques.  Ajoutons  que  les  trois  jours  durant  les¬ 
quels  on  les  célèbre  sont  néfastes  comme  ceux  des  Feralia 
en  février;  les  temples  sont  fermés  et  les  mariages  inter-  J 
dits13.  Ovide  cite  un  proverbe  caractéristique  :  H  il  y  a  que 
des  malheureuses  (malas)  qui  se  marient  en  mai  ;  ce  qui 
prouve  que  l’action  funeste  des  ombres  s’étendait  dans 
l’opinion  au  mois  tout  entier14.  Faut-il  expliquer  par 
une  tradition  du  paganisme  romain  la  vive  répugnance 
des  populations  rurales,  en  Poitou  notamment,  pour  les 
mariages  contractés  en  mai?  La  coïncidence  en  tout  cas 
mérite  d’être  notée. 

Un  latiniste  contemporain  a  essayé  de  démontrer,  en 
se  fondant  sur  la  transformation  de  l’écriture  cursive  I 
des  Romains  en  capitales  lapidaires15,  que  le  Chant  des  I 
Frères  Arvales,  généralement  considéré  comme  une 
invocation  aux  divinités  champêtres  des  Lares,  ll|S  I 
Semones  et  de  Mars,  n’est  pas  autre  chose  que  le  vieux 
chant  Lémural  reproduit  par  Ovide  dans  le  tableau  q11  I 
trace  des  Lemuria  ;  ce  chant  débutant  par  une  forniuh  I 


182  ;  Hor.  Sat.  I,  8,  24,  etc.  et  Serv.  ad  Aen.  IV,  518.  —  «  Sur  la  voix  do  1  on  ^ 
sa  signification  religieuse,  voir  Porph.  Vit.  Pyth.  41  ;  son  utilité  contre  le-  1  1"^ 
Juv.  VI,  442;  T.  Liv.  XXVI,  5;  Tac.  Ann.  I,  28;  cf.  Klausen,  Aencns  im< 
Penaten,  p.  1005  sq.  — 6  Porph.  ad  Hor.  Ep.  17,  48.  —  7  Lobeck, 
p.  252.  Sur  les  superstitions  relatives  aux  fèves  chez  les  Grecs  et  lo-  ‘  ^ . 
voir  Crusius,  Dhein.  Mus.  XXXIX  (1884),  p.  164  sq.  —  8  Calp.  Ed.  1  ^  ^ 
lupini  feralcs  ;  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  12,  117  sq.  ;  Joan.  Lyd.  De  we"s^j[  3(i 

—  9  Ov.  Fast.  II,  571  sq.  —  10  Ov.  Fast.  VI,  169  sq.  ;  Fest.  p.  314;  Mai  ■  •  ■  ^ 

—  n  Fest.  p.  187.  —  12  Hor.  Sat.  II,  6,  63  avec  les  commentateurs,  619  ^ 
SchiiLz,  ii_ce  passage;  Juv.  XV,  173  sq.  elle  Schol.  Porplt.  Vit.  Pytlo 

Fast.  V,  485  sq.  ;  cf.  II,  563.  —  14  Ov.  Loc.  cit.  ;  Plut.  Quacst.  Dont.  ^ 
Ovide,  celles  qui  se  marient  ainsi  ne  le  sont  pas  pour  longtemps.  —  ,gggt' 
Écriture  et  prononciation  du  latin  savant  et  du  latin  populaire,  I  a 
p.  293-321  :  cf.  lares,  p.  938. 


LEN 


1101 


LEO 


tère  rituel  :  Lumemulia  acceperunf ,  qui  n’a  pu 
dC  Ca'  'lire  expliquée,  l’auteur  propose  de  lire  «  lemu- 
enCt)"  C  i  , l'entendre  par  là1  :  ce  dont  on  se  sert  pour 
...  |rs  Lémures;  or  lemuralia  na  jamais  sigmlie 
rC0,y ïî  fôte  des  Lémures.  Cette  objection,  sans  compter 
tq!lll('<iup  d’autres  soulevées  par  l’interprétation  en  ques- 
Hon  suffit  pour  que  nous  l’écartions.  J.  A.  IIild. 

|  LEiMOCINIüM.  —  Le  lenocinium  (de  lenire)  (a  deux 
|ens  un  peu  différents  l’un  de  l’autre], 

1  T  C’est  d’abord  le  délit  qui  consiste  dans  l’excitation 
■  l’adultère  ou  à  tout  autre  commerce  illicite,  stuprum , 
J,,  même  dans  la  tolérance  intéressée  de  l’un  de  ces 
délits.  Avant  la  lex  Julia,  qui  établit  un  judicium  publi- 
hum  contre  l’adultèreet  le  stuprum ,  le  lenocinium  n’était 
Kii  prévu  ni  puni  par  aucune  loi  pénale  ;  mais  la  lex  J ulia 

détermina  et  punit  les  actes  qui  constituaient  ce  délit1  et 
les  empereurs  conservèrent  cette  législation  en  en  accrois¬ 
sant  constamment  la  sévérité. 

f  On  considérait  comme  lenocinium  :  1°  Le  fait  du  mari, 


de  toute  condition,  qui  prostituait  sa  femme  à  prix  d’ar¬ 
gent  et  qui  tolérait  son  adultère  pour  en  tirer  protit2; 
(la  loi  s’appliquait  également  à  la  femme  qui  avait  reçu 
del’argent  à  l’occasion  de  l’adultère  de  son  mari,  pour  ne 
pas  intenter  l’action  de  moribus  3].  Justinien  autorisa  la 
femme,  que  son  époux  avait  voulu  prostituer,  à  divorcer, 
en  reprenant  sa  dot  et  la  donation propter  nuptias  A  2°  Le 
fait  du  mari  qui  gardait  sa  femme  surprise  en  flagrant  délit 
d’adultère,  ou  qui  la  reprenait  après  l’avoir  répudiée  et  qui 
laissait  échapper  ou  n’accusait  pas  son  complice  8.  (Mais  la 
loi  ëpargnaitle  mari  crédule, débonnaire,  négligent,  quifer- 
maitlesyeux;  elle  n’avait  pas  voulu  établir  une  inquisition 
desmœurs0;  d’ailleurs,  ce  mari  tombait  souventsous  l’ap¬ 
plication  du  premier  cas.  3°  Le  fait  de  tout  individu  qui  pra¬ 
tiquait  ce  qu’on  appelle  aujourd’hui  le  chantage ,  c’est-à- 
dire  qui,  ayant  découvert  un  adultère,  se  faisait  payer  son 
silence.  La  loi  atteignait  surtout  le  mari,  mais  aussi  ses 
complices  etles  étrangers  des  deux  sexes  et  le  préteur  don¬ 
nait  à  la  victime  l’action  ou  l’exception  quod  metus  causa 
pour  se  faire  rembourser7.]  4°  Le  fait  de  celui  qui  épousait 
-une  femme  condamnée  pour  adultère,  ou  qui  laissait  tom- 
er  1  accusation  d’adultère  après  l’avoir  intentée8;  [mais 
on  pouvait  prendre  impunément  la  femme  adultère  comme 
concubine9. 5°  Le  lait  de  l’entremetteur,  soit  ami  complai¬ 
sant,  soit  logeur,  qui  avait  fourni  un  asile  quelconque, 
soit  pour  préparer,  soit  pour  consommer  l’adultère  ou  le 
stupnnn  de  tierces  personnes.  Les  jurisconsultes  frap¬ 
pent  même  celui  qui  avait  simplement  conseillé  l’adul- 
T?rti  ’  '  * ce  f'd  de  plus  en  plus  sévèrement  puni 11. 
L  .S  *0üS  ^cs  cas)  la  lex  J ulia  établissait  contre  le  leno- 
RinLU!  a  nume  Peine  que  contre  l’adultère  [adulte- 
J  '  ’  cePendant,  il  est  probable  que  la  femme 


1  Edon,  O;,.  cAt.  p.  :u9  G« 
lENOCIiMUM.  1  ûin  ;,Q  „  n. 

*M,  §  2-  Ouinl/r  '  ~  "  °lf/ ■  48’  5’  2-  ^  8  Pr-  29.  §  3-4.  -  [3  Dig 

5  Sud.  Dom^.ol  “ 2!5;  Auson’  Epigr.  9*3.  -  4  Xov.  117,  9,  §  3 
P,  8.  -  [6  Dja  ,’s  8’  §  2,  29  pr.  33,  §  1  ;  C.  Just.  9,  9,  17  ;  Paul.  2 

[Nom.  Rev  J  ■ ,  ,  ’  ’  7  §  3>  29-  §  4-  Voir  Esmein,  Le  délit  d'adultère  à  Rom, 
b  7,  §  O  Tct  T*  1878’  P-  24f  -  ’  Di«-  «.  1*  pr.  10,  §  1,  29  pr.  g  2 
§2  - 1°  Di,,  4li  1 '  ’  ’  29,  §  L  c.  Just.  9,  9,  10  ;  2,  4,  18.  -  [9  Di  g.  25,  7,  1 

VJ\ïny%: 4’ 4’ 37’  « 4-  - 11  **  ».  *  ^ 

48,  5  2  \  f  C.  Just.  9,  9,  9.  —  13  Dig.  48,  5,  29',  g  6 

48,  E  2  k  ^  7"  ’  9’  20’  28-  Voir  Esmein,  Loc.  cit.  p.  423-424 

?*’  i0'  «  («8).  ,yg-  24,  3’  47  •  ~  17  Eig.  48,  S,  14,  §  1.]  -  18  C.  Just 

e  quartier  do  Subura  ■  Li-  [20  KUe  s’exercait  à  Rome  surtout  dans 


{’  *'  §  ;  23,  2  43  g  3’  13  ;  Mart-  68  ;  Pers.  Sat.  5,  32.  —  21  Dig.  3,  2, 

•  C-  n.  lu,  g  ’  Mos'  et  rom-  leg.  coll.  4,  12,  3.  —  22  Quintil.  5,  10, 

Y.  ’  ’  1‘  a<"  *’  2’  94  ;  EP°d-  14-  -  23  Tac.  Ann.  2,  83;  Liv. 


condamnée  gardait  sa  dot.  Le  lenocinium  du  mari  pou¬ 
vait  toujours  être  poursuivi  durante  matrimonio  ;  pour 
les  autres  cas,  il  y  avait  la  prescription  de  cinq  ans  u.  Le 
mari  qui  avait  commis  le  lenocinium  perdait  le  droit 
d’intenter  aucune  action  touchant  l’adultère  de  sa 
femme;  il  était  repoussé  primitivement  par  une  praes- 
criptio  que  pouvaient  invoquer  les  deux  accusés  14  ;  mais 
dans  la  suite  cette  praesçriptio  disparut  et,  avec  le  pro¬ 
grès  de  la  procédure  inquisitoire,  on  admit  que  le  juge, 
statuant  sur  la  plainte  d’adultère,  pourrait  d’office  appli¬ 
quer  au  mari  la  peine  du  lenocinium.  1;1.  Le  mari,  cou¬ 
pable  de  lenocin  ium ,  nepouvait  exercer  aucune  rétention 
sur  la  dot  de  la  femme  adultère16.  Un  sénatus-consulte 
déclara  punissables  la  femme  et  le  mari  dans  le  cas  où  le 
mari  poussait  sa  femme  à  l’adultère  pour  la  surprendre  et 
la  répudier  n.]  Une  loi  de  Théodose  II  et  de  Valentinien  III 
défendit  aux  maîtres  et  aux  pères  de  prostituer  leurs 
esclaves  ou  leurs  filles,  sous  peine  de  perdre  tous  leurs 
droits  sur  elles 'et  d’être  condamnés  aux  mines  l8.  Justi¬ 
nien  confirma  les  dispositions  de  la  lex  Julia  et  soumit 
à  la  même  peine  les  entremetteurs  et  les  complices  19. 

IL  [Le  mot  lenocinium  désigne  aussi  l’exercice  de  là 
prostitution20.  Elle  fut  très  longtemps  tolérée  et  ne  com¬ 
portait  d’autre  peine  légale  que  l’infamie21.  Les  femmes, 
la  plupart  esclaves  ou  affranchies  22,  devaient  faire  leur 
déclaration  auprès  des  édiles,  payaient  un  impôt  spécial 23 
et  portaient  un  costume  spécial 24.  Les  hommes  (ou  les 
femmes)  qui  exploitaient  la  prostitution,  les  lenones , 
avaient  la  même  condition  juridique  et  payaient  aussi  un 
impôt  spécial28.  Sous  Tibère,  un  sénatus-consulte  permit 
de  frapper  de  la  peine  de  l’adultère  les  matrones  qui  se 
faisaient  prostituées  ( lenae )  ou  actrices  pour  éviter  les 
peines  de  la  lex  Julia  sur  le  stuprum  [stuprum]  2i!. 
Hadrien  défendit  de  vendre  des  esclaves  au  leno  sans 
raison  valable27.  On  a  vu  la  loi  de  Théodose  II  et  de 
Valentinien  III.  En  Orient,  Théodose  II  abolit  à  Constan¬ 
tinople  et  Léon  dans  tout  l’empire  le  métier  des  lenones , 
en  rendant  la  liberté  aux  esclaves  prostituées  28.  Justinien 
maintint  cette  interdiction29.]  G.  Humbert.  [Ch.  Lécrivain. 

LENUJYCULARII.  —  Bateliers,  dont  nous  ignorons  les 
attributions  exactes.  Il  existait  à  Ostie,  à  l’embouchure 
du  Tibre,  une  corporation  de  lenuncularii\  lesquels  se 
distinguaient  expressément  des  scapharii.  P.  Gauckler. 

LEONIDEIA  (Aea'vfoei#).  —  Fête  annuelle,  célébrée  à 
Sparte,  en  commémoration  de  la  bataille  des  Thermo- 
pyles  et  en  l’honneur  de  Léonidas.  Pausanias,  général 
des  Platéens,  qui  avait  son  monument  à  Sparte,  à  côté  de 
celai  de  Léonidas,  était  associé  aussi  aux  honneurs  ren¬ 
dus  au  héros  lacédémonien.  Seuls  les  citoyens  de  Sparte 
avaient  le  droit  de  prendre  part  aux  fêtes,  qui  consistaient 
en  Xoy&i  et  en  àywvsç  1  Louis  Couve. 


23,  2  ;  10,  31  ;  Suct.  Calig.  40  ;  Vil  a  Alex.  Sev.  24.  On  trouve  aussi  l’impôt  sur 
les  courtisanes,  établi  d’après  leurs  prix,  dans  le  tarif  des  douanes  de  Palmvre 
Hernies ,  1884,  p.  486-323).  —  2t  Dig.  47,  10,  ta,  §  13  ;  Suct.  Tib.  35.  -  23  Vita 

'Alex.  Sev.  24;  Nov.  Theodos.  18  ;  Tertult.  De  fuga,  13  ;  Paul.  2,  20,  11. 20  Dig. 

48,  5,  10,  §  2;  Suel.  Tib.  35  ;  Tac.  Ann.  2,  85.  —  27  Vita  Hadr.  18.  —  28  A’or. 
Theodos.  18  (439);  C.  Just.  11,  40,  7.  —  29  jYov.  14.]  -—  Bibuoghapuic.  Rein, 
Das  Criminal  Rccht,  Leipzig,  1844,  p.  880-883  ;  Walter,  Geschichle  des 
rom.  Rechts,  Bonn,  1861,  II,  §  811  ;  [Esmein,  Le  délit  d'adultère  à  Rome  (IV oui' 
Rev.  Iiist.  de  droit,  1878,  p.  1-33,  397-412);  Mommsen,  Strafrcdit,  Leipz.  1899 
p.  699-701.] 

LENUNCULARII.  1  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  250,  251,  252  :  patronus  corporato- 
rum  scaphariorum  et  lenunculariorum. 

LEONIDEIA.  l  Paus.  III,  14,  1;  Hermann,  Lehrbuch  der  griech.  Antiq.  g  53, 
43;  Corp.  inscr.  gr.  n°  1-U7  .  eTuxàaioç  A&wvt8ou  xat  IIaurj«vîou  «*pôv  ;  no  [421 
AtoivlSeta  itàXrjv,  TicqxçciTtov. 


139 


LEP 

LEOïVTICA  (Asovrixâ).  —  Ce  mot,  qui  se  rencontre 
dans  deux  textes  de  Porphyre*  et  dans  quelques  inscrip¬ 
tions  latines-,  désigne  un  des  degrés  de  l’initiation  aux 
mystères  mithriaques.  L’initiation  eomportaitsept  degrés 
qui  répondent  au  nombre  des  planètes  :  les  trois  pre¬ 
miers  forment  une  sorte  de  noviciat,  qui  ne  donne 
' ‘-oit  qua  la  qualité  d’Ü7n|peTo3vT«ç  ;  les  quatre  degrés 
supérieurs  comprennent  les  initiés  proprement  dits  ou 
us-reyovTeç,  dont  la  hiérarchie  est  la  suivante  :  leo,  perses 
heliodromus,  pater3.  Tous  ces  litres  se  rencontrent  dans 
«  es  inscriptions  \  Les  leontica  constituent  donc  le  qua¬ 
trième  degré  de  l’initiation  totale,  ou  le  premier  de 
1  initiation  proprement  dite  :  de  là  leur  importance  parti¬ 
culière  [mituriaca].  F.  Durrbach. 

LÉPASTÈ  (AsTtcÛTTT],  XsTtatmj).  —  Nom  de  vase1.  Ce  mot 
était  un  adjectif  qu’on  joignait  aux  mots  xéXi£  ou  (paX-q, 
pour  désigner  une  variété  de  coupe  à  boire2;  souvent 
aussi  l’adjectif  s’employait  seul,  substantivement3.  Suivant 
leur  habitude,  les  lexicographes  et  scholiastes  anciens 
ont  donné  de  ce  mot  des  étymologies  fantaisistes4;  la 
seule  vraisemblable  est  celle  qui  rattache  Xettoottï)  à  Xstuxç 
sorte  de  coquille3.  Ce  n’est  pas  assez,  d’ailleurs,  pour 
nous  faire  connaître  la  forme  exacte  du  vase  communé¬ 
ment  appelé  XsTratffTTi .  Ce  que  nous  savons  de  certain,  c’est 
que  la  lépastè  était  un  vase  d’assez  grandes  dimensions, 
plus  large  et  plus  profond  que  la  kylix  ordinaire  6.  La 
lépastè  était  surtout  en  usage  dans  les  banquets  de  fête  ; 
on  la  faisait  circuler  autour  de  la  table,  et  chaque  convive 
y  h  vivait  à  son  tour7.  Avec  la  lépastè ,  dit  un  texte,  on 
pouvait  boire  de  grandes  gorgées  à  la  fois,  au  contraire 
du  pogguXto;  qui  ne  permet  de  boire  que  lentement  et 
goutte  à  goutte8.  Beaucoup  de  vases  de  nos  musées 
peuvent  répondre  à  la  définition  assez  vague  que  nous 
venons  de  donner;  mais  le  nom  de  lépastè  ne  s’impose 
avec  certitude  a  aucun  type  connu.  Certains  archéologues 
ont  désigné,  sous  ce  nom,  un  type  intermédiaire  entre 
la  kylix  proprement  dite  et  le  skypuos9. 

Lépastè  est  devenu  en  latin  lepesta 10.  C’était,  ditVarron, 
un  vase  servant  spécialement  dans  certaines  fêtes  reli¬ 
gieuses  des  Sabins  ;  on  y  mettait  le  vin  sacré11.  L.  Couve. 

LEPORARIUM.  —  Parc  à  lièvres,  garenne  et  plus 
généralement  enclos  pour  l’élevage  des  animaux.  Varron, 
qui  dans  le  livre  troisième  de  ses  Rerum  rusticarum 
s'occupe  des  conditions  où  doit  être  installé  le  lepora- 
t'ium ,  déclare  qu’il  a  en  vue,  non  plus  le  leporarium  tel 
que  l’entendaient  leurs  aïeux,  où  il  n’y  avait  que  des 
lièvres,  mais  tous  les  enclos  attenant  à  la  villa  qui  ren¬ 
ferment  des  animaux  à  l’élevage  1 .  Il  répète  ailleurs  que 
le  nom  ancien  du  leporarium  lui  a  été  donné  d’après 
une  partie  de  son  contenu,  mais  que  maintenant  on  n’y 
renferme  plus  uniquement  des  lièvres  2.  La  fécondité  de 
ces  animaux  est  d’ailleurs  telle  qu’avec  quatre  individus 
seulement  le  parc  est  bientôt  peuplé3.  Mais  de  son  temps 

LEONTICA.  1  Porphyr.  De  antro  Nympharum,  c.  la;  De  abstinentia,  IV,  10; 
Fr.  Cumont,  Textes  et  mon.  fiy.  relatifs  au  culte  de  Mithra,  p.  40  b,  p.  42  g. 

—  2  Cumont,  Ibid.  Inscr.  gr.  et  lat.  nos  7,  11  a,  11  b,  12  =  Corp.  inscr.  lat.  VI, 

I.  749,  751  a,  751  b,  753.  —  3  Hieronvm.  Epist.  CVII  ad  Laetam-,  Cumont,  art. 
Mithras  in  Rosclicr's  Lexikon,  II,  3002  sq.  —  4  Cumont,  Textes  et  mon.  n°»  45, 

10,  140,  etc.  (leo);  art.  cité,  3063. 

LÉPASTÈ.  l  Ussing,  De  nominibus  vasorum,  p.  152;  Lelronne,  Observ.  sur 
les  noms  de  vases,  p.  50;  Krause,  Angeiologie,  p.  342.  —  2  Alhen.  Deipnos. 

IV,  p.  131  c;  XI,  p.  485.  —  3  Alhen.  Ibid.—  4  Alhen.  XI,  p.  485  ;  Schol. 
Clem.  Alex.  Paedag.  II,  3.  —  0  Cf.  Ussing,  Op.  cit.  p.  152.  — 0  Athen.  Loc.  cit.; 
Poli.  VI,  95;  X,  75;  Hesych.  s.  v.  ;  Schol,  Aristoph.  Pax,  910.  —  7  Athen. 

XI,  485.  —  8  Ibid.  —  9  Cf.  Panofka,  Recherches,  IV,  30;  Gerhard,  Ultime 
ricerche,  n°  30;  0.  Jahn,  Vasens.  zu  München ,  Einleitung,  p.  xeix  ;  Krause, 


1102  — 


LER 


on  est  loin  de  l’époque  où  dans  tel  leporarium 


voyait  guère  qu’un  méchant  1 


on 


1CVre  pris  à  la  chass(ll 


ne 


se  *,  || 


y  faut  de  grands  espaces  où  puissent  vivre  U(> 
et  des  daims s  :  l’enclos  de  Q.  Hortensias,  pa/anj§liei's 
s’étendait  sur  plus  de  cinquante  jugera ,  de  tolb- ' 


qu  on  ne  1  appelait  plus  leporar 
N  oir  vivarium.  E.  Micron. 


pie, 

sorte 


non, mais  therotrojnu,n< 


LEPTOIV  (Astcto'v).  —  Suivant  les  temps  et  W 
le  mot  Xetctov,  qui  désignait,  d’une  manière  général 
très  petite  monnaie,  a  été  appliqué  à  des  espèces  r 
variées.  Ae™  dicuntur  xepgcmoc  (petites  monnaies!  n 
en  résumé  M.  Hultsch1.  En  effet,  d’après  certains  auL 
le  Xetttov  est  la  20*  partie  du  trias  sicilien2  ou  la  10,  , 
du  denier  et  la  80*  partie  de  l’once  3.  On  l’identifie  parf  •! 
au  sicle,  au  clinique,  au  xoopivrrjç,  à  l’as,  à  robolel 
ailleurs,  il  n’est  que  la  G0C  partie  de  l’as.  Priscien l’,sSi' 
mile  à  la  si  ligua  ou  xsp&aov  L  Le  xôXXuSo,-  est  aussi  délili 


Xe 


7TTOV 


T  .  ,  délini 

vo|M<r{i.a".  La  monnaie  de  fer  des  Byzantins  es] 
appelée  elle-même  Xettt bv  vogicga  °.  On  a  enfin  appliqué 
occasionnellement  le  nom  de  Xetttôv  à  une  petite  monnaie 
d’argent7.  D’après  tous  ces  témoignages,  on  peut  clone 
dire  que  Xeîrrdv  était,  dans  le  langage  courant,  un  terme 
vague  désignant  une  petite  monnaie,  le  plus  souvent  une 
petite  monnaie  de  bronze.  Mais  dans  le  système  métrolo- 
gique  altique,  ce  terme  était  spécialement  réservé  à  la  plus 
petite  taille  du  bronze  qui  valait  seulement  le  7e  du 
chalque  [cualcus].  E  Babelon. 

LERNAIA  (Aspvata).  —  Mystères  célébrés  à  Lerneen 
1  honneur  de  Démëter  Lernaia1.  On  les  a  souvent  com¬ 
parés  à  ceux  d’Eleusis,  sur  lesquels  ils  semblent  en  effet 
s  être  modelés,  au  moins  à  partir  d’une  certaine  époque; 
mais  le  culte  de  Lerne  avait,  à  ses  origines,  une  physio-  | 
nomie  locale  et  particulière.  Pausanias  nous  apprend 
que  la  tradition  attribuait  à  Philammon  l’établissement 
de  ces  mystères.  Toutefois  les  paroles  que  Ton  prononçait 
pendant  les  cérémonies  lui  semblent  d’une  origine  plus 
récente.  De  plus,  certaines  formules  sacrées,  mêlées  de 
prose  et  de  vers,  et  que  l’on  avait  gravées  sur  une  plaque 
d’orichalque  en  forme  de  cœur,  étaient  en  dialecte  dorien: 
Pausanias  en  conclut  également  qu’elles  ne  sauraient 
remonter  jusqu’au  poète  tlirace  Philammon,  l’introduc-  I 
teur  supposé  de  ce  culte2.  Nous  savons  encore  par  Inique 
pour  la  célébration  des  mystères,  les  Argiens  allaient 
anciennement  emprunter  du  feu  au  sanctuaire  d’Artémis  , 
Iluptovîx  sur  Icinont  Kralhis,  près  du  Pellène,  en  Arcadie  . 
preuve  d’une  relation  étroite  entre  les  deux  cultes,  mais  I 
que  nous  ne  savons  comment  expliquer. 

Deux  divinités  paraissent  avoir  tenu  le  rôle  principal  I 
dans  ces  mystères  :  Déméter  et  Dionysos.  Toutes  deux  ) 
avaient  leurs  images  sacrées  dans  un  bois  de  plalants  I 
qui  s’étendait  jusqu’à  la  mer.  Déméter  y  était  inv|[|,,,1‘  I 
sous  l’épithète  de  Ilpdirupa  4.  Il  convient  de  rapp111'1 
Prosymna  est  également  le  nom  d’une  des  trois  n.Val 

Angeiologie,  pl.  iv,  fig.  27.  —  10  Varro,  De  ling.  lat.  V,  §  123;  Non"'11  I 


547- 


—  il  Varro,  Loc.  cit. 

LEPORARIUM.  l  Varro,  De  re  rust.  III,  3,  2.  —  2  Ibid.  W,  m 
12,  4.  —  4  Ibid.  III,  3,  8.  —  5  Ibid.  I.  c  ;  III,  13,  1 .  —  6  Ibid.  III,  l3-  - 


__  3  Jbii- 


2  Ilesycb. 


LEPTON.  1  Fr.  Hultsch,  Metrol.  scriptores,  l.  II,  Index,  v" ^  „e 
dans  Hultsch,  Script.  I,  p.  327.  —  3  Hultsch,  Script.  I,  P'  303^  _  ||u||sC|i 

quod  dicunt  Graeci  xepàttov  vel  \11zz6i  (Hultsch,  Script.  H,  P-  ^  325, 340. 
Script.  I,  p.  288.  —  0  Poli.,  Ilcsych.,  Suid.  dans  Hultsch,  Script.  U  P-  -  rapporl8 
—  7  ’Apyuptov  Sè  zb  Xizz bv  vôjjuo’p.o:  xaXotfffiv,  wS  AçtffTêfav'W 
Suidas  (Hultsch,  Script.  I,  p.  334;  cl.  p.  308  et  309).  0  Ai?,ïT‘’ 

LERNAIA.  1  Paus.  II,  30,  7;  tSv  Aiçvaûüv  Ti;v  zzXtzw,  Ibid.  If  3(’  ^  37,  I. 

Ibid.  \ III,  15,  8.-2  Ibid.  II,  37,  1-3.  —  3  Ibid,  VIII,  15,  — 

nço<rü[tva ta  ap.  Kaibel,  Epigr'.  gr.  821,  sq. 


LER 


—  1103  — 


LES 


on< 

tl'Iléra, 

P  Nous  avons, 


I  'ut  liera,  et  qui  ne  sont  manifestement  que  des 
qUUk'' représentatives  de  la  déesse,  car  Héra  porte  elle- 
^""Tcclte  épithète  de  üpeiaupet1.  Il  serait  hasardeux  d’en 
nll  "l„'ir  qu’elle  avait  sa  place  dans  les  mystères2  ;  mais 
^do'itnoter  tout  au  moins  que  la  légende  d’Io,  la  prêtresse 
K0  était  entre  autres  contrées,  localisée  à  Lerne3. 

malgré  les  réticences  de  Pausanias4,  des 
■enseignements  un  peu  plus  circonstanciés  sur  le  carac- 

■  edu  Dionysos  Lernéen  et  sur  le  culte  qui  lui  est  rendu. 
CVst  à  Lerne,  à  travers  le  petit  lac  d’Alcyonia,  qui  pas- 

■  sait  pour  être  sans  fond,  qu’il  était  descendu  aux  Enfers 
pour  y  chercher  sa  mère  Sémélé5.  Dans  ce  voyage,  il 
avait  été  guidé  par  un  personnage  du  nom  de  Prosymnos, 
qui  lui  aurait  rendu  ce  service  en  retour  d’une  èomplai- 
sance  honteuse6.  On  remarquera  ce  nom  de  Prosymnos, 
qui  est  précisément  l’épithète  de  Déméter;  ce  personnage 
bourrait  être  aussi  bien  la  personnification  d’un  surnom 
primitif  de  Dionysos  :  par  où  se  marquerait  la  parenté 
primitive  des  deux  divinités  lernéennes  7.  Mais  Dionysos 
est  en  outre  conçu,  à  Lerne,  comme  résidant  réellement 
aux  Enfers,  dans  le  monde  des  esprits.  Cette  croyance 
se  fait  jour  dans  un  des  rites  des  mystères.  Aux  céré- 
monies nocturnes  qui  revenaient  chaque  année8,  on  évo¬ 
quait  le  dieu  du  sein  des  eaux  au  moyen  de  trompettes 
cachées  dans  des  thyrses,  après  avoir  jeté  dans  le  lac  un 
agneau  destiné  au  «  portier  »  d’IIadès  9.  Ce  rite,  qui  a 
son  analogue  à  Kios  en  Bithynie  dans  le  culte  d’Hylas, 
traduit  la  croyance  en  un  dieu  mort,  cherché,  pleuré, 
finalement  rappelé  à  la  vie10.  Puis  un  mythe  s’était  formé 
pour  expliquer  la  présence  de  Dionysos  dans  le  monde 
infernal  à  cet  endroit.  On  racontait  que  le  dieu,  arrivant 
dans  la  contrée  avec  son  escorte  de  femmes,  avait  été 
vaincu  par  Pensée  et  précipité  par  lui  dans  la  source 
Alcyonia11.  D’après  quelques  textes,  on  jetait  dans  le 
même  lac  des  offrandes  purificatoires12  :  étaient-elles 
destinées  aux  âmes  des  morts13  ?  avaient-elles  pour  objet 
de  purifier  le  pays  de  l’attentat  commis  contre  Dionysos  ? 
ou  bien  étaient-elles  motivées  par  un  autre  crime,  qui 
avait  eu  pour  théâtre  les  bords  du  même  lac,  le  meurtre 
des  fils  d’Ægyptos  par  les  danaides?  Nous  ne  savons. 

Dans  le  même  bois  de  platanes,  Dionysos  avait  un  autre 
sanctuaire  avec  sa  statue  assise  :  il  y  était  adoré  sous  le 
nom  de  Lawrq;,  c’est-à-dire  de  Sauveur14.  Il  y  a  une 
re  atioim  identeentre  ce  culte  et  les  mystères,  le  surnom 

Kl  Se  raPP°rtant)  comme  il  est  vraisemblable,  au 
IL  U,  es  dînes1-.  Enfin  iaccuos,  dont  on  constate  égale- 
H  a  présence  à  Lerne 10,  doit  être  très  probablement 
L  *l(  °'ec  Dionysos  Saotès 17  :  l’introduction  de  ce 
pi  -,  UXd^e  serait  un  des  traits  où  se  reconnaîtrait 
T?  L  Jn  des  mystères  éleusiniens  18. 


Goréd-i  i  *  *  1>osymnaefàDionysos-Iacchosest  associée 
c  cube  des  mystères.  On  montrait  près  de  Lerne 

Myù'l  roll®r"Rob6rt.  Griech.  Myth.  I,  p.  101,  n.  2.  -  2  0.  Gruppe, 
n’  37. 5.  Voir  les  text,  -  -i  f  °SChy1’  Prom"  052  S(M-  —  4  Paus.  II,  37,  0.  —  B  Ibid. 
C‘U’  P-  886,  n  |  '  ,SD  5  art  BA00H°8.  P-  609, n.  593;  cf.  Preller-Robert,  Op. 

il.  8-lj  -  ’  — °  nAr.r.mrc  «  cnn  ..  _  .  .  ..  ’  1 

Ct  tJs-  33  p  3Cm  ,  '  ' 

!|3’”ote;  0.  Oropi' fC0M'iv-  IV’  «-  2-  -  10  Rohdc,  Psyché,  »  éd.  t.  II, 
319 ;cf-  0.  Grupp(,  On  cü  T"  PaUS'n>  20>4!  2"2’  1  1  Schol.  Victor,  ad  II.  XIV, 
3  j  H-ïch.  '  ?  2;  C'  •  P-  1C9-  “•  9  ;  P.  180,  n.  10.  —  12  Zcnob.  IV,  80  ;  Blog! 
p' 1  H,  37,  2  l  '***■  -  13  RoMc,  Psyché,  2»  éd.  II,  p.  79,  n.  1. 
Pai,s-  '1.  31,  8.  _  16  A  y  avait  «gaiement  un  culte  de  Dionysos  Saotés  à  Trézène, 


7  0  Grunn  liACL.™s’  «O9,  il-  580-591,  et  0.  Gruppe,  Op.  cit.  p.  180, 

luppe>  md-  p-  «0.181.  -  8  Paus.  37;‘.  Plut^e  u\ 


bai 

in 

Pau] 


°-Orul.  XIV,  i.  J  p  4 de  la  Grèce  ant.  II,  p.  370,  n.  1.  —  IG  Li- 
■  stllPrs  Lexilcon,  n  „  p  ‘‘  !<a'ce7-wv  —  11  Hofer,  art.  Jakchos 

h  faal-Encycl.  Il  ,,  ’  Preller’  Dcmeter  und  Perseph.  p.  210  sqq.  ; 

’  Ut)G:  Regard,  Abhandl.  406. 


19  Paus.  II,  36,  7. 


l’endroit  même  où  Coré  avait  été  enlevée  par  Pluton  ,9. 
La  dédicace  d’un  autel  mentionne  un  oxooîyoç  Kop-qç  de 
Lerne20.  On  connaît  par  un  autre  texte  un  hiérophante 
de  Déo  et  de  Coré21.  Enfin,  dans  une  inscription  datant 
du  ivG  siècle  de  notre  ère,  une  pieuse  Romaine,  Aconia 
Paulina,  énumérant  les  différents  cultes  auxquels  elle 
s’est  affiliée,  nomme  celui  de  Lerne  22  :  cette  inscription  a 
pour  nous  le  double  intérêt  de  réunir  les  trois  noms  de 
la  triade  adorée  dans  les  mystères,  Liber ,  Cérès  et  Coré, 
et  de  nous  montrer  ce  culte  survivant  jusqu’aux  derniers- 
temps  du  paganisme. 

Outre  les  rapports  de  Lerne  avec  Eleusis,  il  faut  signaler 
ceux  qu’elle  parait  avoir  entretenus  avec  un  autre  sanc¬ 
tuaire  mystique,  celui  de  Déméter  Muffta,  aux  portes 
d’Argos23.  On  a  trouvé  en  effet,  au  sanctuaire  lernéen  de 
Déméter,  un  bas-relief  votif  qui  se  rapporte  précisément 
à  ces  derniers  mystères,  et  qui  représente  la  déesse,  avec 
Mysios,  le  fondateur  mythique  de  son  culte,  et  son  épouse 
Chrysanthis 24. 

Nous  avons  rappelé  que  Lerne  était  la  scène  de  la 
tragique  histoire-  des  Danaides.  On  sait  que,  sous  l’in¬ 
fluence  de  l’orphisme,  le  supplice  des  Danaides  fut  conçu, 
dans  certains  mystères,  comme  la  peine  des  non  initiés 
[inferi,  p.  500,  et  n.  14-18;  cf.  p.  508  .  Il  est  naturel 
d’imaginer  que  ce  trait  se  retrouvait  en  particulier  dans 
le  credo  de  Lerne  25  ;  mais  nous  n’en  avons  pas  la  preuve 
directe.  F.  Durrbach. 

LESBION  (Ascêtov). —  Sorte  de  vase  à  boire  qui  n’est 
connu  que  par  une  mention  d’ Athénée,  citant  un  poète1. 
C’était  sans  doute  un  type  de  vase  cher  aux  habitants  de 
Lesbos  2.  L.  Couve. 

LESCHÉ  (Aéa-^-q).  —  Des  deux  sens  que  les  anciens 
donnaient  au  mot,  le  premier  est  celui  d’édifice  public, 
de  lieu  couvert  dont  l’accès  était  libre.  On  y  trouvait  un 
refuge  contre  le  froid  et  les  intempéries.  La  nuit,  les 
mendiants  en  faisaient  volontiers  leur  asile,  et  les  oisifs 
s’y  rencontraient  pendant  le  jour  pour  causer.  Pausanias 1 
dit  expressément  que  l’on  y  parlait  aussi  quelquefois 
d’affaires  sérieuses.  De  cette  acception  matérielle  est  venue 
l’autre,  qui  se  retrouve  dans  tous  les  dérivés  et  com¬ 
posés,  celle  de  conversation  et  de  bavardage.  L’étymolo¬ 
gie  que  donnaient  presque  tous  les  lexicographes  en  ratta¬ 
chant  le  motauverbeAéyw 2 estaujourd’hui  abandonnée  :on 
préfère  y  reconnaître  la  même  racine  que  dans  \ly oç3. 

Un  autre  sens,  qui  est  vraiment  le  sens  primitif  du 
mot,  confirme  cette  origine  ;  il  n’est  attesté  que  par 
une  inscription  de  Rhodes4  :  EùQutîogc  tjjjù  Xényot  io 
üpaijfftôoo,  etc.,  où  Alffya  est  un  équivalent  (lit  funéraire, 
dalle  de  tombe)  de  xAiVq 3  ou  de  TpcbisÇa  que  l’on  trouve 
dans  des  cas  analogues.  F.  Dümmler  rappelle6  à  ce  pro¬ 
pos  l’ancienne  coutume  d’enterrer  les  morts  dans  la 
maison  auprès  du  foyer  et  de  se  réunir  auprès  de  leur 


—  20  Colize,  Arch.  Zeit.  1863,  p.  75  ;  cf.  G.  Wolff,  Rhein.  Mus.  XIX  (1864),  p.  301. 

—  21  Anthol.  Pal.  App.  epigr.  145.  —  22  Gorp.  inscr.  lat.  VI,  I,  1780,  1.  5. 

—  Preller,  Demeter,  p.  213,  et  Orelli,  Inscr.  lat.  u°  2301  ;  cf.  O.  Jalm,  Berichte  der 
saechs.  Gescllsch.  1851,  p.  338  sqq.;  Notizie  degli  Scavi,  1888,  p.  389.  —  23  faus. 
Il,  1S,  3  ;  35,  4.  —  24  Bursian,  Arch.  An:.  1855,  p.  57  ;  Osaim,  Arch.  Zeit.  1855, 
p.'  142;  Milchhœfer,  Athen.  Mittheil.  IV,  p.  152.  —  23  o.  Jalm,  Loc.  cit.  n.  10. 

LESUION.  1  Athen.  Deipnos.  XI,  p.  486  a~b.  —  2  Krause,  Angeiologie ,  p.  370. 
LESCHE.  1  X,  25,  1.  —  2  Voir  par  ex.  Etym.  M.  s.  v.  :  ylve-at  tzuoO.  -zb  Xéyeiv,  6 
rançaimnEvos  èî  «Jtoj  Xés/y;,  xaxit  -A£^vctT:i.àv  toJ  a.  Eustathe  (p.  1849)  môle 

ensemble  les  deux  étymologies  :  <ruyayd|ievoi  û;  kéy.oç  xb  aùx'o  U/o-v  xat  è/.e'u/iuvov  Si, 
o  l<m  liqjuXouv.  —  9  Pott,  Kuhn  s  Zeitschrift ,  XXVI,  p.  188;  Meister,  Griech.  Dia- 
lekte,  II,  p.  50  ;  Wackcrnagel,  Zeitschr.  f.  vergleich.  Sprachforschung,  XIII,  p.  39. 

—  4  Inscr.  gr.  insul.  I,  709.  —  G  Inscr.  gr.  Sic.  et  Ital.  871.  —  G  Delphika, 
Bâle,  1894,  p.  25. 


LES 


—  1104  — 


sépulture  pour  les  délibérations  en  commun.  L’habitude 
subsista  après  le  transport  des  nécropoles  à  l’extérieur  et 
le  nom  de  Xéc/cc  a  pu  passer  en  même  temps  aux  lieux  de 
réunion,  aux  salles  que  l’on  construisit  pour  se  mettre  à 
couvert.  Ces  traditions  du  ysvo;  ne  sont  pas  purement 
hypothétiques:  on  en  doit  rapprocher  ce  que  nous 
>a\ons  par  Proclus 1  des  trois  cent  soixante  leschés  qui, 
à  Athènes,  correspondaient  à  autant  de  yévY|2.  D’autre 
part,  1  organisation  de  la  famille  primitive  avait  reçu,  à 
Athènes  et  ailleurs,  la  sanction  du  dieu  de  Delphes  qui 
n  est  pas  simplement  le  dieu  Troxpipcç,  mais  qui  est  aussi, 
au  témoignage  de  Plutarque3  et  de  Cléanthe  *,  Apollon 
ÀsxyiqvGptoç Enfin,  le  fait  qu’à  Delphes  la  lesché  des 
Cnidiens  s’élève  dans  le  voisinage  du  tombeau  deNéopto- 
lème  qu  elle  domine  peut  ne  pas  être  une  simple  coïn¬ 
cidence,  mais  témoigner  encore  que  l’inscription  de 
Rhodes  donne  réellement  la  meilleure  indication  sur 
l'origine  lointaine  de  cette  sorte  d’édifice. 

Homère  et  Hésiode  emploient  le  motdans  deux  passages 
très  analogues  :  dans  les  deux  cas  fi,  le  poète  renvoie  à 
la  lesché  ou  a  1  atelier  du  forgeron  les  vauriens  qui  ne 
■veulent  pas  travailler,  mais  qui  désirent  se  chauffer  et 
perdre  leur  temps  en  bavardages.  Ce  n’est  pas  un  en¬ 
droit  recommandable,  c’est  le  rendez-vous  des  mendiants 
qui  y  passent  la  nuit.  De  cette  indication  que  donnaient 
les  textes  poétiques,  scholiastes  et  lexicographes  ont  tiré 
leurs  définitions  et  leurs  commentaires  :  ils  ne  les  ont 
malheureusement  pas  assez  complétés  par  ce  qu’ils 
connaissaient  des  leschés  réellement  existantes. 

Aucun  ne  donne  de  détails  précis  sur  la  forme  du  bâti¬ 
ment.  Quelques-uns  se  contentent  de  l’expression 
vague  oïjgôfftoç  tcttoç  7,  mais  d’autres  l’appellent  o’ixia  ou 
oVxYjgx  8  ;  ce  qui  parait  interdire  par  avance  toute 
confusion  avec  l’exèdre,  malgré  le  texte  de  Cléanthe9 
qui  désigne  les  deux  sortes  d’édifices  comme  sem¬ 
blables  lune  .a  l’autre  :  êÇsopactç  ogotoeç  yivsaéai.  Le 
rapprochement  ne  porte  que  sur  la  destination  pres¬ 
que  identique  des  deux  bâtiments.  Et  de  même  la  lesché 
doit  être  distinguée  du  portique.  Eustathe  a  beau 
expliquer  le  mot  qu’il  trouvait  dans  YOdyssée  par 
àOûpojTov  oixyga,  et  quelques-uns  des  archéologues, 
même  parmi  les  plus  récents,  qui  ont  tenté  de  res¬ 
taurer  la  lesché  des  Cnidiens  à  Delphes,  ont  eu  beau 
la  représenter  comme  un  portique  à  colonnades  ouvert 
sur  un  côté10;  deux  textes  qui  se  rapportent  précisément 
à  la  lesché  delphique  devaient,  semble-t-il,  mettre  en 
garde  contre  cette  identification.  Plutarque  parle11 
expressément  des  portes  de  l’édifice  et  Pline,  rappelant 
les  peintures  dont  Polygnote  l’avait  décoré,  appelle12  le 
monument  aedes ,  tandis  qu’il  réserve  tout  aussitôt  le 
mot  porticus  pour  la  Pœcile.  La  fouille  a  d’ailleurs  donné 
raison  à  Pline  et  à  Plutarque,  ainsi  qu’à  Pausanias,  qui 
entendait  évidemment  par  o’ixYjgx  un  bâtiment  fermé. 

Il  est  aisé  de  discerner  d’où  provient  la  glose 
d’Eustathe:  elle  aussi,  c’est  le  contexte  qui  l’a  fournie. 

1  Scholia  ad  Besiodwm,  éd.  Gaisford,  Leipzig,  1823  :  scholie  relative  au  passage 
des  Travaux  qui  sera  rappelé  plus  loin.  —  2  Harpocr.  s.  v.  rewijTai;  Schol. 
Patin.  Bull.  corr.  hell.  I,  p.  152.  —  3  De  E  apud  Delplios,  2,  p.  385  c. 

—  *  IL  JL  ôsuîv,  cité  par  Harpocr.  et  Suid.  :  cf.  Cormitus,  De  nat.  deor.  32. 

—  3  Cf.  le  mois  Asirxavôçtoç  en  Thessalie,  Leipz.  Stud.  Vil,  p.  319,  et  à 
Gortyne,  Mon.  dei  Lincei,  I,  p.  40.  —  6  Od.  XVIII,  329;  Hes.  Op.  et  D.  491,  499. 

—  7  Harpocr.  Suid.  Hesycli.  s.  v.  —  »  Etym.  M.  Iv  tscTç  olxtatç  tkùtsci;  (éd.  Gaisford, 
cod.  Havn.  Sï^offtov  ouïjjxa)  ;  cf.  Pausan.  I.  I.  ;  Schol.  Odyss.  XVIII,  329.  —  9  Ap. 
Harpocr.  ;  cf.  Suid.  —  10  Schreiber  et  Weizslicker  (cf.  infra).  Voir  au  contraire 
C.  Robert,  Pie  Marathonschlacht ,  p.  107-108.  —  11  De  def.  orac.  0,  p.  412  d. 


Le  rapprochement  qui  est  fait  par  Homère  et  \u  - 
la  lesché  avec  l’atelier  du  forgeron  a  suggéré  .T01*6  de 
mentateurs  une  confusion  à  peu  près  complète8'!!  f,0®' 
avec  l’autre.  Tzetzès  annotant  Hésiode  va  jusqu'à  (r  U”e 
«  autrefois  les  ateliers  de  forge  et  tous  les  ateHc'-  V 
y  a  du  feu  n’avaient  pas  de  porte  et  on  les  appelai  ^ 
aussi,  des  liayju  parce  que  les  pauvres,  surtout  en  l  ’  ^ 
y  entraient  pour  se  chauffer  et  y  entrelaçaient  i'^’ 
bavardages  ».  Sans  parler  de  l’étymologie  popj^ 
qui  est,  ici  encore,  sous-entendue,  on  voit  comLin 
serait  dangereux  de  prendre  ces  assimilations  au  sérieu  I 
et  d’en  tirer  une  conclusion  précise  pour  la  formeT 
l’aménagement  de  la  lesché.  Aussi  bien  que  la  question 
des  portes,  celle  du  chauffage  intérieur  n’est  pas  résolue 
définitivement  par  les  scholiastes.  L’expression  2 
Proclus  attribue  à  Néoptolémos  de  Parion,  ovop-  aÙXï„-  U 
fl  011  le  mot  de  Suidas,  rcao  ’  ‘Hmrôw  x^-voç!  ^ 

sont,  comme  le  passage  de  Tzetzès  et  les  articles  de 
quelques  lexicographes  u,  qu’une  interprétation  du  texte 
poétique.  On  peut  volontiers  admettre,  par  analogie  avec 
celle  de  Delphes,  que  le  bâtiment  donnait  en  général  sur 
une  terrasse  au  midi,  bien  exposée,  et  imaginer  que, 
l’hiver,  des  réchauds  y  étaient  disposés.  Mais  cela  né 
suffirait  pas  à  faire  distinguer  la  lesché  d’une  salle  de 
réunion  quelconque  ou  même  d’une  maison  particulière.* 
Il  est  du  moins  un  point  où  les  textes  sont  précise! 
tous  d’accord  :  c’est  sur  la  question  de  savoir  à  quoi 
servaient  les  leschés.  Pausanias  n’est  pas  seul  à  dire 
que,  1  accès  en  étant  permis  à  tous,  si  les  mendiants 
y  venaient  coucher  la  nuit,  les  paresseux  trouvaient 
nombreuse  compagnie  pour  y  bavarder  le  jour.  Des 
personnes  plus  recommandables  s’y  reposaient  de  leurs 
travaux  en  causant16  et  des  maîtres  de  philosophie  y 
instruisaient  leurs  disciples16.  Plutarque  a  placé  dans  la 
lesché  de  Delphes  la  scène  d’un  dialogue11.  Les  interlo¬ 
cuteurs  s’asseyaient 18  sur  des  bancs,  les  mêmes  évidem¬ 
ment  qui  servaient  de  lit  aux  hôtes  nocturnes.  Diviser 
en  effet  les  leschés  en  deux  catégories  i9,  admettre  que 
les  riches  et  les  gens  du  bel  air,  les  philosophes  et  les 
rhéteurs  n’auraient  pas  voulu  se  rencontrer  dans  h 
salle  commune  où  les  pauvres  trouvaient  un  refuge,  ce 
n’est  pas  seulement  forcer  l’interprétation  d’un  texte-, 
c’est  ne  pas  tenir  compte  du  mot  oYigocto?  qui  revient  chez 
tous  les  auteurs  et  c’est  même  ne  pas  se  faire  une  idée 
exacte  de  la  vie  antique.  Les  Grecs  ne  pensaient  guère  a 
des  distinctions  de  cette  sorte,  quand  ils  étaient  assuies  1 
de  trouver  toujours  dans  leurs  monuments  publics  et  en 
particulier  à  la  lesché,  comme  à  un  rendez-vous,  des 
compagnons  de  flânerie  et  de  longs  entretiens. 

C’est  ce  qui  explique  que  le  mot  soit  si  vite  de\en,lJ" 
simple  synonyme  de  ôgtXia  et  même  de  »Xua?ta.  I 
tragiques  s’en  servent  ainsi21,  et  les  dérives  1  js 
composés  Xsff/aÇco,  Xsc^âpa,  Xe<7_7|V6ur rjç,  àocX^Z/é  | 
attestent  tous,  en  même  temps  que  l’étymologie  h"  ^ 
de  Xéyw,  l’emploi  plus  fréquent  du  mot  au  sens  al>> 1 


cités,  noie  I  • 


U  Par 


—  12  XXXV,  59.  —  13  Dans  les  Scholia  ad  Hesiodum  déjà  ,‘u‘;  Epu]r- 

CX..  Etym.  AI.  S.  iSo'Xea^tcc...  h  5  icuçxa ïd.ç  icoiouvxeç.  1  ’  a  V. 

Wilam.  ;  Suid.  Harpocr.  s.  v.  :  pgoXi jv  ayovxe;  exaOéÇov-co  «oXXot  ,  c  •  £?Jî*«v 

—  16  Suidas  et  Pholius,  s.  v.,  citant  Hiéroclès,  «ïnXoffooo ^  ^  Suid* 

aOooiÇcqjiEvoi  ©iXo<ro©eïv  ;  cf.  Diog.  Lacrt.  II,  4,  5.  ^L/‘ .  14-9,  ?’ 

Ilarpocr.  I.  I.  —  19  Cf.  Dragoumis,  Athcn.  Alitth.  XV  >  P*  ^  ^0w/}a' 

—  20  Ce  sont  les  mots  totcov  eT/ov  àicoxexwçurjAévov,  Etym.  AI.  9  ^  101* 

—  21  Sopli.  Oed.  Col.  167;  Anlig.  ICO;  Eurip.  Hipp .  384 1  iP. xh  »*«T ïW 

—  22  Thésaurus ,  s.  vv.  Voir  surtout  Etym.  AI.  Tto'/kç ^ 

ù)[AtXoi>V. 


LES 


—  1105  — 


LES 


K  ,  uire  indication  est  ajoutée  par  VEtymologicum 
■  Une  .1"  ^  ^  Bq[wto?,  TJC  XO[Vi  ôeiTrvrjTTjpioc,  et  elle  se 
Mdijiuiin  ■  Hésychius  à  peu  près  dans  les  mêmes 
reLr0UVI  |11oins  la  mention  de  la  Béotie.  Il  semble  qu’il 
tC!mp  impossible  d’amplifier  à  ce  point  et  sans  raison 
iU  ll'les  données  des  textes  poétiques.  Tout  au  plus 
Bf  . nil-on  penser  que  le  souvenir  d’Hésiode,  se  confon- 
hnl  avec  une  notion  précise  et  tirée  de  renseignements 
■Tacts  a  amené  l’auteur  de  VEtymologicum  àrestreindre 
KLaphiquement  Sà  définition.  Un  passage  deCratinus, 
Ké  par  Athénée1,  vante  les  mets  que  l’on  mangeait 
dans  lès  leschés  et  rappelle  tout  auprès  le  repas  Spartiate 
qu’on  appelait  x.cuîç.  D’autre  part,  si  1  on  admet  les  rap¬ 
ports  signalés  plus  haut  entre  la  lesché  primitive  et  la 
vie  des  yévt,,  il  est  naturel  de  croire  que  les  repas  en 
commun,  aux  jours  de  fête,  avaient  lieu  dans  la  lesché. 

Une  inscription,  le  contrat  de  louage  d’Aixoné  2,  nous 
apprend  encore  que  les  actes  qui  intéressaient  les 
démotes  pouvaient  être  portés  à  leur  connaissance  dans 
la  lesché  du  dème  :  il  est  spécifié,  1.  23,  qu’un  exem¬ 
plaire  de  ce  contrat  y  sera  déposé. 

Enfin  il  est  permis  de  supposer,  bien  qu’aucun  texte  ne 
le  prouve  formellement  et  que  le  plan  de  la  lesché 
delphique  ne  donne  aucune  indication  de  cette  nature, 
qu’un  autel  était  en  général  dressé  dans  les  leschés  en 
l’honneur  du  dieu  auquel  elles  étaient  consacrées, 
Apollon  Ae'rrqvdpioç  3. 

On  trouve  chez  les  anciens  peu  de  monuments  qui 
soient  expressément  désignés  par  eux  comme  des  leschés. 
Pour  Sparte,  nous  en  connaissons  trois,  à  moins  que 
celle  dont  parle  Plutarque4  ne  se  confonde  avec  l’une 
des  deux  que  cite  Pausanias5  :  le  texte  de  Cratinus  qui 
a  été  rappelé  plus  haut  prouve  que  le  mot  y  était  em¬ 
ployé  couramment,  mais  non  pas  qu’il  y  ait  eu  plus  de 
trois  édifices  de  ce  nom.  Plutarque  encore  cite 6  à  Chalcis 
la  Xeuy-q  àxgalwv.  S’il  fallait  admettre  le  témoignage  de 
Proclus  déjà  mentionné,  il  y  aurait  eu  en  Attique  trois 
cent  soixante  leschés  :  Bœckh  avait  raison  de  faire  remar- 
quer  qu  on  ne  devait  pas  y  compter  celle  du  dème 
;  dAixoné.Au  contraire,  ce  serait  probablement  l’une  d’elles 
[quel  on  serait  autorisé  à  reconnaître  dans  celle  quel’Insti- 
tut  allemand  a  mise  au  jour  entre  l’aréopage  et  la  Pnyx 8. 

[  nfin,  pour  Delphes,  la  lesché  que  les  peintures  de  Poly- 
bUoli  axaient  rendue  célèbre  était  connue  avant  les 
p,  '  -M1  ^a  description  de  Pausanias9,  le  dialogue  de 

1  marque  et  un  passage  de  Lucien10. 

[assez  ^'r'  °'1’  ^CS  ^exp3s  fournissent  des  données  de  valeur 
[sont2  ,UUSe'  sur  ^a  destination  de  ces  édifices,  ils 

.fornieM  a  î  '  a^0n^ants’  ceux  fiui  désignent  en  termes 
rpn  • S  °  <l fuient  comme  une  lesché  sont  rares  :  le 

ces  „:rmCnt  d<?  Proclus  Provient  peut-être  d’une  de 
et  le  nom10'18  °n  raPPelait  plus  haut,  entre  la  lesché 
nonunémo^t"  p,lrexemPle-  S’il  n’y  a  pas  plus  de  leschés 
rLllerneui11  !  °Crites’  c  est  sans  doute  qu’il  n’y  en  avait 
pus  davantage,  et  si  l’examen  des  textes  ne 

f 1  P*  ^38  e.  —  2 

3  Cleanth.  ap.  Harpocr.  et  Suid. 


•  4  V.  Lvc  \ n  ’  ?,?■  inscr-  attAl’  U>55. 


XVII 

la 


Quaest. 
»  P.  91, 


(/raec.  33.  —  7  A  a  rn,  ■ 

».  «i.v.;  AdCo^-î: 


r- 154  ;  XIX 


a'/y\  xgoxotvàiv,  et  III,  15,8:  ^éo-ÿrv)  xaAoupiÉvv]  IIotxGiY], 
inscr.  gr.  93,  I,  p.  133.  —  8  Athen.  Mitlh. 


r.r°ul6  S“i  traverse  Ja  foi  flL147’  Pr’XIV;  XX’  p1’ lv'  0n  n  a  Pu  dégager,  à  cause  de 

13 f  identifier  :  Hdooc  cx^r(-‘mdc  du  bâtiment  que  deux  bornes  ont  per- 

**|.Ua  inSCT'  aU' 1V’  *• 1074e-  - 9  X’  du  début'du  cliap. 

■'  "  "  ini'iil  du  sac  dc  T  ‘  ’  Cf'  cn  0Hli'e,au  sujet  des  peinlures,  et  parti- 

1’-  448  i -  ti,.  .  lro,ci  Plnloslr.  V  ArniMnn  VI  j  i  a/t  c  1  i  ui  i  /-• 

>  Uieimstius  nr  Yvviii  ,  Aponon.  VI,  11,  G4,;  bchol.  Plat.  Gorg. 

"s  propres  de  Pape- Bons  ]  \  *  cst  é*,snné  de  trouver  dans  le  Dict.  des 

1  ’  '  -a  mention  dune  losclié  à  Cnide  :  c'est  une 


donne  à  propos  de  la  forme  des  leschés,  comme  on  l’a  vu, 
que  des  résultats  négatifs,  c’est  que  le  nom,  jusqu’au 
11e  siècle  après  J.-C.  au  moins,  suffisait  à  rappeler  tel 
édifice  particulier.  Puisque  les  scholies  et  les  articles  de 
lexique,  complétés  par  quelques  mots  épars  chez  les 
auteurs  littéraires,  laissent  du  moins  entrevoir  ce  que  la 
lesché  n’était  pas,  il  semble  que  l’on  doive  s’y  tenir,  et  se 
garder  de  toute  identification  arbitraire.  Si  l’on  voulait 
en  effet  étendre  le  mot  à  toute  salle,  ouverte  ou  non, 
dclns  laquelle  les  oisifs  pouvaient  converser  à  l’aise,  il 
faudrait  faire  rentrer  dans  cette  étude,  outre  les  exèdres 
et  les  portiques,  la  Schola  Romanorum  et  le  «  passage 
sacré  »  de  Délos,  tous  les  locaux  où  se  réunissaient  les 
associations  religieuses,  toutes  les  salles  voisines  d  une 
palestre  11  ou  en  bordure  sur  une  agora,  comme  la  patr-q 
et  l’exèdre  d’Épigoné  à  Mantinée.  Quand  on  était  obligé 
de  s’arrêter  au  point  où  nous  sommes  arrivé  maintenant, 
il  était  naturel  et  peut-être  légitime  de  donner  au  mot 
cette  extension.  Schubart  disait12  que  Xe^/'q  désigne  le 
but  et  l’usage  bien  plus  que  la  forme  du  monument.  La 
restauration  de  Lenormant,  qui  supposait  une  salle  ellip¬ 
tique13,  était  improbable,  mais  elle  n’avait  en  soi  et 
a  priori  rien  d’absurde.  Maintenant  que  l’on  connaît  la 
lesché  de  Delphes,  c’est-à-dire  un  bâtiment  rectangulaire 
à  murs  pleins,  communiquant  par  une  porte  unique, 
ouverte  sur  un  des  longs  côtés,  avec  une  terrasse  qui 
s’étend  au-devant  de  lui,  on  a  quelque  peine  à  ne  pas 
restituer  sur  un  plan  analogue  les  autres  leschés.  Il  est 
sans  doute  téméraire  d’affirmer  que  celle  de  Delphes  a 
été  un  modèle  unique,  que  l’une  quelconque  des  leschés 
proprement  désignées  plus  haut  comme  telles  était  de 
tout  point  semblable,  sauf  pour  la  décoration  murale  (et 
encore  y  avait-il  une  Xsuy-q  notxtX-q  à  Sparte),  à  la  lesché 
des  Cnidiens.  Il  semble  pourtant,  quand  on  rapproche 
des  textes  l’unique  lesché  dont  on  ait  retrouvé  les  dispo¬ 
sitions  essentielles,  que  l’on  ne  soit  pas  autorisé,  pour 
supprimer  la  difficulté,  à  ramener  à  des  types  déjà 
connus  un  édifice  qui  devait  avoir  ses  caractères  propres. 
Ou  bien  il  faut  rester  dans  le  vague,  se  contenter  de 
répéter  avec  Hésychius  tôttgç  àXssivôç,  avec  d’autres  lexi¬ 
cographes  simplement  tôttoç  ti;  ;  ou  bien  il  faut  admettre 
jusqu’à  des  découvertes  nouvelles  que  la  lesché  de 
Delphes  nous  donne  vraiment  la  plus  complète  idée  de 
ce  qu’ont  été  les  autres. 

La  lesché  que  les  Cnidiens  avaient  dédiée  au  dieu  de 
Delphes  dans  la  première  moitié  du  v°  siècle 14  a  été  décou¬ 
verte  en  1895  (fi g.  4437) 18 .  Elle  est  dans  la  partie  la  plus  éle¬ 
vée  du  sanctuaire,  près  de  l’angle  N.-E.,  et  appuyée  contre 
le  mur  qui  ferme  au  N.  le  téménos  d’Apollon  La  terrassé 
sur  laquelle  elle  se  dressait  était  soutenue  par  un  très 
beau  mur,  bâti  lui  aussi  par  les  habitants  de  Cnide10. 
Après  le  Trésor  si  brillant  et  si  riche  qu’ils  avaient  offert 
à  Apollon,  cet  édifice  avec  sa  décoration  complétait  un 
ensemble  d’offrandes  dignes  de  leur  prétention  à  s’iden¬ 
tifier  avec  les  prêtres  crétois  de  l’hymne  homérique  ;  ils 

oonfusion  née  du  De  clef.  orac.  1. 1.  où  il  n‘cst  question  que  de  la  lesché  des  Cnidiens 
à  Delphes.  —  El  Dragoumis  l.  Z.,  rapprochant  le  passage  du  De  def.  orac.  des  quel¬ 
ques  mots  de  Vitruve,  admet  presque  cette  identification  de  la  lesché  et  de  la  palestre. 

—  12  Zeitschr.  f.  Alterthiunswissenschaft,  1855,  p.  395  ;  cf.  Neue  Jahr bûcher,  187^, 
p.  174.  —  13  Cf.  Neue  Jahr  bûcher }  1865,  p.  031  sqq.,  et  Roulez,  Bull,  de  VAcad. 
des  Sc.  de  Bruxelles ,  1863,  p.  110-115.  —  l'**  Avant  447  :  Wilamowitz,  Homcr. 
Untersuch.  p.  223,  note  ;  cf.  C.  Robert,  Nckyia ,  p.  76.  —  15  D’après  ün  croquis 
obligeamment  communiqué  par  M.  Tournaire,  architecte  des  fouilles  de  Delphes. 

—  16  L’inscription  qui  dédie  r«vâ>,ajx[i.«  au  dieu  a  été  publiée,  Bull  corr.  hell.  XX, 
p.  636. 


LES 


1106  — 


LES 


affirmaient  ains.  les  rapports  étroits  qu’ils  devaient  avoir 
entretenus  avec  Delphes,  comme  membres  de  la  noblesse 
donenne,  depuis  la  plus  haute  antiquité 
Il  ne  reste  que  les  fondations  des  quatre  murailles  : 
lis  long*  «ôtes  N.  et  S.  ont  près  de  19  mètres,  les 
iiu\  petits  cotes  ont  plus  de  9  mètres  et  demi.  Les 
aces  E.  et  O.  sont  bordées  elles-mêmes  sur  presque 
toute  leur  longueur  par  deux  murailles  parallèles  qui 
Mennent  a  la  lois  comme  murs  de  protection  et  comme 
lefons,  jusqu’à  1  enceinte  du  sanctuaire.  La  lesché  ne 
pouvait  donc  avoir  de  porte  que  sur  le  long  côté  du  sud 


et  ouvrant  sur  la  terrasse  étroite  (moins  de  3  -, 
s’étend  parallèlement  à  ce  côté.  '  UU‘tres)  qui 

C’était  une  salle  rectangulaire,  qui  recevait  h 
une  ouverture  pratiquée  dans  le  toit.  Quatre  dés  |J°Urpar 
formant  un  carré  de  4“,S0  de  côté,  ont  été  r.q,*  ° pn>,'re' 
place  dans  la  moitié  E.  du  monument  •  q 
évidemment  quatre  autres  à  l’O.,  et  comme  ^ ^  ^ 
restent  portent  sur  la  face  supérieure  un  trou  d’ ^  ^ 
ment  étroit  et  profond,  il  est  certain  que 
supportaient  autant  de  piliers  en  bois  oui  qnilf  dé* 
eux-mêmes  le  toit.  0utenai« 


L  une  au  nioins  des  questions  qui  se  posaient  au  sujet 
de  la  lesché  delphique  est  donc  résolue.  La  forme  et  les 
cléments  essentiels  en  sont  indiqués  par  le  plan  de  l’état 
aeluel1.  Mais  sur  une  autre  question,  de  beaucoup  la 
plus  importante  pour  l’histoire  de  l’art,  celle  de  la  déco¬ 
ration  murale,  les  fouilles  n’ont  donné,  elles  aussi,  que  des 
résultats  négatifs.  Il  ne  reste  rien  des  murs  en  tuf  recou¬ 
vert  de  stuc  que  Polygnote  avait  décorés  de  deux  grands 
sujets.  La  connaissance  du  plan  ne  résout  même  pas 
d  une  manière  définitive  la  difficulté  relative  à  la  dispo¬ 
sition  des  peintures.  Il  est  impossible  qu’elles  aient 
couvert  seulement  les  deux  petites  faces  de  l’édifice, 
impossible  encore  qu’elles  ne  se  soient  étendues,  l’une 
faisant  suite  à  1  autre,  que  sur  le  mur  du  fond.  Pausanias 
dit  que  le  commencement  des  deux  compositions  était 
immédiatement  a’  l’entrée,  à  droite  et  à  gauche  de 
la  porte.  M.  Homolle2,  qui  a  le  premier  décrit  la  lesché 


de  Delphes,  ajoute  :  «  Los  peintures  se  prolongeaient  sur 
les  deux  parois  latérales,  elles  se  retournaient  sur  K1 
mur  du  fond.  Il  ne  serait  pas  impossible  de  découvrir 
dans  Pausanias  cette  division  ternaire  ».  Ce  n’est  pas  lu 
lieu  d’insister  sur  cette  indication  qui  sera  sans  doute 
développée,  et  dont  il  est  assez  aisé,  du  moins  pour  lu 
Nekyia,  de  vérifier  la  vraisemblance. 

Le  problème  des  peintures  de  Polygnote  a  été  traité 
souvent  depuis  un  siècle  et  demi.  A  chaque  progrès  d* 

1  archéologie  a  répondu  un  nouvel  essai  de  restitution. 
Aussi,  parmi  ces  très  nombreuses  tentatives 3,  la  plulial  1 
n  ont-elles  aujourd’hui  d’intérêt  que  pour  l’historien  d 
1  archéologie.  Mais  quelques-unes  des  plus  récentes  o11 
conservé  et  garderont  longtemps  toute  leur  valeur  pai  a 
science  et  aussi  le  goût  avec  lesquels  les  éléments  n< 1  ° 
saires,  de  plus  en  plus  abondants  chaque  jour,  ont  C 
mis  en  œuvre  :  il  faut  citer  au  premier  rang  les 


5  On  trouvera  les  principales  énumérées  en  note 


la  fin  de  cet  article. 


1  Bull.  corr.  hell.  XXI,  pl. 


XVII. 


—  2  Bull.  corr.  hell.  XX,  p.  637-639. 


LES 


—  1107 


LEX 


berl-  Lc  point  de  départ  est  la  description  com- 
deM'  )r”cise  qUe  Pausanias  a  donnée  des  deux  compo- 

Pîè'leC  En  étudiant  jusque  dansle  détail  leplus minutieux 

SlUOnS.|i  Uns  chapitres,  onarrive à  reconstituer  l’ensemble 
’qU<  '  mais  il  faut  constamment  recourir  à  des 


ces 


des  peintures  ; 


œuvres 


s  d’art  conservées 


et  surtout  aux  chefs-d’œuvre  de 


industriel,  aux  peintures  de  vases  qui  sont  comme  un 
ITfjeUk'  la  grande  Peinlure  décorative.  Ainsi  la  décou¬ 
verte  du  cratère  à  figures  rouges  d’Orviéto  et  du  cratère 
L  Bologne1  a  fait  beaucoup  mieux  connaître  l’art  de 
Polyouote.  La  plastique,  elle  aussi,  a  subi  l’influence  d’un 
K  maître  et  M.  Benndorf,  en  étudiant  les  frises  de  l’hé- 
roon  de  Gjœlbachi,  a  montré  quel  parti  on  pouvait  tirer 
des  sculptures  pour  la  restitution  des  peintures  clel- 
pliiques.  Vases  et  reliefs  sont  les  guides  dont  on  ne  peut 
Se  passer  dès  qu’on  veut  tenter  cette  restitution,  la 
réaliser  en  une  image  concrète  2,  et  non  pas  seulement 
dessiner  les  détails  de  telle  ou  telle  figure,  mais 
faire  comprendre  et  voir  la  manière  même  dont  tous 
ces  nombreux  personnages  étaient  représentés  et 
groupés. 

Les  figures  que  Pausanias  a  énumérées  étaient  repré¬ 
sentées  à  peu  près  en  grandeur  naturelle  et  groupées, 
sans  souci  des  lois  de  la  perspective,  les  unes  au-dessus 
des  autres.  Il  est  difficile  d’admettre,  comme  dans  toute 
une  série  d’essais  antérieurs,  deux  registres  superposés, 
deux  zones  de  personnages.  Ce  qui  est  plus  vraisemblable, 
c’est  que  quelques  figures  de  l’arrière-plan  n’étaient  pas 
vues  tout  entières,  que  des  plis  de  terrain  en  cachaient  la 
partie  inférieure.  Les  accidents  du  terrain  étaient  indi¬ 
qués  par  des  lignes  ondulées,  montantes  et  descendantes. 
Le  fond  était  blanc,  et  les  tons  employés  paraissent  avoir 
été  surtout  le  noir  et  le  blanc,  le  rouge  et  le  jaune 
comme  couleurs  fondamentales,  avec  du  vert  et  une  cer¬ 
taine  espèce  de  bleu  comme  couleurs  mêlées.  Voilà  les 
éléments  avec  lesquels  on  peut  imaginer,  sur  le  stuc  qui 
recouvrait  les  murs  en  tuf  de  la  lesché,  les  deux  compo¬ 
sitions  qui  rappelaient  à  l’esprit  des  Grecs  leurs  tradi¬ 
tions  poétiques  les  plus  connues,  l’une,  les  Enfers,  le 
plus  célèbre  épisode  de  V Odyssée  ;  l’autre,  le  sac  de 
Troie,  toute  l'Iliade.  Le  champ  reste  encore  ouvert  aux 
hypothèses  et  aux  nouveaux  essais  de  restitution  :  il 
est  seulement  un  peu  plus  circonscrit.  Émile  Bourguet. 

iKnltcs  vases  où  l'influence  de  Polygnotc  estvisiblc  :  Robert,  Nekyia,  p.  43-44. 
planches  jointes  aux  deux  mémoires  de  M.  Robert  ont  été  reproduites, 
P  300^1^  ^  dans  1  édition  anglaise  de  Pausanias  par  M.  Frazer,  t.  V, 

.  ~  Bibliographie  (restitution  des  peintures).  Comte  de  Caylus, 

l'Arti  i  î  7  l^eUX  ^a^eaux  de  Polygnote ,  donnée  par  Pausanias  ( Hist .  de 
Mmée  d  P?  et  D"L •  XXV"’  1757’  B-  34  «N-;  F.  et  J.  Riepenhausen, 
dans  les  wT  ° ^!/n0t  ^ er  Lesche  zu  Delphi,  1805  (prise  d'Ilion;  reproduite 

les  Amis  des  Th  «  1888’  P''  XI’  2b  Eil  1,<5Ponso’  Projet  de  restitution  par 

^ncrVorkn^m1°TV(!eraer  ZeitunO>  1805’  reProduiL  dans  les 

à  Delphes  18  >r  r  ’P1-  x,  2)  :  F.  et  J.  Riepenhausen,  Peintures  de  Polygnote 
Mmdh’nnen  ri-  TT*1"1’  ?ielcr  Phil°k  S  Indien,  1841,  p.  81  sqq.  ;  Welcker, 
1850,  p.  4iq  s-,  w  m‘  ^  P-  81  sqq.  ;  Overbeck,  Rliein.  Muséum, 

p.44’sqq. p  103  T,  '  .a"'*ss  Muséum  of  classical  antiquities ,  I,  1851, 

Ch.  Lenormant  lié  ‘  1  liubarl,  Zeitschrift  fur  Alterthumswissenschaft,  1855-56  ; 
fasché  de  Delphes  "ÿ"  6  W  ^es^ntures  Que  Polygnote  avait  exécutées  dans  la 
Scliubarl,  Neue  J  '/  4834  ’  Blümner,  Rhein.  Muséum,  1871,  p.  354  sqq.  ; 

Qfn  ühle  des  Potu  il  '/Cle>  ’  487”’  P'  173  sqq.  ;  Gebbardt,  Die  1 Composition  der 
P-  815  sqq.  |  Bennd  '  f  ^escke  zu  Pe^pki,  1872;  Neue  Jahrbücher,  1873, 

P'  137  sqq,;  q  Ilnbci.'i  v ener  4  °vlegebl.  1888  ;  P.  Girard,  La  peinture  antique, 
Hall.  Wnckelmann  ''  ’  "  ,  Winckelmannsprogr.  Nekyia,  1892;  XVI I 

^aralhonschlacht  7°^ P^er5‘s'  1893;  XVIII Hall.  Winckelmannsprogr. 
|,;t87sqq.;SchrcibeTV,t'eWem  Pol'M/not-  1895  1  SchOne,  Jahrbucli,  1893, 
^er  k.  saechs  Geseli  esjsc7i'  “A  fUr  Overbeck,  1893,  p.  184  sqq.  ;  Abhandlungcn 
GL:LtZwTeTh9en’ xvn- 1897’  p-  1  sqq.  ;  P.  Weiz- 
189jl  Bharmakoyvski  ÂT  7  ™  ^er  Pescke  ^ er  dCnidier  in  Delphi,  Stuttgart, 
esche  des  Cnidiens  à  Delphes  (en  russe),  dans  le 


LEUCATIIEA  (AsuxâQea).  —  Fêtes  célébrées,  dans  la 
ville  de  Téos  en  Lydie,  en  l’honneur  d’Ino-Leucothéa. 
On  a  vu,  aux  articles  inacuia  et  ino-leucothea  (p.  526-527), 
l’énumération  des  différentes  fêtes  en  l’honneur  de  la 
même  déesse,  célébrées  dans  un  grand  nombre  de  villes 
grecques  sous  différents  noms  ;  celui  de  As-jxaôea  n’est 
attesté  que  pour  Téos,  dans  un  décret  de  la  symmorie 
des  Échinades,  qui  honore  ses  bienfaiteurs  et  ordonne  la 
proclamation  d’une  couronne  lors  de  la  célébration  de  la 
fête1,  sur  laquelle  nous  n’avons  d’ailleurs  aucun  détail 
particulier.  Le  calendrier  de  Chios  comprenait  un  mois 
AsuxaOeoiv 2,  celui  de  Lampsaque  un  mois  Aeuxa 9unv3, 
qui  permettent  de  supposer  dans  ces  deux  villes  une  fête 
du  même  nom.  F.  Durrbach. 

LEUCOTIIEA  [ino-leucotuea]. 

LEUGA,  LEUCA.  —  Mesure  itinéraire  en  usage  en 
Gaule,  et  que  l’on  trouve  marquée  jusqu’en  Germanie 
sur  des  milliaires  [milliaricm]. 

LEX.  —  Dans  son  acception  la  plus  générale,  le  mot 
lex1  désigne  un  engagement  pris  soit  par  les  citoyens 
romains  les  uns  envers  les  autres,  sur  la  proposition 
d’un  magistrat,  soit  par  un  citoyen  envers  un  autre. 
Dans  le  premier  cas,  la  lex  est  publica  ;  dans  le  second,  elle 
est privata.  L’emploi  du  mot  lex  pour  les  contrats  comme 
pour  les  lois  prouve  que  dans  la  pensée  des  Romains  la 
lex  a  son  fondement  dans  un  accord  de  volontés  ;  mais 
dans  la  lex  publica  elle  oblige  tous  les  citoyens,  dans  la 
lex  privata  seulement  ceux  qui  y  ont  pris  part. 

Le  mot  lex  a  d’autres  acceptions.  Dans  un  sens  très 
large,  il  désigne  toute  décision  imposée  par  l’autorité 
compétente  dans  les  limites  de  ses  attributions,  les  dis¬ 
positions  contenues  dans  l’édit  du  Préteur  '2,  aussi  bien 
que  les  règles  introduites  par  la  jurisprudence  ( legum 
auctores)3.  Dans  un  sens  plus  étroit,  lex  désigne  le  droit 
civil  par  opposition  au  droit  prétorien.  Le  droit  civil  com¬ 
prend  ici  non  seulement  la  loi  ou  le  plébiscite*,  mais  aussi 
les  sénatus-consultes  R  et  les  constitutions  impériales6. 
Très  souvent  la  lex  est  une  clause  spéciale  d’un 
acte  juridique  ( mancipium ,  venditio,  locatio ),  ou  de 
certains  actes  religieux  ( augurium  \  foedera  8).  Au 
Bas-Empire,  lex  désigne  £oit  des  préceptes  de  la  religion 
chrétienne  9  ou  juive  f0,  soit  le  corps  des  doctrines 
juridiques  11 . 

Journal  de  l'Institut  russe  d’archéologie  à  Constantinople,  IV,  1899. 

LEUCATIIEA.  1  Corp.  inscr.  gr.  3066  =  Cb.  Michel,  Recueil  d'inscr.  yr. 
n°  1007,  1.  25-26  ;  cf.  Schefflcr,  De  rebus  Teiorum,  p.  40  sq.  —  2  Bull,  de  corr. 
hell.  III  (1879),  p.  244,  1.  25.  —  3  Corp.  inscr.  gr.  3640  b,  add.  1.  7  ;  BischolT,  De 
fastis  Graec.  antiq.  p.  398  sq. 

LEX.  1  Les  philologues  discutent  sur  l'étymologie  du  mot  lex  :  d'après  Brcal 
[Dictionnaire  ètymol.  latin,  lex  est  avec  legere,  au  sens  de  lire,  dans  le  meme 
rapport  que  rex  avec  regere,  de  sorte  que  lex,  c’est  la  lecture.  Mommsen,  au  con¬ 
traire,  rapproche  lex  de  legare,  douuer  maudat.  Cf.  J.  Schmidt  cité  par  Monnnscu, 
Rom.  Staatsrecht,  t.  III,  p.  310,  Irad.  I.  VI,  1,  p.  351,  n.  2;  Teichmüller,  Neue  Studien 
zur  Geschichte  der  Begri/fe,  p.  171.  —  2  Ulpien  (46  ad  Ed.  Dig.  XXXVIII, 8,  1,2), 
parlant  de  l’édit  sur  la  bonorum  possessio  unde  cognati,  dit  :  Pertinel  haec  lex  ad 
cognationes  non  serviles.  —  3  Just.  Cod.  Just.  I,  17,  2,  10  et  20  ;  111,  28,  33,  1  ;  VI, 
26,  10  ;  VI,  30,  19.  —  4  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  IX,  2,  1,  1  :  Lex  Aquilia  plebiscitum 
est.  —  s  Ulpien  (29  ad  Ed.  Dig.  XIV,  6,  9,  $)  appelle  lex  le  sénatus-consulte  Macé¬ 
donien  et  1  ’oratio  Severi  (35  ad  Ed.  Dig.  IV,  4,  49);  Papinicn  (2  de  adult.  Dig. 
XLVI1I,  16,  10  pr.),  le  sénatus-consulte  Turpillien.  —  6  Ulp.  1  Inst.  Dig.  1,  4,  |  pr., 
1.  —  7  Serv.  Aen.  III,  89  :  (  Augurium )  tune  peti  débet,  cum  id  quod  animo  agita- 
mus,  per  augurium  a  diis  volumus  impetratum...  et  est  species  ista  augurii,  quae 
legum  dictio  appellatur  :  legum  dictio  autem  est,  cum  certa  nuncupatione  verbo- 
rum  dicitur,  quali  condicione  augurium  peracturus  sit.  —  8  fit.  Liv.  I,  24:  Foe¬ 
dera  alia  aliis  legibus,  ceterum  eodern  modo  omnia,  fiant...  Illis  legibus populus 
romanus  prior  non  deficiet.  Ibid.  IX,  5,  3.  —  0  Lex  catholica  :  Constantin.  Cod. 
Just.  1,5,  1  ;  cf.  Constant,  et  Julian,  cod.  I,  7,1.  —  10  Lex  judaïca  :  Valentin.  Cod. 
Just.  I,  9,  4  ;  Gratian.  eod.  5.  —  U  Just.  Cod.  Just.  Vit,  25,  1,3;  I,  17,  2,  29;  22 
eod.;  VIII,  25,11. 


LEX 


LEX  ALEAHIA.  —  Voir  ALEA,  LEX  OHCHIÀ,  LEX  CORNELIA, 

lex  publicia,  lex  titia  .  Cf.  les  lois  de  alcatoribus. 

lex  aliénations.  —  On  réunit  sous  ce  titre  les 
divers  cas  où  l’on  peut  legem  dicere  en  aliénant  la  pro¬ 
priété:  addictio ,  adjudication  adsiffnatio ,  dedicatio, 
mancijmtio ,  traditio.  Dans  les  quatre  premiers  cas,  la 
lex  émane  d  un  magistrat  du  peuple  romain  où  d’un  de 
ses  délégués;  dans  les  deux  derniers,  la  lex  est  l’œuvre 
d’un  particulier. 

Lorsqu’un  magistrat  transfère  à  titre  gratuit  la  pro¬ 
priété  d’une  terre  publique  soit  à  une  divinité  [dedicatio), 
soit  à  un  citoyen  [ adsignatio ),  lorsqu’un  questeur 
attribue  au  plus  offrant  la  propriété  de  biens  vendus  aux 
enchères  ( adclictio )  ou  qu’un  citoyen  investi  par  le  pré¬ 
teur  du  munus  judicancli  procède  à  une  adjudication, 
la  lex  dicta  puise  sa  force  directement  ou  indirectement 
dans  une  loi  votée  dans  les  comices.  Les  clauses  de 
1  aliénation  sont  fixées  tantôt  par  le  peuple  lui-même, 
tantôt  par  le  magistrat  en  vertu  du  pouvoir  qu’il  a  reçu 
du  peuple1. 

Ces  leges,  lorsqu’elles  s’appliquent,  comme  c’est  l’ordi¬ 
naire,  à  des  terres  publiques,  déterminent  les  conditions 
sous  lesquelles  elles  pourront  être  utilisées  par  l’acqué¬ 
reur  et  les  droits  établis  au  profit  ou  à  la  charge  des 
fonds  voisins.  On  les  appelle  leges  agrorum  2  ou  leges 
condicionibus  agrorum  dictae  3 *.  Elles  ont  pour  objet 
tantôt  la  constitution  d’une  servitude  \  tantôt  certaines 
charges  foncières  comme  le  paiement  d’un  vectigal  ", 
tantôt  une  défense  d’aliéner,  comme  celle  qui  fut  imposée 
par  la  loi  agraire  de  Tib.  Sempronius  Gracchus0. 

Les  questions  relatives  aux  leges  dedicationis  ont  été 
traitées  au  mot  dedicatio  (t.  III,  p.  41);  celles  qui  con¬ 
cernent  Yadjudicatio ,  l 'addictio  et  l 'adsignatio,  aux 
mots  adjudicatio  et  ager  PüBLicus  (t.  Ie1',  p.  (37  et  133).  On 
ne  s  occupera  ici  que  des  leges  • mancipii ,  in  jure 
ce  s  s  ion  is ,  tradition  is . 

I.  Leges  mancipii.  —  Il  est  souvent  question  dans  les 
textes  des  dires  de  l’aliénateur  par  mancipation  :  il  dit 
par  exemple  la  mesure  du  champ  qu’il  aliène  7,  les  ser¬ 
vitudes  qu’il  concède  8  ou  qu’il  retient  ",  la  manière  dont 
elles  seront  exercées10,  la  largeur  du  chemin  affecté  à 
une  servitude  de  passage11;  il  dit  si  les  accessoires  de 


l  Le  juge  ne  peul  procéder  à  une  adjudication  qu'eu  vertu  d'un  pouvoir 
spécial  conféré  par  le  magistrat.  Gai.  IV,  42.  —  2  Venul.  Saturn.  3  jud. 
publ.  Dig.  XLVRI,  13,  10  [8]  pr.  ;  —  3  Lab.  ap.  Ulp.  53  ad  Ed.  Dia.  XXXIX, 
3,  t,  23;  cf.  Paul.  49  ad  Ed.  eod.  2  pr.  ;  16  ad  Sali.  eod.  23  pr.  —  4  Servitude 
constituée  eu  cas  d' adjudicatio  :  Ulp.  19  ad  Ed.  Di  y.  X,  2,  22  3;  Javol.  2 
Epist.  Dig.  X,  3,  18;  Ner.  ap.  Ulp.  20  ad  Ed.  eod.  7,  1.  En  cas  d' adsignatio  : 
Lab.  ap.  Ulp.  loc.  cil.:  Ait  condicionibus  agrorum  guasdam  leges  esse  dictas, 
ut  quibus  agris  magna  sint  flumina,  liceat  mihi  scilicet  in  agro  tuo  aggeres 
net  fossas  habere.  —  5  Plut.  C.  Gracch.  9.-6  Appian.  De  bel.  civ.  I,  10,  27. 

—  7  Paul.  I,  19,  1;  II,  17,  4;  Cic.  De  off.  III,  16.  —  8  Ulp.  28  ad  Sab.  Dig. 
VIH-  L  e  Pr-  ;  Varr.  De  ling.  lat.  V,  4,  27  :  Lege  praediorum  urbanorum 
scribitur  :  Stillicidia ,  flumina  uti  mine  sunt,  ut  ita  sint,  Cic.  De  Oral.  1,  39, 
179  ;  Alfen.  Var.  5  Dig.  Ep.  Dig.  VIII,  2,  33.  —  9  Alfen.  Var.  4  Dig.  Ep.  Dig. 
VIII,  3,  30;  Javol.  3  Ep.  Dig.  VII,  1,  54  ;  Gai.  II,  33;  Paul.  1  Man.  Valic.  fr.  50. 

—  10  Gai.  7  ad  Ed.  prov.  Dig.  VIII,  1,  5,  1  ;  Papin.  7  Quaest.  eod.  4,  1  et  2. 

—  Il  Javol.  10  ex  Cass.  Dig.  VIII,  3,  13,  2.  -  12  Varr.  De  re  rust.  II,  10,  5;  Lab. 
ap.  Paul.  33  ad  Ed.  Dig.  XXI,  2,  5;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10239  :  T.  Flavius  Syn- 
troplius...  hortulos  Epagathianos...  cum  aedificio  et  vineis  maceria  clusis,  ita 
uti  instructi  sunt...  Ailhale  liberlo  suo  mancipio  daret.  —  13  Aquil.  Gall.,  Mêla 
ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  1,  17,  6  ;  Varr.  De  ling.  lat.  IX,  60,  104  ;  Cic.  Top.  26, 
110  ;  Part.  orat.  31,  107  :  Ex  lege  praedii  guaeritur,  quae  sint  ruta  caesa  ;  Varr. 
De  re  rust.  II,  10,  5.  —  14  Corp.  inscr.  lat.  II,  5042,  I.  1  :  Dama...  fundum...  uti 
optumus  maxumusq(ue)  essel...  mancipio  accepit.  Q.  Mue.,  Sabin.  ap.  Venul-  16 
Slip.  Dig.  XXI,  2,  75;  Proc.  6  Epist.  Dig.  L,  10,  126;  Ulp.  27  ad  Sab.  eod.  90;  Paul. 

5  ad  Sab.  eod.  169.  -  15  Cic.  De  Orat.  I,  39,  178  :  In  mancipii  lege  dicere.  De 

offic.  III,  16,  165  :  In  mancipio  dicere.  Varr.  De  ling.  lat.  VI,  8,  74.  —  16  proc.  6 

Epist.  Dig.  L,  10,  126.  -  17  Ulp.  2  ad  1.  Ael.  Sent.  Dig.  XL,  2,  10,  1  ;  cf.  Gord.  Cod. 


1108  —  LEX 

l’objet  aliéné  (pécule,  instrumentüm)  sont  c 

non  13  dans  l’aliénation,  si  le  fonds  est  lifirn  i T‘S *  “  % 

n  ji.v  ..  „  _  üe  toute  son 


vitude  u.  Ces  déclarations  forment  la  Içx  mm  • 
lex  mancipio  dicta  *«,  ou  data 17  ;  on  l’appdL  011 


suivant  les  cas,  lex  m18,  fundi  10,‘  aedLn^ 
ciorum  -1,  praedii 22  ou  praediorum  23.  ’  ae<^ 

La  lex  mancipii  ne  doit  pas  être  confondue  o  ,  .  i. 
venditionis ,  bien  que  d’ordinaire  ces  leoe?  or  " 
entre  elles.  La  lex  mancipii  est  nécessaire 
ce  qui  a  été  convenu  dans  la  lex  venditionis  *  a- 
exemple  l’aliénateur  n’avait  pas  soin  de  dicere  in  ^ 
cipio  la  servitude  qu’il  a  promise,  l’acheteur  pouinoî 
contraindre  judiciairement  à  constituer  la  servitnd^  ' 
La  logis  dictio  avait  lieu  vraisemblablement1 

l'accomplissement.  dcs  «*»>»»*  de  la  mMcipl^ 

L  alienateur  faisait  sa  déclaration  devant  témoins26  „i 
l’acquéreur  s’y  référait  dans  la  nuncupation  onsécuüJi 
Le  mot  nuncupatio,  dans  un  sens  large,  s’applique  à  là 
déclaration  de  l’aliénateur  aussi  bien  qu’à  celle 
l’acquéreur  28.  c 

La  lex  mancipii  puise  sa  force  dans  la  mancipation* 
laquelle  elle  se  rattache.  Aussi  peut-on,  par  un clexman- 
cipto  dicta ,  faire  naître  des  droits  qu’on  ne  pourrait 
établir  par  une  lex  traditionis,  par  exemple  un  droit 
d’usufruit29.  Le  jurisconsulte  Paul  attribue  l’efficacité  de 
la  lex  mancipii  à  ce  fait  que  la  mancipation  a  été  con¬ 
firmée  par  la  loi  des  Douze  Tables30.  Cette  remarque  est 
importante,  car  les  textes  du  Digeste  ne  parlent  plus* de I 
lex  mancipii,  mais  de  lex  traditionis:  cela  tient  à  ce 
que,  la  mancipation  n’existant  plus  sous  Justinien,  les 
compilateurs  de  ce  recueil  ont  substitué  le  mot  tradilh 
au  mot  mancipium. 

Ce  n  est  pas  à  dire  que  toute  lex  in  mancipio  dicta 
soit  valable.  La  liberté  de  l’aliénateur  est  renfermée  dans 
des  limites  assez  étroites.  Sont  efficaces  uniquement  les  J 
clauses  qui  sont  compatibles  avec  le  caractère  primitif 
de  la  mancipation  :  telles  sont  les  clauses  qui  déterminent 
1  étendue  du  droit  conféré,  ou  qui  tendent  à  créer  un 
droit  réel. 

On  peut  aussi  imposer  au  propriétaire  d’un  fonds,  grevé  I 
de  la  servitude  oneris  ferendi ,  la  charge  d’entretenir  le  I 
mur  en  bon  état31.  On  peut  même  insérer  dans  la  toi 

Just.  III,  41,  2  :  lex  saltui  data.  —  18  Paul.  35  ad  Ed.  Dig.  XXIII,  4,  20.  I. 

—  19  Paul.  4  Ep.  Alfen.  Dig.  D.  XVIII,  1, 40,  I .  —  20  plin.  Misé.  ml.  XXXVI,  23,1 
170;  Alf.5  Dig.  Ep.  Dig.  VIII,  2,  33.  —  21  Varr.  De  ling.  lat.  V,  5,  42  :  Quodpost  I 
aedem  Saturni  in  aedificiorum  le  gibus  privatis  parictes  postici  mûri  0  sciipl1,  I 

—  22  Cic.  Part.  orat.  31,  107.  —  23  Varr.  De  ling.  lat.  V,  4,  27.  -  **  La  dislinc-  I 
ti°ii  de  la  lex  mancipii  et  de  la  lex  venditionis  ressort  nettement  de  Paul,  o  ad  Sab.  S 
Dtg.  L,  10,  109  :  Non  tantum  in  traditionibus  (lisez  mancipalionibus),  sed  du  I 
emptionibus  et  stipulationibus  et  testamentis  adjectio  haec ,  «  ut  uph"lils  l"(l'cl  fl 
musqué  est  »  hoc  significat,  ut  liberum  praestetur  praedium,  non  ut  eticvi^  fl 
vitutes  ei  debeantur.  —  23  Marcian.  3  Reg.  Dig.  VIII,  2,  35  :  Si  binarm  acdtumM 
dominas  dixisset  cas  quas  venderet  servas  fore ,  sed  in  traditions  (I,sez  ,ll<l  ^  | 
pio)  non  fecisset  mentionem  servitutis ,  vel  ex  vendito  agere  potest  vel  ùico  ^ 
condicere,  ut  servitus  imponatur.  —  2f>  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10239  :  'J-  1 
Syntrophus,  priusquam  hortulos  Epagathianos...  Ait  haie  mancipio 

l[alus  est  se  in  hanc  condi]cionem  mancipare ,  ut  infra,  scriptum  est.  —  ^ 

I  Man.  Vatic.  fr.  50  :  Emptus  mihi  est[o )  pretio ,  deducl(o)  usufructu  (  ^  ^ 
illts.  —  28  Santra  y  comprend  môme  les  promesses  sur  stipulation.  Ecst.  '  ^ 

pata  :  ...At  Santra  Lib.  Il  de  verborum  Antiquitate  salis  multis 
conligit  non  decreto  nominata  significare,  sed  promissa  et  quasi  0  ^ 

circurnscripta,  recepta;  cf.  Bechmann,  Gescliichte  des  Kaufs  im  i""  ■  . 

1876,  t.  I,  p.  259.  -  29  Paul.  1  Man.  Vatic.fr.  47:  ln  re  m  ^ 
per  traditioncm  deduci  usas fructus  non  polesl  nec  in  homine ,  si  p  ^  jliri$ 
tradatur  ;  civili  enim  actions  constitui  potest,  non  tradition»  (l'  •  ^ , 

gentium  est.  —  M  Ibid.  50.  —  31  Paul.  5  Ep.  Alfen.  Dig.  Dig-  v 
...Cum  in  lege  aedium  ita  scriptum  esset...  Paries  oneri  ferund"^  cf, 
est,  ita  sil ,  satis  aperte  significari ,  in  perpetuum  paneteni  esse 
Serv.  Lab.  ap.  Ulp.  17  ad  Ed.  Dig.  VIII,  5,  0,  2. 


,*  4 


ÆX 


—  1109  — 


LEX 


.  ••  mc  défense  d’aliéner;  mais  elle  n'engendre 
^^bli'ation  personnelle  Un  seul  cas  est  excepté: 
qll'UnC  ° ^affranchir  un  esclave  2,  mais  cette  exception, 
T dékn^  contradiction  avec  les  tendances  de  là  juris- 
ïUi  fL  11  classique,  favorable  à  la  liberté,  s’explique 
prudent’6  1  disposition  de  la  loi  Ælia  Sentia  sur  les 
ncut-ètre  pa1  u  1  .  , 

Prhves  qui  ont  commis  un  crime  • . 

eb  '  .  oa  ne  peut,  à  peine  de  nullité,  apposer  a  une 

K,  aijt).1Lion  un  terme  ou  une  condition  4  :  ce  serait  con- 
caractère  de  la  mancipation  qui  est  un  actus 
Meailimus  On  ne  pourrait  non  plus,  dans  une  vente  à 
Edit  imposer  à  l’acquéreur  l’obligation  de  payer  le 
prix -la  mancipation  est,  en  Informe,  une  vente  au  comp¬ 
tant.  Cela  prouve  qu'il  faut  bien  se  garder  de  prendre  à 
la  lettre  cette  phrase  de  Gains  qui,  inscrite  isolément  au 
DUeste,  semble  avoir  une  portée  générale:  ln  traditio¬ 
ns  (lisez  mancipationibus)  rerum,  quodcumque, 
Ypaclum  sit  id  valere  manif  estissimum  est 3. 

Toutes  les  fois  que  l’on  voulait  imposer  à  l’acquéreur 
une  clause  ne  rentrant  pas  dans  la  catégorie  ci-dessus 
définie,  il  était  nécessaire  de  la  confirmer  par  une  stipu¬ 


lation  °.  L’aliénateur  stipulait  de  l’acquéreur  l'accomplis¬ 
sement  de  cette  clause  ;  et  pour  prévenir  toute  difficulté 
sur  la  valeur  de  cette  stipulation  au  cas  oii  l’intérêt  pécu¬ 
niaire  de  l’aliénateur  n’apparaitrait  pas  clairement,  il 
devait  avoir  la  précaution  de  stipuler  une  peine.  Bien 
entendu,  cette  stipulation  ne  ui  procurait  qu’un  droit  de 
créance  contre  l’acquéreur  et  ses  ayants  cause  à  titre 
universel  :  elle  était  sans  effet  à  l’égard  des  sous-acqué¬ 


reurs. 

L’usage  de  joindre  à  la  mancipation  une  stipulation  de 
peine  pour  les  clauses  de  ce  genre  est  attesté  par  l’acte 
de  donation  de  Syntrophus  qui  stipule  certaines  charges 
au  profit  de  tiers.  La  stipulation  pour  autrui  est  nulle,  et 
il  ne  servirait  de  rien  de  la  joindre  à  une  mancipation 
sous  la  forme  d’une  legis  dictio.  La  règle  a  été  formulée 
parQ.  Mucius  Scaevola  dans  son  liber  singularis  'Opwv  : 
Nec  paciscendo ,  nec  legem  dicendo ,  nec  stipulando 
quisquam  alteri  cavere  potest  b  Mais  si  l’on  ne  peut 
demander  en  justice  l’exécution  d’une  pareille  stipu¬ 
lation,  on  peut  indirectement  forcer  l’acquéreur  à  l’exé- 
[eutcr  en  lui  faisant  promettre  une  somme  très  élevée  à 
titre  de  peine  \  C’est  ce  que  fit  Syntrophus:  Ab  hac  re 
Wfomissioneque  dolus  malus  cujus  vestrum ,  de  quibus 
AgdM>\  [ absit .  Si  advenus  ea  f(actum)  erit  q[uanti ) 
>  [es)  e[rit )]  tanta m  pecuniam  dari ,  et  amplius 
poenar  nomme  -HS-  L  m[ilia )  njimmum),  stipulatus 

Flavius  Syntrophus ],  spopondit  T.  Flavius 
AiUades  liber lusÿ. 

co  1  lj'\  m  JUrG  cessionis-  ~  L’m  jure  cessio  a  été, 
T,r:ic  d  manc'Pa*'i°ni  confirmée  par  la  loi  des  Douze 
■  es  loges  qui  s’y  rattachent  doivent  en  principe 


CorP-  inscr.  21’  5’  Herm°g-  2  l"r'  CPH-  D,(J-  XV 

4-  9;  Marcian  j  r  " j°’  J,'.88’  ~  2  PauL  ReO'  ûiO-  XL-  L  9  1  Ü1P- 
buaest.  Di,,,  p  _  nsL  Dl,J-  XL,  9,  9,  2.  —  3  Gai.  I,  13,  15.  —  4 

%.  XLV,  i  j .’> -,  à  p’  T  6  Gai'  3  acl  X11  Tab-  Dig.  IL  14,  48.  —  g  Seac 
49  Id'if ! naU  ;  27  ad  E(1-  Di9-  XL  L  11.  —  7  Q.  Mue.  Dig.  L, 
"  10 Paul.  1  M™  r  y  *’  38’  17-  —  9  Cor jj.  inscr.  lai.  VI,  1023C 

Mil,  4,  n  :  Defecti  ^  ^  '  ~  11  ^ai'  23‘  —  12  Pompon.  ad  ‘ 

L'iJuid  eSf  15  5"  atia accedendi  ad  ca  loca,  quae  non  serviant 

,Un  '»  cessione’s^  Scnilus  debetur,  qua  tamen  accedere  iis  sit 
!M-i1%.ep.eod  sit,  qua  accédé, -etu 

r/,  47-  -  «  M#j'  Paul-  1  Man.  Valic.  fr.  50.  -  H  Paul.  1  Ma 

'  XII,  i  ||  CSl’'  Rl/I-  XXII,  1,  41,  l,  —  16  Proc.  ap.  U 

VOlest  obligati’  coL-S-  ”  P.Ml-  3  ad  EtI-  Dig.  II,  14,  17  pr.  :  Re  « 
y  ' 11  n?SÎ*  Qua^nus  datum  sit.  —  18  Sev.  Cai 


être  efficaces  comme  les  loges  mancipii  Ln  fait,  Vin 
jure  cessio  était,  dit  Gai  us,  très  peu  usitée  comme  mode 
de  transfert  de  la  propriété11.  Aussi  les  textes  qui  s’y 
réfèrent  sont-ils  très  peu  nombreux.  Ceux  qui  ont  été 
insérés  au  Digeste  ont  été  retouchés:  Vin  jure  cessio 
ayant  disparu  comme  la  mancipation  sous  Justinien,  les 
compilateurs  ont  partout  supprimé  les  mots  in  jure'-. 

Ces  textes  prouvent  l’efficacité  des  leges  jointes  à  une 
in  jure  cessio,  soit  pour  régler  le  mode  d’exercice  de  la 
servitude  qui  va  être  établie,  soit  pour  réserver  une  ser¬ 
vitude  à  l’aliénateur  13. 

III.  Leges  traditionis.  —  Pendant  longtemps  la  lex  in 
traditione  dicta  est  restée  inefficace:  l’acte  auquel  elle 
se  rattachait  n’était  pas  consacré  par  le  droit  civil  u.  Sous 
l’Empire,  on  abandonna  ce  point  de  vue  trop  étroit,  et 
l’on  admit  dans  certains  cas  la  validité  de  la  lex  jointe  à 
une  tradition  translative  de  propriété. 

1°  Lex  jointe  à  un  mutuum  ou  plus  généralement  à  ane 
pecuniae  datio  en  vue  d’en  régler  la  restitution.  Telle  est 
la  clause  qui  autorise  des  paiements  partiels  :  Si...  hac 
loge  mutua  pecunia  data  est ,  uli  liceret  et  particula- 
tim ,  quod  acceptant  est,  ex solvere16.  Telle  est  aussi  la 
clause  qui  permet  de  rendre  moins  que  l’on  n’a  reçu16. 
Mais  la  lex  serait  sans  valeur  si  elle  imposait  à  l’acqué¬ 
reur  l’obligation  de  rendre  plus  17  [mutuum j. 

2°  Lex  dotis  dandae.  —  La  règle  qui  précède  a  été  appli¬ 
quée  à  la  constitution  de  dot  faite  par  un  tiers  à  charge 
de  restitution  :  Legem  quant  dixisti,  cum  dotent  pro 
alumna  dares,  servari  oportel 18 .  La  lex  est  sanctionnée 
par  une  utilis  condictio,  lorsque  la  dot  a  eu  pour  objet 
une  somme  d’argent19. 

La  même  décision  fut  admise  lorsque  la  dot  avait  tout 
autre  objet 20  :  le  juge  chargé  de  statuer  sur  la  restitution 
de  la  dot  avait  des  pouvoirs  très  larges  et  suffisants  pour 
tenir  compte  de  la  lex  rei  suae  dicta  imposée  par  le 
constituant 21 .  L’action  rei  uxoriae  est  une  action  in 
bonum  et  aequutn  concepta  ;  elle  contient  dans  sa  formule 
la  clause  aequius  melius 22 . 

3°  Lex  donationi  dicta.  —  L’efficacité  des  leges  jointes 
à  une  donation  a  été  moins  facilement  admise  que  pour 
la  dot.  Il  fallait  pour  les  rendre  valables  les  confirmer  par 
une  stipulation. 

Dans  un  cas  spécial,  la  donation  d’un  esclave  à  charge 
de  l’affranchir,  la  lex  donationis  fut  déclarée  obligatoire 
parla  jurisprudence 23  :  on  appliqua  par  analogie  la  cons¬ 
titution  de  Marc-Aurèle  relative  à  l'esclave  vendu  à 
charge  d’affranchissement24.  Les  magistrats  furent  invi¬ 
tés  à  assurer  l’exécution  de  la  lex  donationis  r\ 

On  admit  ensuite,  au  temps  de  Dioclétien,  que  la  lex 
donationis,  jointe  à  une  tradition  faite  en  vue  d’obte¬ 
nir  l’exécution  d’une  charge,  serait  traitée  non  comme 
un  simple  pacte,  mais  comme  un  contrat  innomé,  et 

Just.  Il,  3,  10  =V,  14,  I.  —  19  Ibid.  Ncc  obesse  tibi poterit,  quod  dici  solet,  ex 
pacto  actioncm  non  nasci.  Tune  enim  hoc  jure  utimur,  cum  pactum  nudum 
est.  Alioquin  cum  pecunia  datur,  et  aliquid  de  reddenda  ca  convenu  utilis  est 
condictio,  —  20  Paul.  35  acl  Ed.  Dig.  XXIII,  4,  20,  I  :  Si  extraneus  de  suo 
daturus  sit  dotera,  quidquid  vult  pacisci,  et  ignorante  muliere,  sicut  et  stipulari 
potest  :  legem  enim  suae  rei  dicit.  —  2i  Cf.  Pompon.  15  ad  Sab.  eod.  7,  qui 
prouve  le  rapport  existant  entre  l'efficacité  de  ce  pacte  et  l’exercice  de  l'action  rei 
uxoriae.  —  2?  Cf.  Éd.  Citq,  Institutions  juridiques ,  t.  I,  p.  490,  n.  5.  —  23  papin. 
9  Resp.  Dig.  XL,  8,  8  :  ...Cum  donationis  legi  non  esset  obtemperatum ,  ex  senten- 
tia  constitutionis  divi  Marci  libertales  obtingere  matre  consenliente,  respondi. 
—  21-  (Jlp.  38  ad  Sab.  Dig.  XXVI,  4,  3,  2.  —  23  UIp.  2  De  off.  cons.  Dig.  XL,  2,  20, 
l  :  Sed  et  si  hac  lege  ei  serves  fuerit  donatus,  ut  manumittatur,  permittendum 
erit  manumittere,  ne  constilutio  divi  Marci  superveniens  cunctationem  consulte 
dirimat.  , 


140 


LEX 


1110 


sanctionnée  par  i  action  pracscriptis  verbis  *  [prae- 
scriptio].  Ce  fut  l’application  d’une  règle  générale  désor¬ 
mais  consacrée  pour  la  lex  traditionis  :  Rebus  certa  lege 
traditis ,  si  huic  non  pareatur,  praescriplis  verbis 
incertain  civilem  dandam  actionem ,  juris  auctoritas 
demonstrat 

lex  a  1. 1  m e x ta  u  i  a  .  —  Voir  l’article  lex  scribonia  ali¬ 
ment  aria. 

LEX  AMN’CJA.  —  Voir  EDICTUM,  HONORARIUM  JUS. 

lex  collegii.  —  Parmi  les  lege  s  privatae ,  celles 
qui,  par  leur  mode  deformation,  ressemblent  le  plus  aux 
leges  rogatae ,  ce  sont  les  leges  collegiorum.  On  donne  ce 
nom  aux  statuts  des  collèges  funéraires  ou  professionnels 
si  nombreux  à  Rome  sous  la  République  et  sous  l’Empire 
[funus,  t.  IV,  p.  1402].  De  même  que  la  lex  pub/ica  oblige 
tous  les  citoyens,  la  lex  collegii  est  obligatoire  pour  tous 
les  membres  du  collège.  Chaque  collège  avait  la  sienne. 
La  loi  des  Douze  Tables  laissait  aux  associés  toute  lati¬ 
tude  pour  la  rédaction  des  statuts,  sous  la  seule  réserve 
de  ne  porter  aucune  atteinte  aux  lois  de  la  cité.  Sodales 
sunt,  gai  ejusdem  collegii  sunt.  I/is  autem  potestatem 
facit  lex  pactionem  quamvelint  sibi  ferre  dum  ne  quid 
ex  pub l ica  lege  corrumpant  3.  Cette  règle  fut  maintenue 
même  sous  l’Empire,  lorsque  la  liberté  d’association  eut 
été  restreinte  par  la  loi  Julia  4.  Elle  perdit  en  partie  sa 
portée  pratique  lorsqu’au  cours  du  111e  siècle  les  collèges 
professionnels  reçurent  le  caractère  d’institutions  pu¬ 
bliques  5.  Au  ive  siècle,  leur  autonomie  devint  presque 
illusoire,  alors  qu'ils  furent  tenus  de  se  conformer  aux 
règles  et  aux  conditions  imposées  par  l’État  6.  Il  était  bien 
diflicile  de  parler  de  liberté  à  une  époque  où  les  membres 
d’un  collège  n'avaient  plus  le  droit  de  le  quitter  7,  où 
leurs  biens  étaient  affectés  au  service  de  la  corporation  8, 
où  le  fils  devait  suivre  la  profession  de  son  père,  où 
1  on  enrôlait  de  force  dans  chaque  corporation  les  tra¬ 
vailleurs  dont  on  avait  besoin9.  Ce  qui  va  être  dit  sur 
les  leges  collegiorum  s’applique  donc  spécialement  à  la 
période  comprise  entre  la  loi  des  Douze  Tables  et  le 
iiic  siècle  de  notre  ère.  Les  renseignements  qui  nous  sont 
fournis  par  les  monuments  épigraphiques  se  rapportent 
pour  la  plupart  aux  premiers  siècles  de  l’Empire  10  : 

1°  Confection  de  la  lex  collegii.  —  Les  usages  suivis 
pour  la  confection  de  la  lex  collegii  s’expliquent  aisé¬ 
ment  lorsqu’on  se  rappelle  comment  les  collèges  étaient 

1  Diocl.  Cod.  Just.  IV,  38,  3  :  Sicut  perfecta  donatio  facile  rescindi  non  potest, 
ita  legi,  quam  luis  rebus  donans  dixisli,  parère  convenit.  —  2  Diocl.  eod.  IV,  04, 
0;  cf.  8,  eod  :  Cum  hujusmodi  conventio  non  nudi  pacti  nomine  censeatur,  sed 
rebus  propriis  diclae  legis  substantia  muniatur,  ad  implendum placitum  tibi prae¬ 
scriptis  verbis  competit  actio.  Celte  doctrine  est  énoncée  dans  un  fragment  de 
Papinien  (27  puaest.  Big.  XIX,  5,  8)  que  certains  auteurs  croient  interpolé  ;  ef. 
Pernice,  Labeo,  t.  III,  p.  90,  n.  3.  —  3  Gai.  4  ad  XII  Tab.  Dig.  XLVII,  22,  4;  cf.  Éd. 
Cuq,  Institutions  juridiques,  l.  I,  p.  50  et  133.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2193,  4416. 
—  3  Lamprid.  Vita  Alex.  Sev.  33  ;  Vopisc.  Aurelian.  47.  —  0  Diocl.  Cod.  Theod. 
VIII,  4,  11. —  7  Cod.  Theod.  XIII,  5,  14  et  19;  XIV,  3,  8  :Neillud  quidem  cuiquam 
concedi  oportet,  ut  ab  officina  ad  alium  possit  transitum  facere.  —  8  Ibid.  XIII,  5, 
2,  XIV,  4,  7  :  Dona  omnia  ac  patrimonia  requiruntur.  —  9  Ibid.  XIV,  3,  5  ;  XIV, 
4,  5.  —  10  Voir  la  liste  des  collèges  antérieurs  à  l’Empire  dans  VValtzing,  Etude 
historique  sur  les  corporations  romaines,  l.  I,  p.  87-89.  —  il  Gai.  3  ad  ed.  prov. 
Dig.  III,  4,  1,  1.  —  H  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10234,  1.  4;  XIV,  2112,  3,  1.  27; 
29G71.  —  13  Ibid.  VI,  7801-7804;  9254;  XI,  120,  133,  5054;  XIV,  128,  100,  330, 
370,  etc.  —  H  Ibid.  V,  5012,  5701,  5738,  5809,  5888;  VI,  9404.  —  13  Ibid.  VI, 
9405.  —  10  Ibid.  V,  5738.  —  17  Ibid.  VI,  148.  Les  décréta  decurionum  sont 
cités  dans  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquaires,  1891,  p.  03;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
10317;  10350.  —  18  Ibid.  XIV,  252,  256.  —  18  Ibid.  Ce  patron  était  parfois 
celui  de  la  cité  :  Ibid.  XI,  5054,  6070.  —  20  Ibid.  XI,  970;  III,  1212;  VI,  29700, 
29702.  —  21  Ibid.  XI,  2702.  —  22  Ibid.  VI,  10234,  I.  8  cl  9;  10294;  XIV,  2113, 

1.  1,  2.  —  23  Ibid.  XII,  2112;  XIV,  10234;  Ephem.  epigr.  VIII,  210.  —  2'-  Ibid. 
VI,  1930;  X,  1888;  XIV,  285,  etc.  —  23  Ibid.  V,  3411;  VI,  10333,  10319;  XII, 

7,  33;  Allmer  et  Dissard,  Musée  de  Lyon,  II,  1G9.  —  26 Décréta  collegii:  Corp. 


LEX 


organisés.  Tous  les  documents  sont  d’accord  p0| 

que  l’organisation  des  collèges  est  modelée 

cités  {ad  exemplum  reipublicae)11.  (el1e  des 

Les  membres  du  collège  forment  le populus 12  •  -\ 
répartis  en  décuries13,  parfois  en  centuries 14  Cr  ^ 
dées  par  un  décurion13  ou  un  centurion16.  | "min;"'' 
des  décurions  forme  le  sénat  ou  conseil  du  col]  JT'01 
decurionum) 17.  La  masse  des  associés  forme  h  t/  T* 

Comme  la  cité,  le  collège  a  pour  protecteurs  / 
patrons 19  dont  il  escompte  la  générosité 29  et  qu’il  reni  S 
en  lui  érigeant  des  statues  21 .  Comme  la  cité  le  ron^'6 
ses  assemblées  (. conventus )22,  qu’il  tient  parfois  danf  ” 
temple  public  en  vertu  d’une  autorisation  spéciale23  T 
plus  souvent  dans  un  local  qui  lui  appartient  en  protiJ 
la  sc/io/a2'1'.  1  1  e' 

Ces  assemblées,  comme  les  comices,  ont  des  attribu 
tions  électorales25,  législatives  *•,  judiciaires27.  Le  collé» 
a  pareillement  ses  magistrats  élus  pour  un  an28  ou  pour 
un  lustre29 (magistri,  quinquennales ),  et  qui  prêtent. ser¬ 
ment,  comme  les  magistrats  du  peuple  romain,  à  leur 
entrée  en  charge30  et  à  leur  sortie31  [jusjurandum,  t,  Y, 
p.  770].  11  a  aussi  ses  hommes  d’affaires  ( curatores)n 
ses  secrétaires  ( scribae 33,  tabularii 34,  notarii)  et  gens  de* 
services  (viatores,  appari tores,  aeditui ,  etc.).  Enfin  le 
collège  a  sa  caisse  ( area  collegii )35  avec  un  trésorier 
(quaestor  36,arcarius 37),  chargé  d’encaisser  les  recettes  el 
d’acquitter  les  dépenses,  sous  la  surveillance  du  ma- 
gister 38 . 

Si  à  tous  ces  points  de  vue  le  collège  ressemble  it  une 
cité,  il  en  diffère  quant  au  caractère  de  \nlex  qui  le  régit. 
Ce  n’est  pas,  comme  la.  lex  municipal is ,  une  lex  data, 
imposée  par  l’autorité  compétente,  mais  un  règlement 
librement  accepté  par  les  membres  du  collège:  lex  ah 
ipsis  constituta 39.  L’initiative  est  prise  ordinairement 
par  le  fondateur  ( constitutor 40).  Ceux  qui  désirent  s'asso¬ 
cier  s’assemblent,  parfois  dans  un  temple41,  pour  délibé¬ 
rer  sur  le  projet  de  statuts.  Contrairement  à  la  règle 
observée  dans  les  comices,  tout  membre  de  l’assemblée 
peut  prendre  la  parole  et  faire  une  proposition42.  Puis  on 
procède  au  vote,  soit  par  acclamation43,  soit  par  écrit”. 

Tout  en  restant  libres  de  fixer  à  leur  gré  les  statuts, 
les  membres  du  collège  devaient  se  conformer  aux  con¬ 
ditions  imposées  soit  par  les  bienfaiteurs  de  l’association, 
soit  par  l’État.  Le  statut  du  collège  d’Esculape  et  d  Hygie> 


inscr.  lat.  V,  5272;  VI,  0000;  Bull,  delta  comm.  archeol.  corn,  di  Sortie,  M ii 
p.  110,  n.  1.  —  27  Cic.  ad.  Quint,  fr.  Il,  5,  2.  Lex  du  IJm/.swv  à  Athènes,  s 
milieu  du  m"  siècle;  cf.  Wide,  Mittheil.  der  deutsch.  archaeol. 

Athen,  1894,  t.  XIX,  p.  248.  —  28  Corp.  inscr.  lat.  X,  444.  -  29  ],] 

321,  990,  9400,  10299.  —  30  Ibid.  VI,  10298,  c.  ix.  —  31  Ibid.  c.  2,MPPor^. 
formule  du  serment  que  devait  prêter  le  magister  du  collegium  aquae  U 
pal]am  in  conlegio  aquae  intra  paticabulum ,  quo  die  mag[isterio)  [au11  ^ 

verit  se  hoc  conlegium  re\mque  hoiusce  conlegi,  qnod  quidquid  pênes  sis  ^ 
[ recte  administrasse,  neque  se  adverses  h.]  I.  fecisse  scientem  d(ol«)  "'i  ^ 
suo  magisterio,  suosque  prohibuisse...  —  32  Cf.  Corp.  inscr.  lat.  X ,  1 
res  negotiaque  eorum  intégré  administret  ;  V,  5305  :  Ob  curam  intip  ^ 
raliier  gestam.  Élus  pour  un  an  :  Ibid.  XII,  3801  ;  Bruns,  p.  357,  b  1  ^ 
do  questeurs,  ils  sont  aussi  trésoriers.  —  33  Corp.  inscr.  lat.  V,  ,Sl’  | 

—  34 Robert,  Epigr.de  la  Moselle,  II,  115.  —  33 Gai.  3  ad  ed.  proi.  Dig-  ^  ^  34, 
Corp.  inscr.  lat.  VI,  9254.  —  36  Ibid.  VIII,  255  4.  —  37  Ibid.  VIII,  I ]’  C(J 

—  38  Ibid.  III,  7437.  —  39  Ibid.  XIV,  2112,  I.  0-7.  —  «  Ibid.  VI,  U'~).  "c'f  j|V, 

titutor  collcgi  Numinis  dominorum  quod  est  sup  templo  divi  -  al  ^ 
3059.  —  41  Ibid.  VI,  10234,  1.  23  :  Hoc  decrelum  ordini  n(ostro)  plae^  ^  ^ 
ventu  pleno,  quod  gestum  est  in  templo  divorum  in  aede  divi  >  ■  ,^1, 

XIV,  2H2;  II,  1.  24  :  Si  quis  quid  queri  aut  referre  volet,  in  con|4y  y|t  ) o234. 

—  43  [,a  formule  est  ;  Placuit  universis  ou  universi  censuèrunt .  ^  nonS111^1 

—  44  C’est  ce  que  l’on  peut  induire  d'une  inscription  qui  mentionne 
ad  subfrag(ia )  {Corp.  inscr.  lat.  XIV,  2030).  Mommsen  rapproche  de  ce 
sage  de  Pline  ( Hist .  nat.  XXX,  2,  31):  Praeterhos  etiamnum  nonjen 
ex  omnibus  electi  ad  custodiendas  su/fragioritrn  cistas  in  comitns. 


LEX 


—  1111 


LEX 


I  ,  •;■{  offre  un  exemple  des  premières  :  la  donatrice 

dC  raI1  p  ulmettre  plus  de  soixante  membres  et  détermine 
dlifen£  'niions  sous  lesquelles  il  sera  pourvu  à  leur  rem- 
-l6SC0nent  en  cas  de  décès  L  De  même  sous  l’Empire, 
ST  t' pouvait  n’autoriser  la  fondation  d’un  collège  que 
W  deg  conditions  déterminées.  Une  lettre  de  Pline  à 
rTn  Trouve  qu’on  se  préoccupait  de  limiter  le  nombre 
K  membres  et  d’exclure  d’un  collège  professionnel  les 

ouvriers  exerçant  un  autre  métier-.  _ 

Depuis  la  loi  Julia  decollegus ,  le  college  n  avait  d  exis- 
Itince  légale  qu’après  avoir  obtenu  l’autorisation  de 
l’État  Cette  autorisation  devait,  suivant  Mommsen,  être 
demandée  au  sénat  pour  l’Italie3  et  les  provinces  séna¬ 
toriales4  ( quibus  senatus  c{oire)  c{ogi)  c[onvocari)  per¬ 
mit  e  lege  Julia  5),  à  l’empereur  pour  les  provinces 

impériales. 

Mais  cette  distinction  n’a  pas  été  rigoureusement 
observée.  Il  y  a,  au  uc  siècle,  des  exemples  d’autorisations 
•données  par  l’empereur  à  des  collèges  d’Italie 6  ;  et  un 
jurisconsulte  du  commencement  du  me  siècle  met  sur  la 
même  ligne  l’empereur  et  le  sénat,  quant  au  droit  d’au¬ 
toriser  Information  des  collèges  7.  On  trouve  cependant, 
au  milieu  du  m°  siècle,  un  exemple  d’une  autorisation 
donnée  par  le -sénat  dans  une  province  impériale  8.  Je 
serais  porté  à  croire  que,  régulièrement,  la  demande 
d’autorisation  était  adressée  au  sénat  qui  prenait  l’agré¬ 
ment  du  prince  ( concedente  imperatore).  Dans  certaines 
inscriptions,  on  a  omis  la  mention  soit  du  sénat,  soit  du 
prince,  alors  que  l’un  et  l’autre  ont  dû  être  consultés  °. 
Une  inscription  de  Cyzique  distingue  nettement  la  confir¬ 
mât, io  du  sénat  et  la  concessio  de  l’empereur 10. 

I  2°  Rédaction  de  la  lex  collegii.  —  Les  monuments 
épigraphiques  nous  ont  conservé  un  certain  nombre  de 
le  g  es  collegiorurn  qui  donnent  une  idée  suffisante  de  leur 


rédaction.  Ce  sont  d’abord  les  statuts  de  trois  collèges 
funéraires,  le  collège  d’Esculape  et  d’IIygie  à  Rome11, 
celui  de  Diane  et  d’Antinoüs  à  Lanuvium12,  celui  de 
Bacchus  à  Athènes13;  puis  ceux  de  la  curia  Jovis  de 
Simitllms,  organisée  en  collège  funéraire  l'*.  Ce  sont 
ensuite  les  fragments  des  statuts  de  deux  collèges  pro- 
I  issionnels,  le  collège  des  foulons  15  et  celui  des  ivoiriens 
jet  ébénistes  romains16.  Ce  sont  enfin  les  règlements  de 
B)  «sieurs  collèges  militaires  de  Lambèse,  le  collège  des 
j  eutenants  ( optiones ),  celui  des  sonneurs  de  cor  ( corni - 
P  ,'  .’  ^es  *-esS(b'aires,  des  optiones  valetudinarii 17,  etc. 
I  es  reglements  portent  parfois  le  nom  de  lex  scholae 18. 
I  statuts  déterminent:  1°  les  conditions  d’entrée  19  ; 


I 


t  dédit donavitave  V’ f  '  1  SalmaC-  f •  Marcellina...  collcgio  slupra)  s[cript<. 
ut  ne  pures  adbn ,  nl'uminum )  *  «minibus  n(umero)LX  sub  hac  condiciom 

l'umloca  reniant  et  \ih  j?  numerus  s(uP™)s{criptus),  et  ut  in  locurn  defuncU 
mtrivel  liberto  du  \  ^  efantur ’  vel  Sl  1uis  locurn  suum  legare  volet  filio  vi 

cf-  Karlowa  Hnm  '  j""1,  ut  inférât  arkae  n(ostrae) partent dimidiam  funeralic-, 
^X,U:E00l ait  T  JeSCh'  ‘‘  *’  P'  8I4-  Waltzing,  t.  I,  p.  524. 

,  yo  attendant  ne  miis  »{.<  _ 


Ep-  X’  33  :  Eao  attend»  *’  P'  Sl4;  WaItziüS’  ».  I,  P-  524.  -  2  PU; 

T  f?ber  recipiat  ur  neve  jure  concesso 
~  3  c<>rp.  inscr  '  c  'll'cüe__cu^odire  tara  paucos  ( Corp .  inscr.  lat.  II,  110 
Anloniu  10  pieuij  ,  j  ’  83’  187^  441  G,  29671.  —  4  Ibid.  III,  7060.  Se 
^ur  néon  et  habent  ''  "lan^s  c'c  Cyïkpie  demandent  ut  corpus  quod  app 
[  pu,,  p  ln  cmtato  sua,  auctoritate  [amplissimi  o]rdinis  ce 

’  /‘i-8  :  Pietati  Hostil'  *rr~-  °  —  6  Corp.  inscr.  I 

ex  Pnmiss(u)  divi  pn  W<(  Hostilianae,  (sex)  vir(i )  Aug(ustales)  soci,  quib( 

[  1  Marcian.  2  ,■»,/  -  *la*>ere  permiss[um  est),  primaa  benemerer. 

senalusconsulto  mirt  ;  3,  I  :  In  summa  autem,  n 

c"rPus  coierit,  contre,  vl"'  Cacsaris  collegium ,  vel  quodeumque  b 
célébrât  ;  cf.  m  %<l  "seonaultum  et  mandata  et  constitutiones  c 

7  Cf-  ''inscription  T’  S-taatsr-  H,  S80,  trad.  t.  V,  p.  164,  n. 

£***-,  Corp.  inscrl'j  jemenelmn'>>  chef-lieu  de  la  province  e 

I  °nsullo)  c(oire) permission)  est  ’  TCf  9^(us)  ex  s(e, 

1  ‘  u-  Waltzmg,  Op.  cit.  t.  1,  p.  118  et  12 


2°  les  charges  imposées  aux  membres  du  collège  (droit 
d’entrée  (. kapitularium  20,  scamnarium 21);  cotisation 
mensuelle  ( stips  menstrua  22 ),  prestations  diverses 
( mimera 23)  ;  3°  les  dates  des  assemblées 2t,  des  banquets 23, 
des  sacrifices 26  ;  4°  l’emploi  des  revenus  :  honoraires  des 
chefs 27,  parts  dans  les  distributions  de  sportules  28, 
salaires  des  gens  de  service 2D,  primes  accordées  en'certai  ns 
cas  aux  militaires  ( anularium )30,  frais  des  obsèques  des 
membres  décédés  (funeraticium)2i  ;  3°  les  droits  et  obliga¬ 
tions  des  membres  des  collèges  funéraires  [tonus,  t.  IV, 
p.  1403]  ;  6°  les  amendes  en  cas  de  contravention. 

Aucune  de  ces  loges  ne  contient  le  règlement  complet 
du  collège.  C’esl  là  une  particularité  de  leur  rédaction  et 
une  différence  avec  les  statuts  de  nos  associations  mo¬ 
dernes.  Les  Romains  ne  jugeaient  pas  utile  de  graver  sur 
pierre,  marbre  ou  bronze,  les  clauses  d’usage  :  la  lex  ne 
comprend  en  principe  que  les  dispositions  spéciales  au 
collège. 

Une  autre  particularité,  c’est  qu’on  ne  trouve  dans  les 
leges  des  collèges  professionnels  aucune  clause  relative 
aux  procédés  techniques.  On  a  parfois  invoqué  en  sens 
contraire  la  lex  Met  ilia  de  fullonibus 32,  mais  ce  n’est 
pas  une  lex  collegii ,  c’est  un  plébiscite33. 

3°  Publication  de  la  lex  collegii.  — •  Les  statuts  du 
collège  sont  affichés  dans  la  schola.  Il  était  essentiel  de 
les  porter.à  la  connaissance  de  ceux  qui  demandaient  leur 
admission  dans  le  collège.  La  lex  du  collège  des  adorateurs 
de  Diane  et  d’Antinoüs  à  Lanuvium  recommande  aux 
nouveaux  adhérents  de  lire  d’avance  le  règlement:  Tu, 
qui  novos  in  hoc  collegio  intrare  vole[s,  p]rius  legem 
per  lege  et  sic  intra ,  ne  postmodum  queraris  aut  licre- 
dibus  controver[si]am  relinquas  3L  Pour  donner  une 
plus  large  publicité  aux  statuts,  le  collège  obtenait  par¬ 
fois  l’autorisation  de  les  afficher  dans  un  temple  :  c’est  ce 
qui  eut  lieu  à  Lanuvium.  L.  Caesennius  Bu  fus  [dict[a- 
tor)  III  et  patronu]s  municipi...  praëcepit  legem  ab 
ipsis  constitutam  sub  tetra[stylo  A]ntinoi  parte  inte 
riori  perscribi 33. 

4°  Désignation  de  la  loi.  —  La  loi  emprunte  au  collège 
sa  dénomination.  Les  collèges  funéraires  sont  souvent 
désignés  par  le  nom  d’une  divinité  dont  ses  membres  se 
disent  les  adorateurs  :  tel  est  le  collegium  salutare 
Dianae  et  Atitinoi36,  Æsculapi  et  Hggiae3',  Jovis  Cer- 
neni 38,  Silvani 39.  Les  collèges  professionnels  portent 
le  nom  du  métier  exercé  par  les  membres,  et  de  la  cité 
où  ils  sont  établis.  Sur  le  premier  point,  la  règle  n’est  pas 
absolue  :  on  rencontre  fréquemment  dans  ces  collèges 


Moritz  Voigt,  Rom.  Rechtsgeschiclite,  t.  II,  p.  318,  u.  21.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  III, 
7060  :  [ S(enatus)c(onsultum )  de  p]ostulatione  Ky zicenor{um)  ex  Asia,  qui  dicunt 
ut  corpus,  quod  appellatur  néon  et  habent  in  civitate  sua,  auctoritate  [ amplissi¬ 
mi  o]rdinis  confimietur...  Sententia  dicta  ab  Appio  Gallo,  co(n)s(ule)  desig{nato), 
relatione  1111,  concedente  imp(eratore )  Caes[are ]  T[ite  A]elio  Hadriano  Anto- 
[: nino  Aug.]  —  U  Ibid.  VI,  10234.  —  12  Ibid.  XIV,  2112.  —  13  Inscription  du 
Uaxyeiov  :  Mittheil.  d.  deutsch.  archaeol.  Inst,  in  Athen,  1894,  XIX,  248. 

—  14  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  14683.  —  18  Ibid.  VI,  10298.  —  16  Bruns,  356-357. 

—  17  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2552-2554;  2556-2557,  etc.;  cf.  Besnier,  Mélanges 

d’archéol.  et  d’Iiist.  de  l'École  française  de  Rome,  1899,  p.  199.  —  18  Mém. 
de  la  Soc.  des  Antiquaires,  1894,  t.  LIV,  p.  7.  —  19  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
10234,  1.  5-7  ;  10298,  1.  14-16  ;  XIV,  2112;  I,  1.  20-21;  Bruns,  p.  356,  I,  4-0. 

—  20  Ibid.  XIV,  2112,  1.  20-21.  —  21  Ibid.  VIII,  2553.  —  22  Ibid.  XIV,  2112,  I, 
1.  11  ;  Marciau.  3  Inst.  Dig.  XLV1I,  22,  1  pr.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  14683  a. 

—  21  Ibid.  III,  p.  924;  II,  I.  5  ;  II,  4468.  —  25  Ibid.  VI,  10234.  —  26  Ibid.  XIV, 

2112;  II,  1.  29-30.  —  27  Ibid.  VI,  10234.  —  28  Ibid.  XIV,  2112,  1.  25-2s'. 

—  29  Ibid.  1.  19-20.  —  30  Ibid.  VIII,  2552,  2553,  2556.  —  31  Ibid.  XIV,  2112, 
I.  29-31.  —  32  Plin.  Hist.  nat.  XXXV,  17,  197.  -  33  C.f.  Willems,  Le  Sénat,  t.  l’ 
p.  343.  —  34  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  2112,  1.  17-19.  —  35  Ibid.  1.  6.  —  36  Ibid 
XIV,  2112.  —  37  Ibid.  VI,  10234.  —  38  Ibid.  111,  p.  924.  —  39  Ibid.  III,  633  ; 
X,  444. 


LEX 


—  1112  — 


LEX 


des  personnes  exerçant  un  métier  différent.  A  Lyon,  par 
exemple,  il  y  a  dans  le  collège  des  fabri  tignuarii  un 
potier  \  un  forgeron  2,  un  marchand  de  saumure  3  ; 
dans  le  collège  des  fabricants  d’outres,  un  marchand  de 
toile  4  et  un  peigne ur  de  laines  5.  Certains  collèges  com¬ 
prennent  des  ouvriers -de  deux  métiers  différents  à 
1  exclusion  de  tous  autres  6  ;  tel  le  collège  des  ivoiriers  et 
ébénistes  de  Rome7. 

I  n  trait  caractéristique  des  collèges  professionnels, 
c  est  1  indication  de  la  cité  où  ils  sont  établis.  C  est  une 
conséquence  de  leur  caractère  municipal.  Ils  n’étaient 
autorisés  que  dans  les  limites  du  territoire  d’une  cité.  On 
les  désigne  ordinairement  par  un  adjectif  dérivant  du 
nom  de  la  ville:  corpus  dendrophorum  Ostiensium 8. 
Parfois  le  nom  de  la  ville  est  au  génitif  :  collegium  fa- 
brum  coloniae  Apul{ensis)  ;  parfois  aussi  il  est  accom¬ 
pagné  du  mot  consi st ere  :  Lugduni  consistentes,  et 
désigne  des  personnes  résidant  dans  cette  cité  alors 
même  qu’elles  n’en  seraient  pas  originaires  9. 

5°  Modification  de  la  lex  collegii.  —  Les  statuts  des 
collèges  ne  sont  pas  immuables.  Œuvre  de  la  volonté 
commune,  ils  peuvent  être  modifiés  par  l’assemblée 
générale.  Une  inscription  de  Pompéi  en  offre  un 
exemple:  la  lex  du  collège  des  ministri  Fortunae  Au- 
gustae  obligeait  certains  membres  à  fournir  une  statue  ; 
une  décision  de  l’assemblée,  prise  sur  le  rapport  du 
questeur,  autorisa  le  débiteur  à  donner  à  la  place  deux 
socles  de  marbre.  Pro  signo  quod  e  loge  Fortunae  Au- 
gustae  ministrorum  ponere  debebat...  basis  duasmar- 
moreas  decreverunt  pro  signo  poniret 10 . 

6°  Sanction  de  la  lex  collegii.  —  La  lex  collegii  n’a 
par  elle-même  aucune  valeur  juridique  :  c’est  un  acte  non 
solennel,  pactio  H.  Mais  le  fonctionnement  du  collège  eût 
été  impossible  si  l’on  n’eût  trouvé  le  moyen  de  rendre 
obligatoires  les  clauses  inscrites  dans  les  statuts.  Il  était 
d  usage  de  confirmer  la  lex  par  un  serment,  ou  une 
stipulation 12  ( conjurare  et  convovere  ;  conspondere  et 
compromittere). 

Chacun  des  membres  jurait  de  se  conformer  aux 
statuts  et  faisait  un  vœu  pour  le  cas  où  il  ne  tiendrait  pas 
son  serment  ;  ou  bien  il  faisait  une  promesse  en  forme 
de  stipulation.  Les  membres  du  collège  étaient  dès  lors 
enchaînés  par  un  lien  religieux  ou  civil.  Grâce  à  cette 
précaution,  on  pouvait  exiger  l’accomplissement  des 
obligations  imposées  par  les  statuts  et  punir  les  contra¬ 
ventions. 

La  procédure  à  suivre  pour  exiger  les  prestations  fixées 

1  Allrncr  et  Dissard,  Inscr .  antiques  du  Musée  de  Lyon ,  t.  II,  170. 

—  2  Ibid.  184.  —  ^  Ibid.  166.  —  4  Ibid.  181.  —  6  Ibid.  182.  —  G  Bruns, 
p.  356  :  [Item]  placere  ut  si  alius  quam  negotiator  eborarius  aut  citriarius  per 
[fr]audem  curatorum  in  hoc  collegium  adlectus  esset ,  uti  curatores  ejus  c[au]sa 
ex  albo  ra[d]e[r]entur  ab  ordine.  —  7  Bruns,  p.  356  ;  cf.  Callistr.  1  De  cognit.  Dig. 
L,  6,  5,  12  :  Ncc  omnibus  promiscue  qui  assumpti  sunt  in  his  collegiis  immuni- 
tas  datur ,  sed  artificibus  duntaxat.  —  %  Ibid.  XIV,  33,  67,  71,  97,  280,  324. 

—  9  Cf.  Mommsen,  Hermes ,  VII,  309,  et  sur  le  rôle  des  collèges  dans  la 
cité,  Waltzing,  t.  II,  p.  183.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  X,  825.  —  li  Gai.  4-  ad 
XII  Tab.  Dig.  XLVII,  22,  4.  Une  inscription  de  Pouzzoles  mentionne  la  lex 
et  conventio  corporis  Heliopolitanorum  [Corp.  inscr.  lat.  X,  1579).  —  12  Corp. 
inscr.  lat.  V,  196,1.  13  :  Neve  post  hac  inter  sed  conjoura  [se  nev]e  comvovise 
neve  conspondise  neve  conpromesise  velet,  neve  quisquam  / idem  inter  sed 
dedise  velet  ;  cf.  Tit.  Liv.  XXXIX,  18,  3;  Plin.  Ep.  X,  96,  7  :  Se  sacramenlo 
obstringerc.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  925,  1.  13  :  Cautionem  suam ,  in 
qua  eis  caverat ,  recepisset...  Idcirco  per  hune  libellum  publiée  testantur , 
ut...  ne  putet  se...  ab  eis  aliquem  petitioncm  funeris  abiturum.  —  1*  Ibid. 
XIV,  2112;  1,20:  Plaçait ,  ut ,  quisquis  in  hoc  collegium  intrare  voluerit , 
dabit  kapitularii  nomine  IIS  C  n{umos)  et  vint  boni  amphoram;  cf.  Ibid.  VIII, 
2557,  1.30.  —  IG  Ibid.  XIV,  2112;  I,  21  :  Dabit...  in  menses  sing(ulos)  a(sses)  V; 
cf.  Ibid.  VI,  10234,  1.  6;  XIV,  2112,  II,  1.  7.  —  16  Ibid.  XIV,  2112,  I,  27: 


par  les  statuts  variait  suivant  qu’on  avait  ou  non 
les  formes  ordinaires  des  contrats13.  Dans  lo  *  m^°$J 
cas,  le  droit  commun  était  applicable;  dans  le  1 

ii  1  H 


plus  fréquent,  il  appartenait  au  magister  dYv,  r- 
cution  de  l’obligation:  c’est  ce  qui  avait  lieT',!,,! "T 
paiement  du  capitularium  ‘\  de  la  cotisation  '  6 
suelle  15,  etc.  men' 

Les  peines  prévues  par  les  statuts  en  cas  de  n)| 
vention  sont  de  quatre  sortes:  peine  pécuniaire  r!| 
du  jus  honorum  ou  du  jus  suffragii ,  privation'  ï 
avantages  assurés  aux  membres  du  collège,  exclusion 

La  première  peine  est  de  beaucoup  la  plus  ordinaire 
elle  consiste  presque  toujours  en  une  somme  fixe-  d  uis 
un  cas  cependant  elle  est  portée  au  quadruple  1C.  p]](, 
encourue  par  les  membres  du  collège  en  cas  d’injure 
verbale  17  ou  de  tumulte  pendant  les  banquets 18  ;  par  ]e 
président,  lorsqu’il  emploie  l’argent  social  contrairement 
aux  statuts  10,  ou  refuse,  en  sortant  de  charge,  de  jurer 
qu’il  a  fidèlement  rempli  ses  fonctions20.  Dans  ce  dernier 
cas,  la  déchéance  du  jus  honorum  et  du  jus  suffragii 
s’ajoute  à  la  peine  pécuniaire 21 . 

La  privation  des  avantages  assurés  aux  membres  du 
collège  est  la  conséquence  foute  naturelle  de  f  inobserva¬ 
tion  des  statuts.  Elle  est  spécialement  mentionnée  dans 
la  lex  corporis  Heliopolitanorum'12. 

Quant  â  l’exclusion  du  collège,  c’est  la  seule  ressource 
que  l’on  ait  vis-à-vis  du  membre  du  collège  qui  se  rond 
coupable  d’un  manquement  grave  aux  statuts,  ou  refuse 
d’acquitter  les  amendes  prononcées  contre  lui 2  . 

La  procédure  à  suivre  pour  réprimer  les  contraventions 
aux  statuts  varie  suivant  la  nature  de  la  peine:  pour  les  j 
contraventions  qui  entraînent  une  peine  pécuniaire,  on 
suit  une  procédure  analogue  à  la  procédure  civile.  Le 
magister  est  investi  d’un  droit  de  jurisdictio  :  c’est 
devant  lui  que  l’action  doit  être  intentée24,  c’est  lui  qui 
organisera  une  instance  et  nommera  des  juges  pour 
trancher  le  différend.  \In  eum ,  gui  contra  h.  I.  fulloni '• 
cum  fecerit  cretulentumgue  exeg]erit,  ex  h.  I.  magister 
magistrive  judicium  danto 2C. 

Y  avait-il  pour  le  collège,  comme  pour  la  cité,  un  album 
de  juges?  Cela  semble  résulter  d’une  inscription  relative 
à  un  collège  de  fabri  de  Tusculum  ou  d’Ostie  :  elle  ] 
retrace,  lustre  par  lustre,  la  carrière  de  l’affranchi  L  La- 
vius  Hilario,  qui,  après  avoir  été  décurion  du  collège*® 
lustre  XV,  puis  deux  lustres  de  suite  magister  quinguen- 
nalis  et  censor  bis  ad  magistratus  creandos ,  début 
judex  inter  eleclos  [ lustro ]  XXI26. 


(loto 


Qui  funeris  ejus  curam  ayant,  efrationem  populo  reddere  debebunt  sj"  ^ 
m[alo ]  ;  et  si  ijuit  in  eis  fraudis  causa  invent um  fuerit  eis,  . 

quadruplum.  —  17  Ibid.  XIV,  2112;  II,  28  :  Si  quis  quinquennali  '"[f  j 
obprobrium  aut  quid  contumeliose  dxxerit,  ei  multa  eslo  HS  XX  n.  ,  ^ 

Quisquis  seditionis  causa  de  loco  in  alium  locum  transierit,  eiwullo-  ^  ^ 
IV  n.  Si  quis  autem  in  obprobrium  aller  alterius  dixerit  aut  tu[rnul\ltH-'n‘  ^ 
ei  multa  esto  IIS  XII  n.  —  19  Ibid.  VI,  1U234  :  Quod  si  ea  pecunia  011,1  ^  ^ 
s[upra)  s[cripta )  est...  in  altos  usas  convertere  voluerint  quam  in  eos 
(supra)  s(cripli)  sjint)...  q(uin)q(uennalis)  et  curatores  yi, 

uti  poenae  nomine  arkae  n(oslrae)  inférant  IIS  XX  m.  n.  —  ^ 

10298,  I.  1-6.  -  21  Ibid.  1.7:  [qui  magister  ita  non  jurarerd^  ^  ^ 
ma]g(ister)  ni  esto  nioe  su/fragium  inito.  —  22  Ibid.  X,  1379  :  H"  " -j 
possessorum  juris  est  qui  in  cullu  corporis  Heliopolitanorum  . 
atque  ita  is  accessits  jusque  esto  per  januas  itincraque  ejus 


adversus  lecem  et  conventionen  ejus  corporis  faccrc  persévérât'11  |S9l, 


ad  Quint,  fr.  II,  5,  2.  Mittheil.  d.  deutsch.  archaeol.  Inet.  111  ■■  ^ 
t.  XIX,  p.  248.  —  24  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10298,  1.  '■  all  proffl11- 

pecuniae  quantae  quis  ita  multatus  erit,  ex  hac\  le/je  actio  est",0  ^  j|\, 
g(ister)  jure  dicundo,  Ibid.  VI,  9289.  —  25  Ibid.  1.  1*-  ""  y 
2630  ;  cf.  pour  l'interprétation  de  cc  texte,  MoriU  Voigt,  Oie 
t,  LI,  p.  757,  n.  28. 


un 


•  soription  delà  Gaule  Cisalpine,  rédigée  dans 
[  lIne. '^incorrect,  mentionne  une  décision  rendue  par 
"slyle  lri?„!i  du  collège  des  fabri  :  ex  judicato  Aquili 
deu'  ^iiern  Taciti  secularis  ex  collegio  fabrum  *.  Ces 
r;î?U:  ne  doivent  pas,  croyons-nous,  être  confondus 
iUliiaL  nuaglatores  2  qui,  suivant  l'opinion  commune, 
aVW  t  deS  arbitres  chargés  de  trancher  les  différends  qui 
Avaient  entre  confrères,  et  non  de  juger  les  contra¬ 
ventions  à  la  lex  collegü 3 . 

I  D'après  les  statuts  du  çollegium  aquae,  tout  jugement 
Rendu  contrairement  aux  statuts  entraîne  pour  le  juge 
une  amende  4;  il  en  est  de  même  s’il  refuse  de  juger  h 
Les  décisions  rendues  parles  juges  du  collège  n’etaient 
IL  comme  les  sentences  des  juges  institués  par  les 
magistrats  du  peuple  romain,  susceptibles  d’exécution 
forcée  :  contre  les  récalcitrants,  on  n’avait  d’autre 
ressource  que  la  peine  de  l’exclusion. 

I  Les  contraventions  aux  statuts  étaient  parfois  direc¬ 


tement  réprimées  par  le  magister.  Comme  les  magistrats 
du  peuple  romain,  il  avait  la  coercitio  sanctionnée  par  le 
Iroit  d’infliger  une  amende  (mulctae  dictio)  0  [mulcta]. 
|  Indépendamment  de  cette  procédure  analogue  à  la  pro¬ 
cédure  civile,  on  trouve  la  trace  d’une  procédure  analogue 
au  judicium  p.opuli  admis  en  matière  criminelle  sous  la 
République.  C’est  ce  qui  résulte  d’une  inscription  récem¬ 
ment  découverte  à  Athènes  h 

On  vient  de  voir  comment  et  dans  quelle  mesure 
la  lex  collegü  oblige  les  membres  du  collège.  On  s’est 
demandé  si  cette  lex  peut  obliger  les  personnes  qui 
n’en  font  pas  partie  8.  La  question  n’en  est  pas.  une. 
La  lex  collegü  n’est  qu’une  convention  privée  :  elle  est 
pour  les  tiers  res  inter  altos  acta ,  on  ne  saurait  la  leur 
opposer.  Les  fragments  du  çollegium  aquae  qui  ont 
fourni  une  raison  de  douter  n’ont  rien  de  décisif:  si  l’on 
donne  action,  en  vertu  de  la  lex  collegü ,  contre  le  mes¬ 
sager  chargé  par  le  magister  d’annoncer  qu’il  était 
empêché  de  prêter  serment  et  qui  n’a  pas  rempli  sa 
mission  J,  rien  ne  prouve  qu’il  ne  soit  pas  lui-même 
Inembre  du  collège.  Quant  aux  foulons  qui  veulent 
Exercer  leur  métier  sans  avoir  acheté  le  droit  d’utiliser 
es  fontaines  publiques,  si  l’on  donne  action  contre  eux  10, 
au<  faculté  d appel  au  préteur  n,  c’est  pour  protéger  un 

monopole  concédé  par  l’État  à  ceux  qui  paient  le  vectigal 12 . 

ur  un  point  cependant,  une  dérogation  au  droit  commun 
l  e  e  admise  en  faveur  des  membres  des  collèges  funé- 
aneb.  leurs  créanciers  ne  peuvent  réclamer  le  funera- 

ulla'1  U  ^eUI>  t^)'®eiir-  Neque  creditori  ex  hoc  collegio 
P  «  pttitio  esta.  Ce  funeraticium  a  reçu  une  affectation 


spéciale:  il  doit  servir  à  procurer  au  membre  du  collège 
une  sépulture  convenable.  On  a  fait  prévaloir  ici  I  in¬ 
térêt  moral  du  débiteur  sur  l’intérêt  pécuniaire  de  ses 
créanciers. 

lex  coxsulaius.  —  Loi  proposée  par  un  consul.  On 
oppose  la  lex  consularis  à  la  lex  tribuniciau  [lex  tki- 
bunicia], 

lex  conthactus.  —  Le  mot  lex  a  été  de  bonne 
heure  usité  pour  désigner  les  contrats  conclus  par  les 
magistrats  du  peuple  romain  avec  les  particuliers.  Les 
clauses  de  ces  contrats,  rédigées  d’avance  par  le  magis¬ 
trat  et  portées  à  la  connaissance  du  public,  formaient  le 
cahier  des  charges  de  l’adjudication.  Elles  devenaient 
obligatoires  dès  l’instant  de  leur  acceptation  par  celui  qui 
se  rendait  adjudicataire. 

Cette  acception  du  mot  lex  a  passé  du  droit  public  au 
droit  privé  :  elle  y  a  reçu  des  applications  nouvelles.  En 
droit  privé,  la  lex  contractas ,  c’est  tantôt  le  contrat 
conclu  entre  deux  ou  plusieurs  personnes,  tantôt  une 
clause  de  ce  contrat,  tantôt  enfin  une  clause  accessoire 
jointe  à  ce  contrat14. 

1.  Droit  public.  —  Les  contrats  conclus  par  les  magis¬ 
trats  du  peuple  romain  avec  des  particuliers  sont  le  plus 
souvent  des  contrats  de  vente  ou  de  louage.  Il  y  a  pour¬ 
tant  des  exemples  de  prêt  et  de  dépôt15.  Les  magistrats 
compétents  étaient:  pour  la  vente,  les  censeurs  et  les  ques¬ 
teurs  ;  pour  le  louage,  les  censeurs  et,  dans  les  intervalles 
de  la  censure,  les  magistrats  supérieurs  (consul  iG  ou 
préteur17)  et,  à  défaut,  les  questeurs18;  pour  les  dépôts, 
les  questeurs  ;  pour  les  prêts  consentis  par  l’État  ou  poul¬ 
ies  emprunts  qu’il  contracte,  des  magistrats  extraordi¬ 
naires  quinque  ou  très  viri.  mensarii 19. 

A.  Loges  venditionis.  —  Les  ventes  sont,  en  principe, 
consenties  par  les  questeurs  tant  pour  les  meubles  que 
pour  les  immeubles.  Qu’il  s’agisse  des  terres  conquises 
[ctgri  quaestorii 20),  du  butin21,  ou  des  biens  confisqués 
par  l’État22,  ce  sont  d’ordinaire  les  questeurs  qui  pro¬ 
cèdent  à  la  vente  sub  hasta  en  vertu  d’une  décision  du 
peuple  ou  du  sénat  [hasta,  t.  Y,  p.  42].  Il  y  a  cependant 
des  exemples  de  ventes  consenties  par  les  censeurs23. Ces 
ventes  devaient  même  être  fréquentes  à  l’époque  antique, 
parce  qu’elles  s’appliquaient  à  des  hypothèses  que  l'on  a 
plus  tard  fait  rentrer  dans  le  louage  :  l'État  vendait  le 
profit  à  retirer  d’une  terre  en  culture24.  Venditiones ,  di L 
Festus,  olim  dicebantur  censorum  locationes ,  quocl  velut 
fructus  tocorum  publicorum  venibant 2B. 

L’existence  de  loges  contractas  en  matière  de  ventes 
faites  au  nom  de  l’État  est  confirmée  par  divers  textes: 


1  Corp.  inscr.  lat.  V,  8143.  _  2 


Ibid.  X,  3910;  XIV,  25.  —  3  Ibid.  X,  240; 


WpMylati  êentnr.r  ,  „  - "*>  a,  s*u 

I  P»er  la,  vi  ,n °s;  cf-  Hirschfeld,  Gallische  Studien,  III,  17.—  4  Cor 
I  liceto  «Z  -  ü  •  •  Juagister,  si  cui  fulloni  ex  h.  I.  multam  dice 

Bu  em  magùter  et  **  $aepiuS  volet  ;  dictio  est°  a(ssis)  L-  —  0  Ibid-  >•  2< 

■  Mo  recuperator  ''  ^  Iudlcare  jnsserit,  is  si]  judicassit  ita  uti  s.  s.  e.  mul 

—  G  Ibid.  1.  [°>  ,IU0^(Iue  ' rn  consilio  ci  erunt  in  singulos  a(ssium)  1 

I  deutsch.  arch~nZi~,  '  USchrlft  der  Iobakchen,  publié  par  Wide  dans  Mitthcil. 

\  ?  AthT'  lm’  X1X’  P-  21*.  L  *3-89  :  -E*.  Si  Tlî  £. 

j.  fyltw  0»  ‘  tï]v  tepéa  i|  tov  àvOteoéa  ô  Si  iTcàvavxeç  àyoç 

■  üçôvov  |xvj  'àar  ^"  Y]^TW(rav  o^oujaévoü  to-j  Lpéojç,  xat  TCçoffTso[J.à.ir(jw  t:; 

f  4  If  1>.  409,  __  j  r,  ‘ !Ict‘ «ÇTuçiou  |sexp‘  *  xe\  —  8  CL  Waltzing,  Op.  c 
I  Co»o  ni  quis  fuiy.'  mscr\  lal '■  V1>  10298,  L  11-13.  —  10  Ibid.  1.  13-17  :  [P 
I  is  plppuli)  RlomaïC)  .  iSS(^  niKe  cretl<lentum  exeqissevelit,  nisi  in  dual 
B’”'1  c°nkgiij  cjcrne  y.  *US  emet  ’  Üui  contra  fecerit,  adversus  eum  qui  vo, 

■  [ei  .  ’  °’  ma0<stnsve  denantiamino  in  biduo  continua  ; 

e*io.  —  n  j  ‘"tpendwnt  qui  ad  fonte]m  venerit,  milita  a(ssiu 

»  T"  ~~  12  Éd.  L'  d®  Mommsen  dans  Bruus-  Fontes  juris,  8*  i 

B  Clc'  De  lege  agr _  j,  Revue  histor.  de  droit ,  1899,  p.  039,  n.  4  et 

’  '  lHes  sunt  veteres  neque  eae  consulares...  s 


iribuniciae  ;  Tit.  Liv.  III,  50,  12.  —  14  Liv.  VII,  21;  Tac.  Ann.  VI,  17.  — 
13  Ibid.  XXIV,  18.  —  10  Locations  faites  par  un  consul.  1°  Locatio  rei  :  Tit. 
Liv.  XXXI,  13,  7  (cf.  XXVII,  3,  1);  Corp.  inscr.  lat.  I,  200,  I.  89;  2 0  Lex  operi 
faciundo  :  Cic.  ad  Att.  IV,  1,  7;  Catilin.  III,  8,  20;  De  divin.  II,  21,  47  ;  Philip. 
XIV,  14,  30;  Suet.  Claud.  9.  —  n  Locations  faites  par  le  préteur  urbain  :  entre¬ 
prise  de  fournitures  pour  l'armée  d'Espagne  eu  539  :  Tit.  Liv.  XXIII,  48;  en  585, 
pour  l’armée  de  Macédoine  ;  Ibid.  XL1Y,  10  ;  construction  de  l'ai|ueduc  Marcieu  en 
100  :  Fronliu.  De  aquis,  7.  —  18  Locations  faites  par  les  questeurs  par  ordre  du 
sénat  :  Cic.  Philip.  IX,  7,  16;  Denys  d’Halic.  VI,  96;  Val.  Max.  V,  1,  I;  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  358.  —  m  Tit.  Liv.  XXIII,  21  ;  XXIV,  18.  —  20  Hygin.  p.  115,  L  15  : 
Quaestorii  dicuntur  ayri  quos  populus  Romanus  devictis  pulsisque  hostibus  pos¬ 
séda ,  mandavitquc  quaestoribus  ut  eos  venderent.  Sic.  Flac.  p.  130, 1.  14;  p.  152, 
1.  19;  Tit.  Liv.  U,  17,  0  ;  XXVIII,  0,  4.  • —  21  Plaut.  Capt.  11,  3,  387  :  Edcpol,  rem 
meam  Constabilivi ,  quom  illos  emi  de  praeda  a  quaestoribus.  Varr.  De  re  rust.  II, 
10,  4.  —  22  Tit.  Liv.  IV,  15  :  Jubere  ituquc  quaestores  vendere  ea  bona ,  atque  in 
publicum  redigere.  Ibid.  XXXVIII,  60;  Denys  d’Halic.  XI,  40.  —  23  Tit.  Liv. 
XXXII,  7,  3  :  Censores  sub  Tifatis  Capuae  agrum  vendiderunt.  Ibid.  XLI,  27,  10. 
—  24  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  t.  I,  p.  028,  u.  4.  —25  Fest. 
v«  Venditiones. 


LEX 


1U4  — 


LEX 


Hyg'»)  parlant  de  la  vente  des  a;/ ri  quaestorii,  dit  :  Quibus 
agris  sunt  condiciones  uti  p{opulus)  Il(omanus)...  quod 
etiam  pracstitutum  observant...;  non  tamen  universos 
Pelisse  legibus ,  quas  a  venditoribus  suis  acceperant 1 * 
Cicéron  rappelle  que  les  Romains,  après  la  conquête  de 
la  Sicile,  ont  montré  tant  de  sollicitude  pour  cette  pro¬ 
vince  qu’ils  n’ont  pas  voulu  changer  la  lex  vendit ionis 
decumarum  ;  ils  ont  conservé  le  règlement  des  dîmes 
établi  par  la  lex  Hieronica  -.  Le  chapitre  64  de  la  lex 
Malacitana  nous  fait  connaître  une  lex  praedibus 
praedisque  vendundis  qu’on  appelait  aussi  lex  praedia- 
toria  .  elle  avait  trait  a  la  vente  des  garanties  affectées  à 
la  sûreté  des  créances  de  l’État  [praes]  3 *.  Les  duumvirs 
sont  autorisés  à  faire  vendre  les  praedes ,  les  praedia  et 
les  cognitores  avec  l’autorisation  de  la  curie  et  de  fixer 
les  conditions  de  la  vente.  Mais  il  leur  est  prescrit  de  se 
conformer  aux  clauses  insérées  par  les  agents  du  trésor 
à  Rome  dans  le  cahier  des  charges  des  ventes  ex  lege 
praediatoria  :  Dum  eam  lege/n  in  rebus  vendundis 
dicant ,  quant  legem  eos.  qui  lioniae  aerario  praeerant 
e  lege  praediatoria  praedibus  praedisque  vendundis 
dice-re  oporterct.  Que  si,  lors  de  cette  première  mise  en 
vente,  il  ne  se  présente  aucun  acheteur,  ils  devront  faire 
procéder  à  la  vente  in  vacuum  en  obligeant  l’adjudica¬ 
taire  à  payer  le  prix  au  municipe  de  Malaga  U 

Un  autre  exemple  de  lex  contractas  est  cité  par 
Tite  Live  a  propos  des  trientabula.  Le  contrat  était 
soumis  a  cette  clause  ut  si  quis ,  cum  solvere  posset 
populus,  pecuniam  habere  quant  agrum  mallet,  resti- 
tueret  agrum  populo  " .  Cette  lex  peut  être  rapprochée 
des  précédentes,  parce  qu’elle  s’applique  sinon  à  une 
vente,  du  moins  à  une  dation  en  paiement  qui  est 
analogue  à  la  vente. 

Il  n’existe  pas,  à  notre  connaissance,  d’exemple  d’une 
lex  bonorum  vendendorum  :  mais  il  n’est  pas  douteux 
que  la  bonorum  sectio  était  régie  par  une  lex  spéciale. 
Cette  lex  devait  se  rapprocher  de  celle  qui  était  admise 
en  droit  privé  pour  la  bonorum  venditio 6 * ,  et  dont  parle 
Théophile  dans  sa  paraphrase  des  Institutes  de  Justinien. 
Cette  conclusion  est  confirmée  par  un  passage  de  Cicéron 
où  il  est  dit  que,  dans  les  ventes  publiques,  il  était  d’usage 
constant  d  accorder  à  un  créancier  la  préférence  sur 
tout  autre  adjudicataire  \  Le  même  usage  était  suivi 
dans  la  bonorum  venditio  8 * *. 


R.  Leges  locationis.  —  Bien  plus  nombreuses  „ 
leges  locationis.  Qu’il  s’agisse  de  concéder  h  i  N'nl' ies 
des  terres  publiques  »,  l’exploitation  des  minl"S1S0ance 
carrières  11 ,  des  salines12  ou  de  la  pêche13 * *  de  r  ' S  011 
les  impôts,  d’entretenir  les  édifices,  aquedu.C ' 
et  cours  d’eau  publics,  ou  de  faire  des  construction^ 
velles,  de  procurer  cà  l’État  les  fournitures  dont  il ,  t 
pour  ses  armées,  c’est  sous  forme  de  loui-o  i’°'n 
marché  est  conclu.  Tantôt  il  y  a  locatio  rei 
focatio  operis  faciendi  [locatio].  Les  conditions 
contrat  étaient  hxees  par  le  censeur  dans  le  ■  “ 
des  charges  publié  avant  l’adjudication  :  c’était  f  T 
contractas,  appelée  aussi  lex  censoria  du  '  no,,,  7 

“ftoesT1’  rtgulièremenl-  011  élail  l’auteur  [ce,,,,' 

Les  textes  font  souvent  allusion  à  ces  leges  censoriar 
elles  ont  trait  les  unes  aux  veçtigalia,  les  autres  aux 
ultrotributa  **.  aux 

a)  Veçtigalia.  —  La  loi  agraire  de  643  cite  la  lex  des 
censeurs  de  l’an  639  et  de  l’un  des  consuls  de  l’an  611 

®U.ya  m/se  à  ferme  des  veçtigalia  de  la  province 
cl  Alrique  Le  sénatus-consulte  de  Oropiis  de  l’an  681 
tranche  une  difficulté  soulevée  par  les  publicains  sur 
interprétation  d’une  lex  locationis 16 .  Cicéron  mentionne 
a  lex  censoria  qui  autorise  les  publicains  à  recouvrer 
les  impôts  dans  la  province  d’Asie17 *  et  en  Béotie u, 
celle  qui  fixe  la  redevance  imposée  à  ceux  qui  cul¬ 
tivent  les  terres  publiques19 * *  ;  Varron,  une  clause  de 
la  lex  censoria  sur  la  ferme  du  droit  de  pâture 80  ; 
Pline,  une  clause  de  la  lex  censoria  sur  l’exploitation 
d  une  mine  dor-1.  Alfenus  Varus  nous  a  conservé  le 
texte  de  deux  fragments  de  leges  censoriae ,  l’une  rela- 
tive  au  portorium  de  Sicile:  In  lege  censoria  portus 
Siciliae ,  ita  scriptutn  erat  :  «  Servos  quos  domum 
quis  ducet  suo  usu,  pro  his  portorium  ne  dato31  »; 

1  autre,  a  1  exploitation  des  carrières  de  file  de  Crète: 
Caesar,  cum  insulae  Cretae  colorias  locasset ,  legem  Uct 
dixerat  :  «  A  e  quis  praeter  redemptorem  post  idus 
Martias  cotent  ex  insula  Creta  fodito  neve  eximito 
neve  avellito 23  ». 

p)  Ultrotributa.  —  Des  leges  locationis  relatives  à  des 
entreprises  de  fournitures  sont  mentionnées  par  Tite 
Live et  par  la  loi  municipale  de  la  colonie  de  de- 

_ 1* _  O  K  ta  1 


netiva  D  autres  concernent  l’entretien  de  temple 


oa». 


i  IlygiQ.  p.  110.  -  2  Cic.  2*  iu  Verr.  III,  0,  H  et  13  :  ltaque  decumas  lege 

Hieronica  semper  vendundas  censuerunt ;  cf.  cod.  7,  18;  Dcgenkolb,  Die  lex 
Hieronica,  p.  78-94,  a  démontré  que  cette  lex  Hieronica  est  une  lex  decumis 
vendundis.  Cicéron  {Verr.  III,  49,  117),  rapportant  le  nouveau  règlement  que 
Verrès  avait  substitue  à  la  lec  Hieronica  et  qu’il  appelle  lex  Verria,  dit  qu’il 
débutait  par  ces  mois  :  lex  decumis  vendundis  C.  Verre  pr.  (Ibid.  III,  30,  83). 

3  Corp.  inscr.  hit.  II,  1904.  —  4  Ibid.  :  Aut  si  lege  praediatoria  emptorem 

non  inveniet  quam  legem  in  vacuum  vendendis  dicere  oporteret...  ;  cf.  Suet. 

Claud.  9.-5  Tit.  Liv.  XXXI,  13,  7.  —  6  Theoph.  IV,  12  pr.  ;  cf.  Cic.  P. 

Quinct.  15  :  Cui  magistri  fiant  et  domini  constituuntur  ;  gui  gua  lege  et  qua 

conditione  pereat,  pronuntient.  —  7  Cic.  2“  in  Verr.  I,  54,  142  :  Ubi  ilia  con- 

suetudo  in  bonis  praedibus  praediisque  vendundis ,  omnium  consulum ,  censorum 

praetorum,  guaestorum  denique,  ut  optima  conditione  sit,  is  cuja  res  sit,  cujum 

periculum  ?  ef.  sur  ce  texte,  Mommsen,  Jiôm.  Staalsrecht,  trad.  t.  IV,  p.  129, 

n.  1.  —  8  Gai.  24  ad  Ed.  prov.  Di  g.  XLII,  5,  10  :  Cum  bona  veneunt  débitons  in 

comparationc  exlranei  et  ejus,  qui  creditor  cognalusve  sit,  potior  habetur  cre- 

ditor  cognalusve,  magis  tamen  creditor  quam  cognatus,  et  inter  creditores  is, 

cui  major  pecunia  debebitur.  —  9  Tit.  Liv.  XX VII,  3,  1.  -  10  pi;n.  Hist.  nat. 

XXXIII,  4,  78.  -  11  Alfeu.  Var.  7  Dig.  Dig.  XXXIX,  4,  15.  —  U  Corp.  inscr.  lat. 

III,  1209,  1303  :  Conductores  salinarum.  —  13  Dessau,  Inscr.  lat.  I,  1401  :  Con- 

ductores  piscatus.  -  H  Corp.  inscr.  lat.  I,  200,  I.  73  :  Quibus  loceis  ex  lege  loca- 

l ionis,  quam  censor  aliusve  quis  mog(istratus)  publiceis  vecligalibus  ultrove  tri- 

buteis  fruendeis  tuendeisve  dixit  dixeril...  ;  cf.  Ibid.  II,  1904,  c.  03.  —  15  Ibid.  I, 

200,  I.  85  :  ...Ex  l(cge )  dicta  q[uam  L.  Caecilius  Cn.  Domitius  cen)s(ores)  agri 

aedificii  loci  vectigalibusvc  publiceis  fruendeis  locandeis  venclundeis  legem  deixe-  I 


runt,  publicano  dare  oportere...  L.  88  :  Neive  quod  in  eis  agreispequs  jms'ft- 
tur,  scripturae  pccoris  lege[m]  de[i]citur.  —  lii  Bruns,  Fontes  juris.  -  11  Gic' 
Ad  Quint,  fr.  I,  1,  35  :  Graeci...  possunt  in  pactionibus  faciendis,  non 
spectare  censoriam ,  sed  potius  commoditatem  conficiendi  negotii  et  liberatio ■ 
nem  molestiae.  —  18  Cic.  De  nat.  deor.  III,  19,  49  :  Nostri  quideni  publicMb 
cum  essent  agri  in  Beotia  deorum  immortalium  excepti  lege  censoria  negnbnnt 
immortales  esse  ullos  qui  aliquando  homincs  fuissent.  —  10  Cic.  2»  in  Verr.  V 
21,  53;  Hygin.  p.  110;  cf.  sur  l’inlerprétalion  de  ces  textes,  Mommsen, 
Staalsrecht,  Irad.  t.  IV,  p.  117,  n.  1  ;  p.  149,  n.  2.  —  20  Varr.  De  re  rusl 
II,  1,  10:  Greges  ovium...  ad  publicanum  profitentur  ne,  si  inscriptwn  Pecus 
paverint,  lege  censoria  committant.  —  21  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  4,  7S  :  t?'®"'1 
lex  censoria  Victumalarum  aurifodinae  in  Vercellcnsi  agro,  qua  cavebatur, 
plus  quinque  millibus  hominum  in  opéré  publicani  haberent.  —  22  Atfen.  ‘ 
Dig.  Dig.  L,  10,  203.  —  23  Ibid.  Dig.  XXXIX,  4,  15.  -  *  Tit-  Ll’] 
XXIII,  48  :  Prodeundum  in  concionem  Fulvio  praetori  esse,  indices-0 
populo  publicas  nécessitâtes,  cohorlamlosque,  qui  redemturis  auxissent  t"' 
trimonia  ut...  conducerent  ea  lege  praebenda,  quae  ad  exercitum  i  ^ 
niensem  opus  essent ,  ut ,  cum  pecunia  ex  aerario  esset ,  Us  primis 
veretur-,  cf.  Ibid.  XLIV,  10.  —  25  Corp.  inscr.  lat.  II,  5439,  c.  '"'j 
Ilviri...  ad  decuriones  referunto...  uti  redcmplori  redemploribusque,  1  «>  ^ 
redempta  habebunt  quae  ad  sacra  resq(ue)  divinas  opus  érunt  pcctu,lfl 
lege  ocalionis  attribuatur  solvaturq(uc).  —  20  Cic.  2»  in  Verr.  I,  sl>. 
Habonius  qui  legem  nosset,  qua  in  lege  numerus  tantum  cotow,i'",sî 
traditur,  perpendiculi  nulla  fil  mentio...  negat  oportere  exigi ;  cl. 
v»  Produit. 


LEX 


—  1115  — 


LEX 


,  .  ou  aqueducs  3,  le  nettoiement  d’un  cours 
r0ul,'S|  Qn  possède  en  outre  le  texte  de  deux  loges  loca- 
'eri  faciundo ,  l’une  rapportée  par  Cicéron  dans 
^Teeonde  action  contre  Verrès  *,  l’autre  gravée  sur 
Sl1  woblo  de  marbre  trouvée  à  Pouzzoles  s  (lex  parieli 
TriundoPuteolana),  elle  texte  d’une  lexagris  limitan- 
dis  rnetiundis  conservée  dans  le  liber  coloniarum  6. 

*c  rédaction  des  leges  contractas.  —  Les  loges  con¬ 
tracta  sont  rédigées  par  le  magistrat  compétent  :  c’est 
ce  que  prouve  la  qualification  donnée  aux  plus  impor¬ 
tantes  d’entre  elles,  les  leges  censoriae.  Elles  contenaient, 
au  temps  de  Cicéron,  à  côté  de  dispositions  particulières 
à  l’affaire  à  conclure,  des  clauses  de  style  qui  se  retrou¬ 
vaient  dans  toutes  les  leges  analogues  et  qui  formaient 
une  consuetudo \  Les  innovations  introduites  étaient 
considérées  comme  des  additions  au  contrat-type  et 


conservaient  le  nom  de  leurs  auteurs.  Corriguntur  leges 
censoriae, dit  Cicéron.  Video  in  multis  veteribus  legibus  : 
«  Cn.Domitius  L.  Metellus  censores  addiderunt.  L.  Cas- 
sius  Cn.  Servilius  censores  addiderunt  8.  On  sait  par 
exemple  que  la  clause  qui  exonère  des  risques  de  guerre 
ou  de  mer  les  entrepreneurs  de  fournitures  pour  l’armée 
fut  introduite  comme  une  faveur  en  539et  figuraitcomme 
clause  de  style  en  5'42  9. 

Les  magistrats  ne  devaient  en  principe  rien  changer 
au  formulaire  consacré  par  la  coutume,  sans  la  permis¬ 
sion  du  sénat10.  Cicéron  reproche  à  Verrès  d’avoir  de  sa 
propre  initiative  modifié  la  lex  decumis  vendundis  pour 
la  Sicile11. 

Lorsqu’il  y  avait  une  situation  nouvelle  à  régler,  une 
nouvelle  lex  contractas  à  proposer,  les  magistrats  pre¬ 
naient,  suivant  l'usage  romain,  l’avis  d’un  conseil  com¬ 
posé  des  principaux  personnages  de  la  cité12. 

B  D.  Caractère  contractuel  des  leges  censoriae.  —  On 
a  envisagé  jusqu’ici  la  lex  contractas  comme  un  contrat. 
A  parler  exactement,  c’est  plutôt  un  projet  de  contrat. 
Un  contrat  suppose  un  accord  de  volontés  entre  deux 
ou  plusieurs  personnes  :  or  la  lex  contractas  est  un 
acte  unilatéral  ;  elle  ne  se  transforme  en  contrat  que  par 
1  acceptation  de  l’adjudicataire13.  La  disti  nction  de  la 
ex  locationis  et  de  la  locatio  ressort  nettement  de  la 
lubrique  du  chapitre  63  de  la  loi  municipale  de  Malaga: 

.  e  locationibus  legibusque  locationum  proponendis  et 
m  tabulas  munie i pi  referendisu.  Le  chapitre  64  fait  la 

memo  extinction  entre  le  contrat  de  vente  et  les  leges 
venditionis  u. 

Bien  que  la  /ex  contractas  soit  l’œuvre  du  magistrat, 

con  L (  aUdl>aiî  pas  croire  qu’il  imposât  absolument  ses 
mns  a  1  adjudicataire.  Lorsque  le  cahier  des  charges 


B  1  Corp.  inscr.  lat  1  9nn  i  n 

(ledfüis)  ounm  »  ’  '  46  :  0uam  viam  h.  I.  tuendam  locari  oportcb, 

***...  QZrjn‘rdam  we  oportebit,  is  eam  viam...  tuenda 
instar)  ur, Ua  1uaeilue  vi“  ' ocata  erit,  t(antam )  p(ecuniai 
btredeive  ejus  ,/  ’  J  redemPtorei  quoi  e  tege  locationis  dari  oportel 
''aqueduc  d/véuaf,  ”  T  adtnbuendam  c^ato.  -  2  L’édit  d’Auguste  s> 
cf-  Frontin.  De  a„„;  ^  C.'me*ex  a<1Uae  tuendae  (CorP-  inscr.  lat.  X,  4842,  1.  4; 

rcdempta  habent  »;  „  ■  %P  mven*mus  •'  «  Qui  flumina  retanda  publi 
lefJ?  locationis  facovT  601  a<*  me  e^uctus  fuerit,  qui  dicatur,  quod  eum  t 

~  c  c°rp.  viser  lat  '  °P°!'Utcrit’  non  fuisse  ».  —  4  Cic.  in  Verr.  I,  55-5 
C2’  U-  :  Ostendi  istum’dl,  ~  °  Lachn,ann'  P-  -  1  Cic.  2»  in  Verr.  Il 
«Mifctfa  vendidisse  //  ■ ,  j'™as  noî’a  leae  contra  omnium  consuetudinem  atq\ 

’  :i5’  U3'  -  0  Tit  Liv  Yvm  '  15  ;  7’  10  Cl  17  ;  8’  19  el  20  «*.  13°-  -  8  «A 
]!"  dni publico  non  ont  ;i  ’ ,4°  ’  XXV’  10  >  cf-  Poul>  Ia  clause  relative  à  cel 
err-  Ul,  r])  18  ;  q  1  PeV  i0stem>  Cic.  De  prov.  cons.  5,  12.  —  10  Cic.  2a 
olei  deci rnias  Homae  <'otta  c°nsulibus  senatus  permisit  ut  vini 

ent>  cf-  e°d.  8,  (g.  ...  e>j^d  egemque  hit  rebus  quam  ipsis  videretur  die 
1  ■  L  7,  1/  :  QU0li  tua  sponte  injussu  populi  sii 


était  publié,  ceux  qui  avaient  l’intention  de  prendre  part 
aux  enchères  pouvaient  demander  au  magistrat  de  chan¬ 
ger  les  clauses  qu’il  leur  paraissait  difficile  d’accepter, 
ou  d’en  ajouter  de  nouvelles  dans  leur  intérêt10.  La  lex 
contractas  ne  devenait  définitive  qu’au  moment  de 
l’adjudication  [censoria  locatio,  t.  II,  p.  1001];  dès  lors, 
elle  se  confondait  avec  le  contrat. 

Le  caractère  contractuel  des  leges  censoriae  a  été 
contesté.  Certains  auteurs  ont  émis  l’avis  qu’on  devrait 
plutôt  les  considérer  comme  des  règlements  analogues 
aux  édits  des  Préteurs,  et  par  suite  comme  ayant  force 
de  loi17.  Cette  opinion  n’a  pas  été  favorablement  accueillie. 
Entre  l’édit  des  magistrats  et  la  lex  censoria ,  il  y  a  tout 
au  moins  deux  différences  qui  ne  permettent  pas  de 
les  identifier  :  1°  L’édit  puise  sa  force  dans  le  pouvoir  du 
magistrat  ;  il  s’impose  bon  gré  mal  gré  à  tous  les 
citoyens.  La  lex  censoria  resLe  à  l’état  de  projet  tant 
qu’il  ne  se  trouve  pas  un  citoyen  pour  en  accepter  les 
conditions:  en  cela  se  manifeste  son  caractère  contractuel. 
*2o  L’édit  du  magistrat  n’est  obligatoire  que  pendant  la 
durée  des  fonctions  de  celui  qui  l’a  rendu.  La  lex  censoria 
conserve  sa  valeur  pendant  le  temps  fixé,  alors  mèmeque 
les  censeurs  qui  l'ont  rédigée  ne  sont  plus  en  charge. 
Ici  encore  la  lex  censoria  est  traitée  comme  un  contrat. 

Mais  si  la  lex  censoria  ne  peut  être  comparée  à  un  édit 
quant  aux  relations  de  l’État  avec  l’adjudicataire,  il  ne 
faut  pas  en  conclure  que  ce  soit  un  contrat  de  tout  point 
identique  à  un  contrat  du  droit  privé.  Ce  serait  perdre 
de  vue  que  l’une  des  parties  contractantes,  le  censeur, 
agit  au  nom  du  peuple  romain,  et  par  suite  jouit  d’un 
pouvoir  qui  dépasse  celui  d’un  particulier.  Aussi  peut-on 
signaler  plusieurs  différences  entre  les  contrats  publics 
et  les  contrats  privés  : 

1°  D’abord  quant  à  la  forme.  Le  droit  public  a  admis 
que  les  contrats  de  vente  et  de  louage  se  formeraient  solo 
consensu  à  une  époque  où  le  droit  privé  ne  connaissait 
pas  encore  de  contrats  synallagmatiques  non  solennels  18. 

2°  La  lex  censoria ,  acceptée  par  l’adjudicataire,  n’est 
pas  irrévocable  comme  un  contrat  :  on  peut  se  pourvoir 
devant  le  sénat19.  C’est  la  conséquence  du  pouvoir  de 
surveillance  qui  lui  appartient  sur  les  actes  des  magis¬ 
trats.  Le  sénat  peut  résilier  le  contrat  conclu  par  les 
censeurs  ( locationem  inducere )  et  leur  donner  l’ordre  de 
procéder  à  une  nouvelle  adjudication  [ex  integro  focare). 
C’est  ce  qui  eut  lieu  par  exemple  en  570 20  et  en  693  21 . 

3°  Les  autres  différences  sont  spéciales  à  la  location 
des  vectigalia.  Les  leges  locationis  contiennent  parfois 
des  clauses  dans  l’intérêt  des  tiers.  Le  censeur  fixe, 
suivant  les  instructions  du  sénat,  les  limites  dans  les- 


senatus  auctoritate  jura  provinciae  Siciliae  mutaris,  id  reprehendo,  id  accusa. 

—  r2  Ibid.  III,  7,  18.  —  13  Cf.  Éd.  Cuq,  Nouv.  Rev.  histor.  de  droit,  1890, 
l.  XXIII,  p.  627.  —  U  Corp.  inscr.  lat.  II,  1964.  —  13  Ibid.  :  Eosque  praedes 
eaque  praedia  eosque  cognitores...  Il  viris...  vendere  legemque  hit  vendundis 
dicere  jus  potestasque  esto.  -  16  Tit.  Liv.  XXIII,  49  :  Ubi  ea  diesvenit,  ad  con- 
ducendum  très  socictates  adorant  hominum  undeviginti,  quorum  duo  postulata 
fuere  :  unum ,  ut  militia  vacarent,  dum  in  eo  publico  estent;  alterum,  ut  quac 
in  naves  imposuissent,  ab  hostium  ternpestatisque  vi  publico  periculo  essent 
Utraque  imperata,  conduxerant.  —  n  Heyrovsky,  U  cher  die  rechtliche  Grund- 
lage  der  leges  contractes  bei  Rechtsgeschaeften  swischen  dem  Rôm.  Staat  und 
Privaten,  1881,  p.  14  et  82.  —18  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.59G. 

—  19  Polyb.  VI,  7  :  "E^t  St  itsjî  itâvrwv  t5y  xf,mwÉvo7  t^v  xupîav  tS  o-uvlSpiov...  ’H 
•fàç  àvatpopànôv  itpoEtçY||xtvuv  yivETai  rpôs  Taiitïiv.  —  26  Tit.  Liv.  XXXIX,  44  :  ( Censo¬ 
res) i  vectigalia summis pretiis,  ultrotributa  infimis  locaverunt  :  quas  iocationes  eum 
senatus,  precibus  et  lacrimis  publicanorum  victus,  induci  et  de  integro  locari  jus- 
sisset...  —21  Cic.  ad  AU.  I,  17,  9  :  Asiani  qui  de  censoribus  conduxerunt  questi 
nuit  in  senatu  se  cupiditate  prolapsos  nimiummagno  conduxisse  :  ut  induceretur 
locatio  postulaverunt  ...Invidiosa  res ,  turpis  postulatio ,  et  confcssio  temeritatis. 


LEX 


1116  — 


LEX 


quelles  les  publicains  feront  valoir  les  droits  de  l’État 
contre  les  contribuables.  Ceux-ci  peuvent  invoquer  la 
lex  censoria  pour  se  défendre  contre  les  exigences  des 
publicains.  La  /ex  censoria  joue  ici  le  rôle  d'un  acte  à 
double  fin:  vis-à-vis  des  publicains,  c'est  un  contrat; 
vis-à-vis  des  contribuables,  c’est  une  sorte  d’édit  1  qui 
leur  fait  connaître  l’étendue  de  leurs  obligations,  ou  les 
dispenses  qui  leur  sont  accordées. 

Cicéron  reproche  à  Verrès  d’avoir  réclamé  à  ceux  qui 
publicos  agros  arant  plus  que  ne  le  permet  la  /ex  censo¬ 
ria ,  d’avoir  même  demandé  60  000  mesures  de  blé  à  des 
cités  exemptes  de  toute  redevance  2.  De  même,  lorsque 
la  lex  censoria  portas  Sici/iae  interdit  aux  publicains 
d’exiger  le  portorium  pour  les  esclaves  quos  domum 
gais  (lacet  sao  usa  3,  il  n’est  pas  douteux  qu’elle  puisse 
être  invoquée,  le  cas  échéant,  par  le  propriétaire  à  qui 
l'on  réclamerait  indûment  le  portorium.  Les  leges  cen- 
soriae ,  relatives  à  la  ferme  des  salines  4  ou  à  l’exploita¬ 
tion  du  minium  de  la  mine  de  Sisapo  en  Bétique  G, 
fixaient  un  prix  de  vente  qui  ne  pouvait  être  dépassé.  Ici 
encore  les  acheteurs  devaient  invoquer  la  lex  contractas 
pour  se  soustraire  aux  exigences  des  publicains. 

Cette  assertion  est  confirmée  par  un  sénatus-consulte 
de  l’an  681  dont  le  texte  a  été  découvert  en  1884  en 
Béotie,  le  senatusconsultum  de  Oropiis  °.  Un  décret 
de  Sylla  avait  affecté  Yager  Oropius  à  l’entretien  du 
temple  d’Amphiaraus.  Or,  dans  la  lex  locationis  par 
laquelle  les  censeurs  avaient  affermé  le  vectigal  des 
terres  de  la  province,  on  avait  excepté  les  terres  affectées 
à  l’entretien  des  temples  des  dieux  1 .  Les  publicains 
élevèrent  néanmoinsla  prétention  de  faire  payer  le  vectigal 
aux  possesseurs  de  Yager  Oropius  sous  le  prétexte  qu’Am- 
phiaraus  n’était  pas  un  dieu  8.  Les  Oropii  envoyèrent 
des  députés  au  sénat  pour  protester  contre  cette 
exigence  contraire  au  texte  de  la  lex  locationis.  Leurs 
conclusions  étaient  ainsi  conçues  :  cum  in  lege  loca¬ 
tionis  ii  agri ,  quos  L.  Sulla  deorum  immortalium 
aedium  sacrarum  tuendarum  causa  concessit,  excepti 
sint ,  eosque  reditus ,  qua  de  re  agitur ,  L.  Sulla  deo 
Amphiarao  attribuerit,  ut  pro  iis  agris  reditum  publi- 
cano  ne  pendant  9.  Les  consuls,  sur  l’avis  conforme 
du  sénat,  donnèrent  tort  aux  publicains  10 * *. 

4°  Les  leges  locationis  concèdent  parfois  aux  publicains 
des  monopoles  que  les  tiers  sont  tenus  de  respecter.  Le 
jurisconsulte  Alfenus  Varus  en  cite  un  exemple  :  il  est  in¬ 
terdit  à  toutepersonne  autre  que  l’adjudicataire  d’extraire 
ou  d’exporter  de  l’ile  de  Crète  des  pierres  à  aiguiser 

5°  Les  leges  censoriae  confèrent  aux  publicains,  pour 
assurer  le  recouvrement  des  vectigalia  et  prévenir  toute 

1  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  Irad.  t.  IV,  p.  117,  n.  3.  —  2  [Cic. 

2a  in  Verr.  V,  21,  53  :  Qui  publicos  agros  arant,  certum  est  quid  ex 

lege  censoria  (lare  debcant  :  cur  iis  quidquam  praettrca  ex  alio  genere 

imperavisti?  quid?  decumani  nnm  quid  praeter  singulas  decumas  ex  lege 

Hieronica  debent  ?...  qui  sunt  immunes,  ii  certe  nihil  debent  ;  al  his  non  modo, 

imperasti,  verum  etiam,  quo  plus  darent,  quam  poterant...  addidisti.  —  3  Allen. 

Var.  7  Dig.  Dig.  L,  IG,  202.  —  4  Tit.  Liv.  Il,  9  :  Salis  quoque  vendendi  arbitrivm 

quia  impenso  prelio  venibat,  in  publicum  omni  sumptu  susceplo,  adernptum  priva- 

lis.  Ibid.  XXIX,  37  :  Vectigal  etiam  novum  ex  salaria  annona  statuerunt. 

Sexlante  sal,  et  ftomae,  et  per  totam  Italiam,  erat.  Romae  prelio  eodem,  pluris 

in  foris  et  conciliabulis ,  et  alio  alibi  pretio  praebenclum  locaverunt.  Cf.  sur  l'in¬ 

terprétation  de  ces  textes,  Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  X,  p.  204; 

Max  Colin,  Zum  rüm.  Vereinsrecht,  1873,  p.  1G2  et  suiv.  ;  R.  Cagnat,  Étude  his¬ 
torique  sur  les  impôts  indirects  chez  les  Romains,  p.  237  ;  Mommsen,  Rôm. 

Staatsrecht,  Irad.  t.  IV,  p.  127,  n.  2;  t.  VII,  p.  327,  n.  5.  —  G  Clin.  Hist. 

nat.  XXXIII,  7,  118  :  Celeberrimum  ex  Sisaponensi  regione  in  Daetica , 

mmiario  'métallo  vectigalibus  populi Romani,  nullius  rei  diligentiore  custodia. 
.Von  licet  id  ibi  perpeere  excoquique.  Romam  perfertur  venu  signata,  ad 


fraude,  deux  droits  très  énergiques,  la  pignorp 
et  le  droit  de  confiscation  ( commissum ).  Ai  ç  ^!0 
l’autre  ne  peuvent  résulter  d’un  contrat  entre  parlirup  *** 
Le  premier  confère  aux  publicains  la  faculté  de  n  •  " 
sans  jugement  préalable  à  un  acte  d’exécution  réc]],!  '' 
les  biens  des  contribuables  qui  ne  paient  pas  l’im  ^ 
Loge  censoria,  dit  Gaius  13 *,  data  est  pignoris  capu,  I 
blicûnis  vectigalium  publicorum  populi  Romani  a, g,!' 
sus  eos  qui  aligna  lege  vectigalia  deberent.  Le  si  mili 
droit  consiste  à  obtenir,  sans  jugement  préalable  la 
propriété  des  objets  soumis  à  l’impôt  et  non  déclà-i 
[commissum,  t.  II,  p.  1408].  Ce  droit  leur  est  attribué  par 
la  lex  censoria.  Varron  en  cite  un  exemple  :  tjreijn 
ovium...  ad  publicanum  profitent  ur ,  ne  si  inscripiUm 
pecus  paverint ,  lege  censoria  commiltanl  u.  Les  publi 
cains  acquièrent  la  propriété  de  plein  droit,  sans 
aucune  tradition  :  Quocl  commissum  est ,  dit  Varron 
statim  desinit  ejus  esse  qui  crimen  contraxit,  domini-t 
unique  rei  vectigali  adquiritur.  C’est  là  encore  un 
effet  qui  dépasse  la  portée  ordinaire  des  contrats15 
On  s’explique  d’ailleurs  aisément  que  l’État  ait  conféré 
aux  publicains,  surqui  ilse  décharge  du  soin  de  recouvrer 
les  impôts,  des  pouvoirs  exceptionnels  analogues  à 
certains  égards  à  ceux  qui  appartiennent  aux  magistrats. 

6°  Dans  les  leges  relatives  aux  ultrùtributa,  il  y  a  un 
exemple  d’une  clause  qui  ne  pourrait  figurer  dans  un 
contrat  entre  particuliers:  en  639,  les  entrepreneurs  de 
fournitures  pour  l’armée  d’Espagne  obtinrent  l’insertion 
dans  la  lex  locationis  d’une  clause  qui  les  dispensait  du 
service  militaire  pendant  la  durée  de  leur  contrat  :  ut 
militia  vacarent ,  dum  in  eo  publico  essent16. 

IL  Droit  privé.  —  A  l’exemple  de  l’État,  les  particuliers 
prirent  de  bonne  heure  l’habitude  de  rédiger  des  leges 
pour  les  objets  qu’ils  voulaient  vendre  ou  louer.  Ces  i 
leges,  préparées  à  loisir  par  le  vendeur  ou  par  le  loca¬ 
teur,  devaient  être  conçues  en  termes  clairs  et  non 
équivoques.  Il  était  de  principe  que  les  clauses  obscures 
ou  ambiguës  s’interprétaient  contre  lui.  Veteribiis 
jilacet,  dit  Papinien,  pactionem  obscuram  vel  ambi- 
guam  venditori  et  qui  locavit ,  nocere  ;  in  quorum  fuit 
potestate  legem  aperlius  conscribere  n. 

Pour  prévenir  toute  difficulté,  on  les  empruntait  à  dw 
formulaires  que  les  Prudents  avaient  composés  aiecle 
plus  grand  soin  [jurisconsulte  t.  V,  p.  7 171.  f'1-'1]1-" 
affirme  qu’ils  étaient  très  nombreux  et  très  détailles  • 

A.  Leges  venditionis.  —  1°  L’existence  de  formulant 
pour  les  leges  en  matière  de  vente  est  attestée  pai 
et  surtout  par  Varron.  Caton  rapporte  la  lex  de  l;i 
des  olives  sur  pied,  vente  qui  avait  lieu  aux  em  111 

dena  milia  fere  pondo  annua.  Romae  autem  lavatur;  in 

statuto  lege,  ne  modum  excederet  LXX  in  libras.  —  0  Hermès ,  ‘  M 

Bruns,  Fontes  juris,  Gs  éd.  —  1  Ibid.  1.  35-42  (traduction  de  V "ni'  «»- 

i 


locationis  sic  videtur  exceptum  esse  :  «  Et  extra  quam  (?)  si 


sultum  imperator  imperatoresque  nostri  honoris  deorum  imtnoi  "  1 
que  sacrarum  tuendarum  [causa]  fruendum  dederunt  reliq>"  '  ""  ' 
quae  L.  Cornélius  Sulla  imperator  de  consilii  sententia  deoi  uni  confr 
aedium  sacrorumque  luendorum  causa  fruenda  dédit,  quod  naf j 

mavit  neque  postea  senatus  consulto  irritum  factum  est.  '  yal.  :  Pif 

III,  18,  49.  -  9  Ibid.  20-24.  —  10  Ibid.  I.  32-34,  G8-G9.  —  11  A  __)tyjrr- 

Dig.  XXXIX,  4,  15.  —  12  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  I.  I,  p.  430.  -  13  Gal-  p.  «[ 

De  rerust.  II,  I,  IG.  —  «  Cf.  Éd.  Cuq,  Nouv.  Rev.  hist.  de  droi :  , ^^1,  cité 
—  16  Tit.  Liv.  XXIII,  49.  —  17  Papin.  5  Quaest.  Dig.  U,  1*.  ®  1  JurfH 

par  Pompon.  33  ad  Sab.  Dig.  XVIII,  1,  33.  —  13  Cic.  De  leg ■  L  ’  ^  a 
ris  ?...  Ut  slipulationum...  formulas  componam  ?  quae  et  scrip  a  su ^  ^  vjtios0i 
genter.  Cic.  Topic. 8,33  :  Si  slipulationum...  formulas  partia, <e,  n0  L 

inre  in  finit  a  praelcnnittere  aliquid;  cf.  Éd.  Cuq,  Institut10  J 
p.  466, 


LEX 


1117 


LEX 


lle8  que  faisaient  les-  questeurs  '.  Les  leges 
conime  inntn  et  vint  indoliis  étaient,  sauf  quelques 
H'SS, Vaquées  Su,-  te  précédente. 

Pm  "1  ,mP  DOur  l’achat  des  brebis,  on  doit  se 

I  aux  clauses  de  la  lex  conclue  entre  les  parties, 

■  C,°"  rnui  sont  plus  ou  moins  restrictives  suivant  les 
Clil"  Pour  le  surplus,  on  fait  usage  d’une  antique  formule 
if  stipulation  ainsi  conçue3:  lllasce  oves ,  gua  de 
|  a  -lur,  semas  recte  esse ,  uti  pecus  ovillum,  quod 
wL-tesanum  est ,  extra  luscam,  surdam,  minant  neque 
Wgpecore  morboso  esse,  habereque  recte  licere ;  haec 
lie  recte  fieri  spondesne? 

Varron  rapporte  ensuite  les  formules  usitées  pour 
rachat  des  chèvres  \  des  porcs  9,  des  bœufs  \  des 
ânes  \  des  chevaux  8,  des  mulets  9,  des  chiens10  et  des 
esclaves11.  Les  unes  sont  empruntées  à  Manilius12,  vrai¬ 
semblablement  aux  Manilianae  venalium  vendendorum 
leffeSi  dont  parle  Cicéron13,  les  autres  à  un  formulaire 
plus  récent14. 

L’usage  des  formulaires  s’est  maintenu  sous  l’Empire. 
En  lisant  les  actes  de  vente  qui  sont  parvenus  jusqu’à 
nous,  on  constate  parfois  que  les  rédacteurs  ont  oublié 
de  modifier  le  formulaire  qu’ils  avaient  sous  les  yeux  ; 
ils  en  ont  reproduit  textuellement  certains  mots,  sans 
s’apercevoir  qu’ils  ne  convenaient  pas  à  l’acte  où  on  les 
insérait.  Par  exemple,  dans  le  titre  sur  la  vente  d’une 
pue/la,  ils  ont  employé  le  masculin  qui  était  dans  le 
formulaire 15  ;  dans  le  titre  relatif  à  la  vente  d’une  moitié 
de  maison,  ils  ont  écrit:  si  guis  earn  domum ,  au  lieu  de 
si  pris  domas  partem  dimidiam  10. 

I  Comme  les  censeurs,  les  vendeurs  portaient  à  la  con¬ 
naissance  du  public  les  conditions  de  la  vente  :  venalium 
vendendorum  loges,  lex  fundi  vendendi 11 ,  lex  praedio- 
rum  vendendorum 18,  vénditionis  lex  fundi™. 

D’assez  nombreux  exemples  de  loges  vénditionis  nous 
ont  été  conservés 20.  En  les  parcourant,  il  est  facile  de 
reconnaître  les  clauses  de  style  qui  se  retrouvent  unifor¬ 
mément  dans  les  ventes  de  même  espèce  :  telles  sont  les 
;  clauses  relatives. à  la  garantie  contre  l’éviction;  dans  les 
Iventes  d  animaux  ou  d’esclaves,  les  clauses  sur  la  garan¬ 
tie  contre  les  vices  rédhibitoires  ;  dans  les  ventes  de 
ponds  de  terre,  la  clause  déclarant  le  fonds  libre  de  toute 
Iseniiude,  réservant  au  vendeur  le  droit  d’accès  aux 
■épulcies  situés  dans  le  fonds,  ou  conférant  à  l’acheteur 

1  1  mit  aux  servitudes  qui  peuvent  exister  au  profit  du 
fonds. 


a)  Clause  contre  l’éviction  :  Si  guis  eu/n  puerum  g[uo ) 
d(e)  a(gitur)  partemve  quam'quis  ex  eo  evicerit ,  q(uo) 
m(inus)  emptorem  s{upra)  s(criptum),  eumve  ad  g(uem) 
ea  res  pertinebit,  uti  frui  habere  possidereq(ue)  recte 
liceat ,  tune  quantum  kl  erit  quod  ita  ex  eo  evictum 
fuerit ,  l(antam)  p(ecuniam)  dupla/n  p(robam)  r(ecte) 
d(ari)  f(ide)  r(ogavil)  Dasius  Brencus ,  d(ari)  f(ide) 
p{romisit)  Bellicus  21 . 

(3)  Clause  contre  les  vices  rédhibitoires  :  Eu/n  puerum 
sanum  traditum  esse,  furtis  noxague  solution,  erronetn, 
fugitium  (sic),  caducum  non  esse  praeslari 22 . 

y)  Clause  contre  l’existence  d’une  servitude  :  Ita  uti... 
o plu/nus  maxumusque  est  23 . 

8)  Clause  réservant  un  droit  d’accès  aux  sépulcres 
situés  dans  un  fonds:  Ut  ad  sepulcra,  guae  in  fandis 
sint,  iter  iis,  aditus,  ambitus  funeri  faciendi  sit 24 . 

s)  Clause  réservant  à  l’acheteur  les  servitudes  qui 
peuvent  exister  au  profit  du  fonds  :  Servitutes,  si 
guae  debentur,  debebuntur1* . 

Ç)  Clause  excluant  de  la  vente  les  choses  hors  du  com¬ 
merce:  Si  guid  sacri  a, ut  religiosi  aut  pub/ici  est,  ejus 
nihil  venit26. 

2°  L’expression  lex  vénditionis  est  souvent  employée 
pour  désigner  non  plus  l’ensemble  des  clauses  renfermées 
dans  la  vente,  mais  uneclause  isolée  de  la  vente27.  Telle  est 
la  lex  commissoria  [commissoria  lex].  Ces  clauses  isolées 
doivent,  comme  le  contrat  lui-même,  être  clairement 
rédigées,  sinon  on  les  interprète  de  la  manière  la  plus 
favorable  à  l’acheteur  2S. 

B.  Leges  locationis.  —  Pour  le  louage,  comme  pour  la 
vente,  les  Prudents  rédigèrent  de  bonne  heure  des  for¬ 
mulaires.  Caton  et  Varron,  dans  leur  De  re  rustica,  les 
ont  utilisés.  Ils  citent  intégralement  ou  en  les  résumant 
un  certain  nombre  de  leges  locationis.  On  a  dit  parfois 
qu’ils  les  avaient  eux-mêmes  composées  ;  s’il  en  était 
ainsi,  on  ne  s’expliquerait  pas  pourquoi  toutes  les  leges 
ne  sont  pas  rapportées  in  extenso,  par  exemple  dans 
Caton  la  lex  villae  aedifteandae  novae  ab  solo,  la  lex 
macerias  aedificandi  ex  calce,  caementis ,  silice™. 

Caton  cite  huit  leges  operi  faciundo  :  ce  sont,  outre 
les  deux  qui  viennent  d’être  indiquées,  les  leges  parietes 
villae  aedificandi,  calcem  coquendam  dandi,  agri  poli - 
tioni  dandi,  vineae  curandae,  oleae  legendae,  oleae 
faciundae 30 .  Il  faut  en  rapprocher  la  lex  uvas  legendi 
rapportée  par  Pline  l’Ancien  et  qui  a  été  peut-être  em¬ 
pruntée  à  Caton 31 . 


Il  ^  ’?  r.U.St;  c-  i4C-  —  2Ibid-  c.  147  et  148.  -  3  Varr.  De  re  r. 

-  W  11  o  3  ^  \  f  ~  *  Ibid-  b  5-  -  0  ‘b  8, 
H11  m.  h,  4 : 12  lhfd\  ’ 7’  - 9  ■  *b  s-  - 10  U**,  ii.  » 

Wnorum  fnmtl  ’>■  i  ,  .  ü’  6  :  Emti°  e?um<l  similis  fere  ac  boum 

nibus  sunt  inr-r-'  i  "iljUS  ‘n  enlb‘one  dominum  mutant,  ut  in  Manilii  aci 

do  ce  que  les  mau  ^  U’  3’  5'  ~  13  Cic-  De  0raL  b  58>  240.  Le  doute  vi 
de  Mamiüus  Cf  S  ^  arron  donnent  à  l’auteur  de  la  prisca  formula  le  n 

’Clicift,  185g  _  question,  Sanio,  Zur  Geschichte  (1er  rom.  Rechtsiois.se 

Weschichte  der  O,  ’ /;U'd°r£f’  Mm-  R echlsgeschichle ,  t.  1,  p.  264;  Krue{ 
fttm.Jtec htsaeschirbtT  LUeraUlr  dcs  rôm ■  ledits,  p.  56  ;  Morilz  Vo 

Puloverbosius  haec  nui  Ù  ^  “  Cf’  Ibid‘  "•  b  S  ;  9,-7  ;  5, 

p.  937.  —  le  Uid  if,  ManUn  adiones  sequuntur.  —  13  Corp.  inscr.  lat. 
la  tac  dans  lmscriniiA  ‘  Une  meur  analogue  commise  par  les  rédacteurs 
1899’  XXÜI,  P  640  "  Deneliir^  Mctlicb  :  Éd.  Cuq,  Nouv.  lier.  Inst,  de  dr 

'’77--  «Pompon  i  p°v  2;  ~  ”  Tubero  aP-  Javol.  ex  Poster.  Lab.  Dig.  XV 

r  20  Cf.  Bruns,  FonZ  XLV“’  l2’  5’  ~  19  Varr.  De  Ung.  lat.  IX,  10 

f  758:  cf.  une  variant  Romnni  an hî“» .  P- 588  et  suiv.  ;  Girard,  Tex. 
Wi,ckcn  [Bermes,  Xix°  pai>ïru8  gl'éco-égyptien  de  l’an  359  publié 

Berlin,  Gr.  ur’k  j  .’  P'  H7’  L  22  :  Aegyptische  Urkunden  aus  den  Mus 
do  Pl-esle  cl  Egger'  '  ’  310)l  raPFus  grecs  du  Musée  du  Louvre,  éd.  Br" 

archéol‘  1896,  t!  XXVl'iI  n  PaPypus  du  British  Muséum  dans  R 


v, 


’P‘  ‘‘L  Pa-Pyrus  Public  par  Nicole,  Revue  de  philolo , 


1896,  t.  XX,  p.  49  ;  Papyrus  de  Genève,  par  Nicole,  1896,  n°  8.  —  21  Cf.  la  collec¬ 
tion  des  triptyques  do  Transylvanie,  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  941,  1.  9-12;  p.  937, 
1.  8  ;  p.  939,  1.  13;  p.  943,  1.  12  ;  p.  945,  1.  8;  p.  947,  1.  16.  Uu papyrus  du  Bristish 
Muséum  ( Revue  archéol.  1896,  t.  XXVI 1 1 ,  p.  271,  1.  13)  fournit  un  exemple  de  la 
clause  de  garantie  du  simple  :  Si  quis  eum  puerum  partemve  quam  ejus  evicerit , 
simplam  pecuniam  sine  denuntiatione  recte  dare  stipulatus  est  Fabellius  Macer, 
spopondit  Qu.  Julius  Priscus.  —  22  Corp.  inscr.  lat.  III,  p.  941,  I.  5-G  ;  p.  937, 
I.  6;  p.  939,  1.  10  ;  p.  943,  1.  8.  Pour  les  vices  des  esclaves,  cf.  la  variante  du 
papyrus  de  l’an  359  ( Loc .  cit.  1.  27-33).  Pour  les  vices  des  bœufs,  ânes  et  chevaux, 
cf.  la  clause  citée  par  Ulpien,  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  1,11,4;  lisse,  bibere  ut  oportet. 
—  23  Proc.  6  Rpist.  D.  L,  16,  126;  Ulp.  27  ad  Sab.  eod.  90;  Q.  Mue.  ap.  Gels. 
8  Dig.  D.  XVill,  1,  59;  Paul.  5  ad  Sab.  cod.  169;  Corp.  inscr.  lat.  Il,  5042,  1.  1  ; 
III,  p.  944,  1.  7.  —  24  Pompon.  6  ex  Plaut.  Dig.  XLV1I,  12,  5;  cf.  Éd.  Cuq, 
Loc.  cit.  p.  63  0.  —  23  Vetercs  ap.  Modest.  5  Resp.  Lig.  XIX,  1,  39.  —  2G  Papin. 
10  Quaest.  Dig.  XVIII,  1,  72,  1.  —  27  Aquiî.  Gall.,  Mêla  ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig. 
XIX,  1,  17,  6,  signalent  la  clause  sur  les  ruta  cacsa.  Papin.  10  Quaest.  Dig.  XVIII, 
1,  72,  1,  Ulp.  28  ad  Sab.  eod.  22,  la  clause  si  quid  sacri,  aut  religiosi,  aut publici 
est,  ejus  nihil  venit;  cf.  Marcel.  6  Dig.  eod.  60;  Paul.  4  epit.  Alfen.  eod.  40  pr.  ; 
Sabin.  ap.  Papin.  27  Quaest.  Dig.  XVIII,  7,  6.  —  28  Lab.  1  Pithan.  D.  XIX,  1,  53,  2  ; 
Pompon.  33  ad  Sab.  D.  XVIII,  J,  33.  —  29  Lat.  De  re  rust.  c.  xiv-xv  ;  cf.  c.  xvi, 
cxxxvi,  cxxxvii.  —  30  Ibid.  c.  xvi,  cxxxvi,  cxxxvu,  exuv,  cxlv.  —  31  Plin,  Hist.  nat. 
XVIII,  31. 


lit 


LEX 


—  1118  — 


LEX 


On  trouve  également  dans  Caton  deux  fer/es  vendi- 
tionis  qui  plus  tard  ont  été  classées  parmi  les  leges 
locationis,  lorsque  la  jurisprudence  eutnettement  séparé 
la  vente  du  louage  :  ce  sont  la  ter  pabuli  hiberni  vendundi 
et  la  lex  fructus  ovium  vendundi' . 

Les  leges,  en  matière  de  locatio  rei ,  apparaissent  dans 
Varron,  qui  parle  des  leges  colonicae  et  cite  la  clause  : 
Colonus  in  agro  surculario  ne  capra  natum  pascat2. 
Ces  leges  colonicae  ne  sont  autre  chose  que  des  leges 
locationis  fundi ,  comme  Varron  les  appelle  ailleurs3.  Le 
jurisconsulte  Alfenus  Varus,  qui  fut  consul  suffect  en 
/IL,  s  est  également  occupé  des  leges  locationis.  On 
rencontre  dans  ses  œuvres  plusieurs  exemples  de 
clauses  relatives  à  la  locatio  silvae ,  villae.  La  première 
est  ainsi  conçue:  Rcdemtor  si/ vain  ne  caedito,  neve  cin- 
gito ,  neve  deurito ,  neve  quem  cingere ,  caedere,  urere , 
sinito  U  La  seconde  impose  au  colon  qui  a  reçu  une  villa 
l’obligation  ut  incorruptam  redderet  praeter  vim  ac 
vetustatem  s. 

Sous  l’Empire,  on  connaît  quelques-unes  des  clauses 
insérées  dans  la  lex  locationis  d’un  fonds  de  terre:  ut, 
si  7ion  ex  lege  coleretur,  relocare  eam  niihi  liceret  — 
ne  contra  legem  conductionis  fundum  ante  tempus  sine 
justa  ac  probabili  causa  desei'at 1  ;  —  ut  ( colonus ) 
opéra  rustica  suo  quoque  tempore  faciat  s  ;  —  ut  villas 
incorruptas  habeat  9  ;  —  ut  ( dominas )  ex  suis  aliquos 
exactores  operi  custodes  fructïbus ponat  (dans  lecolonat 
partiaire) ,0.  L’édit  du  préteur  admet  l’insertion  dans  la 
lex  locationis  d’une  clause  conférant  un  droit  de  super¬ 
ficie:  Ut i  ex  lege  locationis  sive  conductionis  superficie 
qua  de  agitur  nec  vi  nec  clam  nec  precario  aller  ab 
altero  fruemini  11  [superficies].  Gaius  cite  la  clause 
essentielle  de  la  lex  locationis  praediorum  municipum  : 
ut.  quamdiu  vectigai [praestetur,  neque  ipsi  conductori 
neque  lieredi  ejus  praedium  auferatur1- . 

Les  monuments  épigraphiques  n’ont  pas  jusqu’ici 
fourni,  comme  pour  la  vente,  le  texte  de  leges  de  locatio 
rei.  On  a  du  moins  des  annonces  de  location  pour  des 
baux  à  loyer  et  quelques  fragments  de  règlements  impé¬ 
riaux  pour  des  baux  à  ferme  13.  Voici,  à  titre  d’exemples, 
deux  affiches  d’appartements  à  louer  à  Pompéi  :  Ilospi- 
tium  hic  locatur  triclinium  cum  tribus  lectis  u.  — 
Insula  Arriana  Polliana  Cn.Al[le]i  Nigidi Mai locantur 
ex  i[dibus)  Julis  primis  tcibernae  cum  pergulis  suis  et 
caenacula  equestria  etdomus.  Conductor  convenito  Pri- 
mum  Gn.  Al[le}i  Nigidi  Mai  ser(vum) 13.  Bien  plus 
importants  sont  les  renseignements  que  contiennent  sur 
les  baux  à  ferme  les  inscriptions  de  Souk-el-Khmis  16, 

I  Cat.  De  re  rust.  c.  cxlix-cl  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I, 
p  —  2  Varr.  De  re  rust.  I,  2,  17  ;  cf.  1,  2,  18  :  In  legibus  etiam  scribitur  : 
Pecus  quoddam  (pascere  licet).  —  3  Ibid.  II,  B,  7  :  In  lege  locationis  fundi 
excipi  solet,  ne  colonus  capra  natum  in  fundo  pascal.  —  4  Allen.  7  Dig.  Di  g. 
XIX,  2,  29.  —  S  Ibid.  5  Dig.  a  Paulo  cpit.  eod.  30,  4.  —  6  Javol.  11  Epist.  eod. 
51  pr  —  7  Paul.  2  Sent.  eod.  55,  2.  —  8  Gai.  10  ad  Ed.  prov.  eod.  25,  3. 
—  9  Ibid.-,  cf.  Scaev.  7  Dig.  eod.  01  pr.  :  Colonus  cum  lege  locationis  non  esset 
comprehensum,  ut  vineas  poneret  ;  Fest.  v°  Restibilis  :  liestibilis  ager  fit,  qui 
biennio  conlinuo  serilur  ;  farreo  spico,  id  est  aristato,  quod  ne  fiat  soient,  qui 
praedia  locant,  excipere  :  Hygin.  p.  132,  Il  :  Soient...  modum  quidam  in  loca- 
tionibus  agrorum  comprehendere  atque  ita  cavere  :  Fundum  ilium,  jugera  tôt, 
in  singulis  jugeribus  tantum.  —  10  Plin.  Ep.  IX,  37.  —  11  UIp.  70  ad  Ed.  Dig. 
XLIII,  18,  1  pr.  —  12  Gai.  III,  145.  —  43  La  collection  des  papyrus  gréco-égyptiens 
du  musée  de  Berlin  conlient  divers  exemples  de  Baux  à  ferme;  cf.  Ægypt. 
Urkunden  aus  den  Museen  zu  Berlin,  Gr.  U.  n°s  39,  197,  227,  339,  etc.  Voir  aussi 
Nicole,  Les  papyrus  de  Genève,  n°  10.  —  U  Corp.  inscr.  lat.  IV,  807.  —  10  Ibid. 
138  ;  cf.  la  lex  horreorum  découverte  à  Rome  en  1885,  et  les  textes  cités  par  Bruns, 
p.  329,  cl  Girard,  p.  762-767.  —  1°  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  10570  et  14464;  cf. 
Ibid.  14428;  Mommsen,  Hermes,  XV,  1880,  p.  385-411  ;  478-480;  Esmein, 
Mélanges,  p.  293-321.  —  17  Bruns,  Fontes  juris,  p.  382-384;  Girard,  16);  Mis- 


d’Aïn  Ouassel n  et  d’Henchir  Mettich18  rVoj 
LOCATIO  CONDUCTIO].  "  a,'licle 

Pour  la  locatio  operarum,  la  collection  des  ir 
de  Transylvanie  fournit  plusieurs  exemnlc* ' ?lyque& 
locationis  19.  te 

Quant  à  la  locatio  operis ,  les  leges  sont  frt;( 
citées  au  Digeste.  On  y  trouve  plusieurs  clauses  us™?”' 
pour  le  paiement  de  l’entrepreneur  d’une  constr  ■ 
à  la  mesure,  per  aversionem 20  ou  par  jour21  •  o,',"1'0'’ 
opus  l  api  dis  opus  crû,  pro  lapide  et  mânu'T* 
dominas  redemtori  in  pedes  singulos  septem  dabul 
—  pour  la  réception  des  travaux  par  le  nronriéuv  ' 
Ut  arbitratu  domini  opus  appt'obetur23  ■  ~  , 

ou  les  travaux  ne  seraient  pas  achevés  dans  le  délai  fi  a 
(lex  commissoria ):  Ut  si  ad  diem  effectuai  non  em 
relocare  id  liceret  2L  A  ces  clauses  il  faut  joindre  celle 

que  rapporte  Plinesur  lanaturedesmatériauxàemploye, 
in  antiquarum  aedium  legibus  invenitur,  ne  mention 
( calce )  trima  ( harena )  uteretur  rcdemptorK. 

D’autres  clauses,  qui,  dans  le  principe,  furent  insérées 
dans  les  leges  locationis,  finirent  par  être  considérées 
comme  étant  de  la  nature  du  contrat.  Telles  sont  1rs 
clauses  usitées  pour  la  location  des  dolia  :  le  bailleur  doit 
garantir  qu’ils  sont  en  bon  état  (integra),  sans  défaut 
(non  vitiosa 26).  Au  contraire,  dans  la  location  d’un 
sallus  pascuus,  il  n’était  pas  d’usage  de  garantir  qu'il 
n'existait  pas  d’herbes  dangereuses  pour  les  animaux27, 
Les  règles  sur  la  remissio  mercedis  paraissent  aussi 
avoir  été  d’usage  dans  les  leges  locationis  avant  d’être 
consacrées  par  le  droit  civil28. 

C.  Clauses  ajoutées  in  continenti  aux  contrats.  —  La 
jurisprudence  classique  a  élargi  la  notion  de  la  lex  con¬ 
tractas.  Elle  l’a  étendue  aux  clauses  accessoires  ajoutées 
aux  contrats  de  bonne  foi  pour  en  modifier  la  portée 
normale.  Solemus  dicere  pacta  conventa  inesse  bonne 
fidei  judiciis...  Eu  enitn  pacta  insu nt,  quae  legem  con¬ 
tractai  dont,  id  est  quae  in  ingressu  contractes  facta 
sunt  20. 

Cette  règle  n’a  pas  été  restreinte  à  la  vente  et  au 
louage  :  elle  a  été  appliquée  à  tous  les  contrats  de  bonne 
foi  :  Contractas  enirn,  dit  Ulpien  à  propos  du  dépôt™, 
leges  ex  conventione  accipiunt.  Les  clauses  ajoutées  m 
continenti  sont  considérées  comme  faisant  corps  avec  le 
contrat;  elles  sont,  aussi  bien  que  les  clauses  usuelles, 
la  loi  du  contrat. 

31 

Tels  sont,  en  matière  de  vente,  le  pactumdispUccnliae  ^ 
la  lex  commissoria 32,  Vin  diem  addictio  33  ;  en  matière 
de  mandat,  la  lex  custodiaen  ;  en  matière  de  gage,  a 

poulet,  Nouv.  Revue  hist.  de  droit,  1892,  t.  XVI,  p.  1 17  ;  Scialoja,  Bull • 
di  diritto  romano,  t.  V,  31  ;  Schulteii,  Hermès,  XXIX,  20*.  —  "  3 

Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Inscr.  1897,  XXV,  p.  146;  Toulain,  Ai"u-  ^ 
hist.  de  droit,  t.  XXI,  p.  373;  t.  XXIII,  p.  137;  Éd.  Cuq,  Mém.^  prescs  n  ^ 
divers  savants  à  l'Acad.  des  Inscr.  1897,  t.  XI,  trc  p.,  p.  83-146;  Rom  -  C  ^  ^ 
de  droit,  1899,  t.  XXIII,  p.  622-652;  Schulten,  Abh.  d.  Kôn.  Gesellschafl 
zu  Gôttingen,  Pliil.  hist.  Kl.  1897,  t.  Il,  n»  3.  Cf.  le  compte  rendu  d  C"-  ^  ^ 

Zeitschrift  der  Savigny-Stiftung,  R. -A.  1899,  t.  XX.  —  19  Corp.  ^ 
p.  948,  ix,  x;  949,  xi.  —  20  Florent.  7  Inst.  Dig.  XIX,  2,  36.  Uau’ 
eod.  51,  1  :  Locavi  opus  faciendum  ita  ut  pro  opéré  redernton  cet  h  3^3. 
in  dies  singulos  darcm.  —  22  Alfen.  3  Dig.  a  Paulo  cpit-  Dig.  V  ,, ’ p0SU’r, a 

—  23  Paul.  34  ad  Ed.  eod.  24  pr.  ;  4  Quaest.  Dig.  XVII,  2,  <7,  La 

Javol.  Ep.  Dig.  XIX,  2,  60,  3.  —  21  UIp.  32  ad  Ed.  eod.  13,  10.  -  ^  ?crV„ 

nat.  XXXVI,  23,  176.  —  26  Cass.  ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  2,  19-  ■  ^  p  6tf. 

Lab.,  Sab.  ap.  Ulp.  eod.  —  28  Cf.  Karlowa,  Rôm.  Rechtsgeschxchte,  • ■  ’  ^ 

1  .  „  m  qn  rrin  jü  a(1  u 

—  29  Marccll.,  Papin.  ap.  UIp.  4  ad  Ed.  Rig.  U,  14,  7,  5.  •  3 .  Jul.  »P 

XVI,  3,  1,  6.  —  3i  Lab.,  Sab.  ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX\  U  ^  ’33  Rescr, 

Ulp.  38  ad  Ed.  Dig.  XIII, 7,  13  pr.  —  32  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  1V’5  ’  j  Dig.  0, 
Severi.  ap.  Ulp.  32  ad  Sab.  Dig.  XVIII,  2,  16.  —  3*  ÉIp-  a 

3,  1,  12. 


LEX 


—  1119  — 


EEX 


gérant  au  créancier  le  droit  de  vente1.  La 
«K  tlè'ne  étendue  à  la  stipulation  par  certains 

^  ■  ltes 1 

juriscon^'i^ie  reçoiL  aucune  application  lorsque  la 
MalS  dehors  delà  nature  du  contrat  :  ici  une  stipu- 
77  toujours  nécessaire.  Telle  est  la  clause  qui  inter- 
7  ,  îvauéreur  d’un  monument  funéraire  d  y  déposer 

’oris  ou  les  cendres  des  membres  de  sa  famille  3. 
k' n'x  eu  ri  at  a.  —  Voir  les  articles  comitia,  t.  II,  p.  1375, 

1 187  1398;  wterrex,  t.  V,  p.  566. 

\  |(VTA  __  Tandis  que  la  lex  rogata  est  due  a  la 
opération  d’un  magistrat  supérieur  et  du  peuple,  la 
fLxdata  émane  du  magistrat  seul.  Il  y  a  certains  cas 
où  un  magistrat  est  autorisé  à  imposer  des  règles  qui 
seront  obligatoires  comme  si  le  peuple  les  avait  approu¬ 
vées  dans  ses  comices  :  1°  pour  concéder  le  droit  de 
cité  romaine  à  des  étrangers,  ou  pour  réglementer  l’or¬ 
ganisation  d’un  municipe  ou  d’une  province;  2°  pour 
réformer  la  constitution  de  la  cité  romaine.  Dans  les 
deux  cas,  le  magistrat  agit  au  nom  du  peuple,  en  vertu 
d’un  pouvoir  spécial  qui  lui  est  conféré  par  une  loi  ou 
par  un  sénatus-consultc. 

I  _  jo  «  Ce  qui  a  donné  naissance, 


dit  Cicéron4,  au 


procès  qu’on  intente  à  Balbus,  c’est  la  loi  portée,  sur  l’avis 
conforme  du  sénat,  par  L.  Gellius  et  Cn.  Cornélius,  loi 
qui  ordonne  clairement  qu’on  regardera  comme  citoyens 
Romains  ceux  que  Cn.  Pompée,  de  l’avis  de  son  conseil, 
aura  individuellement  gratifiés  de  ce  titre.  » 

I  2°  Les  statuts  municipaux  étaient  pareillement  établis 
par  des  leges  datae  B.  Chaque  cité  avait  sa  loi  particu¬ 
lière  qui  lui  avait  été  octroyée  au  nom  du  peuple  romain 
parun  magistrat  cum  imperio,  spécialement  autorisé  par 
une  loi  oupar  un  plébiscite  G.  C’était  la  lex  mun.icipal.is  1 
qu’on  appelle  aussi  lex  municipii  8,  lex  civitatis 9,  lex 
lociu\  On  en  trouve  un  exemple  dès  l’an  436 11  ;  l’un  des 
plus  remarquables  est  celui  de  la  loi  de  la  colonie 
Genetiva,  loi  octroyée  en  710  sur  l’ordre  de  César  en 
vertu  de  la  loi  Antonia  et  en  exécution  d’un  sénatus- 
consulte  et  d’un  plébiscite  12.  Tel  est  aussi  le  statut 
municipal  de  Tarente  dont  un  fragment  a  été  découvert 
en  1894 1  .  Il  ne  faut  pas  confondre  ces  statuts  muni¬ 
cipaux  avec  les  lois  municipales  votées  à  Rome  par  les 
j comices  et  qui  ont  édicté  des  règles  générales  applicables 


dans  les  diverses  cités  de  l’empire  :  telles  sont  la  loi 
Itubria  de  705  u,  la  loi  Julia  municipalis  de  710  u. 

3°  L’organisation  des  provinces  avait  lieu  d’ordinaire 
par  les  soins  du  magistrat  qui  avait  fait  la  conquête,  de 
concert  avec  une  commission  de  dix  legati  et  suivant 
les  instructions  données  par  le  sénat  [provincia]  16. 

Le  règlement  ainsi  établi  formait  la  lex  provinciae. 
Paul-Émile  donna  des  lois  à  la  Macédoine  n,  Mummiusà 
l’Achaïe  1S,  P.  Rutiliusà  la  Sicile  après  la  guerre  servile ,,J, 
Q.  Metellus  à  la  Crète  20,  P.  Cornélius  Lentulus  Spinther 
à  Chypre  21 ,  Auguste  à  la  Galatie  et  à  la  Lycaonie22.  Cer¬ 
taines  leges  provinciae  furent  établies  sans  l’autorisation 
du  sénat  en  vertu  d’un  pouvoir  spécialement  conféré  par 
le  peuple.  Telle  est  la  lex  par  laquelle  Pompée  compléta 
en  691  l’organisation  du  Pont  et  de  la  Bithynie23  en 
vertu  de  la  loi  Manilia24,  et  la  lex  par  laquelle  César 
organisa  la  Gaule  celtique25  en  vertu  de  la  loi  Vatinia  26. 

IL  —  Bien  différentes  sont  les  leges  datae  qui  émanent 
d’un  magistrat  investi  du  pouvoir  constituant.  Le  pouvoir 
de  réformer  la  constitution  de  la  cité  a  été  attribué  en  303 
par  une  loi  (p.  1169,  n.  3)  aux  decemviri consulari  imperio 
legibus  scribendis  27 ,  en  672  par  la  loi  A^aleria  à  Sylla, 
nommé  dictateur  legibus  scribendis  et  reipublicae  cons¬ 
tituendae 28,  en  705 29  et  706  à  J.  César30,  en  711  par  la 
loi  Titia  à  Lépide,  Antoine  et  César  créés  triumvirs' 
reipublicae  constituendae31 .  Les  lois  octroyées  par  ces 
magistrats  ont  une  portée  bien  autrement  étendue  que 
les  précédentes  ;  mais  elles  ont  presque  toujours  été 
soumises  à  la  ratification  du  peuple.  Les  magistrats 
créés  legibus  scribendis  ou  reipublicae  constituendae 
n’ont  pas  cru  devoir  exercer  leur  droit  d’une  manière 
absolue  :  c’est  ce  que  firent  les  décemvirs  pour  les  dix 
premières  tables32,  et  Sylla  lui-même  pour  les  leges 
Corneliae33.  H  y  a  cependant  des  exemples  de  leges 
datae  qui  n’ont  pas  été  soumises  aux  comices:  telle  est 
la  loi  de  Sylla  sur  la  vente  des  biens  des  proscrits34; 
telles  sont  les  leges  datae  des  triumvirs  33 

III.  —  Sous  l’Empire,  les  leges  datae  subsistent,  mais 
les  empereurs  seuls  sont  autorisés  à  donner  des 
lois  au  nom  du  peuple.  A  l’exemple  des  triumvirs, 
ils  se  sont  abstenus  de  les  soumettre  à  la  ratification 
des  comices.  Les  leges  datae  impériales  ont  pour  objet  : 

a)  La  concession  du  droit  de  cité  à  des  étrangers 36  ;  les 


J  S“0T37  HeSp'  IH°-  XXXI>  S9’  *•  -  2  Paul-  3  Quaest.  DU,.  XII, 
le  t  ad  P11’  fi‘9-  XI,  7,  il  :  Quoil  si  locus  monumenti  lu 

ai[  ,  Ut’  ne %  'n  eum  inferrentur ,  quos  jus  est  inferri,  paclum  quide 
L‘7  sed  sliP»latione  id  caveri  oportet-,  cf.  Papin.  10,  : 

t  i',,™  V  “*■ 1  -  ‘  0*.  *  **.. ..  ■»;  H,  ».  -  « 

lat .  |,  200  1  ’  GXXMI  ’  1  ost  h(anc)  l(egem)  datam.  —  6  Corp.  insc 

fctt»  in  mil  ■  ’•  •  ’’ î  ’  ®Uei  leiJe  Pl(ebei)ve  sc{ito)  permissus  est  [huit,  ut 
,«p.  Modcsl  iT p*0  %n°  municiPihusve  ejusmunicipi  daret...  —  7  M.  Au 

cd.  praet  D  [Tt  !!'  U'P-  71  ad  Ed-  Mo-  XLIH,  24,  3,  1;  23  , 

j,ff  ’  i2’  3’  3;  L-  6  25-  -  8  Scaev.  1  Dig.  Dig.  L,  9,  0;  Pau 

Arc.  Cliar.  De  mun  n  9|  1>lm'  Ep'  93  !  Pau1’  ‘  Retp'  DUj'  L’  *’  1  et  -L  ’ 

6’  *•  -  «  TH.  Liv  "ix  ,18’  -7-  ~  10  Callistr-  1  De  c°9nit ■  Di9-  G 

çoepli,  leaibus  r  t  ’  '  Lodem  anno  primum  praefecti  Capuam  créa 

-«flow  Revi  t  fUn°  Praet0n  dütiS-  ~  12  CorP-  inscr-  lal-  ».  5*3 
r  «  Ibid.  I,  206  dr0Ü ’ 1897’  '•  XX'  P-  1 13-  -  14  C-  »w.  lat.,  I,  20 

Sicnlis  ex  se mu,  ^  ^eir'  II,  2,  37;  Cum...  P.  Rupilius  postea  leg 

Liv-  XLV,  39  ■  r.,n  scons“lt0’  de  £ lecem  legatorum  sententia,  dedisset.  —  il  Ti 
XL’ ».  I":  Pau.  VU  îfi ld°Rniaededit;  cE  lbid ■  30;  Justin.  XXXIII,  2.  -18  Poly 
franç.  t.  jx  V  ’  ’  1J  Marquardt,  Die  rom.  Staatsverivaltun 
P-  '03.  20  j  ’  1  cms’  sénat  de  la  République  romaine,  t.  1 

id  temms  insulae  lZ'P,  t  Q'  MetMus>  Perdomitis  Cretensibus  liberae 
yigenti norum  ,  CUlre  da"S  la  lnême  0atBS0l'i«  la  lex  Scipionis  , 

£.*'  I  «I  farn.  ^  ^  Ve'T-  1[’  5Û’  123L  -  21  de-  ad  A, 

hB;paneg.  S(|  ’  '  "  U,°  Cass.  LUI,  28.  -  23  Di0  Cass.  XXXVII,  2i 

3’  Celsus  ap.  uij,  /»’  !  PomPeia  lege  quae  Bithynis  data  est  ;  Strab.  XI 

C|1  b)uJ ■  L,  1,  1,  2)  nous  fait  connaître  l’un  des  priv 


lèges  accordés  au  Pont  par  cette  lex  :  Ut  qui  Pontica  matre  natus  esset,  Ponticus 
esset.  —  24  Appian.  Mithrid.  97.  —  25  Suet.  Caes.  23  ;  Dio  Cass.  XL,  43.  —  2G  Suet. 
Caes.  22;  Vetl.  Pat.  II,  40  ,  5.  —  27  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2011  ;  Suet.  Tib.  2; 
A.  Gell.  XVII,  21,  15  ;  Til.  Liv.  XXXIV,  G,  8  ;  Iliod.  XII,  23.  —  28  Cic.  ad  l.  ayr. 
III,  2,  5;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  98-99.  —  29  Caes.  De  bel.  civ.  II,  21  ;  Dio  Cass. 
XLI,  30.  —  30  Cf.  sur  la  dictature  de  l’an  706,  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,  trad. 
t.  IV,  p.  428,  n.  1.  —  3*  Varr.  ap.  Gell.  XIV,  7,  5.  Ces  triumvirs  étaient 
investis  de  la  puissance  proconsulaire.  Appian.  De  bel.  civ.  IV,  7.  —  32  Tit. 
Liv.  III,  34:  Centuriatis  comit'iis  decem  tabularum  leges  perlât ae  sunt.  —  33  Cic. 
P.  domo,  30  :  Populus  Romanus,  L.  Sulla  dictatore  ferente,  comitiis 
centuriatis,  municipiis  civitatem  ademit.  Schol.  in  Cic.  P.  Rose.  :  Si  quid  ad 
populum  tulisset  Sulla,  valebat  lege  Cornelia,  si  quid  voluisset  facere  et  non 
tulisset  ad populum,  hoc  valebat  lege  Valeria.  —  34  Cic.  P.  Se. r.  Rose.  43  :  Lex 
quae  de  proscriplione  est,  sive  Valeria  est,  sive  Cornelia...  ;  cf.  Mommsen  Rom 
Staatsr.  trad.  t,  IV,  p.  451,  n.  I,  qui  cite  également  la  lex  dictatoris  Caesaris 
mentionnée  par  Tacite  {Ann.  VI,  16)  et  qu’il  identifie  avec  celle  dont  parle  César 
(De  bel.  civ.  IV,  1).  —  3B  Dio  Cass.  XLVI,  55  :  Tà  te  SU«  ,àv  pr.Sèv  J 

«ùtSv  |Hte  -t-ü  S-iipo»  pi|TE  xvj  pouVJj  xoiviùiruiTi,  Siotxeïv.  Tac.  Ann.  III,  28  :  Sexto 
demurn  consulatu  Caesar  Augnstus...  dédit  jura,  quis  pace  et  principe  uteremur  ; 
cf.  Monum.  Ancyr.  VI,  12  :  Di  consulatu  meo  sexto  et  septimo...  rem  publicam 
ex  meapotestate  in  senat[us  populique  Romani  a]rbitrium  transtuli.  —  36  Auguste 
civitatem  romanam  parcissime  dédit  (Suet.  Aug.  40);  cf.  Tac  Ann  I  58- 
Hist.  I,  8.  Claude  accorde  le  droit  de  cité  aux  Anauni  eo  guident  libentius  quod 
plerique  ex  eo  genere  hominum  eliarn  militarein  praetorio  meo  dicuntur-,  cf.  Suet. 
Ner.  12;  Galb.  14;  Pim.  Ep.  X,  5,  7,  10;  Corp.  inscr.  att.  III,  702  (sous  Com¬ 
mode):  Epistula  iricertorum  imperatorum  de  Tymandenis  eu  Pisidie.  Bruns,  15o- 


LEX 


—  1120  — 


LEX 


leges  de  cette  espèce  ont  été  très  souvent  rendues  en  faveur 
de  soldats  au  moment  de  leur  congé  1  ou  après  un  cer¬ 
tain  temps  de  service  2.  Au  dernier  siècle  de  la  Répu¬ 
blique,  des  lois  spéciales  3  ont  plusieurs  fois  autorisé 
les  généraux  à  accorder  le  droit  de  cité  il  des  soldats,  à 
tilre  de  récompense  militaire  4. 

P)  La  concession  de  la  cité  romaine  ou  du  jus  Latii  à 
des  cités  pérégrines  u;  et  d’une  manière  générale  toute 
modification  apportée  à  la  condition  juridique  d’une  cité 
de  l'empire 6 . 

y)  La  fondation  d’une  cité  nouvelle 7. 

3)  La  concession  de  statuts  municipaux,  comme  ceux 
de  Salpensa  et  de  Malaga  donnés  par  Domitien  8. 

s)  La  concession  aux  affranchis  du  droit  de  porter 
l’anneau  d'or  9  [ingenuus,  t.  V,  p.  517]. 

Ç)  La  concession  de  la  liberté  et  de  la  cité  à  un  esclave  in. 

La  lex  t/a/a  ressemble  à  la  /ex  rogata  quant  à  son 
efiet  et  quant  à  son  mode  de  publication  :  comme  elle, 
elle  a  une  durée  illimitée;  elle  ne  devient  pas  inefficace 
à  l’expiration  des  fonctions  ou  à  la  mort  de  celui  qui  l’a 
rendue11.  De  même  la  /ex  data  est  gravée  sur  une  table 
de  bronze  et  fixée  sur  les  murs  des  édifices  publics  du 
Capitole  ou  du  Forum 12.  En  cela,  les  leges  datae  diffèrent 
des  constitutions  impériales. 

Mais  la  /ex  data  n’est  pas  ordinairement  désignée 
par  le  nom  gentilice  de  son  auteur  :  les  Siciliens,  dit 
Cicéron,  donnent  abusivement  à  la  loi  qui  a  réorganisé  la 
province  de  Sicile  en  623  le  nom  de  lex  Rupilia 1S,  On 
trouve  aussi  dans  Pline14  le  nom  de  lex  Pompeia  appli¬ 
qué  à  la  loi  de  la  province  de  Bithynie:  Gaius  l’appelle 
lex  Bithynorum16 . 

IV.  —  La  notion  de  la  lex  data ,  telle  qu’on  vient  de  la 
présenter,  doit,  suivant  Mommsen19,  être  élargie:  elle 
s’applique,  à  son  avis,  à  tous  les  actes  de  l’autorité  qui 
sont  obligatoires  pour  les  citoyens  sans  qu’ils  aient  été 
consultés.  Elle  comprend,  indépendamment  de  ceux  qui 
viennent  d’être  cités:  1°  la  législation  de  Romulus  ;  2°  les 
édits  des  magistrats  ;  3°  les  instructions  rédigées  par  les 
censeurs  pour  les  citoyens  soumis  aux  opérations  du 
cens  ;  4°  les  instructions  adressées  par  les  magistrats  à 
leurs  auxiliaires  ou  délégués.  Cette  opinion  n’a  pas  été 
favorablement  accueillie17.  On  a  fait  remarquer  qu’il  est 
impossible  de  traiter  les  édits  des  préteurs  comme  des 
leges,.  datae  ;  ils  n’ont  sûrement  pas  le  même  effet;  on 
ne  leur  a  jamais  attribué  une  valeur  indéfinie.  C’est  par 
abus  de  langage  que  Cicéron  appelle  l’édit  prétorien  lex 
annua  18,  et  que  Tite  Live  donne  à  la  formula  census  le 
nom  de  lex  censui  censendo 19.  Ces  objections,  il  est  vrai, 


ne  s’appliquent  pas  à  la  législation  de  llomulus  •  ,.n 
caractérisée  par  l’expression  jura  dure-0.  Sur  •  *  '  ^ 
l'opinion  de  Mommsen  peut  être  admise,  avec  les 
nécessaires  lorsqu’on  parle'  d’une  époque  sur 
nos  renseignements  sont  loin  d’être  précis 
aussi  faut-il  considérer  avec  Mommsen  21  comme  luif1'6 
data  l'acte  par  lequel  le  roi  Tullus  Hostilius  créa  li's  / * 
viri perduellionis  chargés  déjuger  le  procès  d’Horac<!«* 
La  distinction  des  leges  datae  et  des  constitué  ' 
impériales  s’est  effacée  mesure  que  le  pouvoir  |(J"S 
latif  des  empereurs  a  grandi  :  les  constitutions  Ct 
obtenu  force  de  loi  ;  elles  conservent  leur  effetmême  i  près 
la  mort  de  leur  auteur23.  Au  Bas-Empire,  les  leges  rfnu 
relatives  à  l’organisation  des  provinces  portent  le  nom  de 
pragmatica  generalitas  2\  jussio 2ii,  sanctio 26,  iexn 
[pragmatica]. 

LEX  DE I  QUASI  PRAECEPIT  DOMINES  AI)  ÎIIOYSEN 

Titre  donné  par  les  manuscrits  à  la  compilation  aujour¬ 
d’hui  désignée  sous  le  nom  de  Collalio  leguin  Posai 
carum  et  Romanarum  [jurisconsulti,  t.  V,  p.  721 
LEX  DE  incensis.  —  Loi  attribuée  par  Tite  Live  à Ser-J 
vins28.  CetLe  loi,  édictée  contre  les  citoyens  qui  négligent 
de  se  faire  inscrire  sur  les  registres  du  cens,  les  frappe 
d’une  cap i lis  deminutio  rnaxima  et  autorise  les  magis¬ 
trats  à  les  vendre  comme  esclaves  au  profit  du  trésor s\ 

LEX  DE  JURE  J  E  II  AN  DO  IN  PRINCIPE»!  (a.  791  .17),  -- 

11  s’agit  ici  non  pas  d’une  loi  romaine,  mais  d'une  résolu¬ 
tion  des  citoyens  d'Assi  prise  û  l’occasion  de  l’avènement 
de  Caligula.  Elle  décide  l’envoi  à  Rome  d’une  députation 
chargée  de  féliciter  l’empereur  et  se  termine  par  la  for¬ 
mule  du  jusjurandum  in  principem  :  "Opxoç  ’Àussuv. 
'Ogvugsv  Ata  cwxTÎpa  xat  Oeôv  Rattrapa  Seêatjxôv  xat  xrp 
Ttaxptav  âyvvjv  TxapOÉvov  sùvoTjO'sv  ratio  Kafcxpt  SeSaoTip  xai  iji 
ffijp/TtavTt  oexto  aùxou,  xat  cpiXouç  xexptvetv,  oüç  av  aûxoç  xpMiprp 
xat,  xat  lyOpoùç  ou?  av  aùxô;  TrpofiaXj  XJy|xat  EùopxouGtv  p.sv v)[aïv 
sù  stT)  ItpiopxoCfftv  os  xà  Ivavxta.  Le  texte  de  cette  résolution, 
gravé  sur  une  table  de  bronze,  a  été  découvert  en  1881  à 
Assi 30.  On  doit  rapprocher  la  formule  du  serment  contenue 
dans  ce  document  de  celle  du  jusjurandum  Arilkn- 
sium ,  gravée  sur  une  table  de  bronze  trouvée  en  16.»9  en 
Lusitanie 31 . 

lex  erratica  sive  FEGiTiVA.  —  Noms  donnés  perles 
auteurs  modernes  aux  fragments  du  Digeste  insérés  pur 
erreur  dans  un  titre  et  sous  une  rubrique  qui  ne  lero 
conviennent  pas  :  tels  sont  nombre  de  fragments  mseies 
au  titre  de  Rêgulis  juris. 

lex  il i e ronica .  —  Voir  p.  1114,  n.  2,  etp.  1126,  n. 
lex  lenonia  .  —  Loi  relative  aux  lenones  mentionner 


i  Voir  les  recueils  de  diplômes  militaires,  et  Mommsen,  Corp.  inscr.  lat. 
III,  p.  1951-2038.  —  2  Gai.  III,  72,  73  ;  Ulp.  III,  2.- —  3  Cic.  P.  Balbo,  8  :  Legc 
quant  C.  Gellius  Cn.  Cornélius  ex  senatus  sententia.  tulerunt  ;  cf.  Savigny, 
Vermischte  Schriften,  t.  III,  p.  3 4-9.  —  4  L’exemple  le  plus  ancien  est  de  053. 
Plut.  Mar.  28;  Cic.  P.  Balbo ,  20;  Val.  Max.  V,  2,  8;  cf.  Mommsen,  Dermes, 
XIX,  11.  —  »  Gai.  I,  90.  -  6  Tac.  Ann.  XIV,  27;  A.  Gell.  XVI,  13,  3;  Ulp.  1  de 
cens-  Big.  L,  15,  1  pr.,  4  ct  9.  Paul.  2  de  cens.  eod.  8,  4,  7  et  11.  —  7  Hygin. 
ed.  Laclimann,  t.  I,  p.  177  :  Augustus...  noras  urbes  constituit.  —  8  Corp.  inscr. 
lat.  II,  1903  et  1904.  11  faul  y  joindre  la  lex  metalli  Vipascensis  qui  est  un 
règlement  municipal  pour  un  district  minier  (Corp.  inscr.  lat.  II,  5181);  cf.  l’édit 
d'Auguste  cité  par  Pline  (Bp.  X,  83)  et  qui  a  modifié  les  règles  établies  par  la  loi 
Pompeia  sur  làge  requis  pour  exercer  les  magistratures;  cf.  Mommsen,  Rom. 
Staatsr.  trad.  t.  V,  p.  1G8,  n.  3;  Kriiger,  Gesch.  der  Quellen,  82.  —  9  Corp.  inscr. 
lat.  VI,  1847  ;  Herod.  III,  8-4;  cf.  Mommsen,  Op.  cit.  t.  V,  p.  171  ;  t.  VI,  1, 
p.  121.  —  1°  Paul.  15  ad  Plant.  Dig.  XL,  I,  14,  1  :  Imperalor  cum  servum  manu- 
mittit ,  non  vindictam  imponil ,  sed  cum  volait ,  fit  liber  is  qui  manumittitur  ex 
lege  Augusti.  Krüger,  Gesch.  der  Quellen ,  p.  82,  considère  cette  lex  Augusti 
comme  une  lex  data  émanant  d’un  empereur.  Lenel,  Paling.  jur.  civ.  t.  I,  col. 
1171,  n.  4,  pense  qu’il  s’agit  ici  de  la  lex  quae  de  imperio  lata  est.  —  H  Cf. 


Mommsen,  Die  Stadrcchlc  der  Latinischen  Gemeinden  Salpensa  ^ ^ 

p.  395.  —  12  Jbid.  p.  392,  n.  9.  —  13  Cic.  2“  in  Verr.  Il,  13  :  Praelorjw^f _ 


O  JO .  —  ‘  “  JUlll.  p.  OiJZ,  11.  J.  -  lu  tilt,  j  III  rUl  .  •>)  ‘  J 

P.  Uupilii  décréta ,  quod  is  de  decem  legatorum  sententia  statuit ,  V"""^  ^ 

U),  if»'1 

riilii/»1'1' 


ilti  (Siculi)  liupiliam  vacant ,  sortitur . — 1  1 Ep .  83,  84.  — I^Gai.  I, 

Staatsrecht,  trad.  t.  VI,  1 ,  p .  354.  —  n  Krüger,  Gesch.  der  Quelle»,  \ 
franc,  p.  20.  — 

t.  I,  p.  478  ct  479.—  19  Tit.  Liv.  XUII,  14,  5.  —  29  Ibid.  I,  ».  1  • 
vocala  ad  conciliant  multitudine,  quac  coalescere  inpopuli  unies  coij  p 
praelerquam  legibus  posset,  jura  dédit.  Virg.  Aen.  I,  292  :  Lana  "  ^  ^  ^  ^ 
Itemo  cum  fratre  Quirinus  jura  dabunt.  —  21  B 6m.  Slaatst .  1,1  ^  n  3. 

p.  354,  11.  0;  l.  IV,  p.  320,  n.  2.  —  22  Cf.  Éd.  Cur|,  Op.  cit.  t.  D  P;  ']'  ]  337  el 

—  23  Cf.  Éd.  Cur(,  La  Conseil  des  Empereurs  d'Auguste  à  Dioch  O  _ og  jjeO. 

n.  I.  —  24  Tlieod.  Valent.  Cod.  Just.  XII,  10,  3.  —  21.  Ibid-  X,  t-.  5i  I 

Cod.  Just.  I,  23,  75;  Just.  eod.  X,  32  ,  07  ,  0.  —  27  Juslinus  eod.  ■  '.j0trd 
28  Tit.  Liv.  I,  44,  t:  Censu  perfedo,  quem  - 


Just.  eod.  XII,  17,  4. 


edixil-- 


.29  liai. 


me  ht  legis  de  incensis  latae  cum  vinculorum  minis  mortisque  30  La"  too, 

I,  100;  cf.  Iîd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  l.  I,  p.  ^  cl 
Papers  of  the  arch.  Institute  of  America.  Classical  Séries  1 
31  Corp.  inscr.  lat.  Il,  172. 


Boston,  188-'  f 


.133.' 


LEX 


—  1121 


LEX 


,  côté  de  la  loi  muneralis  1  [lex  titia]. 
par  Pl»ute  ^  Très  ancien  règlement  de  police 

LEX  MicE'tn  tr0uVée  sur  l’emplacement  de  la 

gl'aVéST|-H'  de  Luceria  en  Apulie.  In  hoce  loucarid 
colonie  lau»  ^  ,/ndatid)  neve  cadaver  projecitad,  neve 
mrcusne<fusJd  nrvor8U  hac  faxit,  ceivium  guis 
parentciU'  •  ;  J  ,mum^  L  manum  injectio  estod. 

volet  pr° L'eratus  volet  malt  are ,  UcetodK  Ce  document 
de  la  première  moitié  du  vb  siècle  de  Rome, 
parait  eu  l  /  9\  _  Cette  lex  est  mentionnée 


_  (o  a  —  Cette  lex  est  mentionnée 

dans  une  inscription  découverte  en  1897 
pl"Sie  •  Mcttich  en  Tunisie  3.  On  n’a  pu  jusqu’ici  déter- 
nlnei*1  avec  certitude  s’il  s’agit  d’un  acte  de  l’autorité 
législative  ou  d’une  lex  locationis  \ 

W.ES  MILITAIIES  5.  —  Voir  MILES. 

TEV  muneralis.  -Voir  lex  cincia. 

iec.es  municipii.  —  Voir  municipium,  lex  data. 

I  EX  pbaediatoria.  -  Voir  praes  et  plus  haut,  p.  1114, 


lex  praepositionis.  —  L’armateur  qui  confie  à  un 
ma  gis  ter  l’exploitation  d’un  navire,  le  citoyen  sui  juris 
qui  prépose  un  institor  à  la  direction  d’une  taberna  ou 
de  tout  autre  établissement,  sont  responsables  des  obli¬ 
gations  contractées  par  leur  préposé  6.  Le  premier  peut- 
être  poursuivi  par  l’action  exercitoire  [exercitorta  actio], 
le  second  par  l’action  institoire  [institoria  actio].  Mais 
l’un  et  l’autre  peuvent  limiter  leur  responsabilité  par  la 
lex  praepositionis. 

}  Le  magister  navis  peut  êLre  autorisé  soit  à  affréter  le 
navire,  soit  à  transporter  des  voyageurs  ou  des  mar¬ 
chandises,  soit  vendre  ou  acheter  des  marchandises  '■ 
L’armateur  n’est  tenu  que  des  engagements  contractés 
par  le  magisler  dans  les  limites  fixées  par  la  lex  prae¬ 
positionis.  Cette  règle  est  formulée  par  Ulpien  en  ces 
termes  :  Praepositio  certam  legem  dat  contrahentibus. 
Il  cite  comme  très  usuelles  les  clauses  ut  certa  regione 
et  certo  mari  negotientur,  ne  vectores  recipiant.  Les 
navires  affectés  au  service  des  voyageurs  de  Cassiopa  ou 
de  Dyrrachium  à  Brundusium  n’étaient  pas  aménagés 
pour  le  transport  des  marchandises  8. 

Il  en  est  de  même  pour  Vinstitor  9  :  tout  engagement- 
contracté  en  dehors  des  termes  de  la  lex  praepositionis , 
s  il  y  en  a  une,  est  sans  valeur  à  l’égard  du  préposant. 
Celui-ci  peut  défendre  de  traiter  avec  Vinstitor  sans  l’in¬ 
tervention  d’une  certaine  personne,  ou  sans  la  remise  d’un 
gage;  il  peut  n’autoriser  que  les  contrats  relatifs  à  une 
affaire  déterminée.  Dans  tous  ces  cas  où  la  praepositio 
a  lieu  certa  lege,  on  applique  la  règle  d’équité  formulée 


par  Ulpien:  Conditio  praepositionis  servanda  est 
Lepréposanf  jouit  à  cet  égard  d’une  latitude  plus  grande 
que  V exercitor  :  il  peut  défendre  absolument  de  contracter 
avec  Vinstitor  11 .  Celui-ci  est  alors  un  gardien  plutôt  qu  un 
préposé 12.  Le  maître  de  la  taberna  ne  peut  se  prévaloir  de 
cette  défense  et  décliner  toute  responsabilité  que  s  il  a 
averti  les  tiers,  soit  par  un  avis  individuel  ( neinstitori  cre- 
deret )13,  soit  par  une  affiche  apposée  d’une  manière  per¬ 
manente,  devantla taberna,  en  un  endroitoù  toutle monde 
peut  la  lire  facilement14  :  cum  Januario  servo  meo  geri 
negotium  vetoVi.  A  défaut  d’avertissement,  les  tiers  qui  ont 
traité  avec  Vinstitor  ont  un  recours  contre  le  préposant, 
par  cela  seul  qu’ils  ont  cru  traiter  avec  son  préposé10. 
lex  pragmatica.  — Voir  les  articles  sanctio,  rescriptum . 
lex  plrlica.  —  La  lex  publica,  qui  émane  toujours 
du  peuple11,  se  distingue,  par  son  mode  de  formation, 
des  autres  dispositions  qui  ont  force  de  loi,  comme 
les  sénatus-consultes  et  les  constitutions  impériales  ’V 
Gaius  définit  la  loi  quod  populus  jubet  atque  consti- 
tuit 1!).  Papinien  précise  le  caractère  de  la  loi  en  disant  : 
Lex  est...  commuais  reipublicae  sponsio20.  Les  citoyens 
s’engagent  réciproquement  les  uns  envers  les  autres. 
Il  ne  faut  pas  en  conclure  que  les  Romains  ont  admis  le 
principe  de  la  souveraineté  populaire.  Le  peuple  ne  peut 
prendre  aucune  résolution  de  sa  propre  initiative  :  la 
coopération  d’un  magistrat  est  nécessaire  ;  la  lex  résulte 
d’un  acte  bilatéral.  Atteins  Capito,  publici  privatique 
juris  peritissimus ,  quid  lex  esset,  liisce  verbis  de/i- 
nivit  :  «  Lex,  inquit ,  est  generale  jussum  populi 
aut  plebis,  rogante  magistratu21 .  » 

Si  les  jurisconsultes  des  ne  et  me  siècles  de  l’Empire 
n’ont  pas  mis  en  relief  la  rogatio  qui  doit  être  adressée 
par  un  magistrat,  c’est  que  de  leur  temps  le  peuple  n’était 
plus  appelé  à  faire  usage  de  son  droit  :  après  Auguste 
et  Tibère,  on  cite  comme  une  exception  les  empereurs 
qui  ont  proposé  des  lois  aux  comices,  tels  que  Caligula 
ou  Claude22.  Mais  tant  que  le  pouvoir  du  peuple  a  été 
effectif,  les  comices  n’ont  pu  s’assembler  que  sur  l’invi¬ 
tation  du  magistrat  et  légiférer  sans  une  proposition 
formelle  de  sa  part23.  La  souveraineté  populaire  a  été 
limitée  dans  son  exercice  par  la  nécessité  de  l’action 
commune  du  peuple  et  d’un  magistrat  supérieur  organe 
du  sénat;  elle  l’a  été  aussi  pendant  un  certain  temps  par 
Vauctoritas  patrum. 

De  plus,  malgré  la  réforme  opérée  dans  l’organisation 
des  comices  centuriates,  en  vue  de  la  rendre  plus  démo¬ 
cratique,  il  s’en  faut  de  beaucoup  que  les  citoyens  soient 
égaux  quant  au  droit  de  suffrage24.  Ceux  des  dernières 


l"L  ;iP-  Fust.  v»  muneralis  :  Neque  muneralem  neque  lenoniam  rogata 
inl  mené,  flocci  existimo  ;  cf.  Mommsen,  Strafrecht.  p.  G90,  n.  3.  —  2  Corp. 

F  mer.  lat  ]x  7  g  o  oi  i  ,  1 

«P0ji^  .  i,7  jC  cn  a  été  publié  par  MM.  Gagnai,  Gauckler  et 

!  p  li(i  T":  1 ,omP^es  rendus  de  l’Académie  des  Inscriptions,  1897,  t.  XXV, 
[Ablull  g  y  S<]"lllon’  Vie  lex  Manciana,  eine  Afrikanisclie  Domaineordun g 
N  ||  -  Ul11'  Vesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen,  Pliil.  Ilist.  Kl, 
noires  de  'ri*  '  ^  eolonat  partiaire  dans  l’Afrique  romaine  [Mé- 

Nomeùe  H,  ,  .des  In,criPtion‘,  A'ob.  Étr.  t.  XI,  I”  partie,  1897,  p.  141); 
32i  77  dstorique  de  droit,  t.  XXIII,  1899,  p.  641.  —  6  Cic.  Pro  Flacco, 

pnuttare  cui  *'  "*S  ^  ^  *’  L  *  :  Omnia  enim  facta  magistri  débet 

in  raagistro  ,m  P1  aeP°suit,  ahoquin  contrahentes  decipiuntur  ;  et  faciliùs  hoc 
du  manistj  1  *ns^ore  admittendum  propter  utilitatem.  Pour  les  attributions 

:  ~"ZXn:0  Cf:  U>  *•  SS.  b  3]  7  et  12).  _  7  UIp.  «rf.  1,  3  et  7. 
non  ut  locet  mo  ^  ^  ^  PraeP0Suit  navi  ad  hoc  solum,  ut  vecturas  exigat , 
^nrcibus  eam  /ocn^?,C">^Ur  exerc^ori  magister  locaverit...  Sed  et  si  ut  certis 
Vcl  alii  matériau /  '  ^  ae^os^us  es^>  putâ  legumina  cannabae ,  ille  marmoribus, 
tyriac,  quaedam  Cni <^cen^,um  er^  non  teneri;  quaedam  enim  naves  oncs 
tamen  omne,  U^,psi  dicunt,  sunt.  —  9  Ibid.  XIV,  3,  5,11  :  Non 

cjusret  grutia  cui  'ns^tore  9erUur,  obligat  eum,  qui  praeposuit,  sed  ita,  si 
I  aepositus  / uerit ,  contractuel  est,  id  est  duntaxat  ad  id  quod 


eum  praeposuit  ;  cf.  Cass.  ap.  Ulp.  eod.  5,  12.  —  i0  Ibid.  11,5.  —  U  Ibid.  11,2. 
_  12  Ibid.  11,  G.  —  13  Paul.  30,  ad  Ed.  Dig.  XIV,  3,  17,  4.  —  U  Ibid.  11,  3-4. 
—  13  Paul  4  ad  Plaut.  Dig.  XV,  1,  47,  pr.  —  16  Quelques  auteurs  pensent  que  les 
tiers  ont  un  recours  contre  le  préposant  lors  même  qu'ils  n’auraient  pas  su  qu'ils 
contractaient  avec  un  préposé  (cf.  Schlossmann,  Das  contrahiren  mit  offenen 
Vollmacht,  1892)  ;  cette  opinion  a  été  réfutée  par  Lenel,  lhering's  Jahrbùcher, 
1890,  XXXVI,  131.  —  11  Jul.  94  Dig.  Dig.  1,  3,  32,  t  ;  ...Ipsae  leges  nulla  alia  ex 
causa  nos  tenent,  quam  quod  judicio  populi  rcceptae  sunt.  —  18  Papin.  I  Quaest. 
Dig.  I,  21,  1  pr.  —  19  Gai.  I,  3.  —  a|i  Pap.  1  Defin.  Dig.  I,  3,  1  ;  cf.  R.  von  Jhering, 
Geist  des  rôm.  Rechts,  trad.  franc,  t.  I,  p.  217;  Ed.  Cuq,  Les  institutions  juri¬ 
diques  des  Romains,  t.  I,  p.  103.  —  21  Aul.  Gell.  X,  20,  2.  —  22  nio.  Cass.  L1X, 

9  :  T&î  àç/ aïoecîa^  Ti!*  te  Sruxw  xod  tw  tcXtuÔee  àitoSÉSoixE  Xü<ra;  oara  teeçi  aÙTwv  ô  TiSs'çto; 

ùçôcei.  Ibid.  LX,  11.-23  Inst.  I,  2,  4  ;  Lex  est,  quod  populus  Romanus,  senatore 
magistratu  interrogante,  veluti  consule,  constituebat.  —  24  Cic.  De  Rep.  II,  22 
Nec  prohibebatur  quisquam  jure  suffragii,  et  is  valebat  plurimum  in  suffragios 
cujus  plurimum  intererat  esse  in  optimo  statu  civitatem.  Liv.  I,  43  :  Non  enim, 
ut  ab  Romulo  traditum  ceteri  servaverant  reges,  viritim  su/fragium  eadem 
ci  eodemque  jure  promiscue  omnibus  datum  est  :  sed  gradus  facti,  ut  neque 
exclusus  quisquam  suffragio  vkleretur,  et  vis  omnis  pen'es  primores  civitatis 
esset. 


LEX 


1122  — 


LEX 


classes  sont  rarement  appelés  à  l’exercer,  car  il  est  de 
principe  qu’on  arrête  les  opérations  du  vote  lorsque  la 
majorité  est  acquise  *.  Dans  les  comices  par  tribus,  toutes 
les  tribus  votent  en  même  temps,  et  par  suite  tous  les 
citoyens  prennent  part  au  vote.  Pourtant  leur  suffrage 
n'a  pas  toujours  la  même  valeur.  L’unité  de  vote  étant 
la  tribu,  plus  une  tribu  est  nombreuse,  moins  le  suffrage 
de  chacun  de  ses  membres  a  de  valeur.  Aussi  les  tribus 
urbaines  qui  comprenaient  la  masse  des  affranchis 
étaient-elles  les  moins  considérées. 

Les  esprits  éclairés  n’étaient  d’ailleurs  pas  favorables 
au  principe  de  la  souveraineté  du  peuple.  Cicéron  le  qua¬ 
lifie  irrévérencieusement  de  stultorum  sententiae.  «  Si, 
dit-il  -,  les  volontés  de  la  multitude,  les  décrets  des 
chefs  de  1  État,  les  sentences  des  juges  fondaient  le  droit, 
le  vol,  l’adultère,  la  supposition  d’un  testament  seraient 
légitimes  dès  qu'on  aurait  les  suffrages  du  peuple...  Il  est 
évident  que  nous  avons  une  règle  supérieure  à  la  volonté 
du  peuple  pour  distinguer  une  bonne  loi  d’une  mauvaise: 
c’est  la  nature  et  la  raison...  Il  appartient  aux  magistrats, 
par  leur  prudence  et  leur  activité,  de  diriger  la  multitude, 
de  prescrire  et  de  faire  exécuter  ce  qui  est  juste  et  utile, 
ce  qui  est  conforme  aux  lois.  Comme  les  lois  sont  au- 
dessus  du  magistrat,  le  magistrat  est  au-dessus  de  la 
multitude.  » 

Les  restrictions  au  principe  de  la  souveraineté  popu¬ 
laire  ont  été  notablement  atténuées  dans  les  conciles  delà 
plèbe.  S’ils  ne  peuvent  se  réunir  sans  être  convoqués  par  un 
tribun,  celui-ci  a  toute  liberté  pour  prendre  l’initiative  des 
propositions  qu’il  juge  utile  aux  intérêts  de  la  plèbe  :  il  n’a 
pas  le  devoir  de  consulter  le  sénat.  Les  tribuns  sont  les 
organes  de  la  volonté  de  la  plèbe  qui  est  toujours  sûre 
de  trouver  en  eux  un  interprète  de  ses  sentiments  et  de 
ses  passions.  Aussi,  lorsque  la  loi  Hortensia  eut  donné 
aux  plébiscites  force  de  loi  [lex  hortensia],  les  tribuns 
usèrent  largement  de  leur  droit  d’initiative  :  la  plupart 
des  lois  des  deux  derniers  siècles  de  la  République  sont 
des  plébiscites3. 

1.  Confection  de  In  loi.  —  Il  y  a  deux  moments  à 
considérer  dans  la  confection  de  la  loi  :  1°  la  préparation 
et  la  proposition  de  la  loi  ;  2°  le  vote  de  la  loi.  Il  faut  y 
joindre,  pour  la  lex  consularis,  Yaucloritas  patrum. 

1°  Le  projet  de  loi  est  préparé  par  l’un  des  consuls,  par¬ 
fois  par  le  préteur  urbain,  mais  toujours  sur  l’avis  con¬ 
forme  du  sénat.  Le  magistrat  qui  néglige  de  le  consulter 
est  blâmé  sévèrement1.  Le  sénat  peut  d’ailleurs  empê¬ 
cher  le  projet  d’aboutir  en  invitant  un  autre  magistrat  ou 
un  tribun  à  faire  usage  du  droit  d’intercession  [inter- 
cessio] .  L’intervention  du  sénat  dans  la  préparation  des 
projets  de  lois  est  une  garantie  contre  les  propositions 
téméraires  ou  précipitées.  D'ordinaire,  c’est  le  sénat  qui 
invite  un  magistrat  supérieur  à  prendre  l’initiative  de 
la  proposition  qu'on  désire  soumettre  aii  peuple. 

Le  projet  de  loi  doit  être  porté  à  la  connaissance  du 
public  dans  la  forme  habituelle  des  édits  des  magistrats  : 


annonce  verbale  par  le  ministère  des  crieurs 
(praecones), affichage  dans  un  lieu  public  {promut 
Le  projet  est  écrit  sur  des  tables  de  bois  blanc  c 
même,  à  la  fin  de  la  République,  sur  des  tables  de  lu  !,"  ' 
Cette  formalité  n’avait  pas  seulement  pour  but  de  don' 
au  projet  la  publicité  nécessaire  et  une  publicité  n . 
ncnte  :  c’était  une  garantie  contre  tout  changernT 
introduit  après  coup  par  l’auteur  du  projet.  Au  d,»,.  ■"* 
siècle  de  la  République,  cette  garantie  devint  insuflis;'? 
Pour  prévenir  les  abus;  la  loi  Licinia  Junia  dèï 
obligea  le  magistrat  à  déposer  au  Trésor,  au  mornenL  de 
la  promulgation  8,  une  copie  de  son  projet. 

L’édit  rendu  par  le  magistrat  doit  contenir  l’indication 
du  magistrat  qui  présidera  les  comices  et  du  jour  où  I,. 
vote  aura  lieu.  Le  délai  minimum  entre  la  publication 
et  le  vote  est  de  trois  nundina  9  ou  vingt-quatre  jours 
Mais  le  sénat  a  souvent  prescrit  au  magistrat  de  convo¬ 
quer  les  comices  sans  délai l0,  et  parfois  un  magistral  a 
pris  sur  lui  de  déroger  à  la  règle  sans  y  être  autorisé**. 

La  lex  tribunicia ,  à  la  différence  de  la  lex  consularis 
n’est  pas  préparée  de  concert  avec  le  sénat.  Depuis  la  loi 


Hortensia,  les  tribuns  ne  sont  pas  tenus  d’obtenir  son 
assentiment12.  En  GG6,  Sylla  rétablit,  suivant  Appien1! 
l’obligation  pour  les  tribuns  de  soumettre  leurs  projets 
de  loi  û  l’approbation  du  sénat,  mais  en  G83  la  lui  Pom- 
peia  rendit  aux  tribuns  le  libre  exercice  de  leur  droit. 


2°  Le  projet  de  loi  est  soumis  au  peuple  réuni  dans  ses 
comices.  Les  règles  relatives  à  la  réunion  et  au  fonc¬ 
tionnement  des  diverses  sortes  de  comices  ont  été 


exposées  au  motcoMiTiA.  Il  nous  suffira  de  rappeler  ici  que 
Je  projet  de  loi  était  discuté  dans  des  assemblées  spéciales11 
[contiones,  t.  11,  p.  1485],  qui  avaient  lieu  l’un  dos  jours 
précédant  le  vote  des  comices  par  centuries  1S,  ou  le  jour 
même  du  vole  pour  les  comices  par  tribus  et  les  conciles 
de  la  plèbe  1C.  Les  orateurs  qui  soutenaient  le  pirojet  con¬ 
cluaient  par  la  formule  :  Ego  liane  legem,  quod  bonum 
faustum  felixque  sit  vobis  ne  reipublicae ,  uli  rotjas 
jubendam  censeo11-,  ceux  qui  le  combattaient  concluaient: 
Ego  nullo  modo  legem  abrogandam  censeo1*. 

Le  vote  eut  lieu  verbalement  jusqu’au  vu0  siècle  de 
Rome.  En  G23,  pour  assurer  le  secret  du  vote,  la  loi 
Papiria  étendit  aux  comices  législatifs  la  règle  du  vote 
écrit,  introduite  par  la  loi  Gabinia  pour  les  comices 
électoraux.  Les  citoyens  qui  prenaient  part  au  vole  rece¬ 


vaient  deux  tablettes  sur  lesquelles  étaient  écrites  d  avance 
les  lettres  U(ti)  R(ogas)  ou  A(nliquo)  ;  ils  en  déposaient 
une  dans  la  corbeille  ( cisla )  placée  à  la  sortie  de  I» 
section  de  vote  (voir  t.  II,  p.  1395). 

La  loi  votée  par  les  comices  curiales  ou  -  cent urialcs 
était  soumise  au  contrôle  des  paires.  En  était-il  de  mena 
pour  les  lois  votées  dans  les  comices  par  tribus  ?  GclU 
question,  ainsi  que  celle  de  savoir  quels  étaient  les pat,es 
appelés  à  donner  leur  auctoritas,  est  très  discutée, 
a  été  traitée  au  mot  auctoritas  patrum  in.  La  loi  Pnbhl1" 
Philonis  réduisit  cette  auctoritas  à  une  simple 


i  Dion  d’Ilalic.  IV,  20  ;  VII,  59  ;X,  17.  —  2  Cic.  De  leg.  I,  10  ;  III,  I.  —  3  Lael.  Félix 
ap.  Gell.  XV,  27  ;  Plin.  Hist.  nat.  XVI,  10,  37  ;  cf.  Ed.  Cuq,  Op.  cit.  1,  457.  —  4  Liv. 
XLV,  21  :  Praetor  novo  maloque  exemplo  rem  ingressus  erat ,  quod  non  ante 
consulto  senatu...  de  sua  unius  sententia  rogationem  ferrel.  —  0  Fest.  v°  Pro- 
mulgari  :  Promulgari  leges  dicuntur  cum  primum  in  vulgus  eduntur,  quasi  provul- 
gari.  —  6  Dio  Cass.  XLII,  32.  —  1  Cic.  P.  Mil.  32,  87  ;  Suet.  Cacs.  28.  8  Cic.  P. 

Sest.  04.  —  9  Sc.  De  Ilacchan.  in  Corp.  inscr.  lat.  X,  104,  1.  22.  —  10  Liv.  IV, 
58,  8;  XXVII,  33,  9.  —  11  Cic.  Phil.  V,  3;  Appiair  De  D.  cio.  IV,  7.  —  12  La 
question  de  savoir  si,  avant  la  loi  Hortensia,  les  tribuns  devaient  soumettre  à 
l’approbation  du  sénat  les  projets  de  plébiscites,  est  discutée;  cf.  t.  II,  p.  1382; 


Mommsen,  Rom.  Staatsr.  t.  III,  p.  15G.  Le  passage  d’Appion,  cité  dan  | 
suivante,  paraît  confirmer  l’opinion  indiquée  au  texte.  —  19  Appian,  lh 
59.  Le  plébiscite  De  Termessibus  contient  la  mention  De  senatus  senti1»1 1" 
inscr.  lat.  I,  204).  —  14  Quintil.  Inst.  orat.  II,  4,  33  :  Romanis  p1 0  ^ 

suadere  ac  dissuadere  moris  fuit.  —  lî>  Gic.  P.  Sest.  50;  Tn  P>s  j  rjns 

reditum ,  in  senatu,  10  ;  Postero  die.  —  Liv.  XLIII,  10,  8  :  Did»  ^  ^ 
rogationem  concilio  tribunus  plebis  dixit  :  qui  postquam  venit ,  ut  ri11  ^  ^  ^ 
dissuadendum  processcmnt,  Graccho  dicente,  silentium  fuit.  —  u  ^37; 

-  l«  Ibid.  XXXIV,  4,  20.  —  19  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  t.  W,  I’ 
Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  33. 


LEX 


—  1123  — 


LEX 


I  s  ,  Pn  décidant  qu’elle  précéderait  le  vote  des 

I T  Rédaction  de  la  loi.  -  Le  libellé  de  la  loi  comprend 
■  s  deux  parties  et  souvent  quatre  :  l 'index,  la 

au  L'a,  la  rogatio ,  la  sanctio. 

Pr(l°Vin(li‘*s  contient  régulièrement  les  noms  gentilices 
BT  magistrats  qui  ont  proposé  la  loi  et  l’indication  de 
F  objet  par  exemple,  lex  Valeria  Iloratia  de  provo- 
s°"  “j,  lexFuria  testamentaria.  C’est  l’en-tête  de  la  loi 
tune  manière  abrégée  de  la  désigner.  Parfois,  V index 
■e  contient  que  l’indication  sommaire  de  l’objet  de  la  loi  : 
iex  de  XX  quaestoribus L 

L  9»  La praescriptio  contient:  a)  les  noms  de  celui  ou  de 
ceux  qui  ont  proposé  la  loi  ( rogalores ) 5  ;  p)  l’indication 
■u  jour  et  du  lieu  où  la  loi  a  été  votée  6  ;  y)  le  nom  de  la 
tribu  ou  de  la  centurie  dont  on  a  fait  connaître  le  vote  en 
premier  lieu;  8)  le  nom  du  citoyen  qui  a  voté  le  premier. 
Iùontiu  nous  a  conservé  la  praescriptio  de  la  loi  Quinctia 
votée  par  les  comices  tributes  en  745  :  T.  Quinctius 
Crispinus  consul  populum  jure  rogavit  populusque 
jure  scivit  in  f'oro  pro  rostris  aedis  divi  Juli  pr(idie) 
li.  Julias.  Tribus  Sergia  principium  fuit ,  pro  tribu 
Sex...  L.  f.  Virro  [primus  fuit }  \ 

3°  Le  mot  rogatio  désigne  à  la  fois  la  proposition  sou¬ 
mise  au  peuple  et  la  loi  par  lui  votée  8.  Le  texte  en  est 
parfois  divisé  en  chapitres  ( caput ).  Lorsque  ces  chapitres 
ont  trait  à  des  matières  différentes,  on  l’indique  ordinai¬ 
rement  dans  l'index  :  telle  est  la  loi  Julia  de  adulteriis 
et  defundo  dotait  ;  telle  aussi  la  loi  Voconia  de  mulierum 
hereditatibus  et  delegatis .  Mais  il  est  interdit  de  soumettre 
au  peuple  dans  un  même  projet  des  questions  qui  n’ont 
pas  de  rapport  entre  elles  (lex  satura )  9.  Ce  serait  une 
entrave  à  la  liberté  du  vote  :  on  n’a  pas  voulu  que  les 
citoyens  fussent  contraints  à  accepter  une  disposition 
qui  leur  déplaît  pour  faire  passer  celle  qui  leur  agrée. 
Cette  prohibition,  qui  existait  au  temps  des  Grecques  10, 
fut  confirmée,  en  656,  par  la  loi  Caec.ilia  Didia11.  Elle  n’a 
guère  été  observée:  laloi  Julia  de  maritandis  ordinibus , 
par  exemple,  contient  des  dispositions  très  diverses. 

4"  La  sanctio  est  la  clause  destinée  à  assurer  l’exécu¬ 
tion  de  la  loi.  On  distingue  à  ce  point  de  vue  les  lois 
impératives  ou  prohibitives  et  les  lois  déclaratives  :  Legis 
virtus  hoc  est  imperare ,  vetare ,permittere,  punire l2.  Les 
lois  déclaratives  sont  en  général  des  lois  interprétatives  de 
a  volonté  des  parties:  il  est  permis  d’y  déroger13.  Il  en 
est  autrement  des  lois  impératives  etdes  lois  prohibitives  : 
L°ut  citoyen  est  tenu  de  s’y  conformer.  Il  doit  faire  ce 


qu’elles  commandent,  s’abstenir  de  ce  qu’elles  défendent. 

Sont  impératives  les  lois  qui  ont  traita  l’ordre  public  '  ■ 
et  aux  bonnes  mœurs15,  ou  qui  découlent,  comme  une 
conséquence  nécessaire,  de  la  nature  propre  d’une  insti¬ 
tution  juridique  “h  Tout  acte  fait  contrairement  à  une  loi 
impérative  est  nul. 

Il  n’en  est  pas  toujours  de  même  pour  les  lois  prohi¬ 
bitives  :  leur  sanctio  varie  suivant  les  cas1'.  Il  faut 
distinguer  ici  entre  les  lois  qui  défendent  un  acte  maté¬ 
riel,  tel  qu’un  crime  ou  un  délit,  et  celles  qui  défendent 
un  acte  juridique.  Les  premières  ont  pour  sanction 
une  peine18.  C’est  tantôt  une  peine  sacrée  :  tout  citoyen 
peut  tuer  impunément  le  contrevenant 19  ;  tantôt  une  peine 
morale  :  le  contrevenant  est  déclaré  improbus  et  intesta- 
bilis 20  ;  tantôt  une  peine  corporelle  ou  pécuniaire. 

Les  lois  qui  défendent  un  acte  juridique  sont,  au  point 
de  vue  de  leur  sanction,  de  trois  sortes  :  perfectae , 
minus  quam  perfectae ,  imper fectae 21 . 

La  lex  est  perfecta ,  lorsqu’elle  a  pour  sanction  la 
nullité  de  l’acte  fait  en  contravention  ;  minus  quam 
perfecta ,  lorsqu’elle  entraîne  simplement  une  amende 
pour  celui  qui  l’a  violée22;  imper fecta,  lorsqu’elle  n’a 
aucune  de  ces  deux  sanctions23. 

Telle  est  la  distinction  faite  par  la  jurisprudence  clas¬ 
sique.  Elle  paraît  étrangère  à  l’ancien  droit.  Aux  pre¬ 
miers  siècles  de  la  République,  celui  qui  contrevient  à 
une  défense  édictée  par  la  loi.est  toujours  traité  comme 
un  délinquant:  l’acte  juridique  que  la  loi  a  voulu  empê¬ 
cher  n’en  reste  pas  moins  valable.  Ainsi,  la  loi  défend  de 
prêter  à  intérêt  au  delà  d’un  certain  taux:  si  ce  taux  est 
dépassé,  l’usurier  encourt  la  peine  du  quadruple,  mais 
le  nexum  n’en  conserve  pas  moins  sa  valeur.  La  loi  est 
minus  quam  perfecta-1* .  Il  en  est  de  même  de  la  loi  Furia 
testamentaria  qui  défend  d’exiger  un  legs  supérieur 
à  1000  as25. 

Il  y  a  pourtant  à  cette  époque  des  lois  prohibitives  qui 
n’ont  pour  sanction  ni  une  amende,  ni,  comme  dans  le 
droit  postérieur,  la  nullité  de  l’acte  juridique  accompli  : 
ce  sont  les  leges  imper  fectae.  L’exemple  le  plus  célèbre  est 
celui  de  la  loi  Cincia,  qui  défend  de  recevoir  des  dona¬ 
tions  supérieures  à  un  certain  chiffre26.  Est-ce  à  dire  que 
ces  lois  n’aient  aucune  espèce  de  sanction?  Ce  ne  serait 
pas  vraisemblable.  11  est  possible  que  ces  lois  prohibi¬ 
tives  dans  le  fond  ne  le  fussent  pas  en  la  forme27.  Elles 
se  contentaient  peut-être  d’inviter  le  magistrat  à  refuser 
son  concours,  lorsqu’il  serait  nécessaire  pour  parachever 
l’acte  conclu  au  mépris  de  la  loi  ;  tout  au  moins  fournis- 


lw'ofT  P,‘anc'  3’  8’  Uv’  ’’  17 •  -  2Liv-  V,U.  ‘2.  -  3  La  distinct; 
avait  C..a  PraescrtPtio  ressort  de  Cic.  De  lege  aqr.  II,  9,  22.  Mais  1 

in.se,-.  lat  r£  C°vuln  vv  praeScriPtio  ■  lc  "0™  de.  rogator.  -  4 
dîis)  rnnilfj  V ,  XX  î!taesto’*'S“s  ;  Cf.  I,  204  :  /  de  Termesfibus) 

Li  est  ni  '  ' >US  '■  L°  chlffr°  qui  Précède  l'index  est  le  numéro  de  la  table  de 
membu  VrUejUSflUil  n0US'  ~  8  Cf'  la  praescriptio  de  la  loi  Antonia  d 
éd.  Mommsen^  *'/•  *’  ~  8  ^alerius  Probus,  De  legibus  et plebi 

D.  P  -lit  ■  Gramm-  lat ■ IV-  265  :  f-  1-  R.  P.  Q.  I.  S.  I.  F.  P.  R. 
diempridie  —  /p"'  1  °Joxit  populusque  jure  scivit kin  foro  pro  rostris  a 
X,  20  :  /„  '  0ntü\fle  *29  (Bruns,  Fontes  juris,  p.  115).  - 

an’r»advertimus  N  SC>^ll‘s  non  ma3n<wi  vocabulorum  istorum  differentiat 
Wnmt,  eademnu»  "  ' 1  ^e4isctfa  et  privilégia  translato  nomine  leges  ar, 
~  9  Fcst.  v  satm°mniQ  COnfuso  et  indistincto  vocabulo  rogationes  dix, 
f*»  alis  ''  eatma  et  cibi  0emis  ex  varüs  rebus  condition  est, 

Liv-  VI,  39.  _  10  T  COn[er‘a ■  La  loi  Licinia  Sextia  est  un  exemple  de  lex  si 
20  :  Quae  estnuaem  ~r  U“'  72  :  CorP‘  inscr'  laL  L  l9s-  -  11  de-  P. 
ne  Populo  necesse  si t  •  '  'S’  <buae  senlentia  Caeciliae  legis  et  Didiae  nisi 

m  ’d  quod  velu  ,  m  conJmotis  rebus  compluribus  aut  id  quod  nolit  ac 
UMadEdJt TuTr  ~  12  M0dCSt-  ‘  ^  Di°-  h  3,  7.  -  13  Lai 
’  ’  *  '  paciscar,  ne  operis  noci  nuntiatione  exsi 


quidam  putant  non  valere  pactionem,  quasi  in  ea  re  praetoris  imperium  verse, 
lur.  Labco  aulem  distinguit  ut,  si  ex  re  familiari  operis  novi  nuntiatio  sit  facta, 
liceat  pacisci,  si  de  re  publica,  non  liceat,  quae  distinctio  vera  est  ;  cf.  Paul.  35 
ad  Ed.  Dig.  XXUI,  4, 12, 1  ;  Pompon.  10  ad  Sab.  Dig.  L.  17,27  :  obligationum  causac 
pactione  possunt  immutari.  —  14  Paul.  3  ad  Ed.  Dig.  II,  14,  27,  4;  Papiu.  2  Quaest. 
eod.  38  :  Jus  publieum  pr'ivatorum  pactis  mutari  non  potest.  —  13  Ulp.  42  ad 
Sab.  Dig.  XLV,  1,26:  Generaliter  novimus  turpes  stipulationes  nullius  esse 
momenti.  Consul!,  vet.  joli,  IV,  1.  —  10  Cf.  Ulp.  41  ad  Sab.  Dig.  XIII,  7,  • 
4  in  fine.  —  *7  Cf.  sur  la  sanction  des  lois  prohibi lives,  Éd.  Cuit,  Jnstitutions 
juridiques  des  Romains,  t.  I,  p.  462.  —  18  Papin.  2  Defîn.  Dig.  XLVIII,  19, 

41  :  Sanctio  legurn,  quae  novissime  certain  poenam  irrogat  his,  qui praeceptis 

legis  non  obtemperaverint...  —  19  Cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  H4,  158,  n.  I.  _ 

20  Ibid.  t.  1,  p.  255,  11.  10.  —  21  Ulp.  Rag.  I.  —  22  Ibid.  2:  Minus  quam 
perfecta  lex  est  quae  vetat  aliquid  fieri  et  si  factum  sit,  non  rescinda,  sed 
poenam  injungit  ei  qui  contra  legem  fecit.  —  23  Le  commencement  du  texte 
d’Ulpien  (Reg.  t)  manque;  on  lit  seulement  :  ...prohxbet,  exceptis  quibusdam 
cognatis,  et  si  plus  donation  sit,  non  rescinda.  11  est  certain,  d'autre  part,  que  la 
loi  Cincia  dont  parle  Ulpien  ne  donnait  lieu  à  aucune  peine  pécuniaire.  —  24  Cf.  Éd. 
Cuq,  Op.  cit.  t.  1,  p.  350.  —  23  Ibid.  t.  I,  p.  53t.  —  20  Ibid.  t.  I,  p.  557.  — 

27  Ibid.  t.  I,  p.  463. 


LEX 


1124  — 


LEX 


saient-elles  aux  tribuns  de  la  plèbe  un  motif  légitime 
d’intercéder. 

Les  loges  per f (‘clac  appartiennent  à  une  période  ulté¬ 
rieure  de  l’histoire  du  droit  romain  L’existence  de  ces 
lois  n’est  pas  douteuse  sous  l’Empire:  la  loi  Fufia  Cani- 
nia 2  et  la  loi  Ælia  Sentia 3  du  temps  d’Auguste 
rescindent  les  affranchissements  frauduleux.  Sous  la 
République,  on  ne  trouve  pas  d’exemple  aussi  net:  la  loi 
ne  rescinde  pas  les  actes  juridiques  régulièrement  accom¬ 
plis,  elle  ne  les  met  pas  à  néant  ;  elle  se  contente  de 
libérer  le  débiteur  de  son  obligation  en  tout  ou  en  partie, 
ou  de  réduire  l’étendue  d’un  acte  générateur  de  droit. 
La  loi  Furia  desponsu  décide  qu’au  bout  de  deux  ans  les 
sponsores  seront  libérés4.  La  loi  Voconia  de  legatis 
retire  au  légataire  le  jus  capiendi  5.  La  loi  Falcidie  elle- 
même,  qui  est  de  la  lin  de  la  République,  ne  prononce 
pas  la  nullité  des  legs  qui  dépassent  les  trois  quarts  de  la 
succession  :  elleen  diminue  le  montant:  Pro  rata  port ione 
per  legem  ipso  jure  minuuntur  G.  Mais  déjà  apparaît  ici 
l'idée  que  l’acte  juridique  doit  être  inefficace  danslamesure 
où  il  a  été  fait  au  mépris  de  la  loi.  Cette  idée  avait  été, 
vers  Ja  même  époque,  appliquée  par  la  coutume  à  la 
prohibition  des  donations  entre  époux7;  elle  fut  géné¬ 
ralisée  sous  l’Empire8. 

Les  actes  laits  en  fraude  de  la  loi  sont  en  principe  8 
traités  comme  de  véritables  contraventions10.  L’acte  est 
fait  en  fraude  de  la  loi  lorsqu’il  a  pour  but  d’en  tourner 
la  disposit  ion  tout  en  respectant  la  lettre  de  la  loi  :  Contra 
legem  facit ,  gui  id  facit  quod  lex  prohibet,  in  fraudera 
vero,  qui  suivis  verbis  legis  sententiam  ejus  circumve- 
nil 1 1 .  Mais  la  question  de  savoir  quand  un  acte  était  fait 
en  fraude  de  la  loi  était  parfois  délicate  12  ;  le  sénat  fut 
plusieurs  fois  consulté  pour  la  résoudre13. 

Il  est  une  autre  sorte  de  sanctio  qu’on  rencontre  assez 
souvent  dans  les  lois  romaines  :  elle  tend  à  prévenir 
1  abrogation,  toLale  ou  partielle,  directe  ou  indirecte,  de  la 
loi.  Nous  en  parlerons  à  propos  de  l’abrogation  des  lois. 

lit.  Désignation  de  la  loi.  —  Les  lois  consulaires  sont 
d’ordinaire  désignées  par  deux  adjecLifs  formés  avec  les 
noms  des  consuls  en  exercice.  On  met  en  tète  celui  qui 
a  présidé  les  comices  :  lex  Caecilia  Didia ,  lex  Ælia 
Sentia. 

Les  lois  prétoriennes  n’ont  qu’un  seul  nom14;  les  pré¬ 
teurs  ayant  des  attributions  séparées,  il  n’y  a  pas  de  motif 
pour  qu’ils  présentent  collectivement  un  projet  de  loi. 
Les  plébiscites  n’ont  habituellement  qu’un  seul  nom13, 
bien  que  le  projet  émane  le  plus  souvent  du  collège  des 
tribuns:  il  y  a  là  sans  doute  une  abréviation.  Cicéron 
distingue  le  tribun  qui  a  fait  la  proposition  ( rogaton )  et 
les  collègues  qui  l’ont  signée  avec  lui  ( adscriptores ) l0. 


Pareille  abréviation  se  rencontre  même  pour 
double  gentilice  :  telle  la  loi  Papia  Poppaea 
appelée  Papia17. 


les  lois  à» 
souvent 


Sous  l’Empire,  on  désigne  parfois  les  lois  parle  sur, , 
de  leur  auteur,  en  le  mettant  au  génitif  ( (ex  \Ut  "I’1'1 
Vespasiani 19.)  ou  en  lui  donnantla  forme  d’un adjecUi  / 
Craccana ,  Sullana ,  Caesariana ,  Augustiana )20  " 

Il  n’y  a  pas  d’exemple  certain  de  loi  portant  piUs  d 
deux  noms:  l’expression  lexllubria ,  Livia ,  Sempn,ü 
mentionnée  dans  la  loi  agraire  de  643 ai,  désigne  la  li'  ^' 
lation  résultant  de  trois  lois  distinctes.  Il  en  est  m 
être  île  même  de  la  lex  Mamilia ,  Roscia ,  Peducm 
Alliena ,  Rabin22,  si  l’on  n’y  voit  pas  un  règlement 
émanant  d’une  commission  spéciale.  D’ordinaire  on  cite 
les  lois  différentes  ayant  un  même  objet  en  réunissant 
leurs  noms  par  la  conjonction  et  :  lex  S  ilia  et  CalmT . 
nia22,  Aelia  Sentia  et  Juniar\  Mais  on  trouve  aussi  des 
exemples  d’une  seule  et  même  loi  désignée  par  un  double 
gentilice  réuni  par  la  conjonction  et  :  telle  la  loi  Caecilia 
et  Didia,  Va  loi  Cassia  et  Tcrentia 25. 


Très  souvent  les  lois  sont  désignées  par  un  mot  indi¬ 
quant  leur  objet  principal:  lex  agraria,  annàlis,  cadu- 
caria,  frumentaria,  judiciorum  publicorum,  judi- 
ciaria,  sumtuaria,  vicesima  her éditât iutn. 

Parfois  on  désigne  de  la  même  manière  un  chapitre 
d  une  loi  :  la  IcxJulia  de  fundo  dotali 20  est  un  chapitre 
de  la  loi  Julia  de  adulleriis.  De  même  la  loi  Gornclia 
testamentaria  et  la  loi  Cornelia  nummaria 21  sont  des 
chapitres  de  la  loi  Cornelia  de  fa/sis 28. 

IV.  Publication  de  la  loi2'3.  —  Les  Romains  no  se  sont 
pas  préoccupés  d’une  manière  générale  de  la  publica¬ 
tion  des  lois30.  Le  vote  du  peuple  constituait  par  lui- 
même  une  publicité  suffisante  ;  et  l’on  se  contentait  d’en 
proclamer  le  résultat  ( renunliatio ).  La  loi  était  dès  cet 
instant  exécutoire.  Cependant,  comme  l’effet  de  la  loi  pou¬ 
vait  se  prolonger  pendant  plusieurs  générations,  il  était 
utile  dans  certains  cas  d’en  prescrire  l’exposition  per¬ 
manente  (figere)31.  C’est  ce  qui  eut  lieu  pour  les  Douze 
Tables32  et  pour  bien  d’autres  lois  :  sous  Vespasien,  le 
sénat  nomma  des  commissaires  chargés  de  rechercher 
et  de  remettre  en  place  les  tables  des  lois  tombées  de 
vétusté  33 . 

On  inscrivait  la  loi  sur  des  tables  de  bois  blanchi  ou 
de  cuivre34,  que  l’on  fixait  en  un  lieu  où  tout  citoyen 
pouvait  commodément  en  prendre  connaissance  :  unde 
de  piano  recte  legi possit 33.  Ce  lieu  variait  suivant  1  objet 
de  la  loi  :  les  Douze  Tables  étaient  fixées  dans  \'atrknl 
Libertatis 30  près  du  tribunal  des  magistrats  ;  la  loi  h'ihn 
dans  le  temple  de  Diane37  ;  la  loi  de  XX  quaestoril) us 
dans  le  temple  de  Saturne38. 


1  Ibid.  p.  463,  n.  3.  —  2  Gai.  I,  46  :  Lex  Fufia  Caninia  quae  in  fraudera  ejus 
facta  sunt  rescindit.  —  3  Jul.  64  Dig.  Dig.  XL,  9,  5,  2  :  Liber  tas  per  legem  Aeliam 
Sentiam  rescinditur.  —  4  Gai.  III,  121.  —  5  Ibid.  II,  226.  —  6  Gai.  18  ad  Ed. 

prov.  Dig.  XXXV,  2,  73,  5.-7  Ulp.  32  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  1,  1  pr.  —  8  Carac. 

Cod.  Just.  II,  3,  6  ;  Theod.  Valent,  eod.  I,  14,3.  —  9  Voir  une  exception  dans  mes 
Institutions  juridiques,  1. 1,  p.  464,  n.  4.  —  10  Gai.  I,  46.  —  U  Paul.  lib.  sing.  ad  1. 
Cinc.  Dig.  I,  3,  29.  —  12  Cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cil.  t.  I,  p.  464,  11.  3.  —  13  Gai.  I,  46, 
47.  —  n  Le  plus  ancien  exemple  connu  d’une  loi  prétorienne  est  celui  dé  la  lex 
Bapiria  de  1  an  422.  Liv.  VIII,  17,  12.  —  13  Cf.  Mommsen,  Op.  cit.  trad.  t.  Vil, 
p.  339.  —  16  Cic.  De  lege  agr.  H,  9,  22:  Quis  legem  tulit  ?  Dullus...  Et  videlicet 
coltegas  suos,  adscriptores  legis  agrariae  non  repudiabit,  a  quibus  ei  locus  primus 
in  indice  et  in  praescriptione  legis  concessus  est.  —  n  Gai.  H,  206,  286  ;  Ulp.  XIV, 
1  ;  XVI,  1.  —  18  Hygin.  éd.  Lachmann,  201,7  ;  203,  15  ;  224,  12.  —  19 Ibid.  261,  22. 
_  20  Ibid.  233,  10;  231,  il  ;  232,  1  ;  234,  15;  237,  5.—  21  Corp.  inscr.  lat.  1,  200, 

1.  81.  —  22  Gromat.  vet.  I.  1,  263.  -  23  Gai.  IV,  19.  -  24  Gai.  I,  80.  —  25  C’est 

l’usage  de  Cicéron;  cf.  Baiter,  Onom.  Tull.  III,  145,  149,  182,  198,  210;  Huschke, 


Zcits.  f.  geschichtlieher  Rechtswiss.  V,  65.  —  26  Paul.  36  ad  Ed.  Dig ■  ' 

1  pr.  —  27  Cic.  in  Verr.  II,  1,  42.-  28  Paul.  Sent.  IV,  7,  1  ;  V,  2o,  L  -  ’  ’ 

cette  question  Mommsen,  Su  i  modi  usali  da  Romani  nel  conservare  cp»»  "  ‘ 

.  1  I  tli  / lÙ/fKb' 

leggi  edi  senatusconsulti  dans  Annali  dell'  Istituto  di  corr.  arcneoi.  ^ 

1858,  p.  193.  —  30  U  y  a  quelques  exceptions,  par  exemple  pour  la  loi  Oe  A  /  ^ 

toribus.  Corp.  inscr.  lat.  I,  202,  2, 1.40  :  Quorum  vialorum praeconum  nom1»  ^ 

decurieis  ad  aedem  Saturni  in  pariete  inlra  cau[l\as  proxsume  ante  h»"1 

scHpta  erunt ].  —  31  Horat.  ad  Pis.  v.  396  :  Fuit  hacc  sapientia  quand»"'- 

incidere  ligna.  Porph.  in  h.  1.  :  Aeneis . ..  tabulis  antiqui  non  sunt  usi,  set-  ^  ^ 


legs* 

setl  roi '»reil 


,  1  .  1  0) _ .  l)d  1° 

in  has  incidebant  leges.  —  32  Cf.  Ed.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  H.  n-  1  ey'  ^  pi 
Eist.  IV,  40.  —  34 cic.  ad  AU.  XIV,  12,  1  ;  ad  fam.  XII,  i,  1-  -  38  ^jjrigle: 
notis  antiq .  10.  Ou  a  reproché  à  Caligula  do  110  pas  s’étre  conformé  •>  c' 

L)io.  Cass.  LIX,  28.  —  36Zonar.  VII,  18.  D'autres  lois  étaient  affichées  <la,,s 
Libertatis.  Cat.  ap.  P.  Üiac.  v°  Probrum  :  Lex  fixa  in  atrio  Liberdii  -^ 
aliis  legibus  incendia  consumpta  est,  ut  ait  Calo  in  eaoratione  quae  de  ^ 
inscribitur,  —  37  Denys  d’ilalic.  X,  32.  —  38  Corp.  inscr.  lat.  h  -11"’  ’ 


LEX 


—  1125  — 


Si  toutes  les  lois  n’étaient  pas  l’objet  d’une  publication 
,  je  jj  était  d’usage  d’en  conserver  le  texte  dans 
Ucrarium.  On  a  déjà  dit  que  la  loi  Junia  Licinia 
obligea  l’auteur  de  Lout  projet  de  loi  à  en  déposer  à 
l 'aerarium  une  copie  ne  varietur. 

V.  Abrogation  de  la  loi.  —  La  loi  peut  toujours  être 
abrogée.  Ce  principe  a  été  consacré  par  les  Douze  Tables  1 , 
mais0 ne  fut  tout  d’abord  appliqué  qu’en  droit  public. 
On  l’écarta  en  fait  pour  les  lois  confirmées  par  un  serment 
des  magistrats  comme  les  traités  d’alliance  (foedera)  2 
ou  par  un  serment  de  la  plèbe  (Ier/ es  sacratae)3.  On 
l’écarta  également  pour  les  droits  privés  fondés  sur  les 
Douze  Tables,  à  cause  du  caractère  de  cette  loi4.  Sous 
l’Empire,  ces  restrictions  ont  disparu,  et  le  principe  a 
reçu  une  portée  générale  ". 

Pourtant,  on  trouve  assez  souvent  dans  les  lois  ro¬ 
maines  une  clause  tendant  à  prévenir,  sous  la  menace 
d’une  peine,  l’abrogation  de  la  loi.  Cette  clause  ne  pou¬ 
vait  avoir  qu’un  effet  moral,  car  rien  n’empêchait  la  loi 
nouvelle  d’abroger  la  loi  antérieure  et  la  sanction  pénale 
qu’elle  contenait6.  Il  en  était  autrement  si  la  loi  nouvelle 
n’était  que  partiellement  ou  indirectement  en  opposition 
'avec  la  loi  ancienne:  ici  la  sanction  conservait  son  effica¬ 
cité,  èt  pouvait  être  appliquée  à  l’auteur  du  projet  de  loi. 
Aussi  ceux  qui  proposaient  des  lois  nouvelles  avaient- 
ils  soin  de  se  couvrir  au  moyen  de  la  clause  :  Si  quid 
jus  non  est  rogarier ,  e jus  ea  lege  nihilum  rogalur 7. 

L’abrogation  d’une  loi  peut  résulter  soit  d’une  loi  nou¬ 
velle,  soit  du  non-usage 8.  Dans  le  premier  cas,  l’abro¬ 
gation  peut  être  expresse  ou  tacite.  L’abrogation  expresse 
peut  être  totale  ( abrogare )  ou  partielle  ( derogare ) 9. 
L’abrogation  est  tacite  (obrogare) 10,  lorsque  la  loi  nouvelle 
contient  des  dispositions  contraires  à  celles  de  la  loi 
ancienne 

La  loi  nouvelle,  qui  abroge  une  disposition  antérieure, 
n’a  pas  en  principe  d’effet  rétroactif11.  Mais  ce  principe 
peut  être  écarté  par  une  clause  spéciale  ;  c’est  ce  que  fit 
Justinien  lorsqu’il  réduisit  de  12  à  G  p.  100  le  taux  des 
intérêts12. 

AT  .Annulation  de  la  loi.  —  Le  vote  d’une  loi  peut  être 
entaché  d’un  vice  de  fond  ou  de  forme  :  on  n’a  pas  tenu 
compte  de  1  intercession  d’un  magistrat 13  [intercessio, 
L  A ,  p.  548]  ;  on  a  eu  recours  à  la  violence 14  ;  on  n’a  pas 
pris  les  auspices  ls,  ou  bien  l’assemblée  n’était  pas  com¬ 
pétente  lc.  Dans  ces  divers  cas,  la  loi  est  nulle17. 

Anciennement  les  patres  refusaient  leur  auctoritas. 
Mais  depuis  la  loi  Publilia,  qui  fit  de  cette  auctoritas 

12  '  Tabularum  legern  esse,  ut  quodcumque  postre- 

m  popu  usjussisset,  id  jus  ratumque  essef  ;  cf.  Liv.  IX,  34,  C;  Cic.  P.  Balbo. 
_ ’ ^  ....  ~  *v*  3  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques ,  t.  I,  p.  113. 

sen  i  R  1  2  Excus.  Dig.  I,  4,  4.  —  G  Cic.  Post  red.  in 

sut.  4,  8.  —  7  Cic.  P.  C 


C'est  le 
fnct 


Laec.  33,  95  ;  P.  domo,  40,  106;  ad  Att.  III,  23,  3:  22,  2. 
caput  ttalaàcium  de  impunitate  :  si  quid  contra  leges  ejus  legis  ergn 

la  sanctio.  —  8  JUI.  84  l)ig. 
est.  v°  Derogare.  —  10  Fesl. 
ad  I.  Falc  T)in  y v vu  - -  “1"  11  20 '  —  JJ  Cic-  Verr ■  b  109  !  Paul.  1 

^■CÔd.L  I  12  ^  Sab'  Di,J-  XXXV'"’  l7’  *’  121  Thcod- 

evocari,  nisi  nominatim  et  de  praeterito  tem- 

13  Suet. 

«cù.*A«  v.*.  ‘O;  xi,  «,  xn,  5,  12. 

«  Cic.  De  leg.  III,  19,  45.  —  17  Cic. 
Quatuor  onmino  il Uracch-  10*  ~  19  Cic-  p-  Corn.  ap.  Ascon.  p.  07  : 


Din  i  /ld0nt  Parle  Cic6r011  Ad  Att.  III,  23,  2),  ou  la 
v„  7  ’  ’  ,“’u  7  9  Modes!.  7  Reg.  Dig.  L,  10,  102;  Fest. 

ad  1  p!,!™;  aUi'.S.a.d  *'  Jul'  ct  PaP-  D-  L  3>  -8-  —  11  Cic 

Ulp.  12  ad  Sab.  Dig.  X! 

n euotiis  nnn  n,i  t  ,  et  constitutiones  futur is  certain  est  date  formant 

pore  et  ’al  ^  praeterita  ocari ,  nisi  nominatim  et  de  praet 
Caes  T  CPTtentibUS  nea°tUs  Cautum  sit-  ~  12  Cod.  Just.  IV,  32,27. 

~16Pie  n?.,  Clc'  P-  domo .  20-  33;  PMI 
w.Plul.  eod  ;  Suet.  Caes.  20,  23,  30.  - 
•  domo,  2G,  68 _ 18  pi„i  n v/  r  , 

Quatuor  omnin  1  Gl'acch.  10.  .  _  _  ^  _ 

aliquid  de  leaibé  ** rr  *!m*  V*  ^u‘/jus  Per  senatum,  more  majorant,  statuatur 
M.  Junio  consttlioii  ejusmodi’  placere  legem  abrogari  :  ut  Q.  Cecilio 

Alleram,  quae  lex  l  t  ^epes  rem  mititarem  impedirent ,  ut  abrogarentur. 

s«*to  Julio  eomniu  "  CSje  dlcatur'  ea  non  videri  populum  teneri,  ut  L.  Marcio, 
Y  W  '  de  leSib"s  *«>«•-  -  29  Cic.  De  leg.  Il,  0,  14.  Voir  plus 


LEX 

une  simple  formalité,  il  appartint  aux  magistrats  chargés 
d’assurer  l’exécution  delà  loi  de  refuser  leur  concours18. 
Pour  dégager  leur  responsabilité,  ils  avaient  soin  de 
prendre  l’avis  du  sénat  qui  décidait,  s’il  y  avait  lieu, 
ea  (lege)  non  videri  populum  teneri 19.  Aux  vn°  et 
via0  siècles  de  Rome,  le  sénat  a  plusieurs  fois  déclaré 
nuis  des  plébiscites,  comme  ceux  d’Appuleius  en  65420,  de 
Titius  en  655  21,  de  Livius  Drusus  en  663 22,  de  Manilius 
en  688  23,  des  lois  consulaires,  comme  celles  d’Antoine  24. 
Certaines  lois  essayèrent  d’exclure  le  contrôle  du  sénat 
en  obligeant  les  magistrats,  présents  et  futurs,  et  les 
sénateurs  à  jurer  individuellement  d’observer  la  dispo¬ 
sition  votée  par  le  peuple  [jus  juiiandum,  t.  V,  p.  770-77 1  j . 
Parfois  aussi  elles  défendirent  de  parler  au  sénat  ou  »d’y 
faire  un  rapport  sur  l’annulation  de  la  loi29. 

ATI.  Dispense  d’une  loi.  —  Le  droit  de  dispenser 
un  citoyen  de  l’application  d’une  loi  ( legibus  solvere )  a 
successivement  appartenu  au  peuple,  au  sénat,  à  l’em¬ 
pereur.  De  très  bonne  heure  des  lois  ou  plébiscites  accor¬ 
dèrent  fréquemment  ces  dispenses.  La  loi  Horatia  attri¬ 
bua  divers  privilèges  (jus  exaugurandi ,  nubendi , 
testimonii  dicendi )  à  la  Vestale  Tarratia  pour  la  récom¬ 
penser  d’avoir  donné  au  peuple  Romain  le  Champ  de 
Mars26.  L.  Metellus,  consul  en  503  et  507,  qui  avait  perdu 
la  vue  dans  un  incendie  en  sauvant  le  Palladium  du 
temple  de  Aresta,  obtint  le  privilège  de  se  rendre  au  sénat 
en  voiture27.  C.  Valerius  Flaccus,  élu  édile  curulc  en  554, 
alors  qu’il  était  flamine  de  Jupiter,  fut  dispensé  de  prêter 
serment  en  personne  28 . 

En  cas  d’urgence,  le  sénat  accordait  parfois  la  dispense 
sous  réserve  de  la  ratification  du  peuple21.  Cette,  règle 
fut  observée  jusqu’au  temps  des  Gracques;  elle  s’appli¬ 
quait  auxlois  relatives  à  l’élection  des  magistrats,  spécia¬ 
lement  des  consuls30  ou  des  préteurs31.  Mais  au  vne siècle 
de  Rome,  le  sénat  cessa  d’inviter  le  magistrat  à  sou¬ 
mettre  la  question  au  peuple32  :  il  estimait  que  l’élection 
du  candidat  qui  avait  obtenu  la  dispense  contenait  impli¬ 
citement  la  ratification  populaire.  Le  tribun  de  la  plèbe 
C.  Cornélius  s’éleva  très  vivement  contre  cet  abus  de 
pouvoir;  il  proposa  en  687  une  loi  qui  rendait  au  peuple 
le  droit  d’accorder  les  dispenses33,  mais,  en  présence  des 
résistances  qu’on  lui  opposa,  il  dut  modifier  son  projet. 
La  loi  reconnut  le  droit  du  sénat,  mais  en  subordonna 
l’exercice  à  une  double  condition  :  la  présence  d’au 
moins  200  sénateurs,  et  la  onvocation  du  peuple  qui 
était  d’ailleurs  tenu  de  confirmer  la  décision  du  sénat, 
sans  qu’aucune  intercession  fût  possible  34. 

bas,  p.  1130,  n.  4.  —  21  Ibid.  —  22  Cic.  P.  Corn.;  Diod.  Sic.  XXXVII,  10,  3. 

—  23  Dio  Cass.  XXXVI,  42.  Voir  plus  bas,  p.  1155,  n.  2.  — 24  Cic.  Phil.  V,  4,  10  ; 
XI,  G,  13  ;  XII,  5,  12;  XIU,  3,  5.  —  25  Cic.  Ad  Att.  III,  12,  1  ;  15,  0.  —  26  A.  Gcll. 
VI,  7  :  Et  Tarratiam  quidem  virginem  Vestae  fuisse  le x  Horatia  testis  est, 
quae  super  ea  ad  populum  lata,  qua  lege  ei  plurimi  honores  fiunt...  muni- 
ficentiae  et  beneftcii  gratta,  quoi  Campum  Tiberinum  sive  Martium  populo 
rtomano  condonassel.  —  27  Plin.  Hist.  nat.  VII,  43,  141  :  Is  Metellus  orbam 
luminibus  exegit  senectam,  amissis  incendia,  cum  Palladium  raperet  ex  aedc 
Vestae...  Tribu.it  ei  populus  Domanus  qttod  nunquam  ulli  alii  ab  condito  aevo, 
ut  quoties  in  senatum  iret,  curru  veherctur  ad  curiam.  —  28  Liv.  XXXIX,  50  : 
Tribuni  ad  plebem  tulerunt  plebsque  scivit  ut  perinde  csset  ac  si  ipse  aedilis 
jurasset.  —  29  Ascon.  In  Cornel.  p.  50  :  lu  omnibus  scnatusconsullis,  quibus 
aliquem  legibus  solvi  placebat  adjici  erat  solitum,  ut  de  ea  re  ad  populum 
ferretur.  —  30  Cf.  Liv.  X,  13;  Ep.  50  et  56  ;  Cic.  Brut.  62;  p.  lege  Manil.  21. 

—  31  Dio  Cass.  XXXIX,  23;  Val.  Mas.  IV,  1.  —  32  Ascon.  Loc.  cil.  :  Sed  pau- 
latim  ferri  erat  desitum,  resque  jam  in  eam  consuetudinem  venerat,  ut  postremo 
ne  adjiceretur  quidem  in  sénat usconsultis  de  rogatione  ad  populum  ferenda,  eaque 
ipsa  senatusconsulta  per  pauculos  fichant.  —  33  Ibid.  :  C.  Cornélius...  tribunus 
plebis...  promulgavit  legem,  qua  [ auctoritatem ]  sénat  us  minuebat,  ne  qui  nisi  per 
populum  legibus  solveretur.  Quod  antiquo  quoque  jure  erat  cautum.  — 34  Ibid,  in 
fine;  cf.  Dio  Cass.  XXXVI,  39. 


142 


LEX 


112G  — 


LEX 


Telle  fut  la  règle  suivie  désormais  à  la  lin  de  la  Répu¬ 
blique  et  au  commencement  de  l'Empire.  L’un  des 
principaux  exemples  est  celui  du  sénatus-consulte  qui, 
en  *02,  dispensa  J.  César  de  se  rendre  à  Rome  pour 
informer  de  sa  candidature  au  consulat  le  président  des 
comices1  [professio]. 

Mais  de  bonne  heure  les  empereurs  ont  empiété  sui- 
les  pouvoirs  du  sénat,  et  lui  ont  enlevé  cette  attribution 
dans  des  cas  de  plus  en  plus  nombreux  :  par  exemple 
pour  la  dispense  des  lois  caducaires  8  [liberorum  jus]. 

VIII.  Sphère  d'application  des  lois  romaines.  —  En 
principe,  la  loi  romaine  régit  les  citoyens  romains  "en 
quelque  lieu  qu'ils  se  trouvent3;  elle  ne  s'applique  pas 
aux  non-citoyens,  alors  même  qu'ils  résident  sur  un  ter¬ 
ritoire  soumis  à  la  domination  romaine  ou  compris  dans 
sa  sphère  d'influence.  Tel  est  le  cas  des  lois  Atilia4,  Furia 
testa mentaria  - ,  \  oconia6 ,  Falcidia,  Julia  vicesitnaria 7 , 
Aelia  Sentia 8,  Junia  Norbana9. 

Ce  principe  soutire  un  certain  nombre  d'exceptions: 
1°  II  y  a  des  lois  qui  ne  peuvent  être  invoquées  que  par 
les  citoyens  résidant  en  Italie  10.  Telle  est  la  loi  Julia  sur 
la  cession  de  biens11;  tel  aussi  le  chapitre  de  la  loi 
Julia  de  maritandis  ordinibus  qui  autorise  la  nomina¬ 
tion  d  un  tuteur  ad  hoc  pour  constituer  une  dot  à 
1  affranchie  dont  le  patron  est  impubère 12. 

-u  D  autres  lois  ne  protègent  que  les  biens  situés  en 
Italie  :  telle  est  la  loi  Julia  de  fundo  dotali 13. 

.5°  Les  Romains  ont  permis  aux  peuples  soumis  à  leur 
autorité  d  invoquer  leurs  lois  et  coutumes  locales,  mais 
dans  une  mesure  plus  ou  moins  large  suivant  les  époques 
et  suivant  la  condition  des  cités. 

Sous  la  République,  les  cités  alliées  sont  autorisées 
à-  suis  legibus  uti ll.  Les  cités  latines,  par  exemple,  ont 
conservé  leur  législation  sur  les  fiançailles  jusqu'à  la  fin 
de  la  guerre  sociale11.  Les  lois  romaines  ne  sont  appli¬ 
cables  dans  les  cités  alliées  que  du  consentement  de  ces 
cités  :  Nequeulla  populi  Romani  lege' adstricti  nisi  in 
quam populus eorum  fundus  factus  css<?£16[fundus,  t.  IV, 
p.  1367].  Mais  depuis  la  dissolution  delà  ligue  nationale 
latine  en  416,  Rome  se  réserva  le  droit  derendre  certaines 
lois  obligatoires  pour  les  villes.  Latines,  toutes  les  fois 
qu'elle  y  aurait  intérêt:  telles  furent  la  loi  Furia  de 
sponsu  *\qui  limiteà  deux  ans  le  droit  du  créancier  même 
pérégrin  contre  le  sponsor ,  la  loi  Sempronia  de  561  sur 
les  dettes  d’argent18,  la  loi  Didia  qui,  en  611,  étendit  à 
Tltalie  la  loi  somptuaire  proposée  par  Fannius  en  593  19. 

Quant  aux  cités  alliées  extra-italiques  avec  lesquelles 
les  relations  étaient  moins  fréquentes,  Rome  n’avait  pas 
le  même  intérêt  à  établir  l’unité  de  législation.  Pourtant 
elle  n’a  pas  hésité  en  certains  cas  à  restreindre  leur 
indépendance.  Une  loi  Clodia  accorda  au  gouverneur 


de  Macédoine  Calpurnius  Piso  un 


droit  de  juridicti0n 


sur  les  cités  alliées,  en  matière  de  dettes  d’argent* 
clodia  de  jurisdictione].  b 

Les  cités  sujettes  jouissent  également  de  l’auton.,  ■ 
c’est  une  tolérance.  En  Sicile,  les  lois  de  Diodes,  réili!!''  ' 
en  l’an  de  Rome  339,  par  une  commission  nommé^''^ 
les  habitants  de  Syracuse,  sont  restées  en  vieuem.  '  Par 

1  't  •  1  ÔUL/Ui  ctnpün 

la  conquête  jusqu  au  moment  où  la  Sicile  obtint  |a  r  v 
Romaine21.  Il  en  est  de  même  de  la  lex Hieronica  établi'! 
par  le  roi  Iliéron,  et  qui  fixe  le  montant  et  le  mode  T 
perception  des  impôts  à  payer  parles  Siciliens22  ,\|. •' 
dans  les  cités  sujettes  comme  dans  les  cités  alliées  ei" 
plus  forte  raison,  Rome  a  pu  imposer  ses  lois,  lorsqu’elle 
y  eut  intérêt.  Telle  est  la  loi  qui  régla  la  constitution 
des  provinces  du  Pont  et  de  Bithynie  après  la  guerre 
de  Mithridate23.  Le  plus  souvent  ce  sont  les  gouver¬ 
neurs  qui,  par  leurs  édits,  ont  appliqué  aux  cités 
sujettes  les  règles  qu’ils  jugeaient  utiles24. 

Sous  l’Empire,  le  maintien  des  lois  et  coutumes  locales 
dans  les  citées  alliées  ou  sujettes  est  un  fait  attesté  par 
des  documents  nombreux25.  Mais  les  empereurs  se  sont 
efforcés  d’étendre  l’application  de  la  législation  romaine 
à  toutes  les  cités20,  soit  par  des  sénatus-consultes,  soit 
par  des  rescrits  [senatus  consultum,  rescriptum  . 

leues  publicae.  —  La  liste  ci-après  comprend  les  lois 
votées  par  le  peuple  romain  dans  ses  comices,  ainsi  que 
les  plébiscites  votés  dans  les  conciles  de  la  plèbe.  On  y 
a  joint  les  principaux  projets  de  loi  ( rogationes )  dont  le 
souvenir  a  été  conservé.  Les  uns  et  les  autres  sont 
classés  par  ordre  alphabétique  d’après  les  noms  des 
magistrats  ou  des  tribuns  qui  les  ont  proposés21.  Les 
lois  dont  les  auteurs  ne  sont  pas  connus  seront  indi¬ 
quées  à  part  dans  une  liste  subséquente  (p.  1168).  Il  ne 
faut  pas  chercher  dans  ces  listes  un  tableau  complet  de 
la  législation  des  Romains.  Ce  qu’on  appelle  «  les  lois 
romaines  »  est  en  grande  partie  l’œuvre  du  préteur,  delà 
jurisprudence  et  des  empereurs,  et  se  trouve  exclu  de 
notre  travail.  —  La  plupart  des  lois  qui  vont  être  énu¬ 
mérées  n’ont  eu  qu’un  intérêt  politique  et  de  circons¬ 
tance  :  on  se  contentera  d’en  indiquer  l’objet. 

Lex  acilia  de  coloniis  deducendis  (a.  557  =  107),  — 
Plébiscite  présenté  par  C.  Acilius,  tribun  de  la  plèbe,  et 
proposant  d’établir  cinq  colonies  maritimes,  deux  à 
l’embouchure  du  Vulturnum  et  du  Liternum,  une  à 
Puteoli,  une  au  castrum  Salerni  et  la  dernière  àBuxen- 
tum.  Trois  cents  familles  durent  être  envoyées  dans  ^ 
chacune.  Les  triumvirs  chargés  de  les  conduire  furent 
nommés  pour  trois  ans28.  La  deductio  n’eut  lieu  qu en 
560  =19i29. 

Lex  Acilia  de  intercalatione  (a.  563  =  1911.  —  Loi  P1’0' 
posée  par  le  consul  Manius  Acilius  Glabrio 


sur  l’inter- 


1  Caes.  De  bel.  civ.  I,  9,  32;  Dio  Cass.  XL,  51.  Ce  privilège  lui  fut  retiré  par 
la  loi  de  Pompée.  Dio  Cass.  XL,  56;  Suet.  Caes.  28;  cf.  Mommsen,  Die 
Rechtsfrage  zwischen  Caesar  and  dem  Sénat,  p.  53.  —  2  Mart.  Ep.  II,  91, 
92;  III,  95;  IX,  97;  Slat.  IV,  8,  20;  Plin.  Ep.  II,  13,  8;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
1877;  V,  4392;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  trad.  t.  V,  p.  160,  t.  VI,  I, 
365,  t.  VII,  p.  459.  —  3  Telle  est  la  loi  Porcia,  p.  1161,  n.  3.  —  4  Ulp'.  XI,  18. 

—  °  Cic.  D.  Dalbo ,  8,  21.  —  G  Ibid,  —  7  Paul.  lib.  sing.  ad  1.  Falc.  Dig, 
XXXV,  2,  1  pr.  :  Qui  cives  Romani  sunt.  —  8  Dio  Cass.  LXXIII,  9;  Plin. 
Paneg.  37-39.  —  9  Gai.  I,  47.  —  10  Octaven.  in  Fr.  Dositli.  12.  —  11  Diocl. 
Cod.  Just.  VII,  71,  4.  —  12  Gai.  I,  178;  Ulp.  XI,  20.  —  13  Gai.  II,  63;  Frg. 
Sinaïl.  5.  —  14  Cf.  le  plébiscite  de  683  relatif  à  Tcrmcssos  en  Pisidie,  Corp. 
inscr.  lat.  I,  204.  —  15  Serv.  ap.  Gell.  IV,  4  :  Hoc  jus  sponsaliorum  obser- 
vatum  dicit  Servius  ad  idtempus  t/uo  civitas  universo  Latio  lege  Julia  data  est. 

—  1G.4.  Gell.  XVI,  13;  Cic.  P.  Dalbo ,  8  :  Tulit  apud  majores  nostros  legem  C.  Eu - 
riusde  testamentis,  tulit  Q.  Voconius  de  mulierum  hereditatibus  innumerabiles  aliae 


leges  de  jure  civili  latae  sunt  :  qua ,  Latini  voluerunt  adsciverunt.  —  11  |,lU’  | 
121  a.  —  18  Liv.  XXXV,  7;  cf.  Éd.  Cu<[,  Institutions  juridiques  des  Romai"s-  ^ 
p.  404  et  580.  —  19  Macrob.  Sat.  III,  17  :  Legis  Didiae  ferundae...  fuit  canSd'\^uS 
unie  ers  a  Italia ,  non  sola  urbs ,  lege  sumptuaria  teneretur ,  Italicis  exist 1,11111  ^  ^ 
Fanniam  legem  non  in  se,  sed  in  solos  urbanos  cives  esse  conscriptam .  -  ^ 
Deprov.  cons.  4,  7.  —  21  Diod.  XIII,  35.  —  22  Cic.  Verr.  III,  0,  14.  "  “  ^ 
Paneg.  79.  —  24  Plin.  Ep.  X,  92,  93  :  Legibus  ipsorum  quibus  benefid u  /  ^ 

utuntur.  Pap.  10  Resp.  Dig.  XLII,  5,  37  ;  Dion.  Oral.  3.  —  23  Oai.  I,  (  ’  j7j. 
96;  Ulp.  XX,  14;  Lex  Salpens.  c.  xxii  (Corp.  inscr.  lat.  II,  1064).  —  ' 

Cuq,  Op.  cit.,  I.  I,  p.  xxii,  n.  1  ;  Le  Conseil  des  Empereurs  d,' Auguste  à 
p.  440.  —  27  La  nomenclature  des  lois  romaines  a  été  plusieurs  lois  'l‘Ja  |eS 

On  consultera  utilement  V index  legum  de  Baiter,  de  Lange  et  de  L.  f'11'*'11  (jcS 

listes  qui  suivent,  nous  nous  sommes  appuyé  principalement  sur  les  11  ^ 

travaux  de  Mommsen  pour  les  lois  relatives  au  droit  public.  —  2»Tit.  L,v* *  '  ^  357, 
—  29  Ibid.  XXXIV,  45;  cf.  Mommsen,  Corp.  inscr.  lat.  X,  58,  61,  I8-- 


LEX 


—  1127  — 


LEX 


,  Macrobe,  qui  Cite  cette  loi  d’après  Fulvius, 
Platl°"  n,endque  les  anciens  n’étaient  pas  d’accord  sur 
"°"S -Tde  savoir  à  quelle  époque  on  commença  à  faire 
10  P°"i  Tcalations  dans  le  calendrier  :  les  uns  attribuent 

cette  innovation  aux  décemvirs,  les  autres  à  la  loi  Pinaria 

1  1't  r\'2 acilia  repetundarum  (a.  631  ou  632=123  ou  122). 
r  plébiscite  proposé  par  le  tribun  M.  Acilius  Glabrm, 
réprimer  les  exactions  des  magistrats  provinciaux  3. 
Uaclion  civile  en  répétition  établie  par  les  lois  Calpur- 
■•i  rl  junia,  la  loi  Acilia  a  substitué  une  action  pénale 
au' double,  analogue  à  celle  qui  est  donnée  contre  les 
lcurs  \  En  même  temps  elle  a  posé  des  règles  sur  la  for¬ 
mation  de  la  liste  annuelle  des  juges,  l’organisation  de 
l’instance,  la  procédure  à  suivre  devant  le  jury,  le  juge¬ 
ment  du  procès. 

Le  texte  de  la  loi  est  en  partie  conservé  »  :  il  est  grave 
sur  plusieurs  fragments  d’une  table  de  bronze  qui  portait 
sur  l’une  des  faces  le  texte  d’une  loi  agraire.  On  a  cru 
d’abord  que  la  lex  repetundarum  était  la  loi  Servilia  de 
643  6.  Mommsen  a  établi  que  c’est  une  loi  antérieure, 
car  elle  ne  limite  pas,  comme  la  loi  Servilia,  le  nombre 
des  comperendinationes  ;  et  il  a  émis  l’avis  que  c’était  la 
loi  Acilia  mentionnée  par  Cicéron  7. 

Lex  Acilia  MiNUCiA(a.  553=  201).  —Plébiscite proposé 
par  les  tribuns  M.  Acilius  et  Q.  Minucius  pour  «  autoriser 
le  sénat  à  faire  la  paix  avec  Carthage  et  nommer  celui 
qui  serait  chargé  de  la  conclure  et  celui  qui  ramènerait 
l’armée  d’Afrique.  Toutes  les  tribus  votèrent  pour  la  paix 
et  chargèrent  Scipion  de  la  donner  aux  Carthaginois  et 
de  ramener  les  troupes  8  ». 

Lex  Acilia  Rubria  de  cultu  Jovis  Capitolini  (a.  632  = 
122).  —  Plébiciste  proposé  par  les  tribuns  Acilius  et  Ru- 
brius  et  relatif  aux  sacrifices  offerts  au  Capitole  par  les 
députés  des  nations  étrangères.  Ce  plébiscite,  mentionné 
dans  le  sénatus-consulte  d’Astypalée  de  649°,  est  un  des 
très  rares  exemples  de  plébiscites  désignés  par  un  dou¬ 
ble  nom10. 

Lex  Aebutia  de  legis  actionibus  (a...?).  —  L’une  des  lois 
qui,  d’après  Gaius,  ont  supprimé  les  actions  de  la  loi: 
Per  legem  Aebutiam  et  duas  Julias  sublatae  sunt  istae 
logis  actiones  u.  Aulu-Gelle  cite  également  la  loi  Aebutia 
comme  le  point  de  départ  d’un  nouvel  ordre  de  choses 
qui  a  eu  pour  effet  l’abandon  des  actions  de  la  loi,  sauf 
dans  les  causes  contumvirales  :  Omnisque  ilia  duodecim 
Tabularum  antiquitas,  nisi  in  legis  actionibus  centum- 
viralium  causarum ,  lege  Aebutia  lata ,  consopita  sit 12. 
e  résultat  de  cette  suppression  des  actions  de  la  loi  est 
indiqué  par  Gaius  :  Eff ectumque  est  ut  per  concepta  verba, 
"[  est  per  formulas  litigemus 13.  Ce  fut  la  substitution 
m  la  procédure  formulaire  à  celle  des  actions  de  la  loi. 

Cci  tains  auteurs  présentent  ce  résultat  comme  l’objet 
principal  de  la  loi  Aebutia.  Ils  pensent  que  cette  loi  con¬ 
nu  piéteur  urbain  la  faculté  de  délivrer  des  for¬ 


mules  dans  les  procès  entre  citoyens.  Les  plaideurs 
auraient  eu  dès  lors  le  choix  entre  la  procédure  des 
actions  de  la  loi  et  la  procédure  formulaire  “.  Cette 
hypothèse,  fort  ingénieuse,  paraît  bien  hardie  en  pré¬ 
sence  du  texte  de  Gaius.  Il  est  d’ailleurs  à  remarquer 
qu’on  ne  trouve  plus  trace,  au  dernier  siècle  de  la  Répu¬ 
blique,  de  l’action  de  la  loi  per  condictionem,  ce  qui 
donne  lieu  de  croire  qu’elle  a  été  supprimée  par  la  loi 
Aebutia18. 

La  date  de  cette  loi  ne  peut  être  déterminée  avec  certi¬ 
tude.  On  admet  généralement  qu’elle  n’est  pas  anté¬ 
rieure  au  milieu  du  vie  siècle  de  Rome.  On  a  même 
soutenu  qu’elle  n’est  pas  antérieure  au  premier  tiers  du 
vu0  siècle16,  mais  les  raisons  que  l’on  a  invoquées 
supposent,  ce  qui  n’est  pas  démontré,  que  le  préteur 
a  reçu  de  la  loi  Aebutia  le  pouvoir  de  délivrer  des  for¬ 
mules,  et  que  ce  droit  lui  a  fait  défaut  jusque-là,  même 
pour  les  procès  entre  pérégrins11. 

Lex  Aebutia  de  magistratibus  (a....?).  — Ce  plébiscite, 
de  date  incertaine,  est  mentionné  par  Cicéron.  Comme 
la  loi  Licinia,  la  loi  Aebutia  déclare  inéligible  à  une 
magistrature  extraordinaire  celui  qui  a  proposé  au 
peuple  de  l’établir.  Cette  incapacité  s’étend  à  ses  col¬ 
lègues,  parents  ou  alliés18.  Mommsen19  pense  que  ce 
plébiscite  a  peut-être  été  provoqué  par  le  mouvement 
des  Gracques20. 

Lex  Aelia  (a.  560=  194).  —  «  Sur  la  fin  de  cette  année, 
dit  Tite  Live,  le  tribun  Q.  Aelius  Tubero,  autorisé  par 
un  sénatus-consulte,  proposa  à  la  plèbe  et  lui  fit  adopter 
un  plébiscite  portant  création  de  deux  colonies  latines, 
l’une  dans  le  pays  des  Bruttii  (à  Valentia),  l’autre  dans 
le  territoire  de  Thurium  (à  Copia,  en  Lucanie) 21 .  Ces  deux 
colonies  furent  effectivement  fondées,  celle  de  Copia 
en  561  par  les  triumvirs  Cn.  Manlius  Vulso,  L.  Apustius 
Fullo,  Q.  Aelius  Tubero22,  celle  de  Valentia  en  562,  sous 
la  conduite  des  triumvirs  E.  Nœvius,  M.  Minucius, 
M.Furius  Crassipes23. Dans  l’une  on  envoya3000  fantas¬ 
sins  et  300  cavaliers;  dans  l’autre  3  700  fantassins  et 
300  cavaliers.  A  Copia,  chaque  fantassin  eut  20  arpents; 
chaque  cavalier  40;  à  Valentia,  ces  chiffres  furent  réduits 
à  15  et  30. 

Lex  Aelia.  —  Voir  le  mot  auspicia,  t.  I.  p.  58  2  24. 

Lex  Aelia  Sentia  de  manumissionibus  (a.  757  =  4).  — 
Loi  proposée  par  les  consuls  S.  Aelius  Catus  et  C.  Sentius 
Saturninus  et  contenant  un  règlement  général  destiné 
à  prévenir  les  abus  auxquels  avaient  donné  lieu  les 
affranchissements 

1°  Il  est  interdit,  à  peine  de  nullité,  d’affranchir  un 
esclave  en  fraude  des  droits  des  créanciers  ou  du  patron 
du  manumissor^ . 

2°  Il  est  interdit,  à  peine  de  nullité,  au  maître  mineur 
de  vingt  ans  d’affranchir  un  esclave.  S’il  existe  une  juste 
cause  et  que  la  preuve  en  soit  faite  devant  un  consilium 
manumissionis,  l’affranchissement  doit  être  fait  par  la 


f  Macroli.  Sut  1  , o  g, ,  r.  ,  . 

dicit  ab  urh  21  '  ■''uftuiis  uutem  i d  egisse  Manium  consul 

l’intercalalioî  "  anno  9uingentesimo  sexagesimo  secundo  ;  cf.  s 

Hunaardt  n ^  ClU|’  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  130,  n.  1.  —  2  i 
Verr.U:,  5,**'  ^‘^rwaltung,  tvad.  I.  I,  p.  342.  -  3  Cic. 

optimis  iudir"  ■  {Acilia)  populus  Romanus  de  pecuniis  repetuni 

1.5!).  __  s  "s^n^'lssimisque  judicibus  unis* est.  —  *  Corp.  inscr.  lut.  I,  V, 
—  7  Ad  Corn  '  6  ^*enZe’  Frafl’menta  legis  Serviliae  repetundarum. ,  18; 

Liv.  XXX,  i/'  p  7T'  laL  l’  *’  p'  54  ’  ItÔm'  Slrnfrecht’  P-  7 18,  n.  6.  —  8  1 
t.  II,  n.  2485  1_  1 0  ivi  '  ^  ’  *’  4’  8’  18-19  ’  ^onar'  IX,  14.  —  !)  Corp.  inscr.  r/ra 
~  11  Gai.  IV  3ft  Staatsr-  t-  Nl,p.  313,  n.  2,  trad.  t.  VI,  1"  p.,  p.  3, 

-  Aul.  Gell.  XVI,  10.  —  13  Gai.  IV,  30.  -  H  Wlassak,  Rô 


Processgesetce,  t.  I,  p.  172  et  188;  Girard,  Nouv.  Revue  hist.  de  droit,  1897, 
t.  XXI,  p.  249.  —  13  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains ,  t.  I,  p.  7Î2. 

—  16  Girard,  Loc.  cit.  —  17  Cf.  Moritz  Voigt,  Rôm.  Rechtsg.,  t.  II,  p.  420,  n.  54 

—  18  Cic.  De  lege  agr.  II,  8,  21  :  Licinia  est  lex  atque  altéra  Aebutia;  quae 
non  modo  eum  qui  tulerit  de  aligna  curatione  ac  polestate,  sed  etiam  collegas 
ejus,  cognatos ,  affines  excipit,  ne  eis  potestas  curatiove  mandetur.  —  10  Rôm. 
Staatsr.  I,  501,  11.  2,  trad.  t.  II,  p.  151,  n.  2.  —  20  PUit.  C.  Graccli  10;  Appian.  De 
bel.  civ.  I,  24.  —  21  Tit.  I.iv.  XXXIV,  53.  —  22  Ibid.  XXXV,  9;  cf.  Mommsen,  ad 
Corp.  inscr.  lat.  X,  p.  17.  —  23  Ibid.  XXXV,  40;  cf.  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  7. 

—  24  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  t.  I,  83,  111,  trad.  p.  94  et  127.  —  25  Gai. 
1,37,  47:Ulp.  I,  15;  Aristo  ap.  Paul.  3  ad  1.  Ael.  Sent.  Dig.  XL,  9,  IG,  3. 


1128  — 


LEX 


LEX 

vindicte,  sinon  l'esclave  n'aura  qu'une  liberté  de  fait 
3°  Il  est  interdit  d’affranchir  un  esclave  mineur  de 
trente  ans.  S'il  existe  une  juste  cause  et  que  la  preuve  en 
soit  faite  devant  le  consilium,  l'affranchissement  doit 
être  fait  par  la  vindicte,  sinon  l'esclave  n’aura  qu’une 
liberté  de  fait 2. 

4J  L’esclave,  qui  a  encouru  des  peines  graves,  nc  peut, 
lorsqu’il  est  affranchi,  devenir  citoyen  romain  :  il  est  mis 
au  rang  des  déditices3. 

5°  Par  exception,  l’esclave,  affranchi  par  testament  et 
institué  seul  héritier  par  un  maître  insolvable,  devient 
libre,  quel  que  soit  son  âge,  et  héritier  nécessaire4 
6°  La  loi  institue  un  consilium  manumissionis  et  en 
détermine  l’organisation  \ 

7°  La  loi  contient  enfin  plusieurs  dispositions  soit 
contre  les  affranchis  qui  se  montrent  ingrats  envers  leurs 
patrons,  soit  contre  les  patrons  qui  manquent  à  leurs 
devoirs  envers  leurs  affranchis  6  [libertus,  manumissio, 

PATRONUS]. 

Lex  AEMiLiA(a.  320  =  434).  —  Sur  cette  loi,  qui  a  limité 
à  dix-huit  mois  la  durée  maximum  des  fonctions  des 
censeurs,  voir  le  mot  censor,  t.  II,  p.  992 7. 

Lex  Aemilia  (a.  639  =  115).  —  Aurelius  Victor  rapporte 
que  le  consul  M.  Aemilius  Scaurus  8  proposa  une  loi  de 
sumptibus  et  libertinorum  suffragiis 9.  Le  premier  cha¬ 
pitre  de  cette  loi  détermine,  non  pas  la  somme  que  l'on 
peut  dépenser  pour  un  repas,  mais  ciborum  genus  10  et 
modumil. 

Du  second  chapitre  on  ne  connaît  que  l’objet:  il  est 
vraisemblable  que  la  disposition  de  cette  loi  accentua 
l’infériorité  des  affranchis  quant  au  droit  de  vote12. 

C’est  probablement  cette  loi  que  Cicéron  a  en  vue  dans 
salettreàGallus  :  «  Lexsumptuaria  quae  videtur  XiTÔT-q-ra 
attulisse,  ea  mihi  fraudi  fuit.  Nam  dum  volant  isti 
lauti  terra  nata  quae  lege  excepta  sunt,  in  honorem 
adducere ,  fungos ,  helvellas ,  herbus  omnes,  ita  condiunt- 
ut  nihil  possit  esse  suavitis  13. 

Lex  Aemilia  frumentaria  (a.  676  =  78).  —  Cette  loi 
est  mentionnée  par  Granius  Licinius  :  ( Lepidus )  legem 
frumentariam  nullo  resistente  adeptus  est  ut  annonae 
quinque  modii  populo  darentur 11  [voir  frumentariae 
leges,  t.  IV,  p.  1347]. 

Lex  Aemilia  (a.  705  =  49).  —  Proposée  par  le  préteur 
M.  Aemilius  Lepidus  lu,  cette  loi  créa  une  dictature,  ana¬ 
logue  sans  doute  à  celle  que  Sylla  avait  obtenue  en  672. 
En  exécution  de  cette  loi,  le  préteur  nomma  dictateur 
Jules  César16. 


Lex  Ampia  (a.  691=63).  —  Loi  proposée  par  les  tribu 
T.  Ampius  Balbus  et  T.  Attius  Labicnus  pour  attribiu*'  ] 
à  Pompée  le  droit  de  porter  les  ornements  trionipir,,,! 
dans  les  jeux  du  cirque,  la  toge  prétexte  et  la  couronne  I 
laurée  au  théâtre  17 . 

Lex  Antia  sumptuaria  (a.  683  =  71).  —  Proposée  pilf 
le  tribun  delà  plèbe  C.  Antius  Restio18,  cette  loi  soinp  I 
tuaire  fixe  la  somme  que  l’on  pourra  consacrer  à  un  rep.(s  I 
et  défend  aux  magistrats  et  à  ceux  qui  vont  entrer  en 
charge  d’accepter  une  invitation  à  dîner,  sinon  chez 
certaines  personnes19.  Cette  loi,  dit  Macrobe,  fut  rendue 
inutile  par  la  ténacité  du  luxe  et  le  concours  puissant 
des  autres  vices.  On  rapporte  néanmoins  ce  trait  remar¬ 
quable  de  Restion  qui  la  présenta:  de  toute  sa  vie,  il  ne  < 
soupa  plus  hors  de  chez  lui  afin  de  ne  pas  être  témoin  de  1 
la  violation  d’une  loi  qu’il  avait  proposée  pour  le  bien 
public20. 

Lex  Antistia  (a.  435  =  319).  — Proposé  par  le  tribun 
de  la  plèbe  M.  Antistius,  ce  plébiscite  confère  au  sénat 
le  droit  de  juger  le  cas  des  habitants  de  Satricum  qui 
avaient  fait  cause  commune  avec  les  Samnites 21.  Le  sénat 
les  priva  du  droit  de  cité  et  de  1  autonomie". 

Lex  Antonta  de  Termessibus  (a.  683  =  71).  -*-  Plébiscite 
proposé  par  les  tribuns  C.  Antonius,  Cn.  Cornélius.,., 
C.  Fundanius  et  conférant  la  qualité  de  cité  libre  à  la  ville 
de  Termessus  Major  en  Pisidie.  Le  texte  de  cette  loi  a  été 
en  partie  conservé  :  une  table  de  bronze,  qui  en  contenait 
le  commencement,  a  été  trouvée  à  Rome  au  xvi°  siècle.  La 
loi  a  été  votée  après  la  première  guerre  contre  Mithridate. 
Elle  s’applique  aux  citoyens  de  Termessus  Major  existant 
ante  K.  April.  quae  fuerunt  L.  Gellio  Cn.  Lentulo  cos, 
(682) 23 . 

Lex  Antonia  (a.  705  =  49).  —  Le  tribun  de  la  plèbe 
M.  Antonius  proposa,  à  l’instigation  de  J.  César2*,  une 
loi  destinée  à  rendre  aux  enfants  des  proscrits  le  droit 
d’aspirer  aux  honneurs23  (jus  petendorum  honoruin), 
droit  qui  leur  avait  été  enlevé  par  Sylla  en  G  /  •> 

Lex  Antonia agraria  (a.  710  =  44).  —  Loi  agraiio  Pr0 
posée  vers  le  5  juin21,  par  le  tribun  de  la  plèbe  L.  n- 
tonius  M.  f.  M.  n.,  frère  de  Marc  Antoine,  en  vue  <1  attri¬ 
buer  aux  vétérans  28  et  au  peuple  un  grand  nombre  de 
terres  propres  à  l’agriculture  et  situées  particulien  mi  n 
dans  les  marais  Pontins29  dont  Jules  César  avait  proje^ 
le  dessèchement30.  Cette  loi  fut  abrogée  pai  un 
consulte  du  4  janvier  711 31 .  , 

Lex  Antonia  (a.  710  =  44).  -  Au  commencement 

l’année  710,  au  moment  de  l’expédition  contre  les  1  m 


1  Gai  I  38;  Ulp.  I,  13.  —  2  Gai.  I,  18,  38  ;  Ulp.  I,  12.  —  3  Gai.  I,  12, 
lo,  25.  67  ;  III,  74;  Ulp.  1,  II;  VII,  4;  XX,  14;  XXII,  2.  Fr.  Berlin,  2.  -  4  Gai. 
I,  21  ;  Ulp.  I,  14.  —  5  Gai.  I,  20  ;  Ulp.  I,  13  a.  —  G  Paul.  73  ad  Ed.  Dig.  L,  10, 
70  pr.  Ter.  Clem.  ad  1.  Jul.  et  Pap.  Dig.  XL,  9,  32,  1  ;  XL,  10,  31.  —  ■  Ibid. 
t  II,  p.  349,  trad.  t.  IV,  p.  22;  Karlowa,  Rôm.  Rechtsgeschichle,  t.  I,  p.  231. 
Herzog  Gesch.  itnd  System  der  rôm.  Staatsrerfassung.  t.  I,  p.  203,  n.  C.  —  8  Le 
coqnomen  d'Aemilius  est  fourni  par  Plin.  Hist.  nat.  VIII,  57,  82  ;  cf.  sur  ce  per¬ 
sonnage,  Cic.  p.  Mur.  7,  10;  Val.  Max.  IV,  4,  11.  -  8  De  Viris  illustr. n. 

_  io  piin.  Loc.  cit.  :  Sorices  et  ipsos  hieme  condi,  auctor  est  Nigidius,  sicut 
glires:  qûos  censoriae  leges ,  princepsque  M.  Scaurus  in  consulats  non  alio 
modo  coetiis  ademere ,  quam  conchilia ,  aul  ex  alto  orbe  convectas  ares. 

_  il  ^  Oeil.  II,  24,  12.  —  12  Mommsen,  Boni.  Staatsrecht,  trad.  t.  VI,  2,  p.  23  , 

Herzog,  Op.  cit.  t.  I,p.  478  el  995.  —  13  Cic.  ad  fam.  VII,  20,  2.  —  U  Caes.  De 
bel.  civ.  II,  21  ;  Dio  Cass.  XLI,  30  ;  Cic.  Ad  Att.  IX,  15,  2.  -  13  Le  récit  d  Appien 
[De  bel.  civ.  II,  48)  qui  attribue  la  nomination  du  dictateur  au  peuple,  et  celui  de 
Plutarque  (Caes.  37)  qui  l'attribue  au  sénat,  sont  en  contradiction  avec  celui  de 
César  lui-même  ;  cf.  Mommsen,  Mm.  Staatsrecht,  trad.  t.  IV,  p.  427,  n.  4. 
_  10  Gran.  Licin.  p.  43  B.  —  U  Vell.  Pat.  II,  40,  4  :  Absente  Gn.  Pompeio,  T. 
Ampius  et  T.  Labienus  tribuni  plebis  legem  tulerunt  ut  is  ludis  circensibus 
corona  laurea  et  omni  cultu  triumphantium  uteretur,  scenicis  autem  praetexta 


coronaque  laurea  ;  cf.  Dio  Cass.  XXXVII,  21  ;  XLIII,  43.  -  «  Til.  Liv. 

1 1  4  et  171.  -  19  A.  Gell.  II,  24,  13.  -  20  Macrob.  Sat.  Il,  13,  '  '  *  H 

XXVI,  33;  cf.  IX,  10.  -  22  Cf.  Tit.  Liv.  XXVI,  34;  Mommsen,  M  ^  ^  ^ 
monnaie  romaine,  t.  III,  p.  185  ;  Rôm.  Staatsrecht ,  tia»  .  t.  Il,  p.  G®*’ 

n.  1  ;  t.  VII,  p.  433  ;  Willems,  Le  Sénat  de  la  République  «>»“'  ’nMÜe%  1833, 
_  23  Corp.  inscr.lat.  1,204;  cf.  Divcksen,  Versuche  sur  KritiK  a  -  s;cf. 
p.  137.  —  2'i-Suet.  Caes.  41  :  Admisit  ad  honores  et  proscrip  ^  ^  Cltes. 
Vell.  Pat.  H,  28,  4  ;  Plin.  Hist.  nat.  VU,  30,  1 10  ;  Cic.  in  Pts.  2,  *•  ^^prcssion 
37:  KalvSv  lit!  SOU*  «Ù;  nejSa;  guélo» 

iiCLTtpouç  *0UT«««1  est  peu  exacte.  Le  sens  de  la  loi  Antonia  es  P  ^taatsreM, 
et  les  auteurs  cités  à  la  note  précédente;  cf.  Mommsen,  I  om.  lilif11 

t.  Il,  p.  142,  n.  2.  -  20  Tit.  Liv.  Ep.  89  :  Sulla...  P>’os  ^  ^ibus 
jus  petendorum  honorum  eripuit.  —  27  Cf.  Lange,  Comnicn  ^  fj  posé 
Antoniis  a  Cicerone,  Phil.  V,  4,  10,  commemoratis  parttcuia  /  __  jjf.ic. 

rior,  Lipsiao,  1871,  p.  14  (=  Kleine  Schriften,  1887,  t.  1,  P-  conS„«o  s"sl“' 
Phil.  XIII,  15,  31  :  Vetcraiiorum  cotonias  deductas  lege  etsena  ■  ^  jjarqu*rj| ' 
listis.  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  I.  IV,  p.  338,  "•  'g.  cf.  OU' 

Rôm.  S.taatsveru>altung,  trad.  t.  I,  p.  154.  20  Rio  ["'5  çaes.  liSi®': 

Phil.  XIII,  18,  37.  —  30  Suet.  Caes.  44;  Dio  Cass.  LIV,  5;  11  • 

Phil.  V,  3,  7.  —  31  Cic.  Phil.  VI,  5,  14;  XI,  0,  13. 


LEX 


—  1129  — 


LEX 


Iules  César  se  lit  attribuer  par  un  plébiscite 
*°tlKl  '  '  '!  .Je tribun  L.  Antonius  \  en  vertu  d’unsénatus- 
propej’1  PaI]c  droit  de  désigner  des  candidats  officiels 

I Moitié  des  places  de  chaque  collège  de  magistrats, 
R°l" .  ?  moitié  devant  être  librement  élue  par  les  comices3. 
Km  Pii  s’appliquait-elle  au  consulat?  La  question  est 
Il  traversée.  Tandis  que  Willems  pense  que  César  eut  le 
■Toit  exclusif  de  désigner  les  consuls  X  Mommsen  est 
■  d'avis  que  le  peuple  conserva  ce  droit  sans  partage5;  il 
■estime  également  que  les  textes  ne  sont  pas  explicites 
pour  les  charges  plébéiennes 6. 

m  LEX  Antonia  (a.  710=44).  —  Loi  proposée  par  Marc 
B  Antoine,  et  portant  qu’un  cinquième  jour  serait  ajouté 
eaux  jeux  du  cirque  en  l’honneur  de  César7. 

Lex  Antonia  (a.  710  =  44).  —  Loi  proposée  parle  consul 
Marc  Antoine  en  l’honneur  du  dictateur  Jules  César,  etpor- 
tant que  le  mois  quintilis  s’appellerait  Julius ,  parce  que 
,1.  César  était  né  le  quatrième  jour  des  ides  de  ce  mois  8. 


Lex  Antonia  de  dictature,  in  perpetuum  tollenda 
(a.  710=44).  —  Loi  proposée  par  Marc  Antoine  pour  pros¬ 
crire  à  l’avenir  la  dictature9.  Il  est  interdit  de  la  deman¬ 
der  ou  de  la  revêtir  sous  peine  de  mort  et  de  confiscation 
du  patrimoine10. 

Lex  Antonia  de  actis  Caesaris  confirmandis  (a.  710 
—  44).  —  Loi  proposée  par  Marc  Antoine  pour  confirmer 
les  actes  de  César11.  Cette  loi  vise  certainement  toutes 
les  mesures  prises  par  César  pendant  sa  dictature,  et 
qui  avaient  reçu  un  commencement  d’exécution.  S’ap- 
plique-l-elle  également  aux  actes  simplement  projetés? 
C’est  l’opinion  de  Lange12;  elle  est  repoussée  par  Wil¬ 
lems15. 

Lex  Antonia  de  coloniis  in  agros  deducendis  (a.  710  = 
44).  —  Loi  proposée  au  mois  d’avril 14  par  le  consul  Marc 
Antoine,  et  décidant  la  deductio  d’une  nouvelle  colonie 
càCasilinum18.  Cicéron,  dans  sa  cinquième  Philippique , 
conteste  la  validité  de  cette  loi  et  des  deux  précédentes  : 
(jwibus  de  causis  cas  leges ,  quas  M.  Antonius  tulisse 
dicitur,  omnes  censeo  per  vim  et  contra  auspicia  latas 
iisrjue  legdms  populum  non  teneri 16. 


Lex  Antonia  (a.  710=44).  —  Loi  proposée  par  Marc 
Antoine  sur  l'ordre  du  dictateur  J.  César  et  ordonnant  la 
déduction  de  la  colonie  Genetiva  Julia11. 
i  Lex  Antonia  judiciaria  (a.  710=44).  —  Loi  proposée 
par  M.  Antoine  sur  le  recrutement  de  la  troisième  décurie 
e juges  parmi  les  ex-centurions18:  tout  citoyen  ayant 


X\\ i  ,i  ^  ’  8 1  10  :  Unmnabitur  Lucius:  est  enim  patronus  V 

su/rra  ■  "m  ymnm  sua  ler/e,  qua  cumC.  Caesare  magistratum  parti  tus  < 
suiïmn  iUs^u^^  patronus  centuriarum  equitum  Romanorum ,  quas  items 

irr  t- -■ 20.  _3S l  cm,.* 

[numéro  camrT"  °  part,t,a  est’  nt  exceptis  consulatus  competitoribus  de  cet 
Pronnrtath  alounn  Pro  Pinte  dimidia  quos  populus  vellet  [re]nuntiarenl 
u  tfer:r  »pse  edidisset.  Dio  Cass.  XLIII,  SI.  -  *  Willems,  Le  Sér 
n.  2.-1  Cic  p/,;'0mm,SOn’  Rôm-  Staatsrechl,  trad.  t.  IV,  p.  *88,  n.  3.  —6  1, 
non  m,  fuisse  te  '  '  :  ^escis,  heri  quartum  in  Circo  diern  ludorum  Ro , 

tritmeretur  ’  r  "i™  *P3Um  adpopulum  tulisse,  ut  quintuspraetereadiesCa.es 
Sat,  I,  12  34  ■  p  10110 [ 6m  ^ aesar‘  tua  le!le  datum  deseri  patimur  ?  —  8  Maci 
tonioM.  filio  ostl  a  ‘n  honorent  Julii  Caesaris  dicta,  t  or  is  legem  ferente  M.  , 
mintiles  ^  '  '  ^ll^'us  aPpellatus  est  quod  hoc  mense  a.  d.  quartum  1 

Censor,  De  die  naVxxu'T  ***’  °f'  Suet'  Caes'  70  ;  APPian-  De  bel ■  civ-  U,  I 
IV,  2,  91.  —  8  Appian.  De  bel.  civ.  III,  25:  'i 

*='*]  Mte  l„,,ù  ;t  D?  T“J  *“Ti  Mm  tcsç'i  4fZ!!«  [( 

huvivrav  A.  "  Si8o|«vy,v  5)  t'ov  t*  tSv  Si  vives  SneoiSovra  vr|ltoivEi  i 

“"G  ~  10Dio  Cass-  XLIV,  51  :  ot  Sm toi  vô,aov 

<J:i  r:  Tîoiïio-àjj.éyoi  xai  ôdvavov  vprmiriïvTeç,  Tts 

Staatsrccht  i  ?  kv-cixçuç  vvtî; .  Cf.  Momnis 

inam  le,/em  ({g  ^  1-a«-  l-  IV,  p.  428,  n.  4.  —  U  Cic.  Phil.  V,  4,  10  : 
~  12  Lange,  De  i,,  i  "esaris  confirmandis...  tulisse  M.  Antonius  dicitu 
p.  740-741.  _  nJ.‘u‘  An^üs,  1871,  U,  3-11.  —  13  Willems,  Le  Sénat ,  1. 

'Uge’  °p ■  cit‘  U-  P-  H  =  Kleine  Schriften,  1.  Il,  p.  I 


conduit  une  cohorte  y  sera  admis  sans  égard  à  sa  fortune. 
Cicéron  apprécie  cette  loi  dans  sa  première  Philippique  : 
Hic  enim  est  legis  index ,  ut  ii  in  tertia  decuria  judi- 
cent ,  qui  libéré  judicare  non  audeant 10. 

Lex  Antonia  de  permutatione  provinciarum  (a.  710 
=  44).  —  Loi  proposée  par  M.  Antoine  pour  modifier  la 
répartition  des  provinces  entre  les  consuls  et  les  préteurs 
sortis  de  charge20. 

Lex  Antonia  (?)  de  pontijice  maximo  (a.  710  =  44).  — 
Loi  proposée  par  M.  Antoine  pour  enlever  au  peuple 
l’élection  du  grand  pontife,  et  pour  l’attribuer  au  collège 
des  pontifes21. 

Lex  Antonia  de  provocatione  (a.  710  =  44).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  M.  Antoine  et  permettant  aux  citoyens,  con¬ 
damnés  pour  crime  de  lèse-majesté,  de  provocare  ad 
populum 22,  contrairement  à  la  règle  qui  exclut  l’appel 
contre  les  jugements  rendus  dans  une  quaestio  per¬ 
pétua2 3.  Cicéron  qualifie  cette  loi  legum  omnium  dis- 
solutio.  Quel  -sera,  dit-il,  l’accusateur  assez  insensé  pour 
vouloir,  après  la  condamnation  de  l’accusé,  affronter  une 
multitude  salariée?  Autant  vaut  supprimer  les  deux  lois 
de  vi  et  de  majestateu  [provocatio]. 

Lex  Appuleia  (a...  ?).  —  Loi  établissant  entre  les  divers 
sponsores  ou  fidepromissores  d’un  même  débiteur  une 
sorte  de  société  et  assurant  à  celui  qui  a  payé  plus  que 
sa  part  un  recours  contre  les  autres  [intercessio,  t.  V, 
p.  552,  n.  8].  Cette  loi  qui,  d’après  Gaius25,  s’applique 
aux  provinces,  est  postérieure  à  513.  Elle  est  d’autre 
part  antérieure  à  la  loi  Furia  26  dont  la  date  est  inconnue, 
mais  qui,  accordant  la  manus  injectio  pura  [manus 
injectio],  ne  doit  pas  être  d’une  époque  trop  basse27.  11 
est  donc  vraisemblable  que  la  loi  Appuleia  estdu  vi°  siècle. 

Lex  Appuleia  de  majestate  minuta  (a.  651  =  103?).  — 
Plébiscite  proposé  par  le  tribun  L.  Appuleius  Saturninus 
pour  instituer  une  quaestio  perpétua  chargée  de  con¬ 
naître  des  crimes  de  haute  trahison  et  des  malversations 
commises  pendant  la  guerre  des  Cimbres28.  La  quaestio 
auri  Tolosani  eut  lieu  en  vertu  de  cette  loi29.  La  date 
exacte  de  la  loi  Appuleia  est  douteuse:  L.  Appuleius 
Saturninus  fut  en  effet  deux  fois  tribun  de  la  plèbe  en 
651  30  et  en  654.  Mommsen  considère  la  première  date 
comme  la  plus  vraisemblable  :  elle  est  la  plus  rapprochée 
des  faits  qui  motivèrent  la  proposition  du  tribun31. 

Lex  Appuleia  agraria  (a  654=100).  —  Loi  agraire 
proposée  par  le  tribun  de  la  plèbe  L.  Appuleius  Satur- 

—  13  Cic.  Phil.  V,  4,  10  :  Si  quant  legem...  de  coloniis  in  agros  deducendis... 
tulisse  M.  Antonius  dicitur.  1b.  III,  40,  102;  cf.  Mommsen,  ad  Corp.  inscr.  lat. 
X,  p.  3G9,  2.  —  lf>  Ibid.  —  n  Corp.  inscr.  lat.  II,  5181,  c.  civ  :  Qui  jussu  C. 
Caesaris  dictlatoris)  imp(eratoris)  et  lege  Antonia  senat(us)que  c(onsultis) 
pl(ebi)que  s(citis)  ager  datas  adsignatus  crit.  —  48  Cic.  Phil.  I,  8,  19  :  Quid  ?  ca 
loge  quae  promulgata  est  de  tertia  decuria  judieum,  nonne  omnes  judiciariae 
leges  Caesaris  dissolvuntur.  —  19  Ibid.  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrccht,'  trad. 
t.  VI,  1,  p.  216,  n.  4.  —  20  Tit.  Liv.  Ep.  117  :  M.  Antonius  consul ,  quant...  legem 
de  permutatione  provinciarum  per  vim  tulisset...  ;  cf.  Vell.  Pat..  II,  60  ;  Appian. 
De  bel.  civ.  III,  27.  —  21  Dio  Cass.  XLIV.  53  :  ”E;  tétoC.;  îsjs'ct;  aùOi;  lest,  TOî 

Tr,v  aïçefftv  Toij  ào/'iEpfuç  isayôyKyt.  Cf.  \ell.  Pat.  II,  63;  Tit.  Liv.  Epit.  117  ;  Momm¬ 
sen  {Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  III,  p.  34,  n.  5)  a  ('■mis  des  doutes  sur  l'existence 
de  cette  loi.  Velleius  et  Tite  Live  disent  r|ue  Lapide  fut  un  grand  pontife  furto 
creatus  ;  et  il  n’y  a  pas  trace  de  l'abrogation  de  cette  loi,  bien  que  les  successeurs 
de  LGpide  aient  été  élus  par  le  peuple.  —  22  Cic.  Phil.  I,  9,  21  :  Altéra  promul- 
gata  lex  est,  ut  de  vi  et  de  majestate  damnait  ad  populum  provocant.  —  23  cf. 
Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  476.  —  St  Cic.  eod.  —  23  Gai.  III,  122.  —  20  Ibid. 

—  27  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  704,  n.  3.  —  28  Grâce. 
Licinianus,  p.  21  :  Cn.  Manilius  ob  eamdetn  causant  quant  et  Caepio  L.  Saturnin i 
rogatione  civitate  est  cito  ejectus  ;  Cic.  De  oral.  II,  25,107  :  ...Ab  illo  majestatem 
minutant  negabam-,  ex  quo  verbo,  lege  Appuleia,  tota  ilia  causa  pendebat.  Ibid. 
II,  49,  211  ;  Partit,  orat.  30,  105.  —  29  Cic.  De  nat.  deor.  III,  30,  74.  —  39  Plut, 
Mar.  H;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  28.  —  31  Mommsen,  Rôm.  Geschichte,  t.  Il, 
p.  179  ;  Rôm.  Strafrcclü,  p.  198. 


LEX 


1130  — 


lex 


ninus  Cette  loi,  dont  les  détails  ont  été  indiqués  au  mot 
agrakiae  leges  (t.  I,  p.  164),  introduit  un  système  nou¬ 
veau  en  attribuant  à  l’un  des  consuls  personnellement  la 
création  des  colonies,  en  étendant  la  colonisation  aux 
territoires  d'outre-mer,  en  affectant  à  l’achat  de  terres 
de  nouvelles  ressources  de  l’État  2.  Elle  oblige  en  outre 
les  sénateurs  à  prêter  dans  les  cinq  jours  le  serment 
d’observer  la  loi  [jesjurandum],  sous  peine  de  déchéance 
et  d’une  amende  de  vingt  talents  3. 

Lex  Appuleia  frumentaria  (a.  654=100).  —  Loi  fru¬ 
mentaire  proposée  par  le  tribun  L.  Appuleius  Saturninus 
et  votée  malgré  le  sénat  4  [frumentariae  leges,  t.  IV, 
p.  1346]. 

Lex  Aquilia  de  damno  in \juria  data  (circa  467  =  287).  — 
Plébiscite  proposé  par  le  tribun  Aquilius5  et  visant  un 
certain  nombre  de  torts  consistant  à  détruire  ou  à  dété¬ 
riorer  la  chose  d’autrui.  La  loi  Aquilia  est  divisée  en  trois 
chapitres.  Le  premier  comprend  :  le  meurtre  de  l'es¬ 
clave  d'autrui  ou  d’un  quadrupède  de  l'espèce  de  ceux 
qui  paissent  en  troupeaux  Le  troisième  comprend  : 
1°  l'incendie,  en  dehors  des  deux  cas  prévus  parles  Douze 
Tables  ;  2°  la  destruction  de  la  chose  d’autrui  ;  3°  la  dété¬ 
rioration  de  toutes  sortes  de  choses  appartenant  à  autrui 
Le  second  s’applique  à  l'acceptilation  consentie  par  un 
adstipulator  au  préjudice  du  stipulant  principal  8 

[STIPELATIO]. 

La  sanction  de  la  loi  consiste  dans  une  peine  pécu¬ 
niaire  égale  à  la  valeur  vénale  de  la  chose  détruite  ou 
détériorée,  ou  au  montant  de  la  créance  dont  il  a  été  fait 
remise.  L’estimation  est  faite  d'après  la  plus  haute  valeur 
que  la  chose  a  pu  avoir  dans  l’année  ou  dans  les  trente 
jours  qui  ont  précédé  le  délit,  suivant  que  ce  délit  rentre 
dans  le  premier  ou  dans  le  troisième  chapitre9.  Cette 
estimation  est  portée  au  double  lorsque  l’auteur  du  tort 
nie  le  fait  qui  lui  est  reproché10.  Cicéron  signale  une 
autre  sanction  de  la  loi  Aquilia  :  elle  consiste  en  une 
amende  qui  donne  lieu  à  une  poursuite  criminelle11. 
Mommsen  a  conjecturé  qu’elle  réprimait  certains  dom¬ 
mages  causés  à  l’État l2,  ou  peut-être  qu’elle  était  édictée 
dans  une  loi  différente  de  la  nôtre 13.  Peut-être  aussi 
cette  disposition  a-t-elle  eu  pour  objet  d’assurer  l’exécu¬ 
tion  d’une  loi  rendue  très  peu  de  temps  après  la  loi 
Hortensia  et  que  les  magistrats  patriciens  auraient  pu 
être  tentés  de  ne  pas  observer14. 

La  loi  Aquilia  a  reçu  de  la  jurisprudence  de  nota¬ 
bles  extensions.  Le  mode  d’estimation  a  aussi  été  mo¬ 
difié  :  on  tient  compte  de  la  valeur  particulière  que  la 
chose  avait  pour  la  victime  du  délit  ( quanti  interest) lo 
[litis  aestimatio]. 

D’après  l’auteur  de  la  paraphrase  grecque  des  Insti- 
Lutes  16,  dont  le  témoignage  est  confirmé  par  un  scoliaste 
des  Basiliques11,  la  loi  Aquilia  fut  votée  à  l’occasion  d’une 
des  sécessions  de  la  plèbe  ;  on  admet  généralement  qu’il 

l  Appian.  De  bel.  civ.  I,  29.  —  2  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  I.  II,  028,  039, 
trad.  t.  IV,  p.  340  et  333  ;  Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  I,  p.  146  ; 
Zumpt,  Comment ationes  epigraphicae,  t.  I,  p.  222.  —  3  Appian.  De  bel.  civ.  I,  29- 
31.  —  4  Cic.  Ad  Heren.  1,  12,  21  :  Cum  L.  Saturninus  legem  frumentariam  de 
semissibus  et  trientibus  laturus  esset ,  Q.  Caepio,  qui  id  temporis  quaeslor  urba- 
nus  crut,  docuit  senatum  aerarium  pati  non  posse  largilionem  tantam.  Scnatus 
decrevit  si  eam  legem  ad  populum  ferai,  adverses  rempublicam  videri  eum  facere  ; 
cf.  Cic.  De  leg.  II,  6,  14.  —  5  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  IX,  2,  1,  1.  —  6  Gai.  III,  210. 
—  7  Gai.  III,  215.  —  8  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  IX,  2,  27,  5.-9  Gai.  III,  210;, Ulp. 

jMC  cn_  _ lOGai.  IV,  9.  —  n  Cic.  Brut.  34,  131.  —  12  Rôm.  Staatsrecht,  trad. 

1. 1,  p.  210.  —  13 Rôm.  Strafrecht,  p.  826,  n.  4.  —  14  Karlowa,  Rôm.  Rcchtsges- 
chichte,  l.  II,  P-  794.  —  *5  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  t.l,p,584. 
_  16  Tlieophil.  IV,  3,  15.  —  nÉd.Heimbacli,  lib.  LX,  3,  1.  —  18  Girard,  Manuel , 


s'agit  de  la  troisième,  celle  qui  eut  lieu  sur  le 
en  467.  On  a  contesté  la  valeur  des  tëmoie'naua,. 

,  ,  qyj 

viennent  d’être  cités  ;  la  loi  Aquilia  n'a,  dit-on  an..,,. 

1  Ullin  rjjn. 

port  de  fond  avec  la  sécession  de  la  plèbe  ;  elle  date  dm' 
époque  voisine  du  vu®  siècle  de  Rome  **.  Mais  cette  assc  1 
tion  est  en  contradiction  avec  ce  que  Cicéron  nous  ■ 
prend  sur  l’état  social  de  Rome  à  l’époque  où  fut  rondin, 
la  loi  Aquilia 19. 

Lex  (Asinia  Antistia  ?)  de  flaminica  diali  (a.  777  —  w 

—  Loi  relative  au  mariage  de  la  flamine  de  Jupiter  çc  I 
mariage,  qui  doit  avoir  lieu  par  confarreatio ,  ne  produit 
plus  les  anciens  effets  du  mariage  cum  manu  :  la  femme 
ne  tombe  sous  la  puissance  de  son  mari  que  sucrorum 
causa ;  à  tous  autres  égards,  elle  est  soumise  au  droit 
commun.  Cette  loi,  citée  par  Tacite'20,  est,  suivant  certains 
auteurs,  celle  que  visait  Gains  dans  un  passage  mutilé 
de  ses  commentaires 21. 

Lex  Aternia  Tarpeia  de  inulta  maxima  (a.  300  =  454), 

—  Loi  proposée  par  les  consuls  A.  Aternius  Varus  et 
Sp.  Tarpeius  Montanus  et  fixant  le  maximum  des  amen¬ 
des  :  Cum  ejusmodi  multa  pecoris  armentique  a  magis- 
tratibus  dicta  erat ,  adigebantur  boves  ovesque,  alias 
pretii  parvi ,  alias  majoris,  eaque  res  faciebat  inae- 
qualem  multae  poenitionem.  Idcirco  postea  lege  Ater¬ 
nia  constituti sunt  in  oves  singulas  aeris  dent:  in  baves 
aeris  centeni 22.  Festus  attribue  cette  innovation  à  la  loi 
Menenia  Sextia23  [lex  menenia  sextia,  multa]. 

Lex  Atia  (a.  691  =83).  —  Plébiscite  proposé  parle 
tribun  T.  Atius  Labienus,  abrogeant  la  loi  Cornelia  de 
sacerdotiis  et  rétablissant  le  régime  inauguré  par  la  loi 
Domitia  pour  confier  aux  comices  des  dix-sept  tribus 
l’élection  aux  fonctions  sacerdotales 24  [augures,  t.  1er, 
p.  552]. 

Lex  Atilia  (a.  344  =  210).  —  Plébiscite  proposé  par 
L.  Atilius,  tribun  de  la  plèbe,  et  autorisant  le  sénatà  juger 
les  municipes  de  Campanie  qui  avaient  abandonné  les 
Romains  pendant  la  guerre  contre  Hannibal25. 

Lex  Atilia  de  tutore  dando  (ante  568  =  186)  —  toi 
conférant. au  préteur  urbain,  de  concert  avec  la  majorité 
des  tribuns  de  la  plèbe,  le  droit  de  nommer  un  tuteur 
aux  impubères  ou  aux  femmes  nubiles  qui  n’en  avaient 
point.  Si  cui  nullus  omnino  tutor  sit,  ei  datur  in  urbe 
Iloma  ex  lege  Atilia  a  praetore  urbano  et  majore  parle 
tribunorum  plebis,  qui  Atilianus  tutor  vocatur  •  ta 
date  de  cette  loi  n’est  pas  connue,  mais  elle  est  ante¬ 
rieure  à  568  21. 

Lex  Atilia  Marcia  (a.  443=  311)  —  Plébiscite  propose 
par  les  tribuns  L.  Atilius  etC.  Marciuset  fixant  le  nom  ire 
des  tribuns  militaires,  créés  par  le  peuple,  a  seize  P"111 
quatre  légions 28 .  j 

Lex  Atini  v  de  rebus  fur tivis  (ante  605  =  149)-  —  / 
prohibant  l’usucapion  des  choses  volées  -9,  a 
qu’elles  ne  soient  rentrées  au  pouvoir  de  celui  a  'l111 

-  <  <  (  fl  l/fl 

p.  402,  n.  5.  -  19  Cic.  P.  Tullio,  2.  -  20  Tacit.  Ann.  IV,  16  :  Sed  lal  arim 
flaminica  Dialis  sacrorum  causa  in  potestate  viri,  cetera  protniscuo  ^ 
jure  agerct.  —  21  Gai.  I,  136.  D’autres  auteurs  pensent  que  Gaius  pal  ^  ^  |0j, 

tus-consulte  proposé  par  les  consuls  de  l'an  743.  Cf.  sur  la  poilu  '  ^  ^  ^  j; 
Morilz  Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  t.  II,  p.  546,  n.  69.  qirafred>b 

Üionys.  Ualic.  X,  48-50.  —  23  Fest.  v»  Peculatus  ;  cf.  Mommsen,  -  l.g^ 
p.  50,  n.  3.  —  24  Rio  Cass.  XXXVII,  37;  Ovid.  Fast.  III,  415;  PI»1-  Gai. 

.  2ü  Tit.  Liv.  XXVI,  33  ;  cf.  Willems,Xe  Sénat ,  t.  II,  P-  ’ 


lust.  Cat.  40.  ■ 


t.  I  P- 
taor 


562. 


I,  185;  Ulp.  XI,  18.  —  27  Tit.  Liv.  XXXIX,  9  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  c,<'’ 

—  28  Tit.  Liv.  IX,  30  :  ... Unum ,  ut  tribuni  militum  sent  deni  in  quu  ^■pIISi  C. 
a  populo  crearentur...  Tulere  eam  rogationem  tribuni  pi  ^  /firHm  d  ^ 
Alarcius.  —  29  Inst.  II,  6,  2  :  Furtivarum  rerum  lex  duodecim  "  " 

Atinia  inhibet  usucapionem  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cil .,  t.  I,  p.  S0a. 


LEX 


—  H  31 


LEX 


,  i  La  loi  décide  également  que  le  recours 
aPParlen;'!^“  ontre  l’éviction  sera,  dans  ce  cas,  perpé- 
en  garai)  ^  Ja  loi  Atinia  n’est  pas  connue,  mais 

luel  ^  l '  mtérieure  au  va0  siècle  de  Rome.  Aulu-Gelle 
■  Italie  Brutus,  Manilius,  P.  Scaevola  doutaient  si 
rapp'."  ancemait  seulement  les  vols  à  venir,  ou  si  elle 
la  nijauaît  aussi  aux  vols  déjà  commis  3. 

STr!  Atinia  (intra  632  =  124  et  652  =  102).  -  Ce  plé- 
hî,,ite  n’est  connu  que  par  un  texte  de  Varron  cite  par 
a  i,  (JeJle-  Nam  et  tribunis  plebis  senatus  habendijus 
ftn't  ' (luamquam  senatores  non  essent  ante  Atinium 
\lebdcitum.  L  L’interprétation  de  ce  texte  n’est  pas  sans 
difficulté  6.  Dans  l’opinion  qui  prévaut,  la  loi  Atinia 
aurait  conféré  aux  tribuns  de  la  plèbe  le  jus  senlentiae 
dicendae  et  l’exercice  des  droits  sénatoriaux  B.  —  La  date 
de  cette  loi  a  été  fixée  approximativement  par  Willems 7.  Il 
a  démontré  qu’elle  était  postérieure  à  la  loi  Acilia  repe- 
mdarum  qui  est  de  631  ou  632  et  qu’elle  est  sûre¬ 
ment  antérieure  à  652.  Un  passage  d’Appien  prouve 
qu’en  cette  année  le  tribun  L.  Appuleius  Saturninus 
arable  jus  sententiae  dicendae  8.  Mommsen  s’est  rallié  à 
cette  conclusion9. 

Lex  Affeia  (a.  631  —  123).  —  On  ne  connaît  cette  loi 
que  par  un  fragment  du  discours  prononcé  par  C.  Grac- 
chus  pour  la  combattre.  Elle  a  trait  à  un  différend  entre 
Nicomède  et  Mithridate  10. 

Lex ÂûFiDiA(a....?).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun 
Cn.  Aulidius  et  dérogeant  à  un  ancien  sénatus-consulte  11 
qui  défendait  l’importation  des  panthères  d’Afrique  en 
Italie.  L’importation  fut  permise  pour  les  jeuxdu  cirque12. 

Lex  Aufidia  de  ambitu  (a.  693  =  61).  —  Plébiscite 
contrôla  brigue  proposé  par  le  tribun  M.  Aufldius  Lurco, 
après  avoir  obtenu  du  sénat  la  dispense  d’observer  les 
lois  Aelia  et  Fufîa13.  Ce  qu’il  y  a  de  nouveau  dans  cette 
loi,  dit  Cicéron,  c’est  qu’elle  n’édicte  aucune  peine  contre 
celui  qui  a  promis  de  l’argent,  aux  tribus,  mais  ne  l’a 
pas  donné.  Elle  vise  celui  qui  a  donné  de  l’argent  et  le 
condamne  à  payer,  sa  vie  durant,  à  chaque  tribu,  trois 
cent  mille  sesterces  par  an  u. 

I  Lex  Aurélia  tribunicia  (a.  679  =  75).  —  Loi  proposée 
par  le  consul  C.  AureliusCotta  pour  autoriser  les  ex-tribuns 
de  la  plèbe  à  revêtir  d’autres  magistratures  u.  Ce  fut  une 
dérogation  a  la  loi  Cornelia  de  673  qui  avait  déclaré  les 
tribuns  incapables  d’aspirer  aux  magistratures  patri¬ 
ciennes  ,G  [tribunus]. 

Lex  Ai  relia  de  judiciis  privatis  (a.  679  =  75).  —  Loi 
proposée  par  le  consul  C.  Aurelius  Colla.  On  n’en  connaît 
que  le  nom  et  l’objet 17 . 

erit  eius  ■  4,  G.  —  2  Aul.  Gell.  XVII,  7  :  Quod  subreptum 

«jjj;::T\auctor^  est° ■  - 3  im-  -  m*.  scLHoir- 

0  Rubino  I)  L“"  '  *!'  ***  ’  '^aGcr>  Gesclnchte  des  rom.  Redits,  §  140,  n°  128- 
b,258.  M  e  tnj,mic>a  potestate ,  1825,  p.  43.  —  7  Willems,  Le  Sénat,  1.  I, 
De  liel  cm.  |"’S™.’  **"'  Staatsr-  <"  NI,  P-  802,  Irad.  t.  VII,  p.  33,  n.  1.  -  8  Appian. 

2«-,  ) ’’ 1  '' ’  Roivxio;  KcuxÎXloç  MlteXXoç  rXauxIav  Te  pouXeûovTa  xaï 

Itw»,.  *q  J  ^f,[Aa=!^TixoTa  t,$t\  tvj'ç  à;uû(TEa,ç  najéXjev,  aîff^çuîç  ptoffvTaç,  où  ur(v 


Loc.eit.-i0  A.  Gell.  XI,  10:  C.  Gracchus 
acc'll"itis,  pehmi  /  lde^am^‘ssuasU...  Qui  prodeunt  dissuasuri,  ne  liane  legem 
acc'liinlis ,  iiqifo,  |(  0,i  l0llo,em  n  cobis,  sed  a  Nieomede  pecuniam.  Qui  suadent  ut 
[«miliuri  suite  n  -1"  t"n,  non  n  l'°bis  bonam  existimationem ,  verum  a  Mithridate 
“•  *.  —12  Plin  gll™1  et  -  Il  Cf.  Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  116, 

atricanas  (panthère  \  "1’  Ci'  :  Senotusconsultum  fuit  vêtus  ne  liceret 

A'Wùs tribunus  rhi • !"  Italiam  ttdwhere.  Contra  hoc  tulit  ad populum  Cn. 
A “■  >,  16  :  Lurco  ânt  P?rmi*itQue  circensium  gratia  importare.  —  13  Cic.  Ad 
b‘le  U  Aelia  et  lbunus  Ptebis,  qui  magistratum  simul  iniit ,  solutus  est 

11  ll8’  n,  4.  -  v,r'  r  k°em  de  ambihl  ferret.  Cf.  Willems,  Le  Sénat,  l.  Il, 
vyimn  tribunis  ni °C'  Clt'  ~  Clc‘  P-  Co™el.  p.  79  :  Cotta...  consul 
lcfott<i,u  tputo  ief  e"°n  P°^es^aÜs  sed  dignitatis  addidit.  Ascon.  ad  li.  I.  : 

■i  tulit,  ut  tribunis  plebis  liceret  postea  alios  magistratus 


Lex  Aurélia  (a.  680  =  74). —  Loi  proposée  parM.  Aure¬ 
lius  Cotta  et  abrogeant  la  loi  proposée  l’année  précédente 
par  son  frère  C.  Aurelius  Colta18. 

Lex  Aurélia  judiciaria  (a.  684=70).  — Loi  proposée 
par  le  préteur  L.  Aurelius  Cotta.  Elle  établit  trois  décuries 
de  juges,  choisis  parmi  les  sénateurs,  les  chevaliers  et 
les  tribuni  aerarii 19.  Chacune  de  ces  trois  décuries 
fournit  un  tiers  des  membres  des  jurys  institués  pour  les 
quaestiones  perpetuae.  Pourtant  Velleius  Paterculus 
présente  la  loi  Aurélia  comme  ayant  partagé  également 
le  munus  judicandi  entre  les  chevaliers  et  les  sénateurs 20  : 
c’est  que  les  tribuni  aerarii  ayant  le  cens  équestre  pou¬ 
vaient,  dans  une  conception  un  peu  large,  être  considérés 
comme  des  chevaliers  21.  Tite  Live  va  plus  loin  encore, 
et  voit,  dans  cette  loi,  un  transfert  du  munus  judicandi 
aux  chevaliers  22.  En  réalité,  les  chevaliers  furent  désor¬ 
mais  en  majorité,  et  par  suite  ils  eurent  la  prépondé¬ 
rance  dans  les  tribunaux  criminels. 

Lex  Aurélia  (a....?).  —  Cicéron,  dans  une  lettre  à  son 
frère  Quintus,  parle  d’une  lex  Aurélia  qui  ne  paraît  pas 
identique  à  la  loi  Aurélia  judiciaria.  Illud  caveto ,  dit-il, 
et  eo puto ,  per Pomponium  fovendum  tibi  esse  ipsum  Hor¬ 
tensia,))),  ne  ille  versus ,  qui  in  te  erat  collatus ,  cum  aedi- 
litatem petebas  de  lecje  A  urélia ,  falso-  tùstimonio  confir- 
metur 23 .  Manuce  et  Ernesti  ont  conjecturé  qu'il  s’agil 
d’une  loi  de  ambitu. 

Lex  Baebia  (a.  560=194).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  de  la  plèbe  M.  Baebius  Tamphilus24  et  portant 
création  d’une  colonie  à  Sipontum  et  dans  un  territoire 
qui  avait  appartenu  aux  Arpinii 2:;. 

Lex  Baebia  (a.  573=181  [?]).  —  Loi  proposée  par  le 
consul  M.  Baebius  Tamphilus  et  décidant  que  le  nombre 
des  préteurs  serait  alternativement  de  quatre  ou  de  six26 
[praetor].  Mommsen  conjecture  que  cette  loi  n’est  qu’un 
chapitre  de  la  loi  Cornelia  Baebia  de  ambitu  :  elle  serait, 
par  suite,  de  573,  bien  que  le  fait  rapporté  par  Tite  Live 
appartienne  à  l’année  574 27.  La  loi  Baebia  ne  resta  pas 
longtemps  en  vigueur  :  Caton  prononça  un  discours  ne 
lex  Baebia  derogaretur 28 . 

Lex  Bantina  (intra  621  =  133 et  636  =  118).—  Fragment 
d’un  plébiscite  gravé  sur  une  table  de  bronze  qui  portait 
une  inscription  osque  sur  l’autre  face  29.  L’objet  de  ce 
plébiscite  n’a  pu  être  déterminé.  Les  uns  y  voient  une  loi 
judiciaire30,  d’autres  une  lex  repetundarum  qui  se  con¬ 
fondrait  peut-être  avec  la  loi  Junia31.  La  date  se  place 
entre  les  années  621  et  636  :  cela  résulte,  suivant 
Mommsen,  de  la  mention  des  très  viri  agris  dandis 
adsignandis  créés  par  la  loi  Sempronia  en  621  et  sup- 

capere,  quod  lege  Sullae  iis  erat  ademptwm.  —  16  Cf.  Mommsen,  Rom .  Staatsr. 
Iratl.  I.  II,  p.  134,  n.  2,  p.  213.  —  n  Cic.  P.  Cornet.  1,  9  :  Possum  etiam  ejusdem 
Cottae  legem  de  judiciis  privatis  anno  postquam  lata  sit  a  fratre  ejus  abro- 
gatam.  Ascon.  p.  59.  —  18  Ibid.  —  l&  Ascon.  p.  16  :  Legem  judieiariam... 
tulit  L.  Aurelius  Cotta  praetor,  qua  communicata  sunt  judicia  senatui  et  equi- 
tibus  Romanis  et  tribunis  aerariis.  —  20  Vell.  Pat.  II,  32  :  Cotta  judicandi 
munus  aequaliter  inter  utrumque  ordincm  partitus  est.  —  21  Cf.  Mommsen 
Rôm.  Staatsr.  t.  III,  p.  532,  Irad.  t.  VI,  2,  p.  136.  —  22  lit.  Liv.  Ep.  97  :  Judicia 

per  M.  Aurelimn  Cottam  praetorem  ad  équités  Romanos  translata  sunt. _ 23  Cic. 

ad  Quint,  fr.  I,  3.  —  24  Corp.  inscr.  lat.  I,  200,  1.  43  :  [Ex  lege ]  pl(ebeive ) 
sc(ito),  quod  M.  Raebius  tr[ib.)  pl(eb.)  III  vir  colonie  deducend[ae  rogavit\. 

—  23  Tit.  Liv.  XXXIV,  45  :  Sipontum  item  in  agrurn,  qui  Arpinorum  fuerat 
coloniam  civium  Romanorum  alii  triumviri  D.  Junius  Brutus,  M.  Baebius  Tam¬ 
philus,  M.  Ilelvius  deduxerunt.  Cf.  Mommsen,  ad  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  95  • 
Willems,  Le  Sénat,  l.  Il,  p.  680.  —  20  Tit.  Liv.  XL,  44,  2  :  Praetores  quattuor 
post  multos  annos  lege  Baebia  creati  quae  alternis  quaternos  jubebat  creari  ;  cf. 
Ibhl.  XXXII,  27.  —  27  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,  trad.  I.  III,  p.  227,  n.  3. 

_  28  Fest.  v°  Rogat  :  Cato  in  dissuasions,  ne  lex  Baebia  derogaretur ,  ait:  Hoc 
■  potius  agam,  quod  hic  rogat.  —29  Corp.  inscr.  lat.  1,  197.  —30  KirchhofT,  Stadtrecht 
von  Bantia,  1853,  p.  90.—  31  Karlowa,  Rom.  Rechtsgeschichte,  t,  I,  p.  431. 


LEX 


—  1132  — 


primés  en  030.  —  Lu  loi  osqne  de  Bantia  parait  être  un 
statut  municipal  donné  à  la  ville  fédérée  île  Bantia  par 
les  délégués  du  peuple  romain1.  Elle  n’est  pas  antérieure 
à  370  et  doit  vraisemblablement  dater  de  la  première 
moitié  du  vu''  siècle. 

Llx  Caecilia  (a.  691  —  63).  —  Projet  de  plébiscite 
déposé  par  le  tribun  de  la  plèbe  L.  Caecilius  Rufus,  et 
accordant  à  P.  Autronius  Paetus  et  à  P.  Cornélius  Sylla, 
condamnés  pour  crime  de  brigue,  le  droit  d’aspirer  aux 
magistratures  et  de  faire  partie  de  l’ordre  sénatorial  2. 
Cicéron,  dans  son  plaidoyer  pour  P.  Sylla,  soutient  que 
L.  Caecilius  voulait  seulement  adoucir  la  rigueur  de  la 
loi  en  faveur  de  son  beau-frère,  P.  Cornélius  Sylla,  le 
neveu  du  dictateur.  Son  projet  ne  touchait  en  rien  à  l’au¬ 
torité  delà  sentence  que  les  juges  venaient  de  prononcer; 
il  n  avait  trait  qu  a  la  peine  ordonnée  contre  la  brigue 
par  des  lois  toutes  récentes.  Se  plaindre  de  la  peine,  ce 
n’est  pas  attaquer  un  jugement,  mais  la  loi 3.  La  loi  est 
d  ailleurs  restée  à  l’état  de  projet.  Lex  (lies  fuit  pro- 
posita  paucos ,  ferri  coopta  nuiu/uam  :  posita  est  in 
senatu  L 

Lex  Caecilia  (a.  692  =  62).  —  Projet  de  plébiscite 
déposé  par  le  tribun  de  la  plèbe  Q.  Caecilius  Metellus 
Nepos,  pour  permettre  de  nommer  consul  Cn.  Pompée 
malgré  son  absence  \  Ce  projet,  présenté  sans  l’appro¬ 
bation  préalable  du  sénat,  n’eut  aucun  succès  :  l’opposi¬ 
tion  de  Caton  et  de  Cicéron  le  fit  échouer  G. 

Lex  Caecilia  (a.  692=62).  —  Projet  du  même  tribun 
pour  rappeler  d’Asie  Pompée7.  Ce  projet,  comme  le 
précédent,  n’a  pas  abouti  8. 

Lex  Caecilia  de  portoriis  (a.  694  =  60).  —  Loi  propo¬ 
sée  par  le  préteur  Q.  Caecilius  Metellus  Nepos  et  suppri¬ 
mant  les  portoria  à  Rome  et  en  Italie  9. 

Lex  Caecilia  de  censura  (a.  702  =  52).  —  Loi  proposée 
par  le  consul  Q.  Caecilius  Metellus  Pi  us  Scipio,  pour  rendre 
aux  censeurs  les  pouvoirs  que  Clodius  leur  avait  enlevés 
en  696  10  [censor,  lex  clodia,  p.  1136,  n  7  . 

Lex  Caecilia  de  urbe  augenda  (a.  709  =  45).  —  Cicéron 
parle  dans  ses  lettres  à  Atticus  d’une  loi  tendant  à  l’agran¬ 
dissement  delà  ville  de  Rome11.  Cette  loi  eut  pour  auteur 
un  gentilis  d’Atticus 12,  donc  un  personnage  ayant  pour 
nom  gentilice  Caecilius.  Atticus  fut  en  effet  adopté  par 
Q.  Caecilius13.  Cicéron  s’indigne  qu’un  homme  qui  n’a 
vu  Rome  que  depuis  deux  ans  veuille  agrandir  son 
enceinte.  «  Comment,  dit-il,  lui  parait-elle  trop  petite, 
puisqu’il  a  bien  pu  y  trouver  place14.  »  Mais  César  était 
favorable  à  la  loi 13.  D’après  les  informations  de  Cicéron, 


1  Kirchhoff,  Op.  cil.  Bréal,  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique,  1881, 
t.  IV,  p.  399  ;  Mommsen,  Staatsr.  trad.  t.  VI,  2,  p.  333.  —  2  Dio  Cass.  XXXVII,  25: 

O  $s  tw  te  II utTbi  tw  IIou7r)uw  xai  tw  S û Wo.  tw  Kopvr.Mw  t£>  jaet’  aÙTou  àXÔvTl  TO  te 

PouAcûetv  xai  Tb  a^ÿretv  IceTvai  è$i$ou.  —  3  Cic.  P.  Sylla ,  22.  —  ■'•'Ibid.  23. —  5  Schol. 
Bol»,  p.  302  Or.  :  Ut.  (Cn.  Pompeius)  praesidio  Italiae  veniret  adversus  arma 
Catilinàe.  —  6  Dio  Cass.  XXXVII,  43;  Plut.  Cato  min.  26.  —  7  Schol.  Bop. 
p.  302  Or.  :  Ut  absens  consul  Cn.  Pompeius  fieret.  —  3  Dio  Cass.  XXXVII,  43; 
cf.  Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  118,  n.  4.  —  9  Dio  Cass.  XXXVII,  51  Kcù  êzeiSï) 
Tà  tea»i  Setvwç  t /jv  te  «ôXiy  xai  xr,v  'IxaXtav  eXûicEt,  o  jaèv  vôjxoç  o  xaTaXûaa;  ccjt& 

Tîàertv  à^Eirrb;  evcveto,  tw  Si  ffTpaTYjfw  tw  IffEvsyxovTi  aux bv  à/GôjxEVOt  o:  poûXtUTai,  o j  yàp 
MeteXXo;  o  Neiîwç  r.v,  lôlXr.irav  xo  te  ovojxa,  aÛTotf  à-aXcYiat  b.-b  t off  vojaou  xaï  etkçov 
àvTEYvpâliat,  xac  oùx  Èrpâ/Orj  jxiv  toîto.  Cic.  Ad  Att.  II,  16,  1  ;  ad  Quint  fr.  I,  1,11 
et  33;  cf.  Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  342;  Caguat,  Étude  historique  sur  les 
impôts  indirects  chez  les  Romains ,  1882,  p.  8.  —  10  Dio  Cass.  XL,  57  :  'O  Si  Srj 

_xi7ttwv  o 'j  te  evojaoOettto':  Tt,  xat  t  à  irpbç  tou  KXwSiou  te  pi  twv  ti|at)twv  yoKoévxoc  xaTÉAuirE... 

aùcoTç,  rtv  xaUplv  eI/ov,  àicÉSuxE.  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht ,  trad.  t.  IV, 
p.  66.  —  il  Cic.  ad  Att.  XIII,  20.  —  12  Ibid.  XII,  35.  —  13  Ibid.  III,  20;  Val. 
Max.  Vil,  8,  5;  Varr.  De  re  ruit.  II,  2.  —  H  Oie.  Ad  Att.  XIII,  35.—  15  Jàid.  XIII, 
33. —  10  Ibid.  — *7  \ al.  Max.  VI,  9,  10  :  Casuum  nunc  contemplamur  varietatera. 
L.  Lentulus  consuluris ,  lege  Caecilia  repetundarum  crimine  oppression  censor 


EX 


on  devait  détourner  le  Tibre  depuis  le  pont  mu|u 
faire  passer  au  pied  du  mont  Vatican  ;  le  chaiai' (i "S  ^ 
devait  être  bâti,  et  le  champ  du  Vatican  transi,,.*  ^ 
une  sorte  de  champ  de  Mars18.  "Uül  011 

Lex  Caecilia  (?)  (a.  600  =  154).  -  D’après  v  J 
Maxime,  le  consul  de  l’an  598,  L.  Lentulus,  futconl 
repetundarum  crimine  en  vertu  d’une  loi  Caecilia  u? 
admet  généralement  que  le  texte  doit  être  corrigé 
qu’il  faut  lire  Calpurnia  au  lieu  de  Caecilia18  pou^!”  6t 
W  illems  a  fait  remarquer  que  cette  correction  n’usi  ^ 
sans  difticulté.  L.  Lentulus  lut  élu  censeur  en  607  ■  s’jp  ^ 
condamné  en  vertu  de  la  loi  Calpurnia  de  605,  son  élec 
tion  aurait  eu  lieu  pour  ainsi  dire  au  lendemain  de  saco  ' 
damnation,  ce  qui  est  peu  vraisemblable.  11  est  nlu' 
probable  que  les  faits  qui  motivèrent  la  poursuite  se 
rapportent  à  son  consulat,  et  que  le  jugement  eut  lji>u 
en  599  ou  600,  en  vertu  de  la  loi  Caecilia.  Cette  loi  ne 
serait  pas  une  lex  repetundarum ,  mais  une  loi  insü- 
tuant  un  tribunal  spécial19. 


Lex  Caecilia  Didia  (a.  656  =  98). —  Loi  proposée  par 
les  consuls  Q.  Caecilius  Nepos,  T.  Didius,  et  contenant 
une  double  prescription  :  1°  obligation  de  laisser  entre  le 
jour  de  la  publication  d’une  loi  et  le  jour  clu  vole  un 
intervalle  de  trois  nundina 20  [nundinum]  ;  2°  défense  de 
réunir  dans  un  même  vote  des  dispositions  disparates 2,| 
La  première  prescription  était  depuis  longtemps  consa¬ 
crée  par  l’usage  :  elle  existait  au  temps  des  Douze  Tables  a| 
La  seconde  est  moins  ancienne  :  les  lois  Liciniennes,  par 
exemple,  contiennent  des  dispositions  très  différentes 
par  leur  objet.  Mais  au  vu®  siècle,  divers  faits  semblent 
établir  l’illégalité  des  propositions  faites  per  satuninN. 
Cette  règle,  comme  la  précédente,  fut  confirmée  par  notre 
loi.  Cicéron  en  donne  la  raison:  Ne  populo  necesse  sit 
in  conjunctis  rebus  compluribus  aut  id  quod  nolit  am- 
pere  aut  id  quod  relit  repudiare-' . 

Lex  Caelia  tabellaria  (a.  647  =  107).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  C.  Caelius  Caldus  ’23  et  appliquant 
aux  procès  de  perduellio  [rerduellio]  la  règle  du  vote 
écrit28,  introduite  en  615  par  la  loi  Gabinia  pour  les  élec¬ 
tions  des  magistrats. 

La  loi  Caelia  est  la  quatrième  des  lois  tabellaires.  Sur 
un  denier  d’argent  delà  gens  Coelia  à  l’effigie  du  triumvir 
Caldus  (caldus. iii. vir),  on  voit  derrière  la  tête  une 
tablette  portant  les  leLtres  L(ibero)  D[amno) 27  (fig-  4438).! 
C’est  une  allusion  à  la  loi  proposée  par  le  tribun! 
C.  Caelius  Caldus,  grand-père  du  monétaire. 

Lex  Caelia  (a.  706  =  48).  —  Projet  de  loi  déposé  par  'e 


cum  L.  Censorino  creatus  est.  —  18  Mommsen,  Iiôm.  Strafrecht ,  p.  1  ■ 

—  l9Willems,  LeSénat,  t.  11,  p.  277,  n.  5.  —  23  Cic.  P.  s  est.  GL  135,  s  - 1  ! 

Caecilia  et  Didia  jubebat  inpromulgandis  legibus  trinundinum  tempes  ^ 
Sur  la  sanction  de  la  loi,  cf.  Cic.  P.  domo,  16,  4-1  :  ...Sin  eadem  obseï 111,11  ^  ^ 

judicavit  sénat  us  M .  Drusi  legibus ,  quae  contra  legem  Caecdiam  et  "  j 
essent,  populum  non  teneri.  Cic.  Phil.  V,  3,  8  ;  Ad  Att.  IL  U,  I  •  cl- 
Annali  dell"  Ist.  di  corrisp.  archeol.  di  Itoma ,  1838,  t.  XXX,  p.  . 
Zur  lex  Caecilia  Didia ,  Ilevmcs,  1874,  l.  IX,  p.  303  ;  Lange,  Die  I  Cic) 

num  nundinum  dans  Rliein. Mus.  1875,  I.  XXX,  p.  350  ;  Ialin,  Ibid,  p  ll  ■  ^ 

P.  Domo,  20,  53.  —  22  Tit.  Liv.  III,  33,  t  :  Comilia  decemviris  créai;  i» ^  ^ 
nundinum  indicta  sunt.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  I,  200,  L  72  ;  Cic.  D'  l  y|_  y 
11;  Fest.  p.  314  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  t.  III,  p.  330  et  3n  ■  ^  figure 

p.  384  et  432.  —  2V  Cic.  P.  Domo ,  20.  —  23  Le  nom  de  ce  O'i  >'  ^ 
dans  un  fragment  des  Fastes  Capitolins  :  E plient,  epigr.  •  ^  in 
lems,  Le  Sénat ,  t.  I,  p.  699,  n.  4.  —  26  Cic.  De  leg.  DI»  Dd  * 

genere  relinqui  vocis  suffragium,  quod  ipse  Cassius  excepout,  l  ^  ut 
dédit  huic  quoque  judicio  C.  Caelius  tabellam  doluitque  qu*  )|TllllScn,  ^ ,tlS 
opprimeret  C.  Popilium ,  nocuisse  rei  publicae.  —  C011S  pi.  xl11» 

rôm.  Miinzwesen ,  p.  636,  trad.  t.  II,  p.  05;  Cohen,  M1, 

Coelia ,  n  »  4. 


LEX 


1133  — 


LEX 


Fig.  4438. 


\l  Caelius  Rufus  pour  dispenser  les  débiteurs  de 
Iir'  l(  "|(1-i  intérêts  pendant  un  certain  délai  '.  Velleius 
Pa  ' 1 1  ,  ,  (ll.,pp  mi  portrait  de  l’auteur  de  ce  projet 

Paterculus  uace  uu  i  ,  1 

■  les  raisons  qui  le  déterminèrent  a  proposer 

et  indique  icc 

les  deux  lois  ci-apres  . 

C  iELiA  (a.  706  =  48).  —  Projet  de  loi  déposé  par 
le  même  préteur  pour  faire  remise 
aux  locataires  du  prix  de  leurs 
loyers a. 

Lex  Caelta  (a.  706  =  48).  —  Pro¬ 
jet  de  loi  du  même  préteur  pour 
abolir  les  dettes 4. 

Lex  Calidia  (a.  656  =  96).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  tribun  Q.  Cali- 
dius  pour  rappeler  à  Rome  et  res- 
I  tituer  dans  ses  droits  de  citoyen  le  consul  Q.  Caecilius 
Metellus  6.  Deux  ans  auparavant,  ce  consul  avait 
encouru  la  peine  de  l’interdiction  de  l’eau  et  du  feu 
[pour  avoir  refusé  de  prêter  le  serment  exigé  par  la  loi 
Xppuleia6  [p.  1130,  n.  3]. 

Lex Calpurnia de legisactioneper  condictionem  (a....  ?). 
—  Loi  qui  a  étendu  la  legis  actio  per  condictionem  aux 
créances  ayant  pour  objet  une  res  certa  autre  que  de 
l’argent7  [legis actio,  per  condictionem  actio].  On  ignore  la 
date  de  cette  loi  :  Gaius  nous  apprend  simplement  qu’elle 
est  postérieure  à  la  loi  Silia  dont  la  date  n’est  pas  mieux 
connue.  Certains  auteurs  pensent  que  cette  loi  Calpurnia 
se  confond  avec  la  loi  Calpurnia  repet  undarum  8;  mais  il 
est  bien  difficile  d’identifier  deux  lois  si  différentes,  soit 
quant  aux  personnes  admises  aies  invoquer,  soit  quant 
aux  faits  qui  donnent  lieu  à  l’exercice  de  l’action.  Tout 
ce  que  Ion  peut  dire,  c’est  qu’il  est  vraisemblable  que 
notre  loi  Calpurnia  n’est  pas  antérieure  au  vi°  siècle  de 
Rome. 


Lex  Calpurnia  repetundarum  (a.  605  =  149).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  tribun  L.  Calpurnius  Piso  Frugi, 
et  donnant  aux  pérégrins,  qui  ont  eu  à  souffrir  des 
exactions  des  magistrats  provinciaux,  le  droit  d’agir  en 
justice  pour  se  faire  restituer  les  sommes  qu’on  leur  a 
indûment  extorquées  (pecunias  repetere).  L’action  doit 
ntic  intentée  a  Rome  devant  le  préteur  pérégrin.  La 
0rme  de  Procéder  paraît  être  celle  de  l’action  de  la  loi 
F ?  m  mmenturn  rendue  exceptionnellement  accessible 
|  ®.s  ?eregnns;  C’estce  qui  semble  résulter  d’un  passage 
Il  1  *  "  la  loi  Acilia  repetundarum  qui  n’est  décisif 
nnii  aloiJunia:  [Quel  pecuniae  captae  condem- 
IS  <!'1  Ult  aut  (lu°d  cum  eo  lege  Calpu}rnia  aut  lege 


1  Cacs.  De  bel.  cm  III  90  •  t  a  , 

mditae  pecuniap  w  ’/  ’Legem  Pro^Ldgamt  ut  sexies  sent  (lies  sine  usuris 

«U.  AnT.ll “  viTTl  *  CaSS-  XUI’  29  ;  Tit  U'  '  111 1  VI,  15  ; 

’fefimw,  serf  ut  a  ■  -  68  •  M.  Coelius,  vir  eloquio  animoque  Curioni  si- 
fùteservarinon  .pe,/eotlor’  nec  niiiius  ingeniose  nequam,  cum  in  modica 
tUn  nocarum  tabulam  ^Utppep^or_1jli  res  familiaris,  qttam  mens  erat)  inprae- 
'leterreri .  _  3  çaes  ™  aut‘°’  exstitit  nequiitque  senatus  et  auctoritate  consulis 

.TrCedes  hMtationum' 

I  nomntm.  -  s  yal  •  v'77  “ 

.P^eturae  candidat  L.  ‘  :  Metellus—  non  dubitavit  consul pro  Q.  Ca- 
ck 'itatem  restituer P  ‘°are  popul°’  1uod  tribunus plebis  legemqua  pater 
$ 09  :  P.  red.  in  Sen . ,  5  *“?***' Aur- Vict- De  vir.  illustr.  62  ;  Cic.  P.  Plane. 

.  ■  _s“r  la  date,  l’objet  et’  lo  1^  WlUems’  Le  Sénat>  L  P-  224.  —  1  Gai.  IV, 
2'dmeSt  t  p  I  conséquences  de  ceUe  lQi)  cf_  Éd  Cu[j>  Ins(ituHons 

^■  Strufrecht,  p  7ÔS  *  Pernice.  Labeo,  t.  III,  p.  233;  Mommsen, 

L i]lCw"‘  fut  y  ,  CorP-  raser,  lat.  I,  198,  1.  74  (81)  :  [quibusquom 


x  a  - oins  OtS/COUKCf 

Cl°-  III,  21  :  Puas  leges  promulgavit  :  unam  qua 
cond“ctoribus  donavit.  -  4  Ibid.  :  Alteram  tabu- 


Ft  fuerit  ,  -  1.  :  L quiousquom 

10  Ibid.  1.  23 .  f  ,.  îuam  L-  Calpurnius  L.  f.  tr(ibunus)  pl(ebei)  roga- 

t  ï *»"****.,  (.  ,,  t.  XXI,  p.  284;  Moritz  Voigt,  Rô ni. 

250  :  nSm-  SirarreP,,  ..  .  ’ „  0mmSeU’  Rôm '  Staat*ï-  *•  L  P-  2^3,  trad. 

Brut.  27  ;  De  off.  II,  21 

V. 


v  sdu  ;  ç.  AUU,uinseu,  uo) 

Wun  *****  eidecTaT-  P‘  190  Ct  7°8-  “  12  Cic-  .  - 

«  11  sunt  cum  de  pecuniis  repetundis  a  L.  Phone  lata 


LEX 


Junia  sacramento  aclum  siet 10.  Si  ceLLe  restitution  est 
exacte,  l’action  intentée  en  vertu  de  la  loi  Calpurnia  avait 
le  caractère  d’une  action  civile  et  non  d’une  poursuite 
criminelle.  Aucune  peine  n’est  édictée  contre  le  magis¬ 
trat  contrevenant  :  il  est  simplement  condamné  à  restituer 
ce  qu’il  a  pris  indûment. 

La  loi  Calpurnia  est  la  première  loi  portée  contre  les 
magistrats  qui  ont  pris  de  l’argent.  Les  éléments  consti¬ 
tutifs  de  ce  délit  seront  indiqués  au  mot  repetundarum 
crimen.  La  date  de  la  loi  est  fixée  par  un  passage  de 
Cicéron:  L.  enim  Piso  tribunus  plebis  legem  primus 
de  pecuniis  repetundis ,  Censorino  et  Manilio  consulibus , 
tulit11.  Le  consulat  de  Censorinus  et  Manilius  est  de 
l’an  605. 

C’est  aussi  la  loi  Calpurnia  qui  a,  d’après  Cicéron, 
introduit  le  système  des  quaestiones  perpetuae.  Ce 
système  a  reçu  dans  la  suite  une  large  application 
en  matière  criminelle  [quaestiones  perpetuae]  :  Quaes¬ 
tiones  perpetuae...  constitutae  sunt  quae  antea  nullae 
fuerunt 12 .  Il  consiste  à  substituer  au  judicium  populi 
qui  avait  lieu  dans  l’assemblée  du  peuple  un  jugement 
rendu  par  une  commission  composée  d’un  certain 
nombre  de  citoyens  et  dirigée  par  un  préteur.  La  loi 
Calpurnia  est  ainsi  devenue  le  point  de  départ  d’une 
phase  nouvelle  dans  l’histoire  delà  procédure  criminelle, 
bien  qu’elle  n’ait  créé  qu’une  poursuite  civile  13. 

Lex  Calpurnia  (a.  634  =  120?).  - —  Plébiscite  proposé 
par  le  tribun  L.  Calpurnius  Restia  pour  rétablir  dans  ses 
droits  P.  Popillius  Laenas,  qui  avait  été  expulsé  par  la 
violence  de  C.  Gracchus14. 

Lex  Calpurnia  (a.  665  =  89).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  L.  Calpurnius  Piso  et  autorisant  les  généraux 
à  accorder  le  droit  de  cité  à  des  soldats  étrangers  à  titre 
de  récompense  1B. 

Lex  Calpurnia  de  ambitu  (a.  687  =  67).  — -  L’une  des 
nombreuses  lois  édictées  contre  la  brigue.  Proposée  par 
les  consuls  C.  Calpurnius  Piso  et  M.  Acilius  Glabrio,  elle 
prononce  une  double  peine  :  une  peine  pécuniaire  et 
1  exclusion  de  la  carrière  des  honneurs16  [ambitus,  t.  I, 
p.  224]. 

Lex  Caninia  (a.  698  =  56).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  L.  Caninius  Gallus  pour  autoriser  Pompée  à 
réconcilier  les  Alexandrins  avec  leur  roi17. 

Lex  Canuleia  (a.  309=  415) 18 .  — Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  C.  Canuleius  pour  accorder  aux  plébéiens  le 
conubium  avec  les  patriciens  19.  Il  est  vraisemblable  que 
pour  donner  à  ce  plébiscite  force  de  loi,  le  tribun  fit 

est  lex,  milia  autem  cum  fuisset.  A  t  vero  postea  tôt  leges ,  et  proximae  quaeque 
duriores  ;  tôt  rei ,  tôt  damnati  tantum  italicum  bellum  propter  judiciorum  metum 
excitation  ;  tanta ,  sublatis  legibus  et  judiciis ,  expilatio  direptioque  sociorum , 
ut  imbccillitate  aliorum,  non  nostra  virtute,  valeamus.  —  13  Cic.  Brut.  27  106 
ncie.  Brut.  34  :  L.  Bestia  C.  Popillium  vi  C.  Gracchi  expulsion  sua  ro gu' 

tione  restituit  ;  cf.  P.  domo,  32;  P.  redit  in  Sen.  15  ;  Ad  quir.  4.  _  13  Sisenna 

1.  un  (fr.  120,  éd.  Peter)  :  Milites  ut  lex  Calpurnia  concesserat  virtutis  ergo  cantate 
donari.  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  t.  III,  p.  133,  n.  I  ;  Irad.  t.  VI  1  151  n  G 

—  IG  Dio  Cass.  XXXVI,  38;  Schol.  Bob.  p.  3G1  :  Piso...  cum  legem  de  ambitu  ex 
senatus  çonsulto  graviorem  quam  fuerat  antea  ferret  ct  propter  multitudinem 
divisorum  qui  per  vim  adversabantur  e  foro  ejectus  esset,  edixerat.  Ascon.  p.  G1  • 
Pecuniaria  quoque  poena  ...adjecta  in  perpetuum  honoribus  jussit  carere 
damnatos.  Cf.  Willems,  Le  Sénat,  I,  220;  Mommsen,  Rôm.  Straf recht,  p.  874 

-  n  Plut.  Pomp.  49  :  03  pr.v  4U*  «1  KocvISto,  v0>v,  îvel] 

(TTfotTEta?  nop.itviïov  Ltovta  faSSoO>uç  Sûo,  SimUàraiv  •AXtÇ«vSçtff1ri  xbv  K«i 

no|M,poî  piv  SSoxS!  Tùl  voprj.  pi,  WxtçalvEtv,  -f,  Si  «vpXVjx O?  SÎESaPEV  E-lupETtS? 
trzvJ.apÉvri  SeSiIvcu  ieejÏ  xàvSpoç.  Le  nom  du  tribun  doit  être  rectifié  conformément 
à  Cic.  Ad.  Quint  fr.  III,  2.  —  18  La  date  est  fixée  par  la  tradition  des  annalistes, 
mais  les  moyens  de  contrôle  font  défaut;  cf.  Mommsen,  ROm.  Staatsr  t  III 
p.  80,  trad.  t.  VI,  1,  p.  88,  n.  2.  -  19  Tit.  Liv.  IV,  t  :  De  conubio  patrum  et 
plebis  C.  Canuleius  tribunus  plebis  rogationem  promulgavit. 


143 


—  1134  — 


LEX 


LEX 


approuver  son  projetpar  le  sénat  avant  d’en  saisir  la  plèbe 1 . 
Tilo  Live  a  conservé  le  souvenir  de  la  résistance  opiniâtre 
opposée  par  les  patriciens  à  celte  dérogation  à  la  loi  des 
Douze  Tables  -,  ne  conubium  patribus  eu  ni  plebe  essel a. 

Lex  Carvilia  (a.  542  =  212).  —  Plébiscite  proposé  par 
les  tribuns  Spurius  et  Lucius  Carvilius  pour  confirmer 
l’exil  volontaire  d’un  publicain  M.  Postumius,  qui, 
après  avoir  encouru  une  amende  pour  prévarication,  était 
sous  le  coup  d’une  accusation  capitale  pour  attentat  à  la 
liberté  des  votes5.  La  loi  décide  que  s’il  ne  se  représente 
pas  dans  un  certain  délai,  ou  ne  se  fait  pas  excuser, 
il  sera  considéré  comme  un  exilé,  'ses  biens  seront 
vendus  et  on  lui  interdira  l’eau  et  le  feu  c  [exsilium, 
t.  IV,  p.  943]. 

Lex  Cassia  agraria  (a.  268  =  486).  —  Projet  de  loi 
agraire  déposé  par  le  consul  7  Sp.  Cassius  Viscellinus  8 
pour  attribuer  partie  aux  Latins,  partie  à  la  plèbe,  les  deux 
tiers  des  terres  enlevées  aux  Herniques.  On  devait  par¬ 
faire  ce  qui  manquait  pour  donner  une  part  à  chacun,  en 
retirant  aux  patriciens  une  portion  des  terres  qu’ils 
avaient  occupées  9  agrariae  leges,  t.  Ier,  p.  158].  Le 
projet  rencontra  une  vive  résistance.  Son  auteur  paya  de 
sa  vie  sa  tentative  audacieuse;  mais,  dit  Tite  Live,  dulcedo 
legis  agrariae  ipsa  per  se,  dempto  auctore ,  subibat 
animos 10.  Pendant  trois  ans  la  lutte  continua  entre  les 
consuls  et  les  tribuns  qui  avaient  repris  sans  succès  la 
proposition  de  Cassius:  vana  lex ,  vanique  legis  aucto- 
res,  jactando  irritum  munus,  facti 

Lex  Cassia  tabellaria  (a.  617  r=137).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  L.  Cassius  Longinus  Ravilla  pour 
étendre  aux  comices  judiciaires  l’usage  du  vote  écrit 
admis  deux  ans  auparavant  par  la  loi  Gabinia  pour  les 
comices  électoraux  :  Hanc  ( legem )  L.  Cassius  tulit,  ut 
non  voce  suffragium  pronuntiarent ,  sed  tabella  inscri- 
berent1-.  C’est  la  seconde  des  leges  tabellariae.  La  date 
en  est  fixée  par  Cicéron:  Secuta  biennio  post  Cassia  est 
de  populi  judiciis  13...  Lepido  et  Mancino  consulibus  u. 

La  loi  Cassia  n’admettait  qu’une  seule 
exception  au  vote  écrit  :  en  cas 
de  perduellio.  Trente  ans  plus  tard, 
la  loi  Caelia  fit  disparaître  cette 
exception15. 

Sur  un  denier  du  monétaire  Q. 
Cassius,  on  voit  au  revers,  à  gauche 
d’un  siège  curule,  une  tablette  avec 
les  lettres  A(bsolvo)  C(ondemno), 
dans  le  champ  l’urne  des  votes  (fig.  4439). 

On  a  conjecturé  que  cette  monnaie  se  rapporte  à 
l’innovation  introduite  par  L.  Cassius,  le  grand-père  de 

*  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains ,  t.  I,  p.  4-58.  —  2  Ibid.  t.  I, 
p.  214.  —  3  Tit.  Liv.  IV,  n.  5;  Cic.  De  Rep.  II,  37,  63.  —  4  Tit.  Liv.  XXV,  3. 

—  5  Ibid.  4.  —  c  Ibid.  :  Tribuni  plebem  rogaverunt ,  plebsque  ita  scivit  :  Si 
AI.  Postumius  ante  K.  maias  non  prodisset .  citatusque  eo  die  non  respondisset, 
neque  excusatus  esset ,  videri  eum  in  exilio  esse ,  bonaque  ejus  ventre ,  ipsi  aqua 
et  igni  placer e  interdici.  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht ,  trad.  t.  VI,  1, 
p.  57;  Rom.  Strafr.  p.  71,  n.  2.  —  7  D’après  Val.  Max.  V,  8,  2,  Sp.  Cassius 
serait  un  tribun.  —  3  Sur  le  cognomen ,  cf.  Borghesî,  Œuvres,  t.  III,  p.  203; 
Mommsen,  Loc.  cit.  —  9  Tit.  Liv.  II,  41  :  Hernici...  agri  partes  duae  ademptae ; 
unde  dimidium  Latinis ,  dimidium  plebi  divisurus  consul  Cassius  erat.  Adjiciebat 
Unie  muneri  agri  aliquantum ,  quem  publicum  possideri  a  privatis  criminabatur . 
Dionys.  Halic.  VIII,  72;  Flor.  I,  2G,  7;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  244, 
n.  3;  Stahl,  De  Spurii  Cassii  lege  agraria ,  Colon.  1818;  Mommsen,  Hermes, 
t.  V,  p.  228;  Rôm.  Forschungen ,  t.  II,  p.  152;  ad  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  88. 

—  10  Tit.  Liv.  II,  42.  —  H  Ibid.  ;  cf.  44  et  48.  —  12  Schol.  Bob.  p.  310  Or. 

—  13  Cic.  De  leg.  III,  10,  35.  —  14  Cic.  Brut .  27,  100.  — 45  Cic.  De  leg.  III,  16,  35. 

_  IG  Riccio,  Monete  d elle  antiche  f ami glie  romane ,  XXXV,  6-9  ;  Cavedoni,  Osser- 

vazioni ,  dans  Annali  delV  Ist.  di  corrisp.  archeol.  di  Roma,  t.  XXI,  191. 


Q.  Cassius16.  Mommsen  croit  cependant  que 
se  rapporte  non  pas  au  judicium  populi  mais  .  ^ 
quaestio,  au  procès  intenté  en  641  par  C.  Cassius  *  "ne 
les  vestales  dans  l’intérêt  de  la  démocratie  i 
curule  représente  le  siégé  du  juge.  La  tablette  liKm.(, 
sitella  et  la  sorticula  employées  dans  les  tribunaux  'l # 
quaestiones 17 .  Cette  tablette  était  déposée  dans  rlu.  °S 
non  pas  dans  des  cistes,  comme  cela  avait  lieu  dansY 
comices.  Les  lettres  A.  C.  prouvent  qu’il  ne  sVil  a 
d’un  vote  populaire:  les  bulletins  dévote  portaient^ 
lettres  A(ntiquo)  ou  V(ti  rogas ). 

Lex  Cassia  (a.  650  =  104).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  L.  Cassius  Longinus  pour  exclure  du  sénat  le 
citoyen  condamné  par  le  peuple  dans  un  procès  non 
capital  ou  celui  à  qui  Y  imperium  a  été  retiré18.  La  date 
est  fixée  par  Asconius.  C’est  la  première  loi  qui  ait  attaché 
à  la  condamnation  populaire  une  pareille  déchéance.  Lin- 
capacité  de  siéger  au  sénat  a  dû  avoir  pour  conséquence 
l’inéligibilité  :  au  vne  siècle,  le  droit  de  revêtir  une  magis¬ 
trature  et  celui  de  siéger  au  sénat  sont  corrélatifs19. 


Lex  Cassia  de  plebeiis  in  patricios  adlegendis  (a.  709 
=  45).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  L.  Cassius  Lon¬ 
ginus  pour  autoriser  le  dictateur  J.  César  à  conférer  le 
patriciat  à  des  familles  plébéiennes.  Le  nom  de  la  loi  est 
indiqué  par  Tacite20.  Le  fait  est  rapporté  par  Suétone 
et  Dion  Cassius21. 

Lex  Cicereia  (a....?).  —  Loi  obligeant  le  créancier  qui 
reçoit  des  sponsores  ou  des  fidepromissores  à  déclarer 
d’avance  et  publiquement  l’objet  delà  créance  et  le  nombre 
des  cautions  [intercessio,  t.  V,  p.  552].  En  cas  d’inobser¬ 
vation  de  la  loi,  il  est  permis  aux  cautions  de  demander, 
dans  le  délaide  trente  jours,  un  praejudicium  pour  faire 
établir  qu’il  n’y  a  pas  eu  praedictio.  S’ils  obtiennent 
gain  de  cause,  ils  sont  libérés22  [praejudicium]. 

On  ne  sait  rien  sur  l’auteur  de  cette  loi23.  Quanta  la 
date,  elle  ne  peut  être  fixée  que  d’une  manière  approxi¬ 
mative.  Gaius  dit  que  notre  loi  ne  parle  pas  des  lhh‘- 
jusseurs2'' ;  elle  est  donc  antérieure  à  l’époque  où  cette 
forme  de  cautionnement  s’est  introduite,  c  est-a-dire  aul 
milieu  du  vil*  siècle25.  D’autre  part,  elle  est  postérieim  a 
la  loi  Furia,  puisqu’elle  a  pour  but  de  taire  di spai aitre 
l’un  des  inconvénients  auxquels  donnait  lieu  1  upplica 
tion  de  cette  loi.  La  loi  Cicereia  est  vrais emblablemen 
du  vi°  siècle  de  Rome20. 

Lex  Cincia  de  donis  et  muneribus  (a.  j50= 
Plébiscite  proposé  par  le  tribun  M.  Cincius  Ahn" lllu^J 
et  restreignant  dans  des  limites  assez  étroites  1,1 
de  recevoir  des  donations  ou  même  des  près' 11  ^ ^ 
Cincia  contient  trois  dispositions  principale 


50  i  n.  2  ; 

—  47  Mommsen,  Das  rôm.  Münzwesen ,  p.  635,  trad.  t.  IL  P*  J  ’  0pUh 

,1.  X,,  Cassia,  n.  7.  -  18  Cic.  P .  Corn.  24  :  Altéra  Cassia  ^  ^ 

udicia  firmavit-,  Ascon.  p.  69  :  Est  autem  haec  :  L.  Cassius  ^  ll0H- 

nains  plebis  C.  Mario  C.  Flavio  consulibus  places  leges  < "  1  ^mmssel  cuite 
itatis  potentiam  tulit,  in  quibiis  banc  etiam ,  ut  quem  popii  cf’ 

mperium  abrogasset,  in  senatu  non  esset.  Sur  1  altiogatio  ,yj||CDis,  LeSi^' 
ommsen,  Bôm.  StaatsrA.  1,  p.  029,  Irad.  I.  II,  P-  303,  n.  ;  ]|[.p.«A 

-  .  i  II  ^  4.1,11,  11.  -  ,  *  . 


I,  p.  219.  —  m  Cf.  Mommsen,  l.  I,  p.  492,  trad.  II,  P-  1  ai,  "  ’,,amniis)  1“llS 
rad .  t.  VII,  p.  57.  -  20  Tac.  Ann.  XI,  25  :  Exhaustis  etvam^U  ^ 


ad.  t.  VU,  p.  57.  —  20  Tac.  Ann.  XI,  ...  .  -  .  Cas^W"’ 

ctator  Caesar  lege  Cassia...  sublegit.  —  21  Suet.  Caes.  *  ,  Slllllisr. 

f.  Willems,  Le  Sénat,  t.  1,  p.  017;  t.  II,  p.  730;  Moj"m  g(L  C«<h  0f‘ 
II,  p.  1046,  trad.  t.  V,  p.  410.  -  22  Gai.  III,  -•  •  '  ‘  dll  nom  * 

if.  t.  I,  p.  703.  —  23  On  ne  connaît  qu'un  seul  ,pe  fijt  L^ur  c»  C°”j 
icereius  qui  ait  rempli  une  fonction  publique  .  c  est  c.c.  ut  |  ^  ^  gtj.  (,u<|*  ^ 


t.  L  p-  oi5l'L  cf, 


Il  58 1  {Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  459).  —  24  Gai.  Loc.  cit. 

U.  p.  100.  -  20  Cf.  MoriU  Voigt,  Rôm.  RechtsgeschicMe,  -  m  ^  | 
arlowa,  Rôm.  Rechtsgeschiclite,  t.  II,  P-  '30. 


1135  — 


LEX 


LEX 


avocats  de  recevoir  de  l’argent  ou  une  valeur 
^  mie* pour  prix  de  leurs  plaidoiries,  ou  à  titre  de 
4“,"  j.  a>o  ene  défend  à  toute 


à  litre 

h  un  taux 
connu 


•  3-  elle  défend  à  toute  personne  de  recevoir 

d°"t X  donation  ou  de  présent  une  valeur  supérieure 
déterminé,  qui  d’ailleurs  ne  nous  est  pas 
3o  ene  admet  un  certain  nombre  d’exceptions, 
h m ment  au  prolit  des  cognats,  conjoints  et  alliés  3. 
f.  loi  cincia  n’a  pas  de  sanction  directe;  mais  le 
durüeur  peut  toujours  invoquer  Yauxilium  des  tribuns 
r  se  dispenser  d’exécuter  une  promesse  excédant  le 
modus  legitmus  \  Dans  la  suite,  la  jurisprudence  elle 
réleur  se  Sont  efforcés  d’assurer  indirectement  l’obser- 
vation  de  la  loi,  soit  au  moyen  d’exceptions  ou  de  répli¬ 
ques  fondées  sur  la  loi  Cincia,  soit  même  au  moyen 
d’une  condictio  ou  de  l’interdit  utrubi  \ 

|  La  date  delà  loi  est  fixée  par  Cicéron  :  elle  est  du  con¬ 
sulat  de  Tuditanus  et  Céthégus  6. 

Lex  CLAUMA(paulo  an  te  836  =  218) .  —  Plébisci  te  proposé 
par  le  tribun  Q.  Claudius,  avec  le  concours  de  C.  Flami- 
nius,  consul  désigné,  mais  contrairementà  l’avis  du  sénat. 
Défense  est  faite  aux  sénateurs  et  aux  fils  de  sénateurs 


d’armer  des  navires  destinés  aux  transports  maritimes  et 
d’une  capacité  supérieure  à  trois  cents  amphores  '. 

Lex  Claudia  de  sociis  (a.  577  =  177).  —  Loi  proposée 
en  vertu  d’un  sénatus-consulte  par  le  consul  C.  Claudius 
Pulcher  pour  restreindre  le  droit  des  Latins  d'émigrer 
à  Rome  8.  En  exécution  de  cette  loi,  le  consul  Claudius 
rendit  un  édit  annulant  les  émigrations  postérieures  à 
l’an  565  et  invitant  les  Latins,  qui  depuis  cette  date 
s’étaient  fixés  à  Rome,  à  retourner  dans  leurs  cités 
avant  les  calendes  de  novembre  9. 

1  Lex  Claudia  (à.  795  =  42?). —  Parmi  les  nombreuses  lois 
proposées  par  l’empereur  Claude,  Dion  Cassius  cite  une  loi 
obligeant  les  gouverneurs  de  province,  quirestaient  long¬ 
temps  en  ville  après  le  tirage  au  sort,  à  se  rendre  avant 
les  calendes  d’avril  dans  leurs  provinces  ;  défendant  à  ceux 
qui  venaient  d’être  élus  de  le  remercier  dans  le  sénat10. 

Lex  (?)  Claudia  (a.  800=  47).  —  Loi  proposée  par 
1  empereur  Claude  et  défendant  de  prêter  aux  fils  de 
famine  des  sommes  remboursables  à  la  mort  de  leur 
pèic  .  Certains  auteurs  pensent  que  cette  loi  se  confond 
axecb  sénatus-consulte  Macédonien12.  Mais  il  est  diffi- 
p!e  tl0're  clue  Tacite  se  soit  trompé  en  attribuant  à 

auce  une  règle  établie  sous  Vespasien13.  De  plus,  le 
sena  us-consulte  a  une  portée  plus  large  que  la  loi;  la 


Mtiquitus  '  Çonsur9unt  Patres  legemque  Cinciam  flagitant,  qua  cavetu 

XV,  20.  ^  lTSOrbCaUSam.°randampecuniamdomimveaccipiat;cf.  XIII,  42 
y  Mmeraiis  •'  ^ U<î’  lnstitutions  juridiques,  t.  I,  p.  560,  n.  4.-2  Fest 
«uni «activera  '"l"," ‘S  lex  vocala  esti  qua  Cincius  cavit,  ne  cid  licere 
el*.  3.  J\lh~  (  \aHc-  298-309.  -  *  Cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  S6< 
ffessi  consultâtes  ^  ~  6  ^ e  senec *0  :  Quem  magistratun 

lejis  Cindae  ,ln  ) 1  ct  Cethego,  cum  quidemille  admodum  senex  suaso , 
Ses'i Tnatorum  alter  il /*  ' 1  muner^us  fuit.  —  7  Tit.  Liv.  XXI,  63  :  Consulun 
Clan dius  tribunu  '"!’ni.lus"'  inir,sus  etiam  patribus  ob  novam  legem,  quan 
nil»0,  tulerat:  ne  ‘  ■  *’  adversus  senatum,  uno  patrum  adjuvante  C.  Fia 

nave>n  quant  plus  senator'  cuive  senatorius  pater  fuisset,  maritiman 

Cautions  juridique*  ?  !'eCentarum  umphorarum  esset,  liaberet.  Cf.  Éd.  Cuq,  Ins 
Uv‘Xli^--LeaZd  -  V'  503-“-DWiUems,  Le  Sénat,  l.  I,  p.  202.  -  8  Tit 
9  Cf.  Mommsen  n  soc,iS  C-  Claudius  tülit  ex  senatusconsulto ,  et  edixit.. 

-  L"  :  d  2  .""T*  >•  "■  -  r-  tü.  -  »  Dio  Cass 

***!  -xa'lTàS.  _  °,J/  aUa  T,Vtt  wv  |x.a  aUï,  àvâ>OYj  |avk||aov  efface 

W  *«H  l,  w  **!"■»*<  tfi;  to-3  ’Awj.ttîou  vouMvîac 

tS  Priùnw  CrTf’  fc?°çl‘“9ai  '  *K’1  ^  ulferoùt  ? 

’  1);  8^,n.  1 5  trad  t  V  r  GS  e^eS  Claudiae,  Mommsen,  Rôm.  Staatsr 
Creditonim  cnpll,' 11  ^ac*  ^-nn*XI,  13  :  Claudius...  lege  latc. 
_  tarent.  ~~  12  Manj  '  '  UL  ,n  mm'tem  parentum  pecunias  filiisf amiliarun 
7  '  Suel-  Vespas.  n  I'5  ’  klS  aemeine  Familiengüterrecht,  1871,  t.  I,  p.  433, 
"Curi4i,s  exigent icreP r  -  Scnntu’  fuit  decernendi...  ne  filiorumfamilias 
'.P'S  unquam  esset,  hoc  est,  ne  post  patrum  quiderr. 


i  lex  Claudia  vise  uniquement  les  prêts  remboursables  à 
la  morl  du  père;  le  sénatus-consulte  s’applique  à  tout 
prêt  d’argent  consenti  à  un  fils  de  famille,  quelle  que 
soit  la  date  fixée  pour  le  remboursement11.  11  n’est  donc 
guère  contestable  qu’il  y  ait  eu  deux  dispositions  dis¬ 
tinctes,  l’une  sous  Claude,  l’aulre  sous  Vespasien. 

Ce  qui  est  moins  certain,  c’est  que  la  lex  dont  parle 
Tacite  soit  une  loi  comitiale.  Si  elle  avait  eu  ce  carac¬ 
tère,  elle  aorait  frappé  de  nullité  ou  d’amende  les  actes  faits 
en  contravention,  et  cette  sanction  aurait  dît  subsister 
même  après  le  sénatus-consulte,  dans  le  cas  prévu  par  la 
loi.  Or  on  n’en  trouve  aucune  trace.  La  seule  sanction 
mentionnée  par  les  textes  consiste  dans  l’exception  sena- 
tusconsulti  Macedoniani 16  ou,  si  la  contravention  est 
manifeste,  la  denegatio  actionis  16.  On  remarquera 
d’ailleurs  que  Tacite  mentionne  cette  lex  à  propos  des 
actes  accomplis  par  Claude  à  titre  de  censeur  ( mania  cen- 
soria  usurpans) 17. 

Lex  Claudia  de  tutela  mulierum  (a.  802=49?).  —  Loi 
proposée  par  Claude  et  supprimant  la  tutelle  agnatique 
des  femmes18.  C’est  peut-être  le  mariage  de  Claude  avec 
sa  nièce  Agrippine  qui  fournit  à  l’empereur  l’occasion 
de  soumettre  au  peuple  ce  projet  de  loi.  Agrippine  était 
en  effet,  lors  de  son  mariage,  sous  la  tutelle  agnatique  19. 
Si  cette  conjecture  est  exacte,  la  loi  serait  de  l’an  492>°. 

Lex  Clodia  (a.  650=  104  ?)  —  Loi  autorisant  la  frappe 
d’une  pièce  de  monnaie  d’argent  au  type  du  victoriatus 21 
(fig.  2324),  mais  ayant  la  valeur  du  quinaire  ou  de 
8  as22.  Cette  pièce,  qui  porte  au  droit  la  tête  de  Jupiter 
et  au  revers  une  Victoire  élex’ant  un  trophée,  fut  désor¬ 
mais  équivalente  à  un  demi-denier  [denarius,  t.  III, 
p.  98].  Borghesi  a  émis  l’avis  que  la  loi  Clodia  fut  pro¬ 
posée  vers  l’an  650  par  un  tribun  de  la  plèbe,  probable¬ 
ment  par  M.  Claudius  Marcellus23. 

Lex  Clodia  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  P.  Clodius  Pulcher  et  prononçant  la  peine  de 
l’interdiction  de  l’eau  et  du  feu  contre  quiconque  aurait 
fait  périr  un  citoyen  romain  sans  jugement 2t.  Les  termes 
dn  projet  ne  désignaient  pas  Cicéron,  mais,  dit  Velleius, 
c’était  évidemment  contre  lui  qu’il  était  dirigé  2s.t  L’exil 
devint  le  prix  des  services  qu’il  avait  rendus:  il  fut  puni 
d’avoir  sauvé  la  patrie23. 

Lex  Clodia  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
même  tribun  pour  envoyer  Caton  dans  l’ile  de  Chypre  en 
qualité  de  propréteur,  en  lui  adjoignant  un  questeur21. 

mortem.  —  U  Cf.  Moritz  Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  t.  Il,  p.  44,  n.  16. 

—  13  lui.  12  Dig.  ap.  Ulp.  29  ad  Ed.  Dit).  XIV,  6,  7,  IX.  —  16  Ulp.  eod.  X,  1. 

—  17  Tac.  Loc.  cit.  :  At  Claudius,  matrimonii  sut  ignarus,  et  muni  a  censoria 
usurpans,  theatralem  populi  lasciviam  severis  edictis  increpuit.  —  18  Gai.  I,  157  : 
Lex  Claudia  lata  est,  quae  quod  ad  feminas  atlinet,  agnatorum]  tutelas  sustulit. 
Ulp.  XI,  28.  —  19  Burchardi,  Lehrb.  des  rôm.  Rechts,  I,  §  99,  6.  —  20  Moritz 
Voigt,  Rôm.  Rechtsg.  t.  II,  p.  599.  —  21  piin.  Hist.  nat.  XXXIII,  3,  4G  :  Qui 
nune  victoriatus  appellatur  lege  Clodia  perçusses  est.  Antea  enim  hic  nummus 
ex  Illyrico  advectus ,  mercis  loco  habebatur.  Est  autern  signatus  Victoria 
et  inde  nomen.  —  22  Marcian.  45  :  Victoriatus  nunc  tantumdem  valet  quam  tum 
quinarius.  —  23  Borghesi,  Œuvres,  t.  II,  p.  208  ;  Mommsen,  Gescliichte  des  rôm. 
Münzwesens,  p.  391,  Irad.  t.  Il,  p.  101  ;  Marquardt,  Rôm.  Staatsverumltung, 
trad.  t.  X,  p.  25,  n.  8.  —  21  Vell.  Pat.  II,  45  :  P.  Clodius...  legem  in  tribunalu 
tulit  :  Qui  civem  romanum  interemisset,  ei  aqua  et  igni  interdiceretur . 

Dio  Cass.  XXXVIU,  13;  Appian.  De  bel.  civ.  II,  15;  Plut.  Cic.  30,  31.  _  23  Qic. 

P.  Sext.  24  :  F. rat  autem  expulsas  sine  judicio,  ci...  Lex  erat  lata,  vastato  ac 
relicto  foro ,  et  sicariis  servisque  tradito,  et  ea  lex,  quae  ut  ne  ferretur, 
senatus  fuerat  veste  mutata.  Cic.  P.  domo,  18.  —  26  Cf.  en  sens  divers  sur 
l’exil  do  Cicéron,  Lange,  Rôm.  Altertliümer,  t.  II,  p.  701;  Willems,  Le  Sénat, 
t.  Il,  p.  257;  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  VII,  p.  47  3.  —  27  Vell. 
Pat.  II,  45  :  Idem  P.  Clodius...  legem  tulit  ut  is  quaestor  {?),  cum  jure 
praetorio,  adjecto  etiam  quaestore,  mitteretur  in  insulam  Cyprum.  ad 
spoliandum  regno  Ptolemaeum,  omnibus  morum  vitiis  eam  contumeliain 
meritum. 


136 


LEX 


LEX  _ 

Il  fut  chargé  de  détrôner  le  roi  Ptolémée,  de  mettre  ses 
biens  aux  enchères  1  et  d’organiser  la  province2.  C’était, 
dit  Velleius,  un  prétexte  honorable  pour  éloigner  Caton 
de  Rome  3.  Cicéron  qualifie  cette  loi  lex  nef  aria  \ 

Lex  Clodia  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
même  tribun.  Il  ordonne  de  chasser  le  prêtre  de  la 
Mater  Magna  à  Pessinonte,  de  le  dépouiller  de  son  sacer¬ 
doce,  et  de  vendre  le  temple  consacré  à  la  déesse  3  ;  il 
prescrit  enfin  au  roi  Dejotarus  de  partager  la  royauté  avec 
Brogitarus 6. 

Lex  Clodia  (a.  696=58).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
même  tribun  et  décidant  que  nul  ne  pourra  être  l’objet 
d  une  nota  censoria  s'il  n’a  été  régulièrement  accusé 
suivant  les  formes  ordinaires  de  la  procédure  et  con¬ 
damné  par  les  deux  censeurs  :  Diximus  L.  Pisone  et 
A-  Gabinio  consulibus  P.  Clodium  tribunum  plebis 
tulisse...  ne  quem  censores  in  seiîatu  legendi  praeterirent 
neve  qua  ignominia  af fixèrent ,  nisi  qui  apud  eos  accu- 
satus  et  utriusque  censoris  sententia  damnatus  esset1. 
Cette  loi  avait  l’avantage  d’éviter  les  décisions  contra¬ 
dictoires  ou  insuffisamment  motivées,  mais  elle  enlevait 
toute  initiative  aux  censeurs:  ils  restaient  désarmés  tant 
qu’il  ne  se  troux'ait  personne  pour  se  porter  accusateur. 
La  loi  Clodia  fut  abrogée  six  ans  plus  tard  par  la  loi 
Caecilia  [censor], 

Lex  Clodia  de  auspiciis  (a.  G96  =  58).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  tribun  et  supprimant  Vobnuntiatio. 
Lata  lex  est  ne  auspicia  vaferent,  ne  quis  obnuntiaret , 
ne  quis  legi  intercederet ,  ut  omnibus  fastis  diebus 
legem  ferri  liceret ,  ut  lex  Aelja  lex  Fit  fia  ne  valerent 8 
[auspicia,  t.  I,  p.  582). 

Lex  Clodia  de  cotlegiis  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  tribun  0  et  permettant  de  rétablir 
les  collèges  supprimés  par  le  sénat 10  et  d’en  instituer  de 
nouveaux  11 .  C’est  la  première  loi  qui  consacra  la  liberté 
d’association.  Cicéron  nous  apprend  quel  usage  en  fit 
P.  Clodius12. 

Lex  Clodia  frumentaria  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  tribun  et  décrétant  des  distributions 
gratuites  de  blé.  Diximus  L.  Pisone  et  A.  Gabinio  con¬ 
sulibus  P.  Clodium  tribunum  plebis  quattuor  leges 
perniciosissimas  populo  Romano  tulisse  :  annonariam... 
ut  frumentum  populo  quod  antea  senis  aeris  ac  trien- 


1  Cic.  P .  Sext.  20  :  Est  rogatum  ut  ( rex  Ptoleniaeus)  sedens  cum  purpura ,  et 
sceptro ,  et  illis  insignibus  regiis,  praeconi  publico  subjiceretur ,  et  imper  ante  po¬ 
pulo  Bomano ,  qui  etiain  bello  victis  regibus  régna  reddere  consuevit ,  rex  amicus , 
nulla  injuria  commemorata ,  nul  lis  repetitis  rebus,  cum  bonis  omnibus  publi  car  etur. 

—  2  Tit.  Liv.  Epit.  104:  Lege  lata  de  redigenda  in  provinciae  formam  Cyprum 
administratio  ejus  rei  mandata  est;  cf.  Dio  Cass.  XXXVIII,  30;  Cic.  P.  Domo ,  9; 
Appian.  De  bel.  civ.  II,  23.  —  3  Vell.  Pat.  Loc.  cit.  —  4  Cic.  P.  Domo ,  8. 

—  3  Cic.  P.  Sext .  20  :  Lege  tribunitia  Matris  Magnae  Pessinontius  illesacerdos 
expulsus,  et  spoliatus  sacerdotio  est,  fanumque  sanctissimum  atque  antiquissi- 
marum  religionum  venditum  pecunia  grandi  Drogitaro,  impur o homini...  Appellati 
reges  a  populo ,  qui  id  nunquam  ne  a  senatu  quidem  postulasset.  —  «  Cic.  De 
harusp.  13  :  Sed  alter  est  rex  judicio  sénat  us  per  nos ;  pecunia  Brogitarus  per 
te  appellatus...  Nam  cum  multa  regia  sunt  in  Dejotaro ,  tum  ilia  maxime ,  quod 
t ibi  nummum  nullum  dédit,  quod  eam  partem  legis  tuae ,  quae  congruebat  cum 
judicio  senatus ,  ut  ipse  rex  esset  non  repudiavit .  —  7  Ascon.  In  Pis.  4,  p.  9 
(Orelli)  ;  Cic.  P.  Sext.  25,  55;  Schol.  Bob.  p.  360;  Dio  Cass.1  XXXVIII,  13. 

—  8  Cic.  P.  Sext.  15,  33;  cf.  Mommsen,  Bôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  I> 
p.  128,  n.  1.  —  9  Ascon.  In  Pis.  p.  8  :  Tertiam  (legem)  de  collegiis  restituendis 
nomsque  instituendis ,  quae  ait  ( Cicero )  ex  servitiorum  faece  constituta. 

—  10  Ibid.  p.  6-7  ;  cf.  Waltzing,  Étude  sur  les  corporations  professionnelles  chez 
les  Bomains ,  1895,  t.  I,  p.  94.  —  n  Cic.  In  Pis.  4,  9  :  Collegia..  innumerabilia. 

—  12  Cic.  P .  Sext.  15,  34  :  Isdem  consulibus  inspectanlibus  servorum  dilectus 
habebatur  pro  tribunali,  Aurelio  nomme  collegiorum  cum  vicatim  homines  cons- 
criberentur ,  decuriarentur ,  ad  vim ,  ad  manus ,  ad  caedem ,  ad  direptionem  inci- 
tarentur.  —  1*3  Ascon.  In  Pis.  9,  p.  7.  —  14  Cic.  P .  Sext.  25,  55  :  Ut  quinta  prope 
pars  vectigalium  tolleretur.  —  15  Cic.  P.  Domo ,  30  :  At  tu  etiam...  legem  de  injuriis 


tibus  in  singulos  modios  dabatur  gratis 
[frumentariae  leges,  t.  IV,  p.  1347].  Cettsfioi  dit  r  ■  1 
ron,  réduisit  d’un  cinquième  les  revenus  de  l’Épqiv  ^ 
Lex  Clodia  de  injuriis  publicis  (a.  696  =  5^  ’ 

biscite  proposé  par  le  même  tribun  en  faveur  d’Un  7  ^ 
Menula  d’Anagni18.  La  conduite  de  Clodius  h,"!11"' 
affaire  affligea  beaucoup  plus,  dit  Cicéron,  les  hnliii"^ 
les  plus  distingués  d’Anagni  que  tous  les  fo’rfa  "  <llUs 
chez  eux  par  ce  gladiateur. 


:aits  commis 


Lex  Clodia  de  jurisdictione  ( a.  696  =  58). _ \ 


proposé  par  le  même  tribun  et  conférant 


au  gouverneur 


de  Macédoine,  L.  Calpurnius  Piso,  la  juridiction  sur  les 
cités  libres  en  matière  de  pecunia  crédita 10  [lex  itrup  * 
p.  1126,  n.  20].  ‘  ’ 

Lex  Clodia  de  permutatione  provinciarum  (a.  696= 
58).  —  Parmi  les  nombreuses  lois  proposées  par  Clodius 
Cicéron  cite,  en  dehors  des  précédentes,  celle  qui  permet 
à  un  gouverneur  de  permuter  sa  province:  Ut  uni  bel- 
luoni  bis  de  eadem  re  deliberandi ,  et  rogata  lege, potentat 
fieret  provinciae  commutandae11.  Cette  loi  fut  faite  pour 
permettre  à  Gabinius  d’obtenir  la  province  de  Syrie  au 
lieu  de  la  Cilicie  qu’il  avait  d’abord  demandée18. 

Lex  Clodia  de  provinciis  consul aribus  (a.  696  =  58).— 
Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  abrogeant  la  loi 
Sempronia  qui  avait  conféré  au  sénat  le  droit  de  déter¬ 
miner  chaque  année  les  provinces  consulaires.  Désor¬ 
mais,  les  provinces  furent  attribuées  nominativement  par 
le  peuple  à  des  consuls,  à  des  préteurs  ou  à  de  simples 
particuliers  19. 

Lex  Clodia  (a.  696  —  58?).  —  Loi  défendant  aux 
scribae  quaestorii  de  faire  le  commerce20.  Cette  loi  est. 
attribuée  par  Lange  au  tribun  Clodius21.  Elle  fut  sans 
doute  motivée  par  une  raison  analogue  à  celle  qui  avait 
fait  interdire  aux  magistrats  d’acheter  dans  les  provinces 
où  ils  exerçaient  leurs  fonctions22. 

Lex  Clodia  (a.  696  =  58).  —  Projet  de  loi  préparé  par 
le  tribun  Clodius  et  tendant  à  accorder  aux  esclaves, 
affranchis  de  fait  par  leurs  maîtres,  la  liberté  de  droit  et 
la  cité  romaine,  ainsi  que  le  droit  de  vote  dans  les  tribus 
rurales  23 .  Ce  projet  n’a  pas  abouti24. 

Lex  Cocceia  agraria  (inlraa.  849  =  96  et  851  =98).— 
Loi  agraire  proposée  par  Nerva.  C’est  une  des  dernières  j 
lois  qui,  à  notre  connaissance,  aient  été  proposées  auxi 


publicis  tulisti  Ananigno  nescio  cui  Menulae  per  gratiam  qui 


tibi  ob  eam  legM  j 


statuam  in  meis  aedib  us  posuit ,  ut  locus  ipse ,  in  tua  tanta  injuria,  legem  )( 
tionem  statuae  refelleret.  Cf.  Moritz  Voigt,  Bôm.  Bechtsgeschichte.  t.  b  P- 

—  10  Cic.  De  prov.  cons.  4,  7  :  Emisti  a  fœdissimo  tribuno  plebis ,  h"1 

naufragio  hujus  urbis ,  quam  tu  idem  gubernare  débiteras,  e  ver  1er  as,  tum,1  , 
emisti  grandi  pecunia  ut  tibi  de  pecuniis  crcditis  jus  in  tiberos  p°p  ^  ^  ^ 
senatus consultum,  et  contra  legem  generi  lui ,  dicere  liceret.  | 

Sext.  25,  55;  cf.  Mommsen,  Bôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  I,  p-  06.  —  1  1  1  ü  j 

9  :  Cui  quidem  cum  Ciliciam  dédisses ,  mutas  pactionem  et  Cilicmni 

rem  item  extra  ordinem  transtulisti  :  Gabinio ,  pretio  ampli  fieu  to ,  //  .  j 

natim  dedisti.  Ailleurs  Cicéron  indique  l’intérêt  de  Gabinius  à  <  <  41  '  I 

Emisti  a  tribuno  plebis  ut  tibi  de  pecuniis  creditis  jus  *n  Jafiag  per 
dicere  liceret  ( De  prov.  cons.  4).  Cf.  Godt,  Quomodo  provincia'  ^  jg;6.  j 

decennium  bello  civili  Caesariano  antecedens  administratae  su  ,  senaft0 

—  19  Cic.  P.  Domo ,  9  :  Tu  provincias  consulares...  lege  Sempt  onia.  1 

décrétas,  rescidisti .  Extra  ordinem  sine  sorte  nominatim  __  20  Suet. 

bus ,  sed  reipublicae  pestibus.  Cf.  Willems,  Le  Sénat ,  t.  H,  P-  0  .H(pne}  sed  j 
Domit.  9:  Dornitianus...  scribas  quaestorios  negotiantes  ex  cou  1  H, 

donavit.-*  üôm.AU^^^. 

il!  >'“S‘ 


contra  Clodiam  legem,  venia  in praeteritum 
p.  673  ;  t.  III,  p.  308.  —  23  Cic.  2*  In  Verr.  IV,  5 


_  23  Cic  .P-  Milan-  >-■ 
oluntate  nuffl 


llle  enim  constituerai  ut  servis,  gui  privata  dominorum  vo  > 
in  libertate  morabantur,  justa  libertas  ac  civitas  Romana  c""1  p  çlodü 

iaretur.-K  Ascon.  in  Mil. Si  ■  Faisse  mter  tfibM  \ 


ticis  tribubus  ipso  jure  daretur. 


quas  ferre  proposuerat  eam  quoque  qua  libertini,  quinon  pl"'<  I  qm 

urbanis  III1]  suffragium  ferebant,  possent  in  rusticis  t.  VI,  ^  '^1 

proprie  ingenuorumsunt,  ferre-,  cf.  Mommsen,  Horn.  Staatsrec  t 


LEX 


1137  — 


LEX 


pour  se  faire  bien  venir  du  peuple,  Ncrva,  qui 
C°m".!ll'l  comme  le  restaurateur  de  l'ancienne  liberté  *, 
aPPal‘  linP  distribution  de  terres  aux  plus  pauvres 

fii  ordonner  ui 

ITn  certain  nombre  de  personnages  de  1  ordre 
C  "i  j  il  furent  chargés  d'acheter  les  terres  et  d’en  faire 
®na  '  2.  Une  clause  de  cette  loi  nous  a  été  conser- 

traité  de  cognitionibus:  elle 


la  répartition 

vée  par  Callistrate  dans  son  tr 
I  Licte  une  peine  capitale  contre  l’esclave  qui  aurait  par 
Kl  mais  à  l’insu  de  son  maître,  déplacé  l’une  des  bornes 
[servant  à  limiter  les  lots  assignés  :  Lege  agraria  quant 
mlivus  Nerva  tulit,  cavetur  ut  si  servus  servave  ins- 
\cknte  domino  dolo  malo  fecerit,  ei  capital  esse ,  nisi 
dominas  dominave  mulctam  sufferre  maluerit 3. 

I  Lex  Cornelia  Baebia  de  ambitu  (a.  573  =  181).  —  Loi 
proposée  par  les  consuls  P.  Cornélius  Cetliegus  et 
i\|.  Baebius  Tamphilus  4.  On  a  conjecturé  que  c’est  cette 


loi  qui  déclara  les  citoyens,  condamnés  pour  ambitus , 
inéligibles  pendant  dix  ans  5.  Mais  il  est  peu  probable, 


comme  l’a  fait  remarquer  Mommsen,  que  la  peine  de 
Y  ambitus  n’ait  pas  été  modifiée  pendant  l’intervalle  de 
plus  d’un  siècle  qui  sépare  notre  loi  Cornelia  de  la  loi 
Calpurnia  6. 

[  Leues  Corneliae.  —  En  commençant  la  série  des  leges 
Corneliae ,  deux  observations  sont  nécessaires  :  1°  la  date 
de  ces  lois  n’est  pas  toujours  connue  7.  La  plupart 
peuvent  être  attribuées  à  P.  Cornélius  Sylla  Félix  :  les 
unes  ont  été  proposées  par  lui  pendant  son  consulat  en 
666  ;  les  autres  ont  été  rendues  en  exécution  de  la  loi 
Valeria  de  672  qui  lui  a  conféré  la  dictature  legibus 
mibmdis  5.  Ce  n’est  pas  à  dire  qu’elles  n’aient  pas  été 
soumises  aux  comices  :  Sylla  n’a  pas  usé  de  son  droit  d’une 
manière  absolue  ;  il  a  souvent  demandé  pour  ses  projets 
la  ratification  du  peuple,  même  lorsqu’ils  avaient  un 
■objet  spécial  comme  le  retrait  du  droit  de  cité  romaine  9. 
I  Les  autres  leges  Corneliae  ont  été  proposées  soit  en 
1  667  par  le  consul  L.  Cornélius  Cinna,  ou  en  (382  par  le 
■consul Cn.  Cornélius  Lentulus,  ou  bien  encore  en  687  par 
I  e  tribun  C.  Cornélius,  soit  en  707  par  le  tribun  P.  Corne- 
■ws  Doldhella.  L  attribution  des  leges  Corneliae  h  l’un  de 
|  es  quai  i  <  personnages  ou  à  tout  autre  personnage  por- 
1*1  j  1111,11  '*e  Cornélius  n’est  pas  toujours  possible.  De 
I  9!  />uLe  sur  c*a*,e  de  certaines  lois. 

I  Lm  J' 111  J,e,Ut  pas  toujours  affirmer  que  ces  lois  soient 
!  chaniir"1'  *r  1Stinctes;  d  en  est  qui  sont  peut-être  des 
disnantp  ■'  s  "il  Uleme  loi>  bien  qu’elles  aient  des  objets 
Iclassp  J',  '  a  a  ProPosé  des  lois  qui  rentrent  dans  la 
'd's  lH>  saturant  :  telle  est  la  loi  Cornelia  de 


1  Corp . 


,ivi‘*tvi|(7iTSvx”VI;  472  ’  Plln'  EP-  lx-  13,  4.—  2  Dio  Cass.  LXVIII,  2  :  Tôt;  St 

"Z,»,'  ,auWt 

!  ,  >  n^aiavonJjvitfOTtàUî.  —  3  Dig.  XLVII,  21,  3, 1.  —  4-Tit. 

~  ■'  Schol.  Bob.  in  0  .  Ü"  c°,lsules  e%  auctoritate  senatus  adpopulum  tnlerunt. 
lege  Cornelia  1  ’’  ^  Orelli  :  Superioribus  temporibus, 

■Ce,n  <ui nos  abstinerent  S"ms  Poenae  ferebant  ut  magistratuum  petitione  per 
h Herzog,  Geschichte  w  “om,"sen'  Strafrecld ,  p.  867,  n.  2. 

8  Cic.  De  len  ,,,  ,  ystem  der  rôm.  Staatsverfassung,  t.  I,  p.  510, 
if'1®'',  Lugd.  Bat  isifi  H'  M-  Vockestaert,  De  L.  Cornelia  Sulla 

-w- Zun,pt ,Das  Criminel, L'  Cornelius  Sulla,  Heidelberg,  1834; 
Set:sebun9i  Esseû  e  derX°mer,  Berlin,  1805  ;  Fritzche,  Die  Sullanische 
In ...  ,s,ecll6  ti'ad.  l  [y  0*c'  Domo,  30,  79;  cf.  Mommsen,  Rôm. 

K  7',W,'ire  dans  /lèricht  d  Z  ",  M°rUz  V°igt’  Ueber  die  lex  Cor- 

Ral  i|HlSl'  Kl,)>  l830  1  XI  II'  d\komyL  Saeclis.  Gesells.  d.  Wiss .,  Leipzig 
irai.  19.  ,  _  •>  XLII,  p.  244.  -  n  Macrob.  Sat.  III,  17,  11. 


12  Vell. 


»  -i  ia,  j  .  ’  1 

C0ntract0  exercitu  ad  urbem  rediit  eamque  armis 


'•UCtov  v  ou  il  au  il  i 

Sulnirin  a\ i"m  Pess^marumÇue  rerum,  inter  quos  Marium 

raeJcn,  •  Dum  ex  ’cons,  />  eXtUrbamt  ae<  lefJe  lata,  exules  fecit. 

Cnit  C  n  tr*l>uum  aliosaup  r  *  0  senatus  adversariis  hostibus  judicatis,  in 
1:Ex^qacSx  r'Sae  raCti°nis’  ^re  saevitum  est;  TU.  Liv. 

i  senatu  liostes,  inter  quos  C.  Marins  pater  et 


f'alsis.  Ce  qui  est  vrai  de  cette  loi  peut  l’être,  suivant  cer¬ 
tains  auteurs10,  de  la  loi  Cornelia  surntuaria  citée  par 
Macrobe11,  et  à  laquelle  on  devrait  rattacher  plusieurs 
des  leges  Corneliae. 

Lex  Cornelia  (a.  666  =  88).  —  Loi  proposée  par  Sylla 
et  confirmant  l’exil  de  Marius,  de  son  fils,  de  1*.  Sul- 
picius  et  de  neuf  de  ses  partisans  12.  Sylla  avait,  au 
préalable,  obtenu  du  sénat  un  décret  les  déclarant  enne¬ 
mis  de  la  patrie  13. 

Lex  Cornelia  Pompeia  de  tribunicia  poteslale  (a.  666 
=  88).  —  Loi  proposée  par  les  consuls  P.  Cornélius 
Sylla  et  Q.  Pompeius  ILufus,  et  décidant  qu’aucune  roga- 
tio  ne  pourrait  être  soumise  par  les  tribuns  à  la  plèbe 
sans  l’assentiment  du  sénat14.  C’élait  le  rétablissement 
du  système  antérieur  à  la  loi  Hortensia10.  Cicéron  approuve 
cette  innovation  :  Sullatn  probo  qui  tribunis  plebis  sua 
lege  injuriae  faciendae  potestatem  ademerit ,  auxilii 
ferendi  reliquerit 16. 

Lex  Cornelia  Pompeia  unciaria  (a.  666  =  88).  —  Loi 
proposée  par  les  mêmes  consuls  et  dont  le  texte  a  été  en 
partie  conservé  dans  un  fragment  mutilé  de  Festus  : 
Unciaria  lex  appellari  cœpta  est  quant  L.  Sylla  et 
Q.  Pom, [peins  Iiufus\  tulerunt ,  qua  sanction  est  ut  debi- 
tores  décimant  partent11 ....  Le  reste  manque,  mais  on 
s’accorde  à  accepter  la  restitution  de  Niebuhr:  sortis 
annuis  usuris  penderent.  Le  taux  légal  de  l’intérêt  de 
l’argent  fut  fixé  à  la  dixième  partie  du  capital 18  [foenus]. 

Lex  Cornelia  (a.  667  =  87).  —  Projet  de  loi  du  consul 
L.  Cornélius  Cinna  pour  ordonner  le  rappel  de  Marius  et 
des  exilés  19.  L’opposition  de  l’autre  consul  Cn.  Octavius 
empêcha  le  projet  d’aboutir  :  Cinna  dut  s’enfuir  de 
Rome  20.  D'après  certains  auteurs,  il  y  eut  deux  projets 
distincts  :  l’un  de  revocandis  exulibus ,  l’autre  de  reci- 
piendo  Mario. 

Lex  Cornelia  (?)  (a.  667  =  87).  —  Divers  textes 
signalent  les  démarches  et  les  promesses  faites  par  le 
consul  L.  Cornélius  Cinna  pour  que  les  affranchis  soient 
inscrits  dans  la  tribu  de  leur  patron,  conformément  à  la 
loi  Sulpicia 21 ,  etles  nouveaux  citoyens  répartis  dans  toutes 
les  tribus-2.  Certains  auteurs  ont  conclu  à  lexislencc 
d’une  loi  Cornelia  sur  cette  matière.  Les  textes  ne  sont 
pas  assez  explicites  pour  qu’on  puisse  accepter  comme 
certaine  cette  manière  de  voir23.  Tout  s’est  borné  pro¬ 
bablement  à  un  projet  de  loi24. 

Lex  Cornelia  de  proscriptione  (a.  672  =  82).  —  Loi  du 
dictateur  Sylla  sur  les  proscriptions25.  Elle  ordonne  la 
mise  en  vente  des  biens  des  proscrits  et  de  ceux  qui  ont 

films  judicati  sunt;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  VII,  p.  476, 
n.  4.  -  H  Appian.  De  bel.  civ.  I,  59  :  •E^oiïvTo  T£  MS5v  ?«  4K(,o6oùXEUt«v  t4  T-0) 
IffiÉçEffSai,  vevo|ii<r;j.£vov  p!v  oûtu  V,  -kVi,  TuapaXeXupévov  S'ix  itoXXoff...  vomW/Tt;. 
o6VE  vo>ov  oûSéva  itpà  ïî;;  PouXJj;I;T&  uXijBo;  l^epdpevov...  Sù<rtiv  ?n  «àT£M»  à?0f(làs. 

lo  Cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  104;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Saatsr.  t.  III,  p.  158 
trad.  L  VI,  1,  p.  177.  —  HSCic.  De  leg.  III,  9,  22;  cf.  Tit.  Liv.  Epit.  79.  — 

17  Fcst-  v°  Unciaria  lex.  =-  18  Cf.  Morilz  Voigl,  Rôm.  Rechtsg.  t.  I,  p.  7io- 
Mommsen,  Rôm.  Geschichte,  t.  Il,  p.  258  ;  Billeler,  Geschichte  des  Zins  'fusses 
1898,  p.  155.  -  19  Aur.  Vict.  De  vir.  ill.  89  :  Primo  consulatu  legem  de 
exsulibus  revocandis  ferens...;  Vell.  Pat.  II,  21  :  Cinna  de  recipiendo  Mario 
legem  tulit.  20  Flor.  III,  21,  9.  —  21  Schol.  Gronov.  in  Cic.  Cat.  II,  10,  21 
(Orelli),  p.  410  :  Coepit  Cinna  de  libertinorum  sxcffragiis  agere.  -  22  Vell  Pa't, 

II,  20,  2  :  Cum  ita  civitas  Italiae  data  esset  ut  in  octo  tribus  contribuèrent ur 
nom  cives...  Cinna  in  omnibus  tribubus  eos  se  distributurum  pollicitus  est- 

-  23  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  VI,  2,  24,  n.  5;  Morilz  Voigl  Rom 

Rechtsg  eschichte,  I.  I,  p.  262,  n.  23.  -  24  Exuperantius,  4:  Cinna' legem 
tulit  ut  nom  cives...  cum  veteribus  nulla  discretione  suffragiurn  ferrent. 

-  25  Cic.  p.  Rose.  Amer.  43  :  Hoc  ego  quaero  qui  potueéunt  ista  ipsà 

lege,  quae  de  proscriptione  est,  sive  Valeria  est,  sive  Cornelia  (non  enim 

novi,  nec  scio)  verum  ista  ipsa  lege,  bona  Sexti  Roscii  venire  gui  potue- 

runt ?  11 


LEX 


1 138  — 


été  tués  dans  les  rangs  du  parti  adverse1.  Elle  défend  de 
prêter  assistance  aux  proscrits2.  Elle  exclut  leurs  enfants 
de  la  succession  paternelle,  et  leur  retire  le  jus  honorum. 
Elle  enlève  lous  leurs  droits  aux  fils  des  sénateurs  sans 
les  exonérer  de  leurs  charges  3. 

Lex  Cornelia  de  adpromissoribus  (a.  673  =  81  ?)  — 
P  après  Gains,  une  loi  Cornelia  avait  fixé  le  taux  maximum 
des  cautionnements  à  vingt  mille  sesterces''.  11  était 
interdit  à  toute  caution,  en  quelque  forme  qu’elle  se  fût 
obligée  ( sponsio ,  fidepromissio,  fidejussio)  de  garantir 
les  dettes  d’un  même  débiteur  envers  un  même  créancier 
dans  le  courant  d’une  année,  pour  une  somme  supé¬ 
rieure  au  taux  légal  5  [intercessio,  t.  Y,  p.  333],  La  loi 
Cornelia  est  une  des  lois  rendues  sous  la  République  pour 
protéger  les  cautions  contre  leur  propre  entrainement.  Le 
cautionnement  était  pour  les  grands  personnages  un  ser- 
vicequ’ilsne  pouvaientrefuser  aux  petites  gens  qui  étaient 
dans  leur  clientèle  6,  etee  servicepouvait  devenir  très  oné¬ 
reux.  Grâce  à  la  loi  Cornelia,  le  risque  que  court  la  caution 
est  limité.  Le  juge  ne  peut  la  condamner  à  une  somme 
supérieure  au'taux  fixé,  sous  peine  de  faire  le  procès  sien7. 

Cette  loi  est  vraisemblablement  un  chapitre  de  la  loi 
somptuaire  de  Sylla .  Elle  procède  de  la  même  pensée  :  con¬ 
tenir  dans  de  justes  limites  les  dépenses  des  citoyens.  Aussi 
ne  s’applique-t-elle  pas  au  cautionnement  d’une  dot,  d’un 
legs  ou  d’une  promesse  imposéé  par  l’ordre  du  juge8. 

Lex  Cornelia  agraria  (a.  673  =  81).  —  Loi  agraire 
proposée  par  le  dictateur  Sylla  et  ordonnant  de  partager 
entre  quarante-sept  légions  9  les  terres  enlevées  aux 
proscrits10  [agrariae  leges,  t.  I,  p.  164]. 

Lex  Cornelia  de  aleatoribus  (a.  673  =  81?).  —  Cette 
loi  est  mentionnée  dans  un  seul  texte,  extrait  du  cinquième 
livre  des  Regulae  de  Marcien.  Elle  refuse  toute  valeur  juri¬ 
dique  à  la  stipulation  faite  à  l'occasion  d’une  dette  de 
jeu.  Exception  est  faite  pour  les  jeux  qui  ont  lieu  virtutis 
causa  11  :  ce  sont  ceux  où  on  lutte  hasta  vel pilojaciendo 
l'el  currendo ,  saliendo,  luctando ,  pugnando  12.  On  n’a 
aucun  autre  renseignement  sur  cette  loi.  Est-ce  un  nou¬ 
veau  chapitre  de  la  loi  Cornelia  sumptuaria ?  On  l’a 
soutenu,  sans  apporter  de  preuve  décisive  à  l’appui  de 
cette  manière  de  voir.  On  a  simplement  fait  remarquer 
l'analogie  qui  existe  entre  l'objet  de  cette  loi  et  celui  de 
la  loi  Cornelia  de  adpromissoribus  :  l’interdiction  de  la 
sponsio  peut  s’entendre  du  cautionnement  aussi  bien  que 
de  la  promesse  faite  par  le  débiteur 13 

i  Ibid.  Scriptum  enini  ita  dicunt  esse,  ut  eorum  bona  veneant ,  qui poscripti  sunt... 
aut  eorum,  qui  in  adversariorum  praesidiis  occisi  sunt.  —  2  Cic.  In  Verr.  I,  47, 
i 23  :  Lex  Cornelia...  quae  proscript um  juvari  vetaret.  —  3  Vell.  Pat.  II,  28,  4  : 
Adjectum  etiam  ut  bona  proscriptorum  venirent,  exclusique  pa ternis  opibus 
liberi  etiam  petendorum  honorum  jure  prohiber entur,  simulque...  senatorum  filii 
et  onera  ordinis  sustinerent  juraque  perderent.  —  4  Au  lieu  de  XX milia,  Moritz 
Voigt  (Loc.  cit.),  lit  VA  milia.  Le  maximum  fixé  par  la  loi  serait  de  deux  millions 
de  sesterces.  Nous  nous  en  tenons  à  la  leçon  du  manuscrit  d'après  Studemund  et 
Krueger.  —  3  Gai.  III,  124:  Beneficium  leqis  Corncliae  omnibus  (adpromissoribus) 
commune  est.  Qua  lerje  idem  pro  eodem  apud  eumdem  eodem  anno  vetatur  in 
ampliorem  summam  obligari  creditae  pecuniae  quam  in  XX  milia.  Et  quamvis 
sponsor  es  vel  fidepromissores  in  ampliorem  summum,  veluti  si  sestertium  C.  mi¬ 
lium  [se  obligaverint ,  tamen  dumtaxat  XX  tenentur ].  —  G  Cic.  P.  Muren.  34  : 
Ipsi  ( tenuiores )  non  spondere  pro  nobis  possunt ,  atque  haec  a  nobis  petunt 
omnia.  —  1  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains ,  t.  I,  p.  464,  n.  2. 
—  8  (Jai.  III,  125  :  Ex  quibusdam  tamen  causis  permit tit  ea  lex  in  ih finit um 
satis  accipere,  veluti  si  dotis  nomine ,  vel  ejus  quod  ex  testamento  tibi 
debeatur ,  aut  jussu  judicis  satis  accipiatur.  —  9  Tit.  Liv.  Epit.  89  :  Sylla... 
quadraginta  septem  legiones  in  agros  captos  deduxit  et  eos  iis  divisit.  D’après 
Appien  (De  bel.  civ.  1, 100),  le  nombre  des  légions  ne  serait  que  de  vingt-trois.  Cf.  sur 
cette  deductio,  Moritz  Voigt,  Dus  jus  naturale  unddasjus  gentium  der  Itômer,  t.  II, 
p.  719. —  1°  Cic.  De  lege  agr.  111,3,  12:  Sunt  enim  multi  agri  lege  Cornelia 
publicati  nec  cuiquam  assignati  neque  vendit  i.  —  il  Marc.  5  Reg.  Dig.  XI,  5,  3  : 
Jn  qui  bus  rebus  ex  lege  Titia  et  Publicia  et  Cornelia  etiam  sponsionem  facere 


LEX 


IÆX  L.  ORNE  LIA  UC  ClVltUte  a.  673: 


Ol  . 


aux  comices  centuriates  par  le  dictateur  Syl]H 
le  droit  de  cité  à  certaines  villes  étrusques  l"lr 
quelles  Arretium  et  Yolaterrae  u.  On  leur  Ji'q,!"  liS" 
même  temps  leurs  terres13,  mais  on  leur  laissa  ],»  ^ 
commercn  et  la  testamenti  factio  lc.  Jllx 

Lex  Cornelia  de  falsis  (a.  673—  81).  —  Loi 
par  le  dictateur  Sylla  et  punissant  un  certain  nom) 
de  crimes  relatifs  aux  testaments  et  aux  monnaie  v  ' 

y-,  (1  fjjj 

son  nom  de  Lex  Cornelia  testamentarian  lova 

i  «  El/, 

fia  nummaria1*.  Cette  loi  a,  sous  l’Empire,  reçu  une 


large  extension  et  a  été  appliquée  à  diverses  ; 


sortes  de 


faux,  d’où  son  nom  de  lex  Cornelia  de  falsis. 

On  peut  ranger  les  dispositions  de  cette  loi  en  quatre 
groupes  suivant  que  le  crime  est  relatif  :  l8  aux  actes  ins¬ 
trumentaires  ;  2°  aux  métaux  précieux  et  aux  monnaies- 
3°  à  l’administration  de  la  justice;  4°  à  l’état  et  au  rang 
des  personnes.  On  y  a  joint,  sous  l’Empire19,  les  délits 
relatifs  aux  poids  et  mesures.  Les  détails  sur  ces  diver¬ 


ses  dispositions  sont  dus  en  grande  partie  au  juriscon¬ 
sulte  Paul.  Quelques  extraits  ont  été  insérés  au  Digeste • 
le  plus  grand  nombre  a  été  recueilli  par  les  compila¬ 
teurs  du  Bréviaire  d’Alaric.  Il  nous  suffira,  à  titre 
d’exemple,  d’indiquer  les  principales  de  ces  dispositions. 

A.  Crimes  relatifs  aux  actes  instrumentaires  :  la  des¬ 
truction  d’un  testament,  si  elle  a  eu  lieu  en  connais¬ 
sance  de  cause  et  par  dol  :  Qui  testamentmn...  sciais 
dolo  malo...  suppresserit,  amoverit...  deleverün\  la 
falsification  d’un  testament  dans  les  mêmes  conditions: 
Qui...  subjecerit ,  scripserit...  quodve  signurn  adulte- 
rinum  scripserit ,  fecerit,  expresserit,  amoverit,  reseru- 
verit 81 .  On  traite  de  même  la  divulgation  frauduleuse 
d’un  testament  du  vivant  du  testateur  :  qui  aperuerit, 
recitaverit ,  resignaverit  22.  Sous  l’Empire,  un  sénatus- 
consulte  a  étendu  l’application  de  la  loi  Cornelia  à  lous 
les  actes  instrumentaires  publics  ou  privés23.  Le  sénatus- 
consulte  Libonien  l’appliqua  également  au  cas  où  celui 
qui  a  été  chargé  de  rédiger  un  testament  aurait  abuse 
de  la  confiance  du  testateur  pour  inscrire  une  disposi¬ 
tion  à  son  profit  ou  au  profit  de  son  puter  faillit  ms 
ou  d’une  personne  placée  sous  sa  puissance  24  • 

B.  Les  crimes  relatifs  aux  métaux  précieux  et  aux 

monnaies  sont  l’altération  d’un  lingot 25  ou  d’une  mon 

naie  d’or  ou  d’argent26,  la  fabrication 27  et  l’émissiond  u»e 
fausse  monnaie28.  On  y  a  joint  sous  l’Empire  b'  K  llS 


...  j  »  (  '  |"  |c  sciwlu®" 

licct,  sed  ex  aliis  ubi  pro  rirtute  cer tamen  non  fit ,  non  Licet.  -  ^ . 

consulte  cité  par  Paul.  19  ad  Ed.  Dig.  XI,  5,  2,  t.  —  13  Moritz  Voigt,  Loc- < 11  ■  I  ^ 
cf.  J.  V.  Wcstrilc ,  Ad  locum  Gaii  de  sponsoribus,  Lugd.  Batav.  IS-1',  I  ^ 

—  U  Cic.  P.  Domo ,  30  :  Populus  Rornanus,  L.  Sulla  dictatore  ferenU  -  y  ^  ^ 
turiatis,  municipiis  civitatem  ademit.  — n>  Ibkl.  Ademit  iisdem  ,l!i  " 
ratum  est  :  fuit  enim  populi  potestns.  —  1®  Cic.  P.  Cnes.  35  :  Sull"  7  ^  ^{I| 
de  civitate  ut  non  sustulerit  horurn  nexa  atque  hereditates.  JiiIh  1  1 
jure  esse  quo  fuerint  Ariminenses  ;  quos  quis  ignoret  duod- '  ^  ^ 

fuisse  et  a  civibus  romanis  hereditates  eapere  potuisse  ;  cf.  f0']" 
Staatsrecht ,  trad.  t.  VI,  t .  p.  ISO  ;  t.  VI,  2.  p.  243  ;  Savigny,  1  et  nàst  ^  ,jür(^ 
t.  1,  1,  p.  20;  t.  III,  p.  301;  Karlowa,  Rôm.  Reehtsgeschichte,  t.  I-  l>-  ^  Rm 

Voigt,  Das  jus  naturale  und  das  jus  gentium  der  Rômer.  t.  m  l’’^  Ai  du 


y»»-——  —  1 08 -  pap1"- 1 

Reehtsgeschichte,  t.  I,  p.  262.  n.  23.  —  17  Cic.  2“  In  Verr.  I,  _  '  y  H 
adult.  Dig.  XLVIII,  2,  2  pr.  —  18  Cic.  Ibid.  —  19  Paul.  Sent.  IV,  G  ,9i  » 
—  20  Paul.  Sent.  V,  25,  I.  —21  Ibid.  —  22  Ibid.  V,  25,  7  ;  cf  .Dur  ■  js(J'IieDsea 
0.  —  23  Ulp.  8  De  off.  proc.  ( Collât .  VIII,  7,  1).  Cujas,  Pitliou  et  0Jlt 


38. 

.cul 

_.r _ n .  r _ . ____  ,  „  J  P  été 

que  ce  séuatus-consultc  est  lc  même  que  le  suivant.  Les  noms  di  s  \XVI>  2, 
corrompus  ;  il  faut  lire  :  Libone  et  Tauro.  —  24  Papin.  15  Resp.  *'o  ^ 
cf.  Dig.  XLVIII,  10.  —  25  Ulp.  8  De  off.  proc.  Dig.  XLVIII,  „ui0  j 

Cornelia  eavetur  ut  qui  in  aurum  vitii  quid  addiderit,  qui  ^  au  Paul-  ''  | 

adulterinos  flaverit,  falsi  crimine  tèneatur ;  Paul.  V,  -■>,  ^  ,  Hat*"1 

25,  1.  —  27  Ibid.  —  28  Ulp.  8  De  off.  proc.  Dig.  XLVIII, 
lege  exprimitur  ne  quis  nummos  stanneos  plumbeos  ente n 
vellet. 


LEX 


—  1139  — 


LEX 


.  inc  pièces  cle  monnaie  ;\  l’effigie  des  empe- 

J  (ii  ( 

l/ni  vultu  principum  signalant  monetam  pr  acier 
adulldinam  reproba  ver  il  ). 

Hf  „  crimes  relatifs  à  l’administration  de  la  justice  :  pré- 
I  j'cati0n  ",  corruption  à  prix  d’argent  des  magistrats 
I  ^es  juges3,  subornation  de  témoins4.  Ici  encore 
I  des  dispositions  ultérieures  ont  notablement  élargi  la 
•  portée  primitive  de  la  loi 

1  D  Crimes  relatifs  à  l’état  et  au  rang  des  personnes: 
supposition  de  part6,  usurpation  de  nom,  de  parenté,  de 
race  en  vue  de  s’approprier  certains  biens7,  usurpation 
d’une  charge  publique  ou  d'un  rang  qu’on  n’a  pas  en  vue 
d’effrayer  quelqu’un  8. 

|  Sur  la  peine  édictée  par  la  loi  Cornelia,  voir  les 
articles  exsilium,  falsum,  honestiores,  humiliores  9. 

Lex  Cornelia  f mmentaria  (?)  (a.  673  =  81).  — 
L’existence  de  cette  loi,  contestée  par  certains  auteurs, 
repose  sur  ces  mots  du  discours  du  tribun  Macer  Lici- 
nius,  conservés  dans  les  fragments  de  Salluste  :  JVisi 
forte  repentina  ista  fvumentaria  lege  munia  veslra 
pensantur10.  Voir  l’article  frumentariae  leges,  t.  IV, 
p.  1346,  n.  12,  et  1347,  n.  1. 

j  Lex  Cornelia  de  injuriis  (a.  673  =  81).  —  Voir  l’article 
injuria,  t.  V,  p.  520  et  523-524. 

|  Lex  Cornelia  judiciaria  (a.  673  =  81).  —  Loi  du  dicta¬ 
teur  Sylla  qui  restitue  au  sénat  le  munus  judicandi  11 . 
Cette  loi  dispose  en  même  temps  que  l’on  ne  pourra 
récuser  plus  de  trois  juges12;  elle  prescrit  au  président 
du  jury  [quaestio  perpétua)  de  demander  à  l’accusé  s’il 
veut  que  1  on  prononce  sur  son  sort  de  vive  voix  ou  au 
Scrutin  secret13. 

Lex  Cornelia  de  ludis  Victoriae  (a.  673  =  81).  — 
|Loi  du  dictateur  Sylla14  établissant  des  jeux  en  l’honneur 
de  la  victoire  qu’il  gagna  à  la  porto  Colline  18.  Ces 
jeux  furent  célébrés  pour  la  pre¬ 
mière  fois  en  673  par  les  soins  du 
neveu  de  Sylla,  le  préteur  Sex. 
Nonius.  Sur  le  revers  d’un  denier, 
où  l’on  a  représenté  Rome  sous  les 
armes  et  couronnée  par  la  Victoire, 
on  lit  :  Sex.  JVon(ius)  pr[aelor )  l(u- 
dos)  V(ictoriae)  pirimus )  f(ecit) 16 
(fig.  4440). 

Iposéc  rnrmT,  yje*tatis  (a-  «73  =  81).  -  Loi  pro- 
«’après  Ciré- 1C  atuUr  Sylla  sur  le  crime  de  lèse-majesté. 

|  11  on,  elle  défend  educere  exercitum,  bellum 

■  1  Paul.  9^  |  y 

- 4  m  V,  ;  7iid-  V-  4-  -  3  Ibid.  V,  25,  2  et  13. 

H  G  Macer.  2  de  n„K  •  j  7  PauI'  ad  lcS-  Jul-  de  adul‘-  Collât.  VIII,  2. 

- 8  «'•'(.  V,  25,  ,2  P"b9'r)U;'-  y-  XLVIII,  2,  11,  1.  _  7  Paul.  v,  25,11. 

I,  41,  n.'  _  H 'J n  p  *DeP°en-  IH«-  XLVIII,  10,  33.  _  10  Sallust. 
f1 *  senatum  transtulemt  t  ’  f'  H’  32  :  Judicandi  munus  Sylla  ab  illis 

les  résultats  æ  ^1“°'  ^  22  •  Cicél'011  0“  Jn  Verr.  13,  37), 

decem  onnos,  postea  nova.  ;  •■•Expositis  certis  rebus,  agentur ,  quae 
”‘</‘Cmlis  nefarie  fUininJ™1  ï' ad  senatum  translata  sunt ,  in  rebus 
f“d. su  Wod...  Q.  Calidius  T  aCt"  SUnt  Co°noscet  ex  me  populus  Romanus 
°""r  non  ; t  e  Ï  S  diXerit'  min0ris  /1S  Mci™  praetorium 

h”*  VMm  ampliS', l  '  ~  “  Cic‘  **  V«r.  II,  31,  77  :  Ne  reji- 

ldrïafem;  Cf.  Wil„ ^nns'Zil?Um,iUdiCUm  praeelare  leges  Corneliae  faciunt 


...  ci.  Wilmanns  ni  ■  ,,  1  une  tare  leges  Corneliae  faciunt 

Irad.  t.  y  ™-  t-  XIX,  p.  528  ;  Mommsen,  Rôm. 

twn'è‘  °p0l'lerel  gnaesivit  ab  eo  C  J  •  P'  Cluent‘  20 >  55  :  Cum  in  consi- 
(1,.  M(  "  ’  d"m  nn  palam  de  se  sèntTr  *’  quaesttor’  ex  ill«  Cornelia  quae 
Staai  "  a  1ue'  titre  ccs  jeux  f  e"  ia,n  ferri  vellet. —  H  Sur  la  question 
L  T  *'  trad-  '•  L  n  4  J”8"?  *BBtitué3  P»r  Sylla,  voir  Mommsen,  Rom. 


*ntùTTl,'monLti‘  mmortal  ‘‘'''li  e*"cilus’  Sulla  perpet.a  ludor.m 
Ua-I  ’  Cf'  CorP ■  mser  lat  ’ i?“!  n?6W°  Cjus  nomine  Sullanae  Victoriae  cele - 
ZWeSens’  P.  025;  trad,  „r  ~  “"-Mommsen,  Gesckichte  des  rôm. 

-  lll>  !>•  744,  n.  5.  _  17  Cic.  Jn  Pis.  21,  50. 


sua  sponle  gerere ,  in  regnum  injus.su  populi  au! 
senatus  accéder e^  ‘ .  Une  autre  disposition  réprimait  les 
déclamations  dirigées  contre  un  citoyen  :  ne  in  quernvis 
impune  declarnare  liceret 18. 

Lex  Cornelia  (?)  depeculatu  (a.  673  =  81  ?).  — Zumpt lv 
et  Lange  admettent  l’existence  d’une  loi  de  Sylla  sur 
le  péculat.  Le  texte  de  Cicéron 21  sur  lequel  ils  s’appuient 
n  est  pas  décisif.  Mommsen22  pense  qu’il  s’agit  plutôt 
d  une  loi  antérieure,  car  dans  un  autre  passage  Cicéron 
oppose  la  quaestio  peculatus  àla  quaestio  lestamentaria 
introduite  lege  nova  23. 

Lex  Cornelia  (a.  673=81).  —  Loi  du  dictateur  Sylla 
fixant  l’ordre  de  succession  des  magistratures  ( certus 
ordo  magistratuum ),  et  dont  l’idée  première  se  trouvait 
vraisemblablement  dans  la  loi  Villia24.  La  questure  doit 
être  exercée  avant  la  préture  ;  la  préture  ax'ant  le  consulat. 
Mommsen  pense  que  cette  loi  fixa  également  l’àge  mini¬ 
mum  requis  pour  la  questure  25  [quaestor].  La  même  loi 
rétablit  la  règle  posée  par  . un  plébiscite  du  commence¬ 
ment  du  ve  siècle  26  et  décidant  qu’on  ne  pourrait  revêtir 
la  même  magistrature  avant  un  délai  de  dix  ans21.  Enfin 
elle  déclare  les  tribuns  de  la  plèbe  incapables  d’aspirer 
aux  magistratures  patriciennes 28,  et  restreint  notable¬ 
ment  leurs  pouvoirs  en  leur  enlevant  le  droit  de  proposer 
des  lois  Ces  deux  dernières  dispositions  furent  abro¬ 
gées,  l’une  en  679  par  la  loi  Aurélia,  l’autre  en  684  par  la 
loi  Pompeia  Licinia. 

Lex  Lornelia  de  pontificum  augurumque  co/legiis*0 
(a.  673  =  81).  —  Loi  du  dictateur  Sylla  portant  à  quinze 
le  nombre  des  membres  du  collège  des  pontifes  et  du 
collège  des  augures31,  abrogeant  la  loi  Domitia  et  ren¬ 
dant  à  ces  collèges  leur  autonomie  pour  le  recrutement 
de  leurs  membres  par  voie  de  cooptation.  La  dernière 
disposition  a  été  supprimée  en  691  par  la  loi  Atia 
Labiena  qui  a  rétabli  le  régime  antérieur  à  Sylla32 
[augures,  t.  Ier,  p.  552]. 

Lex  Cornelia  (a.  673  =  81).  —  Loi  proposée  par  le 
dictateur  Sylla  pour  créer  de  nouveaux  préteurs.  D’après 
Pomponius,  Sylla  aurait  fait  créer  quatre  nouveaux  pré¬ 
teurs  J  \  Il  y  aurait  eu  dès  lors  dix  préteurs  au  lieu  de 
six.  Mais  le  témoignage  de  Pomponius  est  en  contradic¬ 
tion  avec  celui  de  Dion  Cassius.  Dion  affirme  que  César 
fut  le  premier  à  élever  a  dix  le  nombre  des  préteurs  34 . 

Il  est  donc  vraisemblable  que  la  loi  de  Sylla  proposa 
seulement  la  création  de  deux  nouveaux  préteurs,  ce  qui 
porta  leur  nombre  à  huit38  [praetor]. 


ls  Lie.  Ad  die.  III,  H,  2.  —  13  Ras  Criminalrecht ,  t.  II,  2,  p.  78. 

—  20  Rôm.  Alterthümer,  t.  III,  p.  106.  —  21  Cic.  P.  Cluent.  53,  u: . 

~  22  Rômisches  Strafrecht ,  p.  761,  n.  2.-  23  Cic.  Ibid.  -  24 Cf.  Mommsen’  Rôm. 
Staatsr.  t.  I,  p.  567,  Irad.  t.  II,  p.  228.  —  25  Ibid,  t:  I,  p.  538,  trad. 

t.  II,  p.  193.  —  20  Tit.  Liv.  VII,  42.  —  27  Appian.  üe  bel.  civ.  100  : 

NoliOUî  TE  ISeXuE  ETÉOOU;  ItIOetO  •  Xüù  (TTÇOCTÏjyEÏV  fouÏTEE  Itfîv  TCt  |AtE’JfTECt  X«l  ÜltCtTSUElV 

7EJÎV  OTpETOlTilMtE-Md  T*]V  àf/>  T>,V  «JtŸ|V  «50C;  ixùW  TCÇtV  ETE  Six®  5  l^EïÉ^  t . 

—  28  Appian.  eod.  :  T>iv  OE  tSv  Sr)nàfZwv  ifrtv  ira  xal  ivslAtv  EVEirri  t>]v  tiT.oafyu; 

xa!  vojxoi  xwWtoç  [«iSEnlav  toù  Svjuapfcou  à?z>iV  fTs  «py.Eiv.  —  29  Tit.  Liv 

Epit.  89  :  Tribunorumplebispotestatemminv.it  et  omne  jus  ferendarum  legum 
«•démit ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht ,  trad.  I.  [R,  p  333  _  3ol  jc  j, 

Corne l.  p.  79;Ascon.  Ibid.  -31  Tit.  Liv.  Epit.  89  :  Pontificum  augurumque 
collegium  ampliavit  ut  essent  quindeeim  ;  Serv.  ad  Aen.  VI,  73  ;  Aurel  Vict 
De  mr.  M.  75;  cf.  Banlt,  Die  Priester  der  vier  grossen  Collégien.  1871 

p.  10  et  21.  —  32  D10  Cass.  XXXVII,  37.  Voir  plus  haut,  p.  1130  u  «4’ 

—  33  Pompon.  Enchirid.  Dig.  I,  2,  2,  32:  Deinde  Cornélius  Sylla  quaesiiones 
publions  constitua,  veluti  de  falso,  de  parricidio,  de  sicariis  et  praetores 
quattuor  adjecit.  -  34  Rio  Cass.  XLU,  51  :  St^.ù,  Six*  l?  tô  U.4,  fc. 
àTE-Ss.^E.  —  36  Cette  conclusion  est  d’accord  avec  le  récit  de  Vell  Pat  II  89  • 
A^tus...  imperium  magistratuum  ad  prxstinum  rédaction  modiim,  tantum - 
modo  octo  praetoribus  adlecti  duo.  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht  Irad 
t.  III,  p.  229. 


—  1U0 


LEX 


LEX 


Lex  Cohnkua  de  provinciis  ordinandis  (a.  673  =  81). 
—  Loi  proposée  par  le  dictateur  Sylla,  sur  la  répartition 
des  provinces.  Les  dispositions  de  cette  loi  ne  sont  pas 
toutes  connues  d’une  façon  directe.  On  admet  comme 
vraisemblable  qu  elle  contenait  les  règles  suivantes  :  les 
huit  prêteurs  resteront  pendant  l’année  de  leur  charge  à 
Rome  pour  y  exercer  la  jurisdictio  1  ;  immédiatement 
après,  ils  seront  appelés  pendant  un  an  au  gouverne- 
•  ment  d'une  province  à  titre  de  proconsuls2.  De  plus, 
tout  gouverneur  conservera  ses  fonctions  de  plein  droit  et 
sans  prorogation  3  jusqu’à  l’arrivée  de  son  successeur  * 
ou  du  légat  de  celui-ci 8  :  il  conservera  même  l 'imperium 
pendant  les  trente  jours  qui  lui  sont  accordés  pour 
quitter  la  province6,  et  jusqu’à  sa  rentrée  à  Rome1, 
ce  qui  lui  permettra  d’obtenir  les  honneurs  du  triomphe8. 
Enfin  les  consuls  ne  pourront  plus  exercer  le  comman¬ 
dement  militaire  en  Italie9. 

La  question  de  savoir  si  la  loi  Cornelia  a  étendu  aux 
provinces  consulaires  l'innovation  introduite  pour  les 
provinces  prétoriennes  est  controversée  10. 

Lex  Cornelia  repetundarum  (a.  673  =  81).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  le  dictateur  Sylla  contre  les  exactions  des  ma- 
•  gistrats  provinciaux.  L’existence  de  cette  loi  ressort  d’un 
passage  de  Cicéron11.  On  n’en  connaît  pas  les  détails. 

Lex  Cornelia  de  sicariis  et  veneficis  (a.  673  =  81).  — 
Loi  proposée  par  le  dictateur  Sylla  pour  assurer  la 
répression  d’une  série  de  faits  criminels  : 

1°  Le  port  d’armes,  en  vue  d’attaquer  les  personnes  ou 
les  propriétés.  Le  sicarius  est  celui  qui  cum  telo  est  12 
ou  ambulat 13,  mais  occidendi  hotninis  causa 11  ou  fur  U 
faciendi  causa15,  ou  bien  encor e  apiscendae,  reciperan- 
dae  possessionis  causa  1G.  Le  vol  à  main  armée  sur  les 
chemins  publics17,  le  pillage  d’un  navire  naufragé  18 
tombent  sous  l’application  de  la  loi. 

2°  Le  meurtre19  ou  la  tentative  de  meurtre  20 . 

l  Cf.  WiUems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  571,  n.  4;  Mommsen,  Rôm.  Staatsrccht , 
Irad.  t.  III,  p.  229.  —  2  WiUems,  Ibid.  p.  571,  n.  5;  Mommsen,  Ibid.  trad. 
I.  III,  p.  246.  —  3  Cic.  Phil.  X,  11,26:  Senatuique  placere  Q.  Hortensium 
pro  consule  cum  quaestove  prove  quaestore  et  legatis  suis  provinciam  Mace- 
doniam  obtinere,  quoad  ei  ex  senatusconsulto  concession  sit.  —  4  Cf.  Ascon. 

ad  Cic.  In  Pis.  30,  88  ;  Plut.  Luc.  35.  Il  est  vraisemblable  nue  le  gouverneur  devait 
attendre  l'arrivée  de  son  successeur.  —  5  Dio  Cass.  XXXVI,  37  ;  XXXIX,  39  et  00. 
Cf.  Codt,  Quomodo  provincial  Romanae  per  decennium  bello  civili  Caesariano 
antecedens  administratae  sint.  Kiel,  1876.  —  8  Cic.  Ad  famil.  111,  6,  1  :  Non 
modo  ibi  non  faisti  ubi  nie  quant  primum  videre  posses ,  sed  eo  discessisti  quo  ego 
te  ne  pevsequi  quideni  qjossern  triginta  diebus  qui  ibi  ad  decedendnrn  lege  {ut 
optnor)  Cornelia  constituti  essent.  —  7  Ibid.  I,  9,  13  :  Appius  in  sermonibus 
antea  dictitabat,  postea  dixit  etiam  in  senatu  palam  :  sese  si  licitum,  esset 
legem  curiatam  ferre ,  sortituruni  esse  cum  collège,  provinciam  :  si  curiata  lex 
non  esset  se  paraturum  tibique  successurum  :  legem  curiatam  consuli  ( ferri ) 
opus  esse  necesse  non  esse  .*  se  quoniam  ex  senatus  consulte  provinciam 
liaberet  lege  Cornelia  imperium  habiturum  quoad  in  Urbem  introisset.  8  Cf. 
Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  IX,  p.  540.  —  9  Cf.  Mommsen,  Ilôm. 
Staatsrecht,  trad.  t.  III,  p.  108.  —  1°  Mommsen,  Die  Rechtsfrage  zwischen 
Caesar  und  dem  Sénat ,  p.  29,  soutient  l’affirmative.  En  sens  contraire, 
Willems,  Le  Sénat,  t.  Il,  p.  578.  —  H  Cic.  P.  Rabir.  Post.  4,  8  et  9  :  Sin 
hoc  totidem  verbis  translatum  caput  est  quod  fuit  non  modo  in  Cornelia  sed 
etiam  ante  in  lege  Servilia.  —  >2  Cic.  P.  Mil.  4,  11  :  Lex...  non  hominem 
occidi,  sed  esse  cum  telo  hominis  occidendi  causa  vetat.  Saturnin.  De 
poeni  's  pagan.  Dig.  XLVIII,  19,  16,  8.  —  13  Ulp.  7  De  ojf.  procons.  ( Collât . 

I,  3,  2);  Marcian.  14  Inst.  Dig.  XLVIII,  8,  1  pr.  —  14  Cic.  Loc.  cit.  —  l8  Paul. 

Sent.  V,  23,  1.  _  )G  Marcian.  eod.  3,  4.  —  17  Le  grassator  est  assimilé  au 

latro  (Callistr.  6  De  cognit.  Dig.  XLVIII,  19,  28,  15).  —  18  Callistr.  2  Quaest. 
D.  XLVII,  9,  7  :  De  his  autem,  quos  diripuisse  probatum  sit,  praesidem 
ut  de  latronibus  gravem  sententiam  dicere.  —  19  Ulp.  Loc.  cit.  :  Compescit 
item  eum  qui  hominem  occidit,  nec  adjecit  cujus  condicionis  hominem,  ut  et 
ad  servutn  et  peregrinum  pertinere  haec  lex  videatur.  —  20  Cic.  De  invent. 

II,  20;  cf.  Ulp.  57  ad  Ed.  Dig.  XLVII,  10,  7,  1.  —  21  Ulp.  7  de  off.  procons.  Dig. 
XLVII,  8,  4  pr.  :  Lege  Cornelia  de  sicariis  tenetur,  qui  cum  in  magistratu  est 
esset  eorum  quid  fecerit  contra  hominis  necem,  quod  legibus  permissum  non  est. 

_ 22  Cicéron  (P.  Cluent.  54)  rapporte  les  termes  de  la  loi  :  Qui  tribunus  militum 

legionibus  quatuor  primis,  quive  quaestor ,  tribunus  plebis  (Ucinceps  omnes 


3°  Tout  acte  non  autorisé  par  les  lois  et  COUUll-. 
par  un  magistrat21,  soit  par  celui  qui  préside  *  ^ 
judicium  publicum 22,  si  cet  acte  a  eu  pour  résuh  "" 
condamnation  à  mort  d’un  citoyen.  Le  nvod  i  .  >  ' 

•n  •  .  P  .  ,  .  (lui 


accueille  sciemment  un  faux  témoignage  23,  celui 
laisse  corrompre  à  prix  d’argent24,  tombent  sous 


([ui  se 
appli- 


.)ugc  de  l'ordre 


cation  de  la  loi.  Il  en  est  de  même  du 
sénatorial 2S. 

4°  Le  faux  témoignage  lorsqu’il  a  pour  résultat  UJ I 
condamnation  capitale  dans  un  judicium  publicum  « 

5°  L’empoisonnement  ( venenurn  malum).  La  loi  juinit 
non  seulement  celui  qui  a  administré  le  poisou  unis 
encore  celui  qui  l’a  préparé,  celui  qui  a  vendu,  acheté 
ou  détenu  des  substances  vénéneuses.  Quicumque  [vem, 
num)  fecerit,  vendiderit,  emerit,  habuerit ,  dederit 21  La 
loi  a  rangé  dans  une  même  catégorie  l’attentat  contre  la 
vie  d’une  personne  et  les  mesures  de  police  prises  pour 
prévenir  les  imprudences  que  pourraient  commettre  les 
détenteurs  de  substances  vénéneuses28. 

On  a  par  la  suite  appliqué  la  loi  Cornelia  de  veneficis 
à  une  série  d’attentats  contre  le  corps  humain,  tels  que 
l’avortement  volontaire  29  [abigere  partum,  t.  Ier,  p.  7], 
les  remèdes  contre  la  stérilité  30,  la  castration  cas-  | 
tratio,  t.  II,  p.  959],  la  circoncision,  sauf  pour  les  Juifs31.  , 
Quant  à  la  magie32  [magia],  il  n’est  pas  certain  qu'on  fait 
soumise  à  notre  loi  Cornelia33. 

6°  L’incendie34  [incendium,  t.  Y,  p.  448  .  Enfin  uu 
sénatus-consulte  a  étendu  l’application  de  la  loi  Cornelia 
de  sicariis  aux  délits  commis  à  l’occasion  d’un  naufrage311. 
Le  rapprochement  des  naufragi  et  des  incentliarii  esl 
attesté  par  le  titre  d’un  chapitre  d’Ulpien  dans  son  sep¬ 
tième  livre  de  offteio  proconsulis  3G. 

La  loi  Cornelia  a  établi  une  quaestio  perpétua  pour 
connaître  des  crimes  qu’elle  prévoit  ;  elle  en  a  confie  la 
direction  à  un  préteur  ou  à  un  judex  quaestionU.  C  est 

magislratus  nominavit).  Quive  in  senatu  sententia  dixit,  dixerit.  ■  U111 
coiit,  coierit,  convenit,  convenerit,  quo  quis  judicio  publico  conilemniuetui... 

—  23  Marcian.  14  Tnstit.  Dig.  XLVIII,  8,  1  pr.  :  Qui  cum  rti<ug:‘ 
publicove judicio  praeesset,  operam  dedisset,  quo  quis  falsurnjudicium  pi  / 

ut  quis  innocens  conveniretur,  condemnaretur.  —  24  Ibid.  I,  1  ■  'J"1  11111  j 
judexve  quaestionis  ob  capitalem  causant  pecuniam  accepeiit.  ut  ,  ^  ^ 

reus  fieret.  —  23  La  loi  dit  :  Qui  in  senatu  sententiam  dixit.  Elle  '  >s'  '"j 
les  jurés  de  l’ordre  sénatorial,  parce  qu’au  temps  de  Sylla  ils  étaûid  u  ^  if 
sur  l’album.  La  règle  a  été  maintenue  môme  à  l’époque  où  1rs  ciieia  a 
munus  judicandi.  Cic.  P.  Rab.  Post.  7,  16;  P.  Cluent.  36,  lji  -  testi'110' 
Rôm.  Strafrecht,  p.  635,  n.  1.  —  26  Marcian.  Loc.  cit.  ■  Qui  /"  jalllliantir.' 
nium  dolo  malo  dixerit  quo  quis  publico  judicio  rei  capdt  /l0, niais 

—  27  Cic.  P.  Cluent.  54,  148;  Paul.  Sent.  V,  23,  1  •  Qui  '  •  ■  xlVUL 

necandi  causa  habuerit  vendiderit  paraverit;  Marcian.  14  Inst.  ^  ^ 
8,  1,  I.  —  28  Le  droit  moderne  distingue  le  crime  dempoi  sur 

par  l’article  301  du  Code  pénal  et  les  contraventions  aux  or.  ^  ^  Ju 
la  vente,  l'achat  cl  l'emploi  des  substances  vénéneuses,  piénus  1^  ^  |j;iO. 

19  juillet  1845,  l'ordonnance  du  29  octobre  1846  et  le  décict  ^ 

—  29  Paul,  ad  leg.  Cornel.  de  venef.  Sent.  23,  Iv  .  -“Ç 

amatorium  poculum  dant,  etsi  ul  dolo  non  faciant,  lumen .  qu 

res  est,  humiliores  in  metalluin,  honestiores  in  ^  Sed  ** 

bonorum  relegantur.  —  30  Marcian.  14  Inst.  Dig.  XL  •  all[„,o.  sd 
senatusconsulto  relegari  jussa  est  ea,  quae  non  qu'u  cm  '  (  «ccefe,'“( 

malo  exemplo  medicamentum  ad  conçeptionem  dédit,  cj.  quo  ^  ucuv  pal’îru5 
decesserit.  —  31  Rescr.  Divi  Pii  ap.  Modcst.  6  Reg.  eod.  1 1  ' ’’  jen 

gréco-égyptiens  des  années  171  et  185  ( Aegyptische  Uthun  en  ^  carinin(i 
Berlin,  Gr.  U.  347  et  82).  -  32  Quintil.  Inst.  Orat.  VII,  .  ■  ^  c/ir,W»> 

gorum,  veneficium  ?  Cf.  Éd.  Cuq,  De  la  nature  des  crimes  wp  ^  conSi®* 
d’après  Tacite,  p.  19  et  suiv.  —  33  Mommsen,  Rôm.  Strf!m  ‘f]nst_Di(j .XtVw 
l’assimilation  comme  simplement  vraisemblable.  Mai  cia  Cltj,isce  d°l°01 

8,  1  pr.  :  Lege  Cornelia  de  sicariis  et  veneficis  tenetur  qu  ^  jnceniü,lT“s  j 

incendium  factum  erit  ;  Ulp.  7  De  off.  procons.  Collât.  ^  ^  ^  j 

quideni  Cornelia  aqua  et  igni  interdici  jussit.  —  3  ’  P‘  consd’°  f 

9,  3,  8  :  Item  alio  senatusconsulto  cavetur  eos,  quorum  t"  ^  0pititle’ttur  "4 
fragi  suppressi  per  vim  fuissent,  ne  navi  vel  ibi  perte  1  ^  ^  (Jollat.  ^S'  '* j 
Corneliae,  quae  de  sicariis  lata  est,poenis  udficiendos. 

Roman.  XII,  5. 


LEX 


1141 


LEX 


..(■suite  du  chapitre  premier  de  la  loi  :  Capite 
cc  ’ql"  ,e  is  Corneliae  de  sicariis  cavetur  ut  is  praetor 
,/uaéstionis,  cul  sorte  obvenerit  quaestio  de 
/  " -  ~ mille 


fp  !T(  n  .  ... 

..  fjuod  in  urbe  Roma  propiusve  nulle 

factum  sit,  uti  quaerat  cum  judictbus,  qui 
s()rle  obvenerint  de  capite  ejus ,  «m  lelo 


primo 
judexve 
sicai 
pass<»~  , 

•  leqe,  sorte  obven 

bularerit  hominis  necandi  furtive  faciendi  causa , 
lominemve  occident,  cujusve  id  dolo  malo  factum  erit 1 

foUAESTIONES  PERPETüAE]. 

La  peine  édictée  par  la  loi  Cornelia  est  qualifiée 
R  qa]e  2  Lien  qu’elle  consiste  seulement  dans  l’inter¬ 
diction  de  l’eau  et  du  feu  3 . 

Quelques  textes  attribuent  à  notre  loi  Cornelia  une 
disposition  sur  le  parricide.  D’après  Pomponius,  Sylla 
quaestiones  publions  constituit  veluti  de  falsis,  de  par- 
ricidio ,  de  sicariis  4.  Si  cette  assertion  est  exacte,  la  loi 
Cornelia  s’est  bornée  à  maintenir  le  droit  antérieur  soit 
quant  à  la  peine  3,  soit  quant  à  la  procédure  6.  La 
législation  sur  le  parricide  a  d’ailleurs  été  bientôt  après 
modifiée  par  la  loi  Pompeia  [parricidium]. 

Lex  Cornelia  sumptuaria  (a.  673  =  81).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  le  dictateur  Sylla  contre  le  luxe  de  la  table  7. 
Elle  fixe  la  somme  que  l’on  ne  peut  dépasser  pour  le 
prix  d’un  repas.  Aux  calendes,  aux  ides,  aux  nones,  pen- 
dantles  jeux  et  à  certaines  fêtes  solennelles  :  300  sesterces; 
les  autres  jours:  30  sesterces8.  Elle  détermine  le 
prix  maximum  de  certains  mets  recherchés9.  Les  lois 
antérieures  sur  le  luxe  de  la  table  sont  implicite¬ 
ment  abrogées  10.  La  sanction  de  la  loi  Cornelia  n’est 
pas  connue:  elle  consistait  vraisemblablement  en  une 
amende11. 

Certains  auteurs  attribuent  à  la  loi  Cornelia  sumptua¬ 
ria  la  disposition  d’une  loi  de  Sylla  qui  restreignit  le 
luxe  des  funérailles  [funus,  t.  IV,  p.  1409]  et  des  monu¬ 
ments  funéraires.  Sur  le  premier  point,  Plutarque  atteste 
l’existence  de  la  loi  proposée  par  Sylla  12.  Sur  le  second, 
Cicéron  fait  allusion  à  une  loi  dont  il  ne  dit  pas  le  nom 
et  qui  limite  la  somme  que  l’on  peut  dépenser  pour  un 
monument  funéraire.  En  cas  de  contravention,  on  paie 
Bm  Trésor  une  amende  dont  le  montant  est  égal  à  l’excé¬ 
dent  de  la  dépense  permise  par  la  loi13.  Cette  loi  est 
certainement  une  loi  somptuaire  :  on  a  proposé  de 
identilier  avec  la  loi  Julia  sumptuaria  présentée  par 
Jules  César  en  708  14  ;  mais  la  lettre  de  Cicéron  à  Atticus 
étant  de  709,  il  ne  serait  guère  vraisemblable  que  Cicéron 
ignorât  le  taux  fixé  par  une  loi  aussi  récente15.  Il  est  plus 

~3Vm\0y^°!lnt'  4  P  1)'~2Cic-  p ■  Cluent ■  54> 148  :  Deve  ejxu  capite 
Theod.  IX  19  4  _  ~  P0m>)0n-  Enchirid-  Dig- 1,  2, 2,  32  ;  cf.  Valens.  Cad. 

Roscio  %  •  g,  '  uo  '  '  lac™sation  portée  contre  Ses.  Roscius  en  674:  Cic.  P.  S  ex. 
-7  Cf.  surir,’ ~  ClC'  ad  Herenn-  H,  19,  53;  P.  Sex.  Roscio,  23,  64. 

His .  Traj.  ad  Rhen“  ml' PlXei- ^Ual'  De  le9^  romanis  sumptua- 
A-Eoxman  Del  • h  ’  alnei>  De  legibus  romanis  sumptuariis,  Leipzig,  1751; 
De  romanis  lenilZ  ™”W'î.iS  sumP‘‘iarüs,  Lugdv.  Balav.  1816;  J.  F.  Houwing, 
Cornelia  sumtuaria  U'"plUa'lls'  LuSdv-  Oalav.  1883;  Morilz  Voigt,  Ueber  die  lex 
«'«*»  Gesellschnft  ,mLBertchte  über  die  Verhandlungen  der  kônigl.  Süch- 

p.  s«.  -  IZ: fGï n iss:nschaften  m  Le ***  <phii- hist-  «•>.  «»».  t.  m, 

*i("  Uquesenio  obliter  r  ’  “î  **  ’  Postea  L-  Sulla  dictator,  cum,  legibus  istis 
Uaui  pccimiamaite  su  ‘  ^  L'.‘^Ue  in  Patrimoniis  amplis  belluarentur,  et  fami- 

î«a  cautum  est  !  1"  ""l‘oru,n  purgitibus  proluissent,  legem  ad  populum 
îpiwsda n  solemnibus  s  /  l"  "id's,  ùlibus,  nonis  diebusque  ludorum  et  feriis 
Ctteris  autcm  diebu  -  Lll‘f  trecenos  in  cenam  insumerejas  potestasque  esse, 
~  9  Macrol).  '<s  non  amPUus  tricenos  ;  Plut.  Sylla,  35,  A. 

,ul,t  £.  Cornélius  Salin  r  ',‘S  set'utur  lex  Cornelia,  et  ipsa  sumtuaria  quant 
l^ibus  rebus,  D'd  boni  '  “  "l01’  *n  1ua---  minora  pretia  rebus  imposita  ;  et 
Um!  Quos  illic  ni sce  ex1uisitis  et  paene  incognitis  generibus  delicia- 

(l'"dituit  ;  cf.  Cic.  ad  /,•  °Hu^as  nominat,  et  tamen  pretia  illis  minora 

■W  maSn’fiCentia  nrohih't  '  ’  ”lj’  10  Macrob.  Ibid.  In  qua  non  convivio- 

X  1  h,bXta  est  voulue  modes  factus.  -  il  Cf.  Voigt,  Op.  ci,. 


probable  qu'il  s’agit  de  la  loi  Cornelia  volée  vingt-cinq 
ans  auparavant ,G. 

C’est  aussi  sans  doute  à  notre  loi  Cornelia  sumptuaria 
qu’il  faut  rattacher  la  loi  proposée  par  Sylla  pour  répri¬ 
mer  l’adultère  et  le  stuprum.  ‘O  SdXXaç...  x où;  nefi  yctp-wv 
xat  (Touppocu vqç  £!i7Y|y£?xo  vojj.ouç  Toi;  TtoXixouç,  auxôç  âpÆv  xxi 
[jiot^£ua)v,  tôç  ©yjiTt  SaXouaxtoç 17.  L  association  dans  un  même 
projet  de  loi  de  dispositions  contre  le  luxe  et  contre  les 
mœurs  dépravées  des  citoyens  s’explique  aisément18;  elle 
prouve  que  l’adultère  n’était  pas  encore  traité  comme  un 
délit  criminel 19,  mais  donnait  lieu  seulement  à  une 
amende,  comme  les  infractions  aux  lois  somptuaires. 

Lex  Cornelia  de  XX  quaestoribus ,  de  scribis ,  de  via- 
toribus  et  de  praeconibus  (a.  673  =  81). —  Loi  proposée 
aux  comices  par  tribus20  par  le  dictateur  Sylla  et  portant 
à  vingt  le  nombre  des  questeurs,  supplendo  senatui ,  dit 
Tacite21.  La  huitième  table  de  cette  loi,  découverte  à 
Rome  au  xvie  siècle,  est  aujourd’hui  conservée  au  musée 
de  Naples22  ;  elle  est  relative  aux  appariteurs  des  ques¬ 
teurs.  Ces  appariteurs,  dont  le  nombre  est  augmenté  en 
même  temps  que  celui  des  questeurs,  sont  nommés  à 
Rome,  non  pas  par  les  magistrats  qui  les  ont  à  leur  ser¬ 
vice,  mais  par  leurs  prédécesseurs  des  trois  années  anté¬ 
rieures.  Chaque  décurie  comprend  désormais  douze 
appariteurs  au  lieu  de  neuf  23. 

Lex  Cornelia  de  reditu  Cn.  Pompeii  (a.  674  =  80).  — 
Loi  proposée  par  Sylla  pendant  sou  second  consulat 
pour  obtenir  le  retour  de  Pompée.  Le  projet  fut  arrêté 
par  l’opposition  du  tribun  de  la  plèbe  C.  Herennius. 
Àulu-Gelle  fait  remarquer  à  cette  occasion  que  le  mot  loi 
était  employé  anciennement  (in  veteribus  scriptis)  dans 
un  sens  plus  large  que  celui  que  lui  donnait  le  juriscon¬ 
sulte  Ateius  Capito  :  il  désignait  non  seulement  les  déci¬ 
sions  générales  votées  par  le  peuple  ou  par  la  plèbe, 
mais  aussi  les  privilèges  concédés  à  des  particuliers.  Il 
cite  à  l’appui  cette  phrase  empruntée  à  l’histoire  de 
Salluste  :  Nam  Sullam  consulem ,  de  reditu  ejus  legem 
ferentem,  ex  composito  tribunus  plebis  C.  Herennius 
prohibuerat 24 . 

Lex  Cornelia  (a.  682  =  72).  —  Loi  proposée  par  le 
consul  Cn.  Cornélius  Lentulus  Clodianus  pour  exiger  le 
paiement  des  sommes  dont  Sylla  avait  fait  remise  aux 
bonorum  emptores 23. 

Lex  Cornelia  de  ambitu  (a.  687=67).  —  Projet  de  loi 
mentionné  par  Dion  Cassius  et  dont  l’auteur  fut  le  tribun 
de  la  plèbe  Caius  Cornélius26.  Le  sénat,  redoutant  la 

p.  252,  il.  27.  —  12  Plut.  Syll.  35,  3  :  Tbv  Tîfç  Taçîjç  ôptÇovta  tt.v  Saitâvr,v  vôjaov  aÙToç 
TCOo£i<TEvv]voyuio;  napÉSïi  jj.7]8evbç  àv a7.w[xaxo;  çEtfràjjiEvo:.  —  13  (Jic.  ad  Att.  XIII,  35,  2  : 
Antequam  a  te  proximi  discessi,  numquam  mihi  venit  in  mentem  quo  plus 
insumptum  in  monumentum  esset  quant  nescio  quid,  quod  lege  conceditur  tantum- 
dem  populo  dandum  esse.  Ibid.  XII,  36,  1  :  Sepulcri  similitudinem  effugere  non 
tam propter  poenam  legis  studeo  quant  ut  maxime  assequar  àitoOÉwmv.  —  H  Cf. 
Hübner,  Historia  legum  romanarum  ad  sepulturas  pertinentium,  Leipzig,  1795, 
p.  40.  —  13  Cic.  ad  Att.  XII,  36  :  Si  tibi  res,  si  locus,  si  institutum plucel,  lege 
quaeso  legem  mihique  eam  mille.  Si  quid  in  mentem  venit,  quo  modo  eam  e/fu- 
gere  possimus,  utemur.  —  IG  Cf.  Morilz  Voigt,  Loc.  cit.  p.  261.  — •  17  Plut, 
Comp.  Lys.  et  Syll.  3.  —  18  Cf.  Suet.  Aug .  34  :  Leges  retractavit...  ut  sump- 
tuariam  et  de  adulteriis  et  pudicitia.  —  19  Cf.  Morilz  Voigt,  Op.  cit.  p.  279  ; 
Mommsen,  Rom.  Straf redit,  p.  691.  —  20  Cf.  Karlowa,  Rom.  Recltlsge- 
schichte,  t.  I,  p.  437.  —  21  Tac.  Ann.  XI,  22  :  Lege  Syllae  viginti  creati  sup¬ 
plendo  senatui,  cui  judicia  tradiderat.  —  22  Corp.  inscr.  lut.  I,  202  ;  cf.  Rilsclil, 
Mon.  epigr.  tab.  XXIX.  —  23  Mommsen,  Ad  legem  de  scribis  et  viatoribus, 
lie,  8143  ;  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  I,  p.  387.  —  24Aul.  Gell.  X,  20,  10. —  23  Sal- 
lust.  ap.  Aul.  Gell.  XVIII,  4,  4:  Cn.  Lentulus,  patriciae  gentis,  collega  ejus,  cui 
cognomentum  Clodiano  fuit...  legem  de pecunia  quant  Sulla  emptoribus  bonorum 
remiserat,  exigenda  promulgavit.  —  2G  Dio  Cass.  XXXVI,  38:  Amov  Xè  oti  l'iio? 
TiçKopv^Xioç  SYinaoyùiv  7tixpôx«T«  ItcitI p.tcc  xâ;at  xat'aûxùiv  ETtEyEtçïjaE  *at  a ùxà  xcd  o Jjuî.c: 
■JlpeÏTo. 

144 


LEX 


—  1 1 42  — 


LEX 


sévérité  des  peines  édictées  dans  ce  projet,  en  til  déposer 
nn  autre  qui  fut  voté  :  ce  fut  la  loi  Calpurnia  de  ambitu 
[ambitus,  t.  Ier,  p.  224], 

Lex  Cornelia  (a.  687  =  67).  — Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  C.  Cornélius,  après  1  échec  de  son  projet  de 
ambitu ,  pour  retirer  au  sénat  le  droit  qu’il  s’était  arrogé 
de  dispenser  des  lois  aux  lieu  et  place  des  comices1.  Il 
fut  simplement  décidé,  à  litre  de  transaction,  que  le 
sénat  ne  pourrait  valablement  délibérer  sur  ces  questions 
sans  la  présence  de  200  membres,  et  que  les  comices 
devraient  confirmer  sa  résolution2  Sans  qu'une  inter¬ 
cession  fût  possible:  ne  quis  in  senatu  legibus  solvere- 
tur  nîsi  CC  affaissent  ;  neve  quis  cum  solutus  esset 
intercederet  cum  de  eadem  re  ad  populum  ferretur 
[INTERCESSIO]  3. 

Lf.x  Cornelia  de  jurisdictione  (a.  687=  67).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  tribun  Cornélius  pour  obliger  les 
préteurs  à  dire  le  droit  conformément  à  leur  édit  perpé¬ 
tuel  :  Aliam  deinde  legem  Cornélius,  etsi  nemo  repu- 
gnare  ausus  est,  multis  tamen  invitis,  tulit  ut  praetores 
ex  edictis  suis  perpetuis  jus  dicerent*. 

Lex  Cornelia  (a.  687  =67).  —  Projet  de  plébiscite  pré¬ 
senté  par  le  tribun  Cornélius  ne  quis  legatis  exterarum 
nationum  pecuniam  expensam  ferret.  Ce  projet  fut 
écarté  par  le  sénat3. 

Lex  Cornelia  de  novis  tabulis  (a.  707=  47).  —  Projet 
de  plébiscite  proposé  par  le  tribun  P.  Cornélius  Dolabella 
et  accordant  remise  des  dettes  G  et  des  loyers  7.  Ce  pro¬ 
jet  ne  put  aboutir. 

Lex  Cornelia  de  confirmandis  eorurn  testamentis  qui 
in  hostium potestate  decessisseht  (a....?). —  Loi  de  date 
inconnue  mentionnée  par  le  jurisconsulte  Javolenus.  Elle 
confirme  les  institutions  d’héritier  et  les  nominations  de 
tuteur  contenues  dans  le  testament  fait  par  un  captif 
avant  de  tomber  au  pouvoir  de  l’ennemi8.  C’est  ce  qu’on 
a  appelé  plus  tard  fictio  legis  Corneliae  °.  Le  captif  est 
présumé  mort  au  moment  où  il  a  été  fait  prisonnier.  Les 
conséquences  de  cette  fiction  ont  été  par  la  suite  déve¬ 
loppées  par  la  jurisprudence  10.  On  l’a  appliquée  notam¬ 
ment  aux  successions  ab  intestat  et  aux  tutelles  légi¬ 
times  11 . 

Certains  auteurs  considèrent  cette  loi  comme  un 
chapitre  de  la  loi  Cornelia  de  falsisi2.  C’est  une  conjec¬ 
ture. 

Lex  Cornelia  (a.  710  =  44).  —  Loi  proposée  à  l'instiga¬ 
tion  d’Antoine  par  le  consul  P.  Cornélius  Lentulus 
Dolabella  pour  demander,  à  la  place  de  Cassius,  la  province 
de  Syrie  et  la  conduite  de  la  guerre  contre  les  Parthes  13. 


Lex  Cornelia  Caecilia  (a.  697  =  47).  __  |  • 
par  les  consuls  P.  Cornélius  Lentulus  Spinther  >i 
cilius  Melellus  Nepos  et  conférant  à  Pompée  s'  ^ 
territoire  romain  et  pour  cinq  ans,  le  soin  de  rà(.|!'i  l°ut  l|! 
répartition  des  céréales  u.  C’est  à  celte  occasio^  ttdela 
l’a  établi  Borghesi 13,  que  fut  frappé  un  denier  ül  7^ 

i  ,i _ u  i„  ,,  laop, 


Cornelia  portant  au  droit  la  tête  d' 


un  jeune  ho: 


rame 


couverte  d’une 
peau  de  lion, 
les  lettres 
SC  et  le 
monogramme 
FAUST ,  au 
revers  un 
globe,  quatre 
couronnes  de 

laurier  et  un  épi  de  blé10 

Lex  Cornelia  Caecilia  (a.  697  =47).  —  Loi  proposée 
aux  comices  centuriates  par  les  mêmes  consuls  pour 
demander  le  rappel  de  Cicéron  exilé17.  Un  projet  sem¬ 
blable  avait  été  présenté  sans  succès  le  22  janvier  précé¬ 
dent  par  le  tribun  Fabricius18. 

Lex  Crepeiieia  (a....?).  —  Loi  de  date  inconnue  fixant 
à  125  sesterces  le  montant  de  la  sponsio  dans  l’action  de 
la  loi  par  serment  intentée  devant  le  tribunal  descen- 
tumvirs  19  [per  sacramentum  actio]. 

Lex  Decia  (a.  443  =  311).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  M.  Decius  et  conférant  au  peuple  la  nomination 
des  chefs  de  la  Hotte  consulaire:  duoviri  navales™. 

Lex  Decia  (?)  (a.  459  =295).  —  Loi  proposée  aux 
comices  par  tribus  par  le  consul  P.  Decius  Mus  pour  que 
le  commandement  de  l’Étrurie  fut  attribué  par  le  sort  à 
l’un  des  consuls  et  non  à  Fabius  individuellement,  comme 
le  voulait  le  sénat21.  Tite  Live  reconnaît  que  ce  fait  n’est 
pas  admis  par  tous  les  annalistes  :  suivant  plusieurs 
d’entre  eux,  les  deux  consuls  seraient  partis  pour  l’Étru- 
rie  ;  il  n’y  aurait  eu  ni  tirage  au  sort  ni  discussion  entre 
les  collègues  22.  L’existence  de  la  loi  n’est  donc  rien 
moins  que  certaine23. 

Lex  Didia  sumptuaria  (a.  611  =  143).  —  Plébiscité 
proposé  par  le  tribun  C.  Didius  Quirinus  pour  étendre  a 
l’Italie  tout  entière  les  dispositions  de  la  loi  Fannia,  d 
pour  appliquer  aux  convives  les  peines  prévues  par  h 
loi  **. 

Lex  Dümitia  de  sacerdotiis  (a.  651  =  193).  —  blol'is 
cite  proposé  par  le  tribun  Cn.  Domitius  Àhenobarbuse  I 
décidant  que  les  prêtres  seraient  élus  par  les  comité118 
dix-sept  tribus  sur  une  liste  de  candidats  présenta  a 


1  Ascon.  In  Cornel.  p.  57  :  Cornélius... promulgavit...  legem...  ne  qui  nisi  per 
populum  legibus  solueretur  :  quod  antiquo  quoque  jure  ercit  cautum;  itaque  in  om¬ 
nibus  sénat  uscousultis,  quibus  aliquem  legibus  solvi  placebat,  adjici  erat  soli- 
tum ,  ut  de  ea  re  ad  populum  ferretur  ;  sed  paulatim  fei'ri  erat  desitum  resque 
jam  in  eam  consuetudinem  venerat,  ut  postremo  ne  adjiceretur  quidem  in 
senatusconsultis  de  rogatione  ad  jwpulum  ferenda.  —  2  Dio  Cass.  XXXVI, 
39  :  Sè  Tzçotjiyçoi'lt  tÇ  vojaw  t/jv  te  £ouXr,v  icavT(i>5  Tzi'f.  ajTwv  Tp oSouAeueiv 

xai  tbv  StJjjlov  litàvaYxtç  ettixuçoOv  tî>  TçoSoùXEjpia.  —  3  AsCOll.  P.  CoTliel.  p.  51. 

—  4  Ibid.  p.  52.  —  5  Ibid.  p.  50.  —  6  Tit.  Liv.  Epit.  113  :  Cum  sedition.es 

Homae  a  P.  Dolabella  tribuno  plebis  legem  fer  ente  de  noms  tabulis  exercitae 
sunt.  —  7  Dio  Cass.  XL1I,  32  :  Kal  toùç  vôjxou;...  xbv  iceçi  tujv  Ivouawv,  ev  ç. yjty^  Tivt 
’/j|x£ç>a  ôqaciv  uiïEff/tTo...  u>;  ouv  tqutô  te  TîooEitEYYÉXXETo,  xai  ô  oy\o$...  etoijxoç  “Rave c 
tw  lyay-ci<i)6 Y} (rofAÉv u  (T9iai  Ezi/^Etçrjirai  lylvExo,  EvraoOa  o  ’Avxumoç  trroaTuÔTaç  aj-ia 
t7,  T.aVko'j^  in  tou  KaîctTwAiou  xatayaviov,  Tâç  te  iravtSaç  xwv  vojjlwv  xaTexoJ/e\ 

—  8  Javol.  4  Epist.  Dig.  XXVIII,  3, 15.  —  9  Papin.  29  et  31  Quaest.  Dig.  XLIX, 
15,  10,  1  et  11,  1  ;  Tryphon.  4  Disput.  eod.  12,  1.  —  10  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions 
juridiques  des  Romains,  t.  I,  p.  573,  n.  2.  —  il  Jul.  62  Dig.  Dig.  XLIX,  15,  22  pr. 

—  12  Rudorff,  Rom.  Rechtsgeschichte ,  t.  I,  p.  92  ;  Moritz  Voigt y  Rom.  Rechtsgcs- 
chichte ,  t.  I.  p.  271.  —  13  Appian.  De  bel.  ciu.  III,  7  et  8;  cf.  Willems,  Le  Sénat , 


t.  Il,  p.  745.  —  14  Cic.  Ad  Att.  IV,  1,7:  Legem  consules  conscripSl’'jjf0 
Pompeio  per  quinquennium  omnis  potestas  rei  f rumentariae  toto  «'  " 
daretur  ;  cf.  Mommsen,  Jtôm.  Staatsr.  trad.  t.  IV,  p.  300.  —  y,, 

t.  I,  p.  449.  —  16  Colien,  Méd.  cons.  pi.  XV,  Cornelia,  -1  --  ■  1,01  ■"  ')  ^(Bi 

—  n  Cic.  In  Pis.  15,  36  :  De  me  cum  omnes  magistrat  us  promulgua1-'1  •  ^ 

cornitiis  centuriatis ,  tulit  P.  Lentulus  consul  de  collègue  Q-  7  iiuliois, 

—  18  Cic.  P.  Sext.  35,  75.  —  19  Gai.  IV,  95  ;  cf.  sur  le  nom  de  colle  i( 
Institutes  de  Gains,  n.  381.  —  20  Tit.  Liv.  IX,  30:  Duo  imp 
coeptaper  populum...  alterum,  ut  duumviros  navales  classis  omunc  ^iaius plebfa 

que  causa...  populus  juberet :  lator  liujus  plebisciti  fuit  M.  Dtcivs  ^  tpad* 

Cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  530;  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  f  j  O  ^  fl. 
t.  IV,  p.  284.  —  21  Tit.  Liv.  X,  24.  —  22  Ibid.  X,  26‘  lef * 

Icms,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  531.  —  24  Macrob.  Sat.  U,  13  :  j*  s  est* 
post  annos  decem  et  octo  lex  Didia  consecuta  est:  ejus  fumt  ^  ^  J|Jjn(Usri* 
fuit  :  prima  et  potissima,  ut  unieersa  Italia ,  non  sola  n  /,s  J 
teneretur...  Deinde,  ut  non  soli,  qui  prandia  coenasve  majoi  t- poeié1 
sed  etiam,  qui  ad  cas  vocitati  essent  atque  omnino  int*-1  ^  P01^ 

legis  tenerentur.  Cf.  Wolfhard,  De  leyibus  veteribus  Romançai 
Fanniam,  1747. 


pe  par  le  collège  intéressé.  Le  collège  était 
'  aqUj  'Procéder  à  la  cooptation  du  candidat  élu1. 
tellU  d'\  '""line  2  la  loi  serait  de  650  ;  d’après  Velleius, 

D’après  Ascomus  , 

elle  est  ' 1  —  .449) .  —  Plébiscite  proposé  par  le 

LEX  'v/'  ouilius  pour  le  rétablissement  du  consulat 
flblin,,w \nratione 3  [ provocatio] . 

C7Fv  DuiriA  de  provocatione  (a.  305  =  449).  -  Plébis- 
r0 p0Sé  par  le  même  tribun  et  portant  que  quiconque 
a 'sseraiL  le  peuple  sans  tribuns,  ou  créerait  une  magis¬ 
trature  «me  provocatione,  serait  puni  par  les  verges  et 


la  hache  \  .  ,, 

Lex Duilia Menenia  de  unciario  fenore  (a.  397  — 3o7). 

__  plébiscite  proposé  par  les  tribuns  M.  Duilius  et 
l  Menenius  et  fixant  le  taux  de  l’intérêt  de  l’argent  à 
F unciarium.  fenus  s.  La  portée  de  cette  loi  a  donné  lieu  à 
des  difficultés:  Tacite  dit  en  effet  que  la  loi  des  Douze 
Tables  avait  déjà  défendu  de  prêter  à  un  taux  supérieur 
àl 'unciarium  fenus  6.  Comment  expliquer  une  nouvelle 
loi  rendue  moins  d’un  siècle  après  et  contenant  une 
disposition  identique?  On  a  conjecturé  qu’on  avait  auto¬ 
risé  une  élévation  du  taux  légal  après  l’incendie  de  Rome 
en  365.  Peut-être  aussi  la  disposition  des  Douze  Tables 
était-elle  tombée  en  désuétude  1  [foenus,  t.  IV,  p.  1225]. 

Lex  Düronia  sumptuaria  (a.  656  =  98?).  —  Plébis¬ 
cite  proposé  par  le  tribun  M.  Duronius  et  abrogeant  la 


loi  Licinia8. 

Lex  Fabia de  plagiariis  (a....?).  —  Loi  de  date  incon¬ 
nue,  mais  du  temps  de  la  République  ;  elle  est  mention¬ 
née  par  Cicéron  9.  Elle  prévoit  le  délit  de  plagium,  le 
cas  où  l’on  a  privé  un  maître  de  la  possession  de  son 
esclave,  soit  en  séquestrant  cet  esclave,  soit  en  lui  per¬ 
suadant  de  s’enfuir  de  chez  son  maître.  La  loi  s’applique 
également  à  la  séquestration  d’un  fils  de  famille  placé 
sous  la  puissance  d’autrui,  et  même  d’un  chef  de  famille. 

La  loi  Fabia  parait  avoir  eu  trois  chapitres.  Voici, 
d  après  un  fragment  du  livre  IX  de  offteio  proconsulis 
d Ulpien,  la  substance  des  deux  premiers  10. 

1°  Lege...  Fabia  tenetur  qui  civem  Romanum  eum[ve\ , 
pii  in  ltalia  liberatus  sit ,  celaverit  vinxerit  vinctum- 
vehabuerit,  vendiderit ,  emerit,  quive  in  ecim  rem  socius 
fiiaii  .  oui  capite  primo  ejusdem  legis  poena  injungi- 
tui .  Si  servus  quis  sciente  domino  fecerit ,  dominus  ejus 
seVy/q.s  quinquaginta  milibus  eodem  capite  punitur. 

-  Ejusdem  legis  capite  secundo  tenetur  qui  alieno 
SCr  1  °1H  1  suaserit  ut  dominum  fugiat  quive  alienurn  sér¬ 
um  iniito  domino  celaverit  vendiderit  emerit  dolo 
L^/1’ 'V1*1  0  *n  ea  re  socius  fuerit  :  jubeturque  populo 
t  ^  m  duinquaginta  milia  dure.  Et  reliqua 
anb-p11  i-S"n  d.Vre  I01  a ^  Edictum ,  Ulpien  signale  une 
'^position  de  la  loi  Fabia  qui  appartenait  vrai- 


I  1  Vell.  pa|.  ix  j  3  ,  .  „ 

sfterdo tes ouos’n  t  ” U°  anno  en.  Domitius  tribunus plebis  legem  tulit , 
18  :  Hoc  idem  de  /  COlIf^ae  sufficiebant,  populus  erearet.  Cic.  De  leg.agr.il 
mù‘°rparspo puli  ^  &  sacer^°^s  Cn.  Domitius  tribunus  plebis...  tulit... 
Siieli.  j Yero.  2  •  rf  M  ,ab  ea  parte  qui  esset  factus,  is  a  collegio  cooptareti 

C°rnd.  p.  81.’—  3  !j,n!mjien’  Jlômf  St<tatsr.  t.  II,  p.  29,  trad.  t.  III,  p.  32.—  2 
Vlebem  rogavit  plcbs  4  Lbid.  :  A/.  Duilius...  tribunus  plel 

noj)istratum  sine  ,  ^  _sc'l't  ■  lui.  plebem  sine  tribunis  reliquisset,  quiq 
Liv'  Vll>  16,  |.  ™°oatione  créasse  t,  tergo  ac  capite  puniretur.  -  5  T 
Cuil>  institutions  VI’  16  ;  Cato’  De  re  rust.  praef.  —  7  Cf.  1 

^chtsSeschichte  \  "]"?Wes  des  Romains,  t.  I,  p.  379  ;  Moritz  Voigt,  Rô 
illeter,  Geschichte  de'  ^  ’  ^arlowai  Dôm.  Rechtsgeschichte,  t.  Il,  p.  55 
If’^isconvivorum  >nS/'Usses<  P-  »«•  -  8  Val.  Max.  II,  9,  5  :  Legem 
°ht  Berichtc  a  ber  die  * al°m  tribunus  plebis  abrogaverat.  Cf.  Mor 

'-"■Leipzig,  i890  p  25j  ffundl.  d.  kônigl.  Sachs.  Gesellschaft  der  Wisscnst 
Cic.  P.  Tiabir .  3,  8  ;  j)e  servis  alienis  coni 


semblablement  à  un  troisième  chapitre.  Parlant  d  un 
sénatus-consulte  qui  permettait  de  faire  des  perquisi¬ 
tions  pour  retrouver  l’esclave  fugitif,  et  de  s’adresser  au 
magistrat  pour  obtenir  le  concours  de  la  force  publique, 
Ulpien  ajoute  :  Cui  rei  etiam  lex  Fabia  prospexerat ,2. 
On  a  fait  remarquer  que  Plaute,  dans  une  de  ses  comé¬ 
dies13,  fait  allusion  à  une  procédure  qui  semble  se  rap¬ 
porter  à  cette  disposition  de  la  loi  Fabia  : 

Certum'st  praeconum  jubere  jam  quantum’st  conducier, 

Qui  illam  investirent,  qui  inveniant  ;  post  ad  praetorem  inlico 
Ibo,  orabo  ut  conquisitores  det  mita  in  vicis  omnibus. 

Si  ce  rapprochement  est  exact,  la  loi  Fabia  serait  ante¬ 
rieure  à  l’année  570. 

Lex  Fabia  de  numéro  seciatorum  (a....?).  —  Loi  men¬ 
tionnée  par  Cicéron  et  limitant  le  nombre  des  personnes 
dont  les  candidats  pouvaient  se  faire  accompagner  à  leur 
entrée  à  Rome14.  Mommsen  la  classe  parmi  les  lois  de 
ambitu  )S. 

Lex  (?)  Fabia  Ogulnia  (a.  485  =  269).  —  D’après 
Fr.  Lenormant  [as,  t.  Ier,  p.  463],  la  fabrication  de  la 
monnaie  d’argent  aurait  été  introduite  à  Rome  par  une 
loi  Fabia  Ogulnia.  Le  texte  qu’il  cite  à  l’appui  [denarius, 
t.  III,  p.  94]  dit  seulement  que  cette  fabrication  fut  com¬ 
mencée  sous  le  consulat  de  C.  Fabius  et  de  Q.  Ogulnius  16. 
L’innovation  doit  être  attribuée  au  sénat  et  non  au 
peuple  :  c’est  le  sénat  qui,  la  même  année,  décida  la 
création  de  l’as  sextantarius  ll. 

Lex  Fabricia  (a.  697  =57).  --  Projet  du  tribun  Q.  Fa- 
bricius  pour  obtenir  le  rappel  de  Cicéron  18 . 

Lex  Falcidia  de  legatis  (a.  714=40).  —  Loi  proposée  par 
le  tribun  P.  Falcidius,  en  l’année  714 19,  pour  réglementer 
la  liberté  de  léguer.  Elle  contient  deux  chapitres,  dont  le 
texte  a  été  conservé. 

Ee  premier  reconnaît  aux  citoyens  romains,  qui  feront 
leur  testament,  le  droit  et  le  pouvoir  de  donner,  déléguer 
leurs  biens  dans  la  mesure  fixée  par  le  chapitre  suivant  : 
Qui  cives  Romani  sunt,  qui  eorum  post  liane  legem  ro- 
gatam  testamentum  facere  volet,  ut  eam  pecuniam  cas¬ 
que  res  quibusque  dare  /égaré  volet  jus  potestasque  esta 
ut  hac  lege  sequenti  licebit. 

Le  chapitre  second  décide  que  les  légataires  pourront 
recueillir,  sans  courir  aucun  risque,  les  libéralités  qui 
leur  sont  faites,  pourvu  que  les  héritiers  obtiennent,  en 
vertu  du  testament,  un  quart  au  moins  des  biens  du 
défunt  :  Quicumque  civis  romanus  post  hanc  legem 
rogatam  testamentum  faciet,  is  quantum  cuique  civi 
romano  pecuniam  jure  publico  dure  legare  volet,  jus 
potestasque  esto,  dum  ita  detur  legatum  ne  minus  quant 
partent  quartam  hereditatis  eo  testamento  heredes  ca¬ 
ptant.  Eis  quibus  quid  ita  datum  legatumvc  erit,  eam 

legem  Fabiam  retentis.  D'après  Moritz  Voigt,  Ueber  die  lex  Fabia  de  plagiariis 
(1885),  cette  loi  aurait  pour  auteur  le  consul  rie  l'an  545.  D'après  Wlassak, 
Roem.  Processgesetze,  t.  U,  1891,  p.  167,  la  loi  serait  du  vr  ou  du  vu"  siècle; 
Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  780,  n.  4,  peuse  qu’elle  fut  rendue  après  la 
guerre  sociale.  —  10  Collât,  leg.  Mosai'c.  et  Rom.  XIV,  3,  4.  —  n  Ibid.  5.  —  t2(Jlp. 
Dig.X I,  4,1,  2.  — 13  Plaut.  JMerc.  v.  C57-G59.  —  H  Cic.  P.  Mur.  34,  72. — 1 S  Rôm. 
Strafrecht,  p.  871.  —  16  Plin.  Hist.  nat.  XXX11I,  3,  44  :  Argentum  signatum  est 
anno  urbis  CCCCLXX XV,  Q.  Ogulnio,  C.  Fabio  coss.  quinque  annis  ante  pri- 
murn  bellum  Pnnicnm. —  11  Fcst.  347  a,  15  :  Decreverunt  patres,  ut  ex  assibus, 
qui  tum  erant  librarii,  fièrent  sextantarii  ;  Plin.  Loc.  cit.  ;  et.  Hultsch,  Métro¬ 
logie,  2'  éd.  §  35,  1  ;  Samwer,  Geschichte  des  ùlteren  rôm.  Münzwesens,  p.  66. 

I _  18  Cic.  P.  Mil.,  14.  —  19  Dio  Cass.  X  L  V III,  33  :  K  ai  5  vô;xoç  t 

wvopa<r;Uvo;,  'icksldTYiv  xctt  vGfv  eti  1;  T'i;  twv  x).Vi9wv  SiaSo;rà;,  oiexe  ttvà  vî>  té-gcotov 

TÎj;  xaTakeioôeltTïiç  oî  oOcnaç,  &v  XaSôvta  to  Xoutôv  àosTvat  ejrov  uno  flou^ktou 

«PodixiSlou  SYipaç/.ojvo;  ÈT’Sî.  Cf.  Euscb.  Chron.  éd.  Schône,  t.  II,  p.  29. 


LEX 


LEX 


144  — 


pecuniam  sine  fraude  sua  capere  liceto  isque  heres  qui 
eam  pecuniam  dure  jussus  damnatus  erit ,  eam  pecu¬ 
niam  debeto  dore ,  quam  damnatus  est 1 2 *  4.  ;  Voir  l’article 
lecatüm  de  G.  Humbert,  t.  V,  p.  1038  et  1045]. 

Lex  Fannia  sumptuaria  (a.  593  =  161).  -  Loi  somp¬ 
tuaire  proposée  par  le  consul  C.  Fannius  Strabo0-.  Elle 
contient  trois  dispositions  :  1°  par  dérogation  à  la  loi 
Orehia  de  1  an  572,  elle  fixe  le  nombre  maximum  des 
convives  a  trois  en  temps  ordinaire,  à  cinq  aux  nun- 
i  mes  ,  -  elle  fixe  le  maximum  de  la  dépense  permise 
pour  un  repas  à  cent  as  d’une  livre  pour  certains  jours 
de  tete,  a  trente  as  pour  dix  autres  jours  par  mois,  à  dix 
as  pour  tous  les  autres  jours*;  3°  elle  défend  l’usage  de 
certains  mets  5. 

Cette  loi  fut  votée,  suivant  Sammonicus  Serenus,  parce 
que  le  luxe  des  festins  nuisait  à  la  République  plus  qu’on 
ne  pourrait  se  l’imaginer,  car  la  chose  était  venue  à  un 
tel  point  que  plusieurs  jeunes  gens  de  naissance  ingénue 
trafiquaient  de  leur  liberté  et  de  leur  vertu  pour  satisfaire 
leur  gourmandise,  et  que  beaucoup  de  citoyens  romains 
venaient  au  comitium  gorgés  de  vin  et  décidaient,  ivres, 
du  sort  de  la  République  6 *. 

Lex  Flamima  àgraria  (a.  522  =  224,  ou  526=  228). _ 

Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Flaminius,  portant 
assignation  de  terres  publiques  dans  le  Picenum  et  le 
Gallicum  Polybe  signale  les  effets  déplorables  de  cette 
loi,  qui  fut  cause  de  la  guerre  contre  les  Gaulois  Roii8. 
D’après  Cicéron,  cette  loi  date  du  second  consulat  de 
Q.  Fabius  Maximus,  c’est-à-dire  de  l’an  526  9.  Polybe,  au 
contraire,  dit  que  la  division  de  Yager  Gallicus  et  Pice- 
nus  eut  lieu  sous  le  consulat  de  M.  Lepidus,  c’est-à-dire 
en  522 10. 

Lex  [/7o]minia  minus  solvendi  (a.  537  =  217?). _ Loi 

pioposée  par  le  consul  Flaminius  et  portant  réduction  de 
la  valeur  du  denier11  [denarius,  t.  III,  p.  96]. 

Lex  Flavia  de  Tuscufanis  (a.  431  =  323).  —  Projet  de 
plébiscite  proposé  par  le  tribun  M.  Flavius,  pour  sévir 
contre  les  habitants  de  Tusculum  qui  avaient  aidé  les 
Veliternes  et  les  Privernates  à  faire  la  guerre  aux  Ro¬ 
mains12.  Le  projet  fut  repoussé  13. 

Lex  Flavia  agraria  (a,  694  =  60).  —  Projet  de  plé¬ 
biscite  présenté  par  le  tribun  L.  Flavius,  dans  l’intérêt 
des  vétérans  de  Pompée  14 * *  [agrariae  leges,  t.  I,  p.  224]. 
Lex  Fufia  de  religione  (a.  693  =  61).—  Plébiscite  pro¬ 


posé  par  le  tribun  Q.  Fufius  Calenus,  pantin 
projet  de  loi  des  consuls  M.  Pupius  Piso  I 


. .  t  !,nent  Uu 

Messalla,  au  sujet  de  l’inceste  commis  par  r^er‘Us 
différence  entre  les  deux  projets  consistait  '  U 
position  du  jury,  ce  qui,. dit  Cicéron,  était  m.  ,COni' 

Le  projet  du  tribun  fut  seul  adopté.  ’  '  ^Sentlel“. 

Lex  Fufia  judiciaria  (a.  695  =  59) .  > 

par  le  préteur  Q.  Fufius  Calenus  et  décidant  auVr^6 
sections  déjugés  (sénateurs,  chevaliers,  tribun  i  ^  ^ 
voteraient  séparément,  ut  appareret  guis  ontoZ? 
absolvisset ,  guis  damnasset 17.  LU,n 

LEXFuFIA18 *CANINIA(a....?).  -  Loi  du  tpmncA’* 
quia  limité  le  nombre  d'esclaves  que  l'on  peut  .iïnn'l”' 
par  testament.  II  n'est  permis  d'affranchir 
(  e  ceux  que  1  on  possédé  et  au  maximum  cent 20.  Lamêmn 
loi  prescrit  au  testateur  d’affranchir  nominativement  se 
esclaves21. 


Lex  Fulvia  de  civil ate  danda  (a.  629  =  126)  —  [  0j  ,ir 
posée  par  le  consul  M.  Fulvius  Flaccus  et  portant  conces- 
srnn  du  droit  de  cité  à  tous  les  Italiens 22. 

Lex  Fulvia  de provocatione  (a.  629=  126).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  le  même  consul  et  autorisant  l’appel  au  peuple" 
pour  ceux  qui  voulaient  changer  de  cité.  Valère  Maxime 
qualifie  cette  loi  et  la  précédente  perniciosissimae  m- 
publicae  leges23, 

Lex  (?)  Furia  de  aedilibus  curulibus  (a.  387  =  367).- 
Suivant  Tite  Live,  un  sénatus-consulte  invita  le  dictateur 
M.  furius  Camillus  à  demander  au  peuple  la  création  de 
deux  édiles  choisis  parmi  les  patriciens24.  Bien  que  Tite 
Lixe  ne  dise  pas  que  la  loi  ait  été  votée,  il  ne  parait  pas 
douteux  qu’elle  l’ait  été25. 

Leges  Furiae  de  praefectis  (a.  436  =  318).  —  Lois 
proposées  par  le  préteur  L.  Furius  pour  instituer  à 
Capoue  des  praefecti  jure  dicundo 26. 

Lex  Furia  de  sponsu  (a....?).  —  Loi  de  date  inconnue, 
mais  vraisemblablement  du  vie  siècle  de  Rome27.  Elle 
restreint  les  droits  des  créanciers  contre  les  cautions, 
mais  n’est  applicable  qu’en  Italie  :  elle  libère  les  cautions 
au  bout  de  deux  ans  ;  elle  force  le  créancier  à  diviser  sa 
poursuite  contre  les  cautions  d’un  même  débiteur-’ 
[intercessio,  t.  Y,  p.  552]. 

Lex  Furia  testcimentaria 29  (a _ ?).  —  Plébiscite  pro-  i 

posé  par  le  tribun  C.  Furius  en  vue  de  prévenir  la  déser-1 
lion  de  l’héritier  :  la  valeur  maximum  de  chaque  legs  est! 


1  Paul,  ad  leg.  Falcid.  Dig.  XXXV,  2,  I  pr.  ;  cl.  sur  quelques  lacunes  du 
texte,  Gradenwilz,  Zeitschr.  der  Savigny-Stiftung,  1893,  XIV,  R.  A,  110.  _ 

2  Macrob.  Sat.  II,  13  :  Post  annum  vicesimum  secundum  legis  Orchiae  Fannia 
lex  lata  est,  anno  post  Honiam  conditam,  secundum  Gcllii  opinionem ,  quin- 
gentesimo  nonagesimo  secundo...  Neque  eam  praetores,  aut  tribuni ,  ut  ple- 
rasque  alias,  sed  ex  omni  bonorum  consilio  et  sententia  ipsi  consules  pertulerunt, 
cum  respublica  ex  luxuria  conviviorum  majora  quam  credi  potest ,  detrimenta 
pateretur.  —  3  Athen.  Deipn.  VI,  108  :  ’E*aIut  ;  vip o;  xÇ..7v  plv  a£fova5  w, 

otxtaç  pi  ûroïi/SffOoti,  xaxà  àyopàv  SI  xCv  r.i-rez  •xoùxi  Si  xpiç  xoï  Iqhno. 

4  Aul.  Gell.  II,  24,  3  :  Lex  Fannia  lata  est  quae  ludis  romanis,  item  ludis 

plebeis  et  saturnalibus  et  aliis  quibusdam  diebus  in  singulos  dies  centenos  écris 

insumi  concessit  decemque  aliis  diebus  in  singulis  mensibus  tricenos,  ceteris 

autem  diebus  omnibus  denos.  —  5  Plin.  Hist.  nat.  X,  50,  139:  Exception  invenio 

jam  lege  C.  banni...  ne  quid  volucre poneretur  praeter  unam  gallinam,  quae  non 

esset  ait. 'dis,  quod  deinde  caput  translatum  per  omnes  leges  ambulavit.  Atben. 

Deipn.  VI,  108:  Kçiu?  Si  «muToî  S£*a-£vx£  t àTavxa  Sa-avàv  t!;  x’ov  iviaux&v  Imywçct 

*«“  Th  V.i/avEE  xat  iiqpaxa.  —  0  Macrob.  Loc.  cit.  —  7  Cic.  De 

senect.  4,  1 1  .  tj.  I abius Maximus...  C.  Flaminio  tribuno plebis,  quoad potuit  res¬ 

tait,  agi  uni  Picenum  et  Gallicum  vintim  contra  senatus  auctoritatem  dividenti. 

Polvb.  II,  -I,  8  .  I  «tou  'I'/.xee '.v : o j  xaûxr.v  xr,v  Svi(xaywytav  £ï<xr,yï]ffap£vou  xat 

r^ETElav,  ï,v  S>,  xaï  •Pu^alo,;,  fit,,  «tmlv,  çnttov  [*iv  TEvéff6«.  xîj;  Lui  xà  jreTf oy 

xou  Svijiou  Siaffxçoçîjç  atxtav  St  xat  xou  p£xà  xauxoc  icEAipou  ffUffxâvxoç  auxoTç  -repbç  xoù; 

xpoîipjjiiÉvoj;.  Cf.  Mommsen,  Itôm.  Staatsrecht,  trad.  I.  VI,  I,  p.  118.  9  Cic. 

Loc.  cit.  :  Q.  Flavius  Maximus...  consul  iterum,  Sp.  Carvilio  collega  quies¬ 

cente...  —  lOPolyb.  Il,  21,  7.  -  u  Fest.  v»  Sestertii.  L’existence  de  cette  loi 


est  contestée  par  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  438,  il.  3.  Mais  voir  Mommsen, 
Geschichte  des  rom.  Mùnzwesens ,  p.  379,  n.  39.  —  J2  Tit.  Liv.  VIII,  37.  —  17  1  ' 
—  U  Cic.  Ad  Att.  I,  19,  4;  Dio  Cass.  XXXVII,  50.  —  l;i  Vcll.  Pal.  IL  43  ;  Scll°'l 
Bob.  p.  329  et  33G.  —  16  Cic.  Ad.  Att.  I,  10,  2  ;  cf.  Willems,  Le  Sénat,'-  ’ 
p.  324.  —  17  Schol.  Bob.  p.  235  ;  Dio  Cass.  XXttVIIl,  8.  —  t»  Les  premiers 
de  Caius  avaient  lu  Furia.  La  dernière  recension  du  manuscrit  de  nain:  !"  ^  ^ 
qu'il  faut  lire  Fufia.  —  19  Suet.  Aug.  40.  Morilz  Voigt  conjecture  que  la  lo1 01 
742  (Roern.  Rechtsgeschichte,  t.  II,  p.  1 00,  n.  8).  —  20  Gai.  I,  42-43  :  D'P  ^ 
Caninia  certus  modus  constitutus  est  in  servis  testamento  manunl‘tf'  'f  rS(jUg 
ei  qui  plures  quam  duos  neque  plures  quam  decem  servos  ludi'b'1'  ^  1 
ad  part em  dimidiam  ejus  numeri  manumittere  permittitur  ;  ci  veto  | 
quam  X  neque  plures  quam  XXX  servos  habebit ,  usque  ad  tertiani  p,n  ^ 
numeri  manumittere  permittitur.  At  ei  qui  plures  quam  XXX  neque  pb'1  1  ^ 


Centura  habebit ,  usque  ad  partent,  quartam  potestas  manumittendi  11  ^ 
vissime  ci  qui  plures  quam  C  nec  plures  quam  D  habebit ,  non  pi""  s  jia^\tiis 
tere  permittitur  quam  quintam  partem ;  neque  plures  [quam  D  su 10 
mentio  in  ea  leqe  habet ]  ur  :  sed praescribit  lex ,  ne  cui  plures  manumi  p0gm  j 
quam  C.  —  21  UIp.  I,  25.  —  22  Val.  Max.  IX,  5,  1  ;  cf.  Marqué  ^  ^ 
StaatsverwaUung ,  trad.  t.  I,  p.  80,  n.  5.  —  23  Ibid.  —  Tltl  j1,);  Liv.  1 

—  2°  Cf.  Mommsen,  Tioem.  Staatsrecht,  trad.  t.  I V,  p.  172,  n.  -•  ^  ^/p/o  j 

IX,  20  :  Eodem  anno  primum  praefecti  Capuam  crcari  coeptt  leqib"s ■  j 

praetore  datis,  cum  utrumque  ipsi  pro  remedio  aegris  rebus  > sc m  ^  jjislitw  j 

petissent  ;  cf.  Mommsen,  Op.  cit t,  trad.  t.  IV,  p.  318.  —  27  ^  ‘  J." 09  fiai.  ^  I 

tions  juridiques  des  Homains ,  t.  1,  p.  703.  —  23  Cai*  ^ 

23;  UIp.  1,2;  Cic.  P.  Balbo,  8,  21  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  P-  ;,;'1 


LEX 


H  43 


...  ;lS  Sont  exceptés  de  cette  limite  les  legs  faits 
et  aux  personnes  placées  sous  leur 
à  certains ^  pUI.ja  est,  d’après  Gaius,  antérieure 

paiSliin  Voconia  de  585.  Elle  doit  être  postérieure  à  la  loi 
à  ^  111  !  car  epe  étend  la  faveur  accordée  par  cette 
Cinc!a,11  Tinrenté  naturelle  :  tandis  que  la  loi  Cincia 
lnl  il  lil  pal  de  germains,  la  loi  Furia 


a.  618  =  136).  —  Loi  proposée  par 
Philus  et  Séx.  ALilius  Serranus  et 


exempte  les  cousins  issus 

I  excepte  le»  enfants  de  ces  cousins*. . 

a  j0i  püria a  pour  sanction  une  peine  pecumaire  égalé 
I  uadruple  de  la  somme  excédant  le  maximum  fixé  par 
K'ioi'i  Elle  donne  lieu  à  une  manus  injectio  pur  a h 

[manus  injectio]. 

I  Lcx  FURIA  ÂTILIA 
\  les  consuls  P.  Furius 
■décidant  qu’on  livrerait  aux  habitants  de  Numance  C.  Hos 
I  tilius  Mancinus  qui  avait  traité  avec  eux  sans  l’autori- 

I  sation  du  sénat '. 

Lux  Gabinia  tabellaria  (a.  615  =  139).  —  C’est  la  pre¬ 
mière  loi  qui  ait  établi  le  vote  secret  {per  tabellam).  Elle 
s’appliquait  aux  élections  des  magistrats  G.  Son  auteur 
est  le  tribun  de  la  plèbe  Q.  Gabinius. 

Lex  Gabinia  (?)  (a.  615  =  139).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  même  tribun  et  édictant  la  peine  capitale  more  ma- 
[ ! forum  contre  ceux  qui  auront  tenu  à  Rome  des  réunions 
'  clandestines7.  Mommsen  considère  comme  douteuse 
l’existence  de  cette  loi  que  l’on  ne  connaît  que  par  des 
[  témoignages  suspects  8. 

Lex  Gabinia  (a.  687  =  67).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  Aulus  Gabinius  et  conférant  pour  trois  ans  à 
Pompée  le  commandement  de  la  guerre  contre  les  pirates 9 . 
Pompée,  bien  que  simple  particulier,  fut  investi  d’un 
imperium  égal  à  celui  des  gouverneurs  de  provinces.  Cet 
imperium  dut  s’exercer  sur  toutes  les  côtes  maritimes  et 
jusqu’à  une  distance  de  cinquante  milles  dans  l’intérieur 
des  terres10. 

I  Lex  Gabinia  (a.  687  =  67).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
!  même  tribun  et  accordant  au  consul  Acilius  le  gouver¬ 
nement  de  la  Bithynie  et  du  Pont H. 

Lex  Gabinia  (a.  687  =  67).  —  Projet  de  plébiscite  pro¬ 
pose  par  le  même  tribun  pour  retirer  le  consulat  à  C.  Cal- 
Purnins  Piso  12  ;  un  projet  analogue  fut  présenté  par  Gabi- 
“ms  contre  le  tribun  de  la  plèbe  Trebellius 13. 

I  Lex  Gabinia  de  senatu  legatis  dando  (a.  687  =  67).  — 

•  ,e  ,1S|  111  proposé  par  le  même  tribun  pour  inviter  le 
j6na  COnsacrer  tout  le  mois  de  février  à  la  réception 
Y  ambassadeurs  u. 

I  Ev  Gamnia  de  versura  Romae  provincialibus  non 

^  Gai.  20.  —  2  f’f  A'T/-v«'i  u  * 

— -  3 Gai.  J  y  .  n  °rUZ  Voigt’  R°em-  Rechtsgescliiclite,  t.  I,  p.  502,  n.  GO. 

C. Manciiiusi’  ut*'  *  '  'X’  ~  4  Gai-  1V-  23-  ~  6  Cic.  De off.  III,  30,  109  : 

^eretu.r,roqatin  U"‘U"  ' Hls ’  Quibuscum  sine  senatus  auctoritate  foedus  fecerat, 
sflto  ferebaiit  ■  mm  *  S"as'f  eam  1uam  L.  Furius  et  Sex.  Attiliusex  senatuscon- 
mtuor  lege’s  ***  ^ostibus  deditus.  —  0  Cic.  De  leg.  III,  16,  35:  Sunt 

iata  :  ,  uar[ '  Iuaruni  prima  de  magistratibus  mandandis  ;  ea  est 

I  Gabini^  promuluntuin'’'  UJ"0t°  et  sordldo •  —  7  Dore.  I.atro,  In  Catil.  19  :  Lege 
I  wa/orum  canitali  „  Y  co,tlones  uMas  clandestinas  in  urbe  con/lavisset  more 

A  «>.  ».  t. 

A-  Gal>mius  tribunes  ni  v  7  ^  °e  leg‘  U*  17>  40-  ~10  Vell.  Pat.  II,  31  : 

* mn>bus provinciis  m  C®em  tu^1  wt---  esset  ( Pompeio )  imperium  aequum 
I  t#ari  ;  cf.  Mommsen  U  7  oc°nsulibus  usque  ad  quinquagesimum  miliarium  a 
-“Sallust  .Bist.f’  y  T!  STtaatsrecht’  fad-  t.  II,  p.  263  et  319  ;  t.  IV,  p.  370, 
ZPontum  c°nsuli  datàrn  '  egi0nes  Valerianae >  comperto  lege  Gabinia  Bithyniam 
Y.  5  "*'«»  lls“l7SS0S  T  b*0'  CaSS-  XXXVI’  7.  -  «•  Plut.  Pomp.  27  : 

[)|0  q  yyv,,.  "aT£'“V  A®aipE0î|v«i  r«Siv!oU  vo(lov  e/ovtoç  vj Stj 

;HCi0-  Ad  rMntr;,  ”•  -  13  *-on.  p.  64;  Dio  Cass.  XXXVI,  43 

SîV-  co ?i  ex  K  ’r  ApmS  interPrelat> "'■■■  se...  quod  (lege)  Gabi- 

"  1:1  Cic'  Ad  Au.  ye  21  «To  ^  K-  M<lrtiaS  leff<t“S  senatum  1uot~ 
011  poterant  nuorl  i  ’  „  ’  ■  ùataminii  cum  Romae  versuram  (acere 

lex  Gabinia  vetabat.  -  te  Cic.  P.  Balb.  S,  19  :  Ea 


LEX 

/ 

facienda  (a.  687  =  67).  —  Plébiscite  proposé  par  le  même 
tribun  et  refusant  toute  valeur  juridique  aux  prêts  conclus 
à  Rome  avec  les  députés  des  cités  provinciales15. 

Lex  Geuja  Cornelia  (a.  682  =  72).  —  Loi  proposée  par 
les  consuls  L.  Gellius  Poplicola  et  Cri.  Cornélius  Lentulus 
Clodianus,  sur  l’avis  conforme  du  sénat,  pour  autoriser 
Pompée  à  concéder  le  droit  de  cité  à  titre  de  récompense 
militaire  lr’. 

Lex  Genucia  (a.  412  =  342).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  L.  Genucius,  et  prohibant  le  prêt  à  intérêt 

.  [foenus]  17. 

Lex  Glitia  (a....?).  —  Cette  loi  n’est  connue  que  par 
l’inscription  d’un  fragment  du  Digeste  qui  nous  apprend 
l’existence  d’un  commentaire  de  Gaius adlegemGlitiam1*. 
Ce  fragment  est  relatif  à  l’exhérédation  injuste  et  par  suite 
au  testament  inofficieux  :  Non  est  consentiendum  paren- 
tibus ,  qui  injuriam  adversus  liberos  suos  testarnento 
inducunt.  Quod  plerumque  faciunt  maligne  circa  san- 
guinem  suum  inferentes  judicium  novercalibus  deli- 
nimentis  instigationibusve  corrupti.  La  date  de  cette 
loi  Glitia  n’est  pas  connue  ;  mais,  comme  le  fragment 
de  Gaius  a  trait  au  testament  inofficieux,  elle  ne  saurait 
être  antérieure  à  l’époque  où  l’on  a  commencé  à  régle¬ 
menter  la  liberté  de  tester19,  c’est-à-dire  aux  derniers 
siècles  de  la  République;  peut-être  même  est-elle  du 
début  de  l’Empire. 

Lex  IIelvia  (a.  710  =  44).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  C.  Ilelvius  Cinna  et  dépouillant  de  leur  fonction 
les  tribuns  de  la  plèbe  Epidius  Marullus  et  Caesetius 
Flavus,  qui  faisaient  de  l’opposition  à  J.  César  20. 

Lex  Herennia  (a.  694  =  60).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  C.  Ilerennius  et  portant  que  le  peuple  entier 
sera  convoqué  au  Champ  de  Mars  pour  statuer  sur  le  cas 
de  Clodius 21 . 

Lex  IIirtia  (a.  706  =  48  ou  708  =  46).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  A.  Hirtius,  pour  régler  le  sort  des  par¬ 
tisans  de  Pompée22.  Mommsen  23  et  Lange21  placent  cette 
loi  en  708,  Willems  en  706,  parce  qu’en  cette  année 
César  reçut  le  pouvoir  de  disposer  de  la  vie  et  des 
dignités  des  partisans  de  Pompée 25.  Ce  serait  la  loi 
IIirtia  qui  le  lui  aurait  conféré25. 

Lex  IIoratia  (a.  245  =  49).  —  Loi  accordant  à  la  vestale 
Gaia  Taracia,  entre  autres  privilèges,  le  droit  de  figurer 
comme  témoin  dans  un  acte  solennel  :  Qua  lege  ei plurimi 
honores  fiunt,  inter  quos  jus  quoque  testimonii  dicendi 
tribuitur  testabilisque  una  omnium  feminarum  ut  sit  ' 
datur:  id  verbum  est  ipsius  legis  Horatiae 21 . 

lege  quant  L.  Gellius  Cn.  Cornélius  ex  senatus  sententia  tulerunt...  vilemus  satis 
esse  sanction,  uti  cives  Romani  tint  ii  quos  Cn.  Pompeius  de  eonsilii  sen¬ 
tentia  singillatim  civitate  donaverit ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,-  trad. 
t.  VI,  1,  p.  151.  —  n  Tit.  Liv.  VII,  42  :  Invenio  apnd  quosdam  L.  Genucium 
tribunum  plebis  tulisse  adpopulum  ne  fenerare  lieeret  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions 
juridiques,  t.  I,  p.  031.  —  18  Dig.  V,  2,  4  ;  cf.  sur  la  portée  de  celle  loi  les  diverses 
conjeclures  émises  par  Moritz  Voigl,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  1.  I,  p.  362,  n.  14  ; 
Eisele,  Zeitschrift  der  ■Savigny-Stiftung,  R.  A.,  1894,  p.  283  ;  Girard,  Manuel  de 
droit  romain,  p.  840,  n.  2.  —  19  Cf.  Ed.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains, 
t.  I,  p.  538.  —  20  Tit.  Liv.  Epit.  116  :  Et  quod  Epidio  Marullo  et  Caesetio  Flavo 
tribunis  plebis  invidiam  ei  tanqnam  regnum  affectanti  moventibus,  potestas  abro- 
gata  est-,  Dio  Cass.  XLIV,  10;  cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  731  ;  Mommsen 
Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  II,  p.  304,  n.  2.  —  21  Cic.  Ad  Att.  I  18  6  • 

C.  Ilerennius...  ad  plebem  P.  Clodium  traducit,  idemque  fert  ut  universus 
populus  in  campo  Martio  suffragium  de  re  Clodii  ferat.  —  22  Cic.  Philip.  XIII 
16,  32  :  Neminem  Pompeianum  qui  vivat  tenere  lege  Hirtia  dignitates!  Quis- 
quam  jarn  legis  Hirtiae  mentionem  facit.  La  lex  Hirtia  est  mentionnée  dans  une 
inscription  de  Rome  :  Corp.  inscr.  lat.  I,  627  cl  628.  —  23  Ad  Corp.  inscr.  lut 
loc.  cit.  —  24  Rôm.  Allerth.  t.  Il,  p.  687.  —  25  Dio  Cass.  XLII,  20.  —  26  Willems, 

Le  Sénat,  t.  I,  p.  592.  —  27  Aul.  Gell.  VII,  7,  2;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  6 
p.  255. 


LEX 


—  1146  — 


LEX 


Li:x  Hortensia  de  plébiscité  (intra  465  =289  et  468  = 
286)-  —  Loi  proposée  par  le  dictateur  Q.  Hortensius  et 
accordant  force  de  loi  aux  plébiscites  1  :  Ut  eo  jure , 
quod  plebs  statuisset,  omhes  Quirites  tenerentur. 

Lex  Hortensia  de  nundinis  (a....?).  —  Loi  déclarant 
fastes  les  nundinae.  Le  but  de  la  loi  est  indiqué  par 
Macrobe:  uti  rustici  qui  nundinandi  causa  inurbem 
veniebant  fîtes  comportèrent,  nefasto  enitn  die praetori 
fari  non  licebat  Cette  loi  doit  être  d’une  époque 
assez  voisine  de  la  précédente,  si  elle  ne  se  confond  pas 
avec  elle. 

Lex  Hostilia  (a....  ?).  —  Loi  permettant  d’exercer 
1  action  de  vol  au  nom  des  personnes  absentes  pour  le 
service  de  1  État,  ou  retenues  en  captivité,  ou  des  person¬ 
nes  placées  sous  leur  tutelle3.  La  loi  Hostilia  appartient 
à  la  période  où  la  procédure  des  actions  de  la  loi  était 
en  xigueur  :  elle  a  pour  but  d’écarter  dans  certains  cas 
la  règle  Nemo  alieno  nomine  lege  agere  potest.  Elle 
est  donc  antérieure  à  la  fin  de  la  République*. 

Lex  Icilia  (a.  262  =  .492).  —  Plébiscite  proposé  par 
Sp.  Icilius  au  concile  de  la  plèbe  et  punissant  toute 
personne  qui,  d’une  manière  quelconque,  empêche 
une  réunion  de  la  plèbe  \  C'est  une  des  leges  sacratae ,  la 
seconde  depuis  la  constitution  de  la  plèbe  6. 

Lex  Icilia  de  Aventino  publicando 1  (a.  298=  456). 

Denys  d  Halicarnasse  présente  cette  loi  comme  une 
loi  centuriate  proposée  par  les  consuls  en  vertu  d’un 
senatus-consulte8.  Mais  on  ne  s’expliquerait  pas  qu’elle 
portât  le  nom  d  un  tribun  9.  Ce  fut  donc  un  plébiscite  ; 
il  fut  voté  malgré  l'opposition  du  sénat10. 

Lex  Icilia  de  secessione  (a.  305=449).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  L.  Icilius  pour  qu’on  ne  repro¬ 
chât  à  personne  la  sécession  motivée  par  la  conduite  des 
décemvirs 1 1 . 

Lex  Icilia  de  triumplio  consulum  (a.  305  =  449). _ 

Plébiscite  proposé  par  le  tribun  L.  Icilius  et  accordant 
le  triomphe  aux  consuls  12. 

Lex  Icilia  agraria  (a.  342  =  412).  —  Projet  de  loi 
agraire  présenté  par  le  tribun  L.  Icilius13  [aorariae 
leges]. 

Lex  Julia  de  civitate  sociis  et  La  Unis  danda  (a.  664 
=  90).  —  Loi  proposée  par  le  consul  J.  César  et 
accordant  le  droit  de  cité  aux  alliés  et  aux  Latins  qui 
voudraient  l’accepter  :  Julia...  lege  civitas  est  sociis  et 
Latinis  data,  ut  qui  fundi  populi  facti  non  essent  civi- 
tatem  non  haberent ll. 

Lex  Julia  (a.  692=62).  —  Projet  de  loi  présenté  par 
J .  César  au  début  de  sa  préture  15  pour  retirer  à  Q.  Lutatius 

1  Aul.  Gell.  XV,  27,  4  ;  Plin.  Hist.  nat.  XVI,  15,  37  :  Q.  Hortensius ,  dictator} 
cum  plebs  secessisset  in  Janiculum ,  legem  in  Aesculeto  talit ,  ut  quod  ea  jussisset, 
omîtes  quirites  teneret  ;  Gai.  I,  3  ;  Pompon.  Encbirid.  Dig.  I,  2,  2,  8  :  cf.  Éd.  Cuq. 
Op.  cit.  t,  J,  p.  457.  —  2  Macrob.  Sat.  I,  16.  —  3  Instit.  IV,  10  pr.  :  Lege  Hos¬ 
tilia  permissum  est  furti  agere  eorum  nomine  qui  apud  hostes  essent  aut  reipu- 
blicac  causa  abessent ,  quive  in  eorum  cujus  tutcla  essent;  cf.  Éd.  Cuq.  Op.  cit. 
t.  I,  p.  575.  —  4  Moritz  Voigt  (Rom.  Recbtsgeschichte,  I,  282,  n.  14)  la  place  en  545 
ou  547.  Les  raisons  données  à  l’appui  ne  sont  pas  décisives.  —  3  Dion.  Halic. 

\  II,  17  :  Hv  S-  TotôaSt  ô  vôj, aoç*  Avjixào^oy  yviojavjv  àYooeûovTOÇ  ev  3q|Jiip  |av}3e'iç  Xeyéxw 
jav^ev  Ivavxiov  ;ay|ù i  jAEaoXa^Etxio  xôv  Aoyov.  *Eàv  3i  xtç  Tcapà  xaffxa  izov^rr,,  3e3oxw  toï; 
*r.W. olS  a?T»jOeïç  tic,  ixrurty  rj;  av  ÈnOCJaiv  aùxôi  ÇyqAt'a;.  'O  3i  jxrj 

£j'Yur(Tr|v  fiavaxo»  £r(jAtoû<x6w,  *ai  x  à  /.Ç'^H-axa  aùxou  îepà  e<xi coi.  Tùîv  3’à[Atpi<76y)xoüvxwv  npb; 
xaû.açxàç  ,Tj|i.taî  at  yçtaEi;  torwirav  I"i  to?  SrjjAou.  Toùrov  xqv  vôfAov  eici'J/ïjçtfTavTeç  ot 
^^jAapyoi  SilXu-rav  tt.v  ïy.x\rtir'i<*.v .  Cic.  P.  Sex.  37,  79.  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr. 
trad.  t.  III,  p.  332  ;  l.  III,  p.  153,  155,  trad.  t.  VI,  1,  p.  171  et  174.  —  6  Cf. 
Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  114.  —  7  Dion.  Halic.  X,  32  :  ''Oxa  jxiv  Ifakai 
•.tve;  lï'/w  e*  3txa:ou  x?Y)<râ]Aevot,  ~u.j~.rj.  xo£»ç  xaxÉyEiv  fo<xa  32  ptaaàjAévot  xtvs;  r(, 

xXottî]  AaSovTtç  6>xodojAr,<Tavxo,  xojAiirajAÉvouç  xàç  Saravaç  aç  av  ot  3taixYjxat  vy3«ri  xôî  SqjAw 
irapa^t^ôvai  *  Tà  3e  aXXa,  oaa  tjv  3y)jA«><na,  ywçtç  <î>vîj;  xbv  3ff(Aov  itaçaXaSôvxa  5uXe<r0at.  ' 


Catulluset  transférer  à  un  autre  la  curatelle 
la  reconstruction  du  temple  du  Capitole  himi  ■'  '  " pour 

LEx  tau  avaria  (a.  695  =  59).  L  yj?**  •»». 
RIAE  LEGES,  t,  I«,  p.  165.  D’après  Dion  Cassiusn  ' 
loi  excepta  de  sa  disposition  l’oser  Campanm  ,1  ’  mie 
dès  lors  qu’il  y  eut  deux  lois  distinctes,  l’un(,'  ir.hemble 
l’autre  spéciale  à  la  Campanie.  La  question  est  2^’ 
controversée.  uaülews 

Lex  Julia  agraria  (intra  790  =  37  et  794  =  \\  r,  ___ 

agraire  ordinairement  attribuée  à  Caligula  18  nni 
confond  peut-être  avec  la  précédente  [lex  mImiluT  “ 
peducaea  alliena  fabiaJ.  On  n’en  connaît  qu’une  soT 
clause  rapportée  par  Callistrate  dans  son  traité  rf 
cognitionibus.  Elle  édicte  une  peine  pécuniaire  J!! 
forte  contre  quiconque  aura  déplacé  les  bornes  établi 
par  les  magistrats  chargés  de  la  distribution  des  terres^ 
Lege  agraria  quant  Caius  Caesar  tulit  adversns  m  ! 
qui  terminos  statutos  extra  suum  gradum  finesvemove- 
rint  dolo  malo  pecuniaria  poena  constituta  est.  nm  \ 
in  terminos  singulos,  quos  ejecerint  locove  moverint 
quinquaginta  aureos  in  publicum  dari  jubet  et  ejus  \ 
actionem  petit ionem,  et  qui  volet,  esse  jubet1*.  La  peine  - 
est  prononcée  au  profit  du  Trésor,  mais  tout  citoyen  est 
autorisé  à  en  poursuivre  l’application  [populams  actio, 

TERMINl]. 

Lex  Julia  (a.  695  =  59).  —  Loi  consulaire  proposée  par 
J.  César  pour  confirmer  les  actes  de  Pompée20. 

Lex  Julia  de  publicanis  (a.  695  =  59).  — Loi  proposée  I 
par  J.  César  pendant  son  consulat  pour  faire  remise  I 
aux  publicains  du  tiers  de  leur  dette  envers  l’Etat21. 

Lex  Julia  (a.  695=59).  —  Loi  curiate  proposée  pari 
J.  César  grand  pontife  et  consul  pour  autoriser  l’adroga- 
tion  du  patricien  P.  Clodius  par  un  plébéien22. 

Lex  Julia  (a.  635  =  59).  —  Loi  proposée  par  J.  César  I 
et  portant  reconnaissance  de  Ptolémée  comme  roi 

d’Égypte23.  César  et  Pompée  reçurent  six  mille  talents 
pour  prix  de  leurs  services  2\ 

Lex  Julia  repetundarum  (a.  695  =  59).  —  Loi  consu¬ 
laire  proposée  par  J.  César25  et  aggravant  la  peine  édictée 
pour  le  crimen  repetundarum.  Cette  loi  est  restée  en 
vigueur  sous  l’Empire.  Plusieurs  chapitres  de  cette  loi 
ont  été  conservés  :  1°  Ne  quis  ob  judicem  arbitrunm 
dandum  mutandum  jubendumque  ut  judicet,  neve  ob 
non  dandum  non  mutandum  non  jubendum  ut  judicet, 
neve  ob  hominem  in  vincula  publica  conjiciendum 
vinciendum  vincirive  jubendum  exvc  vinculis 
tendum  neve  quis  ob  hominem  condemnanduni  absol 
vendumve,  neve  ob  (item  aestimatidamjudiciutnvecup1 


—  S  Ibid.  31.  — -  9  Tit.  Liv.  III,  32  :  Lex  Icilia.  de  Aventino.  —  111  1  '  i.j.n! 

Le  Sénat,  t.  Il,  p.  349,  n.  4.  —  H  Tit.  Liv.  III,  54  :  Tribunatu  inito,  L  CH 
extemplo  plebcm  rogavit ,  et  plebs  scivit ,  ne  cui  fraudi  esset  secessio  « 1  _  ^ 

vins  facta.  —  12  Tit.  Liv.  III,  63:  L.  Icilius  tribunus  plebis  tuht  ad 
triumplio  consulum...  Omnes  tribus  eam  ror/ationem  acceperunt.  T 1  ^ 

sine  auctoritate  senatus ,  populi  jussu  triumphatum  est:  c L  Moi'"'1  '  ^ 

Staatsr.  t.  III,  p.  1233,  n.  4,  trad.  t.  VII,  p.  462,  n.  3.  -  13  ™-  s,jd 

—  14 Cic.  P.  Dalbo.  8,  21  ;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  49  ;  cf.  Marqiardl,  "'J'"’)  (  vl|( 

verwaltung ,  trad.  t.  I,  p.  81  ;  Mommsen,  Mm.  Staatsr.  t.  HC  P-  1 11  '  ’’  ^jyil, 
p.  201.  —  lô  Suet.  Caes.  15  :  Primo  praeturae  die.  —  18  Jbid.  Dio  ^  £sSjj 
44  ;  cf.  Mommsen,  Mm.  Staatsrecht,  trad.  t.  IV,  p-  388.  "  , 1 1 3  pr. 

XXXVIII,  1. —  !8RudorfT,  Gromat.vet.  11,  244. —  19  Callistr-  bL:'i-  pehel.t fa 

—  20  Dio  Cass.  XXXVIII,  7  ;  Appian.  De  bel.  civ.  II,  13.  -  21  APPia“^  ^ 

II.  13:  'O  3è  Kaïffaç,  èç  où3lv  tÔtc  3s ô^levo;,  \lo •.  ‘  ,  35  ;  Di® 


.  Suet. 


xà  xpira  xîov  [jitaOwtrÉwv  aûxoï;  icaç^ev.  Cic.  Ad  Att.  II,  I  »  ï*‘  ^  ^  viX  II  : 
Cass.  XXXVIII,  7.  —  22  Dio  Cass.  XXXVII,  51  ;  XXXVIII,  12  ï  XXX  \  p.  M 
Caes.  20;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  t.  III,  p.  138,  trail.  L  ^  Jl(ip0gtle9e^ 
—  23  Caes.  De  bel.  civ.  III,  107:  Super iore  consulat u  cum patn J '  f  ^  ^ 
senatus  consulto  societas  crat  facta.  —  2t  Suet.  Caes.  54,  - 


LEX 


—  1147  — 


LEX 


I  iaeve  faciendum  vel  non  faciendum  aliquid 

__  2°  Ne  in  acception  feratur  opus  pu- 
I  iCepC' ' faciendum,  frumentum  publiée  dandum,  prae- 
bltCUJn  '  .  nrpliendendum,  sarta  tecta  tuenda  antequam 
ben::a  lobata,  praestita  lege  erunt  -  3°  Ne  guis 
P,lj/i/m  legendum  mittendumve  aes  accipiat  neve 
\in,  b  sentenliam  in  senatu  consiliove  publico  dicen- 
C  "necuniam  accipiat,  vel  ob  accusandum  vel  non 
\  ccusniidum  :  utque  urbani  magistratus  ab  omni  sorde 
I  abstineant  neve  plus  doni  muneris  inanno  accipiant 
\nuain  qttod  sit  aureorum  centum  3  [repetundarum 

BbIMENj-  . 

I  Lex  Julia  de  civitate  Gaditanorum  (a.  ;0o=49).  — 
Loi  (lu  dictateur  César  conférant  le  droit  de  cité  aux 
!  Gaditani.  Cette  concession  fut  approuvée  par  le  peuple4. 

Lex  Julia  de  civitate  Transpadanorum  (a.  705  =  49). 
_  Loi  du  dictateur  César  conférant  le  droit  de  cité 
aux  habitants  de  la  Gaule  transpadane  3. 

Lex  Julia  de  pecuniis  mutais  (a.  705  =  49).  —  Loi  du 
dictateur  César  autorisant  les  débiteurs  à  donner  leurs 
terres  en  paiement  à  leurs  créanciers  et  pour  la  valeur 
qu’elles  avaient  avant  la  guerre  civile,  décidant  en 
outre  que  l’on  imputerait  sur  le  capital  les  intérêts 
déjà  payés c 

Lex  Julia  (a.  705  =  49).  —  Loi  du  dictateur  César  réta¬ 
blissant  dans  leurs  droits  (in  integrum  restituera)  un 
1  certain  nombre  de  citoyens  condamnés  pour  ambitus  en 
vertu  de  la  loi  Pompeia7  [restitutio  in  integrum]. 

Lex  Julia  de  X praetoribus  creandis  (a.  708  =46).  — 
Loi  du  dictateur  César  élevant  à  dix  le  nombre  des  pré- 
[  teurs 8. 

Lex  Julia  de  his  qui pecuarium  faciunt  (a.  708  =  46). 
—  D  après  Suétone,  César  décida  que  ceux  qui  se 
livraient  à  l’élevage  devraient  choisir  leurs  pâtres  dans 
la  proportion  d  au  moins  un  tiers  parmi  les  hommes 
pubères  de  naissance  ingénue  9. 

Lex  Julia  deliberis  legationibus( a.  708  =  46).  —  Loi  du 
dictateur  César  limitant  la  durée  des  légat iones  liberae 10. 

Lex  jIulia  de  mercede  habitat ionum  remittenda 

la.  08  46).  Loi  du  dictateur  César  portant  remise 

6S  °'ei  s  tl  Lmme  et  en  Italie  jusqu’à  concurrence  d’une 
somme  déterminée  11 . 

»7Eft8-Lïfive  m0d°  credendi  Possidendique  in  Italiam 
cp  ,  •'  •  ^oi  (*u  dictateur  César  établissant  une 

I  De  Pr°P°rtion  entre  la  valeur  des  fonds  de  terre 

ewpecitnia  quant  '  '  •Post.  4,  8  :  Jubet  , 

XLVIll,  H,  l  i  .‘«J-epen/  gui  damnatus  sit  pervenerit  ;  Marcian.  14  lust.  Dit 

ÎJv  g  t-  ,  _  ’  XLL  “ 4  •  Ual  TaSeipiila-t  ieoXiteiocv  corao 

ivrt;  t5v'''!!‘,7'V  Tïf°V  —  0  Dio  Cass.  XU,  36:  K«i  to 

4kU»«e.  Cf.  BorehesT  rJ9  ^  o!*oî'”  *oWt«v,  «te  **ï 

««Wÿ,  trad.  t.  I  j,.0  »,  ’  ®*vres’  t.  VII,  566  ;  Marquardt,  Rôm.  Staatsvei 

tabularum  Suet'  Caes '  42  :  De  pecuniis  mutuis ,  disject 

latlsHcerent  per  aestimnr  a  l°ne  "  decrevit  tandem  ut  débitons  creditoribi 
comlmnissent,  deducto  mm™™  possessionum’  quanti  quoique  ante  civile  bellui 
""'l  >ierscriptum  fuisset  ■  alieni’  si  9uid  usurae  nomine  numeratui 

r  W-  III,  1  ;  Dio  Cal  t°yf  ,tlone  i“arta pars  fere  crediti  deperibat.  Cae 
kL  «”  111  '  -  XLI’  37  ;  Appian.  De  bel.  civ.  II,  48.  -  1 


3  Venul.  Satura 
persequi  ab  iis  ad  quoi 


,  1  i  Suel.  Caes  4i  •  L  PP1“’  ®et  Cfa '  48‘  “  7  Caes'  D 

1,10  Cass.  XLII  Si  ’  o  ,  Mornmseu,  nom.  Strafrecht,  p.  483,  n. 
■T'ZîXt,  vninim  x  ^uet.  Caes.  42  :  Sn.nmit  h.;  _ ,• 


buet  Caes.  42  :  Sanxit...  neve  hi. 


’j’  fdnus  tertia  nnrt „  ~T  *z  :  aanxlt--  neve  hi,  qui  pecuarian 
Lk-  M  Att.  XV,  Hit  ™ierum  in9enuorum  inter  pastores  haberenl 
®  W  ’  t  •  709)  :  Et  habent;  opinor ,  liberae  legationes  défi 


JJ  P'  ***,  n.  2.  _  u  IZ!7U  addiP°test  !  «f-  Mommsen,  Staatsrecht,  trad 
t)c  I  .  '  ll.lil'a  uutnnntm  in  Tt  r<U’'  Annuam...  habitationem  Bomae  asqu 
Caes  r!"'  ***’  —  (2  Tac  j”  "°\  %dtra  quingenos  sestertios  remisit.  Caes 

Cna\ei”-  "L  1  ;  Apln  ’  16  ;  Di0  Cass-  XL!'  38  ;  Suet.  Cae,  42 

hldi^s, 9.  13  r  ’  Z"’  48’  “  13  SuCt-  CaeS'  43‘  ^  U  Cl 

am  re  V^blica  saenius  fl  ^  8>  19  ’  ®Uae  lex  me^or>  utilior 

pagitata,  quam  ne  praetoriae  provinciae  plu 


qu’on  possédait  en  Italie  et  la  somme  qu’on  pouvait 
prêter  à  intérêt.  11  fut  interdit  de  prêter  une  somme 
supérieure.  Mais,  dit  Tacite,  cette  loi  ne  fut  pas  observée 
parce  que  le  bien  public  est  toujours  sacrifié  à  l’intérêt 
privé12. 

Lex  (?)  Julia  de  portoriis  (a.  708  =  46).  —  Parmi  les 
mesures  prises  par  César  pendant  sa  dictature,  Suétone 
cite  l’établissement  d’un portorium  sur  les  marchandises 
étrangères13.  Bien  qu’il  ne  soit  pas  dit  qu’il  s’agisse 
d’une  loi,  il  est  probable  que  tel  fut  le  caractère  de  cette 
disposition  u. 

Lex  Julia  de provinciis  (a.  708=  46).  —  Loi  du  dicta¬ 
teur  César  fixant  à  deux  ans  la  durée  du  gouvernement 
des  provinces  consulaires  16. 

Lex  Julia  de  sacerdotiis  (a.  708  =  46).  —  Loi  du  dicta¬ 
teur  César  sur  le  mode  de  nomination  et  d’élection  des 
membres  des  collèges  sacerdotaux  l6.  Elle  permet  à  tous 
les  membres  du  collège  intéressé  de  présenter  le  même 
candidat 17. 

Lex  Julia  frumentaria 18  (a.  708  =  46).  —  Voir  l’ar¬ 
ticle  FRUMENTARIAE  LEGES,  t.  IV,  p.  1347. 

Lex  Julia  sumptuaria  (a.  708=  46).  —  D’après  Sué¬ 
tone,  Jules  César  défendit  l’usage  des  litières,  de  la 
pourpre  et  des  perles,  excepté  à  certaines  personnes, 
à  certains  âges  et  pour  certains  jours.  Il  veilla  surtout  à 
l’observation  de  la  loi  somptuaire  19 . 

Lex  Julia  de  majestale  (?)  (a.  708  =  46?).  —  D’après 
Cicéron,  des  lois  de  J.  César  ont  édicté  la  peine  de  l’in¬ 
terdiction  de  l’eau  et  du  feu  contre  celui  qui  a  été  con¬ 
damné  pour  crime  de  lèse-majesté.  Quid,  quod  abroga- 
tur  legibus  Caesaris  quae  jubent,  ei...qui  majestatis 
damnatus  sit,  aqua  et  igni  interdici 20  ?  S’agit-il  d’une 
loi  spéciale  de  majestate ,  ou  bien  d’un  chapitre  de 
certaines  lois  de  César  visant  accessoirement  le  crime 
de  majesté  ?  Les  avis  sont  partagés21.  En  tout  cas,  la 
loi  Julia  de  majestate ,  appliquée  sous  l’Empire,  est  une 
loi  d’Auguste  et  non  de  César  ;  Tacite  atteste  que  la 
lex  majestatis  vise  le  prince22. 

Lex  (?)  Julia  (a.  708  =  46).  —  Suétone  attribue  à 
.J.  César  une  disposition  contenant  défense  à  tout  citoyen 
non  militaire,  majeur  de  vingt  ans  ou  mineur  de  qua¬ 
rante,  de  s’absenter  d’Italie  plus  de  trois  ans  continus23. 

Il  est  également  défendu  aux  fils  de  sénateurs  d’aller  à 
l’étranger,  sauf  pour  accompagner  un  magistrat24.  On 
ignore  si  cette  disposition  a  reçu  force  de  loi. 

quam  annwn  neve  plus  quam  bienniurn  consulares  obtinerentur  ?  Dio  Cass. 
XLIII,  25  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,  ti-ad.  t.  III,  p.  293.  —  16  Cic.  A  d 
Brut.  I,  5  :  Est  etiam  in  lege  Julia  quae  lex  est  de  sacerdotiis  proxima  his 
verbis  :  qui  petit  cujusve  ratio  habebitur,  aperte  indicat  passe  rationern  haberi 
etiam  non  praesentis.  —  U  Cic.  Pkil.  II,  2,  4  :  Mc  augurem  a  loto  collegio 
répétition  Cn.  Pompeius  et  Q.  Hortensius  nominaverunt  :  nec  enim  licebat  a 
pluribus  nominari.  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  III,  p.  33.  —  18  Ibid.-. 
Ex  viginti  trecentisque  millibus  accipientium  frumentum  e  publico  ad  centum 
quinquaginta  retraxit.  —  19  Suet.  Caes.  43  :  Lecticarum  usum,  item  conchyliatae 
vestis  et  margaritarum,  nisi  certis  personis  et  aetatibus,  perque  certos  dies 
ademit.  Legem  praecipue  sumptuariam  exereuit,  dispositis  circa  macellum  custo- 
dibus  qui  obsonia  contra  vetitum  retinerent  deportarentque  ad  se,  summissis 
nonmmquam  lictoribus  atque  militibus  qui,  si  qua  custodes  fefellissent,  jam 
apposita  e  triclinio  auferrent.  —  20  Cic.  Philip.  I,  9,  23.  _  21  Cf.  Zumpl,  Dus 
Criminalrecht,  t.  II,  2,  p.  476  ;  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  541,  n.  2. 
—  22  Tac.  Anu.  IV,  34  :  Verba  mca  arguuntur...  sed  neque  haec  in  principem  aut 
principis  parentem,  quos  lex  majestatis  amplectitur.  Cf.  Mommsen  Ibid  n  3 
23  Suet.  Caes.  41  ;  Dio  Cass.  XLIII,  25.  -  2t  Suet.  Caes.  42  :  Octoginta  autem 
civium  millibus  m  transmarinas  colonias  distribuas,  ut  exhaustae  quoque  urbi 
frequentia  suppeteret,  sanxit,  ne  quis  civis  major  annis  viginti  minorve 
quadraginta,  qui  sacramento  non  teneretur,  plus  triennio  continuo  Italia 
abesset;  neu  guis  senatoris  filius,  nisi  contubernalis  aut  cornes  magistratus 
peregre  proficisceretur  ;  cf.  Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  l’ 
p.  154. 


LEX 


—  1148  — 


Lex  J uli a  judiciaria 
par  le  dictateur  César 
curie  de  juges,  celle  de 
luges]. 


(a.  708  =  46).  —  Coi  proposée 
cl  supprimant  la  troisième  dé- 
s  tribuni  acrarii  1  |judiciariae 


Lex  Julia  de  vi  privata  (a.  708  =  46  ou  737  =  17  ?). 
Lex  Julia  de  vi  publica  (a.  708  =  46  ?).  — Cette  loi 
et  la  précédente  ont  pour  objet  de  réprimer  par  une 
peine  criminelle  les  actes  de  violence.  Ces  actes  se 
manifestent  de  diverses  manières  :  port  d’armes  dans 
les  mes  et  places  publiques2;  attroupement,  réu¬ 
nion  séditieuse,  bandes  organisées  3;  le  fait  même 
de  réunir  une  quantité  d’armes  dans  sa  maison  de 
■v  ille  ou  de  campagne,  s  il  y  a  lieu  de  penser  qu’on  en 
fera  un  mauvais  usage  4  [Vis]. 

La  peine  édictée  par  la  loi  est  plus  ou  moins  sévère 
suivant  que  la  violence  est  publique  ou  privée;  la  vis 
publica  est  punie  de  l’interdiction  de  l’eau  et  du  feu  5, 
la  vis  privata  entraîne  seulement  la  confiscation  d’un 
tiers  du  patrimoine  et  l’infamie  6.  11  est  de  plus  inter¬ 
dit  d  usucaper  les  biens  dont  on  s’est  emparé. 

Sans  entrer  dans  des  détails  qui  trouveront  leur  place 
a  1  article  vis,  il  suffira  de  dire  ici  que  l’on  considère 
comme  une  vis  publica  les  actes  de  violence  qui  ont 
pour  but  de  troubler  1  administration  de  la  justice  1  ou 
les  comices  électoraux8.  On  traite  de  même  l’abus  de 
pouvoir  commis  par  un  magistrat  qui  fait  mettre  à  mort, 
battre  de  verges,  torturer  un  citoyen  romain  sans  tenir 
compte  de  1  appel  au  peuple  ,J  ;  pareillement  celui  qui 
exige  de  nouveaux  impôts10. 

Tous  autres  actes  constituent  une  vis  privata.  Celui 
qui  a  été  expulsé  de  chez  lui  par  un  groupe  d’hommes 
armés J1,  celui  qui  a  reçu  des  coups  hominibus  coactis 
celui  qui  a  été  empêché  de  se  rendre  en  justice  par  un 
rassemblement  provoqué  à  cet  effet13,  peuvent  invoquer 
la  loi  Julia  de  vi  privata. 

Les  leges  Juliae  de  vi  publica  et  privata  ne  conte¬ 
naient  pas  seulement  des  dispositions  destinées  à  répri¬ 
mer  la  violence  :  on  y  trouve  aussi  des  règles  générales 
sur  la  jurisdictio  et  sur  la  procédure,  et  à  ce  titre  elles 
rentrent  dans  la  catégorie  des  leges  judiciariae.  Lege - 
Julia  de  vi  nominatim  cavetur  ut  is,  cui  obtigerit 
pu(blici  judicii)  exercitio ,  possit  eam ,  si  proficis- 
catur ,  mandare  u.  Un  autre  article  détermine  les  per¬ 
sonnes  dont  le  témoignage  ne  sera  pas  reçu  dans  une 
accusation  de  vi  ls. 

Les  leges  Juliae  de  vi  publica  et  privata  sont-elles  de 
César  ou  d'Auguste?  La  question  est  douteuse.  Les  dis- 


1  Suet.  Cotes.  41  :  Judicia  ad  duo  généra  judicum  redegit,  equestris  ordinis  ac 
senatorii  :  tribunos  aerarios ,  quod  erat  tertium,  sustulit;  Dio  Cass.  XLIII,  25. 
—  2  Paul.  Sent.  V,  2G,  3  :  Qui  cum  telo  in  publico  fuerit ,  tcmpla  portas  aliudve 
quid  publicum  armatis  obséder  it,  cinxerit,  clauserit ,  occupaverit  ;  Marcian.  14  Inst. 
Dig.  XLVIII,  6,  3,  1.  —  3  Marcian.  eod.  5,  1  :  Qui  coetu ,  concursu,  turba,  seditione 
incendium  fecerit-,  Ulp.  G8  ad  Ecl.  eod.  10,  1  ;  Scaev.  4  Rcg.  D.  XLVIII,  7,  2;  Qui 
convocatis  hominibus  vim  fecerit,  quo  quis  verberetur ,  pulsaretur,  nequc  liomo 
occisus  erit.  —  4  Marcian.  eod.  1  :  Qui  arma,  tela  domi  suae  agrove ,  in  villa 
praeter  usurn  venationis,  vel  itineris ,  vel  navigationis  coegerit.  —  5  Ulp.  eod. 
10,  2.  —  6  Marcian.  Dig.  XLVIII,  7,  1  pr.  —  7  Gai.  II,  45  :  Furtivam  lex  XII 
Tabularum  usucapi  prohibet,  vi  posscssam  lex  Julia  et  Plautia.  —  8  Ulp.  Dig. 
XLVIII,  6,  10  pr.  :  Qui  dolo  malo  fecerit ,  quoniam  judicia  tuto  exerceantur ,  aut 
judices  ut  oportet  judicent...  Qui  cum  telo  dolo  malo  in  concione  fuerit  aut  ubi 
judicium publice  exercebitur....  Marcian.  5  Public,  eod.  8  :  Lege  Julia  de  vi  publica 
cavetur  ne  quis  rcum  vinciat ,  impediatve  quominus  lîomae  intra  certum  tempus 
adsit.  —  9  Paul.  Sent.  V,  30  a:  Petiturus  magistratus  vel  provinciae  sacerdotium, 
si  t urbain  suffragiorum  causa  conduxerit ,  servos  advocaverit  aliamve  quam 
conduxerit  multitudinern  convictus  ut  vis  publicae  reus  in  insulam  deportatur. 
Ulp.  eod.  10  pr.  :  Is  qui  potestatem  imperiumve  habebit  aliter  quam  ei  jus 
erit ,  décernât,  imperet ,  faciat ;  8  De  ofT.  proc.  eod.  7.  —10  Paul,  ad  Sc.  Turpil 


LEX 

positions  générales  que  contiennent  ces  lois  | 
lion  de  la  vis  publica  et  de  la  vis  privata  iJ!  d‘Slinc' 
l’idée  que  ces  lois  feraient  partie  l’une  de  h 
publicorum  judiciorum,  l’autre  de  la  lex  jJ- '' Juli(l 
torum  judiciorum16.  Si  cette  conjecture  étail  7^'^' 
faudrait  en  conclure  que  nos  lois  sont  d'Au-us'h  "  ^ 
ce  n’est  qu’une  conjecture.  Il  semble  plus  probjl 
ce  sont  des  lois  distinctes  et  que  les  lois  de  vi  0nt  é!  •!  1116 
posées  par  César.  Cicéron,  dans  sa  première  P/ii/i  ,  7'°' 
fait  allusion  à  une  loi  de  César  quae  jubet  ei  tjuiZT] 
damnatus  sit,  aqua  et  igni  interdici  C’est  J,'.?"' 
ment  la  peine  édictée  par  la  loi  Julia  de  vi  pJbUa 
D’autre  part,  cette  même  loi  punit  celui  qui,  cum  77 
rium  potestatemve  haberet ,  civem  Romanilm  advenu, 
provocationem  necaverit  verberaverit 18.  Une  parodie 
disposition  ne  se  conçoit  guère  sous  l’Empire  19 ;  auss' 
Paul  fait-il  remarquer  qu’on  doit  entendre  par  lV  non 
plus  la  provocatio  ad  populum ,  comme  au  temps  où  la 
loi  fut  votée,  mais  l’appel  à  l’empereur  20. 

Lex  Julia  municipal i s  (a.  709  =  43).  -  Loi  proposée 
par  le  dictateur  César  et  réglementant  l’administration 
de  la  ville  de  Rome  et  des  municipes.  Le  texte  en  a  été  en 
partie  conservé  :  il  est  gravé  sur  trois  tables  de  bronze 
trouvées  en  I/o-  a  Iléraclée  21 .  La  loi  est  postérieure  à 
Sylla,  car  elle  exclut  du  décurionat  celui  qui  ob  caput 
c(ivis)  fi(omani)  referundum pecuniam praernhm  aliiid- 
ve  guid  cepit  ceperit 22.  Elle  est  antérieure  à  711,  car 
le  mois  qui,  à  cette  date,  reçut  le  nom  de  Julius,  est  en¬ 
core  appelé  Quintilis23.  Savigny  a  établi24  que  la  loi 
est  de  l’an  709,  car  une  des  dispositions  qu’elle  contient 
est  visée  par  Cicéron  dans  une  leLtre  à  Lepta  du  mois 
de  janvier  de  cette  année.  Cicéron  communique  à  son 
correspondant  les  renseignements  qu’il  a  reçus  sur  un 
article  d’un  projet  de  loi  23.  Or  cet  article  se  retrouve 
dans  notre  loi  Julia20. 

Si  l’opinion  de  Savigny  a  prévalu  quant  à  la  date  de 
la  loi  Julia  municipalis ,  il  subsisLe  des  doutes  sur  la 
portée  véritable  de  cette  loi.  On  s’est  demandé  s'il  fallait 
y  voir  une  loi  générale  réglant  d’une  manière  Uniforme 
la  condition  des  cités  de  citoyens,  et  dans  ce  cas  com¬ 
ment  on  peut  en  concilier  les  dispositions  avec  les  leges 
municipii  propres  à  chaque  nmnicipe  27.  Ces  questions 
seront  examinées  à  l’article  municipium. 

Lex  Julia  de  exulibus  (a.  710  =  44).  —  Loi  attribuée 
à  César  par  Antoine  pour  ordonner  le  rappel  des  exiles. 
Cicéron  reproche  à  Antoine  d’avoir  introduit  dans  la l01 
des  distinctions  non  motivées  et  d’avoir  assimilé  aux 


od.  12  :  qui  nova  vectigalia  exercent,  lege  Julia  de  vi  publier  /  ^ 

-  h  Paul.  V,  2C,  3.  —  12  Diocl.  Cod.  Just.  IX,  12,  4.  —  U  Paul.  »  * 

XVIII,  7,  4  pr.  :  Cum  coetum  aliquis  et  concursum  fecisse  dicitw  ,  ^ 

uis  in  jus  produceretur. —  U  Papin.  1  Quaesl.  Dig.  I,  21,  1  pr-  —  A 

le  cognit.  Dig.  XXII,  5,  3,  5  :  Lege  Julia  de  vi  cavetur  ne  hue  h  g 
estimoniam  dicere  liceret,  qui  ne  ah  eo  parentece  ejus  liberaveut.  /  ^  reiti- \ 
eres  erunt,  quique  judicio  publico  damnatus  erit ,  qui  eorum  in  ul 

utus  non  erit,  quive  in  vinculis  custodiave  publica  erit,  quin  ^  • 

epugnaret,  se  locaverit,  quaeve  palam  quaestum  faeiet  fecu  i  '  rci  ton- 
istimonium  dicendum  vel  non  dicendum  pecuniam  accepissep"1  ^  4, 

ictus  erit-,  Papin.  1  De  adult.  eod.  13;  Paul.  2  De  adull.  Dig-  X  ^  ^  j  ne 

-  16  Mommsen,  Strafrecht,  p.  128,  n.  1.  —  11  Cic.  PMI.  L  ,  f.'jt 

IL  proc.  Dig.  XLVIII,  0,  7.  —la  Dio  Cass.  LVI,  40.  —  2°  Paul-  Se1,t\Jn'  jioinaniM 
ulia  de  vi  qmblica  damnai ur,  qui  aliqua  potestate  praedilus  U,,  (-0,-p.  i»ser’ 
itea  ad  populum,  mine  imperatorem  appellantem  necaverit ...  SchoP1*' 

.t.  I,  206.  —  22  Ibid.  1.  121.  —  23  Ibid.  1.  98.  —  24  Savigny,  Verm‘SCme  'rlls,stJ'« 
III,  p.  3  3  7.  —  25  Cic.  ad  Fam.  VI,  1 8  :  Simul  accepi  a  Seleuco  tuo  ^  ^cert)j 
laesivi  e  Balbo  per  codicillos,  quid  esset  in  loge.  Rescripsit  ■  01;  Cuep-  ll‘scr' 

•aeconium,  vetariessein  deewionibus  ;  qui  fecissent,  non  vetai 1  |  j,.  139.  | 

t.  I,  200,  1.  94  et  104.  —  27  Cf.  Karlowa,  R6m.  RechtsgescMc  1  ' . 


—  1149 


LEX 


LEX 


César  des  citoyens  dont  la  situation  était 


exilés  vises  p< 

(litière nie  '■  . 

1  1  jlJUA  de  insula  Cretu  (a 

)ar  Antoine  et  dispensant  d  impôt  les  cites 


710=  il) 


Loi  attri- 


Lex 

tée  à  César  pu 


les  plus  riches  de  la  Crete 
Lex  Julia  de  rege  Dejotar 


o  (a.  710=  44).  —  Loi  attri- 


,  à  César  par  Antoine  en  faveur  du  roi  Dejotarus  . 
lorsuu’on  l’afficha  au  Capitole,  il  n’y  eut,  dit  Cicéron, 
personne  qui,  au  milieu  même  de  sa  douleur,  pût  s’em¬ 
pêcher  de  rire,  tant  on  savait  combien  César  avait  etc 

hostile  à  Dejotarus.  .  .... 

Lex  Julia  de  Siculis,  (a.  710  =  44).  —  Loi  attribuée  a 
César  par  Antoine  et  accordant  le  droit  de  cité  aux  Sici¬ 
liens.  Ecce  autem  Antonius,  accepta  grandi  pecunia , 
fixit  legem,  a  dictatore  comitiis  latam ,  qua  Siculi 
cives  Romani  :  eu, jus  rei ,  vivo  illo ,  mentio  mdla  4. 

Lex  Julia  de  tutoris  datione  (a...?).  —  Loi  confé¬ 
rant  aux  gouverneurs  des  provinces  le  droit  de  nommer 
des  tuteurs  datifs  5.  C’est  peut-être  un  chapitre  de  la  loi 
Julia  de  provinciis  mentionnée  par  Cicéron  6. 

Lex  Julia  de  arnbitu  (a.  736  =  18).  —  Loi  proposée 
par  Auguste  contre  le  crime  d 'ambitus  et  motivée  sans 
doute  par  les  troubles  provoqués  par  l’élection  des  consuls 
de  l’année  précédente  7  [ambitus]. 

Lex  Julia  de  maritandis  ordinibus  (a.  736  =  18).  — 
Loiproposée  par  Auguste  et  tendant  :  1°  à  encourager  les 
citoyens  au  mariage  et  à  la  procréation  des  enfants  ; 
2°  à  maintenir  la  pureté  de  la  race  tout  au  moins  dans 
l’ordre  sénatorial.  Pour  atteindre  le  premier  but,  la  loi 
supprime  les  entraves  au  mariage  résultant  de  la  puis¬ 
sance  paternelle  ou  du  patronat  [patria  potestas,  patro- 
natus];  elle  accorde  des  privilèges  aux  personnes  mariées 
et  surtout  à  celles  qui  ont  des  enfants  ;  elle  frappe 
d’incapacité  les  célibataires  [voir  l’article  caducariae 
legesJ.  Pour  atteindre  le  second  but,  la  loi  établit  de 
nouveaux  empêchements  à  mariage,  destinés  à  prévenir 
toute  mésalliance  :  elle  interdit  aux  sénateurs  et  à  leurs 
descendants  par  les  mâles  jusqu’au  troisième  degré 
d  épouser  des  affranchies  ou  des  femmes  de  mœurs  ou 
de  profession  honteuses  8  [matrimonium]. 

La  date  de  la  loi  Julia  de  maritandis  ordinibus  est 

fixée  par  Dion  Cassius.  Son  témoignage  est  confirmé 

far  une  inscription  trouvée  à  Rome  en  1890,  et  contenant 

B  procès-verbal  des  actes  des  jeux  séculaires  de  l’an  737. 

armi  ces  actes  figure  un  sénatus-consulte  du  23  mai 

qui  permet  aux  citoyens  qui  nondum  sunt  maritati , 

qui  le r/ e  de  maritandis  ordinibus  [, tenentur ],  d’assister, 

Sans  ' 111  0ui’’r  aucune  peine,  à  des  jeux  institués  religio¬ 
ns  causa  \ 

Lex  Julia  de  adulteriis  et  de  pudicitia  (a.  736  =  18  ?). 
g01  ProP0i,Ée  par  Auguste  pour  réprimer  l’adultère  ( lex 

tulit  ?  Nullius  •  ’  'S'  '  ^  de  exsulibus  legem  quant  fixisti,  Caesar 

teqmtos,  quor  ?  ^ '  ca^am^a^em  ■  tantum  queror ,  ‘primant  eorum  redites 
l'eliguis  Hem  non  Ca".mm  dissimilem  Caesar  judicarit,  deinde  nescio,  cur 
rnt.  —  2  qjc  p !.'.Ml.aS'  Neque  enim  plus  quant  très  aut  quatuor  reliqui 
'nnuneraljüia  ciunp  ~  1  Cic.  Phil.  II,  37:  Sunt  ea.  quidem 

Il *u,n  de  rege  lie'  lle,s‘s  emebantur,  non  insciente  te:  sed  unum  egrc 
—  IJ0  nro’  populo  Romano  amicissimo,  decretum  in  Capitoli 


Gio  nri  1,.  V„r  "  aecretum  xn  Capitolio 

finaï-  20  ;  /njf  ,  t0ADr'  J,  '  ^  7*  GaL  >’  *83’  193  >  «P-  X>’  18  ;  Frg.  d» 

01  n? faisait  qu'une  nvl  u  iÜT.  j:  *d  '.\loc-  üuelrtues  auleurs  ont  pensé  que  cette 


deus  'ois  aislind'eT  aTr  1fa'°iTiUa(P-  22).  Il  est  plus  probable  que  ce  soûl 

''  d.  Morilz  Voie-i  n-  1  a-"UÎI|0  du  binai  mentionnent  uniquement  la  loi  Titia. 

^^sgescluckt^  t.  I,  p.  840.  _  7  Zonar.  X,  34  :  "EOsxcm 
,.!°  *'ass.  El V,  10.  g..  ,  (  t'<i'70'"T“5  TtvK4  Elu  Aç/.aï?,  U  xévte  txi\  uûxm 

UV|>t  H,  ,  «;  Tac.  Ann.  I,  2, 15  ;  Modestin  (2  De  poenis.  Dig.. 

y  ’  miUllUCI  rll>e  :  Uaec  lex  in  Urbe  hodie  cessât,  quia 


de  adulteriis  coercendis  lû)  et  l’impudicité  (stuprum),  cl 
pour  rendre  les  divorces  plus  difficiles  [nivoimuM,  mathi- 
monium.  Voir  l’article  adulterium,  t.  Ier,  p.  85J.  Un  chapi- 
tre  de  cette  loi  a  pour  but  d’assurer  la  conservation  du 
fonds  dotal  {lex  Julia  de  fundo  dolah l)  :  il  est  interdit 
au  mari  de  l’aliéner  sans  le  consentement  de  sa  femme 
[Voir  l’article  nos,  t.  III,  p.  395. ! 

La  loi  Julia  de  adulteriis  est  postérieure  à  la  loi  Julia 
de  maritandis  ordinibus  dont  elle  complète  à  certains 
égards  les  dispositions.  Elle  est  sûrement  du  temps 
d’Auguste,  comme  le  prouve  un  passage  de  Sénèque11. 
Elle  est  antérieure  à  746,  date  de  la  mort  d’IIorace,  qui 
parle  dans  une  de  ses  Odes  des  peines  de  la  loi  Julia 
contre  le  stuprum  12.  Elle  a  été  vraisemblablement  ren¬ 
due  très  peu  de  temps  après  la  loi  Julia  de  maritandis 
ordinibus 13. 

Lex  Julia  judiciorum  privatorum  (a.  737  =  17  ?). 

Lex  Julia  judiciorum  publicorum  (a.  737  =  17  ?).  — 
Cette  loi  et  la  précédente  ont  eu  pour  objet  de  réformer 
l’administration  de  la  justice  et  de  réglementer  la  procé¬ 
dure  civile  et  criminelle.  Elles  sont  souvent  citées  ensem¬ 
ble  ou  séparément,  et  contiennent  des  dispositions  pa¬ 
rallèles,  l’une  pour  les  judicia  privata,  l’autre  pour  les 
judicia  publica.  Ces  dispositions  ont  trait  :  1°  à  la  ju- 
risdictio  ;  2°  à  la  procédure  in  jure  ;  3°  à  l’organisation 
de  l’instance;  4“  à  la  procédure  in  judicio  [voir  les 
articles  judicium,  judicia  publica,  judiciariae  leges]. 

Ces  lois  ont-elles  été  proposées  par  César  ou  par  Au¬ 
guste?  L’un  et  l’autre  ont  soumis  aux  comices  des  lois 
judiciaires,  mais  il  est  peu  probable  que  César,  qui  vivait 
à  une  époque  de  troubles,  au  milieu  des  guerres  cixdles, 
ait  pu  élaborer  un  projet  de  loi  d’une  portée  aussi  large 
que  celui  qui  fut  consacré  par  nos  lois  judiciorum  pri¬ 
vatorum  et  publicorum.  Divers  textes  donnent  lieu  de 
penser  que  ces  lois  doivent  être  attribuées  à  Auguste  : 
1°  l’un  des  points  réglés  par  ces  lois  concerne  les  fériés 
judiciaires.  Or  Macrobe  dit  :  Augustus...  in  legibus  ju- 
diciariis  triduo  servari  ferias  jussit.  2°  Suétone  dit 
qu’Auguste  ajouta  trente  jours  à  l’année  judiciaire  pour 
ne  pas  retarder  le  jugement  des  crimes  ou  des  affaires 
civiles14.  Bien  qu’il  ne  soit  pas  fait  allusion  içi  aux  lois 
judiciaires  d’Auguste,  le  rapprochement  établi  par  Sué¬ 
tone  entre  les  maleficia  et  les  negotia  permet  de  croire 
qu’il  songeait  aux  lois  Juliae  judiciorum  publicorum  et 
privatorum.  3°  Dion  Cassius,  dans  un  passage  relatif  à 
l’année  737,  atteste  qu’Auguste  défendit  aiix  juges,  que 
le  sort  avait  désignés,  d’aller  en  visite  chez  des  tiers15. 
Or  un  fragment  de  Modestin  attribue  à  la  loi  J ulia  judi- 
ciaria  une  règle  qui.est  la  réciproque  de  la  précédente  lc. 

Il  y  a  lieu  de  penser  que  les  deux  dispositions  étaient 
écrites  dans  la  même  loi  17. 


ad  curant  principis  magistratuum  creatio  pertinet,  non  ad  populi  favorem.  Cf. 
Mommsen,  Rôm.  Straf redit,  p.  867.  — 8  Ulp.  XIII.  — 9  Ephemeris  epigraphica, 
1892,  t.  VIII,  p.  248.  —  10  C’esl  le  nom  que  lui  donne  Paul.  De  adult.,  Collât. 
IV,  2,  1.  —  n  Senec.  De  benef.  VI,  32  :  Diras  Augustus...  flagitia  principalis 
domus  in  publicum  emisit...  forum  ipsum  ac  rosira,  ex  quibus  pater  legem  de 
adulteriis  tulerat,  filiae  in  stupra  placuissc.  —  12  Hor.  Carm.  IV,  5,  21  : 

Nullis  poltuitur  casta  domus  stupris  ; 

Mos  et  lex  maculosum  edomuit  nefas  : 

Laudantur  simili  proie  puerperae  ; 

Culpam  poena  premit  cornes. 

—  13  Cf.  Mommsen,  Strafreclit.  p.  091,  n.  1.  —  14  Suel.  Aug.  32.  —  13  Rio  Cass. 
LIV,  18.  —  lGModost.  %  De  poenis,  Dig.  XLVIII,  14,  i,  4.  —  17  Cf.  Wlassak,  Rôm. 
Processgcsetze,  t.  I,  p.  184;  Moi-itz  Voigt,  Abhdl.  d.  kôn.  Sachs.  Gesellschaft 
d.  1  Visa,  zu  Leipzig,  l.  XIII,  p.  488. 


145 


IÆX 


—  1150  — 


IÆX 


l'Ex  Ji  lia  de  magistratibus  (a.  742  =  12).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  Auguste  et  réservant  le  droit  de  briguer  les 
magistratures  aux  chevaliers  ayant  une  fortune  d’au 
moins  un  million  de  sesterces  \ 

Le\  J i  lia  de  Vicesima  hereditatium  (a.  759  =  (î).  _ 

l.oi  d  Auguste  établissant  un  impôt  du  vingtième  sur  les 
successions  et  les  legs  2  [vicesima  hereditatium].  Les 
heritiers  domestiques  et  les  pauvres  en  étaient  exempts  3. 
pour  faciliter  la  perception  de  l’impôt,  la  loi  posa  des 
réglés  sur  1  ouverture  des  testaments  (apertura  tabula¬ 
nt m) 4  [testamentum  |. 

D’après  le  monument  d’Ancyre  s,  l’impôt  du  vingtième 
fut  établi  sur  le  conseil  d’Auguste  :  Quod  ex  consilio 
wLe°]  [eojnstitutum  est.  D’après  Dion  Cassius,  Au¬ 
guste  aurait  invoqué  l’autorité  législative  des  acta  Cas¬ 
sa  ris  G. 

Lex  Julia  de  agris  adsignandis  et  de  coloniis  dedu- 
rendts  (a...?).  —  Loi  d’Auguste  mentionnée  par  Hygin 7  et 
Suetone  8.  Cette  loi  se  réfère  sans  doute  aux  deductiones 
de  colonies  militaires  qui,  d’après  le  monument  d’An¬ 
cyre9,  eurent  lieu  en 724  =  30  et  740=14  10. 

Lex  Julia  de  annona  (a...?).  —  Loi  proposée  par  César 
ou  par  Auguste  et  édictant  une  peine  contre  ceux  qui, 
par  leurs  manœuvres,  font  renchérir  le  prix  de  l’annoné 
[annona]  11 .  Ulpien,  au  livre  IX  de  son  traité  De  officia 
pi  oionsulis,  a  conservé  quelques-unes  des  dispositions 
de  cette  loi  :  Lege  Julia  de  annona  poena  statuitur  ad- 
versus  eu/n  gui  contra  annonam  fecerit  societatemve 
coierit ,  quo  annona  carior  fiat.  —  Eadem  lege  cavetur 
ne  guis  navem  nautamve  retineat  aut  dolo  rnalo  faciat 
guo  magis  detineatur.  Et  poena  viginti  aureorum  sta¬ 
tuitur  12. 

Lex  Julia  de  collegns  (sous  Auguste).  —  Loi  proposée 
par  Auguste  et  ordonnant  que  toutes  les  associations 
existantes  seraient  dissoutes  et  qu’on  ne  pourrait  désor¬ 
mais  en  former  de  nouvelles  sans  l’autorisation  du  sénat 
[collegia] .  Cette  loi,  à  laquelle  Suétone  fait  allusion  13, 
n’est  connue  que  par  une  inscription  de  Rome  relative 
au  collegium  symphoniacorum  gui  sacris  pub/icis 
praesto  sunt,  guibus  senatus  c(oire)  c(ogi)  c(onvocari) 
permisit  e  lege  Julia  ex  auctoritate  Aug(usti)  ludorum 
causa  u. 

Lex  Julia  de  majestate  (sous  Auguste).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  Auguste  contre  le  crime  de  majesté15  [majestas, 
perduellio,  seditio].  Le  texte  de  plusieurs  dispositions 
de  cette  loi  a  été  conservé  par  Marcien  et  Scaevola  : 

Lex  ...Julia  majestatis  praecipit  eum  gui  majes- 
tatem  publicam  laeserit,  teneri  :  gualis  est  i/le  gui 
in  bellis  cesserit ,  aut  arce/n  tenuerit  (?)  aut  castra  con- 
cesserit. 

Eadem  lege  tenetur  et  gui  injussu  principis  bellum 
gesserit  dilectumve  habuerit,  exercitum  comparaverit, 

—  guive,  cum  ei  in  provincia  successum  esset,  exercitum 


successori  non  tradidit;  -  guive  imperium  u 

tumve populi  romani  deseruerit  ; _ ,  -,  j 

pro  potestate  magistrature  g uid  sciens  dol!  '  ^>ivatUs 
rit:-— guive  guid  eorum  quae supra  serin!  'n"l°  (J^t\ 
curaverit 11 .  lptasurdfw:,n 

[Eadem  lege  tenetur ]  cujusgue  dolo  rnalo  • 
guis  adactus  est  guo  ad  versus  rempublicam  frdo 
cujusve  dolo  rnalo  exercitus  populi  Romani  h!"".-' 

deductus  hostibusve  proditus  erit  :  _ farta  ^ 

rnalo  eu  jus  dicitur  guominus  hostes  in  pot!'.!!'!  ^ 
puli  romani  reniant;  -  cujusve  opéra  dolo  w!?°' 
tes  populi  romani  commeatu  armis  telis  en  ni  ^ 

nia  a!.iave  qua  re  adJ'uti  utve  ex  amie!  Cl 

populi  romani  fiant  ;  -  cujusve  dolo  rnalo  factum 
guo  rex  externe  nationis  populo  rornano  minas  l 
peret  :  —  cujusve  opéra  dolo  rnalo  factum  erit  I 
magis  obsides pecunia  jumenta  hostibus  populi  Ho!!!'!  I 
dentur  adversus  rempublicam  ;  -  Item  gui  confesmi 

m  judtcio  reum  et  propler  hoc  in  vincula  conieclum 
emiserit 18. 

Lex  Julia  peculatus  cl  de  sacrilegis  (a...?).  —  Loi  pro-  ] 
posée  par  César  ou  par  Auguste  19  pour  réprimer  le V  j 
tournement  des  biens  appartenant  aux  dieux  ou  à  l’État  I 
[peculatus,  sacrilegium  I.  Quelques  dispositions  de  cette  I 
loi  ont  été  conservées  par  Ulpien  au  livre  XL1V  de  son  I 
commentaire  sur  Sabinus  :  Lege  Julia  peculatus  cavetw  ’ 
ne  guis  ex  pecunia  sacra ,  religiosa,  publicace  uuferat,  I 
neve  intercipiat,  neve  in  rem  suam  vert  ut;—  neve  facial  I 
guo  guis  uu ferai,  intercipiat ,  vel  in  rem  suarnvertat ,  I 
nisi  cui  utigue  lege  licebit ;  —  neve  guis  in  aurum.  ar-  I 
gentum ,  aes  publicum,  guid.  indet ,  neve  immiscent  ;  neve  I 
guo  guid  indatur ,  immisceatur ,  faciat  sciens  dolo  malo  | 
quo  id  pejus  fiat20. 

D  autres  dispositions  sont  encore  mentionnées  par  les 
jurisconsultes  classiques  :  Qui  tabulant  aereum  legis, 
formamve  agrorum  aut  guid  aliud  continente/n  re/ixe- 
ril,  vel  guid  inde  irnmutaverit  lege  Julia  peculatus 
tenetur 21 .  —  Eadem  lege  tenetur  gui  guid  in  tabulis 
publicis  deleverit  vel  induxerit 22  ;  —  gui  praedamab 
hostibus  captam  surripuit 23, —  qui perforaverit  muras 
vel  incle  (?)  aliguid  abstulerit  2\ 

Lex  Julia  de  residuis  (a...?).  —  Cette  loi  n’est  vrai¬ 
semblablement  qu’un  chapitre  de  la  précédente.  Le  titre 
du  Digeste  qui  s’y  réfère  a  pour  rubrique  :  ud  legM 
J uliarn peculatus  et  de  sacrilegis  et  de  residuis.  Quelques 
textes,  il  est  vrai,  visent  exclusivement  la  loi  Julia  * 
résidais20.  Mais  le  fait  n’est  pas  sans  exemple  :  certains 
textes  parlent  de  la  loi  Julia  de  fundo  dotali  qui  n cal 
qu’un  chapitre  de  la  loi  Julia  de  adultérais.  Cette  loi  Punlt 
les  comptables  de  deniers  publics  qui  se  sont  appi‘0PIie 
tout  ou  partie  de  l’argent  qu’ils  avaient  reçu  poui  uni 
usage  déterminé.  Lege  Julia  de  residuis  tenetm  <lu' I 
pecuniam publicam  delegatam  in  usum  alignent  n'1 11111  j 


I  Dio  Cass.  L I  \  ,  30  :  Evojiodsx)]a£y  Ex  xwv  iïcxéuv  xûiv  [J-Tj  tXaxxov  ice'vte  xcct  EÎxotrt  'xopfa  Saç 
XExTiintvwv  moScnWBai  x5v  èv  ta!;  àpyaï;  Eva  Exaaxav.  Kàx  xoùxcov  xà  lâSjdo;  xoff.;  Iv&Éovxa; 
alpEÏaOat  ti x i a i v ,  e!  |xev  xat  [ioyXE’jEiv  [xExà  tout'  èOeZoiev,  eî  Si  [x^,  tç xïjv  txxaSa  aüôtç  ÈitavtÉvat 
ÈÏEïvai.  Cf.  Mommsen,  /loin.  Staatsrecht ,  Irad.  t.  H,  p.  148.  —  2  Dio  Cass.  LV,  25  : 
Tijv  EÎxOdtîjv  X'.jv  xe  ov  xat  xwv  StupEiùv,  a;  av  ot  xeXeucùîvxe;  xtat  (rî.rv  Xiuv  xàvy 
CTupyEvujv,  Tj  xat  teev'ôxuv  xaxa).Etittiia-i,  xaxEaxx.aaxo.  Gai,  III,  125.  —  3  D'autres  exceptions 
furent  admises  par  la  suite.  Piin.  Puneg.  37.  —  4  Paul.  Sent.  IV,  6,  3  ;  cf.  Aegijpt. 
Urkunden  au s  den  Museen  zu  Berlin,  Gr.  U.  n»  3G1.  —  5  lies  Gestae  divi  Augnsti. 

G  Dio  Cass.  L\  ,  25  .  Q;  xat  EV  xoï;  xo-j  Kaitrapoç  uicopvy)pxi7t  xî)  xé>.o;  xatTxo  YEypaft[EÉvov 
EÎptüv.  Cf.  Mommsen,  Boni.  Staatsrecht,  trad.  t.  IV,  p.  308.  —  7  Gromat.  vet. 
faix  et  arater  ierit.  Lib.  colon,  p.  224  :  Ager  Amerinus  lege  imperatoris 
p.  112  :  Mensura  territorii  usquefieri  débet  secundum  legem  1 J.  Augusli  guo 


Augusti  est  assignatus  ;  cf.  Hygin.  p.  197.  —  8  Suct.  Aug.  S6.  —  ciaaU- 
Mommsen,  J)es gestae  divi  Augusti,  p.  02  et  119.  —  10  Cf.  Marquant  /•"« 
verwaltung,  trad.  t.  I,  P-  150.  —  n  Mommsen,  Bôm.  Strafrecht,  l>- h  '-’  ^ 

•-  ..  - .  .  _  14  Corp 


.  Xi.  U  IJ- 

r  les  corporations  rom""’  <  ’ 


verwaltung ,  _  ,  , _  _ 

à  César.  —  12  Dig.  XL VIII,  12,  2.  —  n  Suet.  Aug.  32 
VI,  2193  ;  cf.  Waltzing,  Étude  historique  sur  les  t  . 

—  18  Tac.  Ann.  I,  72  :  Primus  Augustus  cognitionem  de  famosis 
legis  ejus  ( majestatis )  tractavit.  —  f0  Cf.  Paul.  Sent.  V,  29,  1 
imperatorem.  —  17  Marcian.  14  Instit.  Dig.  XL VIII.  A,  3.-  a||usion, 
eod.  4.  —  19  Suétone  dans  sa  vie  d'Auguste,  n  y  fait  aucun'  ^  ^  yenj|. 
Mommsen,  Jlôm.  Strafrecht,  p.  702,  n.  1.  —  20  Dig.  XLVIII,  IL  -  ^  ^  lil, 
Saturn.  3  jud.  publ.  eod.  8.  —  22  Ibid.  8,  1.  —  23Modest.  2  De  pot" 

—  21  Ulp.  08  ad  Ed.  eod.  11.  —  25  Paul.  Il  ad  Sab.  eod.  2. 


libellé  Vtal 

(hli  Jesentet'l 

.  is  Scaov.  4  Ucg' 
cl. 


—  1151  — 


LEX 


LEX 


■  ,  in  usum  consumsit 1  ;  —  is  apud  quem  ex  loca- 

rqiœ  tatinnP  alimentaria  ratione,  ex  pecunia  quant 
r,it  aliave  qua  causa  pecunia  publica  resedit. 

sumntuaria  (sous  Auguste).  —  Loi  somp- 


at 


1/  u  w  -*■ 

Iex  Julia  sumptuaria  (sous  Auguste). 

Kt  aire  proposée  par  Auguste  et  fixant  à  deux  cents  ses- 
g  la  dépense  des  jours  ordinaires  ;  à  trois  cents,  celle 
lefcalendes,  des  ides,  des  nones  et  des  autres  jours 
■L .  à  mine,  celle  des  jour  et  lendemain  de  noces  2. 
11  faut  sans  doute  rattacher  à  cette  loi  une  disposition 
Le  Suétone  fait  connaître,  sur  le  costume  et  la  parure 

des  femmes 3. 

Lkx  Julia  theatralis  (a  ..?).  —  Loi  proposée  par  Au- 
| „us te  sur  la  police  des  théâtres.  Des  places  sont  assignées 
aux  diverses  classes  dé  spectateurs  [theatrum].  Cette  loi 
est  mentionnée  par  Pline  :  Ne  eut  jus  id  esset  nisi  qui 
ingenuus  ipse pâtre avo paterno,-ff£  CCCC  census  fuisset 
et  lege  Julia  theatrali  in  XIIII  ordinibus  sedisset  L 

Lex  Julia  de  vectigalibus  (a.  793  =  40).  —  Loi  de 
Caligula  établissant  un  impôt  sur  les  comestibles  et  un 
impôt  du  quarantième  sur  les  procès  [aerarium,  t.  I, 
p,  1151.  Dion  Cassius  donne  de  curieux  détails  sur  la 
publication  de  cette  loi 5. 

Lex  Julia  (intra  790  =  37  et  794  =  41).  —  Loi  de 
Caligula  autorisant  les  esclaves  à  dénoncer  les  crimes 
commis  contre  leurs  maîtres  6. 

Lex  Julia  miscella.  —  Loi  citée  dans  deux  constitu¬ 
tions  de  Justinien  de  l’an  531  7  et  dans  une  Novelle  de 
l’an  536 8,  toutes  trois  adressées  au  préfet  d’Orient  Jo¬ 
hannes  Cappadox.  Elle  vise  le  cas  d’un  legs  fait  par  un 
mari  à  sa  lemme  sous  la  condition  de  rester  veuve.  Elle 
autorise  la  femme  à  réclamer  le  legs  à  la  condition  de  se 
marier  dans  1  année  ou  de  fournir  la  caution  Mucienne. 
Cette  loi  est  attribuée  par  la  Novelle  à  un  personnage 
appelé  Julius  Miscellus.  On  reconnaît  aujourd’hui  que 
c  est  un  personnage  imaginaire  dû  à  l’erreur  d’un  co¬ 
piste.  Le  mot  miscella  n’est  pas  un  nom  d’homme  :  c’est 
un  adjectif,  synonyme  de  satura.  Il  exprime  que  la  loi 
j  ulia  a  laquelle  on  a- emprunté  la  clause  précitée  conte¬ 
nait  des  dispositions  de  toute  sorte.  Il  n’y  a  d’ailleurs 
aucune  difficulté  à  déterminer  quelle  est  cette  loi  Julia  ; 
la  manié ie  dont  s  exprime  Justinien  dans  la  Novelle  ne 
Pisse  aucun  doute  sur  son  identité  avec  la  loi  Julia  de 
fwntandis  ordinibus  :  'o  yàp  xaXoûaevoç  Julios  miscel- 
/  JP'°'s  aPXat°Ç  to  xrg  iratoo7to(a ;  7rooëocXXôu.svoç 

uS(X(TfAa  ^éTP£7t£  Taîç  vuvaiÇtv. 

^Lex  .Il  LIA  Papiria  de  multarum  aestimatione  (a.  3-24  = 
J’U  PIOPOsee  par  les  consuls  L.  Julius  et  Papi- 


430). 


■  j 

I  HPtdum  penenit  C  :  P°stremo  lex  Julia  ad 

\Aucenti  flniuntur  ■  i/T'a-  UJUSto  w’Pe,'a”te,  qua  profestis  quidem  diebus 
centi,  nuptUs  1S’  noms  et  aliis  quibusdam  festivis  tre- 

^  ■k^haCZ  j  Jep0tiU  HS  mÜle-  Di°  Cass.  LIV,  2.  -  3  guet.  Aug. 
\  dédit  ne  quem  posthnr  "jltdue P1 ’sjinum  reducere  studuit...  Negotium  aedilibus 
c°n sistere.  Di0  Cass  ^af>entur  foro  circove,  nisi  positis  lacernis  togatum 

JF'44;  cf.  Mommsen  ï  PH"’  Biit'  naL  XXXIII<  3.  *2;  Suet. 

KDuardt,  Hôm.  StaaL  ,  S  aatsr-  L  Ul>  P-  S00,  trad.  i.  VI,  2,  p.  122  ; 

0,0  Ca«-  LIX,  trSnroal^  *«*•  <•  XIII,  p.  311.  -  3  Suet.  Calig.  M  \ 
i1)  ^  iortow-,  '  af“at’  lmpôts  ^directs,  p.  147  et  235.  —  6  Suid. 

'jw!5  *‘»>innUi|l«(.  -  7  E’!,Tî',f'E  *«T>iY0feïv  TOV  Seuteotov  eV  -i  £y  eISeïev 

7  fTiL  Lu.  IV  30  .  5°rf-  JufL  VI-  «,  2  et  3.  -  8  2Vm,  Just.  XXII,,  e.  xu, 

ifcCiirt . . 


1\ 0  30  :  Lent*  rl  ~,w w*  ami 

J  e  multarum  aeslimatione,  pergratam  populi 


T„ e  r‘  CS n"mus  ex  coU*9i°  proditione  excepissent 
tulj.  ""‘in.  i,  __  10Tj|  j'!0’  n  ''  IieP-  *L  35;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Stra 
Lit  vl°m,ies  Tarquiniao  „  ’  ~  ‘  ^rutus  ex  senatusconsulto  àd  populun 

,AXXVI-  2.  <b VTUleS  “ ■  DC114S-  d™‘c.  V-  '•  -  “  Tit 
I  la  p  CSt'  v°  Pnrsus  Cnil  ,  °'!t’  Aôm ■  Rec^sgeschichte,  t.  I,  p.  714 
j  est-  v°  Res  publicae  :  C  0°-  ^neraHone  tegis  Juniae.  Cato,  Orat.  VI 
racchus  in  ea,  quam  conscripsit  de  lege  Penn 


ri  us  Crassus  et  fixant,  la  valeur  en  numéraire  des  amen¬ 
des  consistant  en  un  certain  nombre  de  têtes  de  bétail  ” 
[multaj. 

Lex  Jünia  (a.  243  =  509).  —  Loi  proposée  par  le  consul 
L.  Junius  Brutus,  sur  l’avis  conforme  du  sénat,  pour 
exiler  tous  les  membres  de  la  gens  Tarquinia  10. 

Lex  Junia  de  feneratione  (a.  563  =  191).  —  Projet  de 
loi  présenté  par  le  préteur  urbain  M.  Junius  Brutus  11  sur 
le  prêt  à  intérêt.  Ce  projet  n’est  connu  que  par  la  dis- 
suasio  prononcée  par  Caton  12. 

Lex  Junia  de  peregrinis  (a.  628  =  126).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  M.  Junius  Pennus  contre  les  péré- 
grins  qui  usurpent  le  droit  de  cité  romaine  13  [peregrinus]. 

Lex  Junia  repetundarum  (intra  605  =  149  et  631  =  123). 
—  Loi  mentionnée  dans  la  lex  Acilia  repetundarum  et 
dont  on  ne  connaît  que  le  nom  :  Exve  lege  quant  M. 
Junius  D.f.  Ir(ibunus)  pl(ebei)  rogavit 14.  [repetundarum 
crimen,  lex  calpurnia  repetundarum  . 

Lex  Junia  de  militiae  stipendiis  (a.  645  =  109).  —  Loi 
proposée  par  le  consul  M.  Junius  Silanus  et  abrogeant 
plusieurs  lois  qui  avaient  diminué  la  solde  de  l’armée  13 
[militia,  stipendium.] 

Lex  Junia  (a.  671  =83).  — •  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  M.  Junius  Brutus  et  portant  deductio  d’une  colo¬ 
nie  à  Capoue  16.  -  ‘ 

Lex  Junia  Licinia  (a.  692  =  62).  —  Loi  proposée  par 
les  consuls  Dec.  Junius  Silanus  et  L.  Licinius  Murena  et 
prescrivant  de  déposer  à X aerarium  une  copie  des  projets 
de  loi17.  Lex  Licinia  et  Junia,  consulibus  auctoribus, 
Licinio  Murena  et  Junio  Silano ,  per/ata  illud  cavebat 
ne  clam  aerario  legem  ferre  liceret.  Celui  qui  violait  la 
loi  s’exposait  à  un  judicium  publicum 18. 

Lex  Junia  Petronia  (a.  772  =  19).  —  Loi  proposée  par 
les  consuls  M.  Junius  Silanus  et  P.  Petronius  19  et  déci¬ 
dant  que,  dans  un  procès  de  libertate ,  s’il  y  a  partage 
entre  les  juges,  on  doit  se  prononcer  en  faveur  de  la 
liberté.  Lege  Junia  Petronia,  si  dissonantes  pares  ja- 
dicum  existant  sententiae  pro  libertate  pronuntiari 
jussum  20 .  Cette  loi  visait,  non  pas  les  procès  soumis  au 
tribunal  des  centumvirs,  mais  ceux  qui  étaient  portés 
devant  les  gouverneurs  de  provinces  et  jugés  par  des 
récupérateurs21.  Une  constitution  d’Antonin  le  Pieux 
lui  donna  plus  tard  une  portée  générale22.  Peut-être 
s’appliqua-t-elle  dans  le  principe  aux  Latins  Juniens  ; 
elle  serait  venue  compléter  la  loi  Junia  Norbana  rendue 
dans  le  premier  semestre  de  la  même  année  23 . 

Lex  Junia  Norbana  de  manumissionibus  (a.  772  =  19?). 

et  peregrinis.  Cic.  De  off.  III,  II,  47  :  Male  etiam  qui peregrinos  urbibus  uti  pro¬ 
hibent  eosque  exterminant ,  uti  Pennus  apud  patres  nostros,  Cic.  Brut.  28,  108  : 
cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  t.  III,  p.  200,  trad.  t.  VI,  1,  p.225,  n.  i.  —  14  Corp. 
iliscr.  lat.  I,  198,  I.  74  et  81.  —  IB  Ascon.  a.  G0  :  Idem  ( Junius )  postea  plures 
leges  quae  per  eos  annos  ab  iis  qui  gratificabantur  populo  latac  erant  quibus 
militiae  stipendia  minuebantur,  abrogavit.  —  ifi  Cic.  De  lege  agr.  II,  34  92  : 
Nam  et  ipse  (M.  Brutus)  qui  deduxit ,  ef  qui  magistratum  Capuae,  ex  lege  creati, 
ceperunt ,  et  qui  aliquam  partent  illius  deductionis  honoris  muneris  attigerunt, 
omnes  acerbissimas  impiorum  poenas pertulerunt .  La  colonie  de  Capoue  fut  fondée 
par  les  partisans  de  Marins  :  colonia  deducta  L.  Considio  et  Sex.  Saltio ,  dit 
Cicéron  ( loc .  cit.).  Cf.  Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  I,  p.  207, 
n.  2.  —  U  Cf.  Mommsen,  Op.  cit.  t.  III,  p.  371,  trad.  t.  VI,  1,  p.  426,  n.  I. 

18  Scliol.  Bob.  p.  310  in  Cic.  p.  SextiOj  64  :  ...Se  statuit  omnino  consularem 
legem  nullam  putare...  Liciniam  Juniam  contempsit.  Cf.  Kriiger,  Geschichle 
der  Quellen  und  Literatur  des  rôm.  Rechts ,  p.  17,  trad.  p.  22.  Mommsen 

Rôm.  Staatsr.  t.  II,  p.  546,  586,  trad.  t.  IV,  p.  246  et  292,  n.  2. _ 19  Cf.  Kar- 

lowa,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  t.  I,  p.  624;  Morilz  Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschich,  t.  II, 
p.  447.  —  20  Hermog.  I  Jur.  Epit.  Dig.  XL,  t,  24  pr.  —  21  Cf.  Plin.  Dp. 

X,  72  (66).  —  22  Paul.  17  ad  Ed.  Dig.  XLU,  1,  38  pr.  -  23  Moritz  Voigt, 
Loc.  cit. 


LEX 


1152  — 


LEX 


—  Loi  déterminant  la  condition  des  esclaves  voluntate 
domini  in  Ubertate  moralités.  Elle  les  assimile,  sauf  en 
quelques  points,  aux  Latins  coloniaires  1  [libertini, 
latim  juniani,  manumissio].  Les  Institutes  de  Justinien 
donnent  à  cette  loi  le  nom  de  Junia  Norbana  2  ;  elle  doit 
par  conséquent  avoir  été  proposée  par  les  consuls  de 
l'an  772=  19,  M.  Junius  Silanus  et  L.  Norbanus  Balbus. 
Cette  conclusion  a  été  contestée.  On  a  fait  remarquer  qu’il 
était  bien  diflicile  d’admettre  que  cette  loi,  qui  favorise 
les  affranchissements,  soitpostérieure  de  quelques  années 
seulement  à  la  loi  Aelia  Sentia  qui  leur  est  défavorable. 
On  ajoute  que  les  jurisconsultes  classiques  appellent 
notre  loi  Junia  3,  et  non  Junia  Norbana,  ce  qui  permet 
de  la  reporter  à  une  date  antérieure  au  consulat  de 
l’an  772,  entre  l’année  710  et  l’avènement  d’Auguste. 
D’ailleurs,  un  fragment  attribué  à  Dosithée  dit  :  Lex 
Junia  quae  Latinorum  genus  introduxit  *.  Cette  pro¬ 
position  serait  inexacte,  si  notre  loi  était  postérieure 
à  la  loi  Aelia  Sentia,  car  un  chapitre  de  cette  dernière 
loi  vise  les  affranchis  Latins  5.  Ce  dernier  argument 
n’est  pas  décisif,  car  on  peut  dire  que  Gaius  a  employé 
ici  ce  mot  brevitatis  causa.  Ulpien  dit  en  effet,  à  propos 
de  la  loi  Aelia  Sentia  :  testamento  vero  manumissum 
perinde  haberi  jubet  atque  si  domini  voluntate  in 
Ubertate  esset ,  ideoque  Latinus  fit  6.  On  peut  donc  con¬ 
sidérer  la  loi  Junia  Norbana  comme  ayant  eu  pour  objet 
de  régulariser  la  situation  des  servi  in  Ubertate  ma¬ 
rantes ,  situation  qui  n’avait  pas  été  définie  par  la  loi 
Aelia  Sentia  La  question  est  très  controversée  7. 

Lex  Junia  Vellaea  (circa  a.  780  =  27).  — Loi  proposée 
par  les  consuls  L.  Junius  Silanus  et  C.  Vellaeus  Tutor  et 
permettant  d’instituer  ou  d'exhéréder  soit  l’enfant  du  tes¬ 
tateur  né  du  vivant  de  son  père,  mais  après  la  confection 
du  testament,  soit  le  petit-fils  du  testateur  qui  n’était  pas 
sous  sa  puissance  immédiate  lors  de  la  confection  du  tes¬ 
tament,  mais  qui  s’y  trouve  au  décès  de  son  grand-père. 

Les  deux  chapitres  de  la  loi  sont  visés  dans  un  frag¬ 
ment  des  Quaestiones  de  Scaevola.  I.  Videtur  primum 
caput  eos  spectare  qui ,  cum  nascerentur ,  sui  heredes 
futuri  essent.  Ita  verba  sunt  :  qui  testamentum  faciet. 
is  omneis  virilis  sexus ,  qui  ei  suus  heres  futurus  erit , 
et  cetera  8.  —  IL  Sequenti  parte  succedentes  in  focum 
liberorurn  non  vult  rumpere  testamentum  . ..  Verba 
sunt  :  Si  quis  ex  suis  heredibus  suus  heres  esse  desierit, 
liberi  ejus ,  et  cetera ,  in  locum  suorum  sui  heredes  succé¬ 
dant  9. 

La  date  de  la  loi  Junia  Vellaea  ne  peut  être  fixée  avec 
certitude.  Diverses  inscriptions  prouvent  que  L.  Junius 
Silanus  et  C.  Vellaeus  Tutor  furent  consuls  suffects  pr. 
non.  Dec.10  et  non.  Dec.11 ,  donc  à  la  fin  dune  année. 

1  Gai.  I,  22-23;  Julian.  42  Dig.  Dig.  XL,  2,  4  pr.’,  1.  Pompon.  12  ad  Q.  Mue. 
Dig.  XL,  12,  28.  —  2  Inst.  I,  5,  3  ;  Theophil.  in  h.  L  —  3  Gai.  III,  50;  Ulp. 
XI,  19.  —  4  Dosith.  §7.-5  Gai.  I,  16,  28,  31,  41,  74,  70.  -  6  Ulp.  I,  12;  cf. 
Suet.  De  Claris  rhet.  1  :  Petitur  puer,  quod  domini  voluntate  fuerit  liber,  in 
libertatem.  —  7  Ou  citera  seulement  les  travaux  les  plus  récents  :  Cantarclli,  dans 
A rcllivio  giuridico,  1882,  l.  XXIX,  3  ;  t.  XXX,  40  ;  Romanet  du  Caillaud,  dans 
Comptes  rendus  de  l' Académie  des  lnscr.  1883,  p.  431  ;  Schneider,  Zeitschrift  der 
Savigny-Stiftung,  R.-A.  1884,  t.  V,  p.  225;  Hôlder,  Ibid.  1885,  t.  VI,  p.  205;  Le- 
monnier,  Condition  privée  des  affranchis,  1887,  p.  64;  Karlowa,  Rom.  Rechtsges - 
chichte,  t.  1/621  ;  Girard,  Manuel,  p.  187  ;  Morilz  Voigt,  Rom.  R’echtsgeschichte, 
t.  II,  p.  100.  —  8  Scaev.  6  Quaesl.  Dig.  XXVIII,  2,  29,  12.  —  9  Ibid.  29,  13  et  14. 
—  10  Corp.  inscr.  lat.  V,  4921.  —  U  Ibid.  4922.  —  12  Borghesi,  Œuvres,  t.  \, 
p.  209;  cf.  Marini,  Atti  dei  frat.  Ârvali.  —  13  Fast.  Arval.  Corp.  inscr.  lat.  I, 
p.  71  (2e  éd.);  cf.  Henzen,  Arval.  p.  97.  —  H  T.  II,  p.  240  ;  cf.  en  sens  divers, 
Romanet  du  Caillaud,  De  la  date  de  la  loi  Julia  Velleia,  1882  ;  Cantarelli,  Archi- 
no  giuridico,  t.  XXIX,  p.  10  ;  Karlowa,  Rom .  Rechtsg.  t.  I,  p.  020;  Morilz  Voigl, 
Rôm.  Rechtsg.  t.  II,  p.  101.  —  I»  Ulp.  XXII,  19.  —  16  Scaev.  0  Quaesl.  Dig. 


Borghesi  a  établi  que  cette  année  devait  être  V(  ' 
Tannée  780  =  27.  Il  a  même  conclu  que  c’était  ^ 


ment  cette  année12,  parce  qu’à 


Précisé- 


époque  où  il  écrivait  o, 
ne  connaissait  pas  les  consuls  en  charge  à  la  |jn  (|  - 

Cette  conclusion  ne  peut  plus  être  acceptée  aujourd’l  ^ 
les  consuls  de  décembre  780  13  et  même  de  “  'U1, 


781 


ne  sont 


pas  les  auteurs  de  notre  loi.  M.  Dessau,  uans  sa  Pr  ■ 
pographia  imperii  romani ,  propose  l’année  779  =  <.)pî 

Le  nom  de  la  loi  présente  des  variantes  •  Julîqu 
Vellea16,  Vellaea17,  Julia  Vellea18-,  J  una  Vellea19  jllnj’ 
Vellea20,  Junia  Velleia21.  Julia  n’est  donc  qu’une  exc 
tion  ;  Velleia,  Vellea  sont  des  modifications  de  l’ortho 
graphe  primitive. 

Lex  Juventia  (a.  587  =  167).  —  Projet  de  loi  présenté 
par  le  préteur  pérégrin  M.  Juventius  Thalna  et  tendant 
à  déclarer  la  guerre  aux  Rhodiens,  et  à  désigner  les 


magistrats  chargés  de  diriger  les  opérations  et  de  com¬ 
mander  la  Hotte22.  Ce  projet  n’a  pas  abouti. 

Lex  Labiena  (a.  691  =  63).  —  Voir  Lex  ampia. 

Lex(?)  Laelia  agraria  (a.  609  =  145).  —  Projet  de  loi 
agraire  de  C.  Laelius  23  [agrariae  leges,  t.  pq  p.  1621.  n 
n’est  pas  certain  que  ce  projet  ait  été  l’objet  d’une 
promulgatio . 


Lex  Licinia  de  magistratibus  (a...?).  —  Voir  lex 
aebutia  de  magistratibus. 

Lex  Licinia  de  ludis  Apollinaribus  (a.  542=:  212).  - 
Loi  proposée  par  le  préteur  urbain  P.  Licinius  Varuset 
instituant  d’une  manière  permanente  les  jeux  Àpolli- 
naires  :  Eo  anno,  pestilentiel  gravis  incidil  in  urbm 
agros  que  :  quae  tamen  mugis  in  longos  morbos  quamin  \ 
perniciales  evasit .  Ejus  pestilentiae  causa  et  supplm-l 
tum  per  compila  tota  urbe  est ,  et  P.  Licinius  FarttfJ 
praetor  urbis ,  legem  ferre  ad  populum  jussus  ut  hiludi 
in  perpetuum  in  statum  diern  voverentur  2\ 

Lex  Licinia  de  creandis  triumviris  epulonibus  (a. 
558  =  196).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Lici¬ 
nius  Lucullus  et  portant  création  du  collège  des  triumvin 
epulones 25  [epulones,  t.  III,  p.  738f. 

Lex  Licinia  sumptuaria  (intra  611  =  113  et  657  =  9/).| 
— -  Loi  réglementant  le  luxe  de  la  table.  Cette  loi  diltn, 
sur  quelques  points  seulement,  de  la  loi  Fannia  .  Lexi 
deinde  Licinia  rogata  est  quae  cum  certis  diebus.  oi/dil 
Fannia ,  centenos  aeris  impendi  permisisset, 
ducenos  induisit  ceterisque  diebus  statuit  ,"l's  l 
cenos  ;  cum  et  carnis  autem  et  salsamenti  cei  ta  J 10,1(1  I 
in  singulos  dies  constituisset,  quidquid  esse/ 
terra ,  vite,  arbore  promiscue  atque  indéfini11  "U  t 

pef  27  I 

'  ,  .  ,  ini  Fannia 

La  loi  Licinia  est  postérieure  a  la 

de  593.  Elle  doit  aussi  être  postérieure  à  la 

XXVIII,  2,  59,  5  ;  Ulp.  3  ad  Sali.  Dig.  XXVIII,  3,3,  L  -  ^  ^‘'35  ad  Sab.l 
Just.  VI,  28,  2.  —  1»  Theophil.  Paraphe.  II,  13,  2.  —  fit.  Lit- 1 

Dig.  XXVI,  2,  10,  2.  —  20  Gai.  II,  34.  —  21  Inst.  IL  ^  pcrepÆ 

XLV,  21  :  M.  Juventius  Thalna  praetor,  cujus  inter 
jurisdictio  crat...  rogalionem  promulgaverat  ut  Rlioiliis  ^  clim  cla sst  j 

et  ex  magistratibus  ejus  anni  deligerent  qui  ad  id  Ae  ""  ^  ifXVII. 

retur  ;  Polyb.  XXX,  4.  —  23  Plut.  Tib.  Gracch.  8.  -  ‘  '  Man|jiar(|t, 

cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht.  ü'ad.  t.  I,  P-  ^  ^  j  : 

Staatsverwaltung,  trad.  t.  XIII,  p.  270.  Tit.  Li'-  -  ^^Uus 

eo  primum  anno  triumviri  epulones  facti  C.  ^j,‘Vfnnus  et  P-  ^ orC '5 
ptebis,  qui  legem  de  creandis  iis  tulerat,  et  P-  a"  prsel'*1* 

laeca;  iis  triumviris,  item  ut  pontificibus,  lege  dation  :  iea-  P'll'e,*i 

babendae  jus.  Cic.  De  orat.  III,  19,  73.  —  26Maciob.  ^ ^  »4,  '  ’  j 
mutatis  in  plerisque  cum  fannia  congruit.  1  .  <Jlias  h‘(je  pP  J 

v°  Cenlenariae  coenae  :  Cenlenariae  coenae  dicebantui 1, 1  .  ceniwn  ass>/"is’ 
plus  centussibus  praeter  terra  nata  impendebatur ,  û 
eranl  brèves  nummi  ex  acre. 


—  1158  — 


LEX 


LEX 


celle-ci  eut  pour  objet  principal  d’étendre  à 
dl'  f'i ‘  ''  dispositions  de  la  loi  Fannia  :  la  loi  Fannia 
I  IIn  U]  ‘  "encore  en  vigueur  en  611.  D’autre  part,  elle  est 
étal!  d0'K  \  la  loiDuronia  qui  l’a  abrogée.  On  ne  connaît 
*ltprieUrtement  la  date  de  cette  dernière;  on  sait  seule- 
Pas  J'V'|e  ]’ex-tribun  Duronius,  qui  l’avait  proposée,  fut, 
®('nq!'tif  exclu  du  sénat  par  les  censeurs  de  l’an  657, 
u  vMerius  Flaccus  et  M.  Antonius  *.  La  date  de  la  loi 
l  icinia  doit  donc  être  placée  entre  611  et  657  2. 

Ev  Licinia  de  sacerdotiis  (a.  609  =  145).  -  Projet  de 
,ni  Drésenté  par  le  tribun  C.  Licinius  Crassus  pour  con¬ 
ter  au  peuple  l’élection  des  membres  des  collèges 
sacerdotaux  h  Ce  projet  n’a  pas  abouti. 

I  Lex Licinia  de sodaliciis  4  (a.  699  =  55). -Loi  proposée 
ar  le  consul  M.  Licinius  Crassus  contre  le  crirnen 
lodaliciorum  qui  n’est  qu’une  variété  du  crirnen  arnbi- 
L  [AMBitus,  t.  Ier,  p.  224]  Le  texte  suivant  explique 
l’objet  de  la  loi  :  M.  Licinius  Crassus  pertulit ,  ut  seve- 
rissime  quaereretur  in  eos  candidatos,  qui  ( alios  ?) 
sibi  conciliassent ,  ut  per  illos  pecuniam  tribulibus  dis- 
pertirent  ac  sibi  mutuo  eadem  suffragationis  emptae 
praesidia  communicarent 5. 

■  Lex  Licinia  de  actione  communi  dividundo  (a...?). 
—  Cette  loi  n’est  connue  que  par  un  texte  de  Marcien  :  Si 
quis  judicii  communi  dividundo  evitandi  causa  rem 
alienaverit  ex  lege  Licinia  ci  interdicitur  ne  communi 
dividundo  judicio  experiatur  6.  La  loi  déclare  que  le 
communiste,  qui  a  aliéné  sa  part  au  profit  d’un 
potentiorf  est  déchu  du  droit  d’intenter  l’action  com¬ 
muni  dividundo.  Elle  le  place  dans  une  situation 
analogue  à  celle  où  se  trouve  l’acheteur  en  vertu  de  l’édit 
du  préteur  de  aliénai ione  judicii  mutandi  causa  facta. 
La  loi  a  voulu  prévenir  une  fraude  consistant,  dit  Mar¬ 
cien,  ut  potentior  emtor  per  licitationem  vilius  eam 
àccipial,  et  per  hoc  iterum  ipse  recipiat.  On  a  conjecturé 
que  cette  loi  n'est  qu’un  chapitre  de  la  loi  Licinia  de  so¬ 
daliciis  8. 


Lex  Licinia  Cassia  (a.  582=  172).  —  Loi  proposée  par 
les  consuls  P.  Licinius  Crassus  et  C.  Cassius  Longinus 
pour  qu  il  ne  soit  pas  procédé  en  cette  année  à  l’élection 
de  tribuns  militaires,  et  pour  qu’on  s’en  remette  aux 
consuls  et  aux  préteurs  du  soin  de  les  créer  s’ils  le 
jugent  utile  \ 

Lex  Licinia  Mucia  de  civitate  (a.  659  =  95).  —  Loi 
établissant,  une  quaestio  perpétua  contre  les  pérégrins 
qui  usurpent  le  droit  de  cité  romaine 10. 


Lex  Licinia  Papihia  (a.  576  =  178).  —  Projet  de  plébis¬ 
cite  présenté  par  les  tribuns  A.  Licinius  Nerva  et  C. 
Papirius  Turdus  pour  retirer  à  Manlius  son  imperium  à 
partir  des  ides  de  mars.  Ce  projet  fut  arrêté  par  1  inter¬ 
cession  de  leur  collègue  Q.  Aelius11. 

Lex  Licinia  Sextia?  (a.  387  =  367).  —  Plébiscite  proposé 
par  les  tribuns  C.  Licinius  Stolo  et  L.  Sextius  Lateranus 
ut  si  M.  Furius  pro  dictature  quid  egisset,  quingen- 
tum  miliium  ei  malt  a  esset 12 .  Tite  Live  émet  des  doutes 
sur  l’existence  de  cette  loi13. 

Lex  Licinia  Sextia  de  consule  plebeio  et  de  praetore 
ex  patribus  creando  (a.  387  =  367).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  les  mêmes  tribuns  en  377  et  qui  aboutit  dix  ans 
plus  tard.  L’un  des  consuls  sera  désormais  plébéien, 
mais  l’on  créera  un  nouveau  magistrat  patricien,  le  pré¬ 
teur,  chargé  de  dire  le  droit  à  Rome  14  [praetor]. 

Lex  Licinia  Sextia  de  decemviris  sacris  faciundis 
(a.  387=367).  —  Plébiscite  proposé  par  les  mêmes  tri¬ 
buns  pour  remplacer  les  duumvirs  sacris  faciundis  par 
des  décemvirs  choisis  moitié  parmi  les  plébéiens,  moitié 
parmi  les  patriciens15. 

Lex  Licinia  Sextia  de  aere  alieno  (a.  38/  =  367).  — 
Plébiscite  proposé  par  les  mêmes  tribuns  en  377  et  qui 
aboutit  seulement  en  387.  Il  est  prescrit  aux  créanciers 
d’imputer  sur  le  capital  les  intérêts  reçus  ;  les  débiteurs 
sont  autorisés  à  payer  le  reste  en  trois  annuités16. 

Lex  Licinia  Sextia  de  modo  agrorum  (a.  387=  367).  — 
Plébiscite  proposé  par  les  mêmes  tribuns  en  377  et  qui 
aboutit  seulement  en  387.  Il  défend  de  posséder  plus  de 
cinq  cents  arpents  de  terres  dépendant  du  domaine 
public;  il  limite  à  cent  le  nombre  des  têtes  de  gros  bétail, 
à  cinq  cents  le  nombre  de  tètes  de  petit  bétail  qu  un 
citoyen  peut  envoyer  dans  les  pâturages  publics;  il 
défend  de  convertir  en  prairies  artificielles  les  terres  de 
labour  ;  il  prescrit  aux  propriétaires  d’employer,  à 
côté  de  leurs  esclaves,  un  certain  nombre  d’ouvriers 
libres  (?)17.  La  date  et  le  contenu  de  cette  loi  ont  été  con¬ 
testés  par  certains  auteurs18. 

Lex  Livia  (ante  643  =  411).  Cette  loi  n’est  connue  que 
par  la  mention  qui  en  est  faite  dans  la  loi  agraire  de  643  : 
[Quando  Xvirei,  quei  ex]  lege  Livia  factei  createive 
sunt  fueruntve ,  eis  hominibus  agrum  in  Africa  dede- 
runt  adsignaveru[ntve] 19.  —  [Extraque]  eum  agrum 
locum ,  quem  Xvirei ,  quei  ex  [lege]  Livia  factei  crea¬ 
teive  fuerunt,  Uticensibus  reliquerunt  adsignaverunt 20. 

Lex  Livia  frumentaria  (a.  632=  122).  —  Projet  de 


I  VolwfiM  ''Z8  CenSeUrS  de  657  =  97’  Willems,  Le  Sénat ,  t.  I,  p.  933.  -  2  Mori 
p.  2b n  r  i  KÔn' ?1'.  SÜChS'  Ge>-  d' Wiss'  su  LeiPzi0,  PMI.  hist.  Kl.  I89i 
L  fra{rr  (.J'1  a  )<M  kieinia  en  820.  —  3  Cic.  De  Amicitia ,  25  :  Meministis  Q.  Maxin, 

■  Licinii  Cri  ^  tUan cino  consulibus  quant  popularis  lex  de  sacerdotiis  ( 

■  ferebalur  il  cooptatio  enim  collegiorum  ad  populi  beneficium  tran 

I  R  dm  Sir,  /  JS  Pr*"lus  i-nstituit,  in  forum  agere  cum  populo...  Cf.  Mommseï 

»>,  P.  32.  _  4  Cic.  mJ:  r»,  36  :  y™*™*  « 

BçompferKj  flH  1  “veine  legis  Liciniae  quae  est  de  sodaliciis,  omnes  ambitus  legi 
I  Strafrecht  n  «79  ’ P'  >  ®'°  Cass.  XXXIX,  37  ;  cf.  Mommsen,  lion 
I  nist  lie  ri  ‘j  ~  °  Marcian  - 14  lnst-  Diff-  IV,  7,  12.  —  7  Cf.  Monnier,  xYou 

■  P-  806,  n.  5  _  9  XXIV,  p.  78. —  8  Cf.  Moritz  Voigt,  liôm.  Dechtsg.  t. 

,  RP  Macedonicum  1  il  "  '  :  ln  tribunis  militum  novatum  eo  anno  proj 

I  ne  tribuni  militum  ^uodconsu^es  ex  senatusconsulto  ad  populum  tuleran 
I  ‘,l  lis  faciendis  j,  .  60  anno  su/fragiis  crearentur,  sed  consulum  praetorumqi 
I  i  ,0  Cic  plulllb  ajbitrium1ueesset  I  «f-  Willems,-  Le  Sénat,  t.  II,  p.  H! 

■  ace>'rima  de  civitat  *  °’  "”*•  Paucis  annis  post  hanc  civitatis  donation® 

P-  67  :  Cum  summa  i'""'  S“°’  !n,a  et  Mucia  lege,  venisset...  Ascon.  in  Corne 
1(!  ™<igna  pars  eoriJn  civitatis  Domanae  Italici  populi  tenerentur  et  c 

11  suae  quisque  7*  °  P°rnams  se  gereret ,  necessaria  lex  visa  es 

1,8  "  OiUis  jus  redigeretur.  Cf.  Mommsen,  /loin.  Strafrech 


n  ii, 
P-  v* 


H  rpit  [•  y  "  y»,  mvmmseu,  xiuru.  airu/rtiCf 

I  ■  Papirius  Turdus  -  ’  f>  '  Cum...  tribuni  jrlebis,  A.  Licinius  Nerva 

■  ’  rocjahonem  promulguant,  ne  Manlius  post  idus  Martias 


uti  causam  cxtemplo  dicere,  cum  abisset  magistratu,  posset,  huic  rogationi  Q. 
Aelius  collega  intercessit,  magnisque  contentionibus  obtinuit,  ne  perferretur. 

_  12  TU.  Liv.  VI,  38.  —  13  Ibid.  —  14  Tit.  Liv.  VI,  35  :  Tribuni  C.  Licinius  et 

L.  Sextius  promulgavit  ( legem )  ne  tribunorum  militum  comitia  fièrent,  consu- 
lumque  utique  alter  ex  plcbe  crearetur.  Ibid.  42  :  Concessumque  ab  nobilitate 
plebi  de  consule  plebeio  ;  a  jilebe  nobilitati  de  praetore  uho  qui  jus  in  urbe 
diceret  ex  Patribus  creando.  Aul.  Gell.  XVII,  21,  27  :  In  urbe  Iloma  lege 
Licinii  Stolonis  consules  creari  etiam  ex  plebe  coepti,  cum  antea  jus  non  esset 
nisi  ex  patriciis  gentibus  fieri  consulem.  Cf.  Mommsen,  Ltôm.  Staatsrecht , 
trad.  t.  III,  p.  90  et  221.  —  13  Tit.  Liv.  VI,  42  :  lidem  tribuni,  Sextius  et 
Licinius,  de  decemviris  sacrorum  ex  parte  de  plebe  creandis  legem  pertulere  : 
creati  quinque  patrum,  quinque  plebis  ;  graduque  eojam  via  facta  ad  consulatum 
videbatur.  Ibid.  37.  Cf.  Marquavdt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  Irad.  t.  XIII,  p.  83. 
—  16  Tit.  Liv.  VI,  35  :  Tribuni  C.  Licinius  et  L.  Sextius  promulgavere  leges 
omnes  adverses  opes  patriciorum,  et  pro  commodis  plebis  :  unam  de  aéré  alieno, 
ut  deducto  eo  de  capite,  quod  u  suris  pernumeratum  esset,  id  quod  superesset, 
triennio  aequis  portionibus  persolveretur.  Cf.  Ed.  Cuq,  Institutions  juridi¬ 
ques  des  Domains,  t.  I,  p.  378,  n.  0.  —  17  Tit.  Liv.  VI,  35  ;  Appian.  De  bel. 
cio,  1,8;  Cat.  in  Gell.  VI,  3;  Varr.  De  re  rust.  praef.  4.  —  18  Cf.  Niesc,  Her¬ 
mès.  1888,  t.  XXIII,  p.  410;  Sollau,  Hernies,  1895,  t.  XXX,  p.  024;  Éd. 
Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  502,  11.  1.  -  19  Corp.  inscr.  lat.  I,  200,  1.  77.  —  20  Ibid. 
L  81. 


1ÆX 


H  54  - 


LEX 


plébiscite  présenté  par  le  tribun  L.  Livius  Drusus  l’An¬ 
cien  1  [frumentariae  leges], 

Lex  Livia  de  coloniis  deducendis  (a.  032  =  122).  _ 

I  cojet  de  plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  2 
[agrariae  leges,  t.  I,  p.  163]. 

Lex  Livia  de  provocatione  (a.  632  =  122).  —  Projet  de 
plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  et  accordant  aux 
Latins  le  droit  d  appel  au  peuple  3  [provocatio], 

Lex  Lima  agraria  (a.  663  =  91).  —  Plébiscite  proposé 
par  le  tribun  M.  Livius  Drusus  4  [agrariae  leges]. 

Lex  Livia  frumentaria  (a.  663  =  91).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  tribun  [frumentariae  leges]. 

Lex  Livia  judiciaria  (a.  663  =  91).—  Plébiscite  pro¬ 
pose  pai  le  meme  tribun  pour  rendre  le  niunus  judicandi 
au  sénat  augmenté  de  trois  cents  chevaliers6,  et  pour 
instituer  une  quaestio  contre  les  juges  équestres  qui 
s’étaient  laissé  corrompre  cà  prix  d'argent  :  si  quis  ob 
rem  judicatam  pecuniam  cepit  G. 

Lex  Livia  nummaria  (a.  663  =  91).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  même  tribun  et  permettant  de  porter 
jusqu  au  huitième  le  nombre  des  pièces  fourrées  lors 
de  chaque  émission  monétaire  7  [denarius,  t.  IV.  p.  99], 

Lex  Lucilia  Caelia  (a.  701  =53).  —  Plébiscite  proposé 
par  les  tribùns  C.  Lucilius  Hirrus  et  M.  Caelius  Rufus 
pour  nommer  Pompée  consul  sans  collègue  8. 

Lex  Lucretia  (a.  582=172).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  M.  Lucretius  pour  autoriser  les  censeurs  à 
affermer  Yager  Campanus  ,J. 

Lex  Maelia  (a.  318  =  436).  —  Projet  de  plébiscite 
présenté  par  le  tribun  Sp.  Maelius  pour  ordonner  la 
confiscation  des  biens  de  Servilius  Ahala10.  Ce  projet 
n’eut  aucun  succès. 

Lex  Maenia  agraria  (a.  344  =  410).  —  Projet  de  loi 
agraire  présenté  par  le  tribun  de  la  plèbe  M.  Maenius 
[agrariae  leges]. 

Lex  Maenia  (a.  416=338?).  —  Loi  ajoutant  aux  jeux 
du  Cirque  le  jour  appelé  die  s  instauraticius  11  [ludi  cir- 
censes].  On  a  conjecturé  que  l’auteur  de  la  loi  était  le 
consul  C.  Maenius12. 

Lex  Maenia  de  patrum  auctoritate  (milieu  du  ve  siècle). 
—  Loi  invitant  les  patres  à  donner  leur  auctoritas  en 
matière  d'élection  avant  le  vote  du  peuple  13.  Cette  loi 
est  probablement  un  plébiscite  ;  on  n’en  connaît  pas  exac¬ 
tement  la  date  u. 

Lex  (Maenia?)  de  dote  (a....?).  —  Parmi  les  règles  sur 
la  restitution  delà  dot,  il  en  est  qui  remontent  au  temps  de 
la  Répûblique  et  qui  paraissent  avoir  été  établies  par  la  loi 


i  Schol.  Bob.  p.  301  :  Frumentariam  legem  tulit  ut  gratuito  populus  acciperet. 
Cf.  sur  les  leges  Liviae,  Mommsen,  Rom.  Geschichte ,  t.  II,  p.  120.  —  2  Appian. 
De  bel.  civ.  I,  23  ;  cf.  Marquardt,  Rom.  Staatsverwaltung ,  Irad.  t.  III,  p.  143; 

—  3  Plut.  C.  Grâce  h .  9  :Toj  §  oimuç  |xr,3  i-\  orpaTeiaç  èçvjTtvà  ÀaTtvwv  ab/iiraOa1 

Yçà-I/avToç,  Eoor.Oo'Jv  tçî  —  4  Cf.  sur  les  loges  Liviae  de  M.  Livius  Drusus, 

qui  ne  sont  peut-être  que  des  cliapilres  d’une  même  loi  per  saturnin,  Mommsen, 
Rom.  Geschichte ,  t.  II,  p.  212.  Toutes  ces  lois  ont  été  cassées  par  le  sénat. 

—  5  Appian.  De  bel.  civ.  I,  35  ;  Vcll.  Pat.  II,  13  :  Senatui  jiriscum  restituerc... 
decus  et  judicia  ab  equitibus  ad  eum  transferre  ordinem.  Aur.  Yict.  De  vir. 
ill.  \j'Epitome  de  TileLivc(71)  va  trop  loin  lorsqu’il  parle  d’un  partage  entre  le 
sénat  et  l’ordre  équestre.  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  trad.  t.  VI,  2,  p.  13G. 

—  6  Cic.  P.  Rabir.  Post.  1,  16.  —  7  Plin.  Hist.  nat.  XXXII,  13:  Livius  Drusus 
intribunatu  plebis  octavam  parlem  aeris  argento  miscuit. —  3  Ascon.  in  Mil. 
p.  37;  cf.  Mommsen,  Op.  cit .,  trad.  t.  IV,  p.  433.  —  9  Tit.  Liv.  XLII,  19  : 
M.  Lucretius  tribunus  plebis  promulgavit  ut  agrum  Campanum  censores  fruen- 
tlum  locarent.  10  Tit.  Liv.  IV,  21.  —  il  Macrob.  Sat.  I,  11,  5  :  Ex  sénat  us  - 
consulto  et  Maenia  loge ,  ad  propitiandum  Jovem  additus  est  illis  Circensibus 
dies  is,  qui  instauratitius  die  tus  est.  —  12  (if.  sur  la  date  de  la  loi  et  sur  la  qualité 
de  son  auteur,  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  71.  —  13  Cic.  Brut.  14,  55  :  M.  Curius... 
tribunus  plebis  interrege  Appio  Caeco...  comitia  contra  leges  habente  cum  deplebe 
consulem  non  accipiebat,  patres  ante  auctores  fieri  ( coegit ),  quod  fuit  permag - 


plutôt  que  par  la  jurisprudence.  On  peuL  ,  . 
vraisemblable  l’existence  d’une  loi  dedotemü  p0llr 

lois  Julia  et  Papia  Poppaea  iS.  .La  disposition . . . . 

peut  le  plus  sûrement  attribuer  û  cette  loi  ^  ’0n 

-  esl  cL‘lle  qui 


accorde  au  mari  la  faculté  de  restituer  les  c.|l( , 
gibles  comprises  dans  la  dot  en  tr  ’ 
bonua  trima  die).  Les  jurisconsultes 


ls«s  f0n. 

r01s  “""te  («».„ 

,  qualifient  CP  ,lo 

tempus  légitimant 16 ,  legibus  datum  ou  statut,,  e 
Polybe  atteste  l’existence  de  ce  délai  en  592  ,l(u=  °r 
meratio  dotis.  Kerrà...  to5ç  PgWo.v  vdaouc"V™U'  ^ 

v  ’  o  \  ,  P  s  tJv  £v  TQlffiv 

6T£<nv  a7tooouvai  Ta  7rpoffocf£tXogeva  ^pyjfiaTa  tÿ|Ç  r 
yuvaiijt 18  D’autre  part  Cicéron  écrit  en  709,  à  pronLT 
divorce  de  P.  Cornélius  Dolabella  et  de  Tullia  |,ujh . U 
lieu  en  708  :  a  Dolabellae  procuratoribus  exigam  5 
mam  pensionem 19.  Or,  rien  n’indique  qu’il  s’airUw  ■ 
un  terme  conventionnel. 


On  fait  généralement  remonter  la  loi  dont  s’agit  au 
temps  de  Caton,  à  cause  de  son  oratio  de  dote  citée  par 
Aulu-Gelle 20 .  Morilz  Voigt  a  cru  pouvoir  affirmer  qu’elle 
eut  pour  auteur,  I.  Maenius,  préteur  urbain  en  568 21 
mais  les  raisons  données  à  l’appui  ne  sont  pas  décisives' 
Lex  Mamilia  (a.  644  =  110).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  C.  Mamilius  pour  qu’on  ouvre  une  instruction, 
contre  ceux  qui  avaient  encouragé  Jugurtha  à  ne  pîis 
tenir  compte  du  décret  du  sénat22:  quaestio  conjura¬ 
tion  i.  s  Jugurthinae23 . 

Lex  (?)  Mamilia  Roscia  Peducaea  Alliena  Fabia  (fin  du 
vu0  siècle).  —  Les  avis  sont  très  partagés  sur  cette  loi 
dont  trois  chapitres  ont  été  conservés24.  Certains  auteurs 
y  voient  un  plébiscite  proposé  par  cinq  tribuns 35 ; 
d’autres  pensent  qu’il  y  a  cinq  lois  distinctes26.  Les  uns  y 
voient  une  loi  destinée  à  compléter  la  loi  Julia  agraria  As 
6952,,les  autres  un  règlement  préparé  par  une  sous-co®- 
mission  des  viginti  viri  institués  par  cette  loi  Julia28. 
Cette  dernière  opinion  est  rendue  vraisemblable  par  le 
rapprochement  de  l’un  des  chapitres  de  cette  loi  et  d’un 
fragment  du  traité  de  cognitionibus  de  Caliistrate  A 
Celui-ci  attribue  à  la  lex  agraria  quam  C.  Caesar  tulit 
une  disposition  qui,  d’après  les  Gromatici  velern ,  hg'ure 
dans  la  loi  Mamilia  Roscia  Peducaea  Alliena  Fabia.  I  n 
autre  chapitre  de  cette  loi  est  reproduit  presque  textuelle¬ 
ment  dans  le  chapitre  104  de  la  lex  coloniae  Genctivai I 
Juliae30.  —  L’une  des  principales  dispositions  de  la  lfll 
Mamilia  est  relative  à  la  eontroversia  de  fine  1  :  e^e  j 

bitres  chargés  de 


réduit  de  trois  à  un  le  nombre  des  ar 
statuer  sur  ces  différends32. 

Lex  Manilia  de  libertinorum  su/fragits  (a.  fiiR 


:  67). 


t.  III, 


nuni  nondum  lei/e  Maenia  lata.  —  U  Cf.  Mommsen,  Boni.  . 

p.  1012,  Irad.  t.  VII,  p.  232,  n.  3.  —  15  Karlowa,  Rôm.  Bechtsgi  (|  7 
p.  217.  —  16  uip.  33  ad  Ed.  üig.  XXIV,  3,  24,  3.  —  11  Paul-  3  atl  ®'i:  ’9U  ' 


27,  2  ;  Proc.  2  Epist.  Dig.  XXIlï,  4,  17.  —  «  Polyb.  XXXII,  13.  -  1  ^ 

VI,  18,  5;  cf.  ad.  Att.  XII,  8.  -  20  Gell.  X,  23.  —  21  Die  lex  Maeni 
rom.  Jalir.  508  d.  SI.,  Weimar,  1860;  cf.  Bôm.  Bechtsgeschichte  ■ 

—  22  Sallust.  Jug.  40:  C.  Mamilius  Limetanus  tribunus  pki"'  1 
populum  promulgat  :  uti  quaereretur  in  eos  quorum  consiho  ■  ^  ^ 

décréta  neglexisset  ;  quique  ab  eo  in  legationibus  aut  impeiu*  /  ^  e  tVd 
pissent,  qui  elephantos,  quique  perfugas  tradidissent  ;  item  q"‘^  g,  tut. 
bello  cum  hostibus  pactiones  fecissent  ;  Cic.  Brut.  33,  1-'-  —  „  q, 

trad.  t.  IV,  P-  38-« 


deor.  3,  20,  74;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  Iran.  t.  i  >  i  r-  ~  ^  4.98, 

r et.  1,  263;  cf.  Cic.  De  leg.  I,  21,  55.  —  23  Willems,  Le  M ^  cj, 

—  26  Moritz  Voigt,  Bôm.  Bechtsgeschichte,  t.  1.  P-  l'3-  __ 

—  28  Mommsen,  Die  Schriften  der  rôm.  Feldmesser,  t.  H,  P  -'  il,  3  i"1 

trad.  t.  IV,  p.  341,  n.  I.  —  29  Callistr.  5  De  cognit.  Dig.  '  J[s/l7„/io»i 

—  30  Cf.  Bruns,  Fontes  juris,  p.  94.  —  31  Cf.  Édouard  uq,  ^  p  *il; 

juridiques,  I.  I,  p.  270.  —  32  Karlowa,  Bôm.  Rechtsgeschic  i  ^  acti° 

Moritz  Voigt,  Ueber  die  agrimensorischen  généra  contro'eisia^  P'7, 

finium  regundorum  (Ber.  der  sàchs.  Ges.  d.  V  issenseh. 
t.  XXV,  p.  70) 


ICI 


LEX 


—  4155  — 


LEX 


,  •  ;,p  proposé  en  décembre  (587  par  le  tribun 
-  pItïSC1  nmir  rendre  aux  affranchis  le  droit  de  voter 
c  Manille  iribug  !  |LEX  sulpjcia].  Ce  plébiscite,  s’il  a 

■  nS  r  'i  été  aussitôt  cassé 2. 

été  vote,  d  _  66\  __  plébiscite  proposé  par  le 

r  py  MaNILIA  (a.  ,  , 

I  L  ih„n  pour  conférer  à  Pompée  un  commandement 
r»  chef  exlraordinaire  lors  de  ta  guerre  contre  Tigrnne 

contre  Mithridate 3 .  .  . 

,  v  MANLIA  de  vicesima  manumissionum  (a.  3J7  — 
Loi  proposée  par  le  consul  Cn.  Manlius  Capito- 
Eus  et  votée  dans  le  camp  de  Sutriumpar  une  assemblée 
comprenant  les  soldats  groupés  en  tribus.  Cette  loi 
Etablit  un  impôt  du  vingtième  sur  les  affranchissements  L 
Lex  Manlia  de  bello  Jugurthino  (a.  646=  168).  —  Plé¬ 
biscité  proposé  par  C.  Manlius  Mancinus  et  attribuant  à 
Marins  le  commandement  de  la  guerre  contre  J ugurtha  L 
I  Lex  Manlia  (a.  696  =  58).  —  Plébiscite  proposé  sans 
succès  par  C.  Manlius  pour  donner  aux  affranchis  le  droit 
de  voter  dans  toutes  les  tribus  °.  Certains  auteurs  con¬ 
fondent  cette  loi  avec  la  loi  Manilia  de  687  :  au  lieu  de 
Manlius,  ils  lisent  Manilius;  au  lieu  de  in  praetura  L. 
Domitii ,  ils  lisent  in  quaestura  7. 

LExMARCiA(a.  398=356).  —  Loi  proposée  par  le  pre¬ 
mier  dictateur  plébéien  C.  Marcius  Rutilus  et  lui  accordant 
tout  ce  qu’il  jugerait  nécessaire  pour  la  guerre  contre 
les  Étrusques 8. 

LexMarcia  adversus  feneratores  (a  ..?).  —  Loi  accor¬ 
dant  à  l’emprunteur  qui  a  payé  des  intérêts  usuraires  une 
menus  injectio  pura  pour  se  les  faire  rendre9  [manus 
injectio]  La  date  de  cette  loi  n’est  pas  connue  :  on  dis¬ 
cute  le  point  de  savoir  si  elle  est  antérieure  ou  posté¬ 
rieure  à  la  loi  Genucia  de  412 10.  Elle  est  sûrement  du 
temps  de  la  République. 

LexMarcia  de  Liguribus  (a.  582=172).  —  Plébiscite 
proposé  par  les  tribuns  M.  Marcius  Sermo  et  Q.  Marcius 
Scylla.  Le  texte  de  la  rogatio  est  ainsi  rapporté  par  Tite 
Lire:  Ut  qui  ex  Statiellis  deditis  in  libertatemrestitutus 
inûe  halendas  sextiles  primas  non  esset,  cujus  dolo 
h  in  servit  ut  em  venisset,  ut  juratus  senatus  decer- 
ftcrei  qui  eam  rem  quaereret  animadverteretque  11 . 

■  pFA  Marcu  de  M.  Popillio  Laenate  consuls  (a.  582  = 
jj  ~  Plébiscite  proposé  par  les  mêmes  tribuns  :  Ut  si 
pon  ann  ulus  novembres  ( M .  Popillius )  in  urbem  Ro- 

nmw  inhoisset,  de  absente  eo  C.  Licinius  statueret  ac 
judicaret li. 

I  Lex  Marcia  de  tribunis  militum  (a.  631  =  123)  —  Loi 
1  it^M  ,,ai'  ^  Préteu1’  ^n-  Marcius  Censorinus  13. 
oit»  n, -  AKI JA  (ldraria  (a-  650  =  104).  —  Projet  de  plébis- 
I  nlt  par  L.  Marcius  Philippus,  mais  qui,  soutenu 

I  Ascon.  p,  4o  •  j\f(t)ii[  ' 

i,  ^Sem—commtnlii„  1  lUS\  "  P°St  Paucul°s  statim  dies  quam  inierat  tribunatum 

■  Ni*  oJSZiïr  V  Di°CaSS-  XXXVI, 25;  Ascon.  In  Mil.  p.  40  :  Ut  liber- 

(le  lüertinorum  afjium  esset  ;  Cic-P-  Cornet,  ap.  Ascon.  p.  64  :  Legem 

fn,,nA1  JÎZ9ns  Corndh‘°  c-  Manilio  dédit.  _  2  Ascon.  p.  05  ;  Cic  .P. 
XXXVI; 43  ;  Appia,,.  'ZTT'urTi  StaaUrecht -  trad-  VI,  2,  p.  25.  —  3  Dio  Cass. 
*lû(l.  l.  iVï  p  ^  ,p.j  ^  1/1  ü  i^'  ’•>  Ascon.  p.  58  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr. 

I  trtbutini  de  vicesima  eor  ^  ^  "  Legem  novo  exemplo  ad  Sutrium  in  castris 

I  P*  153.  —  b  Sallusl.  J ari  -1 U  r'*anum*tterentur  tulit ;  cf.  Cagnat,  Impôts  indirects, 
vellet  cum  Junurii;  /  n  °Luflls  a  ^ribuno  plebis  Manlio  Mancino  roqatus 

’,2;  *  Corp.  inZ  gerere’  frequens  M~  Aul.  Gell.  VII, 

1  CM  feslii  P'  290  Ct  29L  -  °  Ascon. 

Y'^tore.  nt,a  Eaitcr-OrcUi.  -  8  Tit.  Li- 


In  Mil.,  p.  40.  —  7  Cf. 


1  ÿ/  us»  s 


'  Popul.us  jussit.  ,'v  ,  Tit-  Liv'  V11’  17  :  Cuncta,  ferente 

"as  exet/issfirit  j..  , .  . ■  Item  lex  Marcia  adversus  feneratores 


Li,  v!’1'  Cl"L  institutions  '  re^enr^s  Per  manus  injectionem  cum  eis  agetur.  - 
"■  U|L  21.  ^:TUUn^ues  des  Romains,  I.  I,  p.  379,  n.  4.  -  Il  Tit. 

Gliaiisius,  p.  208  :  C.  Gracchus  in  ro.gatione 
pi  obati  essent  homines  adulcscentes,  tamen 
<«res  veteres  faciundi  essent.  —  14  Cic.  De  o/f.  II, 


Mar  •  2Î  - 

*ece^"'^7?:.Si  "obi‘  V^bati 
Uibun,  muila 


mollement  par  son  auteur,  fut  aisément  écarté14  [agra- 
RIAE  LEGES,  t.  1er,  p.  163]. 

Lex  Marcia  Atinia  de  pace  cum  rege  Philippe 
(a.  559  =  196).  —  Plébiscite  proposé  par  les  tribuns 
Q.  Marcius  Rex  et  C.  Alinius  Labeo  pour  conclure  la  paix 
avec  le  roi  Philippe13. 

Lex  Maria  Porcia  de  triumphis  (a.  692  =  62).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  les  tribuns  L.  Marius  et  M.  Porcius 
Cato  Uticensis  pour  empêcher  les  généraux  qui  sollicitent 
l’honneur  du  triomphe  d’envoyer  des  bulletins  de  victoire 
mensongers.  Poenam  enim  imperatoribus  minai ur  qui 
aut  hostium  occisorum  in  praelio  aut  amissorum  civium 
falsum  numerum  literis  senatui  ausi  essent  referre. 
Jubetque  eos ,  cum  primum  urbem  mirassent,  apud 
quaestores  urbanos  ejurare  de  utroque  numéro  vere  ab 
his  senatui  esse  scriptum 16. 

Lex  Maria  de  suffragiis  (a.  635  =  119).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  C.  Marius  pour  mieux  assurer  de 
secret  des  votes11.  Pour  empêcher  qu’on  ne  regarde  les 
tablettes  de  ceux  qui  allaient  voter,  la  loi  de  Marius  a, 
dit  Cicéron,  rétréci  les  ponts18. 

Lex  Mecilia  Metilia  agraria  (a.  337  =  417).  —  Projet 
de  loi  agraire  des  tribuns  Mecilius  et  Metilius  [agra- 
RIAE  LEGES,  t.  Ier,  p.  159]. 

Lex  Memmia  (a.  643  =  111).  —  Plébiscite  proposé  par  C. 
Memmius  et  défendant  d’accueillir  les  accusations  dirigées 
contre  ceux  qui  sont  absents  pour  le  service  de  l’État19. 

Lex  Memmia  (a.  643  =  111).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  même  tribun  et  ordonnant  au  préteur  L.  Cassius  de  se 
rendre  auprès  de  J  ugurtha  et  de  le  ramener  à  Rome20. 

Lex  Menenia  Sestia  (a.  302  =452).  —  Loi  proposée  par 
les  consuls  T.  Menenius  Lanatus  et  P.  Sestius  Capito- 
linus.  D’après  Festus,  ce  serait  cette  loi  qui  aurait  fixé  le 
taux  maximum  des  amendes  en  numéraire21.  Suivant 
Denys  d’Halicarnasse  et  Aulu-Gelle,  cette  fixation  serait 
due  à  la  lex  aternia  tarpeia  de  l’an  300. 

Lex  Messia  (a.  697  =57).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  C.  Messius  pour  ordonner  le  retour  de  Cicéron22. 

Lex  Messia  (a.  697  =  57)  —  Projet  de  plébiscite  pré¬ 
senté  sans  succès  par  le  même  tribun  pour  conférer  à 
Pompée  la  cura  annonae2* .  Le  peuple  vota  la  loi  consu¬ 
laire  de  Cornélius  et  Caecilius  [lex  cornelia  caecilia]. 

Lex  Metilia  (a.  537  =  217).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  M.  Metilius24  avec  l’appui  du  préteur  C.  Terentius 
Varro  28  et  conférant  au  magister  equitum  Minucius  un 
pouvoir  égal  à  celui  du  dictateur  Fabius  2G. 

Lex  Metilia  de  fullonibus  (a.  537  =  217).  —  Plébis¬ 
cite  proposé  par  le  même  tribun  et  contenant  des  pres¬ 
criptions  sur  les  procédés  techniques  que  devaient 


21-73.  —  15  Tit.  Liv.  XXXIII,  25  :  Omnes  quinque  et  Iriginta  tribus ,  uti  royatae 
jusserunt ;  Polyb.  XVIII,  25.  —  IG  Val.  Max.  II,  8,  l;  cf.  Mommsen,  Rom. 
Staatsr.  ti'ad.  t.  I,  p.  153.—  U  Plut.  Mar.  4.  —  18  Cic.  De  leg.  III,  17, 38  ;  cf.  Mom¬ 
msen,  Rom.  Staatsr.  trad.  t.  VI,  2,  p.  462,  n,  3.  —  19  Val.  Max.  III,  7,  9  M.  Anto- 
niits...  se  postulatum  apud  L.  Cassium  praetorem  cujus  tribunal  propter  nimiam 
severitatem  scopulus  reorum  dicebatur,  cum  id  vitare  beneficio  leyis  Memmiae 
liceret,  quae  eorum  qui  reipublicae  causa  abessent  recipi  nomina  vetabat,  in  urbem 
tamen  recurrit.  — 20Sallust.  Jug.  32.  —  21  Fesl.  v“  Pecxdatus  :  Ante  aes  aut  argen- 
tum  signatum  ob  delicta  poena  gravissima  erat  duarum  ovium  ct  triginta  boum  ; 
ita  lege  sanxerunt  J.  Menenius  Lanatus  R.  Scxtps  Capitolinus  consules,  quae 
pecudes  postquam  aere  signato  uti  coepit  populus  romanus,  Tarpeia  lege  cautum 
est ,  ut  bos  centusibus,  ovis  decussibus aestimaretur .  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Straf recht, 
p.  50,  n.  3.  —22  Cic.  P.  red.  in  sen.  8,  21.  —  2.1  Cic.  Arf  Alt.  IV,  1,  7  :  Legem 
conscripsit...  alteram  Messius  qui  ontnis  pecuniae  (Cn.  Pompeio)  dat  potestatem 
et  adjungit  classem  et  exercitum  et  majus  imperium  in  provinciis  quam  sit  eorum 

qui  eos  obtineant.  —  24  Tit.  Liv.  XXII,  25.  —  23  Jbid.  in  line.  _ 20  Val.  Max.  V  2. 

4  :  Dictatori  ei  magister  equitum  Alinucius  scito  plebis ,  quod  nunquam  antca 
factum  fuerat,  acquatur.  Corp.  inscr.  lat.  1,  p.  285,  elog.  xxix. 


LEX 


—  1156  — 


employer  les  foulons  Cette  loi  fut,  d’après  Pline 
l’Ancien,  soumise  au  peuple  à  l’instigation  des  censeurs 
de  534  C.  Flaminius  et  L.  Æmilius:  d’où  une  difficulté 
pour  fixer  la  date  de  la  loi,  Metilius  ayant  été  tribun  seule¬ 
ment  en  337.  Deux  solutions  sont  possibles:  ou  bien  ad¬ 
mettre  avec  Borghesi  1  existence  en  534  d’un  autre  tribun 
Metilius  2,  ou  dire  avec  Willems  que  le  tribun  de  537  trans¬ 
forma  en  plébiscite  un  règlement  censorien  antérieur  3. 

Lex  Minicia  (a..,.?).  —  Loi  décidant  que  l’enfant,  né  de 
parents  qui  n  ont  pas  entre  eux  le  conubiutn ,  suit  la  con¬ 
dition  la  moins  favorable.  Lex  Minicia  ex  altevutvo 
peregrino  natum  deterioris  paren  t  is  conditionem  sequi- 
tur  \  La  décision  n’a  d’ailleurs  d’intérêt  pratique, 
comme  le  remarque  Gaius,  que  si  la  mère  est  citoyenne 
romaine,  le  père  étant  pérégrin  ou  latin  s. 

La  date  de  la  loi  est  inconnue,  mais  comme  elle  s’appli¬ 
quait,  dit  Gaius,  aux  Latins  qui  pvoprios  populos  pro- 
priasque  civitates  habebant  et  erant  peregrinorum 
numéro  °,  elle  doit  être  antérieure  à  la  guerre  sociale  7. 

Lex  Mini  cia  de  triumviris  mensariis  (a  538=216). 

—  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  M.  Minucius  Rufus  et 
portant  création  de  triunwiri  mensarii 8. 

Lex  Minucia  (a.  633  =  121).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  M.  Minucius  Rufus  et  supprimant  la  colonie  de 
Carthage  9. 

Lex  Minucia  de  legibus  Semproniis  abrogandis  (a.  633 
=  121).  —  Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  pour 
abroger  les  lois  de  Sempronius  Gracchus10. 

Lex  Mucia  (a.  613  =  141).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  P.  Mucius  Scaevola  pour  ouvrir  une  instruction 
contre  le  préteur  C.  llostilius  Tubulus  qui,  présidant  la 
quaestio  inter  sicarios ,  avait  ouvertement  reçu  de  l’argent 
pour  juger  une  affaire11. 

Lex  Munatia  de  proscript  is  restituendis  (a.  712  =  42).  — 
Loi  proposée  parle  consul  L.  Munatius  Plancus  pour  rayer 
de  la  liste  des  proscrits  L.  Julius  Caesar  et  Sergius12 

Lex  Norbana  de  auri  Tolosani  quaestione  (a.  650  = 
104).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Norbanus  et 
instituant  une  quaestio 13  contre  le  consul  Q.  Caepio 
accusé  d’avoir  autorisé  le  pillage  de  la  ville  de  Toulouse 
et  d’avoir  enlevé  beaucoup  d’or  conservé  dans  les 
temples  de  cette  ville  u. 

Lex  Octavia  frumentaria  (a...?).  —  Loi  frumentaire 
proposée  par  le  tribun  M.  Octavius  frumentariae  leges, 
t.  IV,  p.  1347]. 

Lex  (?)  Octavia  (a.  667  =  87).  —  Loi  proposée  par  le 
consul  M.  Octavius,  pour  retirer  la  charge  de  consul  à  son 
collègue  L.  Cornélius  Cinna,  cum  perniciosas  leges  per 

1  Plin.  Hist.  nat.  XXXV,  57  :  Cum  lex  Metiliaexstet  fullonibus  dicta  quam  C. 
Flaminius  et  Aemilius  censores  dedere  ad  populum  ferendam.  Cf.  Dirksen,  Civilis- 
tische  Abhandluntjen,  t.  Il,  p.  75.  —  2  Borghesi,  Œ uvres,  t.  I,  305.  —  3  Willems, 
Le  Sénat ,  t.  I,  p.  343.  —  4  Ulp.  V,  8.  —  3  Gai.  I,  78.  —  S  Ibid.  I,  79.  —  7  Karlovva, 
Rôm.  jRechtsgeschichte,  t.  II,  p.  182.  —  8  Tit.  Liv.  XXIII,  21  :  Et  Romae  quoque 
propter  penariam  aryenli  iriumvrri  mensarii,  royatione  AI .  Minuciitribuni  plebis 
facti...  ;  Flor.  II,  6.  Cf.  sur  la  fonction  de  ces  triumvirs  :  Mommsen,  Rom.  Staatsr . 
trad.  t.  IV,  p.  355,  n.  2  ;  Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  455.  —  9  Appian.  P  un. 
cxxxvi  ;  De  bel.  civ.  I,  24;  Flor.  II,  3  ;  Oros.  V,  II  ;  cf.  Marquardt,  Staatsverwal- 
tung,  trad.  t.  VIII,  p.  144.  —  10  Aur.  Vict.  De  viris  ill.  65  ;  Flor.  III,  15. 

—  Cic.  De  finib.  II,  16,  54  ;  IV,  28,  77  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Strafrecht , 
p.  197,  n.  2.  —  12  App.  De  bel.  civ.  IV,  37  ;  IIapE<xxtjafftv  oji un;,  ITXàyxov  ÛTCaTEÙovTa 
xàOoSov  -ràî  Aeuxcoi  }r,ot(T«ff0at.  Ibid.  45  :  £%,<>;  Si  Ixçijs 0>j  nap  *  aÙTffl  ’AvTumw,  (xéjrçt 
DXàyxov  üicareüovTa  ô  ’Avxwvioç  neuve  xàôoSov  aÛTCî  tj>ï;ot<xa<y0ai.  —  13  Cic.  De  nat.  deor. 
III,  30,  74  ;  Licinianus,  p.  10.  —  14  Aul.  Gell.  III,  9,  7  ;  cf.  Herzog.  Geschichte  der 
rom.  Staatsverfassung ,  I.  I,  p.  485  ;  Mommsen,  Rom.  Strafrecht,  p.  198,  n.  1. 

—  13  Tit.  Liv.  Epit.  79.  —  16  Vell.  Pat.  II,  20.  —  17  Appian.  De  bel.  civ.  I,  63  ;  cf. 
Mommsen,  Rom.  Staatsr.  trad.  t.  II,  p.  304,  2,1.  —  i»  Tit.  Liv.  X,  6  ;  cf.  Bardt 
Die  Priester  der  vier  yrossen  Collégien ,  p.  10;  Mommsen,  Op.  cit.  trad.  t.  III, 
p.  24,  n°  1.  —  19  Gai,  IV,  109.  —  20  Édit.  Dubois,  p.  473.  —  21  La  loi  Oppia 


LEX 


vint  algue  arma  ferret 


,  .  ,  L  existence  de  celle  i  • 

fort  douteuse.  Velleius  Paterculus  dit  :  p  .  01 

sénat  us,  consulat  us  is  abrogatus  est  *«. \S-  (Ulcloritat  e 

Cinna  considéra  cette  abrogation  comme' 

parce  que  le  sénat  lui  avait  enlevé  sp*  'U's.  Valeui', 

pouvoirs  SilDs 


consulter  le  peuple17. 

U:x  Oculni»  (,.  154  =  300).  _  Plébiscite  pr0DM 
les  tribuns  Q.  etCn.  OgulniusetportanUhuitl?  ï* 
des  places  du  collège  des  pontifes18,  à  neuf  (.,J. 
places  du  collège  des  augures.  Les  quatre  pontifes"', t* 
cinq  augures  qu’on  voulait  ajouter  devaient  être  ri  ? 
parmi  les  plébéiens  [augur,  t.  I,  p.  532]_  '  lll|fi‘s 

Lex  Ollinia?  (a...?).  —  Loi  citée  par  Gains  et  dont  J 
ne  connaît  ni  l’objet  ni  la  date  :  Ceterum  potesl  ex  lJ 
quidem  esse  judicium  sed  legitimum  non  esse- nain] 
verbi  gratia  ex  lege  Aquilia,  vel  Ollinia ,  cet  Furk  J 
provincia  agatur ,  imper io  continebitur  judicium 
Peut-être  le  copiste  du  manuscrit  de  Gaius  a-t-il  fait 
erreur,  car  Gaius  devait  citer  une  loi  bien  connue  et  dont 
il  avait  déjà  parlé  20. 


Lex  Oppia  sumptuaria  (a.  539  =  215).  —  Plébiscite 
contre  le  luxe  des  femmes  proposé  un  an  après  le  désastre 
de  Cannes,  par  le  tribun  C.  Oppius,  sous  le  consulat  de 
Q.  Fabius  et  de  Ti.  Sempronius,  et  défendant  ne  qua 
mulier  plus  semiunciam  auri  haberet;  neu  vestimenti 
versicolor 21  uteretur  ;  neu  juncto  vehiculo  in  urbe-oÀ 
pidove,  aut  propius  inde  mille  passas  nisi  mrorum 
publicorum  causa 22.  Cette  loi  fut  abrogée  vingt  ans  après 
par  la  loi  Valeria  Fundania. 

Lex  Orguia  sumptuaria  (a.  572  =  82).  —  Plébiscite 
contre  le  luxe  de  la  table,  proposé  parle  tribun  C.  Orchius, 
sur  l’avis  conforme  du  sénat,  et  limitant  le  nombre  des 
convives23.  La  loi  fut  votée,  d’après  Macrobe,  la  troisième 
année  de  la  censure  de  Caton  qui  entra  en  fondions  en 
570  :  la  loi  Orchia  est  donc  de  572.  Cette  date  concorde 
avec  celle  de  la  loi  Fannia  qui,  suivant  Macrobe,  fut 
rendue  post  annum  vicesimum  secundum  legis  Orchiat, 
donc  vingt  et  un  ans  plus  tard,  soit  en  593.  Macrobe! 
ajoute,  il  est  vrai,  qu’Aulu-Gelle  place  la  loi  Fannia  en 
588,  mais  il  faut  tenir  compte  de  la  différence  qui  sépare 
1ère  de  Varron  de  celle  de  Fabius  Pictor  2'\ 

On  a  conjecturé  que  la  loi  Orchia  serait  la  lex  alearin 
mentionnée  par  Plaute23. 

Lex  Ovinia  de  senatus  lectione  (a.  442  =  312?!.  — 
biscite  proposé  par  le  tribun  Ovinius  pour  supprime!  e 
caractère  viager  des  fonctions  sénatoriales  et,  trans  ererj 
aux  censeurs  la  nomination  aux  places  devenues 
cantes  26.  La  date  de  cette  loi  n’est  pas  déterminée,  e e  j 


prohibe  le  porl  des  vêtements  de  couleur.  Le  sens  de  1  expression  ^  ^  tcs, 

est  fixé  par  un  texte  célèbre  de  Paul  (2  ad  Vitellium)  contenant  un  ^ 

tamenl  de  Labéon  en  faveur  de  son  épouse  Neratia  {Dig.  XXXI\ ,  -, 
eod.  32,  7).  —  22  Tit.  Liv.  XXXIV,  1,  3;  Val.  Max.  IX,  1.  3  :  "r0f'ja)il  ,736; 
IV,  20,  8  ;  cf.  Tit.  Liv.  XXXIV,  3,  9,  4,  10  ;  Hoffmann,  Ad  legetn  prim 

Restelius,  Dissertatio  ad  legem  Oppiam,  1700.  —  23  Macrob.  S  "G  tri" 

omnium  de  coenis  lex  ad  populum  Orchia  pervenit ,  quant  lu  1  .  .pj-ai,  Cuj111 

bunus  plebis  de  senatus  sententia  tertio  anno  quam  Cato  ;  „„«iernnl 
verba  quae  prolixa  sunt  praelereo  ;  summa  autern  ejus  pi  aesf  fl'isi. 

Konigl.  Sachs. 

zu  Leipzig,  1890,  p.  248,  n.  9.  —  Cf.  Émilio  Costa,  ll  <  256. 

Jloritz  Voigt, 


2'*-  Morilz  Voigt,  Derichte  d. 

248,  n.  9.  —  *3  Cf 

romano  nelle  comedie  di  Plauto ,  1890,  p.  50,  44.  Moritz  \oi0^  oppi'0^0  n0^ 
n.  35.  —  26  Fest,  v°  Praeteriti  :  Praeteriti  senatorcs  quoudam  feie-l 

erant,  quod  ut  reges  sibi  leqebant  subligebantque  quos  i "  c0"s 

. .  H 

0 

Ovinia  tribunicia  intervenit  qua  sanctum  est  ut  censores  e.i  °n raeterM e,tf\ 
quemque  curiatim  in  sénat um  legerent  :  quo  factum  est,  ut  ^  jjloch,  oriÿ,wC* I 
et  loco  moti,  haberentur  ignominiosi.  Cf.  sur  le  mol  curialt"1- 
du  Sénat  romain,  p.  290. 


fÿi  U.11V y  tyttuu  Lit,  /  ctyjo  oti/i  vcyui/uin  - 7  i 

rent ,  ita  post  exactos  eos  consules  quoque  et  tribuni  militai  LS^t  — 

conjunctissimos  sibi  quosque  patriciorum  et  deinde  plebeto'  ,1;  or(li”e 


LEX 


\  •  ,n i.  comprise  enlre  l’année  319  et  l’année  178. 
csl  ,,  ‘J4  9  excluent  le  consulaire  Mamercus 


censeurs  de  319  excluent 

jns  tribus,  mais  non  du  sénat1.  En  478,  au 
/u  .  _  p  Q0rnelius  Rufinus  est  exclu  du  sénat  par 

^"'trnse'urs  C.  Fabricius  et  Q.  Æmilius  2.  Mommsen 
|eS  mlfi  le  plébiscite  Ovinien  fut  rendu  en  442  ou 


1157  —  LEX 

date  de  cette  loi  n’est  pas  déterminée.  Mommsen  la  place 


ijecture  que  le  plébiscite  C 


P1'" 


111  C  '1»*^  l 

de  temps  auparavant3  [senatusJ. 

("7ir7\  T4l  a  rv  i  n  n  i 


I  Le7pacuvia  (a.  727=  27).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
Bribun  Sex.  Pacuvius  Taurus  pour  donner  au  mois  Sex- 
tilis  le  nom  d’Auguste  '. 

Lex  Papia  de  Vestalium  lectione  (a...?).  —  Loi  de 
date  incertaine  sur  le  choix  des  vestales  par  le  grand 
l.pontife,  Papiam  legem  invenimus,  dit  Aulu-Gelle,  qua 
Mcavetu/'  ut  ponti/icis  maxirni  arbitrant  virgules  e 
Mpupulo  viginti  legantur  sortitioque  in  concione  ex  eo 
numéro  fiat  et  cujus  virginis  ducta  erit  ut  eam  pontifex 
Mmaximus  capiat  eaque  Vestae  fiat'0  [vestalis]. 

Lex  Papia  de  peregrinis  (a.  689  =  65).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  C.  Papius  contre  les  pérégrins  qui 
ï  usurpaient  le  droit  de  cité.  Ce  plébiscite  établi L  une 
Wquaestio  et  ordonne  l’expulsion  des  pérégrins  résidant  à 
Rome  6. 

Lex  Papia  Poppaea  (a.  762=  9).  —  Loi  proposée  par 
1  les  consuls  M.  Papius  Mutilus,  C.  Poppaeus  Sabinus  pour 
I  amender  la  loi  Julia  de  maritandis  ordinibus.  Voir 
■'article  caduc ariae  leges. 

■  Lex  Psi'iria  de  civitate  Acerranorum  (a.  422  =  332). 
—  Loi  proposée  par  le  préteur  L.  Papirius  Cursor  et 

■  accordant  aux  habitants  d’Acerrae  la  cité  sine  suffragio  \ 

Lex  Papiria  de  dedicatione  (a...?).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  Q.  Papirius  et  défendant  de  faire  aucune 
consécration  sans  l’ordre  de  la  plèbe  8.  Lange  9  et  Wil- 
■lems  ,IJ  pensent  que  cette  loi  est  la  même  que  celle  de 
■50=: 304  d111  exige,  pour  la  dédicace  d’un  temple  ou 
■dune  chapelle,  l’approbation  du  sénat  ou  de  la  majorité 
■des  tribuns  de  la  plèbe11.  Mommsen  les  distingue12 
■dedicatio,  t.  III,  p.  44]. 

■  Lex  Papiria  de  viatoribus  aedilis  plebis  (a...?).  — 

■  n  neconn<dt  cette  loi  que  par  une  inscription  de  Rome 

!  ai,nsi  C0I1'Ue  •  Q-  Considius.  Q.  L.  Eros  viator  aed. 

(  Plmege  Papiria 13. 

■  Lex  PmRiAdetriumviris  capital ibus  (a...?).  —  Plébis- 

BL  Pl(ll,aM  Par  le  tribun  L.  Papirius  et  décidant  que  les 
■du  seraient  élus  par  le  peuple  et  chargés 

H;  ec0uvrement  des  sacramenta"  [sacramentum].  La 

1  Tit.  Eiy.  iv  2)  _  2  ,  ,  „  „  „ 

E  IV,  p.  102.  u  „..  u.‘  c  '  ^  VU,  21,  39.  —  3  liÿm.  Staatsrecht,  trad. 

mik,  1847 wmlm  f  P'.53  ’  cf'  Hofmann-  °er  rôm.  Sénat  zur  Zeit  der  Re- 
Atmio  disputatio  Loin/  P'  153  ’  Lange,  De  plébiscita  Ovinio  et 

•»J,  t.  I,  p.  m[  L  9’  p'  3;  Hei,zog,  Gesch.  der  rôm.  Staatsverfas- 
anlea  vocabatur  donec  I  Sat'  12,  35  •  Augustus  deinde  est  qui  sextilis 

f{“®  fnctum  oh  ram,/*  ,0"°’  ‘  Augush  daretur  ex  senatus  consulto...  item  plebis- 
ptt  L  iî,  U  •  cj-  ,,  n  'em  S<-‘xto  Pacuvio  tribuno  plebem  rogante.  —  B  a. 
C*m.  XXXVII,  9  ;Cic  /JrVll f0m'  Staatsverwa,t;  trad.  t.  II,  p.  23.  —  6  Dio 
Tit.  Liv  vin  \°-  '  11  ’  47  ;  cf-  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  204  et 

k,n’  m  ciri,', f  liomani  facti  Acer, 


ac 

tosen,  0. 


">  ?"«  eieitas  sine  ,  faetl  Acerrani  lege  al  L.  Papirio  praetore 

V  Postumio  Pkilnne  T*aL  I,  14:  Insequentibus  consulibus 

_  tn’  «■,  trad.  t.  IV  a  “  10  censorib"s  Acerranis  data  civitas  ;  cf.  Mom- 

l^^veterem  'tribùnLÎn.  18°'  ~  8  C‘c’  Pro  domo’  49>  127  :  vide0  eni ™ 

tum  hoc  J/’  VîatLmet.  mJussu  plebis,  acdes ,  terram ,  aram 
°"l'Altert.  lu  n  r«.  v'  aPtr*U8,  qui  hanc  legem  rogavit ,  sensit... 
t  J»-  -  auctoritate  l  ^  1  »■  P-  »•  7-  - 11  T.  Liv.  .X,  46  : 

l,U|SSU sennUis aut tribunarun  V;"”-  poPutum  est’  ne  quis  templum  aramve 
■  11>;  l030>  trad.  t.  Vu  n  ‘plebet  Part>s  majoris  dedicaret .  —  12  Rôm  .  Staatsr. 

|  X1:  Vl’  1033 ;  cf. "•  3b0i- l-  P'619'  ni,  P.  330.  -  13  Corp. 

■^'4is'oV"S"Crawe”Io;Q1(rt’S('"’  S‘a“tsr:  L  L  P-  3C°:  trad-  L  Lp.  414, 
K  '  "'Cm1uePraetor  imiH  ,■  '  ^  PaPiri  tribuni  plebis  sanctum  est  bis 

Wmk°V0Plll .  rogZXTaY^userit  qui  inter  cires  jas  dicet,  très  viras 

V.  ’  ',Ue  res  mn  ^mtales]  quicumque  [posthao  fa]cti 


entre  512  et  633 


13 


expression  praelor  qui  inter  rives 


Fig.  4442. 


Fig.  4Ü3. 


jus  dicet  prouve  qu’elle  csl  postérieure  à  l’institution  du 
préteur  pérégrin  ;  d’autre  part,  elle  est  antérieure  à  la  loi 
de  Rantia  et  à  la  loi  repetundarurn  de  631  ou  632  qui, 
l’une  et  l’autre,  présentent  les  triumviri  capitales  comme 
des  magistrats. 

Lex  Papiria  tabellaria  (a.  623  =  131).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  C.  Papirius  Carbo  et  appliquant 
aux  comices  législatifs  l’usage  du  vote 
écrit16.  C’est  la  troisième  loi  tabellaria 
[lex  gabinia,  lex  cassiaj.  Une  monnaie 
de  T.  Nerva  représente  l’acte  du  vote17. 

Lex  Papiria  de  tribunis  plebis  (a. 

623  =  131).  —  Projet  de  plébiscite  pré¬ 
senté  sans  succès  par  le  tribun  C.  Papirius 
Carbo  et  permettant  de  réélire  indéfiniment  le  même 
tribun  18. 

Lex  Papiria  semiunciaria  (a.  665  =  89).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  C.  Papirius  Carbo  Arvina  et  déci¬ 
dant  la  création  de  l’as  semoncial  [as, 
t.  I,  p.  564]  :  Mox  lege  Papiriana  semun- 
ciales  asses  facti...  Ce  renseignement, 
fourni  par  Pline  l’Ancien19  est  confirmé 
par  diverses  monnaies  portant  l’inscriptipn  : 

E  L(ege)  (P)apiria  20.  La  figure  4443,  en 

donne  un  exemple  d’après  une  monnaie  d’argent  de 

la  gens  Calpurnia. 

La  loi  Papiria  semiunciaria  est,  suivant  Mommsen21, 
la  même  que  la  loi  Plautia  Papiria,  qui  conféra  le 
droit  de  citoyen  romain  à  tous  les  confédérés  italiotes 
en  masse.  Cette  loi  dut  prendre  des  mesures  au  sujet 
des  monnaies  émises  par  les  cités  incorporées  dans 
l’état  romain.  Quelques-unes  de  ces  cités,  entre  autres 
Valentia,  avaient  des  as  taillés  sur  le  pied  d’une  demi- 
once.  Ainsi  s’explique  la  loi  Papiria. 

Lex  Pedia  (a.  711  =43).  —  Loi  proposée  par  le  consul 
Q.  Pedius  et  prononçant  la  peine  de  l’interdiction  de  l’eau 
et  du  feu  contre  tous  ceux  qui  avaient  pris  part  au  meurtre 
de  César22. 

Lex  Peducaea  de  incestu  virginum  Vestalium  (a.  640  = 
114).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  Sex.  Peducaeus 
et  instituant  une  quaestio  pour  juger  deux  vestales 
accusées  d’inceste  et  qui  avaient  été  absoutes  à  tort  par 
le  collège  des  pontifes23. 

erant  sacramenta  exi[gunto]judicantoque  eodem  jure  sunto,  utiex  legibus  plebeique 
scitis  exigerejudicareque  esse  oportet.— 13  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.IV, 
p.  302.  —  16  Cic.  De  leg.  III,  16,  33  :  Carbonis  est  tertia  lex  de  jubendis  legibus  ac 
vetandis.  —  U  Mommsen,  Münzwesen,  p.  544,  trad.  II,  350;  Iiabclon,  Mann,  de  la 
Rép.  II,  p.  129  ;  Helbig.  et  Mau,  Bull.  d.  Inst.  1874,  p.  283  ;  Friedtander,  Zeitschr.  f. 
Numism.  II,  86.  Sur  les  difficultés  que  présente  l’explication  de  cette  figure,  cf. 
Mommsen,  Staatsrecht,  trad.  VI,  2,  p.46l,  n.  4.  —  18 Tit.  Liv.  Epit.  59  :  Cum  Carbo 
tribunvs  plebis  rogationem  tulisset  ut  eumdem  tribunum  plebis  quoties  vellet  creare 
liceret,  rogationem  ejus  P.  Africanus...dissuasit.  Cic  .De  amicit.  25  :  Lex  popula- 
ris  suffragüs  populi  repudiata  est.  —  19  Hist.  nat.  XXXIII,  13.  —  20  Borghesi. 
Œuvres,  V,  171  ;  Mommsen, Münzwesen,  trad.  t.  II,  p.  407;  Cohen,  pl.  ix,  Calpurnia , 
no  6.  —  21  Mommsen,  t.  II,  p.  73,  n.  I  ;  cf.  Babelon,  La  loi  Plautia  Papiria  et  la 
réforme  monétaire  de  l’an  S.  R.  665  (Rev.  mon.,  3e  série,  1884,  t.  Il,  p.  3G-GG). 
—  22  Vell.  Pat.  II  69,  5:  Et  lege  Pedia,  quam  consul  Pedius,  colle  g  a  Caesaris 
tulerat,  omnibus  qui  Caesarem pa.trem  inter fecerant,  aqua  ignique  damnatis  inter- 
dictum  erat-,  Appian.  B.  civ.  III,  93;  Dio  Cass.  XLV1.  48;  Monum.  Ancyr.  I,  10  • 
Quiparentem  meum  [ inter fecer]un[t ,  eo>  in  exilium  expulijudiciis  legitimis  ’ultu  's 
eorum[fa]cin\us ];  cf.  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  159  et  199,  3.  —  23  Ascon. 
p.  40  ;  Sex.  Peducaeus  tribunus  plebis  criminatus  est  L.  Metellum  pontificem 
maximum  totumque  collegium  pontificum  male  judicasse  de  incestu  Virginum 
Vestalium,  quod  unam  modo  Aemiliam  damnaverat,  absolverat  autem  duas 
Marciam  et  Liciniam,  populus  hune  Cassium  creavit  qui  de  eisdem  Virgi- 
nibus  quaereret.  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  p.  197.  n.  3. 

14G 


Lkx  Pesolania  1  (a . ?).  —  Loi  de  date  inconnue  2, 

qui  a  étendu  aux  dommages  causés  par  les  chiens  la 
disposition  de  la  loi  des  Douze  Tables  sur  les  dommages 
causés  par  un  quadrupes  pecus 3. 

Lex  Petillia  depecunia  regis  A ntiochi  (a.  567  =  187). 

Plébiscite  proposé  par  les  tribuns  Q.  Pet i  1 1  i us  Spurinus 
et  Q.  Petillius,  avec  l’appui  de  M.  Caton,  et  dirigé  contre 
les  Scipions.  Le  texte  en  a  été  conservé  par  Tite  Live  : 
I  e/itis  jubeatis  quaeratur  quae  pecunia  capta  ablata 
coacta  ah  rege  Antiocho  est ,  quique  sub  ejus  imper io 
f aérant;  quod  ejus  in  publicum  relatum  non  est,  uti 
de  ea  re  Ser.  Sulpicius  praetor  urbanus  ad  sénat um  ré¬ 
férât  qaem  ea/n  rem  velit  senatus  guaerere  de  iis  qui 
praetores  nunc  sunt  \ 

Lex  Petronia  de  praefectis  jure  dicundo  (ante  722  = 
32).  Loi  relative  à  l’interrègne  dans  les  municipes. 
Lorsque  la  magistrature  supérieure  n'a  plus  de  titulaire, 
le  sénat  municipal  doit,  en  vertu  de  cette  loi,  élire  des 
praefecti  chargés  de  l’intérim  jusqu’à  l’élection  des  titu¬ 
laires  définitifs.  Ces  préfets  portent  les  titres  de  praef. 
jure  dicundo  ex  decurionum  decreto  lege  Petronia  ;  — 
////  vir  praef ectus  lege  Petronia,  etc.  [praefectus].  Ils 
sont  pour  la  première  fois  mentionnés  dans  les  fastes 
de  Yenusia  de  722  ".  La  loi  Petronia  ne  saurait  donc 
avoir  pour  auteur  le  consul  sutïect  de  778,  C.  Petronius 
l  mbrinus,  comme  l’avait  cru  Borghesi  °.  Mommsen  pense 
que  cette  loi  est  de  la  fin  de  la  République  et  fut  appli¬ 
quée  d’abord  dans  les  colonies  des  triumvirs.  Auguste 
en  aurait  étendu  la  disposition  à  toutes  les  cités1. 

Lex  Petronia  (a.  814  =  61  ?).  - —  Loi  proposée  vraisem¬ 
blablement  par  le  consul  Q.  Petronius  Turpillianus  pour 
compléter  le  sénatus-consulte  Turpillien.  Elle  défend  au 
mari  qui  s’est  désisté  de  l’accusation  d’adultère  qu’il  a 
dirigée  contre  sa  femme  jure  viri ,  de  renouveler  ulté¬ 
rieurement  cette  accusation  :  Et  decreto  patrum  et  lege 
Petronia  ei  qui  jure  viri  delatum  adulterium  non  per- 
egit,nunquam  postea  hoc  crimen  deferre  permittitur  8. 

Lex  Pinaria  (a...?).  —  Loi  relative  à  la  judicis  datio 
dans  la  procédure  des  actions  de  la  loi.  Tandis  qu’aupa- 
ravant  le  juge  était  immédiatement  désigné,  il  ne  le  fut 
désormais  qu’au  bout  de  trente  jours:  Ut  autern  {die)  tri- 
cesimo  judex  daretur,  per  fegem  Pinariam  factum  est; 
ante  ea/n  aute/n  legem  statim  dabatur  juclex  9.  La  loi 
est  du  temps  de  la  République,  mais  la  date  n’en  est  pas 
déterminée  10. 

Lex  Pinaria  Furia  de  mense  interkalari  (a.  282  =  472). 
—  Loi  proposée  parles  consuls  L.  Pinarius  Mamercinus 
Rufius  et  P.  Furius  Medullinus  Fusus  au  sujet  du  mois 

1  Le  nom  de  la  loi  varie  suivant  les  manuscrits  :  Pesulaniaou  Pesolania.  Cujas  lit  : 
Solania.  —  2  Moritz  Voigt  Rechtsgeschichte,  1. 1,  p.  39,  n.  18)  reporte  cette  loi 
à  la  période  qui  a  suivi  les  Douze  Tables.  —  3  Paul.  Sent.  I,  15,  1  ;  cf.  Ed.  Cuq, 
Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  358,  n.  7.  —  4  Tit.  Liv.  XXXVIII,  54;  Cat.  Orat. 
15.  —  5  Corp.  inscr .  lat.  X,  858,  5405,  1205  ;  IX,  20G0  ;  II.  1731.  —  6  Œuvres ,  t.  III. 
p.  36G.  —  7 Die  Stadtrechte  der  latinischen  Gemeinden  Salpensa  und  Malaca, 
]).  417;  Staatsr.  trad.  t.  II.  p.  32G,  n.  2  ;  cf.  Henzen,  Annali  delV  Ist.  di  corrisp. 
archeol.  di  Borna ,  1859,  p.  213  ;  Zumpt,  Comment,  epigr.  I,  60  ;  Marquardt,  Rom. 
Staatsverw.  trad.  I.  I,  p.  237.  —  8  Yaler.,  Gallien  Cod.  Just.  IX,  9,  IG.  Cf.  Karlowa, 
Rom.  Rechts geschichte,  t.  I,  p.  G24  ;  Moritz  Voigt,  Rom.  Reditsgeschichle ,  t.  II, 
p.  162.  —  9  Gai.  IV,  15.  Pr.  Ascon.  in  Verr.  p.  164  :Cum  in  rem  aliquam  agerent 
litigatores  et  poena  se  sacramenti  ftëterent,  poscebant  judiâem,  qui  dabatur  post 
trigesimum  diem.  —  10  Cf.  Ed.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  t.  I, 
p.  419  et  420.  n.  1.  —  U  Macrob.  Sat.  I,  13;  cf.  Cat.  ap.  Cols.  39  Dig.  Dig.  L, 

1  G,  98,  1.  —  12  Cic.  De  orat.  II,  65,  261  :  Olim  Rusca  cum  legem  ferret  annalem 
dissuasor  M.  Servilius.  «  Die  mihi  »,  inquit.  «  M.  Pinari  :  num ,  si  contra  te 
dixero ,  mihi  male  dicturus  es,  ut  ceteris  fecisti  ?  »  —  «  Ut  sementem  feceris , 
ita  meteSy  »  inquit.  — 13  Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecfit,  trad.  t.  II,  p.  183’ 
n.  2.  —  14  Nipperdey,  Die  leges  annales ,  18G5,  p.  G. —  1»  Censorin.  De  die  nat. 


intercalaire.  Varro  [scribit]  antiquissimani  le, 
incisa  m  in  columma  aenea  a  L.  Pinari  f  ^!sse 
consulibus ,  cui  mentio  interkalaris  adscribit  ' 

Lex  Pinaria  annali  s  (a.  572  =  182?). _ p  '  ’ 

présenté  par  M.  Pinarius  Rusca  et  fixant  l’inUu' 1 1/6  loi 
doit  séparer  les  magistratures12.  Il  est  probabl  qU‘ 
projet  n’a  pas  abouti,  car  Tite  Live  dit  que  laloMr  J 
de  574  est  la  première  loi  annalis 13.  Nipperdev  h  'llla 
au  contraire  que  la  loi  Pinaria  est  postérieure 
Villia  [annales  leges,  t.  I,  p.  570].  '  ll  °‘ 

Lex  Plaetoria  de  jurisdictione  (a.  388  =  366?)  n,  I 
biscite  proposé  par  le  tribun  M.  Plaetorius  et  attribu  ' 
deux  licteurs  au  préteur  urbain.  Le  texte  en  -, 
serve  par  Censorinus  :  Praetor  urbanus ,  qui  nunc  J 
quique  posthac  fiat ,  duo  lictores  apud  se  habetojuml 
inter  cives  dicito 1B.  Cette  loi  paraît  contemporaine  de  la 
création  de  la  préture  10. 

Lex  Plaetoria  de  circumscriptione  minorum  annis 
AA  I  (circa  563=  191).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tri¬ 
bun  Plaetorius  pour  protéger  les  mineurs  de  vingt-cinq 
ans  qui  se  laissaient  circonvenir  par  des  tiers,  p/e  dolus 
malus,  dit  Cicéron,  etiam  legibus  erat  vindicatus,m.\ 
circumscriptio  adolescentium  lege  Plaetoria  n.  La  loi 
Plaetoria  autorise,  contre  celui  qui  abuse  de  l'inexpérience 
du  mineur,  une  poursuite  publique  {judiciutn  publicum 
rei  privatae )18,  puis  une  action  civile  qui  se  donne  à 
litre  d’action  noxale  lorsque  l’auteur  delà  circumscriptio 
est  une  personne  alieni  juris  19.  Enfin,  s’il  faut  en  croire 
le  biographe  de  Marc  Aurèle  20,  la  loi  Plaetoria  aurai 
autorisé  le  mineur  à  solliciter  la  nomination  d'un  cura¬ 
teur 21 . 

La  date  exacte  de  la  loi  Plaetoria  n'est  pas  connue;raais 
cette  loi  est  citée,  sous  le  nom  de  lex  quinavicenaml 
dans  une  comédie  de  Plaute22,  représentée  vers  563.  Ofl 
peut  donc  affirmer  qu’elle  existait  au  moins  en  .163,  et  il 
est  probable,  à  la  façon  dont  s’exprime  Plaute,  qu’elle 
avait  été  votée  peu  de  temps  auparavant23. 

Lex  Plaetoria  (a.  603  =  151?).  —  Loi  mentionnée  dans 
une  inscription  de  Rome  et  instituant  des  duuravirs, 
probablement  aedi  dedicandae.  L’inscription  est  ainsu 
conçue  :  Vermino  A.  Postumius  A.  f.  A.  n.  Albi(nf)  I 
duovir  lege  Plaetoria  24 . 

Lex  Plautia  jadiciaria  (a.  665  =  89).  —  Plébiscite! 
proposé  par  le  tribun  M.  Plautius  Silvanus  et  instituant, 
pour  les  procès  de  haute  trahison,  une  liste  de  jnneS 
comprenant  quinze  membres  de  chaque  tribu - 

Lex  Plautia  agraria  (a.  665  =  89).  —  Plébiscite  dgnlire  I 
proposé  par  le  même  tribun20  [agrariae  leges]. 

|  1  |  [[  |L  I3!  I 

24  ;  cf.  Plaut.  Epid.  I,  2,  41.  —  10  Le  doute  omis  par  Mommsen,  '  I 

et  foudé  uniquement  sur  le  qualificatif  urbanus  donné  au  pi) lou1^  ^  |a  prrlurc  1 
suffisant  pour  reporter  cette  loi  à  une  dalc  postérieure  à  1 111  s  11  ^  |  j„faniic  I 

pérégrinc.  —  17  Cic.  De.  ojf.  III,  15.  La  condamnalion  011  q^.-urionat- 1 

et  d’après  la  loi  municipale  de  J.  César  (1.  1H)  I  cxrlnd  en 
—  1*  Cic.  De  nat.  deor.  III,  30,  74:  Inde  judicium  publicum  >’« 

Laetoria.  —  19  Frg.  De  formula  Fabiana  (dans  Alittheil.  ans  t  |  a  loi 

Papyrus  Erzherzogs  Dainer,  1888),  4:  ...  Laetoriae  n0J"  ^  \iU  I 

Plaetoria  est  citée  dans  le  papyrus  de  Berlin,  n»  3,8.  jfomuM  '’l 
Marci ,  10.  —  21  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  p,,,,*! 

p.  500-571.  —  22  Plaut.  Pseudol.  I,  3,  09,  Dud.  V,  3,  25.  ^  Vtl 

p.  204;  Moritz  Voigt,  Rôm.  Rechtsg.  I,  p.  744,  n.  2-  “f  ^  _  26  Asc»11’ 
3732  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  IV,  P-  fa^oae  b.  f** 
p.  70  :  Al.  Plautius  Silvanus  tribunus  plebis,  Cn.  Pompt 10  •  judiciisdrf' 
Catone  consulibus,  secundo  anno  belli  Italici ,  cum  equesti  >  singid'ie  eJ 
naretur,  legem  tulil  adjuvantibus  nobilibus...  ex  ea  lege,  1  ^  co 

numéro  quinos  denos  suffragio  creabant  qui  eo  annojm  ,e  exipsa  '  [ 
est  ut  senatores  quoque  in  eo  numéro  essent  et  quidam  e  ^  tISl 

Mommsen,  Rôm.  Staatsrecht ,  trad.  I.  VI,  2,  p.  134,  ri.  3. 


LEX 


—  1159  — 


LEX 


LEX  PAPI- 


Plébiscite  insti- 


I  p  Al  TiA  Papiria  de  civitate  sociis  danda  (a.  656  = 

LE^  plébiscite  proposé  par  les  tribuns  M.  Plautius 
8!):'  >(  c  papirius  Carbo,  et  décidant  que  tous  les 

SllTnls  des  cités  confédérées,  ayant  leur  domicile  en 
har  .'‘'ai  iour  de  la  promulgation,  recevraient  le  droit  de 
-  m 'inc  à  la  condition  de  faire  leur  déclaration 
dans  Tes  Soixante  jours  au  préteur  urbain 

rIASEMIUNC1ARIA']. 

Lex  Plautia  de  vi  (a.  677  =  77  ?) 
tant  une  procédure  criminelle  contre  ceux  qui  se  sont 

rendus  coupables  de  violence  2  et  interdisant  l’acquisition, 

par  longi  temporis  possessio ,  des  choses  dont  on  s’est 
Eiparé  par  violence  3.  C’est  en  vertu  de  cette  loi  que 
furent  accusés  Catilina  en  691  \  puis  ses  complices  3, 
en  702  un  complice  de  Milon  6,  en  703  M.  Tuccius 
Mais  d’autre  part  Cicéron  dit  que  la  loi  de  vi  en  vertu 
de  laquelle  Caelius  fut  poursuivi  en  698  est  celle  quarn 
kgm  Q.  Catulus  armata  dissensione  civium  rei 
publicae  paene  extremis  ternporibus  tulit 8.  Il  parait 
difficile  d’admettre  pour  la  même  quaestio  la  coexistence 
de  deux  lois  qui  auraient  été  simultanément  en  vigueur. 
Aussi  Mommsen  a-t-il  émis  l’avis  que  la  loi  attribuée  par 
Cicéron  à  Catulus  n’est  autre  que  la  loi  Plautia.  Catulus, 
qui,  en  sa  qualité  de  proconsul,  n’auraitpu  présenter  lui- 
même  le  projet  de  loi,  l’aurait,  fait  proposer  par  le  tri¬ 
bun  Plautius.  Mommsen  croit  en  effet  que  la  loi  Plautia 
remonte  à  l’époque  où  Catulus  venait  de  réprimer  en 
qualité  de  proconsul  l’insurrection  des  partisans  de  Le- 
pidus,  c’est-à-dire  en  677  =  77.  Ce  serait  vraisemblable¬ 
ment  la  même  loi  Plautia  qui,  après  la  mort  de  Lepidus, 
accorda  l’amnistie  à  ses  partisans  9.  En  même  temps  que 
la  loi  déclarait  amnistier  le  passé,  elle  aurait  pris  des 
mesures  pour  que  la  paix  publique  ne  fût  pas  troublée 
dans  l’avenir10. 


Lex  Poetelia  de  ambitu  (a.  396  =  358).  —  Premier 
plébiscite  de  ambitu  proposé  par  le  tribun  C.  Poetelius. 
Il  est  interdit  de  nundinas  et  conciliabula  obire  n,  d’où 
le  nom  d  ambire,ambitus  qui  est  resté,  bien  que  les  élé¬ 
ments  constitutifs  du  délit  aient  varié  [ambitus,  t.  Ier,  p.  223], 
Lex  Poetelia  Papiria  de  noxis  (a.  428  =  326).  —  Loi 
proposée  par  les  consuls  C.  Poetelius  Libo  et  L.  Papi- 
pus  Cuisor  et  défendant  ne  quis  nisi  qui  noxam  me- 
\nima  donec  poenam  lueret  in  compedibus  aut  in 
dierin  teneretur,  pecuniae  creditae  bona  débitons 
i  coi pus  obnoxium  esset 12 .  La  loi  Poetelia  contenait 
|]U  et(1(  i 11116  au^re  disposition,  si  l’on  admet  avec  la 
Y  J','"  ,°s  “leurs  qu’un  fragment  un  peu  altéré  de 

liberté  d  ?. 1  d^?rte  *  *  :  e^e  auraif  ordonné  la  mise  en 
M  s  n,'u  rlUi  bonam  copiam  jurarent  [nexum]. 


foederatis  civi taUbu.'  ‘ l  *4<  civitas  Silvani  lege  et  Carbonis  si  qi 

\^om'cüium  habnissen'  '"Sn,^^-^U'SSen^’  S*  cum  ^ ex  ferebatur  in  Ital 
'R-  fam.  X||i  M  c  /  spinyinta  diebus  apud  praetorem  essent  professi  ;  C 

*  foi-rtil.  IX,  3  „ 3  01;:  353  ;  VelL  Pat-  U,  16,  20.  -  -2  Sallust.  Catil.  ■ 
[  vet>dt  longapo'-'  Julmn’  44  Dig’  Di »'  XL1>  3,  33-  2  :  Lex  Plautia  etJui 
vi  possessam  I /T **  Possessa  ™nt  ;  Gai.  Il,  45  :  Rem...  usuca 
loi'itj  Voigt,  Rôm.  n  "  ‘a  ^  Cf.  sur  l’objet  propre  de  la  loi  Plaut: 

Plautia  interronnt  '  *  E  3  îIj'  4  Sallust.  Catil.  31:  Ipse  ( Catilin 
■'  P- 3G8’  -  «  ZTÏ  r  Paul°-  ~  G  Schol.  Bob.  in  Cic  p.  Sylla,  3 

“«tofKorem  smim  '  "  1  ,lon ■  P-  S3.  -  7  Cœlius  ad  Cic.  VIII,  S  :  M.  Tucciul 
A  Cœiio,  29,  70  fPÿ  s  udo°  Komanos  reum  loge  Plotia  de  vi  fecit.  -  8  C 
I  ”l  Co  cwili  discordin  r  •  a<*s'  '*  '  Liicio  etiam  Cinnae  uxoris  fratri,  et  q 

**m’  nditum  f»  cW.  secuti  Post  necem  consulis  ad  Sertorium  conf 

J1  '  "l  >’e  coneioneni  •  A  i  l°',ft^one  P^tia  confecit,  habuitque  et  ipse  (Caesc 
fc  ^freckt.  '  Z''  X,U’  3’  S  1  Di°  <*».  XL IV,  47.  -  10  Mommsc 

t "’  P’  86«-  -  12  îa *■  -  11  Liv.  IV,  ,5  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Str 
I  ,ons  iwidique  d  ;1V  •  IU-  28  ;  cf.  sur  la  portée  de  celle  loi,  Éd.  Cuq,  Ir 
Romans,  t.  I,.  p.  S88.590.  _  „  VarI,  D’ u  v 


D’après  Lite  Live,  la  loi  Poetelia  Papiria  est  de  428, 
D’après  Varron,  elle  serait  de  441.  La  première  date  est 
la  plus  sûre. 

Lex  Pompeia  de  Gallia  transpadana  (a.  665=89). — 
Loi  proposée  par  le  consul  Cn.  Pompeius  Strabo  et  confé¬ 
rant  aux  habitants  de  la  Gaule  Transpadane  le  jus  Latii , 
c’est-à-dire  les  privilèges  reconnus  aux  colonies  Lati¬ 
nes  :  ut  possent  habere  jus  quod  ceterae  Latinae  co- 
loniae,  id  est  ut  gerendo  magistratus  civitatem  Roma- 
nam  adipiscerentur 14 

Lex  Pompeia  de  parricidiis  (post  a.  673=81).  —  Loi 
proposée  par  le  consul  Cn.  Pompeius  et  posant  des  règles 
nouvelles  sur  le  parricide  et,  d’une  manière  plus  géné¬ 
rale,  sur  le  meurtre  commis  par  un  proche  parent  de  la 
victime  [parricidium]. 

L’innovation  essentielle  introduite  par  cette  loi  con¬ 
siste  dans  la  suppression  de  la  peine  du  sac  et  dans 
l’extension  au  parricide  de  la  peine  ordinaire  infligée 
aux  meurtriers  :  le  bannissement. 

Le  texte  de  la  loi  Pompeia  a  été  en  partie  conservé 
par  Marcien  :  Lege  Pompeia  cavetur  ut  si  guis  patrern 
matrem  avion  aviam  fratrem  sororem  patruelem  ma- 
truelem  patruum  avunculum  amitam  consobrinum  con- 
sobrinam  uxorem  virum  generum  socrum  vitricum 
privignum  privignam  patronum  patronam  occident , 
cujusve  dolo  malo  id  factum  erit ,  ut  poena  ea  teneatur 
quae  est  legis  Corneliae  de  sicariis.  Sed  et  mater  guae 
filium  filiamve  occident  ejus  legis  poena  adficitur  et 
avus  qui  nepotem  occident  :  et  praeterea  qui  émit 
venenum  ut  pcitri  daret ,  quamvis  non  potuerit  dure  10. 

La  date  de  la  loi  Pompeia  ne  peut  être  fixée  avec  cer¬ 
titude  :  on  sait  seulement  qu’elle  est  postérieure  à  la  loi 
Cornelia  dont  elle  étend  la  disposition  16  [infanticidium] . 

Lex  Pompeia  judiciaria  (a.  699  =  55).  —  Loi  consu¬ 
laire  proposée  par  Pompée  pour  réglementer  le  choix 
des  juges  pris  dans  les  diverses  centuries  et  pour  res¬ 
treindre  l’arbitraire  du  magistrat  qui  y  procédait17. 
Les  détails  manquent;  on  sait  seulement  que  la  loi  n’at¬ 
teignit  pas  son  but 18. 

Lex  Pompeia  de  vi  (a.  702  =  52).  —  Loi  proposée  par 
le  consul  Cn.  Pompeius  Magnus  pour  réprimer  certains 
actes  de  violence  qui  avaient  été  commis  aux  environs 
de  Rome  et  dans  la  ville  19  :  de  vi ,  quae  nominatim 
caedem  in  Appia  via  factum  et  incendium  curiae  et 
domum  M  Lepidi  interregis  oppugnatam  compre- 
hendit 20.  La  loi  contenait  en  même  temps  des  règles 
sur  le  nombre  et  le  tirage  au  sort  des  juges,  sur  le  droit 
de  récusation  des  parties,  sur  l’audition  des  témoins  et 
sur  la  durée  des  plaidoiries  21 . 

105.  —  H  Ascon.  p.  3;  Plin.  Hist.  nat.  III,  24  :  cf.  Marquardt,  Rôm.  Staatsver- 
waltung,  trad.  t.  I,  p.  83.  —  15  Marcian.  14  Instit.  Di  g.  XLVIII,  9,  1  ;  Paul. 
Sent.  V,  24;  Pompon.  Enchirid.  Dig.  I,  2,  2,  32.  —  16  Cf.  Mommsen,  Rôm. 
Strafrecht,  p.  644.  —  17  Cic.  In  Pison ,  36,  94  ;  Ascon.  p.  16.  —  18  Ps. 
Sallust.  De  re  pub.  2,  3  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staalsr.  t.  111,  p.  534,  n.  I  ; 
trad.  t.  VI,  2,  p.  138,  n.  4.  —  19  Cic.  P.  Milon.  G,  la  :  Cn.  Pompeius  ro- 
gatione  sua  et  de  re  et  de  causa  judicauit.  Tulit  enim  de  caede  quae  in 
Appia  via  facta  esset  :  in  quaP.  Clodius  occisus  fuit.  Quid  ergo  tulit?  Nempe 
ut  quaereretur.  —  20  Ascon.  In  Milon.  p.  31  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Stra¬ 
frecht,  p.  199,  n.  2  et  216.  —  21  Ascon.  p.  34:  Lex  Pompeia...  jubebat  ut 
priusquam  causa  ageretur  testes  per  triduum  audirentur,  dicta  eorum  judices 
confirmarent,  quarta  die  adesse  omnes  in  diem  posterum  juberentur  ac  coram 
accusatore  ac  reo  pilae  in  quibus  nomina  judicum  fieret  uniuset  LXXX;  qui 
mmerus  cum  sorte  contigissct  ci  protinus  sessum  irent  ;  tum  ad  dicendum 
accusator  duas  horas,  reus  très  haberet,  resque  eodem  die  illo  judicarelur  ;  prius 
aulem  quam  sententiae  ferretur  quinos  ex  singxilis  ordinibus  accusator  tolidem 
reus  rejiceret,  ita  ut  numéro  iudicum  relinquerentur  qui  sententiae  ferrent 
quinquaginta  et  unus. 


Lf  PoMPEIA  de  ambitu  (a.  702  =  52),  -  Loi  proposée 
par  le  même  consul  pour  réprimer  le  crime  d 'ambitus. 
Lette  loi  fut  promulguée  en  même  temps  que  la  précé¬ 
dente  :  Deinde  post  diem  tertium  de  legibus  novis 
ferendis  rettulit  :  duas  exsenatus  consulto promulgavit, 
altérant  de  ci...  alteramde  ambitu  :poena  graviore  et 
forma  judiciorum  breviore.  Utraque  enim  lex  prias 
testes  dari,  deinde  uno  die  atque  eodem  et  ab  accusa- 
tore  et  a  reo  perorari  jubebat...  In  qua  id  guoque 
scriptum  erat  ut  quaesitor  suffragio  populi  ex  iis  qui 
cousu  les  rueront  crearetur...  Album  quoque  judicum 
qui  de  en  re  judicarent  Pompeius  taie  proposait  ut 


numquam  neque  clariores  viros  neque  sanctiores  pro¬ 
pos  itos  esse  constaret  L 

Lex  Pompeia  de  jure  magislratuum  (a.  702  =  52).  _ 

Loi  proposée  par  Pompée  et  obligeant  les  candidats 
aux  magistratures  à  faire  leur  déclaration  en  per¬ 
sonne  2. 

Lex  Pompeia  (?)  de  provinciis  (a.  702  =  52?).  —  Loi 
proposée  par  Pompée  et  modifiant  larépartition  annuelle 
des  provinces  conformément  au  sénatus-consulte  de 


"01-  L'innovation  principale  consiste  à  établir  un  inter¬ 
valle  de  cinq  ans  entre  le  consulat  ou  la  préture  et  le 
gouvernement  d’une  province. 

L  attribution  de  cette  loi  à  Pompée  paraît  confirmée 
par  un  passage  de  Dion  Cassius3.  Mommsen  croit  cepen¬ 
dant  que  Pompée  fît  seulement  renouveler  en  702  le 
sénatus-consulte  de  701  et  que  la  loi  consulaire  est  de 
l’an  703 4  ;  cette  interprétation  a  été  combattue  par 
Willems  s. 

Lex  Pompeia  Licinia  de  tribunicia  potestate  (a. 
684  =  70).  —  Loi  proposée  par  les  consuls  Cn.  Pom¬ 


peius  Magnus  et  M.  Licinius  Crassus  et  restituant 
aux  tribuns  l’autorité  que  leur  avait  enlevée  la  loi 
Cornelia  6. 

Lex  Pompeia  Licinia  de  provinciis  C.  Juin  Caesaris 
prorogandis  (a.  699  =  55). —  Loi  proposée  par  les 
consuls  Cn.  Pompeius  Magnus  et  M.  Licinius  Crassus 
pour  proroger  César  dans  le  gouvernement  des  provinces 
gauloises  '.  Cette  loi  a  donné  lieu  à  une  vive  controverse 
sur  le  point  de  savoir  quel  fut  le  terme  assigné  à  Y  im¬ 
perium  de  J.  César,  et  par  suite  sur  qui  retombe  la 
responsabilité  de  la  guerre  civile8. 

Lex  Pompeia  Licinia  (a.  699=55).  —  Projet  de  loi 
somptuaire  présenté  par  les  mêmes  consuls,  mais 
qui  n’a  pas  abouti9. 

Lex  Popillia  (?)  de  nexis  (a.  673=81?)  —  Un  texte 
de  Varron  signale  une  disposition  en  faveur  des  nexi, 
disposition  prise  C.  Popillio  rogante  Su/la  dictatore. 


I  Ascon.  p.  31  et  34.  —  2  D i o  Cass.  XL,  56:  Kal  t8v  ”  :  cl  -olv  àç^aiçsiriwv  vôjjlov 

*t}.EÜovTa  toùç  ào/ïjv  Ttv«  IitayylVftovTaç  I;  Tr,v  ix  xXi}  <rt  a .  itàvTw;  àisavTav,  w<rrs  [Arriva 

àïîôvTa  atoeTafiai,  iza^ri\t.t).r,\xé.ov  — <u ;  àvEvcwffato.  Suet.  Caes.  28  r  Aecidevat  autcm  lit 
is  (Pompeius)  legem  de  jure  magistratunm  ferens ,  eo  capite  quo  a  petitione  hono- 
rum  absentes  summovebat  ne  Caesarem  quidem  exciperet  per  oblivionem  ac  mox 
loge  jam  in  aes  incisa  et  in  aerarium  condita  corrigeret  errorem.  —  3  Dio  Cass. 
XL,  56  :  Te!  -te  8ôy[jl«  zb  Èp.iïpoffflEv  ysvôjJiEvov,  <o(jte  toù?  apçavtaç  ly  TÎj  tcÔXéi  [xr, 

EEOÔEEJOV  È;  Tà;  E  ;.!>  Ÿ,yE(XO  VIKÇ,  ICÇtV  TlÉVTE  ETÏJ  —ay  éXO  cTv,  xXlripûffffôOït,  ÉlEEXUÇbKTEV.  —  4  Pont. 

Staatsr.,  Irad.  I.  III,  p.  277.  —  $  Le  Sénat,  t.  II,  p.'  588,  n.  2.  —  6  Tit.  Liv.  Epit.  97  : 
M.  Crassuset  Cn.  Pompeius  consules  facti...  tribuniciam  potestatem  restituerunt. 
Vel!  Pat.  II,  30  :  H  oc  consulat  u  Pompeius  tribuniciam  potestatem  restituit  cujus 
Sglla  imaginem  sine  re  reliqueratj  Caes.  De  bel.  civ.  I,  7.  —  7  Vell.  Pat.  IL  46,  2  : 
Caesari,  lege  quam  Pompeius  ad  populum  tulit,  prorogatae  in  idem  spatium  tem- 
poris  provinciae  ;  Appian.  De  bel.  civ.  II,  18  ;  Caes.  De  bel.  civ.  VIII,  53  ;  Suet. 
Caes.  24.  —  8  Fr.  Uofmann,  De  origine  belli  civilis  Caesariani,  1857  ;  Mommsen, 
Die  Declitsfrage  zwischen  Caesar  und  dem  Sénat,  1857  ;  P.  Guiraud,  Le  différend 
entre  César  et  le  Sétiat,  1878  ;  Willems,  Le  Sénat,  l.  II,  p.  596,  n.  2.  —  9  Dio 
Cass.  XXXIX,  37.  —  10  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Domains,  l.  I,  p.  590, 


I  I  69  — 


LEX 


On  s’accorde  à  reconnaître  que  ce  texte  a  ,q(; 
et  que  l’adoucissement  apporté  à  la  sii'  '0rrornPu 
nexi  remonte  à  la  loi  Poetelia19  _  Vni,.'  UaU°n  des 

PAPIKIA.  0H  LEX  P0ETElu 

Lex  Porcia  de  tergo  civium  (circa  559 
Loi  proposée  par  Caton  l’Ancien 11  et  ,lùf.  ,  " 

battre  de  verges  un  citoyen  romain  *>  n'U  de 
sévère  était  édictée  contre  le  magistrat  onni?  PC'ne 
Porcia...  lex  sola  pro  tergo  ciLni lZ 
quod  gravi  poena,  si  guis  verberasset  J  ' 
civem  romanum,  sanxit ‘3.  L’attribution  de  TT 
à  M.  Porcins  Cato  ressort  d’un  passage  de  pi* 
Pn  scapulis  cum  dicit  Cato.  significat  ,1: 

verberum  ;  nam  complures  loges  erant  in  cives  m,'/" 
quibus  sanciebatur  poena  verberum  ;  his  s  Jnul 
prohibasse  multos  suos  cives  in  ea  oratione  Lac 
contra  M.  Caelium  u.  1 


Lex  Porcia  de  provocatione  (ante  646  =  108).  _  L  • 
autorisant  l’appel  au  peuple  sur  le  territoire  imlitkè 
par  conséquent  contre  les  décisions  des  magistrats  exer' 
çant  leurs  fonctions  hors  de  Rome  et  de  la  première' 
borne  milliaire. 

Cette  loi  est  antérieure  à  646;  un  passage  de  Sallusle 
prouve  qu’à  cette  date  le  chef  d’armée  n’avait  plus  le 
droit  de  mettre  à  mort  un  citoyen  romain  ;  il  ne  gardait 
ce  droit  que  vis-à-vis  des  Latins  15. 

L  identité  de  cette  loi  avec  une  des  trois  leges  Por- 
ciae  résulte  d’un  denier  de  P.  Porcius 
Laeca  qui  contient  une  allusion  ma¬ 
nifeste  à  cette  disposition.  Elle  représente 
un  guerrier  armé  d’une  cuirasse  et  d’une 
épée  et  accompagné  d’un  licteur  portant 
les  faisceaux  et  étendant  la  main  sur  Fig.  un. 
la  tête  d’un  citoyen  revêtu  de  la  toge. 

La  légende  porte  le  mot  provoco  16  (lîg.  4444). 

Lex  Porcia  de  provocatione  (a...?).  —  L'existence  1 
dune  troisième  loi  Porcia  est  attestée  par  Cicéron.  I 
Après  avoir  rappelé  la  loi  consulaire  qui  a 'décidé  I 
ne  qui  magistratus  sine  provocatione  crearetur,  d 
ajoute  :  Neque  vero  leges  Porcine,  quae  1res  sunt  I 
trium  Porciorum,  ut  scitis ,  quidquam  practer  sanc-  I 
tionern  attulerunt  novi 17  [provocatio)  .  Les  autres  textes  I 
ne  parlenL  que  d’une  loi  Porcia  On  a  conjecture  que  I 
l’une  de  ces  lois  défendit  aux  officiers  de  battre  de  ■ 
verges  les  soldats  qui  avaient  le  droit  de  cité  romaine.  I 
Tite  Live  dit  que,  pendant  le  siège  de  Numance  en  ■ 
620,  Scipion  Emilien  quem  militent  extra  ordinon  I 
deprehendisset,  si  Romanus  esset ,  vitibus,  si  exti^ 
neus  virgis ,  cecidit 18.  Les  leges  Porcine  furent  app 1  I 


,  I.  Voir  cependant  Moritz.  Voigl,  Ueberdic  Geschichte  des  Rom 


Execution sreeldi, 


V  Herzog,  Geschichte  der  >»'«■ 
htsg.  1. 1-  P- 
pour  auteur  le  Pf** 


n. 

p.  109.  —  11  Voir  cependant  le  doute  émis  par 
Staatsverfassung,  t.  I,  p.  1086.  Moritz  Voigt,  Rüm.  Rechtsg. 
place  cette  loi  et  la  suivante  en  559;  la  première  aurait  eu  pour  —  ^  ^  |ange 
P.  Porcius  Laeca,  la  seconde  le  consul  M.  Porcius  Calo.  C  est  a  101  aallée, 
(Rom.  Alterthümer ,  t.  II,  a  fixé  pour  l’une  d’elles  la  date  de  556,  cai  .  ' 11 
Caton  était  préteur  de  Sardaigne.  —  12  Plin.  (Hist.  nat.  \ IL  ^L  I  ll)  I P  ^  ^Vi 
satio  de  jure  virgarum  le  procès  de  Balbus  relatif  au  droit  de  Cl^‘  '  .  utiyriM 

X,  9,  4  ;  Sallust.  Catil.  51, 21  :  Quam  ob  rem  in  sententia  non  'çc(ieoM  I 
in  cos  verberibus  anima  dvert  ere  t  itr  ?  an  quia  lex  Porcia  vetat ...»  "  svmi0n 
illo  tempore...  Verberibus  animadvertebant  in  cires ,  de  co,i( (l^aequeleS^ 
supplicium  sumebant  ;  poslquam  respublica  adolevitjtum  lex  1  01 1  '  ^  Scnp,l^s'  I 
paratae  sunt,  quibus  legibus  exilium  permissum  est.  —  ^  j-g  pi  18L  I 

—  I5  Sallust.  Juq.  46  ;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht ,  trad.  L  des iï,lU  I 


Gescli 
ijo  3. 


De 


t.  III,  p.  134  ;Rdm.  Strafrecht ,  p.  31  et  47.  —  l®  Cf.  Mommsen 
Mïinswesens ,  p.  552  ;  trad.  I.  Il,  p.  365  ;  Cohen,  pl.  xxxiv,  P°* c " 

Repub.  11,31  ;  cf.  Lange, De  legibus  Porciis  libertatis  civium  vind'u  ^  ^  ^  /Jÿih 
Zumpt,  Das  Criminalrecht  de h  rom.  RepubliJc ,  t.  I,  2,p* 


LEX 


1161 


LEX 


dulce  libertatis, 

Cette  idée  est  exprimée  par 


Fig.  4445. 


■  non  seulement  à  Rome,  mais  encore  en  Italie1 
Télns  les  provinces2.  Les  citoyens  romains  peuvent 
W  or  en  tout  lieu  :  Porcin  lex  libertatem  civium 
IktoTeripuit  \  dit  Cicéron,  et  ailleurs  :  O  nomen 
o  lex  Porcin  legesque  Semproniae  4 . 

un  denier  d’argent  de  la 
famille  des  Porcii 
Laecae,  portant 
au  droit  le  mot 
roma,  au  revers  le 
nom  M.  Porcius 
Laeca,  un  qua¬ 
drige  avec  la  Li¬ 
berté  5  (fig.  4445). 
Lex  Porcia  nd- 

versus  feneratores  (ante  636  =  118).  —  Loi  proposée 
■  par  M.  Cato  Porcius  et  qui  paraît  relative  au  droit  des 
dettes.  On  ne  la  connaît  que  par  un  fragment  du 
discours  prononcé  par  Caton  en  636  :  Ne  lex  sun 
abrogetur 6. 

Lex  Porcia  de  imperio  P.  Lentuli  nbrogando  (a. 
698=  56).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Porcius 
Cato  pour  retirer  Y  imperium  à  P.  Lentulus  Spinther, 
proconsul  de  Cilicie 7. 

i  Lex  Porcia  (a.  698=  56)  —  Projet  de  plébiscite  pré¬ 
senté  par  le  même  tribun  pour  mettre  en  accusation  Milon 
et  Lentulus8. 

Lex  Porcia  (a...  ?).  —  Loi  mentionnée  dans  la  lex  A n- 
tonia  de  Termessibus,  et  limitant  le  droit  de  réquisition 
des  magistrats  romains  à  l’égard  des  cités  libres  :  Neive 
pus  magistratus  prove  magistratu  legntus  neive  guis 
alius  facito  neive  impernto,  quo  quid  mugis  iei  dent 
praebeant  ab  ieisve  auferatur ,  nisei  quod  eos  ex  lege 
Porcia  dure  praebere  oportet  oportebit -9. 

Lex  Porcia  Pomfeia  (a.  655  =  99).  —  Projet  de  loi  pré¬ 
senté  par  les  consuls  L.  Porcius  Cato  et  Cn.  Pompeius 
Strabo  pour  obtenir  le  retour  de  Q.  Caecilius  Metellus 
Numidicus 10. 

Lex  Publicia  de  alentoribus 

(a...  ?).  —  Loi  de  date  indéterminée 
et  qui  n’est  connue  que  par  un 
fragment  de  Marcien  :  elle  permet 
de  sponsionem  fncere  pour  les  jeux 
qui  virtulis  causa  fiant,  et  l’inter¬ 
dit  pour  le  cas  ubi  pro  virtute  cer- 
tronvp,. ,,  n  •  tamen  non  fit  u.  Borghesi  a  cru 

de  la  f-i  vii  a.  US10n  d  ce^e  ^°*  ^ans  une  médaille  d’argent 

f113  Maiieoi"s"  s“ ,e  » 

1  ixee  a  un  clou  et  divisée  en  deux 

1  Aul.  Gcll.  x  3 

<%*»'*  Jtalicis  viros  vi mi  C  Gracchus—  M-  Marium  et  quosdam  ex  muni- 
Wfleritur.  _  2  ci/  37  ™f‘riam  caesos  a  magistratibus populi  romani... 

B  omnium  civium  Roman  ”  ^  V ’  1153  ’  ^abir.  12  :  Porcia  lex  virgas 

COrp0re  -  3  Cic.  n.  Rabir.  12. 

B'  S26>  "■  113.  -  S  pr’j  Mommsen,  Geschichte  des  rom.  Mïmzwesens, 

ma  bogetur pncil  ’  ’  :  Cato  neVos  de  actionibus  ad  populum  ne  lex 

(«  **  ™  ^  QuiriteS ’  »  hac  civi- 

11'.!  °ritz  Vo'gt,  Rôm.  Rechtsae  ’f'  fque  fenus  saepissimam  discordiam  fuisse. 
i  :  fm.  I,  \  T  TT:  te  L  ’’  P-  715’  n-  70-  -  1  Cic.  Ad  Quint,  fr. 

201  '3  p'  îotn.  1  L  '  ’i  i  G9’  144  ’  Cf  Mommsen’  nom.  Staatsrecht, 

iPpi  Jiti  s u*  ü  - 9  co-  >• 

*»«*.,'* lSut’  ŒUVreS’  C  IL  p!  271  L  1370  T3  5  ROgUl’  DUj-  XI’ 
l>  557,  n  ;  ~  ;  Ma«'0b.  Sat.  I,  7  P33.  :  Coh°n'  Mii*  ComuL  P1-  xxx"'- 

mlhttrr.'.  ■  ~  °  Tit-  Liv.  xxvn  «<  ’  „  '  ld'  ,Uf!’  Instltutions  juridiques,  t.  I, 

Hnd0  Wmmorat'one  rerum  su’  '  irlbum  orationem  ita  obruit  Mar¬ 

is  r?— ■  ut  non  ro(jati°  s°ium  de  imPeri°  *■«  ^o- 

“ re,u ■  "  *6  Tit.  Uv  H  ‘  ’  cf  nfle>n  cum  ingenti  consensu  centuriae 
}  °^ero  Publilius...  rogationem  tulit  ad 


%  4446. 


®W»rs 


colonnes  :  dans  la  première,  on  a  gravé  sur  deux  lignes 
C.  Mal.,  dans  la  seconde,  la  lettre  P  de  forme  archaï¬ 
que13  (fig.  4446). 

Lex  Publicia  (a...?).  — Plébiscite  proposé  parle  tribun 
Publicius  et  défendant  d’envoyer  aux  riches,  à  l’occasion 
des  Saturnales,  autre  chose  que  des  flambeaux  de  cire  u. 
Ce  plébiscite  paraît  inspiré  par  une  pensée  analogue  à 
celle  qui  a  motivé  laloiCincia:  il  est  vraisemblablement 
du  vie  siècle  de  Rome. 

Lex  Publicia  de  imperio  M.  Marcelli  nbrogando  (a. 
545  =  210).  —  Projet  de  plébiscite  présenté  sans  succès 
par  le  tribun  C.  Publicius  Bibulus  pour  retirer  Yimpe- 
rium  à  Marcellus 15. 

Lex  Publilia  (a.  283  =  471).  —  Plébiscite  proposé  par 
le  tribun  Publilius  Volero  et  décidant  que  les  magistrats 
plébéiens  seraient  élus  par  tribus  et  non  par  curies  16. 

Lex  Publilia  de  plebiscitis  (a.  415  =  339).  —  Loi  pro¬ 
posée  par  le  dictateur  Q.  Publilius  Philo  et  attribuant 
force  de  loi  aux  plébiscites:  Ut  plébiscita  omnes  Quirites 
tenerentin . 

Lex  Publilia  de  patrum  auctoritate  (a.  415  =  339).  — 
Loi  proposée  par  le  même  dictateur  et  décidant  que  poul¬ 
ies  lois  soumises  aux  comices- centuriates  Yauctoritas 
patrum  précéderait  le  vote18 

Lex  Publilia  decensore  plebeio  creando  (a.  415  =  339). 
—  Loi  proposée  par  le  même  dictateur  et  décidant  que 
l’un  des  censeurs  devrait  être  plébéien19. 

Lex  Publilia  de  sponsu  (a...?).  —  Loi  de  date  inconnue 
mais  remontant  à  une  époque  assez  ancienne.  Elle 
accorde  au  sponsor  qui  a  payé  pour  le  débiteur  principal 
une  action  depensi  qui  se  donne  au  double  en  cas  (Yin- 
fitiatio 20.  En  outre,  si  dans  les  six  mois  la  caution  n’a 
pas  obtenu  son  remboursement,  elle  a  contre  le  débiteur 
la  manus  injectio  pro  judicato 21  [wtercessio,  t.  Y, 
p.  552,  manus  injectio]. 

Lex  Pupia  de  senatu  diebus  comitialibus  non  habendo 
(circa  a.  600  =  154?).  —  Loi  défendant  de  convoquer  le 
sénat  aux  jours  affectés  aux  assemblées  du  peuple  22 .  On 
n’a  pas  de^  renseignements  précis  sur  la  sanction  ni  sur 
la  date  de  cette  loi  :  aussi  ces  deux  questions  sont-elles 
très  controversées23.  En  fait,  le  sénat  a  plus  d’une  fois 
tenu  séance  pendant  les  dies  comitiales2'*.  Mais  proba¬ 
blement  ces  jours  avaient  perdu  leur  caractère  comitial, 
soiL  parce  que  c’étaient  des  jours  de  marché  ou  de  fête 
extraordinaires,  soit  parce  que  le  sénat  avait  interdit  la 
réunion  des  comices  2:i.  Dans  tout  autre  cas,  la  décision 
prise  par  le  sénat  contrairement  à  la  loi  Pupia  ne  vaut 
pas  comme  sénatus-consulte,  mais  comme  senatus  auc- 
toritas 26  Mommsen  conjecture  que  la  loi  Pupia  doit 


populum  utplebci  magistratus  tributis  comitiis  fièrent  ;  Denys  d’Halic.  IX,  41,  49  . 
cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr.  t.  III,  p.  1.42,  155,  trad.  t.  VI,  1,  p.  170,  174 

—  17  Tit.  Liv.  VIII,  12,  14  ;  cf.  Mommsen,  eod.  p.  157  =176  ;  Willems,  Le  Sénat , 
t.  II,  p.  82  ;  Karlowa,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  t.  I,  p.  120.  —  1S  Tit.  Liv.  VIII,  12 
43  :  Tulit...  ut  legum,  quae  comitiis  centuriatis  ferrentur,  ante  initum 

suffragium  patres  auctores  fièrent  ;  cf.  Mommsen,  eod.  I.  III,  p.  1042. _ 19  Tit 

Liv.  VIII,  12,  16:  Ut  alter  utique  ex  plebe ,  cum  eo  ventum  sit  ut  utrumquc 
plebeium  fieri  liceret,  censor  creatur.  —  20  Gai,  III,  127;  IV  9  et  171 

—  21  Gai.  IV,  22  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  7  03.  —  22  Cic.  Ad 
Fa.rn.  I,  4,  1  :  Senatus  haberi  non  polest  ante  k.  Febr.,  per  legem  Pupiam...  non 
potest  ;  Cic.  Ad  Quint,  fr.  II,  2,  3  :  Consecuti  sunt  dies  comitiales  per  quos  senatus 
haberi  non  poterat.  —  23  Hofmann,  Der  rôm.  Sénat ,  1847  ;  Lange,  Die  lex  Pupia 
und  die  an  dies  comitiales  gehaltene  Senatssitzungen  der  spâteren  Republik 
dans  R  hein.  Muséum,  1874,  t.  XXIX,  p.  321  ;  1875,  t.  XXX,  p.  388  ;  Bardl,  Die  Se¬ 
natssitzungen  der  spâteren  Republik,  dans  Hernies,  1873,  t.  VII,  p.  14  ;  1875 
t.  IX,  p.  312  ;  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  151.  —  24  Caes.  De  bel  civ.  1,  5  ;  cf! 

Willems,  1.  Il,  p.  154.  —  2->  Cf.  Mommsen,  t.  VII,  p  102  _  20  D|0  Gass 

LV,  3. 


LEX 


avoir  été  votée  vers  l’an  600  L  Elle 
mière  fois  en  698  2. 


est  citée  pour  la  pre- 


I  ,rV.  oLEB,A  (a'  093  =  0*).  -  Loi  proposée  par 

os  consuls  M.  Pupius  Piso  Frugi  Calpurnianus  et  M  Va- 

omis  Messalla  Niger  et  décidant  d’ouvrir  une  instruc¬ 
tion  sur  1  inceste  de  Clodius  ».  Cicéron  rapporte  que  l’un 
des  consuls,  Pison,  lit  son  possible  pour  faire  rejeter  le 
projet  de  loi  qu’il  avait  été  chargé  de  présenter  h 
Lex  Quinctia  de  aquaeductibus  (a.  745=9).  —  Loi 
proposée  par  le  consul  Q.  Quinctius  Crispinus  Sulpicia- 
nus  Pour  assurer  la  protection  des  aqueducs  servant  à 
alimenter  la  ville  de  Rome.  Le  texte  en  a  été  presque 
intégralement  conservé  par  Frontin  5. 

Lex  Remmia  de  calurnnicitoribus  (a...?1).  —  Voir  l’ar 
ticle  calomnia,  t.  Il,  p.  853. 


Lex  Roscia  theatralis  (a.  687  =  67).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  L.  Roscius  Otho  et  ordonnant  de  réser- 


Yer  aux  chevaliers  les  quatorze  rangées  de  bancs  les  plus 
rapprochées  de  la  scène  du  théâtre  c.  Le  cens  équestre 
fut  en  même  temps, fixé  à  400000  sesterces  L 


Lex  Roscia  (a.  705  =  49?).  —  Plébiscite  proposé  par  le 
tribun  L.  Roscius  et  mentionné  dans  les  fragments  d’une 
table  de  bronze  trouvée  en  1880  près  d’Este  en  Italie  :  Ante 
legem  seive  ilfud  pl\ebi)  sc(itum)  est,  quod  L.  Roscius  a. 
d.  V.  eid.  Mart.populum  plebemve  rogavit,quod  priva- 
tim  ambigetur  ?.  La  date  et  la  portée  de  cette  loi  sont  con¬ 
troversées.  D'après  Mommsen,  cette  loi  serait  de  l’an  705  ; 
Ce  serait  celle  qui  aurait  donné  le  droit  de  cité  à  la  Gaule 
Cisalpine;  elle  aurait  été  proposée  par  le  préteur  L.  Ros¬ 
cius  Fabatus  9.  D’autres  auteurs  pensent  que  cette  loi  s’ap¬ 
pliqua  à  toute  l’Italie  et  qu’elle  eut  pour  objet  de  poser  les 
règles  sur  la  juridiction  des  magistrats  municipaux10 
Elle  aurait  pour  auteur  le  tribun  de  687  L.  Roscius  Otho. 


Lex  Ri bria  de  colonia  Carthaginem  deducendn  (a. 
631  =  193).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  Rubrius 
et  ordonnant  l’envoi  d’une  colonie  à  Carthage  11 .  Ce  plé¬ 
biscite  est  mentionné  dans  la  loi  Acilia  repetundarum 
qui  nous  apprend  l’existence  de  triumviri  agris  dandis 
adsignandis  à  propos  de  la  loi  Rubria  12  ;  dans  la  loi 
agraire  de  613  qui  parle  de  III  Viri  coloniae  dedu ]- 
cendae  in  Africa  en  vertu  de  la  loi  Rubria13. 

Lex  Rubria  de  Gallia  Ci salpina  (a.  705  =  49?)  — Plébis¬ 
cite  proposé  par  le  tribun  Rubrius  pour  régler  l’adminis¬ 
tration  judiciaire  dans  la  Gaule  Cisalpine14.  Elle  est  par 
suite  postérieure  à  la  concession  du  droit  de  cité  à  la  Gaule 
Cisalpine  en  705.  On  discute  le  point  de  savoir  si  l’on  n’en 
devrait  pas  reporter  la  date  à  une  époque  postérieure  à  la 
réunion  de  la  Gaule  Cisalpine  à  l’Italie  en  712  15.  Le  texte 

1  Itôm.  Staatsr.  t,  III,  p.  922,  trad.  t.  VII,  p.  103.  —  2  Cic.  Ad  Fam.  I,  4,  1. 

—  3  Cic.  Ad  Att.  I,  13  :  Ex  senatusconsulto  consules  rof/ationem  promulgasse. 

—  4  Cic.  eod.  In  hac  causa  Piso,  amicitia  P.  Clodii  duc  tus,  operam  dat,  ut  ea 
rogatxo,  quam  ipse  fert,  et  fert  ex  s.  c.  et  de  religione,  antiquetur.  —  6  Front. 
De  aquis  urbis  Domae,  c.  129;  Bruns,  Fontes  juris,  p.  112.  —  0  Til.  Liv.  Epxt. 
99  :  L.  Roscius  tribunus  plebis  legem  tulit  ut  equitibus  romanis  in  theatro  Xllll 
gradue  proximi  adsignarentur  ;  Vcll.  Pat.  II,  32  ;  Cic.  P.  Mur.  19,  40  ;  Ascon  .In 
Cornel.  p.  79;  Dio  Cass.  XXXVI,  25  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  t.  III,  p.  499  et 
520,  trad.  t.  VI,  2,  p.  97  et  122.  • —  7  Juven.  XIV,  323  :  Effice  summum  bis  septem 
ordinibus  quarn  lex  dignatur  Othonis  ;  cf.  Ibid.  III,  159.  —  3  Bruns,  Fontes  juris, 
p.  102.  —  9  Mommsen,  Hermes,  1882,  t.  XVI,  p.  24.  —  10  Esnieiu,  Mélanges , 
p.  209;  Alibrandi,  Studi  e  documenti  di  storia  e  diritlo,  1881,  t.  II,  p.  1  ;  cf.  Kar- 
lowa,  Rôm.  Rechtsgeschichte  t.  I,  p.  441  ;  Krueger,  Geschichte  der  Quellen,  trad. 

P*  M.  —  U  Plut.  C.  Gracch.  10,  11,  14;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  24;  Pun. 
136;  Vell.  Pat.  I,  15.  —  12  Corp.  inscr.  lat.  I.  198,  1.  22.  —  13  Ibid.  I,  200,1.  59  et61. 

—  14  Corp.  inscr.  lat.  I,  205;  XI,  1146. —  15  Savigny,  Vermiscbte  Schriften,  t.  III, 
p.  319  et  377  ;  Iluscbke,  Gaius,  Reitrâge,p.  203;  Karlowa.  Rô/n.  Rechtsgeschichte 
1. 1, p.  440  ;  Mommsen,  /fermes,  1881,  t.  XVI,  p.  24.  —  16Cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr., 
trad.  t.  VI,  2.  p.  466  à  469  ;  Demelius,  Die  Con fessio  im  rôm.  Civilprocess ,  1880,  p.  127. 

_  17  Corp.  inscr.  lat.  I,  626.  —  18  Ibid.  IX,  2628.  —  19  Ad  Corp.  inscr.  lat.  I, 


de  cette  loi  a  été 


en  partie  conser 


bronze  découverte  près  de  Plaisance 


rvé  SU1‘  une  i;i] 


en  1760.  Cette 


L  de 


qui  porte  le  numéro  4,  contient  la  fin  du  chaniiT  tal  ■: 

chapitres  XXàXXII  et  le  commencement  du  dm!  u  '3’  ,el 

C’est  un  document  des  plus  importants  pour  n,;'^111' 

1  organisation  judiciaire  et  de.  la  procédur 


«toire  de 


fin  de  la  Républiqu 


romaine  à  la 


Lex  Rufrena  de  Caesaris  defuncti 
711  =43  ou  712  =  42).  —  Plébisnii 


nornine  nutm u0 

•  i  .  *  lébibcite  pronom  rm  1 

tribun  Rufrenus  après  la  mort  de  César.  Ce  plr  6 


connu  par  une  inscription  ainsi  conçue ‘  Divo  1  ? 
jussu  populi  Romani  statulum  est 'loge  j{ufn>  A 
Mommsen  explique  cette  inscription  en  la  rapproch-mi  i' 
celle  d’Æserninum  :  Genio  deivi  Juli  parenlis  ImlriA 
quern  senatus  populusque  Romanus  in  deorum  nu5 
rum  rettulit  18.  Il  en  conclut  que  le  dictateur  César  fut" 
après  sa  mort,  inscrit  sous  le  nom  de  divus  Julius  I 
parmi  les  dieux  de  l’État  romain,  en  vertu  d’une  résolu' j 
tion  du  sénat  et  du  peuple  19  La  loi  Rufrena  paraît  dire 
de  la  fm  de  711  ou  de  712.  D’après  Dion  Cassius,  c’est 
en  712  qu’on  décida  d’élever  un  temple  à  César;’ celte 
décision  a  dû  coïncider  avec  sa  consécration  officielle2". 

Lex  Rutilia  de  locationecensoria  (a. 585= 169).— Projei 
de  plébiscite  présenté  sans  succès  par  le  tribun  I*.  ltulilius 
en  vue  d’annuler  les  adjudications  faites  par  les  censeur! 
C.-ClaudiusetTi.  Sempronius,  et  de  procéder  ci  de  nouvelles 
mises  aux  enchères  dont  personne  ne  serait  exclu21. 

Lex  Rutilia  de  tribunis  militum  (a.  585  =  169).  - 
Plébiscite  proposé  par  le  tribun  P.  Rutilius  liufus  et 
transférant  des  consuls  au  peuple  le  droit  de  nommer  les 
tribuns  militaires22. 

Lex  Saenia  de  plebeiis  in  patricios  ad  legendh 
(a.  724  =  30).  —  Loi  proposée  par  le  consul  L.  Saenins 
et  autorisant  Octave  à  créer  des  patriciens  :  Exhaustii 
( familiis )  quas  dictator  Caesar  lege  Gassin  et  princm 
Augustus  lege  Saenia  sublegere 23.  L.  Saenins  fut  consul 
suffect  à  partir  du  1er  novembre  7  2  4  24  ;  la  date  de  la  loi 
se  trouve  ainsi  fixée  aux  derniers  mois  de  cette  année, 

Lex  Saufeia  agraria  (a.  663  =  91).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  Saufeius  et  mentionné  dans  un  texte 
unique,  Yelogium  de  Livius  Drusus:  M.  Livius  M 
n.  Drusus  pontif ex  tr.  mil.  X  vir  stlit.  judie  lr.pl' - 
vir  a.  d.  a.  lege  sua  et  eodem  anno  V  vir  "  '!■  a- 
Saufeia  in  magistratu  occisus  est 2S.  Cette  loi  a  instituej 
des  quinque  viri  agris  dandis  adsignandis. 

Lex  Scantinia  20  de  nefanda  venere  (a., 
antérieure  à  Cicéron  et  punissant  d’une  peine  de  dix  nu  J 
sesterces27  l’attentat  aux  mœurs  commis  sur  un  Iminn* 

Lit.  XLIII-  10 


Loi 


626. 


20  Rôm.  Staatsr.  trad.  t.  V,  p.  13,  n.  3. 


P-  ».  »•  -  21  Tû-  .  ^pro» »  I 

Quae  publica  vectigalia  aut  ultro  tributa  C.  Claudius  <  -  ^ 

locassent ,  ea  rata  locatio  ne  esset  ;  ab  integvo  locarentuu  p0iyb.  VI,  ^ 
redimendi  et  conducendi  promis  eue  jus  esset;  Cic.  De  Bep-  M» 1 
Val.  Max.  VI,  5,  3.  -  22  Tit.  Liv.  XLIII,  12  ;  Fest.  v<>  Rufuli  :  1  I 

quos)consid  facicbat  n[on  populus,  de  quorum  jure  quod)  Rutih"  ^  y|,  t 

tulerat  qua  eis  cavebatur  niultis  modis.  —  2!  Tac.  Ann.  XI,  -  <  jussu  | 


42  ;  Monum.  Ancxjr.  II,  l  :  Patriciorum  numerum  auxt 


-t<  éd.  P' 


populi  et  senatus.  —  24  Cf.  Mommsen,  Res  gestae  dii'i  Aug  ^  ’ 
Rôm.  Staatsrecht,  trad.  t.  V,  p 


34; 


199;  1 

410.  —  25  Corp.  inscr.  lat ^  ^  |0  non,  de  I 

cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  trad.  t.  IV,  p-  341,  n.  1-  ^  jello  1 

la  loi  Scatinia  ou  Scantinia,  voir  G.  Slroppolalini.  Anm  27  (locl- 

VII,  1900,  P-  f- 


di  Storia]  di  diritto  Rotnano  di  Catania,  t.  vu,  ^  c  mHn 

Cic.  ad  Fam.  VIII,  12  :  Quibus  cum parum procederet,  ut  u  a  lJ  pottri>nt. 

dicu<  a 


accusatorem ,  compellari  ea  lege ,  me  voluerunt  qua  ipst  '  '  »ie 

lnsolentissimi  hommes  summis  circensibus  ludis  nieis  p 
Scantinia  curant.  Ibid.  VIII,  14:  Haec  risum  veni,  l<(/ 


Scii'it'"'11  I 


i >  /cf/f  *-*  '  "J 

apud  Drusum  fteri;  Saet.  Domit.  8  :  Quosdam  ex  utiaquc  ^  ^  ^ll  °  ^ 
condemnavit  ;  Tertull.  De  monogam.  12;  Prudent,  lu  l 
Epigr .  91,  4;  Juven.  Il,  44;  Scliol.  in  h.  1- 


LEX 


—  1 163 


LEX 


•  <r(Snnp  1 .  D’après  Moritz  Voigt2,  cette  loi 
de  naissance  n  _  ^  aurait  élé  proposée  par  P.  Scan- 

se'aiUk'f  suite"  «la  procès  intenté  à  l’édile  plébéien 
liniuS  •  •  "canitolinus  et  pour  venger  l’honneur  de  la 
P-  Scanlnnns  -•  en  tout  cas  antérieure  à  la  loi 

JisScantinia  •  “ue  " 

de  Lusitanie  (a.  003  =  149).  -  Projet 
[  thÏÏdte  présenté  parle  tribun  L.  Scribomus  Libo 
dC  P  ‘  -w  h  liberté  aux  Lusitani  qui,  après  s  en  etre 
pourrem  •  romain,  avaient  dû  se  réfugier 

remis  a  ta  in'  r  1  ,  r„ihn  B 

n  cnnprimé  l’usucapion  des  servitudes  prediales  . 
î  date  de  la  loi  n’est  pas  connue  \  et  la  portée  qu’il  faut 
attribuer  à  cette  disposition  est  discutée ! »  [servîtes]. 

Iev  Scribonia  alimentaria  (a.  70-4  =  50).  -  Plébiscite 
urriDOsé  par  le  tribun  L.  Scribomus  Curio  et  décidant 
Lue  autres  choses  que  les  édiles  seraient  chargés  de 
(esurer  leblé  destiné  aux  distributions  publiques  :  Legem 
alikentariam,  quae  jubet  aediles  metiri  jactavit*. 

Lex  Scribonia  de  regno  Jubae  publicando  (a.  704  = 
50).  -  Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  ordon¬ 
nant  la  confiscation  du  royaume  de  Juba10. 

Lex  Scribonia  viaria  (a.  704=  50).  —  Projet  de  plébis¬ 
cite  présenté  par  le  tribun  L.  Scribonius  Curio,  et  relatil 
à  la  construction  et  à  l’entretien  des  voies  publiques11. 
Pour  couvrir  les  frais,  il  établissait  une  taxe  sur  les  chars 
et  autres  moyens  de  transport.  Cicéron  écrit  à  Atticus 
que  P.  Veclius  est  venu  au-devant  de  lui,  cum  duobus 
médis,  et  rlieda  equis  juncta ,  et  lectica  et  familia 
magna:  pro  qua  si  Curio  legem pertulerit,  IIS  centena 
jkndat  necesse  estn.  De  son  côté,  Cœlius  écrit  à  Cicéron 
que  ce  projet  n’est  pas  sans  analogie  avec  la  loi  agraire 
de  Rullus.  Curio...  legem  viariam  non  dissimilem 
agrariae  Rulli...  jactavit13.  Appien  ajoute  que  Curion 
demandait  à  être  chargé  des  routes  pendant  cinq  ans.  Le 
projet  n’a  pas  abouti  u. 

I  Lex  Sempronia  de  duoviris  aedis  dedicandae  (a. 
§39=215).  —  Loi  proposée  par  le  consul  Ti.  Sempronius 
Gracchus  et  autorisant  la  dédication  d’un  temple  par  des 
duumvirs  spécialement  désignés13. 

Lex  Sempronia  de  pecuniis  creditis  (a.  561  =  93).  — 
plébiscite  proposé  par  le  tribun  M.  Sempronius  Tudi- 
|  tan  us  et  décidant  que  les  règles  sur  les  dettes  d’argent 
{Seraient  appliquées  aux  pérégrins  par  les  tribunaux 
romains10. 

■  Lex  Sempronia  detriumpho  (a.  587  =167).  —  Plébis- 

toiliti  m,  !nSt'  °rat'  69  :  in9enmm  stupravit...  stuprata...  decem 

ilie  1>d°ima  stupratori  constituta  est  dabit.  —  2  Phil.  Hist.  Berichte  über 
Leip-i„  Lrmdtr  ^Sn'  Sàchsischen  Gesselschaft  der  Wissenschaften  zu 
-t'uin  xi  \  '  XLlt’  p-  m-  ~  3  Plllt-  Marc.  2.  Val.  Max.  VI,  1,  7. 
fat  ut  guia  j  1  '  Sammonicus  Serenus  ap.  Macrob.  Sat.  II,  13:  Eo  res  redie- 
Krenf.  _  pueri  pudicitiam  et  libertatem  suam  vendi- 

XII,  q  ‘  ;  AjRpiL  49  ;  Val-  Max.  VIII,  1,  2;  Cic.  Brut.  23,  89;  ad  Att. 
riâijues,  t  |  „  î-  (  "  a  '  3,  4,  29;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  ju- 

W celle  loi  ~i  ^ovllz  Voigt,  Bôm.  Bechtsg.  I.  I,  p.  442,  n.  7,  pense 

-  »  Cic  Z  C‘  Serih°niusC'1"'>-  -  8  Cf.  Paul.  Sent.  I,  17,  2. 

Stuats,r”xkt.  !r;,r]  ’  9  ’  c1,  Uirschfeld,  Annona,  p.  41;  Mommsen,  Bôm. 

lcliescs»i àriae  n  j  P'  18®’  ~  10  Caes.  De  bel.  civ.  II,  25.  —  n  Cf.  sur 

b  ** —  13  Cic  Ad  "d™  RedlU!jeschichte  1.  I,  p.  44.-12  Cic.  Ad  Att.  VI, 

H'*»  îmu.4to.  .jT'  L  9’  ~  14  Appian.  De  bel.  civ.  Il,  27  :  'O  Si  Knupîuv... 

î;#,--15fu.Uv  l,tlaxiviî  T:  *«’>  «*»* 

Eî’icris  Bruni»**  ’  ’  13  :  Q*  Fabius  Maximus  a 


)'■  Semproni  us  cos\  d  '  ,1" tator  vovisset  dedicare  liceret;  sénat  us  decrevit.  ut 
“ffcnndae  Caus„  tT  m  femt’  ut  <?•  Fabium  Ilvirum  esse  juberent  aedis 
;,v-  XXXV,  7:  M[  J-  Op.  cil.  trad.  t.  IV,  p.  333,  n.  1.  -  «  TU. 

scfoj[  j/f0"1118  tr^unus  plebis  ex  auctoritate  Patrum  plebcm 
Cimi  50nîs  ac  nomme  latino  pecuniae  credilae  jus  idem 


aù-riov  eut  ’rcevTou'câ^ 

senatu  postulavit  ut  aedem 


cite  proposé  par  le  tribun  Ti.  Sempronius  Gracchus  et 
accordant  les  honneurs  du  triomphe  à  L.  Aemilius  Pau  II  us, 
L.  Anicius  Gallus  et  Cn.  Octavius,  en  prolongeant  leur 
imperium  jusqu’à  la  fin  du  jour  de  leur  entrée  triomphale 
dans  la  ville 11 . 

Lex  Sempronia  agraria  (a.  621  =  133).  —  Voir  l’article 
AGRARIAE  LEGES,  t.  Ier,  p.  162. 

Lex  Sempronia  de  civitate  sociis  danda  (a.  621  =  133). 

—  Projet  de  plébiscite  présenté  par  Ti.  Sempronius 
Gracchus  pour  accorder  le  droit  de  cité  romaine  à  toute 
l’Italie  18. 

Lex  Sempronia  judiciaria  (a.  621  =  133).  —  Projet  de 
plébiscite  du  même  tribun  partageant  le  munus  judicandi 
entre  les  chevaliers  et  les  sénateurs19. 

Lex  Sempronia  militaris  (a.  621  =133).  —  Projet  de 
plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  et  diminuant  la 
durée  du  service  militaire20. 

Lex  Sempronia  de  pecunia  regis  Attali  (a.  621  =  133). 

—  Projet  de  plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  et 
attribuant  les  biens  du  roi  Attale  à  ceux  qui  devaient 
recevoir  des  terres  en  vertu  de  la  loi  Sempronia  agraria31 . 

Lex  Sempronia  de provocatione  (à.  621  =  133).  — Projet 
de  plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  et  accordant  le 
droit  d’appel  au  peuple  contre  les  sentences  des  juges22 

[PROVOCATIO]. 

Lex  Sempronia  de  tribunatu  M.  Octavii  abrogando 
(a.  621  =  133).—  Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun 
et  dépouillant  de  ses  fonctions  son  collègue  M.  Octavius23. 

Lex  Sempronia  agraria  (a.  631  =  123).  —  Loi  agraire, 
proposée  par  le  tribun  C.  Sempronius  Gracchus.  Voir  l’ar¬ 
ticle  AGRARIAE  LEGES. 

Lex  Sempronia  de  abactis  magistratuu  (a.  631  =  123). 

—  Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  décidant  que 
le  magistrat,  dépouillé  de  ses  fonctions  par  le  peuple; 
sera  désormais  inéligible  25. 

Lex  Sempronia  de  censoria  locatione  vectigalium  pro- 
vinciae  Asiae  (a.  631  =  123)  —  Plébiscite  proposé  par 
le  même  tribun  et  ordonnant  que  l’adjudication  publique 
des  impôts  de  la  province  d’Asie  serait  faite  à  Home  par 
les  soins  des  censeurs26. 

Lex  Sempronia  de  coloniis  deducendis  (a  631  =  123). 

—  Plébiscite  présenté  par  le  même  tribun  et  ordonnant 
la  deductio  de  colonies  à  Tarente  et  à  Capoue27. 

Lex  Sempronia  frumentaria  (a.  631  =  123).  —  Voir 
l’article  frumentariae  leges. 

Lex  Sempronia  judiciaria  (a.  631  =  123)  —  Projet  de 
plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  tendant  à 

quod  cum  civibus  Romanis  esset.  Cf.  Éd.  Ciu[,  Institutions  juridiques,  1.  I,  p.  GSO 

—  n  Tit.  Liv.  XLV,  35  :  Tribus  iis  omnibus  décrétas  est  ab  senatu  triumphus  manda- 

tumque  Q.  Cassio praetori,  cum  tribunis plebis  ageret  ex  auctoritate  patrum  roga- 
tionem  ad  plebem  ferrent,  ut  iis,  quo  die  in  nrbem  triumphantes  inveherentur, 
imperium  esset  ;  cf.  Mommsen,  Bôm.  Forschungen,  t.  Il,  p.  494, n. 159  ;  Bôm.  Staatrs. 
t.  I,  p.  129,  trad.  t.  I,  p.  14G,  n.  2,  et  147,  n.  4.  —  18  Vell.  Pat,  II,  2,  3  :  Pollicitus 
toti  Italiae  civitatem ;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  23.  —  19  Plut.  Ti.  Craccli.  IG. 
Koti  -roT;  xjtvo u<xt  Tore,  auyxXrjTixoïç  ouffi,  xaTa[Aiyvo;  sx  tùSv  tov  uxov  Ilio 

Cass.  fr.  83,  7  ;  cf.  Mommsen,  Bôm.  Staatsr.  trad.  t.  VI,  2,  p.  133,  n.  2.  —  20  Plut. 
eod.  16  :  Aùli;  aA).ot;  vô|Aûi;  4veAà[xSav£  to  itXîjfloç,  T0C15  TE  yçovou;  ïwv  cfTpaTEÏwv  «çaiçàTv. 

—  21  Tit.  Liv.  Epit.  58  :  Ut  iis  qui  Sempronia  lege  agrum  accipere  deberent, 
pecunia  quae  regis  Attali  fuissent,  dividerelur  ;  Plut.  Ti.  Gracch.  14.  —  22  plut. 
Ti.  Gracch.  16  :  K  al  SiSoù;  l-ixal  :taOai  -b:  5  à,  ptov  à-È  tuv  6-.xkttù>v.  —  23  Tit  Liv. 
Epit.  58  :  Ut  M.  Octavio  collegae...  potestatem  lege  lata  abrogaret  ;  Appian.  De 
bel.  civ.  1,12;  Cic.  De  leg.  III,  10,  ïi  ;  Ascon.  in  Cornet,  p.  G4  ;  Vell.  Pat.  II,  2,  3  ; 
Plut.  Ti.  Gracch.  12  ;  cf.  Mommsen,  Boni.  Staatsr.  trad.  t.  Il,  p.  303,  n.  4. 

—  24  Fesl.  \°  Abacti.  —  2.1  Plut.  C.  Gracch.  4  :  A  jo  eî<xétePe  tov  ;xèv,  eT xtvoî 

SçpvTo?  is> ijxiTo  tïjv  &oy_i]v  5  SjjiiB;,  oùx  ISvTa  toùto  Seutéjo:;  àçyîiî  (estouui'kv  Eivat. 

—  26  Cic.  2“  in  Verr.  III,  G,  12  :  Censoria  locatio  constituta  est,  ut  Asiae,  lege 
Sempronia-,  cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  304,  n.  7.  —  21  plut.  C.  Gracch.  8; 
Appian,  De  bel.  civ.  I,  23  et  24;  Til.  Liv.  Epit.  GO. 


—  1164  - 


LEX 

augmenter  le  sénat  de  300  chevaliers  pour  réformer  ainsi 
l’organisation  judiciaire1.  Le  projet,  amendé  par  son 
auteur,  fut  voté  en  632. 

Lex  Sempronia  militari*  (a.  631  =  R23).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  consul  et  décidant  que  les  soldats 
seraient  habillés  aux  frais  du  trésor  et  que  nul  ne  serait 
tenu  de  répondre  à  l’appel  avant  1  âge  de  dix-sept  ans  2. 

Lex  Sempronia  de  novis  portoriis  (a.  631  =  123).  _ 

Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  ordonnant 
l’établissement  de  nouveaux portoria  3. 

Lex  Sempronia  de  P.  Popillio  Laenate  (a.  631  =  123). 

—  1  lébiscite  proposé  par  le  même  tribun  pour  interdire 
l'eau  et  le  feu  à  P.  Popillius  Laenas  \ 

Lex  Sempronia  de  provinciis  consularibus  (a.  631  = 
Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  con- 
térant  au  sénat  le  droit  de  déterminer  chaque  année  les 
Prox  inces  consulaires  “,  en  interdisant  d’intercéder  contre 
ces  sénatus-consultes 6. 

Lex  Sempronia  de  provocatione  (a  631  =  123).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  même  tribun  et  défendant  de  dis¬ 
poser  de  la  vie  d’un  citoyen  romain  sans  l’ordre  du 
peuple  '.  Cette  loi  eut  pour  but  principal  d’empêcher 
qu  on  n  éludât  les  lois  antérieures  sur  la provocatio  8  en 
présentant  certains  crimes  comme  des  actes  de  per¬ 
due// io  9  [perduellio]  . 

Lex. Sempronia  viaria  (a  631  z=  123).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  même  tribun  pour  la  construction  des  routes 10 
[via  vicinalis,  viarii  vicani]. 

Lex  Sempronia  de  civitate  sociis  danda  (a.  632  =  122). 

—  Projet  de  plébiscite  présenté  par  C.  Sempronius 
Gracchus  pendant  son  second  tribunal  et  accordant  le 
droit  de  cité  romaine  à  tous  les  confédérés  d’Italie11. 

Lex  Sempronia  judiciaria  (a.  632=  122).  —  Plébiscite 
proposé  par  le  même  tribun  et  décidant  que  les  juges 
devront  être  pris  sur  la  liste  des  citoyens  qui  avaient 
obtenu  le  cheval  public  12. 

Lex  Servilia  repetundarum  (circa  613  =  111).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  tribun  C.  Servilius  Glaucia  sur  le 
crimen  repetundarum™ .  Mommsen  conjecture  que  cette 
loi  a  été  rendue  peu  de  temps  avant  643  et  qu’elle  eut 
pour  objet  d’aggraver  la  peine  édictée  par  la  loi  Acilia14 
[repetundarum  crimen]. 

Lex  Servilia  judiciaria  (a.  648=  106).  —  Loi  proposée 

1  Plut.  C.  Gracch.  6.  D  après  Tit.  Liv.  Epit.  60.  C.  Gracchus  aurait  proposé  d'in¬ 
troduire  au  sénat  600  chevaliers  :  Qua  equestrem  ordinem  tune  cum  senatu  consen- 
tientem  eorrumperet,  ut  sexcenti  exequitibus  in  curiam  subleyerentur,  et  quia  illis 
temporibus  trecenti  tantum  senatores  essent,  sexcenti  équités  trecentis  senatoribus 
admiscerentur,  ici  est  ut  equester  ordo  bis  tantum  virium  in  senatu  haberet.  Cf. 
Mommsen,  Zeitschrift  fier  Alterthumswissenschaft,  1843,  p.  817.  —  2  Plut.  C. 
Gracch.  5  :  ’()  <rroaTtwTtx3;  (vojj 105)  l<rrî;6a  te  xAeûuv  &ï)jAo<rta  XK:  javjÆèv 

Eï;  70UTO  TÏ)Ç  JEtdOosOçàç  ’j  ;  K  :  E  T  7  0  X  CT  pXTE'J  7  ;A£  VU  7  ,  xaï  VEÛTEJOV  i~7V.  Xttt  §£*« 

xazaï.tqaQui  <rtf«TiiÔTr,v.  Ascon.  p.  60;  cf.  Willems,  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  409,  n.  5  et  6. 

—  3  Vcll.  Pat.  II,  6,  3  :  Nova  constituebat  portoria.  —  4  Cic.  De  domo,  31,  82. 

—  4  Cic.  p.  Domo,  9,  24  :  Provincias  considares...  C.  Gracchus...  non  modo  non 
abstulit  a  senatu,  sed  etiam,  ut  necesse  esset  quotannis  constitui  per  senatum 
leqe  sanxit.  —  6  Cic.  De  prov.  consular.  7,  8,  17;  cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsr. 
t.  I,  p.  54,  283;  t.  111,  p.  1101,  trad.  t.  I,  p.  61,  324;  t.  VII,  p.  310.  —  7  Cic.  P. 
Rabir.  4,  12  :  C.  Gracchus  legem  tulil,  ne  de  capite  civium  Romanorum  injussu 
vestrum  judicaretur.  —  8  Cic.  P.  Cluent.  5c,  151  :  flanc  ipsam  legem  ne  guis 
judicio  circumveniretur,  C.  Gracchus  tulit  ;  Plut.  C.  Gracch.  4.-9  Cic.  Jn 
Catil.  IV,  5,  10:  C.  Caesar  intellegit  legem  Seniproniam  esse  de  civibus  Romanis 
constitutam,  qui  autem  rei publicae  sit  hostis,  eum  civem  nullo  modo  esse  passe-, 
cf.  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht.  p.  258.  —  10  Appian.  De  bel.  civ.  I,  23;  Plut. 

C.  Gracch.  6.  Plut.  C.  Gracch.  6.  Cf.  Morin  Voigt,  Rer.  der  süchs.  Gesellschaft 
der  Wiss.  zu  Leipzig  (Phil.  f/ist.  Kl.)  t.  XXIV,  p.  72.  —  n  Vcll.  Pat.  II,  6  : 
Rabat  civitatem  omnibus  Italicis  ;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  23,  34;  Plut.  C.  Gracch. 

5;  cf.  Marquardt,  Rôm.  Staatsverwaltung,  trad.  t.  I,  p.  80,  n.  6.  —  12  Appian.  De 
bel.  civ.  II,  22  .  Tv.  StxsEffTrççta  àOoçouvTa  Elti  Swço$oxtGciç  Eç  toù;  ItutcÉceç  4teô  Ttüv 
PouXeutûv  (EETE'œspE...  t  b  S  ixàÇüv  oeûtoùî  'Pu|Ea:'oiç  -/ai  ‘haXiâTait  linuin  x«î  atÎToï; 


par  le  consul  Q.  Servilius  Caepio  cl  restitua,,,  . 
tnunus  judicandi ls.  *  1,11  sénat  1(. 

Lex  Servilia  agraria  (691  =  63). _ • 

par  le  tribun  P.  Servilius  Rullus  f  Voir  Jlh<  lle  Proposé 
Lex  Sestia (a. 606  =  58)—  Projet Ou 
tendant  au  rappel  de  Cicéron16,  ^xtius, 

Lex  Sextia  agraria  (339  =  415).  -  projet  ,  . 

présenté  par  le  tribun  L.  Sextius  [agrariae  li  J  i6 
Lex  Sextia  de  co/onia  Bo/am  deducenda  il'** 
uL>).  -  Projet  de  plébiscité  présenté  par  le  mêL 
pour  envoyer  une  colonie  à  Bola  17 .  m,Un 

Lex  Sicinia  (a.  359  =  395).  -  Projet  de  plôbiscim  - 
sente  sans  succès  par  le  tribun  T.  Sicinius  ei  „'„i  P'e 
le  transfert  à  Yéies  d’une  partie  des  habitants  de  Iw? 

Lex  Silia  de  publiais  ponderibus  (a...?) 
de  date  inconnue  proposé  par  deux  tribuns,  P.  ct\f  Sil 
Le  texte  en  a  été  conservé  par  Festus:  Ex ponde'rZ 
publias,  quibus  bac  tempestate  populus  oetier  solet  J 
coaequatur  se  dolo  malo ,  uti  quadruplai  vini  LX\\ 
pondo  siet;  congius  vini  X  p(ondo)  siet ;  VI  sextan 
rang  tus  siet  vini;  duodequinquaginta  sextan  qm- 
drantal  siet  vini;  sextarius  acquits  aequo  cum  librario 
siet;  sex  decemque  librari  in  modio  sient.  Si  quis  magis - 
t  rat  us  adversus  /tac  d{olo)  m{alo)  pondéra  modmm 
vasaque publica  modica  minora  majorave/axit  jussitve 
/ieri,  dolumve  adduit,  quo  ea  fiant ,  eum  quis  volet 
ma  g  istratus  multare,  dum  minore  parti  fa  mi  lins  luxât 
liceto;  sive  quis  in  sacrum  judicare ,  liceto 1:|. 

Lex  Silia  de  legis  actione per  condictionem  (a...?)— 
Loi  du  temps  de  la  République,  mais  de  date  inconnue, 
qui  a  introduit  l’action  de  la  loi  per  condictionem  en 
matière  de  pecunia  certa  20  [legis  actio,  per  condictionem 
actio].  Elle  a  été  complétée  par  la  loi  Calpurnia  qui  a 
accordé  cette  action  de  omni  certa  re. 

Lex  Sulpicia  de  acre  alieno  senatorum  (a.  666 
—  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  P.  Sulpicius  Rufuse 
défendant  aux  sénateurs  de  contracter  des  engagement; 
d  une  valeur  supérieure  à  deux  mille  deniers 21.  Celle  loi 
ainsi  que  les  autres  loges  Su/piciae  fut  bientôt  aprèi 
abrogée  par  Sylla22. 

Lex  Sulpicia  de  reducendis  vi  ejectis  (a.  666  = 


Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  or 
rappel  des  citoyens  chassés  par  violence23 


donnant  le 


PouAeuxaT;  etci  navTt  uetow  yoraàxwv  t i  t.zqi  xai  àxtnua;  xat  auvif;  t0-g  f'-  *  ..  J 

v  „  „  f  *  ..  ‘  n  ,  ,  ,  Vcll.  P^* 

xtvaç  ap^ovxa;  auxwv  urcepeTt^pe,  toù<;  Sè  pouAeuxàç  tca  xat  utcyixoous  eiro:t1, 

6;  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  2,  34;  Tac.  Ann.  XII,  60;  Vavr.  ap.  Non.  p.fP 

cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.  trad.  t.  VI,  2,  p.  133.  —  13  Ascon.  p- 

vilius  Caepio,  Scaurum  ob  legationis  Asiaticae  invidiam  et  advenus  ^ 

pecuniarum  captarum  réuni  fecit  repetundarum  leqe  quant  tulit  ,  1 

Glaucia.  Cicéron  {Brut.  02,  224)  trace  le  portrait  suivant  de  1  autrui  <e 

Longe  autem  post  natos  /tontines  improbissimus,  C.  Servilius  Glaucia .  ‘  ^ 

cutus  et  callidus,  cumprimisque  ridiculus.  ls...  equestrem  ordinem  ^ 

devinxerat  ;  Cic.  P.  Rabir.  Post.  4,  9  ;  p.  Balbo,  24,  54;  Verr.  I.  1  ■  ^  '  ^|||S 

VIII,  1,8.  —  14 Rôm.  Strafrecht,  p.  709.  — 13  Tac.  Ann.  XII,  60  ■  1  '  "  ^  gerfiliiie 

rogationibus  equester  ordo  in  possessione  judiciorum  loearetur ■■■  "  ,  VI, 

leges  senatui  judicia  redderunt  ;  cf.  Mommsen,  Rôm.  StaatsrecU, 

2,  p.  130,  n.  1 .  —  16  Cic.  ad  AH.  III,  20  et  23.  —  U  Tit.  Liv.  U  ç.f; 

V,  24,  25  :  Parte  plebis,  parte  sénat  us  destinabant  habitandos  I  pmiis, 

ex  tribunis  plebis  rogationis  ejus  lator  erat.  —  ir|  Fest.  v°  Publica  /'  ^  plut. 

p.  44.  —  20  Gai.  IV,  19  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  L  P-  a-_4e fiiEÉXi** 

Syll.S:  Nôptov  Slxupwïra;  nySivot  or-jyxXr,Tixî>y  ùiclç  Sia-^iXtaç  8pa/.p4,  ‘t  ^  .  [  (  59  ;  Lia*  1 

[iETÈt  tIjv  teXéutt;v  o'çXÿ][AKT«ç  guptâ^K;  Tpiaxoffia;. —  32  Appian.  I  ,,,,  , 

Phil.  VIII,  2,  7.  —  23  Cic.  Ad  Herenn.  II,  28  :  Sulpicius,  qui  interceSSf's  ; ,„»ikWw 

quibus  causant  dicere  non  licuisset,  reducerentur,  idem,  p°s  IIO00"1 

volnntate,  cum  eamdem  legem  ferret,  aliam  se  ferre  dicebat  p  ^  pfi 

commutationem  :  nam  non  exsuies,  sed  vi  ejectos  se  reducci  ^ 

quasi  id.  fuisset  in  controversia,  quo  illi  nomine  appellurenti"  a ^  etsultl  j 

aut  perinde  quasi  non  omîtes,  quibus  aqua  et  iynt  ai  ' 

appellcntur. 


—  1163  — 


LEX 


LEX 


Smi'iciA  de  Syllae  imper io  abrogando  (a.  666  = 
^plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  retirant 
l  g  y  Ha  son  imperium  pour  confiera  Marius  le  comman¬ 
dement  de  la  guerre  contre  Mitliridate  1 
Lfx  guLpiciA  de  novorum  civium  suffragns  (a.  666  = 
88)  —  Plébiscite  proposé  par  le  même  tribun  et  ordonnant 
la  répartition  des  nouveaux  citoyens  dans  les  trente-cinq 
tribus2.  Cette  loi,  abrogée  comme  les  autres,  fut  ap¬ 
prouvée  parle  sénat  en  667  et  remise  en  vigueur  en  670 3. 
Lex  Sülpicia  rivalicia  (a....?).  -  Loi  proposée  par 


Ser.  Sulpicius  et  mentionnée  par  Festus:  St  fus  sumptum 
ex  [le\ge  rivalicia  lata  [rogant]e  populum  Ser.  Sulpi- 
do  :  [Mon\tani  paganive  si[fis  aquam  dividunto]  :  donec 
eam  inter  se  [diviser  int]...  judicatio  eslof 
Lex  Sülpicia  de  triumpho  C.  Pomptini  (a.  700  =  54). 
—  Loi  proposée  parle  préteur  Ser.  Sulpicius  Galba  pour 
accorder  les  honneurs  du  triomphe  à  C.  Pomptinus.  Dion 
Cassius  signale  l’irrégularité  commise  pour  obtenir  le 
vole  de  la  loi 8. 


Lex  Terentia  de  libertinorum  liberis  (a.  565=  189). 
—  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  Q.  Terentius  Culleo  et 
obligeant  les  censeurs  à  inscrire  les  fils  d’affranchis  sur 
les  registres  du  cens  d’après  leur  fortune6. 

Lex  Terentia  Cassia  frumentaria  (a.  681  =  73).  — 
Voir  l’article  frumentariae  leges,  t.  Ier,  p.  1347. 

Lex  Terentilia  de  quinqueviris  legibus  scribundis 
(a.  292  =  462).  —  Projet  de  plébiscite  présenté  par  le 
tribun C.Terentilius  Harsa  ut  quinqueviri  créent, ur  legi¬ 
bus  de  consulari  imperio  scribendis 7.  Ce  projet  échoua 
devant  l’opposition  du  sénat.  Renouvelé  de  293  à  298,  il 
n’eut  pas  plus  de  succès. 

Lex  Tuoria  agraria  (a  ...?).  —  Voir  agrariae  leges. 

Lex  Titia de  aleatoribus  (a..  .  ?).  —  Loi  de  date  inconnue 
permettant  de  sponsionem  facere  à  l’occasion  des  jeux 
qui  virtutis  causa  fiant ,  prohibant  ces  engagements  dans 
les  jeux  ubi  pro  virtute  certamen  non  fit*. 

■  Lex  Titia  agraria  (a.  655  =  99).  —  Plébiscite  proposé 
par  le  tribun  Sex.  Titius  9  [agrariae  leges]. 

Lex  Titia  (a....?).  —  Loi  mentionnée  par  Ausone10: 


Jurisconsulto  cui  nubil  adultéra  conjux 
Papia  lex  plaçait,  Julia  displicuit. 

Quaeritis  ande  haec  sit  distantia  ?  Semivir  ipse 
Scaliniam  metuit ,  non  metuit  Tiliam. 

56;  DioJ.Sic.  XXXVII,  29,  3  ;  Plut.  Syll. 
4  n  «-»■;  >■  P.  «*.  M.  ..  IP.  P-  369.  —  UTit.  L. 

t-  III,  p.  170  tn.t  i  y,  ’  PPlan-°e  bel.  civ.  I,  59.— 3  Cf.Mommsen,  Rôm.  Staatsr. 
P-  1 15, 'trad.  t  VI  l  ’  wq'  20 1  ’  n-  3-  -  4  Fest.  v»  Si  fus  ;  cf.  Mommsen,  Ibid.  t.  III, 
p.  416.  —  B  Di0  Cass  P'xXXIX  '  Arehivio  0‘>‘r‘dico,  1887,  t.  XXXVIII, 

i»  TS!  Si .  >  f|j  ■  Ktuitîji  oùx  l;ôv  iv.  .xSv  vopov,  rptv  xpùxï|V  Kpav 

*•  d- IV  non.  novemh^TrT"’^'  ClC'  AdAtL  1V’  16’  6  :  Pomptinus  vult 
hercule insulse  l'in  ;  '  “"'"P  me...  Neijant  enim  latum  de  imperio,  et  est  latum 
(['  6  Fini.  Flam.  18  :  npoasSxÇavxo  ito/.txa; 

L'hjMuVO;,  S;  =  i  r°]£“V  t’£,'Ej0£e“''  >iT«V,  àv«YXK(r61vTES  ÛltîlT0Ù’Sr,!l'iÇ-40ü  TEÇlVTttJU 

étions  juridiques^l  ? nZT*? rnT- **  ^  “•  Éd'  Cm<’ 

*■«*•  -  8  Marcian.  Roe  m \  ’  °  ;  ^  Ed‘  Cuc‘’  °P‘  ciL  ^ 

pu:,  if-,',,  f  X  ’  d5’  3-  —  9  Voir  plus  haut,  p.  1125,  n.  21. 
Ge«ellSchaft  lier  w:  '  ".  '  erichteAberd>eVerhandlungen  der  Kôn.Süchsischen 
^  Leipzi!>"  ,890’  l-  XUI.P.  276.  -  .2  Ap.  Paul. 

Jam.hercle  '■  ’  3° :  IV’  2’  19  ;  R,ld-  m>  2>  38-  —  14  Truc.  IV,  2,  40  : 
Quae  advorsi,l° f  ir'dece,Jra’  h‘dos  faciam  clamore  in  via  : 

Jam>  her  Je  ZZr  ?eC“niam- 

Post  id  ecw  , ,,  0lnnes  rnagistratus  faxo  erit  nomen  tuum  ; 

°°  te  manum  injiciam  quadrupli. 


Cf.  M 


Staatsr.  n-ad.  t.  IV,  p. 


Ï87,  n.  2.  —  15  Asin.  I,  2,  5 

Iho  e<Jo  ad  tv»; o *  •  Nam  Jam  ex  hoc  loco 

?  r°*' vostraque  ibi  nomi™ 
l‘erlecebraeJTUS  ^  Perdam  eS°  et  füiam, 
y  Mcies,  adulescentium  exitium. 


Morilz  Voigt11  pense  que  cette  loi  n'est  autre  que  la  loi 
lenonia  citée  par  Plaute  12  et  à  laquelle  il  fait  plusieurs 
fois  allusion  lorsqu’il  donne  à  certains  de  ses  person¬ 
nages  le  nom  de  legirupa 1:i.  La  loi  Titia  aurait  été  rendue 
peu  de  temps  avanl  Ja  représentation  de  l’ Asinaire,  vers 
560.  Elle  édicterait  la  peine  du  quadruple  contre  la  femme 
qui  accipit  a  p/urtmis  pecuniam'* .  Elle  donnerait  lieu 
a  une  manus  injeetio  para  par-devant  les  tresviri 
capitales  l  \ 

Lex  Titia  de  provinciis  quaestoriis  (a....?).  —  Loi 
relative  à  l’attribution  des  provinces  questoriennes  l6, 
mentionnée  par  Cicéron,  et  Willems  pense  que  cette  loi 
rétablit  l’ancienne  provincia  classica  ou  la  surveillance 
des  côtes  de  l’Italie 1  ' .  Mommsen  croit  au  contraire  que 
la  provincia  aquaria  dont  parle  Cicéron18  ne  peut  être 
que  la  surveillance  des  aqueducs  de  la  capitale 19. 

Lex  Titia  de  P.  Servilio  Casca  (a.  711  =  43).  —  Plébis¬ 
cite  proposé  par  le  tribun  P.  Titius  pour  mettre  en 
accusation  son  collègue  P.  Servilius  Casca  qui  élait  sorti 
de  Rome  contrairement  à  la  loi20. 

Lex  Titia  de  triumviris  reipublicae  constituendae 
(a.  711  =  43).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  P.  Ti¬ 
tius  et  décidant  la  création  pour  cinq  ans  de  triumvirs 
reipublicae  constituendae,  Lépide,  Antoine  et  César91.  La 
loi  leur  confère  le  droit  de  nommer  les  magistrats22. 

Lex  Titia  de  tutorum  dations  (a...  ?).  —  Loi  qui 
accorde  à  certains  gouverneurs  de  provinces  le  droit  de 
nommer  des  tuteurs23.  Cette  loi,  dont  on  ne  connaît  pas 
la  date,  est  vraisemblablement  antérieure  au  milieu  du 
viic  siècle,  caria  tutoris  datin  appartenait  au  gouverneur 
de  Sicile  dans  la  seconde  moitié  de  ce  siècle24. 

Lex  Trebonia  de  tri  b  unis  plebis  creandis  (a.  306  =  448). 

—  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  L.  Trebonius  et  qui 
enleva  aux  tribuns  de  la  plèbe  le  droit  de  combler  les 
vides  de  leur  collège  par  voie  de  cooptation  23. 

Lex  Trebonia  de  provinciis  consularibus  (a.  699  =  55). 

—  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Trebonius  et  accor¬ 
dant  a  Pompée,  Crassus  et  César,  chargés  respectivement 
pour  cinq  ans  des  provinces  d’Espagne,  de  Syrie,  des 
Gaules  et  de  Germanie 26,  de  faire  à  leur  gré  la  guerre  ou  la 
paix 27. 

Lex  Tullia  de  ambitu  (a.  691  =  63).  —  Loi  consulaire 
proposée  par  M.  Tullius  Cicero  sur  le  crimen  ambitus 

M.  \ oigl  rapporte  aussi  à  la  loi  Titia  la  disposition  législative  citée  par  Plaute, 
Aul.  IV,  10,  61.  —  t6  Cic.  P.  Mur.  8,  18  :  Quaestura  utriusque propemodum  pari 
momento  sortis  fuit.  Habuit  hic  lege  Titia  provinciam  tacitam  et  quietam,  tu 
illarn  cui,  cum  quaestores  sortiuntur,  etiam  acclamari  solet.  Cf.  Mommsen, 
Staatsr.  t.  il,  p.  532,  571,  trad.  t.  IV,  p.  231,  275,  n.  1.  —  il  Le  Sénat ,  t.  II,  p.  602. 

18  Cic.  In  Vatin.  5,  12  :  In  eo  magistratu,  cum  tibi  magno  clamore  aquaria 
provincia  sorte  obtigisset...  Schol.  Bob.  p.  316  :  Quaestor  e  lege  Titia  provinciam 
tacitam  et  quietam.  —  iû  Loc.  cit.  p.  277,  n.  1.  —  20  Dio  Cass.  XLVI,  49:  -Ev 
Tuiiroi;  toï;  Uïtccuiot;  xat  5  Kà<rxa;  o  IïoyTtVio;  ô  EeçouiLtoç  ô  lyin-o  *  xat 

lïtstoîj  TrpotjiroToxviffaç  xbv  Kaiirapa  5txe;î]X0e  xxpiv  xal  È;  xr.y  xô>.tv  ctùtov  ÈxY/.Ûeïv,  Tjj-  -, 

Xi  jxàxpta  â^oSr,pYi<Ti;  Èitaù0T),  xoj  itÀv-8olj{  Jxxô  nouuLiou  Tixiou 
(ruvàp/.ovxoç  aixcs  àOpourOÉvxo;,  xat  oSTxwç  ÊàLw.  —  21  Appian.  De  bel .  civ.  IV,  7  : 
A'Jxtxcc  Si  Iv  [eeV»i  xotixtuv  ïîyexo  Exx^aiot,  xat  Siipap'/oç  notiixAioî  Tixto;  evo|xo8Éxei,  xotvi)v 
àpj(È)V  £7Et  xaxaaxàtrEi  xffiv  itapdvxov  I?  ixEvxaexî;  EÎvat]  xptiïv  àvSpSv  AeieiSou  xe  xat 
'Avxtuviou  xai  Kataapo;,  Taov  leyj jouaav  uûâcot;.  —  22  Dio  Cass.  XLVI,  55  ;  XLVII  19  ; 
cf.  Mommsen,  Staatsr.  t.  II,  p.  707,  732,  trad.  t.  IV,  p.  431  et  459.  —  23  Gai.  I, 
185:  Si  cui  nullus  omnino  tutor  sit,  ei  datur...  in  provinciis...  a  praesiilibus 

provinciarum  ex  lege  Julia  et  Titia.  Fr.  Sinai,  20.  [Voir  p.  1 149,  n.  5. J _ 24  Diod 

Sic.  XXXV  11,  b,  4  ;  Cic.  In  \  err.  I,  56,146  ;  cf.  Moritz  V  oigL,  Hôm.  Rechtsgeschichte 
t.  l,p.  841 .  —  26  Tlt.  Liv.  111,65  :  L.  Trebonius,  tribunus  plebis,  infestus patribus, 
quod  se  ab  iis  in  cooptandis  tribunis  fraude  captum,  proditum  a  collegio,  aiebat, 
rogationem  tulit,  ut  qui  plebem  romanam  tribunos  plebi  rogaret,  is  usque  eo 
rogaret,  dum  deeem  tribunos  plebi  faceret.  Ibid.  V,  10;  cf.  Mommsen,  Staatsr. 
trad.  t.  I,  p.  249  ;  l.  III,  p.  321.  —  26  Tit.  Liv.  Epit.  105.  —  27  Dio  Cass.  XXXIX,  33  ; 
XL,  12;  Flul.  Cal.  min.  43;  Crass.  16;  cf.  Mommsen,  eod.  t.  RI,  p  îlOo  trad 
L.  VII, '  p.  316,  n.  I. 


147 


1166  — 


LEX 


LEX 

(voir  l’article  ambitus,  t.  Ier,  p.  224).  Deux  clauses  de 
celle  loi  sont  rapportées  l’une  par  Cicéron,  l’autre  par 
Dion  Cassius.  Mea  lex  dilucide  vetat  biennio  quo  qui s 
pelât  petiturusve  sit  gladiatores  dure  nisi  extestamento 
praestitUta  die  *.  —  ESo^e  t?,  (3ouAy|...  oÉxaèxcSv  <puyi]v,Tou 
Iv.xépwvoç  èç  rà  piâXiGTa  evaYovToç,  toÏç  èniTtfiiot;  toTç  in\ 
TCO  TETaypLÉvOtÇ  T,pO5VO[Xo0£TT|aai  2. 

Lex  Tullia  de  liberis  legationibus  (a.  691  =  63).  — 
Projet  de  loi  présenté  au  sénat  par  Cicéron  pendant  son 
consulat  pour  supprimer  les  legationes  liberae.  Ce  projet 
échoua  par  suite  de  l'intercession  d’un  tribun.  Cicéron 
obtint  du  moins  que  si  l’absence  durait  plus  d’un  an  le 
légat  n'aurait  plus  les  droits  des  ambassadeurs  3. 

Lex  Valeria  sacrata  (a.  245  =  509).  —  Loi  proposée 
par  le  consul  P.  Valerius  Pulitus  et  déclarant  sucer  qui¬ 
conque  tenterait  de  rétablir  la  royauté:  lex  de  sacrando 
ciun  bonis  capite  ejus  qui  regni  occupandi  consilia 
inisset  l. 

Lex  Valeria  sacrata  (a.  245  =  509).  —  Loi  proposée 
par  le  même  consul  et  déclarant  sacer  quiconque  aurait 
revêtu  le  consulat  sans  être  élu  par  le  peuple  5. 

Lex  Valeria  de  prococatione  (a.  245  =  509).  —  Loi 
proposée  par  le  même  consul  et  donnant  à  tout  citoyen  le 
droit  d'appel  au  peuple  contre  les  peines  capitales  pro¬ 
noncées  par  les  magistrats  à  Home  et  dans  le  rayon  d’un 
mille  autour  de  la  ville  6  [provocatio]. 

Lex  Valeria  de  mulctae  dictione  (a.  245=  509).  —  Loi 
proposée  par  le  même  consul  et  édictant  une  amende 
contre  ceux  qui  n’obéiraient  pas  aux  consuls1. 

Lex  Valeria  (?)  de  quaestoribus aerarii  (a.  245  =  509). 
—  Loi  citée  uniquement  par  Plutarque  et  qui  aurait  créé 
les  questeurs  enmême  temps  que  Y aerarium 8  [quaestor]. 

Lex  Valeria  militaris  (a.  412  =  342).  —  Loi  proposée 
par  le  dictateur  M.  Valerius  Maximus  Corvus  et  décidant 
que  le  nom  d’un  soldat,  une  fois  inscrit,  ne  pourrait 
être  rayé  que  de  son  consentement.  On  ajouta  dans  la  loi 
que  nul,  après  avoir  été  tribun  militaire,  ne  pourrait  être 
ordinum  ductor 9. 

Lex  Valeria  de  provocatione  (a.  454  =  300).  —  Loi 
proposée  par  le  consul  M.  Valerius  Corvus  et  défendant 
de  battre  de  verges,  ou  de  frapper  de  la  hache,  celui  qui 
a  fait  appel  au  peuple,  sous  peine  d’être  déclaré  imprp- 
bus  10  [provocatio] 

Lex  Valeria  de  civitate  cum  suffraqio  danda  (a.  566  = 
188).  —  Plébiscite  proposé  par  le  tribun  C.  Valerius 
Tappo  et  accordant  la  cité  cum  su/fragio  aux  Fundani 
et  aux  Arpinates  u. 

Lex  Valeria  de  civitate  Calliphanae  Veliensi  danda 
(a.  656  =  98).  —  Loi  proposée  par  le  préteur  urbain  C.  Va¬ 
lerius  Flaccus  sur  l’avis  conforme  du  sénat  pour  accorder 

1  Cic.  In  Vatin.  15,  37.  —  2  Dio.  Cass.  XXXVII,  20.  —  3  Cic.  De  leg.  III,  8, 
18.  Willems,  Le  Sénat,  I,  150,  n.  2,  croit  qu’il  y  eut  simplement  un  sénatus-con- 
sullc  et  non  une  loi.  Cf.  en  sens  conlrairc  Mommsen,  Staatsr.  ,  trad.  L.  VII, 
p.  413,  n.  2.  —  4  Tit.  Liv.  II,  8,  2;  cf.  Mommsen,  Staatsr.  t.  II,  p.  IG,  trad. 
t.  III,  p.  IG,  n.  3.  —  G  Plut.  Poplic.  2  :  Aeûteçoç  o  -îoù;  AaSovTaç,  $jv  ô  8î 

aùv.  eSojzev,  &T:o6vqiTXEtv  zeXeûwv.  —  G  Cic.  De  rep.  II,  31,  55  ;  Publicola  lege  de 
provocatione  perlata  statim  secures  de  fascibus  sumi  jussit.  Pompon.  Enchir. 
Di  g.  I,  2,  2,  IG;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  110.  —  7  Plut. 
Poplic.  11  :  rO  yçacEiç  v.v.’zà.  tJJv  àicEiOoûvTwv  toïç  uitaTot^  où/  3;ttov  ISoçe 
etvat...  Çyipuav  yètç  àicEtOca;  ETaçE,  (iiiov  tevte  xai  3uoïv  itpoSà-rwv  &£cav.  Cf.  He,  Avclliv. 
giuridico,  t.  XVI,  p.  15.  —  8  plut.  Poplic.  12;  cf.  Mommsen,  Staatsr.  trad.  t.  IV, 
j).  223,  n.  1.  —  9  Tit.  Liv.  VII,  41  :  Lex  quoque  sacrata  militaris  lata  est ,  ne 
cujus  militis  script i  nomen ,  nisi  ipso  volente,  delerctur  :  additumque  legi ,  ne 
guis  ubi  tribunus  militum  fuisset,  postea  ordinum  ductor  esset.  —  10  Tit.  Liv.  X, 

9  :  Valeria  lex,  cum  eum  qui  provocasset  virgis  caedi  securique  necari  vetuisset , 
si  quis  adversus  ea  fecisset ,  nihil  ultra  quam  improbe  factum  adjecit.  Id...  visum, 
credo,  vinculum  satis  validum  legis.  —  n  Tit.  Liv.  XXXVIII,  36;  cf.  Mommsen, 


la  cité  romaine  à  une  femme  de  Velia  (’•  ir 

Lex  Valeria  de  aere  aliéna  (a.  668=86) 
posée  par  le  consul  L.  Valerius  Flaccus  et  auloF  ^ 
débiteurs  à  ne  payer  à  leurs  créanciers  au’..* 
leur  dette13.  s  CIU  u»  quart  de 

Lex  Valeria  de  Sglla  dictatore  (a.  672  =  h>1 
proposée  par  Vinterrex  L.  Valerius  Flaccus  et 7n  'r 
rant  à  Sylla  la  dictature  legibus  scribendis  et  »,■ 
constituendae 14.  etr*publicw 


(a.  559  =  195).  —  Plébiscite  proposé  par-  le  tribun  0  4  ° 
1er  i  us  Fundanius  et  abrogeant  la  loi  somptuaire  (V 
votée  vingt  ans  auparavant13.  ^Ia 


Lex  Valeria  IIoratia  de  plébiscité  (a.  305  =  449)  - 
Loi  proposée  aux  comices  cenluriates  par  les  consuls 
L.  Valerius  Poplicola  Potitus  et  M.  Horatius  Turrinus 
Barbatus16  et  donnant  force  de  loi  aux  plébiscites  '  Ut 
quod  tributim  plebs  jussisset,  populum  teneret n. 

Lex  Valeria  IIoratia  de  provocatione  (a.  305=449) 
—  Loi  proposée  par  les  mêmes  consuls  et  défendant  de 
créer  aucune  magistrature  sans  appel  :  Ne  quis  uïïum 
magétratum  sine  provocatione  crearet.  Qui  creasset 
eum  jus  fasque  esset  occidi  ;  neve  ea  caedes  capitalis 
noxae  haberetur  [provocatio]18. 


Lex  Valeria  IIoratia  de  tribunicia  potestate  (a.  305= 
449).  —  Loi  proposée  par  les  mêmes  consuls  et  consacrant 
l’inviolabilité  des  tribuns  de  la  plèbe  :  Ut  qui  tribum 
plebis,  aedilibus ,  judicibus ,  decemviris,  nocuisset,  ejui 
caput  Jovi  sacrum  esset  :  familia  ad  aedem  Cereris 
Liberi  Liberaeque  venum  iret 19  [tribunus]. 

Lex  (?)  Valeria  IIoratia  de  senatusconsultorum  eus- 
todia  (a.  305  =  449).  —  Tite  Live  rapporte  que  les  mêmes 
consuls  décidèrent  que  les  sénatus-consultes  seraient  en¬ 
registrés  au  temple  de  Cérès  par  les  soins  des  éd  des  plé¬ 
béiens20.  S’agit-il  d’un  simple  décret?  Il  paraît  plus  pro¬ 
bable  qu’il  y  a  ici  une  clause  de  la  loi  Valeria  IIoratia 
de  plébiscité  :  on  prescrivit  l’enregistrement,  non  pas  de 
tous  les  sénatus-consultes,  mais  seulement  de  ceux  aux-, 
quels  était  subordonnée  la  validité  des  plébiscites21. 

Lex  Vallia  (a....  ?).  —  Loi  qui  a  généralisé  1  application 
de  la  manus  injectio  pura ,  déjà  admise  par  la  loi  bir|a 
testamentaria  et  par  la  loi  Marcia  adversus  feneratores  • 
Désormais  tout  débiteur  exposé  à  la  manus  injectio  eu 
le  droit  de  se  défendre  en  personne  sans  constituer  un 
v index  (manum  sibi  depellere  et  pro  se  agere  I 
injectio,  vindex]23.  Deux  cas  seulement  furent  exoep  M 
ceux  du  judicatum  et  du  depensum  [judicatum,  •  1 
p.  643;  intercessio,  t.  V,  p.  552,  n.  6]. 

La  loi  Vallia,  très  favorable  aux  pauvres  cpii  1,1  ^  ^ 
vaient  pas  facilement  de  vindex,  est  vraisemblu  11 

12  (]jc,  P • 

Slaatsrecht,  Irad.  t.  VI,  1,  p.  149,  n.  I;  t.  M,  -,  P-  |  s  '  tl/llS  scnW^1 
Dalbo ,  24,5:  Proxime...  ante  civitatem  Veliensibus  datant,  <0  Sl  ^  fofflpl I 
C.  Valerium  Flaccum  praetorem  urbanum  nominatim  ad  pop"  11  |,  VI.  I 

Veliense  ut  ea  civis  Bomana  esset,  tulisse.  Cf.  Mommsen,  Slnu  ^  ;(jij  I 
1,  p.  150,  n.  3.  —  13  Vcll.  Pat.  H,  23,  2  :  Valerius  Flaccus ^  ciCi  p. 
auctor  qua  creditoribus  quadrantem  solvi  jusserat  ;  Sallusl.  ^  i»'" 

Font.  I,  1  ;  P.  Quinct.  4,  17.  —  14  Cic.  De  lege  agr.  III,  3,  •>  ^  jfpiccus  int'irrlt 
quissimam  dissimillimamque  legis  esse  arbitror  eam,  quant  •  ^  pt  kll 

de  Sylla  tulit,  ut  omnia  quaecumque  ille  fecisset,  essent  ta  ^  _ _ _  ,5  TiL 

civ.  I,  99  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.  t.  II,  p.  704,  trad.  t.  IV,  P-  ^  . ni  Cf-  s“r 

XXXIV,  8  ;  Val.  Max.  IX,  I,  3;  Aur.  Vict.  De  viris  illustr.  X  ^  _  U  Til¬ 

les  noms  de  ce  consul,  De  Rossi,  Ephem.  epigt  ■  *•  .j-jt  Lix-  tU  )  I 
Liv.  III,  55,  3;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.,  t.  I,  p-  458.  -  senS  du  I 
—  19  Tit.  Liv.  III,  55  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  1,  P-  115>  et  s“  trad.  C  ’  I 
cemviri,  p.  404.  -  20  Tit.  Liv.  cod.  -  21  Cf.  Mommsen,  Sta  ■  ^  i.i, 

p.  205—  22  Gai.  IV,  23.-23  Ibid.  25  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institution 
p.  591. 


I 


1107  — 


LEX 


LEX 


I  uhiscite  Elle  est,  d’après  Gains1,  postérieure  à  la 
un  l’U  lcstamentaria  dont  la  date  est  comprise  entre 

•  l0‘  '  •  f'so  et  585.  Elle  est  antérieure  à  la  suppression 

•  Thmnm  injectio  par  les  Usa  Juliae  [m  Ftmu  tes- 

tC  ,  r  pv  1UUA  JUDICIORUM  PRIVATOKUM  ET  PUBLI- 

TAMENTARIA,  LBA 


I  C°irxVARiA  de  majestate  (a.  063  =  91).  -Plébiscite  pro- 

V  vir  le  tribun  Q.  Yarius  Hybrida,  et  instituant  une 
P“eJ/0  pour  connaître  du  crime  de  haute  trahison  commis 
'L  un  certain  nombre  de  citoyens  qui  avaient  encouragé 
L  socii  à  prendre  les  armes  contre  le  peuple  romain  2. 
[  Lex  Vatinia  de  alternis  consiliis  rejiciendis  (a.  693  = 
s();:  _  projet  de  plébiscite  présenté  par  le  tribun  P.  Va- 
tinius  sur  le  droit  de  récusation  des  juges3.  Ce  droit, 
d’ordinaire  exercé  alternativement  par  chacun  des  plai¬ 
deurs  pour  chaque  juge  ( rejectio  judicum  alterno- 
rum  !>),  est  appliqué  ici  aux  comilia  judicum ,  ce  qui 
suppose  que  la  liste  des  juges  était  divisée  en  un  certain 
nombre  de  cons  ilia  ::  [judex]. 

Le.v  Vatima  de  imperio  Caesaris  (a.  695  =  59).  —  Plé¬ 
biscite  proposé  par  le  même  tribun  et  conférant  à  César 
pour  cinq  ans  Y  imperium  proconsulaire  dans  la  Gaule 
Cisalpine  et  l’Illyrie  6,  avec  une  indemnité  fixe  d’équi¬ 
pement  payable  par  le  Trésor  public  b  Ce  plébiscite  lui 
conféra  en  même  temps  le  droit  de  nommer  des  légats  8. 
I  Lex  Vatinia  de  foederibus  (a.  695  =  59).  —  Dans  son 
plaidoyer  contre  Vatinius,  Cicéron  lui  reproche  d’avoir, 
en  qualité  de  tribun,  conclu  des  traités  avec  des  cités,  des 
rois,  des  tétrarques 9.  On  en  a  conclu  à  l’existence  d’une 
loi  de  foederibus  proposée  par  ce  tribun  10. 

Lex  Vatinia  de  quaestione,  indici  Vettio ,  habeiula 
(a.  695  =  59).  —  Projet  de  plébiscite  présenté  par  le 
même  tribun  pour  instituer  une  quaestio  contre  les  per¬ 
sonnes  accusées  par  Vettius  d’avoir  comploté  le  meurtre 
de  Pompée 1 1 . 


Lex  \  eturia  Postumia  de  colonia  Cales  deducenda 
K 420=334).  —  Loi  proposée  par  les  consuls  T.  Vetu- 
rius  Cdhiuus  et  Sp.  Postumius  Albinus  et  ordonnant 
1  établissement  d’une  colonie  latine  à  Calés12. 

.^Ex  ^EiTI  Eirici  (?)  de  servorum publicorum  manumis- 
iMone  (a....?).  —  Loi  citée  dans  un  rescrit  de  Dioclétien 
6  aximien  et  relative  à  l’affranchissement  des  esclaves 
ppai  U  mini  aux  cités 13 .  Le  nom  de  la  loi  est  certainement 


llm  inférées,,- Val,„Max'  V111,  C’  4  :  Varius...  tribunus  plebis  legem  ai 

I  malo  socii  mi  'n  co  e9arum  perrogavit ,  qua  jubebat  quaeri  quorum  do 
Appiau .  De  lre  coacti  ^ent.  Ascan  inSeaur.  p.  22  ;  in  Cornel.  p.  75 

Vatin,  H  97,n.  V  ’  f !  cl-  Mommsen,  Strafreclit,  p.  198,  n.  2.  -  3  Cic.  1 
Mommsen,  Strafre  i  °’'  P’  321  el  323-  —  4  Cic.  P.  Plancio,  15,  3fl.  —  SC 
nir’ico  adiecto  leln  U'  V  ~  6  ®uet'  Caes-  22  !  Galliam  Cisalpina 

!  in  Qtinquennium  r  n ■  ""'f  acce^t  ’  Pat-  If  44>  S  :  Tum  Caesari  decreti 
trad.  t.  M)  319‘^;fWmems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  587  ;  Mommsen,  Staats 

l-  VII,  p.  344  _ g  p.  10  •  dn  l ‘Uin.  15,36;  cf.  Mommsen,  Staatsr.  tra< 

*ha,tsT.  trac),  t  lv'C  ')  ls>  35  :  Ee  prou.  consul.  17,  41  ;  cf.  Mommseï 

féra  o  César  lm  ’  ?'■  4°°’  La  question  de  savoir  si  la  loi  Vatinia  co: 
^cillée  (Suet.  cJs  1°"’,  SUfflSanl  P0111'  m’éer  la  colonie  do  Novum  Comum  f, 

C“es-  â9);  cr.  Mommsen  ^  26  ;  Cic'  Ad  AU-  V-  «.  2i  PI» 

"  ÜCi«-  Ai  Val.  12  29  SlTtSr\  L  ,U’  P'  1236’  trad-  t-  VII,  p.  405,  n. 
C,ljreHil>us,cum  tetmrri  ■  cfu ‘sne 'loedera  tribunus  plebis  cum  civitatibu 
n,flhabuit  nisi  renrphe"S'  lc‘  ad  fam-  ',9,7  :  Totavero  interrogatio  mt 
j  '"'Ote  animoque  maxim  ■f'/'!'  \,l‘as  triljunatus  :  in  quo  omnia  dicta  su i 
_  '  d>  I  :  hnprobitate  ■  /  6  ai!SP!Cî,'s>  de  donatione  regnorum.  Cic.  A 

r  LailS0,  Uôm.  Altertl, r  ?UÎ"’  re,jna’  Pr^dia  tetrarchis...  dederun 

1  Lüv  ”  “",'L  *■’.  vu "  ; p; J":  11  w.  ™.  ™ 

du»  i  yuneri  soient  •  ’  ’  .  ltuo  non  Pr&ecedente,  qùibus  domin 

s  dficitur.  Si  itaque  seca 
'ivn<u7°?arce^con‘uliLrarf  ,tem  senatuseonsulto  Juventio  Cclso  iteru 
■  1,1  fonanam.  conseeuh  °  ”  P*'0**Be,'a*  porrectam  constitit  ,manumissi 

-s,post  vero  ut  libertus  tabularium  administrant 


corrompu  :  les  uns  proposent  de  lire  Vetli  Bolani ,  ce  qui 
désignerait  le  consul  de  l’an  67,  ou  plutôt  celui  de  111  u; 
d’autres  considèrent  comme  plus  problable  que  Dioclétien 
invoque  une  loi  veteris  rei publicaeis.  En  tout  cas,  la  loi 
est  antérieure  à  l’an  129,  car  Dioclétien  déclare  qu’un 
sénatus-consulte,  rendu  Juventio  Celso  ïterum  et  Neratio 
Marcello  consulibus ,  a  étendu  aux  provinces  la  disposition 
de  cette  loi. 

Lex  Viria  de  actis  Caesaris  coiifîrmandis  (a.  71 1  =  43). 
—  Loi  proposée  aux  comices  centuriates  par  le  consul 
C.  Vibius  Pansa  et  confirmant  les  actes  de  César  10. 

Lex  Yibia  de  coloniis  deducendis  (a.  711  =  43).  —  Loi 
proposée  aux  comices  centuriates  par  le  même  consul  en 
remplacement  de  la  lex  Antonia11 . 

Lex  Vibia  de  dictatura  tollenda  (a.  711  =  43).  —  Loi 
proposée  par  le  même  consul  en  remplacement  de  la  lex 
Antonia  sur  le  même  objet18. 

Lex  Villia  annalis  (a.  574=180).  —  Plébiscite  pro¬ 
posé  par  le  tribun  L.  Villius  et  fixant  l’intervalle  à  ob¬ 
server  entre  les  magistratures  19  [voir  l’article  annales 
leges,  t.  I,  p.  270]. 

Lex  Visellia  de  cura  viarum  (ante  683  =  71).  —  Cette 
loi,  qui  est  mentionnée  dans  une  inscription  de  Rome  20, 
paraît  avoir  institué  une  cura  viarum  21. 

Lex  Visellia  de  libertinis  (a.  777  =  24).  —  Loi  proposée 
par  le  consul  L.  Visellius  Varro  et  accordant  la  cité  et  la 
tribu  rurale  aux  affranchis  non  citoyens  qui  avaient  servi 
pendant  six  ans  dans  le  corps  des  vigiles  22 .  Cette  loi  pres¬ 
crit,  en  outre,  une  poursuite  criminelle  contre  les  affran¬ 
chis  qui  usurpent  la  qualité  d’ingénus  et  portent  sans 
droit  l’anneau  d’or  23 . 

Lex  Voconia  testamentaria  (a.  585  =  169). —  Plébiscite 
proposé  par  le  tribun  Q.  Voconius  Saxa  et  contenant 
deux  chapitres.  Le  premier  défend  à  tout  citoyen  inscrit 
sur  les  registres  du  cens  pour  une  fortune  d’au  moins 
cent  mille  as,  d’instituer  pour  héritier  une  femme  ou  une 
jeune  fille24.  En  cas  de  contravention,  la  part  d’héritier 
caduque  est  attribuée  aux  cohéritiers  ou,  à  défaut,  au 
Trésor  public  2S.  Le  second  chapitre  décide  qu’on  ne  peut 
recevoir,  à  titre  de  legs  ou  de  mortis  causa  capio.  une 
valeur  supérieure  à  celle  que  recueille  l’héritier-26  [lex 
furia  testamentaria ].  La  date  de  la  loi  Voconia  est  fixée 
par  Cicéron  27 . 


libertatem  quam  f  lieras  consecutus  non  amisisti,  nec  aclus  tuus  filio  ex  liberis 
ingenuo  suscepto  quominus  decurio  esse  possit,obfuit.  —  W  De  la  Berge,  Essai  sur 
l’histoire  de  Trajan,  p.  135  ;  Moritz  Voigt,  Uôm.  Rechlsgeschichte,  t.  II,  p.  162,  n.  17. 
—  *5  Kriicger,  ad  h.  loc.  ;  cf.  Lemonnier,  Etude  historique  sur  la  condition  privée 
des  affranchis,  p.  89.  —  l'i  Cic.  Phil.  X,  8,  17  :  De  quibus  (actis)  confirmandis  et 
sanciendis  legem  comitiis  centuriatis  ex  auctoritate  nostra  Vibius  consul  laturus 
est  ;  cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  Il,  p.  757,  n.  C.  n  Cic.  Phil.  XIII,  15,  31  :  Vetc- 
ranorum  colonias  deductas  lege  et  senatuseonsulto,  sustulistis...  iVos  sustulimus, 
an  contra,  lege  comitiis  centuriatis  lata,  sanximust  —  18  Cic.  Phil.  V,  4,  10:  Si 
quam  legem  de  actis  Caesaris  confirmandis,  deve  dictatura  in  perpetuum  tollenda, 
deve  coloniis  in  agros  deducendis  tulisse  M.  Antonius  dicitur  ;  easdem  leges  de 
intégra,  ut  populum  teneant,  suivis  auspiciis  ferri  placet.  —  19  Cf.  Mommsen, 
Staatsr.  t.  1,  p.  529,  trad.  t.  Il,  p.  183.  —  20  Corp.  inscr.  lat.  I,  593.  —  21  Cf. 
Mommsen,  Comment,  in  legem  Viselliam,  Antoniam,  Corneliam  (Bekkers  und 
Muthers  Jahrb.  des  gemeinen  deutsclien  Rechls,  1858,  l.  II,  p.  335);  Staatsr.  t.  II, 
p.  668,  trad.  t.  IV,  p.  386  ;  Willems,  Le  Sénat,  l.  II,  p.  401  ;  Ritsclil,  In  leges 
Viselliam,  Antoniam,  Corneliam  observationes  epigraphicae  (opusc.  phil.  t.  IV, 
p.  427,  Leipzig,  1878).  —  22  Ulp.  III,  5;  Militia  jus  Quiritium  accipit  Latinus  si 
inter  vigiles  Romae  sex  annos  militaverit  lege  Visellia  ;  Gai.  I,  32  b.  Cf.  Mommsen, 
Staatsr.  t.  II,  p.  893  ;  t.  III,  p.  786,  Irad.  t.  V,  p.  170,  n.  2,  et  171,  u.  1,  t.  VI,  i, 
p.  432.  —  23  Ulp.  III,  5:  Cum  libertus  se  dicit  ingenuum...  lege  Visellia  crimina- 
liter  poterit  perurgeri.  Cod.  Tlieod.  IX,  2,  1;  Diocl.  Cod.  Just.  X,  32,1.  Cf. 
Mommsen,  Strafrecht,  p.  858,  n.  1  ;  Staatsr.,  trad.  t.  VI,  2,  p.  6.  —  **  Tit.  Liv. 
Epit.  XLI,  29  ;  Cic.  2”  in  Verr.  II,  42  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des 
Romains,  t.  I,  p.  540.  —  23  Plin.  Paneg.  42.  —  26  Gai.  Il,  226  ;  cf.  Éd.  Cuq. 
Op.  cit.  t.  I,  p.  552.  —  27  Cf.  Édouard  Cuq,  t.  I,  p.  540,  n.  4. 


LEX 


—  1168  — 


La  liste  suivante  comprend,  classées  d’après  leur  objet, 
les  lois  dont  on  ne  connaît  pas  le  nom  ou  qu’on  n’a  pas 
l’habitude  de  désigner  par  le  nom  de  leurs  auteurs, 
comme  la  loi  des  Douze  Tables. 

Lex  Atestina  (intra  a.  705  =  49  et  712=42).  —  Frag¬ 
ment  d’une  loi  gravée  sur  une  table  de  bronze  découverte 
en  1880  à  Este,  dans  la  Gaule  Cisalpine  ».  Deux  cha- 
pitu*  seulement  ont  été  conservés:  le  premier  autorise 
les  plaideurs  à  proroger  d’un  commun  accord  la  juridic¬ 
tion  des  magistrats  municipaux  pour  les  actions  infa¬ 
mantes,  si  la  valeur  du  litige  n’excède  pas  10000 
sesterces,  le  second  défend  la  Romae  revocatio  pour  les 
procès  qui,  jusqu’à  la  loi  Roscia,  étaient  de  la  compétence 
des  magistrats  municipaux. 

A  quelle  occasion  cette  loi  fut-elle  votée?  C’est  un 
Point  sur  lequel  on  n’est  pas  d’accord.  Les  uns  y  voient 
un  fragment  de  la  loi  Rubria2;  les  autres  un  fragment 
de  la  loi  Roscia  d  autres  enfin  la  considèrent  comme 
une_  loi  distincte  qui  aurait  régi  la  Gaule  Cisalpine 
de  705  à  712  \  Quant  à  la  date  de  la  loi,  Mommsen 
pense  qu’elle  se  place  entre  l’année  705,  où  le  droit 
de  cité  fut  conféré  à  la  Gaule  Cisalpine,  et  l’année  712, 
où  cette  province  fut  réunie  à  l'Italie. 

Lex  de  actis  Caesoris  cognoscendis  (a.  710  =  44).  _ 

Loi  ou  plutôt  plébiscite  conférant  aux  consuls,  assistés 
d  un  conseil  composé  des  principaux  sénateurs  8,  la 
mission  de  prendre  connaissance  des  résolutions,  décrets 
et  actes  de  César1'.  Cette  loi,  qui  à  l’égard  d’Antoine  était 
une  mesure  de  défiance,  ne  paraît  pas  avoir  eu  de  suites  7. 
Elle  fut  votée  le  3  juin. 

Lex  de  P.  Æbutii  praemio  (a.  568=  186).  — Plébis¬ 
cite  proposé  par  les  tribuns,  sur  l’avis  conforme  du  sénat, 
et  accordant  des  récompenses  à  P.  Æbutius  pour  avoir 
dénoncé  la  conjuration  des  Bacchanales8. 

Lex  de  Ægypti  provincia  Caesari  danda  (a.  689  =  95). 

—  Projet  de  plébiscite  présenté  sans  succès  par  quelques 
tribuns  pour  attribuer  à  César  la  province  d’Égypte9. 

Lex  agrarin.  —  Plébiscites  agraires  proposés  par  les  tri¬ 
buns  en  353  =  400  10  et  en  643  =  111  11  [agrariae  leges]. 

Lex  de  agro  Campano  (a.  544  =  210).  —  Plébiscite 
autorisant  les  censeurs  à  louer  Yager  Campanus  12. 

Lex  de  agro  Coriolano  (a.  308=  446).  —  Loi  décidant 
que  le  territoire  de  Corioles  ferait  partie  de  Vaqer  pu¬ 
bliais 

Lex  de  ambitu  (a.  322  =  432).  —  Loi  décidant  ne  cui 
album  in  vestimentum  addere petitionis  liceret  causan 
[ambitusJ. 

Leges  de  aquaeductibus  (a....  3).  —  Lois  anciennes  sur 
les  aqueducs,  mentionnées  par  Frontin15. 

Lex  de  auctoratis  (ante  a.  929  =  176  et  930=177).  _ 

Loi  mentionnée  dans  un  sénatus-consulte  sur  les  frais 

1  Bruns,  Fontes  juris,  p.  102.  —  2  Mommsen,  Fermes,  XVI,  p.  2  U 

-  3  Esmein,  Mélanges,  p.  269  ;  cf.  Alibrandi,  Studi  e  document i  di  storia  e 
diritto,  1881,  p.  I.  —  4  Karlowa,  Rom.  Rechtsgcschichte,  t.  I,  p.  442;  Kriiger, 
Geschichte  der  Quellen,  p.  73.  —  5  Cic.  Ph.il.  II,  39,100;  Dio  Cass.  XL1V,  53.' 

G  Cic.  Ad  Alt.  XVI,  10,  Il  :  Deinde,  quemadmodum  lu  sois  ( interfuisti 
enim,  cum  consules  oporteret  ex  senatusconsulto  de  actis  Caesaris  coynosccre), 
res  ab  iis  in  liai,  J  un.  dilata  est.  Accessit  ad  senatusconsultum  lex  quae 
lata  est  ante  diem  III  Non.  Jun.  quae  lex  earum  rerum  quas  Caesar  statuisset, 
decrevisset  egisset,  consulibus  coynitionem  dédit.  — 7  Cic.  Phil.  II,  39,  100; 
cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  743.  —  8  Tit.  Liv.  XXXIX,  19.  1  9  Sud’ 
Caes.  11.  —10  Tit.  Liv.  V,  12.  —  Il  Corp.  inscr.  lat.  I,  200.  . — 12  Tit.  Liv.  XXVII, 

II.  —  13  Ibid.  III,  72;  cf.  Mommsen,  Rôm.  Staatsr.,  trad.  t.  VI,  1,  p.  391, 
n.  2.  —  14  Ibid.  IV,  25  ;  cf.  Mommsen,  Strafrecht,  p.  866.  —  1S  Frontin! 

De  aquis,  94  et  97  :  Dum  altius  repeto  leges...  apud  veteres  caution  ita  fuit...  Ne 
guis  privalus  aliam  (aqitam  ducat  quam  quae  ex  lacu  humum  accidit...  Baec 


LEX 


des  jeux  publics.  Cette  loi  fixe  à  ^000 
maximum  du  salaire  que  peut  exiger  un  le 

[ auctoramentum,  t.  I»,  p.  545]  :  /,  autem  clJm°mus 
bu num  plebei  c{larissimum)  v(irum)  sponte  "nTjH' 
candum  pro/itebitur,  cum  habeat  ex  le,,e 
milia,  liberatus  si  discrimen  instauraverü^  du° 
Om  pou  hac  (sestertium)  XI 1  ( milia)  non  'eZT’,‘n“ 
Lex  de  auxilto  Mamertinis  praebendo  (a.  40,,  77/ 
—  Plébiscite  autorisant  le  consul  Appius  Claudin  •  ■  ' 

ter  secours  aux  Mamerlins  contre  les  CarthagjnnU  nP°r' 
Lex  de  bello  in  Africa  gerendo  (a.  552  =  k>>\ 
ordonnant  4P.  Sripio  do  dirigor  la  guerre  en  A"L  “ 
Lex  de  bello  cum  Ar.istonico  gerendo  (a  6^3  =  vL  ' 
Loi  chargeant  le  consul  Crassus  de  la  conduite  d  7 
guerre  contre  Aristonicus 19.  Ia 

Leges  de  bello  indicendo.  -  Lois  portant  déclara  J 
de  guerre  aux  habitants  de  Véies  (a.  274  —  '•130  397 
42  7)  20  ;  de  Veliternes  (a.  372  =  382) 21  •  de  p7',n"l7 
(a.  373  =  381) 22  ;  de  Cères  (a.  107  =353)  »  ;  auxSammite 
(a  «1  =  343,  428  =  326,  456  =  298) ;  au*  habitant,* 

1  alaepolis  (a.  427=  187) 2b  ;  aux  Vestini  (a.  429  =  3^)«. 
aux  Èques  (a.  454=  300) 27  ;  aux  Falisques  (a.  46lJ 
293)28;  à  Philippe,  roi  de  Macédoine  (a.  554=200)28-  / 
Persée  (a.  583  =  161)  30 

Lex  de  Capitolio  aedificando  (a.  676  =  78).  —  Loi 
autorisant  le  consul  Q.  Lutatius  Catulus  à  réédifier  le 
Capitole  31 . 

Lex  de  censoribus  creandis  (a.  311  =  443).  -  Loi 
instituant  la  censure32  [censor1. 

Lex  de  censoribus  (a.  489  =  265).  —  Loi  défendant 
1  itération  de  la  censure  33 . 

Lex  de  civibus  Veios  deducendis  (a.  363  389 .  - 

Projet  de  loi  tendant  à  transférer  à  Véies  les  citoyens 
romains  après  l’incendie  de  Rome  par  les  Gaulois84. 

Lex  de  civitate  Anagninis  danda  (a.  448  =  316).  —Loi 
conférant  aux  habitants  d’Anagni  la  cité  sine  suffragio 1!. 

Lex  de  civitate  equitibus  Campanis  danda  (a.  539= 
215).  —  Loi  conférant  le  droit  de  cité  à  trois  cents  che¬ 
valiers  de  Campanie36. 

Lex  de  civitate  Latinis  danda  (ante  a.  577  =  177).  - 
Loi  accordant  le  droit  de  cité  romaine  aux  socit  et  aux 
membres  du  nomen  Latinum  qui  laissaient  un  fils  dans 
leur  patrie 37. 

Lex  de  civitate  Mutini  danda  (a.  544=210)  • 

Lex  de  civitate  Sosidi  Syracusano  et  Merico  Hispnn0 
danda  (a.  543  =  211).  —  Lois  accordant  le  droit  de  cité  à 
divers  étrangers  qui  avaient  bien  mérité  des  Romains 
Lex  de  civitate  Privernatibus  dancla  (a.  425  =  529;* 

—  Loi  conférant  le  droit  de  cité  aux  Privernates '■ 

Lex  de  clavo  pangendo  (a.  291  =  463).  — Voir  1  ai  tic e 

CLAVUS,  t.  II,  p.  1241. 

V'  unis 

cnim  sunt  verba  legis.  —  In  isdem  legibus  adjectinn  est  ita...  *  1 
oletato  dolo  malo  ubi  publiée  saliet  ;  si  quis  oletarit  sestertiorum  A  nu  ^ 
esto...  Agri...  qui  aqua  publica  contra  legem  essent  irrigah  pt"  ^  ^ 

—  1  Lin.  62,  63  ;  Ephem.  epigr.  t.  VII,  p.  410. —  17  Polyb.  6  **'  jt-Tit. 
Liv.  XXX,  27.  —  19  Cic.  Phil.  XI,  8,  18.  —  2<>  Denys  d’Habc- \  '  lf> 
Liv.  IV,  30.  -  si  Tit..  Liv.  VI,  21.  —  22  Ibid.  VI,  22.  —  23  TiL  '/]'  ^  »s. 

—  24  Ibid.  VII,  32;  VIII,  25;  X,  12.  —  23  Ibid.  VIII,  22.  -  26  7  xU|’, 30. 

—  27  Til.  Liv.  IX,  45.  —  28  Ibid.  X,  45.  —  29  Ibid.  XXXI,  G  et7.  —  3"  A 

-  31  Cic.  2»  in  Verr .,  IV,  31,  69.  —  32  Tit.  Liv.  IV,  8  ;  cf.  Mommsc»^  ^ 
trad.  t.  IV,  p.  5  et  n.  4.  —  33  Plut.  Coriol.  I  ;  Val.  Ma*;  ^  ^  et’  55. 
Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  II,  p.  173,  n.  2.  —  34  Til.  Liv.  '  s0(üt  tt 

—  33  Ibid.  IX,  43.  —  36  Ibid.  XXIII,  31.  —  37  Tit.  Liv.  XL!,  8,  «j  ^  J 

nominis  Latini ,  qui  stirpem  ex  sese  domi  relinquerent,  dabat  n  lit. 

fièrent.  Cf.  Mommse  Op.  cit.,  trad.  t.  VI,  2,  p.  262,  n-  *• 

XXVII,  5;  Ascon.  In  Pis.  52.-  39  Tit.  Liv.  XXVI,  21.  -  40  Ibid"  VU’" 


—  m»9  — 


LEX 


LEX 


a.  518  =  236).  —  Lois 


L  decotonia  Fngellas  deiucmda  (a  420  =  328).  - 
H, TdZnuims  Plebeiis  creandis  (a.  412  =  342).  - 

là“éaùon  de  deux  consuls  plébéiens:  uti 
1“  îcmmla  ambos  plebeios  creari  « 

V  de  decemviris  consulan  impeno  legibus  scnbun- 
K  cnandis  (a.  363  =  451).  -  Loi  portant  création  de 
!r' emvirs  investis  de  l'imperium  consulaire  et  chargés 
Sprédijçer  des  lois 3  [lex  duodecim  tabularum] . 

Leges  dedicationis  (a.  317  =  437,  696  —  58).  —  Lois 
portant  dedicatio  d’une  couronne  d’or4,  d’une  statue  de 
Minerve  5.  Voir  l’article  dedicatio. 

[  Lex  (?)  DED1TI0NIS  M.  ClaudH 
autorisant  l’extradition  deM.  Claudius  Clineas  qui,  étant 
légat  probablement  du  consul  Licinius  Varus,  avait  fait 
la  guerre  aux  Liguriens  malgré  le  traité  qui  les  unissait 
aux  Romains6. 

Lex  deditionis  Q.  Pompeii  (a.  613  =  141).  —  Projet  de 
loi  soumis  au  peuple  pour  autoriser)  1  extradition  du 
consul  Pompée  qui  avait  conclu  avec  les  Numantins  un 
traité  de  paix  non  ratifié  par  le  sénat7.  Ce  projet  ne  fut 
(pas  adopté  8. 

[  Lex  deditionis  G.  Mancini  (a.  614=140).  —  Loi 
ordonnant  l’extradition  du  consul  C.  Mancinus  qui  avait 
'conclu  avec  les  Numantins  un  traité  de  paix  non  ratifié 
par  le  sénat 9. 

Lex  (?)  de  dictatore  creando  lata  (a.  249  =  505?).  — 
Loi  qui  a  institué  la  dictature10.  L’existence  de  cette  loi, 
dont  parle  Tite  Live,  est  contestable 11 . 

Leges  de  prodictatore  creando  (a.  537  =  217,538  = 
216).  —  Lois  nommant  un  codictateur  (M.  Minucius, 
M.  Fabius  Buteo) 12 . 

Lex  de  dictatore  creando  (a.  544  =  210).  —  Plébiscite 
créant  dictateur  Q.  Fulvius13. 

Lex  de  dilectu  mililum  (a.  542=  112).  —  Plébiscite 
autorisant  les  citoyens,  qui  s’étaient  enrôlés  avant  l’âge 
de  dix-sept  ans,  à  compter  leurs  services  du  jour  de  leur 
engagement14. 

Lex*  donis  regis  Ptolemaei  (a.  481  =273).  —  Loi 
attribuant  aux  députés  envoyés  au  roi  Ptolémée  les  pré- 

flls  du  ds  en  avaient  reçus  et  qu’ils  avaient  déposés  au 
hesor  public16. 

I  Lex*  Fecenniae  Hispalae  praemio  (a.  568  =  186).  — 

,  ensuh  accordant  divers  privilèges  à  l’affranchie  Fecen- 
|F  .  lsP(ila  P°ur  avoir  dénoncé  la  conjuration  des 
««ho'"1''' -S '  1  ll(lve  Fecenniae  Hispalae  datio,  demi- 


vir  ti's'i  <nllS  enuPtl0'  lutoris  optio  item  esset,  quasi  ei 
m  -  n  ' Ull,ll,(>  ^^'disset  ;  utique  ei  ingenuo  nubere  lice- 

Uniaeve 9 met»  ^  ““  duxisset>  ob  id  fraudi  i9no~ 


1  M.  VIII,  _  2  . 

~  3  Tit.  Liv.  III  :u  .  V‘  ’  42  ;  cf'  Mommsen,  Staatsr.  trad.  t.  III,  p.  91. 

m,Ualur  forma  cmiarnTh  T*™!-,  ?simo  altcro,  quant  condita  Borna  erat,  iterurn 
pon-  Encliiriu.  bUj  ]  l  c°nsullb,p  ad  decem  viros...  translalo  impeno.  Pom- 
■  >'  P'  1-0.  __  /,  n  ,  ’  '  <:P'  7j|E  Ouq,  Institutions  juridiques  des  Romains, 

,  ’  t  ~lCic-  AdFam ■  X1L  25,  1  ;  Dio  Cass.  XXXVIIL 

é"aL  Willenis  [Le  Sén  t  '  *3’  '  S''  3’  3’  attribuent  cette  extradition  an 

!°u""s  4  L  ratification  ,!  2*  11t,nse  clue  *e  sénatus-consulte  devait  être 

P-  387.  _  7  Tit  Lh  PeuP  e-  Voir  cependant  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  VI, 
>11,30,  ,09  s  u  - ,  ’  Appian.  Hisp.  79  ;  Veli.  Pat.  11,90,  3.  -  8  Cic. 

10  Til  j  :b‘d\!'AC;  1)6  ReP-  >».  ‘S-  28  ;  cf.  Willems,  Le  Sénat, 
■  n,  18  ;  Denys  d’Halic.  V,  70  ;  cf.  Willems,  Le 
mmsen,  Staatsr.,  trad.  t.  III,  p.  160.-  Il  Mom- 
“■  2-  ~  12  po>yG.  m,  103  ;  Tit.  Liv.  XXII,  2 i 

’  S;  'pleins  '  A  P'  T  ~  13  Tit'  Liv’  XXV11’  5-  “  14  TU. 

k  populum  ferrent,  ut  qui  minores  septem  et 


l'  “>  P-  473 

SHl.lI,p,,,  ..  - 

o0(i.  ,,  et  770  ;  Mo 

tl25  ;  cf  !’■  103, 

liv.  XXV  '  flMlmsei1,  co d, 


Lex  de  fenore  semiunciario  (a.  407  =  347).  —  Plébis¬ 
cite  réduisant  de  moitié  le  taux  maximum  de  l’intérêt  de 
l’argent  et  autorisant  le  paiement  des  dettes  par  quart,  le 
premier  comptant,  les  trois  autres  d’année  en  année17. 

Lex  (?)  de  feriis  vovendis  (a.  580  =  174).  —  Certains 
auteurs  considèrent  comme  une  loi  la  résolution  prise 
par  le  peuple  en  580  sur  la  proposition  du  décemvir  sa- 
crorum  Q.  Marcios  Philippus  :  Q.  Marcio  Philippo  verba 
praeeunte ,  popùlus  in  foro  votum  concepit  si  morbus 
pestilentiaque  ex  agro  Romano  emota  essent,  biduum 
ferlas  ac  supplicationem  se  habiturum 18.  Mommsen 
pense  au  contraire  que  ce  vœu  oblige  individuellement 
chaque  citoyen  :  ce  n’est  pas  une  loi  au  sens  propre  du 
mot ,9. 

Leges  de  honoribus  Q.  Minucii  (a.  315  =  439).  —  Plé¬ 
biscite  accordant  à  L.  Minucius  des  honneurs  exception¬ 
nels  20. 

Leges  de  imperio.  —  La  notion  de  la  lex  de  imperio  a 
été  présentée  au  mot  comitia  (t.  II,  p.  1388  et  1391).  Ou 
se  contentera  d’indiquer  ici  les  principales  leges  de  im¬ 
perio  dont  le  souvenir  a  été  conservé.  Ces  lois  sont  fré¬ 
quemment  citées  dans  les  textes,  particulièrement  dans 
Tite  Live  :  loi  prorogeant  Y  imperium  de  L.  Volumnius 
(a.  459  =  295) 21  ;  —  loi  conférant  Yimperium  proconsu¬ 
laire  à  M.  Claudius  Marcellus 22  (a.  539  =  215)  ;  —  à 
P.  Cornélius  Scipio  (a.  543  =  211) 23  ;  —  loi  prorogeant 
Yimperium  de  C.  Aurunculeius  (a.  546  =  208) 24  ;  —  loi 
prorogeant  Yimperium  de  L.  Cornélius  Lentulus  et  de 
L.  Manlius  Acidinus  (a.  550=  204)  25  ;  —  projet  de  plé- 
b  i  s  c  il  e  r  e  t  i  r  a  n  t  l’i  mp  eriu  m  à  P.  Cornélius  Scipio  (a.  550  = 
204)  20  ;  —  plébiscite  sur  la  collation  de  Yimperium  en 
Espagne  (a.  553  =201) 27  ;  —  plébiscite  conférant  Yimpe¬ 
rium  proconsulaire  àCn.  Cornélius  Lentulus  et  à  L.  Ster- 
tinius  (a.  554  =  200) 28  ;  —  plébiscite  retirant  Y  imperium 
à  Appius  Claudius  Pulcher  (a.  667  =  87)20  ;  —  plébiscite 
accordant  à  Crassus  la  Syrie  et  la  direction  de  la  guerre 
contre  les  Parthes,  à  Pompée,  l’Afrique  et  l’Espagne 
(a.  702  =  52) 30  ;  —  loi  conférant  Yimperium  proconsu¬ 
laire  à  Cicéron  (a.  702  =  52)  31 . 

Parmi  les  leges  de*  imperio,  l’une  des  plus  célèbres  est 
celle  dont  le  texte  a  été  en  partie  conservé  sur  une  table 
de  bronze  découverte  à  Rome:  c’est  la  lex  de  imperio 
Vespasiani 32  (a.  823-824=69-70).  On  a,  il  est  vrai,  con¬ 
testé  à  ce  document  le  caractère  de  loi;  on  y  a  vu  un 
sénatus-consulte.  Il  est  en  effet  rédigé,  non  pas  d’une 
façon  impérative  comme  une  loi,  mais  d’une  manière 
consultative,  comme  les  décisions  du  sénat.  Cette  par¬ 
ticularité  lient  à  ce  que  l’on  a  soumis  au  peuple  le  sénatus- 
consulte  déterminant  les  attributions  de  l’empereur,  et 
qu’on  l’a  incorporé  dans  le  texte  de  la  loi.  Le  caractère  du 
document  ressort  d’ailleurs  du  texte  lui-même  qui  le 


decem  annis  sacramento  dixissent,  iis  perinde  stipendia  procédèrent,  ac  si  septem 
et  decem  annorum  aut  majores,  milites  facti  essent.  —  IB  Val.  Max.  IV,  3,  9. 

—  16  Tit.  Liv.  XXXIX,  19.  —  U  Tac.  Ann.  VI,  16:  Bogatione  tribunicia  ad 
semuncias  redactum  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques,  t.  I,  p.  379,  n.  3. 

—  18  Tit.  Liv.  VII,  27  :  Semiunciarium  tantum  ex  unciario  factum  fenus,  et  in 

pensiones  aequas  triennii,  itaut  quarta  praesens  esset,  solutio  aeris  alieni  dispen¬ 
sai a  esset.  —  19  Staatsr.  t.  I,  p.  244,  trad.  I.  I,  p.  278,  n.  2.  _  20  x;t.  Liv.  IV, 

16  :  Q.  Caecilius,  Q.  Junius,  Sex.  Titinius  soli  ex  collegio  tribunorum  neque 
tulerant  de  honoribus  Minucii  legem...  ;  Plia.  Hist.  nat.  XXXIV,  Il  ;  Denys 
d'Halic.  XII,  4.  —  21  Tit.  Liv.  X,  22.  —  22  Ibid.  XXIII,  30.  —  23  Ibid.  XXVI,  18. 

—  24  Ibid.  XXVII,  22.  —  25  Ibid.  XXIX,  13.  —  26  Ibid.  XXIX,  19.  —  27  Ibid.  XXX, 
41.  —  28  Ibid.  XXXI,  50.  —  29 Cîc.  p .  Ltomo,  31,  83.  —  30  Plut.  Pomp.  52. 

—  31  Cic.  Ad  Fam.  XV,  14,  5  ;  9,  2.  Cf.  Willems,  Le  Sénat,  t.  II,  p.  590,  n.  2  ; 
Mommsen  pense  qu’il  s’agit  ici  d’une  lex  curiata  (Staatsr.,  trad.  I .  III,  p.  277,  n.  4. 

—  32  Corp.  inscr.  lat.  VI,  930. 


LEX 


1170  — 


LEX 


qualifie  de  lex  rogata  et  qui  se -termine  par  une  sanctio 
en  forme  impérative  Pour  le  détail  des  attributions 
conférées  1  empereur  par  la  lex  de  imperio ,  A7oir  les 
articles  imperium,  imperator,  princeps. 

Lex  de  jurejurando  (a.  554=  200).  —  Plébiscite  auto- 
îisant  L.  \  alerius  Flaccus  à  prêter  le  serment  in  leges 
aux  lieu  et  place  de  son  frère  qui  avait  été  élu  édile 
[jus  jurandum,  t.  V,  p.  770,  n.  30], 

Lex  de  lege  solvendis  consularibus  (a.  537  =  217).  — 
I  lebiscite  rendu  en  vertu  d’un  sénatus-consulte  et  per¬ 
mettant  de  réélire  les  anciens  consuls  sans  aucune  res¬ 
triction  tant  qu’il  y  aurait  la  guerre  en  Italie  :  C.  Servilio 
consul e,  cum  C .  Flaminius  altev  consul  ad  Trasimenum 
cecidisset,  ex  ciuctoritute  patrum  ad plebe/n  latum ,  plc- 
be nique  scivisse  ut  quoad  bellum  in  Italia  esset ,  ex  iis 
qui  consules  fuissent ,  quos  et  quoties  vellet,  reficiendi 
consules  populo  jus  esset2. 

Lex  de  lege  solcendo  L.  Caecilio  Metello  (a.  513  =  241). 

—  Loi  accordant  à  L.  Caecilius  Metellus,  qui,  dans  l’in¬ 
cendie  du  temple  de  Vesta,  avait  été  aveuglé  par  les 
flammes  en  sauvant  le  palladium,  le  droit  d’aller  au  sénat 
en  voiture  3. 

Lex  de  lege  solcendo  C.  Servilio  (a.  551  =  203).  — 
Plébiscite -décidant  ne  C.  Servilio  fraudi  esset  quod 
pâtre  qui  sella  curuli  sedisset  vivo  cum  id  ignoraret 
tribunus  plebis  atque  aedilis  plebis  fuisset  contra  quant 
sancitum  legibus  erat 4.  Le  texte  de  ce  plébiscite,  tel 
qu’il  est  rapporté  par  Tite  Live,  donne  lieu  à  des  diffi¬ 
cultés  d’interprétation  sur  lesquelles  les  auteurs  mo¬ 
dernes  sont  divisés  5. 

Lex  de  lege  sofvendo  P.  Cornelio  Scipione  (a.  607  = 
147).  —  Plébiscite  dispensant  P.  Scipion  Emilien  de 
l’àge  requis  par  la  loi  pour  le  consulat 6. 

Lex  de  lictoribus  virginum  Véstalium  (a.  712  =  42). 

—  Loi  accordant  aux  Vestales,  lorsqu’elles  allaient  sur 
la  voie  publique,  le  droit  de  se  faire  précéder  d’un 
licteur7. 

Lex  de  magistratibus  (a.  412  =  342).  —  Plébiscite 
défendant  d’exercer  simultanément  deux  magistratures 
patriciennes  annales  ordinaires  :  Ne  quis  duos  magistra- 
tus  codent  anno  gereret  8. 

Lex  de  magistratibus  (a.  412  =  342?).  —  Plébiscite 
défendant  l’itération  de  la  même  magistrature  avant 
l’expiration  d’un  délai  de  dix  ans:  Ne  quis  eurndem  ma- 
gistratum  intra  decem  annos  caperet  9. 

Lex  de  ovatione  L.  Marcelli  (a.  543  =  211).  —  Loi 
accordant  à  L.  Marcellus  Y  imperium  pour  le  jour  de 
son  ovation  10. 

Leges  de  pace.  —  Lois  confirmant  la  paix  conclue  avec 
Carthage  (a.  513  =  241) 11  ;  —  avec  Philippe,  roi  de  Ma¬ 


cédoine 


(a.  550  =  204) 12  ;  avec  le  roi  Antiorl 
=  189) 13 .  nUocl'us  (a.  3g. 

Lex  de  patriciorum  habitatione  (a  371  = 

défendant  aux  patriciens  d’habiter  dans  la  cil-,  n,  ~ 
Capitole  14.  cnadelle  om„ 

Lex  de permutatione  provinciarum  (a.  56-, 

1  lébiscite  autorisant  deux  gouverneurs  dr 


M.  Baebius  Tamphilus  et  A.'  Atiliuï'serranuTl'^” 


Per 


we  au 


■Plét 


dis 


muter18. 

Lex  de  petitione  secundi  consulatus  (a  702  =  “o 
Plébiscite  autorisant  César  à  poser  sa  candïdain'  " 
consulat  malgré  son  absence  1G. 

Lex  de  populo  non  sevocando  (a.  397  —  357 
cite  édictant  une  peine  capitale  contre  tout  maWsiM 
qui  convoquerait  les  comices  en  dehors  de  la  tw 
borne  milliaire17.  ^  première 

Leges  de  provincia  extra  sortent  danda.  -  Loi  altri 
huant  à  Paul  Emile  la  province  de  Macédoine  sanspm 
cédera  un  tirage  au  sort 13  (a.  586  =  168)  ;  -loi  attribuant 
a  P.  Cornélius  Scipio  Æmilianus  la  province  d’Afrim.e 
(a.  607  =  147) 19  ;  —  loi  attribuant  l’Italie  à  Q.  Pompe  us 
Rufus  (a.  666  =  88)20.  1 

Lex  de  provinciis  consularibus  (a.  710  =  44).  —Loi 
conférant  exceptionnellement  aux  consuls  de  l'année 
certaines  provinces  pour  cinq  ans21.  La  portée  de  celte 
loi  est  discutée 22. 

Lex  de Publilio  Philone proconsule  creando[ a. 427 = 
.12/).  —  Loi  prorogeant  les  pouvoirs  du  consul  Q,  Publi 
lins  Philo  ~3.  C’est  le  premier  exemple  de  prorogation  que 
l’on  connaisse  [prorogatio]. 

Lex  (?)  de  quaestione  Postumianae  caedis  (a.  341= 
*113).  —  Plébiscite  conférant  aux  consuls  la  mission 
d’ouvrir  une  instruction  sur  le  meurtre  de  Postumius21 
L’authenticitéde  cette  loi  est  contestée23. 

Lex  de  quinqueviris  et  triumviris  (a.  542 =212).  — 
Plébiscite  nommant  des  quinquevirs  chargés,  faute  de 
censeurs,  de  l’entretien  des  murs  et  des  tours  de  Rome, 
et  des  triumvirs  chargés  de  la  reconstruction  de  deux 
temples  incendiés26. 

Lex  reddendorum  equorum  (a.  625=  1-9;.  —  Cicéron 
parle  d’un  projet  de  plébiscite  qui  obligerait  les  sénateurs 
à  restituer  le  cheval  équestre  et  qui,  par  suite,  les  empê¬ 
cherait  de  voter  dans  les  centuries  de  chevaliers  I 

Lex  cle  rege  Attalo  et  vectigalibus  A  sine  (ante  605 — 
149).  —  Projet  de  loi  combattu  par  Caton.  On  ne  le  conj 
naît  que  par  un  passage  de  Festus  :  Portisculus  es-», 
maliens  cujus  meminit  Cato  in  dissuasione  de  l(,f 
Attalo  et  vectigalibus  Asiae 28.  __ 

Lex  (?)  de  regibus  Romain  non  admittendis  (a.  58 

------  -  -  •  à  Rome,  p® 


166).  —  Loi  défendant  à  aucun  roi  de  venir  à 


1  Cf.  Mommsen,  Staatsr.  t.  II,  p.  877,  trad.  t.  V,  p.  154  ;  Mispotdel,  Insti¬ 
tutions  politiques  des  Romains ,  t.  II,  p.  3G7  ;  Karlowa,  Ilôm.  Rechtsgeschichte, 
t.  I,  p.  635  ;  Krueger,  Geschichte  der  Quellen  des  rôm.  Rechts ,  trad.  p.  304. 

—  2  Tit.  Liv.  XXVII,  6  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr .,  trad.  t.  II,  p.  150,  n.  1  cl  179. 

—  3  Plin.  Hist.  nat.  VII,  43,  141  ;  Polyb.  VI,  16,  3  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr., 
trad.  t.  II,  p.  27,  n.  6.  —  4  Tit.  Liv.  XXX,  19.  —  5  Cf.  Hofmann,  Rom.  Sénat , 
p.  127  ;  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  II,  p.  135,  n.  2.  —  C  Tit.  Liv.  Epit. 
50  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  II,  p.  226,  n.  2.  —  7  Dio  Cass.  XL VII,  9  : 

Tai;  Si  &Euta?6Évotç  paSSo-j/u  évl  txâ<rtr|  yp9jo-6at,  urt  -rtç  o-ùtüv  getcô  Seuevou  t.'j'jç  cvxépav 

oîxaSe  LravtoOva  te  xat  uSptvôt.  Cf.  Mommsen,  Staatsr .,  trad.  t.  II,  p.  23,  n.  4. 

—  8  Tit.  Liv.  VII,  42  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  II,  p.  165.  —  9  Ibid.  ;  cf. 
sur  la  date  de  cette  loi,  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  II,  p.  172,  n.  4  in  fine. 

—  10  Tit.  Liv.  XXVI,  21  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  I,  p.  147,  n.  4. _ 11  Tit. 

Liv.  Epit.  19;  Polyb.  I,  62  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  VI,  1,  p.  390. 

—  12  Tit.  Liv.  XXIX,  12.  —  13  Tit.  Liv.  XXXVII,  55  ;  Polyb.  XXII,  7.  —  14  Tit. 
Liv.  VI,  20.  —  1  $  Ibid.  XXXV,  20.  —  m  Caes.  De  bel.  eiv.  I,  9,  32;  Suet. 


Caes.  26  ;  Dio  Cass.  XL,  51  ;  Cic.  Ad  Att.  VII,  3,  4  ;  cf.  Momrose". 
trad.  t.  II,  p.  155,  n.  1.—  17  Tit.  Liv.  VII,  10  ;  cf.  Mommsen,  Sim  n- 
t.  VI,  1,  p.  437,  n.  2. —  18  Plut.  Acm.  10.  —  1»  Appiau.  £,i-  112 __20Appi*4 
51  ;  Val.  Max.  VIII,  15,  4  ;  cf.  Mommsen,  eod.,  trad.  t.  I,  p-  C'6-  n-  ~  Cf.  M®®* 
De  bel.  civ.  1,  63  ;  cf.  Mommsen,  eod.  n.  3.  —  21  Cic.  Phit.  X  ,  3, 7  -  g^nai,  I.  Il 
msen,  Staatsr.  t.  II,  p.  255,  trad.  t.  III,  p.  293,  n.  3;  Willems,  '  - -  ^  (  », 
p.  745.  —  23  Tit.  Liv.  VIII,  23;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t,  L|V’ jffV, 

—  24  Tit.  Liv.  IV,  51. —  25(jf.  Mommsen,  Strafrecht, p.  172,  n.  L  mscilo 
7,  5:  Comitia...  a  praetore  urbano  de  senatus  sententia  p  1  ' 
habita  :  quibus  creati  sunt  quinqueviri  mûris  turribusque  re pe 11  ?  âalild 

bini  :  uni  sacris  conquirendis  donisque  persignaniis,  alten  ^  .  peliep-^’ 
fortunae  etmatris Matutae.  Cf.  Mommsen,  trad.  t.  IV,  p.  388.  —  ^ 

2  :  Quam  commode  ordines  descripti,  aetates,  classes,  équité" 
sunt  etiam senatus  :  nimis  multis  jam  stulte  hanc  utilitate  Cf.Mo>nig 

novam  largitionem  quaerunt  aliquo  pleibeiscilo  reddendorum^  V ^  ^  p^lisc^' 


sen,  Staatsr.  t.  III,  p.  505,  trad.  t.  VI,  2,  p.  104,  n.  2. 


LEX 


—  1171 


LEX 


•  rpni  Jiomam  ventre  licerel1.  Polybe  attri- 

"“CdSsion  au  sénat*.  • 

l»ace‘  ,  Masinissae  (a.  853  =201).  -  Lo,  ren- 

>  LEX  V  Ja  ri  11  sénat  et  déclarant  le  roi  Masimssa  libre 
(hm  sm  ll  du  peuple  romain 3. 

npetuniis  (a.  693  =  01).  -  Projet  de  loi 
l’iniprression  d’un  tribun,  ut  de  us  qui  ob 
^iicandun^pMunwM  accepissent,  quaereretur* . 
ffL  renetundarum.  -  On  a  réuni  au  Corpus  inscnp- 
L.  Latinarum,  t.  I”,  ».  207-211,  divers  fragments 
B  lois  de  date  incertaine  qui  paraissent  relatives  aux 
TmZwnes  perpetuae  et  au  crimen  repetundarum.  Il 
lut  v  joindre  sans  doute  un  plébiscite  mentionné  par 
Eodestin  au  livre  5  de  ses  Regulae:  Plébiscita  contine- 
tur  uti  ne  quis  praesidium  munus  donum  caperet ,  nisi 
L ulentum  potulentumve,  quod  Ultra  dies  proximos 


[ prodigutur  '• 

Lex  de  mtituendo  P.  Cornelio  Dolabella  (a.  711  = 
43)  __  Loi  restituant  tous  ses  droits  à  Dolabella  qui 
avait  été  condamné  comme  ennemi  du  peuple  romain  G. 
I  Lex  de  reditu  M.  Tullii  Ciceronis  (a.  696  =  58).  — 
Projet  de  plébiscite  pour  ordonner  le  retour  de  Cicéron  L 

LÉx(?)«?e senatu habendo (a.  745  =  9).  —  Plinele  Jeune  8 
et  Aulu-Gelle  9  désignent  sous  le  nom  de  lex  de  senatu 
habendo  le  règlement  général  des  séances  du  sénat. 
D’après  Dion  Cassius,  ce  règlement  fut  établi  sous  Au¬ 
guste  l’an  745 i0.  On  ignore  s’il  a  été  soumis  au  peuple 
réuni  dans  ses  comices  ;  il  n’est  jamais  désigné  par  le 
nom  de  celui  qui  l’a  proposé  :  Sénèque  l’appelle  lex  “.Ce 
règlement  a  reçu  diverses  additions  ou  modifications,  soit 
sous  Auguste  lui-même,  soit  sous  ses  successeurs12.  Les 
clauses  de  ce  règlement  seront  indiquées  au  mot  senatus. 
—Le  traité  d’Ateius  Capito  de  officio  senatorio  13  et  celui 
de  Nicostratus  de  senatu  habendo 14  sont  vraisemblable¬ 


ment  des  commentaires  de  la  lex  de  senatu  habendo. 

Lex  de  stipendia  equitum  (a.  502  =  252).  — -  Plébiscite 
défendant  de  payer  l’arriéré  de  la  solde  aux  chevaliers 
qui  n’ont  pas  obéi  à  l’ordre  du  consul 1S. 

I  Lex  (?)  de  stupro  matronae.  — •  Il  y  a  dans  Tite  Live 
plusieurs  exemples  d’amendes  infligées  par  les  édiles  en 
[raison  d  un stuprum  commis  par  une  femme 16  ou  par  un 
■tomme '  \  Rein18  et  Mommsen  pensent  que  les  édiles 
«ont  agi  dans  cette  circonstance  en  vertu  de  leur  droit  de 
I surveillance  sur  les  lieux  de  débauche10.  Mais  Mommsen 
Becon riait  que  lorsque  les  édiles  font  usage  de  leur  droit 
Pe  prononcer  des  amendes  en  dehors  de  la  compétence 
I  mP  U'""  Par  ^eurs  fonctions  elles-mêmes  (ce  qui  est  le 
■“Pou*  'es  Pr°cès  contre  les  femmes),  la  raison  juri¬ 


dique  paraît  être  que  les  lois  pénales  en  jeu  invitaient 
à  agir  tout  magistrat  ayant  le  droit  d’amende.  En  pareil 
cas  les  édiles,  étant  les  moins  élevés  des  magistrats 
pourvus  de  ce  droit,  auront  probablement  été  considé¬ 
rés  par  l’usage  comme  les  premiers  appelés  à  exécuter 
la  loi20.  En  conséquence,  Moritz  Voigt  pense  que  les 
édiles  ont  cité  les  personnes  accusées  de  stuprum  de¬ 
vant  les  comices  par  tribus  en  vertu  d’une  loi,  dont  le 
nom  n’est  pas  connu,  et  qui  aurait  été  rendue  entre 
423=331  et  425  =  333 21 . 

Lex  de  tacito  judicio  (a.  700  =  54).  —  Projet  de  loi 
ordonnant  une  enquête  secrète  sur  les  agissements  des 
candidats  au  consulat22. 

Leges  de  tribunicia  potestate  Caesaris.  —  Loi  confé¬ 
rant  à  César  la  dictature  à  vie  23  (a.  706  =  48)  ;  —  loi 
lui  conférant  l’inviolabilité  tribunicienne  (a.  709  =  45)  2L 

Lex  (?)tf<?  tribunis  militum  consulari  potestate  crean- 
dis  (a.  309  =  445?).  —  Loi  autorisant  l’attribution  de  la 
puissance  consulaire  aux  tribuns  militaires.  L’existence 
de  cette  loi  est  probable,  sans  être  expressément  confir¬ 
mée  par  les  textes28. 

Lex  de  triumphali  veste  L.  Æmiiii  Pauli  (a.  587  = 
167).  —  Loi  autorisant  Paul-Emile  à  porter  le  costume 
triomphal  dans  les  jeux  du  cirque26. 

Leges  de  triumpho  (a ....?).  —  Yalère  Maxime  cite  une 
loi,  de  date  indéterminée,  décidant  que  pour  obtenir  les 
honneurs  du  triomphe  il  faudrait  quecinqmille  ennemis 
au  moins  eussent  succombé  dans  une  seule  bataille  : 
leqe  cautum  est ,  ne  quis  triumpharet ,  nisi  qui  quin- 
que  milia  hostium  una  acie  cecidisset21 . 

On  a  divers  exemples  de  lois  ou  plébiscites  autorisant 
le  triomphe  d’un  général,  soit  d’accord  avec  le  sénat,  soit 
contre  sa  volonté  :  pour  le  triomphe  de  L.  Quinctius  Cin- 
cinnatus  en  347  =  425  28  ;  pour  celui  de  M.  Furius  en 
388  =  366 29  ;  pour  celui  de  C.  Mareius  Rutilius  en 
398  =  356 30 . 

Lex  de  triumviris  coloniae  deducendae  (a.  458=296). 

—  Plébiscite  chargeant  le  préteur  P.  Sempronius  de 
nommer  des  triumvirs  coloniis  deducendis3i. 

Lex  de  vere  sacro  vovendo  (a.  537  =  217).  —  Projet  de 
loi  autorisant  un  ver  sacrum32. 

Lex  duodecim  Tabularum  (a.  303  =451  et  304  =  450). 

—  Suivant  la  tradition,  la  loi  des  Douze  Tables  se  com¬ 
pose  :  1°  de  dix  tables  de  bois  de  chêne  sur  lesquelles 
furent  gravées  les  lois  rédigées  par  les  décemvirs  de 
l’an  303  et  approuvées  par  les  comices  centuriates 33  ;  2°  de 
deux  tables  supplémentaires  comprenant  les  lois  rédigées 
par  les  décemvirs  de  l’an  304  et  qui  furent  soumises 


Matin'  XXX’  17 '  ~  3  VaL  MaX-  VU-  2-  0  :  Let>e 

tribuent.  _  4  r-  .  nlssae  a*  lmperio  populi  Romani  solutam  libertati 

Str*frecht,  p.  vor  r/"’,!’  I7’  3  ’  U’  G‘  Di9-  L  18’  18  !  cf-  Mommse 

idAtt.  111,23.  p 's  ■  *  °!  lj’ n’  ~  G  APP‘an-  De  bel.  civ.  Il,  95.—  7  Ci 
diversion  c ^  ^  ~  *  P'ln‘  •  V,  13,  5:  Quin  etiam  Dextrum ,  q 

Tepublica  esse  nu  d  SUC,a!’  Pl0Cta  lege  de  senatu  habendo,  jurare  coegil 
Plino  l'apporte  ccrlai  CU>l‘"IS5et'  ^ans  sa  lettre  au  jurisconsulte  Titius  Arisl 
jt‘nem  fierijubet  de  ce  règlement  (Ep.  VIII,  14)  :  Lex...  ita  disct 

r'itemite, jua  sentitis  ‘OU!  Sent,t’s’  ,n  1 lanc  partent;  qui  alia  omnia ,  in  illc 
RWentiu  observatur  10,  1  •  ^nte  legem,  quae  nunc  de  sena 

P*'4  w  «rùï  °  ro9andi  sententias  varius  fuit.  —  10  Dio' Cass.  LV,  - 

Itçly  '°[«0.TïJiTev  £Ç  — s  tb  o-uvéS^iov  iv  Xeuxt6(j.a<ri  ysypafrui 

,  f*»  ^  K':tSv-  ~  11  Scn-  20  :  Lex!..  a  sea 

'^•Lllor Z  llr0!  CitaL  ~  12  Cf‘  on,  Staatsr.  trad.  t.  V 

...  ’lS  '  ^‘llcrns,  Ze  c.j  Ue  u"'l  System  <ler  rôm.  Staatsverfassung,  t. 

stTn  '  ■  P-  U.4-  -  13  Ap.  Gell.  Loc.  cit.  -  U  Ap. 
hiil  "!*'1' memor’ae  nrad'd-t  ^“!sse  •^on,aei  ™  quibus  senatus  habt 
r  emi0-  ~  '  Front .7  T  in  libre  qui  inscribitur  de  sena 

[ycm‘  22:  Aureliuë  Cotta  consul...  a  patrib 


obtinuit  ne  eis  praeterita  aéra  procédèrent.  Tribuni  quoque  plcbis  de  eadem 
re....  Cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  IV,  p.  55,  n.  3.  —  16  Tit.  Liv.  X,  31,  9; 
Ibid.  XXV,  2,  9  ;  Val.  Max.  VI,  1,  8.  —  17  Tit.  Riv.  VIII,  22,  3  ;  Val.  Max.  VIII,  2, 
7.  —  18  Rein,  Das  Criminalrecht,  p.  8G0.  —  19  Staatsr.  t.  II,  p.  493,  Irad.  t.  IV,  p.  187. 

—  20  Ibid.  p.  189.  —  21  Morilz  Voigt,  Phil.  hist.  Berichte  ilber  die  Verhandlun- 
gen  der  Kôn.  Sachsischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften  eu  Leipzig,  1890, 
t.  XLII,  p.  271.  —  22  Cic.  Ad  Att.  IV,  16,6  :  Senatus  decrevit  ut  tacitum  ju- 
dicium  ante  comitia  fieret...  Comitia  dilata  ex  senatusconsulto  dam  lex  de  tacito 
judicio  ferretur.  Venit  legis  dies,  Terentius  intercessit.  —  23  Dio  Cass.  XLII 
20  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  I,  IV,  p.  427,  n.  5.  —  24  Dio  Cass.  LXIV,  5  ;  Suel. 
Caes.  76.  —  25  Cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  III,  p.  209.  —  26  Aurel.  Vict. 
De  vir.  illust.  56,  4;  cf.  Mommsen,  eod.  t.  II,  p.  79,  u.  4.  —  27  Val.  Max.  II  8 
1  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  I,  p.  152.  —  28  Tit.  Liv.  IV,  20,  1  ;  cf.  III,  63, 

pour  lo  triomphe  des  consuls  vainqueurs  des  Sabins.  —29  Ibid.  VI,  42,  8. _ 30  Ibid. 

VII,  17,  9  ;  cf.  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  I,  p.  154,  11.  2.  —  31  Tit.  Liv.  X,  21. 

—  32  Ibid.  XX,  10  ;  cf.  Mommsen, [t.  III,  p.  340,  1058,  trad.  t.  VI,  1,  p.  388,  t.  VII, 
p.  260.  —  33  Tit.  Liv.  III,  34  :  Centuriatis  comitiis  decem  tabularum  leges  per- 
latae  sunt  ;  Zouar.  VII,  18  ;  Dion  Halic.  X,  55  et  57.  —  34  Cic.  De  Rep.  II,  37, 
64;  Tit.  Liv.  III,  37,  51;  IV,  4;  IX,  34;  Dion  Halic.  X,  60;  Zonar.  VII,  1. 


LEX 


—  1172  — 


LEX 


aux  centuries  par  les  consuls  nommés  après  la  chute  des 
décemvirs1  [decemviri,  t.  III,  p.- 31]. 

Les  dispositions  de  la  loi  des  Douze  Tables  nous  sont 
connues  en  partie  seulement,  soit  par  les  travaux  des 
jurisconsultes  romains  qui  ont  eu  fréquemment  l’occa¬ 
sion  de  les  citer,  soit  par  les  écrits  des  grammairiens  et 
des  philologues  qui,  en  vue  de  perpétuer  le  souvenir  de 
1  ancienne  langue  latine,  ont  recueilli  ce  qui  subsistait  de 
l'un  de  ses  monuments  les  plus  importants.  On  ne  saurait 
cependant  prétendre  qu  ils  nous  ont  transmis  le  texte 
oi  iginal ,  la  même  disposition  est  'souvent  rapportée 
d’une  manière  différente.  Il  y  a  des  variantes  par  substi¬ 
tution  et  des  variantes  par  omission  :  tantôt  on  a  donné 
une  forme  moderne  à  un  terme  antique  ;  tantôt  on  n’a 
reproduit  qu'une  partie  de  la  disposition.  Plus  d’une  fois 
on  a  attribué  aux  Douze  Tables  un  développement  dû  aux 
interprètes  de  la  loi  2. 

Toutes  les  dispositions  des  Douze  Tables  peuvent  être 
rangées  sous  trois  chefs  que  Tite  Live  indique  comme 
étant  le  but  de  la  loi  :  1°  les  unes  ont  pour  objet  d’établir 
l’égalité  de  droit  entre  patriciens  et  plébéiens;  2°  les 
autres,  d’assurer  la  protection  de  la  loi  aux  plus  humbles 
citoyens;  3°  d  autres,  enfin,  de  poser  des  limites  au  pou¬ 
voir  arbitraire  des  magistrats. 

L’idée  générale  qui  se  dégage  de  l’œuvre  des  décem¬ 
virs,  c’est  celle  d’un  droit  applicable  à  tous  les  membres 
de  la  cité  sans  distinction  de  classe,  et  qui,  en  principe, 
ne  doit  pas  être  modifié  parce  qu'il  est  le  résultat  d’un 
accord  entre  le  patriciat  et  la  plèbe.  Les  décemvirs,  dit 
Pomponius,  furent  chargés  de  civitatem  fundare  légi- 
bus  3.  Aussi  la  loi  des  Douze  Tables  est-elle  restée  pen¬ 
dant  plusieurs  siècles,  suivant  le  mot  de  Tite  Live,  la 
source  de  tout  droit  public  et  privé,  forts  ornnis  pub/ici 
privatique  juris 4. 

Pour  apprécier  la  portée  de  la  loi  des  Douze  Tables,  il 
faut  d’ailleurs  remarquer  que  les  décemvirs  n’ont,  pas  eu 
à  s’occuper  de  l’ensemble  des  rapports  de  droit  public  ou 
privé,  mais  seulement  de  ceux  qu'il  était  urgent  de  régler 
pour  maintenir  l’ordre  dans  la  cité.  Les  autres  sont 
restés  soumis  aux  coutumes  et  aux  lois  royales.  11  ne  faut 
donc  pas  se  représenter  les  Douze  Tables  comme  un 
recueil  analogue  à  nos  Codes  modernes. 

S  il  fallait  en  croire  certains  auteurs  d’une  époque 
assez  basse,  la  loi  des  Douze  Tables  ne  serait  qu’une 
copie  des  lois  de  Solon.  Il  y  a  là  une  exagération.  Cicé¬ 
ron,  qui  connaissait  mieux  l’œuvre  des  décemvirs,  puis¬ 
que  dans  sa  jeunesse  on  faisait  encore  apprendre  le  texte 
de  la  loi  aux  enfants,  en  donne  une  idée  différente  et 
sans  doute  plus  exacte.  Fremant  omnes  licet,  dicam 
quod  sentio  :  bibliothecas  mehercule  omnium  philoso- 
phorum  tenus  mihi  videtur  XII  Tabularum  libellus ,  si 
quis  legum  fontes  et  capita  viderit ,  et  auctoritatis 
pondéré ,  et  utilitatis  uberlate  superare...  Percipietis 
etiam  ilium  ex  cognitione  juris  laetitiam  et  volup- 
tatem,  quod  quantum praestiterint  nostri  majores  céleris 

1  Diod.  Sic.  XII,  24  et  26. — -  2  Cf.  Kd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains, 
t.  I,  p.  9-12.  —  3  Pompon.  Enchir.  Dig.  I,  2,  2,  4.  — '♦  Tit.  Liv.  III,  34.  —  3  Cic. 

De  oral.  I,  44.  —  o  Cf.  sur  les  emprunts  faits  aux  lois  grecques,  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I, 
p.  131.  —  ï  Dirksen,  Uebersichtder  bisherigen  Versuche  zur  Kritik  and  fferstcllung 
des  Textes  der  Zwôlf-lafel-Fragmente,  1824;  Scliôll,  Logis  Kl I  Tabularum  réli- 
quiae ,  1866  ;  Morilz  Voigt  (Die  Zwôlf  Tafeln-Geschichte  und  System  des  civil  und 
criminal-Rechtes  wie  Processes  der  XII  Tafeln  nebst  deren  Fragmentent,  Leipzig, 
1883)  suit  un  ordre  différent  en  tenant  compte  de  l'ordre  des  matières  dans  les  com¬ 
mentaires  sur  Sabinus  ou  dans  l'édit  du  préteur.  F.  Goodwin,  The  XII  Tables,  Lon¬ 
don,  1886  ;E.  VVolff,  Iemfàrande  râttshistorika sludier  till  de  Tolf  Taflornas,  Lag. 


gentibus,  tum  facillime  intelligetis, 
cargo ,  et  Dracone,  et  Sofone  no 


°etlS’  si  CHl»  illorum  , 


ritis.  lncredibile  est  enim  quant,  sit  otnnejus  chu, 


,  /  .  u  J  «O  Cil)  J  In 

ter  hoc  nostrum,  inconditum  ac paene  ridicu,Um’! 
,  Sl,les  décemvirs  se  sont  inspirés  à  plusieurs  / 


yo  hi(. 

e<Prot J 


des  lois  grecques,  s  ils  ont  mis  à  profit  les 


égards 


acquises  dans  leur  voyage  dans  la  Grande-Grè'UUSSanCe® 
leurs  entretiens  avec  Hermodore  «,  üs  ^  1  ce  0u  <tos 
pris  à  tâche  de  fixer  par  écrit  les  coutumes  desT*  ^ 
en  les  appropriant  aux  besoins  des  plébéiens 

Les  éditeurs  modernes  classent  généralement  W  f 
ments  des  Douze  Tables  dans  l’ordre  suivant 1  •  S" 

I  et  2.  Procédure  civile. 

3.  Procédure  contre  le  débiteur  insolvable. 

4.  Puissance  paternelle. 

5  et  6.  Tutelle,  hérédité,  propriété. 

7  et  8.  Obligations. 

9  et  10.  Droit  public  et  droit  sacré. 

II  et  12.  Tables  supplémentaires. 


Cette  classification  est  purement  arbitraire:  elle  repose 
sur  cette  remarque  de  J.  Godefroy,  c’est  que  l’ordre  des 
matières  doit  être  celui  que  Gaius  a  suivi  dans  son  com¬ 
mentaire  des  Douze  Tables,  puis  que  chacun  des  six  livres 
de  ce  commentaire  correspond  à  deux  tables.  Ce  dernier 
point  est  fort  douteux:  il  n’est  pas  certain  que  chaque 
table  formât  un  tout  complet.  Ceux  qui  étaient  chargé] 
de  graver  les  lois  romaines  ne  se  faisaient  aucun  scru¬ 
pule  de  reporter  à  une  autre  table  ce  qu’ils  n’avaient  pu 
faire  entrer  dans  la  précédente.  Il  y  en  a  des  exemples 
sous  la  République  et  même  sous  l’Empire8.  D’autre 
part,  Gaius  n’a  pas  suivi  rigoureusement  l’ordre  de  laloi 
tel  que  Godefroy  l’a  défini:  dans  son  livre  second,  qui 
devrait  correspondre  aux  tables  3  et  4,  il  explique  le  mot 
hostis  9  qui,  d’après  Festus,  appartient  à  la  seconde 
table  10.  On  ne  peut  donc  espérer  connaître  d’une  manière 
sûre  l’ordre  des  dispositions  contenues  dans  les  Douze 
Tables  :  on  n’a  de  renseignements  précis  que  pour  un 
très  petit  nombre  de  règles  que  les  auteurs  anciens  assi-  j 
gnent  à  une  table  déterminée  11 . 

LEX  quinavicenaria.  —  Loi  des  vingt-cinq  ans,  nom 
donné  par  Plaute  à  la  lex  Plaetoria 12. 

lex  kegia.  —  Quelques  textes  du  vie  siècle  de  notre 
ère13  et  un  fragment  d’Ulpien  u  donnent  le  nom  de  régis 
à  la  lex  de  imperio  qui  confère  à  chaque  empereur  le 
pouvoir  souverain.  Cette  dénomination  de  lex  régie  est 
étrange.  Si  elle  se  conçoit  à  la  rigueur  dans  le  langag  1 
des  byzantins,  elle  semble  dans  le  texte  d  t  lpi(’n  e 
résultat  d’une  interpolation,  à  moins  qu’on  n’y  voie  une 
façon  de  parler  usitée  dans  les  pays  de  civilisation  g]  I 
que,  où  l’on  donnait  à  l’empereur  le  titre  de  I 

Peut-être  même  y  a-t-il  là  simplement  le  résultat  t  un 
confusion  analogue  à  celle  qui  a  été  commise  Pal  I 
ponius  lorsqu'il  présente  les  leges  regiae  conmu  ^ 
leges  curiatae  :  Ulpien  a  cru  pouvoir  appeler  Ici 1  j 
la  lex  curiata  de  imperio  IB. 


;  |c„a,  1889. 

Gôtel).  1888  ;  G.  Gfitz,  Ad  legem  XII  Tabularum  adnotatt.  gloss™"  '  fj(  ti  |, 
Nikolski,  XI!  TARflJIffTr,  Saint-Pétersbourg,  1897. —  s  Uf.  Éd- 1  ■”  j'  ||,  j,  9  ; 
p.  128,  n.  3.  —  9  Dig.  L,  16,  23i  pr.  —  «>  Fest.  v“Reus.  —  !1  Cic-  '  12 plauC 

Fest.  v«  Reus  ;  Ulp.  40  aü  Ed.  Dig.  XXXVIII,  6,  I  pr.  :  Denys.  . 

Psend.  I,  3,  69.  —  13  Inst.  I,  2,  0  ;  Theoplnl.  ad  h.  I.  ;  Cod.  Ju^  •  ,.0„,«ni 

antiqua ,  quae  regia  nuncupabatur,  omnejus  omnisque  P°mes'  [  ^  i  :  Qu0* 
in  imperatoriarn  translata  sunt  potestatem.  —  14  Ulp.  1  ^  imperi°QHt 

principiplacu.it  legis  habet  vigorem ,  ut  pote  cum  lege  regia  <p  çonf6r^' 


lata  est ,  populus  ei  et  in  eum  omne  suum  imperium 


et  potestatem 


15  Cf.  Mommsen,  Staatsr.  t.  II,  p.  87G,  trad.  t.  V,  p-  * 


LEX 


—  1173  — 


LEX 


-  ,I  VK  _Les  règles,  désignées  par  les  auteurs 

’  LEf,,îS  !!!le  nom  de  lois  royales1,  n’ont  rien  de  com- 
anCiens  sous  ^  ^  geng  ordinaire  du  mot.  Il  suffit 

mUn  aV6C  '  a  vaincre  d’en  examiner  l’objet.  Les  unes 
p0l“'  SiT'  as'à  l’exercice  du  culte2.  D’autres  ont  pour  but 
g°nt  relatm  ^  hommes  et  des  choses  consacrées 

ou  dos  dieux  eux-mêmes*.  D’autres  encore 
par  ;  j pc  aptes  considérés  comme  des  crimes  commis 

fes  dieux  protecteurs  de  la -cité,  ou  de  nature  à 
“1, omettre  la  perpétuité  des  cultes  domesl.ques  • 
Toutes  en  un  motont  un  caractère  spec.al,  exclusivement 


ll°fiut  donc  bien  se  garder  de  les  confondre  avec  les  lois 
Icuriates.  Pomponius,  il  est  vrai,  a  commis  cette  confli¬ 
ts  mais  on  s’accorde  à  tenir  son  assertion  pour 
'  Lgxacte.  Le  peuple  n’avait  pas  qualité  pour  régler  les 
questions  qui  sont  du  ressort  de  la  religion. 

I  gj  jes  i0is  royales  ne  sont  pas  des  lois  curiates,  sont- 
'  elles  tout  au  moins  l’œuvre  personnelle  des  rois  aux¬ 
quels  on  les  attribue?  On  peut  conjecturer  que  les  rois, 
en  leur  qualité  de  grands  prêtres  de  la  cité,  en  ont  rédigé 
un  certain  nombre  avec  l’assistance  du  collège  des  pon¬ 
tifes,  mais  il  est  difficile  de  l’affirmer.  Nous  ne  connais- 
'  sons,  en  effet,  les  lois  royales  que  par  des  travaux  de 
seconde  main  dont  les  auteurs  vivaient  plusieurs  siècles 
après  l’époque  des  rois.  Notre  source  principale  est  le 
livre  publié  par  un  contemporain  de  J.  César,  C.  Gra- 
nius  Flaccus.  Flaccus  a  commenté  le  recueil  de  ces  lois 
dû  à  un  certain  Papirius  [jus  papirianum,  t.  Y,  p.  745], 
qui,  suivant  les  uns,  serait  un  contemporain  de  Tarquin 
le  Superbe5,  suivant  les  autres  un  grand  pontife  du  temps 
.  de  la  République  7. 

’  La  question  d'origine  reste  donc  fort  douteuse;  aussi 
peut-on  dire  que,  si  les  lois  royales  ne  sont  pas  l’œuvre 
des  rois,  ce  sont  tout  au  moins  de  très  anciennes  règles 
qui  furent  conservées  sans  doute  dans  les  archives  des 


pontifes.  Elles  révèlent  une  époque  où  le  droit  était  con¬ 
sidéré  comme  un  précepte  divin  ;  la  sanction  la  plus 
•ordinaire  consiste  en  une  sorte  d’excommunication  8. 

■  Plusieurs  de  ces  lois  ont  été  modifiées  ou  abrogées  par 
Bes  Douze  Tables9.  D’autres  ont  été  appliquées  sous  la 
■République  et  même  sous  l’Empire;  telle  est  la  règle 

relative  aux  Vestales10. 

1  es  fragments  qui  subsistent  des  lois  royales  ont  été 

■  unis  et  commentés  par  divers  auteurs,  dont  les  plus 
récents  sont  Dirksen  et  Moritz  Yoigt11 . 

■  ex  rhodia  dk  jactu.  —  Loi  contenant  les  règles  sur 

■comir  'l  con^rip)u*'’on>  Ce  n’est  pas  une  loi  votée  dans  les 
a  |Ces’ inais  un  règlement  emprunté  par  les  Romains 
3lS  °u  coutumes  de  file  de  Rhodes.  Ce  règlement 

I  •«."'iuT-'t'  D’0nyS‘  I1,5’  227  ;  lü;  22,  Macrob.  Sat.  I,  13,  20;  Varr.  De 
10  ai'  Ju'l.  et  p  XII>  8  !  Scrv.  in  Ecl.  IV,  43  ;  Georg.  III,  387  ;  Paul, 

ï  >  Pest.  s.  0m-ap'  h°:  L’  lr’’  1G>  144-  -  2  Plin.  Hist.  nat.  XIV,  12;  XXXII, 
31.  —  3  pjut  jy  1  cceisi<m.  ;  Aul.  Gell.  IV,  3  ;  Plut.  Num.  12  ;  Lyd.  De  mens ,  I, 

,  v-  Parricidii •  Van.  n  ’  ^l0nyS'  ^  78  ï  H»  27  î  P.  Diac.  y0  Termini.  —  P.  Diac. 
51  ~  6  Pompon  F  i™  VUSt  5’  4  ;  Diol,ys-  II,  15,  25.  —  B  Enchir.  Dig.  I,  2, 2, 
'  *  Cnn  2’  2*  §§  L  2  et  30.  -  7  Dionys.  Il,  73  ;  111,  30. 

p;  9  H.  5.  _  Jj  Dj  '  lltwns  Juridiques,  t.  I,  p.  55.  —  9  Ibid.  p.  8.  —  10  Ibid. 
Redits,  I823.  m  los!,cAe  ~ur  Kritik  und  Auslegung  cler  Quellen  des 
1  “eWsc/ia/’z  der  !_'  L  °'®1’  ^'el}er  die  leges  regiae,  dans  Ber.  der  Sachs. 
p.ad  ^  Dig.  xiv  „  ‘  LejP:i0  ( PMI .  hist.  ci.)  1876-1877.  -  12  Serv.  ap.  Paul. 

ISid-°^’d7-"AP-  Volus-  Maec-  ex  *•  Hhotlia, 
__ '  '  ' l-  XXXV,  p.  36  ot  '  .  1  ;  cf-  Goldsclimidt,  Zeitschrift  fur  Handelsrecht, 

■L.  ^aul-  34  ad  Ed.  eod  ~  Papin'  19  Rcsp.  eud.  3  ;  cf.  Jul.  86  Dig.  eod.  6. 

1  l’1 . Aequissimum  enim  est,  commune  detrimentum 

|  erent-  —  n  Serv  0(11  !'S.SaS  res  a^ori‘m  consecuti  sunt ,  ut  merces  suas  salras 
V.  '  S  J"  ap-  Paul  eod ■  2,  3  —  18  Paul.  eod.  2  pr.  :  Si  labo - 


était  déjà  appliqué  à  Rome  par  la  jurisprudence  au  temps 
de  Cicéron12.  11  fuL  confirmé  expressément  par  un  juge¬ 
ment  d’Auguste  et  par  un  rescrit  d’Anlonin  le  Pieux. 
Celui-ci  répond  à  la  requête  d’un  habitant  de  Nicomédie  : 
’Eyw  p.sv  tou  xô<7(Jiou  xûpio;,  b  oà  vojxoç  tt|;  0aXa<7<77);.  Toi  vôp. oj 
twv  'Pootwv  xptvéaOw  tco  vauTixw,  év  oiç  p.7)  Tt;  tcov  Vj [AîTEpoiv 
auTco  vop.oç,  IvavTtouTai.  Touto  oà  auTÔ  xat  b  OstoTaTo; 
AuyoutiTo;  ’sxptvsv13. 

Le  principe  contenu  dans  la  loi  Rliodia  est  ainsi  for¬ 
mulé  par  le  jurisconsulte  Paul:  Lege  Rhodia  cavetur ,  ut 
si  levandae  navis  gratia  jaclus  mercium  factus  est , 
omnium  contributions  sarciatur  quod  pro  omnibus 
datum  est  u.  Lorsque,  pour  le  salut  d’un  navire,  le 
capitaine  a  dû  jeter  à  la  mer  une  partie  du  chargement, 
couper  les  mâts  ou  sacrifier  des  agrès15,  le  dommage 
subi  doit  être  réparti  proportionnellement  entre  tous  les 
propriétaires  des  objets  sauvés15.  Il  en  est  de  même  de 
la  rançon  qui  a  dû  être  payée,  lorsque  le  navire  a  été  cap¬ 
turé  par  les  pirates17 

La  sanction  de  la  loi  était  assurée  à  lepoque  classique 
par  les  actions  résultant  du  contrat  de  louage  conclu 
entre  l’armateur  du  navire  et  les  chargeurs  18.  La  réparti¬ 
tion  des  pertes  et  des  dommages  ne  se  faisait  pas,  comme 
de  nos  jours,  directement  entre  les  intéressés.  Mais  le 
capitaine  n’était  pas  responsable  de  '  l’insolvabilité  des 
chargeurs  soumis  à  la  contribution  19.  Il  n’était  tenu  qu’à 
faire  usage  du  droit  de  rétention  sur  les  objets  leur 
appartenant  qui  se  trouvaient  entre  ses  mains20. 

leges  romanae.  —  Après  l’édit  de  Caracalla,  le  jus 
civile  devint  la  loi  générale  de  l’Empire,  applicable  en 
principe  à  tous  les  citoyens.  On  le  désigna  désormais 
par  l’expression  jus  Romanum  ou  leges  Romanae21. 

leges  s  vcratae22.  —  Les  auteurs  sont  très  divisés  sur 
le  caractère  des  lois  sacrées23.  D’après  l’opinion  qui  nous 
paraît  la  plus  plausible,  la  loi  sacrée  est  un  plébiscite 
contenant  l’engagement  solennel,  confirmé  par  un  ser¬ 
ment,  de  vouer  aux  dieux  la  tête  et  les  biens  de  quiconque 
porterait  atteinte  à  la  personne  et.  à  la  dignité  d'un 
tribun.  Sacrcitae  leges,  dit  Festus,  sunt  quibus  sanctum 
est,  qui  quidadversus  eas  fecerit,  sac.er  alicui  deorum  sil 
cum  familia  pecuniaque.  Ce  plébiscite  n’a  pas  force  de 
loi  générale  :  le  serment  qui  le  confirme  n’a  d'autre  but 
que  de  colorer  d’un  prétexte  religieux  la  prétention  de  la 
plèbe  à  se  faire  justice  v*. 

La  première  loi  sacrée  consacre  l’inviolabilité  des 
tribuns  de  la  plèbe:  Ut  plebi  sui  magistratus  essent 
sacro  sancti  quibus  auxilii  latio  ad  versus  consules 
esset2*.  La  seconde  loi  sacrée  défend  aux  patriciens 
l’accès  du  tribunat  :  ne...  cui  patrum  capere  eum  ma- 
gistratum  liceret  26.  Ces  deux  lois  sont  attribuées  à 

rante  navejactus  factus  est,  amissarum  mercium  domini,  si  merces  vehendas  toca- 
verant,  ex  localo  cummagistro  navis agere  debent  ;  isdeinde  cum  reliquis,  quorum 
merces  salvassunt,  excondueto,  ut  detrimentum  pro  portione  communicetur,  agere 
pot  est.  —  19  Paul.  eod.  2,  G.  —  20  Ibid.  2  pr.  Cf.  Kluegmaun,  Discursus  de  lege 
Ithodia  de  jactu,  Gôtlingen,  1817  ;  Schryver,  Commentaire  sur  la  loi  Bhodiade  jactu, 
Bruxelles,  1844;  Lerano,  Lex  Rhodia  de  jactu  dans  Casaregis,  t.  III,  1877  ;  Negri 
di  L  amp  or  o,  Archieio  giuridico,  1887,  t.  XXVII  ;  Scialoja,  Ibid.  1882,  t.  XXVIII; 
Goldschmidt,  Zeitschrift  für  Handelsreclits ,  1888";  Gabriello  Carnazza,  Il  diritto 
commerciale  dei  Romani,  1891,  p.  155.  —  21  Diocl.  Cod.  Greg.  V,  2,  §  1,  3,  4.  Cod. 
Just.  VIII,  47,  G.  Constantin.  Cod.  Theod.  IV,  G,  3.  Julian,  eod.  II,  29,  1.  Aread. 
Houor.  eod.  II,  1,  10.  Tlieod.  Valent.  No v.  Theod.  III,  1,  2.  Inst.  eod.  V,  23,  1. 

_  22  Les  types  relatifs  à  ces  lois  sont  cités  par  Bailer  (Onom.  Tull.,  p.  257). 

_ 23  Herzog,  Die  lex  sacrata  und  dus  sacrosanctum,  187G  (Jahrbuch  fur  Philo¬ 
logie,  p.  139);  Lange,  Rôm.  Alterthilmer,  t.  I,  p.  592  ;  Schwegler,  Rôm.  Geschichte, 
l.  II,  p.  249;  Mommsen,  Staatsr.,  trad.  t.  III,  p.  347  ;  Karlowa,  Rôm.  Rechtsges- 
chichte,  t.  I,  p.  99.  —  24  Ed.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  t.  I, 
p.  113-114.  —  23  Til.  Liv.  II,  33.  -  20  T.  Liv.  II,  33G. 

1-48 


LIB 


—  1174  — 


LIB 


l'an  260  =  494.  Sur  la  troisième  loi  sacrée,  voir  lex  icilia. 

LEX  satura.  —  Voir  les  articles  lex  publica,  §  2,  et 

LEX  CAECILIA  DIDIA. 

LEGES  SUMPTUAUIAE.  _  Voir  LEX  AemILIA,  LEX  ARITIA, 
CORNELIA,  DIDIA,  FANMA,  julia  (de  César  et  d’Auguste), 
LICINIA,  OPPIA,  ORC1IIA. 

leges  tare  ll  a  ri  ae  .  —  Les  lois  qui  ont  introduit  le 
vote  secret  ou  par  écrit  ( tobella ,  tesseru la)  sont  au  nombre 
de  quatre  1  :  la  loi  Gabinia  de  615  pour  les  élections  des 
magistrats,  la  loi  Cassia  de  617  pour  les  comices  judi¬ 
ciaires,  sauf  pour  les  procès  de  perduellio ,  la  loi  Papiria 
de  623  pour  les  comices  législatifs,  la  loi  Cœlia  de  647 
pour  les  procès  de  perduellio  [lex  gabinia,  lex  cassia, 
lex  papiria,  lex  coelia].  D  autres  lois  furent  rendues  pour 
empêcher  certaines  pratiques  qui  tendaient  à  éluder  le 
secret  du  vote:  telle  fut  la  loi  Maria  de  635  [lex  maria]2. 
Sui  la  lorme  et  la  distribution  des  tablettes,  voir  tabella. 

lex  TRIBUN1C1A.  — Cette  expression  désigne  ordinaire¬ 
ment  un  plébiscite  [p.  1122],  par  opposition  à  la  lex  con- 
sularis  .  Pomponius  1  emploie,  semble-t-il,  dans  un  sens 
différent,  pour  désigner  la  loi  qui  a  décidé  l’expulsion  des 
rois,  loi  qui  fut  proposée  par  le  tribun  des  célères  J .  Brutus4 
inïerrex,  t.  4  ,  p.  566].  Cicéron  appelle  lex  tribunicia  la 
loi  consulaire  de  Pompée  sur  les  tribuns5.  Édouard  Cuq. 

L1BATIO  [sacrificium]. 

LIBELLA  (  AiaêVj-rriî,  cTacpüXvi ).  —  Le  niveau,  dont  le 
nom  corrompu  vient,  par  lireou,  de  libella  *,  a  été  dès 
un  temps  très  ancien 2,  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains, 
à  l’usage  des  maçons,  charpentiers  et  autres  ouvriers 
ayant  besoin  de  s’assurer  si  un  plan  est  parfaitement 
horizontal.  L  instrument  qu'ils  ont  connu  était  notre 
niveau  commun  ou  à  perpendicule,  fait  de  deux  barres 
réunies  par  un  de  leurs  bouts  comme  un  A  majuscule, 
et  d’une  troisième  barre  transversale  devant  laquelle 
tombe  un  fil  aplomb  [perpendiculum]  fixé  au  point  de  réu¬ 
nion  des  deux  premières  :  quand  le  niveau  est  placé 
debout  sur  ses  deux  pieds  sur  un  plan  horizontal,  le  fil  à 
plomb  doit  tomber  exactement  au  centre;  le  plus  petit 
écart  à  droite  ou  à  gauche  fait  voir  quelle  portion  de  la 
surface  mesurée  est  trop  élevée  ou  trop  basse3. 

Le  nom  de  01x67^,1;  (de  o'.aëatvcD)  a  été  donné  parles  Grecs 4 
à  cet  instrument  comme  au  compas,  à  cause  de  l’écarte¬ 


ment  des  deux  jambages  ;  celui  de 


une  grappe  pendante,  est  le  nom  du  ^l0n  .IU‘ Veul(lil 
niveau  tout  entier5.  Le  niveau  à  liquide  n'^’  .<>tendu a 
plus  inconnu  à  la  fin  de  l’antiquité  :  il  *  a,t  pas  "o 
est  figuré  avec  un  ciseau  et  une  pointe 
(fig.  4447)  sur  une  pierre  employée 
dans  le  pavé  de  l’église  Sainte-Agnès 
hors  des  murs  de  Rome  6  à  la  fin  du 
siècle. 


dire 

au 

non 


IV 

Le  niveau  a  été  quelquefois  groupé  ainsi 
tombeaux  avec  d’autres  outils  caractérisant 
la  profession  du  défunt.  On  l’a  vu  sur 
celui  d’un  architecte  (fig.  464),  d’un  lapicido 
(fig.  4067)  ;  il  est  (fig.  4448)  représenté  à  côté 
d’une  ascia  sur  un  monument  d’Aix  en 
Provence  7  [Voir  encore  fig.  1512].  E.  Saglio 

LIBELLA.  Nom  par  lequel  on  désignait 
entre  l’an  269  et  l’an  217  av.  J.-C.  une 
quantité  d’argent,  1/10  du  poids  du  denier 
laquelle  avait  la  valeur  d’un  as  de  bronze 


4H7. 


sur  des 


-  .  - -  [UENARICS  , 

,  Dans  les  Premiers  temps  byzantins,  le  nom  ,1e  libella 
s’appliquait  quelquefois  au  denier  de  comnte  rie  1 

t  U..  ri  .  1  5780  “ 


-fhô  du  solidus  d’or' 


F.  Lenormant. 


L1BELLIS  (A),  ’Etù  ra?ç  P'êAotç.  —  L’expression  a  libellis 
désignait  à  la  fois  un  des  bureaux  de  la  chancellerie 
impériale  et  le  fonctionnaire  placé  à  la.  tête  de  ce  bureau. 

Il  est  évident  que  les  nombreux  libelli  que  recevait 
l’empereur  et  auxquels  il  donnait  suite  [libelles,  II 
exigeaient  une  administration  considérable.  Tant  que 
1  empereur  administra  la  partie  de  l’empire  qui  lui  était 
confiée,  comme  un  particulier  administre  son  patrimoine, 
il  y  employa  ses  esclaves  ou  ses  affranchis1.  Sous  Claude, 
ces  employés  sont  organisés  en  bureaux  ayant  leurs 
attributions  distinctes.  C’est  alors  que  se  crée,  avec  les 
bureaux  a  cognitionibus  et  ab  epistulis,  le  bureau  a  udel- 
lis.  Les  a  libellis  de  Claude  sont  des  affranchis2;  il  en  est 
de  même  sous  Néron  3,  sous  Domitien  1  et  sous  les  Fla- 
viens0.  Peu  à  peu,  l’idée  monarchique  continuant  son 
évolution,  les  employés  de  ces  services  deviennent  des 
fonctionnaires  et  les  citoyens  d’un  certain  rang  ne 
craignent  plus  de  briguer  ces  charges  autrefois  réservées 
aux  esclaves  et  aux  affranchis  impériaux 6.  Vitellius 


1  Cic.  De  le  g.  III,  17,  38  :  Postea  latae  sunt  [leges)  quae  tegunt  omni  ralione 
suffragium,  ne  quis  inspiciat  tabellam,  ne  roget ,  ne  appellcl ;  pontes  etiam  lex 
Maria  fecit  angustos.  —  2  Cf.  J.-L.  Conradi,  De  legibus  tabellariis,  Leipz.  175G. 

—  3  Cic.  De  lege  agr.  II,  8,  21  ;  Fcst.  v»  Sacer  nions.  ;  Tit.  Liv.  III,  56,  12.  —  V  Cf. 
Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques ,  t.  I,  p.  123,  n.  I.  —  5  Cic.  in  Yerr.  I,  16,  46. 

—  Bibliographie.  Aut.  Augustini,  De  legibus  et  sénat usconsultis  liber ,  adjecli 
legum  antiquarum  fragmentis  cum  nolis  Fulvii  Ursini,  1583  ;  Ernesti,  Index  legums 
quarum  in  libris  Ciceronis  nominatim  fit  mentio,  1777;  Bailer,  Index  legumt 
romanarum  quarum  apud  Ciceronem  ejusque  scholiastas,  item  apud  Livium, 
Velleium,  Gellium  nominatim  mentio  fit  (Orelli,  Onomasticon  Tullianum,  p.  III, 
117-305;  Pauly,  Real-Ency/clopâdie,  1841,  v°  Le x  (cet  article  n'a  pas  encore  paru 
dans  la  2°  édition  dirigée  par  Wissowa)  ;  Rudorff,  Rôm.  Itechtsgeschickte,  1859,  t.  I, 
p.  14;  Walter,  Geschichte  des  rômischcn  liech ts ,  3°  éd.  1860;  Hiibner,  Jahrbuch 
des  Vereins  der  Alterthumsfr.  im  Rheinlande,  1870,  t,  XLIX  ;  Lange,  Rôm. 
Alterthüm.  3e  éd.  187G-1879;  Heyrovsky,  Ueber  die  rechtliehe  Grundlage  der 
leges  contractas  bei  Rcchtsgesc/uiften  zwischen  dem  roemischen  Slaat  nnd 
Privaten ,  1881;  Willcms,  Le  Sénat  de  la  République  romaine ,  1882-1883;  Ortolan 
et  J.-E.  Labbé,  Histoire  de  la  législation  romaine  et  Explication  historique 
des  Instituts  de  Justinien ,  12e  éd,  1883-1884;  E.  Ferriui,  Storia  délie  font i 
del  diritto  romano  e  délia  giurisprudensa  romana,  1885;  karlowa,  Itoem. 
Reclit sgeschichte,  t.  I,  1885;  t.  II,  1892;  Accarias,  Précis  de  droit  romain ,  t.  I, 
4*  éd.  1886;  Padeletti-Cogliolo,  Storia  del  diritto  romano ,  2“  éd.  1886;  Luiggi 
Gaddi,  Cronologia  dette  leggi  comiziali  romane  dans  Monnaie  delle  fonti 
del  diritto  romano  di  P.  Coglolio,  1886,  parte  II,  p.  516;  Mommsen,  Roem. 
Staatsrecht ,  3'  éd.  1887;  P.  Krüger,  Geschichte  der  Literatur  und  der  Quellmx 
der  roem.  Rechts,  1888  ;  Willems,  Le  droit  public  romain  depuis  la  fonda- 

ion  de  Rome  jusqu’à  Justinien.  5«  éd.  1888  ;  Bruns,  Geschichte  und  Quellen 


dos  roemischen  Rechts  dans  Holtzcndorif,  Eucgclopüdie  der  RechlsirisseuscW1 
in  systematischer  Bearbeitung,  5'  éd.  1889;  Édouard  Cuq,  les  Institutif 
juridiques  des  Romains ,  t.  I,  1891  ;  Landucci,  Storia  del  diritto  romano  dajt 
originifino  a  Giustiniano,  2“  éd.  1894;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,-'  •, 
1898;  Moritz  Voigt,  Roemische  Rechtsgeschichte,  t.  I,  1892;  t.  II,  1899*  j 
LIBELLA .  1  Du  Cangc,  Gloss,  med.  et  inf.  latin,  s.  v.  liveilum  el  0”  * 

—  2  Pline  ( Hist .  nat.  VII,  57)  en  attribue  l'invention  au  premier  Théodore  de  1 
sans  fondement  sérieux.  —  3  Lucrct.  IV,  515  ;  Vitruv.  I,  66  ;  VU,  L  a  1  [ '  1  ( 
Hist,  nat.  XXXVI,  51  et  63;  Varr.  R.  rust.  I,  66;  Colum.  III,  13,  1-  •  I 
fabrilis.  —  4  Plat.  Phileb.  p.  568  ;  Plut.  Praec.  ger.  reip.  6  ;  Hesycli.  s. 
de  Lébadée,  Koumanoudis,  Athenaion,  1875,  p.  369  et 
graeca  Comment,  epigraph.  Berl.  1881.  —  s  Hesycli.  s.  ».  u-.o-As 
Hom.  11.  765  ;  Schol. 

n.  433.  —  7  Congrès  archéol.  de  France,  Aix,  1866,  p. 


lilells 

Inscr. 

Fabricius,  *  «***; 
■  gchol.  Von.® 
188, 


Arist.  Ran.  800;  Callim.  ap.  Etym.  M.  —  6  De  I 

246,  257.  Voir  eneon 
p  -rot  fnlaeomtltb 

Grivaud  de  la  Vincelle,  Arts  et  métiers  des  anciens,  pl.  xxm;  ren  >  ||||(| 

I,  pi.  xxxi,  xlvii,  lxxiii;  O.  Bliimner,  Technologie  und.  Terminal,  dei 
Künste,  II,  p.  236;  III,  p.  91. 

LIBELLA,  l  Cod.  Theodos.  IX,  3,  7  ;  ef.  Mommsen,  Geschichte  des  roi 
Münzwesens,  p.  807.  ,  .  oD  ?ail 

affranchi  est  acceptor  (i  subsciipl u 


LIBELLIS.  1  Sous  Tibère,  un 


II,  RESCHIPTU'i), 


__  2  $encC’ 


que  la subscriptio  était  la  réponse  au  libellas  (libelles,  11,  REB(J,urit  \n|j0niié  Par 
Consol.  ad  Polyb.  XXVI;  Zonar.  XI,  9  ;  le  a  libellis  CaUislus  : 

Zonaras  est  le  même  dont  Josèphe  dit  la  richesse  cL  1  influence,  .  ^ 

100,  s.  fin.  —  3  Dio,  LXI,  V  ;  Suet.  Nero,  XLIX.  —  '*  Dio,  LXVII,  1'^ 

XIV.  —  o  Corp.  inscr .  lat.  VI,  8G14.  —  6  Cf.  Otto  Hirschfeld,  L 
d.  Geb.  der  roem.  Verwaltung  sgeschichte,  p.  203  et  s.;  MispoukA- 
tiques  des  Rom.  t.  I,  p.  279,  n.  I  ;  p.  292. 


uchutiH^ 

Lesin^m 


LIB 


scruter  une  partie  de  ce  personnel  parmi 
commence  a  i  tientia  balance  à  peu  près  égale 

les  chevaliers  •  hevalierg* .  enfin,  au  temps  d’Hadrien, 
e^treaffranc  ^  c  iète!),  ^  Jeg  hautes  fonctions  de  la 
la  réforme  es  ^  occupées  par  des  personnages 

bWrati  f ordre  équestre,  sous  cet  empereur*  et 
importants  ^  „ 

S'ïS|SfinSd»  iiTsiècle,' les  différents  bureaux  de  la chan- 
* 1  «.nt  placés,  chacun,  sous  la  direction  d’un  ma- 
!  ‘  Quoique  nous  n’ayons  pas  de  texte  qu,  nous 

KL'e  pour  cette  époque,  nous  pouvons  croire  que  le 
Lu  a  mdlis  suivit  le  sort  commun. 

I  Un  texte  épigraphique,  non  daté,  mentionne  un  ma0 
libellis  qui  fut  aussi  magister  a  censibus  .  Une 
inscription  de  l’an  376  nous  fait  connaître  un  magister 
libellorum  et  cognitionum  sacrarum  8  ;  ce  qui  prouve 
nue  à  cette  époque,  il  y  avait  eu  fusion  entre  les  bureaux 
I liMiis  et  A  cogmtiomibus.  Ce  fait  est  d’ailleurs  con- 
jîrmé  par  la  Notifia  d’Orient9  et  d’Occident 10  où  on  lit  : 
magister  libellorum  cognitiones  et  preces  tractat  et 
par  le  Digeste  :  magister  scrinii  libellorum  sacrarum- 
me  cognitionum 12. 

Mais,  à  cette  même  époque,  le  bureau  a  memoria , 
qui  apparaît  pour  la  première  fois  sous  Caracalla,  a  pris 
une  grande  importance,  et  a  attiré  à  lui  les  affaires  du 
bureau  a  libellis  et  a  cognitionibus ,  dont  le  magister 
ne  semble  plus  travailler  que  pour  le  compte  du  magister 
memoriae 13  [a  memoria]. 

Comme  employés  inférieurs  du  bureau  a  libellis , 
nous  voyons,  aux  différentes  époques,  un  adjutor  a 
libellis  sous  Marc  Aurèle  u,  un  proximus  a  libellis  sous 
Caracalla  et  Géta18  et  plus  tard16,  tous  affranchis;  deux 
esclaves  exerçant  les  fonctions,  l’un  de  custos  a  libellis  l\ 
l'autre  de  scriniarius  a  libellis 1S,  et  des  scribes  désignés 
par  le  terme  général  de  libellenses  19,  sous  lequel  étaient 
sans  doute  compris  des  employés  de  rangs  divers. 

On  devine  facilement  la  somme  considérable  de  travail 
qui  se  faisait  dans  ces  bureaux.  11  fallait  examiner  et 
classer  les  innombrables  libelli  adressés  à  l’empereur  20. 
Mais  la  ne  devaient  pas  se  borner  les  attributions  de  ce 
bureau.  Beaucoup  de  libelli  soulevaient  des  questions 
délicates,  relatives  aux  impôts,  au  cens,  au  droit  public  et 
privé,  etc.,  et  les  réponses  devaient  souvent  avoir  force 
Le  loi  et  entrer,  à  ce  titre,  dans  les  recueils  [libellus,  II]. 
I  est  évident  que  l’empereur  ne  pouvait  pas  avoir  la 
pcience  universelle  ;  des  financiers  éminents,  des  juris- 
I  consulte^  devaient  étudier  les  questions,  et,  au  libellus, 
joinut  un  rapport.  C’est  pour  ce  motif  que  nous  voyons 
a  Magister  a  censibus  devenir  magister  a  libellis  21,  des 
Wpsconsultes  comme  Papinien  22  et  Ulpien  23  exercer  les 
!  10ns  a  libellis.  C’est  bien  d’ailleurs  ce  genre  de 

B  Tact.  Bist,  l  x g  .,  0 

tf- Mommsen  St  '/  ~  bUeL  D°mU ‘  V11‘  ~  3  Spart.  Hadnan,  XXII: 

tiiies  à  ï admit  i  <*.  ** P-  800'  n-  3;  Cu((,  De  quelques  inscriptions  rela- 
,  p.  ss»"11'0'*  fS  ^oc^tien,  p.  362,  115;  Id.  Le  conseil  des 
-  5  Corp.  insc/'r  ?’  ()l'elli_Henzcn.  n«  6947  ;  Corp.  inter.  Ut.  XII,  1808. 
ilUCr-  ,<l1-  VI,  b8'j3  XX'  5’  12  :  Spart.  Pèse.  Niger ,  VU;  Corp. 
lac  VI,  lois.  __  8  r  ,  6  Bumen-  ■P’*-0  instaur.  schol.  V.  —  7  Corp.  inter. 

f;  a»-  -  10  Occ.  c  XVt  mSCI  '  l<lt'  VI’  510’  “  9  0r'  c'  XVI1’  <5d’  BocckinS>  L  b 
Vieillis [i.iBELms  in  P'  11  O11  sait  que  preces  est  synonyme  de 

Just:  t  30,  t  ;  cf.  Olto  H-  ^  Conlrrl-  DirJ-  IX.  —  13  Cod.  Theod.  1,  8,  2;  Cod. 

latioiu,  t,  q  p  _ Jiscifeid,  Untersuchungen,  p.  210,  s.  ;  Mispoulct,  Les  insti- 

I  ,  c-  XXII,  S,  10  *  CorP-  insor.  lat.  VI,  8615.  —  15  y  OUI.  180.  —  16  Amm. 

r-"b  -b  3;  VII  f.,  Zp'  UlSCr'  laL  VI>  861C-  —  18  Ibid.  8617.  —  19  Cod. 

Corp  *  a  ’  X'b  1P>  l^i  I.  —  20  Senec.  Consol.  ad  Polyb. 

'Ver,  VII  _  •  lat-  Vb  1028.  -  ; 


Ni 


1 '  f'  ~  23  Amm-  Marc.  XX,  9.  8. 


Dig.  XX,  5,  12.  —  23  Spartian.  Pèse. 


travail  qu’indiquent  les  expressions  suivantes  appliquées 
parles  auteurs  aux  a  libellis'.  libellas  agere libellis 
respondere-1 .  Henry  Tiiédenat. 

LIBELLUS.  —  I.  En  droit  civil:  1°  Libellas *,  libellus 
accusatorius 2,  libellus  accusatoris 3,  libellus  inscrip- 
tionum  ou  inscriptionis  5,  libellus  conventionis  \ 
libellus  criminum 1 .  Tous  ces  noms  désignaient  un  écrit 
dont  le  dépôt  entre  les  mains  du  magistrat  compétent 
introduisait,  en  vertu  de  la  loi  Julia  Judiciorum  \  une 
action  judiciaire. 

Ulpien,  à  propos  d’une  plainte  en  adultère,  nous  a 
laissé  la  formule  d’un  de  ces  libelli.  Il  fallait  indiquer 
l’année,  le  jour  du  dépôt  ;  le  nom  du  magistrat  auquel 
devait  être  remis  le  libellus ,  laloisur  laquelle  s’appuyaient 
les  poursuites,  le  lieu,  le  jour,  l’heure,  les  circonstances 
du  délit.  Enfin  la  signature  du  plaignant  était  requise, 
ou,  s’il  ne  savait  pas  écrire,  celle  d’un  autre.  Tout 
libellus  irrégulièrement  rédigé  entraînait  la  nullité  de  la 
plainte,  qui,  toutefois,  pouvait  être  reprise  9. 

Une  constitution  de  Valentinien  interdisait  au  magis¬ 
trat  de  recevoir  un  libellus  en  secret  et  en  dehors  du 
temps  et  du  lieu  où  il  exerçait  sa  charge  10. 

L’action  introduite  par  le  dépôt  du  libellus  suivait  la 
procédure  ordinaire  qui  varia  aux  ‘différentes  époques 
[açtio,  ordo  judiciorum]. 

2°  Libellus  appellationis.  —  Document  par  lequel 
celui  qui  avait  perdu  un  procès  devait,  dans  un  délai  de 
deux  ou  trois  jours,  signifier,  si  telle  était  son  intention, 
qu’il  en  appelait 11 . 

3°  Libellus  dimissorius.  —  Le  plaideur  qui  en  appe¬ 
lait  devait,  dans  un  délai  de  cinq  jours,  se  faire  délivrer, 
par  le  magistrat  dont  il  n’acceptait  pas  le  jugement,  des 
lettres  de  renvoi  au  juge  d’appel.  Ces  lettres,  que  l’on 
appelait  apostoli  et  libelli  dimissorii12,  étaient  remises 
au  nouveau  juge  qui  se  trouvait  ainsi  saisi  de  1  affaire, 
et  procédait  d’après  les  règles  de  la  cognitio  13 . 

4°  Libellus  conlradictorius u,.  refutatorius 1S.  —  Ré¬ 
ponse  au  libellus  déposé  par  la  partie  adverse. 

Au  temps  du  Bas-Empire,  le  libellus  refutatorius  était 
aussi  un  mémoire  que  le  premier  juge  adressait  à  l’em¬ 
pereur  pour  défendre  son  jugement  frappé  d’appel16. 

5°  Libelli  contestarii.  —  Demande  de  dispense  d’une 
tutèle  [excusatio]  17.  Un  texte  de  droit  nous  a  conservé 
la  formule  de  ces  libelli1*. 

Les  particuliers  chargeaient  les  hommes  de  loi,  à  qui 
leurs  fonctions  n’interdisaient  pas  ce  travail,  de  prépa¬ 
rer  les  libelli  qu’ils  avaient  à  déposer19. 

IL  Libellus ,  preces ,  supplicatio.  —  Placet,  supplique 
adressée  à  l’empereur.  Ces  suppliques  avaient  les  causes 
les  plus  diverses:  appel  à  la  générosité  ou  a  la  protection 
impériales20;  transfert  d’une  action  judiciaire  au  tribunal 

LIBELLUS.  1  Codex  Just.  IX,  2,  8  ;  Dig.  XLVII,  2,  73  ;  Juv.  VI,  244  ; 
Quintil.  Inst.  or.  XII,  8,5;  Plin.  Epist.  I,  10,  9;  VU,  27,  14;  Apul.  De 
mag.  II,  LVII,  LIX,  Cil.  —  2  Dig.  XLV1II,  5,  18,  I  ;  30,  9.-3  Tac. 
Ann.  III,  44;  S.  Ambros.  De  obit.  Valent.  —  I  Dig.  XLVIII,  5,  2,  8. 

—  B  Ibid.  XLVIII,  2,  3.  —  6  Inttit.  IV,  6,  24.  —  7  S.  Augustin.  Epist. 
XCIII  (XLVIII),  13.  —  8  Cf.  Mispoulct,  Les  institutions  politiques  des  Do¬ 
mains,  II,  p.  523.  —  9  Dig.  XLVIII,  2,  3.  —  10  Cod.  Tlieod.  I,  7,  8.  —  U  Dig. 
XLIX,  t,  5,  4;  cf.  Ibid.  1,  4.  —  12  Ibid.  XLIX,  6  ;  Paul.  Sent.  V,  34.  —  13  Cf. 
Mispoulct,  Op.  l-  t.  U,  p.  523.  —  14  Cod.  Theod.  II,  14,  11,  et  Comment. 
a(j  i,  _  13  Cod.  Just.  VII,  68,  19  :  refutatoriae  litterae  ;  cf.  Comment,  ad  cod. 
Theod.  L.  I.  —  1°  Cf.  Mispoulct,  O.  I.  II,  p.  504.  —  17  Fragm.  vat.  156,  167. 

_ 18  Ibid.  166.  —  19  Dig.  XLVIII,  19,  9,  1  et  s.  ;  Quintil.  Inst.  or.  XII,  8.  5. 

_ 20  Queruli  libelli,  Mari.  VIII,  82.  I  ;  Supplices  libelli,  id.  VIII,  31,  3  ;  XI,  I  ; 

Quintil.  Inst.  or.  VI,  3.  59  ;  Juv.  XIV,  193  :  Suet.  Caes.  LXXXI  ;  August.  L.  ; 
Lampi'id.  Comtnod.  XIII. 


LIB 


—  1176  — 


LIB 


de  l’empereur  1  [cognitio  extraordinaria ],  demande  en 
réhabilitation2;  quelquefois  c'était  une  cité  entière  qui 
réclamait  un  dégrèvement  d’impôt3,  une  révision  des 
rôles  du  cens4,  l’immunité3,  la  conservation  de  quelque 
privilège  °,  ou  décrétait  une  adresse  à  l’empereur  7  ; 
souvent,  par  un  libellus ,  on  demandait  à  l’empereur, 
comme  on  1  aurait  fait  a  un  homme  de  loi,  une  consulta¬ 
tion  juridique3.  Avec  l'aide  des  bureaux  spéciaux  de  la 
chancellerie  °a  cognitionibus,  ab  epistulis,  a  libellis, 
scrinium],  l’empereur  donnait  à  ces  libelli  divers  la  suite 
qu  ils  comportaient.  Les  hauts  fonctionnaires  étaient  avi¬ 
sés  par  une  lettre,  epistola, les  particuliers  par  un  rescrip- 
tum,  c’est-à-dire  par  une  simple  adnotatio  ou  subscriptio 
écrite  sur  le  libellus  lui-même  9,  libellus  rescriptus. 
Quand  la  réponse  impériale  faisait  loi,  elle  était  exposée 
sous  les  portiques  des  thermes  de  Trajan  à  Rome.  11  exis¬ 
tait,  au  moins  au  temps  de  Gordien  III,  un  recueil  des  res- 
crits  impériaux  intitulé  :  liber  libellorum  rescriptorumi0. 

III.  Libellus  famosus ,  carmen  famosum.  —  Ces 
noms  désignaient  les  libelles,  pamphlets,  satires,  épi- 
grammes,  chansons  propres  à  nuire  à  l’honneur  ou  à  la 
réputation  des  citoyens11. 

De  bonne  heure  la  loi  s'est  préoccupée  de  réprimer  ce 
genre  d’attentat,  et  la  loi  des  Douze  Tables  n’édictait  rien 
moins  que  la  peine  capitale  contre  les  auteurs  de  ces 
écrits  12.  Sylla  renouvela  la  législation  par  le  crimen 
majestatis  13.  Mais  cette  répression  tomba  sans  doute  très 
rapidement  en  désuétude,  car  Tacite14  dit  qu’Auguste,  le 
premier,  punit  les  auteurs  de  ces  libelli.  En  effet,  cet 
empereur,  dédaignant  d’abord  les  libelli  famosi  répan¬ 
dus  à  profusion  dans  le  sénat  contre  lui-même18,  crut 
plus  tard  qu'il  était  nécessaire  de  protéger,  contre  les 
indécentes  diffamations  de  Cassius  Severus  et  de  ses 
semblables,  des  hommes  et  des  femmes  du  rang  le  plus 
illustre 16.  11  fît  donc  rechercher  ces  livres  pour  les 
brûler,  et  leurs  auteurs,  interdits  de  l’eau  et  du  feu, 
furent  condamnés  à  être  déportés  dans  des  îles  éloignées 
du  continent  d’au  moins  500  milles17;  Tibère  maintint  la 
même  législation18.  Paul  prononce  encore  la  relégation 
dans  une  île19,  Ulpien  déclare  le  diffamateur  intesta- 
bi/is20.  Plus  tard,  quiconque  trouve  un  libellus  famosus 
doit  le  brûler  21  ;  Constantin  ordonne  que  l’auteur  du 
libellus ,  quand  même  il  démontrerait  la  vérité  du  fait, 
soit  puni  pour  avoir  préféré  la  diffamation  à  l’accusa¬ 
tion22.  Revenant  à  la  sévérité  de  la  loi  des  Douze  Tables, 
Valentinien  et  Valens  rétablissent  la  peine  capitale  23. 
Celui  qui,  ayant  trouvé  un  libellus ,  au  lieu  de  le  brûler, 
le  fait  connaître,  est  puni  comme  l’auteur,  d’après  un  édit 
de  Valentinien,  Théodose  et  Arcadius24.  En  justice,  le 
libellus  famosus  ne  devait  avoir  aucune  autorité23. 

IV.  Affiche.  —  1°  Affiche  de  vente  que  l’on  apposait 

1  Dig.  XLVI,  8,  21  ;  XLIX,  5,  4;  Cod.  Just.  I,  20  ;  Plin.  Epist.  VI, 

31  ;  Tac.  Ann.  III,  44  ;  Cod.  Theod.  I,  2,  8.  —  2  plin.  Epist.  X,  06,  3. 

—  3  Tac.  Ann.  II,  42.  —  4  Dig.  L,  15,  4,  10.  —  5  Dig.  L,  15,  3.  —  0  Plin. 
Epist.  X,  56.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  III,  n»  1421,  1.  45,  p.  278.  —  8  Mosaïc.  leg. 
vet.  collât.  III,  3,  5;  Capitol.  Macrin.  XIII.  —  9  Mispoulet,  Les  institutions ,  II, 
p.  443;  P.  Krueger,  Gescliichte  der  Quellen  und  Litter.  des  roein.  Rechts ,  p.  04 
et  s.  ;  trad.  M.  Brissaud,  p.  127.  —  10  Voir  le  décret  de  Skatoparcn,  dans  Zeitschrift 
der  Savigny-Stiftung  für  Rechtsgeschichte,  t.  XII,  1892,  roman.  Abthcil.  p.,245. 

—  n  Paul.  Sent.  V,  4,  1  et  15;  Gai.  Inst.  III,  220  ;  Arnob.  Adv.  Gent.  IV',  34. 

—  12  Cic.  De  rcp.  IV,  12  ;  Tuscul.  IV,  2;  S.  August.  De  civ.  Dei,  II,  9  ;  Bruns, 
Fontes  jur.  roman.  (4e  édit.),  p.  26,  t  6.  —  13  Cic.  Ad.  fam.  III,  11.  —  14  Tac. 
Ann.  I,  72.  —  13  Suet.  Aug.  LV.  —  16  Id.  Ibid.  ;  cf.  Horat.  Sat.  II,  1,  81-83;  Epist. 

II,  1 ,  152.  —  17  Dio,  LVII,  27.  —  18  Tac.  Ann.  I,  72  ;  cf.  Suet.  Tib.  LXVI.  —  19  Paul. 
Sent.  V,  4,  15-17.  —  20  Dig.  XLVII,  10,  5,  9.  —  21  Cod.  Theod.  IX,  34,  5. 

—  22  Cod.  Theod.  IX,  34,  1.  —  23  Cod.  Just.  IX,  36,  2.  -  24  Cod.  Theod.  IX,  34, 


sur  les  biens  des  proscrits  ou  des  débiteurs  , 

2°  Placards  séditieux27.  ‘  S01vabM 

3°  Annonces  et  programmes,  destinés  à  êtr 
ou  distribués,  d’une  séance  de  lecture28  d,!'  'fllC^s 
combats  de  gladiateurs,  libellus  munerarius 29  de 
gladiatorum 30.  Ces  programmes  donnaient  le’df?* 
jeu  et  les  noms  des  gladiateurs  qui  devaient  èi™  °  du 
dans  le  combat31.  '  en8a8j 

4°  Celui  qui  trouvait  un  objet  de  valeur  était  COni-  • 
sous  peine  d’encourir  l’accusation  de  vol,  à  annonn! 
une  affiche  ou  libellus  qu’il  tenait  cet  objet  à  PM 
sition  du  propriétaire.  Ulpien,  qui  nous  a  transmis  '<3 
loi,  ajoute  que  le  détenteur  peut  demander  une  ré  J 
pense  (eüpsxpa)  sans  commettre  un  vol,  mais  non 
manquer  à  la  délicatesse  32. 


De  leur  côté,  ceux  qui  avaient  perdu  un  objet  précieux 
faisaient  placarder  des  affiches  promettant  récompense  à 
qui  rapporterait  l’objet  à  l’adresse  indiquée  3:|.  Quoj. 
qu’aucun  texte  ne  l’indique,  il  est  certain  que,  comme  les 
précédentes,  ces  affiches  s’appelaient  libelli. 

Souvent,  afin  d’attirer  l’attention,  on  écrivait  ces 
affiches  en  gros  caractères34. 

V.  Nous  énumérerons  rapidement  quelques  autres 
sens  du  mot  libellus. 

1°  Communication  écrite  du  prince  au  sénat  ou  même 
à  des  particuliers  3S.  • 


2°  Ordres  écrits  d’un  commandant  d’armée,  en  cam¬ 
pagne38. 


3°  Assignation  pour  comparaître  en  justice 37. 

-4°  Dénonciation  écrite.  César  négligea  de  lire  celle  qui 
lui  dévoilait  le  complot  tramé  contre  lui  38.  Caligula, 
après  avoir  dit  qu’il  avait  brûlé  toutes  les  dénonciations, 
en  usa  cependant  pour  faire  des  poursuites39. 

5°  Mémoire,  exposé  de  situation,  état,  rapport40. 

6°  Carnet  de  notes  où  l’on  inscrit  les  choses  à  retenir 


ou  à  faire41. 

7°  Dossier  d’avocat,  papiers  d’affaires 42. 

8°  Livret.  Les  frères  Arvales  recevaient,  au  moment 
utile,  un  libellus  sur  lequel  était  écrit  leur  chant  tradi¬ 
tionnel43. 

9°  Attestation  44.  En  temps  de  persécution,  des  chrétiens 
qui  ne  se  sentaient  pas  le  courage  d’affronter  le  martyre, 
obtenaient  quelquefois  d’un  magistrat  la  fausse  attesta¬ 
tion  qu’ils  avaient  sacrifié.  De  là  le  nom  de  libellatici  Qp 
leur  fut  donné45. 

40°  Livres  de  compte  du  trésor40. 

11°  Lettre  privée47. 

42°  Petit  volume,  opuscule48. 

43°  Traité  scientifique  ou  autre49.  , 

4 4°  Livre  frivole,  léger *°,jocularis  libellus”'  e 
ineptiarum,  jocorum 52. 


7,  9.  —  23  Ibid.  IX,  34,  2  cl  3.  —  20  cic.  Pro  Quint.  XV,  XIX  ; 

IV,  12  ;  cf.  Rein,  Rom.  Privatrecht,  p.  499.  —  2,  Suet.  Caes.  IV  •  j|_  3g. 

—  28  Tac.  Dial,  de  orat.  IX.  —  29  Trcbell.  Poil.  Claud.  V.  -  30  ('c-  j'  ' 

—  31  Trebcll.  Poil.  L.  I.  —  32  Dig.  XLII,  2,  43.  —  33  Propcrt.  - 

—  34  plant.  Rudens,  V,  2,  7.  —  35  Suet.  Caes.  LVI  ;  August.  GX\  pai.  Il, 

Tib.  XVIII.  —  37  piaut.  Curcul.  I,  5-6.  —  38  Suet.  Caes.  LXXXI  ;  y  ^ 

2.  -  39  Suet.  Calig.  XXX.  -  40 Cic.  Ad  Alt.  VI,  t,  2  et  5  ;  S.  Aogu»"»- 

VIII,  20.- 41  Cic.  Phil.l,  8  ;  Ad  fam.  XI,  11  ;  Suet.  Calig-XM-- Mart.  V.Sl.j 
LXIX;  Horat. Satir.  I,  4,  66  ;  Quintil.  Inst.  Or.  VI,  2,  5 ;  Juv.  VII,  ^  __  4»  S. 

1.  —  43  Corp.  inscr.  lut.  VI,  p.  509,  n°  2104,  1.32.  —  /f'  Bl(.h  ^  ‘  ’  jyf  1 i ,  44 

Cyprian.  Epist.  ad  Anton.  X,  3,  13,  14,  p.  764,  780,  781.  —  \rt.o’n ' 

—  47  Piaut.  Pseudol.  II,  4, 16  ;  Ovid.  Heroïd.  XI.  2  :  XVII,  143.  -  "  j3.  |  ; 

III,  206  ;  Mai  l.  X,  1,  2.  —  49  Cic.  De  Orat.  I,  21  ;  Plin-  Hist.  »«  •  y  ^  9;  III, 
Quinlil,  II.  13.  5;  Suet.  Domit.  XVIII.  —  50  Uv.  XXIX,  19  , X  nl  XÛ- 

86,  I  ;  XI,  15,  3.  — 51  Quinlil.  Inst.  Or.  VIII,  6,  73.  j-.  uiI 


LIB 


—  1177  — 


LIB 


l3o  Partie  d’un 


ouvrage,  ce  que  nous  appelons  un 


livre1.  extension,  on  a  donné  à  une  librairie 


16»  Enfin,  par 


le  nom  de  libellus  2.  Henry  Thédenat. 


p«6Xfov,  livre. 

L1B  ■  in  nrrhaïaue.  -  Les  Egyptiens  ont  connu,  des 
[°Pl'ZL  plus  reculée,  l’art  de  fabriquer  des  feuillets 
ra  qU  us  et  de  les  rassembler  pour  en  former  des  livres  ; 

certainement  parmi  eux  d’une  pratique  courante 
V  de  trois  mille  ans  av.  J.-CA  Pourtant  les  Grecs  n  ont 
P  fité  mi’assez  tard  de  cette  invention  étrangère.  Comme 
beaucoup  d’autres  peuples,  ils  ont  commencé  par  écrire 
sur  des  matériaux  ' 


lourds  et  épais;  dans  les  premiers 


siècles  de  leur  histoire 


ils  ne  se  servaient  guère  de  l’écri- 


lureque  pour  assurer  la  conservation  des  documents  ne¬ 
cessaires  à  la  vie  publique  ou  privée  ;  les  ouvrages  litté¬ 
raires  se  transmettaient  surtout  par  la  tradition  orale  :  les 
poèmes  d’Hésiode,  par  exemple,  ont  été  d’abord  gravés 
sur  des  tables  de  plomb,  qui  ne  pouvaient  circuler  de 


main  en  main 1 


Les  Doriens,  il  est  vrai,  employèrent  de 
■  très  bonne  heure  des  peaux  de  chèvre  et  de  mouton4; 
’mab  en  général,  on  dut  surtout  faire  usage  de  tablettes 
de  bois  enduites  de  cire  (7tfvaxsç,  caviSs;,  oéAtoi),  que  l’on 
réunissait  en  nombre  variable  par  une  ficelle  ou  par  une 
courroie  [pugillares,  tabula].  Parmi  les  matériaux  pri¬ 
mitifs  de  l’écriture,  on  cite  encore  les  feuilles  de  palmier 
et  les  écorces  de  certains  arbres8;  ce  témoignage  s’appli¬ 
que  également  bien  aux  premiers  siècles  de  Rome,  puis¬ 
que  le  mot  même  qui  désigne  le  livre  (liber)  a  d’aborcl  eu 
le  sens  d’écorce0.  On  fit,  pour  recueillir  les  actes  publics, 
des  rouleaux  de  feuilles  de  plomb1.  Enfin,  on  écrivit  sur 
des  bandes  de  toile8;  c’est  ainsi  que  furent  formés  ces 
libvi  lintei  de  l’ancienne  Rome,  que  l’on  conservait  au 
Capitole  dans  le  temple  de  Moneta,  et  où  on  avait  tracé, 
année  par  année,  la  liste  des  magistrats9;  tels  étaient 
«coreleslivres sibyllins  [libri]  10.  LesSamnites,  et  d’autres 
peuples  d’Italie,  pratiquèrent  ce  procédé  pour  conserver 
le  souvenir  de  leurs  antiquités  civiles  et  religieuses11. 
I  2°  Le  livre  de  papyrus.  —  Ce  fut,  à  ce  qu’il  semble, 
1  apparition  de  la  littérature  en  prose  qui  rendit  néces¬ 
saire,  au  commencement  du  vie  siècle  av.  J.-C.,  l’emploi 
I  dune  autre  matière.  Les  ouvrages  des  premiers  logogra- 
jhes  et  des  premiers  philosophes  n’étaient  pas  faits  pour 
■_tre  u-cités,  mais  pour  être  lus  ;  à  supposer  que  des  rou- 
I  eaux  de  peau  ou  des  tablettes  de  bois  aient  suffi  encore 
jpen  anl  quelque  temps  à  ces  écrivains,  il  est  clair  qu’on 
U  "1,n  1  ot  sent*r  quels  avantages  présentait  le  papyrus. 


En  tout 


Cds,  ce^e  marchandise  importée  d’Égypte  était 


tdhn  ment,  répandue  dans  les  pays  grecs,  au  moins  au 
mencement  du  ve  siècle.  La  fibre  (p(6Xoç)  du  papyrus 


(lïdfotupoi;),  transformée  en  papier  (yâpTVjç,  charta),  devint 
à  partir  de  ce  moment,  la  matière  la  plus  généralement 
usitée  pour  les  besoins  de  la  littérature12,  quoique  jus¬ 
qu’au  bout  les  Romains,  aussi  bien  que  les  Grecs,  aient 
continué  à  la  tirer  de  l’Égypte.  Après  la  fondation 
d’Alexandrie,  la  fabrication  du  papyrus,  centralisée  dans 
cette  ville,  fut  pour  l’Égypte  une  source  de  richesse  13. 
On  trouvera  à  l’article  papyrus  tout  ce  qui  concerne  la 
préparation  et  la  vente  de  cette  sorte  de  papier. 

La  forme  ordinaire  du  livre  de  papyrus  était  le  rouleau 
(Togo?,  xuXivopo; u,  volumen ).  Les  papetiers  vendaient  des 
feuilles  séparées  (o-eXtoeç,  paginae,  plagulae ,  schedae ), 
dont  les  dimensions  variaient  suivant  les  prix  [papyrus]. 
Une  fois  qu’on  les  avait  recouvertes  d’écriture,  on  les 
mettait  bout  à  bout,  en  collant  légèrement  la  marge 
gauche  de  chaque  nouvelle  feuille  à  la  marge  droite  de 
la  précédente;  faire  cette  opération  se  disait  xoXXîv,  Sia- 
xoXXav,  glutinare,  adglulinare ,  conglut inare 1!l  ;  la  feuille 
collée  s’appelait  xôXX7)g.a i6,  la  première  du  rouleau  ttooitô- 
xoXXov11,  la  dernière  layaTÔxoXXov 18.  Naturellement,  la 
grosseur  du  volumen  dépendait  du  total  des  feuilles  qu'on 
avait  ainsi  juxtaposées,  et  par  conséquent  du  bon  plaisir 
de  l’auteur  ou  du  copiste.  La  fantaisie  des  particuliers,  en 
cette  matière,  s’exercait  sans  limites.  Mais  on  conçoit 
qu’on  dut  éprouver  de  bonne  heure  la  nécessité  de  fixer 
de  justes  proportions  aux  exemplaires  des  ouvrages  clas¬ 
siques  entrés  dans  le  commerce;  sinon,  ils  auraient  pesé 
d’un  poids  trop  lourd  sur  les  bras  du  lecteur.  A  l’époque 
où  les  grammairiens  d’Alexandrie  et  de  Pergame  entre¬ 
prirent  de  reviser  et  de  cataloguer  les  chefs-d’œuvre  de 
la  littérature  grecque,  ils  cherchèrent  à  introduire  dans 
l’usage  un  type  courant  de  volumen.  Ce  type,  adopté  pai 
les  libraires,  aurait  comporté  par  rouleau  ( scapus ) 19  vingt 
feuillets  seulement,  s’il  faut  en  croire  Pline  l'Ancien  : 
«  Nunquam  plures  scapo  quarn  vicenae (plagulae)10  ».  Ce 
chiffre  a  paru  à  M.  Birt  tout  à  fait  invraisemblable,  parce 
que  nous  connaissons  des  exemplaires  d'auteurs  anciens 
beaucoup  plus  volumineux,  qui  cependant  n’ont  pas  pu 
être  exceptionnels;  le  même  savant  a  proposé  de  lire 
ducenae ,  deux  cents  feuillets;  mais  on  ne  saurait  ad¬ 
mettre  un  chiffre  aussi  élevé.  Les  fabricants  dont  parle 
Pline  établissaient  des  rouleaux  de  papier  blanc  tout  faits 
(fhêXta  aypaipa) 21 ,  non  seulement  pour  les  libraires,  mais 
encore  pour  les  auteurs  et  pour  quiconque  en  avait  be¬ 
soin  ;  même  un  auteur  célèbre  n’avait  pas  toujours  de  la 
copie  toute  prête  pour  remplir  entièrement  un  seul  de  ces 
rouleaux22.  Il  est  donc  probable  que  le  maximum  de  vingt 
feuillets  était  suffisant  pour  la  moyenne  des  demandes; 
ce  serait  là,  sauf  erreur,  le  modus  voluminis  23.  On  était 
toujours  libre  d’ajouter  ensuite  au  rouleau  maximum  du 


1 1  °"d'  **  "■  “•  ■ 1 

;  elle  s'est  n  •  A'''10  esI  plus  ancienne  que  Torthographi 

Lutie  se  rencontrent  '  cuue  longlernps  dans  les  îles  et  en  Asie  Mineure 
cPcs  alternent  dans  I  ai'-'  °S  manuscrits  d'un  même  teste  et  qn 

p.  12,  n.  3  ll'lc  niîu|uscrit.  De  là  byhliotheca  ( inscriptions 

p-  40c>  Ct  Bybùs,  „  Yma™8  Paub_Wissowa,  Real  Encxjcl.  articles  Bibl 
ell'e x  BUton  of  F,,,,  7'°*'  2  Ermann,  Gesch.  Aegyptens. 

1!ul  <Wo«S,  ti  jA'  ',  ’  8i;  Keny°n,  Palaeogr.  p.  14;  Wilkinson, 
'Vl,  p.  3  8  C  1878)'  l,t’  PL.  «.X,  Lxvm,  p.  150;  Maspéro 
-  1  Herodot,  y  *i  ^  ***  b  >-  PL  1  i  Birt,  p  48.  -  3  PL.  I 
É  •  .  J  7».  n,*t.  nat.  XIII,  G9.  -  0  Serv.  ad  A  en. 
ÏV".  «,  ttXll,Y  Ho  ü  ap-  13°;Cassiod.  Yar.  XI,  38,  3  ;  ] 
v,;,'  8  P1<  Symm  M  7  T'  U  excess‘  div-  Marti,  1,  17.  _  7  Plin. 
Xl"’  L  XXI, |,  î"™”*»1'  W-  L  «.  -  9  TU.  Liv.  IV,  7,  12  et  20,  8  ; 

and.  De  Ml.  Gel.  232  ;  Symm.  c.  -  U  Til 


38  ;  Fronto,  Ep.  ad.  Caes.  IV,  4,  p.  67,  Naber.  —  t2  Ilerodot.  I,  123,  4;  V,  58,  3  ; 
Corp.  laser,  att.  I,  324  (an  407);  Dzialzko,  Bucli,  col.  942-943  ;  Thompson,  p.  28; 
Kenydn,  p.  14.  —  13  Pliu.  ffist.  nat.  XIII,  69  ;  «  (Charlam)  Alexandri  Magui  Vic¬ 
toria  repertam  auclor  est  M.  Varro,  condita  in  Aegypto  Alexaudria,  antea  non 
fuisse  chartarum  usum.  »  D'après  ce  témoignage,  l'invention  du  papyrus  serait  pos¬ 
térieure  à  la  fondation  d‘  Alexandrie;  mais,  même  en  supposant  que  Varrou  n'a  entendu 
parler  que  des  pays  grecs,  ce  qui  précède  suffit  à  démontrer  son  erreur.  —  14  Aristot. 
noire.  'A0ï]v.,  to|c.  y;  Diog.  Laert.  X,  26  ;  Birt,  p.  24-23.  —  1»  Cic  .Ad.  Attic.  XVI, 
0,  4;  Lucian.  Adv.  indoct.  16  ;  Pliot.  Bibl.  p.  61  a,  8;  Ulp.  Dig.  XXXII,  52,  3. 
— 16  Scott,  Fragm.  ffcrculan.,  Oxford,  1885,  il»  1414.  —  17  Justinian.  Nov.  44,  2. 

_ 18  Mart.  II,  6,  3.  —  16  Sur  ce  sens  du  mot,  voir  Birt,  p.  238.  —  20  Plin.  Hist. 

nat.  XIII,  77  ;  Birt,  p.  341.  —  21  poil.  VII,  211  ;  Etym.  Magn.  p.  260,  41  ;  libri 
nondum  perscripti,  Ulp.  Dig.  XXXII,  52,  a;  Birt,  p.  33,  2  et  241.  — 22  M  art.  1,16  ; 
VU,  81  et  85.  —  23  Quiutil.  V  et  IX  sub  fin.  ;  Augusl.  Civ.  Dei.  Il,  IV  et  V,  sub  fin.  On 
possède  des  rouleaux  égyptiens  où  le  nombre  20  est  inscrit  à  la  fin  de  chaque  ving¬ 
tième  feuillet,  Keuyon,  p.  18. 


LIB 


—  1178  — 


LIB 


commerce  autant  de  feuillets  qu’on  voulait1,  sauf  à  ne 
pas  imposer  au  lecteur  un  trop  lourd  fardeau  2. 

Les  Égyptiens  ont  eu  des  rouleaux  d’une  étendue  con¬ 
sidérable  ;  ils  nous  ont  laissé  un  papyrus  qui  ne  mesure 
pas  moins  de  43  mètres  et  demi;  M.  Birt  a  calculé  qu'il 
suffirait  très  bien  pour  contenir  l 'Odyssée  tout  entière3. 
Cependant  il  est  douteux  que  les  Grecs,  même  avant 
l’époque  alexandrine,  aient  jamais  imité  cet  exemple  et 
enfermé  autant  de  matière  dans  un  seul  volume4.  On 
incline  plutôt  à  croire  que  les  copistes,  dès  les  premiers 
temps,  répartissaient  en  deux  ou  plusieurs  volumes  tout 
ouvrage  qui  dépassait  une  juste  mesure,  mais  sans  faire 
correspondre  la  division  par  volumes  aux  grandes  divi¬ 
sions  du  sujet,  de  telle  sorte  qu  un  même  ouvrage  che¬ 
vauchait  sur  deux  ou  plusieurs  volumes  et  pouvait  même 
y  être  précédé  ou  suivi  par  des  ouvrages  différents; 
c  étaient  des  livres  mélangés,  ffuguiYet;  (h'êAoi  ( volumina 
commixta).  La  critique  alexandrine  mit  fin  à  cette  cou¬ 
tume,  au  moins  pour  les  ouvrages  de  bibliothèque  ;  dans 
sa  révision  de  la  littérature  antérieure,  elle  fit  correspon¬ 
dre  une  fois  pour  toutes  la  division  des  volumes  à  la  divi¬ 
sion  des  matières  :  un  chant  d’Homère  ou  un  livre  de 
l’histoire  de  Thucydide,  par  exemple,  forma  désormais 
un  rouleau5.  Il  semble  bien,  du  reste,  qu’Aristote  avait 
déjà  entrepris  cette  réforme  ;  car  nous  savons  que  chaque 
livre  de  ses  traités  exotériques  était  précédé  d’une  pré¬ 
face  particulière6.  La  réforme  s’imposa  à  la  littérature 
nouvelle;  ces  rouleaux  simples  et  sans  mélange  (àgtysïç 
jh'Qot,  volumina  simplicia) 1  furent  adoptés  communé¬ 
ment  pour  tousles  écrits  destinés  à  une  grande  publicité, 
et  non  à  l’usage  privé.  11  arriva  même  quelquefois,  dans 
les  ouvrages  de  vaste  étendue,  qu’une  seule  division 
occupât  deux  rouleaux;  c’était  le  cas,  par  exemple,  pour 
le  premier  livre  de  Diodore  8.  D’autre  part,  on  en  vint 
naturellement  à  mettre  le  format  du  volume  en  rapport 
avec  le  genre  de  l’ouvrage  :  à  la  poésie,  à  la  littérature 
légère,  on  affecta  des  rouleaux  de  dimensions  modestes  ; 
un  livre  d’un  ouvrage  d’histoire  formait  en  moyenne, 
suivant  M.  Birt,  un  rouleau  quatre  ou  cinq  fois  plus  gros 
qu’un  livre  d’une  épopée9. 

Généralement,  on  n’écrivait  que  sur  la  partie  interne 
du  papyrus,  c’est-à-dire  sur  celle  où  les  libres  de  la  plante 
étaient  disposées  horizontalement  [papyrus]  10.  Ce  n’était 
jamais  que  par  exception  que  l’on  écrivait  aussi  sur  le 
verso  [inversa  charta)11.  Ainsi,  on  abandonnait  aux 
enfants  les  vieux  papiers  de  rebut  déjà  noircis  au  recto; 
sur  l’autre  côté,  resté  vierge,  ils  faisaient  leurs  exercices 
d’écriture  et  leurs  brouillons  12.  Mais  il  était  contraire 
aux  convenances,  autant  qu’aux  habitudes,  d’envoyer  à 
un  ami,  ou  de  mettre  en  circulation,  un  manuscrit  opis- 
thographe  (o7u<7ÔÔYpa«o<;) )3.  Il  est  vrai  qu’un  de  nos  pa¬ 
pyrus  les  plus  précieux,  contenant  la  Politique  des  Athé¬ 
niens  d’Aristote,  est  opisthographe  ;  l’ouvrage  du  grand 
philosophe  est  écrit  sur  le  verso;  quelques  années  aupa- 


i  Hor.  Sat.  I,  10,  92  ;  Dig.  XXXII,  52,  5.  —  2  C'est  tout  ce  que  veulent  dire  Corn. 
Ncp .praef.  8  ;  Hhet.  ad  Herenn.  I,  17,  II,  31  ;  Mart.  II,  1, 3;  IV,  89  ;  August.  Civ.  Dei , 
I,  II,  sub  fin.  —  3  Le  papyrus  Harris;  Chabas,  Pap.  mag .  Harris ,  p.  2;  Partliey, 
Abhandl.  d.  Berlin.  Alcad.  1865,  p.  110  ;  Birt,  p.  131.  —  4  L’opinion  de  Birt  sur  ce 
point,  p.  443,  estdifficilemcntacceplable.Rohde,  Gôtting.Gel.  Anzeigen,  1882,  p.  1554; 
Landwelir,  dans  le  Philologue,  philolog.  Anzeiger  (1884),  XIV,  338  ;  Blass,  p.  338. 

—  5  Tzetz.  Prolegom.  in  Aristoph.  ;  Schol.  ad  Plaut.  ap.  Keil,  Rhein.  Mus.  VI,  117  ; 
Rilschl,  Op.  I,  206  ;  Susemihl.  Alexandrin.  Litt.  I,  335,  33.  —  G  Cic.  Ad.  Att.  IV,  1 6,2. 

—  7  Tzclz.,  Schol  ad.  Plaut.  l.c.  —  8  Diod.  I,  41-42  ;  Rhet.  ad  Herenn.  I,  17,  27  ; 
Cic.  7Wc.HI,  3,  6  ;  Plin.  Epist.  III,  5,5;  autres  enemples  dans  Birt,  p.  316.  — 9Isid. 
Or.  VI,  12,  1  ;  Rulil.Nam.  II,  1  ;  Birt.  p.  286-301.  —10  C’est  du  moins  la  règle  pour 


ravant  (78-79  ap.  J.-C.),  un  fermier  s’était  dô 
recto  pour  écrire  ses  comptes;  mais  on  s’ac  r' T'' du 
mettre  que  cet  exemplaire  du  traité  d’Aristote'6  ^ 
fait  pour  la  vente14.  Les  lignes  d’écriture  étai"'1^ 
sées  par  colonnes  («reAfSsç,  paginae ),  de  telle"  "l  d'Spo' 
chaque  feuillet  collé  (xdXX-^a)  à  l’ensemble  (li’°I'te  q,le 
recevait  une  colonne,  et  toutes  ces  colonnes 
placées  à  la  droite  les  unes  des  autres,  défilaient  '  '  ^ 
sivement  sous  les  yeux  du  lecteur  à  partir  de  la 
Seuls  les  documents  officiels  de  la  République 
furent  écrits  sans  colonnes  [transversa  charte, 
toute  la  largeur  du  rouleau15.  Nous  avons  des 
d’époque  byzantine  dans  lesquels  les  lignes,  toutesm! 
pendiculaires  aux  longs  côtés  du  rouleau,  ne  forment" 
du  haut  en  bas,  qu’une  seule  et  même  colonne'  raai’ 
cette  disposition  n’apparaît  jamais  dans  les  nànv,',r 
littéraires  16.  P  Pyius 

Les  colonnes  étaient  parfois  numérotées;  on  inscri¬ 
vait  les  numéros  dans  la  marge  du  haut  ou  dans  celle  du 
bas  Le  total  était  inscrit  soit  sur  le  premier,  soit  sur 
le  dernier  feuillet18.  En  pareil  cas,  le  total  des  colonnes 
était  aussi  celui  des  feuillets  ;  les  bords  latéraux  des 
feuillets,  par  lesquels  ils  étaient  collés  les  uns  aux  autres, 
formaient  les  entre-colonnemenls.  Mais  il  pouvait  arri¬ 
ver  que  l’on  écrivit  même  sur  les  bords  rapprochés  par 
la  colle,  ou  que  l’on  fit  tenir  deux  colonnes  sur  un  même 
feuillet  ;  dans  ce  cas,  le  total  des  feuillets  n’étant  plus 
celui  des  colonnes,  on  avait  soin  de  les  indiquer  tous 
les  deux  au  commencement  ou  à  la  fin  du  volume  l9.  Le 
nombre  et  la  disposition  des  colonnes  restaient  identi¬ 
ques  dans  tous  les  exemplaires  d’une  même  édition  20, 
afin  que  le  contrôle  du  travail  des  copistes  pût  toujours 
se  faire  d’une  manière  rapide  et  sûre.  Lorsqu’un  certain 
nombre  de  lignes  (<myoç,  versas)  avait  été  arrêté  pour 
une  colonne,  le  copiste  s’y  tenait  dans  toutes  les  colon¬ 
nes  du  même  manuscrit,  mais  non  point  cependant  d’une 
manière  absolue;  nous  voyons  dans  nos  papyrus  que  le 
nombre  des  lignes  oscille  légèrement  d’une  colonne  à 
l’autre. 


Enfin,  pour  faciliter  les  comptes  des  éditeurs,  on  en 
vint  à  instituer  une  ligne-type,  composée  d’un  nombre 
invariable  de  lettres  ou  de  syllabes.  Les  savants  moder¬ 
nes  ont  cherché  à  déterminer  la  stiehométrie  des  manus¬ 
crits  grecs  et  latins  ;  cette  question,  qui  est  du  plus  haut 
intérêt  pour  la  critique  verbale,  parait  aujourd’hui  reso-j  ! 
lue  d’une  manière  satisfaisante.  Il  était  facile  davoirl 
une  commune  mesure  pour  évaluer  rapidement  le  h’a]a 
du  copiste  quand  il  avait  à  reproduire  des  vers  d  uni 
mètre  uniforme,  tels  par  exemple  que  des  liexaim1h'esl 
dactyliques.  On  convint  donc  une  fois  pour  t°utes  qu  ■ 
la  longueur  de  la  ligne  de  prose  serait  ramenée  à  a  I 
gueur  de  l’hexamètre  dactylique,  en  le  consl  U^.j. 
comme  composé  en  moyenne  de  35  lettres,  ou  'b 
labes  21.  Sur  ce  principe,  le  nombre  des  14’"'^ 


les  papyrus  littéraires,  Kenyon,  p.  20, 


U  Mart.  IV,  8Ü,  11. 


12  Hor.  Vf'*1'  '' 
'rirtf'ql  i 

m- 


20,  17.  Voles  d'écolier  au  revers  d’un  discours  d’Hypéride  ;  ^ 

Àôjoç  citiTÔLaeiç  (1848)  ;  Thompson,  p.  60 ;  cf.  Reuvcns,  Lettres.  1,  P-  J ucja„.  lit 
—  13  Mart.'  VIII,  02;  Plin.  Ep.  III,  5,  17;  Ulp.  Dig.  XXXVII,  H,  ^ 

auct.  9  ;  Mai,  Auet.  class.  V  (1833),  p.  356-30 1 .  —  Arist.  AOyo  _ j^enyO», 

London  (1891),  préface  et  pl.  xxii  ;  Kenyon,  p.  20.  —  Suct.  Ca.es.  .  ^  y,  33,  U  | 
p.  21.  —  H  Hercul.  volum.  XI,  1855;  Anthol.  Pal.  VII,  ;  ■  '  BercA 

Mart.  VIII,  44;  Juv.  VII,  100.  —  18  Birt,  p.  159.-  —  19  Scot1,  CraUX. * 
n.  1414.  —  20  Mart.  X,  1,  3.  —  21  Plin,  Ep.  IV,  11  ;  Birt,  p.  161  i  L  ,  jtfl, |lil 
phil.  n.  s.  II  (1878),  97-143;  Diels,  Hernies,  XVII,  377  ;  Momniscn,  gj(S8i  p.  31®’  j 
XXV,  636  ;  Schocne,  Rhein.  Mus.  LU,  133.  Bibliographie  complète 


LIB 


—  1179  — 


LIB 


icent)  ou  de  cinquante  en  cinquante,  puis 


’Cen)At,l  noté  encore,  quelquefois  par  l'auteur  lui- 
]enOff>t>re  1  ,  n:»«i«ion  fï  y  a  le  nrix  de  la  coDie  à 


lotédecenten  ^ 

^T’ÉclH  de  Dioclétien  fixe  le  prix  de  la  copie 
mê®e  •  L  j.  neS)  manière  de  régler  les  comptes  qui 
lant  •'têirT usuelle  et  suppose  nécessairement  une  ligne- 

lîîne  autre  division,  qui  a  sans  aucun  doute  une  ori- 
•  C  ienne  se  rencontre  aussi  dans  quelques  manus- 
g'ne  ^^est  celle  où  chaque  phrase,  ou  membre  de 
crlls  ’  forme  un  alinéa  distinct  ;  la  colométrie, 

«bablmenl  issue  de  1»  poésie  lyrique  a  dù  être  de 
Knne  heure  appliquée,  pour  la  commodité  de  lensoi- 
enement,  aux  ouvrages  destinés  à  être  lus  et  expliques 
J  haute  voix,  notamment  aux  ouvrages  des  orateurs  ; 
nous  savons  que  les  textes  de  Démosthène  et  de  Cicé¬ 
ron  furent  souvent  publiés  sous  cette  forme  ;  de  là  la 
tradition  passa  plus  tard  dans  les  exemplaires  des 


livres  saints 3. 

Au  bas  de  la  dernière  colonne  on  inscrivait  le  titre  de 
F  ouvrage,  le  nombre  des  feuillets,  des  colonnes  et  des 
lignes,  etc.  ;  ces  indications  finales  (xoXo<p<Av)  n’étaient 
pas  utiles  seulement  pour  les  copistes  et  les  libraires  ; 
elles  servaient  aussi  à  renseigner  l’acheteur  et  à  déter¬ 
miner  la  valeur  marchande  de  l’exemplaire4. 

A  l’aide  d’une  règle  (xavwv,  régula)  et  d’un  petit  dis¬ 
que  de  plomb  (pioltêôoç,  plumbus ),  on  traçait  les  lignes 
pour  l’écriture  et  les  limites  des  colonnes5.  Le  titre  et 
lestâtes  de  chapitres  étaient  écrits  à  l’encre  rouge  (mi¬ 
nium),  d’où  le  nom  de  rubrica,  par  lequel  on  les  dési¬ 
gnait0.  Quand  on  voulait  effacer  l’écriture  sur  des 
tablettes  de  cire  [tabula],  on  n’avait  qu’à  gratter  (<j/5cv) 
la  surface  avec  un  canif  et  on  récrivait  par-dessus  ;  la  ta¬ 
blette  était  alors  zâXtv  ^TjCT-q  ;  c’était  un  palimpseste 
(palimpsestus).  Ce  procédé  était  impossible,  ou  au 
moins  très  difficile,  avec  le  papyrus,  matière  beau¬ 
coup  trop  fragile  et  trop  mince  ;  pour  effacer  l’écri¬ 
ture,  à  condition  qu’elle  ne  fût  pas  trop  ancienne, 
on  se  servait  d’une  éponge  mouillée  1.  Cependant, 
par  une  extension  du  mot  usuel,  on  continua  à  ap¬ 
peler  palimpsestes  les  papyrus  lavés  et  corrigés,  quoi- 

•fuà  proprement  parler  on  n’eût  pas  eu  recours  au 
grattage 8. 

Pour  donner  plus  de  consistance  à  l’extrémité  du  rou- 
eau,  on  fixait  le  bord  de  la  dernière  feuille  sur  un  petit 
jymdie.de  bois  ou  d’os  (ojAtpotXôç,  umbilicus )9  ;  dérou- 
ùsr  un  livre  jusqu’à  l’ombilic  (devolvere,  adducere  ad 
*  lnun)'i  c  était  donc  le  lire  jusqu’au  bout10.  Cepen- 
,  on  ne  conBidérait  pas  cet  appendice  comme  indis- 
;  sa  e .  les  papyrus  d’Herculanum  en  sont  dépourvus 


■ ■  ’  40  Bekker;  mslinian.  De  confirm.  Dig.  1;  Polyl 
fljimej,  XV[  nggi,  e’  nz •  *882,  p.  1557  ;  BÛT.  p.  103,  175  ;  Sclian: 

[Birt,  p.  17g  .  Qij.'içj  ?  ~~  1  C°rP'  inscr.'lat,  III,  p.  831.  —  3  Graux,  p.  124 

Mommsen,  fferm/ ''Palé°9r'  des  classiques  lat.  pl.  44.  —4  Mart.  II,  8,  3 
~  8  Anthol.  pa[S'  y,  lkî  ’  XXV>  636  ^  Dzialzko,  Bach.  col.  950,  51  ;  959,  5: 

"  G  Oviil.  Trist  I  ,  0_-(>8  ;  Gardlhausen,  p.  67;  Wattenbach,  p.  211 

ty-cdfam.  VII.  is'  'p~  '  Mapt-  IV'  *0  ;  Suet.  Aug.  85.  —  8  Cat.  22,5 
Pincip.  4,  ^  951'n  ’  ,  B e  9nrnd-  S.  P-  010  D  ;  philosophandum  esse  eu, 

T^nch.  p.  j20  'n  l  *’m-  MarccU-  XV,  5,  12  ;  Thompson,  p.  53  et  75  ;  Dziatzk, 
P  J1'!0  ad  Hor.  Bu  ml  \  C'  °  UQ  palimpseste  du  musée  de  Levde.  —  9  Po 

.  con<l-  41.  _  «  IJor  '  J  j  ^art.  ■*.  0.  10  ;  Lucian.  Aclo.  indoct.  7  et  16  ;  Mer 
'  °r-  IV,  p.  29(j  ’  Mart-  IV>  89,  1-2  ;  Sidon.  Apoll.  Ep.  8,  16  ;  An 

J’‘Wrai^do  qud  ’as'J-  ’ï’en-  ^-0,27,p.  38,  23,  Bursian.  —  11  On  a  trouvé 
31,1  lieu  d'umbilicus  m  * L  ''°S  llaP5TUS  un  roseau  ou  un  agglomérat  de  papyru 
?  °IC°Plions;  K  n  ;nMarC1r''dUMal'’  »'8IC’  "•  L  mais  ce  sont  là  de  tr, 
fc°:  Ut  »,  7;  ,V  8oPv3;  -  12  Bini  Stat.  Sile.  IV,  0,  7;  Mar 

,0v,ïv»*I.  I.  1  a  ’  6  :  15î  vi",  61.  —  13  Tibull.  III,  1,  13.  Mart. 


1,  8,  _U[  v,,n  01.  —  13  Tibull.  III,  1,  13.  Mart. 

ocian.  Ado.  indoct.  7  ;  Merc.  cond.  41  ;  Tibull,  l. 


et  il  n’apparaît  pas  davantage  sur  les  monuments  figurés 
qui  représentent  des  manuscrits  ;  il  est  vraisemblable 
qu’on  le  réservait  pour  les  exemplaires  les  plus  soi¬ 
gnés11.  Sous  l’Empire,  on  en  vint  même  à  fixer  le 
premier  feuillet  sur  un  autre  ombilic;  mais  à  plus  forte 
raison  ces  rouleaux  ornés  de  deux  ombilics,  l’un  au 
commencement,  l’autre  à  la  fin,  durent  toujours  être  une 
exception 12.  Les  deux  extrémités  de  Y umbilicus ,  en 
haut  et  en  bas  du  rouleau,  se  terminaient  quelquefois 
par  deux  «  cornes  (cornua)  »,  c’est-à-dire  vraisemblable¬ 
ment  par  deux  boutons  ou  deux  pointes  dépassant  les 
bases  du  rouleau  13.  Ces  «  cornes  »  étaient  parfois  pein¬ 
tes  ou  dorées  u.  On  rognait  (circumcidere)  et  on  polis¬ 
sait  à  la  pierre  ponce  ( pumicare )  15  le  haut  et  le  bas 
(front  es,  fastigia)  10  du  volume  enroulé  et  on  y  passait 
une  couleur,  du  noir  par  exemple17.  C’était  aussi,  à  ce 
qu’il  semble,  une  pratique  assez  ordinaire  d’enduire  les 
papyrus  avec  de  l’huile  de  cèdre  qui  leur  donnait  une 
couleur  jaune 18  ;  cette  opération  avait  pour  but  d’en  éloi¬ 
gner  les  mites,  les  vers  et  autres  insectes  nuisibles.  Le 
titre  était  inscrit  sur  une  étiquette  de  parchemin  (<nXXuêoç, 
index,  titulus ),  qu’on  suspendait  à  une  des  bases  du 
rouleau  19  ;  de  cette  manière,  quand  une  quantité  de 
rouleaux  fermés  étaient  empilés  sur  défrayons,  ou  ser¬ 
rés  dans  une  boite,  on  pouvait  d’un  coup  d’œil  s’assurer 
du  contenu  de  chacun  d’eux  avant  de  les  tirer  de  leur  place. 
La  figure  4449  représente  d’après  une  peinture  de  Pom- 
péi  un  manuscrit  muni  d’une 
étiquette  ovale,  qui  parait 
bien  n’ètre  autre  chose  que  le 
titulus 20.  Du  reste,  cette  éti¬ 
quette  pendue  extérieurement 
ne  faisait  sans  doute  que 
répéter  le  titre  tracé  sur  le 
premier  ou  sur  le  dernier 
feuillet21.  On  a  retrouvé  récemment  en  Égypte  un  petit 
fragment  de  papyrus,  mesurant  O1”, 028  sur  0m,125,  qui  a 
peut-être  servi  à  cet  usage;  il  provient  d’un  rouleau 
ayant  contenu  les  Mimes 
féminins  de  Sophron, 
comme  l’atteste  l’inscrip¬ 
tion  SQ<ï>PONOS  MI  MOI 
P YNAIKEIOI  22.  Les  vo¬ 
lumes  auxquels  on  atta-  Fig.  4450.  -  —  Boîte  à  manuscrits, 
chait  du  prix  étaient  enrou¬ 
lés  dans  une  couverture  en  peau  (oupSéoa,  çaivoX-qç, 
membrana ,  paenula)  coloriée  en  jaune  ou  en  rouge23; 
une  simple  feuille  de  papyrus,  restée  vierge  d’écriture, 
devait  souvent  en  tenir  lieu  24.  Ceux  à  qui  «es  précau- 

Mart.  III,  2,  9  ;  V,  6,  15.  —  13  Isid.  Orig.  VI,  12,  3  ;  Lucian.  Adv.  indoct.  16  ; 
Mart.  1,  66,  10  ;  117,  16;  VIII,  72;  Cat.  I,  22  et  22,  8  ;  Ov.  Trist.  I,  1,  H. 

—  10  Tibull.  III,  1,  13  ;  Ov.  Trist.  I.  I,  8  ;  Mart.  I,  66,  10.  —  17  Ov.  Trist.  I.  1,  8. 

—  18  Vitruv.  II,  9,  13  ;  Ov.  Trist.  I,  1,  7  ;  III,  t,  13;  Mart.  III,  2,  7  ;  V,  6,  14  ; 
Luciau.  Arfr.  indoct.  IG  ;  Plin.  Hist.  nat.  XIII,  86  ;  Pers.  I,  42  et  Schol.  ad  h.  I.  ; 
Hor.  Ars  poet.  331  ;  Auson.  Epigr.  34,  13;  Mart.  Cap.  H,  136.  —  19  Cic.  ad 
Alt.  IV,  46.  1  et  8  a,  2  ;  Hesych.  s.  V.  ;  Mart.  III,  2,  11  ;  Ov.  Trist.  I,  1,7;  Sen. 
De  tranqu.  an.  9,  6  ;  Ov.  Pont.  IV,  13,  7  ;  Tibull.  III,  1,  12.  —  20  Pi  t  tare  di  Erco- 
lano,  V,  p.  375  ;  Winckelmann,  W erlce,  taf.  3;  Museo  Borbonico ,  I,  12,  2  ;  de 
Jorio,  Guide  pour  la  galerie  des  peintures,  p.  85,  u.  1391  =  Hclbig,  Wandgem. 
Campaniens ,  u.  172G.  —  21  Exemples  de  l'un  el  de  l'autre  d’après  nos  pa¬ 
pyrus  dans  Dzialzko,  Bucll,  col.  959,  7.-  22  Grenfell  et  lîunt,  Oxyrrhynchus 
papyri,  t.  II,  n.  ceci.  On  en  a  peut-être  un  second  exemple  dans  le  n°  ccclxxxi. 

—  23  Mart.  I,  66,  1 1  ;  III,  2,  10  ;  X,  93,  4  ;  Ov'.  Trist.  I,  1,5,  9  ;  Lucian.  Adv. 
indoct.  7;  Merc.  cond.  41;  Tibull.  III,  1,  9;  Cat.  22,  7  (?),  discuté  dans  Birt, 
p.  G7  ;  Poslgate,  Journ.  of  plrilol.  1888,  p.  230,  et  Dziatzko,  Untersuch.  p.  120 

—  24  Comme  on  le  voit  dans  les  rouleaux  d’Herculanum,  de  Jorio.  Offîcina  dei 
pafiri,  p.  20. 


étiquette. 


LTB 


—  1180  — 


LIB 


tions  ne  suffisaient  pas  avaient  encore  le  monnaie 
(àv aXoyeïov),  c’est-à-dire  un  étui  en  bois'.  11  est  douteux 
que  des  courroies  ou  des  cordons  fussent  passés  autour 
du  rouleau  pour  le  tenir  fermé.  Il  est  bien  question  dans 
Catulle  de  courroies  rouges  qui  faisaient  partie  des 
accessoires  d’un  volumen;  ceux  qui  n’admettent  pas 
qu’elles  servissent  à  le  fermer  supposent  qu’elles  por¬ 
taient  l’étiquette  du  titre2.  Il  importe  en  tout  cas  de 
remarquer  les  petits  appendices  qu’on  voit  représentés 

au  bout  de  cha¬ 
que  rouleau  sur 
la  figure  4450  3. 
Certains  ou¬ 
vrages  compor¬ 
taient  un  grand 
nombre  de  rou¬ 
leaux;  il  pouvait 
y  en  avoir  qua¬ 
rante-huit  dans 
un  Homère  com¬ 
plet.  Pour  les 
empêcher  de  se 
disperser,  on  les 
liàit  ensemble  en 
faisceaux  (Sécrgat, 
fasces ) 4  ;  ils  ne 
formaient  désor¬ 
mais  qu’un  seul 
et  même  recueil 

^<ruvTa;iç,  ffuvTocyga,  crtotxa,  ffooptotTlOV,  COrpUS ,  COrpuSCU- 
lum)  5,  qu’on  ne  divisait  plus  dans  la  bibliothèque  ou 
dans  la  capsa.  Tels  sont  ceux  qui  figurent  parmi  les  attri  ¬ 
buts  des  magistri  scriniorum  dans  la  Notitia  dignita- 
tum  (fig.  4451  °). 

Beaucoup  d’écrivains  et  de  magistrats  ont  été  repré¬ 
sentés  par  l’art  antique  tenant  un  rouleau  de  papyrus  à 
la  main  ;  c’est  un  des  attributs  les  plus  ordinaires  des 
personnages  en  toge,  avocats,  patrons  de  municipes  et 
autres,  auxquels  on  a  élevé  des  statues  à  l’époque 
romaine7.  Souvent  aussi  on  le  voit  dans  la  main  de 
Mnémosyne  et  des  Muses,  notamment  de  Clio,  de  Mel- 
pomène  et  de  Calliope8. 

Pour  lire  un  volumen ,  le  lecteur  le  prenait  dans  la 
main  droite,  puis  avec  la  main  gauche  il  tirait  l’extré¬ 
mité  gauche  de  la  bande  de  papyrus  et  il  continuait  ainsi 
en  le  déroulant  (àveXâxt retv,  àvaXsïv,  evolvere,  explicare) 
au  fur  et  à  mesure  de  droite  à  gauche9.  La  figure  4452, 
empruntée  à  une  peinture  de  Pompéi,  montre  de  la 
manière  la  plus  nette  quelle  était  l’attitude  ordinaire 
d’une  personne  occupée  à  lire10.  On  en  pourrait  rappro¬ 
cher  un  très  grand  nombre  de  monuments,  dont  plusieurs 
sont  reproduits  dans  d’autres  articles  de  cet  ouvrage11. 
Quand  on  avait  fini  de  lire,  il  fallait  enrouler  de  nouveau 

l  Mari.  XIV,  84  ;  Boucherie,  Notices  et  extraits  des  mss.  XX11I.  2, 
P-  447.  —  2  Lova  rubra,  Cat.  22,  7  ;  Birt,  Poslgate  et  Dziatzko,  l.  c.  ad 
h.  1.  —  3  Peinture  de  Pompéi,  Mv.s.  Borbon.  I,  12,  3  =  Helbig,  1725.  Voir  aussi 
la  figure  de  Clio,  Ib.  859.  —  4  Aristot.  Fragm.  134  Rose  =  Dion.  liai.  De  Isocr.  18  ; 
Aul.  Gell.  IX,  4  ;  Pctron.  102.  —  3  Cic.  ad  Att.  XVI,  3,  1  ;  ad  Qu.  II,  13  ;  Suid. 

s.  V.  Aiuv  5  Kâffffio;  ;  Polyb.  I,  3,  2;  Diod.  I,  3  ;  XIV,  117  ;  XV,  95  ;  Dig.  XXXII,  52; 
Birt,  p.  34  et  suiv.  —  9  Mèm.  de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  France,  1890  (  L I  ) , 
p.  231  ;  cf.  Not.  dign.  Seeck,  p.  34,  42,  43,  147,  160,  161.  —  7  Nombreux  exemples 
Salom.  Reinach,  Bépert.  de  la  statuaire  gr:  et  r.  t.  I,  p.  509  à  515,  546  à  558  ; 

t.  II,  p.  609  à  622  ;  mais  dans  ces  statues  les  mains  et  leurs  attributs  sont  très  souvent 
des  restaurations  modernes.  Voir  aussi  Visconti  (C.  L.),  Il  sepolcro  di  Q.  Sulpizio 
Massimo  (1871)  la  pl.  ;  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  France,  1899,  p.  407,  etc. 
—  8  S.  Reinach,  l.  c.  t.  I,  p.  256  à  283  ;  l.  H,  p.  301  à  308  ;  Nécropole  de  Myrina , 


Fig.  4451.  —  Rouleaux  de  manuscrits  réunis  en 
faisceaux. 


le  volume  de  telle  sorte  que  le  commencement 
toujours  au-dessus,  prêt  à  être  déroulé  ver . L 
pour  une  autre  lecture.  Cette  nécessité  avait 
geste  qui  avait 
fini  par  devenir 
familier  à  beau¬ 
coup  de  per¬ 
sonnes  ;  on  em¬ 
prisonnait  le 
commencement 
de  la  bande  en¬ 
tre  son  menton 
et  sa  poitrine, 
et  on  enroulait 
à  deux  mains  à 
partir  de  la  fin 
en  serrant  for¬ 
tement  jusqu’à 
ce  qu’on  arrivât 
au  bout;  il  pa- 
raîtquelesvieux 


tr°uvât 
gauche 
un 


livres,  qui  avaient  beaucoup  servi,  se  reconnaissaient  à 
la  trace  qu  y  avait  laissée  le  menton  des  lecteurs12. 

Si  la  feuille  de  papyrus  a  été  pliée,  c’était  surtout 
quand  on  s’en  servait  pour  écrire  des  lettres  [epistola,  ; 
nous  avons  des  papyrus  qui  ont  été  pliés  dans  l’an ti 


quité.  Mais  en  réalité  la  fibre  du  verso  se  prêtait  mal  à, 
recevoir  1  écriture;  aussi  n’y  avait-il  pas  grand  avan¬ 
tage,  avec  cette  matière,  à  abandonner  la  forme  du  rou¬ 
leau  pour  celle  du  cahier  [codex),  autrement  dit  pour  celle 
de  nos  livres  actuels.  Il  n’est  pas  probable  que  l’on  ait 
commencé  à  former  des  codices  chartacei  avant  le  temps 
de  Dioclétien;  les  fragments  de  livres  de  ce  genre  qui 
sont  parvenus  jusqu’à  nous  datent  d’une  période  com¬ 
prise  entre  le  ive  et  le  vmc  siècle13. 

La  collection  de  papyrus  la  plus  importante  par  la 
quantité  est  celle  des  rouleaux  carbonisés  qui  ont  été 
retrouvés  en  1752  sous  la  lave  d’Herculanum;  d’après 


1  inventaire  le  plus  récent,  elle  comprend  1805  numéros, 
dont  un  très  grand  nombre  réduits  à  l’état  de  fragments; 
on  en  a  déchiffré  à  peine  350;  la  bibliothèque  devait 
contenir  à  peu  près  800  rouleaux  entiers.  Ce  sont  pour 
la  plupart  des  ouvrages  de  philosophie  épicurienne  d un 
intérêt  médiocre  copiés  au  temps  d’Auguste1’'.  Dans  ce 
siècle  les  tombeaux  de  l’Égypte  nous  ont  rendu  des 
textes  beaucoup  plus  précieux  :  les  Odes  de  Bacchyli'-Iç, 
la  Politique  des  Athéniens  d’Aristote,  les  Mimes  dllé 
rondas,  pour  ne  citer  que  les  principaux,  comptent  pari*11 
les  dernières  acquisitions  de  la  science.  Nos  papy 
grecs  les  plus  anciens  remontent  à  peu  près  au  comme0 
cernent  du  m0  siècle  av.  J.-C.16.  Nous  donnons  c>'c01^ 
deux  spécimens  de  rouleaux  développés,  l’un  du  tpl 
format,  l’autre  du  petit.  La  figure  4453  reproduit 

p.  420.  —  9  Birt,  p.  18.  —  10  Pitt.  d'Ercolano,  V,  55.  p.  24o  =  Hem o 
1828.  —  U  Voy.  B1BUOTHF.CA,  fig.  852  ;  cathedra  fig.  1255  ;  ceres,  fig. j-  ’  , ” jjg. Î97î. 
fig.  2295 à  2297  ;  educatio,  fig.  2599,  2600,  2605, 2608, 2609,  261  i,  2«la  :  IM“  ^°p|,  17, 
Voir  en  outre  Panofka,  Bilder  Ant.  Lebens ,  IV,  2  ;  Gerhard,  7’1"  ^  j 867,1 

18;  Helbig,  Wandgem.  858,  859,  861,  1099,  1  157,  1158,  1721,  I  JX,  34> 
1868;  Ann.  dell.  Ist.  1855,  tav.  15,  16  et  1856,  tav.  20  ;  Mus.  Bar  ‘‘  ’afeiÆ 
24  ;  XI,  47  ;  Soc.  archéol.  de  Bordeaux,  t.  XI,  p.  89,  et  t.  XIII,  pL  1  '  ^  ^ .  ,)« tm  I 
1898,  1,  pl.  V  et  p.  164,  1900,  1,  p.  169,  etc.  —  12  Mart.  I,  06,  7  ;  ■  p»r 

gr.  III,  p.  79,  n.  50;  Reuvens,  Lettres,  p.  4.  —  13  La  lisle  011  ^  ErC<è,l,tl> 

Dziatzko,  Untersuch.  p.  143  ;  cf.  Kenyon,  p.  24.  —  14  CompaicUu  s(0rics,  *•  '’ 
dei  Pisoni,  p.  G3  (A  tti  dell’  Accademia  dei  Lincei,  Mem.  dell ■  b  ^  |V,  siècle. 
1880,  p.  145).  —  15  L’Imprécation  d’Artemisia  est  peut-être  de  a  pl.  I®1,  j 

Palaeographical  society,  II,  pl.  141  ;  fragment  du  Phédon  de 


L1B 


1181 


L1B 


,  la  Politique  des  Athéniens  ;  le  papyrus  date 
ifPrceau  '  '  ^  siècic  de  notre  ère  ;  dans  son  ensemble,  il 
de la  fm  “  de  37  colonnes,  ayant  en  moyenne  de  45  à 
!  se  compas  ieg  en  quatre  rouleaux  de  longueur 

50llgneSl  pius  long  mesure  2”, 20  et  comprend  11  co- 

iaega  i’PnluscourtmesureOm,9l4etcomprend6colonnes. 

,l0nüCS’,hc  rouleaux  ont  tous  également  0»,275  de  haut; 
Les  quant 


on  y  a  reconnu  quatre  mains  différentes  !.  Dans  la 
figure  4454,  on  voit  une  partie  du  papyrus  d’IIcrondas  ; 
il  date  à  peu  près  de  la  même  époque  que  le  précédent. 
A  l’origine  ilformaitun  rouleau  unique  de  4m,42  delong; 
sa  hauteur  est  de  0M,125  ;  il  comprend  41  colonnes  ;  mais 
il  n’est  pas  complet;  il  faut  y  ajouter  quelques  fragments 
en  mauvais  état.  La  colonne  se  compose  en  moyenne  de 


‘j*rj  Kivv; 


iOHO-V  10 


'K  :  lin',» 


-ÿ~zK- 0» 7 


’ojiipx' 


[ggüië 

-rrr ,,,  p„f.r  -tr_  —  if" 


ÿsstiæ 


y— — 


*  ‘Filf 

ifcwftg  ||j|l|  l^ej: 


Fig.  4453.  —  Manuscrit  d'Aristote  sur  papyrus. 


vers  •  Les  papyrus  latins  jusqu'ici  sont  infiniment 
J?: us  raies  que  les  grecs  ;  tout  ce  que  nous  pouvons  citer 
°ine  à  quelques  pages  mutilées  :  un  fragment  de 

papyrus  CXXV ^Tlst°Ue  on  the  constitution  of  Athens,  facsimile  of 
—  2  Herodas  ir'  MHseum,  Londres,  1891,  f°,  pl,  X,  col,  13  à  la. 

Kunyon,  pl  VIII  ,nlî?m^’  ^ac"s‘m*'c  °f  aie  papyrus  in  Llie  Britisli  Muséum,  by 
wnnfe  par  Cou  '  '*  ^es  listes  des  papyrus  grecs  littéraires  ont  été 

ffo  Bikliothebnr'ï  111  '  ;^eV'  P^ilol.  1896,  p.  105,  et  par  Haebcrlin,  Centralblatt 

^Hplite  est  celle  de*  F  ^  ’  *’  ^ ldus  r<^ceule  *a  plus 

i1'  119,  une  billion  T‘y0n'  ^a^aeoUraP^V  °f  greek  papyri,  p.  129  ;  il  donne  aussi, 
l,al>yvus  gi'CC  •  ji,  "  .1  110  latérale  des  papyrus  grecs  non  littéraires.  Le  plus  beau 
CellÜ  d'fl«mère,  Od.  III,  267-278,  etc.  (Brit.  Mus. 
^ le  ? aPyruakund f  soc'et'J’  U,  182.  Voir  aussi  Gradcnwitz,  Einfülirung  in 
l10111'  1  élude  ilo  ces  i  ^'1ZCL  ^®U0.  On  vient  de  fonder  une  revue  spéciale 

^  l'ei'uxindte  Gebiçi  !  Ulrich  Wilckcn,  Archio  für  Papyrusforschung 

diuin,  Vo ton.  fferculai  !  '  i(l" ''  Leipzig,  Tcubner.  —  3  Fragments  du  poème  sur 
’1'  (PaP- N.  8171  •  ,  V  P'  vn'XXVI  !  Zangemeister-Wattenbach,  Palaeogr.  lat., 
j’r°'p  (Herculanunp  il  ludt'^auSh  Schvifttafeln ,  II,  laf.  31  l.  Fragments  do 
|  "  °“  (18^1),  1,  p.  ’19l  U”P  Uy’  PlUlosoph.  transactions  of  the  royal  society , 
y  ’  P  •  XUI,  xvi,  xvii,  XVIII  a;  Zangemeister-Waltenbacb,  taf.  1 


poème  du  temps  d’Auguste  sur  la  guerre  d’Actium,  des 
lambeaux  de  discours  en  prose,  des  bribes  de  Virgile, 
des  papiers  d’affaires,  etc.3. 

(pap.  N.  1475,  fr.  5);  taf.  II,  1  (pap.  N.  1067,  fr.  Il)  et  2  (pap.  N.  457,  fr.  1). 
Il  y  a  encore  dans  le  fonds  des  papyrus  d'Herculanum  une  cinquantaine  de  fragments 
latins  indéchiffrés  et  peut-être  indéchiffrables  :  Comparelti,  Villa  Ercolanese  dei 
Pisont,  p.  77.  11  faut  y  ajouter  un  fragment  trouvé  à  Herculanum  en  1870  :  Ibid. 
Catalogue  de  Martini,  n°  1806.  Vente  d'esclave  au  British  Muséum,  n°  229  (au  166 
ap.  J.-C .)  ;  Arndt-Taugl,  II,  taf.  32.  Lettre  mettant  lin  au  commandement  d’Abinnius 
(344  ap.  J.-C.),  Nicole  dans  la  Rev.  de  philol.  1896,  p.  46  ;  Nicole  et  Morel,  Archives 
militaires  du  1"  siècle,  Genève  (1900).  De  nouveaux  fragments  latins  viennent 
d'ètrc  trouvés  récemment  en  Égypte,  parmi  lesquels  des  vers  de  Virgile,  et  d’autres 
que  l'on  croit  d'Enuius  :  Grcnfell  et  Hunt,  Oxyrrhynchus  papyri  ( London 
office  of  the  Egypt  exploration  fond),  1899,  t.  I,  n“s  xxx-xxxn  ;  Diels,  Site. 
Ber.  der  Berlin.  Akad.  7  juillet  ,1898.  La  plus  grande  partie  de  nos  papyrus 
latins  est  cataloguée  dans  Wessely,  Schrifttafeln  zur  aelteren  lat.  Palaeo- 
graphie,  n”  1,  2,  6,  7,  8,  9,  10,  1  1,  12,  14,  16,  17,  18,  19,  20,  21,  22,  23,  24, 
25,  20,  27,  28,  29,  30,  31,  44,  49,  50.  Voir  encore  Wilcken,  Krebsel  Viereck,  Aegypt. 
Urkttndtsn  au/  den  Kôiugl.  Museen  zu  Berlin,  Gr.  Urkunden,  II,  nos  610,  611, 
628. 


149 


—  1182  — 


LIB 


LIB 


Le  livre  de  parchemin.  —  Tandis  qu'Eumène  II 
régnait  à  Pergame  (197-159  av.  J. -G.),  on  trouva  dans 
cette  ville  un  nouveau  moyen  de  préparer  les  peaux  d’a¬ 
nimaux  pour  l’écriture;  la  rivalité  entre  les  savants 
d  Alexandrie,  protégés  par  les  Ptolémées,  et  ceux  de 
Pergame,  protégés  par  les  Attales,  aurait  été,  suivant 
^  arron,  la  principale  cause  de  ce  perfectionnement;  les 
Ptolémées  auraient  interdit  d’expédier  du  papyrus  à  Per¬ 
game  et  les  savants  de  la  cour  d’Eumène  auraient  été 
mis  dans  la  nécessité  d’y  suppléer  par  une  matière  nou- 
\elle  ,  ce  serait  un  épisode  de  la  querelle  qui  s’éleva  no¬ 
tamment  entre  Aristarque  et  Cratès  de  Malles1.  Cette 


tradition  n'est  acceptable  qu’en  partie.  On  i  ,]■ 
l’usage  des  peaux  (SicpQlpat)  pour  l’écriture  rem!  '  f|lle 
Asie  Mineure,  à  une  bien  plus  liante  antiquiip^"’ e& 
possible  cependant  qu’on  ait  trouvé  en  effet  à  ]>,’  "  °sl 
sous  Eumène  II,  un  moyen  de  perfectionner  la  L?^’ 
et  l’emploi  de  cette  matière;  autrement  on  s’cx'1)!1 1CaUon 
mal  que  l’antiquité  l’ait  appelée  d’un  nom  parti! ;upUeiaiî 
lui  est  resté,  la  peau  de  Pergame,  membrana  Pen  '^  ^ 
le  parchemin  3.  On  suppose  qu’auparavant 
.  comme  le  papyrus,  ne  recevait  d’écriture  que  Sur  u/?] 
le  coté  du  poil,  qui  en  était  la  partie  externe 

inemployé;  on  devait  aussi  coudre  les  peaux  6!>ai1 

1  ieï)  unes  au 


bout  des  autres  et  en  former  des  rouleaux.  Le  progrès 
aurait  consisté  à  les  préparer  de  telle  sorte  que  l’on  pût 
écrire  sur  les  deux  faces,  et  en  former  ensuite  des  cahiers. 
On  y  gagnait  d’avoir  des  livres  beaucoup  plus  faciles  à 
manier,  où  la  surface  à  couvrir  d’écriture  était,  à  volume 
égal,  augmentée  du  double.  Il  y  avait  encore  un  autre 
avantage:  c’est  que  le  parchemin  était  infiniment  plus 
solide  et  plus  durable  que  le  papyrus  ;  les  anciens  citent 
comme  une  rareté  des  rouleaux  de  papyrus  vieux  de  deux 
ou  trois  cents  ans4  :  nous  avons  encore  des  livres  de 
parchemin  qui  remontent  au  iv°  siècle.  Enfin  on  ne  pou¬ 
vait  qu’à  grand’peine  gratter  l’écriture  sur  le  papyrus  ; 
le  parchemin  souffre  beaucoup  moins  d’un  travail  de 
correction.  ' 

Quand  on  commença  à  se  servir  de  la  peau  de  Pergame 
pour  les  besoins  de  la  littérature,  ce  fut  évidemment  la 
forme  des  tablettes  enduites  de  cire  (tabula,  diptychon] 
que  l’on  prit  pour  modèle  ;  les  polyptyques  de  bois  cou¬ 
ramment  employés  dans  les  affaires  en  guise  de  calepins 
ou  de  registres  durent  donner  la  première  idée  des 
cahiers  de  parchemin  ;  de  là  vient  que  ceux-ci  furent 
quelquefois  appelés  j oug illares  membranci  quand  ils 


étaient  de  petit  format^  les  uns  et  les  autres  étaient  égale¬ 
ment  des  coclices  (xsuyot).  S’il  faut  en  croire  la  tradition, 
le  parchemin  aurait  été  importé  à  Rome  dès  l’époque  de 
l’invention  par  les  soins  de  Cratès  de  Malles8;  on  ne  peut 


guère  douter  en  tout  cas  qu’il  y  fût  en  usage  au  temps 
de  Cicéron  6.  C’est  cependant  un  fait  digne  de  remarque 
que,  malgré  sa  supériorité  sur  lepapyrus,  il  noie  remplaça 
que  très  lentement  dans  le  commerce  de  la  librairie, 
n'a  point  de  témoignages  positifs  sur  des  manuscrits 
parchemin,  contenant  des  ouvrages  classiques,  aun 
temps  de  Martial;  cet  auteur  mentionne  un  Homère,1 
Virgile,  un  Cicéron,  un  Tite  Live,  un  Ovide  ,  enj:0^ 
semble-t-il  qu’à  cette  époque  le  parchemin  lui  unPj.j 
surtout  pour  les  exemplaires  de  fatigue  et  pour  1 
Ions.  Le  papyrus  gardait  toujours  les  préférences  ^ 
qui  voulaient  avoir  les  œuvres  des  grands  écrivain 
des  exemplaires  soignés.  Il  en  fut  ainsi  encan  P(  ^  J 
assez  longtemps.  A  quelle  date  le  parchemin  l111^^ 
dessus?  D’après  les  recherches  les  plus  récent  ^  ^ 
plus  approfondies,  il  paraît  probable  que  ce  1  *l,u’t’aVOllj 
se  produisit  à  peu  près  sous  Dioclétien.  5 1111  ^ 

encore  il  est  vrai  des  papyrus  '1"  rrmvpn 


du  moyen 


1  Varr.  ap.  Plin.  Uist.  nat.  XIII,  70  ;  Isid.  Orig.  VI,  il,  1  ;  Lydus,  p.  Il,  Bonn; 
Hicron.  Ep.oud  Chromât.  Jovin.  et  Euseb.  (7,  2,  Vallars);  Boissonade,  Anecd.  I,  p.  4-20; 
Tzetz.  Chiliad .  XII,  347.  —  2  HerodoL  V,  58;  Ctes.  ap.  Diod.  II,  32,  4.-3  Cepcn- 
dant  pergamena  dans  cette  acception  ne  se  trouve  pas  avaul  YEdict »  Dioclet,  (304 
p.  Clir.),  VII,  38;  Hieron.  Epist.  Vil,  2.  —  4  Plin.  Hist.  nat .  XIII,  83;  Galon, 


oublié  D0S 

cf.  Dziatzko,  Buch ,  col.  944,  38.  Il  ne  f;lll(  ^un  ensevebs5elBCjjj 
es  n’ont  été  préservés  de  la  destruction  que  Pal^  ^  ^  XI  M 
nzc  siècles.  —  b  Boissonade,  Anecd.  I,  cf.  XB»  h 

,  nat.  VII,  85.  —  7  Mart.  XIV,  184,  186,  188,  U  » 

H  ;  Hor.  Sat.  II,  3. 


—  1183 


L1B 


IJ  B 


mvant  qui  a  spécialement  étudié  cette  caté- 
(j’aprèsun  ^  ^  Kenyon,  il  n’y  a  point  de  papyrus 
Fi(’  de  (mi  soit  postérieur  au  m°  siècle  ;  tous  les 
Fec  llUera-JiCg  t-,crits  depuis  le  ive  siècle  seraient  uni- 
PrrllS  gdes  papiers  d’affaires,  des  actes  adminis- 
Buemen  , 1  Ce  qui  est  certain,  c’est  que  nous  avons  des 
tralllS’  !  parchemin  écrits  entre  le  ni0  et  le  ive  siècle  et 
F68  n‘en  avons  pas  de  plus  anciens.  L’enquête  que 
f6 11  ait  faire  sur  les  monuments  figurés  ne  contredit 
FOn!es' conclusions;  au  iv°  siècle,  le  codex  y  apparaît  à 
Pr  lu  rouleau  et  quelquefois  sur  le  même  monument, 
■L  i„  mnntrfi  la  figure  4455 2  ;  à  partir  du  v°  siècle,  il 

devient  plus 
commun  que 
son  rival.  En 
résumé  ,  le 
succès  défini¬ 
tif  du  parche¬ 
min  coïncide 
à  peu  près 
avec  le  triom¬ 
phe  de  lՃ 
glise  ;  comme 
on  l’a  remar¬ 
qué,  il  y  a 
peut-être  là 
plus  qu’une 
simple  coïn¬ 
cidence  3  ; 
Fig.  4455.  —  Volumen  et  Codex.  Cette  matière 

étant  plus  du¬ 
rable  et  se  prêtant  mieux  à  la  formation  des  recueils 
de  vaste  étendue,  il  est  possible  que  les  écrivains 
ecclésiastiques  lui  aient  volontiers  donné  la  préférence 
pour  la  multiplication  des  livres  saints  et  en  général  de 
tous  les  livres  nécessaires  à  l’enseignement  chrétien. 
Constantin  lit  exécuter  cinquante  copies  des  Écritures  sur 
parchemin  pour  les  églises  de  Constantinople4.  Une  fois 
1  exemple  donné  et  l 'épreuve  faite,  on  se  hâta  de  trans¬ 
crire  sur  parchemin  les  ouvrages  des  siècles  passés  aux¬ 
quels  on  voulait  assurer  une  plus  longue  durée  ;  ainsi, 
'ers  la  fin  du  ive  siècle,  deux  prêtres  de  Césarée,  Acacius 
U  P‘uzo*us’  ayant  entrepris  de  renouveler  la  belle  biblio¬ 
thèque  qu  y  avait  formée  saint  Pamphile,  remplacèrent  par 
copies  sur  parchemin  tous  les  livrés  de  papyrus 
îuils  trouvèrent  en  mauvais  état3.  C’est  à  des  restau- 
P  10nS(Éce  genre, poursuivies  surtout  du  iveau  \T  siècle, 

litér I10US  deVOns  ce  cIue  Pe  moyen  âge  a  sauvé  de  la 
plu6'  !  11  '  an^ue‘  N°us  en  aurions  conservé  une  bien 
llée-  p^1  F)ait  S*  °n  ava*p  eu  PPus  tôt  cette  heureuse 
pajw  rouleau  de  papyrus  est  une  des  princi- 

oxercé^m  S  P'0Ur  Pescluelles  les  injures  du  temps  se  sont 
œuvrent  p*16  manp®re  S1  capricieuse  sur  les  plus  belles 
fut  pend- *  classique  ;  c’est  que  chacune  d’elles 

<lnl  "rtStemPs  transmise  par  morceaux  détachés 


connu»?  ic  . . 


■  1  Kenyon,  pa[ 

es^  contesté.  Si  V  ^  ^le  transition  to  vélum ,  et  p.  lli.  Ce  p 

I  *ficulev  beaucoup  |  a(^mc^  théorie  de  Kenyon,  il  faut,  naturellem 
°‘p  liste  de  r  ^  ^  Pass<^  date  de  certains  papyrus  grecs  littérai 
,W-  Sur  ces  ^e:2V,'0UI\  *  PhUol.  I.  e.n«l,  2,0,28,  42,  57, 

■  ,  s’  '°ir  surtout.  Dziatziio,  Untersuch.  Kap.  V,  Buchr 
' lo>'1"  iell’  arte  erilr  l0,l*men  c,es  ^'irgament  codex,  p.  115-149.  —  2  Gam 
"“‘«uments,  princ:..  1  'W’  bjav-  105  A.  Birt,  p.  122,  n.  1,  donne  une  liste  di 

K  IV,  3G  LTir1  daprèS  Garrucci-  —  3  Thompson,  p.  37.  —  4  Eu 

■mon.  Ep.  CXL1.  —  6  Kenyon,  Pal.  p.  122.  — 7  Dzial 


sur  une  matière  très  fragile6.  Les  grandes  compilations 
législatives  de  Théodose  et  de  Justinien  ont  pris  tout  de  suite 
la  forme  de  codires  ;  il  est  douteux  que  ces  codes  eussent 
été  seulement  possibles  avec  l’ancienne  forme  du  livre7. 

Par  un  abus  naturel  du  langage,  le  nom  de  jîtêAo;,  liber, 
qui  avait  servi  pendant  des  siècles  à  désigner  le  livre  en 
fibre  de  papyrus,  fut  appliqué  au  livre  de  parchemin  et 
perdit  ainsi  tout  à  fait  son  sens  étymologique. 

Ce  serait  sortir  de  notre  sujet  que  de  descendre  trop 
bas  dans  l’histoire  du  livre  de  parchemin;  mais  sans 
toucher  à  la  paléographie  du  moyen  âge,  nous  résume¬ 
rons  les  notions  générales  auxquelles  conduit  l’étude  des 
manuscrits  qui  remontent  aux  derniers  temps  de  l’anti¬ 
quité  classique8.  Quand  le  parchemin  avait  reçu  du  fabri¬ 
cant  l’apprêt  nécessaire  [membrana]  etqu’il  avait  été  coupé 
en  feuilles  (^apxia,  <j>ûXXa,  folia. ),  on  les  réglait,  mais  non 
pas  avec  le  disque  de  plomb  comme  le  papyrus;  pour  cette 
opération  exécutée  sur  le  côté  poil,  on  se  servait  d’une 
pointe  mousse  qui  marquait  la  peau  assez  profondément 
pour  que  sa  trace  fût  aussi  visible  au  revers  ;  le  réglage 
était  donc  identique  des  deux  côtés;  on  traçait  par  le 
même  procédé  les  limites  des  marges  à  droite  et  à 
gauche.  Ensuite  on  prenait  quatre  feuilles  et  on  les  pliait 
en  deux;  chacune  d’elles  devenait  alors  un  diploma 
(oiTtXüqaa) 9  ;  les  quatre  feuilles  pliées  et  assemblées  for¬ 
maient  un  cahier,  qualernio  (xexpâç,  Ts-rpaotov),  qui 
comptait  par  conséquent  huit  feuillets  plus  petits  appelés 
paginae ,  comme  les  feuillets  de  papyrus  dans  le  rou¬ 
leau  10.  C’était  là  le  nombre  ordinaire  ;  cependant  on  a  fait 
aussi  des  cahiers  de  cinq  feuilles.  En  assemblant  les 
feuilles  d’un  même  cahier,  on  les  disposait  de  telle  sorte 
que  le  côté  chair  fit  toujours  face  au  côté  chair  et  le  côté 
poil  au  côté  poil,  soit  pour  assortir  les  couleurs,  l’une 
étant  plus  claire  que  l’autre,  soit  pour  permettre  de 
vérifier  plus  facilement  que  les  feuilles  se  suivaient  bien 
dans  l’ordre  voulu11.  Le  format  le  plus  usité  pour  les  textes 
littéraires,  si  nous  en  jugeons  par  les  exemplaires  con¬ 
servés,  était  un  grand  in-quarto,  dans  lequel  la  largeur 
égalait  à  peu  près  la  hauteur  ;  plus  un  manuscrit  se 
rapproche  de  la  forme  carrée,  et  plus  il  est  voisin  des 
temps  antiques.  Les  colonnes  formées  par  l’écriture 
étaient  souvent,  comme  dans  les  papyrus,  groupées  au 
nombre  de  deux12,  de  trois  et  même  de  quatre  par  page 
(fig.  4156),  de  telle  sorte  qu’un  codex  ouvert  ressemblait 
beaucoup  à  une  section  de  volumen  déroulé.  Tous  les 
cahiers  étaient  numérotés  ;  on  inscrivait  le  numéro 
d’ordre  dans  la  marge  en  tète  du  premier  feuillet,  ou  plus 
souvent  à  la  fin  du  dernier.  On  a  même  dû  d’assez  bonne 
heure  numéroter  les  feuillets 13,  bien  qu’il  n’y  ait  pas 
d’exemple  de  cet  usage  dans  les  manuscrits  les  plus 
anciens.  Enfin  les  cahiers  étaient  cousus  ensemble  pour 
former  le  livre.  On  fit  des  exemplaires  de  luxe  avec  des 
parchemins  teints  en  pourpre,  sur  lesquels  le  texte  était 
écrit  en  lettres  d’or  ou  d’argent  ;  Maximin  le  Jeune  en  eut 
un  en  sa  possession  qui  contenait  les  poèmes  d'Homère 14  ; 


Ilitch,  col.  9  48,  23.  —  8  Pour  ce  qui  suit,  voir  les  traités  de  paléographie  qui 
résument  les  observations  faites  sur  nos  mss.,  par  exemple  celui  de  Thompson, 
p.  GO  et  suiv.  —  9  De  SutXoSv,  doubler.  —  10  Par  conséquent  la  pagina,  à  l'ori¬ 
gine,  comprend  à  la  fois  le  recto  et  le  verso.  —  U  Thompson,  p.  62;  Dziatzko, 
Centralblatt  f.  Bibliothekwesen,  IX  (1892),  p.  342.  —  12  Châtelain,  Paléogr.  des 
class.  lat.  Sallust.  pl.  u.  —  13  C'est  ce  qui  semble  résulter  de  Corp.  inscr.  lat. 
XI,  3614,  1.  9,  15,  18.  —  14  Capitol.  Maximin.  Jun.  30,  4;  cf.  Joseph.  Antiqu. 
Jud.  XII,  7,  10;  Isid.  Orig.  VI,  11,  5;  Hieron.  praef.  ad  Joh  ;  Ep.  XVIII;  Optatian. 
Porphyr.  Panegyr.  ad  Constantin,  praef. 


—  1184  — 


LIB 


LIB 


quelques  copies  des  livres  saints  exécutées  dans  le  haut 
moyen  âge  peuvent  nous  donner  une  idée  de  ces  livres 
somptueux1.  Quant  aux  codices  plus  modestes  usuelle¬ 
ment  répandus  dans  le  public,  nous  n’en  avons  qu’un 
petit  nombre  qui  remontent  au  ive  et  au  ve  siècle;  nous 
citerons  parmi  les  grecs  un  Homère  (Ambrosiatius,  à 
Milan)  et  trois  exemplaires  de  la  Bible  ( Vaticanus , 
Smaïticus  et  Alexandrinus),  parmi  les  latins  plusieurs 
Virgile  (. Sangallensis ,  Romanus,  Palatinus,  Mediceus, 
Vaticanusetschedae  Vaticanae),  unTérence  (. Bembinus ), 
des  fragments  de  Salluste  et  deux  Tite  Live2. 


Il  faut  y  ajouter  quelques  palimpsestes  I , 
avons-nous  dit,  avait  sur  le  papyrus  un  ava 
qu’on  pouvait  plus  facilement  le  gratter  ay  881  Cest 
[scalprum],  pour  en  faire  disparaître  rï,1"1  Canif 
mitive  et  pour  récrire  à  sa  surface  un  *<!!,  pri' 
Malheureusement,  on  a’busa  beaucoup  de  en  teXte’ 
après  la  chute  de  l’Empire;  le  parchemin  étucT^ 
plus  rare  et  plus  coûteux,  on  gratta  les  exemnlv ■ 
auteurs  profanes  pour  y  copier  surtout  les  livre PeS ■ 
et  les  ouvrages  des  Pères  de  l’Église.  Un  inC  ?‘ntS 
nombre  de  textes  classiques  ont  dû  être  ainsi  perdl,.^11 


Fig.  4450.  —  Manuscrit  sur  parchemin. 


le  viie  et  le  ixc  siècle.  Mais  parfois  ces  parchemins  grattés 
et  couverts  d'une  seconde  écriture  portent  encore  des 
traces  de  la  première  :  grâce  à  des  réactifs  chimiques,  on 
peut  les  faire  reparaître  et  déchiffrer  plus  ou  moins  com¬ 
plètement  l’ancien  texte3.  C’est  ainsi  qu’on  a  retrouvé 
un  exemplaire  du  de  Republica  de  Cicéron,  qui  date 
du  ive  siècle,  sous  un  ouvrage  de  saint  Augustin  copié  par¬ 
dessus  au  vne  4  (fig.  4457),  et  que  dans  un  manuscrit 
de  Milan  des  morceaux  de  la  Bible  cachaient  un  précieux 
texte  de  Plaute  remontant  à  la  fin  des  temps  antiques  5. 

De  même  que  l’on  fit  par  exception  des  codices  de 
papyrus,  on  fitaussi  des  rouleaux  de  parchemin  qu’on  ne 
couvrit  d’écriture  que  sur  le  recto  ;  cette  forme  du  livre 
de  parchemin,  qui  semble  bien  même  en  avoir  été  la 

1  Voir  les  codices  purpitrei  du  vi°  siècle  énumérés  par  Thompson,  p.  40  ;  ils 
sont  tous  copiés  en  lettres  d  argent.  Toul  récemment  on  vient  de  découvrir  un  Évan¬ 
gile  selon  saint  Mathieu  (ms.  pourpré  du  vie  siècle)  copié  en  lettres  d’ôr.  Omont, 
Journ.  des  savants ,  mai  1900.  —  2  Pour  les  mss.  grecs  de  cette  époque,  voir 
Thompson,  p.  149-152;  pour  les  latins,  Ibid.,  p.  183-193,  et  surtout  Dziatzko, 
Untersuch.  p.  189-198,  qui  en  donne  une  liste  très  copieuse.  V  oir  aussi  Fragm.  de 
formula  Fabiana ,  Papyrus  Rainer ,  IV,  1,  taf.  I.  —  3  Thompson,  p.  75-77. 


forme  primitive,  ne  disparut  jamais  complètement.  Elle 
était  en  usage  au  temps  de  Cicéron  et  dura  pendant  tout 
l’Empire  6.  Dans  les  exemplaires  de  luxe,  le  verso  était 
teint  en  jaune  7. 

4°  Autres  matériaux.  —  Pareillement  on  ne  renonça 
jamais  tout  à  fait,  même  quand  le  papyrus  fut  'fflfore 
par  grandes  masses,  aux  matériaux  dont  on  s  était  su  ’ 
faute  de  mieux,  dans  la  période  archaïque:  telle  eludp^ 
exemple  l’enveloppe  fibreuse  qui  se  trouve  dan- I'  [' 
(cptXdea,  tilia)  entre  l’écorce  et  le  bois;  on  en  fai  a‘^  ^ 
feuilles  de  papier  qui,  collées  en  rouleaux  ' 
papyrus,  perpétuèrent  assez  longtemps  la  Preni"  ''(in(,ore 
du  liber  ;  même  avec  le  bois  du  tilleul  on  Pa‘Nlll.jjpn  g 
des  tablettes  à  écrire  [tabula]  8.  Jusque  sous  A"1 

—  4  Châtelain,  Pal.  des  class.  lat.  pi.  xxxix,  2.  —  ■’  Châtelain,  ^ _ û Oie.  aP'. 

dos  palimpsestes  de  cette  période  dans  Dziatzko,  Untersuch,  p.  [  ^ 

Plin.  Hist.  nat.  VIII,  85  -ad  Attic.  XIII,  24;  Ulp.  Dig.  XXXI1,  "  '  , , _ -  *  f,|in’ 
col.  947,  13,  et  Untersuch.  p.  129.  —  7PcrsF  III,  I0;lsid.  Oing „  .’Tegtani.  I,aS"n'' 
Hist.  nat.  XVI,  14,  G5;  Mart.  Cap.  II,  136;  Ulp.  Dig.  XXX11'  ’  M,  Bon" i 1,10 
Corp.  inscr.  lat.  VI,  1349,  n.  10229,  1.  39;  Symm.  I\,  34,  3,  .  \|\,  U' 

TYVII  •)  .  mil  1  l  ■  llnrodian  I.  17.  1  ;  Aoliaii.  “i  ■ 


LIB 


—  WM  — 


LIB 


lin  on  confectionna  des  livres  de  toile 

sous  Cons  air  primitive,  pour  recueillir  les  actes 

Linme  d»ns  ‘  répandre  dans  le  public  les  textes  de 

des  princes  récemment  un  curieux  échantillon 

loiS‘'  °r  pgs  sur  une  momie  égyptienne  conservée  au 

dC  C6S  luLm-  c’était  à  l’origine  un  rouleau  de  toile,  qui 
Hfusee  cl  Agraui , 


devait  avoir  une  longueur  de  3m,50sur  0m,36à0",,  40de  hau¬ 
teur.  Il  est  couvertd’un  texte  en  langue  étrusque,  emprunté 
sans  doute  à  un  rituel  funéraire  et  disposé  par  colonnes 
de  0m,25  à  0m,26  de  large.  Ce  livre  a  dû  être  copié  au 
temps  des  Ptolémées.  11  a  été  découpé  ensuite  en  bande¬ 
lettes  qui  ont  servi  à  envelopper  la  momie  ;  la  ligure 4438 


-r  5?* 


LÎÛ 


s  ûpep^hs  amenée  ay^cUb  Rl  CAueRaAu: 


w  poauema  vnc^i  ter  ^gi^etntT 

_1  pRÔjnea^peRSe^a^d^g'evun* 

pOaOBiUUÇOT- 

owusesÿ^ 


J)  .  3  ï  |:j 

.  _  _  _  CJUUTû?iei  ÈeptiAC  hftw 

sz  Goatuirt!  jui^rrm  oh.es  t.ov'os  ^wLd^ui^co  aks|£iïu 


>3 


uèAibuoo  s<! 


^^SfmcàÊsyae •  lu  ces-vus e svet© &yj senmo wécofcu  qp «pt 

CH1  ahS^u4tt’îë&  eT\)y  v- 

•^gvQ,qv^^^^^W>^j^i^(Y5a(r.qui5p^|g^Ajuj^ 

ÔSîAïuften  weujAjuaaeop ÆwasetUS çrLAueesff ^ SA.iun v xcoeAi^Bises^ç l 

tf© fa$,cpjgfci . 

se  AS'm 

l,i ïi—y coNsnrms'  ïa&eoeqoat AKue  osrs ucm uUoo ' 

i4xî\i^  I  <bA&$ i  «  <y>  a  ^ea  e  c^)  i  \ 

;OS*j  i  ^P1  ^^AU4l\à>ÇV>peii  'M : 

^juL-tqdibCuooob  isse  coepenr  i^opri  uet 


dJo^ÿ^pe*^as|a.<>sfi.cepTa-<Ç'pyieLLepe&suS'pjcvj 


\ 


slT 


Fig.  4457.  —  Manuscrit  palimpseste. 


resto!'1"!'"'1  Un  morceau-  Le  texte,  dont  l’interprétation 
tlas  douleuse>  est  un  des  principaux  monu- 
®^tede  la  langue  étrusque  L 

f&rmikT.'l'n  a^eurs  tout  °e  qui  concerne  les  livres 
n’avons  .  d  '  otles  de  bois  ou  de  métal  [tabula]  et  nous 
teguu  r.V1  dJaider  ici  de  la  terre  cuite  [ostrakon, 
riaux  pPij,1  acilleüe  on  remplaçait  quelquefois  des  matë- 
lement  de  r!'I°^1CS  U  recev°ir  l’écriture.  Il  importe  seu- 
du  tout  le  v  6nU  ^Ue  d  antdcluilë  classique  n’a  pas  connu 
I  ldpitI  Libriqué  avec  des  chiffons  de  lin  et  de 

I  VOpigQ  1 

I  I1  uislè  jusqu’au  xvi»  1  ’  *~ocl’  Tlieodos.  XI,  27,  t.  Cet  usage  de  la  toile  a 
5"c<‘.  Marquardt-Mau,  Hôm.  Privatleb.  p.  800,  n.  3. 


chanvre  ;  employé  d’abord  par  les  Arabes  au  ixe  siècle,  il 
ne  s’est  répandu  en  Europe  qu’au  xne.  Quant  au  papier  de 
coton,  c’est  une  question  de  savoir  à  quelle  date  il  a  fait 
son  apparition  ;  mais  il  n’est  sûrement  pas  plus  ancien. 

3°  Correction  et  annotât  ion.  —  Que  le  livre  fût  grec 
ou  latin  et  quelles  qu’en  fussent  la  forme  et  l’écriture 
[alphabetum,  scriptura],  l’œuvre  du  copiste  une  fois  ter¬ 
minée  pouvait  laisser  à  désirer.  Souvent  même  elle  était 
très  incorrecte  ;  quand  on  avait  hâte  de  faire  reproduire 
un  texte  en  très  peu  de  temps  à  un  grand  nombre 

—  2  J.  Krall,  Dcnkschr.  d.  Akad.  d.  Wisscnsch.  zu  Wien ,  philos,  hist.  classe, 
XLI  (11192),  3,  notamment  p.  20,  laf.  X,  4,  c. 


U  R 


—  1180  — 


L1B 


d’exemplaires,  il  est  probable  qu’il  devait  être  dicté  à 
toute  une  équipe  de  copistes  travaillant  ensemble1; 
d  autres  fois,  au  contraire,  un  même  exemplaire  était 
l'œuvre  de  plusieurs  mains  différentes;  ces  procédés 
multipliaient  les  chances  d’erreur.  Cicéron  se  plaignait 
que  les  manuscrits  latins  fussent  criblés  de  fautes  et  il  ne 
savait  où  s  adresser  pour  en  trouver  de  corrects  ;  même 
ceux  des  marchands  ne  valaient  pas  mieux  que  les 
autres  '.  De  là  la  nécessité  de  faire  revoir  et  corriger 
(àxptêouv,  Stopôouv,  emendare)  par  un  homme  plus  cultivé 
et  plus  compétent  queles  copistes  les  livres  qu’on  voulait 
acheter  ;  du  reste,  les  libraires  soucieux  de  leurs  inté¬ 
rêts  avaient  eux-mêmes  dans  leurs  officines  des  lec¬ 
teurs  (àvoi  yvwGTai,  anagnostae )  et  des  correcteurs 
(SiopOcoxai),  dont  la  fonction  propre  consistait  à  reviser 
tous  les  manuscrits 
destinés  àla  vente3. 

Pour  que  le  correc¬ 
teur  lui-même  s’ac¬ 
quittât  convenable¬ 
ment  de  sa  tâche,  il 
fallait  qu’il  eût  sous 
les  yeux  un  texte 
auquel  il  pût' se  fier. 

S’il  s’agissait  d’un 
ouvrage  nouveau  ou  au  moins  de  date  récente,  la  chose 
était  encore  assez  facile  ;  l’auteur  avait  intérêt  à  ne  pas 
laisser  répandre  sous  son  nom  des  copies  incorrectes  ; 
aussi  prenait-il  parfois  la  peine  de  surveiller  lui-même 
les  premières  qui  paraissaient  ;  il  faisait  établir  un 
exemplaire  type,  ou  il  corrigeait  de  sa  main  quelques 
exemplaires  qu’il  adressait  à  ses  amis.  Il  suffisait  ensuite 
que  le  correcteur  d’une  librairie  eût  à  sa  disposition  l’un 
de  ceux-là,  ou  au  moins  une  copie  voisine  de  la  source 
pour  qu’il  pût  établir  à  son  tour  une  bonne  édition  Sa 
tâche  était  beaucoup  plus  délicate  s’il  s’agissait  de  re¬ 
produire  des  ouvrages  anciens  dont  les  auteurs  étaient 
morts  depuis  longtemps  et  dont  les  premières  copies 
étaient  détruites  ou  perdues.  Il  fallait  alors  choisir  entre 
les  diverses  leçons  ou  retrouver  sous  des  formes  barbares 
les  leçons  primitives  ;  de  là  naquit  dans  l’antiquité  même 
la  critique  verbale  avec  toutes  les  nouvelles  chances  d’er¬ 
reur  que  comporte  l’interprétation  personnelle  du  critique. 
Il  fallait  enfin  dévoiler  les  altérations  et  les  falsifications 
préméditées  qu’on  n’épargnait  pas  même  aux  plus  grands 
écrivains.  Bref  on  s’explique  aisément  quele  soin  de  reviser 
la  besogne  des  copistes  fût  parfois  confié  à  un  grammai¬ 
rien  de  profession,  à  un  grammaticus ,  et  qu’un  exem¬ 
plaire  eût  d’autant  plus  de  prix  que  le  travail  de  correction 
avait  été  fait  par  un  homme  plus  instruit5 

Sans  entrer  dans  les  questions  épineuses,  le  correc¬ 
teur  avait  au  moins  à  redresser  l’orthographe  et  à  resti- 


1  Le  procédé  de  la  dictée  dans  l'antiquité  est  rendu  très  probable  par  PI  in.  Ep.  IV, 
7,  2.  Voir  sur  cette  question  Dziatzko,  Untersuch.  p.  164. —  2  Cic.  Ad  Qu.  fr.  III,  5, 
6  ;  ad  Att.  XIII,  23,  2;  Hor.  Ep.  II,  3,  354  ;  Strab.  XIII,  p.  G09;  Tit.  Liv.  XXXVIII,  55, 
8;  Lucian.  Adv.  indoct.  4;  Aul.  Gell.  VI,  20,  6;  Symm.  I,  24.  —  3  Cic.  Ad  Att. 
XII,  5,  3  ;  XIII,  23,  2  ;  Mart.  X,  78,  12  ;  Aul.  Gell.  V,  4,  1  ;  VI,  20,  6.  —  4  Cic.  Ad 
Att.  XIII,  44,  3;  ad  fam.  XVI,  22  ;  Mart.  II,  8  ;  VII,  Il  et  17  ;  Hieron.  De  vir.  M. 
35.  —  5  Sen.  Controv.  I,  pr.  il,  p.  50,  4  Bursian  ;  Mart.  VII,  12,  5,  8  ;  X,  3  et  33  ; 
Fronto,  Ep.  ad  M.  Caes.  VII,  p.  20  Naber  ;  Aul.  Gell.  XVIII,  5,  11  ;  Suet.  De 
gramm.  2,  13,  24;  Quintil.  VII,  2,  24;  IX,  4,  39  ;  Serv.  Ad  Aen.  VI,  289; 
Hieron.  Ep.  71,  5  Vallars...  etc.  Pour  le  surplus,  voir  Marquardt-Mau,  Privatleb. 
p.  831-833  ;  Dziatzko,  Buch.  col.  961-962.  —  6  Traité  de  Suet.  r.ip. 
ev  p'.SXtotç  o-T]jAeiwv  dans  les  Suet.  Iieliqu.  p.  137-141  ;  Reiffersclieid  =  Keil,  Gramm. 
lut.  VII.  533  ;  Macé,  Essai  sur  Suétone  (1900),  p.  265.  —  7  Pierron,  écî.  de 


tuer  les  leçons  du  modèle  là  où  le  copist,* 
écarté;  c’était  proprement  Yemendatio.  En 


sen 


•Hait 


mots  n’étaient  pas  séparés  les  uns  des  auin' *es 
correcteur  s’assurait  que  les  paragraphes  p,-*’  ma's*e 
les  divers  signes  de  ponctuation  [scriptur'a1  <h 
à  leur  place  ;  autrement  dit  il  contrôlait  la  "  nl 


Manuscrit  sur  toile. 


Dans  ses  attributions  rentrait  encore  Yadnoian 
Alexandrins,  particulièrement  Aristarque,  avaienr ’  ^ 
duit  dans  l’usage  un  certain  nombre  de  signes  0/^°' 
tionnels  (arrêta,  notae)  pour  éclairer  le  lecteurTT 
mettre  en  garde  contre  les  fautes  de  copie,  les  lernns°"  ? 

pectes,etc.Suétone  comptait  vingt  et  un  signes  de  ce  «eiinî 

Ainsi  dans  le  système  d’ Aristarque  la  SitcXtj  (y-, 
ou  ligne  bifurquée  (>)  renvoyait  à  un  commentai^ 
rôëeXoç  ou  broche  (— )  désignait  un  vers  suspect  d’in¬ 
terpolation,  l’asté¬ 
risque  ($£)  une  ré¬ 
pétition,  1  antisigma 
(D)  une  interver¬ 
sion,...  etc.  Quel- 
ques-uns  de  ces  si¬ 
gnes  se  retrouvent 
en  effet  dans  nos 
papyrus  homéri¬ 
ques  ;  mais  en 
somme  ils  sont  rares  7.  D’autres,  qui  sont  devenus 
d’un  usage  plus  général,  remontent  certainement  aussi  ï 
l’antiquité  classique  :  les  deux  points  (■•)  sur  h  et 
lu  pour  indiquer  la  diérèse  ou  séparation  des  lettres,  le 
point  sur  une  lettre  parasite  (|î),  le  trait  horizontal  bar¬ 
rant  les  mots  à  rejeter  ou  à  remplacer,  le  signe  >  ou  = 
pour  remplir  un  blanc  à  la  fin  d'une  ligne,  l'hyphen  (u)  j 
sous  les  mots  réunis  à  tort.,...  etc.  Les  bonnes  leçons  à 
substituer  aux  mauvaises  étaient  récrites  dans  l'interligne 
au-dessus  des  mots  raturés  ;  une  ligne  omise  était  ajoutée 
avec  un  signe  de  renvoi  dans  la  marge  du  haut  ou  dans  celle 
du  bas  8.  Ce  n’était  poi  nt  la  coutume  de  charger  les  marges 
de  commentaires  (Ô7rop.v7][jtaTa,  commenta );  on  les  recueillait 
plutôt  dans  des  livres  spéciaux.  Pourtant  nous  avons  des 
exemples  de  gloses  et  de  scolies  sur  des  papyrusdel  époque 

alexandrine D.  Lecorrecteurmettaitsonnomcommeunega 

rantie  au  bas  du  manuscri  t  en  le  faisant  suivre  de  la  foi  11111  e 
legi,emendavi ,  contuli ,  relegi  ;  les  copies  exécutées  p<w 
térieurement  ont  quelquefois  respecté  ces  attestations^ 
nous  en  ont  transmis  des  exemples  dans  la  subacriptio ^  ^ 
plus  ancien  que  nous  connaissions  remonte  au  n  ■'ll 
notre  ère  ;  c’est  la  subscriptio  d’un  grammairien,  noi  ^ 
Statilius  Maximus,  qui  avaiL  donné  une  ' n. 
de  loge  agraria  de  Cicéron;  parmi  sess ources,  1 
premier  rang  l’édition  procurée  par  Tiron,  1  •'  ld' 
Cicéron  :  «  Statilius  Maximus  rursus  emendm  1  ^  ^  ^ 
nem  et  Lactatianum  et  Dom{itium )  et  alios  1  d11 

lf5  irailfc  * 

Y  Iliade,  I,  p.  xxxvi  et  II,  p.  522.  —  8  Liste  de  ces  s'Sncj’  .  'flion'P80111  P‘ 
paléographie;  voir  notamment  Kcnyon,  Pal.  p-  50-31  cl  I 
—  0  Dziatzko,  Bach,  col.  903,  17.  —  10  Omont,  Vet.  Test,  gr.  e  ' 

(1897),  pracf.  IX  ;  Dziatzko,  Bach,  col.  901 , 38.  —  11  C'c-  n  J  ,  y.  Saecjj^^ 


U eber  die  Subscript ionen  in  den  Handschr.  rôm 


Classik.  ( Ber 


d.  Wissensch.,  phil.  Iiist.  Ci.  1851,  p.  327-372  (Ilaase,  Bi  I  '  ,  ^  grcslMd®5-' 
scriptionibus,  Ind.  scliol.  Brcslau,  1800-1801  ;  Reifferschod,  IM  •  , eol01,t  de 


r.  d.kd 
■11)11  CO'1 


■À 


p.  123.  L ’explicit  des  inss.  du  moyen  âge  vient  pi Ç1  ,c„|ionnM“r 

Mart.  XIV,  l  B.  «  ,t|lW4.Sj 

Virgile  Medic.  pl I-  3‘  ’  ’  n-cCS$ai!'C,,lCl1 1 


1873  ;  Birt,  r. - - £ -  . 

mule  explicitais  est  liber)  ;  cf.  notamment  Mart.  Xl\  , 
saint  Jérôme  (Epist.  138)  ofcse  trouve  dans  le 


il  suppôt 


n'en  avons  pas  d’exemples  plus  anciens;  mais  comme  ^juité ; 


l'usage  du  rouleau,  il  y  a  des  chances  pour  qu  >1 
20. 


LIB 


H  87 


LIB 


„  ()rnmentation.  -  L’art  d’orner  les  livres  de  dessins 

ipnrs  remonte  à  une  très  haute  antiquité;  car 
el  dC  possédons  des  papyrus  hiéroglyphiques  de  l’an- 
n0l‘i’  p’,vpte  qui  en  offrent  des  exemples'.  A  ne  con- 
^”ne  e  les  textes,  il  semble  que  cet  art  se  serait 
S"  l'iil  assez  lentement  et  assez  tard  chez  les  peuples 

mlroiu  C'T  médecins  grecs,  Crateuas,  Dionysios 

classiques- 
etMetrodoros, 
publièrent  un 
ouvrage  sur 
les  plantes,  où 
chacune  était 
figurée  en  cou¬ 
leurs  au-des¬ 
sus  d’un  texte 
qui  en  décri¬ 
vait  les  effets  ; 

.Crateuas  est 
un  contempo¬ 
rain  de  Cicé¬ 
ron  2.  Nous 
savons  aussi 
que  Varron, 
dans  ses  Ima¬ 
gines,  publia 
les  portraits 
de  sept  cents 
hommes  illus¬ 
tres  ;  Pline, 
qui  rapporte 
le  fait,  félicite 
Varron  de 
cette  très  libé¬ 
rale  invention 
.«  bénir/ ni  ssi- 
Vium  inven- 
tum  »  ;  mais 
il  ne  nous  dit 
rien  du  pro¬ 
cédé,  il  ajoute 
[  seulement  que 
■ces  portraits, 
exécutés  par 
un  certain 
m°yen,  «  ali- 
(JUo  modo 

fin  I  ' 

«  wJWn(!US  a  Un  ®rand  nombre  d’exemplaires, 
dieux  1  Un  h)enfait  n  rendre  jaloux  même  les 

seulement muneris  etiam  dits  invidiosi),  non 

plais  encore  in  0nnc‘ 1  '“mortalité  à  ces  personnages, 
partout  on  t  T  d  envoyés  Par  toute  la  terre  afin  que 

hypothèses  chim  Cr°lre  présents3-  »  Sans  parler  des 
peux  éloop  t  -i  ncpJes  auxquelles  a  donné  lieu  ce  pom¬ 
pes  eu  de^dev-'  résulterah  de  là  que  Yarron  n’aurait 
la  foi  de  Plin  anCleiS  ’  011  1  a  cru  longtemps  en  effet  sur 
e  1  mais  son  témoignage  est  aujourd’hui 

B  tcenians  un„ 

\  pl'  246  '  Cllaba3’  lmp,  mag.  Harris,  \ 

„  "|MM.  m»t.  de  v  mo  (1882b  n.  2031-2041  ;  Papyr.  Rainer,  03  ;  F 

BUt.  nat  kïxv  7,9°’  97  Ct  184'  ~  2  PMn.  Hist.  nat. 

C  ,  "  a  c,'i  voir  là  ‘  j.  ’  .  1  ’{  Rltscbi>  Opusc.  111,  p.  452,  508  ct 
—  5  ti  cboso  comme  la  n-nn  llslon  ®  un  procédé  mécanique  de  reproduction, 
J':1'  chère  surtout  ™ele-  °*  ^r.  pic  .  p.  22-23 

f  C'10n'  ^  aii8t  lÏ),  'J?'1™-  *“*■  XLVIH  (1893), 


jvicmojumhona' 


Î'Y-t'5"' 


K. 


*T' 


Fig.  4459.  —  Peinture  sur  manuscrit. 


‘S,  p.  2  ; 
ervot 
XXV, 
530. 


quoique  les  preuves  qu’il  a  cru  tr 


p.  91  ;  Index 
ouver  ne  paraissent 


contesté;  on  tend  de  plus  en  plus  à  admettre  qu'il  ne 
s’applique  qu’aux  livres  des  Romains  et,  à  défaut  de 
preuves  positives,  on  considère  au  moins  comme  très 
vraisemblable  que  bien  avant  Varron  les  Alexandrins 
avaient  eu  l’idée  de  peindre  des  portraits  sur  les  manus¬ 
crits5.  En  tout  cas,  on  ne  saurait  douter  qu’ils  eussent 
déjà  emprunté  à  l’antique  Égypte  l’art  d’y  tracer  des 

dessins  et  des 
figures  colo¬ 
riées  6.  Sous 
l’Empire,  ce 
fut  un  usage 
très  commun 
de  donner  en 
tète  des  ou¬ 
vrages  classi¬ 
ques  le  por¬ 
trait  de  l’au¬ 
teur  ;  les  plus 
grands  écri¬ 
vains  deRome 
furent  sou¬ 
vent  repré¬ 
sentés^  par¬ 
tir  du  temps 
d’Auguste 
sur  la  pre¬ 
mière  feuille 
des  rouleaux 
de  papyrus 
qui  conte  - 
naient  leurs 
œuvres  7. 

Parmi  les 
papyrus  grecs 
et  latins  que 
l’on  a  trou¬ 
vés  jusqu’ici, 
un  petit  nom¬ 
bre  seule  - 
ment  portent 
des  figures 
tracées  à  l’en¬ 
cre  et  au  ca- 
lame  ;  elles  se 
rencontrent 

principalement  dans  les  papyrus  magiques8  ;  un  traité 
d’astronomie  de  l'époque  alexandrine,  mis  sous  le  nom 
d’Eudoxe,  contient  aussi  des  figures  géométriques 
rehaussées  de  couleur  rouge9.  Les  papyrus  proprement 
littéraires  sont  dépourvus  de  toute  illustration.  Mais  nous 
avons  des  manuscrits  sur  parchemin,  généralement 
attribués  au  ivc  et  au  vc  siècle,  qui  sont  ornés  de  pein¬ 
tures  comme  les  livres  de  l'àge  classique,  et  même  les 
savants  qui  ont  étudié  ces  peintures  en  dernier  lieu  sont 
très  portés  à  croire  qu’elles  ne  font  qu’en  reproduire 


V  l  NV VJ  JUIMüAJU  a  t  J  ÇjlteX  £  A  l  HU. 

i [a \ f u sam' mvmccHH vjs’cvj  ■ 

XNUfOMSSVJBlt'û^OMVJVjLlV)  Sfio  NTCOlO  XV)  \)  y  $  ■ 
MCSJCOMaMA\AM5lPviCOMAl$rDa^VJ5ADmlVV»; 
R.ACOA M I VJ I  MMOACÊt|l  VJ1  DI  iy  • * 

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y 


pas  très  solides  ;  Tliielc,  p.  29,  et  de  nouveau  Betho,  Wochensehr.  (. 
Klass.  Philol.  14  déc.  1898.  —  6  Ms.  du  ps.  Eudoxe  (vers  190  av.  J.-C.), 

Brunet  de  Prcsle,  Notices  et  extraits ,  XVIII,  25;  Atlas,  pl.  i-x.  —  1  Coru. 

Ncp.  Alt.  XIII,  3  ;  Son.  de  tranqu.  an.  x,  7  ;  Mari.  XIV,  186  ;  Plin.  Hist.  nat. 
XXXV,  8  ;  Juv.  IX,  145.  Voir  encore  Suet.  Rom.  10  ;  Thiele,  p.  30.  —  8  Pa¬ 
pyr.  of  the  Brit.  Mus.  XLVI,  col.  2  recto,  5  verso;  CXXI,  col.  6,  9,  17,  27; 

CXXÜ;  Lccmans,  Papyr.  gr.  Lugd.  Batav.  t.  I,  pap.  magique  U,  col.  5. 

—  9  Brunet  de  Presles,  Loc.  cit. 


LIB 


—  1188 


d'autres  plus  anciennes,  tracées  sur  papyrus  au  u%  et 
peut-être  au  i"  siècle1.  Comme  exemple,'  nous  citerons 
tout  d  abord  un  Virgile  (  Vatican.  3225)  qui  ne  peut  guère 
être  postérieur  a  Théodose  ;  il  nous  en  reste  76  feuillets 
ornés  de  50  peint  ures  à  la  gouache  ;  elles  occupent  le  bas, 
le  haut  ou  le  milieu  de  la  page,  quelquefois  une  page 
tout  entière  ;  elles  sont  encadrées  par  un  filet  noir  et  par 
un  second  filet 
extérieur  de  cou¬ 
leur  rouge,  sur 
lequel  ont  été 
posés  au  pinceau 
des  losanges 
d'or.  Quelque¬ 
fois  comme  sur 
les  bas-reliefs  an¬ 
tiques, on  voit  re¬ 
présentées  dans 
le  même  tableau 
deux  actions  suc¬ 
cessives  où  pa¬ 
raissent  les  mê¬ 
mes  personna¬ 
ges2.  La  figure 
4459  montre 
Enée  et  Acliate 
conduits  par  la 
Sibylle  de  Cumes 
au  temple  d’A¬ 
pollon;  des  lé¬ 
gendes  tracées 
dans  le  champ 
désignent  par 
leur  nom  les 
trois  personna¬ 
ges  et  le  temple. 

A  en  juger  d’a¬ 
près  les  costu¬ 
mes,  les  armes 
et  le  style  de  ces 
morceaux  ,  il 


—  LIB 

Romanus  ;  d’après  une  hypothèse  séduisante  -, 
rait  fort  bien  que  ces  trois  exemplair  ’  Se  Par¬ 
viennent  de  trois  rouleaux  de  bonne  époou^  ldenli(îUe8 
cédaient  les  trois  parties  de  l’œuvre  vi  \°ÙilsPr<i* 
copistes  intermédiaires  les  ont  déplacés  m-!b' ,  nne;  les 
sans  leur  faire  perdre  tout  à  fait  leur  caract '"llement. 
qui  tranche  sur  celui  des  autres  peint, iro.'! 

du  manus- 


IllAM-SVMMA-rivOCVLviiLAAVM-CVlAAlNA'fvMANI 

M  M  OU  5CIV  I-Ç  \  DV  M  T-A  IT  l  $-Q  [  MO  N 1 1  b  V  SV  M  5  AA  £  : 


Fig.  4460.  —  Portrait  de  Virgile. 


n  est  pas  impossible  que  nous  ayons  là  des  copies 
d'un  volumen  qui  remonterait  au  temps  des  Antonins3. 
Le  Codex  Romanus  de  Virgile  (  Vatican .  3867)  est  du 
vr  siècle  ;  les  19  peintures  qui  subsistent  encore  appar¬ 
tiennent  à  un  art  plus  barbare  que  les  précédentes 
et  ne  peuvent  provenir  d  un  original  antérieur  à  Cons¬ 
tantin;  mais  dans  le  nombre  se  trouve  un  portrait  de 
Virgile,  échantillon  curieux  de  ces  portraits  d’auteur 
qu  on  mettait  en  tête  des  livres  (fîg.  4460)  ;  le  poète, 
tenant  lui-même  un  volumen,  est  assis  entre  un  pupitre 
et  une  capsa  ’.  Ce  qui  est  surtout  digne  de  remarque, 
c  est  que  ce  portrait  est  répété  trois  fois  dans  le  Codex 

1  Tliiele,  p.  17  et  suiv.  —  2  Les  procédés  techniques  de  ces  peintures  sont  étudiés 
et  décrits  arec  beaucoup  de  soin  par  P.  de  Nolhac,  Les  peintures  des  manuscrits  de 
Virgile,  Mélanges  de  l’École  française  de  Home,  1884,  p.  305.  —  3  Codices  e  Vati- 
canis  selecti  phototypice  expressi,  1  (1899),  pict.  31  ;  cf.  Tliiele,  p.  21;  Dzialzko ,Un- 
tersuch.  p.  181,  n.  2.  4  De  Nolhac,  l.  c.  pl.  xi.  Comp.  lamosaïque  de  Sousse,  re¬ 

présentant  \  irgile  (imago,  fig.  3973J. —  3  De  Nolhac,  l.  c.  p.  320,  n°!  2, 4et  0,  elp.  327  ; 
Tluele,  p.  20.  —  G  Séroux  d'Agincourt,  Hist.  de  l’art  (1823),  t.  V,  pl.  lxiii  ;  Mai,  Virg . 
picturae  antiq.  ex  Cod.  Vatican.  (1835);  De  Nolhac,  l.  c.  p.  319,  pl.  xii,  L.  Trauba, 
Ailes  das  Codex  Homanus  d.  Virgil.  in  Siiena  Belbiqiana,  1900,  p.  307. 
—  '  Jhadis  fragm.  antiq.  cumpicturis,  éd.  Ang.Mai,  Mediol.  1819;  Palaeograph. 
society,  pl.  39,  et  suiv.;  Thiele,  p.  23.-8  Hartel  et  Wickhoff,  Jahrb.  d.  kuns- 
thist.Samml.zu  Wien, Erganz.Band  15/16  ;  Tliiele, p.26.-  9  Léo, mernJtfua.XXXVIH 
(1883),  p.  317;  Crusius,  Philologue,  1897,  fasc.HIjThiele.p.  21.  Ces  peintures  n'ont  été 


cri  l 

11  fa«t  faire 
rentrer  dans  ia 

même  catégo- 

rie  UI1e  Iliade, 
conservée  à  Mi- 
lan,  ouvrage  du 
ve  siècle,  qui  de- 
va‘f  contenir 
dans  son  état pù 

niitif,  environ 
130  peintures 
et  une  Bible  de 
la  même  époque, 
dite  la  Genèse  de 
Vienne8.  On  est 
même  de  plus  en 
plus  disposé  à 
admettre  que  les 
dessins  et  les 
peintures,  qui 
ornent  plusieurs 
manuscrits  de 
Trencée  copiés 
en  plein  moyen 
âge,  du  ixe  au 
xic  siècle,  procè 
dent  d’un  exem 
plaire  sur  papy 
rus  datant  de 
premiers  temps 
de  notre  ère9 
Comme  il  est 
naturel,  les  ou 

vrages  antiques  qui  touchent  aux  sciences  sont  aussi 
illustrés  dans  quelques-uns  de  nos  manuscrits  en  par¬ 
chemin  ;  tel  est  un  exemplaire  du  traité  du  médecin 
Dioscoride  sur  les  plantes10;  il  peut  donner  une  idée 
de  la  Botanique  illustrée  de  Crateuas  dont  pade 
Pline  H.  Tels  sont  encore  un  Nicandre13  et  un  mu 
nuscrit  des  Àratea  de  Germanicus  13,  conservés  llDl 
à  Paris  et  l’autre  à  Leyde  ;  il  y  a  de  fortes  .. 
tions  pour  que  les  enlumineurs  qui  les  ont  ornés  aie 
travaillé  d’après  des  modèles  remontant  par  une  ?l'n® 
d’intermédiaires  jusqu’au  temps  même  de  Nicandr-e 
d’Aratus.  Georges  Lafaye. 

publiées  qu'en  partie;  Séroux  d’Agincourt,  V,  pl.  35,  36;  WicseN  î ,  ^  sonj 
Bühnenwesens.  Gôtting.  1851,  laf.  X  ;  Mai,  Plauti  fragm.  Milan,  I'1  |UCi,|Ues 
mss.  de  Châtelain,  Pcilêogr.  des  class.  lat.  Térencc,  pl.  vit,  'Il,!  '  ^ri„cl)i  Die 
autres  cités  par  Thiele,  p.  22.  —  10  A  Vienne  (an  500  environ).  ,u^|n)aI10 
Vornehmsten  Kunstdenkmaeler  in  Oesterreich ,  p.  510;  Thiele»  P*  ^ 
prépare  une  étude  sur  ce  mss.  ;  Ibid,  note  1.  —  11  Plin.  Hist.  ;  ^  lia» 

—  12  Paris,  Bibl.  Nat.  suppl.  gr.  247  (x°  siècle);  Gaz.  arclu ’ul-  1 


ion  A.  COATOON 
101 1  OA  AVON!  SVAl’COATDON-f  AAI  O  AAIDE  BAÎ’AI  E  XiN 
DtLîCl  A  S'DOMl  N  i-N  I GQV  l  D5  ü  A  AAI  XHA  b  E  5  AT 
1 A  N  XVM1 M  X  f  A  D I  R$7\$VM  B  i\OS  AC  ACV  AAI  N  A  fAGQA 
ADSl  OVAEVt  N  i  î  BAH  A  L-tfAE  01 N  COM  DIX  A\SOl^$  f 


lui  in 

-  -  -  j 3  Vossia»* ‘ 

pl.  xvm,  xxxu;  187G,  p.  34,  37,  pl.  xi,  xxiv;  Thiele,  p.  31.-  .  !,.ailés  d* 

-  B.BLIOGRAPH.E.  La  P1"?^  ^1.  « 

paléographie  grecque  et  latine  depuis  Montfaucon  (1708)  Ipuchu^  ^  j{cuyon> 
ce  qui  concerne  spécialement  les  papyrus,  voir  la  bibliographie  <  <  ^  ^  j-jjjgloi^ 

l.c.  Appendix ,  II  et  III,  p.  129-153.  Nous  mentionnerons  eU  partie  ^erllA  I 
du  livre  :  C.  G.  Schwartz,  De  ornamentis  libronu»  et  varia  >" 


LIB 


—  1189  — 


tFR  __  Liber  ou  Liber  pater  était  un  dieu 

I,BFR  VAimie  dont  le  caractère  et  le  sens  primitifs 
|d'orig'ne  l  l1  ,  lrè’g  bonne  heure  sous  l’influence  de  la 
[ s’altérèreu  <>  plusieurs  savants  modernes  ont 

'myth0l02sf  d’admettre  l’existence  d’un  Liber  pater 
inêmC  b  n’ont  voulu  voir  dans  le  Liber  de  la  religion 
jtahque  ,  i  t> _  ^  .  imp0rté  en  Italie,  dont  le  nom 

romaine  q>'  Aéottoç,  ’EXsuôs'pioç,  données 

rfrlu  zeus  ou  au  Dionysos  hellénique  ■.  Celle 
pa.  "lb  0a  inexacte.  Il  est  possible  en  effet,  d’une  part, 
Tdémontrer  la  très  haute  antiquité  du  culte  de  Liber 
Lr  et  de  sa  parèdre  Libéra  à  Rome  même  ;  d  autre 
Z  de  mettre  en  lumière  la  physionomie  très  originale 
l  Ce  dieu  physionomie  réellement  différente  de  celle 
L  divinités  grecques  auxquelles  plus  tard  il  fut  assimilé. 

Du  dieu  lui-même,  nous  ne  connaissons  guère  que  le 
nom  Le  plus  souvent  il  est  appelé  Liber  ou  Liber  pater  ; 
Quelquefois  Liber  apparaît  comme  une  épithète  de  Jupi¬ 
ter:  le  temple  de  Jupiter  Liber  à  Furfo,  chez  les  Vestins 2, 
est  bien  connu;  des  inscriptions  dédiées  J  obi  Libero  ont 
été  trouvées  sur  le  territoire  des  Frentans3,  en  Sabine4, 
etàCapoue8;  la  même  mention  se  lit  à  Rome  sur  le 
Calendrier  des  Arvales  à  la  date  du  1er  'septembre6.  Les 
plus  anciennes  formes  du  mot  Liber  furent  Loebasius 
ou  Loebesus  \  Leiber\  Leber'L  Les  anciens  s’efforcèrent 
de  retrouver  le  sens  originel  de  ce  mot.  Varron,  cité  pai 
saint  Augustin,  Sénèque,  Paul,  ont  pris  pour  base  de  leur 


exégèse  le  sens  ordinaire  et  courant  de  1  adjectif  liber. 
Saint  Augustin  dit  :  «  a  liberamento ,  quod  mares  in 
coeundo  per  ejus  beneficium  emissis  seminibus  liberen- 
tur\  hoc  idem  in  feminis  agere  Libéra m  10  »  ;  Sénèque  : 
«  Liber ...  non  ob  licentiam  linguae  dictas  est  inventor 
tiini,sedquia  libérât  servitio  curarum  animum,  et  asse¬ 
oit  vegetatgue  et  audaciorem  in  omnes  conatus  fac.it 11  »  ; 
Paul  :  «  Liber...  ideo  sic  appellatur,  quod  vino  nimio 
usi  omnia  libéré  loquantur 12 .  »  Au  contraire,  Cicéron 
rapproche  le  nom  du  dieu  du  mot  liberi ,  enfants  :  «  Quod 
ex  nobis  natoè  libéras  appellamus,  idcirco  Cerere  nati 
nominal. i  sunt  Liber  et  Libéra  13  ».  Ainsi  les  Romains  du 
dernier  siècle  de  la  République  ne  connaissaient  plus 
avec  certitude  le  sens  ni  l’étymologie  du  mot  Liber  ;  cette 
incertitude  et  ces  divergences  d’opinion  nous  indiquent 
déjà  la  haute  antiquité  du  culte  de  ce  dieu  en  Italie.  La 
plupart  des  savants*  modernes  rattachent  le  mot  Liber 
Leiber ,  Leber,  Loebesus)  à  la  racine  indo-européenne 
îb'  do(l  sont  dérivés  les  mots  libare ,  Xetêstv,  etc.  u. 

|  lbu  ou  Liber  pater  était  donc  le  dieu  qui  répand,  qui 
Veise  l’abondance  et  la  fécondité. 

L  Paim‘  l®s  cérémonies  du  culte  de  Liber ,  il  en  est  deux 
fUl  nous  paraissent  propres  au  Liber  italique.  C’est 


iwi  AufsaH  '  '  °u bips.  1758,  4»  ;  C.  F.  Mausci.  Vennischte  Abhandlungei 
Mlhe;  les  jl  ■ 1  x  -  *  )  •  P  •  27-1;  Géraud,  Essai  sur  les  livres,  part  iculièremen. 
m  (issu  Paiis’  18i°  ’  B^fcw-Goell,  Charikles,  H*  (1877),  p.  133  ;  Galles 

livre, Paris!  isso'-  Tl' 'ajj|^lau3en’  Grieeh.  Palaeogr.  (1879);  Em.  Egger,  Hist.  di 
gtkhrte  An-r  '  11  h  Das  antike  Buchwesen,  Berlin,  1882  ;E.Rohde,  Gôtting 

L  )  '  '  ' 33^  '  C.  Uaeberlin,  Beitraeqe  sur  Kenntniss  d.  ant 

bl,  S7i;CJ.;frtMpWe,e'ii'  CeMralblatt  für  Bibliothekwesen,  VI,  481  ;  VII,  1 
!>■  107;  F  B|as's  "fyri’Ibid.  XIV,  1;  Marquardt-Mau,  Rom.  Privatleben  (1886) 
vt|n  Minier,  }]n  1  "P^ie,  Buchwesen  u.  Handschriftkunde,  dans  Iwai 

8-  Lndweln.  Slu  r  ^ass‘  Alterth.  Wissenscliaft,  12  (1892),  p.  297 

119;  p.  j]  !,Iju  d"s pntilee  Buchwesen,  Archiv  für  lat.  Lcxicogr.  VI 
[  J-  ScliuluCj  nolle  0n’!’sou’  Èandboolc  of  gr.  and  lat.  palaeography  (1893) 
feitmw.  studie\Codex' ein  archaeol°e-  Beitrag  s.  Geseh.  d.  Ar.  Test. 
Sth*ft nesenim  fT'  GrCmer  dar8ebr-  C893)-  1'-  1*7;  W.  Waltenbach,  Da 

I  Mappurei  \m-'  '  *b899)  ;  G.  Thicle,  De  antiquorum  libris  pictis  capih 

I  x9>td  (1899)  ;  Daia ùko  (  i  '  G.  Kcnjon,  Tlic  palaeography  of  greetc  papxjri 
y  ’  01  '  dans  Pauly-W issowa,  Realeneyclopaedie  d.  klass 


LIB 

d’abord  la  fête  romaine  des  Libéra  lia ,  qui  se  célébrait 
le  17  mars,  et  qui  n’avait  rien  de  commun  soit  avec  les 
Diongsia ,  soit  avec  les  Ludi  Liberales  de  création  posté¬ 
rieure.  Cette  fête  des  Liberalia  était  très  ancienne  a 
Rome;  elle  est  inscrite  sur  l’un  des  plus  anciens  calen¬ 
driers,  le  calendrier  dit  de  Numa,  et  elle  y  figure  en 
grandes  majuscules,  ce  qui  est  une  preuve  de  sa  haute 
antiquité  ls.  Malheureusement,  nous  ne  possédons  sur 
cette  fête  que  des  renseignements  peu  nombreux  et  peu 
explicites  :  le  plus  curieux  assurément  est  celui  qui  nous 
a  été  transmis  par  Ovide16.  Le  jour  des  Liberalia,  c  esl- 
à-dire  le  17  mars,  on  rencontrait  partout  dans  Rome  des 
vieilles  femmes,  que  Varron  appelle  des  prêtresses  de 
Liber  ( sacerdotes  Liberi ),  couronnées  de  lierre;  elles 
vendaient  aux  passants  des  gâteaux,  faits  avec  de  la 
farine,  du  miel  et  de  l’huile  [l'bum]  ;  elles  portaient  en 
outre  avec  elles  un  petit  autel,  et  de  chaque  gâteau 
qu’elles  vendaient  elles  détachaient  un  morceau,  qu  elles 
offraient  au  dieu  sur  cet  autel,  au  nom  de  1  acheteur. 
Nous  savons  en  outre  que,  le  même  jour,  les  jeunes  gens 
quittaient  la  toge  prétexte  pour  revêtir  la  toge  virile1, 

(, loga  virilis.  libéra ,  para),  c'est-à-dire  abandonnaient 
le  vêtement  des  enfants  pour  prendre  celui  des  hommes. 
Tertullien  ajoute  enfin  que,  le  jour  des  Liberalia,  chaque 
famille  avait  l’habitude  de  dîner  dans  la.  rue,  devant  la 
porte  de  sa  maison18. 

Ces  rites  sont  pour  nous  assez  obscurs.  En  tout  cas,  la 
date  du  17  mars  exclut  toute  relation  entre  le  Liber  pater 
romain  et  les  vendanges.  Nous  n’avons  point  affaire  ici 
à  un  dieu  de  la  vigne.  Il  est  plus  vraisemblable  que  Liber 
était  un  dieu  qui  présidait  à  la  fertilité  des  champs  ;  on 
célébrait  sa  fête  au  début  de  labelle  saison  ;  pour  invoquer 
sa  protection  en  faveur  des  récoltes  futures,  on  lui  offrait 
des  gâteaux  dans  la  composition  desquels  entraient  les 
principales  productions  agricoles  de  1  Italie,  le  blé, 
l’huile,  le  miel.  Quant  à  la  coutume  qu’avaient  les  jeunes 
Romains  de  revêtir,  pour  la  première  fois  le  jour  des 
Liberalia,  leur  toge  virile,  on  n’en  connaît  point  l’origine. 
Liber  protégeait  peut-être  la  croissance  des  hommes  et 
le  développement  de  la  vie  humaine,  comme  il  présidait  a 
la  vie  productrice  des  champs. 

Outre  les  Liberalia ,  nous  connaissons,  par  saint 
Augustin  19,  qui  cite  sans  aucun  doute  Varron,  une  autre 
cérémonie  en  l’honneur  de  Liber.  Cette  cérémonie,  qui 
semble  avoir  été  d’abord  purement  rurale  et  qui  plus  tard 
seulement  se  célébra  dans  certaines  cités,  comme  Lavi- 
nium,  avait  un  caractère  nettement  phallique;  le  phallus, 
en  effet,  y  jouait  le  rôle  principal:  Hoc  turpe  membrum 
per  Liberi  (lies  festos  cumr  honore  magna  plostellis 
imposition  prias  rare  in  compitis  et  asque  in  urbem 

Alterth.  Wissens'ch.  et  Untersucliungen  ueber  ausgewaehlte  Kapitel  des  antiken 
Buchwesens,  Leipzig  (1900). 

LIBER  PATER,  l  Helm,  Kulturpflansen  und  Hausthiere,  3'  éd.  p.  GO; 
Grafsmann,  Dieital.  Gôtternamen,  in  Kulm's  Zeitschrift  für  rergleich.  Sprachf. 
t.  XVI,  p.  107;  0.  Gilbert ,  Geschichte  and  Topogr.  der  Stadt  Rom  in  Alterthum, 
II,  p.  209  et  suiv.  —  2  Corp.  inscr.  lat.  IX,  3313.  —  3  Zvelaicff,  Syll.  inscriptio- 
num  Oscarum,  3.  —  4  H.  Joedan,  Analecta  epigr.  lat.  p.  3.  —  B  Corp.  inscr.  lat. 
X  3780.  _  6  Corp.  inscr.  lat.  t.  I,  2e  éd. pars prim.  p.  214.  —7  Servius,  ad  Georg. 

I  7  •  Paul.  p.  121.  _ 8  Ephcm.  Epigr.  I,  21  ;  Corp.  inscr.  lat.  I,  1409  ;  III,  1784. 

_  9  Corp.  inscr.  lat.  I,  174.  —  io  De  civ.  Dei ,  VU,  21.  —  H  De  tranq.  an.  XV, 

_ 12  Paul.  p.  113;  cf.  Ovid.  East.  III,  v.  771  :  Sire,  quod  es  Liber ,  vestis 

quoque  libéra  per  te  Sumitur  et  vitae  libérions  iter.  —  13  De  nat.  deor. 

K  go  _ u  par  ex.  Curtius,  Grieeh.  Etym.  5e  éd.  p.  363  ;  Buecheler,  Lex  liai. 

p.  xvi  ;  Vanicek,  Etymol.  Wôrterb.  der  latein.  Sprache,  2"  éd.  p.  237.  —  15  Fouler, 
The  Roman  Festivals  of  lhe  period  of  the  Republic ,  p.  20.  —  16  Ovid.  Fast.  III, 
725  et  sq.  ;  cf.  Varr.  De  l.  I.  VI,  14.  —  17  Cic.  Ad  Att.  VI,  1,  12.  —  ISTerlulI. 
Apol.  §42. —  19  De  civ.  Dei,  VII,  21. 


150 


LIB 


1190  — • 


postea  vectabatur.  In  oppido  autem  Lavinio  unus 
Libero  talus  moisis  tribuebatur ,  eu  jus  diebus  on,  nés 
verbis  fïagitiosissimis  uterentur,  donec  illud  membrum 
per  forum  transvectum  esset  atque  in  loco  suo  quiesce- 
ret.  Cui  membro  inhonesto  matrem  familias  honestissi- 
mnm  palan i  coronam  necesse  erat  imponere:  sic  vide- 
hcet  Liber  deus  placandus  fuerat  pro  eventibus 
seminum,  sic  ab  agris  fascinatio  repellenda.  »  On  pour¬ 
rait  être  tenté  de  rapprocher  ces  fêtes  italiques  des 
phallophories  grecques  ;  mais  ce  rapprochement,  fondé 


sur  une  ressemblance  purement  superficielle,  serait 
inexact.  Car  les  phallophories  grecques  étaient  en  rapport 
étroit  avec  les  vendanges  et  la  fabrication  du  vin  [dionysia, 
p.  L232  et  suiv.].  Il  n’y  a  rien  de  tel  dans  les  phallo¬ 
phories  italiques.  En  outre,  bien  que  nous  ne  sachions 
pas  avec  précision  quel  était  le  mois  de  l’année  consacré 
a  ces  fêtes,  nous  pouvons  croire  qu'ellesse  célébraient  au 


printemps  :  le  printemps  est,  en  effet,  la  saison  pendant 
laquelle  il  est  naturel  d’invoquer  la  protection  divine  pro 
ei  entibus  seminum ,  et  de  détourner  des  champs  le  mau¬ 
vais  œil  (ab  agris  fascinatio  repellenda).  A  l’époque  des 
vendanges,  de  telles  cérémonies  n’ont  plus  de  raison 
d  être.  Ajoutons  d  ailleurs  que  Pline  l’Ancien  signale  le 
culte  du  phallus  ou  fascinas ,  comme  un  culte  propre¬ 
ment  romain  :  «...  fascinas,...  qui  deus  infer  sacra  Bo- 
mana  Vestalibus  colitur 

Autant  donc  que  nous  pouvons  l’induire  soit  du  sens 
primitif  de  son  nom,  soit  des  fêtes  proprement  romaines 
ou  italiques  qui  étaient  célébrées  en  son  honneur,  Liber 
ou  Liber  pater  nous  apparaît  comme  un  dieu  de  la  fécon¬ 
dité;  le  phallus  était  son  symbole;  il  était  invoqué 
comme  protecteur  de  la  fertilité  agricole;  il  présidait 
peut-être  aussi  à  la  génération  animale. 

Ce  caractère  originel  de  Liber  nous  permet  de  com¬ 


prendre  comment  se  fit  la  première  assimilation  de  ce 
dieu  italique  à  une  divinité  grecque.  Dès  le  début  de  la 
République  romaine,  sur  l’ordre  des  livres  Sibyllins  con¬ 
sultés  pendant  une  famine  terrible,  fut  institué  à  Rome  le 
culte  de  la  triade  Ceres,  Liber  et  Libéra  - ,  qui  n’est  autre 
que  la  triade  éleusinienne  Démèter,  Iacchos-Dionysos 
et  Koré-Persèphone  [ceres,  p.  1078],  Liber  correspond 
dans  le  groupe  latinisé  au  dieu  Iacchos  d’Eleusis.  Or  les. 
plus  récents  travaux  ont  démontré  que  le  culte  éleusinien 
était,  du  moins  à  l’origine,  un  culte  essentiellement 
agraire,  dont  «  les  rites  et  les  symboles  exprimaient  sur¬ 
tout  l‘idée  de  la  fécondité  universelle  »  [iaccuos,  p.  369]. 
Bien  que  Iacchos  ait  été  plus  tard  confondu  avec  Dionysos, 
ce  jeune  dieu  n’est  en  rien  le  dieu  de  la  vigne  ou  dee 
vendanges;  comme  la  plupart  des  autres  génies  ou  héros 
locaux  d’Eleusis,  tels  qu’Eubouleus,  Ploutos  ou  Pluton, 
Triptolème,  Iacchos  est  essentiellement  une  personni¬ 
fication  de  la  fécondité.  Qu’il  ait  pris  dans  la  triade 
latinisée  le  nom  de  Liber,  cela  nous  prouve  encore  que 
Liber  pater,  lui  aussi,  était  primitivement  pour  les 
Romains  un  dieu  de  la  fécondité.  D’ailleurs,  dans  ce  culte 
nouveau,  Liber  ne  joua  qu’un  rôle  très  effacé:  c’était 
surtout  en  l'honneur  de  Cérès-Démèter  que  le  sanctuaire 
voué  par  le  dictateur  A.  Postumius  fut  construit,  et  que 


1  Hist.  nat.  XXVIII,  39.  —  2  Dion.  Haï.  VI,  17  et  94;  Tacil.  Ann.  Il,  49. 
—  3  Colum.  III,  21,  3  et  pas  sim;  Arnob.  II,  G5  ;  Augusl.  De  civ.  Dei,  IV,  Il  et  22. 
t—  4  Corp.  inscr •  lat.  V,  5543.  —  3  Corp.  inser.  lat.  I,  2°  éd.  pars  prim.  p.  281  et 
332.  —  6  Colum.  XII,  18,  4.  —  7  Fcst.  p.  250  Lindémann,  p.  319.  —  8  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  467.  —  9  Ibid.  8826;  cf.  879G.  —  10  p»ar  ex.  Corp.  inscr.  lat.  VI. 


LIB 


se  célébrèrent  les  Cerealia  [cerealia,  p  j ().M) 

La  confusion  d’iacchos  et  de  Dionysos  ame,ïa  Ju¬ 
ment  l’assimilation  postérieure  de  Liber  ni,/,!'"  ■  ’ 
Dionysos.  Car  Liber  pater  ne  tarda  pas  à  devi^  ^  ^ 
les  Romains  et  les  Italiens,  le  dieu  de  la  vimCï 
que  Cérès  était  révérée  surtout  comme  la  dées;  > 
trice  de  la  culture  des  céréales,  Liber  pater  fut  '  P"°te<^ 
comme  le  dieu  de  la  viticulture.  C’est  la  le  rôle"'0^ 
attribuent  les  Script  ores  rei  rusticae,  entre  aiin!"V‘ 
lamelle,  et  les  Pères  de  l'Eglise,  par  exemple  Arnl 
saint  Augustin3.  Une  inscription  l’appelle  vint,,  ^ 
conservator  *.  Les  vignerons  l’adoraient  en  même  J""1 
que  Libéra  au  moment  des  vendanges.  Dans  plusi!!f 
rus t ica  \  le  mois  d’octobre  lui  est  consacré.  On  r 
offrait,  comme  prémices  de  la  vendange,  et  pour 
sous  sa  protection  toutes  les  opérations  que  comporte  la 
fabrication  du  vin6,  une  libation  de  moût  frais,  appelée 
sacrima  ‘  ;  c’était  là  le  pendant  du  praemetiùm  offert 
a  Cérès  au  début  de  la  moisson.  Outre  les  vignerons  les 
marchands  de  vin  honoraient  Liber  pater  :  ainsi  à  Rmnc 
des  documents  épigraphiques  nous  font  connaître  le 
culte  que  rendaient  à  ce  dieu  le  collège  des  négociants 
en  vin  du  Vélabre,  Coll(egium)  Velabrensium* ,  et  les 
N egot ianteê  cellarum  vinariarum  Novae  et  Amintïa- 
nae\  Les  vignerons  associaient  son  nom  et  son  culte 
à  ceux  de  Silvain  et  d’Ifercule  10,  protecteurs  des  champs; 
les  marchands  de  vin  Punissaient,  dans  leurs  invoca¬ 
tions,  à  Mercure,  le  dieu  du  commerce1’. 

Mais  en  Grèce  Dionysos  n’était  pas  seulement  le  dieu 
rustique  de  la  vigne,  des  vendanges,  du  vin  et  des  vigne¬ 
rons  ;  il  était  le  centre  d’un  thiase;  son  culte  avait  un 
caractère  mystérieux,  dans  lequel  se  mêlaient  des  in¬ 
fluences  thraces,  phrygiennes,  lydiennes,  orientales 
[bacchus,  p.  391  et  suiv.].  C’est  à  ce  culte  que  se  rat¬ 
tachent  étroitement  les  fêtes  orgiastiques  connues  sous 
le  nom  de  Bacchanalia  (t.  I,  p.  390-391).  Ce  culte  se 
répandit  de  bonne  heure  dans  la  Grande-Grèce;  il  péné¬ 
tra  à  Rome  vers  la  fin  du  mn  siècle  av.  J.-C.  Dès  l'année 
186,  le  sénat  romain  interdit  les  Bacchanales  par  un 
sénatus-consulte  fameux. 

Sous  cette  forme,  Dionysos  prit  aussi  le  nom  d  t  Liber 
ou  Liber  pater.  De  même  que  certains  souverains  de  ; 
l’époque  hellénistique  s’étaient  fait  honorer  comme  de*. 
véo;  A'.ôvutg'.,  plusieurs  Romains  tout-puissants,  Marins  , 


pompée  ’ 


Marc  Antoine  u,  et  des  empereurs 


comme 


Elagabal 13  voulurent  qu’on  leur  décernât  le  titre  de  Li ba 


et  qu’on  les  honorât  sous  ce  nom.  Ce  culte,  puremen 
oriental,  de  Liber  pater  se  propagea  et  prit  une  fÇ|JIU 
lire;  à  Rome,  des  inscriptions  limh 

ris 


Empi 


un 


extension  sous 

font  connaître  un  Hiérophantes  Liberi  pair 
Archibucolus  dei  Liberi/11  ;  ailleurs,  par  exemple  en  ,k|a 1 
les  prêtres  de  Liber  assistaient  aux  tauroboles  eu  jl 
neur  de  la  Grande  Mère  des  dieux18.  Souscrite  101 

Liber  pater  subit,  comme  d’autres  divinités,  latlmn 

p  siècle  « 


c  et  au  in 


syncrétisme  qui  se  manifesta  au  n 
notre  ère  dans  la  religion  païenne  :  une  inscription 
tionne  un  signum  Liberi  patris  Panthei,  à  l)|(,|M 
En  tant  qu’il  est  simplement  Iacchos  ou  i)1"n- 


mer 

>ste *'• 
SOS, 


i;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  VI,  4G2,  707;  III,  3923,  3937;  IX,  '  \\Ht 

H  Corp.  inscr.  lat.  VI,  882G.  —  12  Val.  Max.  III,  0,  0;  f|in-  '  ,Ii6i  Aug-> 
h  —  13  RI  in.  Hist.  nat.  VIII,  4.  —  U  Vell.  Pat.  il,  82,  *-  y  l]  !'orjlJ>  _  I*  * 
agab.  XXVIII,  2.  —  1 11  Corp.  inscr.  lat.  VI,  307.  —  Ibid.  ’ 

I  1^07  _  19  f'ni', i  inscr  Int  YIV.  2865. 


LIB 


—  dl  91 


LIB 


.  , citer  ne-  présente  aucun  caractère  original,  et  ne 
/y/ riirr  ne  en  rien  des  dieux  grecs  auxquels  il  a  été 
80  prend  tous  leurs  mythes  et  adopte  même 

fSSim‘  ,’noms  Le  mot  Liber  n’est  plus  qu’une  simple 
aduction  de  A«ivU<w  ou  de  [bacchanalia,  bacchus, 

fgB.Eg:  niONYSIA,  ELEUSINIA,  IACCUOS]. 

'  A  R’ome  inême,  le  culte  proprement  dit  de  Liber n  avait 
as  une  importance  considérable.  Liber  jouait  un  rôle 
fout  à  fait  secondaire  dans  VAedes  Cereris ,  Liberi  cl 
Liberae,  qui  fut  vouée  par  le  dictateur  A.  Postumius  en 
496  av  J.-C.,  et  dédiée  trois  ans  plus  tard  par  le  consul 
Sp  Gassius;  ce  temple  était  situé  près  du  Circus  Maxi¬ 
mum.  Le  Calendrier  des  Arvales  nous  apprend  que  le 
septembre  on  célébrait  une  fête  sur  l’Aventin  en 
l’honneur  de  Jupiter  Liber  ;  un  sanctuaire  du  dieu  se 
trouvait  donc  là.  Nous  savons,  d’autre  part,  qu’un  temple 
je  liber  et  de  Libéra  existait  sur  le  Capitole1. 

Pour  la  célébration  des  mystères  dionysiaques  et  leur 


vogue  à  Rome,  voir  bacchanalia,  bacchus. 

En  Italie,  Liber pater  fut  toujours  très  honoré;  le  culte 
deDionysos  avait  été  de  bonne  heure  populaire  dans  le  sud 
de  la  péninsule;  plus  tard,  il  se  répandit  jusque  dans  la 
vallée  du  Pô2.  Hors  de  l’Italie,  dans  les  provinces  de 
l’empire,  le  culte  du  dieu  se  répandit  en  Espagne3,  en 
Gaule  4,  dans  l’Afrique  du  Nord  B,  et  surtout  dans  les 
provinces  voisines  du  Danube,  en  Pannonie  particulière¬ 
ment  et  en  Dacie  ’3.  Là  le  couple  Liber  et  Libéra ,  que  l’on 
rencontre  très  rarement  ailleurs,  apparaît  fréquemment 


dans  les  dédicaces  ;  aussi  est-il  vraisemblable,  comme  l’a 
supposé  Wisso.wa  \  qu’il  y  avait  dans  ces  pays,  avant 

l’occupation  romaine,  un 
couple  de  divinités  indi¬ 
gènes,  qui  furent  assimi¬ 
lées  à  Liber  et  à  Libéra. 

Du  Liber  pater  propre¬ 
ment  italique  ou  romain 
nous  ne  possédons  au¬ 
cune  image,  aucune  re¬ 
présentation.  Toutes  les 
statues  de  Liber,  tous  les 
bas-reliefs,  toutes  les 
peintures  ou  mosaïques, 
toutes  les  effigies  moné¬ 
taires  où  le  dieu  est  figuré 
nous  montrent,  sans  ex¬ 
ception,  le  Dionysos  grec, 
ieUn p  in-H  „  i  ,  presque  toujours  du  type 

ronne  de  ^  ^  ^  aUributs  habituels  sont  la  cou- 
panthère  Sui'T  '  °i'  d|*  I,erre’  le  thyrse,  le  canthare,  la 
nom  Se  aS  '  rî  ^  Pl^este  (fl*  «61),  où  se  lit  le 
attribut  mm  i.  ’  6  Ieu  est  l>ePrésenté  barbu,  sans  autre 
du  tvpe  le  ni  '  '^Ue  '  C  esL  tlonc  héjà  le  Dionysos  grec, 
récit  de  Vairon*  anCi*en  11  semljle  d’ailleurs,  d’après  le 
saient  soit  in  J  <*U?  .  dnS  les  cérémonies  qui  s’accomplis- 
représenté sYiuhr  lUlltae'  soit  àLaviniumJe  dieu  fût 
L  '  hohquementparlephallus.Les  Romains  ont 

ü!£' 1  uf =jii>  p.siT~2vni  2“„éd-’  ?r*  **"•«»  p- 312  ;  c°^  w. 


,  p.  849  _ 2  y  •  r  1  l  *‘  "  1,1  l,n”>  olz  1 

3  C>  mer.  lut.  n j, p-  rr,- tat-  V’  Ix’  X'  XI-  Passim  et  In- 


:  CurP-  ^  4  Id-  XH,  Ind.  ” r", 

tb**  ^/xC:^%È,1Rr,,cr’8  uxikonder  ’ 

’  1  '  -u-l  et  SUIV 


gr. 
«  Liberi 


:ilel'  s  Lexitcon  dur  gr.  and  rom. 


purement  et  simplement  emprunté  à  l’art  grec  le  type  de 
Dionysos  pour  représenter  leur  dieu  Liber.  J.  rI  ’OCTAIN. 

LIBERA. —  Libéra  était  une  ancienne  déesse  italique, 
parèdre  du  dieu  Liber  ou  liber  pater,  et  honorée  en 
même  temps  que  lui  le  jour  des  Liberalia.  Comme 
Liber ,  elle  fut  de  très  bonne  heure  assimilée  à  une  divi¬ 
nité  grecque.  Le  nom  de  Libéra  fut  employé  pour  dési¬ 
gner  la  seconde  divinité  féminine  de  la  triade  Éleusi- 
nienne,  lorsque  cette  triade  fut  transportée  à  Rome,  sur 
1  ordre  des  livres  Sibyllins,  au  début  de  la  République. 
Libéra  fut  alors  assimilée  à  la  déesse  grecque  Korè-Per- 
séphone  ;  elle  entra  ainsi  d'abord  dans  le  cycle  propre¬ 
ment  éleusinien,  puis  plus  tard  dans  le thiase  dionysiaque. 
Les  vignerons  l’associaient  à  Liber  dans  le  culte  qu’ils 
rendaient  à  ce  dieu  au  moment  des  vendanges1.  Ovide  2 
et  Pline3  l’assimilent  quelquefois  à  Ariane.  Dans  une 
inscription  d’Apulum4,  dédiée  à  Libéra  triformis ,  il 
s’agit  évidemment  d’Hécate. 

Libéra  lut  toujours  à  Rome  une  divinité  très  secon¬ 
daire.  Elle  n’v  a  pour  ainsi  dire  pas  de  culte  propre  ;  aux 
Liberalia  du  17  mars,  elle  est  la  compagne  de  Liber  ; 
dans  le  temple  de  Cérès ,  Liber  et  Libéra ,  elle  occupe  un 
rang  tout  a  fait  inférieur  à  Cérès.  Elle  est  très  rarement 
mentionnée  dans  les  provinces  de  l’Empire,  sauf  en 
Dacie  iJ  où  elle  forme  avec  Liber  un  couple,  qui  est  pro¬ 
bablement  d’origine  locale  [liber  pater]. 

Des  rares  images  de  Libéra  qui  sont  parvenues 
jusqu’à  nous,  aucune  ne  se  rapporte  à  la  déesse  italique 
primitive.  Libéra  est  représentée  sur  quelques  bas-reliefs 
de  Pannonie  et  de  Dacie  6  avec  une  physionomie 
purement  dionysiaque  ;  ses  attributs  sont  la  couronne 
de  pampres  ou  de  lierre  et  le  thyrse  ;  une  panthère  est 
figurée  à  ses  pieds.  De  même,  sur  les  deniers  de 
L.  Cassius  de  l’an  79  av.  J.-C.,  la  tête  de  Libéra  est 
ornée  de  pampres  et  de  grappes  de  raisins7.  J.  Toutain. 

LIBERALIA.  —  Les  Liberalia  étaient  une  fête  romaine 
très  ancienne,  qui  se  célébrait,  en  l’honneur  de  liber 
pater  et  de  libéra,  le  17  mars  de  chaque  année.  Elle 
est  inscrite  sur  l’un  des  plus  anciens  calendriers  romains 
connus,  le  calendrier  dit  de  Numa.  D’autres  calen¬ 
driers  portent  pour  le  même  jour  la  mention  Ago- 
n{ium) ou  Agonium  Martiale  ;  mais  ilfaut  nevoirlàqu’une 
coïncidence.  D  ailleurs,  le  nom  de  Liberalia  était,  pour 
le  17  mars,  le  seul  nom  couramment  employé;  les  pon¬ 
tifes  savaient  que  le  même  jour  pouvait  être  désigné  par 
les  mots  Agonium  Martiale1  ;  mais  cette  désignation 
n  était  pas  populaire  ni  courante.  Nous  ne  savons  que 
très  imparfaitement  en  quoi  consistait  la  fête  des 
Liberalia  [voir  liber].  Elle  était  nettement  distincte 
des  autres  fêtes  et  cérémonies  qui  se  célébraient  en  l’hon¬ 
neur  du  Liber  pater  hellénisé  [cerealia,  liber,  bacchus, 
bacchanalia].  Ce  n’est  pas  aux  Liberalia ,  mais  aux 
Cerealia ,  que  se  rapportent  les  jeux  scéniques,  quelque¬ 
fois  appelés  ludi  Liberales.  Cicéron2,  Servius3,  saint 
Cyprien 4  nous  donnent  sur  ce  point  les  détails  les  plus 
explicites  et  les  plus  formels.  J.  Toutain. 

LIBERA.  1  Colum.  XII,  18,  4.  —  2  Ov.  Fast.  III,  512.  —  3  piin.  jpist_  nat 
XXXVI,  29.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  III,  1095.  —  3  Corp.  inscr.  lat.  III,  pass.  et 
Indic.  —  6  Corp.  inscr.  lat.  III,  4927,  7916.  —  7  Balielon,  Alonn.  de  la  République 
romaine ,  I,  p.  329,  n.  6.  —  Bibi.iogbaphie.  Preller-Jordan,  Jlomische  Mythologie 
Berlin,  1881-1883. 

LIBERALIA.  i  Macro!).  Saturn.  1,4,  15;  cf.  Fasl.  Caere!,  et  Yatic.  in  Corp. 
inscr.  lat. T,  2'  éd.  pars  prim.  p.  212  et  242.  —  2  Cic.  Verrin.  V,  36.  —  3  Servius. 

Ad  Georg.  I,  7.  —  4  Cyprian.  De  spectacul.  4.  -  Bibliographie.  Mommsen  et  Mar¬ 
quait,  Manuel  des  antiquités  romaines,  trad.  franc.  I.  XII,  Paris,  1889.  Le  Culte 


L1B 


—  H  92  — 


L1B 


LIBER  ALITAS.  —  On  peut  considérer  comme  une 
forme  de  YAnnona  cette  personnification  dont  le  nom 
parait  sur  une  tessère  en  plomb,  avec  la  tête  d’Antonia, 
qui  porte  au  revers  en  cinqlignes,  l'inscription  :  Ex  libe- 
rahtate  fi.  Claudi(i)  Coe[soris )  Aug[usti ),  monument 
particulièrement  précieux,  puisqu'il  démontre  le  rapport 
de  beaucoup  de  tessères  en  plomb  avec  l’Annone1.  Sous 
les  premiers  empereurs,  les  distributions  portent  le  nom  de 
congiaria  [congiarium]  2.  A  partir  du  règne  d'Hadrien,  la 
Libéralité  est  désignée  spécialement  sur  les  monnaies  et 
accompagnée  d'un  chiffre  qui  indique  le  nombre  des  dis¬ 
tributions,  par  exemple:  liberalitas  avg  vii  (Hadrien). 
Ces  distributions  étaient  fréquentes  ;  ainsi,  on  compte 
neuf  libéralités  pour  Antonin  3,  sept  pour  Marc  Aurèle, 
trois  pour  L.  Yerus,  neuf  pour  Commode,  une  pour  Per- 
tinax,  six  pour  Septime  Sévère,  neuf  pour  Caracalla  et 
Gela,  une  pour  Macrin,  quatre  pour  Elagabale,  cinq  pour 
Alexandre  Sévère,  une  pour  Maximin,  Balbin  et  Pupien, 
cinq  pour  Gordien  III,  trois  pour  Philippe  père,  quatre 
pour  Philippe  fils,  une  pour  Trajan  Dèce,  trois  pour  Tré- 
bonien  Galle,  une  pour  Yolusien,  trois  pour  Valérien, 
trois  pour  Gallieh,  une  pour  Salonin,  Postume,  Tetricus 
père,  Claude  II,  Quintille,  Carin,  Carausius.  La  dernière 
monnaie  portant  le  nom  de  la  Libéralité 
est  un  sou  d'or  de  Constantin  le  Grand 
avec  la  légende  liberalitas  xi  imp  iiii 
cos  PP. 

Les  types  monétaires  les  plus  fré¬ 
quents  sont  les  suivants  :  1°  la  Libéralité 
debout  à  gauche  tenant  une  tessère  et 
une  corne  d’abondance  (fig.  ;  2°  la  Libéralité  de¬ 

bout  sur  une  estrade,  où  figure  l’empereur  (ou  les  empe¬ 
reurs),  accompagné  quelquefois  du  préfet  du  prétoire  et 
de  soldats  ;  un  homme  monte  les  degrés  pour  recevoir 
les  pièces  de  monnaies,  que  la  Libéralité  répand  (voir 
fig.  1894  à  1896).  La  Libéralité,  coiffée  du  modius,  paraît 
exceptionnellement  sur  un  denier  de  Julia  Domna,  car 
les  monnaies  des  impératrices  ne  portent  pas  cette  per¬ 
sonnification.  Adrien  Blanciiet. 

LIBERATIO.  —  I.  Aux  premiers  siècles  de  Rome,  la 
liberatio  est  un  acte  solennel  destiné  à  constater  qu'un 
débiteur  a  donné  satisfaction  à  son  créancier  et  n’est  plus 
obligé  envers  lui.  A  cette  époque,  le  paiement  ne  suffit 
pas:  le  débiteur  reste  obligé  tant  qu’il  n’est  pas  libéré1. 
L'emploi  d’une  solennité  se  justifie  par  une  règle  ainsi 
formulée  par  les  jurisconsultes  classiques  :  pour  étein¬ 
dre  un  droit,  il  faut  observer  des  formes  analogues  à 
celles  qui  ont  servi  à  le  faire  naître,  et  procéder  en  sens 
inverse  2. 

La  solennité  requise  pour  la  libération  d’un  débiteur 
s’accomplit  de  trois  manières  :  per  nés  et  llbrnm,  verbis 
ou  litteris.  L’emploi  de  l’une  de  ces  trois  formes  dépend 
de  la  nature  de  l'obligation. 

chez  les  Ro?nains,  t.  I  ;  Wissowa,  De  feriis  anni  Romani  vetustiss.  ;  Fowler,  The 
roman  festivals  of  the  Period  of  the  Republic,  1899. 

LI 15  EK  ALITAS.  1  Rev.  Numism.  1898,  p.  81,  91  et  98.  —  2  On  trouvera  une 
liste  des  congiaires  dans  J.  Marquardt,  Organis.  financ.  chez  les  Rom.  trad. 

A.  Yigié,  1888,  p.  174.  Mais  cette  liste  donne  seulement  les  indications  fournies 
par  les  textes,  et  il  convient  d’y  ajouter  les  nombreux  renseignements  que  procurent 
les  monnaies.  —  3  Une  monnaie  d’Alexandrie  d'Égypte  révèle,  pour  la  vingtième 
année  du  règne  d’ Antonin,  une  libéralité  distincte  des  neuf  autres  men¬ 
tionnées  par  les  monnaies  romaines.  R.  Stuart  Poole,  Catalogue  of  the 
coins  of  Alexandrin  and  the  nomes ,  1892,  p.  Ixxxviii,  pl.  xxvu,  no  1007. 

—  4  Exemplaire  du  cabinet  de  France.  —  Bibliographie.  Roschcr,  Lexikon  der 
Mythologie ,  s.  v.  ;  Stevenson,  Diction,  of  rom.  coins ,  s.  v.  ;  R.  Engelhard,  De 
personificatio7iibus  quae  in  poesi  atque  arte  Rnmanorum  inveniuntur,  1881, 


Fig.  4462. 


1°  La  libération  per  nés  et  libram  ex iKe 

i  rvr»  e  • 


lions 


*  do 


ux 


condji 


a)  Une  déclaration  verbale  faite  par  le  débit,, 
sence  d’au  moins  cinq  témoins  citoyens  r(Mn.  ^  6n  ^r<1' 
bères  et  d’un  libripens  [libripens].  Les  t,T|,!' e^)u' 


déclaration  ont  été  conservés  par  Gains  •  z^8  5e 


tnt  milibus  condemnatus 


Quod 


e,Jo  tiii 


s s  su/n,  me  eo  noinine  (l 

liberoque  hoc  aere  ■aenenque  libra.  Hanc  tib •  ■ 
primnrn  postremamque  expendo  lege  jure  'dhr'^" 
Le  débiteur  constate  solennellement  qu’il 

liberatus ,  et  qu’il  a  pesé,  de  la  première  à,  fu  61 
les  livres  de  métal  qu’il  avait  promis  de  Payer  * ermere' 

P)  La  Pesée  de  la  somme  remise  à  titre  de  paiera  I 
La  pesée,  réelle  à  l’origine,  devint  fictive  lorsqu’c 'fi 
usage  de  la  monnaie4  et  qu’on  appliqua  ce  mode  de  JJ 
ration  à  des  choses  qui  n’étaient  pas  susceptibles  dêtre 
évaluées  d’après  leur  poids.  Dès  lors,  l’emploi  de  l’airain 
et  de  la  balance  n’eut  lieu  que  pour  la  forme5. 

La  libération  per  nés  et  libre m  est  nécessaire  mi 
toute  obligation  impliquant  une  damnatio.  La  darnmtÛ 
confère  en  effet  au  créancier  un  pouvoir  analogue  à  celui 
d’un  maître  :  elle  donne  lieu  à  la  mnnus  in jectio 5  mars 
i.xjectio).  On  ne  peut  s'y  soustraire  que  par  un  mode 
solennel,  celui  qui  était  usité  dans  l’ancienne  Rome] 
placer  un  acte  sous  la  garantie  de  l’État  h  •  ‘ 

Les  obligations  impliquant  une  dnmnatio  sont  celles 
qui  résultent  du  nexum 8  [nexum],  du  legs  per  damna- 
tionem> lorsqu’il  a  pour  objet  des  choses  qui  se  comptent 
ou  qui  se  pèsent,  ou  même  qui  se  mesurent,  d'après 
certains  jurisconsultes  ®.  Ce  sont  aussi  les  obligations  qui 
résultent  de  la  loi10,  d'une  déclaration  des  pontifes  en 
cas  d'inaccomplissement  d’un  vœu11  [vomC,  d'une  con¬ 
damnation  au  civil  ou  au  criminel12. 

2°  La  libération  verbis  est  d’une  époque  plus  récente. 
Elle  consiste  en  une  interrogation  suivie  d’une  réponse 
concordante.  Le  débiteur  demande  au  créancier  :  Quod  ego 
tibi  promis  i,  hnbesne  acceptum  ?  Le  créancier  répond  : 
Hnbeo  13.  C’est  une  acceptilation  [acceptilatio,  1. 1,  p.57]. 

Au  troisième  siècle  de  notre  ère,  on  admet  des  formules 


équivalentes  en  latin  ou  en  grec 


Accepta  facis  decenU 
i  Aj.6oüv  Y 


Fado  14.  —  "Eystç  a oYjvapix  rosa;  Eyw 

Ce  mode  de  libération  est  spécial  aux  obligations  toi- 

mées  par  stipulation  i6.  On  l’a  employé,  non  sans  hésita  I 

tion,  pour  l’obligation  résultant  du  jusjurandum  ‘  j 

berti11  ;  quant  à  celle  qui  résulte  d’une  dotisdicti o,  i 

en  a  pas  de  preuve  certaine  18.  On  pouvait  d  ailleuis  aPP* 

quer  Facceptilation  à  toute  espèce  d’obligation,  < 11 

soin  de  la  transformer  au  préalable  en  une 

verbale,  par  une  stipulation  novatoire  11  [novah"  • 

1  1  composa 


ne  i 


L’acceptilation  est  un  actus  legitimus  qui  ^ 

aucune  modalité  expresse20.  On  discuta  la  qn* ^ 1 

1  rrait  être  par 

des  parti*5* 


savoir  si  la  libération  par  acceptilation  pounn 
tielle21.  L’acceptilation  exige  la  présence 

p.  58  ;  M.  Rostovtscw,  Étude  stn'les  plombs  antiques ,  dans  U 
à  1899;  Cohen,  Descr.  Monn.  Emp.  romain,  pas  sim.  iain$,  t.  ••  P 

LIBERATIO.  l  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  orna  >  ^nt,rS 

;  Cf.  Senec.  De  benef.  Vd  ^  ^ 


,  Mil»  in*- 


oblif/atus  es,  hoc  fxdem  exsolve.  --  3  Gai.  HL  „e  th\l  ei  " 

p.  -200.  —8  Gai.  III,  174:  Deinde  asse  pereutit  libram^cn  ^  ^  333  et  L' 
liberatur,  veluti  solvendi  causa.  —  0  Éd.  Cuq,  Op-  cl  p,  34'. 

—  7  Ibid.  n.  256.  —  8  Ibid.  t.  I,  p.  370.  —  Olbid.  p.  -J‘"  l3  /jaj,  III- 1 


—  2  ülp.  48  ad  Sab.  Uig.  L,  17,  35 
obligatus  es,  hoc  fidem  exsolve. 

P 

liber 

—  7  Ibid.  p.  256.  —  8  Ibid.  t.  J,  p.  - —  -  . 

12  Ibid.  p.  424-425,  p.  583,  n. 

.  ^  1  C  n 


t,  Ed.  Cuq. 


U  Ibid.  p.  423.  n.  2. 


i:i  lia1- 

j  ,  ntl® 

-  n  Ulp.  50  ad  Sab.  Diq.  XLVI,  4,  7.  -  m  ülp.  48  ad  Sab.  <’»  ^  |3  pr- 

eod.  8,  3  ;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  578-579.  -  »  JJ.  ®  (  ^  __  »  W* 

-  18  Cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t,  I,  p.  232,  n.  5  et  G.  -  a  ■  .  XLV1.  *• 1  '  I 

Quaest.  -Di g.  L.  17,  77.  —  21  Gai.  III,  172.  —  22  Ulp.  30  ac  t-a  1 


LIB 


—  1193  — 


LIB 


* 


,(re  fajte  par  mandataire1  :  le  créancier  et 
Wne  PR!"(ioivent  y  prendre  part  en  personne,  pourvu 
f rblteaU Capables.  Seul  le  débiteur  peut  être  rem- 
q"'iIS  S°!une  des  personnes  placées  sous  sa  puissance2, 
plaf 'l'bérdion  est  un  acte  qui  rend  sa  condition  meil- 
car  1:1  ‘atiqlie  avait  d’ailleurs  imaginé  un  moyen  de 
leu;6'  J.i'de  la  présence  de  l’une  des  parties  :  on  avait 

gfl  ülSp“I1&UA  1 

recours  à  une  novation  . 

1  libération  litters  est  spéciale  aux  obligations 
B  7  îvm'ture  4  L’existencedecemodedelibéra- 

ffïuees  par  t  uuuu  „ 

■  es|  rertaine  mais  on  a  peu  de  details  sur  la  forme 
I  lobserver.  Gaius  n’en  parle  pas;  de  son  temps,  Yexpen- 
Wkatio  n’avait  qu’une  application  restreinte6.  Il  n’en  est 
I  as  davantage  question  dans  les  compilations  de  Justi- 
1  Pjen  .  l'expensilalio  n’était  plus  en  usage  7.  Seul  un 
Ipàssage  de  Pline  le  Jeune  donne  une  indication  impor¬ 
tante  sur  l’accepl dation  littérale  :  il  en  signale  une  appli¬ 
cation  en  matière  de  remise  de  dette  et  prouve  qu’il  y  avait, 
conformément  au  principe  ci-dessus  énoncé,  concor¬ 
dance  entre  la  forme  suivie  pour  la  libération  du  débiteur 
et;  celle  qui  était  observée  pour  créer  l’obligation.  Pline 
engage  Calvina  à  accepter  la  succession  de  son  père  sans 
se  préoccuper  des  créanciers.  Il  a  désintéressé  les  plus 
pressés,  et,  en  ce  qui  le  concerne,  il  l’informe  qu’elle  n’a 
rien  à  craindre  :  il  lui  fait,  à  Litre  gracieux,  remise  de  tout 
ce  que  son  père  lui  devait.  Ne  te  verbis  magis  quarn  rebus 
horler ,  quidquid  mihi  pater  tuus  debuit,  acceptum 
tibi  ferri  jubeo  8.  On  retrouve  ici  l’inscription  sur  le 
codex  accepti  et  expensi  [codex  accepti  et  expensi,  t.  II, 
p.  1267]  et  le  jnssus  du  créancier,  correspondant  au 
jusm  donné  par  le  débiteur  pour  la  formation  de  l’obli¬ 
gation9. 

II.  Aux  derniers  siècles  de  la  République,  on  voit  ap¬ 
paraître  des  modes  non  solennels  de  libération  du  débi¬ 
teur  :  tel  le  contrarias  consensus  pour  les  obligations 
formées  par  le  seul  consentement  des  parties  I0,  et  sur¬ 
tout  le  paiement  [solutio]  qui  devint,  peu  à  peu,  le  mode 
régulier  d’extinction  de  toute  espèce  d’obligation  ;  ce  fut 
imohtio  naturalisa  par  opposition  à  la  resolutio  ci- 
WM  Jusqu’alors  exigée11.  Dès  lors,  le  mot  liberatio  prit 
un  srim  arge  équivalent  à  celui  de  solutio  :  Liberationis 
niiw  earndem  vim  habet  quarn  solutionis  12.  Solu- 

2l7rPertinet  ad  omnem  Merationem  quoquo 
rtferhn'  lnarjis<lue  ftfl  substantiam  obligations 
in  '\  Hain  nd  numorum  solutionem 13 . 
Wïalrdamment  ^  C6S  m°deS  dG  “dation,  il  en 
cier  (novin'"1"1  °nt  deU  S0lt  avec  l’assentiment  du  créan- 
pacte  de  reinD  .Mn  ATI°]’  datl0n  en  paiement  [solutio], 
lonté  (décès  rintiL-i>A,  rUMj1’  transacti°n),  soit  sans  sa  vo- 
sibles  canith  '/  ".teUr  P0ur  les  obligations  intransmis- 
f  *»>">«;<>  [CAPUT,  t.  H.  p.  912],  confusion. 


1  Ibid. 


K  6  Lois,  1  v  •  ^  , 

..  3  %  Loc.  cit.  __  4p’f  3>  71 1  Paul.  9  ad  Plaut.  eod.  63. 

7;I>36’  heUo  À,-  ^  Op.  cit.  t.  1,  p.  071.  -  5  Cic.  2"  m 

Ouutun^rz/Tir  ;  PIin-  Ep-  n’  4’  2  ;  cf-  El'mau’  Ges- 

plÏT;  Bue hfüJnnn  vnd  Solutlonsal^  P-  67  ;  Morilz  Voigt,  Ueber  dit 
13  „  S;.cl  ier  Kôniqi.  Socl IS  r'e  L>Uteralobhflation  (1er  Rômer  (Abh.  der 
-  9  (■',  I?'  ~  6  Gai.  lu  l30  '  w'ssenschaften,  1887,  p.  535  et  suiv 

“u.  I1(|.  c,,„  «,  1U'  ~  7  Inst.  III,  2] 


XLV| 

tel 


3,  ; 


iU(I’  °P-  cit.  t  ] 

1Y.  ’  1  1 


1  Prout  guida ne  Y  “•  l*  —  iu  romp.  4  ad  Qu 
lW  L°:traCtUm  eSt’  ita  et  soivi  ^bet,  ut 


pr-  —  8  PIin.  Ep.  II,  4,  2. 
J1'  ’  “•  —  40  Pomp.  4  ad  Quint.  Mue.  Din 

I.Vnoftinnn  •.  'f 


fCSlT1  >0cati°  contracta  TJ"'  “  *oM  debet’  uL"  cum  emPtio 

> 12  Paul  %^rari°  dissolvi  Pote^^up  C0nsensw  nudo  eontrahi  pot  est, 
4ri^sr'!'.%' L. 1c-  '17  -  13  /W  v,  rp' 2  Enc,lil'-  mo-  XLVJ,  3,107. 
ld  ed'  s  il  7;  V’  110  ;  Paul.  «  ad  £  .  '  '  XU  ’  3’  ’*•  —  14  Cf-  pour  les  annales 
%  IXXIV  ,  '  "  4-  -  >6  Ibid "  Praet‘  Di°-  XLIV>  7-  35  pr.  -  15  Ulp.  4 

“  ’  '  3-  -  Marcel'  ’  7  ~  Dl° ‘  XXXI V’  3-  -  18  Ulp.  23  ad  Sab. 

•  “P-  Paul.  3  Quaest.  Dig.  XLIX.  14,  21  ;  Ulp.  6 


compensation  [compensatio],  concours  de  deux  causes 
lucratives,  perte  de  la  chose  due  pour  les  obligations  de 
coips  certain,  déchéance  du  créancier,  expiration  d'un 
certain  délai  [lex  furia,  de  sponsu]  u). 

Ces  modes  de  libération  n’ont  pas  tous  la  même  effi¬ 
cacité  :  les  uns  libèrent  le  débiteur  ipso  jure  et  peuvent 
être  invoqués  par  toute  personne  intéressée;  les  autres 
fournissent  seulement  au  débiteur,  ou  à  certaines  per¬ 
sonnes  déterminées,  le  moyen  d’écarter  la  poursuite  du 
créancier  par  une  exception. 

Au  temps  de  la  procédure  formulaire,  le  juge  n’était  pas 
autorisé  à  tenir  compte  des  modes  de  libération  excep¬ 
tions  ope,  si  l’on  n’avait  eu  soin  de  faire  insérer  par  le 
préteur  une  clause  spéciale  dans  la  formule.  Dans  les 
actions  de  bonne  foi,  cette  précaution  était  inutile. 

Le  paiement,  la  novation,  l’acceptilationlibèrent  le  débi¬ 
teur  ipso  jure.  Le  pacte  de  remise  le  libère  exceplionis 
ope  lo,  sauf  dans  les  deux  cas  prévus  par  la  loi  des  Douze 
Tables  (vol  et  injure)16. 

On  trouve  souvent  dans  les  textes  juridiques  relatifs 
aux  testaments  des  clauses  par  lesquelles  un  créancier 
lègue  à  son  débiteur  sa  libération  ( legatum  libératio¬ 
ns)  ,7.  Ce  legs  ne  procurait  pas  directement  au  débiteur 
sa  libération,  car  le  legs  n’a  pas  été  reconnu  comme  un 
mode  d’extinction  des  obligations.  Mais  il  conférait  au 
débiteur,  soit  une  exception  pour  repousser  la  demande 
que  l’héritier  formerait  contre  lui  au  mépris  du  testament, 
soit  une  action  pour  exiger  de  l’héritier  la  remise  régu¬ 
lière  de  sa  dette  18. 

I\ .  Par  extension,  le  mot  libération  sert  à  désigner 
1  extinction  d  un  droit  autre  que  le  droit  de  créance  : 
liberatio  pignons  19,  servitutis  20,  patriae  potestatis  21, 
tutelae 22.  Édouard  Cuq. 

LIBERORUM  JUS.  —  L’expression  liberorum  jus 
désigne  des  privilèges  de  diverses  sortes  attachés  par  la  loi 
au  fait  de  la  maternité  ou  delà  paternité,  ou  concédés  par 
le  bienfait  du  prince  aux  hommes  et  aux  femmes  qui  n’ont 
pas  d  enfants  ou  qui  n  ont  pas  le  nombre  fixé  par  la  loi. 

La  pensée  d’accorder  des  privilèges  aux  citoyens  ayant 
des  enfants  apparaît  à  la  fin  du  vu"  siècle  de  Rome  dans 
la  loi  agraire  de  Jules  César.  La  diminution  de  la  natalité 
commençait  à  préoccuper  les  hommes  politiques  ;  le 
mariage  n’était  plus,  comme  autrefois,  contracté  libero- 
rupi  quaerendorum  causa .  On  songea  à  concéder  quelques 
faveurs  aux  chefs  de  famille  qui  avaient  des  enfants1. 
Jules  César  proposa  en  695  d’attribuer  le  territoire  si 
fertile  de  Capoue  et  de  Stellata  à  vingt  mille  citoyens  qui 
avaient  au  moins  trois  enfants 2  [lex  julïa  agraria]. 

D  après  la  loi  Julia  de  provinciis  de  l’an  708,  lorsque 
plusieurs  magistrats  sont  appelés  à  gouverner  des  pro¬ 
vinces,  celui  d’entre  eux  qui  est  marié  ou  qui  a  le  plus 


0 p i o .  Dig.  X,  4,  18.  —  20  Maec.  8  Fideic.  Dig.  XXXV,  2,  30  pr.  —  21  Ulp.  23  ad 
Sab.  Dig.  XXXII,  50,  4.  —  22  Ulp.  De  off.  praet.  tut.  Vatic.  fr.  195.  -  Biblio¬ 
graphie.  Loist,  Ueber  die  Wechselbeziehungen  mischen  dem  Rechtsbegründungs 
und  dem  Iiechtsaufhebungsakte,  1876;  Erman,  Zur  Geschichte  der  rômisclien 
Quittungen  und  Solutionsakte,  1883;  Karlowa,  Bômische  Rechtsgeschichle,  t.  11 
1892,  p.  810;  Éd.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  t.  I,  1891,  p.  384  ; 
Morilz  Voigt,  Rômische  Rechtsgeschichte,  t.  I,  1892,  p.  507;  t.  H.  1099.  p.  334. 
Dernburg,  Pandekten,  G"  éd.  1900,  t..  11,  §54. 

L11ÎERORUM  JUS.  l  Le  censeur  P.  Scipion,  dans  son  discours  au  peuple  De 
moribus,  se  plaint  de  plusieurs  infractions  aux  coutumes  antiques  et  notamment 
quod  filius  adoptivus  patri  adoptatori  inter  praemia  patrurn  prodesset  (Aul.  Gell 
XV,  19).  -  2  Suet.  Jul.  20:  Campum  Stellatem,  majoribus  consécration  agmmque 
Campanum,  ad  subsidia  reipublicae  vecligalem  relietmn,  divisit  e.r tra  sorte m 
ad  viginti  millia  cicium,  quibus  terni  pluresve  liberi  essent  ■  cf  Dio  Cass 
XLIII,  25. 


IJ  H 


—  1194  — 


un 


d’enfants  a  le  droit  de  choisir  la  province  qu’il  voudra 
Ilex  julia  de  pi'ovinciis]. 

C’étaient  là  des  mesures  exceptionnelles,  d’un  carac¬ 
tère  temporaire  ou  n’intéressant  qu’un  petit  nombre  de 
personnes.  Les  lois  d’Auguste,  conçues  dans  le  même 
esprit,  eurent  une  portée  bien  plus  large  :  elles  eurent  pour 
luit  d  encourager  les  citoyens  au  mariage  et  de  favoriser  le 
développement  de  la  population.  Le  jus  liberorum  fut  l’un 
des  moyens  consacrés  par  la  loi  pour  accroître  la  natalité1. 

I.  Jus  liberorum  attaché  au  fait  de  la  maternité. _ La 

loi  Julia  de  rnaritandis  ordinibus  et  la  loi  Papia  Poppaea 
accordent  1  e  jus  liberorum  aux  ingénues  mères  de  trois 
entants,  aux  affranchies  mères  de  quatre  enfants2.  C’est 
une  prime  à  la  fécondité3.  Le  législateur  voulait  inté¬ 
resser  les  citoyens  à  la  procréation  des  enfants:  aux 
hommes,  il  donna  les  praemia  patrum  ;  .aux  femmes,  le 
jus  liberorum . 

L’obtention  de  ces  privilèges  est  d’ailleurs  subordonnée 
à  des  conditions  différentes  :  1°  pour  l’homme,  un  seul 
enfant  suffit1;  pour  la  femme,  la  loi,  plus  exigeante, 
demande  trois  enfants  si  elle  est  ingénue,  quatre  si  elle 
tst  affranchie  1  ;  2°  1  homme  n’a  droit  au x  praemia  pa¬ 
trum 6  que  s'il  a  un  enfant  encore  vivant  ( incolumis , 
supers/es)  ;  la  femme  a  le  jus  liberorum  par  cela  seul 
qu’elle  a  mis  au  monde  trois  ou  quatre  enfants,  pourvu 
qu  ils  soient  nés  vivants  et  à  terme7. 

Le  jus  liberorum  conférait  à  la  femme  :  1°  la  libération 
de  la  tutelle8.  La  femme  peut  agir  seule  sans  Yauctoritas 
d  un  tuteur.  Aussi  dans  plusieurs  documents  qui  nous 
ont  été  conservés  et  qui  rapportent  des  actes  juridiques 
conclus  par  une  femme,  a-t-on  eu  soin  de  mentionner 
qu’elle  avait  le  jus  liberorum.  Telle  est  cette  inscription 
de  la  voie  Appia:  Satimbia  Marciana  j(us )  /{ iberorum ) 
h{abens.)  donavit  Aeliae  Cassiae  itu(m)  ambitu(m)  et 
posteriscfue)  eorum  \  Dans  un  papyrus  égyptien  de  la 
collection  de  l’archiduc  ftegnier,  on  lit:  ywptç  xupt'ou 

tsxvojv  otxoctip  xarx  Piopiaiwv  s 0 t  io. 

2°  La  liberté  de  tester.  C’était  un  avantage  fort  précieux, 
car  même  à  une  époque  où  la  tutelle  des  femmes  n’était 
plus  guère  prise  au  sérieux,  parce  que  le  magistrat  pou¬ 
vait  contraindre  le  tuteur  à  donner  son  auctoritas ,  le 
testament  était  un  des  actes  pour  lesquels  le  tuteur  con¬ 
servait  son  indépendance11.  Il  est  vrai  que  la  femme 
ingénue  pouvait  recourir  à  l’expédient  de  la  coerntio 
fiduciaire,  mais  c’était  là,  jusqu’au  temps  d’Hadrien12, 
une  complication  que  rendait  inutile  le  jus  liberorum. 

.'1°  L  exemption  de  la  loi  Yoconia  13  [lex  voconia].  La 

1  Te,-ent  CIein-  5  ad  leg-  Jul.  et  Pap.  Dig.  XXXV,  t,  64,  t  :  Legem  enim  utile m 
reipublicae,  sobolis  scilicet  procreandae  causa  lût am,  adjuvandam  interpreta- 
tione.  —  2  Gains,  I,  145,  atlribue  la  libération  de  la  tutelle,  conséquence  du  jus 
liberorum,  aux  deux  lois  Julia  et  Papia  Poppaea.  Il  cite  seulement  la  loi  Papia  pour 
le  jus  liberorum  des  femmes  affranchies.  Du  rapprochement  de  ces  deux  textes,  il 
faut  vraisemblablement  conclure  que  la  loi  Julia  concéda  le  jus  liberorum  aux 
ingénues,  la  loi  Papia  aux  affranchies.  —  3  La  possession  du  jus  III  ou  IV  liberorum 
est  considérée  comme  un  titre  honorifique  que  l’on  a  soin  de  mentionner  dans  les 
inscriptions  t Corp .  inscr.  lat.  VIII,  4573;  VI,  1877,  10246  et  10217).  —  4  Gai.  8  et 
10  ad  leg.  Jul.  et  Pap.  Dig.  L,  16,  148  et  149:  Non  est  sine  liberis  cui  vel  unies 
films  unave  filia  est  r  haec  enim  enuntiatio,  habet  liberos,  non  habet  liberos, 
semper  pluratiro  numéro  praefertur  ;  sicut  etpugillares  et  codieilli.  —  Nam  quem 
sine  liberis  esse ,  dicere  non  possumus  :  hune  necesse  est  dicamus  liberos  habere. 
—  !>  Gai.  I,  194  ;  III,  1,  4.  —  6  Ulp.  2  Opin.  Dig.  L,  5,  1  pr.  3  ;  Inst.  I,  25  pr.  Par 
exception  les  enfants  morts  in  acie  sont  considérés  comme  superstites  pour  l  cx- 
cuse  de  la  tutelle.  Cette  exception  fut  introduite  par  la  jurisprudence  par  analogie 
de  la  règle  admise  par  la  loi  Julia  judiciorum  publicorum,  chap.  xxvi,  et  par  la  loi 
Julia j u dicior uni  privatorum,  chap.  xxvu,  pour  le  mumts  judicandi,  par  la  loi  Julia 
de  rnaritandis  ordinibus  dans  son  chapitre  de  fascibus  sumendis  (Ulp.  De  off. 
praet.  tutel.  Vatic.fr.  197;.  i  Paul.  Sent.  IV,  9,  1  :  Matres  tam  ingenuae  quant 


femme  peut  être  instituée  héritièi 


dont  la  fortune  est  supérieure  à  100  000  ■,su"  Un c*l°yen 
40  La  *°lMi  capacitas.  mais  non  la  cad,  '■ 
catio.  La  femme  qui  a  le  jus  liberorum  IT 

rAf’llPllllI*  lu  fAloliîA'  Jn  lr» _ I  .  ( 


l,i  «  WW.** 


KttUiii'o.  E|| 


recueillir  la  totalité  de  la  part  qui 
tament  soit  comme  héritière,  soit  comme  ] 
est  relevée  de  la  déchéance  infligée  aux  rèelS~7 
pas  privée  de  la  moitié  de  sa  part  comme  U  ,  sl 
elle  a  droit  à  la  totalité  (, solidum ).  C’est  ce  ■  *U; 
de  deux  constitutions  de  Théodose  au  bréftÏÏn,!* l,le| 
Eutrope  (an.  380)  :  elles  règlent  les  droits  de  1, 1  ^ 
ies  biens  des  enfants  condamnés  à  mort  ou  j  ]'.  , ‘"'Sur 
lion,  suivant  qu’elle  a  lé' jus  liberorum ,  hfèntnh 
privilegium ,  ou  qu’elle  est  Papiae  legis  privileauT. 
tituta,  neque  trino  partit,  fecunditati  publicae  oratkSt 
La  femme  qui  a  eu  trois  enfants  est  donc  placée  nw|1 
loi  Papia  dans  une  situation  privilégiée  ;  elle  n  ,  ' 

pas  les  déchéances  qui  frappent  les  coelibes  et  les  "X 

Mais  le  jus  liberorum  ne  donne  pas  à  la  femme  1* 
caducorum  vindicatio  qui  est  un  privilège  réservé  au*, 
hommes,  au  x  patres.  On  a  cru  longtemps  le  contraire,  J 
suite  d’une  confusion  commise  par  les  anciens  commen¬ 
tateurs  entre  la  solidi  capacitas  et  la  caducorum  virée 
catio.  Ce  sont  là  deux  prérogatives  différentes,  lime 
attribuée  à  diverses  classes  de  personnes,  l’autre  réservée 
aux  patres.  La  distinction  de  ces  deux  prérogatives  per¬ 
met  seule  de  comprendre  l’utilité  de  la  substitution 
réciproque  des  héritiers,  qui  fut  l’un  des  moyens  usités 
pour  éluder  les  lois  caducaires  [substitutio]  n.  On  a,  il  esl 
vrai,  allégué  en  sens  contraire  un  passage  de  Dion 
Cassius.  D’après  ce  texte,  les  hommes  et  les  femmes,  qui 
n’ont  pas  été  assez  heureux  pour  avoir  trois  enfants, 
peuvent  obtenir  du  prince  le  jus  liberorum ,  ce  qui  leur 
procure  l’avantage  d’éviter  les  peines  de  Y  orbites  (ùiÿ 
àucuota ;  lumpu'a)  et  de  recueillir  les  privilèges  accordés  à 
ceux  qui  ont  plusieurs  enfants  (ràç  tt|ç  zohmair,  «- 
GXa)  18.  Mais  ce  texte  ne  peut  s’entendre  de  la  caducorw 
vindicatio,  car  Gains  déclare  formellement  que  pour  y 
avoir  droit  il  n’est  pas  nécessaire  d’avoir  plusieurs 
enfants:  un  seul  suffit19. 

5°  Le  jus  liberorum  confère  aux  femmes  des  droite! 
spéciaux  sur  la  succession  des  affranchis: 

a)  La  fille  et  les  autres  descendantes  du  patron  ont  dioit  1 
à  une  part  virile  de  la  succession  de  l’affranchi  qui,  ayaa  I 
moins  de  trois  enfants,  a  laissé  une  fortune  égale  o*® 
supérieure  à  100000  sesterces20. 

S)  Elles  ont  le  même  droit  que  le  patron  et  ses  desceuj 


1er  et  <i 


»■  I 


libertinae  cives  romanae,  ut  jus  liberorum  consecutae  rideauhn  .  ^11 
peperisse  sufficiet,  dummodo  vivos  et  pleni  lemporis  pariant  ^  SupiruÆ 
rorum  mater  quae  très  filios  a  ut  habet,  aut  habuit...  HahU. 
habuit ,  quae  amisit.  Les  jurisconsultes  discutèrent  la  question  i  <  ^  ^ poaüj 

1  ^  *  i  du 


de  trois  jumeaux  serait  réputée  ter  enixa,  si  un  monstrosus  pui 
un  enfant.  Il  semble  qu’on  se  soit  montré  plus  rigoureux  I1'")  /„|ia  et  P*!** 


l’applioaH»"  ‘ 


sénatus-consulte  Tertullien  (Paul.  IV,  9,  2)  que  pour  colle  des  coi.  I®i  j 

(Paul.  2  ad  leg.  Jul.  et  Pap.  Dig.  L,  16,  137).  Ulpien  (4  ad  leg. 
dit  :  N ce  enim  estquod  iis  imputetur  quae ,  qualiter potuei  uni  ^Jef  ;  & 

verunt;  neque  id  quod  fataliter  accessit ,  matri  dammun  '"j'1’ 11,  p. 


Cujas,  ad  Paul.  Sent.  ;  Savigny,  System  des  heutigen  rûin 


Er 

Urk 


■  8  Gai.  I,  194.  —  il  Orelli-Henzen,  6198.  —  Mittheilungen  «**’)'  Berii,é 

rsherzogs  Rainer,  IV,  59  ;  ct.Aegypt.  Urk.  ans  den  kôn.  -  ^  1 4  Éd- 

rk,  no  96.  —  il  Gai.  I,  192.  —  U  Ibid.  115.  —  13  Pi»  Ca9S’ ,  ’  :'se„, cil,  [>■ 11 


:4 

llüil 

Op.  cit.  t.  I,  p.  540.  —  li>  Cf.  Machelard,  Dissertation  sm  oc  les  eon^*110  ) 
Accarias,  Précis  de  droit  romain,  t.  I,  p.  1007,  incline  à  peM  ^  llcrfonnc 
Vorbitas  et  du  célibat  étaient  identiques  pour  lesdeux  8 e*  [(ln 

argument  précis  en  faveur  de  celle  opinion.  —  1®  Cad.  /  "  01  •  ^  '  flq ,  t.I.P-  j 
Cass.  LV,  2  ;  LVI,  10.  —  17  Cf.  Machelard,  Op.  cit.  p.  û3 1  Acca)‘aSj^  HHiaO11' 

—  lBDioCass.  LV,  2.  — l9Gai.  Sadleg.  Julet.  Pap./Lÿ- L’ 


aiici® 

cl  l'i# 


t 


LIB 


—  1195  — 


ja  succession  de  l’affranchie  qui  n’avait 
dards ina  Z( ,rorurn.  Si  la  défunte  avait  eu  quatre  enfants, 
pask/"'  '^sconsuites  refusaient  tout  droit  à  la  fille  du 
Cel'l;l""(iaius  n’est  pas  de  cet  avis  :  s’il  n’y  a  pas  de  tes- 
P81"1"'  ii  j|ti  donne  une  part  virile  d’après  les  termes  de 
tanren  ,  a  un  testament,  il  lui  accorde  le  même 

1  ii  1  / 1 1  p (1 19 1 a  j  *  v  ai 

•  ntUron  et  à  ses  enfants  maies  contra  tabulas 

rlpûit  Cf  U  T,  .  i  i 

nhprti  Gaius  constate  d  ailleurs  que  cette 
eslanientt  tmu  ■ 

o  la  loi  était  rédigée  avec  quelque  négligence  l. 


le. 


par 


lie  de 


y)  La  femme  qui  a  - 

I  à  la bonorum possessi o  dimidiae  partis  comme  le  patron. 
HL,  par  une  faveur  spéciale,  on  n’exige  d’elle  que  deux 
enfants,  si  elle  est  ingénue,  trois  si  elle  est  affranchie.  De 
plus,  la  patronne  ingénue,  qui  a  trois  enfants,  a  droit, 
comme  le  patron,  à  une  part  virile  dans  la  succession  de 
son  affranchi,  lorsqu  ayant  un  ou  deux  enfants  seulement 
il  a  laissé  une  fortune  d’au  moins  cent  mille  sesterces2. 

3)  Si  l’esclave  affranchi  est  une  femme,  la  patronne 
qui  a  le  jus  liberorunj  peut  demander  la  bonorum 
possmio  dimidiae  partis  contre  le  testament  de  son 
affranchie 3. 

6“  Sous  le  règne  d’Iladrien,  le  sénatus-consulte  Ter- 
tullien  accorda  un  nouveau  privilège  aux  femmes  qui 
avaient  le  jus  Hberorum  :  le  droit  à  la  succession  légi¬ 
time  de  leurs  enfants  morts  sui  juris  sans  postérité.  Peu 
importe  que  l’enfant  soit  légitime  ou  naturel5,  citoyen 
romain  ou  Latin6,;  que  la  mère  soit  alieni  juris1  ou 
notée  d’infamie8. 

I  Pour  que  le  droit  de  la  mère  s’ouvre,  il  faut  que  son 
enfant  soit  mort  sans  postérité  °,  ou  qu’il  ne  laisse  pas 
de  frères  consanguins10.  Mais  si  les  enfants  du  de  eu  jus 
s’abstiennent  de  l’hérédité,  la  mère  pourra  demander  le 
Rpéfice  du  sénatus-consulte  ".  En  présence  de  sœurs 
consanguines,  la  mère  a  droit  à  une  part  virile12.  Si  le 
pere  de  l’enfant  vit  encore,  il  exclut  la  mère  lorsqu’il  a 
émancipé  son  fils  avec  pacte  de  fiducie  ;  dans  le  cas  con- 
We;‘l  lie  Pouvait  venir  à  la  succession  du  fils  qu’à 
*  ,,  (  U'r'nal'  ^  11  Sl‘natus-consulte  du  temps  de  Marc 
.  f  '  '  on  a  au  ppre  un  droit  de  succession  ah  intestat 
|„5Ue’imaiS  «"Périeur  à  celui  de  la  mère13.  Le  droit 
<  a  a  mere  par  le  sénatus-consulte  Tertullien  sur- 
_al àcamns  deminutio  minium". 

(Jl"  ont  eLl  trois  enfants  ont  le  jus 
de  Festus  ')/  V!"  <le  Ce  dr(dt  est  «testée  par  Yepitome 
\bendi  aPPe,labant  fere  qui  bus  s/o/as 

des  femmes  marü  Plu“eura  inscriptions  relatives  à 
mUae  feminae  if  6Ur  donnent  le  lill'e  honorifique  de 
^hs-stolae  ét  i  ’  n  passage  de  Pnoperce  prouve  que 
■  üe  etait  un  P"vilège  de  la  maternité  : 


affranchi  un  esclave  peut  prétendre 


Ans 


^clZVe'T Uil.!,e"erosos  honores 

détend  facla  rapina  do, no  U. 


nssi  est-on  d’n 

fUlh  tribut  duTVrU1>  admettre  cIue  ]o  jus  slolae 
Sans  doute,  sinon  "  fe/orum  '*■  Ce  droit  fut  consacré 

°nparlaloi  Juüa  demaritandisordini- 


1  n,,,  i 

111,  g 

Stnl-  IV  II  , 

fod, 


,Ul_ 30  Dig.ap.  Wp.  °*  7>  Gai;  HL  31  et  52.  -  *  I„st. 
I  -j  t)ig.  XXXVIII,  17,  2,  1.  —  6  Paul. 


t.  2,  X'*~]  Paul,  ad  Se.  Ter  tu  11  Z  ^  XXXVI11’  17'  *.!•-«  Paul. 
11  Afiif.  p  '  Ul|)-  e°d.  2,  6.  __  jo  p°',P  ‘‘î'  ûl,J '  XXXVI1’  IL  C  pr.  -  8  Ulp. 

mi!  ’c-  ,P-  L'Ip.  ûin  VYYvm  '  '  1V’  9  n  •  U1P-  xxvl-  8. 

%  ton  'citZ  Sententia  aequior  est’  Ul’  nomen  heredis 

«Pt.  -  13  Ulp.  eod  j  P’  j  *’  XXVI ,  8; 

m.  I||”  À  J.”’  v*  hfalronae.  / Z  Z  !  UIP-  12  ad  Sab.  eod.  1,  8. 


mu 

Cf.  Djf  ,  >  7“ne 

Jo  ' 

,IUCr-  kl-  lu.  mj'  lualr°nae.  _  io  o,.„n;  ,,  ‘ 

°’a283,  5ç,93  Ui  elU-Henzen,  3030,  7190;  Corp. 

‘  f'rop.  IV,  u,  fi|.  _  |8  Hiibner, 


LIB 

bus,  du  moins  par  la  loi  Julia  sumpluaria  qui  fut  votée 
à  la  même  époque19. 

II.  dus  liberorum  conséquence  de  la  paternité.  —  Ce 
jus  liberorum  ne  se  confond  pas  avec  le  jus  patrum.  La 
distinction  ressort  d  un  passage  de  Juvénal:  pour  avoir 
le  jus  patrum,  un  seul  enfant  suffit;  il  en  faut  trois  pour 
le  jus  liberorum. 

Nullum  ego  merilum  est,  ingrate  ac  perfide,  nullutn, 

Quod  tibi  füiolus,  quod  fi/ia  nascitur  ex  me?... 

Jam  pater  es:  declimus  quod  famae  opponere  possis  : 

Jura  parent is  habes... 

Commoda  praetevea  jungentur  multa  caducis, 

Si  numerum,  si  très  impleve?  o  20, 

Le  jus  patrum  confère  en  droit  public  divers  privilèges 
quant  à  la  préséance  entre  magistrats  21,  à  l’intervalle 
entre  les  magistratures  22 ,  au  choix  des  provinces  23  ;  en 
droit  privé,  il  donne  la  solidi  capacitas  et  le  droit  de 
revendiquer  les  parts  caduques. 

Propter  me  scriberis  heres  ; 

Legatum  omne  capis,  nec  non  et  dutee  caducum 

Le  jus  trium  liberorum  conséquence  de  la  paternité 
confère  donc,  suivant  Juvénal,  bien  d’autres  avantages, 
tout  d’abord  ceux  dont  il  vient  de  parler  : 

1°  La  solidi  capacitas  ; 

La  caducorum  vindicatio. 

•1  Confère-t-il  également  l’exemption  des  déchéances 
attachées  au  célibat?  Le  père  de  trois  enfants,  s’il  est  veuf 
ou  divorcé,  est-il  désormais  dispensé  de  se  remarier? 
Pour  résoudre  la  question  avec  certitude,  il  faudrait 
savoir  ce  qu’est  le  pater  solitarius  mentionné  dans  la 
rubrique  d  un  litre  des  Règles  d’Ulpien28.  On  peut  dire 
toutefois  avec  Hugo26,  Machelard27,  Moritz  Voigt28,  qu’il 
est  vraisemblable  que  le  père  de  trois  enfants  était  consi¬ 
déré  comme  ayant  satisfait  au  vœu  de  la  loi  et  exempté 
des  peines  du  célibat.  La  manière  dont  s’exprime  Juvénal 
prouve  que  le  nombre  de  trois  enfants  avait  été  fixé  par 
la  loi,  et  en  visant  une  tout  autre  hypothèse  que  celle  de 
la  caducorum  vindicatio.  Or  on  concevrait  difficilement 
que  les praemia  patrum  lussent  accordés  à  un  citoyen 
frappé  de  déchéance  parce  qu’il  n’est  pas  actuellement 
marié. 

4°  L  exemption  du  munit  s  judicandi.  A  Sparte,  le  père 
de  trois  enfants  était  exempt  du  service  militaire;  celui 
qui  avait  quatre  enfants  était  dispensé  des  autres  mu- 
nera  .  A  Rome,  un  passage  d  Ulpien  conservé  dans  les 
Vaticana  fragmenta  prouve  que  les  lois  judiciaires 
d  Auguste  avaient  déchargé  des  fonctions  de  juges  les 
citoyens  qui  avaient  un  certain  nombre  d’enfants30.  Il 
nous  apprend  que  cette  disposition  se  trouvait  au  cha¬ 
pitre  AXA  I  de  la  loi  judiciorum  publicorum  et  au  cha¬ 
pitre  XXVII  de  la  loi  judiciorum  privatorum. 

Suétone,  dans  sa  vie  de  Claude,  parle  d'un  citoyen  qui 
fut  rayé  des  listes  de  juges,  bien  qu’il  eût  dissimulé  la 
vacalio  quam  bene/icio  liberorum  lxabebat 31  Aucun  de 


•  ommaïuiuwitos  m  nonorem  Mommseni,  1877.  p.  98;  Morilz  VoM  Ilhein 
Muséum,  1878,  l.  XXXIII.  p.  48G  ;  Marquardt,  Jlôm.  Privatalterth.  Uad.  t.  II 
p.  217.  —  19  Aul.  Gcll.  II,  24,  14;  Suet.  Aug.  34.  —  S0  Juv.  IX,  82.  —  21  Loi 
Julia  de  maritandis  ordinibus,  cap.  vu  de  fascibus  sumendis  (Vatic.  fr.  197  ;  Aul. 
Gcll.  Il,  15).  —  22  Ulp.  19  ad  Icg.  .lui.  et  Pap.  Dig.  IV,  4,  2.  —  23  p;0  Qass  LUI 
13;  Tac.  Ann.  XV,  19.  -  21  j„v.  IX,  87.  -  23  Ulp.  XIII.  -  26  nu„o  Mm' 
Jîechtsgesehichle,  9»  Aufl.  1824,  p.  G27.  -  27  Bachelard,  Dissertation  sur  iZccrois - 
sement,  p.  110.  -  ï#  Voigt,  Mm.  fiechtsgeschichte,  t.  Il,  p.  718,  n.  16.  -  29  Arlis. 
Polit.  II  6.  13  ;  Aolian.  Var.  VI,  G.  —  ôu  Vatic.  fr.  197.  —  31  Suet.  Claud.  13. 


LIB 


—  \ 196  — 


LIB 


ces  textes  n'indique  le  nombre  d’enfants  exigé  pour  être 
déchargé  du  mutins  judicandi,  mais  il  est  vraisemblable 
que  ce  privilège  était  l’un  de  ceux  dont  parle  Juvénal  et 
qui  appartenaient  au  père  de  trois  enfants. 

5"  La  dispense  des  autres  mimera  personarum.  Cette 
dispense  est  de  droit  nouveau.  Godefroy  1  et  Heineccius 2 
ont  soutenu  que  l’exemption  des  mimera  était  inscrite 
dans  la  loi  Julia  de  mari  tandis  ord  imbus .  Cette  opinion 
est  depuis  longtemps  abandonnée  3.  Elle  est,  en  elle- 
même,  peu  vraisemblable,  car  la  règle  sur  la  dispense 
des  mimera  s’applique  à  tout  l’empire,  tandis  que  les 
dispositions  de  la  loi  Julia  visaient  uniquement  les 
citoyens  romains.  Puis  elle  est  contraire  aux  documents 
qui  nous  sont  parvenus  :  tous  s’accordent  à  attribuer 
cette  exemption  aux  constitutions  impériales  quae 
de  liberis  loquuntur.  La  dispense  des  mimera  fut  intro¬ 
duite  sans  doute  par  extension  de  la  disposition  des  le  g  es 
Juliae  judiciariae,  qui  exemptaient  du  mutins  judi¬ 
candi  les  citoyens  pères  d'un  certain  nombre  d’enfants. 
Dans  la  deuxième  édition  de' son  traité  de  jurisdictione 
tutelari,  le  jurisconsulte  Paul  cite  un  rescrit  de  Marc 
Aurèle  et  Verus  qui  dispense  de  la  tutelle  Pontius  Mar- 
cellus,  père  de  trois  enfants  4 .  Un  autre  rescrit  des  mêmes 
empereurs  à  Apronius  Saturninus  subordonna  le  droit  à 
ce  privilège  à  la  condition  que  les  trois  enfants  fussent 
justi ,  c’est-à-dire  secundum  jus  civile  quàesiti  B.  Ce 
rescrit  trancha  une  controverse  qui  s’était  élevée  sur  le 
point  de  savoir  si  les  enfants  devaient  être  justi  secun¬ 
dum  leges  notas,  c’est-à-dire  issus  d’un  mariage  con¬ 
forme  aux  prescriptions  de  la  loi  Julia  de  mari  tandis 
ordihlbus.  Moins  exigeant  que  pour  la  caducorum  vin- 
dicatio,  Marc  Aurèle  se  contente  pour  l’excuse  de  tutelle 
d'un  mariage  conforme  aux  règles  de  l’ancien  droit  civil e. 
Les  enfants  donnés  en  adoption  comptent  comme  s’ils 
étaient  encore  dans  la  famille  de  leur  père  naturel 7 . 
Ulpien  admet  également  que  les  nepotes  ex  filio  doivent 
être  comptés  à  leur  grand-père  8. 

La  dispense  accordée  par  Marc  Aurèle  et  Verus  ne 
pouvait  être  invoquée  qu’en  Italie.  Sévère  et  Caracalla 
en  étendirent  le  bénéfice  aux  provinces,  mais  en  imposant 
des  conditions  plus  rigoureuses.  D’abord  il  fut  prescrit 
de  ne  compter  que  les  enfants  vivants,  incolumes  9,  au 
moment  où  la  tutelle  est  déférée10.  Cette  condition  avait 
été  imposée  par  les  leges  Juliae  judiciariae  pour 
l’exemption  du  munus  judicandi ,  et  par  la  loi  Julia  de 
maritandis  ordinibus  au  chapitre  de  fascibus  sumendis. 
Ces  deux  lois,  en  effet,  avaient  fait  une  exception  poul¬ 
ies  enfants  morts  à  la  guerre  (bello  aniissi)".  Certains 
jurisconsultes,  comme  Titius  Aristo,  le  contemporain  et 
l’ami  de  Trajan,  soutinrent  qu’on  devait  entendre  par  là 
les  enfants  morts  sur  le  champ  de  bataille  (in  acte).  Ulpien 

1  J.  Godefroy,  Fontes  quatuor  juris  civilis ,  Genève,  1053,  p.  28 2. 

—  2  Heineccius,  Commentatio  ad  legein  Juliam  et  Papiam  Poppaeam,  Leipzig, 
1778,  p.  G6  et  155.  —  3  Rudorff,  Zeitschrift  f tir  (jeschichtliche  Recht swissens- 
chaft ,  t.  VI.  p.  411;  Recht  der  Vormundschaft,  t.  JI,  p.  133;  E.  Kuhn,  Die 
stüdlische  und  bilrgerliche  Verfassuny  des  rômisclien  Reichs  bis  auf  die  Zeitcn 
Justinians ,  1864,  t.  I,  p.  71.  —  4  Vatic.  fr.  247.  —  »  Vatic.  fr.  168.  —  G  Cf. 
Papin.  5  Quaest.  in  Vatic.  fr.  194.  —  7  Ibid.  169.  —  8  Ibid.  198  ;  Modest. 

2  Excusât.  Dig.  XXVII,  1,  2,  7  ;  Philip.  Cod.  Just.  X,  52,  3.  —  9  Le  mot  se 
trouve  pour  la  première  fois  dans  le  rescrit  cité  dans  Vatic.  fr.  247  ;  cf.  Ulp.  2  et 

3  üpin.  Dig.  L,  5,  2,5;  L,  4,  3,  6  ;  4  pr.  ;  Gord.  Cod.  Just.  X,  69,  1;  Val.  Gall.  Cod. 
Just.  X,  65,  1  ;  Modest.  7  Reg.  Dig.  L,  5,  14  pr.  —  10  Ulp.  3  Opin.  Dig.  L,  5,  2,  3. 

—  H  Vatic.  fr.  197.  —  12  Ibid.  199.  —  13  Inst.  I,  25  pr.  —  14  Ap.  Paul,  in 
Vatic.  fr.  247.  Cod.  Just.  V,  66,  1  :  Qui  ad  tutelam  vel  curarn  vocantur ,  Romae 
quidem  trium  liberorum  incolumium  numéro ,  quorum  etiam  status  non  ambi- 
gitur ,  in  Italia  vero  quatuor ,  in  provinciis  autem  quinque  habeat  excusât ionem. 

—  13  Ulp.  3  Opin,  Dig.  L,  5,  2,  5  ;  Modest.  1  Excusât.  Dig.  XXVII,  1,  2,  3. 


fut  d’avis  qu’on  devait  y  comprendre  les  enf 
temps  deguerre  (per  tempusbelli)'*.  La mèn  S m°ris 
s’éleva  pour  l’application  de 
résolue  dans  le  sens  le  plus  rigoureux  :  f[j ,,  ■  e  fül 
re public  a  ceciderunl  in  perpetuutn  per  ah!"'  ^ 
intelleguntur  13 .  Par  un  rescrit  à  Claudius  iT*? 
du  o  avril203,  Sévère  et  Caracalla  modifié, v  ^ 

règle  relative  au  nombre  des  enf; 
suivant  le  domicile.  Tandis  que  Marc  Aurèle 


pr  o 

«■{  J 

erodiai 

0,1 1  ensuite  la 


lants  :  ce  nombre  varia 


avaient  accordé  l’excuse  de  tutelle  à  tous  1m  ! ,  crus| 
d’Italie  qui  avaient  trois  enfants,  Sévère  et  Caracalh 
une  distinction  entre  Rome,  l’Italie  et  les  provj‘nC£  7 
règle  ne  fut  maintenue  que  pour  les  citoyens  domiciii  ! 
a  Rome;  pour  les  habitants  de  l’Italie,  on  exige  qU!J 
enfants  ;  il  en  faut  cinq  lorsqu’on  est  dans  une  wJ 
vince  u.  On  n’a  pas  d’ailleurs  à  rechercher  si  les  enfants 
sont  ou  non  sous  la  puissance  de  leur  pèrel  I 

L’excuse  des  mimera  en  raison  du  nombre  des  enfants! 
n’est  pas  générale:  elle  s’applique  aux  minora  pmA 
narum ,  tels  que  la  tutelle,  la  curatelle,  la  cura  annonn, 
praediorum publicorum ,  f ruinent i  comparandi ,  «qui 
d  uct  us ,  etc. 16.  Elle  ne  peut  être  invoquée  pour  les  munm  I 
patrimonii  11  [munus],  ni  pour  les  honores  u.  Toutefois  ' 
Septime  Sévère  accorda  aux  pères  de  cinq  enfants 
l’exemption  du  sacerdotium  provinciac  en  Asie,  et  il 
étendit  cette  faveur  aux  autres  provinces l9.  Un  de  ses 
prédécesseurs,  Pertinax,  avait,  par  une  faveur  spéciale, 
dispensé  de  toute  espèce  de  mimera  un  citoyen  père  de 
seize  enfants  20. 

0°  D’après  le  jurisconsulte  Atteius  Capito,  le  père  de 
trois  enfants  a  le  droit  d’excusêr  sa  tille  lorsqu’elle  esl 
prise  par  le  grand  pontife  pour  le  service  de  Vesla'21. 

7°  L’affranchi  qui  a  une  fortune  de  100000  sesterces 
peut,  s’il  est  père  de  trois  enfants,  leur  laisser  tousses 
biens  à  l’exclusion  de  son  patron.  Ce  privilège  fut  établi 
par  la  loi  Papia22. 

8°  La  loi  Julia  de  maritandis  ordinibus'1'  avait  été 
moins  exigeante  pour  libérer  l’affranchi  de  l’obligation , 
de  fournir  des  services  à  son  patron  :  il  suffisait  qu il  euj 
deux  enfants  sous  sa  puissance.  Le  texte  de  ce  chapitre  u 
la  loi  Julia  a  été  conservé  par  Paul  dans  son  comme® 
taire  des  lois  caducaires  u.  . 

III .  Concession  du  jus  liberorum  par  le  b  'wiifad  J 
prince.  —  Les  déchéances  attachées  par  les  lois  Jui®j 
Papia  Poppaea  au  célibat  et  à  Yorbitas  souh'ièreiHB 
nombreuses  protestations.  Parmi  les  intéresses,  csia  ^ 
scrupuleux  inventèrent  des  expédients  poui  ‘  11 


■•lente  une 
sénat 


loi;  d’autres  demandèrent  à  l’autorité  compi 

dispense  pour  échapper  à  l’appnixii,. ^-est à 

seul,  dans  le  principe,  avait  qualité  à  cet  c  j 
lui  que  s’adressa  Livia26,  Auguste-'  lui-oe  m 

l  Epit.  Dig.  L,  4,  1, 


implication  de 

et  Cali 

4 

uni'  Hcvmog' 


et  4.  -  17  Vfp.  3 


,1»  I 


—  10  Hermoi,-  -  — , _  _  , 

Paul.  1  Senl.  eod.  10  pi1.  Sur  la  caufe  de  celle  distiuOiou.  ^  jg.  — l!^'  ] 
Dig.  L,  4,  I,  3  ;  Arcad.  Charis.  De  mimer,  civil,  cod  j ‘  •  ’  10 Cal|'sJl 

Opin.  Dig.  L,  3,  2,  1  :  Papin.  I  Resp.  eod.  8  pr.  '  '  ^  M’*0'  pleins  c  ':! 

1  De  cognit.  Dig.  L,  6,  6,  2.  —  21  Aul.  Oeil •  U  O,  -  f  22 Ciai.  1  _  . 

religuit...  excusandam  ejuslfiliam),  qui  liberos  très  ha  eic  ^  jut[.  VI,  3- 
Si  très  relinquat ,  repellitur  patronus.  —  Alex.  St  '  ■  sc  genitos  ^ 

—  2'iDig.  XXX VIII,  1,  37  pr.  :  Qui  libertinus  duos  Phn'^'neris ’^ite  f-  •  a 
in  sua potestate  habebit...  ne  guis  eorum  opéras  doni ,  «  ms 
libertatis  causa  patrono  palronae  liberisve  eoi  uni.  *  gïC(jption  ^,l1 
promiserit,  obligatusve  erit,  dare,  facere  praestim  [(,s  SPrvices  lie01' con 
pour  celui  qui  exerçait  arteni  ludicrani  ou  qui  louai  irnipoi''1  1  p,o 
dans  l'arène  contre  les  bêles.  La  loi  ajoute:  et  si  non  eot  ^  g/jli/jeti01"1, 

taie  habuerit ,  vel  unum  quinquennem,  liberabitui  oju’  ~  51  T 

,  Sta  tt,;  pouXf;s.  ^  LVI, 35,  1 

27  Dio  uss’ 


Cass.  LV,  2  :  Toùtwv  tioλ  ô  von»?  ujo-rejov  piv 


iù.  tw’/  vgYEvqxÔTwv  StxauojxaTK  /ap 


2f»  Ibid. 


H  97  — 


> 


LIB 


IJ  B 


i„  i  Sous  Tibère,  les  ( 


demandes  de  dispense  furent  si 


ne  le  sénat  dut  nommer  une  commission 


„  ies  examiner 


La  tcx  de  imper io  Vespasiarii 


,  Vespasien  ta  dispense  des  lois  comme  à  ses 


gula 

nombreuses  q 

pour 

aCC0,rcl<l  'mûr1  Auguste,  Tibère  et  Claude  3.  Cette  clause 
i  reproduite  dans  les  leges  regiae  subséquentes,  car 
E  'en  dans  son  commentaire  sur  les  lois  Julia  et  Papia, 
dil'que  Princeps  legibus  solut us  est  \ 

:  Mais  de  bonne  heure  l’empereur  joue  un  rôle  prépon¬ 
dérant  dans  les  questions  d’application  des  lois  cadu- 
caires.  D’après  Suétone,  Claude  accorda  de  grands 
avantages  aux  constructeurs  de  navires  destinés  à  l’ap¬ 
provisionnement  de  Rome  :  à  ceux  qui  étaient  citoyens, 
la  vacatio  lerjis  Papiae  Poppaeae  ;  aux  Latins,  le  jus 
quiritium  ;  aux  femmes,  le  jus  quatuor  liberorum*.  Ce 
règlement  émane-t-il  de  l’empereur  seul,  ou  fut-il 
ratifié  parle  sénat?  On  l’ignore.  En  tout,  cas,  dès  le  règne  de 
Galba6,  sinon  avant,  c’est  à  l’empereur  que  les  particuliers 


demandent  la  remise  des  déchéances  légales,  consé¬ 
quences  des  lois  caducaires.  Lorsqu'il  est  fait  droit  à 
la  requête,  ce  n’est  pas  sous  forme  de  dispense  :  l’empe¬ 
reur  concède  un  privilège,  le  jus  Hberorum.  Les  agents 
du  Trésor  sont  invités  à  considérer  comme  jouissant  des 
prérogatives  de  la  maternité  ou  de  la  paternité  des  per¬ 
sonnes  sans  enfants  ou  n’ayant  pas  le  nombre  d’enfants 
requis  par  la  loi .  Au  premier  rang  des  personnes  gratifiées 
de  ce  privilège  par  la  faveur  du  prince,  figure  l’impéra¬ 
trice  :  Aiajusta  autem  licet  legibus  sol  ut  a  non  est. 
Principes  tain  en  eadein  i/h  privilégia  tribuunt  quae 
ipsi.  habent1. 

I  La  concession  du  jus  liberorum  par  le  bienfait  du 
prince  est  attestée  par  les  épigrammes  de  Martial.  Le 
poète  écrit  ad  Cuesareni  Dont  itian  u ni 8  : 


Quod  foriuna  velat  fieri,  permiUe  videri, 

Natorum  genitor  credar  ut  esse  Irium. 

Puis,  quand  il  a  obtenu  cette  faveur,  il  écrit  ad  uxorenp: 

hatorum  mihi  jus  triton  roganti 
Musarum  pretium  dédit  mearum , 

Solus  qui  polerat. 


■a  concession  par  le  bienfait  du  prince  est  égalen 

r  '  |Mr  une  inscription  du  temps  de  Domiti 

i(r  >([l  ^0sl,nne^ntri ejus ,  habent i  jus quattuor  li 

me  ’  }e/iCi0  CoesarM  et  par  d’autres  d. 

obtint  V’n  emP°rains  12  ou  postérieurs  13.  Pline  le  Je 

Julius  su  raJan  C<  tle  faveur  sur  la  recommandatioi 

Voconiu  '  pl,mUh  6t  °^tenir  a  deux  de  ses  ai 
■otonius  Romanus 15  et  Suétone  ,G. 

i’afordîe DCe/ve  PHnC  D°US  aPPrenddeux  cho 

!  accordée.  "quoTuZ"'  ^  dOT 

fyhptu (tarer  /■  'JUf>  rPian  quant  parce  et 

Pour  être  >U  "  l<n>,en’  lanfjuam  eligeret ,  induis 
I  m'eUX  en  rae^re  de  résister  aux  sollicitati 

I  >Ibid-  I  IX,  I  I.  _  o  t 

Matuendo  remTi •  ^ :  Terror  omnibus  intenti 

;  Z  1  *  ectl!ro  «natu  r  rinquc  considari<™  quinque  e  prae 

L  :  qïZl  Z-u levamentum  fuere.  -  3  Corp.  inscr 

|Î  “S  ,î-  T^iuSqVZ  ef:S  Pehe<Ve  SCUi*  ^iptum  fuit,  ne 

•i?? . •  "■  Z‘47:‘r 

Valba  |,  ■  -  4  Ulp.  Din  [  3  ;  lS  mPe™t°r  Caesar  Vespa 

I Kemkij  ‘  UlP.  L°c.  oit  ’8  ~  °  Suet'  Claud •  -  0 

«a»,.  ,r"‘,in‘0  tr>buit  r  .  MarL  H-  U1-  -  9  Ibid.  Il,  92;  Il 

■L In’e.. as-  —  )o  r„  ■  utenI"e  Natorumque  dédit  jura  pi 

J>‘*  quatuor  liberorum  accordé  à  une  il 
'S  avanl  ,c  sénalus  consullo  Tertulliei 


'  Normal  p.  10  Ce 
'  *  cUt-6tre  fut.;, 


Trajan  avait  d’avance  fixé  le  nombre  de  concessions  qu’il 
se  proposait  de  faire,  et  déclaré  au  sénat  qu’il  ne  dépas¬ 
serait  pas  ce  chiffre:  Quant  parce  haec  bénéficia  tri- 
buarn,  a  tique...  haeret  tibi ,  cuin  etiam  in  senatu  affir- 
niare  soleam.  non  excessisse  me  muneru/n,  que/n  a /nul 
ampltssimum  ordinem  suffecturam  inihi  professas 
sumls.  Ensuite  la  concession  du  jus  liberorum  n’était 
pas  un  encouragement  à  ne  pas  répondre  au  vœu  de  la 
loi:  en  remerciant  Trajan,  Pline  exprime  le  vœu  que  son 
second  mariage  ne  soit  pas  stérile,  et  il  assure  l'empereur 
qu  il  souhaite  d’autant  plus  d’être  père,  maintenant  qu’il 
peut  vivre  en  sécurité:  Eoque  mugis  libéras  concupisco , 
quos  habere...  volai,  sicut  potes  duobus  malrimoniis 
meis  credere...  Malui  hoc  potins  tempore  me  patrem 
fieri ,  quo  futurus  essem  et  securus  et  felix1 9.  De  même, 
en  demandant  le  jus  liberorum  pour  Suétone,  Pline 
donne  pour  raison  que  son  mariage  n’a  pas  été  heureux  : 
parum  felix  malrimonium  expertus  est.  Il  sollicite  de 
la  bonté  de  l’empereur  ce  que  lui  a  refusé  l’injustice  de 
la  forjune:  Quod  illi  fortunae  malignitas  de  ne  <g  a  vit. 211 . 
Galba  s’était  montré  plus  rigoureux  :  il  n’accordait  le  jus 
trium  liberorum  que  pour  un  temps  limité'21. 

Dion  Cassius  signale  une  application  fort  curieuse  de  la 
concession  du  jus  liberorum  :  les  constitutions  impériales 
qui  permirent  d’instituer  pour  héritier  certaines  divinités 
leur  donnèrent,  en  même  temps  que  la  testament  i  factio , 
le  jus  liberorum 22.  C’était  le  seul  moyen  de  leur  assurer 
le  jus  capiendi. 

Le  jus  liberorum ,  concédé  par  le  prince,  confère  plu¬ 
sieurs  privilèges  : 

1°  La  sot tdi  capacitas ,  le  droit  de  recueillir  intégrale¬ 
ment  la  part  de  succession  ouïe  legs  laissé  par  un  tes¬ 
tateur,  sans  subir  les  déchéances  édictées  par  les  lois 
caducaires23. 

2°  La  liberté  de  disposer  par  testament  au  profit  de  son 
conjoint24'. 

Ces  deux  privilèges  sont  communs  à  l’homme  et  à  la 
femme.  Les  suivants  sont  spéciaux  à  l’homme. 

3°  La caducorum  vindicatio.  ITeineccius  l’a  contesté23, 
par  suite  d  une  confusion  entre  les  dispenses  accordées 
par  le  sénat  et  le  droit  conféré  par  l’empereur.  Nous  avons 
déjà  signalé  la  différence  qui  existe  entre  la  vacatio  tegis 
Juliae  et  Papiae  et  le  jus  liberorum  :  dispenser  une 
personne  des"  lois  caducaires,  c’est  la  soustraire  à  l’appli¬ 
cation  de  ces  lois;  c’est  lui  permettre  d’éviter  les 
déchéances  qu’elles  ont  édictées,  et  rien  de  plus.  Concéder 
le  jus  liberorum ,  c’est,  au  contraire,  assimiler  à  un pater 
celui  qui  n’a  pas  d’enfants,  et  par  suite  le  faire  bénéficier 
des  primes  attachées  à  la  paternité.  On  objectera  qu’il 
était  inutile  d’accorder  ley«.s-  trium  liberorum ,  puisqu’un 
seul  enfant  suffit  pour  donner  droit  à  la  caducorum  vin¬ 
dicatio.  Mais  on  pourrait  en  dire  autant  pour  la  liberté  de 
disposer  par  testament  entre  conjoints  :  la  présence  d’un 


le  cas  où  l'on  donnait  h  la  mère  la  succession  légitime  de  ses  enfants  ad 
solatium  liberorum  amissorum  ;  cf.  Morilz  Yoigt,  Itôm.  Rechtsgeschickte,  t.  Il 

p.  75C,  n.  H.  —  U  Corp.  viser,  lat.  VI,  1877  ;  cf.  Stal.  IV,  8,  20.  _  12  PHu. 

Ep.  II,  13,  8.  —  13  Oî'clli.  82;  Corp.  inscr.  tut.  V,  4392  (p.  1079)  ;  XI,  6358. 
—  14  f’lin.  Ep.  X,  2.  —  13  Ibid.  II,  13.  —  10  Ibid.  X,  95.  —  n  p||n.  p/p 
13.  —  18  Ibid,  X,  93.  —  19  Ibid.  X,  2.  —  20  x,  95.  —  21  Suet.  Galba , 
14  :  Jura  trium  liberorum  vix  uni  atque  alteri,  ac  ne  his  quidam,  nisi  ad 
certum  pracfinitumqne  tempus.  —  22  Dio  Cass.  LV,  2.  —  2)  Cf.  Juv.  IX,  82  et 
suiv.  —  21  Ulp.  XVI,  1  a  :  Libéra  inter  eus  testament i  factio  est,  si  jas  liberorum 
a  principe  impetraverint.  -  25  Lib.  II,  c.  15,  n»  8.  L'opinion  d’Uciueccius  est 
repoussée  par  Schneider,  p.  226,  et  par  Machelard,  Dissertation  sur  l'accrois¬ 
sement,  p.  102. 


151 


—  1198  — 


L1R 


Lin 

enfant  commun  suffit,  et  cependant  Ulpien  dit  qu’on  ne 
peut  y  suppléer  sans  demander  au  prince  le  jus  libe- 
rorum  '.  Le  témoignage  d’Ulpien  est  confirmé  par  une 
inscription  de  Pisaurum  dédiée  à  une  flaminica  Pisauri 
et  Arimini ,  patrona  municipii...  oui  imp{erator)... 
jus  commune  liberorum  concessit  -.  Si  l’empereur  accor¬ 
dait  le  jus  trium  liberorum ,  c’est  que  dans  la  plupart  des 
cas  tel  était  le  nombre  d’enfants  requis  par  la  loi. 

4°  Le  jus  liberorum  concédé  par  le  prince  ne  confère 
pas  l'excuse  des  mimera  personarum  3 .  Toutefois,  Marc 
Aurèle  accorda  cette  faveur  au  père  d’une  fille  qui  avait  eu 
trois  enfants  de  son  mariage  avec  un  vétéran  de  la  garde 
prétorienne  L  Tel  fut  l’objet  d’une  oratio  quam  in  cas- 
tris  praetoriis  recitavit  le  6  janvier  168:  Quo  facilius 
veterani  nostri  soceros  reperiant ,  ilfos  quoque  novo  pri- 
vilegio  sollicitabimus ,  ut  avus  nepotum  ex  veterano 
praetoriano  natorum  iisdem  commodis  nomine  eorum 
fruatur,  quibus  frueretur,  si  eos  liaberet  ex  filio.  C’est 
une  dérogation  à  la  règle  que  les  nepotes  ex  filia  ne 
comptent  pas  pour  l’excuse  de  tutelle  6. 

Une  inscription  de  Pisaurum  semble  indiquer  une 
autre  exception  à  la  règle.  Elle  est  dédiée  L{ucio)  Apu- 
leio  Brasitae  habenti  II II  lib(erorum)  jus  dal(utn)  ab 
imp(eratore )  \M(arco)  Aurel(io)\  Aug(usto),  VI  vir(o) 
Aug(ustali),  ornament(is)  decurional(ibus)  honor(ato), 
et  Aug(ustali)  mun(icipii)  Ael(ii)  Karn(unti)  6.  Mais 
il  est  possible  qu'il  y  ait  une  erreur  du  lapicide  qui 
aurait  gravé  1111  pour  III. 

Le  jurisconsulte  Callistrate,  dans  son  traité  de  Cogni- 
tionibus  rédigé  au  temps  de  Sévère  et  Caracalla,  dit 
que  les  constitutions  impériales  avaient  accordé  l’excuse 
de  la  tutelle  aux  membres  de  certaines  corporations  1, 
telles  que  les  coüegia  pistorum  8,  fabrorum  9,  navicu- 
lariorum l0,  mensorum  frumentariorum 1 1 ,  suariorum  12 . 
Peut-être  est-ce  sous  la  forme  d’une  concession  du  jus 
liberorum  que  ce  privilège  leur  était  accordé. 

IV.  Le  jus  liberorum  au  Bas-Empire.  —  Le  jus  libe- 
rorum  a  subsisté  au  Bas-Empire,  malgré  l’abrogation  par 
Constantin,  en  320,  des  peines  du  célibat  et  de  Yorbitas  13 
et  la  concession  aux  femmes  de  la  solidi  capacitas  sans 
égard  au  nombre  de  leurs  enfants  u.  Le  système  des  lois 
caducaires  n'a  pas  été  en  effet /lu  même  coup  supprimé. 
On  fit  disparaître  les  dispositionsqui  étaient  en  opposition 
avec  les  principes  du  christianisme  ;  on  ne  toucha  pas 
aux  autres  15.  Il  n’y  avait  aucune  contradiction  à  main¬ 
tenir  les  privilèges  de  la  paternité  alors  qu’on  refusait  de 
punir  les  citoyens  sans  enfants.  La  caducorum  vindi- 
catio  était  d’ailleurs  pour  le  fisc  une  source  de  revenus 
qu’on  ne  songea  pas  à  tarir  immédiatement16. 

La  décision  prise  par  Constantin  eut  pour  effet  d’accor¬ 
der  à  tous  le  jus  capiendi ,  la  solidi  capacitas  ;  elle  n’a 
supprimé  ni  les  praemia  palrum ,  ni  le  jus  antiquum  des 
ascendants  et  descendants  jusqu’au  troisième  degré.  Il  a 

i  Ulp.  XVI,  1  a.  — -  2  Orelli,  82.  —  3  Vatic.  fr.  I/O  :  Jus  liberorum  a 
principe  impetratum  nec  ad  hanc  causant,  nec  ad  mimera  prodest.  —  4  Ulp. 

1  De  ofT.  praet.  tutcl.  Vatic.  fr.  195.  —  »  Ibid.  —  6  Corp.  inscr.  lat.  XI, 
6358;  cf.  Bormann,  ad  h.  I.  et  Corp.  inscr.  lat.  III,  4392  (p.  1079).  —  7  Cal- 
lislr.  Dig.  XXVII,  1,  17,  2.  —  8  Rescr.  Trajani  Hadriani  ap.  Ulp.  De  off. 
praet.  tutel.  in  Vatic.  fr.  233,  235.  —  9  Callislr.  Loc.  cit.  —  10  Ibid.  Dig. 
L,  0,  5,  9.  —  il  Rcscr.  Marci  et  Commodi  ap.  Paul.  De  exusat.  Dig.  XXVII, 

1,  2G.  —  12  Sev.  et  Carac.  ap.  Vatic.  fr.  23G.  —  13  Cod.  Thcod.  VIII,  IG,  1; 
Cod.  Just.  VIII,  58,  i.  —  14  Cod.  Theod.  VIII,  IG.  1,  1.  —  13  Ibid.  1,  2.  Cons¬ 
tantin  refuse  expressément  de  rendre  aux  époux  la  capacité  de  disposer  à  cause 
de  mort  l’un  au  profit  de  l’autre  :  Verum  hujus  beneficii  maritis  et  uxoribus  inter 
se  usurpât io  non  patebit ,  quorum  fallaces  plerumque  blanditiae  vix  etiam 


toujours  été  utile  de  solliciter  le  jus  liberorum 
ce  droit  fût  désormais  moins  avantageux  Jî» 
passé.  Cette  conclusion  est  confirmée  par  lUl(,  Pdl'  e 
tion  rendue  après  la  division  de  l’Empire  le  R  ’  0nsl‘tu- 
adressée  par  l’empereur  d’Orient  ArcadiusàTu^V111'’61 
fets  d’Orient,  Fl.  Caesarius  ,7.  Elle  décide  qu’ont^ 
demander  le  jus  liberorum  sans  condition  d’à»/0"”1 
délai,  comme  cela  avait  lieuautrefois  sert  '  b-'"  ^ 

poscendum  auxihum  sufficiat  desperatio'liberorn,, ,u 

Quelques  années  plus  tard,  le  4  septembre  410  ie  ”  ' 
cesseur  d’Arcadius,  Théodose  le  Jeune,  par  une  consUtl 
tion  adressée  au  préfet  de  Constantinople,  Fl.  Anthmniu' 
Isidorus,  porta  une  nouvelle  atteinte  au  système  des  lof 
caducaires  et  fit  disparaître  l’un  des  avantages  qu’offrait 
encore  le  jus  liberorum.  Théodose  abolit  les  restrictions 
apportées  par  les  le  g  es  decimariae  à  la  capacité  de  dis¬ 
poser  à  cause  de  mort  entre  époux.  Alors  même  qu'il  n'y 
aurait  pas  d’enfants,  les  conjoints  seront  pleinement 
capables 19 . 

Théodose  a-t-il  été  plus  loin?  A-t-il  aboli,  dans  tous 
autres  cas,  le  jus  liberorum  ?  Certains  auteurs  l’ont 
pensé;  ils  ont  invoqué  une  constitution  qui  figure  au 
Code  Théodosien  à  la  suite  de  la  précédente  et  qui  est 
ainsi  conçue  :  Nemo  post  haec  a  nobis  jus  liberorum 
pelât  quod  simul  bac  lege  detuli mus  20.  Cette  opinion  est 
fausse.  On  n'a  pas  remarqué  que  cette  constitution  est  de 
la  même  date  que  la  précédente  et  adressée  au  même  pré¬ 
fet.  Elle  formule  tout  simplement  la  conclusion  pratique 
de  la  constitution  à  laquelle  elle  renvoie.  Les  conjoints 
n’ont  plus  besoin  désormais  de  demander  le  jus  comniu- 
nium  liberorum ,  puisqu’on  leur  rend  le  jus  solidun 
capiendi  ex  suis  testament is  alors  même  qu'ils  n'auraient 
pas  d’enfants.  Cette  interprétation  très  simple  est  celle  de 
Cujas  et  de  Godefroy;  elle  est  généralement  acceptée1. 

L’innovation  introduite  par  Tbéodose  le  Jeune  pour 
l’empire  d’Orient  ne  fut  pas  accueillie  au  moins  immé¬ 
diatement  dans  l’empire  d’Occident.  Une  constitution 
d’Honorius,  postérieure  de  deux  ans  à  la  précédente  et 
adressée  au  préfet  d’Italie  Johannes,  suppose  encore  en, 
vigueur  le  jus  communium  liberorum 

Le  jus  liberorum  conserva  encore  son  utilité,  tout  ai* 
moins  dans  l’empire  d'Occident,  pour  donner  a  L  ,lier j 
le  droit  de  succéder  à  ses  enfants,  en  vertu  de  "  tul 
consulte  Tertullien.  Deux  constitutions  de  1  au  < -()  tl  B 
sées  par  Valentinien,  l’une  au  préfet  de  Roim'  4  mU  ’ 
l’autre  au  sénat  de  cette  ville2',  parlent  du  1  '  ^ 
succession  de  la  mère  liberorum,  jure  subni.i". 
jus  liberorum .  uaJ 

Justinien  compléta  l’œuvre  de  ses  prédécess'  ^ 
à  l’abrogation  des  lois  caducaires.  Le  jus  iV’xompti011 
plus  guère  conservé  son  application  que  Poul  mUnera 
de  la  tutelle  et  de  la  curatelle  23,  et  des  autres 


personarum 26.  Édouakd  Cuq. 

opposito  juris  rirjore  cohibentur,  sed  maneat  inter  I*  ^  ^  11 

auctoritas.  —  16  Justinien  y  a  renoncé.  Cod.  Just.  _ q0(i  Theod-  i  I 

ce  personnage  ma  note  sur  Borghesi,  Œuvres,  t.  X.  P-  -  ,  1034  ; 

17,  1.  -  .9  Ibid.  2.  _  20  Ibid.  3.  -  2*  Cujas,  Opéra,  t.  M  -  ^  taea«Æ 

ad  h.  Scliradcr,  ad  Inst.  III,  3,  4  ;  Macbelard,  Dm  J  • 

ment,  p.  275.  -  92  Cad.  Theod.  VIII,  >7.  4.  -  23  Cod.  da„sl|  <* 

-  23  Inst.  I,  25  pr.  -  26  Cf.  les  textes  déjà  cites  rpu  quatll0rj»r“ 

pilations  de  Justinien. — Bibliographie.  J.  GoLliofi  ce  us,  ^  papiaffl  ,nl‘  ^ 
Genève,  1053  ;  Hcineccius,  Commentatio  ad  le0L’jl  "  n^Mswis>enScha  .'-«J 
Leipzig,  1778;  RudoHT,  Zeitschrift  für  geschichthch  ^ 

t.  VI  ;  Maclielard,  Dissertation  sur  l'accroissemen  "  (  rotnain,  P3"’' 

taires  et  lès  colégalaircs  aux  diverses  époques 


■rhti^Ê 

mil  i 


—  1199  — 


Lin 


mn 


r|nS  •EX«ü8«PIa.  -  La  plus  ancienne  représen 
LlBElU  r'iainement  celle  fournie  par  un  statère  en 
tation  esl  ceI  '^i^cyzique,  au  commencement  du  ive  siè- 
électrum,  ()n  y  voit  une  figure  de  femme  portant 

cLavanl  "°“eLet  iê  péploSj  assise  à  gauche  et  tenant  une 
lf chlloû  *  la  main  droite;  la  gauche  repose  sur  le 

“"'““nortel'msmplion  EAEY  @EPI(«)'  (fig.  4103). 
siège  qiu  I"  Bjen  que  le  gentiment  de  la  Liberté  fût  très 

vif  dans  les  cités  grecques,  on  n’éleva  pas 
de  statues  à  cette  divinité.  A  Platées,  où  l’on 
célébrait  tous  les  cinq  ans  des  jeux  nommés 
’EXsuQsf'.a,  il  y  avait  seulement  une  statue 
de  Zeus  Eleuthérios  en  marbre  blanc2 
iîleutueria].  Il  faut  descendre  jusqu’au 
dernier  siècle  de  la  République  romaine 
[pour  trouver  d’autres  représentations  de  la  Liberté.  On 
voit  sa  tête  ou  son  buste  sur  des  deniers  des  monétaires 
C.  Cassius  Longinus,  0-  Cassius  Longinus,  Q.  Caepio 


Fis.  4163 


Brutus,  C.  Vibius  Pansa,  M.  Lollius.Palicanus,  L.  Earsu- 
leius  Mensor3.  La  tête  est  diadémée  ou  laurée,  quelquefois 
voilée*,  désignée  généralement  par  l’inscription  LIBER- 
TAS  (la  forme  LEIBERTAS,  qui  se  lit  sur  un  denier  de 
C. Cassius  Longinus5,  se  trouve  encore  sur  un  aureus  de 
Néron6)  ou  IJBERTATIS.  Mais,  sur  d’autres  pièces,  la 
Liberté  est  désignée  simplement  par  le  bonnet  de  forme 
ronde  qui  est  son  emblème1.  Citons  le  denier  de  L.  Far- 
suleius  Mensor 8  et  celui  de  C.  Egnatius  Maximus  ;  ce  der¬ 
nier  montre  le  temple  de  Jupiter  et  de  la  Liberté,  appelé 
aedes  Jovis  Libertatis9 ,  dans  lequel  on  voit  deux  divi¬ 
nités  dont  l’une  est  désignée  par  le  foudre  et  l’autre  par 
le  bonnet.  Cette  pièce  paraît  démontrer  que  certains 
auteurs  ont  eu  tort  de  faire  du  nom  Libertas  une  épi¬ 
thète  de  Jupiter10.  Si  la  Liberté  a  été  associée  à  Jupiter, 
c  est  sans  doute  par  souvenir  de  Zeus  Eleuthérios  ;  aussi 
bien,  une  tragédie  anonyme,  peut-être  de  Sophocle, 
donne  à  la  Liberté  l’épithète  de  téxoç  Aiôç  1 1 . 


I  Sous  les  empereurs  romains,  la  Liberté  est  figurée 
généralement  debout,  tenant  un  bonnet  rond  de  la  main 
[  droite  et  un  sceptre  de  la  main  gauche  (lig.  4464;  aureus 
Ke Commode).  Cependant,  ce  type  n’est  pas  immuable; 
fcequetois,  la  Liberté  tient  seulement  le  bonnet  (m.  de 
J-  0U  ^*en  e^e  esI  figurée  assise,  tenant  une  bran- 
■  6  ü  1  (ou  laurier?)  et  un  sceptre  (m.  de  Nerva  et 


[  bit  suf  die  7  S  tlsclle  und  bùrgerliche  Verfassung  des  rômischen 
t.  Il  »' m!  1801  ;  Mommsen,  Bômisches  Staatsrecht. 

I  luis  de  Justin:  ’  ltolan  et  J-  E-  Labbé,  Explication  historique  de 

b  P;  m  ;  1.  .1,  p.  684  ;  aL 
Bc/uc/t/^  t.  H(  j8ci9  aMS’  88l>’  P-  5  Morilz  Voigt,  Rômische  lie 

MIJErtas  I  J) 

I  les  cabinets  de  tV’  ^en^plaii es  de  cette  précieuse  monnaie  sont  consen 
R.stalère  avec  les  lettres^ ^  ^aint‘^éters^ourg-  On  connaît  aussi  un  douz 
■  ^gende  complète.  V<V .  Vv  ^  ° *  UnG  monnaic  de  bronze,  aussi  de  Cyzique 
f  P-  "6  et  77.  p0ui. ,  11  ’  jreen'vcll,  The  electrum  coinage  of  Cyzicu 

I  Numi*’n.  chou.  iS7lia  °  Pr°P°Sée  (ve,'S  394  av.  J.-C.),  voir  B.-V.  Iload. 

A©pQAe|c  _  J1'  Des  monnaies  d'Aphrodisias  de  Carie  pt 
IPalère  cl  lra  scep|re  tAer0epiAi  accompagnant  une  figure  debout  le 
■■'V.  Head,  Cal.  Br  '  Sagltbien  P'utôt  d'une  représentation  d'Af 
|Paus-  IX,  ii, "5  !voi'  “*■  Caria’  Cos.  Modes,  1897,  p.  30,  no  24,  p 
I  ®V8'”t  <-t  en  bronze  fr,nil  ,laut’  s'  v-  O.euthehia).  On  connaît  des  mon 
CUB  E'cuUierios  (Hca,l")r  b,y,'acilso  et  à  Métaponte  et  portant  la  tôt. 
fl'’  35'  «t  pl.  x«,v  t  ^  P’  «*•  13C  «t  157  ;  British.  Mus. 
I  33-  4î00'  ~  3  E.  fi’abell  ‘°°f  Blumer>  Monn.  tjr.  pl.  n,  17  à  20).  \ 

I  p  •  "•  !’■  m,  148  49}  Aes  monn ■  de  ta  Mpubl.  rom.  t.  I, 

K  ,  ’  n»  ,5.1  «  ’  b  “  lbid '  1  *■  P'  33«>  Cassia,  no  ,7.  _  5  7 

I  S  ?""'  -''ique,  1897  r’;:édU-  ““  tâ3.  -  7  Cf.  A.  de  Bar 

I  mo„nuc°e,CrS  'l0  Brul«.  Col, en  !  LT'  L°  b°nnet  paraît  entrc  flc”x  P 

I  C  aP^  la  m  ‘  *  J *■  P-  »,  »•  13.  On  le  retrouve 

L  ‘Severius  Severi  '  °  ^eron’  Ooben,  ibid.  p.  340,  n»  394.  Sm 
S’  COUServé  Musée  de  Nîmes,  on  voit  trois 


Fig.  4464.  —  La 
Liberté. 


d’Hadrien);  une  monnaie  d’Elagabale  lui  donne  pour 
attribut  une  corne  d’abondance  en  place  du  sceptre.  Sui¬ 
des  monnaies  du  me  siècle  (Trébonien  Galle  et  Volu- 
sien),  la  Liberté  debout,  les  jambes  croisées,  est  appuyée 
contre  une  colonne,  et  elle  tient  le  bonnet  et  le  sceptre. 
Ces  représentations  diverses  sont  accompagnées  des 
légendes  LIBERTAS  A  VG.  (ou  AVGVSTI)  et  LIBERTAS 
PVBLICA.  Avec  l’inscription  LIBERTAS  RESTITVTA  on 
trouve,  soit  la  tète  seule  de  la  Liberté 
(sur  les  monnaies  frappées  après  la 
mort  de  Néron),  soit  une  scène  repré¬ 
sentant  l’empereur  relevant  la  Liberté 
qui  lui  est  présentée  par  Rome  armée 
(m.  de  Vespasien  et  d’LIadrien).  Une 
monnaie  de  Thessalonique  présente  la 
tête  de  la  Liberté  personnifiée  sous  les 
traits  d’Octavie  i2.  Une  monnaie  de  Nerva,  frappée  pro¬ 
bablement  à  Césarée  de  Cappadoce,  montre  la  Liberté 
tenant  un  bonnet  et  un  sceptre,  comme  sur  les  monnaies 
romaines,  et  désignée  par  la  légende  CAGT0  AHMOT, 
correspondant  à  Libertns  publica  13.  Sur  des  monnaies 
de  Galba  et  d'Othon,  frappées  à  Alexandrie  d’Égypte,  la 
Liberté,  désignée  par  la  légende  EAEY0EPIA,  est  debout 
à  gauche,  tenant  une  couronne  de  la  main  droite  et  un 
sceptre  de  la  gauche  ;  le  coude  gauche  est  appuyé  sur 
une  colonne  u. 

Outre  le  temple  de  Juppiter  Libertas  sur  l’Aventin15, 
les  textes  signalent  aussi  l'atrium  Libertatis  qui  de¬ 
vint  plus  lard  une  bibliothèque,  et  se  trouvait  au  nord 
du  Forum,  à  l’époque  de  Vespasien17.  Au  vi°  siècle, 
l 'atrium  Libertatis  était  attenant  à  la  Curie  18.  Un  certain 
nombre  de  sanctuaires  ou  de  statues  de  la  Liberté  sont 
signalés  à  Rome  :  le  monument  construit  sur  l’emplace¬ 
ment  de  la  maison  de  Cicéron  19  ;  le  monument  élevé  en 
46 av.  J.-C.  en  l’honneur  de  César,  libérateur  du  peuple20; 
celui  qui  fut  élevé  après  la  chute  de  Néron21;  celui  en 
l’honneur  de  l’avènement  de  Nerva22  ;  celui  qui  fut  élevé 
à  la  place  de  la  statue  renversée  de  Commode23. 

Citons  encore  une  inscription  d’Espagne  :  Libertatis 
aug .  signum  cum  sua  basi  C.  Fabius  C.  f.  Quir.  Fabianm 
pecunia  sua  d.  (t.  2L  Sardes  possédait  un  téixevoç  de  la 
Liberté 25,  qui  appartient  sans  doute  à  l’époque  romaine20. 

Adrien  Blanciiet. 


qui  font  sans  doute  allusion  à  des  esclaves  affranchis  par  le  défini!  ;  K.  et  F.  Ger- 
mer-Durand  et  A.  Allmer,  Musée  de  IVimes,  Collection  épigraphique,  p.  341. 

—  8  p).  Babelon,  Op.  laud.  1. 1,  p.  493.  —  9  Cavedoni,  Ilipostiqli,  p.  81  ;  E.  Babelon, 
Op.  laud.  t.  1,  p.  473  et  474,  Egnatia,  n°  3.  —  10  J.  Marquardt,  Le  culte  chez  les 
Jlomains,  trad.  Brissaud,  1889,  t.  I,  p.  27.  —  U  Voir  C.  F.  U.  Brncliniann,  Epi- 
theta  deorum  quae  apiul  poetas  graecos  leguntur,  1893,  p.  99  (dans  Lcxiktm  de 
Boschcr).  —  Uead,  Macedonia  (Cal.  du  British  Muséum),  p.  !  la,  n"  G2. 

—  13  Ad.  Blanchet,  dans  la  /fer.  Nivnism.  1895,  n»  5,  pl.  ni,  3;  p.  70,  n«  13,  m. 

de  Trajan;  cf.  Warwick  Wroth,  Catal.  of  the  greelc  coins  of  Galatia,  Cappadocia 
and  Syria,  1899,  p.  xxxvi  et  52.  —  14  F.  Fcuardent,  Egypte  ancienne,  2e  partie, 
n°*  741,  753  et  766;  R.  Stuart  Foole,  Catal.  of  the  coins  of  Alexandrin  and  the 
nomes,  1892,  p.  i.u  et  23,  n”  192,  pl.  vm.  —  13  Monum.  Ancyr.  4,  6;  Becker, 
Topogr.  p.  457,  721.  Autres  temples  à  Tusculum  ( Corp .  inscr.  lat.  1,  1124)  et 
ailleurs  (Orelli,  1249).  —  16  Serv.  Ad.  Aen.  I,  720;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10025  ; 
Jordan,  Topogr.  I,  2,  p.  207  et  s.  —  17  Suet.  Aug.  29;  M.  lhm,  dans  Centralbl.  f. 
Bibliothekswesen,  X,  1893,  p.  515;  cf.  Cic.  Ad  Atl.  4,  10,  14;  Tac.  fJist.  I,  31; 
Suet.  Galba,  20.  —  )s  T.  Mommsen,  dans  Hernies,  XX11I,  p.  031;  C.  Hülsen, 
Mitth.  d.  arch.  Inst.  Jtom.  IV,  240.  —  *o  Plut.  C/c.  33;  llio  Cass.  38,  17,  0;  Cic. 
De  domo ,  108  et  s.  ;  cf.  Cic.  De  leg.  2,  42.  —  20  Dio  Cass.  43,  44,  1.  —  21  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  471.  —  22  Corp.  inscr.  lat.  VI,  742.  —  23  Herod.  I,  1 4,  9.  —  24  Corp. 
inscr.  lat.  II,  2033.  —  2'*  Kailicl,  Epigramm.  gr.  303.  —  2G  Cf.  une  inscr.  de  Cyane 
cil  Lycie,  Corp.  inscr.  gr.  Add.  4303,  h.  1  :  Oüô  *Ao«i  xcù  •Eî.iuOijy.  àjjrr.y-TiSt 

Uieavtï  Bîÿ.  On  a  dit  que  ce  texte  se  rapportait  plutôt  à  Artémis;  B.  V.  Uead,  Cat.  Dr. 
Mus.  Caria,  Cos,  Rhodes,  1897,  p.  30  ;  cf.  G.  F.  Hill,  Cat.  Br.  Mus.  Lycia,  Pamphy- 
lia  and  Pisidia,  1897,  p.  i.vi,  —  Bibliographie.  Rosclier,  Lexdcon ,  s.  r.  (Wissowa) 
Stevenson,  Diction,  of  rom.  coins  ;  Cohen,  Bcscr.  Monn.  Eirip.  rom.  passim. 


—  1200  — 


L1B 


L1B 

LIBERTES,  LIBERTINES  [Voir  pour  les  Grecs, 
APELEl'THEROT,  ARRETAI).  —  1.  DÉFINITIONS.  —  NOUS  laissons 
de  côté  le  fils  de  famille,  émancipé,  qui  peut  aussi  porter 
ce  nom,  et  les  esclaves  affranchis  par  des  étrangers  ; 
ceux-ci,  affranchis  d  après  les  modes  pérégrins,  prennent 
le  droit  personnel  de  leurs  maîtres  et  deviennent  péré¬ 
grins  1  ;  les  Latins  eux-mêmes  ne  font  de  leurs  affranchis 
que  des  Latins2.  Nous  ne  nous  occupons  ici  que  des 
esclaves  affranchis  par  des  citoyens  romains.  Le  véri¬ 
table  affranchi  est  celui  qui  est  sorti  d'un  esclavage  légal 
ex  jus  ta  servitute  3  ;  l'ingénu  qui  a  été  affranchi  ne 
devient  pas  libertinus  ;  la  loi  le  remet  dans  son  premier 
état*.  Il  n'y  a  que  deux  exceptions  à  ce  principe:  la 
libertinité  est  infligée  comme  déchéance  dans  deux  cas: 
quand  un  homme  libre  qui  s’était  laissé  vendre  par  un 
complice,  pour  toucher  le  prix  de  vente,  revendiquait  sa 
liberté,  on  décida  qu’il  resterait  esclave,  ou  affranchi,  s’il 
avait  été  affranchi";  d’après  un  sénatus-consulte  rendu 
sous  Claude,  la  femme  ingénue  qui  avait  commerce  avec  un 
esclave  devenait  l’esclave  deson  propriétaire  si  lofait  s’était 
produit  à  son  insu  et  malgré  son  avertissement  légal  ;  ou 
son  affranchie,  s’il  acceptait  ce  pacte6.  Outre  le  mot  manu- 
inissus  qui  indique  l'affranchissement,  il  y  a  deux  expres¬ 
sions  qui  désignent  l’affranchi,  libertinus  e t  libertus.  Le 
mot  libertinus  s’oppose  kingenuus1  ;  il  désigne  la  condi¬ 
tion  sociale  de  l'affranchi  qui,  par  rapport  au  patron,  s’ap¬ 
pelle  libertus  8  ;  mais,  le  mot  libertus  a  prévalu  eta  souvent 
été  employé  improprement  à  la  place  de  libertinus  9.  Les 
Grecs  emploient  dans  les  deux  sens  âTieAeuOepoîetüUXeuOe- 
coç 1 0 .  Le  mot  libertinus  a-t-il  désigné  le  fils  de  l’affranchi? 
Aux  deux  derniers  siècles  de  la  République 11  et  à. l’époque 
impériale 12,  il  est  absolument  certain  quele  fils  de  l'affran¬ 
chi  ne  porte  pas  ce  nom  et  qu’il  est  ingénu13.  Pour  l’époque 
primitive  il  ya  doute1*;  il  se  peut  que  les  fils  d'affranchis 
n’aient  été  distingués  des  fibertini  que  par  la  mesure  prise 
en  189  av.  J.-C.i:;.  En  toutcas,  les  petits-fils  d’affranchis  ont 
toujours  été  ingénus.  Le  mot  libertinitas  désigne  à  la  fois 
la  condition  juridique  et  la  classe  des  affranchis.  L’ex¬ 
pression ordo  libertinus,  rare  à  la  bonne  époque16,  fré¬ 
quente  à  l’époque  impériale  17,  est  incorrecte,  car  les 
affranchis  n’ont  jamais  constitué  une  corporation. 

IL  Situation  générale.  —  Nous  ignorons  à  quelle 
époque  remonte  l’affranchissement  légal.  Il  se  peut  que 
pendant  longtemps  le  maître  n’ait  pu  donner  de  forme 
légale  à  sa  volonté  d'affranchir  et  qu’elle  n'ait  produit  que 
les  effets  qui  résulteront  à  l’époque  historique  de  l’affran¬ 
chissement  sans  formes.  Mais  de  bonne  heure,  proba- 

LIBEBTUS.  1  Cic.  In  Verr.  3,  20,  50  ;  3,  22,  55  ;  3,  39,  89  ;  3,  41,  92-93;  Pro 
Chient.  15,  43;  Dig.  40,  12,  35;  Plin.  Ep.  10,  11  ;  Niemann  und  Petersen,  Stâdte 
Pamphy  liens,  und  Pisidiens,  1,  p.  17,  où  sont  distingués  les  ivïkti «!?»■.  pérégrins 
et  les  oûivSot-àjioi  ;  Dositli.  De  manutn.  14.  —2  Lex  Salpens.  c.  28. —  3  Gai.  1,  11; 
cf.  Liv.  40,  18,  7  ;  45,  15,  5;  Quintil.  7,  2,  2G.  —  '*  Co  l.  Just.  7,  14;  Instit.  I,  4,  1  ; 
Dig.  37,  12,  2.  —  3  Dig.  1,  5,  5,  §  1  ;  I,  5,  21  ;  40,  14,  2.  —  G  Gai.  1,  84,  91,  100; 
Paul.  Sent.  4.  10,  2  ;  Ulp.  Ileg.  11,  11  ;  Tac.  Ann.  12,  53.  —  7  Gai.  I,  10-11  ;  Dig. 
I,  5,  5.  —  8  Dig.  40,  14,  0;  Gai.  3,  51  ;  Sali.  Cat.  59;  Suel.  De  gramm.  5,  JVer. 
28;  et  les  inscriptions.  —  «  Dig.  1,  1,  4.  Voir  I.emonnier,  Étude  historique  sur  la 
condition  privée  des  affranchis ,  p.  9-10.—  1»  Plutarque  traduit  aussi  libertinus 
par  Igt'At-jtrçixs;  (Suit.  8,  33;  Anton.  58)  et  aejOzj'.-xô;  (Suit.  1  ;  Cic.  7).  —  U  Plaut, 
Mil.  glor.  4,  1,  15  ;  Varr.  De  ling.  lat.  8,  82,  33;  Cic.  In  Verr.  2,  1,  47;  Ilorat.  Sat. 
1,  0.  0  et  38;  Liv.  9,  46  ;  10,  21  ;  22,  Il  ;  39,  9,  10,  12  ;  40,  18:  42,  27  ;  45,  15. 
—  12  Seuec.  De  vita  beat.  24;  Epist.  31,  41;  De  benef.  3,  28;  Suet.  Aug.  25; 
Claud.  24;  Quintil.  Declam.  311;  Tac.  Ann.  12,  24,  53;  15,  57;  Gai.  1,  10-12; 
Dig.  1,  5,  27;  1,  7,  40  ;  40,  11,  5.  §  1  ;  38,  2,  28  ;  1,  5,  15-10,  22;  C.  Just.  0,  3,  11  ; 
Paul.  Sent.  4,  9,  1.  —  13  Le  terme  de  colonia  liber tinorum,  appliqué  à  la  colonie 
de  droit  latin,  fondée  en  171  av.  J.-C.  à  Carteia,  pour  les  enfants  des  soldats 
romains  et  des  femmes  espagnoles  (Liv.  43,  3),  est  impropre,  car  cc  sont  des  péré¬ 
grins  et  non  des  affranchis.  —14  Suet.  Claud.  24.  —  13  Conjecture  de  Mommsen 
\ Droit  public,  trad.  fr.  0,  1,  p.  81)  d'après  Plat.  Fiant.  18.  Les  tilles  d’affranchis 


blement  dès  l’époque  royale,  la  communauté 
intervenir  dans  cet  acte;  c’est  arbitrairement *  dù 
raison  que  la  légende  rattache  l'affranchissement  p!  ^  ' 
début  de  la  République 18,  ou  qu’elle  l'attribue  "  ^au 
vins,  le  prétendu  créateur  du  cens 19.  Les  jurisconsuh' S* 
mains  ont  considéréavec  raison  l’affranchissement". 
une  des  principales  origines  de  la  plèbe  20 ;  ies  a|,^°Ul11!8  ' 
ont  certainement  formé  au  début  la  plus  grande  nq'i'^*118 
clients 21  et  ont  eu  les  mêmes  devoirs  et  les  mêmes  u  •  ! 
qu’eux  à  l’égard  du  patronus  ;  c’est  seulement  dans  la  sf!* 1 
que  des  différences  se  sont  établies  entre  ces  deux  nm"" 6 
[cliens].  Les  affranchis  n’ont  sans  doute  eu  au  début'118 
la  liberté,  mais  dès  l’époque  la  plus  ancienne  ils  ontT 
tenu  dans  l’État  romain,  plus  libéral  que  l’Etat  grec  lè 
droit  de  cité,  en  restant  cependant  dans  une  situation^ 
ciale  et  politique  inférieure  à  celle  des  citoyens  romains 
nés  libres  ;  car  rien  ne  peut  effacer  la  tache  originelle  de 
l’esclavage;  le  maître  ne  peut  même  pas  donner  l’ingé¬ 
nuité  à  son  ancien  esclave  en  l’adoptant22;  seul  l'empn- 
reur  pourra  plus  tard  donner  à  l’affranchi  les  privilèges 
de  l’ingénuité  par  une  fiction,  la  natalium  restitutio. 

III.  Costume.  —  L’affranchi  porte  le  même  costume 
que  le  citoyen,  la  toge23;  au  début  les  deux  classes  por¬ 
taient  les  cheveux  courts  et  la  tète  couverte;  plus  tard, 
quand  les  ingénus  ne  portèrent  plus  le  chapeau  en  public, 
l’ancien  esclave  dut  porter  le  pileûs  sur  la  tête,  rasée  à 
sa  première  sortie  [manumissio]  2V.  La  toga  praetexta  des 
enfants  d’ingénus  a  été  interdite  pendant  quelque  temps 
aux  enfants  des  affranchis23. 

IV.  Noms.  —  Dès  la  fin  de  la  République,  l’affranchi  a 
les  trois  noms  romains,  les  tria  nominal]  ils  appar¬ 
tiennent  aussi  plus  tard  aux  Latins  J  unions 27  et  sans  doute 
également  aux  déditices.  A  l’époque  la  plus  ancienne 
connue  (154-100  av.  J.-C.),  au  lieu  des  prénoms  officiels 
il  y  a  encore  les  noms  serviles  individuels,  arbitraires, 
ou  tirés  de  l’origine,  du  caractère,  tels  que  Cratea,  Ck\ 
sippus ,  Cal  en  us 2S  ;  mais  dès  l’époque  des  Gracques  on 
trouve  les  quinze  prénoms  usuels;  à  partir  d’Auguste, 
probablement  par  suite  d’une  loi,  le  prénom  est  toujours, 
sauf  de  rares  exceptions29,  celui  du  citoyen  qui  a  afiran- 
chi,  ou,  si  c’est  une  femme,  celui  de  son  père,  ou,  si  elle 
est  affranchie,  celui  de  son  ancien  maître.  Passons  au 
nom  gentilice.  L’atfranchi,  appartenant  à  la  gens,  p^ 
son  nom  ;  il  n’y  a  jamais  eu  ici  de  distinction  en  re 

l’ingénu  et  le  libertinus  et  la  règle  ne  comporte  (llie  ■ 
&  tentihee 


très  rares  exceptions30;  si  le  patron  change  de  gc*1  ^ 
par  l’adoption,  son  affranchi  en  change  aussi  ,  si  )■ 


restent  incapables  détre  Veslales  (Gell.  1,  12,  15) 


_  16  Cic. 


Cal. 


4.  8. 


—  17  Liv.  42,  27,  3  ;  43,  12,  9  ;  45,  15,  3;  45,  49,  19;  Suel.  De  gr««‘ 

i  *7  lit  Dionp- 

19,  12;  De  vir.  illustr.  73,  3.  —  i*  Liv.  2,  5;  Plut.  Popl.i. 

Zonar.  7,  9.  —  20  Dionys.  2,  8  ;  Fcstus,  p.  241.  s.  v.  patricios  : 

Q.  Scacvola  définit  les  gentiles  «  qui  ab  ingenuis  or 
nemo  servitutem  servivit,  gui  capite  non  sunt  deniinuh .  »■ 

Liv.  43,  IG,  4  ( cliens  libertinus).  —  2-  Dig.  2,  4,  10,  §  | 

—  23  Polyb.  30,  19;  Appian.  Mithr.  2.  — 


.18;  Ocll-  »i 
i.  8î 
JO.  oit 


G,  fi’ 


21  Dionys.  - 
3,  27;  .23.  2.  *■ 

45,44,19;  ^  *15 


—  23  Macroh .  1,0,  12.  —  20  Voir  à  cc  sujet  Mommsen.  Op-  ^.^304, 
Cagnat.  Épigraphie  latine ,  2c  éd.  p.  79-85;  Lemonnier,  Op-  C  : ^  ^  cn&  to* 

314.  _  Ti  Plin.  Ep.  10,  105.  L’opinion  contraire  de  Michel  (Diot  y#jr  au«> 
—  23  Corp.  inscr.  lat.  I,  nrts  840,  80"  if,.rn03'. 


p.  347)  est  erronée.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  l,  n--  ffranchii1-  " 

exemples  dans  l'index  d'Hiibner,  p.  042.  Sur  une  liste  de  s‘l>  ^  cc|uj  du  lial11" 
tai,  de  Délos,  de  74  av.  J.-C.,  cinq  ont  un  prénom  différé"  ^  Ml 
[Bull,  de  corr.  hell.  1884,  p.  140-147);  cf.  Henzcn,  n«  638 >  ‘  ’  ^unesd"** 

10,  3772.  —  29  C.  i.  I.  I,  1000;  9,  1085;  10,  2021  :  Hcnzen,  uG8  ■  “  ,  croonnier, 1 


il  él»il 


exceptions  peuvent  s’expliquer  par  des  hypothèses  juridique-  ^  ^u-onarc: 
p.  310).  —  30  Suel.  De  gramm.  12.  D'après  Mommsen,  c  est  a  ^  Cicéron"  ■■  i 
Pomponius  Dionysius  (Cic.  Ad  Att.  4,  45, 1)  comme  un  “l'j'  |(jUcs  wdi'esCÏ  ^ 
affranchi  d'Atticus.  mais  avait  pris  le  prénom  do  Cicéion.  . 11  ^  ^  .U1,  '  ’j 

lions,  voir  Cagnat,  l.  c.  et  Lemonnier,  /.  c.  p.  -G*  313‘ 


LIB 


1201 


LIB 


plusieurs  patrous  et  qu 
■  .  .  n mil.  1  affran 


cas 
panièv1 


'ils  aient  le  même  genlilice  et  le 
i  affranchi  prend  les  deux  noms  com- 
|mei P'":11;;"1  patrons  ont  le  même  nom  gentilice  et  un 
imins  '  ’  JL'nt  il  prend  le  gentilice  commun  et  le  pré- 
ppénuin  <1  ^  deg’deuxl;  si  ies  patrons  n’ont  ni  le  même 

"0li;;;p  ni  le  même  prénom,  il  choisit  librement  entre 
gC”  ’11S  i  •  l’affranchi  d’une  femme  prend  le  gentilice 
vtlronne L  Le  cognomen  n’était  au  début  ni  usuel, 
dC  ré-ulier  •  ainsi,  sur  les  inscriptions  des  magistri  de 
gnie  s  ’  de  la  lin  du  ii°  siècle  av.  J  .-C.,  le  cognomen 
nvliue  dans  presque  la  moitié  des  cas  ;  dans  les  autres 
il  est  écrit  en  caractères  plus  peLits  et  abrégé  d’une 
très  irrégulière  6  ;  il  ne  servait  donc,  à  côté  du 
prénom  et  du  gentilice,  qu’à  déterminer  l’individu  d  une 
manière  un  peu  plus  précise  ;  mais  ensuite,  soit  par 
besoin,  soit  par  l’effet  de  lois,  à  partir  d’une  époque  que 
Mommsen  place  entre  104  et  94  av.  J.-C.,  les  affranchis 
:  p0rteni  régulièrement  un  cognomen  simple  et  se  dis¬ 
tinguent  ainsi  des  plébéiens  ordinaires  qui  ne  l’ont  pas 
encore7.  Ce  cognomen  est  généralement  l’ancien  nom  de 
l’esclave8;  aussi  la  liste  des  cognomina  présente  une 
variété  infinie;  les  noms  grecs  et  orientaux  dominent9;  les 
noms  tirés  de  noms  de  pays  avaient  réellement  au  début 
indiqué  la  provenance,  mais  ils  ont  fini  par  perdre  leur 
sens  ;  il  y  a  un  grand  nombre  de  cognomina  qui  appar¬ 
tiennent  à  la  fois  aux  ingénus  et  aux  affranchis  10. 
^■L’esclave  qui  a  eu  deux  noms  peut  les  garder  comme 
surnoms  après  son  affranchissement  “.Le  second  surnom 
est  souvent  un  sobriquet  non  précédé  des  mots  qui  et 12 . 
On  interdit  aux  affranchis  les  surnoms  des  familles 
nobles  et  équestres,  les  cognomina  equestria ,  sous  la 
République  et  sousl’Empire.  Quelquefois  ils  portentaprès 
le  surnom  un  nom  annexe  en  ianus  ou  eanus  qui 
rappelle  un  premier  maître  autre  que  celui  qui  a  donné 
la  liberté 13 .  Sous  l’Empire,  les  fils  d’affranchis  peuvent 
prendre  les  surnoms  équestres  et  quitter  ceux  de  leurs 
■pères.  Beaucoup  d’affranchis  remplacent  leur  ancien 
d  esclave  par  un  surnom  d’allure  romaine  u.  Les 
K  ancliis  des  municipes  ou  des  colonies  prennent  tantôt 
■feentilice  Publicius  formé  de  publiais  13,  tantôt  un 
gentilice  qui  se  trouvait  parmi  les  surnoms  de  la  ville  10, 
Br0''  1111  ëen t i lice  tiré  du  nom  de  la  ville17.  Les  affran- 
(  u  pcujde  romain  s’appelaient  sans  doute  d’abord 
t  plus  tard  ils  prennent  le  nom  du  magistrat 

„1,p,:S  r,ll;,ncllis-  ^es  a^ranchis  des  collèges  prennent 
ffieJ  1  ‘  é1  ml ilice  Publicius  19,  mais  plus  habituelle- 
""  110111  dérivé  de  la.  m-nfpooinn  a.. 

colWe  20 

o-  ,  lies  lumniop  « _  .  ,  •  i  •  .•  , 

gentilice  tire 


i  ceux  des  temples  ont  souvent  ui 


-I Cornélius  Saturnin,,!’  ^  c-  P-  :  Q.  Cornélius.  Q.  Q.  l(ibertus ),  Saturninus. 

Cornélius.  -2 

Amustart  ’  1  IU0-  -Wfcîrf.  fi,  3939  .  J,  Liv 

li*wL  ■Menophilus)- 11 

«brév 


Hcnzcn,  6251,  6389. 
ius  Aug.  I.  Menophilus  (.1/. 
le  père  élail  \i  r  *\nuP‘*llU8)9  11  s  agit  d  un  affranchi  de  l’impératrice 
allons  :  n  ,  ,  lus  rusus-  —  b  Ibid.  10,  3772  et  suiv.  -  6  On  a  les 

* 37837  o,  3779). 


•jj1  affranchis,  de  ]a  t,c0x  ccllls  inscriptions  de  petites  gens,  soit  plébicns, 


-7  C.  i.  I.  10, 


t  5  =  8211  et  suiv.)  "C  ni0lW‘  du  septième  siècle  de  Rome  (Ibid,  t,  822- 

“  85û,  888,  909,  9W  10  °U2ainc  cnviron  a  le  cognomen  (Corp.  inscr.  lat.  1, 
1034  ~  S  n  9  a‘ns‘  QuinliPOr, 


jUlu|l"1  (H.  d.  , 

■*®ron|s 


~  — -r~,  Marcipor,  Olipor, 
1057).  9  XoUS  renvoyons  aux  tables  des 

"■'o.  at.  —  10  Piste  (jaus  Lemonnier,  O.  c.  p.  317- 

Bn  VT  “  0r°lli-Ilènien  2993  ’  0,'clli-Hunzcn’  88L  6251  i  <■  >■ 

“|  MarL  n  ,Voir  .Mommsen,^ '  Her  W‘Imam,s’  3Cl>  390’  C86>  “30,  2059; 


10,  0219 

.feti 


T  *•  >073,  1034 ; 
;?’U7  Corp. 
L-hl  «.443:  5.5a, 


,  *  «•  >7.  -  «  c77“’  2.  P-  156-159.  -  H  Suet.  De  granuk. 

-  10  Ibid.  3,  5227 - n  Ibid. 

115  ’  «  a 4'  "°le  Ô;  Civ  4  fii  e  U“C  «,  83  (texte  reconstitué  par  Mommsen, 
~ 20  ■  T.  vil-  ;  ~.19  Bol)ei't-Cagnat,  Épigr.  de  la  Moselle, 


lUS  Ganyn>edes  (air.  des  accensi  velati 


i)  ;  C.  i.  I. 


du  nom  du  dieu  21.  La  femme  affranchie  manque  du  pré¬ 
nom,  comme  les  ingénues;  elle  a  le  gentilice  du  patron 
et  comme  prénom  son  nom  servile22.  Quelquefois  les 
inscriptions  laissent  de  côté  tantôt  le  prénom23,  tantôt 
le  surnom21,  tantôt  le  prénom  et  le  gentilice23  Outre  les 
trois  noms,  il  y  a  un  quatrième  élément  indispensable 
pour  indiquer  l’état  social  de  l’affranchi  et  son  rapport 
avec  le  patron  ;  à  l’époque  ancienne,  cet  élément  était  sans 
doute  pour  l’affranchi  comme  pour  l’ingénu  le  nom  du 
maître  au  génitif  ;  puis,  quand  on  voulut  distinguer  l’in¬ 
génu  du  liber/inus,  on  ajouta  au  génitif,  pour  le  premier, 
le  mot  filius,  pour  l’autre  le  mot  servus.  Mommsen  a 
prouvé  qu’il  en  a  été  ainsi  jusqu’au  ir  siècle  av.  J.-C. 26 ; 
le  mot  servus  comprend  encore  l’affranchi  dans  la  lex 
C  incia  de  donis  de  204  av.  J.-C.27  ;  Cicéron  appelle  encore 
servus  un  de  ses  affranchis28.  A  l’époque  classique,  on 
fait  suivre  le  gentilice  du  mot  libertus ,  précédé  du  pré¬ 
nom  du  patron  au  génitif 29  ;  par  exception,  la  désignation 
du  patron  est  quelquefois  rejetée  après  le  surnom30; 
quelquefois  le  patron  est  désigné  non  par  son  prénom, 
mais  par  son  surnom31;  pour  les  affranchis  de  l’empe¬ 
reur,  le  prénom  du  patron  est  remplacé  par ,1a  formule  : 
Aug(usti)  ou  Caes[aris)  n(ostri)  lib(ertus)  ;  pour  l'affran¬ 
chi  d’une  femme  on  emploie  souvent  les  sigles  DT: 
G(aiae )  l(ibertus)  ou  f(iberta) 32  ;  le  sigle  O  équivalait  au 
mot  mulieris  et  remplaçait  ainsi  le  gentilice  de  la 
patronne33;  elle  pouvait  d’ailleurs  être  remplacée  par  le 
mot  mulieris  écrit  en  entier  ou  en  abrégé  (. Mul .  Mol. 
j^)3i.  Quant  à  l’indication  de  la  tribu,  il  n’y  a  pas  de 
différence  entre  l’ingénu  et  l’affranchi,  pourvu  que 
l’affranchi  ait  la  tribu;  il  en  est  ainsi  jusqu’à  Auguste  à 
partir  duquel  l’indication  de  la  tribu  disparaît  pour  la 
raison  qu’on  verra. 

Y.  Formes  d’affranchissement.  —  Sous  la  République,  il 
y  a  trois  formes  légales  d’affranchissement  et  pour  toutes 
le  consentement  de  l’esclave  est  indifférent:  per  vindic- 
tam ,  censu ,  testamento  33  ;  dans  les  deux  premiers  modes 
l’intervention  des  magistrats,  et  au  début,  pour  le  troi¬ 
sième,  de  l’assemblée  du  peuple,  était  nécessaire  ;  il  n’y  a 
pas  eu  d’affranchissement  par  adoption,  comme  on  l’a 
cru  quelquefois;  en  cas  d’adoption,  il  devait  y  avoir  em¬ 
ploi  de  la  vindicta  ;  il  est  sous-entendu  dans  les  textes30. 
Les  divers  modes  d’affranchissement  seront  expliqués 
ailleurs  [manumissio]  ;  notons  ici  qu’il  y  a  deux  diffé¬ 
rences  essentielles  entre  les  affranchissements  entre 
vifs  (per  vindictam  et  censu)  et  les  affranchissements 
testamentaires  :  dans  le  premier  cas,  l’ancien  esclave 
garde  son  pécule  si  on  ne  le  lui  retire  pas  expres- 

5,  4422  :  Fabricius  Centonius  Cresimus  (alT.  des  fabri  et  centonarii)  ;  6,  9034  : 
C.  Miniarius  (a(T.  des  socii  miniariarum);  6,  9953.  —  21  Ibid .  3,  1079  :  Septim(ius) 
Ascl(epius)  Hernies.  —  --  Orelli,  2010  :  Licinia  AI.  C  rassi  lib.  Selene  (affranchie 
de  Crassus).  —  23  C.  i.  I.  0,  1492;  10,  2400.  —  24  Ibid,  t,  1000.  —  2S  Ibid.  G,  1580, 
1877,  772;  10,  1079,  1740.  —  2fi  L.  c.  0,  2,  p.  10,  noie  4  :  d'après  les  anciens 
noms  des  affranchis,  tels  que  Gaipor,  et  les  inscriptions  suivantes  :  Ephem. 
epigr.  4,  240;  C.  Sextio  V.  s.  (C.  Sextios  V.  s.);  C.  i.  I.  10,  8054,  8  :  Servio 
Gabinio  T.  s.  fecit  (Servios  Gabinios  servos)  ;  10,  8054,  7  :  Detus  Gabinio  C.  s. 
fecit  ( Retus  Gnbinius  Caii  semis);  2,.  3495  :  Plotia  L.  et  Eufiae  l.  Prune  haec 
vocitast  ancilla.  —  27  Yatic.  Fragm.  307.  —  28  A  d.  fam.  5,  20,  1-2. 

_  29  Exemple  :  C.  Julius,  C.  libertus,  Hernies.  —  30  C.  i.  I.  3,  001, 

2101,  2295;  5,  071.  Sur  la  liste  d'affranchis  de  Dclos.  en  grec,  de  74  av. 
J.-C.,  après  le  gentilice,  il  n'y  a  que  le  prénom  du  patron  au  génitif  (Bull  de 
corr.  hell.  I.  c.).  —  31  Orelli,  2459.—  32  C.  t.  I.  9,  2029;  10,  1042,  4153; 
Wilmanns,  1729.  —  33  Ouintil.  1,  7,  28;  Plut.  Quaest.  rom.  30;  Vclius  l.on- 
gus,.p.  53,  G  K.  — ■  34  C.  i.  I.  2,  1485,  2138;  5,  701";  12,  4304.  Voir  les 
différentes  abréviations  de  mulieris  dans  Cagnat,  l.  c.  p.  83.  —  33  Plaut.  Casin.  2, 
8,  08;  Boeth.  ad  Top.  I,  2.  10;  Schol.  Cruq.  ad  Horat.  Sat.  2  ,  7  7  0.  —  86  Gell. 
5,  19  ;  Instit.  1, 11,  12. 


LIB 


—  1202  — 


sèment,  dans  le  second  cas,  il  ne  peut  le  réclamer  qu'en 
vertu  d’un  legs  formel 1  ;  dans  le  premier  cas,  il  y  a 
exclusion  de  tout  terme  et  de  toute  condition2;  dans  le 
second  cas,  l'affranchissement  peut  être  accordé  ex  die 
ou  sub  conditione ;  1  esclave  est  alors  statuliber  et 
passe  sous  la  puissance  de  l’héritier  3  ;  mais  la 
liberté,  étant  par  principe  irrévocable v ,  ne  peut  être 
laissée  «  ad  diem  »,  c’est-à-dire  jusqu’à  une  certaine 
époque,  ni  «  ad  conditionem  »  pour  cesser  dans  tel  ou 
tel  cas. 

Le  statut  personnel  de  l’esclave  affranchi  légalement 
est  protégé  par  le  préteur,  sous  la  République  ;  il  y  a 
d’abord  la  publicité  de  l'acte  d’affranchissement;  puis  les 
importants  privilèges  accordés  aux  procès  de  liberté  :  le 
droit  qu'a  celui  qui  plaide  pour  sa  liberté  de  se  faire 
représenter,  le  taux  modique  du  sacramentum  qui  n’est 
que  de  .'iü  as  le  règlement  de  la  possession  inté¬ 
rimaire  en  faveur  de  la  liberté  vindiciae,  secundum 
libertatem 6,  l’attribution  de  ces  procès,  jusqu’à  l’Em¬ 
pire,  au  tribunal  spécial  des  decemviri  litibus  judican- 
dis.  Les  trois  modes  légaux  d’affranchissement  étaient 
dans  la  pratique  assez  incommodes,  puisque  le  cens 
îvavait  lieu  que  tous  les  cinq  ans,  que  l’accès  auprès  du 
magistrat  n’était  facile  qu’à  Rome  et  que  le  testament 
ne  produisait  ses  effets  qu’à  longue  échéance.  Aussi,  dès 
la  tin  de  la  République,  se  multiplient  les  affranchisse¬ 
ments  sans  forme  légale,  que  le  maître  concède  par 
accord  tacite,  par  une  lettre,  par  une  déclaration  faite 
devant  des  amis  ( inter  amicos)1  ;  ces  affranchissements 
sont  entièrement  nids  d’après  la  loi  civile,  le  propriétaire 
peut  revenir  sur  sa  libéralité  ;  mais,  sans  doute  d’assez 
bonne  heure,  les  préteurs  sont  intervenus  pour  main¬ 
tenir  les  affranchis  en  liberté  8,  en  laissant  subsister 
toutes  les  autres  conséquences  légales  de  cette  situation. 

VI.  Situation  politique.  —  1°  Sous  la  République  et 
sous  l’Empire  jusqu’à  une  très  basse  époque,  les  affran¬ 
chis  et  fils  d'affranchis  ont  été  légalement  exclus  des 
magistratures  et  du  sénat  ;  la  tentative  du  censeur  Appius 
Claudius  d’introduire  au  sénat  des  fils  d’affranchis  a  été 
considérée  comme  illégale9  ;  d’autres  admissions  de  fils 
d’affranchis  dans  le  sénat  ont  été  considérées  aussi 
comme  abusives10  ;  des  sénateurs  de  ce  genre  ont  été  sou¬ 
vent  expulsés  du  sénat  ou  au  moins  exclus  des  magis¬ 
tratures11.  On  a  quelques  exemples  de  fils  d’affranchis 
devenus  illégalement  magistrats  sous  la  République  12  ; 
sous  l’Empire,  on  ne  trouve  d’affranchis  magistrats  et 
sénateurs  que  très  tard,  le  plus  souvent  peut-être  avec  la 
concession  de  l'ingénuité  fictive  et  sous  des  empereurs 
tels  que  Commode,  Caracalla,  Elagabal  13.  C’est  seule- 

l  Frag.  Vat.  261;  Instit.  2,  20,  20;  Di  g.  15,  1,  53;  Aug.  Serrn.  21,  6. 

_  2  Cependant  il  peut  y  avoir  terme  tacite  dans  l'aiTrancliisscment  per  vin- 

dietam,  mortis  causa  ( Dig .  40,  I,  15).  —  3  Voir  Trayer,  De  la  condition  en 
matière  d' affranchissement ,  Paris,  1887.  —  4  Le  droit  grec  comportait  des  clauses 
résolutoires  ;  cela  explique  la  quantité  de  rescrils  impériaux  contre  celle  fausse  idée 
que  la  liberté  peut  être  révoquée  (C.  Just.  7,  9,  1  ;  7,  10,  30;  6,  3,  12;  7,  14,  9). 
—  5  Gai.  4,  14.  —  6  Quinlil.  5,  2,  1  ;  11,  1,  78;  Liv.  3,  4t.  —  7  Cic.  ad  Att.  7, 
8;  cf.  Plin.  Ep.  7,  10,  32.  —  8  Gai.  1,  22;  3,  50.  —  9  Liv.  9,  40,  1  et  10;  Diod. 
20,  36;  cf.  Tac.  Ann.  Il,  24;  Plut.  Pomp.  13.  C’est  par  erreur  que  Suétone  parle 
ici  des  petits-fils  d'affranchis  (Gland.  24).  —  10  Dio.  Cass.  43,  47;  48,  34;  Suet. 
Claud.  24.  —  n  Cic.  Pro  Cluent.  47,  132;  Ilorat.  Sat.  I,  0,  20;  Diô.  Cass.  40,  03; 
78,  11;  Suet.  Ner.  15;  Vita  Macr.  4.  - —  12  Glicia  dictateur  en  249  av.  J.-C.  (Liv. 
Epit.  19);  des  tribuns  en  100  et  25  av.  J.-C.  (Appian.  Dell.  civ.  1,  33;  Dio.  Cass. 
53,  27).  César  employa  des  affranchis  à  la  monnaie  et  à  la  levée  des  impôts  (Suet. 
Jul.  70).  —  13  Vita  Comm.  fl;  Elagah.  11  ;  Dio  Cass.  78,  13.  Par  exception,  Claude 
donne  à  Narcisse,  Domitien  à  Parlhenius  le  droit  de  porter  l’épée  (Tac.  Ann.  Il, 
33;  Dio.  Cass.  07,  17).  —  H  C.  Just.  12,  1,9.  —  18  Plin.  Ep.  7,  29  ;  8,  0;  Suet. 
Claud.  28;  Plin.  ffist.  nat.  35,  18,  201  ;  Tac.  Ann.  H,  38  ;  12,  53;  Dio.  Cass.  00, 


ment  Valentinien 
au  clarissimat 


LIB 

inien  et  Valens  qui  admettent  , 
at  les  fils  d’affranchis14.  Mais  i|r  ? Cmetl1 
duprincipat,  les  affranchis  peuvent  avoir  les/"  '  dél)ul 
ainsi,  sous  Claude,  Pallas  a  les  ornement/ 

Narcisse  les  questoriens  13  avec  le  droit  ff ,•/'/' '!°rieng' 
séances  du  sénat.  1  Sls  er  aux 

2°  Quant  à  l’équestrat,  les  affranchis  en  sont  r  1 
ment  exclus,  sauf  de  nombreuses  exceptions 
jusqu’à  la  fin  16  ;  les  fils  d’affranchis  en  sont  en,./.  '  d 
en  23  après  J.-C.  sous  Tibère”;  mais  il  y  a  J/Xdus 
eux  des  dérogations  sous  Auguste18  et  ensuite  ellesT 
viennent  si  nombreuses  qu’elles  détruisent  la  règle» 

3°  Mais  sous  l’Empire  il  y  a  deux  moyens  détour  I 
la  loi,  le  jus  aureorum  anulorum  et  la  natalium  ruM 
tutio 2o.  La  concession  de  l’anneau  d’or  apparaît  dès kfl 
de  la  République  ;  le  comédien  Roscius  le  reçoit  sou  I 
Sylla21.  Nous  ne  savons  pas  si  les  concessions  de  ce 
genre  faites  par  Balbus  à  des  Romains  de  Gadès  étaient 
valables,  ni  quel  était  le  cas  de  l’affranchi  devenu  cheva¬ 
lier  qu’invective  Horace22.  Sous  l’Empire,  le  jus  anulÆ 
ruw  aureorum  donne  la  plénitude  des  droits  de  cheva¬ 
lier,  le  cognomen  équestre,  la  capacité  d’occuper  les 
fonctions  équestres23  et  municipales  24,  anéantitles droits 
du  patron  23.  Les  premiers  empereurs  sont  économes  de 
cette  concession,  répriment  énergiquement  par  des 
poursuites  judiciaires  le  port  illégal  des  anneaux  d'or11. 
Il  en  est  ainsi  jusque  sous  Commode  ;  à  ce  moment,  le 
titre  de  chevalier  a  perdu  toute  importance  ;  beaucoup 
d’affranchis  ont  obtenu  l’anneau  d'or  à  l’insu  ou  contre 
la  volonté  de  leurs  patrons 27  ;  on  commence  à  le  donner 
sans  le  rang  équestre  28,  et  dès  lors  il  indique  simple¬ 
ment  une  transformation  de  la  condition  privée,  l'acqui¬ 
sition  de  l’ingénuité  fictive29.  Sévère  l’accorde  à  tous  les 
soldats 30.  Ce  nouveau  droit  est  même  accessible  aux 
femmes31.  Les  affranchis  qui  l’obtiennent  oecupen!  de 
petites  fonctions  au-dessous  de  l’équestrat,  ne  sont  plus 
éligibles,  au  moins  jusqu’à  Dioclétien,  aux  charges 
municipales  32  ;  pour  le  droit  civil,  ils  sont  assimilés  aux 
ingénus33,  sont  dispensés  de  la  tutelle  dans  les  mêmes 
cas  que  ces  derniers,  sont  obligés  inversement  de  1  accep¬ 


ter  à  l’égard  des  enfants  du  patron 


34  ;  mais  ils  restent! 


ils  doivent 

de-1 


ersem« 


soumis  à  l’égard  du  patron  à  ïobsequium  et  a 
avec  toutes  leurs  conséquences33,  aux  peines  spécia ei 
qui  frappent  les  affranchis  pour  l’adultère  avec  la  fil  e!| 
la  femme  du  maître36  ;  nous  ne  saxrons  pas  s 
encore  les  operae\  le  droit  de  succession  dupaboij 
meure  intact,  si  l’affranchi  n’a  pas  obtenu,  011,11 
neau  d’or,  la  libéra  testamenti  factio  1  '  ;  1111 
il  garde  le  bénéfice  des  dons  et  legs  du  patron 

-c  i  1  Ti!11'1’,’ llon]lc 

10.  —  te  Suet.  Claud.  25;  Vita  Alex.  19;  Dio.  Cass.  ,8,  igj  17 Plin-I 
exception  le  commandement  de  l’Égypte  à  un  affranchi  (Dio  i  a  ^  CatpÀnlt>' 
Hist.  nat.  33,  2,  32.  —  1»  Plin.  Bist.  nat.  9,  23,  72  ;  Dio.  Cass,  o- ,  <  î2g.!Sj; 

lat.  14,  2298.  —  19  Cf.  Tac.  Ann.  13,  27.  -  20  Voir  Lcmonnier,  J 

Mommsen,  Droit  public,  V,  p.  170-173.  —  21  Macrob.  hj  1  ^  .  jj  j0  Cass.' 

10,  32,  2;  Horat.  Epod.  4.  -  23  Tac.  Hist.  1,  13;  2,  37;  4,  j ’p|jn  Ef.l , 

21;  Stat.  Silv.  3,  3,  143;  Suel.  Aug.  27;  Galb.  U;  V'te  9, 


—  23  Plin.  Ep.  8,  0, 

—  27  Dig.  40,  12,  3. 


Vitell ■  IJ 

C.  inscr.  lat.  5,  4392.  —  24  D’après  la  lex  Msellia  1  "  ?  j(;  9,  «o  "I 

..  —  26  Plin.  Hist.  nat.  33,  32,  2;  C-  ’  .  fyiet.  h  1 
28  C.  i.  I.  5,*39i;C,18«.-»Arn«^c.M 

37)  indique  encore  l’ancienne  forme;  il  y  a  la  nouvelle  jal  parai1  c,lC°« 

0,  8;  Vatic.  fragm.  220;  Dio  Cass.  48,  45.  Cependant  ^  _ 30  Jlerod.  -  ^ 

donner  ia  dignité  équestre  sous  Caracalla  dans  1//"-  1  ,•  just.  -  . 

4;  Vit.  Aurel.  7.  _  3.  Dig.  40,  10,  4.  -  32  C.  i.  I.  ■  <J 

10,  32,  1.  -  33  Dig.  2,  4,  10,  3;  27,  1,  44,  3;  38,  2,  P  •  > _  31  JM-  \ 
C.  Just.  9,  21,  1.  un.  et  Vatic.  frag.  220  sont  moins  p  (ij  2;  48. ”  J 

44  pr.  (rescrit  de  Sévère),  §  7.  —  35  Dig.  2,  4,  H'*  >  ^  g8  j){g.  33,  a 

10,  6.  —  36  Dig.  48  ,  5  ,  43.  —  37  Dig.  38,  2,  3  pr.  e 


—  1203  — 


LIB 


L1B 


restitutio  accordée  par  l’empereur 

4*  nn,0!HLn  (jui  donne  l’ingénuité  complète1, 
seul;  est  une  0  £  le  dès  ]a  fin  de  la  République, 

11  y  en  «  (  '  gja  forme  d'une  adsertio  in  liberta- 
jnais sans  <  "»  0  re  à  l’époque  de  Néron,  il  faut  un 

W»  sir"',7pt’de  faux  témoins  pour  rendre  l’ingénuité 
Pr0f  !  l  l’affranchie  Acté3;  c’est  seulement  au 
à  Pth'lS  6  r  c  que  l’institution  est  établie 1  ;  l’empe- 
n.  siècle  ap.  •  •  \atülium  restïtutio  qu’avec  le  con- 

rei"’  "Tl  patron  ou  de  son  fils;  cependant,  à  la 
S'nl'mP"  )  „e„lVen  passer  :  l'affranchi  est  alors  corn- 
nguinu,  F  l’ingénu,  peut  épouser  une  per- 

ferS  —U^tronperrlsnr  loi  tons 
''"lits  ‘même  successoraux  ».  Justinien  fera  rentrer 
lanneau  d’or  et  la  natalium  restitutio  dans  l’a  fl  ranci  ns- 
SC  ordinaire,  en  maintenant  les  droits  du  patron  • 
%  Les  magistratures  et  les  charges  municipales  sont 
fermées  aux  affranchis  »  ;  elles  ne  leur  ont  été  ouvertes 
nue  momentanément  dans  les  colonies  fondées  par  César 
où  ils  constituaient  la  grande  majorité  des  colons  .  En 
revanche,  Auguste  leura  laissé  la  direction  des  compila 
Arum  [lares]  à  Rome  et  dans  toutes  les  villes  le  rôle 
principal  dans  l’institution  des  aîJGijstales  qui  leur 
permet  de  jouer  le  rôle  d’une  chevalerie  municipale. 
C’est  surtout,  et  dans  l’Italie  du  Sud  exclusivement,  parmi 
eux  que  se  recrutent  les  augustales  j.  D  autre  part,  ils 
exercent  toutes  les  fonctions  impériales  que  nous  verrons. 

G»  Sous  la  République,  ils  ont  été  exclus,  plutôt  par 
l  usage  que  par  des  lois  précises,  des  adjudications  de 
travaux  publics  et  des  fermages  d  impôts,  réserv  és  a 
l'ordre  équestre.  11  est  probable  qu’au  moins  jusqu  a 
l’époque  des  Grecques  ils  n’ont  pas  pris  partaux  distribu¬ 
tions  de  terres  publiques.  Pour  les  impôts,  leur  situa¬ 
tion  n’a  rien  eu  de  spécial  ;  cependant,  quand  on  rétablit 
momentanément  le  tri  but  um  pendantles  guerres  civiles, 
on  demanda  aux  affranchis  qui  avaient  plus  de  5000  de¬ 
niers  le  huitième  du  capital  et  aux  ingénus  seulement  le 
huitième  de  leur  revenu i0. 

:  7°  Pour  le  vote,  sous  la  République,  la  situation  des 
affranchis  a  subi  de  nombreuses  variations  que  nous 
connaissons  fort  mal  et  elle  a  été  un  perpétuel  sujet  de 
luttes  politiques  D’abord  dans  les  curies  les  affranchis 
°nt  la  même  place  que  les  plébéiens  [curia].  Ils  ont  été 
■dmis  dès  le  début  dans  les  tribus  et  par  suite  dans  les 
jfcnUines  des  classes  s’ils  étaient  propriétaires  fonciers  ; 
■jus  comme  ils  constituaient  surtout  une  plèbe  urbaine, 

1 <  Giient  parqués  dans  les  tribus  urbaines  et  par  suite 
«ans  la  centurie  de: 


les  cnpite  censi  et  dans  les  centuries 

■  ~  lut  ainsi  jusqu'à  la  réforme  du  censeur 

iPpius  Claudii 


a  artisans.  11  en 

\ppi 
fortn 


.  Bus  en  312  av.  J.-C.;  Appius,  prenant  la 

t  De  11011  plus  seulement  la  propriété  foncière 

qass(  '  ll"l*'t'on  du  droit  de  vote  dans  les  centuries  des 
|  ’  ,un|  d  les  tribus  rustiques  aux  affranchis  qui 

B  S.  l,  lu,  3;  4n  II  .  r  r  .  n 

™>wcc  au  dcl)Ui  ■  ’  ’  Just.  0,  8.  La  natalium  restitutio  n'a  peut-être  été 

Mwtus  pom|1.(,  nés  ingénus.  -  2  Pour  Mena,  chef  de  la  flotte 

aurait  eu  w,  l\'1'  ^  Apptan.  Bell.  civ.  o,  80)  ;  d'après  Dio  Cass.  18, 

|«  U.  3  (Scaevol'al"'!ÜU  d  ~  3  Tac'  Ann-  l3>  27  l  Dio.  Cass.  GL,  7.  —  4  Dirj. 

1  l;.CK*«f.  5,  4,  23,  *\DT  W,’  î*3;40>  5«  1  i  2.  A  »0,  §  3  ;  38,  2,  3, 

^ sioii de  ,’2  2.  On  a  deux  inscriptions  qui  mentionnent  la  con- 

*  J"'  s»'t  pas  s'ils  ont'l"S  j]  'lcs  aflrailcl‘is  impériaux  (C.  i.  I.  fi,  1598,  3856)  :  mais 
J  ^  ^  anneau  d  or  ou  la  natalium  restitutio. —  S  Nov.  78. 

'77  (“  Julia  ,®8  insci'iptions.  -  8  Lex  Col.  Jul.  Genetiv ,  5,  21  ;  C.  i.  I. 

’  i  6104  Clupea)  ;  Strab.  8,  6,  23;  17,  3,  15.  Voir 
|  58  ^  «io Cass  5ft  3‘‘  33,  ~  0  Mommsen,  l.  c.  6,  2,  p.  40-46.  —  10  Elut. 

’  *’  3-  ~  11  Mommsen,  l.  c.  6,  2,  p.  18-30.  —  12  Diod. 


eurent  ainsi  pendant  un  certain  temps  le  droit  de  vote 
complet12.  En  304  les  censeurs  Fabius  Maximus  etDecius 
paraissent  avoir  refoulé  de  nouveau  les  affranchis  dans 
les  tribus  rustiques,  mais  eu  gardant  le  principe  du 
classement  dans  les  centuries  d’après  la  fortune  totale13. 
Un  peu  avant  la  deuxième  guerre  punique,  entre  234  et 
220,  le  censeur  C.  Flaminius  frappa  les  affranchis  et  fils 
d’affranchis,  même  propriétaires,  d’une  infériorité  notable 
en  les  classant,  dans  les  quatre  tribus  urbaines,  parmi 
les  citoyens  qui  n’avaient  pas  de  propriétés1’.  Cette 
déchéance  fut  supprimée  en  189  pour  les  fils  d  affranchis 
par  une  loi  que  fit  voter  le  tribun  Terentius  Culleo,  mais 
maintenue  pour  les  affranchis  15.  Il  est  vraisemblable 
que  la  lutte  des  partis  a  continué  à  s’exercer  sur  ce 
terrain,  mais  nous  n’en  connaissons  pas  tous  les  épiso¬ 
des.  Avant  168,  la  situation  des  affranchis  fut  améliorée 
en  ce  sens  qu’on  assimila  aux  ingénus  propriétaires 
fonciers  les  affranchis  propriétaires  fonciers  ayant  un 
fils  âgé  de  cinq  ans  ou  une  fortune  de  plus  de  30  000  ses¬ 
terces  ;  mais  en  168  les  censeurs  ne  maintinrent  que  le 
privilège  attaché  à  la  paternité  et  refoulèrent  tous  les 
autres  affranchis  dans  une  des  quatre  tribus  urbaines, 
tirée  au  sort,  probablement  pour  la  durée  du  lustrum, 
pour  cinq  ans16.  Nous  ne  savons  pas  si  1  avantage  de  la 
paternité  et  le  tirage  au  sort  de  la  tribu  urbaine  ont 
subsisté  plus  tard  ;  nous  ignorons  le  contenu  dune  loi 
proposée  sur  le  vote  des  affranchis  par  M.  Aemilius 
Scaurus,  consul  en  115  n.  Après  la  guerre  sociale,  les 
affranchis  restent  parqués  dans  les  quatre  tribus  urbai¬ 
nes  et  leur  infériorité  est  aggravée  de  ce  fait  que  les  in¬ 
génus,  même  non  propriétaires,  sont  répartis  dans  toutes 
les  tribus18.  Aussi  1  assimilation  des  affranchis  aux 
ingénus  est  maintenant  une  des  revendications  du  parti 
populaire  ;  en  88,  la  loi  du  tribun  Sulpicius  portant  que 
l’affranchi  aurait  la  tribu  de  son  patron  et  par  suite,  le 
cas  échéant,  la  tribu  rustique,  fut  adoptée,  mais  cassée 
immédiatement 19  ;  redemandée  par  le  consul  Cinua  en 
87,  elle  fut  appliquée  pendant  quelque  temps  en  84, 
mais  supprimée  de  nouveau  après  la  victoire  de  Sylla  , 
un  plébiscite  analogue  de  C.  Manilius,  tribun  en  77,  ne 
put  être  appliqué  et  le  tribun  Clodius  en  59  ne  put  môme 
faire  une  proposition  en  ce  sens  21 .  Peut-être  les  affran¬ 
chis  propriétaires  fonciers  avaient-ils  obtenu  quelque 
amélioration  22 ;  mais  il  n’y  a  pas  de  texte  concluant. 

Sous  Auguste,  le  droit  de  vote  paraît  avoir  été  enlevé 
aux  affranchis,  puisque,  tout  en  restant  pour  la  plupart 
dans  les  tribus  urbaines,  ils  ne  portent  plus  dans  leur 
nom  l’indication  de  la  tribu  23.  Auguste  a  donc  sans 
doute  réalisé  la  pensée  de  Scipion  Emilien2*.  D'ailleurs, 
le  droit  de  vote  n’a  plus  d’importance  et  va  disparaître. 
Mommsen  signale  encore  quelques  particularités  20  : 
ainsi  les  fils  d’affranchis  ont  souvent  la  tribu  rustique  du 
patron  du  père26,  très  souvent  la  tribu  urbaine Palatina*1. 


0  46-  Liv.  9,  46  ;  Val.  Max.  2.  2,  9  ;  Plut.  Popl.  7.  -  U  De  vir.  illustr.  32  ;  Liv.9, 
o!  _  H  Mommsen  le  conclut  de  Liv.  Epit.  20.-13  Plut.  Flam.  18.-16  Liv.45, 15, 
•  Cic.  De  orat.  1,  9,  38  ;  De  vir.  ill.  57.  -  17  De  vir.  ill.  72.  -  1»  Cic.  De  oral. 

'  <K  38  ;  Ascon.  in  Mil.  52;  Dionys.  4,  22.  -  19  Liv.  Ep.  77  ;  Ascon.  in  Corn.  04  ; 
jio  Cass.  36,  25.  —  20  Schot.  Gronov.  in  Cic.  Cat.  2,  10,  24,  p.  410  ;  Liv.  Ep.  84, 
-  21  Dio  Cass.  36,  25  ;  Cic.  Pro  Mur.  23,  47  ;  Ascon.  Pro  Corn.  p.  64-65;  In  Mil. 
I  46,  52;  Cic.  Pro  Mil.  33,  89  et  Schol.  Dob.  p.  346.  —  Î2 Conjecture  de  Mommsen 
f après  Cic.  De  lecj.  ar/r.  2,  29,  79.  —  23  Les  inscriptions  d'affranchis  qui  portent  par 
xception  la  tribu,  soit  ruslif|ue,  soit  urbaine,  sont  réunies  dans  Mommsen,  l.  c.  6, 
:,  p.  20,  note  2,  27,  note  1.  —  21  Val.  Max.  6,  3;  Vell.  2,  4;  De  vir.  illustr.  58. 

25  L  c.  6,  2.  p.  28-29.  —  20  Corp.  inscr.  lat.  3,  2097  ;  C,  1818.  — 27  C.  i.  I.  2,  4527  ; 
i,  1000  ;  0,  1851,  15  131,  15.232,  15  595;  9,  1018,  3184,  3524;  10,  1807  ;  14,  412,  415. 


I 


—  1204  — 


L1B 


L1B 


8°  Sous  la  République,  les  affranchis  participent  déjà 
aux  distributions  gratuites  et  c’est  déjà  un  des  motifs 
qui  provoquent  les  affranchissements1.  Sous  l’Empire, 
les  affranchis  inscrits  à  Home  dans  les  tribus  urbaines 
qui  deviennent  des  corporations  frumentaires  constituent 
la  plus  grande  partie  de  la  plebs  frumentaria  [tribus]  ; 
les  citoyens  inscrits  sur  les  listes  sont  surtout  des 
affranchis  qui  fournissent  quelques-uns  des  chefs  des 
centuries  des  tribus,  des  curât ores  L’inscription  dans 
une  tribu  frumentaire  ( tribus ,  fessera  frumentaria) 
constitue  une  sorte  de  titre  aliénable,  transmissible,  que 
souvent  les  patrons  achètent  ou  font  acheter  par  testa¬ 
ment  à  leurs  affranchis  pour  assurer  leur  subsistance3. 

9°  Pour  le  service  militaire,  les  affranchis  ont  sans 
doute  suivi  le  régime  commun  pendant  les  premiers 
siècles  de  la  République  ;  puis,  lorsque  les  plébéiens  non 
propriétaires  furent  admis  dans  les  légions  dans  le  cou¬ 
rant  du  ivc  siècle  av.  J.-C.,  il  fallut  établir  une  ligne 
de  démarcation  ;  les  affranchis  furent  alors  exclus  des 
légions,  sauf  peut-être  les  propriétaires  qui  avaient  un 
fils  âgé  de  cinq  ans  ou  une  fortune  de  30  000  sesterces. 
On  ne  les  trouve  plus  dans  les  légions  qu’en  cas  d’ex¬ 
trême  nécessité  4 * * *  ;  pendant  la  deuxième  guerre  punique, 
on  affranchit  des  esclaves  pour  en  former  des  légions  11  ; 
les  affranchis  servent  surtout  sur  la  flotte0;  pendant  la 
guerre  sociale,  ils  forment  des  cohortes  spéciales  de 
volontaires1.  Sous  le  principat,  ils  restent  encore  réguliè¬ 
rement  en  dehors  des  légions;  ils  constituent  sans  doute, 
en  cas  de  besoin,  ces  cohortes  Italicae  civium  Romano- 
rum  voluntariorum  qui  ont  été  levées  à  différentes  re¬ 
prises  8  ;  pendant  la  guerre  des  Marcomans,  Marc  Aurèle 
affranchit,  pour  les  armer,  des  esclaves  qu’il  appelle  vo¬ 
la  ntarii  °.  Au  début  de  l’Empire,  les  soldats  de  marine, 
les rfassiarii,  sont  des  esclaves  ou  des  affranchis  et  jusqu’à 
Néron  les  chefs  des  flottes,  les praefecti  c/assis,  sont  des 
affranchis 10  ;  à  partir  de  Claude,  les  classiarii  sont  sur¬ 
tout  des  pérégrins,  quelques-uns  seulement  paraissent 
être  des  affranchis  gratifiés  de  l’ingénuité  fictive11.  Le 
corps  des  vigiles  de  Rome  a  été  recruté  au  début  exclu¬ 
sivement,  plus  tard  principalement  parmi  les  affranchis 
soit  ordinaires,  soit  Latins  Juniens  [vigiles]  12.  Nous  ne 
savons  pas  le  sens  précis  de  la  militia  souvent  citée 
dans  les  textes  juridiques  du  IIe  siècle  comme  une  fonc¬ 
tion  aliénable,  transmissible,  salariée,  souvent  léguée  à 
des  affranchis  13.  Mommsen  14  a  conjecturé  qu'il  s’agis¬ 
sait  de  places  dans  le  corps  des  vigiles  ou  de  corps  où  les 
affranchis  pourvus  de  l’ingénuité  fictive  auraient  pu 
entrer  ;  il  s’agit  plutôt  à  notre  avis  de  fonctions  civiles, 
comme  celles  des  décuries,  pour  la  désignation  desquelles 
le  mot  militia ,  usuel  au  Bas-Empire,  a  été  interpolé16. 

VII.  Condition  civile  et  sociale  sous  la  République.  — 
1“  On  a  vu  que  primitivement  il  n'y  avait  pas  de  diffé¬ 
rence  essentielle  entre  les  affranchis  d  un  côté,  les  clients 

1  Dio  Cass.  39,  24  ;  Dionys.  4,  24.  —  2  Suct.  Aug.  42  ;  Pliil.  Ley.  ad  Cai.  23; 
Schol.  Pers.  5,  73;  C.  i.  1.6 ,  190-200;  Tac.  Ann.  13,  27;  Symmacli.  Or.  pro  paire, 
c.  7  ;  voir  Mommsen,  l.  c.  G,  2,  p.  30-34-.  —  3  Dig.  5,  1,  52,  i  ;  31,  49,  \  ;  31,  87  pr.  ; 

32,  35  pr.  ;  Terlull.  De  resurr.  carnis ,  57  ;  Vatic.  frag.  272,  où  la  lecture  scribis 
ou  tribus  est  incertaine.  —  4  En  29G  av.  J.-C.  Liv.  10,  21,  4  ;  en  217,  Ibid.  22,  1 1, 
K.  —  «  Liv.  24,  14  ;  22,  57,  11.  —  6  Liv.  22,  11,  8;  30,  2,  15  ;  40,  18,  7  ;  42,  27, 

3  ;  43,  12,  9.  —  7  Liv.  Ep.  74;  Macrob.  S  rit.  I,  11,  32  ;  Appian.  Dell.  GW.  i,  49. 

—  8  Voir  Ephem.  epigr.  5,  p.  248-249.  —  9  Vit  a  Marci,  21,  G.  —  10  C.  i.  I.  3, 

l  ;  Tac.  Ann.  14,  3,  G2  ;  Hist.  1,  87  ;  voir  Hirschfeld,  Untersuchungen,  p.  123-124. 

Otlion  laisse  encore  un  affranchi  à  la  tôle  d'une  flotte  (Tac.  Hist.  1,  87j.  —  11  \oir 

Mommsen,  Hernies ,  1884(19),  p.  17  ;  C.  i.  I.  10,  3531.  —  12  Dio  Cass.  55,  20  ;  Strab. 

3  2,  3,  p.  235;  Suet.  Aug.  25  ;  Tac.  Ann.  13,  27  ;  Ulp.  3,  5.  —  19  Dig.  32,  102, 


et  les  plébéiens  de  l’autre.  Jusqu’à  Auguste  il 
de  conubium ,  droit  de  mariage  entre  affranchis  ' 


gémis;  le  sénatus-consulte  de  186  av.  J. 


et  in- 

accorde  \ 

l’affranchie  11  ispalla  Fecenia  le  droit  d’épouser  un  •  .  1 

i  ai  il  ingénu, 

les  unions  entre  affranchis  et  ingénues  et  réci  .  1 

ment  ne  sont  que  des  çoncubinats  ;  cependant  la  |>m!  p 
lion  légale  du  mariage  commence  à  tomber  en  dé- 
tude  à  la  fin  de  la  République16.  A  l’égard  des  enla^'l 
d’affranchis  il  n’y  a  jamais  eu  de  limitation  -  pPno  i  b 
1  opinion  publique  reprouve  toujours  le  mariage  d' 
noble  avec  la  fille  d’un  affranchi  ou  d’un  client11 
2°  Le  mot  patronus  est  avec  pu  ter  dans  le  même  ra  1 
port  que  matrona  avec  mater 18  ;  l’affranchi  est  donc  S0J 
la  dépendance  du  patron  comme  le  fils  sous  celle  du  pi.re 
et  cette  dépendance  a  été,  au  début,  extrêmement  étroite  ! 
Elle  comporte  des  devoirs  et  des  droits  qui  ont  été  pen¬ 
dant  longtemps  les  mêmes  que  ceux  du  client  et  qui  ont! 
reposé  d’abord  sur  la  coutume  avant  d’être  sanctionnés 
par  la  loi.  Il  est  probable  qu’aux  premiers  siècles  l’af¬ 
franchi  reste  le  plus  souvent  dans  la  maison  du  patron' 
il  fait  partie  de  sa  famille 1 9  et  aussi,  dans  une  certaine 
mesure,  de  sa  gens ,  aux  sacrifices  de  laquelle  il  parti¬ 
cipe20;  c’est  pour  cette  raison  que  les  affranchies  ne 
peuvent  se  marier  en  dehors  de  la  gens,  sans  un  décret 
des  gentiles  ou  une  loi  conférant  la  gentis  enuptio11, 
L’affranchi  est  soumis  à  la  juridiction  domestique  du 
patron  [judicium  domesticum]. 

Primitivement,  le  patron  donnait  peut-être  un  lot  de 
terre  à  l’affranchi  comme  au  client,  sous  forme  d’une 
possession  précaire;  cet  usage  a  dû  disparaître  de  bonne 
heure,  mais  le  patron  a  sans  doute  dû  continuer  à  assurer 
la  subsistance  de  l’affranchi22.  Il  doit  sans  doute  le  dé¬ 
fendre  en  justice,  comme  le  client  dans  les  procès  civils11. 
L’interdiction  réciproque  de  témoigner  l’un  contre  1  autre, 
de  secourir  en  justice  leur  adversaire,  attestée  à  1  égard, 
du  patron  et  du  client,  doit  certainement  s’appliquer  aussi 
à  l’affranchi  comme  ces  deux  autres  règles  que  le  client 
ne  peut  intenter  une  action  en  justice  contre  son  patron, 
et  que  le  patron,  qui  lèse  les  intérêts  de  son  client 
s’expose  à  une  poursuite  criminelle  devant  le  peuple  .1 
jusqu’à  quel  point  l’obligation  quale 
ses  dépenses  extraordf 


Nous  ignorons 
client  de  soutenir  le  patron  dans 
naires 


26 


s’étend  à  l’affranchi  ;  en  tout  cas,  il  doit  des  pré¬ 
sents 21  ( donum ,  munus),  comme  plus  tard  a 
impériale.  Mommsen  applique  avec  raison  a  1  atliane^ 
la  règle  que  le  patron  ne  doit  pas  s’enrichir  pm 
sents  du  client28;  et  la  /ex  Cincia  de  2(H  a'  - 
interdisait  les  donations  et  présents  au  delà  du 
légitimas,  paraît  ne  pas  s’être  appliquée  aux  alhom  '  ^ 
il  est  tout  naturel  que  cette  loi,  destinée  a  l11"1'^  ^ 
clients30,  n’ait  pas  compris  les  affranchis,  ah'1'  1  J 
patron  par  des  liens  plus  étroits.  Lobligaù"11  1  1 

franchi  de  se  charger  de  la  tutelle  des  enfants 


.  .,  ,7  .Vor.  53.  »■ 

-3;  34,  1,  18,  2  ;  19,  1,  32,  2  ;  31,  49,  §  1,  22  ;  cf.  C.  J  ntl-  *>.  *  \  !»■ 

-14  L.  c.  6,  2,  p.  37-38.  —  15  Cf.  Kiilin,  Stadt.  ü.  bürg.  LJ  pu. 

-  10  Liv.  39,  19.  5;  C,  40  ;  Colum.  I,  3,  3;  Sali.  Jnrj.  0  i  '  "  ■  ; '  p(1r.  )»<!/•& 

-  17  Cic.  PMI.  2,  2,  3  ;  3,  6,  17  ;  13,  10,23  ;  ad  Alt.  10,  <'«  ''  r, .-*<*[* 

-  18  Cf.  Feslus,  p.  253.  —  ni  Kl.  p.  233  :  numerari  inter  dojne.^  *  ^  » 

'exclut  de  certains  sacrifices  que  .<  Iiostis,  vinctus,  malin,  1  <J  u.CO.11'1'' 

-  s.  l.iv.  -  »F„,.  ,,  », 

onnait  de  l'argent^  ses  affranchis;  Liv,  2,  5;  4,  4a,  oi.  n.  198,  1  ’ 

S>.  2,  1,  104.—  24  Dioilys.  2,  10;  Gell.  5,  13;  C.  i.  ■  ’ .  l3(  3;  Plu1' 

-  23  Dionys.  2,  10;  Scrv.  Ad  Acn.  G,  G09.  —  2G  Dionys.^ a"L)ionys.  2.  GcU" 

3;  Liv.  3,  32;  38,  00.  —  27  Fcst.  p.  34,  s.  v.  Cercos.  —  “ 

,  40.  —  29  Vatic.  frag.  307.  —  30  Liv.  34,  4. 


—  1205  — 


lui 


UB 


,  ivnoaue  primitive'.  Jusqu’à  Auguste,  le 
remonte  a  ,  l’affranchie  malgré  elle2.  Elle  est 

soumise  a  .*  si0n  de  l’affranchi  avait  été  réglé 

Do^TaWes*  de  la  manière  suivante  :  en 

par  loi  ne  venaient  les  héritiers  testamentaires,  na- 
premien  n»  ,  e 


^ls  et  adoptifs,  et  la  femme  . 
,.e  t  .tumni  nnneles  le  patr 


manu  de  l’affranchi  ;  à 


J  "  i  étaient  appelés  ie  pairon  et  ses  descendants  ; 

fronstil  .aient  un  ordre  de  successibles  qui  remplaçait 
l.llsC0  ...  „ussi  ü  n’y  avait  aucune  différence  entre  le 

■  agn!t  la  natrinne,  entre  le  fils  et  la  fille  du  patron  ; 
I  K^cliaiTles  héritiers  externes,  les  descendants  de 

lamnc,  les  petits-enfants  et  arrière-petits-enfants  du 
I  atron  par  les  filles,  les  descendants  qu  il  avait  eman- 

■  donnés  en  adoption,  mais  non  les  enfants 

était  toujours  déférée  au  plus 


ou 


cipes 

Uérédés  ;  la  succession  < 


proche,  et  le  partage  se 


,  faisait  par  têtes.  Mais  le  préteur 


était  intervenu  pour 


améliorer  la  condition  du  patron. 


Il  continuait  à  être  exclu  par  les  descendants  naturels  de 
l’affranchi,  non  exhérédés,  et  même  par  ceux  qui  avaient 
été  émancipés  et  donnés  en  adoption,  pourvu  qu  ils  figu- 
'  lassent  comme  héritiers  sur  le  testament  à  défaut  de  ces 
héritiers,  le  patron  devait  être  institué  héritier  de  la 
moitié  des  biens  par  le  testament  de  1  affranchi;  sinon, 
il  obtenait  cette  part  en  vertu  d’une  bonorum  possessio 
contra  tabulas  ;  il  avait  aussi  droit  à  cette  part,  à  défaut 
de  testament,  en  présence  d’un  fils  adoptif,  d’une  femme 
qui  avait  été  in  manu,  d’une  belle-fille  qui  avait  été  in 
manu  du  fils.  Ces  droits  étaient  accordés  aussi  aux  fils 
et  aux  descendants  mâles  par  les  mâles  ;  mais  l’ancien 
droit  était  maintenu  pour  la  patronne,  pour  les  filles  et 
les  descendantes  du  patron5. 

4°  En  tout  cas,  l’affranchi  était  propriétaire  de  ses 
biens  pendant  sa  vie;  mais  le  patron  avait  trouvé  le 
moyen  de  conserver,  après  l’affranchissement,  des  préro¬ 
gatives  utiles  et  des  droits  financiers.  L’esclave  n’ayant 
pas  de  personnalité  juridique  ne  pouvait  s’engager  vala¬ 
blement;  on  tourna  la  difficulté  en  lui  imposant  avant 
l'affranchissement  un  serment  comportant  certaines  obli¬ 
gations  et  prestations  qu’il  devait  renouveler  immédiate¬ 
ment  après  l’affranchissement.  11  n’y  avait  pas,  primiti¬ 
vement,  de  limite  légale  à  ces  promesses;  l’affranchi 
pouvait  ainsi  promettre  des  operae ,  té  partage  de  tous 
Bs  bénéfices,  se  reconnaître  débiteur  de  sommes  dont  il 
ne  pourrait  jamais  payer  le  capital,  renoncer  au  droit  de 
so  marier.  Il  en  résulta  de  graves  abus;  d’autre  part,  il 
•  y  a\ait  pas  de  sanction  positive  au  serment  de  l’esclave  ; 
■es  pâleurs  intervinrent  donc,  à  la  fois  pour  protéger 
C  fanf  I'1  I)0ur  l’obliger  à  exécuter  ses  engagements. 
lCffr°n  C'te  une  décision  du  préteur  Drusus,  annulant 
Kranc  llsseineiù  quand  l’affranchi  refusait  de  renou- 

lvaiu°n?riïle*t;  avant  105  av’  le  Préteur  Rutilius 

(  c"  1  qu  d  n  accorderait  au  patron  que  les  actions 


Il  *  Gcll.  5,  13  ___  2  ry 

~~ 1  Gai.  3, 46-49 ■  /  '?■'  2’  2.8'29  ( J “squ’en  4  ap.  —  3  Liv.  39,  19,  5. 

m,'in:  4* £d. p  p  '"jj’  7  ’  2,  23,  1.  Voir  Accavias,  Précis  de  droit  ro- 

jt'O-).  —  1  Dig.  js.  °  3,  45,  46,  49.  —  6  Ad  Att.  7,  2  (avant  114  av. 

I  |*~G.  (cf.  Cic.  Brut  io  1 i  ^  Pr^eup  Rutilius  est  sans  doule  le  consul  de  105  av. 
§2,G:26i  3,  2,  5,§5.’37  8  Gai*  3’  51  ’  83  !  Tac-  BUt.  2,  92;  Dig.  2,  4,  10, 

™'se  au  hatin  devenu  cit  *’  §  Cependant  la  loi  municipale  de  Salpensa(c.  23) 

’  cons.  5  17 .  ,  '  0lna‘11  capacité  tic  succéder  à  ses  alTranchis.  —  9  Cf. 

I  JAtt-  h  12.  -  lu  1  ’  1C'  Adfa™-  3,  1;  13,  21,  23,  27,  46,60,  69,  70;  16,  16  ; 

I  fc,';  ^  *'  6’  2211  :  n,„  ''cl  ’  ^  c.  p.  92-100.  —  n  Suet.  Vesp.  13  ;  Tac.  Ann.  15, 

•  tcSw.  Bpitt.  6  j,  ">  ’>  3*  7  »  Mariai,  Papiri,  n»  76,  p.  119  et  261  b,  n°7  ; 

csi3-  10 ;  Sencc.  En  gn  •  pu  *’  3>  Pctl'Ou.  Sat.  57;  Suet. 

v.  '  ’  “•  nat ■  7,  39  ;  Orelli,  2983;  D10.  Clirys.  14, 


operarum  et  pro  socio ,  c’est-à-dire  qu’il  ne  pourrait 
réclamer  que  les  operae  et  le  partage  des  bénéfices  7. 
Nous  verrons  plus  lard  le  droit  de  tutelle  des  patrons. 
Faisons  remarquer  ici  que  la  deminutio  capitis,  soit  du 
patron,  soit  de  l’affranchi,  éteint  les  droits  de  patronat, 
en  laissant  subsister  cependant  la  reverentia  à  l’égard  du 
patron  qui  garde  sa  liberté  et  son  droit  de  cité.  L’affranchi 
ne  peut  donc  se  donner  en  adrogation  à  un  tiers  sans 
l’autorisation  du  patron;  sinon,  l'adrogation  ne  lèse  pas 
les. droits  de  ce  dernier8. 

5°  Telle  était  la  situation  légale  des  affranchis  à  la  fin 
de  la  République  ;  il  est  assez  difficile  de  déterminer  leur 
situation  de  fait  à  cette  époque  de  guerres  civiles  où  ils 
faisaient  partie  de  la  clientèle  qui  aidait  les  patrons  dans 
les  luttes  politiques.  Les  lettres  de  Cicéron,  où  il  y  a  un 
mélange  d’affection  et  de  dureté,  ou  de  dédain  à  l’égard 
des  affranchis,  paraissent  refléter  assez  exactement  1  Opi¬ 
nion  publique9.  Le  nombre  des  affranchis  s  était  consi¬ 
dérablement  multiplié  à  la  suite  des  conquêtes  qui  avaient 
amené  à  Rome  une  foule  d’esclaves  [servus]. 

On  a  vu  que  l’affranchissement,  qui  au  premier  abord 
paraît  en  désaccord  avec  les  intérêts  du  maître,  lui  laissa.! 
les  plus  importants,  les  plus  lucratifs  de  ses  droits  et  une 
partie  de  la  succession  de  l’affranchi,  qu’il  avait  presque 
autant  d’intérêt  à  posséder  des  affranchis  que  des  ésclaves 
dans  une  société  où  le  nombre  des  serviteurs  dépassait 
les  besoins 10.  L’affranchissement  était  quelquefois  gra¬ 
tuit11,  mais  le  plus  souvent  l’esclave  achetait  sa  liberté,  sur 
son  pécule  amassé  péniblement,  à  un  prix  qui  variait 
selon  sa  valeur,  son  éducation,  ses  qualités  et  aussi  selon 
le  caractère  du  maître 12.  De  nombreux  mobiles  pouvaient 
pousser  le  maître  à  affranchir  ;  l’affranchissement  pouvait 
être  la  récompense  de  longs  services,  de  dévouement13, 
un  encouragement  à  la  bonne  conduite,  à  la  fécondité14, 
la  conséquence  naturelle  de  rapports  entre  le  maître  et 
la  femme  esclave13;  une  des  causes  les  plus  fréquentes 
d’affranchissement  était  évidemment  1  affection,  par 
exemple,  de  l’affranchi  à  l’égard  de  ses  parents,  femme, 
enfants,  que  le  maître  lui  avait  légués  1G,  du  maître  à 
l’égard  de  son  père  nourricier,  de  son  pédagogue,  de  son 
grammairien  17,  des  esclaves  nés  dans  la  maison,  vernae , 
alumni 18.  On  affranchissait  souvent  aussi  l’esclave  qui 
allait  mourir19.  Enfin,  il  était  surtout  de  mode,  pour  faire 
étalage  de  générosité  et  avoir  à  ses  funérailles  un  nom¬ 
breux  cortège  d’affranchis  coiffés  du  pileus,  d’affranchir 
par  testament  un  grand  nombre  d’esclaves20. 

VIII.  La  législation  du  Haut-Empire.  —  A  l’arrivée 
d’Auguste  au  pouvoir,  celte  multiplication  du  nombre  des 
affranchis,  gratifiés  immédiatement  du  droit  de  cité,  avait 
profondément  altéré  la  composition  du  corps  des  citoyens  ; 
la  classe  des  ingénus  était  noyée  dans  ce  Ilot  toujours 
montant;  d’autre  part,  la  législation  n  était  pas  fixée. 
Auguste  va  donc  appliquer  ici  les  principes  généraux  de 


p.  440  R.  —  13  Déjà  dans  Tcrcnt.  Andr.  I,  I,  10.  —  ‘4  Colum.  De  re  rust.  1, 

g  19  _  15  Dig.  40,  2,  19.  —  16  Pctron.  Sat.  37  ;  Orelli,  3003.  —  17  Orclli- 

Henzen,  2314,  6007;  C.  i.  I.  10,  3125,  3466;  Suet.  Gramm.  3,  15,  13,  21. 
—  18  Valumnus  est  proprement  l'enfant  libre  exposé  et  recueilli  ;  mais  le  plus  sou¬ 
vent  ce  mot  n'exprime  que  des  rapports  affectueux  entre  l'affranchi,  l'esclave  et  le 
patron.  Voir  Ruggiero,  Dis.  epigraf.  s.  h.  v.  —  19  Mart.  1,  102.  —  20  Petron.  Sat. 
42,  71  ;  Dionys.  4,  24.  Voir,  outre  les  textes  du  Digeste  et  du  Code,  le  testament  de 
Dasumius  de  108  ap.  J.-C.  (C.  i.  I.  C,  10  229)  où  le  testateur  donne  la 
liberté  sous  toutes  les  formes,  par  legs  direct  (l.  40),  mais  après  reddition  de 
comptes  (1.  49-50),  par  fidéicommis  (1.  77),  conditionnelle  (1.  45),  interdit  qu'elle 
soit  jamais  donnée  à  certains  esclaves  (1.  80-81  ;  cf.  Dig.  18,  7)  ;  le  testament  du 
Gaulois  (Wilroanus,  n»  315),  la  donatio  Syntrophi  (C.  i.  I.  6,  10239,  I.  5-10). 

152 


LIB 


—  1206  — 


LIB 


sa  politique;  sa  législation,  favorable  aux  affranchis, 
défavorable  aux  esclaves,  a  pour  but,  d’une  part,  d’établir 
l’ordre  et  la  mesure  dans  les  relations  des  affranchis  et 
des  patrons  ;  d’autre  part,  de  refouler  l’esclave  dans  la 
servitude,  d’élever  la  situation  sociale  de  l'affranchi  en 
maintenant  son  infériorité  politique,  et  d’utiliser  cette 
nouvelle  classe  de  citoyens  pour  repeupler  l’empire.  Après 
lui,  le  progrès  général  de  la  civilisation  et  l’amélioration 
des  mœurs  battent  en  brèche  la  partie  restrictive  de  ses 
mesures  et  développent  tout  ce  qu’elles  renferment  de 
favorable  à  l’affranchissement  et  aux  affranchis.  Après  la 
réaction  momentanée  qu’amène,  au  milieu  du  ier  siècle, 
l'insolence  des  affranchis  impériaux,  nous  assistons 
à  des  progrès  continus  sous  l’influence  de  la  philo¬ 
sophie  stoïcienne,  qui  affirme  le  principe  de  l’égalité, 
avec  l'aide  des  Antonins  et  de  leurs  successeurs,  jusqu’à 
Sévère  Alexandre,  et  des  jurisconsultes  des  ne  et  me  siècles 
ap.  J.-C.  En  évitant  les  innovations  d'ensemble,  en  main¬ 
tenant  les  anciens  cadres,  ils  font  une  œuvre  analogue  à 
celle  des  préteurs,  mais  inspirée  par  un  esprit  plus  vif  de 
bonté  et  de  sympathie  à  l’égard  des  affranchis.  Nous 
constatons  dans  les  sénatus-consultes,  dans  les  édits  et 
les  rescrits  impériaux,  dans  les  réponses  et  les  interpré¬ 
tations  des  jurisconsultes,  la  même  tendance  à  faciliter 
l’affranchissement,  l’acquisition  du  droit  de  cité,  à  inter¬ 
préter  les  lois,  les  contrats,  les  actes  juridiques  dans  le 
sens  le  plus  favorable  à  la  liberté,  qu’on  considère  comme 
étant  de  droit  public1,  à  adoucir  les  relations  entre  les 
patrons  et  les  affranchis,  à  modérer,  tout  en  les  garan¬ 
tissant,  les  droits  des  maîtres,  à  simplifier  les  formalités. 
H  IX.  Extension  et  limitations  de  la  faculté  d’affrancuik. 

—  Les  trois  formes  d'affranchissement  se  maintiennent 
sous  l'Empire.  Ajoutons  que  l’empereur  affranchit  sans  for¬ 
mes.  par  une  simple  manifestation  de  sa  volonté2;  qu’on 
affranchit  per  vindictam  devant  les  magistrats  municipaux 
qui  ont  la  legis  aetio  dans  les  municipes  3.  L’affranchisse¬ 
ment  au  théâtre,  pendant  les  célébrations  de  jeux,  généra¬ 
lement  imposé  par  la  populace,  avait  commencé  à  être  pra¬ 
tiqué  à  Rome  sous  les  premiers  empereurs  i  ;  mais  c’était 
un  abus  qui  fut  supprimé  défînitivementsous  Marc  Aurèle5. 
Une  loi,  dont  on  ignore  le  nom  exact  et  la  date,  autorisa 
les  villes  à  affranchir  leurs  esclaves6;  nous  ne  savons 
pas  quelle  était  la  portée  de  cette  loi,  car  il  semble  bien 
que  beaucoup  de  villes  avaient  ce  droit  depuis  long¬ 
temps1,  sans  parler  des  villes  de  droit  pérégrin.  Cette  loi 
aurait  été  étendue  en  129  aux  provinces.  Il  est  certain 
qu'il  fallait  un  décret  de  la  curie  municipale,  confirmé 
par  le  gouverneur8.  Les  villes  eurent  donc  dès  lors  sur 
leurs  affranchis  les  droits  des  patrons,  purent  être  insti¬ 
tuées  héritières  par  eux,  réclamer  la  bonorum  possessio 
quand  les  affranchis  n’avaient  pas  d’héritiers  légitimes, 
pir  l’intermédiaire  d'un  actor  ou  d’un  mandataire,  ou 
l'obtenir  d’office  par  les  soins  du  magistrat9.  Marc  Aurèle 
accorda  aussi  à  toutes  les  associations  autorisées  le  droit 
d'affranchir  leurs  esclaves10,  et  elles  eurent  également  les 
droits  de  patronat.  On  voit  s’établir  quelques  cas  d’affran- 

1  Dig.  50,  17,  20;  40,  5,  53.  Voir  des  espèces  curieuses  ap.  Dig.  50,  5, 
U,  et  sur  tout  ce  chapitre,  Lemonnier,  l.  c.  p.  20-39.  —  2  Dig.  40,  1,  14,  1. 

-  3  Paul.  2,  25,  4;  C.  Just.  7,  1,  4.  —  4  Suet.  Tib.  47;  Calig.  35.  —  5  C.  Just. 

**’  3!  Dig.  40,  9,  17  pr.  Hadrien  s'y  était  déjà  opposé  (Dio.  Cass.  69,  16). 

6  Le  mot  \  ectibulici  de  C.  Just.  7,  9,  3,  ost  altéré;  Mommsen  propose  veteris 

reipublieae  ;  De  la  Berge  ( Essai  sur  Trajan,  p.  135)  le  nom  d'un  consul  de  111, 
Vetlius  Bolanus.  —  7  Varr.  De  ling.  lat.  8,  83.  —  8  C.  Just.  7,  9,  1-2.  La  confir¬ 
mation  du  gouverneur  n'est  pas  mentionnée  dans  C.  Just.  11,  36,  1.  —  9  Dig.  38, 


chissementsans  la  participation  du  maître  •  d,.v 
bres  par  l’eff  et  de  la  loi,  l’esclave  qui  dénonce  la  "nenl*'' 

maître  assassiné  etqui  est  alors  censé  affrancliM01*  ^8011 
ôrcinus ,  et  l’esclave  qui  a  été  prostituée  malgré  l'{! 
de  vente  11  ;  l’esclave  malade,  abandonné  par  SOn  ' nalrat 
devient,  par  une  décision  de  Claude,  Latin  Junien'M111'6’ 
les  procès  si  fréquents  de  liberal i  causa ,  l’affranchi  ^ 
prouver  sa  liberté  par  tous  les  moyens;  la  loi  i'avn.- 
revendication;  le  doute  finit  par  tourner  à  son  , Sa 
y  a  favor  libertatis  ;  le  père  peut  réclamer  la  liberté'  ’  li. 
son  fils,  le  patron  pour  son  affranchi,  même  malgré  lu^l 
au  moins  au  ni0  siècle,  il  est  d’usage  que  le  maître 
mette  à  l’affranchi  une  pièce  prouvant  l’a-tïranchissomÜu î 
( instrumentant  manumissionis ),  mais  elle  n’est  pas  néces 
saire.  L’affranchi  peut  aussi  revendiquer  l'ingénuité  .  , 
par  la  procedure  extraordinaire,  soit  extra  ordinenrW 
même  par  une  action  préjudicielle,  à  Rome  devant  le  ml 
tor  de  liberalibus  causis  et  le  consul.  Il  est  actor  et  doit 
faire  la  preuve.  Un  sénatus-consulte,  sans  doute  sous 
Marc  Aurèle,  n’admet  cette  revendication  que  cinq  ans 
après  l’affranchissement;  si  l’affranchi  triomphe,  il  con¬ 
serve  les  acquisitions  faites  après  son  affranchissement 
et  laisse  le  reste  à  la  famille  du  patron.  Une  sentence 
rendue  en  faveur  de  l’ingénuité,  par  collusion  du  patron, 
peut  être  attaquée  pendant  cinq  ans,  même  par  des  tiers13. 

La  faculté  d’affranchir  est  bornée  par  des  limitations 
naturelles  u.  1°  Un  esclave,  indivisentre  plusieurs  maîtres, 
est  affranchi  par  un  seul;  s’il  n’eùt  dû  devenir  que  Latin 
Junien,  il  n’y  a  rien  de  changé  à  sa  situation;  sinon  le 
manumissor  perd  sa  part  de  propriété  qui  revient  aux 
autres.  Sévère  décide  d’abord  que  si  un  soldat  copro¬ 
priétaire  affranchit  l’esclave  par  testament,  son  héritier 
doit  acheter  les  autres  parts  de  propriété  et  affranchir, 
puis  que  le  magistrat  doit  obliger  les  copropriétaires  à 
céder  leur  part  moyennant  une  indemnité.  Justinien, 
généralisant  ces  dispositions,  décidera  que  l’esclave  doit 
être  libre,  et  avoir  pour  patron  le  manumissor ,  et  éta¬ 
blira  le  tarif  général  des  indemnités  13.  2°  Un  esclave  est 
soumis  à  un  droit  d’usufruit  ou  d’usage;  l’affranchisse¬ 
ment,  fait  par  le  nu-propriétaire,  rend  l’esclave  «  sine 
domino  »  ;  fait  par  l’usufruitier,  il  rend  la  propriété  com¬ 
plète  au  nu-propriétaire.  Justinien  décidera  que  dans  e 
premier  cas  l’esclave  reste  «  in  servitute  »,  au  service  de  1 
l’usufruitier  jusqu’à  sa  mort,  que  dans  le  second  cas  i 
reste  esclave,  mais  libre  de  fait  jusqu’au  jour  où  lusa  I 
fruit  se  fût  éteint16.  3°  L’esclave  est  grevé  d  un  «b oit  oj 
gage  ou  d’hypothèque;  si  la  constitution  de  ga»e  I 
d’hypothèque  est  générale,  la  solvabilité  du  débiteur  es  I 
la  condition  suffisante  de  l’affranchissement;  si  1  1  ^ 
spéciale,  l’autorisation  du  créancier  est  néce^an^ 
4°  L’esclave  est  affranchi  par  un  propriétaire  dont  <  U  ^ 
de  propriété  est  résoluble  jusqu’à  l’arrivée  d  um  11 
tion;  si  elle  arrive,  l’affranchissement  est  censé  av 
nul  ;  si  elle  fait  défaut,  l’esclave  garde  sa  liberté,  nnii- 
effet  rétroactif18.  _ 

droit  daffranclur, 


A  ces  limitations  naturelles  du 


37,  1,  3,  4;  40,  3,  1-2  ;  Ulp.  22,  5.  —  10  Dig.  40,  3,  1 


;3*| 


13  Dig 


i  7  Q  H  ■  i  *i  u  *  ;/  *  ,  ( 

4  pr.  ;  37,  14,  7  pr.  —  12  Dio.  Cass.  00,  29  ;  Suet.  Claud.  g ■  40, 3" 1  * 

165  c 


Cl.  r  ,  ej  • 

4,  7,  §  5;  22,  3,  14;  40,  14.  1,  2,  §  1-2,  3;  40,  16,  2,  §3  1  et/’_  ’ ,  r,5  cl  su‘v 


S  o;  t.-,  o,  i»;  m,  i»,  i,  i,  s  »■  — »  '  —  (  -  . 

Hit.  4,  6,  13;  C.  Just.  7,  16,  24-26.  —  «  Voir  Accarias,  L.  ■  ^  s0;«,»- 
13  Ulp.  1,  18;  Paul.  4,  12,  1;  Dosilh.  De  manum.  10;  Dig-  1  ’  111 

;  28,  6,  18  pr.;  C.  Just.  7,  7,  l.  un.  —  18  Ulp.  1,  1»!  Dos‘  ^  g,  1,  3'  , 

Just.  7,  15,  1.  —  17  Dig.  40,  1,  3;  Dosilh.  I.  c.  16;  C.  us  ' 

18  Dig.  33,  5,  14;  40,  1,  11;  40,  9,  29,  §  1. 


LIB 


—  1207  — 


uté  des  limitations  légales  qui  constituent 
.  Auguste  ca  uJ0^^eg  réformes  politiques  et  sociales.  Elles 
*  une  de  ses  S1-  ^  MUa  Sentia  et  Fufia  Caninia. 
sont  r«uvr0  :  caninia  appartient  sûrement  au  règne 
1-  LJ  fTL  place  en  général  en  H  ap.  J.-C.  Elle  a 
d’AUgU  i  d’arrêter  les  excès  de  libéralité  des  mourants 
Leu  pour 'J'1  ^  ^  droU  de  cité  à  un  nombre  excessif 

♦d11'  Jon”a'"!!  en  outre,  lésaient  les  intérêts  des  héritiers. 
ï’ifTl, lirait  les  restrictions  suivantes:  on  ne  pouvait 
■*£lk'  t ar  testament,  même  sous  la  forme  du  fidéi- 
•aflnUU  11  de '  deux  à  dix  esclaves,  que  la  moitié,  de  dix  à 
| Pn3;,v  le  tiers,  de  trente  à  cent  que  le  quart,  de  cent 
cents  que  le  cinquième;  et  le  nombre  total  ne 
I  *  J jamais  dépasser  cent;  le  maître  de  deux  esclaves 
■LaiJ les  affranchir  tous  les  deux  ;  dans  chaque  catégorie 
Kn  avait  droit  au  moins  au  minimum  concédé  à  la  caté- 
gie1  inférieure  ;  le  bénéficiaire  devait  être  désigné 
nominativement  ou  au  moins,  d’après  le  sénatus-consulte 
fcrphitien,  d’une  manière  assez  précise  2.  On  essaya  de 
tourner  la  loi  par  divers  procédés,  par  exemple  en  inscri¬ 
vant  en  rond  les  noms  des  esclaves  ;  en  ce  cas  l'affran¬ 
chissement  était  annulé.  Cette  loi,  encore  appliquée  a  la 
fin  du  iiic  siècle,  ne  sera  supprimée  que  par  Justinien3, 
t  II.  La  loi  Aelia  Sentia  (ainsi  appelée  des  noms  des  con¬ 


suls  Sextus  Aelius  Catus  et  Gaius  Sentius  Saturninusj 
de  Jap.  J.-C.  établit  les  restrictions  et  modifications  sui¬ 
vantes4.  i°  Elle  interdit  jusqu’à  un  certain  délai  l’affran¬ 
chissement  de  l’esclave,  placé  sous  le  coup  de  la  question. 
-2°  Elle  frappe  de  nullité  l’affranchissement  opéré  en 
fraude  des  créanciers  ou  du  patron  ou  des  villes  ou  du 
fisc',  à  la  double  condition  qu’il  y  ait  un  préjudice  réel 
et  que  le  débiteur  ait  agi  en  connaissance  de  cause6;  le 
fisc  a  un  délai  de  dix  ans  pour  faire  valoir  sa  récla¬ 
mation  ;  pour  les  autres  personnes,  nous  ne  savons  pas 
exactement  quel  il  est1.  11  n’y  a  qu’une  dérogation  ap¬ 
portée  à  cette  règle  :  l’affranchissement  vaut  pour  l’es¬ 
clave  institué  héritier  par  le  testament  d'un  maître 
insolvable;  il  est  heres  necessarius;  mais  il  ne  doit  y 
avoir  qu’un  seul  esclave  institué  héritier  ;  s’il  y  en  a 
plusieurs,  le  premier  seul  devient  libre;  il  n’est  libre  que 
si  aucune  des  personnes  instituées  avec  lui  ou  à  son  défaut 
pc  peut  ou  ne  veut  faire  adition  ;  ce  privilège  est  appli- 
faile,  même  à  l’égard  du  maître  mineur  de  vingt  ans  et 
Pe  relave  mineur  de  trente  ans  ou  en  condition  de 
•venir  dédilice  \  —  3»  Elle  interdit  au  mineur  de  vingt 
rS’  11,1 1110  s°ldat,  de  donner  la  liberté  par  le  cens  et  par 
■sanient,  pour  affranchir  complètement  ou  pour  ne 
■onnu  que  la  liberté  latine9,  le  mineur  ne  peut  employer 
smV  l  l  aPrès  avoir  prouvé  devant  un  conseil 

comrio  !1]1  *^a  de  -iustes  m°Bfs.  A  Rome,  ce  conseil  se 
il  ps(  '  '  '  '  'n<ï  sénateurs  et  de  cinq  chevaliers  pubères  ; 
•  certain  "IN  1>'IU^  et  Présidé  par  le  consul  et  se  réunit  à 
de  l’enir,!'.'"1  ^  a  lahn  de  l’Empire  surtout  le  jour 

111  c*iar8e  des  consuls11  ;  dans  les  provinces,  il 


'Gai.  jjj. 

!*  §  Ù-V’  12’ J,'2i"22S  i  Suet-  Aug.  40;  Paul.  4,  14;  Gai.  Epit. 
Ht'  l0’  h  24  (ij  q  f/'  2  Pau|.  b  14,  1;  Ulp.  1,  25;  Gai.  2,  239; 

4??'  h  7i  C.  ^  ‘  Pllitien  prieur  à  Gaius).  -  3  Vita  Tacit.  10; 
I  j  ’’  ll',2;  Gai.  1,:;:  ri  ~  -7°“'  Lcmolln‘er,  l.  c.  p.  45-53.  —  6  Di  g. 
poini  jn*  P'à’égrins  ^  ^  ^ette  ^«clause  de  la  loi  était  appli- 

\Ul!l •  40,  |q.  ,  1  >'  y  avait  controverse  sur  ce  dernier 

- 's  n CCarias’  1  c.  1,  p  !-l°’  !0;  Instit-  b  G,  3).  —  7  Dig.  40,  9,  45,  3. 
60  en 1,1  h  'b  Gai  |  i.  9‘ô  admet  généralement  le  délai  d'un  au. 

I  L; ï*’ fv  W*:,; 6; ï c- 16 :  Di°- 28’ »•  «. 55’ 57’ 

l’eut  donner  i,  n  '  G  est  par  erreur  que  Justinien  dit  que  le 
‘berté  laliDe  dnstit.  i,  0,  4;  ef.  Gai.  I,  41).  -  10  Corp. 


LIB 

comprend  vingt  récupérateurs,  citoyens  romains,  et  il  est 
convoqué  par  le  gouverneur,  le  dernier  jour  des  assises 
du  conventus 12  ;  dans  les  villes  où  les  magistrats  muni¬ 
cipaux  ont  le  droit  d’affranchir,  on  peut  conclure,  de  ce 
qui  a  lieu  dans  les  villes  de  droit  latin  13,  qu’ils  ont  pour 
conseil  la  curie  entière.  Les  justes  motifs,  les  justav 
causae,  sont  en  nombre  illimité  et  laissés  à  l’appréciation 
du  magistrat u;  ce  sont  en  général,  d'après  l’interpréta¬ 
tion  très  large  des  jurisconsultes,  les  sentiments  légitimes 
d’affection,  de  reconnaissance,  l’intérêt  du  mineur, 
l’exécution  d’une  condition  mise  à  une  vente,  à  une 
donation,  à  un  legs.  Ainsi  le  mineur  affranchit  valable¬ 
ment  ses  parents  naturels,  père,  mère,  frère,  sœur,  fils, 
fille,  son  pupille,  son  frère  ou  sa  sœur  de  lait,  sa  nourrice, 
son  père  nourricier,  son  précepteur,  soit  le  sien,  soit  celui 
de  ses  enfants,  l’esclave  qui  lui  porte  ses  livres  (capsa- 
rius ),  l’esclave  dont  il  veut  faire  son  procurator, 
pourvu  qu’il  ait  dix-huit  ans  accomplis,  celui  qui  la 
sauvé  de  la  mort,  d’un  péril,  d’une  maladie,  de  l'infamie, 
la  femme  qu’il  veut  épouser  en  jurant  de  l’épouser  dans 
les  six  mois,  l’esclave  dont  il  veut  faire  son  tuteur.  Le 
mineur  peut  affranchir  s’il  a  recueilli  un  héritage,  si  on 
lui  a  donné  ou  vendu  l’esclave  à  cette  condition  ;  la  femme 
fut  autorisée  à  affranchir  pour  cause  de  mariage  si  son 
conservus  lui  a  été  légué  à  cette  condition.;  le  pupille  qui 
a  dépassé  Vinfantia  peut  affranchir  avec  l’autorisation 
de  son  tuteur,  mais  alors  l’affranchi  ne  doit  pas  garder 
son  pécule;  l’approbation  d’une  justa  causa  fut  déclarée 
irrévocable  sous  Antonin  15.  L’inobservation  de  ces  règles 
entraîne  la  nullité  radicale  de  l’acte.  Ajoutons  que  le 
mineur  qui  n’a  sur  l’esclave  qu’un  droit  d’usufruit, 
d’usage,  de  gage  ou  d’hypothèque,  peut  y  renoncer  pour 
permettre  au  propriétaire  d’affranchir10  ;  mais  il  viole  la 
loi  en  aliénant  un  esclave  sous  la  condition  qu’il  serait 
affranchi  ou  quand,  possesseur  d’une  créance  dont  l’objet 
est  un  esclave,  il  impose  au  débiteur  l’obligation  d’affran¬ 
chir11.  On  décida  qu’il  pourrait  affranchir  dès  la  veille  de 
son  vingtième  anniversaire18.  —  4°  La  loi  Aelia  Sentia 
décida  en  outre  19  que  l’esclave  affranchi  avant  l’âge  de 
trente  ans  ne  serait  pas  citoyen,  mais  seulement  Latin,  si 
l’affranchissement  n'avait  été  opéré  après  l’avis  du  conseil, 
d’après  un  juste  motif.  Ulpien20  est  en  désaccord  sur  ce 
point  avec  Gaius;  il  parait  dire  que  cet  esclave  demeure 
dans  la  servitude,  à  moins  qu’il  n’ait  reçu  la  liberté  par 
testament  et  ne  soit  devenu  ainsi  Latin  ;  mais  le  texte 
d’Ulpien  est  altéré21  ;  d’autre  part  il  donnerait  plus  d'effet 
à  l’affranchissement  testamentaire  qu’à  l’affranchissement 
per  vindictam,  et  surtout  il  est  contradictoire,  puisque 
Ulpien  parle  aussi  de  droit  latin  a  propos  de  la  loi  Aelia 
Sentia.  Il  vaut  donc  mieux  accepter  l’assertion  de  Gaius 
et  admettre,  comme  on  va  le  voir,  que  la  loi  Aelia  Sentia- 
avait  créé  la  situation  intermédiaire  des  Latins.  En  tout 
cas,  à  partir  de  cette  époque,  l’âge  de  trente  ans  est  con¬ 
sidéré  comme  l’âge  normal  des  affranchissements22. 

inscr.  lat.  0,  1877;  14,  1437;  Dig.  1,  10,  l  pr.  —  U  Ammian.  22,  7,  1  ;  Libanius, 
1,  p.  403,  éd.  lteiske;  Claudian.  De  IV  cos.  Honor.  v.  012;  C.  Th.  15,  14,  13; 
Sidon.  Pan.  Anthem.  4G8,  Carm.  2,  543  ;  Cassiod.  Var.  6,  1.  —12  Gai.  1,  20,  38  ; 
ülp.  1,  13;  Suet.  Galb.  10;  Dig.  40,  2,  15.  —  13  Lex  Salpens.  c.  28.  —  14  Dig. 

40  2  9  1.  _ 13  Dig.  40,  2,9,  13,  15,  10  pr.  et  §  1,  24,  25;  40,  5,  35  ;  Gai.  1,  19,  38, 

39-  C.  Jusl.  7  1,1;  Instit.  1,  0,5;  C.  i.  I.  G,  1877;  Suet.  De  gramm.  3,  15,  13-21. 
—  10  Dig.  40,  2,  2,  4,  §  2.  —  U  Dig.  40,  9,  7,  §  1  ;  45,  1,  60.  —  18  Dig.  40,  1,  1. 

_  19  pjai,  10-18,  31.  —  20  Heg.  1,  12.  —  21  Voir  les  conjectures  faites 

sur  ce  texte  et  les  essais  d'explication  dans  Cantarclli,  I  latini  juniani,  p.  49-52. 

_ 22  Dig.  10,  2,  39,  2  ;  34,  5,  29  ;  40,  4,  38,  46  ;  40,  7,  13,  5  ;  Slat.  Silv.  3,  3, 

108-9. 


LIB 


—  1208  — 


LIB 


_ 3°  La  loi  Aelia  Sentia  créa  la  classe  des  dediticii  pour 

parer  au  danger  que  faisait  courir  à  la  société  l’affran¬ 
chissement  d’esclaves  vicieux  et  criminels.  Les  esclaves 
dont  la  conduite  pendant  la  servitude  avait  été  coupable 
ou  criminelle  et  avait  été  châtiée  par  des  peines  graves 
devenaient  par  l’affranchissement  non  pas  citoyens,  mais 
déditices.  C’étaient,  d’après  Gaius  et  Ulpien1,  ceux  qui 
avaient  été  enchaînés,  marqués,  soumis  à  la  question 
pour  une  faute  dont  ils  avaient  été  reconnus  coupables, 
emprisonnés,  condamnés  au  métier  de  gladiateurs  pour 
lutter  contre  des  hommes  ou  des  bêtes.  Leur  condition 
était  la  plus  mauvaise  de  toutes  ;  ils  ne  pouvaient  jamais 
être  affranchis  complètement  d’aucune  manière;  ils  ne 
pouvaient  séjourner  à  Rome,  ni  en  deçà  du  centième  mille 
de  Rome  ;  en  cas  d'infraction  à  cette  défense,  ils  étaient 
vendus  avec  leurs  biens,  sans  que  le  nouveau  maître  pût 
jamais  les  affranchir:  si  ce  maître  les  affranchissait,  ils 
devenaient  esclaves  publics.  Pour  le  droit  civil,  ils  étaient 
assimilés  à  des pérégrins,  ne  pouvaient  bénéficier  d’aucune 
disposition  testamentaire,  étaient  probablement  privés 
du  droit  de  tester;  pour  leur  succession,  si  l’affranchis¬ 
sement  avait  eu  lieu  par  un  mode  légal,  on  appliquait  les 
mêmes  règles  que  pour  l’affranchi  citoyen  ;  s’il  avait  été 
simplement  consensuel,  on  traitait  son  héritage  comme 
celui  du  Latin2.  Si  une  citoyenne  romaine  épousait  par 
erreur  un  déditice,  le  fils  était  citoyen,  mais  n’était  pas 
sous  la  puissance  du  père.  Les  déditices  n’ont  jamais  dû 
être  très  nombreux;  ils  avaient  disparu  longtemps  avant 
la  loi  de  Justinien  qui  les  supprima  officiellement3. 

Ajoutons  ici  quelques  limitations  spéciales  à  l’affran¬ 
chissement.  Iladrien  déclara  nul  l’affranchissement  fait 
pour  soustraire  un  esclave  à  des  poursuites  ;  les  maîtres 
accusés  d’un  crime  capital  et  en  particulier,  d’après  des 
rescrits  d'Antonin,  ceux  qui  avaient  été  déportés,  ou  qui 
avaient  été  condamnés  ou  qui  étaient  sur  le  point  de 
l'être  en  vertu  de  la  lex  Cornelia ,  ne  pouvaient  affranchir  ; 
la  lex  Favia  de  plagiariis,  de  date  inconnue,  défendit 
d'affranchir  avant  dix  ans  après  la  mort  du  maître  l’es¬ 
clave  complice  d’un  plagium  pour  lequel  le  maître  avait 
été  condamné  ;  enfin  l’interdiction  d’affranchir  un  esclave, 
inscrite  dans  une  vente  ou  dans  un  testament  ou  pro¬ 
noncée  par  le  Préfet  de  la  Ville  ou  le  gouverneur  à  la 
suite  d’un  délit  de  l’esclave,  empêche  l’affranchissement4. 

X.  Modifications  des  formes  et  effets  de  l'affranchisse¬ 
ment1.  —  A.  Création  des  Latins  J  uniens.  —  L’affranchi  sse- 
mentsans  formelégale,  quijusqu’àla  fin  de  la  République 
n’avait  donné  à  l’esclave  qu’une  liberté  de  fait,  lui  conféra 
dès  le  début  de  l’Empire  une  condition  intermédiaire 
inférieure  à  celle  de  l’affranchi  ordinaire,  analogue  à  cer¬ 
tains  égards  à  celle  des  Latini  coloniarii :  il  devint 
Latinus  Junianus ,  Latin  Junien.  A  quelle  loi  et  à  quelle 
date  remonte  cette  condition  ?  C’est  un  point  très  contro¬ 
versé.  Toutes  les  règles  relatives  à  la  Latinité  junienne 

1  Gai.  I,  13-15;  3,  75-70  ;  Ulp.  i,  U;  Paul.  4,  12,  G-7 ;  Suct.  Aug.  40. 
—  2  Un  passage  des  fragments  du  Musée  de  Berlin  se  rapporte  peut-être  à  cette 
succession  (Bcricht.  d.  Berlin.  Akad.  1879,  p.  501,  518;  Schneider,  Die  Latini 
Juniani,  Zeitschr.  d.  Savigny-Stift.  1885,  p.  203).  —  3  C.  Just.  7,  5;  Instit.  1, 
5,  3;  Gai.  1,  68.  —  4  Dig.  40,  1,  8,  §  1-3,  12,  9;  48,  22,  2.  —  5  Voir  Lemonnicr, 
l.  c.  p.  59-92.  —  <i  C.  Just.  7,  6;  Nov.  78;  Gai.  1,  167;  Ulp.  1,  10;  20,  14;  11, 
19;  Instit.  1,  5,  3;  Dosith.  fr.  12.  Voir  la  liste  des  différentes  opinions  dans 
Lemonnier,  l.  c.  p.  64-67  ;  25-24  av.  J.-C.  d'après  M.  Romand  du  Caillaud  ( Sur 
la  date  de  la  loi  Junia  Norbana ,  C.  rendus  de  l' Acad,  des  Inscr.  août 
1882,  octobre  1883)  qui  croit  que  la  loi  aurait  été  présentée  en  25  par  le  consul 
M.  Junius  Silanus,  reprise  en  24  par  le  consul  C.  Norbanus  Flaccus  ;  25  av.  J.-C. 
d’après  Schneider  qui  l'appelle  seulement  lex  Junia  ( Zeitschr .  d.  Savigny-Stift. 


dérivent  d'une  loi  que  la  plupart  des  textes 
simplement  lex  Junia  et  les  Institutiones  du 
Junia  Norbana 6.  L’appellation  de  Junia  ySl'n'en 
paraît  certaine;  de  toutes  les  dates  qu’on  a  ('rl)aH 
plus  vraisemblable  est  l’année  19  ap.  j._r  , ‘^‘Ma 
précisément  les  deux  consuls  M.  Junius  8ila  ^ d eu 
L.  Norbanus  Balbus,  sous  le  règne  de  TibèV'^3  et 
outre  qu’aucun  historien  du  règne  ,de  Tibère  n’a  ’  ,mai3{ 
cette  loi,  cette  date  se  heurte  à  une  grave  01  \  . 
d’après  Gains8,  la  loi  Aelia  Sentia  de  4  ap.  J  -(;  .  '°n; 
déjà  l’existence  des  Latins,  et  le  texte  de  Suétone^?9? 
réformes  d’Auguste9  parait  bien  faire  aussi  allusif  ^ 
deux  catégories  précises  de  liberté,  la  liberia a  e°M 
libertas  justa  ;  on  ne  peut  soutenir,  comme  onl'af^ 
souvent,  que  Gaius  confond  dans  son  exposition  les  deux 
lois  Aelia  Sentia  et  Junia  Norbana  ;  il  les  distingue  a 
contraire  très  nettement10  et  Ulpien  lui-même,  en  atür 
buant  à  la  loi  Aelia  Sentia  la  création  des  déditices 


reconnaît  qu’il  y  avait  dès  cette  époque  deux 


grandes 


catégories  d’affranchis.  Il  est  donc  difficile  de  se  pro¬ 
noncer.  L'hypothèse  la  plus  vraisemblable  est  que  la  loi 
Aelia  Sentia  a  bien  créé  les  affranchis  Latins,  et  que  sous 
Tibère  la  loi  Junia  Norbana  en  a  étendu  et  complété  les 
dispositions,  en  donnant  aux  affranchis  le  nom  de  Latins 
Juniens  pour  les  distinguer  des  Latini  coloniarii. 

Enumérons  les  différentes  catégories  de  Latins  Juniens 
créées  par  les  deux  lois  qu’on  vient  de  voir  et  postérieu¬ 
rement  par  d’autres  règlements.  Sont  Latins  Juniens: 
1°  Les  esclaves  affranchis,  de  la  manière  qu’on  a  vue, 
avant  trente  ans.  —  2°  Les  esclaves  affranchis  par  une 
manifestation  quelconque  de  la  volonté  ;  la  jurisprudence 
reconnut  comme  valables  les  procédés  les  plus  divers11: 
outre  la  déclaration  faite  devant  des  amis,  des  témoins, 
inter  amicos1 2,  ou  par  lettre,  l’acte  de  faire  asseoir  1  es¬ 
clave  à  sa  table13,  de  lui  donner  à  signer  des  tablettes,  de 
l’appeler  du  nom  de  fils,  d’habiller  une  femme  en  ma¬ 
trone14,  de  remettre  à  l’esclave  ou  de  déchirer,  mais  en 
présence  de  cinq  témoins,  les  pièces  qui  établissaient  sa 
qualité  d’esclave,  l’autorisation  donnée  par  les  héritiers 
de  suivre  le  convoi  du  maître  défunt  avec  le  pileus  sur  la 
tête  ou  en  éventant  son  image  en  cire  sur  le  char  funè¬ 
bre,  le  fait  de  marier  une  esclave  avec  un  homme  libre 
en  lui  constituant  une  dot16;  il  suffisait  que  la  volonté 
du  maître  fût  libre  et  formelle,  que  l’intention  d  alhanchir 
fût  évidente16.  Après  que  Caracalla  eut  conféré  le  droil 
de  cité  à  tous  les  habitants  du  monde  romain,  les  mo  es 
d’affranchissement  non  solennels,  employés  encon  1res 
fréquemment17  dans  la  partie  grecque  de  1  Empiie,  Pa 

héraut  au  théâtre,  dans  un 


exemple  la  proclamation  par  -  inl 

lieu  religieux,  au  tribunal,  l’emploi  de  lettres, 
aussi  conférer  la  Latinité  Junienne18.  —  3°D  afI,\Sponi- 
Junia  Norbana ,  l’esclave  affranchi  par  le  m‘lll^i[)(jeur 
taire,  c’est-à-dire  qui  n’a  que  la  possession,  1  v 


I  accepté 


T  C,  C't 

1884,  p.  225;  1885,  p.  186;  1886,  p.  31).  -  7  La  dale  tic  19  ap.  Droit 

par  Vangerow,  Ueber  die  Latini  Juniani-,  Cantarclli,  l.  c-  P-  ■  ’  reitschr-  &- 

vec  tics  réserves).  Voir  Hôl  cr  1  “  ^  9  .!»}■ 


public,  6,  2,  p.  248,  note  1  (mais  av< 

Savigny-Stift.  1885,  p.  205-226. 

40.  _  10  1,  31  ;  3,  74-76.  —  U  C.  Just.  7,  6,  l.  un.  pr.  o  •  ge™.. 

Theophil.  Inst.  1,  5,  4.  —  12  Donat.  ad  Tercnt.  Pliorm.  2,  I.  f.; 

beat.  24;  Plin.  Ep.  7,  16;  Gai.  1,  41,  44;  Ulp.  18-  ~  ^  7, 6,  l 


o  1  .,7  ix  2.  275;  .  «4; 

s  12  ;  0a..  # 


44;  Ulp.  1,  I»,  H 

Tac.  Ann.  15,  54  -  «  Plin.  Ep.  7,  16;  Quintil.  Déclara.  34: 
§  10.  —  13  Instit.  7,  6,  l.  un.  §  5,  9,  10,  11,  13.  La  veni 

De  manum.  7  ;  Suet.  Rhet. 


La  v enlilatio  esl 


Dio  Cass.  74,  4,  2.  —  13  Dosith 


54  ;  Mart.  9,  87 
ap.  J.-C.).  —  m  Voir 


17  Cf.  Foucart-Lc  Bas,  Voyage  arch.  3o-’  n 
r  Mittcis,  Reichsrecht  und  Volksrecht,  p- 


par 

pclroii- 

0.(261  ** 


et 


—  1209  — 


LIB 


L1B 

I  lé  le  dominium,  dans  le  cas  d’une  vente  où  la 
ayant  gardée  ■  ,  ne  g.egt  pas  opérée  ex  jure  qui- 

*translati°n  de  P  l  claud6)  resclave  malade  chassé  de 
ritium  '■  ~~  1  1  , 2  __  g»  Depuis  Vespasien,  la  femme 

Jmaison  ou  expose  •  ntrat  de  vente  et,  depuis 

esclave  ”s  „fle  vendeur,  qui  s’est  réservé  le 

Hadrien,  «an  ^  ^  ^  prostiluej  n’use  pas  de  son 


—  6°  L’esclave  statu- 


jr(1it  de  la  reprendre 
d  i«  nrostitue  lui-meme3. 

droit  ou  la  1  '  un  héritier  externe  pendente  con- 

jiber,  aflran  ^  1,^^  qui  a  été  battu  par  le  maître 
didone  '  lequel  une  tierce  personne 

c^UTeÏ  d"‘.  -  *•  La  femme  affranchie 
aulredevenue  esclave  de  son  patron  pour  s’être  urne  a 
qU  ’inSU  avec  l’esclave  d’un  autre,  a  ete  affranchie  une 
s0  ‘  is  r.  _  g»  Depuis  Constantin,  l’esclave  qui  a 
SES  l”  rapt  d’une  vierge  V  -  10-  Depuis  Constantin 
les  enfants  nés  d’un  père  esclave  du  fisc  et  d  une  ingenue8. 

La  condition  du  Latin  Junien  n’était  qu  un  état  transi¬ 
toire  une  sorte  de  stage  et  d’épreuve  avant  d’arriver  au 
droit’ de  cité  complet0.  Le  Latin  Junien  pouvait  en  effet 
devenir  citoyen  par  les  moyens  suivants  :  1°  Iteratione , 
c’est-à-dire  par  un  nouvel  affranchissement  avec  un  mode 
légal10.  C’était  le  moyen  le  plus  fréquent,  surtout  pour 
les  affranchis  Latins  âgés  de  plus  de  trente  ans  “.  11  était 
évidemment  applicable  après  trente  ans  au  Latin  devenu 
tel  parce  qu’il  n’avait  pas  trente  ans.  Le  Latin,  affranchi 
par  le  maître  bonitaire,  devenait  citoyen  quand  le  pro¬ 
priétaire  quiritaire  l’affranchissait  aussi  par  un  mode 
solennel 12.  —  "2°  Liberis ,  c’est-à-dire  par  un  véritable 
mariage  et  par  la  présentation  d’un  enfant,  garçon  ou  fille, 
âgé  d’un  an  {causae  probatio).  Ce  privilège,  créé  d’après 
Ulpien  par  la  loi  Junia  Norbana ,  plus  probablement, 
comme  le  dit  Gaius,  par  la  loi  Aelia  Sentia  13,  fut  d’a¬ 
bord  réservé  au  Latin  affranchi  avant  trente  ans,  puis 
étendu  sous  Vespasien  par  le  sénatus-consulte  Pégasien 
aux  Latins  de  tout  âge.  Le  Latin  devait  faire  constater 
son  mariage  devant  le  magistrat,  avec  l’assistance  de 
sept  témoins  citoyens  et  pubères  ;  il  pouvait  épouser  une 
citoyenne  ou  une  Latine  juniana  ou  eoloniarier,  il  fai¬ 
sait  constater  de  la  même  manière  qu’il  avait  un  enfant 
dun  an;  il  acquérait  ainsi  la  cité  pour  lui  et  aussi,  s'il  y 
avait  lieu,  pour  sa  femme  et  son  enfant14.  S’il  mourait 
avant  la  causae  probatio ,  sa  femme  ou  son  fils  assisté 
(  de  son  tuteur  pouvait  l’obtenir  du  magistrat.  —  3°  Bene- 
■fcio  prmcipali,  c’est-à-dire  par  concession  impériale  1:’. 
impétrant  adressait  aux  bureaux  impériaux  une  re¬ 
quête  indiquant  son  âge,  sa  fortune;  un  édit  de  Trajan 
B^gea  1  autorisation  du  patron 16  ;  alors,  en  cas  de  fraude 
e,  cdo'en  redevenait  fictivement  Latin  à  sa  mort  et 
P0m  ^r*^er  clue  son  patron  ;  il  pouvait  simple- 
ui  substituer  par  testament  un  autre  héritier  en 
lclus  de  sa  part  ;  il  ne  couvrait  même  pas  la 
c  pm  la  causae  probatio',  cependant  sous  Hadrien 
■  nafus-consulte  rendit  en  ce  cas  tous  ses  droits  à 


l’affranchi 17.  —  4°  Militia 18,  par  le  service  dans  le  corps 
des  Vigiles  de  Rome,  au  bout  de  six  ans,  d’après  la  loi 
Visellia  de  24  après  J.-C.,  de  trois  ans  d’après  un  séna- 
lus-consulte  antérieur  à  130.  —  5°  NaveV)  ;  Claude  favo¬ 
rise  les  arrivages  de  blé  destinés  à  l’alimentation  de 
Rome  en  accordant  des  privilèges  aux  négociants,  au 
citoyen  la  dispense  de  la  loi  Papia  Poppaea,  à  la  femme 
le  jus  quatuor  liberorum,  au  Latin  le  droit  de  cité.  Le 
Latin  devait  avoir  fait  construire  un  navire  contenant 
au  moins  10  000  modii  et  avoir  amené  du  blé  à  Rome 
pendant  six  ans  ;  Gaius  ajoute  que  le  navire  pouvait 
être  changé.  —  6°  Pistrino.  Ce  mode  procède  de  la 
même  préoccupation  d’alimenter  Rome.  Trajan,  qui  avait 
restauré  la  corporation  des  boulangers,  pistores  20, 
donna  la  cité  au  Latin  qui  avait  exercé  cette  profession 
pendant  trois  ans,  en  faisant  cuire  chaque  jour  au  moins 
cent  modii  de  blé21.  —  7°  Aedificio.  Probablement  de¬ 
puis  Néron22,  par  la  construction  à  Rome  d’une  maison 
ayant  une  valeur  de  100  000  sesterces,  c’est-à-dire  de  la 
moitié  du  patrimoine  du  Latin  possesseur  d’au  moins 
200  000  sesterces.  —  8°  Millier  ter  enixa.  La  femme 
Latine  qui  a  trois  enfants  devient  citoyenne.  On  ignore 
la  date  de  ce  privilège  23.  —  9°  Un  sénatus-consulte,  anté¬ 
rieur  à  Hadrien,  favorisa  singulièrement  l’acquisition 
du  droit  de  cité  par  le  système  de  Verrons  probatio  2*. 
Les  cas  suivants  nous  intéressent  :  si  un  citoyen  épouse 
par  erreur,  la  croyant  citoyenne,  une  femme  Latine  ou 
pérégrine,  il  est  autorisé  à  démontrer  son  erreur  ( causant 
erroris  probare )  et  alors  la  mère  et  le  fils,  qui  devrait 
être  Latin  ou  pérégrin,  sont  citoyens  ;  si  la  femme  est 
déditice,  il  n’y  a  que  le  fils  qui  devienne  citoyen.  Si  une 
citoyenne  épouse  un  pérégrin,  le  croyant  citoyen  ou 
Latin,  pourvu  que  dans  ce  dernier  cas  elle  l'épouse 
«  ex  lege  Aelia  Sentia  »,  le  mari  et  l’enfant  deviennent 
citoyens  par  l’ erroris  probatio  ;  si  elle  a  épousé  un  dédi¬ 
tice,  le  croyant  citoyen  ou  Latin,  le  père  reste  déditice, 
et  le  fils  quoique  citoyen  n’est  pas  sous  sa  puissance.  Si 
une  Latine  épouse  «  ex  lege  Aelia  Sentia  »  un  pérégrin 
le  croyant  Latin,  le  mari  et  le  fils  sont  citoyens.  Il  en 
est  de  même  quand  le  Latin  a  épousé  dans  les  mêmes 
conditions  une  pérégrine  qu'il  croyait  Latine.  Si  un 
citoyen  se  croyant  Latin  épouse  une  Latine,  la  femme  et 
l’enfant  sont  citoyens.  Pour  l’âge  du  fils,  il  est  probable 
que  si  c’est  un  citoyen  ou  une  citoyenne  qui  pçouve 
l’erreur,  il  suffit  qu’il  soit  né;  que  si  c  est  un  Latin  ou 
une  Latine  il  doit  avoir  un  an.  —  10°  Une  loi  de  Cons¬ 
tantin  donne  la  cité  au  Latin  qui  dénonce  le  rapt  d’une 
jeune  fille28.  Les  Latins  Juniens  paraissent  avoir  été  très 
nombreux  aux  deux  premiers  siècles,  à  en  juger  surtout 
par  le  nombre  des  inscriptions  qui  citent  des  affranchis 
âgés  de  moins  de  trente  ans.  Puis  leur  nombre  est  allé 
en  diminuant  jusqu’à  l’époque  de  Justinien  qui  suppri¬ 
mera  cette  classe  26 . 

Examinons  quelle  était  leur  condition  juridique.  Elle 


^  1 ,  i  6  *  (',  ■ 

KtoiJ,»..  ni,  „'ai‘  ’  1Ci-  ~  2  Suet.  Claud.  25;  Dio.  Cass.  GO,  29;  Suid.  s.  V. 

Jm-  7>  n,  i  m.  §7  ’n  '  ~  ülg' 2’ 4’ 10’ 1 1 37> 14- 7  ;  c ■ Just-  v  36,  i.  —  i  c. 

pas.  —  6  ;  u  “pendant  doute  sur  ce  point,  car  le  Digeste  n'en  parle 

14.  i  §4.  -  8V  fl,  ;Cela  Paraît  résuller  de  Paul.  2,  21,  7.  —  7  Cod.  Theod.  9, 
signifier  ,|X,-Un  aj  ''  4’  3;  u“e  loi  do  Constantin  (C.  Th.  2,  22,  1)  paraît 

lous  ignorons  dan  "  ^°U' ait  descendre  au  rang  de  Latin  par  punition,  mais 
10  Oni.  t  35  ((■  1U<  s  oas'  9  Tac.  Ann.  13,  27;  Dosilli.  De  manum.  14. 

SanS,M"  èeqùe  veürdl  .;  %-.3’  4;  Gai'  b  «ta.  7,  16,  32.  -  n  C’est 

^PVangcTOW  i  c  "C  ^picii  dans  un  passage  très  confus  (3,  4;  cl.  I,  31). 
tai.  1,  29-32  « ;  lns,H  j‘’/‘Prè*  Gai-  0  167,  Frag.  Vatic.  221.  —  13  Ulp.  3,  3-4; 

’  ' '  14  Quand  la  femme  était  citoyenne,  l'enfant 


naissait  citoyen,  en  vertu  d’un  sénatus-consulte  sous  Hadrien  (Ulp.  3,  3).  —  15  Ulp. 
3,  2  ;  Plin.  Ep.  ;  10,  22,  105,  106.  —  1°  Gai.  3,  72.  —  17  Gai.  3,  73.  —  18  Ulp.  3,  5  ; 
Gai.  1,  32  b.  C.  i.  I.  6,  220  (liste  de  vigiles  de  203  ap.  J.-C.).  —  19  Suet.  Claud. 
19  ;  Gai.  1,  32  c  ;  Ulp.  3,  G.  —  20  Voir  De  la  Berge,  Essai  sur  Trajan ,  p.  91.  —  21  Le 
texte  de  Gaius,  l,  34,  est  altéré  ;  mais  ces  lectures  sont  presque  certaines.  —  22  Gai. 
1,  33  (le  texte  est  altéré,  mais  il  s'agit  probablement  d'une  mesure  de  Néron  pour 
liiter  la  reconstruction  des  quartiers  détruits  par  l'incendie)  ;  Ulp.  3,  1.  —  23  Ulpien 
seul  en  parle  (3,  1)  ;  mais  il  en  était  peut-être  question  dans  la  lacune  du  texte  de 
Gaius  (t,  35).  Ou  l'attribue  souvent  au  sénatus-consulte  TcrtuUien.  —  24  Gai.  2, 
142-143;  î,  GG-73;  Ulp.  7,  4.  —  25  C.  Tli.  9,  24,  1.  —  26  Exemples  :  C.  i.  I.  9, 
2715;  10,  60  ;  3,  575  ;  2,  2138;  Mart.  6,  28  ;  C.  Just.  7,  6,  l.  un.  pr. 


LIB 


—  1210  — 


LIB 


a  emprunté  certains  traits  à  celle  des  Latini  coloniarii 
et  à  celle  des  affranchis  ;  elle  repose  d’autre  part  sur  une 
fiction;  on  suppose  au  Latin  Junien  pendant  sa  vie  un 
état  juridique  qu’il  n'a  pas.  Il  est  exclu  de  tous  les  droits 
et  honneurs  politiques.  À-t-il  le  conubium  ?  C’est  peu 
probable;  ce  point  était  déjà  controversé  chez  les  an¬ 
ciens1.  Hadrien  décida  que  l’enfant  d’un  Latin  et  d’une 
citoyenne  serait  toujours  citoyen2,  que  l’enfant  d’un 
Latin  et  d’une  pérégrine  ou  d’un  pérégrin  et  d’une  La¬ 
tine  suivrait  la  condition  de  la  mère.  Il  appliquait  d’ail¬ 
leurs  la  règle  générale  ;  l’enfant  d’un  citoyen  et  d’une 
Latine  était  Latin.  L’empereur  pouvait  octroyer  le  conu¬ 
bium  :  les  vétérans  des  cohortes  urbaines  et  prétorien¬ 
nes  et  peut-être  aussi  les  légionnaires  l’obtenaient  à  leur 
retraite  avec  la  femme  Latine  ou  pérégrine  qu’ils  épou¬ 
seraient3;  les  enfants  issus  de  ce  mariage  devaient  être 
citoyens  et  sous  la  puissance  de  leur  père. 

Le  Latin  Junien  a  le  commercium,  mais  pas  la  factio 
testamenti  complète  ;  il  peut  être  témoin  dans  un  acte 
testamentaire,  mais  il  ne  peut  ni  faire  un  testament  ni 
être  institué  héritier  ou  légataire;  les  dispositions  testa- 
mentairès  ne  sont  valables  à  son  égard  que  sous  Informe 
du  fidéicommis  *.  11  peut  être  soumis  à  la  tutelle  et 
l’exercer,  mais  ne  peut  être  nommé  tuteur  par  testa¬ 
ment  5.  Il  a  pour  tuteur  la  personne  qui  avait  sur  lui  le 
dominium  ex  jure  quirilium  à  la  fin  de  sa  servitude;  à 
la  mort  du  patron,  la  tutelle  passe  à  ses  héritiers  quels 
qu'ils  soient6.  Ses  rapports  avec  le  patron  sont  les 
mêmes  que  ceux  de  l’affranchi  ordinaire,  sauf  pour  sa 
succession,  réglée  par  la  fiction  d’après  laquelle  il  est 
censé  être  resté  esclave  ‘.  C'est  ce  que  Salvien  appelle 
le  jugum  Latinae  libertatis  8.  En  vertu  de  ce  système 
que  Justinien  trouvera  inique  9,  les  biens  du  Latin  re¬ 
viennent  au  patron  comme  une  sorte  de  pécule;  le  Latin 
peut  en  disposer  pendant  sa  vie,  mais  pourvu  que  ce  ne 
soit  pas  pour  frustrer  le  maître;  aussi  les  textes  parlent 
avec  raison  dujws  Latinorum,  du  droit  à  la  succession 
du  Latin,  qu’on  peut  céder  ou  transmettre  à  titre  de  do¬ 
nation10.  Cette  succession  comporte  des  règles  particu¬ 
lières  :  en  cas  du  prédécès  du  patron,  ses  droits  font 
partie  de  sa  succession  ;  il  ne  les  transmet  pas  à  ses  des¬ 
cendants  cohérédés,  mais  les  transmet  à  ses  héritiers 
externes  ;  le  plus  proche  parent  n’exclut  pas  le  plus 
éloigné;  le  partage  des  biens  entre  plusieurs  patrons  est 
proportionnel  à  leur  part  de  propriété  ;  le  partage  ne  se 
fait  pas  par  tètes,  mais  par  souches  ;  la  part  d’un  patron 
qui  meurt  avant  d’avoir  fait  l’adition  ou  qui  refuse 
l'héritage  devient  caduque  “.  Ces  règles  furent  modifiées 
par  le  senatus  consultum  Largianum  qui  donna  un 
droit  de  préférence  sur  les  héritiers  externes  aux  enfants 
non  exhérédés  nominativement,  par  exemple  aux  fils 
émancipés  et  passés  sous  silence  12. 

B.  Affranchissement  testamentaire.  —  Auguste  recon- 
naitle  fidéicommis  ;  dès  lors,  l’affranchissement  testamen¬ 
taire  peut  être  accompli  directement  par  legs13  ou  indi¬ 
rectement  par  fidéicommis.  Il  y  a  legs  direct  par  l’emploi 


1  G®*.  30,  56,  57,  80.  Ces  passages  et  ceux  d'Ulpien  (5,  4  et  9)  s'appliquent  aux 

Latini  coloniarii  et  aux  Latins  Juniens.  —  2  Gai.  1,  80;  Ulp.  3,  3.  —  3  Gai.  1,5.7. 
Voir  Mommsen,  C.  i.  I.  3,  2,  p.  905.  —  4  Gai,  1,  23,  24;  2,  110.  275;  Ulp. 
20,  14;  22,  3;  25,  7  ;  Dig.  39,  6,  5  pr.  ;  Vat.  frag.  259.  —  5  Ulp.  1,  10; 
Gai.  1,  23,  167;  Vat.  frag.  193.  —  6  Gai.  1,  167;  Ulp.  11,  19.  —  7  Gai.  3,  56. 
—  8  Deavarit.  3,  7;  cf.  Tac.  Ann.  13,  27.  —  9  C.  Just.  7,  6  pr.  —  10  pljn.  Ep. 
10,  104;  Gai.  2,  195.  —  U  Gai.  3,  60-64;  3,  18,  58;  Ulp.  27,  2,  3  ;  Paul.  3,  2,  1  ; 
C.  Just.  6,  4,  4,  §  19.  —  12  Gai.  3,  63;  4,  65-67;  Instit.  3,  7,  4.  11  y  avait  en  celle 


de  formules  du  genre  suivant  :  Stichus  . 
liber  esto  ;  Stichum  servum  tneum  liberum  >■ 
fidéicommis  par  l’emploi  d’autres  expressions  • 
libertatem  do  ;  Stichum  liberum  esse  cupùX  Stich° 
mule  ordonnant  à  l’héritier  d’affranchir  «  /ln.  a  fop'  ! 
damnas  esto  »  fut  plus  tard  assimilée  au  #news 
Il  y  a  quatre  différences  principales  entre  rafirl<l"!|""1'S' 
ment  direct  et  l’affranchissement  fidéicominissà'J 
1°  dans  le  premier  cas  la  liberté  est  acquise  dèsTV 
tion  d’hérédité;  dans  le  second  cas  la  disposition  1 
réalise  que  par  la  volonté  de  l’héritier  qui  enuj6? 
vindicta  ou  le  cens;  2°  dans  le  premier  cas  l’affianct'*! 
pour  patron  le  défunt,  il  est  orcinus  et  les  droits  '/I 
patronat  passent  aux  enfants  du  patron,  mais  amoindri’<-l 
dans  le  second  cas  il  a  pour  patron  l’héritier13-  3°  jan. !' 
premier  cas  la  liberté  ne  peut  être  laissée  que  paHes-l 
tament  ou  codicilles  confirmés  dans  un  testament-  ]e| 
fidéicommis  est  valable  par  codicilles  quelconques1 “■  I 
4°  dans  le  premier  cas  le  testateur  ne  peut  laisser  là 
liberté  qu’à  l’esclave  dont  il  avait  la  propriété  quiritaire 
au  jour  de  la  confection  du  testament  et  aussi  au  jour 
de  sa  mort17;  dans  le  second  cas  il  peut  affranchir  même 
l’esclave  d’autrui  ;  si  l’héritier  ne  peut  l’acheter,  le 
fidéicommis  est  éteint  ;  mais  au  moins  depuis  Alexandre  i 
Sévère  et  dans  le  droit  de  Justinien  l’effet  en  est  reculé 
jusqu’à  ce  qu’il  se  présente  une  occasion  favorable  pour 
l’acheter  18.  Ajoutons  que  le  fidéicommis  est  susceptible 
des  mêmes  modalités  que  le  legs  direct. 

Dès  lors  rien  ne  favorise  plus  l’affranchissement  que 
l’emploi  et  l’interprétation  du  fidéicommis.  De  Trajan à 
Alexandre  Sévère  on  trouve  vingt-cinq  sénatus-consultes 
ou  rescrits,  sans  compter  les  réponses  des  juriscon¬ 
sultes,  tous  favorables  à  la  liberLé.  Il  fallut  en  parti**  | 
culier  créer  des  moyens  de  coercition  contre  l’héri-  I 
tier  fiduciaire  qui  avait  intérêt  à  retarder  l’exécution 
du  fidéicommis,  puisque  dans  cet  intervalle  les  biens 
acquis  par  l’esclave,  les  enfants  nés  delà  femme  esclave- 
lui  appartenaient.  Beaucoup  d’esclaves  n'osaient  agir 
contre  le  fiduciaire  par  paresse,  par  timidité,  ou  par 
ignorance  de  leur  droit19.  Il  y  eut  à  ce  sujet  trois  séna¬ 
tus-consultes  sous  Trajan  et  Hadrien.  Le  senatus  con -  j 
sultum  Rubrianum  donna  au  magistrat  le  droit  de  I 
proclamer  la  liberté,  au  cas  où  l’héritier  fiduciaire  s  J  I 
refuserait  ;  la  jurisprudence  autorisa  la  même  procédure! 
contre  le  fiduciaire  qui  mettait  obstacle  à  l’avènement  de 

la  condition  qui  suspendait  l’affranchissement;  quelque  I 

fois  il  fallait  recourir  directement  à  l’empereur,  dnns| 
tous  ces  cas,  le  fiduciaire  perdait  la  plupart  de  ses  droi  I 
de  patronat20.  Le  senatus  consultum 
laissa  les  droits  de  patronat  à  l’héritier  fiducian e  qu  | 
avait  un  motif  légitime  d’empêchement  et  assimila  au  ■ 
héritiers  les  personnes  autres  qui  pouvaient  'iUlU^.| 
chargées  du  fidéicommis21.  Le  senatus  consul!1111'  - 
culeianum  étendit  ces  règles  aux  provinces  et  h’  h"1  ^ 
neur  put  les  appliquer  même  quand  l’héritier  n  a'111* 
domicile  dans  son  gouvernement22.  On  attribue  à  1  un 


I  i  1 1  s7,  i,olc  *' 

matière  beaucoup  de  points  controversés;  voir  Accarias,  l.  c-  >  1  plaquer 
On  met  ce  senalus-consulte  en  44,  mais  sans  raison  suffisante.  ;  issemeutt  Pal' 
lion  de  savoir  si  c'est  bien  un  legs,  voir  Teissier,  Des  a/fi<in  ^  ^ i.  /■ 
acte  de  dernière  volonté,  p.  17-19.  —  14  Gai.  2,  267  ;  PUn-  '  ^4,$ 

10,  7457.  —  16  Dig.  26,  4,  3  ;  Gai.  2,  266-267  ;  C.  Just.  7,  4.  7.  -  h 
—  17  Dig.  40,  4,  35.  —  18  Gai.  2,  265;  Instit 
40  ,  5  ,  26,  1.  —20  Dig.  40,  5,  20,  §  H,  27,  28.  _ 

5,  13  pr.—  21  Dig.  40.  5,  36 pr.  51,  §§  4  et  6.—  22/)iÿ.40,5,  5fi 


C.Just.  7,4,7.-  ‘  fif' 

2  24,  2;  C.  Just-  7,  '■  ■  ( 

;  1,  30,  §  12,  SM1!  **;  'lr;c»i^ 

.  22/H,,  40.5.51,  7  (pe"1' 


L1B 


—  1211  — 


■ultiiin  Juncianum  qui,  tout  en  autorisant  le 

«»«/«<  «jn*  nir  contre  l’héritier  qui,  chargé  d’affran- 

magistrata‘  ge  cache)  iui  laisse  cependant  ses 

i  Le  Senatusconsultum  Vitrasianum , 

rmi 


air'  l'esclave  d'aulrui.sc 


tH11  i  J 

droits  do  P«l^,nJl38-  gous  Hadrien,  décida  que  si  pan 
saDS,  ih’ers fiduciaires  il  se  trouvait  un  infans ,  héritier, 
dCS  Ton  fiduciaire,  incapable  de  céder  sa  part  de  pro- 
maT  l’affranchissement  aurait  lieu  tout  de  même,  et 
Prlt  ’.  !  _ —  rait  une  juste  indemnité  2.  Antonin 


que 


l 'in fans  recev. 


l’intervention  du  magistrat  quand  il 


“  Tait  un  héritier  bénéficiaire  fou,  sourd,  muet3.  Il 
Vlio-ea  le  fils  chargé  d’un  affranchissement  fidé.com- 
à  l’exécuter,  même  s’il  renonçait  à  la  succes¬ 
sion-  Il  détermina  dans  le  sens  de  l’ingénuité  la  situa¬ 
tion  des  enfants  de  la  femme  esclave  nés  entre  la  mort 
du  testateur  et  l’exécution  du  fidéicommis 5.  Marc  Aurèle 
formula  en  cette  matière  le  principe  général  qui  était 
défavoriser  dans  tous  les  cas  l’affranchissement  fidéi¬ 
commissaire0.  Hadrien  avait  déclaré  qu’il  serait  exé¬ 
cuté  même  s’il  ne  se  présentait  pas  de  sous-héritier  poui 
recueillir  la  succession  7.  Mais  le  legs  direct  de  liberté 
tombait  encore  avec  le  testament  ;  c’est  pour  remédier  à  cet 
inconvénient  que  Marc  Aurèle  créa  un  nouveau  droit 
de  succession8  ;  au  lieu  de  laisser  les  créanciers  vendre 
les  biens  de  la  succession  délaissée,  il  autorisa  le  magis¬ 
trat  à  attribuer  les  biens  à  celui  des  esclaves  affranchis 
par  testament  qui  en  ferait  la  demande.  Ce  fut  la  bono¬ 
rum  addictio  libertatis  causa.  Elle  comportait  trois 
conditions  :  il  fallait  d’abord  qu’aucun  successeur  ab 
intestat  ne  se  présentât  ;  quand  le  fisc  acceptait  la  suc¬ 
cession  vacante,  il  est  probable  qu’il  devait  respecter  les 
affranchissements9.  En  second  lieu  il  fallait  garantir 
par  les  modes  usuels  le  paiement  des  dettes.  En  troi¬ 
sième  lieu  Y  addictio  bonorum  ne  pouvait  être  demandée 
rigoureusement  que  par  un  esclave  gratifié  de  la  liberté 
dans  le  testament;  mais  on  en  étendit  le  bénéfice  aux 
esclaves  gratifiés  de  la  liberté  par  des  codicilles  testa¬ 
mentaires  ou  même  par  des  codicilles  ab  intestat,  puis 
aux  esclaves  affranchis  soit  entre  vifs,  soit  mortis  causa , 
c est-à-dire  dont  la  liberté  était  révocable  jusqu’au 
'  décès  du  maître  10,  puis  aux  étrangers  eux-mêmes  11 . 
jjLaddirtio  bonorum  maintient  tous  les  affranchissements 
[  sans  exception  ;  les  esclaves  affranchis  directement  sont 
,  par  fidéicommis  ils  ont  comme  patron  l’esclave 
■ma  obtenu  1  addictio.  Justinien  élargira  et  réglemen- 
es  (  ^els  1  addictio  12,  en  particulier  en  l’accor- 

sin  h.  IUUS  ^es  esc^aves  si  plusieurs  la  demandent 
uniment,  en  l’autorisant  encore  pendant  un  an, 

ljeu  ''  u  11  le  ^es  biens,  contrairement  à  ce  qui  avait 
ûéerssv'."'1'^’  ^  coatüBon  de  fournir  les  garanties 
tjer Ulx  CI 'éanciers  ;  en  autorisant  l’esclave  héri- 

simple  dividTndeaUX  CréanCierS’  s’ils  l’acceptent,  qu’un 

féclame,.  î.  TT  es°lave  a  plaider  contre  son  maître  pour 
1  ,(|h‘  fidéicommissaire;  un  rescrit  de  date 

• 1  %•  40,  28  ç  , 

Smlus-coasulle  ap  n-  ’  '  47,  s  *>  §  S.  Extension  et  application  de  ce 

Î30,  R?  «  ^  '  07-  40,  5,  31,  S  4  _  2  TY,n  m  K  an  a  n  a  n- 

,s  —  4  0  3J  ’  8  v>8-  40’  30,  §6.-3  Dig.  40, 


tiaiis  le 


,T  “«">0  sens  de  Sévâ,"  ’  t°A  S’  3°’  §  10‘  ~  5  Dig.  40,  5,  26,  §  2-5  (décisioi 
f  ».  SI;  50,  ,7  ?2Ière  C«a).  -  6  Dig.  40,  5,  30,  §  ,6  ;  cf.  40,  5 
.! '  l2’  15,  16.  __  J  ‘  Û,U-  40>  5,  5.-8  lnstit.  3,  U,  1  ;  Dig.  40,  5 

c  dfg.  40,  5,  4  a  i,  ,„Un  U°int  controversé,  mais  l'affirmative  est  plu 
n>lf-  3,  0,  6;  Di,.  ’  *°’  4’  50)-  Voir  Accarias,  l.  c.  1,  p.  1300,  note  1 
•*«(.7,  2,  13  ’  15-  —  11  Dig.  40,  4,  50,  §  1  ;  C.  Just.  7,  2,  fi 

'II-  0,  5,  44;  5,  1,  53;  40,  5,  30,  §  3.  —l’.Dig.  35 


Miahl, 

-W  hsht 

-lie 


LIB 

inconnue,  entre  Gaius  et  Ulpien,  autorise  l’affran¬ 
chissement  quand  le  tuteur  refuse  son  autorisation  à 
l’impubère  chargé  d’affranchir.  Un  rescrit  de  Sévère  et  de 
Caracalla  oblige  l’héritier  à  affranchir  quand  la  liberté 
fidéicommissaire  a  été  donnée  par  des  codicilles  nuis, 
mais  qu’il  a  exécutés  en  partie13. 

D'après  Pomponius,  on  autorise  le  statuliber  à  payer 
sur  son  pécule,  même  quand  la  propriété  ne  lui  en  a  pas 
été  léguée,  la  somme  que  le  testament  l’oblige  à  payer 
soit  à  l’héritier,  soit  à  l’étranger.  D’après  Pomponius, 
quand  un  affranchissement  est  accordé  sous  plusieurs 
conditions,  il  faut  faire  exécuter  celle  qui  le  réalise  u. 
Ulpien  déclare  que  le  fidéicommis  de  liberté  n’est  éteint 
ni  par  usucapion  ni  par  aliénation15.  Dans  le  droit  clas¬ 
sique,  la  nomination  de  l’esclave  comme  tuteur  équivaut  à 
un  fidéicommis  de  liberté  ;  dansle  droit  de  Justinien  à  un 
affranchissement  direct 16.  Enfin,  d’après  Justinien,  si  au 
bout  d’un  an  l’héritier  n’a  pas  rempli  ses  obligations, 
touchant  les  legs  et  fidéicommis,  on  appelle  les  personnes 
gratifiées  dans  le  testament  et  en  dernier  lieu  les  esclaves 
affranchis,  dans  l’ordre  où  le  testateur  les  a  nommés17. 
Antonin  et  Marc  Aurèle  décident  en  faveur  de  la  liberté 
quand  l’esclave  ne  l’a  reçue  qu’en  vertu  d’une  substitu¬ 
tion  qui  n’a  pas  lieu  18. 

C.  Autres  modes  d'affranchissement.  —  Nous  retrouvons 
partout  le  même  esprit  favorable  à  la  liberté.  Ainsi  l’in¬ 
térêt  de  l’esclave  l'emporte  sur  certaines  règles  restric¬ 
tives;  il  fait  reconnaître  comme  valable  la  donation  faite 
par  le  mari  à  la  femme  à  la  condition  d’affranchir.  Dans 
l’emploi  de  la  vindicta ,  le  sourd-muet  peut  être  remplacé 
par  son  fils19;  Marc  Aurèle  dispense  le  mineur  de  la 
causae  probatio  pour  affranchir  l’esclave  reçu  en  don 
avec  la  clause  d’affranchissement20.  Il  établit  sans  doute 
contre  l’acheteur,  mis  en  possession  d'un  esclave  sous  la 
condition  de  l’affranchir,  une  procédure  analogue  à  celle 
qui  avait  été  établie  contre  l’héritier  fiduciaire;  mais 
l’acheteur  reste  le  patron  de  l'esclave  et,  le  cas  échéant, 
son  tuteur,  à  moins  qu'il  n’ait  reçu  de  l’argent  pour  l’af¬ 
franchir,  en  violation  du  contrat21.  Cette  procédure  s’ap¬ 
pliqua  au  cas  où  l’acheteur  et  le  vendeur  mouraient  avant 
l’affranchissement,  sans  laisser  d’héritiers22;  l’esclave 
acquérait  sa  liberté,  même  dans  le  cas  où  l’acheteur  avait 
hypothéqué  à  l’avance  tout  ce  qu'il  pourrait  posséder23  ; 
ces  règles  s’appliquaient  même  quand  le  fisc  était  en 
cause24.  On  a  vu  les  lois  autorisant  les  villes  et  les  cor¬ 
porations  à  affranchir.  Ajoutons  ici  que  dans  l’estimation 
de  la  quarte  Falcidie  on  déduit  de  l'actif  la  valeur  des 
esclaves  affranchis,  soit  directement,  soit  par  fidéicommis; 
que  l’empereur  seul  peut  dans  des  cas  graves  rescinder, 
en  faveur  d’un  mineur,  un  affranchissement25. 

XI.  Conubium.  —  Auguste  autorisa  les  justae  nuptiae 
entre  les  ingénus  et  les  affranchis  2li.  Il  interdit  seulement 
les  mariages  entre  les  membres  des  familles  sénatoriales 
et  les  affranchis  et  affranchies  27 .  Ce  système  subsista  pen¬ 
dant  tout  l’Empire.  Depuis  Marc  Aurèle  le  mariage,  et 

1,35;  40,  5,  30,  §  17;  40,  7,  3,  §  1.  —  15  Dig.  40,  5,  24,  §  21.  —  10  C.  Just.  7,  4, 
10;  6,  27,  5;  Distit.  1,  14,  1.  —  17  Nov.  1,  c.  1.  —  1*  Dig.  40,  4,  26.  —  19  Dig. 
30,  109  pr.  ;  24,  1,  7,  §  9  ;  40,  2,  10  ;  Paul.  4,  12,  2.  —  20  Dig.  40,  1,  20  pr.  ;  40, 
2,  20.  —  21  Dig.  40,  9,  3  pr.  ;  2,  4,  10  pr.  ;  26,  4,  3,  §  2.  —  22  Dig.  40,  8,  1. 
_  23  Dig.  40,  8,  6.  —  21  Dig.  40,  1,  10  ;  40,  8,  3.  —  23  lnstit.  2,  22,  3  ;  Dig.  4,  4, 
10.  —  26  Les  textes  citent  tantôt  la  lex  Julia  de  maritandis  ordinibus  [Dig.  23,  2, 
44  pr.;  Ulp.  13,  1),  tantôt  la  lex  Papia  Poppaea  [Dig.  23,  2,  23;  C.  Just.  5,  4, 
28),  tantôt  les  deux  lois  (Ulp.  10,  2);  Dio.  Cass.  54,  16.  —  27  Dig.  23,  2,  44  pr.; 
C.  Just.  5,4,  28,  cf.  Monum.  Ancyr.  2,  12. 


LIB 


—  1212  — 


LIB 


même  les  fiançailles  contraires  à  la  loi  forent  déclarées 
radicalement  nulles*  ;  pour  l’époque  antérieure,  nous  ne 
savons  pas  exactement  quelle  était  la  sanction;  c’était 
déjà  probablement  la  nullité  ;  le  mariage  était  nul,  même 
si  le  père  de  la  femme  était  chassé  du  sénat2;  Ulpien 
paraît  même  soutenir  que  l'union  doit  être  rompue  quand 
le  mari  entre  au  sénat  après  son  mariage,  mais  Justinien 
se  prononce  en  sens  inverse.  Naturellement  la  tille  d’un 
sénateur,  prostituée  ou  condamnée  à  une  peine  infa¬ 
mante,  pouvait  épouser  un  affranchi3.  Le  mariage  était 
possible  avec  une  dispense  de  l’empereur  4. 

XII.  Famille  de  l'affranchi  5 .  —  L’union  de  l’esclave 
n’est  qu’un  contubernium  sans  effets  légaux; l’homme  et 
la  femme  ne  sont,  l'un  par  rapport  à  l’autre,  que  des 
contubernciles  ;  cependant  la  loi  avait  dû  reconnaître,  au 
point  de  vue  moral,  qu'il  se  créait  des  familles  dans 
l’esclavage,  que  la  parenté  servile  était  un  obstacle  au 
mariage6.  Les  maîtres  encourageaient  et  régularisaient 
la  formation  de  la  famille  servile,  léguaient  souvent  la 
liberté  à  deux  contubernciles ,  au  père  et  à  la  mère  avec 
leurs  enfants  7;  de  nombreuses  inscriptions  montrent  un 
des  conjoints  affranchi,  l’autre  esclave  8.  L’esclave  n'a  de 
personnalité  juridique  qu’à  partir  de  son  affranchisse¬ 
ment9;  par  conséquent,  affranchi  avant  sa  famille,  il  n’a 
ni  puissance  paternelle,  ni  puissance  conjugale,  quoique 
la  loi  constate  la  parenté  entre  la  mère  et  le  fils,  et  même 
la  filiation  par  rapport  au  père 10  et  que  la  loi  Aelia  Sentia 
admette  la  parenté  parmi  les  causes  légales  d’affranchis¬ 
sement.  Supposons  maintenant  que  des  membres  de  la 
famille  servile  aient  été  affranchis;  quels  sont  leurs  rap¬ 
ports  légaux?  À  l’époque  d’Auguste,  l’assimilation  du  fils 
affranchi  avec  le  fds  ingénu  n’était  pas  encore  universel¬ 
lement  admise  11  ;  mais  elle  l’est  à  l’époque  des  Anton  ins12; 
on  applique  peu  à  peu  à  ces  parents  naturels  les  règles 
appliquées  aux  citoyens  contre  l'inceste,  contre  le  ma¬ 
riage  et  le  concubinat  entre  parents  à  un  degré  prohibé, 
au  sujet  du  respect  et  des  égards  dus  aux  ascendants  13  ; 
la  mère  bénéficie  du  sénatus-consulte  Trebellien  et 
recueille,  en  pareil  cas,  la  succession  de  ses  enfants  nés 
dans  la  servitude  et  affranchis  avec  ou  après  elle11.  Mais 
le  père  n’exerce,  sur  les  enfants  nés  dans  l’esclavage, 
qu’une  autorité  morale;  ils  sont  sous  la  tutelle  de  leur 
ancien  maître,  qui  est  leur  patron,  et  qui  recueille 
leur  succession  s'ils  meurent  sans  descendants;  ils  ne 
recueillent  pas  l'héritage  paternel;  c'est  pour  cette  raison 
que  beaucoup  de  testateurs,  en  affranchissant  leurs  escla¬ 
ves,  leur  lèguent  en  même  temps  leurs  fils  ou  filles  13  ;  le 
père  les  affranchit  et  devient  alors  leur  patron.  Si  la 
femme  épouse  en  justes  noces  son  collibertus  après 
l'affranchissement,  les  droits  du  patron  subsistent  à  son 
égard,  mais  l’effet  en  est  suspendu  pendant  la  durée  du 
mariage;  le  maître  n'a  droit  ni  aux  operae  ni  à  Yofficium. 
Naturellement  la  famille  de  l’affranchi,  formée  après  l’af- 

1  Dig.  23,  2,  IG  pr.  ;  23,  i,  16.  —  2  Dig.  23,  2,  34,  §3.-3  Dig.  23,  2,  47  ; 
C.  Just.  5,  4,  28.  - —  4  Dig.  23,  2,  3.  C’est  sans  doute  ainsi  que  s'expliquent  plu¬ 
sieurs  mariages  d'affranchis  impériaux,  Tac.  Hist.  5,  9;  Vita  Veri,  9;  C.  i.  I.  5, 
1,  34;  Stat.  Silv.  3,  3,  11;  5,  1,  53.  —  3  Voir  Lemonnier,  l.  c.  p.  186-198. 

—  6  Dig.  23,  2,  §  8,  14,  §  2  ;  Instit.  1,  10,  10.  —  1  Dig.  35,  1,  81  ;  40,  7,  31  ;  C. 
i.  I.  6,  10229.  —  8  Ibid.  3,  729;  10,  2514,  1495;  9,  888.  —  9  Dig.  41,  5,  4- 

—  10  Dig.  31,  88,  12.  —  11  Dig.  28,  8,  11.  —  12  Dig.  40,  12,  3  pr.  ;  31,  77,  13. 

—  13  Dig.  23,  2,  50  ;  23,  2,  14,  §2;  37,  15,  1,  §  1.  —  14  Sauf  dans  un  cas  particu¬ 
lier  (Dig.  38,  17,  2,  §  2).  —  1  s  Dig.  32,41,  2.  —  le  C.  i.  I.  9,  1097  ;  10,  4300,  545; 
Inscr.  Neap.  7079. —  17  Le  titre  Ae  conjux  ne  prouve  pas  toujours  le  mariage  régu¬ 
lier;  voir  Meyer,  Dcr  rom.  Konkubinat,p.  G9. —  18  C.  i.  I.  9,  2681,  5753;  10,  5491, 
6114,  9443;  11,  3751,  3990.  Voir  Meyer,  l.  c.  p.  75.  —  19  C.  i.  I.  11,  218,  993, 


franchissement,  a  la  même  condition  que  ]a 
citoyen.  Mais  les  inscriptions  montrent  que  l  (  a"ul'e  du 
familles  serviles  se  reconstituaient  après  l’anj. U|MI'1  Jes 
ment;  l’atfranchi  rachète  souvent  sa  femme  si's"" l''SSe’ 
le  fils  rachète  le  père,  le  frère  ;  on  a  tous  les 
nables  16  ;  l’union  des  colliberti  subsiste  sous  L  i, 
mariage  régulier11,  mais  surtout  du  concubinat  Ju 
femme  s’appelle  concubina ,  quelquefois  contuberiitilbul 
quelquefois,  au  moins  pendant  quelque  temps  y -  ' 
l’affranchissement,  sous  la  forme  de  leur  am.i»n 

,  ■  -i  20  ancien  contu¬ 

bernium  servile  . 


XIII.  Devoirs  légaux  envers  le  patron21-  iVm™ 

,  T  .  .  .  ’  LUBSEQITU| 

ET  l  officium.  —  Les  principes  qui  régissent  les  rapports 

du  patron  et  de  l’affranchi  sont  les  mêmes  sous  l’Empire 
que  sous  la  République,  mais  il  faut  tenir  compte  natu¬ 
rellement,  du  relâchement  des  liens  de  la  famille-  par 
exemple,  la  juridiction  domestique  du  patron  ne  larde 
pas  à  s’évanouir,  quoiqu’il  y  en  ait  encore  des  débris  au 
ne  siècle;  ainsi,  d’après  Marcien,  le  père  de  famille  ne 
peut  accuser  devant  les  tribunaux  les  esclaves  ou  affran¬ 
chis,  qui  habitent  avec  lui,  pour  de  petits  larcins,  puis¬ 
qu’il  peut  les  châtier  lui-même22;  la  situation  de  l'af¬ 
franchi  diffère  d’ailleurs  selon  qu'il  habite  dans  la  maison 
du  patron  ou  qu’il  l’a  quittée,  il  a  encore  le  même  domicile 
légal  que  le  patron23.  Habitant  avec  lui,  chargé  le  plus 
souvent,  comme  on  le  verra,  de  services  domestiques,  il 
est  toujours  soumis  en  fait  à  son  pouvoir  discrétionnaire 
et  le  maître  en  abuse  plus  d’une  fois24. 

Parmi  les  prérogatives  du  patron,  qui  résultent  simple¬ 
ment  de  l’affranchissement,  il  y  a  Yofficium  et  l’ote- 
quium.  —  A.  L 'officium,  difficile  à  définir,  parait  être 
une  obligation  attachée  à  la  condition  de  l’affranchi,  qui 
consiste  en  services  variés,  fixés  plutôt  par  la  tradition 
que  par  la  loi23.  —  B.  L 'obsequium,  qui  comprend  la 
reverentia ,  est  en  général  un  devoir  de  fidélité,  de  res¬ 
pect,  de  déférence  ;  il  repose  sur  la  reconnaissance  due 
au  patron  par  l’affranchi26,  et  sur  l’assimilation  qu on  a 
vue  entre  le  libertus  et  le  filius21.  Il  est  maintenant 
sanctionné  par  la  loi,  depuis  l’époque  d’Auguste.  Les 
règles  suivantes  sont  des  applications  indirectes  delà 
sequium  :  1°  le  patron  peut  révoquer  une  donation  fai  c 
à  un  affranchi28;  2°  il  n’est  pas  toujours  obligé  doe 
cuterle  fidéicommis  en  vertu  du  testament  de  lalh.incu  i 
3°  la  femme  peut  intenter  une  accusation  pour  'eU(,.el 
mort  du  patron30;  4°  le  patron,  tuteur  de  1  atli une 41^3l. 
doit  pas  nécessairement  la  caution  rem  salve111  jo  > 
le  magistral  peut  l’en  dispenser.  Les  application^ 
sont  beaucoup  plus  nombreuses.  En  vertu  de  L'  ^ 
de  judiciis  publicis,  le  patron  ni  l’affranchi  m R^sî, 
être  forcés  à  déposer  au  criminel  l’un  conU1  J 
déjà  sous  la  République,  le  préteur  n’autorm  ^ 

à  plaider  contre  le  patron  (ou  ses  descendante  ou  ^ 
et  mère)  qu’à  certaines  conditions33;  sous  1  -1  I 


,  l’esclave 


112;  6,  15304,  15963.  -  20  Ibid.  11,  1037.  -  21  Notons  “‘non  du  l’ire: 
franchi  par  le  filius  familial  soldat  est  l’affranchi  do  CL  111 f  ;  ^  jjaus  Sp»r1, 
ig.  37,  14,  8;  38,  2,  3,  §  28.  —  22  Dig.  48,  19,  H,  §  ‘  1  cK  _  ’ff  et  fl4erW“*j 
ita  Hadrian.  18,  10,  il  faut  sans  doute  lire  «  ergastula  sa  i  c  Just,  1 , 

"  ”  . 3039=9-2 

Von 

.  jilsl.  «,  wï  -  |Tranc,lls  J 

imonnier,  l.  c.  p.  101-110.  -  28  Exemples  d'attachement  des  »  ^ 


_  __  . . .  :  ergastula  senorm^ 

.  lieu  de  liberorum).  —  23  Dig.  50,  1,  6,  §  3;  Vatic.  frl  J 


L  lieu  de  Liberorum).  —  23  Dig.  50,  1,  o,  g  o  ;  vue  /  .  ^  9,505»^ 

,2.-24  Dig.  40,  5,  ïô,  §  1  ;  Plaut.  Menaechm.  5,  7,  949  ;  •  ^  3>  40.  Vo1 
ig.  67;  Ner.  5.  —  25  Dionys.  2,  10;  C.  Just.  G,  0,  20  ’  a|rralicliis  a ll'" 


lier,  t.  C.  p.  -  JJ, 

aitres  ;  Vell.  Pat.  2,  67;  Suct.  Au,  27  ;  «,  2, 

,  15,  9.  —  28  Faite,  frag.  2/2.  —  29  Dig.  31,  -8.  „  7%.  9, 

,5,  13 ;  26,  4,  5,  §  1.  —  32  Dig.  22,  5,  4  C.  Just.  9,  41,  G, 


15,  3.  —  33  Dig.  2,  4,  4,  §  1-3,  10. 


LIB 


—  1213 


LIB 


,ron  a  contre  l’affranchi  qui  contrevient  à 
Auguste,  le  Pa  .Qn  énale  comportant  une  amende  de 
cette  règle  lin  ,  *tard  de  50  aurai,  ou,  s’il  est  pauvre, 
,0000  seslerc^;.i1)0relle  infligée  par  le  préfet  de  la  ville1. 
^epun'Uûn  P  ^  autorisatj0n  quand  la  poursuite 

I  siffler  contre  le  patron  une  condamnation  infa- 
peilt  amen t  une  atteinte  quelconque  à  sa  considé- 

man  Ml  interdit  donc  les  actions  de  dolo,  les  excep- 
mu  ou  tnetus  quand  l’affranchi  est  défendeur, 
ES  "Lent,  ,«*  l’action  injurnrum.  sauf  s, 

l’injure  a  été  très  grave  ( atrox ,  servihs  ). 

!  .uaitre  et  ses  descendants,  s’ils  sont  condamnes,  ne 
[ont  tenus  que  dans  la  limite  de  leurs  ressources  L  On 
li  euhitsi  l’affranchi  pouvait  demander  la  restitutio  in 
ttearum  contre  le  patron  ;  Justinien  lui  enlèvera  défini¬ 
rent  ce  droit8.  Au  criminel,  l’affranchi  ne  peut 
accuser  le  patron  que  pour  lèse-majesté'6,  et  même  sous 
plusieurs  empereurs,  tels  que  Nerva,  Trajan  et  Pertinax, 
dans  aucun  cash  L’affranchi  qui  ne  demande  pas  la 
nomination  d’un  tuteur  pour  le  fils  du  patron  s’expose 


à  une  peine  corporelle 8 . 

L'injure  de  l’affranchi  à  l’égard  du  patron  est  toujours 
considérée  connue  grave;  il  s’expose  a  la  relégation  s  il 
épouse  ou  fait  épouser  à  son  fils  sa  pupille,  fille  du 
patron5.  Tandis  que  le  patron  surpris  en  flagrant  délit 
d’adultère  ne  peut  être  mis  àmort  et  que, encore  à  l’époque 
de  Papinien,  il  ne  peut  être  poursuivi  en  justice  que  par 
suite  de  l’assimilation  de  ce  délit  d’adultère  à  une  injure 
grave,  au  contraire,  d’après  la  législation  d’Auguste,  le 
patron  peut  tuer  l’affranchi  surpris  en  flagrant  délit  d’adul¬ 
tère  avec  sa  femme,  même  s’il  a  l’anneau  d’01*.  Depuis  la 
ter  Pompeia  de  la  fin  de  la  République,  le  meurtre  du 
patron  par  l’affranchi  emporte  la  peine  du  parricide  ,0. 

Nous  trouvons  aussi  quelques  applications  de  Yobse- 
quium  par  rapport  aux  affranchies  unies  aux  patrons. 
Sousl’Empire,  les  unions  entre  les  patrons  et  leurs  affran¬ 
chies  ont  été  extrêmement  fréquentes  sous  la  forme  soit 
des  justae  nuptiaeil,  soit  du  concubinat.  C’est  le  concu- 
binat  qui  a  été  l’union  par  excellence  ;  la  loi  l’a  encouragé 


et  favorisé  autant  que  possible;  seule 
concubines  la  liberta  propria  garde  le  nom  et  la  consi 
dération  de  la  matrona ,  est  considérée  comme  une 
Rpouse'-;  les  inscriptions  ne  l’appellent  jamais  arnica 
pa  hospita,  mais  toujours  concubina  13  ou  conjux 1 
quelquefois  contubernalis 15. 

Bavant  Auguste,  P3'3’011  pouvait  épouser  son  affranchi 
■  gié  elle u  ;  depuis  Auguste  son  consentement  es 
|  cessaire,  à  moins  que  le  mariage  n’ait  été  la  conditio 
P  a  uni  Pissement.  L’affranchie,  épouse  ou  concubine 
»  peut  quitter  le  patron  par  divorce  ou  séparation,  san 
(jaus  |  '  "ls  Premier  cas,  le  droit  de  recouvrer  sa  do 
pai,  ' llx  cas  droit  de  s’unir  à  une  autre  personn 
E  *luabe  ou  concubinat,  sans  le  consentement  d 


patron17.  La  folie  et  la  captivité  de  ce  dernier  laissent 
subsister  le  mariage18.  Les  droits  du  patron  sur  l’affran¬ 
chie  passent  à  Son  fils13.  Le  patron  ne  les  possède  pas 
s’il  a  affranchi  en  vertu  d’un  fidéicommis  20.  L’affranchie, 
concubine  du  patron,  peut  être  accusée  d’adultère21;  les 
donations  du  patron  sont  valables  à  son  égard  et  irré¬ 
vocables  ;  elle  peut  recueillir  son  héritage  par  testament 
si  elle  est  capax 22.  C’est  surtout  sous  la  forme  du  concu¬ 
binat  que  les  soldats  s’unissent  avec  leurs  affranchies23. 
Septime  Sévère  prohiba  les  mariages  des  affranchis  avec 
leurs  patronnes  et  «avec  les  filles,  épouses,  petites-filles 
et  arrière-petites-filles  des  patrons,  sous  des  peines 
sévères,  condamnation  aux  mines  ou  aux  travaux  publics, 
selon  la  qualité  de  la  personne  24  ;  le  mariage  ne  fut  plus 
autorisé  que  quand  la  patronne  était  de  rang  tout  à  fait 
inférieur25.  Les  mariages  entre  patrons  et  affranchies 
pouvaient  amener  des  difficultés  juridiques,  en  mettant 
en  présence  le  droit  du  mariage  et  le  droit  du  patronat; 
ainsi  Caracalla,  d’accord  «avec  les  jurisconsultes,  décide 
encore  que  le  patron  n’exigera  pas  les  operae  de  son 
affranchie,  son  épouse26. 

C.  On  peut  rattacher  à  Yobsequium  et  à  Yofficium  les 
deux  obligations  suivantes  :  1°  L’affranchi  doit  se  char¬ 
ger  de  la  tutelle  et  de  la  curatelle  des  enfants  du  patron  ; 
cette  obligation  fut  réglementée  par  Marc  Aurèle  ; 
l’affranchi  ne  peut  invoquer  les  excuses  ordinaires  des 
ingénus,  même  s’il  a  l’anneau  d’or,  à  moins  que  son 
patron  ne  l’ait  affranchi  en  exécution  d’un  fidéicommis2'. 
Dans  le  crimen  suspecti ,  il  est  exposé  à  des  peines 
corporelles28.  Cette  tutelle  est  à  la  fois  une  charge  et  une 
marque  de  confiance;  c’est  pourquoi  figure  sur  tant 
d’inscriptions  la  formule  tutor  et  libertus.  2°  L  affranchi 
et  l’affranchie  sont  tenus,  au  moins  dès  le  itc  siècle,  de 
fournir  des  aliments  au  patron  pauvre  et  même  à  ses 
enfants  et  à  ses  père  et  mère,  selon  leurs  moyens  ;  Paul 
paraît  dire  que  c’est  à  la  condition  qu’ils  ne  doivent  ni  les 
doua ,  ni  les  munera ,  ni  les  operae 29. 

De  nombreuses  lois  s’opposèrent  aux  abus  de  1  obse- 
quium.  On  réprima  par  exemple  la  prétention  du  patron 
d’empêcher  l’affranchi  d’exercer  le  même  commerce  que 
lui  dans  la  même  ville30.  Les  lois  Julia  de  maritandis 
ordinibus  et  Aelia  Sentia  défendirent  sous  des  peines 
sévères,  en  particulier  sous  celle  de  la  perte  de  1  héritage, 
d’imposer  à  l’esclave  au  moment  de  l’affranchissement  le 
serment  de  ne  point  se  marier  ou  de  ne  se  marier  qu’à  telle 
date,  avec  telle  femme  31 .  Légalement  l’affranchi  n’avait 
pas  besoin  de  l’autorisation  du  patron  pour  se  marier. 

D.  Pour  la  sanction  des  devoirs  de  l’affranchi,  la  légis¬ 
lation  paraît  avoir  beaucoup  varié  et  n’avoir  été  fixée  que 
très  tard.  On  a  vu,  chemin  faisant,  quelques  sanctions 
pénales  particulières.  La  privation  de  la  sépulture  dans 
le  tombeau  patronal  est  une  peine  fréquente,  mais  seu¬ 
lement  morale  32 . 


13,24,  25; 


1 1  %  2,  4.  1 

*¥%«,*,  4- 37  ...  .  „  .  - . ■"< 

,  §  ■ 


C.  Just.  2,  2,  2;  Gai.  4,  40  ;  Instit.  4,  26,  3  et  12. 

une  cite  11’a  pas  besoin  d’autorisation 
10, 7, dC  la  cité  (  DiS-  2,  4,  10,  §  4).  —  3  Dig.  37,  15,  2,  7, 
2’  4-,  2.  -  B#;’ ’  L§  î2;47’  10>U,  §7.—  4  Dig.  37,  15,  7,  §  1.  —S  C.Just. 

40,34- Plin  à’  ,48’  Ml  C.  Th.  9,  6,  1  (376).  —  7  D'io.  Cass.  68, 

tanliu  P<sndant’au„i, Vita  Pertin.  9;  il  en  fut  ainsi  ég 


L  P-'iidant  (uipliM.n  ,  . ‘  '■>  i  n  en  lut  ainsi  également  sous  Cons- 

f.  «■  Ml,  «2,54  L5  £  Tl‘-  9>  *)•  -  8  D*.  «-6,  6,  2  pr.  §1.-9  Dig. 

Lpi  Paul.  5,  U)1  DhJ-  48'  5>  26,  38,  §  9,  42  ;  48,  9,  1  ;  Coll.  leg.  Mos.  4 

L/  1873,952;fli0  3g  ■*■  *.  «,  9683  ;  14,  2523;  12,  3446,  3801  ;5,  1916,  7606; 


10  et  11  ;  23,  2,  28  et  29  ;  23,  2,  45  pr.  46,  48, 


I  e  Kieria  et  uxor  ;  ]es  j'.'  <J‘  ^ur  'es  inscriptions  la  femme  légitime  s'ap- 
V>  °S  i^erto.  et  conjux  désignent  souvent  une  concubine. 


_  12  Dig.  25,  7,  l  pr.  ;  48,  5,  14  pr.  ;  23,  2,  41,  1.  —  13  C.  i.  I.  8,  9100  ;  5,  5172  ; 

H,  3777  ;  6, 9692,  28  431.  —  4  4  lh.  7,  53  ;  14,  1654,  564;  5,  7554  ;  10,  2819.  — 45  lb. 
6  15  598’  16  048.  —  16  Dig.  23.  2,  28-29.  —  47  Dig.  23,  2,  5  pr.  ;  24,  2,  10-11  ;  25,  7, 

4 ’pr. _ 4»  Dig.  23,  2,  45,  6;  25,  7,  2.  -  19  Dig.  23,2,  48  pr.  -  20  Dig.  24,  2,  10;  23, 

2)  50.  —  21  Dig.  48,  5,  14  pr.  —  22  Dig.  24,  1,  3,  §  1  ;  34,  9,  16,  §  1.  —  23  C.  i.  I. 
j’  930;  9>  ^oo,  1502;  14,  218;  8,  3079;  6,  2470,  2584,  3309,  2896,  2907,  3190. 

—  21  C.  Just.  5,  4,  3  ;  Dig.  23,  2,  62,  §  1  ;  Paul.  2,  19,  9.  —  26  Dig.  23,  2,  13. 

—  26  c.  Just.  5,  3,  9;  cf.  Dig.  38,  I,  28,  46.  —  27  V'atic.  fragm.  160,  152,  220; 

C.  Just.  5,  02,  5;  Dig.  27, 1,  14,  §  2,  24;  VitaMarci ,  11,  8;  C.  i.l.  6  ,  2210.  —  28  Dig. 
26,  10,  1,  §  8;  Jnstit.  1,  26,  11.  -  29  Dig.  25,  3,  5,  §  18-26;  25,  3,  9;  Paul.  2,  32. 

—  30  Dig.  37,  14,  18  ;  37,  15,  11  ;  Hadrian.  Sent.  8.  —  31  Dig.  37,  14,  6,  §  4;  38, 

16  3  I  g  _  32  Orelli,  1175,  3032-3034,  6404;  Testant.  Dasum.  1 .105-110. 

153 


& 


L1 B 


—  1214  — 


L1B 


Au  début  de  l'Empire,  sans  doute  d’après  la  loi  Aelia 
Sentia  qui  ne  faisait  ici  que  limiter  le  droit  de  justice 
domestique  du  patron,  ce  dernier  pouvaiL  obtenir  contre 
l’affranchi  ingrat  (; inr/ratus )  la  relégation  dans  la  Cam¬ 
panie  au  delà  du  vingtième  mille  de  Rome  ou,  d’après  une 
sentence  d’Hadrien,  l’envoi  dans  les  carrières  «  in  lautu- 
mias  »*’.  Claude,  qui  voulait  rétablir  l’autorité  des  patrons, 
punit  un  affranchi  qui  avait  cité  son  maître  devant  les 
tribuns,  en  condamna  à  mort  ou  en  remit  d’autres  en 
servitude  pour  avoir  nui  politiquement  ou  d’autre  ma¬ 
nière  à  leurs  patrons2.  Sous  Néron,  une  longue  discus¬ 
sion  au  sénat  sur  l’ingratitude  des  affranchis  n’aboutit 
pas  a  faire  donner  aux  patrons  le  droit  de  révoquer  la 
liberté  que  demandaient  plusieurs  sénateurs3.  On  ne  posa 
pas  de  règle  générale  ;  le  sénat  fut  un  des  tribunaux 
appelés  à  statuer  sur  les  cas  particuliers.  Ce  fut  seule¬ 
ment  une  loi  de  Commode  qui  fixa  les  pénalités,  en  lais¬ 
sant  aux  juges,  le  préfet  de  la  ville  à  Rome,  les  gouver¬ 
neurs  dans  les  provinces,  une  grande  latitude  b  Contre 
l’affranchi  inof/ïciosus  ou  inobsequens,  il  y  avait  la 
réprimande  et  même  les  verges,  surtout  pour  la  récidive  ; 
pour  1  injure  il  y  avait  l’exil  temporaire 5  ;  pour  les  coups, 
dénonciations,  manœuvres. nuisibles,  il  y  avait  les  travaux 
publics '*  ;  telles  sont  les  pénalités  qu’indique  Ulpien. 
D  après  Modestin,  au  contraire,  l’affranchi  qui  injurie, 
frappe  son  patron,  l’abandonne  dans  le  besoin  et  la  ma¬ 
ladie,  doit  être  remis  entre  ses  mains  et  travailler  pour 
lui;  si  cette  peine  ne  suffit  pas,  il  doit  être  vendu  et  le 
prix  remis  au  maître  b  En  tout  cas,  la  législation  devint 
de  plus  en  plus  sévère.  Constantin  applique  la  revocatio 
in  servitutem  directe  pour  ingratitude  et  légère  offense8, 
mais  en  laissant  la  liberté  aux  enfants  déjà  nés  ;  deux 
lois  de  423  et  de  426  frappent  l’ingratitude  de  l’affranchi 
à  l’égard  des  héritiers  du  patron  ou  des  enfants  de 
l’affranchi  envers  le  patron  ;  cependant  Théodose  II  et 
Valentinien  III  enlèvent  aux  héritiers  le  droit  de  révoquer 
la  liberté  et  il  en  est  sans  doute  encore  ainsi  dans  le  droit 
de  Justinien9.  Le  patron  ne  peut  accuser  d’ingratitude 
l’esclave  affranchi  en  exécution  d’un  fidéicommis10. 

XIV.  Droit  a  la  tutelle  de  l’affranchi11.  —  Il  résulte 
de  l'affranchissement  et  constitue  à  la  fois  une  obligation 
et  un  privilège;  il  n’appartient  pas  à  la  patronne.  Les 
règles  principales  en  avaient  été  déduites  des  dispositions 
de  la  loi  des  Douze  Tables  sur  le  droit  à  la  succession. 

La  tutelle  légitime  exercée  par  le  patron  passe  à  ses 
descendants,  mais  seulement  aux  plus  proches  et  même 
aux  enfants  exhérédés  ;  elle  se  partage  entre  les  patrons 
quand  il  y  en  a  plusieurs  ;  à  la  mort  de  l’un  d’eux,  ses 
enfants  ne  lui  succèdent  pas  dans  la  tutelle  ;  en  cas 
d’excuse  ou  de  destitution  du  patron,  elle  ne  revient  pas 
à  ses  enfants12.  On  a  vu  qu’à  l’égard  de  l’affranchi,  la 
tutelle,  ne  cessant  pas  avec  la  puberté,  est  dite  perpé¬ 
tuelle13;  elle  passe  même  au  fils  impubère  du  patron11. 
Auguste  en  dispense  par  les  lois  Julia  elPapia  Poppaea 
les  affranchies  mères  de  quatre  enfants15;  c’est  le  jus 


1  Dig.  50,  16,  70;  Tac.  Ann.  13,  26;  Hadrian.  Sent.  3.  —  2  Dio.  Cass. 
0°,  13,  28,  20;  Suct.  Claud.  25;  Di  g.  37,  14,  5.  Il  vendit  comme  esclaves 
des  affranchis  pour  avoir  usurpé  la  dignité  équestre.  —  3  Tac.  Ann.  13,  20, 
27.  -  4  Dig.  25,  3,  0,  §  1  ;  l,  12,  1,  §  10;  1,  16,  9,  §  3 ;  37,  14,  1.  1  &  Dig. 

L  16,  9,  §  3;  37,  14,  1.  —  0  Dig,  i,  g  10  .  37)  14)  ,  _  7 

25,  3,  6,  §  1.  *  C.  Just.  6,  7,  2;  cf.  Ambros.  De  Jacob,  et  vit.  beat.  1,  3. 

—  9  C.  Just.  6,  7,  3-4;  lnslit.  1,  16,  1;  No v.  Valent.  III,  tit.  XXIV,  §  1  (447). 

—  «  C.  Just.  6,  7,  1.  —  U  Voir  Lemonnier,  l.  c.  p.  115119.  —  12  Gai.  1,  165;  3, 

58;  Ulp.  11,3;  Dig.  26,  4,  1  et  3  ;  Instit.  1,  17.  —  13  Gai.  1,  165,  175;  UIp.  11,3; 

—  U  Gai.  1,  179.  192.  —  15  Ulp.  29,  3;  Gai.  1,  194;  3,  44;  Dosith.  Frag.  17; 


quatuor  liberorum  que  les  empereurs  accorde 
titre  de  faveur  particulière16,  que  Claude  f|!,  a'1Ss‘à 
femmes  qui  construisent  un  navire  pour  l’appr  °!\-e  aux 
ment  de  Rome,  dans  les  mêmes  conditions 
Latins  17.  L’affranchie  qui  a  été  affranchie  nar  nul  fqu a"x 

”  11  femme 


0u  a  subi 


ou  dont  le  tuteur  est  mort  sans  enfants  mâles 

lui  ou  son  fils,  une  deminutio  capitis  en  se  donn  . ’ 

adoption,  doit  demander  un  tuteur  au  préteur  uf  ^ 
d’après  la  loi  Atilia,  en  province  au  gouverneur' \'T 
les  lois  Julia  et  Titia  18.  Pour  les  effets  de  la  tutelle?!^ 
time  des  patrons,  nous  renvoyons  au  mot  tutei  \ 

XV.  Droit  a  la  succession  de  l’affranchi.  —  on  f 
pour  la  République.  Sous  Auguste,  la  loi  Papi'aPopil! 
améliora  la  situation  des  patrons  qui  avaient  de  ri, , 
affranchis  en  créant  un  droit  très  compliqué  :  1°  pour  un^ 
fortune  moindre  de  100000  sesterces,  il  y  avait  les  mêles 
règles  qu’auparavant.  Au-dessus  de  ce  chiffre19,  le  patron 
de  l’affranchi  n’était  exclu  ab  intestat  ou  par  testament 
que  quand  il  y  avait  trois  enfants;  il  avait  tout  quand  il 
n’y  avait  pas  d’enfant,  une  part  virile  quand  il  y  en  avait 
un  ou  deux.  2°  L’affranchie  mère  de  quatre  enfants  pou¬ 
vait  tester  sans  tuteur,  mais  la  loi  réservait  encore  une 
part  virile  au  patron;  si  elle  mourait  ab  intestat,  il  avait 
tout;  si  elle  testait  en  faveur  d’héritiers  étrangers,  il 
avait  la  moitié  par  une  bonorum  possessio  contra 
tabulas 20.  Il  en  était  de  même  pour  les  fils  du  patron  et 
ses  descendants  mâles  par  les  mâles.  Pour  les  descen¬ 
dantes,  il  y  avait  controverse.  Elles  étaient  sans  doute 
exclues  comme  précédemment,  si  elles  n’avaient  pas  le 
jus  trium  liberorum  ;  si  elles  l’avaient,  elles  étaient 
assimilées  au  patron,  à  moins  que  l’affranchie  n’eût  elle 
aussi  le  jus  quatuor  liberorum  ;  dans  ce  cas  Gaius  dis¬ 
tingue  deux  hypothèses  :  si  l’affranchie  mourait  ab  intes¬ 
tat,  la  descendante  du  patron  avait  droit  à  une  part 
virile;  en  présence  d’un  testament,  elle  avait  le  même  droit 
que  les  enfants  mâles  contra  tabulas 21 .  3°  La  patronne 
de  l’affranchi  obtenait  le  bénéfice  du  droit  prétorien 
quand  elle  avait,  affranchie  elle-même  trois  enfants, 
ingénue  deux  enfants;  ingénue  et  mère  de  trois  enfants, 
elle  était  assimilée  au  patron22.  4°  A  l’égard  de  la  patronne 
de  l’affranchie,  le  droit  des  Douze  Tables  était  maintenu 
si  l’affranchie  mourait  ab  intestat,  que  la  patronne  eût  ou 
n’eût  pas  le  jus  liberorum  ;  cette  dernière  excluait  les 
enfanLs  de  l’affranchie,  à  moins  que  l’une  ou  l’autre  n  eût 
subi  une  capitis  deminutio  ;  si  l’affranchie  avait  testé,  le 
testament  pouvait  exclure  la  patronne,  à  moins  quelle 
n’eût  le  jus  liberorum ,  auquel  cas  elle  avait  la  moitié  des 
biens  contra  tabulas-'3. 

Celte  législation  d’Auguste,  qui  montre  l’importance  e  I 
la  succession  des  affranchis,  subsista  sans  changement  1 
essentiels  jusqu’à  Justinien.  L’affranchi  était  considéu  | 

_  _  1  .1  •.  ci  t  •  i  .  .  .  fr 


comme  un  débiteur  21  ;  il  ne  pouvait  rien  aliéner  frau  u 
leusement  de  ses  biens  sans  s’exposer  à  Yactio  Ful>ia’  ^ 
dont  l’application  était  exli'ciu'11’^ 


(ou  Faviana), 

large,  qui  atteignait  la  plupart  des  actes  par 

I  4  S' 

Henzcn,  6178;  C.  i.  I.  6,  2,  10247.  —  16  Dio.  Cass.  55,  2;  liu^  J,.,,,, 
—  17  Suet.  Claud.  19.  —  18  Gai.  1,  185,  195.  --  19  Gai,  3,  42-54;  Lll’-  ^ 
affranchi  se  dit  centenarius  ap.  C.  i.  I.  10,  6122.  On  ne  sait  au  ju  ue  j<6ron 

catégorie  d'affranchis  il  s'agit  dans  un  texte  obscur  de  Suétone  di'a"  i|||,1llc|iis 
prit  les  dix  douzièmes  au  lieu  de  la  moitié  des  biens  de  ceux  de  H  |a  sienne 
décédés  qui  avaient  porté  sans  raison  valable  le  nom  de  familles  ®nius  ^  |, 

[Fer.  32).  —  20  Cela  parait  ressortir  du  texte  mutilé  de  Gai.  L  4ug 

47-48.  —  22  Gai.  3  ,  49-53.  —  23  Gai.  3,  51-52.  —  24  Par  abus  de  P011'  "' 
obligea  les  affranchis  d'Icelus  à  lui  abandonner  de  suite  ce  qui  h'i 
leur  mort  (Dio.  Cass.  55,  13). 


venait  «P1*' 


LIB 


—  1215  — 


LIB 


hi  avait  diminué  sa  fortune  frauduleusement 
raf’ra,i:;‘  au  détriment  du  patron  ou  de  ses  héritiers', 
[f  '  confiscations,  le  droit  du  patron  était  en  général 
R^cté  ■  il  recueillait  la  part  dont  l’affranchi  ne  pou¬ 
vait  le  dépouiller 2. 

privilège  du  patron  fut  diminué  dans  une  certaine 
Cul!e  par  le  sénatus-consulte  Tertullien,  de  l’époque 
d’iPulrien,  qui  donna  à  l’affranchie,  mère  de  quatre 
enfants,  lé  droit  d’hériter  d’eux3,  et  par  le  sénatus-con- 
sulte Orphitien  de  178,  sous  Marc  Aurèle,  qui  admit  les 

enfants  (et  petits-enfants)  àl’héritage  de  la  mère,  ingénue 

ou  affranchie,  morte  ab  intestat 4  [senatus  consultum 

ORPHITIANUM,  TERTULLIANÜm]  , 

Jusqu’à  Claude  les  droits  du  patron  se  transmettaient 
également  à  ses  descendants  les  plus  proches  ;  entre  41 
et  47,  sous  Claude,  un  sénatus-consulte  permit  au  patron 
d attribuer  ses  droits  sur  un  ou  plusieurs  affranchis,  par 
une  manifestation  quelconque  de  sa  volonté,  à  un  ou  à 
quelques-uns  de  ses  enfants  et  petits-enfants  des  deux 
sexes.  C’était  Yadsignatio  libertorum.  Elle  était  admise 
même  en  faveur  d’un  enfant  déjà  exhérédé  et  émancipé, 
mais  l’enfant  émancipé  postérieurement  à  l’assignation 
ne  pouvait  plus  en  bénéficier6. 

,  Ajoutons  ici  que  pour  les  successions  des  affranchis 
ab  intestat,  les  patrons  et  leurs  familles  pouvaient  obte- 
nir  du  magistrat  plusieurs  bonorum  possessiones 0  : 
1°  Bonorum possessio  unde  legitimi ;  le  préteur  appelait 
tous  ceux  à  qui  la  loi  des  Douze  Tables  ou  le  droit  civil 
donnait  l’hérédité  légitime,  non  seulement  les  agnats  et 
les  gentiles,  mais  aussi  le  patron  et  ses  descendants  ; 
2°  Zl.  P.  tum  (picm  ex  familia  ;  le  préteur  appelait  le 
patron  ou  ses  enfants,  s’ils  avaient  négligé  ou  refusé  de 
demander  la  bonorum  possessio  précédente,  et  en  outre 


ses  agnats1  ;  3°  Lnde  patronus  patrona  liberique  et  pa- 
rentes  patroni  patronaeve  8.  Cette  matière  est  très 
•obscure.  Le  préteur  appelait  sans  doute  d’abord  le  patron 
et  la  patronne  quand  ils  avaient  perdu  par  une  capitii 
wdeminutio  le  bénéfice  des  bonorum  possessiones  undi 
legitimi  et  tum  quem  ex  familia  ;  à  leur  défaut  les  des- 
Èen  ants  du  patron  quand  ils  étaient  sortis  de  sa  famille 
^apres  1  aflranchissement  ou  n’en  avaient  jamais  faii 
rrit;’  Pu’s  ^Gs  descendants  de  la  patronne  dans  presque 
^  *  C1S  ’  ^eS  ascendants  du  patron  et  de  le 
E  r°nne  1uand  ds  ne  pouvaient  pas  utiliser  la  bonorun 
(  lln>*  (lue,n  ^x  familia  ;  4°  Unde  cognati  manu 
Ia  SlK!  . ,  L  ' lauL  d  autres  personnes,  le  préteur  donnaii 
pa(  1011  ’"lx  ldus  proches  cognats  du  manumissor 
n’annebm  ,iatl0nne’  jusqu’au  sixième  degré  inclus,  ei 

iobrinuc  IM,Uni  ceux  du  septième  que  les  enfants  di 
ou  de  la  sobrina\ 

ïéglemenh  La  ^§'s^ation  d’Auguste  adopta  e 

Nous  no  sv,1  ,*urisPrudence  de  la  fin  de  la  République 
interprétation118 1 PaS  Sil  y  eut  d'autres  lois  outre  les 
s°eietat'm  S  °S  jur‘SC0nsultes.  On  supprime  Vactü 
1  maintient  1  actio  operarum  [exactio,  peti 


I  ^  3,  3  •  jj- 

conr  |IOUr  dissin"iîér  p™10  2’  9)  9i8nale  les  l'uses  , 

O*  199  biens  de.  Il  CnS'  ~  2  ’Ji»-  «.  M,  ",  §  2,  8 
H  32).  ^  Ws  dans  leur  testament  envers 

cm,,,.  'U.Ujn,ltio'  Sur  la  î,  ’  Voir  Accarias.  l-  0.  p.  1192-1195  poi 
7  T  ‘«Position  à  Ï  '  V0‘r  «d  Di  g.  38f  4,  1.  - 

ï  ’’  ”•  Ortolan,  * 

■  - 8 ''bcophii  'd;;,!;86-  - 7 ^ 38-D c. J**. o, 
JnSUl-  3-  8-  -  «  Ulp.  28,  7;  Inst, 


ho,  persecutio  operarum ).  Elle  repose  sur  le  serment  ou 
la  stipulation,  par  lequel  ou  laquelle  l’affranchi  s’engage 
après  l’affranchissement  à  fournir  «  opéras,  donum , 
rnunus  ».  Il  en  résulte  une  obligation  analogue  à  une 
obligatio  ex  credito,  qui  admet  même  l’emploi  d’une 
caution.  Le  créancier  peut  en  outre  employer  l’interdit  «  de 
liberto  exhibendo  »'°.  La  loi  Aelia  Sentia  et  la  jurispru¬ 
dence  interdisent  les  «  stipulationes  onerandae  libertatis 
causa  »,  c’est  à-dire  les  stipulations  qui  mettraient 
1  affranchi  à  la  discrétion  du  patron,  par  exemple  l’enga¬ 
gement  de  payer  une  somme  excessive.  Dans  Yactio 
operarum,  le  créancier  réclame  la  valeur  en  argent  des 
operac  non  fournies"  ;  sa  demande  peut  être  écartée  par 
Vexceptio  onerandae  libertatis  causa.  Outre  les  doua  et 
les  munera  qui  doivent  être  modérés'2,  le  patron  ou  la 
patronne  ne  peut  donc  se  faire  promettre  que  les  operae, 
c’est-à-dire  les  services  conformes  au  droit  [probe,  jure 
licito)  et  qui  varient  selon  la  position  sociale  et  les  apti¬ 
tudes  de  l’affranchi.  Les  operae  s’évaluent  en  journées 
de  travail,  de  douze  heures  consécutives  et  de  jour.  On 
les  divisa  en  deux  catégories,  les  officiales  et  les  fabriles 
ou  artificielles.  Les  operae  officiales  sont  les  services 
domestiques  et  personnels,  souvent  la  continuation  des 
anciennes  fonctions  de  l’esclave  ;  à  ce  titre  elles  ne 
passent  pas  à  l’héritier  étranger,  mais  seulement  aux  fils 
non  exhérédés  ;  elles  amènent  beaucoup  de  difficultés 
pratiques  ;  on  admet  par  exemple  que  l’affranchi  doit  se 
déplacer,  mais  aux  frais  du  patron,  pour  rendre  ses  ser¬ 
vices  à  Rome,  mais  qu’il  ne  doit  pas  le  suivre  en  voyage'3. 
Les  operae  fabriles  ont  un  caractère  un  peu  différent; 
ce  sont  les  prestations  spéciales  de  l’affranchi  pourvu 
d’un  métier,  par  exemple  artiste,  médecin  ;  ces  operae, 
que  le  patron  ne  peut  utiliser  tout  seul,  peuvent  natu¬ 
rellement  être  cédées,  louées  à  d’autres  personnes  et 
passent  à  l’héritier  externe;  la  cession  complète  de  ces 
operac  à  une  autre  personne,  notamment  à  un  créancier, 
en  guise  de  remboursement,  s’appelle  la  delegatio 
liberh  u.  La  fex  Julia  de  maritandis  ordinibus  dispense 
des  operae  et  des  cadeaux  les  affranchis  qui  ont  un  enfant 
de  cinq  ans  ou  deux  enfants  en  leur  puissance  ou  qui  les 
ont  eus  même  non  simultanément,  sauf  les  affranchis  qui 
exercent  des  métiers  infamants,  tels  que  ceux  de  comé¬ 
dien  et  de  gladiateur  13.  On  ne  peut  réclamer  les  operae 
à  l’esclave  affranchi  en  vertu  d’un  fidéicommis  ou  des 
conditions  d’une  vente16.  En  cette  matière,  la  jurispru¬ 
dence  fut  de  plus  en  plus  favorable  à  l’affranchi  ;  ainsi  elle 
dispensa  des  operae  la  femme  âgée  de  plus  de  cinquante 
ans,  la  femme  mariée  avec  le  consentement  du  patron, 
tant  que  son  mariage  durait'7.  L’exécution  des  operae  ne 
devait  rien  avoir  de  périlleux  ni  de  déshonorant,  ni  de 
contraire  à  la  dignité  du  sujet;  elles  devaient  être  en 
rapport  avec  l’àge,  la  santé,  les  besoins  des  deux  parties; 
l’ancienne  opinion  de  Sabinus,  qui  mettait  les  dépenses 
de  nourriture  et  de  vêtement  à  la  charge  de  l’affranchi 
pendant  son  service,  fut  adoucie  en  ce  sens  qu’on  dut  lui 

-  10  Dig.  38,  1,  4,  7,  §  3,  8,  §  1,  36,  44;  43,  1,  2,  §  1  ;  Gai.  4,  162.  —  11  Dig.  44, 
5,  1,  §  5,  6,  8  ;  44,  5,  2,  §  2;  38,  1,  32,  36;  40,  *1,  32,  §  1-2;  37,  14,  15  ;  C.  Jusi.  G; 
4;  6,  3,  6.  —  12  Dig.  38,  1,  7,  §  3;  Paul.  2,  32;  Sen.  Controv.  IV,  8,  p.  389; 
Front.  De  diff.  verb.  p.  473;  Isid.  Differ.  1,  360,  p.  47.  —  13  Dig.  38,  1,  1,  3,  (j, 
18,  20,  §  1,  21,  39  pr.  -  H  Dig.  38,  1,  6,  23-27,  37,  §  4;  44,  5,  1,  §  l’o.  Fournies 
par  erreur,  elles  peuvent  être  répétées  par  la  condictio  indebiti.  —  15  Dig.  38,  1, 
37  ;  C.  Just.  6,  3,  6  (7).  16  Dig.  38,  1,  7,  §  4,  13  pr.  47.  —  17  Mais  elles  étaient 

maintenues  à  1  égard  de  la  patronne  et  des  descendantes  du  patron,  qui  avaient  con¬ 
senti  au  mariage  (Dig.  38,  1,  48,  2). 


UB 


LIB 


—  1216  — 


laisser  le  temps  nécessaire  pour  gagner  sa  nourriture  ou 
le  nourrir1. 

Les  operae  pouvaient-elles  être  remplacées  par  le 
paiement  d  une  somme  d’argent?  On  n’alla  pas  jusque-là. 
On  n  autorisa  que  dans  certains  cas  le  patron  à  louer  les 
operae,  comme  on  l'a  vu,  ou  à  accepter  en  échange  une 
indemnité2;  mais  on  interdit  l’évaluation  des  operae  en 
argent  et  le  marché  réel,  sous  la  peine  de  la  perte  des 
prérogatives  patronales  :  ainsi,  quand  le  patron  vendait 
la  libération  totale  des  operae ,  l’affranchi  recouvrait  la 
libre  disposition  de  ses  biens  par  testament3. 

XVII.  Les  devoirs  du  patron.  —  Sous  la  République, 
l’obligation  de  nourrir  l’affranchi  n’avait  pas  été  formulée  " 
juridiquement;  sons  l’Empire,  depuis  la  loi  Aelia  Sentia, 
le  patron  doit  fournir  à  l’affranchi  pauvre  les  aliments 
nécessaires  {alimenta)  sous  peine  de  perdre  les  operae 
et  les  droits  successoraux4,  et  les  mœurs  sont  ici  d’accord 
avec  la  loi.  De  bonne  heure,  peut-être  dès  Auguste,  le 
patron,  majeur  de  vingt-cinq  ans,  qui  intente  à  son 
affranchi  une  accusation  capitale,  perd  ses  droits  succes¬ 
soraux.  Le  maître  qui  n’a  pas  vengé  la  mort  de  l’affranchi 
ne  jouit  pas  de  la  bonorum  possessio  contra  tabulas  h 

XVIII.  Rapports  sociaux  entre  patrons  et  affranchis  6. 

—  1°  Les  affranchis  ont  le  droit  d’habiter  où  ils  veulent7. 
Ceux  qui  se  séparent  du  maître  ne  lui  sont  plus  attachés 
que  par  un  lien  très  faible;  mais  la  plupart  restent 
volontairement  avec  lui  soit  dans  la  même  maison,  soit 
dans  un  corps  de  logis  distinct8  ;  ils  sont  toujours  con¬ 
sidérés  comme  faisant  partie  de  la  famille,  sont  généra¬ 
lement  domestiques,  souvent  avec  les  mêmes  fonctions 
qu’avant  l’affranchissement 9  ;  mais  souvent  aussi  ils 
sont  chargés  de  services  plus  relevés,  sont  par  exemple 
chef  des  esclaves,  pédagogues,  précepteurs,  nomencla- 
tores ,  intendants  ( procuratores ),  scribes,  gérants  de 
maison  de  commerce  ( praepositus )  pour  le  compte  du 
patron  ou  pour  leur  compte,  moyennant  une  redevance, 
voyageurs  de  commerce10.  2°  Les  inscriptions,  les  textes 
juridiques  et  littéraires,  surtout 'les  lettres  de  Pline  le 
Jeune11,  nous  montrent  beaucoup  d’humanité,  de  dou¬ 
ceur,  d’affection  dans  les  rapports  des  patrons  avec  les 
affranchis.  L’affranchi  ligure  avec  les  sept  témoins  dans 
l’acte  de  divorce12.  Il  est  souvent  chargé  de  missions 
délicates,  par  exemple  de  l’exécution  de  fidéicommis n, 
de  la  protection  des  enfants  du  patron,  conjointement 
avec  les  tuteurs14;  il  doit  lui-même,  comme  on  l’a  vu, 
être  leur  tuteur,  le  cas  échéant;  il  est  souvent  choisi 
comme  héritier,  comme  exécuteur  testamentaire 1S,  sou¬ 
vent  chargé  de  l’érection,  de  la  garde  et  de  l’entretien  du 
tombeau  et  gratifié  pour  cela  de  la  jouissance  d’une  mai¬ 
sonnette  y  attenant  ou  de  la  propriété  du  domaine  où  il 
se  trouve  ou  d’un  autre  revenu16.  3°  Rien  ne  prouve 

1  Dig.  38,  1,  14,  15  pr.  16,  §  I,  17,  19,  33,  34,  48,  50;  C.  Just.  6,  3,  H  ;  6,  6,  2. 

—  2  C.  Just.  6,  3,  1  el  6  (7).  —  3  C.  Just.  6,  3,  4:  Dig.  38,  1,  41  ;  38,  2,  37  pr. 

—  ^  Dig.  38;  2,  33  ;  25,  3,  G  pr.  ;  37,  14,  5,  §  1.  —  5  Dig .  37,  14,  9,  §  i,  10;  38,  2,  37, 

§  1.  —  G  Voir  Lemonnier,  l.  c.  p.  150-167.  —  7  C’est  ce  que  dit  un  rcscrit  de  Dio¬ 
clétien  (C.  Just.  6,  3,  12)  dirigé  sans  doule  contre  l'habitude  contraire,  enracinée  dans 
les  pays  grecs.  —  8  Dig.  7,  8,  2,  §  1  ;  9,  3,  5,  §  1  ;  21,  1,  17,  §  15  ;  Paul.  2,  21  n,  11  ; 
Plin.  Ep.  2,  17,9. — 9  Tac.  Ann. 2,  31  ;  15,  64  ;  Hist.  2,  53  ;  Germ.  25;  Dio.  Cass. 

50,  27  ;  Mart.  3,  46  ;  Juv.  Sat.  7,  43  ;  Dig.  37,  14, 18  ;  C.  inscr.  I.  6,  5038.  —  10  Vita 
Alex.  Sevcr.  3  ;  Mart.  11,  39  ;  Wilmanns,  1199  ;  Cic.  ad  Fam.  5,  20,  2;  Dosilh.  Dadr. 
sent.  8  ;  Dig.  14,  3,  20  ;  34,  2,  4  ;  Quintil.  1,2,5;  Tac.  Ann.  15,  35  ;  C.  i.  I.  0,4421 , 
4487,  2210,  9743,  9744,  9740,  9753,  4718,  6327-0330,  7001,  7057,  9833,  9830,  9834, 
9836,  1577,  7370,  9827,  9828.  —  il  Ep.  2,  6,  12,  17;  5,  19;  8,  16;  9,  21,  24,  34. 

._  12  Dig.  24,  2,  9.  —  »  Dig.  32,39  pr.  ;  31,  29  pr.  ;  48,22,  10.  —  n  Dig.  35,  1,84; 

31,  34,  4;  34,  1,  18,  §  2.  —  d  Dig.  32,  37,  §2,  38,  §  1  ;  Epliem.  epigr.  4,  p.  111, 

n»  358  ;  Jullian,  Inscr.  de  Bordeaux ,  1,  n°  42  ;  Test.  Galïi,  11, 1.  17-22  ;  C.  i.  I.  0,  4582,  | 


mieux  la  sollicitude  des  patrons  à  leganj 


juridiques  et  d 


affranchit 


sufruit,  d’habitation l9.  Mais  le  plus  fréquentdet  . 
gs  viager  d’aliments  {alimenta,  cibaria)  »  •  n  , 


que  le  nombre  énorme  de  textes 
tiens  mentionnant  des  legs  et  des  donatii,  "  U'SCfjf 
affranchis,  surtout  de  maisons,  de  terres  •tV(!""S  &  ^ 
modalités  possibles,  soit  à  un  seul,  Soù  V  l'!ulesles 
collectivement  pour  qu’ils  en  jouissent  en  coimm  "?Urs 
patron  fait  une  donation  à  une  ville  à  la  condn  !  ' Ü” 
ses  affranchis,  devenus  sévirs  augustaux  soicni  T  ^ 
sés  des  charges18.  On  trouve  très  fréquemment  où?!' 

legs  d’usufruit,  d’hahitat.inn  u>  .  ’  1,81 

est  le  le 

prend  la  nourriture,  l’habillement  elmèmc  l'habitation» 
il  est  viager  à  moins  qu’il  n’y  ait  une  disposition  Ton 
traire  dans  le’testament,  qu’il  n’y  ait  par  exemple  comni' 
limite  l’âge  de  la  puberté  qu’Hadrien  lixe  dans  ce  cas 
pour  les  garçons  à  dix-huit  ans,  pour  les  filles  à  quatorze • 
il  est  acquitté  soit  sur  l’héritage  entier,  soit  sur  les  inté¬ 
rêts  d’un  capital  légué  ou  sur  les  revenus  de  fonds  con¬ 
sacrés  à  cet  effet,  par  arrérages  en  général  mensuels’  le 
legs  d’aliments  peut  d’ailleurs  se  combiner  avec  un  lerç 
d’argent;  quand  il  y  a  plusieurs  héritiers,  on  divise 
entre  eux  les  affranchis,  ou  bien  un  des  héritiers  est 
chargé  par  les  autres  de  réunir  et  de  répartir  les  fonds 
le  fisc  paie  aussi  les  aliments  sur  les  biens  qui  en  sont 
grevés  22.  4°  La  tradition  assignait  à  l’affranchi  une  place 
dans  letombeau  du  patron.  C’est  ce  qu’indique  la  formule, 
devenue  banale  et  de  style,  le  plus  souvent  gravée  à 
l’avance  sur  les  inscriptions  funéraires  «  libertis  liberia- 
busqué  »  23  ;  mais  la  jurisprudence,  appuyée  sur  les 
rescrits,  décida  que  l’affranchi  n’aurait  réellement  le  droit 
d’être  enseveli  avec  le  patron  que  s’il  était  en  même 
temps  son  héritier,  ou  s'il  y  avait  une  disposition  testa¬ 
mentaire  à  ce  sujet  ou  une  autre  présomption  de  la 
volonté  du  défunt24.  En  tout  cas,  il  y  a  an  nopibre 
incalculable  d’affranchis  à  qui  les  maîtres  élèvent  des 
tombeaux  ou  qu’ils  admettent  dans  les  leurs 
les  columbaria ,  les  patrons  fournissent  souvent  des 
fonds  à  l’association,  acquittent  les  versements  pour  des 
membres,  donnent  une  ou  plusieurs  ollae  [coloibaricm 
Inversement  les  affranchis  élèvent  souvent  des  tombeaux 
à  leurs  patrons  à  leurs  frais  ou  contribuent  aux  fuis  t 
la  construction'26.  Les  formules  des  inscriptions  un 

raires  montrent  avec  surabondance  les  mai  q ni*  ' 

m’échangent  les  patrMj 

les  pms 
et  le 


d’affection,  de  reconnaissance  q 
et  les  affranchis  ;  il  suffit  de  citer  les  épitln .  n  ■  ^ 

usuelles,  carissimus,  optimus ,  bene  )ii<  i 1 1  -■ 
mot  alumnus  appliqué  à  l’affranchi.  Enfin,  on  a  '  1 

quence  des  unions  entre  les  deux  classes.  ^  _L’ia- 

XIX.  Situation  des  affranchis  dans  la  socit^,,^  ^ 

fériorité  politique  des  affranchis  a  P0^'  ,t|01  .  ]  J 

infériorité  sociale  analogue:  l°pour  le  droi  < 

Çdf.îl  ;  Oreliy 

9897.  -  16  Dig.  34,  1,  18,  §  5  ;  38,  I,  71,  §2:33.^,  (jalli,  f 

4300;  C.  i.  I.  G,  7803,  9832,  2204,  1396,  10245,  1°-*  >  DUj.  35,  h  l88’  ? 

Voir  Wilmanns,  Index,  p.  689.  —  11  c-  i.  I-  6.  -  ’  §  5,  91; :U-  *’ 

77,  §§  lo,  27,  28,  87,  §  2,  88,  §§  G  et  14;  32,  «.6-^  U„!  J- 

Marini,  Papiri,  p.  305;  Ennodius,  PeMorium  (  D,  _  «  Ç- ^  () 

C.  i.  I.  2,  2265  (avec  l’interprétalion  douteus  _  il  Zl/J-  y 

4514.  -  19  Dig.  33,  2,  18,  32,  33,  §  1-2,  34.  -  2  D+*  2  f» >|| 

-22  Dig.  34,  1,  14  pr.  §  1,  13  Pr’  Q„.'cU. 

10-17  ;  C.  i 


■  ios»’ 


Affranchis  e.  de  llùA 


l;  0,2,  8450,  8436, 


G  pr.  ;  C.  Just.  3,  44,  G  ;  C.  i 
n'admettait  clans  son  tombeau  cpie  ceux  de  ses 
porteraient  le  môme  nom  que  lu 

7457,  7803  ;  Wilmanns,  198,  noie  et  Index,  p-  0  ■  3,131;  ;  fi,  " 

C.i.  I.  10,  5211.  -  26  Ibid.  3,  1312;  6,  9235;  10,— 

11  895,  11  915.  —  21  Voir  Lemonnier,  U  c.  p-  -  ’ 


;8li 


lui  •  (C.  i.  I.  3,  381  ;  fi,  -  \Vilina>"ls' 

1111,1  ---  __ 2ô Exempt  -  ^  ;  1  fiel 


—  1217  — 


Lffranch 


,i  font  en  g9 


U  B 

ande  majorité  partie  des  hu mi- 
derniers  ;  la  police  impériale, 


01,  les  frappent  souvent  avec  rigueur. 

'*#**'.  “ ,„is  à  I»  question  pour  les  crimes  dont 
Os  peuvent  a  ®  pour  les  crimes  des  autres  . 


ils  son!  s0“5.;'il“‘nopitoies  concernant  les  patrons,  le 
Baut  a«  f  °  Si[anianum,  rendu  en  57  sous  Néron, 

rF1!’"'-’,,,.  découvrir  l’assassin  du  patron, 


la  mise  à 

autorise,  P''1"  ^ves  affranchis  par  son  testament-  :  a 
1:1  tortUrC  T Assassinat  d'un  préfet  de  la  ville,  le  sénat 
S6685!,0"  Néron  mais  sans  l’obtenir,  la  déportation  de 
H  «flrwbis  qui  habitaient  sous  son  toit»;  Trajan, 
“T ï  effets  du  sénatus-consülte  Silanien,  fait  sou- 
Pfr  ,1  gestion  même  les  esclaves  affranchis  entre 
Cvta  le  “rime,  meme  ceux  qui  ont  l’anneau  d'or*; 
t  h  il  emprisonner  les  affranchis  d’un  patron  accuse 

SZrni**  :  *”is  rUls  lard*  au  lu;slecle; 1  esl  '"‘T 

dit  de  torturer  les  affranchis  dans  ces  affaires  .  Les  affran 
L  peuvent  accuser  les  citoyens  autres  que  leur  patron, 
dans  les  conditions  légales  et  s’ils  sont  lésés  personnelle¬ 
ment'  autrement  ils  n’ont  ce  droil  que  s’ils  possèdent  un 
Blg0ù  une  fortune  de  30000  sesterces  (plus  tard,  cinquante 
flurci6).  2°  Au  point  de  vue  de  la  considération,  1  affran¬ 
chi  reste  toujours  inférieur  à  l’ingénu.  Malgré  la  bien¬ 
veillance  qu’on  a  vue  des  patrons  àl  égard  des  atlianchis, 
il  est  certain  que  les  Romains  de  vieille  race  et  surtout 
la  classe  aristocratique  ont  longtemps  nourri  contre  eux 
un  mépris,  une  hostilité  et  des  préjugés  très  tenaces '. 
Le  luxe,  la  richesse,  la  puissance  insolente  des  affranchis 
impériaux  du  Ier  siècle,  des  Narcisse,  des  Pallas,  des 
Icelus,  justifient  dans  une  certaine  mesure  l’indignation 
de  Sénèque,  de  Pline  le  Jeune,  de  Tacite,  les  satires  de 
Juvénal,  de  Martial,  de  Pétrone  8.  Mais  la  classe 
moyenne,  surtout  dans  les  provinces,  a  eu  plus  d’estime 
pour  les  affranchis.  On  a  vu  leur  rôle  comme  augustales  ; 
a  Narbonne  on  a  adjoint  trois  affranchis  à  trois  chevaliers 
pour  faire  des  sacrifices  en  l’honneur  d’Auguste9;  ils 
obtiennent  souvent  les  ornamentci  des  décurions  [orna- 
| mextv,  une  place  réservée  au  théâtre,  des  funérailles 
publiques"1.  Ils  occupent  une  place  prépondérante  dans 
^corporations  et  les  associations  de  tout  genre11  où  ils 
■^plissent  souvent  les  fonctions  principales,  celles  de 
de  curator-,  ils  constituent  la  grande  majorité 
»?  CO  loges  funéraires  [collegia,  columbarium]12. 

a  ^  République,  beaucoup  d’affranchis, 
F  C!."x  1  empereur,  ont  eu  de  grandes  fortunes13, 

d*  ,  11  Th"  romain,  qui  avait  un  nombre  énorme 
mont  non^)Pe  c*es  affranchis  a  dû  être  extrème- 
K  onsu  l 'aille1’.  Ce  sont  les  affranchis  qui,  comme  le 

^J^Tcic.  .■)  ^  j ,  jj. 

I  %  «,  18,  I  *C  n.  IS,L  *’  46  ’  4>  H;  Dio-  Cass.  GO,  13  cl  29  ;  Sucl.  Claud.  25  ; 
rÏT«e.  Ann.  14, Vis"!!.’  *’  4.'’  6,~2  Tac'  Ann-  J3>  32  ;  Di0-  29>  s-  3,  §  IG. 

t®  la  procès  raconta  nn.pr  "  10’  §  R  '  '  ■  C'est  la  solution  qui  prévaut 

Jr r I Momn)s0i1  (Étude  .■  ^  ^  :  rescr^  de  Trajan  est  sans  doute  posté- 

5' 11,1 1® jugemeiu  _  jt"  h  Jeune,  trad.  Morel,  p.  23)  le  met  au  contraire 

ri~s%48,2,  ,0  u  nrf;  35;  DifJ-  48’  18>  b§  9;  C.Juet.  9,  41,6  (Go.- 

11  ;  Sun.  mil l.  ’Sï>,Mos-  *• 4’  5-  -  7  1,  «,  b  45, 

'  •  vv*$at.  1  -27  iqv  In*  Ep,  7,  29  ;  8,  C  ;  Tac.  Hist.  1,76  ;  Scn.  Ep. 

’■  -y  ù  n  «3  "  !„0’  27  :  U-  22  ’  3-  20  Potron.  Sa*.  38,  «,  32,  54, 

JL  e..lllsL  «'»'  ks  corner,,-  ’  lbul  t0’  4760 :  14’  2043-  —  11  Voir  Waltzing, 
Professionnelles  chez  les  Romain*,  Louvain, 

eoni‘’s  "3>  10  M*.  IG7,  iM.''.:  °!  ,tl7’  108  ;  G>  10  «b  10  323,  10326,  10  329, 
V,?;-  C^-  40,  l  .  ,  47 'b  *26;  14,  409,  2877.  _  13  Cic.  De  petit. 

C"'-4’  341  Sc"'  «P-  80,7:17.5;  /te 
».  1:1  ;  u,  37;Ta c’î9'10;  Plin-  m«-  nat-  30.  12;  33,  135;  Martial. 

Lmonai^0"'  38’ 70 '  Plut.  PomT'i *■' C/  *'  1  3’  450  ;  Juvcu'  4>  1°4-10G  ! 

'J1,  261.  is  .  l'  ull.  Apol.  G.  —  H  Voir  les  calculs  de 

•  ,  20 - 10  C.  i.  I.  G,  975,  2219-2229  ;  1018  ; 


UB 

reconnaissait  déjà  Tacite111,  ont  constamment  renouvelé 
et  entretenu  le  corps  des  citoyens.  Énumérons  leurs  princi¬ 
pales  fonctions,  outre  les  fonctions  militaires  qu’on  a  vues. 

A.  Affranchis  privés  et  des  villes.  —  1°  Fonctions 
municipales  et  administratives.  Ils  fournissent  à  Rome  et 
ailleurs,  comme  on  l’a  vu,  la  plupart  des  magistri  vici  et 
une  partie  de  leurs  ministri16  ;  à  Rome  le  ou  les  deux 
curatores  de  chaque  région,  sans  doute  institués  par 
Hadrien  entre  109  et  13ü17  ;  partout  des  caissiers  (arcarii) 
[arcarius]  18.  Les  decuriae,  c’est-à-dire  les  corps  d  appa¬ 
riteurs  des  magistrats  romains,  sont  essentiellement 
composées  d’affranchis19.  C’est  le  cas  des  licteurs  [lictor] , 
des  viateurs  [viator],  deshérauts  [praeco]  ;  dans  les  scribes 
[scriba],  il  n’y  a  que  quelques  affranchis20;  les  accensi 
sont  généralement  des  affranchis  personnels  de  magis¬ 
trats21  ;  le  nomenclator  du  censeur  est  aussi  son  affran¬ 
chi  22.  Il  y  a  des  affranchis  au  service  de  ces  différents 
appariteurs23.  Ils  arrivent  souvent  à  la  présidence  de 
ces  décuries,  au  titre  de  inagister 2i.  On  trouve  des  affran¬ 
chis  dans  les  bureaux  des  magistrats  ;  leurs  fonctions 
s’appellent  déjà  souvent,  comme  on  l’a  vu,  militia  ;  ils 
font  partie  de  Vofficiunr,  les  procurateurs  choisissent 
souvent  une  partie  de  leurs  aides  parmi  leurs  propres 
affranchis  et  esclaves25. 

’  2°  Offices  ou  emplois  sacerdotaux.  Dans  les  collèges 
sacerdotaux,  chaque  membre  a  comme  calator  un  de  ses 
affranchis26.  Ils  fournissent  des  viatores  aux  Sodales 
Augustales ,  aux  Septemviri  epulonum ,  un  sacerdos  aux 
vestales,  la  plupart  des  aeditui ,  des  tibiciues,  des  sgm- 
plioniaci  21.  —  3°  Professions  et  métiers  28.  Beaucoup 
d’affranchis,  anciens  esclaves  ruraux,  ont  continué  à 
cultiver  le  sol29  ;  mais  nous  avons  peu  de  renseignements 
sur  la  tenure  d’affranchis  [latifundia].  Nous  trouvons  des 
affranchis  dans  les  industries  qui  se  rattachent  à  la  cons- 
Iruction  30,  dans  l’industrie  et  le  commerce  des  produits 
alimentaires,  des  tissus  et  des  vêtements31,  des  esclaves 
et  des  gladiateurs  32  ;  dans  l’orfèvrerie,  la  bijouterie  et 
les  industries  analogues33;  ils  fournissent  des  hérauts, 
des  scribes,  des  scriniarii ,  des  coiffeurs34  ;  un  très  grand 
nombre  d’acteurs,  de  pantomimes,  de  danseurs,  de  pres¬ 
tidigitateurs,  de  cochers  du  cirque,  de  gladiateurs  3:1  ; 
beaucoup  de  banquiers  ( argentarii ,  nummularii) 36  ; 
c’est  surtout  parmi  les  affranchies  que  se  recrutent  les 
courtisanes  [lenocinium]. — 4°  Professions  libérales.  Ils  y 
ont  occupé  une  très  grande  place  ;  beaucoup  d’esclaves 
étaient  médecins  domestiques;  il  n'est  pas  étonnant  que 
tant  d’affranchis  aient  exercé  cette  profession  ou  les 
professions  touchant  de  près  ou  de  loin  à  la  médecine  : 
on  trouve  des  médecins  proprement  dits,  des  spécialistes, 


10,  3790.  —  11  Mommsen,  Droit  public,  o,  p.  335  ;  C.  i.  L  G,  973.  —  18  Orelli-Henzen, 
109,  1 18,vG039,  G395.  —  19  Voir  Mommsen,  Droit  public,  I,  p.  37G-4IG.  —  20  C.  i.  I. 
6,  1815,  1852,  1855,  1856.  —  21  Cic.  Ad  Quint.  1,  i,  4,  12;  Verr.  3,  61,  157  ;  Ad 
Alt.  4.  16,  12;  C.  i.  I.  6,  1960-1901.  Ils  sont  affranchis,  mais  pas  du  magistrat, 
Ibid.  10,  7552  ;  6,  1903;  Cic.  Verr.  1,  28,  71.  —  22  C.  i.  I.  6,  1967,  1968.  —  23  Un 
tabularius  des  viatores  quaestorii  [Ibid.  0,  1930).  —  24  Ibid.  6,  1933,  1942,  1895. 

—  25  Quelques  exemples  cités  par  Hirschfeld,  Untersuchungen,  p.  279,  note  2. 

—  26  C.  i.  I.  6,  2080;  cf.  0,  2184;  Suet.  De  gramm.  12.  —  27  Orelli-Henzen,  2459, 
6104,  1709,  2440;  C.  i .  1.0,  2150,  2202,2210;  Varr.  De  re  rust.  1,  2,  1.  —  28  Voir 
Lomouuier,  L  c.  p.  273-284.  —  29  C.  i.  I.  11,  600.  —  30  loid.  6,  9952,  9634,  9852, 
9853,  007,  877,  9034,  9794,  9933,  9957  ;  10,  1349,  3098.  —  M  Ibid.  6,  9671,  9683, 
9805,  9964,  9963-70,9142,9710,  9718,  9810,  9860,  9S07,  9808,  9871 , 9873,  9884,  9889, 
9894,  9899,  9931,  9993,  9999  e,  4476;  10,  543;  Hcnzen,  5087.  —  32  Orclli,  2551; 
C.  i.  I.  0,  10200.  —  33  Ibid.  6,9419,  9933-57,  9434-36,  9208,  9664,  9221,  9222,  9133. 

—  34  Ibid.  0,  1953,  1867,  9940,  9941  ;  10,4919  ;  Orelli,  2950,  2953,  —  33  Dj0.  Cass. 
68,  10;  Vi ta  Ver.  8;  C.  i.  L  9,  344  ;  6,  10114,  10085-10101  ;  Wilmanns,  2619,  2620, 
2622,  2025,  2620;  Orelli,  2160,  4140,  2630,  2012.  —  36  Orelli-Henzen,  5094,  6424; 
C.  i.  I.  6,9165-66,  9168,  9170,  9713,  9714. 


LIB 


—  1218  — 


LIB 


des  oculistes,  des  médecins  officiels  ( archiatri )  ou  atta¬ 
chés  à  des  établissements  publics  ou  privés,  des  iatra- 
liptae,  des  unguentarii ,  des  médecins  femmes,  des 
accoucheuses1  [medicus,  archiatrus].  Les  affranchis  ont  eu 
un  rôle  aussi  important  pour  l'éducation  et  l’instruction 
des  enfants,  comme  pédagogues,  précepteurs  soit  privés, 
soit  publics.  Ils  ont  fourni  un  nombre  considérable  de 
grammairiens  et,  d’après  Suétone,  presque  tous  ceux  qui 
se  distinguèrent  dans  cette  carrière  étaient  des  affranchis 2. 
On  connaît  les  noms  des  affranchis  littérateurs  de  toute 
sorte,  historiens,  érudits,  poètes:  Livius  Andronicus, 
Caecilius  Statius,  Térence  sous  la  République;  Publius 
Snius,  Phèdre,  Epictète  sous  l’Empire3.  On  trouve  aussi 
parmi  les  affranchis  beaucoup  d'artistes,  architectes4, 
peintres,  statuaires®.  On  a  vu  d’autre  part  quelles  fonc¬ 
tions  les  affranchis  remplissent  quand  ils  restent  au  ser¬ 
vice  de  leurs  patrons. 

B.  Affranchis  impériaux.  Ils  peuvent  passer  par  héritage 
d  un  empereur  à  l’autre  ;  souvent  des  affranchis  de  parti¬ 
culiers  passent  au  prince  à  la  suite  d’héritages  ou  de 
confiscations  6.  Les  affranchis  impériaux  n’ont  pas  de 
privilèges  juridiques,  pas  d’insignes  spéciaux1.  L’im¬ 
portance  qu  ils  ont  eue  aux  trois  premiers  siècles  de 
1  Empire  a  tenu  soit  à  leur  influence  personnelle  à  la  cour 
auprès  de  l’empereur,  soit  aux  fonctions  qu’ils  remplis¬ 
saient,  et  elle  a  varié  selon  le  caractère  des  princes. 
Auguste,  tout  en  les  employant,  sait  les  contenir  ;  Tibère 
agit  de  même  dans  la  première  partie  de  son  règne;  mais 
dans  la  seconde  il  leur  laisse  beaucoup  plus  de  puis¬ 
sance 8  ;  ils  sont  les  maîtres  sous  Caligula,  sous  Claude 
que  dominent  Callistus,  Pallas,  Narcisse,  sans  compter 
Posidès,  Félix,  Polybe,  Ilarpocras,  Thessalicus 9  ;  sous 
Néron,  sous  le  règne  duquel  on  peut  citer  les  noms  de 
Polycletus,  Helius,  Pelago,  Doryphorus,  Epaphroditus 10. 
Galba  fait  tuer  plusieurs  des  affranchis  de  Néron,  mais 
laisse  une  grande  autorité  à  ses  affranchis,  surtout  à 
Icelus11.  Othon  fait  tuer  Icelus,  mais  rétablit  les  affranchis 
et  les  procurateurs  de  Néron12.  Asiaticus  est  tout-puis¬ 
sant  sous  Vitellius 13.  Vespasien  et  Titus  paraissent  avoir 
traité  sévèrement  les  affranchis 14,  qui  reprennent  au 
contraire  leur  crédit  sous  Domitien13.  Nerva  et  Trajan 
reviennent  à  la  politique  d’Auguste10.  Hadrien  traite  très 
sévèrement  les  affranchis  et  leur  enlève,  comme  on  va  le 
voir,  les  plus  importantes  de  leurs  fonctions  au  profit  de 
1  ordre  équestre  1  \  Antonin  se  conduit  d’après  les  mêmes 
règles18;  Marc  Aurèle  est  trop  tolérant  à  l’égard  des 
affranchis  de  Verus,  surtout  Geminus  et  Agaclytus,  mais 
il  les  éloigne  après  la  mort  de  son  collègue,  sauf  Eclec- 


tus19  ;  sous  Commode,  les  affranchis 


sont  les 


Cleander  arrive  à  la  préfecture  du  prétoire2»* 
de  Caracalla  et  d’Elagabal  à  l’égard  des  afli-  1  ' 
traste  avec  la  rigueur  de  Pertinax,  de  Sei'r"  COn‘ 
et  d’Alexandre  Sévère21.  C’est  surtout  par  j'!"0  Sévère 
de  tout  genre,  par  le  trafic  des  places,  des  di'.,  ■P.lll**l 
faveurs  impériales  que  tant  d’affranchis  0nu^  des 
fortunes  énormes  qui  scandalisaient  les  contern*'^  ? 
mais  dont  le  caprice  ou  la  cupidité  de  leurs  in°qa'nSÏl’ 
une  révolution  politique  pouvait  à  chaque  in!,' ,°U 
dépouiller».  A  chaque  règne  nouveau,  le  perso„ne  “ 
affranchis  se  renouvelait  en  partie;  mais  nous  avo  * 
nombreux  exemples  d’influences  et  de  carrièresTj  | 
sont  continuées  sous  plusieurs  empereurs24  lesffj 
chis  étaient  en  général  originaires  des  pays  grecs  eUrT  J 
taux.  Les  empereurs  les  ont  utilisés  dans  un  nombre  incàt 
culable  d’emplois,  échelonnés  depuis  les  services  dômes] 
tiques  delà  cour  jusqu’aux  fonctions  impériales  propre" 
ment  dites.  En  bas,  il  est  difficile  d’établir  une  limite 
précise  entre  les  places  d’esclaves  et  les  places  d’affranchis' 
certains  services  ont  été  mixtes  et  l’affranchi  a  souvent 
continué  son  métier  d’esclave.  En  haut,  la  limite  entre 
les  places  de  chevaliers  et  les  places  d’affranchis  a  été 


mieux  marquée,  tout  en  comportant  aussi  de  nombreuses 
variations.  Dès  le  début,  Auguste  a  réservé  aux  chevaliers 
le  titre  de  procurator  Augusti ,  aux  affranchis  celui  de 
procurator  tout  court,  et  cette  règle  a  été  maintenue  sauf 
quelques  rares  exceptions  23  [procuratorJ.  11  a  réservé 
aux  chevaliers  les  places  importantes  de  gouverneurs  des 
petites  provinces  impériales  et  de  l’Égypte,  et  il  en  a  été 
ainsi  sous  ses  successeurs,  sauf  quelques  exceptions2'.  lia 
recruté  parmi  les  affranchis  les  procuratores  financiers, 
les  employés  subalternes  des  procuratores  ■Augusti,]® 
fonctionnaires  du  trésor  impérial  à  Rome,  la  plupart  des 
administrateurs  des  biens  impériaux,  les  directeurs  du 
service  des  eaux,  de  la  chancellerie,  du  secrétariat  impé¬ 
rial.  Mais  dans  la  suite  les  plus  importants  de  ces  postes 
sont  devenus  équestres,  à  la  suite  d’une  réforme  ébauchée 
par  Othon  et  Vitellius,  complétée  par  Hadrien21.  Les  fonc¬ 


tionnaires  ab  epistulis  et  a  libellis  se  recrutent  après 
Néron  dans  les  deux  classes;  après  Hadrien  jusqu’à  Dio¬ 
clétien,  nous  ne  connaissons  que  deux  exemples  d  affran¬ 
chis  ab  epistulis  [epistulis  (ab)]  ;  la  charge  a  libeM 
[libellis  (a)]  est  mixte  jusqu’à  Hadrien;  après  lui  on 
n’y  trouve  plus  que  des  chevaliers28.  Les  affranchis pos 
sêdent  la  charge  a  rationibus  jusqu’à  Hadrien;  elle  passe 
ensuite  aux  chevaliers,  mais  on  y  trouve  encore  quelque3 
affranchis  sous  Antonin,  Marc  Aurèle  et  au  inc  siècle 


1  Dig.  38,  1,  26;  C.  i.  I.  I,  1059  ;  6,  9568,  9576,  9583,  9594,  9598,9402,  9005,  90)5, 
9617,  9723  ;  Wilmanna,  2493  ;  Orelli-Henzen,  2553,  2886.  —  2  Suet.  Gramm.  3,  4,  6,  7, 
10,  13,  17,  18,  19,  21  ;  C.  i.  I.  6,  9449.  —  3  Autres  noms  cités  par  Lemonnier,  /.  c. 
p.  282,  notes  1-2.  —  4  C.  i.  I.  9  ,  4479  ;  6,  8725,  9151,  9152.  —  6  Juv.  Sat.  9,  145  ; 
C.  i.  I.  10,  5352  ;  6,  9780,  9794.  —  6  Henzen,  0341  ;  Tac.  Hist.  2,  65  ;  Plin.  Hist. 
nat.  9,  62;  12,  12.  Voir  Hirschfeld,  l.  c.  p.  275,  note  10;  C.  i.  I.  6,8432  ;  Wilmanns, 
1312.  —  7  Par  exception  Claude  accorda  à  Posidès  une  hasta  pura  pour  le  triomphe 
britannique  et  Vespasien  à  un  de  ses  affranchis  le  droit  d’assister  au  triomphe  juif 
(Suet.  Claud.  28  ;  Stat.  Silv.  3,  3,  140).  - —  8  Tac.  Ann.  4,  7  ;  Joseph.  A  ni  ic[ .  dud. 
18,  6,  1,  4;  Plin.  Hist.  nat.  13,  94.  —  8  Joseph.  I.  c.  19,  1,  10;  Rio.  Cass.  60,  19; 
Suet.  Claud.  27,  29;  Sencc.  Apokol.  13,  5;  Plin.  Hist.  nat.  12,  12;  C.  i.  I. 
6,  9016.  —  10 Suet.  Ner.  37  ;  Dio.  Cass.  63,  12  ;  Tac.  Ann.  14,  39;  II,  59  ;  Hist. 
1,  37  ;  2,  95;  Plin.  Ep.  6,  31  ;  Hist.  nat.  12,  12.  —  U  Suet.  Galb.  4,  14-10  ;  Tac. 
Ann.  12,  60;  Hist.  1,  7,  13  ;  Plut.  Galb.  il  ;  Dio.  Cass.  64,  2.  —  1  i  Tac.  Hist.  1, 
13  ;  Suet.  Galb.  14;  Oth.  7;  Dio.  Cass.  64,  8.  —  13  Tac.  Hist.  2,  57,  95  ;  4,  11; 
Suet.  Vitell.  12.  -  U  Philostrat.  Apollon.  5,  36,  p.  101  (éd.  Kayser)  ;  Suet.  Vespas. 
16.  —  la  Suet.  Dom.  7  ;  Dio.  Cass.  67,  15.  —  le  Plin.  Pan.  88  ;  Ep.  6,  31.  —  17  Vita 
Hadr.  15,  21.—  18  Vita  Anton.  6,  H;  Dio.  Cass.  09,7.  —  19  Vita  Veri,  9, 
M.  Anton.  15.  —  20  Vita  Comm.  4,  6,  7,  14,  15.  -21  Vita  Pert.  12,  14,  Elagab. 


11;  Dio.  Cass.  73,  8-10  ;  70,  6  ;  77,  18  et  21;  78,  10;  Vita  3°’  ^jodi' 
Voir  sur  le  rôle  de  quelques  affranchies,  Acte  sous  Néron,  CaemS|  .  ^4 
Vespasien  (Dio.  Cass.  61,  7  ;  66,  14;  Suet.  Ner.  28  ;  Vespas.  3,  l ■  ■  'K  ^  ^ 

12)  ;  Friedlander,  l.  c.  p.  121-123.  —  22  Joseph.  Antiq.  Jud.  18,  4’ 8 glSI, 

Plin.  Hist.  nat.  13,  94;  Juven.  Sat.  14,  329  ;  Tac.  Ann.  12,  53,  jV,jjcll[|c! 
1,  20,  Il  ;  Suet.  Claud.  28;  Martial.  4,  5,  7.  Les  mots  fumus,  fumi 
fausses  promesses  vendues  par  les  affranchis  et  autres  gens  de  cou*  ■  ^  cons|rui- 

Vita  Alex.  Se v.  23,  Elagab.  10.  Sur  le  luxe  des  palais,  des  yesp,iti 

lions  des  affranchis,  voir  Friedlander,  l.  c.  I,  p-  98-99.  —  -  “  ^aCi  ,im  I 
Ner.  35.  —  24  Stat.  Silv.  3,  3,  84  ;  3,  4  (carrière  de  Claudius  ^ 

13,  47.  —  25  Dio.  Cass.  53,  15  ;  C.  i.  I.  3,  536;  8,  12655.  Voir  » 
public ,  t.  V,  p.  107-111;  Hirschfeld,  l.  c.  p.  241.  Mais  1rs  Ilom  de  rB|*nP®'J 

ajouter  au  mot  procurator  les  mots  Aug.  n.  ou  Augg.  nn.  011  j0  sous  Augus**  J 

reur  (Wilmanns  1292,  Orelli  4570).  —  20  Licinus  procuratcui  0,1  çass  5s,  19)'  I 

(Suet.  Aug.  67);  un  affranchi  préfet  d’Égypte  sous  Tibère  (  *  ^,^0(jUC  jtc»11 
Félix  procurateur  de  Judée  sous  Claude  (Suet.  Claud.  28),  ‘^ca*  ’  9;  T**' 

nue,  procurateur  de  Mauritanie  (C.  i.  I •  10,  6081).  21  77.18O  ;  Hi*’sl!^ej 

Hist.  1,  58  ;  Vita  Hadr.  22.  -  28  Voir  Friedlander,  l.  c ■  L  P- 
l.  c.  p.  207.  —  29  Friedlander,  l.  c.  p.  173-177  ;  Hirschfeld,  l  P-  ’  * 


LIB 


_  1219  — 


UB 


;«  W‘“r^  C 


it  avoir  été 


L 


recruté  parmi  les 
1  On  connaît 


...  Septime  Sévère  \  On  connaît  un 

affranchi®  Ju[  ]jureau  a  memoria  sous  Caracalla 2.  Le 
affranchi  '  11  ^  dirigé  régulièrement  au  nL  siècle  par 

h*eauo  ■  ,  yi  pour  les  domaines  impériaux, 

dlaffrancln-’  7  ^  mot  latifündia.  Les  cubicularii, 
nous  re°V<^°/^  affranchis  jusqu’à  la  fin  et  quelques-uns 
aCl,b‘Cin  „  rôle  important,  par  exemple  Parthenius  et 
onl  j°u< >l  .  p0mitien 3,  Saoteros,  Cléandre  et  Eclectus 
Sir  rlmode  Zoticus  sous  Elagabal  *  [cubicularius]. 
S°r  carrière  des  affranchis  n’a  pas  eu  de  règles  fixes; 
rtL port»  »  nombre  énorme  Je  fonctions  ;  on  passe 
T“  L  de  cour  proprement  dits  aux  services  publics 
.versement!  on  peut  avoir  successivement  le  même 
dans  différents  services  5  ou  dans  differentes  pro¬ 


grade 


î-dessous  du  grade  supérieur  de 


vinces ” ;  en  général,  au-uessuus  uu  &i 
wLcmitor,  il  y  a  dans  chaque  bureau,  par  ordre  decrois- 
iLt,  des  proximi  et  des  adjutatores  procuratoris,  des 
tabulant  qui  ont  eux-mêmes  leurs  proximi,  leurs  adju- 
torcs  et  qui  relèvent  d’un  praepositus  tabulariorum 
ou princeps  tabulant#',  des  acfores,  exactores ,  vilici, 
icommentariis ,  commenta  rieuses,  librarii ,  a  libellis,  cib 
instrument is,  prétest  gnutores  ;  ab  auctoritatibus ,  contra- 
scriptores.  Presque  tous  ces  employés  sont  nommés  par 
l’empereur.  Nous  manquons  de  données  sur  leur  traite¬ 
ment;  les  charges  de  cour  paraissent  avoir  été  grassement 
payées8  ;  les  proximi  des  grands  bureaux  ont  40000  ses¬ 
terces9.  Quelques  inscriptions  nous  donnent  une  idée 
des  carrières  des  affranchis10.  Un  affranchi  est  successi- 
vmvùpraegustator,  tricliniarcha,  procurator  a  mune- 
ribus,  procurât  or  aquarum ,  procurator  castrensisil. 
Un  autre12  est  praeposttus  mensae  nummulariae  /isci 
frumentarii  Ostiensis,  decurialis  gerulorum,  decurialis 
iecuriae  viatoriae  consularis ,  tribunicius  collegii  ma- 
gni13  ( Larum ),  procurator  pugillationis  et  ad  naves 
pages H,  procurator  annonae  Ostiensis.  Un  autre15  de- 
dent  cubicularius  après  avoir  été  procurator  vinorum, 
procurator  munerum,  procurator  patrimonii,  procu¬ 
rator  thesaurorum.  Un  autre10  a  été  praepositus  a 
crystallinis ”,  praepositus  a  fibulis 18,  triclin  ia  relia, 
procurator  saltus  Domitiani 19,  procurator  ad  praedia 
Bpd/wna,  procurator  a  mcindatis  20,  procurator  ab 
^Êhmeride-' ,  procurator  rat(ionis)  purpurarum 22 . 

Principaux  services  impériaux  où  nous  trouvons 
|  affianchis  sont,  outre  ceux  qu’on  a  vus,  les  suivants  : 

Ibu  fe!?*CeS  Pul}^cs>  F1SC  [FISCUS,  res  privata,  ratio- 
’  “  domaines  impériaux  [latifundia,  patrimo- 
f  aiTp1  ’  i  ■  ll,ritaSes  hissés  au  prince;  on  y  trouve  des 
IqIj  ,  COinme  procurateurs,  tabularii,  adjutores 
rii  J! 101  um\a^  auct°ritatibus,  a  commentariis ,  libra- 
fvicrcuM  01  eS  tPATRIMONiuM]  ;  4°  impôt  sur  les  héritages 
HP  1  '  iieredil’atium]  ;  ù°  mines,  carrières  et  salines  [me- 
1  Hirschfeld,  l  c  „ 

M'bHirschfeld  „ '  *’  Le  con^tldes  empereurs,  p.  377.-  2  Hepodian. 

FMI.  Apol.  33  _Vn  7  Martia>-  4-  78  ;  Suet.  Boni.  10  ;  Dio.  Cass.  67,  15  ; 

PT>:  *’  11  :  Herodian.  l'  /*’  12’  "  ;  77'  21  i  Vita  C° ««•  8,  4,  5,  7  ; 

~~  '*  ».  I.  2,  3235  7  n  n’-  ’  *  ’  6’  20 10-  ~  5  Ephem.  epigr.  3,  p.  50,  n°  48. 

~  90rclli,3l95._  10  Voi  V™  J)  2949 ’>  Wümanns,  1389.  —  8  Vit.  Alex.  Sev.  41. 
H  Relions  am  mois  ...  °  ant'C1’  ^ c •  P-  132-200.  Nous  renvoyons  pour  le  sens 

-  “  He”ZeU’  °337-  -  12  C-  <•  ‘  •  14’  2045. 
is  >  lo^enzcn>  C344  —  1+  ®ans  doule  chargé  du  contrôle  des  na¬ 

tion-  1  U'l'0Sé  aux  fibulae  —  19  p1  \ 536’  ~~  il  PréPosé  a  la  verrerie  impériale, 
rù).  ln;°/lCS,us  fonctionnaires  lP02fpàr  U“-  ~  20  Préposé  aux  instruc- 
_  23  ^réPosé  aux  fabri  •  lLP°sô  au  journal  de  l’empereur  (Epheine- 
*  Rnft  L  6»  8432,  8433  lmP^p^es  pourpre  dans  plusieurs  provinces. 
W'  9101^  >2,  4449  ;  3'  fift3,8-’  ; VOil’  HirSchfeW-  «■  O.  p.  53-62.  -  21  C.  i.  I. 

“  '  8'  1878'  —  23  Ibid.  6,  8544-47,  8550,  8551, 


talla,  salinae]  ;  6°  monnaie  [moneta];  7°  poste  impériale 
[cursus  publicus]  ;  8°  routes  [viae];  fio  approvisionnement 
de  Rome -et  assistance  publique  [cura  annonae,  ali.men- 
tarii  pueri]  ;  10°  travaux  publics  [portus,  opéra  publica, 

AQUAEDÜCTUS,  CURA  AQUARUM]. 

B.  Services  domestiques24.  1°  Jeux  impériaux  [ludi, 
muneraj;  2Ü  bibliothèques  impériales  [bibliothecae]  ; 
3°  maison  impériale  [ratio  castrensis].  Citons  ici  quel¬ 
ques  catégories  spéciales  :  les  employés  des  différentes 
garde-robes,  vestis  alba  triumphalis,  vestis  castrensis, 
vestis  regia,  vestis  scaenica ,  vestis  venatoria2i  ;  les  em¬ 
ployés  des  Thermes20;  le  procurateur  du  Mausolée  21  ;  les 
procurateurs  a  loricata  [loricata]  28  ;  les  ab  actis 29  ;  les 
a  cura  amicorum  30 ;  les  aeditui  des  différents  temples31  ; 
les  lecticarii,  les  cursores32  ;  les  a  manu33',  les  minis¬ 
tratores,  nomenclatores3i  ;  les  médecins,  les  pédagogues 
des  pages,  le  chef  des  cuisiniers35,  les  préposés  à  la 
vaisselle  de  tout  genre30.  Il  y  avait  des  services  du  même 
genre  auprès  des  impératrices37.  Les  acteurs,  danseurs, 
tragédiens,  mimes  de  la  cour  ont  quelquefois  disposé 
d’une  influence  politique  considérable38. 

On  voit  donc  quelle  place  immense  les  affranchis  privés 
et  impériaux  ont  occupée  dans  la  société  romaine;  ils  y 
ont  constitué  une  sorte  de  classe  moyenne. 

XX.  Les  affrancuis  au  Bas-Empire.  —  Ils  constituent 
encore  une  classe  très  considérable,  malgré  la  diminution 
relative  du  nombre  des  esclaves.  On  peut  le  conclure  sur¬ 
tout  de  la  place  qu’ils  occupent  dans  les  lois  barbares,  à 
l’époque  mérovingienne.  Les  mêmes  raisons  que  précé¬ 
demment,  et  de  plus  maintenant  l’influence  du  christia¬ 
nisme,  favorisent  les  affranchissements.  Les  textes  ne 
distinguent  plus  aussi  nettement  qu’auparavant  les  in¬ 
génus  et  les  affranchis.  En  particulier,  les  affranchis  qui 
cultivent  la  terre  sont  presque  assimilés  aux  colons  et  ont 
dû  avoir  à  peu  près  la  même  condition  qu’eux39.  Il  est 
probable  que,  comme  le  croit  Fustel  de  Coulanges 40, 
dans  la  société  du  Bas-Empire,  divisée  en  castes,  la  con¬ 
dition  d'affranchi  est,  en  fait,  héréditaire. 

La  législation  du  iv°  et  du  commencement  du  ve  siècle 
présente  une  certaine  dureté  à  l’égard  des  affranchis. 
Dioclétien  assure  la  liberté  à  l’homme  qui  a  été  de  bonne 
foi  pendant  vingt  ans  en  possession  de  la  liberté41. 
Constantin  reconnaît  une  nouvelle  forme  d  affranchisse¬ 
ment,  qui  prend  de  suite  une  extension  considérable,  la 
«  manumissio  in  ecclesia  »42,  évidemment  analogue  à 
l’ancien  affranchissement  grec  par  vente  à  une  divinité  43j 
l’affranchissement  dans  l’église,  applicable  aux  esclaves 
de  tout  âge,  a  lieu  les  dimanches  et  les  jours  de  fêtes, 
surtout  à  Pâques,  en  présence  du  peuple  et  des  prêtres 
qui  signent  l’acte  comme  témoins  ;  en  outre,  quel  que  soit 
le  mode  employé  par  les  membres  du  clergé,  ils  confèrent 
toujours  à  leurs  esclaves  la  liberté  directe44.  Une  loi  de 

8  5  5  3  ,  8  5  5  5.  —  20  Ibid.  6,  8677,  8678.  —  27  Ibid.  G,  8686.  —  28  Ibid.  6,  8691, 
92.-  29  Ibid.  6,  8694-95.  —  30  Ibid.  6,  8797-8799.—  31  Ibid.  6,  8704-8710;  4305. 

—  32  Ibid.  6,  8800,  8872,  8875.  —  33  Ibid.  6,  8886.  —  31  Ibid.  6,  8920,  8930, 
8931,  8935,  8938.  —  33  Ibid.  0,  8504,  8902,  8907,  8909,  8750,  8751,  8908-69,  8972, 
8981.  —  30  Ibid.  6  ,  87  2  8-8  7  3  7.  —  37  Voir  les  inscriptions  dn  Columbarium  des 
esclaves  et  affranchis  de  Livie  (Ibid.  6,  3949,  3960,  3970,  3986,  3993,  3994, 
4008  ,  4012  ,  4222  ,  4250).  —  38  Epictel.  Diss.  4,  6,  31  ;  Dio.  Cass.  69,  5;  77,  21  ; 
Martial.  9,  28;  Suet.  Calig.  33;  Dom.  15;  Joseph.  Vit.  3;  Phil.  leg.  ad. 
Cai.  5G7.  Voir  Friedlander,  l.  c.  p.  118.  —  39  C.  Th.  4,  10,  3;  C.  Just.  11. 
53,  l.  un.  §  3.  —  40  Institutions  politiques,  p.  241.  —  41  C.  Just.  7,  22,  2. 

—  42  C.  Just.  i,  13,  1-2  ;  7,  15,  2.  —  43  R  y  en  a  encore  des  exemples  au  ne  siècle 
■  ap.  J.-C.  (Collitz,  Dialekt-lnschrift,  1555  b).  —  44  Qn  a  une  formule  d'affran¬ 
chissement  à  l'église  dans  Ennodius,  Petitorium  (Migne,  Patrol.  lat.  LXIII, 
p.  258). 


L1B 


—  1220  — 


L1B 


Valentinien  III,  applicable  au  moins  à  l’Occident,  main¬ 
tient  les  droits  successoraux  du  patron  ;  mais,  en  cas  de 
prédécès  de  ce  dernier,  ses  enfants  mâles  n’ont  qu’une 
réserve  d  un  tiers  sur  les  biens  de  l’affranchi  qui  a  testé 
en  faveur  de  son  ou  de  ses  enfants  ;  si  l’affranchi  meurt 
intestat,  ses  enfants  excluent  entièrement  les  descendants 
du  patron  ;  ses  père,  mère,  frère  et  sœur  les  excluent  pour 
moitié1.  Mais  nous  avons  d’autre  part  des  dispositions 
défavorables.  Ainsi  le  frère  obtient  la  querela  inofficiosi 
testamenti  contre  le  testament  du  frère  qui  a  institué 
ses  affranchis  comme  héritiers.  On  a  vu  les  lois  de  cette 
époque  sur  la  revocatio  in  servitutem*  ;  toute  donation 
faite  par  un  patron  à  son  affranchi,  à  une  époque  où  il 
n’avait  pas  d'enfants,  est  révoquée  par  la  survenance 
d’enfants3.  Les  lils  des  affranchis  ne  peuvent  arriver 
dans  les  troupes  palatines  qu’au  grade  de  protector U 
L’esclave  qui,  ayant  été  affranchi  pubère,  a  vécu  comme 
esclave  jusqu’à  sa  majorité,  ne  peut  plus  réclamer  sa 
liberté  Une  loi  de  423  paraît  défendre  absolument  aux 
affranchis  de  traduire  leurs  patrons  en  justice6.  Deux 
lois  de  Valentinien  Ier  et  de  Valens  enrôlent  dans  la  cor¬ 
poration  peu  considérée  des  catabolenses,  rattachée  à 
Yannona,  les  affranchis  possesseurs  d’au  moins  30  livres 
d’argent  ou  d’une  terre  qu'ils  ont  reçue  de  patrons  de  la 
classe  sénatoriale 7.  Les  affranchis  sont  encore  théori¬ 
quement  exclus  de  l’armée8;  mais  il  est  probable  qu’ils 
y  entrent  tout  de  même,  fournis  par  les  propriétaires 
comme  colons. 

La  législation  de  Justinien  est  en  général  favorable  aux 
affranchis.  Ajoutons,  à  ce  que  nous  en  avons  déjà  vu,  les 
dispositions  suivantes  :  il  supprime  les  principales  prohi¬ 
bitions  d’affranchissement  en  abrogeant  la  loi  Fufia  Ca- 
ninia  9,’le  senatus  consultum  Claudianum10 ,  la  clause  de 
la  loi  Aelia  Sentia  annulant  les  affranchissements  faits 
en  fraude  du  patron".  Il  supprime  la  classe  des  dedi- 
ticii 12.  Il  interdit  encore  les  affranchissements  entre  vifs 
au  mineur  de  vingt  ans,  mais  il  permet  les  affranchisse¬ 
ments  testamentaires  au  mineur  de  dix-septans,  et  même, 
plus  tard,  au  pubère  âgé  de  quatorze  ans13.  11  maintient 
dans  les  conditions  qu’on  a  vues  l’interdiction  d’affran¬ 
chir  en  fraude  des  créanciers.  Il  maintient  les  cinq  prohi¬ 
bitions  suivantes  :  la  défense  d’affranchir,  imposée  par 
le  magistrat  au  maîLre,  comme  punition  d’un  délit  de 
l’esclave  ;  la  défense  d’affranchir  l’esclave  condamné  à  la 
prison  perpétuelle;  l'interdiction  au  maître,  placé  sous  le 
coup  d’une  accusation  capitale,  d’affranchir  avant  son 
acquittement;  l’interdiction  à  la  femme,  poursuivie  pour 
adultère  avec  son  esclave,  de  l’affranchir  avant  son  ac¬ 
quittement;  l'interdiction  à  la  femme  qui  divorce  sans 
consentement  mutuel  d’affranchir  aucun  esclave  pendant 
soixante  jours  u.  Il  supprime  la  classe  des  Latins  Juniens, 
la  condition  d’âge  de  trente  ans,  et  fixe  les  modes  d’af¬ 
franchissement  qui  confèrent  la  liberté.  Les  modes  publics 
sont  :  l’affranchissement  vindicta  qui  n’est  plus  qu’une 
simple  déclaration  devant  le  magistrat,  l’affranchissement 
dans  les  églises  et  l’affranchissement  testamentaire,  vala- 

1  Nov.  Valentin.  III,  tit.  24  (447).  —  2  C.  Th.  2,  19,  3  (332);  C.  Just. 
Ü,  7,  34.  —  3  C.  Th.  8,  18,  3  (355).  —  4  C.  Th.  4,  10,  3 .  —  5  C. 

Th.  4,  8,  2.  —  G  C.  Th.  9,  G,  4.  —  7  C.  Th.  14,  3,  9-10.  Voir  Waltzing, 

l.  c.  II,  p.  277.  -  8  C.  Th.  4,  11,  3  (420).  —  9  C.  Just.  7,  3,  1  ;  Inst.  1,  7. 
—  10  C .  Just.  7,  24,  —  ü  C’est  au  moins  probable.  —  12  C.  Just.  7.  15,  1  ; 
Instit.  1,  5,  3.  —  13  Instit.  1,  6,  7  ;  Nov.  119,  1-2.  —  14  Di  g.  40,  9,  9,  §  2; 
48,  19,  33;  C.  Just.  7,  22,  2;  40,  1,  8,  §  1;  Instit.  2,  14  pr.  ;  40,  9,  12, 

§§  1-6,  14  pr.  §  4.  —  13  C.  Just.  7,  6,  1  ;  12,  35  6-7  ;  7,  15,  2  Nov.  78,  3-4; 


;S0Uneserattacllan| 


blemême  par  codicilles  non  confirmés 
à  aucun  testament.  Les  modes  privés  sont 
vus  à  propos  des  Latins  Juniens,  augmentés  il"* 
modes  nouveaux  :  ainsi  deviennent  libres^ 
abandonnés  par  les  maîtres,  les  femmes  eschv 
tuées  dans  les  conditions  déjà 


eja  vues,  les  esclaves 


Prosti.  I 
que  ] 


0rdres  ou  dans 


maître  laisse  entrer  à  l’armée  ou  dans  les 
les  fonctions  publiques,  les  enfants  issus  de  F 
maître  avec  son  esclave,  quand  il  y  a  eu  mari  i  '!"0"  dU 
quent  et  à  la  condition  que  le  père  n’ait  ras  à  dt 
légitimes 1S.  On  facilite  les'  affranchissements  en'I  ■ 
compte  de  plus  en  plus  des  intentions  du  testateur  T"1 
tous  les  cas  où  l’héritier  est  en  retard  pour  exécuter? 
fidéicommis,  la  sentence  du  magistrat  suffit  pour  affra  1 
chir;  l’affranchi  est  orcinus  ;  toutes  les  distinctions  del 
sénatus-consultes  Rubrien,  Dasumicn,  YiLrasien  dis 
missent.  Il  n’y  a  plus  d’ordre  légal  dans  les  dispositions 
testamentaires;  il  n’est  plus  besoin  de  termes  impératifs! 
on  peut  laisser  la  liberté  à  un  servus  incertus ;  l’institu¬ 
tion  d’un  esclave  comme  héritier  par  son  maître  équivaut 
à  un  affranchissement,  sauf  quand  il  s'agit  d’un  simple 
legs  ;  la  querela  inofficiosi  testamenti  ne  porte  plus 
atteinte  aux  legs  et  autres  dispositions  testamentaires11, 
En  539,  Justinien  assimile  complètement  les  affranchis 
aux  ingénus  ;  tout  affranchissement  confère  kjus  auno- 
rum  anulorum  et  la  natalium  restitution  tout  patron, I 
quelle  que  soit  sa  dignité,  peut  épouser  son  affranchie, 
en  faisant  un  contrat  de  mariage17.  Tous  les  droits  de 
patronat  subsistent.  Pour  la  succession  de  l’affranchi,  les 
bonorum  possessiones  disparaissent;  si  l’affranchi  a  lesta 
on  distingue  deux  cas,  selon  qu’il  possédait  moins  ou 
plus  de  cent  sous  d’or  ;  dans  le  premier  cas,  il  teste  libre¬ 
ment;  dans  le  second  cas,  les  descendants,  institués  ou 
admis  à  la  querela  inofficiosi ,  excluent  le  patron;  sil 
n’y  a  pas  de  descendants,  ou  s’ils  ont  été  dépouillés  par 
exhérédation  ou  omission  régulière,  le  patron  a  droit  au 
tiers  des  biens,  franc  de  charges;  si  l'affranchi  meurt 
intestat,  le  nouveau  système  est  obscur;  il  paraît  appeler 
les  descendants  libres,  à  leur  défaut  le  patron  et  ses  des-j 
cendants,  puis  ses  collatéraux  jusqu’au  cinquième  degié, 
avec  dévolution  d’un  degré  à  un  autre,  partage  par  teles, 
et  exclusion  du  plus  éloigné  par  le  plus  proche  .  -  j 

XXL  La  Vicesima  libertatis  19.  —  L’impôt  des  affran¬ 
chissements  a  été  établi  par  le  consul  Cn.  Manliu-  au 
camp  de  Sutrium,  dans  des  comices  par  tribus  en  « 
av.  J.-C.  et  confirmé  ensuite  par  le  sénat.  Cet  impôt, pa^j 
en  or  dès  le  début,  constituait,  sous  la  Républ"lu^^^ 
fonds  de  réserve  gardé  dans  Yaerariumsanctuod 
de  cinq  pour  cent  de  la  valeur  de  1  esclave.  ^ 
le  doubla,  Macrin  le  ramena  à  son  ancien  taux  ■  |  ^ 
plus  cité  depuis  cette  époque  et  a  dû  disparaît  1 1 
de  Dioclétien.  Sous  l’Empire,  il  revenait  d 'il»11!  ‘ 
du  peuple,  à  Yaerarium  Saturnin  ce  lu*  ^  JB 
dans  la  seconde  moitié  du  ne  siècle  ap.  b-C-  ^]oDjajre, 
au  fisc  et  qu’il  y  eut  des  procurateurs,  de  ijur>- 
et  des  employés  subalternes,  la  plupart  ah"111 


llt  affB»cllirj 

18,  11.  Les  enfants,  môme  émancipés  ou  dans  les  ol<^  ’  ^  $),—  ,(i 

entre  vifs  sur  le  mandat  des  parents  [C.  Just.  7,  ^  _ iVov*  j| 

2,  24,  2;  2,  20,  27  ;  C.  Just.  6,  48,  1  ;  7,  6  ;  Nov.  ll-D  '  Ma0*1 

-  18  Instit.  3,  7,  3;  C.  Just.  6,  4,  4.  -  18  Mommsen-Man[ 
antig.  rom.  trad.  fr.  t.  X,  p.  355-330;  Cagnat,  Les  impo  ^ 

172;  Hirschfeld,  l.  c.  p.  68-71.  On  trouve  fréquemment  M.  ^  AtL  S,  4  •  I 
vicesimae  libertatis  ».  —  20  Liv.  7,  16,  7  ;  27,  10,  H> 

—  21  Dio.  Cass.  77,  9;  78,  12. 


—  1221 


U  B 


LIB 


fisrus  liber  tatis  et  peculiorum  spécial  *; 
[aux,  avec  un  levée  directe  dut  remplacer  le  fermage. 


riauX  juvsu  _ _ 

à  cette  éPoq^6’  ôt  élait  affermé  à  des  publicains,  appelés 

jusque-lu  "  "  ;  ni)er tatis,  vicensimarii  ou  vicensu- 
s°cii  fmZec  qui  avaient  un  personnel 

mrir'  en  Imrii  vilici ,  et  qui  étaient  répartis  en  dis- 
fcla;eS; chef-lieu  était  le  siège  de  la  perception.  Les 
triClS  ,  S  étaient  répartis  en  Italie  par  régions,  ailleurs 
procurateur  ■ .  blicains  prélevaient  sans  doute  un 

F-:  „  chaque  affranchissement.  L’impôt  était 

l"  /  selon  les  conventions,  soit  par  l'affranchi  -,  soit 
'Tel  dans !»  affranchissements  testamentaires  par  le 
cdc  héritiers 5.  Ch.  Léceuvain. 

""IbtTMA  -  Vieille  divinité  romaine  dont  le  nom  est 
1,  rapport  avec  libitum,  désir  et  qui,  pour  des  raisons 
“  „„„s  ignorons,  est  devenue  la  deesse  des  funérailles  • . 

I  est  possible  qu’elle  fût  redevable  de  cette  qualité  a 
■âge  établi  par  le  roi  Servius  Tullius  d’acquitter  au 
trésor  de  son  temple  une  pièce  de  monnaie  à  chaque 
décès2  comme  on  en  versait  une  à  celui  de  JunoLucina 
pour  lès  nouveau-nés  et  à  celui  de  Juventas  pour  les 
jeunes  gens  qui  quittaient  la  robe  prétexte3.  Dès  lors,  elle 
fut  considérée  comme  la  gardienne  des  prescriptions 
rituelles  qui  concernent  les  morts  quant  à  la  contra¬ 
diction  qui  existe  entre  sa  fonction  et  son  nom,  elle 
s’explique,  ou  par  une  antiphrase  ou  par  1  association, 
fréquente  dans  la  religion  romaine,  qui  fond  l’idée  de  la 
joie  de  vivre  dans  celle  de  la  nécessité  de  mourir3.  Les 
Romains  eux-mêmes  paraissent  l’avoir  entendu  ainsi  en 
identifiant  Libitina  avec  une  Vénus  Lubentina ,  déesse 
du  jardinage,  que  l’on  vénérait,  de  concert  avec  Vénus 
Mur  cia,  à  la  fête  des  Vinalia  rustica ,  le  19  août.  Les 
sanctuaires  de  ces  divinités  étaient  voisins,  ce  qui,  avec 
la  ressemblance  des  vocables,  dut  acheminer  vers  la  con¬ 
fusion  de  leurs  personnalités,  sans  doute  distinctes  à 
l’origine6.  Les  hellénisants  tantôt  faisaient  de  Libitina 


I,  E-  E  h  249  ;  4827  ;  G,  772,  8450.  Hirschfcld  rapporte  les  peculia  aux 
liions  des  esclaves  qui  revenaient  à  l’empereur  (cf.  Wilmanns,  235).  —  2  Petron. 
s«t.  03;  C.  i.  I.  10,  3875  ;  2,  1742,  4180  ;  3,  555,  908;  5,  3351,  164;  6,  915, 
8451;  12,  2396;  13,  1,  1130;  8,  7099  (sens  probable).  —  3  Epictct. 

,  m:  *’  '•  33-  “  ;  Epictct.  Diss.  2,  1,  20;  Petron.  58.  —  5  Petron.  71; 

^  E  53-55,  110-119,  où  les  héritiers  sont  priés  de  restituer  la 

,  J  feux  qui  1  auraient  payée.  —  Bibliographie.  Vangerow,  Ueber  die 
lpdm  Juniani,  Marbourg,  1833  ;  Madai,  Die  statuliberi,  Halle,  1834; 
erneyev  De  mammissionc  testamentaria,  Gfitting.  1852;  Pauly,  Real-Ency- 
186(>  i  lCl-(,~^034  ;  Walter,  Geschichte  des  rôm.  Redits,  Bonn, 

fa  /r  353-355,  421,  478-500,  G55-G59  ;  Mommsen, 

Paris  is'h  "v'  }i>  ^)CI  Bu,  1804,  I,  p.  355-390  ;  Wallon,  Histoire  de  l’esclavage , 
rùmi&rho  r>  ^  c^er  die  Clientel  and  Libcrlinitdt ,  Leipzig,  1878;  Leist,  Ras 

s«iv.  ;  Hirscbr  dd  ”/7eC/<<  ’  Alllll'antli’  Studi  c  document  i  di  storia ,  1872,  p.  112  et 
no/;(, ,,  ’  ,  nte,suchu ngen,  Berlin,  1876  ;  Fustel  de  Coulanges,  Institutions 

*>,  p.  Paris’ i8?7’  "•  -3°-241  - 

du  Caillaud,  Sur  ta  ^  ^  romam’ trad-  Morel,  1882,  I,  p.  204-218  ;  Komanet 
■rend.  (882)  ;  Canlai' ll^  ^  ^ °‘  Norbana  (Acad.  d.  Inscript.  Compt. 

1  8«iv.  ;  XXX,  p  *  Lntini  Juniani  (Archivio  giuridico,  XXIX,  p.  30  et 

fl  Ortolan,  Instituies  ^  '■  *  0I'*<d’  ^cs  Mutins  Juniens,  thèse  doct.  Evreux,  1882; 

v  i  p®  AeliaSentia  Fidb  US,'n‘en’  ad-  1S83-S4  ;  Brinz,  Die  Freigelassenen  der 
Wai*ei,  Pari.  ioL  Eouehé-Lcclerq,  Manuel  des  Institutions  ro- 

acte 
des 


m^'nes,  Paris,  1886  3- i'',-..  *  '  Bouc“®-Lcclerq,  Manuel  des  Institutions  r 

dernière  t'oionhM]  ■  ”  3ll5'3(i8  ;  Teissier,  Des  affranchissements  par  ac 

«iTronc/iis,  thèse  doct  p  *  aris>  1886  !  Pagès,  De  L'infériorité  sociale  d 

^flr*s,  1880;  Trayer  h  i  '  '  ' Xagre,  Condition  des  affranchis ,  thèse  doct. 
l^ris,  1887;  Lemonnier  C"'n^lt‘on  en  matière  d’affranchissement ,  thèse  doct. 
■y*r'si  1887  ;  Fricdlündoi.  ’  r!  '  ^'slor‘1ue  sur  la  condition  privée  des  affranchis , 
R888’ c'  M-  1,  p.  82-132  \na2telhm°en  aUS  rfe’’  Sittengescliichte  Roms ,  Leipzig, 
I  romaine,  par;s  jg^..  "  3'U-397  ;  Fei'rcro,  Dei  libertini  ;  Michel,  Du  droit 

j  8  ’  ’  Rallier,  Condir  '  a^naE  Cours  d’épigraphie  latine.  3»  éd.  Paris,  1S98, 
■  tc»ias,  Précis  de  drotl °"  Jurid'1ue  des  affranchis,  thèse  doct.  Paris,  1890; 
r‘"’  5*  éd-  Louv^T""1’  4“  éd’  Paris-  i  Willems,  Le  droit  public 
B  laT8,"11'  des  n  ]■'  *12  c8  suiv-’  646  et  suiv.  ;  Mommsen  et 


Mai 

P- 11)7-11,  ;  v| 


’  h  P-  W-ill  'vï'1'!,11™  romain es>  Uad.  fr.  Paris,  1889-95,  t.  V, 
V,  ’  ’  P-  1-’s'8  1  X,  355-350;  XIV,  1,  p.  25-27,  192,  222, 


une  Persephoné  latine,  tantôt  rappelaient  qu’à  Delphes 
on  honorait  une  Aphrodité  avec  le  surnom  de  ’Eirrn>p.6toia, 
déesse  de  la  mort  en  même  temps  que  de  l’amour  Des 
modernes  ont  même  cru  que  des  statuettes  de  caractère 
archaïque,  prises  par  d’autres  pour  des  représentations  de 
Spes,  nous  restituaient  l’image  de  Libitina  en  réunissant 
dans  un  même  type  les  traits  de  Vénus  et  de  Proserpine. 
Wissowa  a  démontré  qu’il  n’existe  de  cette  déesse 
aucune  représentation  certaine,  ni  sous  les  traits  com¬ 
binés  de  Vénus  et  de  Proserpine,  ni  autrement8. 

Le  seul  monument  connu  de  son  culte  est  le  sanctuaire 
où,  depuis  la  fin  de  la  royauté  romaine,  se  faisait,  pour 
des  raisons  de  statistique  plus  que  de  religion,  le  verse¬ 
ment  d’une  pièce  de  monnaie  à  chaque  décès3.  Et  même 
au  déclin  delà  République,  il  n’est  plus  fait  mention  que 
d’un  lucus  Libitinae  qui  paraîtavoir  été  situé  sur  l’Esqui- 
lin,  plus  exactement  dans  la  dépression  de  terrain  entre 
cette  colline  et  le  Caelius  ;  cette  localisation  même  est 
douteuse  et  une  inscription  où  il  est  question  du  lucus 
en  question  a  été  trouvée  assez  loin  de  là,  près  du  tom¬ 
beau  de  Bibulus10. 

A  la  même  époque,  le  nom  de  Libitina  garde  à  peine, 
et  chez  les  poètes  seulement,  la  signification- religieuse  11  ; 
ailleurs  il  est  presque  synonyme  de  funus.  Dans  la  Lex 
Julia  Municipalis ,  libitinam  facere  signifie:  célébrer 
des  funérailles;  ailleurs  il  désigne  l’appareil  même  de 
ces  funérailles  et  tout  ce  qui  concerne  leur  organisation 
matérielle.  Le  registre  des  décès  est  appelé:  ratio  Libi¬ 
tinae 12,  les  revenus  qui  y  sont  consignés:  Libitinae 
quaestus ;  un  déclamateur  appelle  le  lit  de  mort:  tori 
Libitinae  ;  un  grammairien  dit  que  Libitina  est  ou  le  lieu 
où  les  morts  sont  ensevelis  ou  le  lit  de  parade13.  Les 
croque-morts,  ceux  que  le  poète  Horace  désigne  par  la 
périphrase  poétique  de  lictores  atri ,  sont  les  libitinarii, 
qui  libitinam  exercent u  ;  d’où  ces  constatations  faites 
par  Tite  Live  pour  des  épidémies  de  peste  :  que  Libitina 


237-239,  433-430;  Ed.  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Domains,  Paris,  1891, 

1,  p.  170-171,  492;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  2"  éd.  Paris,  1898,  p.  111- 

122. 

LIIïITIXA.  1  Varr.  Ling.  lat.  VI,  47  ;  Aug.  Civ.  D.  IV,  8  ;  Aruob.  IV,  19  ;  cf. 
Bréal  et  Bailly,  Diction,  étymol.  lat.  p.  101.  —  2  Dion.  Hal.  IV,  15;  Ascon.  pro 
Mit.  34  ;  Plut.  Quaest.  Rom.  23  ;  Num.  12  ;  Val.  Max.  V,  2,  10  ;  Suet.  Ner.  39.  11 
existe  une  inscription  de  Bergame,  Corp.  inscr.  lat.  5128,  où  est  nommé  un-lucar 
Libitinae,  expression  qui  ne  se  rencontre  nulle  part  pour  Rome;  voir  le  commen¬ 
taire  de  Mommsen  et  Roem.  Staatsrecht,  II,  1,  p.  59,  noie  4.  Le  rachat  de  ce  droit 
par  un  riche  citoyen  pour  la  ville  entière  prouve  que  les  raisons  de  statistique  qui 
l'avaient  fait  instituer  n'exislenl  plus.  —  3  Voir  juno,  p.  082,  et  juventas,  p.  785. 

_  4  plut.  jVnm.  12  :  i- ' rr* ro;  vwv  ictçi  toù;  ovtkç  o-tiwv.  —  5  Uartung,  Rclig. 

der  Roem.  Il,  p.  89;  Preller-Jordan.  Roem.  Mythol.  I,  440;  la  première  interpré¬ 
tation  doit  êlre  rejetée.  —  6  Venus  Lubentina,  chez  Cic.  Nat.  Deor.  II,  23,  01  ; 
Scrv.  Aen.  I,  720;  Lubentia,  chez  Plaut.  Asin.  268,  et  dans  les  Indigitamenta, 
aussi  appelée  Labia  et  Volupia  ;  Aug.  Civ.  D.  IV,  8  ;  Fest.  p.  205  ;  Plut.  Quaest. 
Rom.  45  ;  Cal.  Vall.  au  19  août  ;  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  392.  Pour  la  confusion  de 
ces  divinités  avec  Libitina,  voir  Peter,  chez  Roscher ,  Lexikon  der  Mythol.,  II,  210 
(Indigitamenta).  —  7  Plut.  Num.  12;  Quaest.  rom.  23  ;  cf.  Plac.  Corp.  Glossar. 
V,  30,  14  sq  :  Venerem  infernalem.  —  8  Bernouilli,  Aphrodite,  ein  Raustein  zur 
griech.  Mythol.  Leipzig,  1873,  p.  07  ;  réfuté  par  Wissowa,  De  Veneris  simulacris 
romanis,  Varsovie,  1882,  p.  5  sq.  et  chez  Roscher,  Op.cit.  Il,  2035.  —  »  Jul.  Obs. 
12.  Ce  sanctuaire  semblait  faire  pendant  à  celui  de  Nenia,  situé  près  de  la  porte 
Viminale  ;  voir  Preller-Jordan,  Roem.  Mythol.  p.  200.  Pour  la  question  topogra¬ 
phique,  voir  Becker,  Topogr.  p.  537,  et  Gilbert,  Gescli.  und  Topogr.  der  Stadt 
Rom,  I,  175  sq.  ;  238  sq.  ;  III,  91.  Le  passage  de  Plutarque,  Quaest.  rom.  23,  prouve 
que  le  lucus  exislait  encore  de  son  temps.  —  10  C.  inscr.  lat.  VI,  9974;  10022  ; 
cf.  Orelli,  i 378  ;  Hcnzcn,  5083.  —  H  Hor.  Ep.  11,  1,  49  :  Mirât ur que  nihil  nisi 
quod  Libitina  sacravit-,  Od.  III,  30,  7  :  Multaque  pais  mei  vitabit  Libitinam-,  cf. 
Juv.  XII,  122  ;  Mari.  VIII,  43,  4.  —  12  C.  i.  1. 1,  206,  ligne  94  ;  Val.  Max.  V,  2,  10  ;  Suet. 
Ner.  39;  Oros.  VII,  7,  11.  — ,3  Hor.  Sat.  11,  6,  19;  Quint.  Decl.  IX,  6  ;  Plac.  Op. 
cit.  :  ledits  mortuorum  tel  locus  in  quo  mortui  conduntur.  —  14  Ep.  I,  7,  5,  et 
Acron  ad  h.  l.  \  cf.  Cic.  Leg.  II,  2i,  01  ;  Senec.  De  benef.  V,  38,  4,  nommant 
ensemble  les  dessignatores  et  les  libitinarii-,  Ulp.  Dig.  XIV,  35,  8  ;  Marquardt, 
Das  Privatleben  der  Roevier,  I,  p.  351,  n.  7. 


loi 


1222  _ 


LIB 


L1B 


ne  suffisait  plus  à  enlever  les  morts1.  Enfin,  la  porte  de 
l'amphithéâtre  des  Flaviens,  par  laquelle  on  enlevait  les 
cadavres,  était  appelée  porta  Libitinensis 2  ;  peut-être 
reçut-elle  cette  destination  à  cause  du  voisinage  avec  le 
quartier  funèbre  de  l’Esquilin  et  du  bois  de  la  déesse. 
Dans  la  Passion  de  sainte  Perpétue  elle  est,  par  une  ironie 
populaire,  nommée  la  porta  sanavivaria  3.  J.  A.  Hild. 

LIBRA. —  I.  SxaO^ôî,  xâXavTov  1 ,  balance.  —  L'invention 
de  la  balance,  au  moins  dans  son  principe  essentiel, 
remonte  à  une  très 
haute  antiquité.  L'é¬ 
change  se  trouve  au 
début  de  tout  état 
social,  si  rudimen¬ 
taire  soit-il;  mais  si 
l’échange  ne  va  pas 
sans  la  notion  de 
valeur,  la  valeur  à 
son  tour  suppose 
comme  l'un  des  élé¬ 
ments  sur  quoi  elle 
se  fonde  l’évaluation 
du  poids  de  la  mar¬ 
chandise  échangée. 

De  là  la  nécessité  de 
recourir  à  la  pesée, 
nécessité  qui  dut 
amener  de  fort 
bonne  heure  la  dé¬ 
couverte  de  la  ba¬ 
lance2. 

La  civilisation 
égyptienne  ne  put 
pas  ignorer  long¬ 
temps  la  balance  3. 

Les  peintures  de 
Beni-Hassan  nous 
en  font  voir  un  pre¬ 
mier  modèle  réduit 

à  sa  plus  simple  expression,  un  pied  vertical  soutenant 
une  barre  recourbée  à  ses  extrémités  et  terminée  par 
deux  crochets4;  à  ces  crochets  il  suffisait  de  suspendre 
l’or  qu’on  façonnait  en  anneaux  pour  établir  la  pesée. 
D’autres  peintures  nous  montrent  la  balance  complète, 
avec  ses  plateaux  suspendus  aux  deux  bouts  d'un  fléau 
qui  peut  ou  reposer  sur  un  pied,  ou  être  lui-même  lixé  à 
un  anneau5.  Sur  un  papyrus  de  Thèbes6,  où  le  support 
en  forme  de  colonne  à  base  évasée  est  couronné  par  une 
figure  assise,  deux  fleurs  de  lotus  terminent  de  part  et 
d’autre  le  fléau,  et  c’est  de  l'intérieur  de  ces  fleurs  que 
sortent  les  fils  qui  soutiennent  les  deux  cupules  pro¬ 
fondes  servant  de  plateaux  :  nous  retrouverons  le 
même  mode  de  suspension  dans  la  coupe  d’Arcésilas. 

1  Tit.  Liv.  XL,  19,  3  ;  XL1,  21,  G.  —  2  Script.  Hist.  Aug.  Comm.  IG  ;  Dio  Cass. 
LXXII,  11.  —  3  Cap.  10  et  20;  cf.  Marquardt-Mommsen,  Handbuch,  etc.  III, 
p.  5G4,  n.  3. 

LÎIîUA.  i  L ' Etymologicum  magnum  donne  aussi  la  forme  <rrâ0jxv),  en  même  Icmps 
que  1‘élymologie  suivante:  <xyi[a ry.hv.  Si  Ti’XavTovrb  Ç-jyôv  -aoà  t'o  va ivw  xâ^avcov 

ouv  fi  (TTaè^Yj  y.'/.\  tv.V/vt£vsiv  tô  (77a0 ;ju Xji'.v  y.  ai  Çvyo<Tzu.zzXv  ;  voir  encore  Poil.  Onom ., 
IX,  51.  —  2  11  est  vain  de  chercher  à  déterminer  plus  précisément  à  qui  revient  le 
mérite  de  la  découverte.  Voir  en  particulier  la  dissertation  du  comte  L.  Lorenzi, 
Sopra  le  bilancic  cl.  antichi  ( Saggio  di  dissent,  d.  Accad.  etrusca  di  Cortona , 
t.  I,  1742,  dis.  IX,  p.  93-102,  avec  une  pl .),  p.  94-.  —  3 Wilkinson,  Manners  and 
customs  of  tlic  anc.  Egyptians,  2e  éd.  rcv.  par  E.  Birch,  t.  II,  p.  2k>  ;  Perrot  et 
Chipiez,  Hist.  de  l'art ,  t.  I,  p.  744,  fig.  501.  —  4  Wilkinson,  t.  II,  p.  234,  fîg.  -413. 
_ n  Ibid.  t.I,  p.  285,  fig.  97.  —  G  Donon,  Voyage  dans  la  haute  et  la  basse  Egypte , 


Le  monde  grec,  aussi  haut  que  nous  pujSsil)| 
ter,  connaît,  lui  aussi,  la  balance.  Dès  l'épopée  i'"*  rem°n' 

il  y  est  fait  plus  d’une  fois  allusion.  Le  poêlo  n, . '''r^Ue’ 

la  balance  entre  les  mains  de  Zeus,  qui  pj*0^ m°nlre 
décider  des  destinées  \  Il  est  à  remarquer,  i„ "J  !U?  p0ur 
dans  aucun  passage  il  ne  s’agit  de  déterminer  in  "S’ 1116 
rapport  d’un  objet  à  un  poids  convenu 8,  mai  ,''"nentle 
ablir  l’équivalence  de  deux  objets  entre  ^1,"  ('lnent 
ériorité  de  l’un  sur  l’autre9.  Mais  avec  le  rln  i" 

nous  '  Xl1 


Fig.  4405.  —  La  pesée  du  silphium 


d’établir 
supé 


chez  les  mortels,  ei 
ü  intervient  la  !10. 
lion  d’une  pesée  vé¬ 
ritable  :  «  Les  adver¬ 
saires,  dit  le  poète, 
ne  se  maintiennent 
ainsi  que  quand  une 

femme  juste  et  tra¬ 
vailleuse,  prenant 
le  poids  et  lalaine10, 
élève  les  plateaux  et 
les  égalise  de  part 
et  d’autre  » 
L’une  des  tombes - 
de  Mvcènes  a  livré 
deux  paires  de  mi¬ 
nuscules  balances 
en  or13.  Les  pla¬ 
teaux  sont  de  sim¬ 
ples  rondelles  en  or 
ornées,  deux  d  un 
papillon,  les  deux 
autres  d’une  rosace. 
Ils  étaient  reliés  au 
fléau  par  de  longs 
rubans  d'or .  Les 
deux  fléaux  sont 
des  tubes  de  même 
métal  très  minces, 

qui  étaient  sans  doute  traversés  par  un  mou. i  .m  de  1'^ 

destiné  à  leur  donner  de  la  consistance  1  .  L 
ces  balances  n’ont  jamais  pu  servir,  non  plus  q"1  1 
auxquelles  appartenaient  vraisemblablenu  "  ' 1 
disques  de  métal  trouvés  dans  le  tumuhn  <L  ' 1 ,  ÿj.nl. 
mais  qu’on  songe,  comme  Schliemann,  aux  l'*'"11"^^ 
boliques  où  se  pesaient  les  bonnes  et  1  ^  ^ 

actions13,  ou  qu’on  voie  simplement,  dansu  t  ^  morte 
pour  accompagner  dans  une  tombe  de  1 1111  dans 
qui  y  était  ensevelie,  un  souvenir  de  set,  o< 1  ", 
la  vie  réelle10,  nous  n’y  trouvons  Pasm<"" 
réduit  de  balances  véritables. 

Les  Grecs  ont  donc  employé  dès  l'on* 
telle  que  nous  l’employons  encore  auj"1 

...  _8jalmrem“ 

pl.  cxi.i.  -  -II.  VIII,  09-72;  XXII,  209-212;  XVI,  223; 

quedo  môme  ( Dnrst .  d.  Ilandw.  und  Handelvei  U  v s,  rfoiil1'  ffial  !c 

cl.  Wisscnsc/, .  1SG7,  p.  100)  que,  sur  les  trois  vaM»^nt*,'^{ncncc  de  U 
(ion  plus  loin,  il  n'y  a  pas  de  poids  représentés.  J'  ]„  dit  . 

n'esl  point  marquée  par  la  pesanteur  ;  la  balance,  e j  ,  ,lcs  deslu>^M 

imd.  t.  1,  p.  38,  n.  73),  .  sert  à  indiquer 

tivement  au  ciel  cl  aux  enfers,  et  non  leur  pou  s  ,  e  ,  fniL  al'als‘C  . 


](>  modèle 

,ri«ine 

rd'hui;  «m 


ici  cl  aux  enfers,  et  non  leur  pouls  ;  e  ^  fail  al»a,ssCl  ^ 

leur  supériorité  »  ;  le  peuple  ou  le  liéros  destiné  à  ^  735).  —  111  11  ^jôl  I 

teau,  nam  môriéntes  in  feras  petunt  (Scrv.  «  (  ^  genS  de  ^0,nilaS' I 

egouffa  «ai  tlçto'j.  11  semble  du  moins  que  ce  MucènBS,  P-  "  *'  ,  «t  302* " 

que  balance  -  «  IL  XII.  433.  -  >2  Schliemann  ^  fi*  30  1  » 

Manalt,  The  mycen.  âge ,  p.  88  et  10a.  1,1  ’  (  1 1U 

l  '  Tsonnlas-Manall,  p.  145.  —  ,0  Mvcènes, 


__  13  Schliemann,  '•  '•  a(|,  p 

___  leTsoim1^  ” 

n.  2//- 


U  B 


1223  — 


LIB 


nme  trouvée  à  Corfou 2  semble  plutôt  d'épo 
Les  représentations  des  vases  peints 
une  certaine  mesure,  à  l’absence  des 


{(t,|TAP.XCiK& 


cul  des  exemplaires  parvenus  jusqu'à 
il  »’esL  paS  Z\  "en  droit  de  regarder  comme  d’époque 
nous  (Iu’°n  h0  i  •  unc  balance  du  Britisli  Muséum 

Uprement  grecqi 

K*  “mr 

que  romaine  ^ 

euppWen'i  1  ‘!”x-mômes.  La  célèbre  coupe  d’Arcésilas 
,n°nU'!ie-n)  "  représente  le  roi  cyrénéen  présidant  à  un 
(,ig  ,  ,  silplnum.  La  partie  supérieure  à  droite  est 

mal  ‘0  une  poutre  à  laquelle  est  suspendue  une 
‘‘T61’"  dont  le  nom  est  écrit  KOMQA..  (<ttA©MOS)*. 
rjZ  dont  les  dimensions  excèdent  celles  de  la  pou- 
L°  t  relié  à  celle-ci  par  une  armature  assez  compli- 
f’ebD’une  part,  des  liens  fixent  à  la  poutre  un  anneau  ; 
T"l  iiitre  des  liens  aussi,  semble-t-il,  quoique  les  extré- 
Ktés  en  soient  figurées  indépendantes,  rattachent  au 
■L'une  tige  verticale  rigide.  L’extrémité  supérieure  de 
se  termine  par  une  courte  traverse  horizontale 
■Lée  dans  l’anneau.  Non  moins  curieux  est  le  mode 
de  suspension  des  pla¬ 
teaux  chargés  de  sil- 
pliium.  H  semblerait 
qui:,  les  cordes,  au  nom¬ 
bre  de  quatre,  qui  les 
,  soutiennent  et  aboutis¬ 
sent  à  des  rondelles, 
sortent  de  l’intérieur 
•  même  du  fléau  creusé 
en  forme  de  tube.  Qua¬ 
tre  anneaux  qui  garnis- 
I  sent  le  pourtour  des 
plateaux  en  reçoivent  les 
extrémités. 

I  La  grande  amphore  de 
Taleidès R,  jadis  dans  la 
collection  Ilope  nous 
offre  pour  l’époque  ar¬ 
chaïque  un  second  exem¬ 
ple  non  moins  intéressant  (fig.  4406) 
nages,  assis  aux  extrémités,  maintiennent  les  plateaux 
dune  grande  balance  déjà  occupés  l’un  et  l’autre  par 
une  masse  informe  ;  au  milieu,  un  homme  barbu  dépose 

■  dans  le  plateau  de  droite  une  seconde  masse  analogue 
il  la  première.  Les  dimensions  exceptionnelles  données 

■  la  balance  permettraient  sans  doute  d’en  distinguer 
■neux  qu’ailleurs  la  structure;  mais,  en  l’absence  d’un 
■examen  direct  de  l’original  et  avec  les  seules  représenta- 
■®ns  anciennes  dont  on  dispose9,  il  est  difficile  de  don- 
W  COmme  assurés  tous  les  détails.  Le  fléau  paraît 
■spendu  dune  façon  assez  particulière  et  qui  ne  pouvait 

in  tdr!1S;  Kl!in' Kunst  u-  industrie,  p.  198.— 2H.  B.  Walters,  Catal.  Bronz. 

c  u ru, ish  Mus.  - 

;Inilcx  et  un  plat 


T-AlElAEjfA, 


SA/ 


Fig.  4406.  —  Balance  grecque  à  plateaux. 


deux  person- 


n«  2981.  —  3  Voir  encore  une  poignée  de  balance  avec 
minée,  j  "  de  l'a'ance  trouvés  à  Chypre,  mais  dont  l'époque  est  indéler- 

p.  182,  l!  g  ,  J,1  '' -'"ffalsch-Hichter,  Cal.  of  the  Cyprus  Mus.  n"  3695  et 
I1*'  Xl|i  Millict  Gi  ’ Ae  Cab.  des  antiques  à  la  Bibl.  nat.  p.  37-40  et 
■J»*'  1833,  p  ■’  ' 

'  Xcv"’  1  1  'le  Wiltc 


■  1833  ““‘uu’  4  ases  d'1  Cab.  des  méd.  pl.  xxvn;  de  Luynes,  Ann. 

lünl.  pl.  XCV1I  !  'JCl  ;Jfun-  t.  I,  pl.  xui;  Micali,  Storia  d.  ant.  pop. 

rond,  i>.  158, 

<■'  uenlcm.  t.  111,  pl.  xxiv  ;  Jalin,  l.  I.,  p.  94  el  pl.  iv,  3; 
•  de  la  céram.  q 
fig.  1729.  — 


céram.  gr .  p.  81  et  fig.  43  ;  Baumeister,  Denkm.  d. 


•  Alterth.  p,  «  -  -  -o-  —  j  — - - 1 

Atonie  (Jaliii,  l  i  l  ”t‘  5  Panofka  voulait  lire  ’E7turca8noç,  nom 

101  ti/.etvTa,  balance  ^  i  i**'  11  6  Minervini  voyait  un  rapport  entre  le 

®44’  P-  ISO),  de  '  "°m  du  Peintre  Taleidès  (. Bull .  nap.  1843,  p.  109; 
*')*.  <li)ule  à  Decpdcne'm  (Jahn’  1  L’  P-  92>  11  ■  «6)-  -  7  Aujourd'hui 

'■  II,  p.  32,  pl.  lv  .  ,  '  p,nachï  Pc'nt.  de  rases  ant.  p.  77).  —  8  Millin,  Mon. 

7  ’  int.  de  vases  ant.  t.  11,  p.  88,  pl.  i.xi  ;  Id.  Gai.  myth. 


lui  laisser  qu’une  mobilité  fort  défectueuse.  La  corde  qui 
le  soutient,  et  qui  devait  elle-même  être  attachée  à  un 
crochet  ou  à  un  anneau  que  l’artiste  n’a  pas  figuré,  se 
bornant  à  tracer  la  corde  jusqu’à  la  limite  de  son  tableau, 
ne  forme  pas  une  simple  tige  de  suspension  fixée  au 
milieu  du  fléau,  ni  même  deux  bouts  assujettis  des  deux 
côtés  de  celui-ci  en  face  l’un  de  l’autre  :  double  dans 
toute  sa  longueur  et  rattachée  par  ses  quatre  extrémités 
au  support  fixe  qui  servait  de  point  d’appui  a  tout  le  sys¬ 
tème,  ses  deux  branches  passent  sous  le  fléau,  où  elles 
sont  légèrement  écartées  de  manière  à  assurer  un  certain 
équilibre,  et  se  rapprochent  au-dessus  grâce  à  un  lien 
qui  les  enserre  10. 

Il  faut  citer  aussi  une  œnochoé  de  Vienne11  représen¬ 
tant  la  pesée  de  barres  rectangulaires,  sans  doute  des 
lingots  de  métal,  scène  qui  met  en  éxddence  une  grande 
balance.  Les  plateaux,  qui  portent  déjà  1  un  et  1  autre  des 
barres  analogues  à  celles  que  deux  personnages  s  ap¬ 
prêtent  à  y  placer,  sont  suspendus  à  peu  près  comme  sur 

la  coupe  d’Arcésilas. 
L’extrémité  droite  du 
fléau,  notamment,  se 
termine  par  une  sorte  de 
rondelle  qui  semble  lais¬ 
ser  passer  une  tige  d’un 
diamètre  plus  petit  por¬ 
tant  les  plateaux  ;  mais 
l’autre  bout  ne  montre 
pas  le  même  détail.  Un 
grand  anneau  est  fixé 
au  centre  du  fléau,  de 
manière  à  pouvoir  per¬ 
mettre  aisément  la  sus¬ 
pension  de  l’appareil. 

Les  xrases  peints  dՎ 
poque  moins  ancienne 
nous  fournissent  encore, 
dans  la  scène  de  la  psy- 
eliostasie  et  dans  celle  de  la  rançon  d’Hector,  plusieurs 
représentations  de  balances.  Le  premier  en  date  est 
un  lécythe  archaïque  de  Capoue,  au  British  Muséum, 
sur  lequel  se  voit  Hermès  pesant  deux  figurines 
ailées 12  ;  mais  on  ne  peut  reconnaître  d’une  manière 
précise  comment  le  dieu  tient  le  fléau.  Sur  un  x’ase  de 
la  collection  de  Luynes13,  du  style  sévère14,  Hermès 
porte  une  balance,  c’est  bien  entre  ses  doigts  que 
se  fait  l’inclinaison  du  fléau.  Même  scène  sur  un  vase 
du  Louvre18,  avec  cette  différence  que  le  fléau  est  muni 
d’un  anneau  visible  qui  sert  au  dieu  à  le  tenir.  La 
même  scène  encore,  sur  une  amphore  de  Nota  au  Musée 

n.  490,  pl.  cxxxi  ;  GuigSiaut,  Reliy.  de  l'ant.  n.  704,  pl.  cic  ;  Lanzi,  Vasiant. 
dtp.  p.  147,  pl.  III  ;  lnghiranai,  Vas!  fut.  t.  Il,  pl.  civ;  Jahn,  /.  I.  p.  92  et  pl.  îv,  l  ; 
Baumeister,  Denkm.  p.  1905,  fig.  2101  ;  Duruy.  Bist.  des  Grecs ,  t.  II,  p.  181  ; 
Benndorf,  Wien.  VorleyebWter ,  1889,  pl.  i.  —  9  Toutes  les  reproductions, 
sauf  celle  de  Lanzi,  sont  faites  d'après  la  gravure  de  Clouer  insérée  dans  l'ouvrage 
de  Millin  (S.  Reinacli,  O.  I.,  p.  78,  n.  2l.—  *0  La  balance  qui  se  voit  sur  une  lame 
d'argent  trouvée,  dit-on,  dans  la  Grande-Grèce  (Minervini,  Bull.  Nap.  1843, 
p.  109 ;  Bull.  d.  Inst.  1843,  p.  52;  Gerhard,  Arch.  Zeit.  i843,  p.  137;  Panofka, 
Ibid.  1846,  p.  241  ;  C.  inscr.  gr.  t.  1,  n»  2419,  1),  est  l'œuvre  d'un  faussaire  d'après 
l'amphore  de  Taleidès  (S.  Reinach,  C.  I.,  p.  78).  —  U  Sacken  cl  Kenncr,  Samml. 
d.  ant.  Cab.  p.  237,  C.  236  ;  Jahn,  l.  L,  p.  93,  pl.  iv,  2.  —  12  Murray,  Bist.  o, 
gr.  sculpt.  t-  Il,  p.  28;  Roscher,  Lcxik.  f.  gr.  u.  rôm.  Mythol.  t.  Il,  p.  1142, 
fig.  1  [voir  KEtiEs,  tig.  4263],  —  13  Ann.  d.  Inst.  1834,  p.  296  ;  Mon.  ined.  t.  Il,  pl.  x  B; 
Ber.  arch.  1844,  t.  Il,  p.  652  ;  Overbcck,  Gallerie  lier.  Bildw.  p.  527,  n"  65,  pl.  xxn, 

n»  9.  _  14  Harlxvig,  Gr.  Meistersclial.,  p.  413.  —  t'>  Ann.  d.  Inst.  1857, 

p.  118;  Mon.  ined.  t.  VI,  pl.  v;  C.  B.  de  Saint-Pétcrsb.  1873,  p.  80. 


UB 


LÏB 


1224  — 


de  Leyde1,  ne  donne  pas  plus  de  détails  pour  la  balance 

qui  y  est  suspendue  à  un 
tronc  d’arbre  ;  mais  sur 
une  amphore  de  Ruvo, 
au  Musée  de  l’Ermitage 
(fig.4467)2,  nous  voyons 
l’armature  qui  forme 
le  support  de  la  ba¬ 
lance  :  elle  se  compose 
de  deux  montants 
droits,  formant  gra¬ 
dins  a  la  base,  réunis 
par  une  traverse.  Les 
plateaux  restent  tou¬ 
jours  les  mêmes,  sus¬ 
pendus  par  quatre  fds, 
qui,  malgré  les  fautes 
de  dessin,  doivent  être 
regardés  comme  fixés 
analogue  (fig.  4468),  a 


avec  son  support. 


au  pourtour.  Un  support 
été  trouvé  à  Pompéi  3.  Il 
consiste  en  deux  pilastres 
de  bronze  reposant  sur  une 
base  à  degrés  et  reliés  à  leur 
sommet  par  une  pièce  for¬ 
mant  arcade  dont  la  partie 
inférieure  porte  un  anneau. 

Chez  les  Étrusques,  nous 
retrouvons  encore  la  psy- 
chostasie  et  par  suite  la 
balance,  sur  une  ciste  de 
Palestrina  de  la  collection 
Barberini*  et  sur  le  beau  miroir  gravé 


Fig.  4i70.  —  Pesée  des  pains. 


Fig.  4408.  —  Balance  avec  support. 


connu  sous  le 
nom  de  patère  de  Jenkins  5.  La 
forme  est  toujours  la  même, 
avec  les  plateaux  soutenus  par 
des  fils  aux  extrémités  d’un 
fléau  renflé  à  la  partie  cen¬ 
trale  ;  mais,  le  problème  de  la 
suspension  de  l’appareil  n’est 
pas  éclairci.  Hermès  tient  la 
balance  entre  le  pouce  et  l’in¬ 
dex.  L’inspiration  de  modèles 
helléniques  est  ici  manifeste. 
Elle  est  non  moins  certaine 
dans  la  scène  de  la  rançon 
d'IIector  que  l’on  voit  sur  l’une 
des  aiguières  en  argent  du  trésor  de  Bernay  0  :  la  par- 

i  Janssen,  Mon.  van  het.  Mus.  v.  Oulh.  te  Leyden,  n»  1814  ;  Passer!,  Pict.  etrusc. 
t.  III,  pl.  cclxii;  Millin,  Peint,  de  vases  ant.  t.  I,  pl.  xix  ;  Id.  Gai.  Myth.  n“  597, 
pl.  ci.xiv  ;  Guigniaut,  Bel.  de  Vaut.  n°812;de  Wilte,  Rev.  arch.  1844,  t.  I,  p.  298, 
t.  Il,  p.  650;  pl.  ccxxxvi  ;  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  p.  350,  pl.  xn,  9  ;  Overbeck, 
Gall.  lier.  Bildiv.  p.  526,  n»  64,  pl.  xxu,  n»  7;  Baumeister,  Denkm.  p.92l,  fig.  994. 

—  SStephani,  Vases  de  l’Ermitage,  t.  I,  n°  422  ;  Ann.  d.  Inst.  1849,  p.  240  ;  Mon. 
ined.  t.  V,  pl.  xi-xii.  —  3  AIus .  Borb .  t.  XVI,  froutisp.  ;  Niccolini,  Le  case  ed  imonum. 
d.  Pompei ,  t.  II,  descr.  gen.,  pl.  n.  —  4  Ann.  d.  Inst.  1861,  p.  150  ;  Mon.  ined. 
t.  VI,  pl.  uv.  —  8  Aujourd'hui  à  la  bibliothèciue  royale  de  Madrid.  S.  Reinach,  Peint, 
de  vases  ant.  p.  15.  Lanzi,  Sag.  dilingua  etrusca,  t.  H,  p.  224,  pl.xu,  4;  Winckel- 
mann,  Mon.  inéd.  t.  II,  p.  174,  n"  133  ;  Millin,  Mon.  inéd.  t.  II,  p.  34  ;  Id.  Peint, 
de  vases  ant.  t.  I,  pl.  lxxii,  1  ;  Guigniaut,  Bel.  de  Vaut.  n°  803,  pl.  ccxlyiii  bis  ; 
Gerhard,  Etruslc.  Spieg.  t.  Il,  p.  218,  pl.  ccxxxv,  1  ;  Rev.  arch.  1844,  t.  I,  p.  297; 
Overbeck,  Gall.  her.  Bildw.  p.  529,  n°  68,  pl.  xxu,  5.  —  6  Babelon,  Le  Cab.des 
ant.  à  la  Bibl.  nat.  p.  133  et  pl.  xli  ;  Raoul-Rochette,  Mon.  inéd.  p.  275,  pl.  cdxi  ; 
Chabouillet,  Cat.  du  Cab.  des  méd.  n°  2804;  Baumeister,  Denkm.,  p.  740,  fig.  793. 

—  7  Stuart  et  Revelt,  Antiq.  of  Athens,  t.  IV, p.  151,  517.  —  8  R  n’y  a  pas  à  tenir 
compte  d'un  bas-relief  de  la  collection  Montferrand  (Kôhne,  Mém.  de  la  Soc.  imp. 
d’arch.  t.  VI,  1852,  p.  71),  œuvre  d’un  faussaire  {Arch.  Zeit.  1875,  p.  8,  pl.  n,  1). 

—  9  Ann.  d.  Inst.  1838,  p.  231  ;  Mon.  ined.  1. 11,  pl.  lviii.  —  10  Musée  de  Lalrau.Ann. 


tie  centrale  du  fléau,  constituée  par  uu>  , 
droite  aux  deux  bouts  de  laquelle  deux  croche'1^  1)arre 
tent  les  plateaux,  est  d’ailleurs  cachée  s  SuPp°r- 
masque  tragique.  Dans  un  bas-relief  de  Turin  i  "n  gran(1 
sente  le  dieu  Kairos  tenant  sur  le  tranchant  ù'1'"  repré’ 
effilée  le  fléau  d’une  balance,  dont  par  un  i'.,,'""  Iame 
chement  de  l’autre  main  il  fait  pencher  ru,f'i  all°u‘ 
teaux  [kairos,  fig.  4251],  la  balance  est  réduite  ^ 
et  aux  plateaux.  Plus  intéressant  dans  sa  grossièrei'68" 
un  autre  bas-relief  [kairos,  fig.  4252]' 'représentant?  f 
ment  Kairos,  conservé  à  Torcello  près  de  Venise  pt 
lequel  nous  reviendrons  :  ici,  pour  la  première  fois  J 
apercevons,  au-dessus  du  fléau,  un  appendice  forméT  i 
deux  tiges  entre  lesquelles  le  fléau  se  meut  et  (jUj  e  J 
met  de  tenir  la  balance  à  la  main  tout  en  lui  laissant6' 1 
mobilité.  Un  autre  bas-relief  trouvé  à  Pola  8  f0urnj, 
l’exemple  unique  d’un  support  en  équerre  sur  lequel 
s’appuie  l’un  des  bras  du  fléau  quand  la  balance  est  au 
repos  (fi g. 4469). Le  bas-relief(fig.4-470)  du  tombeau dubou- 
langer  romain  Eurysacès  9  contient  aussi  une  balance  sur 

le  plateau  de  laquelle  sont 
entassés  des  pains  :  il  s’agit 
de  poids  considérables  et 
la  balance  ne  pouvait  être 
tenue  en  main;  elle  repose 
donc  sur  un  grand  trépied 
dont  le  sommet  supporte 
le  fléau;  mais,  pour  les 
mêmes  raisons  de  solidité, 
il  semble,  si  du  moins  nous 
comprenons  bien  l'indica¬ 
tion  qu’a  voulu  donner 
l’auteur  du  bas-relief,  que  ce  fléau  ne  soit  pas  une 
simple  tige  comme  à  l’ordinaire,  mais  une  plaque  d’une 
certaine  largeur,  dont  la  rotation  se  faisait  autour 
d’un  axe  contenu  dans  le  couronnement  du  trépied  et 
qui  traversait  la  plaque  en 
son  milieu.  Il  faut  enfin 
citer  un  certain  nombre  de 
représentations  de  balances, 
dans  des  dimensions  tout  à  fait 
réduites,  dans  un  petit  compar¬ 
timent  du  monument  funéraire 
des  Aterii10,  sur  un  couvercle 
de  sarcophage  du  Musée  du 

12  sur  une  main  pan-- 


Capitole  “,  sur  un  ex-voto  d’Épidaure  r ,  sur 


thée  de  la  Bibliothèque  nationale13,  au  reverse 


;  de  monnaies 


consulaires  11  et  autres15,  sur  despierres  gf 


ravées lfi, etc-  i 


d.  Inst.  1849,  p.  395  ;  Mon.  ined.  I.  V,  pl.  vm  ;  Helbig,  Faim  A ,(./(,  mil 

Rom.,  t.  I,  n»  667  Rrad.  Toutain,  n°  G72).  —  11  Hirt.  Bilderb.  /•  -  .  3g„ 

Kunst,  pl.  xxvii. —  12'Eo.  4p-/_.  1883,  p.  28,  6  ;  Atlien.  Mitthei  .  ^  ga|>elon-Coliel1 1 

lon-Blanchet,  C.  Bronz.  de  la  Bibl.  nat.  n°  1064.  î^boil  s  le  pied  do  la 

Monn.de  la  Rép.  t.  II,  p.  7,  n*  20,  p.  403,  n-  22,  83,  1*7  (<* p  ,80;t.l[> 
balance  porté  sur  une  base),  p.  478;  soit  comme  attributs,  ^  zKekliel,  nUB1, 
p.  135  (cf.  Bull.  d.  Inst.  1843,  p.  7).- «  Monnaie  de  Pythodoris  ^  pa]m»re 

t.  II,  p.  371  ;  Mionnet,  Mon.  et  méd.  t.  II,  p-  304,  n»  M  ,  "  140,  n“ H-  'oit 

(Éckhel,  Doctr.  num.  t.  III,  p.  265  ;  Mionnet,  Mon.  et  med.  ■  >  ^  unc balance, 

-  ■sAcisMoncta^v  > 


aussi  la  série  des  monnaies  impériales  avec  1  image 
Cohen-Fenardent,  Mon.  de  VEvnp .  rom.  passi 


.  IG  JlllS- 1 

97  ;  Grivaud  c 


et  t.  vm  i--i09^:;::1dci»vi«- 


pl.  xxvii;  Lorenzi,  Dissert.  d.  Acc.  ctr.  di  Cortona,  t.  antik- 


celle,  Arts  etmét.  des  anciens 
t.  II,  p.  207-208,  pl.  XLiiif  49-51 
constellation  sur  les  monuments  suivants  :au 


acc.  un  •  —  '  .  tüp  anut- 

,  pl.  xvi.  8,  lxvi,  8  ;  F“rt^]în®|c^|anc0  figur^e  Cl 


17  Voir  en  particulier  la 

Louvre,  Frôhncr,sVct»  A|1)^ 


ant.  n°214;  Clarac,  Mus.  desc.  t.  II,  pl.  *'l,  19, 


248  bis,  *1°  !  a 


i  des  p' 


al»'5 


Helbig,  Fjlhrer,  t.  Il,  n»  843  (trad.  Toutain,  n»  850)  ;  sur  ^  2236  et  30lfi)[ 
Mattéi  et  Barberini  (Matz-Duhn,  Ant .  Bildw.  in  tcrnpie  du  Soleil  à  ll  J 

une  statue  d’Atlas  du  Musée  de  Naples,  sur  un  sof  il? 1  raVées,  de?  al*raxaSl 
sur  un  diptyque  d'ivoire,  des  monnaies,  des  pieires  g 


LIB 


—  1225  — 


LIB 


1P  r0maine  quelques  balances  en  nature 
Ma*  de  ^P°'IU'  ,pius  ou  moins  complètes.  Deux 
nous  sont  parvenu  ^  v  ticuiièrement  intéressantes 
all  British  Mus*  jndex  analogue  à  celui  des  ba- 

par  la  pres®»ce  jadis  possédé  par  Caylus 

ances  actuelles  •  (fig.  4471)  en 


fournit  un 
troisième 
exemple  très 
remarqua¬ 
ble.  Il  a  dis¬ 
paru  et  force 
est  de  nous 
en  tenir  au 
témoignage 
de  Caylus  : 
«  Sajustesse, 
dit-il,  parait 
encore  très 

[  ande  i\  ne  diffère  en  rien  des  fléaux  que  nous  employons 
Ijourd’hui  :  il  est  orné  de  petits  cercles  dont  les  bronzes 
‘de  la  plus  haute  antiquité  se  trouvent  très  souvent 
décorés  ;  cependant,  on  peut  assurer  qu’il  est  romain4.  » 
î  II  est  à  remarquer,  par  contre,  que  sur  aucune  des  repré¬ 
sentations  jusqu’ici  signalées  il  n’apparaît  de  trace  d’un 
index.  On  ne  saurait  décider,  étant  données  les  dimen¬ 


sions  réduites  et  la  grossièreté  du  travail,  si  sur  le  bas- 


relief  de  Torcello  [kairos,  fig.  4252],  il  y  a  autre  chose 
que  la  double  tige  par  laquelle  Kairos  tient  le  fléau  sus¬ 
pendu  et  si  entre  les  branches  existe  un  accessoire.  Il 
serait  téméraire  d’en  conclure  qu’avant  l’époque  romaine 
ce  progrès  n’ait  pas  été  connu?  Le  peintre  ou  le  sculpteur 
n’était  pas  tenu  d’entrer  dans  de  tels  détails.  Il  est  donc 
.  permis  de  croire  que  la  science  grecque,  si  avancée 
dans  l’ensemble,  et  qui  dans  la  Mécanique  d’Aristote, 
par  exemple,  établit  le  rapport  de  l’amplitude  des  angles 
décrits  par  le  fléau,  et  par  suite  de  la  précision  obtenue, 
avec  la  longueur  même  du  fléau5,  n’a  pas  dû  ignorer  le 
perfectionnement  qu’apporte  l’index6.  Notons  seulement 
que  les  témoignages  écrits  font  défaut  aussi  bien  que  les 
I  témoignages  figurés,  alors  que  pour  l’époque  romaine  ils 
r  viennent  s’ajouter  à  la  preuve  directe  fournie  par  les 
■  exemplaires  conservés.  Juppiter  ipse  duos  aequato 
|  Ffmine  lances  sustinet,  dit  Virgile1.  Perse  demande 
B^oniquement  si  celui-là  se  mêle  de  peser  l’hellébore 
Bqui  ne  sait  point  arrêter  au  point  fixé  l 'examen  8. 

c  est  précisément,  ainsi  que  nous  le  dit 

But  SC.rf  'aStl'  **  ProPos  ^  un  autre  passage  du  même 
■Feui  ,  la  languette  qui  occupe  le  centre  du  fléau  de 

djSfiniere,  ^  '  fiuiPbrer  les  poids.  Isidore  de  Séville  le 

deJ“u  de  la  même  manière ‘o. 

Romains,  d  ailleurs,  en  possession  de  la  balance 


ainsi  perfectionnée,  lui  ont  souvent  substitué  un  instru¬ 
ment  moins  exact  dans  les  appréciations  qu’il  fournit, 
mais  d’un  maniement  plus  simple  et  d’un  usage  plus 
rapide,  la  balance  connue  sous  le  nom  de  statère  ou 
balance  romaine.  Ils  continuèrent  pourtant  à  se  servir  de 
la  balance  à  plateaux,  et  cela  non  seulement,  comme  on 
l’a  dit,  pour  les  pesées  de  petites  quantités,  comme  les  mé¬ 
taux  précieux,  mais  aussi  pour  des  masses  considérables. 
L’existence  des  innombrables  poids  tant  en  métal  qu’en 
pierre,  souvent  fort  volumineux,  quelques-uns  atteignant 
jusqu’à  cent  livres11,  qui  nous  sont  parvenus,  ne  s’expli¬ 
querait  pas  sans  cela.  Isidore  de  Séville  s’exprime  ainsi12: 

«  La  balance  appelée  trutina ,  où  la  pesée  des  poids 
contenus  dans  les  deux  plateaux  se  fait  grâce  à  l'index 
vertical,  sert  pour  les  talents  et  les  poids  de  cent  livres, 
comme  la  momentanea  pour  les  petites  sommes  d’ar¬ 
gent.  »  Il  ajoute  :  «  Elle  s’appelle  aussi  statera.  »  Le 
nom  de  statera  désignait  donc  aussi  à  l’occasion  la 
balance  à  plateaux  13.  Suétone  raconte  que  Vespasien 
avait  vu  en  rêve  une  statera  en  équilibre  ayant  dans 
l’un  de  ses  plateaux  Claude  et  Néron,  dans  l’autre 
lui-même  et  ses  fils14.  Trutina  s’applique  aussi  aux 
deux  types  de  balances,  puisque  Vitrüve  parle  de  la 
classe  des  trutinae  appelées  statera e 15.  Les  deux 
mots  se  prenaient  également  au  sens  générique  et 
figuré16,  et  Cicéron  déclare  par  exemple,  sans  vouloir 
établir  une  distinction  de  nature  entre  elles,  que  les 
moyens  de  l’orateur  sont  de  ceux  qui  s’examinent  non 
dans  la  statera  de  l’orfèvre,  mais  dans  la  trutina  popu¬ 
laire11.  Seuls  ne  pouvaient  s’employer  indifféremment  les 
termes  qui,  dérivés  de  la  structure  même  de  l’objet, 
comme  bilances,  pour  la  balance  à  deux  plateaux  18,  ou 
rappelant  l’origine,  comme  campana  pour  la  balance  dite 
romaine  d’abord  employée  en  Campanie19. Libra,  par  lui- 
mème,  reste  une  désignation  indéterminée  et  générale20, 
la  désignation  traditionnelle  par  exemple  dans  la  formule 
per  aes  et  libram  appliquée  à  certains  actes  juridiques 
où  devait  figurer  une  balance  [nexum,  mancipatio,  testa- 
mentum]21  :  c’est  ce  qui  nous  autorise  à  grouper  ici  tout  ce 
qui  a  trait  à  la  balance  en  général. 

Le  pays  d’origine  de  celle-ci,  nous  l’avons  vu,  passait 
aux  yeux  des  anciens  pour  être  la  Campanie  22,  et  rien 
n’empêcherait  de  supposer  que  les  Romains  1  aient  em¬ 
pruntée  aux  Grecs  de  l’Italie  méridionale.  La  décoration 
artistique  de  certaines  balances  romaines  a  paru  un  indice 
que  les  Romains  auraient  eu  des  prototypes  leur  servant 
de  modèles23.  Mais  nous  n’y  trouvons  aucune  allusion 
chez  les  auteurs  grecs.  De  plus,  il  nous  en  est  parvenu,  a 
la  différence  des  balances  à  plateaux  dont  le  nombre  est 
trop  restreint  pour  qu’on  puisse  en  tirer  aucune  conclu¬ 
sion,  un  très  grand  nombre  d’exemplaires  ;  aucun  n  est 
antérieur  à  l’époque  romaine.  Il  n’y  a  aucune  raison  pro- 


K  kcl|ev,  |l'l<Uographie  Alilla>’*  n»  11261.  Musée  de  Caris 

K  Aufui/rfe,  noi  891-89')  u  "  C,0‘ Berlin,  Friedericlis,  Klein. 
K  enc»to  Grivaud  de  1  \r  ^  Wallers'  C ■  British.  Mus.,  n"  2981 
!°ï‘“  AH°et  ■*  *•  anciens ,  pl.  lxx 

'•  «XVIII,  1860  ’,,1'  ’’  P;  406>  18ce-  1.  Xiv,  p.  14G  ;  .1 

H  e  Boscoreale,  —  2  ii  p  ,*n  a  recueilli  deux  récemment  dans 
possède  a,,.  '  ”aUers’  CaL'  n0'  2981  et  2985.  -  3 

■“^clMliel.ie,,  Cat  P°ignée  de  balance  «ac  index,  J.-L 
‘  n°  3695.  —  t  Caylus, 

I  r  es  détails  de  ja  '  °  Anst-  Mec. ,  Œuvres ,  éd.  Didot,  t.  I 

H^*lnen1,  P*  58  1UCt*011  ^cs  conséquences  mécaniques 

CUm  (L.  J  Jlyres  cl  ru  ba  P°*Snée  de  balance  avec  index 
Olmefalsch-RicMer,  l.  c.)  ne  peut  fournir 


l'époque  n'en  étant  pas  déterminée.  —  7  Aen.  XII,  725.  —  8  Sat.  5,  101 

et  Lucan.  Bell.  civ.  VIII,  467.  —  9  Pers.  I,  6.  —  10  Etym.  XVI,  25,  6.  —  n  Lo¬ 
renzi,  O.  L,  Pausan.  ldyll.  XVI,  9,  t.  I,  p.  98.  —  12  Etym.  XVI,  25,  4. 

—  13  Montfaucon,  Antiq.  expliquée,  t.  III,  1”  part.  p.  169  ;  Lorenzi,  p.  96. 

—  H  Suet.  Vespas.  25.  Voir  encore  Petron.  Satyr.  35.  —  15  Vitruv.  X,  8,  4. 

_ 16  Horat.  Ep.  II,  1,  29  ;  Sat.  I,  3,72;  Pers.  Sat.  1,6;  Juv.  Sat.  6,  435  ;  Stat.-SiZw. 

iy  g  46  —  n  De  oral.  2,  38.  Noniusdit  de  mémo  stateraauraria(6,  41),  mais  ailleurs 
trutina  argentaria  (2,  861).  -  18  Montfaucon,  Ant.  expi.  t.  III,  P*  partie,  p.  169. 
_  19  lsid.  Etym.  XVI, 25,  6.  —  20  Voir  entre  autres Cic.  T use.  V,  17,  51  :  in  alteram 
tibrae  lancem  imponere.  — 21  Pljn.  Nat.  hist.  XXVIII,  13.  Libra  est  quelquefois 
remplacé  par  trutina  :  per  trutinam  solvi  solitum  (Varro,  De  ling.  lat.\\,  183). 

_  22  lsid,  I,  — 23  Pernice,  J lôm.  Wage  aus  Chiusi,  Jalirb.  d.  arch.  Inst. 

1898,  p.  76. 


Fig.  4472.  —  Balance  à  plateaux  avec  poids  curseur. 


LU)  .  _ 

ban  te  pour  attribuer  aux  Étrusques  une  statère  décou¬ 
verte  a  Chiusi 1  dans  le  fond  d  un  puits2;  de  très  ancienne 
construction  étrusque,  elle  peut  fort  bien  n’y  avoir  été 
jetée  qu’à  une  date  beaucoup  moins  reculée3. 

La  combinaison  de  l’une  et  l’autre  variétés  de  balances 

se  trouve  réa¬ 
lisée  dans  une 
curieuse  ba¬ 
lance  de  Pom- 
péi  conservée 
au  Musée  de 
Naples  (  flg . 
4472)  *.  Cons¬ 
truite  comme 
une  balance 
ordinaire  à 
plateaux,  avec 
une  courte 

chaîne  ou  tige  servant  à  suspendre  par  le  milieu  le  fléau, 
elle  porte  en  plus,  sur  1  une  des  moitiés  de  celui-ci,  un 
poids  curseur  mobile  en  forme  de  gland.  La  même  moitié 
du  fléau  est  marquée  de  divisions  qui  permettaient 
d’apprécier  la  différence  de  poids  entre  deux  objets  placés 
dans  les  deux  plateaux.  Une  balance  semblable  est  au 
Musée  de  Berlin  3,  qui  possède  aussi  six  fléaux  gravés 
sur  l’un  de  leurs  bras6;  un  autre,  au  British  Muséum7, 
présente  encore  la  même  disposition  8. 

Mentionnons  encore  une  petite  balance  de  Florence 
(fig.  4473) 9,  dont  le  fléau,  la  tige  de  suspension,  l’index 

sont  d’une  balance  à  pla¬ 
teaux,  mais  dans  laquelle  il 
n’y  a  de  plateau  qu’à  l’une 
des  extrémités .  L’autre 
porte,  suspendu  par  une 
chaînette,  un  contrepoids 
fixe  en  forme  de  tète.  La  ba¬ 
lance,  ne  pouvait  pas  servir 
proprement  à  évaluer  le 
poids  d’un  objet,  mais  seu¬ 
lement  à  reconnaître  s’il 
était  conforme  à  un  étalon  donné;  on  a  supposé  qu’elle 
servait  à  vérifier  l’exactitude  des  monnaies10. 

L'usage  de  la  balance  romaine  est  encore  courant  ;  il 
n’est  pas  nécessaire  de  s’étendre  longuement  sur  son 
principe.  «  Elle  n’a  point  deux  plateaux,  dit  Isidore  de 
Séville,  mais  le  fléau  porte  un  poids  curseur  11  .  » 
Vitruve  formule  ainsi  la  théorie  du  fonctionnement  : 

«  L’anse  est  placée  près  du  bout  auquel  est  suspendu 
le  plateau;  c’est  là  qu’est  le  centre  du  mouvement;  sur 
l’autre  partie  du  fléau,  vous  promenez  le  contrepoids  plus 
ou  moins  loin,  ou  même  jusqu’à  l’extrémité,  en  lui  faisant 
franchir  les  divisions  marquées;  il  peut  ainsi,  malgré  la  fai- 

1  Not.  d.  scavi,  1883,  p.  432  ;  Bull.  d.  Inst.  1884,  p.  0  ;  Bev.  arch. 
1884,  t.  III,  p.  113;  Gamurrini,  Délia  libra  etrusca,  Mon.  cuit.  d.  Lincei, 
t.  I,  p.  138-166,  avec  planche.  —  2  Ibid.  p.  160.  —  3  Furtwangler, .  Olympia, 
t.  IV,  Die  Bronzen,  p.  190.  —  4  Mus.  Borb.  t.  I,  pl.  lv,  3;  Ibid.  t.  XVI, 
frontespizio  ;  Baumeister,  Denkm.  p.  2078,  fig.  2316.  —  5  Fricderichs,  Klein. 
Kunst.  und  Industrie,  n°  891.  —  6  Ibid.  n°s  892-97.  —  7  H.  B.  Wal¬ 
ters,  Cat.  of  the  bronz.,  n°  2981.  —  8  Voir  encore  une  pierre  gravée,  Gri- 
vaud  de  la  Vincelle,  Arts  et  met.  des  anciens ,  pl.  lxvi,  8.-9  Lorenzi, 
p.  9a.  —  10  Ibid.  1.  c.  L'auteur  suppose  que  la  balance  date  du  temps  d'Ho- 
norius  et  était  destinée  à  peser  les  monnaies  de  cet  empereur.  —  Il  Etym. 
XVI,  23,  5.  —  12  Vitruv.  X.  8.  Voici  le  texte  tel  que  le  restitue  M.  Ilultsch 
(Ep/iem.  epigr.  t.  VIII,  p.  482,  n.  1);  Cum  enim  ansa  propius  capul,  unde  lancula 
pendet  ibi  ut  centrum  est  conlocata  et  aeguipondwm  in  alteram  partent  scapi 


1226  — 


un 


blesse  et  l’inégalité  de  sa  masse,  contri 


les  plus  lourdes  en  établissant  f  équilibre  r"  ies peséei 

uu  fléau 

1:1111  avoir 
la  para 

pension.  Telle  est  une; balance  découverte' "dPOIntde N 
rons  de  Vérone13,  dans  des  constructions  'T  p!  J 
républicaine  et  en  même  temps  qu’ 


'^(balancer  les 

*  ai  libre  d 

Le  premier  modèle  adopté  semble  pouri. 
quelque  peu  différent  du  modèle  ainsi  d.V,' 
mobile  en  était,  non  le  contrepoids,  mais  l!  "  '1’  lapa4 

nensinn  TaIIp  psI  nno  ImUnnn  oz _  lM)int  de  sus. 

‘nvi 

-'un  as  ,|  époW 

système  en  vigueur  vers  la  fin  du  m*  sièpffav  j7l?  1,11 
se  compose  (fig.  4474)  d’une  lame  métallicnieso  „  '  Elle 
librement  dans  l’ou-  '  m'niVaI 

verture  rectangu¬ 
laire  du  support  qui 
servait  à  suspendre 
l’appareil  13  ;  son 
bord  inférieur  porte 

une  série  d’entailles  dans  son  sui>po‘i 

et  des  gradations  inscrites  au-dessus  de  chacune  L 
lame  se  relie  par  deux  pièces  coudées  à  une  Baril 
dont  l’une  des  extrémités  s'alourdit  en  contrepoids 
tandis  qu’à  l’autre  on  suspendait  par  un  crochet  ou 
sur  un  plateau  l’objet  à  peser.  Il  suffisait,  pour  obtenir 
le  poids,  de  faire  glisser  la  lame  graduée  dans  le  support 
jusqu’à  parfait  équilibre  et  de  lire  le  chiffre  correspondant 
à  l'encoche.  L’existence  d’un  second  exemplaire  analogue 
découvert  en  1773  à  Carthagène  est  attestée  par  un 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  16  qui  en  donne 
le  dessin  11 ,  et  ce  n’est  que  faute  de  connaître  la  balance 
précédente  que  M.  Ilultsch  a  pu  se  méprendre  sur  sa 
reconstitution18.  Le  Musée  de  Berlin,  enfin,  a  acquis  ré¬ 
cemment  une  troisième  balance  du  même  type  f fig.  1173), 


Fig.  4474,  —  Balance  romaine 


50  niouvant 


.  4475. 


Balance  romaine  se  mouvant  dan*  sou  -l,l  I1 


plus  soignée  et  d’une  conservation  meilleure  f| 
y  affecte  la  forme  d’une  colonne  et  le  conli']"11  ^  ^ 
constitué  par  un  avant-corps  de  panthère.  11  '  . 
pointillé  désigne  le  point  initial  de  la  grau.du'n.  j 

per  puncta  va gando  lonr/ius  aut  etiam  atl  extremon  ^rali o ne»1- 

impari  pondère  amplissimam  pensionem  perficit 

—  13  M.  Pcrnice  ( Jahrb .  d.  Inst.  1898,  p.  73,  n.  1)  c1’01  ■  a(,i-ïlî  ut  F 
au  Musée  de  Palerme. —  HGainurrini,  Ann.  d.  Inst.  1  Vl‘ ■  1 ^ . ,0| ios te  iiPaelse 

—  13  La  disposition  correspond  à  celle  indiquée  Pai  °  est 

(Sat.  I,  6)  comme  constituant  au  sens  propre  la  trutma .  n'aurai*  t 

intra  quod  est  lir/ula,  de  qua  examinatio  fit ■  Le  11111  ^  p0nds  ospa"n“  ’  | 

appliqué  que  par  extension  à  l'ensemble  de  la  balance.  ^  la  fi1'  11 

n«*  525,  526  ;  Morel-Falio,  Lettres  d’antiquaires  espoy «"  p  «H-* 

XVIIIe  s.,  extr.  de  la  Bibl.  de  l'École  des  chattes ,  l-  ^  P'  ^  4 

—  1 1  Ephem.  epigr.  t.  VIH,  p.  481,  n»  250.  ^  |vru'cC'  ^ j 

—  19  Jahrb.  d.  Inst.  Arch.  Anz.  1889,  p-  H~>  l'S.U,  I 
d.  Inst.  1898,  p.  74-79. 


L1 B 


—  1227 


IJB 


•  notions  correspondant  à  I,  2,  3,  4,  »,  G, 

vLentte'^'f"  v/  .  l%  *,  *>/„  *•/„ 

».  9,  I»  ff  '  1;  10  14,  15,  20,  25,  30,  40  livres, 
3, 4  5,  ;  q(|e  sMe  du  début  Je  place, 

Ac  cette  P»rticu  .  s‘esl  inscrit,  non  à  droite  de  celu. 

n  oHê  ,e ajouté,  mai»  au-dessus  Les  divisions, 
AH  '!1d0‘;  .rts  rapprochées,  plus  rapprochées  encore 
te  VO'I.S"  dc  V e r o , , e ,  qui  porte  39  divisions  au 

r*  'X,TVt  surtout  dans  celui  do  Carthagène  qui, 
lieu  de  iivres  indique  38  divisions  et 

n’allant  d’une  livre,  les  onces  once  par  once2, 

(tonne,  au-des  '  offrent,  il  est  facile  de  s’en 

U  balances  de  ce  ^  ^  ^  ^  études  métrolo- 

^"irès  grand  intérêt  de  pouvoir  servir  à  la 
domination  des  poids  anciens,  recherche  à  laquelle  se 
nrèhnt  mal  les  romaines  ordinaires,  pour  lesquelles 
l’afartenance  des  pesons  est  presque  toujours  dou 


teuse. 


ordinaires  sont  trop  noin- 


-  Les  balances  romaines 
Uses  dans  les  musées  et  les  collections  3,  pour  que 
nous  puissions  faire  autre  chose  qu’en  signaler  quelques 

spécimens  caractéristi¬ 
ques.  La  marchandise 
à  peser  pouvait  être 
soit  suspendue  à  un 
crochet  (fig.  4476),  soit 
placée  sur  un  plateau  : 
les  chaînettes  qui  sup¬ 
portent  le  plateau,  et 
dont  une  bague  dimi¬ 
nuait  l’écartement,  sont 
alors  réunies  à  leur 
sommet  dans  un  anneau 
et  rattachées  au  fléau 
grâce  à  un  trou  qui 
en  perce  l’extrémité,  ou 
bien  celle-ci,  terminée 
par  un  renflement,  pré¬ 
sente  une  gorge  où  se  place  l’anneau  de  suspension  : 
dans  ce  cas,  l’on  comprend  que  le  plateau  ait  pu  aisé- 
pnenl  se  perdre,  et  de  fait  il  manque  souvent.  Il  est 
pre  que  crochet  et  plateau  se  trouvent  réunis  comme 
ïdan>  la  belle  balance  de  la  Bibliothèque  nationale  prove- 
Bk  de  Porto  d  Anzio  (fig.  4477)  où  les  chaînettes  du 
•teau  ne  se  relient  pas  directement  au  fléau,  mais 
».  Chent  d  abord  à  un  disque  mouluré.  Du  milieu  de 
■  ciiipiieau,  comme  l’appelle  Caylus6,  pend  une  qua- 

■j  e  c,iaine  P^us  courte,  terminée  par  un  crochet,  ce 
sér>v’  "Ua ‘]ue_t“ilv  «  peut  servir  à  peser  ensemble  ou 
renies «Unl  !^"h'eurs  C01’ps  de  nature  et  de  figures  diffé- 
ii,.  "  „°Utre’  ^'scIue,  ajoute  Caylus,  a  une 
«  pour  placer  de  très  petits  poids 
iKBo.,,.,  ,  issaires  pour  savoir  avec  précision 

C  ”  précieuses 7  ».  Sur  la 

I  *"•*•  *>  Naples',  c'est  au  contraire  à  tort 

■rWaicc,  Ibid.  ,,  7g 

SJ  “,Tf"  . - 

7ml  r"us« cn.’pîiUros'ind!  ~  tlbUt-  >■  c.  -  3  \ 

|rcllc-  Art,  t.(  ,  qués  aux  notes  l  et  7  de  la 

t?"  «  «.PL  .«tu,)  P1'  '■*«■».  l  et  2,  et  lxxxv  ;  Mus.  Gregor.  I, 

,,  U;  Bull  J‘°mpei’  4”  P-  **7,  Cg.  245  ;  Sclireibcr, 

"»  1900^ar °l0n'B,ancbet’  cj  ,t  ,°C'  des,ant-  de  Fr-  1807,  p.  CO  ;  1884,  p.  163, 
■  ’  OnyHis,  li,r  .  ,,.b’on~-  de  la  ÜM.  nat.  ne»  1908-1914.  —  4  Ibid. 

•  l'  U >  P'  004-307  et  pl .  xc,v.  -  5  Bec.  (Vant.  t.  IV, 


profondeur  suffisante 

eti  ’ 

la  i 


nt  .  r  nes^  fait  d’exception  que  pour  la  dernière 
i  ^  lUcs*  011  1°  chiffre  X  doit  cire  retranché  du 

oir,  outre  les  très 
page  1228  :  Grivaud  de  la 


que  M.  Bliimner  signale  comme  destiné  à  porter  l’objet 
à  peser  soit  le  plateau,  soit  un  crochet,  et  qu’il  explique 
ainsi  la  double  gradation  ».  Le  crocliet  en  question, 
comme  l’autre,  sur  lequel 
M.  Bliimner  ne  s’est  pas 
mépris,*  servait  à  sus¬ 
pendre,  non  l’objet  à 
peser,  mais  la  balance 
elle-même.  Même  erreur, 
excusable  par  ce  fait  que 
le  plateau  a  disparu,  a  été 
commise  à  propos  d’une 
balance  trouvée  à  Bey¬ 
routh1 0  :  les  trois  crochets, 
dont  un  manque,  étaient 
des  crochets  de  suspen¬ 
sion.  Il  faut  donc  prendre 
garde  de  se  méprendre 
sur  l’usage  des  crochets 
qui  se  voient  fixés  aux 
balances  romaines.  Ils 
ont  parfois  servi  à  accro¬ 
cher  la  marchandise  à 
peser,  et  nous  en  avons 
mentionné  des  exem¬ 
ples  11  :  dans  ce  cas, 
d’ailleurs,  ils  se  trouvent 
d’ordinaire  à  l’extrémité 
d’une  chaînette  assez 
longue.  Le  plus  souvent 
ils  sont  ce  que  Yitruve 
appelle  l’anse  de  la  ba¬ 
lance  12,  et  leur  nombre 
correspond  à  celui  des  gradations.  Il  eût  été  impossible, 
en  effet,  sous  peine  d’allonger  outre  mesure  le  fléau  ou 
de  trop  augmenter  le  contrepoids,  d’obtenir,  avec  un 
seul  point  de  levier  et  en  une  gradation  unique  dont  les 
divisions  restassent  claires,  une  échelle  allant  jusqu’à 
des  pesées  assez  fortes.  Supposez  au  contraire  plu¬ 
sieurs  crochets  inégalement  éloignés  du  point  d’attache 
de  l’objet  à  peser,  rien  n’empêche  d’en  calculer  l’éloi¬ 
gnement  de  manière  que,  le  peson  restant  le  même, 
mais  la  balance  étant  successivement  suspendue  par  les 
différents  crochets,  la  position  du  peson  la  plus  rappro¬ 
chée  en  un  cas  corresponde  précisément  à  un  poids 
immédiatement  supérieur  à  celui  qui  équilibre  dans 
l’autre  cas  sa  position  la  plus  éloignée.  Il  suffira  alors 
de  donner  au  fléau  une  section  polygonale  et  d’utiliser 
les  différentes  faces  pour  y  inscrire  les  gradations  cor¬ 
respondant  aux  pesées  faites  avec  les  différents  cro¬ 
chets.  Les  Romains  s’étaient  prévalus  de  cet  avantage 
dans  la  construction  de  leurs  balances  romaines,  et  si 
plusieurs  d’entre  elles  n’ont  qu’un  seul  crochet  de 
suspension  et  qu’une  seule  gradation  13 ,  la  double 
gradation  avec  deux  crochets  est  non  moins  fré- 


Fig.  4477.  —  Balance  à  plateau. 


P  307.  G  Ibid.  I.  c.  —  1  Ibid.  p.  306.  —  8  Mus,  Borb.  t.  VIII,  pl.  xvi 
Baumeisler,  Denlcm.d.  kl.  Alterth.  p.  2079,  fig.  2318.  —  9  Ibid.  I.  c.  La  même 
fausse  explication  est  donnée  dans  le  manuel  de  Guld  et  Koncr,  La  vie  an¬ 
tique,  Irad.  Traxvinski,  2r  partie,  p.  380.  —  10  Bull,  de  la  .Soc.  des  antiq. 
de  Fr.  1880,  p.  278.  —  l*  Caylus,  Bec.  d’ant.  t.  IV,  pl.  xc.vi,  3  ;  Mus.  Borb. 
t.  I,  pl.  I.v,  2,  t.  VIII,  pl.  XVI,  2  cl  4;  Furlwanglcr,  Olympia,  t.  IV,  Die  Bron¬ 
zai,  p.  160,  n°  1200,  pl.  i.xvii.  —  12  Vite.  X,  8.  —  13  11  suffit  de  citer  nn  très 
Bel  exemplaire  au  Louvre,  de  grandes  dimensions,  provenant  de  la  collection 
' Purand. 


LIB 


1228 


LIB 


quente1.  Une  balance  de  lacolleclion  Gréau,  par  exemple, 
porte  sur  1  une  des  faces  les  indications  de  1  à  6  livres  avec 
les  moitiés,  sur  1  autre  de  7  à  20‘2.  De  même  les  nombreux 
exemplaires  du  Musée  de  Naples.  Sur  l’un  sont,  d’un 
côté,  les  cliifTres  I  à  X  avec  des  points  intermédiaires  pour 
les  demies  ;  de  l’autre,  les  dizaines  de  X  à  XXXX  avec  des 
\  aux  demi-dizaines  (fig.  4478);  en  outre,  aux  arêtes  des 

Ly"*‘'“‘XV‘ . \? . 

(Oj 

Fig.  4478. 

signes  marquent  les  fractions  3.  Sur  deux  autres  balances 
on  lit,  d’un  côté  les  chiffres  I  à  VII,  de  l’autre  IV,  X,  V,XX, 
V,  XXX  U  ou  les  chiffres  I  à  VIIII  et  III,  V,  X,  V,  XX,  V, 
XXX  5.  La  division  plus  complète  des  dizaines,  donnant 
toutes  les  unités,  se  voit  sur  une  autre  balance,  dont  la 
première  face  est  marquée,  comme  d’ordinaire,  de  I  à 
VIII  et  l’autre  XIIIIVIIIIXXIIIIVIIIIXXXIIII  6.  Nom¬ 
breuses  enfin  sont  les  balances  à  trois  gradations1.  La 
gradation  y  est  toujours  faite  suivant  les  principes  que 
nous  venons  d’exposer,  des  traits  pour  les  unités  et 
quelquefois  pour  les  demies,  des  V  aux  demi-dizaines, 
et  celles-ci  marquées  soit  en  entier,  soit  uniformément 
du  chiffre  X,  connue  sur  une  balance  de  Chiusi  graduée 
de  2  à  183  livres  et  ou  il  n’est  fait  d’exception  que  pour  les 
chiffres  initiaux  de  chaque  face  et  pour  30  et  100  indiqués 
respectivement  par  X  et  O8.  Un  autre  exemplaire,  trouvé 
à  Laodicée  de  Syrie  et  appartenant  autrefois  à  Caylus,  au 
lieu  des  chiffres  romains,  portait  suivant  le  système 
grec  les  lettres  EIK|KAMNS]NZOnqPIKA,  soit  5,  10,  20, 
30,  40,  50,  60,  70,  80,  90,  100,  110,  120,  130,  avec  des  U 
aux  demi-dizaines9  ;  de  même  un  exemplaire  au  British 
Muséum10,  et  un  troisième  au  Louvre11. 

Les  fléaux  présentent  quelquefois,  en  dehors  des 
marques  pondérales,  des  inscriptions.  Le  plus  souvent, 
ce  sont  des  noms  propres  au  génitif,  rarement  latins, 
comme  Hermetisi2,  d’ordinaire  grecs,  tracés  ou  non  au 
pointillé,  avec  ou  sans  accompagnement  de  croix,  et  qui 
témoignent  d’une  basse  époque  :  'HXtooôpou 13,  ’Adp(i])- 
Xîou  Ne<rrxj3ou  u ,  Tcpovriou  -j-  Mapéou  13 ,  Kupiaxou  16 , 
MapSoytou  17,  ’Iwavvou  SfxTjjffayôpa  18,  'Roj-rtvou  19.  Il  n’est 
guère  douteux  que  ce  ne  soient  ceux  des  possesseurs, 
quoique,  dans  un  cas  au  moins,  on  ait  proposé  de 
sous-entendre  éîti  et  d’y  voir  la  mention  d’un  con¬ 
trôle  20 .  Rien  ne  justifie  une  telle  hypothèse.  Mais 
qu’un  tel  contrôle  ait  existé  dans  l’empire  romain,  la 
chose  n’est  pas  douteuse.  Il  serait  permis  de  l’affirmer 
a  priori,  en  présence  du  contrôle  qui  s’exercait  sur  les 
poids  et  que  mentionnent  tant  d’exemplaires,  que  nous 
n’avons  pas  à  rappeler  ici  [exagium,  p.  87ij,  portant 

1  Friederichs  la  considérai L  comme  la  normale  [O.  I. ,p.  198).  \oir  entre  autres  des 
exemplaires  au  Musée  de  Rouen  (Rev.  de  Normandie ,  1863,  p.  353-357  ;  Rev.  arch. 
1870,  t.  XXI,  p.  75-70)  ;  au  Musée  de  Naples  [Mus.  Borb.  t.  I,  pl.  i.v,  1  el  2  ;  I.  VIII, 
pl.  xvi,  1-3  ;  Baumcister,  Denkm.  p.  2078-2079,  fig.  2316-2318);  au  British  Muséum 
(II.  B.  Walters,  C.  Bronz.  n°*2979,  2980,  2986,  2988,  2994-2996);  au  Musée  de  Berlin 
(Friederichs,  nus  900-903)  ;  dans  la  collection  Gréau  ( Cat .  des  br.  ant.  n°312)  ;  dans  la 
collection  Fouchcr  à  Reims  [Bull,  de  la  Soc.  des  ant.  de  F r.  1886,  p.  167),  et  d  autres 
trouvés  en  Angleterre  ( Archaeologia ,  t.  X,  1792,  p.  J  3 4,  pl.  xtn),  à  Dallicim  ( Publ . 
de  la  Soc.  de  Luxembourg ,  1851,  pl.  X,  13),  à  Paris  [Rev.  arch.  1890,  t.  XV, 
p.  368),  etc.  —  2  Coll.  Gréau ,  Cat.  des  br.  ant.  n°  312.  —  3  Mus.  Borb.  t.  I, 
pl.  i.v,  1  ;  Corp.  inscr.  lat.  t.  x,  pars.  II,  n°  8067,  3.  —  4  Mus.  Borb.  t.  VIII, 
pl.  xvi,  4.  —  3  Ibid.  t.  VIII,  pl.  xvi,  5  ;  cf.  Friederichs,  O.  /.,  n°  902  ;  Schuma¬ 
cher,  Ant.  Br.  su  Karlsruhe ,  nos  665,  668  ;  Coll.  Gréau,  Cat.  des  br.  ant.  n°  312; 
Ind.  d'ant.  suisses,  1872,  p.  339.  —  Mus.  Borb.  t.  VIII,  pl.  xvi,  1.  —  7  Voir 
entre  autres,  Caylus,  Bec.  d’ant.  t.  IV,  pl.  xciv,  xcv,  xevi  ;  Indicateur  d’ant. 
suisses ,  1872,  p.  338,  pl.  xxxi,  13  ;  Bull,  de  la  Soc.  des  ant.  de  Fr.  1886,  p.  278  ; 
Gamurrini,  Mon.  a.  d.  Lincei ,  t.  I,  p.  160  ;  et  des  exemplaires  au  Louvre,  à  la 


les  noms  du  préfet  de  la  ville,  des  consuls  , 
dans  les  villes  grecques,  des  agoranome  ’  n ^ 
exacts  n’eussent  servi  à  rien  avec  des  bal-  '  '  6S  poi(ls 
Deux  balances  du  Musée  de  Naples  l'attest^68  !nridèles- 
d’une  manière  plus  directe.  L’inscription  deu"1’ 


Fig.  4179. 


—  Balance  romaine  portant  la  marque  de  vérification  au  Capitole. 


nous  fait  savoir  que  la  balance  a  été  vérifiée  au  Capitole 
en  l’année  77  de  notre  ère  :  Impferatore)  Vesplasianà 
Aug(usto)  IIX  T(ito)  Imp(eratoris )  Aug[usti )  f[ilio)VÏ 
co(n)s(ulibus)  exacta  i{n )  Capitolio  21 .  On  lit  sur  le 
fléau  de  l’autre:  Ti(berio)  Claud(io)  Caes(are)  Aug(usto) 
II II ,  L(ucio)  Vitel(lio)  III  co(n)s(ulibus )  exacta  ai 
Artic(uleiana)  cura  aedil(ium)22.  La  mention  exadaai 
Articuleiana ,  qui  se  retrouve  sur  un  poids  de  Rome-, 
est  expliquée  par  un  poids  portant  lui-même,  avec lamême 
date  consulaire,  les  mots  pondéra  exacta  M.  Articula o 
Cn.  Turranio  aedilibus2*’ .Les  édiles  de  l’année  47 ap. J  -C- 
avaient  donc  fait  établir  des  poids  étalons,  dits  d  après  e 
nom  de  l’un  d’eux  articuleiana.  D’après  ces  poid»,  °n 
contrôlait  et  les  poids  du  commerce  et  les  balances.  1 0UJ 
savons  d’ailleurs  qu’il  y  avait  aussi  à  Rome,  exP°seS  J 
lieu  officiel,  non  seulement  des  poids,  mais  des  Ui  anc ea 
une  balance  23  était  conservée  au  temple  de  Saurn* 


ibliothècjue  nationale  (Babelon-Blanchet,  Bronz.  de  la.  nuseu®  (H- 1 

luséede  Carlsruhe  (Schumacher,  O.  I.  n”s  005-068)  ;  au  L" j|us,,c  j'Olym- 
Walters,  C.  Bronz.  n">  2987,  2990-2992)  ;  au  Musée  de  Bolo°u<\“"  ,  ISVII 
ic  (Furtwangler,  Olympia ,  t.  1 V,  Die  Bronzen,  p.  1^0»  11 


dans 

4ff. 


e  (Furtwiingler,  Olympia ,  t.  IV,  nie  nronzen,  p.  j-v'1  j  /  .[,  d  Ver 
s  collections  Bourguignon,  Mertens-Schaflausen  à  Bonn  (  cxenilBa'rcl 

iBheinl.  1839,  t,  XXVII,  p.  94,  pl.  iv-v,  9),  etc.  H  y  aurait  ni  rnc^ 


-’.V’Vn  ”  ins)  mais  aucun 

quatre  gradations,  au  dire  de  Friederichs  [O.  c P-  1  j  ^  ^ 
est  mentionné.  —  8  Gamurrini,  Mon.  ant.  d.  Lincei ,  L  I 


HIUUWVlllU/,  *  V.U,. . .  j  999f. - 

,  Bec.  d’ant.  t.  IV,  p.  312,  pl.  xcvi.  —  *0  H.  B.  VVaUers,  '  ,  CaVi,is. 


9  c«r 

Il  Invts- 


ircMNC.  970.  —  12  Coll.  Castellani ,  Cat.  de  vente,  •>39 '■  ^  >r,  iWjj 

autre  face  du  fléau  porlc  CFAAQN.  —  ^  Bull,  de  la  ^oC_  2986.  —  17  ^  ’ 
278.  —  13  Ibid.  1884,  p.  103.  —  1°  H.  B.  Walters,  ■  ■  ^  _i9Bal»"* 
2990  ;  Arch.  Zeit.  1884,  p.  140.  -  <«  H.  B.  Walters,  O.  I.  "  -  ^  Fr,  IM 

I  Louvre,  inventaire  MNC.  970.  —  20  Bail,  de  la  Soc.  u  ^  „•  806'.  ' 
104.  -  21  Mus.  Borb.  t.  I,  pl.  lv,  t  ;  C.  inscr.  lat.  t.  >  1  ,(  943.  - 

22  Ibid.  t.  X,  pars  II,  no  8007,  2.  -  J’1" 

Ibid.  I.  X,  pars  II,  n >  8007,  1.  —  2i  Varr.  Ling.  lat.  , 


L1B 


1229  — 


LIB 


H  resterait,  enli 


fin  à  signaler  l’ornementation  qu’ont 
,  L  balances.  Des  fléaux,  il  n’y  a  presque 

reçue  sou' l‘i  mème  interdisait  presque  toute 

rieniU  |  eule  l’extrémité  a  pu  sur  quelques  exem- 
décoratio"  e  en  tête  d’animal2.  Il  n’y  a  guère 

paires  être  .  la  romaine  d’un  système  tout  parti- 
d’eXCef  ' M,Le  de  Berlin,  où  la  partie  du  fléau  formant 
cullC1  ,„s  contrepoids  est  un  bel  avant-corps  de 
en  plus  haut,  fig.  4475)  3.  Les  plateaux  eux 

|anl  ,  se  prêtaient  guère  à  recevoir  d’embellisse- 
fnpl  ’•  n’est  celui  des  filets  concentriques  qui  y 
P®”1*’  "5>J  Dans  la  balance  du  Cabinet  des  Médailles 
’  S°  niiminée  plus  haut,  pourtant,  trois  colombes  aux  ailes 
T  rs  sous  les  plateaux  retiennent  dans  leurs  becs  les 
extrémités  des  chaînettes  L  Le  plateau  d’un  des  exem- 
■mres  de  Naples  offre  sur  la  face  supérieure,  légèrement 
Rcave  une  véritable  représentation,  un  Satyre  luttant 
Eecune  chèvre8.  Mais  n’était-ce  pas  un  contresens, 

;  risque  cette  face  précisément  devait  recevoir  la  mar¬ 
chandise  à  peser.  L’exemple  aussi  bien  est  isolé.  Il  était, 
au  contraire,  une  partie  où  l’ingéniosité  des  fabricants 
pouvait  à  bon  droit  se  donner  libre  cours  et  n’y  a  pas  man- 
Iqué  :  ce  sont  les  pesons  des  romaines.  Ici,  grande  est  la 
variété  et  c’est  l’exception  quand  le  peson  se  présente 
sous  l’aspect  d’une  simple  masse  géométrique,  sans 
■recevoir  un  aspect  proprement  ornemental  :  encore, 
même  dans  ces  cas,  cherche-t-on,  soit  en  le  découpant  en 


■  losange6,  soit  en  le  façonnant  en  cône  renversé1  ou  en 

■  pyramide8,  ou  en  en  faisant  une  sphère  parfaite  ',  à  lui 
donner  un  aspect  agréable.  Un  degré  de  plus  est  franchi 

\  dans  les  exemplaires  où  le  peson  prend  la  forme  d’un 
|  amphorisque10  ou  d’un  gland11,  ou  encore  d  un  médail- 
|  Ion  orné  d’une  tète  de  Méduse12,  d’un  vase  orné  de 
Sirènes13.  Une  balance  de  la  Bibliothèque  nationale  a 
pour  peson  un  colimaçon  (fig.  4480) u  ;  d’autres  pesons 
I  représentent  des  têtes  de  loups15,  de  béliers10.  Mais  la 
;  forme  devenue  traditionnelle,  qui  se  rencontre  de  beau¬ 
coup  le  plus  souvent,  est  celle  de  bustes  17,  soit  encore 

■  attenant  à  la  balance  à  laquelle  ils  appartenaient,  soit 


isolés.  Il  n’est  presque  pas  de  musée  ou  de  collection 
d’antiquités  18  qui  n’en  contienne:  bustes  d’enfants19,  de 
jeunes  filles  et  de  femmes20,  bustes  d’éphèbes21, 
d’athlètes 22  et  de  guerriers 23,  bustes  iconographiques  et 
en  particulier  bustes  d’empereurs,  de  princes  et  de  prin¬ 
cesses  2i,  bustes  de  genre  tels  que  des  bustes  de  négril¬ 
lons  25  ou  d’acteurs  comiques26,  bustes  de  personnages 
héroïques,  d’une  Amazone  par  exemple  21,  bustes  de  Rome 
casquée,  bustes  de  Satyres  et  de  bacchantes  2#,  bustes  de 
divinités  de  toutes  sortes29.  Le  Louvre  en  particulier 
possède  toute  une  série  de  pesons  venant  d’Égypte  où  se 
répète  à  satiété  l’image  de  Serapis  ou  d’Isis 30.  Il  ne  sau- 


Fig1.  4480. 

Pesons  de  balances. 


Fig.  4481. 


rait  être  question  d’en  pousser  plus  loin  l’énumération 
et  la  description  ;  et  sans  doute  suffira-t-il,  pour  en  don¬ 
ner  une  idée  plus  complète,  à  côté  des  exemplaires  déjà 
reproduits,  d’indiquer  encore,  comme  exemples  de 
dimensions  particulièrement  considérables,  une  tète 
d’Attys31  et  une  tète  de  Minerve  (fig.  4481)  32,  alourdie  par 
la  masse  de  plomb  qui  en  remplit  l’intérieur,  conservées 
l’une  et  l’autre  dans  la  salle  des  bronzes  du  Musée  du 
Louvre. 

IL  Z'jyôç,  constellation  de  la  Balance  [zodiacus]. 

III.  Lïbra  aquaria.  —  Le  mot  de  libra  est  très  souvent 
employé  pour  désigner  le  niveau  d’un  lieu  et  en  parti- 


I  *  Il  faut  pourtant  mentionner  ici  une  particularité  que  présentent  quelques  rares 
|Kaiu.  Fort  courts,  ils  semblent  au  premier  abord  incomplets,  et  pourtant  leur 
PBction  très  nette  ne  permet  pas  de  croire  qu'ils  aient  été  brisés.  De  plus,  l’extrémité 
ftnest  eieuse.  Il  se  pourrait  donc  qu’ils  aient  appartenu  à  des  balances  dont  le  fléau 
t  d  lormédune  lige  divisée  en  plusieurs  sections  rentrant  l'une  dans  l’autre  do 
■aaicie  a  occuper  moins  de  développement.  Voir  Grivaud  de  la  Yiucelle,  Arts  et 
Ig.Q  ''  rn';'  P',  ixxxm,  2,  et  une  balance  du  Musée  de  Rouen,  lier.  arch. 

-  XX(,  p.  75-70.  _  2  Caylus,  Hec.  d'ant.  t.  IV,  pl.  xcv;  H.  B.  Walters, 
-  i°D  hr'Jn  the  Br-  Mus-  n“  298fi-  —  3  Pcrnice,  Jalirb.  d.  Inst.  1898,  p.  7. 

k'!lnclleh  Cat.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat.  n<>  1900;  Caylus,  Bec. 
t  y  j-:|  !  ■('  x  lx  '  ~  J  Mus.  Borb.  t.  VIII,  pl.  xvi,  5  g-h.  —  9  Archaeologia, 

JL.,  J,P;  I1"’  1,1  XlU'  '  Fui'twi>ngler,  Olympia,  1.  IV,  Die  Bronzen,  p.  160, 
Mlerth  iWlli C  "l"1'"11'101'’  Besc^lr-  d-  ant.  Br.  zu  Karlsruhe ,  n°  08 1  ;  Lindenscbmidt, 
L  me  ul  01  t  ’  *1''  xv’  -•  —  9  Grivaud  de  la  Viucelle,  Arts  et  met. 

Publ  de  °,Ct  7’  *lLXXXV  ;  Mas-  Borb-  h  P1-  '  V,  2  ;  t.  VIII,  pl.  xvi,  4  ; 

i  torj.  t.  iv  „i  "  Bvx'  l’i-  xi  19  ;  Lindenscbmidt,  Alterth.  heidn. 

pl.  ni,  2  ;  Sel,  \  '  ^  °’’CA'  1890’  *'  XVI>  P-  368.  —  10  las.  Borb.  t.  VIII, 
BorJ.  i.  ^  Iv'a|  .IC.V  Bescbr-  d.  ant.  Br.  zu  Karlsruhe,  n»  082.  —  a  Mus. 
■mâcher,  Bescltr  ,/  „  l 'r'icicbs,  Klein.  Kunsl  und  Industrie,  n"s  931,  932  ;  Schu- 
P-  2078,  fie-  'ti,  Ba'dscuhe,  n0  680  ;  Baumeister,  Denkm.  d. kl.  Alterth, 

~  am.  „«  »90,  __  ;  '  VUltci-s.  Cal.  of  the  br.  in  the  Br.  Mus.  n»  2993. 
f1907| Caylus  Be  ’  V  ’  Bal,clon'BlaDchot.  Cal.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat. 

n‘  Mo.  _  p;  j, . ,  >inl-  l’i-  xciv.  — 16  Friederichs,  Klein.  ICunst  und  Industrie, 

-*oi(t.  no  929  _ n  n  »  ’ 

^P-iercs  :  empereur  du  11  '  r  11  V  a  même  quelques  exemples  de  statuettes 
JW  *»  319-320)  q'i-  as,,'ni|"re  assis,  Nubien  accroupi  (Coll.  Gréau,  Cat.  des  br. 
| mai»  Ces,  i  tort  qu’o  116  .'mdcnschmidh  Alterth.  heidn.  Vorz.  t.  IV,  pl.  xv,  3)  ; 
p  Arch.  An:,  isgo  ,ndalu^  comme  formant  un  peson  de  balance  ( Jalirb .  d. 
^BMre  (Coi(.  Gréa  ù  r  '  une  ^laiuc-‘llG  déjeuné  vendangeur  accroupi  sur 
^^^os-Schaatliauscn  (  t,  ^  '  an^'  n°  38L  Pi-  IX)-  —  ls  L’ancienne  collection 

H  ubb.  d.  Ver.  r.  \n  ■  Bai  cxemplc,  en  contenait  à  elle  seule  une  centaine 
y  1  leinl,  1839,  t.  XXVII,  p.  94).  —  19  Friederichs,  Klein. 


Kunst  und  Industrie ,  n»  928  ;  Coll.  Gréau,  Cat.  des  br.ant.  n»  312  ;  Coll.  Hoffmann, 
Cat.  de  vente,  n»  57  ;  Coll.  J.  de  Bémusat,  Cat.  de  vente,  n°  170  ;  Caylus,  Bec. 
d’ant.  t.  VI,  pl.  i.xxxix,  3.  —  20  Mus.  Borb.  t.  VIII,  pl.  xvi,  t  et  3  ,-  S.  Rcinach, 
Musée  de  Saint-Germain,  Br.  fig.  de  la  Gaule  rom.  ni  235  ;  11.  B.  Walters,  Cat.  of 
the  br.  in  the  Br.  Mus.  u»s  1710-1716  ;  Coll.  Castellani,  Cat.  de  vente,  n°  339  ;  Caylus, 
Bec.  d’ant.  t.  IV,  pl.  xcv,  4-0  ;  xcvii,  3,  4;  Lindenscbmidt,  Alterth.  heidn.  Vorz. 
t.  IV,  pl.  xv,  4.  —  21  Friederichs,  Klein.  Kunsl  und  Industrie ,  n°  924;  Coll. 
Hoffmann,  Cat.  de  vente,  pl.  î;  Schumacher,  Beschr.  d.  ant.  Br.  zu  Karlsruhe, 
n"s  677-078.  —  22  H.  B.  Walters,  Cat.  of  the  br.  in  the  Br.  Mus.  n»  1023.  —  23  Mus. 
Borb.  1. 1,  pl.  lv,  1  ;  H.  B.  Walters,  Cat.of  the  br.  in  the  Br.  Mus.  n“  926  ;  Bull,  monum. 
1877,  p.  512  ;  Baumeister,  Denkm.  d.  kl.  Alterth.  p.  2078,  fig.  2317.  —  24  Long- 
périer,  Mot.  des  br.  ant.  du  Louvre,  n“s  040,  658,  059,  003  ;  Babelon-Blancbet, 
Cat.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat.  nM  841,  842,  840,  847,  953;  II.  B.  Walters,  Cat. 
of  the  br.  in  the  Br.  Mus.  n»  832;  Coll.  Gréau,  Cat.  des  br.  ant.  n.  318  ; 
Caylus,  Bec.  d’ant.  t.  IV,  pl.  xevi,  3  ;xcvu,  1.  —  25  Friederichs,  Klein.  Kunst  und 
Industrie,  n°  928  a  ;  Bahclou-BIanchet,  Cat.  de  br.  ant.  de  la  Bibl,  nat.  n°  1025  ; 
Coll,  Hoffmann,  Cal.  de  vente,  n°  70;  Jahrb.  d.  Inst.  Arch,  Anz.  1890,  p.  157, 
fig.  7.  —  20  Babcion-Blanchet,  Cat.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat.  n”  1000.  Voir 
aussi  un  buste  grotesque  :  Grivaud  de  la  Yinccllc,  Arts  et  met.  des  anc.  pl.  i.xxxiv. 

—  27  Babelon-Blanchct,  Cat.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat.  u°  819.  —  28  Mus.  Borb. 
t.  VIII,  pl.  XVI,  5  ;  Friederichs,  Klein.  Kunst  und  Industrie,  nos  923,  923  b  ;  Coll. 
Gréau,  Cat.  des  br.  ant.  n“s  316-317;  Baumeister,  Denkm.  d.  kl.  Alterth,  p.2079, 
fig.  23  1  8.  —  29  Longpéricr,  A'ot.des  br.  ant.  du  Louvre,  n«*  44,  73,  187  ;  Frie¬ 
derichs,  Klein.  Kunst  und  Industrie,  n»'  923  a,  925;  Sacken,  Ant.  Br.  pl.  xxxix, 
4,  10,  12;  Babcion-Blanchet,  Cat.  des  br.  ant.  de  la  Bibl.  nat.  nos  124,  303,  472, 
481,  070,  071  ;  11.  B.  Walters,  Cat.  of  the  br.  in  the  Br.  Mus.  il»’  930,  938,  1060, 
1067,  1179,  1228;  Coll.  Gréau,  Cat.  des  br.  ant.  n">  313-313;  Coll.  J.  de 
Bémusat,  Cat.  de  vente,  n”  139  ;  Bull,  de  la  Soc.  des  ant.  de  Fr.  1881,  p.  IIS  ; 
Lindenscbmidt,  Alterth.  heidn.  Vorz.  t.  IV,  pl.  xv,  5.  —  30  Don  de  M.  Stier. 

—  31  Inventaire  MNC.  044.  —  32  Longpéricr,  Not.  des  br.  ant.  du  Louvre, 
n«  44. 

loo 


LIB 


1230  — 


LIB 


culier  d’une  nappe  d’eau  1  ;  mais  dans  un  passage  de 
Vitruve  le  même  mot,  accompagné  de  l’adjectif  aquaria, 
désigne  aussi  1  instrument  qui  sert  à  reconnaître  le  ni¬ 
veau  2.  «  Le  niveau  s’établit,  écrit-il,  soit  avec  la  dioptre  3, 
soit  avec  la  Itbra  aquaria  (que  l’on  traduit  d’ordinaire 
par  balance  a  eau),  soit  avec  le  chorobate,  mais  de  la 
manière  la  plus  exacte  au  moyen  du  chorobate,  étant 
donné  que  la  dioptre  et  la  Vibra  induisent  en  erreur.  » 
Suit  la  description  du  chorobate  [chorobates],  dont  le 
fonctionnement,  d’une  manière  générale,  repose  sur 
l’emploi  du  fil  à  plomb  combiné  avec  des  marques  per¬ 
pendiculaires  tracées  sur  le  cadre  de  l’appareil  4.  «  Toute¬ 
fois,  si  le  vent  fait  obstacle  et  que,  par  suite  des  mouve¬ 
ments,  les  lignes  tracées  ne  puissent  donner  d’indications 
certaines,  alors,  ajoute  Vitruve,  que  le  chorobate  ait  dans 
sa  partie  supérieure  un  canal  long  de  cinq  pieds,  large 
d’un  doigt,  profond  d’un  doigt  et  demi,  et  qu’on  y  verse 
de  l’eau  :  si  l'eau  touche  également  le  sommet  des  bords 
du  canal,  on  saura  qu’on  est  de  niveau  s.  »  Le  chorobate, 
dans  ce  cas  au  moins,  faisait  donc  intervenir  le  niveau 
deau.  Il  n’est  donc  peut-être  pas  aussi  certain  qu'on  l’a 
dit  6  que  la  libra  aquaria,  qui  est  un  autre  instrument, 
ne  soit  pas  autre  chose  que  notre  niveau  d’eau  actuel. 
L  épithète  d 'aquaria  pourrait  indiquer,  non  que  l’eau 
y  jouait  un  rôle,  mais  que  l'instrument  servait  à  juger  de 
l’altitude  de  l’eau7.  Il  est  difficile,  en  l’absence  de  tout 
renseignement,  de  rien  affirmer  de  positif.  La  seconde 
hypothèse,  même  admise,  n’entraîne  d'ailleurs  nullement 
comme  conséquence  qu’on  puisse,  comme  on  l’a  fait  8, 
identifier  la  libra  avec  la  libella,  qui,  servant  à  juger  non 
seulement  de  la  parfaite  planitude,  mais  encore  de 
l’horizontalité  ou  de  la  verticalité,  était  avant  tout  un 
outil  d’ouvrier  maçon,  charpentier  ou  autre.  La  libra 
aquaria ,  au  contraire,  était  un  instrument  employé  prin¬ 
cipalement  dans  les  levés  hydrographiques. 

IV.  Livre,  unité  du  système  pondéral  romain  9,  ainsi 
nommée  d’après  M.  Mommsen  parce  que,  quand  l’homme 
étendant  le  bras  balance  l’objet  qu’il  tient  en  main,  il  en 
estime  aussitôt  le  poids  10.  D’après  une  explication  quel¬ 
que  peu  différente,  le  mot  de  libra  indiquerait  l’équilibre 
entre  l’unité  de  poids  et  la  marchandise  qu’elle  contre¬ 
balance  :  Àtrpx  irapà  'PwjJiatotç  lou.YjVeuETa;  Xiêp a,  7]Ttç  ÈTUgo- 
Aoys frai  Tiap’  àuToiç  îffo'nj;  Tjv ouv  !<jox.avovtan.  Isidore  de  Sé¬ 
ville  propose  aussi  une  autre  étymologie  d’après  laquelle 
la  livre  serait  appelée  libra  parce  qu’elle  est  libéra,  c’est- 
à-dire  sans  doute  qu’elle  est  indépendante,  qu’elle  se  suffit 
à  elle-même,  qu’elle  est  en  un  mot  l’unité,  tandis  qu’elle 

1  Voir  entre  autres  Colum.  Ber.  rustic.  VIII,  17.  —  2  Vilruv.  De  arch.  VIII, 
6,  1.  —  3  Voir  sur  la  dioptre  l’étude  toute  récente  de  M.  il.  Scliône  dans  le 
Jahrb.  d.  Inst.  1899,  p.  92-103.  —  4- Voir  la  restitution  à  l’article  ceodesia, 
t.  II,  p.  1519,  fig.  3551.  —  5  Vilruv.  De  arch.  VIII,  6.  —  G  Voir  geodesia, 
t.  II,  p.  1519.  —  7  Voir  par  exemple  dans  l’édition  de  Vitruve  de  la  collection 
Panckoucke,  trad.  Maufras,  t.  II,  p.  295,  la  restitution  proposée  et  qui  n’emprunte 
rien  au  niveau  d’eau  :  elle  consiste  essentiellement  en  une  pièce  munie  d’un  anneau 
en  haut  et  alourdie  à  la  base  par  une  masse  pesante  de  manière  que,  suspendue, 
elle  reste  toujours  verticale,  et  qui  porte  une  planchette  fixée  d’équerre,  de  manière 
à  indiquer  le  plan  horizontal.  L’édition  de  Vitruve  de  Rode  avec  commentaires  et 
figures  (Berlin,  1800-1801)  renvoie  à  une  planche  pour  le  chorobate  (p.  195),  mais 
non  pour  la  libra.  M.  Blümner,  dans  sa  Technologie  u.  Terminol.  d.  Gewerbe  u. 
Künste,  t.  II,  p.  237,  n.  1,  se  borne  à  indiquer  d’un  mot  que  la  di Optra,  la  libra 
aquaria  et  le  chorobates  appartiennent  plus  à  la  géométrie  qu’à  la  technique. 
—  8  Forcellini-De  Vit,  Lexicon ,  s.  v.  libra ,  7.  La  distinction  est  au  contraire 
faite  à  l’article  fossa,  t.  II,  p.  1321,  mais,  d’autre  part,  la  libra  y  est  confondue 
avec  la  dioptra.  —  9  Hultsch,  Griech.  u.  rom.  Metrol.  2e  éd.  p.  144  et  suiv.  ; 

II.  ISissen,  Griech.  u.  rom.  Metrol.  ( Handb .  d.  kl.  Altertumwissensch.  d’hvan 
Muller,  t.  I,  G,  p.  833-914),  p.  870-871.  —  10  Mommsen,  Hist.  rom.  trad.  Alexandre, 

3e  éd.  t.  I,  p.  274.  —  il  Fragm.  kcçc  T«>.àv-cwv,  Metrologici  script,  éd.  Hultsch, 

t.  I,  p.  270.  —  12  Etymol.  XVI,  25,  20.  Voir  encore  le  tableau  des  poids  contenu 


renferme  en  elle  tous  les  autres  poids  12  „  j .  ,• 
t-il,  comprend  douze  onces  et  est  regardée  c 
du  poids  parfait  parce  qu’elle  est  composé !6t4 
d’onces  que  l’année  de  mois13.  »  Il  dévelo  ^  .d'autant 
même  idée  en  montrant  comment  libra  <r  :ull°Urs  h 
plus  générale  s’applique  à  tout  entier  formlT  i^l 
parties.  «  L’année  qui  se  compose  de  douze  "  .d°Uze 
être  dite  libra.  Le  jour  équinoxial  sans  la  ni|p°1S  peut 
pondante,  qui  se  compose  de  douze  heures  <j°rres' 
être  appelé  libra.  La  livre  en  effet,  dans  l’évaluafi  ^ 
poids,  de  la  mesure  des  arbres,  de  la  surface  du"^  ^ 
la  taille  de  l’homme,  peut  s’entendre  des  diverses  i  "°  ’  ™ 

formées  du  nombre  duodécimal u  »  il  r(sa„i't  nfures 
i  . .  i  11  faillie  de  m 

observations  que  le  mot  pondus  lui-même  pourra  être 

comme  équivalent  de  libra ,  d’où  dupondius  pour  le  p?  ' 
de  deux  livres  1S,  et  surtout  qu’il  y  aura  équivalence  entre 
libra  et  as'6,  qui  représente  dans  le  système  duodécimal 
adopté  par  les  Romains,  l'unité  supérieure  par  rapport 
à  l’unité  inférieure  ou  douzième  qui  est  l’once11  J 
Les  multiples  de  la  livre,  par  suite  de  cette  équivalence, 
en  dehors  du  dupondius  dont  nous  avons  déjà  parlé  sont 
désignés  par  la  combinaison  du  mot  as  avec  les  différents 


noms  de  nombre,  tressis  jusqu’à  nonussis,  decussis,  U- 
cessis,  tricessis  jusqu’à  centussis  18. 

Les  divisions,  d’autre  part,  sont,  avec  l’once,  lessui 
vantes  : 


deunx 

=  11/12 

dextans 

<3^1 

-H 

cT 

II 

dodrans 

=  9/12 

bes 

=  8/12 

septunx 

=  7/12 

semis 

=  6/12 

quincunx 

=  5/12 

triens 

=  4/12 

quadrans 1 

19  =  3/12 

sextans 

—  2/1220 

Il  y  faut  ajouter  la  sescuncia,  ou  une  once  et  demie, 
soit  le  1/8  de  la  livre21.  De  ces  désignations,  les  unes, 
comme  semis,  trions,  quadrans ,  sextans,  indiquent  des* 
fractions  de  la  livre,  la  moitié,  le  tiers,  le  quart,  lel 
sixième;  d’autres,  comme  bes,  septunx ,  quincunx, 
cuncia,  des  multiples,  soit  sans  référence  a  une  unitej 
spéciale,  comme  bes  qui  est  simplement  pour  bi-as,  deuq 
unités,  en  réalité  deux  fois  le  triens32.  soit  par  iaPP^  I 
à  l’once,  septunx,  quincunx,  sescuncia  ;  d  autres,  en  M 
une  soustraction,  deunx,  soit  la  livre  moins  une  °nC  >1 

dans  un  manuscrit  de  Modène  ( Metrol .  script ■  t-  If  P-  1  /  u^ct  1 
quasi  libéra  eo  quod  liberaliter  pondéra  cuncta  contint ni  -  ^  13  Varr. 

—  13  Ibid.  I.  c.  —  r,  Isid.  Excerpta,  Metrol.  script  A-  H.  P- 
De  ling.  lut.  5,  169:  dupondius  a,  duobus  ponderibus,  î«0(  ^  même  Isid. 

assipondium  dicebatur ,  id  ideo  quod  as  erat  libia  po"  t  169)  :  mais 

Etymol.  XVI,  25,  3.  —  l«  Varron  fait  venir  as  de  aes  ( De  ling ^  p01ff  ia 
pour  les  métrologistcs  l’as  est  avant  tout,  comme  nous  de  w*4’  *' 

livre,  l'unité  :  quidquid  unum  est  assim  ratiocinatores  vocan  ^  p,  60), 

Metrol.  Script,  t.  II,  p.  72)  ;  de  même  Volusius  Maecianus,^  g  (.1 

Priscianus,  10  (Ibid.  p.  83),  Victorius,  i  (lbal.  P-  quadrans  saPP8|l 

p.  144.  —  18  Varr.  I.  c.  Hultsch,  O.  I.  p.  145.  —  °  .  jlaecianus,  |J 

aussi  teruncius  :  Varron,  De  ling.  lat.  V,  169,  cf.  _ 20  V'oir  lcs  tableau*! 

( Metrol .  script,  t.  II,  p.  70)  et  Cic.  Ad  Attic.  7,  ^  $>«!. 

donnés  par  Letronne,  Préc.  du  syst.  des  mes.  des  rl  ’  ,  Hullscb, 

sér.  III,  Archiol.  et  philol.  t.  I,  p.  118-134),  P-  *  HW*! 

p.  148;  Nissen,  Griech.  u.  rôm.  Metrol.  p.  848  !  _  “  suiv.,  Colum-  »e  I 
par  Hultsch,  notamment  à  Varron,  De  ling.  lat.  V,  h  pL^janus,  De  & '  "L 
rust.  V,  1,  Volusius  Maecianus,  I,  Ulp.  Digest.  28,  ,  -  ’  144,  n-  **'  J 

10  et  suiv.,  etc.  -  «  Hultsch,  O.  I.  p.  145,  n.  2.  '  “ /4$  £  expiai 
11c  rejeter  l’explication  do  Varron,  De  ling .  lai-  » 


Inc  ancinnno  nps  nar 


Jnran/n  tfipilt.P. 


LIB 


—  1231 


LIB 


nur  desextans,  soit  la  livre  moins  un  sextant, 
f!,ant’  P,nr  dequadrans ,  soit  la  livre  moins  un  qua- 
4°dranSr,  ^subdivision  peut  être  poussée  plus  loin  en 
drans ■  ^  ■  ponce  ene.même  pour  unité,  sub¬ 

prenant  à  son  wl 

division  qui  d°nne  : 

,emuncia=l/ï  d'once=l/24  delivre 
nclitus  =1/1  d’once  =  l/48  de  ivre 
,alub  =1/6  d'once  =  1/72  delivre 

I-  "Tripîhm  =1/24  d’once=  1/288  de  livre-, 

peutse  compléter  par  les  binae  sextulae= 1/3  d'once 
l  livre  et  la  dimidia  ssxtula  =  1/12  d'once  = 

1/144  de  livre2. 

I  Les  signes  les  plus  ordinaires  employés  pour  designer 
ces  poids  sont  : 


deunx 

s==- 

d  ex  tans 

s  =  = 

dodrans 

s= — 

bes 

s  = 

septunx 

s  — 

semis 

s 

quincunx 

#  =  — 

triens 

~ —  := 

quadrans . 

=  — 

sextans 

— 

sescuncia 

2  — 

uncia 

— 

semuncia 

2 

binae  sexlulae 

SS 

sicilicus 

3 

sextula 

S 

dimidia  sextula  % 

scripulum 

3  3. 

I  aeQ  es^  fuU  notamment  usage  dans  les  marques  pon¬ 
dérales  qu  on  avait  coutume  d’inscrire  sous  la  vaisselle 
,  daigent,  comme  le  trésor  d’IIildesheim  par  exemple  4  ou 
celui  de  Boscoreale  5. 

B Pa  COnüex>on  avec  le  système  grec,  enfin,  introduit 
encore  sous  l’Empire  la  drachme. =  1/96  de  livre,  l’obole 
i  inf/-  su  d>lllutn  =  1/576  de  livre,  et  comme  division 
nu  e  i- hait  us  =  1/8  d’obole,  qui  à  partir  de  Constan- 
Sn  tmtplace  à  la  siliqua  =  1/3  d’obole  6. 

Ko  de  ia  !ivrc  roinaine’ au  p°int  de  yue 

d'pïflmî*^  ,  s  assez  obscure,  et  ce  n’est  pas  ici  le  lieu 
rL'jW  !  '  llieories  fort  abstraites  qui  ont  été  pro- 
psqUl.uT°nS  Seulement  clu«  POm-  M.  Ilultsch,  qui 
Ion  avec  l'i"  U'IU  S  6Sl  occuPê  de  ces  questions,  le  rap- 
1;anciennetén,]r"<l  atl.1,IUe  ne  Paraît  Pas  douteux,  quoique 
mettre  ipi  j]  •  '  lvre  romaine  ne  permette  pas  d’ad- 

®,îil  Plutôt''  la  moiUtf8 Te<>  de  ,.'m*  *  ra"lre ’•  La  livre 

tienne  proi,.  „ .•  ,  ,  ‘  K  o  une  mine  commerciale  phéni- 
pv  1  ce  liés  bonne  heure  en  Italie  comme  en 

J  |W-  P-  145.  _  2  j. . . 

»!  I,  n  II.  “  Juict.  I)  1 4.7  O  ,T  . 

t  Wvi  ,8’  Pour  in„i  ,  '  'oir  e  lobleau  donné  par  Ilultsch, 
ÏZ "'/P-  YTianUiS’  m'-  P-  >«-.47.  _  !  Philologue, 

(i„  Cali  fondation  p.  ’  ’  P'  «9-  —  ■>  Héron  de  Villcfosse,  Le  Trésor  de 
!'  r,i"’  %'  «  ;  88,  B l  ;ô  C et  mém-  V),  p.  4.-83,  lig.  6  ;  02,  fig.  .4  ;  84, 

-  .J®!, «•  -  »  ViZ?-  *>•  ««•  . »•  %■  » 

l-  UI.  p.  l8f , 'lrb- r- d- kl.  Allert  r  ,/  P;  151  ■  -  *lbid-  p-  '52. 

■oci/10i  ’  l;’1'  Voir  aussi  r  „i  ’  'escb-  tL  Litt,  u.  für  Paedagog.  1899, 
"T  '™  C1  Ci-‘U«nI  P  trnU’  Uu  VIU°  Congr.  des  Orient,  é 

"  '  ~  «  Hultsch,  p.  157.  —  Il  Ibid.  p.  158. 


Grèce  et  qui,  à  Athènes,  aurait  été  dans  la  suite  mise  en 
relation  avec  le  système  établi  par  Solon  8.  M.  Ilultsch 
a  même  été  plus  loin  et  s’est  efforcé  de  retrouver  la 
source  d’où  découle  la  livre  dans  de  très  anciens  étalons 
babyloniens  et  égyptiens 9. 

Il  résulte  en  revanche,  d’une  manière  à  peu  près  cer¬ 
taine,  des  pesées  qui  ont  été  faites,  tant  d’après  des  poids 
les  mieux  conservés  possible,  comme  des  exemplaires  en 
serpentine'0,  que  surtout  d’après  des  monnaies  toujours 
plus  exactes11,  que  le  poids  delà  libra  était  très  approxi¬ 
mativement  de  327  grammes  et  une  fraction.  Letronne, 
en  particulier,  a  eu  le  mérite  de  déduire  cette  évaluation 
de  la  pesée  comparée  de  27  monnaies  consulaires  et  de 
27  solidi  de  Constantin12,  et  ce  sont  ses  calculs,  repris 
avec  une  très  légère  modification  par  Büekh13,  qui  ont 
conduit  à  la  valeur  proposée  par  le  savant  allemand14 
et  universellement  adoptée  de  327  gr.  45  pour  la  livre 
romaine  1?. 

Y.  Mesure  agraire  usitée  dans  la  Narbonnaise  et  dont 
nous  ne  savons  rien,  sinon  que  dans  cette  province  la 
mesure  de  surface  était  appelée  par  les  uns  libra ,  par 
les  autres  parallela 16. 

VI.  Mesure  de  capacité  employée  en  particulier  pour 
l’huile.  Suétone  parle  quelque  part  d’une  distribution  de 
dix  librae  d’huile  par  personne  que  fit  faire  César17.  Il 
pourrait,  sans  doute,  s'agir  de  dix  livres  en  poids,  et  il  est 
bien  certain  que  le  nom  de  libra ,  donné  à  la  mesure  de 
capacité,  vint  du  rapport  établi  avec  la  livre;  mais, 
d’autre  part,  Horace,  dans  une  de  ses  satires,  fait  allusion 
à  la  coutume  où  l’on  était  à  Rome  de  vendre  l’huile  dans 
des  mesures  en  corne18,  et  un  passage  d’un  traité  de 
Galenus  nous  apprend  précisément  que  ce  sont  elles  qui 
constituaient  la  XGpa,  équivalent  du  latin  libra ,  qu’elles 
portaient  tracée  une  division  en  douze  parties  du  nom 
d’onces,  et  il  ajoute  qu’il  a  voulu  savoir  quel  en  était  le 
poids19.  La  libra  d’huile  était  équivalente  en  volume  à 
Yhemina  20  [hemina].  E.  Michon. 

LIRRARHJS.  BiSXioypâcpo;,  copiste;  (}tëXio7ci6X7]ç,  libraire. 

—  Pour  bien  comprendre  ce  que  furent  pendant  toute  l’an¬ 
tiquité  classique  la  publication  et  le  commerce  des  livres, 
il  faut  commencer  par  oublier  les  habitudes  et  les  lois  aux¬ 
quelles  la  librairie  a  été  soumise  chez  les  peuples  mo¬ 
dernes  depuis  l’invention  de  l’imprimerie.  Le  seul  fait 
de  confier  son  ouvrage  à  un  éditeur  atteste  de  la  part 
d’un  auteur  la  volonté  formelle  de  le  publier;  elle  est 
constatée  par  un  traité  établissant  entre  l’un  et  l’autre  des 
obligations  réciproques  auxquelles  sont  attachés  certains 
droits;  il  y  a  donc  une  différence  essentielle  entre  une 
copie  manuscrite  et  un  livre  imprimé;  sauf  de  rares 
exceptions,  un  imprimé  est  fait  pour  la  vente,  ou  du 
moins  pour  la  publicité.  Chez  les  anciens,  une  copie 
destinée  à  rester  la  propriété  d’un  particulier  pouvait  ne 
se  distinguer  en  rien  d’une  copie  destinée  à  être  mise  en 
circulation,  et  il  y  avait  dans  la  publicité  tant  de  degrés 
qu’on  pouvait  avoir  de  la  peine  à  décider  où,  quand  et 

—  12  Letronne,  Consul,  g  en.  sur  l’éval.  des  mon.  gr.  et  rom.  p.  4  et  suiv 

—  13  Letronne  avait  procédé  dans  chacune  des  deux  classes  de  monnaies  par 
groupement  d’un  certain  nombre  d’exemplaires  de  même  valeur  ;  Bockh  fait  inter¬ 
venir  chaque  exemplaire  individuellement.  —  14  Bôclsh,  Metrol.  Untersuch.  iib. 
Gewicht,  Munzfüss.  u.  Masse  d.  Alterth.  p.  105.  —  15  Hultsch,  O.  I.  p.  101. 
— 10  Hygin.  De  condic.  agr.  p.  122  ( Metrologici  Script,  éd.  Hultsch,  t.  Il,  p.  60). 
— 17  Suet.  Caes.  38.  —  18  Horat.  Sat.  II,  2,  61.  —  19  Galenus,  De  compos.  medic. 
III,  13,  VI,  13  (Metrol.  script,  t.  I,  p.  213,  217)  ;  cf.  Ilultsch,  p.  lit,  n.  1. 

—  20  Ibid.  p.  120. 


IJ  B 


1232  — 


LIB 


comment  elle  avait  commencé  pour  certains  ouvrages.  Il 
est  probable  que  dans  les  premiers  temps  de  son  histoire 
le  livre  n  était  pas  un  article  de  commerce  ;  on  copiait 
soi-mètne  ou  on  faisait  copier  dans  sa  demeure  les 
ouvrages  qu  on  voulait  avoir  sous  la  main  ;  nous  voyons 
encore,  chez  Xénophon,  Socrate  s’étonner  qu’Euthydème, 
grand  amateur  de  livres,  possède  un  Homère  complet1. 
L  esclavage  fournissait  du  reste  aux  gens  aisés  un  moyen 
commode  de  monter  leur  bibliothèque  sans  bourse  délier  ; 
une  des  principales  tâches  des  esclaves  lettrés  ( servi 
l itterati ),  a  toutes  les  époques,  fut  de  reproduire  des 
manuscrits  pour  leur  maître  ;  c’était  là  le  procédé  le  plus 
répandu  et  le  plus  simple.  Lorsque  le  roi  Antigone  Gona- 
tas  voulut  se  tenir  au  courant  de  l’enseignement  du 
fameux  stoïcien  Zénon,  son  contemporain,  il  crut  ne 
pouvoir  mieux  faire  que  de  lui  envoyer  à  Athènes  des 
copistes  chargés  de  recueillir  ses  leçons  par  écrit  et  de 
les  expédier  aussitôt  en  Macédoine2. 

Cependant  un  jour  arriva  où  des  gens  habiles  à  repro¬ 
duire  les  manuscrits  eurent  l’idée  d’en  faire  trafic.  Dès 
lors,  il  y  eut  des  copistes  ([hêAioypacpoi),  qui  furent  en 
même  temps  libraires  ([LêAcoTraXai).  C’est  à  peu  près  vers 
la  fin  du  gouvernement  de  Périclès  que  ces  marchands 
apparaissent  à  Athènes  pour  la  première  fois;  ils  avaient 
leurs  magasins  surtout  à  l’agora;  les  lettrés  y  fréquen¬ 
taient  volontiers  ;  on  y  faisait  même  des  lectures  à  haute 
voix,  qui  attiraient  les  curieux  et  achalandaient  ce  quar¬ 
tier  savant3  :  ce  fut  pour  avoir  entendu  lire  à  la  porte 
d’un  libraire  le  second  livre  des  Mémorables  de  Xénophon 
que  Zénon  sentit  s’éveiller  en  lui  sa  vocation  philoso¬ 
phique4.  Athènes  était  à  coup  sûr  le  grand  centre  où  on 
venait  depuis  la  fin  du  Ve  siècle  s’approvisionner  de 
livres;  de  là  le  commerce  les  portait  dans  les  grandes 
villes  du  monde  hellénique,  où  ensuite  on  les  multipliait 
par  la  copie  s.  Pourtant  ce  mouvement  d’exportation  se 
produisit  avec  une  certaine  lenteur;  on  sait  comment, 
après  le  désastre  de  l’expédition  de  Sicile,  en  413,  certains 
Athéniens  prisonniers  à  Syracuse  durent  leur  liberté  aux 
vers  d’Euripide  qu’ils  apprirent  à  leurs  vainqueurs;  le 
grand  poète  était  alors  dans  tout  l’éclat  de  sa  gloire  et 
cependant  les  Siciliens  n’avaient  pas  encore  pu  lire  tout 
ce  qu’il  avait  écrit,  malgré  l’admiration  que  leur  inspirait 
son  génie e.  La  fondation  d’Alexandrie  et  les  travaux 
critiques  poursuivis  par  ses  fameux  bibliothécaires  durent 
avoir  pour  effet  d’étendre  et  de  régulariser  le  commerce 
de  la  librairie;  grâce  aux  Ptolémées,  on  eut  désormais 
dans  cette  ville  un  vaste  dépôt  de  manuscrits  bien  établis 
et  bien  classés,  d’où  l’on  pouvait  en  tout  temps  tirer  des 
copies  sûres  des  textes  anciens:  Alexandrie  fut  pendant 
de  longs  siècles  la  métropole  de  la  librairie  hellénique. 

A  Rome,  l’histoire  du  livre  passa  au  début  par  les 
mêmes  phases  qu’à  Athènes.  Même  quand  il  y  eut  une 
littérature  latine,  les  ouvrages  les  plus  estimés  durent 
être  multipliés  d’abord  par  l’initiative  individuelle  des 

l  innAIU US.  1  Xen.  Mon.  IV,  2.  10.  —  2  Diog.  Laert.  VII,  36.  Voir  encore  Plat. 
Prot.  325  E;  Phaedr.  67  c  ;  Apol.  26  D  ;  Aristopli.  Av.  1288  ;  Xen.  Mem.  I,  6,  14; 
IV,  2,  10  ;  lsocr.  XIX,  5  ;  Athen.  IV,  164  b,  c  ;  Plut.  Aie.  7  ;  Lucian.  Adv.  induct.  9  ; 
Diog.  Laert.  V,  73;  Boeckh,  Staatshaush.  d.. Athen.  12,08.  —  3  Poli.  VII,  211; 
IX,  47  ;  Athen.  III,  126  E.  —  4  Diog.  Laert.  VII,  2.  —  5  Xen.  Anab.  VII,  5,  12; 
Suit).  Xofoi G".v  'EfniSujo;  È^T:og£'j£Tai  ;  Cic.  Ad  Att.  XIII,  21, 4;  Diog.  Laert.  Vil,  31; 
Dionys.  Halie.  De  lsocr.  18.  —  6  Plut.  Nie.  29.  —  7  Corn.  Nep.  Alt.  13  ;  Birt, 
p.  345  et  suiv.  —  8  Cic.  Ad  Att.  IV,  8  a,  2  ;  XIII,  44,  3  ;  30,  2.  —  9  Cic.  Ad  Qu.  fr. 
IH,  4,  5  et  5,  6  ;  Ad  Att.  V,  2,  8  ;  5,  3  ;  XI,  2,  3.  —  10  Donat.  Vit.  Verg.  ap.  Suet. 
62  Reiff.  —  U  Strab.  XIII,  609.  —12  Cic.  Ad  Qu.  fr.  III,  4,  5  ;  6,  6  ;  Ad  AU.  Il,  1, 
12;  XIII,  23,  2;  Hor.  Ep.  II,  3,  354  ;  Strab.  XIII,  609  .  Tit.  Liv.  XXXVIII,  55,  8 


lecteurs;  le  librarius  n’était  qu’un  COpisle 
sous  les  ordres  et  pour  l’usage  d’un  pariic,,]-  ,'aVaiIlant 
plus  souvent  il  était  l’esclave.  De  grands  '  ,'<:r’ d°ntle 
des  lettrés  usaient  encore  largement  de  C(T' S°nnages, 


reproduction  au  temps  de  Cicéron.  «  Altie"'^1116  de 
biographe,  avait  beaucoup  d’esclaves  très  j n's t ^  S°n 
lecteurs  (anagnostae)  habiles  et  un  grand  m' deS 
copistes  ;  il  n’était  pas  jusqu’à  ses  valets  de  7!'!  .  de 
fussent  en  état  de  lire  ou  de  copier  au  besoin ^  ^ 


’>  La 


plupart  de  ces  copistes  privés,  à  en  juger  parleur  J 

■  Jntaeus, 
1Y,ns  ou 


étaient  des  Grecs,  commeDionysius/Menophilusln"01118' 

Pharnaces  8  ;  tels  encore  le  Chrysippus  de  Cicéro 
l’Eros  de  Virgile10.  Cependant  certains  librani  avai  tl 

ouvert  des  magasins  et  vendaient  les  manuscrits  coT  ' 
par  eux  ou  par  leurs  serviteurs;  de  là  vient  que  le  Ü 
de  librarius  a  gardé  jusqu’au  bout  un  double  sens  Au 
temps  d’Auguste,  Rome  était  après  Alexandrie  le  princp 
pal  marché  pour  le  commerce  des  livres11.  Mais  W 

amateurs  n’étaient  pas  toujours  satisfaits  des  textes  qui 
sortaient  de  ses  officines12;  ils  préféraient  beaucoup  les 
exemplaires  établis  sous  la  surveillance  des  particuliers 
parce  qu’ils  avaient  été  copiés  sur  de  meilleurs  modèles  et 
corrigés  avec  plus  de  soin 13.  Atticus  eut  l’idée  d’exploiter  I 
pour  en  tirer  profit  la  supériorité  de  ses  esclaves,  et  on 
vit  alors  ce  riche  personnage  organiser  chez  lui,  sous  sa 
direction,  de  véritables  ateliers  de  copie;  c’était  une  ma¬ 
nière  comme  une  autre  de  faire  valoir  sa  fortune,  une  des 
nombreuses  formes  que  pouvait  prendre  la  main-d’œuvre 
servile.  Non  seulement  Atticus  reproduisait  les  ouvragé 
anciens,  mais  il  en  publiait  de  nouveaux;  Cicéron  le 
choisit  comme  éditeur  de  plusieurs  des  siens;  Atticus  les 
faisait  reproduire  chez  lui  à  un  grand  nombre  d’exem¬ 
plaires  et  s’occupait  ensuite  de  les  placer  ;  son  ami  le 
félicite  dans  une  lettre  d’avoir  très  bien  vendu  le  pm 
Ligarioi'\  Il  se  chargeait  enfin  de  faire  acheter  au  loin 
par  ses  correspondants  les  livres  dont  ses  amis  de  Borne 
pouvaient  avoir  besoin  et  de  compléter  leurs  biblio¬ 
thèques  ls.  On  ne  saurait  affirmer  qu’ Atticus  ait  été  le  p  J 
mier  ni  le  dernier,  parmi  les  Romains  de  la  haute  classe, 
qui  ait  exercé  ce  négoce;  mais  il  est  resté  célèbre  entre 
tous  ;  il  a  dû  contribuer  beaucoup,  par  son  exemple  et  paf 
la  concurrence  qu’il  a  faite  aux  libraires  de  profession.  J 
à  rendre  le  public  plus  difficile,  les  copistes  plus  atten  | 

tifs  et  plus  soigneux.  un 

En  général,  quand  un  auteur  venait  de  h  Ylüim^  i 
ouvrage  et  qu’il  se  proposait  de  le  publia  i  -  -j  ^  ^ 
edere,  emittere,  vulgare ,  divulgare ,  pubhmu  ^  1 

remettait  entre  les  mains  cl’un  éditeur,  ànudimi11 


>  maison. 


les  moyens  de  le  faire  reproduire  dans  sa  lllol"  ^  ne 
C’était  pour  l’éditeur  un  devoir  de  consi  "  ]aU. 
communiquer  l’ouvrage  à  personne  sans  I  >1'  -j  n’y 
teur  et  avant  le  terme  fixé  par  lui11  ;  ‘  "..'jj-e,  cette 

avait  aucune  loi  qui  protégeât  la  propriété  i  ®  ffleDt 

'  /ait  trequc 


garantie  fut  souvent  illusoire;  d  arm 


Hicron. 


EP- 


a,  4i 
17,  «i 

l;  A 


Galen.  XVIII,  2,  630;  Mart.  II,  8;  Aul.  Oeil.  VI,  20,  •  ■■  ^ 

—  13  Cic.  Ad  Fam.  XVI,  22,  1  ;  Athen.  XIV,  620  A  ;  ;  cf  j|, 

Lucian.  Adv.  ind.  4.  —  14  Cic.  Ad  Attic.  XII  i  ’  .  .  Aiticv*  , 

C,  3;  40,  I;  44,  I.  Voir  Boissier,  Op.  eit ■  P-  c  j3; 

archéol.  n.  a.  VII  (««.  *\\  7i  10 
134;  Birt,  p.  348.  -  «Cic.  Ad  AU.  b  t»,,  à  «U*  J1* 
2  — ic  Sur  les  libraru  de  |  y;  le}-  '  , 

*,  /■•«-.  XVI,  «.«nïî*. . »S 

—  n  Cic.  Ad  Att.  XIII,  21,  4;  XIV,  17,  6  ;  XV,  a,  5,  *  *  _  pirm  j|at.  M1'  j 
or.,  Epist.  ad  Tryph.  I,  2  ;  Plin.  Ep.  I,  2,  1  et  5  . 

p.eror. 


de  Cicéron,  dans  la  Itev. 
ses  amis,  p 
1,  12;  IV,  46;  5,  3,  8  a, 
voir  Cic.  Ad  Att.  XIII,  21 


LIB 


—  1233  — 


.  (rétre  mis  en  circulation  par  la 
que  l’ouvrage’eaJe  l’auteur,  recevait  une  demi-publicité, 

^0DtéeSueureûtmanquédeloyauté; 


X  et  de  délicatesse, 


soiique101"'  -  , 

s"  L  i»  f»»ie  v,nl 


de  quelques  amis  infidèles,  soit 


que  1  ème  eût  répandu  autour  de  lui 

enllnqUC  nn  s  seulement  pour  tâter  l’opinion  *.  H  y  a 
quelque  copies  sont  ainsi  reslés  connus  par 

des  exemples  de  laireg  pendant  plusieurs  années 

uu  petit  ii°m  u  j»gCevoir  définitivement  une  publicité 
de  suite  avan  •  ■  raig()ns  pour  lesquelles  il  est  si 

Vî!ta!  ^déterminer  avec  précision  la  date  qu’il  faut 
dlll'C1  nremière  édition  de  certains  ouvrages 

asslgnei>  ;l2  ‘0n  admet  en  général  que  les  droits  d’au- 
I  Sent  point  dans  l’usage  3  ;  par  conséquent,  si 
t6U  n  écrivain  était  publiée  sans  son  aveu,  sa 

‘^hüon  pouvait  en  souffrir,  mais  non  pas  son  intérêt. 

■  endant  il  faut  bien  convenir  aussi  que  la  réglé  devait 
Ce^:';er  de8  exceptions  ;  quoique  la  question  soit  pour 

E  pleine  d’obscurité,  certains  faits  nous  porteraient 
plutôt  à  croire  que  l’auteur  en  certains  cas  devait  etre 
Lé  -  bien  souvent  le  possesseur  d'un  manuscrit  exigeait 
une  redevance,  quand  on  le  lui  demandait  pour  le  copier  -  ; 

I  n’est-il  pas  naturel  de  supposer  à  plus  forte  raison  que 
l'auteur  d’une  œuvre  inédite  se  faisait  payer  pour  la  com¬ 
muniquer  3  ?  Quelquefois  il  avait  contribué  à  la  dé- 
Bpense3;  est-il  vraisemblable  qu’il  ne  fût  pas  intéressé 
dans  la  vente  ?  En  un  mot,  les  conventions  particulières 
devaient  jouer  un  grand  rôle  dans  les  rapports  mutuels 
entre  l’auteur  et  l’éditeur.  L’abse-nce  d’une  réglementation 
fixe  entraîna  évidemment  beaucoup  d’abus  :  quelquefois 
l’auteur,  voyant  circuler  partout  sous  son  nom  des  livres 
où  sa  pensée  était  défigurée,  fut  obligé,  beaucoup  plus  tôt 
qu’il  ne  l’aurait  voulu,  d’en  donner  lui-même  une 
édition1.  D’autres  fois,  comme  la  propriété  n’en  était  pas 
plus  garantie  à  son  éditeur  qu’à  lui-même,  des  copies 
incorrectes,  faites  à  la  fois  sur  de  mauvais  modèles,  sor¬ 
taient  de  plusieurs  officines  concurrentes  8  ;  il  faut  y 
ajouter  les  falsifications,  très  communes  dans  l’antiquité  ; 
la  cupidité  des  libraires  est  certainement  une  des  princi¬ 
pales  causes  qui  nous  ont  valu  tant  d’œuvres  apocry¬ 
phes3.  On  ne  sait  pas  trop  quels  étaient  les  moyens 
légaux  de  contenir  et  de  réprimer  la  mauvaise  foi 10.  Mais 
il  faut  dire  aussi  que  la  plupart  du  temps  l’éditeur  avait 
intérêt  à  ne  pas  mécontenter  l’auteur,  celui-ci  restant 

■  toujours  libre  de  porter  ailleurs  son  œuvre  revue  et  mo- 
|  ifiée,  et  par  suite  de  déprécier  du  jour  au  lendemain  la 

Première  édition11. 

B-H  nest  pas  aisé  de  distinguer  parmi  nos  manuscrits 
■jaques  ceux  qui  ont  été  copiés  pour  l’usage  privé12  ; 
■pouitani  on  peut  présumer  que  dans  les  exemplaires  faits 
la  ;eilte,  1  écriture  et  tout  l’appareil  extérieur 
vin  ni  eh  e  plus  réguliers,  plus  soignés,  plus  conformes 
|  ne  li adilion  apprise  par  une  longue  pratique  du 


%  'LL  P‘  DEîCic-  Ad  AtL  HI>  lâ,  2;  15,  3;  XII,  1 

1 :Galen;  XIX>p- 10- KDhn- 2 


de 

Ma, 


,  1  ;  XIII,  21,  4  ;  Hicron. 

L 'Institutio  oratorio, 


ircellus  (Qn iniu  '  '  °ar'ul  Ppès  deseptans  après  avoir  été  dédiée  à  Victorius 

essa!Ne prouver ,  ^  or''Ep.ad  Tryph.  1,2);  Dzialzko,  Untersuch.  p.  169,  a 

‘l»c  morceau  par  !n0r"'''*U  *  ' 50  aV'  ^es  Poèmes  d'Horace  n'ont  été  connus 
réunis  cl  publiés  lui  oau*  oi  tO'ace  à  des  copies  privées;  à  cette  date,  il  les  aurait 
composée  l'Epist  \  jq  '  C  CS' 1>oup  colle  première  édition  collective  qu'aurait  été 
B6  contraire.  Voir  P’n«  .  ,,  "ar3'  tH, 38;  XI,  3,  G;  Gai  Instit.  Il,  77,  ne  prouventpas 
"“cWandcI, p.  R“°  Mart-  v’  10  et  25  ;  XI,  108  ;  XIV,  219  ;  Goell,  Ueber  den 
P>  1  ;  Au|.  ; ^  H,  P-  452  ;  Birt,  p.  354. —  4  gen.  De  benef. 

7'‘  tk'A<lAtt,  XIII  o-  5’  U'  ~  SSuet’  ûe  gramm.  8  ;  Plin.  Ep.  III,  5,  17. 
i“inlitDsi.o,..'|i'  3-  -  1  Diod.  V,p.  186  Dind.  ;  Ovid.  Trist.  III,  14,  19; 

■  1  ’  u>6,  68;  Galen.  II  216  7c;  Ilieron  Ep.  49.—  8  Galen.  II, 


métier.  A  ne  considérer  que  nos  papyrus,  il  faut  d’abord 
mettre  à  part  les  papyrus  non  littéraires  ;  ceux-là  évidem¬ 
ment  ne  viennent  point  du  commerce.  Parmi  les  papyrus 
littéraires,  il  y  a  lieu  aussi  de  distinguer  ceux  qui  sont 
opisthographes  ou  palimpsestes  [liber]  ;  à  supposer  que 
la  première  écriture  ait  été  celle  d’un  copiste  travaillant 
pour  le  public,  il  ne  saurait  en  être  de  même  de  la 
seconde.  Dans  notre  exemplaire  de  la  Politique  des  Athé- 
•  tiiens  par  Aristote,  le  texte  est  écrit  au  revers  des 
comptes  d’un  fermier  ;  il  est  clair  que  le  volumen ,  dans 
son  second  emploi  aussi  bien  que  dans  le  premier,  n’était 
pas  destiné  à  la  vente13. 

Lorsque  l’auteur  ne  pouvait  surveiller  lui-même  la 
publication  de  son  livre,  il  en  chargeait  un  ami.  Celui-ci, 
d’accord  avec  l’éditeur,  collationnait  les  copies  sur  le 
manuscrit  autographe  et  s’assurait  de  leur  correction  v\ 
Sans  parler  des  ouvrages  posthumes,  dont  VÉnéide  est 
le  plus  fameux  exemple,  il  est  arrivé  souvent  aussi  que, 
pour  répondre  aux  demandes  des  libraires,  des  ouvrages 
publiés  séparément  par  un  auteur  fussent  après  sa  mort 
réunis  pour  la  première  fois  et  que  l’édition  complète 
subît,  à  cette  occasion,  une  recension  nouvelle  liJ. 

La  censure  a  existé  à  toutes  les  époques  de  l’antiquité 
classique10  ;  elle  frappait  aussi  bien  1  auteur  que  le  livre. 
Le  plus  ancien  exemple  connu  est  celui  du  sophiste  Pro¬ 
tagoras  condamné  en  -411  à  être  banni  d’Athènes  pour 
avoir  professé  l’athéisme  ;  tous  les  exemplaires  de  ses 
écrits  qu’on  put  retrouver  furent  confisqués  et  brûlés 
sur  la  place  publique11.  Sous  l’Empire  romain,  cette 
institution  est  souvent  mentionnée.  Auguste,  nommé 
grand  pontife,  fit  brûler  plus  de  deux  mille  volumes  de 
prédictions,  écrits  en  grec  et  en  latin,  dont  les  auteurs 
étaient  anonymes,  dit  Suétone,  ou  peu  recommandables  ; 
il  ne  réserva  que  les  oracles  sibyllins,  et  encore  en  fit-il 
un  choix18.  Caligula,  dans  sa  démence,  bannit  des  biblio¬ 
thèques  publiques  les  œuvres  de  Virgile  et  de  Tite  Live, 
et  peu  s’en  fallut  qu’il  ne  fit  subir  le  même  sort  à 
celles  d’Homère19 .  Mais  ce  furent  surtout  les  écrits  des 
stoïciens  qui  excitèrent  les  colères  des  empereurs  du 
Ier  siècle20.  Il  semble  que  d'ordinaire  le  livre  était  con¬ 
damné  par  sénatus-consulte  à  être  détruit  [aboli tus)  ;  on 
le  brûlait  solennellement  sur  le  forum  devant  les 
triumviri  capitales  ;  la  peine  appliquée  à  l’auteur 
variait  suivant  la  gravité  du  cas.  Les  copistes  eux-mêmes 
n’échappaient  pas  toujours;  Domitien  ayant  fait  périr 
Hermogène  de  Tarse,  auteur  d’une  histoire  où  on  avait 
vu  des  allusions  satiriques,  ses  copistes  furent  mis  en 
croix21.  Dans  les  premiers  temps  du  christianisme,  les 
livres  saints  furent  quelquefois  condamnés  au  feu  par 
ordre  des  empereurs;  l’Église  triomphante  exerça  à  son 
tour  les  mêmes  rigueurs  contre  les  livres  des  païens  et 
des  hérésiarques22. 

Plusieurs  écrivains  nous  ont  conservé  les  noms  des 

216  ■  XIX,  9  ;  Diod.  I,  5,  2.  —  9  Galen.  XV,  9,  109  ;  XVI,  1  ;  XIX,  9  ;  Lueian.  Pseudol. 
30  ;  ' Adv.  ind.  4;  Schol.  Aristot.  p.  2S  Brand;  Son.  Controv.  pr.  11  ;  Quintil.  VII, 
2  24-  Mari.  VII,  12,  5  ;  72,  12;  X,  3,  5;  33,  5  ;  Becker-Goell,  Charikles,  II,  172  ; 
Peerlkainp,  praef.  ad  Horat,  p.  vin.  —  10  Une  injuriarum  actio  d’après  Dzialzko, 
Ithein.  Mus.  XLIX,  SCO,  —  11  Cic.  Ad  AU.  XII,  6,  3  ;  XIII,  13,  1  ;  21,  3,  4;  XVI,  6, 
4;  Quintil.  Inst.  or.  111,  6,  G4  ;  Diod.  V,  p.  186  Dind.;  Polyb.  XVI,  20,  7. 

_  12  Djiauko,  Untersuch.  p.  152  et  suiv.,  a  tenté  le  premier  ce  classement  ;  ce 

sont  ses  conclusions  que  nous  résumons  ici.  —  13  Voir  d'autres  exemples  dans 
Dzialzko,  p.  153.  —  «  Plin.  Ep.  I,  2,  1  ;  5,  8,  2  ;  Ovid.  Trist.  III,  14,  5,  9,  15,  19. 

—  13  Dzialzko,  Buchhandel,  col.  909,  7,  et  979,  55.  —  10  Birt,  p.  367  et  507. 

—  17  Diog.  Laert.  IX,  52.  —  18  Suet.  Ocl.  31.  —  19  Suet.  Calig.  34.  —  20  Suet. 
Tib.  Cl  ;  Tac.  Agric.  2  ;  Plin.  Ep.  Vil,  19,  6.  —21  Suet.  Dom.  10.  —  2‘2  Exemples 
dans  Birt,  p.  369. 


LIB 


—  1234  — 


LIB 


libraires  de  Rome  qui  furent  célèbres  au  temps  de  l'Em¬ 
pire  ;  ainsi,  sous  Auguste,  les  Sosie  ;  leur  magasin  se  trou- 
^  ait  au  vicus  7 uscus ,  a  1  endroit  oii  cette  rue  débouchait 
sur  le  forum,  près  d’une  statue  de  Vertumne  1  ;  à  la  fin 
du  i"  siècle,  Tryphon,  éditeur  de  Quintilien2;  Atrectus, 
au  quartier  d’Argiletum  3  ;  Secundus,  der  rière  le  temple 
de  la  Paix  et  le  temple  de  Minerve  4  ;  C.  Pollius  Valeria- 
nus,  éditeur  de  Martial  5.  Un  certain  Dorus,  qui  vendait 
les  ouvrages  de  Cicéron  et  de  Tite  Live,  est  cité  par  • 
Sénèque  G.  Comme  cette  énumération  suffirait  à  le  prou¬ 
ver,  les  principales  librairies  ( tabernae  librariae)  s’ou¬ 
vraient  sur  les  places  publiques  ou  sur  les  rues  adjacentes  ; 
il  y  en  avait  au  forum  romain  ‘,  au  forum  de  Jules 
César8,  au  vicus  Sandaliarius  9,  aux  Sigillaria10.  Des 
annonces  et  des  exemplaires  à  vendre  garnissaient  du 
haut  en  bas  la  devanture  et  les  piliers  voisins11  ;  à  l’in¬ 
térieur,  les  lettrés  et  les  curieux  se  réunissaient  pour 
prendre  connaissance  des  nouveautés,  au  milieu  des 
boites  ( capsae )  et  des  cases  ( nidus )  remplies  de  livres12. 

La  librairie  avait  déjà  pris  assez  d’extension  à  Rome 
a  la  fin.  de  la  République,  pour  que  les  ouvrages  en 
langue  latine  fussent  exportés  au  dehors  ;  Cicéron  con¬ 
fiait  à  Atticus  le  soin  de  répandre  ses  écrits  à  Athènes  et 
dans  les  autres  villes  de  la  Grèce13.  Ceux  des  grands 
poètes  du  temps  d’Auguste,  aussitôt  publiés,  étaient  lus 
dans  tout  le  monde  civilisé14.  Cependant  on  ne  vitqu’assez 
lentement  les  libraires  s’établir  à  demeure  dans  les  villes 
de  province;  au  temps  de  Trajan,  Pline,  informé  par  un 
ami  qu'il  y  en  avait  à  Lyon,  manifeste  un  certain  éton¬ 
nement,  et  Lyon  était  la  plus  grande  ville  d’une  province 
depuis  longtemps  latinisée  ls.  La  plupart  des  livres  à 
vendre  étaient  donc  expédiés  directement  de  Rome;  les 
libraires  de  la  capitale  ne  se  faisaient  même  pas  faute 
de  réserver  pour  les  clients  de  province  les  vieux  exem¬ 
plaires  maculés  :  un  Horace  défraîchi  pouvait  encore  se 
vendre  en  Afrique  ou  en  Espagne16.  Mais  à  partir  du 
ne  siècle  les  provinces  latines,  devenues  sans  doute 
plus  difficiles,  eurent  aussi  leurs  librairies  et  les  échanges 
de  l’une  à  l’autre  devinrent  plus  actifs11. 

Les  prix  des  livres18  variaient,  naturellement,  suivant 
le  format,  la  qualité  de  la  matière  première,  la  beauté  de 
l’écriture,  etc.  Nous  sommes  embarrassés  même  pour 
établir  un  prix  moyen  ,  car  il  a  dû  aussi  varier  beau¬ 
coup  d’un  âge  à  l’autre.  Nous  savons  qu’en  407  av.  J.-C. 
deux  feuilles  de  papyrus  coûtaient  à  Athènes  2  drachmes 
4  oboles,  soit  environ  1  fr.  25  la  pièce  [papyrus]19,  ce 
qui  porterait  à  26  drachmes  4  oboles  (25  francs)  le  prix 
d’un  rouleau  de  vingt  feuilles  [liber].  Mais  les  calculs 

l  Hor.  Epist.  I,  20,  1,  et  Porphyr.  ad  h.  I.  ;  Ars  poet.  345;  Jordan, 
Topogr.  d.  St.  Rom.  J,  2,  p.  217,  n.  1.  —  2  Quintil.  Inst,  or.,  Ep.  ad 
Tryph.  3;  Mart.  IV,  72,  2;  XIII,  3,  43.  —  3  Mart.  I,  117,  8.  —  4  Mart.  I,  2. 

—  6  Mart.  T,  113.  —  6  Scn.  De  benef.  VII,  6,  1.  —  7  Cic.  Phil.  II,  21.  —  8  Mart. 

I,  117,  10.  —  o  Aul.  Gell.  XVIII,  4,  1  ;  Galen.  XIX,  9.  —  10  Au).  Gell.  II,  3,  5  ;  V, 

4,  1.  —  H  Hor,  Sat.  I,  4,  71  ;  A  rs  poet.  372  ;  Mart.  I,  1 17,  11  ;  Aul.  Gell.  V,  4,  1  ;  IX, 

4,  1.  —  12  Aul.  Gell.  V,  4,  1  ;  XIII,  30,  1  ;  XVIII,  4,  1  ;  Stat.  Silv.  IV,  9,  il  ; 
Mart.  I,  117,  15  ;  VII,  17,  a  ;  Birt,  p.  356  et  suiv.  Fausses  inscriptions  de  librarii , 
Corp.  inscr.  Int.  VI  falsae,  1501*,  3005  *,  3413  *.  Prétendu  magasin  de  libraire  à 
I'ompéi  ;  Fiorelli,  Dcscriz.  di  Pompei ,  p.  40  et  suiv.  ;  Mau,  Bull,  dell’  Ist.  1874, 
p.  253;  Egger,  Journ.  des  savants,  1881,  p.  404  et  suiv.  —  13  Cic.  pro  Sull.  42  ; 

Cic.  Ad  Att.  II,  1,  2;  Calull.  95,  5.  —  14  Hor.  Ars  poet.  345  ;  Garni.  II.  20,  13  ; 
Ovid.  Trist.  IV,  9,  19;  10,  128  ;  Mart.  I,  1,2;  III,  95,  7;  V,  13,  3  ;  VII,  18,  1  ; 
VIII,  3,  4;  01,  3,  5;  X,  9,  3  ;  XI,  3,  5;  XII,  4,  3.  —  13  Plin.  Ep.  IX,  11,  2  ;  cf.  Aul. 
Gell.  IX,  4,  1  ;  Sulp.  Sev.  Dial.  I,  23,  3  ;  Birt,  p.  302.  —  16  Hor.  Ep.  I,  20,  13  ;  Cat. 

95,  7;  Mart.  III,  2,  2;  Auson.  34,  1.  —  17  pijn.  Sulp.  Sev.  I.  c.  —  18  Friedlaender, 
Darstellung  d.  Sittengesch.  Roms,  1115,  p.  371  ;  Birt,  p.  83.  —  19  Corp.  inscr.  ait. 

I,  324.  —  20 Stat.  Silv.  IV,  9, 7.  —21  Mart.  I,  117,  15.  —  22  Mart.  XIII,  3,  1.  —  23  Cic. 

De  leg.  açr.  Plin.  H  ist.  nat.  VII,  91  ;  Di  g.  L,  0,  7  (6)  ;  Mart.  Cap.  1,  65  ;  Corp.  inscr. 
lat.  VI,  0314,  8435,  8450  b,  8882,  9301,  9523,  9524,  9525  ( falsae  3413*)  ;  X,  4919; 


que  l’on  peut  fonder  sur  ce  renseignement 
giles,  et  en  tout  cas,  à  supposer  qu’jis  SOnl  lfès  fru, 
avec  exactitude  le  prix  moyen  de  l  -ln 'm7°US  d°nnent 
certain  qu’on  n’en  peut  rien  conclure  pour  y  ■  Ü  esl  bin 

térieure,  et  surtout  pour  l’époque  romaine-  p  P?que 

papyrus  a  dû  subir  dans  la  suite  une  baisse  .J’'  epr‘X(1i 
Stace  envoie  à  un  ami,  à  l’occasion  des  ^?nSldéral)le' 
petit  livre  (libellus)  de  sa  composition  •  il pa  f  '""'lles’  UH 

du  papyrus  neuf,  orner  d’un  étui  de  pourpre 
umbilici  [liber];  ce  petit  exemplaire  soigné 
indépendamment  du  travail  de  l’auteur  U’p,’,esente. 
10  as  (environ  0  fr.  70)  Le  premier’ livre  L'If 
grammes  de  Martial,  «  bien  ébarbé  à  la  pierre  p0  ^ 
orné  de  pourpre  »,  se  vendait  chez  le  libraire  AGectn! 
o  deniers  (près  de  5  fr.  40)  ;  mais  l’auteur  déclare  I 
même  que  c’était  trop  cher21.  On  pouvait  se  proc J 
pour  4  sesterces  (1  fr.  10),  chez  le  libraire  Tryphon  1 
livre  NUI  du  même  recueil;  en  le  vendant  p0ur  9 
(0  fr.  55),  il  aurait  encore  réalisé  un  bénéfice21  Ces 
exemples  suffisent  à  montrer  qu’à  la  fin  du  Ier  siècle  les 
livres  étaient  d’un  prix  fort  abordable,  même  pour  les 
bourses  modestes. 

Le  nom  de  librarii  a  servi  à  désigner  non  seulement 
les  copistes  et  les  libraires,  mais  encore  les  secrétaires 
les  teneurs  de  livres  et  les  comptables  23 .  Sur  leur 
condition  à  tous,  on  trouvera  les  renseignements  néces¬ 
saires  dans  l’article  scriba.  Georges  Lafaye. 

LIBRATOR.  —  1.  Les  libralores  sont  mentionnés  deux 
fois  par  Tacite  à  côté  des  funditores.  Germanicus,  dans 
un  combat  contre  les  Germains,  ordonne  aux  uns  et  aux 
autres  de  lancer  des  traits  et  de  mettre  le  trouble  dans  les 
rangs  ennemis1.  De  même  Corbulon,  dans  la  guerre 
d’Arménie,  place  ses  libralores  et  ses  funditores  sur  une 
éminence  d’où  ils  puissent  envoyer  leurs  balles2. 11  s'agit 
donc,  dans  ces  deux  passages,  de  soldats  qui,  comme  les 
frondeurs,  lançaient  au  loin  des  projectiles  en  leur  im¬ 
primant  un  mouvement  de  balancement. 

IL  II  est  également  faitmention  de  libralores  militaires 
dans  une  inscription  de  Rome  et  dans  deux  inscriptions 
de  Lambèse.  La  première,  conservée  au  Musée  du  Capi¬ 
tole,  est  l’épitaphe  d’un  certain  C.  Aelius  Aclianus,  delai 
deuxième  cohorte  prétorienne,  librator^u'istesserarw < 
c’est-à-dire  chargé  de  recevoir  et  de  transmettre  aua 
intéressés  les  instructions  du  commandant  G 
d’ordre  qui  lui  était  remis  inscrit  sur  une  Lesseï e  •  *1 
avait  d’abord  supposé  que  ce  librator  était  un  niacliinis 
une  sorte  de  soldat  d’artillerie  de  la  cohorte4.  Les. 
inscriptions  de  Lambèse  rendent  beaucoup  phm 'ialsljH 

Il  d  J)t 

XIII,  444.  —  Bibliographie.  Voir  celle  de  i.ibf.r  et  plus  particulii  n  ni  ^  (  |[|)j 

librariis  et  bibliopolis  antiquorum,  Lipsiae,  1710;  (Poleni  (nl 

J.  Bendixen,  De  poteslate  guam  apud  veteres  exhibueunl  '  ^ A4 

Husum,  1843;  De  primis  qui  Athenis  extiterunt  Aiè/i'V'" (1847), 
Schmidt,  Geschichte  der  Denk-und  Glaubensfreihei  un  l  _  *  g0js5jer, 


p.  110;  Fr.  Schmitz,  De  bibliopolis  Romanis,  Saarbruckeu, 

riprherr.hps  sur  la  manière  dont  furent  recueillies  et  pu  ,  Itôsti 


Recherches  sur  la  manière  dont  furent  recueillies  il  pn  ^  Qf  u, 
Cicéron ,  Paris,  1863;  (1.  Goell,  Lcber  den  Buchhanib  /  jAiis  |Ulltles  su! 
Schleiz,  1865  ;  Caillemer,  La  propriété  littéraire  à  Ail"  UI1  I 

les  antiquités  juridiques  d'Athènes);  VV .  Schmitz, 

Ruchhândler  in  Athen  und  im  übrigen  Griechenlu’1  •  rjecker-G0^  >  j 

Ri  lier,  Das  litterarische  Leben  im  ait  en  Rom,  1  a°r"jaonnv, 

Gallus  (1881),  t.  II,  p.  445,  Die  Bùcherverkaüfer  ;  "  /l/wn(/eI,  d °"s 

und  Ruchhündler  im  alten  Rom  2,  1885  ;  Dziatzko,  ai  I- 

s.  AUerth.  Wissensch 


Wissoxxa,  Real  Encyclopaedie  der  class. 


p.  149,  Die  Ven 


•ôffentlichung 


l'nter* 

Bûcher  « 


der 


ueber  d.  ant.  Buc/nvesen  (1900 
Alterthum. 

I.lltllATCll.  ITac.  Ann.  Il,  20.  —  2  Ibid.  XIII,  89  ^  M 

pars  1,  n»  2454.  —  4Marquardl,  Alan,  des  ont.  rom.  G 
saud,  p.‘262,  n.  5. 


,,  lat- 1 


VI, 


3  Corp-  jjiil,  Bfi*' 


LIB 


1235 


LIB 


,  ,vait  être  un  employé  du  génie1,  faisant 
llable  .  arpenteur  et,  comme  tel,  tirant  des 

office  de  geon  .  '  guiUî)  devait  son  nom  à  l'emploi  de  la 
/eaux,  qUI>  I’1  Dang  j,une  de  ces  inscriptions,  nous 
'  du  défunt,  Ubraior  de  la  III0  légion 


niv 


libre  aquaria- 
ie  1 

Auguste2:  mais. 


naV0' TP?  nais  l’autre,  qui  constitue  un  document  fort 
r  “gU  nous  montre  dans  le  Ubraior  un  véritable 
CUT’/des  travaux  d’aménagement  des  eaux3.  Le 
dr  llir  de  Maurétanie  avait  demandé  au  légat  de 
procurater  ^  ^  ^  Ubraior,  afin  de  faire  cons- 

fe  u„  aqueduc  qui  amenât  à  Bougie  les  eaux  des 
ÎL»«  voisines  ;  le  vétéran  désigne  dressa  les  plans 
TSlales  deux  équipes,  qui  entreprirent  le  canal  aux 
L  extrémités  de  manière  à  se  rencontrer  à  nu-route  ; 
K  étant  tombé  malade,  il  retourna  à  Lambese  ;  .1  fallut 
bientôt  le  rappeler  pour  qu’il  réparât  les  fautes  commises 
dans  l’exécution  des  travaux  maladroitement  continués 
après  son  départ4.  Les  libratores  militaires  ne  se  distin¬ 
guaient  donc  pas  par  leurs  fonctions  des  libratores  men¬ 
tionnés  dans  d’autres  passages,  comme  les  lettres  de  Pline 
le  Jeune  à  Trajan,  par  exemple,  où  Pline  entretient  à 
maintes  reprises  l’empereur  du  désir  qu’on  lui  envoie  un 
mirât  or,  pour  reconnaître  si  l’altitude  d’un  lac  de  la  pro¬ 
vince  est  supérieure  ou  non  a  celle  de  la  mer  et  faire  exé¬ 
cuter  les  travaux  de  communication3.  Il  ne  semble  pas, 
non  plus,  qu’on  doive  ranger  dans  une  classe  différente 
k  librat or  àonl  parle  Caton  dans  son  traité  d’agriculture 
comme  d’un  ouvrier  qui  ajuste  et  équilibre  bien  les  parties 
d'un  pressoir c  ;  là  encore  il  s’agit  d’obtenir  le  placement 
vertical  ou  horizontal  des  différentes  pièces  et  le  rôle  du 
librator  est  toujours  d’établir  le  niveau. 

111.  Les  libratores  attachés  à  l’administration  des  eaux 
sous  l’Empire  [cura  aquaria]  semblent,  au  contraire,  avoir 
été  chargés,  moins  de  comparer  les  niveaux  pour  l’éta¬ 
blissement  des  conduites,  que  de  surveiller  la  quantité 
deau  consommée.  Lorsqu’une  concession  était  accordée, 
le  procurateur  des  eaux  les  convoquait  afin  de  leur  indi¬ 
quer  le  module  du  calix  propre  à  en  assurer  la  distri¬ 
bution.  Frontin  ajoute  même  que  le  procurateur  devait 
^Rndre  la  précaution  de  poinçonner  ce  calix  en  leur 
^Bsence,  de  peur  que  les  libratores  ne  pussent  arbi- 
^w’ement,  suivant  le  degré  de  faveur  des  impétrants, 
^■prouu'i  un  calix  d’un  module  plus  ou  moins  élevé  1 . 
Ë  E.  Michon. 

■L  ^  ~  Nom  générique  de  documents  écrits  formant 
v  , 1  constituant  les  archives  de  corporations  di- 
leurs  <  0nservaien*'  ninsi  leurs  traditions  rituelles, 
V  ""  lds  el  leur  jurisprudence;  ou  même  archives 

Lgistrau  a  ,Sen  i1’  de  mémoria]  et  de  guides  aux 
tible  d’êt  ■  '  "and  onveut  délimiter  la  matière  suscep- 

qlellefuspp?”^  S0US  cette  rul>rique,  on  s’aperçoit 
il  faut  r  ,  _h  tc  aPPe  SOus  des  noms  divers,  auxquels 
'u  l’0ur  ^es  recherches  et  définitions  de 


ï«y-c.p.296._.2Cmv 


'>*2728.  _  s 


jtL'i  3;  XLII  LXn*  r°™aine  d’AfriQ P-  224.  —  5  Plia.  Ep.  ad.  Traj. 

„a"n]ni'  T°pog.  di  ’R  '  jCat°.  D>-  re  rust.  22.  _  7  Frontin.  Aqmed.  105  ; 
iJf11'  epmr  am  *  ’•  fomentarii  di  Frontino  intorno  le  aeque  c  gli 
“  P-  *  °  aqUWla  Wti  d-  r.  Ace.  d.  Lincei ,  ser.  3,  Memorie, 

u»m.  i  La  (i.f.  . . 

lai, ni  es °u  ^lats  administràtiCs  '*  °ml’*ée  lo,n°  œuvre  individuelle,  et  aussi  les 

1»clci  ^  mais  parfois  i  i  .  -'m'  * ôles  de  contributions  dits  généralement 

conmir,  *U°S  titteraru mallnt  ''  exac^‘0,l‘st  censuum,  les  recueils  ou  dossiers 

«,  !  1 15  Parti«"iers„  S  TWm  Ubri ■  Cic'  rm'-  lu-  ■».  Les  «  livres  de 
* nS,)0"^»'ae  (,., mais  codices  (v.  g.  codex  accepti 
0me$ticarum).  On  trouve  aussi  liber  au  sens  de 


CorP-  insc>'-  tat .  t.  VIII,  pars  I,  no  2934.  —  9 Ibid. 


détail.  Nous  nous  servirons  de  ce  mot  comme  d’une 
étiquette  historiquement  constatée  pour  circonscrire  le 
sujet,  borné  ainsi  aux  documents  de  langue  latine  ou 
mentionnés  par  les  auteurs  latins  sous  le  titre  de  Ubri, 
suivi  d’un  qualificatif. 

Il  convient  d’éliminer  tout  d’abord  les  sources  mal 
connues,  archives  sacerdotales  ou  civiques,  citées  de 
temps  à  autre  sous  le  nom  de  àitoypatpat,  àvx ypaoat,  stu- 
ypaœai,  Tr.apoMnjyp.aTa,  listes  de  rois,  de  magistrats,  de 
prêtres,  de  vainqueurs  aux  jeux  panhelléniques,  dont  les 
logographes  et  chronographes  grecs  sont  censés  s’ètre 
servis  pour  restituer  la  préhistoire.  On  assure  qu’tlella- 
nicus  de  Mitylène  fonda  une  chronologie  universelle  sur 
les  àvxypxcpou  des  prêtresses  de  liera  à  Argos  (  'Ilpeci'oeç), 
listes  qui  remontaient,  parait-il,  jusqu’à  l’œkiste  Argos, 
dont  la  petite-fille  Callithoé  aurait  été  la  première  prê¬ 
tresse  de  liera.  Héraclide  en  avait  trouvé  l’original  ou  la 
copie  (xvxypxoYj)  à  Sicyone  2,  et  Thucydide  les  cite  pour 
établir  des  synchronismes3.  Charon  de  Lampsaque  avait 
utilisé  de  même  les  listes  de  magistrats  de  sa  ville  natale 4. 
Les  listes  des  vainqueurs  aux  jeux  panhelléniques  étaient 
aussi  d’un  grand  secours  :  c’est  sur  celle  des  ’OXu!X7tio- 
vTxa-  qu’Ératosthène  fonda  sa  chronologie. 

Dans  les  documents  latins  répondant  à  la  définition 
donnée  plus  haut,  on  reconnaît  à  première  vue  deux  caté¬ 
gories  :  les  livres  sacerdotaux  et  les  livres  concernant 
les  magistrats.  Ces  deux  catégories  ont  été  visées  dans 
des  articles  spéciaux  [annales5,  commentarium,  fasti]  :  il 
nous  reste  à  voir  s’il  est  possible  de  tracer  une  ligne  de 
démarcation  qui  sépare  les  Ubri  des  listes  et  chroniques, 
règlements  et  statuts,  recueils  de  procédure  et  de  déci¬ 
sions,  classés  sous  d’autres  dénominations.  Nous  n’avons 
pour  faire  ce  triage  que  des  textes  sommaires  qu’il  est 
aisé  de  mettre  en  contradiction  entre  eux  et  dont  il  faut 
récuser  arbitrairement  un  bon  nombre  pour  asseoir  une 
classification  sur  le  reliquat  non  moins  arbitrairement 
accepté.  En  fait,  on  établit  ordinairement  cette  classifica¬ 
tion  a  priori,  sur  le  sens  connu  des  mots  commentarii, 
annales,  fasti  :  on  répartit  entre  ces  rubriques  les  docu¬ 
ments  supposés  annalistiques  et  chronologiques,  les 
actes  et  décrets  accumulés  par  la  pratique  des  collèges 
sacerdotaux,  et  on  attribue  aux  Ubri  exclusivement  le 
caractère  de  rituels  pour  les  prêtres,  de  guides  pratiques 
pour  les  magistrats,  comme  si  les  annales  n’étaient  pas 
des  Ubri  annales  et  les  Ubri  magistratuum  des  docu¬ 
ments  chronologiques. 

La  simple  énumération  des  documents  qualifiés  Ubri 
remplacera  avec  avantage  des  discussions  oiseuses.  Bien 
que  les  livres  sacerdotaux  aient  dû  être  plus. anciens  que 
les  autres,  nous  commencerons  par  la  partie  la  moins 
encombrée,  par  les  Ubri  magistratuum. 

I.  Tite  Live,  à  la  date  de  44-4  av.  J.-C.,  enregistre  des 
noms  de  consuls  qui  ne  se  trouvent  neque  in  annalibus 


libellas ,  mémoire  ou  rescrit  (liber  principis,  Plia.  Epist.  V,  13).  —  2  plut,  Mus.  3. 
—  3  Tliucyd.  II,  2;  IV,  133.  —  4  Suidas,  s.  v.  Il  faudrait  viser  aussi  les  recueils 
officiels  d'oracles,  comme  il  y  en  avait  à  Sparte  (Herod.  VI,  57),  à  Athènes  (Ilerod, 
V,  90)  et  sans  doute  dans  bien  d'autres  villes  ;  ou  même,  comme  guides  profes¬ 
sionnels,  les  recueils  cbrcsmologiqucs  mis  sous  le  nom  de  Bakis  ou  de  Musée,  les 
livres  orphiques,  etc.  —  5  Ajouter  à  la  bibliographie  de  l'article  annai.es  :  W.  Nitzsch, 
Die  rômische  Annalistik,  Berlin,  1873;  0.  Seeck,  Die  Kalendèrtafelder  Pontiftces, 
Berlin,  1885  ;  B.  Niese,  De  Annalibus  Maximis  obss.  Marburgi,  1886  ;  W.  Soltau, 
Die  Entstehung  der  Annales  Maximi  (Zeilschr.  f.  klass.  Allerth.  LV  [1896], 
p.  257-276);  C.  Cichorius,  Annales  in  Pauly-Wissowa,  Deal  Encycl.  I  [1894], 
p.  2248-2255)  ;  A.  G.  Amalucci,  Gli  Annales  Maximi  (Riv.  di  Filolog.  XXIV 
.[1896],  p.  208-233). 


1236  — 


U  B 


LIB 

pnscis  neque  in  hbris  magistral uum ,  mais  que  Licinius 
Macer  certifie  avoir  rencontrés  in  linteis  Hbris  ad  Mo- 
netae  à  oici  donc  des  libri  inagistratuum  qui,  tout  en 
(‘tant  de  contenu  annalistique,  sont  distingués  à  la  fois 
des  annales  -  et  des  libri  lintei.  Plus  loin,  à  propos  d'un 
cas  analogue,  afférent  à  l'année  138,  le  même  Tite  Livc 
mentionne  1  opinion  du  même  annaliste,  conforme  aux 
ceteres  annales  et  fondée  sur  les  inagistratuum  libri , 
quos  linteos  in  aede  repositos  Monetae  Macer  Licinius 
citât  identidem  auctores3.  La  distinction  entre  les  libri 
inagistratuum  et  les  lintei ,  suggérée  par  le  texte  précé¬ 
dent,  est  effacée  par  celui-ci.  Ces  libri  lintei  sont  cités  à 
diverses  reprises  par  Tite  Live,  à  des  dates  comprises 
entre  444  et  431  av.J.-C.,  évidemment  parce  qu'il  trouve 
ces  références  dans  Licinius  Macer.  Remarquons  en  pas¬ 
sant  que  ces  listes  de  magistrats  relataient  même  le  nom 
d'un  praefectus  annonae ,  qui  aurait  été  institué  par  plé¬ 
biscite4,  ce  qui  est  singulier;  et  que,  chose  non  moins 
étrange,  Macer  et  Tubero  invoquaient  également  les  libri 
lintei  0  à  l'appui  d’opinions  opposées  sur  les  noms  des 
consuls  de  l’année  431.  On  a  assez  et  trop  disserté  sur  la 
question  de  savoir  si  ces  libri  lintei  étaient  des  extraits 
des  annales  pontificales,  s’ils  avaient  été  ou  non  détruits 
par  1  incendie  de  Rome  en  390,  s’ils  avaient  été  reconstitués 
ou  avaient  servi  à  reconstituer  les  annales,  et  si  on  doit 
les  reconnaître  dans  ces  inagistratuum  fasti 6  ou  libri  1 
que  l’on  rencontre  encore  çà  et  là  dans  Tite  Live.  Toute 
donnée  positive  manque  pour  départager  ces  fastidieuses 
discussions 8.  L’épithète  de  lintei  ne  désigne  que  la 
matière,  et  non  pas  le  contenu  :  elle  aurait  pu  s’appli¬ 
quer  aussi  bien,  probablement,  à  d’autres  documents 
archaïques.  On  entend  parler  d’un  vieux  rituel  samnite  9, 
d’un  rituel  d’Anagnia10,  et  même  de  livres  sibyllins11, 
écrits  sur  toile  de  lin. 

Faut-il  classer  parmi  les  libri  magistratuum ,  au  sens 
de  guides  professionnels,  les  libri  censorii 12  dans  les¬ 
quels  se  trouvait  l’expression  favisae  Capitolinae  ?  La 
mention  de  ces  récipients  souterrains  conviendrait  mieux 
à  un  inventaire  des  biens  des  temples,  à  des  tabulae 
censoriae,  qu’à  des  libri  et  même  à  des  «  commentaires  » 
ou  archives  privées  des  familles  censoriales  [commentarii]. 

IL  La  confusion  entre  rubriques  variées  et  arbitraires 
va  apparaître,  rebelle  à  tout  classement,  dans  les  déno- 

1  Liv.  IV,  7.  —  2  Ici  cl  plus  loin,  les  annales  priscî  ou  veleres  désignent 
vaguement  les  compilations  des  anciens  annalistes,  et  non  les  annales  Maximi. 

—  3  Liv.  IV,  20.  On  a  proposé  de  lire  magistral  uum  libri  et  quos  ou 
quosque ,  pour  maintenir  la  distinction.  Schvvegler  (Rom.  Gesch.  12,  p.  17,  2). 
ne  voit  pas  là  de  difficulté.  Pour  lui,  les  magistratuum  libri  étaient  des  extraits 
des  libri  lintei,  extraits  que  Tite  Live  avait  entre  les  mains,  tandis  qu’il  n’a  pas  vu 
lui-mômc  les  lintei.  —  4  Liv.  IV.  12-13.  S’il  était  magistrat  élu  (ut  L.  Minucius 
praefectus  annonae  crearetur ),  il  n’était  pas  praefectus.  —  5  Liv.  IV,  23. 

—  6  Liv.  IX,  18.  —  7  Liv.  XXXIX,  52.  —  8  Tite  Live  dit  d  une  façon  générale  que 
la  plupart  des  documents  écrits  ( lilerae )  ont  péri  (VT,  1).  De  môme,  et  aussi  vague¬ 
ment,  Plutarque  (Xuma,  1  ;  Camill.  22;  De  fort.  Rom.  13).  —  9  Jbi  [Aquiloniae 
in  Samnio]  eæ  libro  vetere  linteo  lecto  sacrificatum  sacerdotc  Orio  Paccio 
(Liv.  X,  38,  ann.  293  av.  J.-C.).  —  10  M.  Aurel.  Ep.  ad  Fronton.  IV,  4. 

—  il  Symmacli.  Ep.  IV,  31.  Cf.  la  bandelette  avec  texte  étrusque,  trouvée  sur  une 
momie  au  Musée  d’Agram  en  1892,  et  qui  a  ranimé  l'espoir  de  retrouver  la  langue 
de  VÉtrurie.  —  12  Gell.  II,  10.  Les  libri  praetorum  que  Suétone  avait,  disait-on, 
extraits  des  archives  des  préteurs,  sont  bien  décidément  des  Prata  ou  libri  prato- 
rum,  des  «Variétés»;  cf.  A.  Macé,  Essai  sur  Suétone ,  Paris,  1900,  p.  328. 

—  13  Gell.  XIII,  23,  1  ;  cf.  J. -A.  Ambrosch,  Obss.  de  sacris  Romanorum  libris , 
Part.  I,  Breslau,  1840  ;  Ueber  die  Religionsbûcher  der  Rome*' ,  Bonn,  1843.  —  14  Fest. 
p.  141,  s.  v.  Molucrum  ;  Scrv.  Ecl.  VU,  31  ;  Aen.  III,  287  ;  IX,  408;  cf.  Val.  Max. 
I,  1,  3  (libri  ad  sacra  populi  pertinentes )  ;  Laclanl.  Inst.  Div.  I,  21  ( lilerae  ad 
sacra  pertinentes).  —  15  Scrv.  Georg.  I,  272;  Aen.  II,  143.  —  16  Dion.  X,  l  (=  leges 
regiae?).  —  17  Dion.  I,  73  (=  album  =  annales).  —  18  Cic.  Pro  domo  12,  54; 
Hor.  Ep.  Il,  1,  2G  ;  Fest.  p.  189,  s.  v.  Opima  ;  Macr.  Sat.  I,  12,  21  ;  Mar.  Vic- 
torin.  12,  20  Keil  ;  Aug.  Civ.  Dei,  VII,  35  ( ponli/ices  in  libris  suis).  — 19  Varr. 


minutions  des  livres 
R. 13).  Laissons  de 


sacerdotaux  (nbH 
coté  les  termes  généri,.,, 
sacrorum u,  libri  sacri 1S,  Up«<  jv:g)i0ln  ,  hM 

reportons-les  à  la  masse  principale,  aux  liv/-  °s  'T0l<\  ou 
1“  Livres  pontificaux.  —  Ceux-ci,  abs/'//'1'  1 
des  parties  qualifiées  expressément 

(abri 


Commentarii ,  sont  appelés  libri  pontificum h 
tificii13.  pontificales  20,  scripta  pontificum s> 

tüjv  UpocpavToW  22,  monumenta  ?mni;/t . . .  ' 


ou 

1  p  oïl- 

iepocpavToiv  monumenta  pontificum 23  cvî  J 
ces  titres  vagues  et  applicables  à  tous  les  document  ^ 

ti  fi  eaux  que  les  érudits  modernes  prétendent  étave/i"' 

classifications  précises,  analytiques  au  point  de'dLp 
guer,  par  exemple,  entre  libri  pontificum  et  libn  1 
tificii  on  pontificales.  Ils  savent  où  placer  le  rituel  J 
mitif,  les  lois  royales,  les  décisions  qui  ont  fixé  îe/j 
litigieux,  les  formules  diverses,  comme  les  Indùàtï 
menta  et  les  actions  de  la  loi,  les  fastes  ou  calendrier' 
celui-ci  associé  ou  non  aux  annales,  celles-ci  distinctes 
ou  non  soit  de  l 'album  pontificum ,  soit  des  libri  Unid 
D'autres,  par  contre,  estiment  que,  depuis  les  lois  dites 
«royales  »,  les  pontifes  n’ont  rédigé  officiellement  que 
des  Commentaires,  d’où  ont  été  extraits  ensuite,  par  des 
pontifes  érudits,  agissant  en  leur  privé  nom,  des  recueils 
systématisés,  qui  sont  bien  des  «  livres  de  pontifes  » . 
mais  non  pas  des  archives  du  collège  pontifical.  La  même 
théorie  peut  être  appliquée  aux  libri  augurâtes  (y oir  ci- 
après),  et  même  à  plus  forte  raison,  le  droit  augurai  inté¬ 
ressant  de  très  près  les  hommes  politiques  21.  On  peut 
aller  plus  loin  encore  et  constater  qu’il  n’était  pas  né¬ 
cessaire  d’être  pontife  ou  augure  pour  écrire  des  liras 
dits  pontificaux  ou  auguraux.  Une  étude  sommaire 
comme  celle-ci  ne  comporte  pas  l’historiographie  de 
questions  aussi  controversées  25 .  Les  divergences  et 
incompatibilités  des  systèmes  proposés  démontrent  assez 
bien  que  les  compartiments  tracés  chevauchent  les  uns 
sur  les  autres.  Quand  Horace  écrit  Pontificum  libres, 
le  scoliaste  ne  sait  s’il  songe  aux  annales  ou  au  droit  pon- 
tifical26.  Si  les  pontificii  ou  pontificales  libri  atlestaieM 
que  l'appel  au  peuple  existait  du  temps  des  rois  ,  cesj 
libri  pouvaient  être  indifféremment  des  annales,  es 
commentaires,  ou  des  recueils  de  formules  rituelles  oa 
figurait  la  formule  de  l’ anquisitio  28.  On  se  deman  efl 


que  pouvaient  bien  être  les  pontifica 


les  libri  «  indiquant" 


•  lot.  V,  98  ;  Cic.  Ilcp.  II,  31  ;  Nat.  Deor.  I,  30  ;  Fest.p.  •  C03 ;  A«g- 

p.  108,  31  ;  Serv.  Ecl.  V,  60  ;  Georg.  I,  21,  272  ;  Aen.  ^  ^  »i  Lactant. 

ivin.  daemon.  5,  10;  Lyd.  Mens.  IV,  20  (icovti?«â^i«  P10*1*'’  .  ^ 11, 

iv.  I.  21.  —  22  Dion.  VIII,  50  (=  Commentarii  ?)  -  'al*  discifl^ 

laisse  de  côté  les  textes  visant  les  pontificum  ou  l)üt  Qu  a  admis  uuc 
tus,  preces,  varia,  et  surtout  le  jus  pontificale  ou  pont  '  f' yai,  Jlai.f 
tégorie  spéciale  de  libri  recondili  pontificaux  (de  jm  1  \-alî':n  Mauq 

2)  cl  auguraux  (Cic.  Pro  domo ,  15)  sur  la  foi  de  textes  nu  ^  ^  ^’élail  pas enc»?j 
trie  de  livres  «  enterrés  »  ( recondili )  avec  Numa  ;  Cicéron,  M  sait  le puWic* 
Igure  en  57,  déclare  ne  connaître,  en  fait  d  art  augura  ,  <Iue  üJros,  «  f 

non  pas  les  livres  spéciaux  à  l'usage  des  augures  P/'1  ' 

\nt  recondili,  non  scrutor)  ;  cf.  les  arcani  (libii)o  ja  mort  du  Clu^B 
sure  qu’était  consignée  l’obscurité  miraculeuse  SUI  '  Cqvncell.  P'  *  |jfc 
, res  grecs  suivant  Eusèbe  ('EHyivixoT;  i*o|»v^p«vi»,al  ;  ,  ls  01i  apocryl’ 1 

rose  ( aliquanti  Graecorum  libri,  VU,  4)>  li'res  1D  ^  placr.  jk 

■  n  Cf.  Fabius  Maximus  Servilianus  pont  if  ex  »«  '  "J  Ful  s.  v.  *'*■ 

I);  Rutilius  Geminius  in  libris  pentificalibu*  fLV'°  .  \  v 7  “L 

500  M.);  cf.  Macr.  S«f.  I,  16,  33-34)  ;  C.  JaUus  Caesar^  j(. 
bro  (Macr.  I,  10,29);  Varro  in  Augarum  hbnt  [  ac  .  /W 

udits  qui  ont  dépecé  la  théologie  pontificale  en  '  '  JteliS‘°m  n's' 

icrorum  de  feriis,  de  diis ,  de  proprie tatib us  deorm  Voir  iN1,|(  ir^(eS  |cl 

mtificio ,  pontificalium  (  quaestionum ,  vci  bot  (U) lgont  visés 

■  23  Elle  trouvera  place  à  l'article  pontifices.  »s  al|,|ition  à  1  arll,l|C31  ; 
sserlations  signalées  plus  haut  (p.  1233,  noie  J  >  f  ^  Cic.  BV' 

■  20  Ilor.  Ep.  II,  i,  2G  ;  cf.  Porphyrion.  ad  toc. 

'p.  108,  31.  —  28  Cf.  ci-dessous,  p.  1237,  noie  .. 


—  1237  — 


LIB 


LIB 


,  lin  aUeure  et  avait  chez  lui  un  pivert  lui 
quePicuseüul  «  qu  ratlachant  les  frères  Arvales à  Acca 
révélant  1  avenu  ’  le  commentarium  sacro- 

m  'Vql1  piaccus  extrait  une  prescription 


Larenlia 


d’où  Vernus 


■|llO  -  ,  ,  ,  .  .  t 

vieux  mots  liturgiques  4  n  était  pas  un 


'.fU»1 

ritueüe3  et  »  lie  des  UbrH 

rituel  et  ne  fu  1  5>  __  Aussi  vaine  est  la  prétention 

I  Livres  leg  Commentaires  auguraux  et  les 

*  distinguei  s  ou  uiri  augurai  es  La  mention  de 

r^nelaupeuple  sous  les  rois  figurait  aussi  dans  les  libri 
UPP  ,1*  parce  que  la  procédure  de  1  anquisitio, 
aug, traies  ,  1  Varr0n°,  intéressait  la  pratique 

reniées  De  même  la  mention  du  magister  populi 10 
dictateur  nommé  après  consultation  des  auspices.  Ces 
°Iy fions  au  rituel  de  Romulus  ou  de  Numa  devaient  être 
enregistrées  dans  les  décisions,  c’est-à-dire  les  Com¬ 
mentaires,  du  collège,  et  il  est  probable  que  ceux  qui 
les  citent  les  trouvaient  non  pas  dans  les  archives,  mais 
dans  des  augurâtes  libri  rédigés  à  l'usage  du  public. 
Varron  a  négligé  de  nous  dire  à  quelle  espèce  de  livres 
auguraux  il  a  emprunté  la  formule  de  l’inauguration  de 

l'arx  du  Capitole 11 .  _ 

On  ne  trouve  aucune  mention  d’archives  qualifiées  libri 
pour  le  collège  des  Fétiaux  [fetiales],  bien  que  le  jus 
Miale  eût  une  importance  comparable  à  celle  du  droitpon- 
tifical  ou  du  droit  augurai  et  qu  il  passât  pour  avoir  été 
importé  à  l’état  de  tradition  écrite 12.  Tite  Live  n’indique  pas 
où  il  a  emprunté  les  formules  qu’il  insère  dans  son  récit u, 
et  Aulu-Gelle  se  contente  de  transcrire  les  textes  fournis 
par  Cincius14.  Nous  ne  sommes  pas  mieux  renseignés  sur 
les  documents  qui  ont  permis  de  reconstituer  au  temps 
d'Auguste  les  rites  des  Luperques  [luperci]  et  des  frères 
Arvales  [arvales13].  Il  ne  nous  reste  plus  à  enregistrer, 
en  fait  de  «  livres  sacerdotaux  »  à  l’usage  de  collèges 
romains,  que  les  livres  des  Saliens  et  les  livres  sibyllins. 

3 “Livres  des  Saliens.  —  Du  rituel  des  Saliens,  désigné 
assez  rarement  comme  libri  Saliorum  1G,  la  partie  la  plus 
connue  et  la  plus  souvent  citée  était  la  cantate  chantée  et 
dansée  par  les  deux  confréries  du  Palatin  et  de  la  Colline 

1  ^cn.  Ad  A ni.  V II,  190  ( quod pontificales  indicant  libri).  —  2  l'ulg.  s.  v.  Arvales. 
|  ^CS*‘*  P*  163,  s.  v.  Nectere. — Fest.  p.  360,  s.  v.  Tauri.  —  8  Sur  les  livres 
■guraux,  ajouter  à  la  bibliographie  de  l’article  augures:  F. -A.  Brause,  Librorum  de 
11  r  d!  ^  ÜUÿHratt  an^e  Augusti  mortem  scriptorum  reliquicie,  Part.  I,  Lips.  1 875  ; 
corun  / ,^l(l^men^a  uuguralia,  Ratibor.  1875;  P.  Rcgcll,  De  augurum  jntbli- 
Er  188^'  ^ai'  ^  1878;  Fragmenta  auguralia ,  Gyran.  Prog.  Hirscli- 

Commlt  ’'  ÀU!,Uralia(Ci0làm-in  hon-  A.  Reifferscheidii,  p.  G1-C7.  Vralisl.  1884); 
-  G  Van  /  [ 1  '  !  [an{jura^  ^  a^men^asPecimen^  Gymn.  Progr.  Hirscliberg,  1893. 
L  \en  ^  61  5  Cic.  Itep.  I,  40  (in  nostris  hbris)  ;  Pro  domo,  15  ; 

11^31  /  ‘  tj‘c'  Livin. 1, 33 (rituales  libri, vestri  etiam  augurâtes)  ;  Rep. 

s.  ▼.  Sarte  •  '^C)l'nos^  e^iam  augurâtes);  Fest.  p.  253,  s.  v.  Paludati  ;  p.  322, 
enV/0n’.Vi  S<mmium }  Serv-  Ad  Aen-  IX'  20  lP-  Rcgell  corrige  ici 
llugureTj  Sem  ■  1,®)‘  4-os  hbri  emportés  en  Sardaigne  par  le  consul 

B^conquc  comm'"1S  kracc'lus  (B'c-  Nat.  Deor.  II,  3)  devaient  être  un  manuel 
scr‘pserunt  (Gell  xi™  r[<"®aienl  4cs  augures  P.  H.  qui  libros  de  auspiciis 
[  nln  libri  [ Cic  \q  '  *  *’  D'  Par  exemple,  Appius  Pulclier,  auteur  d'augu 
du  college,  __  8  r  [ '  1P’  et  non  des  documents  empruntés  aux  archives 

108’  31  Iffo dieque  fj  _  ’1'.  3l’  ~  9  Varr-  L •  lal-  VI,  90-92.  —  10  Sen.  Ep 

par  ouï-dire,  d’anrè  l  LJSla *  ni  au!juralibus  libris).  Sénèque  en  parle  sans  doute 
j 12  Ancus  jm  ai>  af-  a"9ui'tdes  Hbri  de  seconde  main.  —  U  Varr.  L.  lat.  VII,  8 
r*!f  (Liv,  ],  32j  .  Aequicolis  quod  mine  fetiales  habent  descri 

(st  (Cic.  O/f.  |t  |[,  [  jU.^am  aeluilas  sanctissime  P.  R.  jure  perscripti 

N>ie  de  l’article  ni  '  3~’  ~  14  <7e"'  XVI,  4.  —  13  Ajouter  à  la  biblio 

|  °uillcs  récentes  ^  Douve"es  études  linguistiques  et  les  résultats  A 

n  ‘îto  ”  .  )  >  M.  Bréa1  7-  -l — j  ?  *  >  ^ 


Ar> 'ttact: 
in  Roscli,,, 
X1  ‘180s , 


-'al,  Le  chant  des  Arvales  (Mém.  Soc.  ling 
lirai  :  les  frèr 
das  Arvalli 


'  J>  P-  373-381).  r  \~!  “r^al*  Le  chant  des  Arvales  (Méi 
AnjPS’  etc.  Paris]  188'  °  x  N°UVelle  Hurh  s«'’  l«  chant  Lèmx 
lul-  'de  SalisChen  ^‘n&*  Altlatcinische  Studien  : 

^alacto.  „  ,  ; lra9'nente<  PreSSW„  g>oc..  ,  -,  „ 


VI,  2107,  J 


'en  (lahrbh  /  vi"1,'  ’  Pless'JUrg.  1882  ;  J.  Weisweiler,  Zur  ErkUirung 
'■  Flnlol.  CXVYTY  r„«,  _  ^ 

) 

P’  U9-*001.  Lcs  f 


p.  . j.  neiswei 

’s  1  f,r;„CXXXIX  [1889]-  P-  37‘57);  Th-  Bh’t-  ait-  °ca 

U.ia.  P-  904 


04-975;  Das  Arvallied  (Arcb.  f.  lat.  Lex 
lagnients  connus  jusqu’en  1870  dans  Corp.  inscr.  I 
comm.  arch.  comm.di  Roma  (n 


b  2023-2HQ  .  |  'ragments  connus  j: 
y  19->es nouveaux  dansez,  j 


(- carmen  Saliare 17,  carmina  Saliaria 18,  Saliorum  car- 
mina 19).  Nous  devons  réserver  pour  un  article  spécial 
[salii]  tout  ce  qui  concerne  la  composition  de cettelitanie, 
dans  laquelle  furent  insérés  de  temps  à  autre,  par  séna- 
tus-consulte,  des  noms  de  princes  divinisés20. 

■4°  Livres  sibyllins.  —  L’histoire  compliquée  de  ces 
libri  sibyllini  a  été  et  sera  suffisamment  élucidée  dans  les 
articles  consacrés  à  leurs  interprètes  [duumviri,  decemviri, 
quindecimviri  s.  F.]  et  à  leurs  légendaires  auteurs  [sibyllae]. 
Remarquons  seulement  que,  si  les  prophéties  sibyllines 
en  général  sont  désignées  par  des  vocables  divers  ( car - 
mina ,  responsa,  fata ,  OÉtr^ava,  ^pr^g-ot),  les  livres  officiels 
confiés  à  la  garde  des  XVviriS.  F.  se  distinguent  de  tous 
autres  précisément  par  ce  titre  de  libri  sibyllini.  C’est  le 
terme  qu’emploie  Tite  Live  toutes  les  fois  qu’il  est  ques¬ 
tion  de  consultations  officielles,  sauf  dans  les  péri¬ 
phrases  oratoires21,  et  souvent  même  il  l’abrège  en  libri 
tout  court,  ces  documents  étant  les  «  livres  »  par  excel¬ 
lence.  Denys  d'Halicarnasse  appelle  aussi  pûêAouç  les  ori¬ 
ginaux  vendus  àTarquin  22,  et  Tacite  lui-même,  si  appli¬ 
qué  à  rajeunir  le  vocabulaire,  n’ose  pas  employer  d’autre 
synonyme  que  libri  Sibullae  pour  désigner  les  livres 
restitués  avec  des  carmina  cosmopolites23. 

Ce  scrupule  de  l’usage  ne  nous  aide  guère  à  dégager 
les  livres  sibyllins  de  la  combinaison  qui  les  incorpore 
aux  libri  fatales,  ceux-ci,  en  dépit  d’une  dénomination 
aussi  vague,  paraissant  appartenir  aux  traditions  des 
haruspices.  Il  est  certain  que  les  livres  sibyllins  passaient 
pour  contenir  les  destinées  [fata)  de  Rome24;  que  Tite 
Live  les  appelle  libri  fatales2*,  et  que,  là  où  il  fait  con¬ 
sulter  les  libri26,  l’épithète  absente  peut  être  aussi  bien 
fatales  que  Sibyllini.  On  nous  dit,  d’autre  part,  qu’un 
haruspice  véïen  enseigna  aux  Romains  la  manière  de 
prendre  Véïes,  secret  puisé  dans  «  les  livres  fatals  et  la 
science  étrusque27  »,  et  Varron  disait  avoir  trouvé 
Etruscis  libris  fatalibus  des  spéculations  sur  la  durée 
de  la  vie  humaine  en  général 28.  On  a  conclu  de  là  que 
les  haruspices  avaient  des  livres  sacerdotaux  ainsi 
appelés,  où  étaient  consignées  des  vues  générales  sur  les 

1886)  ;  Not.  degli  Scavi  (1888  et  1898)  ;  C.  R.  de  V Acad,  des  Inscr.  18  mars  1892,  etc.  ; 

C.  Lovatelli,  I  fratelli  Arvalie  il  loro  santuario  e  bosco  sacro  sulla  via  Campana 
(JY.  Antologia,  déc.  1890);  Chr.  Huelsen,  Additamenta  ad  Acta  Fratrurn  Arvalium 
(Eph.  Epigr.  VIII,  1892,  p.  316-350);  E.  Hula,  Z.  Gesch.  des  Colleg.  der  Arval- 
brilder  (Arcb. -Epigr.  Miltbeil.  XV,  1892,  p.  23-28)  ;  E.  Hula  et  E.  Bormann,  Reitr. 
z.  d.  Arvalacten  (ibid.  XVII  [1894],  p.  67-80)  ;  G.  Wissowa,  art.  Arvales  ia  Real, 
Encyclop.  Il  (1894),  p.  1463-1486.  — 16  Varr.  L.  lat.  VI,  14  (in  libris  Saliorum  quorum 
cognomen  Agonensixim,  chaque  confrérie  ayant  son  rituel  distinct).  —  U  Mou. 
Ancyr.  II,  21  ;  Hor.  Ep.  II,  1,  85;  Tac.  Ann.  II,  83  ;  Capitot.  AI.  Ant.  Phil.  21. 
—  18  Varr.  L.  lat.  VII,  3  ;  IX,  61  ;  Fest.  Epit.  p.  3,  s.  v.  Axamenta  ;  Macr.  Sat. 

I  9  14  ■  Serv.  Ad  Aen.  VIII,  285.  —  49  Quintil.  I,  6,  40;  cf.  Cic.  De  orat.  III,  51  (Sa¬ 
liorum  versus).  —  20  Voir  la  collection  de  fragments  par  E.  Egger,  Lat  in  i  sermonis 
vetustioris  reliquiae  selectae,  Paris,  1843  ;  Th.  Bergk,  De  carminum  Saliorum 
reliquiis,  lnd.  lect.  Marburg,  1847  ;  B.  Maurenbrecher,  Carminum  Saliorum  reli¬ 
quiae  (Jabrbb.  f.  Philol.  Supplbd.  XXI  [1894],  p.  315-352).  —  21  Liv.  XXXVIII,  45 
{ne  carminibus  Sibyllae  praedictam  superantibus  terminos  fatales  [se.  Taui-um] 
cladem  experiri  vellet).  —  22  Dion.  IV,  62.  —  23  R  dit  d'abord  libri  Sibullini 
(Tac.  Ann.  I,  76),  puis  libri  Sibullae  (Tac.  Ann.  XV,  44).  A  propos  d’un  liber 
Sibullae  qu’il  s'agit  d’ajouter  à  la  collection,  il  rappelle  que  celle-ci  avait  été 
reconstituée  quaesitis  Samo,  Ilio...  carminibus  Sibullae  (Tac.  Ann.  VI,  12  ;  cf. 
Laclaut.  De  ira  Del,  22,  6).  De  même  Lactance  ( Dist .  Div.  1,  C,  13)  :  omnium 
Sibyllarum  carmina  et  feruntur  et  habentur ,  praeterquam  Cumaeae,  cujus 
libri  a  Romanis  occuluntur.  Servius  (Aen.  VI,  36,  72,  73,  321)  emploie  carmina, 
responsa,  fata  au  sens  générique,  libros  pour  les  livres  ofliciels.  —  2 '‘■{Sibylla 
Erythraea )  quae  Romana  fata  conscripsit  (Serv.  Aen.  VI,  321).  —  23  Liv.  V,  14; 
XXII,  9  ( Decemviri  libros  S  ibyllinos  adiré  jubentur.  Qui,  inspectis  libris 
fatalibus,  etc.)  ;  XXII,  57  ;  cf.  Gran.  Liciu.  p.  23,  2  Bonn  ( placuit ...  pro  collegio 
quid  in  libris  fatalibus  scriptum  esset  palam  recitare).  —  20  Liv.  111,  10  ; 

62. _ 27  Sic  libris  fatalibus,  sic  disciplina  Etrusca  traditum  (Liv.  V,  15)  ; 

ex  fatis  quae  Veientes  scripta  liabent  (Cic.  Divin.  I,  44).  Ihne  veut  que  les  sortes 
de  Faléries  (Liv.  XXII,  t)  et  de  Caere  (Liv.  XXI,  62)  aient  été  des  libri  fatales  de 
celle  espèce.  —  28  Varr.  ap.  Censorin.  De  die  natali,  14,  6. 

156 


U  B 


—  1238 


LIB 


échéances  à  venir  [saeculum],  et  que  chaque  ville  toscane 
avait  aussi  ses  libri  fatales.  En  outrant  ce  raisonnement 
déjà  aventureux,  on  en  vient  à  soutenir  que  Rome  s’était 
en  cela  conformée  à  la  mode  étrusque  et  que  les  livres 
sibyllins  venus  de  Cumes  avaient  dû  s’incorporer  h  des 
libri  fatales  préexistants,  composés  de  prophéties  indi¬ 
gènes,  desortequeles  libri  Sibyllini  n’auraient  été  qu’une 
partie  des  libri  fatales  romains,  partie  prise  abusivement 
pour  le  tout 1 .  Toutes  ces  conjectures  aboutissent  à  gros¬ 
sir  encore  le  legs  mal  connu  des  traditions  toscanes  2. 

4 0  Livres  des  haruspices.  —  Les  multiples  aspects  de 
la  compétence  des  devins  toscans  [haruspices]  et  la  pré¬ 
tention  qu  ils  avaient  de  conserver  une  science  révélée 
par  Tagès  supposent  toute  une  «  littérature  »  sacerdotale. 
On  rencontre  en  effet  de  nombreuses  allusions  à  des 
écrits  désignés  par  des  titres  divers,  les  uns  génériques, 
comme  Etrusci  ou  Etruscorum  ou  T  a  y  et  ici  libri.  libelli, 
scripta,  litterae ,  carmina,  ou  de  sens  indéterminé, 
comme  rituales,  fatales,  reconditi,  Aclieruntici ,  et 
d’autres  plus  précis,  comme  haruspicini  ou  artis  harus- 
picinae  libri ,  fulgurales  libri ,  ostentaria.  Le  triage  et 
le  contenu  probable  de  ces  documents,  avec  les  réfé¬ 
rences  aux  mentions  qui  nous  les  font  connaître,  ont  été 
suffisamment  indiqués  dans  l'article  haruspices,  et  il  n’y 
a  pas  lieu  de  revenir  ici  sur  un  sujet  qui  ne  s’est  pas 
renouvelé  3.  A.  Bouché-Leclercq. 

LIBUM.  —  Le  mot  libum  ou  liba  servait  à  désigner 
les  gâteaux  sacrés  que  l’on  offrait  aux  dieux.  Dans  son 
sens  le  plus  général,  il  parait  avoir  été  synonyme  de 
placenta1.  L'étymologie  du  mot  était  obscure  pour  les 
anciens  eux-mêmes.  S’il  convient  d’écarter  l’opinion 
d'Isidore  de  Séville 2,  nous  trouvons  du  moins  deux 
explications  différentes  chez  Ovide3,  pour  qui  les  mots 
liba  et  libamina  viennent  du  mot  liber,  parce  que  ce 
dieu  fut  l’inventeur  des  libations  et  des  sacrifices,  et  chez 
Varron  qui  rapporte  que  les  liba  étaient  ainsi  nommés 
parce  qu’ils  étaient  destinés  aux  libations  :  «  Liba,  quod 
libandi  causa  fiant  »L  II  est  vraisemblable  que  le  mot 
libum,  comme  les  mots  libare  et  Liber  pater,  se  rattache 
à  la  racine  indo-européenne  lib,  qui  signifie  verser, 
répandre  l’abondance,  la  richesse. 

Les  liba  étaient  fabriqués,  sous  la  surveillance  des 
pontifes,  par  des  fictores  spécialement  chargés  de  ce  soin6. 
On  y  employait  la  farine  la  plus  fine  et  la  meilleure, 
fcir6,  ador1,  farina  siliginea  8,  similago  9  :  on  y  mêlait 
d’après  Servies  10  de  l’huile  et  du  miel,  d’après  Ovide11 
du  miel,  d'après  Caton  l’Ancien  12  du  fromage  et  un  œuf. 
Les  liba  étaient,  soit  simplement  déposés  sur  l’autel 
pendant  la  cérémonie  religieuse,  soit  brûlés  par  le  feu. 

Il  yen  avait  plusieurs  espèces,  qui  différaient  sans  doute 


Ier  siècle  avant  notr< 
■sale 3  ;  César  s’en  sert 
Horace  mentionne  leur  présence  dans 
en  31 6.  Après  la  victoire  d’Actium 


l’une  de  l’autre  par  la  forme  (alobuc  ri 
scriblita,  etc.)13.  J.  Toutain.  '  J  mm'  SI% 

LIBURNA  ou  LIBURNICA  (NAVIS)  _ 
guerre  léger  et  rapide,  dont  l’invention  est  d„  .  a‘SSeau 
Liburniens  d’Illyrie 1 .  C’était,  à  l’origine 
forme  allongée  qui  s’effilait  en  pointe  à’k  ‘l(' 10lSeur  ^ 
proue,  et  présentait  deux  rangs  de  rames  *P°Ulle  6tàla 
Les  liburnes  apparaissent  dans  la  llottp  • 
le  milieu  du  icr  siècle  avant  notre  ère  i""  diis 
signale  à  Pharsale 3  ;  César  s’en  sert  en  W, J??  les 

*  J“—  la  flotte  d’OctaJ 

jouèrent  un  rôle  décisif,  en  détruisant  les  lmu-îls 
seaux  grecs  de  la  flotte  d’Antoine  et  de  Cléopâtre  'T' 
emploi  se  généralise  au  point  que  le  mot  liburna  i" 
contrant  à  Rome  une  faveur  égale  à  celle  du  mot  trièreà 
Grèce,  perd  peu  à  peu  sa  signification  spéciale  etprécisT 
et  désigne,  d’une  façon  générale,  tout  navire  de  guerre*’ 
A  la  fin  du  ive  siècle,  Végèce  oppose  les  liburnae  aux 
lusoriae ,  la  flotte  de  guerre  qui  protège  les  côtes  mari¬ 
times  à  celle  qui  sillonne  les  fleuves  frontières  Ml  y  a 
désormais  des  liburnes  de  toutes  les  tailles,  depuis unrang 
jusqu’à  cinq  rangs  de  rames8.  Pourtant  le  type  delà 
liburne  primitive,  à  deux  rangs  de  rames,  semble  s’être 
conservé,  car  Zosime,  contemporain  de  Végèce*,  oppose 
encore  les  TtAoïa  Aiêsovoc  aux  pentécontères  et  aux  trières’. 

Nous  ne  possédons  aucune  représentation  figurée  cer¬ 
taine  de  la  liburne.  On  a  supposé  que  le  bas-relief  décou¬ 
vert  dans  le  temple  de  la  Fortune  à  Préneste,  et  aujour¬ 
d’hui  conservé  au  musée  du  Vatican,  représente  une 
liburne,  mais  ce  n’est  là  qu’une  simple  hypothèse10. 

Une  mosaïque,  trouvée  en  1896  à  Medeina,  en  Tunisie, 
dans  le  triclinium  d’une  villa  romaine  u,  montre,  au 
centre  d’une  grande  composition  marine  où  des  Tritonset 
des  Néréides  évoluent  autour  de  l’Océan  et  d'Amphitrile, 
un  grand  navire  à  deux  rangs  de  rames,  gréé  d’une  large 
voile,  au  mât  incliné,  sur  laquelle  se  lisent  les  mots  sui¬ 
vants  :  apafona  (ou  apaeona)  liburni  13.  Le  vaisseau  a  une 
forme  assez  lourde,  et  il  est  chargé  d’amphores.  Malheu¬ 
reusement,  la  mosaïque  est  aujourd’hui  très  mutilée,  e 

plus,  elle  avait  déjà  subi  des  restaurations  assez  mala¬ 
droites  dans  l’antiquité  :  le  milieu  du  navire  a  été  iefaitj 
et  l’on  peut  se  demander  si  l’ouvrier  chargé  de  la  réfec¬ 
tion  du  pavement  a  bien  fidèlement  restitué  les  pm Les 
manquantes  du  dessin  primitif.  Donc,  à  supposai 
mosaïque  représente  bien  la  liburne  de  guerre,  h  0CUJ 


ment  n’aurait  qu’une  faible  valeur;  mais 
l’artiste  n’ait  voulu  figurer 
voisines  de  la  même  villa13,  qu’un 
commerce  servant  au  transport  de  1  huile  ou 


3  il  semble  que 


ici,  comme  dans  les  F'1^3 
simple  bateau  e  i 


du  blé,  e| 


l  Voir  W.  lime,  R.  G.  12,  p.  69,  3.  Iline  se  fonde  sur  des  arguments  a  priori ,  à 
savoir  qu’une  sibylle  grecque  n’a  pu  ordonner  ni  l’enterrement  de  couples  humains 
vivants  (Liv.  XXII,  57),  ni  des  cérémonies  «  italiques  »  comme  le  ver  sacrum  (Liv. 
XXII,  9),  les  lectisternes  [lectistkrnilm]  et  le  novemcliale  sacrum  (Liv.  XXXVI,  37); 
autant  d’affirmations  gratuites.  —  2  J’ajoute  que,  comme  i!  n’y  avait  pas  de  libri  recon¬ 
diti  romains  (ci-dessus,  p.  1236,  note  23),  il  n’y  avait  pas  non  plus  d’archives  secrètes 
chez  les  haruspices.  Les  libri  reconditi  cités  par  Servius  sont  des  livres  fulguraux 
(Serv.  Aen.  II,  649)  ou  auguraux  (Aen.  I,  398)  ornés  d’un  titre  littéraire.  Au  surplus, 
Servius  ne  dit  pas  qu’ils  fussent  toscans,  ni  de  rédaction  officielle  ;  ce  pouvait  être 
quelque  compilation  d’érudit,  éditeur  de  curiosités.  —  3  E.  Bormann  {Denkmüler 
etrushischer  Schriftsteller ,  in  Jahresb.  d.  Arch.  Tnstit.  Wicn,  1899,  p.  129-136) 
revient  sur  l’inscription  de  Corneto,  concernant  Tarquilius  Priscus  (cf.  haruspices, 
p.  18,7). 

LIBUM.  1  Isidor.  Etymol.  XX,  §§  2,  17  :  placentae  sunt  quae  fiunt  de  farre , 
quas  alii  liba  dicunt,  eo  quod  libeant  et  placeant.  —  2  Id.  Ibid.  —  3  Fast.  III, 
733  et  suiv.  —  ^  De  ling.  lat.  VIL  44;  et  ailleurs,  Ibid.  V,  106  :  «  Libum  quid  ut 


12  Cal.  üe 
dans 


1 ’iaretur ,  priusquam  essetur  erat  coctum  ».  0  ^au;  rust. 

C  Serv.  Ad  Aen.  VII.  109.  —  1  Virg.  Aen.  VII,  109.  —  Sa-  ^ 

9  Id.  Ibid.  -  10  Serv.  Ad  Aen.  VII,  109.  -  H  Ovid.  Fast.  ",  ^ 
rust.  LXXV.  —  13  On  trouvera  l’énumération  complète  <  e  01  ^  sUiv,  1 

ibeck,  Aylaophamus,  p.  I0G0  et  suiv.  ;  cf.  Cal.  De  re  ,  est.  —  2  /Aid-I 

I.IBEUNA  ou  LI11URNICA  (NA VIS).  1  Appian.  De  reO.  J  •  ^ 
ican.  III,  v.  53 i  ;  cf.  aussi  Corp.  inscr.  lut.  X  ,  ^  ..  |joral.  j 

3  Lucan.  Ibid.  v.  529-530.  —  4  Cacs.  Bel.  civ.  Ub  a>  j  Ari6tjd ../l/iodW' 
1.  —  0  Emploi  du  mot  tricre  ap.  Appian.  praef.  10  ;  c  •  ^  J7 .  Sud- 

341.  Pour  la  liburne,  cf.  Tac.  Gémi.  9  ;  l'lin.  IX,  ■> .  -  y  cq  __  u1  Cf  6  I 
;  Calig.  37.  -  7  Vegct.  H,  i.  -  »  Id.  IV,  37.  -  9 
rr,  A  noient  ships,  p.  138,  pl.  v,  lîg.  25.  -  H  U  W«,1C  ,è  .  t  esl 

Alaoui,  p.  32,  A,  „•  108.  -  12  La  lecture  du  qU-fl  .rjj 

mmcnccment  du  premier  mot  est  mutilé  cl  °n nc|,ôre  et  OftueWIer* 

3  une  autre  lettre  avant  le  premier  A.  1  ^ 
musée  Alaoui ,  A,  n°  166. 


UC 


dont 


le  véritable  nom 
_  „  mot  d’ailleurs 

“f"  ’,'.  V||0  [UICTio]. 

S.  -  Use,  cordon  qui  sert 

sêjurer  les  «Us  de  la  irame  [TELA]- 


serait  peut-être  apafona  ou 
inconnu.  P-  Gauckler. 


dans  le  tissage, 


■don,  ruban,  bandelette’. 
lictores  ’,  une  des 
d'appariteurs  qui  étaient  à  la  disposition  des 

1  .  .  .  _ nnnr  fîl.ivf 


ile  toute  espèce  de  cor 

lictou.  -  0,1  aPPelalt  hclcurs’ 


rég0neS v  mTStra'ts  romains  pour  faire  exécuter  leurs 
^UappabitoresJ.  La  présence  des  licteurs  était  le 
°U  i  nie  du  droit  de  commandement  et  de  haute  justice  , 

■ S)  a,  toutes  les  étymologies  qu’ont  proposées  les 
aussi i  èg  lerôle  du  licteur  dans  la  proce- 

tlTperLL)\  Ucium  ‘  (bord  du  vêtement) 
BLi  ^aoupyoç6,  la  plus  vraisemblable  est  hcere  (citer  )  . 
.  J’wondes  oui  donnent  aux  licteurs  une  origine 


'Les  légendes  qui 
étrusque7,  qui  attribuent  leur 
ou  tel  roi,  à  Romulus8,  à 
l’Ancien1",  n’ont 
savons,  c’est  qu  ils 
insignes  traditionnels 


gine 

introduction  à  Rome  à  tel 
Tullus  Hostilius9,  à  Tarquin 
aucun  fondement.  Tout  ce  que  nous 
nous  apparaissent  comme  un  des 
de  la  royauté11,  puis  de  la  plus 
haute  magistrature  républicaine,  et  que,  sauf  quelques 
exceptions  qu’on  verra,  il  n’y  a  que  les  magistrats  qui 
aientle  droit  d’en  avoir  *2. 

|  Le  costume  du  licteur  se  règle  sur  celui  du  magistrat 
qu’il  accompagne  ;  à  Rome  il  porte  la 
lorja  ;  non  pas  retroussée,  comme  le 
disent  à  tort  plusieurs  textes13,  mais 
tombante  (fig.  4482) 14  ;  hors  de  Rome, 
et  à  Rome  pour  le  triomphe,  le  cos¬ 
tume  militaire  de  couleur  rouge  18,  le 
sagum  (fig.  4483)16;  dans  les  funé¬ 
railles,  les  vêtements  de  deuil11.  Il 
a  pour  principal  insigne  le  faisceau, 
et  c’est  pour  cette  raison  que  les 
Grecs  traduisent  lictor  par  les  mots 
pafjooüÿ'oi;,  paëôo&ôpoç,  paêoo vogo;18.  Il 
y  a  la  relation  la  plus  étroite  entre 
le  licteur  et  le  faisceau  ;  les  deux 
expressions  sont  souvent  synonymes. 
Le  faisceau  ( fascis ) 19  se  compose 
d’une  hache  ( securis )  mise  à  l’exté¬ 
rieur  et  de  plusieurs  verges  ou 
hâtons20,  réunis  par  une  courroie 
,  les  verges  étaient  en  bois  d’orme  au  témoi- 
Pli  1  ldute’  en  Lois  de  bouleau  d’après  celui  de 
''cleur  P01'te  le  faisceau  de  la  main 

SUl  épaulé  gauche, 


F'g.  Ü82.  • 


■  Gicleur. 


gauche 

par  le  manche23  ;  d’où  vient  l’expres- 

Pud.  C.  Splac^lfj1"’  73  !  Pli"'  ^  mt'  XX'"’  G3’  8  ;  ret,'°n’  Sat ■  131  ; 
r  UCTOU.  1  Ep  ,r  . 

<luor  vorraplus  loin  f'"''  '^'orP-  viser,  lat.  3,  0078)  et  les  autres  traductions 
PÙIffiFestus,  p  I,:'  ‘^u(- Gell.  12,  3  ;  Plut.  Quaest.  rom.  67  ;  Rom.  26  ;  Nonius, 

-f  Plut.  Oui,  ',  °  ~  Clc-  Pro  flabir.  13  ;  Liv.  1, 26,  8.-4-  Aul.  Gcll.  I.  c. 

Dell.  I.  c.  Voir  limus.  —  7  Liv.  ),  8;  Stat. 
10  bioms  q  n  ’  r'uu',s'  ~  9  ^'in-  ^ist.  nat.  9,  39  ;  Cic.  De  rep. 


L  5  ;  Aelian.  Var.  10,  23.  —  U  L 


t.  V, 


par.  Uell.  i 

L 17,  _  10  ...  '1V-  *  ’  8  i  rtiouvs.  2,  29.  - 

rN'Sc’r1”' 

f  "A' Aul-Oen’,  p  33  e7r.2'  31'53 

4  R  34-33,  i  ,|  *\US'  Pi°-Clement 

Krtiicum.  Vinq^0, >  Ara  pacis  Augustae)  ; 
K)  11,9  (bronze  d0  p  ..  ~  Coi’P-  lat.  t 
S-  lat,  7  ,  alor")  i  Clarac,  Al 

I1'- 


IV.  7  : 


12  Cacs.  Bel.  civ.  1,  G.  —  13  Plvit. 
is.  23.  L’exemple  est  tiré  d’un  bas-relief 
tab.  32  =  Monum.  d.  Inst.  arch. 
voir  encore  Monlfaucon, 
1899  ;  Ganipanari,  l'Album ,  1840, 
au,  A/us.  (le  sculpt.  pl.  -218,  n.  310,  —  <5  Varr.  De 
10,  5  ;  45,  39,  1  1  ;  Sil.  Ital.  9,  419;  Cic.  in 
Bartoli,  Colunma  Marc.  Aur.  Anton.  f«  07  ; 

Pomp.  24; 


?tc’  U  Horat.  Ep.  t,  715.  —  18  Plut 
*  roi  Ut  Un  denier 

.  )  dlslingue„|,  le,  verges  11’  lç)  ~  2°  I)cnys  t5’  2)  et  Appicn  (Bel',  civ. 


de  C.  Norbanus  (Babelon,  Monnaies 
nys  (5,  2)  et  Appien 
21  D’après  Lydus,  De  mag.  1,  32. 


1239  —  LIG 

sion  fusées  attollercn  pour  désigner  l’entrée  en  fonctions 
du  magistrat.  Pour  les  funérailles,  il  porte  le  faisceau 
renversé  derrière  le  corps28.  La  marque  de  la  victoire,  le 
laurier,  s’attache  aux  faisceaux;  sous  la  République,  le 
magistrat  acclamé  imperator  et  ho¬ 
noré  du  triomphe  a  les  fasces  lau- 
reati 26  ;  sous  l’Empire,  les  faisceaux 
ornés  de  lauriers  sont  attribués  en 
permanence,d’abord  à  César21,  puis 
aux  empereurs  à  qui  ils  sont  ré¬ 
servés  comme  le  titre  d 'imperator 
[imperium]  ;  les  faisceaux  impériaux 
se  distinguent  des  autres  par  les  lau¬ 
riers  et  les  dorures28;  à  chaque  vic¬ 
toire,  au  moins  pendant  quelque 
temps,  on  y  ajoute  d’autres  lau¬ 
riers29;  sous  l’Empire,  les  lauriers 
font  aussi  partie  des  insignes  triom¬ 
phaux  accordés  au  consul  pour  son 
entrée  en  fonctions  | consul]. 

Sous  la  République,  le  rôle  des  lic¬ 
teurs  et  des  faisceaux  correspond 
exactement  aux  rapports  qu’ont  les 
magistrats  entre  eux  et  avec  le  peuple.  La  légende  attribue 
au  début  de  la  République  l’obligation  imposée  au  magis¬ 
trat  d’abaisser  ses  faisceaux  devant  l’assemblée  du  peuple 
pour  en  reconnaître  la  souveraineté 30.  D’autre  part,  les 
verges  et  la  hache  servent  à  l’exécution  de  la  peine  de 
mort  et  des  peines  corporelles;  aussi  la  hache  figure 
dans  les  faisceaux  et  est  employée  dans  les  procès  crimi¬ 
nels  de  la  période  royale  légendaire31  ;  elle  est  conservée 
ensuite  à  Rome  pendant  quelque  temps  par  le  seul  ma¬ 
gistrat  qui  ne  soit  pas  soumis  à  la  provocatio  ad  popu- 
lum ,  par  le  dictateur,  et  jusqu’à  la  fin  de  la  République, 
au  jour  du  triomphe,  par  le  général  triomphateur32,  qui 
s’en  sert  pour  faire  exécuter  les  prisonniers  de  guerre 33. 
Depuis  la  lex  Valeria  de  provocatione ,  les  autres  ma¬ 
gistrats  n’ont  plus  la  hache  dans  leurs  faisceaux  à 
Rome34;  ils  ne  font  plus  exécuter  régulièrement  de 
peines  capitales  qu’au  moyen  des  verges,  par  la  flagella¬ 
tion33;  en  dehors  de  Rome,  sur  le  territoire  militiae,  la 
hache  figure  toujours  dans  les  faisceaux36. 

Les  faisceaux  attribués  à  une  magistrature  ne  sont 
jamais  partagés  entre  les  magistrats  collègues  ;  chacun 
d’eux  les  a  en  totalité;  cependant,  à  l’époque  primitive, 
à  Rome,  le  roulement  établi  pour  certains  actes  entre  des 
collègues  avait  eu  pour  conséquence  l’alternative  men- 

37 


suelle  des  faisceaux31,  en  ce  sens  que  celui-là  seul  des 

_  2-2  Plant.  A-Siiz.  2,  3,  74  ;  3,  2,  28  ;  Plin.  Bisl.  nat .  iC,  i  S,  75.  —  23  Voir  Malîei, 

Mus.  Ver.  117,  1  ;  Babelon,  I.  c.  Gens  Junia,  n»  31  ;  Cobeu,  Descript.  gén.  des 
monn.  pl.  xxm,  J un.  12;  Jordan,  Annali  dell'  Istit.  1SG3,  p.  293.  —  24  Virg. 
Aen.  7,  173.  —  25  Tac.  Ann.  3,  2  ;  Virg.  Aen.  11,  93  et  Scrv.  ad  h.  I.  ;  Stat.  Theb. 
0,  214.  C’est  un  mauvais  présage  que  de  rencontrer  des  fasces  perversi  (Obseq.  70). 

—  26  Cic.  Pro  Lig.  3,  7  ;  In  Pis.  97  ;  Pro  Suit.  68  ;  Phil.  2,  58;  De  div.  t,  28; 
Caes.  Bel.  civ.  3,  7  ;  Dionys.  5,  30  ;  Cassiodor.  Var.  9  ,  23.  —  27  Dio.  Cass.  44,  4. 

—  28  Herodian.  7,  6  ;  Martial.  10,  10  ;  Vit.  Maximin.  14;  Claudian.  De  IV  cons. 
Bonor.  14,  15;  De  VI  cous.  Bonor.  04G.  —  29  Tacit.  Ann.  13,  9.  —  30  Cic.  De  rep 
2,  31,  53;  Liv.  2,  7  ;  Plut.  Popl.  10;  Dionys.  5,  19  ;  Flor.  1,  9;  Aur.  Viet.  15;  Val. 
Max.  4,  1,  1  ;  Quinlil.  3,  7,  18.  C’est  le  consul  Valerius  Publicola  qui  aurait  créé 
cct  usage.  —  31  Procès  d’Horace  (Liv.  1,  20  ;  Cic.  Pro  Itabir.  4),  des  fils  de  Brutus 
(Liv.  2,  5,  8,  Dionys.  2,  29).  —  32  C’esl  pour  celte  raison  que  la  hache  figure 
encore  sous  l’Empire  dans  les  faisceaux  pour  le  processus  du  consul  (Claudian.  In 
Prob.  et  Olybr.  cons.  232).  —  33  Liv.  Ep.  11  ;  20,  3,  15.  —  34  Cic.  De  rep.  2,  81. 
55,  —  35  Cic.  De  leg.  3,  3,  0  ;  Suet.  Ner.  49  ;  Tacit.  An.  2,  32.  —  36  Liv.  8,  32  ; 
8,  7,  19;  26,  15,  19  ;  26,  16,  3;  Cic.  Verr.  3,  67,  156;  5,  45,  118;  5,  54,  142. 

_  37  Cicéron  (De  rep.  2,  31,  55,  d'où  Val.  Max.  4,  1,  1)  la  fait  commencer  à  la 

mort  de  Brutus  ;  Tite  Live  (2,  1)  dès  le  consulat  ;  Denys  ne  fait  alterner  que  la 
hache  (5,  2);  cf.  Festus,  p.  161,  30. 


UC 


—  1240  — 


LIG 


magistrats  qui  était  en  fonctions  en  usait  officiellement; 
ce  système  fut  pratiqué  pendant  quelque  temps  par  les 
consuls  et,  d  après  la  légende,  par  les  premiers  décem¬ 
virs  1  ;  c  était,  sauf  des  raisons  spéciales,  l’aîné  des  consuls 
qui  avait  les  faisceaux  le  premier  mois  2  ;  en  dehors  de 
Rome,  1  alternance  journalière  des  faisceaux  entre  les 
consuls  dure  au  moins  jusqu’à  la  fin  de  la  deuxième 
guerre  punique3  ;  plus  tard  César,  consul  en  59  av.  J.-C., 
revint  au  roulement  4,  et  à  l’époque  d’Auguste  le  roule¬ 
ment  mensuel  fut  rétabli  entre  les  consuls,  dans  l’ordre 
de  l’âge  et  aussi  d'après  les  privilèges  attachés  au  mariage 
et  a  la  paternité,  mais  sans  aucune  portée  pratique  5. 

Le  magistrat  inférieur  qui  rencontre  un  magistrat 
supérieur  doit  faire  retirer  la  hache  de  ses  faisceaux  et  les 
faire  abaisser  ( fasces  summittere) 6.  Il  faut  même  se  pré¬ 
senter  à  lui  sans  licteurs  7.  Le  magistrat  romain  doit 
laisser  ses  faisceaux  en  entrant  sur  le  territoire  d’une 
ville  souveraine  alliée  de  Rome,  ou,  ce  qui  revient  à  la 
même  chose,  ne  garder  qu’un  licteur  8. 

La  rupture  des  faisceaux  indique  la  destitution  d'un 
magistrat9,  ou  des  désordres,  des  émeutes10  ;  dans  les 
défaites  subies  par  des  généraux  romains,  les  faisceaux 
figurent  parmi  les  trophées  pris  par  les  ennemis11. 

Les  licteurs  marchent  un  à  un  devant  le  magistrat12, 
sauf  dans  les  cas  où,  ne  jouant  pas  de  rôle  officiel,  ils  le 
suivent13;  c’est  pour  cette  raison  que  le  mot  adparere 
désigne  les  fonctions  du  licteur  14  ;  celui  qui  précède 
immédiatement  le  magistrat  est  le  lictor  proximus 13,  ou 
primus 16,  ou  summus 11  \  à  la  fin  de  la  République,  il 
occupe  cette  place  en  permanence  et  il  a  un  rang  supé¬ 
rieur  aux  autres18;  il  n’y  a  que  les  fils  impubères  du 
magistrat  qui  peuvent  s'interposer  entre  lui  et  le  lictor 
proximus  19.  Quand  le  magistrat  est  dans  sa  maison,  les 
licteurs  se  tiennent  dans  le  vestibulum 20  ;  au  dehors,  ils 
l’accompagnent  dans  toutes  ses  sorties,  dans  toutes  ses 
visites,  au  bain,  à  la  promenade 21,  au  théâtre22,  au  tri¬ 
bunal23.  Le  consul,  en  particulier,  ne  doit  pas  se  montrer 
en  public  sans  licteurs,  même  pour  ses  affaires  privées21  ; 
si  le  magistrat  veut  entrer  dans  sa  maison  ou  dans  une 
maison  étrangère,  les  licteurs  frappent  à  la  porte  avec 
leur  faisceau23;  ils  suivent  le  général  au  camp28.  Leur 
principale  fonction  consiste  à  écarter  la  foule,  summo- 
vere  (d'où  la  formule  summoto)21  ;  ils  avertissent  les 
gens  ( animadvertere )  par  des  formules  consacrées  {date 
viam ,  de  via  discedite )  d’avoir  à  faire  place  au  magistrat 
et  de  lui  rendre  les  honneurs  qui  lui  sont  dus,  par 

1  Liv.  3,  33,  8;  Dionys.  10,  57.  —  2  Liv.  2,  1,8;  2,  55,  31  ;  9,8;  Cic.  De  rcp.  2, 
31,55;  Val.  Max.  4,  1,  1  ;  Plut.  Popl.  i2;Aul.  Gcll.  2,  15,4.—  3  Liv.  4,4G;8,  12, 
13;  22, 41;  Polyb.  3,110,  4.—  4  Suet.  Caes.  20.  —  5  Aul.  Gell.  2,  15,  4;  Fragm. 
Vatic.  197.  —  C  Dionys.  8,  44;  Plin.  Hist. nat.  7,  30,  112;  Appian.  Bel.civ.  5,  55. 

—  ^  Liv.  22,  11  ;  Plut.  Fab.  4.  —  8  Tacil.  Ann.  2,  53;  Dig.  50,  10,  239,  8.  C'est  sans 
doute  pour  cetlc  raison  que  le  propréleur  M.  Calo,  envoyé  à  Chypre  pour  détrôner  le 
jeune  Ptolémée,  est  représenté  sur  une  monnaie  avec  un  seul  faisceau  (Babelon,  l.c.  1 , 
p.  309,  n»  1  ( gens  Canidia).  —  9  Dio.  Cass.  59,  20.  —  1°  Liv.  2,  55,  9  ;  3,  49,  4;  Cic. 
In  Pis.  28  ;  De  senec.  7  ;  Ascon.  in  Cornet,  p.  58.  —  n  Liv.  25,  16,  24;  Flor.  2,  17  ;  cf. 
Cic.  De  imp.  Pomp.  12,  32  et  Plut.  Pomp.  24.  —  12  Liv.  2,  18,  8  ;  24,44;  Plin.  Pan. 
23.—  13  Suet.  Caes.  20.  —  14  Primitivement  le  mot  adparere  s'appliquait  a» premier 
licteur  seul  (Aul.  Gell.  2,  2,  13).  —  13  Cic.  De  div.  1,  28,  59  ;  Verr.  5,  54,  142  ;  Corp. 
inscr.  lat.  6,  1883,  1884.  —  16  Cic.  Ad  Quint.  1,  1,  7,  21  ;  Gloses  d’Estienne , 
p.  398,  citées  par  Mommsen  ( Droit  public,  I,  p.  5,  note  4).  —  17  Gloses,  l.  c.  p.  131, 
395,  207  :  summus  àpyiçaSooùyo;  ;  p.  599  ;  itpwropaSSoCtyo;  primivirgias.  Dans 
Appian.  Del.  civ.  5,  55,  il  y  a  :  tSv  ^«SSoéywv  6  tjyoéjxEvo;.  —  18  Cic.  In  Verr.  5,  54, 
142;  Bel.  Alex.  52;  Tac.  Hist.  3,  80;  Corp.  inscr.  lat.  0,  1883-84.  —  19  Val. 
Max.  2,  2,  4.  —  20  Liv.  39,  12.  —  21  Plin.  Hist.  nat.  7,  30,  1)6;  Juv.  3,  128. 

—  22  Suet.  Jul.  80.  -  23  Dionys.  3,  62;  Cic.  Pro  Cluent.  53,  147;  Vit.  Sev.  1. 

—  24  Liv.  39  ,  32,  10.  —  23  Liv.  6,  34,  6  ;  De  vir.  illust.  20;  Plin.  Hist.  nat.  7,  30, 
116;  Stat.  Silo.  1,  i,  48  ;  Marlial.  8,  66  ;  Petron.  Sat.  65.  —  26  Liv.  25,  17,  1  ;  26, 
3,  15;  28,  29,  10.  —  27  Liv.  28,  27,  15;  3,  45,  5;  3,  48,  3;  6,  38,  8  ;  8,  33,  5;  33, 


exemple  en  se  découvrant,  en  descendant  do 
Le  silens  lictor  indique  un  chef  bienveillant»  *  rl 
blâme  la  brutalité  des  licteurs  de  Verrès  30  \\  ’■  '^ro" 
les  épouses  des  citoyens  et  surtout  les  Vestales  f  &  '1Ue 
pas  tenues  de  s’écarter  pour  le  passage  du 
Contre  toute  insubordination,  les  licteurs  c.-  m  1 
droit  de  coercition  du  magistrat  par  la  " ent  le 


citation 


rimi0\  I 

ma- 


l’ arrestation  ( prensio ) 32,  et  les  coups  de  verges33  l 
gistrat  ne  fait  citer  par  ses  licteurs  que  les  iudivid,, 
sents;  à  l’égard  des  absents,  il  emploie  plutôt  le  viaiopm 

Les  autres  fonctions  des  licteurs  consistent  en  p  ■  j 
à  faire  exécuter  les  ordres  du  magistrat  par  les  m0ye  ' 
qu’on  vient  de  voir  et  sous  la  protection  du  chef  qu^g 
représentent;  c’est  ainsi  qu’on  voit  les  consuls  menace!! 
de  précipiter  de  la  roche  Tarpéienne  quiconque  portera 
la  main  sur  un  licteur33.  Ce  sont  sûrement  les  licteurs 
qui  fouettent  les  affranchis  cités  devant  le  magistrat  pour 
manque  de  respect  à  l’égard  des  patrons38.  En  dehors  de 
Rome,  au  moins  pendant  la  République,  les  licteurs  pro-  j 
cèdent  aux  exécutions  capitales  par  les  verges  et  laj 
hache 31 .  A  Rome,  les  consuls  prêtent  probablement  leurs 
licteurs  pour  les  exécutions  capitales  aux  qumtom  ! 
parricidii  et  aux  duoviri  perduellioni '  judicandae,  tant 
que  ces  magistrats  exercent  la  juridiction  criminelle 
[judicia  publica]38;  plus  tard,  à  l’époque  historique,  ce 
sont  les  agents  des  tribuns  qui  sont  chargés  de  ces  fonc¬ 
tions  ;  à  la  fin  de  la  République  et  sous  l’Empire,  c’est  un 
bourreau,  carnifex  39.  Enfin  la  présence  d’un  licteur  a  été 
nécessaire  au  moins  jusqu’au  me  siècle  ap.  J.-C.  pour 
l’affranchissement  des  esclaves  per  vindiclam  :  le  licteur 
représentait  ici  l’ancien  assertor  libertatisi(t. 

La  tradition  légendaire  attribue  douze  licteurs  au  roi'1. 
Sous  la  République,  les  magistrats  plébéiens  n  en  ont 
jamais  eu42.  Les  consuls  et  les  magistrats  pourvus  de  g 
Y  imperium  consulaire,  à  savoir,  d’après  la  légende,  les! 
décemvirs,  les  tribuns  militaires43,  tous  les  magistrats! 
pro  consule 44,  en  avaient  aussi  douze,  ainsi  que  1  intenoi 
en  exercice43.  D’après  la  plupart  des  textes  ",  le  dictai 
teur  en  avait  vingt-quatre  ;  cependant,  d  après  Lie  L'1  < 
Sylla  le  premier  se  serait  montré,  étant  die  taie  m,  avec! 
vingt-quatre  licteurs;  il  faut  peut-être  admcüie  avec! 
Mommsen  que  jusqu’à  Sylla  le  dictateur  n  avait  qu^ 
douze  licteurs  à  Rome  et  n’en  prenait  le  1  ll'11  , 
campagne.  César  dictateur  obtint  du  sénat  soixa  ^ 
douze  licteurs  pour  les  journées  de  son  h‘"mllU  . 
magister  equitum  en  avait  six40.  Les  pur/1-1 

Fl)  Ot,  60  J, 

1,6;  45,  7,  4;  45,  29,  2;  Horat.  Carm.  2,  16,  9;  Plut.  Boni.  26,  ï'llK</  i(  p. 
Appian.  Bel.  civ.  i,  78.  —  28  Suet.  Jul.  80  ;  Scncc.  Ep.  i  -i  ^  ^  ^  Quint.U  l» 
cri  du  licleur  est  le  praenuntius  clamor  (Plin.  Pan.  01).  ^cucc.  Couicor.  i 

7,  23  ;  Plin.  Pan.  23.  —  30  Verr.  5,  54,  142.—  31  Festus,  p.  J'  ^39;  Cic. 
p.  68,  408  (éd.  Burs.).  —  32  Liv.  2,  56,  13  ;  Dionys.  10,  31.  -  -J  J5  Di„„,s. 
Verr.  5,  54,  142;  Aul.  Gcll.  13,  12.  —  34  Cic.  Verr.  act.  L  _ >  ^  (3  ct  |6;ü, 
9,  32.  —  30  Dig.  1,  16,  9,  §  3  ( f ostium  castigatione).  —  5<  53.  ittj 

29,  10  ;  8,  32;  8,  7  ;  28,  29,  10  ;  Cic.  Verr.  3,  67,  150  ;  a,  ‘s’’rec(jJsliluée  (»■ 

—  38  II  n’y  a  pas  de  textes  historiques;  cette  procédure  a^ ^  ^  ^  4-5; 

1,  26,  8  ;  Varr.  De  ling.  lat.  6,  91  ;  Cic.  Pro  Bab.  4,  13).  ^  '  |e  comme 

Suet.  Claud.  34.  -  40  Dig.  40,  2,  23;  Ulpien  (Dig.  *0,  ^  g  :  Dion?; 

une  innovation  l’absence  du  licteur.  —  41  De  rep.  -,  >  ’  ^  mq.  h  1 

2,  29;  3,  61-02;  Appian.  Sgr.  15  ;  Aelian.  Ve  anim.  H.  c,v.  1,  j3'’ 

Zonar.  7,  8.  C’est  par  erreur  qu’Appien  lui  en  donne  Jg  a  -  1  ’ 

—  42  piut.  Quaesl.  rom.  81;  Cic.  Phil.  2,  2*,  0  \aLn,  .  [ 


Plut-  POi^’  ^  '  i|  L 

3,  33,  36  ;  4,7,  2;  6,  34,6;  Dionys.  10,  p’  ~  „  ’3.  -  w  Lif’ !’  j! 

Cass.  54,  10  ;  Martial.  7,  62  ;  8,  66  ;  9,  43;  O' ni.  0,î  ’  ’  Jans  Ie  lo,n|1  pi0t 
5.  Pendant  l'interrègne,  les  faisceaux  étaient  con  jj{onys.  *11’  ‘  [fM. 

Libitina  (Ascon.  in  Milon.  p.  34).  *6  Po  y  •  <  _  47  £/).  89. 

Fab.  4  ;  Appian.  Dell.  civ.  1,  100;  Dio.  Cass.  S  .  •  I)e,mg.  *•  1 

Cass.  43,  1 4  et  19.  —  49  Dio.  Cass.  42,  47  ;  43,  +  , 

19. 


LIC 


—  1241  — 


.  1  . 


ceux 


i ,  dictateur  César,  en  eurent  deux  , 
no®®és  pa!'J',  lftS  consuls  n’en  avaient  sans  doute  pas 


****  •  ni  lpc  COIlîîWio  **  —  •  • 

que  nommaient  le  ^  à  Rome2  et  six  dans  les 

tes  prêteurs  en  -  même  que  ie  préteur  pourvu  d’un 
provinces  ;  se  P  ^  faisceaux  à  Rome,  même  avant 
gouvernemen  (a  les  donnait  aussi  à  tous  les  propréteurs 
son  départ  ■  de  ]a  puissance  prétorienne  b. 

et  aux  magi'  J'1  s  é  judex  quaestionis,  en  avait  sans 
L'ancien  édue,  ^  de  ^  République,  les  questeurs 
doute  deux  •  ‘  praetore  et  les  légats  de 

r  rtl  jL  caverne»,  s  consulaires  avaient  des 
f :a“gPa  llais  en  nombre  inconnu1.  Les  censeurs  n’en 
liceur:’..‘».  pour  les  édiles  curules,  il  n’y  a  pas  de 
fcedédsif-  il  est  cependant  probable  qu’ils  avaient  des 
fcur8  •;  lis  gouverneurs  pouvaient  dans  leur  province, 
toms  dès  l’époque  de  Sylla10,  concéder  deux  ais- 
:;xaux  sénateurs  qui  s’y  trouvaient,  a  leur  questeur 

et  à  leurs  légats 1 1  • 

l'Empire,  Auguste 


Sous 


eut  vingt-quatre  licteurs 


eut  les  douze  licteurs  consu- 


jusqu’en  29;  jusqu’en  23,  il 

Us  à  Rome  et  jusqu’en  19  en  dehors  de  Rome  comme 


,  le  droit  d’avoir  partout  les 


proconsul;  à  cette  date,  il  eut 

•s12.  Domitien  en  eut  vingt-quatre 13.  Ensuite 


douze  licteurs1  - -  ~  - 

les  empereurs  s’en  servirent  de  moins  en  moins,  tout  en 
les  conservant  cependant14,  comme  on  l’a  vu.  Les  fonc¬ 
tionnaires  impériaux  de  rang  équestre  n’en  eurent  pas,  non 
plus  que  les  légats  légionnaires.  Les  proconsuls,  anciens 
consuls,  c’est-à-dire  ceux  d  Asie  et  d  Afrique,  gardent  les 
douze  faisceaux  jusqu'à  l’époque  de  Dioclétien  ou  de 
Constantin 1  :i.  Les  proconsuls,  anciens  préteurs10,  tous  les 
préteurs  à  Rome  n,  ainsi  qu’au  Bas-Empire  le  consularis 
Numidiae 18,  ont  six  faisceaux.  Les  gouverneurs  des  pro¬ 
vinces  impériales  ont  cinq  faisceaux  et  s’appellent  sou¬ 
vent  pour  cette  raison  quinquefascales  13  ;  il  en  est  de 
même  des  légats  impériaux  envoyés  à  titre  extraordinaire 
dans  des  provinces  sénatoriales  ou  impériales20.  Nous 
ignorons  le  nombre  des  faisceaux  qu’ont  les  questeurs 
pro  praetore  et  les  légats  des  proconsuls  consulaires  ou 
prétoriens21.  Les  curatores  viarum  et  les  curatores  aqua- 
rum,  employés  en  dehors  de  Rome  22,  les  praefecti 
merarii  militaris  jusqu’à  une  certaine  époque23  en  ont 
B~eux>  aux  fonctions  des  curatores  frumenti  ne  furent 
Mâchés  des  licteurs  que  quand  elles  furent  devenues 
■consulaires-*;  les  curatores  tabularum  publicarum , 
Par  Claude,  eurent  des  faisceaux,  en  nombre 


V  Ca8S‘  43,  48  ’  Suet-  JuL  70  ;  Babelon,  l.  c.  2,  143-144  (//en 
I,  r*:V'  cf' Borgllesi’  °p-  L  193-  —  2  Ceusor.  2,  43  ;  Plaut.  Epidi, 
I  Sijr.  15.’  , [e,J'  ayr'  34>  93>  Stat.  Silo.  1,  4,  80.  —  3  Appiai 
24,4;  pa„i  ,  nr^l‘rr-  84,  142;  De  imp.  Pomp.  12,  32;  Plut.  Pomj 
*’  ®’  B>‘°'  O"*33-  53,  13;  Babelon,  l.  c.  2,  14: 

B*t«ür<r  (o  -i J  , USS’  Pobbe  appelle  souvent  le  préteur  provincial  o-rçaTV/ô 
i  cette  (lénnm’m  i-’  ’  3|  *®'  10  ’  3 ,  100,  0;  33,  1,  5),  mais  il  étend  à  to 

,Cu  ;;U  Fréteur  urbain  (33,  ,,  5;  cf.  Thcmistius,  Or.  34,  : 

décemvirs  ,  u  i  ■  *  Mommsen  le  conclut  de  Val.  Max.  I,  1,  9.  —  »  Ain 
-  «Pour  la  .Cva'1  cr6er  la  loi  agraire  de  Rullus  (Cic.  De  leg.  agr.  2,  13,  32 
'  *•  5;  lZ  ‘‘°l,nter  SiCa,'i0S'  CÎC-  P>'°  53'  117 •  -  7  Cic.  Ad  A/ 

P_  Wnu  puiifc  ||  ^  ■  nil"i.  4,  p.  127  (Pupius). —  8  Zonar.  7,19. —  2  Momtnsc 

‘3  biaise  curulc  sonl  ■  Psl  Por lé  à  l’admettre  parce  que  la  juridiction  i 

1)3115 Suet.  A’er.  4,  |n)U!  généraj  lipes  à  la  possession  de  licteurs;  que,  de  plu 
^Btocipaux  ont  dos  1;  •-  1  °bbge  un  censeur  à  lui  céder  le  pas  et  que  les  édib 
B un '«gatades  liclr,,^  0t  des  vei'Ses  (Apul.  Metam.  1,  24).  —  10  Dans  Liv.  2 
21 1  U,  30,  7  ■  prn  rP,aiCe  <lu  11  représente  le  gouverneur.  —  11  Cic.  Ad  Fan 
,l;34'  '0-  -  13  Difn”0-  41’  98  ;  Verr-  b  20-  671  b  28,  72.  —  12  Dio.  Cas 
y  L*0'-  'a<-  n,  1876,  est  nnsl  'a5S-  °7’  4;  Su°b  Dom-  >4-  -  14  Le  fascalis  de  Cor; 
‘  '  e  lrxt3  d’Ulpien  (Di„  'i'Tr  “  Dioclétien-  —  13  Dio.  Cass.  53,  10  ;  Cyprian.  E, 

K'S"a 'Z*  d°nC  m°mné'au  Bas  K  '1Ui  natt"bue  (luo  six  faisceaux  à  tous  b 
,  '  flet  J»d.  2,  16  ...  a-Bmpire.  — 10  Dio.  Cass.  53,  10  ;  Dig.  1 ,  16,  l 

BPPl  *.  «229.  J  H  -  "  Ü‘°-  Cass.  53,  13  ;  Mart.  1 1,  98,  15.  -  18  C.  i.  . 
- Ul°-  Cass.  53,  13  r 


i.  I.  G,  1540;  13,  1,  3162;  8,  su] 


inconnu,  pendant  leur  courte  existence2”.  Le  préfet  de  la 
ville  paraît  aussi  avoir  eu  des  faisceaux20.  L’usage  des 
faisceaux  s’est  maintenu  jusqu’à  une  très  basse  époque2'  ; 
ils  figurent  encore  à  l’époque  de  Justinien  parmi  les 
insignes  de  plusieurs  gouverneurs  28.  A  la  fin  de  ia  Répu¬ 
blique  et  au  début  de  l’Empire,  le  sénat  pouvait  accorder 
des  faisceaux  à  ses  ambassadeurs29. 

Nous  arrivons  à  la  seconde  catégorie  de  licteurs,  aux 
licteurs  des  prêtres  et  de  ceux  qui  donnent  des  jeux.  On 
a  d’abord  les  lictores  curiatii 30,  affectés  aux  sacra  populi 
Romani  quiritiumu  ;  ils  formaient  une  décurie  spéciale 
qui  était  peut-être  sous  la  direction  du  grand  pontife32; 
ils  servaient  surtout  à  convoquer  les  comices  par  curies 
pontificaux33  ;  nous  ne  savons  pas  s’il  faut  les  identifier 
avec  les  /lamines  curiales  des  curies  34.  Fournissaient-ils 
les  licteurs  33  qu’on  voit  figurer  dans  certains  sacrifices, 
et  les  trente  licteurs  30  qui  représentaient  les  curies  dans 
les  comices  curiates  pour  la  /ex  curiata  de  imper io  ? 
C’est  vraisemblable  pour  la  deuxième  catégorie  :  alors  ils 
auraient  été  ait  moins  trente,  peut-être  plus.  Le  flamen 
Dialis  a  un  licteur,  peut-être  pris  parmi  les  précédents37. 

A  partir  de  42  av.  J.-C.,  les  Vestales  eurent  le  droit  de  pa¬ 
raître  en  public  avec  un  licteur38.  Les  licteurs  des  prêtres 
les  accompagnent  dans  les  processions39.  Sous  1  Empire, 
on  donna  des  licteurs  aux  épouses  des  empereurs  divi¬ 
nisés,  en  tant  que  prêtresses  de  ces  nouveaux  dieux10. 

On  concédait  des  licteurs,  pris  peut-être  parmi  ceux 
des  magistrats,  aux  particuliers  pour  des  jeux  funèbres 41 , 
aux  édiles  plébéiens  pour  leurs  jeux42,  et  probablement 
aussi  pour  les  représentations  théâtrales  dont  ils  avaient 
la  surveillance  43.  Le  prêtre  qui  donnait  les  jeux  des 
Arvales  se  rendait  à  sa  place  summoto  44  :  mais  on  ne  sait 
pas  s’il  employait  des  licteurs  ou  d’autres  appariteurs. 
Pour  les  jeux,  les  magistri  vicorum  avaient,  depuis  leur 
création  en  7  av.  J.-C.,  chacun  deux  licteurs43,  pris  dans 
la  décurie  spéciale  des  lictores  populaires  denuntiatores  ; 
comme  l’indique  l’épithète  denuntiatores ,  ces  licteurs 
étaient  aussi  chargés  d’annoncer  les  jeux  ;  d'après 
Mommsen46,  le  denuntiator  cité  sur  une  inscription  pour 
chacune  des  quatorze  régions  de  Rome47  serait  un  de  ces 
licteurs  et  la  décurie  aurait  donc  compris  au  moins  qua¬ 
torze  personnes;  elle  en  avait  sûrement  davantage, 
puisqu’elle  avait  à  sa  tète  un  ordo  de  dix  membres48. 

Parmi  les  magistrats  municipaux,  les  duumvirs  avaient 
chacun  deux  licteurs,  avec  des  faisceaux,  sans  doute  plus 

2,  48270  [vice  quinque  fascium).  — 21  Dio.  Cass.  57,  17  ;  C.  i.  t.  8,  7044;  Tac. 
Ann. 2,  47;  C.  i.  gr.  4032,  4034.  —  21  Vita  Sever.  2;  C.  i.  L  3,  6072.  —  22  Dio. 
Cass.  54,  8  ;  Frontal.  De  aq.  100.  —  23  Dio.  Cass.  55,  25.  Ils  les  ont  perdus  posté¬ 
rieurement.  —  2t  Dio.  Cass.  55,  34.  —  25  Dio.  Cass.  60,  40.  —  20  H  n'y  a  pas  de 
raison  de  rejeter  comme  purement  métaphoriques  les  textes  de  Cassiodor.  }ar.  1, 
42  ;  Prudent.  C.  Symm.  4  ,  56  4).  —  27  Cassiod.  Var.  6,  20  ;  7,  4  ;  8,  3  ;  C.  Th.  9,  26, 
4;  8,  9,  4;  Nov.  Valentin.  III,  lit.  22,  §  6.  —  28  Nov.  24,  4;  25,  5.  —  *9  Les 
députés  du  sénat  envoyés  à  Auguste  en  19  av.  J.-C.  ont  chacun  deux  licteurs  (Dio. 
Cass.  54,  10).  —  30  Curiatii  est  la  véritable  forme  que  donnent  la  plupart  des 
inscriptions  (C.  i.  I.  6,  1,  1885-1892;  14,  200,  2522).  On  trouve  cependant 
curiatus  sur  quelques  inscriptions  et  dans  des  manuscrits  d’Aulu-Gelle.  —  31  C.  i.  I. 
6,  1,  1892  :  liclor  curia[t[ius)  a  sjacris  publicis  p(opuli)  H{omani )  Quiritium  ; 
44  296  :  lictor  dec(uriae)  auriatiae  quae  sacris  publicis  apparet.  —  32  Hypotlièse 
de  Mommsen,  l.  c.  p.  23.  —  33  Aul.  Gell.  15,  27.  —  34  Cités  par  Festus,  p.  64. 
—  33  Ovid.  Fast.  2,  23  ;  Festus,  p.  82.  —  30  Cic.  De  leg.  agr.  2,  13,  31.  —  37  Festus, 
p  93  ;  piut.  ( Juaest .  rom.  113.  —  38  Dio.  Cass.  47,  19.  Plutarque  le  leur  donne  à 
tort  dès  les  origines  [JVum.  40).  —  39  Val.  Max.  1,  1,  9.  —  40  Tac.  Ann.  1,  14; 
13,  2  (deux  licteurs  pour  la  seconde  Agrippine)  ;  Dio.  Cass.  50,  40.  —  41  Cic.  De 
leg.  2,  24,  61  ;  cf.  Festus,  p.  237.  —  42  C'est  probable  d'après  Dionys.  0,  95.  C'est 
ainsi  qu'on  peut  expliquer  la  chaise  curule  et  les  deux  faisceaux  sur  une  monnaie 
de  L.  Furius  Brocchus,  édile  plébéien  (Babelon,  l.  c.  I,  p.  528).  —  43  plaut.  Poen. 

jJrol.  _  44  C.  inscr.  I.  6,  i,  2105,  p.  512,  1.  25  et  35.  —  4»  Dio.  Cass.  55,  8. 

_  40  L.  e.  p.  25,  n.  3.  —  47  C.  i.  I.  6  ,  97  5.  —  48  Ibid.  6,  1869,  1894  10, 

■  15917. 


LIG 


—  1242  — 


LIG 


petits  et  sans  la  hache1;  les  édiles  ne  paraissent  pas  en 
avoir  eu  ‘2;  d’après  le  règlement  de  Narbonne3,  le 
flamen  Augustalis  avait  un  licteur,  que  lui  prêtaient 
sans  doute  les  duumvirs  à  l’exemple  du  /Ionien  Dinlis  ; 
les  seviri  augustales  4  avaient,  mais  uniquement  poul¬ 
ies  sacrifices,  les  jeux  et  les  festins,  deux  faisceaux  qui 
n’avaient  pas  la  hache  5,  et  qui  sont  souvent  représentés 
à  côté  des  inscriptions  de  ces  personnages6.  Nous  con¬ 
naissons  à  Puteoli  (Pouzzoles)  un  corps  de  lictores  popu- 
lares  denuntiatores ,  analogues  à  ceux  de  Rome  7. 

A  Rome,  les  licteurs  se  composaient  en  grande  majorité 
d’affranchis  et  étaient  toujours  citoyens  8  ;  des  esclaves 
n’eussent  pu  remplir  leur  rôle  dans  l’affranchissement  et 
dans  les  comices  curiates.  Ils  avaient  la  même  condition 
que  les  appariteurs  en  général,  c’est-à-dire  qu’ils  étaient 
salariés,  nommés  en  théorie  pour  un  an,  mais  en  fait  à  vie 
[apparitores].  Ils  venaient  hiérarchiquement  au-dessous 
des  scribae  et  des  occensi ,  mais  au-dessus  des  viatores  et 
des  praeco.nes  *.  Ils  étaient  exemptés  du  service  militaire. 
Les  licteurs  des  magistrats  supérieurs 10  composaient  trois 
decuriae  ayant  chacune  à  leur  tète  un  or  do  de  dix  mem¬ 
bres,  les  decem primi  11  ;  il  est  probable  que  la  première 
était  réservée  à  l’empereur,  la  seconde  aux  consuls  et  la 
troisième  aux  préteurs 12  ;  chaque  décurie  devait  avoir  un 
personnel  assez  considérable.  Ces  décuries  étaient  orga¬ 
nisées  en  corporations13;  c'est  sous  cette  forme  qu’on 
voit  figurer  les  licteurs  aux  obsèques  de  Perlinax  14. 

Dans  les  provinces,  les  licteurs  des  magistrats  romains, 
rarement  cités,  étaient  de  rang  plus  inférieur;  la  mention 
sur  plusieurs  inscriptions 16  du  magistrat  qu’ils  servaient 
fait  croire  qu’ils  étaient  temporaires  et  choisis  arbitrai¬ 
rement  ;  cependant,  ailleurs,  on  les  voit  former  une 
décurie16  ;  et  au  Bas-Empire  ils  ont  certainement  pris 
aussi  l’organisation  corporative  et  ils  jouent  pour  la  juri¬ 
diction  civile  de  leurs  chefs  le  rôle  d’huissiers1'.  La  /ex 
coloniae  Juliae  Genetivae  énumère  les  licteurs  munici¬ 
paux  les  premiers  parmi  les  appariteurs  ;  mais  par  leur 
traitement,  qui  est  de  600  sesterces,  ils  ne  viennent 
qu’après  les  scribes  et  Yaccensus ;  ils  sont  citoyens  et 
exemptés  du  service  militaire  pendant  leur  année  de 
charge18.  A  Ostie,  ils  forment  une  décurie  avec  les  scribes, 
les  cerarii,  les  librarii  et  les  viatores19.  Ch.  Lécrivain. 

LIGNA,  ÇJXa,  les  bois.  —  Le  terme  lignum  (£ôXov)  ser¬ 
vait  à  désigner  la  substance  solide  plus  ou  moins  com¬ 
pacte  qui  constitue  la  racine,  le  tronc  et  les  branches  des 

1  Mart.  8,  72;  C.  Th.  12,  1,  174;  Cic.  De  leg.  agr.  2,  34,  93;  Ad  Alt.  Il,  16,  2; 
Auson.  Mosell.  403;  Lex  colon.  Jul.  Genetiv.  c.  62  (C.  i.  I.  2,  suppl.  5439);  Ibid. 
12,  4428;  Maffei,  l.  c.  117,  2,  3;  Acta  aposlol.  16,  33.  —  2  Dans  Apul.  Mêlant. 
1,  p.  276  (éd.  Nisard),  l’édile  a  «  lixas  et  virgas  »  ;  mais  il  ne  s'agil  sans  doute  pas 
dé  licteurs.  —3  C.  i.  I.  12,  6038,  1.  2.  —  4  Voir  Schmidt,  De  Seviris  Augusta- 
libus,  p.  79  et  s.  —  3  C'est  à  tort  que  la  hache  ligure  à  C.  i.  I.  3,  6786,  7031,  et  par 
ironie  dans  Petron.  Sat.  30.  -  0  C.  i.  I.  5,  3295,  3392,  5035,  5860,  4482,  5786, 
5896,  6786,  6896,  7031,  7170,  7616,  7670,  7678;  Maffei,  L.  c.  117,  1.  Plusieurs 
monuments  portent  à  tort  six  faisceaux  (C.  i.  I.  5,  3295,  3386,  3392,  7031,  7610). 

—  1  Ibid.  10,  515.  —  8  Liv.  2,  55  ;  Cic.  In  Pis.  23;  Verr.  1,  26,  67  ;  1,  29,  72. 
Tac.  Ann.  13,  27;  Dio.  Cass.  48,  43;  C.  i.  I.  6,  1,  1869-1915;  14,  2520,  4239; 
2522,  2840,  296.  —  9  Cic.  Verr.  3,  66,  154;  2,  10,  27  ;  Ad  Quint.  1,  1,  4,  13;  De 
leg.  agr.  2,  32;  C.  i.  I.  14,  409  (à  Ostie).  —  40  C.  i.  I.  6,  1,  1874  :  lictor  ex 
III  decuris  qui  magistrat ibus  apparent.  —  n  C.  i.  I.  6,  1,  1809,  1870;  Jullian, 
Inscr.  de  Bordeaux,  I,  n”  42.  Mommsen  croit  qu'à  6,  435,  les  mots  ordo  lictorum 
III  decuriarum  cos  désignent  aussi  les  dix  premiers  de  la  décurie  consulaire  parmi 
les  trois  décuries.  —  12  Je  le  conclus  de  C .  i.  I.  G,  1878  :  lictori  Aug.  III  dccu- 
riariiim) ;  1877  :  excrcuit  decurias  duas  viatoria  et  lictoria  consularcs  ;  18,1  . 
lictor  Caesaris  ;  14,  4239  :  dec(urialis)  Caes[aruni)  co[n)s(ulum)  pr(aetoruni)  ;  6, 
1,  1869  ;  1887  :  dcc(uriae)  co(n)s(ulari)  et  pr(aetoriae).  —  13  Tac.  Ann.  13,  2,  , 
Suet.  Aug.  57;  Tcrtull.  Apol.  37;  Dig.  29,  2,  25,  1  ;  46,  1,  22.  —  14  Dio.  Cass. 
74,  4.  —  15  C.  i.  I.  3,  6083,  272  ;  Ephein.  epigr.  5,  29.  —  16  C.  i.  I.  3,  272. 

—  17  C.  Th.  8,  9,  1  (335)  :  ordines  decuriarum  scribarum  librariorum  et  Uctoriae 
consul aris.  —  <«  C.  i.  I.  2,  suppl.  5439,  c.  62.  —  «  Ibid.  14,  353,  409.  —  Bibi.io- 


végétaux,  c’est-à-dire  le  produit  naturel  qui  n-. 

été  façonné  ni  modifié  par  le  travail  de  l’|lm  '  P''Senc0fe 

me-  L°vsque 
rIlle  l’on  cn 


le  bois  est  considéré  par  rapport  à 
fait,  il  prend  le  nom  de  materies  (üXv,)1. 

Les  anciens,  compàrantles  végétaux  aux  corps,],.  ■ 
animés,  ont  souvent  employé,  pour  en  désigne,,  ^ 
rentes  parties,  les  noms  des  parties  de  l'organisme  ■ 
qui  leur  paraissaient  semblables  ou  analomiW-  U!"mial 
que  les  vaisseaux  sont  appelés  venue  (cpXÉ6s-),  ],.s  H] 
nervi  (Ivsç)2,  le  tissu  cellulaire  mro  .  1)r® 

dure  du  bois,  nommee  xapSîa  par  les  Grecs  est  m 
par  Pline  aux  os  des  animaux 4  ;  l'aubier  [albuniunT'^ 
Théophraste  n’a  pas  distingué  du  reste  du  bois,  a  été’assL 
milé  à  la  graisse  ( adeps ) 6. 

Le  bois  a  été  utilisé  dès  les  premiers  temps  pour  cons 

truirc  des  abris,  fabriquer  des  instruments  et  des  usten¬ 
siles  divers,  pour  se  chauffer  et  faire  du  charbon.  Nous 
énumérerons  simplement  ici,  par  ordre  alphabétique 
les  principaux  arbres  dont  le  bois  a  été  employé  à  ces 
divers  usages. 

Abies,  IXarr),  le  sapin6.  —  Cet  arbre  croissait  dans  les 
diverses  régions  de  l’Europe  ;  en  Grèce,  il  se  trouvait 
notamment  sur  le  Parnasse  et  en  Macédoine1-,  et  celui 
de  cette  dernière  contrée  était  le  plus  estimé;  il  y  en  avait 
aussi  en  Arcadie,  près  de  Krané8;  ici  les  arbres,  poussés 
dans  un  lieu  qui  ne  recevait  jamais  les  rayons  du  soleil, 
atteignaient,  il  est  vrai,  une  grande  hauteur,  mais  ils 
fournissaient  un  bois  moins  solide  que  celui  des  arbres 
venus  dans  des  lieux  ensoleillés.  En  Italie,  les  sapins  des  I 
Apennins  et  des  Alpes  étaient  les  plus  recherchés  et,  j 
parmi  les  premiers,  on  préférait  ceux  du  versant  de  la 
mer  Tvrrhénienne  à  ceux  des  versants  du  nord  et  de  lest. 
Le  sapin  des  pentes  occidentales  était  appelé  abies  infer- 1 
nas ,  l’autre  abies  supernas  ;  le  bois  du  premier  passait I 
pour  meilleur".  11  y  en  avait  aussi  de  très  beaux  en  . 
Corse10.  L’Italie  en  tirait  de  la  Gaule  et  prisait  ceux  du 
Jura  et  des  Vosges  ;  ensuite  venaient  les  arbres  de  Corse, 
de  la  Bitliynie  et  du  Pont,  puis  ceux  d'Arcadie  ;  quant  I 
aux  sapins  du  Parnasse  et  de  l’Eubée,  ils  étaient  rameux 
et  noueux  et  passaient  pour  se  pourrir  facilement  •  I 

Le  sapin  s’abattait  au  printemps,  époque  ou  1  ecorce  si 
détachait  le  mieux12.  La  partie  inférieure  du  u'°"c’qJ 
était  exempte  de  nœuds,  flottée  et  dépouiller  ‘e  ï 
écorce,  était  appelée  sappinus,  la  parl!e  s"l'tUC  | 
noueuse  et  plus  dure,  fusterna i3.  Le  hum  1  ! 

Il  i  87  suiv«ja 

graphie.  Spanheim,  De  praestant.  et  usu  nunvu.  ('!'y  ^  J\r,  art. 

Paulu’s  Beal-Encyclopaedie,  art.  Fasces,  t.  III,  P-  i-‘  Horomscn, l* 

Fasces ,  Ticwi  , 


p.  1082-1083  ;  Forcellini-Dc  Vit,  Lextcon,  s.  v 


droit  public  romain,  Irad.  fr.  I,  p.  376-404;  II,  P-  q-jlUtvd.  Pi 69'  l' 

LIGNA.  1  Hom.  lliad.  XXIII,  50  et  111;  Herod.  IV,  •  ( .  Bill- 

5;  v-  ’’  uiaom 

ihküA 

ologie  der  Gewerbe  u.Künste,  i.  ",  r-  appelés °“ s'"ît 
3.  L’humidité  des  végétaux  est  comparée  au  sang  et  i  s  son  ^  I,  l,  • 

suivant  qu’ils  en  ont  plus  ou  moins;cf.  Phn.XU,  m  •  j;js  «if*»!»*' ce0 

Plin.  Ibid.  Les  bois  qui  ont  beaucoup  de  tissu  cellulaire  sont  ^  ^ 


•  xi  ai  in  •  j.  mm"  JW*»*»,  -  ,  .  j ,  y  -  [  : 

Plat.  Leg.  IV,  705  c;  Theophr.  Mût.  pl.  IV.  MiL  ■  ^ 
nat.  XIII,  61;  XVI,  197,  204;  Isid.  Ong.  XIX.  19,  ^  ^ 

und  Terminologie  der  Gewerbe  u.Künste,  t.  U,  P- 


où  domine  le  tissu  libreux,  ivùSeiç  ;  cf-  Theophi .  lbu  ’  nl0CIIc  Odu 
184;  XXIII,  98.  11  dit  eu  parlant  d’un  arbre  qm  n  a  p. 


osse a 


est , 


J-”V  est  donné  P«r<"sJ 
de  .  r|i|)  XVI,  ib;| 


XVI,  186.  Théophraste  (I,  2,  6)  rapporte  que  le  nom  HP 

la  moelle  (pr,vǫ),  que  quelques-uns  appelient  aussi  jf  n,  p 

-  C  Theophr.  V,  6,  1  et  2  ;  P, in.  XII,  134  ;  XVI,  38  i  BI»^ 

Lenz,  Bolanikder  altcn  Griechen  u.  Jlonur.P-  38  i,  9, 

Strâucher  des  allen  Griechenlands,  p-  „,„nia‘-ncs;  sc*<"1  n  », 


Théophraste  (III,  3,  1  )  le  donne  comme  un  arbre  de  ^  ,  Vjinff.-^ . 

plaisait  aussi  dans  les  vallées  (XX I,  74).  8  I  160I  |  —  11  *  ,  neÿfl 

17;  II,  10,  !  el  2;  Plin.  XVI,  196.  -  «6  Theophr.  V,  L  ^  Que ^ 
-  12  Theophr.  V,  1,  2;  V,  5,  I.  -  13  Vilruy.  IL  Yarl..  fle  rem »<•  ’ 

voulaient  faire  du  sappinus  une  espèce  particu  icie, 

Plin.  XVI,  61. 


LIG 


—  1243  — 


LIG 


„.pscible,  qualité  que  le  hasard  avait  fait 
réputé  impu^e®  une  inondation  en  Arcadie1,  avait  de 

(fcouVrir  10'  hlATERIES]. 

nombreux;.^  .  .  Xeïvo;,  l'érable2.  -Les  Grecs  en 
Tr,^SV°t Tui  oü  trois  espèces.  L’une  au  bois  fauve, 
distinguaien  croiggaitdans  les  montagnes  humides  3 

veiné  et  solide,  ,u  gembie,  dans  la  région  de 

et  botammen  »  ‘  ^  ^  Macédoine,  était  appelé  ^yt'a  par 
r0lympe  ,  L  „avs-  l’autre,  au  bois  blanc,  plus  tendre 

|ShabTvei.i  était  désignée  dans  cette  même  région 
el  moins  -  :  dig  qu’ailleurs  elle  paraît  avoir 

5;  «ne  troisième  espèce,  du  côté 
rel  - 1 .i 1 1  appelée  xXtvoTooyoç  6.  L’érable  blanc  nais- 
Et  aussi  au  delà  des  Alpes;  on  l’appelait  gaulois  (galli- 
,  Ls  l’Italie  transpadane  1  où  l’on  s  en  servait  pour 
fearier^la  vigne  8.  L’Ualie  tirait  les  érables  de  l’autre 
iècc  do  rist.de  et  de  la  Rhétie;  c’était  de  ces  pays  que 
venait  la  plus  belle  sorte  dénommée  pavonine  d  apres  la 
disposition  des  veines  ;  on  appelait  la  moins  belle  cr««- 
jLenium 9.  Ce  que  l’on  prisait  surtout  dans  1  érable, 
c’étaient  des  protubérances  ou  tubérosités  appelées  brus- 
cum  d  molluscum  '0. 

K  Alaternus,  l’alaterne 11 .  —  Cet  arbre  ne  naît  que 

dans  les  montagnes  ;  il  se  trouvait  en  Macédoine 12.  Son  bois 
blanc  était  bon  pour  les  ouvrages  de  tour  13  [tornatura]. 
mAlnus,  xVïjûpa,  l’aune14.  —  Les  anciens  connaissaient 
une  seule  espèce  d’aune 1,1  ;  c’était  un  arbre  au  tronc  droit, 
au  bois  tendre  qui  croissait  dans  les  plaines  et  dans  les 
lieux  humides16.  Enfoncé  en  terre  dans  les  endroits 
marécageux,  son  bois  passait  pour  avoir  une  durée  indé¬ 
finie  ;  aussi  l’appréciait-on  là  où  il  fallait  construire  sur 
pilotis11  [materies]. 

I  Cet  arbre,  dans  lequel  la  tradition  voulait  que  les  pre¬ 
mières  barques  eussent  été  creusées18,  paraît  avoir  été 
l’objet  d’une  culture  particulière  en  Italie,  où  on  le  multi¬ 
pliait  au  moyen  de  scions  fichés  en  terre19.  Planté  dans 
Iran,  il  protégeaitles campagnes  contre  les  inondations20  ; 
son  ombre  passait  pour  favorable  aux  plantes21;  on  lui 
connaissait  des  tubérosités,  mais  elles  étaient  loin 
Bêtre  prisées  comme  celles  de  l’érable  et  du  citre 22  ;  enfin 
F  feuilles  étaient  employées  en  médecine23. 

Bpdrac/t/e,  àvo pxjrXvi,  espèce  d’arbousier24.  —  On  est 
^pccord  pour  voir  dans  cette  plante  une  variété  d’arbou¬ 


sier  commun.  C’était,  selon  Théophraste,  une  plante  de 
montagne  qui  ne  venait  pas  dans  la  plaine;  on  la  trouvait 
du  côté  de  la  Macédoine.  Son  bois  était  employé  pour  les 
métiers  à  tisser23. 

Aqui folium,  agrifolium,  aqui folia  arbor 26,  xqXac- 
xpov  27,  le  houx.  —  Il  parait  très  vraisemblable  que  les 
anciens  connaissaient  le  houx.  Classé  parmi  les  arbres 
sauvages  à  feuilles  persistantes  qui  résistaient  a  la  cul¬ 
ture28,  il  poussait  du  côté  de  l’Olympe29  et  se  plaisait 
dans  la  plaine  et  dans  la  montagne  30.  Planté  dans  une 
maison  de  ville  ou  de  campagne,  il  avait  la  réputation 
de  préserver  des  maléfices31.  Son  peu  de  développement 
à  l’état  sauvage  ne  permettant  pas  de  tirer  un  grand 
parti  de  son  excellent  bois,  on  n’en  faisait  guère  que  des 
traverses 32  et  des  bâtons33  qui  passaient  pour  avoir  la  sin¬ 
gulière  propriété,  lorsqu’on  les  lançait  trop  faiblement 
contre  un  animal,  de  se  relever  d’eux-mêmes  pour  se 
rapprocher  de  la  bête34. 

’Apta,  l’alisier  allouchier  3S.  —  Il  est  décrit  comme  un 
r  ’ 

arbre  à  bois  dur36,  incorruptible37,  difficile  à  travailler38 
et  qui  donnait  un  excellent  charbon39  dont  on  se  servait 
dans  la  métallurgie  de  l’argent  pour  le  premier  grillage 
du  minerai. 

Balanus ,  pâXavoç,  la  noix  de  ben40.  —  Ce  mot  désigne 
un  arbre  d’Égypte  qui  fournissait  un  bois  solide  employé 
dans  les  constructions  navales  et  à  d’autres  usages  sur 
lesquels  nous  ne  possédons  aucun  renseignement41.  Son 
fruit  était  utilisé  dans  la  parfumerie  [unguenta]42. 

Betulla,  le  bouleau43.  —  Inconnu  en  Grèce41,  le  bou¬ 
leau  est  décrit  par  Pline  comme  un  arbre  de  Gaule  qui  se 
plaisait  dans  les  lieux  froids45.  Les  baguettes  de  bouleau 
composaient  les  faisceaux  des  licteurs;  elles  servaient 
aux  ouvrages  de  vannerie,  à  faire  des  liens46.  En  Gaule, 
on  extrayait  du  bouleau  une  espèce  de  goudron. 

Buxus ,  Ttù'o;,  le  buis47.  —  On  le  rencontrait  dans  la 
Grèce  septentrionale48,  en  Macédoine,  au  mont  Olympe, 
mais  il  y  était  de  grandeur  médiocre,  noueux  et  pour 
cela  même  inutilisé  49.  C’était  au  Cytore,  en  Paphlagonie, 
dans  le  Bérécynthe,  en  Phrygie,  et  dans  les  Pyrénées 
qu’on  en  trouvait  la  plus  grande  quantité,  mais  le  plus  beau 
et  le  plus  développé  venait  de  la  Corse50.  Le  buis  four¬ 
nissait  un  bois  estimé  pour  sa  couleur  jaune  clair51,  qui 
ne  se  pourrissait  ni  se  fissurait 52.  Impropre  au  chauffage 


bien  el  à,  * -,  ’  ’’  C’  4c  saI’'n  Gaule,  suivant  Palladius,  se  comj 
».  3  i  - a'  unc  Srantlc  durée  in  operibus  siceis  ;  cf.  Blümncr,  11,  p. 

-  2 Plin  yvi  saP*n  est  aussi  contestée  par  Vitruve,  11, 

il.  Lï  »  1  TI",pbr"S''‘-  f'  m.  >,l;  H.  Blümner,  11,  p.  •*>, 

“■  -  ‘"-t*.  I»,  >1,  *  Plin.  XVI,  «. 

III,  11,  i  ej  o  ’  !  '  |  '  ’ la'1  lcs  “bres  poussés  dans  des  lieux  secs.  —  4  Tlu 
ïrbres différents  (Tl  '  UI1S  regardaient  la  agvSajjivo;  et  la  Çiqia  Commt 

*ïgia  nue  csncVe  •  ,  3’  ,:'lcz  les  Latins,  ceux  qui  voulaient  faire 

etVitruv.  IL  0  jT  y’eudantede  '  érable  l’appelaient  carpinus ;  cf.  Plin.  X\ 
lolcït«  n’est  pas  ailérrU'fCeem0t?1USbaS'  ~  n  Theophr.  111,  11,  1,  si  loutef 
'G- 246,  n.  3.  LTpi  C  \SC,lmeidcr’  ad  Tbeophr.  III,  p.  201,  cité  par  II.  Blü 
XIV'«5.-  10  P|in  vVI  .b'66'—  8  P' >n.  XVU,  201.-  9  Plin.  XVI,  GG  ; 
~~  Tlieopl,,.  //,,,.  ’.  . .  /  1  1 1  l  ee,  Ind.  Thcophr.  (coll.  Dklot)  ;  Lenz, 

r'1.  31  ;  Bliimne,  Vf  ~  ”  TheoPhl’’  V,  0,  2.  _  H  Lenz, , 

0ll«re [Odyss.  V,  ci  .VOcl‘  lle  cl'oit  Pas  <lua  l’arbre  appelé  xli:0 

B“c  AVI,  218)  parle  „„  .  '  l’uisse  être  identifié  avec  l'aune.  —  13  Cep< 

!  1V’  8’  1  i  Plin'.  rST'  d°  laune  noh’  "«!/>•«)•  —  10  Theopl 

~  4VCC  'ns  arbres  qu;  ’  “  ’  c4  ^^Xl,  4L.  Théophraste  cependant  (I,  4 
1>illpilv.  H,  9,10-  in  *  U'a‘tnl  'ivre  dans  les  lieux  dépourvus  d'imr 
’  12>6;  Plin'  XVI,  2,8-219;  Pallad.  Aor. 
L  n,11’  451  !  Lucan  w,  souvenl  à  désigner  une  barque  ;  cf.  Virg.  ( 

n  «a  L !'Z,  '  "•  «>  «  sa.  lui.  xit,  su 

—  il  ,  "  21  Plin.  XVII  on'3’  y1’  10°’  etc'  ~  19  Plin-  XVU,  CS.  -  2( 

p.l,.  v’2;  E  554l  Fée,  fd  T)  ,2  Pli"‘  XV1,  69  ot  231-  -  23  Plin-  XX1 
■  ’VlCUlcl,",Cu/( he0!lhr-  Ml-  Didol);  Blümncr,  11,  p.  249; 

‘■en  und  ffausthiere  in  ihrem  üebergang  aus 


(0"  éd  ),  p.  396.  —  23  Tbeophr.  V,  7,  G;  Plin.  XIII,  120;  cf.  Suid.  s.  e.  àvSpà/xv; . 
Unc  autre  espèce  d’arbousier  appelée  en  grec  xop.afo;,  en  latin  unedo  (Tbeophr.  I, 
9  3;  V,  9,  1  ;  cf.  Plin.  XV,  99),  avait  un  bois  dense  qui  donnait  un  excellent  char- 
lion  qui,  à  l’égal  de  celui  du  chêne  et  de  l’alisier  (ijin),  servait  dans  la  métallurgie 
de  l’argent  pour  le  premier  grillage  du  miuerai.  —  26  Le  terme  aquifolium  chez 
Pline  a  paru  répondre  au  houx  (XVI,  80,  90  et  91),  ainsi  que  aquifolia  arbor (XXIV, 
116),  où  sc  lit  la  forme  ayrifolia  (plur.).  D’après  Lenz  (Op.  cit.  p.  G50),  dans  le 
nord  de  l’Italie  cet  arbre  est  encore  appelé  aquifolio  et  ayrifolia.  —  27  Sprengel 
(cité  par  Blümncr,  II,  p.  285)  pense  que  la  plante  appelée  j-LW-roo»  par  Théophraste 
(ij  xjjXaoTfo;,  fJist.pl.  IV,  1,  3)  est  le  houx;cf.  Karl  Koch,  Op.  cit.  p.  133,  qui  fait 
remarquer  que  ce  que  dit  Théophraste  de  son  bois  (V,  7,  7)  et  de  sa  fructification 
(III,  4,  5)  convient  bien  au  houx  ;  cf.  Lenz,  p.  650.  —  28  Tbeophr.  Hist.  pl.  I,  3,6. 

_  29  ld.  I,  9,  3.  _  39  ld.  III,  3,  1.  —  31  Plin.  XXIV,  116.  —  32  Plin.  XVI,  230. 

_ 33  Tbeophr.  Ibid.  V,  7,  7  ;  selon  lui  (V,  6,  2),  ce  bois  se  travaillait  bieu  au  tour 

l tornatura].  —  34  Plin.  XXIV,  1 16.  L 'aquifolium  est  aussi  mis  par  Pline  (XVI,  231) 
au  nombre  des  bois  qui  se  débitaient  en  plaques  minces  pour  en  revêtir  d’autres. 
—  33  Fée,  Ind.  Thcophr.  ;  Lenz,  p.  689;  Blümner,  p.  296.  —  36  Tbeophr.  Hist.  pl. 
V,  3,  3.  —  37  LL  V,  4,  2.  — 38  1d.  V,  5,  1.  -  39  ld.  V,  9,  1.  —40  Fée,  Ind.  Thcophr. 
Le  nom  scientifique  est  hyperanthera  moringa  ou  moringa  pterygosperma  ;  cf. 
Blümner,  II,  p.  279.  —  41  Thcophr.  IV,  2,  1  et  6.  Pline  (XIII,  01)  le  croit  utilisé 
seulement  dans  les  constructions  navales.  —  42  Tbeophr.  IV,  2,  6.  —  43  Lenz,  p.  392. 

_ 4t  Koch,  Op.  cit.  p.  59.  —  43  Plin.  XVI,  75.  —  4G  pljn.  XVI,  176.  —  47  Lenz, 

p.  658;  Koch,  p.  70  ;  Blümner,  II,  p.  252.  —  48  Tbeophr.  III,  3,  i.  —  49  Thcophr. 
III,  js,  5;  V,  7,  7.  —  30  Tbeophr.  111,  15,  5;  cf.  Eustath.  ad  Iliad.  1,  206;  Plin. 
XVI,  71  ;  cf.  Ovid.  Metam.  IV,  311  ;  Virg.  Georg.  IV,  437  ;  Catul.  IV,  13.  —  31  plin. 
XVI,  70.  —  52  Theophr.  V,  3,  l;  V,  4,  2;  Plin.  XVI,  212. 


LIG 


—  1244 


LIG 


et  à  la  fabrication  du  charbon,  il  se  travaillait  très  bien  1 
et  était  employé  dans  la  menuiserie  pour  des  pièces  qui 
exigeaient  un  bois  d’une  grande  solidité,  capable  de 
résister  à  la  carie,  à  l’humidité  et  à  l’influence  du  temps  2 
[materies].  Les  Romains,  qui  en  distinguaient  trois 
espèces,  aimaient  le  buis  pour  les  jardins  et  appréciaient 
celui  de  Gaule  et  celui  d'Italie  ;  la  troisième  espèce, 
appelée  oleastrum ,  n’était  d’aucun  usage  à  cause  de  sa 
mauvaise  odeur3.  On  le  multipliait  par  des  boutures  en 
liant  ensemble  cinq  ou  six  brins \ 

Carpinus,  oarpé;  et  ôsTpua,  le  charme5.  —  Le  charme 
était  connu  comme  arbre  de  montagne  et  de  plaine  qui  se 
plaisait  dans  les  lieux  humides  G.  Indigène  dans  l’Italie 
transpadane  7,  il  était  estimé  pour  son  bois  pâle,  blan¬ 
châtre  et  dur  [materies]  ;  mais  en  Grèce  on  lui  attribuait  une 
influence  fâcheuse  sur  la  parturition8.  Il  fut  beaucoup 
employé  pour  faire  des  torches  (faces) 9,  et  sa  cendre  avec 
celle  du  hêtre  entrait  dans  la  préparation  appelée  sapo10. 

Castanea ,  le  châtaignier11.  — Nous  ne  savons  si  cet  arbre 
était  connu  des  Grecs,  mais  il  était  l’objet  d’une  culture 
étudiée  en  Italie,  où  on  l’avait  amélioré  par  des  greffes 
renouvelées12.  Il  se  plaisait,  disait-on,  dans  les  montagnes 
et  dans  les  vallées13,  mais  il  aimait  les  terrains  secsu. 
Le  châtaignier  se  multipliait  de  graine  ou  de  provins  et 
se  coupait  à  sept  ans13.  Son  bois,  classé  parmi  ceux  que 
la  carie  n’attaquait  que  très  tard16,  servait  principale¬ 
ment  à  faire  des  échalas  pour  la  vigne  11  ;  un  jugère  de 
châtaignier  fournissait  des  échalas  pour  cinq  jugères  de 

vigne.  On  employait  encore  ce  bois  à  d’autres  usages  sur  les¬ 
quels  nous  n’avons  que  des  renseignements  très  vagues18. 

Cedrus ,  xsôpo;,  le  cèdre.  —  Le  cèdre  dans  l’antiquité  a  été 
souvent  confondu  avecle  genévrier  (àpxEuOcç,  j uniperus)1* . 
Il  est  mentionné  dans  Homère  où  Calypso  le  fait  brûler 
avec  d’autres  bois  odorants20,  mais  on  ne  peut  savoir 
exactement  de  quelle  espèce  d’arbre  résineux  il  s’agit. 
Théophraste,  qui  ne  parait  pas  avoir  vu  l’arbre  lui-même, 
le  classe  parmi  ceux  qui  se  plaisent  dans  les  lieux  froids 
et  qui  viennent  dans  les  montagnes  de  Thrace  et  de 
Phrygie21.  La  Syrie  en  produisait  dont  les  dimensions 
étaient  remarquables;  il  y  en  avait  notamment  de  foi t 
beaux  dans  les  jardins  de  ce  pays22.  Cet  arbre  dominait 
en  Cilicie23.  Le  grand  cèdre  ( cedrus  magna ,  major), 


i  Plin.  XVI,  71.  —  2  Vilruv.  VII,  3,  I  ;  Plin.  XVI,  212  et  221.  —  3  Plin.  XVI,  70. 

_  4  Plin  XVIIv  163.  —  B  Lenz,  p.  393;  Blümner,  II,  p.  294;  Koch,  p.  56. 

_  6  Theoplir.  III,  3,  1  ;  III,  40,  3;  Plin.  XVI,  73  et  74.  -  7  Plia.  XVII,  201. 
—  8  Theophr.  111,10,3;  cf.  Plin.  XIII,  117.  —  9  Plin.  XVI,  75.  —  10  Plm.XXVIIl, 

jgi  _  li  On  ne  fait  si  les  Grecs  ont  connu  le  châtaignier;  on  a  voulu  1  identifier  avec 

l’arbre  appelé  Aib;pà).avo;  ou  SioiCiAavo;  (Theoplir.  Hist.  pl.  III,  3,  l  ;  3,  8  ;  4,  4,  10, 
1  etc.);  cf.  Fée,  lnd.  Theoplir.  (coil.  Didot),  rpii  cite  Sprengel,  et  K.  Koch,  p.  48-49  ; 
Lenz,  p.  410.  D'autre  part,  V.  Hehn  conteste  que  cet  arbre,  qui  donne  encore  de 
mauvais  fruits  en  Grèce  actuellement,  y  ait  été  cultivé  dans  l'antiquité;  cf.  V.  Hehn, 
Culturpflanzen  (6'  édit.),  p.  385.  Quant  à  la  mention  du  fruit  sous  le  nom  de 
„vai-,î>v  Xàouov  (Theophr.  Ibid.  I  V,8, 1 1  ),  elle  se  trouve  dans  un  passage  d  une  authen¬ 
ticité  douteuse  ;  cf.  Bliimner,  II,  p.  271,  n.  7.-  «Plin.  XVII,  122;  Ibid.  59.  -13  Plin. 
XVI,  74.  —  H  Plin.  XVI,  76.  —  «Plin.  XVII,  59,  puis  147-150.  —  «Plin.  XVI,  212. 
L  17  Plin.  XVII,  167.  —  18  Pallad.  Nov.  15,  2.  —  «  11  est  impossible,  dans 
nombre  de  passages  de  Théophraste,  de  démêler,  d'après  la  description,  s’il  s’agit 
du  cèdre  proprement  dit  ou  de  quelque  espèce  de  genévrier;  voir  Lenz,  p.  382  et 
suiv.  ;  Blümner,  II,  p.  254.  Du  reste,  Théophraste  lui-même  nous  apprend  que  les 
deux  arbres  avaient  été  désignés  par  le  même  nom  de  *s8?*î  (IU,  12,  3);  dans  ce 
passage,  l’observation  que  le  genévrier  paraît  être  plus  élevé  montre  bien  qu  il  y  a 
eu  confusion  ;  cf.  Lenz,  Op.  cit.  p.  357,  n.  767.  Une  autre  preuve  de  cette  confusion 
se  trouve  dans  un  passage  de  Vitruve  (II,  9,  13)  où  il  dit  que  la  feuille  du  cèdre 
ressemble  à  celle  du  cyprès.  Voir  Lenz,  Op.  cit.  p.  9,  et  K.  Koch,  Op.  cit.  p.  39. 
—  20  Hom.  Odyss.  V,  60.  Chez  Virgile  (Aeneid.  Vil,  13),  Circé  brûle  des  torches 
de  cèdre;  cf.  Plin.  XIII,  ÎOO,” où  il  y  a  une  erreur  au  sujet  d’Homère.  -  21  Theophr. 
Caits.  Plant.  I,  21,  6  ;  Hist.  pl.  IV,  5,  2  ;  Plin.  XVI,  73.  —22  Theophr.  Hist.  pl. 
IV,  5,  5;  V,  8,  1  ;  cf.  Plin.  XVI.  137.  —  23  Theophr.  III,  2,  0.  —  24  Plin.  XIII,  52-53; 
xxiv’  17.  L  23  plin.  XVI,  203.  —  20  plin.  XVI,  197.  —  27  Vitruv.  Il,  9,  13;  Plin. 


ainsi  appelé  par  opposition  au  petit  cèdre  (m/n 
cedrus  hjcia,  phœnicia)  qui  est  vraisemblable'  ”lî'no'’’ 
genévrier,  reçut  aussi  le  nom  de  cedrelate 21  J,ment  Un 
plus  considérable  dont  on  fasse  mention  venait  dû  n  dl°  f 
il  avait  été  abattu  pour  la  galère  à  onze  ran^de  T®' 
de  Démétrius  Poliorcète  et  mesurait  130  pieds  L?1168 
il  fallait  trois  hommes  pour  l’embrasser 23  \  .  °n8î 
cèdres  de  Syrie,  ceux  de  Crète  et  d’Afrique  ëtab'in  f* 
plus  estimés25.  Outre  le  bois  qui  était  ree-i ^  es 
elernel-',  on  appréciait  1  huile  qui  se  tirait  de  la  m 
du  cèdre  comme  préservatif  contre  les  vers  et  h  US*n.e 
ture,  aussi  bien  pour  le  bois  que  pour  d’autres  nuis  I 
On  s  en  servait  en  Egypte  pour  embaumer  les  morts» 
et  elle  avait  grande  réputation  pour  la  conservation  des 
bois  et  des  livres29. 

Celtliis,  voir  Lotus. 

Cerasus,  xspGccoç,  le  cerisier  .  *  11  passe  pour  avoir  été 
introduit  en  Italie  par  Lucullus31;  au  temps  de  Pline  sa  I 
culture  s’était  étendue  jusque  dans  la  Bretagne.  11  fut  culJ 
tivé  surtout  pour  ses  fruits;  cependant  son  bois  est! 
décrit  comme  s’il  avait  été  employé  dans  les  construc¬ 
tions32,  mais  on  ne  saurait  dire  à  quel  usage. 

»  Citrus ,  Ou x,  Ouov,  le  thuya  articulé33.  —  La  racine  de 
cet  arbre  a  fourni  un  des  bois  les  plus  recherchés  du 
luxe  romain.  Il  était  peu  connu  des  Grecs;  ceux-ci, 
pour  qui  son  nom  est  indécis  (Oua  ou  Ouov),  savaient 
seulement  que  c’était  un  arbre  de  Cyrénaïque  semblable 
au  cyprès,  dont  le  bois  imputrescible  avait  servi  jadis  de 
bois  de  charpente  dans  le  pays  d’origine 34  ;  ils  n’ignorent 
pas  que  de  celui  de  la  racine  on  afait  des  ouvrages  de  prix. 
A  l’époque  romaine,  on  le  trouva  dans  la  Mauritanie,  où 
ceux  du  mont  Ancorarius  ne  tardèrent  pas  à  être  épuisés1’. 

Comaros,  voir  Andrachle. 

KoXotTia,  le  saule  marceau30.  —  On  le  trouvait  dans 
l’Ida37,  mais  nous  ne  savons  si  c’est  en  Crète  ou  en  Asie; 
nous  ignorons  aussi  l’usage  de  son  bois  dense  et  dur. 

KoAouTÉa.le  baguenaudier38.  —  Tout  ce  que  nous  savons 
c’est  que  son  bois  fut  employé  pour  faire  des  bâtons”.  I 

Cornus,  xpdtvEta,  le  cornouiller*0.  Arbre  de  monta8nee  I 
de  plaine'*1,  le  cornouiller  se  trouvait  en  Truade e  J 
Macédoine  où  il  poussait  dans  des  lieux  huinivh  s  ■  f 
nommé  dans  Homère  u. 


xm 

cf 


53;  XVI,  212  et  213.  —  23  Herod.  H,  87;  cf.  Dioscor. cf. H* 
XVI,  52;  Diod.  Sic.  I,  91,  6.  —  29  Vitruv.  Il,  9,  13;  Blin.  •_  ^  ^ 

Arspoet.  331;  Ovid.  Trist.  111,  1,  13;  I,  I,  7  I  Mar]’  ^  nrail.  franj-W 
Ado.  indoctum,  c.  16  ;  J.  Marquardt,  La  vie  pnvee  des  ,93  el  20#; 

p.  485.  _  30  Fèe,  lnd.  Theophr .;  Lenz,  p.  270;  hoc  i,  /•  cst  jécrit  dans 
Hehn,  Op.  cit.  p.  390  et  suiv.,  pense  que  c’est  un  «erisie  I emel|e; cf. Scrvii* 
Théophraste  ( Hist.pl .  III,  12,  1)  comme  un  cornouiller  xV|  giOetSI»- 

„d  Virrj.  Georg.  .1,  18.-3.  piïn.  XII,  14;  XV,  10  ’  “  être 

_  33  11  ne  semble  pas  que  l’arbre  appelé  Dn.V  par  Théop  pclsisUnt | 

au  citrus  des  Latins,  car  il  le  classe  parmi  les  arbres  vers  a  ^  1,  9,  Si 

naissent  sur  la  cime  des  montagnes  dans  tes  régions  i  ^  ;|  KgirJe le  * 

1,  3)  ;  Sprengel  voit  dans  cet  arbre  le  genévrier  <  c  gchn’eijeri  lnd.  , 

ou  Ojov  do  Cyrénaïque  comme  le  tliuia  articulata,  J  I 

p.  393  ;  Lenz  p.  302  ;  Blümner,  II,  p.  273,  et 

tarifera.  Quant  au  Oâov  que  Calypso  (I  om.  J  ^  floWespond.  -  (1J 

bois  odorants,  nous  ne  pouvons  savoir  a  que  >  95.  Lc  bois 

V,  3,  7  ;  V,  4,  2  ;  Pli».  XI..,  400-102  - 

figurait  dans  le  triomphe  de  César  sur  la  Gau  ,  P  conime  0„  en  tr0"'  eP6èï 
T  doit  s’agir  ici  non  du  thuya,  mais  de  bois  ve  ^  _ 36 Sali#  '«frea}'L.  Mt 


Ligures  ;  cf.  Strab.  IV,  p.  202,  et  Lenz,  p.  303,  11.  790  ^  ^ 

selon  Fraas,  c’était  la  berberis  cretica  ou  ép.nc  ^  ^  tW" 


cf.  F*50 


Theophr.  —  37  Theophr.  Hist.pl.  IU,  3- 

r  _  ,  i»  •  z  .  /  1 1 1  I  4 


ner 


p.  295.  —  39  Theophr.  Hist.  pl. 

Blümner,  p.  — ,  — .  , 

Plin.  XVI,  74.  —  42  Theophr.  Ibid.  IU,  12,  ï 

X,  242. 


III,  14,  4.  —  50  Lenz,  p 


590; 


Koch,  P 


BIS®'  | 
149; 


r.  msi.  pi-  »■*,  ,  ffist.  pl’ 

270;  Fée,  lnd.  Theophr.  —  *‘  ,:)‘[j°onl  ///«<(.  *'1’  ‘ 


37;  irn 


LIG 


1245 


LIG 


mraisscnt  en  avoir  distingué  deux  va- 
I  Les  iinCienh  V\  ig  très  dur  qu’ils  appelaient  le  cor- 
riétés,  l’one  au  ^  boig  pluS  tendre  qui,  à  leurs 
nouiUer  wjle»  1  llei.  Cet  arbre,  qui  se  reproduisait 
yeux.éta't  ^  outUres2,  servait)  dans  l’Italie  transpa- 
de  sciais  e  ' 1  .  3_  Qn  appréciait  aussi  son  fruit 

|ane,àfflarier  1  .  pavoir  fait  sécher  au  soleil4, 

que  !'«"  conservait  apres*  k  coudl,ier  noiseUer.  - 

CCrt " 'rrûcSl  dans  les  montagnes  •  ;  on  le  trouvait 
llvival  i  nl-iine7  '  son  bois  était  employé  dans  la 
lssidT  one„  faisait  des  échalas*,  des  broches1» 
gS’lM  arbre  se  multipliait  de  boutures"  ;  et  son 

voisinage  était  censé  nuire  aux  vignes  •  _ 

r*n,aM0S  xpotTaiyoî  ou  xparaiy^v  ,  1  azarolier  . 

«naLsons  pas  l’usage  de  son  bois  qui  est 

«pendant  mentionné  comme  solide  . 

Cupressus,  xu*ipi™ç,  xuTrap^o;,  le  cyprès  •  au 
temps  de  Théophraste,  on  croyait  que  le  cyprès  était  indi¬ 
gène  en  Crète  ;  c’est  là  qu’il  trouvait,  ce  semble,  les  condi¬ 
tions  de  vie  les  plus  favorables;  car  si,  partout  ailleurs, 
on  le  reproduisait  au  moyeu  de  graine,  en  Crète  il  re¬ 
poussait  du  tronc,  de  la  souche  et  même  de  la  racine  ;  il 
naissait  spontanément,  disait-on, dans  la  chaîne  de  1  Ida  et 
sur  les  montagnes  blanches  aux  sommets  toujours  couverts 
de  neige11.  C’était  d’ailleurs  dans  les  climats  chauds  qu’il 
se  plaisait  le  mieux,  en  Lycie,  à  Rhodes,  en  Cyrénaïque18. 

[  Il  paraît  avoir  eu  quelque  peine  à  s’acclimater  en 
Italie19,  où  l’on  cultiva  surtout  deux  variétés,  le  cyprès 
pyramidal,  considéré  comme  l’arbre  femelle,  et  le  cyprès 
étalé,  appelé  arbre  mâle,  auquel  on  mariait  la  vigne  ; 
l’autre  servit  d’abord  à  séparer  les  rangées  de  pins  dans 
les  plantations,  puis  entra  dans  la  décoration  appelée 
topiarium  opusM  [iiortusJ.  Des  deux  variétés  on  tirait 
des  perches  et  des  pieux,  qui,  à  la  treizième  année,  se 
vendaient  un  denier  ;  les  plantations  de  cyprès  étaient 
d’un  bon  rapport  et  on  les  appelait  la  dot  d’une  tille21. 
Le  cyprès  se  semait  en  avril  dans  un  terrain  meuble, 
bien  aplani,  et  on  le  transplantait  au  bout  d’un  an22.  Sa 
longévité  était  grande  et  l’on  citait  à  Rome  un  cyprès 
contemporain  de  la  fondation  de  la  ville  qui  périt  à  la  lin 
du  règne  de  Néron23.  Cet  arbre  était  consacré  à  Pluton 
■et  ses  branches  se  plantaient  auprès  des  maisons  où  il 
avait  un  mort24  [arbores  sacrae,  funus].  Son  bois, 
susceptible  de  prendre  et  de  garder  le  poli,  était  très 

“  ‘  ’  -  25  °  1  7 

;  mais  on  recueillait  aussi  ses  baies  qui  ser- 
à  la  fabrication  d’un  vin  artificiel 26  et  fournissaient 
huile  employée  dans  la  préparation  des  parfums21 
■en  médecine23.  Sa  résine  était  peu  estimée29. 

Welle  de  Th1  ^  *  ’  P*‘n’  '«S-  V.  Ilehn  croit  que  le  cornouiller  fe- 

—  3 Piin  jy,|  ,astc  cst,m  “risier  ;  cf.  cerasus.  —  2  Theophr.  Ibid.  111,12,  2. 
.  T/ieoa,.  .y  7  '  '  ’  T  Un.  XV,  105. —  6  Lenz,p.394;  Koch,  p.  54;  Fée,  lnd. 

XVI, U  ’  à  T.** ln’.P‘  38°’  389'  ~  6 Theophr.  Hist.pl.  I,  3,  3;  111,  15,  I.  —  1  Plin. 
T.  *—  8  Theophr.  Ibid.  111  15  o  __  .  ----- 


estimé  ; 
voient  à  la 


Gu  I 


%•  11,  390.  -  Il 


hd  n  7 -  XV1|7( 

iblaitZ  T1VP‘ine(XXV11' 


,PUn-  XVH,  07.  -  12  pim.  XVII,  151 
03)  dit  que  cet  arbr 


9  Plin.  XVII,  151.  —  lOServius,  a<2  Virg. 

13  Lenz,  p.  091  ;  Fée, 


il  a  fait  une  confie  i  "'e  ®3)  dit  que  cet  arbre  s'appelle  en  Italie  aqui  folia  ; 

-16  Lenz,  p  aqui  folium.— K  Theophr.  Hist.pl.  III,  15,  0. 

akt  vl.  III  ?,,  ,p-  34  ;  Blümner,  II,  p.  257  ;  V.  Hehn,  p.  276.  —  n  Theophr. 


j'I-ïheophr’,  Hüi  ji’ivî1  I1,2,  2i  C“"s’  plant'  h  2,  2; 
l39'  -  20  Pli„.  xvj  1  ! IV-  5>  2;  cf.  Pliu.  XVI,  142  sub  fin.  —  «  Plin.  XVI, 

•‘filial;  cf  ^  Les  Grecs  n’ont  peut-être  connu  que  le  cyprès  pyra- 

XVh  230.  _  24  plitj  xv  4,  ~  21  P1>n-  Ibid.  —  22  PHn.  XVII,  73-74.  —  23  PRn. 
v  llls’  *•  b.  eu ’  130  ;  cf-  Servius  ad  Aeneid.  III,  04  ;  Hor.  Od.  Il,  14,  23  ; 

V’  “*•  ~  "  Plin  vT,,  TI,e0Pllr-  Bût.  pl.  V,  4,  2  ;  Plin.  XVI,  215.  -  26  Pli„. 
H  *  FH<\  lnd.  Theo  )/ir  ;  9-  —  28  Plin-  XV,  28  ;  XXIII,  88.  —  29  Plin.  XIV,  122. 
2  Theophr .  m/U'' 

ft JvT"  ■ ;  Le,‘*.  p  :,o  . 

I  '  Lcni.  li.40îi;Koc7’  V-  lhe°Phr’  1.  14,  2.  —  33  Anlh.  Palat.  VI,  33,  5. 
v  ’  p  Sa'a6  ;  l!lünmer,  II,  p.  250.  —  Sü  Theophr.  Hist.  pl.  III, 


lA  J  •  ~  “  ‘“n.  XV,  28  ;  XXIII,  88.  —  29  plin.  XIV,  122. 

7  ;;cm’  P-  718  ;  Koch,  p.  222;  V.  Hehn.  Op.  cil.  p.  399. 

P  -  <  3,  1;  cf.  1,  0,  1;  Plin.  XVI,  186.  —  32  Fée,  lnd. 
'■>3:  cf  Tl _ _  ..  ...  .  ’ 


Cytisus,  x’jtptoç,  la  luzerne  arborescente30.  — Nous  ne 
trouvons  que  la  mention  de  la  dureté  du  bois,  sans 
indication  d’usage31. 

Erica,  êpstxv),  la  bruyère  en  arbre32.  —  Le  bois  paraît 
avoir  été  employé  à  faire  des  socles  33. 

Fayus ,  le  hêtre34.  —  Les  Grecs  en  connaissaient 
deux  espèces,  l’une  blanche,  qui  croissait  sur  les  mon¬ 
tagnes  et  dont  le  bois  était  très  estimé,  l’autre  noire, 
qui  poussait  dans  la  plaine  et  était  regardée  comme 
de  moindre  valeur  3:i.  Les  plaines  du  Latium  produi¬ 
saient  des  hêtres  admirables  et  de  grandes  dimensions ,lü. 
L’écorce  du  hêtre  servaità  certains  usages  religieux3'  ;  son 
fruit,  la  faîne  {glansfagea),  se  récoltait  pour  les  animaux 38, 
enfin  sa  cendre  entrait  dans  la  préparation  du  sapo3'. 

Ferula ,  vàp07|?40,  la  férule  commune41.  —  On  la  regar¬ 
dait  comme  le  plus  léger  des  arbrisseaux  et  comme  très 
propre  à  faire  des  cannes  pour  les  vieillards42. 

Ficus,  aux-?;,  le  figuier43.  —  Le  figuier  était  plus  re¬ 
cherché  pour  ses  fruits  que  pour  son  bois  ;  présent  des 
divinités,  il  était  sacré  pour  les  Grecs  et  le  figuier  rumi¬ 
nai  était  l’objet  de  la  vénération  des  Romains  [arbores 
sacrae].  Les  Grecs  le  cultivèrent  avec  soin  dans  la  plaine  ; 
le  meilleur  moyen  de  le  reproduire  était  de  planter  en 
terre,  après  l’avoir  appointie,  une  branche  un  peu  forte 
que  l’on  enfonçait  à  coups  de  maillet  jusqu  à  ce  qu  elle 
ne  dépassâL  plus  que  très  peu;  on  recouvrait  ensuite  de 
sable  ;  ce  procédé  donnait  les  plus  beaux  plants  **;  on  le 
piquait  aussi  dans  une  scille  pour  le  préserver  des  vers  4\ 
Pour  donner  de  bons  fruits,  il  ne  lui  fallait  en  général 
que  peu  d’eau;  le  figuier  de  Laconie  faisait  exception*5. 
On  vantait  les  figuiers  du  Pont4',  ceux  de  l’Ida  en 
Troade,  au  bois  fort  et  souple,  qui  atteignaient  les 
dimensions  de  l’olivier48.  Le  figuier  fut  aussi  1  objet 
d’une  culture  soignée  en  Italie  où  l’on  acclimata  dans  la 
campagne  d’Albe  des  espèces  syriennes49.  Il  était  au 
nombre  des  arbres  que  l’on  plantait  dans  les  vignobles 5U. 
Dans  les  montagnes  du  côté  de  la  Macédoine  poussait  le 
figuier  sauvage  (âpiveôç,  capri ficus) 31  dont  on  estimait  le 
bois  pour  sa  souplesse52;  il  était  entretenu  aussi  en 
Italie  pour  la  greffe  et  la  caprification 53  [poma]. 

Fraxinus ,  gsXta,  le  frêne  ou  orne;  bumelia ,  poupîXioç, 
le  frêne  élevé54.  —  Les  anciens  avaient  distingué  deux 
espèces  de  frênes  ;  l’une  d’un  beau  port,  très  élevée,  peu 
noueuse,  au  bois  relativement  tendre,  se  plaisait  surtout 
dans  les  vallées  et  les  lieux  humides  et  était  appelée  en 
Macédoine  pougéXioç  ( bumelia );  1  autre  espèce,  moins 
haute,  au  bois  plus  serré  et  plus  dur,  croissait  sur  les 
montagnes58.  D’après  Théophraste,  l’espèce  appelée  geXia 

10  i-2.  —  30  Id.  V,  8,  3.  Pline  (XVI,  74)  en  fait  mention  parmi  les  arbres  qui  des¬ 
cendent  aussi  dans  la  plaine,  ce  qui  fait  supposer  une  omission  dans  les  lignes 
précédentes.  Sur  un  hêtre  consacré  à  Jupiter,  cf.  arbores  sacrae,  t.  I,  p.  361. 

—  37  Plin.  XVI,  35.  -  38  Plin.  XVI,  16,  18  ,  25.  — 39  plin.  XXVIII,  191.  —40  Theophr. 
Hist.pl.  1,  2,  7;  6,  1-2.  —41  Lenz,  p.  563;  Fée,  lnd.  Theophr.  —  42  Plin.  XIII, 
123.  _  43  Lenz,  p.  421;  Koch,  p.  71;  V.  Hehn,  p.  94;  Blümner,  II,  p.  269. 

—  4t  Theophr.  Hist.  pl.  II,  5,7;  II,  5,  4;  Plin.  VH,  123  et  154.  Il  y  en  avait  de 
très  nombreuses  variétés  ;  cf.  Theophr.  Hist.  pl.  Il,  6,  6;  Cutis,  pl.  V,  1,  8  ;  I  Un. 
XV,  68-83.  —  48  Id.  Il,  5,  5;  Plin.  XVII,  87.  —  46  Id.  II.  7,  1.  —  47  Id.  IV,  5,  3. 

—  48  plin.  XV,  68.  —  49  Plin.  XV,  83.  —  80  Plin.  XVII,  200.  Théophraste  ( Caus ■ 
pl  m,  io,  6)  le  déclarait  nuisible  à  la  vigne  à  cause  de  l'ombre  qu'il  répandait 

—  81  Theophr.  Hist.pl.  111,  3,  1.  11  était  connu  d’Homère  ;  cf.  H.  VI,  433  ;  XI,  167  ; 
XXI,  37.  Dans  YOdyssde  (XII,  103)  c'est  un  figuier  sauvage  qui  est  auprès  de 
Charybde.  En  ce  temps  on  fait  aussi  mention  d’un  figuier  cultivé  (®ux£zi  yT.uzîjr,): 
cf.  Odyss.  VII,  116.  —  82  Theophr.  Ibid.  V,  6,  2;  Plin.  XVI,  227.  —  53  Plin.  XVII, 
112  254  et  256;  XV,  79  et  suiv.  —  84  Lenz,  p.  509;  Koch,  p.  129  et  suiv.  ; 
Blümner,  II,  p.  268.  —  65  Theophr.  Hist.pl.  111,11,  3  et  4;  Plin.  XVI,  62-63 
et  74.  Ceux  qui  distinguaient  les  deux  espèces  seulement  par  l'habitat, 
reconnaissaient  un  arbre  de  plaine  au  bois  madré  et  un  arbre  de  montagne  au  bois 
serré. 

157 


LIG 


—  1246  — 


se  trouvait  dans  le  Pont1  et  les  deux  étaient  abondantes 
dans  la  vallée  du  Nil2.  Comme  le  bois  de  frêne  était  des 
plus  utiles  et  se  prêtait  à  toute  espèce  de  travail3,  cet 
arbre  fut  cultivé  en  Italie,  où  l’on  préférait  celui  qui 
avait  poussé  dans  des  endroits  humides  4.  II  se  multi¬ 
pliait  au  moyen  de  boutures  que  l’on  transplantait  vers 
le  milieu  de  février5  et  on  l’abattait  en  automne6.  Il 
fut  aussi  planté  dans  les  vignobles7. 

Hebenus,  ’sSev&ç,  l’ébénier,  plaqueminier  ébénier8.  — 
Les  anciens  n’ont  sur  l'ébénier  que  des  renseignements 
très  incertains.  Théophraste  paraît  croire  que  c’est  un 
arbrisseau  particulier  à  l’Inde9;  il  n’en  connaît  que  le 
bois  qui  était  dans  le  commerce  dès  une  haute  antiquité 
et  classé  parmi  les  matières  précieuses,  puisque  les 
Éthiopiens  en  payaient  tous  les  trois  ans  au  roi  de 
Perse  un  tribut  de  deux  cents  troncs  ou  bûches10 
(<fiXa yyEç)  dont  nous  ignorons  la  mesure,  et  que  Pau- 
sanias  dit  avoir  vu  de  très  anciennes  statues  en  ébène11. 
A  l’époque  de  ce  dernier  circulaient  encore  sur  la  nature 
et  la  provenance  de  ce  bois  des  récits  fabuleux  qui 
tendaient  à  le  faire  passer  pour  une  matière  fossile12. 
L’ébène  avait  figuré  dans  le  triomphe  de  Pompée  sur 
Mithridate 13.  On  dirait  qu’il  y  avait  deux  espèces  d’ébé- 
niers  :  l’un  rare,  dont  le  bois  était  beau  et  bon,  l’autre 
commun  n’offrait  qu’un  bois  sans  valeur14.  La  poudre 
d’ébène  passait  pour  un  excellent  remède  ophtalmique15. 

Hedera ,  xitto;,  xta^ôç,  sXt;,  le  lierre16.  —  Au  IVe  siècle 
avant  notre  ère,  on  connaissait  de  nombreuses  espèces 
de  lierres,  parmi  lesquelles  on  distinguait  trois  princi¬ 
pales  que  l’on  appelait  le  lierre  blanc,  le  lierre  noir  et 
l’hélix,  faisant  ainsi  du  lierre  rampant  une  espèce 
à  part  qui,  selon  quelques-uns,  pouvait  se  changer  en 
lierre  (à7roy.txTouffGai)  proprement  dit17.  On  savait  aussi 
que  cette  plante  avec  le  temps  pouvait  prendre  les  pro¬ 
portions  d’un  arbre  18.  Bacchus  avait  adopté  le  lierre  pour 
se  couronner  [corona]  19  ;  c’était  aussi  1  attribut  de 
Silène20;  des  peuples  de  Thrace  en  ornaient  leurs 
casques  et  leurs  boucliers  dans  les  fêtes  religieuses21; 
une  variété  de  lierre  noir,  appelée  par  quelques-uns  lierre 
de  Nysa,  servait  à  tresser  les  couronnes  des  poètes22.  Le 
bois  de  cette  plante  [materies]  passait  pour  avoir  la  pro¬ 
priété  de  séparer  le  mélange  d’eau  et  de  vin  en  laissant 
passer  ce  dernier  seulement23;  on  en  faisait  aussi  des 
briquets24  [igniaria]. 

Juglcins ,  xapua  eùSoïxq,  le  noyer2’.  —  Les  renseigne¬ 
ments  font  défaut  sur  la  culture  du  noyer  en  Grèce. 

1  Theophr.  O.  I.  IV,  5,  3.  —  2  Id.  IV,  8,2.—  3  Plin.  XVI,  62  et  228.  —  *  Plin. 
XVI,  74.  -  6  Plin-  XVI,  67  et  78.  —  6  Theophr.  V,  1,  2.  —  7  Plin.  XVII,  200. 

—  8  Fée,  lnd.  Theophr.  ;  Blümner,  II,  p.  258.  —  »  Theophr.  Hist.  pl.  IV,  4,  6.  Il 

paraît  savoir  (V,  3, 1)  que  le  cœur  seul  de  cet  arbre  est  noir  ;  cf.  IX,  20,  4,  où  il  dit  qu’à 
première  vue  le  bois  de  l’ébénier  est  semblable  au  buis,  mais  qu’il  devient  noir  après 
avoir  étéécorcé  ;  Théophraste  confond  ici  l’aubier  avec  l’écorce.  —  10  Ilerod.  III,  97  ; 
cf.  Plin.  XII,  17.  —  H  Paus.  I,  42,  5  ;  VIII,  53,  11;  VIII,  17,  2,  etc.  ;  cf.  Blümner,  II, 
p.  258  ;  Schubart  dans  Rliein.  Mus.  N.  S.  t.  XV,  p.  105.  —  12  Paus.  I,  42,  5.  13 1  lin. 

XII,  20.  —  14  Theophr.  Hist.pl.  IV,  4,  G;  Plin.  XII,  20.  -  15  Theophr.  Hist.  pl. 
IX,  20,  4;  Plin.  XXIV,  89.  —  15  Lcnz,  p.  576;  Koch,  p.  150  et  suiv.  ;  Blümner, 
II,’  266.  — ’n  Theophr.  Hist.pl.  III,  18,  6;  Plin.  XVI,  145;  cf.  Koch,  Op.  cil.  p.  152. 
— ’  18  Theophr.  Ibid.  I,  3,  2;  III,  18,  9;  Plin.  XVI,  151.  —  1»  Plin.  XVI,  9  ;  cf.  Arrian. 
Anab.  V,  2,  5.  —  20  Plin.  XVI,  155.  —  21  Plin.  Ibid.  144.  —  22  Plin.  Ibid.  147. 

—  23  Plin.  Ibid.  155.  —  24  Plin.  Ibid.  207.  —  25  Fée,  lnd.  Theophr.  (coll.  Uidot); 
cf.  Blümner,  II,  293.  Koch  {Op.  cit.  p.  50)  pense  que  les  anciens  Grecs  ne  connais¬ 
saient  pas  le  noyer;  cependant  Pline  (XVI,  223)  reproduisant  Théophraste  {Hist.  pl. 
V,  6,  1)  rend  «ajia  lOSoixi  par  jugions-,  cf.  encore  Plin.  XVI,  218,  et  Theophr.  Ibid. 
v,  7,  7.  —  26  Plin.  XVI,  74  et  76.  Il  pense  que  cet  arbre  est  originaire  de  la  Perse 
(XV,  87).  —  27  Plin.  XVII,  89.  —  28  Plin.  XVII,  89  et  91  ;  cf.  XXIII,  147,  et  Plut. 
Moi’,  p.  647  A.  —  29  Plin.  XVII,  59  et  136.  —  3»  Theophr.  Hist.  pl.  V,  9,  2. 

_  31  pe  genévrier  est  aussi  désigné  par  les  termes  xiSjo?  iîùxESpo;,  «iSpo;  ïuxlu, 

,ii( oî  (Theophr.  Hist.  pl.  III,  12,  3;  III,  9,2),  oxycedrus,  cedrus  lycin, 


LIG 


Nous  voyons  qu  en  Italie  on  le  donne  comm 
qui  ne  se  plaisait  pas  sur  les  monta*  J  ""  ^ 
l’humidité 26,  résistait  bien  aux  vents27  ot  don Craignait 

b  Pays,  on 
|,sM  Avec 


était  nuisible  aux  gens  et  aux  plantes28.  D,,|  ^  l  0mbre 

mis  mi 

recherché  dans  ^ 


le  multipliait  de  graine  semée  du  1er  au  p;  m,u  ;.,3 


son  bois  on  préparait  un  charbon 
métallurgie  du  fer30. 

Juniperus,  ccpxeuOoç 31 ,  le  genévrier. _ i 

cèdre  ont  été  quelquefois  confondus 32  -  de  cette!'  "r  ^  ’6 
il  ressort  que  les  anciens  connaissaient  plusieurs  «ÏÏ 
de  genevners.  Il  y  en  avait  en  Macédoine  sur  ]e 
bagnes33,  en  Lycie  et  en  Phénicie34,  que  l’on  L”10”' 
pour  des  cèdres  ;  on  en  trouvait  de  très  gros  en  Espv^ 
surtout  dans  le  pays  des  Vaccéens35.  Son  bois  était?’ 
certains  rapports  mis  au-dessus  de  celui  du  cèdre» 
Avec  ses  baies  on  falsifiait  le  poivre37  et,  en  les  faisant 
bouillir  dans  du  moût38,  on  fabriquait  une  espèce  de 
vin  artificiel  conseillé  par  les  médecins  contre  la  fatigue» 

Larix,  le  mélèze40.  —  On  n’a  rien  trouvé  chez  les 
Grecs  qui  se  rapporte  à  cet  arbre 41 .  Au  temps  de  Vitrine 
il  n’était  connu,  depuis  César  seulement,  que  des  habi¬ 
tants  des  rives  du  Pû  et  des  bords  de  l’Adriatique  comme 
un  arbre  dont  le  bois  était  incombustible.  Cette  particu¬ 
larité  aurait  été  découverte  lors  du  siège  d’un  lieu,  situé 


dans  les  Alpes,  appelé  Larignum,  d’où  l’arbre  tira  son 
nom42.  Le  bois  de  mélèze  venait  de  là  par  le  Pô  à 
Ravenne43.  On  pensait  que  le  plus  grand  arbre  qui  eût 
jamais  existé  était  un  mélèze  dont  Tibère  avait  fait 
exposer  sur  le  pont  de  la  Naumachie  une  poutre  de 
120  pieds  de  long  et  d’une  grosseur  uniforme  de 
2  pieds44.  Cet  arbre  fournissait  une  résine  fluide  couleur 
de  miel,  d’une  odeur  assez  forte,  qui  ne  se  concrétait 
pas45;  elle  était  employée  en  médecine46. 

Laurus,  Bà^v-q,  le  laurier47.  — C’est  un  des  arbres  les 
plus  renommés  du  monde  ancien  et  cela  dès  une  haute 
antiquité.  S’il  n’en  est  fait  mention  qu’une  fois  dans 
P  Odyssée**,  où  il  ombrage  la  caverne  de  Polyphénie, 
Hésiode  dit  qu’il  l’a  reçu  comme  un  présent  des  Muses  , 
et  il  a  joué  un  rôle  important  dans  les  temps  histo¬ 
riques,  où  il  est  l’arbre  aimé  d’Apollon,  le  symbole  delà 
victoire50  et  celui  de  la  paix31  [arbores  sacrae,  coroxa, 
triumphus] ■  Probablement  originaire  delà  ’lhessalie,  d  eù, 
selon  une  ancienne  légende,  il  fut  apporte  a  h['Pies 
[ apollo],  il  était  très  répandu  dans  le  monde  gre,  ul  ép°T  J 
de  Théophraste  ;  on  le  trouvait  au  mont  Ohmp'i  P^  ^ 
blement  sur  le  versant  méridional,  puisque  1 


dioenicia  (Plin.  XIII,  52-54)  ;  mais  en  lisant  les  auteurs  on  ne 
■spèce  il  s’agit;  cf.  Lcnz,  Op.  cit.  p.  357;  fl.  Blümner,  'P  ..j  3,  1 

i.  38  et  suiv.  —  32  cf.  ci-dessus  cedrus.  —  33  Theopir-  •  ’  __jepliié 

:f .  Plin.  XVI,  73.  —  34  Theophr.  Ibid.  III,  12,  3.  —  3’  p  ^  pljll  XIL  î9 
S.  I.  ;  cf.  Theophr.  III,  12,  3,  et  Blümner,  II,  p.  292,  n.  ■  y,  219,  378. 

-  38  Plin.  XIV,  112.  —  39  Plin.  XXIII,  52.  -  40  Leuz,  p-  •  ’  ^ 

-41  Blümner,  II,  p'.  272.  -  42  Vitruv.  11,9,  14-16.  Celte  «bscr  ^ 
îonlrouvée  et  le  récit  qui  I  accompagne  paraît  légendaire,  .  )1S  était  end81 

ivec  Lcnz  (p.  9,  n.  30)  que  le  bois  des  ouvrages  qui  «e  b*  le  mM 

le  quelque  substance  ignifuge.  Pline  rapporte  aussi  ’  loj„  (§  58)  e" 

irùlait  pas  et  ne  donnait  pas  de  charbon;  mais  il  se  c  .  _  ce  passage  Par  i 

lisant  qu’on  le  brûlait  en  Macédoine  pour  en  extraire  a  u  g|.(C  on  ' 

imprunté  à  Théophraste  {Hist.  pl.  IX,  2,3);  or,  ui  '  par  tonU c 

,Lt.  Ce  n'est  pas  la  seule  fois  que  Pline  ait  rendu  ce  ^  ^  « 

Uümner,  II,  p.  273,  n.  4.  -43  Vitruv.  II,  ».  ’  .  .  la  Rliétie  (p»"-  ’ 

nélèzes  employés  à  la  construction  de  ce  pont  y  28;  XX'1  ’  , 

90).  -  45  Pli„.  XVI,  43;  XXIV,  32.  -  «  P  J1’  ■-  1 

—  47  Lenz,  Op.  cit.  450  ;  Fée,  lnd.  Theophr.  Blu™"  • 

ulturpflanzen  (6e  éd.),  p.  210  et  suiv.  ;  cl^P-  "  |(j 


XX'V,  Vi 

II.  p’  ,  0.1X1 

48  lloin-  m  v’ 
-,t  Pans- 


sa.  — 49  Hesiod.  Theog.  — 

9  ;  cf.  Schnedier,  lnd.  Theophr.  p.  341  , 
.  311. 


30.  _  50  Plin.  XV,  1 


133.  - 
219.  Voif 


APOlJ'f 


t. 


—  1247  — 


Lki 

,  froid  il  venait  dans  les  régions 
pouvait  suPP°r^r  .  de  la  Propontide,  dans  l’Ida  en 
>«ncUSCM,' d’Uéraclée  de  Pont3,  et  en  Italie  dans 
[Xroade,  J11  1  0  3_  L,eS  efforts  faits  pour  l’acclimater 

la  plainC  du  nanticapée,  en  vue  des  besoins  du  culte, 
en  Crimée,  à  Pa  }  En  ce  temps  on  le  multipliait 

avaient  f  iTctèns  transplantés  avec  leurs  racines  % 
fefrt°ul  (IV  ,  de  b0uture  et6,  de  graine,  dégénérait 
[car  il  venaü  nu  A  ^'époque  romaine,  il  fut  introduit  en 
leplus  souven  •  ^  cullure  avait  fait  des  progrès, 

C°r5C  aVï  siècle  de  notre  ère,  on  en  connaissait  de 
car’  au  u ac  9  oui  toutes  se  reproduisaient  de 

nombreuses  v  ’  sauf  ie  laurier  triomphal  qui 

*u”  de  bouture^)-.  . 

1  superstitions  Otaient  attachées  au  laurier  ;  on 
Tau'il  éloignait  la  foudre"  et  que  des  branches 
KL  clins  un  champ  protégeaient  les  moissons  contre 
h  *'  "■  7.1  dehors  de  son  bois,  qui  n’est  pas  très 
bon  [mate ries,  ICM.K.A],  on  utilisait  ses  ba.es  pour  faire 

de  l’huile  et  une  espèce  de  vin13. 

Liyustrum,  le  troène14.  -  Du  bois  de  cet  arbrisseau 
dans  les  lieux  humides,  on  faisait  des 


qui  se 

\  lo^s  ou  celthis'*,  Wc,  le  micocoulier11.  -  Sous 
le  nom  de  lotus  (Xwtôç)  ont  été  confondus  divers  genres 
d’arbres,  d’arbustes  et- de  plantes18;  notamment  ce  terme 
M’applique  à  la  fois  à  une  espèce  de  jujubier  et  au  mico¬ 
coulier.  C’est  de  ce  dernier  seulement  que  nous  avons  à 
nous  occuper.  Selon  toute  vraisemblance,  il  correspond 
au  lotus,  grand  arbre  qui  fournissait  un  bois  noir, 
dense,  dur  jusqu’au  centre,  incorruptible  et  indestruc¬ 
tible  par  le  temps19.  Cet  arbre  était  regardé  comme 
originaire  de  Libye  ;  les  plus  beaux  exemplaires  se 
trouvaient  notamment  dans  la  Cyrénaïque  du  côté  des 
Syrtes.  On  l’avait  acclimaté  en  Italie,  où,  selon  Pline,  le 
terrain  l’avait  modifié20.  On  citait  à  Rome  trois  de  ces 
arbres  dont  l’un  avait  au  moins  450  ans,  l’autre,  appelé 
kpillala  parce  qu’on  y  portait  les  chevelures  des 
vestales,  peut-être  davantage  ;  un  troisième,  dans  le 
Vulcanal,  passait  pour  contemporain  de  la  fondation  de 
Rome21.  Il  y  en  avait  six  dans  la  maison  de  L.  Crassus, 
dont  il  avait  refusé  six  millions  de  sesterces  ;  ils  périrent 
lors  de  1  incendie  de  Rome,  sous  Néron 22. 

I  Le  fruit  du  lotus  avait  une  grande  réputation  ;  on  le 
■mangeait  et  on  en  faisait  une  espèce  de  vin  ;  tout  ceci 
Peut  s’appliquer  au  fruit  du  jujubier23. 

PU^vr'1'  mL  Pl  1V’  5-  3  =  Plin-  XVI,  137.  —  2  Id.  IV,  5,  4; 

-  «IiM|,31’~  3  Id'  V’  8>  3-  —  4  Id-  IV,  5,  3;  Plin.  XVI,  137. 

I-dl  '  ’  b  3’  -  6  Theophr.  Caus.  pl.  1,  3,  2.  —  7  Theophr.  Hist. 

eo,  61  06-  XV  8  PUn'  XV’  132-~  9  Plin-  XV.  127-132.  —  10  Plin.  XVII, 

lù;  Plin  XV  !'  Plin'XV’  134  ;I>,  116.  -  12  Plin.  XVIII,  161.  — 13  Diosc. 

H,  igj  e,  '  Jl  ;  ’  "2.  —  H  Le  troène  est  appelé  blanc  par  Virgile  ( Bucol . 

par  1»  couleur  1  '-Oumelle  [De  re  rust.  X,  300);  la  première  épithète  s'explique 

-  18  pijn  eeul'i  1  autre  par  celle  de  la  baie;  cf.  Lenz,  p.  509;  Koch,p.  129. 

XIII,  kij  __  1Ü  boUhis  est  le  nom  qu’on  lui  donnait  en  Afrique;  cf.  Plin. 

-«Theophr  «JV’f  TheoPhr-  !  cf.  Lenz,  p.  418;  Blümner,  II,  p.  256. 
K1 10;  XIV,  toi.  xxn  :.5,3;  VI1’  8-  3  ;  IV,  8,  9;  Caus.pl.  IV,  6,  9;  Plin.  XIII, 
P- 549-550,  628  -J, .  X  ’  55  ;  cf’  Lenz.  P-  15,  n.  58  ;  p.  418,  n.  927  ;  p.  419,  n.  928  ; 

-  15  Theophr  ir  i  1  lne*Uer,  Ind.  Theophr.  p.  440-442  ;  K.  Koch,  Op.  cit.  p.  259. 

f*.  I.  Ht  ;  Pli!  vn j  3’  1  cl  2;  IV,  2,  5  ;  1,  5,  3;  I,  6,  1  ;  V,  5,  4;  V,  4,  2; 
Plm-  HUI.  101,  _  n  p  ;  XVl>  186  ct  212.  -  20  Theophr.  O.  I.  IV,  3,  1  et  4  ; 

Pn’ XIII,  106 ;  xiv  10!n'  XV1,  235-236.  -  22  pnn.  XVII,  5.  —  23  Theophr.  L.  I.  ; 
Bisl'  PL  IV,  5  8  jCi;  Len*>P-  419,  n.  928.  —  21  Lenz,  p.  635.  —  2b  Theophr. 
728Tliéopl,rastc'(flis("  |lle°Pj»r-  Ibid.  III,  3,  2.  —  27  plin.  XVI,  211  ;  XVII,  151 
RVxtift  ig  figuiCTd.É  ,p  ’  V’  2>  *)  appelle  <ruxà|xivoç  èvcotijOa  le  lliûricr  el  <ruxà|Atvoç 
TUc  lorsqu'il  emploie  i-!<  °  '  paiait  vra>scmb]ahle,  d'après  l’ensemble  des  passages, 


LIG 

Malus ,  f//qXïa,  le  pommier24.  —  Cet  arbre  prospérait 
dans  le  Pont23  [poma].  Le  bois  du  pommier  de  la  plaine 
passait  pour  meilleur  que  celui  du  pommier  de  mon¬ 
tagne26;  on  en  faisait  des  échalas  ~1 . 

Morus ,  cuxxpuvoç,  le  mûrier28.  —  Nous  n  avons  pas  de 
renseignement  sur  l’habitat  de  cet  arbre  en  Grèce.  En 
Italie,  où  il  ne  se  trouvait  guère  que  dans  la  plaine  -9,  on 
n’avait  rien  gagné  sur  lui  par  la  culture  ;  on  était  seulement 
parvenu  à  lui  faire  produire  des  fruits  un  peu  plus 
gros30.  Son  bois  très  dur  était  estimé  'Materies,  igniaria]. 
Avec  ses  fruits  desséchés,  on  faisait  un  vin  artificiel31. 

On  l’appelait  le  plus  sage  des  arbres  parce  qu’il  no 
bourgeonnait  que  tardivement82  et  c’était  une  sorte  de 
proverbe  campagnard  que,  quand  on  voyait  le  mûrier 
pousser,  il  n’y  avait  plus  rien  à  craindre  de  1  hiver  . 

Myrica ,  le  tamaris  articulé  34.  —  Théophraste 

distingue  du  tamaris  de  Grèce  celui  de  l’ile  de  Tylos,  en 
Arabie  ;  le  premier  a  un  bois  faible  ;  celui  du  second  est 
aussi  fort  que  le  bois  de  l’yeuse33.  U  y  avait  aussi  en 
£  crypte  et  en  Syrie  un  tamaris  cultivé  qui  ne  différait  pas 
du  tamaris  sauvage36.  Celui  d’Europe,  au  moins  en 
Italie,  n’était  utilisé  que  pour  faire  des  balais37. 

Myrtus,  gupptVr,,  twpptvoç38,  gupaiW) 39,  txépxoç40, 
aupxt; 41 ,  le  myrte42.  —  Le  myrte  est  consacré  a  Venus  % 
on  en  tresse  diverses  couronnes44  ■  [arbores  sacrae, 
corona,  OVATIO,  TRiuMPUüs]  ;  c’est  aussi  un  arbre  de  deui 
[funus].  Il  fut  cultivé  avec  grand  soin  en  Grèce  et  en 
Italie.  Dans  cette  dernière  contrée,  c’était  un  arbre 
importé  ;  la  tradition  voulait  qu’il  eût  été  planté  pour  la 
première  fois  au  promontoire  de  Circé  sur  le  tombeau 
d’Elpénor 43 .  Il  y  en  avait,  disait-on,  sur  l’emplacement 
de  Rome  au  moment  de  sa  fondation  et  il  fut  peut-être 
le  premier  arbre  planté  dans  les  lieux  publics  46.  On  en 
citait  un  d’une  grosseur  extraordinaire  à  Liternum*'. 
En  Grèce,  il  ne  pouvait  vivre  aussi  haut  que  le  laurier , 
mais  il  prospérait  avec  lui  dans  les  régions  monta¬ 
gneuses  voisines  de  la  Propontide48.  Le  plus  odorant  se 
trouvait  en  Égypte49.  Les  Latins  en  ont  d’abord  distingue 
trois  espèces,  puis  deux  seulement30,  le  myrte  cultive  et 
le  myrte  sauvage,  appelé  par  quelques-uns  oxymyrsine, 
mais  ce  dernier  n’est  pas  un  myrte31.  Dans  l’espèce  cul¬ 
tivée,  on  faisait  trois  variétés,  le  myrte  de  Tarente  et 
celui  de  pays,  tous  deux  utilisés  dans  Vopus  topiarium , 
la  troisième,  appelée  hexasticha ,  d’après  la  disposition 

des  feuilles,  n’était  d  aucun  usage. 

En  Grèce,  on  multipliait  le  myrte  de  boutures  -,  en 

V  Ilehn  Op.  cit.  p.  376  ;  Blümner,  t.  Il,  p.  278.  Sur  le  figuier  d'Égypte,  Théophraste 
jY  ,  «  et  Pline  (XIII,  57),  d'après  lui,  rapportent  cette  parUcular.té  qne, 

“  «|7, nZiï  m,  „.  I.  ».  T.  ».  XVI..,  «>.  ->»*. 

T  1  Theovhr  •  cf  Lenz,  p.  640,  n.  182  ;  Koch,  p.  2ol.  2°  Theophr.  Bist.  pl.  V, 
f  i  _  36  Dios’c.  1,  116  -  03  plin-  XVI.  108.  -  38  Theophr.  EM  pl.  IV,  5,  3  ; 

'  ,  ,  Plc  _  39  Muodivv,  est  la  forme  de  la  prose  att.que  du  v  et  du  .v-  s.  ;  cf. 
ù  *tM  'Koch)  P  242;  Thom.  Mag  (éd.  Ritschl),  p.  432,  14;  Phérécrat.  ap. 
y1.0.0"  L',c9  b  'Aç^ioV.  1883,  p.  83,  14  (époq.  macéd.).  Muçidvr,  appar- 

Athen.  \  *  i vap-i mies  Œur  Aie.  17 2;  cf.  759),  au  dialecte  ionien  (Hcrod. 

r «>.  - 49  &  ^  ^  »■  •» 

;  T-'Jllsistr  032.  -  U  Hesych.  s.  ».  ;  Alhen.  XIV,  p.  651  D.  -  42  Lenz,  Op. 
Cfj  Ar*  678  ’^Koch  p.  155;  Hehn,  p.  220  et  suiv.  ;  Blümner,  II,  p.  279.  -  43  Plm. 
"  .  P;  xv’,120  _  H  Plin.  XV,  125-126.  -  4S  Theophr.  Bist.  pl.  V,  8,  3;  Plin. 
5  !’  ;9  _  46  Plin.  XV,  120.  -  47  Plin.  XVI,  23  4.  -  48  Theophr.  O.  I.  IV,  5  3 

X  ’  '  t37  _  49  Theophr.  Ibid.  VI,  8,5;  Caus.  pl.  Il,  13,  4  ;  VI,  18,  4  ;  Plin. 

P ‘n' *  .XXi'  69  -  50  Cat.  De  re  rust.  VIII,  2;  ef.  Plin.  XV,  122.  -  6'  C’est  le 
Z'Jniruscusaculeatus,  Linné),  Plin. XV,  27  ;  XX11I,  165;  cf.Lcnz,  Op.cit.  p.  680. 
1S52  Theophr.  EM.  pl.  U,  S,  «  1  cf.  p»u.  XVU.  123  et  125. 


LIG 


1248  — 


LIG 


Italie,  les  diverses  variétés  venaient  bien  de  graine  dans 
la  Campanie;  à  Rome,  on  le  provignait;  à  Tarente,  il  se 
semait  d'une  façon  particulière  ;  on  brisait  légèrement 
les  baies  les  plus  grosses,  en  ayant  soin  de  ne  pas 
endommager  les  graines,  puis  on  en  faisait  une  sorte  de 
pâte  dont  on  enduisait  une  corde  que  l’on  enfouissait. 
Les  boutures  se  transplantaient  au  bout  de  trois  ans1. 
11  fallait  beaucoup  fumer  et  arroser  le  myrte  2  et,  pour  le 
maintenir  à  l’état  d’arbre,  l’éceper  tous  les  deux  ans3. 

On  lui  attribuait  diverses  vertus,  entre  autres  celle  de 
préserver  de  la  fatigue;  une  baguette  de  myrte  tenue 
à  la  main  était  utile  à  qui  faisait  une  longue  marche  \ 

Son  bois  avait  été  utilisé,  ainsi  que  ses  baies,  dont 
on  faisait  du  vin  et  de  l’huile  employée  en  médecine, 
et  ses  feuilles  qui,  séchées,  fournissaient  une  poudre 
astringente  conseillée  contre  les  ulcères  3. 

Olea ,  IXaia,  èXâa  6,  l’olivier  cultivé,  oleaster ,  xôtivoç, 
l’olivier  sauvage7.  —  Très  probablement  originaire  de 
l’Asie  8,  l’olivier  passait  en  Grèce  pour  une  création  et 
un  présent  d’Athéné  à  laquelle  il  était  consacré  9 
[arbores  sacrae].  Des  légendes  locales  nous  montrent 
l’olivier  en  Grèce  à  une  époque  très  ancienne10;  on  con¬ 
servait  religieusement  à  Olympie  Yoleaster  qu’Héraclès 
était  censé  avoir  rapporté  des  régions  hyperboréennes 11  ; 
Argos  croyait  posséder  l’olivier  auquel  Argus  avait 
attaché  Io  changée  en  vache12.  Cependant  une  tradition, 
rapportée  par  Hérodote  13,  voulait  qu’à  une  époque  qu’on 
a  cru  pouvoir  fixer  approximativement  vers  la  60e  olym¬ 
piade  (540-536  av.  J.-C.)14,  il  n’y  eût  pas  d’olivier 
cultivé  en  Grèce  ailleurs  qu’à  Athènes.  Quoi  qu’il  en  soit, 
dans  les  temps  historiques,  nous  le  voyons,  protégé  par 
la  loi13,  prendre  une  importance  considérable  et,  à  partir 
de  Pisistrate,  sa  culture  s’étend  sur  toute  la  Grèce  et 
dans  les  îles16.  Lorsque  le  climat  s’y  prêtait,  l’olivier  se 
reproduisait  avec  une  grande  facilité;  il  repousse  du 
tronc,  de  la  souche,  de  la  racine;  on  plantait  le  bois 
sans  racine  après, l’avoir  fendu  et  introduit  une  pierre 
dans  la  fente17.  Au  temps  de  Tarquin  l’Ancien,  l’Italie, 
l'Espagne,  l’Afrique  n’auraient  pas  possédé  l’olivier;  au 
Ier  siècle  de  notre  ère,  il  était  non  seulement  dans  ces 
contrées,  mais  aussi  dans  les  Gaules.  Sa  culture  avait 
fait  tant  de  progrès  que  cet  arbre  qui,  dans  l’antiquité, 
avait  la  réputation  de  rapporter  si  tardivement,  pris 


nail  une  rô( 


dans  une  pépinière  et  transplanté  don 

. .  ’Pcolte 

breuses  espèces 19  ;  en  ce  pays,  oü  il  sêmbîeo.,^ 
de  preference  propagés  de  boutures  c'J 1  leSail 

printemps20  qu’on  plantait  les  oliviers’  on"  ?rl°ut 
les  fumait  et  la  cendre  des  fours  à  chaux  éhï  °1 


qui,  disait-on,  leur  convenait  bien21.  Le  bois 
sauvage  ou  autre  offrait  au  sculpteur,  """ 


aifl 

ie.  on 
engrais 
de  l’olivier 

charpentier,  une  matière  des  plus  soU<C[m ^1?’ i’ ’’  a“ 
fruit  était  recherché  pour  l’huile  qu’on  en  tirv.  °n' 
la  table  22,  ses  feuilles  étaient  utilisées  en  médedîl 
la/ma,  tpoivii-,  le  palmier,  le  dattier2*  —  jf,  ,  .1 
est  en  Grèce  un  arbre  importé  probablement  par  K? 
niciens,  comme  semble  l’indiquer  son  nom 2S.  n  r.  -,  *  'e' 
des  attributs  d’Apollon  [arbores  sacrae]  qui/leloH 
légende,  a  vu  le  jour  au  pied  d'un  palmier  à  Délos26-  1 
en  voyait  auprès  du  sanctuaire  d’Artémis  à  àulis»’c! 
arbre  semble  donc  s’être  répandu  en  Grèce  çà  et  là  à  la 
faveur  du  culte  de  ces  deux  divinités28.  Son  feuillage 
dans  les  grands  jeux  est  le  signe  de  la  victoire29.  Sous  le 
climat  de  la  Grèce,  ses  fruits  ne  mûrissaient  pas,  non 
plus  que  sous  celui  de  l’Italie  et  de  l’Espagne30;  mais 
de  nombreuses  espèces  de  dattiers  étaient  l’objet  d’une 
culture  méthodique,  tant  pour  leurs  fruits  que  pour  leur 
bois,  en  Assyrie,  en  Perse,  en  Syrie,  en  Phénicie,  en 
Égypte  et  en  Libye31  ;  ceux  delà  Judée  étaient  renommés 
pour  leurs  dattes 32  ;  il  y  en  avait  beaucoup  aussi  dans 
quelques  parties  de  l’Inde 33.  On  en  cultivait  àRhodes 34 et 
à  Chypre  ;  ici,  les  fruits  ne  venaient  pas  à  maturité  com¬ 
plète,  mais  ils  étaient  néanmoins  assez  doux33.  Aprèsle 
dattier,  une  espèce  bien  connue  des  anciens  était  le  pal¬ 
mier  nain  ( chamaerops ,  yjjqAxtpptcpijç),  commun  en  Crète 
et  surtout  en  Sicile,  dont  la  feuille  était  utilisée  pour 
les  ouvrages  de  vannerie36.  On  a  reconnu  aussi  le  pal¬ 
mier  doum  dans  le  xouxto^ôpov  de  Théophraste  (cucif1 
dont  le  bois  était  recherché  et  dont  le  fruit  avait  un  noyau 
dur  qui,  au  moyen  du  tour,  fournissait  des  anneaux. 

Les  feuilles  de  palmier  servirent  d’abord  à  écrire31; 
plus  tard  on  en  fit  des  nattes,  des  parasols,  des  cordages M. 
Son  bois  avait  la  réputation  de  donner  beaucoup  de 
fumée  ;  il  fournissait  un  charbon  dont  la  combustion 
était  lente  et  qui  ne  s’éteignait  pas  facilement  0 
Persea,  Hepasa,  le  sébestenier  ou  sébestier  *. 


1  Plin.  XVII,  G2.  —  -  Theophr.  Hist.  pl.  II,  7,  3  ;  Caus.  pi.  III,  9,  3. 

—  3  Id.  I,  3,  3  ;  Plin.  XVII,  257.  —  4  Plin.  XV,  124.  -  B  Diosc.  I,  48  ; 

155-156  ;  Plin.  XV,  118,  123-124.  —  6  Les  deux  formes  IWa  et  Uàa  sont 

également  attiques  et  du  v"  siècle;  cf.  Corp.  inscr.  ail.  IV,  279  a  7  (av.  403) 

et  IV  b,  53  a,  33  (418).  Au  îv"  siècle  on  ne  lit  plus  sur  les  inscriptions  que 

les  formes  sans  diphtongue.  —  7  Lcnz,  Op.  cil.  p.  500  ;  Koch,  p.  124  ; 
Blümner,  II,  p.  280.  —  8  V.  llehn,  Op.  cit.  p.  101  et  suiv.  —  9  Plin.  XII,  3  ; 

XVI,  210.  —  10  Une  légende  éphésienne  plaçait  un  olivier  auprès  de  l’antre  où 

I.alone  avait  mis  au  monde  Apollon  et  Artémis  (Tacit.  Annal.  III,  61  ;  Strab.  XIV, 
p.  639);  l'auteur  de  Y  Hymne  à  Apollon,  qui  fait  naître  les  deux  divinités  à  Délos, 
ne  parle  que  d’un  palmier;  les  traditions  postérieures  mettent  à  Délos,  à  côté  du 
palmier,  l’olivier  et  aussi  le  laurier  (Eurip.  Iph.  Aul.  1 102  ;  Aelian.  Var.  hist.  V,  4  ; 
Ovid.  Metam.  VI,  335;  Callim.  Hymn.  in  Del.  v.  210  et  262).  Quoi  qu’il  en  soit, 
P  olivier  resta  étranger  au  culte  d’Apollon  (cf.  V.  Hehn,  Op.  cit.  p.  107). 

—  u  Theophr.  Hist.  pl.  IV,  13,  2;  Plin.  XVI,  240;  Paus.  V,  7,  7  ;  Pind.  O.  I.  III, 
13.  Un  autre  à  Mégare  remontait  aussi  aune  époque  ancienne  ;  l’écorce  avait  recou¬ 
vert  des  armes  qui  y  avaient  été  suspendues;  cf.  Theophr.  Ibid.  V,  2,  4;  Plin.  XVI, 
199.  —  12  plin.  XVI,  239.  —  13  Herod.  V,  82.  —  14  C’est  l'opinion  d’Otfried  Miiller 
citée  par  V.  Hehn  (p.  108),  qui  pense  qu’on  peut  rapporter  ceci  à  la  première  moitié 
du  vi"  s.  av.  J.-C.  —  13  Plut.  Sol.  c.  23  et  24.  —  16  V.  Hehn,  Op.  cit.  p.  106-108. 
Solon  Théophraste  [Ibid.  IV,  3,  1)  il  y  en  avait  de  fort  beaux  en  Cyrénaïque;  ceux 
d’Egypte  (IV,  2,  9)  étaient  renommés  pour  la  dureté  de  leur  bois.  —  11  Theophr. 
Ibid.  II,  1,  2  ;  II,  5,  4.  D’après  cet  auteur  (Ibid.  VI,  2,  4),  on  croyait  qu’il  ne  pouvait 
pousser  au  delà  de  300  stades  de  la  mer;  cette  opinion  est  contredite  par  Pline 
(XXI,  5;  cf.  XV,  1).  —  18  Plin.  XV,  1-3.  L’assertion  prêtée  par  Pline  à  Hésiode  en 


laraît  nullement  authentique  ;  cf.  V.  Hehn,  p.  107.  —  11  H‘11-  1  1  ^ 

-  20  Pli„.  XVII,  128.  -  21  Ibid.  127  et  53.  -  22  Plin.  XV,  16.  -  -;i  ’J 

-2t  Lcnz,  Op.  cit.  p.  332;  Blümner  II,  p.  A 

I  n’était  pas  non  plus  indigène  en  Italio;  cl.  Plin.  Ain,  p|jBe 

'.  117.  Il  est  question  une  fois  dans  YOdyssée  (VI,  163)  du  pulm'  ^  ^(ju- 
XVI,  240)  paraît  croire  que  l’arbre  contemporain  de  la  naissance j  u  i ^  ^  |V 
ours;  Théophraste  se  contente  de  le  citer  comme  un  arbre i  antique^ 

3,  2).  Pour  une  autre  tradition  relative  à  la  naissance  d  Apo  on,  ’  ^  j^que  ccuï 

-  27  Paus.  IX,  19,8.  Selon  cet  auteur,  ils  donnaient  des  fruits  mom 

le  la  Palestine,  mais  meilleurs  que  ceux  d  Ionie.  Dans  un.  1  a^"|,neide\vini P-  -79)^ 
le  Pindarc,  il  est  question  d’un  palmier  à  Némée  (Pindar.  éd.  •  c  1  elsuiv. 

:f.  Dionys.  Halic.  De  composit.  verb.  c.  22.  —  28  V.  Ilelin,  l'-c  j|  s,  8 ;  Ht 

-  29  Plut.  Thés.  c.  21;  Paus.  VIII,  48,  2.  -  30  The°phr;  flfet  qM  lsS 

1,5  ;  Pline  (XIII,  26)  rapporte  qu’en  Italie  les  dattiers  son  6 

■ivages  do  l’Espagne  leurs  fruits  sont  âpres.  3t  rheop  p,;,,  ylll, 

3lin.  XIII,  36-43  et  114;  cf-  Herod.  I,  193;  IV, 

-  33  Theophr.  O.  I.  IV,  4,8.  -34Id.  H,  6,  3.  -  a'  Id 

lattes  étaient  consommées  parles  hommes  et  par  les  a""”a  .  ,... 

lu  vin  [PALM*].  -  36 Theophr.  Il,  6,  1 1  ;  Plin.  XIII,  39  ;  Ce '  ’  les  I*H 

f.  Blümner,  II,  281  ;  Lenz,  Op.cit.  p.  331.  Ha  P^^ImÏ s nain'  ;  *** 

lui, selon  Pline,  repoussaient  de  leur  racine,  étaicn  '  C8I  lcmf.  330;  l’1"1'" 

'«■  P-  *>7-  -  37  ^eophr.  Ibid.  IV,  2  7;  Plin. .XIU,  ^ 

».  282.  —  38  Plin.  XIII,  69.  —  39  Plin.  XIII,  30  ;  X\  1, 89.  ^  lit  aussi  * 

’lin.XVI,  39.-41  Fée,  Ind.  Theophr.  ;  ®“r’  ’ ’  f*  ' '  J.  (Pans-  V-  1  ’  '  ' 
extes  les  formes  iceoo-ia  (Theophr.  Hist.pl .  i  » 


2.7  ;  IV,  3,Si 
.09  165  —32  Plin. 

182-183.  —  ,M  «  Les 

c  7. Pi  n.  XIH,  . 
0,1  r.luil  »uss' 
on  en  faisal  ,  ,. 
,.«st.ll|>  Ii  1 


,  IL 


LIG 


..  ,nmme  propre  à  l’Égypte',  où  il  était 
,  arbre  regan  1  u  lc  nome  de  Tlièbes  a,  et  con- 

HWtnrralaitinlroduitàRhodes;.aiineu- 

sacré  à  Is*  dc  frUits 4.  Son  bois  noir  ressemblait 

fcelui  du  .  ,  êcher  t.  _  C’était  un  arbre  im- 

Fersic^Z,  ’  lintroduit  probablement  à  l’époque 
porté  enIlaliein’tre  Mithridate  9  et  cultivé  pour  ses  fruits 

de f  guerrC  "°on  bois  on  faisait  des  échalas  de  médiocre 

[posa]  ;  avec  son  bois  o 

qualité10'  jn  __  Le  picea  de  Pline  est  un 

picea ’  identifié  tantôt  avec  l’arbre  appelé  *«i5xïi 

COni!f°  nhraste  ‘‘tantôt  avec  l’épicéa  »:  L  épicéa  se  plai- 
FT  r?c  montagnes  et  au  froid;  il  avait  parfois  une 
T*  Ï,J  „„  funèbre,  mais  non  constamment,  pmsqu  on 
S'sni  "  -,  1  nu  les  iardins13.  Son  principal  produit  était 

:r;àit  wfa",o„d»„,epet  d».  ^  a , 

^altdt'sgaanalesblancs  qui  servaient  à  falsifier  l’encens. 

il  bois  était  inférieur  a  celui  de  1  abies  . 

■es  botanistes  sont  d’accord  aujourd’hui  pour  voir 
dans  l’arbre  appelé  «rà>«|  et  dans  celui  qui  est  désigné 
Dar  le  terme  irfruç,  des  espèces  de  pins  1  '  ;  mais  il  est  bien 
Lisemblable  que  les  écrivains,  en  se  servant  de  ces 
mots,  ne  se  sont  pas  toujours  astreints  à  designer  1  arbre 
dont  ils  parlaient  par  celui  qui  lui  convenait  absolument 
et  que,  aune  époque  où  la  valeur  des  termes  n 'était  pas 
bien  déterminée,  plus  d’une  erreur  a  été  commise  ‘\ 

K  Les  Grecs  reconnaissaient  deux  genres  de  pins,  le  pin 
cultivé  (iccux-q  %epoç)  et  le  pin  sauvage  («YPfa),  et  dans  ce 
dernier  deux  espèces,  l’une  appelée  ’toata,  l’autre  iraoa- 
lî«1T;  en  Macédoine,  on  faisait  un  troisième  genre  auquel 
on  donnait  l’épithète  de  stérile  (âxap7tov),  dans  lequel  on 
distinguait  l’arbre  mâle  et  l’arbre  femelle18.  En  Arcadie, 
ces  distinctions  n’existaient  pas  et  l’on  se  servait  du  seul 
terme  tutu?  pour  désigner  tous  les  genres  de  pins10. 

Le  pin  (iteux-q)  était  propre  aux  montagnes,  en  Macé¬ 
doine20,  et  aimait  le  froid21;  il  y  en  avait  dans  la  partie 
montagneuse  du  Latium22;  cet  arbre,  qui  s’abattait  au 
printemps23,  était  exploité  pour  son  bois  [materies]  et 


sa  résine21.  Son  charbon  était  recherché  par  les  ouvriers 

qui  travaillaient  les  métaux28. 

Pinus,  rthvç 26,  weuxT,  T)gsfoç  ou  -1,  le  pin  pinier 

ou  pin  parasol 28.  —  S’U  est  hors  de  doute  que  ce  pin  était 
connu  des  anciens,  on  ne  saurait  affirmer  que  les  expres¬ 
sions  pinus,  7utuç,  désignent  toujours  le  meme  arbre  , 
peut-être  est-ce  à  lui  qu’Homère  a  fait  allusion  30.  C  est 
un  arbre  qui  ne  poussait  pas  dans  les  régions  un  peu 
septentrionales  ;  on  ne  le  voyait  pas  dans  le  l’ont  ,  en 
revanche,  il  abondait  dans  l’Elide  32  ;  il  yen  avait  aussi 
à  Chypre,  dont  le  bois  passait  pour  supérieur  à  celui  du 
pin  appelé  Tteux-q  33  [materies].  Ce  pin,  en  Italie,  était  1  or¬ 
nement  des  jardins34,  bien  que  son  ombre  fut  réputée 
nuisible  aux  gazons38;  on  le  cultivait  pour  sa  beauté  et 
pour  ses  pignons  qui  sont  comestibles 36  et  étaient  utilisés 
en  médecine31.  Son  feuillage  fournissait  la  couronne  du 
vainqueur  aux  jeux  isthmiques  38  [corona  30,^  arbores 
sacrae]  ;  son  charbon  était  recherché  dans  la  métallurgie 
de  l'argent  ;  enfin  il  était  un  attribut  de  Cybèle  °. 

Pirus  silvestris ,  à^pâç,  le  poirier  sauvage  fl.  Il  crois¬ 
sait  du  côté  de  l’Olympe  sur  les  montagnes  et  dans  la 
plaine  où  son  bois  était  meilleur 42  ;  ce  bois  était  de  ceux 
que  l’on  teignait43  [materies]. 

Platanus ,  7tXàxavoç,  wX gctccvitto;  44,  le  platane  ,J.  Cet 
arbre  a  été  connu  en  Grèce  dès  la  plus  haute  antiquité. 
De  divers  côtés  on  en  montrait  que  la  traditioli  faisait 
remonter  au  temps  de  la  guerre  de  Troie  *6.  Gortyne,  en 
Crète,  prétendait  posséder  le  platane  qui  avait  abrité  les 
amours  de  Jupiter  et  d’Europe41;  la  Phrygie,  celui  où 
avait  été  pendu  Marsyas vaincu  par  Apollon48.  C’était  un 
arbre  qui  croissait  facilement t0,  se  plaisait  dans  les  lieux 
humides80,  auprès  des  sources,  au  bord  des  fleuves81; 
il  atteignait  en  certains  endroits,  même  jeune  encore,  des 
dimensions  extraordinaires52.  Quelques-uns  ont  excité 
une  vive  admiration,  comme  celui  que  Xerxès  orna  d  une 
parure  d’or83  et  celui  sous  lequel,  en  Lycie,  le  consul 
Licinius  Mucianus  dîna  avec  dix-sept  convives84.  Les  pla¬ 
tanes  de  l’Académie,  à  Athènes,  étaient  célèbres  Jl.  Si  cet 
arbre  prospérait  en  Grèce  sur  le  continent  et  dans  les 


•  îütoplir.  0.  I.  III,  3,  5;  IV,  2,  1;  Plin.  XIII,  60;  Slrab.  XVII,  p.  822. 

~  -  Theophr.  IV,  2,  8  ;  Plin.  XIII,  63.  11  y  en  avait  aussi  en  Ethiopie 
■îprès  Slralion  (XVII,  p.  823),  si  toutefois  le  passage  est  authentique. 

~  3  i^0r-  P-  c.  —  4  Theophr.  III,  3,  5.  Pline  (XV,  45),  parlant  des  per- 

►  **ca€(p^cheis),  dit  tju  ils  avaient  été  introduits  de  l’Égypte  à  Rhodes  ou  ils  sont  stériles  ; 
Ky  a  lu  une  erreur,  il  s'agit  non  du  pécher,  mais  du  persea;  cf.  Blümner,  II, 
J';83’  l'  -  5  Theophr.  IV,  2,  5;  Plin.  XIII,  61.  -  G  Diosc.  I,  164.  —  7  Lenz, 
xVn  iq1'' P  l93,  ~  8  plin-  XII>  I4-  “  9  Hehn,  °P* ciL  P*  -  10  Plin- 

dcux't  °  ~  11  ^mnep’  QP*  °it.  Il,  271  et  286;  il  remarque  d’ailleurs  que  ces 
Qp  ril  e^Plcea  Paraissent  quelquefois  désigner  le  sapin  épicéa.  —  12  Lenz, 

pjCÇn  i  '  '  *  ''n*  XVI,  40  et  suiv.  Cependant  l’assertion  du  §  46,  que  lc 
f épicéa -- 1  !  i-  'e  <-  P1G  m^ze  (fart*),  ne  permet  pas  de  l’identifier  avec 

par  ,  llU'  49,  ^^ne>  eû  traduisant  Théophraste,  a  rendu  iceûxyi  tantôt 

Lncr  11  ^  Par  cf.  Thesaur.  ling.  gr.  t.  VI,  col.  1024  et  1134; 

Usante  -  dc  ,*i  Pa  (*escr*ption  qu’il  donne  de  l’arbre  est  tout  à  fait  insuf- 

Tkop,,,  p  47s  .  V  paraît  altéré.  —  14  Plin.  XVI,  42.  —  16  Schneider,  Iiul. 

Op,  cit.n  ofi  9?*  c^‘  P’  ^  su^v- 1  Helin,  Op.  cit.  p.  291  ;  K.  Kocl 


Hehn,  Op.  cit.  p. 

)0.  - 

1011  en^le  ^  et  la  icapaXta  est  attribuée  aux  habitants  de 


5.PIci!adi5ti6„“:-Hehn’  °P:  CiL  P'  m-  ~  11  Theophr.  Sist.  pl.  III,  9,  1  ; 
laré8'»"  de  l'|da.  - 


ce  r  41lc0I>*lr'  Ibid.  9,  2.  —  <9  Théophraste  (Ibid.  9,  4  et  5), 
celui  r|uc  désigne"1 ’^nUm^re  'CS  carac*^res  distinctifs  de  l’arbre  appelé  -îxu; 
faraient  qu'un  jep  B  °  son  texte  on  peut  conclure  que  si  les  Arcadiens 

ailleurs.  _  jq  XImo  l'.0"/  ‘.°,,4es  lcs  cspèces  de  pins,  il  n’en  était  pas  de  même 
r®1'  b?i«  (pin  sylvestre  r  ^  . 3’  ‘  ’  Y  trouvait  aussi  l’espèce  appelée 

H  TlinA.,1  I 

®€rvi 

"^ld'  V.  t,  l  1CI’  ’,£':'xr|  par  P'cea ■  —  22  Theophr.  O.  I.  V,  8,  3. 

pl®e  traduit.;-  '  '  9’  5;  1X'  2-  1  ;  Plin.  XVI,  42.  —  25  Id.  V,  9,  3. 

■  ;  cf.  Theophr  //;/  n!""'  228  !  cf-  Theophr.  IIist.pl.  IV,  14,  8; 

’  W;  «t.  Theophr.  Il  .1  9’  4)  et  par  P'cea  (XVI,  46  ;cf.  Theophr.  III,  9,  5  ; 

’  déclare  lui-même  (XVI,  48)  que,  les  noms  chan  , 


f  Theophr.  /6„,  , *  d  ®prè9  Fée-  ^d.  Theophr.  et  K 
‘ de  ce  passa„0  '  ‘  ,  ’  1  :  cf-  Pline  (XVI,  40)  qui  s’< 


Koch,  Op.  cit.  p.  28). 
40)  qui  s’est  vraisemblablement 


géant  suivant  les  localités,  non  constat  auctoribus  quod  cuique  generi  attribuant. 
_  27  11  a  paru  probable  que  chez  Théophraste  les  expressions  xeùxp  et  xeùxp 

x<ovo,ùçoî  désignent  le  pin  pinier;  cf.  Hehn,  Op.  cit.  p.  291  ;  Blümner,  II,  p.  283. 

_  28  Pour  les  caractères  de  l’arbre,  cf.  Diosc.  I,  86  et  Lenz,  Op.  cit.  p.  3,3. 

_ 29  Hehn,  Op.  cit.  p.  290;  Blümner,  L.  I.  —  30  Hom.  11.  XIII,  390  ;  XVI,  483. 

C’était  l’opinion  dc  Fraas  et  de  Lenz;  elle  est  combattue  par  V.  Hehn  (p.  291) 
qui  serait  disposé  à  voir,  ici,  dans  iütuî  le  pinus  lartcio,  à  cause  de  1  épithète 
pXoïOçxi  ;  mais  cette  épithète,  comme  p.axç)jTiv  (Od.  IX,  186),  peut  ne  s  appliquer 
qu’au  seul  tronc  dc  l’arbre  et  n'empêche  pas,  ce  nous  semble,  la  première  interpré¬ 
tation.  -  31  Theophr.  O.  I.  IV,  5,  3  ;  Plin.  XVi,  138.  -  3‘2  Id.  III,  9,  4.  -  33  Id.  V,  7,  I . 

—  34  Virg.  Bucol.  VII,  05;  Ovid.  Art  amat.  III,  687;  Petron.  Sat.  131.  -  3’  Plin. 

XVII  89  _  36  plin.  XV,  35  et  suiv.;  XVI,  107.  —  37  Plin.  XXI11,  142;  XXl\  ,  104 

et  106,  etc.  -  33  Plin.  XV,  36;  Paus.  VIII,  48,  2.  -  39  Theophr.  Ibid.  V,  9,  2. 

D’après  Pline  (XXXIII,  94),  son  bois  était  excellent  pour  la  fonte  du  fer  et  du  cuivre. 

—  40  Ovid.  Met.X ,  104.  —  41  Leuz,  Op.  cit.  p.  683,  et  Fraas  ;  cf.  Fée,  Ind.  Theophr .; 
Koch,  p.  182;  Blümner,  II,  p.  250.  —  42  Theophr.  Bist.pl.  III,  11,  5;  3,  1;  3,  2; 
Plin.  XVI,  74,  77-  Pline  n’ajoute  pas  dans  ces  passages  l’épithète  silvestris ,  mais 
il  s’inspire  visiblement  de  Théophraste.  —  «  Plin.  XV,  205.  —  44  maxive™,  est 
la  forme  d’Homère  (11.  II,  307)  et  d'Hérodote  (V,  1 19).  -  43  Lenz,  p.  434  ;  Blümner, 
II,  p.  285  ;  V.  Hehn,  p.  283  et  suiv.  Koch  (Op.  cit.  p.  77)  n’est  pas  certain  que  le 
aaxiv'uxo;  d’Homère  soit  le  platane.  -  46  Par  exemple  lc  platane  de  Delphes  planté, 
disait-on,  par  Agamemnon  (Theophr.  Bist.pl.  IV,  13,2;  Plin.  XVI,  138),  celui 
de  Caphyes  en  Arcadie  (Theophr.  L.  l.\ Plin.  L.  I.  ;  Paus.  VIII,  23,  4).  -  47  Theophr. 
Ibid  I  9  5'  Plin.  XII,  11;  ce  platane  ne  perdait  pas  ses  feuilles  l’hiver;  il  y  en 
avait  de  la  même  espèce  à  Chypre.  -  48  Plin.  XVI,  240.  -  49  Theophr.  Ibid.  III, 
Q  1_30  ld.  I,  4,  2;  IV,  8,  1.  —  31  Hom.  11.  II,  307.  Pausanias  (VII,  22,  1)  cite 
sur  les  bords  du  fleuve  Pieros  un  bois  (SWoç)  de  vieux  platanes  creux  dans  le  tronc 
desquels  on  pouvait  prendre  son  repas  et  dormir.  —  32  Par  exemple  celui  du  Lycée 
à  Athènes  ;  cf.  Theophr.  I,  7,  f.  —  33  Herod.  VH,  31  ;  cf.  Aclian.  Var.  Bist.  Il,  14, 

_  54  pi;n>  XII,  9.  —  33  Plin.  !..  I.  On  sait  que  Cimon  en  fit  planter  sur  l’agora; 

cf.  Plut.  Cim.  13. 


LIG 


—  1250  — 


LIG 


îles  *,  il  paraît  avoir  eu  quelque  peine  à  s’acclimater  en 
Italie.  Au  i\c  siècle  avant  notre  ère,  il  y  en  avait  peu  du 
côté  de  1  Adriatique,  si  ce  n’est  près  du  temple  de  Dio¬ 
mède,  et  ceux  que  Denys  l’Ancien  avait  fait  planter  à 
Rhegium  étaient  mal  venus  2.  Mais  au  temps  de  Pline, 
sa  culture  avait  fait  des  progrès  et  il  s’était  propagé  en 
Gaule  jusque  chez  les  Morins,  où  le  sol  qu’il  occupait 
était  frappé  d'impôt 3.  On  avait  même  introduit  en  Italie 
la  variété  crétoise  à  feuilles  persistantes  4.  Le  platane 
était  un  arbre  qu  on  soignait  tout  particulièrement;  on 
allait  jusqu’à  l'arroser  avec  du  vin  5.  En  Grèce,  il  se  mul¬ 
tipliait  de  semis  6  ;  en  Italie,  de  provins  \  Dans  ce  pays, 
c’est  surtout  pour  son  ombrage8  et  comme  porte-greffe  9 
que  1  on  lit  cas  du  platane,  car  son  bois  paraît  n’avoir  eu 
que  peu  d’emplois10. 

Populus  nigra,  alyeiooç,  le  peuplier  noir  u  \  populus 
alba ,  XeuxT),  le  peuplier  blanc12.  —  Les  deux  espèces 
étaient  connues  des  Grecs;  ils  les  décrivent  comme  des 
arbres  qui  se  plaisent  également  dans  les  montagnes, 
dans  les  plaines  et  auprès  des  cours  d’eau  13.  Le  peu¬ 
plier  noir  était  assez  abondant  en  Crète,  où  il  portait  des 
fruits;  ailleurs  il  était  stérile11.  Chez  les  Latins,  on  dis¬ 
tingua  en  outre  une  espèce  appelée  libyque  (peuplier 
tremble)15.  En  Italie,  le  peuplier  se  multipliait  de  bou¬ 
tures  16  et  était  utilisé  dans  les  vignobles  ”.  On  attribuait 
au  peuplier  noir,  qui  abondait  sur  les  bords  du  Pô18,  la 
production  de  l’ambre19  [electrum].  Le  blanc  était  con¬ 
sacré  à  Hercule 20  [arbores  sacrae]  qui,  disait-on,  l’avait 
trouvé  près  du  fleuve  Achéron,  dans  la  Thesprotide,  et 
introduit  en  Grèce21.  De  là  venait  que  son  bois  seul  était 
admis  pour  les  sacrifices  dans  le  sanctuaire  dédié  par  le 
héros  à  Pélops22  et  dans  le  temple  de  Zeus  à  Olympie  23. 
Ce  bois  était  aussi  employé  dans  la  construction  et  à 
divers  autres  usages  [materies];  les  charbonniers  en  fai¬ 
saient  peu  de  cas21. 

Quercus ,  opüç,  le  chêne.  —  Ces  termes  sont  les  noms 
génériques  les  plus  fréquents;  ils  alternent  souvent  avec 
les  noms  spécifiques  et  c’est  en  vain  la  plupart  du  temps 
que  l’on  chercherait  à  déterminer  chez  les  écrivains  l’es¬ 
pèce  dont  ils  veulent  parler25.  D’ailleurs,  la  nomenclature 
antique  était  extrêmement  confuse;  on  n’était  d’accord 
ni  sur  le  nombre  des  espèces,  ni  sur  leurs  noms,  ni  même 

l  Theophr.  Ibid.  IV,  7,  4.  —  2  Theophr.  Ibid.  IV,  5,  6  ;  cf.  Pline,  XII,  7, 
qui  commet  une  méprise  en  parlant  ici  d’essais  faits  en  Espagne;  on  lit  cnom'av 
dans  le  texte  de  Théophraste.  —  3  Plin.  XII,  6.  —  4  Plin.  XII,  12.  —  6  Piin. 
XII,  8.  —  6  Theophr.  O.  I.  111,  1,  3.  —  7  Plin.  XVII,  96.  —  8  pijn.  XII,  6 
et  11  ;  son  ombre  était  réputée  favorable  (XVII,  90).  —  9  Plin.  XV,  57; 
XVI,  121  ;  cf.  Virg.  Geory.  II,  69.  —  10  Esope,  313  (éd.  Halm),  le  donne  comme 
sans  utilité.  Dans  la  fabrication  du  charbon,  il  produisait  beaucoup  de  fumée 
(Theophr.  Ibid.  V,  9,  4).  Avec  les  baies,  on  lit  de  l’huile  (Plin.  XV,  29).  —  11  Lenz, 
p.  439;  Koch,  p.  61  ;  Bliimner,  II,  p.  282;  il  est  mentionné  dans  Homère,  lliad.  IV, 
482  ;  Odyss.  V,  64,  239,  etc.  —  12  Lenz,  L.  I.  ;  Bliimner,  L.  I.  L’à/spwî;  d’Homère 
(II.  XIII,  389  =  XVI,  482)  a  été  identifié  dans  l'antiquité  avec  le  peuplier  blanc 
(Paus.  V,  14,  2);  Sprengel  (Geschich.  der  Botan.  p.  40)  et  après  lui  Lenz  adoptent 
cette  opinion;  Bliimner  fait  remarquer  que  la  qualité  du  bois,  qui,  dans  Homère,  est 
mentionné  comme  servant  à  construire  des  vaisseaux,  rend  cette  identification 
douteuse;  cf.  Koch,  p.  62.  —  13  Theophr.  Hist.  pl.  III,  3,  1  ;  6,  1  ;  IV,  1,  1  ;  Plin. 
XVI,  73  et  77.  —  H  Theophr.  O.  I.  III,  3,  4;  II,  2,  10;  Plin.  XVI,  108.  Selon 
Théophraste  (III,  14,  2),  les  deux  espèces  ne  portaient  ni  fleur,  ni  fruit;  Lenz 
(p.  440,  n.  958)  fait  remarquer  que  les  chatons  du  peuplier  n’ont  pas  été  reconnus 
pour  des  fleurs.  —  15  Plin.  XVI,  85  ;  Lenz,  p.  440,  n.  960.  —  16  Plin.  XVII,  68,  78, 
143.  —  17  Plin.  XVI,  173;  XVII,  200  ;  XVIII,  266.  —  18  Paus.  V,  14,  3.  —  19  Diosc. 
I,  110.  —  20  Virg.  Bue.  VII,  61  ;  Geory.  II,  66  ;  Plin.  XII,  3.  —  *1  Paus.  V,  14,  2. 

—  22  Id.  v,  13,  3.  —  23  Id.  V,  14,  2.  —  21  Theophr.  O.  I.  V,  9,  4.  -  2S  La  remarque 
qui  a  été  faite  plus  haut  à  propos  du  picea  est  applicable  ici  ;  cf.  Lenz,  p.  397  ; 
Koch,(p._  44  et  suiv.  ;  Bliimner,  II,  p.  260,  dont  ces  lignes  résument  l’opinion. 

—  26  Theophr.  Hist.  pl.  III,  8,  2.  —  27  Jd.  III,  8,  2  et  7.  Au  sujet  des  espèces 
énumérées,  voici  ce  que  dit  Schneider  (Ind.  Theophr.  p.  353)  ;  botanici  nostri  non 
sine  opinionum  insiyni  varietate  distinyuere  conati  sunt.  L'ampu  n’était  pas 
estimée  comme  bois  de  chauflage;  son  charbon  qui  sautait  et  faisait  des  étincelles 


sur  leurs  caractères26.  Du  côté  de  l’Ida 
espèces  de  chênes,  toutes  fructifères  ^  J 

quatre  seulement,  dont  une,  appelée  Macéd4el 
était  stérile,  selon  d’autres  ne  donnait ,  ?  0nle83| 

vais  glands 27.  A  ceci  il  faut  ajouter  les  arh  ^  forlnJ 
phraste  rapproche  des  chênes  et  qui  *0  T® qUe  ThéJ 
regardés  comme  tels  :  l’yeuse  etle  chêne  àl  ,  ;uij°Urd’hjii| 
puis  une  espèce  de  chêne-liège  (çsUdSpuV*9 
jourd’hui  probable  que  les  Latins  ont  dislin  •  J 
fois  le  chêne  rouvre  (robur)  du  chêne  pédonruU  fH 
eus),  qui,  chez  les  Grecs,  paraissent  avoir  ét  i 7/  “1 
par  le  seul  terme  oPù;30.  Ces  deux  espèces  cr 
peu  près  partout  en  Grèce  et  en  Italie3*  et  mêm  iT^ 
nord;  on  mentionne  le  chêne  en  Thrare3?  a,  V1. 
en  Germanie,  ou  les  rouvres  de  la  forêt  W,  ’ 
étaient,  pensait-on,  contemporains  de  l’oril’ Tl 
monde34.  Pline  énumère  en  outre  quatre  autres"!!* 
le  chêne  esculus  (aesculus) 35,  l’yeuse  (Uex\ 
cerris  ( cerrus )  et  le  chêne-liège  (, suber )36. 

L’esculus  ( aesculus ,  epr^ôç)  était  l’arbre  sacré  de  Juj 
ter37  [arbores  sacrae]  ;  c’était  lui  qui  rendait  des  oracll 
à  Dodone38  ;  à  Rome,  ses  rameaux  fournissaient  les cou-1 
ronnes  civiques39  [coronae].  Il  avait  aussi  de  plus  huml 
blés  destinations  ;  en  Italie,  où  il  était  plus  rare  que  les! 
deux  espèces  précédentes40,  on  le  cultivait  pour  en  faj 
des  échalas41  ;  ses  glands  étaient  comestibles42.  On  citait'l 
de  très  anciens  arbres  de  cette  espèce  auprès  d  llion41, 1 

L’yeuse  (ilex,  7tpïvoç)44,  auquel  on  avait  emprunté  les! 
premières  couronnes  civiques 45  et  dont  le  bois  était  I 


très  estimé,  venait  en  Macédoine  et  en  Arcadie16.  On  en 
connaissait  deux  espèces  en  Italie47.  Une  variété  appelée 
ilex  aqui folia  parva  est  le  chêne  à  kermès,  qui  pous¬ 
sait  en  Espagne,  en  Galatie,  en  Pisidie,  en  Cilicie,  en 
Afrique  et  en  Sardaigne  48.  Certains  de  ces  arbres  étaient 
célèbres  par  leur  antiquité;  on  montrait  à  Rome,  sur  le 
Vatican,  une  yeuse  plus  ancienne  que  la  ville  même;  trois 
à  Tibur,  une  autre  à  Tusculum  qui  avait  3i  pieds  de 
tour49.  Le  bois  de  l’yeuse,  d’une  grande  solidité,  était 
recherché  pour  la  menuiserie  [materies]. 

Le  chêne  cerris  ( cerrus ) 50  était  inconnu  de  la  ptaj 
grande  partie  de  l’Italie51;  son  bois  était  peu  estimé  , 
son  gland,  amer53. 


lit  utilisé  dans  la  métallurgie;  cf.  Theophr.  111,  8,  7.  Pline,  quiripi»^^  I 
servation,  l’applique  au  quercus  latifolia.  —  28  Id.  I,  9,  3  :  III,  ’■  '■  1  s#jeri| 
9,  3;  III,  16,  3;  ceci  est  une  dénomination  arcadienne ;  voil  l'"5  ]  ’ 

30  Bliimner,  II,  p.  261  ;  robur  chez  Pline  répond  a  Vî,  ’  (Theophr .] 

2);  XVI,  218  (Theophr.  V,  4,3);  XVI,  212  (Theophr.  V,  4,  2  ;  XV  ,  ~  ^  « 

6,  1).  —  31  Plin.  XVI,  17;  voir  dans  Théophraste  (Hist.  pl-  ^  %  ,  ] 

forêts  de  chênes  au  promontoire  de  Circé.  —  32  Theopln-  t  «  ^  3$ LeH  I 

33Theophr.  Hist.  pl.  IV,  5,  3.  —  34  plin.  XVI,  0.  —  3j  1 1"1,  „arMtrc9 
4C1,  n.  888  ;  Bliimner,  p.  260  et  264.  11  arrive  à  Pline  de  ren  rc  clli|aj.  j 

Theophr.  III,  8,  4;  Plin.  XVI,  22.  On  avait  voulu  identifier  ^  ^  ,. 
ier;  celte  opinion  a  été  réfutée  par  V.  Helin,  Op.  cit.  P-  .j,  ap.  Stral). 

rg.  Geory.  II,  15.  —  38  Hom.  11.  V  II  22  et  60  ,  \  ,  ,j13,  ’  1  g,/y«.  XI'.  I 

I,  p.  326;  Soph.  Trac  h.  171  (mais  1168  on  lit  Sfuo5,  comro  |la]isanias(Val 
7)  ;  Apoll.  Rh.  Aryon.  IV,  583  ;  Steph.  Byz.  p.  246 (éd.  Mener  J,  ^  ^ 

,  5)  et  Strabon  (VII,  p.  328)  se  servent  du  terme  StS(.  L  es  ^  y  a(„l 
intagnes  en  Macédoine  (Theophr.  III,  3,  1).  Dans  les '  ^  j  __  39  plia.  üRdJ'J 

;  chênes  divers  parmi  lesquels  des  jir,!;  et.  l’aus.  <  ,  p]in.  X'L  -  •  I 

40  Pli„.  XVI,  17.  -  41  Plin.  XVII  151.  -  42  Theophe;  D  ’  ’ ^  , W Fraa4 
43  Theophr.  Ibid.  IV,  13,  2  ;  cf.  Plin.  XVI,  238,  qui  tradui  p ’  |, inlerp«f 

près  Fée,  Ind.  Theophr.-,  cf.  Hesych.  s.  «■  ii.ee,  Bliimnc  ’  ‘  t]'esculus,  P01- 

ix  1  x  t k  Di-  vvi  \  1  Elles  furent  ens  » 

t’  chêne  au  kermès.  —  45  Pim.  XVI,  U.  Eiie  glands.  lvr  I 

mporte  quel  chônc,  pourvu  que  la  branche  poit.it  c  e  »  dans  les  valh^»  ' 

4  «•  Scion  Pline,  Il  ,UU1  ta»  1-  ,  f.lt  |-  *  H 

-  i  Plin.  XVI,  -  •«  PU".  XVI.  «  *****  JVI.  * -* 

n  ;  il  dit  (III,  7,  3)  4  ^çTvoî  <,(,»)  xiv  Tocvtxoïv  ««««•  Lcnz  voulait  voir  Vt  ^ 

50  Le  nom  grec  est  incertain  ;  cf.  Bliimner,  II,  p.  -  C11  une  31111  ,,,  1 

•ris  dans  le  d’Arcadie  dont  les  glands  mun»-™  ^  ,  53  M  1 

ennlir.  III.  4.  6.  —  51  Plin.  XVI,  17.  —  b2  rlin’ 


—  1251 


LIG 

ijige  (subér,  Wfi»*1,  ?«***.  ŸeXX6oPuÇ)  2 
Le  chén  !!f  rare  en  Grèce;  il  n’était  pas  non  plus 
paraît  »v0ir  ,  L  àce  qu’il  semble  3.  L’espèce  d’Arcadie 
comm'1»  en  1  a  _g  un  vrai  chêne-liège;  on  en  peut  dire 
Datait pe,lt'Jird,PEttrurie  dont  le  feuillage  n’était  pas  per- 

autant  de  celle  ^  ^  paraît  tout  d’abord  avoir  été 

sistanG;  *>“  fajre  deg  bouéeS,  des  flotteurs  pour  filets; 

servit  pour  boucher  des  vases  et  pour 
es  de  femmes  l’hiver  s.  Le  bois,  de 
Usdicm  qualité,  ..'était  utilisé  qu'à  défaut  d'autre, 


,  de  celle  d 
éc 

employée  q*>afairf 

plus  tard  on  son 

gar'  ‘ 
très 


mr  des  chaussurf 


à  Lacédémone  et  en  Llide 
i^le  saule,  l’osier  \  -  La  Grèce  en  connais¬ 
sait  deux  espèces,  l’une  appelée  blanche,  1  autre  a  ecorce 
n,.  e  et  rouge  appelée  noire  ;  dans  l’une  et  1  autre  es- 
Z  il  y  avait  une  variété  basse  8.  En  Italie  on  citait  e 
1 Le  blanc  d’Amérie,  le  saule  viminale  ou  pourpre,  le 
Le  gris  (m’orna),  plus  mince  que  le  précédent,  le  saule 
gaulois  le  plus  mince  de  tous».  On  le  cultivait  en  arbres 
et  en  buissons  ;  les  branches  des  arbres  se  taillaient  en 
échalas,  tandis  que  de  l’écorce  on  faisait  des  liens  ;  les 
buissons  fournissaient  des  baguettes  flexibles  employées 
parles  vanniers10.  C’était  des  arbres  d’un  bon  revenu  “, 
qui  se  multipliaient  de  boutures  ou  de  provins12.  En 
Vénétie,  on  s’en  servait  pour  marier  la  vigne 11 . 

■  Sambucus,  àxrrq  le  sureau  u.  —  Il  vivait  à  peu  près 
partout,  sauf  sur  les  montagnes15  ;  dans  les  endroits  om¬ 
bragés  et  humides,  sa  vie  était  plus  longue  que  dans  les 
lieux  secs18.  Sa  propagation  s’opérait  au  moyen  de  bou¬ 
tures 11  ;  de  son  bois  on  faisait  des  bâtons  légers  et  des 
échalas 18  [materies];  sa  moelle  était  utilisée  pour  la  con¬ 
servation  des  fruits 1 9. 

Sari ,  ffolft,  le  souehet  en  capitule  ou  le  souchet  en  fais¬ 
ceau.— Cette  plante  herbacée  se  trouvait  en  Égypte20; 
sa  racine  ligneuse  et  dure  donnait  un  charbon  estimé 
dans  la  métallurgie  du  fer21. 

I  l’yèble22,  ou  le  gainier,  dit  aussi  arbre  de 
Judée-  .  — Cet  arbre,  assez  mal  déterminé,  avait  un  bois 
léger  utilisé  seulement  pour  faire  des  bâtons24. 

I  Smilax,  'ru.îÀa?,  salsepareille  d’Europe 25 .  — Cet  arbuste 
Nui, selon  Pline,  venait  de  la  Cilicie20,  était  assez  répandu* 

■  Grèce  et  notamment  en  Arcadie27.  Son  bois  était  légè- 

sonore  et  doux  à  travailler. 

plmlï,'!',  S°  conteDle  de  transcrire  le  mot  grec  (cf.  Theophr,  III,  8,  5)  ; 

|L  ,[[  ’’  1  rrnc0l'tre  le  même  mot  elle  rend  par  suber  (cf.  Theophr.  V,  1,  2). 

imnor  rar^- C°mme  1C  <Iuercus  PseUjdo-suber  ;  cf.  Fée,  Ind.  Theophr. 

p. 402  _  foit  que  ccst  le  chêne-liège;  c'était  aussi  l’avis  de  Lenz., 

arcadicn  ■  p|;  ,  P  9’  3;  ***’  cf-  Clin.  XVI,  34;  çtXXoSçuq  est  un  terme 

fferc.is  suie) ■  u  '  Pars"^eri  Sprengel,  dans  sa  2*  édition,  l'a  interprété  par 
p,  533.  Pline  '\\\T  el  ldenUfié  avec  <fOAo;;  cf.  Schneider,  Ind.  Theophr. 
-  sv  Helu,  n  '  ’  rend  aussi  ce  terme  par  suber  ;  cf.  Theophr.  IV,  15,  1. 

|vt,  33.  p'  5M-  -  4  Thc°P'>r-  HL  17,  1;  cf.  Helm,  L.  I.  _•  5  PHn. 

^tait  sujet  à  sc  rrc'.i!  3"’  4>1'11'  l.  Le  tronc  de  l’arbre  appelé  àXiçpXoïo; 

c®ur  oiî5’lw4p$lOT  °n.dlsait  mt'me  que  c’était  le  seul  arbre  qui  n’avait  pas  de 
employé  pour  les  sacrifié  (Theophr.  III,  8,  5);  son  bois  n’était  même  pas 

foudre.  on  ne  sailraj^e  ’  Pai  cc  1U  il  avait  la  réputation  d’être  souvent  frappé  delà 
(Theophr.  lu  «  ' 'a'mout  affirmer  que  l’espèce  appelée  «lyîX  ui,  ocgilops 

G-  266,  —  l' i  m’  *’  2-)>  soit  notre  chêne 


égilops  [materies]  ;  cf.  Blümner, 


appelait  (tKoJLu.  437  ’  ^oc*b  P-  50;  Blümner,  II,  p.  293.  En  Arcadie  on 


espèce  d’osier  asiatimL  "j  ’  P*‘ne  (XVI,  177)  donne  l 'lielice  comme  une 
F1.1”"-  «  Plin.  W"(7  TI‘,e°Phr-  W.  13,  7.  _  9  PH„.  XVI,  177.  -  10  Plin. 

7jp*ts  (cf.  pqn  ’  11  jll8^re  de  saules  suffisait  pour  vingt-cinq  jugères 

&  Pl1"’  XVII,  141  •  Cf  ’s  .  '  ’  0n  couPait  les  branches  tous  les  quatre  ans  environ. 

W,  p.  M,'.  k T  13  Plin’  XVl1-  20t-  -  «Sprengel,  d’après  Fée,  Ind. 
rstU-  W’  *3,  2.  I  t’,p  Ch*  P’  *«■  -  15  Theophr.  III,  13,  4;  Plin.  XVI,  74. 

J&ï  ; ,,j  »*«.  xv,  «T/^îr 18  Jhrhv- 11,1 13’ 4;  piin- xv,[ 

L t|  ....  '“'sceau  selon  s  ’cs  e  s°uchct  en  capitule  selon  Fraas  cl  le 

Lia  *.«..!  Cf-  F6°-  Ind-  7he°P'"--  et  Lenz,  p.  279. 

^brm!d“Pap^us  fournissait  mln'XU!:  S.e’°n  Théo*,hrastc  (Ibid-  1V.  8. 

|  1  Wais  pour  f'a|)rjf  USS1  un  ’(‘a11  'j0's  qu’on  utilisait  non  seulement 

I  1  es  ustensiles  de  tout  genre;  il  s’employait auss 


LIG 

Sorbus ,  Sa,  ot],  otr,28,  le  sorbier20.  —  Arbre  au  bois 
solide  et  compact,  le  sorbier  se  plaisait  dans  les  lieux 
froids 30  ;  on  le  multipliait  en  Italie  de  stolons  arrachés  avec 
letalon31  ;  avec  ses  fruits,  on  faisait  une  sorte  de  vin  32  ;  ils 
entraient  aussi  dans  la  préparation  d’un  fromage  fort31. 

Spina ,  axavOa,  l’acacia  vrai34.  —  C’était  un  arbre  exo¬ 
tique  dont  on  tirait  du  bois  de  construction  [materies]  et 
des  gommes-résines  odorantes35.  Il  croissait  dans  la  haute 
Égypte,  où  l’on  en  trouvait  de  grandes  forêts  sur  le  ter¬ 
ritoire  de  Thèbes36.  Il  y  en  avait  deux  espèces  principales, 
l’une  blanche31  et  l’autre  noire;  le  bois  de  celle-ci  était 
le  plus  estimé.  Une  autre  espèce,  sur  les  confins  de  l’Inde 
et  de  la  Perse,  produisait  une  gomme  semblable  à  la 
myrrhe38  ;  une  quatrième  assez  rare,  appelée  axavôcc 
[spina  sitiens),se  rencontrait  dans  les  solitudes  de  l’Ara¬ 
bie39.  Dans  le  Pont  et  dans  la  Cappadoce,on  trouvait  une 
variété  semblable  à  celle  d’Égypte,  mais  plus  petite,  dont 
le  bois  figura  dans  un  des  cinq  triomphes  de  César40.  Les 
fleurs  de  l’acacia  servaient  à  faire  des  couronnes;  elles 
avaient  aussi  des  emplois  médicaux41. 

Styrax ,  ffrupalj,  le  styrax  officinal42.  —  Cet  arbre, 
connu  pour  son  bois  odorant43,  croissait  en  Pisidie,  où 
l’on  en  faisait  des  hampes  de  lances44. 

Taxus,  {ttXoç,  l’if43.  —  L’if  croissait  en  assez  grande 
quantité  en  Macédoine  et  en  Arcadie.  Dans  l’Ida 
(Troade),  il  y  en  avait  moins  ;  là  se  trouvait  une  espèce 
dont  le  bois  de  couleur  fauve  se  vendait  quelquefois 
pour  celui  du  cèdre46.  Ses  baies  passaient  pour  véné¬ 
neuses,  surtout  celles  de  l’if  d'Espagne,  son  bois  pour 
malsain;  on  racontait  que  du  vin  transporté  dans  des 
récipients  en  bois  d’if  avait  occasionné  la  mort.  En 
Arcadie  même,  le  poison  de  eet  arbre  était  si  actif,  disait- 
on,  qu’il  tuait  ceux  qui  dormaient  ou  mangeaient  à  son 
ombre;  mais  on  le  rendait  inoffensif  en  y  enfonçant  un 
clou  d’airain47,  ce  qui  donne  à  penser  que  son  influence 
nocive  a  été  fort  exagérée. 

Therebinthus ,  TépgtvQoç,  le  pistachier48.  —  Une  seule 
des  espèces  connues  des  anciens  était  recherchée  pour 
son  bois  ;  c’était  celle  qui  croissait  du  côté  de  Damas  en 
Syrie  ;  dans  cette  région,  les  arbres  atteignaient  de 
grandes  dimensions  et  couvraient,  disait-on,  des  mon¬ 
tagnes  entières49.  En  Macédoine  et  dans  la  contrée  de 

pour  la  foute  du  fer  et  du  cuivre  ;  cf.  Plin.  XXXIII,  94.  —  22  Sprengel,  d’après  Fée, 
Ind.  Theophr.-,  et.  Koch,  p.  59,  et  Blümner,  II,  p.  27  t.  —  23  Fraas  d’après  Fée,  L.  I. 
Koch,  p.  141,  renonce  à  le  déterminer.  —  24  Theophr.  Hist .  pl.  III,  14,  4;  V,  7,  .. 
—  25  Lenz,  p.  307;  Fée,  Ind.  Theophr.  Koch,  p.  41,  ne  sait  comment  identifier 
cette  plante.  —  26  Plin.  XVI,  157.  —  27  Theophr.  Hist.  pl.  III,  10,  2.  -3  Les 

trois  formes  sont  dans  la  tradition  manuscrite  de  Théophraste  ;  cf.  Hist.  pl.  Il,  7, 

7  ;  II,  2,  10  ;  III,  15,  4.  On  lit  aussi  la  forme  où*,  III,  6,  5;  plus  tard  on  trouve 
(plur.  neutre);  cf.  Galcu.  XIII,  p.  214  (éd.  Kuhn).  —  29  Schneider,  Ind.  Theophr 
p.  458  ;  Lenz,  p.  688  ;  Koch,  p.  186;  Blümner,  II,  p.  285.  —  30  Theophr.  Ibid.  II,  2, 
10;  Plin.  XVl,  74;  XVII,  242.  —  31  Plin.  XVII,  67.  —  32  plin.  XIV,  103.  —  33  Plin. 

XXVIII,  132.  _ 31  Fraas,  ap.  Fée,  Ind.  Theophr.-,  mimosa  du  Nil  selon  Sprengel; 

cf.  Lenz,  p.  735,  et  Blümner,  II,  p.  249.  —  35  Theophr.  IV,  2,  8  ;  Plin.  XIII,  66  ;  cf. 
XXIV,  109.  —  36  Theophr.  Ibid.  ;  Plin.  XIII,  63.  —  37  L’espèce  blanche  était  aussi 
appelée  acanthe  d’Hercule  (Theophr.  IV,  4,  12).  38  Theophr.  IV,  4,  12  ;  IX,  1,2; 

Plin.  XII,  33  ;  cf.  §  21.  -  39  Theophr.  IV,  7,  1  ;  Plin.  XIII,  139.  —  40  Diosc.  I,  133  ; 
Vell.  Pat.  II,  56,  2.  Lenz,  avec  Fraas,  veut  identifier  l’espèce  du  Pont  et  la  sorte 
blanche  d’Égypte  avec  l’acacia  Farnesiana  ;  Blümner  (p.  249,  n.  4)  fait  remarquer 
que  celui-ci  est  originaire  de  l’Amérique  du  Sud.  —  41  Theophr.  IV,  2,  8  ;  Plin.  XIII, 
03.  —  42  Lenz,  p.  55;  Fée,  Ind.  Theophr.  —  43  Plin.  XII,  80  et  124.  —  44  Slrab. 
XII,  p.  570.  —  45  Fée,  Ind.  Theophr.-,  Lenz.p.  388;  Koch,  p.  41.  —  46  Theophr.  III, 
10  2.  Celui  d’Arcadie  avait  un  bois  très  foncé  xoci  çoivixoyv.  L’if  se  trouvait  auss 

en  Gaule  et  en  Germanie  ;cf.  Cacsar.  Bell.  Gall.  VI,  31, et  en  Corse,  cf.  Virg.  Bucol. 
IX,  30.  —  47  Plin.  XVI,  50-51  ;  cf.  Virg.  Georg.  II,  257  ;  LV,  47.  Théophraste  (L.  I.) 
affirme  l'innocuité  du  fruit,  mais  il  a  eulendu  dire  que  les  feuilles  sont  une  nourri¬ 
ture  mortelle  pour  les  bêtes  de  somme,  mais  non  pour  les  ruminants.  D'après  Lenz 
(p.  388,  n.  852), les  baies  seraient  réellement  vénéneuses  dans  certaines  régions,  inoffen- 
sives  dans  d'autres,  —  48  Fée,  Ind.  Theophr.  ;  Lenz,  p.  662;  Koch,  p.  261  ;  Blümner 
p.  290  ;  Hehn,  p.  405  et  suiv.  —  49  Theophr.  III,  15,  3  ;  V,  3,  2  ;  Plin.  XIII,  54. 


l'Ida,  le  pistachier  était  petit;  on  n’exploitait  celui-ci  que 
pour  son  fruit  et  sa  résine 

Ti/ia,  cpiXupa,  le  tilleul®.  —  Il  se  trouvait  dans  les  mon¬ 
tagnes  de  la  Macédoine  et  généralement  dans  les  régions 
froides  et  humides,  poussant  mal  sous  les  climats  chauds  3. 
Dans  l’Italie  transpadane,  il  servit  à  marier  la  vigne4. 
Outre  son  bois  facile  à  travailler,  on  utilisa  aussi  son 
écorce,  et  notamment  les  tilles  ( tiliae )  ou  tuniques  mem¬ 
braneuses  de  son  liber,  dont  on  faisait  des  liens,  des 
cordes5;  les  plus  fines,  appelées  philyrae,  avaient  été 
très  recherchées  pour  les  bandelettes  ( lemnisci )  de  cou¬ 
ronnes6.  L’écorce  du  tilleul  trouva  de  nombreux  emplois 
à  la  campagne  pour  des  paniers,  corbeilles,  mannes  à 
transporter  la  vendange  ;  on  en  couvrait  le  toit  des 
cabanes  ;  fraîche,  elle  servait  à  l’occasion  pour  écrire  7. 

Ulmus,  TTTsXéa,  l’orme8.  —  Il  est  connu  dès  une  haute 
antiquité;  une  tradition  rapportait  que  les  nymphes  des 
montagnes  avaient  planté  des  ormes  autour  du  tombeau 
d’Eétion,  père  d’Andromaque  9.  Les  botanistes  grecs  en 
ont  noté  deux  genres;  l’un  qui  n’était  qu’un  arbrisseau10 
et  l’autre  appelé  ôpsnrcsXéx11  ;  celui-ci  était  un  grand  et 
bel  arbre  qui  se  plaisait  dans  les  lieux  élevés  et  humides; 
il  croissait  en  petite  quantité  dans  l’Ida  (Troade) 12  et 
aussi,  à  ce  qu’il  semble,  en  Macédoine13.  Au  temps  de 
Pline,  en  Italie,  on  en  énumère  quatre  espèces1'";  forme 
de  montagne  appelé  atinia ,  dont  les  bestiaux  mangeaient 
volontiers  le  feuillage15  ;  il  ne  donnait  graine  que  rare¬ 
ment  et  était  même  considéré  par  quelques-uns  comme 
stérile;  l’orme  gaulois16,  l’orme  italien  à  feuillage  touffu 
et  l’orme  sauvage.  Toutes  ces  espèces  se  multipliaient 
soit  de  rejetons  (l 'atinia  toujours),  soit  de  semence11. 
L’ombre  de  l’orme  était  réputée  favorable  18,  et,  à  l’excep¬ 
tion  de  Y  atinia,  il  était  au  premier  rang  des  arbres  pour 
marier  la  vigne 19  ;  ceux  qu’on  utilisait  ainsi  et  qu’on 
appelait  al/ni  maritae 20,  étaient  l’objet  de  soins  particu¬ 
liers;  on  recommandait  de  les  planter  en  automne;  à  cinq 
ans,  ou  plutôt  quand  ils  avaient  20  pieds  de  hauteur, 
on  les  transplantait  dans  les  vignobles;  là  ils  étaient 
étêtés  et  leurs  branches  disposées  en  étages21. 

Vitex,  àyvoç  ou  Xuyoç  ®2,  le  gatilier  agneau-chaste23.  — 
Ceci  est  plutôt  un  arbrisseau,  mais  à  l’occasion  il  pou¬ 
vait,  comme  le  lierre,  prendre  les  proportions  d’un 
arbre,  et  dans  ce  cas  son  bois  trouva  emploi  dans  la 
bâtisse24.  On  en  connaissait  deux  espèces,  Lune  arbores¬ 
cente  appelée  blanche,  l’autre  petite  et  rameuse  appelée 


l  Thcophr.  V,  7,  7;  IX,  1,  C  ;  IV,  16,  1;  Blümner,  L.  I.  On  tirait 
aussi  de  la  résine  de  ceux  de  Syrie;  cf.  Plin.  XIV,  122;  XVI,  58  ;  XXIV,  32 
et  3t.  _  2  Lenz,  p.  639;  Koch,  p.  234;  Fée,  Ind.  Thcophr.-,  Blümner, 

II,  p.  277.  —  3  Theophr.  Hist.  pl.  111,  3,  1  ;  IV,  5,  1  ;  IV,  8,  1  ;  Caus.  pl.  2,3,3; 
Plin.  XVI,  74. —  4  Plin.  XVII,  201.  —  6  Theophr.  Hist.  pl.  IV,  15,  1  ;  Plin.  XVI, 
65.—  6  Plin.  Ibid.  —  7  Plin.  XVI,  33.  —  8  Schneider,  Ind.  Theophr.  491;  Lenz, 
p.  413;  Koch,  p.  82;  Blümner,  p.  290.  —  9  Hom.  11.  VI,  419.  —  10  Cette  espèce, 
appelée  simplement  utea-k,  n'a  pas  été  identifiée  ;  cf.  Schneider,  L.  I.  —  11  Theophr. 
Hist.  pl.  III,  14,  1  et  11,  5;  Plin.  XVI,  72  et  74.  —  12  Id.  III,  14,  1.  —  I3  ld.  III, 
3(  4.  _  14  Plin.  XVI,  72.  —  15  Colum.  De  re  rust.  V,  6,  2  ;  Virg.  Georg.  Il,  446. 

_ 16  Columelle  (L.  I.)  appelle  forme  gaulois  atinia  et  ne  connaît  que  deux  espèces, 

celiii-ci  et  forme  italien.  -  I7  Plin.  XVI,  72,  108.  -  1»  Plin.  XVII,  90.  -  ‘9  Pim. 
XVII,  200;  cf.  Virg.  Bucol.  II,  70;  Georg.  I,  2;  II,  367.  —  20  Plin.  XVII,  il. 
—  21  Plin.  Ibid,  et  201.  D'après  Pline  (XV,  57),  on  aurait  greffé  le  cerisier  sur 
forme.  —  22  Diosc.  I,  135;  Nicand.  Ther.  63  et  71.  —  23  Fée,  Ind.  Theophr.  ; 
Schneid.  Ind.  Theophr.  p.  296;  Lenz,  p.  531  ;  Koch,  p.  112.  2»  Theophr.  Hist. 

pl.  1,  3,  2.  —  23  Vitruv.  II,  9,  9,  etc.  —  26  plin.  XXIV,  59.  —  27  Lenz,  p.  578; 
Koch,  p.  246  ;  Blümner,  p.  294.  —  28  Hom.  11.  II,  561  ;  IX,  152  ;  cf.  Ilehn,  Op.  cit. 
p.  65  et  suiv.  —  29  Plin.  XVIII,  24.  —  30  Soph.  Antig.  1119;  cf.  Ilehn,  Op.  cit. 
p,  72.  —  31  Virg.  Georg.  II,  104.  —  32  Plin.  XIV,  20.  —  33  Theophr.  Hist.  pl.  II, 
1,3;  Caus.pl.  I,  3,  1  ;  12,  9  ;  Colum.  De  arbor.  c.  2  et  7  ;  Plin.  XVII,  59,  67  et  97  ; 
XVIII,  243.  —34 Plin.  XIV,  9.  —  38  Plin,  Ibid.  11.  —  36 Theophr.  Hist.  pl.  V,  3,  4  ; 
Plin.  XIV,  9  ;  il  pense  que  les  anciens  ouvrages  de  sculptures  doivent  avoir  été 
exécutés  en  bois  de  vigne  sauvage.  —  37  Plin.  XIV,  19.  Ce  bâton  était  appelé  sim- 


noire25.  Ses  graines  étaient  employées  », 

Vitis,  TtsXoç,  la  vigne  21 .  —  La  culture 

Grèce  remonte  à  l’antiquité  lapins  loim. :  "  V.!ëne  e» 

Y  Iliade,  des  localités  comme  Epidaure  et dJ)'  D^à(la 
......  r  c  cl  i  edasos  - 


'ii 

dans  ’ 


vent  une  épithète  (àgTrsXôetç)26  qui  nous  dit  hT^  **4 
en  vignobles.  En  Italie,  d’après  Pline,  cette  cuit"'  .'‘Clles96| 
été  très  postérieure  àcellesdes  céréales 29.  Quoi ,  J. 6  a'II'ail| 
il  paraît  bien  vraisemblable  qu’au  v°  siècle  '.l'"leilsoitl 
ère  elle  était  déjà  très  répandue  dans  cette  conuÏ“?| 
espèces  de  la  vigne  étaient  innombrables31  •  SOul  rl 
l’antiquité,  Démocrite  passait  pour  s’ètre  vantH 
naître  toutes  celles  de  la  Grèce32.  Nous  ne  pouvons!?!! 
ici  dans  le  détail  de  la  culture  de  cette  plante  qui  se  JJ 
tipliait  de  semis  et  surtout  de  boutures  et  de  provins31! 
Elle  peut  prendre  un  très  grand  développement  et  loi 
cette  raison  les  anciens  l’avaient  rangée  parmi  les  arbre  ■ 
c’est  dans  l’ile  de  Chypre  que  les  vignes  atteignaient  j I 
plus  grande  taille3'".  On  citait  à  Rome,  au  portique  de I 
Livie,  un  pied  de  vigne  qui  à  lui  seul  formait  une  sorte  de  1 
berceau,  où  l’on  pouvait  se  promener  à  l’ombre,  et  pro! 
duisait  douze  amphores  de  vin 3S.  Le  bois  de  vigne,  quoi-  fl 
qu’il  fût  solide  et  des  plus  durables36,  n’avait  qu’une  | 
médiocre  importance  à  l’époque  historique  ;  ce  n’est  quel 
dans  des  temps  très  anciens  et  peu  fréquemment, ce  sem 
ble,  qu’il  fut  employé  dans  la  construction  et  dans  la.l 
sculpture,  notamment  des  statues  de  Baechus  dont  la  I 
vigne  est  un  attribut  essentiel  [bacciius,  materies  .  A  Rome! 
un  bâton  de  cep  de  vigne  était  l’insigne  de  la  dignité  du  I 
centurion 37 . 

Coupe  des  bois.  —  Les  arbres  étaient  abattus  [arbora  I 
caedere ,  sternere  38,  ûXoT&psïv  39,  SûXa  ou  uX-qv,  SévSpii 
TsgvEiv  /"°,  xouttsiv  41)  par  le  bûcheron  (uXotojao;  ossoxu-l 
7tgç  43 ,  opuTojAoç 4  ")  qui  les  entaillait  profondément  au  pied 
avec  la  hache  ( securis  48,  7téXexu;46)  et  dirigeait  ensuite! 
leur  chute  avec  des  cordes41.  I 

Parmi  les  arbres,  les  uns  devaient  être  équarris48,  Ml 
autres  seulement  écorc.és  [decorticare^,  <■ fXoïihtv)  .Lej 

premiers  s’abattaient  vers  l’automne,  lorsque  le  mou» 
ment  de  la  sève  se  ralentissait  ;  ainsi  procédait-on  po 
l’alisier  (àpt'a),  l’érable  (acer),  le  chêne  esculus  («mM 

le  frêne  (fraxmus),  le  hêtre  ( fctyus ),  lorme  (ulnW),M 
tilleul  [tilia)  ;  le  chêne  ( robur ,  8?0s)  se  coupait  e  P» 
tard,  au  commencement  de  fliiver;  sou  bob  1 1,11 

■  ■  vers61.  Au  ( 

printemps  les 

plement  vitis  ;  Ovid.  Ars  amat.  III,  5Î7  ;  Liican. 

57  ;  Juv 

les  Romains,  trad.  franç.  p.  73.  —  38  Virg.  -  -  ,  ... 

Plin.  XVI,  188-189.  —  39  Hesiod.  Oper.  422  ;  Dion  Ha  .  R.  cf  Hom,  A a 
Onom.  VII,  109.  -  40  Theophr.  Hist.  pl.  V,  1,  i-ii  AcS°J' ..  L {.  VIII,  2- 6  °' 
88.  -  4.  Xen.  Il  cil.  V,  2,  39  et  43  ;  Aesop.  90;  Joseph. .AW  ,,  * 
lit  aussi  dans  Esope  (308)  ;u)»EÜ£ff$at,  dont  on  peu  .  807 :  S°P '• 

b„e.4.,e«l(  Polyb.  XXII,  22).  -  42  Hom  .II.  XXIII,  IM ,  ^  là  le  wJ 
Elect.  98;  Thcophr.  Ibid.  III,  9,  3  ;  Corp.  inscr.  gr.  »' «•  „ .  poll.ft«* 

du  bûcheron  est  appelé  JXoTop.cct,  Arist.  Polit.  ,  ’  m,  ioO.  — 13 

VII,  101  ;  Aelian.  Nat.  anim.  III,  21  ;  5XoTO|«*ii,  D,0&-  '  forrncs  1 

ms.  *.  ».  t.iv.  ».  >  i  «  .-«3 

p.  349,  22;  o’ooiT'iito!,  Nicand.  Ther.  mit.  ;  ojeiTuito,,  jgn8  Esope,  3 . 

comme  épithète  de  4»*  ;  Hom.  II.  XI,  86.  Commenta  {  ^ ,,  ;l 

S.  v.  puisV^;,  Aesop.  114.  -  45  Plin.  XVb  1  8  ■ ^ .-«fl 
Metam.  IX,  374;  Valer.  Flacc.  V,  436  ;  Isid.  Ong-  308  ;  Ihad.  x1,  „ 

XXIII,  114,  où  la  hache  a  pour  épilhète  iXo«po«i  v  VI,  *’ f  ‘ ‘Ai* 
Odyss.  V,  234.  Elle  reçoit  l’épithète  de  ?uXo«««>  3.  Le  t«val1  “  ;  à  l« 

VII,  113  ;  puis  celle  de  imXEy.r.Topo?,  Anth.  pa  -  ’  , ,,  2  et  le  bois  arris 


dense,  dur,  incorruptible  et  a  l’abri  des  ul7  lnJ 
traire,  il  était  préférable  de  couper  au 

527;  Lucan.  Phars.  VI,  tlt: 

,  Sat.  VIH,  247  ;  Tac.  Ann.  I,  23  ;  cf.  Marquard1,  0^»"'^'  '  R  j;,; 

g.  Georg.  I,  i'3;  jV)  4t;PoU. 


s’appelait  iceXÉxiq<Tt<;,  Theop  | 

hache  ?ûXa  V,  5,  6.  —  47  Ovid.  lUetani^  ^  ^  XVI.  |88'5| 

sont  appelés  ÇûAa  xeTçàywva,  Tlieoplir.  v,  ,  •  ,,  y  |,  1 

Ibid.  III,  16,  3;  V,  4,  6;  l’écorçagc  s'appelle  «  ”l0r0” 

1,  2;  cf.  Plin.  XVI,  188-189. 


,  V, 


LIG 


—  1233  — 


LIG 


lSenipntdesl>qi''^seg  régnaient  au  sujet  de  l’in- 

»es  itU'ei  lnnL'SU.-  les  bois.  La  coupe  ne  devait  avoir 
11  la  entième  jour  de  la  lunaison3, 

On  croyait  unanimement 

et  après  ' 


Alf.  Jacob. 
_  ]  Ouvrier  qui  travaille  le 


in<4  et  les  sapins,  parce  qu’à  cette 
diverses  sortes  de  P  ^  ^  facilité  ;  de  plus,  le  bois 
■poque  l'écorce :  * ^  beIle  teinte  après  la  première 

de  sapin  prRna1'  ?chage  du  bois,  on  pratiquait  quel¬ 
le1'-  Po,irlia  mie  ‘circulaire  assez  profonde  au  tronc 
q«ofois  une  en^lta  ^  ^  afm  de  favoriser 

dos  arbres  et 

'  Fée 

■De 

If*6 „df"ügtième  au  tr 

^’Lte  coud.erdelalune^  arbres  da„s  la 

Jj"  bois  ™  devait  être  bien  plus  durable 

s,;i  ™  po“>‘ d«  »*res  abiiiius  “u 4  unc  ccrta‘ne  ep0 

fcjb  partie  dos  privilèges  des  den&rophom 

J^ntTï— •  -»«W«  f—» 

KS’e  bois,  negotiator  mcaeriariusl MarEuia] 

,G0 !_  Instrument  d'agriculture  qm  servait  a  remue 
fl,  sol1  Cet  instrument  avait  un  for  largo  ,  t  t  ai 
L,bé-,.nuni  d'un  long  manche-,  grâce  auquel  on  en 
pouvait  frapper  le  sol  avec  force-,  Dickson  le  compare  a 
L  bêche».  Je  croirais  plus  volontiers  que  le  ligo  n  était 
L  sans  ressemblance  avec  notre  houe.  Comme  la  houe, 
en  effet,  le  ligo  servait  à  remuer  profondément  les ■ teires 
dures  ou  en  friche1,  à  extirper  les  mauvaises  herbes  et 
tout  ce  qui  pouvait  nuire  à  la  culture  »,  à  retourner  et  a 
briser  les  glèbes10.  C’étaitun  véritable  instrument  de  cul¬ 
ture,  tandis  que  la  bêche  est  plutôt  un  outil  de  jardinage. 

I  Existait-il  des  ligo  dont,  comme  pour  certaines  de  nos 
houes,  le  fer  était  divisé  en  deux 
dents  [bidens]?  La  question  reste 
douteuse.  On  ne  peut,  en  faveur 
de  cette  opinion,  alléguer  qu’un 
seul  texte  dont  l’interprétation 
est  incertaine:  fracti  dente  li- 
gonis".  Le  fractus  ligo ,  instru¬ 
ment  certainement  bien  connu 
_  h'  11  /  ,,u  de  Columelle,  mais  que  nous 

ignorons,  élait-il  un  ligo  'dont  le  fer,  à  son  extré¬ 
mité,  se  divisait  en  deux  dents?  Faut-il  au  contraire, 
commentateurs,  traduire  fractus  par 
métal  imitant,  pour  l’œil, 
lune  cassure12,  de  telle  sorte  que  cette  épithète 
que  nous  avons  mentionnée 


nvec  certains 

recourbé,  l’inclinaison  du 
l’effet  d’i 

serait  synonyme  de  celle 
■  us  haut  :  incurvas  ligo 13  ?  Peut-être  doit-on  voir  l  image 
lu  un  ligo  dans  l’instrument  que  représente  la  figure  4484  u, 
Ijlapiès  une  coupe  ornée  de  bas-reliefs  représentant  les 
K^|lux  'l  Hercule  ;  la  brusque  courbure,  à  angle  aigu, 
F  lns*1  ument,  est  certainement  rendue  avec  exactitude 

l’  1"2et  L  P1'“-  I  I.  —  2  Vitruv.  Il,  4,  3-4  et  U;  Plin.  XVI, 
E-  .  -  '  1,lin'XVIt  190  ;  Cat.  De  re  rust. 


î 
* 
Ainsi, 


l'orni,..  ir | , , , ,  190  ;  Cat.  De  re  rust.  c.  31.  11  recommandait  d'abattre 

V,  p  3  .  noYer  au  décours  de  la  lune  ;  cf.  Plin.  XVI,  193.  —  4  Theophr. 

[Bliimnep,  7’ec/i„  '/l"  °'>1lr‘  T.  t;  Plin.  XVI,  190491.  —  Bibliographie.  Hugo 
:n  Ul‘d  Italie  -  ",!C  Un^  Terminologie  der  Gewerbe  und  Kïmste  bei  Grie- 
Rerdam  1807  i  *  874-1887  ;  Sprengel,  Historia  rei  herbariae , 

Golba  tcuu  Lenz,  Botanik  d.pr  nlt.pn  Clvipchpn  und.  Bnmpr. 


1850.  y  û  T”’  Lenz,  Botanik  der  alten  Griechen  und  Rômer , 

au>  A«ien  nack  f ^"^urPftanzen  und  Hausthiere  in  ihrem  Uebergang 
d«,  mil  botaBisclic?'li  .'e"fand  md  Italien'  c'  édit-  ncu  Uerausgeb,  v.  0.  Sclira- 
“mbSlrâiirl,,,,. v.  A.  Engler,  Berlin.  1894:  Karl  Koch,  Die  Baume 

,  La  vie  privée 


"“Slrâu  cher  detail-  ^°CUV'  ^ug'cr,  Berlin,  1894;  Karl  Koch, 
iu  Romains  (|n,i"  i"  Griechcnla.nds,  Stuttgart,  1879;  J.  Marquardt,  L 
i  LlGNAmüs  1  isiq  ^".  ’  Par  V'  l,curY.  1892-93. 
f'  2  H.  BlumBor  r"'i  1  :  li<5nal’‘us  generalitcr  ligni  opifex  appclla- 

i  "'L  U,  p.  [a(t  r(i|  i/,,X  **■  Terminologie  d.  Gewerbe  xmd  Kiinste,  Leipz. 

y  biijuei  qu  on  ne  trouve  le  mot  avec  cette  acception  qu'à 


par  l’épithète  fractus.  Ce  sens,  un  peu  détourné  il  est 
vrai,  est  très  admissible,  car  le  texte  est  en  vers  et  les 
mots  y  peuvent  être  employés  pour  peindre  une  image  , 
il  n’est  d’ailleurs  pas  plus  hypothétique  que  le  sens 
à  deux  dents-,  ajoutons  que,  sur  notre  ligure,  Hercule 
se  livre  à  un  de  ces  rudes  travaux  pour  lesquels,  d  après 
les  textes,  l’usage  du  ligo  est  tout  indiqué,  puisque,  pour 
nettoyer  les  écuries  d’Augias,  il  détourne  le  cours  de 
l’Alphée.  Henry  Thédenat. 

LIGULA,  LINGULA.  —  Martial  reproche  aux  gram¬ 
mairiens  ignorants  de  s’obstiner  à  conserver  la  forme 
Unguia ,  tandis  que  toute  la  bonne  société  de  Rome, 
equiiesque  patresque ,  ne  se  servait  que  du  mot  ligula  . 
Ces  grammairiens  voulaient,  sans  aucun  doute,  rester 
fidèles  à  l’étymologie  traditionnelle  qui  fait  de  ce  mot 
un  diminutif  de  lingua,  parce  que,  par  sa  forme,  le 
cuilleron  rappelle  la  langue  humaine2.  Mais  il  est  des 
cas  où  le  mot  ligula  ne  peut  pas  avoir  cette  étymo¬ 
logie,  l’objet  désigné  n’ayant  aucune  ressemblance  avec 
la  langue3.  Pour  sortir  de  cette  difficulté,  on  a  divise 
en  deux  classes  les  mots  Unguia  ou  ligula ,  faisant  déri¬ 
ver  les  uns  de  lingua  ou  lingere ,  les  autres  de  ligure , 
suivant  leur  sens.  Ainsi,  le  mot  ligula,  quand  il  ale  sens 
de  courroie  de  soulier,  dériverait  de  ligure’'.  Mais  les 
textes  ne  permettent  pas  d’attribuer  au  mot  ligula  le  sens 
de  courroie  de  soulier  ;  il  s’agit  en  effet  d’une  oreille  de 
soulier5,  qui  ne  ressemble  pas  plus  a  une  langue  qu  à  un 
cordon  ;  aussi  Festus  rattache  la  ligula  du  soulier,  par  son 
étymologie,  au  mot  lingua 6.  Ceci  prouve  une  fois  de  plus 
qu’il  faut  rester  très  sceptique  en  ce  qui  concerne  ces 
étymologies  à  la  manière  de  Varron,  faites  après  coup  et 
reposant  sur  des  ressemblances  de  mots.  Ce  qui  reste 
certain,  ce  dont  d’ailleurs  tout  le  monde  convient,  c  est 
que  les  mots  ligula  et  Unguia  sont,  quel  que  soit  leur 
sens,  employés  à  peu  près  indifféremment  l'un  pour 
l’autre  7.  Nous  présenterons  donc  ici  l’explication  de 
ces  deux  mots,  chaque  fois  que,  par  leur  sens,  ils  devront 
trouver  place  dans  ce  dictionnaire.  Lorsque  les  textes 
cités  donneront  la  forme  Unguia ,  nous  l’indiquerons 
dans  la  note,  après  les  références. 

1°  La  ligula ,  cuillère,  diffère  du  coculear  ou  cocu  le  are 
et  par  son  manche  qui  se  rapproche  de  celui  de  nos 
cuillères  modernes,  et  par  son  cuilleron,  généralement 
plus  large  et  plus  allongé.  Toutefois,  il  ne  faut  pas  consi¬ 
dérer  cette  distinction  comme  sans  exception.  On  connaît 
en  effet  .des  cuillères  antiques,  à  manche  orné  et  non 
pointu,  dontle  cuilleron  estpelitcomme  celui  des  cochlcar, 
et  des  cuillères  à  large  cuilleron  dontle  manche  est  pointu. 

La  cuillère  répond  à  une  utilité  si  générale  qu’il  n’est 
pas  surprenant  qu’ou  la  rencontre  chez  tous  les  peuples 
civilisés.  On  en  connaît  en  pierre,  en  métal,  en  bois,  en 

une  basse  époque;  Vulgat.  I,  9,  27  ;  Hieron.  Epist.  108,  8;  Gloss,  lut.  gr.  :  ligna- 
rius  tiiAoxéiioç,  o  xôtctwv  ;iiXa. 

I.1GO.  1  Popma,  De  instrum.  fundi ,  VIII  :  instrumentum  fossarium.  —2  Varr. 
Linq  l.  V,  134.  —  3  Stal.  Thebaïd.  111,  587  :  incurvi...  ligones.  —  4  Ovid.  Pont. 

1  s'  59  ;  longis...  ligonibus.  —  3  Ovid.  Amor.  III,  10,  31  :  cum  benejaclati  pul- 
s'arènt  arva  ligones.  -  3  On  lhe  husbandry  of  the  ancients,  t.  I,  p.  145  et  trad. 
fr  De  l'agriculture  des  anciens,  t.  I,  p.  382.  —  1  llor.  Epod.  V ,  30  ;  Epist.  1,  14, 
27  ;  Mari.  IV,  04,  32.  —  8  Colura.  X,  88-89.  —  9  Ovid.  Pont.  1,  8,  59.  —  10  Horat. 

Od  IU  0  38-39.  _  n  Colum.  L.  I.  —  12  Lolum.  not.  Varior.  ad  l.  I.  13  Stal, 

l  /.  J  U  A.  Klügmann,  Annal.  delC  Istit.  di  Borna,  1864,  p.  304,  s.  lav. 

d'agg.  U. 

LIGULA,  LINGULA.  1  Mari.  XIV,  120  Ligula  argentea.  —  2  Cliaris.  éd.  Keil, 
p.  104;  Fcslus,  s.  v.  éd.  Muller,  p.  116.  -  3  Voir  plus  loiu,  n->  4.  —  4  Cliaris,  L.  I. 
_  5  Voir  plus  loin,  n»  9.  —  o  Fcst.  L.  I.  —  3  CL  Cliaris,  L.  I.  «  Usus  ligulam 
sine  n frcqucnlat  ». 

158 


—  1254  — 


LIG 


os,  en  ivoire',  en  verre  même2;  les  cuillerons  affectent 
les  formes  les  plus  diverses,  circulaires,  ovales,  allongées, 
en  forme  de  gousse,  en  forme  de  fer  de  lance  avec  la 

pointe  dirigée  vers  le  manche  ou  en 
dehors.  Les  artistes,  comme  de  nos 
jours  et  peut-être  plus  encore,  ont 
donné,  dans  l’ornementation  des 
manches,  carrière  à  toute  leur  fan¬ 
taisie3.  Les  dimensions  étaient 
aussi  variées  qu 'aujourd’hui  ;  on 
rencontre  la  cuillère  aussi  petite 
que  celle  qui  accompagne  nos 
salières. 

On  a  trouvé,  en  Égypte,  des  cuil¬ 
lères  dont  les  manches  sont  très 
variés  :  parfois  ils  sont  formés  d’un 
cercle  ou  d’une  tige  droite,  avec 
une  barre  transversale  en  forme 
de  croix,  à  la  naissance  du  cuil- 
leron  ;  dans  d’autres,  le  manche 
représente  une  tête  d’Isis,  un  pois¬ 
son,  un  quadrupède  couché,  une 
divinité  ' accroupie  4.  Une  cuillère  en  bois,  trouvée  à 
Thèbes,  rappelle  par  sa  forme,  aussi  bien  que  par  son 
ornementation,  le  lotus5. 

Les  cuillères  grecques  n’offrent  pas  moins  de  variété 
dans  leur  forme  et  leur  ornementation  °.  11 
en  est  qui  ont  le  manche  pointu,  comme  le 
cochlear  des  Romains,  et  devaient  certaine¬ 
ment  servir  aux  mêmes  usages  7.  D’autres 
ont  un  manche  plat,  comme  nos  cuillères 
actuelles  8  ;  à  Cyzique,  on  en  a  trouvé  deux 
en  argent,  dont  le  manche  est  travaillé  en 
pied  de  biche,  avec  une  grande  délicatesse 
(fig.  4485)  9.  Une  cuillère  grecque  en  bronze, 
conservée  au  Musée  britannique  10,  est  ornée 
d’un  manche  très  original,  représentant  un 
dauphin  enroulé  autour  d’une  rame.  Quel¬ 
quefois  le  point  de  jonction  du  manche  et  du 
cuilleron  est  orné  d’un  motif  gracieux". 
Dans  une  tombe  de  Vulci,  on  a  trouvé  une 
cuillère  étrusque  en  os  sculpté,  d’une  forme 
et  d’une  ornementation  agréables  à  l’œil12 
(fig.  4486). 

Ce  que  nousavons  dit  des  cuillères  grecques  s’applique 
aux  cuillères  romaines:  même  variété  dans  les  formes, 
même  fantaisie  dans  l’ornementation13.  On  remarque 
fréquemment  dans  les  cuillères  romaines  14  une  structure 
particulière  qui  apparaît  déjà,  quoique  plus  rare,  dans 
les  cuillères  grecques  15  :  l’extrémité  supérieure  du  cuil¬ 
leron  est  recourbée  de  manière  à  former  un  demi-cercle, 

i  Cf.  C.-J.  Jackson,  The  spoon  and  its  history,  dans  Archaeologia,  t.  LUI, 
p.  107  el  s.  —  2  Raoul-Rochette,  Mihn.  de  V Acad,  des  inscript,  t.  XIII, 

1838,  p.  682.  _  3  Sur  les  formes  et  l'ornementation  des  cuillères,  voir 

J\ luseo  Borbonico,  t.  X,  pl.  xi.vi  ;  Jackson,  O.l.  fig.  1-29;  Grivaud  de  la  \incelle, 
Métiers  des  anciens ,  pl.  xxxu  et  exxv  ;  Id.  Antiquités  recueillies  dans  les  jardins 
du  Sénat ,  p.  118,  pl.  v,  n»s  1-5;  G. -B.  de  Rossi,  Bull,  di  arcli.  christ.  1808, 
p.  83,  pl.  i;  Catalogue  de  la  collection  Hoffmann ,  1888,  n°>  541-544;  l’ filon, 
Mémoire  sur  une  découverte  en  Vendée,  1857,  p.  13  ;  Thédenat-Villefosse-,  Gaz. 
arcli.  1885,  p.  110;  Héron  de  Villefosse,  Le  trésor  de  Boscoreale,  dans  Mélanges 
et  monuments  Piol,  t.  V,  p.  114,  n°»  61,  62,  pl.  xxxvui,  n“*  2,  3,  etc.  —  4  C.-J. 
Jackson,  O.  I.  p.  108,  n»s  1-8.  —  3  Id.  Ibid,  n°  4.  —  G  ld.  n«s  9-15  et  24.  — 

7  Id.  n«s  10,  13,  14,  15.  —  3  ld.  n»  12.  —  9  ld.  n°  24.  —  10  Id.  n«  9.  —  1*  Id. 
n05  10,  15,  24.  —  12  Dennis,  Cities  and  cemeteries  of  Etruria,  t.  I,  p.  461;  C.-J. 
Jackson,  n°  19.  Voir  une  autre  cuillère  trouvée  à  Cliiusi,  Museo  Chiusino,  II, 
pl  cxlll]  _  13  C.-J.  Jackson,  u«*  16-23  et  25-29.  —  U  ld.  n«  16-18,  20-23,  25-29. 


L1M 


manche;  de  telle  sorte  que,  si  l’on  lieni* °X^6nQilé du 
un  sens  horizontal,  le  cuilleron  est  plus  K-  ,lère  <|aj 
Telle  est  la  cuillère  romaine  en  argent  trm  *  -lUe  la  ^ 
bury  en  1868 16  (fig.  4487).  ’  IU>Ci ;i 


Les  Romains  avaient  aussi  des  cuillères  de  f 
ticulière,  dont  le  manche,  à  l’endroit 


Ganter. 


cuilleron,  est  recourbé  en ' forme^de^iucü]'' n a<j!ple aiJ 
ont  le  manche  droit,  mais  le  cuilleron  est  muni ’i’6* 
lot 18.  Les  uns  et  les  autres  servaient  '  '  Un  g0u‘ 


par¬ 


ti  puiser,  dans  un  grand  récipient, 
le  liquide  destiné  à  être  versé  dans 
une  coupe.  Leur  nom  spécial  est 

TRULLA. 

Les  indications  des  découvertes 
archéologiques  sont  confirmées  par 
les  textes  des  auteurs.  Souvent  la 
ligula  était  en  argent19  et  elle  avait 
sa  place  parmi  les  pièces  d’argen¬ 
terie  que  l’on  offrait  en  présent20. 

Il  n’est  donc  pas  surprenant  qu’on 
ait  trouvé  des  cuillères  sur  les¬ 
quelles  étaient  gravées  des  formules 
de  souhaits  comme  ouaXs,  transcrip¬ 
tion  grecque  de  vale2' ,  ou  utere 
felix2'2,  et  aussi  avec  des  inscrip¬ 
tions  votives23.  Quelquefois  le  cuil¬ 
leron  était  orné  de  sujets  gravés24. 

La  cuillère  avait  son  emploi  dans  le  service  de  la  table2* 
et,  dans  les  tombes,  on  a  trouvé  des  cuillères  à  côté  des 
mets  préparés  pour  l’usage  du  défunt20.  Des  cuillères, 
sans  doute  d’une  matière  plus  commune,  servaient  aux 
préparations  culinaires  ou  autres27. 

2°  Terme  de  mépris28. 

3°  Mesure  de  capacité  évaluée  au  quart  du  ciathusm 

4°  Aiguille  d’une  balance,  examen 30  [luira]. 

5°  Extrémité  amincie  d’un  levier31,  spécialement  du! 
levier  d’un  pressoir  [prelum]  32,  d’une  poulre  ou  d un 
pieu  vertical,  destinée  à  être  engagée  dans  une  pièce 
transversale33,  comme  dans  les  clôtures  en  Dois . 

6°  L’extrémité  la  plus  étroite  de  tuyaux  qui,  amincis! 
d’un  seul  côté,  s’emboîtaient  les  uns  dans  les  autres  afin! 
de  former  des  conduits  d’eau,  tubuli  lingulali  ■ 

7°  Épée  ou  lame  d’épée35. 

8°  Partie  courbe  d’un  strigile39. 

9°  Oreille  d’un  soulier  en  cuir31,  en  g!U  iÂI,uT’ 


yXmTT tÇ  38 . 

10°  Biseau  d’une  flûte39;  en  grec  flanvk 

Henry  Tuiîdenat.  ^  1 

v  •  1  •!  1  i  me  él&m  i 

LIMA  ('Pivt)).  —  Comme  de  nos  jours,  -  ,.  eUuX 
dans  l’antiquité,  un  outil  familier  aux  <  h 

Villefosse,  Letw°r 


1»  Id.  Ibid.  p.  il0’  9 


fiu-t.  V,  I». 


-1S  ld.  nos  14-15.  —  16  Id.  n»  23.  —  U  Héron  de 
eale,  p.  108,  n»!  51,  52,  pl.  xxvi,  n"*  I,  2. 

I.  xx vu,  n»  1,  2.  -  19  Mari.  XIV,  120  Charisius,  éd.  kefi.p. . •  sss,  5  * 

I  ;  VIII,  33,  23;  71,  9.  -  21  Antiquités  du  Bosphore  l"""  lnscr,  UM 
«te,  t.  I,  p.  205.  -  22  Corp.  inscr.  lut.  V,  8122, J l  ;  0  ^  ^  ,s83jP  35 . 

»  343, 2.  —  23  Catalogue  Hoffmann ,  1S88,  il05  541,  ot- ,  _  ■  ___  2rt  Cf.  Ra0U 

-24  Jackson,  p.  111,  n°*  20  ,  21.  —  23  Cal.  B.  nuit.  L  ,  xx |,  49, 2;  c« 
lie l le,  L.  I.  ;  Bull.  corr.  hell.  1885,  p.  109.  -  31  Pl*»-  1  «  •  '  CCXXX; 

y  5.  -  28  Plant.  Poen.  V,  5,  30.  -  29  Plin.  XX,  18,  1  f 

111,  G  ;  Colum.  XII,  21,  2.  —  3«  Schol.  ad  Pers.  1,6. 

-32  Gai.  B.  rust.  XVIII 

.337-338.  — 33  Colum . .  --  v - ,  ,,  ..IP 

II,  6;  Gcll.  X,  25  cl  Navius,  ap.  Gell.  L.  I.  (lmgu  a).  Jlüller  t  '  ^ 

i  Juv.V,  20  et  Schol.  ad  1.  ;  Mari.  II,  29,  7  ;  Fest.  s.  v-  •  G(J  6  ;  Fcsl-  I-  ■ 
ngula' .  -  33  A Ih en.  XV,  677  a.  -  33  Plin-  Nat.  hist.  xv  , 


1 ,  2.  —  30  Schol .  ad  Pers.  1 ,  c  •  J  Termi’l0,0f'  . 

II  (Lingula)  ;  cf.  H.  Blümner,  lechno r.  _  Virr,  m- 
n.  VIII,  1 1  (Lingula).  —  34  Vilruv.  -  '  .  flol.jl  1,  »•  ' 

r.„,i  r  L  (lingula).  -  30  AP“  ,  Millier  (l'g»1* 


LlM 


—  1255 


MM 


792]  aussi  bien  qu  aux  arlisans. 

hKslCie7nom  travailler  l'or',  l’argent-,  le  bronze1, 
one’eo  serv.u  toines  pierres  précieuses  .Ondeta- 

r,er‘‘icrPl0a'°toè  les  perles  qui  adhéraient  trop  forte- 

4 ‘tSfntalie  fournissait  une  pierre  à  eau  qui 
|4ivan  1  Hl  les  mêmes  services  que  la  lime  .  Cet 
”  u  dit  aussi  que  la  rouille  produite  par  le 
„  de  bouc  remplaçait  avantageusement  la 

Urne  pour  polir  les  métaux9. 

,  .,4pe  dont  se  servaient  spécialement  les 

ouvriers  qui  travaillaient  le  bois  s’appelait  lima 
I ii/naria 10.  Mais  cet  outil  est  plus  souvent  désigné 

sous  le  nom  de  scobina  1 1 . 

U  limaille  obtenue  par  la  lime  était  nommée 
t,n  grec  ütvY.got »,  en  latin scobis  ou  scobs". 
Travailler  à  la  lime  se  disait  :  lima  avellere  % 


1 


polire 15,  proterere 


IG,  adradere ' 


Fig.  4'ibs 
1  finies. 


La  lime  était  aussi  employée  par  les  médecins 
pour  la  préparation  de  certains  médicaments  l8. 

I  a  forme  des  limes  antiques  ne  différait  pas 
ano  des  limes  modernes.  On  connaît  des 
limes  rondes,  triangulaires,  à  quatre  côtés,  épaisses  et 
larges,  ou  minces  et  effilées19.  Plusieurs  se  terminent, 
comme  les  nôtres,  par  une  tige  qui  servait  a  les  fixer  dans 
un  manche  en  bois.  Telle  est  une  de  celles  que  nous  repro- 
duisons (tig-  M88).  Elles  proviennent  de  Nocera  et  ont  fait 
partie  de  la  collection  Castellani IIenry  Thédenat. 

LIMBULARII  ou  LIMBOLARII.  —  Plaute  nomme  des 
Imbolarii  ou  fabricants  de  limbus,  avec  d’autres  artisans 
du  luxe  des  femmes;  peut-être  ce  nom  n’est-il  qu  une 
invention  comique  ’.  E.  S. 

LIMBUS.  —  1.  Bordure  ornant  un  vêtement1  [chlamys, 

I PALLIUM ,  TUNICA,  etc.]. 

II.  Ruban,  bandeau  placé  autour  de  la  tète2  ou  servant 
de  ceinture3, 

III.  Zone  obliquement  tracée  sur  une  sphère  céleste  et 
portant  les  signes  du  zodiaque4  [balteus,  lig.  779], 

I  IV .  Partie  d’un  filet  de  chasse  ou  de  pêche  5  [retis]. 

LIMENARCUA.  —  Ce  mot  désignait  dans  les  provinces 
orientales  de  l'Empire  romain  un  fonctionnaire  muni¬ 
cipal  chargé  de  la  surveillance  des  ports1.  Celte  fonction 
[munus)  était  personnelle.  Cn.  Lécrivain. 
r  LIMES  1MPERII.  —  On  sait  que  le  mot  limes  était  un 
I  orme  technique  employé  dans  la  langue  des  arpenteurs 
IIacti  arius  ager,  agrimensores,  centuria,colonia,  templum]. 
K01"  °P,Tei‘  la  division  des  terres,  on  tirait  d’abord  deux 
■^ncs’  ]  une  du  nord  au  sud,  l’autre  de  l’est  à  l’ouest, 
^fessant  toutes  deux  par  le  centre  du  territoire  sur  lequel 

n  "I"  'oit.  La  première  se  nommait  cardo1,  la  seconde 
. 1111  "  0,1  Mmes  decumanus. 
ïacfe  parallèlement 


Puis,  par  d’autres  lignes, 
à  celles-ci,  on  fractionnait  le  reste 

l':»ipir.  |,  n  ,qq  ."n,!’  ’  1 VI,  92,2;Lamprid.  Elag.  XXXI.  —  2  Sext. 
N-  IV,  178  •  Pli  A-"1  XXXIII,  49,  1.  —  3  Vilruv.  VII,  H,  1  ;  Ovid. 

1  jPhaod.  iv'  s  -‘.'viSl'  XXXIV’  *9.33  et  26,  1.  -  4  Plin.  Nat.  hist.  XXVIII, 
S#1,-h6  Pfin  v  / :  X°n'  Cyrop-  VI>  33-  ~  B  Plin.  Nat.  hist.  XXXIV, 
XvIII|G7, 9ü.  7  a  l(|  vvvin  XXVII’32,2'~  1  Plin-  lx>  54>  4-  —  8  Plin-  Nat.  hist. 
ki'J.  I.  Vil  08-  Tn  i  n  ’  1  —  10Scrib.  Larg.  De  comp.  mcd.  CXLI.  —  U  Var. 

■  j  II  V1  x«i  Wd.  Orig.  XIX,  19,  15;  Plia.  Sot.  hist.  XI, 

13  Lamprid.  L.  I.  ;  Plia.  Nat.  hist.  XXXIV, 
"  r|îul,  ap.  varr  r  aX41"’  4L  I.  —  10  Plaut.  Alenech.  I,  1,  9. 

I  J'  ~  19  drivai, ,)  de  ia'v&'  V"’  °8'  ~  18  Marcel.  Einpir.  XXVIII  ;  Scrib.  Larg. 
!  *  1X'  n"  ït  2'^  a  Q  H<]; '  Arts  et  métiers  des  anciens,  pl.  i.vm,  n°s  3,  4, 

1  tu _ _  Expos,  de  1867,  H ist.  du  travail,  Italie,  n°  101. 

"EU.  III,  5,  54.  L'inscription  de  Dossi,  VIII,  27  = 


Os 

26, 1 


^  Horodian.  Xenoph 
Plant,  IX’  4' 


f  u  uiacripiK 

'  0ss~^  ^ox*  «  limkolarius,  0 


lutravoicpàxTir;; 


du  territoire  en  un  certain  nombre  de  carrés  limités 
chacun  par  des  cardo  et  des  limes  decumanus  secondaires. 
Mais  ces  limes  n’étaient  point  de  simples  lignes  destinées 
à  marquer  une  séparation  entre  les  différentes  propriétés, 
privées  ou  publiques  :  ils  constituaient  des  chemins  de 
communication  entre  les  domaines  voisins2.  D’où  l’em¬ 
ploi  du  mot  via  pour  désigner  le  chemin  constitue  par 
le  cardo  et  celui  du  mot  limes  pour  la  voie  trans¬ 
versale. 

Celle  signification  resta,  pendant  toute  la  période  répu¬ 
blicaine,  restreinte  aux  possessions  des  particuliers  et  des 
municipes;  elle  ne  s’appliqua  pas  au  domaine  public  ;  le 
mot  n’était  pas  employé  pour  indiquer  la  limite  du  ter¬ 
ritoire  romain,  la  frontière.  D’ailleurs,  il  n’y  avait  pas 
encore  de  frontière  militairement  gardée.  On  assurait  la 
sécurité  des  possessions  de  la  république  en  les  isolant  des 
peuples  barbares  par  un  cordon  de  pays  a  demi  soumis. 

Tout  cela  changea  avec  l’avènement  du  régime  impérial 
et  l’organisation  de  l’armée  permanente.  Celle-ci  avait 
pour  mission  principale  de  surveiller  la  sécurité  des 
provinces-frontières,  et  tout  particulièrement  la  partie  de 
ces  provinces  qui  confinait  aux  populations  barbares.  On 
vit  alors  apparaître  le  terme  de  limes  imperii  pour  carac¬ 
tériser  la  frontière  de  l’empire,  la  ligne  de  séparation  qui 
délimitait  les  possessions  de  l’État  romain  et  marquait  le 
commencement  des  terres  encore  indépendantes  °. 

La  frontière  était  déterminée  dans  la  plupart  des  cas 
par  des  accidents  naturels,  en  particulier  par  de  grands  - 
fleuves  comme  le  Rhin  ou  le  Danube.  Quand  ceux-ci 
faisaient  défaut  ou  lorsqu’on  avait  quelque  raison  pour 
ne  pas  les  utiliser,  on  établissait  un  limes,  c’est-à-dire 
une  ligne  de  fortifications  4  plus  ou  moins  développées, 
ainsi  qu’on  le  verra  par  la  suite  de  cet  article.  Tantôt 
c’était  un  remblai  de  terre,  une  palissade,  une  muraille, 
percée  de  loin  en  loin  de  passages  gardés  militairement; 
tantôt  un  fossé;  tantôt  simplement  une  série  de  fortins 
reliés  les  uns  aux  autres.  Dans  tous  les  cas,  conformément 
à  son  étymologie,  le  limes  constituait  à  la  fois  une  limite 
séparative  pour  l’empire  et  un  chemin  de  ronde 5,  une  voie 
de  défense  pour  le  territoire  romain  ;  c’est  pour  cela  qu’on 
désignait  le  tracé  d’un  limes  par  les  mêmes  termes  que 
ceux  qu’on  employait  pour  l’établissement  d’une  route 
(aperire,  munir  e ) B. 

La  direction  de  ce  limes,  limite  extrême  de  1  État 
romain,  changea  naturellement  à  mesure  que  la  frontière 
fut  portée  en  avant  ou  que  des  pays  précédemment 
occupés  furent  évacués;  c’est  ce  qui  arriva,  par  exemple, 
pour  la  Daeie.  Il  ne  peut  être  question,  dans  cet  article, 
que  des  provinces  qui  firent  partie  constamment  de 
l’empire,  et  nous  devons  nous  placer  à  une  date  moyenne, 
au  11e  et  au  me  siècle. 

Le  limes1  le  mieux  connu  est  celui  de  Germanie  :  il  a 

1.1MUUS  1  Virg.  Aen.  IV,  137,  et  Serv.  ad  h.  /.;  id.  ad  Aen.  IL  610  ;  Ovid.  Met.  11. 
733;  VI,  127;  Isid.  Or.  XIX,  33,  7  et  8.  —  2  Stat.  Ach.  Il,  170;  Arnob.  Il,  72. 

—  3  Stat.  Theb.  VI,  637.  —  4  Varr.  H.  rust.  H,  3,  7.  —  B  Oral.  Cyn.  25. 

1.1MENAUCIIA.  I  Dig.  Il,  4,  4;  50,  4,  18;  CW.  Jusl.  7,  10,  38. 

MMES  IMPERII.  1  Froulin.  De  limit.  ap.  Groin,  vet.  éd.  Lachmann,  I,  p,  27; 
Hygin.  De  limit.,  ihid.  p.  108.  —  2  Front  in.  De  controversiis,  ibid.  p.  24  :  omnes 
enim  limites  secundum  legem  colonicam  itincri  publico  servire  aebent  ;  cf.  Sic. 
Flac.  ibid.  p.  153,  158. —  3  Mommsen,  Westdeulsch.  Zeitschrift,  IV,  p.  44  et  45. 

—  4  X'ita  Hadr.  12:  «  Loci  in  quibus  Barbari  non  fluminibus  sed  limilibus 
dividuntur  ».  —  ®  Tac.  Ann.  i,  50.  — O  Vcll.  Il,  12 1  ;  Front.  Strat.  i,  3,  10. 

_  ^  Voir  la  bibliographie.  On  peut  consulter  sur  l'ensemble  de  la  question  : 

von  Cohauscn,  Der  rüm.  Grenzwall  in  Deutschland,  Wiesbadon,  1884,  et 
l'analyse  donnée  par  le  général  delà  Noë,  dans  la  Rev.  arcli.  1885  (I),  p.  145 
et  suiv. 


LIM 


1250  — 


LIM 


donné  lieu  à  de  nombreux  travaux  et  actuellement  encore 
une  commission  spéciale  a  reçu  pour  mission  de  l’étudier 
dans  tous  ses  détails  et  sur  toute  son  étendue.  Le  tracé 
en  est  fort  bien  établi. 

Tacite  nous  parle  d’un  rempart-limite  commencé  par 
Tibère  sur  le  Rhin  inférieur1,  mais  on  n’en  retrouve 
aucune  Irace  sur  le  terrain.  Parmi  les  remparts  et  les 
fossés  qui  se  rencontrent  dans  cette  région,  aucun  ne 
saurait  être  attribué  aux  Romains.  A  partir  de  l’empe¬ 
reur  Claude,  la  frontière  de  la  Germanie  inférieure  fut 
constituée  par  l’Yssel  et  le  Rhin;  le  limes  suivait  la  rive 
gauche,  serrant  de  près  le  cours  du  fleuve2. 


Celui  de  la  Germanie  supérieure  .. 

i  .  1  e  aPP>trtieni  j, 

époque  un  peu  plus  basse;  les  auteurs  .  "nc 

Flaviens  et  les  empereurs  suivants  3  ry  '  SOnl  H 

totale  de  250  milles  romains,  il  commenr'!;!’  '0ngUeur 
■  -  ’  "  -  ,  çau  immédiaJ 

de  ' 


tement  à  la  frontière  septentrionale  U(. 
embrassant  le  Taunus  et  la  plaine  du  u\-  I'l'0vincel 
Griiningen  (fig.  4489)  *,  puis  se  dirigeait  au' 

Mein  qu’il  rejoignait  à  Gross-Krotzenburg  "\\  J 
ensuite  le  Mein  jusqu’à  Miltenberg,  puis  couvaii^1 
lèlement  au  Neckar,  en  droite  ligne,  jusqu’à  ]  Para1' 
trouvait  la  limite  de  la  Germanie  et  de  la  Réli,  ’  °llSe 
Le  limes  de  Germanie  supérieure  se  composait,  partoJ 


Fig.  4189.  —  Tracé  de  la  frontière  romaine  en  Germanie  et  en  Rétic. 


où  il  n’empruntait  pas  le  cours  d’un  fleuve,  d’un  retran¬ 
chement  continu  de  hauteur  moyenne,  en  avant  duquel 
était  creusée  une  tranchée.  Le  profil  ci-contre  (fig.  4490) 
peut  donner  une  idée  de  sa  disposition  générale  r>.  Tout 


Fig.  4490.  —  Frontière  en  remblai  avec  fossé. 

le  long  de  cette  ligne  de  retranchements,  que  l’on  nomme 
aujourd’hui  dans  le  pays  Pfahlgraben ,  étaient  répartis, 
à  quelques  centaines  de  mètres  en  arrière,  des  foi  lins 
et  des  tours  —  ils  sont  indiqués  sur  la  carte  (fig.  4489) 
—  qui  se  succédaient  à  des  distances  variant  de 
8  à  10  kilomètres  sur  le  Mein,  et  atteignant  jusqu  à 

1  Ann.  XIV,  37.  —  2  Mommsen,  Hist.  rom.  (trad.fr.)  JX,  p.  'G0.  —  3  Frontin. 
Strat.  I,  3.  10;  cf.  à  ce  sujet,  Gselt,  Domitien ,  p.  194  et  les  notes.  -  b» 
carte  reproduite  ici  est  la  carte  d’ensemble  annexée  à  la  publication  intitulée  Der 


18  kilomètres  sur  le  Rhin  inférieur.  La  eon\h  _ Jj 

, récéder  le  trace  du  remp»  I 
aucune  des  néceM 
sidera- 


en  consu 


postes  militaires  dut  même  pr< 
limite;  car  celui-ci  ne  répond  a 
de  défense  que  l’on  prendrait  aujouul  lnu  jestiné |l 

tion.  Ce  n’était  guère  qu’un  obstacle  ma  'j1^ 
interdire  le  passage  de  la  frontière  ;  LeS  lourS 

daient  les  points  où  on  pouvait  la  tr^vei i^vstème 
dont  la  présence  a  été  reconnue 


complétai"»1 


de  surveillance,  en  faeililant  1  emploi  de  M i  donner da| 
Le  limes  rétique,  pour  lequel  on  ne  n,  sjècle  L 
date  exacte,  mais  qui  existait  assuitme  ^ordij 

commençait  là  où  finissait  le  limes  &er  ^  l’Allninh t 
il  courait  parallèlement  au  Dan u  )C’  C  , e  fois  la  r''('èr^ 
puis  s’infléchissait,  traversait  une  seco  ^e  EinlD 
auprès  de  Kipfenberg  et  rejoignait  le 


,|  K**111'  . 

, .  3  Von  Coliauscn,  Op ■  (  j  894,  P' 

obergerrnanisçh-râltsche  Lunes.  ^  Westd.  Zeilschr'l*’ 

xl  et  suiv.  Rev.  arcli.,  loc.  cit.  pl  IN-  07  ei  suiv. 

Hübner,  Rom.  Hcrrschaft  in  Westeuropa,  p-  “ 


IJM 


—  1257  — 


IJM 


..  ,p  COUrs  jusqu’à  Passau.  Dans  toute 

il  en  S«ivait  enS(!^ne  trouve  pas  la  trace  d’un  rempart 
IL  longueur  on  ne  ^  ^  et  du  Mein,  mais  d  un 

„«  U* fossé  («g.  MM)'*.  n«»  accompagné 

,a„ta«  pierres.  ^  ■  . 


Fi„  4491.  Frontière  en  mur  de  pierres. 

(jj.  beaucoup  moins  nombreux  qu  en 


jjeiUement  de  Tortin^dent  gans  régularité  eL  à  des 
'  1V  /fis-  4189).  On  y  a  relevé  peu  de  traces 

lA.  \llP*  ' 


contre 
uelles 
fort  en 


pan 

Germanie 

espaces  inégaux  qu» 

del0T  f.STdéfense  de  la  frontière  était  organisée 

différemment.  On  sait  qu’Àgncola  en  78-81 
ü  Bretons  des  guerres  importantes  a  la  su  de 
L  limites  du  territoire  romain  furent  portées 

avant  vers  le  noi  d  , 
l’empereur  Hadrien, 
au  contraire,  les 
|  ramena  à  130  kilo¬ 
mètres  plus  au  sud  ; 
mais  Anton  in  le 
Pieux  s’avança  de 
nouveau  jusqu’à 
l’ancienne  ligne  oc- 


Fig.  4492.  —  Mur  d’Hadrien  en  Bretagne. 


mur  d’un  côté  et  la  ligne  de  défense  en  terre  de  l’autre  : 
il  y  reconnaît  un  chemin  couvert  par  le  nord  et  par  e 
sud.  M.  Haverfield  a,  au  contraire,  voit  dans  le  mur  a 
construction  militaire  proprement  dite;  le  vqllum  aurait 
été,  suivant  lui,  une  ligne  de  frontière  civile. 

Le  rempart  d’Antonin 6  s’étendait  entre  les  l  ritlis  de 
la  Clyde  et  du  Forth,  entre  Dumbarton  et  Carriden. 
C’était  un  remblai  de  terre  large  de  5  mètres  en  moyenne 
à  la  base,  reposant  sur  un  pavement  de  pierres,  et  Haut 
de  lm,2o ;  en  avant  était  un  large  fosse  de  5  métrés  e 
profondeur;  c’était  lui  qui  formait  l’obstacle  principa  . 
Ce  rempart  était  aussi  protégé  tous  les  2  kilomètres 
et  demi  par  des  fortins  et  de  loin  en  loin  par  des  tours  de 
guet.  Une  route  militaire  traversait  les  fortins  d  un  bout 

à  l’autre  de  la  frontière  (fig.  4493) 7 . 

Pour  les  autres  parties  de  l’empire,  on  a  moins  de 
renseignements  que  pour  la  Bretagne  ;ou  les  provinces 
germaniques;  on  va  relevé  cependant,  à  propos  du 

limes ,  quelques  ren¬ 
seignements  intéres¬ 
sants. 

A  l’est  de  la  Hélie, 
le  Danube  formait 
presque  sur  tout  son 
parcours  la  limite  de 
l’empire.  Cette  fron¬ 
tière  est,  eu  ce  mo- 

_ _  « —  1  ,1  «  1  r»  rvml  <1 U  C 


JO  771 


cupée  par  Agricola. 

Do  ces  variations  dans  l’occupation  du  pays,  nous 
avons  comme  preuve  les  restes  des  deux  xcmpaits 
dits  d’Hadrien  et  d’Antonin  le  Pieux  2.  Le  mur  d  Ha¬ 
drien  (fig.  4492)  3  mesure  110  kilomètres  entre  1  em¬ 
bouchure  de  la  Tyne  et  celle  de  la  Solway,  de  Newcastle 
à  Carlisle.  Il  se  compose  d’un  mur  avec  fossé,  protegi 
contre  les  attaques  à  revers  par  deux  retranchements  en 
terre  élevés  de  part  et  d’autre  d’un  même  fosse.  Le 
mur  était  large  de  lm,50  environ  et  haut,  en  certains 
endroits  du  moins,  de  près  de' 5.  Une  berme  de  même 
largeur  le  séparait  du  fossé,  large  de  11  mètres  sur  4  de 
profondeur.  La  ligne  de  défense  en  terre  est  tantôt  à  mille 
pas,  tantôt  à  dix  seulement.  Elle  est  formée  d  un  fossé 
moins  profond  que  l’autre,  gardé  à  droite  et  à  gauche  par 
‘leux  bourrelets  de  terre.  Le  long  du  mur  sont  répartis 


cas  tel  la  distants  en  moyenne  de  6  kilomètres  et  de 
'  mêni(."r  aPP*'1u<^s  C0|Hre  la  muraille,  quelques-i 
foriu  "s,ml  légèrement  saillie  au  dehors;  entre 
(n  ava’l  élevé  d’autres  plus  petits  à  un  m 
le  Hwl:  "n  <de^aulre-  M-  Mommsen  4  considère  con: 

P1 'finement  dit  l’espace  plan  compris  entr 
‘  v°n  Cohausen 

The  roman  w  Rev-  arch;  loc-  cit.  pl.  ix,  3.  —  2  11 

■  An tiqu.  of  Lur,i  ‘  "[  P-  13;  cf.  Proccedings  of  tlie  S, 

|  Ptxi.vm;  ’  |S  I-’  P*  et  suiv.  —  3  Von  Cohausen,  Op 

"!  *■  ~  «  The  romL  ’  *’  pl’.  “*  3-  ~  4  WetUL  Zeitschrift,  XIII,  p. 

■  >U(TO;,ie  ^  m  Britain,  p.  15.  _  G  Ibid.  p.  17;  cf. 

®^scoi n  :  ’°"nl  °f  excavations  made  under  the  directit 

nha™l°<^  Society.  -  -,  Op.  cit.  pl.  ,v  3.  -  « 


savants  autrichiens,  l’objet  de  recherches  spéciales.  Des 
premières  constatations,  il  résulte  8  que  de  ce  côté 
n’existait  ni  rempart  en  terre,  ni  mur,  ni  palissades. 
Mais  le  cours  du  fleuve  ou  plutôt  les  passages  par  où  on 
le  franchissait  étaient  surveillés  par  toute  une  suite  de 
fortins  et  de  postes  de  garde,  qui  se  complétaient  l’un 
l’autre.  Ainsi,  entre  les  deux  camps  fortifiés  de  Vindo- 
bona  et  de  Carnuntum,  distants  l’un  de  l’autre  de  40  kilo¬ 
mètres,  on  avait  réparti  de  distance  en  distance  des 
postes  qui  en  dépendaient. 

Au  début,  il  semble  qu’on  ait  laissé  en  dehors  de 
l’empire  le  coude  du  fleuve  formé  par  la  Dobrudja  et 
qu’à  partir  de  Rassowa  on  ait  établi  là  une  route  fortifiée 
qui  gagnait  directement  Kustendjé  (Tomi)  sur  la  côté.  Le 
tracé  de  cette  partie  du  limes  a  été  signalé  d’abord  par 
MM.  J.  Michel 9  et  Schuchardt10,  puis,  tout  récemment, 
par  M.  Tocilesco u,  auquel  nous  empruntons  la  carte 
ci-jointe  (fig.  1194).  Il  se  composait  de  trois  retranche¬ 
ments  à  peu  près  parallèles,  un  petit  rempart  de  terre, 
un  grand  rempart  également  en  terre  et  enfin  un  mur 
de  pierres.  Le  second,  qui  est  sans  doute  d’une  date  pos¬ 
térieure  à  celle  où  fut  tracé  le  premier  et  le  remplaça12, 
consiste  en  une  forte  levée,  large  à  son  sommet  de 
2  mètres  et  comprise  entre  deux  fossés  profonds.  De  loin 
en  loin  sont  aménagées  des  brèches  formant  passage  : 
en  ces  endroits  il  n’a  jamais  existé  de  fossés.  Le  mur  de 
pierres,  haut  de  3  mètres,  a  été  élevé  à  3  kilomètres  au 
nord  :  il  est  précédé,  lui  aussi,  du  côté  septentrional  par 
un  fossé  défensif.  Mais  son  tracé  n’est  pas  toujours 

Iiôm.  Limes  in  Oesterreich,  T,  p.  7.  —  9  Mêm.  des  Antiquaires  de  France , 
XXV,  p.  215  et  suiv.  —  10  Arcli.  epigr.  Mittheil.  1885,  p.  87  et  suiv. 
_  il  Tocilesco,  Fouilles  et  recherches  archéologiques  en  Roumanie,  1900, 
P  145  et  s.  —  12  Schuchhardt,  Loc.  cit.  p.  112  et  113.  Tocilesco,  Op.  cit 
p  i82,  en  rapporte  la  construction  à  l'empereur  Trajan,  le  petit  vallum  de 
I erre  étant  l'œuvre  d’un  peuple  barbare  qui  l'aurait  élevé  pour  se  défendre  des 
Romains. 


LIM 


—  1258  — 


LIM 


parallèle  à  celui  de  la  levée  de  terre  ;  il  est  des  points  où 
il  la  coupe,  d’autres  où  il  s’en  éloigne  de  plusieurs  kilo¬ 
mètres.  M.  Tocilesco  le  croit  édifié  par  Constantin  le  Grand. 
Gn  arrière  du  rempart  de  terre,  des  fortins  sont  disposés 
de  distance  en  distance,  comme  en  Germanie  ou  en 
Bretagne.  Depuis  Hadrien,  ce  coude  du  Danube  fut  ratta¬ 
ché  au  système  général  des  frontières  de  l’empire1. 

On  ne  sait  rien  ou  presque  rien  du  limes  asiatique. 
Outre  que  la  ligne-frontière  a  souvent- varié  de  ce  côté, 
on  n’a  pas  encore  eu  la  possibilité  d’étudier  le  pays  à 
loisir.  On  connaît  seulement  le  nom  de  quelques-unes 
des  forteresses  qui  gardaient  l’empire  de  ce  côté,  soit 
sur  l’Euphrate,  soit  du  côté  de  l’Arabie  % 

En  Égypte,  le  limes,  cité  par  certains  auteurs  3,  passait 
à  Syène,  limite  de  l’Égypte  et  de  l’Éthiopie,  point  occupé 
par  des  forces  militaires  importantes*1. 


Au  sud  des  possessions  romaines  en  AlVi 


varié  avec  les  différente 

Au  début  de  l’Empire,  elle  était 

...  ltn>sezi‘; 


'T' H 

ci»i«  dt  h 


:i l’pro-  ! 


de  la  frontière  a 
conquête 

chée  de  la  côte  ;  au  11e  et  au  m«  siècle  elle  r 
arrière.  A  cette  période,  elle  suivait  uneli '  P°rtée  fttl 
Leptis-Magna  à  Tacape  (Gabès)  et  à  T,  j°'gnai| 
(Tclmin) G.  A  partir  de  Telmin,  la  frontière  ét 
pendant  quelque  temps  par  les  çhotts  tunis'  iC°UVerie| 
elle  gagnait  Negrin,  enveloppait  l’Aurès  t'Tr'M 
atteignait l’Oued-Djedi  au  sud-ouest  de  Biskr 6  SUd' 
ensuite  vers  le  nord-ouest,  traversait  les  mornsdufj 
coupait  l’Oued-Chaïr  à  El-Gara,  passait  du  côté  de  t 
Saada,  remontait  vers  Aumale  qu’elle  l-iwcu  üu'| 
pour  suivre  la  ligne  Boghar,  Tiaret,  Frenda,  La, noria! 
Tlemcen  et  Lalla-Marghnia.  On  n’a  pas  retrouvé  suri  I 
terrain  de  traces  certaines  des  fortifications  qui  dél'enl 


daient  le  limes.  Le  Code  Théodosien  parle  cependant 
d’un  fossé  7  et  certains  voyageurs  ont  relevé  les  traces 
d’un  mur  qu’ils  croient  avoir  appartenu  au  système 
défensif  de  l’Afrique  8. 

Après  Constantin,  le  terme  de  limes  continue  à  être 
employé  dans  le  même  sens.  D’après  la  nouvelle  organi¬ 
sation  militaire,  que  nous  fait  connaître  la  Notice  des 
Dignités s,  les  différentes  frontières  militaires  forment 
des  commandements  indépendants  sous  les  ordres  de 
ducs  et  de  comtes.  C’est  ainsi  qu’on  lit  : 


Comités  limitum  : 

Italiae 

Africae 

Tingitaniae 

Tractus  A  rgentoratensis 
Britanniarum 
etc. 


Duces  limitum  : 
Mauritaniae  Caesariensis 
Tripolitani 
Pannoniae  secundae 
Valeriae  ripensis 
Pannoniae  primae 
etc. 


l  Mommsen,  ffist.  rom.  (tr.  fr.)  IX,  p.  289.  —  2  Domaszewski,  Die 

Namen  rom.  Kastelle  am  Limes  Arabicas  dans  le  Festschrift  en  I  honneur  de 
Kiepcrt,  p.  65  et  suiv.  —  3  Vit  a  Pescennii,  12.  —  '•  Lumbroso,  L’Egillo  dei  Greci 
e  dei  Romani,  p.  51  et  s.  —  5  R.  Cagnat,  Armée  d’Afrique,  p.  549  et  suiv,; 
Gsell,  L’Algérie  dans  l'antiquité,  p.  27.  —  6  lier  quod  limitem  tripolitanum  pér 
Turrem  Tamalleni  a  Tacapis  Lepti  magna  ducit  (Ilin.  Anton,  ed.  Fortia,  p.  21); 
cf  Toutain,  Arotes  sur  quelques  voies  romaines  de  l'Afrique  proconsulaire  ( Mè - 


D’autre  part,  on  y  trouve  aussi  désignées  sous  le  nom! 
de  limes  les  divisions  territoriales  d  une  de  ces  pi  ot ince* 
militaires  qualifiées  elles-mêmes  de  lime :s.  Louis  coin® 
mandants  portent  le  titre  de  praepositi ,  qui  M'  ^tl0UJ 
aussi  sur  les  inscriptions10.  La  Notice  ne  n11» 
le  tableau  de  ces  subdivisions  que  pour  l  ,  ^on 
africaines  ;  mais  là  il  est  entièrement  concln.uii.'  I 
trouve  pour  l’Afrique11,  snb  dispositione  ru  /"  | 

Comitis  Africae,  celui  qui,  plus  haut,  se  n0lllllj  .  p  I 
limitis  Africae,  le  praepositus  limitis  Tàamaü^.  I 
praepositus  limitis  Montensis,  le  pim/  etc.  De  ] 
Basensis,  le  praepositus  limitis .  Gem\rl^ariensim 
même  le  dux  provinciae  Mauritanien .  ' 
nommé  ailleurs  dux  limitis  MaurUan ^  ^utnnaM 
a  sous  ses  ordres  huit  praepositi . .  Hniitm 

tensis ,  limitis  Vidensis,  limitis  ml 
Fortensis  12,  etc.  [limitanei].  B-  Cagnat- 

,  M 


1 1 Sdh'11'11 

langes  de  Rome,  1895,  p.  201  et 

- ,01 * «*."3 

pra[ep\ositus  l{imï)t{is)  B...  —  11  Not’  ^  et  suiv-  -  yejl- 1 


p.  63).  —7  Cod.Theod.  Vil,  15, 
et  suiv.  —  9  Not.  Vign.  Oc.  V,  126 


cf.  R.  Cagnat,  Armée  romaine  d'Afrique,  P 
Mommsen,  Histoire  rorru 
deutsche  Zeitschrift  fur  Geschichle 


154, 


no  U 


Mommsen,  Histoire  romaine  (trad.  française),  JX,  P  lJUjV.;  Id 

undKunst,lV,  p- 


illid. 


XIII. 


—  1259 


LIN 


LIM 


6aitai»sl>_bU"^  et  les  terres  qu’ils 


les  soldais  établis  à 
cultivaient. 


||TES,  LIMITANEAE  TERRAE.  -  On 

a  le  Bas-Empire,  1 

r'^ftonUèrcs, 

demeure  au.  ,, 

4W”^5r delra défricher;  les  lég 
les  cuUlVer  plirent  leurs  prés  et  leurs  pacages  . 
ou  <TAfrMÇ?  .1  x  ,a  fin  de  scs  campagnes,  donnait  à 
IJxandre  Sévi V  c  ^  goklals  ies  terrains  pris  sur 


umitanei  mu 

[pelait  ainsi)  s°llb 

fleure  îlllX  .'l’01' l’usage  s’était  répandu  d’assigner 
Dès  le  lenlPs  (  Al  fLj.pg'  déterminées,  avec  la  mission  de 
u,x  troupes  d*»  ,1(SWrher;  les  légions  d’Espagne 


ses  go 

l'ennemi 


énéraux  et  à  ses 


à  charge  de  service 


3  militaire  :  si  leurs  héritiers 
rmcs>  1g  sol  faisait  retour  a 
ais  devenir  propriété  privée  et 


renonçaient  au  métier  des  armes,  le  sol  faisait  retour  à 
1  ne  Pmn,llt  J',ma  ,  méme  cimse  dans  les  mon- 


..ivile.  Probus  fit' la 
P‘‘PP  ,  r,  urie  ;  ce  furent  des  vétérans  qu  il  y 

Tlla'aveck  prescription  que  dès  l’âge  de  dix-huit 
fc  fils  virent  rejoindre  Tannée».  Au  iv*  d  an 
v* siècle,  1rs  textes  juridiques  nous  font  eonna,  re  eer- 
les  prescriptions  relatives  à  ces  terres  de  frontière  et 
aux  soldats  qui  les  cultivaient  et  les  défendaient  :  elles 
étaient  exemptes  de  toute  charge,  tous  les  revenus  en 

appartenaient  aux  soldats, 
mais  nul  autre  qu’eux  ne 
pouvait  les  occuper,  toute 
vente  de  ces  terres  étail 
illicite,  il  n’y  avait  point 
de  prescription  qui  pût 
en  légitimer  l’aliénation3 
[riparienses  et  veterani]. 

C.  JüLLIAN. 

LIMOURGOI.  —  Sur¬ 
nom  de  la  plèbe,  misé¬ 
rable  et  presque  privée  de 
droits  politiques,  à  Tarse, 
sous  l’Empire 1 . 

Ch.  Lécrivain. 
LIMUS.  —  L’adjectif  li¬ 
mus ,  qui  signifie  transver¬ 
sal  ou  oblique,  est  devenu 
chez  les  Romains  le  nom 
d’une  sorte  de  cinctus  ou 
jupon  couvrant  le  bas  du 
à  partir  delà  ceinture  et  pouvant  descendre  jus- 

^■14  ol  suié. ,  Samwer,  Die  Grenzpolizei  des  rom.  Deicbs  {Ibid.  V,  p.  311  et 
KO;  Uubner,  Jtômiscl te  Herrschaft  in  Westeuropa,  Berlin,  1890,  in-8«,  p.  39 
'  I"',m  I  Angleterre),  p.  71  cl  suiv.  (pour  lu  Germanie  et  la  Rélie)  ;  IJ.  Bonn. 

U™  (1878),  p.  17  et  suiv.  ;  LXXX,  1885,  p.  23  et  suiv.  ;  LXXXV1U 
*  Jsj  '  lls“v-:  Arcliüologisclier  Anzeiger,  1892,  p.  1  et  suiv.;  J.  Jung, 
H.  *  '  '  ^'0!l"lphie,  p.  124  ct  suiv.  (pour  la  Bretague)  ;  p.  135  (pour  la  Do- 
[i nes  bllu  1/  'a  Ilacio^ ;  P-  100  cl  su'v-  (pour  la  Rétie  et  la  Germanie); 

jioj  \WKwi\n.1  ylu"!ien  d er  Streckenkommissare  der  Beicltslitnes  Kommis- 
P93i  p»6&  ct  s wn'10'1  deT  arch'  lnsL  ( Arch ■  Anzeiger),  1892,  p.  147  et  s.  ; 
'*4 1899,  n  77 1|  .  *1,  1,1  c*  s'  ’  18BS,  P-  190  et  s.  ;  1890,  p.  174  et  s.  ;  1898,  p.  1 

0.  v.  Sarwev  ot  F  H  '  ""'P' ,a  cl s-  (articles  de  MM.  Fabricius,  Ueltner,  v.  Sarwey); 
l*U'J(en  cours  Je  ml  r  "Cr’  0^,er!/ermaiiisch-râtische  Limes,  Heidelberg,  1894- 
fa/ipi,  1878, p  i7  (.j  'P'011)  >  aiilj ner, Derrôm.  Grenzwallin  Deutschland  {Donner 

1,1  Hodgkin,  The  J'f'ii'i  '  ^  ^  S"iv'  ’  ,87B>  P-  i3  et  suiv.  i  1885,  p.  23  et  suiv.)  ; 
Pd'pmtan  empire  /»  /  '  111  u^en’  an  cssaî/  towards  a  description  o[  the  barrier  of 
Coliauscn.  /)e),  ,f'  “ !^‘C  ^)anube  and  the  Ithone,  Newcastle  ouTync,  1882  ;  von 

Gren-vw'il"-U'~Wa^  ^eu^se^and,  Wiesbaden,  1884;  H.  Haupt, 
1885)  ;  J.-L.-G  Mn  "  ^euls^an^  nach  den  neueren  Forscliungcn  (Würz- 
I  Witoni,  ijgjj,  a  "ah  ^  Hong  the  Teufelsmauer  and  Pfahlgraben 
E P'  Herzog, Kriu  1  !  rôoiischc  Grensmark  in  Bayern  (München, 

pjoQ  ”  nia  kungen  zu  der  Chronologie  des  Limes  {Donner 

P-  19,  ,t ^  suiv.);  Hübner,  dans  le  Corp.  inscr.  lat.  Il,  p.  99  et  s.  ; 

1  .  l:ngiami  I  n,  1  '"""n  "  alb  a  description  of  the  mural  barrier  of 
0;  c-  Schuchhardi  "  iSlj7,  m_4°  ’  Der  Eômischc  Limes  in  Oesterrcich, 

tjl’  NiUhcU  -  ’  D,e  r6m-  Gren„„x, 7,  n-a-...»— 


k  ^ruteh,, 

41  “"les  h\ 


IX,  p  ^  iôm,  Grenswtille  in  der  Dobrudgea  {Arch. 
(Mém  dcs  , Suivâ ’  Michel,  Travaux  de  défense  dans 

' ««m  fehôrés-,  de  Franee •  XXV’  P-  2i5)’>  K-  forma, 

’  “Uapesl,  1880;  G.  Tcglas,  Ungarische  Bévue, 


(|u’aux  pieds1,  quand  il  n’était  pas  relevé  à  dessein  par 
celui  qui  le  portait  (succinctus) 2 .  Le  motif  qui  lui  a  fait 
donner  ce  nom  est  indiqué  par  plusieurs  auteurs:  c  est 
que  la  bande  de  pourpre  qui  bordait  la  pièce  d’étoffe  se 
présentait  dans  le  sens  transversal  et  non  pas  dans  le 
sens  longitudinal  comme  les  bandes  de  la  tunique  pur 
exemple  [clavus]  3. 

Le  limus  était  le  vêtement  des  esclaves  publics  [servi 
publici]  dans  l’exercice  de  leurs  fonctions*  ;  on  les  trouve 
même  désignés  dans  les  inscriptions  par  le  nom  de  limo- 
cincti 5  ou  publici  a  cincto  litno 6  . 

Il  est  difficile  de  distinguer  cette  pièce  caractéristique 
des  autres  parties  du  costume  dans  la  plupart  des  monu¬ 
ments  ;  elle  n’est  clairement  visible  que  dans  les  repré¬ 
sentations  de  sacrifices,  où  les  servants  portent  le  limus 
pour  tout  vêtement.  Dans  une  peinture  d’un  célèbre 
manuscrit  de  Virgile  de  la  bibliothèque  du  Vatican  \  la 
bande  de  pourpre  se  détache  nettement  sur  le  fond 
(fig.  4495);  dans  les  sculptures,  à  défaut  de  couleur,  elle 
est  quelquefois  marquée  par  des  traits  gravés  en  creux 
ou  un  dessin  en  relief,  auquel  peut  s  ajouler  un  orne¬ 
ment,  le  plus  souvent  une  frange  8.  E.  Saglio. 

LÜXARIUS  [linum]. 

LINEA.  —  Fil  de  lin  [linum]  et,  par  extension,  fil  ou 
corde  même  d’une  autre  matière1  ;  ligne  tracée  sur  une 
matière  quelconque  ;  ligne  de  démarcation. 

I.  Corde  (g/oîvoç2,  cxxOg-r,3),  àl’ usage  principalement  des 
charpentiers  et  des  maçons;  elle  leur  servait  à  tracer  une 
ligne  droite  sur  le  bois  ou  sur  la  pierre  *  ;  pour  cela,  elle 
était  souvent  frottée  de  rouge,  de  blanc  ou  de  noir  .  d  où 
les  noms  qui  lui  étaient  donnés  de  gtÀxet&v  et  de  Xsuxtj 

OTO.0  gT)3 . 

II.  Corde  blanchie  avec  de  la  craie  ou  de  la  chaux, 
linea  alba ,  appelée  aussi  calx  et  creta ,  qui  marquait  à 
la  fois  le  point  de  départ  et  le  terme  de  la  course  des 
chars  dans  le  cirque  [circus,  p.  1194,  1195j. 

III.  Corde  de  l’arc  [arcus]. 

IV.  Ligne  à  pêcher  [piscatio]  ;  corde  d’un  filet  [retis]. 

V.  Corde  garnie  de  plumes  de  différents  oiseaux,  que 
le  vent  agitait,  tendue  par  les  chasseurs  pour  écarter  le 
gibier  de  son  gîte G. 

VI.  Fil  qui  retient  des  perles  ou  des  pierres  en  collier 

1895,  p.  210;  Gr.  G.  Tocilesco,  Fouilles  archéologiques  en  Roumanie,  Buca¬ 
rest,  1900,  p.  145  ct  suiv.  ;  R.  Caguat,  Armée  romaine  d'Afrique,  p.  549  et  suiv. 

iÂmITANEI  milites,  LIMITANEAE  TERRAE.  1  Corp.  inscr.  lat.  II,  2916- 
20;  VIH,  2553,  2827  ;  Tac.  Ann.  XIII,  55.  —  2  Ilist.  Aug.  Alex.  Sev.  LUI  ;  Prob. 
XVI;  Nig.  vu.  -  3  c.  Tlicod.  VII,  xv,  lois  de  409  et  de  423;  VIH,  iv,  17,  loi  de 
389  ;  C.  Just.  I,  xxvu,  2,  g  8,  loi  de  534  ;  XI,  lis,  3,  loi  de  443.  —  Bibliographie. 
Godefroy  ad  C.  Theod.  VII,  xv;  Boecking,  Notitia,  p.  515  et  s.  ;  Kuhn,  Verfassung 
des  rocmischen  Rcichs,  I,  p.  139;  Fustel  de  Coulanges,  Les  Origines  du  système 
féodal,  ch.  i"r. 

LIMOURGOI.  1  Dio  Chrysost.  Or.  34,  t.  Il,  p.  43,  éd.  Rciskc. 

LIMUS.  1  Serv.  Ad  Aen.  XII,  120.  —  2  Épithète  ordinaire  du  popa  qui  relève 
sou  limus  pour  frapper  la  victime  dans  le  sacrifice  :  Suet.  Calig.  32  ;  Ovid.  Fast. 

I  319  ;  Prop.  IV,  3,  62.—  3  Serv.  L.  I.  ;  A.  Gell.  XII,  33;  Hygin.  De.limit.  constil. 
p.  67  des  Gromatici  vct.  éd.  Lachmami;  Isid.  De  finib.  agr.  p.  306,  11, al.  -  4  A.  Gell. 
Isid.  L.  l.\  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,  trad.  fr.  t.  I,  p.  366.  —  5  Corp.  inscr. 
lat.  V  3401.  —  6  Lex  coloniae  Genetivae,  LXII  ;  C.  Giraud,  Nouv.  bronzes  d’Os- 
suna,  1877,  p.  4;  Eph.  epigr.  III,  p.  91,  108.  —  1  Cod.  \atic.  3225,  fol.  33; 
Châtelain,  Paléogr.  des  classiques  latins,  pl.  lxiii.  —  »  Voir  par  exemple  Monum. 
d.  Inst.  arch.  IV,  pl.  îx  ;  Rossbach,  ROm.  Hochzeits  Denbn.  pl.  i  ;  Labus,  Musée  de 
Mantoue,  I,  pl.  xlvii  ;  de  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  310,  u.  724;  Barloli,  Admi- 
randaRom.  0.  I.  pl.  ix;  Brunn-Bruckmaun,  Denkmüler,  268-269. 

U1NEA.  t  Varr.  R.  rust.  I,  23,  6  ;  Isid.  Or.  XIX,  18,  3.  —  2  Anth.  pal.  VI,  103,  6. 
_  3  Hom.  Iliad.  XV,  410;  Od.  V,  245;  Soph.  Fr.  205.  —  4  Vitruv.  VII,  3,  5;  Cic. 
Ad  O.  frat.  III,  I,  2.  Voir  aussi  Pallad.  III,  9,  10,  pour  la  plantation  de  la  vigne. 

—  6  Anth.  pal.  L.  I.  (  cqsfv'.v  ;  cf.  Ibid.  103,  cl  VI,  205,  3;  Scliol.  Hom. 

H  XV  410  :  ffvàOix»;  *  effet  &è  xat  ff//jiv;ov  Xeittov  eçuOçÇi  r,  pckavi  xE/ptffjxévov. 

—  6  Grat.  Cyn.  83  ct  s.;  Nom.  Cyn.  303;  Seucc.  Hippol.  46;  De  ira,  II,  12;  De 
'  clem.  1,  12;  cf.  Yirg.  Gcorg.  III,  372. 


LIN 


—  1260  — 


LIN 


et  par  suite  le  collier  lui-même  [monile,  margaritae]. 

VIL  Lignes  tracées  sur  la  pierre  pour  marquer  les 
places  au  théâtre,  à  l’amphithéâtre  et  au  cirque  [theatrum, 
AM P1UTUEATRUM,  p.  246,  CIRCUS,  p.  1188]. 

VIII.  Lignes  tracées  sur  un  cadran  solaire  [uorolo- 
gium]. 

IX.  Note,  marque  de  rappel1. 

X.  Ligne,  contour  dans  une  œuvre  d’art  [pi ctura]. 

XL  Ligne  de  partage  des  propriétés  ( linea  consortalis , 

confinalis 2). 

XII.  Ligne  géométrique3.  E.  Saglio. 

L1NGULA  [ligue a]. 

L1NTEAR1US  [linum]. 

LINTER  (Atvnrjp)  ou  lintris  1 ,  dimin.  lintriculus2.  — 

I,  Nacelle  à  faible  tirant  d'eau,  sans  quille,  sans  pont, 
sans  voiles,  se  maniant  à  l’aviron  3.  Elle  est  faite  souvent 
d’un  seul  tronc  d’arbre  taillé  et  évidé  4  et  généralement 
réservée  à  la  navigation  tluviale  ou  lacustre.  César  signale 
la  présence  de  lintres  sur  la  Saône8  et  sur  la  Seine6  ;  Tite 
Live,  sur  le  Rhône1  ;  Ovide,  sur  le  Tibre8;  Cicéron,  sur 
le  lac  Prélius9.  Seul,  Pline  parle  de  lintres  faisant  le 
cabotage  maritime  sur  la  côte  occidentale  de  l’Inde10. 

Le  linter  servait  au  transport  des  voyageurs,  du  bétail, 
des  bagages,  partout  où  la  faible  profondeur  des  eaux 
interdisait  l’emploi  d’embarcations  plus  importantes.  Il 
était  utilisé  aussi  pour  la  construction  des  ponts  de  ba¬ 
teaux  11 . 

Il  n’avait  pas  le  fond  plat  comme  le  simple  chaland  : 
sa  coque  était  arrondie,  ce  qui  le  rendait  très  mobile, 
mais  aussi  très  instable.  Cicéron  12,  se  moquant  d’un 
orateur  qui  balançait  son  corps  de  droite  à  gauche  en 
parlant,  dit  qu’il  semblait  parler  dans  un  linter. 

Il  y  avait,  sans  doute,  diverses  formes  de  lintres  et  le 
terme  doit  pouvoir  s’appliquer  à  nombre  de  barques  et  de 
nacelles  figurées  sur  les  bas-reliefs  et  sur  les  mosaïques  de 
l’époque  romaine,  mais  sans  qu’on  puisse  jusqu’à  pré¬ 
sent,  en  aucun  cas,  le  faire  d’une  manière  certaine. 

IL  Auge  de  bois13,  ayant  la  forme  d’une  nacelle,  d’où 
son  nom.  Elle  servait  pendant  la  vendange  à  transporter 
le  raisin  du  vignoble  au  pressoir14.  P.  Gauckler. 

LINTEUM  et  LINTEAMEN.  —  1°  Linge,  mouchoir, 
serviette,  nappe  [sudarium,  orarium,  mappa,  mantele]1. 

2°  Filtre  2  épais  {spissum)  3  ou  peu  serré  ( rarum)K 
suivant  les  préparations. 

3°  Tunique,  vêtement  de  lin8  [vestis]. 

4°  Petit  tablier,  caleçon6  [cinctus,  subligaculum]. 

3°  Toile  7  [tela]. 

6°  Voiles  de  vaisseaux8  [navis,  vélum].  IL  Thédenat. 
L1ATRARIUS.  —  Batelier  qui  conduit  un  linter1. 

i  A.  Gell.  Noct.  Praef.  1 1  :  alba  linea;  cf.  Lucil.  ap.  Non.  p.  282,  28.  —  2  Grom. 
vet.  èd.  Laclunann,  I,  309,  11  ;  251,  19;  289,  19.  -  3  Gell.  I,  20,  7  ;  Plin.  Hist.  nal. 

II,  16,  13,  et  65,  65. 

LINTER.  l  Sillon.  Carm.  5,  283;  Not.  Tir.  p.  178,  lembus,  lintris.  2  C'c  .Ad 

Attic.  X,  10,  5.  —  3  Caesar,  De  bello  Gallico ,  VII,  60.  —  4  Tit.  Liv.  XXI,  26;  Polyb. 

III,  42  ;  Plin.  VI,  26,  10.  —  6  Caes.  Ibid.  I,  12.  —  6  Ibid.  VII,  60.  —  7  Tit.  Liv.  XXI,  26. 

—  8  Ovid.  Fast.  V),  779.  —  9  Cic.  Pro  Mil.  27.  —.10  Pliu.  VI,  2 ,passim.  -  «  Caes. 
I.  I.  1,21;  cf.  Auson.  Idyllia,  12;  Grammaticomastix,  10.  —  12  Cic.  Br  ut  us,  60. 

—  13  Virg.  Georg.  I,  262.  —  14  Cat.  De  re  rust.  XI,  5;  Tibul.  I,  5,  23. 

L1NTEUM.  1  Plaut.  Mostel.  I,  3,  109;  Mart.  XIV,  138;  Catul.  XII,  3;  Lamprid. 

Sever.  Alex.  XL,  10  ;  Sid.  Apol.  Epist.  V,  17.  —  2  Plin.  XXV,  103,  2.  —  3  Id.  XXI, 
73,  1.  —  4  Jd.  XXXIV,  52,  1.  —  SSuet.  Caliy.  XXVI.  —  6Gaius,  Inst  il.  III,  192. 

—  7  Liv.  XXVIII,  45;  Plin.  Nat.  hist.  XII,  22.  -  8  Virg.  Aen.  III,  686;  Ovid. 
Amor.  11,  11, 41. 

LINTRARIUS.  1  Ulpian.  Pandect.  IV,  9,  14. 

LINUM.  1  Xenoph.  Ath.  resp.  Il,  12.  —  2  llomcr.  Iliad.  III,  141;  XVIII,  595; 
dyss.  VU,  1  07.  -  3  Plin.  Nat.  hist.  XIX,  2,  1.  —  4  Isaias,  XIX,  9  ;  Vopisc.  Saturn. 
VIII.  -  5  Plin.  Nat.  hist.  VII,  57,  5.  — .  6  Forrcr,  Die  Grüber  und  Texlilfunde 


LINUM  (Atvov  1 ,  ôOôvvj,  ôOov.ov2). _ Moi,, 

la  laine,  parce  que  le  mouton  avait  une  ul i lii ,*  I>Und.U  ,|Ue 
prospérait  dans  des  climats  et  sur  des  sols'  |"!UlliPle«8 
le  lin  fut  cependant,  dans  l’antiquité  et  depuis 
très  ancienne,  un  objet  recherché  deculturo  ’ 
et  d’industrie.  Dans  beaucoup  de  pays  oiuii',  q .'""“H 
la  laine,  on  faisait  aussi  des  étoffes  de  lin  -  i,,s  !''Vaillâil 
ries  teignaient  certainement  en  plus  grande 
laine,  qui  s’y  prêtait  davantage,  mais  aussi  le  lin  j  ' 
donc  probable  que,  aux  grandes  teintureries  d’Alï-i  ^ 
et  d’Asie  Mineure  [lana],  en  même  temps  que  b  iql 
les  caravanes  et  les  vaisseaux  de  commerce  apport- 'T' 
du  lin  de  l’intérieur  des  terres  ou  des  rivages  éloigné! 

I.  En  Égypte,  le  lin  était  cultivé  pour  le  commen-el 
l’échange3  et,  en  même  temps,  fournissait  à  l’industrie 
nationale  un  appoint  considérable4.  C’est  même,  d’aprè^ 
une  antique  tradition,  l’Egypte  qui  aurait  inventé  le  tis¬ 
sage  8  ;  les  momies,  même  d’époque  très  reculée,  sont 
enveloppées  dans  des  bandelettes  de  lin.  Beaucoup  de 
musées  possèdent  des  fragments  d’étoffes  de  lin  trouvés 
en  Égypte;  dans  ces  dernières  années,  on  en  a  découvert 
un  grand  nombre,  dans  des  sépultures  coptes*. 

Ce  n’étaient  pas  les  femmes,  mais  les  hommes, qui, en 
ÉgypLe,  travaillaient  ce  produit7,  et  la  fabrication  était 
considérable,  car  le  lin  formait  un  des  éléments  habituels 


du  costume  égyptien 8  :  les  prêtres  d’Égypte  \  leur  déesse 
même10  et  aussi,  pendant  les  cérémonies  religieuses, les 
fidèles  initiés,  portaient  des  vêtements  de  lin  “J 
L’Égypte  fournissait  quatre  espèces  de  lin  qui  emprun¬ 


taient  leur  nom  à  la  région  d’où  on  les  tirait  :  le  linum 


Taniticum ,  ou  de  Tanis12,  le  Pelusiacum,  ou  de  I’élu- 


sium 


13,  le  Buticum ,  ou  de  Butos14,  le  Tentyricum,  oa 


deTentyris  18.  A  la  culture  très  répandue  du  lin  en  Egypte, 
correspondait  une  industrie. considérable,  en  rappoitavej 
la  production.  La  population  delà  ville  de  Panopolis  était, 
pour  la  moitié,  composée  de  tisserands  •  Al(  xan  i| 
fabriqua  et  exporta,  jusque  dans  le  moyen  Agi  -  di  sIissim 
de  lin17.  Casium18,  Arsinoë19,  faisaient  des  vele“®i 
de  lin,  Canope20  et  Memphis21  des  toiles  11 111  ^  - 11 
polis  des  oreillers22.  Presque  tous  les  “'Jl 
manufacturé,  couvertures  et  draps  ,  libt'  >  ^  , 

cordages26,  etc.,  se  fabriquaient  en  Lgypc-  ’| 
commerce  d’exportation  très  eonsulei  a  >  e  .  éle(1J 
douanes  romaines  prélevaient  des  droits  •  -  ^  ^  e 

dait  ce  commerce  de  l’extrémité  occident-1-*-  ,  ï 

3  reculés  de  1  Inde  ,  eu  J 
des  Barbares  cher  qj 


jusqu’aux  marchés  les  plus 

quait  des  vêtements  dans  le  goût 

elle  les  exportait 30.  Des  monuments  .egyr  ..njre  et  de 

’  :s  détails  de  U  cum 


diverses,  nous  représentent  les 


LVI; ür,u; 
.IM- XI'1! 
IV 


Qn  a  copt'e 

von  Achmim,  Panopolis ,  Strasb.  1891,  p.  17  =  ^  ^  ^33,  8-  i  A-  Wf J1 
Grave-shirt,  dans  Archaeoloyia,  ,  ’Her0,tol.  H-  :,5  ;  ^'sl 

rec.  à  Anlinoé  pendant  les  fouilles  de  ___  8  llerotlol-  •  ’  . 

Aristoph.  Thesm .  ad  v.  935  ;  Vopisc  Satura^  ^  271  ; 

Ion.  ap.  Athen.  X,  451  d-e,  cl  Cassaub  ad.  L.  -,  I». 

—  9  Plutarcb.  Is.  et  Os.  IV;  SU-  Rai.  >  '  ’  J0  |j.  De  I 

VI,  533  ;  Suet.  Ollio,  XII  ;  Apul.  Metam.  IL  -8  i  '  ’  __  n  Apul.  -““J  ( 

Fal.  Cyn.  42.  — 10  Ovid.  Metam.  L  747;  Ars  a'n'  '  pün.  I  * 

_  12  pliu.  XIX,  2,  6.  —  13  Sil.  UaL  111,  24-25  01  375,1 

—  13  ld.  Ibid 

II.  Blümmer,  Die  gewerbliche  Thatigicen,  r-  pal  Cyn.  ■ 

—  19  Arrian.  Peripl.  mar.  Entr.  p-  4-  i  cr  lat.  HL  su|  pelCf,  * 

_  23  Martial.  II,  16,  3.  -  24  Pollux,  V,  2  .  __27  Herotlot-  ». t05, 

V Égypte,  Antiq.pl.  i,  68  ;  Yalcs,  Textrvu  p  -  '•  ,  2S  Vopisc-  jl 

Post.XlW  ;  Bin.  Nat.  hist.  XIX,  2,  5  ;  Ca.nto  •  Gaü.  V  p  li6  cl  fa 
Edict.  Diocl.  XX  VIII.  -  26  Arrian.  Penpl.  ' 

Blancard,  1687.  —  30  Ibid.  145,  147. 


-  Il,  J' 

phoen R- 


L  2,  G.  -  -a  su  il».  -,  -  ~  Movers,  WT”  t  Ui,« 
—  16  Strab.  XVII,  1,  »*•  _  j8  Slcp11-  ja.  W 

Oie  gewerbliche  Thâtigkeit ,  P-  ‘  „  ,  cyn.  41  "  |9iJ 


—  \  2P>1 


LIN 


j  Lrépai,al‘on  des  toiles  à  Rome 
t’Arabie  envoy  ^  paleslinc  3,  notamment  sur  les 
I  Le  lin  <Hal1  (‘u.  t  0ten  Galilée  où  des  fabriques  renom- 
jordsdu  Jourdain  .  @  ^  en  faisaient  un  grand  com- 

léef  le  mettaien  ^  femmes  de  ce  pays  le  travail- 
et  surtout  Scylliopolis  8  envoyaient 

■T  'Z:, loties  de  lin  et,  au  ïV  siècle  ap.  J.-C.,  cette 
WIoin  vait  une  manufacture  impériale  ou  liny- 

dernifeTV'  Palestine,  d’ailleurs,  cultivait  et  travaillait 
"S  ±  son  propre  complexe  lin,  qui  faisait  parue 
ail>>  ’  m  surtout  du  costume  des  prelres  . 

Sidon”,  Sarapta’2,  Bibles'2,  Tyr'b  Be- 
1 I„  a  étaient  des  centres  de  production  ou  de  fobnea- 
î  et  souvent  l'un  et  l'autre.  Dans  cette  région,  on 
S  ’it  étoile  recliercltée  et  d’un  grand  pris,  appelée 
“  dont  la  réputation  s'étendait  dans  tout  le  monde 
ivjjjgé  où  le  commerce  la  transportait.  Les  auteurs  grecs 
ei  romains,  interprétant  souvent  mal  ce  mot  d’origine 
étrangère,  lui  ont  donné  des  sens  divers  ;  mais  il  est 
certain  que,  entre  autres  tissus,  le  bijssus  désignait  une 
toile  de  lin  d’une  extrême  finesse16  [byssus]. 

I  Damas,  de  Syrie,  était,  au  temps  de  l’Empire,  renom¬ 
mée  par  ses  fabriques  d’étoffe  de  lin  et  de  coton1'  -, 
Laodicée  exportait  des  vêtements  de  lin 18  et  la  Cilicie,  spé¬ 
cialement  Tarse,  tissait  des  toiles  ’9.  Dans  cette  dernièie 
ville, saint  Paul,  pour  gagner  sa  vie,  fabriqua  des  tentes20. 

I  C’est,  d’après  une  tradition,  à  la  Lydienne  Àrachné 
qu’appartient  l’invention  du  fil  de  lin  et  des  filets 21  ;  aussi 
on  en  fabriquait  à  Sardes,  capitale  de  la  Lydie22,  et  des 
tissus  à  Thyatire 23 . 

I  Par  Xénoplion,  nous  savons  que  le  lin  était  en  usage 
sur  les  bords  de  l’Euphrate  2\  et  par  Hérodote  que,  à  une 
époque  ancienne,  les  Babyloniens  portaient,  comme  vête¬ 
ment  de  dessous,  des  tuniques  de  lin23.  A  Borsipa,  ville 
de  Babylonie,  l’industrie  du  lin  était  très  prospère26. 

I  Dans  tout  l’Orient,  l’usage  des  cuirasses  de  lin  était 
très  répandu.  Les  Assyriens  qui  marchaient  avec  Xerxès 
contre  les  Grecs  en  portaient21,  ainsi  que  les  marins  plié-, 
piciens-*  ;  à  Suse  on  en  usait  depuis  les  temps  Iqs  plus 
Eanciens  -  '  ;  elles  faisaient  partie  de  l’équipement  des 
Chalybes,  peuple  de  l’Aï  ■ménie 30 . 

■  Pour  le  lin  comme  pour  la  laine,  la  région  du  Pont- 
■ftin  était  un  centre  important  de  culture,  de  fabrication 

■  e  commerce.  Les  habitants  de  la  Colchide  traitaient 
■préparaient  le  lin  d’après  une  méthode  toute  spéciale 
B*1  eui  était  commune  avec  l’Égypte  seule  31  ;  leur  com- 
^®rce  était  étendu  ;  ils  exportaient  au  loin  des  toiles 
■omméc s  et,  en  grande  quantité,  du  til  pour  fabriquer 

L  fig  Anliij.  pi.  i,  68;  Wilkinson,  Manners  and  customs, 

6.  __  y  ç|em  '''  “  ^il.  liai.  111,  373.  —  3  Ose.  II,  5.  —  *  Josue. 

I  Lies,  Textrin  n  , . ,*  ^  7  nedag.  Il,  10.  Cf.  Movers,  Pliocnis.  p.  210; 

tttXIV.  _  s  ’  Ss'  6  Proverb.  XXXI,  13.  —  ^  Aethic.  Cosmogr. 

Justin,  min  III  \  ^  ^  “***’  *°'aucb  Eutrop.  I,  357  ;  Corripp. 

~'°  Eiod.  XXVIII  yv  TOt  °rb'  DeSCr-  XU-  _  9  Cod-  Theod.  X,  20,  8. 

lXUv.  U,  18.  _  n  1  XXX1X'  23  i  Levit.  XIII,  47,  59  ;  Jerem.  XIII,  1  ;  Ezech. 

Vc„  Aurel  XLVIH  ~  “  Trob'  Poll‘  Cla“d-  XVII  ;  cf.  Casaub. 

fWI'o|.  oW,  13  T°t.  orb.  Descr.  XII;  Edict.  Diocl.  XXVIII. 

XXXV.  —  IS  Ibid.  —  U*  Aescli, 
181  ;  Yates,  Textrin.  p.  207,  s, 
U3,  p.  209.  —  is  Tôt.  orb.  Descr 
20  Act.  apost.  XVIII 
o-  „  -  — •  •>  -k.  —  23  Corp.  inser.  gr.  3504 

CTodol.  I,  195;  Strab.  XVI,  1,  20.  —  20  Strab.  XVI 


du  b» 


LIN 

(voir  plus  loin,  fig.  4496,  4497] 


talion ; 


Lrcod’exp"'  , 

Lient6.  Jérusalem 


"  w  Tôt.  o rl,  n  ,  ~  0  Tot-  orb.  Det 

V.  «t  Theb.  vf.'F11'’  l','0C0P'  llist-  are. 

Dioc[  yy’Vi  vv'  100  ;  lleroc,ot-  VII, 
ïl,ll"~>»Clcm.  AI,.,  n  X,VÜ  ;  Movers-  Phoenix.  uo,p.  » 

Sc* |j|iu'  km  X\  W EdicL  DiocL  XXVI’  s' 

21  Cj/rop.  VI,  4  ,  _  7’  5'  ~  22  Po11-  V,  20.  -  S 


* ’j  cr.  Yatos,  £* 
'■  VI,  o  __ 


*  «lies  / p  ,i 

VI.  4  ci  I>-  -M.  21  Hcrodol.  VII,  03.  —  28  Ibid.  89.  —  29  Xeno 


■  ».  -  » 


30  1,1,  ,  nciuuoi.  V  11,  03.  —  28  Ibid.  89.  — 

b.  d„ ■„  V’  7’.15'  —  31  Herodot.  II,  405.  —  32  Strab.  1 

34  Herodot.  Il,  105;  cf.  Ue 


y'#Ph-  Deven*t.  U,  4;  Poil.  V)  26; 


les  filets  de  pêche  et  de  chasse33.  Leur  lin,  très  estimé  en 
Grèce,  y  était  connu  sous  le  nom  de  Xtvov  Sapôovt xdv3". 

La  Thrace  et  quelques  parties  de  la  Macédoine,  spé¬ 
cialement  sur  les  rives  du  Strymon,  cultivaient  le  lin,  et 
les  femmes  le  filaient  pour  les  besoins  de  la  famille 3a. 

La  Grèce  continentale  ne  cultivait  guère  le  lin;  son  sol 
aride  s’y  prêtait  peu  en  effet.  Mais  elle  1  importait,  brut 
ou  manufacturé,  de  Colcliis 36,  de  l’Asie  Mineure  et  de 
l’Égypte31.  L’Attique,  qui  n’en  produisait  pas  \  en  avait 
cependant  besoin,  car  il  entrait  dans  le  costume  '  '.  Elle  le 
recevait  de  l’ile  d’Amorgos,  et  les  femmes  le  travaillaient 
comme  la  laine40.  Aussi,  à  Athènes,  nous  voyons  des 
marchands  de  lin41.  Ajax  et  les  Locriens  portaient  des 
cuirasses  de  lin42.  A  une  époque  ancienne,  Corinthe  fabri¬ 
quait  des  couvertures  et  des  vêtements  de  lin43.  Aux 
environs  d’Élis  en  Acliaïe,  croissait,  si  l’on  en  croit  Dline, 
un  lin  d’un  grand  prix  appelé  byssinum  ''*■  Mais  il  n  est 
pas  certain  que  ce  ne  soit  pas  du  coton. 

Une  petite  ile  des  Sporades,  Amorgos,  produisait  un 
lin  célèbre,  que  l’on  comparait  au  byssus  dont  on 
faisait  des  vêtements  d’une  grande  finesse  Le  lin  de 
Carpasia,  en  Cypre,  servait  à  faire  les  mèclics  des  lampes 
qui  brûlaient  sur  l’Acropole  d’Athènes4  ' .  L  ile  de  Crète,  en 
même  temps  que  des  teintureries48,  avait  peut-être  des  lu¬ 
briques  de  tissus  delin 49  ;  en  toutcas,leliny  était  cultivé0  '. 

La  Sicile  exportait  des  vêtements  de  lin  a  1  usage  des 
femmes61  et  nous  connaissons  un  negotians  linarius  de 
cette  île62.  Pausanias  mentionne  trois  cuirasses  de  lin 
offertes  par  Gélon  et  par  les  habitants  de  Syracuse,  que 
l’on  conservait  à  Olympie  dans  le  trésor  des  Carthagi¬ 
nois53.  On  en  voyait  encore  dans  le  temple  d’Apollon 
Grynéen  et  dans  d’autres  temples  de  la  Grèce  \  Malte 
aussi  livrait  au  commerce  des  vêtements  de  lin  85  dont 
elle  importait  la  matière  première36  qui,  pour  sa  beauté 
et  sa  finesse,  était  très  estimée01.  Les  produits  de  la 
Sardaigne,  spécialement  les  filets,  rivalisaient  avec  ceux 
de  Carthage  58. 

Les  découvertes  archéologiques  établissent  que,  aux 
temps  préhistoriques,  le  lin  élait  cultivé  en  Suisse,  dans 
l’Europe  centrale  et  dans  l’Europe  méridionale  " 

L’Italie  produisait  relativement  peu  de  lin,  et  celui 
qu’elle  récoltait  était  de  qualité  généralement  médiocre. 
Mais,  après  les  conquêtes,  c’est  pour  Rome  que  travaillait 
tout  l’univers.  Rome  tirait  du  lin  de  l’Asie  Mineure  et  de  la 
Syrie,  de  l’Espagne  et  surtout  de  l’Égypte60.  Il  suffit 
d’ailleurs  de  parcourir,  dans  l’édit  de  Dioclétien,  les  cha¬ 
pitres  qui  concernent  les  tissus  et  vêtements  de  lin  1  pour 
comprendre  combien,  de  toutes  les  parties  de  1  empire, 
ces  produits  affluaient  sur  le  marché  de  Rome. 

nier,  De  l'écon.  pol.  des  Égyptiens,  p.  25.  —  38  Herodot,  IV,  12  ;  cf.  II.  \\  iske- 
mann,  Die  antilc.  Landwirthschaft ,  p.  25.  —  38  Hcrodol.  II,  405.  37  Cf.  \\  iske- 

maun,  l.  I.  —  33  Xcnopli.  Athen.  resp.  II,  41.  —  39  Diog.  Laert.  VI,  90;  Poil.  VU, 
71.  _40  Aristoph.  Lysistr.  735  ;  Aeschin.  Adv.  Timacli.  XCVII.  —  41  Aristopb. 
Dan.  3G4  ;  Equit.  130. —  42  Homer.  II.  II,  529,  830.  —  43  Athen.  XII,  525  d ,  XIII,  582 , 
d,  et  comment,  ad.l.—  44Plin.  Nat.  hist.  XIX,  4,  2;  Pausan.  VI,  20,4;  Poil.  VII, 
74.  _  45  Eustatli.  ad.  Dion.  525  jSchol.  ad  Arisloph.  Lysistr.  735  ;  Ps.  Pial.  Epist. 
XIII,  303  A  ;  Clcm.  Alex.  Pacd.  II,  10;  Poil.  Vil,  74.  —  46  Aristoph.  Lysistr.  150  ;  Poil. 
VII,  57  ;  Athen.  VI,  255;  Yales,  Textrin.  p.  310,  s.  —47  Pausan.  1,20,  7.  —  48  Herodot. 
IV,  451.  —  49  Poil.  VII,  77  ;  Aristoph.  Thesm.  730,  cl  schol.  ad  I.  ;  Claud.  Rapt.  Pro- 
serp.  Il,  33;  cf.  H.  Blümner,  Die  gewerb.  Tliaet.  p.  97.  —  50  Oppian.  Cyn.  11,  377. 
—  51  Pseudo-Plat.  XIII,  303 A.— 82  Corp.  inscr.  lat.  X,  n.  7330.  —  83  Pausan.  VI,  19, 

7. _ 54  [d.  1, 21 .  —  88  Varr.  cité  par  Non.  p.  539,  27;  Lucret.  IV,  1 129  ;  Cic.  Verr.  Il,  72, 

74;  IV,  46  ;  Isidor.  Orig.  XIX,  22,21.  — 50  Cf.  Yates,  Textrin.  p.  280.  —  87  Diodor.  Y, 
\i.  —  58  Poil.  V,  20;  VII,  77.  —  89  Cf.  llelbig.  Die  Jtalileer  in  der  Poebene ,  p.  60, 
07,  n.  1  ;  Pigorini,  Bullettino  delt'  [stit.  1878,  p.  3,  4.  —  00  Cic.  Pro  Rab.  Post.  XIV  ; 
Vopisc.  Aurel.  XII,  XLV;  Carin.  XIX;  Trcbcll.  Poil.,  Gallien.  VI;  Edict.  Diocl. 
XXVIII,  40.  —  01  Edict.  Diocl.  XXVI  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  suppl.  p.  4945  et  s. 

159 


LIN 


—  12G2  — 


UN 


Il  no  semble  pas  que  l'Ilalie  méridionale  ait  produit  du 
lin;  tout  au  moins  les  textes  sont  muets.  Dans  la  Cam- 
panie,  aux  environs  de  Cumes,  poussait  un  lin  avec  lequel 
on  fabriquait,  pour  la  pèche  et  la  chasse,  des  filets  dont  la 
finesse  n'avait  d’égale  que  la  solidité1. 

Les  Étrusques  ont  toujours  cultivé  et  travaillé  le  lin  2. 

A  Tarquinies,  dans  une  tombe  très  antique,  on  a 
trouvé  une  cuirasse  de  lin3.  A  Cliiusi,  des  tombeaux  ont 
donné  un  morceau  de  toile  de  lin  renfermé  dans  une 
urne  cinéraire  4  et  une  toile  jetée  sur  un  siège  3.  Dans 
le  butin  offert  au  temple  de  Jupiter  Férétrien,  après  la 
prise  de  Yeïes,  se  trouvait  la  cuirasse  de  lin  du  roi  Tolum- 
nius,  qu  Auguste  vit  encore  dans  le  trésor  quand  il  fit 
reconstruire  le  temple6.  Mais  il  est  possible  que  ces  tissus, 
importés  par  le  commerce  de  Carthage  ou  de  Colchide, 
ne  soient  pas  de  fabrication  étrusque  7.  La  partie  sud 
de  l’Étrurie,  celle  qui  louche  au  Tibre,  faisait  des  filets  8  ; 
Tarquinies,  de  la  toile  à  voile9;  Faléries,  de  belles  toiles 
pour  vêtements10. 

A  Rome,  où  on  travaillait  le  lin  dès  l’époque  préhisto¬ 
rique11,  l'industrie  et  surtout  le  commerce  subvenaient 
aux  besoins  de  la  consommation  12. 

Les  Samnit'es  paraissent  avoir  cultivé  et  travaillé  le  lin. 
En  308  av.  J.-C.,  on  voit  leurs  soldats  porter  des  tuniques 
de  lin13;  ils  emploient  ce  tissu  comme  tenture14  et  se 
servent  d’un  vieux  rituel  écrit  sur  de  la  toile  13.  Et  il 
semble  bien  que  ces  produits  proviennent  d’une  industrie 
nationale  et  non  de  l’importation16. 

Au  sud  du  Picenum,  dans  le  pays  des  Paeligni,  poussait 
un  lin  très  blanc  qui  se  rapprochait  beaucoup  de  la 
laine;  il  était  très  recherché  par  les  foulons17. 

Ravenne,  à  l’époque  de  la  IVotitia,  possédait  une  manu¬ 
facture  impériale  de  lin,  ou  linyphium,  administrée  par  un 
procurator >18,  et  on  connaît  l’épitaphe  d’un  ouvrier  en 
lin  mort  dans  cette  ville  19. 

Non  moins  que  celle  de  la  laine,  la  Gaule  Cisalpine 
exerçait  l'industrie  du  lin.  Dans  la  région  d’Alia,  entre  le 
Pô  et  le  Tessin,  croissait  un  lin  qui,  parmi  les  espèces 
d'Europe,  occupait  le  second  rang  après  celui  de  Saetabis, 
en  Espagne.  On  le  travaillait  dans  des  souterrains20.  Non 
loin  d’Alia,  Retovium  etFaventia,  situées  sur  la  voie  Fla- 
minienne,  produisaient  du  lin  que  l’on  plaçait  au  second 
rang21.  Celui  de  Faventia  obtenait,  à  cause  de  sa  blan¬ 
cheur,  la  préférence  sur  celui  d’Alia  dont  la  couleur 
n’était  jamais  complètement  pure.  Le  lin  de  Retovium, 
très  fin  et  très  serré,  manquait  de  moelleux  ;  mais  le  fil 
qu’on  en  tirait,  quoique  fin  comme  les  fils  d’araignée, 
était  très  fort,  et,  bien  tendu,  il  rendait  un  son  clair.  Son 
prix  était  double  de  celui  des  autres  fils22.  Le  lin  était 
travaillé  à  Milan 23,  à  Vérone  2\  à  Aquilée  25. 

La  culture  du  lin  était  très  répandue  dans  la  Gaule 
Transalpine.  Toutes  les  Gaules,  écrit  Pline,  tissent  des 
voiles  26.  Dans  la  Narbonnaise,  nous  trouvons  en  effet  des 


l  Plin.  Nat.  hist.  XIX,  2.  —  2  Müiler-Deecke,  JE  truste ,  1877. 1,  p.  238,  s.  ;  Helin, 
Kulturpflansen  und  Hausthiere ,  3»  éd.  p.  154.  —  3  Annali  dell  Istit. 
1874-,  p.  237-258  ;  Monumenti,  t.  X,  pl.  x  b,  fig.  3,  et  x  d,  fig.  6,  10.  '*•  Bul- 

lettino  dell '  Istit.  1374,  p.  20G.  — -  5  Ibid.  1877,  p.  194,  195.  G  Iàv. 

IV,  20.  —  7  Cf.  Helbig,  Die  Italiker,  p.  68-09.  —  8  Grat.  Fal.  Cyn.  30. 

9  Liv.  XXVIII,  45.  —  10  Sil.  liai.  IV,  223;  Ovid.  Amor.  III,  13,  27;  Grat.  Fal. 
Cyn.  40.  —  il  Pigorini,  Ballet,  dell'  Istit.  1878,  p.  3-4.  —  *2  Plaut.  Aul.  III,  5, 
34;  Serv.  ad  Aen.  VII,  14;  Dig.  XIV,  4,  5  ;  Cod.  Theod.  X,  20,  10;  Cod.  Just. 
XI,  7,  13;  Corp.  inscr.  lat.  t.  VI,  n°!  7408,  9526.  —  13  Liv.  IX,  40.  —  H  Id.  X,  83. 
_  15  Ibid.  —  10  Cf.  Helbig,  O.  I.  p.  70.  —  n  PHd.  Nat.  hist.  XIX,  2,  5.  —  18  Not. 


Dign.  Occ.  X,  p.  49,  édit.  Boecking.  —  19  C.  inscr.  I.  V,  1041.  —  20  Plin.  Nat. 
hist.  XIX,  2,  2.  -  21  Id.  Ibid.  —  22  Id.  Ibid.  3.  —  23  C.  i.  I.  V,  5923,  5932. 


linarii  et  des  lintearii  à  Narbonne 27  el;\\j 
Ravenne,  Vienne  possédait  un  /*nvDA»/»l,1”CsS''Co®I»e| 
Lyon  avait  des  linarii 30.  En  Belgique  ’  1 

Morini  faisaient  des  voiles31.  lien  était  de  Setles 
bords  du  Rhin  et  les  femmes  de  celte  réein!  ‘"eme  SUf  l('$ 

JLT*V**» 

knGer- 1 


- -  V 

aucune  parure  autant  que  les  vêtements  de  lin 32 


manie  le  lin  se  travaillait  dans  des  s 


d’Augusta  Vindelicorum,  en  Rétie,  avaU  ua^., ,l.'p^ ^î11! 

s  coussins  ! 


de  negotiatores  vestiariae  et  lintiàriae ». 

C’est  la  Gaule  qui  a  inventé  les  matelas  et  le 
en  bourre  de  lin33.  Ces  coussins  étaient  une  snS  r,,l 
l’Aquitaine36  où  les  Cadurques  avaient  des  fàbrinu  ^ 
sidérables  de  lin37.  Dans  la  même  province,  les  jjjj 

et  les  Rutènes  faisaient  aussi  des  voiles38.  ''  '8es  1 


L  Espagne  était  fertile  en  lin  3\  Mais  c’est  surtout  J 
l’Espagne  citérieure,  dans  la  province  de  Tarraco  quel 
lin  poussait  en  abondance40.  On  admirait  son  éclat  et  la 
pureté  de  sa  couleur  qu’il  devait,  disait-on,  aux  J 
d’un  torrent  qui  baignait  les  murs  de  Tarraco41.  H  n’était 


~  - w  •  U  il  «au 

pas  moins  recommandable  par  sa  finesse;  aussi  est-ce  là 
que  l'on  commença  à  fabriquer  la  batiste  appelée  carb2 
sum 42,  nom  qui,  d’ailleurs,  s’appliquait  aussi  au  colon] 
[carbasus].  Les  habitants  d’Emporiae  étaient  d’habiles  i 
tisserands  et  le  plus  grand  nombre  d’entre  eux  vivaient 
de  cette  industrie43.  Le  lin  de  Saetabis  était  d’une  qualité 
supérieure  44  et  servait  à  fabriquer  des  toiles  très  recher- 1 
chées43.  L’Espagne  passait  pour  avoir  inventé  les  bluteaux 
et  les  tamis  de  lin46.  Zoëla,  dans  la  province  de  Galice, 
cultivait  un  lin  très  recherché  pour  les  filets  de  chasse 47.  ] 
En  Afrique,  Carthage  surtout  fabriquait  ou  centralisait,  I 
pour  les  expédier  à  Rome,  des  tissus  et  dos  vêlements  de  ; 
lin48  et  aussi  des  filets49.  Le  lin  qui  poussait  dans  la 
région  des  Syrtes,  spécialement  sur  les  bords  des  marais  et 
de  la  rivière  deCinyps,  servait  à  faire  des  filets  de  chasse50.  J 
Toutes  les  parties  de  l’empire  romain,  si  l’on  en  excepte 
la  plus  grande  partie  de  la  Grèce  continentale,  1  Italie 
méridionale  et  l’ile  de  Bretagne,  produisaient  donc  le 
lin  ;  avec  moins  d’abondance  cependant  que  la  laine,  et] 
ceci  s’explique:  outre  sa  toison,  la  brebis  fournissait sal 
chair  et  son  lait  ;  en  outre,  elle  vivait  à  peu  près  sous  tousl 
les  climats  et  sur  tous  les  terrains,  tandis  que  le  lin 
peut  pas  se  cultiver  partout.  Souvent  aussi  on  bésitat  aj 
le  semer  dans  les  terres  fertiles  en  grains,  parce  qui 
épuise 31.  Pendant  tout  le  cours  des  siècles,  depuis  ap>* 
haute  antiquité,  les  lieux  de  production  dciu'  un  u 
peu  près  les  mêmes,  et  aussi  les  centres  d  induslnt^.  ^ 
même  lieu  de  remarquer  que  les  deux  coule1'  -  1 

commerce  tirait  le  meilleur  lin  étaient  aussi  u  >  ^ 

duisaient  la  meilleure  laine  :  les  côtes  d  Asu  1  ^  ^  jjJ 
où  les  Phéniciens  portèrent  leur  industi  i<  •  ^  '"intant  la 
comme  pour  la  laine,  le  luxe  romain,  en  allsj^ 
consommation,  développa  l’industrie  la  ou  nOIJ 
déjà  et  rendit  plus  considérable  1  expoi  tu  i  u 11 


24  Ibid.  32  1  7.—  25  Ibid.  1041. 


.  20  Plin.  Nat.  hist •  XIX,  1 

29  Not.  Bill11 


.  il  C.  <■ 
Occ.  Xi  P 


19, 


,,  4475,  4476,  4484,  4486,  5969.  —  2»  Ibid.  3340.  -  -  0  '  /„•,(.  XIX,  J  j 

.  Boecking.  — 30  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  199S.  ggoO.  —  33  *  ,,• 

32 Ibid.  2.  — 33 Ibid.  ;  Tacit.  Germ.  XVII.  u  &  .  Slr»b  J  • 

U.  XIX,  2,  5.  -  36  Ibid.  —  37  Ibid.  1  ;  Iuve".  V  ’ Justin- XLI  ’ 

2.  -  38  Plin.  XIX,  2,  1.-3» Polyb.  III,  144  ;  Liv.  X?  '  ‘  ,  t.  |,  p.  Mi  ' 

,1a,  VI,  2.  -  41  Plin.  XIX,  2,  4.  -  42  Ibid.  Cf.  Hubner^atl|,  Xll.  '4:  y .  _ 
l.  -  43  Strab.  III,  4,  9.  -  44  Plin.  XIX,  2,  2-  Harül|.  IV,  '  p I 
,  374;  Grat.  Fal.  Cyn.  40.  -  «  Püa.  J™  .  'Carin.  XIX  i  ^  J 
Plin.  XIX,  2,  4.  —  48  Vopisc.  Aurel.  AU,  «  '  venaL  il,  4  '  3I 

Mien.  VI  ;  Edict.  Diocl.  XXVI'II,  46.  —  49  Xenop  i.  .  plin.  M  ’  1 

,1.  Cyn.  34.  _  51  Virgil.  Georg.  I,  77  ;  Colum.  U,  - 


LIN 


LIN 


1263  — 


nndes  villes  de  l’empire;  mais  il  créa  peu 
el  vefs  les  g‘‘  de  culture  et  d’industrie, 
de  nouveaux  cen  le  lin>  avant  d’être  filé,  subis- 

11  C°  Main  nombre  de  préparations. 

sait  un  certain  n  ^  ^  était  parvCnu  a  sa  maturité 

1 0„  reconnais^ »  t  J  and  sa  graine  se  gonflait.  Alors 
quand  il  ^ .  veUere,  evellere),  puis  on  le  mettait 
on l'arrachant»  ^  que  ]amain  pût  les  contenir 


°n  faisait  ensuite  sécher  au 

soleil  en  plaçant 
la  racine  tantôt  en 
L  tantôt  en 
bas,  afin  de  faci¬ 
liter  la  chute  de 
la  graine  b  Une 
peinture  égyp  - 
tienne  représente 
la  récolte  du  lin  • 
après  avoir  arra¬ 
ché  la  plante  et 
l’avoir  mise  en 


Fig.  4496.  —  La  récolte  du  tin  on  Égypte. 


partie  voisine  de  l’écorce  s’appelait  l’étoupe  [stupa  a, 
Stuppa  ",  <rnjTT7rrj,  dTuîrTreîov,  çTU7r7t;ov)  7;  on  en  faisait  des 
mèches  de  lampes.  On  la  sérancait  cependant  ( pectere , 
depectere)  avec-un  séran  en  fer  [ha mus  ferreus  8,  xteiç  ’) 
jusqu’à  séparation  complète  de  l’écorce,  qui  servait  à 
chauffer  les  fours.  Les  fibres  intérieures  donnaient  les 
fils  les  plus  fins  et  les  plus  blancs  que  l’on  devait  classer 
d’après  leur  blancheur  et  leur  souplesse [digereré).  Entre 
les  mains  d’un  bon  ouvrier,  cinquante  livres  de  lin  brut 

devaient  fournir 
quinze  livres  de 
lin  peigné.  Le  lin 
était  alors  prêt  à 
être  filé,  et  c’était 
un  métier  qui  n’a¬ 
vait  rien  de  désho¬ 
norant  pour  les 
hommes10  [fiscs]. 

Les  ouvriers  qui 
travaillaient  le  lin 
s’appelaient  lin- 


mise  eu 

m  on  enlève  la  graine  à  l’aide  d’une  machine  que  le 
|ed  met  en  mouvement  (fig.  4490) 2.  Quand  le  lin  était 
Sché,  on  le  faisait  rouir  dans  une  eau  chauffée  au  soleil, 
n  le  chargeant  de  poids  afin  qu  il  ne  remontât  pas  à  la 
arface  [linum  rnacevarc).  Quand  1  écorce  devenait  plus 
iche,  on  reconnaissait  que  le  rouissage  était  achevé, 
près  avoir  de  nouveau  fait  sécher  le  lin  au  soleil,  on  le 
allait  sur  la  pierre  [linum  lumière)  avec  un  maillet  spé- 
ial  [stuparius  maliens)3 .  Cette  dernière  opération  est 
sptésentée  sur  une  peinture  égyptienne  (fig.  4497)  4.  La 


teoil,linteariusn,  linarius13,  faber  linariusli[livooç'(6i  *5, 
ÀtvoTioio; 1G,  ôQovouoidç17).  A  une  basse  époque,  on  trouve 
les  termes  linyphio,  linyphus,  linypiiiarius1*, Xtvoô*oç  l\ 
Le  travail  du  lin  était  désigné  par  les  mots  XivoupYt*20, 
^tvoupyetov  21,  au  Bas-Empire,  linyphium. 

La  graine  de  lin  était  employée  dans  la  médecine  et, 
dans  les  campagnes  de  la  Haute  Italie,  au  nord  du  Pô, 
comme  nourriture  rustique22. 

Pline  faitmention  d’un  tissu  incombustible  qu’il  appelle 
linum  asbestinum  ;  c’était  un  tissu  d’amiante  ou  vaisseaux 


dune  autre  substance  minérale  filamenteuse.  Aux  funé¬ 
railles  des  grands  personnages,  on  en  faisait  des  linceuls 
qui  maintenaient  les  cendres  du  défunt  séparées  de  celles 
du  bûcher 23  [asbestus]. 

On  appelait  aussi  linum  des  substances  végétales  qui 
|n  tenaient  lieu  :  le  linum  Orchomenium  que  l’on  tirait 
p  il  tète  dun  roseau;  on  faisait,  en  Asie,  des  filets 

,XCe  ';Ills  avec  un  linum  que  l’on  lirait  du  genêt  macéré 
Pa|>s  eau  pendant  plusieurs  jours  2V. 

Hb‘  haï  extension,  le  nom  linum  était  appliqué  à  des 
K  Ul  s  ,n(lustriels  faits  avec  le  lin  :  les  toiles,  les  tissus 
I  les  toiaents  de  lin  [tela,  vestis]  23  ;  les  voiles  des 


t'J'lf.'pi,  Vl  X'X’  *«  ’•  2  Descr.  de  l'Égypte ,  Anliq.  pi.  i,  68;  Yalcs, 

Hf  |).  138,  ii„  ,,  '  ~  7  *'n-  t  t  1.  —  4  Wilkinson,  Manners  and  customs, 

*  —  6  Fcslus,  317  _  lümner>  Technol.  I,  p.  181,  fig.  24.  —  6  Plin.  I.  I 

12!)';  p0„’  vj.  .  ,  '  Dcm°sllicn.  Jn  Euerg.  XLVli,  20  ;  Scliol.  ail  Arislopli. 

1  X’-  1  ; h’  8  Flin.  1. 1.  3.  —  9  Galon.  Gloss.  Hippocr. 

|Stlv-  >A  Am.  vu  ,’,P'5l’.éd-  Kühn-  -  10  Plin.  1. 1.—  U  Plaut.  Aul.  111,  5,  38  ; 

m,cr-  tat.  V,  1041,  3217;  XII,  5970;  Cod.  Just.  X, 
lintmriiù'.'  ,  C.1  4’  5’  1Ri  Co(L  Theod.X,  20,  IC  ;  C.  i.  I.  XII,  3340, 
I  ’ 5523  :  xil,  5969  V’lUtot  iIl's  mal'diands.  _  13  Plant.  Aul.  111,  5,  34;  C.  i.  lai. 

ad  Ari.top, ,  ’ L  XI1'  447s-  ~  15  Poil.  VII,  72;  Strab.  111,4,9. 
VnSl°,*d.  Külin.  __  18  J  ;  Jllesm-  033.  —  n  Diosc.  De  mat.  mcd.  V,  151,  t.  II, 
I  a  Slrab.  XI  9  1157 '  XI,  7, 13. — 19 Photius,  s.  n.  irexueàvTai. —  20  Poil. 

1 30.  _  ài  ~  11  IV,  2,  2.  -  22  p,in.  Nat.  hist.  XIX,  3,  2; 

’  IbUl.  2,  7.  —  25  Virg.  Aen.  XII,  120;  Ovid. 


[navis,  vélum]  20  ;  les  filets  de  pêche  ou  de  chasse  kete] 
la  ligne  de  pêche  [piscatio]  28  ;  le  fil,  (il um  [fusus]  2  ". 

On  appelait  aussi  linum  le  fil  qui  traversait  trois 
fois,  pour  en  garantir  l’inviolabilité,  les  lettres,  les 
actes  publics  et  privés,  les  testaments,  et  sur  lesquels 
on  apposait  des  cachets  de  cire30  ;  la  mèche  d’une  lampe 
[LUCERNAj 31 .  Henry  Tiiédenat. 

L11VYPI11UM  (Aivoucpeïov)  L  —  Au  temps  où  fut  écrite  la 
Notitia  dignitatum  imperii.  il  existait,  dans  différentes 
parties  de  l’empire  romain,  des  fabriques  impériales  de 
lainages,  que  l’on  appelait  gynaeceum.  Les  empereurs 
avaient  aussi  établi  des  manufactures  impériales,  nom- 

East.  V,  519.  —  20  Scncc.  Irag  Med.  370.  —  27  Ovid.  Met.  Y 11,  768,  807.  —  28  II,. 
XIII  925.  —  29  Gels.  VII,  14.  —  30  Cic.  Catil.  111,  5;  Plaut.  Baccli.  IV,  4,  06  ; 
Suct.  Ner.  XVII;  Paul.  Sent.  V,  25  ;  Dig.  XXXIV,  3,  28,  1  ;  XXXVII,  11,1,  Il  ; 
Instit.  II,  16,  3.  —  3‘  lsaï.  XLII,  3  ;  Maltli.  XII,  20  ;  cf.  Paus.  I,  26,  7  ;  Plin.  Nat. 
hist.  XIX,  3.  —  Bibliographie.  Yalcs,  Textrinum  antiquorum,  I,  p.  252,  s.  Lond. 
1843  ;  H.  Wiskemann,  Die  antike  Landwirthschaft,  p.  23,  s.  cl  64,  s.  ;  Bücliscnchülz, 
Die  Hauptstütten  der  Gewcrb/teisses,  p.  58,  s.  ;  IL  Blümner,  Die  gewerbl. 
Thàtigkeit  der  Yôlker  des  klass.  Allerthums  ;  O.  Hcer,  Ueber  den 
Flachs  und  (lie  Flachscultur  im  Alterthum;  Neujalirsbl.  d.  naturforsch. 
Gesells.  in  Zurich,  1872  ;  W.  Hclbig,  Die  ltaliker  in  der  Poebene,  p.  60 
cl  s.  ;  Marquardt,  Das  Privatleben,  p.  480,  s.  Iraduct.  V.  Henry,  t.  II, 
p  Si  ;  H.  Blümner,  Technologie  und  Terminal,  der  Geiverbc  undKünste  i 

1. 1,  p.  178,  s. 

LINYPHIUM,  i  Euscb.  Vit  Constant.  II,  34. 


‘ 


—  1 264 


LIP 


LIP 

niées  linyphium,  où  se  fabriquaient  des  tissus  et  des 
vêtements  de  lin.  Elles  étaient  moins  nombreuses  que  les 
manufactures  de  laine.  Comme  celles-ci,  elles  étaient 
administrées  par  des  procurateurs,  procurutoros  liny- 
phiormn ,  qui  étaient  sous  l’autorité  du  magister  sacra¬ 
nt  in  largitionum  *.  On  en  connaît  à  Ravenne  en  Italie2, 
à  Vienne  en  Narbonnaise 3,  à  Scythopolis  en  Palestine  L 
On  recrutait,  pour  ces  usines,  des  ouvriers  involontaires 
parmi  les  vagabonds  et  les  condamnés,  quelquefois 
aussi,  comme  dans  I’ergastulum,  des  gens  arbitrairement 
arrêtés  s.  II.  Tiiédenat. 

L1PONAGTIOU  GRAPHE,  LIPOSTRATIOU  GRAPHE, 
E1POTAXIOU  GRAPHE  (Anrovauti'ou  ypa epr,,  Xnroffxpaxtou 
YpacpT),  Xi7toTa;i'o'j  1  ypa<p7|).  —  Les  principaux  délits  mili¬ 
taires  sont  énumérés  ainsi  par  Pollux  2,  dans  la  liste 
des  procès  publics  ou  ypatpat  :  XiTroccrpaxtou,  Xt7toxa^tou, 
àffxpaxetaç,  Xiirovauxiou,  àvauga^tou,  tou  pïtj/ai  xtjv  à<nu'8a.  Ces 
délits  faisaient  l’objet  d’une  loi  qu’Eschine  3  attribue  à 
Solon,  le  vieux  nomothète,  qui  avait  pensé  qu’il  fallait 
soumettre  aux  mêmes  peines  le  réfractaire  (xbv  àffxpàxstux&v), 
le  déserteur  (xbv  XeX&iTroxa  xtjv  xodjtv)  et  le  lâche  (xbv 
oeiXov).  C’est  cette  loi  que  cite  et  commente  Lvsias,  dans 
un  de  ses  discours  contre  Alcibiade  le  Jeune4  :  «  Elle 
frappe,  dit-il,  ceux  qui,  le  combat  engagé,  se  retirent  et 
reculent,  ainsi  que  ceux  qui  ne  sont  pas  présents  dans 
l’armée  de  terre  »  ;  et  il  ajoute  :  «  Alcibiade,  seul  de  tous 
les  citoyens,  a  commis  tous  les  délits  visés  par  la  loi  ; 
il  est  réfractaire  (àaxpaxetaç),  car,  enrôlé  comme  hoplite, 
il  a  fait  défaut;  il  est  déserteur  (XtTroxaçîou),  car  il  n’est  pas 
parti  avec  vous  pour  faire  campagne  5,  et  il  ne  s’est  pas 
présenté  aux  stratèges  pour  être  mis  en  ligne  avec  les 
autres  soldats  ;  il  est  lâche  (SstXi'aç),  parce  que,  désigné 
pour  combattre  dans  les  rangs  des  hoplites,  il  a  préféré 
se  mettre  avec  les  cavaliers.  » 

Ainsi,  pour  Lysias,  comme  pour  Eschine,  la  loi  de  Solon 
vise  trois  délits  àffxpaxetaç,  Xt7toxa;fou,  BetXta;  ;  c’est  cette 
même  catégorie  de  crimes  que  nous  trouvons  dans  les 
Lois  de  Platon  6,  mais  avec  cette  différence  qu’au  lieu  de 
la  oEiXta,  on  trouve  mentionnée  1’ à7toëoX7]  tSv  buXtov.  Dans 
Andocide7,  deux  nouveaux  délits  sont  indiqués,  celui 
d’àvaupiay tou  et  l’à7to6oX7)  x-qç  à<77u'3oç.  Ce  dernier  crime  est 
évidemment  le  même  que  l’à-jroêoXT)  *rtov  oirXwv  de  Platon  ; 
mais  dans  Platon  cette  àno^oXiq  remplace  la  SsiXt'a,  c’est- 
à-dire  qu’elle  se  confond  avec  la  ostXta  ;  dans  Ando¬ 
cide,  au  contraire,  elle  forme  un  délit  distinct.  On  peut 
admettre  que  rà7ToGcAq  se  confond  avec  la  SitXt'a  ;  mais 
les  deux  expressions,  comme  nous  le  verrons,  devaient 
se  trouver  toutes  les  deux  dans  la  loi. 

Les  expressions  Xt7ro<7xpotx!'oii  et  Xnrovauxtou  se  trouvaient- 
elles  dans  la  loi  de  Solon?  Elles  ne  sont  fournies  que  par 

l  Not.  Dign.  Occ.  p.  49,  éd.  Boeckiug.  —  2  Ibid.  Occ.  X.  —  3  Ibid.  —  4  Cotl. 
Theod.  X,  20,  8.-5  Euseb.  L.  I. 

LIPONAUTIOU,  l.IPOSTRATIOU,  LIPOTAXIOU  GRAPHE.  1  L  or¬ 
thographe  Xtitoxa^ou  est  attestée  par  Origène  (Cramer,  Anecd.  Ox.  Il,  239),  par 
Aristophane  (fr.  808  de  Kock,  C’omic.  atlic.  fragm.).  Dans  Antiphane  (Kock, 
fr.  129,  v.  9;  t.  Il,  p.  63),  la  forme  Xucotalifou  est  nécessaire,  si  l'on  accepte  la  cor¬ 
rection  de  Porson,  comme  le  font  tous  les  éditeurs  ;  le  ms.  E  de  Démosthènc  donne 
XncoTa^tou,  en  particulier  C.Alid.  103,  et  Xiïîota^tK,  Ibid.  IGG.  Dindorf,  dans  la  révi¬ 
sion  du  Thésaurus ,  a  rejeté  les  formes  en  Xctit  ;  voir  le  mot  X.iravSsÉw;  cf.  encore 
l.entz,  üérodien,  t.  II,  note  de  la  p.  543,  20,  et  surtout  Cobct,  Variae  lectiones,  p.  78. 

—  2  Onom.  VIII,  40.  —  3  C.  Ctes.  175.  —  4  C.  Alcib.  XIV,  6  et  7.  —  G  Dans  ce  pas¬ 
sage,  les  meilleurs  mss.  ne  donnent  pas  les  mots  Xucotz^îc-j  St  Sti;  ces  mots  ont  été 
rétablis  dans  le  texte  par  Dobree.  —  6  Lois,  XII,  p.  943.  —  7  De  myst.  74. 

—  8  Poli.  VI,  151  :  SeiXô;,  «orçà teuto;,  XmoffrpotTuovïiç  î  et  VIII,  40,  passage  cité  en 
tête  de  Part.  ;  dans  Tliuc.  I,  99,  I,  et  VI,  76,  3,  les  mots  XncoirrsâTioy  et  Xtrofftpavia 
nesontpas  pris  dans  un  sens  juridique. —  9  Lys.  XII,  42.  — 10  Nombreux  exemples; 
cf.  en  particulier  :  Dem.  de  Bhod.  lib.  32;  C.  Mid.  110,  104;  Acsch.  C.  Ctes. 


croyons  sans  peine 


des  lexicographes  8.  Nous 
pression  XtTtoffxpaxIou,  n’étant  pas  utile  V  ^  ,iUl! 
texte  de  la  loi  ;  un  orateur,  un  homme  dS^1  ^ 
pu  la  créer  pour  avoir  un  synonyme  „h,s  o.  H 
xxçtou.  Mais  il  nous  semble  que  le  mot)  "'du  de  H 
exister  à  côté  d’àvaugayiou,  comme  Xuoxa^ ^ nou’a  dl 
àffxpaxetaç  :  nous  trouvons  pour  ces  dcux^-Ü^  ^ 


A- 


phrases  équivalentes  Xnrdvxa  xà 


mots  les  pérj. 


iv  vauv y  et  X'-rr  ' 

Nous  croirions  donc  que  Solon  avait  spéctf^l 
loi,  quatre  ou  peut-être  cinq  espèces  de  délit-  pH 

àffxpaxetaç,  W«*fou,  SetAtaç,  àvaugaytou,  H 

Divers  essais  ont  été  faits  pour  reconstitue „ 
de  Solon 11 .  De  telles  restitutions  sont  toujours  dm  °' 
et  peu  sûres.  Nous  croyons  qu’il  est  plus  prudent  1 
tenir  à  marquer  seulement  les  traits  généraux  de  ce  ,1? 
juridique.  Tout  ce  qu’on  pourrait  faire  de  plus  CW? 
relever  quelques  expressions  qui  sont  indiquées  exl? 
sèment  comme  appartenant  à  la  loi  ou  qui  sont  f0wnl 
la  fois  par  divers  auteurs  et  peuvent  aussi  être  reearcl 
comme  des  expressions  textuelles.  Ainsi,  d’après  Lvsias  “ 
un  des  articles  disait  en  propres  termes  :  ’Eiv  X  ’  ’ 
beBATjXEvat  xqv  a<nnoa,  et  non  pùfat  xqv  àartSa.  Les  mots  h» 
xiç  Xt7fY|  x-qv  vâÇiv  eïç  xoÙTtiffm  sont  attestés  par  Lysias ,s 
et  en  partie  par  Platon  14.  On  peut  admettre  aussi  que  la 
présence  au  corps  au  moment  d’une  levée  était  indiquée 
par  l’expression  7rapaffyE?v  xb  ffuga  xâjjott  to?ç  ffxpax-qyoïç ls. 
Du  reste,  il  est  permis  de  supposer  que  la  loi,  tout  en 
déterminant  suffisamment  ces  divers  délits,  ne  les  avait 
pas  classés  en  catégories  aussi  rigoureuses.  Ce  qui  auto¬ 
rise  cette  supposition,  c’est  que  dans  la  pratique  ces  dé¬ 
lits  sont  souvent  confondus  et  désignés  les  uns  pour  les 
autres.  Ainsi  le  poète  Xénoclide,  qui  ne  s’est  pas  présenté 
lors  d’une  levée,  a  été  sous  le  coup  d’une  ypGcpv,  àffxpœ- 
xeiaç  ;  le  délit  est  ici  très  justement  désigné10  ;  mais  Béotos 
est  exactement  dans  le  même  cas,  et  il  est  poursuivi  pour 
délit  de  Xnroxa^iou  17  ;  bien  plus,  nous  trouvons,  dans 
l’orateur  Lycurgue,  les  deux  expressions  XutoTaüûw  et 
àffxpaxetaç  employées  à  la  fois  pour  désigner  le  même 
délit 18.  Il  est  certain  d’autre  part  que  c’est  la  ypaipii  hra- 
xaÇfou  ou  la  y paep-rj  àffxpaxetaç  qui  pouvait  être  intentée  au 
triérarque  qui  avai  t  abandonné  son  vaisseau,  xmhmuvT-rp 
vaùv 19,  ou  au  cavalier  qui  avait  abandonné  son  escadron  . 

Selon  l’esprit  de  la  législation  athénienne,  tout  citoyen 
pouvait  intenter  une  action  en  justice  pour  ces  divers 
délits.  C’est  ainsi  qu’Archestratidès  intenta  a  A lcibia  1 
le  Jeune  l’accusation  pour  laquelle  Lysias  écrivit  euJ 
discours21.  Démosthène  nous  a  conservé  la  l°rIlluj 
même  de  ces  accusations,  ainsi  que  le  mode  de  pu  1  1 
tion.  Sur  l’instigation  de  Midias,  un  sycoplianh ., J10’1'  1 
Euctémon,  intenta  à  l’orateur  une  yp*pi 

‘,40  B  -“H 

175,  17G  ;  Audoc.  De  myst.  74;  Lys.  XIV,  5,  15,  21;  Mat.  j,||a||iciffl, Hat 

deux  essais  intéressants  dans  Rosenberg,  Philologue,  XX.  ■  1  '  |rojs  jélils indi- 
Jahrb.  f.  Phil.  CXV,  p.  209.  Frohberger  {Lys.  Il,  p.  3)  admc  ^  j 

qués  par  Lysias  et  Andocide;  Rosenberg  rejette  la  **•*•*•  «  hJ 

général  qui  sert  à  désigner  tous  les  délits  militaires;  Meier  e-  ^  «lui 

p.  462,  n.  77G)  en  admettent  quatre;  ils  ajoutent  aux  Irois  111  __  »  XIV,  M 

d’àvaujia/joa,  d’après  And.  I,  74.  —  12  C.  Theomn.  X,  M  ■  „r<  «(«S® 

—  14  Menex.  24G  B.  —  18  Lvc.  C.Leocr.  57  :  pu  conp»l>lc!j 

cf.  encore  147  et  Lys.  XIV,  7.  —  1®  Cela  ne  veut  pas  diu’  qo  ^  ^  moins  w*- 
Xénoclide  prétendait  avoir  un  juste  motif  d  exemption,  i  jjrp“T1W 

damné.  —  17  Dem.  C.  Beat.  16.  —  «  byc.  C.  Leocr.  14  :  *■*"  ;  o5  pari»! 

10  T  vs  X  42  ’  l”  in.  1  ■  ,  jjg 

où  t  b  CoijAa  zv.'iv.i  roTç  aToai^YoT;.  )  ^  ^  ^  cj(,oyeDS e 

matelots  qui  ont  déserte,  -tout;  *Ai7covew?  ;  la  plupart  ntlai  nniirc0^1' 

pouvaient  être  saisis  par  une  accusation 


à,  |l  faut  otiserv.i'  T"  ■  I'  , 


il  n’y  a  pas  de  mot  composé  avec  le  mot  œuXq,  cscadion  ,  ^  ^  pour  lcS 
le  mot  Tà;tç,  régiment  d’infanterie,  XucoTaÇwu,  qul  SCI  *,eS  dise.  XlV  cl 
commis  par  les  fantassins  et  par  les  cavaliers.  f  ( 


LIS 


LIS 


—  1265  — 


lhxnei  fit  cela  tout  Simplement  parce 

jlidias,  Dein°"  .lffiche  fût  placée  aux  pieds  des  Epo- 
yeux  et  portant  ceci  :  «  Eucté- 

««*>•  “Se  Lousia,  a  mis  Dèmosthène  du  dème  de 
n  du  dème  ue  -  '  J._neta-Env^lll,w 


,  ,iiv  trmus,  'i” 

*■*  ÜM.  1  Bouleutérion  et  du  Tholos.  Nous  avons 
ligora,  près  c  qui  n0us  montrent  que 

de  nofflbreir  .  scrvait  à  recevoir  des  affiches 
le  Piédestal  ^^Ires  de  l’État  ou  à  des  actes  judiciaires  2. 
relatiVî!inte  était  portée  devant  les  magistrats  militaires, 

•’  j'  t  à  leur  défaut,  les  taxiarques  ;  ces  ofi- 

iSSl  Produisaient  l’instance  et  avaient  11 tou 
**  '  D,„s  le  procès  intenté  à  Alcibiade  le  Jeune, 
rr:,  est  présidé  p«r  **  stratèges  -  c'est  le 
Liài  que  Mantithée  qui  reçoit  la  plainte  con  tre  Beolos 

ï,Jait  naturellement  que  pour  les  cavaliers  1  affaire 
U  portée  devant  les  hipparques  et  les  phjlarques.  Le 
Lll  était  composé  des  soldais  qui  avaient  fait  cam- 

Lg«e  avec  l’accusé  et  qui  avaient  été  témoins  du  délit  . 

I  La  peine  était  l’atimie  avec  interdiction  d  assister  aux 
[cérémonies  religieuses  de  l’État  :  «  Le  législateur,,  dit 
K  Eschine c,  veut  que  le  réfractaire,  le  lâche  et  le  déser¬ 
teur  soient  éloignés  des  aspersions  d’eau  lustrale  de 
l'agora,  qu’il  ne  puisse  pas  être  couronné  et  qu’il  n’ait 
tas  accès  auprès  des  sacrifices  publics.  »  Cette  atimie 
entraînait  la  confiscation  des  biens1.  Albert  Martin. 

LIS.  —  Ce  mot  appartient  à  la  très  ancienne  langue 
[.  latine1.  On  l’y  trouve  sous  la  forme  stlis  qui  a  subsisté 
dans  l’expression  Decemviri  stlitibus  judicandis  - .  Dans 
son  acception  la  plus  large,  il  désigne  toute  espèce  de 
'  procès.  11  désigne  également  l’objet  du  procès  :  Quibus 
I  m  mit  in  controversia ,  dit  Varron,  ea  vocabatur  lis  ,!. 

Tel  est  le  sens  qu’on  lui  donne  dans  les  expressions  : 
1  litem  addiceref  aestimare 5,  condicere 6,  contestari  ', 
t  dure*,  dicerc6,  litis  cadere 10,  in  litem  jurare H,  litem 
i  mm  f acere'2,  exceptio  litis  dividuae  13 ,  et  d’autres 
I  encore. 


D’après  Cicéron14,  on  discuta  longtemps  pour  savoir 
s’il  iallait  dire  res  ou  fis ;  dans  la  terminologie  quia  pré- 
yalu,  le  mot  res  s’emploie  de  préférence  pour  désigner  le 
droit  qui  donne  lieu  au  procès  :  rem  in  litem  deducere 1B. 

Le  mot  lis  a  une  signification  plus  étroite  lorsqu’on 
1  oppose  a  jurrjium:  il  suppose  une  dissensio  inter  ini- 
micos.  Le  sens  de  cette  distinction  a  été  expliqué  au  mot 


jurgium.  Lis  s’applique  à  l’action  de  la  loi  par  serment, 
ea  pecunia,  dit  Varron,  (/une  in  judicium  vend  m  ldi- 
bus,  sacramentum  a  sacra'6.  Tel  est  le  sens  qu  d  reçoit 
dans  les  expressions,  praedes  litis  vindiciarum  praesj, 
decemviri  stlitibus  judicandis  [decemviri,  p.  33  ',  bono- 
rum  possessio  litis  ordinandae  gratin 11 .  On  a  conjec¬ 
turé,  bien  que  les  textes  manquent,  que  les  procès  qui 
furent  soumis  à  l’action  de  la  loi  per  condictionem 
constituent  également  des  lites  par  opposition  aux 
jurgia. 

Après  l’introduction  de  la  procédure  formulaire,  et 
pendant  la  période  transitoire  où  l’on  continue  à lege 
agere ,  on  trouve  parfois  rapprochés  les  mots  lis  et  judi- 
cium.  Cicéron  dit:  persequi  lite  atque  judicio'6 .  U  est 
vraisemblable  que  le  mot  lis  désigne  ici  les  procès  soumis 
aux  actions  de  la  loi,  judicium  ceux  qui  donnaient  lieu 

à  la  délivrance  d’une  formule  1  '. 

A  l’époque  classique,  le  mot  lis  désigne  toute  sorte 
d’actions,  tant  réelles  que  personnelles 20.  Il  est  usité 
dans  un  certain  nombre  d’expressions  techniques  qu’il 
suffit  d’indiquer  :  litem  praeparare **,  inchoare22,  dese- 
rere2\  in  alium  transferre 2i,  restituerez ,  redimere 2G, 
donare 27,  litis  dominus-*,  procurator  **,  consortes 
sumptus 31 ,  liti  se  offerre  32,  renuntiare 33 .  D'autres 
demandent  une  brève  explication  :  lis  crescit.  lis  moi  i- 

tur ,  litem  suam  facere.  . 

Certaines  actions  se  donnent  au  double  contre  le  défen¬ 
deur  qui  nie  sa  dette:  lis  adversus  in /itiantem  crescit  ni 
duplum 34 .  Ce  sont  des  actions  qui,  sous  les  actions  de 
la  loi,  donnaient  lieu  à  la  manus  injectio ,  telles  que  . 
l’action  judicati  (t.  V,  p.  644,  n.  8)  depensi,  legis  Aqui- 
liae,  ex  testamento™. 

Lis  moritur  se  dit  dans  tous  les  cas  où  le  judicium 
s’éteint  sans  jugement,  par  exemple  en  cas  de  péremption 
d’instance  d’après  laloi  Julia  judiciorum  privatorum  °. 

Litem  suam  facere  désigne  un  quasi-délit  commis  par 
un  juge  :  il  suppose  un  dol  ou  une  négligence  dans 
l’exercice  des  fonctions  judiciaires.  D’après  la  loi  des 
Douze  Tables,  le  juge  fait  le  procès  sien,  si,  hors  des  cas 
prévus  par  la  loi,  il  ne  se  rend  pas  au  jour  fixé  pour  1  ou¬ 
verture  des  débats.  L’affaire  était  renvoyée  devant  un  nou¬ 
veau  juge,  et  l’ancien,  mis  aux  lieu  et  place  du  défendeur, 
encourait,  le  cas  échéant,  la  condamnation.  Le  Préteur 
modifia  cette  règle  en  créant  une  action  spéciale  qui 
permet  d’apprécier  plus  équitablement  la  responsabilité 
du  juge  et  de  graduer  la  peine  d’après  la  gravité  de  la 
faute31.  Ed.  Cuq. 


Mkl.  lui ,  Nicodème  d’Apliidna  mit  aussi  son  nom  dans  l'aclo  d’accusalion  ; 
,|s  ll  J",s-tnO-  Ci8;cf.  A.  Schacfer,  Demosth.  u.  seine  Zeil,  11,  p.  102.  — 
L7d,’  '  8;,Dcm'  C-  LeP(-  M:  Esch.  C.  Ctes.  31)  ;  I>aus.  1,  5.  —  3  Lys.  XV,  1  et  2. 

Stl  \  _  u  -  3  Eys.  XIV,  5:  xoù;  ffTpaxiwxaç  StxàtcLv  ;  cf.  Plat.  XII, 

XV, 7.  xxw'  Ctes-  170  ;  cf-  aussi  C.  Tim.  29  ;  Lys.  X,  1  ;  Isocr.  VUI,  143  ;  Dcm. 
tîMiv.-v  M  ■  -7‘  ‘  And.  De  rnyst.  74  :  «npoi  r.xav  TV.  v;.i [i-axa: ,  xv.  Sè 

v  j  1  als  EaiUemcr  [atimia],  s'appuyant  sur  Lys.  XIV,  9  (ISouXrjOri 
rcjellc  aussi  |  ■  a,-lxo'1  S»i|uijtiivBi),  rejette  le  témoignage  d'Andocide;  il 

était  Iransmissil  I  '^na^c^c  Guidas  disant  que  l’atimie,  pour  la  ypatpt]  Avaïqua^tov, 
p.  1J3 .  h,tii1  '  V  lllaills*  —  Biblioghaphie.  Meier,  De  bonis  damnatorum, 
Seden  jJ'  1 1  "[‘l'crgcr,  Ausgewülilte  Reden  des  Lysias ,  t.  11,  p.  1  ;  Die 
\  jflWra/pejgj,  j  '  ]’  ^inleitung  ;  Emil  Rosenberg,  Ueber  das  attische  Mili- 
ffftwc/ie  itilitarsl  °  ^  C  XXXIV,  1870,  p.  65  ;  Tlieod.  Thalheim,  Das 

mid  paeii  |  qx^  und  Lysias,  XIV,  7,  dans  les  Neue  Jahrb.  fur  Phil. 

-'tAdni  eane,  1875  '  -ni  P  "(.’9  ’  TEonissen,  Le  droit  pénal  de  la  République 

t’H.  l.ipsius,  p  ' igfj  Meier  et  Scliômann,  Der  attische  Process ,  éd.  revue  par 
jîeilaller  (;e.  .  ’  us1,  Gilbert,  Beitrâge  zur  innern  Geschichte  Atlicns  im 

1877,  p.  5i. 

Caius,  p.  168 ;  Danz  ^[’'ul1  Elymolog.  Forschungen,  II,  196;  llusclike, 

11  sociale  Schutz,  p.  313  ;  Bréal  et  Bailly,  üictionn,  ity- 


moloq.  latin,  p.  168.  -  2  Voir  les  textes  cités  t.  111,  p.  33,  s.  v.  decemviri. 
_  3  Varr.  De  ling.  lat.  Vil,  5,  93.  -  4  Aul.  Gell.  XVII,  2,  10.  -  -  Vo.r  uns 

AESTIMATIO.  -  6  Tit.  Liv.  I,  32,  11.  —  7  Voir  LITIS  CONTESTATIO.  —  »  ClC.  P.  ROSC. 
com.  1,  3.  —  9  Varro.  L.  cit.  :  Quant  rem  sive  militent  dicere  oportet.  —  10  Fcst. 

Epit.  116.  _  11  Voir  l'article  josjukàndum.  —  12  Gai.  IV,  52.  ,3  Gai.  1\,  121. 

_  14  Cic.  P.  Alurena,  12;  cf.  Varro.  De  ling.  lat.  VU,  5,  93.  —  \euul.  3  Slipul. 
Diq.  XLVI,  2,  31,1.  —  '»  Varro.  De  ling.  lat.  V,  36,  100.  —  n  Papin.  5  Quaest.  ap. 
Ulp.  14  adEd.  Dig.  V,  2,  8  pr.  —  l»  Cic.  2*  in  Verr.  111,  13,  32;  De  oral.  11, 
21  99;  ad  lieront.  IV,  23,  33.  —  >9  Cf.  Moriti  Voigt,  Das  jus  naturelle,  l.  IV, 
p  ’452.’  -  20  Ulp.  23  ad  Ed.  Dig.  L,  10,  30.  —  21  Paul,  de  sept.  jud.  Dig.  V,  2,7. 
_i  22  Papin.  2  Resp.  Dig.  V,  I,  44  pr.  —  23  Paul.  1  Sent.  Dig.  XLU,  1,  54,  1. 
_  2V  Ulp.  13  ad  Ed.  Dig.  IV,  7,  4,  3.  -  23  Marcel.  3  Dig.  Dig.  IV,  1,  7,  1. 

—  26  Diocl.  Cod.  Just.  II,  12,  15  ;  IV,  35,  20  pr.  ;  Anaslas.  eod.  22.  —  27  Anlou. 
P.  ap.  Marcian.de  delalor.  Dig.  XLlX,’ll,  22,  2;  Gord.  Cod.  Just.  Il,  17,  2. 

—  28  Paul.  1  Sent.  Dig.  III,  3,  30.  — 29  Paul.  8  ap  Ed.  Dig.  XLVI,  3,  86.  —  30  Cod. 
Just.  111.  40.  —  31  Ulp.  5  de  off.  proc.  Dig.  V,  1,  79.  —  32  Gels.  4  Dig.  ap.  Ulp. 
15  ad  Ed.  Dig.  V,  3,  13,  13;  45  eod.  —  33  Papin.  3  (Juaesl.  Dig.  IV,  4,  30;  Ulp. 
10  ad  Ed.  cod.  21.  —  34  Gai.  IV,  171;  Paul.  Sent.  I,  19.  —  33  Cf.  Édouard  Cuq. 
Institutions  juridiques,  t.  1,  p.  409,  427,  703,  11.  6.  —  36  Gai.  IV,  104;  Venul.  1, 
Stip.  Dig.  XLVI,  8,  8,  1.  -  37  Ed.  Cuq,  Op.  L,  p.  438-439. 


LIT 


—  1266 


LIT 


LIT  AT  10.  —  L’idée  contenue  dans  ce  mot  abstrait 
est  dit lîcile  à  définir:  elle  reste  vague  même  dans  son 
expression  concrète,  le  verbe  litare.  Pris  au  sens  intran¬ 
sitif  qui  est  son  acception  ordinaire,  litore  signifie 
faire  agréer  par  les  dieux  et  constater  par  l’aspect  des 
entrailles  des  victimes  que  les  dieux  agréent  un  sacrifice 
sanglant.  Dans  cette  acception  précise,  mais  précisée  par 
1  usage  et  non  par  l’étymologie,  qui  reste  incertaine1,  il 
correspond  exactement  au  grec  xxÀXtspsîv,  où  se  trouve 
définie  la  condition  nécessaire,  à  savoir  de  «  belles 
entrailles»  (xaXi  lepâ,  laeta  exta).  Litatio ,  qui  n’a  point 
d  équivalent  en  grec2,  signifie  donc  également  bien 
«  agrément,  acceptation  »  des  dieux,  pour  le  fond  ;  pour 
la  forme,  «  constatation  de  cet  agrément  »  par  des  signes 
favorables  (ou,  ce  qui  revient  au  même,  par  l’absence 
de  signes  défavorables)  localisés  dans  les  entrailles.  On 
n’employait  guère  ce  substantif  que  dans  des  expressions 
comme  celles-ci  :  sacrifier  sine  litatione 3,  ad  litationem 4 
ou  nsque  ad  litationem  5,  ou  encore,  dans  une  langue 
moins  correcte,  hostiac  litationem  inspicere 6. 

En  revanche,  le  verbe  était  d’usage  courant,  et  l’usage 
lui  a  imposé  quantité  de  sens  analogiques  dont  il  faut 
laisser  l’exégèse  aux  philologues.  Nous  n’avons  à  nous 
occuper  ici  que  de  l’acception  technique.  Litare  pour  les 
Latins,  xaXXtepeîv  pour  les  Grecs,  est  un  terme  de  rituel, 
qui  signifie  donner  satisfaction  aux  dieux  par  le  sacri¬ 
fice  et  constater  leur  agrément  par  l’aspect  des  entrailles. 

Cette  définition  exclut  les  signes  de  toute  autre  sorte, 
qui  pouvaient  apparaître  avant  ou  pendant  le  sacrifice  et 
être  utilisés'également  soit  à  fin  de  divination,  soit,  d’une 
manière  générale,  pour  préjuger  l’accueil  fait  par  les 
dieux  à  la  prière  du  sacrificateur  [sacrificium] .  Nous 
n’avons  même  pas  à  utiliser  tous  ceux  que  savait  cher¬ 
cher  dans  les  entrailles  l’art  des  haruspices  toscans 
[haruspices].  Ceux-ci  étaient  des  spécialistes  à  qui  l’on 
demandait  l’exégèse  détaillée  des  exta:  leur  assistance 
était  une  garantie  de  plus,  mais  n’était  nullement  indis¬ 
pensable  pour  savoir  s’il  y  avait  ou  non  litatio.  Certaines 
règles  sommaires,  connues  de  tous,  et,  en  tout  cas,  fami¬ 
lières  aux  victimarii,  y  suffisaient.  Ces  praticiens,  que 
l’on  pouvait  aussi  appeler  «  haruspices  »,  au  sens  banal 
du  mot,  savaient  très  bien  apprécier  en  gros  l’aspect  des 
entrailles,  s’assurer  qu’aucun  organe  n’y  manquait,  ou 
même  se  livrer,  le  cas  échéant,  à  des  expériences  qui, 
après  avoir  fait  partie  de  l’extispicine  savante,  étaient 
comme  tombées  dans  le  domaine  public.  En  176,  c’est 
un  «  victimaire  »  qui  annonce  au  consul  Cn.  Cornélius 
que  le  foie  du  bœuf  immolé  par  lui  s’est  dissous  dans  la 

LITATIO.  l  Les  anciens  dérivaient  lilare  de  I itéré,  qui  aurait  donné  lutare,  au 
sens  de  solvere  (Varr.  ap.  Non.  s  v.  Litavi,  p.  131  M.  ;  Serv.  Aen.  II,  118).  Ce 
sens  actif  motive  les  acceptions  comme  litare  exta  (Prop.  V,  1,  21),  victimas  (Suet. 
Otho,  8),  sacra  (Ovid.  Fast.  IV,  630),  sacris  lilatis  (Virg.  Aen.  IV,  50),  litatis 
hostiis  (Justin.  XX,  2,  14).  Une  étymologie  plus  probable  fait  venir  litare  d'un 
substantif  perdu  ‘lita,  correspondant  au  grec  lutij,  prière  (M.  Bréal,  Dict.  Etym. 
lat.  s.  v.)  ;  d'où  l'acception  proférée  par  les  grammairiens.  Servius  (Aen.  IV,  50) 
trouve  que  Virgile  aurait  dû  dire  diis  litatis.  Non  enini  sacra,  sed  deos  sacris 
litamus.  Ailleurs  :  litare,  verbo  pontifical!. .  sacrificiis  deos  placare  (Serv.  Aer.. 
II,  118);  litare  siynificat  sacrificio  facto  plaçasse  numen  (Macr.  Sat.  III,  5,4); 
litare  est propitiare  et  votum  impetrare  (Non.  p.  421  M).  Ce  sens  transparaît  dans 
des  expressions  comme  litat  ara  Jovem  (Mart.  VIII,  15,  2),  lilato  numine  (Amm. 
Marc.  XXIX,  1,  31),  et  même  dans  la  construction  inlransitivc,  la  plus  correcte  de 
toutes,  soit  impersonnelle,  lilare  (forme  intensive,  perlitare,  Liv.  XXXVI,  1  ;  XLI, 
14  et  15),  litatum  est  ( diis ),  soit  ayant  pour  sujet  le  sacrilicateur  (Liv.  VIII,  9; 
XLI,  15)  ou  la  victime  (victima  caesa  litat,  Mart.  X,  73,  G)  on  le  sacrifice  (sacrifi¬ 
cio  non  litante,  Suet.  Aug.  96).  Litare  a  pris  aussi  le  sens  général  de  «  sacrifier  à  », 
au  propre  et  au  figuré.  Le  mot  ne  contient  en  lui-même  aucune  allusion  aux 
entrailles,  si  bien  que  certains  en  transportaient  l'efficacité  de  la  victime  à  la 


chaudière.  L’autre  consul  n'arrive  pas  , 
lion,  parce  que  le  foie  de  ses  victimes0"  ^  à 
tète  b  Dans  le  Poenulus  de  Plaute,  Lycus  pas  de 
«  haruspice»  quelconque:  mais  c’est  à  pr  ?Slé  d'u» 
celui-ci  déclare  les  entrailles  défavorables 
l’occasion  de  déployer  tout  son  art,  car  j  v’  .n’a  Pa» 
de  les  découper,  se  tenant  pour  suffisamment"  défend 


Un  autre  personnage,  dans  le  Pseudolus  ' 
pour  sacrifier  ad  litationem ,  des  victimes  et  I  de’ 
moitié  bouchers,  moitié  sacrificateurs9.  pu  V'!  /anii» 
constatations  de  cette  sorte  étaient  d’autam  m  ICSte’  les 
tes  qu’elles  se  fondaientsurdes  faits  ££&.*">* 
commun,  et  non  sur  des  finesses  de  l’art,  qui  éclnn!8^ 
au  contrôle  et  pouvaient  être  contestées.  'P ^ 


raconte  tout  au  long,  dans  VAnabase,  comment  àCW 
les  généraux  grecs  sacrifièrent  à  maintes  reprises  un  ’ 
savoir  s’ils  devaient  partir;  comment,  les  signes  étJ 
toujours  défavorables,  les  soldats  soupçonnèrent  le  devin 
Arexion  d’être  de  connivence  avec  Xénoplionetne  furent 
convaincus  qu’en  voyant  de  leurs  propres  yeux  que  «les 
entrailles  ne  se  faisaient  pas  10  ». 

Il  y  a  ici  une  distinction  délicate  à  faire, "ans  laquelle 
on  risque  de  confondre  la  litatio  avec  les  pratiques  divi¬ 
natoires  proprement  dites.  La  litatio  signifiait  sim¬ 
plement-que  les  dieux  agréaient  le  sacrifice,  quelle  que 
fût  l’intention  du  sacrificateur;  et  elle  n’avait  toute  sa 
valeur,  elle  ne  se  suffisait  à  elle-même  que  dans  les 
sacrifices  non  divinatoires,  où  l’on  offrait  la  vie  des 
victimes  ( hostiac  animales)  u.  En  effet,  dans  les  sacri¬ 
fices  divinatoires  ( hostiac  consultatoriae ),  des  entrailles 
défavorables  pommaient  contenir  un  avertissement  aussi 
utile  que  des  signes  heureux  :  dans  un  cas  comme 
dans  l’autre,  l’opération  atteignait  son  but,  qui  était 
non  pas  de  faire  agréer  la  victime,  mais  de  s’en  servir 
pour  connaître  la  volonté  des  dieux.  Mais,  de  même 
qu’il  n’y  a  pas  de  sacrifice  sans  prière12,  de  même  tout 
sacrifice  était  censé  contenir  une  réponse  à  la  prière,  et, 
par  conséquent,  une  part  de  révélation  divine.  La  litatio 
indiquant  que  le  sacrifice  était  agréé,  on  en  concluait 
légitimement  que  la  prière  était  exaucée.  Dans  ce  sens  et 
cette  mesure  seulement,  le  diagnostic  sommaire  de  la 
litatio  fait  partie  de  la  divination13.  Il  suffisait  donc 
d’insérer  dans  la  prière  une  question  susceptible  dêtrel 
résolue  par  oui  ou  par  non  pour  que  la  litat  ion  devin  j 
une  réponse  positive,  et  la  non-litation  une  répons® 
négative.  C’était  même  un  procédé  familier  aux  généraux! 
en  campagne,  un  procédé  que  les  Grecs  avaient  per  <Jj 
tionné  de  façon  à  en  tirer  au  besoin  des  réponses  con  i| 

•  ■  ■>  nui  (Icos  pi'ccülwW 

formule.  Leqimus  quod  Litare  sola  non  possit  oralio,  nist  ta  7  tcr  lita- 

•1  117*  /iu  C/tA  III  9  7^ _ 2  KaMuf*)!4*  '  ’  j 

etiam  aram  mambus  adprehendat  (Macr.  oar.  m,  -j  .  7 'hesnw'^i 

men,  Stat.  Theb.  X,  610)  a  le  sens  concret  de  Ouqla  ^  ^  T 

s.  y.).  -  3  Liv.  XXVII,  23.  -  4  Plant.  Pseudol.  M°J'  ‘ PoeMl.  Il,  b 

—  6  Act.  fr.  Aimai,  p.  164  Marini.  —  1  Liv.  XLI,  1>-  , 'rasion  teclmi<],>4> 

—  9  riant.  Pseudol.  I,  3,  93-101.  -  *o  Ta  «J  fyaw,  [)'"[, [s,i„e a»'»'“,es 

sept  fois  répétée  dans  le  récit  (Anab.  VI,  4,  12-22).  11  ]m  |cs  vers  d® 

et  consultatoriae,  voir  Macrobe  (Sat.  III,  5),  qui  cilc  à  e' ^virg. 

Virgile  :  Sanguine  quaerendi  reditus,  animaque  litandum  .  './  deoif1 

118).  —  12  Quippe  victimas  caedi  sine  precatione  non  par  la pri^re; 

rite  consuli  (Plin.  XVIII,  §  10)  ;  cf.  ci-dessu; 

—  13  C'est 


"“f, r-.- 


u  ce  que  xxi «  -  -  /  luart^9  ■ 

sacrificure  hoc  interest.  Sacrificare  est  hoslias  immo  :  aj  Stat.  ' 

immolationem  hostiarum  impetrare  quod  postules  (Lu  a  ^  est  rf»1""1 
X,  610).  Inter  sacrificare  et  litare  hoc  interest  :  sfl'  '4i4  ji).  Ici  l»,*J 
pelere  ;  litare  est  propitiare  et  votum  impôt)  an.  01  j;vjnatoiros  P3*  “* 
finition  de  sacrificare  est  inepte.  Cf.  les  cas  de  saci  i  >C  ju  3,  1  ;  *  j 

dans  Herod.  VI,  76;  VII,  113;  IX,  19,  38;  Xenoph. 

III,  1. 


dit  ou  veut  dire  le  scoliaste  de  ■[lari  rero  1* 


I  ost 


LIT 


—  1207  — 


LIT 


nl  (je  livrer  la  bataille  de  Platées,  les 
tionnelles.  Au  Testés  du  devin  Tisamène,  Mardonius 
(jrecs d  mi'  lh  ’  ^  ju  jevin  Hégésistrate,  obtenaient 

dWrC  favorables  pour  l’offensive,  favorables 

:  des  entrais.  1  ()n  ayait  dû  de  part  et  d’autre  répéter 
Urladefen!’1'  •  k  qiiesti0n  pour  obtenir  la 

Mes  expérience  jre  à  condition  de  ne  pas  attaquer.  Paul 
Klitde  même,  suivant  Plutarque,  au  moment  d’en- 
Él"'  i,,n  contre  Pcrsée.  «  Après  avoir  immole  jusqu  a 
!g  ,  L ns  obtenir  d’entrailles  favorables,  au  vingt 
Vil)g  b  P  les  signes  apparurent  et  signifièrent  victoire 

^^«“''““"^etexperten divination  ».ava,t 
Eminent  modifié  sa  question  à  la  dermere  epreuve. 

\  [litalio  contenait  donc  une  certaine  somme  de  révé¬ 
lation  incorporée  aux  entrailles  qui  pouvait  etre  et  a  ete 
Elisée  à  fin  de  divination.  L’état  des  entrailles  dune 
Ictime  sacrifiée  était  considéré  comme  un  «  signe  »,  et 
non  comme  un  indice  naturel  de  l’état  physiologique  de 
la  victime  vivante.  Les  indices  naturels  de  santé,  de  ma¬ 
ladie  ou  de  malformation  étaient  constatés  avant  le  sacri¬ 
fice,  par  une  probatio  qui  écartait  les  animaux  disqua¬ 
lifiés3.  Cette  précaution  une  foisjirise,  la  foi  voulait  que 
|leS exta  fussent  ce  que  les  faisait  être  sur  le  moment 
l’intervention  divine,  ou,  par  concession  extrême  aux 
raisonneurs,  que  le  choix  de  la  victime  fût  guidé 
.  par  la  même  intervention  et  tombât  précisément  «  sur 
Icelle  qui  avait  les  entrailles  accommodées  à  la  situa¬ 
tion4  ».  Une  victime  à  qui  manquait  le  cœur,  par  exem¬ 
ple,  n’aurait  pas  pu  vivre  sans  cet  organe  :  il  fallait 
donc  qu’il  eût  été  anéanti  pendant  le  sacrifice5.  De 
îême,  le  fait  d’apporter  un  veau  à  l’autel  au  lieu  de  le 
laisser  s’approcher  de  lui-même  ne  pouvait  pas  modifier 
naturellement  l’état  de  ses  entrailles:  on  avait  cependant 
remarqué  que,  dans  ce  cas,  on  n’obtenait  presque  jamais 
la litation  ".  L'idée  que  l'autopsie  des  victimes  ne  ren¬ 
seignait  pas  sur  leur  état  physiologique  antérieur  était  si 
couramment  acceptée  qu’elle  était  entrée  dans  la  juris¬ 
prudence  commerciale.  Yarron  remarque  que  les  bou- 
jcliers  ordinaires  n’achetaient  que  des  bêtes  garanties 
Baines,  tandis  que  les  fournisseurs  des  autels  n’exigeaient 
Bas  celte  garantie  du  vendeur7.  Ils  pouvaient  constater 
■x  mêmes  les  défauts  apparents  :  pour  le  reste,  ils  lais¬ 
sent  faim  aux  dieux.  Si,  dans  l’hypothèse  suggérée  par 
^  rri.iyiuts  tièdes,  qui  ne  voulaient  pas  croire  à  la  mé- 
■eorp  iosi  des  entrailles,  l’état  de  celles-ci  était  anté- 
Chois  'U1  MUib.Ce’  éta^  b°n  que  les  dieux  pussent 

n  u-ini  î'0"1  Icv^er  ^eur  pensée,  même  des  animaux 
“ayant  de  sain  que  l’apparence. 

n’a  qu’un  '^‘^ode  sommaire  de  divination,  la  litatio 
posée  EU,  p',!  q>lné’  étr°itement  limité  par  la  question 


nu 


lices  simnirf  CUU  UUe  lmP0l'Lance  capitale  dans  les  sacri- 

®r(linaire  ouvoti/  't  C6UX  qui  font  partie  du  culte, 
inquiétant  ,,L  (1-  C!’  ianon_litation  jirend  un  caractère 

posées,  elle  "1^'ni''l‘fIUe  :  loin  de  résoudre  des  questions 
^0nt  il  faut  J®  ' <  S  Pro^mes  qu’elle  ne  résout  pas  et 
US  1"  ine  de  malheur,  chercher  la  solution. 

^M&rod.  (Xj  3g_^g 

0n  exigeait  (me  ^cm^'  li-—  3  Par  exemple,  lors  cîc  la  pfiobatio 
L  1ui- VIII,  §  i83)  ,  ‘  queue  du  vcau  atteignît  le  pli  du  jarret  ;  breoiore  non 

I  r  - — 


«  U 

P»  Cic. 


■  ■*  UU  Veau  n  - 

-pr{visi0ü  exclut  la1  lCUe  ll'°P  C0Urle-  Dans 

Cip<U..  ..  u  la  (UVinali/vn  #  . 


*  niais  on  savait  par  expérience  quo  les  dieux 

trnn  _  r\ 


ne  VOU- 


ÏOQ 


(Oioin.  || 


Uivination. 
10-17).  _ 


>  ce  cas,  la  non-lilalion  est  prévue, 
V  °'r  ces  théories  exposées  et  réfutées 
Cic.  Divin.  II,  16.  —  6  piin.  VIII,  §  183. 


Tout  sacrifice  non  agréé  devait  être  recommencé,  soit 
dans  les  mêmes  conditions,  avec  des  victimes  de  même 
espèce  et  de  mpme  nombre,  soit  avec  un  j»I us  grand  nom¬ 
bre  de  victimes  de  même  espèce,  soit  avec  des  victimes 
d’autre  espèce  ou  d’autre  sexe  8,  soit  par  une  autre 
main  9.  On  cherchait,  en  variant  les  conditions  de  l’ex¬ 
périence,  à  dégager  l’inconnue  du  problème,  l’obstacle, 
qui  pouvait  provenir  soit  de  l’oubli  de  quelque  obser- 
vancerituelle,  soit  de  cequeles  dieux  trouvaient  l’offrande 
insuffisante  ou  en  préféraient  une  autre  ou  ne  l’accep¬ 
taient  pas  d’une  personne  disqualifiée  à  leurs  yeux  pour 
une  raison  quelconque.  Ces  conjectures  fournissaient  des 
réponses  aux  objections  des  sceptiques.  «  Quand  on  sa¬ 
crifie  â  plusieurs  dieux,  dit  Cicéron10,  d’où  vient  qu’on 
réussit  ( litetur )  avec  les  uns,  et  pas  avec  les  autres? 
Quelle  est  cette  inconstance  des  dieux,  qui  menacent 
par  les  premières  entrailles  et  font  de  bonnes  promesses 
par  îes  secondes?  Ou  comment  y  a-t-il  entre  eux,  souvent 
même  entre  proches  parents,  un  désaccord  tel  que  les 
entrailles  sont  bonnes  pour  Apollon,  mauvaises  pour 
Diane?  »  Cicéron  raisonne  comme  si  tous  les^  dieux 
ensemble  formaient  une  essence  divine,  immuable  en  ses 
desseins.  Qu’au  sacrifice  on  substitue  la  prière,  toutes  les 
religions  sont  comprises  dans  cette  fin  de  non-recevoir 
La  réitération  du  sacrifice  en  cas  de  non-litation  étant 
l’application  d’une  règle  générale,  toute  cérémonie  man¬ 
quée  devait  être  recommencée  à  nouveaux'  frais.  Comme 
on  l’a  dit  jilus  haut,  les  sacrifices  divinatoires  n’aboutis¬ 
sant  pas  à  la  litation  ne  sont  pas  des  sacrifices  manqués  : 
si  les  consultants  s’obstinent  à  les  recommencer,  c’est  de 
leur  plein  gré  et  parce  qu’ils  espèrent  obtenir  enfin  la 
réponse  qu’ils  souhaitent.  Il  n’en  va  pas  de  même  des 
hostiae  animales.  Le  refus  de  les  accepter  n’est  pas  un 
conseil,  mais  une  menace  qu’il  faut  détourner.  Le  motif 
le  plus  ordinairement  soupçonné  était  soit  une  irrégularité 
dans  le  cérémonial,  soit  l’insuffisance  de  l’offrande.  Les 
autres  raisons  étaient  plus  difficiles  à  deviner,  surtout 
les  raisons  qui  tenaient  à  la  personne  du  sacrifiant  et  lui 
rendaient  lalitation  impossible.  En  337,  le  consul  Décius 
ne  put  aboutir  :  il  était  prédestiné  aune  mort  prochaine  ". 
De  même,  en  176,  le  consul  Petillius  obtint  litation  avec 
les  autres  dieux,  mais  non  avec  Salas  12  :  il  périt  dans 
le  courant  de  l’année.  En  208,  à  Rome,  «  durant  quelques 
jours,  de  grandes  victimes  furent  égorgées  sans  litation, 
et  pendant  longtemps  on  ne  put  obtenir  la  paix  des 
dieux.  C’est  sur  la  tête  des  consuls,  la  République  étant 
sauve,  que  se  tourna  l’effet  funeste  des  prodiges13  ». 
A  Sparte  aussi,  au  temps  des  guerres  médiques,  il  fut 
impossible,  des  années  durant,  d’obtenir  des  entrailles 
favorables.  C’était  le  héraut  Talthybios  qui  voulait  con¬ 
traindre  ainsi  les  Spartiates  à  expier  le  meurtre  des 
envoyés  de  Darius14.  Il  arrivait  encore  que,  suivant  une 
théorie  dont  on  s’avisait  surtout  après  l’événement, 
on  se  trompait  sur  le  sens  de  la  litatio.  Au  dire  de  Sué¬ 
tone,  Othon  commença  la  guerre  contre  Vitellius  «  sous 
des  auspices  des  plus  contraires,  car  une  victime  immo¬ 
lée  à  Dis  Pater  produisit  litation,  alors  que,  dans  un 

—  '<  Manilii  actiones  secuntur  lanii  gui  ad  cultrum  bovem  emunt  :  gui  ad  alta- 
ria,  hostiae  sanitatem  non  soient  stipulari  (Varr.  R.  rust.  II,  15,  II).  —  %  In 
omnibus  sacris  feminei  generis plus  valent  victimae  (affirmation  très  contestable). 
Denigue  si  per  marem  titare  non  possent,  succidanea  dabatur  femina.  Si  autem 
per  feminam  non  litassent,  succidanea  adhiberi  non  poterat  (Serv.  Aen.  VIII,  641). 

'  —  9  Nonguacumgue  manu  victima  caesalitat,  (Martial.  X,  7,  36).  —  tOCic.  toc.  cit. 

—  11  Liv.  VIII,  9.  —  12  Liv.  XLI,  15.  —13  Liv.  XXVII,  23.  —  14  Herod.  VII,  133-134 


LIT 


—  1268  — 


LIT 


sacrifice  semblable,  les  entrailles  défavorables  valent 
mieux  »l.  Cette  casuistique  suspecte  est  contraire  à  l’es¬ 
sence  même  du  sacrifice  expiatoire  ou  propitiatoire,  qui 
est  la  substitution  de  la  victime  à  la  personne  menacée, 
laquelle  se  rachète  par  cette  rançon  acceptée.  A  ce 
compte,  les  nombreux  sacrifices  offerts  aux  divinités  sou¬ 
terraines  durant  les  Jeux  Séculaires  (Tellus,  Dis  Pater, 
Proserpine,  les  Mœres)  auraient  dû,  pour  être  heureux, 
présenter  des  entrailles  défavorables,  ce  qui  est  absurde. 

En  résumé,  les  cas  exceptionnels  de  non-litation  pro¬ 
longée  étaientdes  «  prodiges  effrayants  »  ;  la  non-litation 
momentanée,  un  accident  généralement  facile  à  réparer. 
La  litation  était  la  conclusion  ordinaire  du  sacrifice,  si  ordi¬ 
naire  que  le  plus  souvent  on  ne  songeait  pas  à  en  dégager  la 
part  de  divination  qui  y  est  incluse.  A.  Boüché-Leclercq. 

LITIIOBOLIA  (A>0o6oX''a).  Nom  d’une  cérémonie  des 
fêtes  de  Damia  et  Auxésia  à  Trézène,  où  les  femmes  se 
battaient  entre  elles  à  coups  de  pierres  1 .  Un  combat  de 
même  genre,  également  inspiré  par  une  intention  sym¬ 
bolique,  avait  lieu  dans  les  Éleusinies  sous  l’appellation 
de  balletys.  On  en  signale  une  autre  à  Rome,  en  l’hon¬ 
neur  de  Tutula,  dans  la  fête  des  nonae  gaprotinae2. 

Il  y  avait  des  combats  simulés  entre  les  assistants  dans 
un  certain  nombre  de  fêtes  grecques,  par  exemple  dans 
la  d  au  lis  d’Argos  3,  dans  les  moleia  de  l’Arcadie4,  et  dans 
la  fête  qui,  à  Sparte,  rappelait  un  des  incidents  de  la  bataille 
de  Platées 5.  Lobeck 6  a  réuni  tous  les  exemples  de  ce  genre, 
et  les  a  rapprochés  avec  raison  des  fêtes  dans  lesquelles 
ceux  qui  y  prenaient  part  s’entre-fustigeaient,  telles  que 
les  danses  des  jeunes  gens  autour  de  l’autel  d’Apollon  à 
Délos1  et  les  lupercalia  de  Rome.  F.  Lenormant. 

LITIIOROLOS.  —  Machine  à  lancer  des  pierres  [tor- 
menta]. 

LITHOPIIOROS  (Aiôocpo'poç).  —  L’inscription  gravée 
sur  un  des  sièges  d’honneur  du  théâtre  de  Bacchus  à 
Athènes  1  a  fait  connaître  l’existence  d’un  prêtre  portant 
ce  titre.  Quoiqu’il  eût  un  rang  élevé  dans  la  hiérarchie  des 
sacerdoces  athéniens,  on  ignore  tout  de  lui,  et  la  nature 
de  ses  fonctions  et  le  culte  même  auquel  il  appartenait. 
On  a  pensé  que  ce  «  porteur  de  pierre  »  pouvait  avoir 
un  rôle  dans  la  cérémonie  symbolique  de  la  balletys2 
aux  Eleusinies,  ou  qu’il  avait  la  garde  d’une  pierre 
sacrée  (àpyo;  X-'6oç)3.  E.  Saglio. 

LITICEIY.  —  Musicien  qui  jouait  du  lituus  *.  Son  nom 
était  dérivé  de  son  instrument2.  On  n’a  aucune  men¬ 
tion  antique  de  liticines  appartenant  à  des  légions3, 
quoiqu’on  connaisse  par  des  textes  les  autres  musiciens 
légionnaires 4.  Ce  fait  tendrait  à  confirmer  le  texte  d’Acro, 
d’après  lequel  le  lituus  aurait  été  propre  à  la  cavalerie5. 

La  figure  que  nous  reproduisons  ici  (fig.  4498) 6  repré¬ 
sente,  comme  l’indique  d’ailleurs  l’inscription,  un  membre 
d’un  collège  de  liticines  et  de  cornicines.  Cette  corpora- 


1  Swet.  Otho ,  8. 

LITIIOBOLIA.  1  Paus.  Il,  32,  3.-2  Plut.  Romul.  29  ;  Camill.  23.  —  3  Hesych. 
s.*v.  AauVç.  —  4Schol.  ad  Apoll.  Rhod.  Argon.  I,  v.  170.  —  5  Plut.  Aristid.  17. 

—  6  Aglaophamus,  t.  I,  p.  G79  et  suiv.  —  7  Gallira.  Hymn.  in  Del.  v.  321.  —  Biblio¬ 
graphie.  Lobeck,  Aglaophamus,  I,  p.  079  et  s.  ;  A.  Maury,  Relig.  de  la  Grèce 
antique .  II,  p.  377;  K. -F.  Hermann,  Gottesdienst.  Alterthiimer,  §52,  n.  17  et  18. 

LITHOPIIOROS.  1  Corp.  inscr.  att.  III,  290.  —  2  Keil,  Philologus,  XXIII,. 242. 
Ajouter  aux  ouvrages  indiqués  s.  v.  Balletys,  O.  Crusius,  ReitrCige  su  gr.  Reli- 
gionsgesch.  Leipz.  1886,  p.  20.  —  3  Reisch,  ap.  Pauly-Wissowa,  Realencyclop. 
s.  V.  àpyot  Xtfiot,  p.  724. 

LITICEN.  1  Festus,-  s.  v.  Lituus,  p.  11G.  —  2  Varr.  Ling.  lut.  V,  91  ;  Cato  ap 
Gell.  XX,  2  :  Nonius,  I,  268.  —  3  Deux  inscriptions  qui  en  mentionnent  (Muratori, 
p.  798,  t;  Doni.  cl.  VI,  118)  sont  fausses;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  5"  part.  1373*. 

—  4<Jauer,  De  muneribus  militaribus,  IV,  dans  Ephem  epigr.,  t.  IV,  p.  374.  —  6  Ad. 


lion,  dont  les  emblèmes  semblent  avoir  • 
cornu  et  le  lituus,  le  masque  et  la  syrin.,/  °Ull'ele 
tainement  aucun  ’  ^  >  n  avait  cerll 

caractère  mili¬ 
taire;  elle  se  com¬ 
posait  de  musi¬ 
ciens  civils,  em¬ 
ployés  dans  les 
représentations  , 
les  fêtes  ou  les 
funérailles.  C'est 
ainsi  que  l’on  voit 
des  liticines  dans 
un  défilé  de  gla¬ 
diateurs  1  [gladia- 
tor,  p.  1593,  fig. 

3593]  et  dans  une 
pompe  funèbre 
qui  est  du  Ier  siè¬ 
cle  de  notre  ère8 
[funus,  p.  1392, 

fig.  3301].  Un  liticen  figure  aussi  sur  une  peinture  étrus- 


-L1T1C I N VM  -  CQRNlcMg 

Fig.  4198.  —  Liticen, 


que9,  dans  le  cortège  d’un  vainqueu 


r  aux  courses. 


IIenhy  Tuédenat.  I 

LITIS  AESTIMATIO.  —  La  iitis  aestimatio  estl’évai 
luation  pécuniaire  de  l’objet  d’un  litige.  Elle  peut  -êtrh 
faite,  soit  d’accord  entre  les  parties  par  suite  d’une  tran-l 
saction,  soit  judiciairement  *. 

La  loi  des  Douze  Tables  autorisait  à  pacisci  de  talioni 1 
redimenda  en  cas  de  membri  ruptio  :  c’était  un  moyen 
d’échapper  à  la  peine  du  talion  ;  elle  permettait  aussi  de 
transiger  en  cas  de  vol  manifeste  pour  éviter  la  peine 
capitale 2. 

La  iitis  aestimatio  a  lieu  judiciairement  soit  en  matière  ] 
civile,  soit  en  matière  criminelle  dans  les  quaestioneâ 
perpetuae. 

I.  La  Iitis  aestimatio  en  matière  civile.  —  La  litm 
aestimatio  fut  usitée  de  bonne  heure  dans  le  droit  latin, 
en  cas  de  rupture  du  contrat  de  fiançailles  !.  A  Home, 
elle  fut  appliquée  au  temps  des  actions  de  la  loi  dansla| 
procédure  per  judicis  postulationem.  C  était,  la,  suivanjj 
toute  vraisemblance,  l’objet  principal  de  celte  Pl0C^ 
dure  :  on  demandait  un  juge  lorsqu’il  y  avait  uae^es  j 
mation  à  faire,  une  obligation  à  faire  naître  a  la  *  bar^  « 


défendeur  4.  |)nuze  : 

La  Iitis  aestimatio  était  imposée  par  la  loi  tes  j  j 
Tables  dans  l’action  en  revendication  en  cas 
vindicia  :  celui  qui  a  obtenu  à  tort  la  clame  >'»  1 
durant  l’instance  peut,  si  elle  a  péri,  échapp* 1  j  c  ,  j 
injectio  en  demandant  trois  arbitres  pom  <■ vl  ,i0îs| 
judice  causé  et  en  payant  le  double  de.  cette  e» .  aierius 
C’est  là  sans  doute  la  procédure  design1  1  1 


193, 


,  ,  ri(rman<H'nm'  P’ 

Od.  I,  1,  23.  —  g  Bellori,  Pictur.  antig.  cryp  '"j,  #„//.*«' w. 

■  7  Jalin,  Ber.  d.  Sticks.  Ges.  1861,  p-  3*3.  s-  •  c  ’  __  9 

Bôm.  Mittheilungen ,  V,  1390.  p-  ■ 

■  *  uiP.  *  ^ 

.  Gell.  i,  2  :  Pos_,  JM 


oral. 

.  VIII. 

16,  p.  89.  —  8  Huclsen, 
ilV,  Jstit.  V,  pl.  xv. 

LITIS  AESTIMATIO.  1  Aul.  Gell.  XX,  1,  34. 

1;  Diocl.  Cad.  Just.  VI,  2,  13.  -  3  Serv.  ap. .T*  *'b «* tf*4" 
diones  uxor  non  dabatur  aut  non  ducebatut ,  qui  s  sei  wcor  '/" 

tdices  cognoseebant.  Judex  quant  ob  rem  data  . . 

xt.  Si  nihil  justae  causae  videbatur,  litem  pecuma  aest  ^  ^  slifutatui 
œrat  eam  uxorem  accipi  aut  dari,  eum  gui  sP"/)  rfss  So"""n  ’  .  „ 

mdemnabat .  -  a  Cf.  Éd.  Cuq,  Institutions  çUu « 

4.6  ;  Girard,  Manuel,  p.  965.  -  3  Fest.  s.  v.  V  ^  fruc,us  d¥ 

dit,  si  velit  is  {prae)tor  arbitras  très  data.  E 01  «  ^ 

-ivnmrm  tl prît/it.n :  ef.  Eli.  Glltl,  Op .  Clt.  L  R  P’ 


Lr 


—  1269 


ivi 


.  ,p  nom  d 'Airbitrium)  Liiti)  Ae.stiman- 
Lbus  s011'"  ‘  . .  re  a-t-elle  reçu  une  portée  geneia  e  . 

r|CetleCé  Beaucoup  d’auteurs  pensent  qu  elle 
On  l’a  conjeC  ”  touleS  les  fois  que  le  jugement,  rendu  a 
était  nécfS®?'clion  de  la  loi  par  serment,  ne  portait  pas 
lllS1“tede|  sur  une  somme  d’argent.  Lorsque  le  juge 
pïrectemen  fondé  de  la  prétention  du  deman- 

m reconn"  ]ieu  à  une  procédure  accessoire  tendant  a 
\l rieiU  l'objet  du  litige.  Cette  évaluation  était 
r'“  nf pour  que  le  demandeur  put  exercer  la 

indispensa  >  < 

L,«i»dVÇ«»  ,e  voh,  œl  conforme  a  ce  que  nous 
I  ““  “  h  procédure  de  l'action  de  la  loi  par  serment 
BÏI'"S,  r  nersonnelic  :  on  verra  tout  à  l'heure  que  le 
M“  ”  fxtuniarum  était  suivi  d'une  lUUdnti- 
El /est  plus  contestable  en  matière  reelle,  car 
û  wWn»  citent  qu'un  seul  cas  où  la  revendication 
|„ait  donner  lieu  à  une  (Ma  aestimatio  en  cas  de 
K  mdicM.  Pois  l'exécution  directe  sur  la  chose  est 
en  harmonie  avec  la  conception  antique  du  dioit  de  pro¬ 
priété  ■  elle  implique  le  droit  de  se  faire  justice  lors- 
Iquon  a,  au  préalable,  fait  judiciairement  reconnaître 
l’existence  de  son  droit  L 

Au  temps  de  la  procédure  par  formules,  il  est  de 
principe  que  toute  condamnation  est  pécuniaire.  Toutes 
les  fois  que  la  demande  a  pour  objet  autre  chose  que  de 
l’argent,  le  juge  doit  estimer  l’intérêt  en  litige  \  La  litis 
i uestimatio  est  désormais  la  règle  générale  °. 

|  Le  pouvoir  du  juge  est  à  cet  égard  plus  ou  moins 
■étendu  suivant  les  cas  : 

1°  Si  la  condemncitio,  insérée  dans  la  formule,  est 
|ce/7fl,  il  est  interdit  au  juge  de  modifier  le  chiffre  indiqué 
I  par  le  magistrat,  sous  peine  de  faire  le  procès  sien  ( litem 

tuam  far  are) 

I  2°  Si  la  condemnatio  est  incerta,  il  faut  examiner  si 
elle  est  infinita  ou  cum  taxatione.  Dans  le  premier  cas, 
aucune  restriction  n’est  imposée  à  l’évaluation  da  juge8; 
dans  le  second,  il  ne  peut  dépasser  une  certaine  limite  9. 

C est  ce  qui  a  lieu  par  exemple  pour  l’action  d’injures  : 
si  1  injure  est  simple,  le  maximum  est  égal  à  la  somme 
iclamée  par  le  demandeur10  ;  si  elle  est  atroce,  à  la 
somme  fixée  par  le  magistrat  pour  le  vadimonium 
.''AMMONIUM,  INJURIA]. 

I  Si  la  condemnatio  confère  au  juge  le  pouvoir  de  con- 
femner  a  quanti  en  res  est  comme  dans  la  condictio  tri- 
■jf/  ou  a  quanti  ea  res  erit  comme  dans  les  actions 
V  itraires  le  juge  doit  limiter  son  estimation  à  la 
■jeunenale  delà  chose  ( vera 13  ou  justa  aestimatio  )n . 
werp  m  er>t'  ^  Ulpien,  ad  pretium  verum  rei 


I  h* Civil pro-ess  5  ^e**eri  Civilprozess,  Irad.  Capraas,  p.  04;  Karlow 

UXl,  P.  253  defLe9™ktionen,  p.  154;  Brini,  Archivio  giuridic 

|leii  fnni  :  '  hd-  Cluli  Op.  Cit.  t.  I,  p.  420,  n.  2.  —  4  Gai.  IV,  48  :  Omniu 
|  TOfannatio  tune  ClJndemna^onem  habent,  ad  pecuniariam  aestimatiom 
r!mcot idnnnat  ^‘a^ue  c*  si  corpus  aliquodpetamus...  judex  non  ipse 

rt  Pw.uniam  C"m  1U0  octum  est ,  sicut  olim  fieri  solebat,  ( sed )  aestima 
!’3"  Pr.  Au  licu  dC°nm"ftf-  “  5  Cf'  Allcn'  Vw.  3  «ig.  a  Paul.  epit.  Dig.  XI 
P'  %  1X315  °n  trouve  aussi  damni  aestimatio  :  Ulp. 


t  5l  n 


PiïncipiO'  .1  Vr>.  °  —  7  Gai.  IV,  51  in  fine.  —  *>  Gai. 

*P'  Cli-  »  ad  ed  rE’  C°IL  le°-  Mos-  H,  6,  1.  —  10  Gai.  III,  224.  —  U  Cl 
’71'  ~  ls  Javol  <  n  •  '?’  XUI’  3’  4-  ~  12  Gai.  IV,  51  j-Paul.  13  ad  Sali.  Dig. 

•  »  LDlst.  VVVTr  À  -  . 


'  javol  A  i?,,-  i  rx  1  ’  uni,  h  ,  oi  ,'rdin.  lu  at 
% XtV,  1,  72  XXXV’  â.  Cl  -  -  n  Cols.  38  Dig.  ap.  Ulp.  2C 

IJ-  X|||  3, 8  :  “  U1P-  56  a(i  Ed.  Dig.  XLVII,  8,  4,  i  l  ;  Marcel.  8  : 

l0us  pi’ùtoriennp  .  ,  ",  CSt  Quanti  res  est  litem  aestimari.  —  *G  Nombrci 


1^.  ,3l'i’eioiienncs  .  t  ,  ,  ylu,ul  rcs  est  litem  aestimari.  —  16  Nombrci 
■  1S,  10,  3.  [y  f  "  ^'9-  Hi  IC,  5  pr.,  4  ;  Gai.  1  et  4  ad  Ed.  p 

\/  ’  ’  pr,>  3>  4!  Ulp.  24  ad  Ed.  Dig.  XI,  6,  I  pr.  ;  3 


4°  Celte  limite  a  été  écartée  à  l’époque  classique  dans 
toute  une  série  d’hypothèses  :  au  quanti  ea  res  est  on  a 
substitué  le  quod  interest'6.  Désormais  le  juge  doit  tenir 
compte,  non  seulement  de  la  valeur  vénale  de  la  chose, 
mais  de  l’utilité  qu’elle  peut  avoir  pour  le  demandeur1, . 
Les  textes  expriment  cette  différence  en  opposant  Vutili- 
tads  aestimatio'*  à  la  rei 19  ou  corporis  aestimatio 
L ’utilitas  résulte  de  faits  très  divers21  :  l’esclave  que  je 
réclame  est  mon  fils  naturel,  ou  il  a  été  institué  héri¬ 
tier22;  le  fonds  de  terre  est  contigu  au  mien23;  il  con¬ 
tient  les  tombeaux  de  mes  ancêtres24,  etc. 

5°  Certaines  formules  confèrent  au  juge  le  pouvoir  de 
fixer  la  litis  aestimatio ,  soit  quantum  aequutn  ei  vide- 
bitur 23,  soit  quod  ejus  ciequius  melius  erit26.  L’action 
d’injures  est  un  exemple  de  la  première  formule;  l’action 
rei  uxoriae  de  la  seconde.  Cette  particularité,  que  présente 
la  rédaction  de  ces  formules,  a  pour  but  d'élargir  le  pou¬ 
voir  d’appréciation  du  juge.  Dans  l’action  d’injures,  par 
exemple,  même  si  le  fait  est  certain,  le  juge  pourra  ne 
prononcer  aucune  condamnation  :  Eurn  qui  nocentem 
infamavit ,  non  esse  bonum  et  aequutn  ob  eam  rem  eon- 
demnari 27 .  De  même,  si  le  fait  constitue  à  la  fois  une 
injure  et  un  injuria  dation  et  que  la  victime 

ail  intenté  l’action  de  la  loi  Aquilia,  elle  ne  pourra 
•ensuite  obtenir  condamnation  pour  l’injure,  quoniam 
desiit  bonum  et  aequutn  esse  condemnari  eum  qui  aesli- 
mationem  praestitit 28. 

Dans  l’action  rei  uxoriae,  grâce  à  la  clause  quod  ejus 
aequius  melius  erit ,  le  juge  a  un  pouvoir  plus  étendu 
que  dans  une  action  de  bonne  foi.  Même  s’il  est  certain 
que  le  mari  est  tenu  de  rendre  la  dot,  la  litis  aestimatio 
sera  modifiée  suivant  les  exigences  de  l’équité.  Si  la 
chose  constituée  en  dot  a  été  estimée  et  que  la  femme 
ait  été  lésée  par  une  estimation  trop  faible,  ou  le  mari 
par  une  estimation  trop  forte,  le  juge  de  l’action  rei  uxo¬ 
riae  ne  procédera  pas  comme  le  juge  de  l’action  vendit  i, 
bien  qu’il  soit  de  principe  que  «  estimation  vaut  vente  »29. 

11  modifiera  en  plus  ou  en  moins  le  chiffre  fixé  par  les 
conjoints:  le  juge  de  l’action  venditi  n’a  pas  le  droit  de 
changer  les  prix  convenus30.  De  même,  si  celui  qui  a 
promis  une  dot  et  ne  l’a  pas  intégralement  payée  meurt 
laissant  la  femme  pour  héritière,  le  mari  ne  sera  pas  tenu 
de  rendre  ce  qu’il  n’a  pas  touché  ;  car  la  femme  s’enri¬ 
chirait  à  ses  dépens  31 . 

6°  L’estimation  faite  par  le  juge  doit,  dans  certains  cas, 
être  multipliée  par  2,  3  ou  i.  Cette  multiplication  est  fixée 
parla  loi  ou  par  l’Édit  à  forfait  et  à  titre  de  peine  :  l’action 
furti  inanifesti  se  donne  au  quadruple;  l’action  furti 
concepti  au  triple;  l’action  furti  nec  manifesti  au  double. 
L’unité  est  ici  la  vera  rei  aestimatio 32. 

Ed.  Dig.  XXV,  5,  1,  I;  XXV,  C,  I,  4;  cf.  pour  certaines  stipulations  prétoriennes,  • 
J,ab.  ap.  Ulp.  80  ad  Ed.  Dig.  XXXIX,  I,  27,  1  ;  Venul.  8  Act.  Dig.  XLVI,  5,  11  ; 
Papin.  11  Resp.  Dig.  XLVI,  8,  2.  —  U  Ulp.  28  ad  Sab.  Dig.  XIX,  1,  1  pr.  :  Quod 
rem  habere  interest  emtoris...  interduin  pretium  egreditur,  si  pluris  interest 
quant  res  valet  vel  emta  est.  —  18  Paul.  10  ad  Ed.  Dig.  XI,  3,  0  ;  Papin.  12  Quaest. 
Dig.  XLVII,  2,  80,  2.  —  '9  Ulp.  38  ad  Ed.  Dig.  L,  IG,  103;  51  ad  Sab.  eod.  170. 
_  20  Papin.  Loc.  cit.  80,  1  ;  Paui.  22  ad  Sab.  Dig.  IX,  2,  22,  1.  —  21  pcd.  ap. 
Paul.  2  ad  Plant.  Dig.  IX,  2,  33  pr.  -  22  Pompon,  ap.  Paul.  17  ad  Ed.  Dig.  XL11I, 
16,  G.  —  23  Jav.  8  Epist.  Dig.  XXXVIII,  2,  3G  ;  Ulp.  44  ad  Ed.  Dig.  XXXVIII,  5,  I, 
15.  —  21  Terent.  C.lcm.  13  ad  1.  Jul.  et  Pap.  Dig.  XXXI,  54.  —  23  Mêla  ap.  Ulp.  57 
ad  Ed.  Dig.  XLVII,  10,  17,  2.  —  20  Cic.  Top.  c.  17,  GG;  De  off.  III,  15,  61. 

_ 27  Paul.  55  ad  Ed.  eod.  18  pr.  —  28  |d.  Dig.  XLIV,  7,  34  pr.  —  29  Ulp.  34  ad 

Sab.  Dig.  XXIII,  3,  10,  4  el  5  ;  Jul.  ap.  Afric.  8  Quaest.  Dig.  XX,  4,  0,  3. 
—  30  Pompon.  14  ad  Sab.  Dig.  XXIII,  3,  6,  2.  —  31  Lab.  ap.  Jav.  6  ex  Poster. 
Dig.  XXIV,  3,  GO,  7  ;  cf.  Proc.  5  Epist.  Dig.  XLVI,  3,  82.  —  32  Sur  une  taxatio 
'  que  pouvait  contenir  la  formule,  cf.  Lcnel,  Dos  Edictum  perpetuum,  p.  263. 

160 


JT 


7°  Dans  1  action  de  la  loi  Aquilia,  la  formule  porte 
quanti  plurimi  ea  res  fuerit  :  le  juge  doit  rechercher  la 
plus  haute  valeur  que  la  chose  a  eue  dans  l’année  ou 
dans  les  trente  jours  qui  ont  précédé  le  délit.  Cette  règle, 
posée  par  la  loi  pour  1  estimation  du  délit  prévu  par  le 
premier  chapitre  *,  fut  étendue  par  la  jurisprudence  au 
troisième  chapitre2. 

8"  La  litis  aestimatio  joue  un  rôle  spécial  dans  les 
actions  noxales  et  dans  les  actions  arbitraires. 

Dans  les  actions  noxales,  la  formule  porte  nul  noxiam 
sarcire  aut  in  noxam  dedere  oportere.  C’est  du  moins 
ce  qui  est  attesté  pour  l’action  de  pauperie  par  un  frag¬ 
ment  d  Ulpien  J  sur  lequel  M.  Moritz  Yoigt  a  le  premier 
appelé  l’attention  L  Le  défendeur  condamné  peut,  à  son 
choix,  payer  la  litis  aestimatio  ou  faire  l’abandon  noxal. 
A  première  vue,  il  semble  qu'il  y  ait  là  une  alternative  5  : 
mais  cette  manière  de  voir  n'est  pas  d’accord  avec  les 
conséquences  déduites  par  Ulpien  du  principe  qu’il  a 
posé.  Si  l’obligation  était  alternative,  la  mort  de  l’esclave 
ne  devrait  pas  faire  obstacle  à  l’exercice  du  droit  du 
demandeur  à  la  litis  aestimatio.  Or  plusieurs  textes  dé¬ 
clarent  que  ^défendeur  n’est  tenu  que  propter  sermon  G, 
et  par  suite  que  l’action  est  éteinte  si  l’esclave  périt  avant 
la  litis  contestatio1 . 

Dans  les  actions  arbitraires,  la  condamnation  à  la 
litis  aestimatio  est  subordonnée  au  refus  du  défendeur 
de  fournir  la  satisfaction  indiquée  par  le  juge.  Puis  cette 
estimation  est  ici  faite  par  le  demandeur  lui-même  sous 
la  foi  du  serment  [jusjurandum,  p.  771]. 

Les  jurisconsultes  classiques  s’accordent  à  dire  que  la 
litis  aestimatio  vaut  vente8.  Le  demandeur  en  revendi¬ 
cation,  qui  en  reçoit  le  montant,  est  réputé  avoir  vendu 
la  chose  au  défendeur.  Celui-ci  possédera  désormais  pro 
emtore  9  ;  il  aura  l'action  Publicienne  10.  S’il  a  perdu 
la  possession  par  sa  faute,  il  a  droit  à  la  cession  de  l’action 
réelle  du  demandeur  pour  pouvoir  se  procurer  la  chose 
dont  il  a  payé  le  prix11.  Cette  cession  lui  serait  refusée 
s’il  avait  perdu  la  possession  par  dol12.  On  lui  refusera 
également  l’action  Publicienne,  afin,  dit  Pomponius,  qu’il 
ne  soit  pas  au  pouvoir  de  chacun  d’arriver,  par  rapine,  à 
acheter  du  propriétaire,  malgré  lui,  une  chose  à  juste 
prix  13.  La  règle  :  litis  aestimatio  vaut  vente,  n’est  pas  en 
effet  absolue  :  comme  la  vente  n’est  pas  volontaire,  le 
demandeur  n’est  pas  tenu  de  garantir  le  défendeur 
contre  l’éviction  u. 

Au  Bas-Empire,  le  principe  des  condamnations  pécu¬ 
niaires  a  disparu  avec  la  procédure  formulaire.  Le  juge 
peut  condamner  le  défendeur  à  restituer  la  chose  même 
qui  est  revendiquée.  La  litis  aestimatio  n’a  plus  ici  d’ap¬ 
plication  que  lorsque  le  défendeur  n’a  plus  lapossession  '5. 

1  Gai.  III,  214.  —  2  Sab.  ap.  Gai.  III,  218.  —  3  Ulp,  .g  ad  Ed.  Dig.  IX,  1,  I, 
11.  —  '*  Das  jus  naturelle,  t.  III,  p.  798.  —  6  Lenel,  Edictum  perpetuum, 

p.  155;  Girard,  Manuel ,  p.  CG2.  —  G  Ulp.  37  ad  Ed.  Dig.  IX,  4,  42,  1.  —  7  Ulp. 
Dig.  IX,  1,  1,  13;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  370,  n.  3.  —  8  Jul.  19  Dig.  Dig. 
XXV,  2,  22  pr.  :  Qui  litis  aeslimationem  sujfert  cmtorie  loco  habendus  est]  Ulp. 
10  ad  Ed.  Dig.  VII,  2,  7,  1.  —  9  Gai.  6  ad  Ed.  prov.  Dig.  XLI,  4,  1.  —  10  Jul. 
22  Dig.  ap.  Ulp.  Loc.  cit.  —  11  Papin.  12  Ijuaest.  eod.  03.  —  12  Paul.  13  ad  Sab. 
eod.  69.  —  13  Pompon.  29  ad  Sab.  eod.  70.  —  n  Paul.  21  ad  Ed.  Dig.  VI,  1, 
35,  2.  —  13  Inst.  IV,  17,2.  —  16  Cic.  P.  Mur.  20.  — 17  Cic.  2a  in  Verr.  I,  38  et  39. 

—  18  Cic.  P.  Cluent.  41  :  Hic  profertur  id  quod  judicium  appellari  non  oportet, 
P.  Septimii  Scaevolae  litem  eo  nomine  esse  aestimatam.  Cujus  rei  quae  consuc- 
tudo  sit,  quoniam  apud  hommes  peritissimos  d.ico,  pluribus  verbis  docere  non 
debeo...  Cum  de  reo  judicarunt,  negligentius  ( judices )  attendant  caetera. 

—  19  Ibid.  :  Numquam  ea  diligentia,  quae  solet  adhiberi  in  ceteris  judiciis, 
eadem  reo  damnato  adhibita  est.  —  M  Ibid.  ;  Aestimationem  litium  non  esse  ju 
dicium.  —  21  Tac.  Ann.  I,  74.  —  Bibuoguaphie  Kcller,  Der  rômische  Civilprozess, 


H- La  lit18  aestimatio  dans  les  quxesii 
Ce  n’est  pas  seulement  en  matière  civi]  SperPeluai 
à.  faire  l’estimation  du  litige  :  il  en  était  deZ ^ juge  a'ait 
laines  quaestiones  perpetuae,  telles  niio  l  dllnSfer- 
latus  et  la  quaestio  repetundaruni.  Dans 
Cicéron  dit,  au  sujet  de  la  première  •  //,  ro 
ma  tac1*.  Dans  un  de  ses  plaidoyers  con^T^ 
rapporte,  au  sujet  de  la  quaestio  repetuZT  Verrf  * 
contre  Cn.  Dolabella,  le  début  d’un  1)1,  P  ’"W1ilUentée 

conçu  :  Ex  litibus  aestimatis  Cn.  DolaZu  ^  ahlsi 
niae  redactae 1T.  ae  Pr-  jieJ. 

Les  délits  qui  donnaient  lieu  à  ces  nrur  , 
chaient  beaucoup  des  délits  privés  nui  J"  ^  rapH 
atteinte  portée  au  patrimoine.  La  tninrlT^  m 
darum  présenta  même  au  début  une  r<  " 


plus  :  d  après  les  deux  premières  lois 


ressemblance  de 

celte  quaestio,  la  loi  Calpm-n  ia  et  laïoiJunta  ÏÏ™"-? 
doit  être  intentée  dans  la  forme  or.ilint.Ire’ ^ T  ' 
privées  l'action  de  la  loi  par  serment.  C'est  «J 
depuis  la  loi  Acilia  que  la  quaestio  repetundarum&oM 
lieu  à  un  judicium  publicum. 

Les  juges  de  cette  quaestio  avaient  un  double  jugemeJt 
à  rendre  :  ils  devaient  se  prononcer  sur  l’existence  du 
délit,  puis  sur  le  montant  delà  condamnation.  Ce  second 
jugement  n’était  pas  sans  difficultés  :  il  y  avait  souvent 
un  grand  nombre  d’accusateurs  ;  par  suite,  il  fallait  esti¬ 
mer  l’intérêt  du  litige  pour  chacun  d’eux.  Ces  litium 
aestimationes  étaient  pour  les  juges  un  grand  embarras] 
Cicéron  dit  qu’ils  mettaient  peu  d’empressement  à  les 
régler  18  ;  ils  croyaient  en  avoir  assez  fait  en  se  pronon¬ 
çant  sur  la  culpabilité  19.  Tous  les  jours,  continue  Cicé¬ 
ron  ,  nous  voyons  les  juges  qui  ont  condamné  un  citoyen 
de  pecuniis  repetundis  absoudre,  lors  de  l’estimation  du 
litige,  ceux  qui  ont  profité  de  l’argent.  Il  ne  faut  pas  en 
conclure  que  le  jugement  de  condamnation  est  rescindé, 
mais  que  l’ aestimatio  litium  est  tout  autre  chose  qu'un 
judicium  20. 

Sous  l’Empire,  lorsque  le  jugement  du  crimen  repem 
tundarum  fut  transféré  au  sénat,  la  litis  aestimatio  fut 
confiée  à  des  récupérateurs21.  Edouard  Cuq. 

LITIS  CONTIÎSTATIO.  —  Organisation  d’un  litige'! 
L’expression  litis  contestatio  vient  de  litem  contestai') , 
constater  par  témoins  le  caractère  du  différend  (jtinjwm j 
ou  conlroversia3)  qui  se  transforme  en  un  litige  ou  Pr0(jB 
déterminé  relativement  aux  parties  en  instance,  alo  J® 
et  au  juge  de  la  question. 

Huschke  croit  voir  l’origine  de  la  hlu  J 

comme  celle  de  plusieurs  formalités  de  la  PI  l9C  |  B 
solennelle  des  actions  de  la  loi  [legis  adiones),  dà n>  ^ 
formes  de  la  procédure  antique  suivie  par  lc^  l  CM  I 

,1,  |V, t,;  Pdlat,^! 

trad.Capmas,  1870;  Rudorff,  HOmische Ilechlsgeschichie,  .  >  Bel|imann-HoU"',S< 

des  principes  généraux  du  droit  romai  n  sur  lapropi  n  h  .•  '  1864-188® 

Der  Civil  prozess  des  gemeinen Rechts  in  geschichtlic  ,/.(;0nett*!  rôm  ' 

l.  I,p.  .89  et  suiv.;  I.  II,  P.  023,  720;  t.  III,  P-  293  î ^Irosess 
Privatrechts,  1871,  t.  I,  p.  79  et  suiv.  ;  Karlowa,  Del  ro >  •  historigW  ia  H 
der  Legisactionen,  1872  ;  Ortolan  et  J.-E.  Labbé,  Exp  (  t.  f 

titut,  de  Justinien,  t.  III,  2*  éd.,  1883  ;  Accarias 

1891,  4.  éd.  ;  Éd.  Cuq,  Us  Institutions  juridiques  de  ^ 

Moritz  Voigt,  Das  jus  nalurale,  aequum  et  banm j°ôlllisches  «f 
t.  III,  1875  ;  Brini,  Archivio  giuridico,  t.  XXI ,  i  189j..899.  JJ 

1899  ;  Moritz  Voigt,  Rômische  Hechtsgeschichte,  .  ’  „„  coHoci ve, f0”  J 

LITIS  COINTLSTATIO.  1  On  dit  aussi  ordtnare  J i  uUnut  ,1 

Urne  :  Cic.  part.  orat.  28.  -testas,  Bp.  *•  y-  eont^  ■  a(lecmM 
dicit  :  testes  estote.  Contestari  litem.  dicuntui  ’  ^  ^  -  '  ■ 

ordinalo  judicio  utraque  pars  dicere  soht  ■  (S 
fr.  11  D.  De  Jud.  V,  I.  —  3  Nonnius,  S;  v.  Jurgi 


LIT 


—  1271  — 


i&re  de  réclamations  in 


ternationales1,  appelées  aussi 


JUS  FETIALE,  FOEDUS].  La  litÜ  COÏi- 

’lites 1  voir  (;JA  "com’mel 'indietio  belli*  en  cas  de  litige 
L'/fld«aural,  '  J  uoe  g01.Le  de  déclaration  solennelle  de 
du  droit  des  ayec  invocation  des  témoins, 

guerre  judlt'ia^ ’  u  'que  L  parties  auraient  pu  récuser 


lacceptau  ^  •  ja  litis  contestatio  aurait  été  intro- 

pt^'^ïr logis  actio  Per  sacrammtum  [Actio], 
il.e  unrovocatio  sacramento  quingenarie  * , 

ri’S  <  ... _ lin  ÎM.Q-P.  Tmil?  1  P.  t/T 


au 

aP'VS  Ses  parties  recevaient  un  juge  pour  le  tren- 
"l0llien  D’aUtres  origines  ont  été  attribuées  à  la  litis 
,tième  miles  interprètes  auxquels  nous  renvoyons  s. 
rT^f^Uétait  usitée  dans  le  système  an- 
Lue  de  la  procédure  des  actions  de  la  loi.  Les  parties 
liaient  à  témoin  les  personnes  présentes  in  jure  du 
Ictère  nouveau  donné  au  litige,  dès  que  le  magis- 
Ities  aVait  re  nvoyées  devant  un  judex,  un  arbiter  ou 
[devant  un  tribunal  permanent  comme  les  centumvirs. 

partir  de  ce  moment,  le  droit  de  lege  agere  était  épuisé  ; 
il n« restait  plus  que  le  droit  de  poursuivre  la  solution  du 
lUige  devant  le  juge  dans  l’instance  in  judicio.  Ce  droit 
■primitif  était  éteint  ipso  jure,  etnepouvait  plus  être  l’objet 
dune  legis  actio:  ne  bis  de  eadem  re  sit  actio  6.  Ainsi,  la , 
litis  contestatio  avait  alors,  en  général,  l'effet  qu’on 
appelle  consumtio  actionis  \  indépendamment  des 
[exceptions  qui  n’étaient  pas  directement  pratiquées  dans 
■  ce  système  de  procédure. 

I  Huschke  et  Rudorff  8  regardent  la  litis  contestatio ,  à 
l’époque  des  actions  de  la  loi,  comme  un  double  acte  uni¬ 
latéral  promissoire,  par  lequel  chacune  des  parties  ( reus 
ïuterque)  était  réputée  s’obliger  à  respecter  la  sentence 
I  [mtentiae  stari.) 9,  et  le  défendeur  notamment  à  subir 
les  suites  de  la  condamnation  éventuelle,  condemnari 
I  hortere. 

I  11.  Lorsque  la  loi  Aebutia  eut  supprimé  en  partie  les 
|  solennités  des  actions  de  la  loi,  pour  y  substituer  la  pro- 
■cédure  par  formules,  elle  dut  rattacher  les  effets  juri- 
idiquesde  la  litis  contestatio 10  à  la  dation  du  juge  par  le 
■magistrat,  c’est-à-dire  à  la  délivrance  de  la  formule, 
jiiiicis  addictio  ou  datio  “.La  litis  contestatio  fut  donc 
Béputée  accomplie  par  le  dernier  acte  de  l’instance  in 
■pm,  par  celui  où  le  préteur  nommait  le  judex  dans  la 
formule  d’action  et  lui  posait  la  question  du  litige,  en 


ses  pouvoirs.  Après  cette  litis  contestatio 


1  investissant  de 

■Jli'e,  puisqu  il  ny  avait  plus  de  témoins  à  invoquer, 
■mmnu.iii  1  instance  in  judicio,  qui  devait  se  terminer 
a  P1  n  mpiion  [judicium  moritur ,  exspirat l?),  ou 
X pa  SU1(1'  UCe’  °U  Par  translatio  judicii.  Les  inter- 

de  Gaius’ irompés  par 
i  qui  s  applique  a  un  cas  de  cognitio 

’ÏÎuaeÎÏ’,  !i34^ eïn..Z  * Ti‘-.Li;;  [’ 5-’  -  3  TiL  Liv.  I,  32  ;  Dionys. 


II,  U 


I ce sinsunc  lacune  de  Gains'  l V  [Iluochke>  Die  Multa ,  p.  141,  note  252,  comble  t„ 
|  ^lil.  des  CMlpnc.  p.  ».  V'  P,uchta'  C,lrs"s  institut.  II,  §  172  ;  Heffter, 


r1  Eiselc,  j InUrklumn^r  K°ller’  CivilProc-  §  S9;  Rudorff,  H.  Rechtsg.  Il’ 
I  L  P-  «7.  -  0  Gains,  IV.  108  ;  Plant.  Zens, 

n  rt,,ï'  H,  678,  p.  200  ‘  '  ’  ®:vQumta-  V|L  G,  4;  Savignv,  VI,  622;  Rudorff, 
Die  Midta  n  u-S’  ,  l.'0irsup  la  consumtio  actionis  et  scs  motifs 
t  ,34;K<,|lcr.  Civilproe  s’c.?°0'54’  et  lcs  aut°urs  cilés  par  Bckker,  Aktionen 
îv  ?  "l  Sw’  -«Fr  3  Dn'v,  ’  269'  UOl°  712-  -  8  A  *<*>“*«■  ».  §  71 
H^-UGaiu, ,  iV  ’I^3  01  11  D’  XV’  1  I  Gai“3-  1».  4S0;  Cic 


J.V,  1 

•  y18  Gain.,  (y 


lcs  formules  é 


oir  sur  Y  addictio  iudicis,  fr.  12.  S  2  1) 
■c  ’  ‘H-~Ù7:.7r  î“LGa.iu*>  ,V>  34  et  36,  37,  46,  47,  136. 

Utll  '  j'  m.  Demandât  r  ' ,  S  l'tB  COnt'  clc  ®ePlime  Sévère  et  Antonin 

1  r"1'1'.  Ciriljroe,  »  UJS  de  dr-  ».  P-  488. 


■  G.  f  §§  50  et  5q.  q  P’  4S8‘  —  14  t)l‘  Caurroy,  11,  n»  1175; 

IL  ,3S'V’  ‘LLL  V‘SDy’  V1’  v.  fr.  1,  §  2  D.  II,  12  ;  fr.  28! 

|  ‘  fr'  3ü  u-  L.  10  ?’10;.48  ;  fp’  11  D-  S.  1.  -  «6  Varr.  VII,  93, 

'  Clc‘  P-  Ouint.  Rose.  U,  P.  Flam.  11; 


extraor  dinaria,  avaient  cru  que  la  litis  contestatio 
s’opérait  devant  le  juge  privé,  in  judicio.  Cette  erreur 
est  aujourd’hui  universellement  abandonnée  u.  En  effet, 
au  point  de  vue  du  défendeur,  les  textes  assimilent 
la  litis  contestatio  nu  judicium  acceptum ,  à  la  soumis¬ 
sion  à  •l’instance**.  L’affaire,  dès  la  délivrance  de  la 
formule  qui  ne  peut  émaner  que  du  préteur,  prend  le 
nom  de  lis,  litige10,  ou  de  lis  contes/ata  17,  ou  bien  lis 
inchoata 18,  res  constituta,  in  judicium,  in  condemna- 
tionem  deducta'9.  On  dit  aussi  de  l’instance  qu’elle  est 
organisée  ou  commencée,  judicium  factum-",  coeptum, 
acceptum ,  contestatum21 .  Comme  le  mot  judicium 
signifie  parfois  aussi  l’action  elle-même,  par  exemple 
quand  le  préteur  dit  judicium  dabo 2-,  il  en  résulte  que 
judicium  acceptum ,  qui  est  synonyme  de  litis  contes¬ 
tatio  incontestablement23,  est  l’équivalent  de  la  déli¬ 
vrance  de  la  formule  n,  laquelle  a  lieu  nécessairement 
injure,  devant  le  magistrat  seulement. 

D’ailleurs,  lorsqu’un  créancier  ayant  pour  la  même 
dette  plusieurs  cautions  ( fidejussores )  poursuivait  l’un 
d’eux  pour  le  tout,  un  rescrit  d’IIadrien  permettait  à  celui- 
ci  de  demander  la  division  de  l’action  entre  les  fidéjus- 
seurs  solvables  au  moment  de  la  litis  contestatio 23 
(benefteium  divisionis )  [intercessio,  t.  Y,  p.  553,  n.  27^. 
Or  l’action  ne  pouvait  être  accordée  pour  partie  que  par  le 
magistrat  qui  la  détenait  et  qui  n’aurait  pu  lire  dans  l’ave¬ 
nir  pour  prévoir  une  insolvabilité  future  in  judicio.  Donc 
la  litis  contestatio  avait  lieu  devant  le  préteur  injure 2B. 

[L’opinion  qui  précède  était,  récemment  encore,  la  plus 
répandue27.  Elle  a  été  combattue  par  M.  Wlassak2*. 
D’après  lui,  elle  est  en  contradiction  :  1°  avec  les  textes 
qui  présentent  l’institution  d’un  juge  comme  indépen¬ 
dante  de  la  litis  contestatio29 ;  2°  avec  les  textes  qui 
parlent  de  l’acceptation  àu  judicium  par  le  défendeur30. 
En  réalité,  le  défendeur  reçoit  le  judicium  du  deman¬ 
deur.  La  litis  contestatio  a  lieu  au  moment  où  le  défen¬ 
deur  reçoit  du  demandeur  la  formule  rédigée  par  le 
magistrat.  Les  avis  sont  partagés  sur  le  point  de  savoir 
comment  se  fait  la  remise  de  la  formule  au  défendeur? 
M.  Wlassak  pense  qu’elle  peut  avoir  lieu  de  diverses 
manières  :  en  dictant  la  formule  au  défendeur,  en  lui 
remettant  une  copie,  en  l’invitant  à  copier  la  formule  sur 
l’album31.  M.  Lenel  croit  au  contraire  que  le  premier 
procédé  était  seul  usité32.  En  somme,  d’après  cette  nou¬ 
velle  manière  de  voir33,  la  litis  contestatio  résulte  d’un 
accord  de  volontés  des  parties,  de  l’acceptation  par  le 
défendeur  de  la  formule  proposée  par  le  demandeur. 
C’est  pour  cela  que  le  jurisconsulte  Marcellus  a  pu  rappro¬ 
cher  judicio  contrahere9’'  et  contrahere  in  stipulatione, 
de  même  que  Gaius  rapproche  la  novation  résultant  de  la 

Pi’isc.  VIII,  4,  18;  Gaius,  III,  80;  Huschke,  Zeitschr.  X,  339,  310.  —  13  Val. 
fi-agm.  263;  fr.  41  pr.  V,  1.  —  '9  Cic.  P.  Caecil.  3,  8;  fr.  3,  §  3  D.  XIX,  1. 

—  M  Cic.  Verr.  Il,  13;  fr.  8,  §  1  D.  IV,  7  ;  fr.  13,  XUV,  1.  —  21  Fr.  7,  §  1  l). 
V,  3;  fr.  19  D.  XXIV,  3  ;  c.  1  cl  2,  C.  J.  111,  1.  —  22  Fr.  1  D.  VI,  2.  Cic.  P. 
Caecil.  3;  Verr.  Il,  27.  -  23  Fr.  25,  §8  D.  XXI,  1.  —  2>  Fr.  28,  §1  D.  V,  I. 

—  23  Gaius,  III,  121;  Instit.  J.  III,  20,  §  4.  —  2G  Du  Caurroy,  Instit.  expi. 
Il,  no>  |075,  note  b,  et  1331.  —  [27  Windscheid,  Die  Aklio  der  rôm.  Civilrechts, 
p.  4o  cl  51;  Rudorff,  Rôm.  Rechtsg.  t.  II,  p.  234;  P.  Kriiger,  Konsumtion , 
p.  17;  Brinz,  Pandckten,  t.  I,  p.  323;  A.  Pernice,  Zeitschrift  für  Rechtsg. 
t.  XVIII,  p.  56  ;  Accarias,  t.  II,  p.  723-724.  —  28  Wlassak,  Die  Liliskon- 
leslation  im  Formularprozess .  —  29  Paul.  Dig.  V,  1,  28,  4;  Maccr.  1 ,  Dig.  I, 
18,  iG.  —  30  Cic,  P.  Quinctio ,  c.  20,  63  et  64;  c.  26,  82-83;  Gai.  IV,  163,  165  et 
170  ;  cf.  Wlassak,  p.  34.  —  31  Op.  cil.  p.  50  et  suiv.  —  32  Lenel,  Zeitschrift  der 
Savigny-Stiftung,  1894,  t.  XV,  p.  374  et  suiv.  —  33  Elle  est  critiquée  par  Moritz 
Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschiclite ,  t.  1",  p.  134,  n.  11.  —  31  Ulp.  Dig.  XV,  i,  3,  11  : 
Cicéron  (De  leg.  III,  3,  6)  et  Yalèrc  Maxime  (VIII,  3,  2)  parlent  également  de  Vîtes 
contrahere. 


LIT 


—  1272  — 


lit 


litts  contcstatio  et  celle  qui  s’opère  par  un  contrat  verbal1.] 

III.  Les  effets  de  la  litis  contcstatio  étaient  considé¬ 
rables  2  à  l’époque  du  système  de  procédure  formulaire, 
c’est-à-dire  depuis  la  loi  Aebutia  jusqu’à  Dioclétien  [voir 

ACTIO]. 

En  effet  :  1°  le  procès  est  organisé  quant  aux  parties 
en  litige,  et  l’instance  ( judicium )  peut  se  continuer, 
même  en  l’absence  du  défendeur  (rews),qui  pouvait  être 
absous  ou  condamné3;  seulement  les  effets  de  la  sen¬ 
tence  différaient  à  l’égard  d’un  défaillant4. 

2°  Le  droit  d’action  du  demandeur  est  éteint,  soit  ipso 
jure,  soit  au  moyen  d’une  exception,  ex ceptionis  ope. 

En  effet,  avant  la  litis  contestatio ,  le  débiteur  était  tenu 
de  ( lare  ou  c/are  f acere]  après  la  délivrance  de  la  formule, 
il  était  considéré  comme  tenu  de  subir  une  condamnation 
éventuelle,  condemnari  oportere,  et,  après  la  sentence,  de 
judicatum  facere \  Mais  l’extinction  directe  de  l’action, 
d’après  le  droit  civil,  ne  s’opérait  que  sous  les  conditions 
suivantes  :  il  fallait  que  l’action  fût  in  personam  et  in  jus 
concepta ,  et  que  l’instance  fût  de  celles  qu’on  appelait 
légitimes,  judicium  légitimant  6  [voir  judex,  judicium], 
c’est-à-dire  qu’elle  eût  lieu  à  Rome,  ou  dans  le  rayon  du 
premier  mille,  devant  un  seul  juge,  citoyen  romain  ainsi 
que  les  parties;  sinon  le  judicium  était  réputé  imperio 
continens ,  par  l’absence  d’une  seule  de  ces  conditions  7. 
Peu  importait  du  reste  que  l’action  fût  née  d’une  loi  ou 
du  droit  prétorien  8,  pour  que  le  judicium  fût  ou  non 
légitime.  En  conséquence,  lorsque  l’action  était  in  rem  ou 
in  factum,  ou  le  judicium  imperio  continens,  le  droit  de 
Yactor  n’était  pas  consommé  ipso  jure 9. 

Néanmoins  il  avait  été  déduit  en  justice,  et  il  pou¬ 
vait  être  écarté,  en  cas  d’action  nouvelle,  par  l’excep¬ 
tion  de  chose  déduite  en  instance,  rei  in  judicium 
deductae 10,  ou  même  s’il  y  avait  eu  jugement  contre  le 
demandeur,  par  l’exception  de  chose  jugée,  rei  judicatae 
exceptio'1  [voir  exceptio].  La  première  exception  était 
surtout  utile  lorsque  l’instance  avait  fini  par  la  péremption 
de  dix-huit  mois  établie  par  la  loi  Jnlia  de  judiciis  pour 
les  instances  légitimes,  et  pour  les  autres  par  l’expiration 
de  Y imperium  du  magistrat  qui  avait  délivré  l’action12. 

L’effet  consomptif  de  la  litis  contestatio  peut-il  per¬ 
mettre  de  dire  qu’il  y  a  ici  novation  judiciaireNsoit  ipso 
jure,  soit  par  voie  d’exception?  Beaucoup  d’interprètes13 
l’admettent  et  voient  ici  une  novatio  necessaria  par  oppo¬ 
sition  à  la  novatio  voluntaria.  Cette  idée  parait  vraie  dans 
le  droit  de  Justinien  où  l’expression  novatio  est  claire¬ 
ment  employée  pour  désigner  l’effet  de  la  litis  contestatio 
et  du  jugement14.  Elle  est  bien  plus  douteuse  auparavant 
à  cause  du  silence  de  Gaius13  et  malgré  certains  textes 
ambigus;  car  s’il  est  vrai  qu’on  peut  utiliser  volontaire- 

1  Gai.  III,  180.  ]  —  2  V.  Bethmann-Hollneg,  Civilproc.  §  103;  Demangeat,  Cours 
élém.  II,  p.  479  ets.  ;  Keller,  Civilproc.  §§  60  et  s.  ;  Rudorff,  Rôm.  Rechtsg.  II,  §§  72, 
75, 78,  80,  81  ;  Burchardi,  Lehrbuch,  II,  §  76,  p.  166  et  s.  —  3  C.  1,  C.  J.  \  II,  43. 

4  Fr.  17,  §  lct  fr.  18  D.  V,  2;  fr.  14,  §  1  D.  XLIX,  \  ;  Ortolan,  Expi.  hist.des  Inst.  III, 
U0 2045.  —  5 Gaius,  III,  280,  281  ;  Keller,  Civilproc.  §§G0,  71  ;  Wachter,  Eroerterung 
111,  47  et  s.  ;  Bekker,  Consumpt.  p.  301  et  s.  ;  Rudorff,  Rechtsg.  II,  §  81,  p.  270  et  s.  ; 
Ortolan,  III,  2046.  —  6  Gaius,  III,  103,  104,  109.  —  7  Gaius,  IV,  105.  —  8  Gaius,  IV, 
109.  —  9  Gaius,  IV,  106.  —  1»  Gaius,  IV,  106,  107  ;  Cic.  De  or.  I,  37  ;  Demangeat, 
Cours  élém.  II,  p.  674,  note  3,  et  p.  682  et  s.  ;  Rudorff,  Rechtsg.  II,  §  79,  p.  266  ; 
Keller,  Civilproc.  §  71  ;  Savigny,  VI,  §  881.  —  11  Instit.  J.  IV,  13,  §  5  ;  fr.  1,  6  et 
7,  §  4  D.  XLIV,  2.  —  12  Gaius,  IV,  104,  105,  fr.  30,  §  1  D.  IX,  2;  Demangeat,  II, 
p.  665  et  s.;  Ortolan,  III,  n«  2046.  —  13  Fr.  60,  Dig.  XLVI,  1;  fr.  11,  §  1  D. 
XL VI,  2.  Voir  en  ce  sens  Keller,  Civilproc.  §  60,  p.  265  ;  Ortolan,  III,  n“‘  1704  et 
«046.  —  14  Fr.  3,  C.  J.  VII,  54.  —  15  Gaius,  III,  180, 181.  Voir  en  ce  sens  Demangeat, 
I,  p.  495  et  s.;  Bekker,  Consumpt.  p.  283,  501  et  s  ;  Wachter,  Eroerterung,  III, 
p.  27  ;  Rudorff,  Roem.  Rechtsg.  II,  §  81,  p.  270  et  s.  — 16  Vat.  fragm.  263,  fr.  11, 
l  D.  XLVI,  2,  fr.  60  D.  XLVI,  I.  —  n  Fr,  11  pr.  et  §1  D.  XIII,  70.  —  18  Keller, 


ment  la  litis  contestatio  pour  faire  une  déb  • 
novation  par  changement  de  créancier18  ],v  !'Satl0n  011 
exigent  pas  moins,  en  général,  Yanimus  noLT*  “T 
condition  essentielle  de  la  «ovation,  qu-ii:::lC0N 
1  effet  nécessaire  de  la  litis  contestatio 17  D’-iilf  ■  à 
ne  saurait  nier  que  celle-ci  ne  produise  des  J!!.  0n 
fort  différentes  de  celles  de  la  novation  véritable?? 
effet,  la  première  conserve  les  privilèges  et  accesBoLÏ 
la  creance  et  ne  nuit  pas  en  général  au  créancier» 
outre,  eUe  n'arréte  pas  le  cours  des  intérêts conwMi„„^ 
de  la  dette-0.  Il  y  a  un  cas  cependant  où  la  luk 
tatio  nuit  au  créancier:  c’est  lorsqu’elle  a  lieu  avecV*' 
des  débiteurs  corréaux;  les  autres  sont  libérés  par  l'effJ 
in  rem  de  la  litis  contestatio 21,  ce  qui  fut  supprimé  J] 
lement  par  Justinien 22. 

3°  En  général,  le  juge  devait,  pour  apprécier  le  bien 
fondé  de  la  demande,  se  placer  au  moment  de  la  lith 
contestation.  L’équité  voulait,  en  effet,  que  la  sentence 
réglât  les  rapports  des  parties,  comme  si  elle  avait  pu] 
être  rendue  au  moment  où  elles  étaient  présentes  injure 
devant  le  préteur24.  L’estimation  de  la  chose  due  sans 
terme  devait  avoir  lieu  au  moment  de  la  litis  contestatio 
excepté  dans  les  actions  bonae  fidei,  où  d’après  la  loi  3 
§  2,  Dig.  Commod.  XIII,  6,  elle  avait  lieu  lors  de  la  con¬ 
damnation.  Les  fruits  sont  dus  ex  mora  dans  les  actions 
stricti  juris,  à  partir  de  la  litis  contestatio,  mais  elle  ne 
suffit  pas  pour  faire  courir  les  intérêts  morutoires  (usurae 
ex  mora)  dans  les  actions  stricti  jurisn,  sauf  dans  cer¬ 
tains  cas,  comme  celui  de  la  demande  d’un  legs  sinendi 
modo 20 .  Le  possesseur,  en  cas  de  revendication,  devait 
les  fruits,  s’il  était  de  mauvaise  foi  ;  et,  dans  tous  les  cas, 
le  possesseur  de  bonne  foi,  à  partir  de  la  mise  en  demeure 
qui  pouvait  précéder  la  litis  contestatio ,  devait  compte 
des  fruits  que  par  sa  faute  il  n’avait  pas  perçus,  et  de  ceux 
qu’il  avait  perçus  et  consommés 21  ;  s’il  succombait,  il 
devait  même,  au  temps  de  Paul,  restituer  le  double  des! 
fruits  perçus  ou  qu’il  avait  négligé  de  percevoir,  ex  die\ 
acepti  judicii™.  Une  fois  l’instance  engagée,  le  défen¬ 
deur  pouvait-il  échapper  à  la  condamnation  en  satisfais 
sant  le  demandeur  avant  la  chose  jugée’29?  Les  Procu- 
liens  l’admettaient  seulement  dans  les  actions  in  mnofl 
bonae  fidei 30  ;  les  Sabiniens,  au  contraire,  dcc.dmen 
omnia  judicia  esse  absolutoria  n ,  solution  "’iiir  j 
plus  tard  par  Justinien32. 

4°  La  litis  contestatio  assurait  encore 
actions  en  interrompant  \e praescriptio  longi ,m^. 
en  rendant  perpétuel  le  droit  qui  n  était  q"1  1 11  .w 
comme  celui  fondé  en  general  sur  1  ctl  ,  ^ 
transmissible  aux  héritiers  le  droit,  qui  iu  ‘  ème 
été  de  sa  nature33,  comme  1  action  <i|nJul 

19  Fr  I 

Civilproc.  §  60,  p.  267  de  la  trad.  ;  Ortolan,  III,  n-  1704.  -  '  ’  fl,ag. 

fr.  86  87  D.  L,  17.  -  Fr.  29  D.  XLVI,  2,  comparé  au  fr  35  ^  ){  * 

Paul.  _  21  Paul.  Sent.  IL  >7>  10  '  .  ,,  23 Fr. 

n  i  -«c.  mc ./fc/w-viM'-  6I, 

’ ;  fr.  8  D.  XLII,  1  î  *  SW***' 

_ 24  Fr.  91,  §  ?  !  D'g-  ..A 


eflicacité  des 

ris”, 

aire. 


ment  s  d’un  môme  texte  de 
duob.  reis.  XLV,  2  ;  fr.  5,  De  fid.  XLV 
23  et  35,  D.  V,  I  ;  fr.  38,  §  7  D.  XXII,  f 

146  et  s.  ;  Rudorff,  Rechtsg.  II,  §  80,  p.  268  et  s  ,  .  . 

geat,  II,  p.  480  ;  Savigny,  System,  VI,  §§  201  et  s.  ;  ^  ,  :  C..  I,  <  •  J. 

_  25  Fr  30  D.  XII,  1  ;  fr.  32,  §  2  et  fr.  35,  38,  7  ,  D.  X  ^  %  4;  , 

cond.  indeb.  ;  Savigny,  VI,  S  fr.  —  20  f'al“s ’  ’  "  j  De  off.  ‘ 

.  _  27  Fr.  27,  8  7  D.  V,  8  1  g  8«,  p.  .  ? 


Ç  /!”  p,  Ov»l 

Keller,  CMlpr°‘->  De 


Sent.  III,  §  4.  ■ 


Coiii|,arer 


5,.,.  1. 1,  M,  V,  IX,  2.  -  S  - 

*  « .  «**?•.  *•  s? !.  s  «...  ».  «tv,;; 

’  11  vflVf 


Paul.  fr.  84  D.  XLV,  1.  -  31  Gaius,  IV,  1 
Civilproc.  §  67,  p, 


...  pfXU1 

,2;  C.  f,  C.  J.  VH, J  r  n  u  l7;  fr. 

7;  Instit.- J.  IV,  12  pr.  ;  Gaius,  IV,  110,  11 1  -  —  1  fr' 

58  D.  XLIV,  7  ;  Gaius,  IV,  112,  113. 


308  et  s.  ;  Puclita,  §  I72 
et  temp.  actionibus.  —  33  Fr.  9,§  3  D.  XII 


LIT 


lit 


_  1273 


.  lo  nrjvée  était  transmise  contre  les  hén- 
Lion  Pénal  ^  après  la  litis  contestatio,  et  meme 

exceptionnels,  après  la  simple  demande, 

.  ,  i  'instance  organisée  donnai!  un  droit 
il »<»”  '  m,i  passait  aux  héritiers  avec  le 


i  v  a 

j-ins  certains  cas 
**  L’inslance 

,  linp  dette  qui  r 

W* 01  , ,  j/funt  activement  ou  passivement. 

Patrim0i”e  lisibilité  des  obligations  délictuelles  par 
L  IU  rif  ris  conteMtio  tut  applii|uéc  au  !»•  siècle 
|  lïffel  ^  4  ,7 -  a  3  H  y  eut  dès  lors  une  litis  con- 

|»ux  ;W'C!lqière  criminelle  comme  en  matière  civile  L] 
Wtatl°Z  h  litis  contestatio ,  aucun  changement  dans 
I  Aliments  de  l’instance  5  et  dans  la  formule  (formula 
k5  ne  pouvait  s’opérer  sans  l’intervention  du  pre- 
WülT\  k  lieu  de  l’instance  était  fixé  pour  toute  la 
ile’ du  procès  h  Cependant,  le  magistrat  supérieur 
K  mil  le  droit  de  suspendre  l’instance,  par  exemple 
C  prévenir  un  préjudice5  (vetare,  sustinere ,  dtfferre 
I L cium),  d’ordonner  aux  juges  de  se  réunir  pour  pro¬ 
noncer  un  jugement3,  judicare  jubere ,  jrronun tiare 
wmi,  d’éclairer  un  juge  sur  une  question  de  droit  qui 
_|’embarrassait10,  d’assurer  l’exécution  du  jugement  par  des 
t  mesures  provisoires 1 1 .  Mais  ce  droit  de  contrôle  et  de  sur¬ 
veillance  du  préteur  n’allait  pas  jusqu’à  détruire  1  indépen¬ 
dance  de  l’of  II  ce  du  juge,  ou  absorber  le  droit  déjuger12. 
En  cas  de  mort  du  juge13  ou  de  l’une  des  parties14  ou  de 
constitution  d’un  procureur15,  le  magistrat  ordonnait  un 
remplacement  de  personne,  judicii  vel  litis  translation 
P  qui  pouvait  s'opérer  par  un  changement  de  nom  fait  par  le 
f  prêteur  dans  l’institution  du  juge  ou  dans  la  condemnatio 
I  de  la  formule.  Mais  une  translation  de  l’objet  du  litige 
r  ne  pouvait  s’opérer  que  par  restitutio  in  integrum1'1 . 

I  Par  la  même  raison,  la  chose  litigieuse  était  frappée 
d'inaliénabililé  depuis  la  litis  contestatio11 .  Celui  cpii 
■avait  acheté  sciemment  d’un  non-possesseur  un  fonds 
[  litigieux  pouvait  être  repoussé  en  agissant  contre 
1  le  possesseur  par  l’exception  rei  litigiosae 18.  Sous  Jus¬ 
tinien,!  acquisition  par  un  tiers  de  la  chose  disputée  entre 
!  deux  autres  personnes  est  frappée  de  nullité13. 

B  C“  La  nature  quasi  contractuelle  de  la  litis  contestatio 
ne  permet  pas,  en  général,  à  un  mandataire  de  repré¬ 
senter  directement  son  mandant  in  judicio 20.  De  là  ce 
principe  qui  remontait  au  temps  des  actions  de  la  loi,  et 
■ni  ne  permettait  pas  de  lege  agere  aliéna  nomine,  si  ce 
■  est  pour  le  peuple,  c’est-à-dire  pour  une  cité,  ou  dans 

■  procès  de  liberté21,  ou  pour  son  pupille,  ou  en  vertu 

■  a  °*  H°stilia  à  raison  d’un  vol  au  préjudice  d’un 


1  fait,  J.  iv  i3  <  ,  .  . 

|u„.ni  ’  l2’  ^  1  m  fine.  -  2  Fr.  33  U.  XL IV,  7:  Démangeât, 

■L„m’  J’,0"1"’  11,1  20i5’  2246.  —  [3  Modest.  Di, J.  XLVI1I,  2,  20  :  Ex 
^P°rut)i  adendnl0nm  a^m'ss's  non  tdiae  transeunt  adversus  heredes  poenae 
f  Bleris  *’  'l"am  s>  Rs  contestata  [nec]  condemnatio  fuerit  secuta... 
nota  si/  j>uuia  ’nc‘pere  ab  herede  ita  demum  potest,  si  vivo  reo 
’>0n  fuit  condemnatio  secuta.  Paul.  Dig.  XL1V,  7,  33. 
fmp  S“^-echt,  p.  392.]  -  Si  Cic.  Depost.  28;  De  inv.  Il, 
D- -XXXIX,  C.  _  VV  r'  ,JumL  Rosc.  U  ;  Auctor  ad  Héron.,  1, 12  ;  II,  12  ;  fr.  42 

l"  *Fr- 3,  §  i •  r,-  Tn  u*f‘ 107,  h‘  16,  17> 73  D'  ni-  3-  —  7  Fr-  30  D-  v’  '■ 
riri“i  20,  «0  ’r„  l;  fr-  7I  §  *  d.  XL,  12;  fr.  12  D.  V,  1.  —  «  Lex 

I  P.  247.  —  io  p.,  u-  ’  i  1  î  v.  Zimmern,  II.  Gesch.  §  11;  Rudorff,  II, 

U"*  bat.  1,2,  _  ®  1  D-  V-  1  ;  Oeil.  XIV,  2.  —  Il  Fr.  5  D.  V,  3  ;  Cic.  ad 

I  ’  t;  liel|cr,  s  os-  7  IC'  err'  l[’  13>  33i  fr-  7  pr.  D.  XLV11I,  11  ;  fr.  79,  §  1  D. 

vrrv  iib-  - 13  5*,  v,  ü  ^  «,  xxv»,  7. 

fci":  b  fr.  29  D.’  XXXVIII l},'  xn’ 5  ;  fr-  17  à  27  ;  fr-  4*’  §  7  i  fr-  4C-  - 13  ûe 

■  P  '*ras,  IV,  37.  fr  4G  s  ’  j  R“dorff,  Rüm.  Reclitsg.  II,  §  75,  p.  247  et  s. 

IV„ÎV  01  2-  XI.IV, o-’c  1  V“’*J  fl'-  7-  §  4  D-  IV.  4;  fr-  *.§  5  D.  XIV,  5. 

l,p  j.’  '' 1  b-  XUX,  j.  n  ’  1  '  "n>  37  !  frag-  De  jure  faci,  §8.  —  i»  Gaius, 

„  ,  *•  ",9  C.  4  j  '  °'en'  Ausgew.  Lehren,  no  2,  p.  57,  1848;  RudorfT, 

I  P  °u  Pr°meltpe  nftl  37.  —  20  pas  pllls  qu’on  ne  pouvait 

PUt  SUtrui-fr-  un.  XLVI,  7  ;  fr.  10,  g  10  D.  XLVI,  4; 


absent  rei  publicae  causa22  [legis  actio].  Dlus  tard,  et 
sous  le  régime  formulaire,  il  fut  permis  de  plaider  par 
procureur  ( procurator )  ou  par  cognitor.  Ce  dernier  était 
constitué  par  formule  solennelle  en  présence  de  l’adver¬ 
saire,  sans  qu’il  fût  nécessaire  que  le  cognitor  lui-même 
fût  présent23.  Le  mandat  du  procureur  pouvait  s’établir 
solo  consensu,  et  même  la  gestion  d'affaires  être  en  ce 
cas  ratifiée  après  coup  2\ 

Voici  le  procédé  qu’on  employa  sous  le  système  formu¬ 
laire  pour  permettre  de  plaider pro  alio2*.  S’il  s’agissait 
du  demandeur,  on  faisait  figurer  dans  Yintentio  le  nom  du 
mandant,  mais  la  condemnatio  était  rédigée  au  profit  du 
mandataire  ;  s’il  s’agissait  de  plaider  pour  le  défendeur,  la 
condemnatio  portait  le  nom  de  celui-ci20.  Ainsi,  par  la  litis 
contestatio ,  l'affaire  devenait  celle  du  procureur,  et  il  agis¬ 
sait  en  quelque  sorte  en  son  nom 27  comme  dominus  litis. 

Cela  n’empêche  pas  le  demandeur  représenté  d’être  le 
maître  du  droit  ou  de  l’action  28  ;  mais  l’adversaire  est  lié, 
depuis  la  litis  contestatio ,  envers  le  représentant;  les 
exceptiones  cognitor iae  et  le  droit  d  exiger  caution  ces¬ 
sent29.  Le  dominus  ou  un  autre  mandataire  ne  peut  plus 
intervenir  dans  le  litige  sans  une  transformation  de  la 
formule,  translatio  judicii ,  opérée  en  connaissance  de 
cause  par  décret  du  préteur  30.  S’il  y  avait  eu  plusieurs 
procureurs  nommés  in  solidum ,  le  premier  qui  avait  fait 
la  litis  contestatio  était  préféré  aux  autres31.  La  mort  du 
mandant  ne  faisait  plus  cesser  1  edominium  litis 32  ;  enfin 
le  procureur  pouvait  se  substituer  un  autre  mandataire33. 
La  sentence,  en  vertu  de  la  formule,  ne  peut  être  rendue 
que  contre  le  représentant  ou  à  son  profit,  puisqu’il 
figure  seul  dans  la  condemnatio  de  la  formule  d'aclion34. 
Toutefois,  lorsque  c’est  un  cognitor  qui  a  été  constitué 
mandataire,  l’action  judicati  compète  au  mandant  ou 
contre  lui,  parce  qu’il  est  représenté  légalement35.  Il 
en  est  autrement  lorsqu’il  s’agit  d'un  cognitor  in  rem 
suam ,  c’est-à-dire  d’un  cessionnaire36. 

Du  reste,  les  jurisconsultes  admirent  que  le  maître  était 
également  représenté  par  le  procurator  praesentis  3  ‘ ,  c’est- 
à-dire  par  un  mandataire  constitué  d’une  manière  certaine 
par  la  partie  présente,  apud  acta 38  ou  per  libellum 39, 
per  litte?'asM,  et  qui  fut  assimilé  au  cognitor.  Il  en  fut  de 
même  des  représentants  légaux  tels  que  le  tuteur,  vents 
tutor ,  le  curateur,  curator **,  l’agent  ou  syndic  d’une  cité 
ou  d’une  corporation,  actor  municipum  vel  universitatis. 
Quand  le  mandat  était  ainsi  légitimé,  le  droit  du  deman¬ 
deur  élait  déduit  in  judiciumi2,  et  se  trouvait  épuisé  ipso 

RudorlT,  Reclitsg.  H,  §  72,  p.  234  et  s.  -  21  Gaius,  IV,  82;  fr.  1,  g  l  D.  III,  4; 
fr.  1,  §§  2  et  4  D.  XXVI,  7.  —  22  Instit.  J.  IV,  10  pr.  ;  fr.  123  Dig.  L,  17  ;  Keller, 
Civilproc.  §  54,  p.  240  et  s.  de  la  Irad.  ;  Puclila,  Cursus,  §  156;  Bckkcr,  Con- 
sumpt  p.  149;  Zimmern,  §  155;  Rudorff,  Zeitschr.  XIV,  p.  386.  —  23  Gaius, 
IV  83,  Vatic.  fragm.  329.  -  24  Gaius,  IV,  84.  -  23  V.  Keller,  Civilproc.  §  52, 
p  233  cl  s.  de  la  trad.  française;  Waller,  Gesch.  n»  732  ;  Bekker,  Constant,  p.  141 
ci  s.  •  Puclila,  Cursus,  §  166;  Zimmern,  §  157  ;  Rudorff,  Rechtsg.  §  17,  p.  69  et  s. 

_ 20  Gaius,  IV,  86,  87,  fr.  58,  §  7  D.  XXVI,  7,  fr.  5,  §  1  D.  XXXV  I,  3.  A  Fr.  1 1 

pr.  D.  XLIV,  4;  fr.  4,  §  5  D.  XLIX,  1.  —  28  Fr.  13,  D.  II,  14;  Keller,  Civil¬ 
proc.  §  52,  p!  234 et  s.;  §  61,  p.  271;  Walter,  Gesch.  der  r.  R.  §  782;  fr.  60,  73,  D. 

III  7-  fr.  30  D.  XLVI,  3;  C.  7  e.  II,  4;  V.  Rudorff,  §  72,  p.  254  et  s.  —23  Fr.  40, 
S  3  fr.  8,  §  2  et  fr.  57,  §  1  D.  III,  3,  c.  13,  C.  J.  H,  13.  —  30  Fr.  10-27  Ü.  111,  3; 
c  ôt>  c  H  13;  fr.  45,  §  I,  D.  XVII,  1  ;  fr.  Val.  341.  —  31  Fr.  32  I).  III,  3. 
-1  32  C.To  C.  J.  II,  13;  fr.  17,  §  1  D.  III,  3.  -  33  Fr.  8,  §  3  D.  XVI,  l  ;  fr.  45,  5, 
XLIX,  1  ;  c.  8,  11-23,  c.  11,13,  fr.  Vat.  340  ;  c.  U,  Th.  II,  12.  —  34  Fr.  01  D. 
III,  3';  c.  1,  C.  VII,  45;  Vat.  fragm.  332.  —  35  Cic.  Pro  Quint.  Rosc.  16  ;  Gaius, 

IV  97-98  Vat.  fragm.  317.  —  30  Vat.  fragm.  3  1  7  ,  331,  3  32  ,  3  39  .  37  V  at.  fragm. 

317,  331,  333;  fr.  5  à  7  D.  III,  3  ;  C.  J.  C.  Th.  II,  12.  -  38  Vat.  fragm.  317,  333, 
c.  l',  C.  I.  II,  57.  —  39  Fr.  21  D.  XLVI,  7.  —  «  Fr.  05  D.  III,  3.  —  41  Fr.  23  D. 
XXVI,  7;  Gaius,  IV,  99;  Keller,  Civilproc.  §  53,  p.  239  et  s.  —  42  Fr.  56  D. 

V  1  •  fr.  II.  S  7  I).  XLIV,  2, 


LIT 


—  1274 


jure  1  ou  cxceptionii s  ope3,  suivant  les  distinctions  éta¬ 
blies  plus  haut  sur  l’effet  de  la  litis  contestatio.  Si  le 
mandat  n'avait  pas  les  caractères  de  celui  du  cognitor  ou 
du  procureur  à  lui  assimilé,  le  procureur  du  demandeur 
devait  garantir  que  celui-ci  ne  renouvellerait  pas  la 
demande,  amplius  nonpeti  ( enutio  de  rato )3;  car  Vactio 
judicati  n'appartenait  qu’au  procurator  *.  Quant  au 
représentant  du  défendeur,  au  point  de  vue  de  Vin  judi- 
cium  deductio,  il  se  légitime  toujours  lui-même. 

IV.  Sous  l’empire  du  système  de  procédure  extra¬ 
ordinaire,  inauguré  par  Dioclétien  et  Maximien5,  la  litis 
contestatio  change  de  caractère.  Déjà  antérieurement, 
dans  le  cas  oii  le  magistrat  statuait  extra  ordinèm ,  il  n’y 
avait  pas  délivrance  de  formule6,  mais  il  fallait  rattacher 
à  un  point  quelconque  du  procès  les  effets  dérivant 
d'ordinaire  de  la  litis  contestatio.  Une  constitution  de 
Septime  Sévère  et  Antonin  Caracalla  1  avait  décidé  que 
la  litis  contestatio  serait  réputée  accomplie  au  moment 
où  les  parties  auraient  exposé  leurs  prétentions  devant 
le  magistrat,  qui  alors  portait  quelquefois  déjà  le  nom 
et  jouait  exceptionnellement  le  rôle  de  judex.  Cette  déci¬ 
sion  devint  la  règle  pour  le  système  de  procédure  extra¬ 
ordinaire  8.  Au  cas  où  une  demande  était  formée  par 
requête  à  l’empereur,  preces  oblatae ,  la  remise  du  libellas 
au  prince  valut  la  litis  contestatio9 .  Il  y  avait  encore 
intérêt,  en  effet,  à  connaître  l’époque  de  la  litis  contes¬ 
tatio,  qui  perpétuait  l’action,  rendait  la  demande  trans¬ 
missible  aux  héritiers  ou  contre  eux10,  faisait  courir  les 
intérêts  en  certain  cas,  etc.,  et  ne  permettait  plus  d’op¬ 
poser  des  exceptions  dilatoires  11 . 

Mais,  sous  Justinien,  la  litis  contestatio  ne  consomme 
plus  le  droit  d'agir  ipso  jure 12,  et  ne  libère  plus  les  autres 
débiteurs  corréaux13;  de  plus,  le  libellas  conventionis 
suffit  pour  interrompre  la  prescription  u.  Désormais,  le 
fait  d'agir  nonobstant  une  exception  dilutoire  n’entraînait 
plus  la  perte  de  l’action,  puisque  la  deductio  in  jadi- 
cium  n’opérait  plus  une  quasi  novation  1 3  ;  il  n’était  pas 
besoin  non  plus,  dans  une  actio  incerta,  de  restreindre 
la  portée  de  Yintentio  au  moyen  d'une  praescriptio  a 
parte  actoris ,G,  parce  qu'il  n’y  avait  plus  ni  délivrance 
de  formule,  ni  consumptio  actionis  par  le  seul  effet  de  la 
litis  contestatio. 

Certains  effets,  qui  jadis  se  rattachaient  directement  à 
la  délivrance  de  la  formule,  dépendaient  alors  du  seul  fait 
d’intenter  l'action.  Ainsi,  le  défendeur  à  l’action  in  rem 

1  Yat.  fragm.  263;  c.  3,  C.  J.  VllI,  42.  —  2  Fr.  27  D.  III,  3;  Gaius, 
IV,  1118.  —  3  Cic.  Brut.  5;  Gaius,  IV,  98,  99;  Paul.  Sent.  I,  3,  §§  4,  5,  C; 
(r.  33,  §  3  et  fr.  39  D.  III,  3  ;  fr.  3,  §4,  XXV,  2  ;  fr.  1,  3.  5,  8,  12,  10  D.  Hat. 
XLYI,  8.  —  4  Yat.  fragm.  §  17  ;  Rudorlf,  Rechtsg.  II,  §  72,  p.  236  et  s.  et  §  71, 

р.  244  et  s.  —  5  C.  12,  C.  J.  III,  3  ;  Instit.  J.  III,  12  pr.  ;  IV,  15,  8;  Demangeat, 
Cours  élém.  H,  p.  483  et  s.  —  6  C.  1,  C.  J.  II,  58.  Vimpetratio  actionis 
fut  abolie  par  Tliéodose,  II,  v.  c.  2,  C.  J.  De  form.  II,  58.  —  7  C.  un. 
C.  J.  HI,  9;  Orlolan,  III,  n“  2065;  Demangeat,  II,  p.  485  et  s.;  Rudorff, 
Rôm.  Rechtsg.  II,  §  71,  p.  234.  —  8  G.  2,  C.  J.  II,  59  ;  c.  3  C.  ul  intra  certum, 
IX,  44;  c.  3  C.  J.  II,  1;  c.  un.  C.  Th.  IV,  14;  c.  14,  §  1,  C.  J.  De  Jud.  —  9C.  1 
et  2,  C.  J.  I,  20.  —  10  Instit.  J.  II,  12  pr.  et  §  1  ;  fr.  28,  §  1  D.  XXVII,  7.  —  U  Voir 
Gaius,  IV,  123,  125.  —  12  Le  défendeur  n'invoque  la  chose  jugée  qu'à  litre  d'excep¬ 
tion  Instit.  IV,  13,  5.  —  13  C.  28,  C.  J.  VIII,  41.  - —  14  C.  3,  C.  J.  VII,  40;  com¬ 
parer  c.  10,  C.  J.  VII,  33.  —  13  Instit.  J.  IV,  13,  10;  c.  1,  C.  J.  III,  10; 
comparer  Gaius,  IV,  123;  Demangeat,  Cours  élém.  Il,  p.  686  et  s. —  16  Gaius,  IV, 
131,  133,  136.  —  17  Fr.  25,  §  7  D.  V,  3;  Instit.  J.  IV,  17,  2;  fr.  20  D,  VI,  1; 

с.  22,  C.  J.  III,  32.  —  18  INov.  112,  c.  1.  —  19  C.  7,  C.  J.  VII,  39;  c.  3  C.  J.  De 
annal,  exe.  —  20  C.  4,  C.  Th.  II,  4;  c.  1,  C.  J.  1,  20.  —[2!  C.  Th.  II,  4,  2;4à  0; 
Symmacli,  Rel.  32  et  39;  Corp .  inscr.  lat.  VIII,  17  890;  Corp.  papyr.  Raineri, 
19;  Aegyplische  Urkunden  aus  den  Museen  zu  Berlin,  Gr.  U.  n°»  226,  578,  614. 
—  22  Cf.  Baron,  Der  Denuntiations  process,  1887;  Kipp,  Die  Litisdenuntialion 
als  Prozesseinleitungsform  im  rôm.  Civilprozess,  1887  ;  Festgabe  su  Winds- 
cheids  DoctorjubiUium,  1889,  p.  95;  Milteis,  Hernies ,  1895,  t.  XXX,  p.  574;  1897, 


LIT 


était  considéré  dès  lors  au  moins  comme  .,ns. 
mauvaise  foi ,  quant  aux  fruits  et  à  la  ,  T'SS(Hl1'  de 

6  ue  Qe  la  chosgjil 

lion  était  interrompue19.  La  litis  contestatio  o,!"’0®?'  1 
leurs  réputée  opérée,  au  cas  de  litis  denruuhr  d'ai.1' 
que  la  demande  avait  été  communiquée  llès  ■ 


la  chose  revendiquée  devenait  inaliénable1 


[La  litis  denuntiatio  est  un  mode  de  citation  pKeUïl 
qui  paraît  avoir  été  spécial  à  la  procédure  extra,'. 

Elle  consiste  en  une  notification  de  la  demandèT! 
avec  le  concours  d’un  magistrat21.  Ce  mode  de  citaiin ‘  J 
remplacé  Vin  jus  vocatio 22  |jus,  t.  V,  p.  743  (1, ('jma 
son  tour,  remplacé  sous  Justinien  par  le  libellusn 
tionis,  qu’il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  libellusalcuM 
tionis  usité  en  matière  criminelle  et  réglementé  parla 
loi  Julia  judiciorum  publicorum 23.  Ici  le  magistrat joiï 
un  rôle  plus  actif  :  c’est  à  lui  que  la  requête  {libella)  '1 
adressée  et,  si  elle  lui  parait  justifiée,  il  la  fait  notifiai 
(■ conventio )  par  le  ministère  d’un  huissier  {exsccuuA 
litium )  au  défendeur,  qui  est  tenu  d’en  donner  un  recul 
et  de  s’engager  à  comparaître  par-devant  le  magistrat111.! 

G.  Humbert. 

LITRA  (Aitûx).  —  Les  colonies  grecques  de  l'Italie 
avaient  apporté  avec  elles  l’usage  des  monnaies  de  la 
mère  patrie.  Mais  elles  trouvèrent  parmi  les  indigènes 
un  système  de  poids  et  d’échanges  métalliques  d'une 
nature  différente  de  celui  de  la  Grèce.  Au  lieu  décompter 
par  drachmes,  mines  et  talents,  les  peuples  italiotes 
employaient  la  livre,  libra  ou  Xêrpa,  dont  le  poids  variait 
suivant  les  pays, 
mais  qui  se  divi¬ 
sait  constamment 
en  12  onces.  En 
même  temps,  la 
masse  métallique 
circulante  se  com¬ 
posait  de  cuivre, 
que  l’on  ne  mon¬ 
nayait  pas  encore,  mais  qui  se  donnait  au  poids  m 
échange  des  marchandises.  La  quantité  d  argent,  ielatij 
vement  à  celle  du  cuivre,  était  fort  peu  considérable, caa 
le  rapport  des  deux  métaux  était  de  1  à  250'.  I 

Pour  concilier  les  deux  systèmes  qui  se  trouvai* 
ainsi  en  présence,  les  Grecs  de  Sicile  combinèrent* 
nouveau  système  dans  lequel  l’unité  de  la  nionn* 
d’argent  fut  le  didrachme,  divisé  en  10  pieascor* 

l.  XXXII,  p.  644.  -  23  Di, J.  XL  VIH,  2  -  94  Nov. 

cf.  Wieding,  Der  Juslinianische  Libellprozess,  180  .j  ,  triidJ 

Ueber  Litiskontestation  and  Urtheil,  1827;  Dei  lômisi  w  t.  Illj 

Capmas,  1870  ;  Zimmern,  Geschichte  des  rôm.  Rechts  is  .1830;  Han1/' 

1829  (Irai!.  Etienne,  1846);  S.  Mayer,  Die  Litiskontesta  ion,  lieutilJin  jwn.l 
Der  Sacralsehutz  der  Rômer,  1857;  Von  Savigny,  >- ÿ*  û  _  puc],ta,  InitiM 
Rechts,  t.  VI,  1847  ;  Rudorff,  Rôm.  Rechtsgeschiehte,  l_n'  '  '(ks  ,.m. 
tionen  des  rôm.  Redits,  8»  éd.  1875;  Windschcid,  Die  au  mshchw  f»J 
redits,  1857;  Bekker,  Die  Proccssualische  Consump ion,  j^iger '  •Pl! 

Recht.  1853;  Belhmanu-Hollwog,  Der  rôm.  Civilprozess, ,  ■  '  Pf0sm  l883i 

cessualische  Consumption ,  18C4  ;  Schullze,  P?  un  i 

VVach,  Handbuch  des  Civilprozess  Redits,  t.  I  l  *  [  ,  }udiciorum  W 

diritto  romano,  2»  éd.  1880  ;  Hartmann-Ubbclohdc,  üei  J  ronI(n'»,  *' “j 
Judicia  extraor  dinar  ia  der  Rômer,  188G;  Maynz,  oui  p.90,  ’.  i 

1876  ;  J.-E.  Kuntzc,  Cursus  des  rôm.  Rechts ,  *8'9’  '  jn  et  Unis  de 
■E.  Labbé,  sur  Orlolan,  Explication  historique^  e^  jr^onteslaH^ 

l.  Il,  !>■ 


■  éd.  1883-1884,  t.  III,  p.  908;  [Moritz  Wlassak, ,  Die  ^  II,  P-  "îî|  *! 
i rmvlarprozess,  1889;  Accarias,  Précis  de  droi  to  ’  189|,  t.  I,P- 

9,;  Édouard  Cuq,  Z«  Institutions  juridiçues  des  Rome  .y  p 
Lenel,  Zeitschrift  der  Savigny-Stiftung,  U-  •  ,'klen>  6*  éd.  '•  *’  , 

znuel  de  droit  romain,  1898,  p.  981;  Deruburg,  ^  Hullsch.  Grit 

l. ITIIA.  l  Mommsen,  Gesch.des  rôm.  Münswesens ,  P  '  ’  |u  cabincld' 

m.  Metrolog.  p.  275  et  661.  Les  figures  reproduisent  . 


LIT 


,  pomme  valeur  à  la  livre  de  cuivre  qui  se  divi- 
Uda“  ",  ur  en  12  onces. 

sait  à  son  un>  deg  villeg  oü  nous  trouvons  ce  système 
I  gyracnse  es  et  le  plus  clairement  constitué.  Les 

le  plus  ancien  ^  y  avaient  établi  l’usage  du  poids 

colons  venus  (  i  -  congéquent  le  didrachme  ou  statère 

Ptlique  Trmlnml  base  du  système  mixte,  s’y  élevait  au 

isTAl1"  -nntfiir  4499).  On  l’appelait  decalitron,  et 
h, I1X  de  H  81,  1  -  '  0  1, _ (  lia  H  0-1*  870 


ta  u  n 
on 


T  'livi,, R  en  lOvoOggoi  d’argent  du  poids  de  0  gr.  8/0, 
aient)  chacun  a  une  titra  ou  livre  de  cuivre'.  Cette 
R  ;c  divisait  à  son  tour  delà  manière  suivante: 


—  8szmyxiov  l')‘ 
n 

G  ,  o 

—  V,|J.lXtTf°V  -. 

i  nevTdûYxiov  3. 
12 

4  -  . 

f2T£TP“;  ' 


ïT^' 

ü- 

—  oùyxta  7. 


I  Cent  vingt  lilrae  constituaient  un  talent  de  bronze  au 
[poids  attique 8.  Vers  le  temps  de  Denys  l’Ancien,  le  talent 
de  bronze  et  la  litra  furent  réduits  au  cinquième.  Au  lieu 
Ide  s’échanger  contre  120  nummi  d’argent,  le  talent  dimi¬ 
nué,  des  4/5  s’échangea  contre  24,  et  par  conséquent  le 
nummus,  au  lieu  d’une  litra ,  en  représenta  59.  Ce  n’était 
Ls  qu'un  changement  aussi  considérable  se  fût  opéré 
dans  le  rapport  des  deux  métaux,  mais  bien  que  le  gou¬ 
vernement  despotique  voulait  bénéficier  par  une  opération 
financière  déplorable.  Le  régulateur  véritable  de  la  valeur 
des  choses  à  l’intérieur  était  toujours  le  bronze,  car 
I  Aristote  traite  l’opération  de  Denys  de  véritable  banque¬ 
route10.  Bientôt  après,  une  autre  fut  opérée.  Le  talent  et 
|1  &  litra  furent  encore  réduits  de  moitié.  Le  talent  de 
I  cuivre  s’échangea  contre  14  nummi  d’argent,  et  le  num- 
!■  «ms  valut  10  lilrae  ' 1 . 

I  Tels  sont  les  faits  que  rapportent  les  auteurs.  Ils  sont 
;  pleinement  confirmés  par  les  mon  naies  mêmes  de  Syracuse 
I  où  nous  rencontrons,  outre  les  multiples  du  decalitron  ou 
■drachme,  la  drachme  ou  pentelitron  de  4-  gr.  325,  le 
;  mmmus  de  0 gr.  865  (au  type  du  poulpe)  (tig.  4500),  Vhé- 


piMwi  de  0  gr.  432,  la  pièce  de  10  onces  ou  du 

COuPe  bizarre  qui  avait  pour  but  d’offrir  aux 
négociants  venant  de  Grèce, 
avec  des  monnaies  correspon- 

clivi- 


dant  régulièrement 


aux 


4300.  —  r  „ 

■  Svp.v„c  C  n,lmmus  de 
■P^wtvpedu  poulpe. 


focttlitn,,,' 


sions  du  système  indigène, 
des  oboles  attiqu es  exactes,  des 
douzièmes  du  didrachme  ou 
pièce  de  Kl"  "U'e  S  Pent°ncia  pesant  0  gr.  35,  comme 
«'Min,  il  ne  °,UCl  s  Pesait  0  gr.  70.  Au-dessous  du  penton- 
l'origine  du  mon/  ''*  ^"C  '  on  ^raPP^t  d’argent12.  Depuis 
Püt  suite  de  h  inna-aëe  syracusain  jusqu’à  sa  cessation 
[didrachme  (jeY(  i  nqi"  r°roaine,  le  mode  de  division  du 

J tente  des  monnaies  demeura  en  usaSe'  La  Phls 

TUl  porte  au  reVP.,  e  Syracuse  est  un  nummus  d’argent 

f-'^lll13.  Cette  h-' guisede  types,  les  signes  numéraux 
uPrès  la  soumis  -V°f  Li  li  aPP®e  presque  immédiatemenl 
1  (  c  la  ville  aux  Romains,  a  encore  lt 

•ttue.'i**'  °'1K  *'°U«c.  Iv  |-i  .... 

*'l.  -  o  //  .  *  N»ni  ]>cs  Lit  „  •  '  N''  —2  e°Hux,  IV,  174.  —  3  Epicharnt.  ap 

‘ ,n  -  Mot  7  '  «  BocëkhPa;VlnalOSie  avCC^cl  Iw.  -  s  Poilu*,  IV 

msen’P.  H.  10  ,  '^etro lotj,  Unterauch.  p.  294.  —  9  pollux,  IV 
Afi-  Polluc'  IX,  79.  *-  11  Pollux,  IV,  174  ; 


Mon 


poids  normal  du  nummus  ;  mais  les  signes  qu  elle  porte,  et 
qui  ne  peuvent  s’interpréter  que  par  13  1/3,  montrent  qu  a 
cette  époque  la  valeur  des  monnaies  avait  encore  subi  une 
dépréciation  Le  talent  de  cuivre,  réduit  au  poids  de  1/4, 
correspondait  à  9  nummi  et  le  nummus  à  13  1/3  lilrae  '  '. 

Le  système  monétaire  que  nous  venons  d’étudier  à 
Syracuse  était  également  en  usage  à  Agrigente,  à  Tauro- 
menium  et  dans 
un  grand  nombre 
d’autres  villes  de  la 
Sicile.  Dans  ces  ci¬ 
tés,  le  didrachme 
se  divisait  comme 
à  Syracuse  en 
10  nummi  cor¬ 
respondant  origi¬ 
nairement  à  des 
lilrae  ;  les  multiples  du  didrachme  ou  decalitron  étaient 
le  tétradrachme  (fig.  4501),  dont  nous  ne  connaissons 
pas  l’appellation  locale,  et  le  décadrachme  désigné  sous 
le  nom  de  pente'contalitron1*. 

L’or  de  ces  différentes  villes  est  aussi  digne  d’attention. 

A  côté  des  pièces  du  poids  attique,  parmi  lesquelles  on 
trouve  l’hémistatère,  la  trité,  la  tétarté,  l’Hecté  et  l’hémi- 
hecté  [stater],  toutes  pièces  de  poids  fort,  comme  les 
monnaies  d’argent  des  mêmes  villes,  nous  y  rencontrons 
des  espèces  taillées  sur  d’autres  unités  monétaires 
[drachma],  mais  pour  celles-ci  un  peu  au-dessous  du 
poids  normal.  Tels  sont  le  statère  phénicien  à  6-gr.  98(1 
en  moyenne,  l’hémistatère  du  même  système  à  3  gr.  493, 
la  trité  à  2  gr.  329,  l’hecté  à  !  gr.  164,  et  l’hémihecté  à'"* 
0  gr.  582,  puis  un  hémistatère  de  poids  éginétique  à 
5  gr.  821 16.  Cette  diversité  de  tailles  dans  l’or,  quand  tout 
l’argent  est  coupé  d’après  un  système  uniforme,  ne  peut, 
comme  l’a  très  bien  vu  M.  Mommsen  17,  s’expliquer  qu’au 
moyen  de  la  division  du  didrachme  attique  en  10  nummi 
et  en  admettant  entre  les  deux  métaux  un  rapport  de  15 
à  1.  En  effet,  ce  rapport  une  fois  admis,  on  trouve  pour 
toutes  les  monnaies  d’or  que  nous  venons  d’énumérer 
une  équivalence  exacte  en  nummi  d’argent,  comme  le 
lecteur  s’en  convaincra  par  le  tableau  suivant  : 


Or. 

Poids. 

Arfi  eut. 

Nummi . 

Statère  phénicien . 

G  gr.  98G  =  24  drachmes  attiques. 

120 

Hémistatère  éginétique. . 

5  gr.  821  =20 

— 

100 

Hémistatère  attique . 

4  gr.  370  =  15 

~ 

75 

Hémistatère  phénicien.. 

3  gr.  493  =  12 

— 

CO 

Trité  attique . 

2  gr.  910=  10 

— 

50 

Trité  phénicienne . 

2  gr.  329  =  8 

— 

40 

Tétarté  attique .  . . 

2  gr.  180  =  7  1  /2 

— 

371/; 

Ilecté  attique . 

1  gr.  460  =  5 

— 

25 

Ilecté  phénicienne . 

1  gr.  1G4=  4 

— 

20 

Ilémihecté  attique . 

0  gr.  730=  2  1/2 

— 

121/; 

Hémihecté  phénicienne.. 

0  gr.  582  =  2 

10 

Dans  les  colonies  chalcidiennes  delà  Sicile  et  de  l’Italie 
méridionale,  telles  que  Himéra,  Naxos,  Zanclé-Messine, 
Rhegium,  les  plus  anciennes  monnaies  sont  du  poids  égi¬ 
nétique  apporté  par  les  colons  de  l’ile  d’Eubée  et  taillées 
complètement  d’après  le  système  grec18.  Mais  à  dater  du 
temps  d’Anaxilaüs,  tyran  de  Rhegium,  c’est-à-dire  du 

msou,  p.  84.  —  V.  Mommsen,  p.  80-83.  —  (3  Toi’remuïia,  Sieil.  tel.  mon . 
pl.  i.xxi,  n°*  0  el  8;  British  Muséum,  Calai,  of  yreek  Coins,  Sicily,  p.  223, 

—  IV  Mommsen,  p.  85-87.  —  13  Diod.  Sic.  XI,  20.  —  16  Mommsen,  p.  131-134, 

—  17  P.  95  et  suiv.  —  18  Mommsen,  p.  90  et  91. 


Fig.  4501.  —  Pièce  de  20  lilrae  ou  tctradraclime 


LIT 


—  l27(i  — 


commencement  du  vc  siècle  avant  notre  ère,  nous  voyons 
apparaître  dans  les  grosses  pièces  le  poids  attique  et  au- 
dessous  la  division  en  nummi  et  en  litrae,  organisée 
absolument  de  la  même  manière  qu’à  Syracuse,  laquelle 
se  maintient  jusqu'à  la  conquête  romaine  1 .  Seulement  le 
témoignage  de  Festus,  disant  que  le  talent  de  Rhegium 
valait  un  victoriatus  romain  de  3  sesterces  [victoriatus, 
sestertIus],  prouve  qu’à  celte  époque  à  Rhegium  et  pro¬ 
bablement  dans  les  villes  voisines,  le  talent  et  la  Vitra  ou 
livre  de  bronze  avaient  subi  de  bien  plus  fortes  réductions 
qu’à  Syracuse.  Au  lieu  que  le  talent  de  bronze  équivalût 
à  1:20  nummi  d'argent  et  1  e  nummus  h  1  titra,  comme  sur 
le  pied  originaire  du  système,  le  talent  n’équivalait 
plus  qu'à  2  nummi  et  le  nummus  se  divisait  en  00  litrae 
ou  en  720  onces2. 

La  numismatique  de  Tarente  et  d’Héraclée  de  Lucanie 
nous  présente  également,  avec  une  très  grande  clarté,  le 
système  monétaire  mixte,  gréco-italique,  mais  avec  quel¬ 
ques  différences  entre  son  organisation  et  celle  du  sys¬ 
tème  de  Syracuse.  L’unité  fondamentale  est  bien  toujours 
le  didrachmq  attique,  mais,  au  lieu  de  s’appeler  decalitron 
ou  stater ,  on  lui  donne  le  nom  de  nummus ,  écrit  vougfxoç 
par  Aristote 3  etvdaoç  dans  les  célèbres  tables  d’Héraclée  \ 
C e  nummus  se  divise  en  dix  petites  pièces  appelées  litrae 
comme  la  valeur  de  bronze  qu’elles  représentent,  les¬ 
quelles  comprennent  12  onces  et  se  subdivisent  exacte¬ 
ment  de  la  même  manière  que  le  nummus  syracusain. 
Les  plus  anciens  nummi  de  Tarente  (lig.  4502)  pèsent  de 
8  gr.  100  à  7  gr.  500;  plus  tard  on  les  trouve  de  7  gr.  400 

à  6  gr.  800;  les 
derniers  enfin  sont 
de  6  gr.  000  à 
0  gr.  100.  Il  n’y  a 
point  dans  la  série 
tarentine  de  pièces 
supérieures  au 
nummus.  Au-des¬ 
sous  de  cette  valeur,  nous  rencontrons  des  pentelitra  au 
poids  de  la  drachme  attique,  des  litrae  représentant 
exactement  le  dixième  du  nummus ,  des  hemiiitria  bien 
reconnaissables,  des  létroboles  attiques  frappés  probable¬ 
ment  pour  le  commerce  avec  les  étrangers  et  qui,  dans 
la  circulation  intérieure,  valaient  10  onces  ou  3  1/3  litrae, 
des  dioboles  valant  20  onces,  des  oboles  ou  deconces, 
enfin  des  hémioboles  ou  pentonces ,  toutes  pièces  d’argent 
qui  présentent  la  même  décroissance  de  poids  que  les 
nummi  depuis  les  plus  anciennes  émissions  jusqu’aux 
plus  récentes  5  et  qui  fournissent  l’échelle  suivante  de 
valeurs,  dans  laquelle  nous  avons  pris  pour  plus  de  clarté 
la  titra  comme  unité  : 

10  Nummus  ou  didrachme  de  poids  attique. 

5  Pentelitron  ou  drachme  attique. 

3  -V  Tétrobole  attique. 

g 

1  —  Diobole  attique. 

1  Litra, 

10  • 

—  Obole  attique. 

1  Mommsen,  p.  92  el  93.  —  2  y.  Mommsen,  p.  90  et  suiv.  —  3  A  p. 
Pollue.  IX,  80.  —  4  Bocckli,  Corp.  inscr.  gr.  n°  5774,  1.  123.  —  3  Mommsen, 
p.  101-106  et  135-142.  —  6  Mommsen,  p.  134  et  135.  —  7  Mommsen,  p.  100-113 
et  143-158.  —  8  Mommsen,  p.  113-118  et  159-100.  —  Bibliographie.  Th.  Mommsen, 
Geschichle  des  roem.  Münzwesens ,  part.  II;  F.  Lenormant,  Essai  sur  l’organi¬ 
sation  politique  et  économique  de  la  monnaie  dans  V antiquité ,  cliap;  mi  ;  Th. 


~  Hémilitrion . 

5 

—  Penlonce  ou  hémiobole  attique. 

L'or  de  Tarente  est  de  poids  attique  et  suit  ]■  r  • 
grecque  du  statère  en  deux  hémistatères  oudn  Z  "V‘sion 
3  trités,  4  tétartés,  G  hectés,  12  hémihectés  2î  | 

hectés  [stater],  avec  cette  seule  particularité' q,  '"1'1'' 


du  10»  du  sla- 


l’hecté  et  l’hémihecté  s’intercale  une  taille 
tère,  inconnue  à  la  Grèce  proprement  dite  et  avant  L  •,  l 
de  la  litra  d’argent  6.  Nous  manquons  de  données™* 
déterminer  quel  était  à  Tarente  le  rapport  de  valeur  drT 
à  l’argent  et  par  conséquent  combien  chacune  des  piè  1 
d’or  de  cette  ville  représentait  de  nummi  et  de  litrae] 

A  Crotone,  Locres,  Métaponte,  Pandosia,  Posidonial 
Sybaris,  Thurium,  Terina,  Pyxus,  Velia,  depuis  Poriginèl 
du  monnayage  de  ces  villes  jusqu’à  ses  derniers  instant!  ! 
on  suivait  exclusivement  le  système  grec  avec  les  déno¬ 
minations  helléniques,  sans  trace  des  nummi  et  des] 
litrae,  comme  le  prouvent  les  poids  des  monnaies  con¬ 
servées  en  grand  nombre  dans  nos  collections  modernes  : 
et  la  pièce  de  Métaponte  en  bronze  portant  l’indication 
de  la  valeur  d’une  obole.  Le  poids  dominant  était  l’attique; 
cependant  on  rencontre  quelques  pièces  de  poids  phéni¬ 
cien  et  asiatique7.  I 

Dans  le  monnayage  grec  ou  osque  antérieur  à  l'in¬ 
fluence  romaine  des  villes  de  la  Campanie,  nous  ne  ren¬ 
controns  pas  non  plus  la  trace  d’aucune  influence  ilaliote.  I 
Il  n’y  a  ni  litrae  ni  nummi',  le  système  monétaire  est 
purement  grec,  ayant  pour  unité  la  drachme  phénicienne, 
généralement  d’un  taux  fort  et  surpassant  3  gr.  700  à 
l’origine,  mais  s’affaiblissant  avec  le  temps  et  arrivant  à 
être  inférieure  à  3  gr.  400  dans  des  pièces  bien  conser-j 
vées8.  F.  Lenormant. 

LITTUS.  —  On  appelait  ainsi,  en  droit  romain,  lerivagi 
de  la  mer1.  D’après  une  définition  attribuée  par  Cicéron 
à  Aquilius2  et  accejffée  par  les  jurisconsultes  posté¬ 
rieurs  3,  le  littus  comprenait  tout  l’espace  que  peut j 
recouvrir  le  plus  grand  Ilot  d’hiver.  Dans  quelle  caté¬ 
gorie  de  choses  devait-il  être  rangé?  Il  y  avait  sur  cl 
point  désaccord  entre  les  théoriciens.  Marcien  ",  consa 
dérant  le  littus  comme  un  accessoire  de  la  mer,  le  ian8» 
comme  elle,  parmi  les  res  communes  dont  1 usage  ea 
commun  à  tous  et  que  nul  ne  peut  s’approprier  uto® 
1  i  té.  Cette  théorie  est  peu  satisfaisante.  Au  conluin ,  ■  erJ 
lins  6  admet  bien  que  le  rivage  est  chose  nu/liu^  } 


sens  qu’il  ne  figure  pas  dans  le  domaine  pu/1  |(;(,]are 
qu’il  n’a  pas  reçu  cette  appropriation,  mais  d  J 
publiais,  c’est-à-dire  chose  du  peuple  romain,  s^  a 
droit  d’occupation  temporaire  réservé  a  1  "1L  t;gi 
jurisconsulte  proculien,  comme  Neratius,  lKl” 
lement6  que  le  rivage  est  public  en  ce  sens  q"(  I 
romain  dans  les  limites  duquel  il  est  conipi  i  ■  ^  ^  J 

souveraineté  et  qu’il  doit  en  conséquence  m  '  ^  ja p«- 
Cette  doctrine,  beaucoup  plus  vraisembla  >  1^  ^arCjen 

cédente,  s’accorde  avec  le  caractère  pub  "  ^  0Iqs  ci 
et  Justinien1  reconnaissent  eux-mêmes  arajssei 
avec  le  droit  de  souveraineté  que  les  Romains  -  ■ 

le  BI&cûSj  ton*  h 

Mommsen,  H ist.  de  la  monnaie  romaine,  Irad.  pat  I*  1  ot  ü.  p.  en  e 
eh.  il  ;  Fr.  Hullscb,  Griecliische  und  rômische  Atelro°aJJ'flig,  50, 

LITTUS.  1  Aussi  ora  maritima,  acta.  —  2  Topic.  ‘ ■  ^  5 U,  *’ 

Instit.  2,  i ,  3.  Dit.  1 ,  8  pr.  §  1  I  Instit.  2-  *’  1  7  Dig.  I,  *.  *  %  1 

§  l;  cf.  41,  1,  30,  §  i;  80,  16,  112.  —  6  Dig.  43,  > 

Instit.  2,  1,2. 


1277  — 


di llé  gui-  les  mers  baignant  leurs  domaines, 
aV°'"l  '<  lier  sur  la  Méditerranée,  mare  nostrum. 

CV-ïe!,< 'romain,  qui  affermait  la  pèche  des  lacs  et  «les 
.  i’a  peut-être  même  affermée  sur  certaines 
étangS  dli'lHtoral  lui-même;  c’est  ce  que  laisse  entendre 
HT  d’Ulpien 1  ;  une  inscription  trouvée  sur  les  côtes 
U"  M-rise  mentionne  des  conductores  piscatus,  des  fer- 
d(  'a  dc'la  pêche,  mais  on  ne  sait  pas  exactement  s’ils 
'‘"''"ni  affermé  le  littoral  ou  des  étangs2.  On  sait  que 
t'  villes  grecques,  par  exemple  Athènes,  Délos, 
Priions  de  Crète  3  affermaient  l’exploitation  du 
J  ou  la  pêche  dans  certaines  parties  de  leurs  eaux 
I  rings.  Quoi  qu’il  en  soit,  les  jurisconsultes  s’accor¬ 
daient  pour  admettre  que  l’usage  des  rivages  de  la  mer 
était  commun  à  tous,  et  que  chacun  pouvait  s’en  servir, 
auf  la  réserve  qu’on  vient  de  voir,  pour  les  besoins  de  la 
navigation  ou  de  la  pêche4.  C’est  ce  qu’avait  décidé  en 
particulier  un  rescrit  d’Antonin  qui  constatait  en  même 
temps  «pie  si4’accès  du  rivage  était  public,  il  fallait  res¬ 
pecter  les  habitations  et  les  édifices  8.  Le  droit  de  pêche 
maritime  sur  le  rivage  ne  pouvait  donc  pas  plus  être 
monopolisé  ou  prescrit  que  l’usage  de  la  mer  G. 

Chacun  avait  la  faculté  d’établir  une  cabane  sur  le 
littoral  pour  la  pèche 7  et  même  d’y  acquérir  une  portion 
de  terrain  par  une  construction 8  ;  mais  une  fois  l’édifice 
écroulé  ou  abandonné,  le  sol  retournait  à  son  état  natu¬ 
rel  antérieur;  la  propriété  n’avait  duré  qu’autant  que  la 
construction9.  L’État,  représenté  par  le  préteur  ou  le 
gouverneur  de  la  province,  devait  autoriser  préalable¬ 
ment  toute  construction,  afin  qu’elle  ne  pût  nuire  à  la 
navigation  ou  à  l’abordage  ni  léser  les  droits  antérieu¬ 
rement  acquis  à  des  particuliers10.  Il  y  avait  là  une 
réglementation  analogue  à  celle  des  choses  publiques. 
Au  contraire,  la  propriété  delà  rive  des  fleuves,  quoique 
grevée  d  une  sorte  de  servitude,  appartenait  aux  rive¬ 
rains,  comme  les  arbres  nés  sur  ces  bords 11 .  L’usage  des 
rivages  de  la  mer  était  protégé  par  des  interdits  [inter- 
jDictum]  ;  celui  qui  construisait  sans  autorisation  de 
manière  a  nuire  à  autrui  pouvait  être  écarté  par  voie  de 
fait,  la  personne  empêchée  de  pêcher  ou  de  naviguer 
lavait  que  l’action  d’injure  [injuria]12.  On  peut 
admettre  que,  comme  toute  construction  faite  sur  la  voie 
P11  lique  ,  le  préteur  aurait  eu  le  droit  de  faire  détruire 
un  édilice  construit  sans  son  autorisation  sur  le  rivage. 
I.  a(lministration  romaine  avait  à  faire  la  police  des 
\ogos  <  t  des  ports,  à  protéger  les  naufragés  contre  le 
la  ^e,h  épaves1*  [naufragium],  et  surtout  à  réprimer 
J!—  ce  ^au  endémique  de  l’antiquité,  surtout 
,  '  es  cotes  de  la  mer  Noire  et  de  l’Asie  Mineure,  prin- 

illvri,1"  Ul  i,danS  la  ^ic*e  et  l’Isaurie16  et  sur  les  côtes 
pas  r,llUS  •  ’  AUe  ^es  camPagnes  de  Pompée  n’avaient 
d  s,1PPrimer n.  La  répression  de  la  piraterie 

1  Üig.  47.  [f|  |o  ^  ..  . 

Mommsen’ ',S,l,rab,'  U’ P-  642‘  ~  2  Dessau,  Inscr.  latin,  select. 

;  C'o,7j.  „ls  ’  ■  cdl-  l«ht.  di  nom.  1880,  p.  129.  —  3  Phol.  s.  v. 

At/jen.  p.  2C7-8  ;[-i  7  !'  ;  V.  Boockh-Fr'iinkel,  Staatshaushalt . 

huit  V'n-;  Arisl01’  0ec° ”•  2,  2,  3.  Ditlenberger,  Su  II.  427  (2'  édit.) 

-  -  U  3;  Din.  1.8.4  lî  c  1  .  , ,  .  .  .  ...  .. 


11  7  m  _  V)  JJ  11,  -  -  ■  XJ  I  ’J  .  -ri  . 

b"  '  9>  2  ;  Lacan  g'Jo  ’p  ■  !,’*:Cic-  Be  3>29:  -  lfi-  Joseph.  Bell. 

,  nal ■  2.  45,  07  •  77/  ®p,Ct’  Dlss '  *.1,9;  Acliill.  Tnt.  2, 18  ;  5,  7,  17  ;  Plin. 
7  11  AppUn.  MU,’  1'  101  ;  Pllil-  Viin  Apoll.  3,  24.  —  10  Polyb.  2,  4-12. 


b.  ..-n.  Mithr  9's  ynn  APolL  3.  24.  -  U,  Polyb. 

“■ Cas».  30,  3.  _  j8  T  ’  L‘C-  Pro  Man.  ;  Plut.  Pomp.  24;  Zonar.  10,  30; 
y  1C-  err.  5,  27;  Pro  Fine.  12;  Suct.  Caes.  4,  74;  Voll.  2, 


appartenait  en  temps  ordinaire  aux  généraux  et  aux  gou¬ 
verneurs  de  province  extra  ordinem  ;  ils  pouvaient  faire 
décapiter  ou  mettre  en  croix  les  pirates18.  Nous  connais¬ 
sons,  comme  autres  fonctionnaires  pour  la  police  des 
ports  et  du  littoral,  les  limenarchae  municipaux  ume- 
narcua],  le  praef ectus  orne  Ponticae,  le  praefectus  orae 
maritimae ,  qui  résidait  à  Tarraco,  en  Espagne12;  au 
Bas-Empire,  des  custodes  littorum ,  chargés  surtout  de 
vérifier  la  cargaison  des  navires  et  pris  soit  dans  Voffi- 
cium  du  gouverneur,  soit  parmi  les  protectorcs ,  ou  les 
agentes  inrebus  ou  les  curiosi,  et  qui  abusaient  souvent 
de  leur  autorité  pour  rançonner  les  navigateurs  et  les 
marchands20  [pip.atae,  classis].  Ch.  Lêcrivain. 

LITUUS.  —  I  .Bâton  augurai. — On  trouve  aussi  la  forme 
lituum *,  au  neutre,  que  les  Grecs  ont  transcrite  Xîruov2. 
Pline  emploie  le  mot  scipio  comme  synonyme  de  lituus3. 

Le  lituus  était  un  bâton  sans  nœud,  dont  l’extrémité 
supérieure  était  recourbée  :  baculus  sine  nodo ,  aduncus  4  ; 
incurvum  et  leviter  a  summo  inflexum  bacillum  s.  C’était 
l’insigne  des  augures  [aügur]  qui  s’en  servaient  pour 
déterminer  le  templum ,  c’est-à-dire  pour  délimiter 
l’espace  céleste  correspondant  à  l’espace  terrestre  qui 
devait  être  auguré  [templum]. 

L’origine  du  lituus  augurai  se  perd  dans  la  nuit  des 
temps.  Nous  le  voyons  intervenif  dans  les  légendes  qui 
entourent  le  berceau  de  Rome.  D’après  la  tradition, 
Romulus,  fondant  Rome  selon  le  rite  étrusque®,  se  servit 
du  lituus  pour  partager  les  régions  7.  Les  Romains  pré¬ 
tendaient  même  conserver  dans  la  curie  des  Saliens 
Palatins  ce  même  lituus 8  qui,  miraculeusement,  avait 
été  préservé  dans  l’incendie  de  Rome  par  les  Gaulois2. 
Les  Romains  avaient  donc  reçu  le 
lituus  des  Étrusques  10  ;  les  traditions 
que  nous  venons  de  rappeler  tendent 
à  le  démontrer  et  avec  elles  concor¬ 
dent  les  monuments  archéologiques. 

Un  bas-relief  étrusque,  d’une  haute 
antiquité,  représente  un  personnage, 
un  augure  sans  doute,  tenant  le  lituus 
droit11  (fig.  4503).  Sur  une  autre  stèle 
étrusque,  le  personnage  figuré  tient 
le  lituus  abaissé  vers  la,  terre  12.  Le 
lituus  apparaît  souvent  dans  les 
pompes  funèbres  étrusques,  porté  par 
des  suivants  comme  insigne  de  la 
dignité  du  défunt.  On  le  voit,  entre 
autres,  ainsi  porté,  sur  une  peinture 
de  la  tombe  dite  grotte  du  Typhon,  à 
Corneto  13,  dans  trois  processions  funéraires  peintes, 
provenant  d’une  tombe  de  la  même  ville  et  ayant  lait 
partie  de  la  collection  Bruschi14,  sur  un  sarcophage  de 
Vulci15  [etrusci,  p.  848,  fig.  2844]. 

42;  Val.  Max.  G,  9,  la  ;  Plut.  Caes.  1  ;  Polyaen.  S  Irai.  8,  23,  l.  —  19  Corp.  inscr. 
lat.  2,  4138,  4217,  4224-4228,  4233,  42(14,  42G6.  —  20  C.  Th.  7,  IG  ;  G,  29,  8,  10,  1 1 , 
12;  Nov.  Tlicodos.  23.  —  Bibliographie.  Accarias,  Précis  de  droit  romain,  Paris, 
1882  3*  éd.  I,  §  197;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  Paris.  1898,  2'  éd.  p.  233. 

I.ITUUS.  l  Scrvius,  Ad  Aen.  VII,  187.  — 2  Plot.  Bornai.  XXII,  Camill.  XXXII. 

—  3  Nat.  lust.  XXVIII,  4,  1.  —  4  Liv.  I,  18.—  5  Cic.  Divin.  I,  17.  —  6  Varr. 
Lini/.  lat.  V,  143;  Liv.  I,  44;  Plut.  Itomul.  XI;  Plin.  Nat.  Iiist.  XXVIII,  4,  1. 

_ 7  (7[c,  /,.  i ,  _  8  Ibid.  ;  cf.  Virg.  Aen.  VII,  187,  et  Serv.  ad  I.  ;  Ovid.  Fast.  VI,  375. 

_  9  ('iCi  £.  l.  ;  Plut.  Bornai.  XXII  ;  Camill.  XXXII.  —  19  O.  Millier,  Die 

Etruslcer ,  II,  p.  124  s.;  Bouché- Leclercq,  Hist.  de  la  divination,  IV,  p.  104. 

—  Il  Inghirami,  Monum.  etrusclii,  VI,  pl.  pô,  1  et  p.  52.  —  12  ld.  Ibid.  pl.  a®,  1 
et  p.  58  ;  voir  encore  t.  VI,  pl.  z2.  —  13  Monum.  dell'  ht.  arch.  di  Borna,  II,  pl.  v  ; 
G.  Dennis,  Tlie  cities  and.  cimeteries  of  Etruria,  2'  éd.  I,  p.  333.  —  n  Monum, 
VIII  pl  xxxvi.  — 15  Ibid.  pl.  xix  ;  Annali  d.  Ist.  di  Borna,  18G5,  p.  249. 

161 


Fig 


4503.  —  Lituus 
étrusque. 


—  1278  — 


LIT. 


Les  représentations  du  lituus  augurai  ne  sont  pas 
moins  fréquentes  sur  les  monuments  romains.  Un  bas- 

relief  du  Musée  de  Florence 
représente  Auguste  tenant  le  li¬ 
tuus  1  (fig.  4504)  dans  la  même 
attitude  que  le  personnage  étrus¬ 
que  représenté  plus  haut.  Ana¬ 
logue  est  la  pose  de  l’augure 
couronné  par  Juno  Sospita  sur 
des  deniers  de  la 
gens  Cornuficia 
(fig.  4505) 2 .  Cette 
pose  est  probable¬ 
ment  hiératique  et 
représente  l’au  - 
gure  dans  l’acte 
même  de  son  sacer- 
sur  des  monnaies 
et  Minucia  6  .  Le 


Fig.  4504. 

Le  bâton  augurai. 

doce,  car  elle  se  rencontre  encore 
des  familles  Antistia  3 ,  Antonia  4 
1 


lituus  est  d'ailleurs  très  fréquent 
sur  les  monnaies  de  la  République 
romaine  6.  Parmi  les  bas-reliefs,  nous 
mentionnerons  un  autel  de  Pompéi 
(ara,  fig.  425)  7  et  un  marbre  ayant 
appartenu  à  Bartoli  8,  sur  lesquels  le 
lituus  est  sculpté  au  milieu  d’autres 
insignes  sacerdotaux;  on  le  voit  encore 
accompagnant  une  inscription  du  temps 
d’Auguste9,  sur  une  pierre  gravée  de 
la  collection  Rhodes  10.  Un  médaillon 
en  terre  cuite  représente  Auguste  tenant 
d’une  main  le  globe,  de  l’autre  le 
lituus a.  Tibère’2  et  Germanicus13  le 
portent  également  sur  les  célèbres  ca¬ 
mées  du  Cabinet  de  France  ou  devienne. 

Servius  dit  que  le  bâton  du  roi,  sym¬ 
bole  du  droit  de  justice,  s’appelait  aussi 
lituus  u.  11  se  peut  que  le  lituus  augurai 
ait  eu,  comme  origine,  le  sceptre  royal. 

II.  Trompette.  —  La  similitude  du 
nom  entre  le  lituus  bâton  augurai  et  le 
lituus  trompette  tient  à  leur  ressem¬ 
blance.  Cicéron,  ou  peut-être  une  glose 
introduite  dans  son  texte,  le  dit lü.  Le 
trait  caractéristique  de  cet  instrument 
de  musique  est,  en  effet,  la  courbure  de 
son  extrémité,  c’est  pourquoi  les  au¬ 
teurs  lui  appliquent,  comme  au  bâton, 
l’épithète  uduncus 16.  Aussi  bien  que  le 
lituus  augurai,  la  trompette  appelée  du 
même  nom  est  d’origine  étrusque.  On 
conserve  au  Musée  étrusque  du  \Tatican  un  beau  lituus  en 
bronze,  long  de  1  m.  60,  trouvé  dans  une  sépulture  de 

l  Dütschke,  Ant.  Bildirerk.  in  Oberitalien ,  III,  218,  cf.  Corp.inscr.  lat.  VI,  44-8  ; 
Jordan,  Annali  ci.  Istit .  1802,  p.  302.  —  2  Babelon,  Monnaies  de  la  République,  I, 
p.  434,  nos  1-4,  II,  p.  576,  n^>  19.  —  3 Ibid.  I,  p.  150,  n°  19.  —  b  Ibid.  I,  p.  188,  n°79. 
—  «  Ibid.  II,  p.  231,  n°  3.  —  6  Voir  des  représentations  du  lituus  sur  les  mon¬ 
naies,  Ibid,  familles  Acmilia,  n®5  27-32,  Antistia,  17,  18,  24,  Antonia,  3,  5,  7, 
55,  57,  Caesia,  7,  14-18,  Claudia,  20,  Cornelia,  28,  03,  04,  Hirtia,  1,  Julia,  12,  15f  16, 
24,  135,  140,  Junia,  39,  Livinia,  10,  Maria,  II,  Minucia,  11-14,  Pompcia,  5,  24-27, 
Servilia,  7,  Voconia,  2,  4.  —  7  Mazois,  Haines  de  Pompei ,  IV,  pl.  xv.  —  8  La 
Chausse,  llornanum  muséum ,  t.  II,  pl.  n  ;  Montfaucon,  L’antiquité  expliquée ,  II, 
pl.  lxiv,  2.  —  9  Corp.  inscr.  lat.  VI,  876;  Raoul-Rochette,  Monum.  inédits , 
p.  390,  pl.  i,xix4  ;  Nibhy,  Aluseo  Chiaramonti ,  t.  III,  pl.  xix.  Voir  encore  un  bas- 
relief  signalé  par  G.  du  Choul,  Discours  de  la  religion  des  anciens  Ilomains , 
557,  p.  230.  —  10  King»,  Antiq.  rjems ,  p.  27.  —  H  Collect.  Eugène  Piot,  An - 


Fig.  4500.  —  Lituus , 
trompette  étrusque. 


Fig.  4507. 


Cerverti,  l’antique  Cære  11  (tig.  4506).  prés  d(, 
ville  antique  d’Étrurie,  dans  une  tombe  célci,'-  ' 
rilievi ,  sur  deux  piliers,  ou  sont  peints  des  ,|llle .dci" 
et  des  armes  de  toutes  sortes,  s  '  ns‘*e 

figurent  deux  iitui  (tig.  4507)  18. 

Une  peinture  d’une  tombe  de 
Cliiusi  représente  un  cortège  qui 
précède  un  vainqueur  dans  une 
course  de  chars  et  où  figure  un 
joueur  de  lituus  [liticen],  dont 
l’instrument  est  bien  conservé 
(fig.  4508);  la  partie  recourbée 
est  soutenue  par  une  tige  en 
forme  de  fourche,  et  l’extrémité 
opposée  à  l’embouchure  est  mu¬ 
nie  d’un  petit  anneau  dans  lequel 
on  pouvait,  pour  suspendre  l’ins¬ 
trument,  passer  une  corde  ou 
une  courroie 19 . 

Chez  les  Romains,  le  lituus , 
transmis  par  les  Étrusques,  con¬ 
serva  sa  forme  recourbée  qui  le 
distinguait  de  la  tuba  longue  et 
droite20;  celle-ci  était  l’instru¬ 
ment  de  l’infanterie,  tandis  que 
le  lituus  était  particulier  à  la 
cavalerie,  si  l’on  en  croit  un  texte  d’Acro 21  dont  le 
témoignage  a  été  contesté 22  sans  preuves  suffisantes. 
L’origine  étrusque  du 
lituus  a  conduit 
O.  Müller  à  l’identifier 
avec  la  tuba  Tyrrhena 
mentionnée  par  les 
auteurs23.  Quoi  qu’il 
en  soit  de  cette  assi¬ 
milation  ,  le  lituus 
avait  conservé  l’an¬ 
cienne  forme.  On  peut 

s’en  convaincre  par  un  bas-relief  reproduit  (  fig.  44981 

au  mot  liticen,  sur  lequel  l’instrument  est  liguréavec uns 

inscription  qui  ne  laisse  subsister  aucun  doute.  En  J"*'E 
en  Angleterre,  dan  s  la  rivière  de  Withem,  près  lattersba < 
Lincolnshire,  on  a  trouvé  un  lituus  de  l’époque  roniamj 
très  bien  conservé  2L  On  connaît  d’autres  lituus  p?1  68 
monuments  figurés  représentant  des  musiciens  luticenjj 

Parmi  les  armes  qui  forment  les  trophées  SCUP®| 
sur  la  base  de  la  colonne  Trajane  figurent  des  lum|P  ^ 
qui  ne  se  confondent  pas  avec  le  lituus  ehnsiiuc  *1 
romain  :  c’est  le  carnyx,  dont  la  partie  ul  1,111 
termine  en  tète  de  serpent  à  gueule  ouverte  •  ^ 

Tandis  que  la  tuba  avait  un  son  grave,  le  son  1  11 
au  contraire,  était  aigu  et  strident26;  on  s  en  s(  IXl 
donner  le  signal  du  combat21.  Henry  Théhe-yo- 


Fig.  4508.  —  Lituus ,  trompellc  étrusque. 


de  M 


tiquités,  1890,  n»  21a,  fig. 


12  E 


Bafielou,  Catalogue  dis  ,55; 

_  13  Ibid,  r-  ...  . 


•dit  •  »l5llrf’ 

.  17  iiiiseM 


Divin. -h  17.  -  10  Liv.  I,  78;  Scnec.  CW  ^  ^ .  Baumci#* 
’iregorianum,  I,  pl.  xxi,  7;  G.  Dennis,  O.  L 
III,  p.  1000.  —  18  Noël  des  Vergers,  L’Elrurie  <  .  a(l  Ho»1  ' 


Bibliothèque  nationale,  p.  120,  n"  2G4,  pl.  xxvm.  fi 

pl.  XXIX.  —  14  Ad  Aen.  VII,  187;  cf.  Fcslus,  s.  v.  P-  ’ 

-  15  Cic.  Divin.  -I,  17.  -  10  Liv.  I,  78;  Scnec.  Oedip-  _  ■ 
etruscum  Gr 
Denlcm&ler,  III,  p 

pl.  ni  et  p.  2.  —  10  Monum.  d.  Istit.  V,  pl.  xv.  ^  jaii, 

Od.  I,  1,  23;  Fest.  s.  v.  p.  i  10.  —  21  Ad  Horat.  L.  <•  —  )0C1. 

mcisler,  L.  I.  —  23  Die  Etrusker ,  II,  p.  211;  cf.  Jan,  ^  c, 

ncys,  A  general  history  of  Music,  I,  p.497,  pl.  ^  Horat.  0d-  ’’ 

Trajane  décrite,  p.  61  et  85.  —  20  Ennius,  ap.  lest.  ^  Thel>\ 

Encan.  Pliars.  I,  237;  Scnec.  Oedip.  734,  Thyest . 

—  27  Ovid.  Fast.  III,  217. 


>  •  ri-  \cro- 

,v  -  *0  Scnec.  ,.„]S  Bau-j 

H  Dur* 
c/oiiuf 


VI,  *î#' 


—  1279  — 


LOG 


LOG 

__  M(it  dont l’étymologie  est  obscure,  mais  dont  le 
U*A  ’  douteux.  On  désignait  ainsi  des  marchands 
sens n’est llîl^riout  ^  viande  cuite;  c’est  dans  cette 
de  V‘!l'eS’  fa  est  employé  par  Ammien  Marcellin 
aeeep110"  ^  gurtout  employé  par  les  auteurs  pour 
Celel'mJp‘  eenS  de  basse  condition  qui  suivaient  les 
dfe'gni1  l'estus  et  Suidas  nous  en  donnent  la  défini- 
artnéeS'  premier2  dit  à  leur  sujet  :  «  Ils  suivent  les 
ti011'  , L,.r  ^acner  de  l’argent,  mais  ne  font  pas  partie 

lr0"pi'*  (1(,s  soldats  {extra  ordinem  sunt  militiae )..»  Le 
•  ’  •  „  r.’élnil,  une  esnèce  d’hommes. 

Second 3  s’exprime 


dlU  '  r  N prime  ainsi  :  «  C’était  une  espèce  d’hommes, 
)es  de  divers  ouvrages  et  qui  suivaient  l’armée  sans 
|  fïire  partie.  Ils  ne  tenaient  compte  ni  du  tribun,  ni 
h  Général  de  qui  ils  n’étaient  pas  connus  ;  ils  ne  cher¬ 
chaient  qu’à  gagner,  par  toutes  sortes  de  voies  bonnes 
on'  mauvaises.  Ces  gens-là,  la  plupart  du  temps  oisifs, 
[passent  leur  loisir  à  imaginer  des  friponneries.  Comme 
ils  sont  sans  armes,  sans  crédit  et  qu’ils  n’ont  pas  plus 
de  courage  pour  faire  un  mauvais  coup  que  pour  atta¬ 
quer  l’ennemi,  ils  corrompent  les  soldats.  »  Par  les 
termes  dont  se  servent  les  différents  auteurs  qui  parlent 
d’eux, Sallusle S  Valère Maxime 5,  Suétone0,  Tacite  \  etc. 8, 
onvoitqu'ils  vendaient  aux  soldats  des  vivres  supplémen¬ 
taires,  du  pain  et  de  la  viande  cuite  ;  ce  sont  donc  pro¬ 
prement  des  cantiniers,  des  vivandiers.  Par  là,  ils  se 
distinguent  nettement  des  calones,  ou  valets  d’armée  qui 
servaient  de  domestiques  particuliers  aux  soldats,  et 
auxquels  on  les  oppose  souvent9.  Ils  s’en  différencient 
aussi  par  leur  condition  ;  bien  que  les  lixae  et  les 
calones  appartiennent  aux  dernières  classes  de  la 
société,  ceux-là  étaient  des  hommes  libres  ou  des  affran¬ 
chis,  tandis  que  ceux-ci  étaient  esclaves.  D’ailleurs,  ils 
ont  été  pris  quelquefois  les  uns  pour  les  autres,  et  les 
deuxexpressions  finirent  par  signifier  «  valets  d’armée 10  » . 
Les  lixae  n’étaient  point  admis  dans  le  camp;  ils 
Il  devaient  s’établir  en  dehors,  dans  le  voisinage  de  la 
prta decumana,  du  côté  opposé  à  l’ennemi 11 .  En  marche, 
leur  place  était  à  l’arrière-garde12. 

D  un  passage  d'Apulée  on  peut  induire  qu’on  appc- 
lait ainsi  parfois  des  huissiers  municipaux13.  R.  Cagnat. 
LOC/V  EXTRACLUSA  [loca  relicta]. 

LOCiV  l'UltLICA.  — Il  y  avait  deux  catégories  de  loca 
\phhra,  ceux  del  Etat  romain  [populi  romani),  ceux  des 
r  os  de  droit  romain,  colonies,  municipes.  * 

I  A.  Les  loca  publica  populi  romani,  soit  à  l’intérieur, 
Pt  à  1  extérieur  de  Rome,  font  partie  des  res  nullius  et 
Instituent  ce  qui  formerait  aujourd’hui  le  domaine 
«em'  '  7'  <doma‘ne  public  de  l’État  ;  celui-ci  en  est  réel- 
■Fer|t ^  e  propriétaire  et  c’est  à  tort  qu’on  l’a  nié;  l’ob- 

appart7 '  ^Ue  ^  ^  abandonné  par  le  fleuve  public  aurait 
pas  1  7  "  Ulx  1*verains  comme  dédommagement,  n’est 
ttiéoîi,.  l  "1'  Cai"  S  ^  en  ainsi  du113  lu  pratique,  en 
ce  t  .  .  "  ;lll(  0uP  (le  jurisconsultes  maintenaient  sur 
j  ain  e  droit  imprescriptible  de  l’État2. 

<5,  t  ~  5  Val'  4'  ~~  2  Festus>  s-  Lixae.  —  3  Suidas,  s.  ».  —  bjug. 

V  or«<.  vu,  '  19;  Galb.  20.  —  7  Hist.  111,  3.  —  8  Quint. 

U;  Gall,  2n *"r  Juslln  XXXV111’  10,  Auct.  bel.  Afric.  75,  3.  —  9  Suet. 

f^.vn  r,;  °..;0ros-  v<  >o.  8; 

l’S,  3. 

m.  I,  24 


v  .  18,  3,  etc.  —  10  Tac.  Hist.  Il,  87;  Cod. 

13  Anul  i??  '  *’  10-  ~  11  Caes-  Bel-  Gai.  VI,  37,  2.  —  12  Bel.  Afr. 
Loc,v  r cb Lie  Metam'  2i- 

n,  1. 12-20^  -î.  3 /?■  reruice’  £rtAeo>  I,  p.  273.  —  2  Gram.  vet.  (bd.  Lach- 
[  %  39,  4  l8>  1.  6  pr.  ;  43,  8,  2,  §  5.  —  4  Gai.  2,  8  ;  Dig.  43,  6,  2. 

Tr  18’  *’  UiCiC’  *  a!)r-  *’  *'  3' 

|  C.o, ,  •  ~  11  PeslU8  .  ’  ’  *’  *■  -  9  Grom •  56,  1.  t.5-24.  -  10  Symmacl,. 

’  -  13  y  «il  p  *  *  Ubscum.  —  12  Grom.  vet.  162,  28-29;  117,  5-6;  235, 

-,  -a,  lorp.  inscr.  lat.  10,  3828.  —  14  Oros.  5,  18; 


Les  loca  publica  forment  trois  groupes  principaux: 
I.  Les  propriétés  qui  ne  donnent  aucun  revenu  et  qui 
sont  laissées  à  l’usage  public,  telles  que  les  rues,  les 
quais,  les  places  publiques3.  —  IL  Les  res sanctae ,  telles 
que  les  portes  et  les  murs  des  villes  L  — III.  Les  proprié¬ 
tés  qui  fournissent  des  ressources  pour  des  affectations 
spéciales  ou  des  recettes  qui  dérivent  du  droit  de  pro¬ 
priété,  plutôt  que  du  droit  de  souveraineté,  et  qui  portent 
les  noms  génériques  de  publica  ",  vectigalia ,  pascuac 
[vectigalia]. 

On  peut  distinguer  dans  cette  catégorie:  1°  les  loca 
sacra  qui  rentrent  dans  les  res  nullius,  t/irini  juris  •  ; 
la  tradition  les  fait  remonter  jusqu’à  la  royauté8;  ils  font 
partie  du  domaine  de  l’État 9  qui  les  a  mis  à  la  disposition 
des  différents  collèges  sacerdotaux,  par  exemple  des 
Pontifes10,  des  augures11,  des  Flamines,  des  Vestales12, 
ou  des  temples13,  mais  qui  peut  toujours  les  reprendre 
en  cas  de  besoin11  [templum].  Il  fallait  une  loi  du  peuple 
romain  pour  consacrer  des  loca  sacra 13  ou  pour  en  chan¬ 
ger  la  destination  ;  aussi,  en  vertu  de  ce  caractère  public, 
les  revenus  des  temples  étaient  affermés  à  Rome  par 
les  censeurs,  dansles  villes  par  les  magistrats  municipaux 
[censor]10.  — 2°  Les  emplacements  à  bâtir  concédés  par 
l’État  à  des  particuliers,  sous  la  réserve  de  son  droit  de 
propriété,  et  moyennant  une  redevance  dite  solarium1  ■  ; 
ainsi  sous  la  République  le  censeur  assigne  aux  esclaves 
publics  des  emplacements  où  ils  se  construisent  des 
logements18;  sous  l’Empire,  cette  attribution  passe  à 
l’empereur  et  aux  curatores  locorum  publicorum  19. 

—  3°  Les  constructions  publiques  affectées  à  un  service 
particulier.  —  4°  Les  constructions  publiques  qui  rap¬ 
portent  soit  un  loyer  comme  les  boutiques,  les  maga¬ 
sins  20  ( tabernae ,  macellum ),  les  bains21,  soit  des  rede¬ 
vances,  telles  que  les  concessions  d’eaux22,  le  cloacarium 
pour  le  droit  de  conduire  les  eaux  des  égouts  privés 
dans  les  égouts  publics  [cloacarium],  les  péages  de 
ponts23,  de  routes24,  le  portorium  à  l’entrée  des  ports 
[portorium].  Tous  ces  droits  sont  affermés  sous  la  Répu¬ 
blique  par  le  censeur  ou  ses  représentants  [censor],  plus 
tard  par  les  différents  magistrats  compétents.  —  3°  L  oger 
publiais  proprement  dit  [ ager  publicus,  agrariae  legesJ. 

—  6°  Les  parties  de  l 'ager  publicus  que  garde  l’État,  telles 
que  les  forêts  [silvae  publicae],  les  mines  [metalla],  les 
salines  [salinae],  les  lacs,  les  lagunes,  les  fleuves  où  la 
pêche  est  affermée23  [aquae,  littus]. 

Sous  la  République,  l’acquisition  et  l’aliénation  des 
loca  publica  sontsubordonnées  àunvote  du  peuple,  géné¬ 
ralement  après  consultation  du  sénat  20  [comitia,  senatus]  ; 
puis  cette  prérogative  passe  à  l’empereur  :  ainsi  les  béné¬ 
ficia  impériaux  sont  surtout  les  concessions  gratuites 
de  terres  domaniales,  révocables  au  gré  du  prince  et  qui 
disparaissent  avec  lui,  quoiqu’étant  en  général  renouve¬ 
lées  et  confirmées  par  le  successeur.  En  27  av.  J.-C., 
Auguste  avait  fait  une  révision  générale  de  ces  conces- 

Appian.  Bell.  Mithr.  22.  —  18  Cic.  De  dom.  49,  127;  Gai.  2,  5;  Fcstus,  p.  321. 
_  ir,  Corp.  inscr.  lat.  6,  3924;  9,  3513.  Voir  Mommsen,  Droit  public,  111,  p.  68-09. 

—  17  Dig.  30,  1,  39,  §  5  ;  43,  8,  2,  §  17.  —  18  L.  Jul.  municip.  c.  82;  Cic.  Pro 
Bab.  15.  —  19  C.  inscr.  I.  6,  1585  b.  L’inscription  du  musée  Kircher  qui  attribue 
un  rôle  au  sénat  en  cette  matière  est  suspecte  (voir  Ruggiero,  Catalogo  del  Masco 
Kircheriano,  I,  p.  136,  n"  505).  Les  pe/isiones  dont  il  est  question  dans  le  procès 
des  foulons  de  244  ap.  J.-C.  (C.  i.  I.  6,  200)  sont  plutôt  une  redevance  pour  l'eau 
qu’un  solarium.  —  20  Liv.  27,  11,6;  40,  51,  5  ;  Dig.  18,  1 ,  32  ;  Val.  Max.  3,  4,  4. 
_  21  Front.  De  aq.  107.  —  22  Ibid.  94,  103-111  ;  Dig.  30,  1,  39,  §5,-23  Dig. 
19,  2,  00,  §  8;  Scncc.  Dialog.  2,  14,  2.  —  24  Dig.  24,  1,  21.  —  25  Fest.  Ep.  121 , 
Polyb.  6,  17,  2  ;  Dig.  1 ,  8,  4,  §  1  ;  43,  14,  I,  §  7.  —  25  Cic.  De  leg.  agr.  2,  30,  82  ; 
Licinian.  p.  15. 


LOC 


1280  — 


LOC 


sions  et  c’est  à  cette  date  que  se  réfèrent  fréquemment 
les  empereurs  postérieurs1. 

La  délimitation,  la  protection  et  la  revendication  des 
loca  publica,  le  règlement  des  contestations  qui  se  pro¬ 
duisent  à  ce  sujet  entre  l’État  el  des  particuliers  appar¬ 
tiennent  essentiellement  sous  la  République,  à  Rome, 
aux  censeurs  2  (ou  à  leurs  représentants,  consuls  et 
préteurs),  quelquefois  aux  consuls  3,  au  préteur  urbain1, 
souvent  sur  l’invitation  et  d’après  les  prescriptions  du 
sénat5;  pour  Yager  pub/icfis,  il  y  a  eu  en  général  des 
commissaires  spéciaux  [agrariae  leges,  triumviri  agris 
danois  adsignandis]  ;  sous  l’Empire,  cette  attribution  a 
passé  parfois  aux  consuls  B,  aux  praetores  nerarii 
généralement  aux  différents  curateurs 8  [curatores 

LOCORUM  PUBLIGORUM,  ALVEI  TIBER1S,  AQUARVM,  VIARUM]  et 

aux  empereurs,  pourvus  ou  non  de  la  qualité  de  cen¬ 
seurs  9  ;  et  le  sénat  invite  encore  quelquefois  les  pouvoirs 
compétents  à  procéder  à  ces  opérations10.  En  dehors  de 
Rome,  ce  sont  les  consuls,  les  préteurs  et  les  gouverneurs 
qui  sont  compétents 11 . 

Le  magistrat  (le  préteur)  dispose,  dans  l’intérêt  du 
public  et  des  particuliers,  d’un  interdit  prohibitoire  pour 
défendre  de  bâtir  sur  les  loca  publica ,  d’y  établir  quoi 
que  ce  soit  qui  pourrait  nuire12  [interdictum,  p.  5581  ; 
on  ne  doit  rien  établir  qui  gêne  la  vue  du  voisin  ;  le  fait 
de  supprimer,  d’amoindrir  un  avantage,  dont  jouissait 
autrui,  constitue  ici  un  dommage 13  ;  la  permission 
accordée  par  une  loi,  un  sénatus-consulte,  un  édit  impé¬ 
rial  d’établir  quelque  chose  in  publico  suppose  qu’il  n’en 
résultera  de  gène  pour  personne;  cependant  l’édit  impé¬ 
rial  peut  à  la  rigueur  supprimer  cette  restriction14. 
L’interdit  permet  d’empècher  la  réfection  d’une  construc¬ 
tion  établie  sur  un  lieu  public  ;  si  un  particulier  a  bâti 
sans  opposition  in  publico ,  il  ne  doit  être  contraint  à 
démolir  que  si  la  construction  gêne  la  jouissance  publi¬ 
que  ;  sinon,  elle  est  tolérée,  moyennant  le  paiement  d’un 
solarium  ;  le  particulier,  qui  a  bâti  malgré  l’édit  du  pré¬ 
teur,  doit  démolir;  dans  les  lieux  sacrés,  non  seulement 
on  ne  doit  rien  faire,  mais  on  doit  toujours  remettre  les 
choses  en  l’état  antérieur15.  Le  particulier  qu’on  empê¬ 
che  de  jouer  sur  la  place  publique,  de  se  baigner  dans  le 
bain  public,  doit  avoir  recours  non  à  l’interdit,  mais  à 
Yactio  injuriarum 16.  Nous  renvoyons  aux  mots  inter¬ 
dictum  (p.  558),  viae,  aquae,  littus,  pour  l’étude  des 
autres  interdits  qui  avaient  trait  aux  autres  catégories 
de  loca  publica.  C’est  d’après  ces  règles  juridiques  que 
l’édile  doit,  d’après  la  lex  Julia 17,  empêcher  de  clore  les 
lieux  et  les  portiques  où  le  public  a  accès,  de  bâtir  sur  le 
sol  public  à  Rome  et  sur  un  espace  de  mille  pas  en 
dehors  de  Rome,  que  les  censeurs  ont  souvent  fait  enlever 
ce  qui  gênait  la  circulation,  en  particulier  les  baraques 
et  théâtres  en  bois  provisoires,  qu’ils  ont  fait  supprimer 
des  constructions  faites  sur  le  sol  public  ou  appuyées 

i  C.  i.  I.  10,  8038  (édit  de  Vespasien  aux  Vanacini  de  Corse)  ;  2,  1423 
(lettre  do  Vespasien  aux  Saborenses  de  Bétique);  6,  266;  10,  3828.  Voir 

Mommsen,  L.  c.  V,  p.  433-439.  —  2  Liv.  4,  8,  2;  40,  51,  8  ;  C.  i.  I.  6,  1231,  1232. 

—  3  Ib.  6,  1235.  —  4  Cic.  De  doni.  53,  136.  —  5  Front.  L.  c.  127  ;  C.  i.  I.  6, 
1234.  —  C  Ib.  6,  1263,  1264,  1235.  —  7  1b.  6,  1265.  —  8  Ib.  6,  1203,  1265-1267. 

—  "/i.  6,  919,  1202.  —  10  Ib.  6,  1263,  1265-1207.  —  U  Liv.  42,  1,  6;  42,  19,  1. 

—  12  Dig.  43,  8,  1,  2  pr.  §3.-13  43,  8,  2,  §§  6,  11,  14.  —  H  Jb.  §§  10-10. 

—  15  Jb.  §§  7,  17;  43,  8,  7.  —  16  Ib.  43,  8,  2,  §  9.  —  17  C.  i.  I.  I,  206,  c.  17, 

1  68.  —  18  Plin.  Hist.  nat.  34,  6,  30;  De  vir.  illust.  44;  Nonius,  p.  346; 

Tertull.  Ad  nat.  1,  10;  De  spec.  10;  Apol.  6;  Liv.  43,  IG,  4;  39,  44,  4;  Plut.  Cat. 
19.  Une  loi  de  Constantin  (C.  Th.  15,  1,4,  en  329)  défend  aux  particuliers  de  bâtir 
à  moins  de  cent  pieds  des  horrea  publics,  sans  doule  à  Constantinople.  —  '9  Liv. 


contre  des  édifices  publics18.  Pour  la  protec|i 
aqueducs,  il  y  a  l’action  concurrente  des  censeur1'  J 
édiles 19.  Le  magistrat  emploie  ordinairement  I  ""  '  ^ 
extra  ordinem  entre  l’État  et  les  particulier'7?'0 
citoyen  peut  soutenir  les  intérêts  de  l’État ,  p.u.  p,  °ut 
novi  nuntiatio™,  ou  par  l’interdit  «  ne  quid 
publico  vel  i t hier e  fiat  »  dont  un  des  caractères  esM".°  J 
populaire  (popularis)*1 .  Enfin  les  magistrats  disn.,!,^ 
de  l’interdit  de  loco  publico  fruendo  qui  est  aussi  d’un 
lité  publique  pour  assurer,  selon  les  règles  du  fer  '  * 
libre  jouissance  des  lieux  publics  aux  fermiers  qu'nés 
ont  loués  [ACER  publicus,  vectigalia]  22.  a  Rome  les 
édiles  concèdent  l’usage  momentané  du  sol  public  pou] 
une  fête23  ou  pour  une  autre  raison24  et,  concurremment 
avec  les  censeurs,  l’autorisation  d’élever  des  statues 25 
B.  Les  loca  publica  des  villes  de  droit  romain  ont  à 
peu  près  les  mêmes  caractères  juridiques  et  le  même 
emploi  que  les  précédents.  Il  y  a  d’une  part  les  propriétés 
qui  sont  laissées  à  l’usage  public20  et  d'autre  part  les 
loca  sacra ,  les  constructions  affectées  à  un  service  pu¬ 
blic  27,  les  constructions  qui  rapportent  des  loyers  ou  dos 
redevances,  telles  que  \e  cloacarium ,  les  péages,  les  rede¬ 
vances  des  eaux  28,lcs  compascua 29,  les  mines,  les  salines, 
les  forêts,  les  étangs,  les  carrières30,  les  domaines  f 
ciers  proprement  dits  qui  sont  affermés  soit  à  la  façon 
ordinaire  pour  cinq  ans,  soit  à  long  terme  et  à  perpé¬ 
tuité  31  [ager  vectigalis,  arca].  Ce  sont  les  magistrats 
municipaux,  les  duumvirs,  les  édiles,  et  plus  tard, 
sous  l’Empire,  les  curatores  rei  publicae  et,  au  moins 
dès  Marc  Aurèle,  les  gouverneurs,  qui  sont  chargés  de 
la  conservation  et  de  la  revendication  des  loca  publican. 
Ce  sont  les  magistrats  municipaux  qui  font  les  conces¬ 
sions  temporaires  ou  permanentes,  mais  sous  réserve 
du  droit  de  propriété33  [duumviri  juridicundo,  curatores 
rei  purucae,  aediles,  munera]  ;  ce  son  en  particulier 
les  édiles  qui  répriment  les  empiètements  des  cons¬ 
tructions  privées  sur  la  voie  publique34.  Quelques  lois 
municipales  donnaient  au  curator  rei  publicae  le  droit 
d’accorder  gratuitement  à  des  particuliers  la  faculté 
de  faire  des  travaux  sur  le  sol  public;  mais  ce  droij 
dépassait  les  attributions  ordinaires  du  curator  et  nu  me 
du  gouverneur  et  était  en  principe  réservé  a  1  empereur 
Les  loca  publica  des  cités  étaient  inaliénable*  et  poU| 
vaient  être  repris  aux  possesseurs,  même  achetern^ 
bonne  foi  qui  avaient  alors  recours  contre  les  '  tn(  1 1 
cependant  ils  étaient  protégés  par  la  prescripl i< >u  - 
de  dix  ou  de  vingt  ans  lorsqu'ils  possédaient  '•'  / 
causa  et  bona  fide ,  à  moins  qu’ils  n  eussen  aC^ 
propriété  publique  d’un  mandataire  de  la  cih,  e 
rant  pas  que  c’était  une  res  publica  3‘.  nsidéra- 

Au  Bas-Empire,  le  patrimoine  des  villes  .  ^Com¬ 
blement  amoindri  parla  cession  que  Constan  rfC, 
tance  firent  au  clergé  chrétien  d  une  pailn 


,  F,a„  ,,  49  (éd.^ 

39,  44,  4;  Front.  De  aq.  95,  97;  Cic.  Ep.  8,  6,  4  ;  Cal-  J-  ^  n  ^  43 
—  20  Dig.  39,  I,  3,  §  4.  —  21  Dig.  43,  8  9.  S  34;  ■  ,  ’  -  „„  -  S5(* 


•  23  L.  Jul.  mnnicip.  1.  77.  —  2; 
i.  I.  i,  803.  —  26  Gram.  vet.  17, 


8Î 


§  34  ;  43,  7,  f  ^  ■_ 

Bull.  comm.  arch. , 

. . 3-18.-  St  Les  col. 

(Corp.  inscr.  lat.  2  Bupplem.  5439)  ;  Lex  Anton,  de  7m  »  ^  consi. 

-  28  Dig.  7,  1 ,  27,  §  3  ;  19,  2,  60,  §  8  ;  Gram,  vet,  349  ;  ^  ^  ****<■ 

-  29  Gram.  vet.  202,  3-4.  —  3»  Dig.  39,  4,  43  pr.  §  1 .  ,8  -  - 

82.  _  31  Dig.  6,  3,  I  pr.  ;  39,  4,  U,  §  1  ;  Gai.  3,  ^  ’9(!,  ,»«,*■ 

50,  10,  5,  §§  1  et  6  ;  Lex  col.  Jul.  Geneliv.  c.  73.  S6  Dig-  50’ s'  '“i 

10,  3822.  —  34  Dig.  43,  10,  I,  §  2.  —  35  Dig-  *3,  24,  ,  §  •  jme  ,nuiu  <1 

-  37  Dig.  41,  4,  11;  Paul.  Sent.  5,  2,  4.  Voir  Houdox, 
p.  422-427. 


1281 


LOC 


LOC 


i  revint  sur  celte  mesure,  mais  elle  fui 
Wli(l  ’  JU1;;S  empereurs  suivants  Julien  s’efforça 
reprit  l»a1'  d(  recongtituer  les  domaines  municipaux 
d’autre  par  les  donations  antérieures  d 'opéra 

fn  révoquan  nt  ^  redeyance  (. pensia ,  canon ,  l’an- 

Pblicaj  \  ]ps  constructions  faites  sur  le  sol  public  ou 
boutiques  municipales,  des  ergaHeriaK 
(in  je  l’Empire,  les  praedia  civilia  furent 
Jusqu 11  t  inaliénables 3  ;  une  loi  de  Théodose  11 
“"Lnulait  encore  les  usurpations  de  biens  publics, 
i  «.  depuis  moins  de  trente  ans‘;  en  Or.ent,  une  lo, 
I  tSt  maintenait  la  redevance  due  pour  les  locaux 
„l,lics‘.  I,c  fermage  des  loca  publica  était  en  général 

p  ocv  REUCTA.  —  Les  arpenteurs  romains  appe¬ 
lant  ainsi*  les  parcelles  de  terres  qui,  dans  les  assi- 
ILions  n’avaient  été  ni  délimitées  ni  mesurées,  par 
Position  aux  loca  terminis  obligata*.  Il  y  en  avait  de 
1  deux  catégories  :  les  unes  étaient  en  dehors  des  limites 
et  notaient  bornées  que  par  la  frontière  du  territoire; 
elles  constituaient  les  loca  extra  clusa ,  ager  extra  du- 
msi.  p  en  était  ainsi  quand  la  frontière  avait  été  portée 
[  jusqu’à  des  montagnes  ou  qu’il  y  avait  eu  trop  de  terres 
disponibles,  de  sorte  que  l’assignation  n’avait  pas  été 
I  étendue  jusqu’à  l’extrémité  du  territoire.  Les  parcelles 
de  la  seconde  catégorie,  les  loca  relicla  au  sens  étroit, 
I  étaient  enclavées  dans  les  terres  limitées  1  ;  on  n’avait  pu 


I  les  utiliser  pour  l’assignation  soit  à  cause  de  leur  mau- 
I  vaise  qualité,  soit  parce  qu’il  y  avait  trop  de  terres. 

\  On  doit  rapprocher  des  loca  relicla  les  subseciva  ou 
I  mbsiciva.  On  appelait  ainsi  les  parcelles  de  terres  restées 
I  en  dehors  de  l’assignation,  parce  qu’elles  n’avaient  pas 
I  la  surface  d’une  centurie,  200  jugera.  Une  centurie 
I  entière,  même  non  assignée,  n’était  pas  un  subsecivum, 

I  mais  une  centurie  vacua 8.  Mais  dès  l’époque  de  Trajan 
|  on  compte  par  abus  pour  une  centurie  la  parcelle  ayant 
I  plus  de  100  jugera  et  pour  une  demi-centurie  la  parcelle 
I  ayant  plus  de  50  jugera  °.  Il  y  avait  aussi  deux  catégories 
I  de  subseciva  :  les  parcelles  qui  se  trouvaient  aux  extré- 
|  mités  des  terres  assignées  et  qui,  tout  en  ayant  été  mesu¬ 
rées,  n’avaient  pas  la  surface  d’une  centurie  ;  et  les  par- 
I  celles  qui  se  trouvaient  enclavées  dans  les  assignations1. 
B  Les  subseciva  continuaient  à  appartenir  en  droit  hYauctor 
B  dwisionis ,  c’est-à-dire  au  peuple  romain,  plus  tard  à 

■  J empereur;  ils  figuraient  sur  les  registres  impériaux 8  ; 
I  '  at  pouvait  les  donner  par  assignation  à  des  particu- 

.  H'is,  a  des  vétérans,  ou  les  vendre,  ou  les  abandonner 

■  aux  miinicipes  et  aux  colonies  sur  le  territoire  desquels 
lls  se  trouvaient,  ou  à  des  villes  de  droit  étranger 
I kmme  compensation  des  terres  qu’elles  avaient  perdues9. 

■  parcelles  étaient  fréquemment  usurpées,  mais 

I  'ra'  ny  avait  pas  d’usucapion  qui  garantît  cette 
I  RerS<|SS'0n’  ^  P0uvait  toujours  les  revendiquer,  obli- 
I  ls  Possesseurs  à  les  racheter10;  c’est  ce  que  firent 

I  ?' |M  V  (302L  C-  Jlist ■  u-  °9.  2;  Amm.  Marc.  25,  4;  Lib.  Ad 

I  il  ô'i  El>  7M  M  Ca'an '  Sozonl-  5,  5.  —  2  C.  Th.  13,  1,  9,  10; 

I  Jll,L  U,  69  ~  3  C-  Just-  U>  70,  2-4;  11,  00,  3.  —  4  ArOV.  30.  —  5  C. 

I  ®ommstn  J  j  6  d/>.  U,  69,  3,  4,  5,  G;  11,  70,  2,  3,  4.  —  Bibliographie. 
I  P- 191-205-  Giiap î  '^anue^  des  antiquités  romaines,  Paris,  1888,  t.  X, 
LOc*  ÏUxLir'i-  ’  Mjmuel  de  droit  romain,  Paris,  1890,  p.  230-231. 
fl  29 ;  7]  |  j  ^  ,('4'  l-l  aussi  loca  soluta,  insoluta.  —  -  Grcm.  vet.  éd.  Lacbmann, 
I  U‘1!l  ;  341,  3».  s’  i'9’  f'S-  U;  21,  7;  22,  8  ;  53,  23  à  50,  il  ;  80;  87;  108, 

I  h-  22.  J,  JjiY  J;.17  !  398 >  13-15  ;  399,  1-2  ;  400,  10-20.  —  4  Ibid.  21,  8  ;  22,  2  ; 
I  ■’  *‘,!‘>  20,  3.J.  l3’  *'*■  ~  0  Grom.  vet.  213,  1-3;  110,  23.  —7  Ibid.  G,  5-7; 

I  ieL  20-27 ;  ’y.,8'10’  33’  1Gl  Si,  117;  110,  14-15;  111,  8;  132,  24  à  133,  IG  ; 

■  284,  1-8.  —  »  ibi(l  202i  5_c.  _  9  lbid  21)  u  .  53>  20  .  U7) 


!  Vespasien  et  Titus  dans  toute  l’Italie “  ;  mais  cette  reven¬ 
dication  provoqua  tant  de  plaintes  et  de  mécontentement 
que  Domitien  confirma  les  usurpations  et  attribua  tous 
les  subseciva  aux  propriétaires  voisins12.  Il  est  question 
des  subseciva  dans  l’inscription  d’Ifenchir-Mettich,  rela¬ 
tive  à  un  grand  domaine  d’Afrique,  au  fundus  \  illae 
Magnae  Variani 13 ;  des  colons  sont  autorisés  aies  met¬ 
tre  en  culture,  selon  les  dispositions  delà  /ex  Manciana , 
ils  acquièrent  ainsi  1  usas  proprius  de  la  terre  et  par¬ 
tagent  les  fruits  avec  les  propriétaires  du  domaine 
[latifundia]. 

Les  loca  relicla  ne  paraissent  donc  différer  des  subse¬ 
civa  qu’en  ce  que  ces  derniers  avaient  été  mesurés.  En 
tout  cas,  les  loca  relicla  sont  soumis  au  même  régime 
que  les  subseciva ;  ils  restent  à  l’État  qui  peut  les  donner 
à  une  communauté,  à  un  temple14,  qui  a  toujours  le 
droit  de  les  revendiquer  sur  les  usurpateurs1’.  U  est 
probable  qu’ils  ont  été  compris  dans  la  mesure  prise  par 
Domitien  en  Italie16.  Ch.  Lécrivain. 

LOCA.TIO.  —  Droit  grec.  —  La  théorie  du  droit  grec 
sur  le  contrat  du  louage  concorde,  dans  ses  grandes 
lignes,  avec  celle  du  droit  romain  et  du  droit  moderne. 
On  peut  ainsi  définir  le  louage  ([aicOwitk;)  \  un  contrat  par 
lequel  Tune  des  parties  s'engage,  moyennant  une  somme 
d’argent  convenue,  à  procurer  à  l’autre  la  jouissance 
d’une  chose  déterminée  et  non  fongible  ou  à  exécuter 
pour  elle  un  fait.  On  distingue  d'ailleurs  trois  espèces  de 
louages,  le  louage  de  choses,  le  louage  d’ouvrage  et  le 
louage  de  services. 

A.  Louage  de  choses.  —  Le  contrat  de  louage  de  choses 
est  un  de  ceux  sur  lesquels  nous  avons  le  plus  de  rensei¬ 
gnements  dans  le  droit  grec,  car  nous  possédons,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  les  baux  immobiliers,  d’une 
part,  des  lois  qu  énoncent  les  conditions  générales  des 
baux,  d’autre  part,  une  série  de  contrats  qui  nous  ont 
été  textuellement  conservés.  Il  y  a  aussi  une  série  d  ins¬ 
criptions  autres  que  des  règlements  et  des  baux  qui  four¬ 
nissent  des  indications  précieuses  sur  les  contrats  de 
louage2.  La  plupart  de  ces  documents  ont  trait  à  des  loca¬ 
tions  de  terres  sacrées  ou  publiques,  et  on  n’en  rencontre 
jusqu’à  présent  que  deux  qui  soient  d  ordre  privé  ;  mais 
les  baux  conclus  entre  des  particuliers  devaient  évidem¬ 
ment  être  établis  d’après  les  mêmes  principes  que  ceux 
qui  intervenaient  entre  un  particulier  et  une  personne 
morale  de  droit  public,  comme  un  temple  ou  une  cité. 

Toute  chose  corporelle  peut  faire  l’objet  d’un  contrat  de 
louage,  pourvu  qu’elle  soit  dans  le  commerce  et  qu'elle 
soit  envisagée  comme  corps  certain.  Les  choses  qui  se 
consomment  par  le  premier  usage  forment  plutôt  1  objet 
du  contrat  de  prêt  de  consommation  (oaveia^oç).  Les 
meubles  aussi  bien  que  les  immeubles  peuvent  figurer 
dans  un  contrat  de  louage.  Ainsi  nous  avons  des  exemples 
de  louage  de  bêtes  de  somme3,  d'esclaves 1  ou  de  navires  ’. 
Démosthène  parle  aussi  de  la  location  d’une  banque  G. 

21-24  ;  118,  4;  102,  20-21  ;  1G3,  5-7;  202,  10.  —  *0  Ibid.  52,  8.  —  U  Ibid.  54,  3-12  ; 

j I  7-8.—  12 Ibid.  54,  11-12;  133,  0-10 ;  284,  1-8 ;  Suct.  Dom.  9.  —  1*  2Voui\  rev. 
hist.  de  droit,  1897,  p.  374-377,  1.  6-10,  et  le  commentaire  de  Toutain,  p.  378-415. 
—  14  Grom.  vet.  S,  1-10  ;  22,  2 ;  220,  2;  233,  IG;  239,  9.  —  15  Ibid.  50,9;  52,7-10; 

957  2(  _  la  Ibid.  163,  8-10.  —  Bibliographie.  Bluhme,  Lacbmann,  Rudorff,  Die 

Schriften  der  rômischen  Feldmesser,  Berlin,  1852,  p.  393-304. 

LOCATIO.  1  Celte  expression  est  toutefois  également  employée  pour  désigner  la 
merces.  —  2  Voir  pour  l'indication  des  documents  épigraphiques,  Euler,  De  local ione, 
conductione,  etc.-,  Reinach,  Epig.  gr.  p.  398;  Dareste,  llaussoullier  et  Reiuacli, 
Inscr.  jurid.  p.  23 1  et  s.  —  3  Aeschin.  De  mal.  yest.  le g.,  g  lit,  et  C.  Ctesiph.,  §  7G  ; 
Demoslh.C.  Phoenip.,  §  7.  —  4  Xenophon,  De  veclig.,  IV,  §g  14  et  15.  —  5  Pollux, 
1,  75;  X,  20.  —  G  Demoslli.  Pro  Phorm.,  §§  8  et  s.,  et  C.Steph.,  I,  §  31. 


LOC 


—  1282  — 


C’est  toutefois  en  matière  immobilière  que  le  contrat  de 
louage  présentait  en  Grèce  le  plus  d’importance,  et  la 
plupart  des  documents  que  nous  possédons  sur  ce  contrat 
sont  relatifs  à  des  locations  d’immeubles.  C'est  qu’en  effet 
il  existait  de  nombreux  domaines  appartenant  à  des  per¬ 
sonnes  morales,  temples,  dèmes  ou  cités,  et  que  l’on  ne 
pouvait  guère  faire  valoir  qu’en  les  affermant.  D’autre 
part,  les  baux  d  immeubles  urbains  étaient  très  nombreux 
en  raison  de  l’impossibilité  où  se  trouvaient  les  étrangers 
dans  certaines  villes,  comme  à  Athènes,  d’être  proprié¬ 
taires  d’immeubles.  Les  métèques  domiciliés  à  Athènes 
ne  pouvaient  se  loger  que  dans  des  maisons  de  location. 

Le  contrat  de  location  peut,  au  surplus,  dans  le  droit 
attique,  s’appliquer  non  seulement  à  une  ou  plusieurs 
choses  déterminées,  mais  encore  à  la  totalité  ou  à  une 
fraction  du  patrimoine.  C’est  à  un  contrat  de  ce  genre 
([i’70(o<7i;  oVxou)  que  l'on  recourt  en  cas  de  tutelle,  lorsque 
le  tuteur  n'administre  point  lui-même  les  biens  du 
pupille.  Nous  observerons  aussi  que  le  contrat  de  location 
n’était  point  seulement  usité  dans  les  rapports  de  droit 
privé.  Il  était  également,  à  Athènes,  d'un  emploi  très  fré¬ 
quent  dans  le  droit  public  au  point  de  vue  de  laperception 
des  impôts  qui  étaient  affermés1. 

Le  contrat  de  location  se  forme  solo  consensu,  et  il  n’est 
pas  besoin  que  l’échange  des  consentements  ait  lieu  dans 
une  forme  solennelle  ou  soit  confirmé  par  un  serment 
quelconque  2.  Les  parties  pouvaient  se  contenter  d’un 
bail  verbal,  mais  on  préférait  toujours,  en  raison  de  l’im¬ 
portance  du  contrat,  en  consigner  les  clauses  par  écrit 3. 
Cet  écrit  (c uv^xat)  était  ensuite  généralement  déposé  soit 
entre  les  mains  d’un  particulier,  soit  dans  un  temple  *. 
Lorsqu’il  s’agissait  de  la  location  de  biens  appartenant  à 
des  personnes  morales,  temples,  tribus,  dèmes  ou  autres, 
il  était  nécessaire  de  porter  le  contrat  à  la  connaissance 
de  tous,  et  on  le  gravait  d’une  manière  durable  sur  pierre 
ou  sur  bronze. 

La  conclusion  des  baux  passés  par  les  personnes 
morales  se  distingue,  à  un  autre  point  de  vue,  de  celle 
des  baux  intervenant  entre  de  simples  particuliers,  en  ce 
quelle  est  soumise  à  l'observation  de  certaines  formalités. 
Le  contrat  est  habituellement  passé  par  les  représentants 
de  la  personne  morale,  magistrats  ou  agents  ordinaires 
de  la  cité,  de  la  corporation  ou  du  dieu,  ou  bien  par  des 
commissaires  spécialement  élus.  Le  contrat  peut  aussi 
être  passé  par  la  corporation  tout  entière  réunie  ou  assem¬ 
blée;  tel  est  le  contrat  de  bail  consenti  par  le  dème 
d'Aixoné  5.  Lorsque  le'bail  est  conclu  par  les  représentants 
de  la  personne  morale,  ils  doivent  se  conformer  aux  lois 
ou  décrets  qui  régissent  la  matière,  en  général,  ou  aux 
règlements  spéciaux  qu’il  plaisait  au  peuple  d’édicter 
pour  un  cas  particulier.  C’est  ainsi  qu’à  Athènes  il  y  avait 
une  loi,  qui  ne  nous  est  point  d’ailleurs  parvenue,  sur  la 
location  des  domaines  sacrés6,  mais  nous  possédons 
celle  de  Délos,  ordinairement  appelée  la  Up«  ffuyYpaœTj  7. 
C'est  aux  enchères  qu’avait  lieu,  en  principe,  la  location 
des  biens  sacrés  ou  publics 8. 


1  Cf.  sur  1  affermage  des  impôts  :  Boeckïi,  t.  I,  p.  384;  Schoemann-Galuski, 
t.  1,  p.  313;  Gilbert,  t.  I,  p.  394;  Caillcmcr,  Contrat  de  vente,  p.  34. 

—  2  Beauchet,  Bist.  du  droit  privé  de  la  Jflép.  athénienne ,  t.  1,  p.  161.  Voir 

toutefois  Haussoullier,  Bull,  de  corr.  Iiell.  t.  III,  p.  253.  —  3  Theophr.  De 
caus .  plant.  II,  il,  3.  —  4  Demostli .  Pro  Phorm .,  64.  —  3  Dareste, 

Haussoullier  et  Reinach,  p.  238,  1.  1.  —  C  Aristot.  Constit.  des  Athén.  c.  47. 

—  7  Homolle,  Archives  de  l’intendance  sacrée  à  Délos,  p.  119;  Bulletin,  VI 
(1881),  p.  63;  XIV  (1890),  p.  421  et  430.  -  8  Homolle,  Bulletin,  XIV,  p.  430; 


LOC 


Le  contrat  de  louage  fait  naître  des  oblitr  r 
proques  à  la  charge  soit  du  bailleur,  soit  q,,  ‘°as  Féci‘ 
ce  qui  concerne  d’abord  le  bailleur!  il  doit  1,n'"eur’  E« 
preneur  la  jouissance  de  la  chose  louée  p,.n  j’I0CUrer  au 


durée  du  bail,  et  livrer  cette  chose  au  p^oj,0'110  la 

Uro  de  SOn  obligation 


tous  ses  accessoires.  Comme  corollaire  avec 


de  faire  jouir  le  preneur,  le  bailleur  est  tenu  de  r . ] 

réparations  dont  la  chose  louée  a  besoin  I  ..  aU'elos 
déliens  paraissent,  à  ce  sujet,  mettre  à  la  charge  tÜT? 
leur  toutes  les  réparations,  sans  distinction  entre  les 
rations  locatives  et  les  réparations  d’entretien»  jp  •l’1®' 
doit  conclure  d’autres  documents  que  les  comptes  déb 
ne  se  réfèrent  qu’aux  grosses  réparations  et  que  les  'J'"8 
rations  locatives  incombent,  en  principe,  au  preneJi 

Une  autre  conséquence  de  l’obligation  de  faire  jouir  lêl 
preneur  est  pour  le  bailleur  de  garantir  celui-ci  contre 
toute  éviction.  Lorsque  toutefois  le  bailleur  aliène  J 
chose  après  l’avoir  déjà  louée,  le  preneur,  n’ayant  point 
cle  droit  réel,  ne  peut  se  prévaloir  de  l’antériorité  de  son 
titre  vis-à-vis  de  l’acquéreur.  Celui-ci  peut  donc  expulser 
le  locataire,  à  moins  que,  par  une  clause  formelle  de  son 
acte  d’acquisition,  il  ne  se  soit  obligé  à  respecter  le  bail. 
Pour  se  garantir  contre  ce  danger,  le  preneur  peut  stipuler 
dans  le  bail  l’interdiction  de  vendre  la  chose  louée  avant 
un  certain  délai  ou  avant  l’expiration  du  bail  “.  Sans 
doute,  cette  interdiction  n’est  pas  opposable  à  l’acqué¬ 
reur,  mais  elle  fournit  une  garantie  au  preneur  en  l'auto¬ 
risant  à  intenter  une  action  pXaS-qç 12  contre  le  vendeur 
en  cas  de  contravention,  et  la  crainte  de  subir  une  con¬ 
damnation  au  double  sur  cette  action  devra  détourner  le 
bailleur  de  vendre  la  chose  louée  ou  le  porler,  en  cas 
d’aliénation,  à  exiger  de  l’acquéreur  le  respect  du  bail 
antérieur.  En  cas  d’usurpation  commise  par  des  tiers, 
notamment  par  des  voisins  sur  les  biens  loués,  le  fermier 
peut  agir  directement  contre  eux  et,  si  ces  tiers  sont  con¬ 
damnés  à  une  amende  à  raison  des  dégâts  qu’ils  ont 
commis,  le  fermier  garde  l’amende  pour  lui  1!. 

Le  preneur  est,  de  son  côté,  tenu  de  certaines  obliga- , 
fions.  Il  ne  peut  d’abord  entrer  en  jouissance  qu’aprèsj 
avoir  fourni  les  cautions  dont  nous  parlerons  ultérieure-  j 
ment.  Une  fois  le  bail  en  cours,  sa  principale  obligation 
consiste  à  payer  le  prix  de  location,  gisOoç,  [usûwsi? 
ou  Êvot'xiov,  suivant  qu’il  s’agit  d’un  bien  rural  ou  dune  I 
maison.  L’obligation  de  payer  le  loyer  a  toutefois  un  I 
caractère  successif  par  cela  que  lajouissance  de  la  ibose  I 
louée  est  fournie  d’une  manière  successive.  Il  en  résu  e  j 
notamment  que,  comme  le  stipulent  certains  baux,  i  } a  , 
lieu  à  réduction  ou  à  remise  du  fermage,  si  ba  jolIi^anC^  I 
du  fermier  est  entravée  par  des  faits  de  guerre  •  1 

serait  imprudent  de  généraliser  et  d’étendre  .1  l0“s  ni 
cas  fortuits  ce  qui  est  admis  pour  le  cas  de  gi"  1"  • 

jgpc  riai'n î  1  avoir  été  assez  t 


Le  taux  des  fermages  parait  avoir -été  as^z 


Ainsi  en  Attique  on  voit  des  maisons  rappoih1  1 
9  pour  100.  Les  terres  rapportaient  naturellemen  u^  ^ 
moins  que  les  habitations.  D’une  manièie  g1 
loyer  des  immeubles  était  sensiblement  inb  111 


générale,  le 


437.  -  10  cr> 

Darcsle,  Haussoullier  et  Keiuach,  p.  263.  9  Homolle,  .  ^.glenic"1 

conlrat  de  location  d'Amorgos,  Bulletin,  XVI  (1892),  P-  -  ^  og-24.  V°'r 

dème  du  Pirée,  in  Dareste,  Haussoullier  et  Reinach,  !>•  -■  ’  |[alissoulh<'r  'j 
Beauchet,  t.  II,  4,  p.  168.  —  il  Bail  du  dème  d'Aixoné,  m  »  11  Bal 

Reinach,  p.  238,  1.  9-12.  —  12  Cf.  le  bail  précité,  Ibid.  P-  -  ]  ’  (jg'l30.  -  1»  N 
d’Héraclée,  in  Dareste,  Haussoullier  et  Reinach,  p-  204,  s  •  |  12-1* ;  i>allJ  e 

des  Aixonéens,  in  Dareste,  Haussoullier  et  Reinach,  p.  ( ,,  j,(int, flirt,  !■  P  1  " 
la  phratrie  des  Dyaliens,  in  Corp.  inscr.  ait.,  II,  600. 


—  1283  — 


LOC 


,allX  ce  qui  s’explique  par  les  risques  moins 
l^rèldes  cJPj  *  le  propriétaire  ». 
grands  coin  est,  en  principe,  payable  en  argent. 

Lel0)TI'Ti  s'agit  de  biens  ruraux,  le  fermage  peut 
MaiS’  qU  r  nnvable  en  nature2,  ou  bien  encore  partie  en 
être  stipule  IM-  nature  3>  La  redevance  est  invariable 

k’^liée  du  bail,  sauf  le  cas  de  réduction  précé- 
1" :  io-nulé  Par  contre,  aussi,  elle  peut  etre  aug- 

r' ü? r„â dôurième  dans  les  années  qu,  ont  un  mois 
“l,  lu, ire,  mais  cet  usage  ne  se  rencontre  que  dans 
JC  emphytéotiques*.  Dans  le  cas  de  métayage, 
rince  varie  proportionnellement  a  1  importance  de 
,  réc„Ite.  liais  ce  mode  de  location,  qui,  a  Athènes, 
hit  iris  usité  à  l'origine,  à  l'époque  des  «»TW.pu.  do 
tien  lie  semble  plus  pratiqué  au  temps  des  orateurs. 
rt  parties  avaient  toute  latitude  pour  déterminer  les 
de  paiement  du  loyer,  et  elles  en  usaient  à  leur 
eré  suivant  les  circonstances,  stipulant,  par  exemple,  que 
Loyer  serait  payable  en  une  fois,  généralement  au  mois 
d’Hécatombéon,  ou  bien  en  deux  fois,  aux  mois  d’IIéca- 
tombéon  et  de  Posidéon,  ou  même  en  trois  fois,  aux  mois 
d’Hécatombéon,  de  Gamélion  et  de  Thargélion.  AAlhènes, 
le  mois  d'Hécatombéon  figure  dans  presque  tous  les  baux, 
et  c’était  vraisemblablement  un  des  termes  habituels  de 
paiement  pour  l’année  échue.  Dans  le  reste  de  la  Grèce, 

I  existait  une  assez  grande  variété  d’usages  à  cet  égard  "• 
La  charge  du  loyer  ne  s’augmente  point  d’ailleurs  du  paie¬ 
ment  des  contributions  publiques  :  celles-ci  incombaient 
au  bailleur,  à  moins  que  le  contraire  n’eût  été  stipulé  \ 
En  dehors  du  paiement  du  loyer,  le  preneur  est  encore 
tenu  d’autres  obligations  spéciales.  Il  doit  d’abord  user 
de  la  chose  en  bon  père  de  famille.  Quelquefois  le  contrat 
entre  à  cet  égard  clans  de  nombreux  détails,  par  exemple 
sur  la  façon  à  donner  aux  vignes,  les  assolements,  la 
fumure  des  terres,  etc.  b  Le  fermier  doit,  à  plus  forte 
raison,  respecter  la  destination  de  la  chose  louée,  de 
façon  que  le  bailleur  la  retrouve  à  la  fin  du  bail  telle  qu’il 
l’a  livrée .  Il  ne  peut,  en  conséquence,  apporter  aucune 
modification  à  i’état  du  sol,  par  exemple  ouvrir  des  car¬ 
rières,  sang  l’autorisation  du  propriétaire.  De  même,  si 
le  domaine  loué,  renferme  des  arbres,  il  lui  est  interdit  de 
les  couper;  il  a  seulement  le  droit  de  se  servir  du  bois 
pour  des  constructions  ou  des  ëchalas,  ou  de  couper  du 
bois  mort  pour  ses  besoins  domestiques  8.  Dans  les  baux 
à  longue  durée,  abstraction  faite  même  des  baux  emphy¬ 
téotiques,  le  fermier  a  pour  devoir  non  seulement  de  con¬ 
server  ]  immeuble  en  l’état  où  il  l’a  reçu,  mais  encore  de 
Paméliorer.  Ainsi,  dans  un  bail  athénien  de  vingt  ans,  le 
fermier  est  tenu  de  clôturer  le  terrain  avant  telle  date  et 
I  ePantCT  au  moins  deux  cents  boutures  d’oliviers9. 

L  6  Pu  neur  ne  parait  pas  avoir  eu  la  faculté  de  sous- 
|ola  enCdS  ^  ^oca^on  d’un  immeuble  rural.  Cela  résulte 
bail  ", 'ln  nl  ,^e  ce  <îue’  comme  nous  le  verrons,  un  pareil 
men|  "  lin  Par  la  mort  du  fermier.  Mais  il  en  est  autre- 
étaii  ni  1  '<JS*3aux  d’immeubles  urbains.  Les  maisons 
princircj1  ,^ll"  neS!  généralement  louées  à  un  locataire 
1  ’  '  vau*^qpoç,  pour  qu’il  sous-louât  lui-même  à 

|  1  Cf  | 

fr'W/(i* jUjh  011  'mmeuljlcs,  Bücliscnscliütz,  Besitz  und  Eru'erb  iin 

"  1  Bail  je  >ne’  el  s.  ;  Boeckli,  t.  I,  p.  178  ;  Caillcmer,  Luc.  cit.  p.  0. 

,  ‘■'NxWinglon,  *  EI°U8is>  E?’U‘-  «?/.•>  1883,  p.  120,  1.  40.  -  3  Le 

§  4.  __  5  y  cl  15 .  —  4  Dareste,  Haussoullicr  et  Reinacli, 

location  des  ,|un  eaucIiot,  t.  IV,  p.  176,  177,  —  G  Comme  dans  le  contrat 

^•âo,  »  i  11  s  ,lc  Zeus  1  émènilès  a  Amorgos,  Bulletin,  XVI,  p.  280, 

!s*°i  Haussoullior  .i",?  G aliens,  C.  inscr.  att.,  Il,  600;  contrat  d’Héraclée, 
'cinach,  p.  204,  1,  120  et  s.  —  8  Dareste,  Haussoullicr 


LOC 

d’autres  personnes,  principalement  à  des  étrangers  ou  à 
des  métèques.  La  faculté  de  sous-louer  devait  donc  appar¬ 
tenir  au  locataire,  à  moins  de  convention  contraire10. 

Le  louage  de  choses  finit  régulièrement  par  l’arrivée 
du  terme  convenu,  terme  qui  est  fixé  soit  par  la  loi,  soit 
par  la  convention.  A  Athènes  et  à  Délos,  les  domaines 
sacrés  étaient  tous  loués  pour  dix  ans.  Ailleurs,  ils  étaient 
quelquefois  affermés  pour  un  temps  moins  long.  Sauf 
pour  les  terrains  sacrés,  il  n’y  avait  point  à  Athènes  de 
règle  fixe  pour  la  durée  des  baux.  On  rencontre  des  baux 
de  dix,  même  de  quarante  ans.  Les  baux  consentis  par  les 
personnes  morales  devaient  naturellement  avoir  une  durée 
plus  longue  que  ceux  consentis  par  des  particuliers".  Le 
fermier  sortant  peut  d’ailleurs  demander  le  renouvellement 
ou  la  prorogation  de  son  bail.  A  Délos,  par  une  combinai¬ 
son  avantageuse  à  toutes  les  parties,  la  fspi  suy ysacfvj  dis¬ 
posait  que  le  bail  pouvait  être  prorogé,  au  gré  du  preneur, 
sans  adjudication  nouvelle,  pour  une  nouvelle  période 
décennale,  moyennantune  augmentation  de  10  pour  100  1 ’. 
On  ne  peut  savoir,  en  l’absence  de  renseignements  précis, 
si  le  droit  grec  admettait  la  tacite  reconduction  13. 

Le  bail  peut  prendre  fin  exceptionnellement  avant 
l’arrivée  du  terme,  d’abord  par  l’application  des  principes 
généraux,  comme  en  cas  de  perte  forluite  de  la  chose 
louée  ou  d’inexécution  des  engagements  du  preneur.  Il 
est  aussi  résilié  par  la  mort  du  locataire  ;  mais  les  docu¬ 
ments  qui  signalent  cette  cause  de  résolution  concernent 
des  immeubles  ruraux14,  et  il  est  probable  qu  elle  n  était 
pas  admise  pour  les  immeubles  urbains 13. 

La  cessation  du  bail  entraîne  pour  le  preneur  l’obliga¬ 
tion  de  restituer  au  bailleur  la  chose  louée  telle  qu’il  l’a 
reçue.  Souvent,  pour  prévenir  toute  difficulté  entre  les 
parties,  on  dressait  un  état  des  lieux  au  moment  de  l'en¬ 
trée  en  jouissance  par  le  locataire 10.  C’est  également  dans 
ce  but  que  l’on  procédait  quelquefois  à  une  délimitation 
exacte  des  terrains  loués l7.  Certains  contrats  renferment, 
au  surplus,  des  dispositions  destinées  à  faciliter  une  nou¬ 
velle  location  et  à  assurer  la  transmission  de  l'immeuble 
au  nouveau  fermier.  C’est  ainsi  qu’un  bail  d'Amorgos 
oblige  le  locataire,  en  quittant  le  domaine,  à  remettre  la 
provision  de  fumier  au  complet18. 

Le  plus  souvent  les  parties  ne  se  contentaient  pas  des 
actions  mises  par  la  loi  à  leur  disposition  pour  assurer 
l’exécution  des  obligations  réciproques  nées  du  louage; 
elles  inséraient  dans  leur  contrat  diverses  stipulations  de 
nature  à  leur  procurer  une  garantie  plus  efficace.  Ces 
clauses  spéciales  visaient  principalement  le  preneur  et, 
en  ce  qui  concerne  le  bailleur,  on  ne  rencontre  guère  que 
la  clause  précédemment  signalée  et  par  laquelle  celui-ci 
s’engage  à  ne  pas  vendre  ou  louer  l’immeuble  affermé 
avant  l’expiration  du  bail.  Quant  au  preneur,  il  est  le  plus 
souvent  tenu  de  fournir  des  cautions  19. 

Les  infractions  aux  clauses  du  bail  relatives  à  la  jouis¬ 
sance  du  locataire  entraînent  le  paiement  soit  de  dom¬ 
mages-intérêts,  soit  même  d’une  amende.  Le  montant 
des  dommages-intérêts  est  souvent  fixé  d’avance  par  le 
contrat20.  La  principale  obligation  du  locataire,  celle  de 

cl  Reinacli,  p.  20G,  1.  137.  —  3  C •  i.  (lit.,  1\ ,  113  a,  1.  30  cl  s.  —  10  Bcauchct, 
t.  IV,  p.  181.  —  11  Cf.  Guiraud,  La  propriété  foncière  en  Grèce,  p.  426  ;  Bcauclict, 
t.  IV,  p.  183.  —  '2  Voir  Homolle,  Bulletin,  XIV,  p.  431.  —  13  Cf.  Bcauclict,  t.  IV, 
p.  184.  —  u  Voir  noltftnmcnt  bail  de  Dclos,  Bulletin,  XIV,  p.  431.  —  13  Beaucbel, 
t.  IV,  p.  185.  —  ,c  llomollc,  Bulletin,  XIV  (1890),  p.  422  et  s.  —  17  Dareste, 
Haussoullicr  et  Reinach,  p.  194  et  s.  —  18  Bulletin,  XVI  (1892),  p.  288.  —  19  Cf. 
Bcauclict,  t.  IV,  p.  187.  —  20  Dareste,  Haussoullicr  et  Rciuacli,  p.  202,  I, 
113. 


payer  le  prix,  est  sanctionnée  de  diverses  manières,  tantôt 
par  le  doublement  de  la  dette  faute  de  paiement  à 
l’échéance,  tantôt  par  une  simple  majoration  de  ôOpour  100, 
tantôt  par  l’annulation  du  bail  ipso  faclo.  L’annulation 
peut  même  se  cumuler  avec  le  doublement  de  la  dette. 
Un  autre  moyen  de  contrainte,  assuré  quelquefois  au  bail¬ 
leur  parle  contrat,  consiste  dans  le  droit  de  pratiquer  une 
saisie  sur  les  biens  du  fermier  en  retard  (êve^upaata)  et 
cela  sans  avoir  besoin  de  faire  préalablement  établir  sa 
créance  par  un  jugement  *.  Outre  les  divers  moyens  que 
nous  venons  de  signaler  et  qui  résultent  des  clauses  du 
contrat,  la  loi  elle-même  intervient  quelquefois  pour 
assurer  le  paiement  du  loyer.  Ainsi,  à  Athènes,  d’après 
une  loi  citée  par  Démosthène,  ceux  qui  n’acquittent  pas 
les  fermages  des  terrains  sacrés  sont  frappés  d’atimie,  eux, 
leurs  enfants  et  leurs  héritiers,  jusqu’à  parfait  paiement2. 

En  ce  qui  concerne  les  actions  judiciaires  naissant  du 
contrat  de  louage,  on  a  prétendu  que,  dans  le  droit 
attique,  il  y  avait  une  action,  analogue  à  l’action  locati  du 
droit  romain,  par  laquelle  le  bailleur  pouvait  poursuivre 
d’une  manière  générale  l’exécution  de  toutes  les  obliga¬ 
tions  imposées  par  le  contrat  au  preneur.  Cette  action 
générale  aurait  été  la  otx*q  [xurOwüswç  ou  gtsOoü  3.  Mais 
celte  affirmation  ne  repose  sur  aucune  preuve  et  nous 
croyons  qu’il  n’y  avait  en  matière  de  louage  que  des 
actions  spéciales  à  certaines  obligations  du  preneur, 
abstraction  faite  d’ailleurs  des  actions  dont  l’application 
est  possible  dans  tous  les  contrats  en  général. 

La  première  des  actions  particulières  au  louage  des 
choses  est  la  8t x-q  Ivotxioo,  action  tendant  au  paiement  du 
loyer.  Il  est  vrai  que  les  grammairiens,  et  notamment 
Harpocration,  présentent  cette  action  comme  une  des 
phases  de  la  procédure  de  revendication.  Mais  il  est  géné¬ 
ralement  admis,  même  par  ceux  qui  considèrent  la  3 t'xvj 
èvoixtoo  comme  une  voie  de  revendication  et  non  comme 
une  mesure  d’exécution,  que  cette  action  est  également 
applicable  au  contrat  de  louage  On  admet  d’ailleurs 
qu’à  côté  de  la  oix-q  Ivoixtou,  réservée  au  louage  des  mai¬ 
sons,  devait  fonctionner  la  3cV.-q  xaprcou,  appliquée  au 
louage  des  fonds  de  terre.  Aucun  texte  toutefois  ne  signale 
l’application  de  la  oix-q  xxjttou  en  matière  de  louage  5.  Au 
surplus,  l’exercice  des  actions  précitées  devait  être  assez 
rare  de  la  part  d’un  bailleur  contre  le  preneur.  En  effet, 
lors  de  la  conclusion  de  la  plupart  des  baux,  on  dressait 
un  acte  écrit  ((ruvQîjxai)  de  la  convention  et  de  ses  différentes 
clauses,  de  sorte  qu’en  cas  de  contravention  à  ces  clauses 
soit  de  la  part  du  preneur,  soit  même  de  la  part  du  bail¬ 
leur,  la  partie  intéressée  pouvait  exercer  l’action  générale 
(T'jaëoXatwv  ou  <tuvÔy ,xà>v  -aoxêàffetoî.  Le  propriétaire  ne 
recourait  vraisemblablement  à  la  Six-/)  èvotxi'ou  qu’en  l’ab¬ 
sence  d’un  bail  régulier.  Il  pouvait  aussi  y  avoir  lieu,  le 
cas  échéant,  à  l’exercice  de  l’action  générale  pXàg-qç. 

Les  grammairiens  mentionnent  l’existence  de  deux 
au  très  actions  qui  garantissent  vraisemblablement  certains 
droits  spéciaux  du  bailleur:  ce  sont  les  actions  àp.sXiou  et 
àvEiupYiou.  Nous  avons  précédemment  indiqué  la  portée 
probable  de  ces  actions 6.  On  a  voulu  enfin  rattacher  à  la 
matière  du  louage  certaines  actions  mentionnées  par 


*  Dareslc.  Haussoullicr  et  Keinacli,  p.  238,  §  2,1.  a.  —  2J)cmoslli.  C.  Macart 
§  53.  —  3  Meier  et  Schfîm&nn,  Attische  Process ,  lrc  éd.  p.  533.  —  '*  Voir  l’art. 
ENOïKiou  dikè.  —  »  Voir  karpou  dikè.  —  6  Voir  ameliou  dikè,  ageorgiou  dikè. 
—  ~i  Poil.  VIII,  31.  —  8  Cf.  Beauchet,  t.  IV,  p.  108.  —  9  Voir  aussi  Beauchet, 
t.  III.  p.  313  et  s.  et  t.  IV,  p.  108  et  s.  —  10  Xcn»  Ment.  Socr.,  III,  1,2;  Strab. 


Poli u x  et  sur  lesquelles  tous  autres  reaseignou 
défaut,  à  savoir  les  Si'xat  cpopïç  àtpavoaç  et*  ^  f°nl 
Ces  actions  auraient  été  applicables  en  cas  de^o^1^1, 
esclaves.  Mais,  vu  l’insuffisance  des  texte*  „  "aëetles 


faire  à  cet  égard  aucune  conjecture  sérieuse8'  i"  /'  ^lul 
relatives  au  louage  rentraient  vraisemblablement  'p8 
l’hégémonie  des  thesmothètes,  sauf  celles  u  •  . 

trait  à  la  location  des  biens  des  pupilles,  qui  étaient -  P1 
delà  compétence  de  l’archonte  éponyme 
Les  baux  emphytéotiques,  qui  ont  un  caractère  inle  I 
médiaire  entre  la  vente  et  le  louage,  sont  soumis  à  cl 
laines  règles  spéciales  que  nous  avons  précédemment 
exposées  [empuyteusis]  fl. 

B.  Louage  d’ouvrage.  —  Le  contrat  de  louage  d’ou¬ 
vrage  ,  correspondant  à  la  localio  operis  du  droit  romain 
s’applique,  dans  le  droit  grec,  à  des  travaux  de  différents 
genres.  Abstraction  faite  de  l’entreprise  de  transports  sur 
laquelle  nous  reviendrons,  ce  louage  se  rencontre  d’abord 
dans  l’entreprise  des  bâtiments  ou  autres  travaux  publics. 


Mais  si  c’est  là  son  application  la  plus  importante,  et 
même  la  plus  fréquente,  du  moins  d’après  les  documents 
qui  nous  sont  parvenus,  il  apparaît  aussi  dans  d’autres 
circonstances.  Ainsi  les  anciens  auteurs  parlent  à  plusieurs 
reprises  de  contrats  de  ce  genre  passés  avec  des  artistes 
pour  la  confection  de  tableaux  ou  de  statues10.  Le  louage 
d’ouvrage  intervient  également  à  l’occasion  de 'travaux! 
de  cultures,  de  l’enlèvement  des  récoltes  ",  du  dessèche¬ 
ment  des  marais  ,2.  Il  y  a  encore  louage  d’ouvrage  dans 
les  contrats  par  lesquels  une  personne  s’engage  à  faire 
certaines  livraisons  de  couronnes,  par  exemple  pour  les 
fêtes  publiques13,  ou  à  graver  une  inscription14. 

Celui  qui,  dans  ces  différentes  hypothèses,  fournit  un 
travail  pour  de  l’argent,  le  conductor  du  droit  romain, 
celui  que  nous  nommons  aujourd’hui  l’entrepreneur,  est 
désigné  par  le  mot  IpyoXâëoç  et  l’entreprise  par  le  mot 
èpyoXaêsta  [ERGOLABOS]. 

Le  contrat  d’entreprise,  dans  le  droit  grec,  est  considéra 
comme  ayant  plus  d’analogie  avec  le  louage  des  choses 
qu’avec  tout  autre  contrat.  L’entrepreneur  est  assimilé là, 
un  locataire,  avec  cette  différence  toutefois  qu  au  lieu 
payer  un  loyer,  c’est  lui  qui  reçoit  l’argent  du  maitre.  1 
faudrait  dire,  en  conséquence,  que  si  l’on  admet  eus, 
tence  d’une  action  générale  p.t<r0w<Tewî  enmatmu  1  <-  J 
de  choses,  c’est  au  moyen  de  cette  action  que  1 
régler  les  contestations  survenues  entre  le  maiio  ' 
trepreneur  1S.  L’exercice  de  cette  action  di  \  mt, 
plus,  être  assez  rare,  car  les  contrats  d  eut'1  P”  ^  ^ 
voyaient  presque  toutes  les  contraventions  P1'’  .. 

la  part  de  l’un  ou  de  l’autre  des  contractants  ^ 

maientpar  des  clauses  pénales  qui  rendue  n 

recours  aux  tribunaux-  .  _ uriu  louage,  en 

Le  louage  d’ouvrage,  comme  tout  con  <  nlgCt» 
général,  se  conclut  par  l’échange  des  constii  ^  ault,ursj 
n’est  pas  besoin  de  la  rédaction  d  un  eLl1^  du  louage 

parlent,  il  est  vrai,  de  ffuyypatp^  à  1  P'f  Ptc n’est nulle* 
d’ouvrage16.  Mais  l’existence  d  un  puui  ^  ^  (j'.llltre 
ment  nécessaire  pour  la  validité  du  con  r  j.cg  s0Dt 
part,  les  contrats  d’entreprises  de  travau 


II.  l‘ro  Col'ol,“\ 

.C.  *4 

12  (JoiiU-at  J  b'  !  Col1-  ' 


'lit,  p.  354;  Mut.  V.  Pelop.,  c.  2o  ;  Andoc. 

122.  —  U  Dcmoslli.  C.  Nicostr.,  §  21-  12  'ï3(jo,  2058 ;  1  ""  J, 

Iaussoullier  et  Rcinacli,  p.  143.  —  13  C.  iiisct  ■  <J  >  305. 

00.  -  u  C.  inscr.att.,  I.  20,  38,  1.  23;  Dilteuberger,  67 
iv  r»  vm  _  16  hpiriostli.  Pro  coron §  I  -  • 


—  12 $5  — 


LOC 

nt  gravés  sur  pierre,  ainsi  que  les  devis,  c’est 
régulièrement  uegà  celles  que  nous  avons  signa- 

«  ilnm’aisonb  tiucuv© 

p°u  (i(1  louage  des  choses, 

ées  à  Pr0Püi’  ;  écédemment  indiqué  [ergolabos]  les 
N°Ub  ‘IN'  '  jes  entreprises  de  travaux  publics  et 
règ’!wuî' facile  de  dégager  une  théorie  générale  du 

rlnn I  I  ,  ,  ..  «  r\ nnnnoît  rPml- 


dont  il 
louage 


d'ouvrage  dans  le  droit  grec.  On  ne  connaît  d’ail- 


gravées  sur  pierre.  Mais  on  peut 
'uniformité  des  règles  formulées 


"  ‘  i  rit  d’entreprise  privée ,  car  les  conventions 
leUrSalIrticuliers  n’étaient  pas,  comme  celles  où  figurait 

,une  cité  ou  un  temple, 

I  aacci’  <‘ii  voyant 

î;  es  contrats  connus,  <|uc  les  conventions  entre  par 
EL, étaient  régies  par  des  principes  analogues  à  ceux 
formulés  dans  les  contrats  où  une  personne 

I  morale  était  partie.  .  1  « 

■les  transports,  qui  jouent  un  s.  grand  rôle  dans  la  vie 
anomique  des  peuples  modernes,  avaient  également 
,mi,  grande  importance  dans  la  société  grecque,  et  la 
prospérité  de  certaines  villes,  d’Athènes  notamment, 
était  due  aux  opérations  commerciales  auxquelles  elles 
so  livraient.  Ces  opérations  nécessitaient  de  nombreux 
transports  qui  alors,  eu  égard  à  la  configuration  des  pays 
et  à  la  situation  des  villes,  s’effectuaient  principalement 
par  la  voie  maritime.  Or,  pour  les  réaliser,  on  pouvait 
recourir  à  l’un  des  deux  contrats  suivants,  ou  bien  à  la 
location  d’un  navire,  ou  bien  au  contrat  de  transport.  Le 
premier  n’est  qu’une  application  aux  navires  du  contrat 
de  louage  des  choses  ;  le  contrat  de  transport  rentre,  au 
contraire,  dans  le  louage  d’ouvrage  ;  le  voiturier  est  un 
mductor ,  car  il  emporte  avec  lui  ( conducit )  la  chose  dont 
on  lui  a  confié  le  transport. 

Malgré  la  fréquence  du  contrat  de  transport,  nous  ne 
possédons  presque  aucun  renseignement  concernant  les 
règles  qui  le  gouvernaient  11  devait  être  régi  par  les  prin¬ 
cipes  combinés  du  louage  et  du  mandat.  L’entrepre¬ 
neur  était  manifestement  responsable  de  la  perte  et  des 
avaries  des  choses  qu’il  s’était  chargé  de  transporter, 
à  moins  qu’il  ne  prouvât  que  la  perte  ou  les  avaries 
avaient  pour  cause  un  cas  de  force  majeure 1 .  Les 
anciens  auteurs  nous  ont  laissé  toutefois  quelques  indi¬ 
cations  sur  le  taux  du  fret  (vaOXov);  ils  nous  apprennent 
qu  il  était  généralement  assez  bas 2. 

I  C.  Louage  de  services.  —  Le  contrat  de  louage  de  ser¬ 
vices  avait,  dans  le  monde  grec,  et  à  Athènes  notamment, 
une  importance  beaucoup  moindre  que  dans  les  sociétés 
®odernes.  C’est  qu’en  effet  la  plus  grande  partie  des  ser- 
Vlces  qui  lont  aujourd’hui  l’objet  de  ce  contrat  étaient 
rendus,  dans  les  cités  antiques,  par  des  esclaves.  Ceux-ci 
baient  employés  presque  exclusivement  soit  comme  ser- 
Vltei|rs,  soit  même  comme  ouvriers.  11  ne  pouvait  être 
question  d  aucune  relation  juridique  entre  l’esclave  ainsi 
employé  et  son  maître,  puisque  l’esclave  n’avait,  en  droit, 
auunii  personnalité.  Lorsque,  d’autre  part,  un  citoyen,  ne 

I  naiti  '  ^aS  assez  d’esclaves,  louait  ceux  qui  apparte- 
ch'lenl  d  "ne  au<re  personne,  il  intervenait  un  louage  de 
nmis  V  U'1U  ProPr’ûtaire  de  ces  esclaves  et  le  locataire, 
11 1  luit  point  question  d’un  louage  de  services. 

^  P‘dil|ciinj|.  r*  i 

Zoc.oj/  ;  l|(.|'„r  'al  'lp  loua^  I’ ■  :)l;  Beaucliel,  t.  IV,  p.  220.  —  2  Cf.  Caillemev, 
~  3  Plat.  CivU™  '  l,a"leim’  p' 97’  "Ote  7;  Boockli,  1. 1,  p.  150  ;  Beauchet,  t.  IV, p.  221 . 
s  M.  —  ,  Xunnüi!’  I\M  e’  *sao'  Diexog.  her.  §  39.  —  V  Demostb,  C.  Timot., 
,  I,  1.  . —  G  Cf.  sur  le  laux  des  salaires:  Büchsenschiitz, 
7  Diog,  Laert,  IX,  §§  55,  56  ;  cf.  Beauchet,  t.  IV, 


p  3i7  mien. 

P  3i'  '•  Uoeckl.,  1. 1  D 
P*  224  —  h  i  ’  P' 
t.  iv  « ,,  :ysias* Ad*-  si 


IV,  p.  4.)  C(‘s  §  2-'>  Aeschin.  C.  Timarch.,  §  iGO.  —  9  Beauchet, 

§4:  cf-  hcauclicl  T  "1lvllauëabé’  Anti<I-  lie  II.,  II,  n«  770  c.  —  U  Plat.  Eutyphr. 

y  '  P'  —  Bibliographie.  Beauchet,  Histoire  du  droit 


LOC 

Les  services  que  l’on  avait  l’habitude  de  demander  aux 
esclaves  pouvaient  néanmoins  être  également  rendus  par 
des  hommes  libres,  citoyens  ou  métèques,  qui,  n’ayant 
pas  d’autres  moyens  d’existence,  mettaient,  comme  le  dit 
Platon,  leurs  forces  à  la  disposition  d’autrui,  moyennant 
un  salaire,  [aktOôç,  et  que  I  on  appelait  en  conséquence 
ptt<70o>Tot 3.  Si,  en  lait,  il  ne  devait  pas  y  avoir  une  grandi 
différence  entre  la  situation  de  ces  pu<70wTot  et  celle  des 
esclaves,  en  droit,  cependant,  il  existait  entre  eux  toute 
la  différence  qui  sépare  un  homme  libre  d’un  esclave,  et 
notamment  les  simples  engagés  ne  pouvaient  pas  être  mis 
à  la  question  comme  les  esclaves  \  Le  louage  des  ser¬ 
vices  pouvait  d’ailleurs  être  simplement  un  moyen  tem¬ 
poraire  de  se  procurer  un  supplément  de  revenus,  comme 
pour  les  soldats  ou  matelots  athéniens  qui,  dans  leurs 
expéditions,  occupaient  leurs  loisirs  en  se  louant  pour 
des  travaux  de  culture 

Le  louage  de  services  peut,  dans  le  droit  attique,  avoir 
pour  objet  un  service  quelconque  :  travaux  des  champs, 
travaux  domestiques,  transport  de  bagages,  etc.  Il  y  avait 
une  classe  de  mercenaires  libres  fort  importante,  et 
recrutée  de  préférence  parmi  les  métèques,  à  savoir  ceux 
qui  servaient  dans  la  flotte  ou  dans  1  armée.  En  général,  le 
taux  des  salaires  était  assez  faible,’ soit  en  raison  du  bon 
marché  des  choses  de  première  nécessité,  soit  à  raison  de 
la  concurrence  que  le  travail  servile  faisait  au  travail 
libre6.  Le  louage  de  services  pouvait  d’ailleurs,  dans  le 
droit  grec,  à  la  différence  de  ce  qui  avait  lieu  dans  le  droit 
romain,  s’appliquer  à  des  services  professionnels  comme 
ceux  du  professeur,  de  l’avocat,  du  médecin,  en  un  mot 
des  personnes  exerçant  une  profession  libérale.  Les 
salaires  des  professeurs,  notamment,  salaires  qui  étaient 
quelquefois  considérables,  pouvaient  être  réclamés  par 
une  action  p.i«jfJoO  ou  p.ta9c6<7e(uç  7.  Il  semble  même  que, 
dans  le  droit  attique,  un  service  contraire  à  la  loyauté  ou 
aux  bonnes  mœurs  ait  pu  faire  valablement  1  objet  d  un 
louage,  et  les  orateurs  parlent  à  plusieurs  reprises  d’écrits 
rédigés  à  l’occasion  de  louages  honteux,  Lraiov-^'.ç  ou 
Tiopveta  xaxoc  ffuYYpacpvjv  8.  Mais  on  doit  admettre  que  si  1  on 
dressait  des  <ruyYpa<pat  à  l’occasion  de  semblables  conven¬ 
tions,  celles-ci  ne  pouvaient  cependant  servir  de  base  a 
une  action  judiciaire9. 

Le  louage  de  services,  lorsqu'il  s’appliquait  a  des 
ouvriers,  paraît  avoir  été  l’objet  d’un  contrôle  de  la  part  de 
l’État.  Dans  quelques  localités,  les  agoranomes  étaient  in- 

vestisà  cet  égard  de  certaines  attributions  de  police.  Ainsi  un 

décret  de  Paros  félicite  un  agoranome  d’avoir  eu  soin  que 
les  journaliers  et  leurs  patrons  fussent  équitables  les  uns 
envers  les  autres,  les  premiers  s’acquittant  en  conscience 
de  leur  besogne,  les  seconds  payant  sans  contestation 

L’ouvrier  peut  se  louer  non  seulement  à  la  journée,  mais 
aussi  pour  une  période  plus  ou  moins  longue.  Le  droit 
attique  n’a  pas  admis  la  prohibition  de  certaines  législa¬ 
tions  modernes,  qui  interdisent  l’engagement  des  services 
à  vie.  Ainsi  le  louage  de  services  connu  sous  le  nom  de 
6r,Tsia,  pouvait  vraisemblablement  être  contracté  à  vie  ". 

Beauchet. 

privé  de  la  République  athénienne,  t.  IV,  p.  156  el  s.  ;  Caillemer,  Études  sur  Us 
antiquités  juridiques  d'Athènes,  Le  contrat  de  louage  ;  Dareste,  Haussoullier  el 
Reinacli,  Recueil  des  inscript,  juridiques  grecques,  t.  I,  p.  235  et  s.  ;  Euler,  De  loca- 
tione  conductione  atque  emphyteusi  Graecorum,  Giessen,  1882  ;  Guiraud,  La  pro¬ 
priété  foncière  en  Grèce  jusqu'à,  la  conquête  romaine,  p.  421  et  s.  ;  HefTter,  Die 
Athen.  Gericlitscerfassung,  Ktiln,  1822,  p.  264  et  s.  ;  Hermann-Thalheim,  Reclilsal- 
tertümer,  p.  90  et  s.;  Meier,  Schumann  et  Lipsifls,  Der  attische  Process,  passim; 
Plalner  Der  Process  und  die  Klageil  bei  de »  Attikern,  Darmstadt,  1824,  t. Il,  p.  3l". 

162 


—  1286  — 


LOC 


I.OC 


LOCATIO  CONDUCTIO.  —  Rome.  —  Le  mol  locare  ex¬ 
prime  le  fait  de  placer  une  chose  à  la  disposition  d’autrui. 
Il  n’a  pas  par  lui-même  de  valeur  technique.  D’assez  bonne 
heure,  et  tout  au  moins  au  temps  de  Plaute,  on  l'employa 
pour  désigner  une  convention  par  laquelle  une  personne 
s’engage  à  procurer  à  une  autre,  moyennant  une  merces , 
l'usage  temporaire  d’une  chose1.  Pour  caractériser  cette 
acception  particulière  du  mot  locatio ,  on  prit  l’habitude 
de  le  faire  suivre  du  mot  conductio  qui  indiquait  la 
contre-partie  de  l'acte  qu'on  avait  en  vue.  On  en  avait  fait 
autant  pour  la  vente,  emptio  vend  il  io. 

En  même  temps,  la  notion  du  louage  a  été  élargie  ;  on 
l'a  étendue  au  bail  à  ferme.  La  notion  antique  du  louage 
était  ici  insuffisante;  il  fallait  donner  au  fermier  non 
pas  seulement  l'usage,  mais  la  jouissance  delà  chose,  le 
droit  aux  fruits  qu’elle  est  susceptible  de  produire  en 
l’obligeant  à  faire  le  travail  nécessaire  pour  préparer  la 
récolte.  Jusqu’alors  on  ne  connaissait  d’autre  manière  de 
disposer  des  fruits  à  venir  que  la  vente,  et  elle  ne  se 
concevait  que  pour  les  fruits  naturels2.  Pour  les  fruits 
industriels,  ce  mode  de  disposition  n’était  guère  possible  : 
l’acheteur  acquiert  sur  la  chose  un  droit  de  maître  qui 
se  concilie  mal  avec  une  obligation  de  faire.  Pourtant 
telle  fut  la  solution  d’abord  admise  en  droit  public; 
l’État,  qui  ne  pouvait  exploiter  comme  un  particulier, 
vendit  la  jouissance  de  ses  terres  à  charge  par  l’adjudi¬ 
cataire  de  les  cultiver3.  Mais  lorsque  la  jurisprudence 
réussit  à  donner  aux  notions  juridiques  la  précision  qui 
distingue  l’époque  classique,  on  renonça  à  traiter  comme 
un  acheteur  l’adjudicataire  qui  n’avait  que  la  jouissance 
temporaire  de  la  chose  :  on  le  considéra  comme  un 
locataire4.  Cette  conception  avait  d’ailleurs  un  grand 
avantage  pratique  :  le  bailleur  fut  tenu  de  faire  jouir  le 
locataire  ( pvaestare  frui  licere)5  ;  par  suite,  l’obligation 
du  fermier  consistant  à  payer  le  prix  du  bail,  au  lieu 
d’être  en  quelque  sorte  fixée  à  forfait  comme  celle 
d'un  acheteur,  fut  proportionnée  à  la  durée  de  sa  jouis¬ 
sance. 

A  la  fin  de  la  République  et  sous  l’Empire,  le  louage 
se  présente  à  Rome  sous  trois  formes  :  louage  de  choses 
(, locatio  rei) ,  louage  de  services  (< locatio  opérant m),  louage 
d’ouvrage  (locatio  operis  faciendi). 

Lelouage  estun  contrat  synallagmatique  usité  endroit 
public  aussi  bien  qu’en  droit  privé.  Il  a  reçu  une  large 
application  en  droit  public  avant  d’être  consacré  par  le 
droit  privé  comme  contrat  consensuel G.  On  vient  de  dire 
que  l’État  mit  en  valeur  les  terres  qu’il  possédait  sous  la 
forme  d’un  louage  de  chose  ( agrum  fruendum  locare'1). 
C’est  au  moyen  de  la  locatio  operarum  que  chaque  ma¬ 
gistrat  se  procurait  les  services  des  auxiliaires  libres 
dont  il  avait  besoin  pour  l’exercice  de  sa  charge.  Enfin 
la  locatio  operis  faciendi  était  d’un  usage  courant  poul¬ 
ies  travaux  publics  et  les  fournitures  de  l’armée8. 

LOCATIO  CONDUCTIO.  I  Cf.  Édouard  Cuq,  Institutions  juridiques  des 
Romains ,  t.  I,  p.  622,  n.  1,  3  et  4.  —  2  Ibid.  p.  62G.  —  3  Fest.  v°  Venditiones. 

—  4  Cf.  sur  la  période  de  transition,  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  I.  I,  p.  629,  n.  1. 

—  5  Pompon,  ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  2,  9  pr.  —  6  Cf.  pour  l’influence  exercée 
par  le  droit  public  sur  la  formation  des  contrats  consensuels,  Edouard  Cuq,  Op. 
cit.  t.  I,  p.  601-602.—  1  Ibid.  p.  628.  —  8  Ibid.  p.  621,  n.  3.  -9  Gai.  IV,  28. 

—  10  Cf.  sur  l’histoire  du  louage  aux  premiers  siècles  de  Rome,  Édouard  Cuq,  Op. 
cit.  t.  I,  p.  615  et  suiv.  —  u  Paul.  34  ad  Ed.  eod.  1.  —  12  Gai.  2  rer.  quotid.  eod. 

2  pr.  —  13  Ulp.  32  ad  Ed.  eod.  9,  6;  Tertull.  1  Quaesl.  Dig.  XLI,  2,  26.  —  Pomp. 

8  ad  Q.  Mue.  Dig.  XXXIII,  3,  66  ad  finem.  —  15  Gai.  7  ad  ed.  prov.  Dig.  VII,  7,  3. 
Pour  le  droit  d’habitation,  Ulp.  17  ad  Sab.  Dig.  VII,  8,  4  pr.;  8  pr.  ;  cf.  Édouard 
Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  623.  —  10  Çaul.  3i  ad  Ed.  Dig.  XIX,  2,  22,  3  :  Quemadmo, 
dura  in  emendo  et  vendendo  naturaliter  concessum  est  guod  pluris  sit  minori , 


Les  questions  relatives  au  louage  en  droit 


été  traitées  aux  mots 


Public  i 


CENSORIA  LOCATIO,  APPAR1; . .  0111 

locationis.  On  ne  s’occupera  ici  qUe  du  l0URo.  ,URES|  LE* 

t'n  droit 


prive. 


I.  LOCATIO  RE..  -  Des  trois  applications  du 


10  ret,  mais  elle  n’eut 


louage 

Pendant 


la  plus  ancienne  est  la  locati 
longtemps  qu’une  portée  restreinte 

Le  louage  de  maison  n’avait  pas  de  raison  d’être  q  J 
que  tout  citoyen  avait  son  domicile  en  ville  sur' ' 
rain  concédé  par  l’État.  Il  en  était  de  même  Tn 
il  ferme  :  chaque  chef  de  maison  cultivait  lui-même  I 
terres  ou  faisait  paître  ses  troupeaux  avec  l’aide'  il 
membres  de  sa  famille  et  de  ses  clients.  Seul  le  l,'luaeS] 
des  bêtes  de  trait  ou  de  somme  était  pratiqué  auten^ 
de  la  loi  des  Douze  Tables9. 

D’assez  bonne  heure,  le  louage  de  maison  devint  une 
nécessité  pour  les  clients  qui  n’avaient  plus  de  patron 
pour  pourvoir  il  leurs  besoins  par  des  concessions  à 
précaire.  Mais  il  ne  commença  guère  à  prendre  un  cer-1 
tain  développement  avant  le  vie  siècle  de  Rome.  C’est 
l’époque  où  les  étrangers  viennent  en  grand  nombre 
résider  à  Rome.  Pour  se  loger,  ils  louent  une  mai¬ 
son,  un  appartement  ou  une  chambre  dans  un  de  ces 
grands  corps  de  bâtiments  que  des  spéculateurs  faisaient 
bâtir10. 

Le  droit  privé  a  emprunté  au  droit  public  sa  conception 
nouvelle  de  la  locatio  rei.  Le  louage  de  choses  est  un 
contrat  par  lequel  une  personne  (, locator )  s’engage, 
moyennant  une  redevance,  â  procurer  à  une  autre  [con- 
ductor)  la  jouissance  temporaire  d’une  chose. 

Aucune  solennité  n’est  requise  pour  la  formation  de 
ce  contrat11  ;  il  suffit  que  les  parties  soient  d’accord  sur 
la  chose  et  sur  la  redevance12. 

Le  louage  peut  avoir  pour  objet  toute  chose  corporelle 
dans  le  commerce13,  pourvu  qu’on  puisse  en  jouir  sans 
la  consommer  par  le  premier  usage.  Parmi  les  choses 
incorporelles,  on  ne  peuL  louer  que  l’usufruit14  et  les 
services  d’un  esclave15.. 

Les  parties  ont  toute  liberté  pour  fixer  le  montant  de  j 
la  merces.  Bien  que  le  louage  soit  un  contrat  de  bonne 
foi,  on  a  toujours  admis  que  chacune  des  parties  a  'e 
droit  de  traiter  au  mieux  de  ses  intérêts  16. 

A  l’époque  classique,  la  redevance  consiste  ordinaire 
ment  en  argent,  mais  aucun  texte  ne  présente  cetk  ton 
dition  comme  essentielle  17.  La  règle  contraire  1  Pu'aa 
au  Bas-Empire,  par  suite  d’une  fausse  interpi clulion 
deux  passages  de  Gaius  et  d’Ulpien18.  6 
redevance  en  nature  a  été  surtout  usité  pom  y 
des  fonds  de  terre.  Cette  redevance  consiste  1  ^ 

quantité  fixe  prise  sur  la  récolte 19,  soit  en  um  ^  ^ 

cette  récolte  20.  Dans  ce  dernier  cas,  le  louagt  1  ’ 1  ’ 1 1  , 

.aussi  comprend 


de  eolonat  par tiaire 21 .  La  redevance  peut 


s  accessoires  ea 


riberh 


ils  '» 


un  loyer  en  argent  et  des  prestations 

emere,  quod  minoris  sit  pluris  vendere  et  ita  invicem  cd.  pro'-^1 

localionibus  quoque  et  conductionibus  juris  est.  -  1  3111  ,m  colon  parti3'”'' 

25,  G)  oppose  le  colon  qui  ad  numeratam  pecuniam  com  ""  w .  pline  (l'-P- 
Paul  (9  ad  Sali.  Dig.  XI. VII,  2,  26,  1)  par!e  du  TOlonjW  f&r  ciM'stk 


rÆ*! I 

'  locatahàel  \ 


IX,  37),  de  celui  qui  nummo  locavit.  —  18  Cf.  Fcrrini, 

Praxis,  t.  LXXXI,  p.  1  ;  GradcnwiU,  Interpolât  toneii  < 
p.  132;  Édouard  Cuq,  A ’ouv.  Iievue  historique  te  H 

p.  631,  n.  1.  -  »  Varr.  De  re  rust.  III,  10,  1«  =  7 .  .0  ad  « 

quotannis  quinis  millibus  pondo  mellis.  I  lin.  I  9,-34 ;  cl-  I-1'011' 
prov.  Dig.  XIX,  2,25,  0.  Inscription  d’Henchir-Met  ic  ,  .  Ucalf' 

Cuq,  Le  eolonat  paritaire  dans  l  Afrique  roniaii  ^  ^  ^  prov.  0*9' 
Inscriptions,  Sav.  étr.  t.  XI,  1"  P->  P-  44  d-O-  1 
22,  5,  6. 


LOC 


—  iJ 


Martial  en  donne  le  détail 


De  son  côté,  le  locataire 


nccessiones 
nature  '  geg  ^grammes 

dans  pluslCU1  ^  1  Le  bailleur  doit  procurer 

»"S"'  "Ta1  utaace  paisible  do  la  chose  et  de  ses 
»“  PrcneU!  '  da»t  la  durée  du  bail1.  Il  doit  par  con- 

4®°!'  ! . .  ou  bon  état  et  faire  les  réparations 

sé(|Ue"  ,,.irantir  le  locataire  contre  l’évictioh.  Il 

rTi  moule  faute  commise  dans  l’exécution  de  ses 
«‘P0111  1 1  '  j|  j0it  de  plus  rembourser  les  dépenses 
«  util»  faites  par  le  preneur1. 

Haïr*  payer  la  redevance  aux  époques  fixées  par  le 
l  a!  Celle  obligation  cesse  quand  le  bailleur  ne  mam- 
X  „as  1„  preneur  en  jouissance,  par  exemple  s,  la 
chose  a  péri  par  cas  fortuit  *.  Le  locataire  qui  est  tempo- 
.imneiil  privé  de  la  jouissance  a  droit  à  une  remise 
proportionnelle  du  prix  du  bail  Il  en  esl  de  meme  s, 
lo, étoile  a  péri  par  un  cas  de  force  majeure»;  mais  ici 
l’a  remise  n’est  pas  définitive  :  si,  les  années  suivantes,  la 
récolte  esl  abondante,  le  bailleur  peut  réclamer  la  rede¬ 
vance  qui  n’a  pas  été  payée 9 . 

Le  preneur  doit  user  de  la  chose  en  bon  père  de 
famille10;  il  est  responsable  des  fautes  commises  par  les 


personnes  à  son  service 


*.  A  la  fin  du  bail,  il  doit  rendre 


en  bon  état  la  chose  avec  ses  accessoires,  sauf  les  cas  de 
vétusté  ou  de  force  majeure  !2. 

j  Le  louage  prend  fin  à  l’époque  fixée  par  le  contrat  : 
généralement  au  bout  d'un  an  pour  les  maisons1’,  de 
cinq  ans  pour  les  fonds  de  terre  14.  Il  peut  se  renouveler 
soit  par  convention  expresse,  soit  tacitement,  lorsque  le 
preneur  conserve  la  jouissance  sans  opposition  du  bail¬ 
leur.  La  tacite  reconduction  est  d’un  an  pour  les  fonds 
de  terre15.  Adéfaut  de  convention,  le  bail  cesse  par  la 
volonté  du  bailleur  ou  du  preneur16. 

[  Le  louage  prend  fin  également  lorsque  la  chose  périt 
par  cas  fortuit11,  lorsque  le  preneur  abuse  de  la  jouis¬ 
sance1®, ou  laisse  passer  deux  ans  sans  payer  son  loyer19. 

I  Les  obligations  respectives  des  parties  sont  sanction¬ 
nées  par  les  actions  locati  et  conducti20 ,  qui  appartien¬ 
nent  à  la  classé  des  actions  de  bonne  foi 21 . 

Applied  lions  de  la  locatio  rei.  —  Les  deux  applica¬ 
tions  principales  du  louage,  à  la  fin  de  la  République  et 
sous  1  Empire,  sont  le  louage  des  maisons  et  celui  des 
| onds  de  terre.  Avant  de  rechercher  les  particularités  qui 
|es  distinguent,  il  est  utile  de  déterminer  la  situation  du 

j.  ""  ''  ,e  rusl-  b  *  i  -  :  Ncc  dominus...  tenax  essejuris  suidebet ,  sicut... 

«ccessionibus  exigendis.  -  2  Martial.  Epigr.  VII,  31  :  Raucae 
ndnin  'h  ' 1  0l  a  ma^rum'  Et  flavas  medio  vapore  chias,  Et  fetum  querulae 
i  Quyh  ,Uli  '^ecJam  fvigoribus  pares  olivas,  Etcanum  gelidis  otus  pruinis... 

rnittull  , l"  1  'CUS  Umber' aul  colonus-  mittunt  ;  Ibid.  X III,  121  :  Marsica  Paeligni 
cerfs  'ri  r  ;  ^id.  111,  58  ;  Nec  venit  inanis  rusticus  salutator  :  Fert 
|  (os  jjjç  .  """  stll!  meM&i  Metamque  lactis  SassinatiS  e  silva  Somniculo- 
m  #ma  :A’,es<  Hic  vagientem  matris  hispidae  fetum ,  Alius  coactos 

v‘rSi’Us  colon'  *'  ^  (b°na  ma^rum  vimine  offerunt  texto  grandes  proborum 
ap.  Ulp.  eo,i  y1/"'''  ~  ,3  Si  ad  ed.  Dig.  XIX,  2,  15,  1.  Nerat.  ad  Aristonem 
7  Dig.  C0(i  C|  I  'p  ~  4  U1P-  eod-  19.  5  ;  Diocl.  Cod.  Just.  IV,  G5,  28.  —  5  Scaev. 

v>f.  3  aul’  2  Scnt-  eod.  55,  1  ;  cf.  Lab,  ap.  Ulp.  eod.  19,  4.  —  6  Alfen. 

eod.  15,  »  j  '  ,n’  '■  ‘  Mêla  ap.  Ulp.  eod.  19,  6.  — -8  Scrv.  ap.  Ulp. 

1S|  3-i.  _  i,  |  ‘  1,CSP-  ap.  Ulp.  eod.  15,  4.  —  tO  Gai.  10  ad  ed.  prov.  eod. 

3  ;  Alfen  V  •'  eo<^'  U  Pompon.  03  ad  ed.  eod.  Il  pr.  —  12  Gai. 

~ 14  Marcel .  ij  Dj„  '  3°’  *■  —  19  Cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  625,  il.  3. 

IV, 65,  (g  __  ,'g  "  d1,  e°d-  9, 1.  —  to  Ulp.  eod.  13,  Il  ;  14  ;  Valcr.  Gallien.  Cod. 

2, 9,  i _ i8  q  ,  '  Sev.  Cod.  Just.  eod.  6.  —  n  Marcel,  ap.  Ulp.  Dig. 

;20|nst.IV,6,  Jusl'  IV’  °3’  3-  — 19  Paul-  3  Resp.  Dfÿ.XIX,2,  54,  1. 

^ot partiaire  p  3-  '  na deor-  Rfi  30,  7.  — 22  Cf.  mou  mémoire  sur  le 
,  ’  b  Gai.  ad  ed  3  Le  8uP«ficiaireauujus  in  solo.  Jul.  34  Dig.  Dig.  XXX, 

’  '•  ■■  ^  «  I^t  Oig.  XXXII,  2,  .9  pr.  -  24  Paul.  *,  ad  Ed.  Dig.  VI, 
*P'  UlP"l  ad  Ed.  Dig  xj  lnscr'ption  d'Henchir-Melticli,  I,  9.  —  27  Marcel. 

1  -0,  0,  2  :  Nam  et  fructuarius,  inquit,  et  colonus,  et 


locataire  et  du  fermier  dans  leurs  rapports  avec  le  bailleur 
et  avec  les  tiers. 

Le  locataire,  quel  qu’il  soit  (conductor,  inquilinus,  cola- 
nus)  n’a  pas  de  droit  réel  sur  la  chose  louée  ;  il  n’a  qu  un 
droit  de  créance  contre  le  bailleur  22.  Cette  règle  souffre 
quelques  exceptions  au  profit  du  superliciaire21,  du  con¬ 
cessionnaire  de  Yager  vectigali. v2V,  de  l’emphytéote2",  du 
colon  qui  a  défriché  les  subeisiva  dans  le  cas  prévu  par 
la  lex  Mandarin26 .  Le  locataire  n’a  pas  même  la  pos¬ 
session  :  c’est  un  simple  détenteur  2‘,  qui  garde  la  chose 
pour  le  compte  du  propriétaire  28.  De  là  plusieurs  consé¬ 
quences  : 

1°  Le  propriétaire  a  le  droit  d’expulser  le  locataire. 
Celui-ci  n’a  que  la  ressource  de  demander  une  indemnité 
en  raison  du  préjudice  causé,  si  le  bailleur  a  agi  contrai¬ 
rement  à  la  bonne  foi  ou  à  l’engagement  qu'il  a  con¬ 
tracté29. 

2°  En  cas  de  vente,  l’acheteur  peut  expulser  le  loca¬ 
taire30.  Il  ace  droit  même  si  le  vendeur  a  eu  soin,  comme 
tel  est  son  devoir,  de  réserver  le  droit  du  locataire  de 
conserver  lajouissance  jusqu’à  la  fin  du  bail 31.  Mais  dans 
ce  cas  il  doit  une  indemnité  au- vendeur 32  qui  est  exposé 
au  recours  de  son  locataire  pour  défaut  de  jouissance 
En  aucun  cas,  le  locataire  ne  peut  s’opposer  à  l’entrée  en 
possession  de  l’acheteur  ;  tout  acte  de  violence  de  sa  part 
donnerait  lieu  à  l’interdit  unde  ni  J>. 

3°  Si  le  locataire  est  troublé  dans  sa  jouissance  par  un 
tiers,  il  ne  peut  recourir  aux  interdits  possessoires  \ 
11  n’a  que  la  ressource  de  réclamer  l’intervention  du 
bailleur  qui  seul  a  qualité  pour  agir36.  Il  en  est  de  même 
du  sous-locataire  ( colonus  coloni)31. 

Il  en  est  autrement  du  cas  où  un  tiers  cause  un  dom¬ 
mage  au  locataire  par  des  travaux  effectués  clandestine¬ 
ment  ou  par  violence  et  malgré  la  défense  qui  lui  en  a  été 
faite;  le'locataire  ale  droit  d’exercer  l'interdit  quod  vi 
aut  clam36. 

A.  Baux  a  loyer.  —  Le  louage  a  ici  pour  objet  soit  une 
maison  39  ou  une  partie  de  maison  t0,  soit  l’étage  supé¬ 
rieur  de  la  maison  ( coenaculum )  [coenaculum,  domus, 
insula].  La  maison  comprend  parfois  plusieurs  coena- 
cula  11 .  Ulpien  nous  fait  connaître  en  partie  la  composi¬ 
tion  de  certains  coenacula  :  ils  comprennent  des  cham¬ 
bres  ( cubicula ),  des  exèdres  [exedra,  t.  III,  p.  880],  un 
medianum 42  ;  ils  ont  un  accès  direct  sur  la  voie  publique  13 . 
Souvent  plusieurs  personnes  louaient  ensemble  un  appar- 

inquilinus  sunt  in  praedio  et  tamen  non  possident.  —  28  Pompon.  23  ad  Q.  Mue. 
Dig.  XLI,  2,  25,  1  ;  Ulp.  09  ad  Ed.  Dig.  XL1II,  16,  !,.22.  —  20  Paul.  5  Resp.  Dig. 
XXI,  2,  54,  1  :  Inter  locatorem  fundi  et  conductorem  commit  ne  intra  tempora 
locationis  Seins  conductor  de  fundo  in  citas  repelleretur  ;  et  si  pulsatus  esset, 
poenam  decem  praestet  Titius  locator  Seio  conductori...  Val.  Gallien.  Cod.  Just. 
IV,  05,  15.  —  30  Alex.  Scv.  Cod.  Just,  IV,  05  :  Emtori  guident  fundi  necesse  non 
est  stare  colonum,  cui  prior  dominus  locavit,  nisi  ea  lege  émit.  —  3i  Gai.  10  ad 
ed.  prov.  Dig.  XIX,  2,  25,  1:  Qui  fundum  fruendum  vel  habitationem  alicui  locavit, 
si  aliqua  ex  causa  fundum  vel  aedes  vendat,  curare  debet,  ut  apud  emtoren  quoque 
eadem  pactione  et  colono  frui  et  inquilino  habitare  liceat.  —  32  Serv.  ap.  Ulp.  32ad 
Ed.  Dig.  XIX,  I,  13,30:  Si  venditor  habitationem  exceperit,  ut  inquilino  liceat 
habitare  vel  colono  ut  perfrui  liceat  ad  certum  empus,  magis  esse  Servi  us  pulabat. 
ex  vendilo  esse  actionem.  —  33  Gai.  Loc.  cit.  :  Alioquin prohibitus  is  aget  cum  eo 
ex  conducto.  —  34  Marcel.  19  Dig.  Dig.  XL1II,  10,  12;  Papin.  20  Quaest.  eod.  18. 
Sur  une  réserve  faile  par  Marcellus  en  cas  Aejusta  ac  probabilis  causa,  cf.  lheriug, 
Der  Besitzwille,  trad.  franc,  p.  375.  —  35  Ulp.  09  ad  Ed.  Dig.  XLIII,  16,  1,  10. 

_ 36  Ibid.  1,  22.  —  37  Lab.  3  Pith.  a  Paul.  epit.  Dig.  XLIII,  10,  20.  —  38  Jul.  ap. 

Ulp.  71  ad  Ed.  Dig.  XLIII,  24, 11,  12  et  14.  —  39  Paul.  32  ad  Ed.  .Oiÿ.XlX,  2,7;  Ulp. 
32  ad  ed.  eod.  9  pr.  —  40  Jul.  ap.  Ulp.  28  ad  ed.  Dig.  XIII,  7,  11,5.  —  4!  Ulp.  18  ad 
Sab.  Dig.  VII,  1,  15,  8  :  Per  coenacula  dividere  domum.  —  42  Ulp.  23  ad  ed.  Dig. 
IX.  3,  5,  2.  —  43  Lab.  ap.  Ulp.  09  ad  ed.  Dig.  XLIII,  17,  3,  7  :  ...Plane  si  coenaculum 
ex  publico  aditum  liabcat...  ;  Tit.  Liv.  XXXIX,  14,  2  :  Consul  rogat  socrum,  ut  ali- 
quam  parte  maedium  vacuam  faccret,  quo  tlifpala  immigrarel  :  coenaculum  super 
aedes  datum  est,  scalis  ferentibus  inpublicum  obseralis,  adilu  in  aedes  verso. 


LOG 


1288  — 


tement  \  se  partageaient  les  chambres  et  les  exèdres;  le 
medianum  restait  commun2.  Les  citoyens  plus  pauvres  se 
contentaient  d’un  grabat  dans  une  boutique  (taberna)* . 

Les  maisons  qui  avaient  plusieurs  appartements  se 
louaient  à  un  locataire  principal  qui  faisait  métier  de 
sous-louer  L  Cela  s'appelait  coenaculariam  exercer e  \ 
La  faculté  de  sous-louer  était  admise,  sauf  convention 
contraire6.  Le  coenacularius  occupait  parfois  la  majeure 
partie  de  l’appartement,  plus  ordinairement  il  ne  se 
réservait  qu'une  modeste  chambre  ( modicum  hospi- 
tium) 

Les  baux  à  loyer  avaient  aussi  fréquemment  pour  ob  jet 
un  horreum  8,  ou  un  local  dans  un  liorreum  [horreum]. 
Une  inscription  de  Rome  donne  le  détail  des  locaux  à 
louer  dans  les  horrea  privata  du  consul  de  158  :  In  his 
horreis  privatis  Q.  Tinei  Sacerdotis,  cl(a)rissi{m)i 
i'(iri)  loc[antur)  horrea ,  apotheeae ,  compendiaria  arma- 
ria ,  intercolumnia  et  loca  armaris 9 

La  location  des  horrea  était  soumise  à  des  règles  par¬ 
ticulières  quant  à  la  responsabilité  du  bailleur.  En  cas 
de  vol  avec  effraction,  il  n'est  pas  tenu  à  moins  qu’il  ne 
se  soit  obligé  à  la  custodia  ,0.  En  l’absence  de  cette  clause, 
le  locataire  principal  des  horrea  n’a  aucun  recours  contre 
lui,  alors  même  qu'il  se  serait  personnellement  obligé  à 
la  custodia  vis-à-vis  des  sous-locataires11.  Pour  prévenir 
toute  difficulté  relativement  à  la  custodia  de  certains 
objets  précieux,  le  bailleur  ou  le  locataire  principal  fai¬ 
sait  parfois  apposer  une  affiche  dans  laquelle  il  déclinait 
toute  responsabilité  pour  les  objets  d’or,  d'argent  et  les 
pierres  précieuses12.  Pouvait-il  se  prévaloir  de  cette 
déclaration  si,  averti  qu’on  introduisait  dans  les  lieux 
loués  des  objets  précieux,  il  n'élevait  aucune  protesta¬ 
tion  ?  La  question  fut  discutée.  Labéon  la  trancha  dans 
le  sens  de  la  responsabilité  du  bailleur  :  à  son  avis,  le 
défaut  de  protestation  équivaut  à  une  renonciation  au 
droit  qu’il  s’était  réservé. 

La  lex  horreorum ,  découverte  à  Rome  en  1885,  nous 
fait  connaître  une  clause  relative  au  renouvellement  du 
bail  par  les  sous-locataires  :  elle  leur  impose  l’obligation 
de  notifier  leur  intention  au  bailleur  avant  les  ides  de 
décembre  :  Qui  non  [reniait iaverit,  si  volet  retinere  et 
cum  horreario  aliter  pro  i]nsequente  anno  non  transe- 
gerit,  tanti  habebit.  quanti  ejus  gener[is)  [armarium  eo 
anno  ibi  locari  solebit,  si  modo  alii  locatum  n]on  erit. 

Les  baux  à  loyer  étaient  ordinairement  conclus  pour 
un  an,  à  dater  des  calendes  de  juillet13.  Si  le  local  était 
vide,  l'entrée  en  jouissance  pouvait  être  immédiate. 
Il  y  a  des  exemples  de  baux  consentis  pour  plusieurs 
années  u,  notamment  pour  cinq  ans  15.  Dans  une  inscrip¬ 
tion  déjà  citée,  l'annonce  porte  que  les  locaux  sont  à  louer 


l  Ulp.  23  ad  ed.  Dit/ .  IX,  3,  1,  10  :  Si  plures  in  eodem  coenaculo  habitent... 
Ibid.  5  pr.  :  Si  cero  plures  diviso  inter  se  coenaculo  habitent...  —  2  Ulp.  eod.  5,  2: 
Interdun...  oportebit  Praetorem...  in  eurnpotius  dure  actionem  ex  cujus  cubiculo 
vel  exedra  dejectum  est,  licet  plures  in  eodem  coenaculo  habitent;  quodsi  ex  me- 
diano  coenaculi  quid  dejectum  sit,  verius  est  omnes  teneri.  —  3  Hor.  Od.  I,  4,  13: 
Pallida  mors  aequo  puisât  pede  pauperum  tabernas  ;  Tac.  Hist.  1, 86  :  Plures  in  ta- 
bernis  et  cubilibus  intercepti.  -  4  Jul.  ap.  Ulp.  Dig.  XIII,  7, 1 1, 5  ;  Alfen.  Var.  3  Dig. 
cpit.  Dig.  XIX,  2,  30  pr.  :  Qui  insulam  triginta  conduxerat,  singula, coenaculo 
ita  locavit,  ut  quadraginta  ex  omnibus  colligerentur.  J.ab.  4  Poster,  a  Javol.  epit. 
eod.  38  pr.  —  8  Ulp.  23  ad  ed.  Dig.  IX,  3,  S,  1.  —  6  Lab.  eod.  28,  2;  Alex.  Sev. 
Cod.  Just.  IV,  63,  6.  La  lex  horreorum  découverte  à  Rome  en  1883,  au  delà  de  la 
porte  Salaria,  contient,  d'après  la  restitution  de  G.  Gatti  et  de  Mommsen,  la  défense 
de  sous-louer  ou  de  céder  le  bail.  —  7  Ulp.  Loc.  cit.  —  8  Ulp.  73  adEd.  Dig.  XX, 
2,  3.  —  9  Bruns,  Fontes  juris,  p.  329;  G.  Gatti,  Mittheilungen  des  rôm.  Inst. 
1886,  p.  76.  —10  Paul.  2  Sent.  Dig.  XjX,  2,  55  pr.  — U  Lab.  5  Poster,  a  Jav.  epit. 
eod.  60,  9.  — 12  Ibid.  60,  6  :  Locator  liorrei  propositum  habuit  se  aurum,  argen- 


LOG 


présentement  et  aux  calendes  de  juillet  p0(u, 
meilleures  conditions16,  les  locataires  avisés  al]' à  ^ 
campagne  en  attendantque  le  terme  fût  passé  V  " 
de  Pompéi  fait  connaître  les  locaux 
juillet  dans  une  insula  [lex,  t.  V, 


.\  ; .  affiche 
l'er  au*  ides  de 

,  ,  P-  H8,  a.  i31 

ajoute  :  s  adresser  à  Pnmus,  esclave  du  pr0ppiln  •  6 

Conductor  eonvenito  Primum  Cn.  Allei  y  "  a,rej 

ser(vum).  C’est  lui  qui  était  sans  doute  chargé  !!  *  fUi 

et  de  faire  connaître  les  conditi  1 
Le  rapport  de  droit,  résultant  du  louage  '  "’S' 


visiter  ( ostendere ) 17 
Le  rapport  de  < 
était  assez  précaire,  lorsqu’on  n’avait 


d''  maisons,  I 

Pa^  Pl  ls  la  précau 
taon  de  le  fortifier  par  une  clause  pénale,  ou  (|t.  ,  1 

treindre  la  liberté  des  contractants  par  une  conventioj 

spéciale  "h  En  principe,  le  bailleur  pouvait  congëdielfc 

locataire,  non  seulement  en  cas  d’abus  de  jouissance 

mais  aussi  lorsqu’il  avait  besoin  de  l’appartement  pour 

son  usage,  ou  lorsqu’il  voulait  restaurer  la  maison S'il 

n’usait  pas  do  son  droit  dans  ce  dernier  cas,  le  locataire 
avait  droit  à  une  remise  du  loyer  lorsqu’il  y  avait  ua 
trouble  grave  apporté  à  sa  jouissance20.  De  son  côté  le 
locataire  pouvait  à  son  gré  donner  congé  au  bailleur1 
Pour  garantir  le  paiement  des  loyers,  le  bailleur  se 
faisait  consentir  un  droit  de  gage  sur  tous  les  meubles 
du  locataire  [uypotheca,  t,  V,  p.  3621.  Ces  meubles,  sur¬ 
tout  pour  les  pauvres  gens,  n’avaient  pas  grande  valeur 
( frivola )22.  Martial  en  fait  l’inventaire  dans  une  de  ses 
épigrammes 23.  Le  loyer  était  en  rapport  avec  la  situation 
des  locataires  et  se  payait  par  semestre  u.  Au  temps  de 
Trajan,  la  clause  de  gage  sur  les  invecta  et  illata  du  loca¬ 
taire  était  de  style 23.  C'était  au  propriétaire  de  prendre  ses 
mesures  pour  empêcher  un  déménagement  furtif26.  Mais 
pour  éviter  tout  abus,  le_  préteur  accordait  au  locataire 
qui  justifiait  avoir  payé  son  loyer  l’interdit  prohibitoire27 
de  migrando 28.  Il  le  lui  accordait  égalementpour  enlever 
les  meubles  qui  n’étaient  pas  compris  dans  la  convention 
de  gage.  Au  temps  d’Ulpien,  cet  interdit  était  peu  usité; 
le  magistrat  préférait  intervenir  extra  ordinem ] 
D’autre  part,  sous  l’Empire,  pour  que  le  bailleur  ne 
fût  pas  tenté  de  se  faire  justice,  on  donna  une  certaine 
compétence  au  préfet  des  vigiles.  On  ne  connaît  pas  exac¬ 
tement  ses  attributions  à  cet  égard;  mais  on  sait  tout auj 
moins  qu’elles  comprenaient  certaines  contestations  îelaf 
tives  à  la  prise  de  possession  des  meubles  du  locataire- 
Un  fragment  du  traité  de  Paul  de  officio  prit 
lum  examine  la  question  de  savoir  si  un  localaiu  Pe“| 
affranchir  son  esclave  bien  qu’il  soit  tacitemuit  a  'C  | 
au  gage  du  bailleur.  Le  jurisconsulte  déeL  '  1 
être  affranchi  tant  que  le  bailleur  n’a  pas  1  ^ 

droit  faute  de  paiement  du  loyer  30.  Un  autre  "  11 

même  traité  est  plus  précis  encore  :  le  Prol" 


13  Mari.  XII,  32 


_  H  l.ab.  ’ 


tum,  margaritam  non  recipere  suo  periculo.  1J  i!lal1'  '  .  -  Corj>.  i»4Cr- 

Poster,  a  Jav.  epit.  Dig.  XIX,  2,  60  pr.—  15  Paul.  34  ad  Ed.  *"/  ['m  cosnos«<| 

lut.  IV,  1136.  —  16  Suet.  Tib.  35  :  Senatori  latum  clavum  ^  jH  urJe  **- 
sub  kalendas  Julias  demigrasse  in  hortos,  quo  vilius  post  ^  ^  |S  papin.  DW- 
duceret.  —  «  Lab.  Poster.  5  a  Javol.  epit.  Dig.  XIX,  -•  1,1  I’1'  A,fe„.  Var 
XIX,  2,  54,  I.  —  19  Sorv.  ap.  Afric.  8  Quacst.  eot  ■  o0  Aifcn.  Var- 2  D’F' 

-  ■  Just.  IV.  05, 3.  -  '  ,,  [ 

ad  Ed.  D>g.  XLUI,  ^  ^  /ice«l 


3  Dig.  epit.  eod.  30  pr.  ;  Carac.  Cod 
Dig.  XIX,  2,  27  pr.  —  21  Lab.  ap.  Ulp.  73 


uig.  Al  A,  Z,  Zi  pr.  —  -Lau.  dp.  X91,».  .  dovius,  Vf  IJ 

tamen  si  conventio  specialis  facta  est  in  conduction.  ^  ^  ^  Ulp* 

„  ..  i  _ z .  vninrare . 


ante  finitum  annum  vel  certum  tempus  migrai  c. 
Ed 


Dig.  XIII,  7,  il,  5.  —  23  Mart .  Epigr.  XII, -3-  ntfww 

XXIII,  32,  1,  4.  —  23  Nerat.  1  Membr.  Dig.  XX,  2,  4  pr.  •  „wsi 

in  praedia  urbana  inducla,  illata  sunt,  pignori  esse  cre  '  ^  __  «  Ulp- ^ 

convenerit.  —  26  Cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cit ■  t.  L  P-  ^  _  30  Paul. 

Ed.  Dig.  XLIII,  32,  1  pr.  —  28  Ibid.  1,  i.  —  29  Jbld'  ’  " 

2,  9. 


—  1289  — 


LUC 


LOC 


j*une  insula  se  plaintque  depuis  longtemps 
horreu"1 0,1  g  paru  et  n’a  pas  paye  son  loyei  , 

»■  ‘“'TlUorisatiO''  de  faire  ouvrir  les  lieux  loués 

j  demande  1  aul  ^  obj(jts  qui  Irouvenl  enfer- 

retfXicil venons  quorum  Moral,  uuiunii 
p5'  fU-\  (|ue  le  loyer  n’ait  pas  ete  paye  depuis 
sunt.  Mais  d  faut  que 

»  llloinS  del!X; Zosées  par  le  Préteur  aux  personnes 
Obhgatwns  i  ^  par  mesure  de  police  et  pour 

hahil(in[  "ZunL'de  la  voie  publique,  le  Préteur  impose 
Purer  la  "ions  aux  personnes  habitant  une  maison  : 

ior ses' 

1  ,  .  i.icer  sur  un  balcon  ou  sur  une  saillie  qui 

f^tvoie  publique2  un  objet  susceptible  de  tomber 
dûn;‘  sa;il  lin  dommage*.  La  règle  s’applique  aux  pro- 
•?  1  -mssi  bien  qu’aux  locataires,  alors  meme  qu  ils 
feraient  pas  actuellement  la  maison  *  ;  ils  sont  rés¬ 
iliés  non  seulement  de  leur  fait  personnel,  mais 
L;  du  fait  des  personnes  placées  sous  leui  puissance  . 

Si  cependant  l’auteur  de  la  contravention  est  un  esclave 
auiaagi  à  l’insu  de  son  maître,  celui-ci  a  la  faculté  de 
recourir  à  l’abandon  noxalL  La  règle  s’applique  egale¬ 
ment  allocataire  d’un  horreum,  d’un  coenaculum  ou  de 
toute  autre  construction7.  La  poursuite  en  justice  peut 
être  exercée  par  tout  citoyen  [popularis  actio]  :  elle  ne 
peut  l’être  contre  l’héritier  du  contrevenant8. 

2»  Toute  personne  qui  habite  un  appartement  a  un  litic 
ielconque  (les  voyageurs  de  passage  exceptés) 9  est 
responsable  du  dommage  causé  par  un.  objet  jeté  ou 
tombé  sur  la  voie  publique10.  Elle  est  passible  dune 
action  au  double11  en  raison  de  son  imprudence  Elle  a 
d’ailleurs  un  recours  contre  l’auteur  du  dommage,  si 
c’est  une  personne  étrangère  à  sa  famille  ou  qui  n  est 
pas  sous  sa  dépendance  (affranchi,  client,  élève) lu.  Si  plu¬ 
sieurs  personnes  habitent  le  même  appartement,  elles 
sont  tenues  solidairement11,  àmoins  qu’on  ne  puisse  établir 
que  l’objet  a  été  jeté  de  la  chambre  occupée  par  1  une 
d’elles 1  . 

La  peine  est  aggravée  s’il  y  a  eu  mort  d’un  homme 
libre  :  elle  s’élève  à  50000  sesterces 16.  La  poursuite  peut 
ici  être  exercée  par  tout  citoyen  dans  le  délai  d’un  an  1 
Si  1  homme  libre  n’a  reçu  que  des  blessures,  on  lui 
donnera  une  indemnité  fixée  par  le  juge.  L’action  est 
perpétuelle  lorsqu’elle  est  exercée  par  la  victime,  annale 
dans  tout  autre  cas  18  [dejecti  et  effusi  actio].  Il  ne  faut 
pas  confondre  cette  disposition  de  l’édit  du  préteur  avec 
Une  disposition  analogue,  contenue  dans  l’édit  des 
ddiles1’  et  relative  au  cas  où  un  homme  libre  a  été  tué 
Par  un  animal  (chien,  lion,  loup,  sanglier,  etc.)  conduit 


1  ,b>d.  xix,  2,  SG, 
Ed-  IX,  3,  5 
mi.,.  C'oercetur 


2  Ulp.  23  ad  Ed.  Dig.  IX,  3,  5,  6.  —  3  Ulp.  23  ad 
•  Arcc  spectamus  an  noceat  sed  omnino  si  nocere> 

aulem 


,i0,i  noc“>'f-  -  ->ibu.  s,  s.  _ 

- 10  '  IV0,1  3’  6  et  10-  -  7  Ibid.  5,  y.  —  8  Ibid.  5,  13. 

1M-  -Pan 


gui  position  habuit ,  sive  noeuit  id  quod  positum 

7i.-|  -  -  5  paul  49  ad  Ed  eod,  6,  2. 

....  _  9  Ibid.  1,  9. 

)rtw(l(s  j  autem  intéresse  debet,  utrttm  publiais  locus  sit,  an  vero 

!od.  i  "l"”f°Per  eum  mlgo  iterfiat.  —  U  Voir  le  texte  de  l'édit  dans  Ulp. 
lupliun  g,  lu  *  :  ^cc  adjicitvr  culpae  mentio  vel  infitiationis  ut  in 

1, 4.  Tr^i  t'°’  rl,lamvis  damni  injuriae  utrumque  exigat.  —  13  Lab.  ap.  Ulp. 
)I0V,  e0(,  ,.apP'  ,  p-  :i-  1.  cip.  eod.  5,  3.  —  U  Ulp.  eod.  1,  10;  3;  Gai.  6  ad  ed. 
tod.  ô,  5  1V.Corf'  *■  ~  Ulp.  eod.  5,  2.  —  16  Ulp.  eod.  1,  5.  —  *7  Ulp. 
fou  Èdi ctum  pe,ZÏ  ~  19  Ulp-  2  a<*  ed.  aedil.  Dig.  XXI,  1,  42.  ■-  20  Cf.  Lenel, 
«lies  ;  Alfenus  \"  ‘Um'  *'  ***•  —  21  servus  coloni  est  mentionné  dans  divers 
18 id  Ed. /jj,(  a  *’aulo  epit.  Dig.  XIX,  2,  30,  4;  Procul.  ap.  Ulp. 

1*1  4.  Inscriptun,’  r'  i1,  Nei'atius  aP-  Ulp.  eod.  27,  9;  Diocl.  Cod.  Just.  IV, 
fc>.  Hexur  '  llenctui'-Mettich,  IV;  cf.  mon  article  sur  celte  inscription 

Pt0ï'  %  XlX.'i  25  ^  dr°U'  lm’  xxlIl>  P-  6*3,  n-  *)•  —  22  Gai-  10  ad  ed- 
’  *  ’  3  '  eonductor  omnia  secundum  legem  conductionis  facere 


sur  la  voie  publique  :  la  peine  est  ici  de  200  000  sesterces  0. 

B.  Baux  a  ferme.  —  Le  bail  à  ferme  présente  une  physio¬ 
nomie  différente  suivant  qu’il  s’applique  à  un  petit  ou  a 
un  grand  domaine.  Le  bail  à  ferme  d  un  petit  domaine 
est  soumis  au  droit  commun  en  matière  de  louage.  Le 
propriétaire,  qui  ne  peut  exploiter  lui-même  avec  1  aide 
de  ses  esclaves,  loue  sa  terre  en  tout  ou  en  partie  à  un 
ou  plusieurs  fermiers  qui  cultivent  eux-mêmes  avec 
l’aide  des  membres  de  leur  famille  et  de  quelques 
esclaves21,  et  moyennant  une  redevance  payée  au  bail¬ 
leur.  Ces  petits  fermiers  sont  appelés  indifféremment 
conductores  22  ou  coloni 23 ,  conductores  à  cause  du  con¬ 
trat  qui  les  lie  au  bailleur,  coloni  à  cause  de  1  engage¬ 
ment  qu’ils  ont  pris  de  cultiver  la  terre. 

Plus  compliquée  est  l’exploitation  des  grands  domaines 
lorsque  le  propriétaire  renonce  à  la  diriger  lui-même,  ou 
par  l’intermédiaire  d’un procurator2'*  ou  d’un  mlhcus1'. 
Le  fait  devait  être  fréquent,  quel  que  fût  le  nombre 
d’esclaves  dont  on  pouvait  disposer.  Le  travail  servile  ne 
donnait  pas  des  résultats  suffisamment  rémunérateurs. 
On  ne  pouvait  compter  sur  l’activité  d’un  esclave  qui  n  avait 
pas  d’intérêt  direct  à  la  prospérité  du  domaine 2j,  surtout 
lorsque  le  maître  ne  pouvait  exercer  sur  lui  une  surveil¬ 
lance  permanente.  Coli rura  ergastulis ,  dit  Pline  1  ancien, 
pessimum  est ,  etquicquid  agitur  desperantibus* .  Aussi 
Columelle  conseille-t-il,  lorsqu’un  domaine  est  assez 
éloigné  pour  que  le  maître  ne  puisse  s’y  rendre  souvent, 
de  le  confier  à  des  colons  libres.  L’exploitation  est 
divisée  entre  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  petits 
cultivateurs  travaillant  chacun  pour  son  compte,  avec 
sa  femme  et  ses  enfants28.  Ce  système  avait  toutefois 
l’inconvénient  d’obliger  le  maître  à  entrer  dans  les  nom¬ 
breux  détails  auxquels  donne  lieu  entre  propriétaire  et 
locataire  l’application  des  règles  du  contrat  de  louage. 
Il  devait  fournir  tout  ou  partie  des  objets  nécessaires 
pour  l’exploitation  (instrument uni  fundi29,  dotes  colono- 
mm )30,  veiller  au  paiement  des  fermages  et  au  recouvre¬ 
ment  de  l’arriéré  (reluqua  colonorum) 31 .  Aussi  préférait- 
il  souvent  se  décharger  de  ce  soin,  éviter  tout  ennui  en 
traitant  à  forfait  avec  un  fermier  général.  En  cela  il 
suivait  l’exemple  de  l’Etat  qui  adjugeait  a  un  maneeps 
la  ferme  de  ses  domaines  dans  une  région  déterminée  K 
Le  fermier  général,  à  qui  l’on  réserve  ici  le  nom  de 
conductor ,  traitait  à  son  tour  avec  des  cultivateurs  dis¬ 
posés  iî  sc  charger  de  la  culture  d  une  parcelle  du 
domaine,  moyennant  une  redevance  qu’ils  lui  payaient. 
Ces  cultivateurs  étaient  désignés  sous  le  nom  de  colons; 
c’étaient  des  sous-locataires 33  (conductores),  qu’il  faut 
bien  se  garder  de  confondre,  soit  avec  les  operarii  rustici 


debet, et  ante  omnia  colonus  a, rare  debet  ut  opéra  ruslicasuo  quoquetempore  faaat. 
_23  Voir  les  textes  que  j'ai  cilès  N  ouv.  Revue  liistor.  de  droit,  XX 111,  0.11,  n.  1. 
_  2t  Plin.  Ep.  111,  19.-  33  Horat.  Epist.  1, 14.—  26  Colum.  De  re  rust.  I,  7:  ...Maxime 
vexant  servi,  quiboves  elocant,  cosdemqueet  ceterapccora  malepascunt,  nec  indus¬ 
trie  terrain  vertant,  longcqite  plus  imputant  seminit  jacti,  quant  quod  sevennt  :  sed 
nec  quod  terrae  mandaverit  sic  adjuvant  ut  recte  proie, üat,  idque  cum  in  aream 
contulerunt.per  triturant- quotidic  minuunt  vel  fraude  vel  negligentia.  Eam  et  ipsi 
diripiunt  et  ab  aliis  furibus  non  custodiunt.  Sed  nec  condition  cum  fide  rationibus 
inférant.-  27  Plin.  Hist.  nat.  XVHl,  6,19.-  28 Colum.  Lac.  cil.  :  Pejorem  tamen  ur- 
banum  colonum,qui  per  familiam  mavult  agrum  quant  per  se  colere  Saserna  dicebat 
ab  ejusmodi  homine  fere  pro  mercede  litem  reddi.  Mart.  Epigr.  III,  38,  v.  39-40. 
_  29  Voir  les  textes  que  j'ai  cités,  Noua  Rev.  hist .XX11I,  p.  646, n.  i  ,-3«  Scacv.  3  Resp. 
Dig.  XXXIII,  7,20,  lot  3;  Papin.  1 1  Resp.  Dig.  XLVI,  1,52,  2.  —  31  Scacv.  Loc.  cil. 
15  et  10. Dig.  Dig.  XXX11I,  2,  32,  7,  et  XXXII,  101,  t;  Paul.  9  Resp.  Dig.  XXVI,  7, 
46  pr.;  2  ad  Vilell.  Dig.  XXXII,  78,  3;  2  Decret,  eod.  97;  Papin.  1  et  7  Resp.  D.  L.,  8, 
5  pr.;et  XXXII, 91  pr.;  Javol.  2  Lab.  Poster.  Dig.  XXXIV,  3,17.  —  32 Papin.  Il  Resp. 
Dig  XIX,  2,  53.  —  33  Ibid.  :  Qui  fidejussor  extitit  apud  mancipem  pro  colono 
publicorum  praediorum  quae  maneeps  ei  colono  locavil,  reipublicae  non  tenetur. 


LOC 


1290  — 


(jui  agrorum  colendorun  causa  habentur  1  qui  sont 
tics  mercenaires  louant  leurs  services  au  propriétaire,  soit 
avec  les  colons  du  Bas-Empire  qui  sont  à  demi  esclaves'. 
Sous  le  Haut-Empire,  les  colons  sont  libres  d'abandonner 
la  culture,  sauf  à  payer  une  indemnité  au  bailleur  s’il  y  a 
pour  lui  préjudice  3.  Aucune  indemnité  n’est  due  si  le 
colon  a  eu  une  juste  cause  de  partir  avant  la  fin  du 
bail l. 

L  intérêt  du  bailleur  était  de  retenir  le  colon  :i.  Toute 
une  série  de  règles  ou  de  clauses  ( consuetudo  donius0, 
consuetudo  praedii)1,  usitées  dans  les  rapports  entre 
propriétaires  ou  fermiers  et  colons,  s’expliquent  par  le 
désir  de  changer  le  moins  possible  de  colons. 

1°  Les  unes  ont  pour  objet  de  favoriser  le  renouvelle¬ 
ment  ou  le  maintien  indéfini  du  bail.  Le  bail,  conclu 
pour  un  temps  limité,  se  renouvelle  d’année  en  année 
par  tacite  reconduction 8.  Le  bail  peut  aussi  être  conclu 
sans  terme  préfix  ( conductio  perpétua )\  et  se  continue 
avec  les  héritiers  du  bailleur  ou  du  colon,  jusqu’à  ce  que 
l'une  des  parties  manifeste  sa  volonté  de  mettre  fin  au 
contrat. 

On  s’est  demandé  si  cette  dernière  sorte  de  bail 
n’était  pas  contraire  aux  principes  généraux  du  droit. 
Marcellus  et  Ulpien  disent  que,  dans  le  louage  comme 
dans  le  précaire,  la  mort  ou  la  folie  du  concédant 
empêchent  le  renouvellement  du  bail  10.  Mais,  d’une  part, 
ils  supposent  une  concession  faite  pour  un  temps 
limité11,  ce  qui  n'est  pas  notre  hypothèse;  d’autre  part, 
même  dans  le  bail  ad  tempus ,  la  mort  ou  la  folie  ne  sont 
un  obstacle  que  si  le  concédant  est  mort  sans  héritier  ou 
si  le  fou  n'a  pas  de  curateur12. 

2°  D'autres  clauses  ont  pour  but  de  diminuer  pour  le 
colon  l’aléa  résultant  de  la  culture,  et  de  l’intéresser  à  la 
prospérité  du  domaine.  Au  lieu  d’exiger  de  lui  une  rede¬ 
vance  fixe  en  argent,  on  lui  demande  seulement  de  livrer 
une  part  des  fruits. 

Cette  transformation  du  bail  à  prix  d'argent  en  bail  à 
part  de  fruits  ou  colonat  partiaire  est  fréquente  dans 
l’exploitation  des  grands  domaines,  tout  au  moins  dans 
certaines  régions13.  Le  bail  à  prix  d’argent  aurait  entraîné 
une  responsabilité  pécuniaire  trop  lourde  pour  de  pauvres 
gens  qui  n'avaient  pas  d’avances,  et  qui,  en  cas  de  mau¬ 
vaise  récolte,  eussent  été  fort  gênés  pour  payer  leur  loyer 
Le  droit  commun  leur  permet,  il  est  vrai,  de  demander 


1  Alfen.  Var.  7  Dig.  Dig.  L,  16,  203.  —  2  Cf.  mon  article  précité  (Nouv.  Revue 
histor.  1899,  1.  XXIII,  p.  631).  —  3  Cf.  mon  mémoire  sur  Le  colonat  partiaire  dans 
l'Afrique  Romaine,  p.  42.  —  4  Gai.  10  ad  ed.  prov.  Dig.  XIX,  2,25,  2.  —  5  Colum. 
Loc.  cil.  :  Jpse  nostra  memoria  veterem  consularem  virumque  opulentissimum 
L.  Volusium  asseveranlem  audivi,  felicissimum  fundum  esse,  qui  colonos  indige- 
nas  haberct,  et  tanquam  in  paterna  possessione  natosjam  inde  a  cunabulis  longa 
familiaritate  retineret.  —  c  Scaev.  22  Dig.  Dig.  XXXIII,  1,21;  cf.  sur  la  consue- 
ludo  Manciana  de  l’inscription  d’Hencliir-Metticli,  mon  article  de  la  Nouv.  Rev. 
hist.  t.  XXIII,  p.  641.  —  7  Valent.  Valeus.  Cod.  Just.  XI,  48,  5.  —  8  Ülp.  32  ad 
Ed.  Dig.  XIX,  2,  13,  Il  :  ...Quod  autem  diximus  taciturnitate  utriusque  partis 
colonum  reconduxisse  videri,  ita  accipiendum  est,  ut  in  ipso  anno  quo  tacuerunt 
videantur  camdern  locationem  rénovasse,  non  etiam  in  sequentibus  annis ,  et  si  lus- 
trum  forte  ab  initio  fuerat  conductioni  praestitutum.  Sed  et  si  secundo  quoque 
annopost  finitum  lustrum  nihil  fuerit  contrarium  actum,  eamdemvideri  locationem 
in  illo  anno  permansisse  :  hoc  enim  ipso  quod  tacuerunt ,  consensisse  videntur,  et 
hoc  deinceps  in  unoquoqûe  anno  observandum  est.  —  9  Gord.  Cod.  Just.  IV,  65, 
10.  --  10  Marcel,  ap.  Ulp.  71  ad  Ed.  Dig.  XL11I,  26,  6  pr.  ;  XIX,  2,  14.  —  U  Ulp. 
cod.  XL1II,  26,  4,  4;  cf.  Lenel,  Palingenesia,  t.  II,  p.  843,  n.  1.  —  12  Cf.  Ar  carias, 
Précis  de  droit  romain,  t.  II,  p.  326,  n.  4.  —  13  PI  in.  Ep.  IX,  37  ;  Gai.  10  ad  Ed  prov. 
Dig.  XIX,  2,  25,  6;  Corp.  inscr.  lut.  VIII,  10570  :  ...Nedum  conductori  adverses 
coionos  ampliandi  partes  agrarias...  ant  opera(rum)  praebitionem  jugorumve. 
Inscription  d’Henchir-Metlicli,  I,  20-28.  —  U  Plin.  Ep.  IX,  37  :  Priore  lustro,  post 
magnas  remissiones ,  rcliqua  creverunt.  Inde  plerisque  nulla  jam  cura  minuendi 
aeris  alicui  quod  despcrant  passe  persolvi.  Rapiunt  etiam,  consumuntquc  quod 
natum  est,  ut  qui  jam  putant  se  non  sibi  parcere.  —  13  Ibid.  Et  alioqui  nullum 


LOC 


une  remise,  mais  il  faut,  prouver  qu’on  est  ,i. 
cas  où  cette  remise  est  possible  11  ;  il  v  a  j,(  ' llQs  1111  'les 
difficultés  que  l’on  évite  en  partageant  les  11111  I  UUse('e 
le  bailleur  et  le  colon  18.  Partiarius  co/o)ol!M|!",'V'ntre 
quasi  societatis  jure  et  darnnum  et  lucrum  "J,  ‘  ,ius’ 
fundi  partitur  16.  1111 

Le  colonat  partiaire  offre  en  même  temps  1 
d’encourager  le  colon  à  donner  tous  ses 
culture;  sa  part  sera  d’autant  plus  élevée  U  la 

sera  plus  abondante.  Cette  part  était  d'ailleurs^x f? 
au  gré  des  parties  suivant  les  domaines  et  lanahj  il 
produits  du  fonds.  En  Égypte,  sous  Tibère,  d'apri-s  * 
papyrus  grec  du  musée  de  Berlin,  les  colons  n’ol 
droit  qu’au  tiers  des  récoltes”.  En  Afrique,  d’a J 
1  inscription  d’Henchir  Mettich,  ils  ont  droit  aux  deux 
tiers  pour  le  blé,  l’orge,  le  vin  et  l’huile18. 

Le  colonat  partiaire  suppose  une  grande  confiance  du 
bailleur  dans  la  probité  du  colon13,  et  c’est  sans  doute 
pour  ce  motif  qu’au  temps  d’Auguste  on  le  considérait 
comme  contracté  intuitu  personne20.  Il  appartenait 
d’ailleurs  au  bailleur  de  faire  surveiller  les  colons  parti¬ 
culièrement  au  moment  de  la  récolte  et  du  partage  des 
fruits21. 

Comme  compensation  de  tous  les  avantagés  conférés 
aux  colons,  le  bailleur  se  réservait  d’ordinaire  quelques 
petites  prestations  accessoires,  du  bois  par  exemple22,  et 
le  droit  à  quelques  journées  de  corvée23, 

3°  On  trouve  enfin  dans  les  règlements  applicables 
a  certains  domaines  des  clauses  plus  favorables®  encore 
aux  colons;  on  leur  accorde  sur  certaines  terres  incultes 
qu’ils  mettent  en  valeur,  soit  une  propriété  de  fait81, 
soit  un  droit  qui  rappelle  par  quelques  traits  l’empliv- 
téose  du  Bas-Empire 2S. 

Aussi  n’est-on  pas  étonné  de  constater  que  certains 
colons  se  vantent  d’être  restés  très  longtemps  sur  le 
même  domaine26,  et  que  sur  leur  tombeau  on  ait  men¬ 
tionné  leur  qualité  comme  un  titre  honorifique2’. 

Malgré  tant  d’avantages  concédés  par  le  propriétaire, la? 
condition  des  colons  fut  souvent  misérable.  Plus  (lune 
fois,  les  fermiers  généraux  abusèrent  de  leur  situation 
pour  exiger  des  redevances  supérieures  au  taux  lise, 
des  corvées  qui  n’étaient  pas  dues.  Deux  inscriptions! 
récemment  découvertes  en  fournissent  la  preux e . j 
l’une  relative  aux  colons  du  saltus  Burunitanu*  , . 


justius  genus  reditus,  quam  quod  terra,  coelum,  annus  refert.  —  1  ljd'-  1  1  I 
prov.  Dig.  XIX,  2,  25,  0.  —  U  Aegyptische  Urkunden  nus  den  /.  1  ^ 

Berlin,  Gr.  Urk.  t.  I,  n»  197,  1.  12.  Cf." mou  mémoire  sur  Le  colonat  p"’  ; 

p.  59.  —  18  1,  1.  24-29.  —  19  Plin.  Loc.  cit.  :  At  hoc  magnam  fidem.  J 

numerosas  manus  poscit .  Mart.  Epigr.  III,  58,  v.  40  ;  II,  H,  "  '  ftaC.  I 

decoxit.  —  20  Lab.  Dig.  XIX,  2,  60,  1.  -  21  Plin.  eod.  :  Demdeex  mets  «  jîj  * '•  ^ 
fores  operi,  custodes  fructibus  ponam  ;  cf.  l’inscription  illleii'1"1 
1.  29-30.  —  22  Colum.  De  rerust.  I,  7  :  Sed  nec  dominus  in  un*î«“ï"^" 
'colonum  obligaverit,  tenax  esse  juris  sut  debet...  ut  lignis  il  riis/i-l 

accessionibus  exigendis,  quarum  cura  majorent  molestiam  qtt""f  , 

cis  offert-,  Mart.  Epigr.  loc.  cit.  —  23  Corp.  inscr.  lut.  'III,  . .  ^  yebetuMs-  j 

annuas  quam  binas  aratorias,  binas  sartorias,  binas  messont i»  "i  le'-  I 

Le  nombre  varie  suivant  les  domaines.  Ibid.  VIII,  14428,  cf.  / '  ,|(M  ,  ,,/m 

Vlll,  8426,  8701,  8777.  —  24  Inscription  d’Henchir  Mettich  :  sllt)C  isici 

fundo  Villae  Magnae  Variani  id  est  Mappalia  Siga,  cis  eos  ^  usim  pro- 

sunt  excolcre  permittitur  lege  Manciana ,  ita  ut  eas  qui  exi  . n 

’  ,  'O 

Revue  histor.  de  droit 


Lt 


prium  habeal.  Sur  le  sens  de  l’expression  usas  proprius,  \oii  ^  ^  |  XXIH, 


•■moire  sur 

n 

139  el  347,  «5 


colonat  partiaire,  p.  9-14  (cf.  Nouv. 
p.  034);  Bcaudouiu,  Les  grands  domaines  dans  lempirc  >  ornai  ^  ^  \  \ .  p.  2,  L 

l’article  d'Hugo  Kriiger,  Zeitschrift  der  Savigny-Stiftungdi-  '  u,9,  —  -1"5" 

Morilz  Yoigt,  Rômische  Rechtsgeschichte ,  t.  II,  1899,  p.  6  >  '■  "•  ’  ri 

cription  d’Henchir  Mettich,  IV,  10-15  ;  cf.  mon  mémoiie  p ' “  j  ^0/onn 
Revue  histor.  de  droit,  p.  635.  —  2C  Corp.  inscr.  lut-  ■  ^  ^  \  V."’: 

Tironiani  quem  coluit  ann(os)  n(umero)  L;  X,  1877  :  coluit  y|||,  |0>,'  • 

—  21  Ibid.  VI,  9273,  9275,  9276  ;  IX,  888  ,  50  59.  —  28  Corp.  i™cl  • 


—  1291  — 


LOC 


LOC 


ruions  d’un  domaine  impérial  de  Phrygie1. 

•  -  récèdent  sur  les  baux  à  ferme 


l’Italie  et  à 


!iüllU'm,)I.""'."sont  les  deux  régions  sur  lesquelles  on 
f Afrique  :_,cwnc  dernièrCs  années,  le  mieux  renseigné. 


des  documents  relatifs  à 

ce  sont 

éla'c  jUS.q.U  le  régime  du  bail  à  ferme  était  sensiblement 
Hn  i  '  ’i  a  collection  des  papyrus  gréco-égyptiens  des 
dlll,!ren  le  vienne,  Berlin,  Londres  et  Genève,  en  cours 
mUSt  Uic-ition  nous  a  fait  connaître  un  certain  nombre 
J  Lieularités  du  louage  des  terres  dans  cette  partie  de 
1  ôire  romain.  La  situation  du  fermier  y  était  moins 
to-  la  main-d’œuvre  étant  abondante,  le  proprié¬ 
té  Lit  plus  exigeant.  Pas  de  grandes  fermes  :  un  fonds 
I  93  antres  est  affermé  à  19  cultivateurs3.  La  durée 
[du  bail  est  de  un  an  ou  de  trois  ans  \  Pas  de  tacite 
reconduction.  Pas  de  remise  en  cas  de  mauvaise  récolte8. 
Le  lover  est  en  argent,  parfois  en  argent  et  en  nature6. 
Si  la  terre  produit  du  blé,  la  redevance  consiste  en  une 
quantité  fixe,  un  certain  nombre  d’artabes  de  blé  par 
arure 1 . 

Il  locatio  operarum.  —  1°  Malgré  la  concurrence 
du  travail  servile,  le  contrat  de  louage  de  services  a 
.reçu  une  application  assez  large.  Bien  des  gens  n’avaient 
pas  d'esclaves  ou  ne  pouvaient  entretenir  tous  ceux  qui 
>  pouvaient  leur  être  utiles  dans  un  cas  donné  :  les  uns  et 
Iles  autres  avaient,  en  cas  de  besoin,  recours  aux  ser¬ 
vices  d’un  mercenaire 8. 

I  Les  services  susceptibles  d’être  loués  appartiennent  à 
[  la  catégorie  des  artes  illiberales  ac  sordidi  quaestus 
I  par  opposition  aux  artes  liberales  °.  Ceux-ci  sont  d’une 
nature  plus  relevée10,  exigent  des  connaissances  spé¬ 
ciales  et  sont  rémunérés,  non  par  un  salaire,  mais 
|  par  des  honoraires  [honoiurium,  t.  V,  p.  239]:  Ils  don¬ 
nent  lieu,  non  pas  aux  actions  locati  conducti ,  mais  à 
une  persecutio  extra  ordinem  sur  laquelle  statue  le 
magistrat  en  personne. 

D’après  Cicéron11,  les  illiberales  et  sordidi  quaestus 
sont  ceux  des  mercenaires  :  revendeurs,  artisans  travail- 
[  lant  dans  une  boutique,  cuisiniers,  bouchers,  charcutiers, 
pécheurs,  parfumeurs,  baladins  et  tout  ce  qui  vit  des 
1  jeux  de  hasard. 

■  Les  artes  illiberales  et  sordidi  quaestus  Se  subdi¬ 
visent,  d après  Posidonius,  en  artes  ludicrae  et  en  artes 
-ij dgnres  et  sordidae 12.  Les  artes  ludicrae  ont  pour 

■  jet  le  divertissement  du  public  ou  des  particuliers  : 
Ws°nt,  dit  Sénèque,  ceux  qui  tendent  au  plaisir  des 
■Ww  ou  des  oreilles,  ceux  des  histrions,  danseurs, 
Jlmes’  'tuteurs,  musiciens,  jongleurs,  prestidigita- 
|  -  ürs.  1" "lüiibules,  gymnastes,  gladiateurs13,  etc.  [histrio., 


teslç  y(  '  '  Istituto  archeol.  gcrmanico ,  1898,  p.  221.  —  2  Cf. 
Biner,]  ,!?”“*  hütor-  lle  droi‘,  1894,  p.  090.  —  3  Corp.  papyr. 

‘ap,  de  Geu,  .  -4e9Wf-  Urk.  aus  d.  Museen  su  Berlin ,  6*4;  Nicole, 

J-  S  Cf.  Vienne  r  ~  *  Bcrlin>  337 ’  5SC>  003  1  39’  22L  407>  487>  538-  033>  64k 
8  Berlin.  C03  Gn^ ’  *?.’  ®er'*n'  64i-  Voie  cependant  Vienne,  39. 

1 4,:»Suv„  ikcbu  '  '  ’  4  lonnu>  39.  Le  loyer  doit  être  payé  &vu rcoXopv  xat 

I  Oreufoll  ICI  k  papyri  in  the  British  Muséum,  t.  Il,  1898,  n»  210; 

Alexandri< 

I  bit, , 

J?'  ^  '  1000  I  yVi  jI0>s^0^  Zeitschrift  der  Savigny-Stiftung  für  Rechlsg. 
HlnSï'r*-  362;  ~  7  Berlin,  3t9,  538  ;  Vienne,  32.  -  »  Cf. 
8 Eic.  off.\  ;  >  ]J.,S ludiques  -des  Bomains ,  t.  I.  p.  619,  n.  3  et  p.  020. 
ln s,1« potestnh  I  f  iu  Paul.  Sent.  11,  18,  1  ;  Homo  liber  qui  statum 
ML *  °P«’ej  j„ns  . .  Jl 1  ,f  pejorem  eum  et  meliorcm  faccre  polest  :  atque 
i  '  ~  13  Paul.  Collai  "f  noclurna “lue  local.  —  11  Loc.  cil.  —  12  Ap.  Scnec.  Kp. 

pugnaret  b,!-  '"0$a7t’  *•  2  :  Eei  eliam  ilium  qui  opéras  suas,  ut 

°Cmt  ~  14  Sei>ec.  Loc.  cit.  -  13  ibkl.  :  Vulaares  opifi. 


enlo|t  An  il,.,.  11  lne  Bntish  Muséum,  t.  II,  1898,  n»  210; 

'towioic,  189,;  7  er°l‘c  fragment  and  other  greck  papyri  chie/ly 

“’l!  xivSOvou  *»:  ;  uBn’  °03,  604’  "G,  CH  ;  Vienne,  240)  ou  bien  ixfvSuvov 
de  ces  clans.,,  ““‘['“O''  ’tav'3;  JnoXoyou  (Vienne,  36,  37,  40,  41).  Cf.  sur  le 


CINAEDUS,  MIMES,  TIBICEN,  CIRCÜLATOR,  PILARIUS,  PRAESTIC1A- 
TOR,  FUNAMHULUS,  CERNUUS,  PETAURISTA,  GLAUIATORj. 

Los  artes  Bulgares  et  sordidae  sont,  dit  Sénèque14, 
ceux  des  opi/ices  ;  ils  consistent  en  un  travail  mécanique 
et  ont  pour  unique  but  les  besoins  de  la  vie15.  Ce  sont 
aussi  les  services  de  nature  très  diverse  rendus  par  des 
mercenaires  :  appariteurs  et  autres  auxiliaires  des  magis¬ 
trats  [VIATORES,  SCRIBAE,  LICTORES,  ACCENSI,  PRAECONESj  OU 

des  prêtres  (calatores,  viatores,  fictores  [fictor],  stru- 
fertariin ,  victimarii).  Pour  les  travaux  des  champs, 
on  employait  des  messores 17,  sa rri tores  18,  faenisici 1  *, 
strictores  20,  leguli  21 ,  etc.  ;  en  ville,  des  portefaix 
[bajulus]  22,  saccarius  23,  cuisinier  [coques],  écrivains 
( librarii)n ,  et  bien  d’autres  operarii 23,  travaillant  à  la 
journée  moyennant  un  salaire  ( rnerccs ). 

Ces  mercenaires,  particulièrement  ceux  qui  étaient 
employés  aux  travaux  des  champs,  habitaient  chez  le 
conductor  et  faisaient  en  quelque  sorte  partie  de  sa  mai¬ 
son20.  Le  conductor  avait  sur  eux  un  pouvoir  discipli¬ 
naire  analogue  à  celui  qu’il  avait  sur  ses  clients  ou 
affranchis  :  le  vol  commis  par  eux  à  son  préjudice  ne 
donnait  pas  lieu  à  l’action  furti 27. 

2°  Le  louage  de  services,  comme  le  louage  de  choses, 
est  un  contrat  consensuel,  synallagmatique  et  de  bonne 
foi.  Le  locator  s’engage  à  fournir  ses  services  moyen¬ 
nant  un  salaire  ( merces )  que  le  conductor  promet  de 
lui  payer.  Les  triptyques  de  Transylvanie  fournissent, 
plusieurs  exemples  de  contrats  de  louages  de  services28. 

Le  locator  peut  en  général  se  faire  remplacer  par  un 
tiers20.  Il  en  sera  autrement  toutes  les  fois  que  le  con¬ 
ductor  aura  traité  en  considération  de  la  personne30.  Il 
répond  de  son  dol  et  de  sa  négligence  ;  il  est  en  faute  s’il 
ne  connaît  pas  son  métier  :  à  cet  égard,  on  le  traite 
comme  un  artifex 31 . 

Le  conductor  doit  payer  le  salaire  convenu,  même  si 
le  travail  n'a  pas  été  fait,  sans  qu'on  puisse  rien  repro¬ 
cher  au  locator.  L’ouvrier  congédié  sans  motif  a  droit  à 
la  réparation  du  préjudice  qu’on  lui  cause;  mais  il  doit 
justifier  de  ce  préjudice  en  démontrant  qu’il  n’a  pu 
trouver  du  travail  ailleurs32. 

III.  locatio  operis  faciemh.  —  Le  louage  d’ou- 
vrage  a  pour  objet  un  travail  à  effectuer  à  l'entreprise33, 
comme  la  construction  d’une  maison  ou  d’un  navire34, 
la  célébration  de  funérailles  [funus,  t.  IV,  p.  1398j,  la  con¬ 
fection  d’un  objet  d’art  par  un  orfèvre  [aurifexj  33,  le  net¬ 
toyage  des  vêtements  de  laine  par  un  foulon  [fullonica]30. 

Ce  contrat,  dont  l’usage  a  été  emprunté  au  droit  public, 
s’est  développé  aux  dépens  de  la  locatio  operarum.  Bien 
des  travaux,  qu’un  propriétaire  faisait  faire  ancienne- 


cum,  quac  manu  constant,  et  ad  instruendam  vitam  occupatac  sunt.  —  111  Fesl. 
Ep  p.  85,  v°  Ferctum.  —  <7  Varr.  Be  re  rust.  I,  17,  2;  Ephem.  epigr.  V,  277. 

—  18  Ap.  Non.  Marcel.  8,  1.  —  19  Varr.  Loc.  cit.  —  20  Cat.  De  re  rust.  144,  3. 

—  21  Ibid.  146,  3.  —  22  Fcst.  Ep.  35,  8.  —  21  Corp.  inscr.  lat.  IV,  274,  497  ; 
Paul.  4  epit.  Alfen.  Dig.  Dig.  XVIII,  1,  40,  3.  —  24  Cic.  Ad  Alt.  XII,  6,  3.  — 25  Cat. 
De  re  rust.  145,  1  ;  operarios  conducerc.  —  25  Ulp.  17  ad  Sab.  Dig.  VII,  8,  4  pr.  : 
...Sed  et  cum  liis,  quos  loco  servorum  in  operis  habet ,  liabitabit,  liccl  liberi  tint 
vel  servi  alieni.  —  27  Paul.  De  poon.  pagan.  Dig.  XLV1I,  2,  90.  —  28  Corp.  inscr. 
lat.  111,  948,  X.  —  29  Ulp.  34  ad  Sab.  Dig.  XXXVIII,  1,  9,  1.  F abrites  ipperac)... 
ejus  generis  sunt  ut  a  quocumque  cuicumque  solvi  possint.  —  30  Cels.  0  Dig.  ap. 
Ulp.  43  ad  Sab.  Dig.  XII,  6,  26,  12  :  Eam  esse  causant  operarum  ut  non  sint 
eaedem...  Nam  plerumque  robur  hominis,  aelas...  mutât  causant  operarum. 

—  31  Cels.  18  Dig.  ap.  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  2,  11,5.  —  32Sev.  Carac.  ap.  Ulp. 
eod.  19,  9;  Paul.  eod.  38  pr.  —  33  Lab.  ap.  Paul.  2  ad  ed.  Dig.  L,  16,  5,  1  :  Opère 
locato  coiulucto  liis  verbis  Labeo  significari  ait  id  opus,  quod  graeci  ànoir/.sap.* 
vacant,  non  id  est  ex  opéré  facto  corpus  aliquid  perfedum.  —  34  Lab.  Octavcn. 
ap.  Ulp.  17  ad  Sab.  Dig.  VII,  6,  12,  6  in  fine.  —  33  Cass.  Longin.  ap.  Gai.  111,  1 47. 

—  35  Cf.  Édouard  Gnq,  Op.  cit.  t.  1,  p.  618,  n.  5. 


1292  — 


LOC 


ment  sous  sa  direction  par  des  mercenaires,  ont  été  peu 
à  peu  donnés  à  l’entreprise.  Dans  le  principe,  et  particu¬ 
lièrement  en  droit  public,  l’entrepreneur  était  désigné 
par  le  mot  redemtor1. 

La  merces  promise  par  le  locator  operis  faciendi 
était,  en  principe,  fixée  à  forfait.  Mais,  connue  dans  la 
locatio  rei ,  elle  ne  consiste  pas  toujours  en  une  somme 
d’argent  :  au  temps  de  Caton,  certains  travaux  étaient 
donnés  à  l’entreprise  à  des  partiarii s. 

Lorsque  la  merces  est  en  numéraire,  on  peut  convenir 
qu’elle  sera  payée  en  une  ou  plusieurs  fois,  soit  après 
l’achèvement  du  travail,  soit  au  fur  et  à  mesure  de  son 
exécution  3,  lorsque  telle  ou  telle  partie  sera  terminée  et 
agréée  par  le  propriétaire*.  On  remarquera  que  la  merces 
est  ici  payée  parle  locator,  tandis  que  dans  la  locatio  rei 
et  dans  la  locatio  operarum  elle  est  payée  par  le 
conductor 5. 

La  merces  était  parfois  lixéeaux  enchères  :  à  l’exemple 
du  censeur,  les  particuliers  adjugeaient  l’entreprise  à 
celui  qui,  pour  1  exécution  du  travail,  demandait  la 
merces  la  moins  élevée.  Il  semble  résulter  d’un  passage 
de  Caton  qifon  prenait  des  mesures  contre  la  fraude 
qui  aurait  pu  se  produire.  S'il  y  a  lieu  de  craindre  que 
l'adjudicataire  s’entende  avec  ses  concurrents  ut  carius 
locetur  et  les  prenne  pour  associés,  on  pourra  exiger 
d’eux  un  serment6. 

Le  travail  doit  être  fait  dans  le  délai  convenu  1  et 
d'une  manière  irréprochable.  L’entrepreneur  ( conductor 
operis  faciendi)  n’est  pas  obligé  à  l'exécuter  personnel¬ 
lement8,  mais  il  est  responsable  de  ses  auxiliaires9. 
Régulièrement,  il  doit  employer  la  matière  fournie  par  le 
locator  :  s'il  est  convenu  qu'il  la  fournira  lui-même,  il  y 
a  vente  et  non  louage I0.  Cette  règle,  qui  n’a  pas  été  admise 
sans  résistance",  n'a  pas  été  appliquée  à  la  construction 
des  maisons12. 

La  réception  totale  ou  partielle  {probat io)  de  Yopus  par 
le  locator  décharge  l’entrepreneur  de  la  responsabilité 
des  risques  pour  la  partie  qui  a  été  agréée  ia.  Jusque-là, 
si  la  chose  périt,  sauf  le  cas  de  force  majeure u,  le 
conductor  est  présumé  en  faute,  à  moins  qu'il  ne  prouve 
que  la  faute  est  imputable  au  locator16. 

Le  louage  d'ouvrage  présente  deux  variétés  soumises 
à  certains  égards  à  des  règles  particulières  :  la  location 
irrégulière  et  l’entreprise  de  transports  maritimes. 

l  Fcst.  p.  270.  —  2  Cat.  De  re  rust.  c.  10  :  Calcem  coqucndam  partiario 
nui  (tant  ita  dant ,  c.  137  :  Vineam  redemtori  partiario  quomodo  des. 
__  3  Javol'.  eod.  51,  1.-  4  Paul.  31  ad  Ed.  eod.  24  pr.  -  8  Cf.  sur  la 
raison  de  celle  interversion,  Mommsen,  Zeitschrift  der  Sacigny-Stiftung, 
R  A  t  VI,  p.  263-267.  —  6  Ibid.  144,  4  :  Ne  guis  concédât ,  quo  olea 
Uganda  et  fàeiunda  carius  locetur.  Extra  quam  si  quem  socium  in  praesen- 
tiarum  dixerit.  Si  quis  adversum  ea  fecerit,  si  dominus,  si  custos  volent ,  jurent 
omnes  socii.  Si  non  ita  juraverint,  pro  ea  olea  legunda  et  faciunda  nemo 
dabit,  neque  debebitur  ei,  gui  non  ita  juraverit ;  cf.  sur  l'interprétation  de  ce 
texte  Karlowa,  Rôm.  Rechtgescliichte,  t.  H,  p.  650.  —  '  Lab.  5  Poster,  a 
Javol!  epit.  Dig.  XIX,  2,  60,  3.  -  »  Marcel.  8  Dig.  eod.  48  pr.  -  9  Cf.  Pompon.; 
63  ad  Ed.  ap.  Ulp.  32  ad  EdTeorf.  H  pr.  —  ‘«Gai.  111, 147.  —  n  Cass.  ap.  Gai.  eod.  ; 
cf  Javol  1 1  Epist.  Dig.  XVIII,  1,  65.  —  »2  Pompon.  9  ad  Sab.  eod.  20.  —  13  Lab.  1 , 
Pilli.  eod.  62.  -  14  Sab.  ap.  Javol.  5  Lab.  Poster,  eod.  59.  -  <5  Florent.  7  Instit. 
eod  36  •  J  E  Labbé,  Étude  sur  quelques  difficultés  relatives  à  la  perte  de  la 
chose  due  et  à  la  confusion,  1870,  p.  124.  -  16  Cf.  Pellat,  Textes  choisis  des 
Pandectes,  ï‘  éd.  1866,  p.  41.  —  17  Pompon.  9  ad  Q.  Mue.  Dig.  XXXIV,  2,  34  pr. 
-  18  Alfen.  Var.  5  Dig.  ep.  Dig.  XIX,  2,  31  pr.  -  19  Cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  I.  I, 
p.  581,  n.  2.  —  20  Paul.  2  Sent.  Dig.  XIV,  2,  1;  34  ad  Ed.  eod.  2,  2. 
_  21  Serv.  ap.  Paul,  eod.,  2  pr.;  2,  3.  —  Bibliographie.  Haase,  De  opéré  locato  et 
conducto  Iiomanorum  commentatio  grammatica  et  historica,  Leipzig,  1814, 
Jacobi,  Remission  des  Pachtzins,  1850;  Bolzc,  Ueber  den  Zufall  bei  der  Werle 
verdingung  (Archiv  fur  civ.  Praxis,  t.  LVU,  n.  5)  ;  Degcnkolb,  Platzrecht  und 
Miethe,  Reitraege  zur  ilirer  Gcschichte  und  Théorie,  Berlin,  1867  ;  Pfizer,  Paclit 
und  Miethe  ( Archiv  fur  civilistische  Praxis,  t.  LXXI,  p.  445);  Von  \angerow, 


LOC 


1°  Dans  la  location  irrégulière,  le  conduite» 
matière  qu’il  doit  façonner,  mais  sans  être  Ji 
s’en  servir18.  11  est  autorisé  * 


onsé  à  en  employer  une  •  ^ 
équivalente.  Tel  est  le  cas  où  l’on  remet  un  |jn,,(ll  '. e 
un  orfèvre  pour  qu’il  fasse  des  a""" —  --  h  '  ()r^ 


s  anneaux  d’un  Cen,' 

poids11.  Tel  est  aussi  le  cas  où  plusieurs 


chargent  du  blé  sur  un  même  navire  ~~ 


le  capitaine  rendra  à 


ire*  ea  convenant 


que 


.  ,  '  '  ■  “Ulll 

ra  à  cuacune  une  quantité  égale  à  cellJ 
qu’on  lui  a  confiée18.  Ici  le  conductor  devient  Wt  T 
taire  de  l’or  ou  du  blé  comme  s’il  y  avait  mutuuin 
suite,  les  risques  sont  à  sa  charge.  Le  contrat  conservd 
cependant  le  caractère  de  louage,  à  cause  du  travail  o  1 
le  conductor  a  promis  de  faire  et  de  la  merces  qui  ljl 
est  payée. 

2°  L’entreprise  de  transports  maritimes  présente  deux! 
particularités  :  a)  les  détournements,  autres  que  le  vol 
commis  par  le  capitaine  au  préjudice  des  chargeur] 
sont  réprimés  par  une  action  spéciale,  oneris  mW 
qui  est  vraisemblablement  pénale  19. 13)  Lorsque  le  natire 
est  en  danger  et  que  le  capitaine  a  dû,  pour  le  salut 
commun,  jeter  à  la  mer  une  partie  de  la  cargaison,  la 
perte  se  répartit  entre  tous  les  chargeurs  et  le  proprié¬ 
taire  du  navire,  proportionnellement  à  leur  intérêt20] 
Cette  règle,  qui  existait  au  temps  de  Cicéron21,  a  été 
empruntée  par  les  Romains  à  la  loi  Rhodia  de  jactu 
[lex  ruodia  de  jactu].  Édouard  Cuq. 

LOCULUS,  LOCULI,  LOCELLUS,  LOCULAMEiNTUj 
—  Le  mot  loculus  désigne  un  petit  espace  réservé  à  un 
objet,  le  compartiment  d’une  boite,  et,  par  extension,  la] 
boite  même,  la  caisse  divisée  en  compartiments,  dans  un 
sens  plus  étendu  encore,  toute  espèce  de  caisse,  decollret1. 

I.  Le  mol  loculi ,  au  pluriel, 
indique  tout  récipient  monétaire. 

1°  Coffre-fort,  caisse2  [arca, 
arculaI. 


Fig.  4509.  -  Cassette. 


Y  area  d;:  c,  un  texte! 


2°  Récipient  monétaire  porta¬ 
tif3.  Les  loculi ,  récipient  mo¬ 
bile,  sont  nettement  opposés  à  . 

de  Juvénal*  ;  notamment  petite  cassette  ou  on  se* 

rait  l’argent.  Martial  en  mentionne  en  boié  '  e  1 
ivoire6  et  déclare  ces  dernières  dignes  d  111  11  CP 
que  de  l’or  \  Une  peinture  de  Pompéi  nous  nio  J 
un  de  ces  coffrets  et,  à  côté,  les  pièces  de 


naie  8  (fi 


O  * 


Lehrbuch  der  Pandekten,  7»  éd.  1875,  t.  III,  p- 


440;  Maywz,  Cou  « 


de  ifroil] 


histodjm 


7°  CCI.  10/É»,  <<•  !'■ 

Romain,  4“  éd.  1877,  t.  II,  p.  236;  Ortolan  et  J.  E.  Lab  ’  rpntoljj 


Itomain,  v  ea.  icw/,  i.  u,  — —  ,  « -  unmm.  o,  . 

des  Instituts  de  Justinien ,  12e  éd.  1884,  t.  III.  P-  -  ’  1  Sliflvnq,  A.-b  *  % 
Anfaenge  von  Kauf  und  Miethe  [Zeitschrift  der ■  Saviff  J  -  '  ^  ,  jacobi 
p.  260)  ;  C.  Burckhard,  Zur  Geschiclite  der  locatio  c  operis  ( IhenÆ 

Miethe  und  Paclit,  1889;  Dankwardt,  Die  locatio  n 5 .  Karlowa,  j» 

Jahrbücher,  t.  XIII,  p.  7)  ;  Die  locatio  operarum,  /  i  ■  ■  ‘  conrfuciio 
Grünhuts  Zeitschrift,  t.  XVI,  p.  .418;  p-  R®8*1’  “  fcll/  »»ii 

irregularis  ( Studi  Senesi,  t.  VII,  p.  I81)>  '  " f’buch  des  P«n,lekUl'"' ‘ 

(lherings  Jahrbücher,  t.  XXV..,  n.  4)  ;  Windscheid ,  Le  J  P  «.  J  j 

•  éd.  1891,  t.  II,  §§  399-403  ;  Accarias,  Précis  de  ^  ,891,  P-J'1 

L  316  ;  Édouard  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  i  périma  * ien 

...  .  .  .  rtse  avec  ,  ..  n, ),n\si 


1.  Erman,  Les  théories  romaines  sur  l’entreprise  «'  ^  l0;Karlo": 


JÎSfflt* 


!«•] 

SC^ 


le.ht.guch ichU,  t.  H,  1891,  p.  6-  ” 


. . . «.»l 


1892-1899,  t.  I,  p.  657;  ».  »,  i-  — >  J  l’empire 

110-114;  Beaudouin,  Les  grands  domaines 


.ravaux  récents,  1899.  mfNTUM.  1  'cs  1  "j  u 

LOCULUS,  LOCULI,  LOCELLUS,  LOCULA  -  Quaest ,  «“'■ 


!> 

Il,  31. 1 


r;-,;',  17S ;  sen*c.  vXlli  n,| 

2  Hor.  Sat.  I,  3,  17;  IL  3,  146;  Epist.  U,  ,  7;  Digest.  XXp  Sali 

52,  1;  Apul .  Met.  IV,  16;  Mart.  Eptgr-  ^  Sa,.  XL  38  ;  P' 

*•  1  ;  “■  i** 

li  Ibid.  14-  "  1 


^XL,  locelli  ;  Apul.  De  mag.  61 
(9.  _  0  XIV,  13  (loculi  et  locellus). 
Ercolano,  t.  H,  p.  43  et  213. 


LOC 


0° 

CP  pelit 


•  ce  particulière  de  l’empereur  est  appelée 
3°  La  iiaJ'  ou  simplement  loculi\ 
local*  PecuUa  '  donne  le  nom  de  locuh  aux  lar- 

p  Par  extensmm 

gesses  en  ^  chcz  leg  Romains,  le  nom  du 

TirC  nhle’  Aucun  texte,  à  ma  connaissance,  ne 
ineuble  '  l’indique  ou  n’y  fait 

allusion,  et  le  mot 
loculi  est,  jusqu’à 
nouvel  ordre,  celui 
qui  convient  le  mieux 
pour  le  désigner. 
L’usage  en  devait  être 
populaire,  comme  de 
notre  temps,  et  assez 
répandu,  car  on  a 
,  vé  un  certain  nombre  de  tirelires  antiques.  Une 
L  découvertes  les  plus  intéressantes  en  ce  genre  est 
celle  qui  fut  faite  en  1812  aux  thermes  de  Titus  :  on 
trouva  une  tirelire  ronde,  en  terre  cuite  rouge, 
ornée  des  ligures  de  trois  divinités,  pleine  encore  des 
nièces  qu’on  y  avait  introduites;  elle  contenait  en  effet 
251  deniers,  les  plus  anciens  étant  de  la  République, 
Üs  plus  récents  du  commencement  du  règne  de 
Trajan1.  Fea,  qui  nous  fait  connaître  cette  découverte, 
ne  nous  a  pas  laissé  le  dessin  de  ce  petit  monument 
aujourd’hui  perdu.  Ce  qu’il  en  dit  permet  de  supposeï 
que  cetle  tirelire  ressemblait  à  celle  que  nous  repro¬ 
duisons  ici  d’après  un  dessin  de  Séroux  d’Agincourt  1 
(fig.  4510).  Trouvée  en  1809-1810,  dans  les  fouilles 
que  le  prince  Frédéric  de  Saxe-Gotha  lit  exécutei  sui 
l’Aventin,  cette  deuxième  tirelire  porte  en  relief  1  image 


d'un  cocher  vainqueur  et,  sur  le  côté  opposé,  le  nom 
Ael(ius)  J lax(imus).  Sa  forme  est  celle  d  un  cylindre, 
terminé  en  cône,  avec  une  ouverture  horizontale  à 
la  naissance  du  cône.  Cette  forme  parait  avoir  été  la  plus 
commune,  car  il  en  existe  un  cerlain  nombre  d’exem¬ 
plaires  :  Caylus  en  indique 
une,  de  provenance  incon¬ 
nue  °,  aujourd’hui  au  Cabi¬ 
net  de  France  ;  elle  est  ornée, 
d’un  côté,  de  l’image  de  la 
Fortune,  debout  dans  une 
édicule  ;  de  l’autre  côté,  de 
deux  palmes  gravées  en 
creux.  Une  autre,  également  ornée  de  l’image  de  la  For¬ 

tune  el  portant  un  nom  au  revers,  faisaitpartie  du  cabinet 
urand  \  Deux  tirelires,  pareilles  aux  précédentes, 

®  cent  1  image  de  Mercure  dans  une  édicule  ;  l’une  a  été 
'ouht  surlEsquilin  en  18758,  l’autre  faisait  partie  de 
P  collection  Alessandro  Castellani9.  La  forme  de  ces 
P®  Us  meubles  était  aussi  variée  que  de  nos  jours  ;  les 
LUS/CS  c*e  Naples  et  de  Pompéi  en  possèdent  plusieurs 
Sgr  ""  (U‘*'e’  rï°nt  deux  imitant  des  coffrets  dont  la 
I  ruri  il  les  clous  sont  figurés  en  relief10  (fig.  -1511). 

lit».  XlU  _  >1(.  -  Frout.  /Je  aq.  CXV11I.  - — 3  Auson.  Grat.  act.  adGra- 

AoteS.  —  î;  ftrr)l  ea’  ®sserv'  intorno  alla  célébré  statua  cli  Pompeo,  1812,  p.  12, 
— 6  écueil  d'aiït  efra^men^9  sculpt.  antiques  en  terre  cuite ,  p.  51,pl.xx,9. 
iUnd,  1830  n«  i  P'  P'-  lxxxii,  3,  4.  —  7  Vente  du.  cabinet  Bu¬ 

ll-  135,  picV|I|  i,  __  ~  "  Urixio,  Pitture.  e  sepolcri  scop.  suit'  Esquilino,  1876, 
liPowpjj .  |,  1  ,Jlb‘ct.  Al.  Castellani,  1884,  n°  561  el  p.  77.  —  '6  Micolini,  Case 

'  p-  24s-  ~ 11  Rec- danL  »• iv-  p-  *57'  p'- u,,>  *• 

P- *76,pl.  1, 5 .  j  ’p  ’  ~  13  Uoldetli,  Osseri).  sopra  i  cimiteri  de’  s.  martir  i,  1.  Il, 
err<!t'  Catacombes  de  Home,  t.  IV,  pl.  vm,  1.  —  H  Boldetli,  O.  I. 


to®  (&  <3) 

Hg.  4511.  —  Tirelire. 


Caylus  possédait  deux  tirelires,  également  en  (erre  cuile, 
trouvées  à  Rome  sur  le  Cœlius  ;  l  une  plate  et  ovale  por¬ 
tait  une  tête  d’Ilercule  d’un  bon  travail"  ;  l’autre,  de 
même  forme,  mais  d’une  exécution  très  négligée,  olTrait 
Cérès  assise  entre  deux  figures  debout12.  Dans  une  des 
catacombes  de  Rome,  Boldetli  a  trouvé  une  tirelire  en 
terre  cuite,  en  forme  de  bouteille,  sans  aucun  orne¬ 
ment13,  et  une  autre  semblable  avec  cette  différence  que 
la  panse  est  tout  entière  occupée  par  une  face  humaine  ". 
Grignon,  dans  son  recueil  manuscrit1’,  donne  le  dessin 
d’un  vase  monté  sur  un  pied  élevé  et  orné  de  deux  anses, 
que  l’on  a  transformé  en  tirelire  en  le  perçant  d  une 
fente  verticale  qui  occupe  le  bas  du  col  et  le  sommet  de 
la  panse  )C. 

6°  Tronc.  Nous  n’avons,  jusqu’ici,  parlé  que  de  la  tire¬ 
lire  populaire,  le  récipient  en  terre  cuite,  destiné  à  rece¬ 
voir,  pièce  à  pièce,  les  petites  économies,  et  dont  on  ne 
peut,  sans  le  briser,  retirer  te  contenu.  Il  existe  d’autres 
récipients  monétaires,  danslesquels  on  introduit  les  pièces 
par  le  même  procédé,  mais  quel  onpeutvideràl  aide  d  une 
porte  qui  y  a  été  ménagée.  Ce  dernier  détail,  leur  forme, 
leur  ornementation  plus  soignée,  la  matière  dont  ils  sont 
faits,  leurs  dimensions  aussi,  les  distinguent  essentielle¬ 
ment  des  tirelires.  C’est  le  tronc 
destiné  à  recevoir  les  offrandes  à 
une  divinité.  Henri  de  Longpé- 
rier 17  a  démontré  que  les  anciens 
avaient  recours  à  ce  moyen  de 
recueillir  des  dons  en  espèces.  Le 
plus  décisif  des  arguments  qu’il 
apporte  est  un  texte  de  1  historien 
Josèpbe18  mentionnant  rétablis¬ 
sement,  dans  le  temple  de  Jérusa¬ 
lem,  d’un  tronc  en  bois  (çôXivo; 

0-qoraûpo;)  muni  d’une  seule  ouver¬ 
ture  (ôtt/,  fua),  par  laquelle  le  peu¬ 
ple  introduisait  ses  offrandes  pour 
la  reconstruction  du  temple.  Il 
semble,  d’après  le  contexte,  que 
ce  procédé  était  nouveau  et  fut 
bien  accueilli  à  cause  de  sa  discré¬ 
tion.  Un  tronc  creusé  dans  la  pierre  a  été  trouvé  par  Gri¬ 
gnon,  dans  un  temple,  au  Châtelet19,  et  Grivaudde  la  Yin- 
cellenousen  aconservé  le  dessin20.  Les  fouilles  deVertault 
ont  donné,  en  1893,  un  tronc  en  pierre  qui  a  la  forme  d’un 
banc  à  dossier  sur  lequel  sont  assises  deux  divinités  diffi¬ 
ciles  à  caractériser,  dont  la  tète  a  disparu  ;  entre  elles,  au 
centre  du  siège,  s’ouvre  l’ouverture  du  tronc 21.  A  la  même 
classe  appartient  un  tronc  en  terre  cuite,  trouvé  à  Vichy 
en  1858  et  conservé  au  musée  de  Moulins  (fig.  4512)  22 . 
Il  est  surmonté  d’un  buste  jeune,  lauré  et  drapé  ;  une 
porte  placée  en  bas  et  en  arrière  du  meuble  permettait 
de  retirer  les  pièces  de  monnaies  qui  avaient  été  intro¬ 
duites  par  une  ouverture  ménagée  à  la  partie  supérieure. 
Le  Cabinet  de  France  possède  une  statuette  en  bronze  de 

pl  (ï.  _  15 Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  I87G,  p.  “4,  s.  ;  160,  s.  —  16  P.  79 
,lu  mss.  —  n  Revue  archéol.  t.  XIX  (1869),  p.  163,  s.;  p.  86  du  tirage  à  part 

(augmenté).  _ i8  Antiq.  Jud.  IX.  8,  2.  —  18  Second  bulletin  des  fouilles  faites 

au  Châtelet,  1775,  p.  204.  —  20  Arts  et  métiers  des  anciens,  pl.  ci,  1.  —  21  F.  Da- 
guin,  Mémoires  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  Erance,  t.  LVII,  p.  334,  s.  —  22  Tudot, 
Collect.  de  figurines  en  argile,  p.  40,  41,  fig.  62;  p.  55,  fig.  76,  78,  cxplic.  des 
planches,  n°  48,  pl.xLvm;  II.  de  Lougpérier,  L.  l.  \  Catal.  du  Musée  de  Moulins, 
p  n»  1;  A.  Blancbet,  Étude  sur  les  figurines  en  terre  cuite  de  la  Gaule 
romaine  —  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  p.  195,  s. 

163 


1 29i  — 


LOC 

la  déesse  Epona,  dont  le  cheval  est  monté  sur  un  socle 
élevé  qui  servait  de  tronc  Il  faut  rapprocher  de  ce 
monument  une  autre  statuette  en  bronze  du  Génie  des 
ouvriers  en  cuivre  de  Diara,  trouvée  aux  environs  de 
Lyon,  et  dont  le  socle  faisait  également  l'usage  d'un 
tronc  destiné  à  recevoir  les  offrandes  au  Genius2. 
Des  environs  de  Lyon  provient  également  une  statuette 
en  bronze  de  la  Fortune,  conservée  au  Musée  de  Saint- 
Germain,  qui  servait  également  de  tronc,  grâce  à  une 
ouverture  ménagée  entre  les  genoux  de  la  déesse  \ 

11.  Boite  de  médecin.  Ovide  raconte  que  le  dieu  de  la 
médecine,  Esculape,  touché  de  la  douleur  de  Diane, 
résolut  de  rappeler  llippolyte  à  la  vie,  et  chercha  les 
simples  propres  à  cet  usage  dans  sa  boite  d’ivoire  :  loculis 
depromit  cbumisK  De  ce  texte  on  peut  conclure  que  les 
médecins  anciens  avaient  des  boites  à  compartiments 
dans  lesquelles  ils  renfermaient  leurs  médicaments,  lit 
en  effet,  on  conserve  une  boite  de  médecin  en  ivoire, 


Fig.  4513.  —  Boilc  de  médecin. 


ainsi  divisée;  elle  est  bien  caractérisée  par  son  cou¬ 
vercle  sur  lequel  l'artiste  a  figuré  en  relief,  dans  une 
édicule  soutenue  par  des  colonnes  torses,  Esculape  et 
Ilvgie  avec  leurs  attributs  ordinaires  5.  Cette  boite,  dont 
le  style  rappelle  celui  des  diptyques  consulaires,  doit 
être  du  ive  siècle  ap.  J.-C.  Conservée  de  temps  immémo¬ 
rial  comme  reliquaire  dans  l’église  Sainte-Valérie,  elle 
a  été  transportée  au  musée  de  Sion  en  Valais.  Le  dessin 
que  nous  en  donnons  (fig.  4513)  montre  les  compar¬ 
timents  à  l’intérieur;  pour  l’ouvrir,  on  faisait  glisser 
dans  une  rainure  le  couvercle  qui  était  maintenu  par 
une  cheville  fixée  dans  un  trou  creusé  sur  le  rebord 
d’une  des  extrémités  de  la  boite.  Le  musée  de  Berlin 
possède  deux  autres  boîtes  de  médecin,  en  bronze.  La 
première,  trouvée  entre  Neuss  et  Xante,  est  ornée,  sur  le 
couvercle,  d’un  Esculape  incrusté  d’argent6  ;  l’autre, 
qui  porte  également  l’image  d’Esculape,  a  été  achetée  à 
Naples7.  Le  même  musée  possède  les  débris  d’une 
troisième  boite  semblable8.  On  a  trouvé  à  Portici  le 
couvercle  d’une  boîte  analogue  9.  Le  musée  provincial 

1  E.  Babelon  et  Blanchet,  Calai,  des  bronzes  ant.  de  la  Biblioth.  nationale ,  p.  300, 
n»G89;  S.  Reinach,  Revue  arch.  1895,  p.  171, n<>  15.  —  ^Allmeret  Dissard,  Trion , 
I,  j).  151.  —  3  S.  Reinach,  Descript.  raisonnée  du  Musée  de  Saint -Germain, 
Bronzes ,  p.  99,  n<>  95.  —  4  Ovid.  Fast.  VI,  749.  —  5  Bonner  Jahrbuch,  t.  LII, 
1872,  p.  127,  pl.  i.  —  G  Ibid.  XIV,  1849,  p.  33,  pl.  ii.  —  1  Ibid.  pl.  i,  1. 
—  8  Ibid.  p!.  i,  2-5,  —  9  Antich.  d’ Ercolano,  l.  V,  p.  204,  3  et  271.  —  10  Bonner 


LOC 


de  Bonn  possède  aussi  une  boîte  de  méd  ■  ■ 
lièrement  curieuse10  ;  elle  est  en  bronze  dh"  Parlicu' 
compartiments  fermés  par  des  couvercles  i  ^  dcux 
petite  poignée  ;  les  parois  sont  doubles  s'""11*  d’Une 
un  écartement  d’un  centimètre  environ, ’emT*?*  par 
sans  doute  pour  préserver  les  médicaments  ron  h*.  m®’ 
dité  ou  les  changements  de  température-  i,,'!  ‘UQii' 
est  orné  d’un  rectangle  formé  par  cinq  ij!,n,  '°UVercle 
Iriques.  Enfin,  on  conserve  an  musée  de  Napies^Tw!' 
en  bronze,  divisée  en  cinq  compartiments,  dans  D  -  ' 

restaient  encore  des  médicaments  11  ;  elle  est  |',,n  ■Tels 
sorte  de  gaine  rectangulaire,  d’où,  à  l’aide  d’uneplï 
on  fait  sortir  la  partie  intérieure  comme  un  tiroir  *  ’ 
IIL  Boite  de  peintre.  Varron12  dit  que  Pausias  et  1 
autres  peintres  se  servaient  de  boites  divisées  en  * 
partiments(ar-  (0ra' 

culae  locula- 
(ae),  pour  y 
maintenir  sé¬ 
parées  leurs 
diverses  cou¬ 
leurs.  Or,  en 
1847,  M.  Fil¬ 
lon  découvrit, 
au  cours  de 
fouilles  qu’il 
exécutait  dans  une  villa  romaine,  à  Saint-Médard-dés1* 
Prés,  en  Vendée,  tout  l’attirail  d’une  femme  peintre, 
dans  lequel  figurait  une  boite  en  bronze,  avec  un  cou¬ 
vercle  glissant  dans  une  rainure  et  divisée  en  quatre 
c  o  m  p  a  r  t  i  - 
ments  fermés 
chacun  par 
un  couvercle 
muni  d’une 
poignée  (fig. 

4514).  Dans 
les  comparti¬ 
ments  •  res  - 
taient  encore 
des  pains  de 
couleurs  va¬ 
riées 


Fig.  4514,  —  Boilc  de  peintre. 


Fig.  4515.  —  Boîte  de  peintre. 


La  forme  de  cette  boite  semble  indiquer  q® 
le  peintre  s’en  servait  pour  renfermer,  dans  des  locu . 
séparés,  ses  pains  de  couleur;  mais  il  ne  s  en  sériai 
pas  pour  peindre.  11  en  est  autrement  du  petit  ineu  < 
en  terre  cuite  vernissée  que  nous  reproduisons  1C 
fig.  4515)  ;  chacun  de  ses  loculi  forme  un  godet  où  1'  1" 111 
tre  devait  délayer  ses  peintures  et  tremper  son  pinceau 
Ce  curieux  monument  faisait  partie  de  la  collection  ||  U^ 
à  Hippone  par  M.  Aubry,  de  Saint-Dié.  M""1  1  '  uJ 
tesse  de  Béarn  possède,  dans  sa  belle  c0^" g 
monument  semblable,  mais  plus  petit,  trouve  1  1  ^ 

Un  bas-relief  publié  par  Bar toli 1 4  représente  um 
peintre  et  un  autre  personnage,  avec  1  inscripoon  ■  ^ 

Varro.  Sous  le  chevalet  qui  porte  un  poi  li  e  '  ‘  |(,ge, 
d’exécution,  on  voit  la  boîte  de  l’artiste,  ou'1 11  -  ^  ^onU 
trois  loculi  en  forme  de  godets,  comme  ci  un 

•  / ,i  real muSlc 

11  Carlo  Ceci,  Picoli  bron:"  \a  et  d‘ 
—  )3  B.  Fillon,  Descript .  "  (j|ic juif 
1849,  p.  38,  pl-  "•  1  C,.  ' ée dam'1 


Jahrbuch,  t.  LXXI,  1881,  p.  117. 
pl.  vu,  28.  —  12  /f.  rust.  III,  17, 
tombeau  d'une  femme  artiste  gallo-romaine,  1849,  p.  38,  P  Couvée da 

boîte  eu  bois,  munie  d'angles  en  fer  et  d'une  poignée  c..n  36  d  p' 

--  -  -  boîte  de  couleurs.  Von  i 


môme  sépulture,  semble  avoir  été  aussi  une 
—  15  Gli  antichi  sepolcri,  1G97,  pl.  i. 


i2or>  — 


LOC 


l.oc 


If'lU  ‘1  * 


bas-relief,  connu  seulement  par 


int)one.  Mstis  cc 

meui i  ^  ne  peut  être  présenté  sans  de  fortes 
!e des»111  '  ^  a  disparu  et  la  singularité  de 

réserves  ;  1  ‘  .  genlbje  faire  allusion  à  un  texte  bien 

pDSCriirl'l'1  rendent  suspect.  Une  peinture  de  Pompéi 
con'Ul  i.ne  femme  artiste  trempant  son  pinceau  dans 

représente  une 

imite  de  couleurs  • 

Pa  ",  (  |io|n  je  locu/us  doit  certainement  être  attribué, 

lV'  /^ï'je  avec  les  boîtes  de  médecins  et  avec  les 
K  .jnires  aux  petits  récipients  dont  nous  don- 

<""•  «7).  C,  sont  des 


Fig.  451  G. 

Boites  de  loilcttc. 


Fig.  4517. 


boites  en  bois,  qui  ont  la  forme,  l’une  d’un  pigeon  au 
repos,  l’autre  d’un  pied  chaussé  d’une  sandale;  toutes 
deux  sont  divisées  en  cinq  petits  compartiments.  On  les 
ouvrait  en  faisant  pivoter  le  couvercle  sur  une  cheville  qui 
le  maintenait  à  l’extrémité  de  la  boîte.  Ces  boites  ont  été 
trouvées  dans  une  ciste  de  PrénesteE  Ces  petits  objets 
faisaient  certainement  partie  du  mundus  muliebris  et 
devaient  contenir  des  fards  et  des  collyres  pour  la  beauté 
des  yeux.  Dans  les  fouilles  qu’il  a  exécutées  à  Préneste,  le 
prince  Barberini  a  d’ailleurs  trouvé  des  récipients  sem¬ 
blables,  dont  l’un  contenait  encore  différentes  espèces  de 
fards  s.  À  la  même  classe  de  monuments  se  rattache, 
quoique  bien  différent  par  la  forme  et  les  dimensions, 
le  coffret  en  argent  trouvé  à  Rome,  dont  l’intérieur  était 
divisé  en  loculi  contenant  chacun  un  flacon  à  parfum  ou 
■i essence,  en  argent  [capsa,  fig.  1176]  G. 

UÉcrin.  Fréquemment,  les  auteurs  anciens  appellent 
loculus  1  écrin  dans  lequel  on  renferme  une  bague,  une 
pierre  précieuse  ou  un  bijou1.  IF  était  même  dans  la 
coutume  de  conserver  les  pierres  précieuses  dans  des 
0CU^  011  ocrins  en  ivoire  8.  On  mettait  dans  des  coffrets 
semblables  des  clefs  9,  des  vêtements  i0,  des  papiers11. 
!  ;2Boite  0u  sac  que  l’écolier  portait  suspendu  à  son 


Lrréo  Arehimedius.  On  appelait  ainsi  une  boite 

diVl,  '  '  nllll'nant  quatorze  lamelles  en  ivoire,  aux  angles 
ra  _  "" 1,1  découpés,  avec  lesquelles  on  pouvait,  en  les 
■  °C  ldlB’  COmposer  un  nombre  indéfini  de  figures  : 

P-  339,  «.  |  ledivi  Raoul  Rochette,  Peintures  antiques  inédites,  1830, 

Ma/y>p|,i|o,  -||jS|  ^|SU^e<  ^  !,c  n*^me  ^Hto  Jahn, dans  Bevichte...  der  stick.  Gesel- 
Sa,1s  résilie  ij0n  t|a))  üï'^e’  *•  Xm>  1861,  p.  292,  s.  mais  ce  dernier  cite  le  monument 
^^Uverkehrs  II  °uvra®c  postérieur,  Ueber  Darstell.  des  Handwersk  und 
1'  ^pl.n ;oju||n  ^  399, s’ ^  v’ 8*  —  2  Antich,  di  Ercolano ,  I.  VII, 

^a«  H.  urunn  .  *  '  “  '  3  Monument! ,  t.  VIII,  pl .  vin,  5a,  5  b. —  '* Ibid. 

Élude  $i(r  pr(:ne  f  >  >a  ‘  d  1864,  p.  372.  Voir  la  description  dans  Ferniquc, 

411  ^  ?(>ia  antica  ar\  '  5  **  S  *84,  *88.  —  6  Visconli,  Leltcra 

J'  Xvn,i  9  ;  cf.  BoeU ^  scol)eria  tn  Roma ,  Œuvres  de.  Visconli,  t.  I.  p.  219, 

|  '  10  ;  Jnv.  Sat  ^uabiae'  ,v’  2  [CAPSA>  P-  91 2]. —  7  Ovid.  Amo)\ 

Jl*  Sch°|.  ad  Juven  ,  ■  139  >  Val-  Max.  VII,  8,  9;  Jul.  Val.  Epitom.  III,  18. 

'^‘Mart.  X,88.  J12  i7  9  PIin*  NaL  hùL  Xlv>  l4’  2-  —  10Isid-  0ri9-  xx> 

^or‘  ^8,74;  E'fist.  1, 1,  5G.  —  13 Marins  Viclorin, 


vaisseau,  épée,  arbre,  colonne,  etc.  On  donnait  ce  jeu  aux 
enfants,  pour  exercer  leur  mémoire  et  leur  intelligence18. 
Ausone  l’appelle  ossiculum  eburneum u  et  Ennodius 
stomatium  eburneum  I5.  . 

VIII.  Niches  d’nn  colombier  10  [colfmbarii  m,  I  . 

IX.  Ruche  d’abeilles17  [ares]. 

X.  Compartiment  dans  u  ne  sépulture1 8  ]coli  mbarium,  Il  . 

XI.  Cercueil l9. 

XII.  Endroit  ménagé  dans  une  cave  ou  un  cellier  pour 
poser  les  tonneaux,  en  français  un  chantier  [cura, 
fig.  2139] 20. 

XIII.  Civière  sur  laquelle  on  transportait  les  défunts  de 
basse  condition  21 . 

XIV.  Urne  de  vote.  Varron  raconte  que,  pendant  un 
vote,  il  y  eut  un  grand  tumulte  au  champ  de  Mars  parce 
qu’on  surprit  un  citoyen  qui  jetait  frauduleusement  des 
bulletins  dans  le  loculus22.  Voir  les  urnes  de  votes 
représentées  aux  articles  cista,  cistella  (fig.  1511  ),  suf- 

FRAGIUM. 

XV.  Rayons  d’une  bibliothèque  [bibliothecà]  23. 

XVI.  Boîtier  d’un  mécanisme21. 

XVII.  Mangeoire  pour  les  chevaux.  On  faisait  les  man¬ 
geoires  en  bois,  en  pierre  ou  en  marbre;  elles  devaient 
être  isolées  pour  que  les  chevaux  puissent  manger  en  paix 
sans  se  voler  l’un  l’autre23  [equile,  fig.  2710]. 

XVIII.  Piscines  divisées  en  compartiments  [piscinae 
loculataé)  dans  lesquelles  on  maintenait  séparées 
diverses  espèces  de  poissons26. 

XIX.  Petite  caisse  pour  mettre  des  figues  sèches;  ou, 
peut-être,  compartiment  dans  un  grenier  21  appelé  aussi 
Inctts  ou  lacusculus  [horreum,  1].  Hknry  Thédenat. 

LODIX.  —  Etoffe  qui  devait  avoir  l’apparence  velue  de 
la  G ausapa,  si  même  elle  ne  se  confondait  avec  elle1. 
On  en  faisait  des  couvertures  de  lit2,  des  tapis  de  pied1. 
D’après  Suétone  \  Auguste  parfois  se  divertissait  à 
courir  vêtu  d’une  lodicula  5. 

Ces  tissus  paraissent  avoir  été  particulièrement  fabri¬ 
qués  à  Vérone6.  E.  S. 

LOGISTAE  (AoytffTaî).  —  C’était  une  règle  à  peu  près 
générale- dans  les  États  grecs  que  les  magistrats  fussent 
assujettis  à  une  reddition  de  comptes,  confiée  le  plus 
souvent  à  des  magistrats  spéciaux.  Cette  responsabilité 
des  magistrats  existait  aussi  bien  dans  les  États  aristo¬ 
cratiques  comme  Sparte,  que  dans  les  États  démocra¬ 
tiques.  Aristote1  énumère  commefonctionnaires  vérifica¬ 
teurs  les  Tioyiaiat,  les  eüOuvoi,  les  È;ETa<TTat,  les  ffuvvjyoco'.. 

I.  A  Athènes,  la  responsabilité  des  magistrats  était  très 
rigoureuse;  pendant  leur  charge,  ils  étaient  tenus  de 
leurs  biens  et  de  leurs  personnes  pour  tous  les  délits 
qu’ils  pouvaient  commettre  en  tant  que  magistrats  ;  après 
leur  sortie  déchargé,  ils  devaient  rendre  compte  de  leur 
gestion;  avant  cette  justification,  étant  Û7tsuOûvot,  ils  ne 
devaient  ni  quitter  le  pays,  ni  passer  par  adoption  dans 

Art.  gram.  IR,  U;  Grammat.  vet.  éd.  Kcil,  t.  VI,  p.  100,  23  ;  Cacs.  Bass.  (Alil. 
Fortunal.),  Demetris ,  IX,  15.  —  U  Idyll.  CCCL,  7.  —  *3  Cann.  II,  133  (édit.  Migne) 
Patrol.  Lut.  t.  LXlll.  —  16  Col  uni.  It.  rust.  VIII,  8,  3  cl  9,  2  ( loculamentum ). 

_ nColum.  IX,  12,  2.  — 18  Plin.  Nat.  hist.  VII,  2,  12,oll6,  3. —  M  Justin.  XXX1X,I. 

_ 20  Plant.  Mil.  qlor.  111,  2,  18.  — 21  Fah.  Fulgent.  Expos,  sermon,  au  commence¬ 
ment,  édit.  Stavereu,  17  H.  p.  767. —  22  Var.  It.  rust.  111,  5,  18;  cf.  Mamerl.  Grat. 
act.  Juliano  Aug.  XIX.  —  23  Scnec.  Tranquil.  anim.  IX,  17  (loculamentum). 

_  2t  Vitruv.  X,  14  ( loculamentum ).  —  25  Vcgct.  Art.  vet.  I,  56,  4.  —  20  Yarr. 

It.  rust.  111,  17,  4.  —  27  Pallad.  Mart.  IV,  10,  35. 

LOIJIX.  1  Marlial.  XIV,  152.  —  2  Id.  XIV,  187  ;  Juv.  VI,  193.  —  3  Rclron. 
Sat.  20,  2.  —  t  Suct.  Aug.  83,  cl  Casaubon  ad  h.  I.  —  »  Voir  l'usage  fait  pareil¬ 
lement  de  la  g  ausapa  su  bain,  Pelron.  27;  Senoc.  Ep.  54.  —  6  Mari.  XIV,  152. 
LOGISTAE.  1  Vol.  6,5,  10,  132?  b;  4,  13,  1  (éd.  Didot). 


LO  G 


—  129G  — 


LOG 


une  autre  famille,  ni  disposer  d’aucune  manière  de  heur 
fortune,  ni  même  par  consécration,  ni  par  dons  aux  tem¬ 
ples,  ni  par  testament  ;  leurs  biens  servaient  en  quelque 
sorte  de  gage  à  l’État 1  ;  et  il  était  défendu  de  leur  décréter 
une  couronne,  une  récompense  quelconque8.  Seuls,  le 
peuple  et  les  tribunaux  populaires  échappaient  à  cette 
responsabilité3.  Elle  pesait  sur  tous  les  magistrats,  ordi¬ 
naires  et  extraordinaires,  sur  les  simples  commissaires 
[epimelktai],  sur  l’épimélète  de  l’emporium  de  Delos4, 
sur  les  magistrats  éphébiques,  par  exemple  le  sopbro- 
nistc5,  sur  les  triérarques,  sur  les  députés  [legatus],  sur 
les  familles  sacerdotales,  chargées  de  l’exercice  de  cultes, 
sur  les  prêtres,  en  un  mot  sur  tous  les  détenteurs  d’une 
parcelle  de  l’autorité  publique,  même  s'ils  n'avaient  pas 
d’argent  de  l’État  à  manier  f>.  Pour  les  arbitres  publics,  le 
texte  d’Aristote  a  prouvé  définitivement 7  qu’ils  pouvaient 
être  soumis  non  à  une  reddition  de  comptes  ordinaire, 
mais  à  une  eisaggelia  comportant  pour  peine  l’atimie.  Il 
y  a  doute  sur  le  caractère  de  la  responsabilité  du  sénat 
des  Cinq  Cents.  Celle  dont  parle  Eschine8  s’applique 
soit  à  la  construction  des  navires,  soit  à  d’autres  fonc¬ 
tions  spéciales  et  ne  comporte  que  la  privation  de  la 
récompense  de  la  couronne;  les  sénateurs  chargés  de 
mandats  spéciaux  supportaient  la  responsabilité  ordi¬ 
naire9  ;  mais  comme  corps,  le  sénat  n’avait  sans  doute 
que  la  responsabilité  morale  dont  parle  Andocide10;  c’est 
à  tort  qu'on  a  supposé11  qu’il  était  responsable  de  la 
gestion  de  sa  caisse;  en  réalité,  n’étaient  responsables 
que  les  sénateurs,  chargés  par  le  sénat  de  certaines 
fonctions,  par  exemple  son  trésorier,  son  àv-tcycacpEu;12. 
11  en  était  probablement  de  même  de  l’Aréopage. 

A  quelle  époque  remonte  la  responsabilité  des  magis¬ 
trats?  Une  tradition  assez  vraisemblable  attribuait  pour 
l’époque  primitive  et  celle  de  Dracon  la  surveillance  des 
magistrats  à  l'Aréopage,  également  chargé  de  recevoir 
les  eisaggélies 'intentées  contre  eux  par  des  particuliers. 
On  doit  au  contraire  rejeter  la  responsabilité  des  magis¬ 
trats,  qui  figure  dans  la  constitution,  presque  certaine¬ 
ment  apocryphe  de  Dracon13.  La  juridiction  de  l’Aréopage 
subsiste  encore  dans  la  constitution  de  Solon;  il  peut 
punir  les  actes  illégitimes  des  magistrats  et  des  particu¬ 
liers,  en  leur  infligeant  des  peines  et  des  amendes 
remises  à  la  caisse  des  trésoriers  de  la  déesse,  sans 
indiquer  les  motifs  de  la  punition  u.  Mais  trouvons-nous 
aussi,  depuis  Solon,  une  juridiction  concurrente,  celle 
du  peuple?  D  après  Aristote,  dans  la  Politique 1  ’,  Solon 
aurait  donné  au  peuple  les  deux  droits  nécessaires  démo¬ 
cratiques,  le  choix  et  le  jugement  des  fonctionnaires 
(eùOûve'.v);  c&  jugement  aurait  eu  lieu  évidemment  dans 
les  tribunaux  héliastiques  ;  mais  dans  la  Politique  des 
Athéniens ,  Aristote  ne  cite  pas  cette  prérogative  de 
l’héliée  ;  il  est  donc  difficile  de  savoir  si  l'Aréopage  exerce 


1  Aesch.  3, 17-22  Schol.  Arislopli.  Eq.  825  ;  lex.  seg.  247,  10-15.  Leprincipe  que  les 
biens  des  magistrats  sont  hypothéqués  à  I  État  est  encore  appliqué  formellement  sous 
Sept.  Sévère,  en  202,  aux  magistrats  du  nouvel  emporium  dePizosen  Thrace  (Bull, 
decorr.  Iiell.  1898,  p.  491,1.  258-270).  —  *  Aesch.  3,  9-12;  Dem.  24,  150;  Corp.inscr. 
ait.  2,  114,  329.  Pour  le  cas  particulier  des  députés,  voir  l'article  j-egatcs. 

—  3  Aristoph.  Vesp.  587  ;  Andoc.  2,  19.  Naturellement  un  juge  particulier  pouvait 
être  accusé  de  corruption.  —  4  Bail,  de  corr.  Itell.  1892,  p.  375,  1.  8-11.  Voir 
sur  ce  personnage  l’article  epimeletai,  p.  674,  col.  2.  —  5  C.  i.  ait-  4,  2,  563  b. 

—  6  Lys.  24,  26;  30,  4;  Aesch.  3,  17  ;  Dem.  50,  48-50.  —  1  Arislot.  Ath.  pot.  53, 
6;  Dem.  21,  8G;  lex.  seg.  235,  24,  textes  qui  prévalent  contre  Schol.  Dem.  542,  15. 
Voir  Pischinger,  De  arbitris  Atheniensium  publicis ,  diss.  Mun.  1893.  —  8  3,  20. 

—  9  C'est  sans  doute  le  cas  de  Dem.  22,  38.  —  10  2,  19.  —  n  Wilamowitz-Moellen- 
dorff.  Aristoteles  und  Athen,  II,  p.  234.  —  U  C'est  sans  doute  de  ce  dernier 


encore  seul  cette  juridiction.  D’après  Arisl 


oteu 


aurait  donné  aux  citoyens  le  droit  d’obtenir  ’  ^°^*n 
de  toute  injustice:  on  ne  voitpas  sice  texte  s’a  ||Ml;Uion 
plaintes  contre  les  fonctionnaires17.  Cependant  J!!"6111* 
1ère  archaïque  de  la  procédure  des  sé'ôuvot  et'in  i^ 
qu’ils  conserveront,  ainsi  que  les  archontes  thesnii,'i  |"°l1 
d’arrêter  les  plaintes,  permettent  de  supposer  queV  leS’ 
ment  des  fonctionnaires  par  les  tribunaux  ,)oi>iipUge" 
remonte  jusqu’à  Solon  et  que  par  conséquent  ila,.'",,81168 
pendant  quelque  temps  avec  la  juridiction  del’Aréopa  ] 
En  tout  cas,  la  responsabilité  des  magistrnls  existe  eerlail 
nement  sous  toutes  ses. formes  depuis  Clisthène-  1  1 
procès  de  Miltiade18,  de  Thémistocle 19,  d’Arthmios  del 
Zeleia20  pendant  les  guerres  médiques  montrent  lapplj. 
cation  de  l’eisaggélie  devant  l’assemblée  du  peuple-  il 
présence  des  logistes  dans  les  dèmes  doit  aussi  faire 
rattacher  la  création  de  ces  magistrats  aux  réformes  de 
Clisthène  ;  les  procès  d’Aristide  condamné  à  une  amende 
pour  péculat21,  de  plusieurs  magistrats  poursuivis  par 
Cimon22,  d’Aréopagites  poursuivis  par  Épliialte”-3  mon¬ 
trent  en  vigueur  au  vu  siècle  la  procédure  des  süOuvat. 
En  462,  à  la  suite  des  réformes  d’Éphialte,  l’Aréopage 
perd  en  cette  matière  sa  part  de  juridiction21. 

Plaçons-nous  à  la  fin  du  ve  et  au  iv°  siècle  pour  étu¬ 
dier  la  responsabilité  des  magistrats. 

4°  Ils  peuvent  être  atteints  par  l’eisaggelia  [eisaggelia]. 
Ajoutons  ici  que  tout  particulier  peut  poursuivre  par 
cette  voie  un  magistrat  devant  le  sénat;  si  le  sénat 
accepte  l’accusation  et  prononce  une  xaTâyvcosiî,  il  y  a 
renvoi  devant  un  tribunal  hëliastique23. 

2“  Chaque  magistrat  doit  rendre  compte  au  sénat,  à 
chaque  prytanie,  de  son  administration  surtout  finan¬ 
cière  ;  le  sénat  en  confie  l’examen  à  une  commission  de 
dix  Aoyiffxa f,  tirés  au  sort  parmi  les  sénateurs20;  il  est 
probable  que  si  leur  rapport  est  favorable,  I  affaire  est 
close,  que  dans  le  cas  contraire  le  sénat  formule  un 
jugement  préliminaire,  une  xaTàyvwffiî,  qu  il  soumet  a  un, 
tribunal  héliastique27. 

3°  Après  avoir  fait  la  répartition  entre  les  fonction  j 
naires,  chefs  des  différents  services,  des  sommes  \er 
sées  au  trésor,  les  apodektes  soumettent  1<  kmluna^ 
même  les  comptes  de  cette  distribution  au  .  m'I  < 
demandent  s’il  a  constaté  quelque  versemm 
sénat  est  appelé  à  voter28;  il  est  probable  que,  s  i  9 
lieu,  l’affaire  est  confiée  aux  logistes  précédents. 

4°  Chaque  magistrat  subit,  dans  la  séant <  p 
de  l’assemblée  populaire  (xupta  éxxXvpjia',  <i  .  ’  au 
tanie,  la  procédure  dite  êm^sipoxovia  ~.  On  m 
peuple  si  le  magistrat  lui  paraît  bien  gcui  ^jes sont 
on  peut  formuler  toutes  sortes  de  plaintes,  m  4  du 
considérées  comme  suffisantes,  le  magistin  o-ement 
(«ro/cipOTovEïv) 30  et  doit  enlever  sa  couronnée  s 


,  a. t,  Voit 

qu'il  s'agit  à  C.  i.  ait.  2,  114  B,  C.  -  «  Aristot.  A/A-  4,  où  I* 

là-dessus  Bu  soit,  Griech.  Geschichte ,  2°  éd.  H»  P-  — J  /cf.  filli-  ’ 

mots  toù$  àjAaoxàvovTaç  ont  certainement  le  sens  e  \  _ P0^ 

.0,  1135  6,.-«  2,  9,  4,  4274;  3,  6,  7,  ; ^Sl  i  ^  niais  ce  *4 

-  n  D’après  Plutarque  (Sol.  18,  5-6),  il  sagua.^  6,  i36.  C'est 

m  en  taire  n'a  peut-être  pas  une  grande  valeur.  n-  138;  Nep-  , 

DM.  H,  SI-»;  0™.  «1,  «»»  ««"•  "  » 

2*  éd.  I.  III,  p.  124-139.  —  2°  Dem.  9,  42-43,  1  .  -  fi  __  -22  D-oJ-  ■■ 

Aristgg.  24;  Plut.  Them.  6.  -  31  P'Ut;  ,  lute  d'Arislot.  Atl>.P°\  ^ 

-  23  Arislot.  Ath.pol.  25,  2.  -  «  On  peut  le  conclu.  A  ^  5, 

-  2-,  Arislot.  Ath.  pol.  45,  2.  -  36  Ibid.  48,  3,  qui  cxplu  U  ï  ,7.,8. 

45,  2.  -  28  Ibid.  48,  2.  -  39  Ibid.  43,  4.  -  33  Dem.  -0, 


—  1297  — 


LOG 


LOG 


sans  doute  sous 


,  .v  „n  tribunal  héliaslique, 
est  soum's  *  u  archontes  thesmothètes1  ;  le  magistral 

-igjdeiiCÊ  M  ■  •  — :—!■ 


la  prt‘: 


acquitte 


s  reprend  sa  fonction  ; 


au  moins  au  ive  siècle, 


reclure  est  aussi  appliquée  aux  stratèges  . 
cette  pro^'jti)|  rexamen  annuel  de  la  gestion.  Avant  1  ar- 


le  (  403),nous  avons  peu  de  renseignements. 
'  .  i  InrviclûC  Trj'l- 


[.hofltatd’Eucb  e^-^ntionnent  trente  logistes,  ot  xpti- 


I  LeS  ‘"•"Toiventet  étudient  les  comptes3  et  aussi  les 
x'jVTÏ,qU1  p.urs  nip«8pot*.  On  ne  sait  si  le  collège  des 

Irrites  renfermait  les  trois  groupes  de  magistrats 
Wntetog^  M1  avait  en  outre  des  euthynes  et 

qU011  Vl  ' '  !  Les  logistes,  qui  ont  leur  scribe5,  ont  en 
outre  des  attributions  secondaires  ;  ils  établissent,  sur  la 
,  silion  «lu  sénat,  le  compte  des  sommes  dues  aux 
q  .  üs  calculent  la  quote-part  des  tributs  due  a 
i  .  i]s  f0nt  le  compte  des  sommes  empruntées 
ors  d’Athéna  et  des  autres  dieux  pen- 


dieux 
Athéna 

Dar  l’État  aux  trésor 
Haut  plusieurs  années  de  433  à  426  . 

I  Les  trésoriers  d’Athéna,  et  ceux  des  autres  dieux  créés 
ers  435-434  rendent  aux  logistes  leurs  comptes  linan- 
ciers  tous  les  quatre  ans,  de  Panathénées  en  Panathé¬ 
nées,  mais  subissent  tous  les  ans  les  sauvât9  ;  il  est  pro¬ 
bable  qu’il  en  fut  de  même  des  fonctions  quadriennales 
liées  postérieurement.  Nous  sommes  mieux  renseignés 
pour  la  période  postérieure  à  l’archontat  d’Euclide.  Les 
[textes  distinguent  souvent  avec  raison  le  Aôyo;  et  l’euôuva 
ou  les  euOuvca 10.  Le  Aôyoç  est  essentiellement  le  compte 
financier;  le  mot  euôuva ,  plus  tard  euôuvv),  désigne  au  sens 
large  toute  sorte  de  procédure  juridique,  avec  1  amende 
qu  elle  implique11  ;  au  sens  étroit,  c’est  la  procédure  juri¬ 
dique  spéciale  qui  comporte  l’examen  de  toute  la  gestion 
du  fonctionnaire  *'2.  On  peut  exiger  le  Xoyo;  de  citoyens 
qui  ne  sont  pas  soumis  à  l’suôuva,  par  exemple  à  des  Aréo- 
pagites,  à  des  triérarques  et  inversement  il  peut  y  avoir 
EÛOuva  contre  un  fonctionnaire  qui  n’a  pas  manié  d  ar¬ 
gent13;  mais  en  général  les  deux  procédures  sont  réunies 
intimement14  et  le  mot  euOuva  a  fini  par  les  désigner  sou- 
|  vent  toutes  les  deux. 

On  distingue  trois  collèges,  les  Xoytcxon',  les  suôuvot  et 
|  les cuvjyopoi.  11  y  a  dix  logistes  15  et  dix  <runqyopoi ir’,  élus 
i  Panni  tous  les  citoyens  ;  les  euthynes  sont  choisis  par  le 
sénat,  parmi  les  sénateurs,  un  de  chaque  tribu 1 1  ;  chaque 


301 


membre  de  ces  trois  collèges  a  deux  assesseurs,  iripeop 
Soyons  d’abord  la  procédure  devant  les  logistes.  Ils  se 
répartissaient  sans  doute  la  besogne  et  siégeaient  dans 
les  locaux  dits  Aoyionfjpta  19  ;  le  magistrat  rédigeait  ses 
coimtes  en  double  exemplapre,  un  pour  les  logistes,  un 


|  Le  levlr  Ue  1  ollux  (S,  87)  qui  t'attribue  aux  neuf  arctioutcs  réunis  n’est,  pas  à  sa 
I  ,  Aï istot.  L.  c.  61,  2;  Dem.  23,  149  :  àxo<rrçâtiïyov  ieoleïv.  ■ —  3  C.i. 

UIm’to'’  34'  189  ^  22G’  228’  ~73-  ~  i76ld-  34;  And0C-  h  78‘  —  5  C-  *• 
C  13-U  T  !  m<l  h  32’  •-  8-  —  7  Ibid.  1,  226.  —  8  Ibid.  1,  273,  a  b  1-2, 
1  ’  »  4-13,  f  29-40,  Il  i-3.  —  9  Ibid.  1,  32  A,  1.  27-28.  —  '0  Ibid.  1, 

f  *2  A,  1.  27-28  ;  -,  441,  20;  Acsch. 


Besych  ’  iU>  acsch.  3,  12;  Gorgias,  Palam.  28.  —  11  Suid.  Phot. 

Eutot  Vf’,  Po11-  8,  21,  67;  Lex.  Seg.  187,  1  ;  355,  25;  Andoc.  t,  78; 

'(Arisi  ;■„/  7  1,1  1  pial-  Protag.  326  E.  EùJimïv  signifie  généralement  punir 
;  —  12  guid  | ; j ^ '  S’ 4;  Coll.  8,  21).  Voir  Ditlenberger,  Syltoge ,  2e  éd.  n°  570. 


■  km.  717  19  T  S'  "■  él  E:9uva  ;  Poil.  8,  45  ;  Scliol.  Aescli.  3,  9-10  ;  Schol. 

|  **5; Antinl,  ,■  'if0*-  Hal:  Le9-  «3,  23  (éd.  Didol)  ;  Schol.  Aristoph.  Equit.  259, 
1.  2  _  ,  .  ,  Ando«-  h  "3,78;  Lys.  10,  10;  9,  12;  25,  11  ;  C.  i.  att.  2,  608, 

...  G*.  24,  26;  10,  16  _i 

P-63,n«3i  ___  iü  ’  1  u* 


[Schol  Aesch. 


1  Aristol.  I. 


U  C.  i.  att.  1 ,  32  ;  2,  444,  446  ;  4,  2,  385  d  ;  4, 


e.  54,  2  ;  Harpocr.  Suid.  s.  v.  XoytiTai  ;  Pliot.  s.  v.  Xoyntél  i 


m,  «  •SrhJ'l’  LeXi  Cantabr.61  2,20;  Poil.  8,45;  Le  x.  Seg.  245,  0;  257,  15; 


FMliot. 


30b  4;  Etym  ^  Cttntalr.  672,  20  ;  Schol.  Aristoph.  Vesp.  691  ;  Lex  Seg. 


107;  3,  15,  20,22,  23;  Dem.  18,  117;  19, 


ne  peut  utiliser  Poil.  8,  99.  —  16  Arislot.  L.  c.  54,  2  ; 


I  **’*;  Le, r  Se,rlv’  391,  52  ;  Corp ■  <nscr ■  alL  -•  C08>  >•  H-  -  17  Arislot.  L.  c. 


«  dernier  *5’  Sclwl-  Plat.  Le  g.  483,  6;  Poil.  8,  45,  100  (avec  correction 


lcxlob  Andoc.  1,  78;  Har 


pocr.  s.  v. 


■jfluv 


(  =  Lys.  fr.  192). 


pour  les  archives  conservées  au  Metroon  ;  les  expressions 
usuelles,  qui  indiquent  les  deux  procédures,  sont  :  Àoyov 
Biôdvai  OU  Xôyou;  ot7to:pépEiv  (ou  Ivcpepetv  OU  xaxaêxXXetv)  etç  xo 
Mrjxpqjov  xai  7cpbç  xoù;  Aoyinxàç,  xxi  xà;  eùôuva;  oiSovai  (quel¬ 
quefois  avec  l’adjonction  des  mots  èv  x<ü  otxa<rx-»)pf<*>,  de¬ 
vant  le  tribunal)20.  Les  logistes  comparaient  les  comptes 
avec  les  pièces  officielles  conservées  au  Metroon  et  que 
leur  transmettait  le  scribe  du  sénat 21 .  Le  f  onction  nuire  qui 
n’avait  pas  eu  d’argent  à  administrer  en  faisait  la  décla¬ 
ration  écrite  aux  logistes22.  Quiconque  ne  rendait  pas 
ses  comptes  s’exposait  à  laypafpr,  àXoyt&u  [alogiou  graphe]. 
L’époque  de  la  reddition  des  comptes  n'était  pas  tout  à 
fait  uniforme;  les  magistrats  ordinaires  annuels  avaient 
trente  jours23  ;  l’examen  avait  donc  lieu  au  mois  lleka- 
tombaion.  Pour  les  Cosmètes  des  éphèbes,  1  examen 
avait  lieu  au  mois  Boedromion,  car,  au  moins  depuis  le 
iic  siècle  avant  Jésus-Christ,  l’année  éphébique  finissait 
au  mois  Metageitnion  24.  On  a  vu  le  cas  particulier  d«*> 
fonctionnaires  quadriennaux.  On  pouvait  parlois  éviter  la 
reddition  de  comptes  par  fraude,  par  exemple  en  corrom¬ 
pant  les  logistes  ;  inversement  un  logiste  pouvait  chercher 
chicane  à  un  bon  fonctionnaire  2). 

Nous  ne  savons  pas  comment  Escliine  put  retarder 
pendant  trois  ans  l’examen  de  ses  comptes  d  ambassade, 
en  subissant  pendant  cet  intervalle  les  incapacités  qu'on 
a  vues215.  Il  est  probable  que  tout  particulier  pouvait 
intervenir  au  cours  de  l’enquête27.  Si  les  logistes  ne  trou¬ 
vaient  rien  à  répondre,  il  y  avait  peut-être  une  décision 
préliminaire  des  synégores  pour  renoncer  a  1  accusation 
et  il  y  avait  translation  de  l’affaire  à  un  tribunal  liélias- 
tique  présidé  par  les  logistes  et  qui  devait  donnei 
décharge28.  Ici  encore,  tout  particulier  pouvait  intervenir 
quand  le  héraut  demandait  :  «  Qui  veut  accuser?»  *  ,  c  est 
alors  que  les  sycophantes  se  donnaient  libre  carrière30. 
Le  magistrat  recevait  sans  doute  décharge  par  scellement 
de  son  compte.  Si  au  contraire  1  enquête  des  logistes 
prouvait  que  le  magistrat  avait  commis  une  soustraction, 
reçu  des  présents,  mésusé  de  l’argent  de  1  État,  les  syné¬ 
gores  se  prononçaient  sans  doute  en  faveur  de  1  accusa¬ 
tion  et  le  procès  allait  devant  un  tribunal  de  501  heliastes 
présidé  par  les  logistes31.  D’après  Aristote32, 1  accusation 
évidemment  soutenue  par  les  synégores,  revêtait  une  des 
trois  formes  suivantes  :  vol  de  deniers  publics,  yp«f'q 
xXoTt-qç  B-rigochov  Xpr,(i.àxwv  [klope]  ,  corruption ,  BxApwv 
[dekasmou  graphe],  illégalité,  àotxtou  [adikiou  graphe  i. Cette 
distinction  des  trois  délits  apparaît  déjà  dans  le  procès 
de  Périclès33.  Le  texte  d’Aristote  explique  le  sens  jus- 

—  18  Arislot.  I.  c.  48,  4;  Corp.  inscr.  att.  2,  809  6,  1.  76-77;  Poil.  8,  lml;  Andoc. 

1,  78.  — 19  Harpocr.  a.  v.  Xoywrtai  ;  Pseudo-Plut.  VU.  Lgc.  26,  p.  1027.  C. 
i'.  att.  1,  32,  244,  246;  4,  2,  385  d,  I.  27-31  ;  Bull,  de  corr.  hell.  1892,  p.  37o, 

1.  8-11.  Dans  Escliine  15),  un  des  exemplaires  est  remis  au  scribe  du  sénat, 
sans  doute  chargé  de  le  remettre  au  Metroon.  L'orateur  Lycurgue  se  fait  trans¬ 
porter  mourant  dans  le  Metroon  et  le  sénat  pour  rendre  ses  comptes  (Vit.  Lyc. 
84"’  c)  Très  souvent  on  trouve  la  formule  simplifiée  i.oyo»  xat  e407v«;  ou  simplement 
.6»6,«  S.Sdva,  (C.  i.  att.  4,  2,  373  g ,  I.  21  ;  128  b,  1.  42-58  ;  169  6,  1.  18;  184  b, 

1.  22,  35;  314,  1.47;  318  c,  fr.  d,  1.  18;  385  d,  1.  22).  — 2‘  Harpocr.  s. y.  ixoScxTa,. 

_  22  Aescli  3,  22.  —  23  Harpocr.  Suid.  s.  v.  loyuna!  ;  Poil.  8,  45.  Ce  délai  de 

trente  jours' était  usuel  {Corp.  inscr.  att.  t,  31,  57,  fr.  b).  -  24  Ditlenberger,  De 
ephebia  attira,  p.  22.  -  23  Lys.  25,  30;  30,  4-5;  Aescli.  i,  106.  -  26  Dem.  19, 
103  ,  211.  —  27  Aesch.  3,  23;  Lex.  Seg.  245,  6  ;  Dem.  18,  117;  19,  2;  Antiph.  6, 
43;  Lys.  9,  11.  Dans  Lysias  ;20,  10),  il  est  question  du  Xoyurr^çtov  à  propos  des 
accusateurs  ;  Lycurgue  répond  également  à  ses  accusateurs  dans  le  Metroon  et  le 
sénat  _  2s’  C.  i.  att.  2,  469,  I.  61;  470,  1.  42;  4,  2,  385  d,  L  27-31  ;  Lex  Can- 
tabr.  664,  15;  Aesch.  3,  19.  —  29  Voir  note  3t.—  SOAnliph.6,  43;  Dem.  25,  37;  Aris- 
topli.  Equit.  259,  824.  —  3t  Arislot.  54,  2  ;  Lex.  Cantabr.  672,  20.  C’est  à  tort  que 
l'hotius  attribue  aux  logistes  le  tirage  au  sort  des  juges  (s.  v.  EvOuva).  —  32  Ibid. 
54  '2  •  cf.  48,2.  Dans  Andoc.  t,  78,  on  ne  voit  pas  si  les  yja*ai  itefl  tïv  t-jt-jvuv  se  rap¬ 
portent  à  la  procédure  devant  les  logistes  ou  à  celle  des  euthynes.  —  33 plut.  Per.  32. 


1298  — 


LOCÏ 

qu'alors  obscur  de  la  yoaîpY]  àôtx.'o’j  ;  elle  se  rapporte  vrai¬ 
semblablement  en  théorie  à  l’emploi  illégal  ou  nuisible 
des  deniers  publics  ;  c’était  là  le  délit  que  les  logistes 
pouvaient  signaler;  mais  peut-être  les  accusateurs  privés 
pouvaient-ils  poursuivre  d’autres  actes  blâmables  du 
magistrat  ;  seulement,  on  ne  voit  pas  bien  sur  quelle 
base  ils  pouvaient  fixer  l’amende,  sauf  pour  les  délits 
qui  comportaient  des  amendes  lixes  Dans  les  deux 
premiers  cas,  vol  ou  corruption,  la  peine  légale  était 
le  remboursement  au  décuple  des  fonds  détournés  ou 
reçus  ;  dans  le  troisième  cas,  il  y  avait  le  simple  rembour¬ 
sement  du  dommage,  mais  qui  était  porté  au  double,  si 
l’amende  n’était  pas  payée  à  la  neuvième  prytanie. 

Même  après  la  décharge,  le  magistrat  pouvait  encore 
être  attaqué  pendant  trois  jours  de  la  manière  suivante, 
pour  tous  les  actes  de  son  administration  2.  Chaque 
euthyne  se  tient  avec  ses  deux  assesseurs  près  de  la 
statue  de  l’éponyme  de  sa  tribu,  probablement  aux 
heures  du  marché3  ;  tout  particulier  peut  lui  remettre 
une  plainte  (eü8uva)  soit  publique  soit  privée,  en  inscri¬ 
vant  sur  une  tablette  blanchie  à  la  craie  son  nom,  celui 
du  délinquant,  la  plainte  et  l’estimation  de  la  peine, 
T''gy,u.x  *.  L’euthyne  examine  la  plainte,  sans  doute  dans 
un  des  locaux  dos  logistes,  et,  s’il  le  juge  à  propos,  la 
transmet,  quand  elle  est  de  nature  privée,  aux  juges 
des  dèmes  qui  instruisent  les  procès  de  cette  tribu  ; 
quand  elle  est  de  nature  publique,  aux  thesmothètes,  qui, 
s’ils  le  jugent  à  propos,  la  soumettent  à  un  tribunal 
d’héliastes.  On  connaît  comme  délits  poursuivis  dans  des 
EiiOuvai  le  vol  des  deniers  publics B,  les  atteintes  à  la  cons¬ 
titution6,  un  meurtre  politique7,  la  corruption  d’un 
ambassadeur  [legatus]  ;  on  pouvait  poursuivre  tout  acte 
illégal 8.  Être  condamné  se  disait  :  EÙOûvaç  ocpXeïv9.  Après 
cette  procédure,  le  magistrat  ne  pouvait  plus  être  pour¬ 
suivi  pour  actes  relatifs  à  sa  gestion10.  On  n’a  d’ailleurs 
faitqu’assez  rarement  usage  de  l’eù'ôuva  ;  au  iv°  siècle,  les 
euthynes  ne  sont  cités  qu’une  fois11;  on  préférait  la 
forme  plus  facile  de  l’eisaggélie.  A  cette  même  époque, 
les  euthynes  eurent  quelques  attributions  un  peu  diffé¬ 
rentes;  ainsi  en  325-324 12,  l’enthyne  et  ses  assesseurs 
sont  obligés  expressément  de  proposer  au  tribunal  une 
amende  de  10  000  drachmes  contre  tout  particulier  ou 
magistrat  qui  n’exécuterait  pas  les  prescriptions  d  un 
décret  ;  ailleurs  13  des  hiéropes  sont  aussi  obligés,  sous 
peine  d’amende,  d’adresser  en  certains  cas  une  plainte 
écrite  à  l’euthyne  contre  les  violateurs  de  la  loi,  et  l’eu- 
tbyne  et  ses  parèdres  doivent  nécessairement  demander 
la  condamnation  sous  peine  d’amende.  D  après  des  scho- 
liastes  u,  les  euthynes  seraient  attachés  aux  archontes  et 
lèveraient  les  amendes  infligées  par  ces  magistrats  :  nous 

l  11  y  a  des  délits  de  ce  genre  à  Plut.  Sol.  24;  Dem.  24,  22;  43,  58, 
124.  Le  mot  àStxt'a  indique  généralement  une  irrégularité  financière.  —  2  On 
peut  rapporter  à  des  euOuvai  les  deux  discours  de  Démosthène  et  d  Escliine  sur 
l’ambassade,  prononcés  devant  les  thesmothètes,  c'est-à-dire  sans  doute  après  une 
plainte  devant  les  eulhynes;  le  discours  de  Dinarquc  contre  Lycurgue  (fi.  ôl-3i-), 
le  discours  qui  lui  est  faussement  attribué,  eùOuvtixô;  (n°  25,  p.  450,  éd.  Didot)  ;  le 
discours  vingtième  de  Lysias;  le  discours  de  Lysias  contre  Eralosthène  (no  12),. 
prononcé  dans  un  cas  exceptionnel  après  les  Trente  :  dans  1  accord  qui  termina  la 
guerre  civile,  ceux  qui  avaient  fait  partie  des  Trente,  des  Dix,  des  Onze  et  des  chefs 
du  Piréc  étaient  admis  à  l'amnistie  à  la  condition  de  rendre  leurs  comptes,  soit 
devant  les  citoyens  des  trois  premières  classes,  soit  devant  les  gens  du  Pirée  (Arislot. 
Ath.  pol.  39,  CL  Les  fragments  de  Démade  SoiScxaETiaç  sont  une  falsification 
postérieure  (p.  438-441,  éd.  Didot).  Il  faut  plutôt  rapporter  à  des  eisaggélies  les 
discours  27  et  30  de  Lysias.  —  3  S'il  faut  lire  tocïç  dans  Arislot.  48,  4. 

_  4  II  y  a  les  mêmes  formalités  pour  la  cacri;  dans  Poil.  8,  47.  —  &  Aesch.  3,  10; 

Plut.  Aristid.  4;  Dem.  24,  112.  —  6  Lys.  20,  10.  —  7  Lys.  12.  —  8  Lys.  10,  10. 
_  9  Lvs.  10,  27;  Aesch.  3,  10;  Andoc.  1,  73.  Le  décret  de  Patroclidès  (Andoc.  1, 


1.0  G 


ne  savons  ce  que  vaut  celle  assertion,  ni  , 
elle  peut  s’appliquer.  *"  e  époque 

Il  y  avait  à  l’égard  des  stratèges  une  sÙ0,y-, 
présidée  par  les  archontes  thesmothètes16  o,/*  s?éc‘a'e 
doute  voulu  éviter  la  procédure  des  enthvnrs' ? Satts 
l’affaire  au  peuple  lui-même  représenté  m,.  1,  i  !  °nfler 
Nous  ne  savons  pas  si  les  logistes  intervenaient!' 
quelque  manière;  le  Xôyoç  et  l’efltGva  se  tenaiJni  •  ■  I 
mement  ;  il  y  avait  plainte  écrite,  comme  devant  r'!' 
thyne,  et  interrogation  par  le  héraut  comme  devant?  i 
logistes.  On  en  a  quelques  exemples10  ;  les  Guêpes  d’Ar'J 
tophane  en  fournissent  une  parodie  dans  le  procès  dj 
chien”  qui  représente  le  stratège  Lâchés  accusé  de  vol 
aux  dépens  de  l’État  et  des  soldats  de  la  flotte  •  ie  |us 
important  de  ces  procès  fut  celui  de  Périclès18  Après! 
avoir  été  quinze  ans  de  suite  stratège,  il  fut  déposé  en 
430-29  et  poursuivi  en  reddition  de  comptes  ;  ce  ne  fut 
pas  l’eisaggélie,  car  on  ne  connaît  pas  d’accusateur • 
contre  la  proposition  de  Dracontidès  portant  que  le  sénat 
examinerait  les  comptes  et,  le  cas  échéant,  soumettrait 
l’affaire  à  un  jury  sans  doute  de  501  membres,  siégeant  ■ 


sur  l’Acropole  et  votant  avec  une  solennité  particulière 
Hagnon  obtint  que  l’affaire  fût  portée  à  un  tribunal  de 
1501  héliastes  qui  aurait  à  se  prononcer  sur  le  vol,  la- 
corruption,  ou  l’illégalité  ;  Périclès  fut  condamné  pour 
vol  à  une  amende  de  cinquante  talents,  sans  doute  le 
décuple  de  la  somme  détournée.  Ce  fut  donc  un  procès 
essentiellement  politique,  mais  qui  cependant  revêtit  la 
forme  du  procès  en  reddition  de  comptes.  Les  stratèges, 
étant  rééligibles,  échappaient  probablement,  quand  ils 
étaient  réélus,  à  la  reddition  de  comptes  annuelle  ;  ils  ne 
subissaient  l’examen  des  thesmothètes  qu  après  leup 
sortie  de  charge  ou  lorsqu’ils  étaient  rappelés  pendant 
leur  commandement  et  déposés  19,  d’après  la  procédure 
de  l’épicheirotonie 20  ;  d’ailleurs,  au  iv°  siècle  leurs  procès 
prirent  surtout  la  forme  de  l’eisaggélie21.  Les  hipparques, 
assujettis  aussi  à  l’épicheirotonie,  sont  probablement 


issimilés  pour  le  reste  aux  stratèges. 

La  reddition  de  comptes  était  également  obligatoire 
jour  les  magistrats  des  tribus  22  et  des  dèmes ,  ms  dèmes 
ivaient  sur  ce  point  la  même  organisation  qm  l^aU 
jossédaient  chacun  au  moins  un  Jogiste  et  un  >  ullïjne 
ivec  leurs  assesseurs  ;  on  a  un  règlement  n  1  , 

le  Myrrhinus24:  l’euthyne  doit  jurer  de  demande 
:ondamnation  légale  contre  le  fonctionna  I  ^ 
mraît  avoir  commis  une  illégalité  faotxetv) ,  c 
loit  jurer  que  les  comptes  lui  ont  bien  fourni  T 
•ésultat;  les  dix  synégores  élus  doivent  jum  i  ^ 
es  citoyens  et  le  nouveau  démarque  qu  iL  1  ^  .  L 

ement  et  qu’ils  soutiendront  devant  le  peupi 

8)  distingue  deux  cas  :  celui  où  les  euthynes  ont  tlo>i  ^  ics  ilicsino- 

orable  sans  avoir  encore  transmis  aux  thesmothètes,  ^  ^  ^  g09  j  |. 

Iictcs  ont  reçu  la  plainte.  —  10  Dem.  20,  H‘-  svùo/.  Dial. 

0-77.  _  «2  llid.  -  13  76 ici.  4,  p.  03,  „•  34.  -  *4  Poil.  ^  MU* 
2,  p.  483,  6  (éd.  Didot).  -  m  Aristot.  Ath.  pol*  .  ’  maj5  dans  P  «g 

-  1Ç  Arislot.  Ibid.  27,  t  (procès  intenté  par  Pénc  i  •  /phormio»  ;  1,11  ' 

Am.  14,  Pur.  1,  c'est  une  irpoSoVr.)  ;  Schol.  Al'‘®lop  l'  it  du  stratège  Lad*' 

Vie.  G  (Pachès).  -  17  Vesp.  240-244,  894-807,  909  905.  U  s  ag,  ^  ,,  «  pial. 

,’oir  Wilamowitz,  L.  c.  II,  p.  244-24».  -  18  wj,arooWitz,  L  c- !’•  ' 

torg.  515  e  ;  Dem.  26,  G  ;  Aristoph.  Nab.  8a».  '»»  ^  ‘  8te  (»3,  1-1'1  app*,  , 

-  19  Lys.  28,  5;  14,38;  Plut.  Nie.  5;  Dem.  49,  • , (Dio#ys.  Ûl  • 

ort  le  procès  de  Timothée  en  355  tuluvai  ;  ce  fut  p  u  o  se  rapport«r  “ 

3).  -  20  Arislot.  L.  c.  64,  4.  -  «  C. 


iggélie.  -  22  Dem.  58,  14  ;  C.  i.  au.  *,  *,  — ’  -»  "  A  en  \WV  ' 

—  24  Ibid.  2,  578.  Voir  Haussoullier,  La  ne  mua  ^  n0(e  30)  l"°p 


.56,  14  ;C.  ».  att.  4,  2,  565  c,  1.  «• 


p.  79-83.  A  .la  ligne 


Il  iiauaouu..—  » 

25-20,  Wilamowitz  [L.  c.  >  1 


I  A  r. 


I 


LO  G 


—  il 


•  git  des  comptes  annuels  du  démarque 
I  accusa1'0"  ’  ü  S  Jnre  est  probablement  la  suivante  :  le 
^tebrtant ;  !■'  I1' ",  „nrnn(es  et  les  transmet  à  leuthyne; 


vérifie  les  comptes 


log'ÿle 

■  celui-ci  ne  l'eut 
[  l'avis  dr  la 


donner  décharge  au  magistrat  que  sur 
majorité  des  synégores,  exprimé  par  un  vole 


l*»“î“ies  aU,r-TompleS  dans  les  mémos  termes  qu'à 
montrent  des  décrets  de  Salamine, 


Sam  ne  sans  doute  de  la  même  maniéré  ;  si 

I  ""'e'.Tèù  appelle  aux  gens  du  dème,  c’est  le  non- 
■  le fanagistrac  n  fftit  jurer  ct  voter  dans  une 

I''”1  SÎ  moins  trente  personnes;  s'il  y  a  eondam- 
►emb  ,,,,,-ende  est  augmentée  de  la  moitié.  Dans  les 
mlll°n’  athéniennes,  les  magistrats  étaient  assujettis 

là  La  reddition  de  comptes 

Scosetdupelp16  athénien  résidant  à  Délos'. 
l  .  Pour  les  autres  villes  grecques,  nous  n  avons  que 
dœ  renseignements  épars.  -  A.  Nous  connaissons  des 
f  ■  ■  P  a  Délos  où  ils  paraissent  former  une  com- 
C,  de  cinq  membres,  qni  reçoit  dans  certains  cas 
une  indemnité2  ;  2°  à  Éphèse 3,  au  Ier  siècle  avant  Jesus- 
Christ  où  on  voit,  à  propos  d’une  amnistie  et  d  une  aboli¬ 
tion  dis  dettes,  que  les  logistes,tant  publics  que  sacrés, 
étaient  chargés  d’inscrire  les  débiteurs  publics  sur  la 
liste  des  citoyens  frappés  d’atimie  ;  3°  à  Gambréion  *  où 
un  trésorier' doit  soumettre  une  dépense  au  premier 
Jioyur^fiov,  c’est-à-dire  sans  doute  à  la  première  réunion 
des  logistes  ;  -4°  à  Astypalaea  8  où  ils  reçoivent  la  dénon¬ 
ciation  dite  tpa-r-ç ;  5°  à  Érétrie6  ;  6°  à  Ténos  où  ils  sont 
trois1  ;  7°  dans  l’ile  d’Issa  sur  la  côte  de  Dalmatie  et 
à  Corcyra  Melàena  8  ;  8°  probablement  à  Téos  où  les 
trésoriers  rendent  leurs  comptes  tous  les  mois3.  -  B.  Il 
y  a  des  eoôovoi  :  1°  à  Magnésie  du  Méandre,  à  Téos  ,0  où 
ils  sont  chargés  de  lever  les  amendes  infligées  dans 
les  procès  publics  et  en  particulier  à  ceux  qui  contre¬ 
viendraient  aux  dispositions  d’un  décret  réglant  l’em¬ 
ploi  d’une  somme  donnée  à  l’État;  2°  près  de  l’Argolide, 
àCalaurie 1 1 ,  où  des  épimélètes,  chargés  d’administrer  de 
l’argent,  sacré,  doivent  rendre  compte  à  un  jour  déter¬ 
miné.  —  C.  It  y  a  des  auvijYopoi  :  1°  a  Zeleia  12  où  les 
procès  issus  de  la  revendication  des  terres  publiques 
sont  portés  devant  un  tribunal  de  onze  citoyens  élus,  où 
les  intérêts  du  trésor  sont  représentés  par  trois  syné- 
gores  tirés  au  sort  parmi  les  neuf  commissaires  enquê¬ 
teurs  (àveupsTGu)  et,  assermentés  ;  2°  à  Iasos  13  où  parmi  les 
magistrats  qui  ont  participé  à  la  vente  de  biens  confis¬ 
qués  il  y  a  quatre  synégores.  —  On  peut  assimiler  à  ces 
différents  magistrats  :  D.  Les  è;exa<7xat  [exetastai].  —  E.  Les 
Jpwrpoî,  de  Delphes  u,  où  tout  citoyen  qui  contrevien- 
I  rail  au  décret  réglant  l’emploi  d’une  somme  donnée  à  la 
R*  e  est  déclaré  xaxxgaTxpoç,  c’est-à-dire  coupable,  de 
|°  es  ^en*ers  sacrés  et  inscrit  par  les  Mastroi  parmi 
Ps  ébitours  publies  pour  une  somme  huit  fois  plus  con- 
|  era  1  e.  Le  texte  correspond  à  la  définition  que  donne 

P  fer  2’1,594-  593  ;  D'dl.  decorr.  hell.  1883,  p.  t54-155,  1.  9-10  ;  1889, 
-  I Dillimi  “  ’  *  C°rr'  heU '  l89°-  P-  49°.  "Ote  2;  1892.  P-  25, 1.  202,  p.  59,  84. 
kl TT'  S,jU°^  329'  >•  *-9-  -  4  Ih,d.  879,  36  -  a  C.  iriser.  insuU, 

1834;  Ditlenl.ti ,.  hell-  089.  —  7  Corp.  inscr.  gr.  203-205.  —  8  Ibid. 

~ Enc  Inso  F  ^  C'  °3:!'  ~  9  BM‘  de  COrr‘  helt-  1880>  P'  1.  48-53. 

Ml)  lUillcnboi,,.,,, I/*1'011  arc'lailluc  ne  cite  qu'un  eulhync  (Koelil,  Inscr.  gr.  antiq. 
l-  c.  131, 1  2Qy| ,  ’  C'  ~ 11  Collitz,  Dialekt.  Inschrift.  3380.  —  12  Ditlenberger. 

4  Rhodes  lcs  .  ^  96,  1.  U.—  14  Bull.de  corr.  hell.  1881,  p.  162,  1. 

de  ■' 

P,  v 


fcïneiros  (/njJ  S°n'  'es  8êl»leurs  municipaux  de  Lindos,  de  lalysos 
e"-16Corp  mUl'  *’  677’  G94-  096,701,  762,  828).  —  13  Harpocr. 

#r-  *rpl.  I,  juj  '  *  '  -101;  Cauer,  Deleclus ,  2"  cd.  527.  —  17  Corp.  ins 

MU  loi  _  Ig  V  '  f,173,  3073'  3202’  4130>  4131  i  BlM-  de  corr.  hell.  18! 
liV||l.p.  50-55  |  j  "'ll-  De  Pythagor.  vit.  35,  257.  —  19  lier.  arch.  18! 

—  an  Cic.  Pro  Place.  18.  —21  DiUcnbergcr,  L.  c.  053, 1. 


Aristote  des  gaarripeç 13 chargés  de  rechercher  1  argent  du 
à  l’État,  et  qui  existaient  aussi  d’après  lui  à  Pallène. 

—  K. Les  à7tdXoyot  de  Tliasos,  chargés  de  lever  des  amendes 

—  G.  Les  xaTÔ7tTai  dans  plusieurs  villes  de  la  Béotie,à  Acrai- 
pliion,  Orchomène,  Lebadea,  Oropos,  Thespies,  a  qui  des 
magistrats  rendent  compte  de  leurs  dépenses 1  '. —  A  Sparte, 
ce  sont  les  éphores  qui  jugent  les  magistrats  a  leur  sortie 
de  charge  [epuoroï,  p.  653j.  Nous  savons  qu  a  Crotone  la 
constitution  démocratique,  après  la  chute  du  régime 
pythagoricien,  établit  les  eoôuvat  des  magistrats  ls.Sur  une 
inscription  archaïque  d’Argos,  relative  au  contrôle  du 
trésor  d’Athéna,  il  est  question  de  l’eùOdvT)  d’un  trésorier 
devant  le  tribunal  populaire13.  ATemnos,  un  sénateur  est 
condamné  pour  péculat,  mais  on  ne  sait  par  qui  ni  com¬ 
ment20.  D’après  l’inscription  relative  aux  mystères  d’An- 
daniede  Messénie21,  les  cinq  commissaires  électifs,  qui  ont 
recueilli  le  produit  des  cérémonies  sacrées,  doiventensuite 
rendre  leurs  comptes  à  la  première  réunion  ordinaire  du 
sénat,  les  remettre  à  l’épimélète,  verser  l’argent  au  tré¬ 
sorier;  ils  sont  responsables  (Û7rdp.aorpoï)  de  toute  irrégu¬ 
larité  el  le  tribunal  doit,  en  cas  de  détournement,  les  con¬ 
damner  à  la  restitution  du  double  avec  une  amende  de 
1000  drachmes.  A  Gorcyre,  ce  sont  les  vogosùXaxeç  qui 
paraissent  chargés  de  vérifier  les  comptes22. 

III.  On  trouve  aussi  le  principe  de  la  responsabilité  des 
magistrats  et  leur  reddition  de  comptes  dans  tous  les 
groupes  politiques  et  sociaux,  dans  toutes  les  associations. 
Ainsi  il  y  a  des  comptes  des  commissaires  élus  par  les 
soldats  athéniens  cantonnés  à  Éleusis  entre  294  et  283 
pour  élever  une  statue  à  un  stratège 23  ;  sous  1  Empire, 
il  y  a  des  logistes  relatifs  aux  jeux  de  conciles  provin¬ 
ciaux,  à  une  assemblée  qui  est  peut-être  le  Panhellé- 
nion  24  ;  et  dans  plusieurs  villes  d  Asie  Mineure  il  y  a  un 
logiste  spécial,  généralement  choisi  par  le  gouverneur  ou 
l’empereur,  pour  le  sénat  et  la  gérousie25.  Tous  les  ma¬ 
gistrats  importants  des  associations  sont  assujettis  à  la 
reddition  de  comptes,  généralement  devant  des  logistes-9. 

On  sait  que  sous  l’Empire  le  mot  Xoy wx-qç  traduit  géné¬ 
ralement  le  mot  curalor  reipublicae.  Gn.  Lécrivain. 

LOGOGltAPUOS  (Aoyoyp â«oç).  —  I.  La  loi  athénienne 
exigeaitque,  devant  les  tribunaux,  les  parties  plaidassent 
elles-mêmes  leur  cause.  Le  témoignage  le  plus  formel  à 
ce  sujet  est  celui  de  Quinlilien.  Parlant  d’un  plaidoyer 
que  Lysias  avait  rédigé  pour  Socrate,  et  dont  le  philo¬ 
sophe  refusa  de  faire  usage,  il  poursuit  :  «  et  tum  maxime 
scribere litigatoribusquae  i/li prose  dicerent  erat  moris; 
atque  ita  juri  (pno  non  licebat  pro  altero  agere  fraus 
adhibebatur  1  ».  Bien  que  moins  explicites,  plusieurs 
textes,  de  l’orateur  Lycurgue2,  deDinarque  3,  de  Platon4 
font  aussi  allusion  à  ce  règlement.  Enfin  Denys  d  Ilali- 
carnasse5  et  Cicéron6,  à  propos  des  plaidoyers  civils 
d’Isoc-rate,  témoignent  indirectement  dans  le  même  sens. 


52.-22  Corp.inscr.gr.  1845, 1.  103.  -23  C.  i.  ait.  4,  2,  614  b.  -  «  C.  i.gr.  2529, 
2741  (cf  2912),  423.  —  Le  Bas-Waddinglon,  Yoy.arch.  1677  (Traianopolis)  ; 
C.  i.  gr.  2987  b  (Ephèse)  ;  cf.  Greck.  Inscr.  of  Drit.  Mus.  3,  486.  -  26 Corp.  inscr. 
att.  4,  2,  615  6,  616.  623  c;  C.  i.  insul.  1,  155-156  ;  C.  i.  gr.  2933.  Voir  Ziebarlli,  Das 
griechïsche  Vereinswesen,  p.  36,  148.  —  Bibliographie.  Boeckh,  Pleine  Schriften , 
VU,  p.  262;  Thonissen,  Le  droit  pénal  de  la  République  athénienne,  Bruxelles- 
i’aris  1875,  p.  222-232;  Schoell,  De  synegoris  atticis,  léna,  1876;  Meier-Schomann- 
Lipsius,  Der  attische  Process,  Berlin,  1883-1887,  1,  p.  112-117,  128,  2o7-262,  459- 
462;  Gilbert,  Handbuch  der  grieeh.  Staatsalterthûmer,  2'  éd.  (1893),  1,  p.  238- 
oa'  ah  u  „  336  (1885);  WilamowiU-Moellendorff,  Aristoteles  und  Athen 


Berlin,  1883,  II,  231-251. 

I.OGOGRAPUOS.  1  II,  15,  30.  —  2  Ado.  Leocrat.  138.  —  3  Adv. 
Demosth.  141.  —  4  Euthydem.  289  e.  —  3  Dj  Isocrat.  18.  —  6  Brutus, 
48. 


LOG 


—  1300 


L'origine  de  cette  loi  doit  sans  doute  être  cherchée  dans 
l'esprit  d'égalité  démocratique  qui  animait  la  constitu¬ 
tion  de  Solon  :  ce  législateur  avait  voulu  que  tout  Athé¬ 
nien  fût  capable  de  remplir  personnellement  sa  fonction 
de  citoyen,  soit  à  l’armée,  soit  devant  I’ekklesia,  soit 
devant  les  tribunaux1.  Quoi  qu'il  en  soit,  line  telle  loi 
était  impraticable  :  combien  de  plaideurs,  par  timidité  ou 
par  inexpérience,  eussent  été  incapables  d'exposer  eux- 
mêmes  publiquement  leur  affaire.  Il  est  vrai  que  dans 
certains  cas  le  tribunal  autorisait  un  parent,  un  ami,  un 
membre  de  la  même  tribu  à  compléter  les  explications  du 
plaideur  [synégoros,  syndikos2].  Mais  c'était  là  en  somme 
une  exception  assez  rare.  Ordinairement,  le  citoyen 
craintif  ou  ignorant  s’adressait  à  un  Aoyoypdtpoç 3  ou 
Xo yoiroio;1.  (On  disait  aussi,  semble-t-il,  mais  plus  rare¬ 
ment,  dans  le  même  sens  Sixoypdboç 5).  Le  rôle  du  logo- 
graphe  consistait  à  rédiger  moyennant  salaire  un  plai¬ 
doyer  qu’il  remettait  tout  fait  à  son  client”.  Celui-ci 
l'apprenait  par  cœur  et  récitait  ensuite  sa  leçon  devant 
ses  juges.  Le  premier  qui  lit  métier  de  logographe  à 
Athènes  fut,  dit-on,  Antiphon  7  Mais  probablement  il 
faut  remonter  plus  haut  :  les  inventeurs  siciliens  de  la 
rhétorique,  Corax  et  Tisias,  avaient,  cela  est  certain, 
composé  tous  les  deux  nombre  de  plaidoiries.  Nous  ne 
savons  au  juste,  il  est  vrai,  si  elles  avaient  été  pronon¬ 
cées  par  l'auteur  lui-même,  en  tant  qu’avocat,  ou  par  la 
partie;  toutefois,  comme  l’organisation  de  la  justice  en 
Sicile,  au  début  du  ve  siècle  avant  J.-C.,  paraît  avoir  été 
calquée  sur  celle  qui  fonctionnait  dès  lors  à  Athènes,  la 
seconde  hypothèse  est  la  plus  croyable8.  Isocrate  dit 
que  de  son  temps  le  nombre  des  logographes  était  consi¬ 
dérable9.  Le  fait  se  comprend,  vu  la  multitude  des  procès 
qui,  non  seulement  de  l’Attique,  mais  aussi  des  villes 
alliées,  aboutissaient  devant  les  tribunaux  athéniens  10. 
C’était  du  reste,  pour  les  plus  achalandés  des  logo- 
graphes,  un  métier  fort  lucratif.  Tous  les  orateurs  du 
canon,  sauf  Andocide  et  sans  doute  Eschine11,  l’ont 
exercé;  et  plusieurs,  comme  Lysias,  Isocrate,  Démos- 
thène,  ruinés  à  un  certain  moment  de  leur  carrière,  y 
ont  trouvé  un  moyen  de  refaire  leur  fortune.  Toutefois, 
c’était  une  profession  peu  estimée.  Aussi  Isocrate,  qui 
l’avait  pratiquée  à  ses  débuts,  en  rougit-il  plus  tard12. 
Et  nous  voyons  presque  tous  les  orateurs,  en  particulier 
Eschine  et  Démosthène,  se  renvoyer  comme  une  injure 
l'épithète  de  «  fabricant  de  discours13  ». 

La  fonction  de  logographe  exigeait  des  connaissances 
et  des  aptitudes  particulières.  Il  y  fallait,  cela  va  sans 
dire,  une  science  approfondie  du  droit  et  de  la  procédure 
attiques.  Il  importait  également  de  bien  connaître  la 
psychologie  de  la  foule,  ses  préjugés,  ses  passions,  par 

i  Sans  doute  aussi  on  craignait  que  l'intervention  d’un  tiers,  c’est-à-dire  en  somme 
d'un  avocat ,  particulièrement  versé  dans  l’art  de  la  parole  ou  de  la  chicane,  ne  créât 
un  avantage  inique  à  l’une  des  parties.  La  défiance  de  la  foule  athénienne  àl  égard  de 
l’éloquence  date,  comme  on  sait,  de  fort  loin:  c'est  elle  évidemment  qui  avait  inspiré 
cet  autre  reglement  très  ancien  qui  interdisait  aux  parties,  plaidant  devant  l’aréo¬ 
page,  de  s’écarter  du  sujet  et  de  faire  appel  aux  passions.  Arislot.  Rhet.  I,  1, 
1354  A;  Lycurg.  Adv .  Leocrat.  12;  Quintil.  II,  16.  4;  VI.  1,  17;  X,  1,  107;  XII, 
10,  26;  cf.  O.  Navarre,  Essai  sur  la  rhétor.  grecq.  avant  Aristote  (1900),  p.  226. 
—  2  Meier-Schômann,  Der  attisch.  Process,  2e  éd.  (1883-87),  revue  par  Lipsius, 
p.  920  sq.  —  3  Plat.  Pliaedr.  257  c  \  Dcmoslh.  Fais.  leg.  246,  250;  Aeschin.  Adv. 
Tim.  94;  Ctesiph.  173;  Dinarch.  Adv.  Demosth.  111,  etc.  —  '+  Plat.  Euthydcm. 
289  d.  —  5  Poil.  VIII,  24;  Diog.  Laerl.  VI,  I,  15.  Isocrate  ( Antidos .  2)  se  sert 
du  mot  Sixoyçaota  dans  le  sens  de  Xoyoyçaota.  Pollux,  L.  I.  cite  comme  tiré  d’Isocralc 
l'adverbe  Stxoyoastxwç.  —  (>  Quintil.  II,  15,  30  :  scribcre  litigatoribus  quae  illi  pro 
se  dicerent  erat  moris.  —  7  Vit.  Antiphont.  init.  —  «  0.  Navarre,  Op.  I.  p.  7. 
Toutefois  Antiphon  reste  incontestablement  le  premier  qui  ait  publié  les  plaidoyers 
qu'il  avait  composés  pour  des  clients.  — 9  Antidos.  41.  —  10  [Xenoph.]  Rep.  Athen. 


LOG 


quels  moyens  on  se  la  concilie  ou  on  l’irriio 
part  des  procès  se  plaidaient  devant  de  '  r.'  U‘' la 
populaires  [dikastai] .  Mais  la  difficulté  pmiriTi  ^ 
réside  presque  tout  l’art  d’un  Lysias  par  exenni?’  ^  . 
tait  à  assortir  adroitement  à  la  condition  \  |’,C°nsisj 
caractère  de  chaque  client  le  langage  qu’on  i  H 
(y,0o;).  Le  logographe,  il  est  vrai,  trouvait  !oP"'lait 
d’utiles  ressources  dans  la  rhétorique.  Remarquo,' .  1 
la  plupart  des  logographes  que  nous  connaissonstn'l 
en  même  temps  rhéteurs  :  cela  est  vrai  non  seule"  J 
de  Corax  et  Tisias,  les  premiers  inventeurs  d'une*?1 
fTiTop-.xvj,  mais  aussi  d’Antiphon,  Lysias,  Isocrate  u  ' 
Démosthène  :  tous  ont  tenu  école.  Si  bien  qu’il  nW  J 
exagéré  de  dire  qu’à  ses  débuts,  et  même  jusqu’à  Arid 
tote,  la  rhétorique  grecque  n’a  été  que  la  théorie  de  1 J 
de  plaider.  Fournir  au  plaideur,  ou  au  logographe  qj 
le  supplée,  des  conseils  et  des  secours,  voilà  avant  tout 
ce  qu’elle  se  propose.  Aussi,  dès  le  temps  d’AntiphoJ 
les  logographes  rhéteurs  ont-ils  ramené  à  un  type  uni¬ 
forme  la  division  du  plaidoyer  :  exorde,  narration 
preuves  (quelques-uns  distinguaient  de  la  preuve  pro 
prement  dite  la  réfutation ),  épilogue.  Mais  ils  ne  s'en 
étaient  pas  tenus  là  :  ils  avaient  déterminé  très  nette¬ 
ment  le  but  propre  de  chacune  de  ces  parties,  et,  autant 
que  possible,  les  moyens  de  l’atteindre.  Pour  chaque 
partie,  en  effet,  les  xsyvat  fournissaient  un  répertoire 
d’idées  appropriées,  entre  lesquelles  il  ne  restait  plus 
au  plaideur  ou  au  logographe  qu’à  choisir.  De  plus,  il 
exista  de  très  bonne  heure  des  recueils  de  lieux  com¬ 
muns,  particulièrement  à  usage  d 'exorde  et  d'épilogue: 
Les  auteurs  de  ces  recueils  avaient  réduit  à  quelques 
types  généraux  toutes  les  espèces  que  la  réalité  peut 
offrir,  et  pour  chacun  de  ces  types  ils  avaient  rédigé 
une  formule.  C’est  ainsi  que  parmi  les  œuvres  d  Anti¬ 
phon  nous  voyons  figurer  déjà  une  collection  de  itpo- 
ot  pu  a  xa't  sTitAoyot,  malheureusement  perdue  u.  Les  rhéteurs 
logographes  avaient  de  même  ramené  a  des  formules 
toutes  faites  une  partie  des  preuves;  celles  qu  ils  app0jj 
laient  -kIgth'.ç,  cirs yyoi  n’étaient  en  effet  que  des  thèses  co* 
tradictoires  pour  ou  contre  le  témoignage,  la  tortuie,  e 
serment,  les  contrats,  les  lois.  Grâce  a  tous  ces  secours! 
la  tâche  du  logographe  était  singulièrement  t.u  ilitée  e 
devenait,  en  grande  partie,  une  routine 

IL  Pour  le  sens  de  Aoy oy pâcpoç  =  percepteur 'oirM 

articles  AERARIUM  et  DECEM  PRIMI.  O.  Nayarki. 

LOIDORIAS  DIKÈ  [kakegorias  DIKÈJ. 

LOMENTUM, farine  de  fèves1.  —  Cette  farine, 
avait  essayé  de  faire  du  pain3,  a  été  uni  (  ^ 
moyen  de  nettoyage3  et  comme  cosmétique  '^gaU 
mélangée  par  parties  égales  à  des  escaig11 

I,  10.  —  n  Démosthène,  Fais.  Leg.  2*6,  dit,  h  cst  ^  «<*• 

Xoyoyçdeoüç  toivuv  xa't  ao&taTà?  àroxaXùlv  to'j;  aXXou,  *at  '  __  |2  PaïUith^- 

t;£AEy/ô^a£Ta:  ToÛTotç  wv  evo/o;,  mais  ce  témoignage  (  |  _0]1  fils  adopijj 

i;  Antid.  2,  40,  *8,  Adv.  sopk.  20.  Entrant  dans  toiipo«r 

Aphareus,  alla  même,  dit-on,  jusqu  à  nier  qulsociale  eu  I  ^  encort>  liai'* 
huuaux.  A  quoi  Aristole  répliquait  malignement  qu  1  ,.|SOCI.ate  (Dionys-  U  ' 
boutiques  des  libraires  nombre  d’exemplaires  des  plaidoiri  giC  ;  cf-  ls0crS  I 

Isocrat.  18).  —  Aeschin.  Fais.  leg.  156  ;  Demoslli-  n  ||ection  cl''1'0'" 

Antid.  1*.  —  H  11  nous  reste  un  spécimen  du  genre  tans  ,33.  _  [H«u 

délibératifs,  attribuée  à  Démosthène.  —  13  0.  Navarre,  •  rf.(I|,ocaf,  dans 
>r,  Si  les  Athéniens  ont  connu  la  ...*  éd.  (l'ï 


graphie.  E.  Egger,  Si  les  Athéniens  oru  vu,... . .  ■  prar^m 

Mém.  de  littér.  anc.  p.  355  ;  Meier-Schômann,  Der  «  <  f/l#ortyu  Sre 

87),  rev.  par  Lipsius,  p.  920  sq.  ;  0.  Navarre,  Essai  s  J 

avant  Aristote,  1900.  _  ,.  nar  ce  fe0”0'  rd 

I.OMENTU1M.  1  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  il'-  a  3  Caelius J 

...  _ 2  plin.  />•  £‘ 

aussi  la  farine  de  pois,  voir  plus  bas,  noie  o. 
ad  famil.  VIII,  14,  4;  Becker-G6U,  Gallus,  1H,  1e-- 


—  1301 


LO  P 


i  -  Prisés  un0  composition  destinée  à 

soleil  Cl  P“  blanchir  la  peau  1  ;  c’était  aussi  la  base 
adouci''/'1  ;  ’  s.enduisaient  les  coquettes  sur  le  retour 
d  une  pâti  j  rg  rides2. 

pourdisMnj1  attribuaient  à  la  farine  de  fèves  la 

P  fa  ,  Lolorer  le  vin  et  de  lefaire  passer  du  rquge 
5I'°PreU'hns  l’espace  d’un  jour*.  Elle  trouvait  aussi  em- 
» '^ieci».  contre  les  scrofules  *,  les  tumeurs,  les 
P1011.  ,  Ml ps  brûlures  6 . 

Pntusl°  lmnP1ltum  servit  encore  à  désigner  une  sorte 
Le,7,;;i.  bleue6  (cendre  bleue  naturelle)  1  que  l’on 
de  C°U  i,vmt  et  en  broyant  le  caeruleum  (vraisem- 

S,c“  tmO»  »“  bleu  de  m»"lasnc),',Ce  bhleu’ 

ï,  suce  plus  claire  que  Tazurite,  était  aussi  plus  cher  ; 

5  avall  cependant  une  sorte  à  très  bas  prix  appelée 
,  '  i  ri  tu  in  9.  Alfred  Jacou. 

°LOPAS  LOPADION  (AoTriç,  XoûiBtov,  WBtcxoç).  —  Ce 
vlseest  le  même  que  la  patella,  patina  des  Latins.  C’est 
surtout,  semble-t-il,  un  plat  à  cuire  le  poisson,  large  e 
ouvert,  de  forme  oblongue.  La  comparaison  que  fait 
Suidas’1  avec  la  aooôç,  le  cercueil  ou  sarcophage  funé¬ 
raire,  rend  assez  probable  l’assimilation  avec  notre 
moderne  poissonnière.  «  Pour  cuire  le  poisson,  dit  un 
personnage  de  comédie2,  la  lopas  n’est  pas  mauvaise, 
quoique  la  poêle  à  frire  vaille  mieux  encore.  »  Suidas, 
d’ailleurs,  dit  qu’à  Syracuse  la  XoTciç  était  identique  a  la 
poêle,  xïjavov  (en  latin  sartago)  3.  En  effet,  on  l’agitait 
aussi  au-dessus  du  feu  pendant  la  cuisson1.  Elle  pouvait 


être  munie  d’un  couvercle,  car  on  y  faisait  cuire  a 
l’étouffée5.  Elle  servait  à  d’autres  préparations  de  mets  ; 
on  y  mettait  de  la  viande,  des  légumes6,  et,  comme  à  la 
•patella ,  le  sens  général  de  plat  creux  lui  convenait.  Aris¬ 
tophane  parle  d’un  chien  qui  vient  la  nuit  «  lécher  les 
plats  » 1  (vuxTiop  t5.;  Xouioa;  StaXefywv).  Le  même  mot  avait 
servi  à  former  le  verbe  XoTraocûw  et  les  composés  pitto¬ 


resques  XonaBotY /'qç,  Xo7taBocpTraY;B'q;,  XoTta8otpu<rr|'r/)Ç1  étran¬ 
gleur,  voleur,  souffleur  de  plats8. 

Le  diminutif  Xo7t<x8tov  a  pu  désigner  un  vase  plus  petit  et 
d  une  autre  forme, que  l’on  range  avec  les  récipients  à  vinai¬ 
gre,  avec  la  marmite,  chytra,  etc. 9.  Pourtant  dans  certains 
textes  il  parait  encore  s’appliquer  aux  plats  à  poisson10. 

h  faut,  en  outre,  remarquer  que  les  Grecs  donnaient  le 
nonule  XoTmia  à  certains  coquillages  comestibles 11  qui 
doivent  être  les  mêmes  qu’on  appelle  aujourd’hui  patelles. 

E.  Pottier. 


LOI! 


LOPÈ  [pallium]. 

LO  R  A  et  LOREA 1  (Bsuréptov,  Xàxup&ç,  XocvvjOxç,  oivo; 
(7T6[i.<fuXta;,  7rÔTtpç)  *.  —  Piquette,  vin  de  qualité  inférieure 
[voir  aussi  acetum].  On  le  fabriquait  exactement  comme 
aujourd’hui;  quand  on  avait  extrait  le  pur  jus  de  raisin, 
on  versait  de  l’eau  sur  le  marc  et  on  taisait  une  seconde 
foulée.  On  donnait  ce  vin  à  boire  aux  esclaves  et  aux 
ouvriers  de  la  ferme  pendant  les  trois  mois  qui  suivaient 
la  vendange3.  En  général,  il  ne  se  conservait  pas  au  delà. 
Cependant  on  avait  cherché  par  différents  moyens  u  h 
rendre  plus  durable  ;  Pline  décrit  trois  procédés  en  usage 
de  son  temps*  ;  le  troisième,  qui  consiste  à  presser  la  lie 
du  vin,  produisait  ce  que  Caton3  appelle  vinumfaecatum  ; 
ces  sortes  de  piquettes,  assure  Pline,  pouvaient  se  conser¬ 
ver  un  an,  mais  pas  davantage.  Columelle  recommande 
une  autre  recette,  qu’il  tenait  de  son  oncle,  un  agriculteur 
distingué  de  Cadix6  ;  on  arrivait  en  la  suivant  à  garder 
sa  piquette  pendant  plus  de  deux  ans  sans  qu  elle  se  gâtât. 

Dans  les  âges  primitifs  de  la  société  romaine,  lorsque 
la  sévérité  des  mœurs  nationales  n’avait  encore  subi 
aucune  atteinte,  il  était  interdit  aux  femmes  de  boire  du 
vin  pur;  mais  on  leur  permettait  la  piquette  et  quelques 
autres  boissons  qu’on  jugeait  moins  dangereuses,  telles 
que  le  vin  de  raisins  secs  et  le  vin  cuit  [vinum  L  Les  mé¬ 
decins  conseillaient  volontiers  la  piquette  aux  malades  et 
aux  convalescents  qui  se  seraient  mal  trouvés  de  l’usage 

du  vin  pur  8.  Georges  Lafaye. 

LORAMENTA.1.  —  Mot  collectif,  d’un  sens  plus  étendu 
que  loea,  il  ne  se  rencontre  qu’au  pluriel,  et  à  partir  du 
u»  siècle  ;  il  désigne  tous  les  articles  de  la  sellerie  en 
général.  L’Édit  de  Dioclétien  énumère  sous  ce  nom  les 
porte-manteaux  des  cavaliers  ( averta ),  les  selles  ( scor- 
discus ),  les  bâts  ( paramma ),  les  fouets  (/ lagelluni ),  les 
licous  avec  leurs  musettes  et  leurs  anneaux  (capis- 
trum ,  circulas ),  les  brides  avec  leurs  mors  (, frenum , 
salivarium ).  Georges  Lafaye. 

LORARIUS  *.  —  I.  Esclave  chargé  de  lier  et  de  frapper 
avec  des  courroies  (cxûtoç,  lorum  2)  ses  camarades  pris  en 
faute3.  Il  avait  sa  place  marquée  dans  toute  maison  qui 
comprenait  un  nombreux  domestique4;  sa  condition 
n’était  du  reste  ni  plus  relevée,  ni  plus  heureuse  que 
celle  des  patients  livrés  à  ses  coups5.  C’est  surtout  par 
la  comédie  que  ce  personnage  nous  est  connu  ;  il  est  pro¬ 
bable  que  Ménandre  .et  les  autres  poètes  de  la  Comédie 
Nouvelle  s’en  étaient  beaucoup  servis6;  Plaute  lui  donne 


1  Plm-  XXX>  127.-2  Mart.  IU,  42,  1  ;  XIV,  60.  —  3  Pallad.  Oct.  14,  9  ;  Apic.  I, 
Y’ 11  '  a"a‘lius  [Ibid.  10),  la  farine  de  poix  d’Afrique,  qu’il  appelle  ex  afra  pisa 


hmentum,  était 


encore  pli^s  active.  — 4  Plin,  XX,  127;  XXIV,  15.  —  5  Id.  XXII,  141. 


L  XXX|U,162.  —  1  John,  Die  Malerei  d.  Alten,p.  118  et  120,  pense  que  ce 
cendre  hleuc  ou  l'outremer;  cf.  Gilbert,  Annal,  der  Physite,  1.  LII, 
p  503  "'  y  ""lm,|er,  Technologie  and  Terminol.der  Gewerbe  und  Kilnste,  t.  IV, 
cai,rul  t  l'Cnz,  Minéralogie  d.  allen  Griechen  u.  Rôm.  p.  171,  u.  G3G.  Le 
|el  js  Y  1  1  'OP1-0  paraît  à  Jolm  (Op.  cil.  I.  I.)  être  l’azurite,  et  celui  do  Scythie, 
lier  E-'r'"!'  Cf‘  t"1MTlnor.  Op.  cif.IV,  p.  502.  Beckmann,  Beitrâge  sur  Geschichte 
«eNIeu-ii  v  \  I"'  P'  *8",  laisse  la  question  indécise.  — 9  Plin.  L.  I.  163.  Le 

U)P\s  Z"/'1''1  deniers  la  livre;  le  lomentum,  dix;  la  dernière  sorte,  cinq  as. 
cf,  ;j  Y|[[  111  ^UON.  1  Suid.  s.  v.  Unà;.  —  '2  Plat.  Comic.  cité  par  ALlien.  I,  8  C  ; 
—  4  piU|  1  1  '  L-  —  3  Suid.  L.  c.  Le  même  auteur  assimile  la  lopas  à  la  elnjtra. 

an.  !X  4o-  /'  ^;‘rire.  p.  182  F.  —  6  Aristoph.  Vesp.  511.  —  G  Aristot.  Uist. 
Equit,  io;pi  '/  ^>ra^-  P.  125  F;  Scliol.  Aristoph.  Vesp.  062.  — 7  Aristoph. 
p. 338  |j  9  ,  .  (l'"’as-  P-  6a  Mai;  Bekker,  Anecd.  p.  105,  17;  Athen.  VIII, 

Mscz  ok, .  .,n*l0|.’h’  ,Jlut ■  8l2i  Poil.  O  nom.  VI,  90;  X,  93,  106,  122.  Le  texte 

dernier  passage  semble  indiquer  que  les  ).oîcàSta 

iSia,  w;  ETtpov  2v  icxpà  Tqv  ÀotrâStt 


bût,  r j',  .  \|  ]0,m°  900  la  Yoitâç  :  xal  koicâSta,  ,îi ;  exeçov  ëv  uxç 

p.  Ià8ï.  __  lo'V.l  ,ilS  V01r  lcs  Commentaires  dans  l'édition  de  VVelslenius,  1706, 
hORA,  t  /  1X’P-  '62  F;  Poil.  VI,  90.  —  H  Geopon.  XX,  18,  1. 

"M)  fait  venir*  1  '*  ’  U>t‘  ^ei'  a,i  G  ;  Aul.  Gcll.  X,  23,  2.  Varron  (11.  r.  I, 

y  1,01  *'u  Srec  par  une  étymologie  de  fantaisie.*  Le  mot  s’est 


conservé  au  moyeu  âge  et  a  formé  l’allemand  Lauer.  petile  bière  j  Creuser  dans 
les  Mém.  de  l’Acad.  des  inter,  et  b.-l.  XIV  2,  p.  27,  noie.  I  esjcu  s.  1  , 
Dioscor  V,  13.  A  Chypre  on  disait  xuvécwpsi  Hesych.  Làxjjoî.  —  ■  Ca  .  .1.1, 

25,  57  ;  Varr.  fl.  r.  I,  54,  3;  Isid.  Orig.  XX,  3,  12.  -4  Pliu.  Uist.  nat.X IV,  12, 
t  86  -  cf  5,  2,  40.  -  5  Cat.  fl.  r.  153;  cf.  26.  -  «  Colum.  XII,  40.  -  '  A.  Gell. 

X  23'  o-  Varr,  ap.  Non.  Marccll.  XVII,  13,  p.  551.  Le  texte  de  ce  passage  a  élé 
rétabli  par  Bücheler,  Rhcin.  Mus.  XIV,  1859,  p.  448.  -  «  Dioscor.  V,  13;  Onb. 

I  p.  359,  cap.  31.  —  Bibliographie.  Hermann,  Gr.  Privât  a  terth.  p.  -3_,  n. 
Becker-Goell,  Gallus,  III,  p.  417  ;  Marquardt,  Privatleben  d.  Rom.  U,  p.  88. 

LORAMENTA.  t  Justin.  XI,  7;  Edict.  Diocl.  8,  8  et  10,  t  à  7  (Corp.  mser.  » 
lat.  III,  Supplem.  III,  1893,  p.  1938). 

LORARIUS.  1  Plant.  Capt.  I,  sc.  2;  A.  Gell.  X,  3;  Piac.d.  Liber  glossar. 
[Corp.  gloss,  lat.  éd.  Loevve-Goctz,  V,  1894,  p.  81)  s.  r.  -  2  Aristoph.  Vesp.  643. 
—  3  Ces  courroies  ne  servaient  pas  moins  à  lier  le  coupable  (Plaut.  Capt.  HI,  4. 
t2C;  5,  9;  Epid.  V,  t,  0  et  11  ;  2,  18;  True.  IV,  3,  9)  qu’à  le  frapper  (Plant.  Merc. 
Y  4  42 .'  Pers,  IV,  8,  f  ;  Pseud.  I,  2,  f2).  C'est  ce  qu’indique  bien  A.  Gcll.  X,  3  : 

«  'loràrii, 'quos  erant  jussi,  vinciebant  aul  verberabant.  »  —  4  Sur  le  châtiment  par 
les  lora  ou  liabenae,  voir  encore  Hor.  Episl.  1,  16,  47  ;  II,  2,  15  ;  Becker-Goell, 
Gallus,  11,  p.  176,  art.  flAGbüm,  fig.  3086.  —  5  Plaut.  Capt.l,  sc.  2.  —  6  A.  Gell. 
I.  c.  semble  même  dire  qu’il  était  propre  à  la  comédie  :  «  tanquam  in  sccnicis 
fabulis  qui  dicebantur  lorarii.  »  Mais  il  faut  entendre  que  dans  la  comédie,  où  les 
esclaves  jouaient  un  grand  rôle,  le  maître  dupé  et  irrité  ne  marchait  jamais  sans 
être  escorté  du  lorarius. 

1  (Va 


LOR 


—  1302  — 


LOU 


des  noms  plaisants,  tous  grecs,  qu’il  avait  dù  emprunter 
à  ses  modèles  :  Colaphos  (soufllet),  Cordalion  (corde), 
Corax  (potence)1.  Un  bas-relief  en  marbre,  provenant  de 
Rome,  et  aujourd'hui  au  musée  de  Naples,  représente 
une  scène  de  comédie  qui  a  été  diversement  expli¬ 
quée2;  on  y  voit  un  des  personnages,  peut-être  un 

lorarius ,  tenant,  prêt  à  frap- 
per(fîg.  4518)3,une  corde  ou 
courroie  mise  en  double,  qui 
semble  garnie  de  balles  de 
plomb  [flagellum]  4. 

II.  (SxuXOTÔgOÇ,  ÊgaVTOTOgûÇ, 
XcopoTÔgoç),  fabricant  de  cour¬ 
roies,  sellier,  bourrelier.  Cet 
ouvrier  exerçait  un  métier 
analogue  à  ceux  du  yaXivo- 
•jrotôç  et  du  capistrarius  [ca- 
pistrum].  Il  façonnait  parti¬ 
culièrement  les  articles  en 
cuir  nécessaires  pour  brider, 
seller  et  atteler  les  chevaux 
TloramentaI  5. 

L  -I 

III.  Sous  le  nom  de  lorum 
(Xwpov),  on  a  désigné,  à  partir 
du  me  siècle  de  notre  ère,  un 
galon  qu’on  cousait  en  un 

ou  plusieurs  rangs  sur  un  vêtement  de  couleur  différente 
[lorum,  §  11].  Il  est  possible  que  l’ouvrier  qui  fabriquait 
des  galons  pour  cet  usage  se  soit  appelé  lorarius 6. 

Il  y  avait  à  Rome  un  viens  lorarius  qui  tirait  son  nom, 
soit  des  selliers,  soit  des  fabricants  de  galons  qui  habi¬ 
taient  cette  rue.  On  ne  sait  pas  dans  quel  quartier  de  la 
ville  elle  était  située.  Georges  Lafaye. 

LORICA (©wpa!;1,  Gwpaxtov2). — Cuirasse, pièce  d  armure, 
de  cuir  ou  de  métal,  couvrant  le  dos  et  la  poitrine  et  pro¬ 
tégeant  la  région  thoracique.  Les  descriptions  que  les 
anciens  nous  ont  laissées  de  la  cuirasse  sont  d  ordinaire 
fort  confuses  et  les  notices  des  lexicographes  ont  l’in¬ 
convénient  d’avoir  été  rédigées  à  une  époque  où  ces 
formes  anciennes  étaient  hors  d  usage,  aussi  s  accordent- 
elles  mal  avec  les  monuments.  Ceux-ci,  d’autre  part,  ne 
sont  ni  assez  nombreux,  ni  assez  précis  ou  assez  bien 
conservés  pour  suffire  à  une  étude  d  ensemble.  Dans 
l’état  actuel  de  la  science,  tout  essai  en  ce  sens  ne  peut 
être  qu’hypothétique.  Du  moins  essaierons-nous  de  nous 
conformer,  le  plus  strictement  qu’il  nous  sera  possible,  a 
l’ordre  historique  et  à  l’enseignement  qui  se  dégage  des 
représentations  figurées. 

I.  Les  Grecs  semblent  avoir  appris  très  tarda  se  servir 
de  la  cuirasse.  Nous  tacherons  d’en  voir  tout  à  1  heure 
les  raisons,  mais  les  représentations  archaïques  per¬ 
mettent  de  constater  que  l’armure  nouvelle  ne  fut  pas 
acceptée  sans  résistance  et  que  1  ancienne  coutume  de 

l  Plaut.  Capt.  III,  4,  124.  Scènes  où  paraît  le  lorarius  :  Plaut.  Capt.  I, 

sc.  2  et  III,  sc.  5;  Ter.  Andr.  8G1.  —  2  Voir  les  opinions  résumées  par 
Wieseler,  Benkmüler  des  Bühnenwesens ,  Gôtting,  1891,  p.  81,  p!.  xr,  1- 

-  3  Ficoroni,  De  larvis  scenicis,  tav.  II  ;  Mus.  Borbonico ,  t.  IV,  tav.  xxiv. 

-  4  Hor.  Epod.  IV,  3;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9528;  Blümner,  Technologie  u. 
Terminologie  der  Gewerbe  u.  Künste  bei  Griech.  u .  Borner,  I,  p.  î.69-17-. 

-  5  Vopisc.  Aurelian.  46,  6,  Bonos.  15  ;  Saumaise  ad  h.  I.  ;  Marquardt,  Privatleb. 

d.  B.  p.  544,  n.  8  et  545,  n.  I.  C’est  peut-être  dans  ce  sens,  et  non  dans  le  sens 
du§  II,  qu’il  faut  prendre  C.  i.  lat.  VI,  9528;  Blümner,  I,  p.  202,  n.  ).  •’  C.  i.  I. 

VI,  9796  ;  Jordan,  Topogr.  d.  Stadt  Boni,  II,  p.  592;  0.  Gilbert,  Topogr.  d.  Stadt 
Bom,  III,  p.  55,  n.  I. 

LORICA.  1  Poil.  On.  I,  145,  etc.  —  2  Poil.  1,  91  ;  7,  155.  —  3  Gerhard,  Auserl. 
Vasenbilder,  I,  pi.  xxvi,  2,  p.  93.  —  4  Relief  de  Seti,  Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Isis, 


combattre  sans  la  cuirasse  persista,  une  lui 
inventée  et  définitivement  adoptée.  11  n’est  -•*  Ce"°'c' 
voir  sur  les  vases  peints  corinthiens  ou  ati*  ^  ' '"'e  ^ 
ennemis  lutter  l’un  contre  l’autre,  dont!’  s  <'l‘Ux 


1  un  a  la 


fiue  le  bouclier. 


poi¬ 


trine  protégée  et  dont  l’autre  n’a 
scènps  d’armement,  très  fréquentes  sur  les  im"''  LeS 
archaïques,  sont  plus  instructives  encore.  Nous 
maintes  fois  apporter  au  héros  des  cnémides,  un bo  "u"*  ! 
un  casque,  une  ou  deux  lances,  et  point  de  cuirasse’ 
n’est  pas  oubli  du  peintre,  mais  persistance  d’un  vieü' 
usage.  En  négligeant  provisoirement  les  exceptions 
homériques  et  mycéniennes,  nous  conclurons  de  ces 
exemples  que  les  Grecs  n’ont  pas  inventé  d’eux-niêmesla 
cuirasse.  Ils  l’ont  reçue  toute  faite  du  dehors  et  se  sont! 
bornés  à  la  perfectionner  et  à  l’adapter  à  leurs  besoins 
IL  Parmi  les  peuples  auxquels  ils  ont  pu  l’emprunter  | 
se  présentent  d’abord  les  Égyptiens.  Nous  trouvons 
figurés,  sur  certains  monuments  égyptiens,  de  hauts 
corselets  écaillés  retenus  aux  épaules  par  de  larges  bre¬ 
telles  et  dont  la  destination  était,  sans  nul  doute,  de  pro¬ 
téger  la  poi  tr  ine  contre  les  coups  de  lance4  :  l’idée  première 
de  la  cuirasse  a  pu  venir  de  là,  mais  l’arme  était  très  ! 
différente  de  la  carapace  de  cuir  ou  d’écailles  qui  sera 
plus  tard  en  usage.  Il  semble  d’ailleurs  que  les  Égyptiens 
se  soient  rarement  servis  de  cette  pièce  d’armure;  du 
moins  les  représentations  n’en  sont-elles  pas  fréquentes.  ; 
Nous  connaissons,  par  contre”,  beaucoup  de  monuments 
assyriens  6  où  les  combattants,  à  cheval  ou  en  char, 
paraissent  couverts  d’une  lourde  étoffe  écaillée  (Voir  t.  II, 
fig.  2199).  Les  feuilles  rivées  sur  ces  cottes,  quelles 
fussent  en  métal  ou  en  os,  se  recouvraient  les  unes  les 
autres  de  façon  que  la  pointe  de  la  lance  ennemie  dût 
glisser  sur  leur  assemblage  :  c’est  le  principe  de  la  cui¬ 
rasse  antique,  ou  du  moins  l’une  de  ses  formes  les  plus 
fréquentes.  Sans  doute  l’attache  de  l’arme,  sa  disposition 
et  l’agencement  des  courroies  diffèrent  de  ce  qu  ils  seiont 
plus  tard,  mais,  si  l’on  réfléchit  que  l’Ionie  paraît,  sur  ce 
point  comme  sur  beaucoup  d’autres,  avoir  servi  d  inter 
médiaire  entre  la  Grèce  propre  et  1  Orient,  on  athi  niera 
àces  modèles  assyriens  une  importance  tout  .ni tu  <IU  91 
monuments  plus  éloignés  et  plus  rares  de  1  Égjplc 
III.  Chypre,  rapprochée  par  sa  position  et  pai  b0n^ 
de  ces  civilisations  orientales,  sera  par  suit.  ^ 

premières  terres  grecques  où  des  cuirasses  su 
usage.  Encore  paraissent-elles  sur  des  œuvres  a 

peut  à  peine  qualifier  d’helléniques.  Sui  -  ins  objets 

d’ivoire  du  Musée  Britannique,  trouvée  a\ «  *  ^  ^ 
de  style  mycénien,  le  conducteur  du  clnu  »  s  ^  acon 
sorte  de  cotte  de  mailles  qui  le  protège  e  pal'ère 

de  même  structure  couvre  son  cheva  •  cava]iers 

'argent  trouvée  à  Larnaca  certains  e  u  „  J 
ortent,  non  plus  un  caleçon  ou  un  J11-- ,l  ffUi  s'arrête 
usqu’aux  hanches,  mais  une  cotte  croisi  <  ^ 


i.  369-370,  fig.  Les  Schardana  portent  sur  un  JeuI 

uirasse  composée  de  bandes  de  métal  supeiposées  c^  ^  | 


j  i»  10”  dynaslio  u”8 
mouum*"t  d®  ls  -  L 


passe  composée  de  bandes  de  métal  superp  sc  couc  tic  w>al  *  „ 

t  Chipiez,  Hist.  de  l'Art,  IV,  fig.  4,  p.  f3.  —  ”  '  ^  p,  463  fl'lh  '' 

rcliers  sur  le  bas-relief  de  Scnnacherib,  lbu .,  ’  °  alternant  avec  "" 

i.  467),  avec  bande  de  croisillé  ou  de  croissants  ici  ^  ^  rqjn,,.0Ud  (IblJ'  j, 
■échelons.  Le  justaucorps  des  archers  sur  le  reie  ...rf  fig.  I15’1'  ]  ,ja 
.  105),  la  cotte  écaillée  du  guerrier  de  Kouyoundjik  (JM  ^  ^  v«cl 
obe  chargée  de  bractées  d'Assourbanipal  (  »  •  ê[ne  aidanl  ,l'' "!  s  le* 

oryphore  du  Louvre  (Ibid.  fig.  256,  p.  Jjl)  s0"  LiUites,  où,  "l4"’C  ,  fjft 

I  y  aurait  lieu  de  rapprocher  également  les  re  ,pervot,  Ü'sl  ’ 'h  jr3 

cènes  de  chasse,  paraissent  des  justaucoips  “al  fixcav nli°ns  111  1 

JA rygie,  fig.  279,  p.  551).  -  6  Murray,  ///,  pb  »• 

900,  p.  12,  fig.  19  et  pl.  i.  —  7  Longpéricr,  Mus. 


1303  — 


LOR 


LOR 


travail  tout  diffu 


-  il  est  difficile  de  voir  autre  chose  qu’une 
Uceinturce  défend  leg  jambes  est  d’un 

cuirasse t  cal‘.  Jrcnt>  Une  statuette  de  Chypre  (fi g.  4319) 

nous  montre  également  un 
prototype  de  la  cuirasse  a 
épaulières  où  un  anneau 
demi-circulaire  unit  les  extré¬ 
mités  des  lames  rabattues 1  : 
la  grossièreté  du  modelé  per¬ 
met  d’y  voir  plutôt  un  original 
que  l’imitation  d’une  œuvre 
grecque. 

IV.  Dans  la  Grèce  propre, 
deux  monuments  mycéniens 
sont,  jusqu’il  ce  jour,  les  seuls 
sur  lesquels  on  retrouve, 
avant  la  période  archaïque, 
l’indication  d’une  cuirasse. 
L’un  est  depuis  longtemps 
connu,  c’est  le  vase  des  guer- 

une 


pj»  4519.—  Cuirasse  c  hvpriote. 


riers  :  on  y  voit  (fq 


longue  file  de  combattants 
passant  à  droite  et  vêtus  d’un  justaucorps  frangé  et  serré 
à  la  ceinture2.  L’étrangeté  du  costume  a  surpris.  C’est 
l’une  des  raisons  qui  ont  déterminé  des  érudits  tels  que 
MM.  Arndt3  et  Pottier4  à  faire  descendre  l’époque  de 
ce  fragment  jusqu’à  la  période  du  Dipylon  ou  même  au 
temps  du  vase  d’Aristonophos.  Quelle  que  soit  la  valeur  de 


Fig.  4520. 

Cuirasses  mycéniennes. 


Fig.  4521. 


eurs  arguments,  il  semble  que  les  faits  aient  décidé  e 
I  senscon traire.  M.  Tsoundas  a  trouvé  récemment  dans  un 
e Mycènes0,  une  stèle  peinte  à  fresque  où  soi 
I (fî^10/'11) *S  m®mes  guerriers  6.  On  y  voit  nettemei 
LJu  1  ’  ^assa  sur  lln  chiton  bigarré  et  frangé,  u 

decujU  Ui  ^  COmran*'  buste  et  les  bras  :  le  vêtemen 
noin' V' n  SaUCUn  ^oute’  semble  faitde  deux  pièces,  l’un 
niiuirhi."  I'nan^  1  ailtre  rouge  derrière  le  corps.  Que  le 
frf,s  nt  uduchées  ou  non  à  cette  carapace,  que  ' 

ici  ■  \'J<n[  0U  non  anlérieure  au  vase,  il  n’importe  pi 
'leux inuin"' '*  '  ^ue  Ce  S0‘t  bien  une  cuirasse  et  qi 
P'dce  d’on'l"1  ntS  mycéniens  la  montrent  employée  comn 
1111,1  ■  11  reste  après  cela  que  le  cas  fut  excej 

I  1  Perrot  et  Q,j  ■ 

y^schcko,  ifuk'S'y  ,/lSt-  de  l‘Art<  111,  fig.  406,  p.  595.  —  2  Furlwünglc 
«ir/iro(  [gnp,  ^  ^  SUI1’  3  St  adieu  sur  Vnsenkunde,  p.  4.  —  1  Ih 

I  Pt  I  «H  |[,  !  ’  _  -  ",  Pl-  dans  ’EniS'fiS  4o/_.  1886!  P-  3.  fig-  2.  —  «  ’Etp.  4, 
eîarf,i-  tpigr,  Semin  /°'S  suivant  Heichel,  p.  101,  note.  — 8  Abhandlunq 
(  '  Univers.  Wien.  XI,  1894,  chap.  iv,  p.  79-111.  -  9  11.  I 


tionnel,  car  nous  ne  retrouvons  rien  de  pareil  sur  les 
intailles  et  les  reliefs  mycéniens.  Même  l’art  du  Dipylon, 
qui  est  postérieur,  n’a  pas  connu  ces  cuirasses.  L’inno¬ 
vation  dut  être  fortuite  et  n’a  pas  prévalu. 

V.  Cette  rareté,  ou,  pour  mieux  dire,  cette  quasi-absence 
de  la  cuirasse  dans  l’art  primitif  semblait  s’accorder  mal 
avec  la  mention  qui  est  faite  assez  fréquemment  1  du 
0ojf7)<j  dans  les  poèmes  homériques.  Il  y  a  là  une  contra¬ 
diction  qui  mérite  d’être  expliquée.  M.  Reichel,  qui  a 
étudié  ce  point  dans  les  Ilomerische  II  affen 8,  a  résolu, 
semble-t-il,  la  difficulté.  Suivant  lui  il  faut  distinguer 
entre  les  divers  emplois  du  mot  Ooïp rfc  ou  de  ses  dérivés  : 
ou  bien  le  terme  a  vraiment  le  sens  de  cuirasse,  et  le 
passage  est  récent  et  interpolé,  ou  bien  le  texte  est  ancien, 
mais  la  signification  du  mot  est  toute  différente.  @wçti; 
désigne  en  effet  la  cuirasse,  mais  par  une  extension  du 
sens  primitif  :  c’est  d’abord  et  surtout  la  poitrine  ;  puis, 
et  par  suite,  tout  ce  qui  la  recouvre,  non  seulement  la 
carapace  double  des  temps  classiques,  mais  tout  vête¬ 
ment,  tout  bouclier  et  même  toute  ceinture.  Par  exemple, 
la  gérpa,  ce  ceinturon  placé  sous  le  chiton  et  directement 
sur  la  peau,  ne  peut  être  définie  ’Épuga  ypoôç 9,  si  la  cui¬ 
rasse  était  là  pour  remplir  cet  office.  De  même  le  o:-Xoûç 
0c6p7]ç 10  ne  serait  autre  chose  11  que  l’ensemble  du 

et  de  la  pu'irpa,  l’une  placée  sur  le  corps,  l’autre  par¬ 
dessus  le  chiton,  toutes  deux  formant  un  rempart  double 
contre  les  traits.  De  même  encore  Qwpvjcrcxw  ne  signifie 
primitivement  que  se  protéger  le  corps  avec  des  armes 
défensives,  ou  simplement  s’armer.  Pendant  l’évolution 
des  poèmes  homériques  il  arriva  que  les  choses  chan¬ 
gèrent  et  que  la  cuirasse  véritable  fut  inventée.  Dès  lors 
il  ne  pouvait  être  question  de  peindre  les  héros  légen¬ 
daires  sans  le  perfectionnement  que  les  aèdes  de  l’Ionie 
ou  de  l’Éolide  voyaient  employer  autour  d’eux;  de  là 
les  remaniements  et  les  ajouts  du  poème,  de  là  cette 
cuirasse  légendaire  d’Agamemnon  12  avec  son  mélange 
des  trois  métaux 13  et  ses  trois  serpents  dressés  de  chaque 
côté  à  l’attache  du  cou.  Toutes  ces  additions  ne  doivent 
guère  être  antérieures  à  la  rédaction  la  plus  récente  des 
poèmes  homériques,  c’est-à-dire  à  700  environ  avant 
notre  ère.  C’est  à  peu  près  le  moment  où  la  cuirasse  fait 
son  entrée  officielle  dans  la  littérature  et  dans  l’art  grecs. 
Jusque-là,  sauf  une  exception  isolée,  elle  paraît  n’avoir 
pas  été  connue  des  Hellènes. 

VI.  S’ils  l’ont  imaginée  si  tard,  c’est  que  sans  doute  ils 
n’en  sentaient  pas  le  besoin,  la  remplaçant  par  des  cein¬ 
tures  ou  des  peaux  de  diverses  sortes.  A  1  époque  mycé¬ 
nienne,  c’est  le  pagne  enroulé  et  serré  à  la  ceinture  de 
manière  à  protéger  les  parties  molles  du  ventre  :  ce  n’est 
pas  la  cuirasse  des  temps  postérieurs,  ce  n’en  serait  tout 
au  plus  que  le  Çûga;  mais  le  grand  bouclier  rectangulaire 
attaché  aux  épaules  suffisait  bien  à  protéger  le  corps. 
Cette  ceinture  appliquée  sur  la  peau  devient  de  métal 
à  l’époque  du  Dipylon14  et  nous  la  retrouvons,  souvent 
comme  seule  pièce  d’armure,  sur  des  statuettes  archaïques 
de  l’Acropole  d’Athènes,  d’Olympie  et  de  Delphes  [cingu- 
lum].  A  côté  d’elle  paraissent  les  peaux  de  diverses 
espèces.  L’égide  de  Zeus  et  d’Athéna  est  en  réalité  une 
cuirasse  1S.  La  robe  de  1’  «  Artémis  asiatique  »  sur  un 

134,  185,  213.  —  1°  11.  iv,  132;  XX,  *14.—  U  Reiclicl,  p.  164.  —  12/1.  XI,  19-28. 
—  13  Cf.  Perrot,  Hist.  de  l'Art,  VII,  p.  233,  278,  281.  —  14  Collignon,  Hist.  de  la 
sculpture  gr.  I,  p.  87,  fig.  43.  —  >3  Cf.  Gerhard,  Auserl.  Yasenb.  1,  69,  1-2 
=  FurtwSugler,  Besclir.  d.  Vasens.  I  (961,  p.  416);  Ibid.  1,  pl.  lxxi ;  voir 
aegis,  I,  p.  104. 


LO  R 


1301 


vase  de  Milo1  est  de  même  écaillée  sur  le  buste,  ce  qui 
indique,  sinon  un  vêtement  spécial,  du  moins  une  pro¬ 
tection  particulière  pour  le  haut  du  corps.  Les  peaux  de 
bêtes,  de  lions,  de  loups  et  d'autres  animaux,  que  se 
passent  en  écharpe  Héraklès  ou  d’autres  dieux  et  de 
simples  guerriers,  remplissent,  elles  aussi,  tant  bien  que 
mal,  l'office  d'une  cuirasse.  Enfin  le  justaucorps  «corin¬ 
thien»2,  étroit  et  collant,  serré  à  la  ceinture  et  s’arrêtant 
aux  cuisses,  est  évidemment  fait  de  cuir  et  sert,  lui  aussi, 
de  défense  contre  les  traits  3.  Ces  différentes  armes 
auraient  sans  doute  suffi,  si  le  bouclier  n’avait,  depuis 
l'époque  mycénienne,  changé  à  la  fois  de  forme  et  de 
dimension.  Aux  demi-tours  primitives  succéda  d’abord 
le  grand  bouclier  échancré  du  Dipylon,  puis  l’arme  devint 
plus  petite,  plus  mobile  il  est  vrai,  mais  découvrant  par 
suite  ou  pouvant  découvrir  le  haut  du  corps.  Les  Grecs 
sentirent  le  besoin  d'une  protection  plus  efficace  pour 
le  thorax  et  c’est  la  raison  qui  leur  fit  emprunter  aux 
Asiatiques  l'arme  que  ceux-ci,  nous  l’avons  vu,  avaient 
depuis  longtemps  inventée. 

YII.  Cette  première  cuirasse,  qui  apparaît  dans  l'art 
vers  l'an  700  avant  notre  ère,  est  la  cuirasse  dite  à  gout¬ 
tière.  Elle  se  compose  de  deux  lames  convexes  protégeant 
l'une  le  dos,  l'autre  le  devant  du  corps.  On  les  appe¬ 
lait,  à  cause  de  leur  forme  convexe,  yôaXx,  et  la  cuirasse 
Yua^oOojpx;  4  :  ces  plaques  rigides,  qui  recouvraient  le 
buste  sans  se  mouler  sur  lui,  étaient  généralement  fixées 


Fig.  4522. 


J?  J. 

Fig.  4523. 


Cuirasses  grecques  dites  à  gouttière. 


sur  le  côté.  Les  représentations  sont  muettes  sur  ce  point, 
mais  tous  les  exemplaires  conservés,  quoique  d’une  date 
généralement  postérieure,  ont  ce  même  mode  de  ferme¬ 
ture  et  certaines  peintures  à  figures  noires8  montrent 
(fig.  4522)  que  les  cuirasses  à  gouttière  étaient  échan- 
crées  sur  le  côté,  ce  qui  fait  croire  qu’elles  se  fermaient 
latéralement.  Il  est  probable  que  les  deux  cuirasses 
étaient  réunies  d’un  côté  d’une  manière  fixe,  avec  une 
échancrure  ménagée  à  l’épaule  :  le  guerrier  passait  un 
des  bras  dans  l’ouverture  ainsi  préparée,  rabattait  sur 

1  Conze,  Melische  Thongefüsse ,  pl.  iv  ;  Collignon,  Sculpt.gr.  I,  p.  93,  fig.  47. —  2  II 
faut  entendre  simplement  par  là  qu’il  est  fréquemment  représente  sur  les  monuments 
corinthiens.  —  3  ’e?.  à?/.  1885,  pl.  vu  (sur  le  môme  vase,  cuirasse  à  gouttière  ;  les 
deux  vêtements  de  guerre  étaient  donc,  jusqu’à  un  certain  point,  équivalents)  ;  Journ. 
( lell.stud .  892-3,  X1I-XIIÏ,  p.  268,  fig.  32  (justaucorps  serré  à  la  ceinture);  Babelon- 
Blanchet,  Dr.  du  Cab.  des  médailles,  p.  80,  176  (blouse  de  cuir  fioltant),  etc. —  H’au- 
san.  X,  26,  6  ;  Cf.  llesych.  s.  u.;  Hom.,  IL,  XV,  530  et  Scbol.  —  5  Gerhard,  Auserl. 
Vus.,  III,  pl.  ccxix,  2.  C’est  sans  doute  par  erreur  que  le  bord  inférieur  a  été  pro¬ 
longé  dans  l'échancrure.  —  G  Jahrbuch ,  1893,  pl.  i.  —  7  Arch.  Zeit.  1882,  pl.  i,  p.  45  ; 
Collignon,  Sculpt.  gr.  I,  p.  328  ;  Duruy,  H  ht,  des  Grecs ,  I,  p.  333.  —  SCantharcà 
figures  noires  du  Brilish  Muséum  [Journ.  hell,  stud ,  1898,  XVIII,  pl,  xvn,  1,  p.  290); 


LOR 


le  buste  la  lame  antérieure  et 
à  la  fermeture.  Tel  devait  être 


la  fixait  sur  le  côté 


°Pposé 


usage  général  mm  -, 
avait  des  exceptions.  Sur  une  amphore  «  vieille  ‘  y 
de  la  collection  Bourguignon  (fig.  4523 1,  Um,V'  Il('ue" 
diane  et  verticale,  longée  d’une  ligne  de  pohu's"|!'|.  i 
partage  en  deux  une  cuirasse  :  l’arme  se  passait  '  ’"'CS’  I 
une  veste  sans  manches,  et  les  deux  demi-  V  "'"mie 
l’avant  étaient  ensuite  rabattues  sur  le  torse  etlix,''!"^  ^ 
sur  l’autre6.  Dans  les  deux  cas,  dont  le  second  * 
avoir  été  beaucoup  plus  rare  que  le  premier,  le  ])ls' d'- 


plaques  était  retourné  et  relevé,  sans  doute 


à  la  courbe  des  hanches,  d’où  le  nom  de 


pour  s’adapter 


cuirasse  à  gout¬ 


tière.  Un  bronze  de  Dodone,  conservé  au  Musée  de  Be 
lin,  montre  (fig.  4524)  comment  était  fait  le  rebord:  la  |ame 
était  repliée  sur  elle-même 
pour  éviter  de  blesser  le  corps 
par  une  surface  tranchante7. 

Le  plus  souvent  le  même  résul¬ 
tat  était  obtenu  d’une  manière 
beaucoup  plus  simple  On 
voit  très  souvent  sur  les  vases 
peints,  non  seulement  le  bord 
inférieur,  mais  le  tour  du  cou 
et  le  contour  des  aisselles, 

cernés  d’une  ligne  parallèle  de  petits  points8  :  ce  sont 
autant  de  clous  qui  fixaient  la  plaque  métallique  sur  une 
doublure  de  peau  ou  de  cuir,  rembourrage  qui  rendait  la 
cuirasse  plus  épaisse  et  l’empêchait  de  glisser  sur  le 
corps.  Quelquefois,  pour  assurer  plus  d’adhérence,  on 
la  fixait  par  une  ceinture  appliquée  sur  la  cuirasse®, 
mais  d’ordinaire  l’arme  tenait  seule,  retenue  par  la  join¬ 
ture  latérale,  par  l’échancrure  des  bras  et  par  le  rebord 
inférieur. 

VIII.  Cette  cuirasse  est  fréquemment  représentée  sur  les 

monuments  archaïques.  Un  vase  la  représente  isolée,  à 

côté  des  autres  pièces  de  l’armure  complète10.  Le  plus 

souvent  elle  couvre  des  guerriers  luttant  et  au  repos.  La 

gigantomachie  de  Sélinonte11,  un  vase  grec  à  reliefs  du 

Cabinet  des  Médailles  un  grand  nombre  de  statuettes1 

en  donnent  des  exemples  plastiques,  et  les  vases  peints 

nous  en  fournissent  d’innombrables.  Les  potiers 

thiens  14  et  les  peintres  attiques  de  vases  à  figures  n°ires 

en  revêtent  presque  exclusivement  leurs  combattants,  i  s 

en  affublent  même  les  Amazones  au  lieu  du  juslauco  M 

de  cuir  cjui  les  couvre  d’ordinaire11'.  Dans  l|in 

...  -,  . _ : - assezpeu.  La 

?1  est  quelque- 


présentations,  le  décor  de  la  cuirasse  varie  assezpeu. 


plaque  antérieure,  la  plus  souvent  figurée,  ^  llCSt 
fois  sans  aucune  espèce  d’ornement1',  '  ,(,nce  de 
pas  fréquent  et  est  dû,  semble-t-il,  à  la  ni0'  ^  en 
l’artiste.  Sur  un  vase  corinthien  du  Lou\i< ,  <l  -  ^ 

blanc  sur  le  fond  reproduisent  un  motif  as.»'  ^  ^ 

lignes  courbes  et  de  chevrons  1S.  Le  ^  ^  je  jeux 

quent  n’est  guère  plus  compliqué  :  il  se  C0l^l’a^  gu[,  )eS 
spirales  venant  s’enrouler  à  droite  et  a  r--1 

..  nr  ,,].  cc«v'i 

Gerhard,  Ans.  Vasenb .,  II,  pl.  xcvn.  —  9  Gerhard,  Ans.  ®  •  ' gndpt  gr.  L F- 
pl.  ex vm,  exix.  — 10  Arch.  Ans.  1889,  p.93,  8.  —  °Jf°3  Voir  nole^S  ot 

fig.  167.  -  12 Le  Bas-Reinach,  Mon.  fin .  P,-cv'p'  /  PoluUchneion,^.^ 
nus  Olympia ,  V,  pl.  xxviii  (Duruy,  l.  C.  p.  3  *  ),  ,É  269-270,  n”  , 

(Bull.  corr.  hell.  1877,  pl.  x,u;  J 2)  ;  Br.  *'J*%*£ Ma**, 


Jtfonui» 


Vas- 


fig.  248,249.  —  14  Longpéricr,  Mus.  Napàléo 

ant.  Vax.  241,  p.  31-2,  fig.  17;  'E?.  *n-  *f5'  L'n  .'Gerhard,  A'‘s-  , 

_  15  Journ.  hell.  Stud.  XVIII.  1898,  pl.  xvn,  1,  P-  -9»;  (J* 

pl.  cclxvi ;  Ibid.  Il,  pl.  cvii ;  II,  pl.  xcvn; ;  I,  U  J \ ■’  17.  - 

p.  46,47).  —  4G  Masner,  Samml.  ant.  Vas.  2 *1,  P-  ’IXVIl  2  (vase  corl  | 
1889,  p.  93,  8.  —  18  Longpéricr,  Mus.  Map.  U  >  P 


O 


LOR 

demi-ellipse  suivant  à  peu  près  le 


1.1 


niamnT  i„  riee  thoracique  (tig-  «a»;  R  Sur  une  hydrie  de 
contour  de  la  »  tournée  yers  le  bas  s’épanouit  excep- 

Cttré  u'lC  Pa  ia,(intre  les  spirales  2  et  sur  un  canthare  à 
fconnellemen  ues  roncles  se  superposent  aux 

figures  noires  ■  v 

Vü‘f  rmu  cuirasse  était  passée  sur  les  vêtements  les 

IX'  '  n  arrivait  assez  fréquemment  que  le  guerrier 

plusvarR"  leC rembourrage  de  cuir:  dans  ce  cas,  le  bas 

fùl  nU pt  les  parties  étaient  entièrement  à  découvert  *. 

duvent  f  ..  J  torCP  était  vêtu  d’un  chiton  finement 
D’autres  fois  le  mi. 

et  s’arrêtant 


plissé 


le  torse  était  vêtu 

aux  hanches3.  Ce- n’était  pas  par 


rait  souvent  devant  les  parties  1 


piK ^uniquement  pour  éviter  à  l’épiderme  le  contact 
direct  de  la  lourde  armure.  Enfin,  au  lieu  du  chiton  on 
Ltait  des  justaucorps  collants,  simples  ou  brodes, 
Lis  tous  épais  et  qui  paraissent  le  plus  souvent  faits  de 
cuir\  11  arrivait  exceptionnellement  que  par-dessus  ce 
justaucorps  et  sous  la  cuirasse  une  peau  de  bête  servît 
d’une  troisième  défense  au  torse8.  Sur  la  cuirasse  même, 
d'ordinaire  on  ne  mettait  rien,  mais,  lorsque  la  plaque 
de  métal  n’avait  pas  de  doublure  à  l’extérieur,  les  rayons 
du  soleil  devaient  la  frapper  directement  et  la  chaleur 
devenait  alors  insupportable.  Pour  remédier  à  cet  incon¬ 
vénient,  une  chlamyde  ou  une  draperie  étaient  passées 
obliquement  sur  la  cuirasse9. 

X.  Le  défaut  de  cette  armure  était  dans  le  manque  de 
protection  du  bas-ventre.  Il  semble  que  les  Grecs  l’aient 
senti  et  qu’ils  aient  tenté  divers  moyens  d’y  obvier.  L’un 
des  plus  simples  était  d’attacher  par 
devant  au  bas  delà  cuirasse  une  sorte 
de  tablier,  analogue  à  celui  qui  pen¬ 
dait  des  boucliers  ioniens,  mais  plus 
court  et  d’étoffe  plus  épaisse 10.  Micali 
a  publié  une  statuette  de  bronze,  de 
style  gréco-étrusque  (fig.  4525),  où  ce 
dispositif  paraît  très  clair11.  Sur  un 
vase,  on  voit  sous  le  bouclier,  devant 
et  derrière  le  corps,  une  étoffe  écaillée, 
échancrée  sur  le  côté  12  :  il  n’est  pas 
sûr  que  ces  deux  pièces  tombent  de  la 
cuirasse;  peut-être  continuaient-elles 
simplement  un  justaucorps  de  cuir. 
Une  solution  nouvelle  fut  de  franger 
le  rebord  inférieur,  de  manière  à  offrir 
au  bas-ventre  un  rempart  mobile  contre  les  coups  13.  Une 
transition  tout  indiquée  menait  à  l’invention  des  lambre- 
iqums.  Sous  la  ceinture,  ou  sous  le  rétrécissement  de  la 
pirassc.i  la  taille,  le  rebord  saillant  de  la  cuirasse  fut,  non 
P  us  simplement  relevé,  mais  divisé  en  lames  de  cuir  mo- 
les  ,  indépendantes  les  unes  des  autres,  et  qui,  peu  à 
p;|R  ''  M  ‘‘Hdirent  assez  bas  pour  protéger  la  région  de 
j|j  ne'  1  ^  a  vrai  dire  souvent  difficile  de  savoir  si  les 
|  '  Us  llldrquées  verticalement  dans  cette  partie  de  la 

I  *  Voir  '  E 

pu*- Vas.  Il  ^  de  l’Acropol,  741,  p.  269,  fig.  248;  Gerhard, 

A^phoren,  |,cj  )z V',’  ^XXI11  ’  ^nd.  1,  pl.  v,  |  et  le  pl.  xxxvi  ;  cf.  H.  Thiersch,  Tyrrhen. 
PG  «.  B  59.  _!P3  80°’  p-  123  et  s-  -  2  Cat.  vas.  in  Brit.  Mus.  II,  p.  68,  fig.  41, 

Polyt*chnèi^  \™rn'  hdL  Stud'  XVIII>  l898>  P1*  *▼«.  P-  290 •  —  4  Br-  da 
fo*  p.  99,  p|  *cv  ,  ’  P‘  1,0  (guerrier  de  Sélinonte;  ;  Le  Bas-Reinacb,  Mon. 

l  Acropoie  »  -  ,l  lc^e0»  Monum.  X,  pl.  îv-v  (vase  corinthien).  —  B  Br. 

^rch-  Zeit .  iss2  ,|  ’  1  ' 1  ’  248  î  Masner,  Samrnl.  ant.  vas.  p.  31-2,  241,  fig.  17  ; 

$culpt.gr,  ltp  '*  Br>  de  l’Acropole ,  p.  270,  742,  fig.  249;  Collignon, 

3l15,  Vq.s.  ijj^  .  ’  ■  Gerhard,  Aus.  Vas.  II,  pl.  cxvii,  cxvin.  —  1  Gerhard, 

L*xxiv,  ,.xxxy .  j  Xlx*  ^id.  II,  pl.  cvn  ;  II,  pl.  xcxvn  ;  II,  pl.  xcv,  xevi  ;  II, 
A  • 1 .  1,  pl.  xaxvi.  —  8  Gerhard,  Aus.  Vas.  I,  pl.  v.  1  ;  cf.  Gaz. 


f'g-  4525.  —  Cuirasse 
avec  tablier. 


cuirasse  correspondent  à  des  échancrures  de  l’étoffe  ou  ne 
représentent  que  de  simples  ornements  gravés;  mais  il 
paraît  certain  que  la  cuirasse  à  gouttière  se  transforma 
peu  à  peu,  avec  ou  sans  épaulières,  en  cuirasse  a  lambre¬ 
quins.  11  faudrait  d’ailleurs  se  garder  de  croire  que  cette 
armure,  d’abord  seule  connue,  puis  bientôt  négligée 
pour  la  cuirasse  à  épaulières,  ait  jamais  été  entière¬ 
ment  abandonnée.  Non  seulement  on  la  retrouve  sur 
des  vases  à  figures  rouges  de  style  sévère  ou  même  de 
beau  style  libre15,  mais  nous  verrons  que  les  exem¬ 
plaires  de  métal  conservés  jusqu’à  nous  sont  généra¬ 
lement  de  ce  type:  seule  la  terminaison  inférieure  a 
été  modifiée  et  le  rebord  saillant  est  devenu  moins 
sensible.  C’est  aussi  bien  à  très  peu  de  chose  près 
la  forme  actuelle  et,  j’ajouterai,  la  forme  nécessaire 
de  toute  cuirasse  faite  de  deux  lames  simples  réunies 
sur  le  côté. 

XI.  La  nouvelle  armure,  dite  cuirasse  à  épaulières, 
diffère  de  la  première  par  trois  points  essentiels.  D  abord, 
ce  qui  est  l’exception  dans  la  cuirasse  à  gouttière,  elle  est 
munie  d’une  pièce  spéciale  pour  la  protection  du  bas- 
ventre,  et  ce  tablier  ou  ÇSp.a16  est  à  lambrequins, 
TrTspuysç11.  Puis  la  fermeture  est  rendue  à  la  fois  plus  fixe, 
plus  aisée  et  plus  parfaite  par  l’intervention  de  pièces, 
l7iw[xio£ç 18,  se  rabattant  sur  les  épaules  et  se  fixant  sur  le 
devant.  Enfin,  au  lieu  d’une  lame  unique,  la  cuirasse  est 
ordinairement  composée  d’une  série  de  plaques,  lames  ou 
écailles,  XeTtioEç,  csoXi'oei;  19,  dont  le  jeu  très  libre  permet  une 
adhérence  plus  grande  de  l’arme  sur  le  corps  :  la  carapace 
devient  souple  et  le  combattant,  plus  libre  dans  ses  mouve¬ 
ments,  est  en  même  temps  mieux  protégé,  les  lamelles 
superposées  arrêtant  mieux  les  coups  violents.  On  a  cou¬ 
tume  d’ajouter  une  quatrième  différence,  de  distinguer 
les  cuirasses  à  épaulières  parle  cuir  dont  elles  seraient 
exclusivement  formées,  au  lieu  que  les  cuirasses  à  gout¬ 
tière  seraient  faites  de  fer  ou  de  bronze.  Rien  à  mon  avis 
n’est  plus  inexact.  L’une  et  Vautre  forme  s  accommodaient 
àlafois  du  métal  et  de  la  peau  de  bête  ;  j  ajoute  que,  pour 
toutes  deux,  la  réunion  des  deux  matières  était  presque 
nécessaire.  La  cuirasse  à  gouttière  était,  comme  nous 
l’avons  vu,  rembourrée.  Quant  à  la  cuirasse  à  épaulières, 
le  dessous  était  bien  en  cuir,  mais  je  ne  connais  pas 
d’exemple  d’une  arme  laissée  en  cet  état:  non  seulement 
les  épaulières,  mais  les  deux  cuirasses’0  et  les  lambre¬ 
quins  étaient  revêtus  d’une  infinité  de  petites  ou  de 
grandes  plaques  de  métal.  Tout  au  plus  pourrait-on  dire 
que  le  cuir  était  ici  plus  apparent  ou  jouait  un  rôle  plus 
facile  à  constater. 

XII.  La  date  à  laquelle  apparaissent  ces  armures  est 
difficile  à  fixer  avec  exactitude:  nous  constatons  qu’elles 
sont  déjà  connues  des  peintres  qui  décorent  les  sarco¬ 
phages  de  Clazomènes21,  mais  ceux-ci  étaient  en  avance 
sur  leurs  confrères  de  la  Grèce  propre 22,  qui  ont  évidem¬ 
ment  emprunté  aux  Ioniens  ce  perfectionnement.  Aussi 


archéol.  1870,  pl.  x.xvi  ;  Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Herakles ,  I,  p.  2149.  —  9 Gerhard, 
^us.  Vas.  IV,  pl.  cclxvi  ;  Ibid.  11,  pl.  cxxn,  exxm  (Furtwïngler,  Beschr.  d.  Vas. 
1732)  ;  Ibid.  1,  pl.  xux  (Jahu,  339,  p.  105).  —  10  Gerhard,  Ans.  Vas.  IV,  pl.  cclxvi  ; 
Ibid.  II,  pl.  cvn.  —  n  Gerhard,  A  us.  Vas.  1,  pl.  i.  —  !  *  Mon.  per  lastoria  de  pop.  ital., 
pl.  xxxvim,  1.  —  13  Collignon.  Sculpt.  gr.  I,  p.  331,  fig.  167. —  H  Wiener  Vorle- 
gebl.,  1888,  pl.  m  (Vase  François,  Ajax)  ;  Gerhard,  .lus.  Vas.  111,  pl.  cci  (Jahn, 
421,  p.  147)  ;  Ibid.  II,  pl.  cxvn-cxvui.  —  13  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  cci  (Jahn,  421, 
p.  147  ;  Ibid.  II,  pl.  lxxxiv-lxxxv.  —  10  Eust.  p.  453,  40  (II.  4,  132)  ;  lit .  Alagn. 
p.  433,  1.  —  U  Eust.  p.  454.  —  18  Diod.  XVII,  20.  — 19  Poil.  On.  I,  134.  —  20  Re 
mol  cuirasse  désigne  soit  l'une  des  deux  plaques,  soit  leur  ensemble.  —  3*  Jahr- 
buch ,  1,  1886,  p.  145-7  (StudniciVa' .  —  22  Bull.  corr.  hcll.  1892,  p.  248  (Pottier). 


LOR 


__  1306  — 


LOR 


est-ce  sur  îles  monuments  ioniens  *,  ou  chez  des  peintres, 
comme  Exekias  2  et  Amasis  3,  dont  l’origine  paraît 
étrangère,  que  nous  voyons  d’abord  ces  cuirasses.  Vers 

le  milieu  du  vic  siècle  avant  notre 
ère,  elles  commencent  à  être  d’un 
usage  courant4  et  nous  les  re¬ 
trouvons  sur  la  stèle  d’Aristion 
(fig.  4526)3. 

XIII.  Avant  de  passer  en  revue 
les  éléments  dont  se  compose  la 
cuirasse,  nous  chercherons  com¬ 
ment  elle  s'ajustait  sur  la  poi¬ 
trine.  Un  assez  grand  nombre  de 
représentations  sont  conservées 
qui  permettent  de  le  savoir  avec 
exactitude.  Un  petit  bronze  du 
Louvre  montre  les  épaulières  déjà 
rabattues  et  les  deux  mains  oc¬ 
cupées  à  ramener  par  devant  les 
deux  côtés  de  la  cuirasse6.  Le 
motif  est  exceptionnel  et  ne  se 
comprendrait  pas  si  le  corselet 
n’était  très  peu  élevé,  et  si  par 
suite  son  bord  supérieur  n’était 
pas,  contre  l’ordinaire,  au-des¬ 
sous  des  deux  épaulières.  Celles- 
Fig.  4520.  _  Cuirasse  à  épau-  •  le  pqus  souvent,  se  rabattaient 

licres  et  lambrequins.  1  .  p 

sur  la  cuirasse  une  fois  fermee, 
aussi  les  voyons-nous  maintes  fois  (fig.  4527)  se  dresser 
rigides  sur  chaque  épaule,  tandis  que  les  deux  mains, 

ramenées  devant  la  poi¬ 
trine,  ferment  l’armure  par 
devant1.  Dionysos,  sur  un 
vase  du  Cabinet  des  Mé¬ 
dailles  8,  a  déjà  presque 
rabattu  les  deux  bords,  le 
petit  doigt  des  deux  mains 
tombant  le  long  de  la  join¬ 
ture,  les  trois  autres  repliés 
sous  la  lame  et  se  touchant 
presque  d'une  main  à  l’au¬ 
tre  :  l’opération  est  termi¬ 
née,  aussi  tourne-t-il  sim¬ 
plement  la  tête  à  droite, 
sans  se  soucier  du  geste 
de  ses  bras.  Un  éphèbe, 
sur  un  vase  de  Munich  °, 
au  contraire  penche  la  tête 
sur  l’épaule  droite,  car  le 
seul  côté  gauche  de  la 

Fig.  4327.  —  Ajustement  de  la  cuirasse.  CuiraSSe  est  en  place  .  Un 

léger  effort  est  encore  né¬ 
cessaire  pour  ajuster  le  bord  de  droite.  Les  choses 
pouvaient  aussi  se  passer  d’une  manière  plus  compli- 

1  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  cxciv.p.  91  (Würzbourg,  peut-être  étrusco-ionien). 

—  2  Wien.  Vorlegeblütt.  1888,  pl.  vu,  le.  —  3  Gerhard,  Aus.  Vos.  III,  pl.ccvni; 

Arch.  Zeit.  1884,  pl.  xv.  —  4  Gerhard,  Aus.  Vas,  I,  pl.  i-xiii  (Furtwangler,  Beschr. 
1803,  p.  355, 33G).  -  5  Collignon,  Sculpt.  gr.  I,  p.  386,  fig.  20t.  -  0  S.  Rciuaeh,  Ré- 
pertoire,  p.  187.  3,  n*  673.-7  Wien.  Vorlegebl.  VU,  t  (coupe  de  Douris);  Heyde- 
mann,  Vasens.  3097,  p.  468  ;  Jahn,  Vasens.  374,  p.  120-1  (inscr.  Oooaxtov).  Amphore  à 
volutes  inédite  du  musée  étrusque  de  Florence.  —  8  Froehner,  Musées  de  France, 
pl.  vm  =  Milliet-Giraudon,  II,  pl.  lxxvu-viii.  Même  mouvement,  la  tête  à  g.,  sur  la 
coupe  de  Douris.  —  9  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  CLXXXvtu=Jahn,  Vasens.  378,  p.  123- 
4.  _  10  Millin-Reinach,  I,  pl.  xxxix. —  n  Gerhard,  Aus.  Vas.  I, pl.  xxxvu,  p.  148 

—  Furtwangler,  Vasens.  I,  1846,  p.  340-1 .  Voir  Smith.  Vas.  Brit.  Mus.  III,  E  60, 


quée.  Au  lieu  de  rabattre  successivement  les  é  >■ 
les  côtés  de  la  cuirasse,  on  pouvait,  pour  aller "ù  "  res4 
combiner  les  deux  mouvements.  Sur  un  vase  !i  -,  v 
Méridionale,  un  guerrier  maintient  en  place  d’une  '  •° 
le  côté  droit  de  sa  cuirasse,  tandis  que  l’autre  nviiii  i"  "n 
rabat  l’épaulière  gauche  10  ;  l’armure  est  désormais  fi  06  I 
et  ne  peut  glisser  du  corps  ;  le  guerrier  pourra  don* I 
loisir  rabattre  l’autre  côté  de  la  cuirasse,  puis  des  ■  a 
la  seconde  épaulière.  Le  même  motif  se  retrouve  en  1 
inverse  sur  un  assez  grand  nombre  de  vases  peints'Tl 
main  droite  à  l’épaule,  le  bras  gauche  maintenant  1 
cuirasse 11 .  Il  est  à  remarquer  que  ces  diverses  manières 
de  revêtir  l’armure  supposent  toutes  qu’elle  s’ouvre  par 
devant  et  non  sur  les  côtés.  De  fait,  la  fermeture  sur  le 
milieu  paraît,  à  la  différence  de  ce  que  nous  avons  vu  pourl 
la  cuirasse  à  gouttière,  être  de  règle  pour  la  cuirasse  à 
lambrequins.  Il  n’est  même  pas  sûr  qu’il  y  ait  des  excep- 1 
tions.  Sans  doute  nous  voyons  dans  certains  cas  une 
charnière  ponctuée  de  clous  sur  le  côté  de  l’arme  sans 
qu’il  y  ait  au  milieu  aucune  indication  d’ouverture 1!, 
mais  les  jointures  pouvaient  être  perfectionnées  et  très 
peu  apparentes,  l’une  des  lames  recouvrant  le  bord  de 
l’autre  au  lieu  de  lui  être  fixée  par  des  œillères  ou  des 
lacets  :  dans  ce  cas  le  peintre  a  pu  fort  bien,  pour  ne  pas 
charger  son  dessin,  négliger  la  simple  ligne  verticale  qui 
aurait  partagé  en  deux  la  cuirasse.  En  tout  cas,  l’on  dut 
préférer  le  premier  mode  de  fermeture,  plus  simple  et 
surtout  plus  pratique.  La  cuirasse  ainsi  ajustée  était] 
passée  sur  toute  sorte  de  vêtement,  mais  jamais,  semble- 
t-il,  sur  le  corps  nu  du  guerrier  :  un  justaucorps  apparaît 
parfois  sous  l’armure13,  mais  le  chiton  court  et  plissé 
semble  avoir  été  surtout  employé.  Sur  1  armure,  on  ne 
mettait  rien.  C’esf  tout  à  fait  par  exception,  et  seulement 
sur  des  exemplaires  récents,  qu’on  voit  un  himation  oui 
une  draperie  jetés  sur  la  cuirasse  u.  Peut-être  les  Giecs 
affectaient-ils  de  dédaigner  une  pratique  qui,  suivant 
Hérodote,  était  en  usage  chez  les  Perses 
d’ailleurs  rendait  moins  nécessaire  une  armure  pus 
souple  et  où  le  métal  était  moins  apparent. 

XIV.  La  forme  de  la  cuirasse  proprement  (hic  oaj 
sensiblement  la  même  dans  tous  les  exemplair  1 
l’ornementation  différait  sensiblement.  Lu  s  11 1  IT\  . 
cation  introduite  par  la  suite  fut  de  rendu  I  •uiu 
rigide  eide  l’adapter  de  plus  près  àla  forme  du  1 
n’étudierons  provisoirement  que  les  cuii  ass<  “  Jj 
est  séparé  du  yuocXov  par  une  ligne  droit'  <  l  1  i 
Le  décor  en  est  infiniment  varié.  Il  peut  an  o  ^ 
n’est  pas  le  cas  le  plus  fréquent,  qu  soUvent 

vienne  décorer  le  devant  de  la  cuirasse  •  e  cesont 

des  bandes  horizontales  en  rompent  1  uni  (*in  ’ 
des  ceintures  unies,  ou  ornées  des 
rangées  de  points 
tillés  19,  méandres  20 


motifs  les  plus  ^ 

17,  filets  18,  losanges  ou 

■"  H82a6ïbïï«  - 


rais  de  cœur 


rent  ces 


lignes  ondulées23,  etc.  Le  plus  souw 

^  Il  pi.  m'*1)'] 

p.  82-3  ;  E  59G,  p.  330  ;  Gerhard,  Aus.  Vas.  IV,  P*'  CCI  XIX'  1  ^  yrtS.  lit  P1’ 

-  12  Journ.  Bell.  Stud.  XVII,  1897,  pl.  vr,  Gerhard,  ^|8:f„|l,P  ««J 
— 13  Wien.  Vorlegebl.  1888,  pl.  vi,  1  (Exekias).  w,  -  is  Ile.»'1-  ' 

p.  141,143  ;  Inghirami,  Vas.  fUt.  pl.  euxtx.  zél.  1883,  pl-  “j/jJ 

‘2;  cf.  Arch.  Zeit.  1802,  p.  28G  (Helbig).  _  pl.xxxiv- 

Journ.  hell.stud.  1897,  pl.  v>.  11  ^ ^  j  jrb.  1895.  P>-  IV’  "  ,bid.  II'. 

Vas.  Lamberg,  vign.  V,  p.  17  (pl.  *'<)■  cixK.  -  21  °el' ’l  ccXX* 

Zeit.  1851,  pl.  xxv..;  Gerhard,  Aus.  V  “s>  ^ Gcl.hard,  Ibid.  1  ’  ' 
pl.  clxxxiv  (Mus.  Greg.  Il,  pl.  I  V111)'  ...  _|  exov»  (J® 

(Euphronios,  coupe  de  Troïlos).  —  23  Gerl.ar  ,  /,( 

890,  p.  287,288). 


—  1307  — 


mit 


LOR 


Fig.  *528.  -  Cuirasse 
à  plasiron. 


r  de  la  cuirasse  :  une  sorte  de  plastron 
font  pas  10  0  devant)  je  forme  généralement  rectan- 
est  réserve  pi  étant  plus  en  vue,  est  aussi  ' 

gulaire  et  (IU  ’  plu3  spécialement  décoré.  Ce  plas¬ 
tron  peut  être  bas  et  limité,  sous 
les  épaulières,  par  une  bande  hori¬ 
zontale1.  Il  peut  aussi,  ce  qui  est 
le  cas  le  plus  fréquent,  être  con¬ 
tinué  jusqu’au  cou,  tantôt  sous 
la  forme  d  une  bande  étroite  ,  tan¬ 
tôt  sous  celle  d’un  large  champ 
rectangulaire  3  (fig.  4328).  La  sé¬ 
paration  de  la  poitrine  et  des 
parois  latérales  est  quelquefois  à 
peine  marquée  \  mais  elle  peut  être 
nettement  indiquée  et  soulignée 
comme  dans  la  figure  4528  par  des 
agrafes  juxtaposées  :  il  en  était 
ainsi  lorsqu’une  plaque  métallique 
couvrait  le  devant  du  corps  et  était 

assujettie  au  rembourrage  de  cuir.. 

XV  Entre  les  diverses  bandes  horizontales  de  la  cui- 
rasse,  au  dedans  et  au  dehors  du  plastron  rectangulaire 
ou  même  sur  la  surface  non  divisée  de  l’arme5,  les  motifs 
les  plus  divers  remplissent  le  champ.  Nous  ne  pouvons 
songer  à  les  indiquer  tous.  La  plupart  appartiennent 
au  système  des  écailles  métalliques  cousues  ou  rivées  sur 
le  cuir  et  qui,  juxtaposées  ou  souvent  superposées, 
devaient  protéger  efficacement 
contre  les  coups.  Elles  sont  de 
plusieurs  formes,  mais  toujours 
attachées  par  le  haut  :  les  ex¬ 
ceptions  à  cet  égard,  et  à  toutes 
les  époques  de  l’art,  sont  infini¬ 
ment  peu  nombreuses  G.  Dans 
la  cuirasse  à  lambrequins,  les 
écailles  sont  souvent  allongées 
et  rectangulaires  (fig.  4529) 1  ; 
d’autres  fois  allongées  dans  le 
sens  horizontal 8  et  toute  la 
partie  inférieure  de  la  cuirasse 
peut  être  faite  de  carrés  décou¬ 
pés,  posés  l’un  sur  l’autre  en 
imbrication  et  mobiles  comme 
les  lanières  des  lambrequins. 
Il  y  en  a  de  presque  trian- 
^gu  aires  et  qui  doublent,  semble-t-il,  d'autres  feuilles 
rectangulaires  disposées  verticalement9.  Enfin  un  très 
grand  nombre  sont  de  forme  plus  ou  moins  arrondie 
l!erS  *)as  A  côté  des  écailles,  paraît  le  motif 
F  mllissage  oblique  ou  des  losanges  (fig.  4530) u, 
des  •|ln  ^  ^  central  marqué  souvent  au  centre 

dans  1  MUI*,S '  ^am*er  était  aussi  connu  et  employé 

sdiêiinii"11  meS  conc^i°ns  l2-  D’autres  motifs  sont  moins 
r  nques,  comme  des  lignes  ondulées  superposées 13 

I1  fiei'liard,  41(Si  y  ...  • 

~  3  Gerlurd  jK  /  ’  P  •  cc-  —  2  C.  rendus,  1867,  pl.  vi,  2,  p.  188. 

1  Gerhard,  ius  V  '  *)1‘  Cl  xxxlv  I  Mus.  Gregor.  II,  pl.  lvim. 

ksb  Atlas  ;  /o,  "S'  P*'  CLVm-  —  5  C-  rendus,  1874,  pl.  v,  p.  189  ;  Over- 

lv!  Millinecn  ylrjCsc^'’  P*-  v>  1  ;  Froehner,  Choix  de  vases  peints, 
pl.  cxcvu'  \\5\  l  Pt  xxl1  ;  Gerhard,  Aus.Vas.  111,  pl.  clxvi  ; 

r  IV,  fjg  3  '  '  '  ''cr'  Me  Denkmüler,  111,  pl.  xn.  —  6  Voir  supra , 

/  b  *f.  Slcphani  n  '^,num-  'b  pl-  lxxviu  ;  Overbeck,  Atlas ,  pl.  v,  3, 
iHard,  Aus  y  J  ■  rendus,  1874,  p.  186,  3.  —  7  C.  rendus,  1674,  pl.  v; 
I  'B1"-'5  de  points  ol,|j,  u’/  cl,vm:  R-  Rochette,  Mon.  inéd.  pl.  lxxi  (avec  des 
8  Colleet,  Tijslciewicz,  pl.  xxv,  xxvi;  Monum.  XI, 


ou  des  séries  de  petits  cercles11.  Dans  tous  ces  cas,  nous 
avons  évidemment  affaire,  non  à  des  ornements  brodés 
ou  poinçonnés  sur  le  cuir,  mais  à  des  plaques  rappor- 


Fig.  4530.  —  Cuirasses  à  écailles. 


lées  et  cousues.  On  peut  remarquer  que  rien;  dans  le 
décor,  ne  sort  de  l’ornementation  linéaire.  A  l’époque  de 
ces  cuirasses,  qui  est  la  période  classique  de  l’art,  la  fin 
du  vic  et  le  v°  siècle,  les  motifs  non  continus  ou  empruntés 


Fig.  4531.  —  Cuirasse  d’Alexandre  (mosaïque  de  Pompéi). 


à  la  figure  humaine  sont  des  plus  rares.  C'est  exception¬ 
nellement  que  nous  voyons  en  haut  du  yûaXov  une  simple 
étoile15  ou  une  tête  de  Méduse16.  Puis  l’armure  se 
modifiera.  Sur  la  statue  équestre  qui  passe  pour  celle 
d’Alexandre,  au  Musée  de  Naples  17  et  dans  la  figure  qui  le 
représente  dans  lamosaïque  de  Pompéi  (fig. 4531) 1S.  appa¬ 
raît  une  ceinture  véritable  nouée  au  milieu  du  buste  qui 
sera  désormais  et  jusqu’à  la  fin  de  l’empire  romain  un 
insigne  du  commandement  [Voir  §  XXVI].  Plus  tard,  des 
rinceaux  compliqués  couvriront  le  torse,  mais  dans  une 

pl.  xv.  _  9  Cecil  Smith,  Cat.  vas.  Brit.  Mus.  III,  E  196,  pl.  vu,  p.  165. 

—  10  Gerhard,  Aus.  Vas.  IV,  pl.  cclxviii ;  Ibid.  111,  pl.  clxix  (Jahn,  Vasens.  283, 
p  83)  ;  Ibid.  III,  pl.  clxvi.  —  11  Les  losanges  et  les  écailles  sont  réunis  (fig.  4531) 
sur  la  coupe  de  Sosias.  Voir  encore  Monum.  I,  pl.  xxv  ( Ant .  Denkm.  I,  pl.  x). 
Gerhard,  PL,  III,  pL  clxvi;  Ibid.  III,  pl.  cxcvii  (Jahn,  890,  p.  287-8). 

—  12  Gerhard,  Ibid.  III,  pl.  cxcvu  (Jahn,  890,  p.  287-8)  ;  Wclcker,  Alte 

Denkm.  III,  pl.  xu.  —  13  Gerhard,  Ibid.  III,  pl.  cxcvu  (Jahn,  890, 

p  287-8).  _  !*  Même  vase.  —  16  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  clxix  (Jahn,  283, 

p  g3j.  _  IG  Voir  la  figure  4529.  —  17  Voir  equus,  fig.  2762.  —  18  Mus.  Borbon. 

VIII,  pl.  xxxvu  ;  Niccolini,  Case  di  Pompéi,  Casa  del  Fauno,  I,  pl.  vu. 


LOU 


—  1308  — 


peinture  qui  représente  des  personnages  orientaux*.  11 
faut  attendre  le  ive  siècle  pour  trouver,  sur  le  vase  de 
Canosa2,  l’arme  surchargée  et  comme  brodée,  d ' emblemata 
el  d'ornements  précieux,  d’où  procédera,  avec  quelques 
modifications,  letype  des statuae  loricatae [Voir  S  XXVI]. 

XVI.  L’un  de  ces  changements  qui  transforment 
l'ancien  modèle  consiste  à  rendre  courbe,  de  rigide  qu  il 
était,  le  bas  de  la  cuirasse  à  lambrequins,  là  où  s  attachent 
les  pteryges.  C’était,  par  là  même,  lui  faire  épouser  de 
près  la  forme  du  corps.  La  modification  ne  se  borne  pas 
là  :  la  nouvelle  armure  reproduira  sur  sa  surface  exté¬ 
rieure  les  principaux  détails  anatomiques  ;  elle  sera 
plus  souple  à  la  fois  et  plus  vivante.  Sans  discuter  si 
le  perfectionnement  était,  ou  non,  plus  esthétique,  cons¬ 
tatons  qu’il  apparaît  de  bonne  heure,  dès  les  vases  de  beau 
style  libre  et  quelque  peu  avant  le  milieu  du  Ve  siècle. 
L’ornementation  des  nouvelles  armures  est,  tout  naturelle¬ 
ment,  assezvariée.  On  en  trouve  qui  sont  toutes  composées 
d’écailles  :  le  jeu  des  plaques  glissant  les  unes  sur  les 
autres  rendait  le  corselet  très  souple  et  se  prêtait  a  tous  les 
mouvements  du  corps3.  Des  volutes  s  enroulent  fréquem- 

mentautour  des  seins  et  surmon¬ 
tent  l'indication  sommaire  de 
la  cage  thoracique  (fig.  4532)  L 
Dionysos,  sur  un  beau  vase  a 
Saint-Pétersbourg  6,  est  vêtu  de 
cette  cuirasse -où  l'on  retrouve, 
quelque  peu  transformé,  le  motif 
de  l'ancienne  carapace  à  gout¬ 
tière.  Les  mêmes  palmettes 0  et 
les  mêmes  rinceaux  ornent  cer¬ 
tains  bronzes  d’un  travail  soigné 
et  qui  représentent  Arès  1  ou  des 
héros.  Il  ne  faudrait  pas  croire 
que  le  décor  soit  dû  à  la  seule 
fantaisie  de  l’artiste:  nous  retrou¬ 
verons  la  même  indication  des 
muscles  sur  des  stèles  funéraires 
attiques,  où  le  mort  est  figuré  tel 
qu'il  était  pendant  la  vie,  avec  ses  armes  et  son  vêtement 
habituels8.  Sur  des  pièces  de  luxe,  l’ornementation  pou¬ 
vait  être  moins  sévère.  Des  masques  ou  des  protomes, 
une  tète  de  panthère9,  un  gorgoneion  10  étaient  appliqués 
sur  le  devant  du  torse.  Exceptionnellement,  des  bandes 
entières,  ciselées  ou  repoussées,  se  déroulaient  comme 
des  bas-reliefs  superposés11  :  si  la  petitesse  des  repié- 
sentations  empêche  de  bien  voir  les  scènes  figurées,  nous 
pouvons  cependant  nous  faire  une  idée  de  la  splendeui  et 
du  luxe  de  ces  armures. 

XVII.  Les  épaulières,  nous  l’avons  vu,  fixaient  le  y^ov 
sur  le  buste,  mais  il  va  sans  dire  qu’elles  pouvaient  aussi 
le  décorer  :  la  forme  et  l’ornementation  de  ces  pièces 

l  Gerhard,  Aus.  Vas.  I,  pl.  l-i  (Stephani,  Vasens.  Il,  1538,  p.  201,  202). 

—  2  Munum.  IX,  pl.  xxxii  {Mon.  et  mém.  Piot,  VI,  1,  p.  37,  fig.  U). 

—  3  Arch.  Zeit.  1853,  pl.  lv  (Heydemann,  Vasens.  2200,  p.  221-1),  voir  §  XV. 

—  4  Millingen-Reinach,  Peint,  de  vas.  pi.  xn.v.  —  5  C.  rendus,  1807,  pl.  iv. 

—  6  Millingen-Reinacli,  pl.  xlix,  p.  118.  —  1  Walters,  Bronz.  Prit.  Mus. 
1071,  p.  191,  pl.  xxm.  —  s  Collignon,  Sculp.  gr.  II,  p.  377,  fig.  19G  ;  p.  378,  fig.  19' 
stèles  d'Aristonautès  et  de  Rrokleidès).  —  9  Cratère  de  la  coll.  Tyskiewicz,  pl.  x\n. 

—  10  Heydemann,  Vasens.  3239,  p.  540.—  11  Bull.  Napolit.  \ II,  pl.  i  et  n  ; 
Arch.  Zeit.  184G,  pl.  xuv,  2  et  xlv,  1.  —  Bull.  corr.  hell.  1892,  p.  2o4,  10 
(Annali.  18G3,  pl.  E).  —  13  I.aborde,  Vas.  Lamherg,  1,  pl.  xxi  ;  Gerhard,  Aus. 
Vas.  IV,  pl.  cci-xix ,  2  {Mus.  Greg.  II,  pl.  lxxxi)  ;  R.  Rochette,  Mon.  in.  pl.  i-xxi. 

_  14  Jahrb.  1895,  pl.  iv;  Wien.  Vorlegebl.  VU,  pl.  î  (Douris).  —  *“  Monurn.  XI, 

pl,  xv  ;  Arch.  Zeit.  1883,  pl.  ni,  c  (Douris,  Vasens.  II,  2287,  p.  575-7); 
C.  rendus,  18GG,  pl.  vi.  La  pièce  inférieure,  isolée,  est  quelquefois  de  forme 


Fig.  4532.  —  Cuirasse  modelée 
et  à  lambrequins. 


LOR 


ment 


au  be| 


rabattues  ne  contribuaient  pas  médiocre 
aspect  de  la  cuirasse.  Il  n’y  avait  nullement  u  , 
‘dans  la  coupe  de  ces  clapets  mobiles  Les  . UlUll)rmité 
étaient  de  simples  pattes,  assez  larges  ;"'CIOns 

arrondies  vers  le  bas  12.  Ce  premier  type  n’e  el 

donné  par  la  suite,  mais  simplement  affiné  1,. 
devenant  un  angle  aigu13.  Une  modification  piUg  ■l  ro"d 
tante  fut  la  division  de  l’épaulière  en  deux  pièces'!''^' 
posées,  l’une  plus  large  et  plus  haut  placée,  l’autre  "{'"T' 
sous  la  première  et  qui  servait  à  maintenir  l'armure  V 
deux  parties  sont  parfois  l’une  et  l’autre  rectangulaires  u 
mais,  le  plus  souvent,  l’inférieure  a  l’apparence  d’un 
triangle  rectangle  dont  l’hypoténuse  serait  remplacée  par' 
une  ligne  courbe18.  Enfin  la  figure  compliquée  résultant 
de  ces  deux  éléments  combinés  se  rencontre  aussi  sans 
que  la  ligne  de  séparation  entre  eux  soit  indiquée10. 

XVIII.  Le  décor  des  épaulières  est  des  plus  variés 
et  généralement,  à  l’époque  classique,  plus  riche  que 
celui  du  ydaXov.  Il  est  assez  rare  que  le  champ  n’en  soit 
pas  orné1',  mais  un  rectangle18  ou  des  lignes  transver¬ 
sales  19  peuvent  suffire  à  le  remplir.  Sur  une  hydrie  de 
Cæré  paraissent  des  spirales20,  sur  le  vase  de  Canosa  une 
rosette  et  des  fleurons21,  ailleurs  des  étoiles  rayon¬ 
nantes22,  surtout  dans  la  partie  supérieure,  une  fois 


Fig.  4533.  —  Épaulières  de  cuirasse. 


| 

même  une  grenade  et  un  serpent  dressé  -  •  I ! 
bole  de  la  vaillance  eL  d'Arès,  sert  fréquemun  ni 1  "P 
paion.  On  le  rencontre  rampant 2 %  mais  phi-, 11 
forme  de  simple  masque  Une  belle  t'l,aml 
done,  conservée  dans  sa  partie  inférieure,  esL .u1"', ,,  jaa 
tète  d’Omphale26,  et  les  bronzes  de  Sins-  aW0D11  ^ 
British  Muséum,  nous  montrent  (fig. 
terrassant  des  Amazones 2‘.  nlnsieurs 

XIX.  Il  y  avait,  pour  fixer  les  éPau  pou- 

procéclés  que  nous  connaissons  assez  oglUJ';iis  la  partie 
vaient  ne  tenir  que  par  leur  seul  poùh  ,  11 1 

•  4534,  et  Carapanos,  Du'lou  ,  P  ^ 
vi;  Monurn. 

1897,  XVH,  pl-  vl 

(vase  do  Canosa).  —  “  sourn.  >•*>-  ,  xv 

—  18  Jahrb.  1895,  pl.  îv.  Quatre  points  dans  Ÿbid.  III,  P1-01'" 


un  peu  différente  (bronzes  de  Siris,  fi, 

4,  p.  191).  —  Vi  Jour  n.  hell.  stud.  1897,  x\u,  p 
(vase  do  Canosab  —  U  Journ.  hell.  stud. 


IX,  pl-  SS1 
(Kacneu*S 
U  C.  rendstm 


■  voir 


l’.ard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  «-vm.  écailles,  Jbtt.  'B)> 

Bull.  corr.  hell.  1892,  p.  254,  10  (Annalt,  j»  figure 

sydemann,  Vasens.  32o4,  p.  o79'08*"  L  cxxxv.  ('r0lS  C 
L.  Ill  ni.  CLV.II  ;  Arch.  Zed.  1860,  PJ-  pl.  * 


4800,  pl.  VI  ;  Gerhard,  Ans.  Vas.  III,  1>1-  CI-J"J 
figure  4531 .  —  20  Bail 

IX,  pl.  xxxu  (Heydemann,  vasens.  t-  — ;  '  86Q  pi 

Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  olvii.  ;  Are  ^  ÂJ^u.  - ,e|nB« 

tonnée,  Gerhard,  Ibid  H,  pl.  cxlviii.  xxVi 

_  24  Coll.  Tyskiewicz,  pl.  xv„.  -  «  Mdlm,  Ij*-  n  ,91  ,071,  P 


Vasens.  2422,  p.  298-301  ;  Walters,  Bronz.  Brit^  DodoM, 

Adamek,  Unsignierte  Vas.  des  Amasis,  p  •  '•  Walters,  Br»»-  ^31, 

p  491.-  27  Brou.ted,  The  bronzes  of  Siris,  Lond.  1830  ,  ^  «v  p. 

1  •  fil  .vl  nl.VlX 


285,  pl.  vin. 


- - -  ■  j.,  ,  CLXIX  fjahii»  V«sens' 

28  Gerhard,  Aus.  Vas.  HI,  1  • 


—  1309  — 


1.015 


LOR 

..  bat  conservée  clans  un  bel  exemplaire  de 
inférieure  du  '  ’nt  munie  d’un  anneau1  où  passait  la 
Dodone, étai  s  d'allache.  Ou,  au  lieu  de  la 

cordelette  ou  étaiJ.  raénagée  dans  un  empiècement 

l’épaisseur  du  cuir*.  Dans  ce  cas  un  bon- 
qui renlor.1  cJiirasse?  entrait  dans  l'ouverture,  ce  qui 
ton, rivt'  sl!!. ,  ‘  à  fixer  l’épaulière,  mais  cette  fermeture 
P°UValt-Sp  .lLensait  rarement  de  la  cordelette  qui  entrait 
rallie  la  bélière.  Généralement  un  bouton  (rare- 
'dan5(  rpillère’)  était  fixé  sur  le  devant  de  la  cuirasse, 
“Issous  des  épaulières  et  juste  en  leur  milieu  Les 
aU  i  ■  nartant  des  deux  bords  des  rabats,  venaient 
ferPr“e  -illia  du  plastron  =  Comme  ce 
int  était  symétrique  par  rapport  aux  clape  s  mobiles, 
îe  noids  était  également  réparti  sur  les  épaulés  et  ar- 
Lre  se  trouvait  solidement  assujettie.  Pour  mieux  1  as¬ 
surer  encore,  au  lieu  de  deux  cordelettes  distinctes,  on 
pouvait  n'en  employer  qu’une  qui  passait  horizontale¬ 
ment  entre  les  deux  œillères  et  dessinait  ainsi  sur  la 
cuirasse  un  triangle  équilatéral*.  Ou  bien  les  deux 
lanières  se  croisaient  en  X  sous  les  épaulières  et  s’atta¬ 
chaient  à  deux  boutons  ou  œillères  placés  sur  la  même 
ligne  :  les  bouts  étaient  ensuite  noués  ou  non  l’un  avec 
l’autre5.  Il  arrivait  aussi,  surtout  dans  les  exemplaires 
!  récents,  qu’on  fixât  séparément  les  deux  épaulières.  Sur 
une  ciste  de  Palestrine,  deux  courroies  verticales,  descen¬ 
dant  des  œillères,  s’accrochent  à  la  ceinture,  et,  en  pas¬ 
sant,  à  deux  boutons  à  mi-hauteur  et  réunis  entre  eux  °. 
Ailleurs,  la  fermeture  est  beaucoup  plus  simple  et  les 
lanières  verticales  ne  sont  aucunement  reliées  7,  quoi¬ 
qu'elles  puissent  être  nouées  autour  de  plusieurs  bou¬ 
tons  superposés  8.  Sur  un  vase  de  beau  style,  une  seule 
attache  fixe  les  courroies  verticales,  mais  plusieurs 
bandes  horizontales,  dont  l’agencement  reste  peu  clair, 
assujettissent  les  épaulières9.  Ou  bien  encore,  au  lieu 
dune  cordelette  au  bout  des  rabats,  deux  ou  plusieurs  en 
pendent  verticalement 10.  La  complication  augmente  quand 
les  épaulières,  comme  sur  une  peinture  de  Nicosthènes, 
sont  au  nombre  de  quatre  qui  s’entre-croisent  autour  d’un 
omphalos  central  “.  Mais  l’innovation  ne  dut  pas  être 
adoptée,  car  l’exemple  reste  isolé. 

XX.  Les  lambrequins  complètent  sur  le  devant  le  décor 
de  la  cuirasse.  Il  y  en  a  de  diverses  espèces.  D’abord  les 
J°ogs,  de  forme  rectangulaire.  Ceux-ci  peuvent  former 
|  une  série  continue,  juxtaposés  sans  transition  apparente, 
1  comme  découpés  dans  un  tablier  de  hauteur  uniforme  12. 
s  peinent  être  profondément  tranchés  et  nettement 
s  parés  les  uns  des  autres 13,  ou  un  simple  trait  oblique, 
1  1  ce  près  de  1  attache,  indique  la  manière  dont  étaient 
i  xees  ces  lames,  métalliques  et  mobiles14.  11  y  en  a  de 

Ùaut  '  "  'n^ade’  edternativement  longs  et  courts13. 
tU  ies  sont  en  séries  superposées,  dont  la  plus  haut 


07;  Do',one'  ph  XVII,  4,  p.  191;  Adamek,  L.  I.  —  2  Gerhard, 
MS,?)  iv .  Uochette,  Mon.  inéd.  pl.  lxxi.  —  3  Mêmes  vases,  et 

■tu.  v«s  1[|  "u  ^  ^  1897,  pl.  vi  ;  C.  rendus ,  18G6,  pl.  vi;  G 

'«sens.  Il  tiag-*'  ,XXV’  *"*■  —  4  Arch.  Zeit.  1883,  pl.  in,  c  ;  Furtwi 
.254,  ioj’tïcV  j’  573'7'  ~  b  U-  Rochette,  O.  I.  pl.  xx  ;  Bull.  corr.  hel 

•  7 st •  VIH  ni  '  ',,s'  1  ns-  Rf  ph  clviii  ;  C.  rendus,  187G,  pl.  v.  —  6  j| 

tu  U’  Ph  VU-VHl.  —  7  7A.  I Y  „|  - ......  ,  n _  _ 


Aus. 


1897,  pl.  vi  ;  C.  rendus ,  18G6,  pl.  vi  ;  Gerhard, 

twacngler, 
■.  hcll.  1892, 

_ ,  .  _ _ _ ,  r„  ..  -  6  Monum. 

pp.  579.50,,  P'-  xxxu  (vase  de  Canosa  =  Ilcydcmann,  Vasens. 

•Mi.  —  io  q  j ’  ”  Xo‘r  'a  fig.  2726.  —  9  Lahorde,  Vas.  Lamberg,  1, 

■ll  Vien.  Vorleî'n’  ',<S'  ^<îs'  *V’  P1-  cclxix,  2  (Mus.  Greg.  II,  pl.  i.xxxi). 
S-  *531  ;  Jtfoi,  ;189°-1>pLvi,  3.  —  12  Voir  les  fig.  4531,  4533.  —  13  Voir  la 
^nos).  —  11^.  ^  7  ,0b  ",  1897,  pl.  vu  (Brit.  Mus.,  sarcophage  de  Clazo- 

sl  cu  bas  Jans  ■  .  I8C7,  P1-  Vl,  1  i  Cf.  Monum.  XI,  pl.  xv.  Le  trait  oblique 
' 16  pig.  4Ü2G  4s»T«  *•  1883’  P'-  «•  -  13  Fig-  Monum.  XI,  pl. 

’w-8,  4534;  Gerhard,  ' 


V. 


X1V-XV. 

Aus.  Vas.  II,  pl.  cxxiv  ;  R.  Rochelle,  Mon. 


placée  masque  en  partie  l’inférieure16.  Enfin  le  motif  peut 
se  combiner  avec  celui  de  la  frange,  que  celle-ci  soit  au- 
dessus11  ou  au-dessous18  des  lambrequins.  Les  lamelles 
arrondies  sont  rares  dans  la  première  partie  du  vc  siècle19, 
mais  elles  apparaissent  avant  l’an  -400  sur  un  certain 
nombre  de  monuments.  On  les  trouve  arrondies  ou  de 
forme  ovale,  surperposées  en  deux 20  ou  même  trois  11  ran¬ 
gées  successives.  Elles  alternent  avec  des  lames  rectan¬ 
gulaires,  de  couleur  différente,  ou  figurées  comme  telles 
sur  les  vases  peints22.  On  encore  elles  se  combinent  avec 
elles  et  une  suite  de  ptéryges  carrés  pend  d’une  rangée 
de  plaques  foliolées  23 . 

XXL  Telle  était  l’armure  prise  de  face.  Nous  avons  déjà 
vu  que,  sur  les  côtés,  son  aspect 
était  généi'alement  différent  et 
nous  en  avons  fait  pressentir  la 
raison  :  il  fallait  que  sur  les 
lianes  l’armure  fût  tout  particu¬ 
lièrement  souple  et  se  prêtât, 
sans  gène  aucune,  à  tous  les 
mouvements  du  corps.  C’est 
pourquoi  nous  rencontrons  sur 
ce  point  des  écailles24  ou  de 
grandes  lamelles  rectangulai¬ 
res23  ayant  toute  la  hauteur  des 
cuirasses  et  jouant  librement 
les  unes  sur  les  autres.  Les 
charnières  représentées  sur  une 
peinture  de  vase  étaient  sans 
doute  .plus  rigides26,  mais  la 

série  de  rectangles  incisés  que  nous  trouvons  à  cet  endroit 
de  la  cuirasse  sur  l’une  des  statues  d’Éginc  (fi g.  4534)  de¬ 
vait,  sans  doute,  remplir  le  même  office27  :  des  courroies 
passaient  par  les  orifices  ainsi  ménagés  et  fermaient  l’ar¬ 
mure  en  lui  permettant  de  suivre 
les  mouvements  du  torse. 

XXII.  Un  assez  grand  nombre 
de  représentations  qui  montrent 
la  cuirasse  de  dos  ou  de  profil,  la 
font  voir  pourvue  d’un  couvre- 
nuque.  Xénophon  parle  aussi  d’un 
hausse-col  protégeant  la  gorge  et 
au  besoin  le  bas  du  visage28.  On 
ne  l’a  reconnu  sur  aucun  monu¬ 
ment29.  Dans  une  peinture  du 
British  Muséum30  (fig.  4535),  le 
yuaXov  postérieur  apparaît  beau¬ 
coup  plus  court  que  la  pièce  d’a¬ 
vant  :  sa  terminaison  supérieure 
est  marquée  par  un  bord  poin¬ 
tillé  entre  les  deux  pointes  du  couvre-nuque.  Celui-ci 
est  fixé  par  la  base  et  seulement  par  sa  partie  médiane  : 

inéd.  pl.  XX.  —  17  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  p.  40G,  fig.  215  (sarcophage  d'Alexamlre). 
—  18  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  clxvi;  Carapanos,  Dodone,  pl.  lix.  —  19  Exceptions 
signalées  dans  Benndorf,  Gjôlbaschi,  p.  11G-7,  p.  237,  note  4;  Wien.  Vorlegebl. 
1888,  pl.  vi,  1,  etc.  —  20  Coll.  Jacobsen,  pl.  xx,  B,  p.  31  (archaïstique)  ;  Gerhard, 
Aus.  Vas.  II,  pl.  xi.vr,  1  (dans  le  premier  rang  alternent  des  motifs  de  damier)  ;  Gaz. 
archéol.  188G,  pl.  xxxi.  —  21  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  p.  377,  fig.  196  (stèle  d'Aris- 
tonaulès).  —  22  Masner,  Samml.  ant.  Vas.  p.  55,  346,  fig.  29.  —  23  Collignon, 
Sculpt.  gr.  Il,  p.  378,  fig.  197  (stcle  de  Prokleidès  et  Proklès).  —  24  Gerhard, 
Auserl.  Vas.  III,  pl.  clviii.  —  25  Gerhard,  Ibid.  IV,  pl.  cclxviu,  1  ;  IV,  pl.  cclxix,  2 
(.Vus.  Greg.  H,  pl.  lxxxi).  —  20  Journ.  hell.  stml.  XVII,  1897,  pl.  vi.  —  27  Colli¬ 
gnon,  Sculpt.  gr.  I,  p.  292,  fig.  144.  —  28  Xcn.  Equit.  12,  2.  —  29  Le  gorgerin  de 
forme  lunaire  publié  par  Stephani  (C.  rend.,  1877,  p.  20,  pl.  n,  2)  est  jusqu'à  pré¬ 
sent  un  exemple  unique  ;  voir  cependant  une  statuette,  Rev.  archéol.  1897,  pl.  xvii, 
xvm.  —  30  Walters,  Vas.  Brit  Mus.  Il, fig.  35,  p.  27  =  B,  541,  p.  254.  Cf.  la  fig.  4530. 

165 


Fig 


•  J  .c 
4535.  —  Cuirasse 
couvre-nuque. 


1,0  R 


1310  — 


LO  R 


les  deux  ailes  qui  se  rabattent  à  droite  et  à  gauche 
peuvent  ainsi  passer  au-dessus  du  yûaXov,  tandis  que 
l’attache  médiane,  cachée  par  la  bande  décorée,  ne 
se  meut  qu'avec  la  cuirasse.  De  cette  manière,  non 
seulement  la  région  placée  sous  les  aisselles  est  défendue 
par  les  deux  rabats,  mais  les  mouvements  du  haut  du 
corps  et  des  bras  ne  sont  nullement  entravés.  En  haut,  le 
contour  du  couvre-nuque  suit  la  ligne  des  épaules  avec 
une  petite  bordure  en  saillie  en  bas  du  cou.  On  a  pré¬ 
tendu  1  que  cette  pièce  était  rarement  employée.  L'ar¬ 
mure,  à  dire  vrai,  était  complète  sans  elle,  mais,  si  nous 
en  constatons  rarement  la  présence,  cela  tient,  sans  doute, 
à  ce  que  les  combattants  ne  sont  presque  jamais  figurés 
de  telle  manière  que  leur  nuque  puisse  être  aperçue.  Il 
faut,  pour  cela,  ou  qu'ils  soient  accroupis,  comme  sur  le 
vase  de  Londres  ou  sur  la  coupe  de  Sosias  (fig.  4530,  4535), 
ou  qu’ils  soient  en  train  de  mettre  leur  armure 2,  ou  qu’ils 
se  présentent  debout  et  de  profil.  Rarement  ils  sont  vus  de 
dos3  ou  dans  des  engagements  de  guerre  qui  découvrent 
leur  nuque  *.  Or,  lorsqu'ils  sont  représentés  dans  ces 
positions,  les  monuments  de  bonne  époque  les  montrent 
le  plus  souvent  avec  le  couvre-nuque.  On  l’aperçoit 
derrière  l'épaule  d’Achille  dans  la  figure  4528,  quoique 
•le  héros  s’y  présente  de  face;  il  est  très  visible  dans  une 
statuette  de  bronze  gréco-étrusque  (fig.  4536)®  et  dans 

une  autre  trouvée  à  Agrigente6. 
On  le  retrouve  sur  les  bas-reliefs 
de  Pergame 7  et 'jusque  sur  les 
monnaies  d’Euainetos  8.  Son  orne¬ 
mentation  est  des  plus  simples, 
elle  se  compose  d’une  ou  de  deux 
bandes  avec  pointillé  9.  Celle  de 
la  cuirasse,  au-dessous  de  lui, 
est  semblable10.  Elle  est  quelque¬ 
fois,  on  l’a  vu  (fig.  4530),  mais 
rarement,  composée  d’écailles 
juxtaposées 11 . 

XXIII.  Les  monuments  figurés 
nous  ont  permis  d’étudier  les 
deux  types  principaux  de  l’armure  grecque,  la  cuirasse 
à  gouttière  et  la  cuirasse  à  lambrequins.  Les  textes 
ajoutent  peu  à  leurs  renseignements.  Ils  nous  parlent 
à  plusieurs  reprises  de  la  spolas,  armure  de  cuir 
attachée  aux  épaules12,  qui  ne  se  confond  pas  avec  la 
cuirasse  de  métal  que  portaient  les  cavaliers  13.  C’est 
peut-être  celle  qu’on  remarque  sur  des  stèles  funé¬ 
raires  attiques  et  sur  quelques  vases  peints  [équités, 
p.  765] .  Il  est  d’ailleurs  possible  que  la  spolas  fût  un 
justaucorps  de  cuir,  analogue  à  celui  que  nous  ont  déjà 
fait  connaître  les  peintures  des  4rases  corinthiens.  Quant 
aux  hémithorakia  (demi-cuirasses  u)  inventées  par  Jason 
de  Phères  13  et  employées  par  Alexandre  16,  nous  ne 
savons  aucunement  en  quoi  elles  consistaient.  Nous 

l  Jahrb.  I,  205.  — 2  Gerhard,  Aus.  Vas.  IV,  pl.  cci.xi s  (Mus.  Greg.  II,  pl.  lxxxi.) 
■ — 3  Jahrb.  1892,  p.  09;  Gerhard,  Aus.  Vas.  IV,  pl.ccLXvm,  1  ;  Ibicl.  III,  pl.  ccxvu 
(Jahn,  Vasens.  903,  p.  290,  291).  —  4  Gerhard,  Aus.  Vas.  II,  pl.  cxl\iii.  —  6  Micali, 
L’Italie  avant  les  Romains ,  pl.  xxx  de  l’édit,  française;  la  statuette  vue  de  face  a 
été  donnée  plus  haut  (fig.  1649,  p.  1254).  Voir  aussi  plus  bas,  la  fig.  4541.  —  6  Rev. 
archéol.  1897.  pl.xvn  el  xvm.  —  7  Décadrachmes de  Syracuse, cf.  Svoronos,  Jahrb. 
1,  205.  —  8  Ibid.  —  9  Gerhard,  Aus.  Vas.  IV,  pl.  cclxviii,  1  ;  Ibid.  II,  pl.  cxlviii 
(le  bord  supérieur  du  pa^ov  empiète  sur  les  pointes  latérales).  —  10  Monum.  XI, 
pl.  xiv,  xv  (oves).  —  il  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  pl.  clxxxvii  (  Vas.  Brit.  Mus.  E  258, 
III,  p.  195-6).  —  12 Poil.  On.  1,  434;  7,  70;  Xen.  An.  3,  3,  20.  —  13  Xen.  An.  3, 
4,  48;  Equit.  12;  cf,  Plutarch.  Phil.  6.  —  14  Poil.  On.  1,  134;  7,  155;  10,  142. 

—  15  Poil.  On.  1,  134.  —16  Polyaen.  4,  3,  13.  —17  Poil.  4,  12;  10,  29;  11,  11. 

—  18  Poil.  On.  1,  134.  —  19  Thuc.  4,  34,  et  schol.  —  20  Jl.  II,  529  ;  II,  830;  Alcae. 


Fig.  4536.  —  Cuirasse  avec 
couvre  nuque. 


ignorons  de  même  ce  qu’étaient  les  thor  r 

Polybe17,  corps  d’armée  intermédiaire  entre  la  (le 

les  troupes  légères.  Les  armures  ijxtpaAmot  **  son,  ,n8eel 
les  plastrons  garnis  de  rouelles  que  nous  étudi "Uèlre  ' 

loin  (§XXXI).  Les'cuirasses  de  feutre,  connues  seul SplUS 

par  un  passage  obscur  de  Thucydide,  étaient  portéT6"1 
les  Lacédémoniens  à  Sphactérie  19,  mais  nous  ne  c,T  ^ 
sons  ni  la  composition  exacte  du  tissu [coactilia1  m"a,S'  ! 
clant  combien  de  temps  il  fut  en  usage.  Les  auteurs,', a  T1' 
de  cuirasses  de  lin20.  Celles  des  Argiens  étaient  renci! 
mées.  Les  Carthaginois  s’en  servaient  à  la  guerre,  et  C  e  î 
peut-être  par  eux  qu’elles  furent  introduites  en  ItalJa 
Ces  cuirasses  furent,  dit-on,  employées  pour  la  chasse  S 
On  assure  même  que  la  dent  des  animaux  s  brisait 
contre  leurs  plis  serrés  ;  mais  on  ne  voit  guère  comment 
ces  justaucorps  d’étoffe  pouvaient  protéger  contre  les 
bêtes  fauves,  et  les  essais  tentés  par  les  modernes22 
semblent  avoir  été  très  peu  concluants  en  ce  sens.  La  cotte 
de  mailles,  il  àlù ueuv23,  faites  de  chaînons  entrelacés 
est  mieux  connue  et  nous  verrons  que  les  Romains  et 
plusieurs  peuples  de  l’antiquité  en  ont  fait  usage,  mais 
il  n'est  pas  sûr  que  les  Grecs  l’aient  connue,  du  moins  à 
l’époque  classique  :  leurs  monuments  n’en  offrent  aucun 
exemple  certain  et  le  <rrpe7TTbç  ytrwv  homérique  u  semble 
avoir  un  tout  autre  sens2®. 

XXIV.  Ils  connaissaient,  en  revanche,  fort  bien  la  cui¬ 
rasse  écaillée,  faite  de  plaquettes  cousues  et  se  couvrant 
les  unes  les  autres.  Nous  en  avons  déjà  vu  (fig.  4530, 4536) 
de  représentées  sur  les  monuments  :  les  textes  et  les 
fragments  conservés  permettent  de  nous  en  faire  une  idée 
plus  précise.  Les  écailles  pouvaient,  nous  le  savons,  être 
de  plusieurs  sortes  et  faites  de  plusieurs  matériaux. Pau- 
sanias  parle  d’une  cuirasse  aaupcojjtaTixoç,  consacrée  sur 
le  versant  de  TAci’opole,  près  de  l’Asklépieion,  et  com¬ 
posée  avec  l’écaille  provenant  de  sabots  de  cheval Des 
restes  de  ces  armures  sont  venus  jusqu’à  nous.  Telle  est  la 
cuirasse  Scythe  de  Romni 21 .  Les  Rarbares  faisaient,  nous 
dit-on,  grand  usage  de  ces  lamelles  de  corne-'.  Les  cottes 
de  fer  venaient  vraisemblablement  des  Assyriens  .  les 
Perses29,  et  plus  tard  les  Parthes30,  durent  les  recevoir 
de  la  vallée  de  l'Euphrate.  Les  plaques  de  métal  étaient, 
cousues  sur  du  cuir  31  ou  sur  de  la  toile  Les  tonnes 
de  la  Russie  méridionale,  le  tertre  des  Sept-Here^  e 
tumulus  de  Kertch,  la  nécropole  de  Nymphaeon,  es  en 
virons  deNicopol  en  ont  livré  un  grand  nonibr<  <L  l1 
mens,  dont  la  doublure  était  même  conservée,  n  -  ^ 
quités  du  Bosphore  Gimmérien  montrent  1  nl''^  ^ 
étaient  fixées  ces  plaques  :  trois  trous  perces  <  n 
rectangle  permettaient  de  les  attacher  à  1  aùh  n  l ^ 
et  vers  le  bas,  du  côté  arrondi  de  la  languette,  un  ^ 
empêchait  de  se  relever  sous  le  choc  [caianiiia^  ^ 
têtes  des  clous  étaient  rabattues  sur  la  lann  ■ 
ques,  ainsi  maintenues,  étaient  rectangulaii  <  ' 

■  •  •  H  H  II  Ànlh0' 

fr.  SC,  I  (Anthol.  Borgk-Hillcr,  4”  éd.)  ;  Paus.  I,  21-  7  !  H“°  j  c. 

gr.  XIV,  73  =  Suid.  s.  v.  ’r,«..ç  5  M£T*9eU;  Corp.  inscr.  a  ■  -  ^  «g.  3; 

1874.  p.  183.  —  21  Annali  d.  Jst.  1874,  p.  257  et  s- ’  j0p0ulO'''roloS' 

x  d,  fig.  6,  10;  Ilelbig,  Die  Italiker  in  d,  Pocbene,  p.  08.  - inn  l)f"!sc"’ 
Mini,  des  savants  étr.  Acad,  des  Inscr.  I,  1844,  p.  337  c  —  ^  ^  Reic|,el, 
p.  8.  —  23  Poil.  On.  I,  134.  —  24  [loin.  II.  V,  113;  XXI,  ■  •  „n'.Tolstoï-R‘i"ach; 
Waffen.  p.  101  et  sq.  -  20  Pans.  I,  21,  5-6.  -  27  2  (O-*** 

Antiq.  de  la  Russie  mirid.  p.  208.  —  23  '  ^  ’ren^llS)  )8'4.P# 1 

Sar mates  < 


17, 

en  358  ap.  Autres  exemples  dans  steP,,am’ l8-<bpJi3' 


—  29  Her.  7,  Gl.  —  30  Kondakoff,  l.  c.  p.  350. 

1874,  p.  22  2.  —  32  Kondakoff,  l.  C-  p.  208.  —  33  _Kon  “  ^  ’Rcjnacli) 
Dosph.  Cim.  pl.  xxvii,  4-C  ;  Ibid.  pl.  xxvn,  3  (p.  .4,  ‘  -  ’  ^  q_c. 
1874,  p.  222  ;  1876,  p.  113-5.  —  34  Antiq.  Dosph.  C  im.  p  ■  x 


2G8  ; 


A  u''?. 


Q  yCIldltil 


—  1311 


LOR 


LOR 


•  «rieurs  généralement  abattus.  Elles  pouvaient 
lésant*111''  forme  d’écaiHes  de  poisson,  et  se  superpo- 
avoir  aussi  <  ^  _(]lernéeg5  Je  cdté  concave  des  ménisques 

f  en  '.'“"nuCTS  la  droite  et  tantôt  vers  la  gauche  Le  fer 
tredoré  comme  chez  les  Perses2  et  au  tombeau 
Pe  Mwères  où  une  lame  d’or  enveloppait  le  noyau 
d6S  V  ,  »  on’ a  trouvé  dans  les  nécropoles  de  la  Russie 
jnéUilliqu  ■  d  ces  écailles  doublées  et  dorées. 

r  ss-  *— *  «.  de  «* 

Il  étant  à  la  fois  plus  souple  et  plue  résistant. 

XVV  En  dehors  de  ces  fragments,  un  nombre  limite  de 
pninssès  entières  est  venu  jusqu’à  nous.  Nous  les  avons 
ipjvccs  pour  la  fin,  parce  que,  sauf  une  exception,  elles 
ne  sont  pas  sûrement  helléniques  et  qu’elles  ne  repro¬ 
duisent  exactement  aucune  des  deux  armures  que  nous 
wons  distinguées.  Si  l’on  devait  les  rattacher  a  1  une 
d’entre  elles,  ce  serait  de  la  cuirasse  à  gouttière  qu  elles 
procéderaient,  mais  sans  le  relèvement  du  yuocÀov  au  bord 
inférieur.  C’est  la  preuve  qu'il  n’y  eut  pas  abandon  de 
la  première  forme  au  profit  du  perfectionnement  nou¬ 
veau,  mais  transformation  insensible  du  type  primitif. 
Parmi  ces  cuirasses,  les  deux  exemplaires  archaïques 
d’Olympie  occupent  le  premier  rang.  Ce  sont  des  plaques 
dorsales,  des  sujets  incisés  y  représentent  une  scène 


1  ig.  4537.  —  Cuirasse  grecque  de  bronze  à  sujets  incisés. 


y  expliquée,  mais  sans  grand  rapport  avec  la  forme  de 
armure  et  du  corps,  comme  on  le  voit  par  celle  qui  est 
ici  reproduite  (flg.  4537)  8  ;  une  bordure  en  relief  y  mar¬ 
que  le  contour  des  épaules.  Un  exemplaire  de  Cassel  est 
jecon  '*e  spirales  simples,  semblables  à  celles  qui  ornent 
a  surface,  des  cuirasses  à  gouttière0.  Les  autres,  dont 
cljaueoup  de  musées  possèdent  des  exemplaires,  seratta- 
sir  n  -  'l  ces  m°dèles  primitifs  :  elles  sont  généralement 
djjpes  et  sans  surcharge  d’ornements  (fig.  4538)  7 .  Ces 

rnariUi"! '■  ^  armures  se  ferment  sur  le  côté  et  d’une 
ou  1  ^3lU  identique  :  sur  les  bords  sont  ménagés 
h  un  certain  nombre  d’anneaux  dans  lesquels 

J  Q 

1  '•  P.  273  TcIS,r'/Pl'  ll"2’  15-c>  19-20.  —  2  Her.  9,  22,  2.  —  3  KonilakolT, 
G  rendus,  )U7(;  1S7®>  P';  ">  15-0,  p.  113.  — 4  Kondakoff,  l.  c.  p.  273, 

P- *2',  Ouruy  /JiJ  ,*3’  2’  BulL  corr ■  helL  1883>  P1-  "!  Anzeig.  1889, 
dur). _ 7  Fig  ’4H:js "  1  ! '*  Grecs’  h  P-  256,  etc.  —  6  Anzeig.  1889,  p.  178,  (ig.  (Pin- 
"lls-  heidn.  Yorzeit  1  musi^e  de  Karlsruhe,  d'après  Lindcnschmit,  Alterth. 

'  lli  p.  137-8;  au  Irè  •  p  ®c*lumac*ier>  ^r°nz.  Karlsruhe, T  II,  pl.  xni.  15,  pl.xxm 
iW6>  P-  350  ;  i,  Pim-Jn”  "j!’  au  Louvre  ;  à  Londres,  Walters,  Bronz.  Brit.  Mus. 
^lelo,  dorée)  ;  àp0In(,  * nnis’  C'U.  andeemet.  of  Etrur.  II, p.  103  (cuirasse  d’Or- 
’Pt  xxi)  ;  j,  g  ,.  ’  0  L'g-Toulain,  Mus.  de  Home,  II,  p.  321-2)  =  Mus.  Grcg. 

’  ncder|c*>s,  Klein.  Kunst.  II,  1023,  1024.  —  «  Pans.  10, 


passaient  des  lanières  :  la  plaque  correspondante  étant 
disposée  de  même  et  généralement  de  manière  àce  que  les 

anneaux  alternent  ou  s’en- 
tre-croisent,  rien  n’était 


Fig.  4538.  —  Cuirasse  grecque  ou  étrusque  de  bronze. 


plus  facile  que  d’assujettir  solidement  les  deux  yuaXa. 
Des  agrafes,  Trepovat8,  ou  une  charnière  pouvaient  d  ail¬ 
leurs  remplir  le  même  office. 

XXYI.  Nous  plaçons  à  la  suite  des  cuirasses  grecques 
celles  des  statues  dites  loricatae  ou  thoracatae  0  qui  en 
sont  dérivées  et  dont  on  voit  revêtues  les  images  des  empe¬ 
reurs  romains,  celles  de  Mars  et  d’autres  dieux  guer¬ 
riers.  Avant  de  les  décrire  en  détail.,  notons  brièvement 
les  caractères  communs  à  tous  les  exemplaires.  Sur  la 
plaque  allongée,  couvrant  le  corps  jusqu’aux  hanches, 
était  souvent  nouée  la  ceinture  souple  ( cinctorium ) 
avec  son  Ilot  relevé10.  Les  lambrequins  s’attachaient 
au  bas  de  la  ligne  courbe  qui  terminait  en  bas  1  ar¬ 
mure,  comme  sur  la  cuirasse  à  musculature  modelée 
des  Grecs.  On  distingue  parfois,  sous  ces  lambrequins, 
une  cotte  de  toile  plissée  adhérente  à  la  cuirasse.  Aux 
deux  épaules,  un  ou  plusieurs  rangs  de  languettes  ou 
lambrequins  ou  des  manches  très  courtes,  généralement 
frangées,  tenaient  également  au  plastron  de  métal.  Les 
ornements  les  plus  divers  étaient  prodigués  sur  la  cui¬ 
rasse.  Les  statuettes  de  bronze  qui  en  sont  revêtues  sont 
fréquemment 11  incrustées  d’argent  ou  de  cuivre  mat.  Il 
devait  en  être  de  même  dans  la  réalité,  car  les  statues 
de  pierre,  revêtues  du  même  costume,  gardent  les  traces 
d’une  polychromie  vive  et  variée 12.  Ces  différentes  teintes 
juxtaposées  correspondaient  à  celles  qui  étaient  obtenues 
sur  les  exemplaires  de  luxe  par  les  procédés  de  l'incrus¬ 
tation,  de  l’émail  ou  de  la  niellure  [chrysographia].  Nous 
étudierons  successivement  dans  ces  cuirasses  les  reliefs 
du  buste,  les  épaulières  et  les  lambrequins. 

XXVII.  En  haut  du  torse,  le  gorgoneion,  que  la  cuirasse 
grecque  des  temps  classiques  avait  déjà  connu,  rappelle 
presque  invariablement  l’égide13,  devenue  un  emblème  de 
la  puissance  souveraine  [aegis,  p.  103etsuiv.].  Au-dessous 
du  gorgoneion,  rien  n’est  plus  fréquent  que  de  rencontrer 
des  animaux  fantastiques,  affrontés  ou  groupés.  Les 
griffons,  que  l’art  hellénistique  représentait  si  volontiers, 

26,  5  (Lesehè).  —  9  Plin.  H.  nat.  XXXIV,  10  (18);  XXXVII  9,  3.  —  10  Clarac, 
pl.  912,  2318  a;  916,  2318  d;  933,  2374  ;  936  b,  2449  b;  936  i>,  2418  b; 
949,  2441  et  2442,  etc.  Voy.  aussi  cingulum,  (ig.  1502;  il  y  en  a  deux  sur 
un  relief  de  la  Piazza  di  Pielra,  Bull,  arclt.  comun.  di  Borna,  VI,  1878, 
pl.  u-iu,  p.  24  et  suiv.  —  H  Babelon-Blancliot,  Bronz.  Bibl.  Nat.  192,  p.  86  ; 
Murray,  Portfolio,  p.  95,  fig.  39  (=  Walters,  Bronz.  Brit.  Mus.  798,  pl.  xxm, 
p  144).  —  12  Statue  d’Auguste,  de  Prima  Porta,  voir  p.  1312,  note  30  ;  Notiz.  d. 
scavi,  1899.  p.  255-6  (statue  de  Fano  d’Ombrie).  —  13  Sur  un  exemplaire,  la 
tète  de  Nepune  entre  deux  dauphins  remplace  la  tète  do  Méduse;  Matz-Duhn, 
Ant.  Bildwrke  in  Bom.  I,  p.  388,  1349. 


LOU 


1312  — 


s’opposent  en  paires,  les  tètes  en  arrière  ou  retournées 
l’une  vers  l'autre,  une  patte  de  devant  levée,  la  gueule 
généralement  ouverte  et  menaçante1.  Ils  sont  séparés, 
le  plus  souvent,  par  une  palmette  2  ou  une  simple 
fleur3,  un  candélabre  ou  un  thymiaterion  *.  Au-dessous 
paraît  souvent  un  aigle,  tenant  la  foudre  dans  ses  serres, 
et  les  ailes  éployées  5.  Parfois  les  légendes  hyperbo- 
réennes  sont  rappelées  et  illustrées.  Deux  Arimaspes 
combattent  deux  griffons  8.  D’autres  êtres  fantastiques, 
tels  que  les  pégases  \  les  dragons 8  et  les  hippocampes, 
seuls  ou  montés  par  des  Néréides  9,  remplacent  parfois 
les  griffons.  D’autres  représentations,  plus  rares,  sont 
mythologiques,  voire  même  allégoriques.  La  centauro- 
machie10,  ou  des  légendes  empruntées  à  l’enfance  de 
Jupiter11,  en  fournissent  les  sujets.  Certains  motifs  sont 
plus  compliqués.  La  présence  simultanée  de  Minerve,  de 
la  Terre  portant  un  fruit,  et  de  l’Océan,  sur  une  armure 
du  palais  Colonna12,  est  moins  une  flatterie  qu’un  rébus 
ingénieux,  de  même  que  le  quadrige  et  le  dieu  couché 
d’une  statue  de  Naples13.  Deux  marbres  d’Athènes,  trouvés 
dans  le  gymnase  d’Hadrien,  sont  décorés  d’allégories 
relativès  à  l’Iliade  et  à  l'Odyssée11.  D’autres  représentent 

des  divinités  ou  des  per¬ 
sonnifications  de  villes, 
telles  'que  Cyrène15,  ou 
Dolichenus  entre  deux 
taureaux  ,e.  Parfois  des 
animaux  ,  spécialement 
consacrés  à  certains 
dieux,  en  remplacent  l’i¬ 
mage,  tels  que  le  taureau 
pour  Dolichenus  17  et, 
pour  Jupiter,  l'aigle  l8. 
La  Victoire  est  très  fré¬ 
quemment  représentée 
sur  les  cuirasses  impé¬ 
riales.  Elle  apparaît  quel¬ 
quefois  seule,  comme 
motif  central  et  entourée 
d’emblèmes  divers  19,  ou  comme  Tauroctone,  sacrifiant 
le  bœuf  en  signe  de  triomphe  20.  Mais,  le  plus  souvent, 
les  Victoires  sont  au  nombre  de  deux,  elles  volent  ou 
s’avancent  vers  le  milieu  du  buste.  On  les  voit  portant 
une  couronne  et  un  candélabre,  groupées  autour 
d'un  thymiaterion21,  portant  un  vexillum 22,  ou  elles 
tiennent  dans  leurs  bras  des  boucliers  23.  D’autres  fois 
on  les  voit  occupées  à  construire  un  trophée21,  ou  entou¬ 
rant  Minerve  ou  le  Palladium  (fig.  4539  et  voir  imperium, 
fig.  3988'25).  Des  allégories  font  allusion  aux  guerres  impé- 

i  S.  Reiuacli,  Ripert .  p.  586,  6;  Ibid.  p.  585,  1,  etc.  —  2  MatzPu lin, 
1,  p.  392,  1359.  —  3  Id.  I,  p.  388,  1349  ;  Clarac,  pl.  2112,  839.  —  4  Matz- 
Duhn,  I,  p.  386,  1343;  Helbig,  Mus.  Rom.  648;  Ibid.  718  (II,  p.  6  =  Clarac, 
pl.  936  e,  2449  b);  S.  Reinach,  Ripert.  p.  575,  4;  Clarac,  pi.  916,  2396  c;  pl.  954, 
2448  ;  pl.  958,  2463;  cf.  C.  rendus,  1864,  p.  125-6.  —  5  Matz-Dulm,  I,  p.  388,  1348  ; 
p.  389-390,  1353  ;  p.  390,  1354  ;  S.  Reinach,  Ripert.  p.  587,  4  ;  p.  574,  8.-  6  Clarac, 
pl.  924  (cf.  Malz-Dulm,  IV,  2);  2354  a  ;  pl.  936  a,  2420  b  (Helbig-Toutain,  II,  720, 
p.  7;  Zoega ,  Bassir.  109;  Roscbcr,  Lexik.  s.  v.  Grijps ,  p.  1776;  S.  Reinach, 
Iiépert.  p.  585,  2.  —  7  Bonncr  Studien,  pl.  i,  2.  —  8  S.  Reinach,  Ripert,  p.  577,  8. 

—  9  Arch.  Zeit.  1873,29;  S.  Reinach,  Iiépert.  p.  586,4,  p.  587,  1,  p.  584,  4  (Mus. 
Nan.  pl.  ccxxu).  —  10  Expid .  de  Morée,  111,  pl.  xvm,  1.  --  U  Clarac,  pl.  840c, 
2112  (Curètes  frappant  du  bouclier);  Overbeck,  Kunstmytli.  pl.  iv-v,  p.  337,  20. 

—  12  Matz-Duhn,  I,  p.  391,  1357.  —  13  Clarac,  pl.  933,  2374,  —  U  Cawadias, 
rpUxT4,  p.  236-7,  311-2;  Alh.  Mitth.  1889.  pl.  xiv,  p.  160;  -E?.  'Açx-  1892, 
p.  241.  —  15  Sonner  Sfud.pl.  m,  2. —  16  S.  Reinach,  Ripert,  p.  586.  1.  —  17  Id., 
Br.  figurés,  n0  34,  p.  53-5.  — 18  Id.  Ripert,  p.  586,  585  ;  p.  576,  6.  —  1®  Clarac, 
pl.  944,  2420.  —  20  Matz-Duhn,  I,  p.  392,  1361,  —  21  Id.  1,  p.  386,  387,  1345 
(=  S.  Reinach,  Ripert,  p.  576,  4);  Ibid.  p.  584,  7  ;  Clarac,  pl.  356;  pl.  973, 


lou 


riales.  Sur  une  statue  de  Lucius  Voru«  i-,  v  ,  . 

A  ut  v  icioiro  tn 

la  palme  et  la  corne  d’abondance  se  Hppcc  ’  Lnanl  ! 
trophées,  auprès  desquels  un  Barbare  vaincu  es|  U*  1 
nouille  ;  en  bas,  une  femme  couchée,  portant  (|(!s  •  ^  I 
représente  la  Terre28.  Sur  une  statue  de  Salone  'T*'  I 
Barbares  sont  enchaînés  de  part  et  d’autre  du  tr  ’i  •  1 

Ou  bien,  au  lieu  des  deux  prisonniers,  une  femme  r'"'' I 
et  un  captif  sont  adossés  au  poteau  triomphal28  \ 'i'!'1  'V° 
une  femme  barbare  à  genoux  porte  la  main  à  uV|MS 
pliée  qui  se  dresse  au-dessus  d’une  tiee  dVwJ0'  I 
au-dessous,  un  entant  nu  est  accroupi29.  L’allusion  I 
plus  manifeste  encore  dans  la  statue  d’Auguste  trouvé  I 

cà  Prima  Porta.  On  y  voit  [imago,  fig.  3974],  entre  aubes  ! 

motifs,  un  Barbare  remettant  des  enseignes  à  Mars  Ultor30 
C’est  la  représentation  d’un  fait  historique  récent  la 
victoire  qui  avait  effacé  la  honte  de  la  défaite  de  Crassus  I 
et  rendu  à  Borne  les  aigles  prises  par  les  Parthes. 

XXVIII.  Les  épaulières  des  cuirasses  impériales  ont 
généralement  la  forme  et  le  mode  d’attache  des  armures 
helléniques.  Tout  au  plus  peut-on  relever  deux  ou  trois 
exceptions.  Sur  quelques  bustes  les  pattes  paraissent 
fixées  par  devant  et  il  semble  qu’on  les  rabattait  par 
derrière31,  mais  ce  peut  être  une  illusion  et  un  simple 
motif  ornemental.  Ailleurs,  le  rabat  se  fixe,  sans  nœud 
ni  cordelette,  à  un  bouton  ou  une  saillie  du  plastron32: 
nous  avons  déjà  rencontré  en  Grèce  ce  mode  d’attache,  j 
Sur  un  bas-relief  de  la  Piazza  di  Pietra,  les  épaulières, 
au  lieu  d’être  éloignées  l’une  de  l’autre  et  de  former  entre 
elles  un  angle  aigu,  sont  rapprochées,  verticales  et  paral¬ 
lèles  33  ;  elles  descendent  du  cou,  non  des  épaules,  et 
ne  conservent  plus  que  la  forme,  et  non  le  rôle,  des 
anciens  rabats  rectangulaires.  Le  décor  de  ces  pièces  est 
moins  varié  que  celui  des  yûaXa,  et  à  peine  plus  riche 
que  celui  des  armures  grecques  de  l’époque  classique. 
On  y  trouve  avec  la  tête  de  lion31  et  le  masque  de 
Gorgone,  qui  nous  sont  déjà  connus,  des  foudres Jj,  des 
Victoires  jouant  de  la  trompette38. 

XXIX.  Les  lambrequins  sont  disposés  d’une  manière 
plus  compliquée  et  plus  richement  décorés.  Nous  ne 
pouvons  songer  à  distinguer  les  différentes  manières  don  I 
ils  s’attachaient  au  bas  de  la  cuirasse.  Le  trophée  dit  e| 
Marius  qui  est  reproduit  figure  4534,  porte  cinq  ran^l 
superposés,  deux  de  lambrequins  à  coins  arrondis,  u“  el 

languettes  rectangulaires,  et  deux  de  cordelettes  l'iane,:l^  J 

Ailleurs,  des  lambrequins  rectangulaires  et  a  inilbCa’°„ 
surmontent  deux  épaisseurs  de  lamelles  a  bout 
Ailleurs  encore,  les  plaques  sont  suspendais  ‘  ^ 
écailles  arrondies  et  posées  sur  une  sorte  de  tu  1 1(^.g 
de  toile  ou  d’étoffe38.  Les  écailles  supérieures  on  P> 

..  -  .  pl.  936  A,  2459  CJ  i 

2509  ;  pl.  936  b,  2449  b  (Helbig-Toutain,  11,  p.  __  22  Malz-Dubn, 

pl.  936  B,  2386  a  (Ilelbig,  II,  p.  5,  713)  ;  pl.  .964,  2‘M'  2447.  ReiuA 

I,  p.  392,  1360.  —  23  Id.  I,  p.  391,  1355.  —  24  Clarac,  p  •  ’  ’  9l6  2504  a; 

Ripert,  p.  587,  2  et  5  ;  p.  584,  3  (Mus.  Nan.  pl.  ccxxi)  ;  C  arai’g._s  __  2:,  Clarac. 
pl.  981,  2507  ;  Babelon-Blanchet,  Br.  Bibl.  Nat.  685,  p.  - ’  ^  pl,  n,  2: 

pl.  964,  2479  (Helbig-Toutain,  I,  p.  118,  184)  1  Hübncr  »  f|])l^ri 

Bonnsr  Studien,  pl.  ni,  2;  Visconti,  Mus.Pio.  cl(-™w  ’  .  ’xoutain,  P-  l4,'!’ 
2"  édit.  1899,  p.  814,  n.  49.  —  26  Clarac,  pl.  957,  246- (  o  ,  3Se  ;  Babclon- 
217).-  27  Reinach,  Ripert,  p.  584,  2;  cf.  Clarac,  pl.  %4, (351  (=  i:,ar,cJ 
Blanchct,  Br.  Bibl.  Nàt.  685,  p.  297,  8.  —  28  [^bie-Toutein,  P-  59,  ’  ' 

pl.  965  ,  2480).  —  29  Matz-Duhn,  I,  p.  391, 


cf.  I)on,a' 


pl.  965,  2480).  —  20  Matz-uunn,  I,  p.  oui,  .  „1.  71  ;  *  , 

=  Monam.  VI- VII,  pl.  i.xxxiv,  3  ;  Rayet,  Mon.  de  l art  an  iq-  -  ■ 

zewski,  dans  Strena  Belbigian.  p.  52  ;  Courbaud,  Le  -,  214.  —  11  h0. 

historiques,  p.  67  ;  E.  Michon,  Bull,  de  la  Soc.  des  An ‘9 ■ 


Reinach,  Pierres  gravées,  pl.  vin,  p.  18  (1,  0)-  1  i.e(,  Bf-  Ü'01'  j. 

corn,  di  Sonia,  VI,  t878,  pl.  u-„,  p.  24.  -  34  Babe  on;Bknche  ^ ^ 


,  o  !_  33  flllM-  “rcl'' 
_  32  Ibid.  1,  »•  „  nul’ 


197. 
Rom  a 


-  35  s.  Reinach,  Ripert,  p.  585.  —  36  Ibid,  23M-  ,  ,,. 

,  VI,  1878,  pl.  P.  24  et  suiv.  -  38  Rev.  archéol.  ,  I 


I 


Lcm 


1313 


'  double  épaisseur 


Un  fragment  de  statue  colossale 
BV„.  '  nt  étaient  disposées  ces  franges  qui, 

montre  bien  comi  prochées,  devaient  bien  défen¬ 
ds  épaisses  e  ^  ^  infinité  de  motifs  décorent  les 
*•  coolr!,leSJles  ornements,  il  faut  citer  les  rosettes  •, 
plWoes;  “  le," casques*,  les  boucliers*.  Parmi  les 
les f®*®,/  „„  peut  relever  les  tètes  de  lion', 

|mas'lucs  i  ,l,  J  *  ,Irophylactiques  ou  des.symboles,  les 
lepU'fTre8  de  panthère*,  de  bouc-,  de  bélier-, 
lèlCS  ?  ?  de  taureau13,  d'aigle».  D’autres  sont  allé- 
d'élephant  ,  comme  les  masques  scem- 

'g0rteie  têTes  d’Ammon-,  de  Pan  barbu»,  deCha- 
Kf!  /s  ou  les  gorgoneions  ».  A.  de  Ridder. 
r'  NXV  En  pâlie,  nous  trouvons  d’abord  l’armure  de 

|Cuir.  En  Étrurie,  elle  est 
■  représentée  sur  des  monu- 
■ments  très  anciens  (t.  II, 
f  fi.r  18341 20.  On  y  rencontre 

I  **h* 


Fig.  4540.  —  Cuirasse  étrusque. 


Fig.  4544.  —  Cuirasse  étrusque. 


ensuite  la  cuirasse  à  gouttière 21  et  toutes  les  variétés  de 
l’armure  grecque,  la  cuirasse  et  la  cotte  couvertes  d  écailles 

(Voir  fig.  4336) 22, la  cuirasse 
de  deux  pièces  (  Voir  tîg.  4538) 
reproduisant  la  musculature 
du  torse23,  la  cuirasse  à 
épaulières  et  à  lambrequins 
découpés  dans  le  cuir  et 
couverts  de  plaques  de  mé¬ 
tal,  sur  plusieurs  rangs, 
quelquefois  montant  jus¬ 
qu’au  milieu  de  la  poitrine 
(fig.  4540) 24 .  La  statue  de 
bronze  connue  sous  le  nom 
de  Mars  de  Todi23  offre  le 
■jr.  u  une  cuirasse  à  épaulières,  lambrequins  et  couvre- 
entièrement  faite  der  lanières  serrées,  cerclées  de 
nièr  T1  leS  maintiennent  (fig.  4541).  Toutes  les  ma- 
élmp'  '  "  in^‘r  ^es  divisions  de  la  cuirasse  qui  ont  été 
|  Bes  f*iez  ^es  Grecs  ont  été  employées  par  les  Étrus- 

I  *  Gt.  Clarac,  ni  oqp.  .  g,K(, 

I  p.  102  ■_  3  1-459  0, —  2  Doublet-Gauckler,  Mus.  de  Constantine,  pl.  x, 

-5|d.  j)  ~  1Z;,  hn’  b  P-  3",  1354;  p.  390,  1354  a.  -  4  ld.  1,  p.  391,  1355. 

1,48 ;p.  389 "ir,  34  ~  6  ld-  ’’  P-  391-  «355.  -  7  ld.  I,  p.  391,  1357;  p.  388, 

~ 8  Malz-Duhn  V  P  T*'  1333  ;  P'  300’  ‘3^4  ;  p.  391,  1355;  Clarac,  p.  964,  2481. 

ld'  1 1>  391  ’  f-'..390’  ’334'  —  9  W.  I,  p-  388,  1348  (=  Clarac,  pl.  974,  2504). 
~  12  M.  F  p  '  39’,  -  11  ld.  I,  p.  391,  1357;  p.  389,  1353;  p.  390,  1354. 

'-'Md.  I.V.3K9 “•  r  13  ld-  b  P-  388,  1348  (=  Clarac,  pl.  974,  2504). 
*)ulln.  1,  p.  389  U  n  '2’  T  13  Bul1-  corr ■  llel1-  xv,  1891,  p.  392,  fig.  3.  —  1»  Malz- 
lilis);  Malz-Dul,,,  I  '  ~~  17  W-  b  P'  39‘L  1361  a.  —  18  'E*.  'Açx.  1892,  p.  241  (Po- 
— $  Ingliirami,  mJ'  1335'  ~~  19  Walters,  Bronz.  Brit.  Mus.  338,  p.  52. 

«o.  lC3  fl  !'  wsc/ii,  p.  0,  pl.  a;  Micali,  Mon.  ant.  pour  l'hist.  de 
Ptzxn,  —  22  U  0")"’!S'  P1’  x,v>  -  de  1  édit,  franc.  1824.  —  21  Micali,  O.  I.  2»  éd. 

’  *r  ‘  xx,«  xx,x  et  xxxix.  —  23  Les  cuirasses  citées  p.  1311, 


t.vr»a  ri’ 


_  LOR 

qaes  26  et  ils  paraissent  les  avoir  encore  compliquées.  On 
remarque  quelquefois  sur  la  poitrine  des  guerriers  une 
plaque  carrée  diversement  ornée2',  qui  est  peut-être  le 
KO’.pototpûXa^  dont  il  sera  question  plus  loin(§§  XXXI,  XXXII) 
et,  suspenduàla  ceinture,  un  tablier  en  demi-cercle,  le  plus 
souvent  couvert  d’écailles,  pour  la  défense  du  ventre».  La 
figure  4542  reproduit  un  fragment  en  terre  cuite  trouve  à 
Chiusi 20  ;  le  tablier  y  est  placé  au-dessus  d’un  quadruple 
rang  de  lamelles  de  cuir  découpé;  il  est  attaché  a  une 
large  ceinture  sur  laquelle  une  lame  de  métal  semble 
être  fixée  par  des  boulons.  La  ceinture  des  cuirasses 
étrusques  est  souvent  d’une  très  grande  hauteur  et  ren¬ 
forcée  par  des  plaques  et  des  clous  à  tète  plus  ou  moum 
épaisse30.  Sur  une  urne  sculptée  du  musée  de  Chiusi  11 

elle  est  ornée  de  personnages. 

XXXI.  Dans  l’Italie  du  Sud,  l’armure  est  moins  compli¬ 
quée.  Nous  nous  contenterons  de  rappeler  d’abord  un  vète- 


Fig.  4543.  Fig-  «44. 

Cuirasses  avec  pectoral. 

ment  qu’on  a  pu  voir  ailleurs  [barbari,  tîg.  793),  sorte  de 
justaucorps  de  cuir,  orné  de  bandes  verticales  et  serré  par 
une  ceinture,  qui  n’est  pas,  à  proprement  parler,  une  cui¬ 
rasse32.  Mais  ce  sontbien  des  cuirasses  que  portent  (fig. 4543) 

les  guerriers,  vrai¬ 
semblablement  Sam- 
nites ,  représentés 
dans  les  peintures 
d’un  tombeau  de 
Paestum33,  et  dont 
on  retrouve  les  ana¬ 
logues  sur  des  vases 
peints  de  1  Italie 
méridionale  34  ;  ces 
cuirasses  envelop¬ 
pent  le  torse  et  se 
prolongent  en  avant  Fig.  4545.  —  Pectoral  de  bronze. 

de  manière  à  proté¬ 
ger  le  ventre;  elles  paraissent  faites  de  cuir  ou  d  une 

note  7,  proviennent  d’Étrurie  ou  do  l'Italie  méridionale.  -  24  Micali,  Monum.  incd 
Flor.  1844,  pi.  XII.  —  23  Mus.  etr.  Gregor.  I,  pl.xuv.  —  26  II  suffit  de  rappeler 
les  nombreuses  figures  gravées  sur  les  miroirs,  les  cisles,  ou  sculptées  sur  les 
urnes  cinéraires.  —  27  Brunn,  Bilievi  d.  urne  etrusche,  Rome,  1870,  pl.  uz,  26; 
ixvi,  1;  I.xviii,  1;  Ingliirami,  Mus.  Cliius.  II,  pl.  exu;  Micali,  O.  I.  pl.  xxx. 
1  28  Inghirami,  L.  I.  ;  Brunn,  O.  I.  LVI,  18  et  LXV,  35  [gikgulom,  fig.  1487], 
_  29  Milani,  Studi  e  materiali ,  1900,  I,  p.  148.  —  30  Micali,  Ital.  an.  les  Boni., 
pl.  sxxiu.  Sur  une  terre  cuite  de  la  collection  Castellani,  Rome,  1884,  pl.  ix,  n®  488, 
les  plaques  sont  peintes  en  noir  et  les  tètes  des  clous  en  rouge.  —  31  Mus.  Chius. 
pl  XM.  _  32  Millin,  Peint,  de  rases ,  II,  pl.  l,  p.  71-2  ;  Arch.  Zeit.  1877,  pl.  xx 
(cratère  de  Vienne,  coll.  Lamberg).  —  33  Monum.  d.  Istit.  VIU,  pl.  xxi.  —  34  Millin, 
q  i  ii  pi,  JXX;  Mus.  Borbon.  VI,  pl.  xxxix;  Tiscbbcin,  Coll,  of  engravings, 
V,  pl.  i.x,  i  xix. 


—  13U  — 


LOR 

étoffe  épaisse  île  couleur  foncée,  sur  laquelle  se  détache 
en  clair  un  plastron  carré  modelant  la  poitrine.  Celui-ci 
est  fixé  aux  épaules  et  sur  les  côtés  par  des  courroies.  La 
même  armure,  un  peu  moins  large  et  en  forme  de  cœur,  au 
lieu  d’être  carrée,  se  voit  (fig.  45-44)  sur  une  statuette  de 
bronze  trouvée  en  Sicile  1  ;  le  plastron  est  orné  ou  ren¬ 
forcé  de  trois  disques  en  bosse.  Une  cuirasse  semblable 
(fig.  4545),  venant  d’Apulie,  est  conservée  au  Musée  de 
Karlsruhe  2  :  le  plastron,  à  peu  près  triangulaire,  échan- 
cré  au  cou,  est  orné  de  trois  bossettes  circulaires  et  bordé 
de  petits  trous  qui  ont  servi  à  la  fixer  sur  un  rembourrage. 
Quatre  plaquettes  rectangulaires,  reliées  par  des  agrafes 
au  bord  de  l'arme,  étaient  rabattues  sur  les  épaules  et  sur 
les  flancs.  Les  représentations  d'armures  semblables  sont 
fréquentes  sur  les  vases  peints  de  l’Italie  méridionale3; 
on  ne  les  rencontre  pas  ailleurs,  ni  en  Étrurie,  ni  sur  les 
monuments  romains.  On  peut  se  demander  cependant  si 
le  pectoral  (dont  on  doit  aussi  rapprocher  des  cuirasses 
à  plaque  carrée  centrale  figurées  sur  des  monuments 
étrusques1)  n’est  pas  le  xapôiotpéXa;  dont  parle  Polybe8, 
qui  fut  adopté  par  l’armée  romaine. 

XXXII.  Nous  connaissons  mal  le  costume  le  l’armée 
romaine  primitive.  On  sait  que,  d’après  la  constitution  de 
Servius  Tullius,  les  citoyens  de  la  première  classe,  à  qui 
leur  fortune  ne  permettait  pas  d’entrer  dans  la  cavalerie, 
portaient,  dans  l’infanterie,  une  armure  complète  ;  la 
cuirasse  en  faisait  nécessairement  partie.  Nous  ne  savons 
comment  elle  était  faite.  Tite-Live  dit0  qu’elle  était  de 
bronze.  Celle  de  cuir  était  d’ailleurs  en  usage  chez  les 
Romains,  le  nom,  lorica ,  commun  à  toutes  les  cuirasses, 
l’atteste  suffisamment,  soit  que  celle-ci  fût  faite  d’un  assem¬ 
blage  de  lanières  découpées  se  superposant  l’une  à  l’autre, 
comme  l’indique  Varron7,  et  pareille  à  quelques-unes  des 
cuirasses  que  nous  avons  vues  en  usage  chez  les  Grecs  et 
chez  les  Étrusques  (Voiries  fig.  4540,  4541),  soit  qu’elle 

enveloppât  le 
corps  tout  d’une 
pièce  comme 
celles  des  guer¬ 
riers  du  tom¬ 
beau  de  Paes- 
tum  dont  un  est 
plus  haut  dessi¬ 
né  (fig.  4543)  ;  et 
la  plaque  carrée 
que  l’on  remar¬ 
que  sur  la  poi¬ 
trine  pourrait 
être  le  xapoio^û- 
Xafj  que,  d’après 
Polybe  8,les  hastati ,  les  principes  elles  triarii  ajoutèrent  à 
leur  cuirasse  :  cette  plaque  était  de  bronze  et  de  trois  quarts 
de  pied  en  hauteur  et  en  largeur.  La  cuirasse  de  cuir  ne 
parait  pas  avoir  jamais  été  abandonnée  :  elle  fait  partie  du 
costume  d’un  légionnaire  de  la  fin  du  Ier  siècle  ap.  J.-C., 
dont  l’effigie  a  été  conservée  [legio,  fig.  4414]  ;  on  l’y  voit 

'  Au  Louvre,  Longpérier,  Bronzes  antiq.  u.  93.  —  2  Schumacher,  Bronz.  v. 
Karlsruhe,  pl.  un,  1 4,  p.  138,  713.  Voir  aussi  Walters,  Bronz.  Brit.  Mus.  p.  350, 
2845  (Ruvo). —  3  Fiorelli,  Vasirinven.  a  Cuma,  pl.  xii  ;  Milliu,  O.  I.  I,  pl.  xi.î  ; 
Tischbein,  O.  I.  V,  pl.  i.xix  et  c;  Walters,  Vas.  Brit.  Mus.  IV,  F  197,  p.  101  ; 

F  241,  p.  115,  116;  F  242,  pl.  ne,  2,  p.  116;  cf.  p.  20,  préf.  ;  Boem.  Mittheil. 
1896,  p.  266.  —  4  v.  p.  1312,  note  1.  —  S  VI,  23.  —  6  I,  «.  —  7  Ling.  lat.  V,  116. 

—  8Z.  —  9  Sur  ce  point,  cf.  Hübner,  Hermes  1881,  p.  307.  —  10  Frflbner,  Col. 

Iraj.  pl.  xxvii,  xxxi,  lxvii,  etc.  ;  voir  encore  aeou-a,  fig.  18;  équités,  fig.  2748,  2749. 

—  il  Voir  aussi  le  tombeau  J  un  signifer  au  Musée  de  Bonn,  Lindenschmit, 


/  /.*•'  s/\ 

Fig.  4546.  —  Cuirasse  de  cuir,  u'  siècle  ap.  J.-C. 


LOR 

munie  d’épaulières,  d’où  deux  rangs  de  lanj,.,. 

descendent  sur  le  haut  des  bras,  des  lanièr découpJ 
couvrent  aussi  le  haut  des  cuisses0.  Au  uoI^.S]eml)lill)1es 
contre  de  nombreux  exemples  de  la  cuirassé]6’ 0nren’ 
les  colonnes  et  les  arcs  triomphaux  :  elle  '  '  CU'r’ % 
des  cavaliers  (fig.  4546),  par  des  troupes  de  pLprl?e'#Il 
armées  et  par  des  officiers  de  différents  grades^T 
Mais  ce  n’est  pas  celle  qu’on  y  observe  le  PU, 
ment.  La  cuirasse  de  l’infanterie  légionnaire  est  d  -! e<ÏUem'  ' 
celle  que  les  antiquaires  modernes  ont  appelée  i  m"'11'8 
connaître  le  nom  ancien,  lorica  segmentatà  (v  J 
remarque  d’abord  dans  cette  armure,  c’est  une 
lames  de  fer12,  se  superposant  de  telle  façon  qtie  in  ï 
inférieur  de  l’une  couvre  le  bord  supérieur  de  l'autre  1 
assez  flexibles  pour  se  prêter  aux  mouvements  du  cor  J 
Les  unes,  enserrant  la  taille  et  le  bas  de  la  poitrine  peu-' 
vent  s’ouvrir  à  l’aide  de  charnières  placées,  au  milieu  da 
dos  (fig.  4547);  les  autres,  couvrant  les  épaules,  soi 
fixées  devant  et  derrière  par  des  boutons.  Mais  ces  lamesne 
constituent  pas  à  elles  seulesla cuirasse,  elles  s’appliquent 
sur  un  corselet  de  deux  pièces,  lesquelles  se  joignent  sur  la 


Cuirasse  de  l’infanterie  romaine,  11“  siècle  ap.  J.-C. 

poitrine,  où  elles  sont  attachées  par  des  boucles,  et  sont 
munies  de  charnières,  derrière  le  dos, qui  leur  permettent 
de  s’écarter.  C’est  ce  qu’on  voit  nettement  dans  les  figures! 
4547,  4548,  tirées  des  bas-reliefs  de  la  colonne  Trajane11. 
On  peut  reconnaître  qu’il  s’agit  de  simples  soldats,  da- 
près  les  travaux  auxquels  sont  souvent  occupés  ceux 
qu’on  voit  ainsi  armés.  On  ne  saurait  dire,  dans  léta 
actuel  de  nos  connaissances,  à  quel  moment  précis  cett 
cuirasse  fut  adoptée  pour  le  miles  gregarius. 

D’autres  cuirasses  continuaient  à  être  portées  dans  I 
même  temps  :  d’abord  la  lorica  de  cuir,  comme  on  ucu 
de  le  voir  (fig.  4546);  puis  des  cuirasses  tout  en  me  j 
ou  en  métal  recouvrant  une  enveloppe  do  mir 

d’étoffe  résistante.  , 

XXXIII.  La  cuirasse  droite,  de  deux  pièces, le  ^ 
oioç  des  Grecs,  à  épaulières  et  lambrequins,  ^ 
l'a  vue  figurée  sur  des  monuments  de  la  1M  put  ré- 
nistique14,  s’est  conservée  chez  les  Romains, 
servée  aux  officiers  qui  exerçaient  un  ^m-iout à 

ment,  aux  tribuni ,  aux  legati  [legio,  lig-11-  '  ’ ^  poDl 
l 'imperator  :  c’est  celle  que  porte  (fig-  j’jmiau 

tius  Ahenobarbus,  sur  la  frise  de  1  autel,  uuj 

.  ^  3aiinids^,| 

Alterth.  unser.  heiiln.  Vorzeit,  I,  H>  6.  1  ,.ue  |(-  mél*' 

Denkmaeler ,  p.  2055).  -  «2  M.  A.  Millier  a  bien  aW  I  ^  p.  01* 

être  le  fer,  eu  s'appuyant  sur  des  lextes  anciens  (  rorl.eis  conte*11*11’ 
suiv.).  Ajoutez  Isid.  Or.  XVIII,  13  :  «  Lorica  solis  c,rc  ,  xn  et 
—  13  D’après  la  photographie  :  voir  Cichorius,  Traj.  •  ,  2066.  [  J 

Frôhner,  Col.  Traj.  p.  82,  et  A.  Muller,  dans  Baumeis  cr,  _  ■  Naples  K  ' 

haut  les  fig.  1492,  4415,  4416,  4418.  -  »  Statuette  du  Musée ^  ^ 
fig.  2762);  mosaïque  de  Fompéi  (fig.  43521),  ^as  IC 
von  Pergamon ,  II,  pl.  xliii,  xlv,  xlviî. 


—  131 S  — 


LOR 


1-%W 


ï  ...  J* 


I  Fjg.  4549.  -  Cuirasse 
d'un  imperator,  i"  siè¬ 
cle  av.  J.-C. 


LOR 

aui  fut  dédié  dans  la  deuxième  moitié 
Musée  du  Louvre:  i  .  et  nous  la  voyons  se  perpétuer 
K  r  siècle  av.  •  »  la  fin  de  l’Empire  2  (Voir 

balteuSj  fig.  775).  Les  statues  des 
empereurs  dites  loricatae  nous 
l’ont  fait  connaître  dans  tous  ses 
détails  (Voir  §§  XXVI  et  suiv.). 

On  la  retrouve  traitée  avec  plus 
de  simplicité  dans  les  bas-reliefs  des 
colonnes  de  Trajan  et  de  Marc-Au- 
rèle  et  sur  les  autres  monuments 
où  l’empereur  est  représenté  en  ac¬ 
tion,  dans, son  costume  de  guerre3  : 
là  sa  cuirasse  ne  diffère  en  rien  de 
celles  de  l’état-major  qui  l’entoure. 
Elle  est  unie.  Les  lambrequins  con¬ 
sistent  en  lanières  de  cuir,  plaquées 
de  métal  et  frangées;  tous  les  offi¬ 
ciers,  y  compris  les  centurions,  en 
portaient  de  semblables,  attachés 

I  «  cuirasse  de  cuir  ordinairement  couverte  «l'écailles. 

II  „ous  reste  à  parler  de  ces  cuirasses  à  écaillés  ainsi  que 

des  cottes  de  mailles. 
Les  unes  et  les  autres 
furent  portées  par  les 
Romains  sous  la  Répu¬ 
blique  et  sous  l’Empire. 

XXXIV.  La  cuirasse 
ou  cotte  de  mailles,  faite 
de  chaînons  de  fer  ou  de 
bronze  (ex  anulis  ferrea 
tUllica  \  Qwpaxeç  i\  àXu- 
(tscov6)  engagés  les  uns 
dans  les  autres,  nous 
est  connue  par  quelques 
Fragment  d'une  colle  de  mailles.  déblÛS  enCOl’C  Subsis¬ 
tants  et  par  d’assez 
nombreux  monuments  où  elle  est  représentée.  La 
Dgure 4550 reproduit  un  fragment  trouvé  à  Mayence,  avec 

beaucoup  d’objets  ro¬ 
mains,  et  conservé  au 
musée  de  cette  ville6; 
la  figure  4551,  quel¬ 
ques  maillons  appar¬ 
tenant  au  Musée  de 
Kiel  7  ;  on  en  remar¬ 
quera  la  rivure.  Les 
maillons  s’appelaient 
Kami 8.  Leur  enchaî- 
-  pas  toujours  simple  comme  dans  l’exern- 

Ln^  V  '  11  a  S°US  ^eS  y°ux  •  ds  pouvaient  s’insérer  l’un 
C\ lre  par  un  double  ou  triple  anneau  [cf.  câtena, 
r  ”  ■  dnfi.  par  analogie  avec  les  lisses  ( licia )  où 


^  j 

Fig.  4550.  ■ 


(  F'g.  455|. 


Chaînons  d'une  cotte  de  mailles. 

nement  n’était 
n  a  s 
e  pai 
d’où. 


I*  Olarac.  MUSl:„  » 

Voit  le  dipi,  '  *C'  ccxx,i  cccxtii;  Furlwangler,  Intermeasi ,  1890,  p.  -40. 

slaiiiç  co|ossa^  ■  )"'  11  aonorius  [cingulum,  fig.  1502],  C’est  colle  qu’on  voit  sur  la 
iVodosc  ei  „  «  a'  °  a’  (lans  luqiielle  on  a  reconnu  successivement  Constantin, 
3  Voir  par  excm  u  *’iac''us'  Voir  Friedlander,  Arch.  Zeitvng,  1860,  n.  136. 
P'-  'ii;  Frô]nu>r  r  '  ',as''’c*’ef  du  Musée  du  Capitole,  Bartoli,  Admiranda  Rom. 
Selon Varrôn  dl  ^ XXXVI>  LYI,  lxxxvi  et  s.  —  4  Varr.  Ling.  lat.  V, 
Fergain(^  AhPrl,  '  ' lUl  lles  Uaulois  ;  comp.  les  cottes  de  mailles  des  bas-reliefs 
I  circu<'s  ferre!,  J  /'  ,a"S  Per9<™°n,  II,  44,  46  ;  cf.  Isid.  Or.  XV11I,  13  :  «  Lorica 

I  fkidn  v,  '  ™lexl&  ».  "  - 


,!,i  Vor;ei I  \  i  >  'V  '  h  133.  —  6  Lindenschmit,  Alterth.  uns. 
«J'*"’ î),  fragment  e' i''’  V°lr  enco,,e  ^id.  2  (c=  Bonstetten,  Antig.  Suiss. 
I  (l"a0'iiiinoi/  ""nxp  trouvé  à  Avenches. —  1  Lindensclimit,  Tracht  und 


l'O/H  //  ,  Li»vuu3.  îmititusuimu,  *  ' 

eeres ■  “raunschw.  1882,  pl.  xit,  12.  —  8  Serv.  ad  Virg.  A  en. 


entre  le  fil,  dans  le  tissage  des  étoffes  [tela],  les  expres¬ 
sions  bilix  et  trilix  appliquées  à  la  trame  de  métal 
( loricam  consertam hamis  auroque  trilicem 9).  C’est  une 
cotte  de  ce  genre  que 
portent,  sur  le  monu¬ 
ment  déjà  cité10  du 
Louvre,  les  cavaliers 
(fig.  4552),  probable¬ 
ment  de  la  cohorte  pré¬ 
torienne,  qui  assistent 
à  la  cérémonie  des 
suovetaurilia  ;  leur 
costume  et  leurs  armes 
sont  ceuxque  Polybe 11 
décrivait  déjà  un  siècle 
auparavant.  La  lorica 
hamis  conserta  se  re¬ 
trouve  sous  l’Empire, 
figurée  sur  le  tom¬ 
beau  d’un  porte-ensei¬ 
gne  t2,  elle  se  rencontre 
fréquemment  sur  les 
bas-reliefs  des  colonnes  et  des  arcs  triomphaux  u. 

XXXV.  La  cuirasse  à  écailles  ( lorica  squamis  con¬ 
serta  ou  concatenata^),  était  faite  d’écailles  de  fer,  de 
bronze  ou  de  corne  ;  des  écailles  en  os  sont  conservées 
au  Musée  de  Naples  is.  Celles-ci  sont  liées  les  unes 
aux  autres  au  moyen  de  fils  de  métal  passant  par 
des  trous  placés  en 
haut,  de  chaque 
côté;  cette  attache 
n’est  pas  visible 
quand  les  lames 
sont  réunies,  le 
bord  inférieur  de 
chaque  rangée  cou¬ 
vrant  le  bord  supé¬ 
rieur  de  la  rangée 
suivante  (fig. 4553). 

On  peut  voir  ail- 

leiirs[CATAPHRACTA] 

des  écailles  disposées  d’une  manière  analogue,  por- 
venant  des  tombeaux  de  la  Russie  méridionale.  Les 
lames  pouvaient  être  aussi  cousues  ou  rivées  sur  du 
cuir,  ou  sur  une  autre  étoffe  consistante,  et  toujours 
posées  en  imbrication,  comme  les  écailles  d  un  reptile 
ou  celles  d’un  poisson.  On  a  vu  que  les  Grecs  avaient 
déjà  des  termes  spéciaux,  XetuSwtôç,  cpoXiowTÔç,  pour 
distinguer  les  cuirasses,  suivant  que  les  écailles  res¬ 
semblaient  davantage  à  celles  d  un  serpent1”  ou  à  celles 
d’un  poisson17.  Les  Romains  en  avaient  un  autre,  lorica 
plumata ,  qu’un  historien  applique18  aux  armures 
d’écailles  dont  les  Sarmates  se  couvraient  tout  entiers, 

III,  466  :  «  hamis  catenis  vo  circulis  siguiûcat  ».  —  9  Virg.  Acn.  III,  467  ;  de  même 
V,  231  ;  XII,  375;  Sil.  Ttal.  II,  401;  V,  140.  — 10  Voir  note  1.  —  u  VI,  23.-18  Lin- 
dènschmit,  Alterth.  I,  4,  6,  1.  -  *3  FrOlmer,  Col.  Traj.  pi.  xeix  et  passim  ;  Peter¬ 
sen,  Marcussaille ;  Barloli,  Arcus  r  et.  p.  43  (voir  galeà,  fig.  3468).  —  H  On 
trouve  l’épithète  squamosa  (Prudent.  Bamart.  423),  mais  squamata,  aussi  bien  que 
hamata,  n'a  été  appliquée  à  lorica  que  par  les  modernes.  Isidore,  Or.  XVIII,  13,  2, 
dil  simplement  «  squama,  ex  laminis  ferreis  aul  acreis  concatcnata  ».  —  13  Mus. 
Barbon.  V,  pl.  xxix,  5.  —  m  Cf.  Prud.  L.  I.;  Ovid.  Met.  III,  63.  —  n  Isid.  L.  I.  : 
«  in  modum  squamae  piscis  ».  Lucullus  portait  une  cuirasse  ooIiSutoî  à  Tigrano- 
certe  Plut.  Luc.  28.  Voir  pour  celle  de  Flaminius  à  Trasimène,  Sil.  liai.  V  140. 
—  18  Justin .  XLI,  2  ;  de  même  Virg.  Aon.  XI,  770  :  «  pellis  ahenis  in  plumam  squamis 
auro  conserta  » 


Fig.  4552.  —  Cotte  de  mailles,  ier  siècle  av.  J.-C. 


LO  R 


—  1316 


LOU 


Fig.  4554.  —  Cuirasse  à  écailles. 


eux  et  leurs  chevaux,  et  qui  convient  également  à  des 
cuirasses  figurées  sur  les  monuments,  dont  les  écailles, 
ii  nervure  médiane,  imitent  les  plumes  d’un  oiseau. 
Nous  en  donnons  pour  exemple  celle  d’un  des  tro¬ 
phées  dits  de  Marius,  da¬ 
tant  probablement  du  temps 
de  Domilien  1  (fig.  4554)  ; 
cette  cuirasse  est  sans  épau- 
lières,  mais  garnie  de  lam¬ 
brequins  très  ornés  comme 
on  en  voit  aux  cuirasses  im¬ 
périales.  Du  reste,  dans 
plusieurs  de  leurs  portraits, 
les  empereurs  sont  revêtus 
de  la  cuirasse  à  écailles  2. 

11  semble  qu’elle  ait  été 
portée  par  des  officiers  de 
tous  grades  ;  car,  tandis  que 
les  monuments  du  n°  siècle 
montrent,  comme  on  l’a  dit 
plus  haut,  la  cuirasse  qu’on 
,  est  convenu  d’appeler  seg- 

mentata,  seule  à  l’usage  des  légionnaires,  la  cuirasse  à 
écailles  fait  partie  de  l'armure  des  centurions  sur  la 
pierre  de  leurs  tombeaux  [legio,  p.  1071]  et  sur  d’autres 
monuments  3  (fig.  4555)  ;  elle  appartient  aussi  à  des 
signiferi ,  à  des  cavaliers,  auxiliaires  ou  légionnaires 
équités,  fig.  2735,  2741]  4,  en  tout 
cas  aux  cavaliers  prétoriens;  car  on 
sait,  par  le  témoignage  de  Dion 
Cassius  5,  que  les  prétoriens  eurent 
la  cuirasse  à  écailles  (ôuipaxaç  toù; 
XeTuowToùç)  jusqu’au  règne  de  Ma- 
crin,  qui  les  en  débarrassa  sous  pré¬ 
texte  de  les  rendre  plus  légers  dans 
le  combat.  La  cuirasse  cependant 
resta  en  usage  au  me  et  au  ive  siècle  : 
Végèce 6  semble  l’appeler  indifférem- 
ment  lorica  eicataphractu.  Le  même 
auteur  dit 7  que  les  soldats  amollis 
du  Bas-Empire'ne  demandaient  qu’à 
être  soulagés  du  poids  de  la  cuirasse 
et  qu’ils  ne  la  portèrent  plus  à 
partir  du  règne  de  Gratien. 

Les  cuirasses  écaillées  que  l’on  voit  longtemps  après 
sur  des  monuments  du  Bas-Empire  et  de  Byzance  ne  sont 
pas  seulement  un  souvenir  de  l’ancienne  armure  romaine, 
elles  appartiennent  aussi  bien  à  l’armure  des  Barbares  de 
l’Orient  et  du  Nord  [cataphracti],  que  les  Romains  con¬ 
naissaient  depuis  longtemps  pour  l’avoir  vu  porter  par 

l  Helbig,  Führer,  2e  éd.  1899,  I,  p.  259.  —  2  Par  exemple  Septime  Sévère, 
Mus.  du  Capitole ,  n»  59  ;  Gordien  Pie,  au  Louvre,  Mongez,  conogr.  pl.  i.nr, 
U.  _  3  s.  Bartoli,  Y  et.  arcus,  p.  26  ;  Frôlmer.  Col.  Traj.passim.  —  '*  Pe¬ 
tersen,  Marcussaüle,  pl.  xi,  xv,  ix,  etc.  —  5  LXXV1II,  37.  —  6  II,  14  et  la. 

—  7  ],  20.  —  8  On  les  voit  déjà  sur  la  colonne  Trajane.  —  9  Voir  sur  ce  sujet 
J.  Bekker,  Grabschrift  eines  rôm.  Panzerreiteroffisiers,  Francf.  1868,  p.  20  et  suiv. 

—  10  Herodol.  II,  47;  Aeschyl.  Sept.  32;  Diod.  Sic.  XVII,  44;  Caes.  Bell.  gall.  V, 

40;  VII,  72;  Tacit.  Hist.  IV,  37  ;  Veg.  IV,  23;  cf.  Hesycli.  O.içat  •  itùçyoç..  7-wptxtov ; 
Etym.  magn.  et  Suid.  s.  v.  -  11  Ath.  Math.  éd.  Wescher,  p.  6.  —12  Diod.  Sic.  XIV,. 
51.  —  13  Autour  d'un  terrain  réservé,  Amm.  Marc.  XXIV,  p.32;  autour  d  un  tom¬ 
beau,  Corp.  inscr.  lut.  ;  cf.  Promis,  Vocab.  lat.  di  architettura,  p.  124.  1 1 ■ 

8  cl  9.  —  15  Poil.  Onom.  I,  145.  —  1®  Hesycli.  ...a^a.pSo^ti'i.a.i.  —  Biblio¬ 

graphie.  Demmin,  Die  Kriegswaffen  in  ihrer  histor.  Entwiclclung,  2e  éd.  1885; 
Hermann-Droysen,  Heerwesen  und  Kriegsfürung  d.  Grieehen,  1889,  p.  4  et  suiv.  ; 
Hübner,  Augustus  Marmorstatue  des  Derliner  Muséum  (1868,  28'  Winckelmanns- 
programm);  Donner  Studien,  Ayfsaetzc  B.  Kekulé  gewidmet,  1890  (v.  Rohden); 
A  Miiller  Stud.  :  Lehre  d.  Bewaffnung  rôm.  Legionar.  in  Philologue,  XL,p  221 


Fig.  4555.  —  Cuirasse  à 
écaiUes. 


des  auxiliaires  qui  combattaient  à  côté  d’ 
prirentdans  l’armée  une  importance  toujours  *  * 01 
XXXVI.  On  a  aussi  appelé  Qwpobuo^  ravinur’^  1 
donnée  quelquefois  aux  éléphants  [elepu as  tut 

Par  extension,  les  mots  ôwpodj,  etopobeuv,  .  ' 

loricula  ont  été  appliqués  à  toutes  sortes  d’ou\r  ^ 
défense  d’un  lieu  fortifié,  murs,  remparts,  parapei^V6 
sades  ou  mantelets  qui  protégeaient  les  machiiK-^  i 
assiégeants 10  ou  derrière  lesquels  manœuvraient J 
gés  11  ;  et  aussi  au  pavoi  de  la  gabie  servant  de  posteàB 
marins  au  haut  d’un  mât  [carchesium,  p.  92o  n  pujs  1 
appela  lorica  tout  mur,  toute  barrière  formant  clôture  n*1 
Vitruve  14  appelle  lorica  l’enduit  dont  une  murailleest 
revêtue. 

©■/)p«î  est  le  nom  de  la  pièce  circulaire  du  moyeu  dans 
laquelle  s’engagent  les  rayons  d’une  roue15.  C’est  aùssila  I 
sertissure  d’une  pierre  servant  de  cachet10.  E.  Saguo 
LORICARIUS.  @ojPaxo7tûiôç  L  Fabricant  de  cuirasses 
La  fabrication  des  cuirasses  (OwpaxoTtoîa) 2  dans  l’anti¬ 
quité  formait  une  branche  particulière  de  l’industrie •  elli 
était  florissante  à  Athènes  3.  On  voit  quelles  en  étaientles 
règles  et  les  difficultés  par  une  conversation  de  Socrate 
avec  Pistias,  ouvrier  d’Athènes  connu  pour  y  exceller1, 
Quoiqu’on  vendit  des  cuirasses  toutes  faites,  il  était  bon 
de  prendre  mesure  lorsqu’on  voulait  qu’elles  fussent 
parfaitement  adaptées  à  la  conformation  du  client,  et 
c’était  justement  par  son  habileté  à  saisir  les  proportions 
du  corps  et  à  les  rendre  dans  ses  ouvrages  que  Pistias 
surpassait  ses  confrères.  Chez  les  Romains,  il  y  avait  des 
fabricae  loricariae  attachées  au  service  des  armées*. 
Sous  le  Bas-Empire,  lorsqu’on  créa  les  monopoles  et  les 
fabriques  impériales,  il  y  eut  des  fabricae  loricariae  et 
clibanariae ,  entre  autres  à  Autun,  à  Crémone,  à  Man- 
toue,  à  Antioche,  à  Nicomédie  et  à  Césarée0.  G.  Lafaye. 

LORUM.  'Ip-àç.  Courroie.  —  Nous  ne  pouvons  que  ren¬ 
voyer  aux  articles  où  sont  expliqués  les  usages  auxquels 
les  courroies  étaient  employées  chez  les  anciens  (Voil 
aussi  corrigia].  Les  principales  acceptions  du  mot  danj 

les  textes  sont  les  suivantes  : 

1°  Rênes,  guides  pour  conduire  les  chevaux  iiabenaej  j 
2°  Laisse  de  chien5.  Nous  en  avons  des  exemples assa 
nombreux  sur  les  monuments  où  sont  i <']■■ 

chasseurs  [copula]3.  - , 

3°  Bulle  en  cuir  des  enfants  plébéiens  [uullaJ  • 

4°  Courroie  adaptée  aux  bâtons  d  une  ld"  11  11  au 
5°  Courroie  qui  servait  à  suspendre  ^  '|‘l|)OTteur« 
milieu,  d’une  perche  reposant  sur  lépu'1 

[phalangae]0.  .  timon  et  aux 

6°  Courroie  pour  assujettir  le  joug  au 

cornes  des  bœufs  [jugum]  '. 

,  S  V.  VTt*/i 

et  s.  ;  XL VII,  p.  514,  721  et  s.  ;  Id.  dans  Baumeister,  Poil-  !• 

LORICARIUS.  t  Corp.  inscr.  lat.  H,  33o9;  Gloss.  ^  ic|jaD.  Yaf.  I“sl- 
Dio  Chrys.  Or.  LXXVII,  p.  653  M.  -  2  Poil.  VII,  io»-  '  ,  Xcnopl, 

24;  Poil.  I,  149;  Bull,  de  corr.  liell.  1879,  p.  J  >  „  3 ■  Orient 

10,  9.  —  U  Vcget.  II,  11.  —  «  Notit.  dign .,  Occid.  .  -  ^  b.  Gri* 11 

26,  28  ;  Bliimner,  Technologie  u.  Terminologie  <  ■  ’fu  ^es  ts 

u.  BOmer,  1,  272,  n.3;  IV,  36. ,  n.  8  et  9  ;  Bull,  de  la  Soc.  ^ 

5.  Il;  Virg.  Geo.  1,  106; 


IV#»1 


France,  1877,  p.  200. 

LORUM.  1  Cic.  Harusp.  resp.  H  XViS . 

Am.  I,  13,  10;  III,  2,72;  Met.  H,  127,  Î00  ;  B  »■  •_'  vl„,  .11 

—  2  Lucan.  IV,  444;  Senec.  Thyest.  497;  Pbo-  1  '  ^  gi;  Rid1, 

Gyneg.  213.  3  Santi  Bartoli,  *drrfTafda  ' dei 

antiq.  s.  v.  ;  Bellori,  Pitture  antiche  del  sepo 


GraW 
[lict-  P!!l 


Mus- 1 


ire  antiche  dei  sljju  ■  ‘ 

chaeolog.Zeit.  1883,  pl.  7,  3  et  pl.  9,  2  ;  Benndorf ^ ^ Àn't.  DM»- in  ^  0X111, 

i}ûW,,n.29il;Dut  hk 


Matz-Üuhn,  Ant.  Bildw.  in  -  „l245, 

III,  p.  32,  n.  09;  Helbig,  Wandgem.  Campan.  n. .  ■  -  -  .  et8. 

4,10;  Juvcn.V,  164.  -  B  Mari.  II,  57.  -°VltrUV'A’ 


Viti'“T' 


LOU 

•  rin  reste  [pugilatus]  • 
Courroie  d.“°  l„„a,„üS]. 


g-  Éirivières 

90^inlUîp  (le'li^ou  de  chaise  [lectus,  sella]3. 
lü°  banf  de  cuir  qui  faisaient  partie  d'un  vêtement  ou 
recevaient  quelquefois  une  décoration  art.s- 
d',,“  “Slfe..  peut  juger  par  la.  figure  «56‘.  Elle  «pré- 

Uq  ‘ment  de  courroie  conservé  au  musee  de  Karls- 

!  sente.U!  '0 vient  d’une  tombe  étrusque  et  date  à  peu  près 
ruhe  j  it  I11 1 1 


—  1317  —  LOU 

du  in0  siècle  avant  notre  ère;  il  mesure  (>“■,07  de  largeur. 
Si  ce  n’est  pas  un  débris  de  ceinture, celte  pièce  a  peut-être 
orné  une  boite  ou  un  meuble.  Les  dessins  géométriques 
et  les  figures  dont  la  surface  est  couverte  n  y  ont  pas  été 
imprimés,  mais  incisés  avec  un  instrument  tranchant. 

11°  Au  ni0  siècle  de  notre  ère,  on  a  commencé  à  désigner 
sous  le  nom  de  lorum  (Xoipov)  ou  de  lorus  les  galons 
( institu ,  limbus )  qu’on  cousait  sur  les  vêtements;  on  en 
formait  des  bordures  qui  pouvaient  avoir  de  un  à  cinq 


'Kjfï'YfyQs. 


m- 


4\  " ^ 

mr 

I  'y  'r 

■ 

r> 


. j. 


Fi».  4556.  —  Cuir  orné  de  dessins  incisés. 


rangs  ; 


, .  (j’où  les  noms  de  yixt ove;  Xiaptoxof,  vestes,  interulae 
monolores, dilores,  trilores,pentelores  s. 
i  12°  Cordon  de  vignes6.  Georges  Lafaye. 

LOUTER,  LOÜTERION (Aooxvjp,  Xouxijpiov).  —  On  a  déjà 
vu  aux  articles  balneum  (p.  651,  656)  et  labrum  fp.  881) 

•  que  les  larges  vasques,  généralement  montées  sur  un  pied 
liant,  dont  on  se  servait  pour  les  ablutions  dans  les  bains 
et  dans  les  palestres  des  Grecs,  portaient  le  nom  de  Àou- 
tî,:eç  ou  XouTTjpia1.  Athénée  mentionne  un  de  ces  meubles, 

|  en  marbre  de  Taormine,  ayant  une  capacité  de  cinq 
métrètes,  environ  200  litres 2.  L’Û7rcîffxaxov,  dont  il  est 
■  question  dans  certains  textes,  est  le  pied  de  la  vasque3. 
Pollux  l’assimile  à  l’bXxaïov,  grande  bassine  où  on  lavait 
la  vaisselle4.  Le  Xourqp  et  leXouxvjptov  trouvent  place  dans 
les  inscriptions3  et  l’expression  àXeéj/a;  èx  ÀouxVjpojv  carac- 
I  térise  souvent  le  don  de  quantités  d’huiles  amenées  dans 
les  vasques  des  palestres  et  offertes  gracieusement  par 
!  un  particulier  à  la  ville.  Il  est  d’ailleurs  possible  que  Xou- 
I  x-qp  eUoimjptov  ne  s’appliquent  pas  toujours  à  de  grands 
I  récipients  comme  ceux  que  nous  venons  de  rappeler 
I  (fig.  718,  749,  4341,  4312).  La  large  extension  donnée  à 
I  tous  ces  termes  antiques  permet  sans  doute  de  com- 
|  prendre  sous  les  mêmes  noms  des  vases  de  capacité 
I  médiocre,  car  Athénée  compare  le  Xoimjptov  au  cotyle6, 

I  sorte  de  canthare  ou  decyathos  [cotyla,  fig.  2035],  et  le 
mot  latin  labrum ,  qui  correspond  le  mieux  à  Xoux-qp, 
Bdésigno  egalement  une  variété  du  canthare  (fig.  4314). 
I  la  baignoire  parait  avoir  été  réservé  le  mot  7tusXo; 
|  [pyélos]  et  au  bain  de  pieds  celui  de  ™8avnmqp  [pellu- 
'Uii .  Dans  une  inscription  chrétienne,  les  fonts  baptis¬ 
maux  sont  appelés  Xouxvjp  \  E.  Pottier  . 

L06TROPIIOROS(Aouxpo  cpôpoç) .  —  Vase  servant  à  porter 
eau  du  bain.  Ce  vase  était  en  usage  dans  les  cérémonies 
nuptial  os  et  dans  les  rites  funéraires.  Il  figurait  parmi  les 

—  4  j/  **’  '■  ~  '  Mart.  VI,  21.  —  3  Cat.  R.  r.  10,  5;  Hor.  Epod.  12,  12. 

Bvonzen  laî”"01’  ^!e  ® ’’oss •  Vad.  Alterth.  Samml.  in  Karlsruhe,  Antike 
mâcher  ^  ’  ^'(ani,  jWi,s.  Uni.  di  antich.  class.  1,  p.  327,  note  3;  Scllu- 

Ciiie  jm  y  ''  ^  1890,  p.  7;  Bronzencatalog.  n.  1147;  Eine  Prünestin. 

46,  *7,  Bonds  \~U  ^ar^sru^le>  Heidelberg,  1891,  p.  49.  —  5  Vopisc.  Aurelian. 

—  8 Pi;n  ii  1  S| ■' m a i = c ,  ad  h.  I.  ;  Artcrnid.  Onirocr.  120;Anastas.  Gregor.  4. 

d’Anaxilas  cd|f  *  4>°a '  Onomast.  VII,  167;  Hesych.  s.  i\  louzr^ia..  Un 

Clorait  faire  croir  ^°^ux  lv  toï;  {iaXavetoiç  où  -ctOe-cai  AO-jTqçta,  sem- 

c°nunc  le  roman  ?'•  °U  110  ^a«a^  Pas  de  dans  les  salles  de  bains.  Mais, 

lc*te,  quc  MOus  JJ!*  *ustemcnt  Becker  ( Chariklès ,  édit.  Goell,  III,  p.  103),  le  con- 
I*eu*-  pas  être  inn!,  ^&S’  ^evait  expliquer  le  sens  exact  de  la  phrase,  qui  ne 
•‘bliitions  dans  les  l""  '  °mme  arSumcnt  contre  la  présence  si  naturelle  de  vases  à 
^  endroit  où  Sonj  ?lns"  I^us>  nc  pourrait-on  pas  corriger,  ou  ti'ÔExai  Xoucqpia,  à 
Placées  les  vas, pies?  -  2  Athen.  V,  42,  p.  207  F.  -  3  Poil.  X, 


cadeaux  offerts  à  la  fiancée,  et  c’était  l’emblème  que  l’on 
plaçait  sur  la  tombe  des  jeunes  gens  morts  avant  le 
mariage.  Les  définitions  qu’en  donnent  les  lexicographes 
grecs  trahissent  une  certaine  contradiction,  causée  par 
l’équivoque  qui  peut  s’établir  entre  le  vase  et  la  personne 
à  qui  était  dévolu  le  rôle  de  le  porter  dans  les  céré¬ 
monies  nuptiales  ou  funéraires1.  Pour  Pollux,  le  mot 
loutrophore  désigne  lajeune  fille  qui  portait  l’eau  du  bain 
de  la  fiancée  (xai  Xo’jxpà  xiç  xouîÇouaa  Xouxpocpdpoç) 2  ;  il  inter¬ 
prète  la  loutrophore  funéraire  comme  une  statue  de  jeune 
fille  tenant  un  vase  qu’on  plaçait  sur  la  sépulture  des 
morts  non  mariés  (ayagot)3.  Harpocration  donne  une  dé¬ 
finition  analogue,  avec  cette  différence  que  la  statue  funé¬ 
raire  aurait  représenté  un  jeune  garçon  tenant  une  hydrie 
(xoOxo  os  'qv  7iocï<;  ôooiocv  ’éytov)  4.  D  autre  part,  Hésychius  et 
Eustathe  entendent  par  ce  mot  le  vase  qu’on  posait  sur 
la  tombe  des  jeunes  gens  qui  avaient  été  privés  des 
joies  du  mariage  5.  Cette  dernière  explication  est  la  vraie 4 
et  elle  est  justifiée  par  le  témoignage  des  monuments. 
Ceux-ci  nous  apprennent  eux-mêmes  que  la  loutrophore 
était  une  grande  amphore  de  terre  cuite  peinte,  et  qu’elle 
avait  un  usage  à  la  fois  nuptial  et  funéraire. 

I.  Usage  nuptial.  —  C’étaitla  coutume,  en  Grèce,  d’ap¬ 
porter  aux  fiancés,  avec  une  certaine  solennité,  l’eau  du 
bain  nuptial1.  Les  Athéniens  employaient,  pour  cet 
usage,  l’eau  de  la  fontaine  Kallirhoé;  ailleurs,  on  puisait 
l’eau  dans  le  fleuve  qui  arrosait  le  pays  8.  La  cérémonie 
de  la  loutrophoric  avait  lieu  sans  doute  la  veille  du 
mariage  ;  le  vase  qui  contenait  l’eau  du  bain  était 
apporté  soif  par  un  jeune  garçon  appartenant  à  la  parenté 
la  plus  proche  de  l’un  des  deux  fiancés,  soit  par  une  jeune 
fille.  Pai;  suite,  ce  vase,  c’est-à-dire  la  loutrophore,  était 
considéré  comme  un  symbole  du  mariage.  On  connaît 
aujourd’hui  une  série  assez  nombreuse  de  ces  vases.  Le 

46-  Pausan  X,  26,  9.  —  *  Corp.  inscr.  gr.  2820,  3616,  3617,  add.  3847  6,  38/ 1  6; 
Athen ische  Alitthe i lungen,  XVI,  p.  145.-5  Poil.  X,  78  ;  voir  gvmxas.im,  fig.  1668. 
-  G  Allicn.  XI,  p.  478  u  ;  cf.  p.  486  c.  —  7  Corp.  inscr.  gr.  8758. 

LOUTROPHO llOS.  l  Pour  la  critique  de  ces  textes,  voir  llerzog,  A rch.  Zeit. 
1882,  p.  137  et  suiv.  —  2  Poil.  III,  43.  —  3  Poil.  VIH,  66.  —  4  Harpocr.  s.  r. 
Xout çoydjoî,  Xiutçoçoçsïv.  —  5  Hesych.  s.  v.  Wfosifo;  et  Xt64«?  ;  Eustalh.  Ilias,  Ç, 
121.  _  «  M.  Furtwaengler  admet  cependant  que  le  type  de  lajeune  fille  ou  du 
jeune  garçon  portant  la  loutrophore  a  pu  exister  dans  la  statuaire  funéraire  des 
Grecs  {Coll.  Sabouroff ,  notice  de  la  pi.  Lviii-ux).  Cette  opinion  a  été  combattue 
par  Wolters,  Atli.  Mittheil.,  XVI,  1891,  p.  386.  Pourtant,  l'hypothèse  n'est  pas 
inadmissible.  II  est  certain,  tout  au  moins,  que  le  mot  Xoutçoçoço;  désignait  quelque¬ 
fois  une  personne;  plusieurs  prêtresses  portaient  ce  titre  (Paus.  I,  10,  4  ;  cf. 
Wolters,  Jalirbuch  des  arch.  Inst.,  1899,  p.  133).  —  7  Blümucr,  Griech.  Pri- 
mtalterth.  p.  270;  cf.  P.  Sticolti,  Zu  griech.  Hochzeitsgebràuchen,  Festschrift 
fur  Otto  Benndorf,  p.  187.  -  »  Poil.  III,  43  ;  Hesych.  p.  121,  25. 

166 


LOIT 


—  1318  — 


LOU 


catalogue  qu’en  adressé  M.  Wolters,  en  1891,  ne  compte 
pas  moins  de  trente-quatre  numéros  1 . 

L  est  une  amphore  d  une  forme  spéciale.  Dans  la 
seconde  moitié  du  ve  siècle,  avec  le  progrès  de  la  fabri¬ 
cation  céramique,  les  caractères  d’é¬ 
légance  se  sont  accentués,  et  le  vase  est 
remarquable  par  l’allongement  de  la 
panse  et  la  hauteur  du  col  très  effilé2. 
Les  sujets  qui  décorent  les  loutrophores 
à  figures  rouges  du  type  le  plus  récent, 
sont  en  général  des  scènes  représentant 
les  cérémonies  du  mariage  :  sur  l’exem¬ 
plaire  du  musée  de  Berlin  dont  notre 
figure  4557  reproduit  la  forme,  c’est  le 
départ  (usôoooç)  de  la  jeune  épousée  et  sa 
réception  dans  la  maison  de  son  mari 3; 
sur  un  fragment  du  musée  d’Athènes,  où 
la  scène  se  recommande  par  une  grande 
beauté  de  style,  l’époux  tend  la  main  à 
sa  jeune  femme,  tandis  qu’un  Éros 
jouant  de  la  double  flûte  vole  dans  le 
champ  4.  Ces  sujets  finissent  par  sup¬ 
planter  les  scènes  funéraires  qui  déco¬ 
rent  exclusivement  les  loutrophores  de 
style  plus  ancien.  On  verra  plus  loin 
quelles  raisons  ont  déterminé  ce  chan- 


phore. 


gement. 


Vases*  de  luxe,  dépourvues  de  tout 
caractère  d'utilité  quotidienne,  les  loutrophores  figu¬ 
raient  parmi  les  cadeaux  offerts  à  la  fiancée.  Sur  une 
pyxis  attique  du  British  Muséum,  où  est  représentée 

la  toilette  de  la  fiancée,  on 
voit  une  loutrophore  posée 
près  d’un  coffret  à  bijoux  ou 
à  vêtements5.  Un  joli  frag¬ 
ment  du  musée  d’Athènes 
montre  une  jeune  fille  appor¬ 
tant  à  la  fiancée  une  loutro¬ 
phore  garnie  d’un  bouquet 
de  feuillage  de  myrte6.  Il  est 
fort  naturel  que  ce  vase  sym¬ 
bolique  figure  dans  le  cor¬ 
tège  nuptial.  Le  voici,  en 
effet,  porté  par  la  jeune  fille 
qui  remplit  le  rôle  de  Xouxpo- 
cpopoç  (fig.  4558)  ;  elle  tient 
à  deux  mains  le  vase  nuptial, 
et  marche  devant  l’épousée, 
toute  pénétrée  de  l’impor¬ 
tance  de  sa  mission 7.  Sur 
une  pyxis  d’Ërétrie,  on  voit 
le  cortège  des  jeunes  filles  apportant  des  cadeaux  aux 
époux  le  jour  des  ’E7:owXia8;  par  une  gracieuse  allégorie, 
c’est  un  Éros  qui  porte  la  loutrophore.  Ici  la  forme  diffère 
un  peu  de  celleque  nous  fontconnaître  les  monuments  con¬ 
servés.  Le  vase  n'a  qu’une  grande  anse 9,  et,  sur  la  panse, 


1  Wolters,  Ath.  Mittheil.  XVI,  1891,  p.  378-384.  —  2  Berlin,  Coll.  Sabouroff, 
pi.  lix.  —  3  /ô.,  pi.  lviii-lix.  —  >  Heydemann,  Griecli.  Vasenb.  pl.  x,  fig.  1; 
cf.  notre  Catal.  des  vases  d' Athènes,  n°  500.  Sujet  analogue  sur  une  loutrophore 
de  Berlin,  n°  2372,  Arch.  Zeit.,  1882,  pl.  v.  —  3  Dumont  et  Chaplain,  Les  ce - 
ramiques  de  la  Grèce  propre ,  pl.  ix,  p.  364,  notice  de  E.  Pottier.  —  6  Ath. 
Mittheil.  XVI,  1891,  p.  382,  n°  21.  —  7  Monum.  ined.  X,  pl.  xxxiv;  Catal. 
des  vases  d’Athènes ,  n®  503  ;  Wiener  Vorlegebl.  1888,  pl.  vm,  n°  2.  —  8  Deubner, 
’Eiz'xjha,  Jahrb.  des  arch.  Inst.  1900,  pl.  u.  p.  144  et  suiv.  —  9  Ce  n’est  pas 


Fig.  4558.  —  Loutrophore  portée  dans 
le  cortège  nuptial. 


il  est  muni  de  deux  petites  anses  qui  rannol1 
l’hydrie.  Il  est  possible  que  la  forme  dès  ]'nl  celle  de 
ait  varié  avec  le  temps,  et  que  l’ancien  type  (,U1U]lf0phor(* 
ait  été  évincé  par  celui  du  vase  à  pied  et  à  cou'  "n|)ll0re 
voit  également  figurer  dans  les  cérémonies  ,  qu’011 
IL  Usage  funéraire.  -  D’après  les  textes  " 


et  d’Eustathe  qui  ont  déjà  été  mentionnés  11  | 
phore  était  l’emblème  funéraire  placé  sur  le  tdmh  ^ 
jeunes  gens  morts  avant  le  ma-  audes 

riage  (ayagoi).  Ce  témoignage  est 
confirmé  par  un  passage  du  plai¬ 
doyer  de  Démosthène  contre  Léo- 
charès  12.  L’orateur  parle  du  jeune 
Archiadès  qui  est  mort  célibataire. 

«  Et  la  preuve?  Une  loutrophore 
était  placée  sur  le  tombeau  d’Ar- 
chiadès.  »  Il  n’est  pas  douteux 
qu’aux  vp  et  v°  siècles,  les  loutro¬ 
phores  destinées  à  cet  usage  fus¬ 
sent  vraiment  des  amphores  en 
terre  cuite  peinte,  du  même  type 
que  celles  qui  figuraient  dans  les 
cérémonies  nuptiales.  Notre  figure 
4559  en  montre  un  spécimen  ap¬ 
partenant  au  musée  du  Louvre, et 
qu’on  peut  dater  de  la  première 
moitié  du  ve  siècle,  et  si  les  scènes 
principales  sont  à  figures  rouges, 
une  zone  de  figures  noires  rappelle 
encore  l’ancienne  technique.  Le 
vase  a  des  proportions  élancées, 
mais  moins  allongées  que  celles 
des  exemplaires  à  scènes  nuptiales.  Le  col  est  plus  large, 
et  il  est  réuni  aux  anses  par  une  partie  pleine.  Sur  le  plat 
des  anses  et  autour  de  l’embouchure  court  un  ornement 
en  forme  de  ruban  ondulé;  il  est  permis  d’y  reconnaître 
comme  une  survivance  d’un  décor  qui  apparait  souvent 
dans  les  grandes  amphores  funéraires  du  Dipylon,  où  un 
serpent  modelé  en  relief  semble  ramper  sur  les  anses  et 
autour  des  lèvres  du  vase.  Les  scènes  qui  décorent  les  lou¬ 
trophores  à  figures  noires  conservées  dans  nos  musées  en 
attestent  nettement  le  caractère  funéraire  i:î.  Ce  sont  des 
scènes  de  deuil,  lamentation  ou  prothésis  du  mort.  I  ne 
louLrophore  de  Berlin  montre,  sur  le  col,  des  hommes  e 
des  femmes,  faisant  les  gestes  de  la  lamentation  et,  sur 
la  panse,  l’exposition  (7rpô0e<nç)  du  cadavre1'  .  Les  sujets 
funéraires  conservent  encore  leur  place  sur  les  exem 
plaires  à  figures  rouges  du  style  le  plus  sévère.  La  ou 
trophore  de  Pikrodaphni,  au  musée  d’Athènes,  es!  1<  <  e 
d’œuvre  du  genre13.  La  scène  de  l’exposition  du  niom 
autour  duquel  se  lamentent  les  pleureuses,  1  h  ^  ^ 
avec  une  rare  perfection  de  style.  On  peut  en  1 
la  scène  figurée  sur  la  loutrophore  du  Louvre  '  !'^ 
par  notre  gravure,  qui  ne  le  cède  guère,  poui  L 
du  dessin,  à  celle  d’Athènes  10.  |  clU. 

L’idée  qui  avait  conduit  à  faire  de  la  louti  "p- 


Fig.  4559.  —  Loutrophore  à 
sujet  funéraire. 


ici  une  erreur 


du  peintre,  comme  il  est  permis  de  le  suppose  M  1900» 

Pottier,  dans  Dumont  et  Chaplain,  O.  I ,  p.  365,  note  ^  j(oiini3,lolu^' 

pl.  u.  —  H  Hesych.  s.  v.  Wcj  oeop.s  ;  Euslalli.,  Jlias,  *•*- j  ’  dialogue  dresd 
’ETtiypaeai  p.  101.  —  12  §§  18  et  30.  ^  H; Voit-  l>:<^  / 

par  Wolters,  Ath.  Mittheil.  XVI,  1891,  p.  378,  n“  I  1  '  ,  Vj  2;  Cstol- 

pl.  i.x  ;  cf.  Wolters,  toc.  cit.  n“  5-7.  -  U  Mon.  ined-,  ’ 1  _lf'Co1' 

des  vases  d'Athènes ,  n°  505.  Le  vase  est  très  mutiL  l  ^  ^ 
lignon,  Monum.  et  Mém.  Fondation  Piot,  I,  p'-  '  P 


LOU 


—  1319  — 


LOU 


,  -mire  des  jeunes  gens  morts  avant  le  mariage 
blême  fa"'  ‘  lication  dans  une  des  pratiques  du  cére- 
trouve  son  e  b  ^  ^  bain  du  mort.  Non  seulement  le 

monial.fU!"'  dire  le  lavage  du  corps,  faisait  partie  de  la 
bain,  c’esl  a'(  (  dont  ies  soins  étaient  dévolus  aux 
toibîttc  Je  bain  du  mort  constituait  une  des 

femme®  1  ,  apportait  au  tombeau  (XÔdvta  Xourpà  •  xi 

0ffrfim  ''l  j^p^evx  '  âxopÇov  yip  M  xiç  xacpàç  Xouxpà)  2. 
■flW”*p0  Vppt  usage  remontait  au  temps  de  la  civilisation 
,E"f  'ancienne.  MM.  Brückner  et  Pernice  ont  démontré 
lap  ,  ‘  ,,  uids  vases  du  Dipylon  à  sujets  funéraires 
T  !f  comme  la  forme  primitive  de  la  loutrophore  3. 
Xcés  sur  la  fosse,  très  apparents,  ils  rappelaient  le  bain 
fnnptlrc  offert  au  mort,  ét  constituaient  véritablement  le 
.  a  ju  tombeau.  Il  semble  d’ailleurs  qu’a  cette  date  ce 
2e  d’emblème  ne  fût  pas  le  privilège  des  5y«|«i,  mais 
eût  un  caractère  plus  général.  On  offrait,  en  effet,  a  tous 
les  défunts,  quels  qu’ils  fussent,  l’eau  du  bain  (Wpa). 
Dans  l’ancienne  nécropole  de  Ménidi,  on  a  trouvé  des 
vases  montés  sur  un  pied  qui  sont  proprement  des 
XouT7)pta  ’loüter],  et  les  conditions  de  la  découverte  per¬ 
mettent  de  croire  que  ces  vases  étaient  déposés,  à  titre 
d’offrande,  sur  la  tombe  des  ancêtres  héroïsés  L  Les 
textes  sont  d’accord  avec  les  faits  archéologiques. 
Dans  l 'Electre  de  Sophocle,  il  est  fait  allusion  à  cette 
|  coutume  (Xouxpà  irpocæ speiv  Tvaxpf) 0  et  un  passage  d  Athénée 
décrit  le  rituel  usité  pour  l’offrande  de  l’aTtovigga  6. 
L’habitude  de  placer  sur  la  sépulture  un  vase  con¬ 
tenant  l’eau  du  bain  (înit-elle,  en  Attique,  par  perdre 
i  son  caractère  général,  et  ne  fut-elle  conservée  que  pour 
les  jeunes  gens  non  mariés?  Il  est  possible  de  l’admettre, 
sans  que  nous  puissions  dire  avec  certitude  à  quelle  date 
s’introduisit  ce  changement1.  Ce  qui  est  certain,  c’est 
que,  pour  les  ayagoi,  on  employait  à  cet  usage  la  loutro¬ 
phore,  c’est-à-dire  le 
vase  qui  était  par  excel¬ 
lence  le  symbole  du  ma¬ 
riage.  Il  est  facile  de 
comprendre  quel  senti¬ 
ment  dictait  ce  choix. 
Placée  sur  le  tombeau 
des  jeunes  morts,  la  lou¬ 
trophore  évoquait  le 
souvenir  des  joies  dont 
ils  avaient  été  privés,  et 
la  piété  des  survivants 
leur  en  donnait  au 
moins  l’illusion. 

La  loutropliorie  avait 
sa  place  dans  les  céré¬ 
monies  de  funérailles, 
celles  ,  _  comme  elle  l’avait  dans 

par  ],  u  11,,u'age.  Le  rite  funéraire  qu’Hésychius  désigne 
la  pn  X|"li,s^n  XouTpotpopetv  nous  est  expliqué  par 
vre«  || '"  ,(lu'  (Ucore  le  col  d’une  loutrophore  du  Lou- 
*  '^ll-  vase  est  porté  par  rèyyuxpiffTpta,que 

-•üd '"3A— ,/>a,’o 


j  u"-  La  loulrophorie  dans  une  scène 
funéraire. 


’oemiographi  graeci,  éd.  Leulscb,  II,  p.  51,  92. 
eü., XVIII,  1893,  p.  73-191.  —  4  Wolters,  Jahr * 
Wolters  / P’  133etsuiv-  —  eSoph.  Electr.,V,  431.  —  6  Alhenae. IX, 
"ji|  h  p.  55,  pg  a  loc.cit.p.  133. —  *  Monum.  et  Mém.  Fondation 

jaSmcnts  en  ^ta|pnj  .  Furtwaengler  pense  qu'il  était  brisé,  et  que  les 

’  Wolters  a  eomb.ii  '  ^  HU  *°sso’  Coll.  Sabouroff ,  notice  de  la  pl.  i.vi"-"v 
°Pini°n’  A,k ■  mtth“iL  P- 380-300.  -  >0  ....... 

«  -desv asesrl’ Athènes, n°  200 bis  -,  Wolters,  Ath.  Mittlieil., 


—v.™,.  - -  ‘  aroemiograr. 

i,T 

'"gments 


Fig.  4501.  —  Loulrophorp  sur  une  tombe. 


Mon. 


suit  une  pleureuse  faisant  les  gestes  de  la  lamentation,  et 
il  accompagne  le  mort  jusqu’au  lieu  de  la  sépulture. 
Après  l’ensevelissement,  il  est  placé  sur  la  tombe".  Une 
loutrophore  à 
figures  noires 
du  musée  d’A- 
thènés  le  mon¬ 
tre  posé  sur  le 
tertre  du  tom¬ 
beau,  de  cha¬ 
que  côté  du¬ 
quel  se  tien¬ 
nent  des  pleu¬ 
reuses  10  (fig. 

4561).  Sur  unlé- 
çythe  du  même 
musée,  trouvé 
à  Ërétrie  on 
voit  une  am¬ 
phore  à  deux 
anses  posée  sur 
un  socle,  et  à 
côté  une  femme 
portant  la  cor¬ 
beille  qui  con¬ 
tient  les  offran¬ 
des  funéraires.  Il  est  permis  d  y  reconnaître  la  lou¬ 
trophore  marquant  l’emplacement  de  la  sépulture.  Au 
reste,  les  grandes  dimensions  de  ces  vases,  le  fait  que 
le  pied  est  toujours  creux  et  évidé  12,  comme  pour  rece¬ 
voir  un  support,  confirment  l’hypothèse  suivant  laquelle 
il  convient  de  reconnaître  dans  la  loutrophore  le  monu¬ 
ment  funéraire  qui  décorait  le  tombeau. 

Il  est  remarquable  que,  dans  les  loutrophores  en  terre 
cuite  peinte,  les  sujets  funéraires  disparaissent  a  une 
certaine  date  pour  céder  la  place  aux  scènes  nuptiales13. 
Ce  n’est  pas  à  dire  quelles  perdent  leur  caractère  d’em¬ 
blème  funèbre.  Comme  les  plus  anciens,  les  vases  à  scène 
de  mariage  ont  été  trouvés  dans  les  nécropoles  attiques, 
et  il  est  probable  que  l’on  continue  à  le  déposer  à  titre 
d’offrande,  sur  la  tombe  des  ayagot,  comme  on  déposedes 
lécythes  au  pied  de  la  stèle.  Seulement  la  loutrophore 
cesse  d’être  proprement  le  monument  funèbre.  Pour  la 
décoration  des  tombeaux,  on  emploie  une  matière  plus 
résistante  et  plus  durable  que  la  terre  cuite,  c’est-à-dire 
le  marbre.  On  s’explique  ainsi  que  les  potiers  aban¬ 
donnent  la  fabrication  des  loutrophores  funéraires,  pour 
exécuter  surtout  des  vases  destinés  aux  cadeaux  de 
mariage.’  Il  semble  que  l’usage  des  loutrophores  en 
marbre,  destinées  aux  sépultures,  s'introduise  dans  le 
courant  du  v°  siècle.  C’est  certainement  un  monument  de 
cette  nature  que  Démosthène  signale  sur  la  tombe  du 
jeune  Archiadès. 

Quelquefois  le  vase  est  sculpté  en  ronde  bosse.  Le 
musée  d’Athènes  en  possède  plusieurs  exemplaires.  Celui 
qui  est  reproduit  par  la  figure  ci-jointe  offre  un  spécimen 

XVI,  p.  379;  cf.  art.  i-umjs,  fig.  3345.  —  U  Wolters,  loc.  cil.  p.  380.  —  12  M.  Erwin 
Rhode  (Psyché,  §  292,  note  1)  rapproche  ces  vases  sans  fond  des  htiXilf  JSjeïi!  des 
Danaïdes  qui  sont,  elles  aussi,  des  â-jagoi.  11  pense  que  l'acte  qu' elles  accomplissent 
dans  le  monde  infernal  est  en  rapport  avec  les  cérémonies  du  mariage;  c'est  comme 
une  loutrophorie  éternelle;  cf.  Kuhnert,  Jahrbuch  des  arch.  Inst.,  1893,  p.  111. 
—  13  Voir  le  catalogue  de  Wolters,  Ath.  M ittlieil..  XVI,  p.  380  et  s.  La  pro¬ 
portion  des  sujets  funéraires  relativement  aux  scènes  nuptiales  est  très  faible  sur 
les  loutrophores  à  figures  rouges  de  style  récent. 


LOU 


1320  — 


Fig.  4562.  —  Loulro- 
phore  t*a  marbre. 


très  élégant  de  ce  type,  avec  sa  panse  cannelée,  son  col 
mince  et  élancé  qui  jaillit  hardiment  entre  deux  anses  à 
volutes  ornées  de  feuillage  d’acanthe  1 
(fig.  4562).  Par  leur  forme,  par  leur 
aspect,  ces  vases  se  distinguent  des 
autres  vases  funéraires  en  marbre,  des 
léeythes,  dont  l'usage  ne  semble  pas 
avoir  été  limité  à  une  catégorie  spéciale 
de  sépultures.  D'autres  fois,  la  loutro- 
phore  est  sculptée  en  relief  sur  la 
stèle2.  M.  Milchhoefer  a  contesté  que 
cet  emblème  fût  réservé  aux  jeunes 
gens  non  mariés,  en  alléguant  que  les 
inscriptions  mentionnent  parfois  des 
\  noms  de  personnes  qui,  manifeste¬ 
ment,  étaient  mariées,  et  que  la  lou- 
trophore  est  souvent  décorée  de  sujets 
en  relief  appartenant  aux  types  cou¬ 
rants,  comme  la  scène  de  la  poignée 
de  mains,  ou  la  réunion  de  famille  3. 
En  réponse  à  ces  objections,  M.  Wol- 
ters  a  fait  valoir  des  arguments  très 
plausibles  4.  D’abord  les  inscriptions 
des  stèles  ornées  de  loutrophores  dési¬ 
gnent  très  fréquemment  des  jeunes  gens 
non  mariés  3.  Parmi  les  bas-reliefs  qui 
en  décorent  la  panse,  beaucoup  font  allusion  aux  occu¬ 
pations  de  la  jeunesse  :  jeune  homme  jouant  à  la  balle  6, 

éphèbe  debout  auprès  de  son  che¬ 
val  et  donnant  à  un  vieillard  la 
poignée  de  main  d’adieu,  etc.  1 
Si  parfois  elles  portent  plu¬ 
sieurs  noms,  si  les  noms  des 
parenls  y  figurent  à  côté  de  ce¬ 
lui  d’un  jeune  homme  mort 
célibataire  s,  la  raison  en  est 
facile  à  comprendre.  Le  tom¬ 
beau  est  une  sépulture  de  fa¬ 
mille.  Or,  le  fils  étant  mort  le 
premier,  les  parents  ont  fait 
sculpter  sur  la  stèle  l’emblème 
des  ayajAot  ;  et  quand  ils  sont 
morts  à  leur  tour,  leurs  noms  ont 
été  ajoutés  sur  la  stèle.  Au 
reste,  on  observe  quelquefois 
un  détail  très  caractéristique  et 
^  -lj  qui  achève  de  lever  tous  les 

doutes.  Il  arrive  que  la  loutro- 
phore  sculptée  en  relief  a  subi 

Fig‘  4563‘  stèie°attique!>re  SUr  ,mC  des  retouches  ;  une  des  anses  a 

été  supprimée,  laissant  encore 
sur  le  marbre  la  trace  très  apparente  de  ses  contours 
(fig.  4563).  La  loutrophore  a  été  ainsi  transformée  en  un 


1  Collignon,  Sculpt.  grecque,  II,  p.  373,  fig.  191  ;  cf.  Micliaelis,  Zeitschrift 
fur  bild.  Kunst,  N.  F.  IV,  p.  203,  fig.  1-G.  —  2  Cf.  Att.  Grabreliefs,  pi.  cxcv, 
n°  1 006  ;  pl.  cxcvi, n"*  1003,1004;  pl.cxcvii,  n°  1009.  —  3  Milchhoefer,  Ath.  Mittheil. 
V,  p.  176.  —  4  Ath.  Mittheil.  XVI,  p.  391,  — S  Corp.  inscr.  att.  II,  3, 1994;  3,  2203, 
2339  ;  III,  2, 1339.  —  6  Bull,  de  corr.  hell.  VII,  pl.  xix,  p.  293.  —  7  Percy  Gardner, 
Sculptured  tombs  of  Hellas,  pl.  v;  cf.  Ibid.  pl.  iv.  Stèlede  Kalyvia,  où  le  sujet  est 
une  scène  nuptiale.  La  loutrophore  y  ligure  sculptée  en  relief  sur  la  loutrophore 
de  marbre.  —  8  Ainsi  la  stèle  d’Archédémos,  au  Louvre.  Corp.  inscr.  att.,  II,  3, 
n“  1718.  —  9  Att.  Grabreliefs ,  pl.  ccxxiv,  n°  1097;  cf.  Wolters,  Ath.  Mittheil. 
XVIII,  1893,  p.  66.  —  Bibliographie.  Hermann-Blümner,  Gr.  Privatalterthümer, 
p.  270  ;  Milchhoefer,  Athen.  Mittheilungen,  V,  p.  1 76  et  suiv.  ;  Pottier,  dans  Dumont 
et  Chaplain,  Les  céramiques  de  la  Grèce  propre,  I,  p.  365;  Furlwaengler,  Collec- 


LUC 


vase  à  une  seule  anse,  qui  rappelle  à  pcu  rmè . , 
lécythe9.  Cela  signifie  que  la  tombe  a  été  r  f°rme  du 
d’un  ayagoç,  puis  qu’elle  est  devenue  Ui  ' ,  d  cell« 
famille.  La  retouche  du  marbrier  n’a  eu  i-  ^ 
que  d’enlever  à  l’emblème  de  la  stèle  sa  si,!.,  ^  obM 
spéciale  et  trop  restrictive.  Max.  CoLur^,"  "'lti0nlr°P 

LUCAU  [msTRio,  p.  224  et  lucus,  p  13S' 

LUCER1MA,  LYCHMü8(A63fvôs‘, quelquefois^  , 

Le  mot  latin  correspond  exactement  au  mol 
deux  désignent  l’ustensile  dans, lequel  la  hm!^'  Tou® 
produite  par  la  combustion  d’une  mèche  imbibée  d’i  ^ 
ils  s’opposent  aux  mots  lampas,  fax,  candtic,  ^7 
Aag-Traç,  oatç  [lampas,  fax,  candela,  ceraI,  quiV  ,  ’ 
quaient  aux  différents  genres  de  torches  ou  de  flamb  PP 
L’étymologie  commune  de  lucerna  et  de  doit  êfJ 
cherchée  dans  une  racine  lue ,  Xux,  d’où  sont  immédiat? 
ment  dérivés  le  grec  poétique  Wtj,  aube,  crépuscule  ct  J 
latin  lux  3.  ’  e 

On  a  pu  croire,  pendant  longtemps, 
que  les  habitants  de  la  Grèce  primitive 
n’avaient  pas  connu  l’usage  des  lam¬ 
pes,  car  dans  l’épopée  homérique  les 
procédés  d’éclairage  au  moyen  des 
torches  résineuses  et  des  réchauds 
(oatSeç  et  Xap.7tT-?ip£;) 4,  plus  souvent  en¬ 
core  au  moyen  du  feu  allumé  dans 
l’àtre,  paraissent  bien  rudimentaires, 
et  c’est  avec  beaucoup  de  lenteur  qu’on 
voit  se  former  un  luminaire  plus  savant. 

Pourtant  les  fouilles  de  Mycènes  ont 
prouvé  d’une  façon  irréfutable  qu’avant  Fi„.  45lil  _  candélabre, 
l’invasion  des  Doriens,  la  Grèce  était 
déjà  en  possession  d’un  système  d’éclairage  perfec¬ 
tionné,  analogue  à  celui  des  temps  classiques.  Cet  élé¬ 
ment  de  luxe  et  de  confort  sombra,  avec  tant  d'autres, 
dans  la  tourmente  d’où  de¬ 
vait  sortir  un  monde  nouveau. 

Le  musée  d’Athènes  possède 
plusieurs  grandes  lampes  de 
pierre  dont  quelques-unes  sont 
posées  sur  un  support  comme 
des  candélabres  (fig.  4364) s  et 
qui  ont  été  trouvées  dans  les 
tombeaux  de  l’acropole  mycé¬ 
nienne  :  la  forme  est  celle  de 
lampes  à  deux  becs,  disposés 
aux  deux  extrémités  de  l’axe  Fig-  45C3-  _  u,": 
le  plus  long  et  largement  ou-  «ink 

verts  pour  recevoir  une  grosse  meche  ,  la  1  .  ^  oante 

est  peu  profonde  et  ornée  sur  le  pourtour  d  u1"  ' 
décoration  de  volutes  et  de  perles  (fig-  4365)  • 1  "  1 

sans  doute  de  l’huile  d’olive  ou  de  la  era'^'  '  [n,nSque 

D’après  Clément  d’Alexandrie,  ce  fut  aux  LgJ  c 


P- 

Sabouroff,  notice  de  la  pl.  lvui-lix  ;  A.  Herzog,  Aich.  xVM  l^*' 

_  "  .  . .  .....  «  mi  «  vu  et  s.  et  ta  w,  p  , 


131- 


Woltcrs,  Athen.  Mittheil.  XVI,  1891,  P-  371  et  s.  et 


Piot, 


imcn.  - -  »  .  t  jfondati0^ 

66  et  suiv.;  Max.  Collignon,  Monuments  et  Mt "w'ie  ’  1896,  P- 

1894,  p.  49-60;  Percy  Gardner,  Sculptured  tombs  o/  ’  C2et  133:  J  ' 

LUCERNA,  LTCHNUS.  1  Varr.  De  ling.  lut.  V,  119.  '  _  t  Qiyss.  Xvl11 ''  1 

■  ;  Varr.  L.  i. 


nom.  X,  lio.  3  Macrob.  Sat.  1,  17,  §»  37 et  n  Mycenxan âge, 18  (huf 
■  STsountas  et  Manatt,  lhetny  que  M.  *r 

_  7  Ibid.,  P-  79-80.  Ajoutons  ,  ,|« 


suiv.  Voir  candelabrüm 

;.  31.  —  6  Ibid.,  p.  80,  fig.  30.  —  1  loiu., y-  ^  gn  gfjte, 
ans,  dans  ses  fouilles  du  palais  de  Minos,  à  ni 

npes  semblables,  dont  une  surmonte  un  fût  d  une  ^  ^ 
rmc,  visiblement  inspiré  par  quelque  modèle  iglP  ^ 
édits  et  nrendronl  nlace  dans  la  publication  sui  '» 


j  trou'1  , 
do  styl'  loi'- 

re  élégance, 

Ces  objets  »» 


-  4321 


LUC 


LUC 


nv mitèrent  la  lampe1.  Hérodote  nous  ap- 
les  Grecs  m  ^  ^  gervait)  comme  lampes,  d’écuel- 
prendqu  en'^.  t  ^  d’huile,  et  que  la  mèche  était  tout 
-les remplies  e  surface  de  ce  mélange2.  Aucune 

simple1111 11  h  ‘  n’a  été  retrouvée  sur  les  bords  du  Nil; 
lampe  dcce^ouverl  une  quantité  considérable  de  lam- 
kaisr0"le  d’écuelles  ou  de  coquilles  dans  la  plupart 
Pesen  e  leg  phéniciens  ont  habités  ou  colonisés, 
deS  paylT('  en  Phénicie3,  à  Chypre *,  à  Carthage5,  en 
pai'eXe"‘6  Des  lampes  de  même  forme  étaient  placées 
:  |’1T  nécropoles  juives  de  la  Palestine’;  selon  Jo- 
i  8  Ce  seraient  les  Hébreux  qui  auraient  enseigne 
liv  autres  peuples  l’usage  d’allumer  des  lampes  les  jours 
Ü  fête  ou  pendant  certaines  cérémonies  religieuses. 

Pour  indiquer  l’heure  du  soir  où  l’obscurité  commence, 
Hérodote  se  sert  de  l’expression  «cpl  %vo>v  (au 

Lmenl  où  l’on  allume  les  lampes) 9.  Il  est  souvent 
Question,  dans  les  auteurs  comiques,  de  lampes  en  bronze 
ou  en  terre  cuite 10  ;  à  la  fin  du  v*  siècle  ou  au  commence¬ 
ment  du  ivc,  une  lampe  d’or,  garnie  d’une  mèche  de  lin 
d’une  finesse  extraordinaire,  brûlait  nuit  et  jour  dans  le 
sanctuaire'  d’Athéna  Polias,  sur  l’Acropole11.  De  plus  en 
I  plus  la  lampe  remplaça  la  torche  ou  le  flambeau,  sauf 
peut-être  dans  quelques  cérémonies  religieuses  très  an¬ 
ciennes,  dont  l’origine  était  bien  antérieure  à  l’introduc¬ 
tion  du  lychnos  en  Grèce,  telles  que  les  lampadédromies, 
[les  Éleusinies,  les  rites  de  l’hyménée.  Jusqu’à  la  fin  du 
monde  antique,  l’usage  de  la  lampe  fut  général  en  Grèce. 

A  Rome  comme  en  Grèce,  on  commença  assez  tard  à 
se  servir  de  la  lampe.  Les  vieux  Romains  ne  connaissaient 
que  la  candela )2;  le  mot  lucerna  est,  d’après  Varron, 
d’une  invention  postérieure  au  terme  candelabtum  ;  peut- 
être  même  fut-il  formé  à  l’imitation  du  grecXuyvo? I3.  Deux 
vers  de  Lucilius14  permettent  de  croire  que  le  mot  lychnus 
fut  employé  par  les  Latins  avant  le  terme  lucerna  pour 
désigner  la  lampe  : 

Port  o  clinopodas  lychnosque 
Diximus  ers [av ü ç  ante  pedes  lecti  atque  lucernas. 

En  tout  cas,  Ennius,  Lucrèce,  Virgile  employèrent 
souvent  le  mot  grec  de  préférence  au  mot  latin  15. 

Les  découvertes  archéologiques  confirment  ces  indica¬ 
tions.  Les  plus  anciennes  lampes  qui  aient  été  jusqu’à 
I  présent  découvertes  à  Rome  proviennent  de  la  nécro- 
®°le  de  lEsquilin;  Dressel,  qui  en  a  fait  une  étude 
■  approfondie  u,  pense  qu’aucune  d’entre  elles  n’est  anté¬ 
rieure  au  milieu  du  ve  siècle  de  Rome  (environ  300  av. 
i  •  -)i  eu  outre,  elles  lui  paraissent  être  toutes  de  fabri- 
I  ca  ion  campanienne.  Ainsi  l’usage  de  la  lampe  fut  em- 
I  runté  assez  tardivement  par  les  Romains  aux  villes 

IfcntMri  ^  Méridionale.  Il  devint  bientôt  aussi 

ü  .a<l  Uns  Ie  monde  romain  que  dans  les  pays  de  civi- 
,j(.s  j  ”  ih  truque.  Sous  l’Empire,  on  employa  partout 

lroiiv'(l,rilp('S  ’  11  esl  Pas  une  seule  région,  où  l’on  n’ait 

I "on t ité  de  lampes  en  terre  cuite  de  l’époque  im- 

U  Ale’i'  Vf  rom. 

**«•  <*«  Plié, 

I  Üidoi 

I  *"■ 5 

I  ticulier 


JMLie  -  1’  10'  ~  2  Herod-  H»  62  ;  cf-  II.  130  et  133.  —3  Renan, 
Ion,  p,  87  199  :  Hamdy-bey  et  Th.  Reinach,  Une  nécropole  royale  à 

sDemacg|,t  C  1  <ilmefa'scl'-Bichler,  Kypros ,  p.  249,  n.  2;  p.  411,  n.  1. 

s  iw  im^»helVQ^Xed0ran\1’  P'  “7:  3‘7’  PL  '*  fig'  2’  “  6  EU  Pa‘'- 

JJ**'®),  t.  II,  p  9|  e|  l'airos.  —  .  V.  Guérin,  Descript.  de  la  Palestine  (la 
~  »C.Àpion  i,  S.'’de  Saillcy,  Voyage  autour  de  la  mer  Morte,  t.  II,  p.  223- 
Kl- 1;  Coll,  V|,  103  .’v  *  à  a“r.vuv  àvaxctùoEi;.  —  9  Herod.  VII,  215.  —  10  Aristoph. 
' 1  V.  119  :  Candela'b  ’  121-11  Paus-  L  26,  §6.  —  12  Mart.  XIV,  5,  39.  —13  De 
931  ynod  id  vocanl  „  11/11(1  cnndela...  •  lucerna  post  inventa,  quae  dicta  a  luce, 
1“'  ~  ,e  Ann. U*vov-  ~  >4  Ap.  Macrob.  Sut.  VI,  4, 18.  —  1">  Ibid.  17, 
sn  p.  26.)  et  s.;  C.  inscr.  lat.  XV,  2'  part.  t.  I,  p.  782. 


périale.  L’usage  de  la  lampe,  adopté  par  le  christianisme, 
s’est  perpétué  jusqu’à  nosjours;  pendantde  longs  siècles, 
aucun  changement  essentiel  ne  fut  apporté  ni  au  principe 
ni  même  à  la  disposition  générale  de  cet  ustensile. 

Abstraction  faite  des  variétés  de  détail  et  des  motifs  si 
divers  de  décoration,  que  nous  examinerons  plus  loin,  la 
lampe  antique,  orientale,  grecque  ou  romaine,  était  for¬ 
mée  d’un  récipient,  destiné  à  contenir  une  quantité  plus  ou 
moins  grande  d’huile,  et  d’un  ou  de  plusieurs  becs,  d  où 
sortait  la  mèche  unique  ou  les  mèches  multiples,  qui  s  im¬ 
bibaient  d’huile  et  que  l’on  allumait.  Le  plus  souvent,  le 
bec  ou  les  becs  se  trouvaient  dans  le  même  plan  horizontal 
que  le  récipient  lui-même.  Le  récipient  était  tantôt  à  ail- 
libre,  tantôt  couvert.  Dans  ce  dernier  cas,  la  face  supé¬ 
rieure  du  récipient  était  percée  d’un  ou  de  plusieurs  ori¬ 
fices,  de  dimensions  variables,  où  l’huile  était  versée; 
parfois  cet  orifice  ou  ces  orifices  étaient  fermés  par  un 
couvercle  mobile.  Souvent  aussi  un  trou  extrêmement  fin 
était  ménagé  dans  la  paroi  supérieure  du  récipient;  il  est 
probable  que  ce  trou  était  destiné  à  laisser  pénétrer  dans 
la  lampe  l’air  nécessaire,  quand  l’orifice,  par  lequel  on  ver¬ 
sait  l’huile,  se  trouvait  fermé.  A  la  lampe  était  souvent 
adapté  soit  un  manche,  soit  une  anse  en  forme  d  anneau  '  . 

Nous  connaissons  quelques-uns  des  noms  que  les 
anciens  donnaient  aux  diverses  parties  de  la  lampe.  Dans 
son  ensemble,  la  lampe  portait  en  Grèce  le  nom  de  Àùyvoç  ; 
le  bec  s’appelait  gé-o;  ou  gû:a;  une  lampe  à  deux  becs, 
Xû/vo?  BffjwEo;,  à  trois  becs,  vpt'gu'o; 18  ;  le  nom  général  de 
la  mèche  était  âXXu^vtov  ;  les  mots  ipXôgoç,  OpûaXXiç19  dési¬ 
gnaient  plutôt  la  matière  dont  la  mèche  était  faite.  Chez 
les  Romains,  la  lampe  s’appelait  lucerna,  quelquefois 
lychnus 20  ;  le  bec,  rostrum  ou  myxus11  ;  la  mèche, 
ellychniunin .  Les  savants  de  la  Renaissance  et  les  érudits 
modernes  ont  adopté  encore  d’autres  noms  pour  les  di¬ 
verses  parties  de  la  lampe  21 . 

Les  lampes  antiques  en  terre  cuite  que  1  on  possède 
encore  sont  innombrables.  Les  lampes  en  bronze  sont 
moins  nombreuses  ;  mais  le  bronze,  comme  1  argile,  a  été 
employé  dès  les  premiers  âges  de  la  lampe  ;  une  lampe  en 
bronze,  de  forme  primitive,  a  été  trouvée  à  Chypre24.  Et 
d’autre  partie  bronze  était  encore  employé  à  l’époque  chré¬ 
tienne25.  Les  lampes  d’argile  et  de  bronze  étaient  d  un 
usage  également  courant26.  Mais  l’on  fabriquait  aussi  des 
lampes  en  d’autres  matières  :  nous  avons  parlé  de  la  lampe 
d’or  du  temple  d’Athéna  Polias27;  une  lampe  à  deux  becs, 
en  or,  a  été  trouvée  à  Pompéi28;  une  autre  lampe,  en 
bronze  incrusté  d’or,  a  été  découverte,  il  y  a  quelques 
années,  près  de  Domo  d’Ossola,  dans  l’Italie  septentrio¬ 
nale29.  Plusieurs  lampes  en  plomb  sont  sorties  de  la  nécro¬ 
pole  de  l’Esquilin  3C.  Des  lampes  en  pierre,  ayant  la  forme 
d’une  petite  édicule  ornée  de  colonnes  et  de  chapiteaux 
ioniques,  ont  été  découvertes  dans  le  sanctuaire  de 
Golgoï,  à  Chypre  31 .  Des  lampes  en  albâtre,  en  verre,  en 
ambre  même  ont  été  signalées  32. 

—  U  Cf.  Birch,  Hist.  of  anc.pottery,  2"  éd.,  p.  504  et  s.  ;  Ch.  Bigot,  Les  lampes  en 
terre  cuite  du  Musée  de  la  Soc.  archéol.  d'Athènes,  dans  Bull,  de  l'École  franc. 
d'Athènes,  août  1868,  p.  33-35.  —  18  Poli.  VI,  103;  ou  trouve  chez  Martial,  XIV,  41, 
polymyxus.  —  19  Poil.  I.  I.  —  20  Macrob.  Sat.  VI,  4,  17,  18.  —  21  Mart.  I.  I. 

—  22  Plin.  Nat.  hist.  XXV11I,  lt.  47;  XXXV,  15,  50.  —  23  Lucemae  fict.  Mus. 
Passerii,  p.  6  et  sq.  ;  C.  i.  I.  XV,  2'  part.  t.  I,  p.  782  et  s.  —  24  Ohncfalsch- 
Richter,  O.  I.  p.  370,  noie  1.  —  25  Voir  plus  loin,  (Ig.  4599.  —  2C  p0ll.  X,  122. 

_  27  Paus.  I,  26,  6.  —  28  Bull.  d.  Istit.  1863,  p.  90-91.  —  29  Motizie  d. 

scavi,  1894,  p.  3.  —  30  Ann.  d.  Istit.  1880,  p  333;  cf.  Bull,  coniun.  di  Borna, 
1875,  p.  53;  Not.  d.  scavi,  1891,  p.  299-302  (lampes  trouvées  en  Sardaigne). 
._  31  Di  Cesnola,  Cyprus,  p.  157.  —  32  Millin,  Mon.  inéd.  II,  xvn  ;  Piranesi, 


Les  matières,  avec  lesquelles  on  fabriquantes  mèches  des 
lampes,  étaient  aussi  très  variées.  Les  noms  grecs  <pXô|* oç, 
OsuxU’.i  sont  fort  expressifs.  LeŸÀÔ|j.oç,  en  latin  verbascum, 
est  une  plante,  que  nous  appelons  la molène  ou  le  bouillon- 
l'Ianc;  la  9pû*ÀXtç,  en  latin  thryallis,  n’en  était  qu’une 
variété;  c’étaient  les  feuilles  (le  cette  plante  que  l’on 
employait  comme  mèches  ’.  La  mèche  de  la  lampe  d’or 
du  sanctuaire  d'Athéna  sur  l’Acropole  était  en  lin  de 
Carpasia  (Chypre)  2.  Les  Romains  se  servaient,  pour 
fabriquer  les  mèches  de  leurs  lampes,  soit  d’étoupe  3, 
soit  de  plantes,  par  exemple  de  papyrus  4,  de  ricin  6  ; 
le  soufre  était  aussi  employé  dans  la  fabrication  de  ces 
mèches  6.  Quant  au  jonc  ou  scirpus ,  mentionné  par  Birch, 
il  servait  plutôt  à  fabriquer  les  mèches  de  flambeaux  où 
de  chandelles  que  les  ellychnia  proprement  dits  ’. 

Le  liquide  dans  lequel  trempait  la  mèche  était  l’huile 

_ /  i  _  1  sr 


LUC 


ves 


étale,  ’sXatov,  oleum ,  quelquefois  mélangée  de  sel*  , 
dans  certains  pays,  en  Sicile,  à  Babylone,  on  employait 
des  huiles  minérales,  que  les  anciens  considéraient 
comme  des  bitumes  liquides,  ou  qu'ils  appelaient  des 
eaux  huileuses  9.  On  savait  aussi,  au  moins  à  la  fin  de 
1  antiquité,  soutenir  l’huile  au  moyen  de  l’eau  et  faire 
plonger  au  fond  du  vase  contenant  les  deux  liquides  un 
petit  trépied  portant  la  mèche  à  la  surface10. 

La  lampe  proprement  dite  était  souvent  complétée  par 

une  sorte  de 
tige  en  métal 
munie  d’un 
crochet ,  avec 
laquelle  on 
tirait  la  mè¬ 
che  en  dehors 
du  bec  pour 
en  raviver  la 


Fig.  45G6.  —  Pince  à  lampe. 


flamme.  Quelques-unes  de  ces  tiges  ont  été  trouvées 
attachées  par  des  chaînettes  aux  lampes  mêmes  auxquelles 
elles  servaient11  (voir  plus  loin,  fig.  4597).  On  se  servait 
aussi  de  petites  pinces  dont  on  voit  (fig.  4566)  un  modèle12. 

Soussaformelaplussimple  etlaplus  répandue,  la  lampe 
antique  se  composait  d’un  récipient  circulaire  ou  ovale, 
prolongé  par  un  bec  et  muni  ou  non  d’une  petite  anse. 
Mais  cette  forme  elle-même  s’est  modifiée  à  travers  les 
âges.  On  rencontre  d'abord  des  écuelles  en  terre  cuite  ou  en 
bronze,  dont  le  bord  est  comme  pincé  de  manière  à  for¬ 
mer  un  bec.  Ces  lampes  n’étaient  pas  couvertes  ;  le  fond  en 
était  rarement  plat,  et  elles  devaient  manquer  de  stabilité. 
Elles  n’avaient  presque  jamais  d’anse.  De  très  nombreux 
spécimens  de  ce  genre  ont  été  recueillis  à  Chypre  13, 
en  Phénicie  u  (fig.  4567),  et  dans  la  plupart  des  régions 
où  les  Phéniciens  ont  séjourné  ;  une  lampe  de  cette  forme, 
munie  d'une  anse,  se  trouve  au  musée  de  Constantine  13  ; 
plusieurs  exemplaires  analogues,  mais  sans  anse,  figu¬ 
rent  dans  la  collection  réunie  au  musée  d’Athènes16. 


Ant.  vasi  e  candelabri,  pl.  i.xxi  ;  Mommsen  el  Marquardt,  Manuel  des  antiq. 
rom.  trad.  fr.  t.  XV,  p.  297  ;  en  verre,  cf.  Prudent.  Cathem.  Y,  144;  Paul. 
Nol.  Natal.  XI,  4IC  ;  en  ambre,  Boldetti,  Cimiter.  p.  297,  pl.  i,  0.  —  1  Poil.  VI, 
103;  X,  113;  Hesych.  s.  V.  Plin.  Nat.  hist.  XXV,  10,  4.-2  Paus.  I, 

26,  G.  —  3  Moretum,  H;  cf.  Plin.  Nat.  hist.  XIX,  \,  3.-4  Plin.  Nat. 
hist.  XXVIII,  H,  47.  —  5  XXIII,  4,  41.  —  6  Ibid.  XXXV,  15,  50. 

—  7  Bireh,  O.  I.  p.  50G;  Plin.  Nat.  hist.  XVI,  37,  §70.-8  Herod.  II,  62;  cf 
Plin.  Nat.  hist.  XIII,  1,  2;  XV,  3,  4;  XV,  7;  Dioscor.  I,  53;  IV,  164.  —  9  Plin. 
Aat.  hist.  XXXI,  7,  39;  XXXV,  15,  51;  XXXI,  2,  §  14;  Dioscor.  I,  99;  Vitruv. 
VIII,  3.  lu  Paul.  Nol.  Natal.  VII,  129  et  s. —  Il  Voir  encore  La  Blanchère  et 
Gauckler,  Catal.  du  Mus.  Alaoui,  p.  193,  n«!  487  et  488;  Bull,  archéol.  du 
Comité  des  trav.  hist.  1897,  p.  460,  n.  306,  etc.  —12  Antich.  d.  Ercol.  VIII,  pl.  i.n; 


Cette  forme,  très  primitive,  correspond  », 
des?pt.on  qu  Hérodote  nous  donne  des  ],  »  I. 


ianipes  é 


eSyptien 


w 

-  Lampe  trouvé  < 


nés17;  c’est  elle  aussi,  sans 
doute,  qu  il  faut  reconnaî¬ 
tre  dans  ce  passage  de  Pol- 
lux  18  ;  otiXSt]  5è  vjv  xt  àyysTov 
yvjtvov,  to  àvxt  Xûyyo u  iypüv- 
-ro....  Bientôt  deux  modifi¬ 
cations  furent  apportées  à 
cette  forme  de  la  lampe  : 
d’une  part,  le  bec  fut  al¬ 
longé;  d’autre  part,  on  se 
préoccupa  de  couvrir  le  ré¬ 
cipient,  de  protéger  l’huile  "  "'onv6c " i-ta* 

contre  les  poussières  et  les  malpropretés  de  toutes 
qui  pouvaient  y  tomber.  Quelques  P  6 

formes  de  transition  sont  curieuses 
à  observer,  par  exemple  une  sorte 
de  cornet  en  terre  cuite  à  double 
ouverture 10,  trouvé  en  Tunisie,  à 
Lamta,  dans  une  nécropole  punique 
(fig.  4568)  ;  des  lampes  de  plomb  re¬ 
cueillies  sur  1  Esquilin 20 ;  plusieurs 
lampes  qui  présentent  encore  la 
forme  générale  d’une  écuelle  ronde, 
mais  dont  le  bec  est  nettement  déta¬ 
ché  et  dont  les  bords  sont  recourbés 
à  l’intérieur21.  Enfin,  l’orifice  du  ré¬ 
cipient  devint  de  moins  en  moins  large,  le  bec  se  déve 
loppa  de  plus  en  plus,  et  les  formes 
courantes  de  la  lampe  grecque  se  dé¬ 
gagèrent  des  tâtonnements  du  début. 

Elles  peuvent  être  réparties  en  deux 
variétés. principales  : 

A.  Récipient  circulaire,  quelque¬ 
fois  cylindrique;  l’orifice  occupe  le 
centre  du  disque  supérieur;  le  bec, 
bien  détaché,  est  tantôt  simplement 
arrondi,  tantôt  élargi  à  son  extré¬ 
mité  ;  il  n’y  a  point  d’anse  ;  parfois  Fi(î.  JHÜp» 
le  récipient  est  orné  d’une  petite 
corne  latérale.  Souvent  les  lampes  de  cette  forme  son 
recouvertes  d’un  vernis  noir  brillant,  métallique  ■ 
Celle  qu’on  voit  (fig.  4569), 
provenant  de  l'ile  de  Chy¬ 
pre  23,  est  décorée  de  quel¬ 
ques  traits  de  peinture.  La 
lampereproduite  (fig.  4570), 
munie  d’une  anse,  a  été 
trouvée  à  Rome  sur  l’Es- 
quilin,  et  paraît  avoir 
été  fabriquée  en  Campanie  au  n°  siècle  a'- 
B.  Récipient  circulaire,  plus  aplati  que  daim  " s  a 


-£y 

45C8.  —  Lampe 
punique. 


Fig.  4570.  —  Lampe,  n*  s 


;iccle  av. 


J,c.s 


Mittheil.  ( 1.  antiq.  Gesellsch.  in  Zurich,  XV,  pl.  si,  39.  —  1  )  1  ,)IissJe 
Kypros,  p.  249,  n.  2,  p.  411,  p.  370,  n.  I,  pl.  ccx,  n.  IG.  —  rot,a/e  i  SidouM 
Phénicie,  p.  489-490  ;  Hantdy-bey  et  Tb.  Reinaeb,  Une  néciop  ^  ^  ,,  [Irrod 

p.  87,  fig.  34,  p.  88.  —  16  Elle  est  encore  inédite.  -  10  1  '*'•  ®lg“  ' '  ‘  Alaoui,  p.  I 
II,  62.  —  18  VI,  103.  —  19  La  Blanchère  et  Gauckler,  Catal.  du .  et  SIC 

—  333-334,  tav-  ^ 


It.  1880,  p-  duM^eAUl 

—  21  Nécropoles  néo-puniques  de  Lamta  et  de  Carthage,  <  Hylilaea, 


n.  3,  pl.  xxxiv,  n.  3.  —  20  Ann.  d.  Istit.  1880,  p. 

les  de  Lamta  et  de  Carlin  „  ,,  al.a  "J""” 

v,  n»«  4,  5;  nécropole  sicilienne  <e‘  _ 22  C'a/ si- 

"irvakeion,  Ch.  Bigot,  |j.  |3. 

H,  12,  13  ;  pl-  xxxix,  n  MJ-  „  J6« 


p.  147,  n08  4,  5  ;  pl.  xxxiv,  «  -  »,  - -  ,  j  r- 

Monum.  antichi  t.  I,  p.  829;  Musée  du  Varvakeion ,  Lli.  q0J  ^  j  j, 

du  Musée  Alaoui ,  p.  147,  n°  G;  p.  148,  n08  11»  12,  LL  P*-  x  ^  ‘ 'fstn,  1880,  P- 
—  23  Ohnefalsch-Richter,  O.  I.  pl.  ccx,  n.  17.  —  -  '  Ann. 
et  s.  p.  325  el  s.  ;  pl.  O. 


1323 


LUC 


LUC 


édenti 


Ihréci1 
extrémité  ;  la  lamP£ 


•  bec  long,  presque  toujours  élargi  à  son 
e  est  munie  d’une  anse  assez  large  et 
souvent  cannelée;  la  corne  laté¬ 
rale  existe,  parfois  très  prononcée 
ilig.  4571).  En  raison  de  leur  forme 
allongée,  ces  lampes  ont  été  dites 
delphiniformes.  Beaucoup  de  lam¬ 
pes  de  cette  forme  ont  été  trouvées 
dans  l’Afrique  du  Nord;  mais  elles 
y  ont  été  importées  de  l’Italie  méri¬ 
dionale,  et  quelques-unes  d’entre 
elles  portent,  des  marques  grec¬ 
ques  1 .  Les  lampes  grecques  propre¬ 
ment  dites,  c’est-à-dire  les  lampes 
trouvées  en  pays  grecs  et  certaine- 
établissement  de  la  domination  ro- 
,  sont  d’ailleurs  fort  rares. 

Nous  pouvons  sui- 
vre  avec  plus  de 
précision  et  de  sû¬ 
reté  le  développe¬ 
ment  de  la  lampe 
romaine  à  partir 
de  l’ère  chrétienne. 
Abstraction  faite  des 
formes  de  transi¬ 
tion,  trois  types 
principaux  se  suc¬ 
cédèrent  2  : 

A.  Lampe  à  réci¬ 
pient  rond,  sans 
anse,  muni  d’un  bec 
très  détaché,  le  plus 
souvent  orné  de  vo¬ 
lutes  (fi  g.  A- 


■fc  K7 1.  -  lampe  dite  de!- 
Eiiniforme,  I"  siècle  av.  J.-C. 

meut  antérieures  à  1 
niaine  dans  ces  pays 


%  4872'.  -  La 


quelquefois  deux 


oreillettes  latérales 


■ampe  romaine,  i"  siècle  ap.  J.-C. 

Jécore ni  le  bord  du  récipient  à  droite  et  à  gauche. 

B.  Lampe  à  récipient  rond,  muni  d’une  anse  en  forme 

d’anneau  ;  le  bec  est 
court  et  rond  (fig. 
4573). 

C.  Lampe  de  basse 
époque,  dite  chré¬ 
tienne;  le  récipient 
est  de  forme  presque 
ovale  ;  il  est  muni,  à 
la  place  de  l’anse, 
d’un  petit  manche 
plein  et  pointu  ;  le 
bec  plus  ou  moins 
allongé  est  arrondi 
et  sans  ornement 
(fig.  4574)  3. 

A  ces  formes  extrê¬ 
mement  courantes  de 
la  lampe  commune  à 
un  seul  bec,  il  faut 


‘  e-  «73.  _  | 


Encore 


"|H~  romai»«i  il*  siècle  ap.  J.-C. 


e  ajouter  les 


V1*  eianclièro  p|  , , 
~!Cf. Lato  01  c,aucklor,  ( 
.®*nch6re  et  Gauckle 


lampes  dont  le  récipient  était  sur- 


i  —  “'«neffie  et  r=.  i,  C  '  n<”  lïetsuiv.;  pl.  xxxiv,  n°!  17,  18. 

'I"'!  du  Mmiie  g  .  ‘  cr ’  P-  150-153,  pl.  xxxiv  et  xxxv  ;  Delattre,  Les  lampes 

PWL  P'  cl  s.  TlT\de  Carl'^  P-  7  et  ;  C.  inscr.  lat.  XV,  t.  II, 
*  Marlio-nv  ....  . . 


.y1-?  i'*  •  a.  ,  i nsev.  i 

arl,>y,  Dict.  des  anliq.  chrétiennes , 


2«  èd  \  87 


monté  d’une  sorte  d’entonnoir  adhérent  (fig.  4575)  ;  il  est 
probable  qu’elles  sont  de  très  basse  époque  ;  en  Afrique, 
elles  étaient  sans  doute  contemporaines  de  l’invasion 
arabe,  puisque  beaucoup  d’entre  elles  sont  décorées  du 


Fig.  4574.  —  Lampe  chrétienne. 


vernis  vert  brillant,  caractéristique  des  poteries  modernes 
de  Nabeul 4. 

Ces  lampes  ordinaires,  munies  d’un  bec  unique,  ne 
pouvaient  pas  fournir  une  bien  vive  lumière.  De 
très  bonne  heure,  on  s’efforça  de  remédier  à  cet  inconvé¬ 
nient;  on  doubla  la  lumière  en  donnant  deux  becs  à  la 
lampe.  La  lampe  primitive  en  forme  d’écuelle  témoigne 
déjà  de  ce  progrès.  Au  lieu  de  pincer  le  bord  de  l’écuelle  en 
un  seul  endroit,  on  le  pinça 
en  deux  points  voisins,  et 
l’on  obtint  ainsi  deux  becs 
au  lieu  d’un  (fig.  4576). 

Cette  forme  est  même  la 
forme  habituelle  des  lam¬ 
pes  bornées  dans  les  né-  Fig.  4575.  —  Lampe  à  entonnoir, 
cropoles  puniques  les  plus 

anciennes,  en  particulier  à  Carthage  b.  Le  Xéyvoç  81'p.uljoç 
îles  Grecs,  la  bilychnis  des  Latins  était  dès  lors  inventée. 
Elle  se  transforma  progressivement  comme  la  lampe  à 
un  seul  bec;  on  ferma  d’abord  le  récipient,  comme  le 
montre  la  fig.  4577  6  ;  puis  on  en  arriva  à  la  bilychnis  de 


Fig.  4570. 


Fig.  4577 


Lampes  puniques  à  deux  becs. 


l’époque  romaine,  dont  le  plus  souvent  les  deux  becs 
étaient  très  allongés  et  quelquefois  très  ornés.  La  même 
forme  subsista  pendant  la  période  chrétienne;  mais  elle 
fut  moins  décorée  et  perdit  de  son  élégance.  On  ne  s’arrêta 
pas  à  la  bilychnis  ;  on  fit  des  lampes  à  trois,  à  quatre  ou  un 
plus  grand  nombre  de  becs.  Parfois  les  deux  becs  d’une 
bilychnis,  au  lieu  d’être  voisins,  étaient  très  écartés  ou 
même  placés  aux  deux  extrémités  opposées  de  la  lampe 
(voir  fig.  4593,  4594,  4610).  Les  lampes  à  deux  ou  plusieurs 


p.  420;  cf.  p.  340,  400,  407,  771.  —  4  La  Blanchère  et  Gauckler,  O.  I.  p.  153, 
n“  52  ;  p.  154,  il01  53,  54,  55.  —  0  Delattre,  O.  I.  p.  1-2.  —  0  La  Blanchère 
et  Gauckler,  O.  I.  p.  140,  u°  2;  cf.  Delattre,  La  nécropole  punique  voisine  de  la 
colline  de  Sainte  Monique,  p.  8,  fig.  11. 


LUC 


LUC 


—  1324  — 


becssonl  parfois  munies  d'un  ornement,  que  ne  possèdent 

pas  les  lampes  communes 
à  un  seul  bec;  au-dessus  de 
l’anse,  s’élève  un  manche 
tantôt  triangulaire,  tautôt 
en  forme  de  croissant  (voir 
lig.  4593  à  4593).  Quand  le 
nombre  des  becs  était  con¬ 
sidérable,  ils  formaient 
pour  ainsi  dire  couronne 
autour  du  récipient,  soit 
que  ce  récipient  fût  destiné 
il  être  posé,  soit  qu’il  fût 
garni  d’anneaux  ou  de  cro¬ 
chets  pour  être  suspendu. 
Une  lampe  en  bronze  du 
musée  de  Naples  ‘,  de  style 
très  ancien  et  qui  rappelle 
les  poteries  noires  étrus- 
Fig.  4578.  —  Lampe  circulaire  à  trois  pieds.  qu6S  (flg.  4578),  Se  COmpOSO 

d’une  cuve  cylindrique  au¬ 
tour  de  laquelle  les  becs  sont  distribués;  l’un  deux,  en 


Fig.  4579.  —  Lampe  circulaire  suspendue. 


avant,  est  modelé  en  tète  humaine.  Au  milieu  du  bassin 

1  Mils.  Borb.  XV,  pl.  xxu.  —  2  Ant.  d’Ercol.  Y11I,  p.  127.  —  3  Musée  du 
Louvre,  Salle  des  terres  cuites  (de  Smyrnc)  ;  Mus.  Britannique,  Birch,  O.  I.  Il,  p.  275  ; 
Mus.  de  Dresde,  Jahrbuch  d.  arch.  Inst.  1889,  p.  170.  —  4  Ant.  d’Ercol.  VIII, 
pl.  xm  ;  Coll.  Sabouroff \  pl.  lxxy.  —  5  Overbeck,  Pompci ,  4e  éd.  fig.  231.  —  6  Ant. 
d'Erc.  VIII,  pl.  v.  —  7  Ch.  Bigot,  L.  c.  p.  3G.  —  8  Au  Louvre,  terres  cuites  de 
Tarse.  —  y  Ibid.  —  10  Monlfaucon  L’antiq.  expliquée ,  t.  V,  2®  part.  pl.  clxxvi; 


une  colonnette  sert  de  manche;  son  chapiteau  porte  une 
figure  de  Sirène,  au-dessus  de  laquelle  une  lige  à  tète 
de  serpent  se  replie  en  crochet;  le  fond,  plat,  s'appuie 
sur  trois  pieds  à  griffes.  La  plupart  des  lampes  circu¬ 
laires  à  plusieurs  becs  devaient  être  suspendues  et  pour 
cela  étaient  munies  d’anneaux,  de  chaînettes  ou  de 
tringles  comme  celle  qu’on  voit  (lig.  4579)  qui  a  neuf 
lumières  2. 

La  forme  générale  des  lampes  dérivait  donc  de  la 
forme  circulaire  de  l’écuelle  primitive  ;  les  lampes  com¬ 
munes  ne  s’en  écartent  pas  sensiblement;  même  les  plus 
grossières  en  gardent  toujours  quelque  chose.  Les 
lampes  de  forme  rectangulaire  sont  rares.  Il  en  existe 
pourtant  qui  sont  carrées 3  ou  oblongues,  comme  celle  du 
musée  de  Naples  (lig.  4580)  qui  a  seize  becs  rangés  sur 


les  deux  côtés  d’une  sorte  de  nacelle*;  d’autres  coniques, 
allongées  en  biberon 5,  contournées  en  croissant6.  La  fan¬ 
taisie  des  artisans  grecs  et  romains  ne  s’en  tint  point  là; 
elle  donna  aux  lampes  de  terre  cuite  et  de  bronze  les 
formes  les  plus  variées,  les  plus  originales  sans  doute, 
ces  formes  sont  exceptionnelles,  mais  elles  témoi¬ 
gnent  de  la  fertilité  d’invention  des  ouvriers  anciens,  en 
même  temps  que  de  l’habileté  avec  laquelle  ils  surent 
adapter  les  types  les  plus 
divers  à  la  destination 
propre  et  aux  nécessités 
pratiques  de  la  lampe. 

Quelques  lampes  sem¬ 
blent  être  de  véritables 
statuettes:  cette  divinité 
assise  à  demi  vêtue  d’une 
chlamyde  ’,  cette  Vic¬ 
toire  égorgeant  un  tau-  mi . 

reau  8,  cet  Éros  moitié  Fig.  458 1.  —  Lampe  grecque  U'argile. 
assis  moitié  couché  9,  ce 

Silène  sur  son  outre  10,  ce  Triton  qui  tient  une  rame  de 
la  main  gauche11,  cet  enfant  endormi  sur  un  lit  de  repos 
(fig.  4581)  12,  ce  potier  qui,  de  son 
soufflet,  ranime  ou  avive  son  feu  13 
[follis,  fig.  3133,  3134],  ce  sont  des 
lampes.  Bien  souvent  aussi,  les  lampes 
avaient  la  forme  d’une  tête  ;  tête  de  Ju¬ 
piter  Ammon  u,  de  Silène16,  de  Pan  l6, 
de  Faune”  ;  tètes  plus  ou  moins  gro¬ 
tesques  de  nègres  et  d’esclaves 1S.  Le 
disque  supérieur  était  parfois  remplacé 
par  un  masque  comique  (fig.  4582) 19. 

Dans  ces  lampes,  tantôt  le  bec  est  formé  par  la  lèvre 
inférieure  proéminente,  tantôt  il  est  placé  au  bout  du 


Fig.  4582. 


cf.  pl.  gui.  —  11  Bull,  com un.  1876,  p.  228,  n.  63.  —  12  Stackclberg,  Die  Cracher 
der  Bellenen ,  pl.  lu,  n!  2.  —  13  Monlfaucon,  L.  c.  pl.  cl.  —  u  Corp.  tnscr.  « -, 
XV,  2®  pari.  t.  I,  n°  6701.  —  13  N.  6513.  —  16  Bull,  comun.  1878,  p.  296,  n.  -- 
—  i<  Au  Louvre  (salle  des  bronzes).  —  18  Mus.  Borbon.  t.  MI»  pl*  x'  >  Montfauco 
L.  c.  pl.  cxlii,  clxxvii.  —  19  Au  Louvre  (salle  des  vases  à  reliefs  trouvés  en  a  ic  , 
salle  des  terres  cuites  de  Smyrnc). 


LUC 


—  1325  — 


l'orifice,  par  lequel  on  versait  l’huile,  est 
nienlc'|1',  ;u  sommet  du  crâne.  Avec  la  tête,  c’est  le  pied 
t  toutes  les  parties  du  corps,  a  été  le  plus  sou- 
l11"  imité  par  les  fabricants  de  lampes;  plusieurs  lampes 
vent  11111  en  terre  cuite  et  en  bronze  ont  la 

forme  d’un  pied  humain(fig. 4583) 
chaussé  de  la  crépide,  ou  san¬ 
dale  à  courroies  [crepida]  1  ;  par¬ 
fois  deux  pieds  sont  accolés  2  ; 
le  bec  se  trouve  placé  soit  sur  le 
gros  orteil,  soit  tout  près  de  lui. 
Les  lampes  en  forme  d’animaux 
sont  aussi  très  fréquentes  :  oiseau  3  (fig.  4584),  chien  \ 
cheval",  chameau  accroupi 6  (fig.  4585),  éléphant  \  tigre  », 


Fig.  4584. 


Lampes  de  bronze. 


Fig.  4585. 


rat9,  grenouille10,  tortue11,  escargot  12  (fig.  4586); 
tels  furent  les  types  empruntés  par  les  fabricants  au 

règne  animal.  Nous  pouvons 
y  joindre  les  lampes  qui 
représentent  soit  un  mufle, 
soit  une  tête  entière  de  tau¬ 
reau13.  Signalons  enfin  quel¬ 
ques  lampes  en  forme  de 
barque  11  (fig-  4587  ),  de 
pomme  de  pinIB,  de  casque 
de  gladiateur 1 6,  de  croissant  n,  de  corne  d’abondance18, 


;.  4586.  —  Lampe  d’argile. 


d'édicule  ornée  de  colonnes 


ioniques  19.  11  semble 


Fig.  4587.  —  Lampe  de  bronze. 


plin'l  i 1  lorme’  s'  ‘-■fi‘angc  fût-elle,  n’ait  paru  inap- 

j.1  '!  ll01h  *orme  même  des  lampes,  la  décoration 
en  f n  6S  I'nr'®es-  Déjà  sur  les  lampes  primitives 
trani!"i  '  mie^esi  les  potiers  phéniciens  ou  puniques 
noire  ^  lJ'nceau  <*es  bandes  de  couleur  brune  ou 
vée  à  (  î  '"U  lamPe  en  bronze  de  même  forme,  trou- 
’lP'e,  est  ornée  d’une  palmelte  21.  Les  lampes 

P'- c;  Musée  du  |,o„  !  [  "  de  ^  Blbl.  nnt.,  n.  1084;  Caylus,  Bec.  d'ant.,  IV, 
l;  v.2-  pari.  pl  csi'rc'  'ongP*fier,  Notice  des  br.,  749,  750;  Montfaucon,  O.  c. 
pnsUnlino,  olc  ;  CJ-  laL  xv-  2'  pari.  t.  1.  n.  6287;  Musée  de 

y'iefs  trouvés  en  ||a|-  *  c.  p.  30.  Au  Louvre  (salle  des  vases  à 

„'£p-  3C;  Anl-  diErcoT  ,3  vn,L°:,Vre  (Sa"C  ‘leS  bronzesb  Ch- 
i  Ch.  Bisrol  n  ’  ■’  '  ’  P'  xxv"’  ”•  2;  Motizie  d.  scavi,  1888, 

11  iT'  A“  '-ouvre  (salle  P'  ~  “  Montfaucon’  °-  «•  l-  v.  ^  P*rt. 

f  ;  ™°"Utuieon,  O  ,  §  br0Dzes)-  -  6  Au  Louvre  (salle  des  bronzes). 

r.  507  T  8  mL  1,1  ■  —  -  9  Birch,  Bist.  of  anc. 

'  U  ^enchère  Pi  p,  ,7  ''  at"  XV’  ParL  U  n-  e33i-  —  11  Ibid.  6393. 
.  XXXV|.  n.  485  ;  A.nt  7"r  'ep’  Catal-  du  Musée  Alaoni,  p.  193.  n.  485  ; 
ï  c36:  Ü  *  Vm’  PK  à  la  p-  29fi-  -  «  Ch.  Bigot.  toc. 

'  0n"n-  *  P  '  XXXV,,,i  C •  fat-  XV,  2*  pari.  t.  I,  n.  6739; 

V.  >n-1ls;  Montfaucon,  Op.  vit.  pl.  cxr.v.  —  14  De 


LUC 


grecques  que  l’on  peut  considérer  comme  les  plus 
anciennes  se  distinguent  surtout  par  leur  couverte  noire, 
d  ,,n  brillant  métallique 22.  Il  semble  que  les  ornements  en 
relief  n  aient  apparu  qu’assez  tard.  Dans  l’Afrique  du 
Nord,  où,  grâce  <\  des  fouilles  très  méthodiques,  nous  pou¬ 
vons  plus  facilement  peut-être  qu’ailleurs  suivre,  dans  son 
évolution  chronologique,  le  développement  de  la  lampe, 
les  premiers  reliefs  ne  se  montrent  que  vers  le  milieu 
du  second  siècle  avant  Père  chrétienne.  Des  nécropoles 
de  Carthage  et  de  Lamta  sont  en  effet  sorties  deux  séries 


de  lampes  à  reliefs,  qui  peuvent  être  datées  approxima¬ 
tivement.  La  première  série  se  compose  de  lampes  ron¬ 
des,  sans  anse,  à  bec  bien  détaché,  en  terre  jaunâtre  non 
vernissée;  par  leur  forme,  ces  lampes  rappellent  exacte¬ 
ment  les  lampes  grecques  couverte  noire  très  brillante. 
Le  disque  est  orné  de  reliefs  représentant  divers  motifs 
très  simples,  un  cippe  ou  un  autel  torse,  entre  une 
pomme  de  pin  et  une  grenade 
(fig.  4588),  un  caducée  entre  deux 
palmes,  une  corbeille  remplie  de 
fruits,  une  laie,  une  vache,  une 
œnochoé,  etc.  Ce  qui  caractérise  ces 
lampes,  c’est  qu’elles  portent  pres¬ 
que  toutes  l’image  dite  de  Tanit, 
soit  en  relief,  soit  gravée  à  la 
pointe  dans  l’argile  avant  la  cuis¬ 
son  :  le  plus  souvent  cette  image 
décore  le  bec;  quelquefois  elle 
occupe  le  centre  du  disque.  Les 
lampes  de  cette  série  ont  été  trou¬ 
vées,  les  unes  dans  un  puits  funé- 


Fig.  4588.  —  Lampe  de  Car¬ 
thage.  i;«  siècle  av.  J.-C. 


raire  voisin  de  la  nécropole  punique  de  Bordj  Djedid,  les 
autres  au  fond  du  cimetière  des  Officiales  ;  le  P.  De¬ 
lattre,  qui  les  a  toutes  recueillies,  estime  qu  elles  «  four¬ 
nissent  de  précieux  points  de  contact  entre  la  période 
punique  et  la  période  romaine  à  Carthage  23  ».  La  se¬ 
conde  série  se  compose  surtout  de  lampes  dites  del- 
phiniformes,  qui  proviennent  des  nécropoles  de  Lamta, 
de  Béjà,  de  Bulla  Regia.  Le  disque  est  décoré  d’un 
cercle  d’oves,  de  rameaux  garnis  de  feuilles,  de  rin¬ 
ceaux  (p.  1323,  fig.  4572)  ;  à  l’origine  du  bec,  se  voient 
souvent  deux  tètes  de  cygne  ou  d’ibis  adossées21.  Les 
lampes  de  cette  série  ne  sont  pas  antérieures  au  Ier  siècle 
av.  J.-C.  Dressel  assigne  la  même  date  aux  lampes  de 
forme  analogue,  décorées,  elles  aussi,  de  rameaux  (lierre, 
pampres,  etc.),  qui  ont  été  découvertes  à  Rome  ou  dans 
les  environs  26. 

A  partir  de  l’ère  chrétienne  et  pendant  toute  la  période 
de  l’Empire,  les  fabricants  de  lampes  se  plurent  à  décorer 
de  motifs  en  relief  leurs  produits,  même  les  plus  simples. 
Ce  fut  le  disque  supérieur  de  la  lampe  qui  leur  servit  sur¬ 
tout  de  champ;  là,  ils  placèrent  les  sujets  les  plus  variés. 


Ridder,  Catal.  des  bronzes  trouvés  sur  V Acropole,  I,  p.  139,  n»  425,  fig.  95  ; 
voir  plus  haut,  fig.  4580  ;  S.  Bartoli,  Ant.  lucerne,  III,  pl.  xxxi;  Bull,  comun. 
1887,  p.  362,  n»  5;  Not.  d.  scavi,  1887,  p.  427.  —  15  C.  i.  lat.  XV,  2e  part.  t.  I, 
n.  6350  et  6387;  Bull,  comun.  1876,  p.  228,  n.  71.  —  10  C.  i.  lat.  XV,  2e  part, 
t.  I,  n.  0450;  Bull.  comu».  1875,  p.  255,  n.  03.  —  17  Anti.  di  Ercol.,  t.  VIII 
pl.  v,  u.  4;  T.  ».  lat.  XV,  2e  part.  1. 1,  n.  6627  ;  Bull,  comun.  4877,  p.  279,  n.  35. 

—  18  Bull,  comun.  I8S2,  p.  203-204,  pl.  xxn.  —  19  Di  Cesuola,  Cyprus,  p.  157. 

—  20  Delattre,  Lampes  ant.  du  Musée  de  Carthage ,  p.  2.  —  21  Olmcfalscli- 
Richter,  Cyprus ,  p.  370,  n.  1.  —  22  ,4>m.  rf.  /Snt.  1880,  p.  325-320.  —  43  Delallrc, 
Hernie  arch.  1898,  t.  XXXIII,  p.  80;  cf.  Musée  Lavigerie  de  Saint-Louis  de  Car¬ 
thage,  II,  p.  58,  pl.  xv,  il.  3;  La  Blan chère  et  Gauckler,  Catal.  du  Musée  Alaoui, 
p.  148,  n»  13.  —  24  La  Blanchère  el  Gauckler,  O.  c.  p.  156,  n0’  74-81  ;  pl.  XXXIV, 
n”5  17-18;  Bull.  arch.  du  Comité ,  1897.  p.  302-303.  —  25  C.  i.  lat.  XV,  2*  pari, 
t.  I,  p.  782-783. 


167 


LUC 


Autour  du  sujet  central,  ils  ménagèrent  souvent,  sur  le 
pourtour  du  disque,  une  zone  qu'ils  remplirent  de  feuil¬ 
lage  ou  de  motifs  décoratifs  ;  ils  voulurent  donner  au  bec 
le  plus  d’élégance  possible;  ils  traitèrent  de  même  le 
manche,  et  le  petit  couvercle  en  métal  ou  en  argile  des¬ 
tiné  a  couvrir  1  infundibulum  :  en  un  mot,  ils  appliquè¬ 
rent  a  tous  les  éléments  de  la  lampe  les  ressources  de 
leur  génie  inventif. 

Les  sujets  moulés  en  relief  sur  le  disque  des  lampes 
d  argile  sont  d  une  infinie  variété*.  La  mythologie  y  tient 
une  très  grande  place  :  il  n'est  pour  ainsi  dire  aucune 
des  grandes  divinités  du  monde  gréco-romain  qui  ne  s’y 
trouve  représentée  :  Jupiter,  tantôt  assis  sur  son  trône, 
le  sceptre  en  main,  tantôt  accompagné  de  l’aigle,  qui 
tient  le  foudre  dans  ses  serres;  Junon;  Apollon,  sous 
les  traits  du  dieu  citharède  ;  Diane  chasseresse,  avec 
son  arc  et  son  carquois,  ou  montée  sur  son  char  traîné 
par  des  cerfs  ;  Mercure,  en  pied  ou  en  buste,  entouré 
de  ses  attributs,  caducée,  bourse,  coq,  bélier,  tortue; 
Minerve,  casquée,  la  poitrine  couverte  de  l’égide,  armée 
de  la  lance  et  du  bouclier,  ayant  parfois  la  chouette  au¬ 
près  delle;  Mars;  Vénus  et  l'Amour;  Cérès  sur  un  char 
attelé  de  deux  dragons;  les  divinités  marines,  Neptune, 
Amphitrite,  avec  leur  cortège  de  Tritons  et  de  Néréides, 
Scylla  ;  les  divinités  infernales,  Pluton,  Proserpine  et 
le  chien  Cerbère  ;  Bacchus  et  son  thiase,  Satyres,  Silènes 
et  Ménades;  Esculape,  Ilygie,  Pan  et  Echo  (fig.  2595); 
puis,  non  moins  fréquents,  les  demi-dieux  et  les  héros, 
Castor  et  Pollux,  Hercule,  Bellérophon,  Persée,  et  ces 
êtres  légendaires,  de  nature  mixte,  inventés  ou  du  moins 
vivifiés  par  l’imagination  des  Grecs,  Centaures,  Ama¬ 
zones,  etc. 

A  la  religion  proprement  romaine,  sont  empruntées 
d’abord  la  Triade  Capitoline,  puis  quelques  divinités 
allégoriques  qui  jouèrent  un  grand  rôle  à  l’époque  impé¬ 
riale,  la  Victoire,  la  Fortune,  la  déesse  Roma,  le  Génie  de 
Rome  ou  d’Auguste.  L’Orient  fournit  aux  fabricants  de 
lampes  les  images  de  Sérapis  coiffé  du  modius,  d’Isis  au 
front  orné  d’une  fleur  de  lotus,  d’Anubis  cynocéphale, 
d’IIarpocrate  ;  de  Cybèle  trônant  entre  deux  lions,  cou¬ 
ronnée  de  tours,  ou  encore  traînée  sur  un  char  attelé  de 
lions;  d'Attys,  de  Marsyas  ;  du  dieu  Sol,  la  tête  radiée; 
de  la  déesse  Luna,  posée  sur  un  croissant  de  lune.  Ce 
ne  fut  pas  seulement  par  leurs  images  que  ces  dieux,  ces 
déesses,  ces  héros  figurèrent  dans  la  décoration  des  lam¬ 
pes  :  ce  fut  aussi  par  leurs  légendes,  leurs  emblèmes,  leurs 
attributs.  Ganymède  enlevé  par  l’aigle,  Léda  et  le  cygne, 
Europe  assise  sur  le  taureau,  rappellent  les  aventures 
mythiques  de  Jupiter;  le  sommeil  d’Endymion  est  un  des 
épisodes  de  la  légende  de  Diane  ;  parmi  les  travaux 
d'IIercule,  la  victoire  du  héros  sur  l’hydre  de  Lerne,  la 
capture  du  sanglier  d’Ërymanthe,  de  la  biche  aux  pieds 
d’airain,  de  Cerbère  ;  dans  le  mythe  de  Persée,  la  délivrance 
d'Andromède,  la  mort  de  la  Gorgone,  étaient  quelques- 
uns  des  sujets  favoris  que  les  potiers  représentaient  sur 
les  lampes.  D’autre  part,  l’aigle  posé  sur  le  foudre,  les 
dauphins  croisés  sur  une  rame  ou  sur  un  trident,  le 
canthare  d’où  émergent  des  rameaux  de  vigne,  la  massue 

1  La  plupart  de  ces  sujets  se  trouvant  répétés  sur  de  nombreuses  lampes, 
il  ne  nous  paraît  pas  nécessaire  d'indiquer  pour  chacun  d'eux  des  références 
spéciales.  Voir  les  catalogues  de  lampes,  en  particulier  dans  Birch,  Hist. 
of  anc.  pottery,  2e  éd,  p.  510  et  suiv.  ;  C.  i.  lat.  XV,  2"  part.  t.  I,  p.  781 
et  s.;  F.  Kenner,  Die  ant.  Thonlampen  des  Münz  und  Antik.  Cabinets  Wien.; 
Wieseler,  Ueber  die  Kestnersche  Sammlung  v.  ant.  Lampen  ;  La  Blanchère  et 


326  - 


LUC 


et  le  vase  à  boire  ou  scyphos,  ne  peuvent  A, 
attributs  ou  des  emblèmes  de  Junite..  i  „  ^  des 

—  -  ,  do  j\0 


^‘guerre  de  Troie 


5plune,  de 
n’est 


y  VOlt  1(-‘  Jugement  je' 


Bacchus,  d’IIercule.  Le  cycle  de 
pas  absent  de  nos  lampes  :  on 
Paris,  le  rapt  du  Palladium  par  Ulysse  m  n 
mort  d’Hector,  Achille  traînant  le  cadavre  d'n  '(°mède’ 
de  Troie,  la  fuite  d’Enée  ;  VOdyssée  y  est  °P  aul0llf 
par  plusieurs  épisodes  :  Ulysse  et  les  Sirène 
Circé,  Ulysse  chez  Polyphème.  Les  légendes'l 
ont  fourni  les  deux  motifs  du  Sphinx  et  d’Olùli  ,  '<'!'Uennes 
Sphinx,  peut-être  aussi  celui  du  taureau  de  Dh-C  eVanl b 

Beaucoup  plus  rares  sont  les  sujets  (ritlD  '•  . 
historique  ou  sP||,ation 

purement  litté¬ 
raire.  Quelques 
bustes,  peu  ca¬ 
ractérisés,  re¬ 
présentent  -  ils 
des  empereurs 
ou  des  impéra¬ 
trices?  On  ne 
saurait  l'affir¬ 
mer.  Sur  une 
lampe,  on  re¬ 
connaît  Dio  - 
gène  et  son  pi- 
tlios 2  ;  sur  une 
autre,  l’épisode 
bien  connu  d’A¬ 
lexandre  et  de 
Diogène3  ;  sur 
une  autre  en¬ 
core,  Romulus 
et  Remus  allai¬ 
tés  par  la  Lou¬ 
ve4.  Mais  ce  ne  sont  pas  là  des  motifs  proprement 
historiques;  les  premiers  sont  anecdotiques  ;  le  dernier 
est  plutôt  mythologique,  tout  au  moins  légendaire.  La 
littérature  semble  de  même  avoir  été  une  source  bien 
faible  d’inspiration.  L’inscription  Tityrus,  qui  se  lit  sur 
une  lampe  représentant  une  scène  pastorale  S  indique 
que  le  sujet  moulé  n’est  que  l’illustration  de  1  églogue 
virgilienne  (fig.  4589)  ;  c’est  peut-être  la  fable  le  Renard 
et  le  Corbeau ,  déjà  contée  par  Esope,  qui  se  trouve 
représentée  sur  une  lampe  trouvée  en  Suisse,  à  bn 
donissa  6. 

Avec  la  mythologie,  c’est  la  vie  el  la  nature  qul 
tiennent  le  plus  de  place  dans  la  décoration  des 
Les  sujets  de  genre  ne  sont  pas  moins  nombreux  qui 
scènes  mythologiques.  Parfois  des  Amours  ou  des 1,1  nl 
ailés  remplacent  les  personnages  réels  ;  niais 
souvent  les  motifs  sont  copiés  directement  sm  lu 
Il  faut  citer  en  première  ligne  tout  ce  qui  1  ' ' *  '  wX 
à  l’amphithéâtre,  au  cirque,  au  théâtre,  aux  ■* '  " ^ ’  jans 
courses,  aux  combats  :  gladiateurs  de  toute 
toutes  les  postures,  luttes  de  bestiaires  conin 
maux  sauvages,  combats  de  bêtes  féroces  1  n  , 
vues  du  cirque  [circus,  fig.  1534],  courses 

ta  i  u  es 

Gaucklcr,  Catal.  du  Musée  Alaoui,  p.  146  et  s.;  Delattre,  t""  1^ 

vées  à  Carthage  (Extrait  des  Compt.  rendus  de  lAcadnim  ^  ^  ^  .  /al.  VU 

M.  Besnicr  et  P.  Blanchet,  Collect.  Farges ,  p.  I8  e*  s’  clC.'  j[usée  d'1 

2’  part.  t.  I,  n»  6238.  •—  3  Bircli,  O.  c.  p.  135.  —  Ibid.  —  a„s  l 

vre  ;  cf.  C.  i.  lat.  XV,  2'  pari.  t.  I,  il.  6240.  —  G  0.  Jal"1- 

nissa.  pl.  iv,  9. 


Lampe  romaine  d’argile. 


LUC 


—  1327  — 


LUC 


q.i 


aciriges, 


Fi:.  4590.  —  Lampe  romaine  d'argile. 


,ochers  ou  chevaux  vainqueurs;  acteurs, 
•omiques  011  tragiques,  combats  de  coqs,  coqs 
®asqll,S  "  Fréquentes  aussi  sont  les  scènes  de 
^inqueur^  eg  rurales,  leg  gc5nes  de  pèche,  les  repré- 
cliasse,  1  * 1  sentations  de  ba¬ 

teaux,  les  scènes 
de  la  vie  domes¬ 
tique,  qui  nous 
montrent  des  es¬ 
claves  allant  et  ve¬ 
nant,  des  femmes 
autour  d’un  bas¬ 
sin  ;  signalons  en¬ 
core  les  motifs 
suivants:  un  bou¬ 
cher  dépeçant  un 
animal  suspendu 
à  un  arbre  *,  un 
bateleur  faisant 
grimper  un  chien 
à  une  échelle2  (t.  I, 
fi  g.  45),  un  cha¬ 
melier  conduisant 
un  chameau  à 
l’aide  d’une  longe  3,  un  paysan  vendant  un  porc,  etc. 
Quelques  sujets  sont  empruntés  à  la  vie  du  soldat  :  sur 
une  lampe  trouvée  en  Afrique,  on  voit  un  militaire  fai¬ 
sant  le  salut  à  un  officier  qui  passe  devant  lui  à  cheval  et 
qui  parait  lui  donner  un  ordre4  (fig.  4590).  Les  scènes 
érotiques  et  obscènes  sont  fréquentes 6. 
t  Les  animaux,  les  plantes,  les  objets  usuels  ont  été 
figurés  à  l’envi  :  parmi  les  animaux,  les  éléphants,  les 
lions,  les  tigres,  les  béliers,  les  chèvres,  les  brebis,  les 
chiens,  les  sangliers,  les  oiseaux  et  les  poissons  de  toutes 
sortes;  parmi  les  plantes,  les  palmes,  les  feuilles  de 
chêne, les  rameaux  de  vigne;  parmi  les  objets  usuels,  les 
vases,  en  particulier  les  amphores  et  les  canthares,  les 
corbeilles  remplies  de  fruits.  Les  petits  autels  domes¬ 
tiques,  les  torches,  les  cornes  d’abondance,  les  croissants 
de  lune  accompagnés  ou  non  d’étoiles  sont  aussi  très 
fréquents.  Enfin,  beaucoup  de  lampes  sont  simplement 
décorées  d’ornements  géométriques,  tels  que  rosaces, 
stries  en  relief  rectilignes  ou  courbes,  cercles  en  relief.  La 
décoration  de  ces  ustensiles  communs  embrassait  ainsi 
es  sujets  et  les  motifs  les  plus  variés,  depuis  les  scènes 
plusieurs  personnages  et  les  vues  d’édifices  tels  que  les 
cirques  et  les  amphithéâtres  jusqu’aux  simples  lignes 
roites  et  courbes.  Tantôt  ces  sujets  et  ces  motifs  rem- 
f  l'Shen1'  disque  supérieur  tout  entier  ;  c’est  presque 


toujours  le 


cas  pour  les  lampes  sans  anse  ;  tantôt  au  con- 


ra!re  '*s  SOnt  comme  enfermés  dans  une  zone  circulaire 
ljU  0l.cuPe  tout  le  pourtour  de  la  lampe,  et  où  le  potier  a 
ennr  *■''  ^es  oves’  so*t  des  ornements  décoratifs 
guir!  U"i' S  aU  r^ne  V(%étal,  pampres,  branches  de  chêne, 
pour  i!'  *]  ^'nS  °U  Pa^mes:  c  est  Ie  cas  très  souvent 
d’an 1 1 1 'i n  '  UUPes  munies  d’une  petite  anse  en  forme 
vérihl'l  !  ’• <  <  t,e  ZOne  est  toujours  ménagée  et  prend  une 
"nportance  dans  les  lampes  chrétiennes. 

~"1  C-  '•  Itf.'xv  i,,.Pïrt'  l'  ',n-  c718-— 2«e»>.  arch.  1898,  t.  XXX1I1,  p.233,n.95. 
“"•Ul,  pi.  Vll  „  *,!u '•  C  L  n-  0221 . —  4  M.  Besnier  et  P.  Blanche),  O.  c.  p.  34, 

^Agincourt,  Fracm  '’lanc^re  Gauckler,  O.  c.  p.  171,  n»  223.  • —  5  Séroux 
."  6  Af,„.  Barbe,1,™',  ‘  f  SCUlpt-  en  terre  cuit»,  Pi-  xxvm  ;  Ch.  Bigot,  L.  c.  p.  41-42. 
hucon,  o.  (jiV  ’  pl-  x;  l-  IV,  pl.  xiv  ;  Ant.  di  Ercol.  t.  VIII,  pU  otu;  Mont- 
’  -  PWh  pl.  clxxv.  — 7  A  nt.  di  Ercol.  t.  VIII,  pl.  xxvi  ;  Mus.  Dorb. 


Fig.  4591.  —  Lampe  romaine  en  bronze. 


Il  est  assez  rare  que  le  disque  supérieur  des  lampes  en 
bronze  soit  orné  de  motifs  en  relief,  comme  le  disque  des 
lampes  d’argile.  Mais  les  bords  ou  les  flancs  du  récipient 
reçoivent  une  décoration  souvent  très  soignée,  constituée 
soit  par  des  palmettes  ou  des  feuilles,  soit  par  des  têtes 
humaines,  des  masques  scéniques,  des  mufles  d’animaux, 
disposés  autour  du  récipient0. 

Non  moins  que  le  disque  supérieur,  le  bec  de  la  lampe 
prête  à  l’ornementation.  Ici  des  volutes,  qui  ne  manquent 
ni  de  tinesse  ni  d’élégance,  rattachent  F  extrémité  du  bec 
à  la  circonférence  même  du  récipient;  parfois  ces  volutes 
se  terminent  en  têtes 
d’animaux,  de  loups, 
de  griffons,  de  coqs  ou 
de  chevaux1.  Là,  entre 
le  disque  et  le  trou  du 
bec,  est  posé  soit  un 
masque  scénique8,  soit 
un  Amour,  soit  un  vase, 
soit  un  animal  de  pe¬ 
tite  taille,  comme  un 
rat.  Dans  quelques 
lampes  en  bronze,  le  dessous  du  bec  est  décoré  de  feuilles 
d’acanthe  ou  de  palmettes9. 

Plus  encore  que  pourlebec,les  fabricantsdes  lampesanti- 
ques  se  sont  efforcés  de  donner  aux  anses  et  aux  manches 
des  formes  variées  et  artistiques.  Si  les  anses  des  lampes 
communes  sont  constituées  simplement  par  un  petit 
anneau,  dans  les  spécimens  de  choix  l’anse  prend  un  aspect 
plus  élégant.  Elle  se  développe,  s’élance  et  se  recourbe 
en  avant,  projetant  jusqu’au-dessus  delà  lampe  une  tète 
d’animal,  de  cheval  (fig.  4591), 
de  bélier,  de  tigre,  de  coq,  de 
cygne,  de  dauphin,  de  lion,  de 
taureau,  ou  encore  un  masque 
scénique10.  Fréquemmentaussi, 
l’anneau  simple  qui  sert  d’anse 
se  dissimule  derrière  un  man¬ 
che  de  proportionsrelativement 
considérables. Plusieurs  lampes 
en  terre  cuite,  surtout  des 
lampes  à  deux  ou  plusieurs 
becs,  possèdent  des  manches 
de  forme  triangulaire,  que 
décore  une  palmette(fig.  4592): 
à  la  base  de  la  palmette,  se 
trouvent  parfois  deux  dauphins 
affrontés,  ou  deux  oiseaux  qui 
picorent  des  grains11.  Sur  un  de 
ces  manches,  on  voit  l’épisode 

d’Ulysse  et  des  Sirènes12.  Ailleurs  le  manche  a  la  forme 
d’un  croissant  :  la  surface  du  croissant  est  ornée  de  mo¬ 
tifs  en  relief  tels  que  Jupiter  tenant  la  foudre  (fig.  4593) 13, 
ou  encore  trois  images  du  char  solaire,  montant,  de  face,  et 
descendant14  ;  il  n’est  pas  rare  qu’au-dessus  du  croissant 
se  détache  soit  un  buste,  par  exemple  celui  de  Sérapis,  soit 
un  oiseau  les  ailes  éployées,  soit  un  véritable  groupe.  Ail¬ 
leurs  le  manche  est  constitué  uniquement  par  un  buste 

t.  XIV,  pl.  i.v.  —  8  Ant.  di  Ercol.  t.  VIII,  pl.  xvi.  —  9  Mus.  Borbon.  1. 1,  pl.  x  ;  t.  IV, 
pl.  xiv.  —  10  Ib.,  VI,  pl.  xxx,  Ant.  di  Ercol.  t.  VIII,  pl.  xxxvm,  xxxix,  xl,  xli,  xi.ii  ; 
au  Louvre,  salle  des  bronzes.  —  *1  Ibid.  t.  VIII,  pl.  n,  ni,  v;  Mus.  Borbon.  t.  XII, 
pl.  xlvii  ;  La  Blanchère  et  Gauckler,  O.  c.  p.  192,  n##  473  et  s.  ;  Musée  Laid - 
gerie  de  Saint-Louis  de  Carthage ,  II,  p.  61 ,  pl.  xv  bis.  —  *2  Bull,  comun .,  1 886, 
p.  433,  n.  36.  —  13  Au  Louvre.  —  14  Passeri,  Lucern.  I,  pl.  lxxv. 


4592.  —  Lampe 
d’argile. 


1328  — 


ou  par  une  figure  isolée.  Quelquefois  enfin  celle  partie 
de  la  lampe  prend  un  développement  anormal  :  à  la  place 


Fig.  4593.  —  Lampe  romaine  d’argile. 


ou  en  avant  de  l’anse  s’élève  une  arcade,  sous  laquelle 
une  divinité,  Jupiter  (fig.  4594)  \  Minerve,  Cybèle,  la  For¬ 
tune  (fig.  4595) 2  est  assise  ou  debout 3.  Une  des  lampes 

publiées  par  S.  Bartoli 
présente,  comme  man¬ 
che,  un  appendice  rec¬ 
tangulaire  qui  figure 
un  lectisternium  [lecti- 
sternium,  p.  1011,  fig. 
4381  et  4382]  :  devant 
une  table  à  trois  pieds 
sont  à  demi  couchées 
sur  un  lit  quatre  divi¬ 
nités,  Sérapis,  Isis, 
Luna  et  peut-être  Sol4. 

Le  couvercle,  que 
l’on  plaçait  sur  Vinfun- 
dibulum,  ne  fut  pas  non 
plus  négligé.  On  a  con- 

Fig.  4594.  —  Lampe  romaine  d'argile.  Servé  peu  de  COUVerdeS 

de  ce  genre  en  terre 
cuite;  ceux  que  l’on  possède  représentent  en  général 
des  masques  scéniques  e.  Les  lampes  en  bronze  en  ont 
qui  s  enfoncent  dans  l’orifice  comme  un  bouchon  (plus 
haut,  fig.  4591)  ou  qui  se  rabattent  pour  le  fermer  comme 
le  couvercle  en  forme  de  coquille  de  la  lampe  repro¬ 
duite  (fig.  4596)  provenant  d’Éleusis6;  ils  étaient  parfois 
surmontés  de  véritables  statuettes  souvent  remarqua¬ 
bles  et  reproduisent  des  motifs  sans  doute  empruntés  à 
la  sculpture,  par  exemple  un  danseur  (fig.  4597)  ou  le 
groupe  connu  de  l'Enfant  à  l’oie  (fig.  4609)  7. 

Nous  avons  jusqu’à  présent  laissé  de  côté  avec  in¬ 
tention  les  sujets  qui  ornent  les  lampes  chrétiennes. 
Ils  forment  une  catégorie  bien  distincte  et  présentent 
un  caractère  spécial.  Ce  sont  eux  qui  justifient  le  mieux 
1  épithète  :  chrétiennes.  Les  sujets  sont  empruntés  soit 


*  Passeri,  Lucem.  I,  pl.  xxx.  —  2  Au  Louvre.  —  3  Montfaucon,  t.  V, 
"*  part.  pl.  cliii,  cliv,  clxvii.  —  VS.  Bartoli,  Lucem.  II,  pl.  xxxiv.  —  6  Par 
exemple,  au  Musée  du  Louvre,  salle  des  vases  à  reliefs  trouvés  en  Italie; 
Bull,  conutn.  1897,  p.  335,  n°  9.  —  6  Le  Bas,  Voyage  arch.  Mon.  figurés, 
PL  cvm-  —  7  Mus.  Borbon.  t.  I,  pl.  x;  t.  IV,  pl.  xiv  et  i.vui.  —  8  Parenteau, 
Essai  sur  les  poteries  ant.  de  l'ouest  de  la  France,  pi.  v  ;  Martigny,  liiet. 


à  la  Vie  du  Christ,  soit  à  l’Ancien  TV.i 
symbolique  chrétienne.  Ici  le  Christ  tt  ”1’  s&iU]a 
le  lion,  le  basilic  '  ld'SSe  1(i  serpenl 

et  le  dragon;  là 
il  se  tient  debout 
entre  deux  anges; 
ailleurs  nous  re¬ 
connaissons  Da¬ 
niel  au  milieu  des 
lions,  les  trois  jeu¬ 
nes  Hébreux  dans 
la  fournaise,  l’épi¬ 
sode  de  la  grappe 
deChanaan,  Jonas 
et  le  monstre  ma¬ 
rin,  Lazare  dans 
son  linceul;  voici 
l'agneau,  la  co¬ 
lombe,  le  vase,  le 
poisson, tous  sym¬ 
boles  chrétiens 
(fig.  4598)8  ;  voici 

des  croix  latines,  des  croix  grecques,  des  croix  patte 
souvent  décorées  de  petits  médaillons  où  l'on  disting, 
l’agneau  portant  la  croix;  voici  des  chrismes  de  divers 


Fig.  4595.  —  Lampe  romaiuc  de  bronze' 


époques,  monogrammes  simples,  monogrammes  cruci¬ 
formes,  monogrammes  constantiniens.  Le  pourtour  du 
disque,  dans  les  lampes  chrétiennes,  est  toujours  occupé 
par  une  zone  remplie  d’orne¬ 
ments  :  tantôt  ces  ornements 
sont  purement  géométriques, 
disques,  rosaces,  fleurons  ;  tan¬ 
tôt  ils  sont  nettement  chrétiens 
ou  symboliques,  comme  les 
têtes  des  douze  Apôtres,  les 
colombes,  les  poissons,  peut- 
être  aussi  les  cœurs9.  La  dé¬ 
coration  des  lampes  chrétien¬ 
nes  en  bronze  est  de  même 
religieuse  par  l’inspiration;  la 
croix  et  le  monogramme  y 
jouent  un  grand  rôle  ;  l’on  a 
pu,  sans  témérité,  voir  dans  un 
manche  de  lampe  qui  représen 


Fig.  4598 


.  —  Lampe  ornée  d'emble®* 
chrétiens. 


Uc  la  tête  d’un 

tenant  une  boule  dans  son  bec,  une  image  du  ")  ^.ui_ 
infernal  portant  dans  sa  bouche  la  pomme  du  p1 

,  lit-  i>- 

des  ant.  chrét.  2'  éd.  p.  772.  —  9  De  Rossi,  Borna  Sotteriani .  pe|atlre, 
et  s.  ;  La  Blanclièrc  et  Ciauckler,  O.  c.  p.  194  et  s.,  n  4  Saint-Lo"11 
Les  lampes  chrétiennes  de  Carthage-,  Musée  Lavigerte  1  '  Je> 
Carthage,  t.  III,  p.  32  et  s.,  pl.  vm-x.  —  10  Bull,  de  la 


France,  1899,  p.  2(12  et 
p.  209. 


3.,  NI,  >111-.*.  — 

;  cf.  Martin  et  Cahier,  Mélanges 


4  fol- 


1.  IV. 


Fig.  451)9 


59  _  Lampe  chrétienne  de 
bronze. 


[des  croix  ou 


Fig.  4600.  —  Lampe 
d’argile. 


sous  le  nom  de  lampe  du  grand-duc 
nc  lampe  c"“"jiiverle  à  Rome  au  siècle  dernier,  sym- 
.  Toscane,  < ,M  ];j  forme  d’une  barque  que  conduit 

saint  Pierre  ou  peut-être  Jé¬ 
sus  lui-même,  assis  au  gou¬ 
vernail  ;  un  autre  person¬ 
nage  se  tient  debout  à  la 
proue  dans  l’attitude  de  la 
prière  1 .  Comme  les  lampes 
de  l’époque  proprement 
païenne,  les  lampes  chré¬ 
tiennes  étaient  parfois  déco¬ 
rées,  en  avant  de  l’anse,  d’un 
ornement  qui  pouvait  ser¬ 
vir  de  manche  ;  la  forme 
en  était  généralement  cir- 
I.  re  Les  reliefs  qui  ornent  plusieurs  de  ces  disques 
Egalement  d’inspiration  chrétienne  :  ils  représentent 
des  monogrammes,  l’agneau  pascal,  le  pois¬ 
son,  etc.2  Parfois  ces  disques  sont 
évidés  (hg.  4599);  la  croix  ou  le 
monogramme  sont  alors  comme  dé¬ 
coupés  dans  la  terre  cuite  ou  le 
métal3.  Enfin  quelques  lampes  sont 
ornées  de  l’image  du  chandelier  à 
sept  branches  (fig.  4600),  motif 
d’origine  juive  et  qui  devint  chré¬ 
tien 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte 
que  les  fabricants  de  lampes,  pen¬ 
dant  plusieurs  siècles,  eurent  à  leur 
disposition  un  répertoire  vraiment  énorme  de  sujets,  de 
motifs,  de  ligures  extrêmement  variés.  Comment  ce  réper- 
tuireavail-ilété composé  ?Dans  quelle  mine, à  quelle  source 
fut-il  puisé?  Une  conclusion  scientifique  ne  pourra  être 
formulée  cpie  lorsqu’on  aura  retrouvé  l’origine  certaine 
d un  grand  nombre  de  ces  motifs.  Jusque-là,  il  faut  se 
borner  à  signaler  quelques  ressemblances  plus  ou  moins 
accentuées.  Par  exemple,  Bircli  a  déjà  remarqué  l’ana¬ 
logie  frappante  qui  existe  entre  le  sujet  relevé  sur 
quelques  lampes,  cle  la  Ménade  en  furie  portant  un 
[chevreau  à  demi  déchiré,  et  plusieurs  bas-reliefs  néo- 
ptiques,  qui  reproduisent  un  original  attribué  parfois  à 
Scopav’  ;  la  même  observation  a  été  faite  à  propos 
une  lampe  trouvée  à  Rome  6.  La  Victoire  debout  sur 
Pn  globe,  tenant  une  couronne  d’une  main  et  une  palme 
I  c  autre;  la  Fortune  ayant  comme  attributs  une  corne 

Bue 0.n^anCe  et  un  gouvernail  :  ces  deux  motifs,  si  fré- 
l^en  s  sur  les  lampes  antiques,  ont  été  certainement 
ppas  *  après  des  œuvres  de  la  statuaire.  Il  n’est  pas  non 
reconnaître  dans  les  motifs  de  Vénus 
uneivi]  d  Une  hydrie  et  de  Vénus  accroupie  devant 
des  a""11'  *le’  des  C0P*es>  lointaines  sans  doute,  à  cause 
CPpt,n "S'0ns  eb  de  l’imperfection  du  travail,  mais 
luYém  "  lM Pr°bables  de  la  Vénus  de  Praxitèle  et  de 
PPochor 1  louP*e  Daedalos.  Il  est  curieux  de  rap- 
en  faveur  n°tifde  ^'nerve  déposant  dans  l’urneson  vote 
,leste  4601),  traité  sur  plusieurs  lampes, 

.  S’  Uailoli,  O.  i  ni  ,i 

( 5  Rossi,  Bull.  ^  ’  P  •  Xxxu  î  Martin  et  Cahier,  O.  I.  III ,  pl.  i,  p.  15; 

-,  2  MUs  :  j  le°l‘  C1  i8^'  *^07  ;  Martigny,  Dict.  des  a nt.  ohrét.  au  mot 
«6linonle,  Not.  de  aV!9erir'  Ul>  P-  «  et  s.;  pl.  x  (n«  8-13).  —  3  Trouvés  à 
fc.  Bari^u  ,  '  1882-  §  32;  Duruy,  Hist.  des  Bomains,  t.  VII,  p.  540; 


«rloli,  Le 


a,llr  /«cerne ,  III,  pi. 


xxm,  xxiv'.  —  ’>  De  Kossi,  Borna  sot  ter. 


du  même  motif  reproduit  sur  une  gemme  et  sur  plusieurs 
bas-reliefs  [l.  I,  p.  398-399]  ;  la  ressemblance  présuppose 
un  original  commun.  Les  représentations  si  nombreuses 
de  gladiateurs  ont  pu 
être  empruntées  par 
les  fabricants  de  lam¬ 
pes  aux  fresques  ou 
aux  tableaux  que  les 
riches  magistrats  fai¬ 
saient  exécuter  pour 
conserver  le  souvenir 
des  jeux  qu’ils  avaient 
offerts  à  leurs  conci¬ 
toyens  7. 

Il  n’y  a,  au  point  de 
vue  artistique,  aucun 
parallèle  à  établir  en¬ 
tre  ces  produits  com¬ 
muns,  souvent  gros¬ 
siers,  de  l’industrie 
romaine,  et  les  œuvres  de  la  céramique  grecque. 
Toute  proportion  gardée  cependant,  et  sans  oublier 
les  réserves  nécessaires,  nous  pensons  qu’on  peut  dire 
de  ces  reliefs  ce  qu’on  a  dit  des  peintures  de -vases 
qui  nous  conservent  l’image  lointaine  de  chefs  d’œuvre 
disparus,  qu’ils  «  sont  à  peu  près  pour  nous  ce  que 
serait  l’imagerie  de  nos  revues  et  de  nos  journaux  illus¬ 
trés,  si  notre  art  périssait  tout  entier  d’un  seul  coup... 8  ». 
En  second  lieu,  ces  innombrables  documents,  recueillis 
dans  presque  toutes  les  provinces  du  monde  romain, 
placent  sous  nos  yeux,  nous  font  connaître  les  sujets, 
les  motifs  préférés,  populaires,  dont  on  aimait,  aux  pre¬ 
miers  siècles  de  notre  ère,  chez  les  païens  et  chez  les  chré¬ 
tiens,  à  décorer  le  mobilier  usuel.  Avec  eux  et  par  eux, 
nous  pouvons  pénétrer  dans  un  domaine  reculé,  encore 
un  peu  obscur,  de  l’histoire  de  la  civilisation  antique. 

Outre  les  sujets  figurés  et  les  reliefs,  les  lampes 
antiques  portaient  fréquemment  des  inscriptions,  soit 
imprimées  à  l’aide  d’une  matrice,  d’un  timbre,  soit 
gravées  à  la  pointe  avant  la  cuisson.  Il  est  nécessaire  de 
répartir  ces  inscriptions  en  plusieurs  catégories  très  dis¬ 
tinctes.  Les  unes  sont  destinées  à  rappeler  les  circons¬ 
tances  dans  lesquelles  ou  pour  lesquelles  la  lampe  a  été 
fabriquée.  D’autres  sont  les  légendes  de  l’image  ;  elles 
indiquent  avec  précision  à  l’acheteur  le  sujet  représenté 
sur  la  lampe.  D’autres  sont  des  acclamations  ou  des  for¬ 
mules  par  lesquelles  soit  le  fabricant,  soit  la  lampe  elle- 
même,  s’adressaient  au  public.  D’autres  enfin,  et  ce  sont 
de  beaucoup  les  plus  nombreuses,  sont  des  signatures  de 
potiers,  de  véritables  marques  de  fabrique. 

A  la  première  catégorie  appartiennent  les  lampes  où 
se  lisent  tantôt  en  toutes  lettres,  tantôt  abrégées,  cer¬ 
taines  formules  bien  connues,  telles  que  celles-ci  : 
Annum  novum,  faustum,  felicem  mihi(o\i  tibi).  — Genio 
populi  Romani  féliciter ,  G.  P.  R.  F.  —  Ob  cives  servatos , 
Ob.  civ.Serv .°  Souvent  ces  inscriptions  sont  gravées  sur 
un  bouclier  rond  tenu  par  une  Victoire.  Les  deux  pre¬ 
mières  formules  expriment  des  souhaits;  la  troisième 


p.  010  ;  Cotai,  du  Musée  d'Oran,  I,  p.  125,  n“  300  ;  La  Blanclièrc  et  Gauckler,  O.  c. 
p.  201,  n.  589-591.  —  s  Bircli,  O.  e.  2' 6d.  p.  131.  — 6  Bull,  comun.  1887,  p.  300, 
D.  8.  —  1  Gladiator,  p.  1599,  xxiv.  —  8  H.  Potlicr,  Calai,  des  vases  antiques 
de  terre,  cuite  du  Musée  du  Louvre ,  1,  p.  14-15.  —  9  En  particulier,  C.  inscr. 
lut.  XV,  2e  part.  t.  I,  ii">  0195-6220. 


LUC 


1330  — 


LUC 


rappelle  au  contraire  des  services  rendus.  Sur  d’autres 
lampes,  on  lit  Saeculi,  Saeculo,  Saecul  ;  ce  mot  est  gravé 
tantôt  sur  le  liane  du  récipient,  tantôt  au  revers  de  la 
lampe.  Diessel  pense  qu  il  fait  allusion  aux  jeux  sécu- 
Ieiies  .  De  même  le  terme  Publica  inscrit  sur  quelques 
lampes  à  la  suite  d’un  nom  de  potier  :  Clemenlis  Pu- 
ht  ica,  Hernioti(s)  publicu ,  signifierait  que  la  lampe  a  été 
fabriquée  spécialement  pour  une  cérémonie  ou  une  illu¬ 
mination  publique.-.  Sur  d  autres  lampes  sont  inscrits 
des  noms  de  divinités,  Pallas  Victrix,  Artémis  Ephe- 
siorum  ;  ces  lampes  étaient  votives,  et  on  les  déposait 
dans  les  sanctuaires  de  ces  déesses  3. 

Ailleurs  les  inscriptions  se  rapportent  directement  au 
sujet  représenté  :  ce  sont,  par  exemple,  des  noms  de 
gladiateurs  sur  des  lampes  où  l’on  voit  des  gladiateurs 
combattant  Afer-Helenos,  Sabinus-Popillius ,  etc. 4  ;  ce 
sont,  à  côté  de  scènes  du  cirque,  des  noms  de  chevaux 
ou  de  cochers,  probablement  vainqueurs,  quelquefois 
précédés  du  mot  ccilos,  quelquefois  suivis  des  lettres  VA, 
que  l’on  interprète  va(de  féliciter) 5  ;  c’est  le  nom  du  ou 
des  principaux  personnages  de  la  scène  figurée,  ainsi  sur 
quelques  lampes  déjà  citées  :  Ganymedes  6,  Diogenes  7, 
TU  y  rus 8  ;  c’est  encore  Aen(eas),  An(chises),  Asc(anius), 
sur  une  lampe  qui  représente  la  fuite  d’Ënée2;  c’est 
enfin  un  mot  ou  une  phrase  qui  illustre  le  sujet,  comme 
Adj uvale  sodales,  sous  un  groupe  de  petits  Amours 
s’essayant  à  manier  les  armes  d’IIercule  10  ;  Luyeo  auprès 
d'un  Génie  funèbre  qui  pleure11;  Plus  fecisses  si  plus 
liceret,  sur  une  lampe  trouvée  à  Carthage,  autour  d’un 
guerrier 12. 

Parmi  les  acclamations  ou  les  formules  gravées  sur  les 
lampes  et  qui  s’adressent  soit  à  l’acheteur,  soit  au  public 
en  général,  les  plus  curieuses  ont  été  relevées  d’une  part 
sur  quelques  lampes  très  anciennes  trouvées  à  Rome,  en 
particulier  dans  la  nécropole  de  l'Esquilin,  d’autre  part 
sur  une  série  de  lampes  africaines  qui  proviennent 
presque  toutes  de  Caesarea  (Cherchell)  et  de  la  région 
environnante.  Les  lampes  de  Rome,  couvertes  d’un  vernis 
noir  brillant,  portent  en  graffites  sur  le  disque  supérieur 
ou  sur  le  flanc,  des  phrases  comme  celles-ci  :  Porte,  fur; 
—  Ne  at/yas,  non  sum  tua,  M.  sum  ;  —  Sotae  sum,  noli 
me  tanyere ;  —  Nie)  atiga(s)  me,  Gemuci  sum;  — Sum 
Valeri;  —  Speri  sum13.  Sur  une  lampe  grecque 
d  Athènes,  on  lit  de  même  Mr,  cctït-ou11.  Ces  inscriptions 
ne  se  retrouvent  pas  sur  les  lampes  de  l’époque  impériale  ; 
il  est  possible  qu’elles  soient  spéciales  aux  lampes 
grecques  ou  de  fabrication  grecque.  Les  inscriptions  des  1 
lampes  africaines  de  Caesarea  occupent  le  pourtour  du 
disque  ;  elles  sont  moulées.  La  formule  générale  est  : 
E mite  (ou  eme)  lucernas  ab  asse  colatas.  On  lit  aussi 
Lucernas  colatas  de  officina  asse  ne,  sans  doute  pour 
asse  eme,  ou  bien  Lucernas  colatas  ex  oficina  Donati 15. 
Sur  un  moule  de  lampe  du  musée  d’Oran,  on  lit  :  Qui 
fecerit  vivat  et  q(ui)  emerit.  Les  fabricants  de  lampes 
chrétiennes  imprimaient  parfois  sur  leurs  produits  des 


phrases  du  môme  genre,  par  exemple  :  Bonn 


Donm,. 

-nr 

mie 


'l’.S 


Omnia  Bonn  16  ;  peut-être  aussi  dest 
des  conseils,  si  l’on  doit  lire  ûona/o 
Vita(e),  au  lieu  de  Vita  Donato  Cor(o) 
inscription  moulée  sur  une  lampe  africaine  do  r 
Ces  deux  premières  catégories  d’inscrimin  ,  refl 
du  sujet  représenté,  formules  diverse. 
public,  doivent  être,  selon  nous,  nettement dVTl 
des  signatures  de  potiers.  Elles  font  partie  d  ngUéef 
lion  de  la  lampe.  Les  autres  inscription,  ni 7" 

maintenant  étudier,  sont  des  marques  de  fal,„„ " 
Les  potiers  antiques  signaient  leurs  produits  n  ■ 
donc  pas  étonnant  que  les  lampes  portent  très  ^ 
ment  des  signatures.  En  général  ces  signatures  rJ!"^ 
le  centre  du  disque  inférieur  de  la  lampe.  Tantôt  élit  J 
été  gravées  à  la  pointe  dans  l’argile  encore  molle  aj 
la  cuisson;  ce  sont  alors  de  vrais  graffites;  tantôt' elk 
ont  été  imprimées  à  l’aide  d’un  timbre;  dans  ce  cas  elle! 
sont  en  creux  ou  en  relief;  les  signatures  en  relief  sont) 
parfois  encadrées  d’un  cartouche  cà  queues  d'aronde  ou 
enfermées  dans  l’image  d’une  plante  de  pied  [vestigium 
planta  pedis).  Exceptionnellement  dans  les  lampes  mu¬ 
nies  d’un  manche  triangulaire,  la  signature  est  parfois 
aurevers  du  manche18.  Très  rarement,  elle  peut  se  lire  sur 
le. disque  supérieur  ou  sur  le  flanc  du  récipient19. 

Les  lampes  les  plus  anciennes,  en  forme  d’écuelle  à 


un  ou  deux  becs,  ne  sont  jamais  signées.  Les  lampes, que 
nous  avons  cru  pouvoir  appeler  lampes  grecques,  c'est-à- 
dire  les  lampes  rondes,  sans  anse,  à  vernis  noir  métal¬ 
lique,  et  les  lampes  delphiniformes,  le  sont  rarement.  Au 
contraire,  les  lampes  de  l’époque  impériale  le  sont  très 
souvent.  Sur  les  lampes  chrétiennes,  les  marques  de 
fabrique  sont  exceptionnelles.  Les  plus  anciennes 
marques  que  nous  connaissions  ont  été  relevées  sur 
quelques  lampes  trouvées  dans  la  nécropole  de  l'Esqui¬ 
lin  :  l’une  se  lit  PraeseQitis  ?),  l’autre  est  un  monogramme 
qui  n’a  pas  été  déchiffré  20.  A  Carthage,  sur  l’une  des 
lampes  néo-puniques  trouvées  par  le  P.  Delattre  au  fond 
du  cimetière  des  Officiales,  se  lit  la  marque  Vibia  ou 


Elbial  (FLBIA21)-  Au  revers  d’une  lampe  delpluniforme 
recueillie  dans  la  nécropole  de  Bulla  Regia,  la  signature  du 
potier  grec  est  formée  de  deux  lettres,  un  a  et  un  *  entre¬ 
lacés22.  Sur  un  certain  nombre  de  lampes,  les  signatures 
sont  réduites  à  une  seule  lettre  :  A,  L  H,  R'  etc. 21  ;  parfojsj 
plusieurs  lettres  sont  groupées  en  un  monogramme 
Le  plus  souvent  les  signatures  sont  écrites  en  ;d,1,‘8ej 
mais  les  noms  sont  en  général  reconnaissables,  giace aa 
quelques  exemplaires  qui  les  donnent  entiers  ou  Pies^| 
entiers.  La  formule  complète  de  la  signature  était.  Exof  J 
cina  illius,  par  exemple  :  Ex  officina  Felicis ,  b-1  uPl 2  1 
Kapitonis.  Le  mot  officina  est  souvent  réduit  à  que  q>* 
lettres  ou  même  à  une  seule  :  Ex  offici.  Nundu'111 
o  fi.  Germani  ;  ex  of.  Gargili  ;  ex  o.  Pullaeni .  E»  ^  j 
était  la  fabrique  d’où  sortait  la  lampe,  et  b*  jçja 
qui  suit  au  génitif  désigne  soit  le  propriétaire  m 


1  C.  i.  lat.  I.  I.  6221.  —  2  Ibid.  6223-6229.  —  3  Monlfaucon,  O.  c.  t.  V, 

2e  part.  pl.  clxvii;  S.  Bartoli,  Lucern.  Il,  pl.  xxxv.  —  4  C.  i.  lat.  XV,  2“  part, 
t.  I,  6241-6249.  —  6  Ibid.  6250-6261  ;  cl.  Delattre,  Marques  céramiques  ijr.  et 
romaines,  p.  21,  n.  95.  —  6  C.  i.  lat.  XV,  2'  part.  t.  I,  n.  6239.  —  7  Ibid.  6238. 

—  8  Musée  du  Louvre,  salle  des  vases  à  reliefs  trouvés  en  Italie;  C.  i.  lat. 
XV,  2'  part.  t.  1,  n.  6240  ;  X,  8053.  9.-  9  C.  i.  lat.  XV,  i‘  part.  t.  I,  n.  6236. 

—  10  Ibid.  6230;  et  X,  8053,  n.  8.  —  H  Q.  i.  lat.  XV,  1«  part.  t.  II,  n.  6234. 

—  12  Delattre,  Marques  céram.  p.  15,  n.  20.  —  13  Ann.  d.  Istit.  1880,  p.  266  et 
s.  C.  i.  lat.  XV,  2«  part.  t.  1,  n«»  6899  et  s.  -  14  Bull.  d.  Istit.  1868,  p.  59, 


/  \V,  pal^‘ 

n.  37.  —  13  I*.  Gaucklcr,  Musée  de  Cherchell,  p.  ^V/-/  de  i  École  fri,ni-' 

t.  I,  n.  6752,  6753.  —  n  P.  Gaucklcr,  O.  c.  p.  71.  —  18  "'"j  XV,  2*  Parl* 

de  Home,  t.  XII,  1892,  p.  118,  n.  31-33,  pl.  iv,  n.  5.  —  19  •  (81,  n-3®9' 

t.  I,  n.  6520;  La  Blanchére  et  Gaucklcr,  Catal.  du  Musu  ■  ^  pc|aiire, 

—  20  Ann.  d.  Istit.  1880,  p.  91,  n.  77  et  p.  295,  n»  86.  -  "  '  23  ç,  i.  W- 

céram.  p.  19. —  22  La  Blanchère  et  Gaucklcr,  O.  c.  p  )■')'’  n‘  (jji  l,  6433  ,  6466, 
8053,  209-214;  XII,  5682,  131  ;  XV,  2*  part.  1.  1, 6266,  633  lat.SW  -  l,ar* 

6569,  6570,  6598,  6651,  6702;  cf.  Delaltre,  O.  c.  p.  17.  — 

1.  I,  p.  782  et  n.  6535,  6541. 


LUC 


—  1331 


LIC 


j(  M,ut-êlrc  ce  que  nous  appelons  aujourd’hui 

f;ibri'lue’fl)l  l'i|(i  Quelquefois  le  nom  du  fabricant  est 

!a  iais0"  S°'  L.;/  par  exemple  P.  Popilius  Ri/us  fecit. 
i  du  mot  ftcii,  p  .  , 


Pullaeni,  Pullaenorum,  Phoetaspi, 
Vibiani.  Les  nominatifs 


suivi uu  '  fecit  esl  écrit  en  toutes  lettres  :  d’habi- 
Harenm"1  '  on  lit  :  Agilis  f.,  Aprio  f ..  Lucius  f., 
tude,  |h'^‘  .  SeXtUs  f.,  Cleme(n)s  fe.,  Crassus  fe. 
J«nU"rl"')  /ot’ie'r  ge  contentait  d’inscrire  son  nom  ou  ses 
L°I’SqU'  n.,!1e  fond  de  la  lampe,  il  employait  le  génitif  ou 
"^”S!,-inlif  suivant  qu’il  sous-entendait  la  première 
h‘  ^"""ôndè  des  deux  formules  précitées  :  par  exemple 
Lia//  (pour  Ex  officina  Aügendi),  Atimeli ,  Erotis, 
p  i  ,L  jforati  Hijlae,  C.  Juli  Nicephori,  G.  Juh 
BLi U  i()iu  Diadumeni,  Marcelli,  Maurici, 

,) /.  Nom  Justi, 

Poiitiani,  Sexti,  Slrobi/i, 

■nt moins  fréquents;  on  trouve  cependant  :  Asprenas, 
Linthus,  Cresce(ns),  Félix,  Litogenes,  Myro,  Trophi- 
vm>  etc.  Il  est  rare,  toutefois,  que  le  nom  du  potier 
soit  écrit  en  entier  et  que  le  cas  employé  apparaisse 
aussi  nettement.  En  général,  le  nom  ou  les  noms  sont 
abrégés  ;  les  abréviations  ne  sont  pas  constantes  ni 
uniformes.  Pour  ne  citer  que  des  marques  très  fréquentes, 
la  signature  de  L.  Caecilius  Sae(vus  9)  se  lit  L.  Caec. 
Sai\,L.  Gae.  Sac.,  L.  Ca.  Scie 1  ;  celle  de  C.  Clodius 
Surcmus  serencontre  sous  les  formes  C.  Clod.  Suc., 
C.  Cio.  Suc.,  Clod.  Suc.  2  ;  celle  de  L.  Fabricius  Evel- 
pistus  est  abrégée  en  L.  Fabr.  Eve!.,  L.  Fabri  Aevel., 
L.  Fabri  Ilevel. 3  ;  celle  de  L.  Fabricius  Masculus,  en 
L.  Fabric.  Masc.,  L.  Fabric.  Mas.,  L.  Fabr.  Mascl., 
L.  Fabr.  Masc.,  L.  Fa.  Mas.,  Fabric.  Mas.  4;  celle  de 
L.Marius  Mi(tis  9)  en  L.  Mar.  Mi.,  L.  Ma.  Mit.,  L.  M. 
Mil., Mar.  Mi  \  Nous  pourrions  multiplier  les  exemples 
.  de  ces  variantes.  I)e  plus,  il  n’est  pas  rare  que  les  signa¬ 
tures  les  plus  répandues  soient  accompagnées  de  petits 
signes,  lettres  isolées  ou  vignettes,  qui  diffèrent  suivant 
les  lampes  :  avec  la  marque  L.  Caec.  Sac.,  on  trouve  une 
palme,  un  pied,  un  phallus6  ;  avec  la  marque  C.  Cio.  Suc., 
un  cercle,  une  croix,  une  roue,  une  étoile,  une  rosette,  une 
feuille,  un  pied,  un  phallus7  ;  avec  la  marque  L.  Fabric. 
Masc., un  x,  un  H,  une  roue,  un  phallus,  une  étoile 8  ;  avec 
Ba marque  Fords,  un  |,  un  N,  un  S,  une  couronne,  une 
I  euille,  une  couronne  et  une  palme9  ;  les  deux  marques 
|  •  Juli  ire  for  i  et  C.Juli  P  h  i  l  i ppi  sont  presque  toujours 
■accompagnées  dun  phallus  sur  les  lampes  qui  ont  été 
recueillies  à  Rome10  ;  avec  la  marque  L.  Alun.  Phile  se 
P°uvent  une  rosette,  une  croix  dans  un  cercle,  un  X,  une 
IU!  un  !)lmlllis  11  ;  avec  la  marque/..  Mua.  Trept .,  une 
Kn  r 12 •' Ue  *GU*^e’  lln  P*e(U  une  palme,  un  trident, 
|L  ’  a'ec  'a  marque  C.  Oppi  Best.,  une  feuille,  un 

cararir'1' '  '6S  ^ettres  A.  N,  O13-  L’exemple  le  plus 

une  ’lsl"lue  de  ces  signes  additionnels  est  fourni  par 
L  /Z,;1;;1""0  potier,  localisée  en  Gaule,  celle  de 
p,  S;T  v/7  ’  elle  esl  accompagnée  des  lettres  G,  I-  L,  M, 
Ces  ’sianpc  ’Z’ AT’AI,delacroix+,  des  signes  o,  4  u. 
au-dessus  '<  6  .  reS  0u  v'&neffes>  sont  placés  tantôt 
signature '  i'[l nt<lL  au‘dessous,  quelquefois  à  la  fin  de  la 
linguer  j,,s  L"*  Pro^able  qu'ils  étaient  destinés  à  dis- 
même  fabi*G  S'  's  différentes  dans  la  production  d’une 
1U|-,  mais  nous  ne  possédons  sur  ce  point 

[  J  c.  i.  ici.  xv 

.  !‘4-38o.  —  i  ç  Ibid.  0377  ;  La  Blanchère  et  Gauckler,  O.  c.  p.  184, 

n  (K,.  ___'6  ■  "  ■  XV,  2*  part.  t.  1,11.  0430.  —  4  Ibid.  n.  G433.  — 

1H  '  "•  G35°-  —  1  Ibid.  n.  0377.  —  8  Ibid.  n.  6433.  — 

|;.  0493,  0496.  —  H  Ibid.  n  6562.  —  12  Ibid.  n.  6505. 


Ibi.l 


■  11  •  0430.  _ 


Ibid. 


aucun  renseignement  de  détail.  Sur  une  lampe  trouvée  à 
Rome,  semble  être  inscrit  le  nom  de  l’ouvrier  qui  l’a 
modelée  :  on  lit  en  effet  d’une  part,  près  du  bec,  le  nom 
Pulcher,  d’autre  part  la  marque  connue  L.  Fabric. 
Masc.  «  Pulcher,  dit  Dressel,  est  certainement  un  des 
ouvriers  qui  travaillaient  dans  la  fabrique  de  L.  Fabricius 
Masculus15  »;  c’est  peut-être  de  la  même  façon  qu’il 
convient  d’expliquer  le  nom  Primi  qui  suit,  sur  une 
lampe  de  Rome,  la  signature  C.  Oppi.  Res.  ,6. 

Il  faut  remarquer  que,  parmi  les  marques  les  plus 
répandues  dans  tout  le  monde  romain,  il  y  en  a  plusieurs 
qui  ne  different  que  par  le  cognomen  du  potier,  le  genti- 
lice  et  le  prénom  étant  les  mêmes  ;  ainsi  C.  Atil(ius ) 
Tro[phimus)  et  C.  Atilius  Vesti(nus  ?) 17  ;  L.  Fabricius 
Aga{tliopus  ?),  L.  Fabricius  Evelpistus ,  L.  Fabricius 
lleraclides ,  L.  Fabricius  Masculus,  /..  Fabricius  Satur- 
ninus 18;  C.  Junius  Alexis,  C.  .lundis  Ri/us  ou  Ritalis, 
C.Junius  Draco 19  ;  C.  Lollius  Cre(scens?),  C.  Lollius 
Diadumenus,  C.  Lollius  Finit . 20  ;  L.  Munalius  Adjectus, 
L.  Munatius  Amar[ant husf),  L.  Munalius  Philemo  9, 
L.  Munatius  Restutus,  L.  Munalius  Successus,  L.  Mu¬ 
natius  Threptus  21 .  Beaucoup  de  ces  cognomina  sont 
grecs;  il  n’est  point  téméraire  de  supposer  qu’ils  étaient 
portés  par  des  affranchis.  N’y  aurait-il  pas  lieu  d'indi¬ 
quer  alors,  à  titre  d’hypothèse,  que  ces  marques  si 
voisines  désignent  des  fabriques  apparentées  entre 
elles,  ou  encore  diverses  succursales  d’une  seule  et 
même  grande  fabrique?  Par  exemple,  Adjectus,  Ama- 
ranthus,  Philemo,  Restutus,  Successus,  Threptus  au¬ 
raient  été  des  affranchis  placés  à  la  tète  de  chacune  des 
figlinae  dérivées  d’une  fabrique  mère  fondée  par  un 
certain  L.  Munatius. 

Le  nombre  des  signatures  de  potiers  relevées  sur  les 
lampes  antiques  est  très  élevé.  Nous  donnons  ci-dessous 
la  liste  de  celles  qui  sont  le  plus  fréquentes  avec  l’indi¬ 
cation  des  provinces  de  l’empire  romain  où  elles  ont  été 
surtout  retrouvées22. 

Anni  Serapiodori,  Anni  Ser.  :  Rome,  Ostie. 

Atimeti  :  Toute  l’Italie, la  Narbonnaise,  les  Pannonies. 

Au  fl.  Fron.  :  Italie  méridionale,  Sicile,  Sardaigne, 
Afrique. 

L.  Caec.  Sac.  :  Rome,  Italie  méridionale,  Sicile,  Sar¬ 
daigne,  Narbonnaise. 

C.  Clod.  Suc.  :  Rome,  Cisalpine,  Narbonnaise,  Sar¬ 
daigne,  Afrique. 

Commuais  :  Rome,  Pompéi,  Cisalpine,  Pannonie. 

C.  Corn.  Ursi  :  Rome,  Campanie,  Sicile,  Afrique. 

Cresce(n)s  :  Cisalpine,  Narbonnaise,  Pannonie. 

L.  Fabric.  Masc.  .-Rome,  Cisalpine,  Afrique. 

Fords:  Rome,  toute  l’Italie,  Cisalpine,  Narbonnaise, 
Bretagne,  Dalmatie,  Pannonie,  Dacie,  Sicile. 

Gabinia:  Rome,  Afrique. 

L.  Ifos.  Cri.  :  Narbonnaise,  Gaule. 

C.  J  uni.  Alexi.  :  Rome,  Campanie,  Sicile,  Sardaigne, 
Afrique. 

C.  J un.  Drac.  :  Rome,  toute  l’Italie  centrale  et  méri¬ 
dionale,  Sicile,  Sardaigne,  Afrique,  Narbonnaise. 

Luccei,  Luccei orum ,  Sex  Luccei:  Afrique. 

L.  Mar.  Mit.  :  Rome,  Campanie,  Sicile. 

—  13  Ibid.  n.  6593.  —  *4  Ibid.  XII,  5682,  57.  —  13  Ibid.  XV,  2” .pari.  t.  I,  n.  6434. 

—  19  Ibid.  il.  6593.  —  17  Ibid.  n.  6318,  6319.  —  18  Ibid.  n.  6429-6435. _  19  Ibid. 

n.  6561-6503.  —20  Ibid.  n.  6519-6521.  —  21  Ibid.  U.  6560-6565.  —  2 -2  Ibid.  t.  II,  III,  V, 
VII,  VIII,  X,  XII,  XV,  2*  part.  U. 


I.l  t. 


—  1.332  — 


LUC 


I 


Rome  et  Afrique. 


Sardaigne. 


L.  Mun.  Adjec. 

L.  Mun.  Philo. 

L.  Mun.  lies. 

L.  Mun.  Sur.  \ 

L.  Mun.  Thrept. 

Marcelli  :  Narbonnaise. 

(J.  Mem.  Kar. 

Q.  Mem.  Pud. 

M.  A  ovi  Justi  :  Rome,  Naples,  Sicile,  Sardaigne, 
Afrique,  Narbonnaise. 

G.  Oppi  Best.  :  Rome,  toute  l'Italie,  Sicile,  Sardaigne, 
Afrique,  Narbonnaise. 

Pullaeni  :  Sardaigne,  Afrique. 

Phoetaspi  :  Italie,  Cisalpine,  Narbonnaise,  Pannonie. 

Strobili:  Rome,  toute  l'Italie,  Cisalpine,  Narbonnaise, 
Dalmatie,  Pannonie. 

C.  Viciri  Agat.  Bic.  Agat  :  Rome,  Afrique. 

Vibiani  :  Cisalpine,  Narbonnaise,  Pannonie. 

De  cette  liste,  que  nous  avons  réduite  aux  signatures 
les  plus  connues,  il  résulte  que  les  diverses  marques 
n  étaient  pas  également  répandues  dans  les  différentes 
régions  du  monde  romain.  Si  toutes  ou  presque  toutes  se 
retrouvent  à  Rome,  il  n'en  est  pas  une  seule  qui  ait  été 
à  la  fois  populaire  au  nord  et  au  sud.  La  marque  Fortis, 
extrêmement  abondante  en  Italie  et  dans  toutes  les  pro¬ 
vinces  européennes,  est  très  rare  en  Afrique  ;  la  marque 
C.  Clod.  Suc,  fréquente  en  Afrique,  à  Rome,  en  Narbon¬ 
naise,  ne  pénétra  presque  pas  dans  les  provinces  danu¬ 
biennes;  il  en  fut  de  même  pour  les  marques  C.  Jun. 
Alexi ,  C.  Jun.  Drue.,  M.  Novi  Justi,  C.  Oppi  Rest. 
D'autres  marques,  au  contraire,  ne  sortirent  d’Italie  que 
vers  le  nord;  hors  d’Italie,  la  marque  Commuais  ne  s’est 
guère  répandue  qu'en  Pannonie;  de  même  les  marques 
Phoetaspi,  Strobili,  Vibiani ,  franchirent  les  Alpes  à 
l'ouest,  au  nord,  à  l’est,  mais  ne  gagnèrent  ni  la  Sicile  et 
la  Sardaigne,  ni  l’Afrique.  Enfin,  certaines  signatures 
paraissent  avoir  été  spéciales  à  une  région,  môme  à  une 
province  :  ainsi  la  marque  Anni  Ser.  est  localisée  à  Rome 
et  à  Ostie  ;  la  marque  L.  Hos ,  Cri.  est  tout  à  fait  localisée 
dans  les  Gaules,  ainsi  que  la  signature  Marcelli ;  les 
marques  Q.  Mem.  Kar.  et  Q.  Mem.  Pud .  n’ont  été  encore 
rencontrées  qu’en  Sardaigne;  la  marque  Pullaeni,  Pul- 
laenorum,  est  très  nettement  particulière  à  la  Sardaigne 
et  à  l’Afrique  du  Nord.  Pouvons-nous  tirer  de  ces 
quelques  faits  des  conclusions  générales  sur  les  centres 
de  fabrication  des  lampes,  sur  le  commerce  dont  elles 
étaient  l’objet?  Il  semble  bien  que  la  plupart  des  lampes 
signées  qui  ont  été  jusqu’à  présent  recueillies  dans 
les  provinces  proprement  romaines  de  l’empire  aient  été 
fabriquées  en  Italie  ;  il  n’est  pas  invraisemblable  qu’il  y 
ait  eu  en  Italie  trois  centres  de  fabrication  :  Rome  ou  ses 
environs,  la  Cisalpine,  peut-être  la  région  de  Modène,  où 
se  seraient  trouvées,  d’après  Dressel,  les  fabriques  dont 
les  marques  sont  :  Commuais,  Fortis ,  Strobili 1  ;  enfin 
la  Campanie.  Hors  d'Italie,  il  y  eut  certainement  des 
fabriques  importantes  en  Afrique  et  en  Narbonnaise.  Sur 
une  inscription  découverte  en  Tunisie,  non  loin  de 
Dougga,  sont  mentionnés  des  Praedia  Pullaenorum 2  ;  il 
n’est  point  impossible  que  les  Pullaeni ,  propriétaires  de 
ces  domaines,  soient  les  mêmes  que  ceux  dont  le  nom 

i  C.  i.  lat..  XV,  2e  part.  t.  I,  p.  783.  —  2  Carton,  Découvertes  épigr.  et  archéol. 
p.  254,  n.  447.  —  3  C.  i.  lat.  XV,  2e  part.  t.  I,  G8G9  et  s.  ;  Kaibel,  Jnscr.  gr.  liai,  cl 
Sicil.  n°  2405;  Di  Cesnola,  Salamina ,  p.  284-285.  —  4  C.  i.  lat.  XV,  2°  pari. 


est  inscrit  sur  beaucoup  de  lampes  trouvée 
et  en  Afrique.  Les  lampes  signées  L.  f/os  h  u.  I 

bien  avoir  été  fabriquées  en  Gaule  Omni 

locales,  elles  ont  dû  être  très  nombreuses"" 
produits  sont  en  général  grossiers  et  s-uv  ’  I''llr3| 
seule  mérite  d’être  signalée,  qui  se  trouvé"  T'  Unl 
sarea  (Cherchell),  soit  dans  la  région  voisin,.  - 1  i"  H 
de  cette  partie  de  l’Afrique  du  Nord  sont  J*  M  “"H1 
par  la  formule  Emile  lucernas  ab  asse  coh,  b' 
portent  souvent  autour  du  disque  supérieur 
Les  signatures  de  potiers  grecques  sont  beau*, 
moins  nombreuses.  On  en  a  recueilli  un  m  hin 
*  K»™.  ™  et  dans  las  provinces 

1  empire3.  Elles  présentent  le  même  aspect  génénl  „ 
les  marques  latines.  Elles  se  composent  d’un' 
d’homme  au  génitif,  très  rarement 


iHun 


au  nominatif;  souvent 
ce  nom  grec  n’est  que  la  traduction  ou  la  transcription 
d’un  nom  latin.  Voici  les  principales  :  ’AGwxmou,  -J 
Xto(u),  IveXcsi  (Celsi),  KopvvjXiou,  $Xa6fou,  Aouxfou, 
(Rome),  ItauXou,  IlXâxwv  (Cypre),  IlogmXi'ou  (Naples), 
IIpôxXou  ’Ayuptou  (Sicile),  P-qyXou  (Tarente). 

Quant  aux  lampes  chrétiennes,  il  est  très  rare  qu’elles 
portent,  comme  marques  de  fabriques,  de  véritables 
signatures.  Elles  se  distinguent  par  des  lettres,  plus 
souvent  encore  par  des  signes  empruntés  presque 
toujours  à  la  symbolique  chrétienne,  des  croix  de  toutes 
formes,  entourées  de  cercles  ou  cantonnées  de  points,  des 
ancres,  des  cœurs,  des  palmes,  des  grappes  de  raisins. 
Lettres  et  signes  sont  gravés  ou  estampillés  grossière¬ 
ment  sur  le  fond  de  la  lampe  L 
Fabrication  des  lampes.  —  Nous  n’avons  pas  de 
renseignements  particuliers  sur  la  fabrication  des  lampes 
en  métal.  La  lampe  d’or  de  Callimachos,  dans  le  sanc¬ 
tuaire  d’Athéna  Polias,  était  une  œuvre  d’art,  sortie  des 
propres  mains  du  sculpteur3.  Les  lampes  de  bronze, 
qui  furent  très  nombreuses,  surtout  en  Grèceeten  Italie, 
se  fabriquaient  sans  doute  comme  les  autres  vases  et 
ustensiles  en  métal  ;  il  ne  nous  reste  aucun  document, 
l’antiquité  ne  nous  a  transmis  aucun  indice,  qui  nous 
permette  de  croire  à  l’existence  d’un  procédé  ou  d un 
mode  de  fabrication  spécial.  Il  semble  impossible  que  les 
lampes  de  bronze  aient  été  fabriquées  d’un  seul  morceau, 

ou  qu’on  ait  employé  pour  leurs  diverses  parties  une  seu  e 
et  même  technique.  Le  coulage,  la  ciselure,  le  lra\<n  au 
marteau,  la  soudure  ont  été  sans  doute  mis  en  teuv^J 
concurremment  pour  les  lampes  comme  poui  tou c  J 
vaisselle  de  métal  [caelaturaJ.  Nous  placei on>  11 1 ^ 
dessin  de  la  lampe  de  bronze  du  musée  de  bor|c^  ' 
chef-d’œuvre  de  la  loreutique  des  Etrusques  '  ^  ^ 

Elle  mesure  0m, 84  de  diamètre;  ses  seize  becs  s()nl('^iirJ 
par  des  têtes  cornues  et  barbues;  au-dessous  jg) 

de  Sirènes  alternant  avec  celles  de  Silènt  s  ■>  ^  ^  je 
jouant  delà  flûte;  un  masque  de  Gorg°n<  1 
milieu,  entouré  d’une  première  zone  d  animaux  ^  ^ 
deuxième  de  flots  et  de  poissons.  Nousovoa  ^ 
haut  une  lampe  de  bronze  incrustée  d  oi  l|,llo  ^  jonc 
Domo  d'Ossola  ;  le  fabricant  de  lump1  s  ,raP0ia]| 
quelquefois  appel  à  l'art  de  l’incrustation  A111^  coninient 
Nous  savons  mieux  et  avec  plus  de  (  (j,:c0rer  Ie3- 
les  potiers  s’y  prenaient  pour  fabrique  i 

t.  I,  p.  858  et  s.  ;  Delattre,  Les  lampes  antiques  du  Musn  >  ^  ,8u,  A 15 
tliage,  p.  18.  —  5  Paus.  1,  20,  §  C. 
à  x,  p.  72;  Mon.  d.  Ist.  III,  pl.  xi.i,  xui 


_  G  Micali,  Mon. 


inei.  FU* 


Annal.  18*2,  p-  s3' 


LUC 


—  1333 


LUC 


„  p.-ito  '  Les  plus  anciennes  lampes,  ces 
lat»Pes  c  nl1  (ipnx  becs  qui  ont  été  trouvées  dans  les 
écuellos  a  g  de  ]’Afrique  du  Nord  et  à  Chypre, 

nécropoles  p»  1 
Unes  don  tse  soi - 
valent  les  Égyp¬ 
tiens,  les 

Ova  mentionnés 


humain,  d’une  partie  du  corps  (tête  ou  pied),  d’un  ani¬ 
mal,  etc.  ;  nous  nous  contenterons  de  renvoyer  à  l’article 
figlinum(III.  La  Plastique  en  terre)  et  au  livre  de  M.  bot¬ 
tier  :  les  Sta¬ 
tuettes  de  terre 
cuite  dans  l'anti- 


jtaient 


par  Polli>x,ot 

certainementfaits 

all  tour8- Ce  pro¬ 
cédé  rudimen  - 
taire  suffit,  tant 

que  les  lampes  ne 

Reçurent  pas  de 
décoration.  Mais 
lorsque  l’on  se 
mit  soit  à  égayer 
par  des  orne¬ 
ments  la  forme 
couraqtedes  lam¬ 
pes,  soit  a  imagi¬ 
ner  pour  la  lampe 
les  formes  variées 
etfantaisistes  que 
nous  avons  indi¬ 
quées  plus  haut, 
il  fallut  recourir 
à  une  technique 
plus  perfection- 
née.Surplusieurs 
lampes  de  la  né¬ 
cropole  de  PEs- 
quilin,  des  ins¬ 
criptions  furent 
gravées  à  la 
pointe,  dans  la 
pâte  encore  mol¬ 
le  3  voir  iig. 

4370) ;  l’image  de 
Tanit  et  des  pal¬ 
mes  ,  obtenues 
par  le  même  pro¬ 
cédé,  se  voient 
sur  dos  lampes 
grecques  qui  pro¬ 
viennent  de  Car¬ 
nage4.  Peut-être 
aussi  les  potiers 

essayèrent-ils  de 
modeler  à  la  main 

quelques  motifs 
lrès  simples  de 
décoration ,  des 
0V(ÎS-  des  rin- 
Manx,  des  lêleg 

el  l’em  a'1'8  ces  tentatives  furent  abandonnées, 

le  ri,;,-., '  01  <'n  moule  devint  général.  Il  est  inutile  de 
îlles  f  lu  en  ce  qui  concerne  les  lampes  aux- 
u»nnait  la  forme  d’un  groupe,  d’un  corps 


« 


ou 


on 


Fig.  4G02.  —  Lampe  étrusque  en  bronze. 


quile 

trouvera  toutes 
les  indications 
nécessaires.  Les 
lampes  de  forme 
ordinaire  étaient 
fabriquées  à  l’ai¬ 
de  d’un  moule 
double.  Le  moule 
d’une  lampe  se 
composait  en  effet 
de  deux  parties, 
dont  l’une  servait 
pour  la  face  su¬ 
périeure  (bec,  dis¬ 
que,  anse,  ou 
manche),  l’autre 
pour  les  flancs  et 
le  fond  du  réci¬ 
pient  proprement 
dit.  La  première 
partie  du  moule 
comprenait  en 
creux  le  sujet  ou 
le  motif  d’orne¬ 
mentation  qui  de¬ 
vait  décorer  le  dis¬ 
que  de  la  lampe  ; 
la  seconde  partie, 
quand  il  y  avait 
lieu,  portait  soit 
en  creux,  soit  eu 
relief,  l’estam¬ 
pille  du  potier. 
Les  deux  parties 
d’un  même  moule 
s’adaptaientexac- 
tement  l’une  à 
l’autre,  quelque¬ 
fois  grâce  à  des 
tenons  qui  fai¬ 
saient  saillie  sui- 
le  bord  de  l’une 
ou  de  l’autre;  sou¬ 
vent  aussi,  une 
même  marque, 
signe  convention¬ 
nel  ou  lettre,  était 
gravée  sur  les 
deux  parties,  afin  d’éviter  toute  erreur  (Iig.  4603) 7 .  Plu¬ 
sieurs  moules  de  lampes  ont  été  retrouvés  en  Grèce®, 
en  Italie,  en  Afrique9;  ils  sont  en  terre  cuite  très  dure 
ou  en  plâtre. 


'  Bircll>  /I  hist  ne 

'K*1-  mut  Terminal  v°ttanJ>  2“  éd-  P-  508  ct  s-  !  Blümner,  Tecli- 

9"c  au  n,ot  vi  P-  '88  et  s.  —  2  Aristophane,  Ecoles.  1,  appli- 

tl  *■'  p>.  0.  P  i'ji, ,  |mllète  —  3  Ann ,  d.  fstjt.  1880,  p.  200 

Lavigerie  de  Saint-Louis  de  Carthage,  II,  p.  38. 


—  G  La  Blanchére  ct  Gaiickler,  Ù.  c.  pl.  xxxiv,  n“*  17,  18.  —  8  Ch.  xi,  p.  217 
ct  s.  —  7  Bii’di,  O.  I.  II,  fig.  189;  Blümner,  O.  I.  II,  fig.  24.  —  8  Ch.  Bigot, 
Bull,  de  l’École  franc.  d'Athènes,  août  1808,  p.  44  el  s.  —  9  La  Blancliire  et 
Gaiickler,  Calai,  du  Musée  Alaoui,  p.  253,  n«*  390,  397. 


108 


UJC 


—  1334  — 


Comment  ces  moules  étaient-ils  fabriqués?  Autant 
que  nous  pouvons  le  savoir  d’après  les  documents  que 
nous  possédons,  il  y  avait  deux  procédés  pour  obtenir 
un  moule  de  lampe.  1°  Le  potier  fabriquait  en  terre 
massive  le  modèle  même  de  la  lampe  dont  il  voulait  tirer 
de  nombreux  exemplaires  ;  c’était  sur  ce  modèle  que  le 
moule  était  pris  en  deux  parties.  Deux  modèles,  deux 

originaux  de  cette  nature  ont 
été  étudiés  par  Ch.  Bigot,  au 
musée  d’Athènes.  «  Le  modèle, 
écrit-il,  massif,  plein,  est  fait 
d'une  terre  prodigieusement 
fine  ;  le  grain  en  est  serré,  sans 
la  moindre  aspérité,  doux  au 

Fig.  4G03. —  Moule  d’une  lampe.  ,  „  ,  ,  ,  ,. 

*  toucher  comme  du  marbre  poli  ; 
ilaacquisla  dureté  de  la  pierre... 
N  oilà  l’œuvre  même  de  l’ouvrier  antique.  Si  les  moules 
venaient  à  s’user,  on  pouvait  sur  le  modèle  primitif  les 
renouveler  incessamment  ’...  »  2°  Le  potier  se  servait, 
pour  obtenir  en  creux  les  sujets  ou  motifs  d’ornementa¬ 
tion  qu'il  voulait  reproduire  sur  les  lampes,  de  poinçons 
ou  estampilles  en  relief  [figlinum,  p.  1129-1130].  Ces 
estampilles  devaient  se  trouver  dans  le  commerce; 
sans  cela,  on  ne  s’expliquerait  pas  que  des  reliefs,  sortis, 
sans  aucun  doute  possible,  du  même  moule,  puissent 
orner  des  lampes  qui  portent  des  signatures  différentes. 
Par  exemple,  le  musée  de  Constantine  possède  deux 
lampes  dont  le  disque  est  orné  de  deux  palmes  et  de 
deux  couronnes,  dans  un  pourtour  d’oves.  La  compa¬ 
raison  des  deux  objets,  réunis  dans  la  même  collection, 
permet  de  constater  que  les  deux  reliefs  reproduisent,  le 
même  original;  pourtant, les  deux  lampes  sont  signées  de 
deux  marques  différentes  :  l’une  porte  erotis,  l’autre 
mvn  trept,  deux  signatures  bien  connues.  L’identité 
des  deux  motifs  s’explique  naturellement,  si  l’on  admet 
que  les  chefs  d’ateliers  pouvaient  fabriquer  leurs  moules 
avec  des  estampilles  qui  se  trouvaient  dans  le  commerce2. 
Et  le  fait  est  loin  d’être  exceptionnel.  En  voici  un  autre 
exemple.  A  Cherchell,  à  Saint-Leu  près  d’Arzeu  (dépar¬ 
tement  d'Oran),  au  sommet  du  Bou-Kourneïn,  voisin  de 
Carthage,  ailleurs  encore,  ont  été  découvertes  des  lampes 
à  deux  becs,  avec  manche  triangulaire  :  dans  tous  ces 
exemplaires,  les  becs  sont  ornés  de  volutes  ;  sur  le  disque 
est  représenté  un  autel  circulaire,  entre  deux  arbres; 
autour  du  tronc  de  chaque  arbre,  est  enroulé  un  serpent, 
qui  avance  la  tête  au-dessus  de  l’autel  ;  le  manche  est 
orné  d’une  palmette,  à  la  base  de  laquelle  on  distingue 
deux  dauphins  affrontés.  Il  y  a,  dans  toutes  les  parties  de 
la  lampe,  ressemblance  absolue  entre  ces  exemplaires 
trouvés  si  loin  les  uns  des  autres.  Or  de  ces  lampes  une 
est  signée  C.  Cio.  Suc.  ;  une  autre,  C.  Oppi.  Res.  ;  une 
troisième  Successif  d’autres  ne  portent  au  revers  aucune 
marque  de  fabrique.  Quant  aux  motifs  purement  décora¬ 
tifs  qui  se  répétaient  uniformément  soit  sur  le  disque, 
soit  autour  du  disque  (stries  rectilignes  ou  curvilignes, 
oves,  etc.),  ils  étaient  probablement  obtenus  en  creux 
dans  le  moule  à  l’aide  de  roulettes  en  terre  cuite  ou 
en  bronze  [forma,  p.  1243,  fig.  3179-3181].  Lorsque  le 
potier  voulait  signer  ses  lampes,  ou  bien  il  imprimait 
son  nom  en  creux  dans  la  partie  inférieure  du  moule  à 

l  Ch.  Bigot,  L.  c.  p.  44-45.  —  2  Friedlaender,  Mœurs  romaines,  trad.  Ch.  Vogel, 
t.  III,  p.  302  et  s.  —  3  C.  i,  lat.  XV,  2e  part.  t.  I,  n°B  0350,  0593,  0445,  0544. 
_ 4  Ch.  Bigot,  L.  c.  p.  45;  Delattre,  Les  lampes  antiques  du  Musée  de  Saint - 


LUC 


1130>  h-  30491 


l’aide  d’un  timbre  en  relief  [figlinum,  p 
et,  dans  ce  cas,  la  signature  de  la  lampe  se  tr,  °U42J' 
aussi,  en  relief;  ou  bien  il  appliquait  direele"™1,  ^ 
timbre  sur  la  lampe,  au  sortir  du  moule,  avani  h* "■[  S°n 
dans  ce  cas,  la  signature  était  en  creux  |  ,.s ''  ' 


importantes  possédaient  un  jeu  considérable  de  i 


fabi'iqueg 

A  Rome  seulement,  il  a  été  trouvé  91  sïije'ts^di'rj 
sur  les  lampes  signées  L.  Caec.  Sae.,  84  sur  le  '  |"'‘enls 
signées  C.  Oppi.  Iles..  51  Sur  celles  sig„ées 
43  sur  les  lampes  signées  L.  Mar.  Mi.3  o  ’ 
possédons  qu’une  petite  partie  des  produits  Offl'v  1° 
par  chacune  de  ces  officinae ;  chacun  des  nombi'i-s?^ 
nous  venons  de  citer  représente  donc  une  nronm-iT 
relativement  faible.  '  11 

Pour  fabriquer  la  lampe,  le  potier  prenait  deux 
morceaux  d’argile  ;  il  en  étalait  un  dans  la  partie  infé¬ 
rieure  du  moule,  et  l’autre  dans  la  partie  supérieure  | 
Puis  il  rapprochait  les  deux  parties  du  moule.  L’aHle 
étant  encore  humide,  les  deux  moitiés  de  la  lampe  se 
collaient  l’une  à  l’autre  dans  le  moule  même.  Quand  la 
terre  commençait  à  sécher,  la  lampe  se  détachait  facile¬ 
ment  du  moule.  Alors  le  potier  y  mettait  la  dernière 
main,  avant  de  la  porter  au  four.  Il  creusait  dans  l’argile 
molle  le  trou  du  bec,  et  celui  du  disque  ou  infundi- 
bulum  ;  il  évidait  l’anse  en  forme  d’anneau;  il  enlevait 
les  bavures  qui  avaient  dû  se  produire  tout  le  long  de  la 
suture  des  deux  moitiés  de  la  lampe;  quelquefois  il 
enduisait  la  lampe  d’un  vernis  ou  d’une  glaeure.  Elle 
était  alors  prête  pour  la  cuisson  et  portée  au  four.  Los 
lampes  n’étaient  exposées,  en  général,  qu’à  une  tempé¬ 
rature  modérée4. 

Usage  des  lampes.  —  Pour  bien  éclairer,  les  lampes  de 
bronze  ou  d’argile  dont  se  servaient  les  anciens  devaient 
être  placées  à  une  assez  grande  hauteur.  Dans  les  mai¬ 
sons  modestes  et  dans  les  catacombes,  elles  occupaient 
de  petites  niches  ou  cavités  creusées  dans  les  murs; 
quelquefois  elles  étaient  posées  sur  des  tablettes  en  bois 
fixées  à  la  muraille  5  ;  quelquefois  aussi  elles  étaient  ac- 


rochées,  sans  doute  à  des  clous.  On  a  retrom *  r|U  ^ 
mnpes  dont  l’anse  forée  est  disposée  de  h 111 

ue  la  lampe  était  certainement  accrochée  . . r  ^eS 

iaroi  verticale6  (fig.  4594).  On  a  aussi  conj'<^  , 
ampes  de  bronze,  auxquelles  s’adaptent,  du  ">  '  ■  ^ 
u  bec,  des  tiges  s’articulant  et  s’enchaînan  )au g  e(. 
erminées  par  un  crochet  \  Une  lampe,  trom h-1 ^  .  jn_ 
ni  a  passé  en  Angleterre8,  forme,  par  la  nnu  ‘  ^  ^ 
;énieuse  de  la  tige  à  laquelle  elle  est  allat’ u_'(  effet)  cette 
le  transport  facile  et  à  deux  fins  (fig- /<(,,|  ‘  '^|r  lesquels 

ige  est  terminée  d’un  côté  par  trois  Pie  s  endue 
lie  peut  se  tenir  debout,  la  lampe  est  a  °'  ujen  i’appa‘ 
ans  la  boucle  placée  à  l’autre  extrémité,  ou 

_  ii  C.  i.  I XV’ 

ouis  de  Carthage ,  p.  18-19.  -  5Virg.  Morelum  19  e  • 

■  part.  I.  I,  tav.  m,  n-  22,  23,  29.  -  3  Piranes.,  Vas 
\  Archaeologia ,  t.  XXV,  pl.  10.  -  »  Piranes.,  IM.,  I  ■ 


1335  — 


LUC 


LUC 


trou  \ 


(1  pt  c’est  la  lampe,  arrêtée  sous  la  boucle, 
re'j se  I  <.IJ')1.S  de  support,  et  les  trois  pieds  portés  en  haut 
qui  sert*»  01  b]ableg  aux  plateaux  d’un  lampadaire.  Un 

rV‘[ ""de  suspension  y  a  été  ajouté. 

C  limpes  pouvaient  aussi  être  suspendues  au  pla- 
Ln  celle  que  l’on  voit  (fi  g.  4605)  est  en  argile  ;  elle  a  été 
f°n  ■  ./.rnrhée  au  linteau  d’une  porte  dans  le  tombeau 

étrusque  des  Vo- 
lumnii  à  Pérouse2. 
L’anneau  de  suspen¬ 
sion  est  formé  par 
un  serpent  replié 
au-dessus  de  la  tête 
d’un  génie  ailé.  La 
lampe  est  à  huit 
becs.  Le  dessous  est 
orné  d’une  tête  de 
Méduse.  On  peut  en 
rapprocher  les  figu¬ 
res  4579  et  4602. 

Le  plus  souvent 
on  avait  recours  à 
un  support  qui  per¬ 
mettait  de  placer  la 
lampe  à  la  hauteur 
voulue.  Ce  support 
était  tantôt  adhé¬ 
rent  à  la  lampe  elle- 
même,  tantôt  indépendant.  Dans  le  premier  cas,  la  lampe 
était  munie  d’un  pied  plus  ou  moins  développé,  plus 
ou  moins  orné.  Les  lampes  à  pied  sont,  on  l’a  vu  (p.  1320, 
fig.  45(54),  aussi  anciennes  que  la  lampe  elle-même.  On 
a  découvert  dans  la  nécropole  punique  de  Gouraïa,  près 
Cherchell  (Algérie),  une  lampe  en 
forme  d’écuelle  à  deux  becs  por¬ 
tée  par  un  pied  très  haut.  Le 
musée  de  Carthage  possède  une 
lampe  de  même  forme,  dont  le 
pied  est  brisé.  La  collection  de 
M.  le  commandant  Farges  ren¬ 
ferme  une  lampe  de  forme  primi- 
tive(écuelle  à  un  seulbec),  sous  la¬ 
quelle  on  reconnaît  l’attache  d’un 
pied;  elle  provient  de  la  nécro¬ 
pole  punique  de  Collo  3.  Dans  la 
nécropole  punique,  voisine  de  la 
colline  de  Sainte-Monique,  le 
P.  Delattre  a  trouvé  en  1898  deux 
lampes  grecques  à  pied  (fig. 
dg  (.  4606)  L  Le  musée  de  Saint-Louis 

déco!!)  ’  Possède  quelques  colonnettes  et  fragments 
qui  si!"111  ^ CS  6n  terre  cu*!e>  surmontées  de  chapiteaux, 
do  lui,"  inl  l  lUle  aPParencei  étaient,  de  même,  des  pieds 
len.(i  (!|M  '  ^  *  époque  romaine,  les  pieds  des  lampes  en 
nées  h,.','  ll'(Plrenl  des  formes  plus  variées  et  plus  or- 
0n  u  il  (|UX  StVes  m®r^ent  d’être  signalées  spécialement, 
tensilcs  (]'*■  et  aux  environs  de  Naples  des  us- 

Cmp(,s  11  rage ,  composés  d’une  ou  de  plusieurs 
11  1  mies  par  un  petit  autel  de  forme  quadran- 

,  ^**lv  At’n,  |  797  .  n  i  „ 

J""’1'»  pl.  vin  lx  .  ’  c;ron-  Sat.  30.  —  2  Vermiglioli,  Sepolcra  d.  Vo- 

■  Hlanchct,  Coll  r  la(lile>  &eP-  d.  Volumni,  pl.  xm.  —  3  M.  Besnicr  cl 
"J'sine  de  la  collin,,  "  P’  ^1,  n»  ‘3.  —  4  La  nécropole  punique 

p'  *6'  fig.  31,  L  s  ^amte- Monique,  extr.  du  Cosmos,  1899,  p.  13,  fig.  25  ; 

•  -  lat.  XV,  2»  part.  t.  I,  u»*  6009,  0610,  6734; 


Fig.  4600.  _ 


Campe  grecque 
à  pied. 


Iulaire  ;  les  faces  latérales  de  l’autel  sont  souvent  ornées 
de  bas-reliefs  (fig.  4607)*.  Plus  nombreuses  sont  les 
gampes,  dont  le 
pied  en  forme  de 
balustre  renversé, 
est  orné  d’une  ou 
de  plusieurs  figures 
debout  en  relief6, 
telles  que  Minerve, 

Vénus,  Apollon  ci- 
tharède,  la  déesse 
de  la  Nuit  repré¬ 
sentée  sous  les 
traits  d’une  femme 
voilée  qui  tient  une  Fig.  4607.  —  Lampe  en  forme  d’autel, 

torche  allumée  dans 

la  main  droite  et  trois  pavots  dans  la  main  gauche 
abaissée,  ou  la  Victoire;  un  support  de  ce  genre,  re¬ 
produit  dans  le  recueil  de  Passeri  \  est  décoré  de 
trois  figures  en  pied,  où  l’on  a  reconnu  Diane  chasse¬ 
resse,  Séléné  la  déesse  de  la  lune, 
et  Hécate  (fig.  4608).  Enfin,  mais 
plus  rarement,  le  pied  de  la  lampe 
fut  complètement  transformé  en 
une  figure  8,  par  exemple  un  Amour 
avec  les  attributs  d’Hercule  ;  peut- 
être  aussi  le  motif  d’Atlas  portant 
le  monde  fut-il  adapté  à  cet  usage  9. 

Les  lampes  en  bronze,  comme 
les  lampes  en  terre  cuite,  étaient 
parfois  munies  d’un  pied  adhé¬ 
rent;  en  général  ces  pieds  s’élar¬ 
gissent  à  leur  partie  inférieure 
pour  donner  à  la  lampe  une  base 
plus  large,  et  par  suite  plus  de  sta¬ 
bilité.  Il  n’est  pas  rare  qu’ils  aient 


la  forme  de  trois  griffes  de  lion10. 


Fig.  4G08. 

Lampe  eu  forme  de  vase. 


Les  lampes  dépourvues  de  pied 
étaient  soit  posées  sur  des  supports  plats,  soit  suspendues 
par  des  chaînettes  à  des  supports  de  formes  diverses.  Les 
lampes  que  l’on  posait  à 
plat  sur  la  tablette 11 

(7UV7.X!0V  OU  7tlVaXl<7XlOV  12), 

du  support  ou  du  can¬ 
délabre  (fig.  4609),  ne 
présentent  aucune  dis¬ 
position  particulière.  Les 
lampes  destinées  à  être 
suspendues  étaient  mu¬ 
nies  soit  d’anneaux,  soit, 
quand  elles  étaient  en 
bronze,  de  tiges  recour¬ 
bées,  ornées  souvent 
avec  beaucoup  de  soin, 
par  exemple  de  cols  et 
de  têtes  de  cygne13.  Cer¬ 
taines  lampes,  au  lieu  d’être  posées  à  plat  ou  suspen¬ 
dues,  étaient,  pour  ainsi  dire,  fichées  sur  l’extrémité 
d’une  tige  pointue.  En  Sicile  et  dans  l’Afrique  du  Nord 


Fig.  4609.  —  Lampe  de  bronze  sur  son  support. 


Antich.  di  Ercolano,  t.  VIII,  pl.  xu,  u»  2.  —  6  Monlfaucon,  O.  c.  t.  V,  2*  part, 
pl.  clxvu,  clxxi,  ci-xxxix;  Passeri,  Luc.  I,  pl.  lxix,  xevu;  Bull,  comun.  1890,  p.  25. 
—  7  1,  pl.  xxii.  —  »  Ant.  di  Ercol.  t.  Vlll,  pl.  xxxiv,  u°  3.  —  9  Monlfaucon,  O.  c. 
t.  V,  2e  part.  pl.  ci.xxit.  — 10  Par  exemple  au  Louvre  (salle  des  bronzes)".  —  U  Mus. 
Borb.  t.  IV,  p.  14.  —  12  Poil.  X,  115.  —  13  Ant.  di  Ercol.  t.  VIII,  pl.  lu. 


UTC 


1336  — 


LUC 


(Carthage,  Gouraïa,  Khenchela),  ont  été  trouvées  en  effet  i 
des  lampes  dont  la  forme  serait  inexplicable,  si  on  n'ad¬ 
mettait  pas  qu'elles  devaient  être  ainsi  placées.  De  ces 
lampes,  les  unes  sont  traversées  dans  le  sens  de  la 
hauteur  par  une  sorte  de  tube,  ce  qui  donne  au  réci¬ 
pient  une  forme  annulaire  (Gouraïa,  peut-être  Khen¬ 
chela)  1  ;  les  autres  présentent,  au  centre  du  réci- 


Fig.  4610  et  4611.  —  Lampes  fixées  sur  un  tube  central. 

pient,  une  sorte  de  rendement,  qui  s’élève  parfois  plus 
haut  que  le  niveau  du  bord  supérieur  (fig.  4610  et 
4611)  ;  ce  rendement,  d’aspect  tronconique  ou  pointu, 
est  creux  et  permettait  de  placer  la  lampe  sur  le  sommet 
d'une  tige  qui  s’y  emboîtait  exactement  (nécropole  de 
Megara  Ilyblaea  en  Sicile  ;  Carthage)  s.  La  disposition 

exactement  contraire  était  aussi 
appliquée  :  la  lampe  était  munie  à 
sa  partie  inférieure  d’un  appendice 
en  forme  de  tige,  qui  s’enfoncait 
dans  le  fût  du  candélabre  ou  du 
lampadaire  (fig.  4612):  Enfin  la 
lampe  pouvait  être  garnie  d’une 
sorte  de  virole  que  l’on  faisait  glis¬ 
ser  à  volonté  le  long  de  la  tige  du 
candélabre  [candelabrum,  fig.  1095]. 

Les  lampes  de  bronze  et  de  terre 
cuite  étaient  d’un  usage  courant 
dans  la  vie  privée.  Les  nombreux 
exemplaires  trouvés  à  Herculanum  et  à  Pompéi  le  prou¬ 
vent  sans  contestation  possible.  Comme  il  est  naturel,  les 
lampes  de  bronze,  surtout  les  spécimens  de  grandes 
dimensions,  ornés  de  bas-reliefs,  même  de  figurines  ou 
de  groupes  en  ronde  bosse,  ne  se  sont  rencontrées  que 
dans  les  maisons  riches  ;  dans  les  demeures  modestes,  les 
lampes  d'argile  étaient  seules  employées.  Il  n’y  a  point 
lieu  de  distinguer,  comme  ont  cru  devoir  le  faire  quelques 
érudits,  les  lampes  qui  servaient  dans  les  salles  de  repas, 
tricliniares,  de  celles  qui  éclairaient  les  chambres  à 
coucher,  cubiculares.  Il  est  évident  que  dans  toutes  les 
maisons  les  plus  belles  lampes  étaient  d’habitude  réser¬ 
vées  pour  les  salles  où  les  amis  et  les  étrangers  étaient 
reçus,  comme  tout  ce  qui  pouvait  servir  à  orner  la 
demeure. 

Les  lampes  n’étaient  pas  seulement  employées  pour 
l’usage  domestique.  De  bonne  heure  on  alluma  des 
lampes  soit  dans  les  rues  et  les  places,  soit  dans  les  édi¬ 
fices  publics.  Mais  il  importe  de  déterminer  avec  précision 
dans  quelle  mesure  les  lampes  proprement  dites  ( lucer - 
nue ,  Xûyvoi)  concoururent  à  l’éclairage  public.  Beaucoup 
de  textes,  cités  par  quelques  érudits  comme  mentionnant 
des  lampes,  doivent  être  écartés,  les  uns  parce  qu’ils  ren¬ 
ferment  des  mots  d’un  sens  très  général,  <fu>- roc  en  grec, 
lumina  en  latin3,  les  autres  parce  qu’ils  signalent, 


1  La  laupc  de  Gouraïa  est  inédite  ;  je  l’ai  examinée  moi-mème  dans  la  collection  J. 
Frappa  ;  M.  Bcsnier  et  P.  Blanchct,  Coll  Farge* ,  p.  20,  n°  7.  —  2  Fig.  4610  d’après 
Monum.  an  tic  h.  I,  p.  829;  la  fig.  4611  dessinée  au  musée  de  Naples.  La  lampe  de 
Cartilage,  encore  inédite,  fait  partie  du  musée  Lavigerie  de  Saint-Louis  de  Carthage; 
cf.  Nécrop.  d.  Myrina ,  t.  II,  p.  590.  —  3  Dio.  Cass.  LXIII,  4  ;  Plut.  Cic.  22;  [ 


non  point  des  lucernae  ou  Xifyvot,  niais  |  • 
ches,  Saos;,  XàpraSsç  4  ou  des  bougies  q,!"  "  l°N 
xtGveç 6.  Cette  réserve  faite,  il  est  néanmoins 
les  lampes,  en  même  temps  que  les  torches  et  h* que 
servaient,  dans  certaines  circonstances,  à  illi^n  •Cler^es' 
rues,  les  places,  les  monuments  publics  l","ner  ’es 
pour  l’époque  romaine  que  nous  sommes  r 


esl  surtout 

renseignés.  Les 

même  un  plein 


maisons  particulières  étaient  illuminées 
jour  au  moyen  de  lampes  allumées  autour  du  h 
d’entrée,  à  l’occasion  de  toute  réjouissance  imlü! 
privée,  telle  que  l’anniversaire  ou  le  retour  d  iu,!"  '  " 
sonne  de  la  famille,  l’anniversaire  de  l'empereur^’" 
gnant6.  C’était  de  même  avec  des  lampes  que  le 
était  illuminé  sous  la  République  pendant  la  célébrathT 
des  jeux  romains  L 

Lorsque  César  célébra  son  triomphe  sur  les  Gaulois  il 
monta  au  Capitole,  ad  lumina ,  quadraginta  elephanth 
dextra  atque  sinistra  lychnuchos  gestantibus 8.  il  (,S( 
incontestable  que  les  lampes  furent  assez  souvent  em¬ 
ployées  dans  des  circonstances  analogues,  fûtes  pu.| 
bliques,  triomphes,  cérémonies  diverses;  mais  c’étaient 
là  des  cas  exceptionnels,  et  nous  ne  pensons  pas  devoir 
en  conclure  qu’il  est  forcément  question  de  lampes  dans 
le  texte  d’Ammien  Marcellin  relatif  à  l’éclairage  public 
d’Antioche  :...  in  urbe,  ubi  pernoctantium  luminum 
claritudo  dierum  solet  imitari  fulgorem 9. 

Sous  l’Empire  romain,  les  amphithéâtres  etles  théâtres 
furent  parfois  éclairés  à  l’aide  de  lampes.  Domitien  fit 
représenter  des  combats  de  gladiateurs  et  des  chasses 
de  bêtes  fauves,  ad  lychnuchos 10  ;  lors  des  Jeux  Millé¬ 
naires,  en  248,  le  théâtre  de  Pompée  fut  éclairé  pen¬ 
dant  trois  nuits  de  suite  à  l’aide  de  torches  et  de  lampes, 
funalibus  algue  lychnis  tenebras  vincentibus1'.  Pen¬ 
dant  longtemps,  les  thermes  ne  s’étaient  ouverts  au 
public  que  pendant  le  jour  ;  Alexandre  Sévère  permit 
aux  Romains  d’en  profiter  même  la  nuit,  en  fournis¬ 
sant  l’huile  nécessaire  à  leur  éclairage  l2;  ce  détail 
nous  prouve  que  dès  lors  les  thermes  furent  éclairés 
à  l’aide  de  lampes.  Athénée  cite  un  Xuyveïov  donné  a 
la  ville  de  Tarenle  par  le  tyran  Denys  de  Syracuse;  a  te 
lampadaire  pouvaient  être  suspendus  autant  de  lara] 
qu’il  y  avait  de  jours  dans  l’année;  il  fut  placé  dans  e  I 
Prytanée  de  la  ville13. 

Les  anciens  ne  se  servaient  pas  des  lampes  uniquemen  j 
pour  s’éclairer.  A  celles  qu’ils  plaçaient  dan>  cuiM 
sanctuaires,  ils  attribuaient  une  signification  ddh  ien  (b 
un  rôle  religieux,  rituel.  Tantôt  ces  lampes  ]>i  ilI.1"  n 
plein  jour,  comme  la  lampe  de  Callimachos  1 
sanctuaire  d’Athéna  Polias,  sur  l’Acropole1'  , 
étaient  allumées  en  plein  air  et  dans  des  cio  -1  ^  ^ 
bien  caractéristiques.  Pausanias  rapporte  M  ■  ^ 
forum  de  la  ville  de  Pharae,  en  Achaïe,  1  "  ' ^  ||tlin 
statue  d’Hermès  Agoraios  ;  devant  cette  statm  i|a|ent 
foyer  en  pierre,  auquel  des  lampes  de  ku,nZI  jt  un 
fixées  à  l’aide  de  soudures  en  plomb.  La  se  1  1  ^j^rse 
oracle  très  fréquenté;  ceux  qui  voulaient  le  gur 

présentaient  le  soir,  faisaient  brûler  de  et  les 

le  foyer,  puis  remplissaient  les  lampes  1  iU 

•u 

Anton.  26  ;  Amm.  Marc.  XIV,  1.  —  *  Plut-  Cic.  22;  .  j0?.  :0;  c(-  ^ 

.v  ~  _  B  p„„l.  T.  r  —  6  J„v.  XII.  v.  89  et  s.  ;  Tcrtull.  Ap  .  cf. 


,  22.  —  6  Euseb.  L.  c.  —  6  Juv.  XII,  v.  89 
d  uxor.  II,  6.  -  7  Lucil.  Sat.  1,  23.  -  »  Suel.  Caet. 
iban.  I,  p.  363.  10  Suet.  Domit.  4.  -  “  Eutrop.  IX,  • 

ev.  24,  §6.-13  Athcn.  XV,  19;  cf.  Theocr.  XXI,  30.  - 


37. 


__,9  XIV,  1 
12  UmPr'  iletf' 

I  26,  §  6- 


H  Pans 


LUC 


1337  — 


,  u  esl  évident  que  l’huile  des  lampes  est  ici 

aijui™1"'"  au  même  titre  que  l’encens,  que  le  fait  de 

fane  ofh'ant  1  ,  fover  et  celui  d’allumer  les  lampes 

j®ter  1  .  )cles  de  mème  nature  et  de  même  signification. 

6°nt/ln?on,  de  calendrier,  le  Philocalus,  mentionne  pour 

U“  des  ides  d’août  (12  août),  une  fête  nommée 

la  vel  ‘  .  gur  laquelle,  malheureusement,  nous 

^r.^i^aacun  autre  renseignement2.  A  Athènes,  sous 

naV°nb  1  mmain  une  femme  s’intitule  Àu^vxTrrota  xaî 
rRmoire  rum»11  » 

!  r/r-  d’une  déesse3.  Dans  les  campagnes,  on  sus- 
iV£l?hiU  certains  arbres  sacrés  des  lampes  allumées4. 
PU  coutume  de  placer  ou  de  suspendre  des  lampes 
allumées  dans  les  sanctuaires  était  donc  un  rite  religieux  ; 
w  ,U1X  païens  que  les  chrétiens  l’ont  empruntée.  Les 

cierges  et  les  lampes  qui  brûlent  aujourd’hui  dans  nos 
églises  n’ont  fait  que  succéder  aux  lampes  de  métal  pré¬ 
cieux  de  bronze  ou  d’argile,  qui  étaient  allumées  dans  les 
sanctuaires  grecs  et  romains 5.  Par  là  s’explique  le  nombre 
considérable  de  lampes  qui  ont  été  trouvées  dans  des 
ruines  de  temples  ou  sur  l’emplacement  de  lieux  con¬ 
sacrés.  Ces  lampes,  qui  ne  portent  pas  toujours  des 
traces  de  combustion  autour  du  bec,  étaient  apportées 
dans  les  temples  comme  offrandes  ou  comme  ex-voto8. 
Dans  les  sanctuaires  de  Dali,  à  Chypre,  ont  été  recueillis 
des  fragments  très  abondants  de  lampes  en  forme 
d’écuelles  ou  de  coquilles1.  De  même  beaucoup  de 


lampes  ont  été  découvertes  par  Newton  dans  un  temenos 
de Deméter  et  Persépbone,  à  Cnide  ;  l’auteur  n’hésite  pas 
aies  considérer  comme  des  lampes  votives 8 .  A  Sélinonte, 
M.  Salinas  a  ramassé  de  très  nombreuses  lampes  sur  les 
gradins  qui  mènent  à  l’un  des  temples  de  cette  ville,  et 
tout  autour  de  la  salle  qui  avoisinait  l’entrée  de  la  cella  ; 
ce  sont  des  lampes  d’argile  grossières,  de  petites  dimen¬ 
sions  et  sans  vernis,  ex-voto  modestes  apportés  par  la 
population  pauvre9.  Plusieurs  lampes  en  terre  cuite  ont 
été  retrouvées  autour  de  l’autel  de  Saturnus  Balcara- 
nensis ,  qui  s’élevait  au  sommet  du  Bou-Kournéin,  près  de 
Carthage10.  Parfois  une  inscription  indiquait  en  termes 
formels  le  caractère  de  la  lampe  :  Palladi  victrici J1,  Jovi 
Sereno  sacrum12,  ’Apôép(iSt)  lepoç 13 ,  Dco  qu[i  est )  Maxi- 
m[us),  il  s’agit  ici  d’Harpocrate  u.  Dans  le  culte  d’Isis,  les 
lampes  jouaient  un  rôle  tout  particulier.  On  lit,  dans  la 
description  qu’Apulée  nous  donne  d’une  procession 
maque  :  «  Ensuite  paraissaient  les  ministres  du  culte. 
Ces  grands  personnages  portaient  les  attributs  augustes 
des  dieux  tout-puissants.  Dans  les  mains  du  premier  on 
voyait  une  lampe  qui  répandait  la  clarté  la  plus  vive; 
mais  elle  ne  ressemblait  en  rien  à  celles  qui  éclairent  nos 
repas  du  soir;  c’était  une  nacelle  en  or  jetant  de  sa 
Partk>  k  l^us  large  une  grande  flamme15.  »  De  cette  des¬ 
cription  il  convient  de  rapprocher  une  lampe  en  forme  de 
®ace  e,  trouvée  à  Pouzzoles,  où  précisément  les  cultes 
léra'11'1'1' mS  ^a*en^  Zébrés  :  «  A  la  proue  de  la  nacelle, 
1|,naat  de  la  main  droite  un  gouvernail,  et  Isis, 
>  s  '  '  "x  debout.  Au-dessous,  un  des  Dioscures  avec 


son  cheval;  plus  bas  encore  un  ouvrier  nain,  tout  nu,  les 
jambes  tordues,  les  cheveux  disposés  en  forme  de  cornes, 
va  mettre  au  four  un  petit  vase  qu’il  vient  de  terminer; 
à  ses  pieds  sont  les  instruments  de  son  métier  : 
c’est  Phtali  démiurge.  A  l’extrémité  de  la  nacelle,  tête 
radiée  du  Soleil.  Dans  un  cartouche,  au-dessous  du 
Dioscure,  le  mot  EÛTrXota.  Sous  la  nacelle  1  inscription 
AaSé  [AS  tov  'HXio(ispa7tiv 16.  »  Il  est  vraisemblable  que 
cette  lampe,  déposée  comme  offrande  ou  comme  ex-voto 
dans  un  temple  de  Sérapis  et  d’Isis  à  Pouzzoles,  repro¬ 
duisait  la  forme  et  la  décoration  de  la  nacelle  d’or  symbo¬ 
lique  qu’Apulée  nous  décrit.  Des  lampes  de  forme  ordi¬ 
naire  ont  été  trouvées  dans  l’Isium  de  Pompéi 11 . 

La  présence  de  lampes  soit  votives  soit  symboliques 
dans  les  temples  antiques  explique  pourquoi  l’on  offrait 
souvent  aux  divinités  des  candélabres.  Pline  rapporte 
que  l’on  se  plut  à  consacrer  dans  les  sanctuaires  des 
lychnuehi  à  suspensions  ou  encore  des  lampadaires  qui 
portaient  les  lampes  comme  les  arbres  portent  leurs 
fruits  [voy.  candelabrum,  lig.  1099,  1100]  :  Placuere  et 
lychnuehi  pensiles  in  delubris  aut  arborum  modo  ma/a 
ferentium  lucentes 18.  Comme  spécimen  de  ces  candé¬ 
labres,  il  cite  celui  que  l’on  pouvait  admirer  à  Rome  dans 
le  temple  d’Apollon  sur  le  Palatin  ;  ce  candélabre  avait 
été  pris  par  Alexandre  à  Thèbes  et  consacré  par  le  vain¬ 
queur  dans  le  temple  d  Apollon  à  Cymé  ;  de  là  il  avait . 
été  transporté  à  Rome.  Deux  candélabres  de  bronze  ont 
été  recueillis  dans  l’Isium  de  Pompéi19. 

A  l’époque  chrétienne,  les  catacombes  d  abord,  plus  lard 
les  basiliques  furent  éclairées  par  des  lampes,  soit  sus¬ 
pendues  à  la  voûte  20  (quelques-unes  des  lampes  qui  ont 
été  conservées  sont  encore  munies  de  leurs  chaînes),  soit 
posées  sur  de  petites  tablettes  de  bois  ou  de  marbre,  soit 
encore  accrochées  à  la  muraille  21 . 

Dans  les  coutumes  funéraires  comme  dans  les  rites 
religieux,  la  lampe  semble  avoir  joué  un  rôle  important. 
Mais  il  faut  ici  faire  une  distinction.  Nous  ne  devons 
pas  nous  étonner  d’apprendre  que  les  lampes  étaient 
employées  pendant  l’exposition  du  corps  à  l’entrée  de  la 
maison  mortuaire22,  ni  qu’on  allumait  souvent  des  lampes 
près  des  stèles  funéraires  ou  dans  les  mausolées.  Dans 
le  premier  cas,  la  lampe  était  employée  comme  ustensile 
domestique  dans  la  maison  du  défunt;  dans  le  second, 
elle  jouait  un  rôle  analogue  à  celui  quelle  jouait  dans 
les  temples  :  un  mausolée,  était-ce  d’ailleurs  autre  chose 
qu’un  temple  ;  une  stèle  funéraire,  autre  chose  qu’un 
autel?  C’était  là  un  rite  essentiel,  à  en  juger  par  quelques 
textes  épigraphiques  et  par  un  passage  du  Digeste. 
Tantôt  le  défunt  stipule  dans  son  testament  qu’une  lampe 
devra  être  allumée  soit  chaque  jour  23,  soit  un  mois  sur 
deux24,  soil  à  certaines  dates  près  de  son  tombeau25; 
tantôt  l’épitaphe  promet  quelque  avantage  au  passant 
qui  placera  près  de  la  tombe  une  lampe  allumée  : 

Quisqais  huic  tumulo  posuit  ardente(m)  lucernam, 

Illius  cineres  aurea  terra  légat 36 . 


E  faus.  vil  ->->  ce  „ 

a».  III,  66  -  ct  3-  —  2  C.  i.  lat.  I,  p.  348  et  309.  — 

1009  —  s  j,  '  SSC1'>  Mém,  d’hist.  ancienne,  p.  412.  —  4  C.  Sy\ 
!3°;fcrtull  sur  les  antiq.  des  catacomh 

1  lll>  0.  2  cl  s  .  vî 12 1  Uctaut-  De  vero  cuit.  VI,  7  ;  Cahier,  Mélanges 
H,  22,  j  __  -  ,,,  ’  1  alti8nï>  Dict.  des  antiq.  chrét.  au  mot  Lampes. 
Nùcoterie,  n°ralsch-Richter,  Kypros,  p.  411.  -  8  Newton,  A 
'  9  Aofiîïe  /  "  lCa'nassus'  Cnidus  and  Branclddae,  t.  Il,  p. 
Vlxi,,,.'-.  189*.  P-  205  et  s'  -  10  Mél.  de  VÉcole 
"  ’  1 10-09.  —  Il  Montfaucon,  O.  c.  t.  V,  2»  part. 


_ 12  Lucernae  fict.  Mus.  Passcrii ,  I,  pl.xxxm.  —  13  Ibid,  pl  xeix.  —  14  Ibid.  pi.  i  ; 

cf.  Lafayc,  Hist.  du  culte  des  divinités  d'Alexandrie,  p.  302,  u.  127.  —  15  Apul. 
Metam.  XI;  cf.  Lafayc,  O.  c.  p.  122-123.  —  10  G.  Lafayc,  O.  c.  p.  303-304, 
n»  132.  —  n  Ibid.  p.  193.  —  1»  Plin.  Hist.  nat.  XXXIV,  3,  8.  —  19  G.  Lafayc, 
O.  c.  p.  193.  —  20  Prudent.  Cathem.  V,  141  ;  Paul.  Nol.  Nat.  XI,  412.  —  21  pc 
Rossi,  Borna  sotterr.  111,  p.  259;  Cahier,  O.  I.  lit,  p.  2  ct  s.;  Delattre,  Les 
lampes  antiques  du  Musée  de  Saint-Louis  de  Carthage ,  p.  27.  —  22  Voir  funus. 
p.  1389,  fig.  3360.  —  23  C.  i.  lat.  II,  2102.  —  2V  Dig.  XL,  tit.  4,  44.  -  25  Orclli, 
4416.  —  ld.  20  4838. 


LUC 


—  1338  — 


Toutefois  l’importance  funéraire  de  la  lampe  antique 
vient  d  autre  part.  Dans  la  plupart  des  nécropoles 
romaines  qui  ont  été  fouillées,  et  surtout  dans  les  nécro¬ 
poles  qui  datent  de  l’époque  impériale,  de  très  nom¬ 
breuses  lampes  ont  été  retrouvées  parmi  le  mobilier 
funéraire.  En  règle  générale,  chaque  tombe  renfermait 
une  ou  deux  lampes.  Les  lampes  que  possèdent  les 
musées  ou  les  collections  particulières  proviennent  en 
tiès  grande  partie  de  tombeaux  romains.  Cet  usage  de 
placer  une  lampe  auprès  du  mort,  dans  sa  tombe  même, 
paraît  être  d'origine  asiatique.  Les  Phéniciens  l’obser¬ 
vaient.  On  en  trouve  des  traces  fréquentes  en  Phénicie  *, 
à  Chypre  2 ,  à  Carthage  3 ,  sur  l’emplacement  de  plu¬ 
sieurs  colonies  phéniciennes  de  l’Afrique  du  Nord  4.  Nul 
■vestige,  au  contraire,  n  en  a  été  jusqu’à  présent  relevé 
en  Égypte.  En  ce  qui  concerne  les  pays  grecs,  nous 
avons  vu  que  des  lampes  ont  été  recueillies  dans  les 
ruines  de  l'époque  mycénienne.  Mais,  après  le  bouleverse¬ 
ment  qui  anéantit  cette  première  civilisation,  on  sait  que 
1  usage  de  la  lampe  se  répandit  relativement  tard  dans 
le  monde  hellénique  ;  or  ces  petits  objets  d’argile  ne 
pouvaient  être  admis  à  figurer  dans  le  mobilier  des  tombes 
qu  après  être  devenus  d’un  usage  tout  à  fait  courant 
dans  la  vie  domestique  ;  en  outre,  rien  n’est  plus  difficile 
ni  plus  délicat  à  modifier  que  les  coutumes  funéraires. 
Dans  la  nécropole  de  Myrina  il  n’a  pour  ainsi  dire 
pas  été  trouvé  de  lampes  5.  La  même  observation  s’ap¬ 
plique  soit  aux  nécropoles  sicules,  si  consciencieusement 
étudiées  par  M.  P.  Orsi,  soit  aux  cimetières  italiotes  anté¬ 
rieurs  a  1  établissement  de  la  domination  romaine  dans  la 
péninsule  .  Abstraction  faite  des  tombeaux  phéniciens, 
ce  fut  surtout  dans  les  pays  de  civilisation  romaine  et 
à  l'époque  impériale  que  cet  usage  fut  général.  Il  subsista 
jusqu’aux  derniers  temps  du  paganisme;  mais  on  n’a  dé¬ 
couvert  aucune  lampe  dans  les  cimetières  chrétiens; 
toutes  celles  qui  ont  été  trouvées  dans  les  catacombes 
étaient  placées  dans  les  niches  des  galeries  ou  des 
arcosolia.  Les  tombes  chrétiennes  de  Carthage,  de  Ta- 
barka,  de  Sfax  en  Tunisie  ne  renfermaient  non  plus 
aucune  lampe  7. 

Les  lampes  déposées  dans  les  tombeaux  ne  semblent 
pas  avoir  été  allumées.  Leur  bec  ne  porte  aucune  trace 
de  combustion. Au  contraire, parmi  les  lampes  chrétiennes 
trouvées  soit  dans  les  catacombes,  soit  sur  l’emplace¬ 
ment  des  basiliques  de  Carthage,  il  en  est  beaucoup  dont 
le  bec  est  tout  noirci  et  quelquefois  brisé.  Les  lampes 
étaient  donc  placées  auprès  des  corps  inhumés  ou  des 
urnes  cinéraires  pour  la  même  raison  que  les  autres 
poteries  ou  verreries  dont  se  composait  en  général  le 
mobilier  funéraire  des  tombes  communes.  Comme  on 
se  figurait  que  le  défunt  menait  sous  terre  une  existence 
obscure,  analogue  à  sa  vie  terrestre,  on  meublait  son 
tombeau  de  tous  les  ustensiles  et  objets  nécessaires  :  la 
lampe  d’argile  figurait  parmi  ces  objets,  au  même  titre 
que  les  plats,  les  vases  à  verser  la  boisson,  etc.,  qui  ont 
été  recueillis  en  si  grand  nombre  dans  la  plupart  des 
nécropoles  romaines.  Les  chrétiens,  dont  les  idées  sur 
la  mort  et  sur  la  destinée  future  étaient  si  contraires  à 

1  Hamdy-bey  et  Th.  Reinacli,  Une  nécropole  royale  à  Sidon,  p.  87  et  88  ; 
Renan,  Mission  de  Phénicie,  p.  489-190.  —  2  Ohnefalsch-Richter,  Kypros, 
p.  +11.  noie  1.  !  Delattre,  Les  lampes  ant.  du  Musée  de  Saint-Louis 

de  Carthage ,  p.  1-3.  —  4  par  exemple  à  Lcplis  Minor,  à  Cliullu,  à  Gunugus 
-  »  Nécrop.  de  Myrina .  p.  223.  _  6  Cette  conclusion  ressort  avec  évidence 
des  procès-verbaux  et  comptes  rendus  de  fouilles  insérés  dans  les  Notiz.  d.  scavi, 


US 


la8e  et  ie 


LUC 

une  telle  conception,  rompirent  avec 
bannirent  de  leurs  cimetières.  <e 

Tels  étaient  les  trois  usages  princinn,,  , 
dans  l’antiquité.  Elles  servaient  à  éclair*  Y®8  Scs 
vent  les  maisons  particulières,  parfois  1!  6  phlSso» 
ou  des  cortèges  publics.  Elles  étaient 
sanctuaires  à  titre  d’offrandes  ou  J,  tees  da“» 
faisaient  partie  du  mobilier  funéraire  MaD T°' 
les  employait  dans  quelques  circonstances  n  ,?•  P'Us  0n 
Sous  l’Empire  romain,  on  les  donnait  corn™ 
de  nouvel  an  [strenae].  Plusieurs  W.,  ,  °nnes 
Rome  8,  en  Italie9,  dans  les  provinces  de  r°UVt‘,is  à 
portent  des  inscriptions  qui  reproduisent  en  7^"' 
avec  des  variantes  insignifiantes  la  formule  T  °U 
novum  faustum  felicem  mihi  (ou  tibi)  Mnm 

Dans  un  ordre  d’idées  bien  différent,  les  lamKS . 
façon  dont  se  comportait  leur  flamme  étaienl 
observées  avec  la  plus  vive  attention  :  ZC™ 
sonnes  superstitieuses  croyaient  y  voir  des  présages  *’ 
premier  livre  des  Géorgiques,  Virgile  montre  des  jeûne! 
esclaves  travaillant  le  soir  à  la  lueur  des  lampes  et 
prévenues  en  quelque  sorte  par  elles  du  mauvais  temps 
qui  se  prépare  n.  Apulée  raconte  un  épisode  où  la  lampe 
donne  un  semblable  pronostic  12.  Jean  Chrysostome 
rapporte  un  autre  usage  superstitieux.  Lorsque  dans 
une  famille  on  voulait  choisir  un  nom  pour  un  enfant 
qui  devait  bientôt  venir  au  monde,  on  allumait  plusieurs 
lampes  auxquelles  au  préalable  on  avait  donné  des 
noms  ;  et  on  choisissait  pour  l’enfant  le  nom  de  la  lampe 
qui  s’était  éteinte  la  dernière  13.  On  voyait  là  un  pré¬ 
sage  de  longue  vie. 

Quelques  érudits  se  sont  demandés  si  la  forme  ou  la 
décoration  des  lampes  n’était  pas  en 
rapport  avec  l’usage  auquel  on  les 
destinait.  Dans  une  étude  sur  une 
bilychnis  en  bronze  du  Masco  Borbo- 
nico  u,  dont  la  face  supérieure  repré¬ 
sente  un  mufle  de  bœuf  orné  de  ban¬ 
delettes  (fig.  4613),  l’auteur  affirme 
qu’il  y  avait  relation  entre  les  sujets 
reproduits  sur  les  lampes  et  la  desti¬ 
nation  des  lampes,  que  dans  cette 
lampe  en  particulier  il  convient  de 
reconnaître  une  image  du  bœuf  Apis 
et  qu’il  fautla  rattacher  au  culte  d’Isis. 

Il  est  impossible  de  nier  que  dans  certains 
relation  étroite  entre  la  décoration  des  lampes  cl  1 
qu’on  voulait  en  faire.  Si  la  lampe  d’or,  qui  figumit ^  an- 
la  procession  isiaque  décrite  par  Apulée,  avait  la  or 
d’une  nacelle,  c’était,  suivant  toute  apparence,  FmL  q®j 
la  fête,  qui  se  célébrait  alors,  portait  le  nom  de  A1"  ''/j^ 
Isidis ,  et  parce  qu’elle  marquait  le  moment  où  l1^1";1^ 
pouvaient  remettre  leurs  vaisseaux  àlamer  sans'  n 
les  tempêtes 1B.  La  lampe,  en  forme  de  barque,  oi 
bustes  de  Sérapis  et  d’Isis,  qui  a  été  trouvée  a  I  ^ 
a  le  même  caractère  :  la  double  inscription  1  ' c 
Aa 6é  p-etôv  'IlXtoffÉp«7rtv  prouve  nettement  que  11 11  ^  ^  ^ 
avait  un  rapport  étroit  avec  le  culte  ah"’"1 

■irons  'if  5;liads)’ 

en  particulier  pour  les  années  1888  (nécropole  préromaine  des  env  ^  acugc),  d0, 
1889  (nécropole  de  Veies),  1893  (nécropole  del  Fusco,  P'ès  1  lat.  A 

—  7  Voir  en  particulier  Delattre,  Les  lampes  antiques,  p-  -J  c  1  s’  ye  /l'raiice, 

2'  part.  t.  I,  n.  G19G-6205.  —  9  Ibid.  X,  8053,  5.  —  10  Bull,  des  _  gom.\Wi 
1899,  p.  140.  -  il  Georg.  1,390.—  12  Apul.  Met.  II.  —  4  [,.120-6- 

in  Epist.  ad  Cor.,  7.  —  14  T.  XIV,  pl.  xxxvm.  —  1®  U-  Làfoyt  > 


Fig.  4613.  —  L»nlPc  ‘ 
brome. 


cas  il  y  el1 


—  1339  — 


LUC 


LUC 


])e  même,  lorsqu’on  voit  Pallas  en 
lérapis  el  (1  ;une  lampe  ou  se  lit  la  dédicace  Palladi 
tonde  bosse  sui ’  cn  relief  sur  Une  lampe  en  terre 

Victri<:i>'  4)11  che  en  croissant,  porte  l’inscription 
,  cuite  dont  le  *  -  ’t  1)ieri  d’admettre  qu’il  y  a  rapport 
jori  Sereno  - ]1  re  la  décoration  de  ces  deux  lampes  et 

étroit  et ^  les  destinait.  D’autre  part,  les  lampes 
'r86^  caractérisées  par  la  formule  Annum  novum 
r'  frlicem  étaient  quelquefois  ornées  de  reliefs 
faUSlUI\L ntaien’tles  cadeaux  échangés  en  même  temps 
(ll"Thu^  elles-mêmes,  à  l’occasion  du  nouvel 
H  ‘  exemple  des  pièces  de  monnaie,  des  plats  char- 
'"'i  fruits  des  guirlandes  de  fleurs3,  etc.  [strenae]. 
r,-„t  donc  pas  permis  d'affirmer  qu’il  n’y  avait  jamais 
î  Lcm,  cas,  rapport  entre  la  décoration  des  lampes  et 
L,  (,„i  devait  en  être  fait.  Mais  les  exemples  que 
nous  venons  de  citer  sont  exceptionnels;  ce  serait  une 
Irreur  d’en  tirer  une  conclusion  générale.  Ce  qui  est 
vni  c’est  que  les  mêmes  lampes,  ornées  des  mêmes 
sujets  ou  des  mêmes  motifs,  étaient  employées  indis¬ 
tinctement  dans  les  maisons,  dans  les  édifices  publics, 
dans  les  sanctuaires,  dans  les  tombeaux.  Les  lampes 
[  trouvées  à  Herculanum  et  à  Pompéi  ressemblent  tout  à 
fait  à  celles  qui  ont  été  recueillies  dans  les  sanctuaiies  ou 
I dans  les  nécropoles4.  A  Rome,  on  a  recueilli  toute  une 
I  série  de  lampes,  sur  le  flanc  ou  le  fond  desquelles  se  lit 
|  le  mot  Saecul[i),  Saecul{o),  par  allusion  sans  doute 
faux  jeux  séculaires.  Or  les  sujets  qui  sont  moulés  sur 
|  les  disques  de  ces  lampes  ne  se  rapportent  pas  spéciale¬ 


ment  aux  jeux,  ni  à  l’amphithéâtre,  ni  au  cirque  :  ce 
sont  des  images  de  divinités  (Esculape,  Hygie,  Bacclius, 
Diane,  Apollon,  Mars  et  Vénus,  Sérapis,  Isis,  Harpocrate, 
Plulon,  etc.),  des  scènes  empruntées  à  la  mythologie 
héroïque  (Bellérophon  et  Pégase,  Hercule  assis,  Ulysse 
et  les  Sirènes,  Orphée  entouré  d’animaux),  des  scènes 
du  cirque  (courses,  combats  de  gladiateurs),  des  motifs 
de  genre,  des  animaux,  etc. 6  L’étude  des  lampes  qui  ont 
été  trouvées,  au  sommet  du  Bou-Kournein,  tout  autour 
de  l’autel  de  Saturnus  Balcaranensis ,  suggère  la  même 
remarque  :  on  y  voit  des  sujets  mythologiques  (Sérapis 
et  Isis,  Léda  et  le  cygne,  un  aigle  les  ailes  éployées,  le 
groupe  de  l’étoile  et  du  croissant),  des  scènes  de  genre, 
des  motifs  purement  décoratifs  (feuilles,  guirlandes, 
ornements  géométriques)  °.  D’autre  part,  il  suffit  de 
jeler  un  coup  d’œil  sur  les  séries  très  nombreuses  de 
lampes  funéraires  exhumées  soit  en  Italie,  soit  dans 
Clique  du  Nord, pour  reconnaître  une  fois  de  plus  qu’il 
I  n5  aviit  aucune  relation  entre  la  décoration  des  lampes 


et  l’usage  auquel  on  les  destinait.  Sur  les  lampes 
recueillies  dans  les  columbaria  de  la  campagne  romaine, 
dans  les  nécropoles  voisines  de  Caesarea  ou  de  Bulla 
Begia,  dans  le  cimetière  des  Officiales  de  Carthage,  les 
sujets  sont  d’une  variété  infinie,  depuis  les  images  des 
divinités  les  plus  vénérables  jusqu’aux  motifs  les  plus 
obscènes1.  On  a  même  trouvé  dans  un  tombeau,  en 
Italie,  une  lampe  d’étrennes,  avec  la  formule  Annum 
novum  faustum  felicem 8 . 

Quant  aux  lampes  chrétiennes,  s’il  est  vrai  qu’elles 
sont  décorées  de  scènes  bibliques,  de  symboles  et  d’em¬ 
blèmes  chrétiens,  rien  n’indique  que  les  motifs  dont 
elles  étaient  ornées  fussent  différents  suivant  qu’elles 
étaient  destinées  aux  maisons  particulières,  aux  basi¬ 
liques  ou  aux  catacombes.  Ici  et  là,  c’étaient  les  mêmes 
formes,  les  mêmes  sujets,  les  mêmes  ornements,  1  inspi¬ 
ration  était  partout  identique.  Ce  qu’il  faut  dire,  c  est 
que  les  scènes  moulées  sur  les  lampes  antiques,  qu’elles 
fussent  empruntées  à  la  mythologie  païenne,  à  la  vie  de 
chaque  jour,  à  la  nature  ou  à  la  religion  chrétienne, 
constituent  un  ensemble  des  plus  intéressants,  parce  que 
nous  y  retrouvons  aujourd’hui  les  motifs  qui  étaient  le 
plus  populaires  aux  premiers  siècles  del’ère  chrétienne. 
Lorsque  le  citadin  ou  le  campagnard  allait  chez  le 
marchand  de  lampes,  il  choisissait  naturellement,  dans 
les  limites  de  ses  ressources,  les  lampes  qui  lui  plaisaient 
le  mieux;  les  potiers  connurent  bien  vite  quels  étaient 
les  échantillons  le  plus  demandés;  ils  les  fabriquèrent 
en  grande  quantité  ;  c’est  là  ce  qui  nous  explique  pour¬ 
quoi  l’on  découvre  tant  d’exemplaires  d’un  seul  et  même 
sujet,  tantôt  signés  d’un  même  nom,  tantôt  au  contraire 
sortis  d’ateliers  différents. 

Que  valaient  ces  lampes  comme  ustensiles  d'éclairage? 
Il  est  bien  certain  qu’on  ne  saurait  les  comparer  à  nos 
lampes  modernes.  Il  ne  faut  pas  toutefois  exagérer  en 
sens  contraire.  Les  lampes  communes  éclairaient  bien 
autant  que  les  chandelles  fumeuses  dont,  pendant  de  longs 
siècles,  les  pauvres  gens  se  sont  partout  servis.  Dans  les 
maisons  riches,  les  lampes  à  plusieurs  becs,  souvent 
suspendues  en  grand  nombre  à  des  candélabres,  pou¬ 
vaient  fournir  une  lumière  assez  intense.  N’oublions  pas 
enfin  que  la  lampe  antique,  sous  sa  forme  la  plus  simple, 
c’est-à-dire  sous  la  forme  d’un  récipient  rempli  d’huile 
et  dans  lequel  trempe  une  mèche,  est  restée  en  usage 
jusqu’à  nos  jours,  non  seulement  chez  des  peuples  routi¬ 
niers  et  peu  civilisés,  comme  ceux  qui  habitent  1  Orient 
ou  l’Afrique  du  Nord,  mais  même  dans  maintes  régions 
de  l’Europe.  J.  Toutain. 


2  Passcri,  Luc.  I,  pl.  xxxm. 
Mus.  Dorbon.  t.  XII,  ad 


J3Montfc.c°",  0.  c.  I.  V,  2*  part.pl.  clxvm. 

lav  Mvin  anlue  de  France,  1899,  p.  140.  —  4  Mus.  Borbon.  1.  XII,  at 
de  »r„  V1,  C ■  '■  lat-  XV,  2»  part.  t.  1,  n»  6221.  —  6  MU.  de  l'École  franc. 

Lt  i»', t- «. sv, ►  „»«.«.  i,  ».  «««,.; 

C.  rendus  de  r  ”  a,c''-  du  Comité,  1890,  p.  149  et  s.;  Delattre,  dans  les 

P0’"’  la  ni, m  Ca<^‘  d  Hipponc,  1897.  Les  lampes  trouvées  à  Caesarea  sont 
PW  des  ouvra»,  *•  lat  ■  IX,  0081,  I.  —  Bibliographie.  La  plu- 

R  plusieurs  roiin  ar^c'cs  ‘lu‘  traitent  de  la  lampe  anliquc  ont  été  cités 

les  recueils  de  duc  '  ^  *°S  no,es  Précédentes.  Nous  nous  bornerons  ici  à  indiquer 
de  documents  •  ]  ln)  n' '  'cs  Plus  importants  et  les  études  modernes.  A.  Recueils 
torloli  et  Bellori  ^flus’  Iwtemis  antiquorum  reconditis,  Utini,  1652;  Santi 

(jjftitç  expliqué  \  lucerne  sepolcrali,  Rome,  1691  ;  Monlfaucon,  L'an- 

|  Pisaur.  1739.173)  ■  p  ’  "  j’ar*"  1722;  Lucernae  fictiles  Musei  Passera, 

|  jjrco!«n0,  t_  ym  ^ ) 1 1 1  s  '  '  '  asi  e  candelabri ,  Rome,  1762  et  s.  ;  Antichita  di 
|  jUsracourt,  Recueil  ï  ^eal  J^"seo  Borbonico,  Naples,  1824  el  suiv.  ;  Serons 
lut"  Thonl  '  '  ^  ^iaQments  de  sculpt.  antiques ,  Paris,  1814;  F.  Kenner, 

I  Wieseler,  Üeb.  die^T  k'~k '  Mün~-Und  Antik-Cabinets  zu  Wien,  1858; 
I  '"Vi'omon  lati»aZ,"USC/,e  SammlunB  von  n’>tiken  Lampen ,  1870;  Corpus 
m’  ^ans  demies  les  parties  sub  v.  Instrumentum  ;  cn  parti¬ 


culier  XV,  2e  pari.  t.  1,  p.  782  et  s.  Pour  l'Afrique  du  Nord,  Catalogue  du  Musée 
d'Oran ,  1"  part.  1895;  M.  Bcsnier  et  P.  Blancliet,  Collection  Farges,  1900; 
La  Blanchére  et  Gauckler,  Catal.  du  Musée  Alaoui,  1897  ;  Dclatlre.  publications 
nombreuses  dans  la  Reçue  archéolog.,  le  Cosmos ,  les  Comptes  rendus  de  l'Académie 
d’Hippone,  etc.  Beaucoup  de  lampes  ont  été  publiées  dans  le  Bulletin  archéologique 
du  Comité  des  trac,  historiq.,  surtout  depuis  1890,  dans  le  Bulletin  et  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France.  —  B.  Ouvrages  de  critique  : 
Millin,  Monum.  antiq.  inédits ,  II,  Paris,  1806  ;  Birch,  History  of  ancien t  pottery , 
2'  éd.  Londres,  1873  ;  Blümner,  Technologie  und  Terminologie  d.  Geirerbe,  Lcipz. 
1879,  t.  Il;  Loriquet,  L’éclairage  chez  les  Romains ;  F.  de  Cardaillac,  Hist.  de 
la  lampe  antique  en  Afrique,  1891;  E.  Cactani  Lovatelli,  I  lumi  e  le  luminarie 
nella  Antichita,  dans  les  Miscellanea  archeologica ,  1892  ;  Ch.  Bigot.  Les  lampes 
en  terre  cuite  du  Musée  de  la  Soc.  archéol.  d'Athènes,  dans  le  Bulletin  de 
l'École  française  d’Athènes,  août  18G8  ;  Bccker-Gôll,  Charikles,  III,  p.  86  et  s. 
Berl.  1878;  Gallus,  II,  p.  390,  394;  111,  p.  115,  541,  Berl.  1881,  1882;  De  Rossi, 
Borna  Sotterranea,  t.  III,  Rome,  1877  ;  Raoul  Rochette,  3’  Mémoire  sur  les 
antiq.  chrétiennes  des  Catacombes,  Paris,  1838  ;  Martigny,  Dictionn.  des  an¬ 
tiquités  chrétiennes,  Paris,  1805  ;  Kraus,  Real.  Encyclopaedie  der  christl. 
Altherlhûmer ,  Fribourg-cn-Brisgau,  1882-1S8G. 


LUC 


—  1340  — 


LUC 


LUCTA.  nocX-yj  *,  7caXat<Jlu.ci<jév7fj 2,  xaxaÇX-qxtxYj 3,  lutte,  l’un 
des  exercices  du  pentathle  [quinquertiumJ.  —  C’était,  par 
opposition  aux  jeux  «  légers  »  4,  comme  la  course  ou  le 
saut,  un  concours  «  lourd  »,  ^xpüxspoç:  des  agonistes  qui 
y  prenaient  part  on  exigeait,  entre  autres  conditions,  la 
vigueur  physique  et  le  poids.  Pourtant,  parmi  les  exer¬ 
cices  de  force,  c'était  encore  le  moins  brutal.  Défense 
était  faite  de  frapper  l’adversaire  à  coups  de  pied  et  sur¬ 
tout  à  coups  de  poing:  seuls  la  pression  des  membres  et 
1  entrelacement  des  corps  devaient  assurer  la  victoire. 
C'est  ce  qui  distingue  la  lutte  du  pancrace  [pancration], 
où  l’usage  des  poings  était  permis,  ce  qui  en  faisait  un 
exercice  intermédiaire  entre  lauàX-r,  et  le  pugilat5.  Comme, 
dans  le  pancrace,  aussi  bien  que  dans  la  lutte,  ce  que 
1  on  se  proposait  d'abord  était  de  renverser  l’adversaire, 
il  va  de  soi  que  beaucoup  de  passes  et  de  tours  étaient 
communs  aux  deux  exercices  :  nous  sommes  exposés 
ainsi  à  les  confondre  souvent  sur  les  monuments  figurés. 
Pour  les  distinguer  à  coup  sur,  il  faut  que  l’emploi 
violent  de  la  main  fermée  nous  avertisse  qu’il  s’agit  du 
pancrace  et  non  de  la  lutte  simple.  11  importe  de  nous 
mettre  d’abord  en  garde  contre  cette  chance  d’erreur. 

I.  —  L'origine  de  la  lutte  est  très  ancienne.  Les  Grecs, 
selon  leur  habitude,  en  attribuaient  l’invention  à  des 
dieux  ou  à  des  personnages  mythologiques.  Apollon, 
sous  l'une  de  ses  formes®,  s’y  serait,  un  des  premiers, 
distingué.  Hermès,  le  grand  dieu  de  la  palestre,  présidait 
d'une  manière  particulière  aux  exercices  de  la  lutte  7  : 
son  protégé  8,  ou  son  fils9,  Autolykos,  aurait  instruit 
Iléraklès  dans  cet  art  ;  suivant  une  autre  légende  ,0,  Har- 
palykos,  également  fils  d’Hermès,  aurait  rempli  le  même 
rôle  11  ;  Palaistra,  la  personnification  de  la  lutte,  est  aussi 
bien  la  fille  même  du  dieu12.  Athéna,  l’artificieuse, 
aurait,  directement 13  ou  non  14,  donné  des  leçons  de  riaX-q 
à  Thésée.  Héraklès,  fort  de  l’enseignement  qu’il  a  reçu, 
est  vainqueur15  dans  l’agôn  légendaire  où  triomphent, 
dans  d'autres  exercices,  les  Tyndarides  :  c’est  par  son 
adresse  à  la  lutte  qu’il  bat,  non  seulement  Antée  16, 
mais  le  géant  de  Sicile,  Ervx  ”,  aussi  le  révère-t-on 
comme  maître  en  cet  art  18.  Thésée  ne  pouvait  manquer 
d’être,  ici  encore,  son  émule.  Élève  d'autres  maîtres,  il 
lutte  contre  le  Mégarien  Kerkyon19  et  reçoit  les  mêmes 
honneurs20.  A  ces  deux  figures  semblables,  il  faut  ajouter 
Atalante,  l'Arcadienne,  victorieuse  de  Pélée  lui-même, 
aux  jeux  célébrés  en  l’honneur  de  Pélias21,  Pélée  son 
rival22,  et  les  héros  légendaires  qui  triomphèrent  les 
premiers  à  Némée,  Polvnice  23  ou  Tydée  24. 

IL  — A  l’époque  classique,  les  Grecs  distinguaient  deux 
sortes  de  luttes,  le  combat  debout,  ôp6Y,7tiXT|25,etle  combat 
à  terre,  iXivo-r^t; 26,  xûXkti?  21.  Dans  la  première  forme  de 


l’agôn,  que  connaissent  déjà  les  poèmes  hom  -, . 
s’agissait  de  renverser  trois  fois  son  advers-  -‘y’"111082®,  ü 
loin)  :  c’est  la  lutte  classique,  celle  que  l’on  m"  i  •  ^°!r  pIus 
les  grands  jeux.  Le  corps  à  corps  à  terre  était'1  da"s 
également  en  usage  dans  les- palestres  29  nv  S0l"blo't->1, 
combats  publics,  c’était  la  forme  propre"'!'^  lej 
[pancration].  Nous  ne  l’étudierons  plus  loin  LJT 1 
mesure  où  en  était  exclu  l’emploi  des  points  îCrn 
III.  _  Les  termes  techniques  employés  par  les\l 
sont,  sauf  deux  ou  trois  exceptions,  très  peu  exùlirii"'8 
U  est  difficile  de  les  comprendre  exactement  plus  dit,  ? 
encore  peut-être  de  les  rapprocher  des  monuments  |j  J!  • 
qui  devraient  les  «  illustrer  ».  On  le  comprendra  Yl 
peine,  si  l’on  songe  qu’aucun  d’eux,  ou  presque  aucul 
ne  désigné,  à  lui  seul,  une  manœuvre  déterminée.  nss’ 
rapportent  tous  à  des  moments  très  fugitifs  et  très  rapides 
de  la  lutte.  Il  n’y  a  pas  de  combat,  si  court  qu’on  le  sup. 
pose,  qui  n’exige,  de  la  part  de  chacun  des  deux  adver¬ 
saires,  l’emploi  opposé,  successif  ou  simultané,  d’un 
grand  nombre  de  ces  mouvements  :  les  reconnaître'devait 
être  déjà  difficile  pour  un  artiste  grec,  à  plus  forte  raison 
l’est-il  pour  nous  modernes.  J’ai  cependant  cru  devoir 
réunir  par  ordre  alphabétique  les  différents  termes 
techniques  que  j’ai  pu  retrouver  dans  les  textes.  La  tra¬ 
duction  que  j’ai  jointe  à  chacun  ne  prétend  pas  à  une 
précision  impossible.  ’AyxaXiÇsffOat,  enserrer  de  ses 
bras30,  ayy'etv  31,  étouffer,  àxpoy_£tpt<jp.9ç  32 ,  forme  de  lutte 
où  l’on  combat  avec  le  bout  des  doigts,  agi. 


aggaia 

34 


entre¬ 


lacement  en  forme  de  nœuds,  àvaSaüTàÇeiv  sou¬ 

lever  l’adversaire  en  l’air,  àvaxpÉ7rstv 3S,  renverser,  à- 
7râyeiv  30,  emmener  de  force,  àTtouxEpvtÇE'.v37,  faire  tomber 
d’un  croc-en-jambe,  yupoxv  38,  arrondir  les  épaules, 
SpâsffEiv39,  saisir,  I'Xxeiv40,  entraîner  l’adversaire,  ègSoV, 
attaque,  liteyxXivw  42,  incliner  vers  le  sol,  ûémXov 
TrâXaicga  43,  manière  de  lutter  propre  aux  Thessaliens, 
x)igaxi'Ç£'.v  u,  donner  une  entorse  (?),  Xaê-q  4S,  prise  que 
l’on  a  sur  le  corps  adverse,  XuytÇstv  4G,  rendre  flexible 
comme  l’osier,  gscroTtÉpSEtv  47,  saisir  par  le  milieu  du 
corps,  TrapaQéutç  48,  attaque  de  flanc  (?),  7tapaxpcme<T0«t  *, 
frapper  de  côté,  7rap£g6oX-/]  60,  même  sens,  wepiSatvetv  , 
entourer  de  ses  jambes,  7t£p mXox-q  52,  entrelacement, 
7i£pt7rqSSv  s3,  sauter  sur  quelqu’un  de  manière  à  le  serrera 
entre  ses  jambes,  7rXayi6tÇsiv  54,  attraper  ou  mettre  de  rote, 
TipoffSôX-q  5S,  attaque,  TrrEpvîÇav  6®,  donner  un  eioc  en 
jambes,  «tixeXi'Çeiv  57,  lutter  comme  les  agonistes  «j 


J - -  7  - 7  -  '  ù  09 

Sicile,  dTpéçEiv  ®8,  retourner  l’adversaire,  su |ut**wOT  ’ 

’  “  *  ’  ,  „  ,  ;  go  frapper 

l’entrelacer,  ffuvapâxxEtv  toc  p.eT<oirauo<nrep  ci  *?■  ’ 


l’enireiacer,  (juvapaxTEiv  ... r -  ,  . 

front  contre  front  comme  les  béliers,  •  aml 

i  ,  qXt'Çetv  ®2,  prendre  par  Ie 

Û7TO(7XsXiÇ£lV  1 


et  resserrer  la  taille,  xpa^-qX.,...  , ,  m 

®3,  frapper  la  jambe  par-dessous,  • 11111 


I.UCTA.  1  llom.  H.  23,  635,  etc.  —  2  Hom.  11.  23,  701  ;  Nonn.  Dion.  10,  332; 
Eust.  Ad  II.  p.  1325,  1.  —  3  Plut.  Praec.  ger.  reip.  5,  p.  802  c.  On  peut  ajouter 
(?)  fîçt;  (=riA>i  xat  <mo8os,  Hesycli.  s.  V.) .  -  4  Phil.  Gymn.  7,  p.  !62  (éd.  Kayser). 
—  6  Ibkl.  —  6  Apollon  Kejz-joveuî,  C.  i.  ait.  III,  1203;  Jahrbuch,  VII,  214 
(Wernicke)  ;  Pauly-Wissowa,  s.  v.  Apollon,  p.  56.  —  7  Paus.  4,  32,  1  ;  Arnob.  3, 
23;  Jahrbuch,  1898,  p.  178  et  s.  (Fœrster);  cf.  Luc.  Dial.  deo.  7,  3.  —  8  Hom. 
Od.  19,  395.  —  9  Pauly-Wissowa,  s.  v.,  p.  2600  (I)ümmlcr).  —  10  La  différence  des 
ethniques  empêche  de  confondre  les  deux  héros.  —  H  Theocr.  24,  1 13-4.  — 12  Phil. 
lm.  32,  102,  p.  433-4;  Et.  Magn.  s.  v.  ri  air,  ;  cf.  Vuncta  Pales  de  Stace,  Theb. 
G,  827.  —  13  Pind.  Nem.  5,  89,  schol.,  II,  p.  465,  Boeckli.  —  14  Par  Phorbas, 
1  Athénien  (Polémon,  Ibid.).  —  1®  Paus.  5,  8,  4.  —  16  Pind.  Pyth.  IX,  p.  107-130; 
III,  p.  322,  Boeckli.  Le  fils  d'Héraklès  et  de  la  veuve  d'Antée  s'appelle  Palaimon 
dont  le  nom  est  peut-être  significatif  [Frag.  hist.  graec.  1,  80,  Pherccyd.  :  fr.  33,  e)  ; 
cf.  Pauly-Wissowa,  s.  v.  p.  2339-2343  (Wernicke).  —  1”  Paus.  4,  36,  4.  —  18  Paus. 
4,  32,  1.  —  1»  Paus.  1,  39,  3.  —  20  paus.  4,  32,  1.  —  21  Apol.  3,  9,  2.  -  22  Phil. 
Gym.  7,  p.  263.  —  23  Apol.  3,  6,  4.  —  24  Stat.  Tlieb.  6,  903.  —  23  Plat.  Leg.  7, 


. ,  _  \  \i  i- 1 .  Aij/o 

i,  p.  796  A;  Luc.  Lexiph.  5.  —  26  Hippocr.  3o8,  ^  cl. 

I,  i,  6.  —  21  Hom.  II.  23,  708-734;  Od.  4,  342;  8,  .  *  F. 

les.  Sent.  302.  —  29  V.  infrà.  —  30  Plut.  Quaest.  3*  Luc. 

-  31  Pol.  On.  I,  155.  -  32  Paus.  6,  4,  2.  -  33  P'l,t/  A  __  38  Hol 
Inach.  24.—  33  Pol.  On.  1,  155.  —  36  Ibid.  |[mn.  H-  *3’ 

icth.  X,  31.  -  39  Pol.  On.  1.  155.  -  40  H  es  Seul 

41  plut.  Q.  conv.  II,  4.  p-  llesvch. 

_  44  Pol.  On.  U  ,  U\i 


il  Aris- 

-  „  ,  r-  - 

4;  Luc.  Dial.  deor.  7,  3. 

pli.  Eq.  v.  273.  —  43  Eust.  ad  II-  P-  ***■  ""  ”  v5  |.  Arisl. 

»■  -Ml-»*!  SOP'1-  Tmch-  Sâ0’  SCht0L  Hesycli-  s.  r.  -  4S fi 

r*.  TtTTcto .) ,  p.  131  (413).  -  46  Luc.  Anach.  -4.  -  n>  4,  P-  538  ./ 

aach.  24.  —  49  Et.  Magn.  s.  v.  —  50  1>lu  •  M  Po|.  On.  L 

51  Luc.  Anach.  31.  —  62  Ibid.  24.  l3  •  .  ,  — S8  Pc'-  11 

55  Hes.  r.  -  56  Phil.  1,  125.  -  67  Acl.  B.  ^  X,  31.  -  “  J] 

5.  —  59  Pol.  On.  3,  149.  —  60  Luc.  Anach.  I.  ^  Eusi.  ad  01  p'  '  j 

isp.  Lac.  5,  9  ;  Luc.  Lexiph.  5;  Plut.  \it.  Ant. 

>1.  On.  1,  155. 


LUC 


1341 


LUC 


îyvu&v  * ,  même  sens  (coupe- 
tour  de  Phrynichos,  wOeîv3, 


7tâXaiciJ.a 
l'adversaire. 

P°u-SBfl  les  représentations  figurées  montrent  assez 
sur  1  a  nnint  de  commencer  le 


croc-cn-jambe, 
jarrets),  «l>püvfZ0U 
,0’jsser 

IV‘  7 les  "agonistes  sur  le  point  de  commencer 
S0U7,  le  SOrte  que  nous  connaissons  assez  bien  ce 
con”a  ’  ait  appeler  la  mise  en  garde  des  lutteurs.  Une 
qU0I11d,.  Munich,  attribuée  à  Euphronios  [gymnastica, 
i  montre  chacun  des  adversaires  avec  le 
avant,  le  pied  gauche  en  arrière  et  sur  la 


pointe: 


coupe 

fig.  3678j 

nîed  droit  en  ■  .  .  .  , 

P  le  corps  est  penché,  les  épaulés  courbées  de  ma¬ 
nière  à  offrir 
le  moins  de 
prise  possible 
à  l’adversaire, 
les  bras  pliés 
plus  ou  moins 
au  coude,  les 
mains  ouver¬ 
tes  et  prêtes  à 
saisir.  Deuxcé- 
lèbres  statues 
de  bronze, 
trouvées  à 
Herculanum, 
représentent 
de  même  des 


1  ig.  4614.  —  Mise  en  garde. 


lutteurs  avant  le  combat 5.  Sur  une  peinture  de  vase 
(fig.  4614),  la  position  est  un  peu  différente  et  les  bras  sont 
levés  plus  haut 6.  Le  schéma  est  le  même  lorsqu’au  lieu 
d’hommes  faits  ou  d’éphèbes,  les  pugilistes  sont  des  Ëros 
ondes  enfants:  un  assez  grand  nombre  de  monuments, 
d’époque  tardive,  nous  les  montrent  [athleta,  lig.  598] 
prenant  la  même  mise  en  garde  1 . 

V.  —  Parmi  les  manières  dont  les  athlètes  en  viennent 


l  ig.  4615.  —  Pression  sur  les  bras. 


^UX  ma'QS’  en  est  quatre  que  nous  pouvons  distinguer 
r°'!1  jU'd'ord8.  Un  moyen  très  simple  de  vaincre  était  de 
Il  'impuissance  l’un  des  bras,  de  préférence  le 
^ucie,  do  1  adversaire:  pour  ce  faire,  on  le  saisissait  des 
x  mains  au  poignet  et  à  l’épaule  ;  on  pouvait  ainsi 


1  Hom.  Q,i  oq  -c,« 

Quae.it.  conv  (cf-  EusL  ad  loc.).  -  2  Hes.  s.  v.  -  3  Ph 

pt  XI  =  Jahn  2'  p'_  639  F  ;  Luc.  Anach.  24.  —  4  Arch.  Zeit.  18: 
flmlrn,  p  g-7  ’  asens-  '95,  p.  248-9;  cf.  snr  ce  p0jnt  Hartwig,  Meiste î 

r.  i'Hamüton  IV  "7  '  GlaraC’  p1,  860’  2190  B;  8G3-  2196  A-  ~  6  Tisschbe 
p- %  On  a  voulu  ’  P  ■  XUV  ~  A"nna’  1877>  2°5  (Stephani,  C.  rendus,  18' 

^mbultaii, avec  le  I,  1  ^présentation  de  I'&xçoxt<(ur|i<>;,  espèce  de  lutte  où  1 

MO;  cf.  8U;,|  " '  ' -  Gcs  d°igls,  qu  on  pouvait  aller  jusqu’à  briser  ;  Stat.  Tli 

Fior-  ll-  pl.  ,.xxxi„%Ct  r>lal'  Alcib'  h  1072  >  Paus-  6,  4,  1.  -  7  Gori,  Gem.  M 
4i  l'«s  compris  le"mo~i  rCf  .Stepllani’  C’  rend«*.  1867,  p.  34,  noies  1-4.  —  8  Je 
8“Mon.[nancjlej  jj  1  couronne  un  assez  grand  nombre  de  cistes  élrusqi 
Pt  i.viti,  cjs^e  ,  -<■«*•  ^es  Med.  1365,  p.  560-2,  ciste  de  Brflndslcd;  Mom 

cux  «gonistes,  pune  j  Heisbourg;  Monum.  X,  pl.  xxix,  ciste  de  Préneste).  I 
y  ^  1X  nia’lls  seule  occupée  et  placée  sur  la  nuque  de  l'adv 


tordre  son  bras  (TtpÉcpetv)  et  l’amener  à  prendre  une  posi¬ 
tion  plus  favorable  au  corps  à  corps.  Une  amphore  attico- 
corinthienne  de  Londres  9  et  le  cratère  dit  d’Amphiaraos, 
à  Berlin  (fig.  4015) ,0,  en  donnent  des  exemples  :  l’adver¬ 
saire  essaie  vainement  de  dénouer  l’étreinte  en  faisant 
usage  du  seul  bras  qui  lui  reste  libre.  Ailleurs  “,  c’est 
le  bras  droit  qui  est  fait  prisonnier  et  le  gauche  qui 
est  libre.  Enfin,  sur  une  coupe  à  figures  rouges  de  Ber¬ 
lin  12,  l’engagement  parait  à  peine  commencé  et  le  second 
agoniste  ne  fait  aucun  effort  pour  desserrer  l’étreinte. 
Un  second  procédé  consistait  à  saisir  des  deux  mains  les 
deux  poi  - 
gnets  de  l’ad¬ 
versaire  :  une 
simple  pres¬ 
sion  exercée 
sur  les  bras 
les  courbait 
en  arrière  et 
amenait, sans 
résistance 
possible,  la 
chute  du 
corps.  Une 
coupe  à  fi¬ 
gures  rouges  (fig.  4616)  1 3,  une  fresque  de  Corneto  et  peut- 
être  un  vase  àbucchero  de  l’ Antiquarium  de  Berlin 1V,  nous 
expliquent  ce  mouvement.  Le  schéma  devient  plus  com¬ 
pliqué  quand  l’un  des  deux  lutteurs,  saisissant  le  second 
d’une  main  au  poignet  et  de  l’autre  à  la  nuque,  en  même 
temps  qu’il  serre  fortement  un  bras  de  l’adversaire,  tente 
de  le  culbuter  en  exerçant  une  pression  sur  son  dos. 
Les  monuments,  ici,  sont  très  nombreux.  Je  citerai  le 
trépied  de  Tanagra  «à  Berlin15,  une  amphore  de  Nicos- 
thènes  au  British  Muséum16,  une  peinture  à  figures 
rouges  d’Oxford  l7,  un  miroir  étrusque  [atalanta, 
fig.  592],  une  fresque  de  Pompéi  représentant  la  lutte 
de  Pan  et  d’Éros  ,s.  La  riposte  à  cette  attaque  se  faisait 
en  mettant  la  main  libre  sur  la  nuque  du  premier  ago¬ 
niste  19  ou  en  essayant  de  faire  fléchir  l'un  de  ses  bras, 
celui  qui  serrait  le  poignet20  ou  celui  qui  enlaçait  le 
cou  21 .  Le  corps  à  corps  devient  plus  imminent,  quand, 
au  lieu  de  se  poser  sur  la  nuque,  les  bras  restés  libres 
essaient  d’attraper  les  jambes  de  l’adversaire.  Une  coupe 
à  figures  rouges  du  British  Muséum  22  nous  fait  connaître 
cette  dernière  manœuvre,  moins  usuelle,  semble-t-il,  que 
les  premières,  mais  dont  l’effet  devait  être  plus  immédiat. 

VI.  —  Pendant  ces  divers  mouvements,  les  tètes  des 
agonistes,  dont  les  corps  étaient  penchés  en  avant,  se 
trouvaient  naturellement  très  rapprochées.  Les  fronts  se 
touchaient  d’eux-mêmes  et  il  n’y  faut  pas  voir  un  simple 
hasard,  mais  l’effet  d’une  tactique.  Nous  savons  par  les 
textes  (voir  suprà)  que  l’une  des  manœuvres  favorites 

saire,  n’engagent  pas  véritablement  la  lutte.  Exception,  le  bronze  de  Luynes, 
Babelon,  Ibid.  935,  p.  4H-2.  —  9  Jahrbuck,  1890,  p.  243,  35  (Holwerda)  =  Vas. 
Drit.  Mus.  11,  B  48,  p.  G3.  — 10  Monum.  X,  pl.  îv  =  Furtwangler,  Vasens.  1655,  1, 
p.  205-9.  —  11  Mon.  d.  Ist.  II,  pl.  xxiv;  de  même  Mus.  Blacas,  I,  pl.  u,  2;  Krause, 
Gymnast.  u.  Agon.  pl.  xii,  34  =  Vas.  Brit.  Mus.  Il,  B  191,  p.  127-8;  et  Furtwan¬ 
gler,  Vasens.  II,  3985,  p.  1008-9.  —  <2  Anseiger,  1891,  p.  118,  12  B,  (ig. 

_ 13  Gerhard,  Atiserl.  Vas.  pl.  271.  —  14  Martha,  l'Art  étrusq.  (îg.  286,  p.  431  ; 

Furtwaengler,  Vasens.  I,  1558,  p.  180-1.  —  15  Arcli.  Zeit.  1881,  pl.  m-iv  =  Furl- 
xvaengler,  l.  I.  I,  1727  p.  271-4. —  10  Musée  Blacas,  pl.  n,  p.  10-11  =  Vas.  Brit. 
Mus.  II,  B  295,  p.  171-2.  —  17  Gai  dner,  Gr.  Vas.inthe  Ashmol.  Mus.  288,pl.xiv.  — 
18  Monum-,  X,  pl.  35-6  ( Annali ,  1876,  p.  294).  —  19  Trépied  cité  de  Tanagra.  Fresque 
de  Pompéi.  —  20  Vase  d'Oxford,  Pélée  et  Alalanle.  —  21  Amphore  citée  de  Nicos- 
lliénes.  —  22  Vas.  Brit.  Mus.  III .  E  58  =  Hartwig,  Mcisterschalen,  p.  138,  (ig.  20  a. 

169 


«4 


LUC 


—  1342  — 


LUC 


était  le  heurt  des  fronts  l'un  contre  l’autre,  et,  les  deux 
têtes  une  fois  en  contact,  la  pesée  graduelle  de  la  première 
sur  la  seconde.  L'adversaire  le  moins  résistant  était  de  la 
sorte  rejeté  en  arrière,  et,  s'il  ne  trouvait  quelque  riposte, 
se  trouvait  rapidement  renversé  sur  le  dos.  Cette  tactique 
«  à  coups  de  bélier»  se  trouve  représentée  sur  de  nom¬ 
breux  monuments.  Je  citerai,  parmi  les  vases  à  figures 
noires  ’,  le  trépied  de  Tanagra  2,  deux  amphores  de 
Nicosthènes,  1  une  à  Londres  3,  l’autre  à  Vienne4,  une 


coupe  du  musée  de  Munich  5  ;  parmi  les  vases  à  figures 
rouges,  la  peinture  déjà  citée  (fig.  4617) 6,  deux  coupes, 
1  une  de  Londres  \  l’autre  d’Oxford  8,  des  sarco¬ 
phages9,  des  terres  cuites10,  des  pierres  gravées11  et  des 
monnaies  12. 

VII.  —  Au  lieu  de  s’en  prendre  aux  bras  et  aux  épaules, 
les  agonistes  pouvaient  attaquer  l’adversaire  par  les  pieds 
et  le  vaincre  en  lui  faisant  perdre  brusquement  l'équi¬ 
libre.  On  a  vu  plus 
haut  le  très  grand 
nombre  de  termes 
techniques,  dont 
la  traduction  ap¬ 
proximative  est 
«  renverser  d’un 
croc-en-jambe  ». 
La  tactique  était 
donc  familière  aux 
Grecs,  et  cela  dès 
les  temps  homéri¬ 
ques.  A  vrai  dire, 
il  est  malaisé  de 
descendre  dans  le 
détail.  L’on  peut 
du  moins  distinguer  deux  cas,  l’un  où  les  pieds  s’eplacent 
derrière  les  jambes  du  corps  opposé,  c’est  le  croc-en- 
jambe  à  proprement  parler,  l'autre  où  la  jambe  est  saisie 
avec  les  mains  et  brusquement  soulevée  en  l'air.  Une 
différence  fondamentale  sépare  ces  deux  manœuvres  : 
tandis  que  la  seconde  exclut  le  corps  à  corps,  la  première 
le  suppose  nécessairement.  Aussi  n’est-elle  jamais  em¬ 
ployée  seule.  Les  agonistes  y  avaient  recours  pour  des- 


1  Stephani,  C.  rendus,  1 867,  p.  29,  2.  —  2  Arcli.  Zeit.  1881,  pl.  iii-iv.  —  3  Mu- 

séeBlacas,  pl.  it,  p.  10-11.  —  4  Wien.  Vorlegebl.  1890-1,  pl.  i,  4;  iv,  3;  vi,3. 

—  ù  Jahn,  Vasens.  310,  p.  90.  —  6  Stephani,  C.  rendus,  1867,  p.  29,  3. 

—  ‘  Hartwig,  O.  I.,  p.  138,  1,  fig.  20  a.  —  8  Gardner,  Gr.  Vas.  in  Ashmol. 

Mus.  288,  pl.  xiv.  —  9  Zeit schr.  f.  a.  Kunst.  VI,  49  (Welcker)  =  Ja hrbuch, 
(  1889,  p.  135,  sarcophage  du  Vatican  (Pan  et  Eros).  —  40  Terre  cuite  de  la  Cher- 
sonèse,  Stephani,  C.  rendus ,  1867,  p.  35,  2.  —  U  Ibid.  —  42  Ibid.  p.  29,  4-6 
Selge,  Aspendos.  Locride).  — 13  Stephani,  O.  I.  1869,  pl.  j,  29,  p.  144.—  4  4  Monum 


f e  dégage.-  au- 


serrer  une  etre.nte  dont  ils  ne  pouvaient  se  „■ 
trement.  Par  exemple,  sur  un  miroir  à  relief  n- 
trouvé  dans  la  Russie  méridionale13,  un  '8'  4618) 
l’air  par  son  compagnon,  essaie  de  faire  ^  soulevé  en 
gauche  ]  der-  passer  «°n  pied 

rière  la  jam¬ 
be  de  même 
sens  du  se¬ 
cond  combat¬ 
tant  :  s’il  y 
réussit,  il  le 
fera  choir  en 
avant  et  sera 
victorieux,  à 
supposer 
même  qu’il 
n’ait  pu  dé¬ 
gager  ses  mains.  La  seconde  tactique  demandait  plus  de 
rapidité  dans  l’attaque,  mais  obtenait  un  résultat  plus 
soudain.  Les  peintures  de  deux  amphores  panathénaïques 
le  montrent  très  clairement.  Sur  l’une  (fig.  4619)  a  )e 
premier  agoniste  tient  de  la  main  droite  le  pied  gauche 


Fig.  4G19.  —  Enlèvement  par  la  jambe  gauclio. 


de  son  adver¬ 
saire  :  l’avant- 
bras  gauche 
passé  sous  la 
jambe  en  haut 
du  genou  sou¬ 
lève  très  haut 
le  membre,  les 
bras  s’agitent 
en  vain  pour 
reprendre  lՎ 
quilibre  ,  la  Fig.  4620.  —  Enlèvement  par  la  jambe  droite. 

chute  paraît 

prochaine.  Sur  le  second  vase  (fig.  4620) 1S,  la  main  gau¬ 
che  seule  attrape  la  jambe  droite  au  genou  :  le  résultat 
paraît  le  même.  La  manœuvre  devenait  naturellement 
moins  efficace,  quand  les  corps  étaient  entrelacés.  Sur  une 
amphore  du  Louvre  10  et  sur  une  hydrie  du  British 
Muséum  17,  Achéloos  et  Antée  y  ont  vainement  recours 
contre  Héraklès. 

VIII.  —  Soulever'  en  l’air  son  adversaire,  pour  le  ren¬ 
verser  ensuite  sur  le  sol,  était  un  tour  dun  usage  très 
général18.  Héraklès,  suivant  une  tradition  relamemen 
récente19,  étouffait  ainsi  Antée,  le  géant  Libyen ,  P,;  |1(‘ 
triomphait  de  Thétis20  etTityosessayaitde  force.  l|lP^ 
Le  difficile,  dans  cette  manœuvre,  était  de  se  gtlier  e  j 
bras  de  l’ennemi  qui,  de  face,  empêchaient  tout  1  1  p 
fallait  l’aborder  par  derrière,  l’envelopper  de  1 
et,  en  même  temps  qu’on  le  serrait  a  la  taille,  eofi 
ses  mains  de  dénouer  l’étreinte.  Une  freS(Uu  ^  22  pe 
de  Beni-Ilassan  reproduit  un  motif  un  peu  ditt<  ‘ 

même,  une  amphore  de  Nicosthènes  au  musée  c  e  ^ ^ 

montre  les  deux  corps  juxtaposés  sur  le  nu  ^  jieu 
vaincu  est  attaqué  de  côté  et  non  plus  de  n~ 


.11  Vas- 

5.  -  1S  Ibid.  I,  pl.  xx»,  7.  -  <6  Arch.  Zeit.  6-10.  -1S1'’ 

r.  II,  B  322,  p.  187  (bydrie).  —  Stephani,  O.  .  ^  J  r()bjccljon 
dion  de  Stephani  (Ibid.  p.  14-15)  est  ^ _j  dioboles de T***"to f* 

gler  (Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Heracles,  p.  —  1  •  26,  j,  —  ►  ' 

iv«  siècle).  —  20  Stephani,  C.  rendus ,  180  ,  P-  -  »  ^  22  perr0t,  H*  ' 
is.  Vas.  I,  pl.  XX»  (amphore  Bcugnot  au  Louv™,‘  ,,  4;  lV>  !' 

I,  p.  792,  fig.  520.  -  23  Wien.  Vorlegebl.  M»  V  P 


LUC 


—  1343  — 


ri,  ie  vainqueur  essaie  simplement  de  le 
16  .  pouffer.  Une  peinture  d'un  vase  de  Cumes 
3SSer,!\ ,  présente  le  schéma  véritable  :  l'athlète 
a  saisi  son  adversaire  de  la  main 
gauche  à  la  hanche,  pendant  que 
son  avant-bras  droit  serre  à  la  fois 
le  haut  de  la  cuisse  et  le  poignet 
droit;  donc  en  même  temps  qu’il 
soulève  le  second  agoniste,  il  lui 
fait  perdre  l’usage  de  son  bras  droit, 
et  ne  le  laisse  libre  que  d’essayer, 
avec  sa  main  gauche,  plus  faible, 
de  dénouer  l’étreinte.  Nous  avons 
déjà  cité  (fig.  4618),  à  propos  du 
croc-en-jambe,  le  groupe  reproduit 
sur  un  miroir  en  bronze  de  l’Ermi¬ 
tage  2  :  là  les  deux  mains  du  vain- 
—  queur  sont  solidement  jointes  l’une 
Fi  MM. -Enlèvement par  à  l'autre  et  enlacées  autour  de  la 
lg'  derrière.  taille  qu’elles  enserrent,  le  second 

Éros  a  les  deux  bras  libres,  et  en  même  temps  qu’il 
essaie' de  faire  perdre  l’équilibre  au  premier,  il  lui  prend 
les  deux  mains  aux  poignets  pour  les  détacher  s’il  le 
peut.  Dans  l’un  et  l’autre  cas,  c’est  à  peine  si  le  corps 
est  soulevé  de  terre,  mais  il  pouvait  en  être  bien  autre¬ 
ment,  et  parfois  l’homme  ceinturé  est  levé  très  haut3. 
Sur  un  certain  nombre  de  monuments,  les  adversaires 
sont  fort  rapprochés,  de  sorte  que  la  tête  du  premier, 
comme  écrasée  par  le  corps  du  second,  est  plus  ou  moins 
déprimée  et  rejetée  sur  l’épaule  D’autres  fois,  surtout 
dans  les  groupes  de  Thétis  et  de  Pélée, 
la  tète  est  pressée  contre  le  corps 
qu’elle  serre  et  dont  elle  contribue  à 
réduire  la  résistance.  Enfin  il  arrive 
que,  au  lieu  de  maintenir  son  adver¬ 
saire  droit  devant  lui,  le  vainqueur  le 
fasse  glisser  de  côté  (fig.  4622),  afin  de 
lui  faire  perdre  plus  facilement  le  con¬ 
tact  et  de  le  rejeter  plus  aisément  sur  le 
Sol5.  Je  ne  mentionnerai  que  pour 
mémoire  un  bronze  où  un  support  per- 
mel  d asseoir  à  demi  le  premier  des  athlètes6.  Nous 
i  aujns  déjà  vu  comment  on  parait  ces  attaques.  L’agoniste 
vaincu  sur  ]  amphore  de  Nicosthènes  7,  au  lieu  de  résis- 
I  eretd  essayer  de  se  défendre,  lève  les  deux  bras.  Quand, 
coinrno  il  arrive  souvent  sur  les  représentations  de  Thétis 
et  Pélec,  un  bras,  laissé  libre,  est  levé  en  l’air  en  signe 
appel  ou  qe  désespérance  8,  c’est  que  la  lutte  est  éro- 
'i111  autant  qu’agonistique,  et  la  résistance  plus  appa¬ 
rie  que  réelle. 

nom  rI)(,'1X  COUPes  a  fi§ures  rouges  du  British  Muséum 
duiii  r  nl  COnna^re  un  corps  à  corps  tout  différent,  mais 
Soit  m®me  de  soulever  le  corps  adverse, 

décm!"  '  U  86  ^ssard  Pour  attaquer,  l’un  des  lutteurs  ait 
failn,,.' s0n  dos,  soit  qu’une  manœuvre  savante  l’ait 


Fig.  4G  il,—  Enlèvement 

de  côté. 


Pencher  en 


avant,  le  haut  du  corps  de  son  adversaire 


CK  pUoMou  V;  pl  X-  20-  -  2  Note  13,  p.  1342.  -  3 Grc 
*co".  Graf)  ;  o’e  R- 1 , '  '  Jahrbuck,  1890,  fig.  2,  p.  14);  Anzeig 
*i> er,  189o  ,,  '.'v  Dronz-  de  l'Acropole,  747,  p.  272-3,  fig 
^elon-Blanchoi  n  *  ^coPl  ®raD-  —  5  Pierre  gravée,  Mus.  i 
thse|i\4nc  T'  Bibl  Nat.  1*20,  p.  574-5  (vase  de  Si 
lv’  vi,  3  _  ^  ^  (Willonhouse).  —  7  Wien.  Yorlcgebl. 
"  Itrit  1/  )  'aSe  (P'  Eatone  su  Louvre,  Gerhard,  Ans. 

™f-  "h  E  36,  p.  62-3,  pl.  ii.  _  10  Ibid.,  E  48,  p 


LUC 


s'est  abattu  sur  sa  nuque:  les  bras  noués  le  ceinturent, 
comme  tout  à  l’heure,  mais  en  partant  celte  fois  du  cou 
et  en  pressant  obliquement  ses  flancs;  la  tète  du  vainqueur 
appuyant  de  plus  sur  le  dos,  l'athlète  perd  forcément 
l’équilibre.  Kerkyon  a  beau  entourer  de  son  bras  gauche 
le  haut  du  dos  ennemi,  ses  pieds  ont  déjà  perdu  l’équi¬ 


libre  et  sa  main  droite  essaie  vainement  de  saisir  l’une 
des  jambes  de  Thésée9.  Sur  l’autre  vase  l0,  Kerkyon  a 
encore  un  pied  à  terre  :  son  bras  droit  entoure  Thésée, 
tandis  que  sa  main  gauche  est  simplement  levée,  sans 
avoir  pu  attraper  le  héros.  Sur  un  troisième  vase 
(fig.  4623),  Thésée  tient  enlacé  Kerkyon,  qui  perd  équi¬ 
libre  et  agite  en  vain  ses  deux  bras  11 . 

X.  —  Par  l'un  ou  l’autre  procédé,  le  corps  était  soulevé 
de  terre.  Un 

certain  nom-  ^ 

bre  de  pein¬ 
tures  anti¬ 
ques  le  mon¬ 
trent  avant 
ou  pendant 
la  chute.  Une 
fresque  de 
Béni -Hassan 
nous  le  fait 
voir  horizon¬ 
tal,  sur  les 
épaules  du 

vainqueur,  qui  se  tient  droit  et  debout12.  Chez  les  Grecs, 
le  schéma  est  un  peu  différent.  Le  premier  athlète  s'est 
courbé  en  avant  et  presque  accroupi  :  il  fait  glisser  le 
corps  du  second  sur  ses  épaules  et  tient  des  deux  mains 
son  bras  gauche  prisonnier  pour  ressaisir  l’équilibre.  Le 


Fig.  4624.  —  Enlèvement  sur  les  épaules. 


vaincu  lève  vainement  son  bras  droit  :  il  va  infaillible¬ 
ment  être  projeté  sur  le  sol13.  Les  peintures  des  tombes 
étrusques  représentent  fréquemment  ce  moment  du 
combat.  J’en  citerai  unedeCorneto  14  et  quatre  deChiusi15. 
Sur  l’une  de  ces  dernières  (fig.  4624),  trouvée  dans  la  tombe 
«  délia  Scimia  »  16,  le  corps  soulevé  a  les  jambes  en  l’air  et 
la  tête  déjà  penchée  vers  le  sol  :  le  bras  gauche,  tenu  à 
deux  mains,  est  dirigé  vers  la  terre  et  le  droit,  resté  libre, 
essaie  de  se  cramponner  à  la  nuque  du  premier  agoniste. 

XI.  —  Au  lieu  de  faire  passer  le  corps  sur  le  dos,  il 


Designs  of  yr.  vases,  fig.  C,  p.  13  ;  Gerhard,  Aus.  Vas.  III,  234.  —  U  Annal,  d. 
Ist.  1870,  tav.  o.  — 12  Perrot,  Hist.  del'Arl,  1,  p.  792,  fig.  520.  —  13  Vas.  Brit.  Mus. 
III,  E  94,  p.  116-7  r-  Hartwig,  Meisterschalen,  p.  138,  1,  fig.  20  B.  —  14  Dennis, 
Cil.  and  Cimet.  3«  éd.  I,  p.  365  =  Mus.  Greg.  I,  pl.  cm  (Grotta  d.  Iscrizioni). 
—  16  Dennis,  II,  p.  323  .=  Inghirami,  Mus.  Chius.,  pl.  clxxxii  (t.  d.  colle  Casuccini)  ; 
Dennis,  p.  327,  7  =  Gori,  Mus.  Etr.,  3,  84-7,  11,  pl.  vi  (Poggio  Montolli);  Dennis, 
p.  333,  fig.  =  Monum.  V,  pl.  xiv-xvi  (t.  délia  Scimia);  Dennis,  p.  342,  1  =  Mus. 
Cliius.,  2,  122-3  (deposilo  de’  dei).  —  16  Dennis,  II,  p.  323. 


—  1344  — 


(■(ait  plus  simple,  sinon  plus  facile,  de  le  projeter  direc¬ 
tement,  surtout  quand  on  le  tenait  par  derrière  et  qu’en 
le  soulevant  on  pouvait  l’empêcher  de  se  retourner.  Un 

bronze  de  Florence 
fait  voir  Antée  déjà 
culbutant  et  la  tête 
penchée  en  avant  : 
lléraklès  l'a  levé  jus¬ 
qu'à  la  hauteur  de 
son  épaule  droite1. 
Un  bronze  con¬ 
servé  à  Paris  (fi g. 
■4625)  représente 
un  moment  posté¬ 
rieur.  L'un  des  lut¬ 
teurs  est  renversé, 
les  pieds  en  l’air,  la 
tète  vers  le  sol,  la 
main  gauche  tendue 
en  avant  pour  res¬ 
saisir  l’équilibre,  la 
Fig.  4625. 2  ^Renversement.  mai  il  droite  es¬ 

sayant  de  desserrer 
le  bras  de  son  adversaire2.  Le  motif  est  évidemment 
antérieur  à  la  légende  d’après  laquelle  Antée  tenterait 
de  prendre  contact  avec  Gè,  sa  mère.  Nous  le  retrouvons 
sur  deux  vases  à  relief,  provenant  l'un  de  Vichy  3,  l’autre 
de  SisteronL 

XII.  —  Le  schéma  est  un  peu  plus  compliqué  sur  la 
coupe  attribuée  à  Euphronios  que  possède  le  Cabinet  des 
Médailles5.  La  même  scène  est  reproduite  deux  fois,  sur 
l’extérieur  et  au  dedans  du  vase.  Le  premier  lutteur  qui 
peut  avoir  frappé  son  adversaire  en  bas  du  dos  l’a  sou¬ 
levé  du  bras  gauche  et  fait  passer  par-dessus  son  épaule  : 
sous  l'effort,  il  s’est  agenouillé  et  son  bras  droit  rejeté  en 
arrière  lui  sert  de  balancier.  Le  deuxième  agoniste,  dont 
la  tète  est  en  bas,  passe  le  genou  droit  autour  de  la  tête  du 
premier,  et  essaie  de  l’étouffer  (voir  XVI)  en  même  temps 
que  de  s’arrêter  dans  sa  chute.  Sur  une  métope  du  The- 
seion6,  Kerkyon,  «  ceinturé  »  et  soulevé,  essaiera  de  même 
d’attraper  de  la  main  gauche  le  mollet  droit  de  Thésée. 

XIII.  —  L’une  des  ripostes,  comme  aussi  l’une  des' 
attaques  les  plus  efficaces  consistait  en  l’action  exercée 
sur  le  cou.  La  pression  pouvait  dans  certains  cas  être 
mortelle  7,  sans  qu'il  y  eût  là  rien  de  contraire  aux  lois  qui 
régissaient  les  jeux  publics.  Un  moyen  si  violent,  et  dont 
l'action  était  si  redoutable,  dut  être  souvent  employé  8  ; 
nous  le  voyons  sur  les  vases  peints.  Sur  une  amphore  de 
Nicosthènes  °,  l'un  des  lutteurs  ayant  passé  la  tète  sous 
le  cou  du  second,  il  lui  suffit  de  la  relever  simplement, 
pour  écraser  les  muscles  cervicaux  de  son  adversaire  et 
lui  causer  une  douleur  très  forte.  Sur  un  fragment  du 
Louvre,  c’est  avec  les  bras  noués  autour  du  cou  que 
Thésée  étouffe  Kerkyoneus 10.  Enfin,  nous  avons  vu  que 
sur  la  coupe  de  la  Bibliothèque  Nationale,  l’agoniste  pro¬ 
jeté  en  l'air  entoure  de  sa  jambe  pliée  au  genou  le  cou 
de  l’athlète  vainqueur11. 


I  Zannoni,  Gai.  Heal.  4'  s.  I.  III,  pl.  cv.  —  2  Clarac,  pi.  802,  2014.  Moulage  à  Sl-Ger- 
roain  (S.  Reinach,  Br.  figurés,  124,  p.  211  el  s.).  —  3  S.  Reinach,/6.  396,  p.  312. 
—  4  Babelon-Blanclict,  Br.  Bibl.  Nat.,  1420,  p.  574-5.  —  3  De  Witte  (Dubois), 
Catal.  Canino,  1843,  219,  p.  60-1  =  Hartwig,  Meisterschalen,  pl.  A v ,  2,  pl.  xvi, 
p.  137.  —  c  Sauer,  Bas  sogen.  Tlieseion,  p.  160-7,  Nordmetope,  3.  —  7  Cf. 
l'histoire  d'Arrachion  de  Phigalie.  Paus.  8,  40,  1;  Phil.  Im.  2,  6;  Eus.  Chron. 
1,  202.  —  8  Daus  le  Lexiphanés  de  Lucien,  et  op6oiti).r]  sont 


LUC 


à  l'époque  alexandrine  et  que  nous  fai,  ron™“ 
bronze  d’Antioche  (fig.  4026),  Ultre  un  beau 

conservé  au  musée  de  Constan¬ 
tinople  12.  On  y  voitla  lutte  finie. 

Hermès  a  passé  son  pied  gaucho 
derrière  le  jarret  de  son  adver¬ 
saire  qu’il  a  renversé  d’un  croc 
en  jambe  :  il  le  tient  sous  lui, 
la  main  droite  appliquée  sur  sa 
nuque,  la  main  gauche  empê¬ 
chant  l’effort  du  bras  droit.  Le 
vaincu  agenouillé  appuie  sa 
main  gauche  à  terre.  Des  répli¬ 
ques  semblables,  sauf  quelques 
détails,  sont  conservées  à  Pa¬ 
ris  13,  à  Londres  u, à  Florence 15, 
à  Saint-Pétersbourg16.  Celle  du 
British  Muséum  provient  d’É- 
gypte,  ce  qui  confirme  l’origine 
alexandrine  du  motif. 

XV.  —  Nous  ne  pouvons  in- 


Fig.  4626.  —  Fin  de  la  lutti 


sister  sur  les  autres  sortes  de  luttes.  On  '  trouvera  plus 
loin,  à  propos  de  l’entraînement,  l’énumération  d’.un 
certain  nombre  d’exercices  qui  ne  sont  pas  des  engage¬ 
ments  à  proprement  parler,  mais  qui  devaient  y  prépa¬ 
rer.  Peut-être,  cependant,  faut-il  mentionner  ici  une 
forme  de  combat,  pratiquée  encore  aujourd’hui,  et  que 
nous  fait  connaître  (fig.  4627)  une  fresque  de  Pompéi11. 


L’agoniste  le  plus  robuste  a  l’une  des  mains  repliée 
derrière  le  dos,  et  les  adversaires  combattent  avec  des 
armes  inégales  :  le  plus  faible,  Éros  dans  1  espèce,  aura 
pour  tactique  évidente  de  joindre  son  autre  main,  î estee 
libre,  à  la  première  et  de  tordre  le  membre  uniqm  don 

Pan  ait  la  disposition.  . 

XVI.  —  Telle  était  l’ôpOr,  ttocàt).  LaxdXtcu;,  nous  l’avons  ^ 
plus  haut,  ne  nous  intéresse  ici  que  dans  la  1111  ;'Mt) 
elle  faisait  partie,  non  des  engagements  des  1  ^ 

où  elle  n’était  pas  pratiquée,  mais  des  combats  ui  a  ^ 
lestre.  Dans  les  concours  publics,  l’àKvSiqffi?  «  1 1,11  j 
mise  que  dans  le  pancrace  où  l’usage  des  coups  ^ 
était  emprunté  au  pugilat.  Nous  n  aurons  1  '  ^.g 

étudier  les  règles  propres  à  cette  sorte  de  .  gl 
seulement  quelques-unes  des  formes,  les  pl|J> 


9  vVien  \orWü-  l800'1, 

xlaposés  comme  des  termes  (l'égale  valeur  (5)-  —  Hartwig,  O-  (•  P^' 

..,4;  IV,  3;  VI,  3.  —  M  Jahrbucli,  1892,  p.  209,  figure.  -  Rg^  Jfittl 
-  12  Jahrbuch,  1898,  p  178  et  s  ,  pl.  xi,  «g-  P-  178  ^ ’s,  Br.,  ->/ns 

00,  p.  158.  —  13  Longpérier,  Br.  du  Louvre ,  361.  ^  35).  —  la  ^an 

3,  pl.  xxvii,  p.  154  (symplegma  nobile  d'Hétiodore .  c  •  ,1(J  1867,  P1) 

ni,  Gai.  Beat  4-  sér.  III,  pl.  en...,  2.  -  <6 


tn  tt.il;..  ti” _ 7, _ Aft.i 


345 


LUC 


I 


adversaii'1" 
le  combat 1 


Ct'S 


.  lentes,  sous  lesquelles  elle  se  présentait. 
jeS  moins'10  '  ’entes  représentations  est  celle  des 
W  d6S  P  f  genou  engageant  ou  sur  le  point  d'engager 
m  •  fP  corps  à  corps  à  terre  est  inévitable  avec 
i,ses  Nous  le  voyons  réalisé  (fig.  4628)  dans  le 

célèbre  groupe  de  la 
tribune  de  Florence  2  : 
le  vainqueur 3  a  ren¬ 
versé  son  adversaire 
d’un  croc-en-jambe,  en 
même  temps  qu’il  le 
ceinturait  en  haut  du 
corps.  Il  a  déjà  réduit  à 
l’impuissance  le  bras 
gauche;  il  ne  lui  reste 
qu’à  saisir,  de  sa  main 
droite,  la  main  gauche 
posée  à  terre  ;  il  aura 
;insi  prévenu  toute  parade  possible.  Les  manœuvres  que 
no„s  avons  étudiées  étaient  également  de  mise  avec 
laxühîiç  Non  seulement  le  croc-en-jambe  était  permis, 
mais  le  ««z^t^oç  paraît  avoir  été  d’un  usage  courant, 
i  Des  pierres  gravées  montrent  un  lutteur  étouflant  ainsi 
des  deux  bras  son  adversaire  (fig.  4629)  *.  Sur  une  médaille 
contorniate  du  Bas-Empire  [contorniati  nummi,  fig.  1922], 

L  vainqueur  assis  semble  écraser  entre  ses  jambes  la  tête  de 

son  adversaire, 
dont  les  mem¬ 
bres  sont  tor¬ 
dus  et  disloqués 
de  la  manière 
la  plus  étrange. 
Une  fresque  de 
Béni  -  llassan 
(fig.  4630)  fait 
voir  le  premier 
agoniste  penché 
presque  hori¬ 
zontalement  sur 
le  second  et  appuyant  sa  tète  sur  son  cou  et  son  épaule 
droite1  :  le  vaincu,  renversé  et  sur  le  point  de  toucher 
la  terre  du  dos,  essaie,  en  tombant,  d’entraîner  son 
vainqueur  que  son  bras  gauche  vient  d’accrocher  en  haut 
du  jarret.  Sur  une  hydrie  de  Munich  à  figures  noires0, 
Antée  est  déjà  couché  sur  le  sol  :  Héraklès  le  tient  d’une 
main  en  lias  du  genou  gauche,  de  l’autre  à  la  nuque,  et 
le  géant  s’eiforce  en  vain  de  saisir  le  pied  gauche  du 
F  héros.  Eniin,  un  curieux  bronze  devienne  nous  révèle  une 
I  forme  mal  connue  de  combat  où  les  pieds  et  les  mains 
■  Paraissent  avoir  joué  un  rôle  égal1.  Je  ne  mentionnerai 
^uc  f0ur  mémoire  les  groupes  érotiques.  L’un  d’eux,  qui 
repi  «  sente  le  combat  d’un  Satyre  avec  une  Nymphe  ou 
|  Jjn  IL  i  umphrodite,  serait,  suivant  une  opinion  douteuse 
6  ^'-‘l'iiani8,  le  symplegma  du  portique  d’Octavie9. 

I  A/î  ,1  fllj  iù.n  , 

p|,  dccc1v|||  ’  P  '  VI  !  Gori,  Mus.  Flor.  1,  pl.  lxxvi  3.  —  ï  Clarac, 
P-  lis  ((',!"  ’  2176 :  Stepllani>  C-  rendus,  1867,  p.  7-8  ;  Jahrbuch,  1894, 
p.  45.f, .  j,  '  '■  •' n~eiger ,  1894,  p.  192-3  (Amelung);  Amelung,  Führer,  66, 
(P®lcrsi.n\  rUnn'Bn,ckmann,  Denkm.,  431;  Roem.  Mittheil.  1900,  p.  152-160 
l°utc  diiïércnt  •  —  3  L'interprétation  de  Petersen  (voir  supra)  est 

sel°n  lui ,  le  C)  ma*s  ne  résoiid  pas,  non  plus,  toutes  les  difficultés.  Notons  que, 
par  un  croc  mK  *  a^on‘s^°  n’est  pas  sûrement  victorieux  et  que  le  second  essaie, 
pl.  i.xxvi  3  __  fpbG’  SOuLïver  sur  son  épaule.  —  4  Gori,  Mus.  Flor.  I, 

lli.  p.  32-i  T  .  ,  'G1>rot]  de  l'Art,  I,  p.  793,  fig.  521.  —  6  Jahn,  Vasens. 
C°H.  Graf  _  8  .C  L  ^ e*t.  1878,  pl.  x,  p.  66  (Klein).  —  1  Anzeigcr,  1890,  p.  158, 
larac,  pl.  672,  1735  ;  Stephani,  O.  I.  1867,  p.  10-1.  -  9  Plin.  36, 


J 

XVII.  —  Pour  lutter  dans  les  grands  jeux,  il  fallait  la 
réunion  d’un  certain  nombre  de  qualités  physiques,  que 
les  anciens  avaient  soigneusement  déterminées.  Le  corps 
devait  être  élancé,  tout  en  étant  bien  proportionné,  le  cou 
ni  trop  long  ni  trop  court,  mais  droit  comme  celui  d  un 


beau  cheval,  les  épaules  hautes  et  solides,  les  bras  forts 
et  sains  aux  veines  non  saillantes,  la  poitrine  sortante  et 
bombée,  la  cage  thoracique  bien  dessinée,  le  ventre  peu 
développé,  les  hanches  forles  et  résistantes,  le  dos  légère- 
ment  courbé,  les  lianes  souples,  les  cuisses  robustes,  les 
jambes  droites10.  L’endurance  était  nécessaire,  car  les 
passes  duraient  longtemps  et  la  lutte  olympique  avait 
lieu,  non  seulement  en  plein  été,  mais  en  plein  soleil  et 
durant  la  forte  chaleur  du  jour  11 .  C’était,  parmi  les  con¬ 
ditions  physiques,  la  plus  indispensable  après  la  vigueur 
physique,  et,  les  corps  une  fois  enlacés,  la  victoire  restait 
au  plus  solide  et  au  plus  lourd12.  Pourtant,  les  qualités 
corporelles  n’étaient  pas  les  seules.  Entre  les  exercices 
du  pentathle,  il  n’y  en  avait  pas  qui  exigeât  plus  d’habi¬ 
leté,  de  coup  d’œil  et  de  présence  d’esprit;  c'était  le  plus 
savant  et  le  plus  fourbe,  xe/vixu>xaxov  xat  TcavoupY^axov  1 
L’art  que  les  Grecs  avaient  de  tromper  était  attribué  par 
certains  à  leur  habitude  de  la  lutte  1  ’,  et  c  était  son  talent , 

(jo cp i'a,  non  sa  force,  qui  passait  pour  avoir  donné  la  vic¬ 
toire  à  Thésée  i5.  La  souplesse  du  corps  était  certes  néces¬ 
saire16,  mais  pour  savoir  en  profiter,  et  pour  découvrir  du 
premier  coup  d’œil  le  défaut  de  l’adversaire,  l’ingéniosité 
était  indispensable.  Chaque  lutteur  fameux  avait  sa 
manière  et  ses  passes  favorites17:  l’habileté  suprême 
consistait  à  se  dérober  à  propos  et  à  n’accepter  l’enga¬ 
gement  que  sûr  de  sa  manœuvre  et  à  peu  près  certain  de 
vaincre. 

XVIII.  —  Pour  développer  les  dispositions  naturelles 
et  mettre  les  agonistes  en  état  de  concourir  avec  avan¬ 
tage,  l’entraînement  devait  être  continu  et  sévère.  Les 
pédotribes  étaient  généralement  d’anciens  athlètes18, 
auxquels  leur  âge  ne  permettait  plus  de  descendre  dans 
le  stade,  mais  que  leur  expérience  mettait  à  même  de 
donner  de  fructueux  conseils.  Les  anciens  n’étaient  pas 
ingrats  à  leur  égard  et  savaient  fort  bien  apprécier  leur 
service19.  Pindare  rappelle  avec  insistance  à  Pythéas 
d’Égine  ce  qu’il  doit  à  son  maître  Ménandre20.  Cratinos 
d’Ægira,  lutteur  célèbre,  a  sa  statue  à  Olvmpie  :  à  côté  de 
son  effigie,  se  dressent  celles  de  ses  fils  et  de  son  pédo- 
tribe21.  On  a  parlé  ailleurs  du  régime  des  athlètes 

335.  _  10  phil.  Gym.  56-62,  p.  279-281,  Kayser.  —  U  Pind.  Nem.  7,  106,  scliol.  1, 
482,  Bôckh.  —  «Plut.  Vit.  Cleo.  27.  —  13  Plut.  Qu.  conv.  2,  4,  p.  638  D;  cf. 
Ileliod.  Aeth.  X,  p.  235.  -  U  Xen.  Cyr.  1,  6,  32.  —  «  Paus.  1,  39,  3.  —  «  plat. 
Theae  16,  p.  162  A.  —  11  Sen.  De  ben.  7,  1.  —  «  ’  Ais'o  àOXr.-tou,  v5v  M.ecVmç.dil 
le  scltoliasle  de  la  8»  Olympique,  à  propos  de  Milesios  dont  Pindare  nous 
donne  le  cursus  honorum.  Ses  élèves  auraient  remporté  trente  victoires,  v.  87. 
A  Rome  les  «  pinnirapi  juvenum  ..  sont  de  même  d’anciens  gladiateurs  re¬ 
traités  [Rôm.  Mittheil.,  1900,  p.  226-7,  Rostowscw).  —  «  Sur  les  effets  mer¬ 
veilleux  de  l’ entraînement,  cf.  l’histoire  de  Straton  d’Alexandrie,  Paus.  5, 
«I,  9  ;  Acl.  H.  var.  4,  15.  —  20  Pind.  Nem.  5,  v.  85-90.  —  21  Paus. 
6,  3,  3. 


1346  — 


Fig.  4031.  —  Exercice  de  lutteurs. 


LUC  _ 

[athletae,  p.  513).  Pour  la  préparation  des  lutteurs,  Phi- 
lostrate  nous  apprend  qu’il  y  eut  deux  écoles  différentes- 
qui  se  succédèrent.  La  première  était  ce  qu’on  pourrait 
appeler  l’école  naturelle.  Les  lutteurs  s’exercaient  en 
portant  des  fardeaux  pesants,  en  courant  contre  des  che¬ 
vaux  rapides,  en  tordant  des  pièces  de  fer,  en  tirant 
la  charrue,  en  domptant  de  jeunes  taureaux,  en  nageant 
dans  la  tempête  :  la  nourriture  était  des  plus  sobres,  la 
vie  des  plus  sévères.  De  tels  athlètes,  non  seulement 
illustraient  leur  patrie,  mais  étaient,  au  besoin,  capables 

de  la  défendre1. 
C’est  en  ce  sens 
que  Platon  prescrit 
aux  futurs  guer¬ 
riers  l’exercice  de 
la  lutte,  comme 
«  utile  à  tout  »  et 
comme  capable,  au 
plus  haut  point,  de 
donner  la  santé  et 
la  force2.  Les  Béo¬ 
tiens  aussi  se  van¬ 
taient  d’avoir 

vaincu  les  Spartiates  à  Leuctres  parce  qu’ils  étaient,  plus 
qu'eux,  habiles  aux  exercices  de  la  palestre3.  Philos¬ 
trate  se  plaint  que,  de  son  temps,  cet  entrainement  na¬ 
turel  et  qui  faisait  des  hommes  ait  à  peu  près  complète¬ 
ment  disparu.  Le  stade,  dit-il,  a  été  «  énervé  »4.  Les 
médecins  sont  intervenus  et  ont  imposé  un  régime  savant 
et  perfectionné3.  Les  professionnels  ont  pris  le  pas  sur 
les  athlètes  véritables  et  toutes  sortes  d’abus  ont  suivi 6. 

XIX.  —  Un  des  moyens  d’entraîner  le  corps  était 
d'exercer  l'agoniste  à  se  servir  également  des  deux  bras  : 
Platon  recommande  expressément  que  les  deux  mem¬ 
bres  reçoivent  les  mêmes  soins  et  veut  qu’ils  prennent  le 
même  développement7.  Parmi  les  exercices  propres  à  la 
palestre  et  qui  préparaient  aux  luttes  publiques,  on  peut 
citer  celui  que  nous  fait  connaître  une  pierre  gravée  de 
Florence  8  :  les  adversaires  y  tirent  sur  une  corde  dont 
les  deux  bouts  sont  fixés  à  des  bcàtons  (fig.  4631).  Une 

amphore  de  Munich9  met  en 
scène  un  exercice  plus  pratique: 
sur  le  trône  de  Zeus  sont  figurés 
deux  lutteurs  nus,  les  bras  éga¬ 
lement  pliés  au  coude  et  les 
mains  se  serrant  à  la  taille  :  l’un 
d'eux  a  passé  le  bras  sous  celui 
de  l’adversaire  et  tous  deux 
tirent  en  sens  contraire,  chacun 
essayant  d’entraîner  l’autre  (fig. 
4632).  Enfin  l’on  peut  citer  ici 
les  légendes  que  l’on  contait  sur 
Milon  deCrotone.il  se  tenait,  nous  dit-on,  debout  sur  un 
disque  frotté  d'huile  sans  qu’aucune  force  put  l’en  déta¬ 
cher  10  :  c’était,  légèrement  transformé,  l’exercice  bien 
connu  dans  lequel  on  essayait  de  faire  sortir  quelqu’un 
d’un  cercle  tracé  autour  de  lui  sur  le  sol 1 1 .  L’autre  prouesse 

1  Phil.  Gym.  71-3,  p.  284-3.  —  2  plat.  Leg,  VII,  p.  796  A.  —  3  Plut.  Qu.  conv.  2, 
5,p.  639  F.  Outre  cetavantage  pratique,  les  anciens  aimaient  la  lutte  pour  la  liberté 
des  mouvements,  la  souplesse  et  la  beauté  qu  elle  donnait  au  corps,  Cic.  Or.  68  ; 
cf.  Anthol.  1,  2,  II,  p.  625.  —  4  Phil.  Gym.  74,  p.  285.  —  5  Ibid.  74-5.  —  6  Ibid. 
77,  sq.  —  1  Plat.  Leg ,  MI,  6,  p.  795  B.  —  8  Gori,  II,  pl.  lxxxio.  5.  —  9  Ge¬ 
rhard,  Aus.  Vas.  I,  pl.  vit  =  Jahn,  Vasens.  405,  p.  137-8.  —  10  Galien,  de  San.  tu.  2, 
—  11  Ael.  H.  var.  4,  15.  —  12  Paus.  6,  14,  2;  Ae.  U.  var.  2,  24.  — 13  Plut.  Vit. 


LUC 


Fig.  4632.—  Exercice  de  lutteurs. 


sans  1  y, 

3F’  Une  P0mm«  ou  une  L6! 


parait  lui  être  propre  :  seul  il  tenait 
sans  qu’on  pût  la  lui  arrache 
nade  dans  sa  main  fermée12 

XX.  —  Nous  n’ajouterons  rien  û  ce  nui  •  -, 
coiffure  et  de  la  nudité  des  athlètes  en  général  ^  de  la 
si  ce  n’est  que  la  nudité  complète  rendait  1 ,  ETAE1 
de  frotter  d’huile  le  corps  entier,  suivant u  P°ssible 
constante  qu’il  nous  reste  à  examiner  La  ^  praliq,1(' 
9ue  I'un  et  raulre  »“*>  sont  relaUvemeTt'l'l?”'1 

sans  doute  contemporains.  De  fait,  les  héros  d’H  S  61 
se  ceignaient  pour  la  lutte,  essuyaient  simplenien S 
1  engagement  la  poussière  dont  ils  étaient  couvert 

A  l’époque  classique,  l’onction  comprenait  deux 
successives,  l’onction  du  corps,  WetWôa-  et  le  T 
ment  avec  de  la  terre  en  poudre,  ûitoxovfÇeaOoB 13  r„ 
de  Plutarque 14  distingue  le  t^Xôç,  la  xovtW  et  le 
[ceroma],  mais  il  faut  rapprocher  l’un  de  l’autre  le  pT 
mier  et  le  troisième  terme  :  tous  deux  se  rapportent  à  h 
première  série  d’opérations.  S’il  en  fallait  une  preuve 
nous  la  trouverions  dans  1’^  nac/mms  où  n’apparaisseat 
que  le  Tr-qXoç  et  la  xôvts1  ’  :  le  x^ptoga  qui  n’est  pas  men¬ 
tionné  était  l’ingrédient  nécessaire  à  fixer  le  r.ÿM.  De  la 
boue,  vr-qXoç,  de  la  terre  délayée  et  rendue  adhérente1 
tel  était  donc  le  premier  élément  dont  on  couvrait  et 
frottait  tous  les  membres  :  un  mélange  d’huile 17  et  de 
cire 18  facilitait  l’onction.  Son  effet  était  de  rendre  le  corps 
glissant  comme  une  anguille 19  et  souple  comme  l’osier, 
Xuy1'Çeffeai20-  Non  seulement  la  difficulté  de  la  prise  en 
était  augmentée,  mais  les  chutes  étaient  rendues  moins 
pénibles21.  Il  importait  seulement  de  ne  pas  s’oindre  sous 
le  manteau 22 ,  car  la  pratique,  au  dire  du  Pseudo-Aristote, 
était  contraire  à  la  santé,  et  avait  le  défaut  de  relâcher  les 
pores  de  la  peau.  Un  passage  de  Jean  Chrysostome-3  pour¬ 
rait  paraître  signifier  qu’au  lieu  de  frotter  directement 
le  corps,  on  l'enveloppait  d’un  himation  tout  pénétré 
d'huile  :  il  faut  sans  doute  l’entendre  de  la  graisse  qui 
couvrait  les  membres  préalablement  enduits  et  qui  tachait 
et  mouillait  l’himation.  Cette  onction  n’était  pas  seule¬ 
ment  pratiquée  avant  le  combat  :  elle  pouvait  se  combiner 
avec  un  véritable  massage  destiné  à  fortifier  le  thorax, 
ou,  d’une  manière  générale,  tout  le  corps.  Dans  ce  der¬ 
nier  cas,  elle  était  faite  par  les  aliptes21. 

La  deuxième  opération  consistait  à  saupoudrer  de  pous- 1 
sière  l’épiderme  rendu  glissant  et  souple.  On  le  faisait  pour  1 
rendre  les  corps  à  corps  faciles  ou  même  possibles,  maisl 
il  s’y  joignait  aussi  d’autres  raisons.  Cette  couche  épaisse! 
dontle  corps  était  revêtu  arrêtait  la  sueur,  abondante  sousj 
le  soleil  d’été;  elle  empêchait  aussi  les  refroidissemen  s,l 
dangereux  par  les  grands  vents  qui  soufflent  luqueni J 

ment  en  Grèce,  et  qui  pouvaient  atteindre  ni". 1 1111 

la  lutte23-  La  terre  dont 
,  que  Philostrate 

nous  énumère  avec  soin  11  n’en  distingue  pas  n  "  ' 

cinq  variétés,  suivant  qu’elle  est  argileuse  ■  ‘  ^re 

coquillière  (ôaxpaxojo'q;),  bitumineuse  (âffcpaXTto ^ q-  1 

ou  blonde  (géXatva,  ÇavGi))26.  La  manière  dont  oi  J 
quait  n’était  pas  indifférente  :  il  fallait,  non  a 

i3  Luc.  Anach- 

Potnp.  53.—  U  Plut.  Qu.  conv.  2,  4,  p.  638  G.  414  B- 

-  16  Kôv.{  Phil.  Gym.  96,  p.292. 

— 18  Klipio,.*  (Plut,  supra).  —  l!)  Luc.  LL  corroropu, ce  '|U'" 

Anach.V.  -  *  Arist.  Probl.  28-3,  p.  966-7.  Le  texte  est  ‘ «r  P{.  _  23  * 
clique  le  contexte.  Une  raétathèse  est  évidente  entre  -  »  P* 

stat.  1,  8.. —  24  pmi.  De  tu.  san.  16,  p.  130  B.  0  jlu' 

Gym.  96,  p.  222. 


des  corps  nus  et  échauffés  par 
on  se  servait  était  de  diverses  espèces 


—  1347  — 


LUC 

■  fajre  couler  en  écartant  légèrement  les 
le corps>  malb  croùte)  faite  de  terre  coagulée  par  la 
doigts ‘•Lt,palr,i|lile  était  raclée  avec  un  strigile2  et 


•  gueur 


en 


P1 


*  £  d’un  bain ,  partiel  ou  tolal  •  [voy.  str.g.lis 

et  aUPTESj-  à  la  18e  olympiade,  avec  le  pentathle, 
Xf,7(p  fait  son  entrée  officielle  dans  les  concours 
q“elalU  r  hatès  fut  le  premier  vainqueur.  Depuis 
«£  conventionnelle  (708  av.  J-C.),  elle  fait  partie, 
f  ipmentdes  grands  jeux5,  mais  des  agons  pro- 
n°n  hei  comme  les  Herakleia  de  Lesbos6  et  les  Askle- 
vuicianx,  0,  ^  lutte  des  enfants  fut  introduite 

£  fu»  siècle  plus  tard,  à  la  37-  Olympiade*  (632  av. 

r  '  Elle  ne  fut  pas  moins  en  faveur  que  la  première. 
!;  Éleusinies,  les  Theseia»,  tous  les  grands  concours 
l’adoptèrent  comme  la  lutte  virile,  que  généralement  elle 
précédait  dans  l'ordre  des  jeux 10.  La  huitième  Olympique 
Je  pinJare  est  dédiée  à  un  naXafexTiç,  Alcimedon 
d’Égine,  et  sa  victoire  n’est  pas  moins  fêtée  que  celle  des 
agonistes  plus  âgés.  Dans  le  pentathle,  la  lutte  suivait  la 
course",  comme  intermédiaire  entre  les  exercices  légers 
et  ceux  qui  demandaient  un  corps  vigoureux  et  pesant. 
Des  lois  spéciales,  tout  un  code  très  détaillé,  la  régis¬ 
saient12.  Elles  permettaient  exceptionnellement  d’accor¬ 
der  la  victoire  quand  aucun  concurrent  ne  s’était  pré¬ 
senté13.  Elles  prescrivaient  le  jeu  de  la  flûte  pendant  les 
concours,  tout  au  moins  durant  le  pentathle  .  Elles 
arrêtaient  que  la  couronne  serait  donnée  à  la  troisième 
chute,  Tûiaygo; i6.  Surtout  elles  réprimaient  sévère¬ 
ment  les  fraudes,  soit  en  punissant  les  concurrents  eux- 
mèmes,  soit,  quand  ils  étaient  trop  jeunes,  leurs 
parents10.  11  ne  faut  pas  confondre  ces  lois  avec  ce 
qu'Élien  nous  rapporte  du  «  législateur  »  Orikadmos 
de  Sicile17  :  ce  que  cet  agoniste  paraît  avoir  codifié, 
c’est  simplement  xbv  ctixeàov  xpÔ7tov,  c’est-à-dire,  comme 
nous  l’avons  vu  plus  haut,  une  passe  célèbre  d’a¬ 
gonistique,  une  manœuvre  particulière  où  l’athlète 
excellait. 

XXII,  —  Les  représentations  de  lutteurs  étaient  fré¬ 
quentes,  mais  les  textes  nous  en  apprennent  peu  de 
chose.  L’agôn  du  bouclier  d’Héraklès  18  et  du  coffre  de 
Xjpsélos19,  le  symplegma  nobile  de  Céphisodote  20,  le 
Iwtator  anhelans  de  Naucéros21,  les  peintures  d’ Anti¬ 
dotes--  et  de  Timainétos 23,  même  les  effigies  d’athlètes 
connus  comme  les  statues  de  Pythagoras  de  Rhegion 24 
sontpour  nous  autant  d’œuvres  ignorées,  qu’il  faut  renon- 
|cer  à  identifier.  Nous  connaissons  mieux,  grâce  aux 
| tuteurs,  les  noms  et  les  prouesses  des  athlètes.  Nous 
savons  qu  Argos25,  Ëgine26,  Athènes21  se  disputaient  la 
^ 0lre  (^es  meilleurs  maîtres  et  des  victoires  les  plus 

1  Phil.  I.  r  _ 2  a  i  t> •  ii 

29  _  4  p  J  '  (  e  Br.  Soc.  Archéol.  p.  104-111.  —  3  Luc.  Anach. 

Panalhénaï,  u  ! S  ?’  ^iL  ^ym.  P-  267.  —  5  Aux  trois  amphores 
fyrurée  fç/  T  l'ri  Gemment  connues  où  une  représentation  de  la  lutte  est 

r-  4>-2)>  sajou 

ffiiizoï,  -  6  DnU  ectlon  v*glMsindi,  Rôm.  Mittheil.  1900,  p. 


257-260,  fig.  3-4 


ierrf.  Th  p  ga  C°rr'  kelL  l88°’  p-  447'  30'  ~  7  ,bid-  1886’  P’  415’  24  (Clerc» 
p.  721-75Q  _  s  ’!(  '  cP  Tbid.  1899,  p.  290  (Termessos),  et  Michel,  Rec.  d'inscr.  gr. 
®êes),  884  (Thesei  aUS'  8’  —  9  M*cliel,  Rec.  d'inscr.  gr.  880,  883  (Panathé- 

-15, 1590,  I5ç)|  “'t  1U  Plup  Q"ae-  nat.  2,  51,  p.  639  A.  —  U  Corp.  inscr.  gr. 

I  C{Uil  le’  seul  12  Plat-  LeS-  8»  p-  834  AB.  -  13  Phü.  Gym.  18,  p.  266 

" 15  C’6tait  le  13111  ce  Privilège.  —  H  Plut.  De  mus.  26,  p.  1140  D 

Aesch.  Ar/  (-,C  1  U"  ouvragc  du  philosophe  Ion  de  Chios  (I)iog.  Laert.  8,  8); 
ri8^A2i,,,'rsnaedr-  256  B;  Euth-  277  CD  ;  Suid.  s.  v.  Totajrô^vat 
adul,  a),  -’  ,  '  8’ur  'e  relâchement  des  coutumes  anciennes,  voir  Plut 
'*  V-  Soi.  -  m'pj  P;58’  el  Phil-  Gym.  74,  p.  285.  —  17  Ael.  H.  car.  11,1 
10  ;  5,  18,  5.  —  20  piin.  30,  24.  —  21  Plin.  34,  80 


-a  Pli„  ,,  ,  Paua-  5,  21 
3a»  130.  -  23  f 


ails.  h  22,  7.  —  24  Paus.  6,  4,  1  ;  cf.  le  papyrus 


LUC 

nombreuses.  Il  suffira  de  rappeler  ici,  d’après  Pindare  qui 
lui  consacre  la  neuvième  Olympique,  le  cursus  honorum 
d’un  agoniste,  Épharmoste  d’Oponle.  Vainqueur  à  Del¬ 
phes,  à  l’Isthme,  à  Némée,  il  l’avait  été  aux  Héraia  d’Ar- 
gos,  aux  Panathénées  d’Athènes,  aux  Iléraklaea  de  Mara¬ 
thon  28.  Comme  on  le  voit,  les  agonistes  faisaient  le  tour 
de  la  Grèce  et  luttaient  tour  à  tour  dans  tous  les  grands 
jeux.  Nous  aurions  sans  doute  à  enregistrer  bien  d’au¬ 
tres  victoires,  si  nous  connaissions  la  carrière  complète 
d’un  Léontiskos  de  Messine29,  d’un  Straton  d'Alexan¬ 
drie30,  d’un  Milon  de  Crotone31,  le  plus  fameux  de 
tous,  qui  vainquit  six  fois  à  Delphes  et  six  fois  a 
Olympie. 

XXIIi.  —  A  l’époque  hellénistique,  et,  plus  tard,  à 
l’époque  impériale,  la  lutte  devient  un  exercice  de  théra¬ 
peutique.  Ses  effets  fortifiants  ont  été  observés  de  très 
bonne  heure32.  Elle  empêchait  l’obésité33,  fortifiait  le 
haut  du  corps31  ou,  sous  la  forme  de  la  xbXtff'.ç,  les  par¬ 
ties  inférieures35.  Enfin,  nous  avons  vu  plus  haut  que  le 
massage,  indispensable  à  la  lutte  et  qui  en  procédait, 
possède  une  valeur  thérapeutique  que  les  anciens  avaient 
su  reconnaître.  A.  de  Ridder. 

LUCTUS  (7IÉV0O,-).  —  Le  mot  latin  signifie  propre¬ 
ment  les  pleurs  et  les  lamentations,  en  grec  xwx-jxqç, 
ou  les  chants  rythmés,  Qpîjvoç,  àotovj ,  accompagnant  les 
funérailles1.  Les  mots  xo  7tév6o<;,  7t£v6îtv,  usuels  pour 
désigner  le  deuil,  signifient  néanmoins,  d’une  façon 
plus  spéciale  :  douleur,  affliction,  chagrin,  deuil  moral. 
L’ensemble  des  rites  funéraires  qui  comprend  le  deuil 
s’exprime  par  les  mots  :  xi  otxata,  xi  vogiga,  xi  vogtÇôgEvoc, 
xi  TrpoffVjxovxa.  Les  rites  funéraires,  les  cérémonies  ser¬ 
vant  à  perpétuer  le  souvenir  des  morts  et  la  plupart 
même  des  signes  extérieurs  qui  attestent  la  douleur  des 
survivants  ayant  été  traités  ailleurs  [coma,  funus],  on  ne 
s’occupera  ici  que  de  quelques  dispositions  principales 
du  deuil  dans  la  personne  des  affligés. 

Grèce.  —  Les  restes  de  la  période  dite  mycénienne 
font  connaître  le  mobilier  funéraire,  non  les  pratiques 
postérieures  aux  funérailles,  le  costume  et  la  tenue  des 
survivants.  Pour  la  période  homérique,  les  textes  qui  ont 
inspiré  nombre  de  monuments  figurés  d’époque  plus 
récente  montrent  déjà,  dans  leurs  traits  essentiels,  avec 
les  trois  actes  des  funérailles  antiques,  exposition  du 
mort,  transport  du  corps,  déposition  au  tombeau,  les 
manifestations  très  violentes  de  la  douleur,  les  hommes 
se  couvrant  la  tête  et  les  vêtements  de  cendres,  se  rou¬ 
lant  par  terre,  s’arrachant  les  cheveux,  les  femmes  s’égra¬ 
tignant  les  joues,  se  frappant  la  poitrine2.  Plus  tard  et 
sur  des  monuments  plus  récents,  le  geste  traditionnel, 
la  main  portée  à  la  tète,  n’est  plus  qu’un  simula- 

dOxyrrhinchos,  Rev.  archéol.  1899,  II,  p.  399-412.  —  2o  Theocr.  24,  109-110;  Call. 

Epigr.  66. _ 26  Pind.  Ol.  8,  etc.  —  27  Paus.  1,  39,  3;  Pind.  Nem .  5,  90  (/{>)  S’àr  ' 

’A0avav  tîxïov  ’  4MHjT<xtïiv  —  28  Pind.  Ol.  9,  v.  120  sqq.  —  29  paus.  6,  4,  1  ; 

cf.  le  papyrus  d'Oxyrrhinchos,  Rev.  arch.  1899,  II,  399-412.  —  30  Paus.  5,  21,  9  ; 
Ael.  H.Var.  4,  15.  —  31  Her.  3,  137;  Slrah.  6,  1,  p.  262-3;  Paus.  6,  14,  5. 
—  32  Arist.  De  cael.  II,  12,  p.  292  B,  26.  —  33  Cael.  Aurel.  Citron,  morb.  5,  11. 

_  34  0rib.  6,  28.  —  35  Ibid.  —  Bibliographie.  Pour  tous  les  ouvrages  généraux,  voir 

quinquertium.  11  suffira  de  citer  ici  Burette,  De  la  lutte  des  Anciens  ( Mém .  Acad. 
Discr.  IV,  p.  318  cl  s.);  Krause,  Gymnastik  u.  Agonistik  d.  Hellenen,  14-20, 
p.  400-439  ;  Stephani,  Compt.  rendus  de  St- Pétersbourg,  1867,  p.  8-36;  1876,  p.  89. 

LUCTUS.  1  Cf .lessum  ou  lessus  daus  la  Loi  des  Xll  Tables  (Cic.  De  leg.  23, 
59)  ou  lausus  (l’éloge  du  mort)  dans  Plaut.  Trucul.  431.  —  2  Remarquer  (on  l'a 
fait  souvent,  notamment  dans  l’art,  funus)  la  mesure  apportée  à  ces  actes  au  cours 
dos  âges.  Par  exemple,  sur  une  hydrie  à  sujets  funéraires  de  la  collect.  du  Louvre 
(E.  Poltier,  Vases  ant.  du  Louvre,  pl.  xxi,  salle  A,  575),  provenant  de  Thèbes  en 
Béotie  et  datant  du  vin’  ou  vu*  siècle,  les  pleureuses  soulèvent  leurs  cheveux  avec 
les  mains.  Do  même  sur  un  vase  du  Dipylon  (fig,  3342). 


LUC 


1348  — 


LUC 


cre  *.  On  peut  suivre  la  transformation.  Pourtant  la  cou¬ 
tume  antique  n'a  pascessëou  a  repris  du  temps  de  Lucien2, 
traversant  l’époque  archaïque  et  les  âges  suivants,  ainsi 
que  les  gestes  rituels,  comme  l’extension  de  la  main  sur 
le  cadavre  ou  l’usage  des  chants,  ôp^vot,  àotS-^  [funus, 
p.  1373  .  De  même  les  offrandes  sur  le  tombeau  et  les 
jeux,  remplaçant  les  antiques  holocaustes,  que  le  procédé 
funéraire  soit  l’inhumation  ou  l’incinération. 

A.  1  époque  historique,  ce  sont,  avec  les  monuments 
figurés,  des  lois  limitatives,  réglant  la  dépense  et  l’ordre 
des  funérailles,  qui  nous  renseignent  sur  le  deuil  quant 
aux  degrés  de  parenté  intéressés,  au  costume  porté,  à  la 
durée  observée.  Les  Convoi,  du  moins  ce  qui  nous  en 
reste  dans  les  fragments  de  Simonide  ou  de  Pindare,  ne 
nous  apprennent  rien  à  ce  sujet.  Moins  instructifs  et 
moins  précis  que  les  myrologues  ou  les  voceri  modernes, 
ils  ne  nous  donnent  qu’une  série  de  sentences  rythmées 
présentant  une  sorte  de  philosophie  de  la  mort.  Peut-être 
est-ce  ce  caractère  qui  en  a  assuré  la  conservation. 

Déjàles  poèmes  homériques  indiquent  les  assistants  de 
droit  dans  la  -pô0s<7tç.  Auprès  du  corps  d’Hector  se  tien¬ 
nent  Andromaque,  Hécube,  Hélène,  la  femme,  la  mère 
et  la  belle-sœur,  qui,  selon  une  conjecture  plausible  de 
Leutsch  3,  sont  les  directrices  du  chœur  chantant  les  0p^- 
vo-.  ;  puis,  d'autres  femmes,  en  dehors  du  or^oç  àîreipwv*. 
Aux  funérailles  d’Achille  assistent  la  mère,  les  Néréides, 
comme  parentes  du  mort  et  les  aèdes  (ici,  les  Muses) 6  ;  à  la 
mort  d’Érysichthon,  il  y  a  son  père,  sa  mère,  ses  sœurs, 
sa  nourrice  et  dix  femmes  6.  Ces  souvenirs  antiques 
concordent  à  la  fois  avec  ce  que  l’on  sait  de  la  cons¬ 
titution  de  la  famille  hellénique  et  avec  les  dispositions 
attribuées  aux  vieux  législateurs  sur  la  pratique  du  deuil. 

En  principe,  doit  le  deuil  celui  qui,  perpétuant  la 
famille,  l’entretien  du  foyer  et  de  l’héritage,  doit  aussi  le 
culte  au  défunt.  Mais  7rocxptdÇstv  et  parentare  chez  les 
Grecs  et  les  Latins  ont  une  acception  plus  étendue  que 
celle  d'un  devoir  rendu  par  le  fils  au  chef  de  famille  défunt 
et  désignent  d’une  façon  générale  l’action  d’assurer  le 
culte  des  morts7  [parentatio]. 

En  fait,  si  parmi  les  assistants  aux  cérémonies  funèbres 
se  trouvent,  avec  les  parents  et  les  amis  invités,  ceux 
qui  veulent  rendre  les  derniers  hommages  au  défunt5, 
une  préoccupation  assez  générale  se  marque,  lorsqu’il 
s’agit  de  fixer  les  degrés  de  parenté  qui  obligent  au  deuil 
proprement  dit.  Et  spécialement  pour  les  femmes,  les 
réserves  sont  nettes.  La  loi  de  Solon  défend  de  suivre  en 
gémissant  le  convoi  d'un  homme  qui  n’était  pas  un 
parent9.  Elle  n’autorisait  les  femmes  à  accompagner  le 
mort  que  jusqu'au  degré  de  cousines,  èvxoç  àvs'Uaôwv10. 
On  a  remarqué  avec  raison  qu’il  y  a  identité  entre  la  liste 
des  femmes  admises  à  l’exposition  du  mort  et  la  liste  des 

l  Rayet,  Monum.  de  l’Art  ant.  1. 11,1,  pl.x.  Convoi  funèbre, plaque  estampée  de  terre 
cuite.  Là,  pas  de  gestes  violents.Le  geste  a,  d'ailleurs,  dû,  de  très  bonne  heure,  devenir 
rituel. Des  statuettes  de  l’époque  mycénienne  le  reproduisent  déjà.  Elles  représentent 
probablement  des  pleureuses  se  frappant  le  front  de  la  main,  (cf.  Perrot  et  Chipiez, 
Hist.  de  l'Art ,  VI,  lig.  349,  350  ;  A.  Furtwaengler,  Neue  Denkmaeler  ant.  Kunst. 
I,  Myken.  Bronze-Statuette  nus  Kleinasien  (Müncli.  Sitzungsb.  1899,  II,  p.  559- 
560)  et  note  de  Léchât,  Bev.  des  Études  <jr.  1900,  p.  373.  —  2  Luc.  Le 
luct.  12.  —  3  Leutsch,  Pliilol.  supplem.  t.  I,  p.  72.  —  4  II.  XXIV,  719,  sqq. 
—  5  Od.  XXIV,  58  sqq.  —  6  Callim.  In  Cerer.  93.  —  7  Fustel  de  Coulanges,  Cité 
antique,  11e  édit.  p.  32-33  et  références;  cf.  le  passage  de  Lucien,  O.  I.  9,  très 
significatif  pour  la  persistance  d’une  idée  primitive  :  «  le  mort  qui  n’a  laissé  ni  ami 
ni  parent,  est  réduit  à  ne  point  manger  et  condamné  à  une  faim  perpétuelle.  » 

_ 8  Flnus,  p.  1372,  note  30,  et  E.  Pottier,  Étude  sur  leslècytkes  blancs  attiques, 

p  i6.  —  9  Plut.  Sol.  2t.  —  lû  Demoslh.  In  Macart.  62-63.  —  U  Funus,  p.  1372  et 
note  32;  Dareste,  Haussoullier,  Th.  Reinach,  Bec.  des  Inscr.  jurid.  grecques;  loi 


parents  au  degré  successible  ab  intentât.  (  ’ 
sont  évidemment  là  lesdeuillantes.  Mais  il  ^l1,  Ce 
ces  exemples,  que  de  l’exposition,  de  h  ^  S  afÇit,dan| 
transport  du  corps  ou  èxtpopi12;  et  la  cond  ^  6t  du 
rail  n’ètre  pas  rigoureuse  pour  le  deuil  pr0"  '  "  P°"N 

Pourtantquelques  documents  semblenthcori''nenl(li1’ 

l’un,  récemment  découvert,  appartient  à  la 
rique,  mais  est  d’une  date  encore  ancienne  CW?' 
criplion  de  Delphes  donnant  des  fragments  de  rètrli  “'S' 
qui  concernent  la  phratrie  des  Labyades(f,n  duv45f 
Là,  des  désignations  significatives  :  après  la  déni  't  j 
«  sur  les  tombeaux  des  morts  anciens,  on  ne  fia  nll 
de  thrêne,  ni  de  lamentation,  mais  on  se  retirera  chàT 
chez  soi,  à  1  exception  des  compagnons  du  fover  déni 
oncles  paternels,  des  beaux-parents,  des  enfants  et 
des  beaux-enfants  (s/Cko  ôgeem'mv  xat  uocxçaS^v' 
TrevQspwv  XTjxydvcov  [x]aî  Y«g6ptov)  ».  La  loi  d’Iulis  (jj 
de  Céos),  plus  ancienne  (vie  siècle),  est  moins  expli- 
cite,  parce  quelle  ne  vise  que  les  pratiques  des  funé¬ 
railles  et  ne  spécifie  que  pour  les  femmes  les  degrés  de 
parenté  impliquant  le  deuil  :  «  Dans  la  maison  mortuaire 
il  n’entrera,  après  l’enlèvement  du  corps,  d’autres  femmes 
que  celles  qui  sont  souillées,  gtaivogÉvaç  (par  le  voisinage 
du  défunt),  à  savoir  :  la  mère,  l’épouse,  les  sœurs,  les 
filles;  en  outre,  au  plus  cinq  femmes  et' deux  jeunes  filles, 
parmi  les  parentes  jusqu’au  degré  d’enfants  de  cousins 
germains;  en  dehors  de  celles-là,  personne14.  »  La  loi 
est  restrictive  des  dépenses  et  des  exagérations  tradition¬ 
nelles  en  matière  de  funérailles.  On  peut  mettre  en  regard 
les  lois  du  même  genre  portées  à  Sparte15,  à  Syracuse1'’ 
et  le  code  hypothétique  de  Charondas17.  Plus  certaines 
sont  les  lois  d’Athènes  18.  Les  lois  d’Athènes  furent 
copiées  par  les  Béotiens,  comme  par  Céos,  très  rapprochée 
d’Athènes.  Les  rédacteurs  romains  des  XIÏ  tables  s’en 
inspirèrent19,  de  même  la  législation  idéale  de  Platon 80. 
La  loi  de  Gambréion  (Mysie),  plus  récente  (me  siècle), 
est  consacrée  aux  pratiques  du  deuil,  mais  ne  spécifie  pas 
les  degrés  de  parenté  qui  en  impliquent  l’obligation  ou 
la  permission. 

Les  costumes  de  deuil  ne  paraissent  pas  avoir  eu  de 
forme  particulière;  leur  couleur  varie  avec  les  coutume,, 
qui  sont  parfois  l’objet  de  prescriptions  légales.  Lent* 

a  pu  être  porté21,  mais  rarement,  d’après  les  monuments 


«  XX- 

i»  » 


des  vases  consacrés  à  la  représentation  de  la  - 
On  s’est  fondé,  pour  faire  ressortir  1  usage  1  noirj 
une  haute  antiquité,  sur  un  passage  d  Homen— 
Xuu.ua...  xuotVÊOV,  xou  o’ouxt  ueXavxepov  e,,X-Tj  ,  ,  „ 

Est-il  inutile  de  faire  observer  que  le  compara  i  1  -J 
p.sXdvxepov,  n’indique  pas  un  noir  ^  , 


figurés.  Un  seul  chiton  noir  se  remarque  dans  la  smej 


très  justement  remarqué24  que  «  1  é} 

G 

d’Iulis,  II,  p.  1 0.— 12  De  même  pour  la  plaquettearehaï^têep^;^ 
unrf  S, cil.  Vasenb.  Taf.  1,  U,  S.  3,  où  sont  désignés  par  des  les  Wre, 

à  côté  des  personnages,  la  grand  mère,  la  mète  e  es  pei„hes,  in  î 

du  défunt.  —  13  Publié  et  commenté  par  Homol  e,  «  •  Reinach  loi  d'IsUt. 

corr.  hell.  t.  XIX  (1895).  -  U  Dareste,  Haussoullier,  •  _  stob. 

A  C  p  10  sqq.  -  1»  Plut.  Lyc  27.  -  Diod.  Sic.  XI,  •  •  „  Cic.  V* 

XL1V,  40.  -  »  Plut.  Sol.  12  et  21;  Demoslh.  «  J%(4;  //ç/.  1087;  » 
leg.  II,  23.  -  20  Leg.  XII,  p.  959-60.  -  Eur.p.  ^  plut.  Bi°ns#' 
Aul.  1438  ;  Phoenic.  383;  Is.  n.fï  ^  I  plut.  Pend.  »•  '  “JJ. 

lier,  Lécytles,  p.  12  et  17  ;  Mus.  de  Berlin,  el  ro8ntea« 

Antikensamml.  S.  57,  n°  1399  :  une  femme  ^^gier,  Vasensa’W^ 
homme  vêtu  d’un  manteau  lilas  sombie,  ■  jga).  —  23  1 '  |7. 

Mus.  n»  2684  (publ.  par  P.  Girard,  La  pem  .  «  •  ^  poltier)  Léey  e  ’  1 

r,  Griech.  Privatalterth.  p.  369. 


Hermann-Blümner, 


—  1349  — 


L 


LUC 

anciens  ne  s’applique  pas  expressément  à  la 
^auteurs  a|  e  n0Us  l’entendons  ordinairement, 

couleur  noire,  ^  ^  nqmplique  pas  d’autre  sens 

■express011  ,^olmbre  du  vétement  opposée  à  la  blancheur 


que 

les 

v- 


e  la  nuance 


qu--  .  ,  ï  nn  couvre  le  mort.  Homère  ne  dit-il  pas  : 

les  étoffe®  don  ^  aî^x  »?  La  loi  de  Gam- 


;À«  0'-v0Ç’  lAe 


,  Les  femmes  en  deuil  porteront  des  vete- 
bréi0U  dl  '  u,i  ne  devront  pas  être  souillés  (évidem- 
®C'UrllLs  vêtements  que  ceux  qui  ont  servi  pour  la 
nlCnl  J  i’îXBOpà  ou  bien  les  mêmes  après  purification)  ; 

elles  enfants  porteront  également  le  deuil 
1CS  ll0‘nm  moins  qu’ils  ne  préfèrent  les  habits  blancs1.  » 
e" brUn’  1  ,•  désigner  le  vêtement  de  couleur  foncée, 

Est-ce . .  est-c.  gris?  Plutôt 

Cm  l'on  se  reporte  à  une  définition  de  cette  nuance 
gI1S’M  r1r  Suidas  2  :  XP“!xat  <™vO£xov  èx  p-eXâvoç  xx't  Xeuxou 
d°n""  La  loi  laisse  donc  aux  hommes  et  aux  enfants 
le  choix  entre  le  gris  et  le  blanc  pour  vêtements  de  deuil, 
i  Vros  la  loi  autorise  les  vêtements  blancs”.  A  Iulis, 
les  hommes  ne  portent  pas  de  vêtements  de  deuil,  si  l’on 
réfère  à  un  fragment  d’Héraclide  de  Pont,  conserve 
par  Aristote  et  qui  manque  au  texte  retrouvé  de  la  loi  \ 
le  façon  générale,  les  vêtements  foncés  marquent  1  ex¬ 
pression  du  deuil:  partout,  quand  il  s’agit  de  scènes  de 
«iOWlç  ou  d’èxtpopà,  et,  dans  la  plupart  des  cas,  apres 
l'accomplissement  de  ces  cérémonies,  les  monuments 
figurés  ne  la  marquent  plus  avec  autant  de  netteté5. 

Pour  le  port  des  cheveux  et  de  la  barbe  [barba,  coma, 

I,  p.  669,  G70,  1362],  il  est  à  remarquer  que  le  vieux 
rite  homérique,  impliquant  l’idée  d’une  offrande  au 
mort,  le  sacrifice  des  cheveux  sur  le  tombeau,  subsiste 
à  l’époque  classique,  malgré  des  défenses  antérieures, 
telles  que  les  mentionne,  par  exemple,  la  loi  d’iulis, 
dans  le  fragment  transmis  par  Héraclide  de  Pont5  :  «  Les 
hommes  ne  portent  le  deuil  ni  sur  leurs  vêtements,  ni 
sur  leur  chevelure.  »  Ces  survivances  d’antiques  usages 
funéraires  se  modifient,  naturellement,  suivant  la  mode 
encours.  Un  passage  de  Plutarque  1  montre,  en  Grèce, 
les  hommes  se  coupant  les  cheveux  en  signe  de  deuil, 
tandis  que  le  même  auteur,  en  un  autre  endroit8,  indique 
la  persistance  de  la  vieille  coutume  chez  les  femmes  et 
signale  au  contraire,  chez  les  hommes,  l’habitude,  en 
cas  semblable,  de  laisser  croître  barbe  et  cheveux.  C’est 
que  le  premier  texte  s’applique  à  une  ancienne  tradition 
grecque  :  le  second  vise  l’époque  gréco-romaine  où  l’on 
imite  Rome  et  où  le  port  de  la  barbe  et  des  cheveux  longs, 
contraire  à  la  mode  alors  usuelle,  distingue  les  affligés. 

Quant  à  la  durée  du  deuil,  elle  varie  selon  les  pays9, 
b  après  un  passage  de  Plutarque,  à  Sparte,  elle  est  de 
nzc  jours,  le  sacrifice  à  Déméter,  qui  a  lieu  le  douzième, 
mettant  tin  au  deuil  (xy|  Sà  SwoExâxr  Ouçavxaç  eoei  Anîfx-qxfi 
“uv  to  tcîvOoç  *°),  sans  que  le  texte  permette  d’ailleurs 
'il'iimcr  nettement  que  la  prescription  fût  de  rigueur 
Po.u.i  tl|US  bes  Spartiates.  L’affirmation  est  pourtant  plau- 
,lM  ,  mi  lè  caractère  limitatif  des  lois  funéraires  attri- 


Par  l'ottier  V  UISS0ul'*er’  Th.  Keinach,  L.  c.  loi  de  Gambréion,  I.  — 2  Cité 
—  ü  Pour  lès  *  C  ^  ^ut*  row*.  26,  p.  270  F.  — 4  Heracl.  Pont.  fr.  IX,  3. 
B.  l’oilier  S  'U  Pendant  les  cérémonies  funéraires,  voir  encore  dans 

ta  couverture  du  "y'  ^  ^  *cs  vas^s  décrits  :  sur  le  lécythc  n°  4,  les  bandelettes  et 
8omljrPj  je  c|)jlo  '  fun^re  sont  peintes  en  violet;  sur  le  n°  5,  le  linceul  est  vert 
n° *  homme  °"  '  UnG  ^°S  *®mmes  verl  sombre,  et  son  manteau  brun  ;  sur  le 
Ibid,  j,  ^  11  'nanl°au  lilas  sombre,  et  la  femme  un  manteau  brun;  cf.  Id. 

c  Heracl.  PoiV  /  °US  lîar^ons  P^us  l,as  des  signes  de  deuil  après  les  cérémonies, 
y  c'  1  Plot.  Cons.  ad  uxor.  3-i;  cf.  Athen.  15,  p.  675  A  ; 


buées  à  Lycurgue.  A  Argos  ",  à  Athènes  ",  la  période  est 
de  trente  jours.  Dans  la  dernière  ville,  le  deuil  légal  pre¬ 
nait  fin,  d’après  des  recherches  de  Schœmann13,  au  tren¬ 
tième  jour  à  dater  des  funérailles,  non  a  dater  de  la  moi  I  • 
Une  définition  d’Harpocration  semble  pourtant  infirmer 
cette  conclusion.  11  s’agit  là  du  mot  -rpixxxç  qui  désigne 
l’offrande  présentée  au  mort  le  trentième  jour  après  le 
décès  ",  et  qui  amène  la  clôture  de  la  période  de  deuil, 
si  l’on  s’en  réfère  à  toutes  les  analogies  et  au  passage 
connu  de  Pollux  1S.  D’ailleurs,  la  durée  du  deuil  semble 
avoir  aussi  varié  avec  les  catégories  d  affligés,  puisqu  a 
Iulis,  où  les  hommes  ne  mettent  pas  de  vêtements  de 
deuil,  la  mère  porte  une  année  le  deuil  de  son  enfant"'. 

La  loi  de  Gambréion,  très  précise  en  la  matière,  fixe 
la  période  obligatoire  du  deuil  à  trois  mois  pour  les 
hommes,  à  quatre  pour  les  femmes.  Mais,  la  même,  le 
texte,  si  précis  qu’il  soit,  soulève  un  doute  :  le  port  du 
deuil  était-il  lié  à  l’accomplissement  des  rites  déter¬ 
minés  qui  perpétuaient  la  mémoire  du  mort?  Devait-il 
cesser  à  un  moment  rituel  dans  le  cours  de  ces  cérémo¬ 
nies?  Le  texte  de  la  loi  de  Gambréion  semole  le  dire  ", 
d’accord,  pour  le  fait,  non  pour  le  laps  de -temps,  a\  ce 
l’usage  athénien  qui,  après  les  libations  et  les  offrandes 
du  troisième  jour  (xx  xotxx),  du  neuvième  (xi  evxxx),  ter¬ 
minait  le  deuil  à  la  cérémonie  du  trentième  (xt  xpiaxàoE?)  . 
D’autre  part,  la  loi  d’iulis  interdit  les  sacrifices  du  tren¬ 
tième  jour  19,  sans  qu’on  puisse  savoir,  du  reste,  si  elle 
autorisait  les  deux  premiers,  et  l’on  y  voit  le  deuil  conti¬ 
nuer  un  an  pour  les  femmes.  Ainsi,  à  Iulis,  la  cessation 
du  deuil  semble  ne  pas  dépendre  de  la  date  d’une  céré¬ 
monie  déterminée,  tandis  que  le  contraire  s  observe  a 
Sparte,  à  Argos,  à  Athènes,  peut-être  à  Gambréion. 

Enfin,  l’examen  de  la  loi  d’iulis  suggère  encore  une 
autre  question.  Il  y  avait  là,  comme  à  Athènes  ,  1  usage 
d’un  sacrifice  annuel  sur  la  tombe  du  défunt  (èviaûcix) 
qui  se  répétait  tous  les  ans,  à  l’anniversaire  du  décès, 
tant  que  la  mémoire  du  mort  restait  vivante  dans  la 
famille.  «  La  loi  décide  que  la  souillure  contractée  par  la 
cérémonie  du  bout  de  Van  disparaîtra  d’elle-mème  par 
l’expiration  d’un  délai  de  trois  jours,  après  le  retoui 
des  parents  qui  sont  allés  sacrifier  sur  le  tombeau31.  » 
Le  costume  de  deuil,  les  vêtements  de  couleur  sombre 
.  étaient-ils  de  règle  pour  ce  laps  de  temps  ?  Les  monu¬ 
ments  figurés  semblent  répondre  négativement,  au  moins 
en  ce  qui  concerne  Athènes  aux  vû  et  ive  siècles.  «  Dans 
les  scènes  d’offrandes  au  tombeau,  il  arrive  fréquem¬ 
ment  de  voir  Yhimation  avec  des  couleurs  claires, 
bleu  ou  rouge22.  »  C’est  que,  comme  l’a  fait  remarquer 
M.  Pottier  dans  le  passage  cité,  les  phases  diverses  et 
les  rappels  du  culte  des  morts,  une  fois  écoulée  la  courte 
durée  du  deuil  athénien,  n’impliquaient  pas  le  port  du 
deuil.  En  tous  cas,  les  artistes  ne  se  sont  pas  astreints  à 
les  représenter.  Moins  positives  encore  sont  les  données 
que  fournissent  les  textes  et  les  inscriptions  sur  les  dis¬ 
positions  adoptées  en  Grèce  pour  ce  qu’on  pourrait 

Philostr.  Vit.  soph.  2,  8.  —  »  Plut.  Qu.  rom.  c.  14,  p.  267  B.  —  9  Voy.  funcs, 
p  1380,  note  0,  p.  1381  ;  cf.  Wachsmulli,  Bhein.  Mus.  u.  f.  XVIII,  562.  —  *0  Plut . 
Lyc.  27.  —  11  Plut.  Qu.  gr.  c.  21,  p.  296  F.  —  12  Lys.  1,  14.  —  13  Schocmann, 
Comment,  sur  lséc ,  p.  219.  —  U  Harpocr.  s.  v.  ijniii.  —  15  Poil.  I,  66. 

_  16  Heracl.  Pont.  L.  c.  —  il  Loi  île  Gambréion,  L.  c.  :  liîixeSeïv  St  xA  vôptiia 

iitoiyoplvon  ÉV/atov  !v  xçtet  |i*l®''v>  xH  Si  xîxàçxe,  Vitiv  xà  x É v t -  xoùç  âvSçu;,  xà;  Si 
yuvarxoeç  t?  ixî|«!TV.  —  l*  Is.  De  Menecl.  heu  37  :  Harpocr.  s.  v.  xçtotxà;.  —  1»  Loi 
d  lulis,  L.  c.  9.  —  20  1s.  U,  46.  —  21  Loi  d’iulis,  L.  c.  et  comment.  Texte  B,  p.  17. 
_  -iî  E.  Potlicr,  Lécytlies,  p.  58  cl  notes. 


170 


LUC 


1350  — 


appeler  proprement  le  deuil  public.  Il  y  a  des  funérailles 
publiques,  des  lois  qui  les  règlent  ;  et  le  passage  célèbre 
de  Thucydide  1  sur  les  honneurs  rendus  aux  restes  des 
Athéniens  morts  pour  la  patrie  suffirait,  entre  autres,  à 
nous  les  faire  connaître.  Mais  la  cérémonie  ne  semble 
pas  avoir  été  accompagnée,  chez  d’autres  citoyens  que 
ceux  des  familles  affligées,  d’observances  ou  d’un  port 
de  costume  particuliers  au  deuil.  La  loi  même  ou  la 
coutume  que  vise  l’historien,  et  dont  les  derniers  mots 
du  discours  prêté  à  Périclès  reproduisent  peut-être  une 
formule  -,  semble  recommander  simplementà l’assemblée 
de  se  retirer,  après  l’accomplissement  de  ces  obsèques 
nationales.  Elle  ne  parait  spécifier  rien  de  plus.  D'autre 
part,  ni  l’éloge  funèbre,  d’usage  plus  ancien  en  Grèce 
qu'à  Home,  mais  plus  rare  aussi  et  réservé  à  des  groupes 
d’hommes,  non  concédé  à  des  particuliers  3,  ni  les 
offrandes  à  la  stèle,  ni  même  le  culte  des  morts  héroïsés 
ne  sont,  à  proprement  parler,  une  forme  de  deuil  public. 
Autant  peut-on  en  diredes  inscriptions  collectives  gravées 
sur  les  monuments  funéraires,  avec  ou  sans  épitaphe, 
en  l'honneur  des  soldats  tués  à  l’ennemi,  telles  que  celle 
du  marbre  de  Nointel  aujourd’hui  au  Louvre  4.  C’est  un 
hommage  rendu  par  la  cité  à  ses  enfants,  un  souvenir 
qui  consacre  un  deuil  public,  ne  nous  en  décrit  pas  les 
dispositions.  Et  même  quand  la  cité  s’associe,  par  des 
décrets  de  condoléance ,  à  des  douleurs  privées,  comme 
on  le  voit,  en  particulier,  sur  des  inscriptions  d’A- 
phrodisias  et  Àmorgos  5,  il  y  a  là  encore  plutôt  la 
consécration  d’un  souvenir  honorable  qu’un  règlement 
de  deuil  public. 

Home.  —  Les  pratiques  et  les  effets  légaux  du  deuil 
romain  ayant  été  traités  en  détail  plus  haut,  au  mot 
funus,  on  devra  se  borner  ici  à  résumer  ou  à  compléter 
sur  certains  points,  très  particuliers,  les  indications  déjà 
données. 

Les  monuments  figurés  des  Étrusques  nous  ren¬ 
seignent  à  peu  près  exclusivement  sur  leurs  rites 
funéraires  et  le  culte  des  morts  [etrusci,  funus].  Il 
est  permis  de  croire  que  les  traditions  suivies  par 
eux  en  matière  de  deuil  ont  passé,  avec  des  modifica¬ 
tions  plus  ou  moins  profondes,  dans  la  coutume  ro¬ 
maine.  Sur  deux  monuments,  par  exemple,  des  figures 
de  femmes  voilées6,  ou  enveloppées  d’une  pièce  d’é¬ 
toffe  de  couleur  sombre,  ramenée  sur  la  tête  et  ana¬ 
logue  au  ricinium  romain  ou  à  la  pulla  palla1,  peuvent 
être  considérées  comme  portant  un  costume  de  deuil  ' 
funus,  lig.  3350  . 

La  parenté  et  la  proximité  des  civilisations  grecque, 
étrusque  et  romaine,  semblent  aussi  expliquer  les  analo¬ 
gies  qui  se  remarquent  chez  les  trois  peuples,  dans  la 
succession  des  actes  principaux  des  funérailles  et  des 
manifestations  de  deuil  qui  les  accompagnent.  Comme 
en  Grèce,  des  lois  restrictives  des  manifestations  vio¬ 
lentes  et  des  dépenses  ou  des  exhibitions  exagérées  du 
deuil  pendant  la  toilette  du  mort,  l’exposition  du  corps 
et  le  cortège  funéraire,  sont  portées  à  Home  aux  époques 
anciennes,  notamment  dans  le  code  décemviral,  et  les 
usages  interdits  reparaissent  plus  tard,  se  perpétuant, 
ainsi  que  l’emploi  des  sonneurs  de  trompette  ( tibicines ), 

1  II,  3t.  —  2  H,  40.  —  3  Dion.  Halic.  V,  17.  —  4  Corp.  inscr.  att.  I,  433. 

—  3  Cf.  S.  Rcinach,  Traité  d’épigr.  yr.  p.  432-33.  —  6  Concstabile,  Mon.  di 
Perugia,  pl.  xxxix.  —  7  Mon.  d.  Inst.  V,  pl.  xv.  —  8  Mommsen  et  Marquardt, 
Man.  des  Antiq.  rom.  t.  XIV,  6d.  Mau,  trad.  fr.  ;  Vie  privée ,  t.  III,  p.  443-445. 


LUC 


des  pleureuses  (praeficae)  et  des  chants  fUn>y 
naenme,  analogues  aux  Opijvoi  et  probablement  d°S 
structifs  pour  nous,  si  ces  poèmes 
ssent  été  conservés  [funus].  d  res 


api’ès  les 
sacrifice  du 
De  neuvième  jour fj, 


Uissi  p(î() 

-~*-res  nous 

Il  est  à  peu  près  aussi  malaisé  pour  Rome  m,,. 

Grèce,  soit  aux  époques  primitives  soit  '  ,P°"rla 
périodes  gréco-romaine  et  impériale,  d’établir!!  - 
sion  les  degrés  de  parenté  auxquels  s’arrêtait  finir  . 
du  deuil  proprement®,  celui  ,„,i  SCJ  proC^a  ' 
cérémonies  funèbres,  mise  au  tombeau  et 
novemdial  offert  aux  mânes  du  mort,  le 
Partir  des  obsèques8.  Un  passage  de  Cicéron  nous  montP 
nettement  que  le  deuil  cessait  pour  les  simples  assJ 
tants,  amis  et  parents  éloignés,  après  le  sacrifice  j 
moment  du  repas  funèbre9.  L’orateur  reproche  à  Vu! 
nius  de  s’être  présenté  en  habit  de  deuil  à  un  renas 
funèbre.  Qui  donc  le  gardait  après?  Les  monuments 
nous  renseignent  mal  sur  ce  point.  Le  bas-relief  du 
musée  de  Vérone,  qui  marque  par  une  inscription person- 
nefie  le  degré  de  parenté  des  affligés  groupés  autour  de 
l’agonie  d’une  jeune  fille10,  n’indique  celle  qualité  que 
pour  trois  d’entre  eux  :  le  père,  la  mère  eL  l’oncle  paterl 
nel  ;  il  ne  représente,  d’ailleurs,  que  la  scène  des  adieux 
suprêmes,  antérieure  à  toute  la  série  des  rites  funé¬ 
raires.  Des  textes,  relatifs,  la  plupart,  à  la  durée  du  deuil 
(nous  indiquons  plus  bas  les  références),  permettent  cer¬ 
taines  précisions,  marquent  l’obligation  du  deuil  pour  la 
mort  d’un  ascendant  ou  descendant  direct,  d’un  époux  ou 
d’une  épouse,  d’un  frère  ou  d’une  sœur,  d’un  neveu  ou 
nièce  par  agnation.  Celle  obligation  fut,  sans  doute,  la 
règle  générale  pour  les  cognats  du  degré  le  plus  rappro¬ 
ché,  vers  la  fin  de  la  République  et  sous  l’Empire,  lors¬ 
que  la  parenté  par  cognatio  prit  de  plus  en  plus  d’im¬ 
portance11. 

La  tenue  de  deuil  pendant  les  funérailles  a  été  décrite 
plus  haut  à  l’article  funus  (p.  139,  199).  Après  l’ensemble 
de  ces  cérémonies,  elle  implique,  au  moins  pour  le  sexe 
masculin,  l’abstention  de  vêtements  blancs  ;  etla coutume 
s’est  conservée  longtemps,  puisqu’elle  fait  l’objet  d  une 


prescription  des  jurisconsultes  impériaux 


Dès  le 


Ier  siècle  de  l’époque  impériale,  cette  interdiction  parait 
no  s’être  pas  appliquée  aux  femmes,  que  1  on  voit  parfois! 
même  mener  le  deuil  en  vêtements  blancs13.  En  généi al, 
durant  le  deuil  proprement  dit,  on  devait  ne  point  userj 
dans  le  costume  de  couleurs  éclatantes,  comme  lapotuprej 
ou  bariolées;  s’abstenir  d’ornements  voyants,  de  toilettes 
recherchées.  La  même  réserve  s’imposait  pom  i  ^ris 
tance  aux  festins  et  aux  fêles.  C’était  d 
bienséance  plutôt  qu’obligation  légale,  bien  h"]- 
certains  cas,  le  contrevenant  encourût  la  n<  j 

famie  u.  .  imites' 

Un  caractère  permanent,  commun,  semble-t  i  ,  ^  . 

les  époques  de  l’histoire  de  leurs  mœurs,  mal ' 
les  Romains,  le  port  de  la  barbe  longue  {bai  ban>  ,  ^ 

taré]  comme  signe  de  deuil.  Cet  usage  con  •’  ^ 

seulement  le  souvenir  des  malheurs  privés,  n1,11  a 
celui  des  calamités  publiques  [barba].  jp.lUs 

réuni  les  principaux  textes  et  signalé  h  s  1 1  ^  c0(J. 
monuments  qui  prouvent  la  perpétuité  « 1 

■  VV„  il"  3:  Corp' 

-  »  Cic.  In  Vatin.  12,  30.  —  JO  MalTei,  Mus.  Véron-  P-  ‘  ^  J  ^  p  2u,  cl 
inscr.  lat.  V,  3080.  —  U  Cf.  Éd.  Cui|,  Instit.  J"i  i'  ■  ^  Quaest .  rom'  '6' 
Voigt,  Jus  naturale ,  151.  —  12  Paul.  Sent.  É  -1^1*- 

—  14  Éd.  Cuq,  Instit.  jurid .  des  Jtom.  I»  P* 


LUC 


—  1351 


LUC 


tui'ie 


Ile  s  ( 


,st  prolongée  jusqu’à  nos  jours,  dans  les 
un-  notamment,  et,  en  particulier,  parmi  les  paysans 
CiWc»D-|",;;„  iajssait aussi  pousser  ses  cheveux  dans  ces 
jpP°lesta"  ^  pQlir  jes  femmes,  dans  les  deuils  privés 
CirCOnSl|"inités  publiques,  la  coutume  de  détacher  leurs 
elle*  (':l  ‘"“"de  les  laisser  tomber  a  été  signalée  déjà 
«hevellN  J  i„s  rarement,  et  à  l’époque  gréco  romaine, 
[[c0MAi’  mi’  ja  chevelure  de  cendre  et  de  poussière,  ou 
<le  C0II'i'k  couper  et  de  l’arracher  avec  les  mains.  Mais 
011  '"nà a ifesta ti ons  s’appliquent  au  moment  des  céré- 
^  v'  funèbres  ou  des  supplications  dans  les  temples. 
n '  n'viil  pas  que  le  deuil  proprement  dit  ait  donné  lieu 
Ils  lisais  semblables.  C’est  par  le  costume  et  l’obser- 
vance  d’une  retraite  relative  qu’il  se  marque. 

|  Sa  durée,  fixée  par  la  tradition,  est  assez  longue. 
Indiquée  déjà,  avec  les  variétés  qu’elle  présente,  pour  des 
cas  divers  [funus,  p.  1401],  elle  doit  pourtant  être  rap- 
lée  ici,  ainsi  que  les  références  qui  l’établissent  et  qui 
s'appliquent  aussi  à  la  distinction  des  degrés  de  parenté 
comportant  la  pratique  du  deuil  :  pour  un  ascendant  3, 
un  descendant  adulte  ou  l’un  des  époux4,  une  année  de 
dix  mois;  pour  les  autres  cognats  du  degré  le  plus 


proche,  huit  mois3  ;  pour  un  enfant  de  trois  à  dix  ans, 
autant  de  mois  qu’il  avait  vécu  d’années  ;  la  perte  d’un 
enfant  de  un  à  trois  ans  donnait  lieu  à  un  petit  deuil 
(sublugere).  On  ne  portait  pas  le  deuil  des  enfants  au- 


I dessous  d'un  an c. 

Dans  certains  cas,  de  nécessité  publique,  la  durée 
[ordinaire  du  deuil  pouvait  être  abrégée.  C’est  ce  que 
,  décréta  le  sénat  après  la  bataille  de  Cannes  1 .  Quelque¬ 
fois,  au  contraire,  le  deuil  était  prolongé  au  delà  du 
|  terme  fixé  par  l’usage  {prolu  gere)s. 
t  Pour  les  effets  juridiques  du  deuil  romain,  voir  funus, 
p.  1401-1402;  pour  les  dispositions  du  deuil  public  à 
Home,  voir  ibid.  p.  1406-1407.  P.  Gachon. 

LUOUMJA  (AouxouXXsta).  —  Jeux  en  l’honneur  de 
L.  Licinius  Lucullus,  le  vainqueur  de  Mitliridale.  Après 
avoir  chassé  Mithridate  de  toute  la  partie  occidentale  de 
1  Asie  Mineure,  Lucullus  s’efforça  de  réprimer  les  exac¬ 
tions  commises  par  les  publicains  dans  ces  régions. 
H  promulgua  de  sages  règlements  sur  la  perception 
des  impôts  et  sur  le  paiement  des  dettes.  11  rétablit  ainsi 
a  l)r°spérité  dans  ce  pays  naturellement  riche,  mais 
!  ors  ruiné.  En  reconnaissance  de  cette  œuvre,  de  nom- 
jeus(l's  c'fés  d  Asie  instituèrent  des  jeux  en  son  honneur, 
uldrqua  mentionne  la  fondation  des  Lucullia  en  géné- 
?  ’  Vpfli,‘n  s'bnale  en  particulier  les  Lucullia  de  Cyzique, 
esti  nées  a.  rappeler  que  Lucullus  avait  obligé  Mitliridale 
!  ■i  "i  siège  de  cette  ville2.  Les  Lucullia  de  Cyzique 
1  u  aient  encore  au  temps  de  Plutarque.  J.  Toutain. 


1  Mommsen  et  Marquant  t,  L.  c.  II 
ïrr  promit  tere),  elle  n’élail  ’ 


p.  247  (Irad.  fr.)  :  «  Quant  à  la  barbe 
à  leur  exemple  y  """tcrcb  c,lc  ^  ùlait  à  la  mode  que  pour  les  gens  en  deuil,  et 
Liv.  XXvii  h  5es  acci,sés  [barba  reorum,  Mart.  Il,  30,  3),  les  condamnés  (TU 
pairie  :  ajnsj  CS  c*,c^s  Pa,’tis  vaincus  qui  tenaient  à  étaler  le  deuil  de  h 
Oaules  (Suet  r  '  défaite  de  son  légat  Titurius  dans  la  guerre  de: 

*m.  53),  lirulus  * ",*on  ''  étique  après  la  lialaille  de  Tliapsus  (Plut.  Cal 

Sckhcl,  boct  fl  ,'Jn  4,1  ■  U  hors.  Il,  372,  confirmé  par  ses  monnaies 
but.  18),  Octave  il  ’  P  ^nlo'ne  a  *a  suite  de  la  lialaille  de  Modènc  (Plut 
^  3"  (Uorgliosi  <]T  *a  ^"eirc  conlrc  Scxlus  Pompée,  du  printemps  de  38  à  la  fii 
Vos  ,  h  P' 


brus  |Si„,|  ^  ’  ’  *'  P'  111  cl  II,  P-  07),  et,  plus  tard,  après  le  désastre  d 
I1  3ïl  .  4  ynL.  ~  2  ^ucl-  Caluj.  20,  24.  -  3  Pompon,  ap.  Vatic.  (\ 
Vail>.  fr.  321  ,1  •/( "  .3-2°'  ~  6  PaUl'  ScnL  fi  2i’  i3‘  —  0  Plut.  Num.  12 

^‘"bigerc Bimlc,  *  7  Tit.  Liv.  XXII,  50,  5.-8  Fcslus,  s.  i 

■  bulletin  de  '  M0l|ler  à  la  bibliographie  des  articles  barba,  com 

LabyÜtiCOr^,POndanee  helu‘ni,lue '  L  XIX  (1895),  Règlement*  de  . 
("^Aiitoire£  /■  "‘Tl  ^  ^'  ^^'fSd'uhhée  et  commentée  par  Homolle;  Perr 


"il  dans  I antiquité,  t.  VII,  La  Grèce  archaïque,  Par 


LUCUMO.  —  Le  terme  de  lacumo  (ou  luc/no ,  lycmo  '  ; 
en  grec  Aoxôgwv  2  ou  Aouxou|xojv  1  )  était  la  transcription 
d’un  mol  étrusque  *,  dont  le  sens,  d’après  Servius  ’,  était 
celui  de  roi  ou  de  prince.  Selon  le  même  auteur,  chacune 
des  curies,  dont  se  composailla  cité  étrusque  de  Mantoue, 
était  administrée  par  un  lucumo6  \  le  même  nom  de 
iucumo  était  donné  au  chef  de  chacune  des  douze  cités 
qui  constituaient  la  confédération  étrusque,  ainsi  qu’à 
celui  de  ces  do.uze  chefs  qui  exerçait  le  pouvoir  suprême 
dans  ce  gouvernement  fédératif7  [etrusci,  p.  821  . 

L’autorilé  des  lucumons  était  à  la  fois  politique  et  reli¬ 
gieuse,  comme  l’était  celle  des  rois  dans  la  plupart  des 
sociétés  antiques.  En  effet,  d’une  part,  les  textes  nous 
montrent  des  lucumons  nouant  des  alliances  avec  Home 
et  conduisant  des  expéditions  militaires8;  d’autre  part, 
on  les  présente  comme  les  dépositaires  de  la  discipline 
sacrée  donL  l’origine  était  attribuée  aux  révélations  du 
génie  Tagès  9  :  c’étaient  eux,  disait-on,  qui  l’avaient 
recueillie  et  consignée  dans  des  livres.  Comme  partout 
dans  l’antiquité  l’héritage  des  traditions  religieuses  était 
le  privilège  des  citoyens  de  race  noble,  les  lucumons 
étaient  sans  doute  choisis  parmi  les  membres  de  certaines 
grandes  familles,  parmi  ces  principes  que  Ti  l  e  Live  men¬ 
tionne  si  fréquemment10. 

Dans  certains  textes,  Iucumo  est  employé,  non  pas 
comme  un  terme  générique,  mais  comme  un  nom  ou 
un  prénom  d’individu  :  c’est  ainsi  que  Tite  Live  attri¬ 
bue  au  Corinthien  Démarate,  émigré  à  Tarquinies,  deux 
fils,  appelés  l’un  Lucumo ,  l’autre  Arunsil.  Bien  que  les 
épitaphes  étrusques  fassent  connaître  quelques  noms 
qu’on  peut  rapprocher  de  lucumo 12,  il  est  probable  que 
les  Romains  ont  plus  d’une  fois  transformé  en  un  nom 
d’individu  un  litre  qu’ils  ne  comprenaient  pas  et  appelé 
Lucumo  tel  ou  tel  chef  étrusque  qu’ils  avaient  entendu 
qualifier  ainsi.  En  tous  cas,  il  est  certain,  les  inscriptions 
le  prouvent,  qu’un  prénom  analogue  à  Lucumo  n’a 
jamais  existé  en  Étrurie1*.  Jules  Martha. 

LUCUS  C'AÀffo ç).  —  Sénèque  écrivait  à  Lucilius*  :  «  Ces 
bois  sacrés,  peuplés  d’arbres  antiques  d’une  hauteur  inu¬ 
sitée,  oùles rameaux  épais,  superposés  à  l’infini,  dérobent 
la  vue  du  ciel,  la  puissance  de  la  forêt  cl  son  mystère,  le 
trouble  que  répand  en  nous  cette  ombre  profonde  qui  se 
prolonge  dans  les  lointains,  tout  cela  ne  fait-il  pas  naître 
l’idée  que  là  réside  un  dieu  ?  »  Cette  pensée  de  Sénèque 
est  encore  précisée  par  Pline  :  «  Non  moins  que  les 
statues  divines  où  resplendissent  l’or  et  l’ivoire,  nous 
adorons  les  bois  sacrés,  et,  dans  ces  bois,  le  silence 
même...2  »  Lucrèce  met  les  bois  au  nombre  des  choses 
propres  à  inspirer  l’idée  de  la  divinité3.  Ce  n’est  pas,  il 
est  vrai,  dans  les  textes  de  ces  auteurs,  appartenant  à 

LUCULLIA.  1  Plut.  Lucull.  23.  —  2  Appian.  De  bello  Mithrid.  76. 

LUCUMO.  1  Propert.  V  (IV),  1,  29.  —  2  Dion.  Halic.  passim.  —  3  Strali. 
V,  C,  219.  —  4  A  ce  mot  paraissent  apparentés  divers  noms  propres  qui  figurent 
dans  les  inscriptions  étrusques  :  laujinc  (Pabrelti,  Corpus,  649);  lau/umes  (lliid. 
650)  ;  lavupnes  (Ibid.  2589);  lucumu  (Tbid.  2121);  lu/umni  {Ibid.  1674).  —  5  Ail 
Aen.  II,  278  :  «  lucumones  qui  reges  sunt  lingua  Tuscorum  »  ;  cf.  Ad  -4en.  VIII, 
65  et  475;  X,  202.  —  6  Ad  Aen.  X,  202.  —  7  Voir  les  textes  cités  note  5. 
—  8  Tit.  Liv.  V,  33,  3;  Dion.  liai.  II.  37.  —  9  Ccnsorinus,  De  die  natal), 
4,  13;  cf.  art.  etkusci,  t.  III,  p.  827.  —  10  Tit.  Liv.  Il,  44,  8;  VI,  2,  2;  IX, 
36,  5;  X,  13,  3;  16,  3.  —  H  Tit.  Liv.  I,  34,  2;  cf.  Dion.  H  al.  II,  37;  III,  46; 
Slrab.  V,  C,  219;  Tit.  Liv.  V,  33,  3;  Propert.  V  (iv),  t,  29.  —  '2  Cf.  plus 
haut,  note  4.  —  13  Cf.  O.  Millier  (éd.  Deecke),  1. 1,  p.  338-339;  App.  Il,  p,  442  et 
suiv. 

LUCUS.  1  Ad.  Lucil.  XLI,  2.-2  Nat.  kist.  XII,  2,  1.  —  3  V,  76.  Voir  aussi 
Pomponius  Mêla  sur  les  bois  sacrés  et  les  anlres  de  Célicie  :  Tolus  au  loin  augustus 
et  verc  sacer,  hahitarique  a  diis  et  dignus  et  creditus,  nihil  non  venerabile  et 
quasi  cum  ali  juo  numiue  se  ostentat  (I,  13). 


LUC 


une  époque  sceptique  et  civilisée,  qu’il  faut  chercher  le 
témoignage  historique  de  l’origine  du  culte  des  bois  ; 
niais  leur  esprit  était  traditionnellement  pénétré  des 
antiques  noyances  aux  forces  de  la  nature  divinisées. 
Le  milieu  où  ils  vivaient,  les  formes  extérieures  du  culte, 
les  survivances  des  anciens  usages  les  y  maintenaient; 
aussi  les  passages  que  nous  venons  de  citer  sont  bien 
1  expression  fidèle  des  sentiments  qui,  à  une  époque 
ancienne,  certainement  antérieure  aux  temps  historiques, 
portèrent  1  homme  à  adorer  les  bois.  Dans  les  plus  loin¬ 
taines  légendes  mythologiques,  l’arbre,  isolé  ou  groupé, 
apparaît  presque  comme  un  ancêtre  des  divinités  à  forme 
humaine  ;  il  n  est  guère  de  dieu  ou  de  déesse  dont  la  per¬ 
sonnalité  ne  soit  accolée  à  un  arbre,  comme  par  une 
identification  postérieure  à  un  culte  primitif.  De  même 
qu  il  doit  le  feu  à  Prométhée,  l’homme  doit  à  un  dieu 
bienfaisant  le  don  de  chaque  arbre  utile.  Et  aussi  une 
idée  religieuse  s  attachait  aux  arbres  dont  les  dimensions 
exagérées,  la  forme  extraordinaire  frappaient  les  imagi¬ 
nations  [arbores]. 

Mais  si,  à  1  origine,  la  profondeur  des  bois  silencieux 
et  sombres  évoquait  naturellement  l’idée  de  divinités 
toujours  entourées  de  terreur  et  de  mystère,  plus  tard, 
quand  les  dieux  s’humanisèrent,  les  bois  sacrés  devin¬ 
rent,  autour  des  temples,  des  jardins  et  des  parcs  ornés 
de  Heurs,  de  statues  et  d'œuvres  d’art,  arrosés  par  des 
eaux  vives.  De  leur  antique  horreur  religieuse,  il  ne 
resta  trace  que  dans  les  légendes,  dans  les  récits  des 
poètes  et  des  littérateurs,  qui  continuèrent  à  les  qualifier, 
le  plus  souvent  injustement,  nigri ‘,  atrp ,  vetusta  re- 
ligione  truces 3,  caligantes  nigra  formidine*.  Nom¬ 
breuses  aussi  sont  les  allusions  à  leurs  antiques  origines  : 
ils  sont  vetusti:i,  vetustate  sacri 6,  relligione  patrum 
sacri  1  ;  Virgile  attribue  aux  Pélages  leur  consécration  8, 
etStace  a  trouvé  cette  jolie  expression:  venerabile...  lu- 
corum  senium9 .  Ils  sont  appelés  vocales 10  parce  que, 
parfois,  ils  rendent  des  oracles11,  et  aussi  parce  que, 
dans  les  temps  antiques,  des  voix  menaçantes12  ou  pro¬ 
phétiques13  se  sont  fait  entendre  de  leurs  profondeurs  : 
...  vox  quoque per  lucos  audita  silentes  ingens  14  C’est  du 
bois  de  Vesta  qu’une  voix  surhumaine  annonça  à  M.  Caeci- 
dius  la  prochaine  arrivée  des  Gaulois15.  Lucain18  et 
Sénèque  le  Tragique 17  nous  ont  laissé  des  peintures  où  les 
bois  sacrés  revivent  pleins  d’horreur;  la  description  par 
Pomponius  Mêla 18  des  bois  sacrés  et  des  antres  voisins  de 
Corycus,  en  Cilicie,  ne  le  cède  en  rien  à  celles  des  poètes. 

Il  est  naturel  que,  ayant  de  si  antiques  origines,  le  culte 
des  bois  apparaisse  dans  les  souvenirs  les  plus  lointains 
que  nous  aient  conservés  la  mythologie  et  l’histoire.  Il 

était  pratiqué  par  les  peuples  appartenant  aux  civilisations 
anciennes,  antérieures  aux  époques  classiques19.  Le 
monde  grec  et  le  monde  romain,  les  seuls  dont  nous 

1  Ovid.  Fast.  Il,  165;  III,  295;  Scnec.  Oedip.  530.  —  2  Ovid.  O.  I.  801  ;  Amor.  III, 

3,  55.  —  3  Claudian.  Land.  Stil.  I,  229-230.—  4  Virgil.  Georg.  IV,  468.—  5  Ovid.  Met. 
VIII,  741.  —  G  (Juintil.  Jnst.  X,  I,  88.  —  7  Virg.  Aen.  VIII,  598.  —  8  Ibid.  600. 

—  9  Sut.  Silv.  I,  3,  39.—  10  Ibid.  V,  3, 209.—  U  Ovid.  Fast.  II,  440;  VI,  425.— 12  Id. 
Met.  XV,  793.  —  13  Tibul.  II,  5,  75  ;  Dionvs.  Hal.  Antiq.  I,  56.  —  U  Virg.  Georg.  IV, 
476.  1“  Cic.  Divin.  XLV;  I.iv.  V,  32.— 16  Pharsal.  III,  399,  s.—  17  Thyest.  650,  s! 

—  18  SU.  orb.  1, 13.—  19  Cf.  A.  Maury,  Les  forêts  de  la  France,  dans  Mémoires 
pr.  par  divers  savants,  2«  série,  l.  IV,  1800,  p.  7,  s.  ;  Seidensticker,  Waldgeschichte 
des  AUerthums,  I,  p.  128,  s.  —  20  Virg.  Georg.  II,  122,  s.;  Claudian.  Idyl.  I,  1, 
s.  ;  Cariant.  De  Phoen.  X.  —  21  Virg.  Ciris,  196  ;  SUt.  Theb.  X,  85.  —  22  Herod 
II,  138.  -  23  Strab.  XVII,  1,  32.  -  24  Ibid.  35.  -  25  Mêla,  I,  9  ;  cf.  Herod.  Il, 
,56-  —  26  Herod.  Il,  91.  —  27  Strab.  XVII,  1,  42.  —  28  Curt.IV,  7  ,  22.  —  29  Strab. 
X\I,  2,  22.  -■•  30  Ibid.  2,  6.  —  31  Mêla,  I,  13.  —  32  Appian.  Del.  Mithr. 
XXMI.  —  33  Herod.  \,  119.  —  34  Lucian.  Amor.  XII.  —  35  Strab.  XIV,  t. 


ayons  à  nous  occuper  ici,  étaient  couverts  de  i  • 
l’imagination  des  poètes  en  mettait  au  deH  a  acpés; 
l’extrême  Orient,  là  où  le  soleil  sort  f  ^ à 
l’extrême  Occident21.  L’Égypte  avaitdes  bois  !  à 
bastis”  et  à  Memphis23  ;  à  Acanlluis,  le  bois  d’n  -'S, 4  B“' 
bois  d’Apollon  dans  l’île  flottante  de  Chemmi  2oMnS  t;un 
dePersée*";  un  autre  bois  d’Apollon  à  .’ P,10 1,ois 

de  Jupiter  Hammon  s’élevait  au  milieu  de  ’  etemPle 
Entre  Bérythus  et  Sidon,  en  Phénicie £  E*" 
baignait  un  bois  d’Esculape  29.  près  de  Daphné nT** 
un  bois  servant  d’asyle  entourait  le  temple  d’Annli 
de  Diane39.  Les  bois  de  Corcyus  en  fili  •  “ 61 

célèbres-' .  Lalone  avalise  bois  sacré  à  Paiera  *  ,3 
Jupiter  Pronaios  à  Labranda"  et  Vénus  à  Cnidc'iV 
Carie.  L  Ionie  était  particulièrement  riche  en  bois  sacrés0 
là  étaient,  près  de  Colophon  et  sur  le  territoire  deMiln’ 
les  célèbres  oracles  et  les  bois  d’Apollon  Clarios33  ri 
d’Apollon  Didyméen  39  ;  le  bois  d’Ortygie,  renommé  par 
la  naissance  d  Apollon  et  de  Diane,  enfants  de  Latone31 
au  pied  d’un  olivier  qui  n’était  pas  encore  mort  au  temps 
de  Tacite38;  le  bois  de  Pluton  et  de  Proserpine,  près 
d  Acharaca39  et,  à  Chalcides,  le  bois  consacré  à  Alexandre 
le  Grand 40 .  A  Grynium,  en  Mysie,  on  voyait,  à  côté  du 
temple,  le  bois  d’Apollon  11  ;  en  Troade,  les  bois  de  ce 
même  dieu  avec  les  noms  de  Smintheus42  ét  de  Tym- 
braeus43,  le  bois  de  Diane  Astyrine44  et  le  bois  d’Hector46. 
Le  mont  Ida,  sur  les  limites  de  la  Troade  et  de  la  Phrygie, 
était  ombragé  par  les  bois  de  Cybèle 40  et  d’Apollon  ”.  Sur  les 
côtes  du  Pont,  un  bois  était  consacré  aux  Amazones48; 
dans  la  Colchide,  illustrée  par  l’expédition  des  Argonautes, 
se  trouvait  le  bois  consacré  à  Mars  qui  avait  recelé  la 
toison  d’or  49.  En  Arménie  aussi 00  et  jusque  dans  l’Inde61, 


les  bois  sacrés  étaient  en  honneur,  et  Bacchus52,  Satyre, 
Pan  et  Silène  53  y  avaient  les  leurs. 

Si,  traversant  le  Pont  Euxin,  nous  passons  en  Europe, 
nous  rencontrons,  en  Thrace,  dans  la  partie  la  plus  reculée 
de  cette  région,  un  bois  consacré  à  Bacchus  où  (les  pro¬ 
diges  annoncèrent  la  grandeur  d’Auguste 54,  et,  à  Ismare, 
un  bois  d’Apollon  SB.  Cette  forme  du  culte  existe  chez 
tous  les  peuples  de  la  Grèce  :  en  Ëpire,  Apollon  a  des 
bois  à  Actium58  et  à  Nicopolis 57.  A  la  même  contrée 
appartenaient  les  arbres  prophétiques  de  la  forêt  de 
Dodone58.  En  Thessalie  étaient  les  bois  de  Jupiter  sur 
l’Oeta59  et  les  bois  sacrés  de  la  vallée  de  Tempe5'1  ;  en 
Locride,  chez  les  Myonenses,  le  bois  des  dieux 
G1,  de  Vénus  à  Oeanthea  près  Naupacte  et  le 
bois  Aeaneus  en  l’honneur  d’Ajax63  ;  en  Phocide,  un  bois 
sacré  gardait  le  tombeau  de  Néoptolème,  à  Delphes  , 
près  de  Drymée,  au  croisement  de  deux  routes  était  un 
bois  d’Apollon88.  Nul  peuple  de  la  Grèce  n  avait  autant 
de  bois  sacrés  que  les  Béotiens  :  bois  de  Diane  , 
Mercure87,  des  Cabires68  et  de  Diane,  près  de  1  l  m  1  >  1 


TT  ,.  ,1  _  37  sirab. 

27;  Vib.  Scqucst.  IVemor.  — 3(1  Strab.  XIV,  I,  5;  Curt.  vl  i  J>  ”  ’w  ^  g|_ 
XIV,  I,  20.  —  38  Tac.  Ann.  III,  01.  —  39  Strab.  XIV,  I,  44'  0vi(|. 

—  41  Virg.  Egl.  VI,  72,  et  Serv.  ad  l.  ;  Strab.  XIII,  3,  5  ;  P®us-  ■  ;  ’  (  j;  c| 

Fast.  VI,  425  ;  Paus.  X,  12, 6.  —  43  Vib.  Sequest.  Nemoi .  '  '  U  ^uson  Jipisl. 

65.  —  ^5  Ibid.  29.  —  46  Virg.  Aen.  IX,  85;  Sencc.  Troad.  I  •  ____  49 
XXV,  16.  —  47  Paus.  III,  13,  5.  —  48  Amm.  Marcell.  XXII,  S,  ^  ^  v„ 

Dibliothec.  I,  9,  I  ;  10,  23;  Mêla,  I,  19.  -  60  Tac.  Ann.  XII,  •  Baccbus,  VI. 
5,  34;  VIII,  9,  34.  —  52  Près  de  Nysa,  Curt.  VIII,  10.  -  “  yq,  7,  C. 

—  64  Suet.  Octav.  XCIV.  —  65  Hom.  Od.  IX,  200-201.  HjctSchol.; 

—  57  Ibid.  —  58  Hom.  Od.  XIV,  329  et  Scliol.  ;  Lucan.  Pharsa  .  ^  '  ;;9 Sopl,ocl. 
Stat.  Theb.  III,  106,  475;  Paus.  VII,  21,  22;  Claud.  BeL  Ge  . 

Trach.  440.  —  60  Mêla,  II,  3,  28  ;  Vib.  Seq.  Ncmor.  —  01  l>a"S,__’M  g(al-  77, et.  '6i- 

—  63  Strab.  IX,  4,  2.  —  64  Id.  IX,  3,  9.  —  68  Pa«9.  X,  33,11. 

—  67  Paus.  IX,  24,  5.  —  68  Herod.  IX,  65. 


—  1353  — 


LUC 


ou 

One 


.  rnrise  par  Actéon  1  ;  de  Neptune,  près 
A  elle  fui  PCupid0n  à  Leuctres8,  d’Apollon  Délies 
S  ’  •  près  d’Alalcomène,  un  bois  de  vieux 

près  de  ’  d  tie  la  Béolie5  ;  bois  sacrés  de  Cérès 

ines,  le  p  llb  s  *f  ^  Bacchus7,  d’Iolaus8,  près  de 


che 


el  de  Anthédon 5  ;  des  nymphes'°et  de  Diane 

T,lèbC  «  h  des  Muses  sur  l’Hélicon12.  de  Trophonius  à 
/Altique  avait 


Tlièbe 

à  Cyrtoné 

Lébadée 


jes  bois  consacres 


Hercu 

Eumù11 


les  bois  de  Pyrée  consacrés  à  Cérès  Prostaia 
des  Euménides  23,  d’Esculape24;  à 


de  Trophonii 

un  bois  de  Minerve14  à 
au  héros  Lacios15  et  à 
AthènLSi«Uleboisd’Anagyre11,  et,  à  Colone,  le  bois  des 
G  ' s  Mégarc  se  voyait  un  bois  de  Jupiter 
ei9.  sur  le  territoire  de  Corinthe,  des  bois  de 
pjymjnen  ,  et  de  Junon21;  sur  le  territoire 

jNeptun®  i  u  | 
deSicvone. 

•  ,,  22 

Pl  l'us  le  bois  de  Ganymède  ou  d’Hébé2'.  En  Argolide, 
i  un  bois  sacré  de  cyprès  entourait  le  temple  de  Jupiter 
Nénu'en 2Ü,  et  le  souvenir  du  lion  de  Némée  était  encore 
conservé  parle  bois  consacré  au  berger  Molorque21;  un 
bois  était  dédié  au  héros  éponyme  de  la  région28,  à 
Esculape29  et  àDiane  chasseresse  à  Epidaure 30,  aux  Grâces 
près  d’IIermione 31 ,  à  Ilippolyte  à  Trézène32,  à  Cérès  à 
Lerne,  là  où  Pluton  descendit,  avec  Proserpine,  dans  les 
enfers33.  Près  de  Patras 34,  Aegium 38,  Pellène 30,  Mysaeos 31, 
villes  d’Achaïe,  étaient  des  bois  d’Apollon  et  de  Vénus, 
de  Junon,  de  Diane  Sospita,  de  Cérès.  Dans  la  même 
f  contrée,  à  Pharae,  le  Pierus  baignait  un  bois  de  platanes 
tellement  gigantesques  que  leurs  troncs  rongés  par  le 
temps  étaient  habitables38  etdansl’Homarium,  bois  sacré 
de  Jupiter,  la  ligue  achécnne  se  réunissait39.  Parmi  les 
bois  sacrés  du  Lycée40,  en  Arcadie,  le  plus  ancien,  sans 
doute,  était  celui  de  Pan41  ;  Apollon  avait  son  bois  dans 
les  mêmes  montagnes42,  ainsi  que  Vénus  à  Trophaea43, 
Diane  à  Condylée 44,  Cérès  à  Mégalopolis45,  Cérès  et  Pro¬ 
serpine  dans  la  même  ville46,  Neptune  à  Tricolon4'. 
Encore  en  Arcadie,  un  bois  sacré  dominait  le  Mégaron 
où  l’on  célébrait  les  mystères  de  Cérès48;  à  Psophis,  un 
bois  sacré  de  Cyprès  abritait  la  tombe  d’Alcméon49,  el 
une  source  et  un  bois  sacré  étaient  voisins  du  temple  de 
Cérès  à  Phigalie60.  L’Elide  possédait  à  Olympie  l’^AA-riç, 
fameux  bois  sacré  de  Jupiter61  ;  à  Pylos  un  bois  de  Cérès52, 
un  bois  de  Neptune  au  bord  de  la  mer  à  Samicum53,  en 
divers  lieux  des  bois  sacrés  de  Diane54,  d’Ioneus55  et 
(lEurycydeus.  00  Toute  la  région  des  bouches  de  l’Alphée 
était  couverte  de  bois  sacrés,  ornés  de  fleurs  et  d’eaux 
'nés  .  Nous  trouvons  en  Messénie  les  bois  de  Lycus58, 
Apollon  Carneus près  de  Phares89  et  le  boisCarnasius cn. 

ïL)"i'n  m'  HI’  i7°'  ~  2  Homor-  n-  H,  506  ;  Paus.  IX,  2G,  S  ;  cf. 
IX,  IV:  33'  -  3  Paus.  III,  26,  5.-4  Liv.  XXXV,  51.—  B  Paus. 

\lex  |  -  _  8’  P  ~  7  Senec.  Herc.  Fur.  1286.  —  8  Arrian.  Exp. 

IX,  2,  Paus-  1X>  22,  5.  —  10  Id.,  IX,  24,  4.  —  U  Ibid.  —  12  Ibid. 

X, ’  h’  ,5’ 3, ;  0vid-  MeL  V,  2G5.  —  13  Paus.  IX,  39,  4.  —  H  Plin.  Nat.  Hist. 

—  *8 Soril.f, -.1  f  f'  ^  16  P*v‘  XXXL  24.  —  U  Suid.  s.  v.  ’Avayuçàeio;. 

|  j!,  52.  _  21  ]M.  CoL  39,  s-  l23>  -  19  P“us-  I,  *0,  4  cl  6.  — 20  Slrab.  VIII, 

rS5 ibid  „  XXX";  34-  -  22  Paus.  II,  11,3.  —  23  Ibid.  3.  —  24  Ibid.  G. 

Sc<|iiest.  Ne'm  .ImT.51’  Ibnl'  15,  2-  ~  27  Virg-  Georg.  III,  19  ;  Scrv.  ad  l.  ;  Vib. 

-SI  liid  31  ,n  '  ,0dot-  VI>  78-  —  29  Paus.  II,  27,  1.  —  30  Ibid.  29,  1,  30,  7. 
-“liid.Vq  Z32lbUL  32’  *•  ~  33  Ibid.  36,  7-8,  37,  I.  —  34  Ibid.  VII,  21,  11. 
I  5,5.  3.  -31  Ibid.  27,  9.  —  38  Ibid.  22,  1  .  —  39  Strab.  VIII, 

25, 1.  __  u  Jb  lrh'  VI>  89-  ~  41  Paus.  VIII,  38,  5.  —  42  Ibid.  38,  2.  —  43  Ibid. 
~  «  Ibid.  37  2  '  _  ’ ,  7‘  45  lbid-  38,  6.  -  «  Ibid.  31,  5.  —  47  Ibid.  35,  6. 

Scl|ol.  au  i  v'  .  Uitl  U>  7-  —  110  Ibid.  42,  12.  —  Cl  Pind.  Olymp.  X,  55  cl 
Hellen.  VII,  4,  29;  Strab.  VIII,  3,  30;  Paus.  V,  101. 


1 .  10.  —  M 

!  St” ^  1  "  XcnoP*1 

Sl1*-  VIII,  3i  12  ~  53  ,bid-  VIII,  3,  13  et  20.  —  64  Xcnopli.  Aimé.  V,  3,  12  ; 

~  »  ïbîd  r, vi11,  3’  19-  -  86  Ibid-  —  87  Ibid.  VI II,  3,  12.  —  68  Paus. 
63  p  '  ’  -  60  lbid-  33,  2.  —  Cl  Slat.  Theb.  I,  355.  —  62  Slrab. 

Il,  10,  C.  _  64  Ibid.  20,  9.  -  os  Ibid.  13,  7.  —  66 Ibid. 
'III,  3C3.  _  C8  Cal .  lîpithal.  Pci.  96;  Virg.  A  en.  I,  093  ; 


-5,  1 

~  1,1  Hora.  oy 


LUC 

Sur  le  promontoire  de  Taenare,  en  Laconie,  on  honorai 
plusieurs  bois  sacrés01,  entre  autres  celui  de  Neptune1 2  et, 
dans  le  même  pays,  les  bois  de  Jupiter  Scotitès63,  d’Apol¬ 
lon  près  Sparte04,  de  Bacchus03,  de  Mars  à  Gérontbres ,0. 

Dans  les  îles  d’Asie  Mineure  et  de  Grèce,  aussi  bien  que 
sur  le  continent,  les  bois  sacrés  étaient  en  honneur. 
Vénus  qui,  de  Cypre,  s’appelait  Kûitpi;,  y  avait  les  bois 
célèbres  de  Paphos 87  el  d’Idalie 08  ;  près  d  Arsinoë,  dans 
la  même  île,  était  un  bois  de  Jupiter  °9.  Latone  avait  un 
bois  à  Rhodes10,  Esculape  à  Cos'1,  Junon  à  Sanios  -, 
Apollon  à  Cliios13,  Neptune  à  Ténos74,  Cybèle  et 
Jupiter18  en  Crète  sur  l’Ida,  les  Nymphes  à  Ithaque11, 
Minerve  dans  Pile  fabuleuse  des  Phéaciens 

Si,  pour  aller  de  Grèce  en  Italie,  nous  passons  par  la 
Sicile,  nous  rencontrons  dans  cette  île  des  bois  sacrés  de 
Minerve18,  de  Mars80,  de  Vénus81,  le  bois  gardien  du 
tombeau  d’Anchise82,  celui  où  Pluton  ravit  Proserpine83, 
et,  sur  les  bords  du  fleuve  Acis,  le  bois  orné  des  dépouilles 
des  géants,  trophée  de  la  victoire  des  dieux s4. 

Dans  la  péninsule,  le  Bruttium  avait  les  bois  sacrés  de 
Sila 8Ü,  à  Crotone  le  bois  de  Junon  Lacinia88,  à  Temesa 
le  bois  de  Politès,  compagnon  d’Ulysse 8  ’,  la  Lucanie  le  bois 
de  Palinure88,  l'Apulie  un  bois  à  Lucerie89,  la  Campanie 
le  bois  de  la  triple  Hécate,  près  Cumes90,  le  /unis  sucer 
Decidiorum91 ,  le  bois  de  Junon  à  Nucérie92,  et,,  à  la  fron¬ 
tière  du  Latium,  sur  les  bords  du  fleuve  Liris,  près  Min- 
turnes,  le  bois  de  Marica93  ;  l’Ombrie,  un  bois  àSpolète94 
et,  près  du  mont  Fisccllus,  le  bois  de  Vacuna  1 

Le  Latium  et  Rome  étaient  fertiles  en  bois  sacrés  à 
la  plupart  desquels  se  rattachaient  des  légendes  relatives 
aux  origines  du  peuple  romain.  Ce  sont  les  bois  de 
Feronia  °°,deCircé91,  de  Pilumnus  près  Ardée98,  de  Jupiter 
ludigète",  de  Junon  Sospita  à  Lanuvium100,  de  Diana 
Nemorensis 101 ,  de  Mars  près  d’Albe  102,  de  Ferentina  où  se 
réunirent  les  peuples  latins103,  de  Diane  à  Anagnia104,  de 
Diane  encore  près  de  Tusculum 106,  el,  près  delà  frontière 
du  Latium,  au  pays  des  Marses,  sur  les  bords  du  lac  Fuci- 
num,  le  bois  d’Angitia108.  Rentrant  dans  le  Latium,  nous 
trouvons,  àTibure,  le  bois  de  Tiburtus 107  et,  entre  Tibure 
et  Rome,  les  bois  delà  déesse  ou  nymphe  Albula  108,  dans 
lesquels,  vers  le  sud,  était  l’oracle  de  Faunus  109. 

Les  bois  sacrés  de  Rome  se  rattachent  presque  tous 
aux  origines  de  cette  ville  ou  aux  époques  légendaires  de 
son  histoire;  quelques-uns  n’ont  existé  que  dans  les  Ac¬ 
tions  des  poètes  ;  la  plupart  de  ceux  qui  ont  eu  une  exis¬ 
tence  réelle  avaient  disparu  au  temps  de  l'Empire.  Ces 
bois  sacrés  étaient  certainement  des  débris  des  anciennes 

Vib.  Seq.  Nem.  —  69  Slrab.  XIV,  6,  3.  -  70  Id.  XIV,  2,  2.  -  71  Dio,  LI,  8;  Val. 
Max.  I,  1,  19.  —  72  Varr.  R.  rust.  III,  62.  —  73  Slrab.  XIV,  1,  35.  —  C.  Id.  X,  3, 
11.  —  75  Virg.  Acn.  III,  105.  —  76  lbid.  IX,  673;  Theophr.  Hist.  plant.  III,  3,  4. 

—  77  Hom.  Od.  XVII,  208.  —  78  Ibid.  VI,  291,  321.  —  79  Pind.  Olymp.  V,  2V. 

—  80  Virg.  Acn.  IX,  584.  —  Si  Slat.  Silo.  III,  4,  21.  —  82  Virg.  Aen.  V,  761. 

—  83  Ovid.  Met.  V,  391.  —  84  Claud.  Rapt.  Pros.  III,  332,  s.  —  83  Vib.  Seq. 
Nem.;  cf.  Plin.  Nat.  hist.  III,  10,  3.  —  8»  Liv.  XXIV,  3.  —  87  Strab.  VI,  I,  5. 

_ 88  Serv.  Ad.  Aen.  VI,  378.  —  89  Corp.  inscr.  lat.  IX,  782.  —  90  Virg.  Aen.  VI, 

13.  _ 91  C.  i.  I.  X,  4104.  —  92  Plin.  Nat.  hist.  XVI,  57,  2.  —  93  Liv.  XXVII,  37  ; 

Vell.  Pat.  II,  10;  Plut.  Marins,  XXXIX,  6;  Vib.  Seq.  Non.  —  »4  lîormann, 
Miscell.  Capitol,  p.  5,  s.  —  95  Plin.  ATaf.  hist.  III,  17,  3.  —  96  Virg.  Aen.  VU, 
800;  Serv.  Ad  Aen.  I.  I.  ;  R.  de  la  Rlanchère,  Rev.  arch.  1881, 1,  p.  370,  s.  —  97  Virg. 
Aen.  VII,  H.  —  98  lbid.  IX,  34.  —  99  Plin.  Nat.  Hist.  III,  9,  4;  Cic.  Pro  Mil. 

XXL _ tW)  Liv.  VIII,  14,  2.  —  101  Horat.  Ad  Pis.  IC;  Slrab.  V,  3,  12;  Plin.  Nat. 

Hist.  XXXV,  33,  1  ;  v.  plus  haut,  s.  ».  diana,  p.  154-155.  —  102  Dion.  liai.  I,  77. 
Sur  les  bois  sacrés  d’Albe,  cf.  Cic.  L.  I. —  103  Liv.  I,  50,  52  ;  VII,  25. —  104  Id.  XXVII, 
4, —  105  plin.  iVaf.  Hist.  XVI,  91, 1.  — 106  Virg.  Aen.  VU,  759;  Vib.  Seq.  Nem.  ;  C.  i.l. 
X,  3883  et  le  commentaire  ;  les  habitants  du  lieu  (auj.  Luco )  s’appelaient  Lucenscs, 
Plin.  Nat.  Hist.  III,  17,  I.  — 107  Hor.  Od.  I,  7,  13;  Porphyr.  et  Acr.  ad  Ilor.  L.  I.  ; 

—  108  Mart.  I,  13,  3;  Acr.  ad  Ilor.  Carm.  I,  7,  1.  12,  13.  —  109  Virg.  Aen.  VII, 
89;  Acr.  ad  Hor.  Carm.  I,  7.  1,  12,  13. 


—  1354  — 


LUC 

forêts  au  milieu  desquelles  Rome  fut  fondée 1  ;  ils 
restèrent  en  possession  de  l’ancien  culte  et  il  n’est  pas 
surprenant  que,  autour  d’eux,  se  soient  groupées  les 
légendes  primitives.  On  attribua  à  Uomulus  la  création 
.le  plusieurs  de  ces  bois2.  Au  / tiens  Ifercufius  au  pied  du 
Palatin  3,  au  sacri  ne  mus  Argileti',  dans  le  quartier  de 
ce  nom,  les  poètes  avaient  rattaché  les  plus  antiques 
traditions;  le  lucus  Saxi ,  sur  l’Aventin,  conservait  le 
souvenir  de  la  bonne  déesse,  de  Faunus  et  de  Ficus 6  ; 
le  bois  de  Pan  et  son  antre,  au-dessus  du  Yélabre,' 
avaient  vu  les  jumeaux  allaités  par  la  louve3;  sur  le 
(.apitoie,  inter  duos  lucos,  était  l’asile  ouvert  par  Romu- 
his  \  le  fucus  asgli  d’après  Tacite 8.  C’est  dans  un  fucus 
Sglvani,  près  il  une  source,  queTarpeia  avait  rencontré, 
au  pied  du  Capitole,  le  chef  Sabin",  et,  sur  le  Quirinal, 
le  nouveau  dieu  Quirinus  avait  son  bois'0,  tandis  que  le 
bois  de  N  esta,  sur  les  pentes  du  Palatin,  au-dessus  du 
Forum  ",  et  surtout,  hors  de  la  porte  Capène,  le  bois  des 
Muses  et  d'Égérie  gardaient  la  mémoire  du  pieux  roi 
Numa12.  Sur  l’Avenlin,  dans  un  bois  de  lauriers,  le 
foret  um  **,  avait  été  enseveli  Tatius".  D’autres  bois 
portaient  les  noms  d’antiques  divinités  :  sur  l’Esquilin, 
les  fucus  Me  fuis  ,5,  Libitinae Junonis  Lucinae'f 
Larum  ? I8,  Esquifinus  Faq  ut  a  Iis  20,  Poetelinus 21  ;  sur 
le  Cœlius,  le  lieu  dit  Y  inter  duos  lucos*2-,  sur  les  bords 
du  Tibre,  le  fucus  Helerni 23  ;  au  delà  du  fleuve,  les  fucus 
Furinae 2V,  appelé  par  Plutarque  «Xuo?  ’Eptwéwv  23,  Afbio- 
narum  ;  a  des  emplacements  inconnus,  les  fucus  deae 
Satrianue  2\  Streniae  2S,  Bellonae23,  Agrippae  30, 
Pisonis  !l  ;  la  porte  Querquetulana  tirait  son  nom  d’un 
bois  de  chênes  voisin32;  hors  des  murs,  les  fucus  Poelc- 
finus33,  Itob i ginis  sur  la  via  Claudia  n,  Lavernae  sur  la 
via  S  al  ara35,  deae  Diae  sur  la  via  Aurélia  3S,  Semeles3' 
près  d’Ostie38,  peut-être  le  même  que  le  fucus  Similae 
célèbre  ]  ar  les  bachanales 39,  ou  Stimulae 40. 

L  Étrurie  avait  un  bois  de  Sylvain  à  Caere",  un  bois 
de  Junon  a  Paieries  42,  et,  près  de  Capène,  le  célèbre  bois 
de  béronie  ‘  .  En  Cisalpine,  on  a  trouvé,  àBergomum,  une 
inscription  faisant  mention  d’un  bois  sacré  de  Libitina44  ; 
des  bois  sacrés  aussi  existaient  près  de  Crémone,  au  lieu 
dit  (ms forum  *’,  et,  sur  les  bords  de  l’Adriatique,  en  Vé¬ 
nétie,  des  bois  à  Diane  Aetolica46,  et  à  Junon  Argiva4i  se 
rattachant  a  la  légende  de  Diomède;  en  Ligurie,  une  ville 
avait  conservé  le  nom  de  lucus Bormani  suivant  les  uns48, 

1  I  lin.  rXat.  hist.  X\ I,  15,  i  :  [  Huma  J  silvarum  cerle  distinguebalur 
insignibus;  cf.  Dionys.  Il,  50.  —  2  Kl.  Il,  XVIII.  Peut-être  ne  s'agit-il 
que  de  lieu»  sacrés.  —  3  Virg.  Aen.  VIII,  271.  —  4  Jbid.  345.  —  B  Ovid. 
J-'ast.  III,  295  s.  329;  V,  149,  s.;  cf.  O.  Richler,  Topogr.  Il,  p.  |55,  s' 

—  6  Dionys  I,  31,  79  ;  Ovid.  Fast.  VI,  410.  —  7  Dionys.  Il,  15;  Liv. 

I,  8;  Vell.  Pat.  I,  8,  0;  Vitruv.  IV,  8,  4;  Ov.  Fast.  III,  430;  Lucan.  VII,  438. 

8  Hist.  III,  71.  —  9  Propert.  i V,  4,  3,  5;  Corp.  viser,  lat.  VI,  010. 

—  10  O» id .  Met.  XIV,  830.  —  Il  Cic.  Hiv.  I,  45.  —  12  Liv.  I,  21  ;  Virg.  Aen.  703; 
Juv.  III,  13.  —  13  Varr.  Ling.  I.  V,  152  ;  Dionys.  III,  43;  Plin.  Nat.  hist.  XV,  40,  5; 
Fesl.  p.  300,  s.  v.  Talium  ;  cf.  Comm.  diurn.  id.  Aug.  dans  Corp.  iriser,  lat.  12, 
p.  325.  —  lt  Varr.  L.  I.  ;  Fest.  L.  I.  —  15  Varr.  Ling.  I.  V,  49;  Fest.  p.  351. 

—  1«  Dionys.  IV,  15;  Plut.  Qnaes.  rom.  XXIII;  Ascon.  Alilon.  XXXIV;  Jul.  Obseq. 

I. XI  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9974,  10  022.  Sur  la  localisation  sur  l'Esquilin,  cf.  Becker, 
Topogr.  p.  537;  O.  Gilbert,  Topogr.  p.  175  s.  —  17  Varr.  Ling.  I.  V,  49;  Ovid. 
T-ust.  Il,  43a;  Plin.  Nat .  Hist.  XX I,  85,  I  ;  Comm.  diurn.  Kal.  Mari,  dans  C.i.  I.  12, 
p.  310.  —  18  Varr.  L.  1.  ;  c'est  plus  probablement  un  sacellum ?  —  19  Id.  V,  50. 

Id.  V,  152;  Plin.  X \  I,  15,  I  ;  Solin.  I,  26;  Fest.  ap.  Paul.  D.  p.  87,  s.  v. 
Fagutal.  21  \arr.  Ling.  I.  V,  50;  cf.  Becker,  Topogr.  p.  150,  n.  128;  p.  537, 
n.  1127.  —  22  Trig.  tyr.  XXIV.  —  23  Ovid.  Fast.  VI,  105;  cf.  0.  Gilbert,  Topogr. 

II.  p.  19.  s.  U.  I.  —  21  \arr.  L,ng.  1.  VI,  19;  Cic.  Nat.  Heor.  III,  18;  Appian. 
Het.  c IV.  I.  26;  Plut.  C.  Crac.  XVII;  Aur.  Vict.  Vir.  ill.  LXV.  —25 L.  I.  —  26  Fest. 
ap.  Paul.  II.  p.  4,9.— 27  Corp.  inscr.  lal.Xl,  114.-28  Symm.Epist.  X,  35.-29  Corp 
inscr.  lat.  VI,  2232.  -  30  Slrab.  XIII,  1,  19;  Ch.  Meinecke,  Vindic.  Strab.  p.  205. 

—  31  Cic.  Ad  Quint,  fr.  Il,  37.  —  32  plin.  Nat.  hist.  XVI,  15,  I.  —  33  Liv.  VI,  20; 

VII,  41  ;  Plut.  Camitl.  XXXVI.  -  34  Ovid.  Fast.  IV,  907  Kal.  Praen.  dans  Corp. 


LUC 

d  o  fucus  Ver  mon  is  su  ivant  d’autres 49  Cn 
de  Grèce,  Apollon  avait  des  bois  sacrés  Ip"68.0118  Soleil 
En  Gaule,  où  le  culte  se  célébrait  dans?  "S  Al|)es'". 
bois  sacrés  étaient  nombreux61.  Lucai  es  loi*êts,  los 
bois  sacré  près  de  Marseille52;  c’est  à  ui" |menlionnP  un 
doivent  leurs  noms  le  village  du  Luc  ( V,T  J*®*  ‘|Ue 
I  ocontiorum  53.  Ausone  dit  que  les  vin  i  •  lum 
sont  la  gloire  des  pagiu.  x  "J's  S;icrés 

Peut-être  plus  encore  qu’en  Gaule,  la  relieim, 
sacrés  paraît  avoir  été  profonde  chez  les  c  **  ^ 
Tacite  y  revient  sans  cesse  55  et  mentionne  dZT“S'' 
région,  les  bois  sacrés  d’Hercule56,  de  la  d,W.  n  le 
d’Alci58,  de  Baduhena69.  Le  nom  de  ville  Lun,"  \ 
en  Germanie  supérieure69,  provient  d’un  bois  sac 
1  en  est  de  même  en  Espagne  pour  Lucus  AiumtUo 
Galicie  ,  et  pour  Lucus  Aslurum C2.  Près  du  !  a 
Gadès  était  un  fucus  appelé  Üleastrum 63. 

En  Numidie,  on  connaît  le  fucus  Magnus™  et  une  ville 
appelée  lucus  Augusti 66.  Junon  eut  un  lucus  à  rJ 

lhage"1'  et,  en  Cyrénaïque,  le  jardin  des  Hespërides  était 
dans  un  bois  sacré67. 

Cette  longue  nomenclature  n’est  certainement  |Jas 
complète;  si  l’on  y  ajoute  les  noms  qui  manquent  et 
en  proportion  avec  les  luci  connus,  ceux  dont  le  souve¬ 
nir  n’a  été  conservé  par  aucun  texte,  il  faudra  conclure 
que  tout  l’univers  habité  fut  couvert  de  bois  sacrés 
jusqu’à  la  lin  du  paganisme.  Et  cela. est  assez  naturel,  car 
il  semble  bien  que  les  particuliers  pouvaient,  par  dévo¬ 
tion,  dans  leurs  terres,  consacrer  des  bois68;  ce  qui  est 
sans  limite.  Si  c’était  ici  le  lieu  de  poursuivre  cette  étude 
dans  le  moyen  âge  et  jusqu’aux  temps  modernes,  il  serait 
facile  de  noter  de  nombreuses  survivances  d’un  culte  si 
répandu  dans  les  campagnes  où  les  croyances  et  les  pra¬ 
tiques  religieuses  sont  tenaces.  A  l’origine,  le  bois  lui- 
même  était  dieu  et,  dans  des  textes  de  l’époque  classique, 
on  trouve  des  souvenirs  de  ce  temps69.  Plus  tard,  le  bois 
sacré  ne  fut  plus  que  la  demeure  d’un  être  divin  ou  lui 
fut  simplement  consacré.  L’énumération  qui  précède 
prouve  que  ce  culte  ne  s’adressait  pas  aux  seules  divinités 
des  bois,  Faunes10,  Silvains71,  Nymphes72,  Dryades 'b  | 
Hamadryades  74,  Pan  7S,  Diane  76  ;  toutes  les  divinités  de 
l’Olympe,  de  la  terre  ou  des  enfers,  les  demi-dieux,  les 
héros  y  avaient  part.  Il  semble  que  la  consécration  a  un 
dieu  n’excluait  pas  la  divinité  topique,  car,  dans  le  bois 

inscr.  lat.  I,  p.  392.  —  35  Fest.  ap.  Paul.  I).  p.  117.  -  *#  Ad.  Ad-  |,a^; 
llenzen,  Act.  A rr.  p.  xx,  22.  —  37  Ov.  Fast.  VI,  503  ;  C.  /■  l  l 

—  38  Cf.  O.  Gilbert,  III,  p.  451,  n.  2.  —  39  Liv.  XXXIX,  12.  -  w  1,1  ^  ’  I 

50.3.  —  41  Virg.  Aen.  VIII,  59  7.  —  42  Ov.  Amor.  III,  13,  7.  —  t!  Lit.  '  V 
XXVII,  4;  Ptolem.  III,  t,  43;  Strab.  V,  2,  9  ;  Plill.  Nat.  hist.  HI,  S.  -  N  “ 
XIII,  84;  cf.  Virg.  Aen.  VII,  687.  -  44  C.  i.  I.  V,  5128.  -  «  Tac.  //  '■  ^ 

—  40  Strab.  V,  t,  9.  —  47  Jb!d.  —  43  Tab.  Peut,  segin.  U.  B,  2,  p.  U''| 

éd.  Desjardins.  ■ —  49  Anonym.  Haven.  270,  8,  338,  4,  éd.  Pinder.  —  g,. 

I,  4,  59.  —51  Caes.  B.  G.  VI,  13;  Luc.  Phars.  I,  453;  Plin.  Nat. 

Mêla,  III,  2.  -  52  Phars.  III,  399.  -  53  Tac.  Hist.  I,  «Ci  Plin-  Nat.  Inst.  ^ 
cf.  Tab.  Peut,  et  les  Itinéraires  ;  Desjardins,  Géog.  (le  la  (rinth  >  I  Qir.n  I\- 

—  54  Mosell.  478.  —  53  Tac.  Ann.  I,  59,  61;  II,  25;  Hist.  IV,  ^  ^ j/iJJ.j 

XXXIX  ;  voir  aussi  Scnec.  Med.  713;  Auson.  L.  I.  ;  Claudian.  Latu  .  ^  /  /. 

—  56  II.  12.  _  57  Gerrn.  XL.  -  5» Ibid.  XLIII.  —  59  Ann. 11  -  , ,;v 

VI,  22  981.  —  cl  Aujourd’hui  Lugo,  Corp.  msn.  bit.  ^  j'j;  Uorcclii, 

—  6a  Anonym.  Ravcnn.  p.  230,  éd.  Pindler.  —  03  Mêla,  III,  L  3  ’•  ^  ^crV  ai 

Afrik.  Christ.  I,  p.  205.  - —  05  Eckbel,  Doct.  num.  IV,  P'  156,  8  gs  cic  D* 
Aen.  I,  4*6.  —  57  plin.  Nat.  Hist.  V,  5,  i  ;  Lucan.  Phars.  IV,  ^  ,  : 

h-g.  II.  8;  Tac.  Ann.  I,  79;  Apul.  De  niag.  B VI.  —  69  *  l'"’  "  ,b  Sall  II,  181- 

Quiul.  Inst.  X,  I,  88.  —  70  Hor.  Carm.  I,  4,  I,  s- :  •U’  '  y-,  gis  t.  I-  7 


v«nui.  insi.  a,  i,  os.  —  iv  no r.  i,  -r, 

-  1'  Horat.  Carm.  III,  29,  23;  Lucan.  Phars.  III,  403  ;  >»• 


III, 


r  u  59-  Oeorg  »"• 
l .  —  73  Virg.  k(J-  V»  ___  75  Tjbul.  H- 


—  •  72  Virg.  Egl.  VI,  55;  Lucan.  L.  i.  — 

Ov.  Heroid.  IV,  49.  —  74  Virg.  Egl.  X,  61  et  Serv.  Ad  ^  Cd"1- 

5,25;  Virg.  Georg.  III,  391,  s.  -  Catul.  XXXIV, 

22,  1. 


LUC 


1 355  — 


LUC 


|{iesse  Dia,  les  Arvales  s’adressent  sive  deo 
piême  <|C  •  '■nias  tutela  lucus  locusve  est  *.  Les  arbres 
Uvcrs  formaient  les  bois  sacrés 

»•?%*>.  «Mi-*. 


yeuse 

peupliers®,  hêtres1,  cor- 


platanes 12, 
arbres  frui- 


myrl<- ’  ^'""1  érable  »,  cyprès  “ 
n°i"i|e1'!’  ’  e *3,  iaurjersi4,  oliviers11 

*  pw»"'6"’ essences  7ié0S"r  , 

1  ,2s  n’était  pas  toujours  un  bois  isolé;  souvent 

Le. ’  partie  d’un  nemusl\  d’où  l’expression  luci 
f'éla't.  / parfois  même  il  portait  lui-même  le  nom 
nellWI"  'i  (Uielquefois  aussi  les  auteurs  gi'ecs  et  latins 

Irfôl't  a««  »“  lucus  un  ljois  non  consafé:  ce,qui 

incertaines  quelques  attributions'  quand  rien  dans 
"’^'^tene  vient  préciser  le  sens  du  mot.  Le  bois  sacré 
[lit  aussi  une  clairière  dans  un  bois,  s’il  faut  suivre 
|.‘ui0re  qui  indique  l’étymologie  a  collucendo1-  ;  mais 
L  autres  grammairiens  font  dériver  lucus  de  lucere  par 
antiphrase,  à  cause  de  son  obscurité23. 

I  jp  cqI te  dos  bois  semble  avoir  clé  lié  ci  celui  des  eaux , 
très  souvent  une  source,  d’origine  parfois  prodigieuse, 

:  est  associée  au  bois 24  ;  un  antre  aussi  y  est  souvent  uni, 
inspirant!  connue  le  bois  lui-même,  par  son  obscurité  et 
la  profondeur,  une  terreur  sacrée26.  Dès  la  plus  haute 
antiquité,  certains  bois  sacrés  furent  un  asile  inviolable 
pour  l’ennemi  qui  s’y  réfugiait  pendant  le  combat26,  ou 
pour  les  captifs  et  les  esclaves  fugitifs  qui  en  sortaient 
libres,  laissant  leurs  fers  suspendus  aux  arbres21. 

Autour  de  beaucoup  de  bois  sacrés,  l’imagination 
avait  localisé  des  légendes  :  c’est  dans  un  antre  d’un  bois 


sacré  de  Corycos  que  Jupiter  avait  enfermé  le  géant 
Typhon 28  ;  un  bois  de  Sicile  conservait  encore  les  tro¬ 
phées  de  la  victoire  des  dieux  sur  les  géants20.  Dans  le 
bois  d’Ortygie,  en  Ionie,  étaient  nés  Diane  et  Apollon  30  ; 
l’histoiro  du  lion  de  Némée  restait  attachée  à  un  bois  de 
l  Argolide31.  C’est  dans  un  bois  de  Sicile  que  Pluton  avait 
ravi  Proserpine32,  et,  dans  le  bois  de  Cérès,  à  Lerne,  en 
Argolide,  est  l’endroit  par  où,  avec  elle,  il  retourna  aux 
liulors  ’3.  On  connaissait  le  bois  où  Diane  fut  surprise  par 
Actéon  \  Près  du  promontoire  de  Taenare,  dans  un  bois 
de  Neptune,  s’ouvrait  l’antre  par  où  Hercule  avait  ramené 
Cerbère  des  enfers36.  Dans  le  bois  de  Diane  Nemorensis 
sciait  localisée  la  légende  d’IIippolyte36,  dans  un  bois 


du  pays  des  Marses  la  légende  de  Médée  :)1,  celle  de  Pali- 
nure  dans  un  bois  de  Lucanie  38,  celle  de  Diomède  dans 
des  bois  de  Vénétie30,  et  sur  les  bords  du  Pont40  et  en 
Colchide41  celles  des  Amazones  et  de  la  toison  d’or. 

Les  bois  sacrés  étaient  aussi  l’objet  de  nombreuses 
superstitions  :  il  en  était  où  les  animaux  féroces  dépouil¬ 
laient  toute  cruauté42,  où  des  troupeaux  sans  gardiens  ren¬ 
traient  deux-mêmes  à  l’étable43;  on  y  attirait  facilement 
la  foudre44;  un  bois  sacré  brûlé  a  subitement  reverdi  * 

11  y  avait  dans  les  bois  sacrés  des  temples,  même  con¬ 
sacrés  à  des  divinités  autres  que  celles  du  bois,  des 
autels,  des  œuvres  d’art46.  Souvent  ils  étaient  entourés 
d’un  mur41;  ils  renfermaient  aussi  des  arbres  étranges 
et  pour  cela  sacrés 48  ;  des  oracles  y  étaient  associés  40  ;  ils 
gardaient  quelquefois  des  tombeaux  vénérés  °.  L’entrée 
de  quelques-uns  était  interdite6',  ou  permise  aux  prêtres 
seuls 62  ouaux  seuls  initiés 63,  ou  aux  hommes  à  l’exclusion 
des  femmes34,  ou  réciproquement53.  Dans  le  bois  de  Cérès 
et  de  Proserpine,  non  loin  de  Sicyone,  les  hommes  et 
les  femmes  étaient  séparés  les  jours  de  cérémonies"6. 

Les  troupeaux  qui  auraient  pu  ronger  les  pousses  n  y 
avaient  pas  entrée61.  On  ne  pouvait  les  couper,  coinquere^ , 
ni  même  les  émonder,  collucare 50,  sans  un  sacrifice  expia¬ 
toire  et  une  prière  dont  Caton  nous  a  laissé  la  formule'". 
Les  Arvales,  chaque  fois  que,  dans  le  bois  de  Dia,  ils 
avaient  usé  d’un  outil  en  fer,  étaient  obligés  de  faire  un 
sacrifice61.  Dans  ce  même  bois,  et  sans  doute  dans  les 
autres  bois  sacrés,  quand  des  arbres  tombaient  de  vétusté 
ou  étaient  frappés  de  la  foudre,  il  fallait  célébrer  des 
piacula  majora ,  arracher  les  arbres  et  les  brûler  dans 
le  bois  même  comme  en  un  sacrifice62.  11  n’était  pas  con¬ 
venable  d’en  faire  un  lieu  de  passage63.  Il  ne  fallait  pas  y 
exercer  de  vendetta64,  y  déposer  de  cadavre66,  y  jeter 
d’ordure  60.  On  devait  respecter  leur  intégrité  ;  mais,  dans 
les  villes,  l’accroissement  de  la  population  et  la  nécessité 
de  bâtir  les  restreignaient  sans  cesse61.  Les  dieux  punis¬ 
saient  les  profanateurs  des  bois  sacrés  68  et  J  upiter  frap¬ 
pait  de  la  foudre  les  bois  violés60. 

Ces  prescriptions  ne  s’appliquaient  pas  rigoureuse¬ 
ment  à  tous  les  bois  sacrés.  Ceux  qui  étaient  des  loca 
sacra ,  la  propriété  des  dieux,  y  étaient  complètement 
soumis.  Ceux,  au  contraire,  qui  étaient  productifs  et 


âîii  ' V’ “°00’  2  èv.  Fast.  II,  175;  III,  195;  A mor.  111,5,  3  ;  Senec .  Oedip. 

j  '  ~  "  V"-g.Acn.  III,  23;  Lucian.  Amor.  XII.  —  4  Herodot.  II,  91  ;  Slrab.  XIV, 
“  1>aus'  nb  «b  «1  IX,  3,  4;  Pli,,.  Nat.  Hist.  XIV,  95;  XVI,  15,  I. 
;  ..  ''  ll9,jss.  VI,  291  ;  XVII,  208  ;  Theophr.  Hist.  pl.  III,  3,  4  ;  Paus.  V,  13,  3. 
|j[  '  C  15- 1  Clin,  Nat.  Hist.  XVI,  15,  i  et  91,  1.  —  8  Paus. 

i,’  j'V  '  '"'S-  Aen.  IX,  80;  Slrab.  VIII,  0,  22;  Paus.  X,  38,  9.  —  10  Vi 
Vlll' iW  Slrab-X1V’b  20  :  Senec.  Oedip 

îi,  7  ;x,  38,  9;  Lucian.  Amor.  XII. -Il 

’  i*7| 11  :  VU’  22’ 1  >  Lucian.  LA. 

Eut.  XV,  40,  5;  L 

—  n  p'1  Xcu"1’1'-  Anal)- 


Virg. 

530;  Paus.  II,  13,  3;  IV,  33,  4; 
Herod.  V,  119  ;  Paus.  II,  37,  1  ;  IV, 
13  Strab.  XVII,  I,  35  et  42.  —  H  Pli». 
*0,^5;  Lucian.  L.  I.  —  18  strab.  VU,  3,  30;  VIII,  3,  13;  Mêla,  III, 
V’  3,  12;  Paus.  I,  21,  7;  IX,  24,  4;  Lucian.  L.  I. 


- 11  faus.  i  7.i  •  ,  ,  ’  ’  -*>  1  >  *"■>  *>  »• 

Egl.  V|,  72  ij  n  .  uclau'  L-  I.  —  18  Strab.  XIV,  1,  20;  Lucian.  L.  I.  ;  Serv.  ad 

Etre,  Oet,  937  '°î'  b  688  :  Hb  113,  s.  ;  Lucau.  Phars.  I,  453,  s.;  Sencc. 

—  20  Auson  E  •/  y  -  S"  ’  Troad.  173,  s.;  Lac  Lan  l.  De  Phoen.  9,  s. 

V‘lniv.  IV,  8  /'ri'  *’  °7'  _  21  Vil'e-  Aen-  VIII,  759;  Ovid.  Fast.  111,  261  ; 

Eut.  or.  I.  g’  NaL  hist-  XXXV,  35.  -  22  Orig.  XIV,  8.  —  23  Quinlil. 

Li  11  “i  inutile  r,  a|>el’  IV’  36°;  D°nat'  A,'S  9ram  ln’  ®’  2  [1778b  lsid' 
" 21  Hom.  Od  jy  ,,,  observer  que  ces  étymologies  n'ont  aucune  valeur. 

Slrab.  IX,  ;  v XV11,  208 '•  Liv-  b  21;  Ovid.  Fast.  Il,  165;  Juv.  Sat.  III, 

JV‘ 3b  1, 33,4  ’vii  27  XVa’  b  42i  Propert.  IV,  4,  4,  7;  Paus.  III,  26,  5; 

^«Aw.vi’.cûrt  n!11: 49  ■ 12  ;  IX- 24>  *•  29’ s- 31  - 3-  2  ;  x,  12,  «  ; 

WcL  h  13.  -  2;;  •  _1V’  7>  22  ;  Serv.  ad  Egl.  VI,  72  ;  Aen.  VU,  80  ;  Pomp. 

î;Mi  Propert.  IV  ’J9'  °Vid'  Met-  V-  266;  Strab.  VIII,  3,  19;  5,  1;  XIV, 

!’  119i  VI,  75-  JV  ’  ;  raus-  VIIb  42,  2;  IX,  39,  2  ;  Mêla,  I,  13.  —  26  Herodot. 
.  '  1:1,3  î  Serv.’  ad  '  Eal  XXXV«  5i  ;  Strab.  XVI,  2,  6  ;  Paus.  III,  4,  1.  —  27  Id. 
I’  338,  s.  -  30  Strab  XI  Vi  ?*’  ~  28  I’omp'  Mel-  b  13.  —  29  Claud.  Rapt.  Pros. 

1  b  -0,  Tac.  Ann.  III,  01.  —  31  Serv,  ad  Georg.  111,  19. 


—  32  Ovid.  Met.  V,  391  .  —  33  paus.  Il,  36,  7-8;  Ovid.  Met.  V,  391.  —  3V  Ibid. 
III,  170.  —  35  Strab.  VIII,  5,  1.  —  30  Voir  diana,  p.  154.  —  37 Sil.  liai.  \  III,  495,  s.  ; 
Solin.  Il,  29;  Serv.  ad  Aen.  VIII,  7  50.  —  38  Serv.  ad  Aen.  VI,  378.  —  39  Slrab.  V, 
I,  9.  —  40  Amm.  Marc.  XXII,  8,  17.  —  41  Val.  Place.  Arg.  V.  238,  252,  042  ;  Pomp. 
Mel.  I,  19.  —  42  Strab.  V,  19.  —  43  Liv.  XXIV,  3.  —  U  Plin.  Nat  liist.  Il,  54,  1 

—  45  Serv.  ad  Aen.  VU,  800.  Sur  d'autres  superstitions  relatives  à  des  bois 
sacrés  de  la  Grèce,  voir  Pausanias,  III,  26,  5  ;  VIII,  38.  2-3  ;  IX,  3,  4;  8,  t .  —  40  (X 
Paus.  passim.  Il  faudrait  recommencer  l'énumération  do  presque  tous  les  bois  pour 
indiquer  ceux  où  se  trouvaient  des  temples,  des  statues,  des  autels.  Pour  se  faire 
une  idée  d’un  vaste  bois  sacré  ainsi  orné,  lire  la  description  de  l'Allis,  bois  sacré  de 
•Jupiter  à  Olympie,  dans  Pausanias,  V,  10-27  cl  VI,  1-20.  —  4.  Oiid.  Fast.  III,  V3I  ; 
Paus.  II,  27,  1  ;  VU,  27,  3;  VIII,  31,  5,  37,  10  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  610;  X,  410*. 

—  48  Ovid.  Amor.  III,  5,  3;  Paus.  VU,  22,  I,  27,  3;  VIII,  24,  7,  37,  10;  IX,  3,  4. 

_ 19  Virg.  Georg.  IV,  476  ;  Aen.  VIII,  81  ;  Strab.  XIV,  I,  5  et  27  ;  Propert.  Il, 

5,  74;  Scncc.  TUycst.  679,  s.;  Paus.  IX,  39,  4,  s.;  Curt.  IV,  7,  22;  Serv.  ad  Egl. 
VI,  72.  —  50  paus.  I,  37,  2;  VIII,  24,  7  ;  X,  12,  6;  Slat.  Silv.  V  ,  3,  50;  Serv. 
ad  Aen.  VI,  378  ;  Scncc.  Med.  1379.  —  Ovid.  Fast.  IV,  751  ;  Sial.  Silv.  V,  5,  6. 

_ 52  Paus.  VU,  27,  3.  — 53  Virg. Aen.  VI,  259;  Paus.  IX,  255.  —  51  Propert.  IV,  9, 

53,  s.  —55  Paus.  III,  22,  6-7;  VIII,  31,  5  ;  36,  6.  —  56  paus.  II,  11,  3.  —  57  Ovid. 
Fast.  749,  s.  —  58  C  .  Henicn,  Acta  Fratr.  Arv.  p.  22.  —  59  Cal.  R.  rust. 
CXXXIX.  On  dit  aussi  sublucare,  Fcst.  p.  348,  s.  ».  —  60  Cat.  L.  I.  ;  cf.  Plin. 
Nat.  Hist.  XVII,  47,  6.  —  01  Henzen,  O.  I.  p.  128,  s.  132,  135.  —  62  Ibid.  p.  112. 

—  63  Plut.  Marins,  XXXIX,  6.  —  01  C.  i.  I.  IX,  782.  —  65  Ibid.  ;  cf.  ICphem. 
epigr.  II,  p.  205.  —  °o  C.  i.  I.  I.  I.  —  67  Varr.  Ling.  I.  V,  49  ;  Front.  De  controv. 
agr.  II,  éd.  Laclnnaun,  I,  p.  56;  Agen.  Urbic.  Decontr.  agr.  Ibid.  p.  87.  —  68  Herod. 
VI,  73;  IX,  65;  Ciç.  Pro  Milan.  XXXI;  Appian.  Bel.  Mithr.  XXVII  ;  Ilio,  Ll, 
8;  Scncc.  Med.  608,  s.;  Val.  Max.  1,  I,  19.  —  69  Horal.  Garni.  I,  !-•  60. 


Lun 


1356  — 


exploités,  étaient  affermés  par  les  censeurs  C’est 
ainsi  que  le  bois  d’Égérie  fut  affermé  à  des  juifs3.  Le 
produit  des  bois  sacrés  s’appelait  lucar3.  Quant  aux 
bois  sacrés  privés,  leur  grand  nombre  dans  les  cam¬ 
pagnes  aurait  par  trop  entravé  l’exploitation  et  la  vente 
dis  piopriétés,  s  ils  avaient  été  soumis  rigoureusement 
aux  mêmes  lois  que  les  bois  sacrés  publics.  Il  est  pro¬ 
bable  que  l’exécution  de  ces  lois  relevait  de  la  conscience 
et  de  la  volonté  des  propriétaires  ou  que  les  formalités 
étaient  très  simplifiées. 

Lu  somme,  les  bois  sacrés  publics  étaient  soumis  aux 
mêmes  règlements  que  les  temples  et  que  les  autres  loca 
sacra  ou  religiosa  L  II  en  est  au  service  desquels  des 
pi  êtres  étaient  attachés  Les  bois  sacrés  du  pays  conquis 
restaient  sacrés  au  même  titre  que  ceux  du  territoire  6. 

Nous  ignorons  comment  on  procédait  à  la  consécration 
des  bois,  mais  il  y  avait  une  consecratio7.  L’expression 
employée  par  Catulle8,  lucurn  dedico  consecroque ,  est 
sans  doute  empruntée  à  la  liturgie  9. 

Dans  certains  bois  sacrés,  à  des  époques  périodiques, 
on  célébrait  des  sacrifices10,  des  fêtes",  des  mystères  12’ 
des  jeux13;  on  y  donnait  des  repas  publics  14 ou  privés13 
et  il  y  avait  souvent  des  édifices  affectés  à  cet  usage16. 

Lu  i  et onnaissance  des  bienfaits  obtenus,  on  suspen¬ 
dait  aux  arbres  des  bois  sacrés  des  dons17  et  aussi  les 
dépouilles  des  ennemis  vaincus  ls. 

Lutin,  sans  doute  à  cause  de  leur  caractère  religieux, 
les  bois  sacrés  furent,  dans  tous  les  temps,  des  lieux  où 
l'on  convoquait  le  peuple  et  où  l’on  tenait  des  assemblées. 
C’est  dans  un  bois  de  Jupiter  que  les  délégués  de  la 
ligue  achéenne  tenaient  leurs  séances15;  dans  un  bois 
sacré  de  vieux  chênes,  à  Alalcomène,  se  réunissaient  les 
assemblées  des  Platéens20;  les  Germains  aussi  délibé¬ 
raient  dans  des  bois  sacrés31.  Les  Latins  se  rassemblaient 
dans  les  bois  de  Ferentina22;  à  Rome,  le  peuple  fut  con¬ 
voqué  dans  le  bois  de  Poetelinus23.  En  même  temps  que 
des  centres  religieux  et  politiques,  les  luci  étaient  quel¬ 
quefois  aussi,  comme  celui  de  Feronia,  des  marchés  très 
fréquentés  3t.  IIenry  Thédenat. 

LIJDI.  —  jeux  privés.  —  Sur  les  jeux  privés  des 
Grecs  et  des  Romains  nous  devons  renvoyer  aux  articles 
spéciaux  où  il  est  traité  de  chacun  d’eux  en  particulier1; 
mais  il  importe  de  rassembler  ici  les  notions  générales 
qui  s’y  rapportent  et  en  même  temps  quelques  détails  qui 
ne  trouveraient  point  place  ailleurs. 

I.  Ecrits  (les  anciens.  —  L'histoire,  la  nomenclature 
et  la  description  des  jeux  avaient  fourni,  dans  l’antiquité 
même,  la  matière  de  plusieurs  ouvrages.  Au  ve  siècle  av. 

I  Mommsen,  Slaatsrecht,  112,  p.  57,  6.  ;  Trad.  Girard,  Droit  publ.  rom.  111, 
p.  07,  s.  —  2Juv.  S  al.  III,  12.  —  3  Lucar  appellatur  aes  guodtx  lucis  captatu’r, 

Festus.  p.  119,  s.  ».  Lucar.  —  4  Sur  ces  règlements,  cf.  Mommsen,  L.  I. _ 6  Virg. 

Aen.  V,  761;  VII,  84;  Slrab.  V,  3,  12;  cf.  Paus.  VIII,  27,3;  Serv.  ad  Aen.  III,  302. 

—  6  Serv.  ad  Aen.  XI,  3IG.  —1  Cal.  Orig.  II,  frag.  LVIII,  éd.  Hermann- Peter  ; 
Serv.  ad  Aen.  I,  441,  446;  III,  302.  -  8  XVIII,  1.  —  9  Cf.  Dicabo  mille  magnas 
arbores,  Anth.  lut.  II,  19,  éd.  Buecbcler.  —  10  llorat.  Carm.  I,  4,  11  ;  Slrab.  XIV, 

1,  20;  Lucan.  Phars.  III,  404,  s.;  Paus.  IV,  33,  4-5;  IX,  8,  1;  Fest.  ap.  Paul. 
Diac.  p.  4,  9.—  11  Virg.  Aen.  VIII,  601  ;  Slrab.  XIV,  1,  20;  Ovid.  Fast.  IV,  901,  s.; 
VI.  105,  s.  ;  Amor.  III,  13,  70;  Tac.  Gérai.  XL;  Paus.  III,  22,  7;  VII,  27,  10  ;  IX,  31, 

3;  Comment,  dium.  VIII  Kal.  Mai.  dans  C.  inscr.  lat.  12,  p.  316;  Acta  Anal. 
passim.  —  12  Paus.  Il,  1 1 , 4  ;  36,  7  ;  IV,  33,  4-5;  IX,  25,  5.  —  13  Stràb.  VII,  7,  6; 
\lll,  3,  30;  X,  O,  11;  XI\ ,  1,  31;  Paus.  Mil,  38,  5;  IX,  31,  3;  Serv.  ad  Gcorg. 

III,  19.  —  ■  14  Slrab.  X,  5,  1 1  ;  XI V,  1,  20  ;  Tac.  Uist.  IV,  14  ;  Serv.  ad  Aen.  XI,  740. 

—  13  Lucian.  Amor.  XII.  —  16  Slrab.  L.  I.  ;  Lucian.  L.  I.  —  1’  Tibul.  II,  5,  29; 
Paus.  II,  13,  4  ;  Senec.  Thyest.  659;  Serv.  ad  Egl.  VI,  72.  —  18  Tac.  Ann.  I,  59’ 

61  ;  Senec.  Thyest.  G60,  s.;  Claud.  Rapt.  Pros.  III,  337,  s.  —  19  Slrab.  VIII,  7,  5. 

—  20  Paus.  IX,  3,  4,  s.  —  21  Tac.  Gérai.  XXXIX.  —  22  Liv.  I,  50,  52;  VII,  25. 

—  23  Liv.  VI,  20;  VII,  41.  —  24  Dionys.  III,  32. 

LUDI.  1  Voycz-cn  la  nomenclature  aux  Tables  des  matières  du  Dict.,  XV,  Vieprivée.  I 


LUI) 


J.-C.  le  poète  comiq 
plume,  avai 


oete  comique  Cratès,  prédéc,^. 

<t  ‘lonné  à  la  scène  attique  une  T  (1’Arislo- 
,  IlaiSia d  :  on  Ignore  quelle  était 
cnait  imaginée  sur  ce  sujet3.  Suétone  érri  m 
un  livre  sur  les  Jeux  des  Grecs  ;  nous  en  •  Cn  ^ 
des  fragments3.  Il  est  bien  probable  0n'ii  “  C0°H 
profit  des  ouvrages  antérieurs,  en  prose  et'  dV!Ul,nisà 


vers,  dus 


7  ^ “  pi  Ut 

notamment  à  la  plume  des  Alexandrins*  r 
de  ces  travaux  a  plus  tard  servi  de  source  p  "S('mbl« 
r&umù  qu'il  nous  en  a  laissé  est  encore  le'  le 

1>  us  important  dont  nous  puissions  disp„ser  “T'T 
obscurités  dont  il  est  rempli 6.  P  ’  ma  gré  les 

IL  Les  jouets  (Tuxiyvtoi,  àOûpaaxa).  —  „  i  1 

hochets  et  des  breloques  du  premier  âge  rcREmî'  deS 
crepundia]  7,  les  enfants,  dans  l’antiqudé  classé  ' 
eu  a  leur  disposition  un  grand  nombre  de  jouetsY'’' 
peces  très  variées;  de  même  qu’aujourd’hui,  on vendaid 
poui  les  filles  des  poupees  avec  leur  toilette  et  leur  mé 
nage  [pupa]  ;  la  balle,  le  cerceau,  la  toupie  et  le  sabot 
[pila,  TROCHUS,  TURBO]  ont  été  aussi  en  usage  de  très 
bonne  heure.  A  ces  jouets  bien  connus  il  y  a  lien 
d  ajouter  ceux  qui  n’ont  pas  d’histoire,  parce  qu’ils  sont 
f  e  tous  les  temps  et  de  tous  les  pays.  Lucien  raconte 
comment,  dans  son  enfance,  il  s’amusait  à  façonner  des 
bœufs,  des  chevaux  et  des  bonshommes  avec  de  ladre 
ou  de  l’argile,  talent  qui  lui  attira  plus  d’un  soufflet  de 
ses  maîtres,  jusqu’au  jour  où  sa  famille  s’avisa  d’y  voir 
1  indice  d  une  vocation  particulière  pour  la  sculpture*. 
Cependant  beaucoup  de  jeunes  Grecs  partageaient  ce 
goût  précoce9;  c’était  pour  eux,  à  ce  qu’il  semble,  une 
distraction  assez  ordinaire  que  de  construire  des  bateaux, 
de  tailler  des  grenouilles  dans  des  écorces  de  grenades10 
ou  de  modeler  des  animaux  de  toute  espèce  avec  de  la 
cire  ou  de  la  mie  de  pain  11 .  Dcnys  le  Jeune,  tyran  de 
Syracuse,  séquestré  par  son  père,  charmait  les  tristes 
loisirs  de  sa  réclusion  en  se 
fabriquant  avec  du  bois  des 
petits  chariots,  des  lampes, 
des  sièges  et  des  tables  13. 

Les  monuments  nous  offrent 
en  assez  grand  nombre  des 
exemples  de  ces  divers  jouets, 
qu’on  devait  naturellement 
trouver  tout  faits  chez  les 
marchands.  Ainsi  on  peut  voir 
dans  la  figure  4633  13  un  enfant 
grec  qui  traîne  derrière  lui  un 


i"-.  4633.  —  Chariot  d'enfant. 


CH1RA- 


nam»  ucu  ivi  »  lui  u u 

petit  chariot  à  deux  roues,  àfzaljîç,  plostellum  ;  cf. 

—  2  Kock,  Comic.  attic.  fragm.  t.  I,  p.  137.  —  3  ns pi  w»  ira?  ']  ^ 

Suivi.  TfiyxuHo;  ;  Tzetz.  Hist.  var.  VI,  874;  Eustatli.  ad  Odyss.  I,  10J,  P- 
39;  Sorv.  ad  Aen.  V,  602;  Suct.  Reliqu.  éd.  Rciffersckeid,  p.  322,  J  I 
Miller,  Mélanges  île  litt.  gr.  Paris,  1808,  p.  435;  Macé,  Essai  sut  ■v'/  ^ 
p.  280--S4.  Il  ne  faut  pas  confondre  cet  ouvrage  sur  Jes  jeuv  P1^  jioinajns 
des  Grecs  avec  les  deux  livres  du  môme  auteur  sur  les  jeux  Pll*J|lCS  _  ^  gyr  je, 
Treçt  -ÏIOV  itaçà  fPoi|j:aioi;  ôewpiwv  xat  àytôvwv.  —  4  Ov.  Tlist.  Il,  1  ^  goehin,  $ 

rapports  de  ces  ouvrages  entre  eux,  voir  notamment  Kock,  c'  ^  ^ g  jyau|.rc: 
cottabo,  diss.  Bonn,  1893,  p.  5-8  et  35,  Appendices.  —  °  P°M*  ^  sont  jn 

ouvrages,  qui  traitaient  seulement  d’un  jeu  ou  dune  catégone  ?péciaul| 

diqués  par  Bccq  de  Fouquières,  préface  p.  4-5,  et  ici  dan*  ks  a^  ^  1J0  prouven 
voir  pila,  talus,  tessera.  —  ?  Des  exemples  comme  \opisc.  Aui  Quant  i 

pas  que  crepundia  ait  jamais  désigné  autre  chose  dans  le  go,  9),  ü 

joculi ,  dont  on  n'aurait  daus  ce  sens  qu  un  exemple  unique  ,|U  jl  n'y  a  I)aî 

vient  d'une  conjecture  de  Saumaise  ;  tous  les  mss.  donnent  j)  jeg  petits  p0*5 

lieu  de  corriger  (pauculis,  Rose,  Tcubner,  1899);  pocula ,  •  ^  __  8  huciao- 

....  i.  n,.„  Sam, ms.  L  J;  --  ^  V,I, 


de  Plul.  Sympos. 

■  10  Aristoph.  Nub.  879-881.  "jjj.  stackelb*! 
2.  —  12  plut.  Rio.  9.  —  13  Élite  des  mon.  céramogr.  H,  P1-  I  X 
Grüberder  Hellen.  17,  3. 


d'un  ménage  de  poupée,  les  IxitûpaT'x 
Somn.  2.  —9  Id  Alcyon.  4. 


LUD 


—  1357  — 


LUD 


,  auggi  l'attribut  d’Éros  dans  une  scène  fa- 
Haxu»)  ;  c  eS.(1‘une  dieu  est  représenté  à  côté  d’Aphrodite 
jüiPreoùfeJ  ^  ^  pn  vojl  un  (fjg.  4634)  en  terre 
fcuPiD°i  "8'  "  cuite  qui  appar¬ 

tient  au  Musée 
britannique  3. 
Celui  de  la  fi¬ 
gure  4635  est  en 
bronze  ;  il  a  été 
trouvé  à  Pom- 
péi 3 .  On  faisait 
même  des  chars 
un  peu  plus 
i  ,„mmels  l’enfant  pouvait  atteler  des  moutons  ou 
I  uitres  bêtes  familières,  et  sur  lesquels  il  prenait  place 
B  ise  de  cocher  [bestiae,  fig.  529,  educatio,  fig.  2609  et 


Pis- 


4iî31.  —  Chariot  de  terre  cuite. 


en  guise  < 


26111  Une  autre  série, 


Fig.  4635.  —  Chariot  de  bronze. 


dont  nous  avons  de  nom¬ 
breux  échantillons,  ce  sont 
les  jouets  représentant  des 
animaux  ;  si  nous  avons 
perdu  ceux  qui  étaient  faits 
d’une  matière  périssable 
telle  que  le  bois  (et  on  de¬ 
vait  l'employer  souvent),  on  en  a  retrouvé  une  assez 
grande  quantité  en  métal  et  en  terre  cuite;  le  cheval  que 
reproduit  la  figure  4636  a  été  recueilli  dans  les  fouilles 
de  Myrina  ;  il  mesure  0  m.  26  de  haut  ;  dans  le  bas 
des  jambes  on  observe  des  trous  destinés  à  donner  pas¬ 
sage  à  des  chevilles  qui  maintenaient  quatre  roulettes  de 
terre  cuite.  Deux  autres  trous  ont  été  percés  dans  le  cou, 
et  deux  dans  la  crinière,  peut-être  pour  qu’on  pùt  y 
passer  une  ficelle  et  traîner  le  cheval.  Le  harnachement 
et  la  crinière  sont  figurés  par  des  coups  de  pinceau 
rouge  brun:;.  On  pourrait  encore  citer  dans  le  même 
genre  bien  d’autres  animaux:  chiens,  moutons,  porcs, 
singes,  oies,  coqs,  etc. 6  II  ne  faut  pas  oublier  que 
les  terres  cuites  de  cette  catégorie,  comme  toutes  les 
figurines  de  même  matière  et  de  même  provenance, 
étaient,  rehaussées  de  couleurs  très  vives  ;  un  porc, 
trumé  à  home,  a  des  yeux  et  divers  ornements  en 
émail  ’.  Parmi  les  pièces  d’une  autre  matière  nous 

1854*^ '  ’  ^cr, .  d.  Sachs.  Gesellsch.  d.  Wissensch.,  philol.  histor.  classe,  VI, 

ces  petits  chariots, voir  Aristoph.  Nub.  864,  <m  iaa^'Sa;  on 

!  Ml  en  cuir,  ]l,id.  880;  lior.  Sat.  Il,  3,  247;  Poil.  X,  108;  Jahn,  L.  c.  taf.  xii, 
•  1861*  <iWllard  Apul'  Vasenb-  P1-  xiv  ;  Arc  h.  Zeit.  1861,  p.  204  etpl.  clv,  1; 
fjr  ]’ 1  !  Ml'  1  s  - 9  -  pl  -  vi,  4;  Dodwell,  Classical  tour,  1,  p.447;  Gori,  Inscr. 
pl  X(l  3  ,  *c  Élite  cêramograpli.  II,  89;  Heydemann,  Griech.  Vasenb. 
v,4  p  j^’t  \i Stephani,  Comptes  rendus  de  St-Pétersbourg,  1877,  pl. 
—  3 Mus  fi  .  In*  \orn^‘  de  Canosa,  pl.  m.  —  2  Duruy,  Hist.  des  Grecs,  II,  p.235. 
der  lZ;T\  T  ;  Gusman’  PomVt',  1900,  p.  272.  -  4  Panofka,  Bil- 

kreh.  Zeit  VU  V  i  '  0c  ie^p’  Mon.  ined.  I, XXVI  1,2  ;  Vases  de  Vienne,  III,  23  ; 
Ga=-  snhéol.  IV  ,!!!’  P!'  ''  P'  10 1  StePhani-  C.  rend.  1803,  pl.  il,  5,  p.  151  ; 

cuile  au  Musée  1  V  ^  VI1’  P*  ^  >  Heydemann,  Gr.  Vasenb.  pl.  xii.  —  S  Terre 
cf-P-%,  no  | o(jl  U»  >0uvre;  S-  Heinach  et  Pottier,  Myrina,  p.  570,  n®  3G8  (197)  ; 
P- 26  et  n’ 85  (2i7)1  llC— •  ^^neS’  ^ar^a’  Catal.  des  figurines  d’ Athènes  ; 
fondes  routes  •  P  ’  C1|n^le  relevée  en  plumet  sur  la  tête  ;  peint  en  blanc  avec 
Marllia,  L  c  n,ls  (dacombes  de  Itome ,  IV,  pl.  vin,  3.  —  6  Voir  entre  autres 
"  S  68’  172’  173<  174  ;  Athen.  Alittheil.  1893,  p.  172;  cf.  Suid. 


14  rmS 


e'-uOev  - _ ,7  Tt  a 

"8  De  Rossi  -  DuU-  rf' 

h  _  ’ 


~0vTe’  ttSwAa  Pça/Ja  Ix  TrqXou  iîà 


^lûoiv ,  ol?  è;aiîaTacrOat 

P  ■  ~  commiss.  commun,  di  Roma ,  1874,  p.  261. 

P’  392.  Scorpion  SOttinan-  crist.  III,  p.  350  et  586,  pl.  xvn  b ,  p.  305;  pl.  xvn, 
^*n,  Martha,  Z  c  n°  ^ïen‘  P-  246  E.  —  9  Ainsi  une  figurine 

Athen,  Charl0ttei  \  ^  ^  ^  ^r“8erï  Charon  und  Thanatos ,  ein  Spielwerk 

l'aine  Pesaresi  e  di  10  Larairc  d’enfant  (?)  d’après  Olivieri,  Pelle 

*v ;  Caylus,  flec  n  a ’-ario  puérile,  trov.  in  Pesaro,  1780,  p.  1-22,  tav.  ni  et 
Îl'lf;  n°l«  1  ;  de  RoJ  J ’  P''  XLIV’  2;  IV'  P1-  L«'«.  3  ;  *«»•  d.  Ist.  arch.  1864, 
»  /  '  IS7"’  P-  PO  à  07  ~°ma  50^err'  P-  580-587;  Bull,  di  arch.  crist.  ser. 
°P‘  Getuerie,  1|  \  ,  ’’  prouvé  à  Home  sur  l’Esquilin);  BKinmer,  Tccli- 

y  '  "*  11  Pvrs.  ÜI,  50;  enfants  jouant  avec  des  vases, 


signalerons  seulement  un  canard  en  verre  bleu,  un  léo¬ 
pard  en  os,  un  cerf  de  bronze,  que  l’on  considère,  sans 
doute  avec  raison,  comme  des  jouets*.  Les  figurines  de 


forme  humaine,  elles 
aussi,  ont  dû  bien  sou¬ 
vent  servir  à  amuser  les 
enfants9,  quoiqu’ilsoit 
assez  délicat  de  déter¬ 
miner  quelles  sont, 
dans  nos  collections, 
celles  qui  ont  été  faites 
uniquement  pour  cette 
destination.  Mais  on  ne 
peut  guère  assigner  un 
autre  emploi,  vu  leurs 
dimensions  exiguës,  à 
diverses  babioles  en 


plomb  ou  en  étain,  qui  représentent  des  divinités  et  des 
objets  du  culte,  ou  des  miroirs,  des  boucliers,  des  roues, 
etc. 10  II  en  faut  dire  autant  des  vases  minuscules  qui  se 
rencontrent  un  peu  partout  dans  les  fouilles11,  et  des  tire¬ 
lires  en  terre  cuite,  évidemment  faites  pour  contenir  de 
modestes  économies  d’enfants,  dont  il  a  été  parlé  ailleurs 
[loculus].  Il  faudrait  prolonger  outre  mesure  cette  énumé¬ 
ration,  si  on  voulait  passer  en  revue  tous  les  objets  qui 
ont  pu  amuser  la  jeunesse;  c’étaient  parfois  des  coquil¬ 
lages  ( conchae )  ramassés  au  bord  de  la  mer  ’2,  ou  de 
petits  cailloux  ronds  et  brillants  ( lapilli  teretes ,  ocellata ), 
qui  faisaient  peut-être  l’office  de  nos  palets  ou  de  nos 
billes13.  Quant  aux  jouets  mécaniques,  si  l’on  excepte 
les  pantins  et  les  marionnettes  [neurospast a],  ils  ne  furent 
jamais  qu’une  curiosité,  d’autant  plus  remarquée  qu'elle 
était plusrare14. Mentionnons,  pour  finir,  les  lettres  d'ivoire 
qui  servaient  à  instruire  les  enfants  tout  en  les  amusant13. 

Les  occasions  dans  lesquelles  on  faisait  des  cadeaux 
aux  enfants  n’étaient  pas  moins  fréquentes  que  chez  nous. 
A  peine  venu  au  monde,  l’enfant  recevait  les  cadeaux  que 
les  Grecs  appelaient  «  du  premier  regard  »  (SÆoct  ô-Tr(- 
pi«) 18  ;  il  en  recevait  le  jour  où  ses  parents  lui  donnaient 
un  nom  (8ôc?eiç  ysvéQÀtai)  n,  puis  à  chaque  anniversaire 
de  sa  naissance  {(lies  natalis ),  au  premier  de  l'an  stke- 
nae],  et  il  est  probable  qu’on  ne  l’oubliait  pas  le  17  dé- 


0.  Jahn,  L.  c.  pl.  xn,  4  et  5  ;  Heydemann,  Griech.  Vasenb.  pl.  xti,  1,  2,  4,5,  C,  7,  8. 
9,  10;  Hilfstafel ,  4,  8;  Slackclberg,  Graeber  der  ffellen.  pl.  xvn.  Oenochoé 
de  0  m.  09  de  haut,  à  Athènes,  Mittheil.  d.  deutsch.  Inst,  in  Athen ,  XVIII,  1893, 
p.  172.  On  en  peut  voir  au  Louvre.  —  12  Lucr.  II,  374;  Ov.  Met.  X,  260;  Callini. 
ap.  Athen.  VII,  p.  318  B.  —  13  Cic.  Or.  II,  6;  Ov.  L.  c.  et  Amor.  II.  Il,  13;  Prop. 

I,  2,13;  Suet.  Aug.  83  et  Casaub.  ad  h.  I.  ;  Becq  de  Fouquières,  p.  122-123. 

Certaines  tables  à  jeu  de  l’époque  romaiuc  supposent  nécessairement  l'usage  des 
billes,  LUsouiA  tabula.  Enfant  jouant  avec  un  fruit,  Brôndsted,  Voyage  dans  la 
Grèce ,  I,  pl.  xxxtv,  p.  129;  avec  un  œuf,  O.  Jalm,  L.  c .  pl.  xii,  2.  —  14  Colombe 
volante  d'Archylas,  A.  Gell.  X,  12;  Kock,  Comic.  attic.  fragm.  t.  II,  p.  172,Eubul. 
fr.  22.  De  môme  les  sculplures  microscopiques  de  certains  artistes.  Les  serpents 
artificiels  n’ont  peut-être  jamais  existé  que  dans  l'imagination  des  savants  modernes  ; 
Becq  de  Fouquières,  p.  17,  20  et  25.  —  1»  Quiutil.  I,  1,  20;  Hieron.  Epist.  fam.  11, 
15.  Boldetti,  Osservazioni  sopra  i  cimiteri  dei  SS.  martiri,  p.  514,  dit  avoir  vu  des 
lettres  antiques  en  ivoire  trouvées  dans  des  tombeaux  ;  elles  auraient,  suivant  lui, 
servi  à  cet  usage;  c’est  très  douteux.  On  pourra  voir  encore  beaucoup  d'autres  jouets 
dans  Igu.  Pateruo,  Castello,  prince  de  Biscari,  Ragionam.  sopra  gli  antichi 
trastulli  de'bambini,  Florence,  1781,  4°;  Bull.  d.  Ist.  arch.  1829,  p.  20  ; 
1878,  p.  103;  K.  Rochctle,  Mém.  de  l'Acad.  des  inscr.  et  b.  I.  XIII,  1838, 

p.  622-633  et  726;  Stackelberg,  O.  I.  pl.  vm,  p.  43;  de  Witte,  Catal.  Durand , 

n05  1381,  1660,  1661  ;  Catal.  Beugnot ,  nos  205-223;  Stephani,  C.  rendus ,  1874, 
p.  7;  Bull.  d.  commiss.  comun.  di  Roma ,  1880,  p.  299,  n®  1;  p.  300,  n®  9; 
Marquardl-Mau,  Privatleb.  d.  Rom.  p.  120,  note  7  ;  Martigny,  Dict.  des  ant. 
chrét.  art.  Jouets  d'enfants ,  p.  347;  Kraus,  Christl.  Alterth.  I,  p.  589; 

II,  p.  77irde  Rossi,  Roma  sotterr.  III,  p.  585;  J.  Martha,  Figurines  d'Athènes , 

n08  139,  168,  172,  173,  174.  —  16  Callim .  Hymn.  in  Dian.  72;  Plaut.  Rud.  IV, 

4,  H0;  Epid.  V,  1,  33;  Ter.  Phorm.  I,  1,  12.  —  n  Aesch.  Eumen.  7;  Suid. 


171 


LID 


1 358  — 


cembre,  dans  la  fête  dos  Saturnales,  où  il  était  d’usage 
do  distribuer  dos  figurines  coloriées  et  autres  baga¬ 
telles  S'il  était  admis  à  un  culte  mystérieux,  le 
jour  de  l'initiation  lui  valait  encore  d’autres  présents  2. 
Ajoutons  les  occasions  extraordinaires  où  les  amis,  et 
notamment  les  parasites,  payaient  ce  tribut  à  la  famille*. 

Les  jouets  étaient  généralement  enfermés  dans  une 
corbeille  (xxXaOo;,  cista ,  cistella )*.  Les  garçons  leur 
disaient  adieu  dans  leur  dix-septième  année,  au  moment 
de  prendre  la  toge  virile,  lorsqu’ils  suspendaient  leur 
bulle  au-dessus  du  foyer  domestique;  chez  les  Grecs  ils 
consacraient  même  leurs  jouets  à  une  divinité5.  Les 
jeunes  filles  faisaient  cette  offrande  la  veille  de  leur  ma¬ 
riage  ;  elles  se  mariaient,  comme  on  sait,  beaucoup  plus 
tôt  qu’aujourd’hui,  quelquefois  à  douze  ans;  c’est  sur¬ 
tout  à  Diane  et  à  Vénus  qu’elles  dédiaient  ces  souvenirs 
de  leur  enfance  6  ;  chez  les  Romains,  à  l’origine,  elles  les 
déposaient  près  de  l’autel  des  Lares;  mais  la  coutume 
grecque  se  généralisa  partout  pupa]1. 

Quand  un  enfant  mourait,  on  enfermait  ses  jouets 
avec  lui  dans  sa  tombe,  comme  on  enfermait  dans  celle 
des  grandes  personnes  leur  parure  et  les  objets  très  variés 
qu’elles  avaient  eus  à  leur  usage.  C’est  à  cette  coutume 
que  nous  devons  les  jouets  retrouvés  sous  terre,  qui  ont 
été  énumérés  plus  haut  *.  Le  christianisme  ne  l’a  point  fait 
disparaître  d'un  coup  ;  nos  spécimens  les  plus  curieux 
et  les  mieux  conservés  sont  peut-être  ceux  qui  provien¬ 
nent  des  catacombes  de  Rome9. 

Les  jeux  des  enfants  sont  souvent  représentés  sur  les 
monuments  figurés,  notamment  sur  les  vases  peints, 
même  quand  les  personnages  sont  empruntés  à  la 
mythologie.  Comme  la  poésie,  l’art,  à  partir  d’une  cer¬ 
taine  époque,  s'est  complu  à  prêter  aux  divinités  juvé¬ 
niles,  dans  des  tableaux  de  genre  imités  de  la  vie  réelle, 
des  amusements  familiers  à  tout  le  monde10.  C’est  ainsi 
qu'il  nous  fait  assister  aux  ébats  de  l'Amour  [cupido, 
lig.  2164,  2175  ,  de  Vénus,  des  Grâces,  des  Panisques  et 
des  Satyres  ;  on  voit  même  quelquefois  le  Jeu  person¬ 
nifié  sous  la  forme  d'une  jeune  fille,  Ilatôtâ,  qui  semble 
présider  à  ces  scènes  aimables11. 

III.  Jeux  d’imitation.  —  Par  cela  même  qu’ils  sont  très 
simples,  très  naturels  et  qu’ils  peuvent  varier  à  l’infini, 
les  jeux  d'imitation  échappent  à  toute  classification.  Il 
est  probable  qu'ils  ont  souvent  inspiré  les  bas-reliefs,  les 
peintures  et  autres  monuments,  où  l’on  voit  de  petits 
Amours  simuler  les  courses  du  cirque,  les  jeux  sanglants 
de  l’amphithéâtre,  les  cérémonies  du  mariage,  etc. 12. 
Voici  quelques-uns  de  ces  jeux  que  nous  connaissons 
par  des  témoignages  antiques  : 

Monter  à  cheval  sur  une  canne  (xaXagov  Ttepif^vat, 
equitare  in  arundiné).  Agésilas  ne  dédaignait  pas  de  se 
livrer  avec  ses  enfants  à  cet  innocent  exercice  ;  un  jour, 
surpris  par  un  de  ses  amis,  il  eut  un  mot  charmant  : 

1  Marquardl-Ma»,  Privatleb.  p.  250,  251,  252.  —  2  Ter.  Phorm.  L.  c. 

—  3  Theophr.  Caract.  5  ;  Juven.  V,  114.  —  4  Plaut.  R  ad.  L.  c.  ;  Vitruv. 
IV,  86,  9;  Nonn.  Dionys.  IX,  116;  Clcm.  Alex.  Adm.  ad  gent.  p.  9  c. 

—  R  Anth.  Pal.  VI,  282,  309;  Fers.  II,  70;  Bull,  de  corr.  hell.  VI,  p.  430; 
X,  p.  466;  S.  Keiuach  et  Pottier,  Myrina,  p.  216.  —  6  Sapho  ap.  Athen.  IX, 
p.  410  E;  Anth.  Pal.  VI,  274,  280.  —  7  pers.  II,  70;  Marquardt-Mau,  Privatleb. 
d.  Rôm.  p.  43,  n.  12.  —  8  PHn.  Epist.  IV,  2.  Voir  surtout  la  nomenclature 
de  R.  Rochette,  L.  c.  ;  Marquardt-Mau,  Privatleb.  p.  367.  —  9  De  Rossi, 
Kraus,  L.  c.  Sur  les  jouets,  voir  encore  Vopisc.  Aurel.  4;  Apoll.  Rhod.  III,  131  ; 
Claudia».  Rapt.  Proserp.  III,  162;  Paus.  Corinth.  ;  Elid.  20;  Plut.  Consol.  ad 
uxor.  2.  —  10  Apoll.  Rhod.  III,  114,  131  ;  Callim.  Bymn.  in  Dian.  64;  Furtwaengler, 
Eros ,  dans  Roscher,  Lexikon  d.  Mythol.  t.  1,  col.  1365,  22;  1366,  53;  1367,  50; 


LUD 


«  N’en  parle  à  personne,  lui  dit-il,  avant  d’ètr 
devenu  père1*.  »  La  figure  4637  représente,  d  ;,' 


pe  toi- 


■OOOQOOSO000 


Fig.  4637, 


PI1E- 


mème 

peint,  un  jeune  garçon,  —  apres  un  vase 

qui,  un  fouet  à  la  main, 
un  bâton  entre  les 
jambes,  se  donne  l’il¬ 
lusion  d’une  course  à 
cheval  u.  Dans  la  figure 
4638  on  voit  un  Amour 
qu’une  jeune  femme 
semble  faire  sauter  sur 
son  pied15.  Le  jeu  qui 
consiste  à  monter  à  ca¬ 
lifourchon  sur  le  dos 
d’un  camarade  (7tspt- 

^â8ï|V,  nrjracTt  xotOiÇav, 

humeris  vectari )16  n’était  pas  le  moins  populaire  V 
DRISMOS]. 

Les  soldats  (cxpa-rtèka'.).  De  même  qu’ils  jouaient  aux 
gladiateurs,  les  enfants  jouaient  aux  soldats  11  ;  c’est  ce 
qui  explique  l’utilité  de  petites  armes,  telles  qu’un  car¬ 
quois  en  bois  qui  a  été 
trouvé  dans  un  tom¬ 
beau  d’enfant  près  de 
Kertch  (Crimée) 18. 

Les  juges  (8ixa<7Tou', 
judices).  Le  jeu  du  roi 
[basilinda]  était,  dans 
les  républiques  de  l’an¬ 
tiquité,  un  legs  des  an¬ 
ciens  âges.  Mais  les 
enfants  n’avaient  qu’à 
assister  aux  débats 
quotidiens  de  la  place 
publique  pour  avoir 
l’idée  de  s’improviser 
magistrats.  Nous  sa¬ 
vons,  en  effet,  que  les  petits  Romains  aimaient  à  imagi¬ 
ner  des  procès  dans  lesquels  ils  se  distribuaient  les 
rôles;  le  plus  envié  était  évidemment  celui  du  juge,  qui 
s’avançait,  vêtu  de  la  prétexte,  précédé  de  licteurs  et  de 
hérauts,  pour  prendre  place  sur  son  tribunal  entre  les 
avocats  et  les  plaideurs.  Le  condamné  se  voyait  confis¬ 
quer  ses  jouets  ou  était  mis  en  prison.  Ce  trait  de  mœurs 
nous  fait  comprendre  la  précocité  de  certaines  voca-J 
tions;  le  goût  des  fonctions  publiques,  de  1  éloquence ■  e  1 
de  la  chicane  commençait  de  bonne  heure.  Parmi  es 
personnages  connus  chez  qui  il  se  manifesta  dès  en 
fance,  on  cite  Caton  d’Utique  et  Septime  Sévère  •  es 
bien  probable  que  le  peuple  d’Athènes,  pour  qui 
tophane  a  écrit  les  Guêpes ,  pratiqua  ce  jeu  au  moi  *1 
autant  que  les  Romains.  j 

Arts  divers.  —  En  somme,  il  n’y  a  point  de  im [l(  1 

Drexler,  Ganymcdes,  col.  1399,  62.  Catalogue  descriptif  de  cesJ)  (J  j,  .  j  tfan. 
O.  Jahn,  L.  c.  p.  243-260.  —  U  O.  Jalin,  L.  C.  p.  26»  et  P1- *’■  .  (oir  cn  & 

29,  3;  cladiator,  fîg.  3584;  Ilelbig,  Wandgem.  Campan.  n  _  13  plut.  AçeS' 

néral  les  n"  757  à  820  ;  Collignon,  Mythe  de  Psyché,  Catal.  y])!,  8 e,L 

25  ;  Apophtli.  Lacon.  70,  p.  213  L  ;  Aclian.  Var.  hist.  XII,  1®  >  ‘  jg  TisoMbein. 

1  ;  Ilor.  Sat.  II,  3,  248.  —  14  Mon.  d.  lstit.  arch.  1855,  p  .  ^  p,  *60, 

Itec.  de  gravures  d’après  des  vases  ant.  1795,  III,  pl-  x*vl" ’  '  __  n  Hesyel'- 

n.  88.  —  10  Hesych.  s.  v.  Imam';  Poil.  IX,  119;  Hoi.  Dp0  •  ’  ^  rendus.  I®13' 

s.  v.  puaMv&u  ;  Chrysost.  Ad  Corinth.  I,  1-  19  •'SlÇ'P  ^  -, 

pl.  ni,  8  et  p.  54.  -  19  Senec.  De  const.  sap.  12;  •  „  Po||.  1 

Spartian.  Sept.  Sec.  1  ;  Ael.  Aristid.  Apell.  Geneth  •  > 

duo.  4. 


—  13:19  — 


LUD 


LU  U 

,|ir  jmité  par  les  enfants;  mais,  comme  le 
ne  puisse ''  ' pjaton,^  dg  lout  temps  on  a  cherché  à 
reco,11,nal"  ^ijVrcnce  leur  instinct  d’imitation  vers  ceux 
^"''"‘"  •'Ünt  réellement  exercer  plus  tard.  L’ingénio- 
(|1‘ ilS  P°U!|i(,  des  Grecs  dut  se  donner  libre  carrière  dans 
siléDatU"  i ui  formaient  le  premier  apprentissage  d’un 
r-jfUoa  d’un  artisan  (xe/.vo^a^vt*).  On  a  vu  comment 
alllbU  ',véla  son  goût  pour  la  sculpture.  D’autres 
LUC'°!‘l Tl  architecte;  il  est  déjà  question  dans  l’Iliade 
j0UfU'i diras  de  sable  que  les  enfants  élèvent  au  bord  de  la 
dl>S  T  ['après  Horace,  c’était  un  des  passe-temps  favoris 
T'i’ènfance  de  construire  des  cabanes  ( aedi/tcare 
P  s) 3  'et  Sénèque  a  philosophé  sur  ces  «  simulacres  de 
I  *?sons  simulacra  domuum  4  »  (Ttatoeta  olxoSog^axa)6. 
B  J  es  déguisements  procuraient  encore  à  1  imagination 
de  l’enfant  des  plaisirs  variés  et  peu  coûteux  :  un  petit 
manteau  (. paMolum ),  une  petite  casaque  ( thorax )  de 
couleur  voyante  suffisaient  pour  faire  un  heureux  6.  La 
figure  4639  représente,  d’après  une  peinture  d’Hercula- 
num  \  un  Amour  qui  cherche  à  effrayer  deux  de  ses 
compagnons  en  se  cachant  derrière  un  masque. 

IV.  jeux  de  force,  de  souplesse  ou  d’adresse.  —  OuLre 
[ceux  qui  ont  fait  l’objet  d’articles  spéciaux  ouqui  rentrent 
dans  le  domaine  de  la  gymnastique  [gymnastica],  nous 
mentionnerons  les  suivants  : 

f  ’AxivTjTtvSa.  Il  s’agissait  de  rester  immobile  (àxtvqToç) 
sous  les  poussées  d’un  ou  de  plusieurs  adversaires8. 

1  'EÀxuTTlvoa.  Deux  adversaires  saisissaient  chacun  le 


Pig.  4639.  —  Jeu  d’enfanls. 


|  oui  d  une  corde  et  tiraient  (l'Xxstv)  de  toutes  leurs  force; 
I  jusqu  ace  que  1  un  des  deux  eût  réussi  à  entraîner  l’autri 
i c mire  maître  de  la  corde  entière  9.  On  peut  rap 
proche!  de  ce  jeu  un  exercice  en  usage  chez  les  lutteur; 
un.i,  il-,  î<»31  j 10,  L’appareil  appelé  par  les  Grecs  sca 
perda  en  offre  une  autre  variété. 

enlr,"  l /  J<7TlV°a’  ^6S  j°ueurs)  partagés  en  deux  camps 
forci'  >'*U( 0n  avait  autant  que  possible  égalisé  le; 
icamn  '■  V  u'*la'en*' a  s’entraîner  mutuellement  dans  h 
i  en  se  saisissant  un  par  un.  Les  camp: 

■  1  Fiat  T 

!i7-  —  4  Sen  r„P  043  ;  XI1’  p-  794.  2  Hom.  II.  XV,  363.  -  3.Hor.  Sat.  Il,  : 

h'elian.  i.  1 7p*.  '  Sap'  11  “  5  plat-  Leg.  1,  p.  643.  —  6  Juv.  V,  141  ;  Vopis< 
P«'i.  n°754;  cf  Koss'  f  ^  l‘rco^ano'  I, p .  181,  pl.  xxxiv  =  Helbig,  Wandgem.  Ccm 
'««U.  Monum  1  ^  f  fis-  01,  pl.  xxi;  Agoslini,  Gemm.  ant.  I,  pl.cxvxi 

0"'  Biliy,  n  ’  XLT|i,  1  ;  Bcci|  de  Fouquières,  p.  18  =  Malz-Duln 

ctp»Us.  V!,  U  G"  ’__n,q2755’  ~  8  Po11-  IX,  115;  Galon.  De  sanit.  tu.  11,9 

Poen-  prol,  ù6 .  ’T  .  Eustath.  ad  Hom.//.  XVII,  389,  p.  1111-22;  Plan 

Oorhard,  '  y  P"dic '  2 1  Scaligcr  ad  Varr.  II.  rust.  p.  240.  —  lû  Vo 

P ■  'xxxvii,  p.  _  ’  «suii.  I,  p|.  vu,  p.  31;  Zooga,  Bassiriliev.  ant.  I 
'“ll-  Va r.  hist  X[|  ,  >01'  IX’  112’  IIcsJ’ch-  *•  »•;  Plat.  Theaet.  p.  181 
II,  9).  1  n  ’  J-  ~  12  Ar*stoph.  pac.  69;  Galen.  t.  VI,  p.  140  k  (Z 

°nn-  DionxJs-  XII,  188.  -  14  Plin.  Hist.  nat.  XXXV 


étaient  séparés  par  une  raie  (Ypau-gq)  tracée  sur  le  sol.  La 
partie  était  gagnée  quand  tous  les  joueurs  d’un  camp 
avaient  été  emmenés  dans  l’autre.  On  pouvait  venir  au 
secours  des  prisonniers;  car  il  arrivait  quelquefois  que  l’un 
d’eux  était  tiraillé  en  sens  contraire  par  les  deux  partis1'. 

Monter  à  la  corde  (àvapptyaaôa'StàiTyomciv) 12  et  grimper 
aux  arbres  (SevopoëaTsïv)  ,3. 

Le  labyrinthe  était  moins  un  jeu  qu’une  distraction 
hygiénique.  Pline  mentionne  les  labyrinthes  qu’on  voyait 
de  son  temps  tracés  «  sur  les  pavés  ou  dans  des  lieux 
champêtres  pour  l’amusement  des  enfants  [puerorum 
ludicris  campestribus),  de  telle  sorte  qu’on  y  trouvait, 
sans  sortir  d’un  espace  étroit,  de  quoi  parcourir  en  se 
promenant  plusieurs  milliers  de  pas1*  ».  Des  pavements 
en  mosaïque  répondent  à  cette  description  A  la  cam¬ 
pagne,  les  allées  du  labyrinthe  étaient  sans  aucun  doute 
limitées  par  des  plantes  formant  des  bordures  ou  des 
charmilles  comme  on  en  voit  encore  quelquefois  dans 
les  vieux  jardins  français,  où  la  tradition  a  même  main¬ 
tenu  l’ancien  nom  [hortus,  labyrinthus]. 

Marcher  sur  les  mains  n’était  pas  seulement  le  talent 
des  acrobates  [cernuus],  puisqu’on  voyait  en  Grèce  des 
enfants  qui  savaient  faire  la  roue  (vp oybv  puppeTo-Oai) 1  ’. 

Pour  avoir  l’idée  de  jouer  à  la  lutte  (Tt-xX-q)  ou  à  la  ba¬ 
taille  (gay/q)  les  enfants  n’avaient  qu’à  suivre  un  de  leurs 
instincts  les  plus  naturels11.  Des  simulacres  de  combats 
ont  même  été  quelquefois  organisés  entre  grandes  per¬ 
sonnes;  dans  une  joute  livrée  sous  les  yeux  de  Cyrus  le 
Jeune  on  se  battit  à  coups  de  baguettes  (vxpOq;)  et  de 
mottes  de  terre  18.  Des  pommes  servirent  de  projectiles 
dans  un  divertissement  du  même  genre  auquel  assista 
Alexandre  :  ce  fut  une  mélomachie "L  Les  deux  fils  de 
Lollius,  ami  d’Horace,  engageaient  l’un  contre  l’autre, 
sur  une  pièce  d’eau  de  la  villa  paternelle,  des  naumachies, 
où  ils  imitaient  la  bataille  d’Actium  nacmachia] 

Lancer  des  pierres  est  un  jeu  à  la  portée  de  tous,  que 
les  gamins,  comme  nous  le  voyons  par  le  Noyer  d’Ovide, 
pratiquaient  avec  ardeur  en  dépit  des  réprimandes21. 

Faire  tenir  un  bâton  en  équilibre  sur  son  doigt.  A  cet 
exercice,  qui  était  peut-être  celui  du  xovxo7ta;'xTq;22, 
on  a  rapporté  avec  peu  d’apparence  de  raison,  une  pein¬ 
ture  de  vase 23 . 

KuvSaXtffgôç.  Chaque  joueur,  muni  d’un  piquet  (xuv- 
SaXoç,  TrâiïTaXoç),  taillé  en  pointe,  devait  le  lancer  devant 
lui  avec  force  de  manière  à  l’enfoncer  dans  la  terre  préa¬ 
lablement  ameublie  et  mouillée.  Mais  ce  n’était  p;is  tout  ; 
il  fallait  encore  déloger  le  piquet  de  l’adversaire  en  le 
frappant  à  la  tète  avec  le  sien  ;  de  là  le  proverbe  :  «  Au 
piquet  le  piquet  »,  TiaasxXto  xbv  TtâcaaXov,  qui  équivaut  à 
celui-ci  :  «  Un  clou  chasse  l’autre  ».  Le  joueur  s’appelait 
xuvSaXoTcaixxqç  2’\ 

Dans  les  pays  du  Midi  les  enfants  avaient  rarement 
l’occasion  de  faire  des  glissades  (ôXtaôat'vstv).  C’est  un  jeu 


85;  Becq  de  Fouquières,  p.  74.  —  13  Voir  mcsivlm  opls.  —  16  Xen.  Convie. 
7. —  17  Nonn.  Dionys.  X,  325;  Suel  Aug.  98;  Agostini,  Gemm.  ant.  II 
pl.  xxi  ;  Rossi,  Gemm.  ant.  IV,  pl.  un;  Helbig,  Wandgem.  Campan.  n”*  404-407; 
cdpido,  fig.  1282.  —  18  Xeu.  Cyr.  II,  3.  —  19  Athen.  Vil,  p.  277  A.  —  20  Hor. 
Epist.  I,  18,  60.  —  21  Anthof.  Pal.  IX,  3;  Ov.  iVnx  ;  Diog.  Laert.  ûiog.  45; 
Plut.  De  sol.  anim.  7.  — 22  Bckker,  Anecd.  Il,  p.  652,  8;  ou  l’équilikriste  qui 
marche  sur  la  corde  avec  un  balancier  (xovio;)  dans  les  mains,  d’apres  Hermann- 
Bliimner,  Gr.  Priv.  Alterth.  p.  504,  n.  2.  — 23  Fiorelli,  Vasi  dip.  rinvenuti  a 
Cumae  possed.  dal  conte  di  Siracusa,  Naples,  1856,  pl.  xvn,  2  =  Hevdemann, 
Vatensamml.  su  Neapel ,  1872,  p.  847,  u®  117.  —  24  Poil.  IX,  120  ;  Hcsych.  s.  v. 
auvSàXr,  ;  Eustath.  ad  II.  V,  212,  540,  23;  I.eutsch-Schneidewiu,  Paroemiogr.  gr. 
II,  p.  445  ad  n.  52. 


LUD 

qu  ils  connaissaient  bien  dans  les  contrées  plus  froides 
de  la  Thraee,  là  où  des  rivières  telles  que  l’Hèbre  gelaient 
quelquefois  '. 

V.  Jeux  arec  les  animaux.  —  On  trouvera  dans  l’article 
bestiae  m  a  nsi’ et  a  e  les  renseignements  nécessaires  sur 
les  animaux  familiers  des  anciens  (voir  aussi  educatio, 
lig.  -<>09,  -61 1  et  sur  les  diverses  bestioles  capturées  par 
les  enfants,  hannetons,  papillons  ou  autres.  On  voit  sur 
des  vases  peints  des  enfants  (lig.  4640)  ou  des  Amours 

prenant  des  insectes  pour 
s’en  amuser2.  Les  com¬ 
bats  de  coqs  et  de  cailles 
[alektryonon  agones]  ont 
passionné  les  anciens  ; 
c’était,  en  réalité,  une 
forme  des  jeux  de  hasard; 
les  paris  auxquels  ils  don¬ 
naient  lieu  expliquent 
en  grande  partie  la  faveur  extraordinaire  dont  ils  jouis¬ 
saient.  Dans  ce  genre  de  divertissements  cruels  nous 
mentionnerons  seulement  celui  qu’on  appelait  ôPtu- 
yoxo7r’.a ,  le  propriétaire  de  la  caille  (opxuH),  après  l’avoir 
diessée  pour  les  combats,  au  lieu  de  l’opposer  à  une 
autre  caille,  la  plaçait  seule  au  centre  d’un  cercle; 
un  second  joueur,  adversaire  du  premier  {o^oxonoç), 
irappait  1  oiseau  avec  1  index  ou  bien  il  lui  arrachait  des 
Plumes  sur  le  sommet  de  la  tète.  Si  la  caille  reculait  et 
sortait  du  cercle,  c'est  qu’elle  avait  été  mal  dressée,  et 
son  propriétaire  avait  perdu;  sinon  il  gagnait  l’enjeu3. 

N  I .  Farces ,  facéties,  grimaces  (sannae),  etc.  —  Quand  on 
voulait  tourner  une  personne  en  dérision,  on  lui  tirait  la 
langue,  ou  avec  les  deux  mains  rapprochées  de  la  tête  on 
imitait  les  oreilles  de  l’âne,  ou  bien  encore  on  lui  faisait 
«  la  cigogne  »  (< ciconia )*.  Ce  geste  consistait  peut-être 
à  étendre  dans  sa  direction  le  bras  droit  allongé  comme 
le  cou  de  1  oiseau,  pendant  que  de  la  main  gauche  on 
se  tapait  1  occiput  à  petits  coups;  tous  les  gamins 
savent  comment  il  faut  s  y  prendre.  Notre  approbation 
est  acquise  au  grammairien  qui  affirme  que  donner  à 
quelqu  un  des  coups  de  pied  par  derrière  (pa0a7ruyiÇeiv, 
(Txoagp^etv,  yoyyûÇetv)  est  «  un  jeu  malhonnête 5  »  ;  le 
montrer  du  doigt  en  faisant  la  nique  (ffxtpxXi'Çetv)  ou  lui 
donner  une  chiquenaude  sur  le  nez  (<Txav0ap:Çetv,  tali- 
trum )  c  ne  valent  guère  mieux.  Les  polissons  de  Rome 
prenaient  aussi  un  malin  plaisir  à  sceller  un  sou  au  pavé 
des  rueg,  et  ensuite,  demeurant  aux  aguets,  ils  s’amu¬ 
saient  de  la  déconvenue  des  passants  qui  se  baissaient 
pour  le  ramasser  '.  Ou  bien  encore  ils  leur  suspendaient 
dans  le  dos,  à  leur  insu,  un  objet  quelconque,  formant 
une  queue  ( cauda ),  qui  les  rendait  ridicules  8. 

4  II.  Rondes,  jeux  de  sociétés ,  etc.  —  KuvqTtvoa,  le  jeu 
du  baiser.  Il  était  en  usage  à  Athènes  au  ve  siècle  et  nous 
devons  admettre  qu’à  un  certain  moment  les  joueurs  se 
donnaient  un  baiser  (x’jvêîv)9.  Mais  pour  le  reste  quelle 
en  était  la  règle?  Était-ce  une  ronde?  On  l’a  supposé 

1  AnthoL.  Pal.  VII,  542.  —  2  Heydemann,  Grieeh.  Vasenb.,  Bilfstafel, 

9;  Jb.  pl.  x,  3,  xii,  1  ;  Arch.  Zeit.  1867,  p.  126.  —  3  Poil.  IX,  107;  Schol. 
Arisloph.  Ai  .  1297,  [299;  Suid.  s.  v.  ;  Albeu.  XI,  p.  506;  Becker-Gocll,  Charikles, 

I.  p.  135;  Stephani,  C.  rendus,  1865,  p.  155,  noie  10.  —  4  Pcrs.  I.  158  el 
Schol.  ad  h.  I.  •  Mauus  ciconiae  roslrum  imitans  ».  —  6  Arisloph.  Equit.  790  et 
Schol.  ad  h.  I.;  Coll.  IX,  126;  Eust.  ad  11.  XI,  535  (861,  H),  ad  Odyss.  XVII, 
_-13  (ISIS,  50},  Hesych.  s.  v.:  Suid.  oxofxÇptVai  «  raiStàç  ù.ai\ yojç  tiSo;  »;  Gras- 
berger.  p.  33.  -  6  Arisloph.  Pac.  549;  Schol.  ad  h.  1.  et  ad  Aeharn.  444;  Poli. 

X,  126;  Hesych.  s.  v.;  Eustath.  p.  861,  10;  Suet.  Tib.  68.  —  7  Hor.  Epist. 


1360 


LUI) 


sans  raisons  bien  plausibles.  Dans  un  de 
dernes,  deux  personnes  placées  face  à  IV ’  n>o- 

alternativement  et  à  toute  vitesse  leurs  L‘nlrecll0quent 
leurs  mains  gauches.  Ce  serait  1.5  '  .  ains  droi 


gauches.  Ce  serait  là,  suivant 


01  les  et 

nion,  la  xuvviTi'vSa ;  le  baiser  aurait  été  u'"  4"1’ 6 0p^ 
gnant10.  On  ajoute  même  qu’il  fallait  s’emhT*  ga 
marmite  »  (yVpa),  c’est-à-dire  en  tenant  la  tèteTi*0" 
versaire  par  les  deux  oreilles  comme  par  don  ad' 

Mais  ces  rapprochements  sont  purement  hvn  ,11'  .(anses"' 

çe  qui  ne  t'est  pas,  c'est  q./le  j“u  d  "Cl"" 
beaucoup  des  nôtres,  n’était  «  innocent  »  qu  a  h 
d’être  joué  par  des  enfants  13.  '  édition 

Les  gestes  commandés  (x£Xedag«TK).  Dans  les  festins! 
personne  qu  on  avait  choisie  pour  y  présider  et  & 
appelait  le  roi  [comissatio]  avait  le  droit  de  faire  exeVi!” 
ses  ordres  par  les  autres  convives.  Au  nombre  des  inven 
tions  plaisantes  qui  se  rattachent  à  cette  coutume  il  fJ 
citer  le  jeu  des  gestes  commandés.  On  raconte’  qu’un 
jour  cette  souveraineté  éphémère  étant  échue  à  la  célèbre 
Phryné,  elle  trempa  un  linge  dans  une  coupe  d’eau  el 
s  en  frotta  le  visage  ;  toutes  les  femmes  présentes  durent 
en  faire  autant;  comme  elles  étaient  peintes,  leur  fard 
tomba  et  avec  le  fard  une  grande  partie  de  leur  charme. 
Phryné,  qui  n’avait  pas  recours  à  ces  artifices  de  toilette, 
resta  belle  de  sa  seule  beauté  u.  Il  est  fort  probable  que 
le  jeu,  sous  sa  forme  essentielle,  était  commun;  car  011 
le  pratique  encore  aujourd’hui  ls. 

XeXty eXwv7),  jeu  de  la  tortue.  Des  jeunes  filles  cou¬ 
raient  en  rond  autour  d’une  de  leurs  compagnes  assise 
et  figurant  la  tortue  (yeXcov-q).  Alors  s’engageait  ce  dia¬ 
logue  en  vers  iambiques  :  «  Torti-tortue  (yeXtyyXüWïi), 
que  fais-tu  là  au  milieu?  —  Je  dévide  la  laine  et  le  fil  de 
Milet.  —  Mais  ton  fils,  comment  a-t-il  péri?  —  Du  haut 
des  chevaux  blancs  il  a  sauté  dans  la  mer16.  »  11  est  pro¬ 
bable  que  sur  ces  derniers  mots  la  «  tortue  »  sautait  aussi 
hors  de  sa  place  et  s’élancait  à  la  poursuite  de  la  bande 
joyeuse.  Les  vers,  qui  n’ont  pas  plus  de  suite  que  ceux 
de  nos  rondes  enfantines,  peuvent  avoir  été  inspirés  par 
quelque  mythe  très  ancien11. 

"Eljey  ’,  ch  <p  1 X  ’ 7)  X 1  e ,  parais ,  6  cher  Soleil  !  En  hiver, 
quand  des  nuages  voilaient  le  soleil,  les  enfants  lui  adres¬ 
saient  cette  prière  accompagnée  d’un  grand  tapage;  le 
plaisir  devait  consister  dans  l'attente  de  l’elfet  quelle 
était  censée  produire  ;  elle  pouvait  facilement  donner 
lieu,  par  exemple,  à  des  paris  el  devenir  un  jeu  de  ha  , 
sard18.  Au  même  ordre  de  coutumes  se  rattache  la  chanson 
par  laquelle  on  célébrait  au  printemps  1  app-'i  i | i°n  e 
l’hirondelle [chelidonistat]  19.  L’eiresionè  comportait  aussi 
des  chants  et  parfois  une  quête,  auxquels  1  enfante  1  a^ 
associée.  Le  xopoSvinpoc  au  contraire,  ou  chan,-  .  ^ 
corneille,  était  chanté  par  des  hommes;  ils  si  n  " 
de  maison  en  maison,  portant  sans  doute  a\<<  1 1  ^  ” 
corneille  et  demandant  des  sous  ou  des  (l11' ‘  iirS 
nature;  en  échange  ils  appelaient  sur  leuts  I" 
toutes  les  bénédictions  du  ciel 20. 


ail 


K  s  53  ;  Porphyr-  a» 

I,  16,  63  ;  Pers.  V,  1 1 1  et  Cornut.  ad  h.  I.  —  s  Hor.  Sut.  ’  ’ _  jj  p0u.  X, 100 > 

h.  I.  —  9  Crat.  ap.  Poil.  IX,  114.  —  1»  Becq  de  Fouquièrcs,  p-  '  rat.  G 

Theocr.  V,  132  et  XII,  28  ;  Schol.  ad  A.  I.  ;  Tibull.  H,  5  ;  « 


Lucian.  Dial.  mer.  3.  —  *2  Grasberger,  p.  136 


_  13  Crates,  L.  c. 


H  Hesych- 


tcuoioui  -i-T («.(/.  hic/  .  «x»  -  _  p — i  I  i  nnrn  (je  lCU  "  " 

v.-  Galen.  t.  I,  p.  25  Kuhn  ( Adhortatio ,  10).  —  C'  ■S°IIS  11  __  17  Grast“'lf>e,' 

—  16  Poil.  IX,  125;  Eustath.  ad  Hom.  Od.  XXI,  411,  P-  ‘  ,  jolumcnt  clunlér“|U81 

p.  133.  Les  inductions  de  Beet[  de  Fouquières,  p.  ,f0,  so  __ 19 Thcog»- *  I 

—  18  Poil.  IX,  123  ;  Suid.  s.  v.  ;  Eustath.  ad  11-  XI,  733  (p-  ’  . .  u-.«idi.  s-*' 


d’Ali-P' 


acha. 


Athen  VIII,  360  B  ;  Aristopli.  Equit.  419. 


_  20  Athen.  VIII,  P-  c 


Hesych. 


LUD  —  1361 

(X  Total,  cpiTTa  MeXtat,  pst  ' 


cpiT  TOC  1  Y  ’  / . 

Roèie»,  pst!  Méliéest  Les  jeunes  filles, 
^  s’excitaienl  les  unes  les  autres  à  accé- 
dans  leurs en  poussant  cette  exclamation  bizarre  ; 


poussan 
sont,  paraît-i 


1,  des  noms  de  nym“ 


Lrer'eurco»^ 

les  r,rSce  que’ l’on  en  peut  dire;  les  gram- 

P,lW  '  ’  ces  •  ns  nui  les  ont  recueillis  n’en  savaient  pas 
mairiens  ancien»  i 

Ie“edam  lccreux  [de 

«mines  pas  mieux  renseignés  sur  ce  jeu  que  sur 
i!Trrc*nl.  Il  devait  J  avoir  un  moment  où  l'un  dos 
-  tendait  le  creux  de  la  main  en  invitant  les 
j0UeUI\  v  mettre  de  l’argent  ou  un  prix  convenu.  De 
un  dicton  qu’on  appliquait  aux  per¬ 


sonnes  cupic 


Fig.  4641.—  Faune  sau- 
l  tant  à  la  corde. 


autres 

In  s’était  formé  , 

ides  et  trop  portées  à  mendier  des  cadeaux 

ou  des  faveurs2. 

’E^à-fco  ^wXbv  Tfâyiffxov,  je  chasse 
un  petit  bouc  boiteux.  On  suppose  que 
le  petit  bouc  était  un  enfant,  qui  devait 
courir  à  cloche-pied  après  ses  cama¬ 
rades  pour  les  attraper;  celui  qu’il 
touchait  le  remplaçait.  Si  le  bouc 
posait  le  second  pied  à  terre,  on  avait 
le  droit  de  le  poursuivre  à  son  tour 
jusqu’à  ce  qu’il  eût  repris  sa  place.  Mais 
cette  explication  ne  repose  sur  aucun 
témoignage  antique.  Le  jeu  était  parti¬ 
culier  à  Tarente3. 

’EgiroSfÇeiv  ’ta/âSaç.  D’après  les 
scoliastes,  qui  hésitaient  déjà  beau¬ 
coup,  il  fallait  lancer  des  figues 
(w/mïç)  en  l’air  et  les  rattraper  dans  sa  bouche.  Ce 
qui  n’est  pas  clair,  c’est  le  sens  donné  au  verbe.  La 

grande  variété  des  expli¬ 
cations  proposées  par  les 
grammairiens  anciens 
prouve  qu’ils  ne  l’enten¬ 
daient  pas  mieux  que 
nous  4. 

Enfin  nous  en  sommes 
réduits  à  des  conjectures 
encore  plus  incertaines 
pour  les  jeux  appelés 
ywvoç  (l’angle)  6,  s7taiTiv8a 
(la  quête?)6,  Xrjxîv Sa  (cla¬ 
quement  des  doigts  ?)\ 
çiatvBa  (danse  de  l’épée  ?)  \ 
go'i)'tvBa(lejeuduveau?)9 


yth  Jeux  dont  les  noms  anciens  sont  inconnus. 
<Jl1  a  cru  voir  le  saut-cle-mouton  représenté  sur 

p. K:;1”,011.; ,IX’  117  \EusU  ad  °<ty**-  XXIV,  340,  p.  4903,  33  ;  ad  il.  XI,  438, 
t.  f  _  ,  Arisloph.  Equ.  4082  ;  cf.  Thesmoph.  936;  Hesycli.  Pharorin. 
Hesycli  1  cl»,  s.  v.  —  4  Arisloph.  Equ.it.  735  et  Schol.  ad  II.  I .; 
Hesycli  5  ,,  ^rasberger,  p.  154,  453.  —  3  Jeu  de  force  ou  de  souplesse, 
Bekkar  1  i  c'lcva'  f°u|lu,  d'après  Grasberger,  p.  453.  —  0  Tlieognost.  ap, 
Hesycli  s  t  ■  'n  **’  —  1  Gucian.  Lexipli.  8;  Bekker,  L.  c.  p.  562,  48;  cf. 

■7,  p.  1P9  •  p  Bekker,  Z.  c.  p.  1353  ;  cf.  p.  432  ài.o!;ioi(Tao6ai  ;  Athcn.  XIV, 

Bccii  de  ?c  s’  l’’  ûyiîttv.  —  9  Cf.  taurinda;  Hesycli.  s.  v.,  Meursius,  L.  c.  cl 
îles  sources  s  SUIV-’  donnent  encore  d’autres  noms,  mais  d’après 

Vincclle  ftr  10  ^enon,  Mon.  des  arts  du  dessin,  pl.  xxxw  ;  Grivaud  de 

*•  Agonistik  !■>' /i"n'nm'  nnti1ues’  H,  pl.  XXIII,  fig.  1-2,  p.  208  ;  Krause,  Gxjmn. 
Ktyet,  ÉtudeJ'fi'  C ,  pl’  lx  b'  xxv /l>  P-  910  :  Clara’,  Musée ,  pl.  712,  n»  1966  ; 

240.  — 11  P- 373  ;  S.  Reinach,  Bronzes  de  St-Germain ,  p.  246, 

c« llerie  d.  uj"'  ,  0  do  N»P>es,  Areh.  Zeit.  XXV,  186',  p.  423.  —  12  Levezow, 

Vniilrf.’  p  871  (=  Furtwaengler,  n»  2549)  ;  Benndorf,  Griech.  u.  Sicil. 

^  ^  langue  fr  13  Ee^ze>  Jeux  des  adolescents,  p.  140;  Littré,  Diction. 

'  Emi grette)  Le  Bas,  lier.  archéolASiS,  IV,  pl.  lxxv.  — 


LUD 

quelques  monuments  ;  mais  aucun  texte  n  en  fait  men¬ 
tion  [SALTUS]. 

Une  statuette  en  bronze  (fig.  4641)  représente  sous  les 
traits  d’un  jeune  faune  le  saut  à  la 
corde  ;  la  corde  a  été  restaurée 

11  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître 
le  cerf-volant  dans  la  figure  4642". 

L’enfant  représenté  sur  la  figure 
4643  d’après  une  coupe  du  Musée  de 
Berlin  12  s’amuse  avec  un  objet  de 
forme  circulaire  suspendu  au  bouL 
d’une  ficelle  ;  on  reconnaît  là  un  cer¬ 
tain  jouet  un  peu  passé  de  mode  au¬ 
jourd’hui,  qui  fut  en  grande  faveur 
après  la  Révolution  ;  il  est  connu  sous 
le  nom  d 'émigrant,  émigré  ou  émi- 
grette ,  qu’on  lui  donna  à  cette  époque.  Il  se  compose  de 
deux  petits  disques  réunis  au  centre  par  un  court 
cylindre;  sur  ce  cylindre  on 
fixe  l’extrémité  d’une  ficelle 
qu’on  enroule  tout  autour; 
puis  on  prend  l’autre  extré¬ 
mité  entre  les  doigts  et  on 
laisse  tomber  l’objet.  Quand  Fig.  4644. 

la  ficelle  est  entièrement  dé¬ 
roulée,  l'émigrant  remonte  aussitôt  en  vertu  de  la  force 
acquise  et  revient  au  point  d’où  il  est  parti, 
enroulant  la  ficelle  sur  le  cylindre.  11  des¬ 
cend  une  seconde  fois,  remonte  encore  «  et 
il  continuerait  incessamment  ce  manège,  si 
une  partie  de  l’impulsion  qu’il  a  d’abord 
reçue  n’était  à  chaque  instant  détruite  par  le 
frottement  de  la  ficelle  et  par  la  résistance  de 
l’air;  aussi  le  joueur  est-il  obligé  de  seconder 
le  mouveiuent  du  jouet  par  le  mouvement  de 
la  main,  qui  en  s’abaissant  et  en  s’élevant 
tour  à  tour  lui  communique  une  force  nou¬ 
velle  13  ».  On  a  découvert  à  Athènes  de  petits 
objets  en  terre  cuite  qui  semblent  avoir 
été  faits  précisément  pour  cet  usage  ;  ils 
mesurent  environ  0m,12  de  diamètre  ;  des  sujets  my¬ 
thologiques  sont\peints  sur  les  deux  faces.  L  un  d  eux  u 
est  reproduit  (fig.  4644)  et  le  profil  d'un  autre  (fig. 


I 


Fig.  4645, 


IX.  Jeux  inconnus.  —  A  cette  liste  il  y  a  lieu  d’ajouter 
les  jeux  dont  l’existence  nous  est  révélée  par  les  monu¬ 
ments,  et  dont  nous  ne  pouvons  déterminer  ni  le  nom, 
ni  la  règle  ;  c’est  le  cas,  par  exemple,  pour  celui  de  la 
figure  4646 1G.  Les  joueurs  sont  partagés  en  deux  camps, 
chacun  attaquant  ou  défendant  des  sortes  de  quilles 

H  Musée  d’Athènes;  Ross,  Arch.  Zeit.  4843,  p.  62;  Le  Bas,  lier.  arch.  1848,  IV' 
pl  lxxxiv-lxxxv ;  1854,  X,  p.  753;  Preller,  Berichte  d.  Saechs.  Gescllsch.  d. 
Wissensch.  1852,  pl.  v-vi  ;  Benndorf,  L.  c.  pl.  xxxu,  4.  —  1»  Tsouutas,  Eyr.^to',; 
•A97.a10-Aoy.x-4,  1885.  p.  148,  pl.  v,  4.  —  16  Sarcophage  du  Vaticau.  Gerhard,  Ant. 
Bildw.  pl.  xc,  2;  Platner  et  Bunsen,  Beschreib.  d.  Stadt  ftom ,  1832,  II,  p.  441, 
n.  52.  Voir  aussi  lusobia  tabula.  —  Bibliographie.  Bulenger,  De  ludis  Graecorum, 
1627,  dans  le  Thésaurus  antiqu.  de  Gronovius,  t.  Vil,  1735,  p.  934;  Meursius, 
4622,  Ibid.  p.  982;  Souter,  1625,  Ibid.  p.  1038;  Senflleben,  1667,  Ibid.  p.  1187; 
CalcagninO,  4544,  Ibid.  p.  4229;  K, -H.  Papasliotis,  Aôyo;  mgi  tw.  naç.7  toTç  àoyaim; 
"F.XXt.oi  xatSeiSv,  Athènes,  1854;  L.  Grasbergcr,  Erziehung  u.  Unterriclit 

im  Iclass.  Altertli.  1,  Abth.  1,  Die  Knabenspiete,  1864;  Becq  de  Fouquièrcs,  Les 
Jeux  des  anciens 2,  1873;  Beckcr-Goell,  Cliarikles ,  1878,  IL  p.  362;  Gallus , 
1882,  111,  p.  455  ;  Herraann-Blümner,  Lehrb.  d.  griech.  Privataltertli.  3,  1882, 
p.  291;  Marquardt-Mau,  Privatleben  d.  Borner,  p.  834;  Richtcr,  Die  Spiele  d. 
Gr.  u.  Bôm.  Leipzig,  1888;  Frankel,  Die  schônsten  Lustspiele  der  Gr.  u.  II.  Halle, 
4888;  Edw.  Falkcner,  Games  ancient  and  oriental  and  liow  to play  them,  London, 
1829. 


u\J 


posées  à  terre.  Ils  tiennent  à  la  main,  à  ce  qu’il  sem- 
l»li',  une  courte  crosse  renflée  du  bout,  ou  peut-être 


un  objet  souple,  en  étoffe  ou  en  cuir.  G.  Lapai  e. 

Ll  W  PI  HLICI  ’Aywvs;).  —  Les  concours  et  les  jeux 
de  toute  espèce  ont  tenu  une  très  grande  place  dans 
la  Aie  des  anciens,  à  toutes  les  époques  de  leur  his¬ 
toire,  depuis  les  temps  homériques  jusqu’à  la  décadence 
byzantine.  La  plupart  des  questions  qui  se  rapportent  soit 
à  la  nature  des  concours,  soit  à  l’organisation  des  jeux, 
olant  traitées  dans  des  articles  qui  concernent  chacun 
d  eux,  nous  nous  contenterons  ici  d’exposer  le  dévelop¬ 
pement  historique  des  jeux,  de  montrer  quel  en  a  été  le 
caractère  prédominant  aux  diverses  périodes  de  l’anti¬ 
quité.  quels  en  ont  été  l’influence  et  le  rôle  dans  la  vie 
publique  et  privée  des  anciens. 

1.  Grèce.  —  1°  Époque  homérique.  —  Les  plus  anciens 
ji  ux  giecs  que  nous  connaissions  avec  quelque  détail 
sont  les  jeux  funèbres  que,  dans  l’Iliade,  Achille  fait 
célébrer,  après  les  funérailles  de  Patrocle  *.  Ces  jeux  ne 
sont  placés  sous  l’invocation  d’aucune  divinité;  leur 
caractère  est  nettement,  exclusivement  funéraire  ;  ils  ne 
sc  rattachent  au  culte  que  dans  la  mesure  où  les  funé¬ 
railles  elles-mêmes  s’v rattachent.  Ils  ne  sont  précédés  ni 
suivis  d'aucune  cérémonie  religieuse;  Achille  seul  les 
oiganise  et  les  préside  sans  le  concours  d’aucun  prêtre  ; 
nul  sanctuaire,  nul  autel  n'est  mentionné  près  du  lieu  où 
lisse  célèbrent.  Ces  jeux  sont  exclusivement  physiques  ; 
ils  se  succèdent  dans  l’ordre  suivant  :  course  en  chars 
attelés  de  deux  chevaux,  combat  du  ceste,  lutte,  course 
à  pied,  combat  en  armes,  jet  du  disque,  tir  de  l’arc,  jet 
du  javelot.  Les  concurrents  sont  les  héros  de  l’épopée 
homérique,  les  chefs  les  plus  illustres  des  Grecs.  C’est 
sur  leurs  chars  de  guerre  qu’ils  disputent  le  prix  de  la 
course  ;  c’est  avec  leurs  armes,  leur  arc,  leurs  javelots 
qu'ils  luttent  entre  eux.  Ce  ne  sont  point  des  athlètes; 
ils  ne  se  sont  point  préparés  d’avance  à  ces  jeux.  Un 
double  sentiment  les  anime  :  la  passion  de  la  gloire 
et  le  désir  de  remporter  les  prix  qu’Achille  propose  aux 
vainqueurs.  Ces  prix  sont  honorifiques,  sans  doute  ; 
mais  ils  ont  aussi  une  grande  valeur  :  ce  sont  de  belles 
esclaves,  des  coursiers  et  des  cavales,  des  taureaux,  des 
armes,  des  vases  précieux,  des  coupes  artistement  travail¬ 
lées,  des  trépieds,  de  l’or,  du  fer.  Les  autres  jeux  attribués 
par  les  auteurs  anciens  à  cette  époque  lointaine  et  légen¬ 
daire  sont  tous  des  jeux  funèbres  :  tels  sont  les  jeux 
qu  Acastos,  le  Thessalien,  compagnon  de  Jason,  célèbre 
enl  honneur  de  son  pèrePélias 2  ;  les  combats  gymniques 
fondés,  suivant  Philochore,  par  le  roi  de  Crète,  Minos,  en 
1  honneur  de  son  fils  Androgée,  tué  par  les  habitants 
de  1  Attique  '  ;  tels,  les  jeux  cités  dans  l’Iliade,  jeux 

LÜDI  PUBLICI.  1  II.  XXIII,  257  et  s<(.  _  2  Plut.  Sympos.  V,  2;  Paus.  III,  18,  §  9. 
—  3  Plut.  Thés.  XVI.  —  4  II.  XXIII,  630  et  680.  —  5  paus.  V,  t,  §  6:  VIII,  4, 
3.  8  f  ind.  Olymp.  1\ ,  Schol.  ad  v.  32  et  sq.  —  1  Krause,  Vie  Gymnastik  und 


d(>2  — 


LUD 


funèbres  en  1  honneur  d’Amaryncéc,  ,eUv 
des  funérailles  d’Œdipe  *  ;  tels  encore  les  i,  brés  lo« 
lieu  après  la  mort  d’Azan,  fils  d’Arcas  G  i  (,l“  Cn“'enl 
des  Arcadiens 3,  et  les  jeux  institués  à  Lemnol' 
de  Thoas,  roi  légendaire  de  l’île,  par  ,sa  fin  * ,?  mémoi^ 
Les  grands  jeux  nationaux  de  la  Grèce  ni  PSi?y1^ 
Pythiques,  Isthmiques  et  Néméens,  passaient  yinp"l"e's’ 
été  à  l’origine  des  jeux  funéraires1. 

Dans  l’Odyssée,  qui  nous  montre  une  soriétn  1 
lisée  que  celle  de  l’Iliade,  les  jeux  ont  une  I)hvP  "" Clvi' 
un  peu  différente.  Ils  font  partie  de  la  fête  que  1  ITT 
Phéaciens  donne  en  l’honneur  de  son  hôte  !  ■  :i  î®8 
brentsur  la  place  publiquede  lacité  (àvopaU  Miisn!  , 
que  les  jeux  funèbres  de  Patrocle,  ils  ne  sont  àS 
avec  une  cérémonie  religieuse.  Ils  suivent  le  festin  oITp  Ï 
par  Alcinoüs  à  Ulysse  ;  lorsqu’ils  ont  pris  fin,  les  dt 
herus  rentrent  au  palais,  où  les  servantes  préparent  non, 
Ulysse  un  bam  hede  et  parfumé.  Les  luttes  é„„mS 
par  le  poète  sont  la  course  à  pied,  la  lutte,  le  saut  le 
jet  du  disque,  le  ceste.  Les  jeunes  gens  des  plus  nobles 
familles  se  mesurent  entre  eux;  «  pour  eux,  dit  Laoda 
mas,  fils  cl’ Alcinoüs,  il  n’est  pas  de  plus  grande  gloire 
que  de  vaincre  à  la  course  ou  de  triompher  à  ln lutte  l0» 
Ils  s’y  exercent;  ce  sont  déjà  des  athlètes;  du  moins  Eu- 
ryale  reproche  à  Ulysse  de  ne  pas  en  être  un".  Après  les 
jeux  physiques,  l’aède  Démodocos  chante  les  aventures 
d’Arès  et  d’Aphrodite;  puis  dans  l’arène  même  ont  lieu 
des  danses;  mais  il  ne  semble  pas  que  ces  chants  ni  ces 
danses  soient  des  jeux,  des  concours  au  sens  précis 
du  mot;  on  ne  voit  point  de  rivaux  luttant  ensemble; 
aucun  vainqueur  n’est  désigné.  Ces  jeux  sont  présidés 
par  neuf  citoyens,  que  le  peuple  a  choisis1’.  Il  n’est  pas 
fait  mention  des  prix  qui  sont  accordés  aux  vain¬ 
queurs. 

Ainsi,  à  l’époque  homérique,  les  jeux  se  présentent  à 
nous  d’abord  sous  la  forme  de  jeux  funèbres,  puis 
avec  le  caractère  de  réjouissances  publiques;  nulle  part 
nous  ne  voyons  qu’ils  se  rattachent  à  un  culte  ou  à  un 
sanctuaire  particulier  ;  nulle  part  non  plus  il  n’est  dit 
qu’ils  soient  célébrés  périodiquement.  Bien  au  contraire, 
nous  n'y  assistons  que  dans  des  circonstances  exception¬ 
nelles  :  funérailles  d’un  chef,  réception  d’un  hôte  par  le 
roi  des  Phéaciens.  Les  concurrents,  qui  se  disputent  la 
victoire  dans  les  divers  jeux,  appartiennent  aux  plus 
nobles  familles.  Les  concours  sont  surtout  physiques , 
cependant  les  chants  des  aèdes  et  les  danses  commencent 
peut-être  à  y  jouer  un  rôle.  Plus  tard,  on  raconta  que  les 
concours  de  poésie  étaient  aussi  anciens  que  les  juin 
eux-mêmes  ;  selon  Plutarque,  Acastos  le  Thessalien  nui  ai  - 
déjà  proposé  un  prix  de  poésie  lors  des  jeux  funei,i  •  ^Iul 
accompagnèrent  les  funérailles  de  son  père  F-  lllS 
L’Iliade  ni  l’Odyssée  ne  nous  montrent  rien  ch  ,u^ 
De  même,  si  dès  cette  époque  les  grands  jeux  O111 11 
niques  d’Olympie,  de  Delphes,  de  Némée  et  ch  ^  ^ 

avaient  existé,  il  est  vraisemblable  que  des .  ^ 

seraient  faites  dans  l’Iliade  et  l’Odyssée,  dont  h  s  * 

connaissaient  fort  bien  la  Grèce  méridional! 

a  / /’  .4  1 ■  ■  - 

des 


IcUC*  . 

■:à  la  mort  d' Alexandre  * 


vasion 


2°  Période  historique,  jusqu 
Grand.  —  La  période  qui  commence  avec  1 l,n'  ^  ]nort 
Doriens  dans  le  Péloponèse  et  qui  Fini! 

_9Orf.VItI.10Ȕ 

AgonUtik  der  Hellenen,  1,  p.  9,  noie  3  .—%Od.  VIII,  I'1'  G  ^  ,  ^tîîe1 

US.»  »ï|uv  I,  4Tofî|»...  —  10  Ibid.  v.  147-148.-  »  Od.  VIH, 

—  1 3  Ibid.  v.  258.  —  13  Plut.  Sympos.  V,  2. 


1363  — 


LUI) 


LUI) 

le  Grand,  est,  dans  l’histoire  des  jeux  comme 
^Alexandri'  '  J  ^  mon(je  hellénique,  la  plus 

di,ns  plus  caractéristique.  Les  jeux  atteignent 

briUante  e  ^'^gjoppement;  ils  occupent  dans  la  vie 
ators leur  U  ,  t  Jang  la  yie  nationale  une  place  considé- 
llU1"iCiPl  Acquièrent  et  ils  gardent  longtemps  une  phy- 
Fle  ;  , ‘ut  empreinte  de  grandeur  et  de  dignité  ;  pour 

fionon  ,,e  ct  pour  la  Grèce  entière,  ce  sont  de  véritables 
<h>que. ceux  qui  y  prennent  part,  qui  concourent  à 
solenm  '  Aer  l’éclat,  sont  partout  acclamés  ou  vénérés.  Il 
enI'erpas  ainsi  à  l’époque  homérique;  plus  tard, 
Jimi  la  période  hellénistique,  ces  caractères  s’effa- 

^Les  Grecs  attribuaient  à  la  plupart  de  leurs  jeux  une 
nrieine  très  ancienne  et  mythologique  :  le  fondateur  des 
Lx  Olympiques  était  Héraclès;  les  jeux  Isthmiques 
avaient  été  institués  par  Poséidon,  d’après  les  uns,  par 
Thésée,  en  l’honneur  de  Poséidon,  d’après  les  autres; 
Héraclès  jouait  encore  un  rôle  important  dans  les  ori¬ 
gines  des  jeux  Néméens  ;  les  Panathénées,  antérieures  à 
Thésée, furent  réorganisées  par  lui,  si  Ion  en  croit  les 
légendes  athéhiennes  [olympia,  pythia,  isthmia,  nemea, 
pakatuenaea].  En  réalité,  nous  ne  connaissons  ni  la  date, 
même  approximative,  à  laquelle  furent  fondés  ces  jeux, 
ni  les  circonstances  de  leur  iondation.  D  autres  jeux 
furent  créés  à  l’époque  historique  :  par  exemple,  les 
jeux  que  les  Ghersonésiens  instituèrent,  en  mémoire  de 
Miltiade,  fondateur  de  leur  ville1  ;  les  jeux  des  Éleu- 
théries  de  Platées  [eleutheria],  et  ceux  que  les  habitants 
d’Amphipolis  établirent  en  l’honneur  de  Brasidas,  après 
j  sa  mort2.  Quelle  que  fût  d’ailleurs  leur  origine,  qu  ils 
fussent  très  anciens  ou  de  création  récente,  lesjeux  étaient 
très  nombreux  et  très  fréquents  dans  le  monde  grec, 
non  seulement  dans  la  Grèce  propre  et  les  îles  de  la 
mer  Égée,  mais  même  en  Sicile3  et  jusqu’à  Chypre4. 

Le  caractère  essentiel  de  tous  ces  jeux  était  d’être  en 
relations  très  étroites  avec  la  religion  et  le  culte.  C’était 
toujours  en  l’honneur  d’une  divinité  ou  d’un  mort 
héroïsé  qu’ils  étaient  célébrés  ;  ils  étaient  toujours  pré¬ 
cédés,  suivis,  accompagnés  d’une  procession  solennelle 
onde  sacrifices.  Les  jeux  Olympiques  se  donnaient  en 
1  honneur  de  Zeus  Olympien  :  ils  ne  formaient  qu’une 
partie  de  la  fête,  les  pratiques  religieuses  constituant 
1  autre.  Les  jeux  Pythiques  se  célébraient  d’abord  sous 
h  direction  des  prêtres  d’Apollon  Delphien  ;  ils  furent 
;  Cujours  consacrés  au  dieu.  Lesjeux  Néméens  étaient  un 
hommage  rendu  à  Zeus,  les  Isthmiques  à  Poséidon.  Ce 
|n étaient  pas  seulement  les  grands  jeux  panhelléniques 
I  qui  avaient  cette  physionomie  ;  il  en  était  de  même  pour 
(>  i‘  ux  Pr°pres  à  chaque  ville.  La  plupart  d’entre  eux 
ipoilaient  des  noms,  dérivés  de  noms  de  divinités  ou  de 
I  L  r°SUl' tiques  '•Panathenaea,Dionysia(Ethènes,Ëlide, 

I  n'e’  U^hos,  Naxos,Chios,  Tenedos),  Iieraea  (Élide, 

I  gra°S  J^^ne’  Samos),  Hermaea  (Phéneus,  Pellène,  Tana- 
(Épidaure,  Céos),  Heraclea  (Thèbes, 
°U  Pythdea  (Trézène,  Sicyone,  Mégare), 
die  iA  A  ‘^raarynthos  d’Eubée,  Ephèse),  Lycaea  (Arca- 
l0n  j)j(|  1,1  ^eus  Lycaios),  Didymea  (Milet,  culte  d’Apol- 
naeos  ^amefa  (Laconie,  culte  d’Apollon  Kar- 

Ithorrurt-,  l^">uaea  (Messénie,  en  l’honneur  de  Zeus 
‘'N'  Hyakinthia  (Amyclées),  Amphiaraea  (Oro- 

1  Ui'rod.  V|  3s  __ 

S-  I.  ^  r,  ||p,  llucy<'.  v,  H.  —  3  Pind.  Wj/mp.XIII.v.  111-112.  —  <•  Isocr. 

VI,  3g.  _  6  Tliucyd.  V,  11.  —  7  Olymp.  Vil,  v.  78-81. 


pos),  Trophonia  (Lébadée),  Alcathoea  (Mégare,  en  1  hon¬ 
neur  du  héros  Alcathoüs),  Aiakeia  (Egine,  en  l’honneur 
d’Éaque),  etc.  D’autres  jeux  étaient  désignés  par  un 
adjectif  tiré  du  nom  de  la  ville  ou  du  lieu  où  ils  étaient 
célébrés  ;  néanmoins,  il  ne  saurait  y  avoir  de  doute  sur 
leur  véritable  caractère  :  les  jeux  des  Eleusinia,  ceux 
des  Délia ,  les  Actia  sous  leur  forme  la  plus  ancienne, 
étaient  des  cérémonies  religieuses,  ou  faisaient  partie 
intégrante  de  telles  cérémonies.  Lors  même  que  les  jeux 
étaient  institués  en  mémoire  d’unmortel,  d'un  personnage 
historique,  tel  que  Miltiade,  fils  deCypsélos,  le  fondateur 
de  la  colonie  athénienne  de  la  Chersonèse  de  Tlirace, 
ou  encore  Brasidas,  que  les  Amphipolitains  voulurent 
honorer  comme  le  fondateur  de  leur  ville,  leur  caractère  re¬ 
ligieux  subsistait  :  avec  eux  sont  toujours  cités  des  sacri¬ 
fices.  «  Après  la  mort  de  Miltiade,  dit  Hérodote,  les  Cherso- 
nésiens  lui  sacrifièrent,  comme  c’est  l'usage  à  l’égard  d  un 
fondateur;  ils  instituèrent  des  jeux  gymniques  et  éques¬ 
tres6.  »  —  «  Les  Amphipolitains,  écrit  Thucydide,  entou- 
rèrentd’une  enceinte  le  tombeau  de  Brasidas;  ils  lui  immo¬ 
lèrent  des  victimes  comme  à  un  héros,  et  établirent  en  son 
honneur  des  jeux  et  des  sacrifices  annuels6.  »  La  même 
idée  est  explicitement  affirmée  par  Pindare,  dans  la 
VIIe  Olympique  :  «  Là  Tlépolème,  prince  des  Tirynthiens  • 
(le  fondateur  légendaire  des  colonies  grecques  de  Rhodes), 
trouve  une  douce  consolation  à  sa  déplorable  infortune 
dans  les  honneurs  qu’on  lui  rend  comme  à  un  dieu.  C  est 
en  son  honneur  que  la  graisse  des  troupeaux  brûle  sur 
l’autel  et  que  l’on  célèbre  ces  jeux  où  deux  fois  Diagoras 
a  couronné  son  front  des  fleurs  de  la  victoire1.  »  Ainsi  les 
jeux  étaient  célébrés  en  l'honneur  soit  de  divinités  ou 
de  héros,  soit  de  mortels  héroïsés8.  Ce  fut  seulement 
au  début  du  iv°  siècle  que  les  Grecs,  par  flatterie,  son¬ 
gèrent  à  rendre  le  même  honneur  à  de  grands  person¬ 
nages  vivants  :  ainsi,  selon  Plutarque,  les  Samiens,  après 
la  victoire  remportée  par  Lysandre  à  Aegos-Potamos, 
donnèrent  à  leur  fête  nationale  des  Iieraea,  qui  compor¬ 
tait  de  grands  jeux,  le  nom  de  Lysandria 9.  Mais  cette 
pratique,  qui  fut  si  répandue  pendant  les  périodes  hellé¬ 
nistique  et  romaine,  était  alors  inouïe  ;  d’ailleurs,  dans  le 
même  passage,  Plutarque  rapporte,  d’après  Duris  de 
Samos,  que  Lysandre  fut  le  premier  à  qui  les  villes 
grecques  dressèrent  des  autels  et  offrirent  des  sacrifices 
comme  à  un  dieu  10.  Sous  quelque  forme  et  dans  quelques 
circonstances  que  nous  les  rencontrions,  les  jeux  nous 
apparaissent  à  cette  époque  comme  revêtus  d'un  caractère 
religieux;  ce  sont  des  cérémonies  du  culte,  dont  le  rôle 
est  tantôt  essentiel  comme  à  Olympie,  à  Delphes,  à 
Némée,  tantôt  secondaire  et  accessoire,  comme  à  Eleusis. 

De  ce  caractère  en  découlent  forcément  d'autres. 
Puisque  les  jeux  accompagnaient  des  fêtes  célébrées  en 
l’honneur  de  divinités  ou  de  héros,  ils  étaient  publics  au 
même  titre  que  ces  fêtes  elles-mêmes;  comme  elles  aussi, 
ils  revenaient  d’habitude  à  dates  fixes  ;  normalement  et 
sauf  exception,  ils  étaient  périodiques.  A  l’époque  histo¬ 
rique,  il  n’est  fait  jamais  mention  d'àyüjvs;;  privés,  célé¬ 
brés  soit  à  l’occasion  d’un  culte  domestique,  soit  en 
l’honneur  d’un  mort  ;  il  nous  paraîtrait  exagéré,  même 
inexact,  de  considérer  comme  des  jeux  privés  les  luttes 
et  les  courses  proposées  par  Clisthène,  tyran  de  Sicyone, 
à  tous  les  prétendants  qui  recherchaient  la  main  de  sa 


—  8  Cf.  epitaphia,  où  sont  cités  la  plupart  des  fêtes  et  (lesjeux  funèbres  de  la  Grèce, 
en  particulier  les  Epitaphia  d’Athènes.  —  9  Plut.  Lysand.  §  18.  —  10  Ibid. 


LUD 


—  1364  — 


LUD 


fillo  Agaristfe1,  ou  encore  les  jeux  gymniques  que  le  géné 
ral  athénien  Démosthène  donna  sous  les  murs  d’Épi- 
daure,  pour  attirer  hors  de  la  place  les  troupes  ennemies 
qui  y  tenaient  garnison  2.  Attribuera-t-on  d’autre  part 
le  caractère  de  jeux  privés  aux  concours  de  toute  sorte 
que  Nicoclès  fils  d’Évagoras,  faisait  célébrer  auprès  du 
tombeau  de  son  père  avec  la  magnificence  et  la  pompe 
qu  Isocrate  a  louées3?  Parmi  les  associations,  corpora¬ 
tions  et  confréries  que  la  Grèce  connut  alors,  nous  n'en 
voyons  aucune  qui  donnât  des  jeux  ;  en  ce  qui  concerne 
les  diverses  catégories  ou  divisions,  soit  génétiques, 
soit  politiques  ou  administratives  qui  existaient  dans 
les  cités  du  monde  hellénique,  comme  les  phratries,  les 
tribus,  les  dèmes,  seuls  les  dèmes  attiques  semblent 
avoir  célébré  des  jeux*;  mais  c’était  là  un  souvenir 
des  temps  lointains  où  chaque  dème  formait  une  cité 
indépendante,  et  à  l’époque  historique,  la  plupart  de 
ces  jeux,  Dionysies  du  Pirée,  Brauronies,  Héraclées  de 
Marathon,  étaient  devenus  des  jeux  officiels  de  l’État 
athénien  [dioxysia,  braüronia,  heraclea]. 

En  réalité,  les  jeux  grecs  étaient  tous,  on  peut  le  dire, 
des  jeux  publics.  Les  uns  étaient  particuliers  aune  ville; 
d  autres  étaient  célébrés  par  une  fédération  ou  amphic¬ 
tyonie;  d’autres  enfin,  communs  à  tout  le  monde  grec, 
étaient  nationaux  ou  panhelléniques.  Dans  chaque  ciLé 
grecque  il  y  avait  une  divinité  et  un  sanctuaire  qui  étaient 
l'objet  d'une  grande  vénération  ;  en  l’honneur  de  cette 
divinité,  autour  de  ce  sanctuaire  étaient  donnés  des 
jeux  qui  attiraient  souvent  beaucoup  d’étrangers  :  tels 
étaient  les  Panathenaia  à  Athènes,  les  Ileraea  à  Argos,  les 
Asclepiaea  à  Êpidaure,  les  Karneia  à  Sparte,  les  lleraclea 
à  Thèbes,  les  Artemisia  à  Éphèse,  les  Dionysia  à  Naxos, 
les  Didymea  à  Milet,  etc.  Parmi  les  jeux  de  caractère 
fédéral  ou  amphictyonique,  les  plus  fameux  à  l’époque 
historique  étaient  les  jeux  qui  accompagnaient  les  Délia 
de  Délos,  fête  amphictyonique  à  laquelle  prenaient  part 
surtout  les  cités  ioniennes  de  la  mer  Égée  [délia]  et  les 
jeux  des  Ephesia  en  l’honneur  d’Artémis  [ephesia]  ; 
d’autres  jeux  étaient  célébrés  en  l'honneur  d’Apollon 
Triopien  par  les  cinq  villes  doriennes  de  Lindos,  Ialysos, 
Camiros,  Cos  et  Cnide  5  :  citons  encore  les  jeux  des 
Amarynthia  ou  Amarysia,  qui  se  donnaient  sur  le  terri¬ 
toire  de  la  petite  ville  eubéenne  d’Amarynthos,  près  du 
sanctuaire  d'Artémis,  et  qui  étaient  des  jeux  communs  à 
plusieurs  cités  d'Eubée  ou  des  îles,  Chalcis,  Érétrie, 
Carystos,  Céos,  Andros,  Téos,  etc.  [amarynthia]  ;  les 
jeux  qui  accompagnaient  les  fêtes  de  Poséidon  à  Oncheste, 
ville  béotienne  qui  était  le  centre  de  l'amphictyonie 
peut-être  la  plus  ancienne  que  nous  connaissions 6  ;  les 
Pamboeotia  de  Coronée,  où  il  y  avait  certainement  des 
jeux  équestres 1.  Il  est  probable,  mais  non  prouvé  par 
des  documents  formels,  que  des  jeux  faisaient  également 
partie  des  fêtes  amphictyoniques  ou  fédérales  de  Calaurie 
en  Argolide 8,  de  Samicum  en  Élide9,  ainsi  que  des 
Panionies  de  Mycale10.  Enfin,  le  caractère  national  ou 
panhellénique  était  réservé  à  quatre  jeux  seulement  :  les 
Olympiques,  les  Pythiques,  les  Néméens,  les  Isthmiques 

[OLYMPIA,  PYTHIA,  NEMEA,  ISTIIMIA]. 

Tous  ces  jeux,  même  ceux  qui  avaient  le  caractère  de 
jeux  funèbres,  comme  1  ’ETuxd^toç  àytùv  d’Athènes,  se  célé- 

1  Herod.  VI,  13G.  —  2  Tliucyd.  V,  80.  —  3  Isocr  Evag.  1.  —  -  Hans- 
soullier,  La  vie  municipale  en  A ttique.  p.  109.  —  S  Herod.  I,  141.  —  6  lliad. 

I,  500;  ffymn.  in  Apoll.  Pyth.  v.  53  (231)  ;  Strab.  IX,  2,  §  33.  —  Corp.  inscr. 


braient  régulièrement  à  date  fixe.  Les  uns  étaient 

d’autres  ne  revenaient  que  tous  les  deux  p.  anDUels:! 
ans.  Parmi  les  jeux  annuels,  nous  citèron^  "U  C*Ualre 
accompagnaient  les  grandes  Dionysies  r  “X  qui 
urbaines  d’Athènes,  les  Éleusinies,  les  o  J;" 
lonies  de  Délos,  les  Ephesia  en  l’honneur"!!'!  Ap01' 
éphésienne,  les  Ilellotia  de  Corinthe,  les  //m',  ,  'ais 
mos,  les  Heraclea  de  Thèbes,  les  Hermaea  ' 

de  Délos,  de  Sestos,  les  Gynmopédies,  les  HuakiJh^' 
les  Karneia  de  Laconie,  enfin  YEpitaphios  aynn  d  m f 
nés  ;  d’autres  jeux  étaient  annuels,  mais  prenaient  J 
temps  en  temps  un  éclat  particulier,  par  exemple  ceux  1 
Panathénées  et  ceux  des  Délia  institués  parles  Uhén  J 
à  Délos  en  426.  Ces  jeux  étaient  célébrés  tous  les  quatre 
ans  avec  plus  d’ampleur  et  de  pompe.  Les  jeux  Isth,ni. 
ques  [isthmia]  et  les  jeux  dédiés  à  Apollon  Actios 


actia 


ne  revenaient  que  tous  les  deux  ans  ;  les  jeux  Néméens 
se  donnaient  deux  fois  en  quatre  ans  ;  les  jeux  Olym¬ 
piques,  les  jeux  Pythiques,  les  jeux  des  Ëleuthéries  de 
Platées,  des  Ileraea  d’Argos,  des  Ileraea  d’Éiide,  des 
Asklepiaea  étaient  quinquennaux, c’est-à-dire 

suivant  le  comput  antique,  étaient  célébrés  chaque  cin¬ 
quième  année  ou  tous  les  quatre  ans;  enfin,  il  est  vrai] 
semblable  que  les  jeux  en  l’honneur  du  Zeus  Lycaios 
d’Arcadie  avaient  lieu  tous  les  neuf  ans11.  Les  Grecs 
réservaient  le  nom  de  jeux  périodiques,  c’est-à-dire  déter¬ 
minant  une  période  chronologique,  aux  quatre  grands 
jeux  nationaux:  ils  appelèrent  olympiade  l’intervalle  de 
quatre  années  qui  séparait  deux  fêtes  olympiques  suc¬ 
cessives  ;  pythiade,  l’intervalle  de  quatre  années  qui  sépa¬ 
rait  de  même  deux  fêtes  pythiques  ;  isthmiade,  l’inter¬ 
valle  de  deux  ans  qui  séparait  deux  fêtes  isthmiques; 
néméade,  le  même  intervalle  entre  deux  fêtes  néméennes. 
La  supputation  par  olympiades  était  générale  en  Grèce; 
on  comptait  par  pythiades  à  Delphes,  par  isthmiades  à 
Corinthe,  par  néméades  en  Argolide  [chronograpuia]. 

Les  jeux  grecs  comprenaient  de  nombreux  exercices 
et  concours,  que  l’on  répartit  d’habitude  en  trois  catégo¬ 
ries  :  jeux  équestres  (àywveç  imcixot),  jeux  gymniques 
(àyûveç  yugvixoi),  concours  de  musique,  chant  et  dansel 
(àywveç  goucrixol).  Les  jeux  équestres  et  les  jeux  gynini  I 
ques  étaient  les  plus  anciens  ;  ils  comprenaient  presque 
tous  les  exercices  de  l’époque  homérique,  la  couise  à 
pied,  la  course  en  chars,  la  lutte  proprement  dite,  h  pu 
gilat  avec  le  ceste,  le  jet  du  disque  et  celui  du  jav î  lot,  e 
combat  avec  les  armes  de  guerre;  plusieurs  de  <  --,lalX 
furent  combinés  et  ces  combinaisons  donnèrent  naisj 
sance  à  de  nouveaux  jeux  :  le  pancrace,  le  peu  "  J 

jet  du  javelot  à  cheval,  le  tir  de  l’arc  à  che\u-  u 

le  saut,  les  régates,  les 


part,  on  voit  alors  apparaître  ^  ^ — ,  --  -  (jeg 

courses  avec  torches  ou  lampadédromies,  L  v  ’  ])ROj 
apobates  ou  desultores  [certamina,  cursls,  U1PI 

MOS,  LU  CTA,  PUGILATUS,  DISCUS,  JACULUM,  ^  |(KI)r0- 

PANCRATIUM,  QUINQUERTIUM,  SALTUS,  REMIGIUM,  LA^P 

mia,  desultores].  Ce  furent  surtout  les  ent 

qui  prirent  à  l’époque  historique  un  c  tAt  jeg  jeux 
considérable;  la  place  qu’ils  tinrent  dluls  1  ^'j^t  fort 
grecs  devint  de  plus  en  plus  importante.  b  conCOurs, 
variés  ;  car  on  entendait  sous  ce  nom  p  usieu  de 

.'appliquer  le  mot  moder 

.  o  Strab.  'fit,  j 


auxquels  ne  pourrait  pas  s’ 


r/r.  1588.  —  8  Schoemaun,  Antiq.  (P 
3,  §  13.  —  10  Herod.  I,  148;  Strab,  XIV,  I 
p.  589. 


II  p  30  de  la  Irail.  frani;.  c. 

’  S  20.  —  11  Sch°eroann’ 


LlTD 


Ouvres  épique»  *"é'die’ët  comédie).  Parmi  les  plus 

tari  dr^ina  1(1'  r  juof  U  faut  citer  le  concours  de  cithare 

ancien  a7wV£Ç/  s  ar[e  créé  probablement  vers  676 

h;Tle  concours’  de  flûte  des  jeux  Pythiques 

_  J'C-;  ,  aui  fut  remplacé  dès  558  par  un  con- 

(5HI>  :I\  il,  ire1  les  àyttWêç  ^AOU<^l>tot,  des  Panathénées 

fr;  d!0C  Pisistrate  vers  le  milieu  du  vP  siècle  ;  les 

'nS  de  chœurs  tragiques  et  de  comédie  n  entrè- 

rr  T  ."onistique  qu’un  peu  plus  tard  ;  toutefois  ils 
hpnt  dans  1  agQl  1  ,  „  ,  Uoio  inomi’A 


LU 


—  1365  — 


iiuisiq1"1  • 


des  concours  de  musique  instrumentale 


[flûte,  'y1'0  °U  ^^'‘d^danse  et  spécialement  de  danse  en 


),  de  chant  ou  de  poésie  accompa- 


ü  y  avait  des  concours  de  poésie 
[arnieéoO>“  ^  ou  lyriques,  éloges  de  la  divinité)  et 


des 

av. 


P1  Tdéiàfondés  avant  la  fin  du  vP  siècle.  Mais  jusqu  à 
P  laie  les  jeux  équestres  et  les  jeux  gymniques 
?  ont,  plus  populaires  que  les  àYüv£;  jioumxof.  A  partir  du 
E£  au  contraire,  et,  semble-t-il,  sous  l’influence 
d'Athènes  ces  derniers  concours  furent  entoures  d  un 
Z  sans  cesse  croissant.  C’est  d’ailleurs  entre  l’époque 
des  guerres  médiques  et  celle  d’Alexandre  le  Grand  que 
ies  jeux  grecs  revêtent  leur  forme  définitive. 

Les  jeux  étant  publics  et  formant  presque  toujours 
partie  intégrante  d’une  cérémonie  religieuse,  c’était  en 
principe  soit  à  l’État,  soit,  dans  le  cas  des  jeux  fédéraux, 
à  l'institution  fédérale,  amphictyonie  ou  association 
d’États,  qu’incombait  la  charge  de  leur  préparation,  de 
leur  organisation,  des  dépenses  de  toutes  sortes  qui  en 
résultaient.  Mais  souvent  les  États  grecs  rejetaient  sur 
|  les  citoyens  les  plus  riches  une  partie  au  moins  de  ces 
charges  et  de  ces  soucis.  C’était  la  coutume  des  lituigics 
[leitourgia  ;  à  Athènes,  la  plus  importante  deslituigies 
I était  la  chorégie  [leitourgia,  choregia].  L’intendance 
et  la  direction  des  jeux  Olympiques  appartenaient  aux 
Éléens  ;  les  jeux  Pythiques  étaient  organisés  pari  amphic¬ 
tyonie  de  Delphes  ;  les  deux  villes  de  Cléones  et  d  Argos 
se  disputèrcntlongtemps  l’honneur  de  préparer  et  de  pré¬ 
sider  les  jeux  Néméens  ;  Corinthe  avait  la  charge  des  jeux 
Isthmiques  ;  Athènes,  celle  des  délia,  après  426  av.  J.-C. 

Les  fonctionnaires,  qui  étaient  spécialement  désignés 
pour  cette  tâche  et  qui  étaient  en  même  temps  les  juges 
des  concours,  s’appelaient  soit  épimélètes  [epimeletai, 
B  -°,  p.  678],  soit  agonothètes  ou  athlotètes  [agonotuè- 
tes  .  A  Olympie,  ils  portaient  le  titre  d ' hellanodikai 
; UELLANODiKAi] .  Ils  devaient,  au  nom  de  l’État  ou  de  l’am¬ 
phictyonie  dont  ils  étaient  les  représentants,  prendre, 
avant  et  pendant  les  jeux,  toutes  les  mesures  nécessaires 
à  leur  célébration,  à  leur  bonne  tenue,  à  leur  éclat.  Le 


détail  de 


ces  mesures  se  trouve  indiqué  aux  articles  ago- 
kotuètes,  hellanodikai,  Olympia,  etc.  D’une  manière  gé- 
I  l'lra'l‘,  ces  personnages  avaient  la  présidence  et  la  police 

(  Oc  i  rvn  ..  .  *  1  i  . 


L  e; 


■*euxi  ds  décernaient  les 


prix  aux  vainqueurs. 


.leux  pouvaient  durer  un  ou  plusieurs  jours.  Les 

grands  p 


Se:  ;SjeUX’  lels  CIUC  les  Panathénées,  les  Olympiques, 
P ‘  .Chiques,  les  Néméens,  les  Isthmiques,  occupaient 
oUVh  UrS  •i°urnées.  Un  sacrifice  solennel  était  d’abord 
céliln  '  '  '  l^v'a'd’î)  en  l’honneur  de  laquelle  la  fête  était 
d'  Iniu  ’  filu‘'quefois  aussi  une  procession  avait  lieu.  Le 
Ihclc  \'|S  ,i0ux  Proprement  dits  était  donné  par  l’agono- 
1,11  S1'  de  la  présidence.  Les  diverses  espèces 

1 1 


*41111,  U 


'ans.  y  ,  ,  . 

5  i-  - 2  a. 


h!,  XH;  /. Jl'  I''  J’1  •  “Oi-oa.  \  „  ,  .  . 

y  ’  ’  UI>  1V>  V,  VI,  IX,  XII;  Nem.  I,  IX  ;  Isthm.  II  ;  C.  inscr.  gr. 


Mommsen,  Hcortologie ,  2°  éd.  p.  148.  —  3  Scboe- 
Mlcrod.V,  22.  -  5i  pind.  Olymp.  I,  II,  III,  IV,  V,VI, 


de  concours  ou  de  combats  se  succédaient  d'habitude 
dans  l’ordre  suivant  :  d’abord  les  àfwveç  | aoucixoI,  puis 
les  concours  gymniques,  enfin  les  jeux  équestres.  C’était 
le  cas,  par  exemple,  pour  les  grandes  Pahathonees  . 
Les  prix  étaient  distribués  après  la  fin  des  jeux;  une 
fois  couronnés,  les  vainqueurs  formaient  une  proces¬ 
sion,  puis  se  rendaient  au  banquet  qui  leur  était  offert 
par  l’État  ou  par  l’amphictyonie  à  qui  incombait  le  soin 
de  célébrer  les  jeux. 

Les  athlètes  qui  prenaient  part  aux  jeux  gymniques  et 
équestres,  les  concurrents  des  p.ou<rtxoi  devaient 

être  des  hommes  libres  et  des  Grecs.  Les  esclaves  et  les 
pâpSapoi  étaient,  pendant  cette  période,  absolument  exclus 
des  jeux.  Aux  grands  jeux  panhelléniques,  tout  homme 
libre  de  race  grecque  était  admis  à  concourir,  quelle  que 
fût  sa  patrie,  et  pourvu  qu’il  n’eût  pas  été  privé  par  une 
condamnation  infamante  de  ses  droits  de  citoyen 
l’admission  aux  jeux  Olympiques  équivalait  à  la  recon¬ 
naissance  de  la  nationalité  grecque  ;  ce  fut  le  cas,  par 
exemple,  pour  le  roi  de  Macédoine,  Alexandre,  contem¬ 
porain  des  guerres  médiquesL  Des  athlètes  de  Sicile, 
de  Cyrène,  de  Rhodes,  furent  souvent  couronnés  à  Olym¬ 
pie,  à  Némée,  à  Delphes,  à  l’Isthme  de  Corinthe0. 

Dans  les  jeux  de  caractère  amphictyonique  ou  fédéral, 
les  concurrents  devaient  en  principe  être  citoyens  dq 
l’une  des  villes  de  la  fédération  ou  de  1  amphictyonie  ; 
dans  les  jeux  particuliers  à  une  cité,  les  concurrents 
devaient  en  principe  être  des  citoyens  de  la  ville.  Et  cela 
se  comprend  fort  bien,  puisque  les  jeux  avaient  un  carac¬ 
tère  et  un  sens  religieux.  Mais  à  mesure  que  les  relations 
amicales  et  les  traités  devinrent  plus  fréquents  entre  les 
divers  États  et  groupes  d’États  du  monde  hellénique,  les 
citoyens  des  États  alliés  furent  admis  à  prendre  part  aux 
jeux,  comme  d’ailleurs  aux  cérémonies  religieuses. 
Parmi  les  athlètes  vainqueurs  chantés  par  Pindare,  il  en 
est  plusieurs  qui  ont  remporté  de  nombreuses  couronnes 
dans  des  jeux  locaux  :  Diagoras  de  Rhodes  fut  vainqueur 
non  seulement  dans  sa  patrie  et  à  Olympie,  mais  encore 
à  Argos,  à  Thèbes,  à  Pellène,  àÉgine,  à  Mégare 6  ; Éphar- 
moste  le  Locridien,  originaire  d’Oponte,  fut  couronné  a 
Argos,  à  Marathon,  à  Athènes,  à  Éleusis,  à  Thèbes,  a  Pel¬ 
lène,  en  Arcadie1.  La  famille  des  Oligéthides  de  Corin¬ 
the  comptait,  parmi  ses  ancêtres,  des  athlètes  qui  avaient 
remporté  de  nombreux  prix  à  Argos,  à  Thèbes,  en  Arca¬ 
die,  à  Pellène,  à  Sicyone,  à  Mégare,  à  Égine,  à  Marathon, 
à  Éleusis,  en  Eubée,  et  jusque  «  dans  les  villes  opulentes 
qui  s’élèvent  près  de  l’Etna8  ».  Télésicrate  de  Cyrène9 
et  Thiéus  d’ Argos 10  furent  vainqueurs  dans  les  jeux 
des  Panathénées.  D’autres  jeux,  au  contraire,  étaient 
exclusivement  réservés  aux  citoyens  de  la  ville  où  ils 
se  célébraient  :  tel  était  le  cas  pour  1  ayfiv  iirrràpioc  de 
Sparte  “,  et  pour  les  Théoxénies  de  Pellène  Enfin, 
nous  connaissons  quelques  cas  particuliers  d  exclusion  . 
les  athlètes  d’Élide  n’étaient  pas  admis  à  concourir  aux 
jeux  Isthmiques  13  ;  les  citoyens  d’Halicarnasse  étaient 
exclus,  au  temps  d’Hérodote,  des  jeux  qui  se  célébraient 
en  l’honneur  d’Apollon  Triopien,  en  Carie  .  I  arfois,  au 
cours  de  la  même  fête,  plusieurs  jeux  étaient  réservés 
aux  seuls  citoyens  de  la  ville,  tandis  que  d’autres  étaient 
accessibles  à  des  étrangers  [uippodromos,  p.  204]. 


vassim  -  «  Olymp.  VII.  -  ’  /*•  IX.  -  »  lb.  XIII  -  9  Pyth.  IX.  -  i«  Nem.  X. 
_  il  Paus.  UI,  14,  §  I.  -  ‘2  ld.  vil,  27,  §  1.  -  ‘3  Id.  V,  2,  §  3  ;  VI,  3,  §  4,  cl  16, 
s»  —  H  Herod.  1,  141. 

172 


Les  athlètes  étaient  divisés  en  catégories  distinctes, 
d'après  leur  âge.  Au  ve  et  au  ivc  siècle,  on  distinguait 
d'habitude  les  hommes  faits,  avopsç,  âgés  de  plus  de  vingt 
ans;  les  adolescents,  àyÉvsioi,  entre  seize  et  vingt  ans,  et 
les  enfants,  7roù8sç,  entre  douze  et  seize  ans.  Quelques 
textes  épigraphiques  signalent  même  des  subdivisions  : 
ainsi  une  inscription  attique  mentionne,  à  propos  des 
jeux  des  T/teseia ,  des  TrocïSEç  x-qç  7rp(i)TT|<;,  x-qc  osuxÉpaç,  x-qç 
TûixYjÇ  TjXixtaç1  ;  dans  une  inscription  de  Béotie,  on  lit 
■xaïosç  O:  vswTÉpoi,  txxïBeç  ol  TtpsffSuxÉpo'. 2  ;  dans  une  inscrip- 
tion  de  Chios,  sç/Vj 601  vEwxspot,  p.é<7oi,  itpEaêuxépot  3  [atuleta]. 

En  principe,  les  femmes  n’étaient  pas  admises  à  con¬ 
courir  dans  les  jeux.  Mais,  d’une  part,  elles  pouvaient  y 
participer  indirectement,  comme  propriétaires  de  chars 
et  d’attelages  de  courses  4  ;  d’autre  part,  elles  pouvaient 
figurer  exceptionnellement  dans  certains  concours  ;  ainsi 
Plutarque  nous  apprend  qu’une  Érythréenne,  Aristoma- 
ehè,  remporta  le  prix  de  poésie  aux  jeux  Isthmiques5  ; 
aux  Délies,  les  prix  des  àytôvsi ;  gouaixot  étaient  disputés 
par  des  chœurs  de  jeunes  filles  [délia]  ;  les  courses  des 
ii  ek  ai  a  d’Élide  étaient  des  courses  de  vierges,  et  des 
femmes  remplissaient  aussi  les  fonctions  d’agonothètes. 

Les  récompenses  décernées  aux  athlètes  vainqueurs 
étaient  très  variées  :  les  unes  avaient  une  valeur  intrin¬ 
sèque,  parfois  considérable;  les  autres  étaient  purement 
honorifiques.  On  distingue  parfois  les  jeux  grecs  en  àyw- 
vs;  Oîaaxïxxi  et  en  àycovsç  crreipavïxai,  les  premiers  étant 
ceux  dont  les  prix  avaient  une  valeur  intrinsèque,  les 
seconds,  au  contraire,  étant  ceux  qui  ne  procuraient  aux 
vainqueurs  que  des  prix  honorifiques  [certamina].  Cette 
division,  déjà  formulée  dans  l’antiquité,  nous  semble  un 
peu  artificielle  :  car,  dans  beaucoup  de  jeux,  les  vain¬ 
queurs  recevaient  à  la  fois  un  prix  de  valeur  réelle  et  un 
prix  purement  honorifique  ;  par  exemple,  aux  Hcraea 
d’Argos,  le  vainqueur  de  la  course  de  l’àcin'ç  recevait  à  la 
fois  un  bouclier  d’airain  et  une  couronne  de  myrte 
[iieraia  .  Parfois  des  sommes  d’argent  étaient  distribuées 
aux  vainqueurs.  L’huile,  que  recevaient  les  vainqueurs 
des  Panathénées,  était  pour  eux  un  prix  de  grande  va¬ 
leur,  puisqu’ils  recevaient  en  même  temps  le  droit  exclu¬ 
sif  de  l’exporter  librement  [certamina].  A  Pellène,  dans 
certains  jeux,  on  donnait  au  vainqueur  un  chaud  vête¬ 
ment  6.  Les  prix  honorifiques  consistaient  surtout  en 
couronnes  et  en  palmes  [corona,  p.  1529  et  suiv.].  Sui¬ 
vant  les  jeux,  les  couronnes  étaient  de  chêne,  de  laurier, 
de  myrte,  d’ache,  de  pin;  le  rameau  ou  la  palme  était 
d’olivier  à  Athènes,  de  palmier  à  Délos.  Mais  à  cette 
époque,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  la  récompense 
véritable  des  athlètes  vainqueurs  était  la  gloire  dont  leur 
nom  était  entouré,  non  seulement  sur  le  lieu  même  de  leur 
triomphe,  mais  dans  leur  patrie,  et  pour  les  vainqueurs 
des  jeux  panhelléniques,  dans  la  Grèce  tout  entière. 

On  verra,  dans  les  articles  spéciaux  consacrés  aux 
principaux  jeux  publics  de  la  Grèce,  quelle  était  l’af¬ 
fluence  des  spectateurs  à  Olympie,  à  Nérnée,  à  Delphes, 
à  l’Isthme  de  Corinthe.  Pour  assister  à  ces  fêtes,  ôn 
accourait  de  tous  les  points  de  la  Grèce  ;  des  historiens 
modernes  ont  pu  dire  avec  raison  que  les  quatre  grandes 
fêtes  d’Olympie,  de  Némée,  de  Delphes  et  de  l’Isthme, 
étaient  comme  les  assises  nationales  du  peuple  grec1. 

*  Corp.  inscr.  ait.  II,  n.  444  et  suiv.  —  îCorp.  inscr.gr.  1590.  —  *lb.  2214. 

—  *  l’aus.  III,  8,  §  1,  15,  §  1,  17,  §  6  ;  V,  8,  §  3.  12,  §  3.  —  5  Sympos.  V,  2. 

—  6  Pind.  Olymp.  X  97-98.  —  7  Schoemann,  Antiq.  gr.  II,  p.  74  ;  Curlius, 


es 


Mais,  en  outre,  les  Panathénées,  surtoutles  er«n  i 
thénées,les  Éleusinies,  les  //cm/t/endeThèh,  >'s  |* '*  >ana’ 
les  Ileraca  d’Argos,  les  Lycaea  d’Arcadie  attirail?^’ 
grande  foule;  beaucoup  de  cités  y  étaient  i„vi|("  “*• 
envoyaient  des  délégations  officielles  [tiieoma'  '»  *  T 
places  d’honneur  dans  les  hippodromes,  les  sh  i.  L 
théâtres,  étaient  occupées  par  les  présidents  eUr 
leurs,  par  les  prêtres  et  les  magistrats  de  Pamphlet!'^ 
ou  de  l’État  qui  donnait  les  jeux,  par  les  délégués  d'¬ 
autres  villes,  par  des  hôtes  d’honneur,  auxquels  avait  été! 
décernée  comme  un  témoignage  de  très  haute  estime  )à 
TTpoEopia  év  TOÏÇ  àycoctv  [proedria].  Le  spectacle  des  jeux 
était  gratuit.  L’assistance  à  la  plupart  des  jeux  m.cs 
était  interdite  aux  femmes. 

Les  jeux  tenaient  une  place  importante  dans  la  vie  des 
Grecs.  Le  rôle  qu’ils  jouaient  dans  la  vie  privée  a  peut! 
être  été  exagéré;  l’influence  qu’ils  pouvaient  exercer  sur 
l’éducation  des  éphèbes  ne  semble  pas  avoir  été  aussi* 
considérable  qu’on  l’a  dit.  On  oppose  souvent,  à  ce  point 
de  vue,  les  temps  qui  ont  précédé  le  règne  d’Alexandre] 
le  Grand  aux  périodes  hellénistique  et  romaine.  On 
est  tenté  de  croire  qu’aux  vu0,  vi°  et  v°  siècles,  il  n’y 
avait  pas  d’athlètes  de  profession,  tandis  que  plus  lard  ! 
et  jusqu’à  la  fin  du  monde  antique  l’athlétique,  ou,  dans] 
un  sens  plus  large,  l’agonistique,  devint  un  véritable 
métier,  un  art  qui  avait  ses  virtuoses  et  auquel  il  fallait 
se  consacrer  exclusivement.  Ainsi  formulée,  cette  oppo¬ 
sition  n’est  pas  exacte.  Sans  doute,  à  l’époque  ancienne, 
on  peut  citer,  parmi  les  vainqueurs  des  jeux  grecs,  soit 
des  personnages  qui  appartiennent  à  des  familles  très 
distinguées  et  que  seules  l’émulation  et  la  passion  de  la 
gloire  ont  fait  descendre  dans  l’arène;  soit,  au  contraire, 
des  individus  de  naissance  modeste,  qui,  dans  la  vie 
courante,  étaient  ouvriers  ou  petits  marchands  [atuleta, 
p.  515].  Mais,  dès  l’époque  de  Pindare,  un  double  lait 
apparaît  nettement.  D’une  part,  les  athlètes  vainqueurs 
vont  de  ieux  en  jeux  et  collectionnent  les  prix, 


si  ion 


peut  ainsi  parler  :  tel  ce  Diagoras  de  Rhodes,  doux  fois 
vainqueur  dans  sa  patrie  aux  Tlepolemeia ,  quaire  fois 
couronné  aux  jeux  Isthmiques,  deux  fois  aux  A'  micnsi 
vainqueur  encore  à  Athènes,  à  Argos  où  il  einpmbi  unsj 
les  Ileraea  le  bouclier  d’airain,  à  Pellène,  a  11.'  as,  ^ 
Égine  où  il  lutta  six  fois  avec  un  égal  succès,  à  Mogarc. 
enfin  vainqueur  au  pugilat  à  Olympie5;  ti  'j 
moste  d’Oponte,  vainqueur  à  la  lutte  dans  h  s  .)[ IIV  •,  J 
piques  et  dont  Pindare  mentionne  des  victoires 
Heures  aux  Isthmiques,  à  Némée,à  Athènes,  a  ■ 1 
chez  les  Parrhasiens,  au  sanctuaire  de  Zi  us  -J  1 

Eleusis-'.  H  semble  que  dans  c a 
art  héréditaire.  Dans 

à  la 
Hilare, 
ait  été 


Pellène,  à  Thèbes,  à 
taines  familles  l’athlétique  ait  été  un 


l’ode  consacrée  à  Xénophon 


de  Corinthe,  vainqueur 


course  du  stade  et  ou  pentathle  olympique 


après  avoir  rappelé  que  ce  meme 


Xénophon  avr 


.  jc  Némée, 


déjà  couronné  aux  jeux  de  l’Isthme  et  a  ceu  ^  ^  gouvent 
passe  en  revue  les  victoires  de  ses  aïeux  .  sUP 

de  son  père  Thessalos  aux  pieds  rapi  es  pavait vU 
les  bords  de  l’Alphée.  A  Delphes,  un  seu  J‘  e  m0jS, 
vaincre  au  stade  et  à  la  double  couise  ,  e  .  sUf|jsait, 
dans  l’aride  Athènes,  une  courte  .j°UI‘ne  neS.AuN 
pour  placer  sur  son  front  trois  gloi  ieus 

P.  Monceaux  et  Lalou*.  ^  j°i  /*• 


/lis/,  grecque,  t.  II,  p.  37  et  suiv 
-8  Schoemanû,  Op.  c.  II,  P-  74-75.  -  •  Olymp. 
IX,  v.  88-100. 


VU,  v. 


80-8G* 


—  1367  — 


LUI) 

.  .  Hellotis  (à  Corinthe),  il  triompha  sept  fois. 

fêtes  d’ALHona  g  prèg  deg  deux  mers  en  l’honneur 

Da"s  leS  eU X/ 1!!^ isthmiques),  Pthodore,  père  de  Thessa- 
de  P°seKlon  ,  Terpsias  etÉritime,  méritèrent  encore 
los.eti»sPar',n  ;iJ)Kes  Combien  de  fois  cette  famille  (la 

deP!!,Srn0lVétbides)  n’a-t-elle  pas  été  couronnée  à 
famille  du  8  ire  du  lion  que  vainquit  Hercule  (à 

Delpl’ev7  One  de  victoires  encore  au  pied  du  Parnasse 
-  '"kreosetAThèbes  !  Que  de  glorieux  témoignages 
escarpé, a  g  auguste  du  Lycée  qui  domine 

««f-X  «  Sicvono,  et  Mégare,  et  le  bois 
"ST*,  bacilles  »  Égine,  et  la  brillante  Marathon, 
r p u bée  et  les  villes  opulentes  qui  s  élèvent  au 
*  S  sommets  sourcilleux  de  l’Etna.  !  »  il  nous  parait 
'difficile  de  ne  pas  voir  dans  D, agoras  clans  Ephar- 
dans  Xénophon  et  ses  ancêtres,  dans  d  autres 
,*,c  comme  Téllicate  de  Cyrène-,  Thiéns  d’Argos- 
‘  ligB0S  de  Thèbes *,  des  hommes  qui  se  consacraient 
entièrement  à  l’agonistique,  sinon  par  profession,  du 
«noms  par  goût  ou  par  vanité,  peut-être  dans  certains  cas 
[par  tradition  de  famille.  Et  d’autre  part,  il  ressort  avec 
Évidence  de  plusieurs  passages  de  Pindare,  que  l’on  se 
préparait,  que  l’on  s’entraînait  pour  les  jeux,  qu  il  y 
avaii  des  écoles  et  des  maîtres  particulièrement  célèbres; 
Pindare  cite  Orsias8,  Ménandre  l’ Athénien8,  Milésias, 
qui  après  avoir  été  athlète  lui-même  et  avoir  remporté 
plusieurs  victoires,  forma  de  très  nombreux  disciples, 
dont  plus  de  trente  furent  couronnés1.  «  Il  est  plus  facile, 
ajoute  le  poète,  d’enseigner  ce  que  l’on  sait  soi-même  ; 
t  celui  qui  n’a  pas  appris  d’abord  est  toujours  ignorant,  et 
l’esprit  reste  léger,  s’il  n’a  pas  affronté  l’épreuve.  Celui 
qui  sait,  au  contraire,  pourra  dire  bien  mieux  qu  un 
autre,  par  quels  travaux,  par  quel  genre  de  vie  doit  se 
préparer  celui  qui  aspire  à  gagner  dans  les  combats 
i  sacrés  ces  palmes  si  désirables8.  »  Il  n’est  donc  pas  dou¬ 
teux  qu'il  y  avait  déjà  en  Grèce,  au  commencement  du 
i  v'  siècle,  des  écoles  d’athlctes  et  des  professeurs  d’agonis¬ 
tique.  Nous  ne  prétendons  pas  que  les  concurrents  fussent 
tous  sans  exception  des  athlètes  de  métier  ;  mais  de  tels 
athlètes  existaient  dès  cette  époque,  en  grand  nombre. 
Aussi  ne  peut-on  guère  voir  dans  l’agonistique  une  sim- 
ple  branche  de,  la  gymnastique  ordinaire  ;  c’était  vraiment 
une  science  à  part.  «  Il  serait  téméraire,  écrit  excellem¬ 
ment  M.  Paul  Girard,  de  prétendre  que  les  couronnes  des 
Panathénées  et  celles  des  jeux  Théséens  n’étaient  point 
recherchées  des  jeunes  Athéniens,  élèves  du  pédotribe. 
beaucoup,  sans  doute,  les  ambitionnaient.  Ce  n’était 
pourtant  pas  en  vue  de  ces  succès  que  la  majorité  des 
jeunes  gens  fréquentaient  les  palestres;  c’était  moins 
muon.  atin  de  briller  plus  tard  dans  les  grands  jeux  de  la 
rece'  heurs  modestes  travaux  n’eussent  pas  suffi, 
semble-t-il,  pour  les  rendre  capables  de  figurer  avec 
ral  ''  01ymPie  ou  à  Delphes.  Ces  rudes  épreuves  deman- 
f;.;'  un  entraînement  spécial  ;  elles  exigeaient  qu’on  se 
sou!  Ml  'SUl  '^e  k°nnc  heure  avec  le  genre  de  lutte  où  l’on 
pestr'r  l  de  va'ncre’  et’  Pour  ce^a’  qu’on  négligeât  le 
0(l  |t  '  j'1  ce  fui  ne  pouvait  se  faire  chez  le  pédotribe, 
en  nili'i  "l  lnl's  sc  livraient  â  des  exercices  variés,  sans 
lcs  11  d,lcun  nu  détriment  des  autres.  Ajoutez  que 
portii,,,  ]ili  nls  a,lx  ieux  ne  représentant  qu’une  infime 
1 1  population  athénienne,  on  a  peine  à  concc- 

1  XIII  » 

—  106-112.  -  2  pyth.  IX.  —  3  Nem.  X.  —  <■  Isthm.  III. 

Nem •  V,  18  et  suiv.  —  T  Nem.  VI,  72-73;  Olymp.  VIH,  55  et 


IJJD 

voir  qu’un  enseignement  national  comme  celui  de  la 
gymnastique  eût  pour  unique  but  l'éducation  de  ces 
rares  sujets9.  » 

Tout  ce  qui  précède  s’applique  spécialement  aux  jeux 
gymniques.  Pour  la  course  de  chars,  le  prix  était  décerné 
non  pas  au  cocher  qui  avait  pris  partà  la  course  et  dirige 
l’attelage,  mais  au  propriétaire  des  chevaux  :  c’est  ainsi 
qu’Hiéron  de  Syracuse,  Alcibiade  d’Athènes,  le  roi  Philippe 
de  Macédoine  furent  vainqueurs  à  Olympie.  Enfin,  dans 
les  àywveç  gousixof,  les  concurrents  divers,  rhapsodes,  cilha- 
ristes,  joueurs  de  flûte,  chanteurs,  chorcutcs,  acteurs  de 
tragédie  et  de  comédie,  furent  de  bonne  heure  des  profes¬ 
sionnels,  des  virtuoses.  Encore  moins  l’éducation  ordinaire 
pouvait-elle  préparer  les  jeunes  Grecs  à  la  poésie  tragique 
ou  comique.  Il  y  avait  plus  loin  encore  d  un  Eschyle,  d  un 
Sophocle,  d’un  Aristophane  à  un  jeune  Athénien  d  instruc¬ 
tion  moyenne  que  d’un  Diagoras  ou  d’un  Xénophon  de 
Corinthe  à  un  éplièbe  de  vigueur  et  de  souplesse  ordinaires. 

A  nos  yeux,  c’est  beaucoup  moins  dans  la  vie  privée 
des  Hellènes  que  dans  la  vie  publique  des  cités  grecques 
que  les  jeux  ont  tenu  une  place  considérable.  C’étaient 
en  tout  lieu  des  fêtes  officielles,  ou  tout  au  moins  ils  fai¬ 
saient  partie  de  fêtes  officielles  ;  ils  en  étaient  l’élément  le 
plus  populaire.  «  En  principe,  ils  n’étaient  que  1  acces¬ 
soire  des  cérémonies  religieuses  ;  en  fait  Cependant  ils 
tenaient  la  première  place.  Jamais  les  processions,  les 
chœurs  et  les  sacrifices  n’auraient,  sans  les  jeux,  attiré 
de  toutes  les  contrées  de  la  Grèce  un  pareil  concours  de 
pèlerins10.  »  Les  organisateurs,  les  présidents  des  jeux 
étaient  de  véritables  fonctionnaires;  les  prix  étaient  dé¬ 
cernés  au  nom  de  la  cité  ou  de  l’amphictyonie  qui  don¬ 
nait  les  jeux.  Pendant  les  jeux  comme  pendant  les  fêtes 
solennelles,  les  affaires  publiques  chômaient,  sauf  les 
cas  d’extrême  urgence  A  Athènes,  aucun  tribunal  ne  sié¬ 
geait  durant  les  Panathénées11.  Une  loi,  citée  par  Démos- 
thène  au  début  de  la  Midienne,  stipule  que  «  pendant  les 
Dionysies  du  Pirée,  où  se  donnent  des  tragédies  et  des 
comédies  ;  pendant  les  fêtes  Lénécnnes,  accompagnées 
des  mêmes  jeux  scéniques;  pendant  la  célébration  dos 
Dionysies  urbaines,  auxquelles  prennent  part  des  troupes 
de  jeunes  gens,  et  qui  comportent  des  festins  et  des  repré¬ 
sentations  scéniques;  pendant  les  jeux  publics  des  Thar- 
gélies,  il  ne  sera  pas  permis  de  prendre  des  gages,  de 
rien  exiger  de  personne,  même  de  ceux  dont  les  obliga¬ 
tions  sont  échues.  »  Et  Démosthène  ajoute  :  «  Vous  pous¬ 
sez  tous  l’humanité  et  le  respect  des  Dieux  jusqu  à  ditfé- 
rer,  pendant  leurs  fêtes,  la  réparation  des  injustices  qui 
ont  été  commises  auparavant12.  »  11  en  était  sans  doute 
de  même  pour  tous  les  jeux  qui  avaient  un  caractère 
officiel  et  public.  Les  Délies,  qui  comportaient  des  jeux 
très  brillants,  suspendaient  toute  action  judiciaire,  toute 
exécution  capitale.  Mais  la  conséquence  la  plus  grave  de 
ces  fêtes  était  l’établissement  de  trêves,  qui  avaient  un 
caractère  sacré.  La-  plus  célèbre  et  la  mieux  connue  de 
ces  trêves  sacrées  était  la  trêve  olympique  [Olympia]  ou 
’Exeyetpfa  [hif,romenia|.  Une  trêve  analogue  existait  pen¬ 
dant  les  jeux  Pythiques,  Isthmiques,  Néméens  [pythia, 
isthmia,  nemea].  L’État,  ou  la  fédération  d’Ëtats  qui  faisait 
célébrer  les  jeux  envoyait,  à  l’approche  de  la  fête,  des 
messagers  dans  toute  la  Grèce  pour  réclamer  le  bénéfice 
de  la  trêve  sacrée  en  faveur  de  la  ville  où  se  donnaient 

su,v. _  8  Olymp.  VIII,  59-04.  —  9  P.  Girard,  L’édite,  athénienne ,  p.  217-218. 

—  10  Schoemann,  Ant.  gr.  t.  lI,p.7S. — •*  A  Mien.  III,  53. —  12  Dcmosth.  C.  Alid.  10-12. 


LUD 


—  1368  — 


LUD 


les  jeux  et  de  tous  ceux  qui  s’y  rendaient1.  Toutes  les 
Ekécheiries  n’étaient  pas  également  respectées  par  les 
États  qui  ne  prenaient  pas  part  aux  jeux.  Seuls  les  grands 
jeux  nationaux  et  surtout  les  jeux  Olympiques  avaient  le 
privilège  d'arrêter  à  peu  près  complètement  toute  hostilité 
entre  Hellènes  [olympia].  A  Sparte,  toute  opération  mili¬ 
taire  était  rigoureusement  suspendue  pendant  les  Kar- 
neia,  qui  étaient  accompagnées  de  jeux;  les  soldats 
Spartiates  ne  pouvaient  pas  se  mettre  en  campagne  avant 
la  fin  de  cette  fête  [karneia]. 

Enfin  l’importance  publique  des  jeux  est  encore  attestée 
par  les  récompenses  et  les  honneurs  officiels  que  chaque 
État  accordait  aux  athlètes  vainqueurs.  Ces  récompenses 
et  ces  honneurs  étaient  surtout  caractéristiques  pour  les 
vainqueurs  des  grands  jeux  nationaux  Cvtiileta,  p.  515]. 
Dans  ce  cas,  l'athlète  était  vraiment  considéré  et  honoi'é 
comme  le  représentant  de  la  cité  tout  entière.  Sa  victoire 
était  celle  de  sa  patrie.  Il  était  reçu  en  triomphe,  comme 
un  général  vainqueur  des  ennemis.  Il  devenait,  au  moins 
pour  un  temps,  le  premier  citoyen  de  l’État.  Ses  conci¬ 
toyens  s'enorgueillissaient,  comme  lui-même,  de  son 
triomphe  à  la  course,  à  la  lutte,  au  pugilat.  Son  nom 
était  célèbre  non  seulement  dans  sa  patrie,  mais  dans 
toute  la  Grèce  2. 

Les  jeux  ont  peut-être  été  l’institution  la  plus  natio¬ 
nale  de  la  Grèce  antique.  «  Il  est  bien  vrai  que  les  Grecs 
pouvaient,  en  ces  occasions,  se  sentir  les  enfants  d’une 
même  patrie,  unis  malgré  ses  divisions  par  les  liens  du 
culte,  de  la  langue  et  des  mœurs,  recherchant  les  mêmes 
biens,  jouissant  avec  la  même  ardeur  de  ces  belles  et 
grandes  choses  inconnues  aux  Barbares,  et  dont  le  germe 
ne  pouvait  se  développer  en  dehors  du  sol  de  l'Hellade. 
Grâce  à  la  trêve  sacrée,  les  citoyens  mêmes  des  États  en 
guerre  les  uns  contre  les  autres  entretenaient  des  rela¬ 
tions  amicales  ;  les  inimitiés  s’apaisaient;  les  anciennes 
atrections renaissaient,  etils’en  formait  de  nouvelles3.  » 

3°  Période  hellénistique  et  romaine.  —  Nous  avons  in¬ 
sisté  longuement  sur  la  nature  et  l’histoire  des  jeux 
publics  de  la  Grèce  avant  Alexandre,  parce  que  c’est  la 
période  de  l’histoire  hellénique  pendant  laquelle  ils  ont 
revêtu  le  caractère  le  plus  distinctif  et  le  plus  original. 
Nous  nous  bornerons  à  indiquer,  pour  la  période  sui¬ 
vante,  les  modifications  que  ces  jeux  ont  alors  subies 
et  qui  en  ont  altéré  la  physionomie  primitive. 

Jusqu’alors  les  jeux  étaient  restés,  sous  leurs  diverses 
formes,  une  institution  purement  grecque.  Après 
Alexandre,  ils  se  répandirent  dans  toutes  les  conLrées  où 
pénétra  la  civilisation  hellénique,  surtout  en  Asie 
Mineure,  en  Syrie,  en  Égypte.  Alexandre,  qui  aimait 
beaucoup  les  jeux,  en  avait  fait  célébrer  à  plusieurs 
reprises  pendant  son  expédition  ;  il  se  plaisait  surtout 
aux  Dionysies  4.  Les  Diadoques  suivirent  son  exemple  ; 
les  diverses  capitales  hellénistiques  rivalisèrent  de  fêtes 
brillantes:  à  Alexandrie,  à  Antioche,  à  Pergame  furent 
donnés  des  jeux  magnifiques  et  fréquents  ;  à  côté  des 


1  Sclioemann,  O.  I.  t.  II,  p.  74-75.  —  2  p.  Monceaux  et  Laloux,  fleslaur. 
d'Olympie ,  p.  215-218.  —  3  Sclioemann,  p.  79-80.  —  4  Voir  en  particulier 
Droysen,  Hist.  de  l'hellénisme ,  I,  p.  707.  —  6  Corp.  inscr.  gr.  t.  IV,  Indices, 
p.  42-44;  Ditlenberger,  Sylloge  2,  Indices,  t.  Il,  p.  199-202  ;  en  partie.  Corp.  inscr. 
gr.  4472.  —  *  Corp.  inscr.  gr.  4472.  —  7  Ditlenberger,  Sylloge  2,  n.  318  :  décret 
des  Léféens,  qui  constitue  un  Ixit'.xo;  &T5v  xa0’  ’éto;  en  l’honneur  du  questeur 
M.  Annius  P.  f.  (118  av.  J.-C.).  —  8  Corp.  inscr.  gr.  Indices,  p.  43  sub  v.  xoivov.  — 
»  Ditlenberger,  O./.  245;  Plut.  Cleom.W  I;  A  rat.  XI.V.  — W  Corp.  inscr.  gr.  2139 
b,  2801.—  n  Ibid.  2347.  —  12  Ibid.  1572.  —  13  Dittenbcrger,  Sylloge*,  250,  251. 


capitales  les  anciens  centres  de  population  des  m 
quis  par  les  Grecs,  revêtus  parfois  de  noni  P  ySc°n' 
Sardes,  Tarse,  Aphrodisias,  Tralles,  Ancvr  -  n,°Uveaux> 
Stratomcée,  Apamée,  Ascalon,  Sidon  TVr  i 
ques  villes  nouvelles  ou  relevées  de  leurs Yui  "'’0lquel' 
Ilion  ou  Alexandria  Troas, s’efforcèrent 
villes  grecques5.  De  nationaux  les  jeux  devin, 
\ersels,  œcuméniques  (otxou[2.£vtxô;  ayoîv) G 
Des  jeux  nouveaux  s’ajoutèrent  aux  anciens  On 
t.nua  de  célébrer  en  Grèce  les  jeux  d’autrefois- moi 
outre,  des  concours  furent  fondés  en  l’honneur  desDin  T 
ques;  un  peu  plus  tard  en  l’honneurde  Rome  divin! 
de  ses  plus  illustres  généraux,  même  de  ses  fonction’ 
naires 7  ;  enfin  en  l’honneur  de  César,  d’Auguste  et  des 
empereurs.  Ces  derniers  jeux  ne  furent  qu’une  forme  du 
culte  provincial  de  Rome  et  d’Auguste;  c’est  pourquoi 
les  assemblées  provinciales  de  Grèce  et  d'Asie  les  célébrè¬ 
rent  souvent8.  Les  jeux  se  multiplièrent  alors  à  l'infini- 
il  serait  fastidieux  de  les  énumérer  tous  ;  citons  du  moins 
les  principaux  :  Antigoneia 9,  Attaleia10,  Demetreia ", 
Ptolcmaia 12,  Seleueeia 13,  Philadelpheiau,  Romaea'K 
Lucullia  1G,  etc.  ;  Caesareia  ”,  Augusteia ,s,  Sebasteia  ou 
Sebasta 19,  Trajaneia 20,  Hadrianeia  21 ,  Anlonineia% 
Commodeia 23,  etc.  D’autres  jeux  furent  institués  pour 
rappeler  le  souvenir  d’un  événement  heureux,  par  exem¬ 
ple  les  Soteria  de  Delphes,  en  l’honneur  de  la  déroule 
subie  par  les  Gaulois  en  27821.  Mais  les  Grecs  de  l’époque 
hellénistique  et  romaine  ne  se  contentèrent  pas  d’allon¬ 
ger  la  liste  de  leurs  jeux  pour  exprimer  aux  puissants  du 
jour  leurs  sentiments  de  flaLterie  et  de  soumission.  Ils 
firent  plus  ;  ils  voulurent  assigner  en  quelque  sorte  une 
place  à  leurs  idoles  nouvelles  dans  leurs  anciens  jeux 
nationaux.  Les  Athéniens  donnent  à  leurs  Dïonysia  le 
nom  de  Demetria  [demetria]  ;  les  habitants  d’Oropos 
appellent  les  Amphiaraea  d’autrefois  ’Agtpiapï#  «1 
‘Pcugafa  2S  ;  dans  une  inscription  trouvée  à  Cos,  on  lit  la 
formule  ’EXsusivtx  xà  xat  Kanrap-qa21’.  Ces  jeux  perdent  le 
caractère  religieux,  qui  avait  été  jadis  leur  caractère 
essentiel;  désormais  les  Grecs  se  préoccupent  moins  de 
rendre  hommage  à  leurs  vieilles  divinités  nationales  que 
d’honorer  en  toute  circonstance  et  de  toute  manièu  les 
nouveaux  maîtres  dont  ils  subissent  le  joug,  despotes 
macédoniens,  syriens,  égyptiens  ou  empereurs  m.n, mis. 
Les  grands  jeux  panhelléniques  sont  dépouilb  s  " 
prééminence  passée:  les nomsd 'Olympia,  de  /  //  /  '" 
attribués  à  des  jeux  nouveaux.  On  rencontre  des  ^ 

ques  à  Alexandrie,  à  Athènes,  à  Cyzique,  a  1  plu  • 

game,  à  Smyrne,  à  Tralles;  des  Pythiques  a  •  "  ’ 

Chalcédoine,  à  Hiérapolis,  à  Magnésie,  à  Mile  ,  ’ 

à  Périnthe,  à  Thessalonique,  à  Tralles;  des  s  11  ^ 

Ancyre21;  pour  donner  plus  d’éclat  à  dau  r  J  (5 1 »f, 
les  déclare  égaux  aux  jeux  Olympiques,  . 
égaux  aux  jeux  Pythiques,  Iconothoi  •  —  x  an- 

victoire  d’Actium,  Auguste  donne  un  ic  <  ,  et  st> 

ciens  Actia,  qui  devinrent  Axtkx  xa  p-£Ya 


r.'C,  (178,199. 

_ 17  Coi-?*] 

m  Corp.) 


-  «  Corp.  inscr.  gr.  215, 216, 283.  -  ^Ibxd.  3902,  5805  ,  D^.rf_  % 

009,  077;  Liv.  XLIII,  6-  -  ,c  Plut,  t.ucull.  23;  *?P! ,:Mcnbcrger,  077. 
inscr.  gr.  381,  396,  1180,  1239,  1240,  1378,  10'’’  *  U20,  1186,  3070,  S3|;’; 
inscr.gr.  3200,  3208,  3209,  5913.  —  19  /*•  tf2  >  '  ’  3*»08,  3428,  5013,^  ' 

-  20  J  b.  3208,  3209,  3428.  -  3.  1b.  240,  248,  283,  .720,  M8-  ?  _  *  I 

-22  lb.  240,  248,  4472.  -  *  lb.  248,  1720,  3.08 

berger,  G7G.  —  2 a  Ib.  078;  cf.  Corp.  inscr.  gr.  1  s9,3:  -A 

'llpàxXsia  Ko^iSeia;  1025  :  |«r4*a  nT*“  f  j 9  «  3498. 

-  27  lb.  IV,  Lie.  P.  43.  -  38  Ib.  4472,  5805.  - 


—  1369  — 


LUD 

tmlS  les  quatre  ans  le  2  septembre,  jour 
célébrèrent  <  ■  bataille;  0n  compta  par  actiades, 
anniversau-e  a.t  olympiades  [actia].  Aussi  les 
comme  on  *  la  Grèce  indépendante  tombèrent-ils 
anciens  jeu*  L  de  luS  en  plus  marquée;  quelqucs- 
dansuncdew  plus  célébrés  qu’irrégulière- 

unS  d’enUe  e  J  rurent.  Et  p0urtant  il  n’y  eut  jamais 
ment;  à  auu  ^  et  en  0rienl  qu’à  l’époque  impériale, 
plus  dej'  i‘x  j*on(qaicnt  dans  leurs  villes,  quelque- 

D6SP  d  ament.  Chaque  cité,  même  modeste,  possé- 

foispiU  '"je  son  hippodrome,  son  théâtre. 

d;ul  S°  ‘  nnic  des  jeux  subit,  lui  aussi,  quelques 
Le  pn’faLes  jeux  gymniques,  si  importants  au  vie  et 

passèrent  au  second  plan;  les  courses  h,p- 

,  les  àvS.K  rm«* occupèrent  désormais  la  pre- 
'T.’oIm  Plusieurs  documents  épigraphiques  nous 
" Inné,. t' qu’au  commencement  du  »•  siècle  a». 

T  jeux  équestres  des  Panathénées  se  cele- 
!;«nl  avec  un  éclat  vraiment  extraordinaire  [uireonao- 
204-205]  ;  les  courses  de  chars  étaient  les  plus 
brûlantes  et  les  plus  magnifiques  de  toutes.  D’autre  part, 
les  concours  de  musique  elles  jeux  scéniques  se  répan¬ 
dirent  partout  ;  à  l’imitation  d’Alexandre,  les  Diadoques 
favorisèrent  les  Dionysies  ;  on  en  célébra  désormais  dans 
la  plupart  des  grandes  villes  grecques  [dionysia,  p.  24bj. 

Il  est  probable  que  des  àywve;  p-outrixoi  furent  alors  intro¬ 
duits  pour  la  première  fois  dans  les  jeux  Isthmiques  et 
les  jeux  Néméens.  Dans  ces  concours,  les  chœurs  subsis¬ 
tèrent,  mais  leur  rôle  devint  accessoire.  Au  contraire,  les 
exécutants  isolés  prennent  la  première  place  :  une  ins¬ 
cription  relative  à  une  représentation  des  Soteria  de 
Delphes  au  me siècle  av.  J.-C.  nomme  des  rhapsodes,  des 
citharistes,  des  citharèdes,  des  joueurs  de  flûte,  des 
maîtres  de  flûte,  des  auteurs  tragiques,  des  auteurs 
comiques,  et  trois  chœurs  dont  les  choreutes  sont  cités 
chacun  par  leur  nom,  les  itaïosç  j^opeuxaf,  les  yopoi  àvôpcov, 
et  les  yo peinai  xtogixoi1.  Il  n’y  a  laque  des  individus  ;  les 
chœurs  ne  forment  plus  un  ensemble  en  quelque  sorte 
anonyme,  comme  autrefois.  Un  nouveau  concours 
s’ajoute  aux  chants,  aux  danses,  aux  rhapsodies,  aux 
jeux  scéniques  :  c’est  le  concours  d’éloges2  ;  les  inscrip- 
I  tions  mentionnent  l’èyxcüpuov  àirixôv,  éloge  en  vers,  et 
lèyx(i[i.(ov  X&Ytxdv,  éloge  en  prose  [laudatio,  i].  Jadis  les 
hymnes,  qui  étaient  des  lyxoSpuot  éirtxà,  étaient  exclusive¬ 
ment  consacrés  à  l’éloge  des  dieux  ou  des  cités  ;  à  cette 
I  époque,  les  vivants,  surtout  les  empereurs,  furent  loués 
I  comme  les  dieux.  Jupiter  Capitolin  et  la  Dca  Roma 
■  acquirent,  alors  un  grand  prestige  auprès  des  Èyxtopto- 
K  bïT,ou  Les  ayiôvsç  gouirixot  ont  perdu  leur  caractère 
Pet  leur  sens  religieux  primitifs.  Les  Dionysies  n’ont 

I  pom  a'ns'  dire  plus  de  rapports  directs  avec  la  légende 

de  Dionysos. 

9nant  aux  concurrents,  aux  àywviffxat,  ils  sont  devenus 
[  Ain- excePli°n  des  professionnels  de  leur  art  [atrleta]. 

ci  'n'1'  ”  ProPrement  dits,  cochers  de  quadriges,  musi- 
|  de ,'!'anteurs’  composileurs  d’éloges,  de  tragédies  ou 
I  lM1  '  ?ni  '''cs’  aclenrs  tragiques  et  comiques  sont  de  plus 
innm-.'r ’  pen,danl  Us  siècles  qui  précèdent  et  qui  suivent 
cent  '  ' llcment  p,“re  chrétienne,  des  virtuoses.  Ils  exer- 
jeux'n  UU'lier  el  gagnent  leur  vie  en  prenant  part  aux 
s  1,1  ment  des  associations  puissantes,  sous  le  nom 

Üill(*nl,  or  0  p  i 

Cirlnm inibus  *  1  *  2  là.  n»  G71  ;  v.  Lafaye,  De  poetarum  et  orator. 

I  ■  ’eteres.  —  3  Corp.  inscr.  gr.  5909;  kaibel,  Inscr.  gr.  Sic.  et 


LUD 

de  o’t  7tepi  tov  Aiôvjtov  Teyvtxai  [DIONYSIACI  ARTIFICES,  d( 
oi  Ttspî  xôv  'HpâxXea  [ATHLETA,  SYNODOS,  XYSTARCUA,  XYSTOSj. 

Ils  se  transportent  de  ville  en  ville,  et  donnent  des  repré¬ 
sentations  presque  quotidiennes.  Plus  que  jamais  ils 
sont  fêtés,  acclamés,  richement  payés  et  récompenses.  Si 
les  àywvei ;  |j.oui7ixot  et  les  jeux  scéniques  sont  plus  pr is<  s 
que  les  jeux  gymniques,  par  contre  les  athlètes,  les  bu¬ 
teurs  vigoureux  et  adroits  sont  plus  populaiies  que  les 
acteurs;  les  plus  célèbres  d’entre  eux  reçoivent  des  pen¬ 
sions  d’honneur  ;  beaucoup  de  cités  leur  décernent  h- titre 
de  citoyen  honoraire,  même  de  sénateur  !  ;  on  leur  cleve 
des  statues,  on  promulgue  des  décrets  en  leur  honneur. 

Les  fils  de  famille  se  mettent  à  leur  école  et  veulent 
comme  eux  paraître  dans  l’arène;  ils  y  réussissent  par¬ 
fois  et  acquièrent  une  grande  renommée.  L’athletique 
devient  au  iet  et  au  ne  siècle  ap.  J.-C.,  au  moins  dans  les 
provinces  grecques  de  l’empire,  un  sport  à  la  mode.  Elle 
pénètre  aussi  dans  la  société  romaine,  qui  cependant 
avait  d’abord  montré  une  véritable  répugnance  pour  1rs 
jeux  gymniques  :  l’une  des  plus  belles  salles  des  thermes 
de  Caracalla  était  ornée  de  très  nombreux  portraits  en 
mosaïque  d’athlètes  victorieux 

Les  jeux  grecs,  sous  leur  triple  forme  de  jeux  gym¬ 
niques,  de  courses  équestres  et  d’àyÆvEç  goocixof,  durèrent 
pendant  tout  l’Empire.  Encore  très  brillants  au  i",  au  11e  et 

même  au  début  du  me  siècle  de  l’ère  chrétienne;  ils  subirent, 

plus  tard,  l’influence  des  maux  de  toutes  sortes  qui  s’abat¬ 
tirent  sur  le  monde  romain  au  milieu  du  111e  siècle  et  au 
ive  siècle.  Leur  décadence  fut  progressive  et  irrémédiable. 
Les  plus  célèbres  d’entre  eux  résistèrent  jusqu’à  la  lin  du 
ive  siècle; l’empereur  Julien  essaya  même  de  leur  donner 
un  éclat  nouveau  ;  mais  ce  fut  en  vain.  Sous  Theodose, 
les  jeux  Olympiques  furent  abolis  en  394.  Cette  date 
marque,  on  peut  le  dire,  la  fin  de  l’agonistique  grecque. 

Nous  avons  montré  plus  haut  quelle  place  les  jeux 
tenaient  avant  l’époque  d’Alexandre  dans  la  vie  publique 
des  Grecs.  Ils  la  conservèrent  pendant  la  période  hellé¬ 
nistique  et  la  période  romaine.  Les  jeux  étaient  les  fetes 
les  plus  brillantes  qui  se  célébraient  dans  les  cites 
grecques.  Les  ruines  innombrables  de  stades,  d  hippo¬ 
dromes  et  de  théâtres,  qui  se  rencontrent  partout  en 
Grèce  et  dans  les  provinces  orientales  de  1  empire,  subi¬ 
raient  à  attester  la  difïusion  et  la  fréquence  de  ces  jeux 
jusque  dans  les  villes  les  plus  modestes.  Les  inscriptions 
qui  les  mentionnent  sont  de  même  très  abondantes.  On 
sait  d’autre  part  quelle  impulsion  les  jeux  donnèrent  a 
tous  les  arts,  en  particulier  à  la  sculpture  :  statues  de 
vainqueurs,  ex-voto  en  ronde-bosse  et  en  bas-relief, 
monuments  commémoratifs  de  victoires  remportées  dans 
l’arène  ou  sur  le  théâtre,  remplissaient  les  sanctuaires, 
les  places  publiques,  les  thermes,  tous  les  édifices  où  se 
donnaient  des  jeux.  La  littérature  dut  beaucoup  aux  àyûvE; 
aouffocoi  :  la  poésie  épique  et  lyrique,  la  tragédie,  la  comé¬ 
die  trouvaient  dans  les  jeux  des  occasions  répétées  de 
produire  des  œuvres  nombreuses. 

IL  ÉTRURIE.  —  L’Étrurie  mérite  une  place  à  part  dans 
l’histoire  des  jeux  antiques,  parce  que  c’est  à  elle  que 
Rome  a  emprunté  l’usage  des  courses  équestres  et  des 
combats  de  gladiateurs.  Les  jeux  étrusques  se  présentent 
dans  les  documents  avec  un  double  caractère,  funéraire 
et  religieux;  tantôt  ils  sont  représentés  dans  les  fresques 

liai.  1105  ;  Corp.  inscr.  gr.  5913;  Kaibel,  Ibid.  1102;  Corp.  inscr.  gr.  24.. 
_  4  Friedlaender,  Sittengesck.  Roms,  G'  édit.  t.  Il,  p.  497. 


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qui  décoraient  les  parois  des  grands  tombeaux1,  sur  les 
bas-reliefs  des  sarcophages,  sur  les  stèles  qui  marquaient 
remplacement  des  tombes  plus  modestes2  ;  tantôt,  au 
contraire,  ils  sont  cités  par  les  auteurs  anciens  comme 
ayant  une  origine  religieuse 3  ou  comme  ajoutant  à  l’éclat 
de  certaines  cérémonies  du  culte,  par  exemple  de  la  fête 
fédérale  annuelle,  qui  se  célébrait  à  Vulsinies  et  qui 
réunissait  les  douze  principales  cités  de  l’Ëtrurie*.  Il  n’y 
a  point  lieu  d  opposer  1  une  à  l’autre  ces  deux  catégories 
de  renseignements  :  chez  tous  les  peuples  de  l’antiquité, 
les  rites  des  funérailles  ont  eu  un  sens  religieux.  D’après 
une  antique  tradition,  dont  l’écho  se  retrouve  dans  Ter- 
tullien,  ce  serait  chez  les  Lydiens  de  l’Asie  Mineure  qu’il 
faudrait  chercher  l'origine  des  jeux  étrusques  :  mais  cette 
tradition  n’est  guère  qu’un  jeu  de  mots,  fondé  sur  le  rap¬ 
prochement  du  mot  latin  ludus  et  de  l'ethnique  grec 
Aûooi 5.  Hérodote,  d'autre  part,  rapporte  l’épisode  suivant  : 
après  qu'une  flotte  phocéenne  eut  été  battue  dans  les 
eaux  de  la  Corse  par  les  Étrusques  et  les  Carthaginois 
coalisés,  beaucoup  de  prisonniers  tombèrent  entre  les 
mains  des  vainqueurs,  qui  les  lapidèrent.  Cette  cruauté 
fut  punie;  en  particulier  chez  les  Agylléens  (‘habitants 
d’Agylla  ou  de  'Caere),  tout  ce  qui  passait  à  l’endroit  où 
les  Phocéens  avaient  été  tués,  devenait  estropié  et 
difforme  :  moutons,  bêtes  de  somme  et  humains  étaient 
également  frappés.  Les  Agylléens  s’adressèrent  à  l’oracle 
de  Delphes.  «  La  Pythie  leur  prescrivit  l'expiation  qu’ils 
pratiquent  encore  ;  en  effet,  ils  honorent  ces  victimes  par 
de  grands  sacrifices  funèbres,  et  ils  ont  institué  en  leur 
mémoire  des  jeux  gymniques  et  équestres 6.  »  Ne  pourrait- 
on  pas  conclure  de  ce  passage  d'Hérodote  que  la  Grèce  a 
été  en  cette  matière  l'initiatrice  des  Étrusques  ? 

-  Les  jeux  étrusques  ressemblaient  beaucoup  aux  àyàjveç 
grecs.  Ils  étaient  peut-être  moins  variés;  mais  les  trois 
principales  catégories  de  jeux  grecs  se  retrouvent  en 
Étrurie  :  jeux  gymniques,  jeux  équestres  ‘,  concours  de 
musique,  de  danse  et  de  chant8.  Parmi  les  jeux  gym¬ 
niques,  les  Étrusques  pratiquaient  :  la  lutte,  le  pugilat 
avec  le  ceste,  la  course  à  pied,  le  saut  avec  haltères,  le 
tir  à  l’arc,  le  jet  du  javelot,  le  jet  du  disque  ;  parmi  les 
jeux  équestres,  la  course  à  cheval,  la  course  en  biges,  la 
course  en  quadriges,  le  tir  de  l’arc  à  cheval,  le  jet  du 
javelot  à  cheval  ;  parmi  les  àywvsç  goutrixof,  les  concours 
de  lyre  et  de  flûte,  peut-être  la  pyrrhique  ou  danse  en 
armes9  ;  nous  avons  moins  de  détails  sur  les  ludi scaenici 
proprement  dits,  qui  ne  sont  représentés  sur  aucune 
fresque,  sur  aucun  bas-relief.  A  ces  jeux,  communs  aux 
Étrusques  et  aux  Grecs,  s’ajoutaient  chez  les  premiers  les 
combats  de  gladiateurs  ;  les  auteurs  anciens  sont  una¬ 
nimes  à  rapporter  que  l’Étrurie  a  été  la  patrie  de  ces  luttes 
sanglantes  et  inhumaines  [gladiator].  Enfin  les  jeux 
étrusques  comprenaient,  outre  les  àyûveç  et  les  concours 
proprement  dits,  toutes  sortes  de  représentations  et  de 
distractions  variées  :  des  bateleurs,  des  mimes,  des  acro¬ 
bates,  des  musiciens  égayaient  le  spectacle10. 

Ces  jeux  étaient  publics.  Sur  une  fresque  d’une  tombe 
découverte  près  de  Chiusi,  se  voit  une  tribune  ou  estrade 


1  Monum.d.  Ist.  t.  V,  pl.  xv-xvi,  xxxm  ;  Dennis,  Cities  and  ccmcteries  I,  p.  325 
et  suiv.  ;  II,  p.  3C3,  3G9,  379  et  suiv.  ;  Marlha,  L'Art  étrusque,  p.  410.  —  2  Dennis, 
Op.  c.  II,  p.  186  et  suiv.  ;  Martha,  O.  I.  p.  34i.  —  3  Terlull.  De  spect.  5. 
«(  In  Ëtruria  inter celeros  nlus  superslitionum  suarum  spcclacula  quoque  religionis 
nomine  instituunt  »;  cf.  O.  Muller,  Die  Etruskerl ,  p.  197  et  suiv.  — 4  Liv.  V,  1. 
—  6  Terlull.  L.  I.  5.  —  6  Herod.  I,  1G7.  —  7  Liv.  I,  35  :  «  equi  pugilesque  ex 
Elruria  maxime  acciti  ».  —  8  Id.  VII,  2  :  «  ludi  quoque  scenici...  ludiones  ex 


remplie  de  spectateurs11  ;  les  jeux  fédéraux  v  , 
attiraient  une  grande  foule  d’Étrusques  et  v  ‘  S‘niei 
[etrusci,  p.  824].  Nous  ne  savons  à  peu  près 
organisation.  Les  vainqueurs  recevaient  des  6  Cur 
et  des  palmes,  qui  sont  figurées  sur  plusieursC?Ur°nnes 
en  particulier  sur  l’une  des  peintures  de  la  Gm  ??  n’ 1 
Simia,  à  Chiusi12.  Les  jeux  tenaient  une  della 
dérable  dans  la  vie  des  Étrusques  ;  ils  étaient  IT*' 
comme  en  Grèce  une  institution  nationale  et  nom, I  n?" 
dans  la  tradition  romaine,  la  plupart  des  ienv  ’ 
étaient  d’origine  étrusque.  ”aains 

III.  Rome.  -  1“  Depuis  les  débuts  de  l'histoire  romain , 
jusqu  a  la  fin  de  la  République.  -  De  toute  antiquité^ 
y  eut  des  jeux  à  Rome,  puisque  les  historiens  en  men 
tionnent  dès  l’époque  de  Romulus.  Les  plus  anciens  jeux 
romains  que  nous  connaissions  avaient,  à  la  différence 
des  jeux  grecs  de  l’époque  homérique,  un  caractère 
nettement  religieux  ;  les  jeux  pendant  lesquels  les  com¬ 
pagnons  de  Romulus  enlevèrent  les  Sabines,  étaient  des 
courses  données  en  l’honneur  du  dieu  Consus13;  les 
Equi  rria,  qui  passaient  pour  être  les  jeux  les  plus  anciens 
de  Rome  avec  ceux  des  Gonsualia,  étaient  de  même] 
comme  leur  nom  l’indique,  des  courses  de  chevaux  ;  elles 
avaient  lieu  au  Champ-de-Mars,  en  l’honneur  de  Mars 14 
[consualia,  equirria].  D'après  Tertullien,  qui  cite  ses 
auteurs,  Pison  et  Suétone,  d’autres  jeux  furent  institués 
par  les  premiers  rois  de  Rome  en  l’honneur  de  Jupiter 
Feretrius,de  Mars,  de  la  déesse  Robigo,  d’autres  divinités 
encore 15  ;  il  insiste  sur  l’origine  idolàtrique  de  ces  jeux  : 

«  rei  causa  idolatria  est;...  cuiidolo  et  cui  superslitioni 
ludi  notarentur 16 .  »  Tarquin  l’Ancien  donna  un  grand 
essor  aux  jeux  romains.  Ce  fut  lui,  suivant  la  tradition, 
qui  fit  construire  le  Circus  Maximus  dans  la  vallée  située 
entre  le  Palatin  et  l’Aventin  ]circus];  il  donna  aux  jeux 
une  organisation  pour  ainsi  dire  régulière  et  décréta  qu’ils 
seraient  annuels;  il  fit  venir  d’Étrurie  des  chevaux  de 
course  ;  enfin  il  introduisit  à  Rome  le  pugilat 1 7.  Les  jeux 
ainsi  réorganisés  par  Tarquin  l’Ancien  furent  ceux  qui 
portèrent  plus  tard  le  nom  de  ludi  Romani  ou  magné*  | 
[ludi  romani].  Sous  la  République,  d’autres  jeux  annuels 
furent  créés  :  les  ludi  Plebeii  au  mc  siècle  av.  J--L-  lu,DI 
plebeii]  ;  les  ludi  Ceriales  vers  la  même  époque  [ceueaJ 
lia]  ;  les  ludi  A  poil  inares  en  212  [ludi  apollinaiies  ,  les 
ludi  Megalenses  en  204  [megalesia]  ;  les  ludi  Un  a  e J 
en  173  [floralia].  Au  dernier  siècle  de  la  Républiqm  ,  u’s 
jeux  d’un  caractère  différent  furent  fondés  pour  p<  ,  lj^ 

le  souvenir  des  victoires  remportées  par  Sylla  elLi  s.ii . 

ludi  Victoriae  Sullanae  (82-81),  les  ludi  I  ici») 
saris  ou  Veneris  Genetricis  (46)  [ludî  victoriae  ■  j  ^ 
NAE,  LUDI  VICTORIAE  CAESARIS].  Ce  furent  là,  jUMp  '  ^  ^ 

blissement  de  l’Empire,  les  seuls  jeux  à  la  fois  al11 

officiels  de  Rome.  .  ]eS 

Mais  d’autres  jeux  furent  souvent  celé  ai  (  s  1^  ^ 

magistrats  romains  en  accomplissement  d  un  ' 
apaiser  la  colère  divine,  lors  d’un  triomphe,  c  1  ,uX 
cace  de  temple  ou  d’édifice  public.  C  étau  n  ^  euX 
extraordinaires.  Il  est  probable  que  la  p  L1P,H 

Elruria  acciti  . .  -  9  La  plupart  de  ccs  jeux  sont  rcr'*‘'  |  *  p|.  xv-*v  1,1 

de  deux  lombes  découvertes  prés  de  Cliinsi  .  Alu"  379  et sli''  " 

xxxm;  cf.  Dennis,  Op.  c.  1,  I,  p.  325  et  suiv.;  >’ _  u  ]l)ld  _  U  M*»-  * 
Martha,  l'Art  étrusque,  p.  390.  -  Marlha,  L-  «■  Varr.  De  ling-  la  ‘ 

Ist.  V,  pl.  XV.  -  <3  Liv.  I,  9;  Plut.  Romulus,  H-  __  „  Liv.  U 

VI,  13.  —  15  Terlull.  De  spect.  S.  —  ,e  /b,d- 
—  18  Ibid. 


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l  j'abord  ce  caractère  .:  nous  le  savons 
aiunie's  cur,'n  lcs  ludi  Apollinares,  qui  furent 
expre^emen  F  lapl.cmière  fois  en  212,  mais  qui 

v0U,S  'Vii'linilivement  organisés  comme  fête  annuelle 
j,e  furent  a  pQur  leg  ludi  Fiorales ,  qui  parais- 

d  f'^  (IU  C".;t.réé’g  en  240  ou  238 »,  et  qui  ne  devinrent 
seot  av°"  11  gn  olltre,  nous  connaissons  un  assez 
annuels  qu  en  .  extraordinaires,  qui  furent  donnés 
»J  "ilement  tel  fut  le  cas  des  jeus  tumulte, 


gra 

U,ie  f°13  n^irir  'le  dictateur  A.  Postumius  Tubertus  (431 
causa  vot  ceux  qui  furent  voués  par  le  dictateur 

Vunus  Camillus  en  396,  et  qui  furent  célébrés  en  392 
'  ,  .  mrK,ils  L.  Valerius  Potitus  et  M.  Manlius,  apres  la 
p;U  "i,  véies5  •  de  ceux  qui  furent  voués,  lors  du 
Julius  Gallictls  de  360,  par  le  dictateur  Q.  Servilius 
Lia6  de  ceux  que  le  premier  Africain  avait  voues  en 
Fsnatme  pendant  une  mutinerie  de  ses  troupes,  et  qu  il 
h  Rome  en  203,  à  la  veille  de  partir  pour  la  Sicile 
et  l’Afrique '  ;  de  ceux  encore  que  P.  Cornélius  Scipio, 
propréteur  en  Espagne,  avait  voués  en  l’honneur  de 
Jupiter  pendant  un  combat  indécis  contre  les  Lusitaniens, 
et  qu’il  célébra  à  Rome  l’année  de  son  consulat,  en  194 
av  J.-C.,  etc.  On  donne  parfois  à  ces  jeux  extraordi¬ 
naires  le  nom  de  ludi  votivi 8.  Les  magistrats  romains 
promettaient  des  jeux  à  la  divinité  comme  ils  lui  promet¬ 
taient  un  sacrifice  extraordinaire  ou  l’érection  d’un  temple 
nouveau.  Dans  d’autres  circonstances,  les  jeux  faisaient 
l’office  de  véritables  actions  de  grâces  :  ainsi,  après  que 
les  Gaulois  se  furent  éloignés  de  Rome,  le  dictateur 
M.  Furius  Camillus  lit  décréter  par  le  Sénat  que  des  ludi 


Capitolini  seraient  célébrés,  quod  Jupiter  Optimus 
Maximus  suarn  sedem  atque  arcem  populi  Romani  in 

re  trépida  tutatus  esset 9. 

Outre  les  jeux  publics  soit  ordinaires,  soit  extraor¬ 
dinaires,  il  y  avait  à  Rome  des  jeux  privés,  c’est-à-dire  des 
jeux  qui  étaient  célébrés  par  des  particuliers.  Ces  jeux, 
autant  que  nous  pouvons  le  savoir  pour  l’époque  républi¬ 
caine,  étaient  surtout  des  jeux  funèbres  ( ludi  funèbres ), 
qui  tantôt  suivaient  de  très  près  les  funérailles  du  défunt 
[FUNus,p.  1400-1401],  tantôt  étaient  célébrés  après  un  plus 
long  intervalle  en  l’honneur  du  défunt,  ou  même  en  l’hon¬ 
neur  de  deux  défunts  de  la  même  famille.  Par  exemple, 
en  l’année  206,  le  premier  Africain  donna  à  Carthagène 
des  combats  de  gladiateurs  et  des  jeux  funèbres  en  mé¬ 
moire  de  son  père  et  de  son  oncle,  P.  Cornélius  Scipio  et 
(  n.  Cornélius  Scipio,  tués  tous  deux  cinq  ans  aupara- 
'anl  Lorsqu’ils  étaient  célébrés  à  Rome,  les  jeux  funè- 
1,res  pouvaient  avoir  lieu  sur  le  Forum  romain11  ou  sur 
b  Forum  Boarium 13.  Vers  la  fin  de  la  République,  les  ambi- 
Deux  qui  briguaient  les  suffrages  du  peuple  lui  offraient  des 
JLux,  en  particulier  des  combats  de  gladiateurs  :  il  fallut 
rai‘me,  à  l’époque  de  Cicéron,  promulguer  des  lois  contre 
C0  mo,*e  de  captation  de  l’opinion  publique  [ambitus, 

1  ■  même,  avant  l’Empire,  les  riches  Romains, 
stM'dnl  en  cola  l’exemple  des  Étrusques  et  des  Campa- 
^'j8’  iraient  à  leurs  invités  des  jeux  et  des  combats  de 
j'J'  mleurs,  en  même  temps  que  des  repas  d’un  luxe 
11  •  Quelques-uns  d’entre  eux  possédaient  de  véri- 


ï^t.  v  12  ;  XXVI,  23;  XXVII,  23.  —  2  Vell.  Pat.  I,  14,  §8.-3  OvkL 
-  -I  j,j  ’x  4  Liv.  IV,  27.  —  S  Id.  v,  19  et  31.  —  6  Liv.  VII,  H. 

jeu, a,,  m,'  UM’  38  cl  i 3-  -  8  Id.  XXXV,  1  et  XXXVI,  36;  cf.  pour  d’autres 
•>«C're’  L‘V'  XXX1,  9  Ct  44  ’  XXX1,  49  !  XXXIX>  22’  clc- 1  Mommsen 
avili  21  'M,mucl  des  antirl-  t.  XIII,  p.  265,  n.  5.-9  Liv.  V,  50.  —  *0  Liv. 

11  Liv.  XXIII,  30;  XXXI,  50;  Plin.  Bist.  nat.  XXXV,  33. 


tables  troupes  de  gladiateurs  [gladiatoh,  p.  1577].  Enfin 
l’habitude  était  déjà  prise  d’ordonner  par  testament  des 
jeux  du  même  genre14. 

Les  plus  anciens  jeux  romains  furent  des  courses  de 
chevaux  et  des  courses  en  chars  [gonsualia,  equirkia, 
circus].  Tarquin  l’Ancien  paraît  y  avoir  ajouté  des  jeux 
gymniques,  puisqu’il  fit  venir  d’Étrurie  des  pügiles  en 
même  temps  que  des  chevaux  ;  pourtant  les  exercices 
athlétiques  furent  d’abord  peu  goûtés  et  peu  populaires 
chez  les  Romains.  Pendant  longtemps,  les  seuls  jeux  qui 
se  donnèrent  à  Rome  furent  ceux  du  cirque16.  En  364, 
des  jeux  scéniques,  ludi  scaenici ,  y  furent  pour  la  pre¬ 
mière  fois  célébrés.  Par  cette  innovation  les  Romains  se 
flattaient  d’apaiser  la  colère  des  dieux,  à  laquelle  ils  attn- 
buaient  une  peste  épouvantable  qui  désolait  leur  ville.  Les 
jeux  scéniques  furent  d’abord  de  simples  danses  ou  pan¬ 
tomimes  avec  accompagnement  de  flûte;  puis  on  y  joignit 
des  vers,  jusqu’au  moment  où  Livius  Andronicus  donna  à 
ces  jeux  une  forme  plus  littéraire,  et  en  fit  de  véi  itables 
représentations  dramatiques  n.  Dès  lors  les  jeux  scéniques 
acquirent  une  grande  vogue  :  ils  eurent  leur  place  dans 
la  plupart  des  jeux  ;  ils  furent  ajoutés  aux  jeux  dû  cirque 
dans  les  ludi  Romani  ;  ils  formèrent  d’abord  presque  tous 
les  ludi  Apollinares ,  peut-être  aussi  tous  les  ludi  Mega- 
lenses  ;  ils  furent  la  partie  essentielle  des  Floralia.  On  en 
donnait  aussi  dans  les  jeux  extraordinaires  et  dans  les 
jeux  privés18  [atellanae  fabulae,  comoedia,  tueatrum]. 

Les  combats  de  gladiateurs,  comme  les  jeux  scéniques, 
furent  empruntés  par  les  Romains  à  1  Étrurie.  Ils  ne 
figurèrent  d’abord  que  dans  les  jeux  funèbres  ,  les  pre¬ 
miers  d’entre  eux  furent  donnés  à  Rome  en  264  av.  J  .-G., 
par  Marcus  et  Decimus  Brutus,  à  l’occasion  des  funérailles 
de  leur  père  Brutus  Pera 19.  Bientôt  la  foule  y  prit  un  très 
vif  plaisir,  et  ces  combats  devinrent  de  plus  en  plus  fré¬ 
quents.  Les  candidats  en  donnèrent  pour  se  concilier  les 
faveurs  de  la  populace;  en  1  an  103  av.  J.-C.,  les  deux 
consuls  P.  Rutilius  Rufus  et  C.  Manlius  les  célébrèrent 
pour  la  première  fois  officiellement.  A  la  fin  de  la  Répu¬ 
blique,  la  gladiature  était  déjà  l’une  des  plaies  de  la 
société  romaine  [gladiator,  munera]. 

Des  jeux  à  la  mode  grecque,  des  àywvc;,  furent  célébrés 
à  Rome  pendant  les  deux  derniers  siècles  de  la  llépu- 
plique.  Le  premier  qui  offrit  au  peuple  le  spectacle  de 
luttes  d’athlètes  futM.FulviusNobilior,  en  186av.  J.-C.20. 
Son  exemple  fut  suivi  par  Sylla  en  81**,  par  M.  Aemilius 
Scaurus  en  58  22,  par  Pompée,  quand  il  inaugura  sou 
théâtre  en  55 23,  par  M.  Curio  en  53  2\  par  César  en  46 2S. 

Enfin,  pour  compléter  l’énumération  des  spectacles  de 
tout  genre  que  l’on  comprenait  sous  le  nom  de  ludi,  nous 
citerons  les  chasses  ou  combats  d  animaux  sain  âges,  qui 
remontent  au  moins  au  début  du  iic  siècle,  puisqu  une 
venatio  leonum  et  pantherarum  est  mentionnée  par 
Tite-Live  parmi  les  jeux  que  M.  Fulvius  Nobilior  offrit 
au  peuple  [venatio]  26,  les  naumachies  ou  simulacres  de 
batailles  navales  [naumachia],  les  danses  pyrrhiques,  les 
mimes,  le  ludus  Trojae,  exécuté  par  des  enfants  à  che¬ 
val  [trojae  ludus].  Rien  ne  peut  donner  une  idée  plus 
exacte  de  ce  qu’étaient  les  jeux  romains  à  la  fin  de  la 

_ ,2  yai  jiax,  nt  4,  §  7.  —  13  Nicol.  Daraasc.  ap.  Athen.  IV,  39.  —  H  Ibid.  ; 

Cic.  In  Vatin.  15,  37.  —  15  Liv.  I,  35.  —  16  Liv.  Vil,  2  :  nam  circi  modo  specta- 
culum  fuerat  (364  av.  J.-C.).  —  n  Liv.  VU,  2;  Val.  Mas  II,  4,  §  4.  —  18  Mommsen 
cl  Maniuardt,  O.  I.  XIII,  p.  266  ct  s.  p.  304-305.  —  1»  Val.  Mai.  II,  4,  §  7.  -  M  Liv. 
XXXIX,  22.  —  91  App.  De  bel.  cic.  I,  99.  —  22  Val.  Max.  II,  4,  7.  —  23  Plul.  Pomp. 
52.  _  24  Plia.  Nat.  hist.  XXXVI,  120.  —  25  Suet.  Caes.  39.  —  26  Liv.  XXXIX,  22. 


LUD 


—  1372  — 


République  que  la  description,  dans  Suétone,  tics 
spectacles  variés  ofïerts  par  César  au  peuple  romain 
en  45  :  combats  de  gladiateurs,  jeux  scéniques  dans 
toutes  les  langues,  courses  du  cirque,  luttes  d'athlètes, 
naumachie,  pyrrhique,  ludus  Trojae,  chasses1,  etc. 

Sous  la  République,  les  jeux  publics  de  Rome  étaient 
organisés  par  des  prêtres  ou  par  des  magistrats.  C’était 
a  des  prêtres  qu'incombait  tout  naturellement  le  soin  des 
jeux  qui  faisaient  partie  intégrante  du  culte,  du  rituel  : 
ainsi  les  Consuafia,  les  Equirria  étaient  préparés  et  pré¬ 
sidés  par  le  Collège  des  Pontifes2.  Il  était  de  même 
logique  que  les  jeux,  ordinaires  ou  extraordinaires, 
voués,  institués  et  célébrés  au  nom  de  l’État,  fussent 
organisés  par  les  représentants  de  l’État,  c’est-à-dire  par 
les  magistrats.  Pendant  les  premiers  siècles  de  la  Répu¬ 
blique,  ce  furent  les  consuls  ou,  dans  les  circonstances 
exceptionnelles,  les  dictateurs  qui  donnèrent  des  jeux  ; 
plus  tard,  l'organisation  et  la  surveillance  des  jeux 
annuels  furent  confiées  aux  édiles,  soit  aux  édiles  curules 
{ludi  Romani,  Megalenses,  Florales ),  soit  aux  édiles 
plébéiens  {ludi  Plebeii,  ludi  Cerialcs)  ;  le  préteur 
urbain  Tut  par  exception  chargé  des  ludi  Apollinares  ; 
en  44  av.  J.-C.,  César  créa  des  aediles  Ceriales  auxquels 
il  contia  le  soin  de  célébrer  les  ludi  Ceriales  [aediles, 
p.  99  et  100  .  Quant  aux  jeux  extraordinaires,  voués  au 
nom  de  1  État  par  un  magistrat  ou  un  général  en  cam¬ 
pagne,  ils  étaient  d’habitude  célébrés  par  ce  magistrat 
ou  ce  général,  après  son  retour  à  Rome  ;  par  exemple 
P.  Cornélius  Scipio  Nasica  célébra  à  Rome  en  191,  pen¬ 
dant  son  consulat,  les  jeux  qu'il  avait  promis  à  Jupiter, 
alors  que,  propréteur  en  Espagne,  il  livrait  une  bataille 
indécise  aux  Lusitaniens  3  ;  de  même  M.  Fulvius  Nobilior 
donna  à  Rome  en  186  les  jeux  qu’il  avait  voués  pendant 
sa  campagne  contre  les  Ëtoliens,  le  jour  de  la  prise 
d’Ambracie  par  ses  troupes  en  189  *.  Les  jeux  privés 
étaient  organisés  et  présidés  par  ceux  qui  les  donnaient; 
mais  les  édiles  exerçaient  sur  ces  jeux  un  droit  de  sur¬ 
veillance,  d’autant  plus  légitime  queces  jeux  avaient  lieu 
très  souventen public,  sur  le  Forum  romain  [aediles,  p.99]. 

Primitivement,  les  jeux  à  Rome  ne  duraient  qu’un 
jour  :  ainsi  les  Equirria ,  qui  se  donnaient  deux  fois 
chaque  année,  à  quelques  jours  d’intervalle,  le  27  février 
et  le  1 1  mars,  se  terminaient  chaque  fois  en  une  journée 
[equirria]  ;  il  en  était  de  même  des  Consualia ,  qui 
avaient  lieu  également  deux  fois  chaque  année,  le  21  août 
et  le  15  décembre  [consus].  Mais  peu  à  peu  la  durée  des 
jeux  fut  prolongée,  et  à  la  fin  delà  République,  la  durée 
respective  des  grands  jeux  annuels  était  de  quinze  jours 
pour  les  ludi  Romani  (4-19  septembre),  de  quatorze 
jours  pour  les  ludi  Plebeii  (4-17  novembre),  de  huit 
jours  pour  les  ludi  Ceriales  (12-19  avril),  de  huit  jours 
pour  les  ludi  Apollinares  (6-13  juillet),  de  sept  jours 
pour  les  ludi  Megalenses  (4-10  avril),  de  six  jours  pour 
les  ludi  Florales  (28  avril-3  mai),  de  Sept  jours  pour  les 
ludi  Victoriae  Sullanae  (26  octobre-lcr  novembre),  de 
onze  jours  pour  les  ludi  Victoriae  Caesaris  (20-30  juil¬ 
let).  Il  y  avait  ainsi  chaque  année  soixante-seize  jours 
consacrés  à  ces  grands  jeux  publics  :  de  ces  soixante-seize 
jours  dix-sept  se  passaient  en  ludi  circenses ,  cinquante- 


I  Suel.  L.l.  —  2  Mommsnn  et  Marquardl,  O.  I.  t.  XIII,  p.  251.  —  3  Liv.  XXVIII, 
38  et  45.  —  4  Id.  XXXIX,  5  et  22.  — •  5  Corp.  inscr.  lat.  I2,  p.  289  et  suiv.  —  6  De 
har.  resp.  II.  —  I  Liv.  II,  36  ;  Plut.  Coriol.  22.  -  8  Liv.  XXV,  2;  XXX,  26. 
—  3  Id  XXV,  2  ;  XXIX,  38.  —  10  Id.  XXIII,  30.  —  n  Id.  XXVIII,  10;  XXIX,  U  ; 


LUb 


cinq  en  ludi  scaenici ,  deux  en  equorum  probati, 
essais  de  chevaux  qui  accompagnaient  W  /  es  °« 
et  les  luti  Plebeii,  et  deux™ 
sacrés  qui  suivaient  ces  deux  mêmes  jeux*  i  ,rCpa* 
ci-dessus  représentent  la  durée  normale  de  i  "lîres 
ces  grands  jeux  ;  mais  il  pouvait  arriver  r  ^ 
l’autre  fût  prolongé  de  quelques  jours  Mr  i,  0u 

de  Yinstauratio.  Rien  ne  prouve  mieux  que  lT/™6 

ratio  le  caractère  religieux  de  ces  réjouissances  mZ T 
On  sait  combien  il  était  important  à  Rome  de  se  rr T' 
mer  strictement,  dans  les  cérémonies  du  culte  à  p,  .  ?r, 
détails  rituels  ;  la  plus  légère  omission,  le  moindre  cL.!l 
gement,  le  fait  en  apparence  le  plus  insignifiant,  avaient 
ce  résultat  d’annuler  la  cérémonie,  qu’il  fallait  ensuite 
recommencer,  si  l’on  ne  voulait  pas  provoquer  la  colère 
divine.  Les  mêmes  scrupules  se  produisaient  pour  la 
célébration  des  jeux  :  il  était  indispensable  qu’ils  fussent 
rite  facti,  et  Cicéron  nous  indique  pour  quelles  raisons 
insignifiantes  on  croyait  parfois  que  les  rites  n’avaient 
pas  été  observés  :  si  ludius  consista ,  aut  tibicen  repente 
conticuit ,  aut  puer  si  thensam  non  tenuit  aut  lomm 
omisit ,  aut  si  aedilis  verbo  aut  simpulo  aberravit*. 
Parfois  même  les  jeux  pouvaient  être  annulés  en  raison 
d  un  fait  qui  s  était  passé  quelque  temps  auparavant  à 
l’endroit  où  ils  devaient  être  célébrés.  Ce  fut  le  cas  en  491 
cette  année-là,  au  moment  où  les  jeux  allaient  s’ouvrir,  un 
malheureux  esclave  avait  été  battu  de  verges  dans  le  cirque, 
par  ordre  de  son  maître,  puis  de  là  mené  au  supplice hj 
Lorsque  de  tels  événements  se  produisaient,  il  fallait 
recommencer  les  jeux,  sinon  dans  leur  totalité,  du  moins 
dans  la  partie  pendant  laquelle  s’était  produite  l’omis¬ 
sion  ou  la  faute.  C’est  pourquoi  il  est  souvent  question 
dans  Tite-Live  de  ludi  in  diern  unutn  instaurât i\  per 
biduum  instaurati  9,  per  triduum  instaurait 10,  loti 
instaurai!11 .  Il  arriva  que  des  jeux  furent  recommencés 
plusieurs  fois,  ter'2,  quater ,3,  quinquies u,  sept  les1", 
Dion  Cassius  semble  même  rapporter  qu’on  en  recom¬ 
mença  jusqu’à  dix  fois16.  Au  Ier  siècle  de  1ère  chrétienne, 
l’empereur  Claude  crut  devoir  prendre  des  mesures 
contre  cet  abus  de  Yinstauratio11.  Il  édicta  quen  cas 
c Yinstauratio  les  jeux  équestres  ne  pourraient  êtredon-l 
nés  la  seconde  fois  que  pendant  un  jour. 

Depuis  les  débuts  de  l’histoire  romaine  jusqu  a  la  fini 
delà  République,  la  durée  des  jeux  ne  fitqu  augmenta  , 
les  dépenses  nécessaires  pour  les  donner  suiv  [n  ni  une 
progression  encore  plus  rapide.  Tout  d  abord  1 1  1  1  lo^ 
nissait  aux  magistrats  qui  organisaient  les  jeux  1  K 
les  sommes  dont  ils  avaient  besoin  :  cet  argent,  qui;  11 
du  Trésor  public,  portait  le  nom  de  lucar,  peut-'  6'  1  ■  ^ 
qu’il  était  prélevé  sur  les  revenus  des  bois  sacn»  s  j 
aux  environs  de  Rome 18  [lucus].  Jusqu  en  ann( 
av.  J.-C.,  le  Sénat  votait  pour  chacun  des  Jeux  q^lipie, 
naient  une  somme  déterminée  d’avance  .  P[u  '  ^ujLc  je 
lorsque  les  ludi  Romani  devinrent  annuels,  a  .g 

la  victoire  remportée  par  le  dictateur  A.  1  os  u 

du  lac  Régine,  le  Sénat  décréu,  que  CÉlat  doanwdcha^ 

année,  pour  la  célébration  de  ces  .LüXy  ^l’époque 
terces  19  ;  cette  somme  demeura  invariable  jusqu  1  ^  ^ 
des  guerres  puniques.  Mais  à  partir  de  a  111 

XXX,  39.  -  12  Liv.  XXIII,  30  ;  XXX,  26  ;  XXX(’  * ;  XI'L*Ü X|0  ' Dii.  &«•  L*’ 
XXXII,  28.  -  14  Id.  XXXVIII,  35.  -  15  U-  XXXI  y  VII  71  ;  Mommsen  ol 
_  17  Ibid.  -  18  Plut.  Quat.  rom.  88.  -  »  Dion.  Hal.  VU, 

((uardt,  O.  I.  t.  XIII,  p.  254. 


LUI) 


—  1373  — 


LUD 


.penses  de  l’État  pour  les  jeux  devinrent 
’b  Considérables  :  en  217,  il  donna  plus  de 
nr  ies  ludi  Romani 1  ;  en  51  av.  J. -G, 


.  J.-C.,  Us 


30000 


,  linndel’Étatatteignit760 000  sesterces.  En  212 
‘ait  donné  12  000  as  seulement  au  préteur  pour 


fccoi» 

'État  Tl^uïnares*)  en  51,  il  fournit  pour  les  mêmes 
5 '“$0000  sesterces;  la  même  année,  il  contribua  pour 
JT!  Sesterces  à  la  célébration  des  ludi  Pleben  .  Et 
60U  u  I  (,u  900  av.  J.-C.,  une  innovation  dangereuse 
[‘^finances  publiques  avait  été  adoptée  :  dès  lors  les 
PourltlL  muent  vouer  des  jeux  elle  Sénat  les  décréter 
d’avance  la  somme  nécessaire,  pecunia  in- 
san;!  De  raves  abus  furentbientôt  commis.  Pour  don- 
0  '  jeux  le  plus  d’éclat  possible,  les  magistrats  chargés 

ü!des  célébrer,  en  particulier  les  édiles,  voulurent  ajouter 
la  contribution  officielle  de  l’État  d’autres  ressources, 
obtenues  par  des  moyens  plus  ou  moins  licites  ;  c’est  du 
moins  ce  que  l’on  peut  induire  d’un  passage  de  Tite-Live, 
oùnous  lisons  que  les  jeux  donnés  par  l’édile  Ti.  Sempro- 
nius  pesèrent  lourdement  non  seulement  sur  l’Italie  et  sur 
les  alliés  latins,  mais  même  sur  les  provinces.  En  182,  sous 
le  consulat  de  L.  Aemilius  et  de  Cn.  Baebius,  un  sénatus- 
consulte  fut  promulgué  qui  réglementait  sans  doute  la 
matière,  mais  nous  n’en  connaissons  pas  les  dispositions. 
Trois  ans  plus  tard,  en  179,  lorsque  le  consul  Q.  Fulvius 
voulut  célébrer  les  jeux  qu’il  avait  voués  à  Jupiter  pen¬ 
dant  sa  campagne  contre  les  Celtibériens  et  pour  lesquels 
il  avait  ramassé  de  l’argent  en  Espagne,  le  Sénat  décida 
que  l’État  ne  dépenserait  pas  plus  d’argent  pour  ces  jeux 
que  pour  ceux  que  M.  Fulvius  Nobilior  avait  donnés 
après  sa  guerre  contre  les  Étoliens  ;  ilrappela  le  sénatus- 
consulte  voté  en  182  et  défendit  à  Q.  Fulvius  nequid  ad 
mludos  arcesseret,  cogeret ,  acciperet,faceret  adversus 
id matas  consultam"0.  Mais,  plus  la  populace  romaine 
montrait  d’enthousiasme  pour  les  jeux,  plus  les  citoyens 
ambitieux  s’efforcaient,  soit  pendant  leur  édilité  ou 
leur  préture,  soit  en  toute  circonstance,  de  les  célébrer 
avec  éclat  et  avec  luxe.  Ils  contractaient  même  des 
dettes  énormes,  certains  d’acquérir  plus  tard,  quand  ils 
seraient  envoyés  comme  gouverneurs  dans  les  provinces, 
des  fortunes  suffisantes  non  seulement  pour  se  libérer 
de  leurs  dettes,  mais  même  pour  donner  de  nouveaux 
jeux  avec  plus  de  faste  encore6.  Quelquefois  aussi  ils 
faisaient  appel  à  la  bourse  de  leurs  amis1,  ou  même  à 
aue  souscription  publique 8 .  Quant  aux  jeux  privés,  ils 
restaient  entièrement  à  la  charge  de  ceux  qui  les  don- 
Mlenl  .1  État  ne  s’en  occupait  que  pour  exercer  sur  eux 
son  droit  de  surveillance. 

I  ^d*'n  U  République,  les  jeux  avaient  pris  àRome 
larp  -1  *'  e‘  Une  ’mportance  considérables.  Les  plus 
|les7ret  leS  ^US  *mPortanfs  d’entre  eux,  en  particulier 
proiv  ^  ftll>nani  et  Us  ludi  Plebeii ,  s’ouvraient  par  une 
le  Foi  i  '"a  so^enne^e,  qui  partait  du  Capitole,  traversait 
p  jp"!'  ,  °rna‘ri  et  gagnait  1  q  Circus  Maximus 9  [circus, 
"  ' a  la  fin  des  jeux,  quand  les  courses 
représentations  scéniques  étaient  termi- 
S°us  |a  utl  rePas  sacré,  un  epulurn  [epula,  p.  738]. 
ainsi  qii;,1,Uhli,Iue-  Us  courses  de  chevaux  et  de  chars, 
jeux  gymniques,  quelquefois  des  combats 


équestres  et  les 
nées’  ü  y  avait  uni 


1  I.iv 
'•  Xlii, 

s, 

te. 


XXII,  io.  _  2  I  .  y 

■p.  254  __  "■  XXV,  12.  —  3  Mommsen  et  Marquardt,  Op.  c. 

[  Caes,  iqi  __  ^  '''  XXXI,.  9.  —  B  Liv.  XL,  44.  —  3  Plut.  Caes.  5; 
"  ' 8  Dion.'  na,  Vj.enec-  De  be™f-  H.  21.  -  »  Plin.  Nat.  Hist.  XXXIII, 
y  ’  O  ;  cf.  Plut.  Coriol.  21.  —  10  Ritgchl,  Parerga  su 


de  gladiateurs,  des  chasses  d’animaux  sauvages  (vena- 
(iones),  des  danses  ou  exercices  militaires  iarmatuna, 
pyrrhica)  se  donnaient  soit  dans  le  Circus  Maximus 
[circus,  p,  1193  et  p.  1200  et  suiv.],  soit  au  Circus  /•  la- 
minius  qui  fut  construit  en220.  Les  jeux  scéniques  eurent 
lieu  d’abord  sur  des  estrades  en  bois  qui  étaient  dressées 
pour  la  circonstance10;  encore  en  179  le  théâtre  qui  avait 
été  construit  pour  les  jeux  Apollinaires  ne  fut  que  provi¬ 
soire;  on  le  démolit  après  les  jeux.  La  première  scène  en 
pierre  fut  construite  en  174;  le  premier  théâtre  complet 
et  permanent  en  pierre  fut  celui  de  Pompée,  bâti  en  55 
[tueatrum].  Le  Forum  romain,  le  Forum  Boarium  ser¬ 
virent  aussi  sous  la  République  d  emplacements  pour 
les  jeux.  On  a  vu  plus  haut  que  les  Equirria.  se  don¬ 
naient  au  Champ-de-Mars. 

Primitivement  tous  les  citoyens  pouvaient  assister  aux 
jeux  ;  seuls  les  esclaves  et  les  étrangers  en  étaient 
exclus11.  Exception  était  faite  naturellement  pour  ceux 
des  étrangers  qui  avaient  été  admis  comme  hôtes 
publics  et  que  l’on  traitait  avec  les  plus  grands  égards. 
Des  places  d’honneur  étaient  réservées  aux  magistrats 
en  exercice  et  aux  prêtres  ;  plus  tard,  on  sépara  de  la 
foule,  en  leur  assignant  des  places  privilégiées,  les  séna¬ 
teurs  12  et  les  chevaliers  [theatrum,  circus,  p.  1188  .  En 
principe,  au  moins  dans  les  jeux  publics,  le  spectacle- 
était  gratuit;  mais,  vers  la  fin  de  la  République,  des 
jeux  privés  furent  donnés,  pour  lesquels  une  partie  au 
moins  des  places  étaient  payantes13. 

Quant  aux  acteurs  mêmes  des  jeux,  conducteurs  de 
chars,  athlètes,  gladiateurs,  chanteurs,  mimes,  danseurs, 
c’étaient  ,  en  règle  générale,  des  professionnels.  Les  jeunes 
Romains  ne  paraissaient  que  dans  quelques  jeux  parti¬ 
culiers,  d’un  caractère  militaire,  tels  que  la  Pyrrhica , 
le  ludus  Trojae,  les  ludi  Sevirales ‘L  Aux  premiers 
temps  de  la  République,  quelques  riches  Romains  avaient 
fait  courir  leurs  attelages  dans  le  cirque  ;  mais  cet 
usage  disparut  de  bonne  heure,  et,  jusqu  à  1  établisse¬ 
ment  de  l’Empire,  on  considéra  comme  une  honte  et  une 
humiliation  le  fait  pour  un  citoyen  de  paraître  dans  le 
cirque  ou  sur  la  scène  pour  l’amusement  du  public 
[circus,  atuleta,  gladiator,  mimus,  pantomimus,  histrio, 

SALTATIO,  etc.]. 

2°  L'Empire.  — Si  brillants  et  si  fréquents  que  fussent 
les  jeux  dans  les  dernières  années  de  la  République,  ils 
le  devinrent  bien  plus  encore  sous  l’Empire.  C’est  pen¬ 
dant  les  quatre  siècles  qui  s’écoulent  depuis  Auguste  jus¬ 
qu’à  Théodose  que  les  jeux  atteignirent  dans  tout  le 
monde  romain  leur  apogée. 

D’abord  le  nombre  des  jeux  publics  et  le  nombre  des 
jours  de  l’année  qui  leur  étaient  consacrés  augmen¬ 
tèrent  à  Rome  dans  des  proportions  considérables.  Des 
huit  jeux  publics  annuels  qui  existaient  à  la  fin  de  la 
République,  six  au  moins  se  maintinrent  jusqu'aux  der¬ 
niers  jours  de  l’Empife  :  les  ludi  Romani ,  Plebeii ,  Flo¬ 
rales.  Megalenses ,  Apollinares,  Ceria/es  sont  encore 
mentionnés  dans  les  Fasti  Philocali  ;  seuls  les  ludi  Vic¬ 
tor  iae  Sullanae  et  les  ludi  Yictoriae  Caesaris  dispa- 
*  rurent.  sans  que  l’on  sache  exactement  à  quelle  époque15. 
D’autre  part,  beaucoup  de  jeux  nouveaux  furent  insti¬ 
tuais  and  Terenz,  p.  214  et  suiv.  -  U  Cic.  De  harusp.  resp.  XII,  26. 

_  12  ljv  XXXIV,  41  et  54.  —  13  Mommseu  et  Mar<iuardl,  Op.  c.  t.  XIII, 

p.  260.  -  14  Plin.  Nat.  Hist.  XXI,  7.  —  1*>  Corp.  inscr.  lat.  13.  p.  299- 
300 

173 


LU) 


—  1374  — 


tués  :  sous  Auguste,  les  liait  Martiales ,  en  l'honneur 
de  Mars,  créés  à  l’occasion  de  la  dédicace  du  temple  de 
Mars  l  ltor  (2  av.  J.-C.),  ou  d'une  chapelle  (aedicula)  du 
même  dieu  sur  le  Capitole  1  ;  ces  jeux  se  célébraient  le 
l'2  mai;  ils  existaient  encore  au  iv°  siècle;  — les  ludi 
Augustales,  donnés  d'abord  pour  fêter  le  retour  d'Au¬ 
guste  de  1  Orient  en  19  av.  J.-C.2,  puis  annuels;  ils 
duraient  du  3  au  12  octobre;  on  les  célébrait  encore  au 
IV  siècle  ;  —  les  ludi  pour  l’anniversaire  de  la  naissance 
d  Auguste  (23  septembre),  qui  furent  déclarés  perpétuels 
en  S  av.  J.-C.3,  et  qui  durèrent  pendant  tout  l'Empire; 

enfin  les  Actia  de  Rome,  établis  à  l’imitation  des  Actia 
de  Nicopolis,  quise  célébraient  tous  les  quatre  ans,  mais 
qui  ne  paraissent  pas,  en  tant  que  jeux  de  la  capitale, 
avoir  survécu  à  Auguste  actia  .  Après  Auguste,  les  jeux 
se  multiplièrent  à  Rome  :  les  uns  furent  créés  en  l'hon¬ 
neur  de  divinités,  comme  Hercule,  Janus,  Neptune,  Sol, 
Irbs  Roma  4  ;  d  autres  furent  établis  pour  célébrer  l’an¬ 
niversaire  de  la  naissance  de  l’empereur  vivant  ;  ils 
duraient  après  sa  mort,  s'il  avait  reçu  l'apothéose  :  les 
empereurs  qui  furent  ainsi  honorés  sont  :  Auguste,  Ves- 
pasien.  Titus,  Nerva,  Trajan,  Hadrien,  Antonin  le  Pieux, 
Marc-Aurèle,  Luc.  Yerus,  Pertinax,  Septime  Sévère, 
Alexandre  Sévère,  Gordien  III,  Claude  le  Gothique,  Auré- 
lien.  Probus, Constance  Chlore,  Constantin  I,  Constance  II, 
Julien,  Honorius,  .Théodose  II,  Valentinien  III;  à  cette 
liste  il  faut  ajouter  L.  Aelius  César,  le  frère  de  Marc-Au- 
rèle,  et  Faustine,  la  femme  d’Antonin  le  Pieux3.  De  ces 
ludi  natalicii,  destinés  à  fêter  l’anniversaire  de  la  nais¬ 
sance  des  empereurs,  il  faut  distinguer  les  jeux  qui  se 
donnaient,  sous  chaque  empereur,  le  jour  anniversaire 
de  son  avènement  ( ludi  natalis  imperii).  D'autres  jeux 
encore  étaient  fondés  ob  laetitias publicas ,  pour  célébrer 
des  victoires  remportées  sur  les  ennemis  de  Rome  ou  les 
rivaux  de  l'empereur  :  tels  les  ludi  Parthici ,  institués 
par  Hadrien  en  souvenir  de  la  dernière  expédition  de 
Trajan6;  les  ludi  Adiabenici,  Alamannici,  Francici, 
Gotici,  Persici,  Sarmatici ,  créés  au  iv°  siècle  par  les 
successeurs  de  Constantin  ;  tels  encore  les  ludi  fugato 
Licin  io,  établis  sous  Constantin  pour  commémorer  sa  vic¬ 
toire  définitive  sur  son  rival  Licinius7. 

Une  mention  spéciale  doit  être  accordée  aux  jeux  sécu¬ 
laires  [saecülares  ludi]  qui  furent  célébrés  sept  fois  sous 
l'Empire,  en  17  av.  J.-C.  par  Auguste,  en  47  ap.  J.-C. 
par  Claude,  en  88  par  Domitien,  en  147  ou  148  par 
Antonin  le  Pieux,  en  204  par  Septime  Sévère,  en  248  par 
Philippe  avec  un  éclat  particulier  pour  le  millième  anni¬ 
versaire  de  la  fondation  de  Rome,  enfin  en  262. 

Rome  assista  sous  l’Empire  à  des  jeux  privés  très  fré¬ 
quents,  dont  les  uns  étaient,  comme  sous  la  République, 
des  jeux  funèbres;  dont  les  autres  étaient  des  fêtes 
offertes  soit  par  de  riches  particuliers  pour  commémorer 
un  heureux  événement  (tels  les  jeux  offerts  en  93  par 
L.  Arruntius  Stella  en  l’honneur  des  victoires  rempor¬ 
tées  par  Domitien  sur  les  Sarmates) 8,  soit  des  réjouis¬ 
sances  privées  offertes  par  les  empereurs  à  un  cercle  res¬ 
treint  de  privilégiés  :  à  cette  catégorie  appartenaient  les 
ludi Palatini  qui  se  célébraient  du  17  au  22 janvier  dans 

*  Ovid.  fast.  V,  545  et  suiv.  ;  Dio  Cass.  LIV,  8.  —  2  Dio  Cass.  LIV,  10.  —  3  Dio 
Cass.  LV,  6.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  12,  p.  300-301.  —  ô  Ibid.  p.  301-303.  —  6  Dio 
Cass.  LXIX,  2.  —  "  Corp.  inscr.  lat.  12,  p.  301-303.  —  8  Martial.  VIII,  78.  —  9  Momm¬ 
sen  et  Marquardt,  Op.  c.  t.  XIII,  p.  219.  —  10  Suet.  Calig.  54.  —  il  Tac.  Ann. 
XIV,  15.  —  12  Script,  hist.  Aug.  VII,  8;  XVII.  23;  Dio  Cass.  LXX1X,  10. 


LUD 


le  palais  impérial,  et  dont  les  calendriers 


font  encore  mention  9 


s  du 


iv« 


siècle 


1  ;  ce  fut  dans  des  ienv  , 
ble-t-il,  que  Caligula10,  Néron  11  Comm  "  1JI  és,  seo^j 

Élagabal  paru™,  su,'  U  scène Tlf""* 
1  arène  du  cirque  et  de  l’amphithéâtre.  ®’  (,ans 


Enfin,  des  jeux  grecs  nouveaux,  des  à» 

I  i  tués  nar*  TVéï-nn  1 3 


titués  par  Néron  ‘3,  par  Domitien,  par  GoE!11"*1 


lien.  L  Agon  Neroneus ,  qui  fut  abandonné  apr l  , 
de  son  fondateur,  fut  restauré  par  Gordien  II!  m°Pt 
le  nom  à.' Agon  Minervae'L  L’Agon  fondé 


en  243 


SOUS 


lé  par  Domitienii 

fui  le  plus  fameux  de  tous;  il  se  maintint! 


en  86,  sous  le  nom  i'Agon  Capüolinu,  "m,  ™  0UM]) 


de  l’Empire  ;  ,1  se  célébrait  tous 
1  mutation  des  grands  jeux  de  la  Grèce,  il  comprenait i  J 
jeux  gymniques,  des  jeux  équestres,  desàySmç  u.GU(Ttiw(i< 
Enfin  en  274,  Aurélien,  pour  donner  plus  d’éclat  au 
culte  du  soleil,  créa  un  Agon  Solis ,  dont  nous  ne  savons 
pour  ainsi  dire  rien  17. 


De  ces  jeux  si  nombreux,  fondés  par  les  empereurs,  il 
en  est  beaucoup  qui  n’eurent  qu’une  existence  éphémère; 
néanmoins,  on  se  rend  assez  bien  compte  de  la  place  que 
les  jeux  tenaient  dans  la  vie  publique  de  la  Rome  impé¬ 
riale,  et  de  l’accroissement  constant  que  leur  nombre 
subit,  lorsque  l’on  constate  que  dans  les  Fasti  Philocali , 
175  jours  de  l'année,  soit  presque  la  moitié,  étaientoccu- 
pés  par  des  jeux  réguliers  ( ludi  stati  ou  statividL 

De  Rome,  la  passion  des  jeux  se  répandit  en  Italie  et 
dans  les  provinces  occidentales  de  l'Empire,  en  -Afrique, 
en  Espagne,  en  Gaule.  Les  ruines  si  nombreuses  de  cir¬ 
ques,  de  théâtres,  d’amphithéâtres  qui  se  rencontrent 
dans  ces  régions  suffiraient  à  prouver  combien  les  jeux 
y  étaient  populaires  à  l’époque  romaine.  Mais,  de  plus, 
beaucoup  d’inscriptions  nous  apprennent  que  très  sou¬ 
vent  des  magistrats  municipaux  ou  de  simples  particu¬ 
liers  donnaient  à  leurs  concitoyens  le  spectacle  de  con¬ 
cours,  de  luttes,  de  combats  de  gladiateurs,  de  jeux 
scéniques  19  ;  quelquefois  aussi,  de  tels  jeux  étaient  londés 
par  testament,  et  une  rente  annuelle  destinée  à  en  faire 
les  frais  était  léguée  par  le  défunt20.  Et,  de  même,  les 
invectives  éloquentes  dirigées  par  Tertullien  et  pfl 
d’autres  Pères  de  l’Église  contre  les  jeux  et  les  spectacles 
païens  ne  s’expliquent  que  si  de  tels  jeux  et  spectacle® 

étaient  répandus  partout  et  passionnément  goûtés  . 

Pour  la  description  des  divers  jeux  nous  reuvoyonl 
aux  articles  :  athleta,  amphitueatrum.  circis,  ,LRSUSj 
DESULTOR,  GLADIATOR,  HISTRIO,  MIMUS,  MENERA,  _Y-u  i'aCEIAI 
ODEÜM,  PANTOMIMUS,  STADIUM,  THEATRUM,  VENATIO,  '-tC.  jk 

Les  jeux  étaient  les  fêtes  favorites  de  la  P°1H‘‘"| 
romaine.  La  foule  aimait  à  s’asseoir  pendant  -  ^ 
journées  sur  les  gradins  de  pierre  des  cirques,  ^  ^ 
phithéâtres  et  des  théâtres;  parfois  elle  >  Pa  .  .  x  à  la 
nuits,  lorsque  les  empereurs  lui  donnaient  ces  ,p  ■  • 
lueur  des  torches  et  des  lampes22.  Ces  spectac  - . 
étaient  pas  moins  nécessaires  que  le  pain  c  e  c  ia  i 

on  connaît  la  formule  fameuse  :  panem  et  f  eux- 

Romains  aimaient  passionnément  les  Jeux  et  par- 
mêmes  ;  ils  prenaient  parti  avec  un  ent  ousis 
fois  une  violence  extraordinaires,  Poul 


du 


ac.  Ann.  XIV,  20.  — 


.X  e,,pt  Dot»'1'  *■ 

14  Aur.  Vict.  Caes.  xXVI1'  cf  Borghcsi.  ®*J 
.et  .Ibid,  -n  Friedlaendei',  Sittengesch  H  P- -  J  |1I,  «  | 

I,  p.  379  et  suiv.  -  »  Corp.  inscr.  lat.  •  ,  P;  3  '  ele.  -«  1**»" 
;il,  XIV  passim.  -  20  1b.  VIII,  967/.H9  ,  905 j;  Ix, 
t.  13,  et  suiv.  -  22  Suet.  Domit.  4;  Eutrop.  IX, 


LUD 


—  1373  — 


LUI) 


,.n  gladiateur,  pour  un  pantomime  ou  un 
cirq“c-  P°,m  acclamations  ou  les  invectives  retentis- 
danseur.  guivant  que  les  favoris  de  la  multitude 

saieütaVec  ,  in  victoire  ou  se  laissaient  battre  par  leurs 
remportaient  lamasse,  le  cirque  était  à  la  fois  un 

concurren  ->■  un  iieu  de  rendez-vous  et  le  but 

tefflple> 11111  ^jrg  partout  on  voyait  des  groupes  s’entre- 
del°Ui  nnirses  avec  la  plus  grande  animation;  des 
lenir  r,  protestant  de  leur  longue  expérience,  y 
llomme.  ..'"l’urs  rides  et  leurs  cheveux  gris  que  c’en 
'"'“'lit  de  l'Empire,  si  tel  cocher  ne  gagnait  pas  la 
1  1  ,,g  jours  ou  il  y  avait  fête  au  cirque,  le  peuple 

^miait  avant  l’aube  ;  bien  des  gens  passaient  même  les 
y  t  veiller  dans  l’attente  de  cet  événement,  l’esprit 
Zi  et  Plein  d’anxiété.  Cette  foule  innombrable  suivait 
tes  les  Phases  de  ces  luttes  dans  un  état  d’agitation 
Lie1.  »  Les  jeux  de  l’amphithéâtre,  en  particulier  les 
combats  de  gladiateurs  et  les  chasses  d’animaux  sauvages, 
n’étaient  pas  moins  populaires  que  les  courses  du  cirque. 
Les  gladiateurs  vigoureux  et  hardis  étaient  acclamés;  les 
combattants  malhabiles  ou  lâches  étaient  condamnés  à 
mourir  par  la  foule  impitoyable  ;  plus  tard,  cette  foule 
assista  avec  joie  aux  martyres  des  chrétiens  livrés  aux 
bêtes  dans  l’amphithéâtre.  Quant  aux  jeux  scéniques,  ils 
étaient  réduits  presque  uniquement,  sous  l’Empire,  à  la 
farce  atellane  et  au  mime  [atellanae,  mimes,  pantomimes], 
dont  le  caractère  prêtait  souvent  à  l’obscénité.  La  passion 
pour  les  pantomimes  était  un  des  fléaux  de  Rome  .  les 
spectateurs  se  passionnaient  au  théâtre  pour  ou  contre 
tel  acteur,  comme  au  cirque  pour  ou  contre  tel  cocher. 
Mais  ce  n’était  pas  seulement  le  spectacle  lui-même  et 


l’intérêt  qu’il  y  prenait  qui  attirait  le  peuple  de  Rome  au 
cirque,  à  l’amphithéâtre,  au  théâtre.  Il  y  trouvait  encore 
d’autres  avantages  :  car  souvent  on  lui  donnait  à  manger 
et  on  le  comblait  de  cadeaux.  De  gigantesques  banquets 
étaient  servis  à  la  foule,  au  milieu  des  jeux,  et  quelque¬ 
fois  l’empereur  lui-même  y  assistait2.  Toutes  sortes  de 
fruits  et  de  comestibles,  des  figues,  des  dattes,  des  noix, 
des  gâteaux,  du  gibier  étaient  distribués  aux  specta¬ 
teurs;  enfin,  on  leur  jetait  des  jetons,  véritables  billets 
de  loterie  avec  lesquels  on  pouvait  gagner  de  l’or,  de 
1  argent,  des  pierres  précieuses,  et  jusqu’à  des  immeu¬ 
bles  en  ville  ou  des  maisons  de  campagne 3  [missilia, 
«SSERAEl. 


Enfin,  depuis  que  le  Forum  avait  été  fermé  aux  luttes 
politiques,  les  jeux  étaient  les  seules  occasions  offertes 
a  la  foule  pour  manifester  ses  sentiments  à  l'égard  du 
mailu‘  1  Empire.  Lorsque  l’empereur  paraissait  aux 
]eux’  *e  Peuple  l'acclamait  [acclamatio]  ;  il  n’était  pas 
uuf  que  1  on  profitât  de  sa  présence  et  de  sa  bonne 
Umenr  P0ur  lui  présenter  des  requêtes  et  des  suppli- 
sent  concernaient  soit  les  jeux  eux-mêmes4  (repré- 
dan'ï™  ^  °U  ted  §enre  spectacle,  apparition 
nicni  r"  nC  0U  ^  B’ludiateur  célèbre,  affranchisse- 
çe  j,  "n  ncleur  ou  d’un  cocher),  soit  tout  autre  sujet. 

contre  i',|-*a  SU'te  (d  une  dolente  manifestation  dirigée 
cer  i|,,  1"  11  1 E éâtre ,  que  Tibère  se  résigna  à  faire  repla- 
anl  p,s  thermes  d’Agrippa  YApoxyomenos  de 


1  Frieillacii(]er  o  /  ir 

!,»._}»  j  ’  ’  p-  342  et  suiv.  —  2  Suet.  Calig.  18  ;  Domit.  4;  Stal. 
'V,C  Bist.  xx xiv  ,  ‘  1L  ~  4  Tac-  BUt.  I,  32;  Suet.  Calig.  30.  —  8  Plin. 

XIX,  4.  o  C^’  Pour  d’autres  épisodes  analogues,  Joseph,  Antiq. 
U  ,l  LXXIII.'  4.  ,fUeV-  D°mit-  13;  Plul-  Galba<  17-  ^  0  Dio  Cass.  LXX1I, 
er0d,an-  h  12.  -  1  Suet.  Calig.  27  ;  Fer.  39  ;  Galba ,  t2  ;  Ves- 


Lysippe,  dont  il  avait  orné  son  propre  palais  \  Parfois 
aussi,  des  moqueries  ou  même  de  bruyantes  démonstra¬ 
tions  étaient  dirigées  par  les  spectateurs  des  jeux  soit 
contre  l’empereur  lui-même,  soit  contre  ses  favoris  ; 
au  théâtre,  il  arriva  souvent  que  des  allusions  aux 
affaires  publiques,  à  la  vie  privée  des  empereurs,  a  leur 
personne,  à  leur  entourage,  furent  soulignées  et  vive¬ 
ment  applaudies  par  la  foule7. 

Ainsi,  les  divers  jeux  publics  de  Rome  constituaient 
l’une  des  manifestations  les  plus  caractéristiques  de  la  vie 
sociale  dans  la  capitale  de  l’Empire.  Par  leur  nombre,  par 
leur  éclat,  par  les  spectacles  dont  ils  se  composaient,  par 
tous  les  événements  dont  ils  se  trouvaient  être  1  occasion, 
ils  tenaient  dans  la  Rome  impériale  une  place  très  consi¬ 
dérable.  Aussi  n’est-il  pas  étonnant  que  le  gouvernement 
se  soit  occupé  avec  soin  de  leur  organisation.  De  graves 
changements  furent  apportés  dès  le  début  de  1  Empire  à 
la  cura  ludorum.  Sous  la*République,  la  charge  de  pré¬ 
parer  et  de  célébrer  les  jeux  publics  annuels  avait  sur¬ 
tout  pesé  sur  les  édiles.  Sous  l’Empire,  ils  en  furent  com¬ 
plètement  débarrassés  [aediles,  p.  100  .  Auguste  la 
transféra  aux  préteurs  :  le  préteur  urbain  dut  &  occuper 
des  ludi  Megalenses ,  des  ludi  Florales  ;  le  préteur  péré- 
grin,  des  ludi  Augustales  [praetor  .  Les  consuls  furent 
chargés  des  Actia  et  des  jeux  destinés  à  célébrer  1  anni¬ 
versaire  de  la  naissance  d  Auguste  ;  à  partir  du  iic  siècle, 
ils  donnèrent  à  leurs  frais  des  combats  de  gladiateurs 
avant  leur  entrée  en  charge  ;  ils  offrirent  d’autres  jeux, 
de  plus  en  plus  coûteux  et  brillants,  le  jour  même  ou  ils 
prenaient  possession  de  leur  dignité  8.  Les  questeurs  ne 
furent  pas  épargnés  dans  cette  distribution  des  diverses 
charges  de  la  cura  ludorum.  En  l'an  47,  Claude  leur 
imposa  l’obligation  de  donner  tous  les  ans  des  jeux  de 
gladiateurs  à  leurs  frais,  pour  fêter  leur  entrée  en  fonc¬ 
tions9.  Entre  l’année  34  et  le  règne  de  Domitien,  l’obli¬ 
gation  ne  fut  pas  toujours  strictement  maintenue;  mais 
après  Domitien,  les  ludi  quaestorii  se  donnèrent  réguliè¬ 
rement  chaque  année.  Alexandre  Sévère  restreignit  cette 
charge  aux  seuls  questeurs  candidati  Caesaris  ;  pour  les 
autres,  il  leur  fournit,  sur  l’argent  du  Trésor  public,  les 
sommes  nécessaires  aux  jeux10  [gladiator,  mènera,  qeaes- 
tor].  Quant  aux  jeux  privés,  ils  étaient  à  la  charge  de  celui 
qui  les  donnait.  Hors  de  Rome,  la  charge  qui  résultait 
des  divers  jeux  pesait  tantôt  sur  des  magistrats,  tantôt 
sur  des  particuliers.  Les  jeux  qui  accompagnaient  les 
fêtes  provinciales  du  culte  de  Rome  et  d'Auguste  étaient 
célébrés,  au  nom  de  l’assemblée  provinciale,  par  le 
prêtre  de  la  province,  qui,  le  plus  souvent,  en  assumait 
les  frais  ;  dans  chaque  cité,  les  jeux  du  même  ordre 
étaient  organisés  par  le  flamen  Augusti  ou  flamen  per- 
petuus 11 .  Dans  les  cités  provinciales,  la  cura  ludorum 
continua  d’être  l’une  des  attributions  des  édiles  et  des 
duumvirs  [aediles  coloniarem  et  menicipiorum,  gladia¬ 
tor].  Enfin,  comme  nous  l’avons  indiqué  plus  haut,  des 
jeux  fréquents  furent  offerts  par  de  simples  particuliers 12. 

L’importance  prise  par  les  jeux  de  toutes  sortes  dans 
le  monde  romain  et  la  passion  avec  laquelle  la  foule  y 
assistait,  expliquent  la  popularité  vraiment  extraordinaire 


pas.  19  ;  Domit.  10;  Script,  bist.  Aitg.  IV,  29  ;  VII,  3;  XIX,  9.-8  De  Ruggiero, 
Il  consolato ,  ,p.  163.  —  9  Suet.  Claud.  24.  —  10  Script,  hist.  Aug.  XVIII,  43. 
_  U  P.  Guiraud,  Les  Assemblées  provinciales,  p.  120  et  suiv.  ;  E.  Beurlier,  Le 
culte  des  empereurs,  p.  112;  Carrelle,  Les  Assemblées  provinciales  de  ta  Gaule, 
|  p  gg  ei  i4i.  12  Liebenam,  StSdteverwaltung  im  rôm.  Seiche ,  p.  113  et  suiv. 


LUD 


—  137G 


<]ui  s  attacha  sous  1  Empire  aux  athlètes,  cochers  du 
cirque,  gladiateurs,  acteurs  et  mimes.  Ce  n’est  pas  ici  le 
lieu  d  insister  sur  la  célébrité  qui  fut  acquise  alors  par 
ces  diverses  catégories  de  personnages  ;  on  trouvera 
aux  articles  spéciaux,  athleta,  circus,  gladiator,  uistrio, 
mimus,  etc.,  les  détails  les  plus  circonstanciés  sur  chacune 
d  elles.  Mais,  à  côté  de  ces  professionnels,  des  amateurs, 
appartenant  parfois  à  de  très  hautes  familles,  se  produi¬ 
sirent,  de  gré  ou  de  force,  devant  le  public  du  cirque,  de 
1  amphithéâtre,  du  théâtre.  Des  empereurs  eux-mêmes, 
Néron,  Commode,  Caracalla,  s'abaissèrent  jusque-là; 
Néron  parcourut  la  Grèce  comme  un  histrion;  Commode 
parut  dans  1  amphithéâtre  sous  le  costume  et  l’armure  des 
gladiateurs;  Caracalla  conduisit  un  char  dans  le  cirque. 
De  tels  exemples  ne  furent  que  trop  suivis  par  des  cheva¬ 
liers,  par  des  sénateurs  même.  En  vain  quelques  empe¬ 
reurs  s’efforcèrent,  au  moins  pendant  le  premier  siècle  de 
l'Empire  \  de  mettre  un  terme*  à  ces  exhibitions  scanda¬ 
leuses  :  ils  n’y  réussirent  pas.  Ce  goût  irrésistible  des 
membres  les  plus  élevés  de  la  société  romaine  pour  les 
métiers  d’acteur,  d’athlète,  de  gladiateur,  de  cocher,  est 
un  des  témoignages  les  moins  équivoques  de  la  démora¬ 
lisation  profonde  et  incurable  dont  souffrait  alors  le 
monde  antique3. 

C’est  au  christianisme  que  revient  l’honneur  d’avoir 
attaqué  le  plus  énergiquement  cette  manie  des  jeux  et 
d'avoir  dirigé  contre  elle  les  premiers  coups.  Deux  rai¬ 
sons  essentielles  guidèrent  les  chrétiens  dans  cette  œuvre 
essentiellement  humaine.  D’abord,  comme  le  dit  Tertul- 
lien,  les  jeux  étaient,  au  moins  dans  leur  origine,  des 
pratiques  d'idolâtrie  3  ;  en  second  lieu,  ils  éveillaient 
dans  le  cœur  de  l’homme  les  plus  mauvais  sentiments, 
ceux-ci  par  leurs  obscénités  et  leurs  turpitudes4,  ceux- 
là  par  leur  sauvagerie  et  par  la  vue  du  sang5.  Sous 
l'influence  de  ces  idées,  Constantin  le  Grand,  par  un  édit 
de  326,  supprima  ce  qu'on  appelait  la  damnatio  ad  lu- 
dum  [gladiator,  p.  1599  ;  les  combats  de  gladiateurs 
subsistèrent  encore  jusqu’au  début  du  ve  siècle  ;  mais 
ensuite  ils  disparurent.  Les  courses  du  cirque  durèrent 
beaucoup  plus  longtemps  :  on  sait  quel  rôle  le  cirque 
et  ses  factions  ont  joué  dans  l’empire  byzantin  [circus, 
surtout  hippodromus,  p.  207  et  suiv.].  La  coutume  des 
venationes  se  maintint  en  Occident  :  on  en  trouve 
des  traces  encore  au  moyen  âge6.  Quant  aux  jeux  scé¬ 
niques,  tels  que  l'Empire  romain  les  avait  connus  et 
aimés,  ils  disparurent  complètement  :  lorsque  au  moyen 
âge  se  produisit  le  premier  réveil  de  l’art  dramatique, 
l’inspiration  en  fut  toute  chrétienne  ;  il  n’y  restait  plus 
rien  de  ce  qui  caractérisait  la  scène  antique. 

Les  jeux  romains  ne  le  cédaient  pas  en  importance  aux 
àyÆveç  helléniques.  Ils  n’étaient  ni  moins  fréquents,  ni 
moins  brillants,  ni  moins  populaires.  Mais  ils  n’ont 
jamais,  à  aucune  époque  de  leur  histoire,  revêtu  le  carac¬ 
tère  national  qu’ont  eu  les  jeux  grecs,  au  moins  du  ne 
au  ive  siècle  av.  J.-C.  Ils  n’ont  été,  sous  leurs  diverses 
formes,  que  des  réjouissances  et  des  spectacles.  Sous 
l’Empire,  leur  influence  a  été  néfaste,  démoralisante. 
Tandis  que  le  souvenir  des  jeux  Olympiques  ou  des  Pana¬ 
thénées  évoque  quelques-uns  des  traits  les  plus  nobles 

•  Suct.  Tib.  35;  Dio  Cass.  LVII,  14;  LX,  7;  Tac.  Hist.  II,  G2.  —  2  Frietl- 
laendcr,  O.  I.  t.  II,  p.  489.  —  3 Tertull.  Despect.  5,  13,  14.  —  '* Ibid.  17.  —  3  Ibid. 
19.  —  6  P.  Lacroix,  Mœurs,  usages  et  costumes  au  moyen  âge,  p.  236-237. 
—  7  Liv.  XXV,  12;  Macrob.  Sat.  I,  17,  §  28.  —  8  Liv.  Ibid..-,  Macrob.  Sat. 


LUD 


et  les  plus  sympathiques  de  la  civilisation 
vue  des  cirques,  des  amphithéâtres  et  des  la 

mains  rappelle  au  contraire  ce  qu’il  y  ava  t  !àlres  «>• 
plus  immoral  et  de  plus  inhumain  dans  le 

Ludi  Actiaci  [actia].  ldeanhque. 

Ludi  Apollinares.  —  Jeux  institué*  ô  r, 
neur  d’Apollon  pendant  la  seconde  guenv  T  ^ 
Quelques  années  après  le  désastre  de  fann*  PUnique>| 
av.  J.-C.,  le  Sénat  fit  consulter  un  recueil 
qui  avait  été  récemment  découvert  à  Rome  les  Z 
Marciana  [duumviri,  p.  433].  Tite-Live  et  MacrobZ!? 
ment,  contre  l’opinion  d’autres  historiens  et  annalkt!' 
qu  ils  ne  nomment  point,  que  cette  consultation  eut  I 
non  pas  à  l’occasion  de  quelque  famine,  épidémie  Z 
prodige,  mais  à  cause  des  victoires  d’Anniba!  et  de  iJ 
situation  critique  dans  laquelle  se  trouvait  l’État  romaiï 
La  réponse  des  Carmina  Marciana  nous  a  été  conservée! 
par  les  deux  auteurs  en  termes  à  peu  près  identiques  • 

«  Ilostem,  Romani ,  si  expellere  vultis,  vomicamque,quae 
gentium  venit  longe ,  Apollini  vovendos  censeo  h, dos 
gui  quotannis  comiter  Apollini  fiant ,  quüm  populus 
dederit  ex  publico  partern ,  privati  uti  conférant pro  te 
suisque.  Iis  ludis  faciendis  praeerit  praetor  is,  qui  jus 
populo  plebique  dabit  summum.  Decemviri  Graeco  ritu 
hostiis  sacra  faciant.  Haec  si  recte  faxitis ,  gaudebitis 
semper  fietque  res  vestra  melior ;  nam  is  Divus  extin-‘ 
guet  perduelles  vestros,  qui  vestros  campos  pascunt 
placide1.  »  Les  livres  sibyllins  furent  consultés  et  don¬ 
nèrent  la  même  réponse.  Aussitôt  le  Sénat  décida  que  des 
jeux  seraient  voués  et  célébrés  en  l’honneur  d’Apollon, 
et  que  le  préteur  urbain  recevrait  pour  ces  jeux  une 
somme  de  12000  as8.  Ces  jeux  furent  donnés  par  le 
préteur  P.  Cornélius  Rufus,  surnommé  Sibylla  ou  Sylla, 
dans  le  Circus  Maximus0 .  Les  spectateurs  portaient  des 
couronnes  de  laurier;  chacun  d’eux  dut  verser  une  coti¬ 
sation,  conformément  aux  prescriptions  des  Carmina 
Marciana10.  Pendant  quelque  temps,  les  ludi  Apolli¬ 
nares  furent  de  nouveau  décrétés  chaque  année  par  le 
Sénat,  et  le  jour  de  leur  célébration  variait  d  une  année 
à  l’autre11.  En  l’année  208,  une  épidémie  dangereuse 
ayant  éclaté  à  Rome  et  dans  les  campagnes  dalentoui, 
le  préteur  urbain  P.  Licinius  Varusfit  voter  par  le  peupla 
une  loi,  d’après  laquelle  hi  ludi  in perpetuum  in  stataM 
diem  voverentur.  Tite-Live  ajoute  que  le  jour  choisi  u  J 
le  troisième  jour  avant  les  nones  de  juillet,  et  que  ce  jouiJ 
ne  fut  pas  changé  depuis  lors12.  Il  y  a  là  une  erreui  niauB 
feste,  qui  provient  sans  doute  d’une  faute  de  11 V  ls  e  ’M 
faut  lire  :  le  troisième  jour  avant  les  ides  de  juif  ■  • 
effet,  Tite-Live  lui-même,  dans  un  autre  passage,  G 
que  ces  mêmes  jeux,  en  l’année  190,  se  et  <  11  1 

cinquième  jour  avant  les  ides  de  juillet13.  Primitivement, 

les  ludi  Apollinares  avaient  lieu  le  13  JU1  ,  j 
duraient  qu’un  jour;  mais  bientôt  /^Q^inquième 
d’importance  et  d’éclat:  si  en  1  anne  >  millet, 
jour  avant  les  ides  de  juillet,  cest-à-  ue  c  ces  jeux 
était  occupé  par  eux,  c’est  que,  dès  cette  eP^c  jana  les 
duraient  au  moins  trois  jours  (du  au  ^  g  aU 
anciens  calendriers,  ils  occupent  hui  J  ’  •  dale 

13  juillet;  dans  le  calendrier  dit  de  Ph, locales,  <1 

.  I,  17,  §  «.  -  10  XXVH,  23. 

XXVII,  23.  -  13  Lj,„  88-4>, 


Macrob. 


I,  17,  §29.-9  Liv.  Ibid. 

v,  Apollinares.  —  11  Liv.  XXVI,  23 ,  c 

—  13  Liv.  XXXVII,  4;  cf.  Mommsen  et  Marq  , 

n.  270. 


LCD 


LUD 


—  1377  — 


i  c  ils  en  occupent  neuf,  du  o  au  13‘. 
de  354  ap. ■'  eQ  2l2  les  ludi  Apollinares  furent 
0  après  ,inus  Maximus  :  c’étaient  donc  des  ludi 
célébrés  dans  heUre  des  jeux  scéniques  y 

“alSc„  Jm  av  .J  ,-C.,  le  Thyeste  d’Ennius  fut 
furent j0inLS  ’  jeux  donnés  par  le  préteur  C.  Sulpicius 

'T''  en  l'an  00  av.  J.-C.,  une  partie  des  jeux  se 
Gallus  ’  lh^tre3  A  la  fin  de  la  République,  les  ludi 

'Tllinares  comprenaient  aussi  une  venatio'.  Sous 
‘ ]  aae  jeux  gardèrent  toute  leur  importance  et 
ï’l«  éclat;  ils  se  célébraient  encore  au  milieu  du 

Kv’fanaée  ‘>12,  sur  l’ordre  des  Carmina Marciana,  le 
Min  d’orsaniser  et  de  célébrer  les  ludi  Apollinares  avait 

I  confié  au  préteur  urbain .  Ce  magistrat  resta  toujours 

chargé  de  cette  tache. 

Si  Wgustales.  -  Le  nom  d’Auguste  fut  donne  a  trois 
ludi  différents  :  1°  aux  ludi  natalitii  de  l’empereur,  qui 
•e  célébraient  le  23  septembre  de  chaque  annee,  date 
anniversaire  de  sa  naissance;  ces  jeux  furent  d’abord 
donnés  à  titre  privé  par  les  préteurs,  puis  un  senatus- 
.consulte  les  institua  officiellement  en  8  av.  J.-C.;  ils 
durèrent  pendant  tout  l’Empire  6  ;  2°  aux  jeux  annuels 
qui  accompagnaient  les  Augustalia,  depuis  1  année 

II  av.  J.-C. 7  ;  3°  enfin  à  des  ludi,  qui  furent  institués, 
d’après  Tacite,  Cannée  de  la  mort  d’Auguste,  sur  la  pro¬ 
position  des  tribuns  de  la  plèbe8.  Friedlaencler  croit  que 
ces  derniers  sont  les  mêmes  que  ceux  des  Augustalia , 
qui  se  célébraient  du  3  au  12  octobre  [augustalia]  9. 

Ludi  Gapitolini.  —  D’après  Tertullien,  le  nom  de  ludi 
Capitolini  aurait  été  porté,  dès  les  premiers  temps  de 
Rome,  par  des  jeux  que  Romulus  aurait  fondés  en  1  hon- 
neurdeJupiter  Feretrius;  les  mêmes  jeux  se  seraient  aussi 
appelés  ludi  Tarpeii i0.  Nous  ne  connaissons  rien  d’eux. 


D'autres  ludi  Capitolini  furent  institués  en  389,  après 
que  les  Gaulois  se  furent  éloignés  de  Rome.  Ces  jeux 
étaientcêlébrés  en  l’honneur  de  Jupiter  Optimus  Maximus, 
pour  remercier  le  dieu  d’avoir  sauvé  le  Capitole,  suam 
sedem  atque arcetn populi  Romani*1  .Ils  étaient  annuels, 
miennes.  Le  dictateur  M.  Furius  Camillus  reçut  du  Sénat 
la  mission  de  constituer  un  collège,  qui  devait  être  chargé 
de  les  organiser  et  se  recruter  uniquement  parmi  les 
Romains  qui  habitaient  sur  le  Capitole12.  Ce  sont  peut- 
être  les  membres  de  ce  collège  que  Cicéron  mentionne, 
dans  une  lettre  à  son  frère  Quintus,  sous  le  nom  de  Capi- 
i'>linil\  A  ces  jeux  Capitolins,  se  rattache  un  proverbe 


curieux,  assez  répandu  à  Rome,  mais  dont  l’origine  était 
oubliée.  D’après  Plutarque  14  et  Festus13,  pendant  les 
' eux  Capitolins,  on  amenait  devant  la  foule  un  vieillard, 
'obi  de  la  robe  prétexte  et  portant  au  cou  une  bulle  d’or, 
'lu*  Ion  promenait  en  criant  :  Sardi  vénales  ;  alius  alio 
'^pnor.  Suivant  les  uns,  le  mot  Sardi  signifiait  : 

rusques,  parce  que  le  peuple  étrusque  passait  pour 
^re  originaire  de  la  Lydie,  dont  la  capitale  était  Sardes; 
'Killard,  avec  sa  toge  prétexte  et  sa  bulle  d’or,  repré- 
dlt  1111 101  desVéiens,  fait  prisonnier  par  Romulus  et 
C  ,Mr  Publiquement.  Suivant  d’autres,  le  mot 
1  '  '  s‘ Suait  les  habitants  de  la  Sardaigne  ;  le  consul 


Ti.  Sempronius  Gracchus,  après  avoir  conquis  en  238 
av.  J.-C.  la  Sardaigne  et  la  Corse,  n'en  rapporta  comme 
butin  que  des  prisonniers  qui  se  vendirent  à  très  bas 
prix.  De  là  serait  venu  le  proverbe  :  «  Sardes  à  vendre; 
ils  ne  valent  pas  plus  les  uns  que  les  autres.  »  Aucune 
autre  mention  n’est  faite  de  ces  ludi  Capitolini. 

Beaucoup  plus  connu  est  le  concours  Capitolin,  institue 
par  Domitien  en  86.  A  la  vérité,  c’était  moins  un  ludus 
romain  qu’un  aydiv  grec,  et  le  nom  qu  on  lui  donne  d  ha¬ 
bitude  est  celui  A'Agon  Capitol  inus.  Ce  concours  fut  créé 
à  l’imitation  des  grands  jeux  grecs.  Il  comprenait  des 
ayiove;  braixof,  des  iywvs;  ytip-vixo!,  des  àywveç  goucixo!  ;  parmi 
ces  derniers,  il  y  avait  primitivement  des  concours  d’élo¬ 
quence  grecque,  d’éloquence  latine,  des  concours  de 
chorocitharistae  et  de  psallocitharistae ,  qui  disparurent 
de  bonne  heure  ;  au  contraire,  les  concours  de  poésie 
grecque  et  latine,  de  cithare  et  de  flûte  furent  maintenus 
pendant  longtemps.  Les  jeux  équestres  et  les  jeux  gym¬ 
niques  étaient  les  jeux  habituels  de  la  Grèce.  Domitien  y 
avait  ajouté  une  course  de  jeunes  filles;  mais  elle  tomba 
très  vite  en  désuétude 16.  Ces  jeux  Capitolins  furent  célé¬ 
brés  jusqu’aux  derniers  temps  de  l’Empire.  Les  prix  de 
poésie  étaient  très  recherchés  ;  en  1  année  110,  le  prix  de 
poésie  latine  fut  remporté  par  un  enfant  de  treize  ans, 

P.  Yalerius  Pudens  d’Histonium  11 . 

Le  concours  Capitolin  avait  lieu  tous  les  quatre  ans 
[quinquennale  certamen ),  probablement  en  juin  ou  en 
juillet.  Domitien  le  présida  lui-même,  en  costume  grec, 
le  front  ceint  d’une  couronne  d’or  où  se  voyaient  les 
images  de  Jupiter,  Junon  et  Minerve;  auprès  de  lui  sié¬ 
geaient  le  flamine  de  Jupiter  et  les  Sodales  Fluviales  . 
Pour  les  jeux  gymniques  et  équestres,  il  construisit  au 
Champ-de-Mars  un  stade  immense,  qui  pouvait  contenir 
plus  de  trente  mille  spectateurs,  et  dont  l’emplacement  est 
aujourd’hui  occupé  à  Rome  par  la  Piazza  Navone;  pour 
les  concours  scéniques,  il  éleva  1  Odaeum  [stadium, 
odaeum19]. 

Ludi  Ceriales  [cerealiaj. 

Ludi  Compitales  ou  Compitalitii  [compitalia]. 

Ludi  Florales  [floralia], 

Ludi  J uvenales,  lusus  Juvenum  ou  Juvenales  [juvenalia, 

JUVENES], 

Ludi  Magni  [ludi  romani]. 

Ludi  Martiales.  —  Un  texte  formel  de  Dion  Cassius 
nous  apprend  qu’au  début  de  l’Empire  des  jeux  équestres 
étaient  célébrés  tous  les  ans,  le  1er  août,  en  souvenir  de  la 
dédicace  du  temple  de  Mars  Ultor 20 .  D'autre  part,  les  Fasti 
Maffeiani ,  que  l’on  suppose  dater  du  temps  d’Auguste 
(entre  8  av.  J  ,-C.  et  3  ap.  J  .-C.),  signalent  des  ludi  Martis 
in  circo  le  12  mai.  Mommsen  pense  que  ces  derniers 
jeux  furent  institués  pour  commémorer  l'érection  d’une 
aedicula  Martis  sur  le  Capitole  en  20  av.  J.-C.21. 

Ludi  Megalenses  [megalesia]. 

Ludi  Palatini,  jeux  privés  institués  par  Livie  pour  ho¬ 
norer  la  mémoire  d’Auguste22.  Ces  jeux  se  donnaient  sur 
le  Palatin;  à  l’origine  ils  duraient  trois  jours.  Tous  les 
empereurs  se  firent  une  loi  de  les  célébrer  ;  à  la  fin  de 
l’Empire,  ils  occupaient  cinq  jours,  du  17  au  22  janvier  2*. 


|  Qqj, 

SIX,  6.  !]  laL  l2’  p>  268‘  —  2  Cic.  Brut-  XX,  78.  —  3  Plin.  Nat.  Hist. 
P-300.  _  6D.!  ’  V1,1)  -®  !  Lie.  Ad  Attic.  XVI,  4.  —  3  Corp.  inscr.  lat.  I2, 
-«Tac.  U,;’,  LV’  6 ;  Corp ’  inscr ■  lat-  I2.  P-  300.  —  7  Dio,  LIV,  10,  34. 
P' 273-274  _  iQ  I  L  34.  —  9  Mommsen  et  Marquardt,  Op.  c.  t.  XIII, 

<Uull.  De  spect.  5.  —  il  Liv.  V,  50,  52.  —  12  Id.  Ibid.—  13  Cic. 


Ad  Quint,  fratr.  11,  5.  —  U  Plut.  Quaest.  Rom.  53.  —  15  Fcst.  s.  v.  Sardi  vé¬ 
nales.  —  10  Suet.  Domit.  4.  —  U  Corp.  inscr.  lat.  IX,  2860.  —  18  Suct.  Domit.  4. 
_  19  Friedlaeader,  Sittengesch.  Il»,  437  et  suiv.,  575  et  suiv.  —  29  Dio,  LX,  5. 
_  21  Marquardt  et  Mommsen,  Op.  c.  t.  XIII,  p.  273  et  365.  —  22  Dio,  LVI,  46. 
_  23  Fast  Philoc.,  Fast.  Polemii,  Corp.  inscr.  lat.  I2,  p.  256  et  257. 


LUD 


—  1378  — 


LUD 


Ce  fut  pendant  les  ludi  Palatini  que  Caligula  fut  tué  par 
Cheréas1.  Il  est  possible  que  plus  tard  ces  jeux  aient  été 
consacrés  à  tous  les  Divi,  r] pwsç2. 

Ludi  Piscatorii,  jeux  fort  anciens,  qu'Ovide 3  mentionne 
dan>  les  fastes  à  la  datedu  6  juin, mais  surlesquels  nous 
n'avons  d'autre  renseignement  que  la  phrase  suivante  de 
1  estus  .  Piscatorii  ludi  vocantur ,  qui  quotannis  mense 
•  Junio  trans  Tiberim  fieri  soient  a  praetore  urbano pro 
piscatot'ibus  T tberinis,  quorum  quaestus  non  inmacel- 
lum pervenit,  sedfere  in  aream  Volcani ,  quodid  genus 
pisciculorum  datur  ei  deo pro  animis  humanisé. 

Ludi  Plebeii,  jeux  très  anciens,  dont  la  véritable  ori¬ 
gine  était,  semble-t-il,  inconnue  des  Romains  eux- 
mêmes.  11  n'y  a  pas  grand  compte  à  tenir  des  renseigne¬ 
ments  que  le  pseudo-Asconius  nous  donne  sur  la  date 
et  les  circonstances  de  leur  fondation  [epulones,  p.  741]. 
D'autre  part  nous  pensons  qu'il  ne  faut  pas  établir  une 
relation  trop  étroite  entre  l'origine  des  ludi  Plebeii  et  la 
construction  du  Circus  Flaminius.  Sans  doute  c’est  dans 
le  Circus  Flaminius  que  les  ludi  Plebeii  furent  célébrés  11 
à  partir  de  l’année  220  av.  J.-C.,  date  de  la  cons¬ 
truction  de  cet  édifice6.  Mais  nous  savons  qu’il  y  eut 
à  Rome  des  jeux  scéniques  bien  avant  qu’aucun  théâtre 
y  existât,  et  des  combats  de  gladiateurs  bien  avant  qu’au¬ 
cun  amphithéâtre  y  fût  élevé.  Nous  pouvons  admettre, 
par  analogie,  que  les  ludi  Plebeii  furent  institués  avant 
la  création  du  Circus  Flaminius.  Toutefois  il  est  difficile 
de  croire  que  ces  ludi  aient  existé  avant  l'année  293,  dont 
1  histoire  détaillée  termine  la  première  décade  de  Tite- 
Live.  Il  n  est  pas  question,  en  effet,  des  ludi  Plebeii  dans 
les  dix  premiers  livres  de  l'historien.  C’est  donc  entre 
293  et  220  que  nous  fixerions  l’origine  de  ces  jeux.  Ils 
étaient  organisés  et  célébrés  par  les  édiles  plébéiens7. 
Primitivement,  sans  doute,  ils  ne  duraient  qu’un  jour  ; 
dès  1  année  207  av.  J.-C.,  leur  durée  était  augmen¬ 
tée6.  A  la  fin  de  la  République,  ils  occupaient  qua¬ 
torze  jours,  du  4  au  17  novembre9.  Au  ive  siècle  de  l’ère 
chrétienne,  ils  avaient  perdu  de  leur  importance  et  de 
leur  éclat  :  dans  les  Fasti  Philocali ,  quatre  jours  seu¬ 
lement  leur  sont  attribués,  du  12  au  16  novembre. 
Ces  ludi  furent  à  l'origine  des  ludi  circenses,  puisqu’ils 
se  donnaient  dans  un  cirque  ;  mais,  de  très  bonne  heure, 
des  jeux  scéniques  y  furent  représentés  ;  en  200  av. 
J.-C.,  on  y  joua  le  Stichus  de  Plaute10.  Ces  ludi , 
comme  les  ludi  Romani ,  étaient  accompagnés  d’une 
equorum  probatio  ;  dès  l'année  213,  ils  étaient  pré¬ 
cédés  d'un  repas  sacré  en  l'honneur  de  Jupiter,  Epulum 
Jovis  [epulones,  p.  741].  Ce  repas  sacré  avait  lieu  le 
13  novembre. 

Ludi  Romani  ou  Magni,  les  plus  anciens  jeux  romains 
après  les  Consualia  et  les  Equirria.  Tile-Live  en  attribue 
l'institution  à  Tarquin  l’Ancien 11  :  so/ennes  deinde  annui 
mansere  ludi.  Romani  magnique  varie  appellati.  Pour¬ 
tant,  pendant  les  premiers  temps  de  la  République,  le 
même  historien  mentionne  presque  exclusivement  des 


ludi  votivi  extraordinaires,  et  il  y  a  lion  Hn 
Mommsen  ”,  que  les  ludi  Romani  ne  devin™**’  Wec 
des  jeux  annuels  et  perpétuels  que  vers  \l  il"*6"1 
iv6  siècle.  Célébrés  d’abord  par  les  consul  ?  leu  du 
tcurs,  ils  furent  ensuite  organisés  et  présidés"  ''T' 
ediles  curules  [aediles,  p.  99].  A  l’origine  s-m  1  T  68 
ne  duraient  qu’un  jour;  leur  durée  fut  succès!  ’ ÜS 
portée  à  deux,  trois,  quatre,  dix  jours 19  • 

République,  ils  occupaient  quinze  jours •’ après  u  ®  k 
?j  César  un  seizième  jour  lui  ajouté  en  « 

tateur.  Sous  Auguste,  ils  se  célébraient  du  4  au 
tembre14.  Leur  importance  décrût  sous  l'Empire-  u 
lasti  Philocali ,  qui  les  mentionnent  sous  le  nom  de 
(udi  Romanorum  ou  Romaniani ,  ne  leur  attribuent 
plus,  comme  aux  ludi  Plebeii ,  que  quatre  jours  du  il 
au  15  septembre16. 

Les  ludi  Romani  étaient  consacrés,  semble-t-il  à 
Jupiter.  Ils  étaient  précédés  d’une  procession  solennelle 
qui  partait  du  Capitole,  traversait  le  Forum  romain  et| 
par  le  Yélabre,  gagnait  le  Circus  Maximus  [pompa] l5, 
Ils  comprenaient  d’abord  des  courses,  courses  de  chars 
et  courses  de  chevaux  tenus  en  main;  puis  des  luttes 
gymniques17;  plus  tard,  après  364,  les  jeux  scéniquesy 
turent  introduits  et  y  prirent  un  grand  développement.  En 
161  av.  J.-C.,  le  Plxormion  de  Térence  fut  joué  aux  ludi 
Romani.  Un  Epulum  Jovis  y  fut  adjoint  on  ne  sait’  à 
quelle  époque  :  il  n’est  mentionné  que  sur  les  ca¬ 
lendriers,  à  la  date  du  13  septembre  18.  Il  y  avait,  pour 
les  ludi  Romani  comme  pour  les  ludi  Plebeii ,  une 
equorum  probatio ,  qui  se  faisait  le  14  septembre13. 

Ludi  Saeculares  [saeculares,  saeculum], 

LudiSevirales  [équités,  p.  779,  seviri]. 

Ludi  Taurii  vel  Terentini  [saeculares,  saeculum]. 

Ludi  Yictoriae  Caesaris,  jeux  institués  par  César  en 
46,  lorsqu’il  procéda  à  la  dédicace  du  temple  qu'il  avait 
élevé  à  Venus  Genitrix.  Pour  célébrer  ces  jeux,  qui  con¬ 
sistèrent  surtout  en  chasses  de  bêtes  fauves  et  en  combats 
de  gladiateurs,  César  construisit  un  amphithéâtre  provi¬ 
soire  en  bois20.  Les  ludi  Victoriae  Caesaris ,  appelés 
aussi  ludi  Veneris  Genitricis 21  en  raison  des  circons¬ 
tances  dans  lesquelles  ils  furent  célébrés,  lors  de  leur 
fondation,  furent  organisés  en  l’an  34  av.  J.-C.  Par 
les  consuls22.  On  ne  connaît  point  leur  histoire  ulté¬ 
rieure.  Ils  ne  sont  pas  mentionnés  sur  les  calendrier-  du 
ive  siècle.  D’abord  célébrés  le  24  ou  le  25  septembie.  ils 
furent  ensuite  reportés  du  20  au  30  juillet,  api  ^  a 
réforme  julienne  du  calendrier,  suivantl  hypothe  'ial 
semblable  de  Mommsen23.  „:) 

Ludi  Victoriae  Sullanae,  jeux  institués  par  Sjlb  -  1 
pour  célébrer  la  victoire  décisive  qu’il  venait  de  hM1 
ter  à  la  porte  Colline,  sur  le  chef  samnite  Pontiu^  ^ 
sinus24.  Sous  Auguste,  ils  duraient  sept  jours, 

26  octobre  au  1er  novembre.  Ils  n  existaient  i 
ivc  siècle  de  l’ère  chrétienne26.  J-  Toutain.  nnlUis- 

LUDIO  ou  LUDIUS,  au  féminin  LUDI  A.  —  Les  nn  * 


1  Suet.  Calig.  58.  —  2  Dio,  LXXVI,  3.-3  Ovid.  Fasl.  VI,  235.  —  4  S. 
v.  Piscatorii.  —  5  Val.  Max.  I,  7,  §  4.  —  6  Liv.  Epit.  XX.  —  7  Liv. 
XXIII,  30;  XXVIII,  10;  XXXIX,  7.  -  8  Liv.  XXVIII,  10.  —  9  Corp.  inscr.  lat.  12, 
p.  299-300.  —  10  Studemund,  De  actae  Stichi  Plautini  tempore,  in  Comment, 
philolog.  in  honor.  Th.  Mommseni  ;  Liv.  XXV,  2.  —  H  Liv.  I,  35.  —  12  Mommsen, 
Bôm.  Forsch.  il,  p.  42  et  suiv.  —  13  Mommsen,  Ibid.  p.  45,  n.  4.  —  14  Corp.  inscr. 
lat.  12,  p.  299-300.  —  15  Corp.  inscr.  lat.  12,  p.  272.  —  16  Dion.  Hal.  VII,  72. 
—  17  Ibid.  —  18  Mommsen,  Bôm.  Forsch.  II,  p.  45.  —  19  Corp.  inscr.  lat.  12, 
p.  299-300.  —  20  Dio,  XLIII,  22.  —  21  piin.  Nat.  Hist.  II,  93.  —  22  Dio,  XLIX,  42. 


,,  ,r  n  D  .  U  27  —25  Corp.  inscr.  l«‘- 

>rp.  inscr.  lat.  12,  p.  299-300.  -  2.  Vell.  I  al.  II,  *  •  l'indication 

99-300.  —  Bibliographie.  On  trouvera  aux  ai  i  P  t  jC|  ou  tcl 
les  ouvrages,  de  toutes  les  études  de  détail  qui  cou^  ^  à  5;„na. 
l'histoire  des  jeux  dans  l'antiquité.  Ici  nous  no’  ^  QymnastiS 
ouvrages  d’ensemble,  d'ailleurs  peu  nombreux,  mu  ,  ^  grecque*1 

onistik  der  Hellenen ,  Leipzig,  1841  ;  Schoeniaiin,  (888-1890,  t- 
tris,  1887;  Friedlaender,  Sittengeschichte  Boms,  J  ^  trad.  franç*' 

m _ xfnnt.oi  fl ps  Antiauités  romaines ,  • 


—  1379 


I 


LUD 


t  ..nssi  l’orthographe  lydio,  lydius,  lydiai. 
t'rils  0llT:fférence  d’orthographe  tient  à  ce  que  l’étymo- 
tl'"au  mot  était  contestée. 


Denys  d’Ilalicarnasse 

log>e  Tt/^vUTus  Ventre  autres,  le  rattachent,  en  effet, 
I  ’ fl’fmrfts  la  tradition  bien  con- 


ApPien  l  Zlius^lydien,  d’après  la  tradition  bien  con- 
à  l’adjecti  ./  ^  Lydiens  les  premiers  inventeurs  des 

nue  qui  lalSl  Grèce  6  A  la  vérité,  ce  n’était  pas  directe- 
jeUX  T  r’Vens  mais  de  ses  voisins  les  Étrusques  que 
meDt  V  reçu  nombre  de  ses  jeux,  fêtes  et  spectacles  ». 
revient  de  se  rappeler  que,  dans  toute  l’antiquité, 
u  Étrusques  ont  passé  pour  une  colonie  lydienne  ‘  :  si 
les  (1,  mot  même  lydius  s’employait  couramment 
ÎHatin  dans  le  sens  d 'étrusque*.  Par  suite  le  ludio 
aurait  été  à  l’origine  un  bateleur  étrusque  et  plus  tard 
façon  toute  générale,  un  bateleur  quelconque.  C  est 
...  une  dérivation  à  peu  près  semblable  que  chez  nous 
Lon,  ethnique  ,,  tzigane  »  a  Pmi  par  désigner  un  cer- 
tain  «enre  d’exécution  musicale  plutôt  que  la  nationalité 
des  exécutants.  Cette  première  étymologie  serait  donc 
assez plausible.Néanmoins,  l’origine  du  mot  est  probable¬ 
ment  beaucoup  plus  simple  :  c’est  la  racine  lud,  qui  a 
donné  en  latin  le  verbe  ludo,  le  substantif  Indus  et 
nombre  d’autres  mots,  auxquels  est  commune  l’idée  de 
„ jeu 0  ».  Étymologiquement  donc,  le  ludio  est  un  joueur, 
un  amuseur,  au.  sens  le  plus  général10.  Mais  ce  sens  peut 
naturellement  se  préciser  d’après  le  contexte.  Dans  cer¬ 
tains  passages  ludius  signifie  un  comédien,  un  acteur 
[histrio]  u.  Ailleurs,  il  désigne  un  danseur  ou  mime 
[mdius,  saltator]  12.  Chez  Juvénal,  il  s’applique  quelque 
part  à  un  gladiateur  [gladiator]  13.  Le  plus  souvent  il  se 
dit  des  bateleurs  de  bas  étage  14.  Il  faut  enfin  signaler  un 
sens  spécial,  que  nous  font  connaître  Denys  d  Halicar- 
nassel5et  Varron 10  :  selon  ces  deux  auteurs,  les  ludiones 
étaient  des  adolescents,  qui  dans  toutes  les  processions 
publiques,  soit  au  cirque,  soit  au  théâtre,  marchaient  en 
tète  du  cortège,  parés  de  tuniques  brillantes,  et  portant 
casque,  épée  et  bouclier.  Un  trait  commun  à  tous  les 
ludii,  c’était  d’avoir,  comme  nos  comédiens  modernes, 
la  face  rase  et  épilée 17. 

Le  mot  India  est  le  féminin  de  ludius,  et  peut  avoir 
par  conséquent  tous  les  sens  correspondants.  Il  désigne 
aussi  parfois  la  femme  ou  l’amante  d’un  ludius1*. 

O.  Navarre. 

Ll’DUS,  LUDIMAGISTER.  —  I.  Ludus,  école,  établis¬ 
sement  d'instruction. 

1  Définitions.  —  Bien'que  le  terme  schola  ait  donné 
|  notre  mot  français  école,  ce  n’est  pas  lui  qui  est  la  véri¬ 
table  expression  employée  en  ce  sens.  D’abord,  étant  la 
I  «mple  transcription  du  grec  ayol-^,  schola  n’appar- 

Lcm°  ou  LUDIUS.  l  Elle 

AntUj.  rom.  11,  71  4. 


-2m.~  3 


est  confirmée  par  le  témoignage  de  Denys  d’Halicar- 
qui  Iranscrit  le  mot  en  grec  sous  la  forme  XuStuv. 


exemple  Tlf  .  Pni',c‘  (VIII),  66.  —  4  S.  v.  XuSoi.  —  -l  Herod.  I,  94.  —  6  Voir  par 
L  1  _  j  '  .  U  '  '  'L  4  :  ludiones  ex  Etruria  acciti.  —  7  Herod.  L.  I.  ;  cf.  Appian, 
tik'lm.  Hii2;  Aen\  781 5  Stat  SUlv-  IV-  L  6,  etc.  -  9  Bréal  et  Bailly, 

*  ludin-  *’  Lud0-  —  10  Le  dictionnaire  de  Forcellini  dit  très  bien  : 

circo,  vei  Ulctus  est  quicumque  aliqua  ratione  faciebat  ludos  vel  in 

■Seif,  | jg  "  :il.ys'.  per  compita  oblectandi  populi  causa  ».  —  H  Cicer. 
fréquenl ■  fit  [  j  ^estmêmece  sens  qui  domine,  semble-t-il,  et  est  le  plus 
«m.  I,  iij  .  puni  4  :  ludiones...  ad  tibicinis  modos  saltantes;  Ovid.  Ars 

!erI>ede  puisai  1"  ’  rut*cm  praebente  modum  tibicine  Tusco,  Ludius  aequatam 

des  tnsuiae  |U(jJ.1Umuni  ’  tlesych.  s.  v.  XuSiÇuv  •  yofsùoiv  ;  cf.  encore  ce  que  dit 
fl‘n.  Nat.  Bist  !!>0r'Um  Varron,  De  re  rust.  III,  c.  17  (choreusas  insulas); 

«9>.  11  ;  Suet  À 93  (96)’  209’  ~  13  V’  8?  cf•  V1> 104  et  266>  ~  14  Cicer-  Har‘ 
hUPlaut.  Aul,.i"r !"  15  L-  l.  —  10  Non.  1.  XII,  p.  619,  éd.  Quicherat. 


«t  266, 
(J— B. 


Aug.  ....  —  10  L  l  _ 

Aulul.  II,  9,  6  ;  Non.  ï.  ;  _ 
‘“‘“'•■ograkue.  Gronov 


18  Mart.  V,  24,  10;  Juven.  Sat.  VI,  104 
Casalius,  De  1F*  Uronov^U9i  Thesaur.  graecar.  antiquit.  1735,  t.  VIII 
çt  comoedia ,  c.  2),  D.  1015;  Graevius,  Thesaur.  anti • 


tient  qu’à  une  époque  relativement  récente  :  il  fallait, 
pour  le  voir  apparaître,  que  1  hellénisme  eut  pris  posses¬ 
sion  de  Home.  Peut-être  a-t-il  été  créé  par  Cicéron  lui- 
même;  on  ne  le  rencontre  pas  auparavant  dans  une 
œuvre  littéraire.  De  plus  il  a  toujours  retenu  de  son  éty¬ 
mologie  une  signification  spéciale  et  restreinte.  I  ne  école 
se  disait  en  Grèce  oioauxaÀeïov.  La  i/o c’est  le  loisir, 
par  suite  l’occupation  d’un  homme  de  loisir;  et  quelle 
occupation,  pour  un  Grec  du  ve  ou  du  ive  siècle,  est  plus 
noble,  plus  digne  d’un  homme  bien  né,  que  1  entretien 
philosophique1!  Les  disciples  de  Socrate, quand  ils  sont 
de  loisir,  écoutent  la  parole  du  maître  ou  se  racontent  les 
événements  de  sa  vie2.  Que  bientôt  1  on  en  vint  à  expri¬ 
mer  par  là  les  hautes  études  en  général,  puis  le  lieu 
même  où  elles  s’enseignaient,  la  pente  était  naturelle. 
Ainsi  l’entend  Cicéron3;  ainsi  l’a-t-on  entendu  après  lui, 
et  jusque  dans  les  derniers  temps  de  1  Empire.  Le  terme 
ne  s’est  jamais  appliqué  à  toutes  les  branches  de  1  ins¬ 
truction,  mais  seulement  aux  plus  élevées4;  et  comme 
il  y  avait  en  Italie  trois  ordres  d’enseignement  représentés 
par  le  primus  magister ,  le  grammaticus  et  le  rhetor 
[educatio],  il  a  été  réservé  pour  les  degrés  supérieurs  de 
la  hiérarchie,  les  classes  de  grammaire  et  de  rhétorique, 
c’est-à-dire  celles  qui  s’étaient  constituéës  précisément 
sous  l’influence  de  l’enseignement  grec  :  en  cela  il  demeu¬ 
rait  fidèle  à  ses  origines.  Le  mot  ludus ,  au  contraire,  a 
pour  lui  le  caractère  indigène  de  sa  physionomie,  1  anti¬ 
quité  de  sa  naissance  et  la  généralité  de  sa  signification. 
Comme  son  rival  schola,  il  pouvait  désigner  1  école  du 
grammaticus  ou  celle  du  rhetor  ;  mais  il  était  seul  em¬ 
ployé  quand  il  s’agissait  de  l’école  primaire.  C’est  donc 
bien,  à  n’en  pas  douter,  le  terme  exact. 

Comment  l’avait-on  choisi,  lui  qui  évoque  tout  d’abord 
une  idée  de  jeu,  de  divertissement,  pour  indiquer  un 
endroit  où  la  jeunesse  prétend  ne  point  se  divertir  ? 
Était-ce  justement  par  antiphrase5?  Ou  bien,  comme  le 
veut  Festus,  espérait-on  allécher  les  enfants  avec  ce  nom 
de  bon  augure  6?  Était-ce  enfin  que  les  occupations  sco¬ 
laires  sont  un  jeu  de  l’intelligence,  une  gymnastique  de 
l’esprit?  Ce  qu’il  y  a  de  sûr,  c’est  que  ludus  appliqué  à  un 
lieu  signifie  que  dans  ce  lieu  on  se  livre  à  quelque  exer¬ 
cice.  Une  épithète  jointe  au  substantif  précise  alors  de 
quel  exercice  particulier  il  est  question.  C’est  ainsi  que 
nous  trouvons  le  ludus  gladiatorius1 ,  le  ludus  milita - 
ris*,  le  ludus  fidicinus*,  le  ludus  saltatorius 10,  où  se 
forment  les  gladiateurs,  les  soldats,  les  joueurs  de  lyre, 
les  danseurs.  Le  ludus  litterarius 11  n’est  qu’un  ludus  de 
même  nature  que  les  précédents.  Le  genre  de  1  exercice 
seul  diffère  :  on  s’y  exerce  à  lire,  écrire  et  compter12. 

quit.  romanar.  1735,  t.  IX  (J.-C.  Bulengerus,  De  theatro,  1.  I,  c.  XLVI  :  De  ludus 
seu  ludionibus),  p.  918. 

LUDUS,  LUDIMAGISTER.  i  Krause,  Gesch.  der  Erziehung  ira  Alterthum, 
p.  248,  note  3;  Grasberger,  Erziehung  und  Unterricht ,  II,  p.  20.-208;  Jullien, 
Les  professeurs  de  littérature  dans  l'ancienne  Rome,  p.  113.-2  StoXvi,  cr/oUi;»., 
Plat.  Phaed.  p.  57  d.  —  3  Tantôt  au  sens  de  dissertation  :  In  Pison.  25,  60  ;  De 
Fin.  II,  I,  1;  lusc.  I,  4,  7  et  8;  III,  34,  81.  Tanlôt  au  sens  d'école  :  In  Pison. 
25,  59; \»è  o'rat.  I,  22,  102  ;  II,  7,  28.  Tantôt  même,  le  mot  peut  être  pris  simul¬ 
tanément  dans  Tune  et  l’autre  acception,  tant  elles  sont  voisines  :  Tusc.  I  47,  113. 
—  4  Jullien  [Op.  I.  p.  114)  en  donne  une  preuve  curieuse  tirée  d’une  lettre  de 
Pline  le  Jeune  (Ep.  VIII,  7,  1).  Pline  écrit  à  Tacite  à  propos  d'un  livre  que  son 
ami  lui  a  donné  à  corriger  :  «  (me)  tu  in  scholam  revocas  ».  Or  ce  n'est  pas  à 
l’école  primaire  qu'il  peut  le  renvoyer  pour  juger  et  critiquer  une  œuvre  littéraire, 
mais  à  l’école  du  second  degré,  c’est-à-dire  chez  le  grammairien.  —  »  Festus, 
s.  u.  Militent,  p.  122  (éd.  Muller).  —  «  Id.  Schola,  p.  347.  —  7  Suet.  Caes.  31 

_ g  Liv.  VII,  33.  —  9  Plaut.  Rudens,  prol.  v.  43.  —  10  Macrob.  Sat.  III,  14,  4  et  7 

_  H  piaut.  Mercat.  II,  2,  32.  On  disait  encore  ludus  litterarum  (Liv.  III,  44,  6j 

VI,  25,  9)-  —  12  Augustin.  Confess.  I,  13. 


1380  — 


LUD 


LUD 

Mais  comme  ces  connaissances  qu’on  y  reçoit  sont  indis¬ 
pensables  à  la  vie,  que  chacun  les  recherche,  homme  ou 
femme,  il  a  dépassé  en  importance  tous  les  autres;  il  est 
devenu  le  Indus  par  excellence  ou  Indus  tout  court. 

Le  local.  —  L'installation  d’une  école,  à  l’ordinaire, 
n’était  guère  luxueuse,  surtout  celle  du  maître  élémen¬ 
taire.  L'État  ne  se  mêlant  en  rien  de  l’instruction,  il  y 
avait  cet  avantage  que  tout  le  monde  était  libre  d’ensei¬ 
gner,  mais  aussi  cet  inconvénient  que  personne,  du  moins 
jusqu’à  Yespasien,  ne  recevait  ni  traitement  régulier  ni 
subvention  extraordinaire.  On  comprend  alors  que  le 
maître,  qui  risquait  l’aventure,  fit  modestement  les 
choses  :  il  se  contentait  de  louer,  en  bordure  sur  la  rue, 
un  petit  local  appelé  pergula1.  C’était  un  industriel 
comme  un  autre  ;  il  tenait  «  boutique  d’instruction 2  ». 

La  pergula  cependant  est  moins  encore  qu’une  bou¬ 
tique;  ce  n’en  est  qu’une  partie.  Conformément  à  l’étymo¬ 
logie3,  c’est  un  prolongement  d'édifice,  une  annexe,  une 
construction  quelconque  en  saillie*.  Entendez  ici,  atte¬ 
nant  à  une  boutique,  une  sorte  d’atelier  ou  d’échoppe 
ouverte  sur  les  côtés,  un  hangar  en  appentis.  La  pergula 
ue  doit  donc  pas  être  confondue  avec  la  taberna.  Dans 
certaines  inscriptions,  qui  contiennent  des  annonces  de 
logements  à  louer,  les  pergulae  sont  mentionnées  à 
côté  destabernae  et  nettement  distinguées  de  celles-ci s. 
Faut-il  ajouter  maintenant  que,  dans  le  choix  du  local 
comme  en  toute  chose,  il  y  avait  des  exceptions  à  l’habi¬ 
tude  ordinaire?  Tite-Live  parle  d’écoles  installées  dans 
des  boutiques 6.  Or  rien  ne  permet  de  supposer  que  dans 
ces  passages  l’auteur  s'est  contenté  d’un  à-peu-près  et 


Fig.  4647.  —  Une  école  romaine. 


a  cru  rendre  suffisamment  sa  pensée  en  se  servant  de 
taberna ,  le  mot  général,  au  lieu  du  terme  particulier  et 
de  l’expression  propre  pergula.  Une  fresque,  trouvée 
à  Herculanum  et  placée  aujourd’hui  au  musée  de  Naples, 
nous  montre  cette  fois  une  école  établie  sous  un  portique  ; 
ce  portique  est  même  soutenu  par  d’élégantes  colonnes  que 
relient  entre  elles  des  guirlandes  (fig.  4647) :.  Voilà,  si 
l’imagination  du  peintre  ne  l’a  pasembelli,  un  fortagréable 
emplacement  et  dont  le  gracieux  décor  aurait  charmé 

1  Suet.  De  grammat.  18,  2;  Vopisc.  Saturn.  10;  Juv.  11,  137.  —  2  Plut. 
Quae.  rom.  59  :  fpajxjAaToSiSa'TxaXeïov.  —  3  Pergula,  de  pergere ,  continuer, 
comme  tegula  de  tegere.  —  4  R  s'ensuit  qu’elle  n’était  pas  nécessairement 
une  construction  dénuée  d’élégance  :  il  y  a  d’autres  annexes  que  des  annexes  de 
magasins  ou  de  boutiques.  Voir  pekccla.  —  6  Corp.  inscr.  lat.  IV,  1136  ;•  Orelli, 
4323-4324.  —  6  Liv.  III,  44,  6;  cf.  Id.  VI,  25,  9.  —  7  Pitt.  di  Ercolano ,  III, 
lab.  xli,  n“  1;  O.  Jahn,  Ueber  Darsteil.  des  Handwerks.  etc.,  in  Abhandl. 


notre  Montaigne,  lui  qui  voulait  pour  les  .  r 
classes  riantes,  au  besoin  «  jonchées  H»  ,1  dnls  des 
feuillées8  ».  Seulement,  croyons-le  bien  ce-'U1S  6t  de 
étaient  assez  rares,  et  les  écoles  primaires  ie.Teptions 
breuses  comme  il  est  juste,  recherchaient  de  préfér? 
pergulae.  Hangar  ou  portique,  l’école  était  donc 
munication  avec  la  rue.  On  se  bornait  à  tendre  aZT' 
toiles  d  un  pilier  à  l’autre,  pour  qu’elle  ne  donnâ^68 
directement  sur  la  voie  publique.  Mais  ces  tentures1  nT* 
le  savons  par  Martial3,  n’empêchaient  guère  les  br,T 
de  la  classe  d’arriver  aux  passants,  qui  entendaient  lP! 
elèves  répéter  en  chœur  leur  odieux  refrain  :  «  Un  et 
font  deux;  deux  et  deux  font  quatre  13.  »  Naturellement  ! 
aussi,  chose  plus  grave,  semble-t-il,  et  qui  devait  favoriser 
la  dissipation  des  enfants,  les  bruits  du  dehors  venaient 
jusqu’aux  élèves.  Mais  on  ne  paraît  pas  s’en  être  autre¬ 
ment  préoccupé.  Les  premières  écoles  étaient  établies 
parmi  les  boutiques  du  Forum,  c’est-à-dire  dans  l’endroit 
le  plus  fréquenté  de  la  ville1’.  Parfois  même  l’enseigne¬ 
ment  se  poursuivait  en  dehors  de  la  salle,  et  une  peinture 
de  Pompéi  nous  fait  assister  aune  leçon  de  lecture  donnée 
en  plein  air  (fig.  2610).  Du  reste,  sans  sortir  de  la  salle, 
les  élèves,  ceux  du  moins  des  classes  supérieures,  ne 
trouvaient-ils  pas  toujours  autour  d’eux  quelque  agitation? 
C’étaient  les  parents  qui  venaient  de  temps  à  autre,  attirés 
par  la  réputation  du  maître  ou  de  quelque  brillant  écolier 
c’étaient  des  amis,  des  étrangers  même  qui  pénétraient 
au  milieu  de  la  jeunesse.  Pline  raconte  dans  une  lettre 
qu’il  entra  ainsi,  un  beau  jour,  pendant  une  discussion 
animée;  tout  le  monde  aussitôt  de  s’interrompre  et  de  se 
tourner  vers  lui  pour  lui  témoigner  son  respect12.  C’est 
là  un  manque  de  recueillement  assez  étrange.  Mais,  je  le 
répète,  la  chose  ne  déplaisait  pas  aux  Romains,  comme 
nous  serions  d’abord  tentés  de  le  croire.  Ils  n’étaient  pas 
fâchés  au  contraire  qu’un  certain  contact  se  trouvât 
maintenu  avec  le  public  et  que  l’école  fût  déjà  un  petit 
théâtre  où  l’enfant  commençait  à  se  donner  en  spectacle. 

3°  Le  mobilier  scolaire.  — A.  De  même  que  le  local, 
le  mobilier  de  l’établissement  était  le  plus  souvent  fort 
simple.  On  ne  connaissait  pas  ce  confort  élémentaire! 
que  nous  sommes  habitués  aujourd’hui  à  rencontrer 
dans  toute  salle  de  travail.  Il  n’y  avait  pas  de  tables,  ls 
élèves  écrivaient  sur  leurs  genoux13.  Quelque!^  un 
tabouret  placé  sous  leurs  pieds  leur  permettait  ,liie 
moins  courbés.  Comme  sièges,  ils  avaient  des  1 
bois,  sans  dossier1*,  qui  devaient  leur  paraître  airs 
la  longue,  étant  donné  le  grand  nombre  d’heures  ou 
passaient  assis15.  Ajoutez  une  chaise  pour  le  mai  h- 
était  réduit  à  l’indispensable.  Hâtons-nous  e  *nL 
c’était  là  surtout  le  mobilier  d’une  école  Pnma11^' 
bas-relief  en  terre  cuite,  découvert  il  y  a  une  vu  o 
d’années  nous  fait  voir  les  élèves,  sous  les t  tram^ 
singes  habillés  rangés  sur  des  bancs  superp  ■>  ’  Le 
leurs  tablettes  dans  1  attitude  que  nous  avons  jg 

maître,  un  grammaticus ,  aune  tête  ane,  c,egt  ja 
la  toge.  Sa  chaise  est  à  dossier  haut  et  carr  '  ,ace  les 
cathedra ,  la  chaire,  où  pouvaient  seu  s  pre 

...  ,.870s  p.  288,  I'1 

der  saechs.  Gesellsch.  der  Wissensoh.  t.  M  l  _  9  Mari. 

Helbig,  Wandgem.  Camp.  n-|  1492  -  »  *«**•'•  £  «  ;  VI,  *5,  3-  "  12  ^ 

10  Augustin.  Confess.  I,  13  peneile.  308  :  , 

Epist.  II,  18,  1-2.  -  13  Apollon,  rfo  Synth  IV,  ^  ba3  „  .  * 

1*1  SiX tov  tTr,ic«yoûva<Ti,  Batrach.  2.  Collect.  Gréau,  n 

-iGHelbi  g,Bullet.  d.  Ist.  1882,  p.  34;  Froeb  ^ctueI|erocnt  au  Musée  du  l 
Wissowa,  Rom  Mittheilungen ,  V,  1890,  pl.  *»  P- 


I,  3; 
,7.  5. 


—  1381 


LCD 


LUI) 


l1lres  qui  avaient  droit  au 

"  :  iu'i eu rs  et  les  gri 


tilre  de  professeurs,  c’est-à- 
imiuairiens et  qui  prenait 


I  fil. 

dire  tes  1 111  'i',.;1' M,Jt  d’un  "trône  et  en  avait  le  nom;  elle 
(lue|q,|,‘lo,>  .  l5  sur  une  estrade  qui  l’exhaussait 

[était  élever  ni  l»‘ 


l’jtf.  4648.  —  Caricature  de  maître  d’école. 


encore  davantage*.  Dans  les  classes  où  était  donné  l’ensei¬ 
gnement  du  second  degré,  comprenant  la  lecture  etl’expli- 
calion  des  poètes,  souvent  les  salles  étaient  ornées  de 
petites  plaques  de  marbre  appelées  tables  iliaques  [iliacae 
Iabulae].  Ces  bas-reliefs,  qui  représentent  les  principaux 
épisodes  des  fables  homériques,  véritables  résumés  et 
sommaires  illustrés  du  cycle  troyen,  ont  bien  pu  servir, 
en  effet,  à  un  usage  scolaire.  Leur  commentaire  figuré 
frappait  plus  vivement  l’imagination  des  enfants  et  ache¬ 
vait d'éclairer  les  leçons  du  grammaticus  :  c’était  l’ensei¬ 
gnement  par  les  yeux  ajouté  à  l’enseignement  par  le  livre3. 
■  11  y  avait  aussi  parfois,  suspendues  aux  murs,  des 
caries  de  géographie.  Cependant,  ici,  il  faut  distinguer 
les  époques.  Dans  les  derniers  temps  de  la  République,  les 
en  r  les  é  ta  i  en  l  dé  j  connues,  puisque  Sempronius  Gracchus 
avait  tait  représenter  dans  le  temple  de  Mater  Matuta 1 
,a  ^ai‘daigne  qu’il  venait  de  soumettre,  et  que  Varron, 
unaginaut  un  cadre  pour  ses  entretiens  sur  l’agriculture, 
Paçdil  les  interlocuteurs  du  dialogue  dans  le  sanctuaire 
l^e  Tollus,  en  face  d’une  Italie  peinte  sur  la  muraille  5. 

oannioins,  et  malgré  le  caractère  pratique  de  cette 
i  J|Cnce’  *es  Romains  ne  semblent  pas  jusque-là  y  avoir 
aflîn"  *l<aucouP  d’importance6;  nous  ne  pouvons 
r  11111 1  '1'"'  ^ôs  ce  moment  les  cartes  servissent  à  l’ins- 
d,,  n  '  "  *  valants.  Plus  tard  il  n’en  fut  plus  tout  à  fait 

a(.n  ll1.'  n  (Iue  la  géographie  soit  restée  toujours  un 

un  i'Ii  ii  "  11,1  ÜS  ^  enseiSnement  du  grammaticus1 ,  c’était 
ni  nécessaire  pour  l’explication  des  textes.  Que 

I  ^  Ætjf.  5o,  i3  |  , 

[  15,  et  3o  (  3  ~  ' 1  D 6  ^ n If  P-  431  ;  Philostr.  Bopli.  I,  23,  I, 

I  trad- h-ançaisc)  w~.  Man|"ardt  ( Privatlcben  der  Borner,  t.  I,  p.  129-130  de  la 
'*•  MtaclJi'es  (|yti  llas>  3  cause  do  la  petitesse  des  reliefs  et  de  la  finesse 
'-coles .  p  |ca  t  ^  ]mi’  Uuc  les  (ailles  iliaques  aient  été  employées  dans  les 
1  °>11’ lui,  e||,.,  jro  *  'iS  instruments  d’étude,  non  dans  le  mobilier  scolaire. 

Mais,,,.  *’*ul“*;  leur  place  dans  l’éducation  privée  (voir  iliacak 

fixer 


un  détail  ou  JL  adrueHI’('  fine  le  professeur,  à  certains  moments,  pour 
t®.  —  :iyar|,  De  ü  ""  6Plsode  ldus  clair,  les  montrait  à  scs  élôvcs  ?  —  * Liv. 
8r*nmiairifns>  vers  la lii  "L  '  *’  —  6  Slrab.  III,  4, 19.  —  7  Cependant  certains 

y  "  ’  u  la  République,  furent  eu  même  temps  géographes  :  pai¬ 


lle  passages,  chez  les  auteurs,  ne  peuvent  être  pleine¬ 
ment  éclaircis,  si  l’on  ne  tient  pas  compte  de  la  situation 
des  villes  ou  de  la  configuration  des  pays!  Comme  nous 
savons,  d’autre  part,  que  l’usage  des  cartes  se  répandit  à 
partir  d’Agrippaqui  dressa  dans  le  portique  de  sa  sœur 
Polla,  sous  forme  de  sphère  en  marbre,  une  représen¬ 
tation  de  l’empire  romain  8,  il  n’est  pas  étonnant  qu’elles 
se  soient  introduites  dans  les  écoles  pour  en  orner  les 
parois.  Décoration  ulile  à  tous  les  points  de  vue,  car  elle 
permettait  encore  d’exalter  le  sentiment  national.  «  Dans 
les  années  heureuses  d’un  Trajan,  d'un  Marc-Aurèle,  d'un 
Dioclétien,  les  élèves  y  suivaient  le  mouvement  des 
armées  et  l’on  nous  dit  que  le  maître  éprouvait  un  sen¬ 
timent  de  fierté  patriotique  à  leur  montrer  que  l’étendue 
de  l’empire  égalait  presque  celle  du  monde9.  » 

Enfin,  quand  on  connaît  le  rôle  joué  par  le  portrait 
dans  la  vie  des  anciens  et  dans  celle  des  Romains  en  par¬ 
ticulier,  quand  un  se  rappelle  le  nombre  incroyable 
d’images  de  toutes  sortes,  en  toutes  matières,  placées  en 
tous  lieux,  publics  ou  privés,  soit  au  nom  de  1  État,  soit 
au  nom  des  citoyens  les  plus  divers  [imago],  on  peut  croire 
que  les  écoles  ne  faisaient  pas  exception  à  celte  coutume 
presque  générale.  Notamment,  dans  les  bibliothèques,  on 
mettait  volontiers  le  portrait  de  chaque -éèrivain  célèbre, 
poète,  philosophe,  orateur,  historien,  au-dessus  du  recueil 
de  ses  œuvres.  C’était  un  exemple  à  suivre  pour  les 
maîtres  de  l’enseignement  public.  Ceux  qui  en  avaient  les 
moyens  ne  manquaient  pas  sans  doule  de  s'y  conformer. 
Juvénal10  parle  de  Virgiles  et  d’Horaces  tout  noircis  par 
la  fumée  des  lampes  dont  les  élèves,  se  rendant  de  grand 
matin  à  l’école11,  se  servaient  pour  éclairer  le  local 
encore  obscur,  et  qu’ils  éteignaient  seulement  aux 
premières  lueurs  du  jour.  On  a  souvent  prétendu  qu'il 
s’agissait,  dans  le  passage,  d’exemplaires  des  deux  poètes 
placés  entre  les  mains  des  enfants  comme  textes  de  lec¬ 
ture  et  d’explication.  Mais  le  dommage  causé  ne  peut 
venir  que  de  l’atmosphère  momentanément  enfumée  de 
la  pièce  :  le  terme  fuligo  employé  par  Juvénal  interdit 
un  autre  sens.  Or  les  manuscrits,  enfermés  la  plupart 
du  temps  dans  les  capsae,  ne  pouvaient  pas  en  subir 
longuement  les  atteintes  12.  Au  contraire,  on  comprend 
que  des  bustes  exposés  en  permanence,  sans  rien  poul¬ 
ies  protéger,  devaient  perdre  assez  vite  leur  couleur 
(, decolor );  ils  devenaient,  eux  aussi,  des  fumosae  ima¬ 
gines13,  comme  ces  autres  bustes14,  portraits  dos  aïeux, 
que  chaque  famille  aristocratique  conservait  dans  l’atrium 
de  sa  maison  etque  noircissait  peu  à  peu  la  fumée  du  foyer. 

Voilà  ce  que  telle  ou  telle  école,  suivant  la  nature 
de  l’instruction  qu’on  y  venait  chercher,  offrait  aux 
élèves.  Joignez-y,  chez  le  primus  magister ,  l’abaque 
[abacus],  table  de  pierre,  de  bois  ou  de  métal,  qui  servait 
avec  les  cailloux  ou  calculi  aux  exercices  de  calcul,  etc., 
et  chez  le  grammaticus,  des  sphères  ou  des  cubes  pour 
l’enseignement  de  la  géométrie,  que  ce  fût  d’ailleurs  le 
grammairien  lui-même  qui  le  donnât  ou  qu’il  y  eût  un 

exemple  Asclépiade  de  Myrlée  qui  enseigna  à  Rome  au  temps  de  Pompée  et  qui 
est  l'auteur  d'une  Périégèse,  ou  Tyrannion  qui  donna  des  leçons  dans  la  maison 
de  Cicéron  (Cic.  Ad  Quint,  frat.  II,  4,  2).  —  *  Plin.  Nat.  Hist.  3,  17;  cf.  Mar- 
quardt,  O.  I.  Organis.  financière,  p.  2fil.  —  0  Boissier,  La  fin  du  paganisme,  I, 
p.  153  (in-12).  —  10  Juv.  Sut.  7,  226-227.  —  11  Ovid.  Am.  1,  13,  17;  Mari.  IX, 
08,  3;  XIV,  223;  Juv.  7,  222  sq.  —  -12  Cf.  Jullien,  Op.  I.  p.  119,  C'est  aussi 
l'opinion  de  Fricdlander,  Sittengeschichte  Bonis,  1,  p.  238  (trad.  Vogel).  —  13  Cic. 
/h  Pison.  I,  I;  Scnec.  Epist.  44,  5.  —  14  C’étaient,  à  proprement  parler,  des 
masques  en  cire  pris  sur  le  visage  même  du  défunt  et  montés  ensuite  sur  des 
formes  de  bois  [imago]. 

174 


LUD 


—  1 382  — 


LUD 


géomètre  spécialement  chargé  de  ce  soin.  Tous  ces  objets 
étaient,  dans  le  mobilier  scolaire,  1  apport  du  maître. 
Mais  il  y  avait  aussi  ce  que  les  élèves  apportaient  avec 
eux,  leurs  instruments  de  travail,  leur  bagage  particulier. 
D  abord  la  capsa  *,  qui  renfermait  les  livres  des  éco¬ 
liers  [causa,  liber].  Sous  la  République,  quand  les  livres 
étaient  encore  chers,  chaque  coffret  devait  en  contenir 
lorl  peu  ;  le  maître  avait  alors  recours  aux  dictées  pour 
taire  connaître  les  textes  à  son  auditoire  2.  Plus  tard, 
<i  partir  du  i'r  siècle  de  1  Empire,  les  copies  des  œuvres 
classiques  se  multiplient3  et  par  suite  baissent  de 
prix  \  Dès  lors  l’élève  se  procure  aisément  les  manus¬ 
crits  nécessaires,  et,  comme  les  livres  une  fois  roulés 
formaient  un  petit  volume5,  la  capsa,  sans  atteindre  de 
bien  grandes  dimensions,  put  en  recevoir  un  nombre 
assez  considérable.  Tout  d’abord,  l’enfant  portait  lui- 
même  son  bagage  ci  l'école,  et,  parmi  le  peuple  ou  même 
chez  les  personnages  importants  des  petites  villes,  il  en 
fut  toujours  ainsi  6.  Mais  ci  Rome  l’habitude  s’établit 


bientôt  dans  les  bonnes  familles  de  faire  porter  la  capsa 
par  le  pédagogue,  l’esclave  grec  chargé  d’accompagner 
partout  1  enfant  et  de  veiller  sur  lui  [paedagogus],  ou  par 
un  autre  esclave  préposé  particulièrement  à  cet  office  et 
appelé,  à  cause  de  sa  fonction,  le  capsarios. 


Pour  écrire,  les  élèves  avaient  des  tablettes  [tabulac 
ceratae).  Elles  consistaient  en  de  minces  planches  de  bois, 
réunies  deux  à  deux  (diptyques)  et  recouvertes  au  dedans 
d  une  couche  de  cire  [diptychon,  tabula].  Celles  de  l’école 
primaire  avaient  une  grande  dimension  ;  mais  chez  le 
grammairien  ou  le  rhéteur,  sans  les  rendre  aussi  petites 
que  les  pugillares  qui  tenaient  dans  la  main,  on  en 
diminuait  les  proportions,  pour  que  les  devoirs  ne  fussent 
pas  trop  longs;  c’est  du  moins  ce  que  Quintilien  recom¬ 
mande  expressément'.  Les  caractères  étaient  tracés  sur 
la  cire  molle,  à  l'aide  d’un  poinçon  ou  stylet  [stylus]8, 
tige  de  fer  très  pointue  d’un  côté  et  aplatie  à  l’autre 
extrémité.  On  avait  encore  le  roseau  [calamus,  penna, 
arundo],  taillé  à  la  manière  de  nos  plumes9,  que  l’on 
trempait  dans  l’encre  [atramentum]  )0et  que  l’on  reportait 
sur  le  papyrus  ou  le  parchemin11.  Cicéron12,  llorace13, 
les  gens  d’étude  sous  l'Empire14,  recouraient  très  souvent 
à  ce  procédé.  En  était-il  de  même. dans  les  écoles?  11  est 
certain  que  le  système  des  tablettes  de  cire,  plus  commode 
et  moins  coûteux,  devait  être  de  beaucoup  le  plus  usité. 
Cependant  un  passage  de  Martial  nous  prouve  que,  à 
lecolc  primaire  tout  au  moins,  on  employait  la  plume  de 
roseau  et  le  papyrus.  «  Si  Apollinaris  te  condamne,  s’écrie 
le  poète  en  s’adressant  à  son  ouvrage,  tu  peux  aller  tout 
droit  dans  les  coffres  des  marchands  de  sel,  vil  papier  sur 
le  revers  duquel  écriront  les  enfants15.  »  Ainsi  donc, 
quand  un  ouvrage  ne  se  vendait  pas  et  tombait  dans  le 
rebut,  le  primus  magister  se  le  procurait  à  bon  compte 
et  distribuait  le  verso  de  chaque  feuillet,  laissé  blanc,  à  ses 
élèves  qui  l’utilisaient  comme  «  page  d’écriture  ».  L’enfant 
avait  besoin  d’apprendre  les  deux  manières  d’écrire, 
puisqu’il  était  appelé  plus  tard,  dans  la  vie,  à  se  servir 


*  Hor.  Sat.  I,  4,  22.  On  rappelait  aussi  scrinium,  Ilorat.  Sat.  1, 1, 120,  cIloculus, 
Hor.  Sat.  I,  0,74.  —  2  Cic.  Ad  Quint,  fr.  III,  1,  4;  De  fin.  IV,  4,  10;  Denat.  Deo- 
rum,  1,  I,  26,  72;  Hor.  Epist.  I,  1,  55.  —  3  Dès  l'époque  de  Cicéron,  avec  Atticus, 
G.  Doissicr,  Cicéron  et  ses  amis,  p.  134,  in-12,  1879.—  4  Mart.  1 , 11 7  ;  1,66.  —  &Id. 
14,  86  et  190.  —  6  Hor.  Sat.  I,  6,  73-74.  —  7  Quint.  X,  3,  32.  —  »  Mart.  14,  21. 
—  9  Krause,  Gesch.  der  Erzieh .  p.  426  et  note  9.  —  10  Jd.  p.  426-427  ;  Grasberger, 
Erzieh.  und  Unterricht.  II,  p.  312.  —  il  Krause,  Op.  I.  p.  424-427.  -  12  Cic.  Ad 
Quint,  frat.  Il,  14(15  6),  1.  —  13  Hor.  Epist.  II,  1,  113.  —  V*  petr.  Satyr.  102. 


.le  l'une  ou  de  l'autre  indistinctement  Une , 
exerces  a  manier  le  roseau,  on  Iü,s  lesdoi« 


•gts 


mer  le  roseau,  on  reyemii  U'St'° 
ment  habituel.  Néanmoins,  chez  le  rh  i'"*  l  i|lsll'U' 
grammairien,  le  calamus  n’était  pas  .  'T,  ï"°"  «H 
Ion  ne  le  conseil  d’écrire  de  DPJ-,  Ul 

R  pirp  •  _ (  IGllÇfi  siu»  Ji 


Quintilien  do 
tablettes  de  cire 


uce  sur  dej 


>  lct  uuusbsite  de  trerni  ulM 

plume  dans  l’encre,  dit-il,  retarde  la  main^V- UWni  k' 
de  la  pensée.  Mais  le  conseil  n’était  i,  *S(i 
il  ajoute  :  «  Dans  les  deux  cas.  il  suivi, ca| 

laisser 


il  ULlll  avoir  en;  « 
une  marge,  etc.-  ».  L'express™, 

genere  prouve  donc  qu'on  usait  encore  de  la 

plète,  si  nous  oubliions,  dans  le  nombre  des  [„ î! 1 
de  travail,  ceux  qui  contraignaient  à  la  tâche  les  ïj 
paresseux,  inattentifs  ou  coupables  de  m,Pi„  Tl 
faute.  Ces  instruments  de  punition  jouaient  „T  JJ 
rôle.  L  éducation  romaine  n’était  pas  tendre  en  ™  ér  iT 
et  encore  moins  à  l’école  qu’à  la  maison  paternelle 
seulement  les  colères  des  maîtres”,  leurs  emportements! 
leurs  accès  de  fureur 19  accompagnés  d’injures  eide  cris» 
étaient  chose  fréquente  ;  mais  ils  en  venaient  promptement 
aux  coups  et,  selon  les  circonstances,  lessoufflets,  laférul! 
les  verges,  le  fouet,  les  lanières  de  cuir  avaient  leur'  tour! 
La  férule  (ferula,  virga),  la  menaçante  férule,  «sceptre 
des  pédagogues21  »,  était  la  plus  employée.  Baguette 
longue  et  souple,  à  la  moindre  incartade  elle  s’abattait 
sur  le  coupable;  elle  le  frappait  d’ordinaire  à  la  paume 
si  sensible  des  mains,  qu’il  était  forcé  de  présenter  au 
maître22.  Encore  n’était-ce  là  qu’une  punition  réputée j 
légère23,  le  premier  degré  dans  l’échelle  des  châtiments.} 
Il  y  avait  d’autres  traitements  plus  énergiques.  Selon  la 
gravité  croissante  des  cas,  on  employait  le  fouet  de  cuir! 
tantôt  simple 24  (scutica,  lorum,  lig.  2613),  tantôt  composé 
de  plusieurs  courroies  [flagellum]25,  ou  la  peau  d'an-j 
guille,  peau  plus  grossière  que  le  cuir  ordinaire  et  (pii 
rendait  la  peine  plus  douloureuse26. 

De  quelle  manière  était  souvent  administrée  la  correc-J 
lion,  la  fresque  déjà  mentionnée  d’Herculanum  (fig.  ( 
nous  le  fait  voir27.  L’enfant  y  est  dépouillé  de  ses 
habits  ;  il  ne  garde  qu’une  ceinture  autour  du  corps.  !  n 
de  ses  camarades  l’a  hissé  sur  son  dos  et  l’y  maintient 
solidement  par  les  deux  mains,  tandis  qu’un  auhe,  j 
agenouillé,  lui  a  saisi  les  jambes  et  l’empêche  de  bougeij 
Un  homme  encore  jeune,  debout,  frappe  sur  les  îeuj 
avec  des  verges.  Est-ce  le  maître  lui-même,  ou  un  des® 
aides  28‘?  Un  personnage  placé  à  la  droite  du  m.iiiu. 
la  caricature  reproduite  plus  haut  (fig.4648),  peut  être 
de  ses  aides  chargé  de  l’exécution.  Pendant  ce  h  ml'”’  Jj 
curieux  de  la  rue  regardent,  entre  les  colonms, 


indifférence,  et  les  autres  écoliers  assis  sur 


un  banc,  lej 


volumen  déroulé  sur  leurs  genoux,  ne  se  dénuv  1  ^  ^ 
pas  de  leur  lecture  pour  contempler  un  spect.u  i  1  1 

ont  sans  doute  l’habitude.  Parfois  aussi,  h  ni."  CQa;i 
besoin  de  personne  pour  inlligef  la  punition,  ^  le 
tout  simplement  l’enfant  par  le  milieu  <-  u  •'  ^  J 

soutenant  en  l’air,  le  fouettait  avec  la  main  i 

—  «  Mart.  IV.  86,  9. —  15  OuinUI.  X,  3,  3,-3,  -  17  £3 I 

—  18  Scncc.  Epist.  94,  9.  -  U>  C'est  ce  que  disaient  a  ■  84i  3  ;  VIII. 3'  '"‘j 

instruits  par  Denys  le  Grec  (Ad  Attic.  VI,  t,  !-)•  «j-Jut.  I<*;' 

IX,  98,  4,-9.  .d.  X,  69,  ,0;  cf.  XIV,  80.  -22  F, Ut.  Caes- 0i,  5„u- 

Idyll.  4,  24.  -  23  IIor.  Sat.  I,  3,  120;  Juv.  M7  •  voir  PIuL  Po1^  jj 

vent  mots  rapprochés  et  qui  caractérisent  le  régime^  ^  Jahni  c.  t*1’’  ’  I 

—  2(1  Mart.  X,  62  ,  8.  —  26  Plin.  Nat.  Hist.  9,  /  ■  ‘ 

—  28  Grasberger,  Op.  I.  II,  P-  I48'  —  29  Julllcn’  p'  ' 


LUD 


—  1383  — 


LUD 


.  i;lS  seulement  à  l’école  primaire,  comme  on 
Cenll'l'l.,>(Toire,  qu’étaient  exercées  de  pareilles 
P0"”’"!  cii, 7.  le  grammaticus  aussi  régnait  une  sévère 
|ri.g,U!l|"l,(.  Rappelons-nous  le  plagosus  Orbilius  *, 
■f- ' 'V  Horace  ne  put  jamais  pardonner  les  coups  qu’il 
F  Orbilius  était  un  professeur  de  grammaire, 


I  am[ 

t  reçu 

[et,  qu°i‘Iu  11 


®îl'1  ÜS'  s’adressât  à  des  élèves  déjà  grands,  il  ma- 


x  la  férule  et  la  lanière  de  cuir  avec  aussi 
•ment  que  s’il  avait  eu  affaire  à  des  gamins 
Sans  doute  il  était  dur  naturellement 


niait  contre  eu 

Udeménagem 

en  bas  âge  2-  S 

|  tura  acerba)3  ]  sans  doute  aussi,  ancien  soldat4,  il 
transportait  dans  son  école  les  habitudes  des  camps; 
lais  son  exemple  n’était  pas  isolé.  Juvénal  euL  le  sort 
■‘Horace ;  il  fut  plus  d’une  fois,  nous  dit-il,  obligé  de 
re  à  la  baguette  ses  mains  tremblantes 6.  Or  c’était  le 


donnant  des  conseils  au  dictateur  Sylla,  il 


I  tendre 
temps  où, 

composait  des  suasoriae  ;  il  était  donc  chez  le  rhéteur, 
tout  au  moins  chez  le  grammairien6. 

■Ce  qui  est  plus  étonnant,  c’est  que  personne,  pas  même 
les  parents,  intéressés  cependant  des  premiers,  ne  pro¬ 
testait  beaucoup  contre  de  pareils  procédés7.  A  de  rares 
intervalles  se  faisait  entendre  la  réclamation  timide  d’un 
lérence8,  la  réclamation  plus  énergique  d’un  Quintilien 
qui  s’écriait  :  «  Frapper  les  enfants,  bien  que  ce  soit 
l’usage  et  que  Chrysippe  l’approuve,  me  paraît  absolu¬ 
ment  condamnable  \  »  Mais  presque  tout  le  monde 
pensait  comme  Chrysippe.  On  trouvait  naturel  qu’un 
jiuaitre  habile  s’indignât  d’être  lentement  compris10. 
Bien  plus,  il  fallait  lui  savoir  gré  de  cette  ardeur  qui  em¬ 
ployait  tous  les  moyens,  même  violents,  pour  inculquer  la 
science 1 1 .  Et  sur  ce  point,  il  ne  semble  pas  que  l’opinion 
ail  jamais  varié.  Aussi  l’école,  dans  le  cours  des  siècles, 
ne  changea-t-elle  rien  à  ses  traditions.  A  la  lin  du  paga- 
ipme  comme  a  l’époque  de  Plaute,  elle  retentissait  encore 
des  coups  de  fouet12.  Ausone,  lorsque  son  petit-fils  fut 
Tin  âge  d’aller  suivre  l’enseignement  du  dehors,  essayait 
fil  encourager  et  de  le  fortifier  contre  la  crainte  de  la 
■  ue'“  Ses  parents,  lui  écrivait-il,  avaient  passé  par  là, 
aussi,  et  en  étaient  devenus  des  personnes  accom- 
pies  . »  Ouant  à  Saint- Augustin,  il  ne  songeait  pas  sans 
'  1  I M '  iode  de  son  enfance  et  aurait  préféré 
dr 1  ,l' 1  'lUf>  de  la  recommencer  '4.  Nous  avons  le 
I  e  juger  sévèrement  ce  triste  système  de  l’antiquité; 
|0n„,  i  '"us  SOn8er  qu’il  fut  aussi  le  nôtre  pendant 
ronminT’  1““  ^  M°yen  Age  ra  recueilli  de  l’héritage 
eL,n,0n  1'"  Ullla  centans  seulement  que  les  punitions 
P^PweUes  onl  cessé  d’être  en  usage. 

siuïraipm  j  ",ln/ M  jours  tle  vacances.  —  Les  écoles 
4 Ovide r'\  matan’  au  lever  du  jour.  «  C’est  toi, 

les  bvres  ;  | 111 01  '  ’  (Iui  arraches  les  enfants  au  sommeil  et 
"'attendait  i  T  maî,re®  impitoyables16.  »  En  hiver,  on 
lisait  encore" '!''lS  *  aul5e  ll'°P  lente  à  se  montrer.  Il 
Ie cardeur  dp  t"11’  6  C0C1 ne cliantait  pas  16,  le  forgeron  et 
1  "Posaient l7,  quedéjàélèves  et  insti- 

Ho  /  “ 

2  SUOt'  °e  9rammat.  9.  — *  Ibid.  —  b  Ibid. — 
de  rli^tori.n,,  es  suasonae  lll ra ienl  dn  Ainn  _ _ _ x 

É.  sous 

aussi  it  o 

i  Si  r. scs  ™oi 

cnn, 

f 


5  Juv. 

,  »  ‘"dori.inp  u  •  .  s"r,soi !ae  auraient  dû  Cire  un  exercice  réservé  aux 

■  ■  "ll"1  el>  sous  prélexl  '"""la‘rien  avait  lini  par  empiéter  sur  les  attributions 

aussi,  i,  ...  ,  p.clMte  do  préparer! 


''  (Hilll's  soûle 


icrs  dos  an  degré  supérieur  d’instruction,  il  donnait, 

a  des  S  l'!.ls  '"sco"rs,  des  causes  politiques  à  traiter. 
111  "es  (devenu  vieux,  il  déchargea  dans  un  livre  sa 


'lls''i|ilui  '  ’ l.’Ll0unclle  révollaii S  ' laienl  P'amls,  Sucl.  De  grammat.  fl),  c'est  que  sa 
3  ,,  'lu‘ 11  allaii  poii,i  :  es  autres  maîtres  on  acceptait,  sans  rien  dire,  une 

W  Oe.  Z  TT*  a  brutalité.  —  s  Tcrcnl.  Andr.  5.  sq.-»  Quint. 


h ‘2  A 


:4ni.  |  •  MÿU.  4,  24  _  '  f®”*'  1,1  :il-  —  11  Sencc.  De  benef.  VI,  16,  7. 

'  ' '  ’ cf-  Mart.  XiV  '  *’  !2’  25’  33‘  ~  U  AuS‘  Conf-  F  9-  —  16  Ovid. 

,  -j.  -  fo  Mart.  IX,  08,  3.  —  n  Juv.  VII,  222  sq. 


tuteur  élaient  à  leur  poste.  On  lisait,  on  comptait  à  haute 
voix.  Le  bruit  de  ce  travail  matinal  venait  réveiller  le  pa¬ 
resseux  Martial,  et  c  était  un  des  inconvénients  qui  ren¬ 
daient  au  poète  le  séjour  de  Rome  insupportable* ®.  Les 
exercices  scolaires  se  poursuivaient  ensuite  pendant  toute 
la  matinée  jusqu  aux  environs  de  midi.  L’enfant  rentrait 
alors  chez  lui  pour  prendre  son  repas;  puis  il  retournait 
a  1  école10. 11  y  passait  donc  beaucoup  de  temps.  Seulement 
il  faut  savoir  que  toutes  ces  heures  n’étaient  pas  ce  que 
nous  appelons  des  heures  de  classe;  il  y  avait  aussi  dans 
le  nombre  des  heures  d'étude,  c’est-à-dire  que,  après  la 
leçon  du  maître,  l’élève  faisait  les  devoirs  écrits  qui  lui 
étaient  proposés,  et  cette  variété  même  d’exercices  lui 
était  déjà  un  certain  délassement  :  il  se  reposait  d’une 
occupation  par  l’autre. 

Mais  il  trouvait  un  repos  plus  réel,  celui  des  vacances. 
Car  si  chaque  journée  d’école  était  bien  remplie,  l’école 
ne  réclamait  pas  l’enfant  tous  les  jours  de  l’année  ;  loin 
de  là.  Les  vacances  étaient  même  plus  nombreuses  alors, 
ou  du  moins  plus  longues,  que  de  notre  temps.  11  y 
avait  d’abord  la  grande  période  annuelle  de  congés  qui 
correspondait  aux  fortes  chaleurs  de  l’été.  La  fièyre  était 
meurtrière  pour  les  enfants20,  et  Martial  disait  avec 
raison  :  «  Ils  apprennent  assez  pendant  l’été,  s’ils  se 
portent  bien 21 .  »  Chacun  était  de  son  avis.  Du  reste,  Rome 
était  à  ce  moment  désertée  par  tous  ceux  qui  pouvaient 
échapper  a  ses  miasmes.  Le  Sénat  ne  tenait  presque  plus 
séance,  les  tribunaux  vaquaient  tout  à  fait22.  Il  allait  de 
soi  que  les  écoles  aussi  fussent  fermées.  Combien  de 
temps  se  prolongeaient  les  vacances?  Du  15  juin  au 
15  octobre,  croit-on  d’ordinaire23,  et  l’on  s’appuie  sur  un 
vers  d  Horace  :  ( pueri )  Ibant  octonis  refereutes  fdibus 
aéra 2i,  où  le  satirique  semble  indiquer  en  effet  huit  mois 
comme  étant  la  durée  des  études  annuelles.  Mais  l’inter¬ 
prétation  du  passage  a  été  contestée25.  Les  scholiastes 
lisent  octonos...  aeris  (avec  asses  sous-entendu)  et  non 
octonis...  aéra.  Dès  lors  il  ne  s’agirait  plus  de  huit  mois 
de  paiement  dus  à  l’instituteur,  mais  de  huit  as,  rétri¬ 
bution  mensuelle  apportée  par  les  enfants.  D’autre  part, 
un  passage  de  Martial  permet  de  conclure  qu’en  juillet  le 
ludimagister  n’avait  pas  encore  donné  la  liberté  à  ses 
élèves26.  Les  vacances,  dans  cette  hypothèse  qui  est  la 
plus  vraisemblable,  auraient  donc  été  de  trois  mois  au 
lieu  de  quatre.  C’était  déjà  uneassez  belle  période  de  répit  : 
ce  n’était  pas  la  seule.  Aux  Saturnales  (17  décembre)27, 
aux  Quinquatries  (19  mars)28,  aux  sept  fêles  ordinaires 
(fériés romaines,  fériés  plébéiennes,  fériés  de  la  Mère  des 
Dieux  Idéenne,  de  Cérès,  d’Apollon,  de  Flore  et  de  la 
Victoire  29),  les  écoles  chômaient,  et  pendant  plusieurs 
jours.  Ajoutez  chaque  semaine  le  jour  du  marché  ou 
Nundines ,  jour  de  liesse30  et  de  congé  pour  les  enfants 31 . 
Ajoutez  les  fêtes  extraordinaires,  les  jeux  publics,  jeux 
du  cirque  et  de  l’amphithéâtre32,  représentations  thé⬠
trales33.  Songez  encore  que  le  nombre  des  fêtes  et  la 

— 18  Mart.  XI,  157, 5.  —15  Lucian.  De  parasit.  Cl  ;  Suet.  De  grammat.  4. 20  H0,._ 

Epiât  A ,  7,  7.  —21  Mail.  X,  <Î2, 12.  —22  Flin.  Ep.  VIII,  21,2.-23  Ussing,  Darstell. 
(les  Erzieh.  p.  102  ;  Jullien,  Op.  I.  p.  128-129.  —  2S  Hor.  Sut.  I,  6  ,  75  —  25  Mar- 

quardt,  Vie  privée,  1,  p.  112,  note  2;  Jullien,  Op.  I.  p.  129,  note  3.  _  20  Mari  X 

G2,  fi.  —  27  Plin.  Ep.  VIII,  7,  1  ;  Mart.  V,  84.  —  28  Hor.  Ep.  II,  2,  197  ;  Ovid.  Faut. 
III,  815;  Juv.  X,  115.  —  29  Cependant  il  faut  dire  que,  parmi  les  fêles  ordinaires, 
un  certain  nombre  tombaient  pendant  les  grandes  vacances;  pour  celles-là  le  congé 
se  confondait  avec  le  congé  déjà  existant.  —  30  Plaul.  Aulul.  il,  4,  45  ;  dUj  17  < 

09;  Fest.  p.  173;  Cic.  Ad  Attic.  I,  14,  1.  —  31  Varr.  ap.  Non.  p.  231  (éd.  Quiche- 
rat).  —  32  Suet.  Octav.  44.-33  Dans  les  prologues  de  Plaute  (qu’ils  soient  d’ailleurs 
du  poète  lui-méme  ou  qu’ils  datent  d’une  époque  postérieure),  l’acteur  qui  réclame 
le  silence  parle  du  bruit  que  fout  les  enfants. 


—  1384  — 


LUD 


LUI) 

durée  de  chacune  d’elles  s’accrut  prodigieusement  au 
cours  de  l'Empire  et  finit  par  encombrer  le  calendrier,  à  ce 
point  que  Marc-Aurèle  fut  obligé  d’ordonner  que  les  jours 
fériés  ne  pourraient  pas  dépasser  le  total  de  cent  trente- 
cinq  *.  On  croira  sans  peine  que  les  cent  trente-cinq 
jours  fériés  n’étaient  pas  tous  des  jours  de  vacances 
pour  les  écoliers.  Mais  il  y  en  avait  assurément  beau¬ 
coup.  «  Je  ne  veux  pas,  écrivait  Sénèque,  que  l’on  soit 
toujours  penché  sur  un  livre  ou  sur  des  tablettes.2  »  Le 
conseil  du  philosophe  était  bien  suivi,  comme  on  voit. 

Pour  tout  ce  qui  regarde  les  trois  ordres  d’enseigne¬ 
ment,  les  matières  d’études,  les  exercices  des  élèves, 
devoirs  oraux  et  écrits,  nous  renvoyons  à  l’article  educatio. 

II.  Ludimagister,  maître  d’école. 

C’est  le  maître  indispensable,  celui  qui  apprend  à  lire, 
écrire  et  compter3,  qui  donne  des  connaissances  mo¬ 
destes,  mais  utiles  entre  toutes.  Il  correspond  à  notre 
instituteur  primaire.  Du  reste,  il  porte,  lui  aussi,  le  nom 
de  premier  maître  (primas  magister )  b  On  l’appelle 
encore  (les  appellations  sont  nombreuses  et  celle-ci  est 
plus  archaïque,  il  est  vrai6)  le  litteratorR ,  le  maître  qui 
enseigne  les  lettres  de  l’alphabet.  Enfin,  dans  une  ville 
qui  a  subi  autant  que  Rome  l’influence  hellénique, 
comment  le  terme  grec  grammatista  n'aurait-il  pas  été 
employé3?  11  le  fut,  moins  souvent  toutefois. 

En  principe,  c’était  le  père  de  famille  lui-même  qui 
servait  d’instituteur  :  sans  cuique  parens  pro  magistro 8. 
Le  vieux  Caton  restait  donc  fidèle  à  la  coutume  des 
ancêtres,  au  mos  majorum ,  en  donnant,  lui  seul,  des 
leçons  à  son  fils9.  Bientôt  tous  les  pères  ou  ne  voulurent 
plus  se  charger  de  ce  soin,  ou  ne  le  purent,  à  cause  des 
exigences  sans  cesse  accrues  de  la  vie  politique.  Ce  fut 
un  esclave  lettré  ( litteratus  )  ou  le  paedagogus  qui 
remplit  alors  les  fonctions  de  maître  élémentaire10;  et 
jusqu’à  la  fin  de  l’Empire  cet  usage  persista  dans  la 
plupart  des  maisons  riches.  Mais  les  familles  riches  sont 
l’exception.  Les  gens  de  médiocre  fortune  et  les  pauvres, 
qui  forment  la  grande  masse  du  peuple,  sentirent  le 
besoin  de  confier  leurs  enfants  à  des  maîtres  dont  chacun 
grouperait  autour  de  lui  un  certain  nombre  d’élèves  en 
vue  d'un  enseignement  public.  Les  écoles  furent  créées, 
et  le  ludimagister  apparut.  A  quelle  époque  ?  11  est 
impossible  de  le  dire,  mais  l’institution  doit  remonter 
assez  haut.  Sans  ajouter  foi  au  récit  de  Plutarque  qui 
nous  parle  d'une  école  de  Gabies  fréquentée  par  Romulus 
et  Rémus 11 ,  il  faut  bien  admettre  pourtant  que,  dès 
le  ve  siècle  avant  notre  ère,  des  maîtres  élémentaires 
enseignaient  parmi  les  boutiques  du  Forum.  L’histoire 
de  Virginie  est  là  pour  le  prouver12  :  elle  se  rendait  pré¬ 
cisément  à  l’école  quand  Appius  Claudius  la  rencontra  et 
conçut  pour  elle  la  violente  passion  que  l’on  sait.  Un  peu 
plus  tard,  au  temps  de  Camille,  nous  trouvons  aussi  des 
maîtres  instruisant  la  jeunesse  de  Faléries  13  et  de  Tus- 
culum 11  :  je  rappelle  seulement  pour  mémoire  la  trahison 
bien  connue  de  celui  des  Falisques.  De  ces  faits  il  y  a 
deux  conclusions  à  tirer:  l’enseignement  était  commun 
aux  deux  sexes,  ce  qu'il  semble  être  resté,  même  sous 
l’Empire,  dans  les  écoles  du  premier  degré  ls,  et  d’autre 

l  Capilol.  Marc.  Ant.  10.  —  2  Senec.  Ep.  15,  0.  —  3  Aug.  Conf .  I, 
13.  —  4  Ibid.  —  *  Suet.  Degrammat.  ;4Mart.  Capella,  III,  229. —  6  Apul.  Flor. 
20.  —  7  Ussing,  O.  I.  p.  101.  —  8  Plin.  Ep.  VIII,  14,  0.  —  9  Plut.  Cat.  moj.  20. 

_ 10  Ibid .  ;  Cic .Pro  Rose.  Am.  41,  120.  —  H  Plut.  Rornul.  6.  —  12  Liv.  3,  44;  Dion. 

liai.  11,  28.  —  13  Liv.  5,  27.  —  14  Liv.  6,  25.  —  15  Mart.  VIII,  3,  16;  IX,  68. 


part  cette  instruction  primaire  fut  de  bonne  1 
répandue,  puisque  au  début  du  iv°  siècle  ,>11,/'^°  ilsseî 
usuelle  dans  de  petites  villes  étrusques  et  h'u'  ^  Choa® 
Naturellement  les  écoles,  dans  la  suite,  se  JuliL- 
encore,  et  les  ludimagisïri  devinre-1  ’  '  "  r|,||t 

nombreux.  Il  ne  faudrait  donc  pas  croire  que,  "us  fl 

turc  ef  J  s  e* 

fût  restée  très  en  arrière  de 


rapport  de  la  lecture,  de  l’écriture  et  du  calo.il  1 ,  . 

,  .  uu, 1  antique  , 

la  civilisation  moderrm  ni 
M.  Mommsen  proteste  avec  raison  contre  ce  préjugé'»  ’ii 
détail,  petit  en  apparence,  mais  qui  a  ici  une  très  grajl 
valeur,  prouve  l’étonnante  diffusion  des  connaissance] ! 
élémentaires  jusque  dans  les  basses  classes  delà  société'! 
le  mot  d’ordre  à  l’armée,  et  cela  dès  l’époque  de  Pohbe 
au  lieu  d’être  donné  de  vive  voix,  était  écrit  sur  des! 
tablettes  qui  passaient  de  rang  en  rang11  ;  il  fallait  <]onc 
que  chacun  fût  capable  de  le  lire.  On  s’explique  alors 
comment  tant  d’affiches  couvraient  les  murs  des  rues  de 
Pompéi,  comment  tant  d’inscriptions  gravées  sur  les 
ruines  révèlent,  par  leur  grossièreté  même,  une  main 
populaire.  En  réalité,  il  devait  y  avoir  fort  peu  d’illettrés 
dans  l’Empire.  Au  fur  et  à  mesure  que  les  légions  faisaient 
des  conquêtes,  l’instruction  romaine  pénétrait  à  leur 
suite.  Un  ludimagister  s’installait  et  ouvrait  une  école. 
11  en  ouvrait  non  seulement  dans  les  villes  ou  les  villages 
anciens,  mais  partout  où  se  formait  quelque  nouvelle 
agglomération  d’habitants.  Ainsi,  en  Portugal,  des  mines 
étaient  exploitées  dans  la  région  montagneuse  d’Aljuslrel; 
une  table  de  bronze  qu’on  y  a  découverte  signale,  parmi 
d’autres  marchands  que  les  ouvriers  attiraient,  la  pré¬ 
sence  de  plusieurs  instituteurs18.  Et  notez  que  l’État  ne 
se  mêlait  en  rien  de  l’enseignement,  surtout  de  l’ensei¬ 
gnement  primaire,  ne  s’occupait  pas  d’en  favoriser  l’essor, 
de  soutenir  les  maîtres,  d’encourager  les  parents  :  il  s  en 
remettait  à  l’initiative  individuelle.  U  fallaitque  laideur 
de  savoi  r  fût  bien  forte  pour  avoir  développé  ainsi  I  ins¬ 
truction.  Mais  cette  instruction,  on  ne  pouvait  s  en  passée 
dans  l’usage  de  la  vie.  Et  le  sens  pratique  des  Humains! 
le  goût  de  l’utile,  qui  leur  a  fai l  faire  tant  dautrel 
bonnes  choses,  les  a,  une  fois  de  plus,  bien  sen U.  il Ie® 
a  permis  de  suppléer  à  l’intervention  du  gou\einemenl 
Ces  maîtres  si  nécessaires  n’étaient  pourtam  P  ^  '  • 
niés.  11  s’attachait  d’abord  à  eux  cette  défaveur  qui  env® 
loppait  d’une  façon  générale  les  fonctions  rétuluu  -  ^ 
enseignaient  pour  de  l’argent.  Sous  quell*  11  Ij 
recevaient  ce  salaire,  nous  le  verrons  loui 
Mais  tout  salaire,  quel  qu’il  fût,  était  dégrat  a...  1 

des  Romains  et  leur  semblait  «  un  gage  de . 1  n  juS 
On  sait  combien  ils  méprisaient  le  commerce  •  < 

trie.  «  Une  boutique,  disait  Cicéron,  ne  P1 11  _  mme 

d’honorable an.  »  Or  une  école  est  une  bon  u  _  ^  & 
les  autres,  dès  qu’on  y  paye  la  maie  an  _  _  j 
droit  aux  mêmes  dédains.  Et  Sénèque,  ai  au  rang 
refusait  de  mettre  la  profession  d  m>  (  onViennent  à 
des  professions  libérales,  de  celles  toujours 

l’homme  libre21.  De  plus,  le  ludimagis  ei  lernpS  0u 
d’humble  condition,  étranger  la  p  llPar  .  juj  aussi 
affranchi22.  Sans  doute  le  grammaticus  ^  I 

VP  S*  -  lui  aussi  avait  as 


juflrir 


du 


souvent  un  ancien  esclave- 

_  a  ibii-  \  i|n'"ni5C“| 

-  16  Mommsen,  Bût.  rom.  trac!.  Alexan.lre,  l\ ,  P-J»  '  „  (suppO- 

Mar, mardi,  Organn.  milit.  p.  130.  -  «  Corp.mc^  __  „  Ibli  I,  «- 


rjsrr  ;  .7,  -  «  — 

..  Senec,  En  B 8.  1.  -  «  Marquardt,  Vie  privée, 


op 


21  Senec.  Ep.  88,  1. 
I.  p.  166  et  184. 


—  1385  — 


LUD 


Pis  des  Roma 


LUD 

ains  pour  tout  métier  rémunéré.  Encore 


un  jaug, 
rlietores 


'  L  degrés  dans  le  peu  d’estime  que  l’on  fait  des 
' ,  gnmmairiens,  malgré  tout  et  par  suite  de  leur 

v  '  b  nl  plus  élevé,  arrivaient  à  un  certain  renom1. 

' V  ii  uivre  ludimagister,  qui  n’avait  à  transmettre 
Mal  H  ambles  connaissances,  restait  dans  son  obscurité. 
5UC  '0Ulon  devenu  sénateur  est  un  exemple  unique4; 
J.UI,‘”L  d’un  caprice  de  Séjan  et  de  Tibère,  caprice  qui 
'  point  heureux,  car  l’ancien  maître  d  école,  grise 
r  J  succès,  usa  mal  de  sa  nouvelle  fortune.  Quant 
Pal  autres,  ils'étaient  maintenus  par  l’usage  et  la  loi  dans 
llUN;an,  ^ès  inférieur  à  celui  des  grammatici  et  des 
\  jis  ne  pouvaient  prendre  le  titre  de  professeur 
réservé  aux  maîtres  de  grammaire  et  de  rhétorique  ;  le 
rode  est  formel  à  cet  égard3.  Cela  seul  déjà  créait,  à  leur 
détriment,  une  inégalité  fâcheuse. 

Ajoutez  qu’ils  étaient  beaucoup  moins  payés.  Ce  n’est 
pas  à  dire  que  leurs  confrères  des  classes  supérieures 
fussent  dans  une  situation  financière  toujours  brillante. 
On  connaît  les  doléances  de  Juvénal  sur  la  misère  des 
gens  de  lettres  et  des  professeurs4.  Mais  le  satirique 
semble  avoir  exagéré.  Les  faits  que  M.  Jullien  a  rassem¬ 
blés  conduisent  à  une  conclusion  assez  différente8.  Bien 
souvent,  si  le  grammairien  se  trouvait  dans  la  gêne,  il 
n’avait  à  s’en  prendre  qu’à  lui-même  et  à  sa  façon  de  se 
conduire.  Le  maître  d’école,  au  contraire,  a  beau  s’éver¬ 
tuer  :  il  est  pauvre.  Son  métier  ne  lui  suffit  pas  pour 
vivre.  11  cherche  au  dehors  des  ressources  accessoires. 
Il  fait,  par  exemple,  comme  cet  instituteur  de  Capoue, 
Philocalus,  dont  on  a  retrouvé  la  tombe  il  y  a  quelques 
années,  et  qui  se  vante  dans  les  vers  de  son  épitaphe 
d’avoir  écrit  des  testaments  avec  probité6.  Celte  petite 
industrie  jointe  à  sa  profession  lui  a  permis  à  sa  mort 
d’orner  d'un  bas-relief  son  monument  funéraire. 

D’après  Plutarque,  ce  serait  assez  lard  seulement  que 
les  maîtres  auraient  pris  l’habitude  d’enseigner  pour  un 
salaire,  et  le  premier  qui  tinl  à  Rome  «  une  boutique 
d  instruction  payante  »  aurait  été  Spurius  Carvilius, 

1  affranchi  de  ce  Carvilius,  consul  en  235  av.  J.-C.,  «  qui 
donna  l’exemple  du  divorce1  ».  Jusque-là  les  écoles,  qui 
existaient  déjà  nombreuses,  comme  le  montrent  les  récits 
de  Tite-Live8,  auraient  donc  été  gratuites.  La  chose  est 
peu  vraisemblable  en  elle-même,  et  encore  moins  con¬ 
tourne  au  caractère  intéressé  des  Romains.  Il  faut  entendre 
pai  le  texte  de  Plutarque  que  Carvilius  fut  le  premier  à 
ne  pas  craindre  de  demander  ouvertement  pour  ses  leçons 
uni-  rétribution  lixe.  Personnage  plus  important  que  ses 
pudecesseurs,  protégé  par  un  puissant  patron,  le  consul, 
'h'uuail  été  son  élève,  il  put  braver  un  préjugé  contre 
'lue ,  sans  doute,  on  n’avait  pas  encore  osé  s’élever, 
j  .Puis  assurés  cependant  que  d’une  manière  détournée 

tnUr"1"  ^  avan^  ^u'’  receva*ent  aussi  un  salaire.  La  gra- 
l  l,nl  apparente,  ce  qui  sauvegardait  le  principe,  et 
lïmi  1 011110  (^e  cadeaux,  la  reconnaissance  des  familles 
pur  11"'  .|U,yen  ® 'exercer.  Ces  présents  étaient  apportés 
Miru  n  '  <  VeS  a  cer*,a‘nes  dates,  notamment  aux  fêles  de 
f  Dr°feclrice  des  arts  et  la  patronne  des  écoles 


wrvale  tnunus,  le  19 


mars)9,  à  celles  de  Saturne 


Jullien,  O»  /  ri 

lil*  13, i.  ___ 4  j'u ÿ  s!ap  v  —  2  Tac.  Ann.  111,66.  —  3  Quint.  XII,  11,  20;  Dig.  5 
P- 149;  Cûm  1,1  —  &  Jullien,  Op.  I.  n.  1 73  et  suiv. — 6  Nissen,  Bermes, 

P*  1384,  n0tes  j.,  j.,  " /  **  P*  3969-  —  7  Plut.  Qua.  rom.  59.  —  #  Voir  plus  liai 
privée, n  ’  U'  ~ °  M°nnnseu  et  Marquardt,  Culte,  11,  p.  167.  —  lu  1 
*’ aVec  la  note  *•  —  11  U.  Culte,  I,  p.  153.  —  12  Id.  Culte,  I,  p.  23 


( sportula  Saturnalicia ,  le  17  décembre),  du  1er  janvier 
(strena  calendaria )10,  de  la  car  a  cognatio  (22  février) n, 
du  seplimontium 12.  En  quoi  consistaient-ils?  Etaient-ils 
en  argent  ou  en  nature?  Nous  ne  saurions  le  dire.  Mais 
Carvilius  jugea  prudent  de  ne  pas  compter  uniquement 
sur  la  générosité  des  pères;  comme  son  école  très  fré¬ 
quentée  attirait  plus  d’enfants  qu’il  ne  voulait,  il  put 
imposer  ses  conditions  et  convertit  en  appointements 
fixes  ce  qui  jusqu’alors  était,  en  somme,  toujours  aléa¬ 
toire.  On  s’empressa  naturellement  de  suivre  cet  exemple 
et  d’étendre  cet  usage.  Les  présents  n’en  furent  pas  sup¬ 
primés  pour  cela;  ils  subsistèrent,  bien  qu’ils  n’eussent 
plus  la  même  raison  d’être  :  au  ivc  siècle  après  J.-C., 
saint  Jérôme  les  menlionne  encore  13.  Il  semblerait  donc 
que  les  maîtres  ne  fussent  pas  trop  à  plaindre.  Mais, 
d’abord,  les  cadeaux  se  réduisaient  évidemment,  surtout 
dans  les  écoles  primaires,  à  fort  peu  de  chose.  Et  quant 
au  salaire  que  l’usage  avait  établi,  jamais  la  loi  ne  le 
reconnut,  fidèle  aux  traditions  des  anciens  temps  où  la 
gratuité  était  de  règle.  Même  à  la  fin  de  l’Empire,  il  était 
interdit  de  poursuivre  en  justice  les  élèves  qui  ne  payaient 
pas14.  Aussi  l’on  peut  croire  qu’un  certain  nombre 
d’entre  eux,  à  la  conscience  large,  ne  se  faisaient  pas 
faute  de  manquer  aux  engagements  pris  envers  le  maître. 

Quels  étaient  ces  engagements?  Le  père  qui  voulait 
envoyer  son  enfant  à  l’école  s’entendait  avec  l’instituteur 
sur  le  chiffre  de  la  rétribution.  Ainsi  faisait-on,  du  reste, 
à  tous  les  degrés  de  l’enseignement.  Seulement,  tandis 
que  le  grammaticus  touchait  le  montant  de  la  somme  en 
une  seule  fois15,  au  mois  de  mars  qui  ouvrait  l’ancienne 
année  romaine10,  le primus  magister  recevait  ce  qui  lui 
était  dû  tous  les  mois  à  la  date  des  ides  1  ’.  Mais  un  élève 
avait-il  été  absent  pendant  un  mois,  ses  parents  saisis¬ 
saient  aussitôt  l’occasion  de  ne  rien  payer.  Ils  ne  payaient 
pas  non  plus  pendant  les  vacances,  qui  duraient  trois, 
peut-être  quatre  mois,  du  15  juillet  ou  du  15  juin  au 
15  octobre18.  La  morte-saison  était  donc  assez  longue. 
C’est  alors  que  le  besoin  de  ces  petits  métiers  accessoires 
dont  j’ai  parlé  plus  haut  devait  surtout  se  faire  sentir. 

Pauvres  diables  sous  la  République,  les  maîtres  élé¬ 
mentaires  le  restèrent  encore  sous  l’Empire,  même  en  des 
temps  devenus  meilleurs  pour  les  instituteurs  de  la  jeu¬ 
nesse.  Les  empereurs  eurent  un  réel  souci  de  venir  en 
aide  à  l’enseignement  national.  Droit  de  cité,  exemptions 
de  charges,  immunités,  salaires  fixes,  de  Jules  César  à 
Constantin  ces  différents  privilèges  furent  successivement 
accordés  ou  maintenus19.  Mais  qui  en  jouissait?  Ceux 
qu’on  appelait  du  titre  de  professeurs,  les  grammairiens 
et  les  rhéteurs.  Les  ludimagistri  n’étaient  pas  admis  à  y 
participer.  Cependant  le  prince  a  parfois  pitié  d’eux  et 
recommande  aux  gouverneurs  de  provinces  de  veiller, 
par  humanité, à  ce  qu’ils  ne  soient  pas  accablés  d’impôts 
trop  lourds.  Recommandation  assez  vague,  comme  on 
voit,  et  qui  peut  être  appliquée  très  diversement.  Un 
document  des  derniers  temps  de  l’Empire,  l’édit  de 
Dioclétien  sur  le  maximum  (301  ap.  J.-C.),  ne  permet 
pas  au  magister  institutor  litterarum  de  réclamer  plus 
de  50  deniers  par  mois  pour  chaque  enfant20.  On 


—  13  llieron.  Comment,  in  Epist.  ad  Eplies.  VII,  p.  540  (t.  XXVI,  collect.  Migne). 

—  14 Jullien,  Op.  I.  p.  27.  — 13  Juv.  VII,  240.  — 16 Macrob.  Sat.  1,12,  5-8.  — n  Hor. 
Sat.  I,  6,  75.  —  18  Mart.  X,  62,  6  sq.  ;  cf.  Marquardt,  Vie  privée,  I,  p.  112,  noie  2. 

—  19  G.  Huissier,  La  fin  du  paganisme,  I,  p.  163-167  (in- 1 2).  —  -0  Corp.  inscr. 
lat.  111,  p-  831;  Ussing,  Op.  I.  p.  103;  Marquardt,  Op.  I.  I,  p.  112,  note  1. 


LUN 


—  1386  — 


ne  connaît  pas  la  valeur  exacte  du  denier  de  Dioclé¬ 
tien  ;  mais  elle  était  certainement  beaucoup  moindre 
qu’aux  époques  antérieures  ;  on  l'estime  au  huitième  de 
la  valeur  ancienne,  qui  était  de  10  as.  En  tout  cas,  ce 
qu  il  faut  relever  dans  l’édit,  c’est  que  le  litterator  y  est 
le  plus  mal  rétribué  de  tous  les  maîtres;  non  seulement 
il  ne  reçoit  pas  autant  que  le  grammaticus  graecus  sive 
la  t  inus  et  que  le  geometres  ’,  mais  il  est  moins  bien  traité 
qu'un  autre  maître,  élémentaire  lui  aussi,  le  maître  de 
calcul  (calculator),  lequel  touche  73  deniers  2. 

Peu  payé,  peu  estimé  dans  l’opinion  publique,  le  ludi- 
magister  était  encore  peu  aimé  de  ses  élèves.  Il  n’avait 
même  pas  cette  consolation  que  des  maîtres  obscurs  trou¬ 
vent  souvent  dans  leurs  humbles  fonctions,  l’affection  du 
petit  monde  qu'ils  instruisent.  Ce  n'est  pas  assez  de  dire 
qu'il  était  peu  aimé;  si  l'on  en  croit  Martial,  il  était  détesté3. 
Il  est  très  vrai  que  les  enfants,  le  plus  souvent,  ont  tout 
d’abord  une  certaine  répugnance  à  l’endroit  du  travail  et  de 
celui  qui  les  fait  travailler.  Mais  le  litterator  ne  tâchait 
guère  de  vaincre  cette  répugnance  et  de  se  rendre  aimable. 
Au  contraire  il  était  dur,  exerçait  avec  une  rigueur  impi¬ 
toyable  cette  discipline  dont  on  a  vu  les  terribles  ins¬ 
truments,  et  par  sa  violence  devenait  encore  plus  un 
objet  d  horreur.  Bien  que  le  grammaticus  eût  un  droit 
égal  à  user  des  châtiments  corporels,  il  est  à  croire  qu’il 
y  recourait  moins  fréquemment.  On  cite  toujours  Orbilius 
et  la  terreur  qu’il  inspirait  par  sa  férule  ;  mais  cela  même 
prouve,  sinon  qu’il  était  une  exception,  du  moins  qu’il 
tranchait  avec  sa  rudesse  sur  les  habitudes,  plus  douces 
en  général,  des  autres  grammatici.  Comme  dit  très  bien 
M.  Jullien,  «  il  aurait  soulevé  moins  de  colères,  si  tous 
ses  collègues  avaient  été  aussi  brutaux  que  lui  1  ».  Le 
ludimagister,  sorti  du  peuple  et  resté  peuple  davantage, 
moins  délicat,  ne  craignait  pas  d’employer  tous  les  moyens 
dont  l’armait  la  sévérité  des  mœurs  romaines. 

Et  avec  tout  cela  ces  maîtres  exécrés,  ces  hommes  à 
l’existence  misérable,  en  répandant  partout  l’instruction, 
ont  rendu  de  grands  services  à  leur  pays.  Envisagés  de  la 
sorte,  dans  les  résultats  de  leur  tâche,  ils  se  relèvent, 
font  meilleure  figure,  et  nous  pouvons  terminer  sur  une 
impression  moins  défavorable.  L’individu  est  peu  de 
chose,  l’œuvre  collective  a  été  belle.  Edmond  Courbaud. 
LUDUS  TROJAE  [trojae  ludgs]. 

LUIVA.  —  Grèce.  —  L’astre  ou  la  déesse  ont  pour 
nom  grec  tantôt  tantôt  SsXvjvï).  Le  premier,  qui 

paraît  le  plus  ancien  et  qu’on  trouve  surtout  chez  les 
poètes,  vient  d.’une  racine  me  =  mesurer  (skr.  mû)  qui  se 
retrouve  dans  gvjv  (thème  p.7jv;-,  ion.gslç),  mois.  SeXïjv-/], 
plus  fréquent  surtout  en  prose,  a  la  même  racine  que 
fféXaç,  éclat ,  et  csip  ou  o-sfpt o;,  soleil1.  Cette  divinité 
paraît  n’avoir  tenu  dans  les  préoccupations  religieuses 
des  Grecs  qu’une  place  d’arrière-plan.  Tandis  qu’Artémis 
ajoute  à  son  origine  lunaire  une  légende  curieusement 
élaborée  diana,  II,  p.  130-154],  Sélènè  n’a  guère  d’his¬ 
toire  ;  c’est  la  planète  satellite  sous  les  traits  d’une  femme, 

1  Ceux-là  ont  200  deniers  par  mois.  —  2  Le  notarius  ou  sténographe  reçoit  èga- 
ement  75  deniers;  maison  peut  considérer  ce  qu'il  enseigne  comme  étant  déjà  d'une 
spécialité  plus  relevée.  Four  être  juste,  ajoutons  que  le  calculator  lui-même  méritait 
d’être  un  peu  mieux  payé  que  le  litterator ,  en  raison  de  la  complication  et  de  la  diffi¬ 
culté  assez  grandes  que  présentait  chez  les  Romains  le  système  de  numération. 

—  3  Mari.  IX,  C8  ;  XII,  57,  4-5.  —  4  Jullien,  Op.  I.  p.  103-194.  —  Bibliographie. 

J. -H.  Krausc,  Geschichte  der  Erziehung ,  des  Unterrichts  und  (1er  liildung  beiden 
Griechen ,  Etruskern  und  Jiôrnern,  Halle,  1851  ;  Ussin  %,Dar&tellung  des  Erziehung  s 
und  Unten'ichlwesens  bei  den  Griechen  und  llômern ,  Allona,  1870  (2f  édit,  en  1885, 
à  Berlin)  ;  Grasberger,  Erziehung  und  Unterricht  im  klass.  Alt ert hume,  Würz- 


LUN 

mais  sans  personnalité  humaine  très  man  - 
poèmes  proprement  homériques,  il  ne  sm  Th  D;,ns  les 
la  Lune  soit  jamais  divinisée  2.  Elle  n’v  >  ?  '  Pas  qu° 
céleste.  C’est  ainsi,  dans  sa  plénitude  ^ 

sans  personnification  aucune,  qu'HéphaisLT’v”'* 
paru,,  d  autres  astres  sur  le  bouclier  qu'il  tor  '1 ‘A8,"™ 
sous  la  forme  du  simple  croissant  qu'on  h  JP  ' 
bijoux  mycéniens,  notamment  sur  1 


de  même  à  la  surface  d’un  cyl  i  n dre  représentant  le  ciel  porté 
par  Hercule,  sur  un  lécylhe  à  figures  noires  d’Érétrie6 
(fig.  4G50).  Cela  n’empêche  pas  de  croire  que  la  Lune  n’ait 
été  très  anciennement  déifiée.  D’abord  elle  attire  l’atten¬ 
tion  religieuse  de  tout  peuple  enclin  à  diviniser  la  nature. 


*  **  Mr 

Æ 


Fig.  4650.  —  Hercule  portant  le  ciel. 

Puis  nous  voyons  qu’on  lui  consacrait  des  grottes  en 
Arcadie  avant  qu’on  eût  commencé  à  bâtir  des  temples  . 
Et  l’ Athénien  des  Lois  de  Platon,  parlant  de  ces  vieilles 
croyances,  transmises  par  les  mères  et  les  nourrices, 
qu’on  cherchait  à  ébranler  de  son  temps,  mentionne 
avant  tout  la  divinité  de  la  Lune  et  d’autres  corps 
célestes7.  Il  n’est  guère  douteux  qu’au  temps  (b ^ 
Pélasges  on  ait  adoré  Sélènè8.  Pourtant  c’est  autoui 
d’Artémis  comme  d’Apollon  que  les  mythes  à  signifie4 
tion  morale  ont  poussé  leur  floraison.  Cette  déesse  a 
triple  forme  [hecatè,  p.  44  et  suiv.]  a  non  pas  absoi  a 
tout  â  fait,  mais  en  un  sens  enclavé,  dépassé  Sélem  M' 1  ^ 
qui  dans  les  conceptions  poétiques,  dans  les  théogom*  ■  ^ 
dans  l’art  ne  fait  que  suivre,  eide  loin,  les  destine'  s 1 
frère  Ilélios  [sol]. 

btirg,  1804-1881  ;  E.  Jullien,  Les  professeurs  de  littérature  dans  I  ^  Mo(nrM 
Paris,  1885;  G.  Boissier,  La  fin  dupaganisme,  Paris,  189) ,  1. 1, livi -  m_ 

sen  cl  Marquardt,  Vie  privée  des  Romains  (trad.  Heniy),L  *  clique, 
LUNA.  1  G.  Curlius,  ürundxüge,  n»s47i  ctG59-603;  Bcrgaignc.  ya)1> 

I,  p.  157.  —  2  Nitzscli,  ad  llom.  Od.  IX,  1U.  —  3  Hom.  /f-XWI  ’  ,*  350 (MilchhS- 

1 155.  —  4  Scldicmann,  Afycènes,  fig.  539,  p.  437  ;  Arc  h .  /t  it.  ]  ’  I  1  ASThoNoMia  • 

fer).  —  B  Journ.  hell.  stud.  XIII,  1802,  pl.  III;  cf.  fil,'-  ■’K‘  ,ggg>  p.  341- 

—  0  Porph.  De  unir,  nymph.  20;  Üsencr,  Rhein.  usn<"  re|j,,jol,  antiquc 

—  7  plat.  Le,/.  82 1  b ,  880  d,  887  d.  Il  en  parle  encore  comme  mu  J  p  63 

et  traditionnelle,  Apol.  XIV,  26  d.  —  «Bérard,  On 9-  c"  es 


LUN 


—  1387  — 


LUN 


etltoè-Mèni  dans  la  poésie.  —  Quand  les  poètes 
1  s'  ‘  •  son  char,  ce  n’est  souvent  qu’une  façon 


font  allusion  a 

|_ 

s  cicux1.  Quand  ils  précisent  et  détaillent  la 


de  caractériser  l’orbe  lunaire  roulant  à 

flirtai'!""'"!"  . 


travers 
description 


connue  dans  l’Hymne  homérique  ou  la 

,’ia  îo  |  ai  ne  en  son  plein  est  associée  à  la 
vi p m leur  Lie  j j  x 

• _ .In  ,1e  chevaux  à  la  brillante  crinière 


ne 


Lon  saisissante  de  chevaux  à 
V1‘  .  nl  .I(,  l’Océan  2,  on  peut  voir  là  l’idée  de  donner 

endant  au  char  d’Hélios®.  Dans  ce  meme  hymne,  les 
ï*  qu'une  épithète  semble  attribuer  à  Sélènè,et  qu’on 
retrouve  nulle  part  ailleurs,  ne  sont  pas  autre  chose 
ii’une  allusion  à  la  rapidité  de  son  évolution1.  Son 
i  re  de  beauté  féminine  à  laquelle  on  compare,  pour 
l‘  J0(1(,r  ceiie  des  mortelles  ou  même  des  déesses6,  sa 
couronne  de  rayons,  même  ses  vêtements  éclatants  de 
blancheur6  sont  simplement  des  images  du  phénomène 
physique.  L’œil  grand  ouvert  et  qui  voit  tout,  c’est  à  la  fois 
le  disque  lumineux  et  l’impression  que  la  Lune  assiste  en 
même  temps  à  tous  les  spectacles  terrestres;  on  trouve  les 
mêmes  qualifications  appliquées  au  Soleil  \  Cet  œil  est 
parfois  l'œil  d’une  génisse8,  et  à  ce  trait  s’associe  dans 
«ne  poésie  déjà  tardive  l’idée  de  cornes  d’ailleurs  suggérée 
parles  arts  plastiques  (voir  §  II).  Une  sorte  de  contagion 
verbale  créant  une  confusion  fera  même  de  la  déesse  une 
génisse  [io,  p.568],  ou  attellera  des  taureaux  à  son  char  9. 

Dans  Hésiode,  Sélènè-Mènè  est  fille  d’Hypérion  et  de 
Théia,  sans  doute  parce  qu’Hypérion  est  père  aussi 
d’ilélios10.  Dans  un  hymne  homérique  elle  a  pour  père 
l’allante  (peut-être  le  héros  éponyme  de  Pallantion  en 
Arcadie)11;  dans  les  tragiques  elle  est  non  plus  sœur, 
mais  fille  d’ilélios  *2.  Les  vers  14-17  de  l’Hymne  homé¬ 
rique  à  Sélènè13  disent  qu’aimée  de  Zeus  elle  en  a  eu 
Pandia,  légende  dont  nous  ne  voyons  aucune  autre 
mention  ancienne,  mais  d’où  Aug.  Mommsen  conclut 
que  la  fête  athénienne  dite  Pandia  pourrait  se  rapporter 
a  cette  lille  de  la  Lune  u.  Un  vers  du  poète  Alcman  dit 
que  la  rosée,  Hersa,  est  fille  de  Zeus  et  de  la  Lune16, 
mais,  comme  Macrobe  l’a  déjà  remarqué  16,  c’est  la  simple 
énonciation  poétique  d’un  phénomène  naturel  :  l’air  frais 
de  la  nuit  condensant  la  rosée.  La  légende  de  Sélènc 
aimée  de  Pan  a  un  peu  plus  de  consistance,  bien  que  seul 
Virgile  nous  la  fasse  connaître  d’après  Nicandre  de  Colo- 
l'Imn  Le  dieu  aux  pieds  de  bouc  séduit  la  Lune  par  la 
dancheur  des  brebis  ou  des  toisons  qu’il  lui  offre  (ou  en  se 
tiauslormant  en  bouc)  et  l’entraîne  dans  les  profondeurs 

. . . .  Simple  interprétation  poétique  d’un  spectacle 

1101  llllllc  Umilier  aux  pâtres,  quand  les  dos  de  leurs  mou- 

hmiiiciiv  III,  19.  I.  orbite  parcouru  l'ait  songer  à  une  piste,  le  disque 

v.  0  ™  ®  «n  char  d’or  ou  d’argent.  -  2  XXXII,  EU 

I  époque  „<■„ ,  l'.",lle  vnlgt  vers  est  le  texte  le  plus  complet  que  nous  ayons  de 
li,  l’otticr  cl  "s'"0  SUr  'a  Puue  env>sagée  comme  divinité.  —  3  Sopli.  Ajax,  845  : 
rique»  llcln,s  (XYV  ma°h’  N6croPolB  de  Myrina,  p.  401-2.  C’est  l’hymne  homé- 
pris  ji  ..  i..  ^  (*u‘  Para^  ajnslé  sur  le  modèle  de  celui  de  Sélènè.  A  un  vers 

IX,  40  0  élCMduc-  -  1  H.  h.  XXXII,  l.-s  Theocr.  Il,  104;  Paus. 

6,8 ■~ïii,lnn!y.  !'yjm'  T,1C0CI'-  u> 79  ; II-  h ■  in,  do.  —  6  a.  h.  XXXII, 
389;  Parnicnidr  en  °U|“’  ,'J|“  ’  Plut-  /s •  0s-  52 1  Aesch. Pers- 428  I  Sept. 

Aescli.  Pram  ni  ^  u"ach),  130  ;  ;  piul.  Fac.  in  ore  Lunae,  10; 

SwhSoph  \iar~KK,  Nv0U'  XVII,24°;XLIV,  217;  U.  orph.  Ibid,  2.  -  9  Ibid.  ; 
lv,  23,  d.  ,i  ^0an’  Dion-  XXIII,  309;  XL1V,  210;  Eus.  Praep.  Evang. 

16  Iles.  Thcoij  '|  x  °  I  9  “99t  '  Porphyr.  Antr.  Nymph.  18;  Lactant.  1,  21. 
^ii.  2,v.  loo  •  pur-  °  1  •  a.  II.  31  où  l'épouse  d'Hypérion  est  appelée  Eùçuoàtinra  ; 

4b  191.  —  u  n  A°en.  175  ct  Schol.jSchol.  ad  Arat.  Phæen.  455  ;  Nonn.  Dion. 
'“vresacu  1rs  ||(>  12  Eurip.  Ibid.  Ailleurs,  elle  est  la  femme  cl  de  ses 

Al,,e"rs  rUC0re  aiUcurs>de  celles  de  Zeus,  Néméo;  Schol.  A  poil.  Itkod.  498; 

"'“sonie  orphi,,,,'?  s\!.'  Cell0S  ‘I  liuM.oIpos,  Schol.  Aristoph.  Ranae,  1033.  Dans  la 
Nuit.  Pas  plus  (  ’  '  '  "enl  Peu  "°  place.  Elle  y  est  tantôt  fille,  tantôt  sœur  de 
1  "Uc  lui  en  ont  don, T'' ' ^  ^  s-s^,m’  "  Hésiode  elle  11’a  de  descendance.  Les  légendes 
une  afin  de  se  servir  du  mythe  d’Endymion  pour  rattacher 


tons  paraissent  éclairés  d’une  blancheur  éclatante.  Nous 
retrouverons  cette  légende  traduite  par  la  plastique  dans 
une  curieuse  scène  d’èyxoTuXf<7g.oî  (voir  plus  loin,  p.  1389. . 
Quant  au  célèbre  mythe  d’Endymion,  il  est,  en  ce  qui  con¬ 
cerne  Sélènè,  d’origine  récente.  Avant  l’époque  alexan- 
drine,  Endymion  n’est  qu’un  berger  ou  bien  un  fils  du  roi 
d’Elide  endormi  dans  une  grotte  du  mont  Latmos1*,  per¬ 
sonnification  du  sommeil,  du  repos  perpétuel  (et,  selon 
quelques-uns,  de  la  mort).  Ainsi  en  parlent  Hésiode, 
Platon  et  Aristote,  les  seuls  parmi  les  écrivains  un  peu 
anciens  qui  le  nomment19.  Mais,  dès  qu’une  personni¬ 
fication  du  sommeil  était  créée,  elle  devait  nécessairement 
se  rencontrer  et  s’unir  en  une  légende  avec  celle  de  la 
Lune.  De  là  Sélènè,  amoureuse  d’Endymion,  se  glissant 
dans  la  caverne  où  il  dort  pour  l’embrasser 20  et,  quand 
on  complique  les  choses,  obtenant  des  dieux  son  sommeil 
prolongé  pour  le  contempler  à  son  aise21,  puis  ayant  de 
lui  cinquante  enfants  (qui,  selon  Boeckh  22,  sont  les  cin¬ 
quante  lunaisons  d’une  période  olympique).  C’est  encore 
un  effet  pittoresque  traduit  d’abord  sous  forme  drama¬ 
tique  et  simple,  puis  surchargé  d’éléments  nouveaux  : 
c’est  la  douceur  avec  laquelle  les  rayons  lunaires  cares¬ 
sent  un  corps  nu23. 

Toutes  ces  indications  nous  montrent  que  les  Grecs 
avaient  le  sentiment  d’une  Sélènè  distincte  d’Artémis, la 
vierge  lunaire  et  chasseresse,  sans  que  la  distinction 
fût  absolument  tranchée  dans  le  langage.  Différents 
textes  disent  bien  qu’Artémis  estaussi  la  Lune24  ;  aucun, 
que  la  Lune  n’est  autre  qu’Artémis  ou  même  qu’Hécate. 
Devenue  une  des  trois  personnes  de  la  trinité  artémi- 
dienne,  elle  est  restée  quelque  chose  d’autre,  a  gardé  sa 
personnalité  astrale.  Dans  les  mêmes  passages,  concur¬ 
remment  Artémis  et  Sélènè  sont  nommées  et  pas  du 
tout  comme  les  deux  noms  d’une  même  divinité.  Dans 
Hésiode 2S,  les  Muses  invoquent  d’abord  Artémis  parmi  les 
dix  grands  dieux  olympiens,  puis,  quatre  vers  plus  loin, 
Sélènè  la  brillante,  parmi  les  dieux  de  lumière,  avant 
les  dieux  chthoniens.  L’amante  délaissée  de  Théocrite26 
s’adresse  successivement  à  Sélènè  la  paisible  qui  x-eçoit 
ses  confidences  et  la  protégera,  puis  à  la  souterraine 
Hécate,  à  la  puissante  Artémis  qui  frapperont  son  amant. 
On  pensait  à  Sélènè  vaguement  femme,  toujours  calme  et 
débonnaire,  sans  la  mêler  nécessairement  à  la  farouche  et 
bondissante  Artémis.  Pendant  que  le  mythe  de  celle-ci  se 
développait  et  suivait  son  cours,  celui  de  Sélènè  était 
toujours  recommencé  et  renouvelé  par  la  simple  contem¬ 
plation  du  phénomène  astral. 

les  rois  du  pays  à  la  race  divine  ;  cf.  F.  Lcnormant,  Origines  de  l’ Hist.,  Appendice  ; 
Bouché-Leclercq,  Atlas  de  l'Hist.  grecque,  p.  11-13,20-21.  — 13  ff.  h.  XXXIl.Ccsder- 
niers  vers  sont  sans  aucun  lien  apparent  avec  les  treize  premiers  tout  descriptifs  ;  cf. 
Grosse,  De  dca  Luna ,  p.  5,  n.  I.  —  U  Heortolog.  p.  60;  Etym.  magn.  s.  v. 
nœvSu'a.  Mais  voir  noie  de  11.  Wcil  et  Buttmann,  Dcmosth.  Mid.  517,  éd .  H.  Weil. 
p.  116.  —  13  Ap.  Plut.  Symp.  111,  10,  p.  G59  b  ;  Bcrgk,  Lyrici  gracci ,  111,  p.  54, 
fr.  48;  Macroh.  VII,  16,  31.  —  16  Macr.  Ibid.  —  O  Nicaudr.  Fragm.  24  et  115; 
Virg.  tieorg.  111,  391;  Macr.  V,  27,  U;  Ribbcck,  Proleg.  crit.  ad  Virg.  p.  164; 
Prellcr,  Griech.  Myth.  I,  363  (Preller-Rob.  I,  445).  L’indication  de  Virgile  est  inter¬ 
prétée  de  façons  très  diverses,  mais  l'origine  poétique  eu  est  l’effet  des  rayons  de 
la  lune  caressant  les  toisons  d’un  troupeau  de  moulons.  —  18  Slrab.  XIV,  1,  8; 
Paus.  V,  1,  4;  Hesych.  s.  e.  —  19  Plat.  Pliaedo,  72  b.  c;  Arstt.  Nie.  X,  8,  7. 

—  20  Theocr.  III,  44;  XX,  37  ;  Plut.  Num.  IV  ;  Cat.  XVI,  5-6;  Apoll.  Rhod.  Schol. 
IV,  57  où  sont  nommés,  mais  non  cités,  Sappho  et  Nicandre  ;  Prop.  III,  XV,  15  ■ 
Apoll.  I,  1 ,  5.  —  21  cic.  Tuscul.  1,  38.  —  22  Boeckh,  Explic.  Pindaricac ,  138. 

—  23  Selon  Max-Müller,  Essays,  II,  p.  72-77,  Endymion  est  le  soleil,  envisagé  aux 
heures  nocturnes  où  il  semble  disparu  sous  l’horizon,  son  nom  est  formé  du  verbe 
Iv-Sùo  qui  signifie  s'enfoncer  el  sa  légende  est  très  ancienne  :  son  sommeil  dans 
la  grotte  do  la  Lune  signifiait  poétiquement  la  disparition  du  soleil  dans  la  nuit  ; 
cf.  Apoll.  Rhod.  Schol.  L.  I.  —  24  plut.  Symp.  III,  10.  —  25  Theog.  9-18. 

—  26  Theocr.  II,  11,  12,  14,  33  ,  69,  142,  164. 


LUN 


—  1388  — 


II.  N élènè  dans  lart.  —  Ces  esquisses  des  poètes  ne 
paraissent  pas  avoir  expressément  servi  de  données  à 
1  art.  Il  a  plutôt  suivi  des  voies  indépendantes. 

Sur  1  ftgora  d  Llis,  la  statue  «.le  la  déesse  ayant,  selon 
Pausanias,  des  cornes,  c’est-à-dire  un  croissant  sur  la  tête, 
eUiit  \ is-à-vis  celle  d  Hélios 1 .  Cette  statue  est  sans  doute  le 
plus  ancien  des  souvenirs  artistiques  relatifs  à  la  déesse. 


Bientôt  deux  types  différents  de  représentations  se  sont 
créés  :  probablement  la  peinture  les  a  préparés  à  la  scul¬ 
pture.  Le  premier,  c’est  Sélènè  sur  un  char  à  deux  che¬ 
vaux,  tandis  qu’ordinairement  celui  d’IIélios  en  a  quatre. 
Nous  la  trouvons  ainsi  sur  deux  coupes  du  commence¬ 
ment  du  vc  siècle,  la  tête  surmontée  d'un  disque  ou  globe 
qui  la  désigne  et  conduite  par  deux  chevaux  ailés  qui 
se  présentent  de  face.  Dans  la  première  des  deux,  à 
figure  noire  et  de  style  sévère  2,  le  haut  du  char  seul  est 
visible,  s’avançant  sous  des  branchages  qui  figurent 
conventionnellement  le  jardin  des  Hespérides  et  ses 
fruits.  Dans  la  seconde,  qui  est  à  figures  rouges,  le  détail 
est  d’une  remarquable  élégance,  l’ensemble  singulier  et 
séduisant3  (fig.  4651).  Il  est  possible  que  le  char  de  la 
déesse  ait  figuré  au  fronton  ouest  du  Théséion.  Du  moins 
les  traces  des  scellements  laissées  sur  les  marbres  semblent 
l’indiquer  \  En  ce  qui  concerne  le  fronton  oriental  du 
Parthénon,  la  chose  ne  fait  aucun  doute.  Il  semble  que 
c’était  une  tradition  de  la  peinture,  acceptée  par  Phidias, 
de  figurer  les  dieux  de  lumière  en  pendant  de  part  et 
d’autre  de  diverses  scènes  divines5.  Au  Parthénon  la 
naissance  d’Athéné  était  encadrée  entre  le  Soleil  et  la 
Lune  qui  représentaient  la  nature  entière  témoin  de  ce 
prodige.  Il  paraît  établi,  par  les  traces  visibles  sur  le 
fond  encore  en  place  du  fronton,  que  du  côté  opposé  à 

1  Paus.  VI,  24,  G.  —  2  Lenormant  et  de  VVitte,  Elite  céramogr .  II, 

p.  387,  tab.  ex  vi ,  vase  de  Lamberg.  —  3  Gerhard,  Lichtgottheiten ,  tab. 
iv,  3;  Trinkschalen ,  Berlin,  pl,  vm,  2;  Élite  céram.  tab.  CXVII,  p.  388; 
Heydemann,  Mitth.  91.  Rapp  y  voit  une  Eos  (Roscher,  Ausfürl.  Lex,  I, 
p.  1277).  Mais  Eos  est  le  plus  souvent  ailée  et  n’est  pas  surmontée  du  globe. 

—  4  Bruno  Saucr,  Jahrbuch  d.  deutscli.  lnstit.  1897,  p.  84.  —  5  Compte 
rendu  de  la  Commission  de  Pétersbourg,  Slephani,  1860,  p.  53  sqq. 

—  6  Athen.  Mittheil.  XVI,  1891,  p.  83;  Michaelis,  Der  Parthénon,  p.  127; 
Collignon,  Sculpture  gr .  II,  p.  32.  Voir,  pour  une  autre  opinion,  Eurtwangler, 
Collection  Sabouro/f,  I,  tab.  lxiii.  —  7  Fiorelli,  Vasi  dipinti  di  Cumei ,  pi.  v; 


LUN 

celui  d'IIélios  il  y  avait  deux  chevaux  d’où  il 
Sélènè  était  sur  un  char6.  (Le  torse  de  h  (i  ■  SUlt  fIue 
morceau  très  mutilé,  retrouvé  en  isp)  V.'  beau 
l’Acropole  à  Athènes.)  Enfin  un  vase  de  la  fi,,' I  MuSéede 
reproduit  les  deux  chevaux  ailés.  Eos  ailée  v  ‘7°  S,ecl1 
Sélènè,  sur  un  char  semblable1.  Mais,  ni  dans'  ?  I>rèsde 
sen tâtions  décrites  ci-dessus,  ni  dans  la  série  nui'  'T 
Sélènè  n’a  d’ailes.  Cela  ferait  disparate  avec  l’allure 
de  ses  chevaux  qui  ordinairement  redescendent 
l’Océan,  tandis  que  ceux  d’IIélios  en  sortent 
Un  second  type, plus  original  peut-être  en  sà  simpliciu 
etad  déjà  créé  depuis  longtemps  et  avait  été  adopté  ’ 
Phidias.  La  large  base  sur  laquelle  reposait  le  trône  de 
son  Zeus  d  Olympie  était  revêtue  d’un  relief  représentant 
un  groupe  important  de  dieux  et  de  déesses,  encadré  par 
Hélios  et  Sélènè.  Or,  tandis  que  le  dieu  conduisait  un 
char,  la  déesse  chevauchait;  peut-être  même  elle  montait 
une  simple  mule,  et  Pausanias  ajoute  qu’on  contait  à  ce 
sujet  une  histoire  trop  ridicule  pour  être  rapportée8. 
Aucune  indication  de  la  poésie  ne  paraît  avoir  préparé 
cette  conception  de  Sélènè  équestre  ;  dans  l’art  même, 
les  représentations  de  femmes  à  cheval  sont  rares 9.  Sur 
un  vase  de  très  beau  style,  le  long  d’une  sorte  d’arc-en- 
ciel,  Sélènè  descend  sur  un  cheval  magnifique  et  à  vives 
allures  et,  à  l’autre  extrémité,  le  char  d’IIélios  monte 
au-dessus  d’une  Gigantomachie10.  Ailleurs  l’aspect  est 
quelque  peu  différent  :  les  dieux  de  lumière  ne  sont  plus 
figurés  seulement  pour  encadrer  une  autre  scène  et  en 
fixer  l’heure  ou  le  théâtre,  mais  pour  eux-mêmes;  le 
plus  souvent,  le  spectacle  offert  est  un  lever  de  soleil  et 
la  déesse,  enveloppée  d’un  himation  talaire,  pieds  nus, 
sur  un  cheval  d’allure  calme,  s’en  va,  précédant  l’Aurore 
qui  arrive  Une  main  tient  les  rênes  ou  s’appuie  sur 


Fig.  4C52.  —  Sélènè  précédant  le  char  du  Soleil. 

l’encolure,  l’autre  sur  la  croupe  du  cheval,  acconipu^^ 
la  direction  de  la  tête  qui  se  retourne  Pal  1111 
ment  de  curiosité  ou  de  regret  vers  1  apparition  «f  "  ' 1  ‘  . 

Nous  la  voyons  ainsi,  modeste  et  peut-clic^a^  1 
s’enfonçant  derrière  un  coteau  a  la  gamin  '  j^g 

belle  composition  (vase  dit  de  Blacas)  iePr0  ^  xjS 
l’article  aurora  (fig.  666)  11  ;  sur  le  cou\eu 

„  g  c'est  une  fiucs1*011 

Heydemann,  Ji accolta  Cumana,  157.  s  ^  aus'  ’  piédestal  de  la  s*a*ll0| 
de  savoir  si  la  naissance  de  Pandore,  m  "du1  sm  |e  c|iar  d’Ilél'05  llj 

d'Athéné,  dans  la  colla  du  Parthénon,  était  encadrer  t  pma]1t  (Collignon. 

Sélènè  à  cheval.  On  a  pensé  que  1  analogio  de  la  s  •  .  ^eit.  l®6*’  P' 

Sculpture,  I,  p.  539)  permettait  de  le  supposer,  on  __  10  yasc  de  H"'»- 
9  Iî.  Pottier  et  S.  Reinach,  Nécropole  de  Myrma, ^P-  (  j.^rprélaho# 

tapies  ;  Alonum.  d.  lnstit.  IX,  0;  voir  Annali,  ™-),  P-  Journ  Hit. 

■demain),  Vaacna.  2883.  Voir  létu.  £ 


à  Napl 
de  0.  Jalin.  ;  Hey< 


sludies,  IX,  1888 ,  p.  9,  pi.  n.  -  - 11  Actuellement  au 


udc  de  t.  ratahgMi 

Musée  Britannique,  Cat  J 


LUN 


1389 


LUN 


ii  dt'  la  fi 


n  du  v°  siècle  (fïg.  4650),  qui  représente 


8Ui(,lU- "divinités  de  lumière  au  lever  du  soleil1  ;  sur 
‘leS  E  i  ligures  rouges  du  Brilisli  Muséum2  qui  pour- 
e  fabrique  que  le  précédent;  sur  une 


un  vase  a 


Mre  de  la  même  ianrique 
raltl  '  .  (1(>  piorence  où  elle  apparaît  plus  simple  et  plus 
œB0,‘  •  nar  un  mouvement  qui  va  bien  avec  son 

reM  rl,sio  uée,  son  cheval  allonge  la  tête  vers  la  terre 3. 
#llllU(,l|l  '.l  les  artistes  aient  voulu  montrer  la  d  i  fié  - 

il  semble  ipic  ..  .  . 

dVclal  avec  le  soleil,  atténuer  comme  il  convenait  la 

rem 'ml, lance  d’une  déesse  plus  modestement  lumineuse. 

la  personnification  d’une  douceur  tranquille.  A  côté 

d’une  figure  éclatante, c’est  une  figure  de  parfaite  simplicité. 

I  énumération  complète  des  vases  où  l’on  trouve  ce  type 

de  représenta- 


bonne  époque 
au  Musée  de 

l’Ermitage 4,  l’un  où  Sélènè  à  cheval  est  précédée  du 
génie  Pliosplioros  et  un  autre  où  Sélènè  à  cheval  monte 
tandis  que  le  char  d’Ilélios  descend,  au-dessus  d  une 
scène  bachique  (fig.  4653).  La  déesse,  assise  de  côté,  a 

tout  le  buste  décou¬ 
vert;  son  himation, 
décrit,  en  s’envo¬ 
lant,  un  demi-cer¬ 
cle  derrière  les 
épaules  ;  à  côté,  un 
disque  où  est  en¬ 
fermé  un  profil  de 
buste  féminin,  le 
tout  figurant  la 
pleine  lune  et  sa 
splendeur.  C’est  en¬ 
core  sous  l’aspect 
d’une  cavalière 
presque  fringante 
avec  le  voile  envolé 
en  demi-cercle  que 
Sélènè  précède  le 
char  d’Ilélios5  ou 
celui  de  Médée 

%  «54.  -  Sélènè  à  cheval.  poursuivie  par  J a- 

son 5  sur  un  vase 
aP|i  lui  do  Naples.  Puis  les  répliques  prennent,  dans  la 

I  astiqm»,  des  caractères  originaux,  si  c’est  bien  Sélènè 

I I  111  '"'I  prèsd  un  cheval  qu’elle  va  monter 7,  et  entre  un 
|  (  '  1 1  1111  chien8.  C’est  elle  assurémentqui  figure  àl’ex- 
(li"-  UnC  ^‘gan*'omachie  sur  la  frise  de  Pergame9 

1  M ')•  La  déesse,  assise  sur  une  mule  où  une  peau 

*  Kuri  •• 

»eil. l884''p^r.’n“W|'  Sabouroffi  h  lab.  03. -ZArch.'Zcit.  1875,  p.  113.  — 3  Arcli. 
Pclcnl).  |  Mj.i  ''  t  ,ntlnni  Mitthcil.  lab.  111,2. —  4Stephani,  Compte  rend. archéot. 
~  8  Arch.  Z n(  "  cl  ahp.53sqq.  —  5  Gerhard,  Lichtgottheiten ,  lab.  Il,  1 . 

'crrc  cuite  du  | ,,  1 *  cl  P-  63  ;  lleydemann,  Vaseus.  Neapel ,  3221.  — 

MJl~ Sjlüljn  *  •  *  oUicret  S.  Rcinach,  Nécropole  de  Myrina,  lab.  XII, 

>^^:XnedUedM°num-  iab-lSI. —  9  Journ.  ofhell.  stud.  1883,p.l28. 
ri>>30ns  données  nà  •  T  |M'  *  °^'Snon-I,onlronioli,  Pcrgnme,  p.  80;  mais  voy.  les 
<lcniann,  M,uh  ''r  ''«ndel.cnbiirgap,  Baumcister,  Denkmâler,  p.  1250.  —  10  Hcy- 
l8st,p.  9r,  _[  ,cen*amml.  in  Ober  und  Alittel-ltalien,  lab.  111,2;  Arch.  Zeit. 
dev  Berlin  C°“'  Sab™rofr,  lab.  03.  -  12  Furtwanglcr,  Bes- 

Y  Su>samml.  II,  p.  lu 2 .  Sélènè  ainsi  désignée  est  encore 


Fig.  4G53.  —  Sélcnc  ît  cheval,  précédée  du  soleil. 


de  bête  lui  sert  de  housse,  est  vue  de  dos,  mais  son 
visage  sérieux  et  doux  (malgré  la  mutilation),  tourné  du 
côté  où  sa  course  l’emporte,  s’offre  de  profil  ;  l’extrémité  de 
l’h  inflation  s’envole  en  arrière.  Aucun  attribut  ne  surcharge 
cette  figure  traitée  dans  une  manière  large  et  souple. 

Quelquefois,  à  côté  de  la  figure,  des  étoiles  sont  répan¬ 
dues  dans  le  champ  pour  suggérer  l’idée  du  ciel La  tête 
de  la  déesse  est  parfois  ceinte  d’une  couronne  radiée  11 . 
Plus  souvent  elle  supporte  un  cercle  ou  un  demi-cercle  12 
qui  désigne  l’astre  même  et  qu’on  a  vu  aussi,  plus  haut, 
figurer  dans  le  champ.  A  ces  simples  traits  se  réduit  la 
conception  vraiment  hellénique  de  Sélènè.  Ce  n’est  pas 
la  vierge  svelte  et  marchant  à  grands  pas  qu’est  Artémis  ; 

c’est  une  femme 
aux  formes  plus 
pleines  ,  toute 
vêtue,  d’ordi  - 
naire,  avec  un 
voile  mais  qui 
presque  tou¬ 
jours  dégage  la 
tête,  divinité  pa¬ 
cifique  13  et  bienveillante,  Trpifyfwv  u,  simple 15,  aimable, 
tXasîpa,  et  rassurante  10. 

La  période  hellénistico-romainea  un  peu  compliqué  les 
choses.  Lareprésentation  de  Sélènè  y  a  emprunté  différents 
traits  d’Artémis  ;  il  ne  sera  plus  aisé  de  distinguer  les  deux 
types  divins.  Dès  l’époque  grecque  un  croissant  était  par¬ 
fois  placé  dans  les  cheveux  ou  à  côté  de  Sélènè  (statue 
d’Élis  et  œnochoé  de  Florence).'  Plus  tard  une  très  ingé¬ 
nieuse  création  de  l’art  a  gracieusement  adapté  le  crois¬ 
sant  aux  épaules  [diana,  fig.  2353-2357]  et  on  peut  indiffé¬ 
remment  rapporter  à  Artémis  ou  à  Sélènè  ce  type  de 
figures  qui  reproduit  peut-être,  avec  un  sens  esthétique 
très  supérieur,  la  représentation  habituelle  du  dieu  Mèn 
en  Asie  Mineure  [lunus].  Plus  tard,  on  mit  toujours  un 
croissant  sur  la  tête  de  la  déesse  ’7,  même  désignée  déjà 
par  quelque  autre  symbole.  Et,  l’idée  des  cornes  du  crois¬ 
sant  s’étant  curieusement  associée  à  celle  de  la  monture 
ou  de  l’attelage,  on  a  représenté  Sélènè  montée  sur  un  bouc 
ou  une  génisse  ou  sur  un  char  traîné  par  des  génisses  ou 
des  taureaux18. 11  est  même  arrivé  qu’on  a  remis  un  crois¬ 
sant  entre  les  cornes  du  taureau  19.  Il  est  possible  qu’en 
ceci  Artémis  réagisse  sur  Sélènè  par  la 
confusion  tirée  du  mot  TaupoTtôXoç 
(Artémis  de  Tauride). 

L’idée  de  la  déesse  emportée  par  un 
bouc  peut  avoir  été  pour  quelque  chose 
non  pas  dans  la  légende,  mais  dans  la 
représentation  de  Sélènè  séduite  par 
Pan.  En  effet,  un  couvercle  de  miroir  Fig. 4055. 
venant  de  Corinthe 20  représente  un 
être  humain  à  pieds  de  bouc,  barbu,  portant  une  femme 
à  grand  voile,  qui  a  le  genou  placé  dans  les  mains  de 

nommée  dans  le  champ,  debout  derrière  le  Irônc  d' A  lias.  Voir  Berlin,  2278 
2293  cl  3245;  Gerhard,  Ges.  Aie.  Abliandl.  I  XIX, cl  la  lig.  5.  —  13  Theocr.  Il,  II. 
—  U//,  h.  XXXU,  18.  —  l° * Ateeiooté^vijç,  Eus.  Praep.  Evang.  L.  I.  (leçon  con¬ 
testée).  —  iODymn.  orph.  VIII,  in  fine ;  l’Iularch.  /'«c.  in  o.  Lun.  Il,  p.  920. 

n  Hor.  Carm.  IV,  2,  56:  Fronlo  curvalos  imitâtes  ignés...  Sxc.  35  :  bicornis.  _ 

18  Annali  d.  Inst.  1881,  p.  87,  pl.  n;  Arch.  Zeit.  1850,  lab.  152;  O.  Jalm,  Arch. 
Beitr.  p.  58  ;  Clarac,  lab.  160  ;  Mfillcr-Wicscler,  Denkmâler  a.  K.  2,  16,  176  ;  monnaies 
de  lagons  Valeria  ap.  Babclon,  11,  519.  —  19 Miillcr-Wicscler,  Ibid.  176  a.  C’est  sur 
celle  seule  gemme  qu  on  voit  a  la  déesse  des  ailes,  sans  doute  parce  qu  elle  y  est 
vunppôço;.  Voir  Corp.  inscr.  Sic.  1032.  —  20  Guz.  des  B. -Arts,  août  1866,  p.  121  ; 
Arch.  Zeit.  1873,  lab.  VII,  I. 

175 


LUN 


—  1390  — 


son  porteur  unies  derrière  son  dos,  et  qui,  de  ses  dix 
doigts,  se  tient  fortement  à  son  front.  Devant  le  couple 
vole  le  génie  Phosphoros,  une  torche  allumée  à  la  main. 
Il  semble  qu’on  doive  voir  là  Pan  qui  enlève  Sélènè  con¬ 
sentante.  Sur  une  monnaie  de  Patras  ',  Pan  tenant  un 
lagobo/on  pedum  est  debout  devant  Sélènè  à  cheval 
(fig.  4655).  ^ 

Le  char,  un  bige  d’ordinaire,  rarement  un  quadrige, 
reparaît  plus  fréquemment  que  la  simple  cavale  de 
l’époque  grecque,  mais  les  chevaux  n’en  sont  plus  jamais 
ailés.  Le  contraste  du  bige  donné  à  la  déesse  avec  le  qua¬ 
drige  triomphal  d’Hélios  est  bien  marqué  sur  une  agrafe 

dargent  trouvée  à 
llerculanum  2.  De 
plus,  dans  les  re¬ 
présentations  qui 
groupent  les  diver¬ 
ses  divinités  de  la 
lumière,  Sélènè  a 
toujours  une  place 
très  importante  et 
elle  rejette  Los  à 
l’arrière-plan.  Elle 
hérite  des  deux  tor¬ 
ches  aux  mains  ou 
de  la  torche  uni¬ 
que  3  que  tenait  en 
courant  l’Artémis 
lunaire  sous  sa 
forme  propre  ou 
sous  celle  d’Hécate 
[uecate].  Ce  qui  est 
tout  à  fait  propre  à  Sélènè  et  d’origine  assez  ancienne,  c’est 
le  voile  ou  l’écharpe  (c’était  d’abord l’himation)  envolé  en 
demi-cercle  autour  de  la  tète.Roscher  y  voit  l’interprétation 
du  halo  qui  entoure  parfois  la  Lune1  et  non,  ce  qui  est 
pourtant  plus  simple,  l’effet  du  vent,  pendant  une  course 
rapide,  sur  un  voile  retenu  aux  deux  extrémités  par  les 
bras.  A  l’époque  romaine,  nous  trouverons,  par  exemple 
dans  le  sarcophage  d’Endymion5  et  le  diptyque  du 
Musée  de  Sens6  (fig.  4656),  tous  les  éléments  réunis  en 
une  surcharge  bien  éloignée  de  la  simplicité  grecque  : 
char,  taureaux,  croissant,  torches  et  voile  tout  ensemble. 

111.  Culte  de  Mènè-Sélènè.  —  Probablement  parce  que 
parmi  les  cultes  grecs  celui  de  Sélènè  était  un  des  plus 
anciens,  nous  le  trouvons  assez  faiblement  constitué  en 
Grèce  à  l’époque  qui  nous  est  connue.  D’autres  plus  nou¬ 
veaux  l’avaient  plus  ou  moins  remplacé  ;  il  n’en  restait 
que  des  souvenirs  et  des  traces  éparses.  On  retrouvera 
quelques-uns  de  ces  rites  7  à  propos  du  Soleil  [sol],  car 
il  semble  que  les  deux  cultes  allaient  à  peu  près  de  pair. 
Ce  sont  des  salutations  à  des  moments  choisis,  des  prières 
et  invocations  trois  fois  répétées  à  voix  haute8,  des  âge- 

1  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  tab.  VIII,  5;  Müller-Wieseler,  D.  a.  K.  2,  IG, 
174.  —  2  Museo  Borbonico,  VII,  pl.  48.  —  3  Müller  Wicselcr,  2,  174;  Jalin, 
Arch.  Beilr.  56  ;  Mus.  Borb.  L.  c.  —  *  Roschcr,  Ausf.  Lexik ,  t.  II,  col.  3141. 
—  ï»  NV.  Frochncr,  Xotice  de  la  sculpture  antique  du  Louvre  n«  42G,  p.  3'J1  ; 
427,  p.  3%;  428,  p.  308.  —  6  Millin,  Gai.  Myth.  XXXIV,  118.  —  7  Plat 
Leq.  887  e;  Apoloq.  26  d  (XIV).  —  8  Lucian.  Icaromen.  13.  Il  en  parle  en 
dérision,  mais  s'inspire  de  quelque  usage  connu.  —  OA  moins  que  dans  le 
texte  des  Lois  ci-dessus  il  ne  s’agisse  de  salutations  aux  dieux  au  lever  et  au 
coucher  du  Soleil  et  de  la  Lune.  —  10  plat.  Epinom.  985  e\Leg.,  821  d.  —  H  Corp. 
inscr  gr.  I,  1  102.  Avec  1  inscr.  LeAr,wi  ico/u ovulai  et  à  côté  de  quatre  autres 
consacrés  par  le  même  prêtre  à  Tclesphoros,  llygicc,  Apollon,  Asclépios;  ’E œr(,u. 
àpjratoX.  1883,  p.  148.  Voir  Bursian,  Jahresbericht,  XV,  part.  III.  p.  452,  —  13  pus. 


£ 

Fig.  4656.  —  Sélcnc  à  l’époque  romaine. 


LUN 


nouillements  et  des  prosternements 9,  enfir 
lices  et  des  fêtes,  dont  Platon  parle  plutôt  emm  SaCri' 
devoir  qui  s’imposerait  aux  âmes  pieuses  ll  u“ 
d’un  usage  généralement  suivi 10.  Une  inscription  TTl 
nous  parle  d’un  prêtre  de  /eus  Boulaios  à  Gvih  .  ‘  . 

l’était  à  la  fois  de  Sélènè,  d’Hélios,  d’Asclépios  J’h  !"•  q"i 
Nous  trouvons  à  Épidaure  un  autel  en  rnù,d,  , 
deesse'-,  et,  dans  les  mystères  d’Eleusis,  tandis  n 
prêtre  porteur  de  torche  figurait  le  Soleil,  un  autre'1" 
de  l’autel,  représentait  la  Lune ,3.  Mais  Sélènè  était  plu i  '? 
à  l’époque  que  nous  connaissons,  l’objet  de  dévotion.’ 
discrètes  et  personnelles  que  d’un  cidte  public.  Pindare  u 
dans  des  vers  aujourd’hui  perdus,  disait  qu  elle  était 
invoquée  par  les  amantes,  tandis  que  les  amants  s’adres¬ 
saient  à  Hélios.  Nous  avons  vu  dans  Théocrite  une  femme 
abandonnée  la  prendre  pour  confidente  et  pour  complice- 

Phèdre  l’implorait  dans  1’ 'iTtxoXti-roç  xaXraxogevoç  d’Euri* 
pide.  Les  libations  dont  à  Athènes  on  l’honorait  étaient 
dites  sobres,  vTppàXim,  parce  qu’elles  étaient  composées 
non  de  vin,  mais  d’eau  pure15;  on  lui  offrait  aussi  des 


gâteaux  en  forme  de  galettes  rondes 


qu’on  appelait 


cfeXTjvat  ou  de  croissants  qu’on  appelait  [üoùç  et  qu’elle 
partageait  au  reste  avec  Apollon,  Artémis  et  Hécate l6. 
Enfin,  en  certaines  régions  comme  à  Thalamai -(Élidé), 
on  a  pu  l’associer  à  ces  oracles  dont  les  réponses  étaient 
des  songes  apparus  aux  consultants  et  qui,  comme  on 
le  voit  dans  Virgile11,  étaient  voisins  de  sources.  Or,  à 
Thalamai,  une  source  sacrée  avait  pour  nom  Sélènè". 
Tout  auprès  était  le  sanctuaire,  avec  les  statues  de  bronze 
d’Hélios  et  de  Pasiphaé  ;  désigné  sous  le  nom  de  cette 
dernière  héroïne,  il  pourrait  bien  être  originairement  un 
temple  de  Sélènè  7rà<7t-cfaé<7<7a.  On  dit  que  les  ëphores 
de  Sparte  venaient  y  chercher  des  conseils19.  Les 
femmes  thessaliennes  se  vantaient  de  faire  par  des  in¬ 
cantations  descendre  Séléné  sur  terre.  Mais  ceci  est  du 
domaine  de  la  magie  [magia],  et  sur  ce  point  nous  men¬ 
tionnerons  seulement  ici  trois  hymnes  dits  orphiques 
récemment  découverts20,  dont  deux  adressés  à  Hélios 
et  à  Hécate,  le  troisième  à  Sélènè,  en  vue  de  tout  acte, 

È7tt  7tâtfY|  Trpiçet.  Il  contient  cinquante-cinq  vers  où  la  Lune 

est  à  la  fois  identifiée  avec  nombre  de  personnalités! 
divines  toutes  redoutables  et  vengeresses,  envisagéel 
dans  sa  triplicité  et1  présentée  sous  1  aspect  le  plusl 
effrayant.  Cette  invocation  serait  le  complément  :m  un 
d’une  curieuse  peinture  de  vase,  où  deux  magieit  nnesl 
nues,  tenant  l’une  une  large  épée,  l’autre  le  in‘[  j 

gique,  lèvent  la  tète  vers  un  disque  où  1  on  vil  ^ 
d’un  buste  de  femme  et  qui  est  attiré  vers  lu  tl  IU  1 
une  longue  chaîne  qui  l’entoure21.  Si  1  on  pouviil  u  ^ 
confiance  en  l’authenticité  de  ce  fragment,  ‘lll-i'',Ui  rJ 
disparu  et  assez  suspect,  on  croirait  que  les  posun  j 
disent,  en  efi'et,  l’invocation  ixpoç  SeXujvTjv  ew  7C*5fl 
qui  est  d’ailleurs  d’une  très  basse  époque.  Daim 

Praep.  Evans/.  III,  12;  Mignc,  p.  210  c.  —  u  Parlhenia ,  ap.  bcllt(J.a®^dj*iiii^ 
10.  —  16  Sopliocl.  Scliol.  ad  Oed.  Col.  100;  Suid.  s.  »•  ^ 

recevaicnl  ccs  mêmes  libations.  —  16  l’oIL  'L  ,0’  1-1111  ^  aj  £„rip.  troj- 

;  Fragro.  Eurip.  Nauck,  352  ;  Hesycli.  s.  ».  ^  I,  Hi 

1075.  -  17  Virg.  Aen.  VII,  83.  -  «  Paus.  UI,  ».  *;  divination.  Il,  V™ 
Plut.  Agis,  0;  Cleom.  7.  Voir  Bouché-Lcclercq,  üist.  a  é9cniêe  1" 

un  autre  oracle  d'Ino  (c'est-à-dire  d  lo  ou  d  Isis  Iirlb  n  parait pouvoir  aifil 

vache  blanche)  que  Pausanias,  111,  23,  8,  signale  à  grecque ■  Tcxl's 

rapporté  à  la  Lune.  -20  E.  Miller,  Mélanges  de.  LU  U  VI((j  n.  8; 

inédits  (1868),  p.  452.  —  2t  Gerhard,  Akad.  .  g .  Keinacb,  Réfert0're I 

Witte  et  Lcnormant,  Élite  céramogr.  II,  p.  389,  l®  •  ’ 

des  vases,  II,  p.  319. 


—  1391  — 


LUN 

(  (].mS  i’^ge  classique,  la  personnalité  divine  de 
Sié  semble  étrangère  à  la  magie  et  n'est  pas  surchargée 


’plène  S6*IlUiC  ° — 

'l  uii'iils  Poésie  religieuse,  art  et  cultes  nous  l’y  présen 
l< '-ommê  la  tranquille  voyageuse  du  ciel,  douée  d’une 
bienfaisante  et  douce  comme  la  lueur 
lont  elle  baigne  la  terre  endormie. 


d’Arténn 
gnages  ex 


lent  connut 

dnie  très  simple, 
des  rayons  dont - - 

'  |jn,  __  par  un  instinct  qui  s  est  trouvé  juste,  le  nom 
de  Luna  y  était  rapporté  à  la  même  racine  que  lucere 
et  rapproché  de  Lucina1.  Les  poètes  ont  souvent  em- 
*lUl  aux  Grecs  la  forme  Plioebe  (féminin  de  «boîêoç)  dont 
ceux-ci  n’ont  guère  fait  usage.  Une  déesse  italienne 
de  la  Lune,  antérieure  à  l’acceptation  par  les  Romains 
s  et  de  Sélènè,  n’est  pas  attestée  par  des  témoi- 
ieites.  Mais,  outre  la  généralité  absolue  du 
culte  lunaire,  nous  voyons  que  les  Romains  ont  cru  à 
l’extrême  ancienneté  chez  eux  d’un  tel  culLe.  Varron  nous 
apprend  que  le  Sabin  Tatius  l’apporta  à  Rome2  (où,  sans 
[  doute,  il  en  rejoignit  un  autre  déjà  ébauché).  Même  si  cet 
|  écrivain,  venu  de  Réate,  a  une  tendance  à  tout  sabiniser 3, 

I  on  peut  croire  qu’il  reproduit  des  traditions  très  anciennes: 
il  s’est  servi  surtout  des  indigitamenta  où  il  n’y  avait  de 
formules  de  prières  que  pour  des  divinités  d’origine  ita- 
î  lienne4.  Il  nous  apprend  encore  que  dans  un  temple  de  la 
Lune Noctiluca,  sur  le  Palatin,  une  lampe  était  toujours 
allumée  pendant  la  nuit 5,  ce  qui  n’est  pas  un  rite  grec. 
Nous  connaissons  mieux  un  autre  temple  de  la  Lune  sur 
les  pentes  du  mont  Aven  tin,  au-dessus  du  Circus  Maxi¬ 
mes6.  Tacite  nous  dit  qu’on  en  devait  la  construction  à 
Servies  Tullius1,  ce  qui  indique  au  moins  la  croyance  à  son 
ancienneté.  Plus  tard,  la  Lune  s’est  certainement  confon¬ 
due  avec  Diane,  elle-même  absorbée  par  l’Artémis 
grecque.  Mais  originairement  la  Diane  italienne  n’est 
nullement  lunaire  :  elle  est  uniquement  une  déesse  des 
bois  et  des  montagnes,  au  nom  de  laquelle  s’est  attachée 
une  signification  politique  [diana].  Luna  plus  ou  moins 
longtemps  a  eu  une  existence  distincte  de  cette  déesse. 
Varron  et  Denys  les  nomment  concurremment  dans  le 
même  passage 8  :  tout  en  sachant  que  la  conception  de 
Diane  enveloppe  celle  delà  Lune,  on  continuera  à  honorer 
'un  Luna  purement  astrale  et  on  aura  pour  elle  plus  de 
dévotion  même  que  pour  le  Soleil. 

Di  u  i  ulte  nous  savons  peu  de  chose  en  dehors  de  ce 
dm  concerne  le  temple  du  Palatin.  Selon  Vitruve,  les 
mP  ' s  de  la  Lune  étaient  à  ciel  ouvert,  comme  ceux  de 
upitep,  dda  Foudre,  du  Ciel,  du  Soleil9.  Les  calendriers 
i  11  des  sacrifices  en  son  honneur  à  des  dates  et  en 
sl(i^ 1  Ux  ers  ’  sur  l’Aventin  le  31  mars  ;  dans  la  Graeco- 
rnv  h'\.  l,sL"d"<lil‘e  Près  du  local  réservé  aux  ambassadeurs 
■  ' ,l  Doine,  le  24  août  :  c’était  un  de  ces  dies  reli- 

nai/,  ",  i'  Du*J*'(lue  était  suspendue,  où  on  s'imagi¬ 
ne,,  ^  '  loonde  infernal  s’entr 'ouvrait  sur  le  monde 

Lune  '  "lls'  Le  a°ût,  c’étaient,  pour  le  Soleil  et  la 
trouvait"^1  "i^Ualre  COurses  de  chars  au  cirque,  où  se 
(avec  ce  '  SU1  [mrcus],  un  petitautel  de  la  déesse10 

' 1 1 1 1 1  grands  dieux).  On  l’honorait  des  noms 

comn'e  lumen _  i  ’  G.  Curlius,  Grundziïge  :  88,  l.una  —  ltic-na 

~  3  Roscher,  ~  C‘men-  ~  2  Varr.  - 


rr.  De  ling.  lat.  V,  74;  Dion.  liai,  il,  go. 


Mtm  ’uü.'i"!.7'  *•  «■  «ol-  2159.  -  ‘  Marquardt,  Handh. 

*«*t.tat.  V  £  lî  i-(C“''eeAK  '«  *■  >*•  *-  et  31.  _  B  Varr. 

V|  5D  Ov.  Fast  ...  ’  ‘l-  L,v-  W,  22;  Appian.  Bell.  civ.  1,  78;  Vilruv. 

i.Ce  temple  Iule  ’  A  12,  8.  7  Tac.  Ann.  XV,  41  (velustissima  reli- 

'Lûion.Iiai  i  i  0"sumé PMlo  grand  incendie  sous  Néron.—  8  Varr.  L.  lat  V 
XII, p.  iM;  I’ Civ;  ûei-  IV, 23;  Vit,  2.  -  9 Vilruv .  I,  2,  5;  Marquardt! 

°ip.inscr.  lat.  I,  315;  Fcstus,p.  154,  s.  v.  mundus;  Corp. 


LUN 

de  liegia,  Augusta,  Aeterna ,  Lu  ci  fera  n.  La  Lune  est 
nommée  seule  dans  la  plupart  des  inscriptions  qui  nous 
font  connaître  ces  faits  et  dont  aucune  n’est  antérieure  à 
Père  chrétienne.  Quelquefois  avec  elle  sont  nommés  Sil- 
vain,  le  Génie,  Apollon  etDiane,  Isis  (avec  qui  elle  a  été  du 
reste  confondue,  voir  io)12,  les  planètes,  et  enfin,  le  plus 
souvent,  le  Soleil13  [sol].  Comme  il  est  naturel,  certaines 
cérémonies,  dont  au  reste  le  détail  nous  échappe,  leur 
étaient  communes.  Par  exemple,  d’après  un  passage  assez 
obscur  de  Tertullien,  les  vainqueurs  du  cirque  auraient 
consacré  leur  char  à  la  Lune  et  au  Soleil  u.  Des  monnaies 
assez  anciennes  montrent  1  union  des  deux  grandes  divi¬ 
nités  de  lumière  :  au  droit  est  le  Soleil  rayonnant;  au 
revers,  un  croissant  et  deux  étoiles13.  Quand  les  Romains 
joignent  les  deux  personnifications  ensemble,  ils  parais¬ 
sent  vouloir  symboliser  la  permanence  dans  le  temps, 
l’Eternité.  Des  jeux  séculaires  avaient  lieu  pendant  trois 
jours  en  l’honneur  du  Soleil  et  de  la  Lune  ;  les  nuits  étaient 
consacrées  à  la  déesse10.  S’ensuit-il  que  tout  culte  leur  était 
commun  et  que  les  temples  connus  de  la  Lune  étaient  aussi 
ceux  du  Soleil?  C’est  ce  que  pense  Mommsen  ”.  Mais 
Tacite,  comme  Varron,  spécifie  quand  il  parle  du  temple 
de  la  Lune,  et  il  nomme  à  part  un  temple  du  Soleil  apud 
Circum  18,  dans  la  région  de  i’Aventin  comme  celui  de  la 
Lune,  mais  «  attenant  au  Cirque  ».  C’est  le  sens  de  apud. 

L  autre  en  était  distinct.  11  est  vraisemblable  que  le’cûlte 
du  Soleil,  s’étant  de  plus  en  plus  uni  à  celui  de  la  Lune, 
s’est  enfin  célébré  dans  les  mêmes  temples,  et  que  celui 
qui  fut  incendié  sous  Néron  19  fut,  une  fois  rebâti,  dédié 
aux  deux  divinités  de  lumière.  C’est  ainsi  que  nous  le 
trouvons  désigné  à  l’époque  de  Constantin 20.  L’empereur 
Hélagabale  avait  fait  venir  de  Carthage  la  statue  de  la 
Lune  Céleste  pour  célébrer  à  Rome  son  mariage  avec  le 
dieu  solaire  dont  il  portail  le  nom21.  Idée  de  fou;  mais 
plus  on  approche  des  derniers  temps  du  paganisme,  et 
plus  on  voit  que,  d’une  manière  générale,  le  Soleil  et  la 
Lune  se  dégagent  d’Apollon  et  de  Diane  et  même  sont 
juxtaposés,  avec  leur  caractère  plus  concret  de  divinités 
astronomiques,  à  ces  personnifications  morales.  C’est 
sans  doute  un  effort  pour  rajeunir  et  renforcer  les  dieux 
par  le  rappel  de  vieilles  croyances  dont  le  souvenir  n’était 
pas  encore  aboli.  Une  inscription  nous  a  montré22  le 
couple  Soleil-Lune  à  côté  du  couple  Apollon-Diane  et  un 
relief  sur  une  lampe  nous  l’a  fait  voir  rapproché  par  un 
parallélisme  voulu,  du  couple  Sérapis-Isis  [lectisternium, 
fig.  4381 ,  p.  1011]. 

Ni  les  poètes  ni  les  artistes  romains  n’avaient  trouvé 
une  personnification  originale  de  la  Lune  qui,  pour  eux, 
reste  l’Artémis  ou  la  Sélènè  grecque.  Cependant,  quand 
Horace  invite  la  jeunesse  romaine  à  chanter  avec  lui 

crescentem  face  Noctilucam .  celerem  pronos  volvere 

memes ,  il  semble  bien  qu’il  fait  allusion  à  la  déesse  pure¬ 
ment  lunaire  du  Palatin,  pour  enrichir  de  cet  élément 
la  figure  poétique  de  sa  Diane23.  Sur  un  même  piédestal 
à  Vérone  nous  trouvons  d’un  côté  Diana  Lucifera  sous 

inscr.  lat.  I,  400  (Solis  cl  Lunae  circcnscs  m  issus,  XXIV);  J.  I.yd.  De  mens.  I  12. 

—  Il  Corp.  inscr.  lat.  H,  4438;  111,  1097,  3920,  4793  ;  VIII,  8437  ;  XII,  997;  Oi'elli. 
1929.  —  12  E plient,  epigr.  4,  759,  sur  un  aulel  offert  à  la  fois  à  Apollou  et  au 
Soleil,  à  Diane  et  à  la  Lune;  Orelli,  5856.  —  13  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  239,  so[lis  et 
lun]ae  ;  344,  412.  —  U  Tertult.  De  spect.  9.  —  15  Babelon,  Monn.  de  la  Bép.  I,  p.  20, 

1»°  21  ;  P-  356,  11°  16  ;  PreUer,  Bôm.  Alyth.  p.  328.  —  16  Uor.  Schol.  ad  Carm.  Saec. 
21.-17  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  400,  412.  -  18 Tac.  Ami.  XV,  74;  Tcrtull.  De  spect. 

8.  “  10  Voir  note  7.  —  20  Jordan,  Ephem.  epigr.  III,  p.  70.  —  21  Cf.  Bouché- 
Lcclercq,  Hist.  de  la  dit).  111,  p.  270.  —  22  Voir  note  12.—  23  I(0r.  Carm.  IV,  6,38-40. 


—  1392  — 


LUN 


LUN 

l’aspect  (1  uno  chasseresse,  de  1  autre  la  dédicace  Lutine 
sous  une  femme  ayant  un  croissant  sur  la  tète  et  tenant 
une  draperie  envolée  et  cintrée  en  écharpe.  Cette  seconde 
ligure  re/i/icans  est  donc  la  déesse  de  la  Lune  bien  dis¬ 
tinguée  de  Diane-Artémis  La 
Sélènè  grecque,  si  simplement 
assise  sur  sa  cavale,  n’a  guère 
inspiré  les  artistes  ni  les  poètes, 
ou  du  moins  l’impératrice 
Faustine  ainsi  déifiée2  en  Lune 
(lig.  4657) paraît  une  exception, 
et  elle  est  chargée  d’une  longue 
torche.  Sur  un  miroir  étrusque 3 
la  déesse,  désignée  du  nom  de 
Losna ,  figure,  en  une  repré¬ 
sentation  tout  à  fait  hellénisée,  debout  et  drapée,  appuyée 
sur  un  sceptre,  ayant  un  croissant  de  Lune  à  côté  de  sa 
tête,  entre  les  Dioscures  Castor  et  Pollux.  Croissant, 
écharpe  nimbée,  tunique  talaire  (quelquefois  le  sceptre) 
désignent  la  Lune  sur  une  série  de  monuments 

tardifs  représentant  les 
dieux  éponymes  des  jours 
de  la  semaine  4.  Mais  c’est 
le  char  à  deux  chevaux, 
qui,  pour  les  poètes  et  les 
artistes,  est  l’attribut  prin¬ 
cipal.  On  le  trouve  par 
exemple  au  revers  d’une 
monnaie  de  la  gens  Valeria  dont  la  face  présente  une 
tète  diadéméede  rayons,  sans  doute  le  Soleil5  (fi g.  4658). 
On  le  retrouve  au  fronton  du  nouveau  Capitole  de  Domi- 
lien  ;  la  déesse  entièrement  vêtue,  avec  le  voile  en  cintre, 
tient  les  rênes  ;  son  char  fait  pendant  à  celui  du 
Soleil6  [capitolii'm,  fîg.  1151  .  Même  représentation  sur 
un  bas-relief  de  Silifis  avec  l’inscription  Lunae 
Augustae 7. 

Ce  sont  les  monnaies  qui  nous  offrent  le  plus  de  per¬ 
sonnifications  de  la  Lune.  Les  Dioscures  qui,  avec  deux 
étoiles  dans  le  champ,  y  figuraient,  comme  héros  pro¬ 
tecteurs  de  Rome,  y  sont 
remplacés  depuis  527  par  la 
Lune  conduisant  un  bige8. 
Sur  les  deniers  de  la  gens 
Petronia ,  qui  était  sabine, 
le  croissant  accompagné 
d’une  étoile  (lig.  4659)alterne 
avec  la  figure  de  Tarpeia  acca¬ 
blée  a  demi  sous  les  boucliers  des  Sabins  qui  exploitent 
et  punissent  sa  trahison,  ou  même  il  est  dans  le  champ 
au-dessus  de  cette  scène9  (fig.  4660).  T.  Mommsen  rapproche 

1  Corp.  inscr.  lat.  V,  3224;  Maflei,  Muséum  Veronense ,  09,  4;  cf.  la  reprfeen ta¬ 
lion  delà  Lune  voilée  sur  un  sarcophage  :  Gerhard,  Antike  Hildw.  pl.  sein,  4.-2  Mil- 
liu,  Caler.  mytliol.  lab.  XXXIV,  4 18.  — 3  Muller- Wieseler,  Denkm.  d.  a.Kunst.  J, 
3I°;  Gerhard,  Etrusk.  Spiegel ,  lab.  171.  —  4  Gazette  archcol.  1877,  p.  50  cl  83. 
Voir  aussi  oies,  p.  172  3,  lig.  2403-5.  —  0  Babclon,  Mon,,,  de  la  Itép.  H,  520. 

—  c  Arehàolog.  Zeit.  1873,  tab.  57.  —  7  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  8437.  —  8  Babclon, 
Mann,  de  la  Itép.  Introd.  p.  21.  —  9  y*;,/.  ||,  p.  499  ci  301,  „•»  18-19.  —  10  Prop. 
IV,  4,  23;  Mommsen,  Iiüm.  Mûnzw.  p.  585,  n»  303.  —  il  Par  ex.  Virg.  Aen.  IX, 
403-405.  —  12  Ibid,  vil,  7-8.  —  Bibliographie.  W.-ll.  Roscher,  Ueber  Selene  und 
Verwandtes  (Stud.  zur  griech.  JUylh.  n»  4),  résumé  en  80  colonnes  dans  Ausfùrl. 
Lex.  art.  Mondgôttin  ;  ibid.  art  .Lima  ;  Bruchman,  Epitheta  deorum  quae  ap.  poetas 
leyuntur ;  Grosse,  De  Graecorum  dea  Luna,  Lubeck,  1881;  Schwartz,  Sonne, 
Mond,  etc.,  Berlin,  1864  ;  Slephani,  dans  Commission  archéologique  de  Pétersbourg , 
Compte  rendu  pour  1800,  p.  43  sqq.  ;  53  sqq.;  E.  Gerhard,  Lichtgottheiten  (Gesam- 
melteakad.  Abhandlungen,  I,  p.  143-156),  Berlin,  1800  ;  Preller,  Griech.  Mytho - 
logie,  I,  301-364;  Id.  Itôm.  Myth.  I,  327-329;  Gilbert,  Gôtterlehre  (Leipz.  1898), 
p.  353-428  (cet  auteur  attribue  le  caractère  luuaire  à  Alhènè,  Perséphone,  Hèra, 


Monnaies  de  la  Gens  Petronia. 


Fig.  4057.  —  Faustine  en  Lune. 


de  ce  fait  un  vers  où  Properce  dit  que  Tir™; 
plaindre  (?)  de  la  Lune  !«.  11  semble  bien  m,  ?ClUse 
se  trouve  associée  à  cette  légende,  sans  que  h  J?  ^ 
y  prend  soit  très  claire.  En  somme,  des  magistrat  q“ ,,lle 
d’origine  sabine  regardent  comme  un  titre  de  7°mamS 
leurs  ancêtres  aient  puni  la  cupidité  de  la  m\JvT  î!!!e 
après  en  avoir  tiré  parti,  et  que,  dans  cette  histoire  u  ° 
da.re,  la  Lune  ait  été  de  connivence  avec  eux  r'^T 
déesse  astrale  qui  est  en  jeu  ici,  comme  dans  lanhunri  ,  ‘ 
inventions  populaires,  tandis  que,  pour  les  poète!*  l  u 
artistes  romains,  elle  était  moins  distincte  ne., i_-.? 
d’Artémis  "  ou  d’IIécate  que  pour  les  Grecs  Lesnoètl! 
toutefois  ont  aussi,  comme  il  était  naturel,  créé  et  re  ;• 
d’instinct  le  type  de  la  Lune  femme  et  déesse,  en  le  fin 'i 
toujours  directement  du  spectacle  de  l’astre  même.  Quand 
Virgile  dit,  par  exemple  :  nec  cnndida  cursumLuna 
negat  l\  en  décrivant  simplement  ce  qui  se  passe  dans  lo 
ciel,  il  attribue  presque  une  intention  bienveillante  à  la 
nocturne  voyageuse,  et,  sans  que  la  tradition  mytholo¬ 
gique  y  soit  pour  rien,  d’un  mot  il  esquisse  pour 
elle  l’ébauche  d’une  personnalité.  Adrien  Legrand. 

LUIVUS.  —  Ce  mot,  qui  ne  se  rencontre  que  dans  un  seul 
texte  latin  et  une  seule  fois 1 ,  n’est  pas  un  nom  sous  lequel 
une  divinité  quelconque  ait  été  adorée  ni  à  Rome  ni  en* 
aucun  autre  point  du  monde  antique.  11  n’apparaît  que 
dans  1  Histoire  Auguste.  Spartien  y  rapporte  que  Caracalla, 


se  trouvant  à  Edesse,  eut  l’idée  d’aller  à  cheval  jusqu’à 
Carrhai  pour  y  visiter  un  dieu  lunaire  mâle  qui  avait  là 
un  temple,  mais  qu’en  chemin  il  fut  assassiné  par  son 
écuyer.  Les  informateurs2  qui  ont  transmis  ce  fait  à 
l’historien,  en  y  ajoutant  un  assez  sot  commentaire  sur 
les  conséquences  du  genre  masculin  ou  féminin  attribué 
à  la  Lune,  ont  donné  à  cette  divinité  de  Mésopotamie  le 
nom  latin  de  Lunus3.  Et  depuis,  historiens,  numismates, 
épigraphistes  ont  trouvé  le  mot  commode  pour  désigner 
tout  dieu  lunaire  mâle  qui  s’offrait  à  eux. 

Dieu  lunaire  de  Mésopotamie  (dit  Lunus).  Min,  dieu 
lunaire  de  Phrggie.  —  Le  vrai  nom  de  celui  de  Carrhai 
nous  est  inconnu  Son  temple  existait  encore  au  temps 
de  l’empereur  Julien  5.  On  a  pensé,  étant  donnée  la  race 
dont  la  région  était  peuplée,  que  c’était  un  dieu  sémite  . 
Sur  les  monnaies  cette  lune  mâle  esL  figu¬ 
rée  soit  par  un  croissant  et  une  étoile,  sans 
autre  effigie  (fig.  4661),  soit  par  une  tête 
qui  a  un  croissant  vis-à-vis  d’elle1,  ou  qui 
est  diadémée,  avec  deux  croissants  iné¬ 
gaux.  Nous  n’avons  sur  cette  divinité  que- Fig.  460u 
ces  notions  vagues.  en  Mésopotamie. 

Un  autre  dieu  lunaire  nous  esL  au  con¬ 
traire  très  connu.  C’estMên(Mvjv),  dieu  anatolien  qui  P,ual 


Aphrodite,  etc.,  à  toutes  les  triades  féminines  de  la  mythologie  g" c  I  .! 

.  .i  .  f  il  Wcil  ap.  Jouit"" 

les  divinités  dont  le  concept  implique  l’idée  de  mesure,  etc.;  c  .  •  Rejnacb, 

des  Savants ,  mai  1S99,  p.  288-93)  ;  pour  les  représentations  sur  lis  w 
Répertoire  des  vases  peints.  ,  .  ....ihusaud 

LUNUS.  l  Spartian.  Carac.  VI,  0;  VIII,  3.  —  2  Ibid.  ...doclissm»^  ^  ^ 
id  tradiliim.  —  3  EtX/.vz,  dans  Herodicn,  IV,  3,  qui  rapporte  b  (u  ■  ^ 
vait  être  par  exemple  Aglibol  (ef.  Ilelbig,  Guide  de  Itome,  I,  P*  ^  ^  ^  .p"  :  | 
gr.  III,  0915)  ou  Jahribol  (cf.  Bouché-Leclercq,  Hist.  delà  sllr  les 

de  Vogué,  Inscr.  sem.  p.  G3).  En  Arabie,  à  Esbus,  Mionnet  (\ ,  u  ^  p.293) 

monnaies  le  type  même  de  Mên,  mais  de  Saulcy  (A mnism.  de  ^  __  £f.  per- 

y  a  reconnu  une  divinité  féminine,  Astarté.  —  ü  Amm.  Man  .  -  '  ^  et  note  1* 

drizet,  Bull,  decorr.  hell.  1896,  p.  95-96.  —  ?  Mionnet,  V,  P-  un  ,emplc 

Figure  d'après  l’exemplaire  du  Cal),  des  Médailles.  On  Oou  ^  f,arnics  et  sur* 
tétrastyle  avec,  entre  les  colonnes,  des  masses  de  formes  l*'\  eu  ^ j c n t  de  simp*l,s 
montées  de  croissants.  «<  Les  plus  anciens  simulaci es  de  |  f,,  Qrèce}  M  P 
pierres  ovules  surmontées  de  croissants  »,  dit  Maury  (Jtelit/.  < 
se  référant  à  ces  monnaies  où  il  n’y  a  pas  de  figure  humain 


LUN 


—  1393  — 


■  '■cèdent*.  Il  est  reconnaissable  à  ce  que,  dans 
distinct  d"  1’!^  représentations,  il  porte  toujours,  avec 
les  no®1"1'1  '  .  lc  costume,  surtout  le  bonnet  des 
lal1  .  0  Sur  ce  dieu,  dont  Strabon  nous  désignera  les 
P^f' '|  s  plus  connus,  lesmythographes  ni  les  poètes  ne 
jenlP'"  '^menl  ri  en.  Un  vers  d’un  hymne  orphique3  lc 
°llS;l|Tu  même  temps  que  deux  divinités  phrygiennes, 
h  MÈre  des  dieux  ;  Lucien*  le  ridiculise  comme 
i  livinilé  orientale  fastueuse  et  surchargée  de  dorures; 
UnC,,|l' le  croit  confondu  en  Phrygie  avec  Sabazios  sous 
Pr°!n''me  nom  et  dans  les  mêmes  fêtes5.  Tout  cela  est 
""  ''"||()||S  tromper  sur  la  nature  originaire  du  dieu.  Il 
P!!j“’jen  do  commun,  si  ce  n’est  le  pays  où  il  est  honoré, 
D‘m,  (,os  divinités  délirantes  et.  farouches  dont  le  culte 
n’allait  pas  sans  l’orgie  et  l’extase.  Il  est  possible  qu’à  une 
époque  relativement  tardive  elles  aient  été  unies  ou  con¬ 
fondues  avec  lui  comme  ayant  le  même  pays  d’origine, 
presque  le  même  costume,  et  en  vertu  de  cette  passion  de 
syncrétisme  qui  sévissait  vers  la  lin  de  l’époque  païenne. 
Au  centre  même  du  culte  de  Mèn,  en  Lydie,  près  de  Coloé, 
trois  niches  ou  arcades  sont  creusées  et  sculptées  à 
même  le  roc  et  contiennent  trois  bas-reliefs  représentant 
des  scènes  relatives' à  Adonis  confondu  avec  Attis c  ;  dans 
l’une  des  trois,  malheureusement  très  mutilée,  Wadding- 
tona  cru  reconnaître  ou  le  croissant  ou  le  bonnet  phry¬ 
gien  qui  rappellerai tMên.  Il  est  du  reste  certain  qu’ailleurs 
Al.  lis  prend  non  pas  seulement  le  croissant7,  mais  le  nom 
même  de  Mon.  Dans  plusieurs  inscriptions  romaines  du 
ive siècle  ap.  J. -C.  où  il  est  invoqué  en  même  temps  que 
In  Mère  des  Dieux  (et  Hermès),  le  surnom  assez  mysté¬ 
rieux  de  Menotijrannus  est  joint  à  son  nom  (si  ce  n’est 
pas  Mèn  Tyrannus  qui  est  nommé  avec  lui).  Les  céra- 


Inbl' s  &recs  1  Asie  Mineure  s’empareront  de  ces  confu- 
1  ^  pour  créer  des  types  d’art  hybrides  et  fort  curieux. 

^ lamentations  de  Mên.  —  Mais  pour  avoir  été  com- 
ilii  "  11  sorte  avec  ces  dieux  équivoques8, 

i  "  ' sl  bas  moins  parfaitement  différent  d’eux9 
InIm  plastique  comme  par  les  noms  qu’on  lui 

^  1 111,1 1  aii  <V|ui  donne  à  Mên  desorigines  sémites, cf.  Guiguiaut,/îeiiÿ. 
encline  monn  ii!.  |  a  h  note  8  ;  Perdrizet, L. Z.,  91 ,  combat  celle  opinion.  —2  Sur 

coilTni  M.s,  n  u  de  (.arrliai  n  a  ledit  bonnet.  Ce  qu’on  a  pu  prendre  pour  celle 

«’’/ l/l.  Proron,  r"/'<’l,l,'nl  ai'rivé  l|ans  le  champ  ;  Mionnct,  V,  p.  593.  —  3  ffymn. 

Waddiugtoi \Jtlit~  ■[  J"P'  tra,J'  8’  —  “Procl.  Ad  Tim.  IV,  251, p.  607.  —G  Le  Bas- 
h,  VI,  |iM1  Mineure,  tah.  i.v,éd.  Reinach,  p.  43.- -7  Corp.  inscr. 

*'<’n<>t.  invicto  A  i.i  1  (Ondli,  1900,  1901,2264)  :  Attidi  sancto  Mcuolyranno... , 
LT" !  Mc"°  Tyl'’ ;  0l'elli’  23ï3  i  L-  Renier,  Mélanges  épigr., 
Iicl°s,  dion  oracul- 1 .  ^  113  Un  Syrien  associe  dans  sa  reconnaissance 

*"'<ï  Mwisque  ')  yp,  ^Mm^e  Mén-Magister(faut-iI,  comme  lèvent  Hirchsfeld, 
s  j  V  "  encoie  associé  ou  confondu  avec  Dionysos,  A.  Maury, 
'"'ur  *  °pinion  coni|.  |  )"T  °UTln*'“  *tA? «SôXoi  Oe-.î,  Luc.  Icaromenipp,  p.  27.  —9  Voir,» 
*  l’tn»c  q,ic  C0|ii;;  i'llnsay,  Ciliés  of  Phrygia  (  Jottrn .  of  hell.  stud.  1883). 

abazios,  comme  Attis,  est  un  dieu  d’origine  solaire  appelé 


donne,  les  formules  sous  lesquelles  on  l’invoque,  les 
qualités  morales  qu’on  lui  prête. 

Un  attribut  qui  nese  rencontre qu’irrégulièrement  dans 
les  représentations  de  ces  autres  dieux  asiatiques,  et  qui  se 
retrouve  constamment  dans  les  siennes,  c’est  le  croissant 
de  lune  adapté  non  pas  à  la  tête,  mais  aux  épaules  ,#.  La 
partie  médiane  de  ce  croissant  est  censée  absente  ou  dissi¬ 
mulée  derrière  le  cou  ou  le  dos;  les  deux  pointes  seule¬ 
ment  apparaissent  de  part  et  d’autre.  C’est  ainsi  que  nous 
voyons  Mèn  :  1°  dans  un  relief  pro¬ 
venant  de  Coloé  en  Phrygie  Ca- 
takékaumène,  où  son  buste  accom¬ 
pagne  celui  d’un  Zeus  solaire,  à 
la  tête  radiée  (lig.  4662)**;  2°  sur 
une  très  belle  intaille  de  grenat  du 
Cabinet  de  France  (Bibliothèque 
nationale)  (fig.  4663) 12  ;  3°  sur  un 
très  grand  nombre  de  monnaies13. 

Mais  le  relief,  qui  d’ailleurs  a  été 
trouvé  dans  le  foyer  même  du  culte  Fis-  «63.  —  Type  traditionnel 

,  A  ,  .  de  Mèn. 

de  Men,  date  de  l/d  de  notre 

ère14;  l’intaille  n’est  pas  plus  ancienne,  et  aucune 
monnaie  n’est  antérieure  au  temps  de  Trajan .  C’est 
en  Attiquc,  où  nous  trouvons  Mèn  émigré,  que  se 
rencontrent  (outre  une  statuette  de  terre  cuite  curieuse 
mais  mutilée13)  des  reliefs  dédicatoires  qui  datent 


Fig.  4004.  —  Mèn  sur  le  bélier. 


du  ive  au  n°  siècle  avant  notre  ère  et  nous  font  con¬ 
naître  l’ancienneté  de  ce  type  de  représentation.  L’un 
a  été  trouvé  en  1894  encastré  dans  un  mur  entre  la  Pnvx 
et  l’Aréopage  16  ;  l’autre  est  de  la  collection  Lanckoronski 
et  se  trouve  dos  à  dos  sur  une  même  pierre  avec  le  char 
d’un  dieu  solaire17  (fig.  4661).  Sur  le  second,  qui  est  le 

Mânes  et  en  <|iii  les  traits  caractéristiques  de  la  Lune  se  seraient  mêlés  à  ceux  du 
Soleil.  Les  Grecs  d'Asie  Mineure  auraient  transcrit  Mânes  par  Mèn.  Mais,  comme  le 
remarque  M.  Perdrizet,  on  ne  voit  pas  pourquoi,  puisque  Mèn  n'était  chez  eux  le  nom 
d'aucun  dieu.  —  1°  Sur  les  monnaies  de  Carrhai  (par  ex.  n°  20  de  Mionnet,  t.  V)  il 
y  a  deux  croissants  dont  un  plus  petit  sur  la  tète  sans  bonnet  phrygien,  ce  qui  con¬ 
firmerait  la  distinction  des  deux  divinités.  —  l*Le  Bas-Waddington,  Yoy.  archèoV 
Monum.  pi.  c.xxxvi,  tig.  2;  Explie,  des  inscr.  p.  215.  —  12  Catalogue  C/ta - 
bonillet ,  2033  ;  cf.  le  2034.  —  >3  Par  exemple,  dans  la  collection  Waddington  ( Cata . 
logue  de  Babelon)  plus  de  50  numéros.  —  14  Le  Bas-Waddington,  Loc.  laud.  p.  215. 

1»  Musée  central  d’Ath.  Bull.  corr.  hell.  1890,  p.  72.  —  19  Ibid.  XX  (t896) 

tah.  xiv.  Au  même  endroit  ont  été  trouvés  des  ex-voto  à  Cybèle.  C'était  sans  doute  un 
sanctuaire  de  dieu  national  où  on  plaçait  des  ex-voto  à  des  dieux  étrangers.  — 17  Col- 
eclion  Lanckoronski  (Vienne);  Bull.  corr.  hell.  1890,  tab.  xv  ;  Catal.  der  ar- 
chueol.  Ausstell.. Wien,  1813  (où  Mèn  est  pris  à  tort  pour  Sélènè). 


LUN 


—  1394  — 


plus  ancien,  le  croissant  n’est  pas  ajusté  au  corps  du 
personnage,  mais  placé  derrière  l’ensemble  de  la  scène. 
Dans  l'un  et  l'autre  le  dieu  est  assis  sur  un  bélier;  près 
de  lui  est  une  table  garnie  de  gâteaux  et  de  fruits1, 
devant  laquelle  est  un  coq.  Dans  un  autre  relief  trouvé  à 
Thorikos,  port  voisin  du  Laurion,  c’est  sur  le  coq  qu’il 
est  assis2.  Ces  trois  théophanies,  où  Mên  apparaît  à  ses 
fidèles  en  prière  près  de  leurs  offrandes,  nous  confirment 
l’habitude  fréquente  des  artistes  anciens  de  donner 
pour  monture  à  un  dieu  l’animal  même  dont  le  sacrifice 
passe  pour  lui  plaire3  et  nous  montrent  que  plusieurs 
des  caractéristiques  du  dieu,  constantes  sur  les  monnaies 
impériales,  remontent  très  haut.  Car  le  coq,  le  coq  blanc 
spécialement  voué  au  dieu  4,  figure  sur  nombre  de 
pièces  de  Parlais,  d'Antioche  de  Pisidie,  de  Pros- 
tanna,  etc.  ■'  La  haste  a  la  main  droite  que  nous  offrent 
des  monnaies  très  nombreuses6  est  sans  doute  ancienne 
aussi,  car  nous  la  voyons  à  la  main  du  dieu  dans  un 
autre  relief  atlique  du  uc  siècle  avant  notre  ère,  où  il  est 
dans  une  grotte,  nu-tête,  tenant  un  coq  sur  son  bras 
gauche,  entre  Pan  et  une  nymphe  ou  une  Naïade  7. 
Enfin  tantôt  la  pomme  de  pin  qui  conjure  les  maléfices, 
et  qui  peut  être  remplacée  par  une  grosse  grappe  de 
raisin,  tantôt  une  patère  (pour  libation)  entre  les  mains 8, 
complètent  la  physionomie  sans  doute  ancienne,  tradi¬ 
tionnelle  de  Mên,  car  ces  particularités  se  présentent 
avec  une  fréquence  remarquable  et  dominante  sur  les 
monnaies.  Ainsi  se  dessine  la  figure  la  plus  ordinaire 
du  dieu,  jeune,  imberbe  avec  de  longs  cheveux,  vêtu 
d’une  tunique  haut  ceinturée,  souvent  d’une  chlamyde 
par-dessus,  et  des  anaxyrides  phrygiennes. 

Certains  traits  complémentaires,  qui  sont  un  peu  plus 


rares,  ont  pu  répondre  à  l’intention  de  grandir  ce  dieu 
modeste  et  familier.  D’abord  le  sceptre;  mais  le  sceptre 

l  Sur  ce  ri  le  habituel,  sinon  spécial  à  Mèn,cf.  Foucarl,  Assoc.  reliy.  en  Grèce,  p.220; 
règlement  du  culte  de  Mèn  en  Altique,  I.  20  de  l'inscr.  :  làv  Sé  m  T?à*eÇav  r.r.i 

6e5i, Xa(i6avÉTw  to  r/xurj.  —  -Musécd'Ath.  1406;  Perdrizet,  fig.  6  ;  Corp.  inscr.  att.  Il, 
1593,  MtTpaSâ-njçxat  ^  yuvr,  Mïjvi  à...  Ici  le  croissant  manque,  maison  pense  qu'il  était 
figuré  en  couleur  sur  le  fond.  —  3  Maury,  Belig.  de  la  Grèce,  III,  125.  Sur  les 
monnaies  de  Cypre,  Aphrodite  est  montée  sur  le  bélier  qui  lui  sert  de  victime. 
De  Luynes,  Aum.  et  inscr.  cypriot.  pl.  v,  2.  —  4  Diog.  I.aert.  VIII,  374;  Jamblic. 
De  vit.  Pyth.  tS  :  «  Ne  touchez  pas  au  coq  blanc...  ;  il  est  voué  à  Mèn.  »  —  5  Mion- 
net,  lli,  p.  492,  n*»  4;  Waddington,  3586-9,  7154,  etc.  ;  liead,  Hist.  num.  p.  591- 
°^-  c  EUc  est  sur  la  plupart  des  monnaies  où  nous  signalons  d'autres 
attributs  et  sur  I  intaille  2033  du  Cab.  des  Médailles,  Paris.  V.  Mionnet,  tables ,  p.  261 
et  263;  Babelon- Waddington,  p.  559.  —  7  Musée  central,  Athènes,  1444;  Smir- 
noff,  fig.  1  ;  Bull.  corr.  hell.  1896,  p.  78,  fig.  5.-8  Mionnet,  III, 
p.  304,  n°  3;  IV,  p.  298,  n*  594  ;  Suppl.  VI,  p.  251,  no  415;  Id.  III,  p.  365, 
no  362,  IV,  p.  263,  no  400  (Lég.  KAMAPEITHE  NFEAEQN)  ;  Suppl.  VI,  p.  620, 
n°  411,  etc.;  Bull.  corr.  hell.  1896,  p.  73,  —  9  Le  Bas-Wadd.  Voyag.  Monum. 
figurés,  tab.  cxxxvi,  n°  667.  Stèle  à  Koulah,  provenant  de  Menneh,  Corp. 


Fig.  4GGG.  —  Monnaie  de  Nysa, 


LUN 

ne  se  distingue  pas  toujours  bien  de  h  i 
thyrse.  Quoi  qu’il  en  soit,  Mên  a  le  scentro  ^  °ü  d“ 
une  seconde  stèle  de  Coloé,J  où  il  nK„,.0  ,  °nm;iin  % 
de  Zeus  aétophore  (fig.  4665)  (172  de  nr  /  "  fIed  à  côqt 
un  rocher  de  la  ville  haute  de  Philfppes  où  M  61  S|lr 
reconnu,  dominant  de  la  taille  tout  un  '  He"zeyt’a 
divinités  figurées  sur  les  roches  voisines  *« Pï"!l,éon  * 
le  pied  posé  sur  un  taureau  terrassé,  et  s\  '°  °é  M 
nombre  de  monnaies,  il  a  aussi  le  Dièd  Un  Cerlail> 
taureau,  que  l’effacement  a  pu  faire  prendre"!  l"'(‘ de 
petit  rocher11  (fig.  4666).  Mais  la  fierté  du  dieu  ^  "n 
telle  que,  sur  d’autres  pièces,  il  n  esl  m 

ne  garde  en  même  temps  au 
poing  son  coq  favori.  Parfois, 
tout  pacifique  qu’il  est,  il  porte 
une  petite  figure  de  Victoire  ,2. 

Quelquefois  il  se  présente  au 
portail  d’un  sanctuaire  distyle 
comme  en  Galatie13  (fig.  46671 
ou  d’un  fastueux  temple  ùsix  co¬ 
lonnes  comme  à  Nysa  u.  Enfin, 
pour  le  grandir  encore,  le  voici 
à  cheval.  Cette  allure  équestre  n’a  rien  de  commun  avec 
la  posture  du  dieu  assis  de  côté  sur  une  monture  invrai¬ 
semblable  dans  les  reliefs  d’Athènes.  Rien  ne  démontre 
qu  elle  ne  soit  pas  antérieure  à 
l’époque  impériale;  cependant  il  -\ 

est  possible  qu’en  ceci  l’imitation 
de  dieux  d’autre  nature  ait  été 
déterminante.  Par  exemple  il  y 
avait  à  Telmessos,  en  Syrie,  un 
dieu  Sozon  qui  était  figuré  à  che¬ 
val,  qu’on  a  pu  confondre  avec 
Sabazios  parce  qu’il  y  avait  quel¬ 
que  chose  de  commun  entre  cer¬ 
taines  formes  de  leurs  noms  (Sauaz- 
ios),  qui  était  de  nature  solaire,  et  lunaire  aussi  parana 
logie1’.  D’autres  divinités  d’Asie  Mineure  étaient  éques¬ 
tres.  Voilà  sans  doute  pourquoi  on  a  voulu  que  Mèn  le 
fût  à  Olbasa  (fig.  4668)  en  Pisidie,  à 
Allia  (si  c’est  bien  lui  qui  porte  la 
hache  à  deux  tranchants),  à  Prusa 
•  en  Bithynie,  à  Baris,  à  Sillyum,  à 
Sagalassus 1G,  etc.,  et  qu’il  tînt  un 
cheval  par  la  bride  sur  les  pièces  de 
Laodicée  du  Liban17.  Des  reliefs 
(de  basse  époque),  d’une  exécution 
très  grossière18,  constateraient,  à 
défaut  des  monnaies,  cette  mar¬ 
que  de  puissance  attribuée  à  Mèn.  Même  les  pièces 

inscr.  gr.  34:18.  —  *0  Ileuzev.  Mission  en  Macédoine,  p.  83,  Vit1  >'•  1 
net,  III,  p.  493,  n»  10  ett  1  ;  IV,  298,  n»  594,  etc.  ;  Mead,  Bist.  numorum,  ^  J 
591  (Pappa  Tibcria).  —  12  Mionnet,  IV,  p.  310,  n"  660,  et  lù.  L"1  ■  ^  run 

Doctrina,  III,  p.  19.  La  Victoire  ligure  sur  des  monnaies  indù|tu  ,neutJ té  des 

autre  attribut  et  tous  alternent  et  se  doublent  ainsi  à  la  lois.  ;  ^  ^  travail 

attributs  n'est  pas  toujours  parfaitement  établie  et  il  n  existe  pu-  )  ^  i.  prpscn- 
ninnisniatii|uc  i|ui  classe  toutes  les  monnaies  connues  de  Mên  par  ^  !V11(V.  Uare- 
tation,  en  rapportant  ces  types  aux  régions  où  on  les  rcnconli*  *  I  , .  n, 
inenl  Mèn  a  la  haste  à  serpents  ou  caducée,  Mionnet,  Suppl.  ,  I  jtléo  est.  sur 
—  13  Cab.  des  Médailles,  Paris,  Ualalie,  in  généré,  monnaie  de  ™Jal1^  son,roct  du 

une  autre  monnaie,  à  l'entrée  d'un  temple  semblable  où  la"*11  ^  _ tiCab.  <les 

fronton,  figure  deux  croissants  superposés,  Babelon-Waddinglon,  p  185, 

Médailles,  Paris;  Babelon-W'addington,  2504.  18  Revue  ai  __  Il  Ibid.', 

Art.  Kadet  ;  Lahckoronski,  Villes,  II,  9.  —  10  Paris,  Cab.  es  ^  _ tg  (Jn  cava- 

Ucad,  Bist.  num.  p.  563,  signale  la  légende  MHN  sous  cette  ^  gouldour,  en 
lier  avec  l'inscription  ...MHNI  EVXUN,  copié  par  M.  ùo  note  deriiiè|e-  I 
Pbrygie,  Bull,  de  corr.  hell.  III,  334,  et  XX,  p.  65;  cf.  Plus 


Fig.  4667.  — Monnaie  de 
Galalic. 


Fig.  4668.  —  Monnaie 
d'Olbasa  (l'isidick 


.  Il  Mion- 


LUN 


—  1395  — 


LUN 


vrai  le  montrent  dans  un  char  atteléde  zébus 
de  Témcn"  4669).  Mionnet,  Waddington  et 

lancés  au  J  '  ■  lrouver  Mên  équestre  sur  de 

1"1""3  unies  de  Trapézos  dans  le  Pont.  Il  est  certain 
belles  m"""'  ,  ière  contrée  Mên  était  fort  popu- 

jue  dans  ceuc 


pja.  4669.  —  Monnaie 
de  Tôménolhyrai. 


laire.  Mais  les  représentations 
équestres  d’un  dieu  pontique 
se  rapportent  à  Mithra,  dieu 
solaire2.  11  faudrait  donc  sup¬ 
poser  que  nous  avons  affaire 
ici  à  Mên-Mithra.  Mais  nous 
trouvons  partout  Mên  opposé 
au  dieu  solaire  et  non  pas 
confondu  avec  lui.  De  plus, 
sauf  peut-être  sur  un  exem¬ 
plaire  qui  est  à  Munich3,  la 
marque  distinctive  de  notre 
dieu,  c’est-à-dire  le  croissant 
aUx  épaules,  manque  à  ces  effigies.  Donc  Mên  a  été  cer¬ 
tainement  adoré,  mais  non  pas  figuré  à  cheval  dans  les 

villes  du  Pont. 

D’autre  part 
les  monnaies 
nous le  présen¬ 
tent  non  point 
confondu  , 
mais  en  société 
avec  d’autres 
divinités:Zeus 
assis,  devant 
qui  il  se  tient 
debout,  Apol¬ 
lon,  Arès,  Ar¬ 
témis,  qui  est 
aussi  au  droit 
de  monnaies 
dont  il  occupe 
le  revers  A 
Quand  il  est 
associé  ainsi  à 
quelque  autre 
dieu,ilne  sem¬ 
ble  pas  qu’il 
garde  ordinaD 
rement  pour 
lui  la  préémi¬ 
nence  ou  la 
place  d’hon  - 
neur.  Un  cu¬ 
rieux  monu¬ 
ment  de  Coloé 
trp  .  nous  le  mon- 

quj  J"  llls,ln*'  char  de  Zcus  Sabazios  A  Dans  un  autre 
feiiinir  "  "lus®e  de  Tchinli-Kiosk  à  Stamboul,  une 
son,-,  y"  m<  ^  SOn  rnar*  sous  Ut  protection  d’Hécate 
la  tria,!,.  "\  '  S°'n  ^a'rc  figurer  par  surcroît,  à  côté  de 

^nJ„D;UMk‘min?ne*  Môn<i’  9ui  esta  sa  Place  dans 
011  es  croissants  ne  manquent  pas  (fig.  -4670). 

'  . . .  dricch.  Mo 

Pendant,  cf.  Cunionl  ’  B&belon-Waddinglon,  5330.  —  2  Cc- 

W’  1-  a'in  I  °Tm'  (lu  CU,le  de  Mithra,  p.  189,  583  ;  Arcli.  Zeit.  1851, 
*036,  5|84i  585.;,,;o;/j  Oriech.  Müns.  p.  583.  —  *  Babclon-Wadd.  no"  2640- 
'IUll,ll8  Hraïui n i  J 7.  ..  Wagcncr  ap.  Acad.  roy.  de  Belgique,  Mèm.  des 

croissant,  le  bonnet  phrygien,  le  caducée, 
pwaav  £■«  S«5àÇio».  —  6  S.  Rcinacli,  Catal. 


s 

1  "'"0.  -  Mèu  réuni  à  la  triple  Hécate. 


K  :  l-  xxx-  Mên  a  le 


r>,“v  «Monda,  »a0t£- 


Fig.  4671.  —  Masque  de  Mên  avec  les  attributs  de  plusieurs 
divinités. 


Ils  sont  bien  plus  abondants  encore  sur  un  relief  de 
travail  soigné,  mais  de  «  composition  très  lâche  »  ",  et  de 
basse  épo  - 
que,  qui  pa¬ 
rait  provenir 
d’Athènes  ou 
de  l’Attique 
(fig. 4671).  Ce 
monument 
ressemble  à 
ceux  que 
nous  venons 
de  passer  en 
revue  par 
l’intention, 
qui  est  celle 
d’augmenter 
l’ importance 
du  dieu  et 
ses  domaines 
d’influence. 

Il  en  diffère 
tout  à  fait  par 
la  physiono¬ 
mie  géné-, 
raie.  Mên  , 

dont  nous  n’avons  ici  que  le  masque,  n’a  pas  le  bonnet 
phrygien.  C’est  la  face  traditionnelle  du  dieu  Soleil,  avec 
un  diadème  et  une  sorte  de  couronne  radiée  au  sommet 
de  laquelle  est  un  globe  entre  deux  croissants.  Près 
du  masque  une  inscription  mentionne  Mên  qui  sauce 
et  qui  enrichit s.  Il  est  accompagné  d’étoiles  et  placé 
au-dessus  d’un  croissant  de  vastes  dimensions.  Vingt 
autres  croissants  sont  apposés  comme  une  marque  sur 
la  plupart  des  trente-trois  objets  arrangés  avec  une 
recherche  évidente  de  la  symétrie,  et  dans  un  ordre 
étudié  pour  qu’il  en  tienne  le  plus  possible.  De  ces 
attributs  quelques-uns,  comme  la  pomme  de  pin,  les 
pains,  les  gâteaux  et  les  fruits,  se  rapportent  directement 
à  Mên;  les  autres  concernent  diverses  divinités  à  la 
puissance  desquelles  on  a  voulu  le  faire  participer.  Le 
centre  de  cette  composition  rappelle  les  formes  d'une 
balance,  mais  le  fléau  en  est  un  serpent;  une  corne 
d’abondance  (marquée  d’un  serpent)  et  une  massue  sont 
suspendues  à  la  place  des  plateaux.  La  massue  appelle 
l’idée  d’Hercule.  La  balance  est  un  des  signes  du 
zodiaque  et  dans  le  bas  du  tableau  figurent  des  animaux 
dont  quelques-uns  font  partie  de  ces  signes  :  lion,  bélier, 
taureau,  capricorne.  L’intention  générale  peut  avoir  été 
de  symboliser  divers  phénomènes  astronomiques  en  les 
rapportant  au  dieu  lunaire.  De  plus,  une  paire  de  tenailles 
rappelle  Vuleain,  une  roue  la  Fortune,  un  miroir  Vénus, 
une  syrinx  Pan,  un  caducée  Hermès;  deux  gouvernails 
font  penser  à  quelques  divinités  marines,  peut-être  les 
Dioscures  qu’on  trouve  ailleurs  avec  l’image  de  la  Lune 
[luna].  Les  quatre  torches  placées  de  part  et  d’autre  sont 
celles  de  Démèter  ou  d’Hécate  [fax].  La  harpe  est  l’ins¬ 
trument  habituel  des  sacrifices  [harpk],  Enfin  un  bucràne 

du  Musée  de  Constantinople  u”  244,  p.  36;  Bull.  corr.  hell.  1896,  pl.xvi.  D'a¬ 
près  Mordlmann,  Atli.  Mittheil.  1885,  p.  16,  l'inscription  donne  lieu  de  croire  que 
le  monument  vient  de  Cotyœum  en  Pbrygic  (non  de  Salonique).  Mên  y  tient  uno 
palme,  ce  qui  ne  se  rencontre  pas  ailleurs.  —  1  Bail,  de  corr.  hell.  1899,  p.  389 
et  pl.  i. —  8  nXouToSQiT!  (sic,  ce  qui  indique  un  graveur  peu  familiarisé  a\cc  la 
laugue  grecque). 


LUN 


—  1396  — 


occupe  au  centre  un  espace  considérable.  Est-ce  un 
souvenir  de  Bacchus?  est-ce  cette  tète  de  taureau  que 
nombre  de  monnaies  et  un  relief  nous  ont  présentée  sous 
le  pied  droit  de  Mon  ?  Quoi  qu  il  en  soit ,  ce  bucràne-cyclope 
n  a  qu’un  œil,  pour  signifier  le  regard  unique  de  la  Lune. 

11  semble  qu’à  Nicée  en  Bithynie  on  ait  d’assez  singu- 
lièie  lacon  cherché  a  rehausser  a  la  fois  le  prestige  de 
notre  dieu  et  celui  de  l’Empereur  en  créant  un  type 
hybride  qui  mêlait  bizarrement  leurs  deux  personnalités. 
Du  moins,  en  ce  pays  où  .Iules  César  était  populaire,  ou 
s’est  souvenu  d’une  statue  de  Rome  qui  représentait  le 
précurseur  des  empereurs  à  cheval,  mais  sur  un  cheval 
dont  les  membres  antérieurs  se  terminaient  par  des  pieds 
humains  '.  Le  revers  d’une  monnaie  de  Nicée  sous 
Antonin  le  Pieux  nous  offre  un  personnage  avec  le 
croissant  de  Mèn  aux  épaules,  vu  de  face  sur  un  cheval 
de  profil  qui  a  comme  membres  antérieurs,  à  gauche  un 
pied  humain,  à  droite  un  bras  tenant  un  caducée,  et  pour 
queue  un  serpent.  Le  personnage  lient  une  couronne, 
et  sa  tète  est  radiée  Est-ce  Mèn  ?  Est  ce  un  César? 
Est-ce  l’un  et  l’autre  et  par  surcroît  un  dieu  solaire 
comme  Sabazios?  La  légende  {lu  cité  toute  d’or  de 
■ Virée  consacre  un  cheval  à  pieds  humains  3 )  ne  parle 
que  du  cheval  fantastique.  On  pourrait  se  demander  s’il 
n  y  a  pas  là  une  dérivation  d’un  type  ionien  fort  ancien, 
celui  du  Centaure  à  jambes  humaines  que  portent  souvent 
les  vases  à  figures  noires  du  vie  siècle  et  que  les  Romains 
auraient  pu  interpréter  comme  un  cheval  ayant  des  pieds 
humains  par  devant  et  monté  par  un  cavalier4  ? 

S’il  n’est  pas  de  dieu  qui  semble  avoir  été  pris  plus 
au  sérieux  que  Mèn,  plus  respecté  de  ses  fidèles, 
cependant  des  artistes  grecs  établis  en  Asie  Mineure  ont 
trouvé  l’occasion  d’interprétations  libres  et  capricieuses 
dans  l’originalité  de  cette  divinité  lunaire  et  mâle.  On  ne 
sait  si  c’est  le  dieu  qu’il  faut  reconnaître  dans  ces  créa¬ 
tions  ou  si  ce  n’est  pas  plutôt  des  jeux  de  l’art  inspirés 
par  son  souvenir.  A  Coloé  même,  où  nous  avons  vu  des 
représentations  si  précises  de  Mèn,  on  a  trouvé  une 
figurine5,  représentant  dans  un  style  grossier  un  enfant 
nu,  au  visage  large  et  un  peu  vulgaire,  assis  par  terre 
les  cuisses  écartées  et  les  talons  réunis.  Il  tient  un  coq 
d’une  main,  une  grosse  grappe  de  raisin  de  l’autre;  un 
grand  croissant  dont  la  concavité  est  presque  remplie 
monte  très  haut  derrière  ses  épaules  et  son  cou.  Dans 
la  fabrique  de  Tarse  on  modelait,  vers  l’ère  chrétienne, 
de  petits  Atys  parés  du  feuillage  mystique  comme 
des  Dionysos  jeunes  ou  des  Éros  bachiques.  Derrière  leur 
dos  les  ailes  recoquevillées  en  guise  de  croissantfont  penser 
à  MénG.Ce  qu’étaient  ces  curieux  petits  êtres,  dieux  ou  gra¬ 
cieux  enfants  qui  évoquent  des  souvenirs  divins,  peut-êLre 
les  coroplastes  eux-mêmes  ne  font-ils  pas  bien  su. 

Formes  et  extension  du  culte  de  Mèn.  Caractères 

*  Pliu.  Ilist.  nat.  VIII,  55;  Sucl.  J.  Caes.  01  ;  Slat.  Silo.  I,  1,  84.  On  avait  con¬ 
sacré  à  Nicée  une  enceinte  sacrée  à  Jules  César  héroïsé.  Dio  Cass.  L 1 ,  20.  —  2  Cabinet 
de  France;  Ilev.de  numismat.  l894(Klanchcl),  p.  301  (lég.  :  mckov  PpoToicoiSa  Nixauùîv). 
—  3  line  monnaie  de  Gordien  nous  offre  le  meme  quadrumembre  cl  le  même  type 
équestre,  couronné  par  une  Victoire,  mais  sans  le  croissant.  Cf.  Koscher,  Ueber  die 
Reiterstatue  J.  Caesars  auf  den  Forum  Julium  u.  den  ïmeo;  ûtcouç  ;  Ber.  d. 
Sachs.  Ges.  phil.  Ilist.  Kl.  43  (1801),  p.  96-154,  et,  dans  Y Ausfüfirl.  Lexikon,  II, 
p.  2094,  art.  Mèn,  une  longue  note  additionnelle  du  même  qui  discute  sur  ce  point 
les  idées  de  Ürcxler,  auteur  de  l'art.,  insiste  sur  le  lien  qui  unit  la  statue  du  Forum 
Julium  aux  effigies  de  Nicée  et  produit  une  monnaie  (inédite  de  La  collection  Imhoofj 
représentant  selon  lui  l’empereur  Galba  en  Môn.  Mais  en  l’absence  du  croissant,  ou 
s’il  y  a  doute  à  son  endroit,  les  identifications  sont  fort  douteuses.  —  4  Cf.  Dürnmler, 
Ttoem.  Mittheil.  1888,  p.  170  et  suiv.,  fig.  3  de  la  planche  (=  K  le  in  e  Schriften,  III, 
p.  274).  — :1  Gaz.  archeol.  1880,  pl.xxxu  (art.  Schlumberger)  ;  à  Baycux,  sur  unpor- 


■  les  et  de  la  Grèce,  si  bien  qu’une  format! 
cale  a  décidé  que  la  divinité  lunai 


LUN 

moraux  du  dieu.  —  Cette  divinité 

y*-  ”a,s  •«  noms-épithètes  ou  surnom  ''“T 
tort  nombreux.  Rien  absolument  n'iudi,  “  J  ""l  «* 

nom  auquel  les  Grecs  auraient  substituétî;!^'? 
et  rien  non  plus  ne  permet  de  croire  u,  „  W’J 
divinise.  Les,  bien  la  même  racine  „ ,  („'  "» 

prenant  un  élément  formatif  différent  (,  .l'i'H 
I  autre)  a  donné  pour  nom  à  la  Lune  ,,de 

Pélasges  du  continent  asiatique. 

graaimati- 

tolie.  Parmi  les  surnoms,  il  en  estm^iu’u!^ 
sont  des  désignations  locales.  Le  plus  frtq„„nl  ^  'j™ 
médaillés,  AffX*,voç  ou  ’Acxvjvoç  »,  est  un  très  vieux  nnl 
géographique  de  la  Phrygie,  où  il  ,  servi  *, 
désigné  longtemps  un  lac  et  diverses  localités  C’est  1 
nom  que  Strabon  transcrit  mal  quand  il  parle  de  M-/, 

Aaxaîoç  ou  ’ApxxtV0  11  en  est  probablement  de  même 

pour  AGoxTTjvoç  qui  est  mystérieux  pour  nous.  C’est  un 
nom  de  localité  qu’a  porté  aussi  une  g’/jx-qp  ’AÇtotrqvy 
et  où  peut-être  se  retrouve  la  racinede  wA<na.  Les  surnoms] 
plus  rares  :  ToXyi<jswv,  KauxX-qvoç,  KapapsiT-qç12,  MoxuXsitik, 

I lExpasixqç,  Aaêâvng  désignent  vraisemblablement  le  Mvjv 
du  x  illage  de  lolésa,  de  Cavala,  etc.  Aucun  embarras  pour 
M-qv  Ivâpou  qui  se  rencontre  précisément  du  côté  delà 
Carie  13,  si  la  terminaison  ne  nous  arrêtait  pas.  Kàpou 
n’est  pas  un  génitif,  mais  semble  indéclinable.  Sans  doute 
ou  est  une  désinence  propre  à  la  langue  lydienne  ou 
phrygienne  que  nous  retrouvons  dans  Mr,v  <I>«pv«xiu, 
Ttâgou.  Le  premier  de  ces  deux  noms  désigne  le  Mqv  du 
Pont.  C’est  sans  doute  un  nom  géographique  de  la 
région,  qui  a  donné  lieu  à  un  nom  d’homme.  Cependant 
J.  Darmesteter  a  conjecturé  qu’il  pouvait  venir  de  la 
Perse  et  représenter  farnahvaut,  épithète  de  formel 
zende  qu’on  trouve  appliquée  à  la  Lune,  fuma  étant 
équivalent  à  T ü/-q  u.  On  ne  sait  si  Tiâgou  est  un  nom  de 
lieu  ou  se  rattache  à  la  racine  Ti,  «  honorer  ».  Quoi  qu  il 
en  soit,  les  désinences  en  afxoç  sont  très  fréquentes  dans 
toutes  ces  régions15. 

Restent  les  épi Lliètes  qui  honorent  ou  grandissent  un 
dieu  si  populaire  ou  qui  désignent  une  particularité  qui  le 
concerne.  La  plus  répandue,  Tupavvoç,  est  le  mot  lydien 
d’origine  qui  signifie  «  seigneur  et  roi  »  «fcocœopsç, 

’Oupâvioç  s’expliquent  d’eux-mêmes, KaxaxOovîoç  s’applique 

à  toute  divinité  nocturne  ou  qui  protège  les  tombe* 
contre  la  violation  17. 

Les  inscriptions  qui  nous  fournissent  une  partie  de  cesj 
noms  et  celles  qui  accompagnent  les  monuments  ligure* 
ne  sont  pas  en  très  grand  nombre  et  pas  toujours  foi  1 
ficatives.  C'est  souvent  une  brève  dédicace  aiM^'  ll(  ‘‘jl 
gné  par  un  surnom  local  ou  bien  une  so/pi,  c  esl-a  mu  “I 


slrononiiqiic  était  sculpté  grossièrement  un  “k"1  "  ’  S^M 
le  pin  à  la  main,  lien,  archêol.  (Ileuzey),  O'1'-  •  v  '  '  ite 

.  ..  ..  o  . . .svaf«e«ei*‘<r'f  . 


tique  à  décoration  aslro 

à  la  tète,  pomme  de  p...  -  . — -,  ■■ 

des  Beaux-Arts ,  nov.  1876,  art.  ileuzey,  lig.  13;  K.  PoUier,  «  1 1  croit  que  le  ! 
p.  188.  —  7  Ramsay  ( Cities  o(  Plirygia,  dans  Joum.  of  te  ■  s  |lMliljrc  à 

nom  a  etc  apporté  par  les  Grecs  qui  substituèrent  pir,v  a  '  aj|(,s  rccoquevil 

l'essence  solaire  et  le  croissant  aux  ailes  recoquevillées.  ;  '"j! ^  conimc  jnlcrpréln- 
lécs  n'apparaissent,  au  contraire,  qu  à  une  époque  as  1  z  )lia,.ait  nulle  pari.  — 
lion  artistique  et  libre  du  croissant,  cl  le  nom  Ja/us  n‘  672  ;  Hcad.p- 
8  Bcrgaigne,  Religion  védique,  l,  p.  ‘57-  -9M,0""°  ’  y‘  ï,'Mon’n. deSaillai,  Hcad, 
Journ.  ofhell.  stud.  IV,  417.  -  •«  Strab.  XII,  557,  877.  Mionnct, PhrygK 

n"  282  ;  Strab.  XII,  570  ;  Hcad,  p.  550.  -  '  -  V  ou  Pli.  Roi  ^  TImsos,  en  AlU 

—  15  t’ergamos,  Priamos,  etc.  —  16  Mi»  Tiif.  a  o'1 11  ’  __nVoirp-  1398,notc- 
que,  etc.  Équivalent  de  on Thrace,  fueAiii  eu  1  hrye  • 


LUN 


1397 


LIJN 


,_.()(le  ,ie  dévotion  établie  en  son  honneur. 
lc°urlP  P"',  jes  stèles  de  Coloé  1  consacre  à  Mtjv  Ttàpou 
■  Colle  1ul  ,ourg>  Q-esl  une  association  religieuse 

l^1'1  l'dien),  une  sainte  confrérie  de  dix-huit  jeunes 
l^dlnt  nous  avons  les  noms,  qui  l’offre  a  Mên  et  à 
If".  M-isphalaténos.  C’est  ce  dieu  lui-même  qui  en  a 
I  v'i'iifîé ' f ordre  dans  un  songe  ou  dans  quelque  appari- 
K'du  moins  en  Phrygie,  la  formule  qui 

fécifiê cette  circonstance  revient  à  plusieurs  reprises2. 
K  Allia  c’est  non  pas  une  confrérie,  mais  le  groupe  des 
I  colons  ou  la  bourgade,  xawxia,  qui  se  met  sous  la  garde 
du  dieu  et  lui  dit  :  «  Protège  notre  colonie3  ».  Ailleurs 
I  rejjef  représentant  une  orante  est  accompagné  de  ces 
[mois  :  «  A  la  déesse  Anaïtis  et  à  Mên  Tiamou  Meltinè  et 
Giycon  ont  offert  cette  image  sacrée4  ».  Mais  il  arrive  qu’on 
[spécifie  ce  qu’on  demande  au  dieu  ou  ce  dont  on  lui  sait 
[gré.  Un  groupe  de  dévots  le  remercie  pour  «  leurs  enfants 
[et leur  bétail5  »,  un  particulier  pour  «  la  conservation 
de  ses  pieds0  ».  Des  plaques  votives  de  terre  cuite  repré¬ 
sentant  la  partie  du  corps  qui  a  été  guérie  (ou  qu’on  veut 
■réserver),  les  yeux,  les  seins,  les  pieds,  la  jambe,  accom¬ 
pagnent  les  inscriptions  de  ce  genre  [donarium]  7.  D’autres 
■inscriptions  sont  des  actes  de  contrition  forcée  et  de 
I réconciliation  avec  le  dieu  :  «  Artémidore,  lésé  dans  une 
■affaire  de  vins  par  Hermogène,  s’en  est  plaint  dans  une 
tablette  votive  au  dieu  qui  a  puni  Hermogène.  Celui-ci  l’a 
apaisé  et  à  présent  a  la  réputation  d’un  honnête  homme 8.» 
La  tille  d’un  débiteur  récalcitrant  a  payé  ses  créanciers  après 
la  mort  de  son  père  voué  par  eux  à  Mên.  Pour  achever 
d’apaiser  le  dieu,  elle  relate  le  fait  sur  une  stèle9.  Deux 
orphelins  protégés  contre  des  gens  malfaisants  témoignent 
|  leur  reconnaissance  à  Mên  Pétraeitès  et  Labanès 10.  Enfin 
1  inscription  latine  qui  est  proche  du  dieu  sur  les  rochers 
I  de  Pliilippes"  est  gravée  par  les  soins  d’une  mère  pro  filia. 
I  Ces  documents  épigraphiques  proviennent  tous,  sauf  le 
dernier,  d  Asie  Mineure.  Si  on  excepte  l’Attique,  où  nous 
en  si&nalerons  un  nombre  relativement  important,  le 
culte  de  Mên  semble  localisé  dans  cet  ample  domaine12. 

I  rayonne  autour  de  la  Phrygie  qui  a  été  son  foyer  ou  son 
!  cenlh  .  Ai  monnaies  ni  monuments  ne  se  rencontrent  au 
j!"  11  '  'Ucio,  ni  en  Lycie,  mais,  dans  la  Pisidie  et  à 

I  elT  i*  d;uis  les  réSions  qui  s’ouvrent  sur  la  mer  Égée 
I  1  mpontide,  les  souvenirs  de  Mên  sont  plus  ou  moins 

!  si!!  T  °n  en  trouve  dans  rîle  de  Délos13.  Strabon 
uj  .  'u  18  temples  du  dieu,  sans  doute  ceux  qui  par 
|mod(1!""  '''h*  attiraient  l’attention,  cardes  sanctuaires 
i  rid]e  h  i" ' ' *  '^l  Se  ^rouver  un  peu  partout.  L’un,  très 
Antioeh!  i* .et.  en  esc^aves  consacrés  au  dieu,  était  à 
dans  les ,!  d’autres  à  Antioche  du  Méandre,  et 

qui  popu'u"011*5  Ija°dicée  ;  un  autre  à  côté  d’un  bourg 
1  Près  de  s  U°m  L*U  ^ieu  et  9U’ Athénée  nous  signale 
11118  thermales  abondantes  en  nitre.  Enfin, 


co rr.  heii  ^  Sle  Min.  Inscr.  CC8.  Voir  les  Explications ,  p.  21 

,cr ■  Mc  Min  fin-  ’Jd  5°3,  lnscr'  de  Lycaonie.  -  2  Le  Bas-Waddinglc 
y  hsl1-  i lui.  188!)  ’  "jj  G80,  °f*;  1878-80,  p.  102,  et  Jour 

*l0  pifs  souvent  rVi  ~  ÊtttT&pnv  M/.vi  Tuçàvvu»  xai...  toï;  <rùv  ai 

.  ?’ 11,1 011  avoir  suseéri  autre  l|ue  celui  auquel  la  dévotion  est  faite  q 

!*’  **•  *«l»  Voir  lcs  Explications,  p.  214.  —  3  M<jvï  0É,„  ,-J, 

I '****■' 4  ciïZc'7»*’  **''  ^  *«««•«,  Jlev.  ét.  0r.  III,  p.  ï 
second  comme  '  ev*ew’  1*1,  1889,  p.  09.  Remarquez  que  Mén  t 
")lo|oé,230  denol,.(,lV,  w‘Ue  louiours  'lua»<*  il  est  question  d’un  autre  die 
.  P-  ioG.  _  g  » ...  '  jfftTov,  1884-5,  p.  54  ;  Reinach,  Chron.  d’Orier 

■••«tov,  1878-,-  ,Aox^P,ei  n*.it  .  »  ,,  . 


doux 


8°,  p  itoSfiv,  Bull.  corr.  hell.  1880,  p.  128  (Fouca 

Voir  TX  1884-5-  P-  «4i  1878-80,  p.  i 

'  ’  '  Wl|0  dp  ce  ’  11,10  jambe  :  Mv|vi  ’AEioTTTjvçi  èiçl  yaçéroç  tù 

V.  '  *  /!uî  ou  5toî  ff4"<rwî>  trouvés  à  l.arnaca,  Bull,  a 


beaucoup  plus  loin  vers  le  nord-est,  il  nous  signale  un 
culte  lunaire  en  Albanie  et  il  donne  des  détails  sur  le 
temple  de  Mên  Pharnakou  à  Ameria,  près  de  Sébaste,  l'an¬ 
cienne  Cabira,  dans  le  Pont,  non  loin  de  Trapèzes  14.  Toute 
la  bourgade  était  peuplée  des  hiérodules  et  les  rois  de  Tra¬ 
pèzes  avaient  un  grand  respect  pour  le  dieu  et  son  culte. 
C’est  par  lui  qu’ils  juraient  leur  grand  serment  royal. 

Des  côtes  d’Asie  Mineure  Mên  a  facilement  émigré  en 
Attique.  Affranchis,  ouvriers  mineurs,  esclaves  de  tous 
métiers  affluaient  au  Pirée  où  les  conditions  de  vie  leur 
étaient  favorables13.  Beaucoup  débarquaient  Mên  avec 
eux.  Les  Athéniens  étaient  si  hospitaliers  aux  divinités 
étrangères  qu’au  dire  de  Strabon16  la  comédie  leur  en 
faisait  un  ridicule.  Pourtant  la  question  se  pose  de  savoir 
si  Mên  a  été  pris  au  sérieux  par  les  familles  athéniennes 
et  est  monté  du  Pirée  aux  environs  de  l’Acropole.  Quoi 
qu’il  en  soit,  dès  la  fin  du  ive  siècle  nous  trouvons 
au  Pirée  une  dédicace  faite  à  Mên  par  deux  affranchis, 
Dionysios  et  Babylia17.  Sur  une  margelle  de  puits 
découverte  aux  environs  de  la  ville,  après  les  mots  : 
Pan,  Mên,  Salut  belles  Nymphes,  on  lit  celte  for¬ 
mule  énigmatique  :  TE,  KTE,  TrTEP.KTE18-  Les  deux 
premiers  mots  étaient  employés  dans  les  cérémonies 
d’Eleusis.  L’un  se  rattache  au  verbe  qui  signifie  pleuvoir, 
l'autre  à  celui  qui  signifie  faire  pousser.  Le  troisième 
renforce  l’effet  du  second.  Sans  doute  un  naïf  dévot  de 
Mên  l’a  associé  aux  divinités  attiques  auxquelles  il  deman¬ 
dait  la  pluie  pour  son  puits  vide  et  la  fertilité  pour  son 
champ  desséché.  Dans  une  inscription  du  il9  siècle  de 
notre  ère  trouvée  près  des  mines  du  Laurion,  un  esclave 
lycien  Xanthos,  employé  aux  travaux,  consacre  à  Mên 
une  édicule  abandonnée  et  édicte  un  règlement  pour  ceux 
qui  voudront  sacrifier  dans  ce  temple.  Ce  règlement  en 
vingt-six  lignes  spécifie  que  toute  victime  sera  partagée 
entre  le  dieu,  le  temple  et  le  donateur.  «  Si  quelqu’un 
garnit  pour  le  dieu  une  table  »  (cette  table  couverte  de 
gâteaux  que  les  reliefs  nous  ont  présentée),  «  il  prendra 
pour  lui  moitié  de  l’offrande.  »  La  prescription  sur 
laquelle  il  insiste  le  plus,  c’est  de  ne  pas  approcher  du 
sanctuaire  en  état  d’impureté.  Les  conditions  et  les  rites 
de  purifications  [lustratio,  p.  1424]  sont  minutieusement 
et  gauchement  indiqués  par  le  dévot  esclave  qui  parait 
avoir  sculpté  lui-même,  d’une  main  maladroite,  son 
règlement  sur  la  pierre19.  Enfin,  dans  une  inscription 
plus  tardive  (qui  a  fait  partie  de  la  Collection  Sabouroff), 
nous  voyons  un  prêtre  préposé  au  vestiaire,  cToXêmriç, 
des  dieux  égyptiens,  nommé  Epaphrodeitos,  faire  une 
consécration  à  Mên  Ouranios  20.  Celte  inscription  est 
surmontée  d’un  simple  croissant  avec  une  étoile. 

En  dehors  del’Attique,  Mên  ne  paraît  avoir  été  accueilli 
nulle  part  dans  la  Grèce  propre.  A  part  quelques  fan¬ 
taisies  artistiques  nées  dans  les  fabriques  de  Tarse  ou  de 


liell.  Ibid.  p.  3G1  (Perdrizet).  —  8  Mirçvt  A;,ottïiv5*,. ..  *EppoYÉvir(ç  E’aâirEïo  Ofov  xat 
M  vïv  E-jSoËEï,  Corp.  inscr.  gr.  3442  ;  S.  Reinach,  Epigr.  132.  Un  simple  croissant 
accompagne  cetto  inscription  de  Coloé.  —  9  Fontrier,  T  h  Tçxàvtov  ieeS.'ov, 
p.  83.  —  10  MüuieIov,  1880,  p.  158;  Ath.  Alittheil.  VI,  p.  273.  —  11  Ileuzey, 
Macédoine,  p.  83.  Une  paire  d'yeux  indique  pour  quelle  guérison  le  dieu  est  invoqué. 

—  12  On  ne  peut  songer  à  l'étendre  partout  où  on  trouve  des  noms  dérivés  de  celui 
du  dieu,  comme  M^vdxiXo;,  M^voS/Sjo;.  Les  noms  so  transporte»!  et  le  domaine  s'éten¬ 
drait  indéfiniment.  Cf.  Robiou,  Acad.  Iuscr.  Mémoires  de  savants ,  série  1, 10,  p.  428  ; 
Lelronne,  Noms  propres  gr.,  p.  90.  —  13  Inscr.  :  Tao<x,  M  Bull.  corr.  hell.  Vl| 
345.  -  14  Strab.  p.  557,  577,  580;  Atben.  Il,  43  (XVII).  _  lBXenoph.  De  reput, I. 
AtlienA,  10.  —  16  Strab.  p.  47t.  —  17  Corp.  inscr.  att.  II,  1587  ;  Bull.  corr.  hell.  IV, 
129.  -  18  Musée  épigr.  d’Alh.  ;  Lenormant,  Voie  sacrée,  p.  86  ;  cf.  art.  sieusin.a, 
note  882.  Voir  plus  haut,  p.  1394,  le  relief  qui  réunit  Mên  à  Panel  à  une  nymphe. 

-  19  P.  Fonçait,  Assoc.  relig.  p.  119-127,  219-221.  -  20  Corp.  inscr.  ait.  III,  140. 

\  76 


LIIP 


1398 


Lydie,  il  semble  que  l;i  Lune  considérée  comme  dieu 
masculin  na  pas  ete  hellénisée.  Peut-être  qu  elle  n'y 
prêtait  pas  beaucoup. 

L  est  un  dieu  sans  poésie,  auquel  nous  ne  connaissons 
pas  même  1  ébauche  d  un  mythe.  D  ailleurs,  quoique  son 
origine  lunaire  absolument  certaine  soit  toujours  rappe¬ 
lée  par  le  croissant  qui  est  sa  marque  distinctive,  il 
n’avait,  à  1  époque  où  nous  pouvons  le  connaître,  de  la 
Lune  que  le  nom.  On  n’invoque  et  on  n’évoque  jamais  ses 
influences  astrales.  Malgré  quelques  efforts  faits  pour  le 
grandir,  il  apparaît  surtout. comme  un  dieu  de  la  vie  bour¬ 
geoise,  des  affaires  courantes,  de  la  classe  moyenne.  Il  n’a 
rien  d  étrange  et  d’indéterminé,  n'excite  ni  l’enthousiasme 
ni  1  effroi.  Il  est  bienveillant  à  qui  l'honore  avec  une  âme 
simple  :  sùsîXaTOç  roTç  0îpa7tsûou<7’v  aiiX-Tj  zv\  *.  Les 

femmes  lui  recommandent  leur  mari  et  les  maris  leur 
lemme.  11  guérit  les  malades,  défend  les  faibles  contre  les 
injustices  ordinaires  de  la  vie,  protège  les  villages,  les 
tombes  des  morts 2.  Volontiers  il  apparaît  familièrement 
a  ses  dévots,  près  de  la  table  garnie  de  modestes  offrandes 
devant  laquelle  on  a  placé  le  coq  qu’il  affectionne.  Il  est 
la  providence  des  humbles.  Les  esclaves,  les  affranchis, 
les  gens  du  peuple  sont  ses  fidèles,  caractère  qui  lui  est 
commun  avec  beaucoup  de  dieux  de  l'époque  impériale; 
on  leur  fait  de  véritables  neuvaines  ;  on  leur  attribue  un 
pouvoir  général  sur  toutes  les  petites  affaires  de  la  vie. 

Mais  jusqu'à  cette  époque  Mèn  laisse  à  peine  trace  de 
son  existence,  ou  tout  au  moins  nous  ne  connaissons  de 
lui  que  des  inscriptions,  des  ex-voto  rares  et  émanant 
de  gens  de  petite  condition.  Au  temps  de  l’empire  romain, 
son  culte  est  tellement  généralisé  dans  le  peuple  qu’il 
devient,  si  nous  en  croyons  les  légendes  des  monnaies, 
le  patron  officiel  de  plusieurs  villes  et  qu’on  l’unit  à 
des  dieux  honorés  par  des  esprits  plus  raffinés.  Le  chris¬ 
tianisme  l’a  supplanté  aisément  dans  les  centres  urbains, 
mais  il  est  possible  qu’il  ait  survécu  longtemps  encore 
dans  les  huttes,  dans  les  bourgades  secondaires3  d’Asie 
Mineure.  Adrien  Legrand. 

LUPATLL4I  [FRENUM,  p.  1339]. 

LUPERCALIA,  LUPERCAL,  LUPERCI.  —  La  fête  des 
Lupercales,  qu’une  tradition  garantie  par  des  monuments 
matériels  fait  remonter  jusqu’aux  temps  où  la  ville  de 
Rome  était  bornée  encore  à  l’enceinte  du  Palatin,  est 
aussi  celle  dont  la  popularité  se  défendit  le  mieux  contre 
le  christianisme,  puisque  son  abolition  ne  date  que  de 
494  ap.  J.-C.  1  C'est  que,  d’une  part,  son  histoire  est 
inséparable  des  légendes  sur  la  fondation  de  Rome,  et 
que,  d’autre  part,  méconnue  peu  à  peu  comme  cérémonie 


1  Foucart,  O.  I.  p.  220, 1.  12  et  26  de  l’inscr.  —  2  Bull.  corr.  hell.  1886,  p.  503  :  Inscr. 

d  Iconium  ’E&y  t.;  Tîjv  £TT r./.rL‘j  à  5  :  X  r  d  £  I ,  ^tjroXuuévov  tyo-.TD  Mr./ï  xa7ay.6ov.ov.  3 Archives 
des  Missions,  1895,  p.  573  et  5S4(Radel).  On  voit  qu'apres  le  ni'  sièclede  notre  ère,  une 
main  très  inhabile  sculptait  encore  très  grossièrement  l’image  de  Mèn  à  cheval  et  y 
joignait  un  vœu.  —  Bibliographie.  P.  Perdrizet,  article  Mên  dans  le  Bull,  de  corr. 
hell.  XX,  1890,  p.  55-106,  pl.  xiv,  xv,  xvi  ;  Roscher,  Lexikon  der  griech.  und  rom. 
Mythologie,  p.  2687-2770,  article  mên  ;  Le  Bas- Waddington,  Voyage ,  Explic.  des 
Inscr.  III,  n«  667-8,  p.  214-6;  Foucart,  Assoc.  religieuses  en  Grèce ,  p.  119-127; 
Le  Blond,  Observations  sur  le  prétendu  dieu  Lunus  (il  croyait  que  le  Mois,  non  la 
Lune,  était  représenté  et  adoré)  apud  Acad,  des  Inscr.  XLII,  p.  381  ;  Guigniaut, 
Religions,  II,  part.  3,  p.  962  sqq.  ;  Maury,  Religions  de  la  Grèce,  1. 111,  p.  123  sq.  ; 
Smyrnoff,  ap.  Etés avo;  ~u  Ehren  d.  Prof.  Sokoloff  (en  langue  russe),  p.  81-135. 

LUPERCALIA,  LUPERCAL,  LUPERCI.  1  Gelasius,  Epist.  ad  Andromach. 
(Annal,  eccles.  de  Baronius,  édit.  d’Anvers,  1590,  p.  514  et  s.).  —  -  Virg.  Acn.  VIII, 
343  :  gelida  monstrat  sub  rupe  Lupercal',  Ovid.  Fast.  III,  411  sq.  ;  cf.  Varr .  Ling. 
lat.  V,  54;  Plut.  Rom.  3  ;  Dion.  Haï.  1,  79  et  Serv.  Aen.  VIII,  90.  —  3  Dion.  Loc.  cil. 
—  4  Gori,  Bull,  di  corr.  arch.  1867,  p.  104;  Ibid.  Cinconetti,  p.  157  sq.  ;  Grego- 
rovius,  Geschichte  der  Stadt  Rom,  111,  570,  cherche  le  Lupercal  sur  1  emplacement 
de  l’église  Sla-Maria  de  inferno  et  renvoie  aux  Mirabilia,  23,  2.  —  ‘  Mon.  Ancyr. 


UJP 


ac- 


reHgieuae  elle  resta  cl, Ère  à  l'opi„ion  .. 

sance  profane,  sans  cesser  pour  cela  de  ]  JOu 
lion  aux  instincts  superstitieux  des* foules0"^  ^ 

Lcs  ljUl)GI’cales  tiraient  leur  nom  d’une  arotle  i 
Lupercal,  ouverte  dans  les  flancs  du  7^ 

smvant  la  légende,  le  berceau  où  la  Louve  ■dfni  T'  fut’ 
Jumeaux  apportés  par  un  débordement  dû  Tibre i  ^ 
placement  de  cette  grotte  était  douteux  déjà  J  û 
d’Auguste,  tant  les  constructions  récentes  aûJo 
versé  l’aspect  des  lieux  ».  Parmi  les  motLsTe !„ T 
localisée  à  l’extrémité  sud-ouest  du  Palatin.  au  b„  ? 
temple  de  Jupiter  Victor  et  de  la  maison  de  Tibère 4  •  w  i  U 
grand  nombre,  et  ceux-là  ont  pour  eux  la  tradition  C 
euse  en  meme  temps  que  de  rares  données  historiques  h 
placent  sur  la  face  ouest,  au  lieu  dit  Cermalus,  là  où  s’élève 
aujourd’hui  l’église  S.  Teodoro,  bâtie  sur  les  fondations 
d  un  ancien  temple  circulaire,  qui  fut  probablement  le 
Lupercal  restauré  par  l’empereur  Auguste6.  Tout  auprès 
on  cherchait  la  casa  Romuli ,  cabane  en  terre  durcie  cou 
verte  de  chaume  où  le  berger  Faustulus  éleva  les  Jumeaux: 
là  aussi  était  le  figuier  Ruminai  transporté  sur  le  forum, 
au  dire  de  la  légende,  par  l’augure  Attus  Navius,  puis  le 
cornouiller  sacré,  issu  de  la  lance  plantée  en  terre  par 
Romulus,  et  enfin  une  source  qui  paraît  avoir  été  la  plus 
ancienne  fontaine  de  la  cité  du  Palatin G.  Virgile  appelle  la 
grotte  :  Mavortis  antrum ,  en  souvenir  de  Mars,  l’amant  de 
Ithea  Silvia1  ;  quant  à  la  Louve,  elle  portait  le  nom  d edea 
Luperca,  élevée  à  cette  dignité  pour  avoir  nourri  les  fils 
issus  de  ces  amours  8.  Tite-Livc  parle  de  l’érection  à  cette 
place  en  296  av.  J.-C.,  par  les  soins  des  Ogulnii,  tribuns 
du  peuple,  d’une  image  en  airain  qui  représentait  la 
Louve  avec  les  Jumeaux9.  On  a  supposé  que  le  groupe 
du  palais  des  Conservateurs  au  Capitole  n’est  autre  que 
cette  vénérable  relique  ;  l’érudition  y  verrait  plutôt  actuel-* 
lement  un  produit  d’ailleurs  remanié  de  l’art  grec  du 
vie  siècle  10.  Considérée  dans  l’ensemble  de  ses  monu¬ 
ments  et  des  souvenirs  qui  s’y  rattachent,  la  pente  du 
Cermalus,  avec  la  grotte  du  Lupercal,  n’en  doil  pas  j 
moins  être  considérée  comme  le  centre  religieux  etpoli’l 
tique  d’où  sortit  la  fête  des  Lupercales  u. 

Le  nom  du  lieu  et  celui  de  la  fête  semblent  dériver  1  um 
et  l’autre  des  Luperci  qui  sont,  à  l’époque  historique, 
les  membres  d’un  collège,  ou  sodalitas ,  analogue  a  ce  « 
des  prêtres  Saliens  auquel  il  fournit  un  pendant  •  ^‘uSj 
avant  de  désigner  les  ministres  du  culte  dont  le  sl  j» 
était  au  Lupercal,  le  vocable  de  Lupercus  pamii  cm  u  1 
l’appellation  d’une  divinité13.  Nous  avons  déjà  411  l1^ 
haut  que  la  Louve  divinisée  était  la  dea  Lupu 

IV,  2.  Pour  la  détermination  de  l’emplacement,  cf.  Becker,  Roem^ nole3; 
418;  Prellcr,  Regionen,  p.  180,  188  ;  Sclnvegler,  Gesch.  Roms. „  j^sj. 
Gilbert,  Gesch.  und  Topogr.  III,  p.  425,  noie  4  ;  I,  p.  55,  et  Jordan  Topog  ^  , 

;  textes  déjà  cités,  voir  Tit.  Liv.  I,  4  ;  Virg.  Aen.  VIII,  ,, 


—  6  Outre  les  I 


18; 


«  *  p  i  ICO  ;  Solin-  K  ’ 

199;  III,  184;  Prop.  V,  1,  9;  Plin.  Hist.  nat.  XV,  20;  es \  •  p.  185. 

Curiosum  Urbis,  Reg.  X,  avec  Prellcr,  Regionen,  p.  «  et  ••  ^  ^  n>,,  1238. 

Pour  la  source,  Dion.  I,  32  et  Jordan,  Topogi .  I,  '.P-  ’  —  1  V®?1 

Pour  l’ensemble,  Sclnvegler,  Op.  cit.  p.  390  sq.  cl  342,  n.  L  csP'Ùue] 

via.  «.-•  ov.  *«.,  r*; 

8  Arnob.  IV,  3;  Lact.  I,  20,  l.  —  9  '  ^  VIII  G33, sans  Uoutc  I* 

_ o  .  I  différente  do  celle  que  décrit  Virgi  e,  £  ^  g.  cf.  UH 

môme  quecclle  dont  parle  Cicéron,  Divin.  H,  - ]  1(J  payet,  Mon,,,lh "  . 

. .  - 


Mavortis  lupam,  qui  ne  s'accommode  guère  < 
satisfaisant. 

celte  image  est  différente  de  celle  que  -...  ...^  ^ 

.  _  jQ  Paycl,  JuOflW”  ■ 

lupaaènea  Capitolina  (Rhein.  Mus.  1846,  p.  SPJsq.), -  5  sq> .  Annali  c 

antique,  I,  27  ;  Detlefsen, De arle  Rom.  ’  ,flj  .  Helbig, 

tit.  1877,  p.  375  sq.  ;  Rôm.  Mittheilung.  IX,  •  ■  >  ^  Gilbert,  Op.  C’I-  ’  __ 

1899,  I,  p.  419  et  505.-  H  Jordan,  Op.  cit.  b  L  P’  . 

voir  d’ailleurs  Virg.  zUm.  V..I,  063  ;  '^^Rhein.  Mus.  1880).  P-  fl 
extuderat.  -  *3  Just.  43,  t  ;  cf.  Unger,  Die  Lupe 


—  1399  — 


UIP 


LIJP 


. .  à  qUi  Tite-Live  et  Ovide  font  honneur 

lurs  'I1"'  |l  :('|'|'n(lcg  Lupercales,  était  surnommé  Luper- 
de  IinS! ll"  Hre  faut-il  aller  plus  loin  et,  par  analogie 
p*1-  PC"!',I(S' 'vocables  usités  dans  la  vieille  religion 
W  tlau  "l’,  (|.ing  lupercus  une  divinité  spéciale  dont 
r°niai"e’ J'uiéconnu  avec  le  temps2.  Si  l’identité  origi- 
PJf  '  F  nus  et  de  Lupercus  est  douteuse,  il  convient 
DC  1  \,ns  hésitation  celle  que  les  hellénisants,  dès 


"avant  r'époque"  classique ,  avaient  imaginée  de  l’un  et  de 


le  Pan  des  Arcadiens,  dont  Évandre  aurait 
’aU"  Vil  culte  dans  la  région  des  sept  collines3.  L’éta- 


îïP°emenld’Évandre  n’a  aucun  fondement  historique  et 
assimilation  des  Lupercales  avec  les  pratiques  de  lareli- 
ionde  pan  ne  repose  que  sur  des  apparences  fortuites 4. 


Le  nom  môme  de  Lupercus  a  été  diversement  inter- 
préir,  aussi  bien  chez  les  modernes  que  dans  l’antiquité  ; 


l’étymologie  la  plus  en  faveur  est  celle  qui  le  fait  dériver 
le  ilipus  et  de  arceo ;  le  dieu  serait  le  génie  qui  garde  le 
joupeau  des  loups  5.  Ainsi  Horace,  chantant  Faunus, 
ïous  dit  qu’aux  Faunalia  de  l’hiver  le  loup  erre  parmi 
es  agneaux  qui  n’en  ont  pas  peur  :  inter  audaces  lupus 
irrot  ujiios Cette  étymologie  facile  parait,  elle  aussi, 
irovenir  de  l’assimilation  de  Faunus,  dieu  pastoral,  avec 
e  Pan  du  mont  Lycée,  apparenté  lui-même  à  Apollon 
Vomios  qui  est  vénéré  à  l’occasion  sous  le  vocable  de 


kcoxTÔvoç,  tueur  de  loups7.  Mais  dans  la  légende  dont  le 
Lupercal  est  le  berceau,  rien  ne  désigne  le  loup  comme 
un  animal  fâcheux  qu’il  faille  tenir  à  l’écart;  tout  au 
contraire.  Mars,  le  père  de  Romulus  et  de  Remus,  comme 
il  est  celui  de  Faunus,  a  le  loup  pour  symbole  8  ;  la  dea 
Luperca  est  vénérée  parce  qu’elle  a  allaité  les  Jumeaux9; 
et,  d’autre  part,  dans  la  vieille  religion  romaine,  Acca 
Larentia  et  Flora  Feronia  sont  représentées  comme  des 
louves  divinisées,  ce  qui  plus  tard  donna  lieu  à  des  contes 
populaires,  manifestement  absurdes  10,  qui  les  représen¬ 
taient  comme  des  courtisanes  ( lupae ). 

H  n’y  a  pas  davantage  lieu  d’accueillir  l’explication 
d  Unger  qui  voit  dans  Lupercus  un  synonyme  d 'aver- 
rumis,  préservateur,  et  décompose  le  mot  en  luain 
|  parco,  ce  dernier  mot  au  sens  de  averto 11 .  Si  Lupercus 
nosl  pas  simplement  un  synonyme  de  Lupus 12,  le  sens 
e  plus  probable  est  celui  qui,  entrevu  par  Schwegler,  a 
P  confirmé  de  la  manière  la  plus  plausible  par  les 
pecherches  de  Mannhardt,  lequel  en  a  cherché  les  élé- 
menL  par  tout  le  domaine  des  légendes  agricoles  et  pas- 


I  _  2  i  '■  1'  ^v'  V,  98  sq.  ;  11,  267;  cf.  faunus,  11,  2,  p.  1022  sq. 
K  Uu’il  api„  i|,.  ,|""'IJI1  U  Unger  qui  n’a  qu’un  tort,  celui  de  vouloir  percer  ce 
I  de  se  n.  .  "  'm ’1"10  cl  d  entasser  des  hypothèses  ( Op .  cit.  p.  66  sq.)  au  lieu 
I  P'  1011  1  .  y  '0U*C-  ®ur  sa  théorie  de  Lupercus-Inuus,  voir  faunus, 
I  «suite  hem,  [  "l-i  t0US  'CS  annahstes  :  Fabius  Pictor,  Cincius,  Caton,  Pison; 

I  Mil,  343 .  fq  |  'ln  a‘te  Tubero,  un  contemporain  de  Cicéron;  cf.  Virg.  Aen. 

lOctOv.  Fnst  \\  li-  ’’ • dus*-  43,  1,  et  les  notes  de  Servius,  Ad.  Aen.  343  ;  Georg.  I, 
I  romain,  est  !,  i  '  '' '  *  '"tarque,  Rom.  21,  cite  Acilius  pour  qui  Faunus,  dieu 

I  aussi  semble  distM"  *  pnc,,vales,  mais  sans  l’identifier  avec  Evandre;  Virgile 
■Schwcgler,  y,  ^"'or9-  L.  c.  —  4  Voir  la  question  traitée  à  fond  chez 

fi'Jlierb,  rôm  Sht  I  '  '  6CI'  Gerhard,  Ueber  den  Golt  Faunus,  dans  les 
■  ’oif  l» réfutation ché,Lq'  i"  P‘  !'3’ "ole  7- —  0  Déjà  chez  Serv.  Aen.  VIII,  343; 
P.  80  sq,  _  c  ^  'G  ‘"c’hr*er,  Op.  cit .  p.  360  sq.  et  Mannhardt,  Mythol.  Forsch. 
D'1;  Suppi  .  s  V  Y'’  13'  1  Soph.  El.  6  ;  ailleurs  Aùxe-.o;,  Aescli.  Sept. 

I  Mtjth,  i,  p  jdj  1  1  ■  b  d  .R.  203.  Pour  l'interprétation,  cf.  Preller,  Griech. 
'lui  appartient  p  n°le  *’  P’  203’  Servius-  Aen-  VIII,  343,  tire  du  vocable 
* idcnlirication  de  F  1  a"’  sur  le  mont  Lycée,  un  argument  en  faveur  de 

j  b  hist.  i;j,  ,  1  ■  a'ec  ce  dieu.  —  8  Plul.  Rom.  4  ;  Aur.  Vict.  De  orig.  20, 

I  Ariiolj.  iv  3  r *  273  >  D,  355;  Aug.  Civ.  Div.  XVIII,  21,  etc. 

I  0c'11’’.  25  ;  Sclioi.  j’uv  '^vj  ' S,  ■'Y'’1'011'  _  10  Lact’  L  20’  5i  Al’n°h.  Ut  23;  Min.  Fel. 
BP’'*11'’'  équivaut  à  :  „„ ,  '  11  ®P'  C|L  P-  64  ;  Lupercus  comme  dieu  et  comme 

I  ‘l’Iu.ition  <(„c  y  Y"'5  011  luac  ( celui  qui  écarte  la  peste,  la  souillure), 

Op.  cit.  p.  439,  n.  4,  déclare  impossible.  —  12  Opinion 


locales,  non  seulement  de  la  latinité,  mais  de  la  Grèce  et 
des  peuples  occidentaux  l3.  Lupercus  serait  à  interpréter 
par  lupus  et  hircus  :  le  dieu  serait  un  de  ces  génies  de 
la  végétation,  dont  le  culte  est  mêlé  à  toutes  les  pratiques 
des  semailles  et  de  la  moisson  :  daernon  thériomorphique, 
l’être  du  loup  s’y  fond  avec  celui  du  bouc,  personnifiant 
une  force  tour  à  tour  bienfaisante  et  funeste,  qu’on  sup¬ 
plie  pour  obtenir  de  fertiles  récoltes  et  des  troupeaux 
prospères.  Sans  parler  davantage  de  Mars  identifié  avec 
le  loup,  symbole  de  force  brutale  et  mystérieuse,  la  reli¬ 
gion  latine  nous  offre  dans  le  culte  de  Diespiter  au  pied 
du  mont  Soracle  un  collège  de  prêtres  appelés  llirjn 
Sorani  [hirpus  synonyme  archaïque  de  lupus  qui  sont 
la  représentation  vivante,  en  même  temps  que  les  minis¬ 
tres  d’un  dieu  purificateur  et  fécondant 14. 

Que  le  Lupercus  de  Rome  soit  identique  à  Faunus  ou 
qu’il  faille  voir  en  lui  une  divinité  distincte,  ce  qui  parait 
certain  c’est  qu’il  est  d’origine  et  d’appellation  latine  et 
que  son  nom  a  passé  aux  membres  du  collège  chargés 
de  l’administration  de  son  culte,  dans  l’antique  cité  du 
Palatin13.  Les  témoignages  de  la  période  classique  les 
nomment  généralement  au  pluriel,  sans  d’ailleurs  pré¬ 
ciser  leur  nombre  ;  par  analogie  avec  les  Saliens,  on  a 
supposé  qu’ils  étaient  douze10.  Primitivement  ils  se 
recrutaient  parmi  les  membres  de  deux  grandes  familles, 
originaires  l’une  d’Albe  et  l’autre  de  Rome,  la  famille  des 
Quinctilii  et  celle  des  Fabii11  ;  à  ce  point  de  vue  on  peut 
les  comparer  aux  ministres  du  culte  d’Hercule  près  de 
Y  Ara  Maxima ,  lesquels  appartenaient  a  la  gens  Potitia 
et  à  la  gens  Pinariali.  Ce  sont  des  sodalitates  gentiles , 
spécialement  constituées  pour  l’exercice  d’un  culte  qui, 
à  raison  de  son  importance,  passa  du  cercle  des  familles 
dans  l’organisme  de  la  religion  d’État19.  Lorsque  les  liens 
de  la  gentilité  se  relâchent  en  même  temps  que  le  culte 
prend  un  caractère  d’intérêt  commun,  les  bases  du  recru¬ 
tement  s’élargissent;  comme  Unger  en  a  fait  justement 
la  remarque,  les  appellations  de  Fabiani  et  de  Quincti- 
liani  qui  désignent  les  membres  du  collège  impliquent, 
par  elles-mêmes,  moins  une  origine  étroite  qu’une  sorte 
de  dépendance  morale20;  il  n’est  même  pas  nécessaire 
d’admettre  que  le  magister  de  chaque  section  ait  appar¬ 
tenu  toujours  ou  à  la  gens  Fabia  ou  à  la  gens  Quinct ilia, 
mais  seulement  que  leur  nom  perpétua  le  souvenir  d  une 
lointaine  origine21.  De  même  que  dans  la  confrérie  des 
Saliens,  on  y  distinguait  des  seniores  et  des  jun iores 22 , 


de  Mommsen,  Roem.  Gescli.  I,  p.  51,  et  de  Jordan,  Kritische  Bcitraege,  p.  164; 
cf.  Marquardt,  p.  439,  note 4.  — 13 Schwegler,  p.  361  sq.  ;  Mannhardt,  Alyth.  Forsch. 
p.  86  sq.  ;  voir  la  conclusion,  p.  153  sq.  —  U  Varr.  ap.  Serv.  Aen.  XI,  787  ; 
Plin.  Hist.  nat.  VII,  2;  Strab.  V,  p.  226.  Voir  feronia,  II,  2.  p.  1074.  Le  mot  hirpus 
pour  lupus  est  sabin;  cf.  0.  Muller,  Die  Etrusker,  II,  67.  —  13  Serv.  Aen.  VIII, 
343  et  663.  La  ressemblance  est  dans  le  nom  à  la  fois  et  daus  le  costume;  cf. 
Prop.  IV,  I,  26  ;  Unde  licens  Fabius  sacra  Lupercus  habet.  —  16  Preller,  Roem. 
yfyth.  p.  343,  n.  2,  d’après  Arnob.  V,  1.  Le  nombre  était  fixe  très  probablement, 
Fesl.  p.  257.  —  I7  Fcst.  Ep.  87,  257  ;  cf.  üv.  Fast.  II,  375;  Prop.  IV,  1,  26,  où  les 
Fabii  sont  seuls  nommés.  Voir  les  inscriptions,  Orclli,  2254;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
1933  où  il  est  question  d’un  lupercus  Quinctialis  vêtus  (ce  dernier  terme  à  interpré¬ 
ter  par  :  de  l’année  précédente,  comme  Tit.  Liv.  III,  64:  tribuni  veteres).  Quinctia¬ 
lis  semble  une  erreur;  011  trouve  aussi  Quinctilii.  Voir  Dion.  liai.  111,  29  et  Ov. 
Fast.  II,  378.  Voir  encore  Aur.  Vict.  Up.  cit.  22;  Plut.  Rom.  21  ;  Val.  Max.  II,  2, 
9  ;  cf.  Gilbert,  Op.  cit.  1,  p.  83.  —  *8  Tit.  Liv.  IX,  29  ;  Dion.  I,  40  ;  Fost.  p.  257,  etc. 
Voir  kfrcui.es,  p.  126.  — 19  Cf.  Marquardt,  Staatsverwalt.  111,  134  sq.  —  20  Unger, 
Op.  cit.  p.  54  sq.  ;  mais  il  11c  s’ensuit  pas  que  le  culte  du  Lupercal  n’ait  pas  été  à 
l’origine  la  propriété  de  ces  deux  familles.  Cicéron,  Pro  Cael.  11,  26,  appelle  le  col¬ 
lège  :  fera  quaedam  sodalitas  et  pastoricia  atque  aqrestis  germanorum  Luper- 
corum.  Le  mot  germanus  est  caractéristique.  —  21  Fcst.  Ep.  p.  87  :  Fabiani 
et  Quinctiliani  appcllabantur  luperci  a  Fabio  et  Quinct ilio  praepositis  suis; 
cf.  Id.  p.  257.  —  22  Nie.  Damasc.  Vit.  Caes.  21  ;  Dion.  I,  80;  Plut.  Caes. 
61. 


LUP 


—  1400  — 


LUP 


sans  qu  on  puisse  affirmer  quoi  que  ce  soittantsur  le  mode 
de  recrutement  que  sur  la  proportion  des  éléments  qui 
composaient  le  collège.  Une  seule  chose  est  certaine, 
c  est  la  dualité  au  sein  d  une  même  confrérie  ;  sans  doute 
qu  elle  exprimait  celle  de  la  population  primitive  du  Pala¬ 
tin  et  du  Cermalus,  composées  l’une  de  Latins,  l’autre  de 
Sabins  *.  Toujours,  dans  les  cérémonies  où  les  Luperques 
entrent  en  scène,  il  y  a  comme  une  action  rivale,  une 
sorte  de  lutte  pacifique  entre  les  deux  éléments,  avec 
l'idée  d’une  prééminence  de  l’un  sur  l’autre.  La  tradition 
ne  varie  que  sur  l’attribution  de  cette  prééminence  :  pour 
les  uns  les  Fabii  auraient  eu  le  rôle  principal,  puisqu’au 
repas  qui  termine  les  Lupercales,  c’est  eux  qui  auraient 
mangé  la  meilleure  part;  pour  d’autres,  au  contraire,  la 
suprématie  aurait  appartenu  aux  Quinctilii  considérés 
comme  les  compagnons  de  Romulus.les  Fabii  étant  ceux 
de  Remus2.  A  cette  dernière  opinion,  Unger  a  apporté 
un  argument  qui  n’est  pas  sans  valeur,  en  rattachant  le 
nom  de  Quinctilius  au  vieux  verbe  guinquare3 ,  syno¬ 
nyme  de  lustrare,  lequel  donne  sa  signification  à  toute 
la  fête.  Comme  d’autre  part  les  Quinctilii  sont  originaires 
d’Albe,  alors  que  les  Fabii  sont  de  la  tribu  des  Ramnes, 
et  que  dans  l'histoire  postérieure  l’illustration  de  la  gens 
Fabia  l'emporte  sur  toute  autre,  ayant  eu  pour  elle  d’être 
exaltée  par  les  premiers  annalistes  dont  deux  sont  sortis 
de  son  sein,  il  est  tout  naturel  de  supposer  que  les 
Quinctilii  ont  été  par  l'histoire  savante  relégués  au 
second  plan,  alors  que  primitivement  ils  étaient  au  pre¬ 
mier*.  Dans  tous  les  cas,  la  rivalité  des  deux  familles 
semble  être  celle  de  deux  quartiers  limitrophes,  du  Cer¬ 
malus  et  du  Palatin;  nous  trouvons  de  ces  compétitions 
un  autre  exemple  dans  les  traditions  relatives  au  sacri¬ 
fice  de  I'october  equus  et  à  la  lutte  entre  les  habitants 
de  la  Via  sacra  et  du  quartier  de  Subure5. 

Un  épisode  particulièrement  intéressant  de  l'histoire 
des  Luperques,  c’est  l'institution  par  César,  en  l’an  44, 
d’une  troisième  section  à  laquelle  il  donna  le  nom  de  sa 
propre  gens,  la  section  des  Luperci  Juliani,  qui  eut  pour 
premier  magisler  Marc  Antoine,  alors  son  collègue  au 
consulat6.  Les  raisons  de  cette  innovation,  qui,  au  dire 
d’un  historien  contemporain,  n’aurait  été  qu’un  retour  à 
une  antique  tradition,  ne  sont  pas  claires  :  mais  la  seule 
désignation  d’un  personnage  aussi  important  pour  un 
sacerdoce  qui,  jusqu’alors,  n’avait  guère  fait  parler  de 
lui,  et  la  circonstance  qu’aux  Lupercales  de  cette  année, 
un  mois  avant  le  meurtre  du  dictateur,  Antoine  offrit  à 
César  la  couronne  des  Luperques,  symbole  d’une  royauté 
effective,  prouvent  surabondamment  que  la  politique 
en  eut  tout  l’honneur7.  Cicéron  nous  apprend  d’autre 
part  que  les  membres  du  collège  reçurent  alors  une  sorte 


1  Ou  doit  le  conclure  de  Denys,  I,  80,  citant  Tubero,  qui  vil  les  Lupercales  de  1  an 
44;  de  Val.  Max.  11,  2,  0:  divisa  pastorali  turba ;  d’Ovide, Fast.  Il,  371  et  373;  voir 
plus  bas  les  détails  de  la  fêle;  cf.  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  80,  n.  2.  —  2  Ov.  Fast.  II, 
375;  IV,  843;  Diou.  I,  87  ;  Plut.  Rom .  10;  Fest.  Ep.  p.  55.  —  3  Charis.  p.  01  :  Quin- 
quatrus  a  quinquando  id  est  lustrando  ;  le  rapport  peut  fort  bien  n  ôtre  que  for¬ 
tuit.  —  4  V.  Marquardt,  Op.  cit.  p.  441.  Les  deux  familles  portaient  le  coguoracn 
de  Caeso  que  Mommsen  ( Roem .  Forsc/i.  I,  p.  17-99)  et  Mannhardt  (Op.  cit.  p.  79) 
ont  rattaché  à  la  flagellation  ( caedere )  qui  faisait  partie  des  pratiques  de  cette  fôte. 
Unger  rejette  cette  interprétation,  avec  raison  semble- t-il  (Op.  cit.  p.  52),  car  le 
coynomcn  se  rencontre  pour  d’autres  et  un  lexicographe,  De  praenom.,  l’interprète, 
sans  doute  d’après  Varron,  ainsi  :  Kaesones  appellati  sunt  qui  e  mortuis  matribus 
exsecti  erant ,  les  enfants  qui  sont  venus  au  monde  par  l’opération  césarienne. 
—  5  FesL.  Fraym.  p.  178,  édit.  O.  Muller;  Plut.  Quaest.  rom.  97;  voir  octobek 
equus.  —  OSuet.  Caes.  70;  Dio.  Cass  .  44,  G;  45,  30.  Tubero,  ap.  Dion.  1,  80,  est  le 
seul  à  considérer  ce  collège  comme  ayant  une  origine  ancienne;  il  traduit  probable¬ 
ment  une  prétention  de  César  ;  cf.  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  158,  n.  1.  —  7  Cic. 


de  dotation  (i vectigalia ),  et  que  cette  doluio  i 
retirée  après  la  mort  de  César  :  l’institut  enf  CUr  ful 
discrédit  pendant  toute  la  période  subséquen 
retrouva  la  faveur  officielle  qu’avec  Auguste 


la  fêle,  restaura  le  Lupercal  et  réglementa  le.  Y-’ 
publiques  auxquelles  les  Luperques  présidahT 
à  partir  de  ce  moment  que  les  renseit 


luient».  C’est] 


as,  etc., 


,  „  .  .  ,  ■  viatores, 

quelquefois  parmi  les  sénateurs 10.  De  bonne  heure  des 
affranchis  même  y  ont  eu  accès 1 1 


rien»  et  les  mentions  du  collège  pur 
u  Rome  que  dans  les  municipes  voisins,  nous  l'],™ 
quelque  peu  sur  sa  composition,  tout  en  his-,  ™ 


l’ombre  son  fonctionnement  intérieur  II  se  1  ^ 
doute  par  cooptation  comme  les  Pontifes,  les  Saliens 


parmi  les  chevaliers,  les  tribuns  militaires  et  les  préfets  I 
des  cohortes9,  plus  rarement  parmi  les.  fonctionnaires 
d  ordre  inférieur,  comme  les  scribae  et  les 


On  ne  sait  au  juste  si  la  I 
dignité  de  Luperque  était  ou  permanente  ou  simplement  ' 
annuelle;  ce  dernier  cas  est  le  plus  probable,  des  ins-  ! 
criptions  parlant  de  personnages  qui  furent  deux  ou  trois  I 
fois  Luperques 12  ;  il  en  était  autrement  des  Arvales  et  des  1 
Saliens  qui,  une  fois  nommés,  l’étaient  pour  toujours.  En  I 
principe,  des  Luperques  n’existaient  qu’à  Rome  et  pour  ] 
Rome,  en  vue  d’une  cérémonie  toute  locale  ;  cependant  ' 
on  en  signale  à  Préneste,  à  A^elitrae  auprès  de  Rome,  à 
Pérouse  et  à  Nepete  en  Étrurie,  et  même  à  Nemausum 
dans  la  Narbonnaise  13  :  il  s’agit  sans  doute  de  person¬ 
nages  qui  continuent  à  se  parer, dans  leurs  municipes, d’un 
titre  dont  ils  avaient  naguère  exercé  la  fonction  à  Rome  ] 
et  dont  le  prestige  avait  encore  son  importance  ailleurs.  1 
De  la  qualité  de  magister,  nous  savons  simplement  qu’elle 
a  existé  dans  la  section  des'  Juliani  créée  par  César; 
mais  on  peut  logiquement  supposer  que  les  Fabiani  et 
les  Quinctiliani  eurent  aussi  les  leurs;  les  Arvales  et  les  ' 
Saliens  avaient  également  un  magister  et  les  Arvales  en 
plus  un  promagisterH.  La  célébration  des  Lupercales 
va  nous  fixer  sur  le  rôle  propre  des  magistri ,  tout  au 
moins  le  jour  de  la  fête. 

Les  calendriers  la  fixent  au  lu  février10;  elle  luisait  j 
partie  d’un  groupe,  avec  les  Quirinalia  célébrés  U  Uj 
et  les  Terminalia  qui  tombent  le  28  du  même  mois .  1 
toutes  ensemble  ont  le  caractère  d’une  lustration  qui,  e 

la  communauté  entière, s’étend  par  degré  aux  . . 11 1  j’’ 

Les  Lupercalia  pourvoient  à  la  purification  de  la 1  lle  *1 
Palatin  et,  par  extension,  de  la  grande  ville  s0llR  'Y. 
noyau;  les  Quirinalia  sont  la  fête  des  Curies,  e  '  ,  j0  1 
minalia,  celle  des  maisons  et  des  propiicfi  s  i 
les  pratiques  qui  les  distinguent  les  unes  et  us'll‘  ^  ; 

ramènent  toutes  à  la  FebrUatio  qui  a  xu  o  r  jnJ 

mois  entier  ;  et  l’importance  des  Lupeica  es, 


V,  070  r>olir  la  couronne  offerte  à 

34,  85  et  87  ;  XIII,  15,  31;  Non.  Marc.  P^J°  ,  Annali,  186| 

r  Antoine,  à  la  faveur  des  Lupercales,  voir  ^  ^  Ancyr,  4,  1.  - 

iq. ;  cf.  faumus,  p.  1023.  —  8  Sue  .  ci  ■  ’  c  inscr.  M-1' 

lenzen,  Annali,  1863,  p.  279  et  les  inscnpUonn  cd^  .  ^  ^  1!lM:cf. 

06  ;  VI,  1851,  2*60  ;  VIII,  9405,  9401,.  '  10  Co^  ,nsiffnis  bipcU «. 

;53  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1397  OÙ  un  sénateui  est  PP 
rp.  inscr.  lat.  1,  805,  où  l'affranchi  est  magi  ^  collège  <1<* 

nais  le  litre  de  magister  n'est  accolé  au  nom  aussi  bien  a|« 

es,  ce  qui  laisse  un  doute  sur  le  nombre  des  ,nag  ^  leltc  d 

'aient  ;  le  seul  renseignement  que  nous  a  ons  sur  ^  ;  ,f,„„  on 

is.  44,  6,  avec  les  inscriptions.  -  "  .  ’  ,  n9  et  la  lecture  <te  lal‘  r 

treus.  L'authenticité  de  l’une  de  ces  rnjenp nS  4,  4;  Val.  Ma  ■ 

sûres.  -  13  Ibid.  2251-2250,  2543.  - A*  ^  *  Cal.  Malf. 
rp.  inscr.  lat.  VI,  2025,  H,  2065  a,  70,  et  .  cf  Dion .  L  3Î' 

’  —  *»«'■  y,  Gilbert,  Op-  cit-  t  P’ 


Quaest.  rom.  08  ;  Ov.  Fast  U,  35. 


—  1401 


LIJ  P 


LUP 


manifeste  dans  le  vocable  de  Februarius 
^  ;m  dieu  Faunus,  ou  à  la  divinité  inconnue  qui 
(*onl"  .|l(i |,qjc  comportait  trois  actes  :  un  sacrifice,  une 
yPrCS  jrS  LUperques  et  un  repas  solennel.  Le  sacrifice 
^0,ll|  offert  devant  l’image  de  la  Louve,  à  l’entrée  de  la 
*'  du  Lupercal 2  ;  les  victimes  immolées  étaient  des 
e;;,;  ^des  boucs3;  on  y  égorgeait  également  des 
CK'Uy  le  renseignement  donné  par  Plutarque  ne 
Qu'lie  pas  d’une  confusion  avec  le  culte  des  Lares,  où 
l’immolation  du  chien  avait  sa  place  *.  Un  tout  cas,  le 
choix  de  ces  deux  espèces  de  victimes  indique  que  la  fête 
elle  sacerdoce  des  Luperques  avaient  une  origine  pasto- 
ra)e .  ce  qUi  concorde  avec  les  plus  anciennes  traditions 
relatives  à  la  cité  du  Palatin  et  aux  pentes  voisines,  long¬ 
temps  couvertes  de  pâturages  ;  il  explique  également 
l’étymologie  contestable  de  Lupercus  par  lupum  arcens, 
les  victimes  représentant  le  troupeau  avec  l’animal  qui 
en  ii  lu  garde  et  la  cérémonie  affectant  le  caractère  d’une 
propitiation  en  l’honneur  du  génie  rustique  dont  le  ber¬ 
ger  attend  la  protection8.  A  ces  immolations  présidait, 
sans  d’ailleurs  y  prendre  une  part  directe,  le  Flamen 
Dial  h ,  dont  nous  savons  qu’il  lui  était  interdit  de  tou¬ 
cher  ni  chèvre,  ni  chien 6.  Les  Vestales  aussi  y  figuraient, 
pour  offrir  sur  l’autel  la  viola  salsa  préparée  avec  les 
premiers  épis  cueillis  l’été  précédent1.  Ces  offrandes,  au 
dire  de  Denys,  étaient  accompagnées  d’hymnes  en  l’hon¬ 
neur  de  Faunus8.  Puis  venait  un  des  épisodes  distinc¬ 
tifs  de  la  fête  :  on  amenait  devant  l’autel  deux  jeunes 
gens,  sans  doute  les  magistri  des  deux  sections  antiques 
du  collège;  le  prêtre  touchait  leur  front  avec  le  couteau 
rougi  du  sang  des  victimes  et  essuyait  aussitôt  la  marque 
sanglante  avec  un  flocon  de  laine  trempé  dans  du  lait  ; 
cela  fait,  les  jeunes  gens  étaient  tenus  de  rire9.  11  n’est 
pas  douteux  que  nous  avons  là  tout  d’abord  un  symbo¬ 
lisme  rappelant  d’anciens  sacrifices  humains,  qui  par  le 
progrès  des  mœurs  étaient  tombés  en  désuétude  10  ;  ensuite 
1  onction  avec  le  lait  est  le  signe  de  la  purification,  et  le 
rire  des  victimes  simulées  celui  d’une  joyeuse  résur¬ 
rection  :  ainsi  se  terminait  le  premier  acte  de  la  céré¬ 
monie11. 


Le  second  est  celui  de  la  course  des  Luperques,  non 
pas  seulement  de  ceux  qui  avaient  été  marqués  à  l’autel, 
mais  de  tous  les  membres  du  collège )2.  La  légende  indi- 
^ne’  rac°nLée  par  Plutarque  d’après  Butas,  écrivain 
ià"  dont  1  époque  précise  est  inconnue,  et,  avec  des  va- 
imnies,  par  Ovide,  qui  parait  avoir  puisé  à  une  autre 
souice, fuit  remonter  cette  course  à  Romulus  et  à  Remus; 
liii'"1  Premier ,  elle  aurait  suivi  la  victoire  sur  Amu- 
en  ;!0l,(1Albe’  a^orscIue  pleins  de  joie  ils  seraient  venus 
IU1Hu  8rdces  devant  la  grotte  même  où  les  avait 

4, 20;  Fesi  p [  ^'7'  lc  "’ôme  chez  Nonius,  p.  114,  19;  Lyd.  De  mens 

p.  512  :  trfeo  wfoWvô  85  ^*eU  CSt  aPPe^  Februarius  par  le  pape  Gélase,  Op.  cit 
0‘r.  Pour  OviJe  /  *  <ju*a  da.em°nia  non  colantur  et  deo  Februario  non  libe 
ht.  V.  >  ,  gcn  j  '  ®1:U1  ilicaliou  est  à  la  fois  morale  et  physique.  —  2  Varr.  Ling 
pmc  Jc  |,0U|,S  e|  '  "L  —  3  Plut.  Rom.  21  ;  Ov.  Fast.  11,  361.  Servius  scu 
~  4  Plut.  11,'ui  ,  . e  l"10  1 1  a<-lition  qui  identifie  le  deus  /.aperçus  avec  Liber  Pater 
9cc'lu  chien  dans  1,.  ° "  *'UU  avcc  un  usaoc  semblable  chez  les  Grecs  ;  pour  le  sacri 
w“w,  p.  __  -  Cua°  Dobigo,  voir  Ov.  Fast.  IV,  907  ;  pour  le  surplus,  voii 
V,l-Max.  Il, 2, 9  olcC|J/V0  C0CL  H’  26;  0v-Fast-  365;  Prop.  V,  1,25;  1  sq. 
Pastoral  ;  ses  argu  ine  n  *12  sq., conteste  que  la  fête  ail  un  caractèri 

Plus  nnW.  (!l;1  011  contradiction  non  seulement  avecles  témoignages 


8  Précis, 
!  68 
■I  i  Caet 


,  majs  .  . uuu  seulement  avec  les  témoignages  i 

1  68  ;  cr.  Dion  I  Ss(TVeC  *°  boa  sens'  ~  6  0v-  Fast ■  H.  282  ;  Plut.  Quaest.  Ho, 
"«es.  61  ;  Val.  Ma  ,7  [  Serv\  EcL  VIII>  8i-  ~  8  Dion.  I,  80.  —  9  Plut.  Km 
a,ec  lcs  noies  p)  E"  c-  —  10  Sclnvegler,  Hoem.  Gesch.  p.  3 


*•  «J,  n. 


11. 


■  UQv  !,'  Manullai'dl’  Op-  cP.  p.  96  sq.  ;  Marquardt,  Op.  . 
i  '  'J  sq.,  qui  parait  avoir  suivi  l'annaliste  Acilius  ;  Di 


allaités  la  Louve;  pour  l’autre,  ellerappelleraitla  poursuite 
d’une  bande  de  brigands  qui,  ayant  profité  de  Ja  fête 
pour  ravir  aux  deux  frères  leurs  troupeaux,  aurait  été 
rejointe  par  eux  et  massacrée.  11  n’y  a  rien  à  retenir  de 
ces  subtilités  que  l’origine  lointaine  et  rustique  de  la 
cérémonie.  Aux  temps  historiques,  les  Luperques  cou¬ 
raient  nus,  vêtus  seulement  de  la  peau  des  chèvres  immo¬ 
lées  et  portant  en  tête  la  couronne,  semblables  à  l’image 
de  Faunus,  le  premier  des  Luperques,  telle  que  nous  l’ont 
conservée  les  bronzes  expliqués  et  reproduits  ailleurs 
[faunus,  p.  1023] 13.  Avec  des  lanières  découpées,  elles 
aussi,  dans  la  peau  des  victimes,  ils  frappaient  en  courant 
tous  ceux  qui  s’offraientàeux,particulièrementlesfemmes 
qui  leur  présentaient  les  mains  et  le  dos  :  on  croyait  que 
ces  coups  devaient  les  rendre  mères  u  :  «  Jeune  mariée, 
dit  Ovide,  qu’attends-tu  ?  ce  n’est  pas  par  des  herbes  au 
pouvoir  surnaturel,  ni  par  la  prière  et  les  formules  ma¬ 
giques  que  tu  enfanteras.  Reçois  tranquillement  les  coups 
de  la  main  qui  féconde  et  bientôt  ton  beau-père  sera 
grand-père.  »  Fin  raison  de  cette  action  fécondante,  le 
même  poète  rattache  la  course  des  Luperques  au  lende¬ 
main  duraptdesSabines,  alors  que,  restées  stériles,  celles- 
ci  privaient  les  compagnons  de  Romulus  des  espérances 
qui  les  leur  avaient  fait  enlever  ;  et  il  rappelle  la  religion 
du  Faunus,  surnommé  Inuus,  le  bouc  saéré  dont  l’action 
mystérieuse  devait  procurer  aux  femmes  la  maternité  13. 

Un  passage  oit  Tacite  délimite  sommairement  le  tracé 
du  pomoerium  primitif16,  nous  permet  de  dire  quel  fut 
à  peu  près  le  parcours  des  Luperques  dans  la  fête  du 
13  février  :  ils  partaient  du  Lupercal ,  se  dirigeaient  vers  le 
Forum  Boarium ,  contournaient  les  pentes  sud  du  Pala¬ 
tin  depuis  171m  Maxima  jusqu’à  l’autel  de  Cousus,  ga¬ 
gnaient  de  là  les  Curiae  veteres ,  puis  le  sanctuaire  des 
Lares,  pour  revenir  au  point  de  départ 1 7  Certains  textes 
donnent  à  entendre  que  la  course  se  faisait  en  même 
temps  dans  deux  sens  opposés,  l’une  des  troupes  con¬ 
tournant  la  colline  de  l’ouest  à  l’est  et  l’autre  de  l’est  à 
l’ouest,  pour  se  retrouver  ensemble  au  Lupercal  1S.  Ainsi 
se  justifierait,  non  pas  seulement  par  les  spectateurs  de 
la  cérémonie,  mais  par  ses  acteurs  traditionnels,  la  phrase 
discutée  où  Varron  montre  le  Palatin  enveloppé,  le  jour 
des  Lupercales,  par  des  troupeaux  humains  ( Palatinum 
a  gregibus  humanis  cinctum  19).Dece  pourtour  consacré 
par  la  religion  des  Luperques,  des  monuments  matériels 
ont  survécu  ;  on  a  retrouvé  en  effet  quelques-uns  des  cippi 
qui  le  délimitaient,  datés  des  règnes  de  Claude,  de  Ves- 
pasien  et  d’Hadrien  20.  César  ayant,  en  l’an  44,  contemplé 
la  course  des  Luperques,  de  l’endroit  ou  s’élevaient  alors 
les  Roslres  et  où  l’on  bâtit  plus  tard  un  temple  en  l’hon¬ 
neur  de  sa  propre  divinité21,  on  en  a  faussement  conclu 

I,  80  ;  cf.  Plut.  Rom.  21.  —  19  Tubero  ap.  Dion.  I,  80;  Jusl.  43,  1,  7  ;  Fcsl.  Ep.  p.  59  ; 
Nie.  Daiuasc.  Op.  cit.  21.  —  14  Ov.  Fast.  II,  379,  425,  445;  Juv.  II,  142.  —  13  Ov. 
Fast.  II,  429  sq.  Do  vers  441  :  Jtalidas  matres...  sacer  lùrcus  inito  est  une  allu¬ 
sion  à  Faunus  Inuus.  Voir  faunus,  p.  1023,  et  Til.  Liv.  I,  5;  Aruob.  III,  30;Fcst. 
Ep.  p.  85;  Virg.  Aen.  VIII,  776  ;  Serv.  Gcorg.  I,  10.  —  16  Annal.  XII,  24  ;  Aug.  Ci v. 
Die.  18,  12;  cf.  Jordan,  Topoyr.  I,  1,  p.  163;  Gilbert,  Op.  cit.  p.  154.  Sclnvegler 
suppose  que  Tacite  a  tiré  ses  renseignements  de  quelque  document  pontifical.  Op. 
cit.  p.  448,  n.  1 .  —  17  Tacite  n’a  délimité  le  parcours  que  jusqu'au  Sacellum  Larum. 
Il  faut  admettre  lo  tour  complet,  tel  qu'il  se  pratiquait  dans  la  cérémonie  des  Ambar- 
valia  ou  de  l' Amburbium  (cf.  Gilbert,  I,  p.  145  et  Buechcler,  Jguvinae  de  lustrando 
populo  legis  interprétation  p.  11).  —  iS  Dion.  I,  80,  citant  Tubero  :  ix  Siourni>*ato;  ; 
Val.  Max.  Il,  2,  9  ;  divisa  pastorali  turba;  Ov.  Fast.  Il,  373  :  divertis  exil  uterque 
partibus;  cf.  Gilbert,  1,  p.  86,  n.  2.  —  19  Varr.  Ling.  lat.  VI, '34,  que  Mommsen 
corrigo  à  tort  ( Corp .  inscr.  lat.  I,  p.  364  et  Hernies,  X,  p.  49)  en  :  a  regibus  moenibus 
cinctum.  Voir  Jordan,  Op.  cit.  I,  1,  p.  162.  —  20  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1,  1231-33. 
—  21  plut.  Ant.  12  ;  Caes.  21  ;  cf.  Hermes,  1873,  p.  276. 


—  1402  — 


que  dès  lors  les  Luperques  ne  se  bornèrent  pas  à  fournir 
le  parcours  traditionnel,  mais  qu’ils  se  répandirent  dans 
d  autres  parties  de  la  ville  1  :  ces  monuments  sont  assez 
rapprochés  de  la  pointe  nord  du  Palatin  pour  que  de  là 
la  procession  lut  visible,  entre  la  via  Aura  et  le  Cermalus. 
11  va  de  soi  que  cette  partie  de  la  cérémonie  n’avait  rien 
de  la  gravité  religieuse  habituelle  aux  Romains;  nous 
savons  qu'elle  donnait  lieu  à  des  chants  dissolus,  à  des 
plaisanteries  salées,  à  des  actes  même  d’une  immoralité 
notoire  -,  c’est-à-dire  que  la  fête  avait  un  caractère  popu¬ 
laire,  comme  celle  des  A'ones  Caprotines  et  du  Poplifu- 
Qin.ni.  Auguste,  qui  remit  en  honneur  le  vieux  culte  en 
restaurant  le  Lupercal,prit  des  mesures  pour  sauvegarder 
la  décence  ;  il  interdit  aux  jeunes  gens  impubères  d’y 
jouer  le  rôle  de  Luperques 3,  et,  sous  prétexte  d’augmenter 
la  pompe  de  la  cérémonie,  en  réalité  pour  y  maintenir 
l'ordre,  il  lit  échelonner  sur  tout  le  parcours  les  chevaliers 
en  grand  appareil  \  Par  là,  la  fête  du  15  février  fournit 
un  pendant  à  celle  que  célébrait  l’ordre  équestre  le 
15  juillet,  sorte  de  revue  connue  sous  le  nom  de  Irans- 
vectio  equitum.  Aux  Lupercales,  la  cérémonie  publique 
se  terminait  par  un  repas  de  sacrifice  entre  les  membres 
du  collège,  repas  sans  doute  analogue  à  ceux  des  Saliens 
pendant  les  fêtes  du  mois  de  mars  5. 

Prise  dans  son  ensemble  et  dans  sa  signification  ori¬ 
ginelle,  la  cérémonie  des  Lupercales  est  une  purification 
rustique  qui  rappelle,  surtout  par  la  procession  autour 
du  Palatin,  la  cérémonie  des  ambarvalia,  devenue  dans 
les  centres  urbains  celle  de  Yamburbium 6.  Le  jour  où 
on  la  célébrait  était  appelé  februatus  (lies,  comme  la  di¬ 
vinité  qui  en  était  l'objet  était  le  dieu  Februarius.  Les 
lanières  avec  lesquelles  les  Luperques  frappaient  les 
assistants,  tirées  de  la  même  matière  que  Yamiculum 
Jnnonis ,  peau  de  chèvre  que  nous  retrouvons  sur  les 
épaules  de  Juno  Lanuvina  Sospita,  étaient  appelées 
februa 7  ;  dans  ces  moyens  de  lustration  l’idée  de  la 
purification  se  confond  avec  celle  d’une  fécondation  mys¬ 
térieuse,  laquelle  s’exerce  aussi  bien  sur  la  terre  que  sur 
les  hommes,  les  plantes  et  les  animaux8.  Par  extension, 
elle  est  un  moyen  de  préservation  contre  les  maladies  et, 
en  général,  contre  tous  les  fléaux  destructeurs  de  la  vie. 
C'est  bien  ainsi  que  l’entend  Ovide  qui  a  consacré  un 
long  développement  aux  pratiques  et  aux  croyances  de 
cette  fête,  en  la  rattachant  aux  Feriae  sementinae  du  mois 
précédent  :  «  Avec  les  lanières  de  cuir,  les  Luperques 
purifient  tout  le  sol  et  considèrent  cet  acte  comme  une 
expiation.  »  En  se  fondant  sur  un  passage  aujourd’hui 
perdu  deTite-Live  et  dont  le  pape  Gélase  nous  a  conservé 
le  sens,  Unger  a  cru  pouvoir  démontrer  que  si  la  proces¬ 
sion  des  Luperques  autour  du  Palatin  est  aussi  ancienne 

l  Unger,  Op.  cit.  p.  59  sq.  ;  Prellcr,  Roem.  Mxjth.  p.  344.  —  2  Gelasius, 
Advers.  Androm.  (Baronii  Annal,  eccles.  VI,  p.  514)  :  cantilenarum  turpium 
defensores...  quae  obscoenitatum  et  flagitiorum  vocibus  celebratur...  et  la 
suite;  cf.  Nie.  Darr.asc.  Loc.  cit.;  Lact.  Inst.  I,  21,  45.  —  3  Suet.  Octav.  31; 
Mon.  Ancyr.  4,  2.  —  4  Val.  Max.  II,  2,  9;  cf.  Tit.  Liv.  IX,  46;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
912;  Marquardt,  Op.  cit.  p.  445,  n.  3.  —  S  Ov.  Fast.  II,  362,  373.  Le  repas 
suit  la  course  et  ne  la  précède  pas,  comme  aux  Paganalia:  Mommsen,  Inscr. 
Nap.  1504;  cf.  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  149.  —  G  Ov.  FomîA\%  32;  Varr.  Ling. 
lat.  VI,  34.  —  7  Febuuus,  II,  2;  p.  1030;  juno,  III,  1,  686  sq.  Outre  les  textes  cités, 
voir  Macr.  1,  13,  3;  Placid.  Gloss,  p.  54.  Unger  corrige  Fest.  Ep.  p.  85,  et  au  lieu 
de  amiculurn  Junonis ,  écrit  A.  Inni.  —  &  Ov.  Fast.  II,  32  :  omne  solum  lus¬ 
trant ,  etc.  ;  Scrv.  Aen.  VIII,  343;  Lyd.  De  mens.  IV,  20,  et  Gelas.  Loc.  cit.  p.  513 
sq.  —  9  Unger,  Op.  cit.  p.  58  sq.  Mannliardt,  par  des  témoignages  aussi  précis 
que  variés,  a  fait  voir  ici  une  pratique  presque  universelle  chez  tous  les  peuples  de  race 
indo-germanique.  Voir  Dion.  liai.  I,  32,  où  il  dit  des  Romains  :  oùSèv  twv  tôte  yevojaevwv 
p.e-axivoi7vT6;.  —  19  Op.  cit.  p.  512;  cf.  Mannliardt,  p.  83  avec  la  iiote’3.  —  11  Secunda 
decade ,  ce  qui  place  le  fait  entre  292  et  218  av.  J.-C.  (Gelas.  Loc.  cit.  513-514);  cf. 


LUP 


IVUI11U, 


uct^iiauon  procéda  de  ciw.n 
récentes,  dont  la  première  manifestation  ne  PluS 

antérieure  au  nv  siècle  avant  notre  ère  •  >  pas 

occasion,  dit-il,  qu’une  fête  de  quartier  serai?  ?  Cetle 
cefie  de  la  ville  tout  entière.  Rien  ne  confirme  Unr'  eVen"e 
conjecture;  tout  démontre  au  contraire  ,®parei!le 
extension  et  une  popularité  toujours  plus 
eut  dès  1  origine  la  signification  complexe  que  n rl 
voyons  aux  temps  historiques  lm 

C’est  par  là  qu’elle  se  maintint  jusqu’à  l’extrême  déclin 
du  paganisme  et  que,  même  parmi  les  populations  no 
vellement  converties  à  la  religion  du  Christ,  elle  ne  cess 
pas  de  jouir  d’une  certaine  faveur.  Lorsque  le  pape  Géhs 
la  condamna  officiellement  en  494,  la  remplaçant  date 
pour  date  par  la  fête  de  la  Purification  de  la  Vierge  il  s'en 
expliqua  dans  une  lettre  à  un  sénateur  qui,  malgré  son! 

christianisme,  ne  répugnait  pas  à  certaines  fêtes  païennes. 

Aux  yeux  du  pape,  il  y  a  pour  un  chrétien  contradiction 
coupable  à  croire  que  des  maladies  peuvent  prendre 
naissance,  parce  qu’on  néglige  d’honorer  des  démons  en 
faisant  des  sacrifices  au  dieu  Februarius 10.  Jamais  les 


anciens,  et  il  s’appuie  pour  l’affirmer  sur  le  témoignage 
de  lite-Live 1 1 ,  n  ont  vu  autre  chose  dans  les  Lupercales 
qu’une  lustration  destinée  à  procurer  la  fécondité  univer¬ 
selle.  Après  avoir  tonné  contre  le  débordement  licencieux 
dont  elle  est  l’occasion,  il  constate  que  récemment 
encore,  sous  l’empereur  Anthémius  (vers 473), les  Luper¬ 
cales  avaient  été  publiquement  célébrées  à  Rome  et 
qu’une  peste  terrible  n’en  éclata  pas  moins  peu  de  semai¬ 
nes  après.  Cette  discussion  d’un  caractère  polémique,  où 
les  faits  actuels  et  les  témoignages  de  l’histoire  n’ont 
d’autre  but  que  de  démontrer  l’inutilité  pratique  des  Luper¬ 
cales,  ne  prouve  en  aucun  cas  que  la  fête  ait  passé  par  des 
phases  diverses  et  que  sa  signification  ait  varié  suivant 
les  époques.  Tout  au  plus  doit-on  admettre  que,  selon  les 
circonstances,  on  la  fit  servir  tour  à  tour  à  conjurer  la 
stérilité  et  la  maladie,  association  d'idées  qui  domine 
toutes  les  pratiques  de  la  religion  romaine12.  J. -A.  Hild. 

LUPINUS.  —  Poids  mentionné 1  comme  valant  un  quart 


du  SCRIPULUM. 

LUPUS.  —  I.  —  Mors  de  cheval  [frenum,  p.  1339). 

IL  —  Sorte  de  scie  [serra]. 

III.  —  Machine  dont  se  servaient  les  assiégés  pour  la 
défense  d’une  place.  C’était  une  grifle  ou  un  croc,  au 
moyen  duquel  on  pouvait  saisir  et  détourner  la  pmiin 
du  bélier  ou  les  échelles  dressées  contre  les  murs  par  les 
assiégeants1.  Végèce  parle  d’instruments  analogues  m 
forme  de  ciseaux  ou  de  tenailles  dentelées-.  Piocopc 
donne  le  même  nom  à  des  constructions  hérissées 
pointes  élevées  pour  la  défense  en  avant  des  poiùs. 


nger,  Op.  cit.  p.  59,  qui  date  de  cette  époque  une  prétendue  transformaUoutos 
5  pratiques  des  Lupercales.  — 12  Ov.  Fast.  II,  35  et  Mannhar  t,  p.  , 


rétienne 


UC3  uupvj  vuiv/o.  '  *  “  '  ,  .  .p 

,  gardé  avec  obstination  la  fête  des  Lupercales,  c  es  a  ‘ 

Inc  nu  ICS 


de  la 


uc  a  garue  avec  uusuuaimu  »»  — -  — *  ^  autres  épidé- 

oyance  populaire  que  leur  célébration  empêchait  la  peste  c  L  ramenait 

ics,  conservait  la  santé  et  la  vie  aux  habitants  et  que  un  omi 1  t 

>  maux  de  toute  espèce.  »  -  B-uocraph*.  Mitscherl.cl;,  |S/0, 

ritus,  Goetting.  1843;  G.-F.  Unger,  Die  Lupercahen  (Rhein.^  ,  ^ 

50  à  86);  A.  Schwegler,  Roem.  Geschichte  im  Zeita  er  '  '  is8t, 

300  et  390  sq.  ;  VV.  Mannliardt,  Mytholog ■  Forsc  mngen,  -  *  0  Gilbert, 

72-155 ;  Marquardt,  Roem.  Staatsverwaltung,  HL  <M* '  , „no  r  53 sq-» 

:sch.  und  Topographie  der  S tadl  Rom  im  Alterthum,  Leipz- 

,  '«/  II  n.  88  Hultsch; 

LUPINUS.  1  Carmen,  De  pond.  12,  dans  les  Métro  .  sap-  _  g3 .  cod.  I- 1, 
îltsch,  Gr.  tend  rijm.  Métrologie ,  7“  éd.  p.  150  ,  cf.  I  ou  l 

:  aleator.  ....  •_  52.  —  2  ',c®‘ 

LUPUS,  l  Tit.  Liv.  XXVIII,  3  ;Veg.  De  re  mil.  II,  -5-  Vo‘ 

23.  —  3  Bell.  Goth.  I,  21. 


LUS 


1103  — 


LUS 


|j0Uves,  tenailles  servant  à  soulever  des  pierres 
■  is  il  1241]. 

[^""  '  '  îii  ilFe  ou  croc  au  moyen  duquel  on  peut  retirer  les 

, V  ;  '  ys  dans  un  puits  ;  on  l’appelait  aussi  canicula 1 . 

objets  luiu"  p  e 


üS0RIiV  TABULA  («PaÇ,  àpâxtov,  TtXtvOiov,  -ra^Aa, 
aïvr) 1  table  à  jeu  (voir  aussi  abacus2  et  alveus3). 
TY'A[  es *G recs  et  les  Romains  ont  connu  plusieurs  sortes  de 
se  jouaient  sur  des  tables,  soit  avec  des  pions, 
soi? avec  des  dés;  tels  étaient  ceux  qu’on  appelait  dia- 
CHAMMISMOS,  duodecim  scripta,  latrunculi,  pentegramma, 
petteia On  fabriquait  des  tables  <à  deux  faces,  dont  l’une 
pouvait  servir  par  exemple  pour  les  duodecim  scripta  et 
1  autre  pour  les  latrunculi,  de  telle  sorte  qu’on  n’avait 
qu’à  les  retourner  quand  on  voulait  changer  de  jeu4. 
Certaines  tables  étaient  faites  de  matériaux  précieux;  le 
jour  où  Pompée  célébra  son  troisième  triomphe,  il  fit 
porter  solennellement  à  travers  les  rues  de  Rome  une 
table  à  jeu  comprise  dans  le  butin  qu’il  avait  conquis 
en  Orient  ;  elle  mesurait  trois  pieds  de  large  sur  quatre 
de  long  (0m,90  X  lm,20)  et  se  composait  de  deux  gemmes 
assemblées;  on  y  voyait  «  une  lune  d’or  du  poids  de 
trente  livres6  ».  Au  nombre  des  objets  de  prix  dont 
s’entoure  le  fastueux  Trimalcion,  Pétrone  place  une 
table  à  jeu  en  bois  de  térébinthe  G. 

On  trouvera  à  l’article  latrunculi  des  reproductions 
de  monuments  antiques,  où  l’on  voit  des  tablettes  ana¬ 
logues  à  nos  damiers,  chargées  de  pions  (fig.  4306, 
43G7,  4368).  Un  spécimen  de  table  à  jeu  très  remar¬ 
quable  et  d’une  conservation  presque  parfaite  a  été 
retrouvé  récemment  dans  Pile  de  Chypre  (fig.  4672) 7. 


Cette  table  est  gravée  à  la  surface  d’une  boîte  en  ivoire  ; 
elle  est,  divisée  en  vingt  cases  rectangulaires,  dont  cinq 
sont  remplies  par  des  rosaces  régulièrement  espacées  ; 
1111  l]|oir  intérieur  servait  à  enfermer  les  pions.  Les 
pm  ois  latérales  sont  ornées  de  figures  sculptées  en  relief, 
un  style  archaïque;  l’objet  appartient  à  la  période 
C  'Irl  inyc,,nien.  A  part  l’élégance  du  décor,  il  offre 
111  O  Nsiunblance  complète  avec  des  tables  à  jeu  décou- 
f,S  <Fns  ^es  tombeaux  de  l’Égypte;  c’est  le  même 
V"  cases  et  la  même  disposition  8.  Il  est  probable 
lc  •  ^  "lf,aces  indiquent  des  stations  plus  importantes  ; 
sures  "  ,U'  P0uva't  Y  placer  un  pion  remportait  un 
étaii  i]  Pr^parant  le  succès  final.  Mais  le  jeu 

prétendu  «  9UL de  1&  Fz7/e  [latrunculi],  comme  on  l’a 
Denvont  ' s*  une  Ruestion  sur  laquelle  les  textes  ne 

P  Venl  "eus  éclairer  suffisamment. 


'£oni'  XX’  l3’  4‘ 

l"lron'  33;  '  Varr'  L'  1  X>  22  I  0v-  Arsam.  III,  3G5;  Trist.  II,  48 

V"’ 73  ‘De  la„dr  p  1'7'30;  Mavt-  ",  48;  XIV,  17;  Juv.  I,  00;  Schol.  Jn 
<jr-  p.  i2o,  n  q'w v  ’  ae,lr°nS’  P°et-  lat‘  min.  n.  15,  192;  Jacobs  ad  Anthi 
;  l’aul.  0(  |.Vs]'  p  P-  23°)  fl  IV,  p.  G 2,  n.  08;  laid.  Orig.  XVIII,  04;  Sui 
J|V'  4’aP-  Priscian  yf’f  ®''~ 2  Suct’  Ner ’  22  ;  Macrob.  Saturn.  I,  5.  -  3  Luc 
111  8’2;  Plin  //;[,  ’  ü;  Van’'  aP-  Gel>-  b  20;  Cic.  De  fin.  V,  20,  56;  Val.  Ma 
'  *  “ou.  XIV,  17.  XXXVI1’  2’ 13  ’>  Suel.  ciuud.  33  ;  Bekkcr,  Anccd.  p.  2ï 
1  lail  inexpliqué,  malgré  l’essai  de  Bccq  de  Fouquién 


Nous  devons  aussi  dire  quelques  mots  de  certaines 
figures  gravées  sur  la  pierre,  qui  ont  servi  à  des  jeux 
dont  le  nom  est  inconnu,  ou  au  moins  problématique. 

1°  Les  fouilles  d’Épidaure  ont  ramené  à  la  lumière  il  y 
a  quelques  années  des  blocs  de  pierre,  qui  imitent  mani¬ 
festement  des  tables  à  jeu,  en  bois,  de  mêmes  dimen¬ 
sions,  portées  sur  quatre  pieds;  celle  de  la  figure  4073 
mesure  lm,  15  sur  0m,G0;  l’autre,  dont  la  figure  4074  ne 
reproduit  que  la  surface,  est  un  peu  plus  longue.  Ces 
monuments,  et  d’autres  du  même  genre,  ont  été  consa¬ 
crés  à  Esculape,  au  ivc  siècle  av.  J.-C.,  par  les  liiéro- 
mnémons  du  temple,  pour  servir  à  l’amusement  des 
malades,  qui  venaient  y  chercher  la  guérison  de  leurs 
maux.  Sur  une  de 
ces  tables,  qui  est 
complète  (fig.  4674), 
on  voit  une  série  de 
lignes  parallèles, 
dont  quelques-unes 
sont  groupées  en¬ 
semble  par  des  li¬ 
gnes  transversales. 

Suivant  M.  Blin- 
kenberg,  ce  serait 
là  le  tablier  du  jeu 
de  pions  appelé  TTEvreypagga  [LATRUNCULI,  PENTEGRAMMA 
mais  le  nombre  des  lignes,  aussi  bien  que  leur  dispo- 


Fig.  4674.  —  Tablier  de  jeu. 


sition,  ne  paraît  pas  se  prêter  à  cette  conjecture.  Sur 
la  table  de  la  figure  4673  sont  gravés  entre  les  lignes 
des  chiffres  indiquant  en  drachmes  et  oboles  les  sommes 
à  payer  par  les  joueurs  10. 

2°  Nous  connaissons  une  catégorie  de  tables  de 
l’époque  romaine,  qui  se  rapportent  à  un  jeu  certainement 
très  répandu.  Elles  sont  toutes  d’un  type  uniforme  ; 
chacune  porte  à  sa  surface  des  mots  rangés  sur  trois 
lignes  et  séparés  en  deux  colonnes,  formant  dans  leur 
ensemble  un  total  de  trente-six  lettres.  L’intervalle  entre 
les  deux  colonnes  est  rempli  par  des  signes  variés.  Que 
chaque  lettre  marque  une  case,  c’est  ce  que  prouve  par 
exemple  la  figure  4675,  où  les  lettres  de  la  première  et 
de  la  troisième  ligne11  sont  remplacées  par  un  nombre 
égal  de  petits  cercles.  La  plupart  du  temps  chaque  groupe 
de  six  lettres  forme  un  mot  :  les  trois  lignes  forment 
une  ou  plusieurs  phrases,  qui  ont  souvent  un  rapport 
avec  le  jeu  lui-même;  c’est,  par  exemple,  une  apostrophe 


p.  382,  383  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXXVII,  6,  2.  Pour  cc  qui  est  de  la  matière,  com¬ 
parez  les  photographies  de  damiers  orientaux  dans  Falkener,  Games  ancient  and 
oriental ,  Londres,  1892. —  6  Patron.  33.  —  ^  Ridgcway,  Journ.  of  hellen.  stud. 
XVI  (1896),  p.  288  ;  Murray,  Smith,  Walters,  Excavations  in  Cyprus  (1900),  p.  12. 
fig.  19  et  pl.  I.  —  8  Ridgcway,  L.  c.  p.  289,  fig.  1  ;  Falkener,  Games  ancient  and 
oriental,  p.  91 .  —  9  Ridgeway,  L.  c.  —  10  Blinkenberg  dans  les  Mittlwil.  d.  deutsch. 
Instit.in  Alltel t,  XXIII,  1898,  p.  I  h  23,  fig.  1  cl  4.  Voir  aussi  fig.  2,  3,  5  à  8.  Table 
en  terre  cuite,  provenant  d’Athènes,  où  sont  figurés  deux  dés,  Ibid.  p.  8,  fig.  9. 
—  n  Mittheil.  des  deutsch.  Jnstit.,  Dont.  Abtlt.,  VI,  1891,  p.  216,  n.  71. 


LUS 


—  1404  — 


OOOOO  O 

O 

oooooo 

LATINA 

© 

CAVDES 

oooooo 

O 

oooooo 

^  ,r 

Fig.  407 

15. 

plaisante  au  joueur  maladroit  :  «  Ote-toi  de  là,  donne  ta 
place  ;  tu  ne  sais  pas  jouer,  imbécile  ;  va-t’en  1  !  »  Ou  bien 
c'est  un  défi  adressé  par  un  des  joueurs  à  son  adversaire, 
un  compliment  au  vainqueur,  une  pensée  morale  ou  un 

conseil  sur  le  jeu. 
Quelques  exemplaires 
font  allusion  à  des 
victoires  romaines 
Un  certain  nombre 
sont  rédigés  en  vers 
tout  comme  ceux  qui 
nous  ont  été  conservés  dans  Y  Anthologie  latine  sous  le 
nom  des  Duodecim  sapientes,  poètes  du  ivc  ou  du  ve  siè¬ 
cle  de  notre  ère 3.  En  réunissant  tous  les  exemplaires 
connus  jusqu  à  ce  jour,  tant  par  les  manuscrits  que 
par  les  inscriptions,  on  arrive  à  un  total  de  soixante  et 
dix-neuf.  La  grande  majorité  provient  de  Rome;  quel¬ 
ques-uns  cependant,  trouvés  à  Trêves  et  en  Afrique, 
attestent  que  la  popularité  de  ce  jeu  s’est  étendue  fort- 
loin.  Aucun  exemplaire  ne  paraît  antérieur  à  l’an  150 
ap.  J.-C.;  il  est  peu  probable  qu’aucun  soit  postérieur  à 


l’an  400 4 .  . 

Parmi  nos  tabulae  il  y  en  a  deux  qui  nous  fournissent 
un  renseignement  précieux  ;  la  première  fait  dire  àun  des 
joueurs  :  «  Si  le  dé  te  favorise,  moi  je  te  battrai  en  m’appli¬ 
quant.  Si  tibi  tessella  fai'et,  ego  te  studio  vincam  ». 
On  lit  sur  la  seconde  :  «  De  mauvais  points  obligent  le 
joueur  habile  à  bien  jouer.  Invida  puncta  jubent  feliee 
ludere  doctum  :1  ».  Il  en  résulte  :  1°  que  ce  jeu  était  un 
jeu  de  dés  ;  2°  que  le  joueur  pouvait  corriger  par  la  ma¬ 
nœuvre  de  ses  pions  les  effets  d’un  coup  de  dés  mal¬ 
heureux.  Il  faut  donc  écarter  l’hypothèse  que  nous  avons 
affaire  là  à  un  simple  jeu  de  dames  ou  de  marelle  G.  Ce 
qui  s’en  rapproche  le  plus,  c’est  assurément  notre  tric¬ 
trac.  Pourtant  on  ne  saurait  l’identifier  avec  les  duodecim 
scripta  (voir  aussi  aléa  et  tessera).  Peut-être  faut-il  y 
voir  une  forme  du  trictrac  brièvement  décrite  par  Isi¬ 
dore;  on  y  jouait  avec  trois  dés  sur  une  table,  où  étaient 
tracées  trois  lignes  ( ternae  lineae )  et  six  compartiments 
( senarii  loci) 7,  ce  qui  correspond  bien  au  plan  de  nos 
tabulae.  On  doit  supposer  que  l’un  des  deux  joueurs 
avait  à  sa  disposition  les  lignes  de  droite,  l’autre  celles 
de  gauche,  et  qu'après  avoir  jeté  les  dés,  chacun  d’eux 
faisait  avancer  le  pion  de  lettre  en  lettre  jusqu’à  ce  qu’il 
arrivât  au  bout.  Le  gagnant  était  celui  qui  avait  fini  le 
premier,  et  le  mérite  consistait  à  finir  promptement, 
comme  le  prouve  l’inscription  :  «  Veloci  lusori  dicite 
laudes 8  » . 

Une  des  tabulae  que  l’on  a  découvertes  à  Rome  était 
gravée,  avec  quelques  autres,  sur  le  pavé  de  la  basilique 
Julia,  au  forum,  où  elle  avait  autrefois  amusé  les  oi¬ 
sifs  9.  Cicéron  s’indignait  fort  qu'on  osât  venir  jouer  aux 


*  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  4125,  1.  —  2  Sur  ceux  qui  .  rappellent  les  accla¬ 
mations  du  cirque,  voir  l'hypothèse  de  Movvat,  Bull,  des  antiquaires  de 
France ,  1895,  p.  174  et  179.  —  3  Rjese,  Antholoyia  latina ,  nos  495-506. 

—  4  Soixante  et  seize  numéros  ont  été  catalogués,  avec  références  aux  ou¬ 
vrages  antérieurs,  par  Max  Ihm,  L.  c.  Il  faut  y  ajouter  de  Rossi,  Bull,  di  arch. 
ristiana ,  1891,  p.  33  =  Comptesrendus  de  V Acad,  des  inscr.  et  b.  I.  1893,  p.  195  ; 
Movvat,  L.  c.  p.  180  ;  Carton,  Découv.  épigr.  en  Tunisie ,  1895,  p.  84,  n.  114. 

—  Max  Ihm,  n05  15  et  16.  —  6  Comme  le  prétend  Marquardt,  Rôm.  Privât - 
ceb.  p.  859,  d'après  Ov.  Ars  am.  III,  365;  Trist.  II,  481.  —  7  Isid.  Etym. 
XVIII,  64;  Becq  de  Fouquières,  p.  389;  Max  Ihm,  p.  228.  —  8  Max  Ihm,  nos  32  et 
33.  La  table  de  Bruzza,  Annali  dell'  lstit.  arch.  di  Borna ,  1877,  tav.  FG,  n<>  29 
(cf.  Max  Ihm,  n°  23),  appartient  sans  doute  à  une  variété  de  ce  jeu  sur  lettres.  De 
même  celle  des  Notizie  dey li  Scavi ,  1889,  p.  160  (=  Bull,  délia  commiss.  arch. 
municipale  di  Borna,  1886,  p.  93).  —  9  II.  Jordan,  Sylloye  inscriptionum  fori 


des  en  plein  forum,  dans  ce  lieu  auguste  où  « 
justice  ,0.  Mais  ce  devait  être  un  scandale  n  rfindail  ,a 
Une  autre  table  a  été  relevée  sur  le  in  C°ramu». 
Timgad,  en  Afrique  (fig.  4676)  ;  elle  occu^S  J 


trottoir,  de  telle  sorte  que  les  joueurs  pouvaient  jouer 
assis  comme  sur  un  banc  ". 

3°  Nous  devons  ensuite  grouper  ensemble,  faute  de 
renseignements  plus  précis,  un  certain  nombre  de  tablés 
assez  différentes  les  unes  des  autres  par  le  dessin,  mais 
qui  supposent  soit 
l’usage  des  pions, 
soit  celui  des  dés, 
soit  les  deux  réu¬ 
nis.  Telle  est  celle 
que  représente  la 
figure  4677  12  ;  on  y 
voit  des  cases  pa¬ 
rallèles  séparées  par 
des  lignes  horizon¬ 
tales,  et  dans  cha¬ 
cune  d’elles  des 
chiffres,  dix,  vingt, 
soixante-dix,  trois 
mille,  puis  une 
palme,  à  côté  d’un 
monogramme  où  les 
lettres  P  et  F  paraissent  être  réunies  et  qui,  d  après  1  in 
terprétation  du  P.  Bruzza,  signifierait  p(alma)  f(e/àiteij  \ 
et  marquerait  le  but  à  atteindre  par  les  joueurs  •  6'  'Iul 
est  particulièrement  digne  de  remarque,  c  est  qui  1(  SIT 
saïques  maçonnées  sur  le  sol  ont  quelquefois  v  I  ^ 
des  jeux  du  même  genre  ;  ainsi  celle  delà  figure  |  ^ 
véeàTebessa,  en  Afrique.  Au  centre  navigue  un 
chargé  de  rameurs  ;  on  lit  au-dessus  1  um  1  I 

t,-  «!  41  à  4G.  —  10  G*1 

romani  dans  l 'Ephemeris  epigraphica,  III  (1877),  p-  -'•>  n  _ Max  Ihm, n0*®)* 

Phil.  Il,  23.  —  n  Boeswilwald  et  Cagnat,  Timgad,  p.  20,  bg.  •  ^  j3  Bniaa, 

—  ü  Huit,  délia  commiss.  arch.  comun.  di  Borna,  ,88b’.  Annali  dell 

Interpretasione  del  monoyramma  J?  nei  contorniati  e  m  i  j  'rin(i,,s  de  munis»11' 
lstit.  arch.  di  Borna,  1877,  p.  et  suiv.  iav.  FG  ;  Blanche  ,  ‘  ^  v#jr  pnc()rc 

tique,  p.  49-50.  Autre  labié  analogue,  Corp.  inscr.  lat.  .  -  "  -  ^  «7: 

de  Rossi,  Borna  sotterranea,  III,  p.  3~2  ;  Bruzza,  Anna | pner,  Qames  ancie"1 
Bull,  délia  commiss.  arch.  municip.  di  Borna,  18/8,  p  -  s's  >  ^  pjuiHot,  dans  AZdw- 

and  oriental,  p.  304-365  ;  Boeswilwald  cl  Cagnat,  Ttmga'  ■  I»  -  g,J83)  donnée  cornu11' 
de  la  Soc.  éduéenne,  N.  S.  t.  XXIX.  La  table  du  Corp.wsc i  •(  . scprocul-  I  L  . 

temple  par  plusieurs  savants  (Gruter,  Inscr.  un  1 ,  ,Sa'"'  '  pou,iuitrrs,  Bux  ‘h’  • 


oo 

OO 

00 

on.. 

X 

X 

X  X 

X 

X  X 

X  X 

X  X 

X  ////// 

X  X 

XX 

XXX 

X  X 

X 

X 

— ...... 

Fig.  467 


Hist.  aug.  Il,  p.  751  ;  Jacobs,  Anthol.  gr 
anciens,  p.  354;  Ricli,  Dict.des  ant.s.v.  Abacus ),  c 
Becker-Gooll,  Gallus,  III,  p.  475  ;  Marquardt,  Bûm. 


Sl  fausse  tFicorom, 
Privatleben,  p  8:,8> 


LUS 


—  1405 


LUS 


ftrmo  redux 

Jreux 1  ;  PIus  ,  . 

hommes  debout  < 

divers  animaux.  La 

liosaïqoe  ,  101  ' 

(Telle  était  com- 
Iplète,  était  entourée 
d'une  bordure  di¬ 
visée  en  douze  com¬ 
partiments 


qUi  indique  évidemment  un  coup  lieu- 
bas,  sur  le  rivage,  sont  représentés  deux 


dont 

Iphat'im contenait  un 

animai;  des  chiffres, 

qui  ne  sont  nulle¬ 
ment  des  numéros 
d’ordre,  sont  ins¬ 
crits  à  côté  de  cha¬ 
que  figure  ;  on  y 
trouve  en  trois  en¬ 
droits  l’inscription 
inexpliquée  curis 
et  curis  XI.  Il  est 
bien  probable  que 
|  ce  jeu  avait  des 
rapports  avec  notre 
jeu  de  l’oie,  et, 
comme  la  mosaïque 
provient  d’un  éta¬ 
blissement  debains, 
on  suppose  qu'elle 
y  avait  été  placée 
pour  distraire  les 
■clients  du  lieu2. 

I  4°  Enfin  mention-; 
i  nons  les  tables  dont 
la  surface  présente  dans 


O  O  O  O 
O  o  o 


0  O 
0 

O  O 


O  O 


un  ordre  régulier  une  série  de 
petites  cavités  circulaires;  il  est 
clair  qu’elles  ont  été  faites  pour 
un  jeu  semblable  à  notre  jeu 
de  billes  ;  si  l’on  en  juge  par 
le  fragment  reproduit  dans  la 
figure  4679,  il  fallait  probablement 
avancer  de  trou  en  trou  jusqu’au 
but  indiqué  par  le  monogramme, 
ou  peut-être  atteindre  ce  but  sans 
tomber  dans  les  trous  intermé¬ 
diaires  3.  Nous  ne  savons  pas  si 
les  anciens  ont  connu  les  billes;  du 
moins  ils  n’avaient  pas  de  terme  qui 
corresponde  exactement  au  nôtre4; 
ils  jouaient  à  la  Moquette  (t  poTca) 
avec  des  glands,  des  noix  ou  des 

pourtant. il f  osselets  [nuces,  talus,  tropa]3. 
dni11  y  a  de  fortes  prés< 

1  Coi"parez 


F 


%  41179. 


résomptions  que  des  tables  comme 


L  ‘  Hecuell  r  C‘  'e  n°  -U  —  2  Héron  de  Villefosse 

*îkSoc-<lesmtiuu  .°nSl“ntlne>  XXIV,  1889-1887,  p.  240,  pl.  jji  (=  Bull. 
■**«,.  VI,  i88/  *'£  de  Fl'a™e,  1886,  p.  205  et  268;  Berné  de  l'Afrique 
ll5<s  (*a,»s  le  fi,,!!  ffit  ,  ’  *  (  1  P**  In)-  Autres  mosaïques  de  jeu  à  Ostie  et  à  Porto, 
de  lu  lV  UC'  dn  antiquaires  de  /■'rance,  1880,  L.  c.  ;  en  Pales- 

*swnni;,i„  ir_.  ues  antiquaires  de  Fn 


t  unce y  1899,  p.  376.  —  3  Bruzza  dans 

IL,  '0ll,a'  '884,  p.  70  «t'c!,- *  '  !°rna’  l877,  lav-  1-0 ’  n"  -c  ;  cf.  Buil-  tell’  1 st .  arcli. 
■  “""'"ont analogue a mï  oos'vil"al(1  et  Cagnat,  Timgad,  p.  30,  fig.  13  et  14. 

Pc  c,TIU<'<'  “  la  Diroction)"n''  7'L"  tC  parMllp  Harriet  A-  Bo>l1  (photographie 
de  Fa  tl,,‘ ont  Otv»  ni  ,  , 11  *  011  Prondre  garde  de  confondre  ecs  cavités 

Jeux  des  'S'’I  V  **  SU1'  d(‘s  monuments  mégalithiques.  —  4  Becq 
,coroni’  ^mu’77  p-.lss-  -  3  Pollux.  IX,  103.  -  BmuocJ 
\  .  '  strumenti  lusori  degli  antichi  Romani, 


celle-ci  nécessitaient  l'usage  des  billes.  G.  La  paye. 

LUSTRATIO.  KotOaptri;.  —  Purification  sacramentelle 

et  symbol  iqu  e,  e  flec- 
tut'*e  par  des  moyens 
matériels  opérant  à 
la  façon  des  charmes 
magiques,  laquelle 
a  pour  effet  d’effacer 
les  souillures  mo¬ 
rales  (c’est-à-dire 
immatérielles)  chez 
l’homme,  ou  celles 
qui  leur  sont  assi- 
miléeschez  les  êtres 
inconscients. 

11  est  à  peu  près 
impossible  de  défi¬ 
nir,  c’est-à-dire  de 
ramener  à  une  idée 
plus  simple,  le  con¬ 
cept  de  souillure  ou 
impureté  qui  en¬ 
gendre  celui  de 
purification.  On  lui 
applique  métapho¬ 
riquement  tout  ce 
qui  peut  être  dit 
de  la  souillure  ou 
malpropreté  maté¬ 
rielle.  La  souillure 
qu’efface  la  lustra¬ 
tion  a,  comme  ca¬ 
ractère  négatif,  ce¬ 
lui  d’être,  une  fois 
acquise,  à  peu  près  indépendante  de  la  volonté,  qui  peut 
contribuer  à  la  créer,  mais  non  pas  à  la  détruire  ;  comme 
caractère  positif,  d’être  un  maléfice  dont  l'explication  est 
à  chercher  dans  la  démonologie  animiste,  maléfice 
attaché  à  la  personne,  mais  en  même  temps  contagieux 
à  la  façon  des  maladies  1 . 

La  lustration  ou  purification  à  la  fois  matérielle 
et  mystique,  celle-ci  symbolisée  par  celle-là,  est 
la  raison  d’être  d’une  foule  de  pratiques  rituelles, 
dispersées  dans  les  cultes  grecs  et  romains,  com¬ 
pliquées  par  le  conflit  de  deux  points  de  vue  opposés, 
que  l'on  a  l’habitude  de  confondre  dans  l'idée  abs¬ 
traite  d'expiation.  Le  sujet  appartient  à  l'histoire 
universelle  des  religions,  car  il  n’est  pas  de  religion 
qui  n’ait  eu  ses  lustrations  rituelles.  Même  restreint 
à  l’antiquité  classique,  il  parait  susceptible  d’une 
extension  indéfinie,  et,  pour  le  limiter,  il  ne  faut  pas 
trop  compter  sur  le  vocabulaire.  Les  Grecs  expriment 
l'idée  de  purification,  plus  ou  moins  mêlée  à  celle 

Roma,  1734;  Becq  de  Fouquières,  Jeux  des  anciens,  2'  éd .  :  Bruzza  dans  les 
Annali  dell'  Instituto  arclieologico  di  Huma,  1877,  p.  58,  lav.  FG  ;  Rullet- 
tino  délia  commissione  arclieoloy.  municipale  di  Borna,  1877,  p.  81  ;  Mar- 
qnardt,  Privatleben  der  Rôm.  p.  859;  Ma*  lhm,  Bômisclic  Spieltafeln  dans  les 
/ tonner  Studien  :u  Kékuié,  Berlin,  1890,  p.  223  ;  Belle  tarole  lusoric  romane 
Mitthcilungen  des  deutsch.  arcli.  Instituts,  Rôm.  Ablbeil.,  VI,  1891,  p.  208- 
Blinkenberg  dans  les  AJittheil.  des  deutsch.  arch.  Instituts,  Atlicn.  Ablbeil.,  XXIII 
1898,  p.  I. 

I.USTBATIO.  I  Maléfice  personnifié  en  Grèce  dans  r'Eçtvùç  [flriae  .  le  Samuv 
4X4» TUO,  «Ivriifio;,  mxX«|*v«ïo,-,  i^ùtrtwp,  les  ioai,  etc.  Théorie  de  l’àiiTiiçtuv  Wpivtia 
dans  Antiphon  ( Tetral .  1,3,  10  ;  3,  1,  3-4).  L  4XiTqçio;  à  Félat  de  lutin  domestique, 
qui  Tfàirststv  hvcrifîr. si  (Andoc.  Mgst.  130).  Hérédité  du  ;1,'aop.a  (Paus.  U,  18,  2),  bien 
connue  par  les  tragiques. 


4078.  —  Mosaïque  de  Tébessa. 


177 


d'expiation*,  par  une  foule  de  termes  dont  la  syno¬ 
nymie  n'est  qu’approximative,  mais  suffit  à  opérer  des 
confusions  perpétuelles2.  En  grec,  purifier  se  dit,  au 
sens  le  plus  large,  au  propre  et  au  figuré,  xaOaîpetv 
(xaÔaptÇsiv),  d’où  xx0ap<rt;  (xa6apt<rp.o;),  purification;  xaOap- 
u.ôî,  moyen  de  purification  considéré  comme  actif; 
xdOaptxa,  le  même,  soif  dans  le  même  sens,  soit  le  plus 
souvent  considéré  comme  ayant  agi  et  chargé  des  souil¬ 
lures  qu'il  a  enlevées  ;  par  conséquent,  chose  impure. 
Les  moyens  de  purification  sont  encore  désignés  par  des 
dérivés  de  la  même  racine,  qui  prennent  indifféremment 

I  un  ou  1  autre  sens  (xx  xaôxp-rixâ,  xaOipdtct,  xaôapx^pia). 

II  en  va  de  même  avec  les  dérivés  de  xy veuoi  (àyvi'Çto),  où 
1  idée  mise  en  relief  est  celle  de  pureté  morale,  âyvtffjxôç, 
àyvtcaa,  Ta  àyvsuxtxà,  àyvumxâ,  iyv.<mjpta,  iyvoTtoià,  âyvo- 
-oÀa,  et  les  dérivés  de  (Xoéw)  Xûw,  qui  représentent  soit 
I  idée  de  tache  à  laver  (Xég-r,,  Xuga,  Xüôpov  ;  cf.  lues )3, 
soit  1  idée  juridique  de  délivrance  par  le  rachat  ou  ré¬ 
demption,  Xiixpwffiç,  ÀÛTpov,  xà  Xux'/jpta,  Xuxtxâ.  Tous  ces 
termes  contiennent  à  l'état  latent  ou  suggèrent  des  idées 
complexes  qui  prédominent  tour  à  tour  suivant  l’emploi 
qu’on  en  fait  :  la  purification  symbolique,  atteignant  l’âme 
par  le  corps,  qui  fait  disparaître  la  souillure  quasi  maté¬ 
rielle  (giasixa,  puaxaôç,  p.oXucp.a,  p.oXu<7p.6ç)  OU  morale  (ayoç, 
gé<7oç)  de  l’être  impur  (giapôç)  ou  pécheur  et  maudit 
(Évayrjç,  àXix7;p!o;,  TraXauLvaïo?)  ;  l'expiation  par  des  actes 
qui  s  ajoutent  ou  se  substituent  à  la  purification  sacra¬ 
mentelle,  prières,  pénitences,  vœux,  offrandes  et  com¬ 
pensations  de  toute  sorte  (fjLsiXtxxpa,  puiXq^ia)  ;  enfin, 
comme  résultat  final,  l'apaisement,  la  propitiation  ou 
réconciliation  (îXaagoç,  'tXatrua)  avec  les  dieux  dont  on  a 
ainsi  détourné  la  colère  ou  la  malveillance  (à7toxpo7rta<jpô<;, 
à-0TpG7ti'a<;u.x,  àTroTroaTrrj),  avec  l’aide  de  dieux  indulgents 
par  nature  ou  rendus  tels  par  des  supplications  appro¬ 
priées  (@eot  aîroxpoTraioi,  i7to7rop.7taTo[,  Xûo’io'.,  xaOxpcioi, 
iyvtxat,  âXe^i'xaxot,  çpûçiot,  txéciot,  (xstXty tôt  ;  cf.  deus  Aver- 
runcus ,  dea  Februa). 

La  terminologie  latine,  moins  abondante  que  la 
grecque,  n'est  pas  plus  précise.  L’être  impur  est  impius, 
mais  la  souillure  attachée  à  sa  personne  ( piaeulum )  est 
considérée  comme  de  nature  morale  ;  c’est  un  péché  ( pia - 
euhim  commissum)  volontaire  ou  involontaire,  qui  doit 

1  II  s’agit  uniquement  ici  de  l’expiation  religieuse  ou  satisfaction  volontaire¬ 
ment  offerte,  et  non  d’un  châtiment  involontairement  subi,  que  l’expiation  a 
pour  but  d’éviter.  Le  vague  de  ces  mots  :  expier  en  français,  sühnen  en 
allemand,  perpétue  l’équivoque.  Le  français  expier  a  môme  complètement  perdu 
le  sens  de  purifier.  On  ne  peut  plus  s'en  servir  pour  traduire  expiare  en  ce 
sens  (v.  g.  ap.  Liv.  V,  50).  —  2  Voy.  dans  Pollux  (I,  32)  plus  de  quarante  expressions 
relatives  au  sujet..  —  3  Aûflpov,  o  èç  ai|ACCTO;  jac/Xu»t;a&5  ov  yor\  &ico\oû<ra<r8at,  ica ^ à  tou 
a  où  u,  às  oj  Au®»,  il  o  Z  y  ai  X  j  j*  a  xâOappa,  xai  XujAatvcu  to  àicoxaOatptu 

(Eustalh.  Schol.  Odyss.  XXII,  402).  —  4  L’étymologie  de  pins  est  très  incertaine,  et 
il  est  possible  qu’elle  ne  donne  aucunement  le  sens  de  «  purifier  »  :  mais  ce  sens 
était  considéré  comme  premier  par  les  anciens.  Sane  pins  potest  esse  purus  et 
innocens  et  omtii  carens  scelere.  Piare  enim  antiqui  pur  gare  dicebant  :  ïnde 
etiam  piamina ,  quibus  expur  gant  liomines ;  et  qui  purgati  non  sunt  impii  (Serv. 
Aen.  I,  378)  :  pii  s  manibus ,  i.  e.  puris  (Serv.  Aen.  IV,  516).  Quid  enim  est  pium, 
nisi  castum  [sens  propre]  :  quoniam  piare  est  propitiare  [sens  dérivé]  (Serv. 
Ecl.  VIII,  82).  Les  mots  piamina  et  piamenta  ont  été  forgés  pour  traduire  les 
xaGaçjiot  grecs,  à  la  place  du  terme  archaïque  februa  (voy.  ci-après).  —  5  Au  sens 
de  médication  par  drogues  dans  Dig.  XLVIII,  8,  3,  §  3.  —  6  Februare,  id  est 
lustrare  (Varr.  L.  lat.  VI,  34)  ;  —  februare ,  id  est  pura  f acere  (Varr.  ap. 
Non.  p.  114),  lustrare  ac  purgare  (Fest.  Epit.  p.  85).  Cf.  Censorin.  22,  14; 
Macr.  I,  13,  3  ;  Lyd.  Mens.  IV,  20.  Februa  Romani  dixere  piamina  patres 
(Ovid.  Fast.  II,  19)  —  quodcumque  est  quo  corpora  nostra  piantur  (II,  29). 
—  7  L’étvmologie  lustrare  de  luere  (aoûecv  et  >.tleiv)  n'est  pas  douteuse.  Je  laisse  à  de 
plus  compétents  le  soin  de  décider  si  l’on  peut  y  ramener  les  dérivations  qui  ont 
donné,  d'une  part,  les  composés  comme  illustris ,  sublustris,  etc.;  d’autre  part, 
lustrum  (avec  u  bref)  au  sens  de  bourbier,  bauge,  repaire  (lustra  ferarum  —  mere- 
tricum.  Cf.  Fest.  Epit.  p.  120,  s.  v.).  Ce  dernier  sens,  qui  se  rapproche  de  celui  de 
les ,  lutum ,  peut  procéder  du  sens  contraire,  comme  le  sens  péjoratif  de  et 


HU> 


LUS 

être  effacé  par  une  offrande  ou  sacrifice’  «»**• 
rufum).  Dans  les  trois  acceptions  de  *F'Ï °lreÜdf,- 
initif  de  purification  symbolique*  snilo  '  ’  esensPfi- 
relégué  au  second  plan,  et  il  n’apparaît' pi!  t*™' esl 
ment  dans  les  termes  plus  modernes  de  P  Us  nelt,s 
qui  suggèrent  toujours  l’idée  d’une  expiation!’ 
dite,  d’une  pénalité  que  subit  ou  s’inflL  r/../^0pr®nienl 
de  purification  agissant  par  le  dehors  no.,  ■  L  ‘dée 
mécaniquement,  et  pouvant  ou  même  devant  éTJ? 
mstree  par  une  personne  étrangère  _  rp„  ‘ 
dis-je,  s’est  réfugiée  dans  le  mot  lustrare  et  ses  dé!i 

h^trati0)  lustrfmi  lustramen ,  lustra  mentit  m  «.avec  S 
adjectifs  lustral",  lustrions ,  lustri  ficus.  Ces  mots  1 
nymes  usuels  des  termes  archaïques  februare, 
fobruu  (=  purgare,  purgatio ,  purgamentum , 
gamen),  ont  conservé  le  sens  originel  de  leur  racine  I 
hi-°  (Xgùio),  le  sens  de  laver,  nettoyer,  purifier7  Mail 
lustrare  et  lustratio  en  ont  pris  un  autre,  dérivé  du 
premier  et  qui  s’est  combiné  avec  lui.  Comme  la purifj  ; 
cation  sacramentelle,  administrée  par  le  dehors,  est  appli-  ! 
quée  et  promenée  autour  de  la  personne  ou  de  l’objet  à 
purifier8,  l'idée  de  mouvement,  de  parcours,  se  joint  à 
celle  de  purification,  et  l’ensemble  offre  à  l’esprit  l’ image! 
d'une  procession  ou  «  pompe  »  rituelle,  qui  sème  en  j 
marchant  les  aspersions,  fumigations  et  bénédictions 
purificatoires.  C’est  là  le  type  complet  de  la  lustratio ,  tel 
que  nous  le  retrouverons  dans  quantité  de  rites  anciens, 
on  pourrait  ajouter  :  et  modernes. 

En  somme,  l’exégèse  philologique  ne  permet  pas  d’as¬ 
seoir  sur  tant  de  termes  interchangeables  une  distinction 
nette  entre  la  purification  ou  lustration  proprement  dite 
et  l’expiation  religieuse.'  C’est  que  ces  deux  manières 
d’échapper  aux  conséquences  d’actes  posés  ont  même  1 
but,  qu’elles  ont  été  employées  concurremment  ou  asso-1 
ciées,  et  que  les  circonstances  ne  permettaient  pas  tou¬ 
jours  de  définir  à  laquelle  des  deux  appartenaient  les  ] 
mesures  prises.  C’est  aussi  que  nous  n’avons  pas  affaire 
à  des  rituels  sacerdotaux,  mais  au  langage  courant.  I 
Les  Romains  eux-mêmes,  chez  qui  les  pontifes  s  atta-fl 
chaient  à  préciser  le  sens  des  termes  techniques,  le9 
Romains  confondent  souvent  la  lustratio  et  le  pan  uliim , 
ou  tout  au  moins  ils  conçoivent  l’expiation  par  olfiande® 

de  xiGaçji».  ( purgamentum ),  le  liquide  qui  lave  se  souillant  par  la  1  >• 

ment,  il  faudrait  admettre  trois  verbes  luo,  d’origine  différente,  poi"  ^ 

sens  de  souiller  (cf.  polluere),  laver  (cf.  abluere ,  eluere ,  ci  t-  | 

m.  «.  m  «...  •. ..  «  -  t1- "“cr;  i:,;;:..*  , 

•<  purifier  »,  pour  expliquer  le  sens  de  pollnbrum,  bassin  P.rfical /«f,  1“ 

dériver  illustrare  de  lustrare  au  sens  d’  «  éclairer  »,  et  cel lui-e.  du  ad 
a  donné  lux ,  lumen ,  etc.  ;  mais  il  y  a  ou  contamination  avec  e  g  corarae  Sol  j 

Les  sources  naturelles  de  lumière  sont  en  mouvement.  '  s  e*  ^  indécis  (lu*'  1 

lustrât  orbem ,  lamine  ou  lampade  terras,  laissent  le  sens  u  ^  ÿaJf. 
t  rabat;  aut  illustrabat;  aut  re  vera  lustraba  ,  Varrona  voulu  faiw| 
Nam  nox  quodammodo  polluit  mundum.  Serv.  Aut.  suustitncr  à  l'idée  de  J 

du  lustrum  non  pas  un  iou-epov,  mais  un  Xmpov,  c  051  a  1  f  ^  |e  Insinuai 
purification  celle  de  libération  par  le  paiement,  en  prenai  P 
censorial  :  Lustrum  a  luendo,  i.  e.  pe, n o  lve«  d  o,  ^  ^ 

anno  vectigalia  et  ultro  tributa  per  censores petso  ie  s  v.  Z«fs)  —  7l,e*l 

Cf.  les  élucubrations  de  Verrius  Flaccus  (ap.  Fest.  ‘ p>  ■  1  •  -  1  lustratio ,  <l«n 
...a  graeco  Un».  Hinc  dictum  lutum  terra  Immore  ^  h  bd.** 

quid  solvitur  ac  liberatur,  d’où  rapprochement  entre  ^  Aen,  11.^)- 

à  peser  l’argent.  Hoc  est  diis  lustrart ,  offensa  eoru  ^  dé-4  dans  le- 

L’étymologie  varronienne  a  parachevé  la  confusion,  q  ^  personnelle1’'  ^  I 
entré  purification  et  expiation,  entre  l’effaceme  jfeuire  (Serv.  F. cl-  '-  IM 

radiation  d’une  dette  contractée.  -  8  viclimae  in  rihusd,f.  I 

Lustratio  a  circumlatione  dicta  est  vel  taeda  ,  1  '  r0  (TibulL  1  j  J 

sulpkuris  (Serv.  ^n.  VI,  229).  Te  circum  pur(landa 

Lustraient  sic  rite  facem...  Circum  *»>«  ' 

(Claudian.  VI  Cons.  Honor.  322  sqq.).  Cf.  t  dos  lastrabaV  I 

«1»«1„  les  hostiae  circumforaneae  qu';;nJ,tUAw!A,„.4„i»., 

111,  2),  etc.,  et  ci-après,  Ambarvalta,  a 


les 

(Apul.  Met 


LUS 


1407  — 


|  compensa1.10"5 
1  ]ustrati°n 
■un  prodige 


et  supplications,  comme  produisant  la 

0u  purification.  Par  exemple,  ils  «  expient  » 

considéré  comme  indice  de  fautes  ignorées, 

•  ,.1(.rifjces  et  cérémonies  diverses  en  qui  se  com- 

Pal' 1,1 l'état  indistinct,  la  purification  et  l’expiation1. 

b‘nenL  '  veut  échapper  à  cette  confusion,  qui  tend  à  en- 

ip  coiet  le  culte  tout  entier,  car  il  n’est  pas 

f  éroonie  religieuse  qui  ne  requiere  des  officiants 

!  pistants  un  certain  degré  de  pureté  et  qui  n’ait 

011  a*ffct  de  les  rendre  plus  agréables  aux  dieux,  plus 

r".  pt  nlus  ours  2.  il  faut  établir  sur  les  faits 

«  pieux  »  et  puis  puis  •  , 

lino  théorie  assez  indépendante  des  mots  pour  dominer 
J"  variations  de  la  terminologie.  L’idée  qui  a  engendré 
Iles  pratiques  lustrales,  obscurcie  dans  le  monde  gréco- 
romain  par  l’intrusion  de  la  morale,  apparaît  très  nette 
dans  les  religions  orientales  et  dans  les  «  mystères  »  qui 
en  sont  issus,  mystères  païens  et  mystères  ou  sacrements 
|(psrôpi«,  sacramenta )  chrétiens.  Il  se  trouve  qu’au, jour- 
dïiui,  avec  nos  habitudes  de  langage,  la  lustration  appli¬ 
quée  aux  personnes  ne  peut  être  clairement  définie  et 
distinguée  de  l’expiation  que  par  assimilation  aux  rites 
[sacramentels.  Le  caractère  spécifique  de  ces  rites,  c’est 
d’employer  comme  remedia  anima, e  des  symboles  ma¬ 
tériels  ou  signes  sensibles,  auxquels  est  incorporée  une 
efficacité  secrète,  «  mystique  »,  distincte  de  leurs  pro¬ 
priétés  naturelles  et  apparentes3.  La  lustration  à  la 
mode  antique  est  une  opération  non  pas  faite,  mais  subie 
par  la  personne  —  individu  ou  collectivité  —  qui  en  ré¬ 
clame  le  bénéfice  et  qui  est  traitée  comme  un  malade, 
t’être  impur  ne  peut  pas  s’administrer  à  lui-même  la 
purification  sacramentelle 4  :  il  souille  tout  ce  qu’il 
louche;  à  plus  forte  raison  ne  saurait-il  donner  aux 
cléments  matériels  dont  il  voudrait  se-  servir  la  vertu 
mystique  qu’ils  n’ont  pas  par  eux-mêmes.  La  lustration 
doit  être  appliquée  du  dehors,  par  une  main  experte  et 
j  autorisée  :  par  le  prêtre  dans  les  religions  qui  ont  réservé 
ce  privilège  au  sacerdoce  ;  en  Grèce  et  à  Rome,  par 
les  i<  purificateurs  »  (xaôapvai,  àyviffTat',  7T£pt|jiâxTptai, 
BiaMcn  ou  initiateurs  (-reXeo-xat)  plus  ou  moins  qualifiés 
pour  cet  office,  s  il  s’agit  de  lustrations  individuelles; 
par  e  pere  de  famille,  s’il  s’agit  cle  lustrations  domes- 
îques  par  les  prêtres  officiels  ou  les  magistrats,  s’il 
J.*8" Je  lustrations  intéressant  la  cité;  et  elle  produit 
.  "  eflet  avec  une  sorte  d’infaillibilité  mécanique,  si 
ri  es  sont  bien  observés3.  L’expiation, 


Part  de  l'idée  de 


au  contraire, 
responsabilité  morale  ou  culpabilité  :  elle 

me  de  piaculares  hostias  signis  ?ninacibus 


■J1,1,  ll;  Prodi?«.  les  dieux  ont  coutu 

P°»f«fare  (Arnob.  VI  «i  „nlo  .  . c 

P'UferesAosfmen'è'  -  palse  Iwtrahbus  piamentis  (Apul.  Met.  III,  2).  Les 
^■163):Mé„œcé1V?trSm0inSlUStraleS-  1PlliSénie  est  distraie  caput  (Seuec. 
:53'h  :  Astyanax  ,J/  “/  ,et  devotum  caPx,t .  moenia  lustrât  (Stat.  Theb.  X,  777, 
lusMcdevail  are  6  llc^llum  mûris  (Sencc.  Troad.  635),  et  cette  victime 
l'udoutilc  sens  j,,  _  . ,  ' ntes’  ^x(l-  (038).  Les  Luperques  omne  solum  lustrant 

tek>uidesJeus  sécu|i!  immcn  habent  (Ovid.  Fast.  11,32).  Dans  les  procès- 
tmdi piandinue  ,  C?  '  \  *’  °n  trouve  ,es  expressions  accolées  :  fruges  lustra- 

Cecefcleenallrihuantun  etrt  lssnm’(U,  16).  —  2  Aristote  élargissait  même  encore 
rrl®iUneeérémonjerejj  6  11  à  la  tragédie,  qui  n'était  plus,  à  proprement 

?  ,u lp,,d  sacré  (sacra,»  y  3  Le  mot  sacramentum,  signifiant  d'abord  ce  qui 

‘""■là traduire  le  grcC|,  milltare<  actio  sacramenta),  a  servi  dans  la  basse  la- 

'"'bation  mystif,ue  mak  S°!t  a°  SeUS  s^n^^a,  de  secret,  soit  au  sens  restreint 
Sr,lpétiens n’hésitent  na'  ?  "  scu^emenl  aux  «  mystères  »  chrétiens. Les  polé- 

~  "" ",s el'rétiens,  notam,  *  lcconna'lre  1  affinité  des  lustrations  antiques  avec  les 
lion r""1  rl'"'inori‘>n  idoloru  d'CC  *C  ,Japtèmc-  Piabolus  ipsas  quoque  res  sacra- 
Mruo.  dans  Ovide  •  "”Jsteriis  aemulatur  (TertuU.  Praescr. 40).  l.adéfini- 
’i  I  lcs,|ucls  ell'acent  ml  °'  C,n'llJue  est  Vuo  corpora  nostra  piantur,  ou  des  pur- 
St„.  Uae  fauche  i  m  parl'l  T  omnem9ue  mali...  causant  (Ovid.  Fast.  H,  29- 
l"t"m  est  corporalc  rot  ’  ma's  comParable,  do  la  définition  des  sacrements  : 
acmJ  '  ‘  ^ne rePraesentan*  'n"  enale  elementum  foris  sensibiliter  proposition 
"m,n  ‘n 'isibiten  ct  ’■  **  t”-slltuü°ne  signifiants,  ex  sanctificatione  conti- 

sP‘ntalem  gratiam  (Hugo  S. Vict.  De  sacr.  christ,  fid.  1, 


LUS 

consiste  en  un  acte  ou  une  série  d’actes  voulus,  dont  lïn- 
téressé  prend  l’initiative  et  dont  la  valeur,  toujours  aléatoire 
et  incertaine,  dépend  à  la  fois  de  l’intention  de  celui  qui 
expie  et  de  l’appréciation  faite  de  ses  actes  par  les  dieux. 

En  conséquence,  nous  renverrons  à  l’article  piaculum 
non  seulement  l’énumération  des  péchés  à  expier,  et 
notamment  l’ample  casuistique  des  pontifes  romains  sur 
le  sujet,  mais  encore  les  expiations  ou  parties  d’expia¬ 
tions  qui  consistent  en  actes  accomplis  par  la  personne 
intéressée,  sacrifices  et  offrandes,  vœux,  prières  ef  pé¬ 
nitences  diverses6.  Seront,  au  contraire,  considérées 
comme  lustrations  toutes  les  cérémonies,  expiatoires 
c’est-à-dire  appartenant  aussi  à  la  catégorie  des  piacula 
—  ou  simplement  propitiatoires,  dans  lesquelles  l’offi¬ 
ciant  vise  à  purifier,  par  contact  effectif  ou  légalement 
présumé  de  symboles  matériels,  d’autres  personnes  ou 
objets  que  lui-même.  Il  suit  de  là  que  toute  purification 
appliquée  à  des  animaux  ou  des  objets  inanimés  est  né¬ 
cessairement  une  lustration,  et  qu’il  y  a  lustration  des 
personnes,  avec  ou  sans  expiation  proprement  dite,  quand 
la  purification  est  passivement  subie7. 

Ces  définitions,  maintenues  dans  toute  leur  rigueur, 
excluraient  de  notre  sujet  certaines  pratiques  généra¬ 
lement  désignées  comme  lustrales,  en  particulier,  l'usage 
de  l’eau  lustrale  et  d'ablutions  quelconques  employées 
par  les  intéressés  dans  un  but  de  purification,  sans  as¬ 
sistance  d’une  autre  personne.  Mais  il  faut  considérer 
que  ces  pratiques  ne  sont  que  des  imitations  des  lustra¬ 
tions  sacramentelles,  qu’elles  constituent  des  expériences 
sans  garantie  et  n’ont  chance  d’être  efficaces  que  si  l’on 
y  emploie  des  substances  déjà  pourvues  de  propriétés 
mystiques 8.  Il  n’y  a  pas  une  de  ces  lustrations  qui  ne  put 
être  faite  et  mieux  faite  sur  l’intéressé  par  une  personne 
compétente,  et  on  peut  croire  que  le  droit  de  se  passer 
d’un  secours  étranger  a  été  une  usurpation  due  à  l’ab¬ 
sence  ou  l’insuffisance  du  sacerdoce.  11  sera  fait  une 
place  à  ces  copies,  à  côté  des  modèles. 

I.  Instruments  de  purification.  —  Les  symboles  ma¬ 
tériels  qui  opèrent  la  lustration  ont  été  choisis  les  uns 
par  association  d’idées  naturelle  et  de  sens  commun,  les 
autres  au  nom  de  propriétés  occultes  créées  par  les  rai¬ 
sonnements  obscurs  de  la  foi. 

Au  premier  rang  figurent  l’eau  et  le  feu,  l'élément  qui 
lave  les  souillures  et  celui  qui  les  détruit.  L'action  natu¬ 
relle  de  l’eau  se  convertissait  en  une  action  mystique, 
qui  pouvait  être  accrue9  soit  par  la  vertu  spéciale  à  cer- 

9,2).  Bou  nombre  des  instruments  de  lustration  se  retrouvent,  soit  dans  les  sacramenta, 
soit  dans  les  sacramentalia  ou  sacramenta  minora  (eau  bénite,  rameaux,  encens, 
cierges,  cendres;  objets  bénits,  indulgenciés,  etc.  Cf.  Us  rites  de  la  dédicace  des  églises 
et  do  leur  purification  en  cas  desouillure). —  t  Voir  les  exemples  ci-après,  notamment 
la  défense  à  l'homicide  de  loucher  l'eau  lustrale.  —  5  La  question  qui  a  si  longtemps 
troublé  l’Église,  à  savoir,  si  l'efficacité  des  sacrements  dépend  de  la  moralité  de  celui 
qui  les  administre,  ne  parait  pas  avoir  été  soulevée  dans  l'antiquité.  — fi  Une  expression 
comme lustralia  rota  (Val.  FL  Argon.  111,  414)  est  une  catachrèse.  De  même  lustra 
sacrificare  (Liv.  XLV,  41).  —  7  Les  textes  ue  se  préoccupent  guère  de  cette  condi¬ 
tion  importante.  Tel  dira  que  chaque myste[/_oïfov]  ûrtp  Eajtoff  îtjiv  (Schol.  Aristoph. 
Ac/inrn.  747),  alors  qu'il  s’agit  de  lustrations.  —  8  Ce  sont  les  sacramentalia  antiques. 

—  9  L'eau  pure  ou  eau  courante  est  «  lustrale  »  par  elle-même  ;  les  Romains  n'en 
employaient  guère  d'autre.  Ablutions  flumine  riro  (Virg.  Aen.  Il,  719).  dans  le  Tibre 
(Hor.  Sat.  II,  3,  290-  295  ;  Pers.  II,  15  sqq.  ;  Juven.  VI,  523),  para  agua  (Prop.  IV,  8, 
84),  para  lympha( III,  10,  13),  lymphis  a  fonte  petitis  (111.  3,  31),  fiuminea  agua 
(Ovid.  Fast.  II,  45),  fontis  agua  (Tib.  Il,  1,  14).  Ovide  a  disserté  une  fois  sur  les 
raisons  qui  font  associer  l'eau  et  le  feu  dans  les  lustrations  ;  il  ne  parle  pas  de  l’eau 
lustrale  (Fast.  IV,  783-800).  11  ne  définit  pas  l'eau  dont  Ipbigéuic  asperge  Orestc  et 
Pylade  :  Spargit  aqua  captos  lustral i  Grain  sacerdos.  Cf.  solenmis  lympha  (Virg. 
Ciris,  14).  Philon  (De  sacrif.  p.  848  c)  constate  la  diversité  des  usages  :  oî  piv  iUoi 
oypSiiv  ïmxvTSS  àpiyct  SSoui  uiptppaivovrac,  dodirrri  ptv  oi  itoXî.ot,  vtvi;  St  Kovipot;,  ol  St 
xâXueffiv  tx  x x; vùj v  àouôpEvoi.  11  omet  1  eau  lustrale  à  la  mode  grecque,  qui  s'est  cependant 
conservée  dans  l'eau  bénite  (avec  sel  et  infusion  simulée  du  feu  par  le  cierge  pascal). 


lus 


—  1408  — 


taines  sources  sacrées1,  soit,  par  addition  naturelle  ou 
artificielle  de  sel  -,  soit  par  une  combinaison  de  l’eau  et 
du  feu,  réalisée  en  plongeant  dans  l’eau  des  torches (Sàoeç, 
oaXo!,  oxl!x,  taedaé)  allumées  à  l’autel.  C’est  en  usant 


de  ces  divers  moyens  à  la  fois  qu'on  obtenait  l’eau  dite 
lustrale  par  excellence  (xxGipct 


-r 

Fig.  4681 .  —  Labrum  près  d'un  hermès  de  palestre. 


tov  üôtop,  aqua  lustralis)3, 
destinée  surtout 
à  l’ablution  des 
mains  (yépvttj/)  et 
mise  à  la  portée 
des  lidèles  dans 
des  bassins  ou  bé¬ 
nitiers  (  yspvtcU; , 

Ttcptp  pavTTjpta ,  LA¬ 
BRUM)  à  l’entrée  des 
lieux  consacrés  au 
culte  (fîg.  4680)  \ 
ou  des  lieux  de 
réunion,  comme 
l’agora  (ci-après) 
et  peut-être  les  pa¬ 
lestres  (fig.4681)5. 
On  l’employait 
aussi  en  asper¬ 
sions  au  moyen 


d'un  rameau  d’arbre  (nsptppavrqptov,  fb.XXoç  :  voir  ci-après, 


1  Voir  ci-aprcs.  —  2  Cf.  Menand.  ap.  Clem.  Strom.  VII,  p.  714;  iïkujoi 
p-Ep.typ.tvov...  àoXaoè;  uSup  (Theocr.  XaIV,  96).  Pour  l'eau  de  mer,  ôàXatro-a 
*Xû£ei  irdvca  TàvOpûz uv  xaxà  (Euripid.  lphig.  laur.  1167).  L’armée  pestiférée 
des  Achéens  se  baigne  daDs  la  mer  (Hom.  lliad.  I,  313  sqq.).  Purification  des 
mystes  :  àXa St  p.u<rrat  (Hesycli.  I,  p.  216),  etc.  Les  femmes  de  Tanagra  se  baignent 
dans  la  mer,  xa0a?<x?wv  evcxa  (Pausan.  IX,  20,  4).  Le  superslilieux  de  Théophraste 
[Char.  30)  ne^tppavâ{xevo;  àxb  ôaXâxTTjç  èict{AeAw$.  Cf.  Apul.  Met.  XI,  1.  Sur  l’emploi  du 
sel  dans  le  culte  romain,  voir  Klausen,  A  e  ne  as  und  die  Penaten,  p.  633-635. 
Cf.  Marc.  9,  49  (na.tr a  Qu aî a  àXt  àX^rO-qaetai).  —  3  Sur  la  confection  de  l’eau  lustrale  : 
Euripid.  Herc.  fur.  928.  Schol.  Aristoph.  Pac.  959.  Athen.  IX,  p.  409  b.  Cf.  les 
bacchantes  romaines,  cum  ardentibus  facibus  decurrere  ad  Tiberim  (Liv.  XXXIX, 
<3).  Eau  «  de  trois  sources  »  additionnée  de  sel  et  de  lentilles  (Menand.  ap.  Clem. 
Strom.  VII,  4,  27.  p.  303  Svlb.).  On  n’entrait  pas  dans  une  enceinte  sacrée,  etàw  >.v 
iuçt££avTYiçtttv  (Pollux,  I,  8),  sans  s’étre  aspergé  :  àv  uicspfaéyot  e?  jxr,  àyveuot, 

C-<TS0VTE5  nejtpjraivo'teeOa,  *tX.  (Hippocr.  Morb.  sacr.  2)  :  —  |a*i  dtriv/ai  eîffw  t*ùv 
-tçi^av-cîj^tüv,  oart;  jx>(  xaôapd;  itrti  yEtpaç  (Lucian.  Sacrif.  13).  L’autel  et  les 
assistants  purifiés  par  aspersion  (Hcsjch.  s.  v.  $aXtov.  Athen.  Z.  c.),  vdpm  'EXXijvixÇî, 
c’est-à-dire,  usage  païen  (Sozom.  VI,  6).  T  à.  wpb  TÙiv  tepwv  Tîept^&avTiQÇia  xaOaçpot  ‘/ta. 
(Pollux,  I,  32).  A  Rome,  Catilina,  après  avoir  tué  M.  Marius  Gratidianus,  se  lave  lc9 
mains  :.r,  *Eptpç«v?y)çto>  -où  'AicôXXwvoç  (Plut.  Suit.  32).  Le  delubrum  romain  a  pu 
être  synonyme  de  yéçvt<!»  ou  iccpipfavTqçiov  :  sens  oublié  par  les  étymologistcs. 
Sur  l’installation  des  rcotôjavr/.ç-.a,  voir  K.  Botticher,  Tektonik ,  IV,  p.  48  sqq. 


LUS 


Fig.  4681  -  A&pcrsoip.j 


tlg.  4685)  doué  d’une  vertu  analogue  i,  ■ 
vi.T".  C’est  de  cette  face,,  qWb  »»  ,|| 

Rations  qui  purifiaient  l’autel  ],.s  •  aux  ltisl 

assistants.  On  sait  qu’à  Rome  el  N 

des  insignes  des  pontifes  [pontifices  ,,dlsail  Wi 
simple  rameau,  mais  un  instrument  spéci -fi  pll's  ^ 
fréquemment  représenté  sur  les  monnaies  '(!|n  s°Upill°n, 
reconnaître,  parmi  d’autres  objets  servant  ■'  qU  °0  pe1 
plusieurs  bas-reliefs  (fig.  4682) 1  <ni  *  "Re,  dans  1 
et,  celte  fois,  à  usage  chrétien, 
dans  une  peinture  des  Catacombes 
(fig.  4683) 8.  Il  leur  appartient  surtout 
comme  symbole  des  purifications 
accomplies  sous  leur  surveillance 
par  les  Vestales  [vestales].  Les  Ves¬ 
tales  n’étaient  pas  seulement  char¬ 
gées  de  purifier  le  temple  de  Vesta 
et  ses  appartenances  et  de  procéder  en  personne  le 
cas  échéant,  à  d’autres  lustrations  solennelles8-  c’est  J 
leurs  mains  pures  qu’était  confiée  la  préparation  des 
ingrédients  dont  l’usage  était  obligatoire  dans  un  grand 
nombre  de  lustrations  rituelles.  Telle  était  la  mola  misa 
(ou  mola  cas/a  su/sa ,  far  pium),  gâteau  de  farine  salée, 
dont  les  miettes,  égrenées  sur  la  tète  des  victimes  «  im’ 
molées  »  au  nom  de  l’État, 
leur  conféraient  la  pureté 
légale10.  La  confection  de  ce 
charme  magique  avait  lieu 
seulement  trois  lois  l’an  (15  fé¬ 
vrier,  9  juin,  13  septembre), 
mais  les  préparatifs  en  étaient 
longs  et  minutieux.  Le  sel 
brut  devait  être  broyé  dans  un 
mortier,  puis  cuit  au  four  dans 
un  vase  d’argile  dont  le  cou¬ 
vercle  était  lu  té  au  plâtre.  La 
masse  fondue  était  alors  découpée  avec  une  scie  de  fer 
et  conservée,  dans  une  grande  jarre,  au  garde-manger 
(penus)  de  Vesta.  L’eau  devait  être  puisée  à  une  source, 
et  non  amenée  par  des  tuyaux.  La  farine  provenait  d épis 
cueillis  par  les  Vestales  du  7  au  14  mai,  dont  le  graijj 
était  torréfié,  broyé  au  pilon  et  passé  à  la  meule,  toujours! 

par  les  Vestales  en  personne11. 

L’eau  ne  déterge  que  les  surfaces  :  1  action  pendrant® 
et  irrésistible  du  feu  faisait  de  lui  le  purificateur  paj 
excellence  12„  Ce  dieu  d’Héraclite  et  des  Slo'ù  i|,|is 


Fig. 


m  » 

4683.  —  Aspersoir. 


avait 


—  4  Bas-relief  du  Vatican  ( Arch .  Zeit.  1847,  pl.  iv).  J  1  c*nlm'  ^  iioi  mani  ct  de  j 
à  figures  rouges  (Gerhard,  Akad.  Abhandlungcn ,  pb  LXl11’  11  ‘  I 

Witte,  Élite  céramogr.  III,  pl.  lxxx;  Monum.  Inst.  ^  /lUfnida 

roratas  laurea  misit  açMas(Ovid.  Fast.  IV,  728;  cf.  ^  (jc pesie, par d^  I 

(Juven.  II,  158).  Cf.  Plia.  XV,  §  135.  Les  Milésiens  purifiés,  e“  leï"pj?.  ooo  | 

aspersions  Sàsvr.ç  y.XâS*nç  (Clem.  Al.  Strom,  V ,  4,  48,  p.  -43  S>  '•  |ut.^ra|jon.s  funé-  ] 

pas  une  exception  (Serv.  Aen.  VI,  230),  mais  .réservé  P0"1  ^  ^  _ s  Perretfj  I 

raires.  —  1  Clarac,  Musée  (Je  sculpture ,  pl.  220,  n°  r,°  ' .  ,  ( nmilicatio0  f 
Catacombes  de  Home,  V,  pl.  ix,  n°  18  bis.  —  0  rac .  Hist.  •  .,,.rc  [ignre  aussi  ■ 

l'aire  du  T.  de  Jupiter  Capitolin).  —  ,f)  Dans  les  saciiliccs1  fa-.ji (0^JSS‘  j 

la  farine  :  ir.\  S’aXçixa  Xtuxà  wàXuvov  (Hom.  Odyss.  XI,  -s)>  ^  pl.  ."ü ;  | 

XIV,  429);  rite  emprunté  à  la  cuisine  luimaiue  (Hom.  I  "a  •  .1 

XIV,  77).  —  U  Fest.  et  Fesl.  Epit.  s.  vv.  Ador,  Costa  mo  a  ^  sa I. 

p.  3,  63,  110,  158-139;  Serv.  Ecl.  VIII,  82;  Non.  p.  \[|,  173).  Le>pl  ] 

quibus  rebus  et  cultri  aspergebantur  ct  victimae  ' ’<’1  mica 

employé  tout  chaud  aux  Lupercales  (Censorin.  2-L  F3p  ,.^unis  dalis  lcs 
(Ovid.  Fast.  Il,  24).  CL,  pour  l’emploi  du  far  pi"'",  lc,s  Ilerc.  j 

de  Klausen,  Op.  cil.  p.  022,  632-034.  -  12  ^  llmlm  r»'Hj 

927);  -/o.0e/.oTix8v  ,ào  Tïàvxitiy  tô  rcyp  (Scliol.  AiiU.  i.nncS  et  ast1*0^’^11 , ■ 

edax  ignis  (Ovid.  Fast.  IV,  785).  Dans  les  docliincs 
...  .  .  .  nar 


la  purification  et  régénération  du  xcIuiao;  s  operc  p«  ^  ^ 
Cf.  Bouché-Leclercq,  L' Astrologie  grecque,  Paris,  1-8  L,  I 


—  1409  - 


LUS 


LUS 


H  ,  Héraklès  de  son  enveloppe  mortelle  pour  en 
déP01" l’être  divin,  et  c’est  du  bûcher  que  s’envolaient 
dégaf  '  v„x  les  mortels  divinisés  [apotueosis]  ou  le  fa- 
VerSl  >t'liénix.  H  purifiait  moins  à  fond  les  vivants. 
bU  r'rrndü  de  Démophon  passe  au  feu  par  Démêler  1  a 
U  w. , les  imitations  littéraires2,  mais  point  d’appli- 
®U5L  pratiques.  On  employait  le  feu  sous  forme  de  fu- 
c' dont  l’effet  dépendait  de  la  vertu  spécifique 

des  substances  mises  en 
œuvre  (suf'/imenta).  La 
plus  active  était  lesoufre 
(Oetov,  sulfur),  qui  figure 
dans  une  foule  de  lus¬ 
trations  privées  ou  pu¬ 
bliques3,  et  notamment 
dans  la  liste  des  suf pi¬ 
menta  distribués  au 
peuple  romain  à  l’occa¬ 
sion  des  Jeux  séculaires 
(ci-après).  Puis  venaient 
la  poix,  le  bitume,  l’en¬ 
cens  (fig.  -468-4)  \  et,  en 
général,  toutes  les  sub¬ 
stances  odoriférantes  , 
soit  jetées  sur  le  foyer  de 


Fig-.  4684.  —  Purification  par  l'encens. 


l’autel,  soit  incorporées  à  des  torches  (oaoeç,  taedae,  faces 
dont  les  vapeurs  ou  exhalaisons  (Ôu^tigaTa),  promenées 
avec  lesdites  torches,  chassaient  les  mauvais  esprits  3. 

L’action  du  feu,  qui,  on  l’a  vu  par  la  coction  du  sel 
de  la  mola  salsa,  purifie  même  les  substances  puri¬ 
fiantes1'1,  se  mêle  de  bien  des  façons  aux  rites  de  lustra¬ 
tion.  Son  rôle  dans  le  sacrilice  est  assez  connu.  C'est  en¬ 
core  le  feu  qui  crée  ou  exalte  la  valeur  lustrale  des 
cendres  de  certains  végétaux,  de  certaines  victimes  ou 
parties  de  victimes.  A  Rome,  la  cendre  des  veaux  brûlés 
aux  Fordicidia,  mélangée  par  les  Vestales  au  sang  de 
fOctober  equus  (ci-après),  constituait,  avec  une  flambée 
de  paille  de  fèves,  les  februa  casta  utilisés  aux  Par  ilia, 
concurremment  avec  les  fumigations  de  soufre,  d’olivier 
male,  de  laurier  et  d’ «  herbes  sabines  7  ». 

Une  vertu  purifiante,  indépendante  de  la  combustion 
ou  de  l’aspersion,  était  attachée  à  certaines  espèces  végé¬ 
tales,  pour  des  raisons  dont  quelques-unes  relèvent  pro¬ 
bablement  de  la  pharmacopée8.  Le  laurier,  grâce  à  la 
rehgion  apollinienne,  qui  aspirait  au  monopole  de  la 
purification  aussi  bien  que  de  la  révélation,  était  hors  de 
pair.  Comme  Apollon  tuait  les  êtres  malfaisants,  le  laurier 


éloignait  les  influences  pernicieuses;  il  passait  même 
pour  préserver  de  la  foudre,  qui  n  osait  le  toucher.  C  est 
probablement  la  raison  pour  laquelle  d'aucuns  croyaient 
qu’il  n’était  pas  permis  de  le  brûler,  et  qu’il  protestait 
par  ses  crépitements  contre  un  pareil  outrage®.  Il  puri¬ 
fiait  par  lui-même,  à  l’état  de  rameaux,  —  Apollon  ne 
voulait  pas  d’autres  balais  pour  son  temple  de  Delphes 
-  et  des  casuistes  ingénieux  avaient  imaginé  que  le 
laurier  triomphal  purifiait  les  vainqueurs  du  sang  versé  '  ' . 
Des  branches  de  laurier  fichées  en  terre  dans  un  champ 


de  blé  le  préservaient  de  la  «  rouille  » 12.  On  se  servait 
de  rameaux  comme  de  goupillons  (fig.  4685 113.  L'olivier 
remplaçait  le  laurier  dans  le  culte  des  divinités 
chthoniennes  et  les  rites  funèbres.  C’est  une  branche 
d’olivier  entourée  de  bandelettes  (Tatviat,  vittae )  qui 
constituait  lVtpEfftcuvT,,  attachée  aux  portes  des  maisons  a 
Athènes  en  guise  de  phylactère  [eiresioné,  pyanepsia, 
tuargelia].  La  figue,  sinon  le  figuier,  jouait  un  rôle 
analogue14.  Parmi  les  espèces  qui  ont  pu  être  choisies 
en  raison  de  leurs  propriétés  médicinales  figurent 
l’hellébore  et  surtout  la  scille15.  On  les  employait  soit 
en  nature,  soit  en  décoction  (iniofîptiypf. 

Il  est  impossible  et  inutile  de  faire  un  dénombrement 
complet  de  toutes  les  préparations  de  la  pharmacopée 


1  Hymn, 
causte  ?)  ; 
idola 
IH,  13, 

comù'11  *  ‘ S  ’  Mud.  XVI,  37),  Achille  dans  le  feu  ou  dans  l’eau  bouillante, 

cli  i  Ia'*<m  *C  1 eau  ^u  lcu-  De  même,  Ialivé  purifie  les  lèvres  d’Isaïe  avec  un 
J--1-  pris  sur  l'autel  (Is.  6,  5-6).  -  3  Cf.  Hom.  lliad.  XVI,  228  ; 
Mon  ni  |  S*  S,*f*  ’  ^  ^eocr-  XXIV,  95  (soufre,  eau  lustrale  salée  et  sang  de  porc)  ; 
Clcm  //  /'  *  <^rom‘  P-  303  Sylb.  (soufre,  eau  salée,  lentilles);  Diphil.  ap. 
tike  II,.  /  sou^l,t'i  bitume,  scille,  etc.).  —  4  Bas-relief  de  la  villa  Ludovisi  (An- 


Hom.  Jn  Cerer.  234-267.  Cf.  le  rite  oriental  (lustration  ou  holo- 
Acliaz  filium  sinon  consecravit,  transferens  per  ignem  secundum 
fliutium  (IV  Reg.  16,  3).  —  i  Vov.  le  thème  repris  pour  Achille  (Apollod. 
A  poil.  Rhod.  IV.  865-878;  cf.  Schol.  Ap.  Rh.  IV,  816;  Schol. 


j p  h  y  (ni's"^61  '  Vl0*  —  h  Purification*  des  temples  par  les  torches  (Eurip. 

liiphilo  ’r  i  des  personnes,  voir  les  textes  précités  de  Ménandre  et  de 

Claudian  v  ^  **  {lustrare  taedis)\  Trop.  V,  8,  83  sqq;  Ovid.  Met.  VII,  261  ; 

avait  dérid’1  '' SM,S*  ^  8),  etc.,  elles  taedae  matrimoniales  (ci-après).  —  6  Nu  ma 

—  7  qvj(|  jy  "n"  csse  purum  ad  rem  divinam  nisi  tostum  (Pim.  XVIII,  §  8). 
in  aquam  as  ^  ^-0-640,  725-742.  Cf.  les  cendres  de  la  vache  rousse  employées 

o/eas,  t(i<>,ln>Cl  S'°n*S  ^um  Il  Y  a  contradiction  entre  l'usage  :  Ure  marcs 

(v.  74l.->).  ’  ^cr^asQue  Xabinas,  Et  crepel  in  mediis  laurus  adusta  focis 

sa  cris  cr(:  ni  ^ncende  bituminc  laurus  (Virg.  Ecl.  VIII,  82)  ;  Et  succensa 

Pline  (XV  ^  \  [ nc  ^ aure(l  flammis  (Tib.  II,  5,  81),  et  l'assertion  recueillie  par 
Adeoquc  in  jirofanis  usibus  pollui  laurum  et  oleam  fas  non 


est,  ut  ne  propitiandis  quidem  numinibus  accendi  ex  his  altana  araeve  debeant. 
Les  torches  de  la  deductio  matrimoniale  devaient  être  (sauf  variantes,  voir  ci-aprcs) 
en  aubépine  (ê<x;avo;,  spina).  Hcsych.  s.  v.  ;  PJiu.  XVI,  §  75  ;  Schol.  Nicand.  Thcr.  861 . 

_  8  Sur  le  culte  et  les  propriétés  mystiques  des  végétaux,  voir  K.  Bottichcr,  Dcr 

Baumkultus  der  Hellenen ,  Berlin,  1856.  —  9  Plin.  Loc.  cit.  —  W  Euripid.  Ion , 
IH  sqq.  _  il  Quia  suffimentum  sit  caedis  hostium  et  purgatio,  ut  tràdit  Masu- 
rius,  opinion  que  Pline  ne  partage  pas  (XV,  S  135),  quoiqu  il  sache  que  eadem  lau- 
rus\  purifeationibus  adhibetur  (%  138),  suffimentis  purgationibusque  (Serv.  .4e». 
I,  329).  Fest.  p.  117,  s.  v.  Laureati  (ut  quasi  purgati  a  caede  humana  intrarent 
Urbem).  _ 1-  Plin.  XVIIl,§  161  (avec  explication  soi-disant  scientifique).  —  13  Pein¬ 

ture  de  Pompéi  (Museo  Dorbonico ,  VI,  pl.  m).  —  Suxôoto;  7.ij -  6  xa6âç<r.o;,  tt, 
yùç  ffuxîj  ÈypioVTo  tv  xaGaçxnoi;  (Hcsych.  S.  V.  nuxâ^ttv)  —  -à  yà?  <xjx«  [uilr/'x  xaXtTaôou 
(Athen.  III,  p.  78  c).  —  13  Aà'Sixat  axfXXti  -tçtayvt^ttv  (Lucian.  Necyoni.  7  ;cf.  Alex.  47)  ; 

(lia  axtX^Y!  -e  ;xta  —  6cim  T  à<T5àXT«:»  te  (Diphil.  ap.  Clcm.  Strom.  VII,  4,  26, 
p.  303  Sylb.).  Le  superstitieux  de  Théophraste  ( Charact .  30)  a  soin  de  dxOtXr,  r, 
(TvûXaxt  xeXeûhr ai  auTov  lîtptxaOajai  contre  le  mauvais  œil.  L'hellébore  noir,  quo  et 
domos  suffiunt  purgantque ,  spargentes  et  pecora ,  cum  precationc  sollemni 
(plin.  XXV,  §  49).  Digitos  ponds  apioque  lustrare  (Petron.  Satyr.  137).  Cf. 
lenumération  des  plantes  (pii  croissent  dans  làXiroç  d'Artémis  et  avec  lesquelles 
Médéc  fabrique  des  TéXîTà;  xcù  OûiyOXcr.  xaOa^jAwv,  xaOào|Aa-:a  (Orph.  Argon.  904* 
932). 


LUS 


lustrale,  livrée  à  l’imagination  féconde  des  fabricants  de 
phylactères  [cf.  amuletum,  fascinum]  et  de  recettes  pro¬ 
pitiatoires  ou  dépulsoires  de  toute  sorte*.  Un  procédé 
qu  on  dit  avoir  été  employé  dans  les  initiations  mystiques 
consistait  à  représenter  la  souillure  avec  de  la  boue  et 
du  son,  et  à  l’essuyer  pour  opérer  la  puritîcation  2.  Les 
amateurs  de  classifications,  une  fois  la  part  faite  à  l’eau  et 
au  feu,  considéraient  les  ingrédients  minéraux  et  végé¬ 
taux  comme  la  part  contributive  de  la  terre.  Pour  mettre 
en  réquisition  la  nature  entière,  ils  s’obligeaient  à  trou¬ 
ver  l’emploi  du  quatrième  élément,  l’air.  Celui-ci  eut 
pour  lot  les  purifications  symbolisées  par  le  van  bachique 
^ci-après,  fig.  4690)  et  par  les  figurines  [aiora,  oscilla, 
pilae  qui  se  balançaient  aux  souffles  de  l’atmosphère3. 

Mais  ces  poupées,  comme  celles  que  nous  retrouverons 
dans  la  cérémonie  des  argei,  n'étaient  que  des  substituts 
des  victimes  humaines,  plus  communément  représentées 
chez  les  peuples  civilisés  par  des  victimes  animales  L 
Le  sacrifice  sanglant,  devenu  par  consentement  universel 
le  centre  et  point  d’appui  de  tous  les  cultes  5,  est  l'ins¬ 


trument  par  excellence  de  la  lustration  «  vm  ■ 
vie,  ou  plutôt  considéré  comme  étant  la  1,cul(i  de  la 
le  sang  était  censé  céder  sa  force  vitale  à  Y  T 

“  entrait  «  ™nlacl  «  «  charger,  par  ,«1?'  Ie« 
des  erermes  Hp  _ î.-r.  t  Occulte 


.les  germes  de  mort  et  rnaléte  que  r eïd  * 

Mais  le  sacrifice  était  aussi,  par  application  m  CeIui'ci’ 
gible,  Sln0n  Plus  morale,  du  même  princin^  T  "ltelli' 
tution,  le  moyen  le  plus  efficace  d’expier  les  f  ,  SUbstU 
mises.  Dans  toutes  les  religions,  le  sacrifie*  ,  Com' 
un  rachat  en  une  monnaie  dont  la  valeur  '  Unl  est 
suivant  le  nombre,  l’espèce,  le  sexe  et  l’à,e  T  gr,adllée 
Le  coupable,  au  lieu  de  payer  avec  sa  vie  éteint 
en  o tirant  celle  de  ses  semblables  ou  d’animaux  recon ^ 
propres  à  ce  rôle  de  substituts  (hostiae  animale*  Tl 
de  la,  de  ce  double  emploi  du  sacrifice,  lustral  et  expia 
toire,  qu  est  née  la  confusion  d’idées  dont  on  „e! ! 
plus  sortir  sans  rompre  avec  des  habitudes  invétérées 
Cette  confusion,  que  Varron  essayait  de  supprimer  en 
ramenant  la  lustration  à  n’ètre  plus  qu’un  paiement1 
s  est  perpétuée  et  vulgarisée  au  point  de  résister  désor- 


Fig.  4686.  —  Cérémonie  du  Dios  Kodion. 


mais  à  1  analyse,  par  le  fait  de  la  doctrine  chrétienne  de 
la  Rédemption,  celle-ci  étant  présentée  à  la  fois,  en  thèse 
générale,  comme  un  rachat  ( redemptio ),  et,  dans  l’appli¬ 
cation  sacramentelle,  comme  une  purification,  une  rémis¬ 
sion  des  fautes  «  lavées  »  dans  le  sang  du  Rédempteur8. 

Il  nous  faut  retourner,  pour  comprendre  les  rites  de  la 
lustration,  au  point  de  vue  des  primitifs.  D’après  les  rites 
connus,  on  peut  distinguer  deux  façons  de  concevoir  et  de 
pratiquer  la  lustration  parle  sacrifice.  Dans  tousles  cas,  la 
victime  sacrifiée  devient  un  xâflxpgx,  un  récipient  que  l’on 
charge,  par  le  pouvoir  des  formules,  de  toutes  les  tares  à 
supprimer,  de  sorte  que,  en  le  détruisant,  —  le  plus  sou¬ 
vent,  par  le  feu,  —  on  anéantit  les  souillures  avec  leur 
support  matériel9.  Mais  la  lustration  par  le  sang  exige  que 
la  victime  soit  pure  au  moment  de  l’immolation,  comme 
dans  les  sacrifices  ordinaires.  C’est  par  la  lustration  même 


1  En  général,  qu.aecumque  purgamenti  causa  in  quibusque  sacrificiis  (au  sens  géné¬ 
ral  du  mot)  adhibentur,  februa  appellantur  (Fcst.  Epit.  p.  85,  s.  v.  Februarius ).  Cf. 
ilola  salsa,  Tus,  Sanguis,  Vérbenarum  suffitio  (Arnob.V,  3);  verveine  (veçuriefsiiv, 
.'tfaSo-rùvr.),  fougère  (àSiVvvov),  etc.(Eustatl).  ad  Odyss.XXll,  481.  Plut.  Sympos.  1,  1,4). 

-  Harpocr.  s.  v.  'Arojiàvruv.  Demosth.  Coron.  259. — 3  Omnis  autem  purgatio  aut 
peraquam  fit, aut per  ignem,  autper  aerem...  ut  nunc per  oscilla  (Serv.  Georg.  Il, 
389).  jXam  triplex  est  omnis  purgatio  :  aut  enirn  in  terrapurgantur...  et  haec  igni 
dicuntur purgari.  lgnis  enim  ex  terra  est...  Nam  aut  taeda purgantur  et  sulphure 
I lerrc  ct  feu],  aut  aqua  abluuntur,  aut  aere  ventilantur,  quod  erat  in  sacris  Liberi 
(Serv.  Aen.  VI,  741).  C'est  la  théorie  des  éléments  ramenée  à  la  trichotomie  stoï¬ 
cienne.  *  Le  totémisme  renverse,  de  l’animal  à  l’homme,  ce  processus  de  la 
substitution.  Cf.  à  Hiérapolis,  les  enfants  sacrifiés  comme  «  bœufs  »  (Lucian.  Dea 
Syr.  58).  6  Idée  développée  avec  une  logique  féroce  par  J.  de  Maistre,  Eclair¬ 
cissements  sur  les  sacrifices.  —  6  Cf.  l'expression  to  S.y 05  (Herod.  VI,  91). 


que  le  sang  se  souille  et  que  le  corps  exsangue  se  charge 
des  maléfices.  Le  sang  des  victimes  a  toujours  un  effet 
utile,  expiatoire  ou  propitiatoire  ;  mais  il  n’est  réellement 
un  xa0app,ôç,  un  engin  matériel  de  purification,  que  quand 
il  y  a  contact,  réel  ou  présumé,  du  sang  avec  la  personne 
ou  l’objetà  purifier.  Le  contact  peut  être  établi  par  onction 
ou  aspersion,  ou  encore  par  la  peau  de  la  victime, 
endossée  comme  vêtement,  prise  comme  masque,  foulée 
comme  siège  ou  support  quelconque10:  rites  du  dios 
kodion  (fig.  4686) 1  *,  des  Lupercales  et  du  mariage  romain. 


Il  l’était  pleinement  dans  le  baptême  du  sang  taurobo- 
lium],  importé  d’Orient  dans  le  monde  gréco-romain, 
cérémonie  répugnante  qui  est  restée  confinée  dan^ 
les  cultes  orientaux.  Ce  mode  de  lustration  n  est  guère 
applicable  qu’aux  individus  ou  à  des  objets  définis  d 
présents.  S’il  s’agit  de  purifier  des  collectivités  'arlil?' 


7  Voir  ci-dessus,  p.  1406,  7.  —  8  Voir  dans  S.  Paul  ( Bebr .  9,  22)  la 

iv  êv  at>aTi  icâvTa  xaOapi-,* 

Le  sang  de,  l’Agneau  de 

oJxoufAiivrjç  àiràirvjç  xotvoç  yéy ove  xaûap|/.éi;  (lo.  Chrys..  De  COTlSubst .  o  •  Ai  ^  ^ 

le  prêtre  immole  tov  Kûotov,  dont  le  sang  jaillit  sur  les  assistants  ^  7  ^  pr0. 

ocvt<r<ro{uvouç  aV|xaTt.  Io.  Chrys.  De  Sacerd.  III,  4)  :  excès  de  langage  ,> 

celui 
lias 


de  J.-C.  aux  victimes  de  l’ancienne  Loi  :  xat  <x y 

■rbv  vojaov,  xat  ywp'tç  aîptaTexyuata^  ou  ytveTat  aiea: 


voqué  par  une  comparaison  latente  avec  le  taurobolc.  Lasaulx  >ou 
étudie  «  les  sacrifices  expiatoires  des  Grecs  ct  Romains,  et  leui  1  aPP 


t,  avec 


du  procédé,  ut  lues  publia  »> 


du  Golgotha  ».  —  9  Ou  avait  encore  conscience  du  pro,-.-..-,  --  ™  temps 

hoslias  verteretur  (Serv.  Aen.  11,  140),  lorsqu'on  immolait  des  vid"'  ^  ^  jjjj 
d’épidémie.  Cf.  la  substitution  volontaire  par  devotio.  10  ' 011  |,mjp  Plioen. 
et  de  sanglier  et{  àviimuim  vîlv  Êsvwv  dans  la  maison  d’Adraste  (»c  1  •  coilection 
410),  et,  ci-après,  le  A, b;  xûSto».  —  11  Peinture  de  vase  :  hydi ie  '< 

Dzialynski  (de  Witte,  Antiquités  de  l'Hôtel  Lambert,  pF  xxll)‘ 


LUS 


—  1411 


(,t  eSpaces  quelconques,  ou  l’air  ambiant,  le 
deS  x.ünics  maléfices  s’opère  sur  les  victimes  vivantes, 
■  recueillir  les  «  miasmes  »  et  sacrifiées  à 


menées  pour 

P1  .  r  pe  sacrifice  peut  même  être  eflicace  sans 


létal  impur. 

gtre  consomme 


des  péchés  à 
donnée  h  son 
avec  le  temps 
à  la  rigueur 


Il  suffit  que  la  victime,  véhicule  vivant 
effacer,  soit  déportée  hors  du  pays  et  aban- 
destin  Le  sens  des  cérémonies  s’oblitérant 
cette  logique  ne  fut  pas  toujours  appliquée 
:  nous  rencontrerons  des  lustrations  collec- 


■  q  je  caractère  mixte,  où,  les  victimes  étant  immolées 
ures  ieurs  entrailles  ou  leur  peau  étaient  promenées 
ensuite,  ou  encore,  inversement,  exposées  devant  un 
défilé  dès  personnes  à  purifier.  Enfin,  il  est  des  sacrifices, 
de  rite  mal  connu,  dont  on  ne  saurait  dire  s’ils  étaient 
offerts  à  fin  de  lustration,  ou  comme  rachat  expiatoire. 

C’est  à  l’étude  spéciale  du  sacrifice  [sacrificium]  qu’il 
faut  renvoyer  le  détail  des  règles  concernant  le  choix  et 
la  purification  préalable  des  victimes.  Notons  seulement 
que  le  sacrifice  humain  estle  plus  efficace  de  tous,  et  que, 
parmi  les  animaux,  certaines  espèces  avaient  à  un  degré 
éminent  la  vertu  lustrale.  Tel  le  porc,  surtout  jeune 
(pplsxo?,  yoipioiov,  oeX^alj,  opOayopiffxoç),  qui  figure  presque 
seul  dans  les  sacrifices  expressément  désignés  comme 
purificatoires  (yoipoxrôvot  xa6app.ot) 2.  C’est  au  point  que 
Varron  considère  le  sacrifice  du  porc  comme  le  premier 
en  date  et  propose  de  dériver  sus ,  uç,  olim  93;,  du  verbe 
ûikv,  quod  est  immolare 3.  On  attribuait  sans  doute 
à  cet  animal,  avec  une  vitalité  abondante  et  communi¬ 
cative  ,  une  apti¬ 
tude  éminente  à 
devenir  un  xà9app.a 
(fig.  4687)  L  Pour 
certaines  lustra¬ 
tions  solennelles, 
les  Romains  adjoi¬ 
gnaient  au  porc  la 
brebis  et  le  taureau 
( suovetaurilia ),  à 
la  mode  homé¬ 
rique  6  ;  les  Grecs 
pratiquaient,  avec 
e  Porc  0u  verrat  (xcbrpoç),  le  bélier,  le  bouc,  le  taureau, 
es  combinaisons  diverses,  mais  toujours  en  raison 
tcrn.ii !  .  Cette  triade  animale  constituait  le  sacrifice 

parfait  flvTeXvj;).  Le  chien,  favori  d’Hécate  et  nourri  par 
e  avec  les  xa9ctpp.aTa  des  carrefours,  avait  aussi  une 
uirlu  purifiante,  utilisée  dans  les  lustrations  magiques 
PP1  fieptffxuXaxnjp.oi  A  Rome,  le  sacrifice  du  chien 
P"  mi  par  le  rituel  aux  lustrations  des  lupercalia, 

de  déportai  ion  ,m^9Sa'le  r'es  Hébreux  (Levit.  IG,  20-26),  et,  ci-après,  les  divers  cas 
— 2  Aeschyl  E  '  °ni-r'S  'PS  ?*PI***“0'  ordinairement  terminés  par  noyade  en  mer. 
Mntpuri adsacr T ''  S<M-  3  Varr.  B.  rust.  II,  4,  9.  A  dix  mois,  les  porcelets 

excipients  dos  Ap Cl  aPPellant ur  abantiquis  sacres  (II,  1 ,20;  4,16).Cf.les  porcs, 
ture  de  vaso  •  ]é™TS  noyés  in  mare  tMatUl-  8,  30-32  ;  Luc.  8,  27-33).  —  4  pein- 
!)'.  —  8  n0ni  q]  -^'isée  d  Athènes  (Heydemann,  Griech.  Vasenbilder,  pl.  xi, 
Arist.  lqut .819  .r"  *’  1il;  XX1II>27&.  —  8  Demosth.  In  Arislocr.  G8.  Schol. 

Mystique  du  nombreT"'**1*'  ai'SS'  8uI'a  ‘VTtX,i’  1  hécatombe  (Schol.  ibid.).  La  vertu 
“«•ijjio.  vinsj  4  f’*us  l°ylp  raison  de  3x3)  s'ajoute  à  l’effet  spécifique  des 

hl*trat  (0,-id  Me't  vj|P“ri<,antEs?n-  terque  senem  fl  anima,  ter  aqua,  ter  sulfure 
locateurs  d'Oreste  On  '‘r^'  VIII,  74-77,  et  (ci-après)  les  neuf  puri- 

hepties  Submerso  fl  "  ret,con^re  aussi  le  nombre  7,  recommandé  par  Pythagore 
digitum  U  saunJn  5  ’  APuL  MeL  XI.  »)•  Cf.  Levit.  4  ,  6  (t cum  intinxerit 

Char •  30  (ci-dessus  n  60  8eptiesî'  ~  1  Q ■  Rom.  68.  Cf.  Theophr. 

t  I;  Catapl  :  (■  ’  ISh  et<u-après,  \nlustratio  exercitus.—  ULuciau.  Dial. 

i®uf  :  Et  veniat  ni,  î<“^aé'T‘0lJ  Seïtcvov  tv  tçiôSm  xttfiivov).  Usage 

ae  ustret  anus  lectumque  locumque,  Praeferat  et  tremula 


LUS 

des  robigalia  et  à  la  cérémonie  appelée  augurium  cona¬ 
rium.  Le  cheval  était  une  victime  de  prix,  réservée  à  un 
très  petit  nombre  de  divinités  et  en  de  rares  occasions. 
Nous  n  avons  à  retenir  ici  que  le  sacrifice  annuel  de 

I  October  equus  (ci-après)  à  Rome,  qui  est  bien  une  céré¬ 
monie  lustrale,  le  sang  de  l’animal  étant  distillé  sur  le 
foyer  même  de  la  cité. 

C’est  dans  les  cultes  exotiques  que  l’on  rencontre  la 
purification  par  les  œufs,  recette  qui  a  pu  s’introduire 
avec  les  superstitions  relatives  au  culte  d’Hécate  et  être 
justifiée  après  coup  par  les  considérations  à  longue  portée 
dont  les  mystiques  étaient  abondamment  approvisionnés. 

II  est  certain  que  les  œufs  ayant  servi  aux  lustrations 
faisaient  partie  des  «  dîners  »  servis  à  Hécate  dans  les 
carrefours8;  il  l’est  moins  que  la  vertu  purifiante  de  l’œuf 
tînt  à  ce  qu’il  était  un  microcosme,  germe  de  vie  et  sym¬ 
bole  de  la  vie  universelle9.  En  tout  cas,  on  croyait  que 
l’œuf,  comme  êLre  virtuellement  vivant,  absorbait  les 
maléfices.  Clément  d’Alexandrie  réfute  cette  opinion  en 
disant  que  les  œufs  employés  à  ces  lustrations  auraient 
dû  en  être  stérilisés,  conséquence  démentie  par  l’expé¬ 
rience  10. 

Il  suffira  d’indiquer  ici  en  passant  la  casuistique, 
ébauchée  par  les  anciens,  allongée  parles  modernes,  con¬ 
cernant  les  substances  qui  tireraient  leur  vertu  de  la 
substitution  symbolique  à  d’autres  symboles.  Des  abstrac- 
leurs  de  quintessence  avaient  trouvé  que,  pour  purifier, 
la  pourpre,  tirée  de  la  mer,  remplaçait  l’eau  de  mer,  et 
le  lin,  l’eau  courante11  ;  ou  bien,  songeant  que  si  le  lin 
aime  à  être  arrosé  et  roui,  le  roseau  croît  en  pleine  eau, 
ils  assuraient  que  les  roseaux  purifient  à  merveille12. 
Mais  la  pourpre  représente  bien  mieux  encore  le  sang13  : 
de  là  l’idée  que  couvrir  les  morts  14  ou  habiller  les  sol¬ 
dats  de  manteaux  rouges1"  est  une  façon  de  s’acquitter 
envers  les  uns  et  de  «  dévouer  »  les  autres  aux  puissances 
infernales,  ou  que  les  bandes  de  pourpre  cousues  à  la 
trabée  romaine  sont  une  survivance  de  rites  expiatoires16. 
De  même,  si  le  lin  est  symbole  de  pureté,  la  laine  repré¬ 
sente  la  peau  de  la  victime,  douée  de  vertus  expiatoires 
empruntées  à  la  victime  ;  d’où  explication  des  bandelettes 
de  laine  qui  entourent  l’eipsffiwvT),  du  fil  de  laine  qui  attache 
Y  apex  au  bonnet  des  flamines 1 7  [flamen",  ledit  bonnet 
étant  en  peau  ( pileus ),  ou  de  couleur  rouge  ( tuf  u/us ),  et 
agglomérant  ainsi  quantité  de  propriétés  lustrales  ou 
propitiatoires,  y  compris  celle  du  végétal  formant  Yapex 
ou  tressé  en  couronne.  La  couronne  aurait  aussi  par  elle- 
même  une  vertu  symbolique,  et  de  même  le  voile,  qui, 
rabattu  sur  la  figure  du  sacrificateur,  fait  de  lui  une 
manière  de  dévolus  ;  autant  de  formes  d’expiation  ou 


sulfur  et  ova  manu  (Ovid.  A.  amat.  II,  329).  L'archigalle  menace  la  femme  supers¬ 
titieuse,  nisi  se  centutn  lustraverit  ovis  (Juven.  VI,  318).  Le  grand  prêtre  d’Isis 
purifie  le  navigium  mystique  taeda  lucida  et  ovo  et  sulfure  (Apul.  Met.  XI,  16). 

—  9  Cf.  l’œuf  cosmogonhpie  des  Orphiques  :  l'œuf  mundi  simutacrum  pour  les 
initiatas  sacris  Liberi  Patris  (Macr.  Sat.  VII,  IG,  8).  Abstinence  pythagoricienne  des 
œufs,  assimilés  auxxu«tiot  (Plut.  Sympos.  II.  3).  —  10  Clem.  AL  Strorn.  VII,  4,  26, 
p.  303  Sylb.  —  U  Serv.  Aen.  XII,  169.  Cf.  Bouché-Leclercq,  Les  Pontifes,  p.  109. 

—  12  Serv.  Aen.  VIII,  33.  —  13  Serv.  Aen.  VI,  221.  —  14  plut.  Lyc.  27.  Polyaen. 
IV,  43.  Clem,  AL  Protrept.  p.  12  Sylb.  Serv.  Aen.  III,  67.  Cf.,  à  Rome,  le  censorium 
funus.  —  16  Plut.  Ibid.  Cf.  Isid.  Origg.  XIX,  22,  10,  s.  v.  Jlussata.  —  16  Idées 
repoussées  par  Lobeck,  Aglaopli.  p.  1237  f  ;  reprises  par  0.  Grappe,  De  Cadmi 
fabula  (Berol.  1891),  p.  12,  et  par  Samler,  BOm.  Sühnriten  (in  Philol.  LVI  [1897", 
p.  394-398).  Cf.  l'usage  du  ricinium  chez  les  Arvales,  et  la  «  prætextc  lustrale  » 
d’Iguvium.  —  O  La  laine  et  laper  sont  februa  (Ovid,  Fast.  II,  21-26).  Les  fPia  z-jiià 
dans  les  xaOapjxot  (Clem.  AL  Strom.  VII,  4,  26,  p.  303  Sylb.)  !  eviot  xçôxtn  xaOat£0y?ae 
(Phot.  p.  133).  Emploi  de  Içiou  xoxxtvou  avec  «  le  sang  des  veaux  et  des  boucs  et 
l'eau  et  l'hysopc  »  dans  la  lustration  du  peuple  hébreu  par  Moïse  (Paul.  Bebr.  9,  10), 


LUS 


—  U 12 


d’ànorooitata  *.  Le  prêtre  ne  marche  que  hérissé  de 
défenses  contre  les  maléfices  et  comme  en  état  do  lus¬ 
tration  perpétuelle. 

Quel  qu  ait  été  1  instrument  de  la  lustration,  il  est  lui- 
même  chargé  des  souillures  qu'il  a  enlevées,  et,  comme 
tel,  on  1  a  dit  plus  haut,  chose  impure.  Leur  office 
rempli,  les  xaQapgoi,  devenus  des  xaSdouara  ou  xaOâpa-ia, 
doivent  disparaître.  La  crémation  est  le  mode  préféré.  Le 
leu  de  1  autel  consume  les  chairs  des  victimes,  qu'on  ne 
mange  jamais  dans  les  sacrifices  cathartiques2  :  elles 
sont  traitées  comme  les  êtres  ou  objets  dont  le  contact 
ou  la  présence  répand  autour  d'eux  les  maléfices3.  Les 
liquides  employés  en  aspersion  s’évaporent  :  les  scru¬ 
pules  ne  viennent  qu'à  propos  des  liquides  et  mixtures 
diverses  ayant  servi  aux  ablutions,  onctions,  fomenta¬ 
tions,  embrocations  rituelles,  ou  des  objets  qui  ne  peuvent 
être  aisément  détruits.  Ceux-ci,  ainsi  que  les  victimes 
non  consumées,  étaient  rejetés  hors  du  domaine  purifié 
ou  possédé  par  l’être  purifié,  de  la  maison,  de  la  ville,  du 
territoire  (l;opiÇsiv,  ÛTtepopiÇetv).,  et,  en  ce  dernier  cas,  le 
plus  souvent  noyés  en  mer4.  Les  Grecs  n’ont  pas  abusé 
de  la  logique  qui  avait  conduit  les  Perses  à  chercher  pour 
les  cadavres  une  sépulture  qui  ne  souillât  ni  la  terre,  ni 
1  eau,  ni  le  feu,  et  qui  aurait  rendu  les  lustrations  même 
impossibles.  Les  eaux  courantes  n'étaient  pas  censées 
contaminées  par  les  baignades  rituelles,  et  il  n'y  avait 
même  pas  interdiction  formelle  d'y  jeter  les  xaOâpcrtx.  Un 
affluent  de  la  Néda,  en  Arcadie,  s'appelait  Aup.aç,  parce 
que  les  Nymphes  qui  avaient  assisté  Rhéa  dans  ses  cou¬ 
ches  y  avaient  jeté  les  xx0xpp.xTa  ou  Xégava  employés  à  la 
purifier  3  :  légende  née  évidemment  d’un  usage  qui 
n'était  point  légendaire.  On  disait  bien  que  l’odeur  infecte 
des  eaux  de  l'Anigros  (Triphylie)  venait  de  ce  que 
Mélampus  y  avait  jeté  les  xxSxpa’x  avec  lesquels  il  avait 
guéri  les  Prœtides  ;  mais  cette  eau  guérissait  les  maladies 
de  peauc.  On  retrouve  la  légende  de  Mélampus,  avec  les 
xaôxpffta,  à  Clitor  en  Arcadie7,  à  propos  d'une  eau  qui 
guérissait  de  l'ivrognerie.  Un  autre  moyen  de  faire  dis¬ 
paraître  les  xaOàpfftcc  était  de  les  enterrer  :  c’est  ce  qu’on 
avait  fait,  paraît-il,  à  Trœzène,  après  la  lustration 
d’Oreste8.  On  recommandait  de  creuser  un  trou  pour  y 
verser  les  lotions  qui  avaient  servi  à  laver  des  cadavres 
ou  à  purifier  des  Èvaysïç9.  La  Circé  d’Apollonius  de  Rhodes 
fait  simplement  porter  hors  de  son  palais  les  Xégar*  qui 
ont  servi  à  purifier  Jason  et  Médée  :  le  poète  ne  s’en 
inquiète  pas  davantage10.  Virgile  nous  renseigne  mieux  : 
sa  magicienne  ordonne  à  Amaryllis  de  «  porter  dehors 
les  cendres  et  de  les  jeter  par-dessus  sa  tète,  sans  se 
retourner,  dans  une  eau  courante11  ».  L’essentiel  était 
de  tourner  le  dos  à  la  direction  dans  laquelle  on  jetait 

1  Voir  H.  Dicls,  Sibyll.  lilütter ,  p.  120-123;  Sam  ter,  Der  Pileus  der  rom * 
P  ri  es  ter  (in  Philol.  LUI  [1894],  p.  535-543);  S.  Reinach,  Le  voile  de  l'oblation 
( C .  II.  Acad.  Inscr.  1897,  p.  G44-C58).  Il  faut  se  panier  de  vouloir  réduire  ce 
symbolisme  à  l'unité.  La  couronne  était  portée  non  seulement  par  les  sacrificateurs, 
mais  par  les  victimes  ( coronata  lustrari  agna  :  Juven.  XIII,  03);  par  les  animaux 
en  fête  [coronatis  asellis  :  Prop.  V,  i,  21  ;  cf.  Plut.  Qu.  Boni.  40  ;  boves  coronato 
capite:  Tib.  II,  1,8);  par  les  orateurs  à  Athènes,  les  vainqueurs,  etc.  De  plus,  elles 
représentent  des  capita  de  dieux  ou  de  morts  (cf.  i.ectistfrxium).  —  2  Holocauste 
à  Zeus  Milichios,  z*cptü>  vôjMa  (Xenoph.  Anab.  VII,  8,  4-5).  Dans  les  sacrifices 
«  communiels  »,  on  ne  brûlait  que  la  part  des  dieux.  Un  scoliaste  assure  que 
I  on  mangeait  jusqu’à  la  peau  des  bœufs  immolés  à  Y  Ara  maxima  (Interp.  Serv . 
Aen.  VIII,  183).  Sur  les  rites  des  «  Speiseopfer  »  et  des  «  Sühnopfer  »,  voir 
P.  Slengel,  Die  griech.  Kultusaltert .  (2°  éd.  1898),  p.  97-118.  —  3  Les  monstres 
étaient  brûlés  avec  des  bois  d'arbres  «  malheureux  »  (Macr.  Sut.  III,  20,  3)  :  -rà 
TepaTwSr,  et r’àyptotç  exatov  çôXotç  (Anecd.  Bekk.  p.  10).  De  même,  les  mauvais  livres, 
infelicibus  ustulanda  lignis  (Catull.  36,  8),  t-ûW,  ouxcvuv  (Lucian.  Alex.  47). 
Ainsi  furent  brûlés  les  libri  Numae,  igné  a  victimariis  facto  (Liv.  XL,  29),  etc. 


UJS 


les  xaOâpcta  et  de  ne  plus  les  regarder12  • 
toute  attache  et  obviait  à  toute  fascination  '  r°mPail 
Toutes  les  substances  précitées  ont 
magique,  qui  leur  est  incorporée  par  des  «  Jn 
formules13.  L’étude  des  lustrations  n'es 


n<  puissance 

est  r  '  a'meS  ”  0u 
de  l'histoire  de  la  magie.  Ce  qu’on  appelle  comm 
magie  n’est  qu’un  reliquat  disqualifié,  ‘"""‘ment 

1  formes 


mal  famée  et  souvent  proscrite  des  plus  anciennes' i''1''06 
du  culte.  Les  cultes  reconnus  et  ouvertement r  i 
se  sont  affinés  peu  à  peu  par  l’introduction 
morales  et  par  une  interprétation  moins  grossière  i  ? 
vertu  des  symboles.  Les  formules  se  sont  appelées  Jf 
vœux,  supplications  :  on  a  cru  que  leur  efficacité  dé  T' 
dail  de  la  miséricorde  des  dieux  auxquels  elles  s’aX"' 
saient14  et  que  ceux-ci  tenaient  compte  de  l’intention  dêl 
ceux  qui  les  prononçaient,  tandis  que  la  magie  gardait  le 
secret  des  incantations  (èirojoat,  carmina ),  des  formules 
impératives,  qu’on  supposa  dès  lors  adressées  à  des 
génies  mauvais,  en  vue  d’œuvres  malfaisantes.  Il  s’est 
formé  ainsi  comme  deux  séries  parallèles  de  divinités  et 
de  rites,  dont  l’antagonisme  apparent  fit  oublier  l’origine 
commune  :  la  religion  et  la  magie.  A  part  Hécate,  que  la 
religion  n’avait  pas  tout  à  fait  répudiée,  les  divinités 
magiques  sont  ou  réputées  étrangères  ou  innomées. 
La  religion  choisit,  parmi  ses  dieux,  les  plus  aimés  pour 
en  faire  des  divinités  secourables,  celles  auxquelles  on. 
s  adressait  pour  infuser  aux  instruments  de  lustration 
leur  vertu  purifiante.  Celle-ci  était  vagueqient surchargée 
de  l’idée  de  pardon,  d’absolution  des  fautes  :  mais  cette 
idée,  il  faut  y  insister,  est  restée  accessoire.  Lu  plu¬ 
part  des  lustrations  privées  n’ont  pas  cessé  d’être  ma¬ 
giques,  et  celles  mêmes  qui  faisaient  partie  des  rites 
religieux  n’avaient  pas  dépouillé  pour  cela  leur  caractère 
originel.  Quand  les  Grecs  racontaient  que  Zeus,  le 
MsiXfyioç  par  excellence*  avait  de  ses  propres  mains 
purifié  Ixion,  ils  affirmaient  par  un  exemple  typique  la 
nécessité  de  la  purification  matérielle.  L’IXaugd;,  qui 
éteint  la  responsabilité,  ne  suffit  pas  ou  n’est  pas  obtenu 
sans  le  xaOappwç,  qui  enlève  la  souillure  contagieuse. 

Ces  observations  préliminaires  nous  dispenseront 
d’interpréter  dans  le  détail  lesriLes  que  nous  allons  ren¬ 
contrer.  La  distinction  fondamentale  entre  la  purification 
et  l’expiation  étant  bien  établie,  il  n’y  a  pas  d’inconvénient 
à  appeler  «  expiatoires  »  les  rites  de  purification  destinés  j 
à  effacer  une  souillure  connue,  et  «  propitiatoires  »  1 1  uX  | 
qu’on  emploie  d’uni1  façon  préventive,  pour  écarter  des 
maléfices  possibles,  ou  pour  dissiper  des  maléfice»  sup 
posés  actuels,  mais  de  cause  inconnue.  Ritesexpi.il"11'- 
et  propitiatoires  seront  considérés  comme  appGca 
tantôt  aux  individus,  tantôt  aux  êtres  collectifs. 

Les  cendres  mêmes  des  xaôàçjxaTa.  sont  impures  (Theocr.  XXIV.  Il  ^ri/n/li  \Wi 
VIII,  ICI.  Lucian.  Loc.  cit.).  —  4  Cf.  Pausan.  VIII,  41.  2  ;  Val.  F  a<  ■  ^ 

443,  et  les  usages  relatés  ci-après.  Les  œufs  (ci-dessus,  p.  ^  ]rs ' ù'.Aÿy-* 

lîeourciap/oi  (ci-après)  étaient  simplement  jetés  dans  les  carrofoms.  *'  ^  ^  solirro  du 
ou  ’Ex«t«Z«  (Harpocr.  s.  v.).  —  3  Pausan.  V^III,  41,  -•  ‘  m  > 

Ténare  avait  été  polluée  à  jamais  par  un  lavage  non  rituel  (  f ,  (|ans  une  grotte 

C0n,mP"L6fleuve 


G  Strab.  V  III,  p.  346  ;  Pausan.  V,  5,  1 0-4 1.  La  cur 


voisine,  celle  des  «  Nymphes  Anigrides  »,  s’achevait  dans  I  <  tg  •  1  iti 9 /- 

-  ’  “1  o  ri  ..  M  Ot  4  1  —  9  Allirn-  U\. 


8  Pausan.  II,  31,  Il 


XXIV, 


—  7  Ovid.  Met.  XV,  325  sqq.  —  °  ruusuu.  •••  ^ 

4I0Û. — 16  Apoll.  Rh.  IV,  708. —  H  Virg.  ÆW.VIII,  101-1 02.  -  ^  Kmnénides. 

95;  Schol.  Aeschyl.  Choeph.  95.  De  même,  il  faut,  pour  le  ^  ^  ^  c\  le 

ixÉpzeiv  u.q tpoœoç  (Soph.  Oed.  Col.  490).  Dans  Claudien  (1  ÇgQutn  vapt^'afi  ^ 
prêtre  Trans  caput  aversis  manibus  jaculatur  in  Austmm  ^  veyhu^  tl ^ 

tata  piacula  taedas.  -  13  Cf.,  dans  la  théorie  des  sacrements  ■  ___  H  Quippe 

elementum  et  fit  sacramentum  (Augustin.  In  Johann.  L  rl  os  ' rite  cous"1'  l1'1"1' 
victimas  caedi  sine  precatione  non  videtur  referre ,  nee  ‘  P  -nCàI1tatioi>Pr"'n,'llt' 
XXVIII,  §  10).  Celle  precatio  est  la  survivance  du  carmen  ou 


—  4413 


LUS 


B,  .  •  expiatoires.  -  A.  Lustrations  individuelles 
L  7  ■ /iule* ■  —  Il  faut  partir  du  cas  le  plus  concret,  qui 
oil  (|.être  historiquement  le  plus  ancien,  la  purifi- 
a  C!"nïun  meurtrier  avéré.  Celle-ci  n’apparaît  pas  encore 
fll0nlt(s  p0èmes  homériques1.  Il  n’en  est  pas  question 
WU  ïiliade.  Achille  passe  au  soufre  et  à  l’eau  sa  coupe 
fc^ibations  et  se  lave  les  mains,  mais  comme  on  procède 
|  'dgs  soinS  de  propreté  2.  Dans  Y  Odyssée,  Ulysse  ne  se 
ent "aucunement  souillé  par  les  meurtres  imaginaires 
*  ji  s’accuse  ou  se  vante3.  Après  le  massacre  des  pré¬ 
tendants,  il  purifie  au  soufre  sa  maison,  mais  non  pas  sa 
personne*.  11  expie  la  mutilation  de  Polyphème  en  offrant 
à  Poséidon  un  sacrifice  qui  est  le  plus  ancien  type  des 
suovetaurilia 6  ;  il  compense  par  des  vœux  le  tort  fait  à 
Hélios,  dont  on  a  tué  les  bœufs0  ;  mais  ces  réparations 
ne  sont  pas  des  lustrations.  Tout  pécheur  peut  apaiser 
les  dieux  «  par  des  sacrifices,  des  vœux,  des  libations  et 
la  graisse  des  victimes7  ».  Théoclymène,  meurtrier  d’un 
de  ses  concitoyens,  s’approche  de  l’autel  où  sacrifie  Télé¬ 
maque  sans  que  celui-ci  crie  au  sacrilège  ou  fuie  la  con¬ 
tagion*,  tandis  que,  plus  tard,  dieux  et  hommes  tenaient 
les  évayetç  à  distance  de  leur  foyer.  Homère  connaît 
Oreste9,  mais  ne  dit  mot  des  purifications  auxquelles  le 
soumettent  les  légendes  postérieures.  Il  ne  semble  pas 
avoir  l’idée  que  le  sang,  même  légitimement  versé, 
imprime  à  la  main  homicide  une  souillure  indépendante 
delà  culpabilité  et  que  peut  seule  effacer  une  purification 
sacramentelle.  Cette  idée,  immorale  au  fond10,  doit  avoir 
été  empruntée  à  l’Orient11  et  répandue  dans  le  monde 
grec,  avant  la  vogue  des  Mystères ,  par  la  religion  apolli¬ 
nienne,  la  seule  qui  ait  suscité  un  sacerdoce  capable  de 
créer  des  dogmes  et  de  les  exploiter.  Les  prêLres  d’Apollon 
ont  tente  de  réserver  à  leur  dieu  —  de  compte  à  demi 
avec  Zeus  son  père  —  le  monopole  de  la  révélation  et 
delà  lustration.  Apollon  était  l’èmoAucov,  le  libérateur  des 
excommuniés,  coupables  ou  malhèureux lâ.  Son  rôle 
grandit  encore  avec  les  progrès  de  la  morale,  qui  ten- 
jtttieiit  a  remplacer  ou  parachever  la  lustration  par  l’ex- 
pmtiuu .  Les  rites  purificatoires  durent  être  bientôt  connus 
et  mis  ,i  lu  portée  de  tous  ;  mais  nul  ne  savait,  comme 
|  po  on,  (  Loisir  les  pénitences  les  plus  propres  à  racheter 
!  es  au  i  (  nnimiseè;  Il  est  probable  qu’au  début  les  oracles 

Rchoi  VeniU  //'  ,I  v?1’’’  0Vîa  *  a  ®  a  1  ?  6  e Ev  ovi  bXK  àvxmvovTa  *«î  <du-(«Seuû|jievov 
Rira  (,  ^  Xl’  680>-  -  2  Uiod.  XVI,  228-230.  Cf.  la  toilette  de 

XIV,  171).  -  3  Odyss.  XIII,  259  s„q. 
>«,5^  ^  “M;  -  0  Odyss.  XI,  131.  XXIII,  277  «Sv 

PMgara nliad  ,  ^SS-X>L3«  sqq.  _  7  Jliad.  IX,  497-501.  Le  bain  ordonné 

opéran  t  par  elle-même  8  ni  P  ,  1  “ne  préparation  a,lx  sacrifices  qu’une  «àOajaiç 
deux  épopées.  Homère  X\ ,  256  sqq. —  9  Nommé  dans  huit  passages  des 

[Odyss.  1,40,298  snc  i  °nna^  devante  comme  acte  méritoire  le  meurtre  d’Egislhe 
|  Pïtemneslre  (n»Tpo-  -  *  1^,546  sqq.),  peut-être  même  le  meurtre  de 

lionsdes moralistes Aîï‘'<^°,  III,  310).  —  10  Cf.  les  protesla- 
388  (substitution  de  la  •’  l°eph'  71-74  5  SoPh-  Oed.  It.  1227  sqq.  ;  Eurip.  Orest. 

f:  ;  rw.  »,  P. ï.  u„. 

" c  eutmescere,  nec  i  ’  ,lc'  ù,  10  (animi  labcs  nec  diuturni- 

[ m cs>  ?«i  trhtin  "*  U’hs  dui  P°tes 0  i  Ovid.  Faut.  Il,  35-40  (Ah  !  nimium 

indication  :  j,  ^  Cae_  ls  I  P'Iuminea  tolli  posse  putetii  aqua).  —  HA  titre 

’5)'  —  12  Plat  Cratvl  n  aak  A  Toïfft  A-uSoTtn  xott  xoïat  "EXXvjen  (Herod.  I, 

in  ique  à  ce  propos  ieg  n.'  °  *  sens  sera*t  analogue  avec  àicoTtoûwv.  Platon 

C“'"'ne  faisa'it  partie  de  loi"'  ^  lcs  et  les  XouTjà  «ai  iKj.$fàv«i4 

r'^i'icalions  se  faSseir,aC0Pé.e,1UStrale-  Aille-  IX,  865),  il  veut 

_  ,  SU,vanl  le  fie  de  Delphes.  —  13  Apollon  et  Artémis, 

C(i°iPUriliê  4  TeraP<5  (Plut  °  a  n*  AIï‘W“*v  evExa  (Paus.  II,  7,  7). 

a  A'ÿ-  pVth.  n  48«,  '  "  Graec-  1-)»  en  Crète  par  Chrysolhémis  (Scbol. 

A  r. c,~ ». «.» i» 

loiüe  1  4U)  011  0rsste  (Eurin  Or,  t  V’  B“1'  -  K  (EdiPe  (Soph. 

■*>»lhei  ?C0"  :  /.«faiSoî  EraYE_e  *>eS*'  160^)  ne  doit  pas  toucher  l’eau  lustrale  (cf. 
I  'r  a  qui  '«  touche  ou  4’,Slf0.î,;vov'  Demosth.  In  Lept.  §  158)  :  Oreste  porte 
V.  01  0U  U1  1)arl°  (Eurip-  Iph.  Taur.  947-957,  1209-10, 


LUS 

firent  surtout  valoir  la  lustration  sacramentelle,  en  indi¬ 
quant  le  procédé  et  désignant  le  xaûap-rqç.  Pour  imprimer 
dans  les  esprits  la  doctrine  sacerdotale,  on  disait 
qu  Apollon  lui-même  s’était  fait  purifier  du  meurtre  du 
serpent  Python  [apollo,  daphnephoria,  septeriox  13.  Il  fut 
entendu  que  1  Èvay-^  était  un  excommunié,  qu’on  devait 
écarter  des  choses  saintes  et  même  de  tout  commerce  avec 
ses  semblables,  car  sasouillure(âyoç)  était  communicative  : 
il  portait  malheur  u.  Il  fallait,  pour  qu'il  pût  rentrer  dans 
la  société,  qu’il  fût  purifié,  et  il  ne  pouvait  l’être  qu’en 
exil,  loin  du  lieu  où  le  crime  avait  été  commis15.  Ceux 
qui  lui  rendaient  ce  service  ne  l’admettaient  pas  d’abord 
sous  leur  toit,  mais  procédaient  à  l’opération  en  plein  air1®. 

La  plus  ancienne  mention  de  xtxdxpmç  sacramentelle  - 
apparaît  dans  des  poèmes  de  date  flottante  :  dans 
Y Aethiopis  attribuée  à  Arctinos  de  Milet,  où  l’on  voit 
Achille  purifié  du  meurtre  de  Thersite  par  Ulysse,  à 
Lesbos  1 1  ;  dans  les  KaxâXoyot  hésiodiques,  à  propos  du 
meurtre  d’Iphitos  par  Héraklès.  Le  héros  assiège  Pylos, 
parce  que  Néleus  a  refusé  de  le  purifier18.  Cette  légende 
a  été  remaniée  de  bien  des  façons  pour  la  rendre  plus 
morale.  Héraklès  était  fou,  ou  il  le  devient  par  punition  : 
l’oracle  lui  ordonne  de  se  vendre  comme  esclave19  et 
d’indemniser  les  enfants  d’Iphitos.  La  morale  est  satis¬ 
faite,  mais  rien  ne  vaut  sans  la  xiH pon;.  Cette  purification 
que,  comme  Néleus,  le  Spartiate  Hippocoon  lui  a  refusée, 
Héraklès  la  trouve  enfin  à  Amyclae,  où  Déiphobe  lui 
administre  le  sacrement  20.  Le  meurtre,  pourtant  justifié, 
de  Lycos  vaut  à  Héraklès  un  accès  de  folie  durant  lequel 
il  tue  ses  enfants  ;  après  quoi  il  est  purifié  par  Thespios21, 
à  moins  que  ce  ne  soit  par  Sycalos22,  ou  par  Thésée, 
qui  l’emmène  avec  lui  à  Athènes23,  lieu  où  le  patriotisme 
industrieux  des  tragiques  fait  aboutir  les  légendes 
d’Œdipe  et  d’Oreste.  C’est  à  Athènes  aussi,  où  Déméter 
institue  tout  exprès  les  Petits  Mystères,  qu'il  est  purifié 
du  meurtre  des  Centaures24.  A  Cos,  il  ne  se  marie  que 
purifié  du  sang  des  Méropes  23.  Proteus,  dont  il  a  tué  les 
fils,  a  la  bonté  de  le  purifier  lui-même26. 

La  légende  d’Oreste 27  a  fourni  aux  tragiques  l’occasion 
de  distinguer  entre  l’expiation  morale  et  la  lustration 
sacramentelle.  Ils  ont  déclaré  celle-ci  insuffisante28, mais 
ils  n’ont  pu  la  supprimer.  C’est  Apollon  lui-même  qui 

1226-1228).  Hercule  dit  à  Thésée  :  oe»7y',  w  TaXatitwç’,  &vd?iov  |uair|t’  tjxdv  (Eurip. 
Herc.  fur.  1233).  Aniiphon  (De  caed.  Herod.  82)  assure  qu’un  à  bord  fait  iiau- 
frager  un  navire.  —  15  Nécessité  de  l’exil  (Plat.  Legy.  IX,  p.  865  D).  Alcmæou  ne 
peut  être  purifié  que  sur  une  terre  toute  neuve  (ci-après,  p.  1414).  —  *6  Toi;  x«to?|ioi; 
èîttstxGîç  navra;  Iv  uitatôpw  TeXoi’irt  (Plut.  Q.  Honi.  5).  Cf.  ci-après,  Oreste  campant  sous 
la  tenle.  Celte  doctrine  aurait  dû  interdire  aux  criminels  l’accès  des  asvles  asyi.ia]. 
Peut-être  y  avait-il  pour  eux  lustration  obligatoire  à  l’entrée.  —  17  procl.  in 
Epic.gr.  fragm.  p.  33  Kinkel.  —  Scbol.  Venet.  A  ad  Iliad.  11,  336,  in  Epie.  gr. 
fr.  p.  99  Kinkel.  Apollod.  II,  6,  2.  —  19  Cf.  Apollon  berger  chez  Admète,  en  punition 
du  meurtre  des  Cyclopes;  Poséidon  et  Apollon,  chassés  de  l'Olympe,  au  service  de 
Laomédon.  —  Apollod.  II,  6,  2.  Diod.  I V,  31  :  sans  doute  par  aspersion;  cf.  Yirg. 
Cii'iSy  37C  (Amyclaeo  spargens  altaria  thallo).  Apud  veteres  quisguis  se  homicidio 
infecerat}  purgatrices  aquas  explorabat  (Tert.  Praescr.  40).  — 21  Apollod.  II,  4,  12. 

—  22  Scbol.  Pind.  lstlim.  IV,  104.  —  23  Euripid.  Herc.  fur.  1324  (IxtT  y.«ça;  <yà; 
apura;  [AiàajjiaTo;).  L’accès  l’avait  pris  au  moment  où  il  «a  purifiait  ses  mains  au 
feu  de  l’autel  »  (Ibid.  1144),  tentative  vaine,  l’impur  ne  pouvant  se  purifier  lui- 
même.  —  24  Diod.  IV,  14.  —  23  plut.  Q.  Graec.  58.  —  26  Conon,  32.  —  27  Cf.  J. 
dc  Wittc,  L'expiation  d’Oreste  (Ann.  d.  Jnstit.  1850,  p.  413-434).  E.  Lübbert, 
Oreste  corne  tipo  dell ’  espiazione  (Ibid.  1865,  p.  121-146).  A.  Olivieri,  Il 
mito  di  Oreste ,  etc.  (Div.  di  Filol.  class.  XXV  1897 J,  p.  570  sqq.;  XXVI  [1898  , 
p.  266-293).  Th.  Zielinski,  Die  Orestessage  und  die  Ilechtfertigungsidee 
(A\  Jahrbb.  f.  kl.  Alt.  II  [1899],  p.  82-100,  161-185).  Hofer,  art.  Orestcs  dans  le 
Lexicon  dc  Roscher,  V,  p.  955-1014.  Le  parricide  est  le  meurtre  par  excellence  : 
c’est  du  sang  d’Ouranos  mutilé  par  son  fils  que  naissent  les  Erinye9  (Hcsiod. 
Theoy.  185).  —  28  C’était  bien  l’opinion  des  contemporains.  Le  roi  Pausanias  ne 
put  àTîocûyEiv  t  b  apo;,  en  dépit  des  xaOàoaiu  zaviota  et  de  Zeus  Phvxios  Paus.  III. 

17,  9).  * 


178 


LUS 


—  1414  — 


purifie  Oreste  à  Delphes  (fig.  4688)',  avec  l’eau  lustrale  et  le 
sang  d  un  porc  D  autres  localités  réclamaient  l’honneur 
d’avoir  hébergé  et  purifié  le  parricide  errant.  A  Trœzène, 
on  montrait  la  pierre  blanche  où  il  s’était  assis,  la  tente 
sous  laquelle  il  avait  séjourné  devant  le  temple  d’Apollon 
Phéarios  ;  on  savait  qu’il  avait  été  purifié  par  neuf 
lrœzéniens  (sans  doute  opérant  successivement)  avec 
toute  sorte  d’ingrédients,  parmi  lesquels  figure  l’eau 
d'une  Hippocrène  locale3.  Ou  bien,  Oreste  avait  été  guéri 


de  sa  frénésie  à  Gythion  en  s’asseyant  sur  la  pierre 
blanche  appelée  Zeus  Kappotas  4,  à  moins  que  ce  ne  fût 
près  de  Mégalopolis en  se  mangeant  un  doigt  de  la  main8, 
ou  aux  bords  de  l'Hèbre,  au  lieu  dit  les  Trois-Fleuves 6, 
ou  encore  à  Rhégion,  par  la  vertu  des  eaux  d’un  fleuve 
formé  de  sept  ruisseaux  '.  Les  tragiques  athéniens  ont 
voulu  qu’il  y  eût  débat  sur  la  responsabilité,  et  qu’Oreste, 
même  purifié  et  absous,  achevât  de  se  réhabiliter  par  la 
pénitence  librement  acceptée8.  La  légende  d’OEdipe,  qui 
accumulait  sur  une  même  tète  le  parricide  et  l’inceste, 
1  un  et  1  autre  involontaires,  différait  jusqu’au  dernier 
moment  la  purification  de  cette  victime  de  la  destinée. 
Créon  dit  à  Œdipe  de  se  cacher,  car  il  souille  la  lumière, 
la  terre  et  l’eau9.  C’est  à  Colone  enfin,  dans  le  bois  sacré 
des  Euménides,  où  il  entre  après  un  sacrifice  lustral 
IxaÔapjjLÔv  oai[AcJva>v),  offert  suivant  un  rite  minutieusement 
décrit,  qu’il  meurt  purifié  avec  de  l’eau  de  source,  baigné 
et  paré  «  selon  les  règles  »  (y,  voixt'ÇeTai)  par  ses  filles,  et 
qu’une  bénédiction  s’attache  aux  restes  du  maudit 10. 

Grâce  à  ces  exemples  typiques,  la  xâ0ap<7tç  s’introduisit 

1  Scène  représentée  sur  un  cratère  de  Lucanie,  actuellement  au  Louvre,  publié 
par  Feuerbach  en  1841,  et  dans  les  Monum.  ined.  delV  Instit.  t.  IV,  pi.  48  ; 
Overbeck,  Galerie ,  pi.  29,  7  ;  Duruv,  Hist.  des  Grecs,  II,  p.  225  ;  Roscliers 
Lexicon ,  art.  Orestes ,  t.  V,  p.  983,  etc.  —  2  Aeschyl.  Eumen.  283, 
458  sqq.  —  3  Paus.  II,  31,  4  et  8-11.  —  4  Paus.  III,  22,  1.  —  5  Paus. 
VIII,  34,  1-4.  Un  comique  prétendait  qu’il  s’était  guéri  en  mangeant  des  lentilles 
(Athen.  IV,  p.  158  a),  les  lentilles  étant  cathartiques  (Clem.  Al.  Strom.  p.  303. 
Sylb.  Cf.  ci-dessus,  p.  1408,  3).  De  même  la  vesce  noire  (ô'ooSo;),  irpôç  -rà;  à©o<nw<retç 
xat  va$a?|ioû;  (Plut.  Q.  Graec.  46).  —  6  Lamprid.  Neliog.  7.  —  7  Prob.  in  Virg.  Bucol. 
p.  348  Lion.  On  exploite  ici  la  vertu  mystique  des  nombres  3  et  7,  comme  celle  du 
nombre  9  (cf.  les  neuf  Trœzéniens)  pour  attribuer  une  vertu  purifiante  à  l’Eweàxpouvoç 
athénienne  (cf.  H.  Diels,  Sibyll.  Bliitter ,  p.  41,  3).  Les  Euménides  exigent  xpt <r<xà; 

et  tpîç  twéa  *Xu>va;  (Soph.  Oed.  Col.  479-481).  —  #  Oreste  doit  encore  faire 
un  pèlerinage  en  Tauride,  où  Iphigénie  prend  pour  prétexte  de  fuite  le  devoir 
de  le  purifier  avec  le  sang  de  jeunes  agneaux  (Eurip.  Iph.  Taur.  1223).  De  même, 
Héraklès,  purifié  par  Thespios,  se  soumet,  par  ordre  de  la  Pythie,  à  une  pénitence 
dont  l'excès  lui  vaudra  l’immortalité  (Apollod.  II,  4,  12).  —  9  Soph.  Oed.  B. 
1424  sqq.  Cf.  Oreste  voilé  •q'Xtou  irpô<r6ev  cXopç  (Eurip.  Iph.  Taur.  1207).  —  10  Soph. 
Oed.  Col.  466-484,  1598-1603.  —  il  Schol.  Ap.  Rhod.  III,  62.  Eustath.  ad  Iliad. 
XX,  pi.  1183.  Cf.  Ixion  r.^nnox-côvoq  (Aeschyl.  Eumen.  718).  —  12  Apollod.  II,  1,  5. 


LUS 

dans  foules  les  légendes.  Phérécyde  sav  t 
premier  exemple  de  lustration  avait  été  j  d*jà  W  le 
lui-mème,  qui  avait  purifié  (àri;„)  ,xio„ 
comme  auteur  du  premier  meurtre  vol.’,  ,  •  e  de  to«s 
traîtreusement  consommé  sur  un  concitov"  ',lroment  el 
faisant  couler  sur  lui,  goutte  à  gouttP  1!’  61  Cela>en 
porc11.  Ce  Zeus  indulgent  avait  ordonné^,  ?,?8  dun 
Hermès  de  purifier  les  Danaïdes,  que  la  wj^9  « 
laire  finit  par  damner*9.  Amphitryon  avait  P°PU' 
(%viff0y)  par  Créon  du  meurtre  involontaire" 
tryon  13  ;  Pélée,  fratricide  involontaire,  l’avait  L  ‘ 
Actor  ou  par  Eurytion  en  Phthiotide  «  et  un  PaP 
fois,  toujours  pour  meurtre  involontaire,  par  AcasS! 
de  meme  Pœmandros  par  Eléphénor,  p0Ur  avoir  L’ 
toujours  involontairement,  Leukippos*’.  Ces  exemol  ’ 
servaient  à  montrer  que  la  souillure  est  une  conséquent 
iatale  du  meurtre,  indépendante  de  l’intention.  Thésée 
après  1  extermination  utile  des  brigands,  a  recours  aux 
xccôâpc.a  des  Phytalides,  qui  le  purifient  aux  bords  du 
Céphise,  a  1  autel  de  Zeus  Milichios18.  Le  même  Thésée 
va  à  Trœzène  se  faire  purifier  du  meurtre  des  Pallan- 
tides,  commis  à  Athènes19.  On  voulut  que  Cadmos 
comme  Apollon,  eût  été  purifié  du  meurtre  du  dragon  ( 
l’eût  été  par  les  Cabires,  après  avoir  fait  pénitence  ( 
demandé  l’initiation  aux  mystères.  11  y  avait  là  un  enseï 
gnement  complet,  moral  et  profitable  à  l’établissemei 
de  Samothrace  20.  Alcmæon,  parricide  comme  Oreste, 
été,  comme  lui,  un  prétexte  à  épiloguer  sur  l’efficacité  d 
la  xâôocpffi;  par  combinaison  de  légendes  diverses.  Iles 
purifié  par  Phégeus  à  Psophis  21  ;  mais,  comme  l’Eriny 
le  poursuit  encore,  Apollon  l’envoie  sur  une  terr 
neuve,  produite  par  les  alluvions  de  l’Achéloos,  et  il 
est  purifié  définitivement  par  le  dieu-fleuve  22.  Apolloniu 
de  Rhodes  n’a  pas  de  ces  scrupules.  Il  décrit  avec  cou 
plaisance  les  cérémonies  par  lesquelles,  sans  exiger  r 
pénitence  ni  repentir,  Circé  purifie  Jason  et  Médée  d 
meurtre d’Apsyrtos,  au  nom  de  Zeus  Ikésios  et  Katharsios 
Elle  y  emploie  le  sang  d’un  cochon  de  lait,  avec  lequi 
elle  arrose  la  tête  et  frotte  les  mains  de  ses  clients,  et  de 
liquides  divers;  tout  cela  non  en  plein  air,  mais  dan 
son  palais,  qu’elle  se  contente  de  désinfecter  ensuite  ave 
des  drogues  jetées  sur  le  foyer23.  Au  contraire,  d  api  è 
les  Orphiques,  Circé  interdit  aux  criminels  l’entrée  de  s 
demeure  et  les  renvoie  au  cap  Malée,  où  leur  souillur 
(p.ù(7oç)  «  sera  lavée  par  les  catharmes  divins  dus  a 
science  d’Orphée 24  »  et  plus  puissants  que  les  sien>. 

Dans  toutes  ces  légendes,  à  part  celles  où  le*  tr‘ 


—  *3  Apollod.  II,  4,  6.  —  14  Diod.  IV,  72. 


_  .  «  Apollod.  H1'18,  -  ’x,  ^  J 

Nub.  1063.  Schol.  Lycophr.  176.  —  16  Apollod.  111,  13,  3.  Ovid.  j  ^ 

—  n  Plut.  Q.  Graec.  37.  —  18  plut.  Thés.  12.  Paus.  I,  37,  3.  Ces  un^  ^  ^ 
minable  de  xaOàpo-Ei;  :  de  Bellérophon  par  Prœtos  (Apollod.  IL  ^ 

Adraste  (Pherec.  ap.  Schol.  Iliad .  XIV,  120),  de  Triopas  par  MehsseiM  ^  (0vid- 
de  Pélée  (à  Péluse,  in  lacu ,  Amm.  Marc.  XXII,  10»  3),  de  Palioe  4.3  etc 

Fast.  Il,  41),  d’Achille  purifié  à  Milet avec  l’eau  d  une  source  (Al  ^  |ej  sanctuaire* 
C’est  ce  qu’on  appellerait  aujourd’hui  des  «  réclames  »  pour ,f  0  _____  20  II  avait 

telle  famille  possédant  des  recettes  traditionnelles.  19  f  au_.  ’  ^  gr$c.  L 

d’abord  été  esclave  d’Arès  (Apollod.  III,  4,  2,  Uellan.  /'  •  *  ^  ^  Les  Cabires 

p.  47)  et  n’avait  épousé  Harmonia  qu’après  t eXtrq  (Apollod.  euX.mômcspouP 

avaient  des  raisons  particulières  d’être  indulgents,  car  ils  pas  3  ^  KaGe?uv 

fratricides  (Lobeck,  Afjlaoph.  p.  1257).  Il  y  avait  là  un  01  __*2i  Apol'0^ 

r:  yaôaîçwv  oovéa  (Hesych.  s.  v.),  peut-être  par  le  feu  (Lobeck,  p.  -y  ^  )a  ,égende 
III,  7,  5.  -•  22  paus.  VIII,  24.  Ovid.  Met.  IX,  407  sqq.  .  j^'^’bêtes  sauvage* 
d’Athamas,  fou  meurtrier  de  ses  enfants,  qu  Apollon  oiiv oie  .|  p|,  |\,  A'- 

;  pestiférés  qu’il  faut  isoler.  -  ’  ^  (y  l363 


(Apollod.  I,  9,  2).  Ce  sont  des  pesmeres  qu  u  *0»-  —  .  cge 

715.  Schol.  Ibid.  —  2lOrph.  Argonaut.  1230-1235.  Plus  0,n:  itoyablc  Eri»ny« 
les  «  îepà  XÛTça  xaOapptwv  lavent  les  imprécations  d  .Ltlt  ^qv'  1  £||L 

Après  le  meurtre  de  ses  enfants,  Médée  est  purifiée  PaI 


LUS 


—  1415 


LUS 


(  introduit  l'idée  d'expiation  morale, -le  ca- 
gifiues  |t,.j(me  de  la  lustration  apparaît  nettement. 
raltèn  ("simplement  substituée  ou  ajoutée  aux  précau- 
gHe  s  es  ^  raigonnement  barbare  suggérait  jadis  aux 
tionS  -1"  "(  que  les  tragiques  prêtent  encore  à  Clytem- 
8SSil^"(> île-ci  avait  mutilé  le  cadavre  d’Agamemnon  en 
neSt"  ,  nit  les  «  extrémités  «  (xxpwTYipiâÇsiv),  c’est-à-dire 
,1UlC0>!lsct  les  mains,  et  les  lui  attachant  aux  épaules 
l6S  courroie  pour  qu’il  ne  pût  se  ven- 

avt;(.  iuis  eiie  avait  essuyé  Larme  sanglante  aux  cheveux 
f  moH  «  en  guise  de  lavage  »,pour  que  la  souillure 
atériell'e  disparût  avec  lui*.  Jason  avait  traité  de  même 
r cadavre  d’Apsyrtos,  en  crachant  trois  fois  pour  rejeter 
I  maléfice 2,  et  c’est  pour  la  même  raison  que  Déiphobe 
apparaît  à  Énée,  les  mains,  les  oreilles  et  le  nez  coupés3. 

Quoique  étrangère  ou  contraire  au  sens  moral,  la  foi  à 
l'efficacité  de  la  xâeapotç  contribua  à  inspirer  l'horreur  du 
meurtre.  La  purification  fut  jugée  nécessaire  en  dépit  de 
toute  excuse  légitime  et  étendue  même  aux  êtres  irres¬ 
ponsables  par  nature.  Les  légendes  ressassées  par  les 
tragiques  avaient  pour  but  d’expliquer  les  rites  religieux 
incorporés  à  la  procédure  criminelle  des  Athéniens1.  La 
peine  de  mort  infligée  par  l’Aréopage  était  une  satisfac¬ 
tion  offerte  aux  Euménides,  une  expiation  qui  purifiait 
la  cité,  responsable  des  crimes  impunis.  Les  meurtres 
involontaires  étaient  jugés  au  Palladion,  les  meurtres 
justifiés  au  Delphinion,  où  Thésée  avait  comparu  jadis 
pour  le  meurtre  des  Pallantides,  c’est-à-dire  dans  les 
sanctuaires  des  deux  divinités  qui  avaient  purifié  et 
réconcilié  Oreste  5.  Ceux  qui  avaient  ainsi  fait  la  paix 
avec  la  société,  et  surtout  ceux  qui  se  sentaient  coupables 
de  crimes  impunis,  n’étaient  en  règle  avec  les  dieux  et 
les  morts  que  convenablement  purifiés,  soit  par  les  man¬ 
dataires  d’Apollon  Pythien,  les  èçr|yT|Tai  IIu0ôyor|<7Toi  [exe- 
getaej “,  soit  par  les  prêtres  d’Eleusis,  préposés  aux  pu¬ 
rifications  des  néophytes  (voir  ci-après),  soit  par  des 
praticiens  sans  mandat  officiel1.  Le  meurtrier  excusé  au 
Palladion  avait  dù  s’exiler  d’abord  pour  un  an  (àirevtau- 
Tïl(ItL  MtEviauTicgôç),  après  une  première  purification 
et  en  suivant  un  chemin  déterminé;  une  fois  rentré, 
il  devait  se  soumettre  encore  à  une  purification  légale8. 


Les  animaux  ou  objets  inanimés  qui  avaient  causé  mort 
d’homme  étaient  apportés  au  Prytanée,  au  foyer  de  la 
cité,  pour  y  être  maudits  par  les  magistrats  ayant  charge 
du  culte  (lîot'7'.Xeû;,  ÿuXoêot'7'.Xstç)  et  être  ensuite,  comme 
xxOxpgaT a,  «  exterminés  »  (è;opîÇs'70xi),  c  est-à-dire  trans¬ 
portés  hors  frontières,  et,  pour  ne  pas  gêner  les  voisins, 
noyés  en  mer9.  La  mort  du  bœuf  immolé  tous  les  ans  à 
la  fête  des  |3ou«dvta[DiPOLEiA]  était  assimilée  à  un  meurtre: 
le  sacrificateur  s’enfuyait,  jetant  sa  hache  qui  était  dé¬ 
clarée  coupable  et  solennellement  immergée1'1.  Peut-être 
cet  usage  bizarre  conservait-il,  à  l’état  inconscient,  1  idée 
que  la  vie  des  animaux  domestiques  qui  collaborent 
aux  travaux  agricoles  mérite  quelque  respect".  L’Ajax 
de  Sophocle,  après  avoir  égorgé  des  troupeaux,  qu’il 
prenait,  il  est  vrai,  pour  des  hommes,  s’était  «  purifié  de 
ses  souillures  »  afin  d’échapper  au  courroux  d’Athéna12. 
Les  végétariens  pythagorisants  ont  dù  s’efforcer  de  pro¬ 
téger  la  vie  des  animaux  par  des  scrupules  religieux. 
Arrien  semble  considérer  comme  chose  traditionnelle  et 
même  légale  la  lustration  des  chiens  et  des  chasseurs  au 
retour  de  la  chasse13. 

Après  le  meurtre,  le  sacrilège,  sous  forme  de  vol  (éepo- 
(juXta,  sacrilegium)  ou  d’attentat  quelconque  àla  majesté 
des  dieux  (ào-éSet a).  Il  était  bon  de  ne  pas  prévoir  les  formes 
graves  du  sacrilège,  et,  en  tout  cas,  de  laisser  croire 
qu’elles  étaient  inexpiables.  Les  coupables  n’avaient  à 
attendre  que  la  vengeance  des  dieux,  attestée  par  mainte 
légende  14  [uierosylias  graphe],  et,  par  surcroît,  les  sé¬ 
vérités  de  la  justice  humaine.  La  loi  des  Eumolpides 
punissait  de  mort  les  moindres  contraventions  com¬ 
mises  à  Eleusis1’,  et  Périclès  proposait  de  l'appliquer  à 
tous  les  impies  (àceêouvTE;)  16.  La  mort  même  ne  mettait 
pas  à  l’abri  du  châtiment.  Les  ossements  des  èvayetç  qui 
avaient  massacré  lesCyloniens  au  mépris  du  droit  d’asile 
furent  déterrés  et  transportés  comme  xafiipgxTx  hors  de 
l’Attique  1T. 

Un  sacrilège  facile  à  commettre,  volontairement  ou 
involontairement,  était  la  dévastation  de  bois  sacrés 
[arbores  sacrae,  lucus].  11  ne  manquait  pas,  en  Grèce 
et  ailleurs,  d’arbres-fétiches  que  «  le  fer  des  mortels  ne 
doit  pas  émonder18  ».  Athènes  avait  ses  oliviers  sacrés 


1  Aescl|yl.  Choeph.  439.  Sopliocl.  Electr.  445  (Agamemnou  E|i.airy_aXi'ff0*i  xàwï 
Wpoïffiv  xàpa  I  xrjXrSaç  mpatÇtv).  Cf.  Suidas,  S.  W.  àxpuixYiçiàÇn),  p.a<rp’.WOfJvai, 
iwrça^nata.  Etym.  M.  s.  v.  *AicdWaTa.  —  2  Apoll.  Rh.  IV,  476  sqq.  L’Etym.  M. 
peosc  que  le  meurtrier  crachait  le  sang  de  la  victime  (oxi  xat  lytiovro  -cou  aïpitxToç 
&»c«tuov,  Ala/uAoç  nap-ru^Et  xai  ’AicoXXwvioi;).  —  3  Virg.  Aen.  VI,  494  sqq. 
«erVlv,s  a  d  expliquer  ce  détail.  —  4  Appel  aux  souvenirs  iauOiû&y)  dans 

*  Aristocr.  65  sqq.  —  5  Lysias,  Orat.  III  (*Aico^oyia  oovou  Kxoutrîou). 
jQc  V'  1  '  Eausan.  I,  28,  8.  Cf.  l’expiation  du  meurtre  dont  l’auteur  est 
VI  tln-(|,U1S,^^eM^ronome  (XXI*  type  complet  de  lustration.  —  6  Plat.  Leyg. 
est  1  '  S  V  Athen.  IX,  p.  409  f  (passage  où  la  leçon 

£  ^Uce  011  E’^«*pi$wv[0.  Mfiller]  ou  en  «fcu-raXi&wv  [Lobeck]).  Avec  la  correction 
bir/Ei)- 1  ^  0  concurrence  entre  l’exégète  riuQôyçy|<TToç,  qui  purifie  -roùç  v.yn  xtvi 

(Athen  )  q  u  ^  exégète  l;  EÙTtaTçtSuiv,  qui. s’occupe  xîjç  xùiv  îxexSv  xaOdtpo-Eüx; 

(  lOmann  (Gr.  Alt.  112,  p.  345)  préfère  imputer  la  lustration  aux  Phyta- 
^  Athénée  p  p  fpàwçcç,  lesquels  seraient  01  aXXot  ot  tnrXaYX,  veûovxeç  dans  le  texte 


■‘fos,  assistes  d  ® , 

■féserve  lis  |  F°UCarl'  t1**  Grands  Mystères  d'Eleusis  [Paris,  1900],  p.  79-84) 
Par  l'oracle  "  llal'ons  au  premier  des  trois  exégètes  officiels,  le  mOoypriffTos,  désigné 
i,,. .  ,  1e[s  ces  naXot  tivé;  qui  faisaient  poser  les  pieds  des  tva*tTî  sur  le 

(Hcsych  SuiJ  '  'a  Peau  d’un  bélier  (?)  immolé  à  Zeus  Milichios  ou  lkésios 

dont  il  sei,a  (  APosl°'-  VI,  10,  in  Paroem.  gr.  Il,  p.  367),  engin  de  lustration 

Dtç  Syr.  55,*U(C?l|°n  eucore  *  plusieurs  reprises.  Môme  rite  à  Hiérapolis  (Lucian. 
Peau  de  l1(1(l  ,|  n '  ""  re^(lua1,  rites  archaïques,  comme  les  égides,  nébrides,  la 
allongé  la  ijsi:,  ual'1‘’s’  les  peaux  des  Luperques,  etc.,  rites  dont  le  folklore  a 
Iht  S emites  p  ^  réplication  au  profit  du  totémisme  (cf.  R.  Sinitli,  Jtel.  of 

‘'‘Numae la ,7,  ■  ’  '  '  ^  "  sacrifice  du  bélier  rançon  de  l'homicide  involontaire 

aPUd  quo s  rrrn  j  '  'V,  43  ;  Georg.  lit,  387)  pratiqué excmplo  Atheniensium , 

S^bici  aries  p  wigitur  ab  eo  gui  invitus  scelus  admisit  (Fcst.  s.  v. 

^*qioa®ai  ..  .  '  i  encontre  des  eyy.uTplffTpiai,  ouai  toùç  Ivayeïî  xaHaipouoiv  aT(xat 

f  “  {  at.  Min.  p.  315;  Etym.  M.  p.  313)  :  autre  sens  dans  SchoL. 


Arist.  Vesp.  289.  11  ne  manquait  pas  de  sorcières  xa8âoTpi«i.  Piatrix  sacerdos  dice- 
batur  quae  expiare  erat  solita,  quant  quidam  simpulatricem,  alii  sagam,  ahi 
expiatricem  vocant  (Fcst.  p.  213,  s.  v.).  C’est  une  besogne  dont  les  Orphéotolestes 
ambulants,  stigmatisés  par  Platon  (Rep.  II,  p.  364  B),  tiraient  bon  parti.  Le 
superstitieux  de  Théophraste  va  les  trouver  une  fois  par  mois.  —  8  Demosth.  In 
Aristocr.  72-73  (xa't  dJirat  xat  Xa0aip6ï;vott...  xsù  xadalçcirllat  vo;xtpot;  tôt:).  —  »  Arist. 
’A8.  hoXit.  57.  Demosth.  In  Aristocr.  76.  Pollux,  1,  7;  VIII,  120.  Paus.  I,  28,  10. 
Cf.  la  statue  de  Théagène  noyée  par  les  Tliasiens,  par  application  de  la  loi  athénienne 
(Paus.  VI,  11,  6).  Cf.,  à  Kyme,  la  pierre  maléficiée  par  contact  de  la  femme  adultère 
(Plut.  Q.  Graec.  2).  Le  bœuf  homicide  lapidé  et  non  mangé  (Exod.  xxi,  28).  —  *0  Paus. 

I,  24,  4.  Porphyr.  Abst.  Il,  29-30.  Aelian.  Vai\  Hist.  VIII,  3.  D'après  Porphyre,  la 
hache  rejetait  la  faute  sur  le  couteau,  qui  était  noyé  (xarnévroffiv  ti-.v  (id/mjiiv). 
A  Rome,  le  Regifugium  (24  févr.)  et  les  Poplifugia  (5  juill.)  devaient  être  des 
cérémonies  analogues,  dont  le  sens  s  était  perdu.  Le  sacrificateur  poursuivi  et 
conspué  à  Ténédos  (Aelian.  Hist.  Anim.  XII,  34)  et  à  Liudos  (Philostr.  Jmagg. 

II,  24,  p.  850).  Les  femmes  poursuivies  par  le  prêtre  de  Dionysos  aux  Agrionia 
(Plut.  Q.  Graec.  38).  Collection  de  rites  analogues  dans  l'antiquité  (Lobeck,  p.  676- 
682)  et  dans  le  folklore  (Mannhardt,  R.  Smith,  Frazer,  Lang,  etc.).  —  H  Explication 
courante  (Porphyr.  Loc.  eif.l,  rejetée  par  les  «  totémistes  »,  pour  qui  les  foujivia 
sont  un  argument  capital.  —  12  Soph.  Ajax,  655.  —  '3  Arriau.  Cyneg.  32  (xaxà 
va  uàTpia,  ü,;  vo|noî).  —  Folie  des  Prcetides,  Siôti  to  Tr ;  "Hçocç  Eôavov  ttr.jTiï’.ffa'/ 
(Apollod.  Il,  2,  2),  des  Pandarides  (SchoL  Hom.  Udyss.  XIX,  518;  XX,  66|,  etc.  La 
triste  fin  des  spoliateurs  de  temples  est  un  thème  banal.  Cf.  Val.  Max.  I,  t  (De  ne- 
glecta  rcligione).  Supplice  de  Sambichos  (Plut.  Q.  Graec.  47). Erysiclilhon,  Triopas, 
Halirrholios,  Lycurgue,  sont  des  dévastateurs  de  bois  sacrés,  péché  inexpiable. 

_  13  Cf.  Liv.  XXXI,  14.  —  16  Lysias,  In  Andoc.  10.  —  17  Thucyd.  I,  126  ;  Aristol. 

’AD.  tout.  I.  La  loi  dans  Xenoph.  Hell.  I,  7,  22.  — 18  Hymu.  Hom.  In  Vener.  268. 
Voir  K.  Botticher,  Der  Bauntkultus  der  Hellenen,  Berlin,  1856.  W.  de  Visser,  De 
Graccorum  dits  non  referentibus  speciem  humanam,  Leide,  1900. 


LUS  _ 

(tu.opiat),  que  protégeait  la  juridiction  criminelle  de  l’Aréo¬ 
page1.  On  racontait  que,  au  siège  de  Troie,  les  Grecs 
avaient  encouru  la  colère  d'Apollon  pour  avoir  abattu 
des  cornouillers  lui  appartenant,  en  vue  de  fabriquer  le 
cheval  de  bois  2.  Ils  l’avaient  «  apaisé  par  des  sacrifices», 
sans  doute  en  excipant  de  leur  bonne  foi  ;  mais  Turul- 
bus,  lieutenant  d’Antoine,  ayant  abattu  les  bois  de  l’As- 
clëpiéon  de  Cos  pour  construire  des  navires,  on  remarqua 
qu  il  fut  tué  plus  tard  sur  le  lieu  même3.  D'autre  part, 
les  Grecs  ne  semblent  pas  avoir  eu  de  scrupules  au  sujet 
des  amputations  utiles.  Les  couronnes  décernées  aux  jeux 
panhelléniques  et  panathénaïqùes,  les  lauriers  des 
Daphnéphories,  les  siprt<7»évat,  etc.,  étaient  fournis  par 
des  arbres  sacrés,  et  il  n’est  pas  question  à  ce  propos  de 
i  éiémonies  lustrales  ou  expiatoires*.  Du  reste,  toute  mo¬ 
dification  ou  destruction  justifiée  de  matériel  consacré 
pouvait  être  expiée  par  des  àpen^pw \  En  ce  qui  concerne 
les  bois  sacrés,  nous  ne  connaissons  guère  que  les  usages 
romains.  Caton  enseigne  les  précautions  à  prendre  pour 
élaguer  une  iutaie  de  cette  espèce  ( lucum  conlucare) 6. 
Il  faut  immoler  un  porc  (porcum  piaculum)  et  demander 
par  une  formule  canonique  à  l’être  divin  (si  cl eus ,  si  dea 
es)  propriétaire  du  bois  la  permission  de  couper  des 
blanches  ou  de  bêcher  le  sol.  Si  la  besogne  est  inter¬ 
rompue  et  reprise,  la  cérémonie  doit  être  recommencée. 
Le  rituel  des  frères  Arvales  ^arvales],  où  abondent  les 
lustrations,  multiplie  les  observances  quand  il  s’agit  de 
toucher  aux  arbres  de  leur  lucus  Deae  Dicte,  ne  fùt-ce 
que  pour  emporter  ou  briller  du  bois  mort,  pour  faire 
disparaître  des  arbres  frappés  de  la  foudre,  pour  arracher 
un  figuier  poussé  sur  le  toit  de  leur  chapelle.  Ce  sont  des 
sacrifices  de  porca  etd  agna  opiniez  pour  purifier  avant, 
éloigner  après,  les  outils  de  fer  qui  servaient  soit  à 
couper  le  bois,  soit  à  graver  sur  le  marbre  les  Actes  du 
college  ;  des  invocations  aux  divinités  étymologiques 
Coinquenda,  Commolenda ,  Deferunda ,  Adolenda ,  qui 
étaient  censées  présider  aux  opérations  commencées  par 
1  abatage  et  terminées  par  la  crémation  7.  On  a  trouvé 
des  règlements  analogues  pour  les  amputations  prati¬ 
quées  dans  les  bois  sacrés  de  Spolète  8  et  de  Lucérie9. 
Le  caractère  indécis  de  ces  cérémonies  participe  de  la 
lustration  et  de  l'expiation  :  expiation  (piaculum), 
c’est-à-dire  satisfaction  préventive  ou  consécutive,  de  la 
part  de  l’acteur  ;  lustration  des  outils  et  du  bois  avec  le 
sang  de  porc,  celle-ci  à  peine  indiquée  par  les  textes,  et 
destruction  des  parties  amputées,  devenues  xaQoîpgxTa. 

Si  les  Romains  ont  apporté  tant  de  scrupule  en  cette 
matière,  ils  se  sont  moins  préoccupés  que  les  Grecs  des 
souillures  imprimées  par  le  meurtre.  Ovide  est  persuadé 
que  l’usage  des  lustrations  de  cette  sorte  est  d’invention 
et  d’importation  grecque  l0.  Ils  considéraient  que  la 

1  Lysias,  Or.  VII  (m?l  toî  owl).  —  2  Paus.  III,  13,  3.-3  Val.  Max. 

1,  1,  19.  Dio  Casé.  LI,  8.  Lactant.  Inst.  Div.  II,  7.-4  Bôtticher  ( Op .  cit. 
p.  192)  croit  pouvoir  affirmer  que,  avant  de  couper  des  branches  au  xotivo; 
d  Olympie,  on  offrait  un  sacrifice  sur  l’autel  voisin.  C’est  une  induction  fondée 
sur  les  rites  romains.  —  «  Cf.  C.  I.  A.  II,  403,  405  b.  Ephem.  Arch.  1894,  p.  167. 
Kfihler  in  Hermes,  XXVI,  p.  44  sqq.  Stengel,  Gr.  Kultusalt.  p.  119.  —  6  Cal. 
Agric.  139-140.  Plin.  XVII,  §  267.  —  7  H  est  à  remarquer  que  les  Arvales 
ne  connaissent  pas  Pilla,  qui  putationibus  arborum  praesto  est  (Arnob. 

•  '  ,  7),  présomption  en  faveur  de  l’opinion  exprimée  ailleurs  sur  le  caractère 
non  officiel  des  ihdigitamenta.  —  8  Bullett.  d.  Instit.  1879,  p.  67  sqq.  (Joui 
bove  piaclum).  9  Eph.  Epigr.  II,  p.  205.  —  10  Graecia  principium  moris 
fuit  :  ilia  nocentes,  lmpia  lustrato  ponere  facta  putat  (Ovid.  Fast.  Il,  37- 
38).  —  U  T.  Live appelle  sacrificium  lustrale  le  supplice  de  Mettius  (Liv.  I,  28). 
Plus  tard,  le  parricide  est  traité  comme  un  monstre,  isolé  de  tout  contact  (folliculo 
lupino  os  obvolutum,  et  soleae  ligneae  pedibus  inductae.  Aucl.  Ad  Herenn.  I,  13), 
déporté  et  noyé  en  mer.  —  12  Des  élymoiogistes  avaient  imaginé  que  Romulus  avait 


UK)  - 


LUS 


société  était  dégagée  de  toute  complicité  -, 

otlert  aux  dieux  en  supp]icalion  [sUP p,?!^ elle  avait 

J  consacré  la  lête  »  [consecratio,  DEvonoU  M]  k  vie  o» 
1  avait  retranché  de  son  sein  parl’excon  °Upable-fl» 
haquae  et  ignis  interdictio  semble ^  Unication  ». 
qu  ils  entendaient  soustraire  chez  eux  -,  mGme  i,1(iicI«er 
moyens  de  purification.  Quant  aux  m™,  ,Cr'minel8«« 
on  ne  voit  pas  que  les  Romains  aient  di  i*  jusliliés. 
responsabilité  et  une  souillure  indénend  ,%?enlr,!la 
La  légende  n’impose  ni  pénitence  ni'  "  °  ^  C6lle'cii 
Romulus  fratricide  12.  L’idée  que  le  J'"'"'1*1'011  à 
excusé,  exige  une  lustration  apparaît  ?’  méffle 
traditions  attachées  au  Tigillum  m " r'' 

rapporte  que  le  vieil  Horace  y  avait  «  purilié  ,'r  n  '" 
frais  de  l’État  »,  et  que  ces  sacrifices  expiatoires  àvël 
etc  ensuite  confiés  à  la  gens  Horatia 13  r)en  •  1611 
qu’Horace  fut  purifié  par  les  Po„Ufes 
le  r,  le  us. té  pour  l'expiaüou  des  meurtres  inroloatai,™ 
0n  ebt.lcl  en  Présence  de  légendes  obscures  d’où  l’on 
pourrait  inférer  que  la  gens  Horatia  était  dépositaire 
dune  mithode  de  lustration  reconnue  d’utilité  nd 
blique  u.  En  tout  cas,  il  n’en  était  resté  qu’un  souvenir" 
atrophie,  sans  application  pratique.  On  ne  saurait  dire 
si  cette  legende  est  bien  indigène,  et  non  accommodée  à 
la  grecque.  Là  où  intervient  le  laurier,  il  n’y  a  plus  de 
doute.  Des  Grecs  ou  des  Romains  hellénisés  ont  seuls  pu 
imaginer  que  les  soldats  avaient  besoin  d’être  purifiés 
du  sang  versé  sur  les  champs  de  bataille,  et  que  le  laurier 
était  prodigué  dans  ce  but  lors  du  triomphe16. 

Nous  passons  des  actes  délictueux  par  nature,  même 
quand  ils  sont  autorisés  ou  nécessaires,  aux  souillures 
contractées  sans  acte  ni  responsabilité  quelconque,  no¬ 
tamment  par  contact  ou  voisinage  d’objets  impurs. 

Si  révérés  que  soient  les  morts,  le  cadavre  est  par 
lui-même  chose  impure  [funus].  Ceux  qui  le  lavent  loi- 
trophoros],  le  parfument  et  l’entourent  des  soins  rituels, 
ceux  aussi  qui  le  regardent  et  assistent  aux  funérailles, 
sont  tenus  de  se  purifier  avant  de  reprendre  contact  avec 
la  société.  C’est  là  la  raison  d’être  du  deuil  (tcsvôoç,  luctus), 
destiné  à  isoler,  jusqu’à  disparition,  l’influence  «  funeste», 
Pendant  que  le  cadavre  était  encore  dans  la  maison,  un 
grand  vase  d’eau  lustrale  (àpoâvtov,  y/ip vrj/)  était  placé  à 
la  porte,  pour  purifier  ceux  qui  en  sortaient  ;  et  on 
avait  soin  d’emprunter  le  vase  lui-même  à  une  autre  mai¬ 
son  n.  Après  les  funérailles,  la  maison  mortuaire  devait 
être  soumise  à  une  lustration  qui  dispensait  de  la  dé¬ 
truire  ou  de  l’abandonner,  comme  le  faisaient  ou  le 
encore  certaines  peuplades  de  civilisation  rudimentaiie 
Elle  était  impure  (évayqç,  funesta)  durant  un  nom  ire 
de  jours  fixé  par  l’usage  ou  même  par  les  lois 
C’est  dans  ce  laps  de  temps  que  l’on  devait  proté  er 

institué  les  Lemuria  (=  Remaria )  poux-  apaiser  les  mânes  de  béni'1  C  ^  qrnnc, 
V,  479).  Ou  bien  Romulus  avait,  fait  placer  une  chaise  curule  à  111  ^  ^  icrs011ne  de 
et,  sur  ce  siège,  une  couronne  représentant  la  «  tôte  »,  cest-a-  11  ,  VPir 

Rémus  (Serv.  Aen.  I,  276.  Cf.  292).  Sur  les  couronnes  (capta,  s  < 

LECTISTERNI 

xatapnoï;).  xi  n  V  a  (race  nune  pan  m  »»  -  -u  ndait-O» 

bélier,  ci-dessus,  p.  1415,  7),  ni  de  ce  rôle  des  pontifes.  le»1  ° nfns  o/audi 


(Serv.  Aen.  I,  276.  Cf.  292).  Sur  les  couronnes  (capu  .  ■  ^ 

mirai.  —  13  Liv.  I,  26.  —  H  Dion.  III,  22  (oï«  vdgo;  w;  ^J^Yacrilice  i 
OapixoTî).  Il  n’v  a  trace  nulle  part  ni  de  cette  «  règle  »  I-  ^  pen,|ail-oi>  i 
i-dessus,  p.  1415,  7),  ni  de  ce  rôle  des  pontifes.  le»1  1  ^ens Claudi 
tigillum  des  oscilla  représentant  les  coupables.  —  18  Peut-ètie  au  plantent» 

avec  son  porcus  propudianus,  gui  in  sacrificio  gentts  am.  ,5  Voir  ci-dess» 
et  exsolutio  omnis  conlractae  religionis  est  (Fest.  p.  218,  s.  ’  ^[cest.  OS-I6 
p.  1409.  —  17  Pollux,  VIII,  65-66.  Hesych.  s.  v.  ’AjSi tua.  Cf.  Eurip»  y 
A  Rome,  Acerra  ara,  ante  mortuum  poni  solebat,  m  gw 


(Fest.  Epit.  p.  18) 

appartenu,  usage  dont  «  l’obole  à  Charon  »  sel 
De  Choreut.  37.  Le  chorège  se  plaint  d'avoir  été  cité  k?‘v 

vopt^ogiva  xotijaat. 


adores 
t  tout  ce  i|i" 


incend 
lui  < 


18  peut-être  enterrait-on  avec  le  mort  Antjpho 

raituue.urviv.n^^.. 


LUS 


—  1417  — 


mer 

soufre  -Les 


Hon  générale  de  la  maison  et  de  la  famille1. 
i‘»e 1US  |'1  loi  d’iulis  (Céos)  2,  la  maison  mortuaire  doit 
D’aPrès  ,j!(i(i  (|èg  ie  lendemain,  d’abord  avec  de  l’eau  de 
être  p‘" 1  ^  une  aulre  matière,  probablement  du 

femines, mère,  épouse,  sœurs  et  tilles  du  défunt, 

. ,  ,1  seules  y  rentrer  avant  l’opération .  Toutes  les  per- 
peUV."  souillées  doivent  se  laver  tout  le  corps,  et,  jus- 
S°nM|t  s’abstenir  d’entrer  dans  un  lieu  saint.  La  visite 
qüe'ieile  au  tombeau  produit  les  mêmes  effets,  sauf  que 
rCillure  disparait  d’elle-même  le  troisième  jour.  Les 
terni  avaient  servi  aux  libations  étaient  généralement 
enterrés  avec  le  mort,  entiers  ou  brisés.  11  n’est  guère 
possible  ici  do  distinguer  entre  usages  grecs  et  romains. 
On  sait  qu’à  Rome  on  sacrifiait  dans  la  maison  mortuaire, 
le  mort  étant  encore  présent,  une  porca  praesentanea  \ 
Pour  le  reste,  nos  textes  sont  un  peu  cosmopolites. 
L’abréviateur  de  Festus  dit  d’une  manière  générale  : 
«  Ceux  qui  avaient  suivi  le  convoi  passaient  au  retour  par¬ 
dessus  le  feu  après  s’être  aspergés  d’eau,  et  ce  genre 
de  purification  s’appelait  suffitioK.  »  C’est  une  coutume 
qui  n’a  rien  de  spécifiquement  romain.  On  en  peut  dire 
autant  du  mode  de  lustration  décrit  par  Virgile  à  propos 
des  funérailles  de  Misène  s.  Énée  asperge  trois  fois  ses 
compagnons  avec  un  rameau  d’olivier  trempé  dans  une 
onde  pure,  en  récitant  une  formule  ( novissima  verbà). 
C'est  une  lustration  dans  le  double  sens  du  mot,  car 
Énée  parcourt  les  rangs  ou  fait  le  tour  du  groupe  (. socios 
puracircumtulit unda).  A  Rome,  l’héritier  du  défuntétait 
tenu  de  balayer  la  maison  avec  un  balai  d’une  espèce 
déterminée6.  Toute  dérogation  au  rite  des  funérailles  ou 
lustrations  funéraires  entraînait  un  piaculum,  liquidé  à 
date  fixe,  avant  la  moisson,  par  le  sacrifice  d’une  porca 
praecidanea  sacrifice  qui,  comme  l’indique  l’espèce 
de  la  victime,  est  une  survivance  de  lustration.  L’esprit 
méticuleux  des  Pontifes  avait  multiplié  les  mesures  des¬ 
tinées  à  prévenir  tout  contact  entre  le  culte  des  morts  et 
le  culte  public.  Un  homme  en  deuil  ( funestatus )  ne  pou¬ 
vait  prendre  aucune  part  aux  sacrifices8.  La  simple  vue 
dun  cadavre,  indifférente  pour  un  simple  citoyen,  en¬ 
traînait  une  souillure  pour  un  pontife9,  à  plus  forte  rai¬ 
son  pour  un  (lamine.  Si  la  chose  arrivait  à  un  censeur 
au  moment  où  il  allait  célébrer  le  lustrum ,  il  devenait 
impur  et  incapable  de  purifier  la  cité10.  Les  temples 
étaienl  soigneusement  fermés  durant  les  fêtes  des 
orts  (dj.es  parentales ,  du  13  au  21  février,  jour  des 
e>at)u)  et  les  jours  des  Revenants  privés  ( Lemuria ,  9, 


1  *£|)0,  ^ 

a  ' 7  °  txxol*l9,^vat  xb  «rù)[x«  xa0ap;A,ou  yàptv  àrcoXo  jeryôat  toùç  otxetouç 

(Schol.  Aristoph.  Nub. 
sappelaU.  familiam  funestam  ; 


838;  Suid.  s.  v.  xaTa)oû*i).  A  Rome,  cela 
4684*0  ,,  purgare  (Getl.  IV,  6,  7).  —  2  Dittenberger,  Sytl. 

J.  Oareste-Haussoullier-IIeinacli, 

ttlnsrr  inr-  _  ’ 


Hâter,  nr.  398'.i»,  v  T - /lcc'  d'tnscr-  jurid.  I,  2.  Michel,  Bec. 

275. _ 3  |,-rs(  au  mer  préférée  pour  cet  usage  :  cf.  Valer.  Fl.  Ai'goii.  II, 

Keil).  -  4  pçS‘t  P*  25°'  s‘  v*  Pr(Msentanea.  Mar.  Victor,  p.  28  G  (Gr.  lat.  VI,  25 
VU»  §  19)  La  lus/  ^  P\~’  S’ V#  ^-Qua  et  Cf.  le  rite  des  Hirpi  Sorani  (Plin. 
comme  un  /  la^°n  es*  représentée  par  la  crémation  du  cadavre,  traite 
tür  quod  fune  ^  ^  CG  r^e  sP^c*aI  *  en  cas,  par  les  flambeaux  (funera  dicün- 
VI,  229  sqq.  Serv^// S0S  mwtai*  Praeferebant.  Serv.  A  en.  I,  727).  —  5  Virg.  Aen. 
perrere)  entre  da  6  Epit.  p.  77,  s.  v.  Everriator .  L’idée  de  balayer 

d après  Caton  [A  s  ■  /  aiei  runcare,  averrunci  ( dii )  =  àrcoTçÔTCaiot.  —  ^  Porca 
el223,  s.  v  ^  ^ ‘  6,  V)  ;  agna  d’après  Festus  ( Epit .  p.  219 

Cas»  les  devoirs  xnea)*  ~~  8  Cf.  la  rouerie  imaginée  pour,  concilier,  en  pareil 
A*n.  111,  64  pr  TPlSés  de  l  homme  et  du  magistrat  (Serv.  Aen.  XI,  2).  —  9  Serv. 
es  0pinioils  sont  n  v.omme  la  rigueur  des  règlements  avail  été  atténuée, 

î110  iutfuni  est  nunt  "'ICS.  ^  al’*'és  A.  Celle  (X,  15,  24),  le  flamine  Dial  locum  in 
non  est  relit  in"\\  'n®reddur<  tnortvtum  nunquam  attingit  :  funus  tamen 
P^tinere  y  \ .  110  '^(  va^  point  toucher  de  fève,  quia  creditur  ad  mortuos 

P'irt  :  olles  n’ont  plus ''i  *7’  V  '  ^a^am)-  Les  Vestales  ne  sont  jamais  en  deuil 
^sentait  j  °  Emilie.  Pour  les  pontifes  et  les  censeurs,  la  question  se 


1  Propos  des  funérailh 


es  d  Agrippa  (Dio  Cass.  LIV,  28),  d’Auguste  (Dio  Cass. 


LUS 

11,  13  rmii)  ou  publics  (Mandas  palet,  24  août,  3  oct., 
S  nov.)11.  Les  contraventions  donnaient  lieu  à  autant  de 
piacula,  que  nous  pouvons  éliminer  de  notre  sujet,  le 
caractère  sacramentel  inhérent  à  la  lustration  n’y  étant 
pas  formellement  indiqué.  Nous  éliminerons  de  même 
des  cérémonies  qui  passaient  pour  une  «  lustration  »  du 
bûcher,  dans  les  funérailles  publiques,  notamment  la 
decursio  en  armes  [apotueosis],  qui  eut  probablement 
pour  but,  à  l’origine,  de  chasser  les  mauvais  esprits  et 
de  «  purifier  »  ainsi  le  lieu  funèbre,  mais  qui  avait  perdu 
le  caractère  de  lustration  pour  prendre  celui  d’hommage 
exceptionnel  i2. 

En  somme,  la  préoccupation  dominante  qui  perce 
dans  tous  ces  rites,  grecs  ou  romains,  c’est  celle  de 
localiser  et  supprimer  le  maléfice  avant  que  ceux  qui 
l’ont  contracté  ne  puissent  le  communiquer  à  d'autres,  et 
surtout  le  porter  dans  les  lieux  consacrés.  Aussi  les 
légendes  qui  plaçaient  des  tombeaux  dans  les  temples,  à 
plus  forte  raison,  la  doctrine  évhémériste  si  bien  exploitée 
par  les  chrétiens,  pour  qui  les  temples  païens  n'étaient 
que  des  sépulcres,  tout  cela  est  étranger  à  l’esprit  des 
religions  antiques13. 

On  pouvait  entrer  en  contact  avec  les  morts  autrement 
que  par  l’attouchement  matériel  ou  la  vue.  Le  Romain 
qui  se  levait  la  nuit,  au  mois  de  mai,  pour  expulser  de 
sa  maison  les  revenants  [lemures  ,  se  croyait  bien  exposé 
à  toucher  ces  êtres  invisibles  auxquels  il  jetait  derrière 
son  dos14  des  fèves  noires  mouillées  de  sa  salive  et  qu’il 
cherchait  à  effrayer  en  frappant  sur  un  chaudron  de 
cuivre.  Aussi  se  lavait-il  les  mains  avec  de  l’eau  de 
source  avant  et  après  l’opération,  qui  était  une  lustra¬ 
tion  du  domicile  15.  Le  jour  des  Ferai la,  clôture  des 
parentalia  du  mois  de  février,  les  vivants  effaçaient  les 
traces  de  leur  commerce  prolongé  avec  les  morts.  Le  rite 
que  décrit  Ovide16  et  qu’il  croit  destiné  à  «  apaiser  les 
Mânes  »  contient  probablement  un  fonds  d’usages  indi¬ 
gènes,  surchargé  de  recettes  magiques,  telles  que  les 
trois  grains  d’encens  glissés  sous  le  seuil  et  la  toupie 
lancée  au  moyen  de  cordons  enchantés.  Les  sept  fèves 
noires  que  la  sorcière  «  retourne  dans  sa  bouche  »  se 
retrouvent  dans  le  rite  précité  des  Lemuralia,  et  la  tète 
de  sardine  ( amena )  qu’elle  grille  sur  le  foyer  après  l’avoir 
enduite  de  poix  et  traversée  d’une  aiguille,  dans  celui 
des  Volcanalia  (ci-après).  Les  Athéniens  pratiquaient 
des  rites  analogues,  suggérés  par  les  mêmes  idées,  à  la 
fête  des  Anthestéries  [dionysia],  durant  lesquelles  l'accès 


LVI,  31)  et  de  Drusus  Caesar  (Sciiec.  Cons.  ad  Marc.  15).  L’augurai  est  aussi  en 
cause  pour  (Jermanicus  (Tac.  Ann.  1,  62).  —  1*  Cf.  Ovid.  Fast.  Il,  563  sqq.  ( D 
quoque  templorum  foribus  celentur  operlis ,  etc.)  —  *2  K«t  jap  iiù  tJIv  xiiu»,  Sf 
ori<7i  Bippsiv,  lupunpipovM’t  (Plut.  Q.  Boni.  14).  Cf.  les  funérailles  des  guerriers 
troyens  :  Ter  circum  accensos  cincti  fulgéntibus  armis  |  Decvrrere  rogos,  ter 
maestum  funeris  ignem  1  Lustravere  in  equis  (Virg.  Aen.  XI,  188  sqq.).  Aux  funé 
railles  d'Archemoros,  sept  escadrons  entrechoquent  leurs  armes  avec  bruit,  lustra nt- 
que  ex  more  smistro  \  Orbe  rogum  (Stat.  Theb.  VI,  215).  Cf.  la  danse  armée  des 
Saliens,  qui  est  une  chasse  aux  maléfices.  Lustrare  a  pris  ici  le  sens  de  «  faire  le 
tour  ».  Cf.  Liv.  XXV,  7.  Tae.  Ann.  Il,  7.  Suet.  Claud.  I.  Les  devoirs  rendus 
aux  morts,  après  les  funérailles,  par  commémoration,  s'appellent  IvayiViioitix,  lus¬ 
trai»  ina  (v.  g.  Val.  Fl.  Argon.  III,  409).  Voir  les  honneurs  fuuèbrcs  aux  morts  de 
Marathon  à  Athènes  (l’aus.  I,  32,  4),  d’Artémision  et  de  Salamine  à  Mégare  (Simonid. 
fr.  107),  de  Platées  (Plut.  Aristid.  21,  1).  11  y  a  ici  lustration  des  pierres  tombales, 
par  lavage,  onction  et  sacrifice.  —  13  Tombeau  de  Python  ou  de  Dionysos  à  Delphes 
(Philocli. p’.  22 ,Frag.  bist.  grtre.  1,  p.  387.  Hesych.  s.  v.  T«£!ou  fiouvo?.  Tatian.  Adr. 
Graec.  8).  Les  Orphiques  évhéméristes  y  mettaient  même  lo  tombeau  d’Apollon,  soi- 
disant  fils  de  Silène  et  tué  par  Python  (Porphyr.  V.  Pgthag.  16).  Pyrrhus  enterré 
sous  le  seuil  du  naos  (Schol.  l’ind.  A 'cm.  VII,  46).  Tout  cela  suggéré  par  la  fantaisie 
des  exégètes  et  rtyxoqxnisi;  nécromantique.  —  14  C’est  la  façon  traditionnelle  de 
rejeter  les  noiOàpm*  (ci-dessus,  p.  1412, 1 1).  —  15  Ovid.  Fast.  V,  421-444.  —  16  Ovid. 
Fast.  Il,  569-582. 


LUS 


LUS 


—  1 

des  temples  était  barré  par  une  corde  et  la  porte  des 
maisons  flottée  a\cc  de  la  poix  Les  deux  premiers 
jours  étaient  devenus  jours  de  liesse,  les  libations  funé¬ 
raires  étant  remplacées  par  des  chopes  [cuous]  bues  ;  mais 
le  souci  des  morts  reparaissait  le  troisième  jour.  On 
faisait  cuire  à  leur  intention,  dans  des  marmites  [chytra], 
des  graines  de  toute  sorte  (Ttav<T7rep|jiia),  parmi  lesquelles 
la  fève  devait  évidemment  avoir  place,  et  on  allait  verser, 
soi-disant  en  l’honneur  des  victimes  du  déluge,  dans  le 
trou  qui  passait  pour  avoir  absorbé  les  eaux,  —  le  mun- 
(/ns  athénien,  des  libations  d  eau  (ùSpocpôpia),  de  farine 
et  de  miel  -.  Cet  ensemble  de  cérémonies  lustrales  se 
terminait  le  quatrième  jour  par  les  diasia,  en  l’honneur  de 
Zeus  MstXt^ioç,  qui  avaient  le  même  caractère  mixte, 
expiatoire  et  propitiatoire. 

L  idée  de  mettre  des  moyens  de  purification  à  la  dispo¬ 
sition  des  morts  eux-mêmes  dans  leur  existence  d’outre¬ 
tombe  a  peut-être  commencé  par  la  préoccupation  naïve 
de  leur  donner  non  seulement  des  aliments,  mais 
de  quoi  se  laver  et  se  parfumer.  11  est  question  d’un  rite 
d  après  lequel  on  versait  de  l’eau  et  des  parfums  à  côté 
du  tombeau,  en  disant  :  «  A  oici  un  lavage  (à7rdvtfji,p.a)  pour 
vous  qui  en  avez  besoin  et  y  avez  droit3  »  [cf.  loutro- 
phoroSj.  Les  sacrifices  offerts  aux  morts  héroïsés  s’appe¬ 
laient  des  èvaytTgaTa,  mot  qui  contient  l’idée  de  péché 
à  effacer  et  qui  peut  viser  le  mort  aussi  bien  que  le  vivant. 
Il  suffit  de  donner  un  tour  spiritualiste  à  ces  idées  pour 
en  faire  une  théorie  rationnelle.  Dans  l’Enfer  ou  Purga¬ 
toire  de  Virgile,  les  âmes  sont  purifiées  par  des  tourbil¬ 
lons  aériens,  des  torrents  d’eau  ou  des  flammes,  dont 
1  action  efface  à  la  longue  «  la  tache  contractée  »  durant 
la  vie  terrestre1.  La  théologie  étrusque,  combinant  l’idée 
de  rachat  avec  celle  de  lustration  posthume  par  le  sacri¬ 
fice,  enseignait  que  «  par  la  vertu  du  sang  de  certains 
animaux  offert  à  certaines  divinités,  les  âmes  devenaient 
divines  et  échappaient  aux  lois  de  la  mortalité3  ».  C’était 
aussi  la  doctrine  des  Orphéotélestes,  qui  couraient  le 
monde,  offrant  à  tout  venant  leurs  Aôffstç  xa't  xa9app.ot,  qui 
purifiaient  les  vivants,  et  leurs  rsXevai,  qui  soulageaient 
les  morts  «  des  maux  de  là-bas6  ».  Il  s’agit  bien  de  lus¬ 
trations,  appliquées  du  dehors,  où  le  contact  matériel  est 
remplacé  par  une  communication  mystique,  analogue  à 
la  communion  des  fidèles  maintenue  par  la  théologie  chré¬ 
tienne,  à  l’état  de  charité  active,  entre  les  vivants  et  les 
morts  7.  La  nécromancie  ou  psychagogie  aurait  pu 
fournir  le  moyen  de  purifier  les  âmes  des  défunts  ;  mais 
elle  avait  trop  mauvaise  réputation  pour  être  employée 
à  une  œuvre  pie.  L'antiquité  n’offre  pas  l’équivalent  de 
la  légende  de  Trajan  ressuscité  un  instant  pour  être 
baptisé  par  le  pape  Grégoire  8. 

1  Le  jour  des  Xo'eç,  puaçà  7)jAÉpa,  ev  f}  pâ|i.vwv  tioOev  Ijact. ffùjvxo  xai  ittrrfl  xàç  Oûçaç 
tjtçiov  (Phot.  p.  269).  Le  souvenir  d’Oreste  se  mêlait  aussi  au  rite  des  Xde; 
(Eurip.  Iph.  Tour.  958-960).  —  2  Schol.  Aristoph.  Ran.  218.  Acharn.  1076.  Le 
trou  du  déluge  (Pausan.  I,  18,  7),  comparé  par  0.  Müller  ( Etrusker ,  II,  p.  98)  au 
tnundus  romain,  où  avaient  été  jetées  àiçaç^at  itâvTwv  o<toiç  vôjaw  jxèv  û>ç  xaXoï;  to, 
«û«t  $’d»;  àvayxatoiç  (Plut.  Rom.  11).  Cf.  la  distribution  àXœtrtav  xac  geSçô* cwv  à  la 
lustration  novénairc  de  Delphes  (Plut.  Q.  Graec.  12).  —  3  Athcn.  IX,  p-  410  a.  Texte 
déjà  visé  plus  haut  (p.  1412,9)  à  un  autre  point  de  vue  et  assez  vague  pour  supporter 
plusieurs  interprétations.  —  4  Virg.  Aen.  VI,  740-747.  —  S  Arnob.  II,  62.  Labeoap. 
Scrv.  Aen.  III,  168  ( sacra  quibus  animae  humanae  vertantur  in  deos)  ;  IV, .518  ( reso - 
lutoriasacrificia)  :  doctrine  contenue  dans  les  libri  Acheruntici  (voir  haruspices).  Ces 
«  animaux  »  ont  été  substitués  aux  victimes  humaines,  dont  le  souvenir  est  con¬ 
servé,  quoique  détourné  de  son  sens,  dans  la  définition  :  Humanum  sacrificium 
dicebant  quod  mortui  causa  fiebat  (Fest.  Epit.  p.  113).  —  6  plat.  Rep.  Il,  p.  364  B. 
Sur  la  AÛacç  icfoyovwv  &0c(j.t<rn>»v,  voir  P.  Tannery,  Orphica ,  et  S.  Reinach,  Aû<n;  xxX. 
in  Rev.  de  Philol.  XXIII  [1899],  p.  126-129,  228-231.  La  déportation  posthume  des 
Alcmæonides  evayeT;  (ci-dessus,  p.  1415)  montre  qu’il  n'y  avait  pas  de  lustration 


418  — 


En  eiiet,  ce  n  était,  pas  toujours  à  bo 
les  vivants  frayaient  avec  les  morts  lTi  l.ntenti°n que 
saient  les  violateurs  de  tombeaux  attei£n.,;7?  qui  Umis. 
ment  les  magiciens  qui  troublaient  les  m°in8ai*H 
leur  repos.  Sans  entrer  dans  l’étude  de  la  né  meme8d«»* 
prement  dite  [divinatio,  magia],  il  suffit  de  ,Cr0manciePro- 
les  descriptions  fictives  d  évocations  ou  de  IT*  ""  PaSSant 
fers  pour  y  voir  apparaître  l’idée  que  l'inùT868^11' 
domaine  des  morts  est  un  péché  dont  l’effet  d'T  da”sle 
venu  au  moment  même  où  on  le  commet' 
de  l 'Odyssée,  à  côté  du  sang  qui  doit  infuser  un  ! 
de  vie  aux  ombres,  figurent  des  substances 
une  triple  libation  de  lait  miellé,  de  vin  et  H  J  ^ 
saupoudré  de  fleur  de  farine9.  Ce  n’est 

a  1  adresse  des  morts  :  le  poète  ne  pense  , 
qu  Ulysse  ait  besoin  d'être  purifié,  soit  avant,  s„ilapP® 

1  évocation.  Mais,  plus  tard,  les  nécromants  prennent  - 
précautions.  Dans  la  Nécyomancie  de  Lucien  Ménm! 
ne  se  risque  aux  Enfers  que  «  purifié  par  la  torche  l3 
sciUe  et  autres  ingrédients  »,  pour  échapper  à  la  J 
des  fantômes  10. 


Les  morts,  sans  être  évoqués,  apparaissaient  aussi  en 
songe.  Quand  ce  sont  des  ombres  aimées,  les  poètes  ne 
manquent  pas  de  dire  que  le  dormeur  a  voulu  les  serrer 
dans  ses  bras.  Morts  ou  génies  quelconques,  revenants 
(ordinairement  des  morts  non  ensevelis,  non  ‘purifiés 
suivant  les  rites)  ou  lutins  malfaisants,  ces  fantômes 
nocturnes  [larvae,  lemüres]  pouvaient  avoir  laissé 
quelque  souillure  au  corps  qu’ils  avaient  frôlé.  Aussi  y 
avait-il  des  lustrations  recommandées  en  cas  de  songes 
fâcheux,  dans  le  double  but  de  purifier  la  personne  et  de 
détourner  l’effet  du  présage.  Seulement,  par  une  déro¬ 
gation  signalée  plus  haut  à  la  méthode  régulière,  les 
intéressés  croyaient  pouvoir  se  purifier  eux-mémes  et 
«  laver  leur  songe11  ».  L’Atossa  d’Eschyle  se  lave  les 
mains  à  l’eau  de  source  et  sacrifie12.  La  Clytemnestre  de 
Sophocle  adresse  des  prières  et  des  offrandes  à  Apollon 
Lycien,  le  dieu  lumineux  devant  qui  fuient  les  hôtes  des 
ténèbres  13  ;  le  superstitieux  de  Théophraste  consulte 
pour  savoir  «  quel  dieu  ou  déesse  il  doit  invoquer1' 
la  Circé  d’Apollonius  de  Rhodes,  après- une  nuit  hantée 
par  des  songes,  se  lave  la  tête  dans  la  mer 13  ;  le  Sosie  de 
Plaute  16,  supposant  qu’Alcnlène  a  rêvé  ce  quelle 
raconte,  lui  dit  :  «  Femme,  une  fois  éveillée,  tu  aurais  dù 
invoquer  le  Jupiter  des  prodiges,  avec  de  la  mol  a  salsal 
ou  de  l’encens.  »  C’est  aussi  avec  ce  gâteau  sah‘  q>ie 
Tibulle  prétend  avoir  prévenu  l’effet  des  cauchemars  C 
Délie,  après  l’avoir  purifiée  au  soufre 

Les  morts  et  les  fantômes  ne  sont  pas  les  s<  ni  -  <  ties 
dont  le  contact  emporte  souillure  ou  maléfice.  H  I'1 


applicable  aux  restes  matériels  des  impénitents.  —  1  Ce  n«l  il  l  ^  quibus 
courante.  On  disait  Yale  aux  morts,  non  quod  eis  ôptemus  salut  '^^n-onenl 
nulla  esse  potest,  sed...  ut  ostendamus  eos  nunquam  in  nosfxu"  w 


esse  venturos  (Serv.  Aen 
106-117.  —  9  Hom.  Odyss 
des  sacrifices  de  victimes  noires 


„  y  7Q  erpf  ;  Par&d'  XV 

v,  80).  -  8  Dante,  Purg.  X,  '  ,  V  <.DvUe  offrent 

.  XI,  25-28.  L’Enée  de  Virgile  et  ,3^54); 

.  t . .  lAen.  Vl’  " 


•anieau 

10  Lu* 


l’entrée  des  Enfers  I  ■  I 

mais  Enée  a  d’autant  moins  besoin  de  lustration  personnelle  pj  ^ 
d’or,  talisman  et  invitation  du  Destin  (si  te  fata  vocant ,  ^  ^  ]  oracle  d® 

cian.  Necyom.  7.  Cf.  ci-après  (p.  1424)  les  lustrations  des  r  1  ^o||rcc  chauffée 
Lébadée.  —  H  àv  ôeïov  oveipov  àicoxXûuw,  avec  de  1  cau  oV  (Schol-  Ibid-)' 

(Aristoph.  Ran.  1340);  cela  s’appelait  aussi  àwoSioieoi**6^®*1  j  gieCtr,  634-659. 

des 


Cf.  ci-dessous,  p.  1427,3.  —  12  Aeschyl.  Pers.  201-204.  —  13  S°P  1  ^  ^  frayeurs 
—  14  Theophr.  Loc.  cit.  Plutarque  (De  Superst.  3)  se  alIX 

superstitieux  qui  recourent  aux  sorcières,  aux  bains  ce  ^mphitr.  735  ^  ’ 
xaTaêopSoçtôaeiç,  etc.  —  13  Apoll.  Rh.  IV,  661.  *  ^  'néral  Ocoïî  à-K0T?015*'01^ 

Cf.  prodigiali  Jovi  et  àTCo$ioito(ATCtï<T0ai.  On  sacrifiait  en  ga 
I  (Xeuoph.  Conviv.  4,  33).  —  I7  Tibull.  I,  5,  11-14. 


—  1419  — 


LUS 


LUS 


séparée 

ainsi 

a  passe 


,lnPe  encore  pour  une  partie  de  l’humanité,  où 
'U"  '  corp3  et,  de  l’âme  [medicina]  n’était  qu’une 
la  met  ' 1  ^  |  (  jémonologie  ;  où  tout  traitement  médical 
bra"  !l»t‘  xâOot:p<riç  administrée  par  des  sorciers,  seuls 
^lalt  j11  (i’expulser  les  mauvais  esprits,  ceux-ci  le  plus 
capil  ’  'Envoyés  par  d’autres  sorciers’.  La  folie,  qui  tient 
S°îa<n  place  dans  les  légendes  bachiques  —  où  elle  n’est 
1811  1  t|,,  i’  «  enthousiasme  »  que  par  une  nuance2  — 

■  •  ue  dans  celles  d’Iléraklès,  d’Athamas  et  d’Oreste, 
■nS  1  en  tout  pays  pour  une  possession  démoniaque. 

La  folie  des  Prœtides  et  leur  gué¬ 
rison  par  Mélampus  était  un  sujet 
sur  lequel  les  poètes,  mythogra- 
plies  et  artistes  avaient  exercé  à 
l’envi  leurs  talents  (fi g.  4689)  3. 
Mélampus  avait  exorcisé  les  Prœ¬ 
tides  par  «  des  drogues  et  des  ca- 
tharmes  »  dont  il  était  l’inven¬ 
teur4,  à  Lousi  (Aou«ro{)  en  Arca¬ 
die,  dans  le  temple  d’Artémis3,  ou 
à  Sicyone,  dans  celui  d’Apollon6, 
ou  sur  les  bords  de  l’Anigros, 
dans  les  eaux  duquel  Mélampus 
aurait  jeté  les /aOipp-axa1,  ce  qu’il  avait  fait,  disait-on 
encore,  à  la  source  d’Azenia8.  Apollon  ne  pouvait  man¬ 
quer  de  réclamer  aussi  cette  spécialité.  C’est  lui  qui 
avait  envoyé  Bakis  comme  xaQapx-qç  à  Lacédémone,  pour 
guérir  les  femmes  nymphomanes  de  la  localité9. 

L’amour  tourné  en  obsession  était  une  des  formes  de 
la  folie.  Ses  victimes  avaient  recours  soit  aux  conjura¬ 
tions  et  aux  philtres  pour  le  satisfaire,  soit  aux  exor¬ 
cismes  pour  le  chasser.  L’auteur  de  Ciris  décrit  l’opéra¬ 
tion  qui  doit  guérir  Scylla  de  sa  folie  amoureuse  :  soufre 
broyé  avec  des  plantes  odoriférantes,  salive  trois  fois 
crachée,  ligature  à  27  tours  (3  x  9)  avec  un  fil  tricolore, 
aspersion  d’eau  lustrale,  tous  les  charmes  magiques, 
même  «  inconnus  des  Grecs  »,  sont  employés,  mais  sans 
succès"1,  ribulle  aussi  fait  exorciser  son  amour  par  une 
sorcière  qui  le  purifie  avec  des  torches  et  le  sang  d’une 
hostie  noire  Dans  un  ordre  d’idées  moins  mystique, 
ynthie  passe  à  1  eau  et  au  soufre  la  maison  et  la  per¬ 
sonne  de  Properce,  souillées  non  par  des  génies  invi- 
S1  cs  1 1  *e  Poison  d’amour,  mais  par  des  filles  de  joie  ’2. 


Fig.  4689.  —  Mélampus  et  les 
Prœtides. 


Nous  devons 


renoncer  à  entrer  plus  avant  dans  cet 


JSérisondes  usllal'on  et  d intervention  de  génies  bienfaisants  (ixeiXlxioi)  dans  la 
20;  j  J*'  ’  s  Persiste  en  pleine  civilisation.  Cf.  les  actions  de  grâces  d'Hygin, 

1014  =  y*  /  '>A‘  ^  Aïvê  XoEtpo/otüv  xocpavé  NatiSuv  (friser,  gr.  Sic.  et  ltal. 
antique  („u  ,ve.  ,PS  rom'  Pertm •  I  [Cagnat],  n»  91).  —  2  Dionysos,  l’Alcool 

L’enthousiasme él  ‘*e  au  rebours  du  nôtre,  ceux  qui  le  dédaignaient, 

aurtoutassocié  avec  m"'  ^  ^  ®kit  P*us  qualifié  pour  guérir  ses  victimes, 

(Schol  Pind  P  ^  XxûâçTpta  pav:aç  fj  8ebç,  xai  xàv  Aiovuerov  Sè  xaôaprtxbv  pavlaç 
de luo-Tj,  ou  ^  '  ***’  ”n  rapportait  à  cette  vertu  lustraleses  surnoms 

33, 5).  Cf  |a  rival  d’Asklépios  (Aristid.  I,  p.  49.  Pausan.  X, 

,  envoyée  par  Zeus  (ci-dessus,  p.  1415,14),  et 
Vailles  (Ga~pttP  n  V*  ^e^amP^s.  —  3  Pierre  gravée  du  Cabinet  des  Mé- 

•; 2  -  •  £££■?  f 19  7  h  -p-  «)•  - 4  Apoiioa. 

«-dessus,  p.  1*12  6  —  8  ’  ~  * ausan-  II,  7,  7.  —  1  Pausan.  V,  5,  10-11. 

‘(“•conque  buvait  de  èol  ®u<*ox-  aP-  Stepli.  Byz.  s.  v.  ’A'ana.  Eudoxe  assure  que 
‘|ire  que  Mélampus  '  *  C&U  D°  *)0uva*t  P*U9  supporter  même  l’odeur  du  vin.  Autant 
Sur  les  Prœtides  et  L  C^e  ^‘onys°s  (Herod.  II,  49),  était  ennemi  de  Dionysos. 
apoIlinien,  voir  fJiS(  "1  °  Cnient  (^e  Mélampus  dans  les  représentants  du  monopole 
Ari»toph. />ac  107l  la Divination,  II,  p.  15-18.  —  9  Theopomp.  ap.  Schol. 

x?T)(nxnevo'  (Pi,  |  lcS  ^a™»ennes  guéries  par  Dexicréon,  ivf.ç  àyûçxYi ç 

guérit*  la  f0üe  (pi  .  ,  r'aec •  ^4).  La  lustration  au  sang  de  porc  passait  pour 

^  369-377.  Cf  L  T^W-  *’  15  «N-  Cf-  Hor‘  Sat.  II,  3,  165).  -  10  Virg. 

^ eint  (Tijeoc,.  ldyll  II  ^eSm  ^  5.  Cf.  les  conjurations  pour  ranimer  l’amour 
^ °y°ns unal0gUe9  .  ja  ^ C ^  Mu*  sont  des  envoûtements  produits  par  des 

8°ufre  et  Un  pan  .  Ci<“le  ^  en)ploie,  entre  autres  ingrédients,  du  pain,  du  sel, 
U  (Luc,an-  Mat-  meretr.  iv,  4-5).  —  H  Tibull.  I,  2,  59  sqq.- 


aspect  du  sujet  et  renvoyer  pour  le  surplus  à  magia.  La 
lustration  est  magique  par  essence.  La  médication  ca¬ 
thartique  nous  entraîne  en  pleine  magie; les  sources  qui 
guérissent  sont  des  réceptacles  de  vertus  magiques.  La 
logique  exigerait  que  l’on  considérât  comme  lustrations 

—  elles  en  ont  tous  les  caractères  —  les  opérations  ma¬ 
giques  qui  ont  pour  but  de  prévenir  ou  de  guérir  les 
maladies  et  violences  occultes  produites  par  la  fascination 
[amuletum,  fascinus]  ou  l’envoûtement  (àpat,  xaxâosTgot, 
defixiones  [devotio]).  Nous  laisserons  ces  branches  de 
la  magie  soudées  au  tronc  principal. 

Si  le  meurtre,  la  maladie,  la  mort,  même  naturelle, 
emportent  l’idée  de  souillure,  il  en  va  de  même  des 
actes  de  la  génération  et  de  la  parturition.  Cette  idée, 
amorce  de  la  théorie  du  péché  originel  ’3,  faisait  même 
partie  du  sens  commun  u.  La  continence  était  imposée 
par  une  foule  de  rites,  soit  temporaire,  comme  prépara¬ 
tion  à  certains  actes  religieux15,  temporaire  ou  perpétuelle 
comme  condition  de  l’exercice  de  certains  sacerdoces  16 
[vestales].  La  parturition  est  un  drame  sanglant  qui 
souillait  l’enfant  et  la  mère.  L’Apollon  de  Délos,  et  même 
le  dieu-médecin,  l’Asklépios  d’Epidaure,  ne  toléraient 
pas  plus  les  femmes  en  couches  que  les  morts  dans  leurs 
domaines  ’7.  Ces  prescriptions  ayant  été  oubliées,  les 
Athéniens  procédèrent  en  425  à  une  purification  com¬ 
plète  de  l’île  de  Délos.  «  Toutes  les  tombes  furent  enle¬ 
vées  :  il  fut  ordonné  qu’à  l’avenir  il  n’v  aurait  plus  dans 
l’île  ni  décès  ni  accouchement.  »  Thucydide  rappelle  à  ce 
propos  qu’une  lustration  de  ce  genre,  bornée  au  temenos 
du  temple,  avaitdéjà  été  opérée  par  Pisistrate18.  L’Artémis 
Taurique,  bien  différente  de  l’Artémis  Eilithyia,  écartait 
de  ses  autels  quiconque  avait  touché  de  ses  mains  «  les 
lochies  ou  un  cadavre 19  ».  En  Grèce,  la  maison  de 
l’accouchée  était  aussitôt  parée  de  branches  d’olivier  ou 
de  bandelettes  de  laine  (spta),  engins  de  purification  et  de 
préservation  contre  les  assauts  des  génies  malins20.  A 
Home,  c’est  le  souci  de  la  préservation  qui  domine,  Sil- 
vanus  étant  censé  rôder  autour  de  la  maison  ;  mais,  parmi 
les  mesures  prises,  figure  le  balayage  du  logis  ou  tout  au 
moins  du  seuil,  avec  l’assistance  de  Deverrail.  Cet  état 
d’impureté  prenait  fin  par  des  relevailles,  qui  compor¬ 
taient  évidemment  une  lustration  dite  en  Grèce  «  qua¬ 
rantaine  »  (xEsffotpaxooxatov) 22.  Le  nouveau-né  devait  être 
aussi  purifié,  non  seulement  par  des  lotions  d’eau  ou  de 

(Et  me  lustravit  taedis,  et  nocte  serena  |  Concitlit  ad  magicos  hostiapulla  deos). 

—  12  Propert.  V,  8, 83  sqq.  —  13  Cette  théorie,  pressentie  par  Hésiode,  est  nettement 

formulée  dans  les  doctrines  orphiques.  Les  hommes,  issus  du  sang  des  Titans  (ou 
des  Géants),  naissent  odieux  aux  Olympiens  et  out  besoin  d’étre  lavés  de  cette 
souillure  initiale  par  les  calharmes  mystiques  (Hynm.  Orpli.  xxxvi.  Ovid.  Met.  1, 
156  sqq.  Dio  Clirys.  Orat.  xxx,  p.  550.  Cf.  Bouché-Leclercq,  Placita  Graecorum  de 
orig.  gen.  hum.  [Paris,  1871],  p.  16-17).  —  14  On  pourrait  faire  toute  sorte  de  com¬ 
paraisons,  v.  g.  avec  les  prescriptions  du  Lévitique  (xu  et  xv),  et  1  inépuisable 
folklore.  —  15  Cf.  entre  autres,  l’abstinence  a  coitu  pour  les  jgi  I  ;  ruFs- 

mophokia],  les  Baxxxl  (Liv.  XXXIX,  9-10),  les  mystères  de  llona  Dea  (Plut.  Q.  Rom. 
20,  etc.),  dans  le  culte  d’Isis  (Tibull.  1,  3,  23  sqq.;  Prop.  IV,  5,  33  ;  Ovid.  Amor.  III, 
10,  1),  et,  en  général,  pour  toutes  les  initiations.  —  16  Virginité  ou  continence  pour 
les  pythies  (et  sibylles  idéales),  les  prêtresses  des  déesses  vierges,  Athéna  et  Artémis, 
de  Gæa  en  Achaïe,  d’Apollon  Diradiote  à  Corinthe,  etc.  Parmi  les  prêtres,  celui 
d’Héraklès  Misogyne,  l’hiérophante  d’Eleusis,  etc.  Cf.  A.  Maury.  Religions  de  la  Grèce 
antique,  II,  p.  358-360,  415-418.  Cette  logique  conduisait,  dans  les  cultes  orien¬ 
taux,  aux  mutilations.  —  n  Pausan.  Il,  24,  5.  Cf.  Eurip.  Ion,  44-46.  A  Épidaure, 
les  accouchements  miraculeux  se  font  toujours  «  hors  du  Hiéron  »  (Inscr.  1-2  Cavva- 
dias).  —  18  Thucyd.  III,  104.  Cf.  I,  8  ;  V,  1.  Evhémère  avait  transporté  ces  scrupules 
dans  ses  descriptions  fabuleuses.  On  n’enterre  pas  non  plus  dans  l  ile  d’Hiéra  (Diod. 
V,  41).  —  19  Euripid.  Iph.  Taur.  3S2  (vers  rejeté  par  Badham  et  Nauck).  —  20  Hesych. 
s.  v.  Ltéooivo».  —  21  Primo  limen  securi  ferire,  postea  pilo,  tertio  deverrere  scopis, 
ut  his  datis  culturae  signis  deus  Silvanus  prohibeatur  intrare  (Augustin.  Civ. 
Del,  VI,  9).  Sur  le  lectisterne  domestique  installé  à  cette  occasion,  voir  cectistersicm. 
—  22  Censorin.  11,  7. 


LUS 


—  1420  — 


LUS 


vin  et  des  onctions  d’huile1,  mais  par  une  lustration  ri¬ 
tuelle  accomplie  après  un  délai  de  quelques  jours,  délai 
fixé  absolument  comme  celui  du  deuil  et  de  durée  à  peu 
près  égale2.  A  Athènes,  cette  lustration  consistait  prin¬ 
cipalement  en  une  course  autour  du  foyer  [amphidromia], 
dont  le  sens  est  diversement  interprété  3.  C’est  après 
celte  cérémonie  que  l’enfant  recevait  son  nom.  A  Rome, 
ce  jour  était  le  dies  lustricus,  quia  his  lustrantur  atque 
eisnomina  imponuntur^.  On  prévenait  le  retour  offensif 
des  mauvais  génies  en  suspendant  au  cou  de  l’enfant  une 
capsule  [bull a,  amuletum]  renfermant  des  amulettes. 

11  nous  reste  encore  à  recenser  sommairementcertaines 
lustrations  qui  peuvent  être  considérées,  suivant  les  cas, 
comme  intéressant  les  individus  ou  les  sociétés,  attendu 
qu  elles  incombent  soit  aux  familles  des  individus  souillés, 
soit  aux  propriétaires  du  sol,  àl’endroit  où  se  produisent  les 
faits  qui  rendent  les  lustrations  nécessaires.  Tout  être  hu¬ 
main  privé  de  sépulture  rituelle  (, justa  fanera)  est  un  objet 
souillé,  un  xâQaoua,  et  la  façon  dont  on  le  fait  disparaître 
constitue  une  lustration  pour  la  famille  ou  la  société  ù 
laquelle  il  appartient  ".  Les  funérailles  légitimes  purifient 
et  le  mort  et  ceux  qui  1  entourent;  les  autres  ne  profitent 
pas  au  mort,  mais  purifient  les  vivants.  Il  n’y  avait  pas  à 
se  préoccuper  des  disparus,  surtout  de  ceux  qui,  noyés  en 
mer,  étaient  dans  le  grand  réceptacle  des  xa6âp[i.axa,  à  moins 
que  le  flot  ne  rejetât  leur  cadavre  sur  la  grève.  Cependant,  il 
pouvait  arriver  que  des  disparus  revinssent  à  leur  domi¬ 
cile  ou  que  des  léthargiques  ressuscitassent.  Le  seul  fait 
d’avoir  passé  pour  morts  les  rendait  impurs.  Plutarque 
assure  que  les  «  ressuscités  »  devaient  se  faire  laver  et  al¬ 
laiter  comme  des  nouveau-nés  (en  Grèce),  et  que  les  dispa¬ 
rus  (a  Rome)  ne  pouvaient  plus  rentrer  chez  eux  que  par  le 
toit  .  Le  suicide  était  un  meurtre  que  l’on  pouvait  considé¬ 
rer  a  volonté  comme  inexpiable  ou  comme  expié  par  le  sang 
du  meurtrier. C’est  cette  dernière  jurisprudence  qui  paraît 
avoir  prévalu  à  Rome,  mais  à  condition  qu’il  y  eût  du  sang 
versé.  C  est  ainsi  du  moins  que  j’expliquerais  pourquoi  les 
pontifes  romains  ne  refusaient  les  justa  fanera  qu’aux 
pendus".  En  Grèce,  les  suicidés  étaient  frappés  d’atimieel 
punis  parla  privation  des  honneurs  funèbres8.  A  Athènes, 
sansdoutepour  permettre  de  rendre  au  corps  les  derniers 
devoirs  en  la  forme  accoutumée,  on  en  détachait  la  main 
coupable  et  on  l’enfouissait  à  part 9.  Pour  les  suppliciés, 

*  Callim.  R.  in  Jov.  17.  Plut.  Lyc.  IG.  Cf.  le  zptTjxa  accompagnant  le  baptême 
chrétien  :  la  purification  du  pécheur  par  l’extrême-onction  :  à*ety«-mç  ajrov  l'XaiV 
(Jacob.  Epist.  5,  14).  Je  laisse  de  côté  les  superstitions  relatives  au  mauvais 
œil,  la  lustration  par  la  salive  ( frontem  atque  uda  labella  \  Infami  digito 
et  lustralibus  ante  salivis  |  Expiât.  Pers.  Il,  32  sqq.)  mêlée  de  boue  (Petron. 
131.  Dio  Chrys.  Ad  Corinth.  I.  Cf.  Plut.  Superst.  3).  Cf.  à  Sparte  les  Tiflrjv.'Sia 
(Athen.  IV,  p.  139  6);  dansl’Orient  chananéeu,  la  purification  (?)  des  premiers-nés  par 
le  feu  (ci  dessus,  p.  1409,1).  —  2  Pour  les  à;A®:$ç.ô|Aia,  de  cinq  à  dix  jours  :  pour  le  dies 
lustricus ,  huit  jours  (filles)  et  neuf  jours  (garçons),  ce  dernier  délai  équivalant 
exactement  à  celui  de  la  levée  du  deuil  ( sacrum  novemdiale).  —  3  g.  Reinach 
(L'Amphidromie  dans  ['Anthropologie,  1899,  p.  GG3-670,  et  C.  R.  Acad.  lnscr. 
1899,  p.  308)  rejette  les  explications  courantes  (purification  par  le  feu  ou  initiation 
au  culte  domestique).  Il  suppose  que  la  cérémonie  a  pour  but  de  rendre  l’enfant 
agile,  comme  son  père,  dont  il  est  encore  solidaire  et  qui  court  avec  lui.  Le  parallé¬ 
lisme  des  rites  concernant  la  naissance  et  la  mort  fait  penser  à  la  decursio  autour 
du  bûcher  (ci-dessus,  p.  1417).  Cette  course  circulaire  écarte  les  mauvais  esprits  et 
leur  fascination,  pour  qu’on  puisse  procéder  en  toute  sécurité  au  sacrifice  et  au 
banquet.  —4  Fest.  Epit.  p.  120,  s.  v.)  Macr.  Sat.  I,  IG,  3G.  Plut.  Q.  Rom. 1 02. 
Suet.  J\ero ,  G.  Arnob.  III,  4.  D  après  Suidas  (5.  v .),  UàusiSod'Aia  avait  lieu  cinq  jours 
avant  1  imposition  du  nom  :  le  dies  lustricus  comprenait  certainement  la  lustration 
et  1  imposition  du  nom.  —  S  Le  cadavre  de  Misène  totam  incestat  funere  classent 
(\  irg.  Aen.  \  I,  150).  Servius  paraphrase  les  prima  piacula  (VI,  153)  en  expiationem 
pollutionis  quae  fuerat  nata  morte  Miseni,  et  plus  loin  (VI,  229)  explique  comment 
les  Troyens  a  funere  contraxerinl  pollutionem.  Un  mort  ayant  été  trouvé  dans  la 
plaine  de  Rhavia,  les  autorités  d  Eleusis  le  font  enlever,  et  le  terrain  est  ensuite 
purifié  pai  n  xaOaçrr^  à  qui  on  paye,  outre  le  prix  du  porc,  6  dr.  de  salaire  ( Corp . 
iriser,  att.  V,  2,  p.  202,  iig.  42-43,  de  l'an  329/8  av.  J.-C.).  —  G  pjut.  Q.  R0m.  o. 


la  privation  de  sépulture  était  une  aggrava 
qu.,  en  dépit  de  l’expiation  suprême  U  0"  deMne 
xaOâpjzaxa  et  les  faisait  déporter  hors  f SSlm,lait  aUj[ 
individus  foudroyés  étaient  des  supplicié  *^l,ère-  U* 
particulière.  Ces  individus,  et  même  les  ni  ,  ^ 

frappés  par  la  foudre,  devenaient  des  xaOdb,  r  °U  leso1 

les  Grecs  hésitaient  sur  le  sens  qu’il  fallïm  ^i<iPendant 
coups  de  foudre  [fulmen].  C’était,  à  leurs  v,"JUePaux 
des  «  descentes  »  de  Zeus  lui-même  (/  '  V'  "X’  COmrne 
le  lieu  où  il  s'était  posé,  où  il  avait’  * 

svt^cov),  était  plutôt  consacré  que  souillé  Vn  , 1 71 
ce  lieu  était  désormais  soustrait  au  contact  des  b'!  ***' 
on  l’entourait  d’une  barrière  pour  qu’il  fût  in,J ^ 
intangible  (fiS«y«v,  «*«o<tov)  En  ce  qui  concerne  1^’ 
vidus  foudroyés,  abstraction  faite  des  légendaires  Ti. 
et  Géants,  on  ne  nous  parle  que  de  morts  déjà  enseveto 
et  cet  attouchement  céleste  paraît  avoir  été  filt  : 
comme  une  faveur.  Lycurgue  fut  promu  héros  par  un 
signe  ou  «  prodige  >.  de  ce  genre*1;  de  même,  surcon- 
sultation  de  l’oracle  de  Delphes,  l’athlète  Euthymos11 
A  plus  forte  raison,  Euripide  :  la  foudre,  éclatant  par 
trois  fois  sur  sa  tombe,  avait  «  purifié  »,  dit  un  poète 
«  la  matière  mortelle  de  sa  dépouille13  ».  C’était  une 
application,  un  peu  sophistique  dans  son  optimisme;  de 
la  théorie  de  la  purification  par  le  feu,  poussée  jusqu’à 
l’apothéose.  Les  Romains  avaient  mieux  conservé  la  trace 
du  sentiment  naturel  qu’inspire  la  foudre.  Les  coups 
mortels  partis  de  là-haut  leur  paraissaient  un  châtiment 
mystérieux  ou  une  malédiction.  Une  loi  de  Numa disait: 


Homo  si  fulmine occisus  est ,  eijustanulla  fierioportet'1'. 
L’individu  foudroyé  était  enfoui  sur  place,  et  ce  coin  de 
terre,  quoique  purifié  à  la  surface  par  le  sang  des  biden- 
tes ,  restait  un  lieu  funeste,  où  personne  ne  devait  plus 
poser  le  pied  et  que,  pour  plus  de  sûreté,  on  entourait 
d’une  clôture  ( puteal ,  bid entai).  On  a'parlé  ailleurs  [harus¬ 
pices]  de  la  casuistique  importée  à  Rome  par  les  Toscans 
et  de  l’enterrement  de  la  foudre  elle-même  (fulgur  con- 
ditum,  fulguritum).  Le  rite  national,  employé  parles 
particuliers,  paraît  s’être  réfugié  dans  la  pratique  des 
strufertarii ,  dont  il  n’est  question  qu’à  propos  des 
arbres  foudroyés.  On  expiait  ou  annulait  le  malélice  au 
moyen  de  deux  espèces  de  gâteaux  ou  pâtées,  sans  doute 
analogues  à  la  mo/a  sa/sa,  la  strues  et  le  ferctum  ’• 


cadavres  dis- 

.  Cf.  Cha* 


—  7  Cautum  fuerat  in  pontificalibus  libris,  ut  qui  laqueo  vitam  finisse ttuisepii  «s  j 
abjiceretur  (Serv.  Aen.  XII,  603).  Il  semble  qu’il  n’y  ait  pas  eu  de  dispositif*  'IS£U  j 
le  suicide  en  général.  La  substitution  des  oscilla  aux  pendus  ou  aux 
parus  [voir  funds,  p.  1 39G  6-1397  a)  peut  n’être  qu’une  conjecture  de  ben  g  - 
rila,  pendue  et  enterrée  en  effigie  tous  les  neuf  ans  à  Delphes,  en  gui-*-  3»  j 

(Plut.  Q.  Graec.  12).  Quant  aux  suicides  problématiques  (inedia  ou  itn  I  ^ 

vàient  toujours  passer  pour  morts  naturelles  ou  accidents  (chute,  ^eJ 
casuistes  avaient  sans  doute  pris  le  parti  de  les  ignorer.  SAssiiliou,  ^ 
Aristot.  Eth.  Nicom.  V,  11.  Philostr.  Revoie.  12.  Arlemidor.  Onu  on 
Thôbes,  Zenob.  Prov.  VI,  17  in  Paroem.  gr.  I,  p.  Pour  (;]  |,  s(.j,  Suid. 
OratP LXIV,  3.  —  9  Aeschin.  In  Ctesiph .  244.  —  10  P°**-  |.nI.inann,  Zeù; 
s.  v.  ’HXûffiov.  Fr.  Rist.  Gr.  III,  p.  146.  Pausan.  V,  U,  5-8.  Cf.  Ç-  ^  Ljjcurg. 
Iv«Tcci6ttTYiç  seu  Jupiter  Fulgerator.  Traj.  ad  Rlien.  I  oiü.  —  .^g  ^pau5. 

31.  Cf.  le  coup  de  foudre  envoyé,  en  signe  de  satisfaction  -1  Tàv  jva:àv 

V,  H,  4).  -  12  Plin.  VII,  §  152.  -  13  Anthol.  Palal.  VU,  ^  *  juÜi» 

(iqpi, aroç  îaToç-éav).  Cf.  Vil,  48.  —  14  Fest.  p.  178,  s.  v.  Occision .  ^  ajoutai 

Hostilius  avait  été  foudroyé  :  mais  on  lui  épargnait  1  affront  poJ  ^ foudroyés 
qu’il  avait  été  (olalement  consumé  avec  son  palais  (Liv.  L  31). 

(Fest.  Epit.  p.  92, 


vv.  Fanatica ,  Fulguritum).  Strues  9e"® ^  ;n  t),anSversu'n 


iligitorum  conj unctorum  non  dissimilia,  qui  superjecta  puni  p-m/bk i,Str*' 

'  .  .  .  .  r<  -1  ....  an  9Q5.  S.  VV. 


continentur  (Fest.  p.  310,  s.  v.  Cf.  Fest.  Epit.  pp-  85,  295,  s 


fertarios).  La  strues  et  le  ferctum  figurent  dans  le  sacrifice  dt  a  J rerti$gue 
(ci-dessus,  p. 1417, 7),  et  aussi  dans  le  rituel  des  Arvales  •  sti  ni  i  ^  Strufer * 

p.  403).  0.  Müller  restitue,  dans  un  texte  mutilé  de  oritas  noïafum 

tarios...  ho]mines  con[ductos  mercede,  qui  ad]  ai  bores  ^  cjfinnjbus  ver^lS 


cillant 


com]missarum  [ causa  sacrificia  quaèdam ]  strue 
f]aciunt. 


et  [ferto  solennU 


LUS 


—  1421 


.  je  foudre  étaient  assimilés  aux  prodiges, 

I  Les  coup  ilg  frappaient  des  monuments  ou  lieux 
gurtûul  (Iua"(  0inme  tout  prodige,  ils  emportaient  pré- 
pubI‘CS’  '  le  fautes  commises,  mais  ignorées'.  Nous 
s°mpfl0n  '  un  terrain  indivis,  qui  franchit  la  ligne 
s°mroes  „  tracée  entre  les  lustrations  individuelles 
de  déinarc  g-élend  aux  êtres  collectifs  autres 

et  celles  uum- 

K)^rations  des  êtres  collectifs.  -  Cette  catégorie 
Inreml  les  lustrations  de  caractère  expiatoire,  c’est-a- 
i Oui  visent  à  effacer  la  trace  et  prévenir  les  conse- 
Inces  de  fautes  dont  la  société  entière  est  tenue  pour 
S  onsable,  que  ces  fautes  soient  connues  ou  simplement 

supposées  pour  des  raisons  valables. 

Le  motif  ordinaire,  pour  ne  pas  dire  unique,  qui 
conduit  à  l’hypothèse  de  fautes  ignorées,  est  l’apparition 
de  prodiges,  «paxoc  [prodigia,  monstra],  ou  dénon¬ 
ciations  surnaturelles.  Le  concept  de  «  prodige  »  était 
extrêmement  llottant.  Il  ne  s’agit  pas  toujours  de  phéno¬ 
mènes  miraculeux  :  il  suffit  que  le  «  prodige  »  se  fasse 
remarquer.  Une  sécheresse  continue,  une  épidémie  per¬ 
sistante,  un  arbre  fétiche  qui  tombe  ou  sèche  brusque¬ 
ment  ou  reverdit  après  avoir  séché2,  enfin,  une  série 
d’accidents  qui  n’ont  d’anormal  que  leur  fréquence,  peu¬ 
vent  être  signalés  comme  prodiges.  Les  prodiges  sont  des 
avis,  et  le  plus  souvent  des  réclamations  ( postiliones )  des 
dieux.  Le  prodige  pouvait  être  soumis  à  l’interprétation, 
et  l’on  apprenait  ainsi  quelle  était  la  cause  de  leur 
mécontentement  et  ce  qu’ils  réclamaient,  auquel  cas  la 
«procuration  »  du  prodige  était  indiquée  par  la  même. 
On  pouvait  aussi  se  contenter  de  «  procurer  »  le  prodige 
sans  l’interpréter,  soit  que  la  procuration  fût  déjà  connue 
par  des  exemples  antérieurs3,  soit  qu’elle  fût  faite  à  titre 
d’essai,  sauf  à  aviser  si  elle  se  trouvait  inefficace.  Dans 
tous  les  cas,  la  procuration  comprenait  une  lustration, 
le  plus  souvent  processionnelle,  c’est-à-dire  promenée 
sur  le  sol  de  la  cité,  cérémonie  distincte  des  mesures 
prises  pour  supprimer  soit  la  cause  qui  avait  motivé 
l’avis  céleste,  soit  le  corps  même  du  prodige,  quand  il 
était  incarné  dans  un  monstre.  Lorsque,  en  207,  les  harus¬ 
pices  eurent  fait  noyer  en  mer  l’androgyne  né  à  Frusinone, 
les  pontifes  décrétèrent  une  procession  expiatoire  4.  Il 
s agit,  bien  entendu,  des  prodiges  qui  sont  reconnus 
comme  intéressant  la  société  entière  et  «  acceptés  »  par 
lUat  [publiée  suscepta).  Libre  aux  particuliers  de  voir 
des  prodiges  à  leur  adresse  dans  une  foule  d’incidents, 
e  les  interpréter  et  de  les  procurer  à  leur  guise. 

Les  prodiges  abondent  dans  les  légendes  et  histoires 
grecques  et  romaines5.  On  peut  dire,  d’une  manière 
generale,  pour  ne  pas  entrer  dans  le  détail  de  ce  sujet 


fl  jf  exemple,  le  coup  de  foudre  qui  dénonce  l’inceste  des  Vestales  (Plut, 
n  2  Voir  une  collection  de  prodiges  de  ce  genre  dans  Bôtticher, 

parts  S'  ^  —  3  Sur  les  expiations  —  de  prodiges  et  autres  —  prévues 

XXVII  l,-ll,!,"°lnains,cf-  *es  P°ntifes  de  l'ancienne  Rome,  y.  174-190. — 4  hiv. 

'  '  VXXI,  12.  On  suppose  aux  dieux  l'intention  de  piaculares  hostias 
Mo dum""C'l'U'  postulare  (Arnob.  VI,  2),  et  on  promène  les  engins  de  lustration 
•’aneis  t0""n  lustralibus  piamentis  minas  portentorum  hostiis  circumfo- 
traiio.  L' li (),,  ’!  na9ul°-tim  (Apul.  Met.  111,  2).  Procuratio  emporte  l’idée  de  lus- 
iebcat  ai  "\Cté’  ^  ^ u vénal,  est  Prodigiosa  fides...  quaeque  coronata  lustrari 
llM4f  ~  5  Collection  de  ~.lça-a  grecs  dans  Nagclsbach, 
—  G  jc  £  .  /’  "  P'  X O1-'- 170,  de  prodiges  romains  dans  T.  Live  et  Julius  Obsequeus. 

«t non  pas  00|  C°mme  une  lustration  extraordinaire,  motivée  par  des  prodiges, 
I,  586-6oo)  —  rcU"  régulier,  la  procession  décrite  par  Lucain  ( Phars . 

'«s prêtres  d'A  n'*'  Un°  consiScluence  fâcheuse  du  monopole  que  s’étaient  adjugé 
sacrifices  :!,°  °?’~  8  Cf- les  légendes  d’Andromède,  Hésione,  Iphigénie,  Polyxène, 
"niu  s  de  jeunes  Athéniennes  vouées  au  Minotaure,  en  expiation  du 


LUS 

réservé,  que  les  Grecs  se  souciaient  plus  d’interpréter  les 
prodiges  que  de  les  «  procurer  »,  tandis  que  les  Romains, 
moins  curieux,  mais  plus  timorés,  songeaient  surtout  à 
la  procuration,  seule  prévue  par  leurs  rites  nationaux. 
Sommairement  appréciés  par  les  pontifes,  ou  interprétés 
soit  par  les  haruspices,  soit  par  les  livres  sibyllins,  les 
prodiges  «  publics  »  pris  en  charge  par  l’État  romain 
étaient  procurés  par  des  moyens  variés  :  sacrifices,  sup¬ 
plications,  lectisternes,  fériés  prolongées,  processions5, 
offrandes,  vœux,  comportant  parfois  des  sacrifices  en 
masse  [ver  sacrum],  parmi  lesquels  figurent  excep¬ 
tionnellement,  par  ordre  des  livres  sibyllins,  des  sacrifices 
humains  empruntés  aux  rites  grecs  [cf.  duumviri  s.  f.]. 

Les  Grecs  avaient  conservé  une  foi  regrettable,  encore 
que  parfaitement  logique,  dans  la  vertu  expiatoire  du 
sang  humain,  le  xafiapgôç  suprême.  Celte  vertu  était  portée 
à  son  comble,  quand  le  sang  était  celui  de  victimes  inno¬ 
centes.  N’ayant  pas  à  expier  leurs  propres  péchés,  toute 
l’efficacité  de  leur  sacrifice  se  reportait  sur  les  péchés 
dont  les  formules  et  imprécations  rituelles  leur  trans¬ 
féraient  la  responsabilité.  Les  légendes  grecques  repro¬ 
duisent  à  satiété  les  sacrifices  de  jeunes  filles  que  les 
oracles  —  même  et  surtout  les  oracles  d’Apollon  ‘  — 
vouent  à  la  mort  par  le  couteau  du  sacrificateur  ou  la 
dent  des  monstres,  ici  le  Minotaure,  là  des  dragons 
vomis  par  la  mer,  et  qui  ne  sont  pas  toutes  sauvées 
par  des  héros  amoureux  ou  des  divinités  apitoyées8.  On 
savait  aussi  que  des  calamités  publiques  avaient  été 
détournées  par  le  sacrifice  volontaire  [devotio]  de  per¬ 
sonnes  qui  avaient  pris  spontanément  le  rôle  de  victimes 
expiatoires9.  On  se  souvenait  que  certains  cultes,  adoucis 
par  le  progrès  des  mœurs,  exigeaient  jadis  des  victimes 
humaines10.  Enfin,  ce  qui  dispense  d’autres  preuves,  les 
sacrifices  humains,  plus  ou  moins  atténués  par  des 
fictions  légales,  persistaient  dans  plusieurs  cultes  à 
l’époque  historique,  ceux  de  Zeus  Lykaios"  [lykaia], 
d’Arès  à  Lacédémone12,  de  Dionysos  à  Chios  et  à  Téné- 
dos13,  de  Kronos  à  Rhodes14,  d’Apollon  à  Leucate15, 
d’Apollon  et  Artémis  à  Massalia  16,  à  Athènes,  et  peut-être 
dans  toutes  les  villes  ioniennes.  On  trouvait  justifié  par  la 
raison  d’Élat  ce  qui  eût  été  un  crime  pour  un  parti¬ 
culier1'.  Nous  nous  arrêterons,  pour  choisir  un  exemple 
incontesté  de  lustration  publique,  régulière  et  annuelle, 
par  les  sacrifices  humains,  à  la  fête  des  Thargélies 
[thargelia],  qu’on  disait  instituée  pour  expier  la  mort 
d’Androgéos  et  faire  cesser  la  peste  consécutive.  Nous  ne 
sommes  pas  obligés  de  croire,  avec  le  scoliaste  d  Aristo¬ 
phane,  que  les  Athéniens  nourrissaient  des  hommes  pris 
dans  le  rebut  de  la  société  pour  les  sacrifier  et  «  purifier 
le  miasme  »  en  cas  de  calamité  publique18;  mais  il  est 


meurtre  d’Audrogéos,  des  jeunes  Locrienues  sacrifiées  à  Uion  pour  expier  le  viol  de 
Cassandra  par  Ajax  (on  en  faisait  non  plus  des  victimes,  mais  des  hiérodulcs.  Plut. 
Ser.  num.  vind.  12),  etc.  —  9  Dévouement  de  l’Éléen  Molpis  (Schol.  Lycophr.  159), 
d’Ischenos  à  Olympie  (Ibid.  43),  d’Aglaure  et  de  Codros  à  Athènes,  de  -Ménœcéc  et 
des  filles  d’Antipœnos  à  Thèbcs,  etc.  —  «  Cultes  d’Artémis  Tauriquc  (Euripid.  J  pli. 
Taur.  1470  sqq.)  ;  Orlhia  (Pausau.  III,  6,  7);Muuychia,  Brauronia,  Lemnia,  etc.; 
l’oracle  de  Delphes  ordonnant  de  sacrifier  à  Artémis  Triklaria  Mélanippos  et  Co- 
mætho,  xaî  4vSt  itïv  I'to;  itapOlvov  xoù  ncxTSa,  choisis  parmi  les  plus  beaux  (Pausau.  Vil, 
19,  2)  ;  de  Zeus  Laphystios  (I,  24,  2)  ;  de  Dionysos  Aigobolos  (ordre  U  AtXoSv  t<~. 
iiovùiro.  06eiv  notïSct  ipttïov  [IX,  8,  lj)  et  Omestès.  Sacrifices  patriotiques  :  des 
Erechthéides  et  Léontidcs,  to7  Beoj  y^i raveop  (I,  5,  2);  des  vierges  inessénienncs  de 
la  race  des  Æpytides,  toujours  par  ordre  d’Apollon  (IV,  9,  2).  —  U  Porphyr.  Abst.  11, 
27;  cf.  Plut.  Q.  Graec.  39. —  12  Ibid.  11, 55.  — 13  Ibid.  11,54.  Cf.  les  ’Ayptovi*  d’Orcho- 
mène  (Plut.  Q.  Graec.  38).  —  14  II,  55.  — 15  Strab.  X,  p.  694.  —  16  Serv.  Acn.  III,  57. 
_  n  En  vertu  du  principe  :  unum  pro  multis  dabitur  caput  (Virg.  A  en.  V,  815). 
—  18  Schol.  Aristoph.  Equit.  1136. 


179 


LUS 


—  1422  — 


certain  qu’ils  prenaient  cette  précaution  une  fois  l’an.  La 
grande  procession  (iropnq)  des  Thargélies,  destinée  à 
«  purifier  la  ville  »  et  à  préserver  les  fruits  de  la  terre 
(OapyrjÀta)  des  ardeurs  du  soleil,  comportait,  entre  autres 
cérémonies,  la  mise  à  mort  d'une  paire  de  <papp.axoi,  indi¬ 
vidus  «  drogués  »  ou  envoûtés  par  accumulation  sur 
leurs  tètes  de  toutes  les  souillures  du  peuple  entier,  l’un 
portant  celles  des  hommes,  l'autre  celles  des  femmes.  Ce 
transfert  de  responsabilité  s’affirmait  par  toute  sorte 
d’avanies,  figues  en  collier,  flagellation  avec  des  branches 
de  figuier  sauvage,  des  oignons  de  scille,  etc. 1  Quand 
ces  xa&âpjjLxta,  ces  ordures  humaines  2,  promenées  par 
la  ville,  en  avaient  comme  absorbé  tous  les  miasmes,  on 
les  faisait  disparaître,  soit  en  brûlant  leurs  cadavres,  soit 
en  les  précipitant  dans  la  mer. 

Le  rite  des  Thargélies  pouvait  être  appliqué  à  des  lus¬ 
trations  extraordinaires,  surtout  motivées  par  des 
épidémies.  Il  figure  dans  la  lustration  solennelle  par 
laquelle,  sur  l’ordre  de  la  Pythie,  Ëpiménide  purifia 
Athènes  souillée  par  le  meurtre  des  Cyloniens  (àyo; 
KuXtovssov),  meurtre  insuffisamment  expié  par  la  déporta¬ 
tion  des  êvaystç,  vivants  et  morts.  Depuis  lors,  Athènes 
était  décimée  parla  peste  et  hantée  par  les  revenants.  On 
assure  qu'Épiménide,  entre  autres  cérémonies,  immola 
un  ou  même  deux  adolescents,  Cratinos  et  Ctésibios, 
choisis  sans  doute  parce  qu’ils  portaient  des  noms  de 
bon  augure.  Pour  purifier  le  territoire,  il  avait,  dit-on, 
lâché  du  haut  de  l’Aréopage  des  brebis  noires  et  blanches, 
qui  furent  immolées  là  où  il  leur  plut  de  s’arrêter,  et  des 
autels  commémoratifs  furent  érigés  en  ces  divers  lieux3. 
Les  Argiens,  à  la  suite  d’une  guerre  civile,  de  date 
inconnue,  avaient  aussi,  parait-il,  purifié  solennellement 
leur  ville  par  diverses  cérémonies  et  élevé  une  statue  à 
Zeus  Milichios 4.  Polybe  raconte  que,  les  Cynæthiens 
étant  en  horreur  à  tous  les  Arcadiens  à  cause  de  leurs 
sanglantes  discordes,  les  Mantinéens  expulsèrent  de  chez 
eux  des  envoyés  cynæthiens,  puis  «  firent  une  lustration 
(xaOapfzôv)  en  promenant  des  victimes  autour  de  la  ville 
et  du  territoire  tout  entier3  ».  De  même,  parait-il,  Rome 
fut  purifiée  après  l’expulsion  des  rois  6  ;  la  récolte  du 
Champ  de  Mars,  terrain  usurpé  par  le  tyran,  fut  jetée  au 
Tibre  comme  «  chose  souillée  (è^ayiuTov)  et  qui  ne  devait 
pas  être  introduite  dans  les  maisons7  ».  Après  la  retraite 
des  Gaulois,  Camille  «  purifia  la  ville  suivant  les  rites 
prescrits  par  les  hommes  compétents  »,  c'est-à-dire  à  la 
mode  grecque,  car  on  consulta  à  ce  propos  les  livres 
sibyllins  8.  Silius  Italicus  suppose  qu’on  purifia  aussi 
les  «  remparts  »  de  Rome,  fascinés,  je  suppose,  par  le 
mauvais  œil  d’Hannibal9.  La  légende  imagina  des  pré¬ 
cédents  mythiques  à  ces  opérations.  Le  Pélasgos  des 
Suppliantes  t0  sait  que  le  Péloponèse  s’appelle  de  son 

l  Hellad .  ap.  Phot.  Bibl.  p.  534.  Harpocral.  et  Suidas,  s.  w.  «paçjJiaxoç, 
çapji axoûç.  Hipponax  ap.  Athcn.  IX,  p.  470.  Tzetz.  Chïliad.  V,  /3G 
(brutalités  :  eict&xi;  yàp  ^aiciaavre;  tîç  zb  icéoç  axftXatç  auxaTç  àyçtatç  te).  Pour  les 
questions  de  détail,  v.  g.  le  départ  entre  les  rites  athéniens  et  ioniens  (de  Milet, 
Paros,  Massalia),  et  les  fictions  légales  qui  ont  pu  être  substituées  à  la  mort 
réelle  (cf.  Hesych.  s.  v.  x«0aç0îîvat  =  |xa<TTiyui0^vat),  voir  thargelia.  L’auteur  du 
Minos  (p.  315  Dl  nie  les  sacrifices  humains  à  Athènes.  —  2  4>a^j xaxoç  ô  êtcc  xaOaçqxÇ 
■hÔIeu;  &yaipoûp.cyo;  *  ov  Xéyouai  xàOaojxa  (Suid.  8.  V.).  — 3  Diog.  Laert.  I,  10,  3,  §  110. 
Cf.  Alhen.  XIII,  p.  602  c.  —  4  Pausan.  II,  20,  2.  —  B  Polyb.  IV,  21,  9.  Athen.  XIV, 
p.  62C  C.  —  6  Dion.  V,  1  (xaÔaopioùç  irôXewç  itoir,aâ|XEvot).  —  7  Dion.  13. 

—  8  plut.  Camill.  30.  SC.  facit  fana  omnia ,  quod  ea  hostis  possedisset,  resti- 
tuerentur ,  terminarentur  expiarenturque ,  expiatio  eorum  in  Libris  per  duumviros 
quaereretur  (Liv.  V,  50).  —  9  Sil.  XII,  752.  —  10  Aeschyl.  Suppl.  2G0-270. 

—  Il  Thucyd.  II,  47.  —  12  Les  Grecs  avaient  fini  par  se  persuader  que  le  sacrifice 
de  victimes  humaines  était  une  Çévtj  Ouata  (Pausan.  VII,  19,  8).  Plutarque  ( Supers i . 


LUS 

temps  Apia,  pour  avoir  été  purifié  «  des  s 
tiques  meurtres  »  par  Apis,  fils  d’Apollon 
avait  produit  des  monstres  et  fléaux  de  lo  ,C  San8verJ 
à-dire  des  prodiges  ou  signes  de  la  colère"/  T®’  c’esU 
Athéniens  durent  se  souvenir  d’Épiménide  ^  6U 
la  terrible  peste  de  430  ;  mais  Thucydide  déd  •  "Clala 


renseigner  sur  ce  que  purent  imaginer  des'T0^8 
titieux  et  apeurés.  Il  se  contente  de  dire  :  «  /  SUpWs' 
essaya  en  fait  de  supplications  près  des  temnK *  °i  ^  °B 
sul tâtions  d’oracles  et  pratiques  de  L « 
tde"  ».  On  peut  supposer  qu’après  les  protestlulT 
tragiques  contre  l’anthropoctonie  12,  lesAthénien  ■ "  • 
tèrentpas  de  nouvelles  victimes  humaines  à  leur/  "  aj°U' 

Eu  somme,  il  n’est  guère  de  ville  grecque  qui  S”» 
dans  ses  rites  locaux,  des  cérémonies  expi.,i„ires  d, 
tmees  à  purifier  la  cité  soit  de  crimes  récents  soit  di 
fautes  ancestrales13.  Les  légendes  savaient  toujours 
trouver  à  l’origine  quelque  dieu  courroucé  ou  quelque 
ombre  inapaisée.  De  ce  point  de  vue,  les  jeux  panhel- 
lémques  eux-mêmes  sont  des  lustrations  funèbres,  et  la 
tradition  ne  se  fait  pas  faute  de  le  dire  pour  les  jeux 
pythiques  et  néméens. 

Si  nous  retournons  à  Rome,  sans  revenir  sur  les  pro¬ 
curations  de  prodiges  que  nous  avons  voulu  éliminer 
nous  rencontrons  une  lustration  annuelle,  dont  le  carac¬ 
tère  expiatoire  est  indiqué  non  seulement  par  le  simulacre 
de  sacrifices  humains,  mais  par  le  deuil  de  la  flaminica 
Dialis ,  qui  suivait  le  cortège  en  attitude  dolente,  les 
cheveux  épars.  Il  s’agit  de  la  procession  des  Argées 
[argei],  la  plus  grande  des  lustrations,  au  dire  de  Plu¬ 
tarque14.  Les  poupées  de  jonc  qui  servaient  do  ©appuioi 
étaient  d’abord  promenées  dans  les  divers  quartiers  au 
mois  de  mars  et  déposées  dans  des  chapelles  où  elles 
avaient  tout  le  temps  de  s’imprégner  des  «  miasmes  » 
locaux.  C’est  là  qu’on  allait  les  chercher  le  15  mai,  pour 
les  précipiter  du  haut  du  pont  Sublicius 13  dans  le  Tibre, 
qui  les  charriait  à  la  mer.  Le  nom  grec  des  Argei  est  à. 
lui  seul  une  énigme.  On  peut  y  voir  un  indice  d  impor¬ 
tation  grecque  sans  se  rallier  à  la  dernière  hypothèse  qu  il 
a  suggérée  et  qui  consiste  à  faire  de  cette  étrange  céré¬ 
monie  une  procuration  édictée  par  les  Xviri  S.  i ■  entre 
la  première  et  la  seconde  guerre  punique10.  L  explication 
la  plus  simple  est  encore  celle  que  les  Romains  du  b  mps 
d’Auguste  repoussaient  comme  déshonorante  p  1  p  ms 
ancêtres.  Ils  ne  voulaient  pas  que  ceux-ci  eussent  jamai| 
été  assez  barbares  pour  se  débarrasser  rrg 
des  bouches  inutiles  et  «  précipiter  les  sexag>  nu  "  ; 

haut  du  pont17  ».  ^(,st 

L’enterrement  des  Vestales  [vestales]  inces  m  a' 


une  lustration  publique  qui  ensevelit  dans 


leS  entrailles 


atus,  l’être  souillé  et  >nex'  l 


de  la  terre,  au  Campus  Sceler 

.  _ .  isA  Co- 

12)  n’en  connaît  que  chez  les  Carthaginois,  les  Gaulois  cl  (Scliol. 

rinthe,  sacrifice  à  Hêra  Akræa,  pour  Uàwx0<«  t”  ^  p,  573  c)  ; 

Eurip.  iledea ,  273),  supplication  (însttfa)  à  Aphrodite  (•  ^  p0ur  IléroM* 

à  Phénée,  ivayurtiava  pour  Myrtilos  (Pausan.  MIL  ’  .  jjl1l)0I1c,  pour  Km’1105 

(H,  10,  1);  à  ÜEchalia,  pour  Eurytos  (IV,  3,  G),  a  acu^  H 

(III,  13,3)  et  Hyakinthos  C1II,  19,  3.  Athen.  IV,  P-  l3’  >' .  ([<wi.  I,  «H 

,aO«?1rSv  (Plut.  Q.  Rom.  80).  -  13  Et  non  pas  de  ponte U.  ,  fi  serai!  b'* 
16  G.  Wissowa,  art.  Argei  in  Pauly-Wissowas  ea  ^  ^  réconte,  ct  I’a^lSCI11 1| 


étonnant  qu'on  eût  perdu  si  vite  le  souvenir  d  une  origine  a  -  y,.si*|es,  ''0’ iin 


des  Xviri  S.  F.  à  le  cérémonie,  où 


figurent  les  pontifes 

!.. 


mos 


inexplicable.  —  «.  Cicéron  ( Pro  Rose.  30)  y  voit  sans  “  wllre  sens  »  • 

Ovide  (Fait.  V,  024)  proteste,  et  les  érudits  avaient  ^  F<sl.  p.  33b 

tradition  concernant  les  depontani  (Fest.  Epit.  P-  ,J’  s’  sejagénaircs  l:  1  1 
Sexagenarios ;  Macr.  Sat.  I,  5,  10).  A  Céos,  le  poi  ° 

X,  p.  480). 


—  1423  — 


LUS 


LUS 


niable  'I 


,  ,  devenue  la  Vestale  coupable.  On  l’enfouit 
»r-  ‘  '  "y0a.  ,j.a,  en  prétendant  respecter  l’inviolabilité 

I co»lin':  u"  x^'is  gu  garder  elle-même  ;  moyennant  quoi  la 
■J’elk'  "d'.i'ivrée  des  conséquences  qu’aurait  attirées  sur 
cilé  -  '  '  né  d’un  tel  crime.  Je  croirais  volontiers  que 

elle  1 X  °nt  imii6  ici  des  rites  srecs’ connus  011 .  in“ 

relatifs  à  l’enterrement  des  xaûdpgaTa.  Du  moins, 
î  iridition  voulait  que  la  première  Vestale  déflorée, 
■L.  Svlvia,  eût  été  noyée  dans  le  Tibre1,  comme  on 
K  it  pour  les  iryei.  Il  était  un  autre  cas,  analogue  à  un 
hin  point  de  vue,  et  qui,  tout  au  moins  comme  diffi- 
|Ceu]lé  théorique,  car  on  ne  dit  pas  qu’il  se  soit  jamais 
Eésenté,  a  exercé  l’ingéniosité  des  pontifes.  L’indi- 
»jdu  CIUi  s’était  «  dévoué  »  [voir  devotio]  avait  assumé 
sur  sa  tête  les  péchés  et  responsabilités  quelconques  de 
|ses  concitoyens.  Quoique  innocent  et  même  sublime,  il 
était  devenu  un  xâôapga,  et,  comme  tel,  il  devait  dispa- 
|  raitre.  S’il  survivait,  il  fallait  ou  l’expulser  de  la  cité,  ou 
ne  l’y  laisser 
rentrer  qu’après 
f  lui  avoir  ôté  le 
I  caractère  de  vic¬ 
time  expiatoire. 

|  Les  pontifes 
avaient  trouvé 
I  au  problème  une 
solution  qui  pro- 
duisaitenmême 
I  temps  ces  deux 
[  effets  contradic¬ 
toires.  On  devait 
substituer  à  l’in¬ 
dividu  dévoué 
[  une  effigie  d’au 
'  moinsseptpieds 
de  haut,  que 

Ion  enterrait,  avec  sacrifice  expiatoire,  dans  un  endroit 
qui  devenait  par  le  fait  une  espèce  de  bidental.  Grâce 
i  à  ce  dédoublement  de  la  personnalité,  le  dévoué  était 
j  théoriquement  supprimé,  pratiquement  rendu  à  la  so- 
j  ciété.  Si  l’ennemi  s’était  emparé  de  l’arme  sur  laquelle 
Ile  dévoué  avait  posé  le  pied  en  prononçant  les  formules 
I  rituelles,  il  fallait  paralyser  la  vertu  de  ce  talisman,  témoin 
K  es  imprécations,  en  offrant  à  Mars  des  suovetaurilia. 
I  Parmi  les  cérémonies  recensées  jusqu’ici  comme  lus- 
I  Fiions  expiatoires,  toutes  celles  qui  sont  devenues  régu- 
leresü  annuelles  auraient  pu  aussi  bien  être  qualifiées 

rcaté>lt' ^°'res’  ^es  ont  maintenues  dans  la  première 
dif '■'n  ra*SOn  teur  caractère  lugubre  et  des  tra- 
!  on  '  u  en  boisaient  remonter  l’origine  soitàun  crime 
devoir  "  S^c*^é>  soit,  d’une  manière  générale,  à  des 

Lt4:.,()ntractés  envers  les  morts.  D’autre  part,  la 
liahiiiv  '  n°US  a^ons  ran8er  les  cérémonies  propi- 
S 111  ^°*t  comprendre  que  celles  où  il  y  a  lustra- 

•Anior.  IUt  [  ^  •  P°rpliyr.  Ibid.  Serv.  Aen.  I,  273)  ou  l'Anio(0vid. 

i  on  ‘-16,  sur  le  For  i*tS  C0U^es  Serrés  vivants  à  Rome  par  ordre  des  XviriS.  F. 

'  ^"Icnicul  par  ce  (Qj(  ,0,u  jllm  (^iv.  XXII,  57  ;  Plin.  XXVIII,  §  12),  rite  grec  connu 
élection  de  supor^;iL„  *  Rom*  40>  44'50>  109-113  ;  Gell.  X,  15  (curieuse 

ase  en  marbre 
di  Borna, 
4  Thésée 


Fig.  4690.  -  Purification  dans  les  Mystères. 


vvnuu  QQ  guopnqljr  1  r  r~'JXJ J  Ivv-llO  ,  UCH.  A 

<l'1  MusOe  Kifcher  '“ns  archaï(|ucs.  Cf.  ci-dessus,  p.  H17, 10).  —  3  V( 


1873, 

ensoifr 

[  (Plul 
•««u 


’  ph  2  et  3  =  [)  "  j?ai  ^•  ^°vatelli  (Bull.  d.  comm.  arch.  municip. 

!'fs®o  à  Héràklès  -'  "°mains'  V>  P-  «5  =  eleusinia,  fig.  2634).  — 

Thés.  30)i  |jCg  .[  Tr‘-’  Iiu'^<rewî  Sêojjuvw  8tà  xtvaç  itpài;etç  àSouXViTouç 

t  *!««»».„.  .  [  lls  Myslilres  d'Agræ  sont  un  «aeajn»;  (Polyaen.  V,  17), 

Wphtlt.  Lacan,  P[l[  (Schol.  Arist.  Plut.  845).  —  6  Plut. 

i  —8,  24G  (Refus  d'Antalcidas,  de  Lysaudre  et  d’un  autre 


tion,  et  l’idée  de  lustration  présuppose  nécessairement 
celle  de  souillures  à  effacer,  autrement  dit  d’expiation. 
La  ligne  de  démarcation  est  donc  assez  flottante.  Nous 
avons  rnis  en  deçà  les  lustrations  qui  visent  à  effacer  des 
souillures  connues,  ou  supposées  pour  des  raisons 
connues  :  nous  mettrons  au  delà  les  purifications  qui  ne 
supposent  d’autres  souillures  que  celles  dont  nulle  per¬ 
sonne  ou  chose  terrestre  n’est  présumée  exempte.  La 
catégorie  précédente  est  une  médication  qui  confine  à  la 
morale  :  celle-ci  est  un  chapitre  de  l'hygiène  mystique. 

III.  Rites  propitiatoires.  —  A.  Lustrations  indivi¬ 
duelles  ou  familiales.  —  Tout  acte  religieux,  et  parti¬ 
culièrement  le  sacrifice,  exige  une  pureté  corporelle  dont 
la  nécessité  était  rappelée  à  tous  par  les  yépv t6eç  ou 
Treptppavr/jpca  placés  à  l’entrée  des  lieux  saints  (voir 
fig.  4678).  A  plus  forte  raison  les  prêtres  devaient-ils  se 
tenir  en  état  de  pureté  [sacerdos,  sacrificilm  1.  On  sait  de 
combien  d’observances  minutieuses  était  encombrée  à 

Rome  la  vie 
quotidienne  du 
f  l  ame. x  Dialis 

et  des  Vestales2. 
Nous  ne  revien¬ 
drons.  pas  sur 
les  prescriptions 
analogues  con¬ 
cernant  les  sa¬ 
cerdoces  hellé¬ 
niques  et  qui 
ont  été  visées 
plus  haut.  Il  est 
probable  que  la 
collation  du  sa¬ 
cerdoce  n'allait 
pas  sans  lustra¬ 
tions  spéciales, 
mais  les  textes  n’en  disent  rien  :  il  n’y  en  a  pas  trace  dans 
le  peu  que  nous  savons  de  Y  «  inauguration  »  sacerdotale 
à  Rome  [inauguratio].  Du  reste,  dans  le  monde  gréco- 
romain,  le  sacerdoce,  le  plus  souvent  temporaire,  tendait 
à  devenir  une  fonction  civique.  En  revanche,  la  cathar¬ 
tique  avait  pris  un  déxreloppement  exceptionnel  dans  les 
mystères  [eleusinia,  mysteria].  L’initiation  aux  mystères 
exigeait  toute  une  série  de  lustrations  préalables 
(fig.  4690) 3,  destinées  à  laver  toutes  les  souillures  pos¬ 
sibles,  même  celles  dont  le  myste  lui-même  n’avait  pas 
conscience  4.  Pour  les  fautes  dont  il  se  savait  coupable, 
et  qu’on  l’invitait  à  confesser  dans  les  mystères  ‘  de 
Samothrace5,  il  y  avait  sans  doute  des  lustrations 
supplémentaires,  de  caractère  expiatoire 6.  Il  n’est 
question,  à  propos  des  mystères,  quels  qu'ils  soient7, 
que  de  xoc9ap|Aot,  Xôastç3,  vsXsxoci,  de  vêtements  immaculés, 
de  bains,  d'aliments  et  de  breuvages  régénérateurs,  de 
spectacles  produisant  dans  les  âmes  la  xâOapuiç  qu’  Aristote 

Laconien  de  répondre  à  la  question  :  xt  Sttvô te?ov  [ou  ivott-tuTatov  ou  à<TeSÉ<rr«Tov] 
SsSpaxEv  lv  t  -j  SX.).  —  ®  La  purification  par  le  jrotçiSiov  était  obligatoire  pour-  tous 
(Schol.  Arist.  Acliarn.  747,  764;  Pac.  374;  Ban.  338).  On  peut  supposer  que  les 
xaddtçirei;  d'Eleusis  (Olynipiod.  ad  Plat.  Phaedr.  p.  289)  étaient  plus 

compliquées.  Le  dadouque  employait,  outre  la  torche  (son  engin  professionnel),  le 
Atiî  xujSiov  (ci-dessus,  p.  1415,  7).  On  rencontre  cucore  un  'l’Sjavo;  ô  «Yvwrrtjç  t5v 
*EXeu<rtvtwv  (Hcsych.).  La  purification  par  le  feu  (dadouque)  était  si  connue  que  j là. 
zb  lv  ’EXtuffTvi  était  un  juron  populaire.  —  1  Cf.  Eschinc  xaôouçtuv  xoùç  TtXoupivouç 
(DemOSlh.  Coron.  259).  —  8  ’ATtoxaOâçffiiç  ^ujrwv  xai  ‘X.ûo-eiç  jAïjvi|Jici-rwv  (Iambl. 

Myst.  III,  10).  Jamblique  distingue  ici  la  et  le  résultat  (Xû<riç  (Mivtp&TNv  — 

iXao’|xoç). 


LUS 


1424  — 


LUS 


a  transportée  à  la  tragédie  dionysiaque.  Les  cultes 
mystiques  étaient  de  véritables  officines  de  purification, 
d'où  l'on  sortait  tout  prêt  à  affronter  le  voyage  d’outre¬ 
tombe,  allégé  de  ses  fautes  (part  de  l’expiation),  marqué 
du  sceau  (cçpaYtç)  des  élus  et  assuré  de  la  bienveillance 
des  divinités  souterraines  (part  de  la  propitiation).  Les 
«  théurges  »,  comme  Proclüs,  se  préparaient  nuit  et  jour 
à  leur  lin  dernière,  par  des  «  aspersions  et  autres 
catharmes,  tantôt  orphiques,  tantôt  chaldaïques  1  ».  Ils 
avaient  des  traités  sur  les  xa9<xp<na,  attribués  à  Orphée  ou 
à  Hermès  Trismégiste,  Pythagore,  Epiménide,  Empé- 
docle,  Phérécyde,  où  se  mêlaient  étrangement  les  recettes 
magiques,  les  prières,  jeunes  et  abstinences2.  Les  cultes 
fraîchement  importés  de  l’Orient  soutinrent  la  concur¬ 
rence  par  une  surenchère,  le  baptême  de  sang  [tauro- 
bolium],  lustration  qui  produisait  une  «  renaissance  pour 
l’éternité  »  ou  régénération,  symbolisée  par  la  vertu 
génératrice  des  vires3.  Ils  avaient  même  puisé  dans 
l’air  ambiant  des 


idées  de  charité, 
qui  permettaient 
aux  initiés  d’attri¬ 
buer  à  d’autres  le 
bénéfice  de  leur 
régénération. 

Comme  les  Mys¬ 
tères,  les  oracles 
(aavTeïx)  n'  o  uvra  i  e  n  t 
leurs  sanctuaires 
qu’à  des  clients 
préalablement  pu¬ 
rifiés  suivant  des 
rites  officiels  qui 
seront  examinés 
ailleurs  [oracula. 

Cf.  divinatio].  Ces 

lustrations  étaient  particulièrement  compliquées  près 
des  oracles  chthoniens  ou  nécromantiques.  A  Lébadée, 
on  ne  descendait  dans  l’antre  redoutable  de  Trophonios 
que  muni  de  toutes  les  ressources  de  la  cathartique,  sacri¬ 
fices,  ablutions,  dégustation  d’eau  de  sources  sacrées  et 
habits  de  lin  4.  On  n’approchait  de  la  fontaine  des  Pali- 
ques  que  «  pur  de  toute  souillure,  de  commerce  charnel 
et  de  certains  aliments  ».  Comme  les  parjures  étaient 
frappés  de  mort,  les  prêtres  exigeaient  des  consultants  le 
dépôt  préalable  d’une  somme  qui  servirait  à  purifier  le 
temple  en  cas  d’accident s. 

Comme  les  Mystères  et  les  oracles,  les  divers  sacer¬ 
doces  pouvaient  édicter  des  prescriptions  de  ce  genre,  à 
l’usage  soit  des  prêtres,  soit  des  fidèles.  Les  cultes  na- 

1  Marin.  Vit.  Procl.  18.  Une  initiée  s’écrie  :  e^opat  ex  xaOapSv  xaOaçà,  */ôovtwv 
paufreia.  Corp.  inscr.  Gr.  Sic.  et  Ital.  638,  641  sqq.  ( Notiz .  d.  Scavi ,  1880,  p.  155, 
tav.  vi).  La  théurgie  ou  philosophie  mystique  a  pour  but  la  purgatio  animae 
(August.  C.  Dei ,  X,  9-10).  Purification  au  miel  dans  les  mystères  de  Mithra  (Por- 
phyr.  Antr.  nymph.  loj.  —  2  Philostr.  Vit.  Apoll.  VI,  5.  Themist.  Orat.  II, 
38.  Cf.  Pythagore  sur  les  vertus  de  la  scille  (Plin.  XX,  §  101).  —  3  Cf.  les  oçgeiç 
toü;  ex  tu*v  jrot^wv,  oT;  xaOa tçouatv  oxav  el<rcÉvat  fxéXXouffiv  (Dcmosth.  Adv.  Conon.  39). 
F.  Cumont  [ Textes  et  mon.  fig.  rel.  aux  myst.  de  Mithra,  I  [1899],  p.  334;  Le 
Tavrobole  et  le  culte  de  Bellone  [Rev.  d'Hist.  et  Litt.  rel.  VI  [1901],  p.  97-110)] 
estime,  contre  l’opinion  courante,  que  «  le  taurobole  n’a  jamais  fait  partie  de  la 
eligion  mithriaque  ».  Il  l'adjuge  en  entier  au  culte  d’Anahîta,  identifiée  à  l’Artémis 
TaypoiîôXo;  (Mâ-Bellone),  puis,  par  les  prêtres  de  Cybèlc,  à  la  Mater  Magna.  La 
plus  ancienne  inscription  taurobolique  connue  [Corp.  inscr.  lat.  X,  1596)  est  de  134 
ap.  J.-C.  et  dédiée  à  Venus  Caelesta  (sic).  L’assimilation  et  juxtaposition  du  criobole 
au  taurobole  me  semble  devoir  ou  pouvoir  être  expliquée  par  un  raffinement  scien¬ 
tifique  du  symbolisme,  le  Bélier  ayant  remplacé  le  Taureau  comme  signe  équinoxial 
et  symbole  solaire.  —  4  Hist.  de  la  Divination ,  III,  p.  323-325.  —  6  Polem.  ap. 


tionaux  ne  paraissent  pas  avoir  été  très 
cuUes  importés  de  l’Orient  l’étaient  !  les 

placée  à  l’entrée  d’un  sanctuaire  —  d’aillL.m-°  ^  slèle 
de  Lindos  avertissait  ceux  qui  voulaient  y!1VnCOnnu'~ 
bonne  condition  »  (où<r(®«)  qu’ils  devaient  s’O  "  i f  * en 
de  certains  mets,  lentilles,  chair  de  chèvre  °  fnUS 
durant  un  nombre  de  jours  déterminé.  La  soùin^H 
duite  par  le  contact  d’un  cadavre  ou  un  deuil '  J?  ^ 
exigeait  un  délai  de  quarante  jours.  L’interdiction^'11,6 
tant  du  commerce  sexuel  «  légitime  »  pouvait  être  T 
le  jour  même,  moyennant  une  aspersion  d’eau  et 
onction  d’huile  6.  Le  règlement  rédigé  par  le  fondaiT' 
d’une  chapelle  de  Mên  Tyrannos  [lunus]  en  Attique  exig] 
que  quiconque  s’en  approche  soit  pur,  c’est-à-dire  purifié 
par  un  lavage,  s’il  a  mangé  de  l’ail  ou  du  porc  ou  s’est 
approché  d’une  femme  :  il  n’oublie  pas  non  plus  ce  qui 
concerne  xà  et  les  morts.  Tout  contrevenant 

peut  être  assuré  que  le  dieu  n’acceptera  pas  son  offrande1 

On  a  signalé  plus  I 
haut  la  place  que  I 

tenaient  dans  la  vie  I 
des  individus  et  I 
des  familles  les  I 
lustrations  concer-  I 
nant  la  naissance  I 
et  la  mort  :  celles 
du  mariage  [matri- 
monium]  ne  sont  ni 
moins  minutieu  - 
ses,  ni  moins  obli¬ 
gatoires.  Si  elles 
sont  disjointes  ici 
des  autres,  c’est 
qu’elles  ne  visent 
pas  des  souillures 
connues  et  quelles 
rentrent  par  là  dans  la  catégorie  des  cérémonies  pi opi 
tiatoires.  Les  précautions  imaginées  pour  pm  ilia  es 
mariés,  leur  maison,  le  lit  nuptial,  pour  tenir  a  distance 
ou  chasser  les  mauvais  esprits  et  attirer  les  beiu  mctions 
des  divinités  protectrices,  sont  si  multipliées  qu a  scial 
plus  simple  de  dire  qu’on  n’en  omet  aucune.  J iin- 
rites  grecs8,  choix  d’un  jour  heureux  et  «  U,u  U  ’ 
bains  préalables  avec  invocation  des  Nymphe  >  p.  ^ 

aux  sources  où  l’eau  est  puisée  [loutropuoros],  m  ^ 
blancs  et  couronne,  sacrifices,  purification  p  ^  ^ 

sion  (fig.  4691) 9  et  fumigation  promenée  en  cel  ' 
gauche  à  droite,  autour  du  couple  10,  f1aül lus-  : 
torches  portées  par  le  cortège,  partie  essen  u  &u 

trations  matrimoniales11,  communion  Pal 

17l.  p.  Rcinaeh. 

Macr.  Sat.  V,  19,  26-30  ;  cf.  Diod.  XI,  89.  -  6  L* des  Myslèrc*  j 
Epigr.  gr.  p.  105.  Michel,  723  (n*  siècle  av.  b  ,Mich(,]i 094,lig- 37h  , 

d’Andania  (91  av.  J.-C.)  :  àvayçaOàvTm  Sè  xai  0.0  wv  ’  240-274)-  Cf*  I>lsC^rJ 

et  du  temple  de  Lycosoura  (Leonardos  in  Eçni**  ^  0gwî«»  x«î  v£*?“v 
von  Pergam.  n°  255.  Hesycli.  s.  v.  aYveûetv  *  xafiaçeûeiv  4wo  7  s.  Rcin^cbi 

et  les  prescriptions  hésiodiques  (Opp.  et  dies,i^>-  •  J.-C.)- C  esl  à  ' 

et  p.  127.  Corp.  inscr.  ait.  III,  74  =  Michel,  988  (»  s'  0  qlland  d  ralll°  ) 
ccs  cultes  exotiques,  et  non  aux  Mystères,  que  songe  ^  ^  ^  ^veïa‘  (f’*11*  ‘  ^ 
pratiques  superstitieuses,  les  àxàOaçxot  jxlv  xa6ap|xot,  ^  .  Qesch-  utid  1  ^ 

perst.  11).  -8  Voiries  textes  réunis  par  E.  von  LasaulJ,  *  37*-*S8).  *  £ 

. . 


der  Ehe  bei  den  Griechen ,  1832  (in  . 

Fr.  Hermann,  Lehrb.  d.  gr.  Antiq.  §  31.  -  a  ' '~propre,  P1- 

logue  E,  77i(Dumont  et  Chaplain,  Céramique  de  la  w  i  praetuUt,  f‘  deX 
ces  de  Jason  et  Médée  :  ignem  Pollux  undamquesj uf/a  ,  J(6 

paterae  vertuntur  in  orbem  (Val.  Fl.  Argon.  VI  ^  ^  un;on3  illégit*®cS  >c 

n’oublie  pas  les  et  le  xaOàp*iov  icu?. 

yàjxoi  (Schol.  Eurip.  Alcest.  1001). 


LUS 


—  1425 


LUS 


,  ,1c  sésame,  tapage  à  la  porte  durant  la  con- 
symbol‘9uC  1  |  jaariage,  toutes  ces  pratiques,  dont  sou- 
sonimal'011  ‘ 1  ait  pius  le  sens  et  qui,  tombées  dans 
vent  on  ne  ^  nécessitaient  plus  l’intervention  du 

led°mal encouraient  au  même  but.  A  Rome,  un  certain 
pI'étre’  T  cérémonies  symboliques  étaient  tombées  en 
n°mb!'e  ü  nvcc  la  confarreatio ,  forme  archaïque  du  ma- 
déSUt  frôlée  par  l’État  en  la  personne  du  Grand  Pontife 
riage  C°"  ■  '  |.  Dial  i  Celle-ci  exigeait,  outre  la  communion 
et  du  flamme  ■  cérém0nie  qui  rappelle  l’usage 

c  X  rt  devait  produire  des  effets  ana- 
gr6L  ■'  Les  mariés  étaient  invités  par  le  pontife  a 
Asseoir  sur  deux  sièges  ayant  pour  couverture  commune 
iu.  de  la  brebis  immolée  pour  la  circonstance4.  Mais 
î!  cortège  des  torches  en  bois  d’épine,  de  cornouiller  ou 
,  ■  5  était  de  rigueur  dans  toute  deductio  nuptiale, 

,Xwe,  fà  comme  en  Grèce,  du  rapt  de  l'àge  préiris- 
;  riaue  Les  «  flambeaux  d’hyménée  »  ( taedae ,  faces ) 
aient 'passés  en  proverbe.  A  la  porte  de  la  maison 
nuptiale  une  onction  d’huile  [cf.  la  dea  Unxta  des 
indigitamenta]  et  des  bandelettes  de  laine  attachées  aux 
poteaux  arrêtaient  encore  les  maléfices  7.  ^ 

Les  naissances,  mariages  et  décès,  n  étaient  pas  les 
seules  circonstances  où  les  lustrations  fussent  obliga¬ 
toires.  Sans  rechercher  curieusement  les  scrupules  qui 
pouvaient  surgir  à  tout  moment  dans  l’existence  des  gens 
superstitieux  et  provoquer  des  lustrations  individuelles 
ou  domestiques  \  je  me  borne  à  relever  les  purifications 
qui  étaient  prescrites  à  certains  jours  par  la  religion  de 
la  cité.  On  a  déjà  noté  celles  qui,  appartenant  à  la  com¬ 
mémoration  publique  des  morts,  ont  un  caractère  expia¬ 
toire.  De  même  ici  figurent  les  lustrations  propitiatoires 
qui  sont  bien  ordonnées  par  la  religion  d’État,  mais  sont 
exécutées  par  les  individus,  pour  eux-mêmes  et  leurs 


propriétés.  Les  unes  et  les  autres  appartiennent  à  la  caté¬ 
gorie  de  ce  que  les  théologiens  appelaient  cultes  popu¬ 
laires  (Upi  S-rjgoTtxà,  sacra  popularia),  par  opposition 
aux  cérémonies  officielles  (îspà  o-qptoTeX-q,  sacra  publica  ou 
pro  populo).  Ce  sont  des  usages  populaires,  antérieurs  à 
la  constitution  du  culte  officiel,  mais  reconnus  et  rendus 
obligatoires  par  l’État. 

A  Athènes,  il  n’est  presque  pas  de  fête  qui  ne  soit  po¬ 
pulaire  en  même  temps  qu’officielle  et  qui  ne  prenne  la 
forme  de  procession  (TiopTrq).  On  pourrait  donc  inscrire 
ici  toutes  celles  où  les  citoyens  portent  des  engins  de 
purification,  de  l’eau,  des  torches  ou  «  lampes  »,  des 


branches  ou  couronnes  de  laurier  et  d’olivier,  c  esl-à-dire 
les  hydrophories,  thallophories,  daphnéphories,  lampa- 
dophories  ou  lampadodromies.  Il  est  prudent  de  passer  a 
côté  de  cette  perspective  indéfinie,  en  ne  retenant,  pour 
le  paragraphe  suivant,  que  les  lustrations  vraiment 
officielles. 

Le  culte  romain  nous  offre  un  triage  plus  facile.  Voici 
d’abord,  dans  la  catégorie  des  lustrations  agricoles  et  en 
suivant  l’ordre  du  calendrier,  les  fêtes  mobiles  célébrées 
en  janvier,  comme  conclusion  des  travaux  d’ensemence¬ 
ment  ( feriae  sementivae ),  les  Compitalia  ou  fêle  des 
Lares  à  la  ville  [compitalia],  les  Faganalia  à  la  cam¬ 
pagne,  deux  parties  artificiellement  séparées  d’une  lus¬ 
tration  générale  du  territoire,  sans  doute  unique  à 
l’origine9.  Aux  Compitalia ,  comme  prélude  aux  réjouis¬ 
sances,  figurent  des  cérémonies  de  caractère  funèbre  et 
expiatoire,  suspension  dans  les  carrefours  et  aux  portes 
des  maisons  de  poupées  ( maniae )  et  de  pelotes  ( pilae ) 
de  laine  ;  à  l’intérieur  des  maisons,  offrandes  de  tètes  de 
pavot  et  d’ail,  qui  représentaient  —  on  s’en  souvenait 
encore  —  des  victimes  humaines  10.  Il  y  avait  aussi  com¬ 
mémoration  des  morts,  surtout  des  disparus  11 .  Enfin,  le 
sang  des  porcs  coulait  dans  les  carrefours  u.  Aux  Paga- 
nalia,  on  jetait  sur  des  foyers  des  gâteaux  divers  ( annua 
liba)  ;  on  pendait  des  oscilla  aux  arbres  13,  on  immolait 
des  truies,  et  de  toutes  les  cérémonies  résultait  la  lustra¬ 
tion  de  la  bourgade  H.  Lorsqu’il  y  eut  des  magistri  vico- 
rum  et  pagorum  officiellement  investis,  la  lustration 
présidée  par  eux  tendit  àprendre  un  caractère  collectif13. 
La  même  observation  s’applique  aux  fêtes  des  paroisses 
dont  l’État  avait  fait  des  curies  et  qui  se  célébraient  aussi, 
par  ordre  de  l’État,  le  même  jour  :  les  Fornacalia  du 
17  février  [fornacalia]  et  les  Fordicidia  du  15  avril.  De 
ces  deux  cérémonies,  la  dernière,  à  cause  de  l’interven¬ 
tion  des  pontifes  et  des  Vestales,  trouvera  place  plus 
loin  :  l’autre  a  été  suffisamment  étudiée  dans  l’article 
précité.  Les  citoyens  —  sinon  tous,  du  moins  les  patri¬ 
ciens16  —  y  participaient  d’une  façon  active,  et  chez  eux, 
comme  pères  de  famille,  et  dans  les  curies,  sous  la  direc¬ 
tion  des  curiones  et  du  curio  maximus.  La  lustration 
purement  agricole  du  mois  de  février  est  la  lustration  des 
bornes  ou  fête  du  dieu  Terme  (Terminal ia)  au  23  février. 
Ce  jour-là,  les  propriétaires  de  champs  contigus  se  réu¬ 
nissent  devant  la  borne  couronnée,  versent  sur  le  feu  de 
l’autel  des  grains,  des  rayons  de  miel,  des  libations  de 
vin  et  immolent  une  porca  lactans'  . 


[  ‘Civ.  Georg.  I,  31.  Et  sans  doute  la  flarninica,  d’après  Ovid.  Fast.  II.  27-28. 

-  ■  cnius  paraît  1  identifier  avec  la  mola  salsa,  en  définissant  le  mariage  farre, 

1  P°niïficem  Maximum  et  Dialetn  flaminem  per  fruges  et  molam  salsam 
Un^e  conlarreati°  oppellabatur  (Serv.  Georg.  I,  31).  Cf.  Plin. 

.  .’  s  J6’  mariage  à  la  mode  macédonienne  :  Alexandre,  épousant  Roxane, 

IV  4  "for'  Patrio  more  panem...  quem  divisum  gladio  uterque  libabat  (Curt. 
tanci  "  1-es  Crées  1  avaient  peut-être  supprimée  en  même  temps  que  l’assis- 

menlio  Apollonius  de  Rhodes  [Argon.  IV,  1140  sqq.)  explique  mal,  mais 

Jason 0é't" Mv do  la  Toison  d’or,  prototype  du  Ait;  xùStov,  sur  le  lit  nuptial  de 

T0*°  3  cTCeçdev  |  XÇÙO-EOV  aty7.iîev  xùîaç  ëâXov,  oçça  teeXoito  ]  vtgir.eiç  TE 

mptiàrLl^'  ~  *  Scn\Aen'  IV-  374-  Cf-  ci-dessus,  p.1415,  7.  -  5  Spina 
!3)  \ pinça  '  US  " wFca-tis8ima  (Plin.  XVI,  §  30)  ;  corneae  faces  (Serv.  Ecl.  VIII, 
Plutarque  (o' y;  ^a5t'  iaeefo.  (II,  558).  Cinq  cierges  (xqçiwvE«).  d'après 

pension  ■  f,  ]  ~  6  lcsl-  Epit.  p.  87,  s.  v.  Facem( avec  mention  de  l’as- 

Q.  Jlom  asPer9ebatur  nova  nupta)  ;  Lucan.  Phars.  II,  345,  356;  Plut. 

Varron:  trfeo  y]1’  Aen-  1V>  339-  F, cl.  VIH,  29,  avec  l’explication  pragmatique  de 
a  «point*  _  7<IC/S  Prae're>  quod  antea  non  nisi  per  noctem  nubentes  ducebantur 
unxores  s,  °"c,|on  à  la  porte  (d'où  Unxia  et  l’étymologie  uxores,  quasi 
w-dcMu’,.  „  *.v’  457>  rappcii«  l’usage  de  la  poix  aux  Àntliestéries 

8  Voir  les  offrandes 


«US,  |).  Miot  .  • 

4  Uécalo  dai,s  |es’  °U  °U  renconlre  :u|ssi  l’épine  (fipvos). 

Biques,  f0je  .q  cairefours  où  l’on  dépose  les  balayures  :  les  drogues  tna- 
enen,  que  amuletum  esse  dicunt  Magi  totius  domus  suffitae 


purificataeque,  etc.  (Plin.  XXX,  |  82)  :  l’hellébore,  quo  et  domos  suffiunt  pur- 
gantque ,  spargentes  et  pecora  (cf.  les  Parilia  ci-après),  cum  precatione  sollemm 
(Plin.  XXV,  §  49),  et,  d’une  manière  générale,  villas,  domos,  templa  totasque  urbes 
aspergine  circumlatae  aquae  expiant  passim  (Tcrtull.  De  Bapt.  5).  Columclle 
(VII,  5,  17)  donne  une  recette  égyptienne  pour  préserver  les  moulons  du  «  feu 
sacré  ».  Elle  consiste  à  enterrer  le  mouton  malade  à  l’entrée  de  la  bergerie  et  à 
faire  défiler  le  troupeau  par-dessus.  —  9  Je  laisse  de  côté  les  difficultés  que  soulève 
la  distinction  ou  l’identification  des  feriae  sementivae  et  paganicae  (Varr.  L.  lat. 
VI,  26  ;  Lyd.  Mens.  III,  6),  des  Compitalia  et  Laralia,  etc.  —  10  Fcst.  Epit. 
p.  121.  s.  v.  Laneae  effigies  ;  p.  239,  s.  v.  pilae.  Varr.  ap.  Non.  p.  538.  Macr.  Sat. 

I  7  34.  Substitution  des  têtes  d’anchois  et  d’oignons  aux  têtes  humaines  dans 
Plut.  Num.  15  (xat  vèv  xatcEçjxbv  outw  tjvtîxeTvOv’.)  et  Arnob.  V,  1.  —  H  Compitalia 
ubi  eos  qui  peregre  moriuntur  colunt  (Charis.  1,  13,  5,  p.  20).  10  Parva  sagi- 

nati  lustrabant  compita  porci  \  Pastor  et  ad  calamos  exta  litabat  ovis  (Prop. 
V  1,  23).  Properce  vise  ensemble  les  Compitalia  et  Paganalia.  —  *3  Imitation  du 
rite  àttique  de  lVUoa,  d'après  Virg.  Georg.  I,  385-389.  Prob.  ad  loc.  —  14  Pagum 
lustrale,  coloni  (Ovid.  Fast.  1,  661-672).  —  15  Siculus  Flaccus  [De  cond.agr.  p.  164 
Lachm.)  appelle  territorium  pagi  la  surface  purifiée  par  les  magistri—  quod  pagos 
lustrare  soliti  sunt  ;  uti  trahamus  quatinus  lus  tracent.  — 16  11  y  a  là  une  question 
ouverte  :  voir  curia.  —  n  Ovid.  fast.  II,  639-656  [Numa)  et  Fornacalia  instituit 
farris  torrendi  f crias  et  aeque  religiosas  terminis  agrorum  (Plin.  XV1I1,  §8).  Les  T er- 
minalia  définies  sacrum purgatorium,  quod  vocant  Februm  (August.  C.Dei,  V  II,  7.) 


LUS 


—  142G  — 


Le  21  avril,  jour  réputé  anniversaire  de  la  fondation  de 
Home,  fête  stative  des  Parilia  ou  Palilia ,  à  la  fois  pu¬ 
blique  et  privée,  intéressant  la  population  entière,  sans 
distinction  d’origine  ou  de  domicile.  Dès  le  matin,  les 
paj sans  procédaient  à  la  lustration  des  troupeaux.  Les 
bergeries  étaient  décorées  de  rameaux  et  de  couronnes, 
le  sol  balayé,  les  moutons  aspergés  d’eau  et  fumigés  au 
soufre;  puis  un  grand  feu  était  allumé,  feu  de  paille,  de 
branches  d  olivier  et  de  laurier,  a  travers  lequel  sautaient 
trois  fois  moutons  et  bergers.  Puis  venaient  des  offrandes 
de  millet,  de  dapes,  de  lait,  de  vin  chaud  —  avec  prière 
quatre  lois  (?)  répétée  —  à  Palès,  apprêts  d’un  banquet 
d’où  les  convives  sortaient  en  belle  humeur  et  utilisaient 
ce  qui  leur  restait  d’équilibre  pour  repasser  par  le  feu 
ravivé  du  brasier1.  Les  rites  devaient  être  quelque  peu 
modifiés  pour  les  citadins.  Il  est  probable  qu’ils  se  réu¬ 
nissaient  et  allumaient  le  feu  traditionnel  sur  le  Palatin 
ou  colline  de  Palès,  et  que  l'État  y  était  représenté  par  le 
fl  amine  Palatual,  ou  même,  sous  prétexte  d’anniver¬ 
saire  de  la  fondation  de  Rome,  par  le  rex  sacrorum. 
En  tout  cas,  l’ingrédient  principal  de  la  lustration  était 
une  mixture  fabriquée  par  les  Vestales  avec  le  sang  de 
YOctober  equus  et  la  cendre  des  veaux  mort-nés  brûlés 
aux  Fordicidia.  Les  tiges  ( stipulae )  ou  cosses  vides  de 
fèves  devaient  servir,  j’imagine,  à  alimenter  le  brasier 
sur  lequel  les  citoyens,  dûment  aspergés  avec  une  branche 
de  laurier,  tenant  en  main  le  cadeau  des  Vestales,  repas¬ 
saient  trois  fois  et  jetaient  cette  étrange  mixture2.  Il  est 
possible  aussi  que  les  suffimenta  des  Vestales  aient  été 
distribués  au  «  peuple  »  pour  une  lustration  domestique, 
préparatoire  à  la  cérémonie  collective 3,  comme  aux  Ludi 
Saeculares  (ci-après)  les  suffimenta ,  torches,  soufre  et 
bitume,  distribués  par  les  XVviri  S.  F. 

Si  l’on  peut  considérer  comme  individuelles  des  lus¬ 
trations  ordonnées  par  l'État,  à  plus  forte  raison,  celles 
qui  étaient  particulières  à  certaines  corporations  non 
officielles.  Une  des  plus  anciennes,  celle  des  marchands 
ou  Mercuriales ,  avait  sa  fête  patronale  le  lo  mai.  Ce 
jour-là,  chaque  commerçant  allait,  en  simple  tunique, 
puiser  de  l’eau  à  la  source  de  Mercure,  près  la  porte 
Capène,  dans  une  cruche  préalablement  désinfectée 
(. suffita ),  y  trempait  unp  branche  de  laurier  et  en  asper¬ 
geait  ses  marchandises  et  sa  propre  personne,  en  invo¬ 
quant  Mercure  au  milieu  des  fumées  de  l’encens  4.  Les 
fériés  des  Quinquatrus ,  des  Vinalia ,  des  Volcanalia , 
des  Portunalia  ou  Ludi  piscatorii,  étaient  pour 
différents  corps  de  métiers  des  fêtes  analogues,  don¬ 
nant  lieu  à  des  pratiques  où,  même  avec  le  peu  que 
nous  en  savons,  on  devine  l’intention  de  purifier  les  per¬ 
sonnes  et  le  matériel5.  Avec  la  corporation  officielle 


1  Voir  la  description  d’Ovide  ( Fast .  IV,  721-80G),  complétée  par  Varr.  ap.  Scliol, 
Pers.  1,72.  Dion.  I,  88.  Tib.  I,  1,  35-36;  II,  5,  89-90.  Prop.  V,  1,  19.  Le  caractère  de 
ces  cérémonies  était  évident  pour  tous.  Rasticihis  Palilibus  se  expiari  credunt  (Schol. 
Pers.  Loc.  cit.)  —  t»;;  tSv  jjuaoqjuÜTtov  evexa  (Dion.  Loc.  cit.)  —  2  S an  guis 

equi  suffimen  erit  vitulique  favilla,  |  Tertia  res  durae  culmen  inane  fabae  (Ovid. 
L.  c.  733).  —  Carte  ego  de  vitulo  cinerem  stipulasque  fabales  |  Saepe  tuli  plena 
februa  casta  manu ,  etc.  (725  sqq.).  Brasiers  de  stipulae  (Tib.  II,  5,  89),  de  foenum 
tProp.  V,  1,  19), de  laurier,  olivier  (ci-dessus,  p.  1409, 7)  ;  curto  lustra  novantur  equo- 
(Ibid.  20).  C’est  le  rite  des  Parilia  qu’emprunte  Tibulle  pour  la  fête  où  fruges  lus - 
tramus  et  agros  —  purgamus  agros ,  purgamus  agrestes ,  avec  de  l’eau,  des  cou¬ 
ronnes  d’olivier,  des  feux,  de  larges  beuveries,  etc.  (Tib.  II,  1).  —  3  Cf.  l’expression 
énigmatique  d’Ovide  :  quaeque  capit  lictor  domibus  purgamina  certis  (Ovid.  Fast. 
II,  23).  —  4  Ovid.  Fast.  V,  670-G92.  La  prière  :  Ablue  praeteriti  perjuria  tempo- 
ris ,  etc.  doit  être  de  l’invention  du  poète.  —  5  Par  exemple,  aux  Volcanalia  (23  août), 
populus  pro  se  in  ignem  animalia  mittit  (Varr.  L.  lat.  VI,  20),  c.  a.  d.  de  petits 
poissons  vivants  (quod  id  genus  pisciculorum  vivorum  datur  ei  deo  pro  animis 


LUS 


uos  moictnes  et  leur  tubilustrium  no 
catégorie  des  lustrations  faites  pour  in  ^ 

B.  Lustrations  des  êtres  collectif «  t 

,.Lwdrel««iq». 


compte  de  rtjt* 


Cll0“s  que  des 


nous  oblige  à  commencer  par  ce  que  nous 
moins.  On  n’a  guère  sur  la  fondation  des  eu 
légendes  où  il  est  question  de  victimes  hum 
gées  ou  enterrées  vivantes  dans  les  fondai  i  dineSégor- 
railles,  légendes  qui  se  donnent  pour  de  rhiT*  ^ IUu' 
il  s’agit  de  villes  fondées  à  une  époque  coniT  qU“nd 
ainsi  qu’on  nous  indique  le  jour  et  l’heure  où  vi  ^ 
Nicator,  après  avoir  choisi  remplacement  d’Anlin  i 
immoler  au  milieu  une  vierge  nommée  Æmathis»  ’ « 
nose  affirmer  que  les  Grecs  soient  restés  indemnes  do 
cette  abominable  superstition,  qui  parait  avoir  sévi 
toute  l’espèce  humaine  \  Les  traditions  authenüJü 
ment  grecques  n’en  parlent  pas.  Les  Mégariens  rail 
Laient  que  Alcathos,  avant  de  bâtir  leurs  murailles  av  t 
sacrifié  aux  ©sol  TupoSoge??,  mais  sans  allusion  aucune  l 
ce  rite  barbare  8.  Rome  aussi  avait,  au  milieu  de  soi 
ancien  périmètre,  un  mundus ,  un  lieu  purifié,  où  l’on 
avait  jeté  les  prémices  de  toutes  choses9  à  l’adresse  des 
génies  souterrains.  Bien  que  les  Romains  eussent  la  pré¬ 
tention  d’avoir  toujours  abhorré  les  sacrifices  humains, 
il  se  peut  que  le  meurtre  de  Rémus  soit  un  souvenir  tra¬ 
vesti  de  ces  sortes  de  lustrations.  En  tout  cas,  ils  ne 
réclamaient  pas  comme  national,  mais  appelaient  «  rite 
étrusque  »  le  cérémonial  qui  avait  été  suivi,  d’après  la 
légende,  lors  de  la  fondation  de  Rome  et  qu’ils  obser¬ 
vaient  fidèlement  quand  ils  fondaient  des  colonies  : 


orientation  du  «  temple  »  urbain  et  du  terrain  à  allô  tir, 
prise  des  auspices  et  tracé  du  pomérium  avec  une  charrue 
de  cuivre  attelée  d’une  vache  et  d’un  taureau  blancs 
(inauguratioJ.  Ce  qui  domine  dans  ce  rite,  et  qui  est 
appliqué,  sous  le  nom  d’inauguration,  à  toute  espèce  de 
«  temples  »,  c’est  non  pas  l’idée  de  purification,  mais 
l’idée  connexe  ou  même  équivalente  de  «  libération»10 
ou  déblaiement  des  espaces  inaugurés,  par  transfert  ou 
exauguration  de  tout  ce  qui  pouvait  l’encombrer.  Cepen¬ 
dant,  la  lustration  par  le  sacrifice  y  avait  sa  part.  Nous 
savons  par  Cicéron  que  la  fondation  d’une  colonie  exigeait 
des  sacrifices  pareils  à  ceux  qu’offraient  les  censeurs  et 
les  généraux  pour  la  lustration  du  «  peuple  »  ou  de 
«  l’armée  »  (voir  ci-après)11,  c’est-à-dire  des  suoveluurUia, 
et,  d’autre  part,  le  rite  des  Lupercales,  qui  est  une  lus¬ 
tration  de  l’ancien  pomérium  (ci-après),  peut  die 
reporté  aux  origines  mêmes  de  la  cité.  La  fondation 
de  Constantinople  fut  une  occasion  d’évoquer  les  lieux 
rites  et  de  les  combiner  avec  ceux  qu’une  religion  nou 
velle  put  suggérer  en  une  circonstance  nouvel!'  aussi 
pour  sa  liturgie  naissante.  Constantin  paraît  avoii  t 


humanis.  Fest.  p.  238  s.  v.  Piscatorii  ludi)  tournis  par  les  pV  11  ’ u;v alcnls  Ue 

leur  fête  au*  Piscatorii  ludi  (7  juin).  Cf.  les  têtes  tic  maenae  ,417). 

têtes  humaines  (Plut.  Numa ,  15.  Arnob.  V,  1) — aux  l'eralia  (c1^ ^  is  (|cs  greniers 

Aux  Portunalia  (17  août),  on  passait  au  feu  des  clefs,  peut-cüe  c  ^  ^uinquare 

du  port  (Scliol.  Véron.  Aen.  V,  241).  Charisius  (I,  p-  st  llC1  . ((„/,/«  —  0 l’aus. 
un  synonyme  de  lustrare ,  quod  eo  die  arma  ancilia  lusti  ai  i  si  ^ |e,amïi'C  fonda»1 
Ilamasc.  in  Frag.  hist.  gr.  IV,  p.  409.  Malalas  en  dit  autant  ^  "pjOcre  bâtissant 
Alexandrie  (p.  192,  01,  d'Auguste  fondant  Ancyre  (p.  M!’  ,  s(.s  ,.uincs  (P- i75< 
le  théâtre  d'Antioche  (p.  230,  1),  de  Trajan  relevant  Antioche  c  ^  s,0i.s()e  l'his- 

19),  et  il  donne  aussi  les  noms  des  victimes.  Ces  contes  ineptes  nj.  f,  lîthnol. 

toire.  Cf.  hasaulx,  Op.  cit.  p.  247.  — 7  Voir  P.  Sartori,  Pas  nUi0  ^  ures,..te">p^ 
XXX[1890],p.  1-54).—  8Pausan.  I,  42,  1.-9  Plut.  Rom.  H-  hr6j  Ilartung 
liberata  et  effata  habento  (Cic.  Legg.  If,  8,  21).  Cesl  ce  <|  '  11 1» 

{/tel.  d.  Miner ,  I,  p.- 143)  l'étvmologie  erronée  delubrum  <  0  '^^^censorPf 
lustranda  colonia  ab  eo  qui  eam  deduceret,et  cumimpera 
pulum  lustraret ,  bonis  nominibus  qui  hostias  ducerent  ehge 


UJS 


—  1427  — 


LUS 


des 


,r  à  la  fois  païens  et  chrétiens  et,  dans  les  deux 
""  -.a  "(326  ou  328  et  11  mai  330),  réparti  les  céré- 
Menn'  '^nVlej oomerium,  les  temples  et  les  églises,  de 
11101,168  l'1  „  nûi  dire  la  capitale  inaugurée  à  l’ancienne 

a  la  nouvelle.. 

1110  ,u  uration  ou  dédicace  des  temples  reproduit  dans 
CSSentielles  le  rite  de  la  fondation  des  cités. 
SPS  11,11  îtnurilia  figurent  dans  la  lustration  de  l’aire  du 
le  de  Jupiter  Capitolin,  operee  sous  le  principat  de 
rropagjen  (22  juin  70),  en  même  temps  que  la  pose  de 
]  première  pierre  du  nouveau  temple.  Cette  fois,  les 
niililVs  et  les  haruspices  avaient  accumulé  dans  un  rite 
composite  toutes  les  finesses  de  l’art.  Les  ruines  du 
temple  incendié  avaient  été  transportées  dans  des  marais 
où  elles  s’enterreraient  d’elles-mêmes.  On  choisit  pour 
la  cérémonie  inaugurale  un  jour  serein.  L’espace  à  puri¬ 
fier,  entouré  de  bandelettes  et  de  couronnes,  bordé  d’une 
haie  de  soldats  ayant  des  noms  de  bon  augure  et  portant 
des  «  rameaux  heureux  »,  fut  aspergé  d’eau  vive  par  les 
Vestales;  puis  les  suovetaurilia  furent  immolés,  avec 
prière  dictée  par  un  pontife;  le  magistrat  présidant  à  la 
dédicace  toucha  les  bandelettes  dont  la  pierre  angulaire 
était  enrubannée,  et  celle-ci  fut  descendue  sur  un  lit  de 
pièces  d’or  et  d’argent  et  de  pépites  métalliques  à  l’état 
naturel.  Défense  fut  faite  par  les  haruspices  d’employer 
à  la  construction  ni  pierre  ni  or  qui  auraient  été  destinés 


à  un  autre  usage2. 

Pour  les  vieilles  cités,  les  lustrations  initiales  sont 
présupposées  d’après  des  usages  existants.  Grecs  et 
Romains  multipliaient  les  purifications  périodiques  du 
territoire  de  leur  cité,  soit  à  jour  fixe,  soit  dans  une 
saison  déterminée.  Le  rituel  athénien  est  tellement  en¬ 
combré  de  processions  avec  sacrifices,  rameaux  de  lau¬ 
rier  et  d’olivier,  Atbç  xd> otov  (aux  Sxtpoipdpta  et  aux 
Ilogxata  de  Mæmakterion 3),  symboles  phalliques  et 
autres  aTrorpoTtata,  promenés  dans  la  ville  et  hors  de  la 
ville,  et  toutes  ces  cérémonies,  dont  on  avait  perdu  le 
sens,  étaient  motivées  par  des  légendes  si  incohérentes 
qu  il  est  impossible  même  d’en  esquisser  ici  une  analyse 
sommaire.  On  y  pressent  partout  le  caractère  de  lustra¬ 
tions  officielles,  adultéré  et  compliqué  de  toute  sorte  de 
détails  énigmatiques..  Bornons-nous  à  prélever  sur  ce 
atras  quelques  cérémonies  incontestablement  lustrales. 
Telle  la  tète  des  Kallyntéries  et  Plyntéries  [plynteria], 
fiel  axait  lieu  précisément  dans  le  mois  de  Thargélion  et 
complétait  1  effet  de  la  grande  lustration  des  Thargélies. 
a  1  S1 ‘O de,  en  la  rattachant  au  souvenir  d’Aglaure, 
comme  les  Thargélies  à  la  mort  d’Àndrogée,  lui  donnait 
1  ui.ii  tere  lunèbre  qui  paraît  ici  tout  à.  fait  artificiel. 

(roohishdit  nett°yer  sanctuaire  d’Athéna  Polias 
. jvt qpta),  de  baigner  le  vieux  fétiche  (£davov)  qui  la 


IV,  53°"_J':;1'|'"'ck,’a,'d,.Oie  Zeit  Constantins  d.  Gr.  2,  p.  413  sqq.  —  2  Tac.  Hist. 

*»Su»  tenait  une  telle  place  dans  les  lustrations  que  le  mot 

877  K). _ 4  Yoj  |  *  avait  1°  sens  de  xaO«to£<rOat  (cf.  Liât .Legcj.  IX,  p. 

mie"s  lavaient  dc  <S.loxles  tïans  K.  Fr.  Hermann,  Gr.  Antiq.  II,  §  61,  4-8.  Les  Sa- 
672  d),  On  raconte IU  '!K  ^0us  *os  ans  a  mer  la  statue  de  leur  Hôra  (Athcn.  XV,  p. 
*W®-nièmeàlamer  d  Tanagra>  la  statue  du  héros  misogyne  Eunostos  alla  se  laver 
"  «  Toi;  4aJ^’uPaiCe  qU  une  fernme  était  entrée  dans  le  (Plut.  Q.GraecM). 

~v,î  ’  ^’Ç'xvxtuâÇtiv  tlç  xàOaçatfv  t]o$  îeçou  xEptaxïçàv  xa\  iEEpiaXE[t^a]i 

Michel,  çj  p  T,î  [,JP"?4ç]  xx\  Aotürai  tSi  é'S»]  ( Corp .  inscr.  ntt.  IV,  2,  314  c  = 
p-  l8°- ü'apris  Utros  ("Cart’  °M'  C°’T’  /îeW •  Xln>  P-  102  sqq.  Ath.  Mitth.  XVI, 
««s  par  (h8  .  s-  v-  itEçumoiçjfoç),  tous  les  édifices  publics  étaient 

^«rcA.  a .  Scliof  CU  fa'saicnt ,e  lo«r  xoifoiojoOTvTE;.  —  0  Aeschin.  In 

Pollux,  VIII  Ecoles.  128  (sEçtaTtot  yôip  vàxaOoiçtrta).  Acham. 

ra,<  lustrale  J,  l'entrj-,.  '  r  8,1 11 1  '  S'  vv‘  lEEpKrtfaçyo;.  il  y  avait  aussi  de 

""  ' *  ag0,'a  (Uemosth.  In  Lcptin.  §  158  ;  Aeschin.  In  Timarch. 


représentait  et  de  laver  ses  vêtements  (riXuvrrçpta).  Les 
Praxiergides,  assistées  de  7rXuvTpéoeç  ou  Xoorptoeç  et  d  un 
xaTavt7rr7)ç,  emportaient  l’idole  soigneusement  enveloppée 
et  la  conduisaient  processionnellement  à  la  mer,  près  de 
Phalère,  d’où  le  cortège  la  ramenait  le  soir,  portant  un 
bloc  de  figues  sèches  (^jynTTtpfx) et  des  flambeaux  allumés. 
Pendant  l’absence  de  sa  patronne,  la  cité  prenait  un  air 
de  deuil;  l’accès  des  temples  était  barré  par  des  cordes, 
et  le  jour  était  inoyou;*.  Chaque  sanctuaire  avait  peut- 
être  son  jour  de  nettoyage,  mais  qui  n’intéressait  pas 
la  cité  entière  comme  les  Plyntéries.  Enfin,  des  répa¬ 
rations  ou  des  souillures  accidentelles  pouvaient  donner 
lieu  à  des  lustrations  exceptionnelles.  Un  décret  de  283 
av.  J.-C.  charge  les  astynomes  «  de  fournir,  pour  la  puri¬ 
fication  du  temple  (d’Aphrodite  Pandémos),  une  colombe, 
d’oindre  les  autels,  de  goudronner  les  charpentes  et  de 
laver  les  sièges5  ». 

La  religion  athénienne  exigeait  aussi  que  le  lieu  où  se 
réunissait  le  peuple,  soit  en  comices  (èxxA rpia),  soit  au 
théâtre  ou  ailleurs,  fût  purifié,  ainsi  que  les  assistants 
eux-mêmes,  avant  l’ouverture  de  la  séance.  C’était  l'office 
des  nepicm’apyot 6,  qui  faisaient  le  tour  de  l’assemblée  en 
l’aspergeant  avec  le  sang  de  cochons  de  lait,  lesquels 
étaient  censés  recueillir  dans  leurs  chairs  et  leurs  op/stç 
tous  les  miasmes  ambiants,  après  quoi  ils  étaient  jetés  à 
la  voirie  comme  x«6âpa«xa  7.  Cette  lustration  sacramen¬ 
telle  tenait  la  place  des  auspices  à  la  mode  romaine. 
Plutarque  raconte  que,  en  apprenant  l’horrible  «  scyta- 
lisme  »  d’Argos  (360  av.  J.-C.),  les  Athéniens,  qui  étaient 
en  séance,  firent  recommencer  la  xaQapatç  de  l’assemblée8. 
Un  Romain  eût  dit  que  les  auspices  étaient  viciés  par  ces 
dirae.  Le  même  usage  se  retrouve,  indiqué  plutôt  que 
défini  par  le  terme  vague  de  ispâ,  à  Éphèse  et  à  Bargylia  3. 
A  Andania,  la  «  purification  »  préalable  des  mystes  as¬ 
semblés  exige  «  un  bélier  de  belle  couleur,  et,  quand  la 
purification  se  fait  au  théâtre,  trois  petits  cochons10  ». 
AOlympie,  le  jury  des  Ilellanodiques  ne  siégeait  que  pu¬ 
rifié  par  lesangde  porc  et  l’eau  delà  fontaine  de  Piérie  “. 

A  plus  forte  raison  une  armée  ou  une  flotte  ne  se 
mettait-elle  pas  en  campagne  sans  sacrifices  accompagnés 
de  lustrations.  Les  sacrifices  légendaires  d’Iphigénie,  de 
Polyxène,  d’Astyanax,  classés  plus  haut  dans  la  catégorie 
des  lustrations  expiatoires  comme  exigées  par  des  pro¬ 
diges,  étaient  des  lustrations  militaires  qui  purifiaient 
l’armée  dans  la  personne  de  son  chef,  celui-ci  sacrificateur 
ou  mis  en  contact  avec  la  victime.  Abstraction  faite  des 
sacrifices  propitiatoires  ou  divinatoires  offerts  par  les 
généraux  en  campagne,  des  ettjtnjptat,  IjxSaTijptat,  àiroSoc- 
•nfjpiat  (Qujiai)12,  reste  à  considérer  les  lustrations  propre¬ 
ment  dites,  motivées  par  des  circonstances  spéciales. 
Xénophon  rapporte  qu’il  fit  procéder  à  une  lustration  de 


21  :  défense  aux  pnthici  d’entrer  evtAç  tt  ;  àyopâ;  t<»v  t  ïpislavTr,  p’wv).  I.cs  Romains 
n’avaient  pas  retenu,  pour  les  comices,  le  rite  du  lustrum  censorial.  —  1  Au  lieu 
de  les  brûler,  on  les  abandonnait,  comme  «  dîners  d’Hécate  »,  aux  pauvres  gens  qui 
fouillaient  les  détritus  des  carrefours.  Cf.  la  bande  de  jeunes  gens  qui  s'amusaient, 
pour  faire  scandale,  toi  te  'ExaTaTa  xaTEaOttiv,  x«i  toùç  oo/Eiq  T  '.J  ;  tx  t.<»  /olo.0  v,  oîç 
xaOalpoumv  o'tccv  eIoiévou  [xÉAÀwffi  (Dcmosth.  In  Conon.  39).  ■ — -  8  Plut.  / Va  ce.  ger. 
reip.  17.  —  9  Wood,  Discov.  at  Ephesus,  p.  20.  Lebas,  Asie  Min.  87.  —  10  Lebas- 
Foucart,  326  a.  S.  Reinacb,  Traité  d'Epigr.  gr.  p.  134-141.  Michel,  094,  lig.  68. 

—  il  Pans.  V,  16,  5.  —  *2  Voir  dans  Thucydide  (VI,  32)  et  Diodorc  (XIII,  3)  la 
cérémonie  solennelle  au  départ  de  la  flotte  athénienne.  Libations  et  vœux  (eùyat)  — 
bien  qu’on  rencontre  des  vœux  qualifiés  lustralia  vota  (Val.  Place.  Argon.  III,  414) 

—  ne  me  paraissent  pas  constituer  une  lustration  proprement  dite.  De  même,  les 
IpSotTvîpiot  d’Alexandre  aux  bouches  de  l’Indus  (sacrifice  de  taureaux  et  libation, 
Arrian.  Anal).  VI,  19,  5),  de  Néarque  (Arrian.  Ind.  21,  2)  et  de  Milhridate  (Arrian. 
Mithrid.  70),  imité  par  S.  Pompée  (Rio  Cass.  XLV1II,  48). 


LUS 


—  1428 


toute  l’armée  des  Dix  Mille,  parce  qu’un  détachement  avait 
violé  le  droit  des  gens,  lustration  indépendante  de  la 
punition  des  coupables  ‘.C’est  après  un  commencement 
de  guerre  civile  que  les  généraux  d’Alexandre  purifient 
l’armée  à  la  mode  macédonienne  et  béotienne2,  en  la 
faisant  défiler  entre  les  deux  moitiés  d’une  chienne  sacri¬ 
fiée  à  cet  effet3.  Cette  lustration,  qui  rappelle  le  cxuXa- 
xtiqAÔç  et  le  culte  magique  d'Hécate,  expiatoire  dans  ce 
cas  particulier,  était  propitiatoire  en  Macédoine,  où  elle 
avait  lieu  tous  les  ans  au  mois  de  Xanthicos,  correspon¬ 
dant  à  peu  près  au  mois  de  mars4.  Tite-Live  décrit  celle 
que  célébra  Persée  en  182.  Il  mentionne  le  sacrifice  de  la 
chienne,  en  précisant  davantage  le  rite.  D’après  lui,  la 
victime  est  divisée  transversalement,  de  façon  que  la  tête 
et  la  partie  supérieure  du  corps  sont  placées  à  droite  du 
chemin,  les  entrailles  et  le  reste  à  gauche  5.  Le  défilé 
était  suivi  d'un  tournoi,  qui  remplaçait  peut-être  des 
sacrifices  humains,  c’est-à-dire  le  rite  archaïque  et  oublié 
de  la  lustration  6. 

Il  semble  bien,  en  effet,  que  le  rite  béoto-macédonien 
ait  eu  à  l’origine  un  autre  sens,  que  l’on  ne  comprenait 
plus.  C’était  le  rite  qui  consacrait  les  serments,  et  sur¬ 
tout  les  serments  qui  servaient  de  garantie  aux  pactes 
internationaux.  Ainsi  fut  scellé,  au  temps  d’ Abraham,  le 
pacte  entre  Iahvé  et  son  peuple7.  Les  Grecs  juraient 
aussi  sur  les  morceaux  partagés  des  victimes8,  et  c’était 
probablement  à  cette  cérémonie  que  servait  le  porc 
«  frappé  »  par  les  Fétiaux  romains.  Il  y  avait,  dans  la 
victime  ainsi  partagée,  comme  dans  le  foie  qu’interro¬ 
geaient  les  haruspices  [haruspices],  la  partie  de  l’offi¬ 
ciant  ( pars  familiaris )  et  celle  de  l’étranger  (pars  hosti- 
lis ).  Ce  rite  a  donc  pu  être  celui  d’un  pacte  qui  liait 
l’armée  à  son  chef  ou  à  ses  dieux  nationaux,  et  n’a  été 
considéré  comme  «  lustration  »  que  par  oubli  de  sa 
signification  symbolique.  Oubli,  ou  même  inversion, 
car  une  obligation  ainsi  contractée,  loin  de  purifier  les 
intéressés,  attache  à  leur  personne  un  maléfice  éventuel 
pour  le  cas  où  ils  violeraient  leur  serment. 

Les  Romains,  qui  ont  ajouté  à  leur  liturgie  nationale 
tant  de  suppléments  exotiques,  ont  bien  pu  emprunter 
aux  Grecs  l’usage  des  lustrations  militaires  accidentelles, 
de  caractère  originellement  expiatoire,  autres  que  les 
cérémonies  régulières  dont  nous  ferons  état  tout  à 
l’heure  ;  à  plus  forte  raison,  les  lustrations  de  la  flotte, 
qui  ne  pouvaient  être  un  rite  national  dans  une  cité 
longtemps  dépourvue  de  marine.  Tite-Live  appelle  lus- 


1  Xenoph.  Anab.  V,  7,  35.  Il  ne  donne  aucun  détail  sur  le  rite,  disant  simplement: 
xeù  eyéve to  xaOapaô;.  Sophocle,  dans  une  pièce  perdue,  parlait  de xaôapTîi;  o-roa-cou  (ap. 
Harpocr.  S.  V.  ’AisojAàTToiv).  —  2  BouütoT;  St  Srjixocla  xaôaçjxoç  ècrct  xuvoç  SixoTOjiyjÔévTo; 
twv  iaeP£v  MtMeïv  (Plut.  Q.  Rom.  iii).  Philippe,  élevé  à  Thèbes,  a  pu  introduire 
cette  mode  en  Macédoine.  —  3  Curt.  X,  9,  12.  —  4  Hcsych.  et  Suid.  s.  v.  IvaytÇwv. 
C’est  aussi  le  mois  des  lustrations  militaires  à  Rome  (ci-après).  —  5  Liv.  XL,  6. 
—  6  Mos  erat  lustrationis  sacro peracto  decurrere  exercitum,  et  divisas  bifariam 
duas  acies  concurrere  ad simulacrum  pugnae  (Liv.  Ibid.).  On  reconnaît  la  decursio 
(ci-dessus,  p.  1417)  et  les  joutes  funèbres,  v.  g.  au  tombeau  d’Harpalyce,  propter 
expiationem,  per  imaçinem  pugnae  (Serv.  Aen.  I,  317),  qui  étaient,  comme  les 
munera  gladiatoria ,  des  survivances.  Moris  fuit  apud  veteres ,  ut  ante  rogos  hu- 
manus  sanguis  effunderetur  vel  captivorum,  vel  gladiatorum  (Serv.  Aen.  XII,  60C  ; 
cf.  X,  519).  —  1  Genes.  xv,  10-17  (Abraham,  une  fois  les  victimes  immolées,  divisit 
ca  per  medium ,  et  Iahvé  passe  lui-méme,  sous  forme  de  feu,  inter  divisiones  illas). 
Iahvé  rappelle  ce  pacte  à  Jérémie  :  vitulum  quem  conciderunt  in  duas  partes  et 
transierunt  inter  divisiones  ejus  (Jerem.  xxxiv,  18).  Le  prophète  paraît  viser  la 
lustration  au  pied  du  Sinaï  ( Exod .  xxiv,  8.  Paul;  Hebr.  ix,  19),  qui  était  en  même 
temps  un  renouvellement  du  pacte,  avec  aspersion  du  «  sang  de  l’alliance  ».  —  8  Pacte 
entre  Achécns  et  Troyens  sur  des  agneaux,  oçxta  -reurrà  TàfAovte;  ( lliad .  II,  124.  Cf.  245, 
252,  25/ ,  269,  280,  323)  :  Priam  mandé  b’^xia  iturTà  Tàjxv/j  a ùxôç  (II,  105).  Pacte  entre 
Héraklès  et  les  Nélidcs  fol tojjuwv  xà-scçoo  (Paus.  IV,  16,  4).  A  Athènes,  forme  solennelle 
de  serment  £ic\  tojacwv  xdicpou  xçioS  xal  Taûpou  (Demosth.  In  Aristocr.  68).  En 


LUS 


tration  de  la  flotte  ce  que  fit  en  191  (;  j  ■ 
promontoire  Lacinien  9.  Il  entend  évident'in!*  Parlanldu 
ÈtxgaTYÎpta  comme  ceux  que  le  philhellèn  .'T'  Pa‘là  des 
célébrés  en  204  à  Lilybée,  alors  que,  ailré  C‘Pl°n  avai‘ 
nelle  invocation  aux  dieux  et  déesses  il  q  *  U'!e  so’en' 
la  mer,  selon  la  coutume,  les  entrailles  cru'1  fl,  (ian3 
Urne  immolée'»».  Nous  »e  voyons  apparaître  lï,!* J"' 
lions  proprement  dites  qu’au  cours  des  guerrp  , 
et  probablement  à  cause  du  caractère  comnn  h’ 
guerres  entre  citoyens,  dont  les  partis  se  renvoyaient  ^ 


tuellement  la  responsabilité.  En  l’an  36 


avant  notre  ère 


la  flotte  d’Octave  était  prête  à  quitter  le  golfe  de  \  7’ 
pour  aller  combattre  Sextus  Pompée.  «  Voici  coinmw 
César  la  purifia  (âxâ9aiPsv).  Les  autels  sont  à  même  h 
mer,  et  la  masse  les  entoure,  distribuée  par  navire  dans! 
le  plus  profond  silence.  Les  victimaires  sacrifient  debout 
dans  la  mer,  puis  montés  sur  des  barques,  ils  promènent 
trois  fois  autour  de  la  flotte  les  entrailles  lustrales  (xdiia- 
ena),  escortés  par  les  généraux  qui  conjurent  les  dieux 
de  détourner  sur  elles,  au  lieu  de  la  flotte,  les  présages  ' 
funestes.  Puis,  séparant  les  entrailles,  ils  en  jettent  une 
partie  dans  la  mer  et  brûlent  le  reste  sur  les  autels,  pen¬ 
dant  que  le  peuple  forme  d’heureux  souhaits.  C’est  ainsi 
que  les  Romains  purifient  leur  marine  “.  »  11  s’agit  bieji 
ici  d’une  lustration  sacramentelle,  et  la  remarque  finale 
d’Appien  indique  que,  de  cet  ensemble  composite,  les 
Romains  ont  fait  un  rite  national.  A  Dicéarchia,  César  fait 
des  sacrifices  et  des  libations  du  haut  du  navire  amiral,  à 
la  mode  grecque,  sans  nouvelle  lustration  à  la  romaine 
Pour  les  armées  de  terre,  Appien  se  contente  de  dire 
que  Brutus  et  Cassius  «  purifièrent  suivant  les  règles» 
celle  qu’ils  avaient  rassemblée  en  Thrace,  au  Mêlas 
lvolpos  13.  Il  était  prudent,  en  effet,  de  purifier  ce  ramas¬ 
sis  de  mercenaires  de  toutes  races,  où  pouvaient  s’être 
glissés  des  scélérats.  A  Philippes,  ils  purifient  leur  camp, 
et  Dion  Cassius  note  comme  un  mauvais  présage  le  fait 
que  Cassius  laissa  tomber  la  couronne  qu’il  portait  en 
cette  occasion  *4.  Leurs  adversaires  en  font  autant.  Du 
moins,  Dion  Cassius  appelle  «  lustration  d’usage  avant  le 
combat»  les  cérémonies  qu’Antoine  et  Octave  accomplis¬ 
sent  à  l’intérieur  de  leur  camp  IB.  Une  fois  introduit,  cet 
usage  resta  comme  un  recours  dans  les  circonstances 
exceptionnelles.  Ainsi,  après  avoir  passé  le  Danube,  ope 
ration  dangereuse  non  seulement  au  point  de  11  t(' 
nique,  mais  aux  yeux  des  gens  superstitieux,  11  ,|  i11,  s_ 
devoir  procéder  à  une  lustration  de  1  armée. 

411,  ôjxôffavTsî  xaVîeçûiv  TeXtiuv  (Arislot.  'AÔ-tcoXit.  § -9,  ■’)■  l  '*1  ^  M  ^islrats 
de  sang,  même  de  sang  humain  (Sali.  Catil.  22).  —  9  "y  '  ,  ’  , f„er»W» 

classe  ad  Lacinium).  — 10  Liv.  XXIX,  27.  Cf.  Sil.  Ital.  .  >  '  ,,ui  figurent  dans 

innabant  fluctibus  exta).  T.  Live  a  dû  oublier  les  libations  t  c  >  s  pcs  poètes 

Thucydide  (ci-dessus,  p.  1427,  12)  et  dans  la  plupart  des  textes  /»»' 

appellent  lustration  toute  espèce  de  sacrifices  propitiaton  o  ^ 
votisque  incendimus  aras  (Virg.  Aen.  III,  279)  :  il  saS'‘  ce  (pp  1 18-120). 

comme  ceux  qu’Enée  offre  sur  le  rivage  de  lliracc  (IU.  „  |?nlie  pratiq11® 

En  vue  de  l’Italie,  libations  d’Anchise  (III,  •'>25)  ;  au  <1<  Pal  ^  r-M  Hquent't 

le  rite  suivi  par  Scipion  :  extaque  salsos  |  Projicit  "i  ^  pauI-Emil®  dit  • 
fundit  (V,  772-776).  Le  sens  de  lustrum  s’étend  encore  (Liv.  XLÛ 

Delphis  Apollini  pro  me  exercitibusque  et  classibtis  us  ^  ^  App*an-  7 
46).  Il  faut  exclure  au  moins  ces  lustrations  à  distanc  ^  Appien  cU'cn 
V,  96.  _  12  Appian.  B.  Civ.  II,  98.  -  «  Appian.  B.  ^  tfH.lir.r*J 

peut-être  par  ces  règles  les  eù/aî  Oum'ai  *al  lTal  effet,  avoir  r" 

attribue  aux  consuls  de 481  av.  J.-C.  (IX,  10)  et  qui  pi»1  '  (IX,  '  S)’  *'a 

actère  exceptionnel,  car  il  y  avait  eu  des  dissensions  026)  »sl  11,19  I 
!  que  purifie  Marcellus  ( lustratis  rite  maniplis.  s  Toutes  e°s  j  ,,, 

été  décimée  par  la  peste,  comme  celle  d’Agamenui  ^  ^  Cass,  XL'1 


“  v.-.——..».  r- -  —  r - ,  --■  .  _  14  Dio  Casf  ., 

posent  des  suovetaurilia  (cf.  Cic.  Divin.  I,  b  confond  Proija  .  , 

16  Tb  xaOàçfftov  xb*fb  *5,  àr,v.,v  (Dio  Cass.  XLVI1,  )•  ^°agc  .«nt  'eco-*^ 
x  choses  distinctes,  la  lustration  du  camp  et  lessacr 


ms 


—  1429  — 


LUS 


Fig.  4692.  —  Lustration  de  l'armée. 


pi'  ps,  les  Romains  n’avaient  pas  besoin  d’expiations,  ni 
préalables,  ni  consécutives.  Us  conservaient  simplement 
u  eurs  ancêtres  et  pratiquaient  chaque  année,  qu’il  y 
6UL  h'Ume°u  Non,  la  purification  symbolique  des  armes, 
y°uli  (  aux  promenades  militaires  des  Saliens  [salii],  qui, 
J"1  ll0‘s  semaines,  pourchassaient  par  les  rues  de  la 
î  à'1'"  t0l>Ce  laPaSe>  danses  et  chants  guerriers,  les 
fri  s  djute  sorte.  Le  19  mars,  jour  des  Quinqua- 
tliuîi  Hl  JJUlitiailles  ancMiaa,  probablement  sur  le  Comi- 
et  a!'.  '■  S  ^a^ens  dansaient  en  présence  des  pontifes 
Sutor'1  lfjl!ni  ce\erurn  *•  Le  23,  avait  lieu  dans  Y  Atrium 
1111  a  purification  des  trompettes  ( lubilustrium ), 

*  Froehuer  Ln  r* .» 

Trajanss(iulc  pi  q  01lile  fi'ajanc,  pl.  34-36  =  Cichorius,  Die  Reliefs  der 
d’Alexandre,  fait  eier  .  Cf'  CUprès’  p’  1430>7-  M-  Aurèlc,  en  169,  sur  un  «  oracle  » 
Alex.  4g j  ___  o  °r  (  ans  Danube  deux  lions  vivants  comme  àTto-cpoircaa  (Lucian. 
la''i  Myrisnuis  a  éli /à"Sf  *  ^  UI'l -  8 1 1  A,  de  l'an  228  p.  C.  à  Semendria  ;  un  ecr- 

Aquilée, vers  245  ;ns  ^  ‘  "t0’ J’  c<4a’  Pr0  s<dute  Alex.  Sev.  et  leg.  VII  Claudine.  A 
lr°is  sous-officiers  jC^lp*’'on  '"'Uu'iaqne  ( Corp .  inscr.  lat.  V,  808  =  Cumout,  il0  170)  : 
P^fflipileou  lepr;àc(0n' i'laCUn  ^  a9ens  *n  lust[ratione]  de  son  supérieur,  le 
Mîtth.  X Vl [1893 1  , 1  |à  !  '  °n  a°masze"ski  (Lustrât io  exercitus,  in  Arch.-Epigr. 

epiyr  “9  voit  1*  "ne  lustration  du  camp  (territorium  legionis,  ni 

éditants  auraient  nro  '  mp'a’  et  une  lustration  do  légions  à  Aquilée.  I.es  trois 
^'•pili,  pris  i  ja  |eU,?'CI'L  '°S  ll0‘s  v‘cl'mcs  des  suovetauritia.  Mais  lustratio  A  * 
y  <■>  signifierait  plutôt  purification  sacramentelle  d’un  néophyte, 


cérémonie  qui  ne  concernait  plus,  à  l'époque  historique, 
que  les  trompettes  employées  dans  le  culte  Le  24,  la 
série  des  lustrations  militaires,  préparant  la  campagne 
d’été,  était  close  par  un  sacrifice  du  /ter  sur  le  Comilium 
(Q.  R.  C.  F.),  d’où  le  sacrificateur  s’enfuyait  ( Regifu - 
gium )  conïme  celui  des  Boucpovta G. 

Elles  recommençaient  en  fin  de  saison,  au  mois  d'oc¬ 
tobre,  sur  le  Champ-de-Mars,avec  le  sacrifice  de  YOclober 
equus  aux  Ides  (15  oct.)7  et  Y armilustrium  du  19  [armi- 
lustrium],  où  les  Saliens  faisaient  de  nouvelles  rondes 
avec  les  ancilia  et  sacrifiaient  au  son  des  trompettes8, 
qui  subissaient  probablement  un  nouveau  lubilustrium 

initié  anx  mystères  de  Milhra.  —  3  Charis.  p.  8t  Kcil.  —  V  Kal.  Praenesl.  s.  d. 
—  S>  Kal.  Praencst.  s.  d.  Ovid.  Fast.  III.  840-850.  Fest.  p.  352  et  353,  s.  v.  Tubilus- 
tria.  Io.  I.yd.  Mens.  IV,  42  (xa0appï»5  aâk:tiy,oî  .ai  «  t  v  q  a  t  ç  t,«v  oitkwv).  Comme  on 
trouve  un  second  Tubilustrium  au  23  mai  (Kal.  Esq.  Ovid.  Fast.  V,  725),  et  (pie  le 
lendemain  est  aussi  Q.  R.  C.  F.,  Mommsen  (R.  Citron,  p.  241  ;  Staatsr .  III,  p.  375) 
estime  qu’on  purifie  le  23  les  trompettes  qui  doivent  servir  à  convoquer  le  lende¬ 
main  les  comices  curiales.  —  0  Kal.  Praencst.  s.  d.  —  7  Voir  ci-dessus,  p.  1400. 
On  a  beaucoup  discuté  sur  le  sens  de  ce  sacrifice  du  cheval  (Fest.  p.  178,  s.  v. 
October.  Fcsf.  Epit.  p.  220,  s.  v.  Panibus)  sans  tirer  du  folklore  (Mannhardt-Frazer- 
Rosclier)  une  explication  satisfaisante.  Des  commentateurs  de  Properce  :  Qualia 
nunc  curto  lustra  novantur  equo  (V,  1,  20  :  ci-dessus,  p.  1426,  2)  ont  cru  qu’il 
s’agissait  du  lustrum  censorial.  —  *  Varr.  L.  lat.  VI,  62.  Fest.  Epit.  p.  10,  s.  v. 


LUS 


—  1430  — 


LUS 


compris  dans  le  nom  plus  générique  de  la  fête.  La  céré¬ 
monie  se  célébrant  sur  l’Aventin,  on  peut  croire  qu’elle 
représentait  la  lustration  de  l'année  au  retour  d’une 
campagne,  au  moment  de  rentrer  dans  le  pomérium. 

C'est  au  retour  d'une  campagne  victorieuse  qu’aurait 
été  instituée,  au  dire  de  Denys  *,  et  en  l’honneur  des 
Dioscures,  la  procession  des  cavaliers  ou  chevaliers 
( transvectio  equitum )  du  15  juillet,  espèce  de  défilé 
triomphal  dont  on  a  voulu  faire  une  lustration,  sous  pré¬ 
texte  que  la  trabée  représentait  les  vêtements  tachés  de 
sang,  l’olivier  les  rites  funèbres  2,  et  que  ladite  proces¬ 
sion  fut  ajoutée  aux  Lupercales.  Cette  pompe  à  la  grecque, 
introduite  dans  les  usages  par  un  censeur,  a  dû  faire 
partie  du  lustrum  de  304  av.  J.-C. 

Le  lustrum  censorial,  périodique  à  intervalles  va¬ 
riables,  a  été  mentionné  ailleurs  [çensor].  Le  fait  que  le 
nom  de  lustrum  lui  est  resté,  comme  désignation  spéci¬ 
fique,  atteste  l'importance  que  cette  purification  solen¬ 
nelle  avait  prise  aux  yeux  des  Romains.  On  a  vu  plus 
haut,  par  une  étymologie  varronienne 3,  à  quel  point 
néanmoins  son  caractère  de  lustration  de  Yexercitus,  de 
cérémonie  religieuse,  risquait  d’être  méconnu  par  les 
savants.  Le  peuple  en  avait  plus  nettement  conscience. 
Le  moindre  incident  susceptible  défaire  naître  des  scru¬ 
pules  empêchait  la  célébration  du  lustrum'*.  Sur  le 
détail  de  la  cérémonie,  nos  textes,  qui  datent  d’une 
époque  où  le  lustrum  était  devenu  une  antiquité,  sont 
sujets  à  caution.  D'après  Denys  et  Tite-Live,  le  premier 
lustre  fut  célébré  par  Ser.  Tullius,  qui  en  fixa  le  rite  6. 
Celui-ci  consistait  à  immoler  des  suovetaurilia ,  après 
avoir  promené  trois  fois  les  victimes  autour  (d’où  le  terme 
ombiluslrutn 6)  du  peuple  enrégimenté1.  L’auteur  grec 
substitue,  par  habitude  de  son  pays,  un  bouc  au  porc. 
Tel  autre  s’exprime  comme  si  la  lustration  s’appliquait  à 
Yurbs,  c’est-à-dire  au  sol,  et  non  pas  ou  non  pas  seule¬ 
ment  au  peuple  assemblé8,  et  il  nous  apprend,  si  nous 
voulons  l’en  croire,  que  le  censeur  était  assisté  d’un 
pontife.  En  tout  cas,  le  collège  des  pontifes  s’associait  à 
la  lustration  quinquennale  par  un  sacrifice  spécial,  dit 
des  caviares  hostiae  9. 

Avec  les  Fordicidia 10  du  15  avril,  nous  rentrons  dans 
le  cycle  des  lustrations  archaïques,  léguées  par  l’âge 
pastoral.  Les  rites  étaient  célébrés  par  les  préposés  aux 
curies  ( curiones ),  dans  les  locaux  affectés  aux  réunions 
des  paroissiens  ( curiae ),  à  raison  d’un  sacrifice  par 
curie.  L'État  y  participait,  en  tant  que  corps  unique,  par 

1  Dion.  VI,  13,  4,  à  propos  de  la  bataille  du  lac  Régille  *(496  a.  Chr.). 
En  fail,  la  première  transvectio  eut  lieu  en  304  av.  J.-C.  (Liv.  IX,  46;  Aur. 
Vict.  De  vir.  ill.  32).  Les  chevaliers  t»TTeoocvojjx£vot  6aX).oï;  IXataç,  xa\  icoççuça; 
©otvtxozaçuçouç  àpLiteyôjiEvoi  TïjSéwaç,  tà;  xaXoujxtvaç  (Dion.  Ibid.).  *•  Cf. 

Samter,  Rom.  Sühnriten ,  1.  Die  Trabea  { ci-dessus,  p.  1411,15).  —  3  Ci-dessus, 
p.  1406,7.  —  4  Cf.  Liv.  III,  22;  XXIV,  43.  —  5  Tou-rov  t'ov  x«6«pi&bv  e«»ç  t5v  xa u’ 
yoôvwv  ’PwjxaTot  xaôatçovTat  (Dion.  IV,  22).  Cf.  Liv.  I,  44.  Cic.  De  Orat.  II,  66. 

—  6  Interp.  Serv.  Aen.  I,  283  (avec  l'inepte  dérivation  de  ambo  censores).  —  7  Dion. 
IV,  22.  Populus  Romanus  cum  lustratur  suovetaurilibus,  cir cumaguntur  verres, 
aries,  taurus  (Varr.  R.  rust.  II,  i,  10).  \arron  entend  qu  on  les  promenait  vivants, 
comme  les  ?ecç|t%xot  des  Thargélies  et  comme  les  suovetaurilia  champêtres  de 
Caton  ( Agric .  141).  Mais,  d'autre  part,  c'est  surtout  aux  entrailles  de  ces  victimes 
^cf.  ci-dessus  la  lustration  de  la  flotte)  tju  on  appliquait  1  épithète  de  luslralia, 
quae  duabus  manibus  accepta  in  aram  pontifex  vel  censor  imponit ,  quae  non 
prosecantur{ Interp.  Serv.  Aen.  VIII,  183).  L'expression  non  prosecantur  a  peut-être 
pour  but  de  distinguer  le  rite  romain  du  rite  macédonien  (ci-dessus,  p.  1428). 

—  8  Ipsis  victimis  urbs  lustrari  solebat  (Interp.  Serv.  loc.  cit.)  :  ailleurs  {Aen. 
I,  283),  civitas.  —  9  Fest.  Epit.  p.  57,  s.  v.  Caviares  hostiae.  —  19  Fordicidia 
(Varr.  L.  lat.  VI,  15  et  Kalend.)  ;  Hordicidia  (Varr.  R.  rust.  II,  5,  6)  ;  4>oç£ ixâ).ia 
(Lyd.  Mens.  IV,  49).  —  11  Ovid.  Fast.  IV,  629-672.  Jean  de  Lydie  {loc.  cit.)  place  ici 
une  procession  pontificale  ec-wôrv  *oXeuiç  qui  appartient  aux  Ambai'valia.  —  12  Cf.  les 
KaXajiaTa  à  Athènes,  avec  procession  menée  par  l’hiérophante  d'Eleusis  (Corp.  inscr. 


un  sacrifice  semblable,  offert  sur  le  r-mu  i 
tifes,  el  avec  la  collaboration  des  Vestales  j  espon’  ' 
étaient  des  vaches  pleines  (, hordae  ou  /b  w  °  \  V'Climes 
dit-on,  à  Tellus.  De  leurs  entrailles,  avant  dé  L  Ul'lîrles’ 
le- feu  de  l’autel,  on  extrayait  les  fœtus  ,  ,S  J|ileriiUl' 
être  brûlés  à  part  sous  les  yeux  de  la  doyenné  Z?' 31 
taies.  Les  cendres  de  ces  veaux  mort-nés  enlr  ^  'es'  ' 
la  confection  des  februa  distribués  six  jours*?1  ^ 

aux  Pari. (**  «"«)•  Une  logique  spéciale,  fondée^ 
une  révélation  de  Faunus  à  Numa,  savait  établir  un 
port  de  cause  à  effet  entre  ces  pratiques  et  la  fér  Jit 
du  sol  et  des  troupeaux  11 .  ül  é 

Il  n’est  plus  question  que  des  moissons  le  25  avril  à  j 
férié  des  Robigalia ,  dont  le  but  esL  de  détourner  des  blés 
en  fleur  la  «  calamité  »  par  excellence  12,  ]a  «  rouill,.  ! 
(robiffo).  Le  flamine  de  Quirinus,  suivi  d’une  procession 
de  gens  vêtus  de  blanc,  allait  sur  la  voie  Claudienne 
brûler  au  lucus  Robiginis ,  avec  libations  de  vin  et  fumi¬ 
gation  d’encens,  les  entrailles  d’une  chienne  rousse  et 
d’une  brebis  [robigalia]13.  Ovide  ne  paraît  guère  com¬ 
prendre  le  sens  de  ces  rites,  débris  fossiles  d’une  céré¬ 
monie  qui  se  poursuivait  ou  se  recommençait  à  époque 
variable,  sur  invitation  des  pontifes,  sous  le  nom  i'augu- 
rium  eanarium. 

Plus  solennelle  était  la  lustration  des  ambarvalia.  Il 
n’est  plus  possible  de  faire  en  connaissance  de  cause  le 
triage  des  cérémonies  publiques  et  privées.  11  y  est 
question  d’LpopvqgovEi;,  qui  sont  probablement  les  pon¬ 
tifes14,  et  l’on  sait  que  la  date  de  ces  fériés  mobiles  (fin 
mai)  coïncidait,  au  moins  depuis  la  reconstitution  delà 
sodalité  [arvales],  avec  la  grande  fête  des  Anales15. 
D’autre  part,  Caton  indique,  à  l’usage  des  cultivateurs  et 
non  des  pouvoirs  publics,  les  rites  à  suivre  pour  «  puri¬ 
fier  le  champ  »  en  offrant  des  suovetaurilia  au  dieu 
Mars16.  Enfin,  Virgile  paraît  recommander  à  cette  inten¬ 
tion  des  offrandes  moins  coûteuses,  des  libations  de  lait 
et  de  vin,  et  une  victime  trois  fois  promenée  autour  des 
moissons,  le  tout  en  l’honneur  de  Cérès 1  '.  Cérès  peut  res¬ 
sembler  à  la  Dea  Dia  des  Arvales,  mais  non  au  Mars  de 
Caton.  Le  problème  se  complique  de  la  mention  dun 
Amburbium  18,  qu’il  est  d’ailleurs  facile  de  classer  a 
part,  comme  procuration  accidentelle  de  prodiges,  et 
distincte,  d’après  son  litre  même,  quand  il  n  est  pas  e 
figuré  par  les  Grecs  19,  des  Ambarvalia.  Si  Ion  lulll‘ 
aussi  la  fête  des  Arvales,  qui  ne  sortent  pas  ou  nt 
tent  plus  de  leur  lucus,  et  si  l’on  renvoie 


la  description  de 


ait.  IV,  477  c).  -  Ovid.  Fast.  IV,  901-942;  Fest.  Epit.  P-  «, 

Marti  et  Robigini  (Tert.  Spect.  5).  Ovide  croit  que  la  chienne  rp  ^  ^ 

(cf.  P lin.  XVIII,  §  285),  et  de  môme  Ateius  Capito  (ap-  ‘  ’  ' Je' suppose 

canes)  pour  le  eanarium  sacrificium  ou  augurium  (  ni.  -  *  ^  |es  c|wmps 

que  ces  sacrifices  de  chiennes  rousses  étaient  faits  par  le»  paysa  pHéraklès 
de  Lié  exposés  à  la  robigo.  Cf.  l’Apollon  'EpuOtStoî,  Elu>3“5'  1  q0i  Lyd. ci- 

Kofvoiuwv,  ’IzoxTilvoq  (Strab.  XIII,  p.  613).  -  »  Strab.  V,  P-  230  :  ^  j' ’[  |  p.  358). 
dessus,  note  lt).  -  «  Le  29  mai,  segetes  lustrantur  (Kal.  Rus  .  ■  [rugüss 

-  10  Cat.  Agric.  14t.  Cf.  les  rites  lustrationum  et  sacrificior  Rujnarl)  appelle 

fiant  (Colum.  II,  22).  C’est  ce  qu’un  chrétien  (Ad.  Martyr .  P-  ^  ^  m,  5,7. 
lustrale  malum.  —  Virg.  Georg.  1,  344-350;  cf.  Ec  •  ’  ainbiat  victurub 

—  18  Servius  distingue  :  Sacrificium  ambarvale,  qv°(  uogurbein  cii'c^ 

sicut  amburbiale  vel  amburbium  dicitur  saci  ifiev  l  /J 

ambit  victima  (Serv.  Ecl.  III,  77) 


urbium  dicitur  sacrificium  qu  _  En 

.  m.  *  **■,  ç 

271  p.  Chr.,  lustrata  urbs...  amburbium  celebia  un,  sCrjption  de  Lucam 

(Vopisc.  Aurel.  20).  Wissbwa  {II.  E.  s.  v.)  admet  que  ,vait  un 

,  586-598)  représente  un  amburbium  extraordinaire,  ma,s  230)  csl  ambam1 

i  février.  —  19  On  se  demande  si  l”A|x8açoüta  de  S  Ira  on  i  ^  jc  tour  (,e® 


(Vopisc 

(i 

en  itsvnci  .  —  wju  ov  -  *-f - v  „  ,  (,ui  ja 

ou  amburbium.  C’est  là  pour  lui  la  cérémonie  P]n,1“.  ’  ‘  ,„.»»*  ■<  **’  " 

frontières  du  terroir  :  oï  0’ î  e  p  o  jx  vq  jx  o  v  e  ç  ®JI7iav  Henzcn  identifi®11 

li'hkoii  TÔitoiç  itAe-.oixt v  tû;  oçtot;  aoOvi|X£f 6v.  l'afflbui'buljn‘ 

Ambarvalia  et  les  Arvalia  :  Jordan  y  fait  même  en  i 


LUS 


—  1431 


usages  de  sa  province,  il  reste  pour  les 

Virgile  aux 

romaine  les  suovetaurilia  de  Caton,  et 
Amb<"\\ binent  une  procession  conduite  par  les  pontifes, 
Proba  |  (.||ajcnt  sur  le  parcours.  Ce  qui  importe  ici,  c’est 
ijui  sa' 1  nullement  contesté  de  lustration  de  la  cam- 

le  caracU'it 

I  n  P 

etrouver,  avec  variantes,  dans 


pagne  romaine. 

1  . ivA  nPVr 


Cet  usage 


devait  se  re 


,  s  i(.s  villes  antiques.  Les  Tables  Eugubines  nous 
1011  ^  ,„pV.s  jusciue  dans  le  détail,  les  rites  des  Ambar- 

ont  consti  >  ^  j  1 

fia  ou  je  YAmburbium  d  Iguvium,  qui  nous  sont 
[maintenant  mieux  connus  que  ceux  de  Rome  [cf.  augu- 
|  l  C’est  une  procession  dont  tous  les  pas  sont  réglés 
Tain  prodigue  à  chaque  station  les  ressources  variées 
de  la  cathartique,  sacrifices,  libations,  fumigations 
d'encens,  feu  nouveau,  etc.,  employées  dans  un  ordre, 
suivant  des  rites,  et  avec  des  formules  définis.  Ce  Rituel 
des  lustrations  publiques  contient  aussi  le  cérémonial 
d’un  lustrum  appliqué  non  plus  au  territoire  et  à  tout  ce 
qu’il  contient,  mais  au  «  peuple  »  *.  On  y  rencontre  des 
vestiges  de  cérémonies  semblables  aux  Poplifugia  ou  au 
Rcrjifugium  des  Romains,  lesquelles  ont  peut-être  été  des 
lustrations,  mais  ne  sont  plus  pour  nous  que  des  énigmes, 
comme  lesBompdvia  d’Athènes. 

En  attendant  la  fin  de  l’année,  où  Februarius  devait 
mettre  en  branle  tous  les  februa,  il  y  avait  place  pour  des 
lustrations  moins  générales,  mais  pourtant  officielles, 
comme  lebalayage  du  temple  de  Vesta,  analogue  aux  KaA- 
XuvTvjpttx  et  IIÀuwqpta  d’Athènes.  Vesta,  le  feu  sacré,  était 
le  parfait  symbole  de  la  pureté.  Le  foyer  ne  devait  être 
alimenté  que  de  bois  heureux  et  par  des  mains  virgi¬ 
nales.  Aux  Kalendes  de  mars,  premier  jour  de  l’an,  il 
était  régénéré  par  le  feu  nouveau,  et  les  lauriers  séchés 
alentour  étaient  remplacés  par  des  rameaux  frais 2. 
Du  7  au  15  juin  avait  lieu  le  nettoyàge  annuel3.  Un 
idéal  de  pureté  austère,  que  les  Romains  confondaient 
aussi,  comme  les  Athéniens,  avec  le  deuil,  planait  sur  la 
ville.  Point  de  mariages  ;  les  matrones  venaient  pieds  nus 
faire  pour  ainsi  dire  amende  honorable  au  penus  Vestae  : 
la  /taminica  Dialis,  au  cours  de  son  célibat  temporaire, 
ne  devait  ni  se  peigner  ni  se  couper  les  ongles  «  jusqu’à 
ce  que  le  J  ibre  placide  eût  porté  à  la  mer  dans  ses  eaux 
jaunes  les  balayures  (purgamina)  de  Vesta  ».  C’est  dans 
e  fleuve,  en  effet,  que,  d’après  Ovide,  étaient  jetées  ces 
ordures,  qualifiées  s  ter  eu  s  dans  les  calendriers.  Peut-être 
n}  arrivaient-elles  que  par  dérogation  ou  addition  à  un 
r‘fe  plus  ancien.  Varron,  expliquant  les  sigles  Q[uando] 

tj'icus]  D[elatum ]  /'’[«$]  des  calendriers,  dit  que  le 
s  Meus  extrait  du  sanctuaire  de  Vesta  était  porté  «  par  la 
monUe  du  Capitole  en  un  endroit  déterminé  4  ». 

■  n  il  déjà  recensé  la  part  qui  revient  aux  devoirs  do- 


hiitrandono  ^a^es  Fu(jubines,  Paris,  1875;  Fr.  Büchcler,  Iguvinne  de 

Vestae.  MaCp  y  (^'S  lnterPretatio,  Bonnac,  1876. —  2  Fest.  Epit.  p.  106,  s.  v.  Tgnh 
23*.  713-71/,'  4*7  •*’  12’.6-  0vit1'  Fast-  HI,  137-144.  —  3  Ovid.  Fast.  VI,  219. 
oede  Vestae  si  ^  vocatur  Q.  St.  D.  F.  ab  eo  appellatur  quod  eo  die  ex 
certum  (yarr  y  f)'}'Uur  et  per  Capilolinum  clivum  in  locum  defertui 

dar.s  le  Tibre  en  'V-).  On  pouvait  reprendre  là  le  stercus  pour  le  jetei 

^r®Ui>n,  de  circuit  (  du  rite  des  Argei.  —  5  11  y  avait  peut-être  une  lus 

^^‘'montiun  n  T  Fr.  p.  1 18  Bekker)  plus  large,  le  1 1  déc.,  jour  di 

-  6  Va, T  '  "'"S  *lssée  aux  Montani  (Varr.  L.  lat.  V,  41  ;  VI,  24.  Fest.  p.  348) 
''vide  [Fast,  |  \  ,  tlion.  I,  32.  Liv.  I,  5.  Plut.  Caes.  Cl,  etc 

réminiscences  olisc'.  ~  ’  m^e’  P0111’  appliquer  la  vertu  prolifique  des  lanières,  de, 
loutl' licence  (cf  i, . .  .  'C"ucs  Pa)’s  °ù  les  dieux-ljoucs  passaient  pour  avoii 
")•  -  1  Ces,  poJ,  4G-  Slrab.  XVII,  p.  802.  Aclian.  II.  Anim.  V,  29;  VIII 
'Ioniennes.  _  g  j  j  tolémistes  »  un  argument  analogue  à  celui  tiré  des  «çxto 
""dij  lustratur  anti  '  ,**  ^llrua^0'  Qnod  tum  februatur  populus,  id  est  Luperci. 

1 1  ’n  oppidum  Palatinum  gregibus  humanis  cinctum  (Varr 


LUS 

mestiques  dans  l’ensemble  de  purifications  qui  ont  valu 
le  nom  de  Februarius  au  dernier  mois  de  l'année.  L’État 
s’acquittait  des  siens,  auxquels  il  n’avait  rien  ajouté 
depuis  le  temps  de  Romulus5,  en  lançant  ses  Luperques 
autour  de  l’enceinte  de  la  vieille  cité  du  Palatin,  le 
15  février,  jour  des  Lupercalia  [lupercal].  Nous  n’avons 
pas  à  nous  occuper  ici  des  origines  de  ce  rite  donné 
comme  «  arcadien  »  par  Varron  et,  d’après  lui,  par  tous 
les  auteurs  anciens8,  —  un  sujet  sur  lequel  s’est  exercée 
depuis  la  science  et  l’imagination  des  critiques  mo¬ 
dernes  7,  —  mais  seulement  de  la  lustration  qu’il  com¬ 
porte.  C’est  le  caractère  éminent  de  la  cérémonie,  à  tel 
point  que  Varron  justifiait  par  là  le  nom  du  mois  de 
février  8  et  que  d’autres  prétendaient  retrouver  dans 
Luperci  le  verbe  luo9.  Les  Luperques  commençaient  par 
sacrifier  des  boucs,  avec  addition  de  mola  salsa  fraîche¬ 
ment  préparée  par  les  Vestales;  après  quoi,  ils  ôtaient 
leurs  habits  pour  endosser  la  peau  des  victimes  et  cou¬ 
raient  en  cet  accoutrement  autour  du  Palatin,  distribuant 
aux  femmes  postées  sur  leur  parcours,  comme  gage  de 
fécondité,  des  coups  de  lanières  taillées  dans  les  peaux 
sanglantes.  C’est  ainsi  du  moins  qu’on  peut  résumer  l'es¬ 
sentiel  du  rite.  On  y  reconnaît  à  première  vue  l’engin  de 
purification  si  apprécié  ailleurs  sous  le  nom  de  A>.o; 
xüjo'.ov,  capable  d’éloigner  tous  les  maléfices,  y  compris 
la  stérilité10.  Sur  ce  fonds  immuable  ont  pu  se  greffer 
des  pratiques  plus  ou  moins  autorisées.  Plutarque  y 
ajoute  le  sacrifice  d’un  chien11  et  réduit  le  costume  des 
Luperques  à  une  simple  ceinture,  les  peaux  étant  décou¬ 
pées  en  lanières.  11  sait  aussi  que,  au  moment  du  sacri¬ 
fice,  «  deux  jeunes  gens  de  famille  »  —  sans  doute  les 
magistri  des  deux  sodalités  ( Fabii  et  Quinctilii )  —  s’ap¬ 
prochent  des  sacrificateurs,  qui  les  touchent  au  front  avec 
le  couteau  ensanglanté,  marque  aussitôt  essuyée  avec  de 
la  laine  imbibée  de  lait.  Ceci  fait,  les  jeunes  gens  doivent 
rire.  D’autre  part,  Lactance,  après  s’être  moqué  des 
Salions,  désigne  évidemment  les  Luperques  par  «  ces 
gens  qui  courent  nus,  parfumés,  couronnés  ou  masqués 
ou  enduits  de  boue 12  ».En  tout  cas,  le  caractère  de  lustra¬ 
tion  était  tellement  inhérent  à  la  fête,  que  le  pape  Gélase 
ne  put  la  supprimer  qu’en  la  transformant  en  une  Puri¬ 
fication  chrétienne ,3. 

Il  ne  reste  plus,  pour  clore  cette  longue  et  pourtant 
sommaire  énumération,  qu’à  mentionner  la  grande  lus¬ 
tration,  la  plus  solennelle  de  toutes,  qui  marquait  le  pas¬ 
sage  d’un  siècle  à  l’autre  [saeculaiîes  lidi  .  Étrusque  et 
sabin  par  ses  origines,  romain  par  son  histoire,  grec 
par  ses  rites,  cet  ensemble  de  cérémonies  combine  les 
ressources  cathartiques  d’au  moins  trois  religions,  sur¬ 
chargées  de  la  révélation  sibylline.  Nous  laisserons  à  un 


L.  lat.  VI,  34)  ;  nam  et  Lupercalia  februatio  (VI,  13).  Cf.  Plut.  Rom.  21.  —  9  (Luper¬ 
cal)  spelunca  in  qua  de  capro  luebalur,  id  est  sacrificabatur  (Serv.  Ae n.  VIII, 
313).  Servius  ne  comprend  plus  l’clymologie  qu'il  a  conservée  et  que  Lobeck  (p.  681, 
g)  trouve  encore  suffisante.  Ungcr  préfère  lues.  Tile-Live  (I,  5)  ne  voit  là  qu’un  jeu 
{ludicrum  —  ut  nudi  juvenes...  per  tusum  atque  lasciviam  currerent).  Eu  revanche, 
d'autres  y  voyaient  des  gens  qui  se  sauvent  tout  nus  pour  échapper  au  déluge 
(Aug.  C.  Dei,  XVIII,  12).  —  10  C  est  cette  peau  qui  est  l'engiu  efficace  :  secta  quia 
pelle  Luperci  |  Omne  solum  lustrant  idque  piamen  liabent  (Ovid.  Fast.  II,  31)  — 
nam  pellem  ipsam  capri  veteres  februum  vocabant  (Interp.  Serv.  Aen.  VIII,  343) 
—  quo  die  mulicres  februabantur  a  Lupercis  amiculo  Junonis,  i.  e.  pelle  caprina 
(Fest.  Epit.  p.  85,  s.  v.  Februarius ).  —  U  Plut  Rom.  21.  Q.  Rom.  111.  Il  rem¬ 
place  les  houes  par  des  chèvres  (aly«î),  sans  doute  en  l'honneur  de  Juno  Februlis. 
_  12  Laclant.  Inst.  Div.  I,  21.  Sur  l'addilion  de  la  transvectio  equitum  aux  Luper- 
cales  (ci-dessus,  p.  1430),  voir  Val.  Max.  II,  2,  9.  —  '3  Gélase  (492-496)  en  fit  la 
Puri/icalio  R.  Marine  Virginis  (2  févr.),  le  caractère  le  plus  apparent,  à  l'époque, 
dans  les  Lupercalcs  étant  la  februatio  mulierum.  Cf.  Baronius,  Ann.  VI,  p.  522. 


LYK 


1432  — 


LYK 


article  spécial  la  description  détaillée  de  ces  iudi,  ne 
prélevant  ici  sur  le  sujet  que  l'indication  des  moyens 
matériels  de  purification.  On  disait  que  les  ludi  Taurei, 
ébauche  des  futurs  Jeux  Séculaires,  avaient  été  institués 
par  les  Sabins,  à  l’occasion  d'une  pestilence,  «  afin  que 
la  contagion  épidémique  se  portât  sur  les  victimes1  ». 
C'est  le  procédé  banal  de  la  substitution.  Dans  les  Jeux 
Séculaires,  les  sacrifices  de  victimes  blanches  aux  dieux 
célestes,  noires  aux  divinités  souterraines,  sont  unique¬ 
ment  propitiatoires;  de  même  les  sellisternia  des  ma¬ 
trones  [ lectisternium  et  les  processions  avec  cantate. 
Horace,  attentif  à  ne  prononcer  que  des  paroles  de  bon 
augure,  a  évité  toute  allusion  aux  rites  expiatoires, 
qui  ont  pourtant  fourni  le  type  et  la  raison  d’être  du 
programme  et  qui,  après  les  guerres  civiles,  eussent  été 
tout  à  fait  à  leur  place.  C’est  que  le  peuple  entier  s’est 
purifié,  par  individus  et  par  familles,  avant  d’assister 
aux  cérémonies  publiques.  Les  XVviri  S.  F.  ont  ouvert 
des  bureaux  de  réception  pour  les  prémices  des  récoltes 
(fruges)  en  blé,  orge  et  fèves,  de  distribution  pour  les 
suffimenta  (xaôipsia,  Xûaaxa),  c’est-à-dire  des  torches,  du 
soufre  et  du  bitume2,  avec  injonction  aux  citoyens  de 
s’en  servir  à  domicile  et  de  ne  revenir  que  suffiti.  De 
leur  côté,  les  XVviri  S.  F.  ont  purifié  les  fruges,  sym¬ 
bole  du  siècle  nouveau  3. 

Tel  se  présente  à  nous,  disséminé  et  incohérent,  l’en¬ 
semble  des  pratiques  conservées  à  l’époque  historique 
par  les  Grecs  et  les  Romains  pour  satisfaire,  sans  souci 
d’une  théorie  quelconque,  la  logique  instinctive  qui  a 
institué  la  médication  de  l’âme  par  traitement  appliqué 
au  corps  ;  logique  vraiment  universelle  et  qui  obligé  en¬ 
core  aujourd’hui  les  doctrines  lés  plus  spiritualistes  à  lui 
faire  sa  part.  A.  Bouché- Leclercq. 

LYCIINUCHUS  [latima]  . 

LYCI1XUS  [LUCERNAj. 

LYK  AI  A  (tx  Aûx*ta).  —  Fêtes  célébrées  en  l’honneur 
de  Zens  Lykaios  sur  le  mont  Lycée,  l’Olympe  de  la  Par- 
rhasie  arcadienne1.  On  sait  que  les  Arcadiens  se  plai¬ 
saient  à  attribuer  à  leurs  divinités  et  à  leurs  légendes  une 
très  haute  antiquité  :  les  autres  Grecs  ne  contestaient 
guère  lebien  fondé  de  ces  prétentions  2.  Aussi, les  auteurs 
sont-ils  d’accord  pour  faire  remonter  l’institution  des 

1  Serv.  Aen.  Il,  140.  Ci-dessus,  p.  1H0,  0.  —  2  A->:Ss;  xai  Oeïov  xal  ÉiasaX-ro; 
(Zosim.  Il,  5).  llérodien  (III,  8,  10)  compare  l'ensemble  des  tepouppiat  à  l'inilialio» 
aux  Mystères.  Il  est  question  des  suffimenta  dans  les  procès-verbaux  de  17  av.  J.-C. 
(lig.  30,  48,  68,  76)  et  de  204  ap.  J.-C.  (II,  7,  23-25,  27)  in  Ephem.  Epigr.  VIII  [1802], 

p.  225-309.  _  3  Fruges  lustravit  lustrandi  piandigue  saecularis  sacri  (Actes  de 

204  :  II.  16).  —  Bibliographie.  Io.  Lomeier,  Epimenides,  sive  de  veterum  gentilium 
lustrationibus  syntagma.  Ultraj.  1681  :  2»  édit,  posthume,  Zutpbaniae,  1700  (531 
pp.  4»).  Cette  énorme  compilation  reste  le  seul  ouvrage  spécial  sur  le  sujet.  La 
partie  concernant  le  sacrifice  est  traitée  dans  la  dissertation*  presque  aussi  confuse, 
de  E.  von  Lasaulx,  Die  Sühnopfer  der  Grieclien  und  Rimer  und  ihr  VerhSltniss 
;u  dern  einen  auf  Golgotha ,  Wiirzburg,  1841  (in  Studien  des  class.  Alterth. 
Kegensburg,  1854,  p.  233-282).  Le  sujet  (lustration  et  expiation)  se  trouve 
visé  en  passant  dans  tous  les  ouvrages  traitant  des  cultes  grecs  et  romains,  et  par¬ 
ticulièrement,  pour  la  Grèce,  dans  Fr.  Nagelsbach ,  Homerische  Théologie ,  X  iirnbei g , 
1840,  3'  éd.  1884,  §  VI,  24-29  ;  Nachhoin.  Théologie,  Nürnb.  1857,  §  VI,  18-26.  K.  Fr. 
Hermann,  Lehrhuch  der  griech.  Antig.  112  [Heidelb.  1858],  §  23  (Von  Reinigungcn 
und  Siihnungen).  P.  Stengel,  Die  griech.  Kultusaltertümer  (Iwan  v.  Muller, 
Handbuch  d.  klass.  Alterlumswissenschaft,  V2,  3.  München,  1898),  §  73-76. 

LYKAIA.  1  Paus.  VIII,  38,  2;  Apollod.  Il,  5,  8  ;  Scliol.  Apollon.  Rliod.  I,  539.  La 
légende  ’OXujit: .  gravée  sur  les  monnaies  de  la  Ligue  arcadienne  n  est  pas,  comme 
on  l’a  cru  longtemps,  une  abréviation  du  nom  de  la  montagne,  mais  la  signature 
d’un  magistral  monétaire  (voir  fig.  4697).  —  2  Fougères,  Alantinèe  et  LArcad. 
orient,  p.  t96.  —  3  Voir  les  textes  réunis  par  Immerwalir,  Kulle  u.  Alythen  Arka- 
diens  (1891),  p.  3  et  suiv.  ;  Paus.  VIII,  2,  1-2;  Scliol.  Eurip.  Or.  1647;  Plin. 
Hist.  nat.  VII,  205.  —  4  Apollod.  III,  8  ;  Pausan.  VIII,  2,  1-2.  —  S  Marm.  Par.  Ep. 
17.  —  G  Arislot.  ap.  Scliol.  Aristid.  p.  105  (éd.  Frommcl).  —  7  pausan.  VIII,  2,  1-2. 

_  8  Pind.  Ol.  IX,  102.  —  9  Xcnoph.  Anal.  I,  2,  10;  Plin.  llisl.  nat.  VII,  205  ; 

Paus.  VIII,  2,  1-2.  —  10  Plat.  Alinos ,  p.  31Sc  ;  De  rep.  565  d;  Thcophr.  ap.  Porphyr. 


□cO 

QQOQ 


jeux  du  Lycée  à  Lykaon,  fils  de  Pélasgos  ot  f 
légendaire  du  culte  et  du  sanctuaire  de  'z0  .  ,  ndaleut 
Arcadie3.  Tandis  qu’Apollodore  et  PausanT  •  ■,'l'ai0Sen 
rent  Lykaon  comme  un  contemporain  de  Cé  ^  C'msi(lè' 
bre  de  Paros 3  le  fait  vivre  à  la  génération  su^van’J ^ 
le  règne  de  Pandion,  fils  de  Cécrops.  D’aprè  j  °US 
document,  les  jeux  du  Lycée  auraient  été  prod  u  v 
le  concours  gymnique  d’Éleusis.  Aristote  leuM  ^ 
comme  ancienneté  le  quatrième  rang,  après  1rs 
nies,  les  Panathénées  et  les  Sthenia  d’Argos  il  v' 
les  jeux  Olympiques  ne  venaient  qu’au  septième  rlniT 
Pausanias,  au  contraire,  défend  la  priorité  des  Lt/kait  8  ’ 
les  Panathénées  et  celle  de  Lykaon  sur  Thésée1  "  | 

I.  La  fête  de  Zeus  Lykaios  (Zy,vôç  7uavâvu£,iÇ  AuxcuVr* 
comportait  un  sacrifice  (6u«rfa)  et  un  concours  de  jeu 
gymniques  (àycuv) 9.  Le  sacrifice  et  l’autel  de  Zeus  Lykaios 
sont  souvent  mentionnés  par  plusieurs  auteurs,' parce 
qu’on  y  immolait  des  victimes  humaines10.  Cet  autel 
d’après  la  description  de  Pausanias11,  se  trouvait  auprès 
de  laSaxov  consacré  à  Zeus  Lykaios  sur  le  sommet  même 
du  Lycée12; c’était  un  tertre  de  terre,  devant 
lequel  s’élevaient  deux  colonnes  du  côté  du 
couchant.  Elles  étaient  anciennement  sur¬ 
montées,  dit  Pausanias,  de  deux  aigles 
dorés  (fig.  4693)  13.  C’est  sur  cet  autel  qu’on 
sacrifiait  à  Zeus  en  secret  (èv  aitocc-rj-nn)  : 

Pausanias  se  contente  d’une  allusion  énig¬ 
matique  à  cette  cérémonie,  dont  il  lui  ré¬ 
pugne  d’approfondir  le  mystère.  On  admet 
d’ordinaire  que  ces  scrupules  lui  ont  été 
suggérés  par  la  coutume  du  sacrifice  hu¬ 
main,  attestée  par  d’autres  auteurs.  Subsistait-elle 
encore  de  son  temps,  cela  semble  assez  peu  probable,  les 
Romains  ayant  interdit  les  sacrifices  humains1';  peut- 
être  l’ancien  rite  barbare  n’était-il  plus  rappelé  que  par 
un  simulacre  symbolique?  Certains  textes  font  croire 
que  la  victime  était  un  enfant  ou  un  jeune  garçon1  . 

Les  jeux  qui  suivaient  le  sacrifice  étaient,  célébrés 
dans  une  autre  partie  du  territoire  sacré,  et,  plus  exac¬ 
tement,  dans  un  autre  hiéron  voisin,  celui  de  l’an  •  Ce 
second  sanctuaire  lycéen  occupait  un  petit  ravin  entre 
les  deux  principaux  sommets  du  Lycée.  Pausanias  ) 

De  ahst.  il,  27;  Polyb.  VIII,  13,  7  ;  Paus.  V’I,  8,  2;  Vlit,  2,  3,  G;  13.  -  ;  ' 

'  ’  J  YYIII  17'  [  lin.  ü 

Isid.  Etym.  VIH,  9,  p.  370;  Varro  ap.  Augustin.  Cu\  Del,  iun, 

nat.  VIII,  34.  -  n  Paus.  VIII,  38,  7.  -12  C’est  sur  le  sommet  aujoun  ^ 
Diaphorli  (corruption  de  AO;  Éopxri?)  que  se  retrouvent  les  restes  '  "  ^  je 

Zeus  Lykaios.  Frazer  (Paus.  IV,  p.  382)  le  décrit  comme  unc  .*"?■  * c  eouclie de 
45  mètres  environ  de  diamètre  ;  la  surface  serait  encore  recoin  ci  .  ^_rX. 

tessons  et  de  fragments  d’os  en  partie  fossilisés.  13  Ea  Pllias0  ^  avaient  été 
Èitîzçuo'ot  t à  -;i  êti  luzlouoTEja  ÈiEEitoi»i«To  parait  signifier  .  des  alÇ  Dlaccs  au-dessus, 
ajoutés,  c’est-à-dire  s’y  trouvaient  (plus-que-parfait  —  impai  ai  I  ^  ^  ^  (pro¬ 
du  moins  (yè)  dans  des  temps  déjà  assez  anciens,  autremen  surmontaient 

bablcment  en  ronde-bosse  et  en  bronze  doré)  qui,  dans  an  v'0jr  plus  bas).  , 
ces  colonnes  ont  été  enlevés  (pour  être  transportés  à  Mèga  oi’®^  ,  insistent 

On  comprend  d’ordinaire,  avec  la  traduction  latine  de  1  e  i 70)  interprète  : 
aguilae  inauratae  pervetusti  operis.  Bérard  ( Cultes  aica  ^  ^  l01l(e  vieille 

«  des  aigies  avaient  été  faits  sur  elle  (avaient  clé  S1  a'i  s  ^  ,.0Se,itat ions  1res  a1' 
mode  »,  comprenant  que  Pausanias  a  voulu  désigna  tes  v[esassez  inelistincts. 
cliaïques  de  globes  ailés  orientaux,  qu  il  aurait  pris  pom  1  es colonnes  et  des  labiés 
On  pourrait  retrouver  unc  représentation  assez  conforme  cs  pn  roinlc-bosse 

placées  en  avant  de  l’autel  (nço  ?u^î)  et  surmonta  s  1  1  c  Wi()3  (Coup0  j1"  1 
au  Lycée  et  à  Mégalopolis,  dans  le  monument  reproduit  Pal  ®  SLudnicxIra.  9/ 
Musée  Britannique,  Journ.  of  hell.  Stud.  1880,  pl  •  vu,  1  etent"" 

rene,  p.  14,  fig.  8).  -  14  En  Afrique  sous  Tibère  (Tertul  .  'J  \  himia„is 
sous  Hadrien  (Lactant.  Div.  instit.  1,  21)  ;  cf.  Suc.ncr,  De  metm 
Graccos,  Progr.  Hanau,  1848.  —  lb  Apollod.  IH,  8,  1  •  paus_  VIII,  2,  3)’<*a|ir,  I 
la  légende,  Lykaon  immole  un  petit  enfant  (pptœo;  àvOp»uau,  con)l11c  otage;  da|«  I 
Ovide  (Metam:  I,  106-240)  un  jeune  Molosse  qu’d  g“r  al  .  482)  0u  son  Pc  1  ' 

d’autres  le  propre  fils  de  Lykaon,  Nyklimos  (  rzelzès,  <7^  ^  paus  VIH.  1''’  ’’ 
fils  Areas  (Eralosth.  Kataster.  8;  Hygin.  Astr.  2,  t). 


LYK 


—  1 133  — 


LYK 


leinplo,  un  bois  sacré,  un  hippodrome  cl  un 
‘  'destaux  de  statues  avec  des  ins- 


signaleun. 

stade-  ainM  ^  ceg  constructions  ont  été  recon- 

criplionb'  ies  voyageurs  modernes  C’était  là, 

nuS  Ct  "  '  ciue  se  donnaient 

pausani.is,  (lu 


fcs«-;:.;s'que  se  donnaient  dans  V antiquité  (zb 
d'1  Pall'|:'"','|eUx  lycéens.  Pindare  a  célébré  quelques- 
rr  ï!-’  'unnueurs  à  ces  jeux2.  Le  concours  n’était  pas 

linS  I U  ^  1*  ,  l  *  Irvnc  1  oc  rlïnrrmmnc  ho 


■  •  I  nix  seuls  Arcadiens  ;  tous  les  champions  de 

r  Vrrmie  y  étaient  admis,  et  les  Lykaia  étaient  aussi 
Ifegl"ill.  ies  professionnels  de  l’athlétisme  que  les 
C0,irl Olympiques  ou  Néméens.  Le  programme  ressern- 
|C.U. I  ■  Cgkli  des  autres  concours  gymniques  [certaminaJ. 
fal  yait  des  concours  d’hommes  et  d’enfants  ;  les  épreu- 
|es  mentionnées  sont  :  la  course  simple  (Sfdp.oÇ)3,  la 
[ourse  double  (BtauXoç),  la  course  en  armes  \ 

h  course  multiple  (SÔÀ-./o;)5,  la  lutte,  le  pancrace,  le  pu- 
Lilat,  et  probablement  aussi  le  pentathle  G.  Au  dire  de 
certains  auteurs,  c’est  aux  Lykaia  que  le  ceste  aurait 
apparu  pour  la  première  fois  ;  il  y  aurait  eu  aussi  des 
concours  de  beauté 7.  La  présence  d’un  hippodrome  à  côté 
du  stade  indique  que  le  ravin  du  Lycée  était  jadis  acces¬ 
sible  aux  chars  et  qu’on  y  donnait  des  courses  de  chars. 
Boulé  croit  avoir  remarqué  sur  les  pentes  de  la  montagne 
des  traces  d’ornières  antiques  creusées  dans  le  roc8. 

Les  prix  (aOAa)  consistaient  comme  ailleurs  en  trépieds 
de  bronze9.  Toutefois,  lorsque  les  Arcadiens  de  l’expé- 
dilion  des  Dix-Mille  célébrèrent  en  Asie  leur  fête  natio¬ 
nale,  des  slrigiles  d’or  furent  décernés  au  vainqueur  10  ; 
mais  cette  dérogation  à  l’usage  s’explique  par  les  condi¬ 
tions  particulières  de  ce  concours,  improvisé  en  pays 
lointain  par  une  troupe  de  mercenaires. 

Le  même  texte  de  Xénophon  permet  de  fixer  approxi¬ 
mativement  l’époque  et  la  durée  de  la  fête  lycéenne. 
Lorsque  Xénias,  chef  des  mercenaires  arcadiens  des  Dix- 
Mille,  profile  d’une  halte  de  trois  jours  à  Peltai  pour  célé¬ 
brer  avec  ses  compatriotes  leur  panégyrie  nationale  par 
un  sacrifice  et  des  jeux  [zb.  Auxoctx  lOcnrs  xat  ày oiva  IQiqxe), 
la  cérémonie  eut  évidemment  lieu  à  la  date  anniversaire 
de  la  fête  du  Lycée  en  Arcadie'1.  Or,  le  calcul  des  étapes 
des  Dix-Mille  depuis  le  6  mars,  date  du  départ  de  Sardes, 
permet  de  fixer  au  20  avril  leur  arrivée  à  Peltai 12.  La  fête 
ljcéenne  était  donc  une  fête  de  printemps;  ni  le  mois  de 
février  '  ni  la  période  caniculaire,  qui  avaient  été  propo¬ 
sés  par  divers  savants14,  ne  sont  d’accord  avec  les  doii- 
jnées  de  Xénophon.  Les  fêtes  duraient  au  moins  trois 
j  j°ms.  On  n  a  pas  d’indice  sur  leur  périodicité,  annuelle, 
j  quinquennale  ou  ennéatérique.  Schœmann  15  émet  l’opi- 
ni"u  que  les  Lykaia  avaient  lieu  tous  les  neuf  ans,  mais 

aura 


I  n’allèg 


gue  aucune  preuve  à  l’appui.  Celte  idée  lui 
S'iiiN  doute  été  suggérée  par  ce  détail  que  la  tykanthropie, 
U  1111  tdinorphose  en  loups  des  individus  ayant  goûté 


la  chair  humaine  du  sacrifice,  durait  dix  ans"'.  De  plus, 
Schœmann  aura  supposé  que  l'immolation  de  victimes 
humaines  ne  pouvaitavoir  lieu  à  des  intervalles  trop  rap¬ 
prochés.  Toutefois,  la  mention  sur  une  inscription  de 
Tégée  d’un  athlète  quatre  fois  vainqueur  au  dolichosdes 
Lykaia 17,  et,  sur  une  inscription  de  Delphes18,  d’un 
autre  athlète  trois  fois  couronné  aux  mêmes  fêtes  rend 
peu  vraisemblable  l’hypothèse  d’une  périodicité  de  neuf 
ans.  Il  est  plus  probable  que,  comme  tous  les  grands 
concours  de  la  Grèce,  les  Lykaia  suivaient  la  règle  de 
la  périodicité  quinquennale. 

II.  —  A  qui  appartenait  l'administration  des  sanctuaires 
lycéens,  et  de  qui  relevait  l’organisation  et  la  direction 
des  jeux?  Le  sanctuaire  de  Zens  n’avait  ni  temple  ni  sta¬ 
tue  ;  il  ne  renfermait  pas  de  trésors;  un  bâtiment  attenant 
au  téménos  infranchissable  servait  de  logis  aux  prêtres 
et  contenait  les  instruments  du  culte  ;  c’est  dans  une  par¬ 
tie  de  ce  local  que  Pleistoanax  trouva  asile  pendant  son 
exil  de  445  à  426  19.  L’entretien  matériel  se  réduisait  sur¬ 
tout  à  pourvoir  l’autel  de  victimes  ;  mais  où  et  comment 
se  recrutaient  les  ministres  de  ce  culte  sanglant?  Pausa- 
nias  mentionne  le  prêtre  de  Zeus  Lykaios  20  ;  après  les 
longues  sécheresses,  ce  prêtre  s’approchait  de  la  source 
Ilagno,  lui  adressait  des  prières,  lui  sacrifiait  suivant 
certains  rites,  puis  trempait  sur  la  surface  de  l'eau  un 
rameau  de  chêne  :  de  l’eau  ainsi  agitée  s’élevait,  croyait- 
on,  un  brouillard  qui  se  changeait  en  nuage  et  procurait 
la  pluie  à  l’Arcadie.  Quant  aux  jeux,  ils  exigeaient 
évidemment  le  personnel  spécial  requis  pour  tous  les 
concours  helléniques  :  une  commission  déjugés,  des  ago- 
nothètes,  etc. 21  Par  qui  furent  faits  les  frais  des  construc¬ 
tions  actuellement  visibles?  D’après  les  dessins  de 
Blouet22,  l’appareil  des  murs  rappelle  les  modes  de  cons¬ 
truction  en  usage  au  ve  et  au  ive  siècle  av.  J.-C.  On  pour¬ 
rait  donc  supposer  que  le  stade  et  le  bâtiment  voisin  de 
l’hippodrome  ont  pu  être  édifiés  en  pierres  vers  l'époque 
des  grandes  constructions  entreprises  par  la  nouvelle 
Ligue  arcadienne  sous  l’impulsion  d’Épaminondas,  après 
371  :  ils  seraient  contemporains  de  la  reconstruction  de 
Mantinée,  de  Messène  et  de  la  fondation  de  Mégalopolis. 
Dès  lors,  on  serait  amené  à  croire  que  le  xotvôv  d’Arcadie 
prit  la  haute  main  sur  le  Lycée,  que  le  district  parrha- 
sien  fut  incorporé  au  territoire  de  Mégalopolis  et  que  les 
sanctuaires  de  la  montagne  sainte,  ceux  de  Zeus  et  de 
Pan  Lykaios,  et  peut-être  d'Apollon  Parrhasios,  furent 
classés  comme  sanctuaires  fédéraux.  En  effet,  les  bour¬ 
gades  parrhasiennes  dont  pouvait  relever  le  mont  Lycée 
furent  dépeuplées  au  profit  de  Mégalopolis,  à  l’exception 
de  Lycosoura,  dont  les  habitants,  réfugiés  dans  le  sanc¬ 
tuaire  des  Grandes-Déesses,  obtinrent  de  rester  chez  eux23. 
Mais,  en  fait,  les  inscriptions  récemment  découvertes 


I  1  Gcll,  r 

B&Véd.  de  Al,  ••  ‘‘orea-i  P-  106;  Lcake,  Atorea,  II,  p.  313;  Bloucl, 
Rechercha  i ,  l"  '  aI'cll’lec'uro>  'L  P-  37  el  pi.  xxxm,  xxxtv  ;  Puillon-Boblaye, 

I  Ik'nléj  Éluda  1  P  ’  "oss’  fleisen,  p.  91  ;  Curtius,  Peloponn.  I,  p.  299  ; 
■  BacdccUr  Grkcl  '  /  130  SCI-  >  Biirsiaa,  Geogr.  Griechenl.  II,  p.  233; 

IV,  |,  3g, _  '  P-  303;  Joanne,  Grèce ,  II,  p.  283;  Frazer,  Pausan. 

Mil,  15i  (Xénonlio  "!*'  ■  IX,  93  (Epliarmostos  d'Oponte,  lutteur),  01. 

*1  Argos,  lunC(|,  e  Lnrintlic,  sladiodrome  et  pentatlile),  Nem.  X,  48  (Théaios 
I  daurp  cn  i't10tln(  |ii,  3  1  nld-  hem.  X,  48  et  schol.  ad  h.  I.  —  4  Inscr.  d’Épi- 
’V'Vtîv  IKavvadias  y  "  G'I'iiUiricil  :  vLxr,ffcivTa...  avopaç  Si  Aûxata  SiauXov  xat 
Çoryi.  inscr.  tjr'  |  “'"des  à  Épidaure,  l,p.  78,  n°  240).  —  6  lnscr.de  Tégée, 
j  Scliol.  pj11(p  ^  _  ’  Auxaia  âvSpa;  SoXtgoy  TETpàxtç.  —  G  Pind.  iVem.  48  ; 
|  r-0,'P-  inscr.  n,.  j .  ’  'ulrcs  inscriptions  agonistiques  avec  mention  des  Lykaia  : 

î®,®fea,  voir  pills  jo>.(IIo™i°n<0;  H31  (Sparte);  1713  (Delphes).  Sur  les  Lykaia- 
I/empcI.  p  p);j  '  Creuier-Guigniaut,  113,  p.  1262  et  Stackelberg,  Apollo- 

eiciiccs  à  aucun  texte).  La  légende  doit  provenir  d'une  con¬ 


fusion  entre  caestus  et  cestus.  —  s  Ét.  sur  le  Pélop.  p.  128.  —  9  Pind.  Xem.  X, 
48  (/ttkxo;);  01.  VII,  133  el  scliol.  vet.  ad  h.  I  ;  Polemon  ap.  Schol.  Pind.  Ol.  VII, 
133  (axsùecT!  Ti|i5vTm).  —  1°  Xenoph.  Aimé.  I,  2,  10.  C’est  à  tort  que  Lauer  (S  y  si. 
der  Griech.  Afyth.  p.  184)  en  conclut  que  les  prix  consistaient  toujours  en  stri- 
gilcs  d'or.  —  11  Immcrwahr,  Kulte  u.  Afyth.  Arkad.  p.  20.  —  12  Curtius, 
Zeittafeln  sur  griech.  Gcsch.  p.  23.  —  13  Dclacoulonche,  Afrm.  sur  l'Arcadie, 
p.  109  (sans  doute  par  analogie  avec  les  Lupercales  latines).  —  14  11.  D.  Millier, 
Afyth.  d.  griech.  Stümme,  II,  p.  81  ;  Nork,  Afyth.  II,  p.  42;  Scluvcnk,  Afyth. 
p.  177  ;  GSrrcs,  Studien  sur  yr.  Afyth.  I,  p.  33  sq  ;  Mannhardt,  W'ald  u. 
Fetdkult,  II.  p.  336  sq.  —  15  Griech.  Alterthümer,  11,  p.  223  et  449.  —  10  Paus 
VI,  8,  2  ;  VIII,  2,  C  ;  Varr.  ap.  August.  Civ.  Dei,  X VIII,  17  ;  Plin.  ffist.  nat.  34. 

_ 17  Corp.  inscr.  gr.  1313.  —  I*  Corp.  inscr.  gr.  1713.  —  19  Tliucyd.  Il,  21  ;  V, 

10,  3.  —  20  VIII,  38,  3.  —  21  Agonolhètc  des  Lykaia,  Corp.  inscr.  gr.  1163. 

_ 22  Expcd.  de  Aforée  :  architect.  pl.  xxxm  et  xxxiv.  —  23  pausan.  VIII,  37, 

4,  6. 


LYK 


—  1434 


dans  ce  dernier  sanctuaire  nous  montrent  la  cité  des 
Lykourasiens  (Auxoupcûnot)  placée  sous  la  dépendance  de 
Mégalopolis  1  :  sa  situation  parait  avoir  été  celle  d’une 
xcoavj  privilégiée  en  raison  de  son  caractère  sacré  :  son 
et  inique  subsiste,  mais  il  n’est  mentionné  qu’en  seconde 
ligne  après  celui  des  Mégalopolitains. 

Pour  toute  la  période  antérieure,  la  situation  du  mont 
bycée  est  mal  définie.  Géographiquement,  le  district  de 
la  montagne  sainte  appartenait  au  territoire  des  Parrha- 
siens-,  mais  rien  ne  prouve  qu’il  ait  été  la  propriété 
particulière  d  une  des  bourgades  parrhasiennes  établies 
sur  ses  versants  ou  à  son  pied.  Reste  donc  l’hypothèse 
d’un  sanctuaire  ayant  appartenu  à  la  Parrhasie  tout 
entière.  Celle-ci  formait,  en  effet,  une  communauté,  un 
îOvoî,  dont  les  habitants  étaient  désignés  aux  jeux  Olym¬ 
piques  par  l’ethnique  collectif  de  Parrhasien,  et  non  par 
le  nom  de  leur  village  natal 3.  Il  faut  donc  admettre  entre 
ces  xûp.a-  parrhasiennes  une  liaison,  dans  le  genre  des 
ffucnrvigaTa  S%wv  [voir  koiné  et  koinon].  En  421,  le  clan 
parrhasien  tout  entier  se  soulève  contre  la  conquête  man- 
tinéenne4.  L  union  politique  de  ce  canton  n’était  que  le 
corollaire  d'une  union  religieuse  très  ancienne,  dont  le 
mont  Lycée  était  le  centre.  Le  clan  parrhasien  passait 
pour  un  des  plus  anciens  rameaux  de  la  race  pélasgique 5. 
Cette  antiquité  vénérable  valut  à  Lycaon  l’honneur  d’être 
considéré  comme  1  ancêtre  des  éponymes  de  toutes  les 
villes  arcadiennes,  grâce  au  rattachement  à  sa  généa¬ 
logie  d’ Areas,  le  héros  des  districts  orientaux  du  Mënale 6  ; 
de  plus,  la  masse  imposante  de  la  montagne  elle-même 
qui  domine  toute  l’Arcadie  du  sud-ouest,  enfin  le  voisi¬ 
nage  du  sanctuaire  de  Despoina  à  Lycosoura,  toutes  ces 
raisons  contribuèrent  à  favoriser  le  rayonnement  des 
cultes  lycéens  dans  l’Arcadie  tout  entière.  Il  n’est  pas 
nécessaire  d’attribuer  à  Lycosoura  la  pros¬ 
périté  et  la  puissance  de  Mycènes  ou  de 
Tirynthe  ;  les  modestes  murs  de  son  acro- 
J  pôle  ne  justifient  pas  les  prodigieuses 
destinées  que  la  légende  a  permis  de  lui 
octroyer  comme  capitale  préhistorique  d’un 
empire  lycaonide  8.  De  très  bonne  heure, 
le  mont  Lycée  fut  considéré  par  l’Arcadie 
entière  comme  un  sanctuaire  national  9.  Plus  d’un  siècle 
avant  la  constitution  de  la  Ligue  arcadienne,  une  sorte 
d  organisation  amphictyonique  devait  assurer  les  res¬ 
sources  nécessaires  à  l’entretien  du  hiéron  et  à  la  célé¬ 
bration  du  culte  et  des  jeux10.  S’il  faut  en  croire  un  texte 

1  B.  Leonardos,  'Eç^.  1896,  p.  2i8.  -  2  Les  textes  relatifs  à 

Zcus  Lykaios  et  à  Pan  Lykaios  les  désignent  comme  des  dieux  parrhasiens  :  Pind 
01.  IX,  102  et  schol.  ad  h.  I.  ;  Sehol.  Eurip.  Orest.  1047  ;  Schol.  Dionys.  Perieg! 
415;  \irg.  Aen.  VIII,  343;  Nonn.  XXIII,  151.  Une  légende  postérieure  sur  l'inso¬ 
lence  (zajjcnria)  et  l'impiété  des  Lycaonicles  se  fonda  sur  ce  nom  du  pays  (ApoIIod. 
üib.  III,  8.  1).  Xénias,  qui  prend  l'initiative  de  la  célébration  des  Lykaia  par  les 
Arcadiens  des  Dix-Mille,  était  un  Parrhasien  (Xenoph.  Anab.  I,  1,  2).  —  3  Ethnique 
n«ffà«o5  :  Iliad.  Il,  609;  Pind.  01.  IX,  144;  Tliucyd.  V,  29,  39  ;  Xenoph.  Hell.  VII 
1,  28  ;  Anab.  I,  1,  2;  IV,  7,  8;  Diod.  XV,  72  ;  Strab.  VIII,  388.  Dans  la  liste  des 
Olympioniques,  Paus.  VI,  8,  2.  Cet  ethnique  n'a  plus  d'existence  officielle  au 
i\'  s.  (Foucart,  Inscr.  du  Pélop.  n°  340a).  Les  bourgades  parrhasiennes  appelées 
iroUs;  par  Thucydide  (V,  33)  et  xSjjiai  par  Diodore  (XV,  72,  4)  devaient  être, 
en  fait,  autonomes,  comme  dans  le  régime  xcvrà  —  4  Thucyd.  V,  33-35  - 

Fougères,  Mantinée  et  l’Arcad.  or.  p.  390.  —  5  Strab.  388.  —  C  paus.  VIII,  2  ! 
ApoIIod.  III,  8,  1.  —  7  Curtius,  Pelop.  II,  p.  298.  —  8  Bérard,  Cultes  arcad.  p.  325 
et  329.  La  legende  locale  de  f  antiquité  de  Lycosoura,  la  première  ville  qu’ait  éclairée 
le  soleil,  vient  tout  simplement  de  son  nom  et  du  fait  qu’étant  située  au  pied  même 
du  Lycée,  elle  était  la  première  ville  placée  sous  l’œil  de  Zeus  Lykaios  (Paus.  VIII, 

38,  ®  T'"''  'A?*àS"v  «fusvj  (Paus.  VIII,  28,  2).  Pendant  la  deuxième 

guerre  de  Messéme  (fin  vu»  s.),  les  Arcadiens  auraient  offert  sur  le  Lycée  un  asile 
aux  Messéniens  échappés  d'Ira  et  lapidé  le  roi  Aristocratès  en  punition  dë  sa  trahison, 
ils  élevèrent  une  stèle  avec  une  épigramme  rappelant  cet  événement  el  se  terminant 


LYK 


Fig.  4694.  —  Zeus 
Lvkaios. 


malheureusement  tronq 
entre  les  fils 


aent  tronqué,  lors  du  Darta  , 

d’Arcas,  la  Parrhasie  seraH8edel  Arcai 

et  1  entretien  du  sanctuaire  de  Zeus  ,  ,  restée  indiViSe 
assuré  par  des  contributions  coinmn  '  'U!°S  aura>t  été 
qu’on  soit  en  droit  d’établir  un  rapport  ‘  11  *4 
nisation  amphictyonique  et  „„  monnà™' ' 
eut  cours  en  Arcadie  dès  la  deuxième  „S  P"®1 1« 
et  subsista  jusqu'à  la  lin  du  v">  (fi.,  ™  ï|;»:dt 

La  provenance  et  l’interpré-  * 
tation  de  ces  pièces  ont  été 
souvent  discutées.  Ernest  Cur¬ 
tius,  suivi  par  d’autres  numis¬ 
mates,  en  rapportait  la  fabrica¬ 
tion  au  sanctuaire  du  Lycée  et 
reconnaissait  dans  la  figure  du 
revers  celle  de  Zeus  Lykaios,  dans  celle  de  |vers  n« 
puma,  la  grande  déesse  de  Lycosoura.  La  lLnî 
Afxaoixov  (APKAAIÇON  ou  APKAAIKON)  indique  » 
circulation  commune  à  toute  l’Arcadie.  Ces  monmJ 
auraient  donc  été  de  circu¬ 
lation  normale  en  Arcadie 
durant  le  ve  siècle  jusque 
vers  418,  date  de  la  victoire 
définitive  de  Sparte  sur  les 
séparatistes  péloponnësiens  : 

Sparte  dut  obliger  les  Arca¬ 
diens  à  abandonner  un  monnayage  qui  était  pour  elle  le 
symbole  d’une  union  dangereuse  pour  ses  ambitions. 

Mais  cette  théorie  a  été  récemment  combattue  par 
MM.  Imhoof-Blumer 13  et  Percy  Gardner14.  D’après  ces 
deux  savants,  le  monnayage  en  question  émanerait  de 
1  atelier  de  la  ville  d’IIéraia,  qui  l’aurait  émis  entre  470  et 
417  av.  J.-C.  Les  types  représentés  seraient  ceux  de  Zeus 
Aphésios  et  d’Artémis.  On  allègue  en  faveur  de  cette  opi¬ 
nion  la  ressemblance  du  Zeus  des  monnaies  arcadienne! 
avec  celui  des  monnaies  d’Ëlis,  l’identité  de  la  soi-disant 
Despoina  avec  une  figure  des  monnaies  héréennes  qu’on 
croit  être  Artémis  se  substituant  à  l’Héra  des  monnaies 
antérieures  15,  enfin  l’analogie  de  la  légende  ’Apxst- 
oixo'v  avec  la  légende  ’OÀup nxdv  des  monnaies  éléonnesl 
Les  pièces  arcadiennes  si  discutées  seraient  donc,  en  defi¬ 
nitive,  un  monnayage  émis  à  Héraia  sous  l'influence  et  a 
Limitation  du  monnayage  éléen. 

Cette  nouvelle  théorie  soulève  à  son  tour  des  objec¬ 
tions  d’ordre  historique  et  mythologique  :  Pcequon 
sait  de  l’attitude  politique  d’IIéraia  pendant  le  conflit 

,p  -  I  jr  33),  D’après 

par  la  formule  de  prière  y aïçe  Zeo  pa^eu,  xat  ffàw  *Aoxa8iav(l  Jacobs 

Polybe,  citant  Callisthène,  cette  stèle  aurait  été  consacrée  par  les  M'  ^  j| 

en  avait  conclu  à  l’existence  d’un  sanctuaire  de  Zeus  Lykaios  à  M< 

l  |  .  il  c’-jm |,  |i|(‘D  'R*  ^allt 

semble  que  le  renseignement  de  Pausanias  soit  plus  exact  ,  a  ‘e  j-i»  : 

_  ./  ('e  nnère  il  Ltaii1111 

tuairc  du  Lycée.  Paus.  IV,  22;  Plut.  Ser.  Niun.  mnd.  Ll.  *  I  ..5  371  ar. 
Virg.  A  en.  VIII,  572.  11  est  probable  que  celte  stèle  ne  fut  dievée  qu  aprw ^ ^ 
J.-C.  au  moment  de  la  restauration  de  Messèncct  de  la  constitu1'"11  j^ajenCijcl). 
cadicnne (Hitler  von  Gartringen,  art.  Aristocrates  dans  Paulj-Visso\  ,  ^  ^ 

—  10  Voir  arcadicum  foedus  et  koinon,  p.  841.  —  11  Schol.  Dion.  _ °f2  g.  Cur- 

8ià  TCapçTjomv,  |v  5  tou  Auxatou  îeç-ôv  et;  xoina;  et  côàoj-,  .  flpriclltc  dd" 

tius, Pinder-Friedlaenders Beitr.  zum  ülter.  Milnzkunde ,  p-  *s  *  •  ^  ^  |0 s«(-  ; 

Berlin.  Akad.  1869,  p.  472  ;  R.  Weil,  Zeitschrft.  fürNumisin.  I ^ ■■  Coi)is, 
Fr.  Lenormant,  Monnaie  dans  l’antiq.  Il,  p.  81  ;  P.  Gardner, 
p.  28.  La  figure  4694  reproduit  un  spécimen  des  plus  anciens,  1  J  ^  unemonO*ij 
mer,  Zeitschr.  fiïr.  Nümism.  III,  pl.  vu,  n°  4.  La  figure  4<>  J  j  U  I’^  ^  jjuSée  de  Fa 
du  Cabinet  des  médailles.  Cf.  I,  fig.  461  ;  la  figure  4696  un  SP' f  'j'innici’i  Zeitsc^r,f' 
Haye,  d’après  Imhoof-Blumer,  L.  I.  pl.  vii,  n°  21.  ’  *  Duh'*0  ^  ^  j>  (îardncr, 

Nüm.  III  (1876),  p.  288  ;  Monnaies  grecques,  1883,  V-  1 8 ^  s<,‘  352-375  ;  Bl«so11, 
Catal.  Brit.  Mus.  Petoponncsus,  pi.  lvh;  cf.  Mead,  Ifist-  ^  ^ .  (jnt.  l{r'1 
Griech.  Gesch.  I,  p.  703-704.  —  ^  Journ.  of  Hellen.  Stud.  V  ,  f.  KM- 

Mus.  Peloponn.  pl.  xxxiv,  n°*  10,  11,  12,  13,  17  ;  B-  Weil,  J  p- 

VII,  37 i  ;  IX,  20;  Imhoof-Blumer,  Mon.  gr.  p.  185;  Hcad, 


LYK 


—  \ 435  — 


„  siècle,  mit  aux  prises  les  aspirations  auto- 
<Iui«  au  |  \,.Cadie  avec  les  ambitions  hégémoniques  de 
l  i'0""'"  "  (  jf)in  je  désigner  cette  ville  au  rôle  que  lui 
SpiirlL'’  J  ^  (jcux  gavants  numismates.  Pourquoi  Héraia 
P"1' "  ,11,"  liés  470  le  privilège  de  l’émission  d’un 
al"‘"l'v ,lepanarcadicn,  alors  qu’à  cette  époque  scs  liens 
rn°'nî\rndie  étaient  encore  des  plus  lâches1?  Cette 
p.  sjgnale,  au  contraire,  par  sa  docilité  envers 
*TI  °  ^ctson  hostilité  envers  le  parti  national  arcadien  2 


Snarte  et  son  r 

J  L;|  qualification  d’Aphésios  appliquée  par  M.  Gardner 
'  ^,||S  jes  monnaies  arcadienncs  est  tout  à  fait  arbi- 
atiir  II  n’y  a  aucun  culte  de  ce  genre  à  Héraia;  lors 
f  même  qu’il  eût  existé,  on  ne  voit  pas  à  quel  titre  cette 
divinité  locale  eût  figuré  sur  des  monnaies  portant  la 
légende  ’ApxaSixdv.  De  même,  l’existence  d’un  culte 
d’Artémis  à  Héraia  est  encore  une  hypothèse.  3°  Les  res¬ 
semblances  signalées  entre  le  type  féminin  des  monnaies 
acadiennes  et  celui  de  certaines  monnaies  locales 
d’Héraia  ne  prouvent  rien.  L’art  archaïque  ne  savait 
pas  encore  différencier  ses  types  de  déesses  :  entre 
Artémis  etDespoina,  il  ne  pouvait  alors  exister  de  diffé¬ 
rence  plastique  appréciable 3.  Enfin  la  figure  virginale 
identifiée  avec  Artémis  sur  les  monnaies  héréennes,  où 
elle  remplace  le  type  plus  ancien  de  l’Héra  voilée, 
n’apparaît  que  sur  une  frappe  plus  récente,  contem¬ 
poraine  de  la  constitution  de  la  Ligue  arcadienne. 
On  pourrait  donc  expliquer  l’apparition  de  cette 
figure,  identique  à  celle  des  monnaies  arcadiennes, 
par  l’adhésion  plus  ou  moins  spontanée  d’IIéraia  à  cette 
Ligue.  4°  La  légende  ’ApxooSixôv  comme  désignation  des 
«Arcadiens  d’Héraia  »,  suivant  Imhoof-Blumer 4,  serait 
insolite.  On  attendrait  plutôt  'Ilpaiéwv  ’ApxiSwv,  légende 
<1  ailleurs  invraisemblable  historiquement.  Les  légen¬ 
des  au  nominatif  neutre  telles  que  ’Apxaotxôv,  ’OXug.- 
mi'i  doivent  être  expliquées  en  sous-entendant  kpov  ou 

xoivbv.  Le  nominatif 
est  employé,  au  lieu 
de  l’ethnique  au  gé¬ 
nitif  pluriel,  sur  les 
monnayages  ayant 
un  caractère  commé¬ 
moratif,  et  lorsqu’ils 
émanent  d’une  com- 
qui  Irappe  monnaie  plutôt  en  qualité  d’asso- 
J )n  U.  I^"“use  qu’en  qualité  de  corps  politique  exer- 
L  1111  ",s  at;ributs  de  la  souveraineté.  C’est  ainsi  que 
minai  if  *  ^<>s>X0lva  impériaux  ont  leur  légende  au  no- 
fêtes  mp  A<7iac>  xotvî,v  Supfaç,  etc.  Les  noms  de 

11  tonnés  sur  les  monnaies  sont  au  nominatif: 

I  ^  truite  dp 

1Wîr-l?Mi),  oTles*H||e#ltTe  1EHde  6t  Héraia  fVI“  siècle’  5()C  01‘  58°-576;  Co>'P- 
ksll™t  avec  les  .r'’,0118  DC  Se  désiSnent  pas  comme  Arcadiens.  —  2  Ils  com- 
^ms  par  le  roj  *  1 S  ™  (Thuc.  V,  G7);  le  synœcisme  des  neuf  dèmes 

au  moment  de  la  consl i h  r  °mbro1?  (380-371)  [ou  peut-être  Kléomèno,  370-309], 
P0,is  devait,  dans  la  pensé  Te  'a  L‘gUe  arcadienne  et  de  la  fondation  de  Mégalo- 
l>arti  démocratiini,.  ,  constituer  un  centre  oligarchique  pour  résister 

PW.  I,  Tl  T'""  ^  ''ArCadiC’  Slrab-  VIH,  p.  337;  Curtius, 
n,bre  370,  probablement  °llgcr<?Sj  Mant™ée  et  l'Arcadie  or.  p.  374.  En  dé- 
lu' |,w  rePrésailles  une  /T  après  lc  synœcisnr,e,  l’armée  fédérale  arcadienne 
«  Gardner  LT “V ^  Héraia  (Xenoph.  Bell.  VI.  5,  22;  Pans. 
-  t'u  d°  la  monnaie?  «JT ,  U"‘meme  S'H  doit  appeler  Héra  ou  Artémis 
r,  onn‘  9r-  p.  19G  -,  Map-  XXX1V.  du  Catal.  of  greek  Coins ,  Pelop. 

prr' \P  : *'*’■  *)•  -  c  linidauro  TT  d  E,iS ’  ’0X^™  (Gardner,  Cotai. 

l'ii-mf  132;  n  lia  ’  ’  P"  ,58’  pl-  xxix,  21.  —  7  Argos  (époque  im- 

Ca(„i 11111  ad°I>lée  en  rédieeâm  r  n°  IC9’  ~  8  Et  'iue  l’auteur  de  cet  article  avait 
T0  K0,N0N’  p-  ,i41-  »«*«  -  9  Gardner, 

T  ’  Les  légendes  telles  ,  "  T'  fig'  4C2)  reProduit  un  spécimen  du  Cabinet 
l"C  mu|x..,  X«pt...,  gravées  sur  le  rocher,  appar- 


I-Ig.  4697.  _  Zcus  Lykaios  et  Pan. 


LYK 

OXuu.7tta 6,  ’AffxXvjTrfeia 6,  Négeta,  etc.7.  Or,  la  seule 
association  religieuse  qui  pût,  au  v‘:  siècle,  émettre  en 
Arcadie  des  monnaies  à  la  légendé  ’ApxaStxôv,  au  type 
de  Zeus  Aëtophore  et  d’une  déesse  jeune  (Despoina  ou 
Artémis),  est  évidemment  l’amphictyonie  arcadienne  qui 
enlretenail  les  sanctuaires  du  mont  Lycée  et  célébrait  les 
jeux  Lycéens.  Pour  toutes  ces  raisons,  l’ancienne  attri¬ 
bution  proposée  par  Leake  et  Curtius  semble  devoir  être 
maintenue  contre  celle  qu’ont  soutenue  MM.  Imhoof- 
Blumer  et  Gardner8.  Ajou¬ 
tons  enfin  que  ce  sont  bien 
les  dieux  lycéens  qui  figurent 
sur  les  monnaies  de  la  Ligue 
arcadienne  frappées  à  Méga- 
lopolis  après  3709  (fig.4697) 
et  ensuite  sur  les  monnaies 
particulières  de  Mégalopolis  enlre  234  et  14610:  elles  pré¬ 
sentent  d’un  côté  le  profil  de  Zeus  Lykaios,  de  l’autre 
Pan  Lykaios  (fig.  -4698). 

Le  culte  de  Zeus  Lykaios  n’apparait  en  Arcadie,  Hors 
du  Lycée,  qu’à  Mégalopolis  et  à  Tégée  ;  il  passa  aussi  à 
Cyrène,  où  une  colonie  arcadienne  fut  fondée  par  le  Man- 
tinéen  Démonax11  vers  530  av.  J.-C.  Il  y  avait  à  Tégée  un 
autel  de  Zeus  Lykaios,  voisin  d’un  autel  de  Pan12.  Cette 
installation  date  probablement  d’une  époque  où  Tégée 
voulait  jouer  le  rôle  de  capitale  de  l’Arcadie.  A  Mégalo¬ 
polis,  sur  l’agora,  il  y  avait  un  péribole  de  pierres  entou¬ 
rant  un  hiéron  de  Zeus  Lykaios;  c’était  un  abaton  :  on  y 
voyait  à  l’intérieur  deux  autels  du  dieu,  deux  tables,  deux 
aigles  et  une  statue  de  Pan  Sinois12.  Ce  sanctuaire  mé- 
galopolitain  n’était,  en  somme,  qu’une  copie  de  celui  du 
mont  Lycée:  peut-être  les  deux  aigles  de  Mégalopolis 
étaient-ils  ceux-là  mêmes  qui  surmontaient  jadis  les  deux 
colonnes  du  sanctuaire  lycéen u.  Il  semble,  en  effet, 
qu’à  l’époque  de  Pausanias  la  fête  lycéenne  était  déjà 
transportée  à  Mégalopolis.  Strabon  15  dit  que,  de  son 
temps,  le  sanctuaire  de  Zeus  Lykaios  n’était  plus  guère 
fréquenté.  Les  expressions  de  Pausanias  à  propos  des 
deux  aigles  semblent  indiquer  qu’ils  n’étaient  plus  en 
place  et  que  les  jeux  Lycéens,  qui  se  célébraient  autrefois 

°  àpyatov)  dans  le  hiéron  de  Pan  Lykaios,  ne  s’v  don¬ 
naient  plus  de  son  temps.  Ce  fut  peut-être  à  l’époque  où 
lut  inauguré  en  Arcadie  le  culte  des  empereurs  que  le 
sanctuaire  du  Lycée  fut  dépossédé  au  profit  de  Mégalopolis  ; 
si  les  anciens  sacrifices  de  l’autel  du  Lycée  furent  peut- 
être  changés,  la  fête  lycéenne,  transportée  à  Mégalopo¬ 
lis,  fut  jointe  à  celle  des  Caesarea 16.  A  Cyrène,  Hérodote 
mentionne  une  colline  de  Zeus  Lykaios17,  et  l’effigie  du 
dieu,  identique  à  celle  des  monnaies  fédérales  de  l’Arca- 


Fig.  4-G98.  —  Zeus  Lykaios  et  l'an. 


tiennent  à  des  noms  propres  de  graveurs  ou  de  magistrats  monétaires.  —  10  Gardner, 
Catal.,  p.  188, pl.  xxxv,  n»  10.  —  U  Herod.  IV,  161  ;  Diod.  VIII,  30.  —  12  Paus.  VIII, 
53,  11.  —  13  Id.  VIII,  30,  2.  —  14 Voir  ci-dessus,  p.  1432.  M.  Bérard  supposé  (Cultes 
arcad.  p.  91)  que  le  sanctuaire  urbain  fut  garni  avec  le  tabernacle  du  hiéron  lvcécn. 
Celui-ci  ne  fut  pourtant  pas  complètement  dépouillé,  puisque  l'autel  môme  et  les 
colonnes  restèrent  en  place  au  sommet  du  Lycée,  et  qu'on  continuait  les  sacrifices 
secrets  du  vivant  mèmede  Pausanias  (lâoueiv).  Les  TçàrjÇcude  Mégalopolis  simulaient 
en  petit  les  xiovtç  du  Lycée  et  les  aigles  eu  nombre  égal  (feoO  aux  tables  n’étaient  autres 
que  les  deux  aigles  mêmes  du  Lycée.  La  tribu  mégalopoli laine  des  AuxacYTat  avait 
sans  doute  été  constituée  avec  les  habilauts  prélevés  sur  la  région  du  Lycée  (Lo- 
ring,  etc.  Excav.  atMegalop.  p.  139, n»  20).— 15  VIII,  388.—  16  Décret  de  Mégalopolis 
en  l’honneur  de  M.  Tadios  àywvoIltTijjavTa  tSv  Avxaiuv  x«è.  al  Me- 

galop.  p.  139,  n»  26).  Décret  de  Mégalopolis  déposé  dans  le  sanctuaire  de  Despoina  à 
Lycosoura,  et  conférant  à  un  Mégalopolitain  la  proédric  aux  Lykaia  et  aux  Caesarea 
(vtfoeSflav  iv  te  toT;  A-jxnioi;  («ai?)  K«ieajYjoi((Léonardos,-Eç.  àjx<xi°k.t896,  p.  «18.  1 
31).  - 17  IV,  203.  Sur  lc  rôle  du  Mantinéen  Démonax,  envoyé  parla  Pythie  à  Cyrène 
vers  550  en  qualité  de  »«t«fTurtiif, voir  Herod.1V,  161;  Studniczka, Cyrene, p.  15  et  98  • 
Fougères, Mantinée,  p.  333;  Maass.Aa/bmnc/ios u.Kyrene, //ermès.XX V(t890)  p.40l.' 


LYK 


—  1436  — 


ilio,  parait  sur  les  monnaies  cyrénéènnes  du  111e  siècle 
av.  J.-C.  On  reconnaît  aussi  Zeus  Lykaios  assis  sur 
un  trône  monumental,  formé  de  pièces  de  bois  assem¬ 
blées  (et  non  de  grosses  pierres)  dans  la  figure  d’une 
coupe  de  style  cyrénéen  (au  Louvre)  et  qui  rappelle  le 
Zeus  Lykaios  des  plus  vieilles  monnaies  arcadiennes2. 

111.  —  Il  nous  reste  à  définir  le  caractère  des  Lykaia. 
L  opinion  qu'on  peut  émettre  à  ce  sujet  étant  subordon¬ 
née  a  1  idée  qu  on  se  sera  faite  du  dieu  lui-même,  cette 
discussion  doit  nous  conduire  à  déterminer  d’abord  le 
caractère  propre  de  Zeus  Lykaios.  La  mythologie  du 
Lycee  met  en  jeu  trois  personnalités  principales:  Pan, 
Zeus  et  Lvkaon.  Un  premier  fait  est  établi  par  des  témoi¬ 
gnages  concordants  et  par  la  topographie  même  des  rui¬ 
nes  :  c  est  que,  si  le  sacrifice  des  Lykaia  était  dédié  à 
Zeus  Lykaios,  les  jeux  avaient  lieu  dans  l’enceinte  de 
Pan  ■.  La  fête  primitive  était  donc  une  fête  de  Pan.  Or 
Pan,  de  1  aveu  des  auteurs,  était  le  dieu  indigène  du 
Lycée,  le  plus  ancien  et  le  plus  honoré  des  dieux  arca- 
diens  \  Le  Lycée  est  son  berceau3  et  ses  droits  y  sont  anté¬ 
rieurs  à  ceux  de  Zeus.  Son  rôle  propre,  c’est  le  patronage 
des  bergers  de  la  montagne,  la  protection  du  petit  bétail, 
brebis  et  chèvres,  qui  vivent  sur  les  hauts  pâturages  :  ces 
troupeaux  constituaient  toute  la  richesse  de  laParrhasie, 
et  tous  les  Parrhasiens,  étant  bergers,  vénéraient  Pan 
Lykaios  comme  le  premier  des  dieux  6.  Dans  le  Latium, 

1  équivalent  de  Pan  est  Faunus,  que  les  auteurs  latins 
assimilent  a  Pan  Lykaios  ',  dont  le  culte,  d’après  la  tra¬ 
dition  latine,  aurait  été  transporté  en  Italie  par  le  Pélasge 
arcadien  Evandre8.  L’équivalent  latin  du  Aôxatov,  c’est 
le  Lupercal,  grotte  qui  sert  de  sancLuaire  à  Faunus  ; 
enfin  les  lupercalia  seraient  la  copie  des  Aôxata9  :  ce 
sont  bien  les  fêtes  propres  de  Faunus,  c’est-à-dire  de  Pan 
Lykaios,  sans  que  jamais  elles  évoquent  chez  les 
auteurs  le  souvenir  de  Zeus  Lykaios.  Ces  cérémonies, 
dont  le  caractère  rustique  s’était  mieux  conservé  en  Italie 
qu’en  Grèce,  sont  essentiellement  des  fêtes  pasto¬ 
rales  qui  ont  lieu  le  15  janvier.  Or,  l’ennemi  des  trou¬ 
peaux  confiés  à  Pan-Faunus,  c’est  le  loup  :  la  principale 
fonction  de  Pan-Faunus  consiste  à  écarter  ce  voleur 
et  ce  mangeur  de  bétail10;  aussi,  en  Italie,  les  prêtres 
de  Pan-Faunus  s’appellent-ils  Luperci  ( Lup-arceo , 
AuxofEpyT-'ç),  et  Lupercus  devient  une  épithète  du  dieu 
lui-même.  En  Arcadie,  le  nom  du  Lycée  signifie  le  Mont 
aux  Louves  (Aôxoetov  opoç,  cf.  Auxôdoupa,  ethnique 
A>jxoupà<7io;,  et  le  nom  du  Parnasse  Auxoépma,  aujourd’hui 
Liacoura11.  Le  mot  lycaon  désignait  une  espèce  de 
loup  *2).  La  personnification  de  cette  montagne  hantée  par 
les  loups,  c’est  le  dieu-loup  Auxâtov  qui  habite  le  sommet  : 
ce  dieu  carnassier  est  friand  de  chair  humaine,  on  lui 

1  L.  Müller,  Num.  de  l'anc.  Afr.  I,  p.  49,  n°  185  ;  Suppl.  Taf.  i,  190;  Fried- 
lander,  v.  Saliet,  Berl.  Mùnzcab.  p.  93,  252,  255  ;  ilead,  flist.  num.  372,  373, 
fig.  242;  Zeitschr.  f.  Nümism.  IX,  Taf.  h,  U,  12.  —  2  Potticr,  Vases  antiques 
du  Louvre,  2e  série,  p.  63,  E  GG8  ;  Studniczka,  Kyrene,  p.  14,  fig.  7;  S.  Rcinach, 
Répertoire  des  vases ,  I,  p.  433,  n°  2.  Les  anciennes  interprétations  de  ce  sujet 
(Promélhée,  ou  devin  interrogeant  le  vol  des  oiseaux)  paraissent  devoir  être 
abandonnées  (voir  fig.  782  et  4217).  Le  poète  Alcman  avait  composé  un  hymne  en 
1  honneur  de  Zeus  Lykaios  (Himer.  Or.  V,  3).  Studniczka  ( Lakon .  Kulte ,  p.  11  sq.) 
en  voudrait  déduire  1  existence  d’un  culte  de  Zeus  Lykaios  à  Sparte  (cf.  Wilamo- 
\\  ilz-Mollendorf,  H  orner .  Untersuch.  p.  285).  L'attribution  à  Apollon  Lykios  par  le 
même  savant  (Ibid.  p.  73)  des  Aûxauc.  mentionnées  oar  l'inscription  du  Corp.  inscr . 
y/-.  n°  1431  est  assez  singulière.  — 3  Voir  plus  haut,  note  10  p.  1432.  —  4  Voir  les  textes 
réunis  par  Immerwahr,  Kulte  u.  Myth.  Arkad.  p.  194  sq.  ;  Dclacoulonchc,  Mém. 
sur  l’Arcad.  p.  HO.  —  o  Serv.  ad  Virg.  Georg.  1,  IG.  —  c  L’identification  de 
Pan  arec  Hélios,  qui  s  autorise  d’un  texte  de  Macrobe  ( Saturn .  I,  22),  a  fait  croire 
que  Pan  était  originairement  le  soleil  lui-mème  (Bérard,  Cultes  arcad.  p.  G2).  Mais 
cette  assimilation  paraît  résulter  de  la  fausse  étymologie  «ûwv.  Pan  n’habite  pas  le  I 


LYK 


sacrifie  un  jeune  garçon  de  la  région  | 
redoutable  qui  s’oppose  à  Pan,  le  génie  ftvor  kT  ° 
comme  Gacus,  voleur  de  troupeaux  s-01  ,  eelféco*d, 
Latiun,  à  Faunus  ( Favinus ),  le  bon  génie  mT’  dans  le 
s.t.on  de  leurs  natures,  Pan  et  Lycaon  voisiner',' °PP°' 
meme  montagne  et  leurs  rites  étaient  célébré  ,  T la 

époque.  Les  Aôxata  comportaient  le  sacrifia  U  mêltle 

et  c™el  11  Lycaon,  et  probablement  aussi  des 
brebis  et  de  chèvres  à  Pan,  suivis  deZ* T T  **** 
à  Pan  n’est  pas  mentionné  par  les  auteurs  qui  o7rIu 
des  Lykaia,  c  est  que  toute  leur  attention  s’est  non  •  ‘  J 

l0.  nl;  ie  P|US  Tel  était,  «mllci-u  i  L” 

gme  e  caractère  naturiste  et  farouche  du  culleivcé! 

1  an  et  Lycaon  personnifiaient  le  double  rôle  de  K  1 
montagne,  à  la  fois  nourricière  et  meurtrière. 

A  cette  forme  primitive  se  rapportent  certains  traits  de 
a  legende  lycéenne  :  le  caractère  inhumain  de  Lycaon 
la  coutume  des  sacrifices  humains,  le  mythe  de  la lycanl 
thropie,  ou  métamorphose  en  loups  des  gens  ayant  goûl 
la  chair  humaine  du  sacrifice,  l’isolement  inabordable  de 
1  enclos  réservé  au  dieu  sanguinaire,  le  mystère  de  ses] 
rites,  la  stérilité  qui  frappait  les  femmes  enceintes  ou  les] 
bêtes  en  portéequi  entraient  par  mégarde  dans  l’abaton  u] 
Aucun  de  ces  traits,  qui  s’expliquent  très  bien  -  par  un 
culte  animalier  du  loup,  considéré  comme  la  personnifi¬ 
cation  de  la  montagne,  n’a  le  moindre  rapport  avec  Zeus.  I 
Les  érudits  qui  ont  tenté  de  les  adapter  à  ce  dieu  ont  été  I 
obligés  à  des  transformations  peu  plausibles  de  sa  per¬ 
sonnalité  :  de  cet  habitant  des  hauts  lieux,  ils  ont  dû  ; 
faire  un  dieu  infernal14.  Tel  est  donc  l’élément  propre-  j 
ment  indigène,  local,  pélasgique  et  parrhasien  du  culte  j 
lycéen.  L’installation  de  Zeus  au  sommet  du  Lycée  est 
postérieure  à  celle  de  Lycaon.  Ce  dieu  panhellénique  est  ! 
venu  du  dehors,  peut-être  de  Dodone  ou  bien  d’Achaïe 
par  la  vallée  de  l’Alphée  et  par  Olympie  (le  culte  messé- 1 
nien  de  Zeus  Ithômatas  paraissant  être  une  réplique  de 
celui  du  Lycée,  avec  les  mêmes  sacrifices  humains).  Les  I 
traits  et  les  attributs  propres  de  Zeus  l’accompagnent  au 
Lycée  :  Zeus  est  le  dieu  des  sommets  baignés  de  lumière,  I 
d’où  les  deux  aigles  dorés  qui  surmontaient  les  colonnes  I 
de  son  sanctuaire  situées  vers  l’orient,  devant  son  autel,  j 
il  siège  en  plein  éther  et  l’ombre  est  inconnue  a  1  inlé- 
rieur  de  son  téménos13.  Maître  de  l’atmosphère,  il  coin- 1 
mande  aussi  aux  nuages;  son  prêtre,  près  de  la  source  I 
Ilagno,  est  un  «  faiseur  de  pluie  ».  Il  est  impossible  ei 
méconnaître  à  ces  traits  les  caractères  d  un  dieu  ®l 
l’éther13.  Zeus  prend  donc  la  place  de  Lykaon  et  le  redui^  I 
au  rang  de  héros.  Comme  il  arrive  d’ordinaire  en  parei 
cas,  l’absorption  se  traduit  par  le  fai  L  que  le  nom 
primitif  se  transforme  en  épithète  du  dieu  |ll,in 

,  .  fPornlivr.  De  an.  20). 

sommet  des  montagnes,  mais  les  cavernes  des  versants  i,  .  \rchiv  file  heli-  I 

est  bien,  par  nature,  un  dieu-bouc  et  un  dieu  de  bergers  (Kosi  ^  IuWacos;  I 

gionsw.  I,  1898,  p.  43-91).  —  ’  Horace,  Od.  I,  17,  1.  Voir  ;  Dion.  ■ 

Roscber,  Lexicon ,  art.  Faunus  et  Lupercus.  8  Gion.  ll  ^  pj011.  Halic.  I,  I 

Pcrieg.  348  ;  Liv.  I,  5  ;  Justin.  43,  1,0.  —  »  Virg.  Aen.  \  I».  ’  Georg.  1,  I 

32  ;  Plut.  Cacs.  G1  ;  Quaest.  rom.  G8  ;  Justin.  »3,  *,  »•  ,por5Chm^,  *•  I 

16  ;  Myth.  vat.  III,  8,  1  ;  Plut.  Qu.  rom.  G8.  —  11  Ed.  ‘  .H|nlctlre  que  A»  I 

p.  Gl)  soutient  encore  l’étymologie  lumière.  Mais  C01  ;  uB  j„irpil  concept  I 

populations  primitives  aient  eu  l’idée  d’un  Mont  de  lu  ^U"'U* p^m  jjist.  nat.  8>  :|4|B 
ni  une  pareille  toponymie  ne  semblent  acceptables.  ^  —  il  II.  C- 

53,  123;  Mêla,  3,  9,  2  ;  Solin.  30,  4.  —  13  Scho1'  Griecà. 

Millier,  Mythol.  der  Griech.  Staemme  ;  Gfirrcs  (SM-  rapport  avec  l>’* 

i.  n.  36)  considère  les  Lykaia  comme  une  fête  f.mèwt,  _  <«*! 


ssiludes  de  la  végétation.  Cf.  Car 
itologia,  p.  183).  -  l»  Pans.  VIII,  38,  G;  Theop.  ap 
'.est.  gr.  39,  p.  300  c 
i2),  p.  701-709. 


fête  funèbre,  en  '“l'I"” 

rlo  Pascal,  Mito  di  Licaow  J  7  .  ,>|„t. 

.  ap.  Polyb-  avi,  y 


. . .  .  •  paedag 

_  16  Roschcr,  J abri).  f>n  1 


—  1437  — 


LYK 

I  vkaon  passe  en  Zeus  Lykaios.  Mais  celle  absorption 
nYguivaut  pas  à  une  suppression  :  la  personnalité  dépos- 
en  partie  à  celle  qui  l’exproprie1.  Zeus 


sédée  s’impose  - - - 

Lykaiôs  hérite  du  culte  sauvage  de  son  prédécesseur,  le 
dieu-loup-  L’antériorité  de  celui-ci  est  prouvée  par  la 
cruauté  même  de  ces  rites  dont  la  persistance  ne  s’ex¬ 
plique  que  comme  un  legs  des  temps  lointains.  Seule, 
une  longue  tradition  de  terreur  superstitieuse  les  rendait 
encore  sacrés  en  pleine  civilisation.  La  cruauté  d’une 
pratique  religieuse  est  plutôt  un  signe  d’ancienneté;  il 
est  plus  logique  de  supposer  que  les  sacrifices  humains 
du  Lycée  remontaient  à  une  époque  de  sauvagerie  primi¬ 
tive,  plutôt  que  de  les  croire  importés  au  milieu  d’une 
population  douce  où  ils  n’auraient  eu  aucune  chance  de 
durée:  la  légende  athénienne  de  Thésée  etdu  Minotaure 
prouve  qu’en  pareil  cas  le  peuple  asservi  sait  se  dégager 
d’une  obligation  qui  lui  répugne.  Si  donc  les  Parrhasiens 
ont  conservé  la  pratique  des  sacrifices  humains,  c’est 
qu’elle  avait  existé  chez  eux  de  tout  temps.  La  tradition 
locale  elle-même  reflète  1  antagonisme  entre  le  culte  an¬ 
cien  et  le  culte  nouveau  :  Zeus  dégagesaresponsabilité  du 
cannibalisme  de  Lycaon.  Celui-ci  est  représenté  comme 
un  sati  ilèg'e  .  Zeus  le  foudroie  ou  le  métamorphose  en 
loup  pour, le  punir2.  Mais,  en  dépit  de  cette  réprobation 
toute  morale,  il  reste  impuissant  contre  une  tradition 
invétérée  ries  pratiques  anciennes  survivent  encore  au 
n  siocle  avant  J.-C.  Seul,  le  mystère  qui  les  enveloppe 
alfesLe  les  scrupules  de  la  civilisation. 

La  théorie  précédente  nous  dispense  de  discuter 
'M<  considèrent  Lykaon  comme  une  simple  éma¬ 
nation  de  Zeus  Lykaios.  L’identification  de  Lykaon,  élé¬ 
ment  primitif,  avec  Zeus,  élément  adventice,  ne  fut 
pas  si  complète  qu’il  ne  subsistât  des  traces  de  dua- 
fvhl  T  6  Person'iage  synthétique  que  fut  Zeus 
d;;?i  eut-ren  fauMI  voir  une  preuve  dans  les 

tables  ’iT?  JU  LyCée’  danS  Ies  deux  autels>  Ies  deux 
Lvkaon  nGS  eUu-aigl<3S  dU  sanctuaire  mégalopolitain. 

L t  os’  dl6U  ?e  la  ™»taSne,  incarné  en  Zeus 

est  devenu  lui-même  une  divinité  de  la  lu- 

*«„’ d  jr;,'*”1'  “'»»■*  «  l'aigle. 

*W  par  une  sC  "e  C°"V,e"1  à  P“"’  rep,'és<!‘ué  » 
sanotuaire  de  Zeus  Lykaios,  un 
4  l'«iste„ce  “e  ce  “asilf  - 

de  Lycaon,  rcnrLenie  '  P  eXempIe'  le  sacrilège 
hospitalité  I  P  comme  un  violateur  des  lois  de 

interprété  c'omm  5  .lede  Ia  tycanthropie  peut  aussi  être 
s’expatrier  pendantT-f^  ^  meurLriers  obIiSés  de 

Penlétérignp,,  _  ,  X  ans’  c  est-à-dire  deux  périodes 

,  Snr  q  S’  aU  b0ut  desquelles  ils  rentrent  dans  la 

Paus.  Mantinée  et  VArcadie>  P-  «i  sq. 

!?  “•  **‘h.  dr’  tP0,0d-  l"-  ®’  U  3  Immerwahr, 

HJ  **"■  VI-  8,  2;  vm  ;  E-  MaJrer>  Forschungén,  I,  p.  00  sq. 

f.  ■  nai-  VIII,  34 ;  cf  p  ’  ?  ’  'arr-  aP-  August.  Civ.  Dei,  XVIII,  17-  Pljn 

r°nc-  m  GrdCp.  nTJl’  T  3f3  6t  SU1’  '0S  hommes  ^Parés, 

et  m  f  Sera^  une  mélamn mi'  •  es  tories  anthropologiques,  la  Lv- 

^oal,  I Ui'o  r'  P-  9»  et  100)  J°lCh°n  du  sacrifice,  Année  sociolo- 
P.  89  (,t  n°  d‘  Lieaone,  p  180  _  7  R  Ç^^er-Gmgn.aut,  Op.  I.  -  6  C. 
'«/luene„  '  UCrar.l,  o,.,-„  .  '  Benloew,  G  La  rèce  avant  les  Grecs, 

bnx-Vond  heUen- mythol.  p  162*  ,?f  ar™d-  ch-  L  Kobcrt  Brown,  Semitic 

im"  mm,  v\'  m9-r  \pmm  ***-  *«■ 

eobil.  Ja,  la  Mythologie  grecaùe  G  ~  \  °P  ‘  Waj°'vodsky-  ^  canni- 
Ut,  f-  kl»-  nuït "Sv'T.r1,  Sa'nt^Pétersbourg,  1874  (voir  Bu- 

P.8, 102  '  Bibliographe  StnrL-  n  "  ’  P  72S1 ;  Robertson  Smith,  Op.  I.  ; 

"  8,|,‘>  Creujer-Guiffniaut  ° n  7'?-  ^  ApoUoternPd  su  Dassae,  1826, 

V  «  üehgions  de  l'antiquité.  Ils,  p.  531  sq.  ;  113, 


LYR 

vie  commune  s’ils  n’ont  pas,  dans  l’intervalle,  commis 
un  nouvel  homicide  L 

Les  opinions  émises  sur  le  caractère  et  l’origine 

du  cuite  de  Zeus  Lykaios  se  ramènent  à  plusieurs 
chefs  : 

1  Hypothèse  d  un  dieu  lumineux  originaire  d'Egypte 
ou  de  Phénicie,  où  le  loup  serait  symbole  de  la  1  umière  5  ; 
ou  infernal,  le  nom  dérivant  de  la  racine  vl'g,  déchirer 
(cf.  lupus ,  luperci ,  de  l’étrusque  Ittpu  (i dilaccralor 6). 

2°  Hypothèse  d’un  dieu  des  hauts  lieux  d’importation 
sémitique.  Lycaon  serait  le  représentant  d’unecivilisation 
exotique  et  d’une  conquête  de  la  Parrhasie  par  les  Phé¬ 
niciens  :  ceux-ci  auraient  imposé  aux  Pélasges  le  rite  des 
sacrifices  humains  ;  les  sanctuaires  du  Lycée  et  de  Méga- 
lopolis  rappelleraient  les  Maabeds  phéniciens  7  et  Zeus 
Lykaios  aurait  été  un  Baal-Louki,  de  la  famille  des 
Molochs ,  analogue  du  Baal-Liban,  au  Baal-Kasios,  au 
Baal-IIermon  8. 

■î  Hypothèse  totémique.  Le  culte  du  dieu-loup  se  rat¬ 
tacherait  à  l’état  primitif  delà  Parrhasie;  les  sacrifices 
humains  étaient  originairement  les  fêtes  cannibaliques 
d  une  tribu  d  hommes-loups  reconnaissant  le  loup  pour 
leur  totem0.  G.  Fougères. 

LYKIARCHÈS  [koinon]. 

LARA  (Aupa).  —  Des  deux  classes  principales  d’instru¬ 
ments  de  musique  que  distinguaient  les  Grecs  et  les 
Romains,  instruments  a  vent  (lp.Ttvs'jc-0.)  et  instruments 
<i  cordes  tendues  (evTaxoc,  xaSavcra,  xpouoasvx),  c’est  la 
seconde  qui  jouissait  de  la  plus  grande  considération 
et  qui  seule  était  regardée  comme  vraiment  nationale  et 
éthique.  Dans  l’éducation  libérale,  sauf  en  Béotie  et, 
à  Athènes,  pendant  une  courte  période  d’engouement  au 
milieu  du  vesiècle,  le  jeu  des  instruments  àcordes  était  seul 
enseigné  à  l’exclusion  de  la  flûte  :  les  mythes  d’Apollon  et 

de  Marsyas,  d’Athéna  et  de  Marsyas  symbolisent  cette 
préférence  L 

La  prédilection  des  anciens  pour  les  instruments  à  cordes 
ne  s  étendait  pas  d’ailleurs  à  tous  les  instruments  de 
cette  catégorie.  Elle  était  réservée  à  deux  variétés,  très 
voisines  l’une  de  l’autre,  qui  appartiennent  à  la  classe 
générale  des  harpes,  en  ce  sens  que  les  cordes  se  pincent 
a  vide  et  ne  sont  susceptibles  chacune  que  d’un  son 
unique,  mais  qui  se  distinguent  des  harpes  proprement 
dites  par  l 'égalité de  longueur  des  cordes,  les  différences 
d  intonation  n’étant  obtenues  que  par  des  différences  de 
grosseur  et  de  tension.  Ce  type  instrumental  n'est  plus 
représenté  dans  l’orchestre  moderne;  la  difficulté  de  l’ap¬ 
pareillage,  dès  que  le  nombre  des  cordes  se  multiplie,  l’en 
a  fait  exclure  au  profit  des  instruments  à  cordes  de  lon¬ 
gueur  inégale  ou,  comme  disaient  les  anciens,  à  cordes 

p.  1261  ;  Schoemann,  Griech.  Altcrthilmer,  11  (1859),  î,  223,  449  .  Bôttiecr  Kl 
p.  151  ;  Welckcr,  Kl.  Schnft.  111, 162  A,  7  ;  Gôtterlehre,  I,p.  210  ;  K  O 
Mu  1er,  Prolegomena,  p.  290  ;  Parier,  I,  p.  305  sq.  ;  Krusc,  Hellas,  I,  p.  457  •  Lobeck 
Aglaoph.  p.  895  ;  Schwenck,  Algthol.  d.  Griech.  p.  177  ;  Rhein  ,1/„s  VI  v,l’ 
Lancv,  Sgst.  der  Mythol.  p,  180  sq.  ;  Prcller  (Paulys,  Pealencycl.  IV  n‘  589)''.,,’ 

m 7  Xd  Ib  p-  D- M8,,cr* Ueber  dcn  rrot.wîiW  • 

185  ,  Alyth  der  gnech.  Staemme,  II,  p.  8,  sq.  ;  Maurv,  Relig.  de  la  Grèce.  1 
p  0-  ,  Dec barme  Mythologie,  p.  16  ;  Mannhardt,  Wald  u.  Feldkulle,  II,  p  ,,7  . 
üelacoulonebe,  Mèm.  sur  l'Arcadie  (Archio.  mil»,  scientif.  VII  is58  n  «7  J  ’ 
Gürres,  Studien  sur  Griech.  Mythol.  1889,  I,  p.  1-7,  ;  Immerwabr,  KuUe  u  M^hen 
Arcad.  p.  sq  ;  E<i.  Mayer,  Korschungen  zur  allen  Gcsch.  I,  p.  53  sq.  ;  BOard 

?’'lgZnS  ta’  P'  49  S<'-  ;  L*ng-  "***“•  et  relig.  (Ira  i  Marib 

ber,  1896),  p.  248,  252,  476,  484,  5.5  ;  Fougères,  Mantinée  et  l’Arc  J.  or.  p  Ï 

Robertson  Sm'tli,  art  sac, unes  (Encycl.  Prit.)-  pelig.  on  the  Sonic  P  209" 
Far"fr  p  *  Z'  !  9r/ekState*’  b  p-  11  ;  0.  Gilbert,  Griech.  GMerlehre 

P‘.  Yna  /  PM  e  {StUdi  di  a"liCh'  e  Mitologia,  1896). 

LYRA.  1  l'iat.  Pesp.  111,  p.  399  D;  Aristot.  Polit.  V  (VIII),  6,  5-8. 

181 


LYR 


—  1438  — 


«  obliques  »,qui  eux-mêmes  d’ailleurs  n’y  tiennent  qu'une 
place  très  modeste.  On  a  donc  pu  dire,  avec  un  peu  d'exa¬ 
gération  peut-être  :  «  En  fait  d’instruments  à  cordes,  les 
Grecs  et  les  Romains  n'ont  possédé  que  celui  dont  le  rôle 
est  le  moins  essentiel  dans  l’orchestre  moderne;  encore 
ne  l’ont-ils  connu  que  sous  une  forme  rudimentaire1.  »> 

A  l'époque  homérique,  l’instrument  à  cordes  national 
est  désigné  sous  les  noms  de  ©dpp.-.y;  et  de  xiôapiç  qui 
paraissent  synonymes 2.  Le  premier,  qu’on  a  rattaché  avec 
vraisemblance  à  un  radical  parent  du  latin  fremo,  semble 
d'origine  purement  hellénique  et  rappelle  par  sa  désinence 
un  autre  instrument  national,  la  cupty;  3.  Quant  au  mot 
x;6aot;,  on  serait  tenté  de  lui  attribuer  une  origine  asiatique. 
.Nous  ne  possédons  d'ailleurs  aucun  renseignement  précis 
sur  la  phorminx  ou  kitharis  homérique  ;  tout  ce  que  nous 
savons,  c'est  qu  elle  pouvait  être  de  grand  prix.  Ainsi  la 
phorminx  d’Achille,  qu'il  avait  choisie  dans  le  butin  d’une 
ville  d’Asie,  était  «  belle,  artistement  travaillée  et  tra¬ 
versée  par  un  joug  d’argent4  ». 

La  ressemblance  entre  les  noms  xi'Oapiç  et  xiOâoa  a  fait 
supposer  que  l’instrument  homérique  était  identique  à 
la  cithare  classique.  Aristoxène  s’élevait  expressément 
contre  cette  opinion  et  identifiait,  au  contraire,  la  xt'Oapiç 
avec  la  lyre 5,  entendant  sans  doute  par  là  que  le  résonateur 
était  constitué  par  une  carapace  de  tortue.  La  seule  preuve 
qu'il  donnait  à  l’appui  de  son  dire,  c’est  que  le  mot  xtOa- 
picT'/jÇ,  dérivé  de  x-.OxpiÇco,  qui  lui-même  vient  de  xtOaotç, 
non  de  xiôipa,  désignait  de  son  temps  les  joueurs  de  lyre, 
autrement  appelés  XupwSoî.  Mais  cette  preuve  n’est  nulle¬ 
ment  convaincante.  Si  le  mot  xtôaptç  a  eu,  à  l’origine, 
comme  nous  le  croyons,  le  sens  générique  d’instrument 
à  cordes  égales,  quelles  que  fussent  la  forme  et  la  matière 
de  l’instrument,  on  comprend'  que  ses  dérivés  x-.QaptÇw, 
xi0âpiciç,  xtôap-.ffT -ffi  aient  pu  conserver  un  sens  générique, 
même  après  que  le  simple  x;Gapi;  fut  tombé  en  désuétude. 
De  fait,  on  trouve  le  mot  xtOapîÇio  associé  avec  Xépae  aussi 
bien  qu'avec  xtôxpa  ;  de  même  x;Gxpt<7iç  (seul  ou  avec  les 
épithètes  distinctives  d/tXvj ,  evauXoç).  Quant  à  xiOapt'TTTjç, 
s'il  a  fini  par  s’appliquer  exclusivement,  et  avec  une 
nuance  de  dédain,  au  joueur  de  lyre,  c’est  sans  doute 
parce  que  les  joueurs  de  cithare,  virtuoses  d’une  classe 
plus  relevée,  avaient  à  leur  disposition  les  mots  xc6a- 
püjoôç,  lorsqu'ils  s'accompagnaient  de  la  voix,  et  ’j/tXoxtOa- 
ptoTiQç,  lorsqu'ils  se  servaient  de  l’instrument  seul. 

A  l’époque  classique  les  mots  ©ôppiy?  et  xéOxptç  ne  sur¬ 
vivent  plus  qu’en  poésie  ;  à  leur  place  le  langage  courant 
emploie  les  termes  Xupot7  et  xtGxpa8.  On  trouve  aussi,  dans 
un  langage  poétique,  yéXuç  (tortue).  Le  latin  a  un  terme 
générique,  fides  (diminutif  fidicula),  qui  vient,  paraît- 
il,  d'un  vieux  mot  grec  <7*ior,,  «  corde  de  boyau  »  9,  comme 
funda  xûent  de  <7©sv odvr,.  Plus  tard  on  trouve  des  termes 
transcrits  ou  traduits  du  grec  ( hjra ,  cithara,  testudo). 

Les  nomsXûpaet  xtGâpa  ne  sontpas  synonymes,  quoique 
plusieurs  lexicographes  les  aient  pris  pour  tels10  et  que 
le  principe  de  leur  distinction  ne  soit  nulle  part  claire- 


1  Oevaert,  La  musique  dans  l'antiquité,  II,  243.  —  2  On  trouve  aussi  bien 
?°?F-ïïl  üiOajgei*  [11.  XVIII,  509-70)  que  xiSâji  oojutÇsiv  (0«t.  I,  153-5).  —  3  Cf. 
aussi  (petite  flûte  à  un  seul  tuyau)  et  aû\iz ty;.  L'étymologie  de  Hesycli. 

(<ï(ioiî  otfojitvi,)  est  absurde.  —  4  Iliad.  IX,  186  sq.  —  5  Arislox.  fr.  03  Müll. 
(Ammonius,  De  diff.  vocab.  jp.  82).  —  6  Hymn.  ad  Merc.  423;  Chamael.  ap.  Ath. 
XIV,  024  A;  Xenoph.  Sympos.  3,  t,  etc.  —  7  Premier  exemple  (vu®  siècle)  dans 
le  Margitès,  fr.  1  (cf.  Hh.  Muséum,  XI,  515),  puis  Alcman,  fr.  141 .  L'exemple 
isolé  de  YHymn.  ad  Merc.  423  parait  interpolé.  —  8  Je  n'en  connais  pas 
d'exemple  antérieur  aux  tragiques;  mais  la  chose  est  bien  plus  ancienne. 


LYR 


muni  ununce 


2.  t  u.,  seulement  les  deux  instruments  8 

souvent  nommes  conjointement,  en  termes  n 

leur  identité11,  mais  encore  des  auteurs  hier/T"6"1 
les  opposent  l’un  à  l’autre  :  ainsi  Aristote  .  ,0rnié8 
que  la  lyre  dans  l’enseignement  de  la  jeunesse'  ‘"'T1 
la  cithare  comme  présentant  de  trop  a-„!°S,CI'11 

techniques  12  ;  Aristide  Quintilien  dépeint  la  sonorU^f 
la  cithare  comme  très  voisine  de  celle  de  la  ]v„,  ”  G 
Pourtant  moins  grave,  moins  virile  ».  Bion  et  Paus-^^8 
attribuent  l’invention  de  la  lyre  à  Mercure  tandis' T* 
celle  de  la  cithare  appartiendrait  à  Apollon14  •  d’-'mi 
nomment,  au  lieu  d’Apollon,  Amphion1*.  En  présence  de 
ces  témoignages  on  ne  saurait  douter  que  les  deux  ins 
truments  ne  fussent  distincts.  Mais  en  quoi  consistait 
leur  différence  essentielle  ?  Lyre  et  cithare  se  composent 
l’une  et  l’autre  :  1°  d’une  caisse  sonore  ou  résonateur, 
d’où  s’élèvent  deux  bras  reliés  par  une  traverse  ;  2°  d’un 
nombre  variable  de  cordes,  de  longueur  égale, accrochées 
par  une  extrémité  à  la  traverse  et  par  l’autre  à  un 
«  cordier  »  fixé  sur  le  résonateur.  Maintenant,  laissant  de 
côté  les  menues  variantes,  on  constate  que  dans  une  pre¬ 
mière  série  de  représentations  le  résonateur  est  formé 


d'une  carapace  de  tortue  ou  tout  au  moins  d’une  caisse 
imitant  la  forme  et  l’aspect  de  cette  carapace,  où  sont 
plantés  deux  bras  minces  et  longs,  de  silhouette  incurvée 
comme  les  cornes  d’un  bœuf  ou  d’un  cerf.  Dans  une  autre 
série,  le  résonateur,  plus  ou  moins  massif,  rectangulaire 
ou  arrondi,  est  toujours  une  caisse  en  bois  sans  analogie 
avec  une  carapace  de  tortue  ;  les  bras,  pris  dans  la  même 
masse,  se  raccordent  avec  le 
contour  de  la  caisse  ;  ils  sont 
plus  larges,  plus  épais  que  dans 
le  premier  type,  et  se  termi¬ 
nent  généralement  par  un 
montant  tout  à  fait  vertical. 

Cela  posé,  remarquons  : 

1°  que  dans  tous  les  récits  re¬ 
latifs  à  l’invention  de  la  lyre 
par  Hermès,  il  est  question 
d’une  carapace  de  tortue,  tan¬ 
dis  que  jamais  cet  objet  n’est 
mentionné  à  propos  de  la  ci¬ 
thare;  2°  que  dans  les  repré¬ 
sentations  très  rares  où  l’instrument  est  accompagni 
du  nom  Xupot  (fig.  4699) 16,  il  est  toujours  figuré  avec  un 
résonateur  en  forme  de  carapace;  3°  inversement,  qiu 
l’instrument  des  citharèdes  de  concours  (reconnais 
à  leur  costume  d’apparat)  ou  d’Apollon  cithau'h  na 
jamais  un  résonateur  de  ce  genre  (voir  pl u> 
figures  1569,  1570,  1572);  4°  qu’il  en  est  do  nlt^1 
l’instrument  figuré  sur  les  monnaies  de  la  conft 1  ' 1,1  ^ 
lycienne,  dont  le  nom  populaire  xt0apir)<pdpot  non>  '  4 
transmis  par  une  inscription  1  7.  De  1  ensemble  <-  111  ■  ^ 

on  peut  conclure  avec  certitude  que  les  inslium  ^ 
premier  type  sont  des  lyres,  et  ceux  du  second  <  < 


Fig.  4699.  —  Lyre  à  carapace. 


*  ;  _ 10  On  ne  peut  1,1 

9  Hesycli.  •*?*&*?  '  %oç$ai  |*«Yei?txa  *  ,  ments  «à  cordes 

:;ument  du  fait  que  le  Xupoicoioç  fabrique  toute  espèce  ^  ^  pjaj-  Jlesp- 

>11.  IV,  04);  noire  luthier  ne  vend-il  pas  des  violons1  ',V|||),  fi,  5- 

)  C:  Xûpa  crot  xat  xtOâpa  Astraerai,  etc.  -  ‘  "  r,  s  \J  14,6; 

13  Ar.  Quint.  II,  p.  101  Meib.  -  14  Bion,  IX,  8  (Ahr®ns|  ’  0'irw  à  Munie'*. 

Kl.  Sic.  V,  75.-10  Plin.  VII,  204. -10  Fig.  4699,  coupe  a  «  ^ 

303  (Monumenti,  IV,  59  =  Gerhard,  Auserl.  Vas.  -  ■  )■  TEp<riX0I 

Louvre  (Helbig,  n»  808;  Pitt.  Ere.  Il,  5,  p.  31)  avec  la 

.  »T  41  4/4  ut; ni,  VfV  A.A<9 


LYR 


1439 


LYR 


renc 

ciclle  n«' 
fondit 


,  ,V|S  compliquer  cette  distinction  par  des  diffé- 
,s  accessoires  que  suggère  une  observation  superli- 
;,is  que  ne  confirme  pas  une  étude  plus  appro- 
(,n  particulier,  il  n’est  pas  exact  que  la  cithare 

soit  toujours  de  plus 
grande  taille  que  la 
lyre;  rien  de  plus  va¬ 
riable  que  les  dimen¬ 
sions  de  l’un  et  l’autre 
instrument.  Ajoutons 
que  si  leur  distinction 
apparaît  bien  mar¬ 
quée  sur  les  monu¬ 
ments  de  l’époque 
hellénique  et  hellénis¬ 
tique,  particulière¬ 
ment  sur  les  peintures 
de  vases,  il  n’en  est 
plus  de  même  à  l’épo¬ 
que  romaine,  notam¬ 
ment  sur  les  peintures 
campaniennes,  ni 
même  à  toutes  les  époques  sur  les  monnaies  de  petite 
dimension  et  les  reliefs  de  marbre  ;  on  voit  alors  s  effacer 
les  traits  caractéristiques,  apparaître  des  formes  inter¬ 
médiaires,  dégénérées,  probablement  conventionnelles, 
en  présence  desquelles  l’archéologue  est  souvent  embar¬ 
rassé  pour  dire  s’il  s’agit  d’une  lyre,  d’une  cithare,  ou 
même  (sur  les  sarcophages  romains)  d’un  luth  L 
Les  documents  dont  nous  disposons  pour  l’étude 
archéologique  de  la  lyre  et  de  la 
cithare  sont  :  1°  les  débris  d’ins¬ 
truments  de  cette  classe  provenant 
d’Égypte  ou  d’Attique  conservés  aux 
Musées  de  Berlin  et  de  Leyde  et  au 
Musée  Britannique  (fig.  4700) 2  ;  2°  les 
textes  des  auteurs  anciens  3  ;  3°  les 
monuments  figurés.  -Parmi  ces  der¬ 
niers,  les  statues  ne  doivent  être 
utilisées  qu’avec  de  grandes  précau- 
la  plupart  des  cas  l’instrument  est 
1  nlièrement  ou  partiellement  restauré. 

I-1'  résonateur  de  la  lyre  fut  en  principe  et  à  l’origine 
une  carapace  de  tortue  (yeXcSvrj,  ^éXuç),  sur 
face  concave  de  laquelle  on  tendait  une  peau 
de  bœuf.  Ce  procédé  économique  est  tout 
à  fait  dans  l’esprit  des  peuples  primitifs: 
c’est  ainsi  que  de  nos  jours  beaucoup  de 
peuplades  africaines,  pour  fabriquer  un  ré- 
U|)(i  sonateur,  tendent  une  peau  de  bœuf  sur 

d|  1 111  Lasse  vidée.  L’écaille  bigarrée,  noire,  semée 
'  *  aux  l<  yeux  »  blonds,  est  non  seulement  décrite 

Sur  "n  vase  (si'0  |UI  le*a,'c°P1,age  d’Hippolyle  à  Girgenti  ( Arch .  Zcit.  1847,  pl.  vi). 
leur  orné  d  une^'  ^om^es  rendus,  1875,  p.  66)  une  cithare  certaine  a  un  résona- 

dc  la  Hautt-K"  '  '  a'"0<*?  torlue'  —  2  Sur  les  cithares  de  Leyde  et  de  Berlin  (provenant 
p.  477-8,  ]  ,  tc!’  l0'r  ^*s>  Dictionnaire ,  I,  278  ;  Wilkinson,  The  manners,  etc. 
f|m.3Vclposs^.1|t  t  '  ''  K  csl  haute  de  0",6ô  ;  le  résonateur  est  haut  de  0m,27,  large  de 
deux  lyres  1  '"""a'er  CB  saillie  disposépour  13  cordes.  Sur  la  lyre, fig.  4700  (ou 
tombe  su,.  ijjJ  "  J0'5  syc?more  du  Mus.  Brit.  (coll.  Elgin)  trouvées  dans  une 
inédit,  an[j  ’  )  lr^e  a  Eleusis, cf.  Fauvel, Magasin  encxjclop.  1809,  11, p.  363  ; 

fievaeri,  ]|  i;i-  ‘  7;  Birch  ap.  J an,  Die  yr.  Saiteninstr.  p.  17;  Murray  ap. 

/„  second  Vase  room,  1878,  part  I,  p.  08,  n°  130;  Fétis, 

1  Rhodes) et  égal,,,,  "  '  srl*  Parmi  les  objets  trouvés  par  Billiolli  à  lalysos 

débris d'iVoire  ^  '  onserv^s  a»  Musée  Britannique,  M.Cccil  Smith  me  signale  des 
loul<-’s  l(.s  trou,  ii||  "  '  amorces  (le  bronze  qui  paraissent  provenir  d’une  lyre  ; 

'  hdysos  datent  de  l’époque  «  mycénienne  »  au  plus  tard. 


LOI.  —  Lyre  à 
carapace. 


dons,  car  dans 


Pig.  4702.  Lyre 
*  carapace. 


Fig.  4703.  —  Lyre 
à  cornes. 


dans  les  textes4,  mais  très  souvent  figurée  avec  une 
grande  vérité;  quelques  monuments  montrent  même  une 
sorte  de  bourrelet  circulaire  qui  cerne  le  contour  de  la  ca¬ 
rapace”  (fig.  4701  et  4702).  Les  meilleures  écailles  venaient 
du  mont  Parthénion,  en  Argolide  6.  Plus  tard,  au  lieu  de 
carapaces  naturelles,  on  employa  des  armatures  en  bois, 
en  forme  de  carapace  et  revêtues  de  lamelles  d’écaille, 
comme  sur  une  des  lyres  du  Musée  Britannique.  Souvent 
aussi  l'ivoire  fut  substitué  à  l’écaillé  7  ;  des  lyres  d’ivoire 
sont  plusieurs  fois  mentionnées  dans  les  inventaires. 
Quant  aux  résonateurs  formés  d’un  crâne  de  bœuf  8  ou 
de  cerf  ce  sont  des  fantaisies  individuelles. 

La  table  d'harmonie  proprement  dite  de  la  lyre  con¬ 
sistait  dans  la  peau  de  bœuf  tendue  sur  la  face  interne  de 
la  carapace  vidée  :  il  n’est  pas  exact  qu’on  ait  jamais 
conservé  la  face  inférieure,  cartilagineuse,  de  celle-ci, 
matière  rigide  qui  ne  serait  pas  entrée  en  vibration.  Sur 
la  manière  dont  la  peau  était  fixée  à  la  carapace, 

Y  Hymne  à  Hermès  est  seul  à  nous  renseigner,  en  termes 
assez  obscurs  :  il  semble  qu’on  plantait  dans  l’écaille  de 
petits  piquets  de  roseau,  sur  lesquels  on  tendait  la  peau, 
comme  une  tente i0. 

Les  bras  ou  cornes  de  la  lyre  (rrr^ni;,  àyxûve;,  xsixTa, 
cornua)  étaient  fixés  par  leur  extrémité 
inférieure,  nous  ne  savons  comment,  dans 
la  table  d’harmonie  et  s’élevaient  dans  un 
plan  sensiblement  parallèle  à  celle-ci.  Pri¬ 
mitivement  les  cornes  méritaient  vérita¬ 
blement  leur  nom:  c’étaient  des  cornes  de 
chèvre11;  au  temps  d’Hérodote,  certains 
peuples  barbares,  pour  des  instruments  analogues  à  la 
lyre,  employaient  pareillement  des  cornes  d’antilope  12. 
Philostrate  décrit  les  cornes  de  la 
lyre  d’Amphion  «  noires,  dente¬ 
lées  comme  une  scie  »,  et  des 
cornes  pareilles  sont  souvent  re¬ 
présentées  sur  les  reliefs  mytho¬ 
logiques  des  sarcophages  ro¬ 
mains,  inspirés  de  peintures 
hellénistiques,  ainsi  que  sur  les 
monnaies.  Nous  en  donnons  un 
exemple  emprunté  à  une  mon¬ 
naie  d’Antioche13  (fig.  4703  ;  cf. 
fig.  4725). 

A  l’époque  classique,  le  bois 
fut  substitué  à  la  corne,  mais  il 
resta  un  souvenir  de  la  matière 
primitive  :  ce  fut  la  forme  élé¬ 
gamment  incurvée,  analogue  à 
celle  des  cornes  de  chèvre,  que 
l’on  continua  à  donner  aux  bras  de  la  lyre.  Ces  bras  sont 
toujours  pleins,  assez  minces,  lisses  et  d’une  épaisseur  à 

—  3  Les  plus  développés  sont  le  récit  de  l'invention  de  la  lyre  dans  Hymn .  ad  Mcrc. 
v.  24  sq.  et  le  tableau  de  Philostrate,  Jmag.  1, 10  (Amphion).  — 4  Hymn.  ad  Merc. 
32  :alô).ov  offTçaxov  ;  Pbilostr.  L.  C.  '.  xat  yéXuç  ju).aiv«  bûv,  Snjxçt€u»Tcu  $è  xocràt  xr,v  ç-j<nv 
xai  Xayapoùç  7:eçt6é6XriTai  xüxXou;,  aXXov  j-uvàTrTovcaç  uXk«>f  SavQoTçToïç  oçôaXjioTç.  —  3  Mon¬ 
naies  de  Calymna  (Brit.  Mus.  Cat.  Caria ,  pl.  xxix,  8)  et  de  Pordoselenc  (Ibid. 
Trous,  XLIII,  13).  — 6  Paus.  VIII, 54,  7.  —  1  Scolion  19  Bcrgk  (Ath.  095  C)  ;  Corp. 
inscr.  att.  I,  170  sq.  (p.  73-5),  etc.  —  3  Monnaie  de  bronze  de  Mitylène  au  Cab.  de 
France  (Mionnct,  Descr.  III,  44,  n®  85).  —  9  Lucian.  IX  (Dial,  mar.),  1,  4  (Poly¬ 
phénie).  Cf.  suprà ,  üg.  2260  (bas-relief  Albani,  Polyphénie  avec  une  lyre  à  cornes  de 
CCi’f).  1,1  \  •  43  sq.  ■üîfce  S  £?  lv  |actçoioi  Tapùv  Sôvaxaç  xalapioio  J  tcci^va;  Siàt 
(Monro  xavà)  vwva  Stà  £ivoTo  (VaOopMvoio?  xaXaççtvoto  ?)  ye\««vi)ç,  |  à|xoi  Si  Sép;Aa-càvu<Tae,etc. 

—  il  Philoslr.  L.  c.  —  l‘-  Herod.  IV,  192.  —  13  Monnaie  de  bronze  d’Antioche 
de  1  an  I2t  ap.  J.-C.  (Brit.  Mus .  Galatia ,  pl.  xx,  1).  Voir  aussi  suprà ,  fig.  192 
(peinture  de  Pompéi,  Apollon  avec  une  lyre  à  cornes  de  chèvre). 


Fis 


4704.  —  Lyristc  tenant  le 
plectre. 


LYR 


1M0  — 


LYR 


peu  près  uniforme  de  bas  en  haut.  Au  point  de  vue  des 
dimensions  et  de  la  courbure,  on  distingue  deux  va¬ 
riétés  bien  tranchées.  Dans  l’une,  la  plus  commune,  les 
cornes  atteignent  le  maximum  de  leur  courbure  vers  le 

milieu  de  leur  hauteur,  qui  est 
à  peu  près  une  fois  et  demie 
celle  de  la  carapace,  puis  se 
'rapprochent  insensiblement  et 
se  terminent  en  se  redressant 
légèrement  (fig.  4704)1.  Dans 
l’autre,  fréquemment  repré¬ 
sentée  dans  des  scènes  de  fes¬ 
tin  sur  les  vases  de  la  plus 
belle  époque,  les  cornes,  beau¬ 
coup  plus  longues  (jusqu’à 
trois  fois  la  hauteur  de  la  ca¬ 
rapace),  divergent  progressi¬ 
fs.  4705.  -  Lyre-  à  comes  veraent  jusque  vers  les  quatre 
allongées.  cinquièmes  de  leur  hauteur, 

puis  se  rapprochent  brusque¬ 
ment  en  prenant  une  direction  presque  horizontale  et  se 
Ici  minent  par  deux  baguettes  verticales,  plus  ou  moins 
hautes  lig.  4/05,  4706),  apparemment  rapportées,  aux¬ 
quelles  se  relie  la  traverse2.  Winckelmann,  Gerhard,  K. 
a  on  Jan  ont  voulu  reconnaître  dans  ce  type  de  lyre  le 
barbitos  d  Anacréon  et  des  poètes  lesbiens,  et  se  sont 
fondés  notamment  sur  le  beau  cratère  de  Munich  qui 
montre  Alcée  et  Sappho  maniant  des  instruments  de 

ce  genre3  (fig.  4707).  Mais  les 
textes  que  nous  citerons  plus 
loin  semblent  classer  le  bar¬ 
bitos  parmi  les  instruments 
polychordes  et  ne  permettent 
pas  d’attribuer  à  cet  instru¬ 
ment  un  usage  aussi  long  et 
aussi  général  que  le  suppose 
la  longue  série  des  vases  où 
figure  la  lyre  «  élégante  ». 
Nous  croyons  donc  plus  sage 

Fig.  4706.  —  Lyre  vue  au  revers.  ne  Pas  Chercher  de  nom 

spécial  pour  celle-ci.  C’est  à 
des  instruments  de  ce  type  que  songeait  peut-être  l’au¬ 
teur  copié  par  Aristide  Quintilien  lorsqu’il  attribuait  à 
la  lyre  une  sonorité  plus  grave  qu’à  la  cithare  :  toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  en  effet,  le  diapason  d’un  ins¬ 
trument  à  cordes  est  d’autant  plus  grave  que  celles-ci 
sont  plus  longues. 

La  traverse  ou  joug  (Çuyov,  jugum ,  poétiquement 
iïvtu?)  *,  qui  relie  les  deux  bras  à  peu  de  distance  de  leur 
sommet,  était  ordinairement  en  bois  de  chêne  vert  (7tpr- 
vo?) 5  ;  on  peut  induire  d’un  texte  de  Philostrate  qu’elle  se 
faisait  aussi  en  buis6.  Elle  est  tantôt  parfaitement  cylin¬ 
drique,  tantôt  renflée  vers  le  milieu  ou  vers  les  extrémités  ; 
le  mode  d’attache  avec  les  bras  n’est  nulle  part  clairement 
indiqué.  En  général,  la  traverse  de  la  lyre  classique  est 


une  baguette  mince,  plus  mince  que  les  cornes  m 

les  sarcophages  romains  elle  apparaît  sous  la  (oTT* 

rouleau  très  épais.  Une  des  lyres  du  Musée  Ih-ii  dun 

llwnni(juoa 


Fig.  4707.  —  Alcée  et  Sappiio. 


un  joug  composé  d’une  série  de  petits  tambours  cylin¬ 
driques  qui  s’emboîtent  les  uns  dans  les  autres  et  sont 
maintenus  par  des  tampons  latéraux. 

Après  avoir  décrit  les  parties  constitutives  du  cadre  de 
la  lyre,  nous  passons  aux  organes  correspondants  de  la 
cithare.  Nous  avons  déjà  dit  que  dans  cet  instrument  le 
résonateur  est  une  caisse  en  bois,  prolongée  par  des  bras 
épais  qui  font  corps  avec  elle  et  qui  très  probablement 
(à  la  différence  des  minces  cornes  de  la  lyre)  contribuent 
à  intensifier  le  son 7.  Mais,  au  point  de  vue  de  la  forme  et 
de  la  disposition  des  parties,  il  faut  distinguer  au  moins 
trois  variétés  principales,  sans  compter  les  types  plus  ou 
moins  abâtardis  que  représentent  les 
monnaies  tardivès  et  les  sarcophages. 

1°  La  grande  cithare  de  concert,  dont 
l’invention  était  attribuée  à  Cépion,  ci- 
tharède  lesbien,  élève  de  Terpandre  8, 
étaitaussi  désignéesousle  nom  de  ’Astcé;, 
soit,  comme  le  voulait  Duris9,  parce 
qu’elle  était  originaire  de  Lesbos,  île  d’A¬ 
sie,  soit,  peut-être,  parce  qu’elle  était  la 
copie  d’un  instrument  asiatique.  Cet 
instrument,  de  grandes  dimensions  (il 
dépasse  souvent  la  moitié  de  la  taille  F,g-  ‘cith’arède. 
d’un  homme),  est  celui  que  les  représen¬ 
tations  figurées  de  la  belle  époque  prêtent  aux  cilhan  a 
agonistiques  et  à  Apollon  citharède10:  le  plus  ancien  <  v  ' 
plaire  en  est  figuré(fig.  4708)  sur  la  cuirasse  trouv  1  '  ■  ^ 
le  lit  de  l’Alphée,  monument  qui  paraît  presque  <  on  ^ 
porain  de  Cépion  (fin  du  vu8  ou  commencent. 11 
vi8  siècle)". 


1  Figurine  archaïque  (corinthienne  ?)  au  Louvre  (salle  L,  vitrine  F)  =  Bull, 
corr.  hell.  1900,  pl.  xi.  —  2  Fi  g.  4705,  Beundorf,  Griech.  und  Sicil.  Vusen - 
bilder ,  XL\  III,  2.  ^otre  figure  4706  reproduit  un  autre  exemple  d’après  Gerhard, 
TrinUschalen ,  6,  1  (=  Arch.  Zeit.  1858,  pl.  cxv,  6)  ;  voir  dans  les  Comptes  rendus 
de  Pétersboury,  1861,  pl.  i  -,  une  lyre  semblable  entre  les  mains  de  Marsyas, 
et  les  beaux  spécimens,  ap.  Hartwig,  Meisterschalen ,  XIX,  2  ;  XLVII. 
—  3  Fig.  4707,  Munich,  n«  75  =  Welcker,  Ant.  Denkmaelcr ,  II,  pl.  xn  ;  A/us. 
italiano  di  antich.  classica ,  II,  pl.  iv.  Un  instrument  analogue  est  encore 
attribué  à  Sappho  sur  une  kalpis  du  Musée  de  Cracovie  (Mus.  ital.  II,  pl.  ni,  1). 


4  Eurip.  Hipp.  1135  ;  Artimon  (Ath.  637  D)  omptoie  ;  c.  : 

Hit  zrjuç.  —  5  Theophr.  De  plantis,  V,  7,  6.  ,  ,T  __  7  uic.  0e 
US  É,  ÏIK  SsÎTij  î.ùpa,  Itiiîov.  itKvTC  atoi/ovoCT  x«t  T"*  ^  caIiauS  du 

.t.  deor.  II,  149,  où  les  bras  de  la  cithare  sont  coropaus  ^ .  clTnA„1,K1)i)s 
z.  —  3  Plut.  De  mus.  6.  —  9  Fr.  259  ;  et.  Plut.  L.  c.  ^  fig.  1509, 

les  lig.  4701,  4702,  etc.  ;  cf.  aussi  Elite,  II,  1«  î  c  ,  ’  do  Manliw* 
70,  1572.  Nous  donnons  (fig.  4709)  l'Apollon  )  __  1(  /;„//.  corr. 

.près  Bull.  corr.  hell.  XII,  pl.  i  =  Fougères,  Mantméc,  p  ■  «• 

U.  1883,  pl.  i. 


—  1441  — 


LYR 


LYR 

aractéristique,  qui  se  repro- 
I Elle  a  une,  jxgie  aVcc  une  remarquable  unifor- 


forine  très  et 

K  a  «iôcle  en  siècle  avec  c 
doit  dc  S1C  nr0prement  dite  présente,  en  section 
| jiiilc.  1  11  vort, irai l’as- 


Fig.  4714.  —  Cithare 
de  face. 


verticale, l’as¬ 
pect  d’un  tra¬ 
pèze  aux  faces 
latérales  légè¬ 
rement  cin¬ 
trées,  la  petite 
base  en  bas; 
la  base  supé¬ 
rieure  êstsou- 
vent  formée 
de  deux  cour¬ 
bes  concaves 
qui  se  rejoi¬ 
gnent  en  une 
pointe  cen  - 
traie.  La  face 
qui  porte  le 
cordier  (que 

nous  appellerons  face  externe )  paraît  à  peu  près  plane 
ou  meme  légèrement  concave  ;  la  face  opposée  ( interne ) 
est  au  contraire  fortement  bombée,  comme  on  le  constate 

sur  les  monuments  qui 
montrent  la  cithare  de 
dos  (fig.  4710)  La  base 
est  plate  et  renforcée 
d’une  bordure  en  saillie, 
de  manière  à  pouvoir  se 
poser  par  terre  ou  sur 
un  support  ;  vue  par  en 
dessous,  en  section  horizontale,  elle  offre  l’aspect  d’un 
segment  de  cercle  très  évasé,  l’arc  en  arrière2  (fig.  4711). 
Sur  des  monuments  plus  récents  la  base  est  parfois  rem¬ 
placée  par  un  véritable  pied  (fig. 
4712)  3  qui  s’observe  souvent 
sur  les  cithares  simplifiées.  Les 
cornes,  dont  la  ligne  de  démar¬ 
cation  avec  le  corps  du  résona¬ 
teur  n’est  pas  nettement  indi¬ 
quée,  se  recourbent  d’abord 
comme  des  coudes  arrondis  en 
s’amincissant  progressivement 
à  mesure  qu’elles  se  rappro¬ 
chent.  Leur  bord  intérieur, 
Cithare  avec  pied,  évidé,  est  orné  de  rinceaux  sail- 
r  lants  et  ajourés,  probablement 

P  1  f-N  de  contour  hélicoïdal,  ordinairement  au  nom- 

teri[|  chaque  côté  ;  l’ornement  du  milieu  se 

urir  ’"u  nt  Par  un  bouton  :  le  tout  a  parfois  l’air 

eoinlr  "  "'  ll  l!  °*  d  un  bec  c^e  griffon.  Au-dessus  des 
section S  *  ^  Ven^es  “hras  »,  grosses  pièces  verticales, 
rable,lll  | !|  i  'im'e’  CIU'  supportent  et  dépassent  considé- 
supéri(1Ui(.  !  Ila\erse 4  Rs  sont  renforcés  à  leur  extrémité 
mémo  m  dDdis  (lue  les  coudes  sont  taillés  dans  la 
pièces  di^;  '  u  hois  que  la  caisse,  les  bras  sont  des 
(Pai'exein  i|IUle'1’ ra^0r^es.  ^LU‘  beaucoup  de  peintures 
SUr  b  uiasj,  bg-  2363),  ils  se  détachent  en  blanc 

M"nl>re  de  la  cithare,  d’où  l’on  peut  conclure 

,  CSlattr,  j01|jei 

"  "Umnaia  ,|e  "Sl  <  ''i'ilannique  ( lonia ,  pl.  xxxi,  6).  —  2  Nous  donnons 
'  •  ^loli,  Tovibe  'h  v lprè,Un  exemplairo  du  Cabinet  do  France  (fig.  4711). 

usons,  pl.  v  ;  Dos  Vergers,  Etrusques,  pl.  xvi,  notre 


•  «12. 


Fig.  4713. 


qu’ils  étaient  ordinairement  en  ivoire.  L’assemblage  du 
bras  et  du  coude  s’opère  à  l’aide  d’une  cheville  à  grosse 
tête  ronde;  on  aperçoit  parfois  sur  le  côté,  à  hauteur  de 
cette  première  cheville*,  la  tête  triangulaire  d’une  autre 
cheville  qui  parait  s’engager  à  angle  droit  (et  sans  doute 
à  frottement  dur)  dans  la  tige 
creuse  de  la  première,  de  ma¬ 
nière  à  assurer  un  serrage  par¬ 
fait.  Vu  de  face,  le  bras  passe 
derrière  le  coude  ;  quelquefois 
il  semble  qu’il  soit  pris,  comme 
dans  un  étau,  entre  deux  feuil¬ 
lets  du  coude,  lequel  parait  se 
fendre  à  sa  partie  supérieure 
pour  laisser  passage  à  la  partie 
inférieure  du  bras  ;  il  y  a  là  une 
véritable  articulation,  imitée  de 
la  nature.  Au  reste,  le  mode 
d’assemblage  que  nous  avons 
décrit  et  que  représente  la  figure 
schématique  ci-contre  (fig.  4713) 
n’est  pas  le  seul;  il  en  existe  plusieurs  variantes  qu'il 
serait  fastidieux  d’analyser.  Enfin  la  traverse  de  la  ci¬ 
thare,  qui  est  tangente  à  la  jonction  du  bras  et  du  coude, 
est  une  mince  baguette  cylindrique,  renforcée  aux  ex¬ 
trémités  par  deux  poignées  ou  disques.  Ces  disques,  pro¬ 
bablement  métalliques,  parfois  volumineux,  servaient 
peut-être  de  têtes  de  vis  pour  faire  tourner  le  joug  et 
augmenter  ou  diminuer  ainsi  la  tension  de  toutes  les 
cordes  à  la  fois.  La  traverse  se  termine  par  deux  boutons 
qui  servent  peut-être  à  visser  les  disques.  Quant  à  la 
manière  dont  la  traverse  s’assemble  avec  les  bras,  nous 
l’ignorons,  comme  pour  la  lyre. 

2°  A  côté  de  ces  cithares  perfectionnées,  véritables 
instruments  de  concert,  les  monu¬ 
ments  nous  montrent  beaucoup  d'ins¬ 
truments  de  dimension  ordinairement 
plus  petite  et  de  facture  plus  rudimen¬ 
taire.  Très  souvent,  dans  ces  instru¬ 
ments,  le  membre  intermédiaire  entre 
la  caisse  et  le  bras  proprement  dit, 
que  nous  avons  appelé  coude,  fait 
défaut,  et  les  bras  prolongent  direc¬ 
tement  les  contours  latéraux  de  la 
caisse,  parfois  même  ils  paraissent 
tailles  dans  la  meme  piece  de  bois.  D  arrondie. 

La  caisse  elle-même,  au  lieu  d’un 

profil  trapézoïde,  a  souvent  un  profil  arrondi  v(fig.  4714) 

ou  une  forme  absolument  rectangulaire. 

Nous  donnons  ici  deux  spécimens  anciens  de  cithare 
simplifiée  :  l’un  (fig.  4715),  qui  figure 
sur  une  liecté  de  Lesbos  5,  où  la  cithare  est 
vue  de  dos;  l’autre  (fig.  4716),  emprunté  aux 
reliefs  de  la  base  de  Mantinée,  où  elle  est  vue 
dc  face6.  On  remarquera  que  sur  ces  deux 
exemplaires  l’instrument  en  section  verticale 
a  la  forme  d’un  rectangle  dont  la  base  supérieure  est  re¬ 
présentée  par  la  traverse,  très  rapprochée  de  l’extrémité 
des  bras;  ceux-ci,  à  l'inverse  du  type  classique,  sont 
légèrement  divergents  ;  la  concavité  de  la  face  antérieure 

fig.  4712  (l'instrument  est  plutôt  une  harpe).  —  4  Stackelberg,  ( Graeber  (1er  Hclt. 
pl.  xxxiv,  vase  atliijuc.  Cf.  la  fig.  4720.  —  5  Brilish  Muséum ,  Trous,  pl.  xxxm,  5. 
—  6  Bull.  coït.  hell.  XII ,  pl.  n. 


Fig.  4715. 


LYR 


Fig.  4716.  —  Cithare  à  base  rectangulaire. 


est  nettement  marquée.  Elle  l’est  encore  davantage  sur  la 

grande  ci¬ 
thare  rectan¬ 
gulaire  de  la 
fresque  de  Cy- 
rène  ( suprà , 
fl  g  1424 , 
1566,  2256). 

3°  Enfin,  à 
partir  du 
ive  siècle,  on 
voit  apparaî¬ 
tre  un  type 
de  cithare  qui 
participe  par 
le  volume  du 

premier  type,  par  la  forme  du  second.  La  caisse,  dont  les 

bras,  semblables  à  des  pilas¬ 
tres,  formentle  prolongement, 
est  fortement  concave,  d’une 
épaisseur  uniforme,  et  repose 
sur  une  large  base  formant 
plateau;  au-dessus  de  cette 
base  s’élève  une  grosse  boîte 
carrée,  qui  sert  de  résonateur 
proprement  dit,  et  contre  la¬ 
quelle  viennent  s’appliquer 
les  cordes  :  ainsi  l’appareil 
augmentatif  du  son  se  trouve 
transporté  de  la  face  posté¬ 
rieure  à  la  face  antérieure  de 
la  cithare.  Cette  dispositionse 
retrouve  sur  la  cithare  égyp¬ 
tienne  du  Musée  de  Berlin;  on  la  constate  sur  une  demi- 

douzaine  de  statues,  dont 
la  plus  intacte  (fig.  4717) 
est  l’Apollon  de  Cyrène  au 
Musée  Britannique  trouvé 
en  1862  ',  la  plus  célèbre 
l'Apollon  Musagète  du  Va¬ 
tican,  réplique  d’une  œu¬ 
vre  de  Scopas,  mais  où  la 
partie  supérieure  de  l’ins¬ 
trument  est  restaurée  2. 

Nous  avons  décrit  les 
parties  essentielles,  cons¬ 
titutives  du  cadre  solide 
delà  lyre  et  de  la  cithare; 
nous  ne  nous  attarderons 
pas  aux  ornements  infi¬ 
niment  variés  dont  ces 
parties  sont  susceptibles. 
Dans  les  instruments  de 


Fig.  4717.  —  Résonateur  en  forme 
de  boîte. 


fig.  4718.  — Montants  de  cithare  découpés. 


luxe,  les  incrustations  en  or  et  en  métaux  précieux, 


1  Smith  et  Porcher,  History  of...  discoveries  at  Cyrene ,  pl.  i.  —  2  Mus. 
Pio  Clem.  I.  pl.  xv.  Les  autres  statues  de  ce  groupe  sont  :  au  Vatican  la 
Terpsichore  du  même  musée,  1,  20,  sala  delle  Muse,  n°  517  (Helbig  :  «presque 
tout  le  cadre  de  la  lyre  est  restauré  »,  et  Y Erato  du  même  Musée,  I,  21, 
même  salle,  n°  511  (Helbig  :  «  partie  supérieure  de  la  cithare  restaurée  »), 
au  Capitole  1  Apollon  avec  trépied  et  serpent  (Clarac-Reinach,  I,  251,8  = 
R54;  suspect).  Jan  nomme  encore  ( Saileninstr .  n.  46)  un  Apollon  de  la  Sala  di 
croce  grcca,  que  je  nai  pu  identifier.  —  3  Aristoph.  Equit.  532  :  !xiciictou<t£v  twv 
tj AcxTp <»y  (texte  mal  interprété  par  les  scoliastes).  On  voit,  paraît-il,  des  ornements 
en  ambre  sur  la  cithare  d  une  figure  (Niké)  d’un  vase  Laborde  à  Vienne  (Laborde- 
Reiuach  II,  37).  —  4  Lucian.  LVHI  (Adv.  indoctum ),  8.-5  Coupe  de  Vulci 


LYR 


Fig.  4719.  —  Montants  si 


l’ivoire,  l’ambre3,  les  gemmes,  les  sculpture*  , 
incisés  étaient  semés  à  profusion  sur  la  ..  •  ’  dessins 
que  sur  les  bras.  Lucien  parle  d’un  certainT aussibi® 
Tarente  qui  se  présenta  au  concours  ,mi  ■  UanëelQs  < 
cithare  tout  en  or,  incrustée  de  pierres  U,?.Ue  aVec H 

gemmes  multicolores,  et  où  l’on  Smvées  et  di 

voyait  ciselées  les  figures  des 
Muses,  d’Apollon  et  d’Orphée  L 
On  voit  des  ornements  de  ce 
genre,  mais  plus  discrets,  re¬ 
présentés  sur  des  peintures  5 
(fig.  4718  et  4726)  et  des  statues  : 
ainsi  sur  l’un  des  bras  de  la 
cithare  de  l’Apollon  Musagète 
est  sculpté  un  petit  Marsyas 
(fig.  4719).  S’il  fallait  en  croire 
une  hypothèse  ingénieuse,  *  •=>-  —  Montants  scuipu 

les  admirables  ivoires  incisés  recueillis  dans  une 
du  Bosphore  cimmérien  seraient  les  débris  du 
d’une  lyre  ou  cithare  6. 

Avant  de  passer  à  l’étude  des  cordes  et  de  l’aj 
tenseur,  nous  devons  dire  un  mot  de  l’obscure  question 
des  7)xeïa  et  des  Xal*ia-  Pollux,  dans  son  énumération  des  : 
parties  des  instruments,  mentionne  les  -^sta  après  les  i 
villes  (xôXXoTte;)  \ 

Hésychius  a  l’article 
suivant  :  Tjysïov  xb 
yaXx tov'  of  os  p.o ucixot 
xb  7tpbç  xv)  jxayioi 

y  âXxcop.a.  Théophraste 
dit  que  les  instru¬ 
ments,  ou  les  par¬ 
ties  d’instruments, 
pourvus  d’un  revê¬ 
tement  en  corne  ou 
en  cuivre  (xo  ûïco- 
xepaç  xal  xb  erùv  xw 
yaXxüjgaxi)  ont  une 
résonance  plus  égale 
dans  tous  les  sens 
que  ceux  qui  en 
sont  dépourvus  8. 

Enfin  Aristote  fait 
aussi  allusion  aux 
parties  de  cuivre  et 

de  corne,  xdt  yaXxsta  [yaXxta?]  xat  xà  xspaxa,  qui,  | 
nant  avec  l’instrument,  en  rendent  les  sons  plus  oks 
curs! 


Fig.  4720.  —  Cithare  à  yeus. 


par 


le 


De  tout  cela  il  semble  bien  résulter  qui 
analogie  avec  les  flûtes,  on  avait  cherché  à  renfoicer 
son  de  la  cithare  par  des  lames  vibrantes  en  corne  ou* 
cuivre  appliquées  sur  la  caisse.  Un  autre  procedt ,  l1l0"a 
blement  plus  ancien,  pour  favoriser  la  propaguhoj^  L 
son  consistait  à  pratiquer  deux  trous  ronds  dans  i 
nateur.  Les  vases  peints  en  offrent  quelques  1  -  "1 

n,  tr0j< gcnifflfl 

(Berlin)  ap.  Gerhard,  Auserl.  Vas.  37  (grande  cithare  dÀlhtna,  a  ^  cji|, arc  orné 
Cf.  aussi  une  peinture  de  Pompéi  ap.  Helbig,  Wandffem ath  c»  ^ 
de  pierres  précieuses)  et  J u vénal,  VI,  381  :  densi  radiant  tcsln  ^  ^ 

—  6  Antiq.  du  Bosphore  cimm.  pl.  lxxix-lxxx.  —  7  •  pidol).  — 9  ArlS* 

ap.  Ps.  Porph.  in  Ptol.  Harm.  p.  243  Wallis  (=  Theophi.  fi  -  >  pj<|0t).  F®  lcxlt‘  a] 

tôt.  De  audib.  ap.  Ps.  Porph.  Ibid.  p.  246  (=  Aiist.  !  Amphore 

/\xr»u.'c\  c’imnose.  I 


<rao£<TTeopuç,  mais  la  correction 
Camiros  au  Mus.  Brit.  (Cat.  III 


(WallW  s’impose.  -j  gaucbe 

- - E,  172)  ap.  Annah,  ^  LïboBhJUi« 

(=  Jan,  De  fidibus,  fig.  1).  Cf.  aussi  Tischbom-Reinacii,  .  ^  un  cratère 

I,  38.  Jan  ( Saiteninstr .  n.  49)  cite  encore  une  lyie  a 
Musée  Grégorien. 


—  1 443  — 


LYR 


0uant  aux  deux  yeux  qu’on  aperçoit  quel- 
(voirf'g'1'’,iii'nlacc1  (fi K-  4720  et  suprà,  fig.  4714),  ce 

h1"1'”'  '  !,!.  des  ornements. 

"e  S°n  ''  le  la  lyre  aussi  bien  que  de  la  cithare  faopBai, 
ILeS  ainuement  glxot,  «  fils  »)  étaient  primitivement 
P1*'  P°'.  de  mouton.  L’ Hymne  à  Hermès  dit  en  parlant 
len boyaux  ^  ^^vouç  ,{o)V  |TOtv^ffOCXO  xopSxî2;  cer- 


rdieUi  t ii .ns  présentaient  la  variante  Ov|Wpiov  au  lieu 
taineSt°  '  i  les  grammairiens  en  avaient  conclu  qu’il 
■.T’Vrvir  de  boyaux  de  brebis  et  non  de  bélier  *. 
f'1  \**io  assez  inepte  veut  que  les  cordes  de  la  lyre 
i  r  U’ori-dne  en  lin  et  que  Linos  ait  substitué  à  cette 
K IVe  boyau  *.  Plus  tard  les  tendons  (vulgairement  : 

lfs]  furent  à  leur  tour  substitués  aux  boyaux  5, 
llde'b’L  les  dénominations  nouvelles  de  vsupaf,  vsùpa, 
Lf  pour  les  cordes  de  la  lyre.  Nous  nesavonsmalheu- 
Leimml rien  sur  la  préparation  des  cordes,  sur  l’indus¬ 
trie  des  /opooTOioi  ou  ^ofôocxpocpof.  Quant  à  1  appareil 
tenseur,  il"  se  composait  : 

p  De  ia  traverse  (ou  joug)  déjà  décrite,  autour  de 
laquelle  venait  s’enrouler  (nous  verrons  tout  de  suite 
comment)  l’extrémité  supérieure  des  cordes  ; 
f  2»  D’un  sommier  ou  cordier  (xopooxôvtov  8  ou  x°P5°- 
Lv),  encastré  vers  le  bas  de  la  table  d’harmonie,  où 
venait  se  fixer  leur  extrémité  infé¬ 
rieure.  Aucun  texte,  aucun  monument 
ne  nous  renseigne  bien  exactement 
sur  la  structure  de  ce  dernier  ap¬ 
pareil.  Le  plus  souvent,  sans  doute, 
c’était,  comme  dans  la  cithare  égyp¬ 
tienne  de  Berlin1,  une  simple  plaque, 
creusée  de  rainures,  où  la  corde  ve¬ 
nait  s’engager  comme  dans  un  canal  ; 
au  sortir  de  la  rainure  on  la  fixait 
par  un  nœud,  qui  laissait  pendre  li¬ 
brement  le  bout  inférieur  de  la  corde. 
Par  surcroît  de  précaution,  on  pouvait 
poser  sur  cette  plaquette  un  couvercle 
pour  empêcher  la  corde  de  s’échap¬ 
per  verticalement.  Une  statuette 
en  bronze  d’Apollon,  au  Musée  de 
présente  un  remarquable  exemple 
I ce  dispositif  :  le  cordier  y  forme  une  véritable  boîte, 
nue  sur  ses  faces  supérieure  et  inférieure  de  trous  cor- 
fpomlants ;  par  chaque  couple  de  trous  file  une  corde; 

b  un  chevalet  (p.ayâç),  planchette  carrée,  légèrement 
m  parallèle  au  joug,  et  sur  laquelle  viennent  s’ap- 
r!  C01'des 9  ;  il  sert  à  les  isoler  de  la  table  d’har- 
n"  1 1  n  maintenir  leur  tension  :  la  partie  vibrante  de 
f'  1  sl  comprise  entre  ce  chevalet  et  le  joug.  Le  che- 
l  'b  bxcdansla  table  d’harmonie  par  deux  petits 
USf\  m'  manque  jamais  sur  les  peintures  de  vases  un 
,s;au  contraire,  il  est  souvent  omis  dans  les  sta- 
"ll  oegligence  du  sculpteur,  soit  que  dans  les  instru- 


g.  4/ 21.  —  Cordier  de 
cithare. 

aples 8  (fig.  472i 


LYR 

ments  de  l’épôque  alexandrine  et  romaine  on  ail  ordinaire¬ 
ment  supprimé  cette  pièce.  Mlle  devenait  en  eflet  inutile  : 
1°  lorsque  la  cithare  étant  fortement  concave,  sa  forme 
suffisaità  empêcher  tout  contact  entre  la  corde  et  la  table 
2°  lorsque  le  cordier  était  suffisamment  élevé  pour  que  sa 
tranche  antérieure  pût  faire  office  de  chevalet  :  tel  est  le  cas 
des  instruments  figurés  sur  les  fresques  campaniennes. 
Dans  les  instruments  pourvus  d’un  grand  résonateur  ante¬ 
rieur  (type  de  l’Apollon  Musagète)  il  n’y  avait  plus  de  place 
pour  le  chevalet:  le  résonateur  lui-inème  en  tenait  lieu. 

Le  chœur  des  Grenouilles  d’Aristophane  se  flatte  d  être 
chéri  d’Apollon  evexa  oovaxsç  ov  u7ioXupiov  evuôpov  év  XitAvat? 
xpÉcpn)  ’°.  Ce  «  roseau  placé  sous  la  lyre  »,  rapproché  d’un 
fragment  analogue  de  Sophocle11,  û<p7)pé0ir]  nw  xâXagoî 
(îiairspet  Xupaç,  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  controverses. 
On  y  a  vu  tantôt  les  piquets  de  roseau  sur  lesquels  Hermès 
plante  la  peau  de  sa  table  d’harmonie,  tantôt  le  cordier, 
tantôt  les  cornes  de  la  lyre,  ou  à  la  fois  la  traverse  et  le 
chevalet,  ou  enfin  seulement  ce  dernier.  Cette  dernière 
explication  nous  semble  la  plus  plausible  :  elle  paraît 
d’ailleurs  être  à  la  fois  celle  du  scoliaste  et  de  Pollux1-, 
et  ceux-ci  nous  apprennent  à  cette  occasion  que  le  che¬ 
valet  se  faisait  autrefois  en  roseau,  plus  tard  en  corne. 

A  la  différence  de  certains  instruments  où  le  réglage 
de  la  tension  des  cordes  se  fait  par  le  bas,  1  appareil 
Lenseur  de  la  lyre  ou  cithare  est  toujours  logé  a  la  partie 
supérieure  de  l’instrument.  A  l’époque  la  plus  ancienne, 
qui  s’est  prolongée  à  cet  égard  jusque  bien  avant  dans 
le  Ve  siècle,  le  système  était  d’une  grossièreté  tout 
africaine  :  le  bout  de  la  corde  était  rendu  solidaire 
d’une  lanière  de  cuir  gras  tiré  du  cou  d’un  bœut  (attique 
et  homérique  xôXXoJ/,  vulgairement  xôXXaooç13,  callum ); 
on  enroulait  cette  lanière  sur  la  traverse  jusqu’à  ce  que 
la  corde,  entraînée  par  elle,  eût  la  tension  voulue,  et  il 
suffisait  ensuite  de  presser  fortement  pour  que  la  lanière 
adhérât  au  joug  et  maintint  la  corde  en  position.  Ce  dis¬ 
positif  est  figuré  sur  les  vases  à  fond  noir  par  une  série 
de  gros  anneaux  clairs  à  noyau  foncé  :  le  noyau  seul 
représente  le  xôXXo’j/,  l’entourage  blanc  n’a  pour  but,  ce 
semble,  que  de  le  détacher  sur  le  fond  (cf.  fig.  2599,  ). 

Une  des  lyres  du  Musée  Britannique  paraît  avoir  été  ac¬ 
cordée  par  ce  procédé  :  les  lanières  grasses  ont  laissé  des 
traces  d’usure  sur  la  traverse.  Plus  tard  on  reconnut  les 
inconvénients  de  ce  système,  dont  le  moindre  était  le 
manque  de  stabilité,  et  l’on  y  substitua  des  procédés  plus 
perfectionnés  que  les  auteurs  n’ont  pas  pris  la  peine  de 
nous  décrire,  mais  que  l’on  peut  reconnaître  sur  les  mo¬ 
numents  figurés,  où  ils  affectent  d’ailleurs  les  formes  les 
plus  variées  et  parfois  les  plus  compliquées  :  tantôt 
deux  rangs  de  boutons  ronds  ou  triangulaires  (au-dessus 
et  au-dessous  de  la  traverse)  auxquels  s’accrochent  les 
cordes  en  dessinant  un  zigzag  ou  un  entrelacs  sur  le  joug, 
tantôt  des  fléchettes  (bras  de  levier)  se  détachant  en  avant 
des  cordes,  etc.  Le  principe  commun  de  tous  ces  pro- 


PremarqutlrJ  |a  j  P-  40,  pl.  v,  coupe  à  fond  blanc  au  Louvre,  salle  L  : 

ftc»nar,lit  H,  39-  posée  sur  les  genoux  à  côté  de  la  lyre;  Tischbein- 

k  femarquerj  ,(  '  Munich,  n°  235.  Dans  tous  ces  exemples  il  s'agit,  on 

h'e ;  mais sonl-'co  cil*'arp  arrondie.  Dans  notre  fig.  1573,  il  s'agit  d'une 
:  «H  *  00  des  trous?  -  2  Bymn.  ad  Mere.  51  ;  cf.  OdU  XXI, 

'*é.  —4  i'iiilo,,]  t  é.tEjov  olo?.  —  3  Antigon.  Ilist.  mirab.  7  (p.  02 

*»•«,;  Acliail  r- fr'  ’89  Hragm.  hist.  gr.  1,  415).  —  S  Schol.  Aristoph. 
,h  doit  pas  |  «nim.  XVII,  0;  Ps.  Porph.  ad  Ptol.  Harm.  p.  294  W. 
PjlOanl  d  Hermès)  tlan  ir  ^  ^  *el,lro  les  mots  küpotv  te  veuçévt;v  notliffai  (en 
P'Sranime  d'Agalhias  ,  ' •  (La  plupart  des  inss.  ont  «5petv  fy).  Dans 

"  <■  l‘al.  XI,  352),  les  cordes  sont  appelées  veuçîa  quoi¬ 


qu'il  soit  dit  expressément  quelles  sont  faites  avec  les  boyaux  d'une  brebis  séchés 

ensemble.  _  6  Poil.  IV,  62;  Aristot.  De  audib.  p.  803  A  ;  Arlemon  ap.  Atli.  037  D  ; 

lamblicb.  Vif.  Pytli.  118;  Nicom.  Ench.  p.  13  (3-jett  A?  qui  figure  dans  ces  deux  derniers 
textes  n'est  pas  un  terme  technique).  —  1  Wilkinson,  I,  p.  477.  —  8  N»  d'inv. 
113257  (trouvaille  du  2  déc.  1882)  =  Overbeck,  Apollon,  p.  170;  Clarac-Reinacli, 
II,  93,  2.  La  fig.  faite  d'après  une  médiocre  photographie  ne  montre  pas  clairement 
le  dispositif.  —  9  Hesych.  Phot.  v»  pa-jd;.  —  1(1  /fan.  229  sq.  —  U  Fr.  33  Nauck. 

_ 12  Schol.  Dan,  231  :  Ste  oî  is/xTo  ;  xakàpw  ùvti  xEoaxtau  s ;  Poil.  IV,  62  :  x«ï 

Süvccxa...  Ttàkat  àvxi  xipàxwv  (lire  xEçatÉwx?)  2 — oxtfiÉ  jj.îvo ,  xotTç  Xûoatç.  • — •  13  Phrynich. 
p.  193  Lob.;  Eustath.  p.  1915,  7  (ad  Odyss.  XI,  507).  Arist.  Mech.  14  (IV,  63  Did.) 
en  parle  encore  comme  d'un  procédé  usuel. 


—  UH  _ 


eôd.-s,  dont  le  détail  nous  échappe,  est  l'emploi,  connu 
en  ligypte  de  toute  antiquité,  de  chevilles  (itdhwaXoc),  tra¬ 
versant  à  frottement  dur  le  joug,  mues  par  une  tête 
ronde,  prismatique  ou  pyramidale,  et  entraînant  la  corde, 
1 moilb  ,l  autour  de  la  cheville,  dans  leur  mouvement  de 
rotation.  On  en  lit  clairement  l’emploi  dans  la  seconde 
lyre  de  Londres  :  chacun  des  tronçons  cylindriques  dont 
se  compose  le  joug  est  percé  d’un  canal  vertical  où  s'en¬ 
gageait  la  lige  de  la  cheville,  dont  il  subsiste  des  frag¬ 
ments.  Par  un  souvenir  de  l’ancien  système,  ces  chevilles 
1  lles-mèmes  furent  appelées  xoXXonsç,  xoXXaêot1  ;  dans  les 
instruments  communs  elles  étaient  en  bois2,  dans  ceux 
de  prix,  probablement  en  ivoire  ou  en  métal. 

Le  nombre  des  cordes  de  la  lyre  a  beaucoup  varié  dans 
les  temps  historiques.  Ce  sujet  concerne  plutôt  l’histoire 
du  système  musical  des  Grecs  que  celle  de  l'instrument 
lui-même.  Chaque  addition  au  nombre  des  cordes  de  la 
lyre  signifiait  en  réalité  une  extension  du  parcours  de  la 
mélodie  et  une  plus  grande  variété  dans  le  répertoire  des 
sons  qu’on  y  employait;  mais  ces  progrès  ont  été  d’abord 
réalisés  dans  la  musique  de  flûte,  plus  libre,  en  raison 
même  de  son  origine  étrangère.  La  citharodie  n’a  fait  que 
suivre  le  mouvement,  lentement,  et  non  sans  rencontrer 
'll'  vives  résistances  de  la  part  des  musiciens  conserva- 
imirs  et  même  des  autorités  politiques  :  on  connaît  les 
anecdotes  sur  les  magistrats  de  Sparte  ou  d’Argos  qui 
retranchent  les  cordes  superflues  de  la  lyre  d’un  virtuose 
célébré  qui  est  appelé  tantôt  Terpandre,  tantôt  Phrynis, 
tantôt  Iimothée  3.  Contentons-nous  de  rappeler  les  prin¬ 
cipales  étapes  de  cette  évolution. 

Des  textes  obscurs  ou  d’une  authenticité  douteuse 
attribuent  à  la  lyre  primitive  trois  4,  puis  quatre 
cordes  0  ;  ce  nombre  aurait  été  porté  à  sept,  soit  par  des 
accroissements  successifs  6,soit  d’un  seul  coup,  par  Ter¬ 
pandre  .  Il  est  certain  que  la  phorminx  de  ce  composi¬ 
teur  avait  sept  cordes  8  et  ce  nombre  resta  si  longtemps 
en  usage  qu'il  en  garda  un  caractère  en  quelque  sorte 
sacramentel  ;  aussi  beaucoup  de  textes  l’appliquent-ils 
'L'jn  a  la  lyre  primitive,  celle  qu’inventa  Hermès  9.  Dès 
Je  \i  siècle,  ou  même,  d  après  certains  auteurs,  dès 
l’époque  de  Terpandre10,  il  y  avait  plusieurs  manières 
d  accorder  ces  sept  cordes.  Sans  parler  des  différences 
d  intonation  des  cordes  «  mobiles  »  (suivant  que  la  mélo¬ 
pée  était  de  genre  diatonique,  chromatique  ou  enharmo- 
nique),  les  deux  tétracordes  dont  la  réunion  composait  la 
Ivre  pouvaient  être  ou  bien  conjoints  par  un  son  commun, 
ou  bien  séparés  par  un  intervalle  d’un  ton  :  dans  ce  der¬ 
nier  cas  le  «  clavier  »  de  la  lyre  embrassait  une  octave 
entière,  mais,  pour  ne  pas  dépasser  le  chiffre  consacré  de 
sept  cordes,  l’un  des  tétracordes  était  défectif  d’une  corde  ; 
lid  est  notamment  le  type  qui  sert  encore  de  base  aux 
spéculations  du  pythagoricien  Philolaos11,  vers  le  milieu 
du  ve  siècle.  Cependant,  dès  la  première  moitié  de  ce  siècle, 

1  Cf.  Plat.  Itesp.\ II,  p.  531  B (IkUûv xoàXôsuv  ;  Lucian.  lX(Dial.  marin.) 

1  ■  i,  où  la  grossièreté  de  la  Ivre  de  Polyphénie  est  entre  autresdétails  caractérisée  par 
les  mots  ol4l  xôXXsxt  (xdXXoit  ?]  1<rtf l+o,  ;  Théo  Smyrn.  p.  57  IIiller(Tîî?Tà<r£«,?  Ttpo- 
;“”15  V  TSv*ottà6„y);  Hesych.  Ç„Tà.  — 2  Lucian.  LVIII  (Adv.  indoct.), 

3  Plul;  De  mus‘  37  ’  Inst'  Lllc-  17  »  Lac.apopht.  p.  220  C;  De  prof,  in  virt. 

**  ^  ’  ^9**%  c-  •O;  Dio  Chrys.  XXXII,  p.  20  Dind.  ;  Patis.  III,  12,  10;  Ath.  628  B, 

030  E  (Ar,emon);  Boeth.  Ve  mus.  I,  I  (texte  du  décret  des  éphoresl).  —  4  Diod.  I 
10.  Fr.  post  Censor.  12.  -  G  Strab.  XIII,  3,  4;  Nicom.  ap.  Boeth.  Ve  mus.  1,  20; 
f  r.  posl  Censor.  12;  Lysanias  ap.  Ael.  Fest.  Apbthon.  p.  241  Gaisf.  —  G  Boeth 
et  Fr.  post  Censor.  L.  c.  ;  Plia.  Vil,  204.  -  7  Strab.  L.  c.  —  *  Terpand. 
(authenticité  douteuse).  -  9  Vymn.  ad  Merc.  51;  Luc.  VIII  (Vial.  deor.), 

L  ’  *’  ,5-  -  ,0  Aristot.  Prob.  XIX,  32;  cf.  Plut.  De  mus. 

-b  .  iSicom.  Ench.  p.  17.  —  il  Philol.  ap.  Nicom.  p.  17  (=  Stob.  I,  21,  7,  p.  189 


LYR 

la  pratique  avait  devancé  la  théorie  ni  i 
cordes  de  la  lyre  avait  été  porté  soit  F  °  nombre  des 
neuf  »,  soit  d’abord  à  huit 13  -  nombre  * 

grande  importance  dans  l’enseignemom  T  , 0nserv*  "ne 

T  PU,S  à  neuf;-  La  ïyro  heptacorde  finit  p^0nid^ 
de  1  usage  en  Grèce,  mais  se  conserva  danTl 
mes  religieuses  à  Rome,  où  Denys  d’Iï-ir”  (’8  céfénfl 
C  siècle,  la  signale  avec  étonnement13  m  'Ci"'";‘sse.  au 
continua  de  l’attribuer  aux  dieux  et  an  ^  entendu,  on 
représentations  figurées  jusqu’à  la  fin  de  l  anti  ^  les 
Notons  que  1  augmentation  du  clavier  ,  IU4f| 
bien  au  type  «  conjoint  «  (modes  PP  - U® auss! 
de  Lamproclès)  qu’au  type  disjoint  (dorienlTn 
montrent  les  diagrammes  suivants  :  ’  mme  le 


v  siècle,  époque  de  progrès 


V7)T7) 

7cocpav7]T7|  >  uTreoêoXatœv 

TptTTj 
VT]  TT] 

7rapav7]TT)  v  oisÇsuyjxsvojv 

TptTT ]  ^ 

7rapàa£«7oç 


i. 

V  ot 


a  £17  T, 

Xtyavoç 
7rapu7rdcT7] 

I  U7rCtT7) 

>  Àtyavo; 

4  ’Kd.pu'JTV.T'fj 
p  Ô7taTi) 

7tpo(TXap.êavôp.£voç 


UTCCCTMV 


La  deuxième  moitié  du 

Z™S’,  rr®sctue  r^vt>lutionnaires7vit  porter  le  „„mbre 
de  TOyîne6  ». ,JTO  *  Pr°baWement.par  Phrynis 

C’est  l’hendéca- 
corde  disjoint 
(un  octocorde 
disjoint,  plus,  au 
grave,  un  tétra- 
corde  qui  lui  est 
conjoint)  décrit 
par  PLolémée18, 
chanté  dans  une 
élégie  fameuse 
par  Ion  de  Chios 
(mort  en  422) 19 
et  qui  servit  En¬ 
core  de  base  au 
diagramme  des 
tons  dressé  par 
Aristoxène20.  La 
lyre  hendéca  - 
corde  est  quel¬ 
quefois  repré  - 
sentée  sur  des 
monuments  21 .  Mais  ici  encore  la  pratique  devança  la 
théorie.  Timothée,  dès  la  fin  du  v'  siècle,  employa  au 
grave  une  douzième  corde,  octave  grave  de  la  mèse,  e 
dite  npo(rXoi[j.ëoivô[b£voç  ((pdôyy oç)  ;  à  l’aigu  le  même  musicieij 
ajouta  le  tétracorde  des  hyperbolées.  Ces  innovations,  m 
vement  contestées,  furent  consacrées  par  les  theoi icien 

Wachsm).  —  12  plut.  Apoplit.  Lac.  p.  220  C;  Agit.  c.  10;  De  pro/.  rui-  U. 
post  Censor.  12;  Plierecrat.  ap.  Plut.  De  mus.  30.  — .  13  PlukZu'*-  l^îconlL 
Boeth.  Z.  c.;  Nicom.  Ench.  .5;  Plin.  L.  c.  ;  Suid.  v.  ,rh]^\  on 

Excerpt.b;  Boeth.  et  Plin.  Z.  c.  —  16  Ant.  Rom.  VII,  72.  —  ^  inonuiiicntsj; 
ne  saurait  attribuer  d’importance  au  nombre  des  cordes  figurées  stu  ^  ^  figotA 
les  lyres  de  trois  et  quatre  cordes  ne  sont  pas  rares.  Sur  un  vas<  aM,.l)^r|irneîli,  réel 
noires  (Jan,  note  IG)  la  cithare  d’Apollon  a  neuf  cordes,  alois  M110  pemus.  30» 
n  en  avait  sûrement  encore  que  sept.  —  17  Cf.  Weil-Pcinacli  sui^  ^  ^  ^  ou  la 

p.  122.  D’autres  attribuaient  ces  deux  cordes  à  Pimollu  «  (‘  '[jniolliée 

dixième  à  Histiée  de  Colophon  (Nicom.  Exc.  4-,  et  Boeth.)  H  I-1  ollZ  ^  JlilIrP* 
(ibid.).  —  18  H  arm.  II,  4.  —  19  Ion  ap.  Cleonid.  c.  12.  0  I  0,1  ■  ça  103)» 

—  21  Par  exemple  sur  le  relief  agonistique  du  Louvre,  n  »  •  v  ^ 

Une  lyre  décacorde  est  figurée  sur  le  vase  Gerhard,  Auseil .  1  "s 


—  1445  — 


LYR 


LYR 


,,  ulexamlrine.  A  cette  époque  l’instrument  de 


et  dont  nous  donnons,  page  1444,  le  clavier 
vint  le  genre  diatonique,  avec  les  noms  usuels 


une cithare  pentëdécacorde,  embrassant  deux 

octaves 
accordé  su  iv 

de®  tÜî,  ,’rnrédé  de  la  BtâXïi'kç  (consistant  à  produire  un 
I  (|.ulS  ]a  corde  légèrement  pincée  en  son  milieu)  on 
nœUt,iiL  encore  obtenir  en  sons  fiùlés  l’octave  aiguë  des 
huit  dernières  notes 1 . 

\  côté  de  ce  «  grand  système  parfait  non  modulant  » 

■  détail  un  système  de  lyres  à  onze  cordes  dont  l’accord 
était  fondé  sur  l’ancien  heptacorde  conjoint  : 


La  particularité  de  ce  mode  d’accord  était  de  présenter 
dans  le  premier  tétracorde  un  si  naturel  et  dans  le  troi¬ 
sième  un  si  bémol  ;  ces  deux  notes  n’appartiennent  pas 
au  même  ton;  en  conséquence  on  appelait  le  clavier  ainsi 
accordé  «  petit  système  parfait  modulant  ».  Pour  faire 
profiter  le  «  grand  système  »  de  cette  note  hétérogène, 
quipermettait  d’exécuter  des  modulations  au  ton  «  relatif  » 
sans  désaccorder  l’instrument,  les  théoriciens  de  l’époque 
alexandrine  finissante  et  peut-être  aussi  quelques  fac¬ 
teurs  de  lyres  intercalèrent  dans  le  grand  système,  à 
partir  de  la  mèse  et  à  titre  de  quatrième  tétracorde,  le 
tétracorde  des  conjointes  (<ruvY]gui£V(üv),  la-ré.  Cette  com¬ 
binaison,  qui  portait  à  dix-huit  le  nombre  des  cordes  de 
la  lyre,  est  vivement  critiquée  par  Ptolémée,  mais  n’en 
fut  pas  moins  adoptée  ;  elle  est  consacrée  par  les  tables 
d’Alypius.  Toutefois,  comme  dans  les  genres  d’accord 
usuels  la  seule  note  utile  du  tétracorde  des  conjointes 
était  le  si  bémol,  il  est  probable  que  dans  la  pratique  on  se 
contenta  d’insérer  cette  seizième  corde  sur  la  cithare  entre 
la  mèse  et  la  paramèse,  ce  qui  avait  en  outre  l’avantage 
de  constituer,  sur  un  clavier  diatonique,  un  tétracorde 
chromatique  ( la-si  bémol-si-ré). 

Les  lyres  primitives  de.  sept,  huit  etmême  neuf  cordes, 
ne  Peraiettaient  d’exécuter  que  des  airs  écrits  dans  un 
sud  mode  déterminé  ;  voulait-on  changer  de  mode,  il  fal- 
ait  modifier  1  accord  de  l’instrument,  ou  employer, 
l  lllü[  "  1  hhagore  de  Zacynthç,  trois  cithares  accouplées, 

. .  '  déférents,  montées  sur  une  base  commune  que 

. .  disait  pivoter  à  l’aide  du  pied2.  Avec  les 

■nii^i  ;  >  perfectionnées  de  douze  à  quinze  cordes  il  en  était 

J' *  car  sur  un  clavier  de  ce  genre  on  peut  dé- 

dui!  i  /  '  des  tranches  de  huit  cordes  repro- 

(0||s  il'  1  *  bU,,eessions  d’intervalles  caractéristiques  de 
dYxir  S|IU0^°S  '^e  mpme  instrument  permettait  donc 
(lies  rl U  U,deS  m(^°d*es  entières  ou  des  parties  de  mélo- 
née  la  c,"^  CSmo(^es  *es  plus  variés.  Toutefois,  étant  don- 
Pàt  se'  uction  du  clavier,  le  seul  mode  où  un  chant 
''(  'ipper  dans  toute  l’étendue  de  deux  octaves 


1  Ps-' Arist.  p,.. 


fUrl"»onap  Ath'xov  V  "  T''C°  Sm5TD'  P'59H- 

S45  Weslnhàl ,  ’  637  B'F-  -  3  Ps-  Al'*sL  Prob.  XIX,  48;  cf.  Proclus,  Chres 
'S  IV  Porph.,  »,  ~  4pl01'  Harm-  b  !  H,  16.-8  Anon.  Bellerm 

orreurévi(lcn(e  l‘é0|  •  7  '  °nne  'a  n"'nK'  nomenclature,  mais  en  substituant  par  une 

Abp>us.  etc,  que,riue|  au  bd'cu  (ré).  —  G  Nous  admettons  avec  Aristoxène, 

cordes  (le  mod  ,t'"e.SoB  )c  ^0I>  do  la  cithare,  les  intervalles  successifs  de  ses 
"’onterou  baisser  toute  "na,'a^'e!  P°ur  changer  le  ton  del’inslrument,  il  faut  donc 

y  Ses  cordes  d  nn  môme  intervalle.  Dans  la  méthode  de  Ptolémée 


■  2  Sur  ce  trépied  citharique 


(parcours  maximum  d'une  mélodie  antique)  était  le  mode 
hypodorien  ou  éolien,  suivant  lequel  étaient  réglées  une 
fois  pour  toutes  les  deux  octaves  du  pentëdécacorde  ;  aussi 
ce  mode  était-il  le  mode  citharodique  par  excellence  \ 
Au  temps  de  Ptolémée,  la  citharodie  l’employait  soit  dans 
le  genre  diatonique  (airs  dits  rptrat),  soit  dans  le  genre 
mi-diatonique,  mi-chromatique  (xpibroi,  Tpomxi).  Les 
autres  modes  usités  de  son  temps  sur  la  cithare  étaient 
le  phrygien  (Ù7répTf07tx),  le  dorien  (irapuTràTat),  1  liypo- 
phrygien  (tourna,  îasTtatoXiafa)  et  probablement  le  lydien 
(Xdota),  toujours  selon  le  genre  diatonique.  La  lyre,  outre 
les  deux  variétés  hypodoriennes,  n’admettait  que  le 
phrygien  h  Quant  aux  tons,  c’est-à-dire  à  la  hauteur 
absolue  d’intonation  du  système  des  quinze  cordes  éche¬ 
lonnées  selon  les  intervalles  du  mode  hypodorien,  un  texte 
d’époque  romaine  nous  apprend  que  les  citharèdes  n’en 
pratiquaient  que  quatre  :  hyperiastien  (transcrit  conven- 
lionnellementpar  mi  mineur),  lydien  (ré mineur),  hypo- 
lydien  (la  mineur),  iastien  (si  mineur)  h  Précédemment 
d’autres  tons  avaient  été  admis  dans  la  citharodie  :  le 
premier  hymne  delphique  à  Apollon  est  noté  dans  le  ton 
phrygien  (ut  mineur).  En  tenant  compte  de  l’erreur  cer¬ 
taine  d’une  tierce  mineure  en  trop  que  comporte  le  sys¬ 
tème  de  transcription  conventionnel  des  notes  antiques, 
on  voit  qu’à  l’époque  romaine  les  citharés  les  plus  graves 
(hypolydiennes)  embrassaient  la  double  octave  : 


et  les  plus  aiguës  (hyperiastiennes)  la  double  octave  6  : 

- 

Les  cithares  à  seize  cordes,  pourvues  de  la  tri  té  des  con¬ 
jointes,  permettaient  d’ailleurs,  dans  une  certaine  mesure, 
les  modulations  tonales  aussi  bien  que  les  modulations 
modales.  Du  ton  lydien  on  pouvait,  sans  changer  l’accord, 
moduler  à  l’hypolydien,  de  l’iastien  à  l’hyperiastien. 

Aucun  texte  ne  nous  renseigne  expressément  sur  la 
question  suivante  :  l’instrument  étant  debout,  de  face 
(nous  entendons  par  là  la  face  plane  ou  concave,  sur 
laquelle  pose  le  chevalet),  les  grosses  cordes  (notes  graves) 
étaient-elles  à  droite  ou  à  gauche  de  l’exécutant?  Une  épi- 
gramme  célèbre  d’Agathias  semble  indiquer  qu’elles 
étaient  à  droite1,  contrairement  à  l’usage  qui  a  prévalu 
dans  la  construction  des  pianos  modernes,  mais  en  con¬ 
formité  avec  l’habitude  des  anciens  de  placer  le  chant  au 
grave . 

Les  cordes  de  la  lyre  ou  de  la  cithare,  ou,  pour  parler 
plus  exactement,  les  parties  vibrantes  des  cordes,  sont 
toutes  d’égale  longueur  sur  un  même  instrument.  Les  dif¬ 
férences  de  son  ne  peuvent  donc  être  obtenues  que  par  des 


au  contraire,  la  «  tessiture  »  de  la  cithare  reste  invariable  et  le  changement  de  ton 
s'opère  simplement  par  la  bémolisalion  do  certaines  cordes;  il  entraîne  donc  une 
modification  des  intervalles,  c'est-à-dire  un  changement  de  mode.  Ce  procédé  dû  être 
pratiqué  réellement  à  l’époque  ancienne  et  mémo  à  l’époque  alexandrine  ou  romaine 
sur  les  lyres  d'un  clavier  restreint  ;  nous  ne  croyons  pas  qu'il  l'ait  été  sur  les  instru¬ 
ments  de  concert  à  quinze  cordes,  car  les  tons  obtenus  par  Ptolémée  (correspondant 
aûx  sept  modes)  no  coïncident  pas  avec  les  tons  usuels  de  l'Anonyme.  —  7  Anth.  Pal. 
XI,  68  ;  8tEnt?Y|v  iiuix^v  oitfa  itAVjxTfoiai  $ov>1ir(t;  |  ^  X a i i-,  TCàXXtToti  a-:xo|i4M>s. 

182 


i 


LYR 


1-446  — 


inégalités  d'épaisseur,  de  densité  ou  de  tension  des  cordes. 
Kn  ce  qui  concerne  l’épaisseur,  les  acousticens  anciens 
avaient  parfaitement  reconnu  que  plus  la  corde  est  grosse, 
plus  le  son  qu'elle  émet  est  grave  et  certains  textes  per¬ 
mettent  de  croire  (comme  le  l»on  sens  suffit  à  l'indiquer) 
qu'ils  avaient  tenu  compte  de  cette  observation  pour  l’as¬ 
sortiment  des  cordes  de  la  lyre2  ;  mais  ils  n’entrent  ce 
sujet  dans  aucun  détail,  elles  représentations  figurées  sont 
trop  sommaires  pour  autoriser  aucune  conclusion. 

Quant  à  la  densité,  Ptolémée  déclare  et  son  commen¬ 
tateur  repèle  que  plus  la  corde  est  dense  (ituxvoTspot),  plus 
le  son  est  aigu.  La  formule  mathématique  du  nombre  des 
vibrations  par  seconde 

n=  — v/.vP~ 

montre  au  contraire  que  la  vitesse  vibratoire  n  (donc 
l’acuité  du  son)  est  inversement  proportionnelle  à  la  racine 
carrée  de  la  densité  d.  Une  erreur  d'observation  aussi  gros¬ 
sière  n’aurait  pas  été  possible  si  les  anciens  avaient  réel¬ 
lement  essayé  de  mesurer  les  densités  relatives  des  boyaux 
ou  nerfs  employés  à  la  fabrication  de  leurs  instruments 
ou  même  de  profiter  de  cet  élément  dans  l’appareillage  des 
cordes.  Nous  pouvons  donc  en  faire  abstraction. 

Enfin  la  tension  était  réglée  à  l’aide  des  xdXXorcsç  dont  il 

a  déjà  été  question. 
Rappelons  seule¬ 
ment  ici  que  les 
anciens  commen¬ 
çaient  par  donner  à 
la  corde  médiane 
(mèse)  l’intonation 
voulue 3 ,  soit  d’après 
l’oreille,  soit  d’après 
un  autre  instru¬ 
ment  déjà  réglé (fig. 


LYR 


479 


2)‘ 


et  accor¬ 
daient  ensuite  les 
autres  cordes  d’a¬ 
près  celle-ci,  probablement  par  le  procédé  des  chaînes  de 
quintes,  encore  aujourd'hui  usité  par  les  accordeurs. 

En  dehors  des  éléments  essentiels  que  nous  venons  de 
décrire  (cadre  solide,  cordes,  appareil  tenseur),  la  lyre 
ou  cithare  comportait  un  jeu  d’accessoires  plus  ou  moins 
indispensables  dont  voici  le  dénombrement  : 

1°  Le  plectre  (nXTjxTpov,  pecten,  pulsabu- 
lum )  était  1'  «  archet  »  de  la  lyre,  et  sa  fabri¬ 
cation  était  assez  importante  pour  employer 
des  artisans  spéciaux  (7rXr,xTpoirotoi).  C’est  un 
«  aiguillon»  en  matière  dure  (bois5,  corne 6, 
ivoire7,  métal8,  pierre  précieuse),  dont  l’u¬ 
sage  était  déjà  connu  des  Égyptiens,  et 
dont  on  attribuait  l’invention  à  Hermès9 
ou  à  Sappho  ,0.  Il  est  souvent  représenté  sur 
les  monuments.  Les  formes  en  sont  très 
variées,  depuis  le  bâtonnet  pisciforme  que 
lient  l'Apollon  de  Naples  (fig.  4723) 11 ,  jusqu’à  l'objet  pé- 
taliforme  en  émeraude  que  nous  reproduisons  (fig.  4724), 

1  Ptol.  ffarm.  1, 3,  etc.  —  2  Ps.  Porph.  p.  216  suiv.  Il  oppose  l'appareillage  de  la  lyre 
à  celui  du  Irigone  (harpe)où  les  cordes  sont  Way/d;.  -3DioChrys.LXVIll,p.  234  Dind. 

*  Pcinfurcde  Pompci,  Hclbig,n°  1442  (Mus.  Borb.  1.  30)  déjà  reproduite  plus  haut, 
lig.  1568.  Helbig  avertit  que  le  dessin  delà  lyre  est  inexact. —  5  Corp.  inscr.  (itt.  II, 
652,  29  (Boeckh- Frankel,  Staatsh.  II,  236):  tyx tSuTtu  Vjçtov  txesàv tivov  rat  oov... 
vov  ç  j/.tvov.  Boeckh  supplée  tiHiçyupwpicjvoy.  —  6  Plat.  Ley.  VII,  p.  795  A  (lv  vtoaztvots 
xXqzrpotç). —  1  Tibull.  III,  4,  37; cf.  les  candidaplectra  de  Martial,  XIV,  167. —  üRymn. 
adApoll.  Pyth.  7;Eur.  Herc.  351.  -9Apo!lod.  III,  10,  2.— 10  Suid.  v.Lançw  (confusion 


Fig.  4723.  -  Le 
plectre. 


d'après  un  spécimen  réel12.  Mais  dans 
le  plectre  se  termine  par  une  dent  ou'  un  cr”"  ^  Cas 


ochet 


par- 


Fig  4724.  —  Plectr 


c  orné. 


t0'\S “r„!eS  *«*  faces-  de  man'«re  à  ressembler  4 
an  1  (fig.  472o)  ou  à  une  flèche  (suprà  fig 

emploi,  tout  différent  de  celui  de  l’archet’  se  rapproche 
de  celui  des  «  ongles  »  ou  «  griffes 


380).  Son 
rapproche 
»  en  écaille  dont  se 


Plectre  en  T. 


Jt5lvw  "  "  51 

servent  les  joueurs  de  mandoline  ; 
il  frappe  (itX-qfffftn,  d’où  TrXrjXxpov)  la 
corde,  il  ne  la  caresse  pas.  Le 
plectre  était  ordinairement  atta¬ 
ché  au  bas  de  l’instrument  par  un 
long  cordonnet  fixé  par  un  clou 
ou  cousu 14  ;  on  ne  le  détachait  pas 
pour  s’en  servir  (suprà,  fig.  2399 
et  4720). 

2°  Un  baudrier  ( balteus ,  proba¬ 
blement  TsXoquâv),  parfois  riche¬ 
ment  orné15,  embrassait  la  cithare 
et  était  fixé  par  une  extrémité  à  un 
bouton  placé  à  l’avant  de  l’instru¬ 
ment.  L’exécutant  engageait  son  poignet  gauche  dans 
l’autre  extrémité  du  baudrier  fortement  tendu,  de  ma¬ 
nière  à  maintenir  l’instrument  dans  une  position  verti¬ 
cale  pendant  le  jeu,  tout  en  disposant  de  ses  deux  mains 
(suprà,  fig.  377  = 

2364).  Plus  rarement, 
comme  dans  l’Apollon 
Musagète,  le  baudrier 
est  passé  autour  de  la 
poitrine  ou  de  l’épaule 
gauche.  Il  peut  servir 
aussi  à  suspendre  l’ins¬ 
trument  à  un  clou. 

3°  On  voit  souvent 
pendre  au  bas  de  l’ins¬ 
trument  des  citharèdes 
une  couverture  brodée 
ou  en  peau  de  panthère. 

Elle  servait,  non  d’étui 
à  la  lyre,  ses  dimensions 

paraissent  s’y  opposer,  , 

mais  simplement  d’enveloppe  protectrice  poui  1 1,1 1,1  jc 

la  partie  la  plus  délicate  de  1  instrument,  PeiKan  . 
repos16  (fig.  4726).  Les  lacets  qu’on  voit  pendre  a  ir 
de  la  lyre  et  qui  semblent  fixés  au  bouton  t  a 

i  if  07  8)  —  tâAvch’ 

avec  la  «„«*  ?).  -  «  Monument i,  VIII,  13,  etc.  (Clarac-Rc.nach  .  F  __  UHc- 
Zeit.  1850,  pl.  xvm.  -  13 Mus.  Borb.  X,  54  =  Arch.  Zeü..  -P^ Apul. 
ronclas  V,  51  :  àxVoUToç  où 5  av  icÀiJxïpov  e;  Xûç>iv  £*Tat*  ou  bien  plu^ 

Flor.  11,15. — 16  L'étui  de  la  lyre  (comme  de  lare)  sappeai  e 

TP 
scène 


“  III,  U.  U®11®  '* 

tlutjov  (Hesycl).  Etym.  m.)  Notre  fig.esl  empruntée  aux  une»u6«i«^ 

d'école  (fig.  2599), l’étui  moucheté  suspendu  au  mur  para.  bon  exem- 

renfermant  une  paire  de  (lûtes  dont  une  à  extrémité  rccou  vaut,  pl-  *,vl* 

pie  de  la  couverture  des  cordes  se  voit  dans  De  Luvnes,  ex 


LYR 


—  1447  — 


LYR 


■  icut  /(708  4726),  servaient  peut-être  à  lier  cette 

baudrier  (ng-  *  ’  7 

Lerlure  sur  les  cordes. 

r  On  peut  encore  ranger  parmi  les  accessoires  cle  la 

‘  h  p(, rche,  terminée  par  un  support,  où  l’on  voit  un 
'iMriste  ambulant  accrocher  son  instrument,  pour  le 
Sansporter  en  voyage  ( suprà ,  fig.  1507). 

puis  le  jeu  de  la  lyre  ou  de  la  cithare,  l'exécutant 
|.,jj  ,ssis  debout  ou  même  en  marche,  l’instrument  à 
eu  près  dans  l’axe  du  corps,  la  tranche  en  avant,  la  face 
Ime  ou  concave  à  droite.  Assis,  il  posait  ordinairement 
{'instrument sur  ses  genoux,  légèrement  incliné  en  avant  ; 
la  main  droite  tenait  le  plectre  retenu  par  son  cordon,  le 
poignet  gauche  était  engagé  dans  le  baudrier,  l’un  des 
pieds  battait  la  mesure  *.  S’il  avait  à  chanter  en  s’accom¬ 
pagnant,  il  pouvait  poser  sur  ses  genoux  le  diptyque 
contenant  les  paroles,  comme  on  le  voi  t  dans  la  figure  4720. 
Dans  l’attitude  debout,  l’instrument  était  au  contraire 
faiblement  incliné  en  arrière,  de  manière  que  la  tranche 
postérieure  s’appuyât  sur  la  poitrine  de  l’exécutant.  Le 
jeu  de  la  lyre  était  désigné  par  le  terme  générique  xpotktv  ; 
le  jeu  à  l’aide  du  plectre  s’appelait  plus  spécialement  71X1)5- 
5E!v,  xpéxstv ;  on  réservait  ijxxXXetv2  pour  l’emploi  direct 
des  doigts.  Dans  la  cilharodie  proprement  dite,  tant  que 
le  cithare  Je  chantait,  il  s’accompagnait  de  la  main  gauche 
seulement,  en  pinçant  directement  les  cordes  :  c’est  ce  que 
les  Romains  appelaient  intus  canere3,  sans  doute  parce 
que  l’artiste  se  plaçait  ou  disposait  l’instrument  de  telle 
sorte  que  le  jeu  de  la  main  gauche  fût  masqué  par  la 
cithare  aux  regards  du  public  ;  cet  accompagnement 
(xoouatç),  quoique  réduit  à  une  seule  partie  et  ordinaire¬ 
ment  improvisé,  pouvait  avoir  une  réelle  importance 
mélodique  et  constituer  une  sorte  de  contre-chant  *. 
Pendant  ce  temps  la  main  droite  armée  du  plectre  se  tenait 


Fig.  472,.  _  Citharède  et  lyriste. 

la. voix^e  t'  ^  insLrument>  prête  à  l’attaque5.  I 
iforis  canere ^  plectre  entrait  à  son  tour  en 
instrumental  !’P°Ur  exacuter  un  intermède  pu 
Pavait  son  En  Pareil  cas  la  main 

nu  pot  des  notes  pincées  le  chant  de 
1  '  lilos|r.  rti-ij  1 

’  /'!K  P-  209  R  ’ .  .  2  ^es  ^cult  termes  sont  bien  opposés 

b  20,  53.  _  4  p,a**‘ ' +iiXai  *«'*  Xfoôt.v  -rS  ^xt9v.  -  3  p9.  As 

Z  «or.iljft8’  VH-  P-812-  -  5  Philoslr.  maj.  L.  c. 

UX,  12;  pi  |  ’  Nombreuses  représentations  figurées.  —  G 
yZ  IX'9;  Conj.praee.  U.  _  7  Po,l.  1V, 
fu-J“Lap.  Alh.  1V,  183  D  :  /eïÇK  S(>a  ^XT( 


droite.  Dans  le  solo  de  cithare  ('jaX'q  xiôoîpifftç),  cette  asso¬ 
ciation  des  deux  mains  était  la  règle  :  le  chant,  tou¬ 
jours  au  grave,  revenait  nécessairement  à  la  main  droite, 
à  1  attaque  énergique  du  plectre  °.  Toutefois  certains 
virtuoses,  dédaignant  l’usage  du  plectre,  exécutaient  les 
deux  parties  avec  les  seuls  doigts  fon  attribuait  l’hon¬ 
neur  de  cette  innovation  à  Epigonos  d’Ambracie  '),  par¬ 
fois  même  avec  les  doigts.de  la  main  gauche  seule  :  ainsi 
procédaient  les  citharèdes  d’Aspendos  dont  le  nom  était 
passé  en  proverbe8.  Le  nom  de  oaxxuXtxdv,  donné  à  l’ins¬ 
trument  des  psilo-citharistes,  semble  indiquer  que  ces 
artistes  faisaient  rarement  usage  du  plectre.  La  sonorité 
de  l’instrument  lui-même,  quelquefois  appelé  7ruôixôv  °, 
aussi  bien  que  la  manière  de  s’en  servir,  paraissent  avoir 
reçu  de  Lysandre  de  Sicyone  d’importants  perfectionne¬ 
ments,  dont  la  nature  n’est  pas  bien  connue  10.  La 
lyre,  dans  les  derniers  temps  de  l’antiquité,  se  jouait, 
semble-t-il,  d’ordinaire  sans  plectre  :  sur  des  peintures 
tardives  le  citharède  armé  du  plectre  parait  s’opposer  au 
lyrode  qui  pince  les  cordes  avec  les  doigts  (fig.  4727)  11 . 

En  ce  qui  touche  le  doigté  de  la  cithare,  nous  ne  pos¬ 
sédons  à  vrai  dire  aucun  renseignement,  si  ce  n’est  que 
le  pouce  y  jouait  un  rôle  12  ;  l’index  devait  être  fréquem¬ 
ment  employé  (fig.  .377,  suprà).  Nous  sommes  -porté  à 
croire  qu’en  principe  on  employait  deux  doigts  pour 
pincer  la  corde.  Les  systèmes  construits  par  les  modernes 
reposent  tout  entiers  sur  l’interprétation,  probablement 
erronée,  du  nom  de  la  troisième  corde  de  l’heptacorde 
(Xiyavôç=  index),  dont  Nicomaque  avait  déjà  tiré  une  con¬ 
clusion  toute  différente  et  non  moins  arbitraire13.  Nous 
n’insisterons  pas  davantage  sur  les  artifices  pratiqués  dans 
le  jeu  de  la  cithare,  tels  que  l’sTrutaXgôç,  le  5uftYp.ô^,  les 
vtyXâpot,  etc.  ;  la  plupart  ne  sont  connus  que  de  nom1*. 

Tout  ce  qui  concerne  le  rôle  social,  l’aspect  exté¬ 
rieur,  etc.,  des  joueurs  de  lyre  et  de  cithare  a  été  suffi¬ 
samment  exposé  aux  articles  cituarista  et  cituaroedüs. 
Quanta  l’histoire  de  la  pratique  de  ces  instruments,  c’est 
un  sujet  qui  se  confond  presque  avec  l’histoire  de  la 
musique  antique  et  qui  dépasse  les  cadres  de  cet  ouvrage. 
Contentons-nous  de  rappeler  l’immense  et  durable  faveur 
dont  ils  ont  joui  pendant  au  moins  douze  siècles,  et  cela 
malgré  leur  sonorité  très  limitée,  à  la  fois  en  étendue  et 
en  intensité.  Si  les  anciens,  en  effet,  vantent  le  timbre 
grave  et  viril  de  ces  instruments,  surtout  de  la  lyre  ls,  ils 
ne  pouvaient  se  dissimuler  la  sécheresse  de  leurs  sons, 
qui,  à  la  différence  de  ceux  des  instruments  à  vent,  ne 
sont  pas  suceptibles  d’être  tenus  et  qui,  en  conséquence, 
se  mêlent  très  imparfaitement  aux  sons  de  la  voix 
humaine16.  Néanmoins  la  lyre  et  la  cithare,  intimement 
liées  à  la  religion  apollinique,  conservèrent  un  rôle  pré¬ 
pondérant  jusqu’à  la  fin  de  l’antiquité  dans  la  musique 
religieuse  aussi  bien  que  dans  la  musique  profane  et 
les  concours  publics.  A  Athènes,  le  maniement  élémen¬ 
taire  de  la  lyre  formait  un  article  obligatoire  de  l’ensei¬ 
gnement  libéral,  et  les  philosophes,  si  sévères  pour  la 
flûte  et  les  instruments  multicordes,  donnent  à  la  lyre 
droit  de  cité  dans  leurs  constitutions  idéales.  A  Alexandrie 
tout  le  monde  était  plus  oumoins  citharède11,  et  il  en  était 

—  8  ps.  Ascon.  L.  c.  ;  Zcnob.  II,  30.  —  9  Poil.  IV,  60.  —  10  Philoch.  ap 
Alh.  XIV,  637  F. —  il  Helbig,  Wundgemühle  CampanienS ,  pl.  xvm.  Il  est  vrai  que 
l’artiste  debout  pince  les  cordes  de  la  main  gauche  :  il  peut  donc  «Ire  en  train  de  chan¬ 
ter.-  12  Ovid:  Amor.  II,  4,  27.  — 13  Ench.  p.  22Meib.  —  HPtol.  Il,  12  ;  Philoch.  ap. 
Ath.  XIV  637  F  ;  Pherecrat.  ap.  Plut.  De  mus.  30.  Et  en  général  Gevaert,  II,  268.  — 
15  Ar.  Quint.  II,  p.  101  Meib.  —  10  Ps.  Arist.  Prob.  XIX,  43.  —  17  Ath.  IV,  p.  176  E 


LYR 


—  1448  — 


LYR 


à  peu  près  de  mèmeà  Home  depuis  a  fin  de  la  République  : 
l’exemple,  on  le  sait,  partait  de  haut.  Jusqu'à  la  dernière 
heure  la  citharodie  reste  en  quelque  sorte  caractéristique 
de  la  civilisation  gréco-romaine:  le  dernier  cithnrède  que 
nous  connaissions  est  envoyé  par  Théodoric  à  la  cour  du 
roi  Clovis1  ;  ensuite  la  harpe  barbare  l’emporte  définiti¬ 
vement  sur  la  lyre  hellénique. 

Le  répertoire  de  la  lyre  et  de  la  cithare  se  subdivise  en 
deux  grandes  classes,  suivant  que  l’instrument  est 
employé  conjointement  avec  la  voix  ou  séparément.  Dans 
le  premier  cas  on  parle  de  xtOapwoîa,  plus  rarement 
Xuptooia.  Le  citharède,  comme  le  pianiste  moderne,  est 
presque  toujours  à  la  fois  compositeur  et  exécutant; 
nous  avons  déjà  dit  que  la  partie  instrumentale  était 
souvent  improvisée.  Le  répertoire  citharodique  est  très 
varié  :  il  comprend,  pour  les  solistes,  les  chansons  d’amour 
et  de  table,  les  monodies  tragiques  (Sophocle  dans  le 
Thamyris  chanta  lui-même  en  s’accompagnant  de  la 
cithare),  des  hymnes  et  péans  de  toute  espèce,  mais  par¬ 
dessus  tout  le  grand  air  de  concert,  sur  un  sujet 
religieux,  connu  sous  le  nom  de  vo'ptoç  [nomos].  Le  nome 
citharodique  constituait  la  pièce  de  résistance  du  concours 
des  citharèdes,  qui,  à  son  tour,  forma  toujours  le 
«  numéro  »  principal  des  agones  musicaux  (Pythies, 
Carnées,  Panathénées,  Sotéries,  etc.).  L’origine  s’en 
rattache  au  sanctuaire  de  Delphes  et  au  nom  de  Chryso- 
thémis;  l’école  des  citharèdes  de  Lesbos  (Terpandre, 
Cépion,  Péricleitos)  brilla  d’un  vif  éclat  au  vne  et  au 
vie  siècle.  A  son  style  sévère  succéda  au  vc  siècle  le  style 
passionné  et  varié  de  Phrynis  et  de  Timothée;  la  déca¬ 
dence  commence  avec  Polyidos  (ive  siècle),  pour  se  pro¬ 
longer  jusqu'à  Mésomède  (ne  siècle  ap.  J.-C.).  De  cette 
immense  production  nous  n’avons  conservé  qu’un 
spécimen  d’époque  alexandrine  ( Prélude  à  la  Muse )  et 
deux  hymnes  de  Mésomède;  on  peut  y  ajouter  les  deux 
hymnes  ou  péans  delphiques  à  Apollon,  dont  le  véritable 
caractère  (monodie  ou  chœur)  est  cependant  discuté.  On 
peut  d'ailleurs  ranger  dans  la  citharodie  lato  sensu  toute 
la  chorale  lyrique  (■»)  Xdpa)du  vic  et  du  vc  siècle  (hymnes, 
péans,  prosodies,  épinicies,  hyporchèmes,  etc.),  où  l’ac¬ 
compagnement  instrumental  était  très  souvent  confié  à  la 
lyre  ou  cithare,  associée  ou  non  à  la  flûte. 

Le  solo  purement  instrumental  s’appelle -j/iXr,  xt&ipttfiç; 
on  en  faisait  remonter  l’origine  soit  à  Thamyris,  soit  à 
Aristonic  d’Argos,  contemporain  d'Archiloque  ;  en  558  ce 
genre  fut  admis  au  concours  pythique  ;  on  le  rencontre 
ensuite  dans  de  nombreux  concours,  mais  honoré  par 
des  récompenses  moindres  que  la  citharodie.  Les  procédés 
en  furent  perfectionnés  par  Lysandre  de  Sicyone  (époque 
inconnue)  et  par  l’Athénien  Stratonicos  (ivc  siècle).  On 
attribuait  à  Lysandre  l’invention  de  la  choro-citharis- 
tique  où  un  chœur  est  associé  au  solo  de  cithare,  qui 
reste  l’élément  principal.  La  cithare  s  employait  aussi  en 
duo  avec  la  flûte  (’évauXo;  xtOapiut;,  inaugurée  par  Epigonos 
d’Ambracie)  et  dans  les  orchestres  nombreux  et  variés  de 
l’époque  alexandrine  et  romaine. 

Nous  rattacherons  à  cette  étude  de  la  lyre-ciLhare 
quelques  notions  sommaires  sur  les  autres  instruments  à 
cordes  connus  des  Grecs  et  des  Romains.  Presque  tous  sont 

1  Cassiodor.  Variar.  II,  40.  —  2  Aristot.  Polit.  V  (VIII),  6.  —  3  Juv. 
III,  63.  —  4  Macrob.  Sat.  III,  14,  7.  —  &  Alhen.  IV  et  XIV,  passim  ; 
Poli.  IV,  59.  —  6  Ce  mot  n’apparait  qu’à  l’époque  des  invasions  barbares 


d'origine  orientale  et  n’ont  jamais  réussi  à  «’•  y 
complètement  chez  les  peuples  classiques Pw-mli 
"sn'onl  jouiqued'unc  vogue  limitée  et 

tlt-e  530  et  430  „.  J.-C.,  puis  de  nouveau  à  Æ 

Ov  ■»  r»  1 1  «i  i  n  A  Ai»  ♦  atvi  n  ^  X  1 


US 

en 


alexandrine.  Au  temps  où  le  sentiment  natioJW 
son  plein  en  Grèce,  au  siècle  de  Périclès  et  de  ‘ 


thème,  ils  furent  proscrits;  les  philosophes  en  signT' 
le  caractère  voluptueux,  sensuel,  dangereux  pour  i 
mœurs2.  A  Rome  aussi  les  chordae  obliquae  étaient  mî 
notées3;  déjà  Scipion  Émilien  s’élevait  contre  les enfini 
nobles  qui  allaient  à  l’école  cum  cinaedulis  et  samb  * 
psalterioque *.  Sous  l’Empire,  l’usage,  pourtant  as  sel 
répandu,  de  ces  instruments  était  à  peu  près  abandonné 
aux  femmes  légères  qui  les  faisaient  entendre  pendant 
les  repas.  Ils  sont  fréquemment  représentés  sur  les  sarco¬ 
phages,  et  les  grammairiens  nous  en  ont  laissé  des  nomen¬ 
clatures  assez  longues5;  mais  leurs  descriptions  sont 
peu  précises,  et,  comme  dans  l’histoire  de  l’instrumen¬ 
tation  moderne,  le  même  instrument  paraît  avoir  été  sou¬ 
vent  désigné,  à  diverses  époques,  sous  des  noms  diffé¬ 
rents.  Aussi  la  grande  majorité  des  noms  transmis  ne 
peut-elle  être  sérieusement  identifiée,  et  les  commenta¬ 
teurs  alexandrins  eux-mêmes  en  étaient  réduits  à  des 
conjectures,  parfois  très  mal¬ 
heureuses. 

On  peut  distinguer  deux 
grandes  classes  :  1°  famille  de 
la  harpe;  2°  famille  du  luth. 

Famille  de  la  harpe6.  —  Ces 
instruments  ont,  comme  la  lyre 
et  la  cithare,  leurs  cordes  mon¬ 
tées  à  vide  et,  par  conséquent, 
chaque  corde,  en  principe,  ne 
donne  qu’un  son.  Mais  ils  en 
diffèrent  en  ce  que  les  cordes, 
ordinairement  nombreuses , 
sont  de  longueur  inégale  (les  plus  graves  les  plus  longues 
et  de  grosseur  égale7.  De  là  vient  que  l’instrument  foui 

âi_ZLn 

■feà  * \  i^i/l  1 1 


fol lâbLt/ j£j 


Fig.  4729.  —  Lyre,  cithare  et  harpe. 


plus  ou  moins  la  forme  d’un  triangle-  0“ 
ne  cependant,  semble-t-il,  sous  e  n 
ou  rptywvov  qu’une  variété  de  cette  c  a^'  ’  . 

it  la  petite  harpe  triangulaire  si  s0,lVt"  ^ras 
ir  les  reliefs  romains8,  et  qui  se  U mai  ‘  J 
u  posée  sur  les  genoux.  Le  mon  an 
■r.  et  -,ui  s'élargit  vers  *.***£.» 
vertical;  la  base  est  une  simp 


r.  O  nls.  \ 


LYR 


1449  — 


LYR 


t  dues  obliquement  entre  ces  deux  sup- 
cordus  9°nt^is  longue  forme  ordinairement  le  troisième 

ports! el  |U  '*  !i'(1  :  quelquefois  pourtant  il  y  a  un  troisième 

lôlé  dl!  ''vide  qui  complète  le  cadre  (fig.  4728)  Cet  ins- 
sUPP°'  ' '  pi.é  connu  des  Grecs  dès  le  Ve  siècle  (fig.  4729) 2  ; 

I  lru«ie"1  f  .huaient  une  origine  phrygienne,  syrienne 
lls  U‘.  '  >\  ou  égyptienne  3.  A  Rome,  il  fut  mis  à  la 
hC»n  « riaf"  Alexandre  d'Alexandrie  *. 
\uLibvque{< ragêéxYi»,  plus  anciennement  iagêû^6) 
I  *t  avoir  légèrement  différé  du  trigone  par  sa  forme 
p!ir:U  !  nar  son  maniement.  En  effet,  la  machine  de 
61  ^  guerre  du  meme 

nom  est  définie 
«  une  grande 
échelle  portée  sur 
une  base  en  forme 
de  barque  1  »  ; 
cette  définition  pa¬ 
raît  convenir  à  la 
harpe  égyptienne 
en  forme  de  crois¬ 
sant,  dont  l’arc  s’é¬ 
largit  et  s’épaissit 
vers  le  bas  pour 
former  résonateur. 
En  Égypte  l’instru¬ 
ment, souventaussi 
hautqu’un  homme, 
était  posé  à  terre, 
les  cordes  verticales  ;  il  est  difficile  d’attribuer  ces  dimen¬ 
sions  à  la  sambyque  grecque,  s’il  est  vrai  que  le  diapason 
en  était  aigu,  efféminé  8.  La  sambyque  est  citée  par 
Aristote9  parmi  les  instruments  jadis  en  faveur  (Eupho- 
rion  assurait  qu’une  statue  archaïque  de  Muse  à  Mity- 
lène,  œuvre  de  Lesbothémis,  était  représentée  tenant 
une  sambyque)10,  et  qu’un  goût  plus  épuré  avait  fait  re¬ 
jeter;  mais  elle  reparut  à  Athènes  peu  après  Aristote11 
et  fut  très  appréciée  à  Rome12.  On  peut,  si  l’on  veut, 
appeler  sambyque  l’instrument  à  sept  cordes  que  tient 
la  femme  représentée  sur  notre  figure  4730 13  ;  il  semble 
renversé. 

Trigones  et  sambyques  se  touchaient  directement  avec 
les  doigts  (^àXAs iv)  sans  l’intermédiaire  d’un  plectre  ;  de 


Fi".  4730.  —  Sambyque. 


là  le  terme  IxÀrriptov,  qui  parait  avoir  désigné  d  une  ma¬ 
nière  générale  les  harpes  pincées,  notamment  les  tri¬ 
gones  u,  et  non  une  variété  particulière,  quoique  certains 
textes  aient  été  interprétés  dans  ce  sens1’. 

On  peut  ranger  encore  dans  cette  catégorie  le 
zoÀé^ûoyyov,  dont  le  timbre  aurait  eu  une  «  virilité  » 
intermédiaire  entre  ceux  de  la  lyre  et  de  la  sambyque 
et  le  vàêAa;  phénicien  à  douze  cordes  où  l’artiste  «  pro¬ 
menait  »  ses  deux  mains”;  mais  la  xivupa  hébraïque  à 
dix  cordes  comportait  l’emploi  d’un  plectre”.  Quant  au 
ffigtxtov  à  trente-cinq  cordes  et  à  riTuyoveiov  (invention 
d’Epigonos  d’Ambracie)  qui  en  avait  quarante  1  ’,  ils  ont 
dû,  au  moins  à  l’origine,  avoir  une  disposition  horizon¬ 
tale  comme  celle  de  la  zither  viennoise  2". 

On  range  encore  souvent  dans  la  classe  des  harpes  trois 
instruments  archaïques  au  sujet  desquels  les  Alexandrins 
eux-mêmes  étaient  déjà  mal  informés  :  la  (ou  le)  p.âyaStç, 
la  irxjXTiç  et  le  pxpêtxoç  (variantes  :  jîxpSiTov,  pipomoî, 
pxppoç)21. 

La  magadis  et  la  pectis  étaient  identifiées  par  certains 
critiques22  et,  de  fait,  les  rares  renseignements  que  nous 
possédons  à  leur  sujet  concordent  pleinement.  La  maga¬ 
dis,  déjà  mentionnée  par  Alcman  23,  était  d’origine 
lydienne  24  et  avait  un  grand  nombre  de  cordes  :  celle 
d’Anacréon  en  comptait  vingt 25.  Elle  avait  un  timbre 
bruyant  que  Télestès  compare  à  celui  de  la  corne 26  et 
exigeait  une  grande  vélocité  de  mécanisme.  Sa  particula¬ 
rité  essentielle  consistait  à  être  disposée  pour  le  jeu  con¬ 
tinu  d’octaves,  de  telle  sorte  que  lorsqu’on  l’employait  à 
l’accompagnement  d’un  chœur  mixte  d'adultes  et  d’en¬ 
fants,  elle  sonnait  l’unisson  de  chacune  des  deux  voix21; 
de  là  le  verbe  payaStÇeiv  qui  a  pris  la  signification  géné¬ 
rale  de  jeu  ou  chant  à  l'octave  28.  La  pectis  est  donnée 
également  comme  d’origine  lydienne  29  :  elle  aurait  été 
introduite  en  Grèce  par  Sappho  30.  C’était  un  instrument 
de  haute  taille31,  polychorde 32,  qui  se  prêtait  au  jeu  d’oc¬ 
taves33;  on  ajoute  que  le  diapason  en  était  aigu34  et 
qu’elle  se  pinçait  sans  plectre  33.  On  voit  que  ces  rensei¬ 
gnements  nous  laissent  dans  l’incertitude  sur  deux  points 
essentiels  :  1°  les  cordes  étaient-elles  de  longueur  égale 
ou  inégale?  2°  quelle  était  la  nature  du  mécanisme  ou  du 
dispositif  qui  permettait  le  jeu  d’octaves?  Sur  le  premier 
point  les  Alexandrins  se  prononçaient  nettement,  au 


Gciliard,  Apul.  \  asenb.ü  &  =  Arch.  Zeit.  58,  pl.  cxv,  14.  Voir  aussi  la  pein- 
Urc  (ase  iïorb.  V,  51  (Baumeister,  fig.  391)  et  Monumenti,  1845,  pl.  xvi  et 
-  Sophocl.  fr.  375  Nauck  (Alh.  IV,  183E)  ;  Eupolis,  fr.  276  Kock  {Ibid.).  C’est 
l" 1  ün  a  voulu  l'rer  du  texte  de  Sophocle  que  le  trigone  sonnait  l’octave  grave 
.  ^ ^us  anc‘en  exemple  figuré  (d’après  Jan,  Arch.  Zeit.  L.  c.  note  7) 

I  )  mstlument  de  1  Apollon  en  albâtre  peint  trouvé  à  Théra  (Walz,  Ueber  Po- 
pl  l,er ,  SculPtur,  1843).  Voir  encore  au  Musée  Britannique,  E.  28  (Cat.  111, 
J ,  Sfj  9  fig-  4729  est  empruntée  à  un  vase  de  Ruvo  {Arch.  Zeitung,  1860,  pl.  139). 
(Égypte)1’  L'I  v  •'  TfÙ0  i  ap.  Ath.  175  D  (EéfWv)  ;  Ptol.  H  arm.  III,  8  fin. 

■onlrcnt  ' "nion  de  Juba  paraît  confirmée  par  les  monuments  assyriens  qui  nous 
%■  47 -»9  '  '.:i1  lnanpd;ure,  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  la  Muse  de  notre 

Neanthesan  Allf'l'j-x ^  5.  ~  5  Etïmolog‘es  :  Scamon  ap.  Ath.  XIV,  G37  B; 
ibidt  G36  B  ^  —  6  Fr.  des  Hilotes  ap.  Alli.  038  E  ;  Phillis, 

forme  tria  «  ^  *  ^  Cependant  Vitruve,  VI,  1, 5,  attribue  à  la  sambyque  une 

7.  _  io  Al^'  “j'’  ~  8  Atl>-  633  F;  Ar.  Quint.  II,  p.  101  Meib.  -  9  Pol.  VIII,  6, 
14,7;  ~  635  A.  —  U  Philem.  ap.  Ath.  175  D.  -  12  Macr.  Sat.  III, 

quatre  cordes  l  p'  ^adrian.  20  ;  Mart.  Cap.  IX,  924.  Sur  la  sambyque  (?)  à 
Farnîs,.  (Baum  '  ^li>S  <les  Troglodytes,  cf.  Ath.  G33  F.  —  13  Peinture  du  jardin 

follement  aucun  ^  Ees  foHres  XIE  qu’on  lit  sur  la  branche  n'ont  pro- 

l)our  les  jougs  .  jns'  14  Theophr.  Hist.  plant.  V,  7,6  (le  chêne  vert  est  employé 
gS  “?*'<  *«>  +«Xtr, {!„,,)  ;  Ps.  Arist.  Proh.  XIX,  23  (iv  voï;  Tfiy-ivo,; 
•ugnienle  le  noml  '  11  ‘  —  16  Jub.  ap.  Ath.  183  C  (Alexandre  de  Cythère 

•itharae  barbarica  ''  C°r<^es  <lu  D  i  Isid.  Orig.  III,  20  :  psalterium  est  simililudo 
redditur  surieri  i  mo<Elm  A  ütterae  sed...  lignum  illud  concavum  undc  sonus 
175  D(=  pQ||  ...  laljc1’  elc-  16  Ar.  Quint.  II,  p.  101.  —  17  Philem.  ap.  Ath. 

’i  >il);  Sopater,  ibid.  175  C;  Strab.  X,  471;  Jos.  Ant.  jud.  VII, 


12,  3;  Ovid.  Ars  am.  III,  329.  Clem.  Alex.  Strom.  p.  307,  l'attribue  aux  Cappado- 
ciens.  —  18  Jos.  L.  c.  —  19  Poil.  IV,  59.  —  20  Jub.  ap.  Ath.  183  D  :  pLvr;[coviù,[... 

voj  t-xiy.  o  vüv  et;  4aVc>ipiov  oçOiov  p.cTttffjrr,ieaTi(T9èv  xvk.  —  -1  BâpnAeo;  : 

Euphor.  ap.  Ath.  IV,  182  F  ;  pàpno; :  Phillis  ap.  Alh.  XIV,  636  C.  —  22  Menaechm. 
ap.  Ath.  635  B-E  (Athénée  attribue  [635  E]  la  même  opinion  à  Aristoxcno,  mais  un 
texte  de  celui-ci  où  les  deux  instruments  sont  nommés  conjointement  [635  Bj  laisse 
un  doute  à  cet  égard).  Contre  l’identification,  Phillis,  636  C  ;  mais  non  pas  (comme 
le  prétend  Ath.)  Diogène  le  tragique.  Nous  négligeons  les  opinions  qui  faisaient  de 
la  magadis  une  flûte  citharistériennc  (Didym.  ap.  Ath.  182  D,  634  C-E,  erreur  née 
d’une  faute  de  texte  dans  le  fr.  23  d’ion)  et  de  la  pectis  un  luth  {Anth.  Pal.  IX, 
586  ;  Hesych.  Suid.  Phot.).  Ce  dernier  nom  est  quelquefois  syuouymc  de  lyre  (Luc. 
Dial.  mar.  I,  4;  Philostr.  mai.  Imag.  I,  10).  —  23  Fr.  91  (Ath.  G37  A).  —  24  Ion, 
fr.  23  (Ath.  634  C).  D'autres  la  faisaient  venir  de  Thrace  (Duris  ap.  Ath.  636  F; 
Canlharos  ap.  Poil.  IV,  61),  mais  cetto  opinion  nous  parait  provenir  d'une  fausse 
interprétation  de  X#n.  Anab.  VII,  3  ,  32.  —  25  Fr.  18  (Ath.  634  C).  11  n'est  pas  per¬ 
mis  de  conclure  avec  Ath.  du  fr.  4  de  Télestès  que  la  magadis  n’avait  que 
cinq  cordes.  —  20  Tclest.  fr.  4  (Ath.  637  A)  :  akko ;  S’àkkav  xkayyâv  ul;  (  x  c  p  oct  ô  o  w  v  o  v 
IçsOiÇe  [xâyaStv  I  icevTapçàSSw  (?)  yoçSav  àp9[Jiçî  |  yipa  xaycitStauXov  àvaeTjwçav  tû/uç. 
Wagener  propose  de  corriger  en  lyaTÔouvov  (ap.  Gcvaert,  II,  632  suiv.).  —  27  Anaxan- 
drid.  ap.  Ath.  634  E;  Phillis,  636  C.  —  28  ps.  Arist.  Prob.  XIX,  18,  39  ;  cf.  Philo- 
choros  ap.  Ath.  G38  A  ;  Diog.  trag.  ap.  Ath.  G3G  B  où  pàyaSi;  =  octave.  —  29.PincL 
fr.  125  (Alh.  635  D)  :  tv  Sttxvot (Tl  AuSiÿv  koà'xkv  àvTi'vOoyyov  àxo-jtov  UT.xtiSo;  ; 

Sophocl.  Ir.  437  N.  (Ath.  183  E,  635  C)  ;  Tclestcs,  fr .  5  (Ath.  626  A).  —  30  Menaechm. 

ap.  Ath.  635  E;  cf.  Sappho  ap.  Dem.  De  eloc.  1 62.  —  31  Pjnd.  fr.  cit. _  32  plat. 

Desp.  III,  p.  399  C.  —  33  Pind.  fr.  cit.  ;  Diog.  trag.  (Ath.  636  B)  :  lïTJXTtSlUV  (t*) 
àviiÇuyoi;  I  oXxoïç  xçexoûffaç  — 34  Telest .  fr.cit.  —  35Arislox.  ap.  Ath.  635  B. 


LYR 


—  1450  — 


moins  en  ce  qui  concerne  la  magadis  :  Apollodore  en 
taisait  un  psaltérion  *,  Euphorion  une  sambyque  2  ; 
mais  y  a-t-il  là  autre  chose  que  des  conjectures  érudites? 
Sur  le  second  point,  nous  sommes  dans  une  ignorance 
i  omp  etc.  Le  nom  g.âya8iç  (dérivé  de  p.ayâç)  permet  seule¬ 
ment  de  supposer  qu’un  ou  plusieurs  chevalets  jouaient 
un  rôle  important  dans  la  structure  de  l’instrument. 
L  épithète  ilx opSo;  3,  les  mots  ivr^uyot  6Xxof  4  appliqués 
a  la  pectis  laissent  entrevoir  peut-être  un  dispositif  ana¬ 
logue  a  celui  de  certains  clavecins  du  siècle  dernier,  où 
chaque  note  est  représentée  par  un  couple  de  cordes  de 
grosseur  inégale  sonnant  l’octave  et  que  le  doigt  (ou  le 
marteau)  peut  ébranler  simultanément. 


Le  barbitos  passait  pour  une  invention  de  Terpandre  1 
et  avait  été  adopté  par  les  poètes  lesbiens,  notamment 
Par  Sappho  6  ;  il  figurait  aussi  chez  Anacréon,  auquel  cer¬ 
tains  critiques  en  attribuaient,  certainement  à  tort,  l'in¬ 
troduction  \  On  1’employaït  volontiers  pour  l’accompa¬ 
gnement  du  scolion  8,  et  encore  au  ve  siècle  Magnés  le 
comique  fit  paraître  un  chœur  de  barbitistes  9.  Mais 
ensuite  il  tomba  en  désuétude10,  etDenys  d’IIalicarnasse 
s’étonne  de  le  rencontrer  à  Rome  dans  les  fêtes  reli¬ 
gieuses11.  L’instrument  était  polychorde12  et  comportait, 
prétend-on,  l’emploi  du  plectre  13.  Nous  avons  déjà  écarté 
1  opinion  .(due  à  Winckelmann)  qui  veut  reconnaître  le 
barbitos  dans  la  lyre  allongée  si  fréquente  sur  les  vases 
à  figures  rouges,  mais  nous  n'avons  pas  d’autre  hypothèse 
à  lui  substituer. 

Famille  du  luth.  —Ces  instruments  ont  ordinairement 
un  petit  nombre  de  cordes  montées  sur  une  panse  formant 

table  d'harmonie;  cette 
panse  se  prolonge  par 
un  long  manche  (Tri^uç), 
parfoisrecourbé  à  l’extré¬ 
mité,  où  se  trouvent  les 
chevilles.  En  pressant  la 
corde  contre  le  manche, 
soit  avec  le  doigt,  soit  à 
laide  d'un  curseur  mo¬ 
bile,  on  peut  en  raccour¬ 
cir  ad  libitum  la  partie 
vibrante  et,  en  pinçant 
celle-ci  avec  l’autre  main 
dans  le  voisinage  de  la 
panse,  on  peut  tirer  ainsi 
d’une  seule  et  même 
Fig.  473i.  — Pandore.  corde  des  sons  très  va¬ 

riés  :  c'est  sur  ce  principe 
que  sont  fondés  les  instruments  favoris  du  Moyen  Age 
et  de  la  Renaissance  (luth,  guitare,  mandoline,  viole)  et 


1  Alh.  G3G  F.  —  2  Euphor.  ap.  Atb.  182  F,  633  A.  -  3  Sopatr.  ap.  Alh. 
18311  lmal  interprété  par  Atb.).  —  4  Diog.  trag .  fr.  cit.  —  S  pjnd.  fr.  125  (Alh. 
G35  D),  mais  Athénée  commet  un  si  gros  contre-sens  (le  barbitos  sonnerait  loctave 
de  la  pectis!)  qu’on  peut  douter  même  de  son  interprétation  du  contexte  entier. 
Les  inductions  sur  le  diapason  tirées  de  l’étymologie  absurde  (Etym.  m. 

Poil.  IV,  52)  sont  négligeables.  Le  nom  paraît  barbare  (Strab.  X,  471).  —  6  Sappho, 
fr.  154  (Ath.  182  F).  Horat.  Carm.  I,  1,  32;  I,  32,  4,  il  en  attribue  l’invention  à 
cée.  —  ‘  Neantbes  ap.  Ath.  175  E.  Simonide  l’avait  aussi  employé  (Theocr.  XVI, 
4o)  -  8  Proclus,  Chrest.  p.  246  W.  -  9  Schol.  Han.  522.  -  10  Aristot.  Polit 

\IU(V),  G.  -  il  Ant.  Itom.  VU,  72.  -  12  Plat.  Hesp.  111,  p.  399  D;  Theocr.  XVI, 

,  °  wMjtojSo.)-  Dans  le  fr.  d’Anaxilas  ap.  Ath.  183  B,  il  faut  ponctuer 

£7»  H  PcoS.touî,  T?7.ipSou?  «qniSa;,  etc.  —  13  Anacreontic.  59.  —  14  La  forme 
ordinaire  esU«vSoïf«  ;  *4vSTOfoS  (ou  ravS0cre<,5  ?)  est  donné  par  Ath.  183  F;  çivSoupo; 
par  .  icom.  Ench.  p.  8  ;  «avSoipto*  par  Hesych.  Phot.  Zonar.  p.  1512  ; pandurium  par 
Lassiodore  ad  Ps.  140.  Voir  le  Thés.  a.  ».  _  15  Mart.  Cap.  IX,  924.  Elle  est,  en 
effet,  souvent  représentée  sur  les  monuments  égyptiens  (Wilkinson,  II,  297  suiv.). 


LYR 

les  représentants  principaux  de  l’ofchpet 
(violon,  violoncelle,  contrebasse  etc  )  ^  m°derne 

Le  nom  générique  de  ces  instruments  à  17* 
dnneet  romaine  paraît  avoir  été  P°que  alexan- 

7tavooupa  OUTtàvSoupoç,  tpivooupoç1  4, 

TravSouptov,  pandurium,  d’où 
sont  venus  directement  pandore 
et,  par  une  curieuse  altération 
(due  à  la  forme  amygdaloïde  de 
la  panse?),  mandola  (mandora) 
et  mandoline.  La  pandore  pas¬ 
sait  pour  être  d’origine  égvp- 


Fig.  4732.  —  Pandore. 


tienne15  ou  assyrienne16.  Elle 
avait  tantôt  deux17,  tantôt  et 
plus  souvent  trois  cordes.  Elle 
est  mentionnée  (sous  le  nom  de 
TptjéopSoç  ou  rptyopoov)18  et  repré¬ 
sentée  dès  1  époque  hellénique 
(ive  siècle)  (fïg.  -4731) l9,  mais 
parait  avoir  été  surtout  appré¬ 
ciée  sous  l’empire  romain 20,  où 
elle  ligure  sur  un  grand  nombre  de  sarcophages' 
(  ift.  1  /3_).  La  panse  est  de  contour  anguleux  à  l’épocrui 
grecque,  arrondi,  quelquefois 
hémisphérique  (fîg.  4734) 22  à 
l’époque  romaine.  L’artiste, 
presque  toujours  une  femme, 
joue  assis,  appuyant  la  panse  de 
l’instrument  sur  ses  genoux, 
raccourcissant  les  cordes  avec  la 
main  gauche  et  les  faisant  vi¬ 
brer  avec  la  droite,  rarement 
armée  du  plectre  (fîg.  4733)  23 . 

On  peut  rattacher  à  la  famille 
des  pandores  le  p.ovdy  oooov 
(xxvojv  des  Pythagoriciens),  d’o¬ 
rigine  arabe24  et  analogue  au 

.,,.1  1  j  »  ,  ,  Fig.  4733.  —  Luth  avec  plectre. 

rahab  actuel  des  Arabes  du 

Caire.  Cet  instrument  n'avait  qu’une  corde  unique  e 
le  raccourcissement 
s’obtenait  à  l’aide 
d’un  curseur  mobile 
(Û7Taya>Y6uî) 25.  Il  ser¬ 
vait  surtout  à  des  dé¬ 
monstrations  théori¬ 
ques  26,  mais  on  l’em¬ 
ployait  aussi  quelquefois  en  pratique,  de  concert  avec  1< 
flûte27.  Un  instrument  perfectionné  du  même  genre,  poui 
l’étude  des  lois  acoustiques,  était  l’éXtxcSv  à  quatre  cordon 
Instruments  divers.  —  Nous  terminerons  cette  revut 


Fig.  4734.  —  Pandore. 


—  «Poil.  IV,  GO.  Clem.  Alex.,  p.  3G3,  en  attribue  l’invention  au  Phrygien  I 
Sur  la  pandore  en  «  laurier  marin  »  des  Troglodytes  de  la  mer  Rouge,  cf.  Al  ^  ^ 

—  17  Clem.  Alex.  p.  307.  —  18  Anaxilas  ap.  Alh.  183  B;  Euphor.  ibtdA'--  ‘ 

vffv  —  xaXoûjAevot  —  icav^oupio-Taf...  xatvfiî  (xèv  oùoevi  jjawvtai  opyavw.  savoir: 

Reinach  dans  Rev.  èt.  gr.  VIII,  371  suiv.  On  en  connaît  trois  exemp  < |c 

deux  figurines  de  terre  cuite  au  Louvre  et  une  des  Muses  d<  a  ^ 

Mantinée  (Bull.  corr.  hell.  XII,  pl.  m),  fig.  4731.  —  20  Lampnd.  *^144 

—  21  Stephani,  Compt.  rend.,  1881,  p.  54  suiv.  (10  ex.)  ;  Jan.  Saitenins  r.  ^ 
(3  ex.).  La  fig.  4732  d'après  un  sarcophage  du  Musée  Britannique  (Corn  >  ,  ^ 

blés,  V,  pl.  ix).  —  22  Sarcophage  d’Arles,  Photographie,  cf.  Milbn,  1\  0 nui ^  ^ 
pl.xxxvu  ;  Voyage  dans  le  Midi  de  la  France ,  pl.LXix  ;  La  Lauzièrc,  J^eg  ^  g§ 
d’Arles,  pl.xx  ;  Corp.  inscr.  lat.  XII,  832.  — 23  Bull,  comun.  dt  Borna ,  ’  nlségyp- 

Sarcophage  du  Musée  de  Latran.  —  24  Poil.  IV,  60.  Il  figure  su|  ^  _ 25 Ptol. 

tiens,  L’harmonicien  Simos  s’en  attribuait  l'invention,  1  orph.  1  il-  J  __  27 

Farm.  II,  12  ;  cf.  Ruelle,  Rev.  ét.  gr.  X,  309  sq.  —  26  Euclid.  Div.can  «  ^  ^ 
Ptol.  L.  c.  ;  Nicom.  Ench.  p.  8  et  12.  —28 Ptol.  üarm  11,2;  Ar.  ü«un  .p- 


LYS 


—  1451 


LYT 


nonciature,  dans  l’ordre  alphabétique,  d’un 
par une  j’instrurnents  à  cordes  sur  la  nature 

raiVonmn’eSt  pas  bien  fixé. 

desquei“  instrument  exotique,  oublié  à  l’époque 

I  ’Kvvî'i-/0?007’ 

!  alr-aiul1  in^ ^  nientienné  par  Aristote 2  à  côté  du  xpiyaivov 
L'^les  instruments  voluptueux  des  anciens,  rejetés 
pa"lU  Inùt  plus  sûr.  Mais  comment  imaginer  un  instru- 
rTdc  forme  heptagonale?  Ne  faut-il  pas  corriger  en 
®cn  _tr[ ,  j  u  faute  sera  née  sous  l’influence  de  Tftycovov. 

[  Jlgoç,  autre  instrument  archaïque,  servait  à  l’ac- 

upa-nement  des  ïambes  déclamés  (TtapoocaTaXoyTj) 3. 
ou  Xupofoivfciov,  probablement  identique  au 
0Jv?oufJivixiov.  Hérodote  dit  que  les  bras  de  cet  instru¬ 
ment  étaient  faits  en  cornes  de  gazelle  (8puç).  Les  Pro- 
liUmes  le  citent  parmi  les  instruments  où  l’octave  faisait 
l'effet  de  l’unisson  (comme  la  magadis4).  Son  nom  lui  a 
fait  attribuer  une  origine  phénicienne  ;  mais  d’autres 
l’expliquaient  par  le  palmier  de  Délos  (çoïvi')dont  le  bois 
aurait  servi  à  en  faire  les  bras 6. 

I  Ikvxd/opoov,  instrument  scythique  à  cordes  en  peau  de 
bœuf;  une  corne  de  chèvre  servait  de  plectre  6. 

H^,  peut-être  une  sorte  de  harpe  7. 

!  SxivBa^oç  ou  >c:voa’f dç,  grand  instrument  lyroïde  à  quatre 
cordes,  avec  une  plume  d’orichalque  en  guise  d’archet  ; 
on  le  disait  usité  en  Inde  8. 

SitolSi?,  c’est-à-dire  «  branche  de  palmier  »  (ainsi  nommé 
à  cause  de  la  forme  et  du  nombre  des  cordes  ?).  Instru¬ 
ment  de  réputation  efféminée  9. 

I  fiôûpa,  identifié  quelquefois  à  l’aaxapo;.  Instrument 
libyen,  carré,  qui  avait  l’aspect  d’une  brique  longue  d’une 
coudée,  autour  de  laquelle  on  faisait  tournoyer  (?)  des 
cordes  qui  en  fouettant  l’air  faisaient  un  bruit  de  casta¬ 
gnettes.  Si  nous  avons  bien  compris  la  description  de 
Pollux,  cet  appareil  rentrerait  plutôt  dans  la  classe  des 
instruments  à  percussion  10.  Tu.  Reinacii. 

LYSANDRIA  (AusâvBpta).  —  Nom  donné  par  les 
Samiens  aux  iieraia,  leur  fête  nationale,  en  l’honneur 
du  Lacédémonien  Lysandre,  après  la  bataille  d’Aegos 
Potamos  .  Un  sait  les  efforts  tentés  par  ce  général  pour 
gagner  la  popularité  dans  le  monde  grec,  ses  offrandes 
et  ses  dons  d’argent  à  Athènes2,  à  Delphes  3,  à  Délos4.  Il 
obtint  en  revanche,  dans  beaucoup  de  cités,  des  honneurs 
exceptionnels  :  des  poèmes  étaient  composés  en  son 
onneur’;des  cités  lui  élevaient  des  statues6;  Samos 
U1  en  '  rigea  une  à  Olympie1,  en  même  temps  qu’elle 
Allait  sous  son  nom  la  fête  principale  de  la  cité  :  cet 


honneur,  qui  dura  peu  d’ailleurs,  est  comme  le  prélude 
des  flatteries  analogues  adressées  plus  tard  aux  rois 
macédoniens  et  aux  généraux  victorieux.  F.  Durrbach. 

LYTI1A  (Adxpaj.  —  L’usage  de  ne  pas  tuer  un  ennemi 
vaincu  et  de  lui  laisser  la  vie,  non  par  un  sentiment  d'hu¬ 
manité,  mais  en  vue  d’un  avantage  personnel,  pour  en 
tirer  de  l’argent,  soit  en  lui  permettant  de  se  racheter, 
soit  en  le  vendant  comme  esclave,  cet  usage  a  été  pratiqué 
en  Grèce  dès  la  plus  haute  antiquité  ;  de  bonne  heure 
même,  il  a  formé  une  véritable  industrie.  Cet  usage  dé¬ 
rive  du  droit  de  la  guerre  tel  que  l’a  compris  toute 
l'antiquité  :  le  vaincu,  avec  tout  ce  qui  lui  appartient, 
devient  la  propriété  absolue  du  vainqueur1. 

Dans  les  poèmes  homériques,  la  rançon,  désignée  par 
le  pluriel  neutre  a7toiva,  tient  une  place  considérable. 
V Iliade  commence  et  finit  par  une  scène  de  rançon. 
L’action  du  poème  s’engage  par  le  refus  qu’Agamemnon 
oppose  au  prêtre  Chrysès  de  recevoir  la  rançon  de  sa 
fille.  Le  dénouement  est  la  scène  sublime  dans  laquelle 
Priam  supplie  Achille  de  lui  rendre,  moyennant  rançon, 
le  cadavre  de  son  fils.  Ainsi  la  rançon  se  payait  non  seule¬ 
ment  pour  racheter  un  prisonnier,  pour  lui  sauver  la  vie, 
mais  aussi  pour  assurer  les  honneurs  de  la  sépulture  à  un 
être  cher  tombé  sous  les  coups  de  l’ennemi.  Dans  les  deux 
cas  l’expression  est  la  même  :  cLiotva.  Mais  s’il  est  plusieurs 
fois  question  dans  l’épopée  de  prisonniers  épargnés  et 
délivrés  moyennant  rançon2;  si  Achille,  par  exemple,  a 
vendu  plusieurs  fois  ses  captifs  ou  les  a  mis  à  rançon, 
non  pas  seulement  des  femmes,  comme  la  mère  d’Àndro- 
maque3,  mais  aussi  des  hommes,  des  fils  de  Priam4;  s'il 
reconnaît  même  qu’avant  la  mort  de  Patrocle,  il  se 
plaisait  à  laisser  la  vie  aux  Troyens  et  à  les  vendre  comme 
esclaves5,  nous  remarquons  cependant  que  dans  toute 

Y  Iliade  il  n’y  a  pas  une  seule  scène  de  ces  rançons 
acceptées.  «  Prends-nous  vivants,  fils  d’Atrée,  et  reçois 
de  justes  rançons;  il  y  a  beaucoup  de  trésors  dans  la 
maison  de  notre  père  Antimaque,  de  l’airain,  de  l’or  et 
du  fer  difficile  à  travailler;  certes,  notre  père  te  donnerait 
une  rançon  infinie,  s’il  apprenait  que  nous  sommes 
vivants  tous  deux  près  des  vaisseaux  des  Grecs6.  »  Cette 
prière,  qui  s’adresse  non  à  la  pitié  mais  à  la  cupidité  du 
vainqueur,  on  la  trouve  répétée  plusieurs  fois  dans 

Y  Iliade1,  mais  jamais  elle  n’est  exaucée  :  la  scène  se 
termine  toujours  par  l’immolation  du  vaincu.  Une  fois  le 
vainqueur,  c’est  ici  Ménélas,  est  sur  le  point  de  se  laisser 
toucher  et  d’accorder  la  vie  à  son  ennemi  au  prix  d’une 
riche  rançon  ;  mais  Agamemnon  survient  et  gourmande 


(VHn'«  (ArisloxèneJ î  XIV>  636  B  (Pliillis),  F  (Apollodore).  —  2  Polit.  V 

Hcsyc’n. en fait '  A"'' 182  P  (A«stox.),  636  B  (Pliillis),  F  (Apollodore)  ;  Poil.  IV,  59. 

|  7  C'ass0  ^cs  |UX>i  d’Alcman.  Il  faut  rayer  delà  liste  des  instruments 
ProMcllal|,  0"u’i  (Mid.)  ([uiest  sûrement  une  sorte  de  vers,  itaçi«i«.6Î5  ;  cf.  Bergk, 
Lod,  IV  la’,!  p  9"7*  Po11-  1V>59:  Ath.  *75  D(Juba),  183  C  (id.),  63G  B  (Pliillis); 
Sénios).  —i;  pj||  S.  7'lS*"  Pr°b-  XIX,  14  ;  Hesych.— 5  Ath.  637  B  (Epliore,  Scamon, 
-«Poil,  IV  .  ’  88  ’  C^’  pouoouçyol.  —  7  Poli.  IV,  61  :  oçyocvov  xi  '}aXxi)çtov. 

Aci'ai'.  Nat.  anim  188  A  <Matyon)-  B  (Theopomp.  epic.,  Anaxilas),  636  B  (Pliillis); 
hetsyd,.  Suid  Seh°l.  Ap°ll.  Rh°d.  II,  907  ;  Ptol.  Heph.ap.  Phol.  cod.190 

Mes  livrées  j,!'i  ma^n’  es^  absur<3e  d’appeler  toutes  les  lyres  à  quatre 


hsl. 


1  P  VVUVUU  •  J  »  V*  ^ 

I  in  q°S  m0numen^s*  —  9  Poil*  IV,  59  ;  ÏSicom.  Ench.  p.  8  ;  Quintil. 


^carf(?p  je  (irs  ’  *'  111  61.  —  Bibliographie.  Burette,  Mémoires  de 

^  or9Piis  sivr  !lSC1  lPt*ons  (ancienne  série),  IV,  p.  116  suiv.  ;  R.  Volkmann, 
^utarquo,  De  un^en^8  veterum  epimetrum  (à  la  suite  de  son  édition  de 

Sait, 


(|"C’  Dc  Musica,  Leipzig 


;Mlâj(rumen,  '  "vll,tlg,  1856,  p.  152-163)  ;  Karl  von  Jan,  Die  griechischen 
""■“"i (diss.  i„a;„!,anS  Archae°l-  Zeit.  XVI  (1858),  p.  181-190  ;  De  fidibus  Grae- 
de  Sarreguenii,  1  >  Æfe  griechischen  Saiteninstrumente,  prog.  du 

®*umcister  (iRoof’  Pe‘P2*8>  1882;  article  saitenintbumente  dans  les  Denkmàlev 
Aÿra,  Berli,,  IS'V"  K1THA,,0D1K  Bans  l’Encycl.  Erscli  et  Gruber  ;  W.  Johnsen, 
’  ‘  ’  ^ovaert,  Histoire  et  théorie  de  la  musique  de  l'antiquité, 


t.  u  (1881),  p.  241-270  ;  J.  Frei,  De  certaminibus  thymelicis  (surtout,  p.  45-57), 
diss.  Bâle,  1900. 

LYSANDRIA.  1  Plut.  Lys .  18  ;  Pholius,  p.  236,  23  ;  Hcsych.  AuxàvSfua  ;  cf.  Journ. 
of  hell.  studies,  1886,  p.  147.  —  2  Bœekh,  Staatshaush.  II,  p.  251  ;  Corp.  inscr. 
ait.  652,  32.  —  3  Plut.  Ibid.  —  4  Homolle,  Bull,  de  corr.  hell.  VI  (1886),  p.  153  et 
n.  3;  cf.  Ibid.  X  (1886),  p.  464,  1.  81-2  ;  XIV(1890),  p.  407,  1.  59  ;  XV  (1891),  p.  138. 

_ ô  Plut.  Ibid.  ;  Atlien.  XV,  696  e.  —  6  Plut.  Lys.  1  :  De  Pyth.  or.  S  ;  Paus.  IX, 7-9  ; 

cf.  Curtius,  Hist.  gr.  trad.  franc,  t.  IV,  p.  15,  sqq.  —  7  Paus.  VI,  3,  14-15. 

LYTRA.  1  Xcn.  Cyrop.  VII,  5,  73  :  Ni|»o5  T“?  Iv  *ï<nv  ivOoùitot;  àîSio;  !<rriv, 

orav  iïo7.E[xotjvxwv  icokiç  âkçi,  xùiv  cXovxwv  elvai  va,  xà  aùijxaxa  xwv  Iv  xi;  teoaei  xï'i  xù.  yçr.jzaxa. 

_ 2  II.  H,  230  et  les  exemples  cités  n.  3  et  4  :  on  pourrait  encore  indiquer  XXI, 

31,  d'après  l’explication  du  scoliaste;  mais  cette  explication  est  aujourd’hui  con¬ 
testée  :  les  courroies  que  portaient  les  douze  Troyens,  pris  par  Achille,  n’étaient 
pas  destinées  à  lier  les  prisonniers  qu’ils  espéraient  faire  ;  c’étaient  des  ceintures 
qui  servaient  à  serrer  le  chiton  et  qui  étaient  sous  la  cuirasse  ;  cf.  Helbig,  L'épopée 
homériq.  p.  368.  —3  II.  VI,  425.  —  4  XI,  106;  XXI,  40,  58,  102;  XXII,  ta;  XXIV, 
752.  —  3  XXI,  100.  —  3  XI,  131  :  il  s  agit  des  deux  frères,  Pisandre  et  Ilippolo- 
rhos,  pris  tous  deux  par  Agamemnon.  —  7  Voir  encore  VI,  46;  X,  378,  413;  une 
prière  plus  longue,  avec  un  appel  à  la  pitié,  est  adressée  à  Achille  par  Lycaou, 
XXI,  95, 


IA  ! 


—  14oa 


lyt 


son  frère.  Il  laut,  dit-il,  que  tous  les  Trovens  soient 
immolés  jusqu’au  dernier  etsans  recevoir  de  sépulture1. 

La  rançon  du  cadavre  est  encore  plus  rare  dans  Y  Iliade. 
Elle  ^t  cependant  mentionnée  souvent2;  elle  se  paye 
aussi  au  poids  de  l’or  et  de  l’airain3.  Tout  n’est  pas  fini 
pour  le  -vaincu,  quand  il  a  reçu  le  coup  de  mort  ;  sou 
corps  reste  la  possession  du  vainqueur,  qui  le  dépouille 
et  le  réserve  aux  pires  outrages.  Achille  dit  à  Hector, 
étendu  mourant  a  ses  pieds,  qu’il  regrette  do  ne  pouvoir 
manger  sa  chair  crue  :  «  Du  moins,  ajoute-t-il,  ta  mère 
ne  déposera  pas  en  gémissant  ton  corps  sur  un  bûcher, 
mais  les  chiens  et  les  oiseaux  feront  de  toi  leur  pâture4.  » 
Patrocle  fait  les  mêmes  menaces  à  Sarpédon5  ;  dans 
toute  1  Iliade,  nous  voyons  les  Grecs  et  les  Troyens 
pratiquer  la  coutume  de  livrer  le  corps  du  vaincu  aux 
oiseaux  et  aux  bêtes  de  proie®  ;  les  plus  grands  combats 
du  poème  se  livrent  autour  des  cadavres  de  Sarpédon  et 
de  I  atrocle  et  ont  pour  objet  de  leur  assurer  les  honneurs 
de  la  sépulture.  G  est  seulement  dans  les  parties  du  poème 
considérées  comme  récentes  que  nous  voyons  le  vainqueur 
renoncer  à  ces  atroces  vengeances  et  respecter  le  cadavre 
d  un  ennemi.  Achille  n'outrage  pas  le  corps  d’Eétion  ;  il 
lui  élève  même  un  tombeau1.  Enfin  le  poème  se  termine 
par  une  scène  qui  annonce  un  droit  des  gens  plus 
humain  et  des  mœurs  moins  cruelles  8.  Achille  se  sent  ému 
de  pitié  en  voyant  le  vieux  Priam  venir,  au  péril  de  sa  vie, 
le  supplier  de  lui  rendre  le  cadavre  de  son  fils;  il  ac¬ 
corde  à  Priam  sa  demande,  malgré  l'émotion  qu’il  éprouve 
il  n  a  garde  de  refuser  la  rançon  infinie,  que  le  poète  a 
décrite  avec  de  longs  détails9  ;  il  supplie  Patrocle  mort  de 
ne  pas  s’irriter  contre  lui  s'il  a  rendu  le  corps  d’Hector 
pour  être  enseveli,  et  il  s’excuse  en  alléguant  précisé¬ 
ment  cette  riche  rançon  10.  Ce  naïf  égoïsme,  loin  de  gâter 
cette  scène,  en  fait  mieux  ressortir  la  vérité  et  le  naturel. 

Plus  tard,  il  se  forma,  à  propos  de  la  rançon  d’Hector, 
une  tradition  qui  n  est  probablement  que  le  développement 
d  un  passage  de  ce  discours  sauvage  qu’Achille  adresse 
à  Hector  mourant  :  «  Il  n  est  personne  qui  puisse  écarter 
les  chiens  de  ta  tête,  quand  même  il  me  paierait  dix  ou 
vingt  rançons  et  qu'il  en  promettrait  d’autres  encore, 
quand  même  Priam  ferait  peser  en  or  le  poids  de  ton 
corps11.  »  Cette  tradition,  d’après  laquelle  Priam  aurait 
racheté  le  cadavre  de  son  fils  au  prix  d’un  poids  égal  d’or, 
est  rapportée  par  des  poètes  postérieurs  à  Y  Iliade 12 .  Nous 
la  trouvons  reproduite  sur  un  beau  vase  de  la  Bibliothèque 
nationale13.  Le  cadavre  d’Hector  est  placé  sur  l’un  des 
plateaux  d'une  grande  balance  ;  un  cratère  lui  fait  équi¬ 
libre  sur  l’autre  plateau.  Achille  préside  à  la  scène, 
entouré  des  héros  grecs  qui  semblent  délibérer  sur  le  prix 
de  la  rançon.  Priam  est  accompagné  de  quatre  Troyens. 

D  autres  monuments  reproduisent  plus  fidèlement  le 
récit  de  Ylliade.  Nous  citerons  une  table  iliaque  qui 
représente  la  scène  de  la  rançon  :  Achille  est  assis  dans 
sa  tente,  la  main  gauche  sur  le  sceptre  ;  Priam  est  à  genoux 

*  VI,  55-62.  —  2  XXII,  3*?,  XXIV,  276,  502,  555,  579,  594.  —  3  XXII, 
340;  XXIV,  146,  175,  195.  —  4  XXII,  335.  —  ü  XVI,  836.  —  6  I,  4  ; 
VII,  347;  VIII,  379;  XVI,  559,  751  ;  XVIII,  540;  XXIII,  21  ;  XXIV,  15.  -  7  Vl’ 
416;  il  en  est  de  même  de  la  trêve  pour  l’enlèvement  et  la  sépulture  des  morts  au 
livre  VII  ;  cf.  la  note  suivante.  —  8  Voir  H.  Weil,  L’Iliade  et  le  droit  des  gens  dans 
l'ancienne  Grèce,  dans  la  Rev.  de  philologie,  t.  IX,  1885,  p.  160.  —  9  11.  XXIV, 

— *-235.  111  XXI\,  592.  O  D  après  Eustathe,  tpû euebai  aurait,  dans  ce  passage 
(7/.  XXII,  351),  le  sens  de  uauebai  ;  mais  le  plus  grand  nombre  des  éditeurs 
modernes  acceptent  l’explication  de  Didyme,  tflweai  —  12  D’après 

les  scoliastes  A  et  T  de  1  Iliade,  ch.  xxii,  351,  Eschyle  aurait  le  premier  rapporté 
celte  tradition  dans  la  tragédie  intitulée  d>pyy.;  r  "Ex-copo;  Xwxpa  ;  cf.  Nauck,  Trag .  gr. 


u  i o 11 voilf, 

sur  tout  son  corps  par  derrière-  il  tenu  ,  1  qui  s’élend 

Achille;  Hermès  a  l’air  d’intercéder  Püuh  ma‘nS Vers 
Hprmio  un  cm„ti —  --  .  -  P  1  Lui;  derrière 


Hermès,  un  serviteur  porte  un  grand  vase 


un 


autre  serviteur  tire  d’un  char  un  autre  vase;  au-dessous 
du  char  on  lit  Xuxpa  ;  derrière  Achille,  deux  serviteurs 
portent  le  cadavre  d’Hector  (fig.  4735) ‘C 
On  doit  encore  considérer  comme  une  rançon  l’indem¬ 
nité  que  le  meurtrier  avait  à  payer  aux  parents’ de  sa 
victime.  «  On  accepte,  dit  Ajax  pour  fléchir  Achille13,  la 
rançon,  TrotvVj,  d’un  frère  ou  d’un  fils  immolé  ;  le 
meurtrier,  qui  a  sacrifié  beaucoup  de  richesses,  demeure 
au  milieu  du  peuple,  et  le  ressentiment  de  l’offensé 
s’apaise,  après  avoir  reçu  la  rançon.  »  Sur  le  bouclier 
d’Achille  était  représenté  un  jugement  pour  une  7t&ivv)  non 
payée 1C.  A  défaut  de  cette  satisfaction,  le  meurtrier  devait 
quitter  le  pays,  même  si  la  victime  était  un  homme  du 
peuple  et  ne  laissait  après  lui  que  peu  de  défenseurs17. 
Les  exemples  de  ces  exilés  pour  meurtre  sont  nombreux18; 
presque  toujours  le  meurtrier  a  tué  un  parent 19  ;  c’était 
peut-être  là  une  circonstance  aggravante  excluant  la 
faculté  de  la  rançon20.  Dans  la  société  homérique,  la 
punition  d’un  meurtre  est  une  affaire  privée,  qui  ne 
regarde  pas  l’Etat,  mais  qui  est  un  devoir  imposé  aux 
membres  de  la  famille21.  Mourir  sans  vengeance  était  a 
la  fois  un  malheur  et  une  honte  ;  Télémaque  souhaite  une 
telle  mort  aux  prétendants22.  Quand  ceux-ci  ont  été 
immolés  par  Ulysse,  leurs  parents  ne  peuvent  acceptei 
qu’ils  ne  soient  pas  vengés  ;  il  faut  que  Zeus  efface  de 
leur  esprit  le  souvenir  du  meurtre  de  leurs  fils  ou  dej 
leurs  frères23.  Ce  désir  de  vengeance  provient  del  ancienne 
idée  du  talion,  qui  a  persisté  si  longtemps  dans  1  antiquité 
grecque;  un  meurtre  doit  être  la  rançon  d  un  autre 
meurtre;  il  y  a  même,  dans  la  compensation  due  a  a 
victime,  des  comparaisons  à  établir,  des  valcuis,.  o 
pourrait  même  dire  des  prix  différents  à  fixer ,  c  est  ain 

fr.  2"  éd.  p.  84;  Denys  le  Tyran  avait  aussi  composé  une  tragédie  ayant ,  P°“ 
titre  "Extofuî  /.ùipa,  Tzetzes,  Chil.  V,  180;  Nauck,  Op.  laud.  it  C.  Ho- 

liabelon,  Le  Cabinet  des  antiques  à  la  Biblioth.  nat.  pi.  XLI’  P-  ‘  ^  A. 
bort,  Sarkophag.  II,  pl.  xxi,  n»  45;  nous  renvoyons  à  1111  \aJahrb. 

Briining,  Ueber  die  bildlichen  Verlagen  der  Ilischen  Tuf <  n,  __  |5  // 

d.  k.  d.  arch.  Inst.  IX,  1394,  p.  436-165,  et  à  l’article  1U*C4®  W"U.'.j  "696=  XV, 
IX,  632.  —  16  XVIII,  498.  —  17  Od.  XXIII,  H8.  -  18  dl-  H,  6Gj;  ’  -,  AU  |, 
335;  XVI,  573;  XXIII,  85.  -  19  Sauf  Od.  XV,  22  4.  —  20  Schoni  <  ^  ,43; 

p.  49.  —  21  Od.  XV,  271  ;  I,  40;  III,  197-204,  307.  —  22  «•  ^  ^  XXIV, 

cf.  J. -J.  Thonissen,  Le  droit  pénal  de  la  rép.  athénienne,  I>-  ‘  • 

353,  430,  484,  545. 


—  \ 453  — 


LYT 


LYT 


.  n0le  douze  Troyens  comme  compensation 
qu’AcliiJ**’  patr0Cje .  ji  évalue  la  vie  de  Patrocle  à 
de  la  1110,1  ^',1  inaires,  comme,  dans  d’autres  circons- 
douze  glipUié  une  rançon  de  douze  bœufs1, 

lances,  1  ,l1  ‘ ,  étajt  une  indemnité  représentant  une 
Quand  la  epe  était  sans  doute  fixée  à  l’amiable 

,(.,ord  des’  deux  partis  2  ;  on  ne  trouve  pas 


valeur,  une 


par  un 
d’exemple 


un  prix  fixé  à  l’avance  comme  dans  l’ancien 

n* cette' 'idée  de  rançon,  traduite  aussi  par  le  mot 
.  ^/"  appliquait  à  l’indemnité  payée  pour  un  dommage 
^  ^C  esi  ainsi  qu’Agamemnon,  voulant  se  réconcilier 
r6?U  Achille,  propose  non  seulement  de  lui  rendre 
l’esclave  Briséis  qu’il  lui  a  enlevée  ;  il  lui  fait  offrir  aussi 
des  présents  magnifiques  en  dédommagement  du  tort 
Ü lui  a  causé3.  Dans  ce  cas  la  caution  était  admise. 
Démodocus,  chantant  les  amours  d’Arès  et  d’Aphrodite, 
raconte  que  Poséidon  se  porte  caution  de  la  rançon 
qu’Arès  doit  payer  à  Héphaistos.  Cette  rançon  pour 

I  adultère  s’appelait  p.oi/_aYpi'«4  ;  c’est  la  seule  que  nous 
trouvions  mentionnée  dans  les  poèmes  homériques,  pour 
un  délit  de  droit  commun. 

Ainsi,  dans  Homère,  l’idée  de  rançon,  prise  dans  un 
sens  très  étendu,  peut  se  rendre  par  deux  mots  qui 
ont  la  même  racine  :  àirotvot  etivoiv-q.  Le  mot  à7toiva  signifie 
proprement  la  rançon  qu’on  paie  pour  obtenir  la  liberté 
d’un  prisonnier  vivant  ou  la  remise  de  son  corps  s’il  a  été 
tué;  il  désigne  aussi  l’indemnité  qu’on  paie  pour  un 
dommage  causé,  ce  qui  est  aussi  une  sorte  de  rançon.  Le 
mot  Tcotvvq  est  employé  aussi  dans  ce  dernier  sens,  mais  il 
désigne  bien  plus  souvent  l’indemnité  payée  pour  un 
meurtre  ou  la  compensation  exigée  pour  un  meurtre; 
chez  les  poètes  lyriques,  chez  Eschyle  et  Hérodote,  ce  mot 
a  déjà  le  sens  de  châtiment,  et  c’est  avec  ce  sens  que,  dès 
une  époque  ancienne,  il  a  fourni  au  latin  le  mot  poena. 
C’est  donc  une  évolution  de  la  civilisation  que  nous 
montrent  ici  les  poèmes  homériques  :  par  le  développe¬ 
ment  des  idées  morales,  surtout  par  un  sens  plus  juste 
de  la  solidarité  humaine,  par  une  notion  plus  claire  des 
droits  de  l’État  qui  doit  protéger  la  vie  de  tous,  cette 
rançon,  cette  indemnité,  la  Ttotvvj,  est  devenue  le  châtiment 
du  crime;  le  droit  pénal  a  été  fondé. 

Au  \  siècle,  les  mots  ohtoiva  et  Trotv-yj  n’appartiennent 
P  us  qu  à  la  langue  poétique.  L’idée  de  rançon  s’est 
précisée  et  circonscrite  ;  du  verbe  Auw,  employé  dans 
°mère  a  côté  de  a7toivaB,  on  a  formé  un  substantif 
'VjV>  qui,  à  son  tour,  a  donné  un  autre  verbe  Xu-cpoto  ; 
e  tous  ces  mots  ne  servent  plus  qu’à  rendre  l’idée  de 
[an(;,J"  1"  0Prement  dite,  c’est-à-dire  une  somme  payée 
un  oui,  nir  la  liberté  d’un  prisonnier. 

lHl'lue  historique,  le  droit  de  la  guerre  est  le 
Co  '  '  époque  homérique;  le  vaincu  appartient, 

’u  ns’  au  vainqueur  ;  le  vainqueur  peut  le  tuer, 

'  ,l-  XXI,  28  _  2  «  1  « 

PriiuMue,  s’il  " fiai ~  h0raann>  °P-  1  P-  *9;  cf.  H.  XXIV,  086,  Hermès  dit  à 
CcHd qu’il  a  donné  ^  ^eS  ^recs’  sa  ranÇon  serait  trois  fois  plus  forte  que 

Vin,  332. Un-T°  a  Achil,e  p0ur  avoir  le  corPs  d’Hector.  —  3  11.  IX,  120.  —  4  Od. 
*es  poèmes  hoimv"*  ^  comme  ÇwccY?ta,  poay^a,  àvSpayota,  qu’on  trouve  dans 
s'8[|e  lcsprtsenu  'lo"^  ^"e  SeU*e  f°'S  ln  Aphrod.  140)  le  mot  Sitoiva  dé- 

^  Mage  liomérinue°nil^S  C°mme  ^  P  ü  ,CS  parents  à  la  fiancée  ;  ce  qui  est  contraire 
“‘«c,  U.  V|,  3g^e  jf  eSl,  ,C  Pianc^  fi11*  donne  des  présents  d’i'sSva  aux  parents  de  la 
^supposent  ni  f  •  |’  '  ***  ’  elc-  L’étymologie  d'înoiva  est  douteuse  ;  les  mo- 

à  çovo-,  _  ,,  j  ’  Ulle  dérivation  de  l’idée  de  itovo;,  novsTv  ;  Aristarquc  rattache 
J*'11™.  Anecrf.  428  g'™01  î’"Kva  est  encore  employé  par  Solon,  Plat.  Leg.  862  c  ; 

II  ;  9ittenlIWge|,’  /  la  lo‘  de  Dracon  sur  le  meurtre  ( Corp .  inscr.  att.  1,61, 
P*s* *1  sert  d„  vJr!  /.  *.  nous  trouvons  le  verbe  àxoïvàw,  qu’Homère  n’emploie 

y  '  Hérodote  emploie  le  mol  uoivg  dans  le  sens  de  peine,  de 


et  il  ne  se  fait  pas  faute  de  le  faire  ;  des  villes  entières  ont 
été  ainsi  condamnées  à  l’extermination.  Cependant  le 
plus  souvent  le  vainqueur  cherche  à  tirer  profit  de  sa 
capture.  Par  le  fait  qu’il  est  pris,  le  vaincu  tombe  aussitôt 
dans  l’esclavage;  au  point  de  vue  légal,  il  n’y  a  pas  de 
différence  entre  le  prisonnier  de  guerre,  ai/gâXojToç, 
captivus,  et  l’esclave,  SoUXoç,  servus.  En  fait,  le  prisonnier 
de  guerre  est  considéré  comme  pouvant  être  racheté  ;  et 
il  l’est  souvent,  à  moins  qu’il  ne  soit  enveloppé  dans 
la  ruine  totale  de  sa  patrie,  comme  cela  arriva,  par 
exemple,  quand  les  Macédoniens  détruisirent  Olynthe  ou 
Thèbes  ;  s’il  lui  reste  une  patrie,  une  famille,  des  amis, 
il  a  l’espoir  d’être  racheté.  Après  une  victoire  ou  la  prise 
d’une  ville,  le  butin  est  réuni  par  le  vainqueur  et  vendu. 
Des  troupes  de  marchands  suivent  les  armées  et  se  pré¬ 
sentent  à  la  vente  ;  le  vainqueur,  de  son  côté,  a  des  sortes 
de  commissaires-priseurs,  chargés  de  fixer  la  valeur  des 
prisonniers  ;  c’est  là  un  métier  qui  est  généralement 
méprisé  ;  Hypéride  reproche  à  Démade  d’avoir  fait 
nommer  proxène  un  individu  qui  avait  accepté  ce  rôle 
pour  les  captifs  d’Olynthe 6.  Les  Spartiates  semblent 
avoir  apporté  un  soin  particulier  à  la  vente  du  butin  :  ils 
avaient  des  magistrats  appelés  Xacpupo7r<nXai,  qui  étaient 
chargés  de  cette  opération7.  La  vente  du  butin  et  le 
règlement  des  rançons  étaient  très  probablement  confiés 
aux  mêmes  personnages.  C’étaient  des  opérations  déli¬ 
cates;  il  fallait  déjouer  les  ruses  et  empêcher  les  fraudes. 
Un  témoignage  suspect  attribue  à  Aristote  un  stratagème 
habile  qu’il  aurait  indiqué  à  Philippe  pour  reconnaître 
les  Olynthiens  riches8.  Une  ruse  du  même  genre  aurait 
été  imaginée  par  Denys  le  Tyran,  au  moment  de  la  prise 
de  Rhégium9.  Il  arrivait  aussi  que  les  vainqueurs  se 
volaient  entre  eux.  Au  milieu  du  désordre  d’une  bataille 
ou  de  la  prise  d’une  ville,  les  fraudes  étaient  faciles;  des 
soldats  qui  avaient  fait  des  prisonniers,  au  lieu  de  les 
conduire  à  la  masse  commune,  les  emmenaient  ou  les 
cachaient  pour  avoir  seuls  le  bénéfice  de  la  rançon  10. 

Souvent  aussi  le  règlement  des  rançons  était  une 
opération  distincte  de  la  vente  du  butin  ;  il  donnait  lieu 
à  des  négociations  parfois  assez  longues,  qui  étaient 
traitées  par  des  ambassadeurs.  Philippe  envoie  aux 
Athéniens  son  agent  Ampliilochos  pour  régler  la  rançon 
des  Macédoniens  pris  par  les  Athéniens11;  quelques 
années  plus  tard,  les  Athéniens  ont  à  faire  la  même 
demande  à  Philippe  au  sujet  de  leurs  concitoyens  pris 
dans  Olynthe  ;  c’est  le  comédien  Aristodème  qui  fut  chargé 
de  cette  mission  ;  on  sait  que  les  débats  pour  le  rachat 
des  prisonniers  furent  l’occasion  de  longues  négociations 
qui  aboutirent  à  la  paix  de  Philocrate  12.  Quand  il  fallait 
traverser  la  mer  pour  aller  trouver  le  vainqueur,  c’était 
la  Paralos  qui  transportait  les  ambassadeurs  athéniens13. 
Une  inscription  de  l’ile  de  Naxos  nous  fait  connaître  les 
noms  de  cinq  ambassadeurs  envoyés  aux  Étoliens  pour 

compensation  pour  un  tort,  surtout  pour  un  meurtre  (II,  134-  ;  VU,  136  ;  IX,  27,  )20)  ; 
pour  désigner  la  rançon,  nous  trouvons  le  motXùrjov,  V,  77  ;  au  c  VI,  79,  il  y  a  le 
mot  arcoiva,  mais  le  mot  semble  pris  ici  au  dialecte  lacédémouien  ,  n  Piudare,  sc 
trouve  le  singulier  Xùrpov,  01.  II,  106  ;  VII,  77  ;  Isth.  VII,  1  ;  Pyth.  IV,  1 12  ;  de  même 
Esch.  Choeph.  48  ;  partout  ailleurs  on  trouve  le  pluriel  Xùrpu.  —  6  Ed.  Blass,  XIV, 
f.  76  :  oTt  aXoOfftiç  ’OXûvflou  ^ar.Tr;  tyivsTo  t5v  alyixaXciTiov.  — 7  Xen.  Ages.  I,  18;  Ilesp. 
Lac.  XIII,  tl  ;  Belle  n.  IV,  t,  26.  Les  Dix  Mille  pratiquèrent  le  même  système,  Anab. 
VI,  6,  38  ;  VII,  7,  56  ;  Alexandre  avait  en  Asie  un  Ui  -rSv  fapSàpuy, 

Arrien,  Anab.  III,  6,  0.  —  8  Aristoclès,  d'après  Eusèbe,  Praep.  ev.  XV,  2,  6,  p.  792  ; 
Grote,  Bist.  gr.  XVII,  p.  186,  n.  2.  —  9  Arislot.  Oecon.  1349  b,  21  ;  Diodore,  XIV, 
3,  4,  raconte  le  fait  d’une  autre  façon.  —  10  Thuc.  VII,  85  ;  cf.  encore  le  cas  de 
Callias  Laccoploutos  à  Marathon,  Plut.  Arist.  5.  —  il  Dem.  Epist.  Pliilipp.  3. 
—  12  Acsch.  De  falsa  leg.  15-20.  —  13  Arrian.  Anab.  III,  6,  2. 

183 


LYT 


—  1 


454  — 


LYT 


payer  la  rançon  de  deux  cent  quatre-vingts  citoyens  faits 
prisonniers1.  Ces  négociations  offraient  aux  proxènes 
une  occasion  de  montrer  leur  zèle  et  de  chercher  des 
moyens  de  conciliation  entre  leur  patrie  et  la  ville  qu’ils 
représentaient.  C'est  ce  que  firent  les  proxènes  de  Coreyre 
à  Corinthe  ;  ils  se  portèrent  garants  du  paiement  de  la 
rançon  des  Corcyréens faits  prisonniers;  il  est  vrai  qu’il  y 
avait  dans  toute  cette  affaire  une  manœuvre  politique*. 
Ces  prisonniers  corcyréens  étaient  au  nombre  de  deux 
cent  cinquante  ;  le  chiffre  total  de  la  rançon  fut  fixé  à 
«00  talents,  ce  qui  donne  par  tète  10200  drachmes,  soit  3  ta¬ 
lents  1 200  drachmes.  Ce  chiffre  a  paru  exagéré3  ;  nous  en 
trouvons  cependant  de  plus  élevés  ;  ainsi  cet  Amphilochos, 
qui,  comme  nous  1  avons  vu,  fut  envoyé  aux  Athéniens  en 
qualité  d  ambassadeur,  fut  pris  par  Diopeithès  et  soumis 
a  une  rançon  de  9  talents*.  De  tels  prix  étaient  assuré¬ 
ment  exceptionnels.  A  l'époque  d'Hérodote,  le  prix  de  la 
rançon  des  prisonniers  de  guerre  dans  le  Péloponèse  était 
de  'deux  mines5.  Aristote  indique  comme  chiffre  normal 
de  la  rançon,  vop.xôv  otxatov,  une  mine,  to  gvaç  Xuxpouaôai6. 
Mais  Eschine  porte  ce  chiffre  à  un  talent  et  cela  pour  un 
homme  d’une  fortune  moyenne  7  ;  c’est  aussi  le  prix  que 
nous  trouvons  pour  la  caution  d’un  citoyen 8.  Démosthène 
dit  que  les  citoyens  athéniens  faits  prisonniers  par  Philippe 
se  rachetèrent  au  prix  de  trois  ou  de  cinq  mines9; 
Platon  aurait  été  vendu  vingt  ou  trente  mines 10  ;  àl’époquè 
des  Diadoques,  une  convention,  conclue  entre  Démétrius 
et  les  Rhodiens,  à  l'époque  du  fameux  siège,  fixa  à  dix 
mines  la  rançon  des  hommes  libres  faits  prisonniers11. 

Nous  trouvons  donc  plusieurs  fois  la  tendance  à  établir 
un  prix  normal  pour  la  rançon  d’un  homme  libre.  Eschine, 
Aristote  indiquent  formellement  ce  prix  normal,  mais 
leurs  évaluations  varient  dans  de  fortes  proportions  : 
c  est  un  talent,  d  après  Eschine  ;  c’est  soixante  fois  moins, 
ou  une  mine,  d’après  Aristote.  Des  écarts  si  considérables 
ne  doivent  pas  surprendre.  Sans  parler  des  différences 
causées  par  les  variations  du  prix  de  l’argent  aux  diverses 
époques,  il  faut  tenir  compte  de  ce  fait,  qu’ici  une  des 
plus  violentes  des  passions  humaines  pouvait  se  donner 
libre  jeu,  la  cupidité,  le  désir  de  tirer  d’une  capture  le 
plus  de  profit  possible.  Il  y  avait  là  un  danger  si  grand, 
que  des  tentatives  sérieuses  furent  faites  pour  empêcher 
les  surenchères  et  les  taxations  arbitraires.  C’est  là 
assurément  un  des  côtés  les  plus  intéressants  de  la 
question.  Des  États  s’entendent  pour  fixer  le  prix  de  la 
rançon  d'un  prisonnier.  D'après  Hérodote,  ce  prix  était 
de  deux  mines  pour  les  États  du  Péloponèse12;  les  com¬ 
munes  Mégariennes,  avant  d’ètre  réunies  en  une  seule 
cité,  auraient  fait  entre  elles  une  convention  de  ce 
genre13;  enfin  le  fait  est  assuré  d’une  façon  certaine  pour 
Démétrius  et  les  habitants  de  Rhodes14  :  on  fut  d’accord 
des  deux  côtés  à  fixer  la  rançon  d’un  homme  libre 
à  1  000  drachmes,  celle  d’un  esclave  à  500.  Nous  avons, 
dans  ces  conventions,  à  la  fois  un  des  plus  anciens 
exemples  du  système  du  prix  fixe,  et  aussi  une  des  plus 

1  Cf.  Michel,  Recueil,  410;  Ditlcnberger,  Syll.  244;  cf.  encore  une  inscription 
de  Théra  dans  les  Inscr.  gr.  ins.  mar.  Aeg.  III,  n«  328  =  Ditlcnberger,  921. 

-  Tliuc.  111,  ,0,  1  ;  Diod.  XII,  57,  2;  sur  le  rôle  des  proiènes,  cf.  Monceaux, 
Les  proxénies  grecques,  p.  17,  27,  72,  75,  77.  -  3  La  plupart  des  éditeurs  de  Thu¬ 
cydide  proposent  de  corriger  le  passage  ;  Classen  le  garde  eu  faisant  remarquer  que, 
si  la  rançon  est  si  élevée,  c'est  que  les  prisonniers  étaient  les  premiers  de  la  cité. 

—  4  Epist.  Phil.  3.  —  o  Hcr.  VI,  79.  —  6  Et  h.  Nicom.  V,  10,  p.  1134  4,  22. 

—  ‘  De  /ah.  leg.  100.  —  8  Thuc.  VII,  83  ;  quand  Denys  prit  Rhégium,  il  mit  les 
habitants  à  rançon  ;  d'après  Aristote,  Oecon.  II,  p.  1349  a,  21,  il  aurait  fixé  comme 
prix  trois  mines  ;  d’après  Diodore,  XIV,  111,  4,  il  aurait  exigé  une  mine  pour  les 


anciennes  tentalives  d'assurance  muiupll 
cnlre  doux  partis  en  lutte.  1  ""“tracté, 


de 


Nous  avons  dit  qu’en  droit  la  condition  d„ 
guerre,  at^gaWoç ,  était  la  mènie  P"Sonn‘ei 


l’esclave,  SoüXo?;  qu’en  fait  une  différent ^  Celle  de 


•existait>  c’est 

racheté  au  moyen  d’une  rançon.  Cette"difr°l 

nniircnncomin^en  A _  ,  *  c  UUICp 


que  1V.ZS«W0!  était  considéré  comme  p„Uïaiu  .  j 


?°“r!°“!é?"enCe.I!e  ™  général  le  sort  dû"  *’* 


1  PHson- 


•  i  .  ovil^icu  in  sfn»! 

mer  plus  misérable  que  celui  de  l'esclave  x 
parlons  pas  de  certains  cas  où  un  désir  qr,i  '  f  ,°US  ne 
geance,  et  aussi  la  nécessité  d’avoir  à  .ardt  dc  ven' 
nombre  de  prisonniers  ont  amené  lev-ll  grand 
traiter  avec  cruauté.  C’est  ainsi,  par  exemnîpUr  *  les 
conduisirent  les  Syracusains  envers  les  An  ’  .que  se 
l’armée  dc  Ntcias.  Nous  voulons  p^d,  ^  * 
generale,  de  la  façon  dont  étaient  traités  le,  pi”  ',M 
dans  des  conditions  ordinaires.  L'usage  était  T 
maltraiter,  de  leur  rendre  la  vie  pénible,  «6„,  sans  dou® 
de  les  obliger  a  se  racheter  au  plus  tôt.  Le  prisonnier  2 
guerre  était  tenu  aux  fers  et  d’une  façon  très  étroite  II 
suffira  de  rappeler  combien  furent  gardés  durement  par 
les  Athéniens  les  Spartiates  pris  à  Pylos15  Dans  uni 
discours  attribué  à  Démosthène,  il  est  question  ’ d’un 
prisonnier  qui,  longtemps  après  sa  délivrance,  portait 
sur  son  corps  les  traces  des  blessures  que  lui  avaient 
faites  les  entraves  dont  on  l’avait  chargé  16.  Agésilas  était 
obligé  de  rappeler  à  ses  soldats  que  les  prisonniers 
étaient  des  hommes  qu’il  fallait  garder,  et  non  des 
criminels  qu’il  fallait  punir17. 

Les  discours  des  orateurs  et  les  textes  épigraphiques 
nous  font  le  mieux  connaître  la  vie  des  prisonniers  et  les 
conséquences  qu  avaient  pour  eux  et  pour  leur  famille 
cet  état  de  servitude  et  la  nécessité  d’avoir  à  payer  une 
forte  rançon.  Un  Athénien  est  pris  dans  la  guerre  de 
Décélie,  et  vendu;  il  rencontre  enfin  le  comédien 
Cléandre  ;  sa  rançon  est  payée,  il  revient  dans  Athènes  ; 
mais  il  est  resté  si  longtemps  à  l’étranger  qu’il  a  perdu 
l’accent  attique,  ce  qui  lui  cause  mille  ennuis;  on  va 
même  jusqu’à  rayer  son  fils,  Euxithée,  des  registres  du 
dême  ;  c’était  lui  faire  perdre  ses  droits  civiques,  et  cela 
parce  qu’il  a  pour  père  un  homme  qui,  avec  un  si 
mauvais  accent,  ne  peut  être  un  véritable  Athénien  18. 

Le  cas  de  Nicostratos  est  encore  plus  intéressant.  11  est 
parti  d’Athènes  à  la  recherche  d’esclaves  fugitifs10;  il  est 
pris  par  l’ennemi,  amené  à  Égine  et  mis  en  vente.  Il 
s’occupe  aussitôt  de  se  racheter;  sa  rançon  est  tixee 
à  27  mines  :  il  écrit  lettres  sur  lettres  à  son  frère  binon, 
à  Athènes  ;  il  dit  dans  ces  lettres  qu’il  est  dans  un  état 
affreux  ;  en  effet,  il  pouvait  encore,  au  moment  du  procès, 
montrer  la  trace  des  blessures  que  lui  avaient  faites  ses 

Dinon,  n’ayant  pas 
à  Apollodore  et 

des 


chaînes.  Le  frère  de  Nicostratos, 
d’argent,  emprunte  300  drachmes 


part  pour  Égine.  Nicostratos  obtient  alors  que  1 

signant 


étrangers  lui  avancent  le  prix  de  sa  rançon,  en 
un  contrat,  çuyypaçat,  d’après  lequel  il  seLD-„ 

.  “J  De  leS'  J69, 


citoyens  riches,  et  il  aurait  vendu  les  pauvres  avec  le  butin. 

-  n  Diod.  XX,  84.  — 12  VI,  79  :  'Axoïva  Si  Ht 

,  rnlvuv.  Il  est  regrettable  que  nousn  ayoa» 


10  Diog.  Laert.  II,  20. 

Syo  (xvéai  ztzay;xévai  xkt '  avSpa  atxf*àWcov  éx-ctvetv.  n  vai  icg»«-w  »  ^  ^ 

pas  d’autre  renseignement  sur  un  fait  si  intéressant.  —  13  ^  nicttre 


pas  d  autre  renseignement  sur  un  fait  si  intéressant.  '  o-e  dc  mettra 

-  14  Diod.  XX,  84.  —  13  Thuc.  IV,  48,  1  ;  Aristoph.  Nub.  186.  Cet  |cJ 

aux  fers  les  prisonniers  élait  ancien  :  les  Athéniens  consaerèrcod  -'O^^^  ^  ^ 

entraves  qui  avaient  servi  à  enchaîner  les  Chalcidiens  pris  ?»  1  „  rubul 

.  r  «ai  18  Hnin.  LMl»'-'* 


entraves  qui  avaient  - -  - 

—  16  Dem.  LIII,  C.  Nicostr.  4.  —  «  Xen.  Ages.  I,  21 
;  cf.  Haussoullier,  La  vie  municipale  en  Attique ,  p.  41 


18  Dcm.  LVdl 


18 


_  19  Dcm. 


LUI.  C- 


Nicostr.  4  et  suiv. 


1455  — 


LYT 


LYT  — 

.  dang  trente  jours  la  somme  prêtée,  sous 
rernt)0l"'i"l';lver  le  double  s’il  laisse  passer  le  jour  de 
Peine  1  '  (  ||'  peut  alors  revenir  dans  Athènes;  là  il  essaie 
léCll.  (-!!iro  prêter  de  l’argent  pour  faire  face  à  ses  engage- 
desr  '"j,  s 'adresse,  comme  l’avait  déjà  fait  son  frère,  à 
T ïllodôre ;  celui-ci,  qui  lui-même  se  trouve  gêné  en  ce 
A|)"  ,  met  en  gage  chez  un  banquier  des  vases  à  boire, 
IKOnl(" ’.nnne  d’or; il  obtient  ainsi  1  000  drachmes  qu’il 
,t  jvficostrate.  Malgré  toutes  ses  démarchés,  ce 
dernier  ne  peut  trouver  tout  l’argent  qui  lui  est  néces- 
I  aire  P"ur  sa  rançon,  car  ses  biens  sont  sous  la  menace 
d'une  hypothèque.  Il  a  de  nouveau  recours  à  Apollodore, 
il  le  prie  de  le  sauver:  «  Avec  l’argent  que  tu  m’avanceras, 
je  me  délivrerai  de  mes  créanciers  étrangers  ,  puis  je 
m'adresserai  âmes  amis;  je  leur  demanderai  un  eranos , 
et  alors  je  te  rembourserai  ce  que  je  te  dois.  Tu  sais, 
ajouta-t-il,  que  le  prisonnier  fait  à  la  guerre  devient 
l’esclave  de  celui  qui  l’a  racheté,  s’il  ne  peut  pas  restituer 
le  prix  de  la  rançon.  »  Apollodore  se  laisse  toucher  et, 
comme  il  n’a  toujours  pas  d’argent  lui  aussi,  il  emprunte 
encore  16  mines  à  18  p.  100  d’intérêt.  Les  charges  qui 


pèsent  sur  Nicostratos,  par  suite  des  dépenses  qu’il  a  dû 
faire  pour  se  racheter,  sont  si  lourdes,  qu’il  cherche  à  s’y 
dérober,  en  frustrant  son  bienfaiteur  ;  de  là  le  procès  *. 

Parmi  les  faits  nouveaux  que  nous  révèle  ce  récit,  il  en 
est  un  qui  mérite  surtout  d’être  signalé,  c’est  cet  article 
de  la  législation  athénienne  d’après  lequel  un  Athénien 
qui  ne  restituait  pas  le  prix  de  sa  rançon  à  celui  qui 
l’avait  racheté,  devenait  son  esclave  ;  c’est  le  seul  cas 
pour  lequel  Solon  avait  conservé  l’esclavage  pour  dettes, 
peine  si  fréquemment  prononcée  dans  les  anciennes 
lois  d’Athènes.  Il  est  intéressant  de  remarquer  qu’une 
disposition  analogue  se  trouvait  dans  la  législation 
de  la  Crète  et  de  Rome  2.  Voici  la  prescription  formulée 
dans  la  loi  de  Gortyne  :  «  Si  un  homme  libre  a  été  vendu 
al  ennemi,  et  si,  sur  sa  demande,  quelqu’un  qui  est 
dans  1  obligation  de  le  faire  le  rachète  de  l’étranger, 
i  seia  a  la  disposition  de  celui  qui  l’aura  racheté, 
jusqu  .!  ci'  qu  il  ait  remboursé  ce  qu’il  doit.  S'ils  ne  sont 
pas  d  accord  sur  la  somme,  ou  si  la  personne  rachetée 
soutii  ni  ij h  elle  n  a  pas  demandé  son  rachat,  le  juge  sta- 
ueivi,  i  ii  prêtant  serment,  suivantles  faits  de  la  cause3.  » 
‘ 0Uï1  11  ,lV0ns  parlé  jusqu’ici  que  des  hommes  pris  à  la 
l^'  j1  '  1KU 16  I11  sont  plus  particulièrement  visés  par 
n'  V'  <do  fi111  concernent  la  rançon  ;  mais  personne 
sJ  11  que,  même  en  temps  de  paix,  on  n’était  pas  sûr 
p0  1  hberté.  Sauf  dans  les  villes  fortifiées,  on 
par  '  *lfl(ïue  instant  être  enlevé  par  des  voleurs  ou 
encoiv,  I'"f.t,.es'  ^  ^époque  historique,  peut-être  plus 
de  la  (;g!  1  ' ^ocIue  homérique 4,  la  piraterie  est  le  fléau 
quj  0n|  "  ’  chaque  fois  qu’une  des  grandes  puissances 
la  Macéd  °UI  î  l°Ur  t**r'8é  la  Grèce,  Sparte,  Athènes, 
lance  (juvjp  ’  d'sse  se  relâcher  quelque  peu  la  surveil- 
ei  exercn  1°  i  Xeice  sur  les  mers,  les  pirates  se  montrent 
UUs  déprédations;  ils  sont  même  assez 


*  ^  un 

U,  1882,  p.  4C0  ^  A*0  rai'Con  ap.  lsae.  VII,  8.  Voir  dans  le  Bull,  de  et 
0,'ginaire  d’Axos  en  Gw-'-  U''  ^crc^  d<“s  Étolions  contenant  l'histoire  d’Epic 

Locride,  à  An»Dhi«:  "V  **  6S'  '>r’s  a  'a  ëuorre  avec  sa  mère  et  vendu  ;  emm 
et  s'occupe  alors  i  ^  ,lacllet'5  (««vaXaSi.»  t4  ;  il  se  marie,  a 
cosnics  qui  ,,  '  •  a'r6  cons^a*or  sa  qualité  de  citoyen  d’Axos  ;  il 
^  l'oiinl  aux  synèdres  des  Étolicns,  au  stratège  et  à  l'I 


Pai'qu< 


|h"  "SC  lettre  établi-  au x  synèdrcs  des  Étolicns,  au  stratège  et  à  l'I 

'"l'I'issa,  _  j  j-y  1  sa  filiation  et  racontant  les  événements  qui  l'ont  corn 

ctXLIX’.)3  0-  t».  9).  -  3  VU,  40.  « 
1  ans  09  Vnscr.  jurid.  grecques ,  voir  les  notes  p. 


nombreux  et  assez  audacieux  pour  attaquer  des  villes  et 
emmener  une  partie  de  la  population  qu’ils  mettent  à 
rançon  J.  En  Grèce,  dit  M.  Wallon,  tout  le  monde  vit  sous 
la  menace  de  l’esclavage6,  tout  homme  libre  peut  être 
surpris,  entraîné  au  loin,  mis  en  vente,  ou,  ce  qui  était 
plus  profitable  pour  les  voleurs,  mis  à  rançon. 

Ces  misères  mêmes  avaient  fait  naître  des  institutions, 
des  usages  qui  avaient  pour  objet  de  les  soulager  et  de 
les  adoucir.  Si,  dans  Y  Iliade ,  nous  ne  trouvons  pas  un 
seul  exemple  d’un  prisonnier  renvoyé  sans  rançon,  de 
tels  actes  de  générosité  n’étaient  pas  rares  à  l’époque 
historique.  Les  Athéniens,  ayant  pris  Doriée,  un  des 
membres  de  cette  grande  famille  des  Diagorides  de 
Rhodes,  illustre  dans  toute  la  Grèce  par  une  longue 
suite  de  victoires  aux  grands  jeux,  lui-même  sept  fois 
vainqueur  à  Némée,  huit  fois  à  l’Isthme,  trois  fois  de  suite 
au  pancrace  à  Olympie,  furent  touchés  de  pitié  quand  il 
parut  enchaîné  devant  eux  et  le  renvoyèrent  sans  rançon 
par  un  vote  de  l’assemblée7  ;  les  Syracusains  agirent  de 
même  envers  le  prince  sicule  Dukelios8.  Les  proxènes 
étaient  plus  généralement  l’objet  de  ces  actes  de  géné¬ 
rosité9.  Callicratidas,  par  une  noble  conscience  de  la 
patrie  hellénique,  refusait  de  faire  vendre  comme  esclaves 
les  Grecs  prisonniers 10.  A  deux  reprises,  Philippe  renvoya 
sans  rançon  les  prisonniers  athéniens,  la  première  fois 
après  la  prise  d’Olynthe11  et  après  Chéronée12. 

Enfin,  comme  dans  les  États  chrétiens  au  xvic  ét  au 
xvii8  siècle,  le  rachat  des  prisonniers  fut  considéré  comme 
un  des  devoirs  qu’imposait  aux  classes  aisées  ce  senti¬ 
ment  d’humanité  qui  est  devenu  la  charité,  et  que  les 
Grecs  désignaient  par  le  mot  tpiXotv0£<ü7rta. 

L’institution  de  I’eranos  trouvait  ici  une  application. 
Nous  avons  vu  Nicostrate  en  parler  à  Apollodore13:  «  Je 
demanderai  a  mes  amis  un  eranos  ».  Ce  qui  veut  dire  que 
Nicostrate  demandera  à  ses  amis  de  se  cotiser  pour  lui 
prêter  la  somme  nécessaire  à  sa  rançon,  somme  qu’il  leur 
remboursera  un  jour,  mais  sans  avoir  à  payer  d'intérêts. 
D’après  la  loi  de  Gortyne  i4,  il  y  avait  même  là  une  véri¬ 
table  obligation  ;  quand  un  prisonnier  à  la  guerre 
demandait  à  être  racheté,  un  certain  nombre  de  personnes, 
probablement  les  membres  de  sa  famille15,  étaient  dans 
la  nécessité  de  faire  droit  à  sa  demande  et  de  se  cotiser 
pour  le  racheter.  Pour  les  autres  pays  de  la  Grèce,  et  en 
particulier  pour  Athènes,  nous  ne  connaissons  pas  de 
prescription  aussi  précise  ;  il  semble  qu’il  n’y  avait  dans 
ces  pays  qu’une  obligation  morale,  mais  elle  était  très 
impérieuse,  et  très  souvent  nous  la  trouvons  rappelée. 
Les  hommes  politiques,  les  plaideurs,  afin  de  se  concilier 
l’esprit  des  auditeurs,  se  font  souvent  gloire  d’avoir 
dépensé  de  grosses  sommes  d’argent  pour  racheter  des 
concitoyens  prisonniers  ;  nous  possédons  aussi  de  nom¬ 
breux  textes  épigraphiques,  qui  nous  ont  conservé  un 
décret  accordant  une  récompense,  éloge  ou  proxénie,  à 
tel  personnage  qui  s’est  acquitté  de  ce  devoir.  «  Pendant 
que  j’étais  à  Pella,  dit  Démosthène  16,  mon  occupation  a 

—  4  Od.  III,  73-74  ;  XV,  415.  —  S  Dittenberger,  255  =  Michel,  384.  —  6  Hist.  de 

l'esclavage  dans  tant.  I,  p.  165.  —  7  Xen.  Bell.  1,  5,  9;  cela  n’empêcha  pas  les 
Lacédémoniens  do  le  mettre  plus  lard  à  mort,  Paus.  VI,  7,  2.  _  8  Diod  XI  9=> 

—  9  Conduite  des  Phliasiens  envers  leurs  proxènes  de  Pellène,  Xen.  Bell  VII  «  16 

-  iO  Xen.  Bell.  1,  6,  4.  -  U  Dem.  De  fais.  leg.  170.  -  12  Cf.  surtout  sur  ceVacte, 
Grote,  Bist.  gr.  X\  II,  370.  —  13  Cf.  p.  13,  n.  2  ;  voir  surtout  l'ouvrage  de  P.  Fou- 
cart,  Des  associationf  religieuses  chez  les  Grecs,  p.  143.  —  H  Cf.  note  3  à  cette  page 

-  15  Les  éditeurs  du  Bec.  des  inscr.  jurid.  ajoutent  les  membres  d'une  hétairie! 
p.  467.  —  16  De  fais,  legal.  I6G. 


LYT 


—  1456  — 


été  de  chercher  les  captifs,  de  leur  rendre  la  liberté,  soit 
en  puisant  dans  nia  bourse  pour  la  dépense,  soit  en 
priant  Philippe  d  employer  au  rachat  de  ces  malheureux 
les  présents  d'hospitalité  qu'il  nous  offrait.  »  Philippe  se 
décide  à  renvoyer  ces  prisonniers  sans  rançon.  Quelques- 
uns  s'étaient  déjà  rachetés  en  se  faisant  prêter  de 
1  argent,  par  Démosthène  en  particulier.  «  Je  réunis 
ceux  à  qui  j  avais  prêté  des  fonds,  je  leur  rappelai  ce 
que  j  avais  fait;  et,  pour  que  ces  pauvres  gens  n’eus¬ 
sent  pas  à  se  repentir  de  s’être  trop  pressés  en  se 
i  achetant  a  leurs  frais,  quand  les  autres  allaient  être 
mis  en  liberté  par  Philippe,  je  leur  fis  don  des  sommes 
exigées  pour  le  rachat.  »  11  est  vrai  qu’Eschine  conteste 
ce  récit  :  «  Démosthène,  dit-il1,  savait  que  Philippe 
n  a  jamais  exigé  de  rançon  des  prisonniers  athé¬ 
niens  ;  il  avait  entendu  les  amis  de  Philippe  dire 
qu  à  la  paix  tous  les  prisonniers  seraient  renvoyés  ; 
lui  arrivait,  montrant  avec  ostentation  un  talent,  somme 
à  peine  nécessaire  pour  racheter  un  prisonnier  d’une 
fortune  peu  élevée.  » 

Dans  les  plaidoyers,  comme  on  se  faisait  gloire  des 
liturgies  qu'on  avait  acquittées,  on  se  plaisait  aussi  à 
rappeler  qu  on  avait  payé  des  rançons  de  prisonniers. 

Mon  père,  dit  un  orateur,  sans  parler  de  nombreuses 
liturgies,  a  doté  des  filles  et  des  sœurs  de  citoyens 
pauvres  ;  il  a  racheté  des  prisonniers  faits  à  la  guerre 2 .  » 
Les  historiens  signalent  ce  trait  de  bonté  chez  Épami- 
nondas3,  chez  PhilopémenL  Nous  possédons  de  nom¬ 
breux  décrets  accordant  des  récompenses  à  ces  libérateurs 
généreux.  L  homme  d  État  Àndrotion,  l’ennemi  de 
Démosthène,  reçoit  des  habitants  d’Arcésina,  dans  l'île 
d  Amorgos,  une  couronne  d'or  de  500  drachmes  avec  le 
Litre  de  proxène  et  de  bienfaiteur,  parce  que,  étant 
gouverneur,  entre  autres  services  qu’il  avait  rendus  à  la 
cité,  il  avait  racheté  des  habitants  faits  prisonniers6. 
Nous  possédons  deux  décrets  de  proxénie,  rendus  sur  la 

1  Aescb.  De  fais.  leg.  100.  —  2  Lys.  XIX,  59  ;  cf.  encore  Lys.  XII,  20  ;  Isæ.  V, 
43  ;  MI,  8  ;  Hyper,  f.  76  de  Blass  :  Dem.  VIII,  70  ;  XVIII,  268  ;  XIX,  169,  170,  229  ; 
XX,  42;  XXV,  86  ;  Aristot.  Rhetor.  II,  24,  p.  1401  a,  10.  —  3  Corn.  Nepos,  Epam. 
3.  —  *  Plut.  Pliilop.  4.-5  Bull,  de  corr.  hell.  XII,  224;  Ditlenb.  Syll.  112; 
Michel,  Rec.  377.  6  Corp.  inscr.att.  II,  193  ;  le  décret  ajoute  que  le  personnage 

a  rapatrié  les  captifs  à  ses  frais.  —  7  Ibid.  194;  même  observation  pour  le  rapatrie- 
ment  des  captifs.  —  8  Ibid.  II,  314  ;  Dittenb.  Syll.  197  ;  Michel,  126.  —  9  Corp.  inscr. 
ait.  IV,  2,  p.  48  ;  sur  ce  Cléomis,  cf.  Isocr.  Epist.  VII,  8.  —  10  Dittenb.  Syll.  255  ; 


LYT 


r  r  il  uxveur  de 

avaient  délivré  des  prisonniers,  les  uns  T8®8 
en  Crète6,  les  autres  qui  servaient  comme  ^  U°UVaient 
dans  l’armée  de  Darius,  et  qui  avaient  ,t“erce"airesj 
bataille  du  Granique1.  Un  service  analogue  f.’8  à  la 
par  Fhilippidès,  du  dème  de  Céphalé  uni  1  "  ''en,lu 
maque,  aux  Athéniens  faits  prisonniers  "1  **}  LysU 
d’Jpsus  Cléomis  de  Méthymne  recul  aussi  le  H 

proxène  et  de  bienfaiteur  pour  avoir  racheté  des  L  * 

pris  par  les  pirates6.  La  ville  d’Aegialé  i  “ï? 
d’ Amorgos,  est  surprise  par  des  pirates,  q„i  ’co.umetteut 
de  nombreux  ravages  et  emmènent  plus  de  trente  fem" « 
jeunes  biles,  citoyens;  deux  des  prisonniers,  HégS 
et  Antipappos,  parviennent  à  obtenir  la  liberté  des  omS 
en  s’offrant  comme  otages,  jusqu’à  ce  que  les  rançons 
soient  payées  ;  le  peuple  leur  vote  une  couronne  de  lierre 
parce  que  les  captifs  ont  tous  été  sauvés  sans  avoir  \ 
subir  rien  d’indigne10. 


Les  acteurs,  qui  à  l’époque  de  Démosthène  jouent  un 
rôle  important  dans  les  relations  internationales  qui 
sont  souvent  choisis  pour  faire  partie  des  ambassades, 
ont  ainsi  l’occasion  d’intercéder  auprès  du  vainqueur  en 
faveur  des  prisonniers.  On  connaît  l’histoire  de  l’acteur 
Satyros  obtenant  de  Philippe  la  liberté  sans  rançon  des 
filles  de  son  hôte  Apollophane  de  Pydna  qui  avaient  été 
prises  dans  Olynthe11.  Nous  avons  vu  que  le  père  de  cet 
Athénien,  nommé  Euxithée,  pour  lequel  Démosthène 
composa  un  discours  contre  Euboulide,  avait  été  pris 
pendant  la  guerre  de  Décélie  et  qu'il  avait  été  racheté 
par  le  comédien  Cléandre12. 


Dans  l’énumération  de  ces  actes  de  générosité,  il  faut 
citer  le  trait  d’une  affranchie,  qui  rachète  son  ancienne 
maîtresse,  prise  par  des  pirates,  et  qui,  en  récompense, 
est  délivrée  de  l’obligation  qui  lui  était  imposée,  par 
l’acte  d’affranchissement,  de  rester  auprès  de  sa 
maîtresse13.  Albert  Martin. 


Michel,  384.  Parmi  les  autres  décrets  analogues,  nous  citerons  :  Dillenbergcr,  244  = 
Michel,  410  (280  habitants  d’Aulonia,  pris  par  les  Étolicns  et  rachetés)  ;  Corp.  inscr. 
att.  II,  143  (des  prisonniers  rachetés  en  Sicile  et  rapatriés);  Inscr.  gr.  insul.  maris 
Aegaci ,  Fasc.  2,  n°  15  (inscr.  de  Mytilènc)  ;  Dittenb.  Syll.  921,  inscr.  de  1  Itéra; un 
décret  de  Mycène,  relatif  à  des  prisonniers  faits  par  Nabis,  tyran  de  Sparte,  cl 
rachetés,  cf.  Michel,  liée.  173  ;  un  autre  décret  analogue  des  Trézéniens,  Bull,  de 
corr.  hell.  t.  XVII,  p.  108-109.  —  H  Dem.  De  fais.  leg.  194;  Aesch.  De  fais.  leg. 
15G  ;  Diod.  XVI,  55.  —  12  Dem.  LVII,  C.  Eubul.  18.  —  13  Dittenb.  Syll.  863.  . 


MAC 


—  1457  — 


MAC 


M 


rf  «  jjji  MaxeXXov1,  marché.  -  A  l’origine,  dans 
,  “Somai’-es.  c’était  sur  le  forum  que  à  certains 
16  tenait  le  marché.  Puis,  peu  a  peu,  les  forums 
j°urs’  "J  r  èrent  :  de  plus  en  plus,  ils  devinrent  des 
^fplimenade,  de  rencontre;  on  y  tint  des  assem- 
‘T  nn  v  vota  ;  les  tribunaux  les  envahirent.  Les  bou- 
llk  ’  JKênaient  ces  manifestations  de  la  vie  publique 
"h S  le  commerce  devait  être  également  empêché  par 
V  l'ouïes  SOUYent  tumultueuses,  émigrèrent.  C’est  ainsi 
•  n, une  les  bouchers  d’abord,  dont  la  basilique  Sem- 
!la  fit  disparaître,  en  l’an  de  Rome  583  (=171  av. 

I  c  \  les  dernières  boutiques  2,  et  les  marchands  de 
cois'sons,  comme  eux  jusque-là  établis  sur  le  forum3,  se 
transportèrent  plus  au  nord 4  sur  un  nouveau  forum,  qui 
fut  appelé  forum  piscarium*  ou  piscatorium6.  En  même 
temps  se  fondaient  dans  différents  quartiers  de  la  ville 
des  forums  ou  petits  marchés  ayant  chacun  leur  spécia- 
lil è:forumsuarium,  forum  vinarium,  forum  cupedinis , 
etc.',  tandis  que,  sur  le  grand  Forum,  les  monuments 
et  les  magasins  luxueux  des  orfèvres  et  les  banquiers 
remplaçaient  les  humbles  boutiques  d’autrefois8  [forum, 


I,  p.  1:178]. 

Mais  bientôt  se  produisit  un  nouveau  changement.  Le 
forum  piscatorium  fut  remplacé  par  un  grand  macellum , 
le  premier  marché  proprement  dit  de  Rome,  où  se  ven¬ 
daient  tous  les  produits  jusque-là  répartis  entre  les 
forums  spéciaux9,  où  affluaient  les  denrées  alimentaires 
apportées  des  campagnes  ou  envoyées  des  provinces  à 
Rome10.  Par  suite,  les  forums  spéciaux  disparurent 
presque  fous  successivement.  Mais,  comme  tous  les  usages 
s’établissent  progressivement  et  ne  sont  pas  créés  d’une 
seule  pièce,  nous  voyons  le  mot  macellum  usité  avant  la 
construction  du  premier  édifice  de  ce  genre  :  le  forum 
piscatorium ,  en  effet,  est  appelé  par  Plaute  tantôt  forum 
piscarium H,  tantôt  macellum 12  ;  Tite-Live  le  nomme 
aussi  forum  piscatorium 13  ou  macellum  11  ;  de  même 
le  scoliaste  de  Térence  attribue  au  forum  cupedinis  le 
nom  macellum16.  En  même  temps  qu’il  portait  déjà  le 
nom  macellum ,  le  forum  piscatorium  mettait  aussi  en 
vente  des  denrées  très  variées16.  De  cela  on  peut  donc 
conclure  que,  lorsque  le  premier  macellum  dont  nous 
'enons  de  parler  remplaça  le  forum  piscatorium,  ce  fut 
moins  une  création  nouvelle  que  la  consécration  d’un 
état  de  choses  peu  à  peu  établi.  D’ailleurs,  le  nom  et 
institution  sont  d’origine  grecque.  Varron  nous  dit  que, 

1  scm  tempst  les  Lacédémoniens  donnaient  encore  aux 
marchés  le  nom  gotxeXXov 17.  Il  faut  donc  accepter  avec  la 
1  mnee  habituelle  les  étymologies  présentées  par  les 

anciens  grammairiens  18. 


Le  macellum  était  au  nord  du  Forum  19.  On  ne  sait  pas 
à  quelle  date  il  fut  fondé  et  peut-être  n’existe-t-il  pas  de 
date  bien  précise.  En  l’an  de  Rome  575  (=  179  av.  J.-C.), 
cet  édifice,  détruit  par  un  incendie  qui  éclata  au  nord 
du  Forum,  fut  reconstruit  par  les  soins  des  censeurs 
Q.  Fulvius  NobilioretQ.  Fabius  Maximus20.  Pas  plus  que 
la  date  précise  de  l’apparition  du  premier  macellum ,  on 
ne  sait  celle  de  sa  disparition.  On  a  supposé  avec  vrai¬ 
semblance  qu’il  fut  démoli  quand  son  emplacement 
devint  nécessaire  à  l’établissement  du  forum  d’Auguste  21 , 
et  que  cet  empereur,  pour  le  remplacer,  éleva  sur  l’Es- 
quilin  le  macellum  Liviae 22 ,  appelé  aussi  forum  Esqui- 
linum 23  et,  dans  le  régionnaire,  macellum  Livianum  2l. 
C’est  le  nom  de  Livie  qui  a  fait,  avec  raison,  attribuer 
à  Auguste  la  fondation  de  ce  marché.  Il  subsista  long¬ 
temps.  Les  empereurs  Valens  et  Gratien  1  ornèrent  de 
nouvelles  areae  entourées  de  portiques23,  et  son  nom  se 
rencontre  encore  souvent  dans  les  documents  du  moyen 
âge26.  On  a  découvert  à  Rome,  sur  l’Esquilin,  via  Principe 
Amedeo,  un  marché  avec  son  area ,  ses  portiques  et  ses 
boutiques  qu’on  a  voulu,  à  tort,  identifier  avec  le  marché 
de  Livie 21.  Celui-ci  occupait,  sur  l’Esquilin,  un  em¬ 
placement  connu,  près  de  la  porta  Esquilina  -8. 

Un  autre  marché,  le  macellum  magnum,  fut  élevé 
par  Néron29  sur  le  Cœlius30.  On  connaît  un  argenta- 
riussl  et  un  procurator  macelli  magni 32.  Un  fragment 
du  plan  de  Rome  de  Septime  Sévère  présente  une  partie 
d’un  portique  garni  de  boutiques  avec  l’inscription 


Fig.  473G.  —  Fragment  du  plan  de  Rome. 


macellvm  (fig.  4736) 33.  Ce  fragment  étant  isolé  et  la  dési¬ 
gnation  incomplète,  on  ignore  s’il  concernait  le  marché 
de  Livie,  le  grand  marché,  ou  un  autre  marché  dont  le 
nom  ne  serait  pas  parvenu  jusqu’à  nous.  Si  l'on  en  croit 
le  scoliaste  d’Horace,  chaque  quartier  de  Rome  aurait 
été  desservi  par  un  marché34.  La  découverte  faite  via 
Principe  Amedeo  semble  venir  à  l’appui  de  ce  texte. 

On  trouvait  au  macellum  toute  espèce  de  denrées  ali¬ 
mentaires35  et  de  quoi  organiser  un  repas  complet36,  y 
compris  les  cuisiniers31.  Les  marchés  des  villes  de  province 
dépendaient  de  la  municipalité38.  Nous  venons  de  voir,  a 
Rome,  le  macellum  magnum  administré  par  un  procura¬ 
teur39.  Le  marché  de  Lambèse,  ayant  été  créé  pour  le  camp, 
avait  une  administration  militaire4".  On  veillait  parfois 


gjj  |(j  ll1'1  1  ljf-  Étienne,  Thesaur.  s.  v.;  Rio,  LXI,  18.  Dans  des  textes  épi- 
XX  .'"''p.1  BuU'  decorr ■  tiell.  t.  X,  p.  420,  no  29;  XVII,  p.  3,  6  ;  p.  201, n»  45; 

~‘Cf  o  ni  45 ’  p’  131  ’  ~  2  Liv-  XLIV’  16-  -  3  plaut-  CaPL  IV’  2>  748-  s- 
Curcui  iv  ,  rt’  Geschic,^und  Topogr.  der  Stadt  Rom,  III,  p.  207.  —  B  Plaut. 

-  1  Varr  V  ’  '  Ling'  laL  V’  U6-  —  6  Liv-  XL,  51 1  Colum.  VIII,  17,  s.  fin. 

barium  ^  Am'  49  >  ^'P-  ^ig.  I,  12,  11  ;  Fest.  ap.  Paul.  Diac.  s.  v. 

Non.,  XII  30*°’  C°rP'  inSCr '  laL  l'  I2’  P'  323  et  335  :  X1V’  110  430-  —  8  Varr-  aP' 
loi.  y  ipfj.h  9  cP  Tliédenat,  Le  Forum  romain,  p.  5.  —  9  Varr.  Ling. 

—  12  pSfu^  ~  1U  PonaU  ad  Terent.  Eunuch.  II,  2,  25.  —  n  Curcul.  IV,  1,  481. 

L. 1.  _  u/j,)  '  ’  165-  —  13  XXVI,  27.  —  4  XXVII,  11.  —  15  Donat.  ad  Terent. 

CariuWu(l!-)  'aUl'  Aulul-  '•>  ù  329,  s.  et  apud  Varr.  Ling.  lat.  V,  140  :  forum  pis- 
i.  r. ,  |s|j  fff  M  s’  11  Varr.  L.  I.  —  18  Varr.  L.  I.  ;  Fest.  ap.  Paul  Diac.  p.  125, 
P«  suite,  du  '  44'  —  19  Sur  l’emplacement  du  forum  piscatorium  et, 

10  llu‘  1°  remplaça,  cf.  les  dissertations  de  Ritschl,  Opuscul.  II, 


p.  393;  Jordan,  Bermes,  t.  II,  p.  94;  XV,  p.  110;  Urlichs,  Muséum  für  Philo¬ 
logie,  t.  XXIII,  p.  84;  Becker,  Bandbuch,  t.  I,  p.  503;  O.  Gilbert,  Gescli.  und  Top. 
d.  Stadt,  t.  III,  p.  207,  209;  Richler,  lop.  d.  Stadt,  p.  79.  —  20  Liv.  XXVII,  11. 

—  21  Cf.  Richter,  Op.  I.  p.  79.  —  22  Rio,  LV,  8.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2223, 
0179,  80.  —21  Regio  V;  cf.  Preller,  Die  Région,  p.  13t.  —  2»  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
H7g.  _  26  Armcllini,  Cliiese  di  Roma,  p.  056  ;  Liber  Pontificalis,  passim 

—  27  Bull,  comun.  II,  p.  212,  s.  —  28  Ibid.  p.  216.  —  29  Dio,  LXI,  18;  Cohen, 
Monnaies  imp.  t.  12,  p.  288,  Nero,  n«  126,  s.—  30  Regiones  Urbis,  Reg.  IL  — 
31  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9183.— 32/iùf.  1648.—  33  Jordan,  Form.  Urb.  Rom.  p.  32, 
n"  15,  pl.  xn,  60.  —  34  Acr.  ad  Hor.  Serm.  I,  6,  113.  —  35  Terent.  Eunuch.  II,  2, 
24,  s.’;  Hor.  Ep.  I,  15,  31.  —  36  Mart.  X,  59.  —  37  PHn.  Nat.  hist.  XVIII,  28,  1  ; 
Te'rcnt.  L.  I.  —  38  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  9062  ;  IX,  2638,  3162;  XI,  423.  — 
39  Ibid.  VI,  1648.  —  40  Cf.  Cagnat,  Bull.  arch.  du  Comité  des  tr.  hist.  1890. 
p.  455;  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  18224. 


—  1458  — 


tlans  les  marchés  à  l’observation  des  lois  somptuaires 
qui  prohibaient  la  vente  de  certaines  denrées1.  L’appro¬ 
visionnement  du  marché  s’appelait  onnona  macelli  -. 

Lomme  tous  les  monuments  utiles  ou  agréables,  les 
marchés  des  municipes  bénéficiaient  souvent  de  libéra- 
iu>.  L  est  ainsi  que  nous  voyons  des  citoyens  généreux 
orner  ou  reconstruire  entièrement  les  marchés  de  Sae- 
pinum  \  Aeclanum *,  Aesernia3,  Histonium®,  Marru- 
vmm  \  Herculanum8,  Aletrium9,  Préneste10,  Viterbe11, 
Tarquinii  Tégée 13,  Thyatire  **,  Mantinée15,  Béziers16, 
Narbonne1',  Turca18,  Timgad,  etc.19.  A  défaut  de  largesses 
privées,  les  municipalités  d'Auzia20,  de  Corfinum  **, 
d  Ariminium font  reconstruire  leurs  marchés.  A  Aeser- 
nia,  le  marché  ayant  été  renversé  par  un  tremblement 
de  terre,  un  particulier  le  relève,  mais  à  la  condition 
que  la  municipalité  fournira  les  colonnes  et  les  tuiles23. 
A  Julium  Carnicum,  c’est  l'empereur  Sévère  Alexandre 
qui  se  charge  de  la  reconstruction 2V. 

I  n  marché  se  composait  essentiellement  d’une  area  28 
ou  place  rectangulaire  (fig.  4737),  souvent  entourée 
dt  portiques*6  sous  lesquels  ouvraient  des  boutiques27. 
Sui  *e  plun  du  marché  de  Pompéi  que  nous  reproduisons 


ummiui] 


-P  P  o  o  o  n  a  ri  n 


T  T  T  T  T  T  T  T  r  F 


Fig.  4737.  Plan  du  marché  de  Pompéi. 


tig.  4737),  on  voit  I  area  centrale  avec  son  portique: 
1  un  des  deux  côtés  longs  est  garni  de  boutiques  ouvrant 
a  1  intérieur  du  marché  et  surmontées  d'un  premier  étage 
auquel  on  ne  pouvait  avoir  accès  que  par  des  échelles; 
1  autre  côté  long  ouvre  au  contraire  ses  boutiques  en 
dehors  sur  une  rue  qui  longe  le  marché.  Cette  dispo¬ 
sition  semble  avoir  eu  pour  but  d’éviter  l’exposition  au 
midi,  le  soleil  trop  ardent  pouvant  nuire  aux  marchan¬ 
dises.  De  chaque  côté  de  l’entrée  principale,  sur  la  façade, 
les  boutiques  donnent  sous  le  portique,  en  bordure  sur 
le  forum  à  l’alignement  duquel  elles  se  conforment28. 
Au  marché  de  Timgad,  Y  area  est  également  ornée  d’un 
portique.  Les  boutiques  sont  toutes  disposées  à  l'intérieur, 
contre  le  mur  qui  forme  façade,  et,  à  l’extrémité  opposée,’ 
le  long  d’une  abside  semi-circulaire  qui  termine  l’édifice29 
(fig.  47  39) 30.  Sur  ses  deux  longs  côtés  le  marché  de 
1  ouzzoles,  appelé  longtemps  temple  de  Sérapis,  pré¬ 
sentait  des  boutiques  ouvrant  alternativement  sur  l’inté- 


MAG 


rieur  et  sur  l’extérieur  ;  d’autres  boutiques 

fde8a“s  «  a“  dehors,  le  mur  de  ?acL  S“ie»1' 
le  fond  du  monument®1.  Notre  figure  S 
moment  des  fouilles,  donne  la  vue  d;  38  ’■**»*» 


Fig.  4738.  —  Le  marché  de  Pouzzoles. 


boutiques  et  des  débris  du  portique  qui  les  abritait.  Le 
fragment  du  macellum  représenté  sur  le  plan  de  Rome 
montre  aussi  une  partie  du  portique  avec  ses  boutiques 
(fig.  4736) 33. 

Nous  ignorerions  complètement  l’aménagement  des 
boutiques  sans  la  découverte,  d’un  intérêt  unique,  qui  a 
été  faite  à  Timgad.  Nous  avons  vu  que  l’extrémité  du 
marché  de  cette  ville  est  occupée  par  un  portique,  en 
forme  d’abside  semi-circulaire,  à  l’intérieur  duquel 
rayonnent  sept  boutiques.  L’entrée  de  ces  boutiques  est 
barrée,  à  un  mètre  environ  du  sol,  par  une  belle  et  large 
dalle  en  granit  bleu  supportée  par  deux  montants  et  fai¬ 
sant  une  légère  saillie  en  dehors  de  la  boutique.  C’est  là 
que  le  marchand  exposait  ses  denrées.  Ces  boutiques 
n’ayant  pas  d’autre  ouverture  ni  dégagement,  il  fallait, 
pour  y  entrer  ou  en  sortir,  passer  sous  ou  sur  la  table  en 
pierre.  Cela  se  pratique  encore  dans  plus  d’une  boutique 
de  Tunisie  ou  d’Algérie31.  Nous  donnons  (fig-  4739), 
d’après  MM.  Cagnat  et  Ballu  3S,  une  vue  de  ce  portique 
semi-circulaire  avec  ses  boutiques  et  leurs  tables  en 
pierre.  On  sait,  par  une  inscription,  que  M.  Sempromus 
Hymnus,  citoyen  de  Yillajoyosa  en  Espagne,  fit  rétablir, 
avec  ses  tables  en  pierre,  le  marché  de  sa  ville  natale 
qui  tombait  en  ruines36.  Les  marchés  considérables, 
celui  de  Livie  entre  autres,  à  Rome,  avaient  plusieurs 
areae  entourées  de  portiques  37. 

Au  centre  de  Y  area  du  marché  de  Pompéi  se  dressent, 


I  Suet.  Caes.  XLIII.  —  2  Varr.  H.  rust.  III,  2,  IG;  Cic.  Divin.  II  27 
3  Corp.  inscr.  lat.  IX,  1169.  -  4  Ibid.  2475.  -  5  Ibid.  2653.  -  6  Ibid.  28 
—  1  Jbid.  3682.  —  8  Ibid.  X,  1450,  1457.  —  9  Ibid.  5807.  —  10  Ibid  XIV  09 
-U  Ibid.  XI,  3014.  12  Jbid.  3388.-13  Bull.  corr.  heü.  XVII,  p.  3,  no  6  — 14  Ib 

J-  4^’  /é,rf:XX'  P-  12«® 145—  16  C.  i.  I.  XII,  4248.  -  17  Ibid.  44 

°'  Ihld ■  '  123°3  —  19  R.  Cagnat  et  A.  Ballu,  Timgad,  p.  209;  C.  i 

VIII,  2398, 2399.  -  20  Ibid.  9062-9063.  -  21 /«rf.  IX,  3162 22  J  XI  4«3  _ 

7W  X,  2638.  24  Ibid.  V,  222-235.  -  25  Ibid.  VI,  1 178  ;  Cagnat  et  Ballu,/. 

-  26  Terent.  Adelph.  IV,  2,  575;  C.  i.  I.  VIII,  9062-3;  IX,  2475.  2638-  Cagr 


et  Ballu,  O.  I.  p.  189.  —  27  Liv.  XL,  51  ;  C.  i.  I.  V,  3288  :  tabernac  cm,, 

ubi  mercatas  ageretur.  —  28  Cf.  Mau,  Pompeji  in  Leben  und  Kunst ,  1 00  4,  p-  ^ 

—  29  Cagnat- Ballu,  O.  I  p.  197,  s.  pl.  xxm.  —  ™  D’après  Cagnal-Ballu,  p  •  ^ 

—  31  Voir  le  plan  d’Andrea  de  Jorio,  Iticherche  sul  tempio  di  ^"Pj  '  resiiere 
zuoli,  pi.  v,  et,  d’après  lui,  Cagnal-Ballu,  p.  211;  T’asq.  Pauiini,  , anantt's. 
aile  antichità  ...di  Pozzuoli,  Cuma,  Baja  e  Miaeno,  pl.  XX!V,  avr)  ■  ,-nat- Ballu, 

—  32  Pasq.  Pauvini,  pl.  xxm. — 33  Jordan,  Form.  Urb.  pl.  xn,  60.  l”|’en8en>[>lc 

p.  198.  Voiraussi,  p.  199, fig.  90,  une  de  ces  boutiques,  el  pl.xxv  cl  xxm ,  ()-g_ 

de  ce  portique  —  3.7  Ibid.  pl.  xxvn.  —  30  C.  i.  I.  IL  3570, 


MAC 


—  1459  — 


MAC 


diSp°sl'(' 


une  pa 

Iholus.  Varron 


(,,rcle,  douze  bases  entourées  d'une  bordure 
<S|'n,( douze  pans.  Ces  bases  supportaient  des 
P0lyg°na  ''  ‘'ourd’hui  disparues,  sur  lesquelles  reposait 
c°lonnOS’ ‘^j^ipe  quj  abritait  un  bassin 1 .  Ce  petit  pavillon, 
unl0llC"' h' verrons  tout  à  l’heure,  existait  dans  presque 
<Iui-  n0Ubiu,.u.chés,  sinon  dans  tous,  et  en  était  comme 
l0l'S  '  uic  distinctive,  se  nommait,  à  cause  de  sa  forme, 
en  faitmention  :  tholus  macelli 2.  On  peut 

ntrP  fleure  4738  le  tholus  du  marché  de  Pouz- 

VOir  sur  noue  **& 

zoles,  «'ont  les 

subslructions 
étaient  encore  vi¬ 
sibles.  H  était 

aussi  circulaire  et 

soutenu  par  clés 
colonnes  dont  les 
bases  étaient  pla¬ 
cées  entre  des 
petits  murs  exté¬ 
rieurs  perpendi¬ 
culaires  a  la  cir- 
conféivncc.  Qua¬ 
tre  ose;  tiers  de 
cinq  marches,  en 
vis-à-vis,  condui¬ 
saient  du  pavé  de 
l 'mra  au  niveau 
suret  vé  du  tho¬ 
lus3.  frite  même 

partie  du  marché  est  figurée  dans  le  macellum  qui  sert 
de  type  à  une  monnaie  de  Néron  (fig.  4740) 4.  A  Timgad, 
le  centre  de  Yarea  était  occupé  également  par  un  bassin 
carré,  mais  non  recouvert5.  Les  marchés  d’Éphèse6,  de 
Pergé1,  de  Sagalassos8  offrent  le  même  monument 
central.  Les  débris  trouvés  sous  le  tholus  du  marché  de 
Pompéi  ont  suggéré  à  M.  Mau  l’opinion  que  là  on  écail¬ 
lait  et  lavait  les  poissons  qui  ve¬ 
naient  d’être  vendus  9. 

Le  marché  de  Pompéi  avait  une 
salle  plus  grande  que  les  autres 
boutiques,  avec,  sur  trois  de  ses 
côtés,  un  étal  ou  comptoir  derrière 
lequel  le  marchand  pouvait  cir¬ 
culer.  Cette  salle  qui  est  située  tout 
au  fond  du  marché,  à  droite,  sem¬ 
ble  avoir  été  affectée  à  la  boucherie 
'  ‘"  '  laissons10.  C’est  sur  le  comptoir  de  gauche  que 


contenir  du  vin  et  d’autres  liquides.  L  emplacement  du 
marché  de  Livie  a  donné  de  grands  doliurns'3;  dans  le 
marché  trouvé  sur  l’Esquilin  on  a  découvert  des  vases 
de  vin  avec  inscriptions,  les  boutiques  d’un  marchand  de 
couleurs  et  d’un  parfumeur14. 

Tout  au  fond  du  marché  de  Pompéi,  la  salle  centrale 
située  en  face  de  la  grande  porte  d’entrée  était  surélevée 
de  plusieurs  marches,  ornée  et  consacrée  au  culte  des  em¬ 
pereurs.  On  y  a  trouvé  dans  des  niches  les  statues  d  Oc- 

tavie,  sœur  d’Au¬ 


Fig.  4739.  —  Boutiques  du  marché  de  Timgad. 


Fig.  4  ;  40 .  —  Rot  onde  de 
marché. 


poisson;  et,  à  cet  endroit,  tout  était  ménagé 


Jl 1111  f"  iliter  1  écoulement  des  eaux  vers  la  rue.  D’ailleurs 
I  |wii  sans  doute,  dans  les  marchés,  des  endroits  où 
"  <;la^  conservé  vivant  dans  des  piscines11.  Les 
ch.i|  !  1  s  du  même  marché  contenaient  des  figues,  des 
serV('lh|KS’  C*es  Pruneaux,  des  raisins  et  des  fruits  con- 
(les  ’q  ^es  bocaux  en  verre,  des  lentilles,  des  grains, 
sentln'i"]'  '*  *?eS  me^s  préparés  12.  Des  peintures  repré- 
SOn  (|(  ' 1  h  oiseaux  vivants  ou  tout  dressés  pour  la  cuis- 
poissons  d’espèces  variées,  des  vases  destinés  à 


guste,  et  de  son 
fils  Marcellus,  et 
des  débris  ayant 
vraisemblable¬ 
ment  appartenu  à 
une  statue  d’Au¬ 
guste,  dont  le  pié¬ 
destal,  au  centre, 
existe  encore. 
Deux  autres  ni¬ 
ches  étaient  vi¬ 
des  15.  Le  marché 
de  Pouzzoles  se 
terminait  égale¬ 
ment  par  une  ab¬ 
side  16  au  fond  de 
laquelle  se  trou¬ 
vait  une  niche 
ayant  probable¬ 
ment  donné  asile  à  une  statue  de  divinité17.  Sur  la 
monnaie  de  Néron,  au  fond  du  marché,  comme  dans  les 
temples  des  types  monétaires,  on  voit  une  divinité 
(fig.  4740).  Il  y  avait  donc  dans  les  marchés,  et  à  une  place 
d’honneur,  un  local  orné,  consacré  au  culte.  On  a  trouvé 
à  Bracara,  en  Espagne,  une  dédicace  au  genio  macelli1*. 

Le  marché  de  Pouzzoles  était  muni  de  deux  latrines19. 
On  n’en  a  pas  trouvé  dans  celui  de  Pompéi,  mais  les 
latrines  publiques  du  forum  étaient  en  face  [latri.xa, 
p.  989].  Sous  le  marché  delà  via  Principe  Amedeo,  tout  un 
système  d’égouts  entraînait  les  eaux  et  les  détritus,  tan¬ 
dis  qu’un  canal  faisant  tout  le  tour  de  Yarea  servait  au 
même  usage,  sans  doute  aussi  au  lavage  et,  en  même 
temps,  recevait  l’eau  de  pluie  provenant  des  toitures20.  Il 
semble,  d’après  des  inscriptions,  qu’il  y  avait  aussi  un 
canal  au  marché  de  Pouzzoles  21 . 

Les  marchés  étaient  pourvus  de  balances  et  de  poids 
conformes  aux  prescriptions  légales.  Les  poids  et  les 
mesures  officiels,  à  Pompéi,  étaient  dans  un  petit  édifice, 
sur  le  forum,  en  face  du  marché22.  On  voit  des  citoyens 
d’Ostie23  et  d’Aumale24  faire  don  de  poids  au  marché  de 
leur  ville.  Les  fouilles  du  marché  de  l’Esquilin  ont  mis  au 
jour  des  poids  et  des  balances  25. 

Plus  ou  moins  riches  suivant  la  prospérité  des  villes 
auxquelles  ils  appartenaient,  les  marchés  n’en  étaient  pas 
moins  des  constructions  soignées  et  ornées.  Les  citoyens 
généreux  contribuaient  à  leur  ornementation  :  ornatus 26, 
ornamenta  21  ;  ils  les  enrichissaient  de  marbres  28 ,  de 


o.  /.  p  8f  . 

Villon  central  et  i  '  3/'  ^°*r  P*  87,  fig.  38,  la  reconstitution  de  ce 

Ri««,  Satur.  rrl-  U  portique  du  marché  de  Pompéi.  —  2  Ap.  Non.  VI,  2,  p.  448; 

iinp.  rom  )'  *!;, 18,1  ’  '^arl-  H,  89.  2. —  3  Pasq.  Pauviui,  pl.  ram.  —  4  Cohen, 
~  Palkcucr,  Ephe  P'  288,  Noro’  n°  12c-  "  5  Cagnat-Ballu,  O.  I.  p.  190,  fig.  85. 
1,1  Pisiilir,  t.  ]]  'p  | 'll(l’  P  ban  ;  Laukorowski,  Les  villes  de  la  Pamphylie  et  de 
'  'a  I'.  30  n,  __  1  .  '  Nicman  et  Petersen,  Les  villes  de  la  Pamphylie ,  plan 

Laukorowski,  O.  I.  t.  I[,  p.  135.  _  9  Mau,  O.  I.  p.  86. 


—  10  Ibid.  p.  87.  —  1*  Varr.  H.  rust.  111,  17  :  macellum  piscinarium  —  12  Mau, 
O.  I.  p.  86-87.  —  13  Ibid.  p.  90.  —  **  Bull,  comun.  t.  II,  p.  214-215.  —  1»  Ibid. 

_ 10  Mau,  Pompeji.  p.  90.  —  17  Voiries  plans,  L.  I.  ;  Pasq.  Pauvini,  p.  65;  Cagnat- 

Ballu,  p.  211.  —  15  C.  »•  I.  XII,  n»  2413.  —  19  Cagnat-Ballu,  p.  212  et  fig.  98. 

_ 20  Bull,  comun.  II,  p.  213.  —  *16’.  i.  I.  X,  1690-1692.  —  22  Rretou,  Pompeia,  p.  137; 

Mau,  Pompe ji.  p .  83. —  23  C.  i.  I.  XIV,  375,  423.  —  24 /Ait/.  VIII,  9C62.  — 25  Bull,  co- 
mun.ll,  p. 214-215.  —  26 C.  i.l.  XIV, 2946.  —27 Ibid.X,  450,457.  —  28 Ibid.  IX,  2475. 


MAC 


U60  — 


colonnes',  de  mosaïques*.  On  a  retrouvé  au  marché  de 
Pompéi  de  belles  peintures  représentant  soit  des  sujets 
mythologiques,  soit  des  denrées  alimentaires,  et  de  belles 
statues*.  Le  marché  de  Timgad,  quoique  beaucoup  plus 
pauvre,  était  orné  aussi  de  statues  4  et  de  sculptures 
(1  un  mérite  réel  ’.  Il  en  était  de  même  pour  le  marché  de 
Pouzzoles  6. 

Si  l'on  veut  se  faire  d’un  marché  romain  une  idée  bien 
exacte,  il  suffira  de  prendre,  en  y  rétablissant  les  lois  de 
la  poispectixe  qui  ne  peuvent  pas  être  observées  dans  un 
type  monétaire,  le  marché  qui  figure  sur  la  monnaie  de 
Néron  (fig.  4740) 7.  On  y  verra  l'area  entouréede  portiques 
avec  l’étage  supérieur;  au  centre  le  tholus  et,  au  fond,  le 
sanctuaire  de  la  divinité.  Henry  Thédenat. 

MACERIA,  IMAGERIES.  —  Clôture  faite  de  pierres,  de 
briques  cuites  ou  crues,  de  pisé1,  de  terre  et  cailloux 
mêlés2,  le  plus  souvent  assemblés  sans  ciment3;  mais  il 
y  en  avait  aussi  de  régulièrement  construites  en  bonnes 
pierres  jointes  à  la  chaux4.  De  pareilles  clôtures  entou¬ 
raient  dans  la  campagne  une  vigne,  un  bois,  un  jardin, 
une  garenne5,  ou  servaient  d’enceinte  autour  d’une 
maison6,  d’une  villa7,  d’un  tombeau  [sepulcrum].  César 
donne  le  même  nom8  à  un  rempart  placé  derrière  un 
fossé.  E.  Saglio. 

MACHAERA  (Mrfyatoa).  —  Épée,  coutelas  à  un  seul 
tranchant.  Cette  arme  est  déjà  nommée  dans  Y  Iliade1  où 
elle  est  distinguée  du  ijtooç,  épée  ordinaire  [gladius],  et 
parait  être  un  couteau  suspendu  au  baudrier  à  côté 
de  l’épée.  Chez  les  écrivains  des  temps  postérieurs, 
les  deux  armes  sont  souvent  confondues;  quand  leur 
emploi  est  précisé,  le  mot  gayaipa  désigne  un  glaive  qui 
n  a  qu  un  tranchant,  par  opposition  au  çiçoç  qui  en  a 
deux.  Xénophon  est  particulièrement  explicite  sur  ce 
point,  dans  un  passage2  où  il  dit  qu’il  préfère  pour  la 
cavalerie  la  gâ/aipa  au  Çàpo;:  elle  fera,  dit-il,  plus  de  mal 
à  l’ennemi,  parce  que  le  coup  sera  plus  efficace  porté  de 
haut  avec  une  lame  telle  qu’une  xo tu;,  c’est-à-dire  une 
lame  courbe  et  faite  pour  frapper  de  taille.  C’est  là  le 
caractère  que  Xénophon  veut  marquer,  et  c’est  pourquoi 
il  rapproche  les  deux  mots  gxÿ'aipa  et  xoTtt'i;3;  quelquefois 
il  les  emploie  l’un  pour  l’autre,  comme  d’autres  auteurs, 
quoiqu'il  n’en  ignore  pas  la  différence  [copis]. 

La  (j-â/xtpa  est  à  la  fois  pointue  et  tranchante  d’un 
côté.  Elle  n'a  pas  la  forte  courbure  de  la  copis  que  l’on 
comparait  à  celle  d’une  faucille.  Nous  la  reconnaîtrons 
sur  les  vases  peints  dans  ce  grand  coutelas  souvent 
figuré  dans  la  main  des  guerriers,  dont  la  pointe  reste  à 
peu  près  dans  l'axe  de  la  poignée,  le  dos  droit  ou  légè¬ 
rement  arrondi  et  le  taillant  convexe  ou  creusé  à  la  base 
(fig.  4741)  4,  dans  la  partie  la  plus  épaisse  de  la  lame 

l  Corp.  inscr.  lut.  L.  I.  ;  Bull.  corr.  hell.  t.  XX,  p.  125.—  2  C.  i.  I.  IX,  2854.— 

3  Mau,  Pompeji,  p.  87,  s.  —  4  Cagnat-Ballu,  p.  188,  s.  —  5  Ibid.  p.  200,  s.  — 

«  Pasq.  Pauvini,  p.  64.  —  7  Cohen,  Monnaies  imp.  12,  p.  288,  Nero,  n»  126. 

MACERIA,  MACER1SS.  1  Varron,  De  r.  rust.  I,  14,  4,  distingue  les  contrées 
où  ces  divers  matériaux  étaient  employés.  —  2  Cf.  Plin.  Uist.  nat.  XXXV,  48,  1,  et 
Schneider  ad  Varr.  L.  I.  —  3  Apul.  Florid.  23.  —  4  Cat.  Jt.  rust.  15.  —  5  Varr. 
111,  5,  12  et  III,  12,  3;  Serv.  ad  Georg.  11,417;  Sisenna  ap.  Non.  s.  v.  ;  Tescus,  Ad. 

'  i  7,  10;  Sic.  Flacc.  p.  138;  Lacbman.  Prud.  Hamart.  227.  Voir  Promis,  Vocab. 
latini  di  architettura ,  p.  127.  —  6  Cic.  In  fam.  XVI,  18.  —  7  Sisenn.  L.I.-  8  Bell 
gall.  VII,  69  et  70. 

MACHAERA.  I  //.  III,  271  ;  X,  844;  XVIII,  597;  XIX,  252;  cf.  Lel.rs,  De  Aris- 
tarchi  studiis  homericis,  2«  éd.  Leipz.  1865,  p.  89.  —  2  Eq.  XII,  11.  Xénophon 
distingue  encore  les  deux  armes,  Hist.  gr.  III,  3,  7;  Cyr.  I,  2,  13.  —  3  Euri¬ 
pide,  Cycl.  241,  emploie  le  môme  mot  adjectivement  à  côté  de  pi/aipa  ;  xontSx; 
uaya(f«5  ;  cf-  fl-  Estiennc,  Thesaur.  s.  v.  et  ad  Xenoph.  1581,  p.  24.  —  4  C.  Robert, 
Scenen  der  1 lias  und  Ailhiopis ,  Hall,  Winckelmanns  progr.  1891,  pl.  m;  à  rap- 


MAG 

qui  va  s’élargissant  du  bas  et  ne  se  rét  ■  • 
qu’en  s’approchant  de  son  extrémité  011*1  °l  S’eflile 
vent  munie  d’une  garde  en  avant,  avec  SOu‘ 

terminé  par  un  pommeau  ordinairement  conl  ^ 
crosse  ou  ayant  la  forme  d’une  tête  d’mi  U1'n,;  en 
mal  (fig.  4742) 5 .  ani' 

Comme  la  xot icfç,  avec  laquelle  elle  se 
confond  aussi  dans  cet  emploi,  la  aâya!'ox 
servait  encore  à  ceux  qui  dé¬ 
coupaient  les  chairs  des  ani¬ 
maux,  soit  dans  les  sacrifices 
soit  dans  la  cuisine6,  opéra¬ 
tions  qui  n’en  faisaient  qu’une 
àl’origine  et  qui  pendant  long¬ 
temps  ne  furent  pas  séparées 
[lanius,  coena,  p.  1270]  ;  pour 
l’une  et  pour  l’autre  on  n’avait 
pas  des  instruments  différents; 
c’étaient  les  couteaux  mêmes 
qu’à  la  guerre  on  portait  à  la 
ceinture.  On  ne  peut  donc  sՎ 
tonner  d’en  voir  un,  semblable 
à  larme  qui  a  été  décrite,  en 
usage  encore  par  la  suite  dans 
les  sacrifices,  par  exemple  dans  .Fig.  4741. 
la  figure  4743,  d’après  un  vase  Épécs  cn  formc  dc  ”cou!elas- 

peint 7  [cf.  copis,  fig.  1933  ;  voir  aussi  culter,  p.  lo54 
et  suiv.]. 

Le  mot  p.xy’oupoi  et  ses  diminutifs  gayaipiov,  gayatptç,  ser¬ 
vent  à  désigner  aussi  un  scalpel 
de  chirurgien  ayant  pour  caractère 
d’être  pointu  et  à  tranchant  con¬ 
vexe8;  un  rasoir9,  dontlaforme  de¬ 
vait  être  analogue,  et  enfin  dps  ci¬ 
seaux10;  nous  trouvons  là  encore 
des  indications  sur  ce  qu’était 
l’arme  du  même  nom. 

Le  mot  machaera,  dans  le  sens 
d'épée,  est  employé  par  les  auteurs 
latins11,  et  on  voit  par  plusieurs 
passages  qu’ils  appelaient  ainsi 
un  glaive  allongé,  pointu  et  à  un 
seul  tranchant  que  l’on  saisissait 


4742. 


4743.  —  Couteau  de  sa¬ 
crifice. 


à  deux  mains  12.  On  sait  aussi  qu’ils  Fig 
avaient  adopté  la  machaera  ibé¬ 
rique  à  la  suite  de  la  seconde  guerre  punique13.  Denys 
d’Halicarnasse  donne  le  même  nom  aux  épées  des  Gau¬ 
lois  :  c’étaient,  dit-il14,  de  très  grandes  xonîSsç.  Ailleurs 
le  même  nom  s’applique  à  un  couperet  de  boucher  . 

E.  Saglio. 


proclier  d’autres  vases,  notamment  de  celui  du  Musée  de  Naples, 
Vaseiisamml.  d.  Museo  zu  Neapel,  n.  2422;  Id.  lliupersis,  II,  >  ^'/s' 

XIV,  41.  Voir  encore  de  Luynes,  Descr.  de  quelques  vases ,  al  ,  ^  ynscs  de 
zonenvase  von  Ruvo,  I;  Gerhard,  Auserl.  Vasenb.  pl.  cvii;  de  Laborde, 
Lamberg,  II,  pl.  xvii.  —  5  Dullet.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  > ^ 

p.  221  ;  cf.  Carapanos,  Dodone ,  p.  238  (Heuzey)  et  gladius,  fig.  5,1 10-  , 

III,  271;  XIX,  252;  Herod.  II,  41;  Piud.  Nem.  VII,  42;  Ol.  I,  401  ; 

403;  Aristoph.  Thesm.  700  ;  Pac.  946,  1015;  Equit.  492;  Plat.  c°“\ap’  w  W; 
Schol.  Pac.  946.  -7  Monum.  d.  T  Inst.  VI-VII,  1860,  pl.  xxivu.  -  «‘PP  .  ’ 

cf.  Aristot.  De  gen.  an.  V,  8,  13.  —  9  Poli.  X,  89  ;  Photius,  M:«v  1**7“  ? 

-  10  Mc *«*.•».,  ou  Poil,  n,  32;  Aristoph.  l 

Lucian.  Adv.  ind.  29.  —  »  II  est  fréquent  chez  Plaute,  Cure,  lu,  5gg  ;/,v.  212; 
Ilud.  II,  2,  9  ;  Mil.  I.  1,  53,  etc.  On  le  trouve  chez  Ennius,  Ann.  <  ^  ^  hetief- 

chez  Caccilius,  Com.  69. —  12  Plaut.  Truc.  II,  6,  25  ,  Polyb.  ’  "  __  14  Ap. 

V,  24;  Isid.  Or.  XVIII,  6,  2.  -  13  Polyb.  L.  ,5. 

Mai,  Script,  vet.  II,  p.  4-83  :  KoictÆe;  uitepfv/iîtets. 


MAC 


—  1461 


MAC 


au 

vis  Ixo/ 


,VA  Mvj/avY|).  —  Les  termes  M/mi  et  machina 
,|A<; .  M|  d’une  façon  générale,  chez  les  anciens, 
^T-nven’tion  ingénieuse,  ou,  en  un  langage  plus 
l0Ml  ■  tout  appareil  ou  moyen  mécanique  qui  faci- 
^lTtraàil  de  l'homme  ou  augmente  sa  puissance1. 
liu  1  1  ■  Initions  arecs  distinguent  deux  sortes  de  ma- 
■  ,,s  les  simples  et  les  composées.  Les  premières  sont 
C "nombre  de  cinq  :  le  levier  (g.ozX ôç),  le  coin  (o-cp^v),  la 
)rj:  la  moufle  (itoXûffiradTov),  et  le  treuil  (açwv  h 
.  Les  secondes,  très  diverses,  sont  des  corn- 
biniisons  des  simples.  Parmi  les  machines  simples  on 
,  croire  que  deux  an  moins,  le  levier  et  le  coin,  étaient 
connues  dès  la  plus  haute  antiquité  3.  La  première  allu¬ 
sion  certaine  à  une  poulie  ou  moufle  sp  trouve  dans  les 
Mechanica  attribues  à  Aristote  ,  et  qui  sont,  en  tout  cas, 
d'un  contemporain.  Mais  l'usage  de  la  poulie,  et  aussi  du 
treuil,  est  certainement  bien  antérieur  ;  nous  verrons,  en 
effet,  plus  loin  :i  que  dès  le  v°  siècle  les  apparitions  des 
dieux  sur  le  théâtre  se  produisaient  au  moyen  d’un  appa¬ 
reil,  appelé  yspavo;  ou  g^avi j,  lequel  n’était  autre  chose, 
comme  l’indique  le  premier  nom,  que  ce  que  nous  appe¬ 
lons  aujourd’hui  une  grue 6  ;  or,  une  grue,  si  rudimen¬ 
taire  et  si  simple  qu’on  la  suppose,  ne  saurait  se  passer 
d’une  poulie  et  d’un  treuil.  Quant  à  lavis  simple,  le  seul 
fait  qu’on  attribuait  à  Archimède  l’invention  de  la  vis 
sans  fin ,  qui  en  est  un  perfectionnement,  prouve  bien 
qu’elle  était  déjà  connue  avant  lui  [cochlea]. 

Toutefois  l’invention  et  la  construction  des  machines 
resta  pendant  des  siècles  une  affaire  d’instinct  et  de  rou¬ 
tine,  Selon  Diogène  Laerce1,  Archytas  fut  le  premier  qui 
appliqua  la  géométrie  à  la  mécanique,  et  traita  théorique¬ 
ment  de  celle-ci8.  Après  lui,  il  faut  citer  l’auteur  des 
Mechanica ,  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Ce  livre  est  une 
série  de  trente-cinq  questions,  relatives  pour  la  plupart 
au  levier 9.  On  y  voit  que,  dès  le  ive  siècle  av.  J.-C.,  la 
théorie  mathématique  du  levier  était  à  l’étude,  et  que 
c  était  dès  lors  un  principe  connu  que,  si  la  puissance  et 
la  résistance  tiennent  un  levier  en  équilibre,  elles  sont 
inversement  proportionnelles  aux  bras  de  ce  levier  10.  Les 
questions  posées  dans  ce  traité  ont  un  intérêt  pratique 
ou  purement  scientifique.  Exemples  :  Pourquoi  les  véhi- 
Ml.!  '  l,0arvus  cle  grandes  roues  sont-ils  plus  aisés  à  mou- 
'ou  qco  les  véhicules  à  petites  roues 11  ?  Pourquoi  est-il 
j 'N  I,"  de  d  extraire  les  dents  avec  des  tenailles  qu’avec 
s  ""  ■  Pourquoi  tout  projectile,  une  fois  lancé, 
l"11  PP1  ■  Pourquoi,  dans  une  eau  tournante,  les 
uiivn  S°nl "^S  entrainés  vers  le  centre  u?  Dans  le  même 
/,yJ  'P  aPparaît  aussi  déjà  quelque  notion  du  paral- 
tj;rm  forces  et  du  principe  des  vitesses  vir- 
’  P  auteur  du  fragment  De 
°tlnbué  à  Euclide, 

“^centre*1  J)0^s  sPédfique.  Enfin  le  terme  même  de 
(  1  gravité  »  (jcsvtpov  pàpouç)  doit  avoir  été 

"  Machina  ost  con  t  /n  ^ n  *  *  ^°n  C^ue  ProPose  Vitruve,  X,  I,  1,  est  tout  à  fait  insuffisante  : 
vil'l>.lcs  g  ,,  "IU1S  cx  maleria  conjunctio  maximas  ad  onerum  molus  liabens 
tell,!....  Xlensiou  du  mnt  ï) _ :  .  7y:  _ i  .  v _ i. 


giucui  j uc  levi  et  ponderoso, 
semble  avoir  pressenti  ce  qu’on 


P-  37  ;  Memorie  d.  Accad.  delle  Scic?ize  di 
mathematics  *  ai ^  machinator.  —  2  J.  Gonv,  A  short  history  of 


h'tlura  presm  ,•  lc,lsl0n  ni°f  machina,  voir  Promis,  Di  arcliitetli  e  Varclii- 

b£  iVÆ? 1871> 

|OQ  I  v  ■ 

y'eil'nû  ;  voir  plus  ]jàs  *'  ‘ '  **  conv>endi'ait,  semble-t-il,  d'y  ajouter  le  plan 

* Ct  sujet  Choisy  //  °S^  <le  'a  mécanique  des  Égyptiens,  p.  1402,  —  3  Voir 

""  ,1- 1471.  -  G  fj  jf’f-  de  Carchitect.  I.  I,  p.  4  sq.  et  les  figures.  —  4  C.  18. 
1,1  frtech.  u.  1|mncr,  J echnol.  und  lerminol.  der  Gewcrbe  u.  Künstc 

a>,‘is  sans  garantie  snrr*'  **’  ~  1  VIII,  83.  —  8  Ou  lui  a  attribué  parfois, 

(  I1-  lis.  n  t,  .  ,  ,llllli  lu  découverte  de  la  poulie  cl.  de  la  vis.  Voir  J.  Gow, 

-  Aulu-llello,  X,  1», 

V  , 


2,  parle  aussi  d'une  colombe  mécanique,  inventée 


inventé  avant  Archimède,  puisque  celui-ci  en  use  à 
tout  instant  sans  le  définir. 

Néanmoins,  les  premières  études  vraiment  scienti¬ 
fiques  des  lois  de  l’équilibre  et  du  mouvement  datent 
d’Archimède.  Deux  de  ses  traités  se  rattachent  à  la  méca¬ 
nique  :  1  un  intitulé  ’E7ti7t£8ü>v  IcoppoTtiai  (ou  Mï^avixâ)  sur 
1  Équilibre  des  plans ,  l’autre  Ilspt  twv  ûoart  éçpbjTap.évoiv  vj 
7ispl  ôy  ougévwv  sur  les  Corps  flottants.  Bien  que  ces  œuvres 
fussent  surtout  spéculatives, 'et  qu’Archimède, selon  1*1  u- 
tarque 1G,  eût  peu  d’estime  pour  les  applications  pratiques, 
ilestcertain  cependant  qu’un  très  grand  nombre  d'in¬ 
ventions  utiles  lui  sont  dues.  De  ce  nombre  sont  la  vis 
creuse,  dite  vis  d'Archimède  (xo^Àiaç),  qu'il  imagina, 
selon  les  uns,  durant  un  voyage  en  Égypte,  pour  dessé¬ 
cher  les  marais  du  Nil,  ou,  d’après  les  autres,  pour  épui¬ 
ser  la  sentine  d'un  navire  monstre,  construit  par  Ifiéron 
[c  O  CH  le  A  J 17  ;  la  vis  sans  fin  (IXiç)  et  la  moufle  (7coXû<r7ta<7- 
xov),  employées,  suivant  la  légende,  à  traîner  à  la  mer  ce 
même  vaisseau18;  la  théorie  du  levier  dont  il  sentait 
à  ce  point  la  puissance  qu'il  disait  :  «  Donnez-moi  un 
point  d’appui,  et  je  soulèverai  le  monde19»;  la  créa¬ 
tion  de  l’hydrostatique,  à  laquelle  se  rattache  l’anecdote 
bien  connue  (sup-rjxa)20;  enfin,  nombre  de  machines  de 
guerre21.  C’est  surtout  à  propos  de  celles-ci  que  la  légende 
s’est  donné  carrière  :  on  racontait  qu'Archimède,  pen¬ 
dant  le  siège  de  Syracuse  par  les  Romains,  avait  inventé 
des  machines  qui  lançaient  des  pierres  ou  des  traits  à 
une  distance  considérable  et  d’autres  qui,  saisissant  avec 
un  croc  les  galères  ennemies,  les  laissaient  retomber 
dans  la  mer  ou  sur  les  rochers.  On  disait  même  qu'il 
avait  réussi  à  enflammer  ces  galères  à  distance,  au  moyen 
de  miroirs22.  Ce  dernier  trait  est  sans  doute  fabuleux  : 
ce  n’est  peut-être  qu’une  interprétation  naïve  des 
observations  qu’Archimède  avait  consignées,  dans 
son  traité  de  Catoptrique ,  sur  la  réfraction  et  sur  les 
miroirs  ardents. 

Après  Archimède,  il  faut  mentionner  encore  plusieurs 
constructeurs  de  machines,  d’un  talent  éminent.  Ctési- 
bios23,  qui  vivait  au  11e  siècle,  découvrit  le  premier  la 
force  élastique  de  l’air,  et  s’en  servit  comme  puissance 
motrice  :  il  construisit  notamment  sur  ce  principe  un 
pierrier  à  air  comprimé  (ispovovoî),  analogue  probable¬ 
ment  à  notre  fusil  à  vent 24.  Ctésibios  avait  exécuté  aussi 
plusieurs  appareils  hydrauliques25  :  le  plus  important 
esL  la  pompe  aspirante  et  foulante  qui  porte  son  nom  26 
(' Ctesibica  machina)  [sipiio].  On  lui  doit  encore  la  pre¬ 
mière  horloge  à  eau  ou  clepsydre27  [uorologium],  les 
orgues  hydrauliques  28  [hydraulus].  A  côté  de  ces  inven¬ 
tions  utiles  et  pratiques,  Ctésibios  en  avait  imaginé  une 
foule  d’autres  qui  n’étaient  que  curieuses  et  «  divertis¬ 
santes  pour  l’oreille  et  les  yeux  »,  dit  Vitruve29.  Il  avait 
expliqué  et  décrit  toutes  ces  inventions  dans  un  livre, 
aujourd’hui  perdu,  intitulé  'Y7rou.vvjgaTa. 


par  Archytas.  —  9  J.  Gow,  O.  I.  p.  189,  n.  2  et  237.  —  10  Quaest.  3.  —  il  Quaest. 

11.  —  12  Quaest.  21.  —  *3  Quaest.  33.  —  14  Quaest.  36.  — 13  C.  1  cl  23.  _ 10  Vit 

ilarcell.  14.  —  17  Dioil.  1,  34;  V,  37  ;  Vit.  X,  0(11);  Pbil.  III,  p.  330,  éd.  Pfeiffer. 

—  18  plut.  Vit.  Marcell.  14;  Atbcn.  V,  207  A-B;  Galou.  In  l/ippocrat.  de  artic. 
IV,  27  (XVIII,  p.  747,  éd.  Kiilin)  ;  Orib.  IV,  p.  407,  éd.  Busscmakcr-Davemberg. 

—  19  Tlzelzes,  Chil.  Il,  30.  —  20  VU.  IX,  3.  —  21  Polyb.  VIII,  7  ;  Tit.  Liv.  XXIV,  34  ; 
Plut.  Vit.  Marcell.  la.  —  22  Remarquer,  du  reste,  que  cette  histoire,  répétée  à 
satiété  par  les  écrivains  postérieurs,  sc  rencontre  pour  la  première  fois  chez  Lucien 
(Hipp.  2).  —  23  F.  Snsemihl,  Geschichte  der  griech.  Littéral,  in  der  Alexandri- 
nerz.  I.  p.  734-6  cl  les  noies.  —  2t  Pbil.  lietop.  [Mathemat.  veteres,  éd.  Thévcnol, 
Paris,  1693),  p.  77.-23  Vil.  IX,  8(9),  4.-20  ],(.  X,  7  (12),  t.  —  27  Id.  IX,  8  (9).  4. 

—  28  Id.  IX,  8  (9),  2.  29  X,  7  (12),  4;  of.  Procl.  In  Euclid.  p.  41,  8  sq.  Friedl. 

184 


MAC 


—  1462  — 


MAC 


Héron  d'Alexandrie1,  élève  de  Ctésibios,  se  distingua 
également  dans  la  mécanique  théorique  et  dans  la  méca¬ 
nique  appliquée.  Deux  de  ses  ouvrages  surtout  méritent 
d  cire  signalés  ici.  Dans  les  M^avixa,  «  il  traitait  du  centre 
de  gravité,  donnait  la  théorie  générale  et  les  conditions 
d'équilibre  et  de  mouvement  des  cinq  machinessimples.... 
11  traitait  aussi  de  la  puissance  des  roues,  et  spéciale¬ 
ment  des  roues  dentées,  et  de  beaucoup  d’autres  pro¬ 
blèmes  applicables  à  l'utilité  pratique2  ».  Un  autre 
ouvrage  d’Héron,  qui  portait  le  titre  de  BapoùXxoç,  était 
consacré  sans  doute  à  la  théorie  des  machines  destinées 
a  lever  les  fardeaux.  On  a  de  lui  également  un  important 
traité  (IIvE'juxTixi)  sur  la  mécanique  des  gaz  et  des  liquides. 
Cet  ouvrage  «  oflre  des  applications  ingénieuses  des  con¬ 
naissances  que  les  savants  alexandrins  possédaient  en  ce 
qui  concerne  la  force  élastique  et  motrice  des  vapeurs  et 
des  gaz,  soumis  à  l’action  de  la  chaleur  et  de  la  pression, 
et  spécialement  en  ce  qui  concerne  l’action  que  ces  va¬ 
peurs  et  ces  gaz,  comprimés  ou  dilatés,  exercent  sur 
l’équilibre  ou  le  mouvement  des  liquides.  On  y  trouve 
décrits,  notamment,  un  tourniquet  mil  par  l'échappe¬ 
ment  de  la  vapeur ,  la  fontaine  intermittente  et  la  fon¬ 
taine  à  compression,  avec  sa  pompe  foulante  à  air3. 
Au  milieu  d  une  foule  d'objets  d’amusement,  on  y  ren¬ 
contre  quelques  instruments  d’une  utilité  réelle,  tels  que 
les  ventouses  mécaniques  sans  feu,  les  seringues  pour 
aspirer  le  pus  des  blessures,  diverses  espèces  de  lampes, 
les  siphons,  la  pompe  à  incendie  et  l'orgue  hydrau¬ 
lique 4  ».  Très  important  aussi  était  un  traité  en  quatre 
livres  sur  les  horloges  hydrauliques,  IIspt  uSptwv  d>p oaxo- 
"e'-ojv.  Deux  ouvrages,  les  Aùtojjkxtix  et  les  Zûyia,  ce  dernier 
perdu,  appartiennent  à  ce  queles  anciens  appelaient  ôauua- 
to7coit|tix^,  c’est-à-dire  à  la  physique  amusante.  Le  pre¬ 
mier  traité  des  machines  automatiques  5,  les  Z ûyta  (ce 
nom  parait  venir  de  Çfiyoç,  fléau  de  balance)  décrivaient, 
à  ce  qu’il  semble,  «  certaines  petites  machines  amu¬ 
santes,  construites  d'après  les  conditions  d’équilibre  et 
de  mouvement  des  corps  solides  autour  d’un  point  d’ap¬ 
pui  et  de  suspension0  ».  Enfin  Héron  était  l’auteur 
d'une  Catoptrique  amusante,  et  de  plusieurs  ouvrages 
sur  les  engins  de  guerre. 

A  ers  le  même  temps,  Philon  de  Byzance  composa  un 
ouvrage  d’ensemble  sur  la  mécanique,  M-qyavixT]  ffovraljiç, 
en  neuf  livres  ‘.  Le  premier  livre  traitait  de  mécanique 
pure.  Dans  le  second,  il  s'agissait  de  la  théorie  du  levier 
et  des  machines  fondées  sur  ce  principe  (goyXtxâ).  Les 
suivants,  dont  les  noms  indiquent  suffisamment  les 
sujets,  étaient  intitulés  XigEvoTto tcxdt  ( De  la  construction 
des  ports),  (kXommxx  (Des  machines  de  jet),  7tv£U(x<mx«, 

aÙTOp.aTO7TOl7)TlX0C,  7toX'.OpX7]TtXX,  etc. 

Après  ces  grands  noms,  la  mécanique  appliquée  aussi 
bien  que  les  mathématiques  pures  déclinèrent  rapide¬ 
ment  à  Alexandrie8. 

A  Rome,  il  nous  faut  citer  Vitruve,  qui  n’est  pas  un 
savant  original,  mais  dont  le  livre  De  architectura  est 
très  précieux  pour  nous,  parce  qu’il  a  décrit  en  détail 
nombre  de  machines,  en  usage  de  son  temps,  particuliè¬ 
rement  les  machines  élévatoires  et  hydrauliques  9. 

1  Suscmihl,  O.  I.  p.  737-744;  Tb.-H.  Mari  in,  Jiecherch.  sur  la  vie  et  les 
ouvr.  d  Héron  d  Alex.,  dans  les  Mém.  présent,  par  div.  sav.  à  V Acad,  des 
inscr.  et  b.  lett.  1”  série,  t.  IV;  J.  Gow,  O.  I.  p.  276  sq.  —  2  Th. -H.  Martin, 
O.  I.  p.  30.  —  3  Chose  étonnante,  la  fontaine  dile  fontaine  d' Héron  n’y  est 
pas  décrite.  —  4  Ibid.  p.  4C-47.  —  &  Prou,  Les  théât.  d’automates  en 
Grèce ,  dans  les  Mém.  présent,  à  VAcad.  des  inscr.  et  b.  lett.  lrc  série,  t.  IX. 


Il  ne  saurait  être  question,  naturellement  t 
ici  une  énumération  complète  des  machi  donncr 
chez  les  anciens.  On  trouvera  chacune  d’ofl?"  .Usa»B 
décrite  à  son  nom.  Toutefois,  on  peut  les  divl^? 
sieurs  catégories  principales.  en  l)lu- 

I.  Machines  employées  dans  les  métiers  ou 

qui  ont  pour  but  de  satisfaire  aux  besoins  n  4 
la  vie,  par  exemple  les  machines  à  moudre  le  blé  h? 

4  fouler’4  fabri<l"er  n™*  «  le  vu  [P»ÏU1M,  J„E0Tl‘l- 

torcular],  a  tisser  [tel*],  les  i„slrumeilts’ 

[rustica  res],  etc.  Parlant  de  ces  machines  Vitruve  !- 
prime  ainsi  :  ,  Ce  qui  est  le  plus  nécessaire  et  qui  a  dé 
invente  avant  toutes  les  autres  choses,  est  le  vêtement 
pour  l’inventer,  il  a  fallu,  à  l’aide  de  plusieurs  instru 
ments,  trouver  moyen  d’entrelacer  la  chaîne  avec  la 
trame,  et  cet  entrelacement  a  produit  une  chose  qui  n’est' 
pas  seulement  nécessaire  pour  couvrir  le  corps,  mais  qui 
lui  sert  d’un  grand  ornement  [tela].  Nous  n’aurions 
aussi  jamais  eu  l’abondance  des  fruits  dont  nous 
sommes  nourris,  si  l’on  n’avait  trouvé  l’invention  de 
se  servir  de  bœufs  et  de  charrues  [aratrum,  juglm  • 
et  sans  les  moulinets  et  les  leviers  qui  servent  aux  pres¬ 
soirs,  on  ne  pourrait  faire  des  huiles  claires  et  des 
vins  agréables,  comme  nous  les  avons  [vectis,  prelim, 
torcular]  ;  et  tous  ces  biens  ne  pourraient  être  portés 
d'un  lieu  en  un  autre,  si  l’on  n’avait  inventé  les  charrettes, 
les  haquets  et  les  bateaux  pour  les  transporter  sur  la 
terre  et  sur  l’eau  [plaustrum,  carrus,  navis].  Les  ba¬ 
lances  et  les  trébuchets  ont  aussi  été  trouvés  afin  de 
faire  savoir  quel  est  le  poids  de  chaque  chose  et  pour 
empêcher  les  tromperies  qui  se  font  contre  les  lois 
libra].  Il  y  a  une  infinité  d’autres  machines  dont  il 
n’est  point  nécessaire  de  parler,  parce  qu’elles  sont  assez 
connues  :  telles  sont  les  roues,  les  soufflets  de  forge,  les 
véhicules  à  quatre  ou  à  deux  roues,  les  tours  et  les 
autres  instruments  qui  sont  d’un  usage  ordinaire  [rota, 
FOLLIS,  TORNUS,  VEHICULA]10.  » 

II.  IVLvcuines  élévatoires  ( maclnnae  tractoriae),  ser¬ 
vant  principalement  à  la  construction  des  édifices. 

Elles  sont  d’une  invention  relativement  récente.  Il 
paraît  certain,  en  effet,  que  toutes  les  constructions  des 
peuples  primitifs,  même  celles  qui  nous  étonnent  par 
l’aspect  imposant  de  leurs  ruines,  ont  été  élevées  sans 
l’aide  de  machines.  Chez  les  Assyriens,  en  parliuilin, 
peuple  éminemment  constructeur  et  qui  n  hésitait  pas  a 
prodiguer  par  centaines  et  par  milliers  des  blocs  énormes 
pour  des  travaux  vulgaires,  tels  qu’une  terrasse,  on  ne 
trouve  aucune  trace  d’appareils  mécaniques 11  •  Bit.  n  1’  ' 

ce  peuple  n’employait,  à  ce  qu’il  semble,  poui  -’1  *  ins¬ 
tructions,  ni  bêtes  de  somme  ni  chariots.  C’est,  du  111 11111 
la  conclusion  qu’il  est  permis  de  tirer  de  tel  monun  ^ 
assyrien,  où  l’on  voit  des  ouvriers  occupés  a  1  ^ 

tertre  artificiel  sans  autres  instruments  que  de  s  i 
des  paniers  pleins  de  terre 12. 

Chez  les  Égyptiens,  même  à  la  meilleure  epoq 
ressources  de  la  mécanique  étaient  égalemen  ^  nne 
tées13.  Il  est  remarquable  qu’aucune  peintmmp)  nj 
ne  nous  montre  ni  poulie,  ni  moufle,  ni  ca 

___  8  Ibid. 


—  G  Tli.-II.  Martin,  O.  I.  p.  42.  —  7  Susemihl,  O.  •  P-  __  |  n«»< 

-  »  Voir  plus  bas.  -  Vit.  X,  I,  t,  traduct.  Perrault  (  ^  _  t3  Le- 

Ninive  et  l'Assyrie,  I,  p.  20  et  33.  -  Place,  O  l.  p-  1  J0MS />,««»»' 
tronne,  Mém.  sur  la  civilisât,  égypt.  dcp.  I  élu  iss.  ,.  des  i"scr‘ el  l>‘ 
-tichus jusqu’à  la  conquête  d’Alexandre,  dans  les  un. 
lett.  I.  XVIII  (1847),  p.  32-34. 


MAC 


1463  — 


MAC 


iliine 


quelçonq 


ne.  Tout  au  contraire,  sur  un  bas-relief 


lliaC""U  .  'ro^ortasen  *,  qui  représente  le  transport  d’un 
dulcrllps  ‘  oit  celui-ci  entouré  de  cordages  et  tiré  direc- 
co|o^C’""  'nntermédiaire  de  machines,  par  plusieurs 
leinpnl’  Thommes  attachés  à  des  câbles  ;  d’autres  por- 
rang«es  1)0ur  mouiller  les  cordes  et  graisser  le  sol 
teiit  des  ^ 1  colosse  est  traîné.  Toute  la  mécanique  du 
SU1  Ie<l!"  ^jsiait  en  somme  dans  la  force  tractive  des 
temPS-  idée  à  l’occasion  de  leviers,  de  rouleaux  et  de 

braS’  ''inclinés*.  Nous  avons  à  ce  suJet  1111  imPortant 
PîaD^- de  Pline  l’Ancien3.  Cet  écrivain  rapporte 

^fhersïphron,  l’architecte  du  premier  temple  d’Éphèse 
q,R'meucé  àu  vic  siècle  av.  J.-C.,  ne  disposant  point  de 
c0“”  iniS  p0ur  élever  à  la  hauteur  voulue  les  énormes 
^chilcaves  de  cet  édifice,  fut  réduit  à  en  enterrer  les 
bonnes  au  moyen  de  sacs  de  sable  formant  un  plan 
incliné  sur  lequel  les  architraves  étaient  ensuite  roulées 
■■  force  debras.  Voilà  donc  où  en  était  la  mécanique  élé- 
valoire au  vie  siècle.  Si  les  Égyptiens  de  ce  temps  avaient 
possédé  un  moyen  plus  perfectionné  pour  le  dressage  des 
monolithes,  il  est  de  toute  évidence  que  les  Grecs,  qui 
depuis  Psammitichus  parcouraient  librement  l’Égypte, 
l'auraient  connu  et  emprunté.  On  doit,  par  conséquent, 
admettre  que  c’est  par  le  même  procédé  rudimentaire 
que  les  Égyptiens  ont  accompli  tant  de  travaux  gigan¬ 
tesques,  par  exemple  le  montage  des  colonnes  de  la 
salle  hypostyle  de  Karnak,  qui  ont  21  mètres  de  haut  et 


I  10  mètres  de  tour,  ainsi  que  de  leurs  énormes  archi- 
I  traves  :  on  enterrait  toutes  les  colonnes  à  mesure  qu’elles 
I  s’élevaient,  et  l’on  allongeait  graduellement  le  plan 
incliné.  Des  procédés  si  primitifs  exigent  évidemment 
I  des  masses  d'hommes  considérables.  Si  mille  hommes  ne 
I  suffisaient  pas  à  un  travail,  on  en  prenait  dix,  vingt,  cent 
I  fois  plus.  C’est  ainsi  que,  d’après  la  tradition,  Rhamessès 
I  avait  employé,  pour  dresser  l’un  des  obélisques  de 
I  Tlièbes,  jusqu’à  cent  vingt  mille  hommes  à  la  fois  A 
En  résumé,  c’est  en  Grèce  que  les  premières  machines 
I  élévatoires  paraissent  avoir  été  inventées,  entre  le 


vi°  siècle,  époque  où  nous  avons  vu  Chersiphron  recourir 
encore,  pour  le  dressage  des  architraves  du  temple 
d Ëphèse,  au  procédé  élémentaire  du  plan  incliné  s,  et  le 
'  siècle,  où  apparaît  au  théâtre  l’usage  de  la  méchané6. 
II  est  assez  probable  que  le  développement  de  la  naviga¬ 
tion  provoqua  la  découverte  de  ces  machines  :  la  marine, 
(k bonne  heure  très  florissante  en  Grèce,  nécessite  en  effet 
une  machinerie  très  compliquée,  treuils,  palans,  etc. 1 

C  est  à  1  architecte  romain  Vitruve  que  nous  devons  la 
description  la  plus  exacte  et  la  plus  détaillée  de  ces  appa¬ 
reils.  Mais  la  présence  dans  son  exposé  de  nombreux 
eunes  techniques  grecs  suffit  à  prouver  qu’ils  sontd’ori- 
S'ni  grecque  et  non  romaine8, 
h'  pt  ornière  machine  de  ce  genre,  décrite  par  Vitruve9, 
U|nsliuit  et  fonctionne  delà  façon  suivante(fig.  -4744) 10 . 


Utiles  H il  i inS0D’  J^anners  and  customs,  III,  325.  —  2  Voir  sur  le  dressage  des  mono- 
dc  pronv  "  I  UeSaulcy,  Hev.  archéol.  XXVI  (1873),  p.  1-1 1,  où  l'auteur  s'efforce 


leau 


1 1  1  f|uc  les  architectes  égyptiens 


x  et, 


efforce 

-  - -  vgjynüus  se  servaient  uniquement  de  leviers,  de  rou- 

31(14)  .  "p  "s  lnclinés  formés  avec  du  sable  tassé.  —  3  plin.  Hist.  nat.  XXXVI, 
des  p]ans  Uiclin'  XXXVI,  U  (9).  —  5  Cette  méthode  de  glissement  par 

statues  sur  leu',  '  -  cncore  cn  llsagc  à  Athènes  au  v"  siècle,  pour  le  dressage  des 
inter,  ait,  |  „„  ;^l^es^aux’  comme  le  prouvent  les  inscriptions;  voir  par  ex.  Corp. 
*’ s-  av.  j  ,(■  ■  ■  —  fi  tomme  preuve  de  l'habileté  des  ingénieurs  athéniens  du 

fondes  graïuies'V'0"1  t'l°'  ^  mue  mécaniquement,  qui,  pendant  la  proces- 

^ddié  à  Athéna  anal^n^esi  transportait  par  les  rues  jusqu'à  l’Acropole  1  c  péplos 
A.  Chois,  o;  °US’  Parthen ■  P-  32!il  Philostr.  V.  sophist.  Il,  t,  5). 

10  Celte  lieûr  '  j  *’  P-  273-  —  8  H.  Blümner,  O.  I.  III,  p.  112.  —  9  Vit.  X,  2,  1. 

1  omprunléc  à  Blümner,  O.  I.  p.  113,  fig.  8.  —  U  Perrault  [Les 


On  prend  deux  pièces  de  bois  aa  ( tigna )",  proportion¬ 
nées  au  poids  des  fardeaux  qu'il  s’agit  d’élever.  On  les 
joint  ensemble  par  le  sommet  au  moyen  d’une  cheville 
h  ( fibula ),  puis  on  les  dresse  en  les  écartant  par  le  bas. 
Des  cordes  fixées  au  haut  de  la  machine  et  tendues  tout 
à  l’entour  la  tiennent  debout.  A  son  sommet  on  attache 
une  moufle  c  ( trochlea  ou  rechatnus )12,  dans  laquelle 
plusieurs  poulies  ( orbiculi )  tournent  sur  leurs  axes. 
Autour  de  la  poulie  supérieure,  on  fait  passer  un  câble 


Fig.  4744.  —  Machine  élévatoire,  d’après  Vitruye. 


de  traction  d  ( ductarius  funis ),  on  ramène  ensuite  ce 
câble  autour  de  la  poulie  d’une  moufle  inférieure  c'  (mo¬ 
bile),  puis  on  le  remonte  jusqu’à  la  seconde  poulie  de  la 
moufle  supérieure,  et  enfin  on  le  redescend  à  la  moufle 
inférieure  dans  un  trou  de  laquelle  on  le  fixe  13.  L’autre 
bout  du  câble  reste  pendant  aux  pieds  de  la  machine. 
A  l’arrière  des  deux  montants,  là  où  ils  divergent,  on 
fixe  deux  pitons  e  (j^Aojveta),  dans  lesquels  on  introduit 
les  deux  extrémités  d’un  treuil  f  ( sucula ),  de  manière 
qu’elles  y  tournent  facilement.  Ce  treuil,  à  chacun  de  ses 
bouts,  a  deux  trous  disposés  pour  recevoir  des  leviers 
rj  ( vectes ).  Au  bas  de  la  moufle  inférieure,  on  attache  des 
tenailles  de  fer  ( forfices ),  dont  les  branches  s'enfoncent 
en  des  trous  pratiqués  dans  la  pierre  qu'il  s’agit  de 
soulever.  Il  ne  reste  plus  qu’à  fixer  l’extrémité  libre 
du  câble  au  treuil;  les  leviers  font  tourner  celui-ci,  et  le 
câble  en  s’enroulant  autour  se  tend  et  soulève  par  suite 
les  fardeaux  jusqu’à  la  hauteur  convenable.  La  machine 
qui  vient  d’être  décrite  s’appelait  xpémaarTOî,  parce  qu’elle 
comporte  en  tout  trois  poulies.  Lorsqu’il  y  avait  deux- 
poulies  à  la  moufle  inférieure  et  trois  à  la  supérieure,  on 
lui  donnait  le  nom  de  7revTà<77iacjToç u. 

Vitruve  explique  ensuite  quelles  modifications  devront 
être  apportées  à  la  machine,  si  on  veut  qu'elle  soit  capable 
de  lever  de  plus  lourds  fardeaux15.  On  augmentera  pour 
cela  la  longueur  et  l’épaisseur  des  pièces  de  bois,  ainsi 

dix  livres  de  l’archit.  de  Vitruve,  corrigés  et  trad.  1684,  2e  éd.  p.  297)  lit  à  tort 
tria  ligna  au  lieu  de  duo,  cl  admet  pour  cette  machine  et  les  suivantes  trois  pièces 
de  bois.  Voir  les  figures  jointes  à  sa  traduction.  —  12  Ce  dernier  mot  est  fort  dou¬ 
teux.  —  13  «  L'effet  de  cette  machine  est  que,  l'une  des  moufles  estant  attachée  au 
haut  de  l’engin  et  l'autre  au  fardeau,  la  corde  qui  le  doit  lever  produit  son  effet  eu 
faisant  approcher  tes  moufles  l'une  de  l'aulrc  ;  et  elle  facilite  l'élévation  du  fardeau 
par  la  raison  que,  par  tes  deux  replis  que  la  corde  fait  sur  les  poulies  des  moufles, 
il  arrive  que  la  corde  qui  descend  au  moulinet  fait  le  double  du  chemin  qu’uuc  des 
moufles  fait  en  approchant  de  l'autre,  et  par  conséquent  elle  n'a  besoin  que  de  la 
moitié  de  la  puissance  qui  seroit  nécessaire  si  elle  ne  passoit  que  sur  une  poulie  et 
si  la  descente  de  la  corde  vers  le  moulinet  étoit  égale  à  la  montée  du  fardeau  » 
(Perrault,  O.  I.  p.  297,  n.  2).  —  H  Vit,  X,  3,  3;  cf.  Orib.  XLIX,  22,  t.  IV,  p.  407 
(éd.  Bussemaker-Darcinberg)  sur  la  trispaste  d’Archimède.  —  *5  X,  3,  3. 


MAC 


1464  — 


MAC 


que  la  force  des  chevilles  qui  sont,  en  haut  et  celle  du 
treuil  qui  est  en  bas.  Mais,  à  mesure  que  l'appareil 
devient  plus  pesant,  la  difficulté  de  le  mettre  en  place 
devient  naturellement  plus  grande.  Le  dressage  exige 
alors  une  opération  spéciale,  que  ^  itruve  décrit  ainsi 
lig.  1745) 1 .  On  se  servira  de  deux  sortes  de  câbles  :  les 


Fig.  4745. 


uns,  fixés  à  l’avant  de  la  machine  (c'est-à-dire  du  côté 
vers  lequel  les  pièces  de  bois  an  sont  inclinées)2,  reste¬ 
ront  d'abord  lâches  {antarii  funes)h  ;  les  autres,  partant 
du  côté  opposé  (: retinacula ),  i,  seront  attachés,  aune  assez 
grande  distance,  soit  à  quelque  obstacle  naturel,  soit  à 
des  pieux  fichés  en  terre  auxquels  on  prêtera  plus  de 
solidité  en  leur  donnant  une  certaine  inclinaison,  et  en 
battant  bien  le  terrain  à  coups  de  maillet  tout  autour 3.  Au 
sommet  de  la  machine  on  liera  ensuite,  au  moyen  d’une 
corde,  une  moufle  A-;  de  ce  même  point  on  fera  descendre 
un  câble  vers  une  autre  moufle  m,  fixée  à  un  pieu; 
on  le  fera  passer  dans  la  poulie  de  cette  moufle  infé¬ 
rieure,  pour  le  remonter  ensuite  jusqu’à  la  moufle  fixée 
au  haut  de  la  machine  ;  là  on  le  fera  également  passer 
autour  de  la  poulie,  d'où  on  le  redescendra  jusqu’au 
treuil  n,  établi  au  bas  de  la  machine,  auquel  enfin  on  le 
fixera.  Cela  fait,  on  actionnera  le  treuil  au  moyen  des 
leviers;  en  tournant,  celui-ci  fera  monter  la  machine 
sans  aucun  danger.  Grâce  aux  câbles  d’avant  ( antarii 
fanes )  disposés  autour  de  lui,  et  aux  câbles  d’arrière 
{retinacula)  adhérents  aux  pieux,  l’appareil  sera  bien 
affermi.  Une  fois  dressé,  on  pourra  s’en  servir  pour  éle¬ 
ver  des  fardeaux,  de  la  manière  qui  a  été  dite  plus  haut. 

En  troisième  lieu  Vitruve  décrit  une  grue  plus  puis¬ 
sante  encore,  destinée  à  soulever  des  fardeaux  de  taille 
et  de  poids  exceptionnels  (fig.  4746) 3.  En  ce  cas,  dit-il, 
il  ne  faudra  pas  se  fier  au  treuil  {sucula)  :  dans  les  pitons 
qui  retenaient  celui-ci  on  fera  passer,  à  la  place,  un  essieu 
o  {axis),  au  milieu  duquel  sera  un  vaste  tambour  p  {tym- 
panum  ou  rota)6.  En  outre,  les  moufles  ne  seront  pas 
constituées  de  la  même  manière  que  précédemment  :  on 
y  doublera  le  nombre  des  poulies,  c’est-à-dire  qu’il  y 
aura  dans  la  moufle  d’en  haut  quatre  poulies,  deux  à 
chaque  rang,  et  dans  celle  d’en  bas  deux  poulies  de  rang. 
Cela  étant,  on  fait  passer  le  câble  de  traction  d  {ductarius 
funis)  dans  l'anneau  de  la  moufle  inférieure  c' ,  en  ayant 
soin  qu'une  fois  tendu,  il  ait  ses  deux  moitiés  d’égale 


longueur;  puis,  au  moyen  i 
à  cet  anneau,  on  arrête  les  deux  moitiés  ,1  r 
ne  puissent  glisser  ni  à  droite  ni  à  g\Ucl  ?qu’elle8 

bouts  du  câble  sont  ensuite  ramenés  du  V  L°S  du,lx 

(entendez  par  là  le  côté  vers  lequel  inclinent 

montants)  jusqu’à  la  moufle  supérieure  c  o'  ^  deilx 

passer  sur  les  poulies  d’en  bas;  de  là  ’0ll l!  °n  esfaît 
vers  le  bas  de  la  machine  et  on  les  fait 'passer 
rement  sur  les  poulies  de  la  moufle  inférieur  J  ^ 
quoi  on  les  remonte  encore  parallèlement  \maX? 

,1  en  haut  pour  les  faire  passer  extérta * 
sur  les  poulies  supérieures;  enfin  on  les  ramène  1 
droite  et  l’autre  à  gauche  du  tambour,  jusqu’à  l'es ’sieul 
on  les  fixe  solidement.  Mais  la  machine  comporte  e  I 
un  autre  câble  q,  enroulé  autour  du  tambour  qui  d, 
se  rend  jusqu’à  un  vindas  r  {ergata)  ;  ce  vindas,  en  tour 
nant,  met  en  mouvement  le  tambour  et  son  essieu- lr 
deux  câbles  de  traction,  en  s’enroulant  autour  de  l’essieu  J 
se  tendent  parallèlement  et  soulèvent  ainsi  peu  à  peu  iè 
fardeau.  Au  vindas  on  peut  aussi  substituer  un  tympan 
plus  grand  placé  soit  au  milieu,  soitàl’une  des  extrémités 
de  l’essieu,  et  que  des  hommes  feront  marcher  avec  leurs 


pieds.  Par  ce  moyen  on  obtiendra  plus  facilement  encore 
les  mêmes  résultats  7. 

La  dernière  machine  décrite  par  Vitruve  diffère  essen¬ 
tiellement  des  précédentes  en  ce  qu’elle  n  a  qu  un  mon-, 
tant,  au  lieu  de  deux  (fig.  4747)  8.  Elle  est,  dit  \  Hrnxe, 
fort  expéditive,  mais  elle  demande  pour  être  dirigée  une 
main  adroite.  C’est  une  pièce  de  bois  a,  qu  on  met  «lobout 
et  qu’on  arrête  des  quatre  côtés  au  moyen  de  haubans  b(>e 
t inocula).  Au-dessous  du  point  d’attache  de  ceux-ci  on 
cloue  sur  le  montant  deux  taquets  c{chelonia )  ,  au  ce® 
sus  desquels  on  attache  avec  des  cordes  une  m°ul  c  j 
qu’on  appuie  sur  une  traverse  e  { régula ) l0,  longue t  j'” 
viron  2  pieds,  large  de  6  doigts  et  épaisse  de  ^ 
moufles  ont  chacune  trois  rangs  de  poulies  ,IV  '  ^ 

poulies  à  chaque  rang  :  en  sorte  qu  il  y  a  h’om  1  -1 


1  D'apK-s  Iil Uni ner,  O.  /.III,  p.  115,  fig.  9.  —  2  Ils  doivent  d  abord  être  tenus  lâches, 
parce  qu  ils  ne  serviront  à  affermir  la  machine  qu'une  fois  quccelle-ci  sera  dressée, 
et  il  ne  s'agit  pour  le  moment  que  de  la  lever.  —  3  H.  Blümncr,  L.  L  p.  J1G,  fait 
remarquer  que  les  montants  de  la  machine  doivent,  pour  facililer  l'opération,  être 
tenus,  non  complètement  à  plat,  mais  un  peu  inclinés.  Au  pied  de  chaque  moulant, 
il  faut  aussi  un  obstacle  ou  une  cale ,  pour  qu’ils  ne  glissent  pas.  —  4  Ne  pas  oublier 
qu  il  ne  s  agit  ici  que  du  dressage  de  la  machine,  et  que,  par  conséquent,  le  câble 
employé  à  cette  opération  n’est  point  le  ductarius  funis,  dont  il  a  été  question  pré¬ 


cédemment  pour  élever  les  fardeaux.  —  °  X,  4,  o  sq.  La  lig'111  '  '  (jans  |cn»ss. 
Blümncr,  O.  I.  III,  p.  117,  fig.  10.  -  «  Les  noms  grecs  ont  été  eS p0Ddcra 
—  7  Cf.  Cucret.  De  tint.  rer.  IV,  903  :  «  Multaque,  per  tioi.  <  as  .  .  ^  ^  ^  ügurt  - 
magna  commovet  atque  levi  sustollit  machina  nisu  ».  '  ’  .  ■  «cs  morceaux 

est  tirée  de  Blümner,  O.  L  p.  127,  fig.  13.  -  9  Les  cheloma  sonUc.^  ^  ^  ^ 
de  bois  saillants,  qui  servent  à  soutenir  la  moufle  fi11'  1  1  Peiit-^lrc  était- 

l’cmpécher  de  glisser.  —  10  Le  but  de  celte  traverse  n  es!  l,as 
elle  destinée  à  écarter  la  moufle  du  montant. 


MAC  —  1465 


MAC 


étant  attachés  au  haut  de  la  machine, 
traction/'11'"’,^.  dehors  sous  les  trois  poulies 

Eesceudeut  du 


s- 


Fig.  4747. 


d’en  haut  de  la  moufle  inférieure  g,  puis  remontant  à 
[a  moufle  supérieure,  passent  du  dehors' en  dedans  sur 
les  poulies  qu’elle  a  en  bas;  do  là,  redescendant  à  la 
moufle  inférieure,  passent  encore  de  dedans  en  dehors 
sous  les  poulies  du  second  rang,  puis  remontent  à 
)a  moufle  supérieure,  pour  passer  également  sur  les 
secondes  poulies  ;  et  en¬ 
fin,  redescendant  une 
dernière  fois  sous  les 
poulies  d’en  bas  de  la 
moufle  inférieure,  puis 
remontant  sur  les  pou¬ 
lies  d'en  haut  de  la  mou¬ 
fle  supérieure,  retom¬ 
bent  au  bas  de  la 
machine.  Au  pied  de  l’ap¬ 
pareil  est  une  troisième 
moufle  h  que  les  Grecs 
appellent  ÈTràywv,  et  les 
Romains  artemon.  Cette 
moufle,  qui  est  fixée  au 
pied  du  montant,  a  trois 
poulies  sur  lesquelles 
passent  lus  trois  câbles, 
flui  sont  tirés  par  des 
hommes.  Ainsi ,  trois  ran- 
8IIMl *l0rames,  sans  le  secours  du  vindas,  peuvent  élever 
puniipli  ment  des  fardeaux.  Ce  genre  de  machine,  dit 
(  >  sc  nomme  TroÀûsTtasToç,  parce  que,  en  raison  de 
f  i  h1, uni  nombre  de  poulies,  elle  tire  avec  autant  de 
de  hui  lUe  <le  PromPL*tude  *.  L’emploi  d’une  seule  pièce 
1,1  N  1  "  1  ava-ntage  encore  que,  en  lui  donnant  préala- 
„i|  nl.  *nc^naison  que  l’on  veut  à  droite  ou  à  gauche, 
Tiiiii'  !  |  ^°Ser  ^es  fataux  sur  les  côtés 2. 
servir  i  u  1  s  machines  décrites  ci-dessus  peuvent  aussi 
1,11  fier  el  à  décharger  les  navires,  les  unes  debout, 

'  l>crrault,  0.  I,  „  302 

marque  a  “■  “i  la't  à  propos  de  la polyspaste  la  remarque  suivante  : 

s°ul sans pei|le  uu  r  nill^‘  machine  avec  laquelle  il  dit  qu’ Archimède  traisua  luv 
Si  Vi:ruvc  n'avon^rai"'  nav*rei  cimrgé  de  loul  ce  qu’il  peut  porter  estant  sur  mer. 
"ne  parfaite  cou  '^cr*t  celte  machine  assez  clairement  pour  en  avoir  donné 

*c P°lyspastc peut  f  l>CC’  ou  C1'oiroit  rl'le  c’estautre  chose;  car  on  sçait  que  ce  que 

^"1  voir  (|(le||  "  .DS^ lout  a  fait  éloigné  des  effets  que  Plutarque  luy  attribue. 
*°"le  (les  machines  °n^n‘ola  ^  0,1  pc,|t  avoir  des  autres  miracles  que  cet  historien 
|U”  ''iever  |os  f  j  '  ■himéde.  >>  —  2  Les  machines  précédentes  n’étaient  aptes 
au  conlraire,  n'Otanl^"'  '*  SU1'  '‘eu  °ù  ils  avaient  été  pris.  La  polyspaste, 

"l'puyéc  (|UC  slu.  ul)  pj(1(p  pouvait  être  inclinée  de  tous  côtés. 


les  autres  couchées  sur  une  plate-forme  tournante*. 

Enfin,  sans  même  élever  d’arbre,  on  peut  encore  dis¬ 
poser  à  plat  les  câbles  cl  les  moufles  de  la  même  manière, 
pour  tirer  les  navires  hors  de  l’eau4. 

- /V- 


Fig.  4749.  —  Machine  élévatoirc. 

Plusieurs  monuments  figurés  représentent  les  ma¬ 
chines  élévatoires  décrites  par  Vitruve,  ou  des  machines 
analogues,  et  prouvent  par  conséquent  qu’elles  étaient 
d’un  emploi  courant  dans  la  pratique.  Entre  autres  on 
peut  citer  les  suivants3. 

Voici  d’abord  une  peinture  du  Virgile  du  Vatican,  très 
sommaire  (fig.  4748)  °.  Elle  montre  des  ouvriers  vêtus  de 

l’angusticlave,  contre  un 
mur  la  roue  d’un  grand 
treuil,  et  en  avant  le 
montant  d’une  chèvre 
appuyé  contre  un  arceau. 


figure 


4749 1  re- 


Treuil  et  chèvre. 


La 

produit  un  bas-relief 
trouvé  à  Capoue  dans 
les  ruines  de  l’amphi¬ 
théâtre  et  destiné,  comme 
l’indique  une  inscrip¬ 
tion  ,  à  commémorer 
certains  travaux  de  répa¬ 
ration  exécutés  au  pro- 
scaenium.  Ce  bas-relief 
montre  un  fût  de  colonne, 
dont  la  tête  est  engagée 
dans  des  cordes  qui  des¬ 
cendent  du  haut  d  une 
machine.  Bien  que  celle-ci 
ne  soit  qu’assez  vaguement  indiquée,  on  y  reconnaît  ce¬ 
pendant  une  pièce  de  bois  inclinée,  maintenue  a  gauche 
par  deux  retinacula ,  à  droite  par  un  funis  antarius. 
Au  sommet  de  l’appareil  est  une  moufle,  sur  laquelle 
passent  les  câbles  de  traction  (  funes  ductarii)  qui  élèvent 
le  fût  de  colonne  ;  ces  câbles  vont  s’enrouler  autour 
d’une  grande  roue,  que  font  tourner  avec  leurs  pieds 
deux  hommes  marchant  intérieurement.  Au  pied  de  1  ap¬ 
pareil  un  ouvrier  achève  un  chapiteau,  qui  sera  mis  en 
place  à  son  tour  par  le  même  moyen. 

Toutefois  Perrault,  0.  I.  p.  304,  n.  4,  s'ost  certainement  trompé  quand  il  a  compris 
que  cetlo  inclinaison  de  la  machine  pouvait  se  faire  au  cours  de  l’opération.  Si, 
Cil  effet,  au  moment  où  la  machine  élail  déjà  chargée  de  son  pesant  fardeau,  on 
avait  détendu  une  des  cordes  qui  la  retenaient,  nulle  force  n'aurait  plus  été  ca¬ 
pable  do  la  diriger.  11  faut  donc  entendre  que  le  sommet  de  la  polyspaste  était  incliné 
nue  fois  pour  toutes,  avant  lout  fonctionnement,  au-dessus  de  l'endroit  où  l’on  voulait 
élever  la  pierre.  —  3  Vit.  X,  5,  10.  —  4  Ibid.  —  S  Cf.  Büinincr,  O.  I.  III,  p.  118 

sfj  _ c  Ang.  Mai,  Vii'y.  pict.  ant.  ex  cod.  Vatic.  Rom.  1835,  pl.  xix.  —  1  Ma- 

billon,  lier  Italie.,  p.  103;  Mazochi,  In  cnmpani  amphith.  commet) tarins,  1727, 
pl.àlap.  2;  Winckcliuann,  Werke,  I,  pl.  xi  ;  Millin,  Cal.  mylhol.  38,  132. 


MAC 


1466  — 


Siu  uni'  peinture  de  lu  maison  de  Siricus  à  Ponipéi 
forceps,  lig.  6166  1  on  aperçoit  une  machine  du  même 
genre  :  les  deux  montants  inclinés,  les  câbles,  la  moufle, 
la  louve  y  apparaissent  très  clairement  ;  seul,  manque 
le  treuil. 


Le  bas-relief,  reproduit  sur  la  figure  4750*,  qui  repré 


Fig.  4750.  —  Percement  cTun  émissaire  du  lac  Fucin. 


sente  dans  son  ensemble  le  percement  d'un  émissaire  du 
lac  Fucin,  nous  montre  dans  sa  partie  droite  un  appareil 
servant  à  extraire  les  déblais  d'un  puits  de  forage.  C’est 
un  tambour  vertical,  autour  duquel  s’enroulent  horizon- 


Fig.  4751.  —  Appareil  employé  pour  les  constructions. 


talement  et  en  sens  inverse  deux  cordages  passant  sur 
une  poulie,  en  sorte  que  l’un  de  ces  câbles  s’élève  pen¬ 
dant  que  l'autre  descend.  Chacun  d’eux  actionne  une 
benne,  qui  monte  pleine  et  redescend  vide.  Deux  esclaves 
font  tourner  l’appareil  au  moyen  d’un  levier  horizontal. 
En  haut  du  monument,  à  gauche,  la  môme  scène  se 
répète,  mais  beaucoup  plus  sommairement  dessinée. 

l  Giorn.  d.  Scavi,  i8G2,  p).  v.  —  2  A.  Geffroy,  L'archéol.  du  lac  Fucin,  dans  la  Rev. 
archéol.  1878,  p.  3-4,  pl.  xm  A.  —  3  j.a  photographie  de  ce  monument  nous  a  (Hé 
obligeamment  communiquée  par  Al.  C.  Robert,  professeur  à  l’université  de  Halle. 
Voir  Jahrb.  Inst,  1889,  p.  117  de  1  Anzeiger.  —  4  Publiédabord  par  Brunn,  dans  les 
A/on  uni.  Inst.  V ,  pl.  vm,  puis  par  Garucci,  Mus.  Luler.  pi.  xxxvm,  p.  (i9sq.  Blümncr, 


MAC 


La 


ligure  4751  1  est  tirée  d’un  Iri*  ,  r 
dus  nettement  encore  que  dans  les  nin"  lleTcpracine. 
dents  on  voit  les  organes  essentiels  ^ 

montants,  divergents  par  la  base,  sont  liéi?TPe,1:  deilx 
par  des  cordes,  et,  pour  plus  de  solidité  •  SOnH 
en  dessous  par  une  traverse  en  bois  m  P* 

montants  pend  ’  * 11  re  les  deux 

une  moufle  à 
deux  poulies , 
qui,  au  moyen 
de  câbles,  élève 
u  ne  grosse  pierre 
tenue  entre  les 
deux  branches 
d’une  louve  ;  un 
ouvrier,  de  ses 
bras  passés  au¬ 
tour  de  la  pierre, 
attire  celle  -  ci 
vers  l’endroit  où 
elle  doit  prendre 
place. 

Enfin  signa¬ 
lons  un  impor¬ 
tant  bas-relief 
du  Musée  de  La- 
tranL  Plusieurs 
détails  de  cette 
représentation 
restent  obscurs 
et  ont  été  diver¬ 
sement  interpré¬ 
tés  5.  Mais  il 
n'est  pas  dou¬ 
teux  toutefois 
qu'il  reproduit 
dans  ses  traits 
essentiels  ,  et 
avecplusde  com¬ 
plication  peut- 
être,  la  troisième 
des  machines 
élévatoires  dé¬ 
crites  par  Vi- 
truA^e(lig.  4752). 

A  la  descrip¬ 
tion  des  appa¬ 
reils  élévatoires 
proprement  dits, 

Yitruve  joint 
celle  de  deux  ma¬ 
chines  de  trans- 


Fig.  4752.  —  Machine  élévatoirc. 

port,  qui  furent  inventées,  dit-il,  parles  architectes  du 
temple  d’Artémis  à  Éphèse,  Chersiphron  et  Métagénts.  e 

restées  depuis  lors  en  usage6.  Chersiphron,  ayant  a  dans 
porter  des  fûts  de  colonnesde  la  carrièreoù  on  les^prenai 
jusqu’à  pied  d’œuvre,  s’avisa  de  l’expédient  slll',u’ 
(fig.  4753).  Comme  il  craignait  que  la  pesanteui  M 

O.  I.  III,  fig.  H,  cil  a  donné  un  dessin  plus  exact,  qui  est  ce  lui  I"  '  (549, 

(luisons  ici.  — 8  Pour  l’interprétation  de  ce  monument,  voii  jn  sq. 

p.  382  sq.;  Benndorf  et  Schône,  Antik.  Dildw.  d.  Rater.  Mus.n  >  ^9  rfoj 

Bliimner,  O.  t.  III,  p.  H9  sq.  —  «  Vil.  X,  6,  1 1  ;  cf.  Bliimner,  O.  ■■  >  ’  ^ 

figures  4753  et  4754  sont  empruntées  à  cet  ouvrage  (p.  J -J»  o* 


MAC 


—  1467  — 


MAC 


,1,.  fermeté  des  chemins  ne  fissent  enfoncer 
t)loCStl1'  ''l  nVutpas  recours  à  des  chariots.  Il  assembla 
tes  r0lics’  '  J',,,  bo,s  deux  en  travers,  les  deux  autres  en 

r'Xs-ci  égales  en  longueur  à  chaque  fût.  Aux  deux 
l0I’?  i  'iVils  il  scella  avec  du  plomb  des  boulons  de  fer 
1)011  forme  de  queue  d'aronde1,  et  fixa  d’autre 

(cnodaces)  en  muuc  i 


part  dans  la  charpente  deux  anneaux  de  fer  b  ( armillas ), 
dans  lesquels  entraient  les  boulons.  Enfin,  il  attacha 
aus  Jeux  extrémités  de  la  machine  des  timons  en  bois 
de  chêne2.  L’appareil  étant  tiré  par  des  bœufs,  et 
les  boulons  tournant  librement  dans  les  anneaux,  les 
fûts  roulèrent  aisément  jusqu  a  destination  3.  Pour 


J  lransportcr  les  architraves  du  même  temple,  Méta- 
génès,  fils  de  Chersiphron,  prit  modèle  sur  la  machine 
son  père'  (  fi  g .  4754).  Il  fit  construire  des  roues  de 
1- pieds  environ  de  diamètre,  et  au  milieu  de  ces  roues 
l  i  enchâssa  les  deux  bouts  des  architraves.  Les  boulons, 
anneaux  et  le  cadre  en  charpente  furent  disposés  de 
airimic  façon  que  précédemment8.  Des  bœufs  ayant  été 
, .  1  aPPai'eil,  les  roues  tournèrent  et  avec  elles  les 

tjrmlll|,l't's  1U  elles  Pétaient6.  Yitruve  compare  l’inven- 
Sf,s  |  la8énès  à  ces  cylindres  ou  rouleaux  dont  on 
IlMl'1  l'ans^es  Palestres  pour  aplanir  les  allées. 
sj„  AuiIîiES  uïdRAULiques,  qui  se  subdivisent  en  plu- 
acons  'mi  S  ’ J °  AIachines  pour  élever  l'eau.  —  Yitruve 
une  Partie  de  son  livre  X  à  la  description  de 


1  "  II  faut 

lln  bool,  parce  (  °le,ces  Louions  n'esloicnt  à  queue  d'aronde  que  par 
wloiinc(  ali,,  de  \  *  '  '  °'en)l  cslre  ronds  par  le  bout  qui  sortoit  do  la 
'lueue d'aronde  nai  'l  .  î  ""  lournor  dans  l'anneau  de  fer.  Mais  ils  cstoicnl  à 
['"'r  11  (Perrault  o  /  "  l  '|Ui  eslo‘1,  scellé  dans  la  eolonue,  afin  de  l’y  faire  mieux 
i'iterprêtation (.’uj  °  *)•  —  2  Le  lexte  ici  n'est  pas  sûr;  nous  donnons 

*'  "  3  Perrault  *))'S)>aiait  la  lllus  vraisemblable.  Voir  Blünmer,  O.  1. 111,  p.  130, 
1,18 celte  machine’,,  i  °  1  Le  principe  reste  en  effet  le  même 

r,1usporior  servent  cil  "  ^ ^ '  °°  ^hersiphron.  Dans  l’une  et  l'autre  les  pierres  à 
va'*°n  <10  icil|.  fornie  c  “"-nies  de  roues.  Seulement,  comme  les  architraves,  en 
"  a'cc,l<'  la  charpente,','  '  *  ’  "  ama'en 1  Pu  r°uler,  Mélagénès  cul  l’idée  de  les  arron- 
■  appliquée  à  leurs  deux  extrémités,  et  c’est  celle  charpeu- 


plusieurs  appareils  de  ce  genre7.  Les  suivants  étaient 
employés  au  bord  des  étangs  ou  des  lacs,  là  où  il  n’exis¬ 
tait  pas  de  courant. 

L’appareil  que  Vitruve  appelle  tympanum  (fig.  4755) 8 
consistait  principalement  en  un  tambour,  divisé  à  l’inté¬ 
rieur  en  compartiments  au  moyen  de  huit  planches 
( tabulae ),  rayonnant  du  centre  de  l’essieu  à  la  circonfé¬ 
rence.  Sur  la  circonférence  de  ce  tambour  étaient  prati¬ 
quées  huit  ouvertures  ( aperturae ),  par  lesquelles  l’eau 
se  précipitait  dans  les  compartiments,  à  mesure  que  la 


Fig.  4755.  —  Machine  hydraulique,  d'après  Vitruve. 


roue  tournait  sous  les  pas  des  hommes,  placés  dans  son 
intérieur9.  L’essieu/  ferré  par  les  deux  bouts,  reposait 
sur  deux  pieux,  également  garnis  de  lames  de  fer  à  leur 
extrémité  supérieure.  Il  était  formé  d’un  cylindre  creux, 
percé  d’autant  de  trous  ( columbaria )  qu’il  y  avait  de 
compartiments  :  l’eau,  pénétrant  par  ces  trous,  se  déver¬ 
sait  par  une  des  extrémités  de  l'essieu  dans  une  auge  de 
bois  ( labrum  ligneum )  et,  de  là,  dans  des  conduits  qui  la 
menaient  au  dehors.  Cette  machine,  observe  Vitruve, 
n’est  pas  apte  à  élever  l’eau  bien  haut,  mais  elle  en  tire 
une  grande  quantité  en  fort  peu  de  temps. 

Si  on  veut  élever  l’eau  plus  haut  que  l’essieu  du  tym¬ 
pan,  on  modifiera  l’appareil  ainsi  qu’il  suit10.  Il  faut 
adapter  à  l’essieu  une  roue  d’un  diamètre  propor¬ 
tionné  à  la  hauteur  ou  on  veut  porter  l’eau  Autour 
de  la  circonférence  de  la  roue  on  attachera  des  caisses 
de  bois  carrées  ( modioli  quadrati ),  bien  calfeutrées  avec 
de  la  poix  et  de  la  cire.  De  cette  façon,  quand  les  hommes 
feront  tourner  la  roue  avec  leurs  pieds,  les  caisses  s’élè¬ 
veront  pleines  jusqu’en  haut,  puis,  venant  à  redescendre, 
verseront  d’elles-mèmes  dans  un  réservoir  [castellum 
disposé  à  cet  effet  l’eau  qu’elles  auront  montée. 

Un  troisième  appareil,  qui  porte  l’eau  à  une  plus 
grande  hauteur  encore.12,  consiste  en  une  chaîne  sans 
fin,  passée  autour  de  l’essieu  de  la  roue,  et  munie  de 
seaux;  lorsque  la  roue  tournera,  la  chaîne  qui  est  sur 
l’essieu  élèvera  les  seaux,  et  ceux-ci,  en  passant  sur  cet 
essieu,  se  renverseront  nécessairement  et  videront  leur 


terie  arrondie  que  Vitruve  appelle  des  roues.  Quant  aux  boulons  et  aux  anneaux, 
ils  ne  sont  destinés  ici  comme  plus  haut  qu'à  lircr,  non  pas  à  porter  (Perrault,  O.  I. 
p.  305,  n.  2).  —  5  Entende*  que  dans  les  deux  extrémités  de  chaque  architrave  on 
scella  un  boulon,  passant  dans  un  anneau  fixé  au  châssis,  et  qu’on  munit  ce  châssis 
lui-mème  de  deux  timons.  —  0  Perrault,  O.  I.  p.  307,  fig.  2.  —  7  x,  4  (9),  t  sq. 
—  8  La  figure  4755  est  prise  dans  Perrault,  O.  I.  p.  315,  fig.  1.  —  9  Perrault,  p.  312, 
n.  3,  fait  remarquer  que  cette  roue  ne  peut  être  le  tympan  même  qui  puise  l’eau. 
Il  faut  supposer  une  autre  roue,  accolée  extérieurement  au  tympan,  comme  dans  la 
figure  que  nous  donnons  d’après  Perrault.  —  10  Vil.  X,  4  (91,  3.  —  U  Voir  les  figures 
qu’en  ont  données  Perrault,  O.  I.  p.  315,  fig.  2,  et  A.  lîich,  Dictionn.  des  antiquit. 
art.  hota,  14,  p.  541.  —  12  Vil.  X,  4  (9),  4. 


MAC 


—  Hf>8  — 


MAC 


co n I en u  dans  un  réservoir,  disposé  ad  hoc.  Comme 
Vitruve  dit  que  cet  appareil  est  destiné  à  élever  l'eau 
plus  haut  encore  que  les  précédents,  force  est  d’admettre 
n\ec  Perrault  que  1  essieu  sur  lequel  est  passée  la  chaîne 
est  situé  fort  au-dessus  du  niveau  de  l’eau  11  va  de  soi 


egalement,  que  cet  essieu  doit  être  à  pans,  pour  que  la 
chaîne  suive  toujours  sou  mouvement,  sans  glisser-. 

Ces  machines  qui  servent  a  élever  1  eau  des  rivières  et 
des  courants  d’eau  ne  diffèrent  guère  des  précédentes 

que  sur  un  point. 
A  la  circonférence 
de  la  roue  on  fixe 
des  palettes  (pin- 
naé),  qui,  étant 
poussées  par  le 
courant,  la  font 
tourner  :  de  la 
sorte,  sans  qu’il 
soit  besoin  d’hom¬ 
mes  pour  actionner 
l’appareil,  les  cais¬ 
ses  puisent  l’eau 
en  bas  et  la  por- 

Fijr.  4750.  —  Machine  à  puiser  l'eau .  tent  en  haut 3. 

Parmi  les  ma¬ 
chines  aptes  à  pui¬ 
ser  1  eau,  à  itruve  cite  encore  l 'escargot  d’eau ,  qui  élève 
beaucoup  de  liquide,  mais  pas  bien  haut  [cociilea]  ;, 
et  la  machine  de  Ctésibios,  qui,  au  contraire,  la  porte 
a  une  très  grande  hauteur  [siphoj  5.  Par  les  auteurs  et 
par  les  monuments  nous  connaissons  encore  d’autres 
appareils  très  simples,  qui  étaient  d'usage  courant  dans 
1  antiquité.  Tels  sont  le  gyrgillus  et  le  tolleno,  en  grec 
xt-àmv  et  xYjXwvstov  6.  Ce  dernier,  fort  usité  encore  de  nos 


jours  en  Grèce,  en  Égypte,  en  Asie,  se  compose  d'un 
levier  qui  se  meut  horizontalement  sur  une  traverse; 
à  l'une  de  ses  extrémités  pend  le  récipient  à  puiser 
de  l’eau,  à  l'autre  est  fixé  un  contrepoids7.  L’appareil 
est  représenté  dans  sa  forme  la  plus  simple  sur  un 
bas-relief  du  Musée  de  Parme  (fig.  4756)  8.  La  traverse 
est  quelquefois  remplacée  sur  les  monuments  par  un 
mur  d’appui,  percé  d’un  jour  pour  le  passage  du  levier 
(fig.  4757) 9 . 

-°  Machines  servant  à  l’adduction  et  à  la  distribution 


1  Perrault,  O.  I.  p.  313,  n.  3;  cf.  Ibid.  p.  313,  la  figure  3.  —  52  ld.  p.  313,  n.  fi. 
—  3  Vit.  x,  5  (JO),  1.  —  4  x,  il,  1.  —  6  x,  12,  1.  —  6  Arislot.  Mach.  28  ; 
llrrod.  VI,  110;  Pollui,  VII,  142;  X,  31.  —  7  Fcst.  p.  33G,  éd.  0.  Millier  :  est 
gt  uus  niachinae,  quo  trahitur  aqua,  alteram  parlem  praegravanle  pondère,  dictus  a 
tollcndo  ;  cf.  Daeier,  ad  h.  I.,  qui  fait  venir  le  mot  de  xijVùytiov  ;  Plin.  Bist.  nat.  XIX, 
~  8  1  Mém.  de  la  Fondation  Plot,  III,  pl.  xxn.  —  0  Peint.  d’HcrcuIaniim  ; 
Saint-Non,  Voyage  de  Sicile,  II,  p.  20;  cf.  Pitt.  d'Ercol.  1,49,  p.  237.  — 10  Virg. 
Geory.  III,  24  :  Vel  scaona  ut  versis  discedat  frontibus;  Serv.  Ad  h.  I.  :  Scaena  quae 
fiefiat  aut  icrsilis  erat  aut  ductilis  oral;  versilis  lum  crat,  cum  subito  Iota  macliinis 
quibusdam  converlebalur  et  aliam  picturae  faciem  oslendebat,  ductilis  lum,  cum 


de  l'eau  [aquae  ductus,  emissationes 
3 a  Machines  dans  lesquelles  l'eau  J-,.,  k°W'l 
motrice  [mol a],  '  H  >te  Puissance 

’t°  Machines  dans  lesquelles  beau  sert  à  t, 
temps  ou  à  la  production  de  sons  musicaux  ^ iu 


[UbHOLO 


GIUM,  HYDRAULUS]. 

IV.  Machines  servant  au  travail  des  miw<  r, 

)  j  M*CUWES  ET  »««*  »E  GUERRE  [TOR,E„J  EU1U] 

.■«US  brièvement,  d'abord,  4,  certains  dispo“i"-f lra*^ 
sans  etre  a  proprement  parler  des  machines  LJ,! 
cependant  mécaniquement.  '  ’  ,0nne«t 

Tels  sont,  en  premier  lieu,  les  décors  [theatriimI  a 

point  de  vue  de  la  manœuvre,  les  Romains  distingu  tiem. 

deux  décors  de  fond  :  la  scaena  ductilis  et  la  scaena  vèn! 

lis  On  donnait  le  premier  de  ces  noms  à  un  décor  formé 

de  deux  parties  verticales  exactement  raccordées  m 

glissaient  sur  une  coulisse  :  pour  opérer  un  changement, 

de  scene,  il  suffisait  de  tirer  une  moitié  à  droite  l’autre 

à  gauche  ;  derrière  apparaissait  le  décor  voulu,  ônpou 

vait  de  la  sorte  superposer  autant  de  toiles  qu’on  voulait 

La  scaena  versilis  paraît  avoir  été  composée  d’un  certain 

nombre  de  panneaux  mobiles,  peints  sur  leurs  deux 

faces  :  au  moment  voulu  ces  panneaux,  par  l’effet  d’un 

mécanisme  inconnu  ( machinis  quibusdam),  tournaient 

sur  eux-mêmes  et  venaient  offrir  aux  yeux  un  décor 
11  ~ 


nouveau 


Nous  ne  savons  pas  à  quelle  date  remontent  ces 


inventions,  ni  même  si  elles  étaient  déjà  en  usage  chez 
les  Grecs.  M.  Dôrpfeld  croit  cependant  avoir  découvert 
au  théâtre  de  Mégalopolis  des  traces  de  la  scaena  duc 


tilis  :  il  existait  dans  ce  théâtre,  au  beau  milieu  de  la 
paradas  ouest,  un  long  bâtiment  (34m,70)  appelé  skeuol 
tlxèque ,  c'est-à-dire  magasin  des  décors,  où,  selon 
M.  Dôrpfeld,  on  remisait  les  toiles,  en  les  tirant  d’une 
seule  pièce  sur  une  coulisse  12 .  Quoi  qu’il  en  soit,  il  reste 
certain  que  chez  les  Grecs  les  changements  du  décorde 
fond  ont  toujours  été  fort  rares.  Non  seulement  on  n’en 
connaît  aucun  exemple  au  cours  d'une  même  pièce,  mais 
encore  on  peut  affirmer  que  le  plus  souvent  la  toile  restait 
la  même  d’une  pièce  à  l’autre.  Ce  qui  le  prouve  à  l’évi¬ 
dence,  c’est  que  des  trente-deux  tragédies  grecques  qui 
nous  sont  parvenues,  vingt-huit  ont  été  jouées  dans  un 
cadre  à  peu  près  identique,  palais  ou  temple  à  volonté:. 
en  sorte  que  la  même  peinture  suffisait,  par  exempt, 
pour  les  trois  pièces  de  YOrestie.  Ce  qui  avait  été,  dans 
Agamemnon  et  les  Choèphores ,  le  palais  des  Atridesl 
devenait  ensuite,  dans  la  première  partie  des  Euménides, 
le  temple  d'Apollon  Delphien,  et,  dans  la  seconde,  celui 
d’Athéna  à  Athènes13.  En  variant  les  décors  latéraux  au 
moyen  des  périodes,  on  prêtait  à  cette  archilc  jllie 
abstraite  autant  de  significations  spéciales  qu  on  mu  al  ' 

Dans  le  théâtre  latin,  il  ne  paraît  pas  que  les  changemcn  1 

de  décor  entre  deux  pièces  aient  été  beaucoup  pl"''  1 J 
quents  :  «  La  ville  que  vous  voyez,  dit  le  prologm  ^1 
Ménec limes,  ce  sera  Épidamnc  tant  qu  on  joucm 


.  __  u  Laplnpar* 

traclis  labulatis  hue  atqueilluc  species  piclurae  nudabalur 1,1  ,CI  101  ‘  .^es  y0jp  par 
des  savants  identifient,  au  contraire,  la  scaena  versilis  avec  les  l>  nalterth . 

exemple  Sommcrbrodt,  Scaenica,  p.  131  et  134;  A.  Müllei,  "  (  ^  ||aiglif^^,c 

p.  402  et  Philolog.  XXIII,  p.  323  ;  Lohdc,  Die  S/cene  der  Allen,  p.  ‘ Eti 
Theat.  p.  4SI.  Mais  le  mot  tota  s’oppose  absolument  h  colle  è|  ia 

d’après  les  termes  mômes  de  Scrvius,  il  est  évident  que  la  ^  •’adople  est  colrf 
scaena  versilis  ne  diffèrent  que  par  le  mécanisme,  b  opinion  |  J  c!|p„,  !iï;hn>  ■' 
(l’O.  Müllcr,  Kl.  Schrift.  I,  p.  540  ;  elle  est  suivie  également  par  •’  »  1  , 


wesen  der  Griecli.  n.  Mimer,  p 
p.  138;  cf.  Ibid.  p.  75 


244_  _  12  IJ.'irpfekl-Heisell .  Dns  y< 


13  O.  Navarre,  Dionysos,  p.  U4  Slb 


et  123. 


MAC 


MAC 


1169  — 


d  on  jouera  la  suivante,  ce  sera  une  autre 
P'"'  r  n  autre  nom1.  » 

ville  |  ration  (le  la  scène  grecque  était  complétée  sur 
La  t|(V  par  les  périacles  (îcspiaxToi)2.  On  appelait  ainsi 
leS  C"  Usines  triangulaires,  égaux  en  hauteur  au  décor 
*“1 1"  Tt  établis  à  droite  et  à  gauche  de  celui-ci,  paral- 
centr:('ij|l(ll  un  peu  en  avant,  de  façon  à  former  une  sorte 
fm^e  ou  de  coulisse  (ai  àvw  irapoSot) 3.  Ces  prismes 
;  P'1^'^  sur  Un  axe,  de  là  leur  nom,  et  leurs  trois  faces 
portaient  chacune  un  décor  différent,  exécuté 
a  pUinière  à  se  raccorder  avec  le  sujet  central  ■*.  On  dis- 
ir  ià  de  deux  changements  à  vue  sur  chaque  côté. 
■au  reste,  les  deux  périactes  ne  tournaient  pas  toujours 
'■  h  fois'6  :  on  peut  même  croire  que  c’était  là  l'excep¬ 
tion.  Poil u x  nous  signale  à  ce  propos  une  curieuse  con¬ 
vention.  Quand  les  deux  périactes  tournaient  ensemble, 
on  admettait  que  le  lieu  de  la  scène  (/topa)  était  totale¬ 
ment  changé.  Lorsque  au  contraire  la  périacte  de  droite 
(il  s’agit  de  la  droite  du  spectateur)  évoluait  seule,  le 
changement  ne  portait  que  sur  une  partie  déterminée 
(totuoç) du  lieu  de  l’action.  Cette  convention,  évidemment, 
dévive  de  la  signification  locale,  attribuée  à  Athènes  aux 
entrées  latérales:  l'entrée  del’Ouest  symbolisait  [uistrio]  le 
voisinage  immédiat,  celle  de  l’Est  l’étranger.  Comme 
exemple  du  premier  cas,  on  serait  tenté  de  citer  les  Eumé¬ 
nides,  où  l’action  se  transporte  subitement  de  Delphes  à 
Athènes0. Danslesecond  genre  on  nommerait  VAjax,  dont 
une  scène  se  passe  en  un  bois  solitaire,  à  quelque  distance 
de  la  tente  du  héros,  tandis  que  toutes  les  autres  ont  lieu 
devant  celte  tente7.  Toutefois  l’opinion  à  peu  près  unanime 
des  savants,  aujourd’hui,  est  que  les  périacles  n’étaient 
pas  encore  connues  à  l’époque  classique8.  La  principale 
raison  qu’on  avance,  c’est  qu’elles  ne  sontcitées  que  chez 
desécrivains  très  postérieurs,  Vitruve  et  Pollux9.  Cette  rai¬ 
son,  pourtant,  n’est  pas  absolument  décisive,  car,  sans  une 
sèche  mention  d’Aristote,  nous  ne  serions  pas  plus  ren¬ 
seignés  sur  le  décor  de  fond10.  Ajoutons  que  plusieurs 
passages  des  tragiques  impliquent  l’existence,  sinon  de 
périactes  proprement  dites,  du  moins  d’un  décor  latéral 11 . 

L Poil.  Ouom.  IV,  126  :  zocç  ÉxàxEja  Sètûv  Sûo  HuçuivTülviEEçt  tîjv  [livr^v  aXl.ai 

JO  E1£V  «V,  JJÎa  £X«TEÇWÛEV,  zgl;  a;  aî  zEpiaxxoi  *X'j;jLzÉzï]yaaiv,  7|  atv  5e;..(X  xà  £;w  zôVewç 
\  ^  xà  Èx  zoVeiu;,  jiâ).i(TEa  x&  ex  Xtjjfcgvoç  '  xat  OeoO?  te  DaXaxxtouç  IzàyEi, 

.j  û  T 'J  tXX/OzTTEfa  O’.Ta  7]  OEÇiElV  fcSlJV  aTEÏ  *  êI  S’IzZffTÇaçEÏEV  aî  ZEOtaXTOl, 

(  E.'ft  |iîv  à[EEtg,i  tôxov,  à^çÔTEçat  Si  /woav  uzaV/.âxToyfftv  ;  Vitruv.  V,  G,  8  :  Secun- 
'"'l"n  sP»lia  ad  ornatus  comparala,  i|uac  loca  Graeci  zEpiàxxouç  dicunt  ali 
1 1  "i  '".u  liinae  su  ni  in  ljis  locis  versatiles  trigonae  liabentes  singulae  1res  spccies 
’  (llmc>  cum  ;u|l  fabularum  nuilationes  sunt  fuUirae  seu  deorum  adventus 
,  "  r::'us  ropentinis,  vcrscntùr  mutentquc  speciem  ornalionis  in  froide. 

IV  ,  j  ' 1  .H  ;  Schol.  Aristoph.  Lysist.  321  ;  Atlicn.  p.  G22  c.  — ■  *  Poil. 

_ri^  /J/  j|[*a.a  Se  u  saa;jaxa  -y  ztvaxE;  x(aav  ejtovxeç  ypaxà;  x/j  ypEta  xwv  S^ajxàxüJV 

'  ' >  J  11  “ E-i  Ta;  zEoiâxxouç,  oçoç  SEixvuvxa,  r,  Bàxaxxav.  r,  zoxajx&v,  v, 

brodi  s  ‘  ~  ^  ’  1  (lexlc  cité  plus  haut,  note  2).  —  G  Voir  Soninier- 

P-  l’S  s<  — 7  Bethe,  Proie gom.  zur  Gcsch.  des  Theat.im  Alterth. 

1  opinioi  1  ”a'°  ll  expliquer  ce  changement  de  scène  par  Yekkykléma.  —  8  C'est 
0»«„i7'ParllCUlier’  <r0<,||lll'<'l>cii.  O.  I.  p.  243;  Ilaigh,  0.  I.  p.  182;  Niejahr, 
Keiscli  ’<c"en'  I1'  S-t 2.  A.  Millier,  O.  I.  p.  123,  ne  se  prononce  pas. 

Périactes  dès  \  "  ^!ea^'  P‘  cl  270,  admet  la  possibilité  de  l'existence  dos 

dans  lo  don  ni  \  ■'/  S'l'C*e'  nl0mc  P-  Gardner,  The  scenery  of  tlie  greelc  stage, 
Anecd.  /Vv.  |  s-"d-  XIX,  2,  p.  260-1 .  —  9  Un  grammairien  anonyme {Cram. 

c'est  là  U|J  t,  111  al tribue,  il  est  vrai,  à  Eschyle  l’invention  des  périactes ;  mais 
(?;«,„),  1(^,1™°^"^  SaUS  Va,C1’r-  —  10  Arist.  Poet-  1V  •  TXr,voTfa=iav  EosaxXSj; 
«mbrasser  |es  *  ',UC  le  tern,e  général  dont  se  sert  ici  Aristote  (crxvoyçafia)  Pcut 
début  de  !'/.■,■  l<  s  ,1('  décors.  —  11  Le  plus  probant  de  ces  passages  est  le 

'  d'luac|ios;  là  «tir ^°Pll0ClC  1  «  Voici  l'antique  Argos,  la  plaine  boisée  de  !a  fdle 
P  v°'s  à  gauche  ■  '  a'nc  %c‘cnno  consacrée  à  Apollon,  tueur  de  loups;  ce  que  lu 
arrivés,  i l;  |(S  1  "  leraple  fameux  d’Héra.  Quant  à  ces  lieux  où  nous  sommes 

’Hopitlps, »  D'„n  llllais>  c  est  la  riche  Mycènes,  et  voici  le  palais  meurtrier  des 
I  !  11,11  de  l'action  1 1  ' *  description,  la  toile  de  fond  montrait  l'acropole  de  Mycènes, 

l"0  sur  l'um,  (|^  U  l  ''  la  Perspective  d' Argos,  elle  ne  pouvait  guère  être  peinte 
Icléral  ,|B'j|  ccinvj|ii|'|  ' 1  ,lr Los.  Dans  l'/on  d'Euripide,  c’est  également  sur  le  décor 
e  placer  ce  bosquet  de  lauriers,  voisin  du  temple  delphique, 


Au  nombre  des  machines  du  théâtre,  on  peut  encore 
ranger,  en  raison  du  mécanisme  qui  le  mettait  en  mou¬ 
vement,  le  rideau  (en  latin  aulaeum ,  ou  plus  souvent  au 
pluriel  aulaea).  Chez  les  Romains,  il  se  manœuvrait  en 
sens  inverse  de  notre  rideau  moderne.  Au  début  delà 
représentation,  il  descendait  et  s’enfoncait  dans  une  cre¬ 
vasse  longitudinale,  pratiquée  sur  le  devant  du  loç/éion 
( aulaea  premuntur) 13 .  A  la  fin  de  la  pièce,  pour  dissi¬ 
muler  la  scène,  on  le  relevait  ( aulaea  tolluntur )  *3.  Selon 
Donat,  le  rideau  n’aurait  été  introduit  à  Rome  qu’en 
l’an  133  av.  J  .-C.  ;  on  aurait  utilisé  pour  cet  emploi  un 
des  riches  tapis  provenant  de  la  succession  d’Attale,  roi 
de  Pergame,  qui  avait  fait  son  héritier  le  peuple  ro¬ 
main  u.  Sur  cette  tapisserie  étaient  brodés  des  per¬ 
sonnages  de  grandeur  naturelle  ;  on  la  faisait  remonter 
avec  une  lenteur  calculée,  de  façon  que  les  figures  se 
dressant  peu  à  peu  semblaient  la  soulever  elles-mêmes 
de  leurs  bras15.  Il  reste  dans  plusieurs  théâtres  ro¬ 
mains,  en  particulier  à  Ilerculanum,  Pompéi,  Arles, 
Orange,  des  vestiges  de  la  crevasse  dans  laquelle  dis¬ 
paraissait  le  rideau.  Toutefois,  on  ignore  absolument 
la  nature  du  mécanisme  à  l’aide  duquel  il  fonctionnait. 
Les  hypothèses,  hasardées  à  ce  sujet,  n’offrent  point 
assez  de  probabilité  pour  qu’il  y  ait  quelque  intérêt  à 
les  relater  ici 1 6 . 

Outre  le  rideau  dont  il  vient  d’être  question,  qui  était 
le  principal  et  fermait  toute  la  scène,  il  y  en  eut,  du 
moins  à  partir  d’une  certaine  époque,  un  autre  plus 
petit,  appelé  siparium,  qui  dissimulait  le  fond  de  la 
scène17.  C’est  devant  ce  rideau,  par  conséquent  sur  la 
partie  antérieure  du  logéion ,  que  se  jouait  le  mime 
[mimus]  18.  U  servait  aussi  dans  les  autres  genres  drama¬ 
tiques,  pendant  les  entr’actes  et  les  changements  de 
décors 19.  On  le  manœuvrait,  semble-t-il,  comme  nos 
grands  rideaux  de  fenêtre,  qui  se  divisent  par  le  milieu 
et  se  tirent  de  chaque  côté20. 

La  question  du  rideau  dans  le  théâtre  grec  est  fort 
controversée  21 .  D’une  part,  il  n’existe,  quoi  qu'on 
en  ait  dit,  aucun  texte  de  l’époque  classique  qui  y 

dans  lequel  Hermès  se  dissimule  (v.  76  :  e’ç  -po Sf,<ro^ai  tw.Se).  De 

même  enfin  dans  Y  Hélène  du  môme  auteur,  qui  se  passe  devant  le  palais  du  roi  de 
Pharos,  Théoclymène,  le  «  cours  du  Nil  »,  mentionné  au  v.  1,  ne  pouvait  guère  être 
représenté  sur  la  toile  de  fond.  —  12  Hor.  Ep.  II,  1,  189  :  quattuor  aut  plures 
aulaea  premuntur  in  horas.  —  13  Ovid.  Met.  III,  111,  voir  plus  bas.  —  Donat. 
De  coin.  :  aulaea  quoque  in  scaena  intexta  sternuntur,  quod  piclus  ornatus  ex  alta- 
lica  regia  Romani  usque  perlalus  est.  —  13  Yirg.  Georg.  III,  25  :  Purpurea  intexti 
lollant  aulaea  Brilanni;  Ovid.  Met.  III,  111  :  Sic  ubi  tolluntur  festis  aulaea  thea- 
tris,  surgere  signa  soient,  primumque  oslendcre  vultus,  |  cetera  paulalim.  placi- 
doque  cducta  tcnorc  tola  patent,  i  moque  pedes  in  margine  ponunt.  —  lf*  Voir 
A.  Millier,  Philol.  XXIII,  p.  327-8.  —  17  Donat.  De  com.  :  Pro  quibus  (aulaeis)  siparia 
aetas  poslerior  accepit  ;  est  aiitem  niinulum  (mimicum  ?)  vélum,  quod  populo  obsislit, 
dum  fabularum  actus  commutantur  ;  Fcst.  :  Siparium,  quo  in  scenis  mimi  utuntur, 
dictum  ait  Yerrius  a  velamcnlo,  quod  vocclur  alias  aulaeum.  —  18  l'est.  L.  I.  ;  Juv. 
VIII,  185  sq.  —  19  Donat.  L.  I.  —  20  C’est  du  moins  ce  qu'on  a  conjecturé  d'après  le 
terme  complicave ,  plusieurs  fois  employé  par  Apulée  en  parlant  de  la  manœuvre  du 
siparium  ( Metam .  I,  8  ;  X,  29).  A.  Rich,  Dict.  des  antiq.  s.  v.  croit  que  le  siparium 
se  composait  de  plusieurs  feuilles,  que  l'on  pomail  ouvrir  ou  replier  sur  elles-mêmes, 
à  la  façon  de  nos  paravents  modernes.  —  21  Pour  le  rideau  sc  prononcent  (ienelli, 
Theat .  von  Al/ien,  p.  54;  0.  Millier,  Eumenid .  p.  105;  Schneider,  Att.  Tlteaterw. 
p.  81,  n.  103;  Lobdc,  O.  I.  p.  12  sq.  ;  Wieselcr  dans  diverses  publications 
(Ersch  u.  (îruber,  Encycl.  p.  216  sq. ;  Gôtting.  Prorectorats-Proyr.  48G6, 
p.  4  sq.).  Contre  le  rideau  sc  déclarent  Groddeck,  De  proedria  et  aulaeo  (dans 
Seebode's  miscell.  crit.  p.  299  sq.)  ;  Bôltiger,  Kl.  Schrift.  I,  p.  402;  G.  Hermann, 
Leipz.  Litt.  Zeit.  1818,  p.  1906;  Schonborn,  Die  Skene  der  Hellenen,  p.  34  sq., 
et  d’une  façon  générale  la  plupart  des  savants  qui  se  sont  occupés  depuis  une 
vingtaine  d'années  de  la  constitution  matérielle  du  théâtre  grec  :  A.  Müllor,  O. 
I.  p.  168;  Ilaigh,  O.  L  p.  194;  Oehmichen,  O.l.  p.  245  ;  O.  Navarre,  O.  I.  p.  126. 
Cependant  une  réaction  semble  depuis  quelque  temps  se  dessiner  contre  cette 
opinion  négative.  Voir  au  sujet  du  rideau  les  recherches  nouvelles  de  Weissniann, 
Milnch.  Dissert.  1893,  p.  33  sq.;  Bethe,  O.  I.  p.  168  sq.  ;  Ddrpfcld-Reisch,  O.  I. 
p.  253  sq. 


N 


1S3 


MAC 


—  1470  — 


MAC 


laisse  clairement  allusion  Et  ce  silence  constitue 
à  lui  seul  une  présomption  négative  des  plus  fortes*. 
1)  autre  part,  le  théâtre  grec  renferme  maintes  scènes, 
ilonl  la  représentation,  aux  yeux  d’un  moderne,  exige¬ 
rait  impérieusement  le  rideau.  De  ce  genre  sont,  par 
exemple,  tous  les  débuts  de  tragédies  ou  de  comédies, 
dans  lesquels  l’attitude  des  personnages  est  la  prolonga¬ 
tion  d  un  état  antérieur.  C  est  ainsi  que,  dansl’Mndrowiérfe 
d’Euripide,  l’héroïne  apparaissait  dès  le  début  de  la  pièce 
attachée  à  son  rocher3.  Dans  YOreste  du  même  poète, 
nous  voyons  le  héros  de  ce  nom  étendu  «  depuis  six 
jours  »  sur  son  lit  de  douleur.  De  même,  dès  le  premier 
vers  des  Ailées,  Strepsiade  et  Phidippide  sont  couchés  et 
ronflent.  Qu  on  imagine  ce  que  pouvait  être  la  représen¬ 
tation  de  telles  scènes  en  l’absence  de  rideau.  Il  fallait 
nécessairement  que  l’acteur  prit  sous  les  yeux  mêmes  du 
public  1  attitude  requise.  Dans  YOreste,  par  exemple,  un 
lit  était  d  abord  apporté  sur  la  scène  ;  puis  arrivait  Oreste 
qui  s’y  couchait;  ensuite  survenait  sa  sœur  Éleclre,  qui 
s  asseyait  à  son  chevet.  Tous  ces  préparatifs  terminés, 
celle-ci  prenait  enfin  la  parole  pour  déclarer  qu’ils  étaient 
tous  les  deux,  «  depuis  sixjoursentiers»,  dans  cettesitua- 
lion.  Le  public  du  vc  siècle  conservait-il  assez  de  naïveté 
pouracceptersansprotestations  une  pareille  accumulation 
d  invraisemblances?  C’est  ce  qu’il  est  bien  difficile  de  déci¬ 
der  :  1  imagination  du  public  a,  en  effet,  des  exigences 
ou  des  complaisances  qui  varient  extrêmement  selon  les 
lieux  et  selon  les  temps.  Récemment,  M.  Bethe  a  repris 
1  argumentation  en  faveur  du  rideau.  Il  a  fait  remarquer 
d’abord  qu’aucun  des  drames  grecs  antérieurs  aux  trente 
dernières  années  du  ve  siècle  ne  présente  l’invraisemblance 
signalée  plus  haut  L  Tout  au  contraire,  elle  devient  fré¬ 
quente  après  cette  date  °,  et,  ce  qui  est  plus  significatif 
encore,  on  la  rencontre  même  dans  des  drames  où  un 
très  léger  changement  de  structure  eût  permis  au  poète  de 
l’éviter".  Qu'en  conclure,  sinon  que  dans  l’intervalle  le 
rideau  avait  été  inventé?  Mais,  malgré  tout,  un  doute 
subsiste,  qui  tient  sans  doute,  en  partie,  à  ce  que  la  ques¬ 
tion  est  mal  posée.  Il  n’est  pas  probable,  en  effet,  que  le 
rideau  de  théâtre  ait  été  adopté  à  une  date  précise  et  une 
fois  pour  toutes.  Avant  qu’il  y  eût  un  rideau  permanent, 
le  besoin  a  dû  plus  d’une  fois  suggérer  l’idée  d’un  voile  ou 
écran  provisoire,  dissimulant  jusqu’au  commencement 
de  la  représentation  tout  ou  partie  du  décor.  Qu’on 
suppose  au  début  de  YOreste  un  écran  de  ce  genre,  placé 
devant  le  lit  qui  sera  le  centre  de  l’action,  puis  enlevé 
au  dernier  moment,  est-ce  que  les  invraisemblances 
dont  nous  avons  parlé  ne  seront  pas  du  coup  sensible¬ 
ment  atténuées?  Là  est  peut-être  la  vraie  solution7.  Quoi 
qu’il  en  soit,  il  convient  de  remarquer  qu’à  Rome  même 
le  nom  que  porte  le  rideau  de  théâtre  est  grec  (aùXou'a), 
ce  qui  semble  bien  prouver  que  les  Latins  ne  l’ont  pas 

1  \  oir  une  discussion  complèledes  textes  où  l’on  a  cru,  à  tort,  voir  une  indication  du 
rideau  dans  A.  Mii lier,  Philol.  XXIII,  p.  327;  XXXV,  p.  310sq.  et  Gr.  Bïihnenalt.  p. 
168,  n.  3.  —  2  Perrot,  Le  théâtre  grec[Journ.  des  sav.  1898,  p.  515).  —  3  Voir  Nauck, 
Trag.  grâce,  fragm.  p.  393,  fr.  114.  —  4  M.  Bethe  croit  môme  constater  dans  la  cons¬ 
titution  de  certaines  tragédiesde  ce  temps,  en  particulier  dans  celle  des  Phéniciennes 
de  Phrynichoset  du  Prométhée  enchaîné  d’Eschyle,  un  eff  or  t  manifeste  pour  échapper 
à  cette  invraisemblance.  Mais  sa  démonstration  ne  me  paraît  nullement  convaincante 
sur  ce  point  ( O .  I.  p.  189).  —  5  Exemples  :  Oreste  (408),  Troycnnes  (415),  Sup¬ 
pliantes  (421?),  Oedipc-Boi  (430?),  Héraclès  furieux  (entre  424-420),  Andromaque 
(430-124),  Acharniens  (423),  Guêpes  (422).  —  6  Bethe,  O.  I.  p.  196.  —  7  Üôrpfeld- 
Keisch,  L.l.  —  8  Bas  Ekkykléma  ( Friedl .  Gymnasialpj'ogr.)  1890.  —  9  Berlin, 
philol.  W  ochenschr.  189u,  p.  1434,  15-17  ;  cf.  Capps,  The  stage  in  the  gr.  theat. 
according  to  the  extant  dram.  1891,  p.  38.  —  10  Bas  gr.  Theat.  p.  234  sq.  A  la 
place  de  Y ekkykléma ,  M.  Rcisch  admet,  selon  les  cas,  ou  le  transport  des  cadavres 


i mente»,  et  qu  il  est  d'origine 


Arrivons  aux  machines 
Il  a  été  traité  déjà  dans  un  t 


;i»  moins  alexandr 
’  proprement  dites. 


llil*. 


ekky- 


1890  M-  Neckel  s’est  donné  pour  tâche 


n  i  Es 


ni  Sophocle  n'avai 


de 


prouver 


klkma.  Mais  cane  machine  a,  d“'„t  £  , 

pensable  de  dire  „„  mou  Dans  une 

r  que 

et  que  c’est  une  invention  des  tragiques 
Euripide  et  Agathon  :  invention  où  se  trahit  du  résiné 
mauvais  goût  du  temps.  L 'Héraclès  furieux  d’IW 
senul,  au  dire  de  M.  Neckel,  la  seule  de  toutes’ le, 
«ed.es  subsistantes  qui  en  offre  un  exemple  certain.  Dans 
la  plupart  des  scènes  ou  on  admet  communément  Per 


de  la  machine,  les  cadavres 


emploi 

.  .  ,  auraient  été  simplement 

apportes  sur  la  scene  par  des  serviteurs.  M.  Dôrpfeld 
non  seulement  a  approuvé  les  conclusions  de  M.  Neckel 
mais  incline  pour  sa  part  à  une  solution  plus  radicale’ 
V ekkykléma,  à  ses  yeux,  est  un  appareil  ridicule  et 
tout  à  fait  indigne  du  sérieux  de  la  tragédie  attique  II 
suffisait,  pense-t-il,  que,  les  portes  du  fond  étant  ouvertes, 
les  acteurs  et  le  chœur  vissent,  ou  plutôt  eussent  l’air  de 
voir  ce  qui  se  passait  à  l’intérieur  du  palais9.  La  thèse I 
absolue  de  M.  Dôrpfeld  a  été  reprise  depuis,  avec  déve¬ 
loppements  et  preuves  à  l’appui,  par  son  collaborateur 
M.  Reisoh"1.  Revue  faite  de  toutes  les  scènes  tragiques* 
alléguées  en  faveur  de  Y  ekkykléma,  celui-ci  conclut  sans 
hésiter  par  la  négative.  Restent,  il  est  vrai,  les  deux  pas¬ 
sages  connus  d’Aristophane  (Acharn.,  404  sq.  ;  Thesmo- 
phor.,  9o  sq.),  où  tout  le  monde  jusqu’à  ce  jour,  y  compris 
M.  Neckel  lui-même,  a  vu  une  parodie  de  Yekkykléma. 
Pour  échapper  à  la  difficulté,  M.  Reisch  hasarde  une  inter¬ 
prétation  toute  nouvelle  de  ces  passages  ;  selon  lui,  il  n’y 
est  nullement  question  de  Yekkykléma  ;  les  verbes  sxxu- 
xXeïv  et  s’taxuxÀEïv  y  désignent  simplement  un  lit  de  repos 
à  roulettes  sur  lequel  Agathon  et  Euripide  se  font  trans¬ 
porter  en  vue  du  public,  et  ce  lit  roulant  serait  une  paro¬ 
die  de  la  mollesse  et  des  habitudes  efféminées  des  deux 
personnages  u.  Ce  n’est  pas  ici  le  lieu  d’examiner  par  le 
menu  ces  assertions,  qui  nous  semblent  fort  hasardeuses. 
Bornons-nous  à  dire  qu’à  nos  yeux  l’existence  de  Yekky¬ 
kléma  dès  le  ve  siècle  demeure  hors  de  doute12.  L  inter¬ 
prétation  des  deux  textes  d’Aristophane  qu  imagine 
M.  Reisch  est  inacceptable13;  il  reconnaît  lui-même 
qu’elle  ne  rend  pas  compte  de  tous  les  détails  de  laj 
scène  des  Acharniens 14 .  Nous  œadmettons  pas  davantage 
la  thèse  plus  modérée  de  M.  Neckel  ;  il  n’existe  aucune 
raison  de  ramener  aussi  bas  qu’il  le  veut  la  date  de  1 in  j 
vention  de  Yekkykléma.  Tout  au  contraire,  cai  ce 
appareil,  bien  loin  d’être  un  raffinement  de  décadence, 
témoigne,  chez  les  auteurs  et  le  public,  d’une  naneh  i 
d’une  complaisance  d’imagination  toutes  primitif 1  s 

sur  la  scène,  ou  la  simple  ouverture  des  portes.  De  P*IIS’  '*  1  gur  „nc 
impossible  qu’on  ait  parfois,  à  titre  exceptionnel,  tiré  (^au*  ^  public  tiw 

coulisse)  quelque  partie  de  la  façade  ou  du  toit  pour  penmHi^*^  faveur  de 
vue  de  l'intérieur  (O.  I.  p.  247).  —  *1  Ibid.  p.  237  sq.  0  fragen  (danfc» 

Yekkykléma  les  études  récentes  de  E.  Bodeustcincr,  j,  pcll«e» 

les  Jahrbüch.  f.  class.  Philol.  19  Suppllband,  1893),  p.  9  \\XI1I  (1897),  1 
O.  L  p.  100  sq.;  C.  Robert,  Zur  Theatcrfragc,  dans  r/fcriw<w,  xXXW, 

p.  434  sq.  ;  cf.  Ibid.  XXXI,  p.  543,  571.  -  «  C. 

p.  430.  — H  II  s’agit  du  mot  aa-caÇàSr.v  du  v.  41 1  .  “  10  1  i|)iair  jc|i  freilich 

der  in  den  Worten  i;ôv  xa:a  liegt,  zu  vers  U' lien  il.  ^  a°eC  infiniment 

nicht  anzugcbcn  »  (O.  I.  p.  239).  —  Contrairement  à  N< 1  '  »  r usage  de  l 'ekky 
plus  de  vraisemblance,  Bethe,  O.  I.  p.  106,  essaie  d  < ,a  11  I  n,^me  complète- 
klêma  devint  de  plus  en  plus  rare  au  cours  du  v®  siècle  H  <  ,sI,a 
ment  vers  420. 


MAC 


—  1471 


MAC 


On  a vU 


plus  haut  [ekkyklema]  que,  si  le  but  de  Yekky- 


l  ,  l  iir  rien  ne  l’est  moins  que  sa  construction 

Truisme  qui  le  faisait  mouvoir.  Or  une  théorie 

etle  ll||,  '  tout  récemment  proposée  parM.  Exon,  apporte 

"“'V  h-  lumière  sur  ces  obscurités1.  Dans  quatre  des 

."•'uiciens  relatifs  àl 'ekkykléma,  un  mot  jusqu’alors 

lt'X| v(;"a  attiré  l’attention  de  ce  savant  :  c’est  le  verbe 

D  .l-îOai  ou  (TTpsœeffOaC2.  Ce  mot  décrit  assez  claire- 

^ïmanœuvre  de  Yekkykléma  :  il  ne  s’agit  pas, 

miuiir'  on  l’avait  cru  jusqu’ici,  d’une  poussée  en  avant, 

I  C0'ni  mouvement  rotatoire  autour  d’un  pivot.  Par- 
mais  a  un 111  .  ,  i  .  . 

,  ,  „„  M.  Exon  reconstruit  la  machine  ainsi 

tant  ce  et/ 

il  suit  '  un  axe  vertical  fixé  dans  le  seuil  du  mur  de 
fond  (une  partie  de  ce  mur,  qui,  à  1  epoque  classique, 
n’était  qu’une  simple  cloison  de  bois3,  mobile  autour 
dudit  axe)  ;  derrière  elle,  une  plate-forme  semi-circu¬ 
laire,  y  attenante,  et  roulant  sur  des  roues  basses.  Faites 
décrire  à  ce  dispositif  un  demi-cercle,  et  la  partie  mobile 
découpée  dans  le  mur  de  fond  viendra  présenter  aux 
spectateurs,  au  lieu  de  la  paroi  externe  qu’ils  avaient 
tout  à  l’heure  sous  les  yeux,  sa  face  interne  ainsi  que  la 
plate-forme  qui  y  est  lixée.  Quels  sont  les  avantages  de 
cette  nouvelle  théorie?  Il  y  en  a  plusieurs.  D’abord,  et 
c’est  là  l’essentiel,  nous  y  gagnons  de  l’espace.  La  théorie 
traditionnelle,  en  effet,  qui  faisait  de  Y  ekkykléma  une 
plate-forme,  poussée  en  avant  hors  d’une  des. portes  de  la 
skénè,  ne  permettait  de  lui  attribuer  que  des  dimensions 
fort  restreintes  ;  de  sorte  que  l’emploi  de  cette  machine, 
en  bien  des  cas  où  il  est  expressément  attesté  par  les 
scoliastcs,  devenait  singulièrement  invraisemblable  : 
en  particulier  dans  les  Euménides ,  où  douze  Furies  y 
doivent  trouver  place  à  la  fois,  dans  VA  jax,  dans  F  Héra¬ 
clès  furieux,  etc.  Or  l’hypothèse  de  M.  Exon  lève  cette 
difficulté  :  rien  de  plus  facile  que  de  calculer  exactement 
les  dimensions  de  la  plate-forme  semi-circulaire  qu’il 
suppose.  Le  rayon  nous  est  donné  par  la  profondeur  du 
logeion ,  soit  2m.  35  à  Athènes,  etle  diamètre  sera  naturel¬ 
lement  double,  c’est-à-dire  de  4  m.  70.  Or  une  surface 
semi-circulaire  de  2  m.  35  sur  4  m.  70  est  certainement 
suffisante  et  au  delà  pour  tous  les  tableaux  vivants  qui 
doivent  paraître  sur  Y  ekkykléma,  même  pour  le  plus 
embarrassant  et  le  plus  compliqué  de  tous,  celui  des 
Euménides.  Un  second  avantage,  c’est  que  la  manœuvre 
pouvait  se  faire  avec  infiniment  plus  de  sûreté,  d’un 
mouvement  doux  et  régulier,  sans  bruit  ni  secousse  de 
nature  à  déranger  l’ordonnance  savante  du  tableau. 


Enfin,  il  faul  accorder  à  M.  Exon  que  Y  ekkykléma ,  tel 
qu’il  le  décrit,  donne  lieu  à  des  effets  scéniques  beaucoup 
plus  heureux  el  plus  saisissants  que  dans  la  conception 
ancienne  :  c’est,  à  la  lettre,  la  chambre  du  crime  qui, 
soudain,  comme  au  coup  de  baguette  d’une  fée,  tourne 
sur  elle-même  et  vient  s’offrir  aux  regards  du  public. 
Est-ce  à  dire  que  nous  devions  accepter  intégralement  et 
dans  tous  ses  détails  cette  reconstitution?  L’auteur  lui- 
même  ne  le  prétend  fias  :  il  a  voulu  exposer,  dit-il,  «  non 
pas  ce  qu’a  été  exactement  Y  ekkykléma ,  mais  ce  qu’il  a 
pu  être  ».  Un  fait  reste  acquis  :  c'est  que  la  machine 
connue  sous  ce  nom  évoluait  autour  d’un  axe 4. 

De  Yexostra  (s^arpa),  laquelle  n’était,  selon  Dollux  et 
Ilésyehius,  qu’une  variété  de  Y  ekkykléma,  il  a  été  parlé 
plus  haut  [ekkyklema]  5. 

Après  Y ekkykléma,  la  plus  importante  des  machines 
était  la  vvj6.  Elle  servait,  dit  Pollux,«  à  faire  voir 
dans  les  airs  les  dieux  et  les  héros,  les  Bellérophons  et  les 
Persées7  ».  A  propos  d’une  machine  qu'il  nomme  sùjpY.gY 
ou  aiojpYjga,  Suidas  donne  une  définition  analogue  et 
répète  l’exemple  de  Bellérophon  8  :  d’où  on  peut  conclure 
que  le  mot éoréma  n’étaitqu’un  autre  nom  delà  méchanè. 
Enfin,  un  troisième  nom  que  porte  dans  certains  textes 
lexicographiques  la  «  machine  à  voler  »,  est  celui  de 
yspocvoç 9.  Cette  dernière  dénomination  a  l’avantage  d’être 
plus  précise  que  les  deux  précédentes.  Les  anciens,  en 
effet,  appelaient  ÿmmos  l’appareil  que,  par  une  métaphore 
toute  semblable,  nous  nommons  grue.  D’après  cette  seule 
indication,  il  est  possible  de  reconstruire,  au  moins  dans 
ses  grandes  lignes,  l’aspect  de  la  méchanè  :  elle  devait  se 
composer  essentiellement  d’un  ou  plusieurs  câbles,  glis¬ 
sant  sur  une  moufle  et  actionnés  par  un  treuil,  avec  un 
crochet  à  leur  extrémité  pour  y  attacher  les  fardeaux. 
Telle  est  bien,  en  effet,  l’idée  qu’on  arrive  à  se  faire  de  la 
méchanè,  en  combinant  les  détails  qui  nous  sont  parve¬ 
nus  isolément  à  son  sujet.  Dans  plusieurs  textes  relatifs 
à  la  méchanè,  il  est  question  de  l’àyxuptç,  c’est-à-dire  du 
crochet  en  forme  d’ancre  auquel  était  suspendu  l’acteur10. 
Pollux  parle,  en  outre,  «  des  câbles  (oùwpat),  qui  pendent 
d’en  haut  pour  supporter  les  héros  et  les  dieux,  qui 
semblent  se  mouvoir  dans  les  airs11  ».  Enfin,  il  est  fait 
mention  dans  un  fragment  du  Daedalos  d’Aristophane 
de  l’un  des  organes  de  la  méchanè,  appelé  xpo/ôç12  :  ce 
mot  désigne  soit  la  poulie,  soit  plus  probablement  le 
treuil  ou  cabestan,  autour  duquel  s’enroulaient  et  se 
déroulaient  les  cordages.  Nous  retrouvons  là,  comme  on 


'  1  new  Vieory  of  the  eccyclema,  dans  Y Hermatliena,  vol.  XI,  n"  26 

ir.  p. 


(l90ü)'P'.U2  ~  2  Schol.  A  ris  top  h.  Acharn.  408  :  IxxuxXyma  Si  Xlye  t< 


T?0yo- 


*«:  TOÏ; 


AEyExat  [Ar,yavY];Aa 

oittç  lïepuTTçeoôjAEvov  xà  Soxoùvxa  ÉvSov  û>;  iv  otxta  itpâxxEaÔat 
?l}rr  t0iUVUE>  Si  xoY;  ôéaxafç  ;  Schol.  Aristoph.  Nub.  184:  opà  Si  d>; 
W  Kloi/1 a? Eno  ç  xoù  lxxuxVq[ji.atoç  ;  Schol.  Clem.  Alex.  Protrept. 
tôôzn-fc  A.  .  tl  U1™T9°X°V  Èxxoç  (leg.  ivxb;)  xi);  <xxY)vyj;,  ou  <xx  p  e  ©  o  jx  é  v  o  y 

-'T“  e;w  «avEpà  yîvEoOat;  Schol.  Aescliyl.  Elim.  64  :  xat  SEUTÉoa  Si 


~~  :1  Dfi>  fii  T'-?  W.^axa  ÉvS.Xa  tcoieï  xà  xaxà  xb  jtavxsïov  û>;  e/ei. 

anc.  III  (him  ^SC^’  ^aS  Qr‘  P-  32-33.  —  4  0.  Navarre,  Rev.  des  H. 

Scra  pas  iiuilil  ^  ^  ^CS  ^ox^es  rclatifs  à  l exostra  sont  si  rares,  qu’il  ne 

figHrc  |)a|(  |  ‘ (*e  mentionner  ici  une  inscription  récemment  retrouvée,  où  ce  mot 
M.  Ilomolle  i7,S  °,np^cs  à  la  construction  du  théâtre  de  Délos,  publiés  par 

l'an  274  av  )  '  [■'  °orr‘  ^le^‘  janvier-juillet  1894,  p.  161-168)  on  lit  à  la  date  de 
>«tv»  »  Vai  trcàvw  «rxnjyàç  xatvà;  TEotvityat  Sûo  xat  xà  iraoao-xrvia  xà  avw 

Wt  xoù;  |pe,,0 1  <  ‘0l’  niva-t  itEot. .. «rat  xat  xà;  È;u><rxpa;  xat  xr,v  xXtjjiaxa 

la  suite  dos  Comme  on  voit,  les  exostrai  sont  mentionnées  ici  à 

^escalier et  sos  ^  h(Ll,t,  des  parascénies  d'en  haut}  et  immédiatement  avant 

KKKvki.ema  S  (  e  ^mo*Snagc  confirme  donc  l'opinion  émise  par  M.  S.  Reinach 

Virement  pai*  (°f  C'roslra  située  à  l’étage  supérieur.  —  6  On  entend  ordi- 
A. MüHer  (;,•  /, " "in  *  niacl1*iac»  par  excellence  ».  Avec  plus  de  raison  peut-être 
lrcu'l 'pii  aclioim ^  i  n‘  cro^  fiuc  1°  terme  s’est  appliqué  d’abord  au 


111,1  *  aPPareil,  puis  à  l’appareil  tout  entier.  —1  IV,  128  :  f;  jATj/avri 


Si  Oeoùç  Sstxvuai  xat  Tjçtoa;  xoù;  Iv  àiçt,  I3£AAe.^030vxa;  yj  IlEpaET;.  S  feuid.  S.  V. 
liipYuxa  •  o  IlEVAepoidvxïi;  Stà  xou  nr.vdi.Tou  xou  TrxEpwxoù  IneOûnr.crEv  e{;tov  oûpavbv  4vea0eTv" 
xat  or.fftv  EuçitciSyi;  «  ay'  Z>  ot'Xov  jaoi  ÏTTjyâaou  layu  Trxcpôv  »  *  [aexéw^o;  Sè  af^ixat  lx\ 
[jtriyav^;  *  toùxo  Si  xaXeïxat  lii{.y,;Aa  *  èv  auxrj  Si  xaxîjyov  xoù;  6eoù;  xat  xoù;  ly  aE*pi  TCoAoùvxa;. 
Le  mot  è<.'.pY)|jta  signifie  littéralement  un  appareil  élévatoirc  (a’wçÉw).  Dans  tous  les 
mots  de  cette  famille  la  forme  Iwo.  alterne  avec  la  forme  atwç.  ;  cf.  (Hesvch. 

s.  v.  ;  Diod.  Sic.  XV11I,  42),  Upa  (Sopli.  Oed.  r.  1264)  et  les  composés  jaexéu>?o;, 
(Asxewot^w.  —  9  Poil.  IV,  130  :  ÿj  Si  yÉçavo;  |A>iyàvr,jAà  èaxtv  Ix  jaexewçou  xaxaçEçôjitvov 
i-s'  aç^ay/j  a.i^taxo;,  S  xe'/^xai  ’IIù»;  àçiîà^ouaa  xb  aw^a  Me'javovo;  ;  Bekker,  Aliecd.  gr. 
p.  232,  5  :  yÉoavo;  xat  Iv  xyj  axr.vîj  àpra;  xaxeiixEuaaji.Évo;  u r.b  xoù  lAr.^avonoioù,  t;  où  ô 
itrxEuairjjtÉvo; (x^ejAâffjJtEvo; ?  Crusius)  uTioxpixtxw;  xpaytoSeï.  —  10  Plut.  Prov.  1 16  :  xçàSr,; 
çayEi'iTyi;  *  vùv  o ù>r  o  aùxtvo;  xXâSo;,  àXX‘  ^  àyxu^t;  às  ît;  ot  uitoxçtxal  ev  xaï;  xçaytxa?; 
o-xyjvaï;  l;apxwvxat  Oeoù  |AtjJ.où^.Evot  liîtœàvEiav  Cwax9Jo<rt  xat  xatvtat;  xaxuXtjp.ptévot  ;  Hesych. 
S.  t1.  xçàSïj  *  «ruxîî;  x).àSo;,  xat  àyxupt;  Il  r,;  àvérxovxo  ot  iv  xpaytxaT;  jiTi/avaT; 
lut®atvo{JiEvot cf.  O.  Crusius,  Pliilol.  XLVIII,  p.  69S.  Le  terme  àyxupt';  était  apparem¬ 
ment  un  mot  technique,  car  il  ne  se  rencontre  nulle  part  ailleurs,  mais  il  est  étroi¬ 
tement  apparenté  avec  à yxupa,  ancre,  croc,  mot  très  courant.  Dans  la  définition  de 
la  yépavo;  donnée  par  Bekker,  Anecd.  gr.  p.  232,  o,  le  terme  àprca;  est  évidemment 
un  synonyme  d’ àyxupt';.  Voir  Crusius,  L.  I.  et  Dorpfeld-Reisch,  O.  I.  p.  232.  —  il  IV, 
131  :  atwpa;  S’àv  sum;  xoù;  xàXw;  ol’  xax^pxyjvxat  e;  ù'4ou;  àvlyttv  xoù;  iict  xoù  àépo; 
©ÉpeaOat  Soxoùvxa;  V,pw;  tj  Oeoù;.  12  Fl’agm.  188,  éd.  Kock  :  ô  jx^yavoTtoto;,  onoxe 
poûXti  xbv  xpoybv  îj*àv  (làv  niSS.)  àvtxâ;,  Aeye,  y.alpe  «é^Yo;  VjXtou. 


MAC 


—  1472  — 


voit,  à  pou  près  au  complet  les  organes  essentiels  de  la 
grue  moderne  *.  C'est  à  tort  pourtant,  si  je  ne  me  trompe, 
qu  on  a  parfois  admis  que  la  méchanè  tournait,  comme 
nos  grues  actuelles,  autour  d'un  pivot,  de  façon  à  exé¬ 
cuter,  outre  le  mouvement  vertical  de  descente  et  d’ascen¬ 
sion,  un  mouvement  horizontal  de  translation.  Vitruve 
luiUnême  ne  semble  pas  connaître  ce  perfectionnement2. 

Sur  1  emplacement  de  la  méchanè ,  Pollux  et  le  scoliaste 
de  Lucien  sont  d’accord.  Elle  était  située,  dit  le  premier, 
«  du  côté  de  la  parodos  de  gauche,  en  haut,  au-dessus  de 
la  skénè  3  ».  D’autre  part, le  scoliaste  de  Lucien  s'exprime 
ainsi  :  «  En  haut,  au-dessus  des  portes  qui  sont  de 
chaque  côté  de  la  porte  centrale  du.  théâtre  (entendez 
Plus  exactement  de  la  skéne )  étaient  deux  machines  : 
celle  de  gauche  faisait  paraître  soudain  les  dieux  et  les 
héros*.  »  Ces  deux  textesse  précisent  l'un  l'autre.  Si  l’on 
s’en  tenait  au  premier,  on  pourrait,  comme  l’ont  fait  du 
reste  plusieurs  érudits,  situer  l’appareil  dans  ou  der¬ 
rière  l'aile  latérale  de  gauche5.  Mais  c’est  ce  que  le 
second  texte  interdit  absolument.  On  doit  se  représenter 
le  corps  de  la  machine  établi  derrière  le  mur  de  fond,  et 
le  bras  qui  portait  la  poulie  passant  par  une  ouverture  de 
l’étage  supérieur,  à  gauche.  Au  théâtre  d’Aspendos  on 
trouve  effectivement  deux  larges  baies,  à  droite  et  à 
gauche,  juste  aux  endroits  désignés  par  le  scoliaste  de 
Lucien  *.  Par  quel  moyen  dissimulait-on  aux  yeux  du 
public  le  bras  saillant  et  la  poulie  de  la  méchanè  ?  Cela 
pouvait  se  faire  de  diverses  façons  ',  dont  la  plus  simple 
était  d’établir  à  l’étage  supérieur  un  avant-toit,  suffisam¬ 
ment  saillant  et  incliné.  Quant  aux  câbles,  il  y  a  quelque 
raison  de  croire  qu’ils  étaient  peints  en  noir  ou  plutôt  en 
gris  .  du  moins  savons-nous,  par  Héron  d’Alexandrie, 
que  dans  les  théâtres  de  marionnettes  de  son  temps  on 
usait,  pour  dissimuler  les  ficelles,  de  cet  artifice8. 

L’extrémité  inférieure  de  la  méchanè,  destinée  à  sup¬ 
porter  les  personnages,  prenait  selon  les  circonstances 
les  formes  les  plus  diverses.  Souvent  elle  figurait  un  char 
ailé  .  c  est  sur  un  véhicule  de  ce  genre,  attelé  de  dragons, 
que  Médée,  dans  la  pièce  d’Euripide,  échappe  à  la  pour¬ 
suite  de  Jason  et  emporte  les  cadavres  de  ses  deux 
enfants9.  Iris  et  Lyssa,  dans  1  Héraclès  furieux  du 
même  poète,  apparaissent  également  dans  un  char10,  et 
de  même  encore  Athéna  à  la  fin  de  1  Ion  1 1 .  Parfois  aussi 
l’extrémité  du  câble  offrait  l’aspect  d’un  animal  fantas¬ 
tique.  Euripide,  par  exemple,  avait  montré  Bellérophon 
s’élançant  vers  l’Olympe,  monté  sur  Pégase1’2.  Et  on  se 
rappelle  de  quelle  divertissante  façon  Aristophane,  dans 
la  Paix ,  a  parodié  cette  scène  :  nous  y  voyons  Trvgée, 
nouveau  Bellérophon,  enfourchant,  pour  se  rendre 

1  On  peut  ajouter  que  le  nom  même  de  ylpxvo;  implique  une  pièce  de  bois  inclinée,  car 
il  n'a  été  donné  à  l'appareil  qu'en  raison  de  la  ressemblance  de  ce  bras  incliné  avec  le  long 
col  de  la  grue.  —  2  Voir  plus  haut  p.  1465  et  noie  2.-  3  p0U.  IV,  128  :  ,at  ri)» 

àpnrcEpàv  itàjoSov  juif  t»)v  OTnjvjjvrt  Cio;.  —hSehol.  Luc.  Philops.  VU,  p.  357,  Lelunann: 

Svufcvûari ?Tà;sap' UàTijavij;  psV,;  toJ  tii-oaa  Oiça;  ...MZavS»  S i»  gm<»eiÇo|Mv<ov  Vj  i; 

ÎEOÙÇ  *«.  ÊvEStmÇE  raÇvMqXZcr.iç  Xùff.V  oépovra;  -ü.y  àpn/àv U».  Dans 

ce  texte  la  droite  cl  la  gauche  doivent  s’entendre  de  l’acteur  faisant  face  au  public. 
Le  scoliaste  ne  dit  point  quelle  était  la  machine  située  à  droite.  —  3  Par  exemple, 

C.  Robert,  Hermès.  XXXIII  (1897),  p.  430;  Perrot,  O.  I.  p.  513  (voir  cependant  le 
même.  p.  420)  ;  Schneider,  AU.  Theat.  p.  97,  et  Dôrpfeld-Keisch,  O.  I.  p.  108  (fig.  42) 
et  -  f  ^ '  -^1  aller,  Gr.  Bühnenalt.  p.  155,  n.  3.  —  7  Hypothèses  à  ce  sujet 

dans  A.  Muller,  O.  I.  p.  153-154,  et  Dôrpfeld-Reisch,  O.  I.  p.  232.  C.  Robert,  L.  I. 
est  d  avis,  au  contraire,  que  l'extrémité  supérieure  de  la  méchanè  restait  visible  au 
public,  sans  que  celui-ci  en  fût  choqué.  Peut-être  a-t-il  raison.  Qu’on  se  rappelle  la 
façon  rudimentaire  dont  étaient  représentées  encore  au  siècle  dernier  dans  nos 
théâtres  les  appaiilions  divines  :«  Les  chars  des  dieux  et  des  déesses  sont  composés 
de  quatre  solives  encadrées  et  suspendues  à  une  grosse  corde  en  forme  d'escarpo¬ 
lette;  entre  ces  solives  est  une  planche  en  travers,  sur  laquelle  le  dieu  s'asseye,  et 


MA  G 


auprès  du  maître  des  dieux,  un  escarboi  .  v. 
doute  la  maladresse  voulue  de  la  manteuv  "  '  ’  Sillls 
burlesque  de  cette  ascension,  car  Trvm*  ^.ajoulailatt 
dain  la  terreur,  s’écriait  :  «  0  machiniste  aÊT, 
moi  .  »  C  est  également  sur  des  chevaux  ’aij  ou  T 
Dioscures  apparaissent  dans  Y  Hélène  14  p  0s 

cas,  l’acteur  était  suspendu  directement  au 
.  U-rminait  la  méchanè  «  au  moyan.da  cuinl„“ 
courroies  »,  semblant  ainsi  planer,  sans  secours  ét, 
au  milieu  des  airs15.  Il  va  de  soi  qu’une  telle  situation  5^* 
des  pins  fatigantes  et  ne  pouvait  être  gardée  longtem* 

éesl  ce  qu  indique,  du  reste,  un  fragment  du  pi  J 
eoiiiiq  ne  Alexis  :  il  y  est  question  d'une  loi  portée  pu  ut 
certain  Anstonicos,  aux  termes  de  laquelle  les  marchand 
de  poisson  étaient  tenus  désormais  d’exercer  leur  com 
merce  debout,  et  non  assis.  «  L’an  prochain,  ajoute 
plaisamment  le  poète,  il  fera  passer  une  autre  loi  pour 
qu’ils  ne  puissent  vendre  leur  marchandise  que  suspen¬ 
dus  en  l’air  (xpsgagévonç),  du  haut  de  la  méchanè,  comme 
des  dieux  :  de  cette  façon  ils  ne  retiendront  pas  longue¬ 
ment  les  clients.  » 

On  a  cru  longtemps,  sur  la  foi  de  Pollux,  que  la  ma¬ 
chine  a  x  oler  s  appelait  dans  la  comédie  xpdco7|,  au  lieu  de 
P7)Xav7l 1  •  Et,  comme  il  serait  étrange  qu’il  y  eût  eu  deux 
noms  distincts  pour  une  même  chose,  Wecklein  a  sou¬ 
tenu  que  1  appareil  à  voler  usité  dans  la  comédie  avait 
sa  forme  propre,  qui  en  faisait  une  caricature  de  l’appa¬ 
reil  tragique  18.  A  l’appui  de  son  opinion  il  croit  pouvoir 
alléguer  la  scène  connue  de  la  Paix  d’Aristophane,  où 
Trygée  parodie  l’ascension  aérienne  du  Bellérophon 
d’Euripide.  Mais  le  plaisant  de  cette  scène  consiste,  non 
pas  dans  l’emploi  d’une  machine  spéciale,  mais  dans 
le  fonctionnement  volontairement  gauche  et  mal  réglé  de 
la  machine  ordinaire.  C’est  à  peu  près  de  la  même  façon 
que,  dans  les  Acharniens  et  dansles  Thesmophoriazousai, 
Aristophane  a  parodié  l’emploi  tragique  de  Yekkykléma , 
en  étalant  tout  crûment  aux  yeux  ce  que  cet  appareil  com¬ 
porte  de  convention  et  d’invraisemblance.  La  vraie  expli¬ 
cation  du  texte  de  Pollux  nous  paraît  avoir  été  donnée  par 
Crusius19.  Nous  possédons  un  groupe  de  gloses,  se  rappor¬ 
tant  à  l’expression  xpxoTjç  paysiffï);,  dans  lesquelles  le  terme 
xpàÔT)  est  défini  «  l’ancre  ou  harpon,  auquel  les  acteurs 
dans  la  tragédie  étaient  attachés,  pour  simuler  1  appari¬ 
tion  d’un  dieu  20  ».  Or  ces  mots  xpaSv);  payetVçç  forment 
le  début  d’un  trimètre  iambique:  de  là  M.  Crusius  con¬ 
jecture  assez  vraisemblablement  que  quelque  porte 
comique  avait  dû  raconter  la  mésaventure  d  un  acteur 
qui,  par  suite  de  la  rupture  du  crochet  auquel  il  étai 
attaché,  avait  été  précipité  du  haut  de  la  médiane-  Mais 

sur  le  devant  pend  un  morceau  de  grosse  toile  barbouillée  qui  soi  t  de 
magnifique  char.  On  voit  vers  le  bas  de  la  machine  1  illumination  1  j3  ell  bran- 1 1 

chandelles  puantes  et  mat  mouchées  qui,  tandis  que  le  personnage  si  <  i  ^  (iivinilé  !  » 
lantdans  son  escarpolette,  l’enfument  tout  à  son  aise.  Encens  digue  c e  ( 

(J.  J.  Rousseau,  La  noue.  Héloïse,  part.  Il,  loft.  22).  -  »  P-  «3  , 

éd.  Thévcnot,  Paris,  1593);  cf.  Prou,  Les  théâtres  d  automat.  en  j 

Mèm.  présentés  par  div.  sac. 'à  l’Acad.  des  Inscr.  ln  5tllL’  '  ’.  .  .  I 

-  3  V.  1317  sq.  -  10  V.  812  sq.  872  sq.  -  «  V.  1549  sq.  -  12  /lU"P,Ji3  V.  76, 
ck  ;  Suid.  s.  v.  Ë»?r,;xa  (tcxle  cité  plus  liant  p.  I  O  >  "j  ^  ,5  p|ut. 

jolies;  cf.  Dôrpfeld-Reisch,  O.  I.  p-  227-8.  — ■  1  •  polll  I 


307-308,  éd.  Nauck ; 

136,  147  et  les  scolies  ;  cf.  Dôrpfeld- 
Prov.  116  (texte  cité  plus  haut  p.  1471,  n.  10). 
IV,  120  :  o  £è  tv  TçafmSia  piTj/av^  touto  l 


_  16  Fragm.  120  Kock. 

,  Si  on  «u«il4  ‘p 


HvSlu  sfiSrild l  -  *51. 

,.  -  _  18  plutôt.  XXI,  I 

pà£r,v  y^P  T»iy  «rjxfjv  xaAou<riv  oi  Aotuoi. 


:ot*  Cen 

Hesych.s.o.  ^  I 


IAt|*Vi«TtÇ  . 

—  19  Philo!.  XLVIII,  p.  696-705.  —  2»  Plut.  'Jrov . 
deux  textes  onl  été  cités  plus  haut,  p.’  1471,  \j^x.  BodL  513 

•  t'So;  (leg.  *\ASo;)  ouxSj;  ’éen  St  ™*W’'  ’  *.  ’  J'u„  article  Uc 

(Vatic.  II,  20).  Toutes  ces  gloses  dérivent,  en  dernière  •  J 
Didyme  (Crusius,  L.  L), 


MAC 


1473  — 


MAC 


pour  fi111' 


lie  raison 


le  poète  donnait-il  à  ce  crochet  le  sin- 


,.‘M0I11  de  xpâSïi,  qui  proprement  signifie  «  branche 
rot 

ause  de  l’accident.  Le  figuier  est  en 


gl|l‘er  T Très  probablement  par  une  allusion  plai¬ 
de  üglIier  *  •  ‘ 

«te  à  sa  fragilité,  c 
'  H1  bois  mou  et  spongieux,  très  fagile  par  suite  :  si 

Ah  n  attique  l’adjectif  ffuxtvoç  s’employait,  par  une 
bR''‘2jore  courante,  pour  désigner  toute  chose  frêle  et 
n"  11  ilrüi-i.  En  résumé  donc,  Pollux  a  dû  prendre  ici, 
Silll>  ‘  inaintes  fois  ailleurs,  une  métaphore  plaisante 
comme  ^  technique.  Comment  a-t-il  été  amené  à 

1  Uribuesr  en  propre  à  la  méchanè  comique  ce  nom  de 
,,  jj  fort  probable  qu’il  ne  connaissait  le  passage 
comique  dont  nous  venons  de  parler,  comme  nous,  que 
par  quelque  glose  de  la  locution  xpâ8r,ç  pays-Vr)?.  Or  cette 
Lsc,  dont  il  nous  est  parvenu  des  copies  incomplètes, 
Lit  sans  doute  rédigée  dans  l’original  selon  une  formule, 
à  peu  près  invariable  chez  les  lexicographes  :  KpiS-r,? 
ayasYjÇ  •  xpxoY,  èori  ^apet  xotç  xogtxotç...  :  ce  qui  signifie 
seulement  que  le  mot  xpxov)  se  rencontre  chez  les  comiques, 
ou  chez  un  comique.  Pollux  a  compris  que  la  chose  était 
usitée  dans  la  comédie.  La  conclusion,  c’est  qu’il  faut 
rayer  définitivement  le  mot  xpâo-q  du  nombre  des  termes 
techniques  désignant  la  méchanè. 


Pendant  longtemps  on  a  admis  comme  un  fait  indis¬ 
cutable  que  la  machine  à  voler  était  déjà  connue  au 
temps  d’Eschyle,  et  que  celui-ci  l’avait  employée  maintes 
fois,  même  dans  les  drames  conservés2.  On  citait  en 
particulier  le  Prométhée  enchaîné ,  dans  lequel  le  chœur 
des  Océanides  descend  sur  un  char  ailé  3,  et  où  le 
dieu  Okéanos  arrive  en  scène  sur  une  monture  fan¬ 
tastique4.  Mais  aujourd’hui  presque  tout  le  monde  5  est 
d'accord  que,  dans  le  premier  au  moins  de  ces  deux  cas, 
il  ne  saurait  être  question  de  la  méchanè.  Élever  et  soute¬ 


nir  dans  les  airs,  pendant  le  temps  nécessaire  à  la  récita¬ 
tion  de  cent  cinquante  vers  environ c,  un  groupe  de  douze 
ou  quinze  personnes,  c’est  là  un  tour  de  force  à  peu  près 
sans  exemple  même  dans  notre  théâtre  moderne,  et  dont  la 
machinerie  du  ve siècle  était  évidemment  incapable7.  On 
est  donc  conduit  à  croire  que  si  le  char  des  Océanides 
avait  1  air  (ce  que  le  texte  démontre)  de  planer  dans  les  hau¬ 
teurs,  en  réalité  il  ne  planait  pas  8.  Par  quels  moyens 
mécaniques  réalisait- on  cette  illusion?  Ce  n’est  pas  ici  le 
ieu  de  le  rechercher0.  Quant  au  voyage  aérien  d’Okéanos, 
111 11  fi11  'I  ne  prête  pas  à  d’aussi  graves  objections,  il  est 
jmliiii  1  de  penser  qu’il  était,  lui  aussi,  simulé ,  toutcomme 
6'°  (;'us  tlcéanides10.  On  à  allégué,  en  outre,  l’apparition 
111  niii  il  Athéna  en  char  dans  les  Euménides  (vers  403- 


404);  mais  ce  passage  contient  plusieurs  détails  contra¬ 
dictoires,  qui  prouvent  que  le  texte  original  a  été  altéré  u. 
Dans  d’autres  passages  d’Eschyle,  par  exemple  Euménides 
(vers  64)  et  Prométhée  (vers  941),  l’emploi  de  la  méchanè 
a  été  parfois  supposé,  mais  avec  moins  de  raison 
encore12.  Enfin  Pollux  rapporte  que,  dans  1  c  Mc m non 
(ou  la  Pstjchoslasie)  d’Eschyle,  on  voyait  l’Aurore  empor¬ 
ter  au  ciel,  au  moyen  de  la  (jéranoi ,  le  cadavre  de  son  fils 
Memnon  ,3.  Mais  peut-être,  ainsi  qu’on  l'a  objecté,  ce 
témoignage  très  postérieur  se  rapporte-t-il,  non  à  la 
représentation  originale,  mais  à  quelque  reprise  plus 
récente  u.  Au  total  donc  il  est  impossible,  en  ce  qui  con¬ 
cerne  le  théâtre  d’Eschyle,  d’arriver  à  une  solution  tout 
à  fait  certaine  )5.  Quant  à  Sophocle,  il  n’est  qu’une  doses 
pièces  subsistantes  où  la  méchanè  ait  été  sûrement  em¬ 
ployée  :  c’est  le  Philoctète,  joué  en  409,  à  la  fin  duquel 
apparaît  soudain  Héraclès  «  venant  du  séjour  céleste  » 
(oùpavia;  lopaç  7rpoX'.Ticüv)1G.  Mais  dans  cet  emploi  du  deus 
ex  machina ,  il  y  a  une  évidente  imitation  d’Euripide. 
Celui-ci,  en  elïet,  n’a  pas  craint  d’user  de  cet  expédient 
dans  plus  de  la  moitié  de  ses  drames,  savoir  :  Médée , 
Andromaque ,  Héraclès  furieux ,  Ion,  Suppliantes , 
Électre,  Hélène,  Iphigénie  en  Tauride,  Ores  le 17  Or  la 
plus  ancienne  de  ces  pièces  est  Médée ,  jouée  en  431 ,8. 
C’est  donc  à  cette  date  que  se  place  le  premier  •emploi 
cerlain  de  la  méchanè  dans  la  tragédie  grecque,  sans  que 
nous  soyons  pour  cela  en  droit  de  nier  qu’elle  ait  pu 
être  utilisée  déjà  précédemment  dans  des  pièces  perdues 
d’Eschyle  ou  de  Sophocle,  ou  même  dans  telle  pièce  con¬ 
servée  dont  la  mise  en  scène  nous  est  mal  connue. 

M.  Bethe 10  croit  pouvoir  fixer  la  date  de  la  méchanè ,  à 
une  ou  deux  années  près.  Voici  comment  il  raisonne. 
Dans  les  Euménides  (458  av.  J  .-C.),  dans  Ajax  (avant 
440),  dans  Hippolyte  (428)  les  dieux  paraissent  à  pied, 
sur  le  même  niveau  que  les  mortels.  Au  contraire,  dans 
Héraclès  furieux ,  Ion ,  Électre ,  Üreste,  drames  joués 
entre  424-408,  le  texte  marque  expressément  que  la 
divinité  plane  dans  les  airs  au-dessus  du  temple  ou  du 
palais.  Le  soin  même  que  prend  le  poète  de  signaler 
l’apparition  aux  spectateurs,  et  de  «  diriger  leurs  yeux 
vers  le  haut  du  théâtre  »  est,  selon  M.  Bethe,  la  preuve 
qu’il  s’agissait  alors  d'un  spectacle  auquel  les  yeux 
n’étaient  pas  encore  habitués  20.  Partant  de  là,  il  conclut 
que  la  machine  à  voler  n’a  été  introduite  au  théâtre 
qu’entre  428-424.  11  précise  même  davantage  :  le  Bellé- 
rophon  d’Euripide,  où  le  poète  avait  fait  grand  usage 
de  la  méchanè ,  ayant  été  joué  avant  425  21 ,  c’est-à-dire 


1  Crusius,  0.  /.  n  r.QR  «'I  1 

'  »  llc  ICS  expressions  o-uxtvv}  Intxouçta,  <r.  (taxxvip'a,  c.  [xà/oipa,  c. 

WiUmoNNiiz  M  n  '  *iez'escom*,Iu?s*  Ajoutez  aûxtvoçàvqp.  — 2  C’est  encore  l’opinion  de 
tic  P. Hiclilur  y  ™d°rf’ EuriP‘d-  Uerakl.  Il,  p.  53  ;  de  Todt,  Philol.  XL VIII,  p.  528  ; 
les  scol.flo^v  '.‘f  lamaturg-desA-eschyl.l 892, p.  220.—  3  V.  124, 128, 275, 282  ;  cf. 
liant  Todt  ]  /  ~  4  290,  398,  cl  la  scol.  du  v.  287.  —  8  Voir  cepen- 

Wc/tnitéiTétait'  '  V’.128  ^  v'  —  7  Pollux  lui-même  nous  apprend  i|uc  la 
|,  J’aS  apte  a  soulever  do  lourds  fardeaux  (IV,  126  :  my«’  S<mbr«zOt®Teçot 
Prométhée  cll^'  "  a*u',”tÛ-  Pfi  en  effet,  nous  voyons  que,  abslraction  faite  du 
"ion  la  plus  accrU'"'"0  *>aid  *  suPPorler  plus  de  trois  personnes.  — 8  c’est  l’opi- 
0.1.  p.  2t6.7C.ri,I’i"ll5®'!"''0urd’hui  :  Bodonsteinor,  O.  I.  p.  GG5  ;  Uiirpfeld-Reisch, 
Plupart  des  sava  T"  ,;i"isel’  ltev-  des  ét-  9''-  XI  (1898),  p.  519.  —  9  La 
1°  décor.  fîetlie  Q  admettent  un  cliar  roulant,  dont  le  bas  est  dissimulé  par 
P'*ce,  eséent^  ,.,,1,.  139  S(L  M"'  croit  à  un  remaniement  complet  de  la 

"'des  et  Océanos  ^  .1,n ~^20,  Pr<stend  que  dans  la  version  primitive  les  bcéa- 
" 10  ®odenstciner  ll111'  'oui  bonnement  à  pied,  à  la  façon  des  mortels. 

Premier  vers  en  É  P'  666  '  D<>rpfcld-Reisch,  O.  I.  p.  218.  —  U  V.  403-405.  Le 

C8t  dit  qu  elle  6'es|  ' "Uiiquer  que  la  déesse  est  venue  à  pied  ;  dans  le  second 

illusion  à  un  {.|lai.  Pn  guise  d  ailes  de  son  égide  gonflée;  le  troisième  fait 

P*  1  ’  >  sq,;  \Yj|)  '  ,l  évidemment  interpolation;  cf.  Hermann,  Opusc.  VI,  2, 

Herald.  I,  p.  152,  n,  G3;  Bodensteiuer,  U.  I.  p.  G67; 


Dfirpfeld-Rcisch,  O.  I.  p.  216  ;  Bethe,  O.  I.  p.  154.  —  12  P.  Richtcr,  O.  I.  p.  220, 
pense  que  dans  les  Euménides,  v.  G4,  Apollon,  au  lieu  de  sortir  du  temple  avec 
Orcste,  comme  on  l’admet  communément,  descendait  du  ciel  au  moyen  de  la  méchanè 
Aucun  détail  du  texte  n'appuie  celte  opinion.  Voir  Bodcnslcioer,  O.  I.  p.  660-7.  11  n\ 
a  pas  la  moindre  raison  non  plus  de  supposer  que  dans  Prométhée ,  v.  941,  Hermès 
courrier  do  Zcus  (ipoy^)  se  soit  présenté  autrement  qu'à  pied.  —  13  IV,  130  (lexlc 
cité  plus  haut  p.  1471,  n.  9).  —  14  En  revanche,  je  ne  vois  pas  comment  ou  a  pu 
douter  qu'il  s'agit  dans  ce  passage  du  Memnon  d'Eschyle  (Dôrpfcld-Reisch,  O.  I 
p.  219).  L'auteur,  à  la  vérité,  n'est  pas  nommé;  mais  ce  renseignement  fait  suite 
immédiatement  à  une  phrase  où  il  est  question  de  la  Psycliostasie  d'Eschyle. 

—  18  Bodensteiuer,  O.  I.  p.  GG7.  —  !«  Vers  1413-14;  cf.  le  v.  1420  qui  prouve 
qu’Héraclès  parait  avec  toute  la  pompe  et  l'appareil  d’un  dieu  :  idivorrov  èje-r,., 
td/ov,  ii;  ziçujO'  JfSv;  Bodensteiuer,  O.  t.  p.  670;  Dùrpfeld-Reisch,  U.  I.  p.  223 

—  17  Bodensteiuer,  O.  I.  p.  667  sep  Aristophane  s’est  servi,  lui  aussi,  de  méchanè 
dans  la  Paix  (421)  peut-être  et  dans  les  Thesmophoriaxousai,  les  deux  fois  avec 
une  intention  de  parodie.  —  18  Argum.  de  la  pièce.  —  19  o.  I.  c.  vu  et  viu 

—  20  Avant  Bethe,  Christ  s'était  déjà  avisé  de  ce  critérium  ( Jahrbüch .  f.  class. 
Philol.  1894,  p.  157).  —  21  Cela  résulte  du  v.  427  ilesAcharniens  où  Je  Bellérophon 
d’Euripide  est  cité.  Les  Acharniens  ayant  été  joués  en  425,  le  Bellérophon  ne  peut 
l'avoir  été  lui-mèmc  au  plus  lot  que  l'année  précédente, 


MAC 


—  1 174  — 


MAC 


au  plus  tût  en  426,  c'est  à  l’un  des  concours  de  427  ou 
12(>qua  dû  se  produire  cette  innovation'.  A  partir  de 
celte  date  M.Bethe  est  convaincu  qu’on  ne  vit  plus  aucune 
divinité  paraître  sur  la  scène  autrement  que  par  le  moyen 
de  la  méchonè.  Au  bout  de  quelques  années,  les  poètes  se 
dispensèrent  de  signaler  dans  leur  texte  ce  mode  d’appa¬ 
rition  devenu  ordinaire  et  banal.  La  thèse  de  M.  Bethe 
repose  tout  entière  sur  ce  postulat  qu’il  n’existe  aucun 
exemple  certain  de  1  usage  de  la  méchanè  avant  426. 


Mais  est-ce  là  une  vérité  reconnue  ?  Tout  le  monde,  au 
contraire,  a  jusqu  ici  admis  qu’Euripide  avait  eu  recours 
a  cet  appareil  dès  431  dans  sa  Me'dée 2.  M.  Bethe  se  donne 
une  peine  inouïe  pour  établir  que  c’est  là  une  erreur3  ; 
mais  il  a  contre  lui  à  la  fois  les  indications  fournies  par 
le  texte  ,  le  témoignage  des  seoliastes%  et  la  garantie 
d  Aristote6.  La  méchanè  était  donc  connue  dès  431.  Mais 
si  Euripide  s’est  servi  en  431  de  la  méchanè ,  sans  juger 
utile  d  y  faire  allusion  et  de  préparer  le  public  à  ce  spec¬ 
tacle,  torce  est  bien  de  reconnaître  que  les  indications 
de  ce  genre  contenues  dans  Y  Héraclès,  Ylon ,  YÉlectre , 
YOreste,  n’ont  pas  la  portée  que  M.  Bethe  leur  attribue. 
Est-il  vrai,  du  moins,  qu'aucune  divinité  à  partir  de  425 
ne  s’est  montrée  sur  la  scène  grecque  de  plain-pied  avec 
les  mortels  ?  Cela  encore  est  une  affirmation  erronée.  Il 
faut  une  singulière  prévention,  par  exemple,  pour  nier 
que  le  prologue  des  Troyennes  (415),  entre  Apollon  et 
Athéna,  se  passe,  non  au  ciel,  mais  sur  terre,  devant  la 
tente  des  captives  troyennes'.  Plusieurs  détails  de  ce 
prologue  ne  laissent  lieu  à  aucun  doute8.  11  faut  donc 


renoncer  à  assigner  une  date  précise  à  l’invention  de  la 
machine  à  voler. 

On  a  souvent  dit  que  les  périodes,  outre  leur  destina¬ 
tion  décorative,  servaient  encore  à  produire  les  appari¬ 
tions  de  dieux,  \itruve,  en  efïet,  écrit:  «  Machinae..., 
quae,  cum  aut  fabularum  mutationes  sunt  futurae  seu 
deorum  adventus  cum  tonitribus  repentinis ,  versentur 
mutentque  speciem  ornationis  in  fronte ®.  »  Il  ressort  de 
ce  texte  que  les  périodes  tournaient  en  deux  sortes 
d  occasions,  bien  distinctes  :  1°  lorsque  avait  lieu  un 
changement  de  pièce  ;  2°  quand  une  divinité  apparaissait 
dans  les  airs.  Un  passage  de  Pollux  semble,  au  premier 
abord,  la  confirmation  de  ce  second  fait10.  Après  avoir 
parlé  de  la  parodos  et  de  la  période  de  gauche,  le  lexi¬ 
cographe  ajoute  :  Kai  0soûç  TE  OaXaTTtouç  luayet  xal  tvxv6'  otra 
ÊTia/Ôî'rxEpa  ovTOt  Yj  p.T,/ avr,  ospstv  ào’jvrreï,  sans  qu’il  soit 


l  M.  Bethe  ne  s  arrête  pas  là.  Entre  l’époque  primitive  où  les  dieux  paraissent  à  pied 
et  sur  le  même  niveau  que  les  humains  (ex.  Athéna  dans  Ajax  et  encore  Artémis  dans 
Hippolyté)  et  celle  où  ils  planent  dans  les  airs  au  moyen  delà  méchanè,  il  imagine  une 
période  très  courte.de  transition,  représentée  pour  nous  par  VAndromaque.  Selon  lui, 
Thétis  dans  cette  pièce  descendrait  sur  la  scène  au  moyen  de  la  méchanè ,  mais  y  sé¬ 
journerait  ensuite,  deplain-pied  par  conséquent  avec  les  mortels.  11  y  aurait  donc  eu  un 
moment  où  la  méchanè  descendait  les  dieux,  maistne  les  remportait  pas.  Tou  te  cette  théo¬ 
rie  repose  sur  une  interprétation  abusive  des  v.  1228-30  :  Saqxwv  o$e-riç  Aeuxijv  «lOlpa  — 
Topôji.e'jôjiEvo;  7o»y  t-îtooûzwv  |  *î>6:a;  ireStcuv  iittSai'vti  Le  verbe  int Satyetv  li  a  pas  forcément 
le  sens  étroit  de  «  mettre  pied  à  terre  »  ;  il  peut  signifier  aussi  d’une  façon  plus 
large,  et  c  est  ici  le  cas,  «  atteindre,  arriver  dans  »  un  pays  (sans  pour  cela  y  mettre 
pied).  —  2  Voir  par  exemple  Wilamowitz,  Herald.  I,  p.  334,  n.  0,  et  II,  p.  53; 
Bodensteincr,  O.  I.  p.  G07  ;  Dorpfeld-Reisch,  O.  I.  p.  220;  Perrot,  O.  I.  p.  421. 
—  3  p.  143*151  :  il  suppose  que  le  char  magique  de  Médéc  était,  au  moment  voulu, 
poussé  hors  du  palais  sur  Yekkykléma  (!).  —  4  En  particulier  les  v.  1320-21  que 
prononce  Médéc  :  Totôv  S’oyyjjxa  ratob;  *HÀto;  |  ^;xTv  fp’jjxa  z«>).£|xcaç  y«poç. 

Il  est  vrai  que  M.  Bethe,  p.  145,  ne  traduit  pas,  comme  tout  le  monde,  «  un  char 
dont  le  vol  rapide  dérobe  ceux  qui  le  montent  à  la  poursuite  de  leurs  ennemis  »,  mais 
«  un  char  doué  de  la  propriété  magique  de  repousser  lui-même  toute  main 
ennemie».  Même  en  acceptant  ce  singulier  sens,  comment  justifier  l'attitude  de 
Jason  ?  Si,  en  effet  le  char  de  Médée  plane  dans  les  airs,  on  conçoit  que-  Jason  ne 
puisse,  malgré  sou  désir,  toucher  les  corps  de  scs  enfants  (v.  1402);  mais  si  ce  char 
est  à  portée  de  sa  main  et  que  le  danger  seul  le  détourne  d’y  toucher,  son  inaction 
est  d  un  lâche.  Or  ce  n  est  certainement  pas  le  caractère  qu  Euripide  a  voulu  prêter 


possible  de  décider  av 


,  ",ec  certitude  si  le  suint  i  , 

os  a  Par°dos  ou  la  période11.  Ces  deux  '*  Up*lrilse 
interprétés  jusqu’ici  très  diversement  | '!Xl°S  0111  é« 
à  des  apparitions  peintes  sur  la  face  du  «n-  T®  °nt  pens<5 


s’offrir  aux  yeux'du  publié.  D’autr^  parhn?^  VGnait 
que  la  période,  tournant  sur  pivot  P  i  ,  '  e  cc  fa>t 

stable,  et  par  conséquent  plus.apte’à  mouToTdTH 
fardeaux  que  la  méchanè,  ont  admis  au’j ,  ^ 

“  1  occasion,  faire  l'office  de  celle-ci  !„  '  ’iOU,ail' 
une  brusque  conversion  l'aefeur  chalgT  dTl"""1 
divinité  >3.  Ni  l’une  ni  l’autre  de  ces  deux  intemE' 
ne  me  paraît  fondée.  Si  on  examine,  en  effet  min, 
ment  le  texte  de  Vitruve,  on  y  déemivre  ceci  c t;?!' 
tans  les  deux  cas  qu’il  distingue,  qu’il  s’agisse  d’un 
changement  de  pièce  ou  d’une  apparition  divine  la  1" 
version  de  la  période  est  présentée,  non  comme  h 
cause  mais  uniquement  comme  une  circonstance  ronce 
nu  tan  te  du  phénomène  ;  elle  l’accompagne,  mais  ne  le 
produit  pas.  Dans  les  deux  cas  le  but  de  la  manœuvre 
reste  le  même  :  mufo.ee  speciem  ornationis.  Tout 
a  lait  d  accord  avec  cette  interprétation  est  une  phrase 
de  Plutarque  :  4>rô«p...  ^/av^v  «ïp«,  WOo|Tixbç  àvto 
EV  OexTco-»  crxYjVTjç  TtEptffispop.svT,; 13.  Nous  retrouvons  ici 
réunis,  comme  dans  le  texte  de  Vitruve,  les  deux  phéno¬ 
mènes  :  apparition  d’une  divinité  et  conversion  de  la 
période.  Mais  le  texte  de  Plutarque  est  plus  précis  :  il 
indique  avec  toute  la  clarté  désirable  que  l’apparition 
avait  lieu,  non  par  le  moyen  de  la  période,  mais  par 
celui  de  la  méchanè.  Reste  à  chercher  pourquoi,  en 
pareil  cas,  la  période  tournait.  C’est  ici  le  lieu  de 
rappeler  que  les  apparitions  de  divinités  étaient,  dans  le 
théâtre  antique,  accompagnées  généralement  d’éclairs  et 
de  tonnerre,  destinés  à  rendre  la  scène  plus  saisissante11. 
Laissons  de  côté,  pour  le  moment,  le  fracas  du  tonnerre, 
lequel  était  produit  par  un  appareil  spécial  (Pp&vtêïov), 
dont  il  sera  parlé  plus  loin.  Quant  aux  éclairs,  Pollux 
nous  apprend  qu’ils  étaient  imités  par  le  moyen  du  xspauvo- 
G’xoTrsïov,  qu’il  définit  :  TrspïotxToç  13.  Le  but  de  la  con¬ 

version  de  la  période,  lorsqu’un  dieu  se  montrait  dans 
les  airs,  c’était  donc  d’amener  en  vue  une  autre  face  de 
prisme,  accommodée  à  la  circonstance,  c’est-à-dire  figu¬ 
rant  probablement  un  ciel  d’orage,  chargé  de  nuages  et 
sillonné  d’éclairs16.  C’est  de  cette  même  façon,  je  veux 
dire  par  la  peinture,  qu’est  simulée  la  foudre  dans  le 
théâtre  d’automates  décrit  par  Héron17.  Telle  est  sans 

à  Jason.  —  3  Schol.  v.  1317,  1320,  cl  Argum.  Bellie,  p.  147,  conteste  la  llc 
ces  témoignages,  parce  que,  dit-il,  l'attelage  de  serpents,  dont  il  est  question,  ^ 
convient  point  au  soleil.  —  6  Poet.  XV,  p.  1454  b  :  ©avepbv  oüv  oit 


jxùOwv  e;  aÙ70*j  Sïc  to j  jaûOoj  ffujxSatveiv  *«■.  ja»)  wciceo 


h 


MrçSéta  &ic*  -y.lW- 


—  7  Bethe,  O.  I. 


p.  132.  —  «  Au  v.  1  Poséidon  dit  :  îjxw  Al7al0V 
piOo;  icovtou.  Ce  qui  signifie  évidemment  que  Poséidon  a  quitté  son  sejom  I* 
lieu  de  Faction,  et  non  au  ciel;  cf.  encore  v. 


.  ..  -  »  .  v  Tboik;  oyvex  E'v 

Euruy outra,  yaïpe  jxot,  itoAt,  ,  a.  t  -  ..  . 

début  de  l’action  les  doux  divi 


l’Océan,  pour  se  rendre  au 
ffreyat;  raïirSe;  v.  45,  àU’i 

p  a  t  v  o  ja  t  v .  Ce  dernier  vers  suffirait  à  prouver  qu’au  "(pr^ov, 

nités  sont  sur  le  sol  de  Troie.  Môme  conclusion  à  tirer  du  v.  92,  -?  •  Sentie 

D’une  façon  générale,  du  reste,  on  peut  dire  que  toutes  les  divinité*  'l11^  ^  J||r0<|ile 
prologue  se  présentent  à  pied,  comme  de  simples  humains.  C.  csl  le  cas  p<  **  l 
dans  Hippolyté  (v.  53),  Apollon  dans  Alceste  (v.  22),  Dermes  dam  uippobjte 
Dionysos  dans  les  Bacchantes  (1  sq.),  Athéna  dans  Ajax ,  ArUmi  ^  ^  ^ 

(v.  1283,  cf.  1440).  Voir  à  ce  sujet  A.  Müller,  Gr.  Bühnenalt.  p.  0  ’ .  J 
Bodensteincr,  O.  I.  p.  670.  -  9  V,  6.  -  .«  IV,  126.  -  »  Voir  une  dtscuss.ou^  ^ 
plètc  de  la  question  dans  A.  Müller,  Philol.  XXIII,  p.  3--  sq.  « 1  ^  ^  n  3). 

335  sq.  —  12C’est  l'opinion  que  j’ai  soutenue  jadis  moi-même  \gg8,  p-  3S*« 

Aujourd'hui  je  la  crois  erronée.  Voir  cependant  Holwcida,  Al  '■  •*  jcs deux 

— 13 esu carn.  1, 996 b. —  ^^P\uioxc\\.Quaest.coni.\  >  y  '  . .  yil  Ld-'.èco 

phénomènes  :  xaOâiccp  lv  xwawJta  jxKjyavà;  afpovtt;  xat  ppovtàç  ^  ftfathein-  veter.) , 

rum  adventus  cum  tonitribus  repentinis  ;  Héron, Autom.  (ul.  11  '  ^  TOjfivyjfltv 

p.  263,  30.  —  IV,  132.  — 16  Haight,  O.  I.  p.  i82.  —  n  ^  g  ^  p  246. 

àTîOYpâçtTat  rt  itupoeiSl;,  u>;  toJ  xEpauvou  ©avxaTtav  ..otcTé , 


MAC 


1475  — 


MAC 


vraie  explication  du  texte  de  Vitruve.  hile 
d°"ki,  1,  ,néme  coup  celui  de  Pollux  :  celui-ci  signifie 
A'l;llir  1  a — nont  à  la  phrase,  comme  sujet,  le 


m 

dans 


.  | (1|nent  (en  uoimam 

slin|"  -  m  mu1  nar  le  couloir  de  gauche  arrivent  à 
,1,4  .fieux  marins2  et  que  par  la  aussi  se  présente 
Piet  i'i  jont  je  p0ids  serait  trop  lourd  pour  la  méchanè. 
t""l  |'1  Apparitions  célestes,  ne  se  produisaient  pas  seule- 
■ntVl’aide  de  la  méchanè.  Parfois  les  poètes  se  servaient 
même  but  du  théologéion  (ôeoAoysïov) 3,  sur 
■  i  nous  n’avons,  à  la  vérité,  que  fort  peu  de  rensei- 
e  nents.  il  est  nommé  par  un  grammairien  anonyme 
®  '  j  ]eg  inventions  que  quelques-uns  attribuaient  à 
ps'livle Pollux,  d’autre  part,  sans  le  définir  expressé¬ 
ment,  donne  un  exemple  de  son  emploi  :  «  Du  théologéion 
qui  est  situé  en  haut,  au-dessus  de  la  skénè,  paraissent 
les  dieux,  par  exemple  Zeus  et  ceux  qui  l’entourent  dans 
kPxjchostasie*.  »  La  Psychostasie  ou  Pesée  des  âmes 
estime  pièce  perdue  d’Eschyle:  on  y  voyait,  selon  Plu¬ 
tarque,  Zeus  tenant  dans  ses  mains  la  balance  fatale, 
dont  les  plateaux  portaient  les  destinées  d’Achille  et  de 
Memnon,  et,  de  chaque  côté,  les  deux  mères  Thétis  et 
l’Aurore,  implorant  à  genoux  le  salut  et  la  victoire  pour 
leur  fils 6.  Le  destin  de  Memnon  ayant  été  trouvé  le 
plus  léger,  sa  mort  était  décidée.  C’est  sûrement  à  cette 
scène  qui  se  rapporte  l’allusion  un  peu  vague  de  Pollux. 
Comme  on  le  voit,  le  théologéion  servait,  lui  aussi,  à 
produire  les  apparitions  divines,  mais  autrement  et 
d’une  façon  plus  saisissante  que  la  méchanè  :  ce  n’est 
plus  ici  un  dieu  qui  descend  sur  la  terre,  c’est  le  ciel 
même  qui  s’ouvre,  nous  laissant  apercevoir  les  dieux 
dans  leur  propre  séjour7.  Sur  la  place  et  la  forme  du 
théologéion  diverses  hypothèses  ont  été  émises.  Toutes, 
naturellement,  s’accordent  à  le  placer  à  une  certaine 
hauteur,  sur  la  façade  de  la  skénè*.  M.  Dorpfeld,  con¬ 
formément  à  sa  théorie  bien  connue  qui  relègue  les 
acteurs  avec  le  chœur  dans  l 'orchestra,  appelle  théolo- 
(pi°n  ce  qu  avant  lui  on  appelait  simplement  logéion, 
c est-a-dire  le  plancher  horizontal  du  proscaenium  9. 
Mais  c  est  là  une  hypothèse  que  le  peu  d’élévation  de  ce 
plancher  (8  a  10  pieds)  rend  toutà  fait  invraisemblable  10. 

■  x ec  plus  de  probabilité  d’autres  savants  situent  le  théolo- 
Ü1  cm  au  sommet  de  l’habitation,  le  plus  souvent  à  deux 
étages,  figurée  par  le  décor,  par  conséquent  à  8-10  mètres 
omteur  au-dessus  du  niveau  de  Y  orchestra  ". 

I  ^10rs  1  exemple  cité  par  Pollux,  fort  rares  sont 

théâtre  grec  où  l’on  puisse  supposer  avec 

siiivanin  i.  |  '  cc^°  °P>n>°i  milite,  du  reste,  la  construction  de  la  phrase 

T*r  *  ■*  •**  ü  ^ 

8i  les  dieux  marins  T "  *  *  k°hde,  ^ie  Skene  der  Alt.  p.  17,  pense  que, 

au  lieu  d’ôtre  re  »V-  l*|°nS  Néréides,  liaient  simplement  peints  sur  la  périacte , 
11,1  niilieu  de  l’ékim  Cn  'tellement  par  un  acteur,  c'est  qu'il  fallait  les  figurer 

cda  d'autre  niovo  '*  *‘'lu^c  Mu  ne  quittaient  guère,  et  qu’il  n’y  avait  pas  pour 
que  ces  divinités  lu!  ^  ^  ^*n^ure’  Holwerda,  L.  I.  remarque  avec  raison 

puisf|u'cllcs  sont  co°  ^°uva*ein*'  descendre  d'en  haut  par  le  moyen  de  la  méchanè , 
lilléralcnienl  «  m  i  • eS  'cn*1  (^u  ^as>  c  est- à-dire  de  la  mer.  —  3  Le  mot  signifie 
"tç  \W,u,  a'0°‘r  CCS  dieux  *•  4  Cramer,  Anecd.  Paris.  1 ,  19  :  tl  uèv 

«coAoycTcc .  —  6  jy  ‘  ‘  ffXïjvr.v  eupïjjxaTa  icpoo-vepEiv,  txxuxA^jxaTa...  sai 

ûç  5  Zjû-  ^  ‘  T0J  ®eo^oYeîou  ovtoç  u-lp  tî]v  ffxrjvïjv  Iv  6'*i/ec  iictoatvovcai 

•î*ï«HÎiotv  ô  AltT/'f, rj-  ev  atrta.  —  6  plut.  De  audit,  poetar.  p.  17  a  : 

lV*‘v  l*lv  tîjv  0^lv  ?/’’  ^uy.otrcaertav  xat  rap»<rrqaaç  tcù;  iïUtmY;t  xoù  Atô? 

Af‘»chyl  Trü  '  ‘V  *v  5  Ty  ’H5>  t«ov  ou'wv  fAaWvwv  ;  cf.  Welker, 

p  I  -  M-  •  m 


Tra9'  0raec •  fragm.  p.  81;  Dôrpfeld-Reisch,  O.  I. 

155,  dit  très  bien  :  tlieologcum,  i.  e. 


loMlmi  i|Uo  in  on""erhrodt,  Scaenica ,  p 
"il"n  in  te-  ' scacna  utimtur 


t0"lo  loi, 
Uli[|P 


rra  'rrsantur.. 


Iimatur.  —  s  m  f  ;  ■  - — 

,J‘  '■  P- 1",  iiui  |  "  meutl0nncr!  connue  une  singularité,  1'lifpothèse  de 

Jl  iMrpfei(|  a  rè.^U  th^olo9éion  un  appareil  volant,  analogue  à 


'lii,  non  ii  quidem  qui,  ex  coelo  dolapsi,  cum  homi- 
V|i'  **»  'll|i  quasi  in  suis  sedibus  in  coelo  versantes,  de 


a  affirmé 


a  maintes  reprises  celle  identification,  Berl.  phil. 


quelque  raison  l’emploi  du  théologéion .  C’est  à  tort,  je 
crois,  qu’on  l’a  parfois  admis  dans  certaines  apparitions, 
où  le  texte  indique  que  la  divinité  se  montre  «  au-dessus 
du  toit  »  (ÛTtàp Sôpwv,  oopojv  Û7tÈp  àxcoTâxwv,  o”x<ov u7repr£Àv' <;  1 2 . 
Il  faut  remarquer  en  effet,  d’abord,  que  ces  expressions 
ne  peuvent  s’appliquer  à  la  situation  de  personnes 
placées  sur  le  toit  même  d’une  maison13  ;  c’est  la  prépo¬ 
sition  sTTt  qui  conviendrait  en  ce  sens.  La  préposition 
Ô7T£p,  et,  plus  manifestement  encore,  l’adjectif  CnrcçT éXy.ç 
expriment  la  position  d’une  personne  placée  non  pas 
sur  quelque  chose,  mais  à  une  certaine  hauteur  au- 
dessus  de  cette  chose.  A  moins  donc  de  concevoir  le 
théologéion  comme  une  sorte  de  tribune  aérienne  domi¬ 
nant  le  toit  de  la  maison  u,  c’est  à  la  méchanè  qu'il 
faut  rapporter  ces  apparitions.  Il  y  a  une  autre  raison 
très  forte  d’adopter  cette  solution.  Le  théologéion  est, 
incontestablement,  une  invention  rudimentaire,  peu 
propre  à  rendre  l’illusion  du  vol  dans  l’espace:  d'où  il  y 
a  lieu  d’inférer  qu’elle  est  plus  ancienne  que  la  méchanè 
et  que  celle-ci  l’a  remplacée.  Or,  toutes  les  apparitions 
U7ràp  oopttov ,  dont  il  vient  d’être  question,  sont  d’une 
époque  où  la  méchanè  était  déjà  en  usage  depuis  plusieurs 
années'3.  Nul  doute  donc  qu’elles  n’aient  été  produites 
par  l’appareil  nouveau.  En  résumé,  de  toutes  les  pièces 
conservées  une  seule,  semble-t-il,  exige  le  théologéion 
ou  une  installation  analogue.  C’est  la  Paix  d’Aristophane, 
où  l’on  voit  Trygée  monter  chez  les  dieux.  Il  y  aborde  au 
vers  175  et  n’en  redescend  qu’au  vers  728  ;  toute  cette  par¬ 
tie  du  drame  se  passe  donc  au  ciel  dans  ou,  plus  exactement, 
devant  l’habitation  de  Zeus.  Cette  habitation  était  sans 
doute  représentée  par  le  toit  plat  de  la  skénè ,  accommodé 
en  conséquence,  ou  par  une  construction  élevée  au- 
dessus  de  ce  toit10.  Peut-être  dans  le Bellérophon  d'Euri¬ 
pide,  dont  la  Paix  est  une  parodie,  en  élail-il  de  même  11 . 

D’après  tout  ce  qui  vient  d’être  dit,  le  théologéion 
n’est  point,  à  proprement  parler,  une  machine  :  c’est 
simplement  une  partie  du  décor  de  fond.  Il  est  même 
fort  probable,  vu  le  petit  nombre  de  scènes  où  son 
emploi  parait  nécessaire,  que  ce  n’en  était  pas  une 
partie  permanente,  et  qu’on  ne  l’établissait  qu’exception- 
nellement,  quand  besoin  était.  Le  théologéion ,  cepen¬ 
dant,  mériterait,  au  moins  en  quelque  mesure,  le  nom 
de  machine,  s’il  était  vrai,  comme  l’ont  cru  nombre  de 
savants18,  que  l’apparition  des  dieux  s’y  produisait  au 
moyen  d’un  mécanisme,  analogue  à  celui  de  Y ekkykléma 
ou  de  Yexostra ,  qui  les  amenait  soudainement  en  vue. 

Wochenschr.  1890,  p.  4GG  ;  Bull,  de  corr.  hell.  1894,  p.  161-8.  —  10  Aussi  a-l-clle 
été  rejetée,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le  temps  d’Euripide,  par  le  collaborateur 
môme  de  M.  Dorpfeld,  M.  Reiscb,  dans  leur  livre  commun  Das  gr.  Theat.  p.  22G. 

—  H  Dôrpfeld-Reisch,  O.  I.  p.  199,  219.  A  propos  de  la  Psychostasie ,  M.  Reiscb 
fait  remarquer  que  cette  pièce  faisait  suite  au  J/emnon,  dont  l'action  se  passe  devant 
une  tente,  et  que  sans  doute  le  lieu  de  l'action  y  restait  le  même.  C’est  donc  ou  sur 
le  toit  môme  de  celte  tente,  ou,  plus  probablement,  sur  le  toil  plus  élevé  de  la  skénè 
établie  en  arrière,  que  paraissait  Zeus.  —  12  Eurip.  fferacl.  fur.  817  ;  Elect.  1233  ; 
7o?i,  1549.  —  13  Remarquer  en  effet  que  dans  Vüreste  d'Euripide,  où  l'on  voit  d'une 
part  Oreste,  Pylade  et  Hcrmione  rassemblés  sur  le  toit  du  palais  de  Ménélas,  el  au- 
dessus  d’eux  dans  les  airs  (lv  alOcpo;  itru/aTt;)  Apollon  et  Hélène,  la  situation  du  pre¬ 
mier  groupe  est  exprimée  par  la  préposition  fol  et  non  (v.  1547  :  Sôjiwv  l 
uxooiv).  —  l*  Cette  conception,  du  reste,  n’a  rien  que  de  très  plausible.  Au-dessus 
du  toit  de  l’habitation  des  mortels,  on  peut  imaginer  une  installation  particulière  ou 
«  scène  des  dieux  »,  ayant  pour  cadre  un  décor  figurant  le  ciel  et  les  nuages.  Un 
grammairien  anonyme  parle  de  oôôvat;  /.tuxaïç  xal  jxtWvat;  tûicov  Yîîî  xai  vux-rh;, 
ojpavo-7,  »nx£ça;  ( Proleg .  de  com.  VIII,  33,  Bergk)  ;  cf.  Eurip.  Elect.  1234,  $t’  alO^c'a; 
icXaxo;.  —  !•’  L  Héraclès  furieux ,  V Electre,  V Ion  datent  en  elîet  des  25  dernières 
années  du  v®  siècle.  —  1°  Bodensteiner,  O.  I.  p.  G72  ;  Dôrpfeld-Reisch,  O.  I.  p.  227-8. 

—  17  Dôrpfeld-Reisch,  L.  I.  —  13  A.  Muller,  Gr.  Bàlinenalt.  p.  155,  n.  3;  llaigh, 
O.  I.  p.  193;  Ochmichcn,  O.  I.  p.  247.  J  ai  inoi-inômc  défendit,  à  tort,  celle  opinion 
dans  mon  Dionysos,  p.  133. 


MAC 


476  — 


MAC 


Cette  opinion  s'appuie  sur  plusieurs  textes,  de  basse 
époque,  où  les  termes  èxxuxXstv  ou  sTrstffxuxXsïv  sont  em¬ 
ployés  en  parlant  d'apparitions  divines*.  Comme  ces 
termes  ne  paraissaient  pas  pouvoir  s’appliquer  à  la 
méchanè,  on  y  a  vu  une  allusion  au  théologéion  :  de  là 
l'hypothèse  d’une  sorte  d 'ekkykléma  supérieur,  amenant 
les  dieux  aux  regards  du  public,  comme  Y  ekkykléma 
proprement  dit  amène  de  l’intérieur  sur  la  scène  les  per¬ 
sonnages  humains.  Mais  il  y  a  là,  très  certainement,  une 
ci  ieur.  Les  mots  sxxuxXsïv  et  â~sia,xuxXs?v,  on  pourrait  le 
prouver  par  de  très  nombreux  exemples,  avaient  com¬ 
plètement  perdu,  chez  les  écrivains  de  basse  époque,  leur 
sens  étymologique  :  ils  signifiaient  simplement,  sans 
aucune  allusion  a  1  ekkykléma,  «  produire  en  vue,  ame¬ 
ner  à  la  lumière  »  quelque  chose2.  C’est  là,  sans  aucun 
doute,  le  sens  qu'il  faut  aussi  leur  attribuer  dans  les 
textes  qui  nous  occupent.  Et  dès  lors  rien  n’empêche 
plus  de  rapporter  ceux-ci  à  la  méchanè. 

La  distégie  (Snrrsyca)  est,  comme  le  théologéion,  un 
praticable  plutôt  qu'une  machine.  Elle  n’est  décrite  que 
pai  1  ollux  ,  qui  s  exprime  ainsi  "  ;  «  La  distégie,  c’est 
tantôt  dans  une  habitation  royale  l’étage  supérieur,  d’où, 
par  exemple,  dans  les  Phéniciennes  Antigone  contemple 
1  armée ,  d  autres  fois,  c  est  un  toit  en  tuiles,  d'où  on  se 
bat  avec  des  tuiles  ;  dans  la  comédie,  c’est  du  haut  de  la 
distégie  que  les  prostitueurs  sont  aux  aguets,  ou  que 
les  courtisanes,  vieilles  ou  jeunes,  regardent  dans  la 
rue.  »  Rien  de  plus  énigmatique  que  cette  définition. 
Pour  1  éclaircir,  analysons  les  scènes  de  la  tragédie  et  de 
la  comédie  auxquelles  Pollux,  explicitement  ou  tacite¬ 
ment,  nous  renvoie.  La  première  variété  de  distégie  se 
rencontre,  dit-il,  dans  les  Phéniciennes  d’Euripide.  On 
'Oit  en  effet,  dans  cette  pièce0,  Antigone,  accompagnée 
de  son  pédagogue,  monter  «  à  l’étage  supérieur  du 
palais  »  (aeXâOpojv  lç  or/jpeç  ëüyaxov),  pour  apercevoir 
l’armée  ennemie,  campée  sous  ies  murs  de  Thèbes.  La 
distégie ,  dans  cette  pièce,  représente  par  conséquent  le 
toit  plat  qui  recouvre  le  premier  étage.  La  plupart  des 
maisons  athéniennes  avaient  de  ces  toits  en  terrasse,  où 
la  famille  prenait  le  frais  le  soir,  et  d’où  les  femmes 
pouvaient  voir  au  dehors,  sans  être  vues6.  Quant  à  la 
seconde  sorte  de  distégie ,  la  définition  tout  à  fait  insuffi¬ 
sante  qu’en  donne  le  lexicographe  semble  pourtant  se 
référer  a  la  scène  finale  de  1  Orcste  d’Euripide.  Oreste, 
Pylade  et  Electre  sont  retranchés  sur  le  toit  du  palais  de 
Ménélas,  avec  Ifermione  qu  ils  ont  saisie  comme  otage 
et  qu  ils  se  disposent  à  frapper.  Ménélas,  au  bas  du 
palais,  essaie  en  vain  d  en  forcer  les  portes  pour  secou¬ 
rir  sa  fille.  Et  Oreste  le  menace,  s'il  ne  s’arrête,  de  lui 
briser  la  tète  avec  une  tuile  arrachée  au  larmier7.  Ici 


donc  la  distegie  simulait  une  toiture  en  i  -, 
blement  inclinée  a.  Ce  genre  de  loi.  /  ®8’  ')rob«- 
n  était  pas  praticable,  comme  le  précédent" ,>,U,roll‘M»‘,nt, 


d’Oreste  et  de  ses  complices  ne  s’vZfiia  “  prése«H* 

^rîM‘  de  *•«««»»•  Resta  enlin  k  ,,7  “,7  f*  H 

Met",  ,»,  parait  Me»  n'ètre  autre  c  "ose ““H 


fenêtres  de  î  étage 
des  Ecclésiasuses, 


supérieur9.  Dans 


la  scène  s*  connue 


ou  une  jeune  femme  ei  ,  nU( 

disputent  les  faveurs  d'un  jeune  ZZ “7™?'  f 
fenetre  que  lune  et  l’autre  lui  adressent  iL.  a 
bons  *°.  En  résumé  donc,  la  distégie,  c’est,  d’uteJ 
mere  générale  et  conformément  à  l’étvmnln  '  •  "  luu‘ 

range  supérieur  d'une  maison,  !2„7e^  *  “*■ 
bers,  tantôt  le  toit  plat  ou  incliné,  tantôt  les  fenêtre  T 
cet  etage  Ou  plutôt,  car  il  faut  se  rappeler  q  “a 
le  théâtre  grec  lama, son  oitse  passait  l'action  est  li» 
pai  une  simple  toile  peinte,  la  distégie,  c’est  l’instilla 
non  matérielle,  le  praticable,  comme  nous  dis* 
aujourd  hui,  sur  lequel  se  tenaient  les  acteurs,  qui  étaient 
censés  apparaître  à  la  fenêtre  ou  sur  le  toit.  Dans  le  rire 
mier  cas,  il  suffisait  de  faire  coïncider  les  fenêtres  du 
décor  avec  les  baies  de  la  skénè,  située  derrière.  Quant 
au  toit,  il  était  sans  doute  représenté  par  une  longue  et 
étroite  plate-forme  de  bois,  ayant  comme  profondeur 
l’intervalle  entre  le  plan  vertical  de  la  skénè  et  celui  du 
décor,  et  établie  au  sommet  de  ce  dernier*2. 

L  usage  de  la  distegie  est  fréquent  dans  les  drames 
conservés.  Outre  les  exemples  déjà  énumérés  on  peut  citer 
encore  1  Agamemnon,  qui  s’ouvre  par  le  monologue  du 
veilleur,  posté  en  observation  sur  le  toitdes  Atr i clés,  et  de 
nombreuses  scènes  de  la  comédie.  C’est  ainsi  que  dans 
les  Acharniens 13  la  femme  de  Dicéopolis  regarde  du  haut 
du  toit  défiler  la  procession  des  Dionysies  rustiques;  une 
scène  des  Guêpes  11  nous  montre  Bdélycléon,  faisant  son 
lit  sur  le  toit  pour  mieux  surveiller  son  père;  à  la  lin 
des  Nuées 15  Strepsiade,  une  torche  en  main,  escalade  le 
toit  de  la  maison  de  Socrate,  pour  l’incendier16. 

Outre  les  machines  destinées  à  montrer  les  dieux  ou 
les  héros  dans  les  airs,  le  théâtre  grec  en  avait  d’autres 
qui  amenaient  des  enfers  les  âmes  des  morts  ou  les  divi¬ 
nités  souterraines.  Ces  machines,  selon  Pollux,  étaient 
de  deux  sortes.  La  plus  simple,  qu’on  appelait  escalier  1 
de  Char  on  (^apoovtot  xXtgaxeç),  n’était,  selon  toute  appa¬ 
rence,  qu’une  échelle,  par  où  l’acteur  montait  du  sous- 
sol  à  la  lumière11.  Les  anapiesmata  (àvaTriÉcgaTa),  au  j 
nombre  de  deux,  semblent  avoir  été  des  trappes  mobiles, 
qui  élevaient  mécaniquement  les  personnages  jusqu  ■ 
la  surface  du  sol18.  Où  étaient  situés  ces  dispositifs -H 
C’est  ce  qu’il  esta  peu  près  impossible  de  déterminer.  I  ■ 
n’y  a,  à  cet  égard,  rien  de  certain  à  tirer  du  texte  el 


1  Lucian.  Phi/.  29  :  xai  tô  xoj  koyoy  ôebv  à* b  u.yi/avî;;  eiciKTxuxXqOjfvoct  jxot  tojtov 
VM*  Pbilostr.  F.  Apoll.  VI,  11,  p.  245*  :  (?t ).o<ro?!«ç)  Vjv  I®' 

**'•  •*»««  !A»i/av^;  ÊxxuxXoJfftv  ;  cf.  encore  Bekker,  Anecd.  I,  208:  w/wri  i<rxt 
toTç  xtujxtKoT;  txx-jx/.r,jiaToç  ti  eîSûç  àicb  <rjv6qxi}Ç  irç-bç  o  çi'peTai  ô  (uxoxçtxr.ç  ?)  eI? 
ty4v  <Txr,vy,v  Sttçtu;  y âotv  ôeoy  r,  a/.Aoy  xtvoç  —  2  Dürpfold-Rciscll,  O .  I.  p.  232 

et  239.  Ce  sens  est,  du  reste,  indiqué  dans  les  dictionnaires.  Exemples  :  Plut. 
MornL  80  A  ;  Clem.  Alex.  Strom.  VII,  14.  —  3  Elle  est  simplement  nommée, 
sans  définition,  dans  Cramer,  Anecd.  Paris.  I,  19.  —  4  IV,  129-130  :  f,  Si  Sarztylai 

■KOT£  jxiv  Èv  Otxw  paeù-tu»  Sifyt-  8w^d-rtov,  olov  àz  ’  oZ  !v  4>oivc9<r«t;  'Avrtyovyj  âXeVei  rbv 
«rrpa.oy,  ..o.c  ài  xiz a;xo,  à®  oj  xai  ^à/.^ouo”.  tÇ  xeoûpuu  *  Iv  Si  xvty.tnSî'/.  à?:b  ttJç  Sttrreycaç 
xoovoôotrxot  Ttvt;  xaTOTrtsûouat,  r,  ypa-'Si-  y,  yûvaia  xaTaSÀÉictt.  —  5  V.  88  sq.  —  G  Voir 
l’art,  domls,  et  Bekker,  C /tarife!  ès,  II,  p.  139  (2*  éd.  1878).  L’explication  de  celte  scène, 
telle  que  je  1  ai  donnée  dans  mon  Dionysos ,  p.  135,  me  paraît  aujourd’hui  inexacte. 
L  escalier,  par  où  montent  Antigone  et  son  pédagogue,  est  intérieur.  Le  pédagogue 
se  montre  d’abord  seul,  au  haut  de  cet  escalier,  sur  la  terrasse,  et  scrute  les  environs 
pour  s  assurer  qu  aucun  œil  indiscret  ne  les  observe.  La  jeune  fille  paraît  ensuite, 


—  7  V.  1569-70.  —  8  Galcn.  Ad.  Wpm 

i  [errasse 
_ 9  Voir 


distingue  du  toit  pial  à  *<  lias^- 


aidée  par  le  vieillard  àgravir  les  derniers  degrés 

pocr.  De  artic.  III,  23.  L’écrivain,  dans  ce  passage.  ^oir 

(4W4'»*)  le  toit  incliné,  qu’il  appelle  du  môme  non.  que  Poilu. 
à  ce  propos  la  description  du  décor  comique  dans  Vitruve,  V  »  i  nt)Sins 

habent  speciem,  pros, ^  ^ 


•  propos  la  description  du  décor  comique  < 

ædificiorum  privatorum  et  maenianorum  h&ucu.  . »  *  ^ 

disposilos  imitalione  communium  aedificiorum  rationihus.  ’  «upérietf 

90 1 .  Cf.  Bethe,  O.  I.  p.  233  sq.  C'est  aussi  par  l'une  des  fenôtros  de  r  R  , 
que  l’iiilocléon,  dans  les  Guêpes ,  v.  379,  essaie  de  gècliappu-  lit  c'est 

semble  assigner  en  propre  à  la  scène  comique  celte  forint  '9  '  ■  s(  (|c 

le  plus  fréquent;  ma, s  .1 


effectivement  dans  la  comédie  que  l'emploi  en  est  ie  jm*»  'ô^lres  —  12  ',"'r 
toute  évidence  que  la  scène  tragique,  elle  aussi,  comportait  <  c.  ^  , ,  y  i;joi,  j 

A.  Muller,  O.  I.  p.  118,  n.  1  et  142.  —  13  V.  Mi.  —  u  ' Po||Ui,  iVj 
—  10  Sur  la  distêqie,  voir  d'une  façon  générale  A.  Muller,  -  4,' 

iSuXiuv  »>!««'  ‘  ^ 

i  TOv  iv  tii  mvi 


132  :  At  St  yaptôvtoi  xXqtaxeç  xarà  Tà?  ex  t, 
aÙTwv  àvaitéjxiîoytrt.  —  Ibid.  T  à  Sè  àvaitieffjxata,  xo  . 

àve/.ôeTv  vj  toio’jtov  Tt  iïoô<xu>icov  Tb  Si  iztçi  xou  ’  î 


■  ytfivtvi 


'Eorrjt(> 


MAC 


MAC 


1X,  Les  termes  par 


lesquels  il  indique  <t  situation 
xaexà  xàç  Ix  xwv  sSoXt'wv  xaOôoouç 
^^".^ont  été  interprétés  d’une  douzaine  de  façons 
^'-^(■nh's  Et  la  situation  des  deux  anapiesmata  n’est 
^^heaucôup  plus  clairement  décrite  (xb  giv  ê<mv  âv  xfi 
■r>j  8è  Trsp:  xoùç  àvaêaOp.ouçl  *.  Tant  qu’on  a 
•onteste  que  les  acteurs  grecs  jouaient  sur 


Pa: 

nVÏ 

admis  sans  co  , 

I  w  Ï0B)  a  paraissait  naturel  et  presque  necessaire  de 

rtiierces  appareils  dans  la  chambre  au-dessous,  appelée 
[h  "mkénim 2  [theatrum].  force  est  au  contraire  à 
J M^Dbrpfeld 3  et  à  ses  partisans  de  les  placer  dans  Yorches- 
'lriL  et'  par  conséquent,  d’y  supposer  des  corridors  sou¬ 
terrains,  construits  pour  cet  usage.  A  la  vérité,  des  cou¬ 
loirs  de  ce  genre,  partant  de  la  skénè  et  aboutissant  dans 
l 'orchestra,  ont  été  découverts,  au  cours  des  fouilles  de 
ces  dernières  années,  dans  plusieurs  théâtres  grecs  :  à 
Érétrie 4,  à  Sicyone5,  à  Magnésie  du  Méandre6,  à 
Tralles7.  Mais  plusieurs  de  ces  corridors,  M.  Dôrpfeld 
le  déclare  lui-même,  n’ont  jamais  été  praticables8;  et, 
ce  qui  est  plus  grave  encore,  le  même  savant  estime 
qu’il  n’y  en  a  jamais  eu  au  théâtre  d’Athènes,  prototype 
de  tous  les  théâtres  grecs9.  Il  est  donc  à  peu  près  cer¬ 
tain  que  les  conduits  souterrains,  là  où  on  les  rencontre, 
ne  servaient  pas  aux  apparitions  mais  à  d’autres  usages, 
qu’il  est  d’ailleurs  assez  difficile  de  déterminer.  Qu’en 
conclure?  Il  n’y  a  pas  lieu,  nous  devons  le  reconnaître, 
de  se  faire  de  ce  résultat  une  arme  contre  la  théorie  de 
M.  Dôrpfeld.  L’étude  minutieuse  dont  les  drames  clas¬ 
siques  ont  été  récemment  l’objet  a  prouvé,  en  effet,  que 
les  apparitions  souterraines  étaient  infiniment  plus  rares 
dansle  drame  grec  qu’on  ne  se  l’imaginait  jadis,  et  qu’elles 
se  réduisaient  en  dernière  analyse  à  deux  exemples 
certains10.  Dans  les  Perses  Darius,  à  la  prière  de  ses 
anciens  compagnons,  surgit  hors  de  son  tombeau.  Dans 
Prométhée,  le  rocher  auquel  est  cloué  le  Titan  s'abîme 
dans  les  entrailles  de  la  terre.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier 
que,  ces  deux  pièces  ayant  été  jouées  avant  l’invention 
des  décors  peints,  la  décoration  y  était  entièrement  mas¬ 
sive.  11  faut  donc  se  représenter  le  tombeau  de  Darius 
comme  une  construction  en  bois,  atteignant  au  moins 
une  hauteur  d’homme:  dans  ces  conditions  l’acteur  pou- 
vait  très  bien  s’y  tenir  caché,  et  l’apparition  n’exigeait 
qo  une  échelle  et  un  couvercle  mobile11.  Quant  au  rocher 
de  Prométhée,  ce  devait  être  une  charpente  plus  impo- 
s<lnh'  encore,  s’élevant  par  degrés  depuis  le  niveau  de 
oichestra  jusqu’à  la  cime  qui  supportait  le  Titan  :  pro- 
Iraient  cette  cime  s’effondrait  seule  et  disparaissait 

A  !\li  II  '  'j  eX*)°S<’  une  discussion  des  différentes  interprétations  proposées  : 
p.  15(i  XXIII,  p.  335  ct  XXXV,  p.  304.  —  2  A.  Muller.  Gr.  Bühnenalt. 

connu  "i  V  O'  ^  P*  *94;  Navarre,  O.  I.  p.  138.  —  3  Sur  la  théorie  bien 

'P'eia  qui  prétend  que  les  acteurs  grecs  jouaient,  non  pas  sur  le 
0.1  ,  |  ^ans  *  orc^cs£ra,  voir  histrio,  p.  216,  et  theatrum.  —  4  Dorpfeld-Reisch, 
dur  Scliai'  ~~  P*  *“9.  —  G  Ibid.  p.  156.  —  1  Pickard,  Der  Standort 

~~  9  im  griech‘  Theat.  1892,  p.  18  et  22.  —  8  Dorpfeld-Reisch,  L.  c. 

Il°nlj<im  u  *  8  ^l0uvc  k*en  à  Athènes  des  canaux  sous  l 'orchestra,  mais  ils 

le  théâtre  ,1(^1  '  M 1 V  'r  at*es  apparitions.  Toutefois  ces  constatations  ne  portent  que  sur 
ra'ns dans  1,.  m  111  °UC’  au  ,vC  Peut-être  y  avait-il  des  corridors  souter- 

londémen l  K ,l^ePrimitif  que  celui-ci  a  remplacé.  Mais  le  terrain  a  été  trop  pro- 

Hernies  \  '^0llP^Pour  qu'on  puisse  se  prononcer  sur  ce  point.  Voir  G.  Robert, 
Belhc,  0  i  ’  P:  s,i'  XXXIII,  p.  422-3.  —  10  Bodcnsteiner,  O.  I.  p.  672  sq.  ; 

11  autorise  5  *  '  s<h;  Kcisch,  O.  I.  p.  248-9,  sont  d’accord  sur  ce  résultat.  Rien 

Halos  dans  \  k  ^  *U°  *GS  ^an^mes  Clytemnestre  dans  les  Euménides ,  de  Tha- 

8P°clalours  |  ^  P>0^^ore  dans  Hé  cube  aient  surgi  de  terre  sous  les  yeux  des 
tombeau  ;  c'csl  jCI|°'  an<Jc  Populaire  localisait  les  ombres  des  morts  là  où  était  leur 
-ilBodenui  •  *  * 1  e^os  <^*,a‘cn*  supposées  sortir  pour  rendre  visite  aux  vivants. 
P o  S  est.  5o  |i),r  ^  ^  P*  92-94  ;  Rcisch,  p.  248.  -—12  Schol.  Bob.  in  Cicer. 

scc,,ndumr.n,L“!  |n  °a  ^a*Jl,^a)  est  argumentum  ita  dispositum  ut  Polydori  umbra 
scacnicoruni  ab  inferiore  aulaei  (aulae,  mss.)  parte  procédât. 


lecun'1— „suetudineB“ 
v. 


1-77  — 

dans  la  cavité,  formée  par  sa  base.  Dans  les  deux  cas, 
ainsi  qu’on  voit,  il  n’est  nullement  besoin  de  dispositifs 
spéciaux  et  permanents.  Il  est  donc  fort  probable  que 
ceux  que  décrit  Poilu x  sont  d’un  usage  postérieur  à 
l’époque  classique.  Ils  paraissent  en  revanche  avoir  été 
employés  à  Rome.  Le  scoliaste  de  Cicéron  nous  apprend 
en  effet  que,  dans  Yllionè  du  poète  Paeuvius,  l’ombre  de 
Polydore  surgissait,  «  conformément  à  la  tradition  tra¬ 
gique  »,  du  bas  du  rideau13.  Il  faut  donc  admettre  en  cet 
endroit,  c’est-à-dire  sur  le  bord  antérieur  du  logéion , 
une  trappe  pour  les  apparitions. 

Pour  rendre  le  grondement  du  tonnerre,  les  anciens 
usaient  de  plusieurs  procédés,  tous  fort  simples.  Héron 
d’Alexandrie  nous  apprend  que,  de  son  temps,  on  vidait 
des  récipients,  remplis  de  corps  lourds,  sur  une  peau 
sèche,  tendue  à  la  façon  d’un  tambour13.  Le  procédé 
indiqué  par  Suidas  est  un  peu  différent  :  il  consistait  à 
précipiter  avec  fracas  dans  un  bassin  d’airain  le  contenu 
d’une  amphore,  pleine  de  galets  et  de  ferraille11.  Cette 
dernière  invention  avait  été  perfectionnée  à  Rome  par 
Claudius  Pulcher:  d’où  le  nom  de  claudiana  tonitrua 
pour  désigner  le  tonnerre  de  théâtre15.  Enfin  Pollux  parle 
encore  d’outres  gonflées  et  remplies  de  cailloux  avec 
lesquelles  on  frappait  des  plaques  métalliques  ,0.  Ce  dis¬ 
positif,  sous  ses  diverses  formes,  s’appelait  ppovreTov  ou 
•fjyeïov  [ecueion].  Il  était  situé  derrière  la  scène”,  proba¬ 
blement  à  l’étage  supérieur. 

Les  éclairs  sont  mentionnés  plusieurs  fois  dans  les 
pièces  conservées,  notamment  dans  le  Prométhée ,  dans 
Œdipe  à  Colorie,  dans  les  Nuées,  et  en  des  termes  qui 
ne  permettent  point  de  douter  que  ces  phénomènes  ne 
fussent  sensibles  aux  yeux  du  public18.  L’appareil  qui 
servait  à  rendre  les  éclairs  s’appelait  xepauvo<7xoxeîov  l9. 
Nous  avons  vu  précédemment  en  quoi  il  consistait  :  les 
éclairs  étaient  figurés  par  une  peinture  que  la  périacte, 
en  tournant,  amenait  soudainement  en  vue20.  Dans  cer¬ 
tains  cas  (peut-être  plus  anciennement)  on  recourait, 
semble-t-il,  à  un  expédient  plus  primitif.  Un  grammai¬ 
rien,  énumérant  toute  la  série  des  machines  et  des  trucs 
du  théâtre  grec,  parle  d’ «  oulres  qui  résonnent  bruyam¬ 
ment  »  (|3üp<7aiç  7raxayoû(Tatç),  ce  qui  est  évidemment  une 
allusion  au  tonnerre,  puis  de  «  torches  secouées  avec  la 
main  »  (yetpoxivàxxw  7ropt)  :  il  est  probable  que  ces  der¬ 
niers  mots  désignent  les  éclairs21. 

Pollux  nomme  encore  un  certain  nombre  d’autres 
machines22,  mais  sans  les  décrire,  et  en  signalant  seu¬ 
lement  les  effets  qu’elles  étaient  destinées  à  produire. 

—  WAutom.  éd.  Thévcnot  {Mat hem.  veter.),  p.  236.  L'auteur  décrit  d'abord  la  façon 
dont  on  rend  le  tonnerre  dans  les  théâtres  de  marionnettes.  Un  prend  un  vase,  rempli 
île  grains  de  plomb,  et  dont  le  fond  est  percé  de  trous  ;  et  on  fait  tomber  ces  grains  de 
plomb  sur  une  peau  sèche  et  épaisse,  bien  tendue.  Parlant  ensuite  du  théâtre  vérita¬ 
ble,  Héron  ajoute  :  «ai  yàp  iv  toT;  OeâT^oi;,  OTav  8 tri  tov  qjxqiov  f.yov  ytvtaOai,  àyyeta  àroa- 
yàÇeTat  Pàpyj  eyovTa,  iva  çepojiEva  iiti  SizOtoas,  «t»;  eîçr.Tat,  a;  xa't  ï:t£tT£Taji.tvr,ç 
P’jçaïî;,  xaOàzeç  Iv  Tujjnsàvoiç,  tov  tj/ov  àicoTtXîj.  Cf.  Pl’OU,  O.  I.  p.  209.  —  14  Suid.  S.  V. 
Pçovvq  ’effTiSè  xai  |XTi/.àvr,|A.â  tiô  txaXtïto  ppovreTov,  uico  ttjv  (txïjvtjv  8l  r,v  àjAoopeyç  ^r.sTSaç 
syw v  OaXaTTt'aç  *  îjv  Si  Xsôr.ç  yaXxoO^,  el;  Sv  aî 'Lfjçoi  xa-rqyovTo,  «al  xyxXiôjxevai  rjyov  àittTtXojv 

loixÔTa  ppovTîj.  —  Festus,  p.  57  :  Claudiana  tonitrua  appellabantur,  quia  Claudius 
instituitut  ludis  post  scaenam  coicctus  lapidum  itafierct  ut  \eri  tonitrus  simili ludinem 
imitaretur;  nam  antca  levesadmodum  et  parvi sonilus fiebant,  cum  clavict  lapides  in 
labrum  aencum  coicerentur.  —  16  IV,  130  :  T6  8l  ^ovtiTov,  tt.v  <rx>ivr,v  ort^tv  aoxot 
<4^çwv  eaTtXtoi  Srwyxwjxévot  çtçovTai  xaTà  yaXxw-iâTuv.  C’est  sans  doute  à  Ce  mémo  procédé 
que  fait  allusion  un  grammairien  anonyme {Proleg.  de  corn.  VIII,  33,  Bergk)  :  püç<raiç 
xe  rcaTayoûaat;.  —  17  l’ollux,  L.  /.  —  18  Promcth.  v.  1082.  Ce  passage  est  particuliè¬ 
rement  significatif:  Ppy.t'aS’TjxîoitafanyxaTai^ovrJJ^nixeî  S’ixUn*ou<ri  aTcçorî;;  ÇàTîupot 
Oed.  Col.  v.  1456-1466  ;  Nub.  v.  292-294.  -  19  p0Uux,  IV,  130  :  xt^voaxo^Tov  8i  «al 
p^ovteïov  •  to  p.£v  lari  i:eçtaxTo;  —  20  Voir  plus  liant,  p.  1474.  —  21  Proleg.  de 

coin.  VIII,  33,  Bergk  ;  cf.  Muhl,  Symbol,  ad  rem  scaenic.  Acharn.  Aviutnque ...,  p.  9; 
Navarre,  Dionijs.  p.  138.  --  I\  ,  12<  :  xai  *,;xtx  jx/.:ov  xal  aTçoscrov  xal  ^(iiaT^ôstov. 

18G 


MAC 


478  — 


L' hémikyklion  (YjgixûxXiov)  tirait,  dit-il,  son  nom  de  sa 
forme,  et  était  situé  xa-rà  TTivèpy^dxpav  1  :  Ce  qui  semble 
signifier  (bien  que  d’autres  traductions  soient  pos¬ 
sibles)5  «  en  face  de  V orchestra  »,  c’est-à-dire  au  milieu 
du  mur  de  fond.  Pollux  ajoute  que  Yhémikyklion  ser¬ 
vait  «  à  faire  voir  quelque  partie  éloignée  d’une  ville,  ou 
des  nageurs  au  milieu  des  Ilots  ».  Il  est  probable,  d’après 
ces  deux  exemples,  que  l’appareil  était  destiné  à  rendre 
des  effets  de  perspective.  Partant  de  là,  M.  Lohde  conjec- 
ture  qu’il  s’agit  de  la  niche  semi-circulaire  qu’on  remarque 
dans  plusieurs  théâtres  romains  au  milieu  de  la  scaenae 
Irons  ' .  Cette  niche  offrait  une  profondeur  suffisante  pour 
qu  on  y  put  installer  un  second  décor,  de  petites  dimen¬ 
sions.  Ce  second  décor,  suppose  M.  Lohde,  aurait  été 
visible  a  travers  une  découpure  du  premier  ;  et  on  s’en 
serait  servi  pour  représenter,  quand  besoin  était,  des  ar¬ 
rière-plans  et  des  lointains.  L’hypothèse  est  fort  ingé¬ 
nieuse,  mais  elle  reste  malheureusement  indémontrable \ 

Sur  le  strophéion  (oroocpsïov),  Pollux  est  plus  laconique 
encore5.  Il  ne  dit  mot,  en  effet,  ni  de  sa  forme  ni  de  sa 
place,  et  se  borne  à  nous  apprendre  que  le  strophéion 
montrait  «  les  héros  changés  en  divinités,  ou  qui  trou¬ 
vent  la. mort  en  un  combat  de  terre  ou  de  mer  ».  Encore 
ce  texte  n'est-il  pas  sûr.  Peut-être  faut-il  entendre  avec 
M.  Lohde6,  en  supprimant  la  première  particule  dis- 
jonctive  (rj)  :  «  les  héros  changés  en  divinités  après  leur 
mort  en  un  combat  ».  Le  strophéion  serait  donc  une 
«  machine  à  apothéose  ».  Tout  à  fait  arbitraires  sont  les 
diverses  hypothèses  qui  ont  été  proposées  sur  la  nature 
de  cette  machine7. 

Plus  arbitraires  encore  sont  celles  qu’on  a  hasardées 
sur  1  hémistrophion  (^g'dTpôçtov)8,  dont  Pollux  ne  nous 
a  transmis  que  le  nom9. 

Dans  l’étude  qui  précède,  il  a  été  presque  exclusivement 
question  de  la  machinerie  des  Grecs  et  fort  peu  de  celle 
des  Romains  l0.  C’est  que  sur  celle-ci  nous  sommes  à  peu 
près  dépourvus  de  tout  renseignement.  Toutefois  on  peut 
affirmer  qu'en  cette  partie,  comme  en  tout  le  reste  de  sa 
constitution  matérielle,  le  théâtre  latin  a  hérité  du  théâtre 
grec.  Ce  qui  le  prouve,  du  reste,  c’est  qu’on  trouve  chez 
les  auteurs  latins  des  allusions  à  la  plupart  des  machines 
énumérées  plus  haut.  En  ce  qui  concerne  d’abord  les 
machines  qui  servent  à  manœuvrer  le  décor,  nous  avons 
vu  que  les  Romains  connaissaient  la  scaena  versilis  n, 
la  scaena  ductilis12  et  les  périodes'3.  Sous  le  nom 

1  IV,  131  :  Ta  xb  [xÈv  rr/Xv-a-  ovojacc,  f j  Si  8e<xiç  -/ata  x r,v  ôç/^crrpav, 

r.  Si  /OEta  Sr, /.outra  rôpow  Tivà  t»;;  tôXew;  toicov  vt  toùç  ev  0a).àTT/j  vr/^ojxsvouç.  —  *  Voir 
A.  Müllcr,  Philol.  XXIII,  p.  334  et  Gr.  Bühnenalt.  p.  156,  n.  5.  —  3  Die  Skene 
fier  Alt.  p.  20.  —  *•  Toute  autre  est  l’opinion  d’Oehmichen,  O.  I.  p.  247,  §  3. 
II  identifie  cetle  machine  avec  le  théologéion ,  qu’il  se  représente  comme  un  ekky- 
kléma,  établi  à  l'étage  supérieur.  Peut-être,  dit-il,  cet  ekkykléma  avait-il  une 
%  forme  semi-circulaire,  d'où  lui  serait  venu  son  second  nom  d ' hémikyklion.  Rien 
n'est  moins  vraisemblable.  —  ^  IVj  132  :  wartep  «où  xb  «rrpoçpeïov  S  toùç  e/e t  roù ; 

e?;  xb  Ôeïov  jA£0£'TTYjxc>Ta;  Y)  xoùç  êv  iteXàYEt  rt  ico).é{x«;»  teaeutwvtocç.  —  6  O.  I.  p.  15. 

—  7  Schneider,  Att.  Theat.  p.  101,  11.  121  (qui  écrit  <rrpô»tov)  ;  cf.  Muhl,  O.  /.  p.  8. 
Lohde,  p.  15,  croit  que  le  mot  <rrposeïov  désigne  un  treuil;  mais  un  treuil,  ajoute- 
t-il,  ne  se  conçoit  pas  sans  une  grue  ;  par  conséquent  le  strophéion  ne  serait  qu’une 
variété,  ou  un  autre  nom  de  la  méchanè.  —  8  Lohde,  p.  15,  pense  que  ce  mot 
désigne  simplement  la  méchanè  :  il  lui  aurait  été  donné,  parce  que  celle-ci,  établie 
derrière  la  périacte  de  gauche,  devait  nécessairement,  pour  amener  les  personnages 
au-dessus  de  la  scène,  accomplir  d'abord  un  demi-tour  (ijjuffrçôsiov).  —  9  II  y  a 
tout  lieu  d'admettre  en  cet  endroit  une  lacune  dans  le  texte  de  Pollux.  Wecklein, 
Philol.  XXI,  p.  452,  suppose  même  une  altération  plus  profonde  de  tout  ce  passage. 

—  10  0.  Ribbeck,  Die  rôm.  Tragédie  im  Zeitalt.  der  llepuh.  p.  652  sq.  ;  L.  Fried- 
lander,  Die  scen.  Spiele ,  dans  le  sixième  volume  du  Handbuch  der  rôm.  Alterth. 
de  J.  Marquardl  cl  Th.  Mommsen  [Rôm.  Staatsverwalt.  III),  p.  526;  B.  Arnold, 
Das  altrôm.  Theat.  (Progr.  Würzburg,  1873).  —  H  Serv.  Ad  Ver  g.  Georg.  III, 
24  (texte  cité  plus  haut,  p.  1468,  n.  10);  Val.  JWax.  II,  4,  6  :  (  scaena  m)  versatilem 
feccrunl  Luculli.  Il  sagil  des  deux  frères  Lucius  et  Marcus  Lucullus,  édiles  curules 


MAC 

A'exostra  ils  possédaient  aussi  un  -, 


Vekla/ldéma  ".U  méchanè  » 

prec.s.on  ;  m«.s  nous  savons  poorlant  r  2.“"’" 


fions  divines  étaient  chez  lesRomt  ’  *  ^  q"e  les 


aPPari_ 


aussi  usité  que  chez  les  Grecs  et  il  1"  C°"p  de  ll>"ilre 
quelles  ne  fussent  effectuées  m»  ln  Pas  doule«* 
Comme  chez  les  Grecs,  ces  apparitions  éh^  m°yen  U- 
ment  accompagnées  de  coups  de  tonnerre  ”  T*** 
pour  ces  effets  un  appareil  inventé  ou  w  !  y  avait 
Claudjus  Pulcher  (clauiiani  ,on»ua)  I" 

cations  des  morts  il  existait,  sur  le  devant  d  ?  ?°* 
une  ouverture  ou  trappe,  semblable,  sans  doute  1  TH 
her  de  Choron  des  Grecs  i9.  Enfin  il  a  été  ,  \  lesca' 

demment  des  deux  sortes  de  rideau,  en  usage  1  r!"' 
{aulaea,  siparium ) 20.  ‘  ome 

n  y  a  lieu,  du  reste,  de  distinguer  dans  l’histoire  de  L 
mise  en  scene  chez  les  Romains,  et  par  conséquent  dans 
ce  le  de  la  machinerie  scénique,  plusieurs  époques 
A  1  origine,  rien  de  plus  rudimentaire  :  longtemps  las é 
vente  romaine  s’opposa  à  tout  ce  qui  apparaissait  comme 


un  luxe  et  une  dépense  inutiles.  Il  n 


y  avait  même  pas 


de  décor  peint.  Il  en  fut  ainsi  jusqu’en  l’an  99  av.  J  -C 
où  Claudius  Pulcher,  édile  curule,  montra  pour  la  pre¬ 
mière  fois  à  ses  compatriotes  une  scène  décorée  à  la 
grecque.  Mais  plus  tard  le  théâtre  romain,  à  son  tour, 
dépassa  singulièrement  son  modèle  en  magnificence  et 
en  prestiges  mécaniques21.  Plusieurs  des  machines 
nommées  par  Pollux,  telles  que  Y  hémikyklion ,  le  stro¬ 
phéion  et  Y  hémistrophion,  n’ont  sans  doute  été  usitées 
qu’à  l’époque  alexandrine  ou  romaine,  c’est-à-dire  alors 
que  les  spectacles  scéniques  avaient  dégénéré  en  exhibi¬ 
tions  et  en  fériés.  C’est  à  cette  même  période  qu'il  con¬ 
vient  de  rapporter  l'invention  du  pegma  (uriYga),  une 
machine  aux  effets  merveilleux  et  assez  difficiles  à  com¬ 
prendre22.  On  s’en  servait  pour  opérer  des  changements 
à  vue.  C’était  une  sorte  d’échafaud,  ayant  la  forme  et  les 
proportions  d’une  maison  à  plusieurs  étages,  et  suscep¬ 
tible  de  transformations.  Tantôt  on  le  voyait  s’élever  et 
croître,  puis  se  replier  de  nouveau  sur  lui-même,  d’au¬ 
tres  fois  s’écrouler  subitement.  Il  est  probable  que  les. 
étages  qui  composaient  cette  construction  pouvaient  ren¬ 
trer  les  uns  dans  les  autres  ;  le  mouvement  était  donné 
par  des  contrepoids.  Du  reste,  le  pegma  paraît  avoir  été 
beaucoup  plus  en  usage  dans  l’amphithéâtre  que  sur  la 
scène  proprement  dite23.  O.  Navarre. 


eu  l’an  675  de  Rome. 


...  _ _ _  12  Serv.  L.  I.  —  «  Vitruv.  V,  7  (texte  cité,  p-  UC3, 

il.  2).  Oelimichen,  O.  I.  p.  245,  prétend  cependant  que  les  Romains  n  u-nontl 
pas  des  périactes.  Ses  raisons  sont  que  le  seul  écrivain  latin  qui  en  parle  tU  1 1  11  l 
et  que  la  scène  romaine,  avec  son  rideau,  derrière  lequel  pouvaient  sop  ^  ^  , 
cliangemenls  de  décor,  avait  beaucoup  moins  besoin  de  ce  dispositif  que  I  1 
o u  vert  des  Grecs.  Mais  il  n’est  pas  contestable  que  le  passage  de  \  itmi'  ^ 
dans  la  pensée  de  l’auteur,  aux  deux  théâtres,  grec  et  romain.  —  lll|,,ric 
textes  cités  au  mot ekkyklema,  et  plus  haut,  p.  1471,  n.  >.  1  ’  1  H,IK)aut 

d’un  certain  L.  Gallion  sur  l’apothéose  de  l’empereur  Claude  semble  ■ 

renfermer  une  allusion  à  la  méchanè  :  foi)  xbv  KXkùSiov  àyxur rp«>  -  ,  .... 

àvcvr,z9i[vou  (Dio  Cass.  LX,  35).  -  m  Cic.  De  nat.  deor.  I,  20,  53  :  ut  H-  3, 

cum  explicare  argumenti  exitum  non  potestis,  confugitis  ad  demn  ,  ^  ^  pacu- 

191  :  nec  dens  intersit,  nisi  dignus  vindice  nodus  incident.  Dans  le  c  ^  jjq. 

vius,  Médée  arrivait  sur  un  char  attelé  de  serpents  ailés  (Ribbecq  _ Voir 

—  17  Phaedr.  V,  7,  23  :  aulaeo  misso  devolutis  lonitribus  di  smii  ou.  • 

“ -  -  409,  n.  17.  —  21  'al-  ", 


plus  haut,  p.  1477,  n.  15.  — 19  P.  1476,  n.  17, 18.  -OP.  1  409,  u..  „jc[,ira  labellis 
4,  C  :  Cl.  Pulcher  scaenam  varictate  colorum  adumbravit  lacui  an  ^  p|jnc l’Ancien, 
extentam.  Peut-être  y  a-t-il  là  cependant  quelque  exagération.  aPr^  c]  pu|cl,cr 
Hist.  nat.  XXXV,  7,  23,  on  serait  plutôt  tenté  de  croire  que  le  du  rcll()u 

n’était  pas  le  premier  du  genre,  mais  l’emportait  en  beau  t(  et  en  p  gup,Btantielle 
sur  tout  ce  qu’on  avait  vu  jusqu’alors.  —  22  Voir  sur  le  pi  //»>"■  in’^  |)rillc ,pall v  lexle» 
de  Bôlliger,  Opusc.  p.  353,  et  Arnold,  O.  I.  p.  |h  l  '■  l3.  p|iacdr.  V.  '■ 1  • 

relatifs  au  pri/nia  sont  :  Senec.  Bp.  XIII,  3,  .12  .  Apu  '  ’  .  /•„,  19,  -■ 

Jnv.  IV,  122';  Sue!.  Caliÿ.  26;  Ncr.  Il  ;  Strah.  VI,  p.  Mi  Vop»- 


MAE 


MAE 


—  1479  — 


l'n  dehors  des  divers  mécanismes  qui  viennenl 
riiiunérés,  le  nom  de  machina  a  été  appliqué  aux 


simple  assen 


nblages  de  bois  qui  composent  un  échafa 


ua 


dressé  poui 


”  - KJ 

,  faciliter  le  travail  des  ouvriers  en  bâtiment, 


Fig.  4758.  —  Échafaud  de  maçons. 


maçons,  peintres  ou  stucateurs  (fig.  4758) 1 ,  ou  à  celui  sur 
lequel  des  esclaves  étaient  exposés  pour  être  vendus,  ou 
des  condamnés  pour  subir  leur  supplice  [catasta],  Pline  2 
appelle  machina  un  chevalet  sur  lequel  est  placé  un 
tableau [pictur a].  E.  S. 

MACTUA  (Molxrpa).  —  Ce  mot  n’est  employé  qu’une 
fois  en  latin,  dans  un  passage  douteux1.  En  grec  il  est 
synonyme  de  xipoonot;  et  a  le  sens  précis  de  pétrin, 
huche  à  pétrir  la  farine2.  Les  différentes  opérations  de  la 
boulangerie  seront  expliquées  au  mot  pistor;  ce  qui 
concerne  le  pétrin  doit  donc  y  prendre  place. 

On  lui  attribue  aussi  le  sens  de  baignoire3  [balneim, 

p.  6oü  .  E.  PoTTlER. 

l  MAENADES  (MaivâSsç).  —  Matvâç  est  un  adjectif  n’ayant 
qu’une  forme  exclusivement  employée  pour  le  féminin  et 
t[üi signifie  une  femme  «  hors  d'elle-même1».  En  ce  sens 
Homère  (qui  ne  connaît  pas  encore  les  vraies  Ménades) 
applique  à  Andromaque  affolée  par  l’inquiétude  pendant 
1  combat  où  va  périr  Hector2.  De  la  même  racine  que 
[mu  __  folie  et  jj-cccveadou  =  être  en  fureur8,  ce  mot 


devient  de  bonne  heure  un  nom,  singulier  ou  pluriel,  qui 
désigne  les  compagnes  fidèles  de  Bacchus  et  passe  en 
latin  exactement  avec  le  même  sens.  Il  a  beaucoup  de 
synonymes4.  Le  plus  fréquent,  Bâxyv),  veut  simplement 
dire  :  «  attachée  à  Bacchus5  »,  mais,  dans  l’usage,  ne  se 
distingue  du  précédent  par  aucune  nuance  sensible.  La 
racine  de  Avivai,  qu’on  retrouve  dans  le  nom  des  fêtes 
«  Lenaea  »,  passait  pour  arcadienne6.  Kàwowvêî  et  MipiX- 
Xove;  sont  des  mots  macédoniens,  peut-être  thraces1, 
comme  Bausâoioeç  qui  se  rapporte  au  nom  d’une  parure 
sur  le  caracLère  de  laquelle  on  n’est  pas  fixé8.  Oivâos; 
(de  olvoç,  vin)  est  tardif9.  Quia ç,  apparenté  à  Oîaso;  (comme 
opüç  à  Spiâosç10),  a  le  même  sens  que  gaivaç,  mais  les 
Athéniens  l’ont  fait  servir  spécialement  à  désigner  les 
femmes  qui,  dans  la  réalité,  pratiquèrent  le  culte  de 
Dionysos,  en  imitant  les  rites  des  Ménades  légendaires. 

I.  Nymphes  primitives.  Nourrices  de  Bacchus. 
Nymphes  dionysiaques.  —  En  somme,  tous  ces  mots 
désignent  une  même  conception  mythologique,  mais 
dont  l’aspect  n’a  pas  été  sans  varier  avec  le  cours  des 
temps.  Sur  les  plus  anciens  vases  de  la  région  et  de 
l’époque  ionienne,  nous  voyons  grossièrement  dessinées 
des  femmes  qui  s’ébattent  avec  des  Silènes  lascifs, 
assistent  ou  se  mêlent  à  leurs  danses  sauvages,  échappent 
ou  se  prêtent  à  l’étreinte  de  leurs  mains  brutales.  Ce 
sont  les  Nymphes  primitives,  et  ce  qu’elles  représentent, 
c’est  l’énergie  vivante,  humaine  ou  végétale.  Nul  dieu  ne 
préside  encore  à  leurs  évolutions.  Seules  avec  leurs 
vigoureux  compagnons,  elles  personnifient  les  manifes¬ 
tations  diverses  de  la  vitalité,  la  poussée  de  la  sève  et  la 
force  génésiaque.  Sur  un  dinos  du  Louvre  au  dessin  rude 
et  gauche,  elles  sont  cinq,  drapées,  paraissant  circuler 
parmi  neuf  Silènes  à  la  taille  allongée  qui  se  démènent  en 
agitant  leurs  queues  de  cheval 11 .  Ces  Nymphes,  habitantes 
des  montagnes  couvertes  de  bois  et  des  gras  pâturages 
au  bord  des  fleuves12,  sont  familières  à  la  poésie  homé¬ 
rique  et  hésiodique13.  Le  poète  de  1  Iliade  se  les  repré¬ 
sente  comme  favorisant  fa  croissance  des  peupliers14; 
Sophocle  comme  faisant  pulluler  la  végétation  des 
prairies1'.  Elles  sont  analogues,  sauf  leur  séjour  qui  est 
différent,  aux  Naïades  dont  la  grotte  est  décrite  dans 
1  Odyssée16 ,  ou  à  ces  Néréides  qu’une  peinture  de  vase 


has-relùr d  "  .  Ab  8’  D  ^s‘d.  Or.  XIX.  8,  I.  La  lîg.  4758  reproduit  u 

Teehnoi  m  ‘  d<>  SainUGermain  ;  Duruy>  Hist-  des  Rom.  V,  p.  639  ;  cf.  Bliimmei 

l»mécani.  u(. 1  1  1  Hist.nat.  XXXV,  36,  8.  —  Bibliographie.  )°  Si 

J.  G0\V  [  ..  "  " nne  en  ë^néral,  et  en  particulier  sur  la  mécanique  théorique 
1  U,;  r!°?-  °J  the  greek  mathematiCS,  1884,  p.  189,  237  sq.  , 

p.  734.749.  Tl  II  7  ,C>te  ^  ^nec^‘  Witter,  in  d.  Alexandrinerzeit, 
dans  les  Mém  ^ar**n’  ^ ec sur  i a  vie  et  les  ouvr.  cl  Héron  d'Alex 
rio,  I.  IV.  _  S'  n^S  Pai  ^1B'  saVm  “  LA  Cad.  des  J  user,  et  B.  Lett.  ire  si 
Mém.  sur  la  ciriiia',  mac*llncs  Alévatoirés  et  à  puiser  de  l'eau  :  Lelronm 
Pi  co no.  ,1a  h  î*  ’  dep.  létabliss.  des  Grecs  sous  Paammitich.ua  jusqu 

p. 31-34;  Pcrranii  a'/S  tS ^ém.  de  l'Acad.  des  Inscr.  et  B.  Lett.  t.  XVIU  (1847 
(cetoiivrasc  '  r  ^  lArchit.  de  Vitruve,  corrigés  et  trad.  168 
lr&  utiles)  ;  1|  ^H|C0U  IL"1  nonll,re  Ge  savantes  notes,  éclaircissements  et  illustratioi 
u.  Technolo9ie  u-  Ter  min.  d.  Gewerbe  und  Künste  b 

Vicions  il  existe  un  *  Ù884),  p.  111-131. —  3°  Sur  la  machinerie  théâtrale  d' 

'hs  col  article.  L'cnsef'lT^  nom^re  <lc  travaux  de  détail,  qui  ont  été  cités  au  cou 
■^•niisch,,  Franen  t\  '  '  1U  sulcl  es^  h'“ilé  dans  les  éludes  récentes  de  Bodensteine 
E-  Hcllie.  p  ,lanS_  lus  duhrbüch.  (.  cluss.  Philol.  19  Suppltbd,  1893,  p.  65 
Reisclb  Bas  nrirri,'0 r,"r  Gescl1'  des  Theat.  im  Alterth.  (1896),  c.  vi-x  ;  Dôrpfeh 
Bühnenait,'..,  (189CJ’  P'  2,5  sth  ''  270  S(l-  i  A.  Müller,  Lehrb.  d , 

P'  164  sq.  ;  G.  o..|  :  i  88^’  P-  130  8<h;  A--E-  Haigh,  The  attic  Theat.  (1889 
P-  ai3  sq. ;  o.  Nam,"  "  T"’  Dnt  Ballne’"»esen  der  Griech.  u.  Borner  (1896 
1  ■  I1-  127  sq.  gur  !üll!P°s.  ét.  sur  l’organisat.  matér.  du  théâtre  allié. 

O'1/  Duvragg  ,léjà  .q  ^ lnei'io  scénique  des  Latins,  eu  particulier,  consulte 
■  <ter  ftepu G‘  Oehmichen,  0.  Bihbcck,  Pie  rom.  Tragndie  i 
'  "  d, V  '  'W/’  ’■  s,l'  ;  L-  fciedlander,  Die  sccn.  Spiele ,  dans  le  VI'  u 
'ii.  de  ,1.  Marquant! t  et  Th.  Mommsen  (Boni.  Stattt 


Dérivait.  III),  p.  526  ;  et  B.  Arnold,  Pas  altrôm.  Theatergeb.  (Progr.  Wfirzburg,  1873). 

MACTRA.  l  Petr.  Satyr.  74  ;  cf.  les  Comment,  de  l'édition  Burmanu  (1709),  p.  368. 
On  a  proposé  plusieurs  corrections.  Le  Lexicon  Petronianum  de  MM.  Segobade  et 
Lommatzsch  (1898)  écrit  :  machina.  —  2  Pollux,  Onom.  VI,  64  :  o  Z  ïttunm, 

**>  ô  Itirruv,  leaqtù;  ;  cf.  VII,  22.  Voir  aussi  Hesych.  Suid.  et  Pliot.  s.  v.  A  l'époque 
classique,  le  mot  est  employé  par  Aristoph.  Plut.  545.  —  3  p0ll.  VII,  168;  cf.  Ile- 
sycli.  s.  v.  ja  «xxr.p. 

MAENADES.  1  Aesch.  Eumen.  500.  —  2  Hom.  II.  XXII,  400;  Eur.  Bacch.  915: 
yuvi)  pàx^>),  périphrase  pour  désigner  une  Ménadc  ;  Sophocl.  Fragm.  678,  4  : 

liotiviç,  épith.  de  XWn,  fureur.  —  3  Cf.  Diod.  IV,  3,  4.  —  4  Ottfr.  .Müller,  Manuel 
darchêol.  trad.  /r.  II,  p.  318.  Euripide,  qui  distingue  deux  sortes  de  bacchantes, 
applique  indifféremment  aux  unes  cl  aux  autres  les  mots  jiaivàSi;  et  :  Bacch. 

v.  02,  674,  et  83  ;  103,  224  et  829,  etc.,  etc.  —  Cependant  le  titre  de  la  pièce  s'ap¬ 
plique,  comme  il  est  d’usage,  au  chœur,  c'est-à-dire  aux  bacchantes  lydiennes.  Les 

furies  thébaines  eussent  été  désignées  plutôt  par  le  mot  n«tvd8i;. _ 3  Diodore,  IV  5 

I ,  s'imagine  que  le  nom  même  du  dieu  vient  de  Bd»*'.-  Ce  qui  est  possible,  c'est  que 
cos  deux  noms,  comme  ”Izx/o;  \  iacchi-s],  lie  soient  originairement  que  le  cri  poussé  en 
l'honneur  du  dieu.  Hesych.  j.  v.  —  6  Id.  s.  e.  Elle  peut  être  la  même  que  celle  de 
pressoir.  —  7  Et  p.jiàXovtî,  Lycophr.  Chalc.  1464;  Plut.  Vit.  Alexandr.  1-2;  Nonn.  l' 

34.  —  8  cf.  bassaiia,  1. 1,  p.  681,  fig.  805.  —  9  Appian,  Cyn.  IV,  235. _ 10  Curlius, 

Grundzüge,  g  320,  p.  671.  La  racine  =  impétuosité  du  mouvement.  Le  scoliaslè 
d  Apoll.  Rh.  T,  /55,  traduit  pr.  xiviToSa.  et  rapproche  le  mot  Lit;  qui 

désigne  une  jeune  femme  prise  du  délire  prophétique  ap.  Aesch.  Septem,  835  et  se 
rapporte  Ibid.  498,  à  la  fureur  des  combats.  —  H  Bull.  corr.  Iielt.  1893,  p.  424  (E. 
Pottier),  fig.  1.-12  Hom.  II.  XX,  7-9;  XXIV,  615  ;  Odyss.  VI,  105,  122  ;  XIIl"  nu! 

—  U  Hesiod.  Theogon.  129-30. —  U  Hom.  II.  VI,  420.  -  15  Sopli  Philoct  v  145*. 

-  16  Hom.  0,1.  XIII,  104. 


MAE  __  1480 

nous  représente  en  face  de  Titans;  on  leur  prête  le  même 
aspect  extérieur  et  nous  verrons  les  mêmes  noms  indivi¬ 
duels  désigner  les  unes  et  les  autres1.  Ces  premières 
Nymphes  des  fourrés  et  des  eaux  vives,  nous  les  retrou¬ 
vons  aussi  sur  une  coupe  ionienne  du  Musée  de  Wurz- 
guettées  et  convoitées  par  des  Silènes  mal 


bourg - 


MAE 

dégagés  encore  de  l'animal 


475!) 


,  .  ,  .  de  antérieure  (fi 

<*  peintres-pot, ers  d'Aui„„e  emprunt  tv 
fabriques  ioniennes.  Par  exemple  ype  aux 

Nicosthènes  3 nous  font  voir  une  danse  ml  TPl'°reS  (l(l 

mentée  de  Silènes  nus  et  de  Nymphes  n-m  nle  etrn°uve- 

symbolisant  tes  forces  «Jra^T'ES^ 


nature  vivante.  Même  représentation  sur  une  curieuse 
amphore  archaïsante 5  et  sur  de  très  anciennes  coupes  à 
yeux  prophylactiques0  (fig.  4760). 

Mais  de  la  Thrace  vint  par  le  nord  de  la  Grèce  un  dieu 
qui,  lui  aussi,  représentait  «  la  sève  de  la  terre  et  de  l’hu¬ 
manité  »  avant 
de  personnifier 
la  vigne  et  la  vi¬ 
nification,  Dio¬ 
nysos,  qui  garda 
le  surnom  de 
OEvSpiTïjç,  arbo¬ 
rescent  1  [bac- 
cuus].  Or  les 
Grecs,  pour  don¬ 
ner  une  forme 
vivante  à  chacun 
des  traits  qui 

Fig.  4760.  —  Nymphe  et  Silène  dansant.  Composaient  la 

personnalité 

complexe  de  leurs  divinités,  se  plaisaient  à  les  entou¬ 
rer  d  un  cortège  de  personnes  divines  représentant 
leurs  énergies,  leurs  capacités  multiples8.  Les  Nymphes 
forestières,  comme  les  Silènes  enfants  de  la  nature, 
s  offraient  on  ne  peut  mieux  pour  accompagner  et 


compléter  le  dieu  nouveau,  d'autant  plus  que  Dionysos 
semble  avoir  passé  dès  l'origine  pour  un  dieu  contesté, 
persécuté,  qui  a  besoin  d’être  consolé  par  des  femmes 
dévouées.  La  légende  de  sa  naissance  même,  de  la  mys¬ 
térieuse  disparition  de  Sémélé  et  de  l’abandon  où  il  est 
relégué  par  suite  de  la  jalousie  d’IIèra,  impliquait  l’exis¬ 
tence  de  femmes  qui  remplaceraient  sa  mère  et  le 
recueilleraient  :  ce  sont  les  nourrices  de  Dionysos  dont  il 
est  parlé  dans  Ylliade  et  que  Lykourgos  a  brutalement 
troublées  dans  leur  maternel  office  (t.  1,  fig.  685)".  A  N  y  sa 
où  elles  résident,  Hermès  leur  remet  l’enfant  abandonné; 
mais  Nysa  est  un  nom  de  lieu  ou  de  montagne  qu’on  a 
transporté  partout  où  l’on  a  voulu  placer  le  berceau  de  Dio¬ 
nysos  :  en  Égypte,  en  Éthiopie,  en  Arabie,  en  Inde10,  etc. 
Ces  nourrices  sont  des  Nymphes  de  la  montagne  ou  de  la 
forêt,  amantes  des  rudes  Silènes,  comme  celles  a  qui 
Aphrodite  remet  le  fils  qu’elle  a  d’Anchise;  leur  De  a  la 
durée  des  sapins  ou  des  chênes 11 .  Nombre  de  monuments 
figurés,  dont  à  vrai  dire  aucun  ne  remonte  très  Inuit, 
représentent  Hermès  prenant  des  mains  de  Zeusson  ù  » 
pour  l’emporter  à  Nysa,  ou  le  remettant  aux  Nymphes 
(t.  I,  fig.  680,  681),  qui  souvent  ont  avec  elles  le  vieux 
Silène13.  Diodore  de  Sicile14  croit  que  le  nom  1  11  i  ^ 
dieu  est  formé  de  celui  de  l’asile  qui  la  abiité,  pie  . 
de  celui  de  Zeus  (Aie  -f-  Nu;).  Ces  Nymphes  ma  ci 


1  Hom.  11.  XVIII,  39-48  (Thaleia,  Panopé,  Clymenè,  Oreithyia)  ;  Hesiod. 
Theoy.  243-62  ;  Pindar.  Nem.  IV,  63;  V,  7;  Pyth.  XI,  2  ;  Isthm.  V,  8; 
soph.  Oeil.  Col.  719;  Eurip.  Andr.  46,  1267;  Rôm.  Af ittheil.  d.  archàol .  Instit. 
1887,  taf.  vm,  2,  p.  172  (Dümmler),  amphore  de  Cervelri.  —  2  Monum.  dell. 
Instit.  X,  pl.  vm  ;  Sitll,  Die  Phineusschale,  Würzb.  1892;  Wien.  Vorlegebl. 
série  C,  VIII.  —  3  E.  Potlier,  Vases  antiq.  du  Louvre,  série  II,  salle  F,  n»  104 
(yoir  les  numéros  précédents  et  suivants),  8  Nymphes  et  9  Silènes.  Cf.  Wiener 
Y  °'  legebl.  1890-1,  pl.  i  ;  Pottier,  Ibid.  E  703  (amphore  iono-corinthienne  à  zones)  ;  F 
120  (coupe  à  yeux  prophylactiques);  F  130,  pl.  i.xxiv.  —  4  Cf.  Genick-Furtwangler, 
Griech.  Keramik  (Berlin,  1883),  pl.  iv,  b,  amphore  imitée  des  vases  de  bronze,  4 
Nymphes  cl  4  Silènes.  —  5  Roulez,  Choix  de  vases  de  Legde,  pl.  v.  1  :  6  Silènes  à 
pieds  el  queues  de  cheval,  6  Ménades  :  Mgro ,  Eio,  Molpi,  Klyto,  Xantho, 
Choro.  Cf.  Dumont-Pot  !  ier,  Céramiques ,  p.  277.  —  6  Athenisehe  Mittheil.  d. 
Archàol  Instit.  1900,  p.  44  (Bochlau),  fig.  2,  3.  —  7  p]ut.  Moral.  (Sympos.  Il), 
p.  67a  f.  AiovJom  Sr/Sf î-iy  rsu-.n'  û;  râo;  s'iur-,  "EXXijviç  (t-looe-.v.  Cf.  Pape,  Griech. 


ennamen,  v»  Aiovuao;  —  8  I.cs  Charités,  Peilho,  Eios,  ^  9  [loi». 

,  etc.  Cf.  H.  Weil,  Sept  tragéd.  d  Eurip.  p.  d"  ve  .  4niiÿ.U30! 

n,  132.  —  10  Diod.  Sic.  IV,  2,  3;  Aristoph.  Lysxstr.  1-»- 1  )  (|  y  avait  des 
m.  94  (Nauck,  871);  Strab.  XV,  687  ;  Lucian.  Deor.  dial.  -  '  .  ^  elc.  0n 
es  en  Eubée,  en  Béotie,  en  Thrace,  en  Carie,  en  5C1C’  (|  [jxmn.  ko»1-  M 
aussi  que  vjira;  a  signifié  arbre.  Cf.  lape,  ibit  •  ^  Se  iXrivo'..  •  •  |s»«T*ïT  *” 

er.  v.  256  sqq.  Nùpoat  piv  jfi+ouai*  ifinwoi...  f  J,uynes, Peser- 

pu/a  ntirn. ..  —  12  Visconti,  Mus.  Pio  Clcm.  ,  P  ■  ■  •  ’  nourricières- 

iscs,  pi.  xxvm,  où  Zeus  lui- même  remet  l’enfant  aux  -  ^  h  Diod-  >>' 

'  Stackelberg,  Gràber,  21  ;  Museo  Etrusco  (\ atic-).  p  ’  nt  pas  celte  «P 

!  :  a.T.b  T0ff  ru.Tib;  xaï  voï  «itou.  Mais  les  linguis  es  ^  ]er,  ou  d’une  orl" 
igic.  Dionysos,  la  sève  humide,  viendrait  d  une  racn  j)yu-ni‘-ya  , 

eue  qui  aurait  circulé  à  travers  l’Asie  Mineure,  ,0.  On  J 

et  de’  la  nuit)  ;  Max-Muller,  Academy,  1882,  p-  95-  -  ■  |Iïïdes, es  nourrie 
re  la  racine  du  verbe  6'eiv,  pleuvoir»  ce  qui n0l,s  1  an 


MAE 


—  1 4-81 


MAE 


_  c0nsidérées  comme  des  Hyades  (cl  mélamor- 

o0téLéaii^  ^  ^  ^  cn  conslcllalions),  c’est-à-dire 

P|lüsfe /^personnifications  de  l’humidité  qui  fertilise. 
,omml7  '  D.irai8sent  aussi  nombreuses  autour  d’aucun 
ElllS  "ï  |  dieu1.  Eschyle,  dont  elles  exercent  la  verve 
antre  Pen 


Fig.  4761.  —  Dionysos  suivi  des  Saisons. 


satyrique,  en  fait  de  simples  femmes  de  mortels2.  Mais, 
en  général,  il  ne  semble  pas  que  leur  service  près  du 
divin  nourrisson  leur  fasse  perdre  leur  caractère  de 
forces  productrices,  d’agents  de  la  vitalité.  Elles  sont 
restées,  rajeunies,  autour  de  Dionysos  adulte,  comme 


protectrices  ou  protégées,  confidentes,  prêtresses,  ser¬ 
vantes.  Ce  qu’on  nommera  un  peu  plus  tard  Monades, 
Bacchantes, etc.,  c’est  simplement  la  troupe  des  Nymphes 
dionysiaques. 

En  effet,  sur  un  vase  peint  de  l’époque  classique, 
une  femme  grave  et  drapée  qui  assiste  le  jeune  dieu  a  les 
attributs  propres  au  thiase  bachique  et  est  expressément 
désignée  par  l’inscription  MAINAI  A  Sophocle,  d'autre 
part,  montrait  Dionysos  adulte  accompagné  dans  ses 
allées  et  venues  près  de  Colone  par  «  ses  nourrices4  »  et 
déjà,  au  temps  de  Pisislrale,  un  hymne  homérique 
contait  qu’après  l’avoir  élevé,  les  nourrices  de  Nysa 
suivaient  le  dieu  dans  les  forêts  retentissantes  de 
clameurs 11  où  il  portait  ses  pas.  Il  est  remarquable 
que  c’est  toujours  la  montagne6  et  les  bois,  non  les 
cultures  et  les  vignes,  qui  nous  sont  donnés  comme 
séjour  habituel  de  Dionysos  par  les  poètes,  même  quand 
ils  voient  en  lui  le  dieu  qui  fait  fermenter  la  vendange; 
c’est  une  tradition  antérieure  ou  différente  qu'ils  conser¬ 
vent.  Sur  les  plus  anciens  vases  que  nous  connaissons, 
ce  sont  ces  simples  Nymphes,  sans  attribut  aucun,  qui 
font  cortège  au  dieu.  Elles  sont  désignées  du  mot  de  NY2AI 
qui  surmonteleurs  têtes  gauchement  dessinéessur  le  vieux 
vase  de  Sophilos1,  et  du  mot  NTcf» A I  sur  le  vase  François 
qui  est  de  la  première  moitié  du  vic  siècle  :  elles  y  figurent 
parmi  des  Satyres  exubérants  de  fougue  ;  à  un  autre 
endroit  de  la  longue  procession  que  déroule  ce  monument 
archaïque, ce  sont  les  trois  Saisons,  oipa;,  qui  accompagnent 
la  marche  de  Dionysos  (lig.  47(il)s.  Pratinas  appelle 


Fig.  4762. 


Nymphes  el  Silènes  vendangeant. 


j  aiades  les  compagnes  du  dieu9  ;  Sophocle  et  Aristophane 
6S  ('''s'Snent  simplement  du  nom  de  Nymphes  de  Dio- 
^  et  dans  Horace,  qui  recherche  les  vieilles  expres- 
jjr  ns  P0ur  ^es  rajeunir  par  la  place  qu’il  leur  donne,  on 
il*  ori!  ■  Bacchum docentem...  Nymphas  discentes l0. 
Thù  n‘>n^er  type  de  la  Ménade.  Constitution  du 
7  '  ~~  ^es  Nymphes  dionysiaques  se  consacrent  à  la 


frtaie satyvjm  ['JS'  ***’  clu*  en  donne  une  raison  ridicule.  —  2  Dans  s 
«f.ScAoi.  J  '! ." ,v4"'’  (Argum.  gr.  ad  Euripid.  Med.  Weil,  p.  108, 1.  1- 

'■omlli..  ,]ails  |  lnl'h.  b  qui  tes,  1321).  Médéc  les  ressuscitait  après  les  avoir  f 
Mlin,  Vases  "1P  c,laU(^ii:'re  que  leurs  maris.  —  3  Coll.  Pourtalès,  pl.  xxv 
Pt  xni,  _  s  s, /y*’  '■*  ’  Galerie  Myth.  L VII,  23;  cf.  Witte,  Bât.  Lan 

Plioreliydos  s’  ,  ’J*  ^  '  678-80  '  {taxgnÛTa;...  Aiovuvoç...*  6eocïç  àpçi7tol.5v 

’ol  II.  v  186)  :  vtv  Atôvuaov  ittpvfltaav  aùv  «j- 


fructification  par  excellence,  celle  de  la  vigne,  quand 
leur  dieu  est  devenu  plus  spécialement  celui  du  vin 
et  de  la  fermentation,  et  nous  les  verrons  prendre 
peu  à  peu  l’appareil  extérieur,  les  dehors  et  les  attributs 
par  lesquels  elles  s’associeront  le  mieux  à  son  caractère 
mythologique.  Seules  avec  les  Silènes,  court  vêtues  et 
actives,  elles  font  la  vendange  (fig.  476:2),  détachent  les 


—  6  H.  how .  XXV,  v.  3-10.  —  6  Eur.  Bacch.  70,  116,  140;  Aristoph.  Ttiesmopli . 
992-7-8.  —  1  Trouvé  dans  les  fouilles  de  l'acropole  d'Athènes  Athenisch. 
Mittheil.  d.  archacol.  Inst.  1889,  pl.  i,  p.  4-5  (Winter).  Une  des  nymphes  parait 
jouer  de  lasyrinx.  —  8  IV t'en.  Vorlegebl.  1888,  pl.  u  (2*  rangée)  ;  pl.  ni  (2*  rangée)  : 
ijuatrc  Nymphes,  cheveux  longs,  diadèmes,  tuniques  brodées,  mêlées  à  des  Silènes  à 
pied  de  cheval  par  lesquels  l'une  d'elles  est  emportée.  —  9  Pratinas,  Fragm.  1  (Bergl), 
n.  4.  —  10  Soph.  Antig.  1130  :  Aristoph.  Thesmoph.  993;  Hor.  Ca  m.  Il,  19,  13. 


MAR 


—  1482  — 


grappes,  emplissent  les  corbeilles,  escaladent  les  pres¬ 
soirs1  ou  récoltent  les  fruits  d’un  arbre2.  Mais  le  dieu 
ligure  au  revers  de  la  coupe  qui  présente  cette  scène,  et 
celles  dont  il  est  absent  sont  assez  rares.  C'est  par  enthou¬ 
siasme  pour  lui  que  ces  Nymphes  se  parent,  bondissent, 
poussent  des  clameurs,  et  elles  s’exposent  aux  approches 
des  Silènes  pour  le  divertir*.  Il  est  à  remarquer  que  le 
dieu  assiste  grave  à  ces  ébats,  sans  y  prendre  part.  Les 
Ménades  sont  ses  iidèles  et  ses  suivantes,  jamais  son 
harem.  Même  il  ne  déploie  son  enthousiasme  que  dans  la 
poésie.  Dans  la  peinture  et  l’art  plastique,  en  Grèce,  il  est 
tou  joui  s  immobile  et  spectateur.  C  est  sans  doute  parce  que 
les  moyens  dont  disposent  les  arts  du  dessin  ne  permet¬ 
taient  pas  de  concilier  en  lui  la  mobilité  violente  avec  le 
caractère  divin.  Il  se  démène  chez  les  poètes4,  mais  les 
peintres  ont  chargé  les  Silènes  et  les  Ménades  de  se  mou- 
Aoir  et  de  s  exalter  pour  lui.  Les  bonds  rapides  sont  leur 
allure  habituelle,  et  la  comparaison  qui  leur  est  le  plus 
souvent  appliquée  est  celle  de  la  biche  qui,  fuyant  le  chas¬ 
seur,  se  sauve  avec  d’impétueuses  saillies  par  les  bois5. 

Il  semble  que  c  est  surtout  elles  qui  remplissent  les 
solitudes  de  clameurs  et  que  1’c.XoXuy-q  dont  Dionysos 
aime  a  taire  retentir  le  pays  où  il  apporte  ses  rites6  est 
un  cri  féminin  aigu  et  prolongé.  Leur  office  parait  si  bien 
ctre  de  mener  bruit  dans  les  bois  que  les  crotales  sont  le 
premier  attribut  qu  on  leur  voit  sur  les  peintures  de  vases 
et  qu’elles  le  garderont  jusqu’au  bout.  Celles  qui,  dans  les 
anciennes  figures  noires,  n’ont  pas  encore  de  crotales 
et  dansent  au  son  d'une  flûte  de  Satyre,  sont  brutales  et 
disgracieuses  ‘.  Les  Ménades  à  crotales  les  agitent  quel¬ 
quefois  en  accompagnant  Dionysos  (fig.  4763)  ou  en  l’hon¬ 
neur  d'un  autre  dieu  comme  Apollon8  ;  on  les  voit  aussi 
seules  avec  des  Silènes,  se  mêlant  à  leur  dévergondage9. 

La  couronne  de  lierre  ou  le  léger  diadème  (fig.  4760, 
4763,  4764,  4767)  sont  très  anciens  aussi.  Le  lierre,  qui 
abonde  dans  les  montagnes  de  Thrace,  est  consacré  au  dieu 
tout  comme  les  feuilles  de  vigne  qu'il  remplace  peut-être, 
étant  moins  rare  et  d’une  forme  analogue  [bacchus]  10.  La 
nébride  (peau  de  faon)  ou  la  pardalide  (peau  de  panthère) 
se  présentent  à  peu  près  en  même  temps  et  donnent  un 
caractère  très  pittoresque  aux  figures  qui  ensontparées11. 
Ou  elle  est  ajustée  à  la  taille,  qu’elle  moule  (fig.  4763),  ou 
elle  pend  sur  le  dos,  retenue  par  les  deux  pattes  de  devant 
nouées  sous  le  cou,  ou  encore  elle  est  jetée  sur  une 
épaulé  de  façon  que  la  tête  ou  une  ou  deux  pattes  de 
la  bête  pendent  de-ci  de-là12.  Dionysos  porte  aussi  cette 
pièce  de  vêtement, par  devant,  à  la  façon  d’un  justaucorps 
(fig.  805).  Aucun  texte  ne  nous  renseigne  sur  la  signi¬ 
fication  de  cette  parure  qui,  tout  au  moins,  indique 
l’habitude  delà  vie  dans  les  bois,  de  lâchasse.  La  plupart 
des  figures  de  Ménades  qui  n'ont  pas  d’attributs  autres 
que  ceux  énoncés  ci-dessus,  sont  vêtues  de  chitons  ou 
tuniques  assez  courtes  et  très  serrées  qui  précèdent  (au 
moins  sur  les  monuments  figurés)  les  robes  longues  et  à 
plis  nombreux.  Les  attitudes  sont  très  variées.  Parfois  ce 
sont  les  anciennes  danses  très  expressives  mais  sans 

1  Coupe  du  Cab.  des  Méd.  de  Caris  (fig.  4702);  cf.  Gerhard,  Auserl.  Vasenb. 
pl.  xv,  vendange  de  Silènes.  —  2  E.  Poltier,  Op.  I.  F  334,  pl.  i.xxxv. 

—  3  Arislopli.  Thesmoph.  992.  —  4  Hom.  11.  VI,  132.  —  5  Eur.  Bacch. 
800-70.  6  Id.  Ibid.  25.  —  7  Gerhard,  Auserlesene  Vasenbilder ,  142. 

8  De  Witlc,  Hôt.  Lamb.  n°  22;  amphore  à  deux  zones;  Fiorelli,  Vasi  dipinti , 
pl.  m  ;  Wiener  Vorlegebl.  D,  pl.  0  (fig.  4763);  cf.  Gerhard,  Auserl.  Vas.,  pl.  33, 
253;  Percy  Gardner,  Ashm.  Oxford.  Catal.  240.  —  9  Cabinet  des  Méd.  Paris; 
Gerhard,  Auserl.  Vas.  142.  —  10  Plut.  Sympos.  III,  2.  —  11  Poltier,  Op.  I.  F, 

133.  1-  Poltier,  Op.  I.  F,  103,  pl.  lxx,  ampli,  de  Nicosthène.  —  13  Poltier, 


MAE 

grâce,  parce  que  les  artistes 
des  mouvements  violents 
anguleux.  1 


-  Ménadc  jouant 
des  crotales. 


exemple,  elles 
dansent  à  deux  devant  l’appa¬ 
rition  de  Dionysos  et  Koré  sa 
mystique  épouse  dont  les  tètes, 
énormes  en  proportion  des 
autres  personnages,  sortent  de 
terre13.  Deux  de  ces  Nymphes 
dansantes  sont  avec  des  Silènes 
dont  la  forme  est  encore  plus 
animale  qu’humaine14.  D’autres 
dansent  très  sages  près  de  Si¬ 
lènes  dont  elles  semblent  ne 
s’occuper  en  rien15;  d’autres 
près  du  char  du  dieu16.  D’une 
manière  générale,  et  sans  pou¬ 
voir  indiquer  les  nuances,  leur 
danse  tend  plutôt  à  s’apaiser 
sur  les  vases  de  la  fin  du 
vi,;  et  du  commencement  du 
ve  siècle. 

Souvent  elles  passent  simplement  en  tournant  la  tète 
du  côté  opposé  à  la  direction  de  leur  marche 1:.  11  arrive 
ainsi  qu'elles  regardent  directement  un  autre  personnage. 
On  n’en  doit  conclure  aucune  intention  :  les  figures  de 
t  ette  époque,  étant  toutes  de  profil,  regardent  forcément 
une  de  celles  qui  se  trouvent  près  d’elles.  Quelquefois 
elles  sont  simplement  debout,  des  deux  côtés  de  Dionysos, 
dans  des  attitudes  exprimant  plus  ou  moins  de  déférence 
et  d  adoration  18.  Il  arrive,  mais  rarement,  qu’elles  gesti¬ 
culent  comme  si  elles  sentaient  un  commencement 
d  ivresse  ou  une  sorte  d’étourdissement,  par  exemple 
sur  une  très  ancienne  amphore  à  zones  du  Louvre19. 

Ordinairement  sur  ces  vases  les  zones  de  personnages 
bachiques  ont  au-dessus  et  au-dessous  d'elles  des  zones 
d’animaux  sauvages  ou  familiers,  et  il  arrive  même  que 
le  décorateur  a  fait  passer  quelqu’une  de  ces  bêtes  dans 
la  zone  des  dionysiaques.  Bientôt  le  mélange  des  deux 
éléments  se  généralise,  et  les  servantes  de  Dionysos  ont 
avec  elles  des  fauves  ou  plutôt  des  animaux  familiers 
qu’elles  regardent  ou  caressent.  11  semble  qu’il  y  a  là 
un  effort  pour  embrasser  dans  une  même  conception 
toute  la  nature  vivante  et  indiquer  que  les  Nymphes 
dionysiaques  représentent  aussi  bien  la  vie  animale  que 
la  fructification.  Peut-être  nébrides  et  pardalides  avaient- 
elles  déjà  un  sens  analogue.  Quoi  qu’il  en  soit,  xei^le 
commencement  du  ve  siècle  il  n’y  a  pas  encore  (race  d® 
violences  exercées  par  les  Ménades  sur  les  animainj  1 
féroces  ou  sans  défense.  Un  beau  vase  d’Amasis  •  1  '  P1 1 
sente  deux  Nymphes  qui  s’approchent,  en  pas  de  unso 
très  rythmés,  de  Dionysos  et  lui  présentent  un  11  j  ^ 
(symbole  de  fécondité)  et  un  cerf,  tenus  1  un  I1  1  ^ 
oreilles,  l’autre  par  les  pattes  (fig.  4764).  Cet  ex<  "‘P^  ^ 
presque  unique  en  son  genre,  ainsi  que  celm '^.,,.1 
Ménade  (ou  Ariane)  menacée  par  un  lion  gueule  "  ■' 

Op.  I.  F,  31 1;  Monum.  dell.  Inst.  Vl-Vlt,  7  ;  f  rochner,  '^"^yuse0  Etrusco,  I 
—  U  Coupe  de  Nicoslhènc,  Arch.  Zeit.  1884,  pl.  xv1,  I  use  Uo  Ménazles  | 

pl.  xxxvin,  1  a,  2  a,  amphore  (le  Vulei.  —  Autres  exemples  i  ^  p  p|.  ixi«i  I 
à  tunique  courte  et  serrée  sur  vases  à  figures  noires.  E.  I  °tt*er,  p|,  I  •  I 

F  3G,  amphore,  pl.  i.xvi  ;  F  75,  coupe,  pl.  lxix  ;  h  1<*1,  amph.  e  MI-  AJuseo  fl 

F  302.  -  17  De  Luynes,  Op.  I.  pl.  v.  -  18  Fif  e“û  V<ui  <¥  L 


Etrusco,  11,  pl.  xxxvii.  —  19  Poltier,  Op.  I.  E,  831. 
pl.  ni;  Milliet,  Céram.  <jr.  p.  85  ;  Wit-n.  Vorlegebl.  1889,  p  ■ 
Hôt.  Lamb.’ H;  liev.  arch.  1808,  p.  350. 


___  21  Oc  Willc’ 


MAE 


—  1483  — 


MAE 


i  |,,  lion  ne  menace  personne  et  on  le  voit  même 
A>l|cUl>  je  hraS  d'une  Monade.  Celle  d’une  liydrie 

r'I  u'!iiaîos 2,  assez  coquette  et  presque  amusée, 
dl‘  |,!""(|*  ,'.l0n  Sur  ses  épaules.  Une  autre  3  regarde 
P01'-  ment  une  biche  retournée  vers  elle,  une 


indulgc 


d  m  wio  a  «  a  4 ,  >  A,cnoirscv 


autre4  tient  un  cerf  dans  ses  bras;  deux  autres3  une 
chèvre  et  la  panthère  qui  deviendra  l’animal  favori  des 

bacchantes. 

Mais  celui  qui,  dès  l’époque  où  nous  sommes,  est  le 
plus  significatif,  c’est  le  serpent  qui  représente  peut-être 
les  rapports  de  Dionysos  avec  les  dieux  chthoniens.  Pour 
la  célébration  des  mystères  bachiques,  on  apportait  un 
serpent  dans  une  ciste  ou  corbeille  à  couvercle.  Par  la 
suite,  nous  verrons  les  Ménades  faire  des  serpents  des 
usages  assez  imprévus.  Jusqu’ici  les  peintres  de  vases 
les  leur  mettent  simplement  à  la  main  ou  auprès  d’elles 
(fig.  47(33) 11 . 

L  attribut  qui  est  la  marque  distinctive  de  la  bacchante, 
qui  lui  appartient  en  propre  et  la  met  nettement  à  part 
des  autres  Nymphes,  le  thyrse,  n’apparaît  qu’assez  tard 
dans  les  représentations  comme  dans  les  textes.  Il  faut 
arriver  a  la  lin  des  vases  à  figures  noires,  c’est-à-dire  au 
commencement  du  v®  siècle,  pour  le  rencontrer.  D’après 
ce  fait  et  d’après  les  variétés  qu’il  présente  sur  les  pein¬ 
tures,  il  semble  qu’il  ait  une  double  origine.  D’abord 
cest  un  s'mple  arbuste  arraché,  un  sarment  un  peu  long 
uu  une  branche  ayant  à  son  extrémité  un  bouquet  de 
euilles,  dont  1  imagination  aura  armé  les  Ménades  et  leur 
""  l"i-mème.  On  aura  essayé,  par  jeu  ou  par  dévo- 
l0n’  imiter  les  allures  qu’on  leur  prêtait,  puisqu’on 
jwim  dit  qu  on  en  vint,  pour  éviter  dans  les  démons- 
0i''  "lll  ~  ^chiques  de  se  faire  mal  avec  des  branches 
SCIOns  kms  dur,  à  les  remplacer  par  les  tiges 
j(,s"  ^ 1 1  du  narthex  [ferula]  7.  Sur  les  dessins 

lebo'T*'  ^  l^rse  est  tantôt  une  branche  feuillue  par 
nm'il,"1  "  ""  Pel‘t  arkuste  (fig.  4166),  tantôt  une  tige  de 
°X’ (1,  'e  tdus  souvent,  une  tige  droite  à  laquelle  il 


ctjubl,  s j)  !  ’  -®i  l-l  Wiener  Vorleg.  D,  pi.  I.  —  2  Wien.  Vor- 

IVu.  i;j4  '  '  -Vus.  447  ;  Klein,  Aleisters.  42,  I.  —  3  Gerhard, 

~~  ■  fjuu  j,)"'1' ®r*1-  Muséum.  —  VE.Pottier,  Ibid.  F,  3C 1 ,  pl.  i.xxxvi. 
"8  Wiener  VoH  n  ,  '  (Rl'unnb  18G5’  P-  1«1  Arch.  Zeit.  185*,  pl.  lxxi. 

' ;  do  Wiiip  //  /  *V  '  ’  1  Pb  V1  Mon.  d.  Inst.  XI,  pl.xxiv;  Klein,  Meisters.  43, 
f"7;  s"r  le  narll,0  '  ■n'"'’’  i2;  Potli(>r.  Op.  I.  F,  3fil.  —  7  Uiod.  Sic.  IV,  4, 

A'Pt  n.  _  ,  °P,lr-  Hist.  plant.  I,  2,  7;  VI,  2,  7-8.—  8  Wirn.  Vorl. 

du  lliyvso  scill  tRl°S’  Ap,e,1‘  Vorlcgebl.  I),  pl.  i.  Mflmc  alors  cl  quand  la 
11  Ore  (|uun  bâton,  on  on  voit  souvent  une  ou  deux  petites 


semble  qu’on  ait  rajouté  au  bout  un  bouquet  de  feuilles 
d’arbre  ou  de  vigne,  ou  de  lierre.  On  aperçoit  même  sur- 
certains  thyrses  l’attache  en  fils  croisés  de  ce  bouquet  de 
feuillage8.  Mais  le  plus  souvent  l’objet  est  stylisé,  c’est-à- 
dire  quela  forme  et  les  détails  en  sont  conventionnellement 
arrêtés  et  simplifiés  (fig.  4765  9.  Si  celte  introduction 
dans  les  dessins  du  principal  insigne  bachique  est  rela¬ 
tivement  tardive,  c’est  qu’elle  se  produit  seulement  après 
un  essai  de  mise  en  œuvre  et  d’emploi  dans  la  réalité  ,0. 

Chemin  faisant,  l’importance  de  cet  accessoire 
augmentait  au  point  que  le  caractère  dionysiaque  lui 
reste  attaché  plus  qu’à  tout  autre.  Désormais  il  est  rare 
qu’il  manque  aux  Ménades  (si  elles  n’ont  les  mains 
occupées  par  autre  chose);  le  dieu  lui-même  l’a  assez 
souvent,  les  satyres  quelquefois.  Euripide  nous  montrera 
ses  Bacchantes  ayant  pour  premier  soin,  à  leur  réveil,  de 
remettre  des  feuilles  de  lierre  à  leurs  thyrses11.  A  peu 
près  en  même  temps  qu’elles  sont  pourvues  du  thyrse, 
deux  derniers  changements  se  produisent  dans  les 
allures  et  le  costume  des  Ménades  qui  seront  désormais 
prêtes  à  former  le  thiase,  c’est-à-dire  le  cercle  ou  la  cour 
de  Dionysos12.  D’abord,  au  lieu  de  bondir  et  danser 
simplement  au  milieu  des  Silènes  ou  de  se  prêter  à  leurs 
sollicitations,  la  Ménade  se  dérobe  à-  leurs  prises,  au 


Fig.  4765.  —  Ménade  avec  thyrse,  faon  et  serpent 


moins  pour  l’apparence  et  par  jeu  ;  un  peu  de  pudeur 
coquette,  sinon  sérieuse,  se  révèle  dans  ses  manières 
d’être,  et  le  motif  de  la  Nymphe  bachique  semblant  se 
débattre  avec  son  thyrse  contre  un  Silène  appréhendeur 
est  déjà  créé13.  L’art  en  tirera  spirituellement  parti.  De 
plus,  le  costume  est  heureusement  modifié  suivant  les 
modes  du  v®  siècle.  Les  courtes  tuniques  ornées,  mais 
serrées  et  même  étriquées,  font  place  à  des  peplos  ou 
des  chitons  amples,  bassara,  flottants  et  à  longs  plis“  sur 
lesquels  la  peau  de  panthère  ou  de  faon  se  place  avanta¬ 
geusement  et  qui  dans  la  danse  et  les  mouvements  vifs 
peuvent  tourbillonner  en  lignes  harmonieuses  [bassara, 


brandies  secondaires  à  différentes  hauteurs,  en  plus  du  feuillage  du  bout. 

—  10  Dollcy,  Thyrsos  of  Dionysos  (American  Philos.  Soc.  1803),  pense  que  le 
thyrse  est  venu,  assez  tardivement,  d’Asie  où  il  était  un  bouquet  de  fleurs  de 
palmier-dattier,  symbole  de  fruct idéation  aux  mains  des  prêtres  assyriens.  Eu 
Grèce  on  aurait  remplacé  ces  fleurs  par  des  pampres  et  plus  souvent  du  lierre. 

—  il  Eurip.  Dacch.  1054-5.  —  *2  se  dit  d’ailleurs  de  la  réunion  des 

Salvres  ou  des  Bacchantes  même  sans  Dionysos.  Elles  l’invilenl  (Eurip.  Dacc/i.  .‘182) 
à  entrer  dans  leur  thiase.  —  13  Pot  lier,  Op.  I.  F,  130,  161,  381,  (i,  2,  34. 

—  iv  (ierhard,  .4u$.  Vas.  134,  253. 


MAE 


—  1484  — 


MAE 


l'K-  80.'i  .  En  même  temps  les  gestes  heurtés,  les  poses  angu¬ 
leuses  s'adoucissent  un  peu,  et  le  thiase  est  constitué.  Les 
Monades  en  sont  l’élément  le  plus  intéressant,  car  le  type 
des  Sa  Ivres  ou  Silènes  na  guère  changé  ni  progressé 
depuis  leur  création  première.  Dionysos  barbu  est  immo¬ 
bile  au  milieu  d  elles,  debout  ou  assis  sur  un  siège  pliant 
avec  un  canlhare,  une  branche  de  vigne  ou  un  thyrse  à  la 
main.  De  part  et  d  autre,  formant  le  plus  souvent  paire 
avec  des  Silènes,  thyrse  en  main,  elles  bondissent,  ou  elles 
se  débattent  contre  leurs  compagnons.  Le  plus  souvent, 
dans  ce  premier  thiase,  les  personnages  sont  à  la  file  sans 
qu'aucun  rapport,  aucune  intention  les  relie  les  uns  aux 
autres.  Ils  sont  juxtaposés  plutôt  que  groupés.  De  plus, 
s  il  y  a  la  de  1  entrain,  de  la  fougue  exubérante  et  même  de 


l'ivresse,  aucun  délire  n’y  apparaît  encore 
ce  n  est  que  du  mouvement,  de  la  joie  et’,| .  i 
bien  que  les  choses  du  thiase  semblent  réJ!  , 
leurs  grandes  lignes  par  une  sorte  de  probant  UDs 
près  constant,  il  y  a  cependant  des  variétés  4  P<iu 
sieset  des  exceptions.  Ainsi  les  Ménades  s’amnÜ!  f;,nlai' 
des  Silènes  à  se  traîner  ou  à  traîner  Dionysos  H  ^ 
char  1  (I,  p.  60G,  fig.  683),  ou  elles-mêmes  sont  ^  U“ 
™  ua  taureau  *,  ou  à  colifourchou 
sur  un  mulet  ou  un  Une  >.  il  en  est  qui  portent  (les  2 
ronnes.  Une  singulière  représentation  est  celle  dé  ! 
Ménades  debout  l’une  contre  l’autre  et  reliées  “* 
même  péplos  très  ample,  entre  deux  Silènes  qui  ZZ 
sent  les  contempler  respectueusement  h 


Le  concept  de  la  Ménade  serait  probablement  resté  ce 
que  nous  venons  de  le  voir  et  ce  type  artistique  eût  évolué 
toujours  dans  le  même  cercle,  si  un  nouvel  apport  ne  fût 
venu  de  l'Ionie  modifier  en  Grèce  l'aspect  général  de  la 
religion  dionysiaque  et  peut-être  aurait-on  vu  simple¬ 
ment  une  mode  singulière  apparaître  :  un  ehiton  supé¬ 
rieur,  à  manches  longues  et  larges  qui  dépassent  les 
mains  et  les  cachent  (fig.  4766) 5.  L’ampleur  de  ces 
manches  convient  à  merveille  à  celle  de  la  gesticulation 
emportée  6.  Du  reste,  sauf  cette  particularité,  le  vêtement 
des  Ménades  est  le  même  que  celui  des  autres  femmes 
représentées  sur  les  vases  de  la  même  époque.  C’est  celui 
du  temps  tel  que  les  peintres  de  vase  peuvent  l’inter¬ 
préter  :  il  n’y  a  pas  d’uniforme  de  la  Ménade  à  étudier, 
mais  seulement  des  attributs  et  accessoires. 

Ces  divers  caractères  de  transition  se  remarquent 
plus  ou  moins  sur  une  série  nombreuse  de  vases 

1  Collection  Formatif  n«  331  ;  Gerhard,  Ant.  Dildw.  19  ;  Dubois-Maisonneuve,  42  ; 
Müller-Wieseler,  Antike  Deukm.,  11,605  ;  Laborde-Lamberg,  pl.  xvu.  —  2  Gerhard, 
Au*.  \as.  1  49,  3.  —  3  E.  Potlier,  Op.  I.  F,  311;  Mon.  d.  Inst.  VI,  pl.  vu;  Percy 
Gardncr,  Ashmolean  Catal.  (Oxf.),  22.  —  4  Gerhard,  Auserlesene  Vasenbilder , 
324,  vase  du  Brit.  Mus.  ;  cf.  Gaz.  arch.  1876,  3.  —  3  Hartwig,  Aleisterch. 
pl.  xi. ni.  Xénophon,  Cyrop.  V,  1,  6,  laisse  soupçonner  que  celle  mode  aurait  été 
réellement  portée.  Il  parle  d  une  femme  qui,  en  déchirant  un  chilon,  met  à  découvcrl 
son  cou  et  ses  mains.  —  «  Jahrbuch  des  arch.  Inst.  1896  (11),  p.  20;  Hartwig, 


à  figures  rouges7.  Sur  d’autres  apparaissent  des  motifs 
quelque  peu  renouvelés,  par  exemple  des  compagnes  de 
Dionysos  donnant  à  des  panthères  et  autres  animaux  des 
marques  de  tendre  affection 8.  Il  est  des  vases  qui, 
anciens  par  la  date  (début  du  Ve  siècle)  et  voisins 
de  ceux  à  figures  noires  par  certaines  traditions  du  des¬ 
sin,  nous  présentent  pourtant  des  Ménades  d  un  sl\le  et 
d’une  conception  vraiment  neufs.  Par  exemple  un  (an 
tliare  de  Nicosthène  où  trois  servantes  du  dieu  1  assisten 
pendant  qu’il  verse  une  libation  sur  la  flamme  d  un  •' uti  ■ 
l’une  étend  les  bras  vers  l’autel,  deux  dansent  et  er 
rière  l’une  est  son  thyrse  fixé  en  terre  par  une  1  x,|(  m 
en  pointe  dite  (laupojTijG9. 

Vers  l’époque  où  se  produisent  ces  innovations  m  ^ 
tiques,  le  culte  de  Bacchus  se  présentait  une  si  < 11111  ^ 

en  Grèce,  arrivant  non  plus  de  Tlirace,  mais  d'  1 
et  de  Lydie10,  gravement  modifié  dans  sa  pl1' s| 

Meistersch.  pl.  xxxn;  Mon. cl.  Inst,  suppl.  pl-  xxiv  ;  Mon.  dclAs*-  ^  m'en- 

1891-a2.pl.  II.  —  ^  Klein,  Meistersign.  134;  Panofka,  •)"*<■»  •  ^  scti. 

Vorlegebl.  U,  pl.  4  {Brit.  Mus.)  ;  Pottier,  Op.  I ■  )  jlarlx(ig,  Op.  >■ 

—  8  Pollier,  Ibid.  0,  46,  93,  pl.  xeix  ;  Harrison,  pl.  ‘(/  Inst. 

pl.  vi  ;  Monum.  dell.  Inst.  XI,  pl.  xxvii-xxvm.  —  -  '  ^  Robinson, I 

1890,  p.  324,  fig.  4.  (Rciscli)  ;  Wiener  Vorlegebl.  1890,  p.  ^  ^  ||jpp0naï, 

dans  les  Trustées  o/‘  Muséum ,  Boston,  1901,  p.  -O', 

Fraym.  91. 


Fig.  4766.  —  Ménades  et  Silènes  dansant. 


MAE 


—  1485  — 


MAE 


f  (|X  des  Thraccs  qur,  passa 

former  I''  PeuPle  Phrygien 


forint 

donné 


le 


liaient  avec  eux  e 


passant  l’Hellespont,  étaient  allés 
paraissent  avoir  volontiers 
caractère  asiatique  aux  divinités  qu’ils  ame- 
modelé  le  cortège  imaginaire  de  leur 
i  .  cm-  celui  de  la  Grande  Mère  des  dieux  ou  même 
l’Vitvs  Euripide  nous  atteste  le  transfert  en  Grèce  de  ce 
Ihivlms  d’Asie  Mineure1  (qu’on  appelait  Sabazios),  et 
•  montre  en  même  temps  de  quel  vacarme  d’instru- 
lg  ga  sliile  lydienne  aime  à  s’étourdir.  Le  joyeux 


nie 


dieu  grec  de  la  fécondité  et  de  la  vendange 


I  e(  vivace  uieu  g. 

|  *p n cl  souvent  le  nom  de  son  concurrent  d’Asie  et  devient 
I  frénétique  et  délirant.  Ses  Ménades,  au  lieu  de  pousser 
I  simplement  des  clameurs  par  les  bois,  font  rage  avec  la 
I  (lûte  lydienne,  les  cymbales,  le  tympanon.  Une  épigramme 
de  Thyillos  nous  montre  sous  une  forme  saisissante  les 
allures  des  prêtresses  de  Cybèle,  orgies  et  tumulte, 
fureurs  et  transports,  cheveux  renversés  en  arrière  dans 
la  cambrure  de  la  danse.  Une  de  Philodémos  donne  à 
|  entendre  que  ces  amies  de  la  Mère  des  dieux  sont  aussi 
I  celles  de  Sabazios2.  Strabon  de  son  côté  laisse  voir  que 
|  les  éléments  des  deux  cultes  se  sont  confondus  3.  Un  fait 
I  très  simple  suffirait  à  montrer  que  le  cômos  bachique 
s'orientalise,  c’est  l’apparition  aux  mains  des  Ménades 
!  nouvelles  voir  fig.  4772,  4773)  du  tympanon  emprunté 
aux  rites  de  Cybèle,  instrument  de  tapage  inconnu  des  pre¬ 
mières  Nymphes  dionysiaques4.  Les  légendes,  la  poésie 
dramatique  des  Grecs  se  sont  prêtées  à  ces  changements, 
les  ont  secondés  même  en  développant  certains  récits 
|  fabuleux  venus  de  Thrace  qui  tous  avaient  un  thème 
commun  :  sous  des  formes  diverses,  ils  relataient  le  sort 
I  d’ennemis  ou  d’opposants  de  Dionysos,  qui  trouvaient 
répugnants  les  effets  de  l'ivresse  et  restaient  rebelles  à 
I  1  enthousiasme  excité  par  la  découverte  de  la  vinification. 

I  Peut-être  des  chefs  de  peuple,  indignés  de  voir  jusqu’où 
le  vin  ravale  un  homme,  voulurent-ils  arracher  les  vignes 
sur  leur  territoire.  Bacchus  se  défend  contre  cette  ligue5 
I  des  antidionysiaques  :  dans  la  lutte  il  deviendra  féroce. 

|  b  arme  de  sa  vengeance,  c’est  la  frénésie  même  qu'il  dé- 
jveloppe  dans  les  esprits.  Ou  il  frappe  ses  ennemis  de 
émence"  et  ils  périssent  misérablement  après  s’être 
poilés  à  d  allreuses  extrémités,  ou  il  communique  une 

m  I urieuse  a  ses  Ménades 1  qui  se  chargent  de  mettre 
a  mal  ceux  qui  1  ont  offensé 8 .  Lykourgos  a  maltraité 
es  Ménades.  ou  les  nourrices  du  dieu  :  saisi  d’un  aveu- 
f 1 1111 1,1  qui  se  tourne  contre  sa  propre  famille,  il  frappe 
,  "'"P”  de  hache  ses  plus  proches  [bacchus,  p.  608] 9. 
i|i  n  i  et  Penthée  ont  nié  la  divinité  ou  la  supériorité 
do  Tl"!'*08'.  ^6S  hassarides,  c’est-à-dire  les  Bacchantes 
pièces I,"lt<  '  'd'er^ues  de  colère,  mettent  le  premier  en 
Moin  ]  •  ^Uant.  au  secon(E  c’est  sa  propre  mère  qui, 

p0  IInpiovisée,  hallucinée,  inconsciente,  le  prend 

po„s“1,UlUPeaU.el  ^éSorB'e-  Le  dieu  nouveau  a  été  re- 
Ménad-'r.  *  erst'e  territoire  d’Argos  :  la  troupe  des 
Esc,|\:,  '  Iaincneet  elles  se  font  tuer  pour  l’y  rétablir11. 

P1>ipmhi(,  mU  à  la  Scène  avec  toute  leur  horreur  la 
qui  s’n„ie  "  ’s  Rendes,  où  ce  sont  toujours  des  femmes 
'•*i  lient,  à  défendre  Dionysos.  La  Pythie  des 
1  t 

Pal  'l,!,8’  64"68,  86>  li0>  IS5.  159  :  cf.  Poil.  VII,  00.  —  2  An- 

Mrl-  Al»»ciàtion's  'n.ï~  ^“Saxa‘  ‘nriiuwîSt;).  —  3  Stralj.  p.  400-471;  cf.  Fou- 
aP  pPiî||.  P'  70‘  -  4  Eurip.  Bacch.  124-5,  155-6,  et  un  grand 

!  a'!  4  ;  'asps  depuis  la  fin  du  style  rouge  sévère.  —  5  Diod. 

’ |lesio<l .  Fragm  **”**"•  **lv  o!xou|iivï|v  toù;  Soxoîvtaî  àirtStïv. 

.  Ppécs  Je  fo|i;  •  -  •  Les  l’rélides  qui  n’ont  pas  accueilli  les  rites  de  Bacchus  sont 

y  I  h  -•  '  Cf.  I  épith.  ôçffiyûvw.;,  Plut.  Mot.  568  c,  571  c.  j 


Euménides  1J  dit  que  le  dieu,  parti  en  chasse  avec 
des  Bacchantes,  a  donné  à  Penlhéc  Je  sort  d’un  lièvre, 
et  c  est  là  ce  que  les  Xantriai  présentaient  sous 
lorme  de  drame.  Deux  des  sujets  précédents  rem¬ 
plissaient  une  tétralogie  :  les  Édones,  les  Bassarides , 
les  Jeunes,  Lykourgos u.  Dans  les  Édones  14,  le  poète 
mêlait  les  mystères  de  Cotytto  à  ceux  du  Bacchus  thrace 
et  nommait  les  instruments  phrygiens  qui  excitaient  le 
peuple  des  montagnes  a  la  fureur  igGtvùtî  67tocyo)yôv  by. o- 
xAav)  par  leurs  résonances  accompagnant  des  voix  mu¬ 
gissantes  comme  celles  de  taureaux.  Dans  un  vers  qui 
lui  paraît  excessif,  Longin  montre  le  palais  même  de 
Lycurgue  en  proie  au  trouble  bachique*’.  La  violence 
des  Ménades  guerrières  parait  toujours  alliée  à  l’état  d'es¬ 
prit  orgiaque,  à  l’extase  :  elles  sont  des  «  possédées  ». 
Elles  délirent  à  tel  point  qu’on  a  pu  se  les  représenter 
comme  mettant  en  pièces  Dionysos  lui-même  16  ! 

Cette  démence  et  cette  cruauté  féminines  s’offrent  atté¬ 
nuées  sous  une  seconde  forme  qui  est  l’omophagie,  le 
déchirement  (<n:apocyp.oç)  de  membres  d’animaux  qu'on 
mange  crus,  présentée  comme  une  sorte  de  répercussion, 
de  talion  en  représailles  d’un  traitement  analogue  que 
Dionysos  sous  le  nom  de  Zagreus  aurait  subi  des 
Titans1’.  On  la  rapporte  aussi  à  d'anciens  rites  sangui¬ 
naires  dont  le  souvenir  imposa,  selon  l’historfen  Phanias 
de  Lesbos,  à  Thémistocle  avant  la  bataille  de  Salamine 
l’exécution  d’un  sacrifice  humain.  Ce  qui  apparaît  comme 
certain,  c’est  qu  il  y  a  dans  cette  croyance  une  allusion 
aux  actes  déraisonnables  que  l'exaltation  peut  faire 
accomplir  à  des  natures  facilement  excitables18.  Si  la  joie 
débordante  des  Ménades  correspond  à  l'effet  du  vin,  il  est 
certain  que  1  orgiasme  sous  ses  formes  diverses  rend  celui 
d’affections  ner¬ 
veuses,  d’hysté¬ 
ries  et  d’hyp¬ 
noses.  Cela  n’em¬ 
pêche  pas  que 
les  Ménades  per- 
sonnifientencore 
les  forces  vivan¬ 
tes  de  la  nature . 

Les  conceptions 
diverses  se  sou¬ 
dent  ensemble 
sans  qu'il  y  ait 
fusion  complète. 

Dans  les  mo¬ 
numents  figurés 
depuis  le  pre¬ 
mier  quart  du  Fig.  4767.  —  Deux  Mcnades. 

ve  siècle  av.  J. -C., 

c’est  le  même  type  de  Ménade,  sans  distinction  bien  sen¬ 
sible,  qu  on  trouve  s’abandonnant  au  vertige  de  la  danse 
orgiaque,  combattant  les  ennemis  du  dieu  ou  dépeçant 
des  bêtes,  et  même  ces  diverses  actions  sont  parfois 
quelque  peu  mêlées,  ce  qui  nous  permet  de  les  en¬ 
visager  ensemble.  Sur  une  belle  amphore  du  Cabinet 

S  Diod.  Sic.  III,  4o.  3.  —  9  Id.  Ibid.  4,  5;  Hom.  11.  135-40;  Phot.,  Bibl. 
1062;  cf.  Soph.  Antig.  155.  —  10  Kralosth.  Catast.  24.  —  n  pa„s.  11.  20,  è’;  Ibid. 

22,  1.  —  12  Acsch .  Eum.  22-26.  —  13  Scliol.  ad  Aristopli.  Thesmoph.  135.  —  14  Acsch 
Fragm.  56  (Nauck).  Sur  l'effet  excitant  de  la  flûte,  Soph.  Trach.  216-20-  Arsll 
PoL  Vlll>  «•  “  15  Lougin.  SM.  15,  16.  -  16  Clem.  Alex.  (éd.  KIoU,  1831),  IV,  1 10. 

Il  y  a  là  sans  doute  une  confusion  avec  la  mort  d’Orphée.  —  17  Cf.  Gazette  archéot. 
1879  (Ch.  Lenormant)  où  tous  les  textes  sont  cités.—  l«Weif,  Drame  antig. p.  107  sq. 

187 


MAE 


des  Médailles  do  Paris,  qui  suit  de  très  peu  le  style 
sévère  des  figures  rouges,  huit  Monades  accompagnent 
leur  dieu'.  L’une  d'elles  est  déjà  représentée  de  face. 
Il  \  a  de  la  sobriété  dans  leurs  mouvements  de  vif 
enthousiasme,  mais  l'une  d'elles  a  déjà  le  tympanon 
familier  aux  prêtresses  de  la  Grande  Mère  et  une 
autre  agite  en  1  air  la  moitié  d’un  chevreau.  Des  thyrses, 


j' * . .  '1'"  OC1'*  ,l  libation  de  l'lmp 

des  torches  (car  les  manifestations  des  |t,  ’  T  S°rpenl, 
toujours  supposées  nocturnes)  marnuem  i  '  ''"Hes  s°nt 

1  il  Wt Plinn  \  il  nnnt/x  1  ^  CflLFfl  MX»..  J 


la  scène.  Au  reste,  les  groupes,  intéressLT  FNc 
memes,  n  ont  pas  entre  eux  de  lien.  Deux  Md,  e"x' 
blent  à  1  écarL,  l'une  enveloppe  l’autre  d'un  S('ni' 
de  protection  (lig.  4767).  Dans  une  m-.^n  °au  ^ 

l'a*  coupe  de 


Fig.  *4708.  —  Ménadcs  dansant. 


Brygos,  de  style  un  peu  plus  ancien  2  (dessin  brun  sur 
lond  blanc),  la  Ménade,  la  tète  jetée  de  côté,  avec 
une  ample  pardalide  que  sa  marche  dansante  agite 
sur  ses  épaules,  a  noué  un  serpent  vivant  autour  de 
ses  cheveux  où  le  vent  joue,  et  tient  d’une  main 
son  thvrse 
comme  une 
arme,  de  l’au¬ 
tre,  par  une 
patte  de  der¬ 
rière,  une pan¬ 
thère  qu'elle 
va  peut-être 
dépecer.  Sur 
une  coupe 
d’Hiéron  (fîg. 

4768)  3,  plu¬ 
sieurs  Ména- 
des  qui  dan¬ 
sent,  surtout 
celle  qui  élève 
un  faon  en 
l’air  et  celle 
qui  brandit 


temple  de  Delphes  par  Praxias  et  Androsthène6,  et  si 
elles  présentaient  quelque  forme  de  délire  bachique. 
Sans  en  tirer  autrement  conjecture,  nous  remarquerons 
que  les  Ménades  brandissant  des  quartiers  d 'animaux 
sont  assez  rares  sur  les  vases  peints  et  que  le  <nrap<xy|u>ç 

parait  plutôt, 
par  les  imita¬ 
tions  posté¬ 
rieures,  avoir 
été  unmotifde 
relief.  Les  va- 
sespeintsnous 
présentent 
moinssouvent 
les  Bacchan¬ 
tes  omophages 
qu’homicides. 
Cependant, 

vers  la  fin  du 
vc  siècle,  nous 
voyons  un 
type  de  Mé¬ 
nade  qui  mar¬ 
che  en  tenant 


son  thvrse  en  travers  derrière  sa  tète  l,  ont  un  commen¬ 
cement  d  enthousiasme  délirant.  Sur  une  autre  coupe 
du  même ’,  cet  enthousiasme  prend  un  caractère  licen¬ 
cieux.  On  ne  sait  pas  quel  était  l'aspect  des  Thyades 
sculptées,  près  de  Dionysos,  au  fronton  arrière  du 


un  jeune  cerf  de  telle  façon  qu  elle  semble  chercha  ■'  ^ 
arracher  les  membres7.  Un  beau  vase  delà  mène  1 1>"  I  ^ 
nous  en  présente  une  dansant,  en  proie  au  vprlln'’  ^ 
mains  couvertes  du  chiton,  la  pardalide  au  '<  nl 

queue  pendante,  lesjambestransparaissantsoush  p1 1 


1  Ancienne  coll.  de  Lûmes;  Monuments  Piot,  IV,  87  (de  Ridder).  —  2  Munich, 
n°  ;  Baiimeistcr,  Itenkm.  fig.  128,  p.  847;  llarrison,  1.  x—  8  Duruy,  Hist. 
dns  Urnes,  I.  24.1  et  T  i.i  ;  llartwig,  Mcislnrsch.  XXX;  FurlwSngler,  lleschr.  2290; 
IlaiTison.  jd.  xxi.  —  4  Cf,  Jahrli,  d.  Arch.  Inst.  189ii,  p.  25.  —  5  Harlwig,  Mets- 


tersch.  pl.  xxxi;  Wien.  Vorlegabl.  A,  4.  — 
hall.  1895,  p.  95,  fig.  2  (art.  coijvk)  ; 
cf.  Millingon-Cogliill,  VI;  Millin,  Vas.  I, 
pl.  xxiv ;  Gerhard,  Ans.  Vas.  pL.er.xxxn. 


r  n  «  Y  19  4  -  7  Bullt 

-  6  Paus.  X,  1^»  *• 

pour  Ménades  extatiques  en  111 
/tn.  —  «  Monnni.  ,nsL 


corr. 

archr» 

Sllppl. 


MAE 


—  1487 


MAE 


t-sSondc  analogue.  Après  une  coupe  du  plus  beau 
ell""l'  plusieurs  couples  de  Ménudes  et  Silènes  nous 

Style  "I  i  1  __  An  r„,.„;ncmo  In  Iw,||p  innnno  Hou 

pré 


■  I,,  I  OU  piUSit'U*®  1 - 

’  nient  le  type  de  l'orgiasme  à  la  belle  époque  des 
,l'1^  indiquons  deux  exemples  qui  appartiennent  à  l’art 
suivant:  un  vase  où  une  Bacchante  tête  renver- 
^  Ml,l>  uulonne  â  l’ivresse  de  la  danse,  ayant  fait  tomber 
de  son  chiton  qui  laisse  son  buste  nu2,  et  une 
1  i  nn,  de  ltuvo  3  où,  en  face  de  Bacchantes  en  cos- 
‘  (  j(,  pjéâtre,  une  Ménade  naturelle  danse  avec  fougue, 

servant  du  thyrse  comme  d’un  balancier  pour  assurer 


gon  équilibre-  _  ,  . 

Voici  maintenant  des  peintures  ou  leurs  fureurs  se 
tournent  contre  des  hommes  :  1°  contre  Orphée  sur 
amphore  du  Louvre4  où  la  Ménade  qui  l’assaille 
est  tatouée,  sur  un  stamnos  “  du  même  musée,  et  sur 
mi  autre  8  où  elles  sont  nombreuses  et  munies  d’armes 
diverses,  tandis  que  le  chanteur  n’a  que  sa  lyre,  enfin 
sur  des  fragments  trouvés  dans  les  fouilles  de  l’Acropole 
d’Athènes 7  ;  2°  contre  Penthée  sur  une  pyxis  et  une 
coupe8  (lig.  1769),  où  on  les  voit  élever  triomphalement 
une  jambe  et  un  bras  du  malheureux  ;  3°  contre  une 
victime  qui  n’est  pas  déterminée  sur  une  belle  coupe 
du  Cabinet  des  Médailles  à  Paris  9  ;  4°  derrière  une  scène 
représentant  Lykourgos  fou  furieux,  qui  sévit  contre 
sa  famille,  on  voit  une  Ménade  jouant  du  tympanon  0 
qui  fait  bien  ressortir  l’union  du  caractère  orgiastique 
marqué  par  les  instruments  lydiens  avec  la  frénésie 
meurtrière.  Une  série  de  reliefs  sculptés  qui  représentent 


(IN  Monades  en  délire,  avec  la  tète  cambrée  en  arrière 
011  'ie^e  eu  avant,  sont  sensiblement  postérieurs  ", 
"mnau  les  vases  de  Sosibios  12,  et  de  Salpion  (lig.  685); 
j!'us’  '*ans  ce  cas,  ils  procèdent,  comme  des  répliques, 
^""ginaux  du  vc  siècle13,  car  ils  ont  les  mêmes  carac- 
p||'! * '  sévérité  que  les  déesses  du  Parthénon  :  simpli- 
,  '  11  c°iffure,  sérieux  du  visage,  etc.  Ces  reliefs  se 
‘Planchent  beaucoup  de  la  description  donnée  par  le 

2.132  ;  cf  u-  Gef.  VI,  7  ;  Auserl.  Vas.  232  ;  Furtwangler,  Besch. 

Graeber  ;  '  ei -Wioscler,  II,  487;  Mon.  d.  Inst.  I,  pl.  xxiv:  —  2  Stackelberg, 
—  1  |  *  loW egebl.  E,  pl.  vu-vin,  I  a-,  Mon.  d.  Inst.  III,  pl.  xxxi. 

bell,  stmi  ] S  ~  "  Ibid.  IX,  30.  —  6  Gerhard,  Aus.  Vas .  136. —  TJourn. 

]'.  11:). im  n  P1-  v,i  P-  143.  — 8  Jahrb.  d.  Arch.  Instit.  VII,  1892,  pl.v  et 
leniplc  ,|e  ||| ai  Tod  des  Pcnth.)  ;  cf.  Pans.  1,20:  un  des  quatre  reliefs  du 

'•Ùouvgos.  ,|.I|?.S°S  ®  Athènes  représentait  la  mort  de  Penthée,  un  autre  celle  de 
0. 1.  pi.,.  ||A  mi;0n’  Geint.  H.  — u  Gaz.  archéol.  1879,  pl.  m-v.  —  lOMillingen, 
àti;  |),iri|v  '  '  III,  pl.  vin.  —  il  Hauser,  Die  neu-attiscli .  Jteliefs ,n°*  23 

'«h  des  Grecs.  I,  p.  541.  —  12  Froehnor,  Scul/it.,  n»  19;  Muller- 


rliéteur  Callislralo  d  une  œuvre  célèbre,  du  début  du 
iv"  siècle,  laMénadeyipiaipcicpôvoçde  Scopas 1  '.  L'attribution 
;t  Scopas  de  l’invention  de  ce  type  ne  repose  sur  aucune 
preuve.  Une  base  sculptée  du  Museo  Chiaromonli  offre 
toute  une  série  de  types  dansants  et  extatiques  de  Ménades  ; 
Scopas  parait  en  avoir  pris  un,  celui  de  la  Bacchante  (ta 
chevreau ,  que  nous  trouvons  reproduit  sur  plusieurs  mo¬ 
numents 15  (lig.  4770).  Peut  être  a-t-il  eu  le  premier  Je  mérite 
de  1  avoir  traité  en  ronde  bosse.  En  tout  cas,  il  lui  .a  prêté 
tant  de  naturel  et  de  vie  qu’il  est  resté  fameux 16  et  qu’on 
en  trouve  mainte  réplique  chez  les  artistes  romains. 

III.  Le  type  de  la  Ménade  dans  la  littérature  et  dans 
/  art  du  vc  siècle.  Les  rapports  avec  le  cycle  d’ A  phrodite. 

—  A  peu  près  vers  le  même  temps,  Euripide  avait  placé  au 
centre  d’undrame  (écriten  Macédoine)  les  Bacchantes  avec 
leur  agitation  joyeuse  et  leur  funeste  frénésie.  Mais  en 
reprenant  le  thème  delà  mort  de  Penthée  traité  avant  lui 
par  Eschyle  et  Iophon  *7,  fils  de  Sophocle,  le  drama¬ 
turge  novateur  l’a  envisagé  d’un  point  de  vue  qui  lui  est 
propre.  D’abord  Dionysos  n’est  plus  le  personnage  à 
longue  barbe  et  d’âge  presque  mûr,  impassible  et  énigma¬ 
tique  que  les  peintures  nous  représentaient.  Il  apparaît 
rayonnant  de  jeunesse  et  de  beauté,  tel  que  le  sculptera 
Praxitèle,  avec  un  charme  presque  féminin  18,  des  yeux 
enchanteurs,  une  chevelure  bouclée  et  blonde.  Impitoyable 
avec  son  ennemi  Penthée,  parce  que  le  mythe  le  veut, 
son  langage,  pendant  qu’il  dresse  le  piège,  est  d'une  légè¬ 
reté  juvénile,  comme  s’il  s’agissait  d’une  simple  mystifi¬ 
cation  19.  Les  Ménades  qui  forment  le  chœur  sont  des 
Lydiennes  qui  aiment  le  tapage  des  instruments  sonores, 
les  courses,  les  danses  bondissantes,  mais  le  poète  n’a 
pas  voulu  qu’elles  fussent  sanguinaires.  Folles  de  la 
joie  de  vivre,  elles  ignorent  la  fureur  et  ne  sont  en  rien 
associées  au  délire  ni  au  forfait  d’Agavé  et  des  Bacchantes 
thébaines.  Celles-ci,  victimes  de  leur  méconnaissance  du 
jeune  dieu,  sont  des  Bacchantes  par  force20.  Pendant  que 
les  horribles  conséquences  de  leur  démence  s'accom¬ 
plissent  hors  de  scène,  les  Lydiennes  de  l’orchestre 
chantent  en  termes  d'une  ferveur  parfois  mystique  le 
bonheur  dévolu  aux  fidèles  de  leur  dieu21.  Elles  ne  con¬ 
naissent  pas  les  satyres,  si  ce  n’est  pour  avoir  emprunté 
le  tympanon  à  Cybèle22,  et  il  n’est  pas  autrement  ques¬ 
tion  d’eux  dans  la  pièce.  Le  délire  c'est,  selon  elles,  le 
propre  des  athées  de  la  religion  bachique.  Et  quant  à  ces 
Ménades  thébaines  en  proie  à  la  frénésie,  il  y  a  bien  de 
l'étrange  dans  leurs  faits  et  gestes,  mais  un  personnage 
constate,  en  dépit  des  insinuations  de  Penthée,  qu’elles 
restent  chastes,  et  que  les  suggestions  de  leur  cerveau 
troublé  ne  les  font  tomber  ni  dans  les  égarements  de 
l’amour,  ni  dans  l’abus  du  vin  23.  C’est  un  essai  de 
réhabilitation  des  Ménades,  même  de  celles  que  le  dieu 
a  le  plus  exaltées 2i. 

Cette  conception  de  la  Ménade  apaisée,  quelquefois 
grave  et  religieuse,  se  fait  jour  dans  l'art  à  la  même 
époque.  La  Bacchante  n’y  est  pas  nécessairement  une 

Wicselcr,  11,  602,  —  13  w  iulcr,  .Yen  attisch .  licliefoù  (st.  programm  Winckelinann). 
p.  97-124,  pl.i-in;  E.  Poltier, Mommi.gr.  1890-91  ;Collignon, Sculpture,  11,  p.  241-3. 

—  O  Callistr.  Stat.  2.  —  13  Mus.  Chiaromonli,  1,  pl.  xxxvi,  xxxix;  Baunieisler, 
Dm  km.  H,  pl.  xvm,  fig.  929  ;  Stackelberg,  Grutier ,  LU,  4  ;  Sandys,  Bacchae  ofEurip. 
p. 258. —  16  Anth.  Plan.  1\ ,  60;  Anth.Pal.  111,31. — 1~  Son  drame  avait  pour  litre*: 
B><(«  T,  nivOiù;.  —  18  Eurip.  Bacch.  234-0,493;  Callistr.  Stat.  VIII,  1-2.— 19  Ibid 
928-48.  11  est  vrai  que  bientôt  il  sera  cruel,  perfide.  Le  poêle  a  montré  les  deux  faces 
du  dieu  terrible  et  doux  :  StivÔTato;,  7, m.iTUTo; .  --  20  Eut.  Bacch.  32.  —  21  Ibid. 
Gif,  73,  133,  147,  163.  -  22  Ibid.  130-1.  -  23  /hid.  I»,  221-25;  2«,  687-9,  693.  — 
24  Elles  sont  appelées  xoTviiS»;, /ôitl.  664,  c  est  à-dire  uuyustes  ou  cumul ureBcs. 


MAE 


—  1488  — 


vierge  folle.  Sérénité,  dignité  sans  raideur,  un  calme  où 
Ion  devine  une  certaine  joie,  une  grande  noblesse  des 
attitudes,  une  beauté  simple  dans  les  plis  des  vêtements, 
tels  sont  les  caractères  communs  des  Ménades  dans  les 
scènes  de  vases  peints  que  nous  allons  passer  en  revue, 
hiles  ressemblent  à  des  servantes-prêtresses  quand,  por¬ 
tant  dans  leurs  mains  des  bandelettes,  une  œnochoé, 
une  boite  d'objets  sacrés,  un  plat  de  fruits,  des  torches1, 
elles  viennent  en  faire  hommage  à  leur  dieu.  Ainsi  celles 
d  un  vase  de  la  collection  Jatta,  l’une  servant  le  dieu, 
1  autre  assise,  une  autre  debout,  appuyée  sur  la  haute 
hampe  de  son  thyrse2.  Sur  un  cratère  d'Orvieto,  Xaxuoa, 
accompagnée  d'une  Ménade  cithariste,  OnXta,  est  debout 

dans  une  belle 
attitude  de  cal¬ 
me  3.  Sur  un  au¬ 
tre  de  la  collec¬ 
tion  Czartoryski 4 
(fig.4771),  Matvâ; 
(voir  ce  nom  plus 
haut)  se  penche 
dans  un  mouve¬ 
ment  délicieux 
vers  une  biche 
dont  elle  caresse 
la  tête  avec  la 
paume  de  la 
main.  Sa  com¬ 
pagne  üoXuvixa 
est  pensive  et 
douce.  Une  autre 
Ménade  d’un 
typeexquisHient 


MAE 


a-  .s 


Fig.  4771.  —  Mëuadc  avec  biche. 


tranquillement  son  thyrse  et  un  petit  lièvre  pendant  que 
Dionysos  et  Ariane  versent  à  boire  à  un  satyrisque.  Sur 
un  vase  du  British  Muséum  un  peu  plus  ancien,  on  ne 
sait  si  la  Ménade  qui  passe  avec  son  thyrse  marche  ou 
danse0;  on  se  demande  si,  dans  une  autre  scène,  ce 
sont  des  Ménades  ou  simplement  des  Athéniennes  dans 
leur  costume  ordinaire  qui  marchent  avec  des  thyrses 
Souvent  ces  Ménades  dignes  et  presque  graves  sont 
appuyées  sur  leur  thyrse8;  quelquefois  leur  main  est 
posée  sur  la  hanche,  sans  que  ce  geste  ail  rien  de  trop 
familier  '.  Non  moins  intéressantes  que  les  Ménades 
serieuses10,  d’autres  sont  doucement  enjouées,  comme 
celle  qui,  assistant  à  des  jeux  gymniques  de  satyres, 
pose  la  main  sur  l’épaule  d'un  satyrisque  tenant  son 
cerceau".  Parmi  les  Bacchantes  graves,  on  pourrait 
placer  presque  toutes  celles  qui  assistent  à  l’arrivée  à 
A  y  sa  de  l'enfant- dieu,  comme  sur  deux  vases  de  la  col¬ 
lection  Pourtalès 12  et  de  celle  de  Saint-Pétersbourg13. 

11  est  vrai  que,  groupées  avec  les  Silènes  qui  sont  leurs 
compagnons  naturels  et  presque  inséparables,  les  Ména- 

1  Dubois- Maisonneuve,  pl.  xxvni,  xxx,  xxxvii;  Gerhard,  Ant.  Bildw.  pi. 
XVII  ;  Labordc,  pl.  i.xv;  Benndorf.  pl.  xvxvii,  vi  (lécylhe  trouvé  à  Corinthe). 

—  2  Planche  de  Hcydemann,  Satgr  und  Rakchennamen.  —  3  Wien.  Vorlegebl.  E, 

4  De  Witle,  Hùt.  Lamb.  435,  pl.  x  — 5  Gerhard,  Ans.  LVI,  2. —  6 Murray, 
Designs  front  Brit.  Mus.  pl.  ix,  35,  E,  42;  Hartwig,  Meislersch.  p.  823  E,  12. 

—  '  Murray,  Designs  front  Brit.  Mus.  pl.  xv,  59,  E,  50.  —  8  Cabinet  des  Méd. 
Paris.  Coll.  Lu  g  nés.  fond  de  cvlix,  dessin  médiocre.  — S  De  Witle,  Hùt.  Lamb.  XLflI, 
pl.  xiv,  p.  52;  Revue  arch.  XVII,  1808,  p.  351.  —  10  Dubois-Maisonneuve,  pl.  vu. 

—  U  Jour,,.  Itell.  stud.  1890,  pl.  xi.  ;  Brit.  Mus.  —  iï  Millin,  Vases,  II,  13;  Pour- 
lalès,  XXVII;  Millin,  Gai.  myth.  228,  LVII;  Mus.  FAr.  Il,  pl.  20.  —  13  c.  R. 
de  la  commiss.  archéol.  1801,  pl.  ii.  —  H  De  Wilte,  Fût.  Lamb.  pl.  xxvni. 

—  15  Harrisson,  pl.xxxvi,  i  el  u  ;  Annal,  de!  Dist.  arch.  1878,  I.—  1S  Labordc, 


des,  même  en  dehors  de  l’orgiasme  et  i- 
style,  n’ont  plus  cette  expression  calme  et  n'n  ''  Ijl'!Ui 
vis  d’eux  elles  ont  des  altitudes  variées  nui  ° *  Vis'H 
sir  partagé  à  la  défiance,  à  la  défense  et  i'0®1  ?u  Imi¬ 
table  ou  simulée.  Sur  un  même  vase  14  p-  ’! ..  vér<- 
Ménade  joue  de  la  lyre  pour  un  satyre  mli  ?U‘‘ Une 
l’extérieur  quatre  Silènes  qui  se  démènent  en'une^!  '  ' 
forcenee  entraînent  plus  ou  moins  leurs  compagl  àT 
imiter.  Ailleurs,  une  Ménade  dort  la  tête  L 
son  thyrse,  une  autre  sur  une  éminence  de^ernf  *** 
des  Silènes  s’approchent  avec  précaution  pour  les  sur * 
Prendre1*.  Sur  une  série  de  vases,  elles  se 
faiblement16,  ou  se  contentent  de  fuir".  Sur  d 
elles  résistent  armées  de  leurs  thyrses  18  De  cette?-  ">S 
tance  les  peintres  ont  fait  quelquefois 16  des  scènes  fin? 
ment  humoristiques.  Sur  d’autres  vases,  les  Ménade, 
sont  graves,  indifférentes20  parmi  des  Silènes,  peut-être 
parce  que,  dans  l'idée  du  peintre,  elles  ne  les  voient 
même  pas  ;  sur  d’autres,  la  réserve  ou  la  confiance 
président  à  leurs  rapports;  une  élégante  Ménade  apporte 
une  grappe  à  un  Silène  tranquillement  assis,  ou  c’est  le 
Silène  qui  remet  un  œuf  ou  un  fruit  à  une  Ménade21  qui, 
très  calme,  pose  sa  main  sur  son  épaule. 

Les  artistes  ne  prêteront  plus  guère  de  caractères  nou¬ 
veaux  aux  Ménades,  mais  un  progrès  restait  à  faire  et  il 
est  accompli,  probablement  à  la  tin  du  ve  siècle  ;  c’était 
de  fondre  dans  l’harmonie  d’une  même  combinaison  les 
éléments  agités  et  les  éléments  tranquilles  du  thiase,  el 
de  concilier  dans  la  représentation  des  Ménades  le  calme 
et  le  mouvement.  Cette  union  s’est  faite  de  la  façon  la 
plus  simple  el  la  plus  heureuse,  par  exemple  sur  un  vase 
trouvé  dans  un  tombeau  voisin  du  Lycabette 2i.  Un 
Silène  y  joue  de  la  lyre  pour  Dionysos.  Une  Ménade  qui 
s’apprêtait  à  puiser  du  vin  dans  l’amphore  pour  le  can- 
tliare  du  dieu,  s’arrête  et  se  retourne  pour  l'écouter. 
Une  autre  Nymphe  agile,  échevelée,  qui  se  livrait  à 
une  danse  joyeuse  fait,  elle  aussi,  un  effort  pour  se 
contenir;  une  troisième  apporte  un  plateau  de  fruits  et 
gâteaux.  La  fougue  presque  orgiaque  et  la  noblesse  des 
attitudes  sont  encore  unies  avec  le  sens  esthétique  le 
plus  sur  dans  un  lécythe  aryballisque  du  Musée  de  Ber¬ 
lin  trouvé  aussi  en  Atlique  23  (lig.  4772).  Le  milieu  du 
thiase  y  est  occupé  non  par  Dionysos,  qui  est  sur  le  cote, 
mais  par  <bavÔ7T£,  Ménade  qui,  les  mains  levées,  danse  en 
tournant  presque  sur  ses  pointes.  La  scène  entière  con-  1 
verge  vers  elle.  Une  seconde  nymphe  Naia,  qui  se  livrait  , 
au  vertige  d’une  danse  tourbillonnante,  est  tombée  enln 
les  mains  d’une  compagne.  Celle  qui  bat  du  tympan" m 
tête  baissée,  est  tout  entière  à  son  jeu.  Les  autres  p1'1 
nages,  parmi  lesquels  deux  satyres  sans  turbulent  ^ 
sans  cynisme,  regardent  l’une  et  l’autre  danseuse,  ■  - 
des  attitudes  qui  indiquent  l’agrément  du 
l’attention  à  un  spectacle  connu  et  aimé. 

,  io  _  n  ih-vilcm, 

pl.  i.xiv  ;  Wien.  Vorlegebl.  A,  pl.  n  ;  Klein,  Masters.  Hieroi  ,  -•  .  ^)  iç  {35*  j 

Grieeh.  Vnsenb.  II,  2  a  ;  cf.  Slackelberg,  Grübcr,  21,  2.—  18  ^  pl.23: 

Campana,  VI,  091  ;  Arch.  Zeit.  1878,  p.  145  (Knapp.)  ;  Monum.dell .  /  ^  Cabin®1 
Laborde  I,  35.  —  19  De  Witle,  Hùt.  Lamb.,  pl.  xxvi  ;  Cantliarc  inédi  < 1 
des  Méd.  Paris. —  20  Gerhard,  Ans.  Vas.  80,  153-4;  de  Wille,  ^  xyp  ^ 
115;  II,  109;  Wien.  Vorlegebl.  XII,  fi.  —  21  Gaz.  archéol.  18'- "  P,  .  pollicP|  | 
—  22  Furtwângler,  Coll.  Saboaroff,  pl.  i.vi-lvii.  23  Dumont  1  p0uicr  ;  1 

Cérarn.  gr.  pl.  xii-xm.  Voir  p.  372-4.  la  description  dj'nsem  ^  ^  ^0||,vnoiii  I 
FurUvânglcr,  Coll.  Sabouroff 55;  Ueschreib.  sù  Iierl.  ?  naaux-Ads- 

Cérarn.  gr.  lig.  92,  p.  245;  Duruy,  Hist.  gr-  II»  P-  (,a'' *  i>t.;„acli»  AllJl‘"in> 
18/3,  2,  p.  119;  Journ.  des  savants ,  1873,  p.  257;  el.  lolli<> 
p.  409, 


MAE 


—  i  m  — 


MA  E 


,.|1(1  qui  rappelle  celle-ci  par  ses  lignes  géné- 
|  n'  iCil  faire  à  l’iiistoire  des  Monades  vers  son  plus 
r;lllS'  ,ni  un  1res  grand  pas.  C’esl  une  peinture  de 
[/"""illles  entourent  non  plus  Dionysos,  mais  Aphro- 
V?S!  '  h.'duase  au  bout  de  deux  siècles  se  prête  ù  un  culte 
llil'  Dès  le  vf  siècle  Anacréon,  demandant  dans  une 
iT'  liionysos  de  favoriser  ses  amours,  lui  disait  qu’avec 
[0dC\vin plies,  Aphrodite  et  Éros  l’accompagnent  sur  les 
hisdes  montagnes2,  et  les  Bacchantes  lydiennes 
rKuripide,  mal  reçues  à  Thèbes,  voudraient  chercher 
i  meilleur  accueil  à  Chypre,  l’île  d’Aphrodite  et  des  Éros 
illrmeurs  des  âmes  3,  ou  retrouver  dans  la  région  pié- 
fienne  le  Désir  et  les  Charités.  Ici,  ce  vœu  s’accomplit.  Des 
.Nymphes  qui  ont  tout  l’air  d’être  dionysiaques  sont  réu- 
ni‘es  dans  une  scène  charmante,  â  Éros  debout  et  à  Aphro¬ 
dite  assise.  Les  unes  s’empressent  autour  d’elle,  aidant  à 
L  pai.ure,  les  autres  dansent  pour  lui  plaire  avec  un 
emportement  où  il  y  aune  pointe  de  mysticisme  bachique. 
Mais  les  Ménades,  qui  acceptent  de  voir  Aphrodite 


prendre  la  place;  de  l’épouse  chllionienne  de  Dionysos 
onl  dépouillé  tout  à  fait  leur  ancien  caractère  naturaliste4. 

IV.  Symbolisme  (les  noms  de  Monades.  —  Le  seul 
examendes  nomsqui, depuis  une  époque  assez  ancienne  ', 
sont  tracés  sur  les  vases  à  côté  do  nombreuses  Ménades, 
nous  fait  connaître  qu’ils  désignent  des  personnifications 
des  plaisirs,  de  la  grâce  féminine,  de  la  jeunesse,  de  la 
gaîté  bachique.  Ces  noms  évocateurs  d’idées  riantes  sont 
des  noms  de  fantaisie,  non  pas,  sauf  exception,  ceux  que 
nous  voyons  portés  dans  la  réalité  historique.  C’est  la 
Fleur,  la  Fleur-de-la-Danse,  le  Chœur -de-Danse,  la  Dorée, 
la  Paix,  le  Calme,  le  Bonheur,  le  Bien-Être  (qui  sont,  en 
grec,  des  mots  féminins),  la  Jeunesse,  la  Rose,  laCélèbre, 
Chanson-du-Comos,  Chanson-du-Bouc,  Mélodie,  Saison- 
des-Fruits,  Fleur-du-Vin,  Parfum-du-Vin,  etc.  Quelques 
noms  sont  géographiques  :  Délos,  Phanopè;  deux,  Matvâ; 
etBaxyvj,  désignentlapersonnalité  même  des  Bacchantes6; 
un  ou  deux  sont  ironiques,  comme  la  Camuse  ;  tous  : 
sont  imaginaires.  C’est  un  monde  imaginaire  aussi  que 


les  poètes  et  les  artistes  nous  représentent8,  non  pas, 
comme  on  l’a  pensé,  l’imitation  d’usages,  d’actes  habi¬ 
tuels  pris  dans  la  réalité.  Puisque  les  satyres  à  queue  de 
cheval  qui  accompagnent  les  Ménades  sont  des  êtres 
(l’imagination,  comment  n’en  seraient-elles  pas  elles- 
mêmes?  Les  artistes  grecs  sont  idéalistes. 

Ce  n’est  pas  à  dire  qu’ils  n’aient  pu  emprunter  à  des 
choses  connues  d’eux  certains  éléments.  En  Thrace,  pays 
(loàle  culte  bachique  est  originaire,  un  certain  nombre 
Je  femmes  ont  dû  s’abandonner  à  l’ivresse  et  à  des 
désordres  nerveux,  en  s’imaginant  qu’elles  évoquaient 
pur  la  la  présence  du  dieu  au  milieu  d’elles,  le  voyaient, 
ni  parlaient,  se  confondaient  en  lui 9.  C’est  le  point  de 
'Port  de  la  création  artistique  des  Ménades. 

'  I  lièbes  et  à  Delphes  surtout,  quelques  représentations 
•'■J1  ou  lûmes  thraces  ont  été  périodiquement  renouvelées. 

1  P  1(‘s  avait  servi  de  centre  à  des  populations  du  Nord 
au  culte  de  Dionysos,  avant  d’être  consacré  sur- 
lj,",  ^P°^on-  Aristophane,  dans  les  Nuées ,  parle  des 

i. mtes  du  Parnasse10  et  de  leurs  torches  qui  plaisent 
vr  j'o'Dsos,  et  on  peut  croire  qu’il  s’agit  de  personnes 
nim  J  entités  mythiques.  Dans  les  Bacchantes , 
P1"  P.uripide  en  Macédoine,  il  est  fait  allusion  à 

wlf, l’oUier’Æ/onilm-S"'.  1889-90,  n°  17-8  ;  FurtwSngler,  Coll.  Sabou- 
110.  _  4  f,om!°" ilu'  vases>  P-  7.  —  2  Anacr.  Fragm.  2  (Bergk).  —  3  Eur.  Dacch.  402- 
ncri'ncoriirc  jri-'l  *  tscr'P1'011  détail,  voir  Pottier,  Ibid.  —  i>  Cf.  note  22.  —  0  Ou 
—  '  Liste  comîilM ""l"  cc  Mm  no  veut  pas  dire  qu'il  n'ait  pu  être  employé. 

P.  Ci)  :  Aathe  À,.'  ''  C°S  nüms’  après  Heydemann  (Satyr  und  Bakchennamen , 
Cbrysi*.  pe|os  U  Chione,  Shoiros,  Clioranlhe,  Choreia,  Clioro,  Chryse, 

®«oia,  Euono  p  111  »  ijmo,  Eirenc,  Erato,  Erophyllis,  Euboia,  Eudaimonia,  Eudia, 
KlyU>,  Komodia  |1'  Galènô,  Hèbè,  Io,  Kallis,  Kalykc,  Kinyra,  Kisso, 

Emplie,  Oinantkp  '  n*’  ^a'nas’  Mnkaria,  Molpe,  Myro,  Naïa,  Nais,  Nympliaia, 
^lj0opo,  ['lù|on)e|a  !|lora’  0,'oi°s.  Orcithyia,  Paidia,  Paunyckis,  Periklymene.  • 
loibe,  |  olycrate,  Polynilta,  Itbodanlbc,  Rlioda,  Sime,  Torp- 


certaines  pratiques  de  sorcellerie,  à  certaines  immunités 
du  corps  à  l’égard  des  lois  physiques,  qui  ont  dù  être,  ou 
simulées  par  adresse,  ou  réalisées  à  la  faveur  île  certains 
états  nerveux11.  La  même  pièce  nous  montre  les  occa¬ 
sionnelles  Bacchantes  de  Thèbes  comme  charmeuses  de 
serpents  qu’elles  allaitent  ou  qui,  noués  à  leur  ceinture, 
leur  lavent  le  visage  de  leur  langue12.  11  est  certain  qu’en 
Macédoine,  comme  en  Thrace,  il  y  a  eu  de  ces  charmeuses 
qui  s’appelaient  Clodones  ou  Mimallones  et  se  croyaient 
inspirées  de  Bacchus  [dionysia].  Plutarque  nous  apprend 
que  la  mère  d’Alexandre  fréquentait  parmi  ces  femmes, 
recherchait  comme  elles  l’état  d’extase,  de  possession,  de 
catalepsie,  et  s’endormait  parfois  enlacée  dans  les  nœuds 
d’un  grand  serpent,  ce  qui  n’était  pas  pour  plaire  au  roi 
Philippe13.  Le  biographe  blâme  visiblement  ces  excès 
de  zèle  imités  des  Edoniennes  et  des  montagnardes  de 
l’Hœmos  ;  il  ne  semble  pas  qu’ils  soient  descendus,  à  l'état 
d’habitudes  fixes  et  périodiques, dans  la  Grèce  elle-même1 1. 
C’est  à  peine  si  avant  une  époque  tardive  les  poètes 
nous  en  parlent  en  passant  ;  aucun  prosateur  n’en  dit  mot. 
A  Athènes,  sans  parler  d’une  loi  spéciale  de  Solon  1  les 
mœurs  auraient  interdit  aux  femmes  de  prendre  part, 
autrement  qu’en  cachette,  à  de  telles  manifestations.  Les 

sikome,  Telhys,  Thaleia,  Themisto,  Thevo,  T!iyone,  Tragodia,  t  raîna,  Vesuna  (étr.), 
Xantho.  —  8  Seignobos,  Hist.  de  la  Grèce  (Suppl,  des  professeurs ),  |>.  10; 
I..  Ménard,  Hist.  des  Gr.p.  318;  mais  cf.  Panofka,  Dionysos  und  die  Thyiaden 
(Abhandl.  d.  Akad.  su  Berlin,  1832);  Bhein.  Mus.  1872  (27),  Rapp.  —  9  Diod. 
Sic.  (d’après  Dionysos  Skytobrachion),  IV,  3,  2;  Ibid.  3  :  (iiôv  vofûÇüv  xu-.ï 

, y.,  gçovov  tovtov  itotiïirtlat  v*;  -açài  toïî  àvOçmirotï  fictfstvt'aç...  Tr V  „aoo'j«(a v  ûgvzTv 
toj  Aiovûffou...  Il  s  agit  des  Thyades  d  assez  basse  époque,  mais  celles-ci  croyaient 
continuer  une  très  ancienne  tradition.  —  10  Aristopli.  Attb.  603-6.  —  n  Eur.  Bacch. 
699-761  ;  753-62.  —  12  Ibid.  766.  —  >3  Plut.  Vit.  Alexandr.  2,  5.  —  14  l’hiloslr. 
Vif.  Apoll.  VI,  11.  —  ,:i  Uni  limitait  les  conditions  dans  lesquelles  les  femmes  pou- 
, aient  sortir  la  nuit.  Plut.  1  if  Solon.  21  ;  De  Genio  Socral.  32. 


MAE 


—  1490  — 


cérémonies  du  culte  dionysiaque  ont  abouti  au  théâtre  tra¬ 
gique, comique  et  satyrique. Quant  aux  fêtes  delà  ville  et 
de  la  campagne  restées  en  usage  à  côté  de  ces  fêtes  drama¬ 
tiques  et  admises  par  la  Cité,  elles  comportaient,  à  coup 
mu  ,  une  liberté  d  allure  allant  parfois  jusqu'àdes  écarts  li¬ 
cencieux,  mais,  bien  loin  qu’on  yvoiedes  Ménades  réelles 
autorisées  à  s'exalter  jusqu  a  la  folie,  les  Anthestéries  par 
exemple  comportaient  la  présence  de  quatorze  yEpapai*, 
dames  patronnesses  choisies  parmi  les  femmes  des  magis¬ 
trats  en  charge;  à  côté  de  ces  respectables  personnes,  il 
ue  pouvait  y  avoir  place  pour  des  Ménades  analogues  à 
telles  du  théâtre  et  des  vases  peints.  Les  extravagances  du 
thiase  féminin,  ses  allées  et  venues  avec  le  thyrse,  doivent 
etre  reculées,  loin  des  temps  et  des  pays  vraiment  grecs, 
dans  1  époque  des  désordres  qui  ont  sans  doute  accom¬ 
pagné  l'invention  du  vin  dans  les  régions  du  Nord. 

A  .  Les  Thyades.  —  Les  Ménades  du  ivc  siècle.  —  Des 
conclusions  différentes  ont  paru  devoir  être  tirées  d’une 
série  de  peintures  de  vases2  où  le  chœur  des  Ménades 
entoure  non  pas  Dionysos  marchant  et  vivant  parmi  elles, 
mais  une  idole  du  dieu,  hermès3  ou  xoanon  planté  en 
terre,  surmonté  d  un  masque  humain  couronné  de  lierre, 
pourvu  d  attributs  bachiques  et  de  somptueuses  étoffes. 
Le  vase  dlliéron 4  (  fïg.  4768  et  tome  I,  fig.  706)  est  une  scène 
de  cette  sorte  qu’on  pourraitètre  tentéde  prendre  pour  une 
scène  de  la  vie  réelle.  Le  dieu  y  étant  représenté  comme 
une  œuvre  de  l’art  humain,  on  a  voulu  que  les  Ménades 
qui  le  servent  fussent  de  simples  mortelles  portraiturées, 
non  seulement  dans  leur  costume,  mais  dans  leurs  habi¬ 
tudes  religieuses.  On  pourrait,  si  le  réalisme  entrait  dans 
les  habitudes  des  peintres  de  vases,  expliquer  plutôt  de 
la  sorte  la  scène  représentée  sur  un  stamnos s  du  Louvre 
où  sept  femmes  de  beau  style,  sans  attributs  particuliers, 
sans  se  livrer  à  la  danse,  vont  et  viennent  et  accomplis¬ 
sent  des  rites  avec  un  cratère  et  d’autres  vases  auprès 
d'une  idole  en  bois  de  Dionysos  Dendritès.  Mais  la  pein¬ 
ture  qui  sert  d’argument  principal  à  la  thèse  (tome  I, 
fig-  "07, )  présente  plusieurs  Ménades  folles  de  danse 
orgiaque  et  porte  les  noms  de  ces  danseuses  et  des  autres 
femmes  empressées  autour  de  la  table  où  est  l'idole.  Or 
ces  noms  sont  symboliques  et  mythologiques  :  Thyonè, 
Clioreia,  Thaleia  et  Mainas6  Donc,  si  le  xoanon  du  dieu, 
les  cratères,  les  canthares,  les  cuillers 7  servant  aux  liba¬ 
tions  sont  sans  doute  des  objets  réels,  toutes  les  Ménades 
de  l'art  sont  idéales.  Si  celles-ci  reproduisaient  quelque 
chose,  elles  reproduiraient  une  imitation  même  de  l’art, 
car  il  est  permis  de  croire  que  des  femmes  ont  parfois 
simulé,  autour  des  hermès  du  dieu,  les  ébats  qu’elles 
voyaient  figurés  en  l'honneur  du  dieu  même  dans  les 
chœurs  du  théâtre  ou  les  représentations  peintes. 

Il  y  a  eu,  en  effet,  des  Thyades  réelles  (c’est  le  nom 
choisi  pour  celles-ci  parmi  la  riche  synonymie  énumérée 
plus  haut)  et  des  chœurs  féminins  de  danse  bachique, 

1  Demosth.  1369-72;  Hesych.  s.  v.  —  2Panofka,  Op.  I..  pl.  î-m.  —  3  De  Witle,  üftî/. 
Lamb.,  pl.  xiv  et  xv.  —  4  A  figures  rouges.  L’absence  de  ce  motif  dans  les  figures 
noires  indique  qu’il  n’est  pas  primitif.  En  tout  cas  la  représentation  des  Ménades 
réalistes  n  aurait  pas  précédé,  mais  suivi  celle  du  tliiasc  idéal. —  5  Monum. 
dell.  Inst.  VI- VII,  65.  —  6  Stamnos  de  Nocera.  Scène  partiellement  reproduite 
dans  la  figure  indiquée  ;  Mus.  Borb.  XII,  21-23  ;  Ne&pels  Ant.  Bildw.  364  ;  Inghirarni, 

\  dsi  fUt il.  IV,  307-  308  ;  Muller-Wieseler,  Denkm&l.  II,  583  ;  cf.  Abhandl.  derAIcad. 
zn  Berlin ,  1852  (Panofka),  p.  348  sqq.;  Rapp,  Bhein.  Mus.  1872  (27),  p.  585  sqq.  ; 
id.  ftoscher,  Lexik.  art.  mainaden.  —  7  Demosth.  Mid.  p.  23.  Oracles  anciens  ou 
crus  anciens  :  KjaTîjÇia;  xtçâ/rai  xal  yoçoùç  îoràvai...  xat  '  àyvtàç  xoat  taràvat.  Il  n’est 
pas  question  de  Bacchantes  d’aucune  sorte  mêlées  à  ces  cérémonies  des  cratères. 

—  8  De  même  Loeschke  a  prouvé  [Ath.  Mitth.  XIX  [1894J,  510-25),  que  ce  sont  les 
satyres  mythiques  qui  ont  servi  de  modèles  aux  imitations  réelles  de  scènes  saty- 


MA  K 

périodiquement  institués  tous 


Triéléries.  Mai,- 


Diodore,  dit  :  «  qu’en  fêtant  par  des 
Dionysos,  elles  imitent 


is  les  textes  qui  nous  en  SOnl  les 

tours  très  postérieurs  à  la  constitution  a  r  S°"1 

du  lh,“e’  et  ce  «ont  là  des  imitations  H  qUe’ idéalç 
meme.  C  estime  action  en  retour  des  créa  L  ,Ce  ll,i^ 
les  mœurs  et  la  vie  populaire  «  Un  des  s  de ‘artU 
qui  décrit  ces  habitudes  biennales  des  îenT^*  lardifs 

, 

traditions  représentent  comme  les  comn-,  '  ‘!nciennes 
Il  «joute  que  c’est  eu  l’honneur  des  victoires  dut.? 
l  lnde  que  ces  usages  furent  institués  ••  o™  ° 
dition  bachique  ne  fut  imaginée  qu’après  eu’A I.  ’ll 
eu,  rendu  la  sienne  célèbre  par  ses  evagéraïon  p“  ' 
mas,  qu,  écrit  deux  siècles  plus  lard,  nous  apprend,!  T 
femmes  d’Allique  partaient  tous  lesdeuxanl ira  „ ,  ’  ' H 
pour  rejoindre  celles  de  Delphes  el  célébrer  avec  *1 
fele  hivernale  de  Dionysos  en  dansant  sur  les  pente  U 
notamment  près  d’une  certaine  grotte"  appelée  Cor, 
cia.  hiles  dansaient  aussi  aux  étapes  de  leur  route  et 
notamment  à  Panopéon  en  Phocide,  sans  doute  parce 
qu  Homere  avait  appelé  cette  ville  KaXAtXoPoÇ. 

Nous  apprenons  que  les  jeunes  filles  avaient  le  droit 
de  se  mêler  à  ces  solennités,  que  les  honnêtes  femmes 
Pouvaient  y  garder  la  réserve  qui  leur  convient12.  Plu- 
t  ai  que  certifie  ces  faits,  mais  il  est  postérieur  à  Diodore.  I 
Nous  savons  par  lui  que  des  Thyades  furent  prisés  par 
une  tempête  de  neige  dans  la  montagne  et  qu’il  fallut 
aller  de  Delphes  à  leur  secours.  Il  nous  apprend  encore 
que,  pendant  la  guerre  sacrée,  ayant  couru  de-ci  de-là 
toute  lanuit,  elles  s  égarèrent  au  matin  dans  une  ville  qui 
était  au  pouvoir  des  gens  du  parti  adverse,  et  n’y  furent, 
d  ailleurs,  l’objet  d’aucune  hostilité  13.  Mais  cet  épisode 
se  place  au  ive  siècle,  c’est-à-dire  à  une  date  où  poètes 
et  artistes  avaient  achevé  de  constituer  le  type  tradi-  ! 
lionnel  du  thiase  et  de  la  Monade.  Les  Thyades  réelles  ont 
plus  ou  moins  mis  en  œuvre  et  en  action  leurs  données,  I 
elles  ne  les  leur  ont  pas  fournies. 

Sauf  l’innovation  del’idole  substituée  au  dieu  vivant,  qui 
a  peu  duré,  le  thiase  du  ive  siècle  répète  et  continue  sur  les 
vases  celui  du  ve  avec  des  plans  étagés,  des  dispositions  de 
plus  en  plus  théâtrales,  des  Ménades  plus  coquettes,  plus 
ornées,  des  accessoires  plus  nombreux,  plus  variés,  plus 
jolis.  Les  tambourins  sonL  historiés  de  dessins  ;  les  thyrses 
se  compliquent,  se  recourbent,  se  chargent  d’ornements 
fleuris  u  ;  les  cratères  représentés  ont  eux-mêmes  des 
peintures  bachiques  ;  les  Ménades  tranquilles  sont  souven 
maniérées  (quoique  la  beauté  du  style  persiste  aussi  .), 
celles  qui  dansent  parfois  extravagantes.  On  en  voit  qui 
portent  avec  des  habiletés  d’équilibristes  16  les  objets  u| 
culte.  Le  goût  conserve  de  l’élégance,  mais  tend  u  se 
rétrécir  en  donnant  à  Dionysos  des  compagnes  hop  lS 
tinguées  ou  trop  bizarres  11 .  D’autre  part  la  plasliqut-. 

riques.  La  légende  inspire  la  réalité;  cf.  Collier,  Le  Sut.  binent,  ^  y) 
hall.  1895,  p.  225.  -9  Diod.  Sic.  IV,  3,  1-3.  -  w  Pans.  X,  4.  ^  ^ 
Ibid.  32.  Slrab.  IX.  417;  XIV,  670;  Sopli.  Antig.  1125;  Aescli.  u<» ^  ^ 

cf.  Herod.  VIII,  36.  Celte  groltc  esl  nommée  par  des  poètes^  ^  ^ 
par  tous  ceux  qui  veulent  préciser  le  théâtre  du  culte  orgiaque.  ^ 

p.  609  B;  Diod.  Sic.  IV,  pl.  19  et  20,  3,  2.  -  O  Plut.  De  prim.  l”9'  ^*1 

mulier.  13.  —  H  Mon.  dell.  Inst.  VI- VII,  pi.  v.  Vase  cuneuv  a  a  _  Jj 

yrse  de  narlliex,  accc  ■ 

béé  traie  delc»»»"H 


simplicité  de  la  Ménade  qui  emplit  le  cratère,  thyr 

suspendus  dans  le  champ,  type  du  Silène  velu,  apparence  lh‘  -  •  .  caPaclèrP« 
— 16  Millin,  Vas.  12.  -  16  Ibid.  I,  57.  -  1?  Les  uns  et  les  autres ^  -  g(|ivanls: 
se  trouveront  souvent  réunis  sur  les  vases  ci  lés  et,  entre  aulx  •  ^  ^  y|  .  |$(3f 

Millin,  Vas.  I,  30,  67;  C.  B.  arch.  Pétersb.  1861,  pl.  iv,*  p 

pl.  v,  VI. 


MAE 


149 


MAE 


.  .  je  emportée  de  Scopas,  s’attache  ;ï  un  type 

.»  do  Ici  *’i<  ‘  . 


[par  les  pampr 


1773.  —  Ménade 
du  iv°  siècle. 


rcôlédc'a  bachique  que  les  vases  nous  ont  déjà 

n0UV('a"  !  ri'voii  :  la  Bacchante  pensive,  fatiguée  peut- 
hiissé  ap'-1’1  'ioSSession  du  dieu,  mélancolique  et  s’aban- 
W  (l(‘  ;'^nrêve.  Par  exemple  une  jeune  fille  sérieuse, 
donna"'  Sentimentale, :  modelée  à  Tanagra1  (fig.  4773), 
1111  rphchéedu  thiase  de  Dionysos,  si  l’on  en  juge 
^i'innmres  mêlés  à  sa  coiffure.  Une  autre,  de  la 
même  fabrique  2,  vient  de  s’aban¬ 
donner  sur  un  rocher,  tenant  en¬ 
core  le  tympanon  dont  elle  accom¬ 
pagnait  sa  danse.  Ses  paupières 
sont  encore  ouvertes,  mais  ses 
bras  tombent  de  fatigue  et  sa 
nuque  s’incline.  C’est  le  type  des 
Bacchantes  alanguies.  Autre  chan¬ 
gement  :  la  légende  qu’Alexandre 
s’est  créée  en  parcourant  le  pays 
de  l’Indus  suggère  l’idée  de  cos¬ 
tumer  le  thiase  d’une  nouvelle 
façon.  A  propos  d’un  nom  de  ville 
qui  ressemble  à  Nysa  dans  une 
région  où  on  rencontre  des  vignes 


abondantes,  on  imagine  la  con¬ 
quête  de  l’Inde  par  Dionysos3. 
Alexandre  en  prit  le  rôle  en  tra- 
[versanl  la  Carmanie.  Il  y  triomphait  et  festoyait  sur  un 
char  magnifique,  large  comme  un  théâtre.  Des  tonneaux 
devin  étaient  préparés  le  long  des  routes  pour  les  soldats, 
et  des  femmes  déguisées  en  Bacchantes  dansaient  en 
poussant  des  clameurs  au  bruit  des  flûtes  et  des  cymbales. 

Ici  encore  laréalité  sug¬ 
gestionnée  par  l’art  l’a 
inspiré  à  son  tour. 
Ainsi,  sur  un  vase  de  la 
tin  du  siècle,  la  Ménade 
qui  danse  au  milieu  des 
satyres  est  vêtue  non 
d’un  péplos,  mais  d’un 
costume  asiatique  très 
orné4. 

Vers  cette  date,  le 
type  de  la  Ménade  est 
passé  des  mains  des 
peintres  de  vases,  qui 
ne  feront  pendant  un 
siècle  que  des  répliques 
affadies  du  thiase,  aux 
CO' opiast  Ps  aux  scujp(-eurg  quj  s’empareront  eux  aussi 
^  niiiids  connus,  mais  les  interpréterontàleur  manière. 
d  ir'fIue^de  Mvrina  nous  offre  une  Bacchante  assise, 


moins  poétique  que  celle  de  Tanagra,  et  qui  probablement 
était  destinée  à  tenir  unmiroir5à  la  main(fig.  4774).  Les 
premiers  reliefs  que  nous  envisagerons,  ceux  qui  ornent 
le  mur  de  la  scène  du  théâtrede  Dionysos  à  Athènes,  sem- 
blent reproduire  un  prototype  de  l’époque  de  Praxitèle.  Ce 
sont  des  Ménades  sans  attributs,  reconnaissables  àl’allure 
traditionnelle  6  et  qui,  par  la  souplesse,  la  simplicité, 
l’heureuse  adaptation  des  draperies  qui  les  voilent,  rap¬ 
pellent  exactement  le  faire  des  maîtres  de  cette  époque. 

VI.  La  Bacchante  hellénistique  et  romaine.  Dissolu¬ 
tion  du  thiase.  —  C’est  le  dernier  progrès  que  fait  le 
type  de  la  Ménade  antique.  Pendant  la  période  hellénis¬ 
tique,  pendant  la  période  romaine  (qui  ne  produisent  pas 
des  œuvres  d’un  caractère  sensiblement  différent,  mais 
évoluent  parallèlement),  aucun  renouvellement  véritable 
de  ce  type  ne  se  produira.  D’ailleurs  les  morceaux  spiri¬ 
tuels,  élégants,  savoureux,  abonderont  dans  les  répliques 
et  répétitions  d’originaux  antérieurs,  datant  du  iv, 
peut-être  du  Ve  siècle7.  Mais,  dans  les  meilleures  compo¬ 
sitions,  l’élégance  et  la  solidité  de  la  forme  sont  compro¬ 
mises  par  la  pauvreté  du  sens  intérieur  qu’elles  enve¬ 
loppent.  Les  artistes,  comme  les  poètes,  dessinent  encore 
des  figures  agréables  ou  curieuses  de  Bacchantes,  mais 
n’y  traduisent  pas  une  conception  personnelle  ou  qui  soit 
spéciale  à  leur  temps  8.  Si  elles  expriment  parfois  quel¬ 
que  chose,  c’est  la  furie  du  plaisir,  non  plus  la  frénésie 
religieuse.  En  même  temps  la  simplicité  et  la  franchise 
des  attitudes,  des  gestes,  des  plis  disparaissent  pour 
toujours  et  font  place  à  des  contours  plus  cherchés  et 
plus  arrondis.  Presque  tous  les  types  anciens  sont  repro¬ 
duits.  Le  plus  souvent  la  Bacchante  passe  en  dansant 
avec  les  apparences  de  l’enthousiasme  orgiaque.  Quel¬ 
quefois  elle  y  joint,  comme  dans  le  vase  dit  de  Sosibios9, 
des  marques  d’omophagie.  Deux  très  beaux  bas-reliefs, 
l’un  du  Louvre,  l’autre  du  British  Muséum,  en  sont  des 
exemples  très  caractéristiques.  Dans  le  premier10  la  Bac¬ 
chante,  cheveux  au  vent,  renverse  la  tète,  dans  le  second 
elle  la  baisse11  ;  dans  l’un  et  l’autre  elle  tient  le  couteau 
levé.  Quelquefois  elle  balance  ses  bras  au-dessus  de  sa 
tête  12.  Tantôt  la  draperie  abonde  en  plis  ingénieusement 
fastueux13;  tantôt  le  vêtement  tombe  et  laisse  à  nu  une 
grande  partie  du  corps,  comme  dans  le  cratère  Corsini  u. 
Quelquefois  le  vêtement,  en  couvrant  les  formes,  les 
laisse  transparaître  1S.  Rarement  la  Ménade  est  absorbée 
en  elle-même,  sérieuse  et  pensive  16.  Ces  caractères  et 
quelques  autres  que  nous  signalerons  sont  réunis  ou 
diversement  répartis,  notamment  dans  une  série  de  cinq 
vases  de  marbre  autour  desquels  court  une  Bacchanale  : 
le  cratère  Corsini,  le  cratère  Gargiulo  17  (fig.  4775),  le  vase 
de  Salpion  au  Musée  de  Naples 18  (fig.  681),  l’amphore  de 
Sosibios  et  le  cratère  Borghèse  au  Louvre19.  Plusieurs  de 


l’Ollier  Les  7  '  ^urine*  antiques  du  Musée  du  Louvre,  pl.  xxiu,  I 
Coll .  kbonrlfflZtteL dC  ^  Cuite'  P'  84-  fiS-  29‘  -  2  FumvSngle: 

h  peuple  de  h'  .  ~  3  Strab-  (d'après  Megasthenes),  p.  087-8;  7li 

lèges  luxueux  /  '  Uiï'0''  abondanle  aussi  en  lierre  avait  l’habitude  de  coi 
sic.  11,38  p.  nj1  0"  tambours,  rappelant  les  pompes  bachiques;  flioi 

-,  1.  Ou  jinil„j  ’  4 :  Nmmos,  Dion.  XIV,  394;  Lucian.  Dial.  mort.  1 

leurs thrrseg  'l'"'  9°Ur  cclle  expédition  les  Ménades  avaient  inséré  dai 
116 le*  montrent  J  °"llos  de  fer.  Les  bas-reliefs  ayant  pour  sujet  Bacchus  indit 
Plmine  [Anlh  '  /1  00m|,atlanb  niais  faisant  retentir  leurs  instruments.  Une  ép 
~~  1  Dumont-C|  ”1  '  attribue  aux  Bacchantes  le  thyrse  loy/Ato;,  arm 

allongement  de  |J  *  °^'er’  Céramiques,  pl.  xvn,  p.  375.  —  s  Ce  qui  expliqi 
pl.  SX|v  ])n  l"'""  l’’nP  amincie:  Potlicr-Reinach,  Nécropole  de  Myrin 
P  ;  ef.  Slnrî.r.1,  nre  h.  1808,  pl.  11;  Annal,  de  II.  Instit.  I8IÎÎ,  pl. 

1807, p.  80.  Il  e’  "'T>  P1-  *xiv,  4  et  Wolckcr,  A.  D.  pl.  111,  8.  —  1  Arc 
111  ",  Die  neu-attischc  Reliefs',  Zoega,  Bassiril.  pl.  i.xxxu 


Gerhard,  Ant.  Bildw.  108,  1.  —  8  Arch.  Zeit.  22,  pl.  clxxxv,  p.  138;  Mus.  Pio 
Clem.  IV,  47;  V,  7.  —  9  Clarac,  Musées,  pl.  cxxvi  et  exxx,  p.  117-8;  Müller- 
Wieseler,  Denkm.  11,  pl.  xt.vm,  002;  Froehner,  Sculpture  antique,  p.  50.  10  Cla¬ 

rac,  Musées,  pl.  et  n»  135;  Froehner,  Sculpture  antique,  p.  289;  Calai.  533. 
—  H  Brit.  Mus.  Marbles,  X,  35  (140  A),  ancien  panneau  d'une  base  de  candélabre. 

_ 12  Monuin.  dell.  Inst.  IX,  45.  —  13  Clarac,  135,  pl.  cxxxv;  Catal.  sommaire 

des  marbres  du  Louvre,  57  (Coll.  Campana);  Froehner,  Sculpture,  p.  65,  111  (pilastre 
de  Salonique).  —  U  Welcker,  A.  D.  II,  pl.  111,  vui;  Arch.  Zcit.  1867,  pl.  ccxxv. 
Muller-Wieselcr,  II,  390;  Mus.  Borb.  VII,  24;  Clarac,  Musées,  134;  Michaclis. 
Ane.  Marbles,  p.  220,  11.  — ,si  Brit.  Mus.  Ane.  Marbles,  X,  35;  Zoega, 
Bass.  Bil.  84.  —  16  Ibid,  i,  84;  Millin,  Galerie  myth.  68,  260.  —  17  Mus.  Borb. 
VII,  9;  Muller-Wieselcr,  Denkm.  II,  549,  pl.  xt.iv.  —  is  Mus.  Borb.  I, 
49;  Muller-Wieselcr,  Ibid.  Il,  390,  pl.  xxxvi.  —  19  Clarac,  Musées,  pl.  exxx, 
«xxi, n“  142-3;  Froehner,  Sculpture,  p.  248;  Muller-Wieseler,  II,  pl.  xi.vm, 
n“  001  ;  cf.  Combe  Marlil.  of.  Brits.  Mus.  I,  pl.  vu. 


MAE 


U  92  — 


ces  vases,  et  surtout  le  dernier,  résument  ces  types  de 
Ménades  avec  un  remarquable  caractère  de  faste  et  de 
magnificence.  C  est  sous  cet  aspect  luxueux  qu'à  partir 
du  i"r  siècle  le  thiase  bachique  s’offre  à  l’imagination  des 
tou  les  qui  n  en  aime  que  la  pompe  et  n’en  comprend  plus 
1  origine  lointaine.  Pour  satisfaire  les  peuples,  les  sou¬ 
verains  en  font  un 
carnaval  grandiose. 

Athénée  nous  a 
conservé  la  descrip¬ 
tion  du  prodigieux 
cortège  bachique 
que  Ptolémée  Phi- 
lomètor  organisa  à 
Alexandrie  1 .  Au 
milieu  de  cette 
féerie  ambulante  ii 
signale  des  Macé¬ 
doniennes,  des  Ly¬ 
diennes,  qui  sont 
les  Mimallones  ou  les  Bassarides  de  Dionysos.  Dans 
leurs  mains  étaient  de  larges  poignards  ou  des  serpents; 
dans  leurs  cheveux  des  serpents  encore  ou  des  pampres, 
du  lierre  et  du  smilax.  Derrière  elles  une  Nysa  géante  et 
automatique  se  levait  pour  verser  d’une  coupe  du  lait  au 
jeune  dieu.  Un  autre  groupe  du  cortège  était  formé  de 
cinq  cents  jeunes  femmes  vêtues  de  pourpre  et  couron¬ 
nées  de  pin,  entourant  Bacehus  indien  monté  sur  un 
éléphant.  Quant  aux  poètes  alexandrins  qui  résument 
Euripide,  comme  Théocrite,aux  Égyptiens  qui  le  délayent, 
comme  Soterichos  d  Oasis  et  Nonnos  ■,  les  étrangetés 
des  Ménades,  les  amusent  ;  ils  exagèrent  curieusement 
ces  singularités  ;  ils  ont  perdu  le  sens  originaire  du 
thiase. 

Aussi  bien  le  thiase  entre  les  mains  des  artistes  se 
dénoué  et  tend  à  se  dissoudre  définitivement.  Souvent  ils 
prodiguent  les  Bacchantes  isolées,  comme  un  motif  de 
relief  divertissant,  universellement  connu  et  bienvenu 
pour  remplir  un  espace  quelconque  sur  un  piédestal,  une 
zone  d’un  candélabre 3  ou  d'une  colonne  (les  statuettes, 
sauf  de  petits  bronzes,  sont  rares).  Sous  cet  aspect  beau¬ 
coup  plusdécoratifque  dionysiaque,  laMénade  est  devenue 
un  simple  motif  ornemental.  Ce  ne  sont  plus  que  des 
danseuses  quelconques,  ces  belles  personnes  qui  s’exhi¬ 
bent  sur  tant  d'œuvres  d’art  avec  un  thyrse  ou  un 
tympanon,  ou  une  panthère  familière  qui  les  suit.  Les 
écrivains  les  considèrent  ainsi.  Pour  un  poète  de  YAntho- 
logie,  une  Ménade  concentrée  en  elle-même  et  pensive  est 
ridicule;  elle  semble  dire  :  «  Sortez;  je  battrai  les 
cymbales  quand  on  ne  me  regardera  plus4.  »  Lucien 
appelle  «  Bacchante  »,  c’est-à-dire  «  danseuse  »,  un 
ami  qui  a  trop  de  goût  pour  cet  art 5,  et  Plutarque  nous 
apprend  qu'une  des  poses  par  lesquelles  les  danseurs 
terminaient  souvent  leurs  mouvements  était  la  «  pose  de 
la  Bacchante6  ».  Le  thyrse,  qui  prend  parfois  des  dimen¬ 
sions  considérables,  est  devenu  une  longue  hampe  à 

1  Allicn.  p.  198,  c.  —  2  Theocr.  Id.  26  ;  Duentzer,  Fragm.  der  ep.  Poesie -, 
.Non».  Dionysiac.  surtout  1.  XIII-XL.  —  3  Frœliner,  Notice  de  la  sculpt.  n°  297. 
p.  291  ;  Bouillon,  Candélabres ,  pl.  2;  Mus-Pio-Clem.  VII,  38;  Clarac,  Musée,  pl. 
cl  1 1°  137-8.  —  lAnth.  Plan.  IV,  59,  —  SLucian.  Saltat.  I .  —  6 Plut.  SymposAX,  13. 

7  Wclcker.  Ant.  Denkm.  II,  pl.  m,  vm  (cratère  Corsini.  Voir  fîg.  2482)  ;  Arch. 
Zeit.  I86<,  pl.  ccxx\,  figure  sur  une  coupe  d’argonl  de  Vicarello  réunissant  la 
cambrure  extatique,  le  découvrement  de  la  poitrine  par  le  cliilon,  la  nébride,  le  jeu 
du  voile.  *  Pitt.  d  Ercolano ,  I.  p.  135.  —  Bibliographie.  Schone,  De  personarum 


MAE 


moulures  tournées 


o n ru ban née  m 

pomme  de  pin  réelle  ou  simulée.  Les  n  n"" 
rares  que  les  cymbales  et  le  tympanon  S°nl  M 
se  présentent  plus  souvent,  mais  il  arrive  m  !,8?6"18  n« 
soit  groupée  avec  quelque  fauve  ou  montée !  Bacch»ate 

Un  curieux  et  hardi  motif  est  celui 

P°mpéi*  (fxgU?77m. 
0,1  une  Bacchante 

11Ue  ,flui  a  sauté 
"ur  le  dos  d’un 
Centaure le  dompte 
et  1  aiguillonne  de 
la  hamP<‘  de  son 
lhypse-  Le  plus! 
souvent  la  [Ul 

chante,  sans  au  tri 
attribut,  dansesinoJ 
plement  en  jouant 
avec  un  voile,  et] 

,  .  ces  représentations! 

montrent  achevée  1  évolution  qui,  des  ardentes  et  rudes! 
Nymphes  de  la  fructification,  a  fait  d’élégantes  danseuses. 


—  Bacchanale. 


Fig.  4-776.  —  Bacchante  de  Pompéi. 

Depuis  le  moment  où  les  Nymphes  des  bois  devinrent 
les  fidèles  de  Dionysos,  leur  personnalité  a  simplement 
reflété,  dans  ses  traits  changeants,  celle  du  dieu  qui  iesil 
eues  à  son  service.  Pendant  que  Dionysos  gardait  une 
gravité  farouche,  elles  étaient  rudes,  étranges  comme  luij 
Quand  il  a  pris  le  caractère  oriental  et  extatique,  ellesl 
ont  été  délirantes.  Dès  qu’il  apparaît  jeune  et  radieux, 

elles  deviennent  gracieuses  et  innocentes  (ce  n  est  qui  l,  sl 

fausses  Ménades  qu’Euripide  fait  s’attarder  danslonio  I 
phagie).  Se  représente-t-on  Dionysos  comme  conqm  mn  I 
de  l’Asie,  elles  se  font  guerrières,  prennent  le  ,-"*llII”e| 
oriental,  ajoutent  à  leurs  thyrses  des  pointes  d<  11  I 
Quand  il  les  prête  à  Aphrodite,  les  Ménades  appi 11111 

in  Euripid.  Dacchab.  habitu  scenico,  Lips.  1831;  ^ajin’  .  /{hein- 

Maenaden,  K  ici,  1841 


.  habitu  scenico ,  JLips.  iopi  •  *'““**’  /{hein ■ 

;  Panofka,  Dionysos  und  die  Thyiaden,\n  11  |U; 


Hll 


Muséum,  27,  1872  (Rapp)  ;  Ileydemann,  Die  Verrhüllle  jgg5jj 

Bakchennamen  ;  Dionysos’  Geburt  und  Kindheit ,  Halle  1  j|  p.  840-51  m 
Weeklcin,  Einlcitung  su  Euripid.  Ba/cch.  ;  Baumeister,  Dcnkmü  >  '•  pionysoti 
Sandys,  The  Bacchae  o[  Euripid.  Cambridge  1880;  Bolley,  t.  II,  art- 

Proc,  of  Americ.  Philos.  Society,  1893;  Roscher,  Lexikon  der  i  ./ ^  |^0I1(i.  1898 
dionysos  et  mainaden  (Rapp)  ;  Huddilston,  Tragedy  inlight  ofvasc  / 


MAE 


—  1193  — 


MAE 


et  ia  délicatesse.  Enfin,  lorsque  Bacchus  ne 
m'nifie  plus  que  les  festins,  les  jeux  et  les  ris,  elles- 
P"'1  |(, viennent  rieuses  et  folâtres,  étalent  leur  beauté, 

j  F  mCulj  e]ies  go  détachent  du  dieu  qu  leur  communi- 
■lii  son  originalité,  elles  n’offrent  plus  que  le  type 
banal  ile  la  buveuse  coiffée  de  grappes,  dont  les  artistes 
!  ojerneg  ont  usé  juqu’à  l’abus.  Adrien  Legrand. 

MAEINI A.IVUM  ( ripo6oÀ7] ,  Yeto-i7cdot«T(xa 1 ,  éçojctYjÇ,  êçt u<rrpas), 

balcon  tribune, loggia. — Une  tradition  constante  attribue 
l’invention  des  balcons  au  Romain  Maenius  ;  mais  elle  ne 
eut  s’appliquer  qu’à  Rome.  Il  n’est  pas  douteux  qu’en 
Grèce  et  dans  l’Orient  hellénique3  ce  genre  de  construc¬ 
tion  a  une  origine  beaucoup  plus  ancienne.  Assurément 
la  maison  antique  en  général  était  assez  basse  et  prenait 
jour  principalement  sur  la  cour  intérieure.  Cependant, 
sans  parler  des  balcons  qui  pouvaient  surplomber, 
en  dedans  de  l’habitation,  au-dessus  de  l’atrium4,  on 
dut  être  amené  de  bonne  heure  à  en  établir  aussi  à  l'exté¬ 


rieur  [noMus,  p.  3 45] .  Dans  les  pays  du  Midi  on  a  toujour; 
aime  les  toits  plats  formant  terrasse  [solarium]  ;  c’est  1; 
que  la  famille  vient  pendant  l’hiver  se  chauffer  aui 
rayons  du  soleil  et  pendant  l’été  jouir  de  la  fraîcheur  di 
soii.  Autour  de  la  terrasse,  sur  l’extrémité  des  poutres 
qui  la  supportaient  (fig.  4777)  5,  ou  bien  aux  fenêtres  des 
Çtages  supérieurs,  on  se  plaisait  à  installer  des  balcons 
es  passants  y  trouvaient  leur  compte  pendant  la  saisor 
*  !"  ’  dh  n  en  étaient  que  mieux  protégés  contre  les 
^  "lls  llu  s°leil •  Mais  souvent  aussi  ces  constructions 
^asiles  trop multipliées  et  trop  rapprochées,  surchargées 
k  f  de  sloresi  finissaient  par  devenir  encom- 

lunn,.  ’  e‘  e*  enlevaient  aux  maisons  voisines  l’air  et  h 
lativr 1  '  ■  à’  P°Ur  réPrimer  l'abus,  des  mesures  légis- 

bien  Z"  ?e  SOnt  reProduites  à  plusieurs  reprises  aussi 

fils  de  Pisisfnte'T8  qUe,Chez  les  Romains’  HiPPias' 
en  saillie  ■  i  ’  f  ppa  d  un  imPôt  spécial  les  balcons 
athénien  v 'V  *  V01.e  PublicIue6-  Au  ivc  siècle  le  peuple 
tenait  des  r1  Un°  loi’  ProPosae  Par  Iphicrate,  qui  con- 
Penda  i  dl*positions  analogues7, 
absolument  '  ^  lonëtemps,  les  lois  romaines  interdirenl 

«fMeau  publies  ' Tf.TT  U“  luxe  inutile  et  Préjudi- 
'  faul  aller  jusqu’à  l’an  318  av.  J.-C.. 

f;  Alisl°l-  Oec ou.  II! 5  ’’  *!’VI1’  120  ;  Hcracl-  Pont.  Polit.  |,  Polyaen.  III,  9,  30 
I,  ig  343’ . .  .  “  ’  a'  *•  ['omme  synonymes  on  a  employé  project  un 
Vil',’  '■  lit,  191,  Il  .’v  j.)  Corp.  gloss.  Int.  Il,  125,  50  ;  128,  45,  304 

p.  J°’  ‘j’  -  3  Hieronym  ‘  [TL*  el?r0jeetura’  Vitruv'  ">  *—  2  Cod.Just. 
%  5  Mon.por  la  St  ■’  V°''  '’  P'  GC7’  Vallars-  -  4 Mau,  Pompeii 

Hf'J \  6  T*  S‘°nn  d'  P°P-  ««*■  Pt  wxii  ;  Marlha,  Art  Etrusque. 

In-n'  0nl- l-  o  -  7  P V  f'“V’  Anstot-  0econ-  II.  5,  p.  1347,  a  4  •  cf  P, 

XXVll,  <i  ,  ‘  Polyaen.  III  o  an  *  ,,  .  ’  »,ci.  i 

’  *■  -  »  Fest  n  30-  ~  *  Précis  vetita  legibus,  Amni,  Ma 

V.  '  ls,d-  0ri«-  XV>  3,  H  ;  Cic.  Acad.  Il,  22, 


pour  voir  fléchir  leur  sévérité.  Cette  année-là,  le  censeur 
C.  Maenius  lit  établir  des  balcons  au-dessus  des  portiques 
qui  ornaient  au  forum  les  boutiques  appelées  labornao 
voter  es  [forum,  16°  et  fig.  3249  ,  afin  que  les  spectateurs 
des  jeux  qui  se  célébraient  alors  en  cet  endroit  eussent 
un  plus  grand  nombre  de  places  à  leur  disposition;  des 
poutres  dépassant  le 
faite  des  colonnes  sup¬ 
portaient  la  construc¬ 
tion  nouvelle9.  Cette  tri¬ 
bune  devait  être  cou¬ 
verte,  car  on  avait  fixé 
sur  la  paroi  du  fond  une 
immense  composition 
décorative  du  peintre 
grec  Sérapion10.  Les 
maeniana  furent  dès 
lors  imités  dans  d’au¬ 
tres  villes  d’Italie,  et 
pour  le  même  usage  ; 

Vitruve  recommande 
d’en  installer  sur  les 
portiques  autour  des 
places  publiques  où  se 
donnent  communément 
les  combats  de  gladia¬ 
teurs 11 .  Les  particu¬ 
liers,  eux  aussi,  bra¬ 
vaient  impunément  les 
anciennes  lois.  Il  est 
même  probable  que  les 
premiers  empereurs  en¬ 
couragèrent  plutôt  ces 
travaux  qui  contri¬ 
buaient  beaucoup  à 
l’embellissement  de  la 
capitale12;  au  temps  de 
Cal  i  gui  a,  les  habitants 
de  certaines  maisons 
voisines  du  Palatin  et 
du  grand  Cirque  pou¬ 
vaient  du  haut  de  leurs 
balcons  plonger  leurs 
regards  sur  les  dépendances  du  palais  et  faire  entendre 
leur  voix  de  l’empereur13.  Cependant  les  Codes  nous  ont 
conservé  des  textes  qui  prouvent  que  la  tolérance  n’allait 
pas  sans  quelques  restrictions  ;  même  alors  l’autorité 
semble  avoir  toujours  empêché  avec  soin  que  ces  balcons 
en  bois  ou  en  pierre14,  garnis  de  tentes,  ne  fussent  une 
gène  pour  les  voisins;  on  ne  devait  en  aucun  cas  leur 
boucher  leurs  jours15.  En  368,  Prétextât,  préfet  de  Rome, 
lit  démolir  tous  les  balcons  à  l’intérieur  de  la  ville  1C. 

1  n  peu  plus  tard,  Honorius  et  Théodose  (an  423)  régle¬ 
mentèrent  la  matière  pour  les  provinces  ;  des  balcons 
établis  face  a  face  sur  la  rue  devaient  être  séparés 
les  uns  des  autres  par  un  intervalle  d’au  moins 

Non.  Marcell.  I,  p.  05;  Val.  Max.  IX,  12,  7  ;  Paul.  Diac.  p.  135  MGH.  Le  témoignage 
du  PS.  Ascon.  ad  Cic.  Divin,  in  Caecil.  XVI,  50,  p.  121  sc  rapporte  i.  un  autre 
Maenius  et  à  lau  184,  si  ce  n'est  pas  une  pure  confusion  de  deux  traditions 
différentes,  causée  par  la  similitude  des  noms.  Cf.  Gilbert,  Topogr.  d.  Stadt  Iiom 
III,  p.  200,  n.  3  et  p.  213,  n.  1.  —  10  Varr.  ap.  Plin.  Hist.  nat.  XXXV,  10,  Ha! 

-  U  Vitruv.  V,  1,  2;  Co,p.  inscr.  lat.  IX,  1148.  -  12  Isi,l.  Orig.  XV,  3-  cf 
Vitruv.  II,  8.  -  13  Suet.  Calig.  18;  cL  Gilbert,  L.  c.  III,  p.  IS2,  n.  2  184  n  1 
sur  la  do, nus  Gelotiana.  -  14  Isid.  L.  c.  -  15  üig.  VIII,  2,  20;  XLIII.  8  i  S  0. 

—  10  Amin.  Marc.  XXVII,  9,  8. 


S  S, 
Fig.  4778.  —  Balcon. 


188 


MA  K 


—  1 494 


MA(i 


dix  pieds  (2  ni.  95);  entre  un  balcon  privé  et  un  gre¬ 
nier  public  on  devait  ménager  un  espace  d'air  libre 
de  quinze  pieds  (4  m.  45) 1 .  11  est  douteux  que  ces 
mesures  aient  jamais  prévalu  d’une  manière  durable 
contre  les  mœurs. . 

On  peut  voir  à  l'article  domus  (tig.  2513),  une  maison 
de  Pompéi  dont  la  façade  porte  un  balcon  en  saillie  sur 


Fig.  4779.  —  Balcons. 


la  rue  ;  elle  est  connue  parmi  les  archéologues  sous 
le  nom  de  casa  del  balcone  pensile  ;  c’est  en  effet 
une  exception  à  Pompéi,  où  tous  les  étages  supé¬ 
rieurs  se  sont  écroulés  ;  cependant  plusieurs  maisons 
avaient  des  maeniana  :  on  a  retrouvé  les  restes  des 
poutres  qui  les  soutenaient,  et  c’est  en  remplaçant 
ces  poutres  réduites  en  charbon  par  des  poutres 
neuves,  qu’on  a  pu  construire  le  balcon  que  l’on  voit 
aujourd’hui2.  La  figure  4778,  qui  reproduit  une  pein¬ 
ture  trouvée  à  Pompéi,  suffirait  à  nous  montrer 
quelles  formes  élégantes  les  architectes  savaient  don¬ 
ner  à  ce  genre  de  construction3.  Dans  la  figure  4779 
le  balcon,  plus  massif  et  plus  indépendant  de  l’édifice 

1  Cod.  Jiust.  VIII,  10,  il.  —  2  Overbeck-Mau,  Pompeii  p.  267.  —  3  Zalm, 
Die  schônste  Ornamente  ans  Pompeii ,  II,  73.  —  4  Zalm.  Ibid.  II,  70.  —  5  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  2059,  29,  30,  31  ;  cf.  Marini  Atti  d.  (rat.  Arvali ,  I,  p.  224-226; 
Canina,  Architcttura  romana,  parte  111;  Bormann,  Arch.  epigr.  Miltheil.  ans 
Oester reich.  XVII,  70;  Hiilsen,  Bull.  d.  commiss.  arch.  municip.  di  Borna ,  XXII, 
1894,  p.  312.  —  Bibliographie.  Saumaise  ad  Hist.  An  g .  ;  Spartian.  Pescenn.  Nig.  12; 
Pauly,  Beal  Encyclopaedie  d.  Alterth.  Wissensch.  s.  v.  Mae  nia  gens,  p.  1350; 
Becker-Gôll,  Gallus ,  II,  p.  287  ;  Manpiardl-Mau,  Vie  privée  des  Rom.  trad.  Henry, 
p.  291,  note  3  ;  Promis  (G J,  Yocaboli  lat i ni  di  architeltura ,  Turin,  1875,  p.  128. 

MAFOHS.  1  Voir  le  Lexikon  de  Forccllini  et  le  Glossarium  de  Du  Gange,  s.  v. 
—  2  Non.  Marc.  XIV,  33  :  «  Ricinium  quod  mine  mavortium  dicilur,  palliolum 
femineum  brève  ».  —  3  Serv.  ad  Virg.  Aen.  I,  282  :  «  Recinus  aulem  dicilur,  quod 
post  tergum  rejicilur,  quod  \ulgo  mavorle  dicilur»;  cf.  Isid.  Orig.  XIX,  25;  Hicron. 


auquel  il  est  suspendu,  devient  une  véritable  i 

Quand  on  construisit  le  Colisée,  on  donna  l  ^ 

rm!rtt  t lrois  «-C!,* 

\cpodmm  el  le  porlicjue  supérieur  [r«iu,T,itA, 
et  tig.  293],  évidemment  par  analogie  avec' l,  ,  T  '  ° 
des  tabernae  vetere*  au  foruu,; 
devait  être,  comme  le  «  balcon  »  de  nos  théâtres^^”1 
sur  le  devant,  d’une  balustrade  qui  dominait  le  mTd 
la  praecinctio.  Un  document  du  Collège  des  i 
Arvales  (an  81)  énumère  les  places  qui  leur 
reservees,  a  eux  et  à  leurs  serviteurs;  nous  y  voyons 
que  les  deux  premiers  maeniana ,  en  commençant  p-„.  le 
bas,  avaient  des  gradins  en  marbre;  au  contraire1  les 
gradins  étaient  en  bois  dans  le  maenianum  summum  où 
prenaient  place  les  gens  du  commun s.  Georges 

MAFORS  (Macpépiov,  gasxùptov).  —  On  dit  aussi  maçon 
mavorle ,  mavortium  *.  Court  manteau  de  femme  (pallio¬ 
lum  femineum  brève )2,  probablement  analogue  à  une 
pèlerine  ou  à  un  collet,  qui  couvrait  les  épaules  .et  le  cou 
en  arrière3.  Il  était  porté  aussi  par  les  hommes,  el  en 
particulier,  à  l’époque  chrétienne,  par  les  moines  h  C’esl 
un  synonyme  de  ricinium.  Plus  tard,  pendant  le  lias 
Empire,  il  semble  que  par  extension  on  ait  donné  le 
même  nom  à  une  sorte  de  capeline  ou  de  voile  qui  cou¬ 
vrait  la  tète  des  femmes6  [velamen].  E.  Pottier. 

MAGIA.  —  L’usage  comprend  sous  le-  nom  de  magie 
des  phénomènes  assez  divers  dont  les  liens  et  les  traits 
communs  sont  encore  mal  déterminés.  Faute  d’une  défi¬ 
nition  scientifique,  nous  devons  circonscrire  par  làfon- 
nements  le  domaine  de  ce  que  nous  appellerons  la 
magie,  en  prenant  soin  que  cette  définition  provisoire 
ne  s’applique  pas  exclusivement  à  l’antiquité  gréco- 
latine.  Pour  limiter  les  conclusions  à  tirer  de  cette 
étude,  ajoutons  que,  d’une  part,  la  magie  des  Grecs  et 
des  Latins  ne  forme  un  ensemble  cohérent  que  du 
jour  où  les  Latins  entrèrent  dans  la  civilisation  grecque 
et  que,  de  l’autre,  nous  ignorons  à  peu  près  complè¬ 
tement  les  formes  primitives  et  originales  de  la  magic 

en  Italie  et  en  Grèce. 

L’extension  des  mots  gaysta  et  magia  est  variable! 
Dans  leur  emploi  le  plus  restreint,  ils  signifient  la  si  ien<  ( . 
l’industrie  et  la  religion  des  mages1,  c’est-à-dire  des. 
prêtres  de  la  secte  de  Zoroastre,  importées  en  (iiui  .  ^ 
cette  magie  persane  on  oppose  la  yo-qTeia2  etla<f«p/~u  » 
qui  n’ont  point  d’origines  précises,  se  pratiqm  id  tn 
dehors  des  religions,  sont  malfaisantes  et  suspe  h 
goètes  sont  des  charlatans  qui  font  des  touisdi 
passe  L  Leur  nom  se  rattache  à  la  même  racine  qm 
ils  l’ont  reçu,  dit-on,  àirb  xoiv  y owv  xat  vojv  Opv  ^ 
rot;  Ta»ot ç  ytvop.évu>v 6,  et  l’on  ne  sait  pas.au  jusl 
des  nékyomanciens  ou  de  simples  pleureuis ,  Re  J 
sont-ils  tour  à  tour  l’un  et  l’autre;  on  sein  m  e 
buer,  en  tous  cas,  une  mélopée  caiactém  *1 

Ep.  22,  13.  —  4  Cassian.  De  institut,  monach.  I,  ‘  ■  “  t„r  cloi|“io  ’■ 

pariter  atque  liumeros  legunt  (monaclii)  .  111:1  01  ,  r  s.  r. 

—  S  Pour  les  textes  de  cette  époque,  voir  le  Glossarium  ce 

qu’il  définit  :  «  operimentum  capitis,  maxime  femmaium  »•  ror,«>*| 

MAGIA.  t  Apul.  Apoloi/ia  sive  de  Magia,  -  ' •  -1'1'  '  '  T'|ieod.  Mops11,  "!i' 
cf.  Porph.  De  Abstin.  IV,  IC  ;  Joli.  Clirysost.  Bom.  ,  -,  - ■-  dans  Eusl*1 

t*  U  IlifcriSc  in  Pl.ot.  DM.  81  ;  à  signaler,  pour  «  ad  Synes.d' 

Ad  II.  IV,  190,  pàvo5  de  ni*. ,«.v,  pétrir.  -  2  Sul<V .  p’  ||us,  éd.  Boisson»**] 
Jnsomn.  p.  363:  Michael.  Glycas,  éd.  Uekkcr,  U,  P-  >  t.  III,  p-  •’  " 

p.  *0-41.  -  3  Suid.  -*  Favorm  ...  Eu  U»-  ^  X|VI  * 

585;  Orig.  e.  Celsum.  I,  382  F;  cf.  S  Macc.  XII,  -  .  pficopl»  l'  H 

—  B  Curlius,  p.  477;  ef.  Fiek,  13,  572.-  »  Miel..  Glycas,  ■  P 

Codrcn.  p.  41.  —  7  T.  Wilton  Davies,  Magic ,  divinati 


U. 


MAC. 


—  1495  — 


MAG 


,  sont  des  préparateurs  de  drogues1.  Celle  oppo- 
Ÿ.a^7/||,  mots,  dont  la  synonymie  est  implicitement 
"'.'Imm'  par  Suidas,  qui  les  rapproche,  repose  sur  la 
r'  ii!!!'lioii  théorique  d’une  haute  et  d’une  basse  magie, 
li"  "brnium'  et  noble,  l’autre  maligne  et  basse,  dis- 

,mi  correspond  à  des  spéculations  subtiles 
tinclion  4 1,1  *  11 

h  hiérarchie  des  démons  que  1  une  et  1  autre  sont 

Sl"  r..;,.,,  noir2.  Cette  distinction  est  comparable  à 

q|,'  de  la.  magie  blanche  et  de  la  ma£ie  noire3.  Mlle 

H  due  en  grande  partie  à  la  philosophie  mystique,  mais 

dm’ parait  pas  qu’elle  se  soit  imposée  au  langage  courant. 

Hesvchius  définit  la  yoTprefa  par  la  uayeta4.  D’autre  part, 

Porphyre  comprend  toute  la  magie  sous  le  nom  de 

•  un  et  assimile  à  la  religion  tout  ce  qu’il  détache  de 

«•lie-ci.  Saint  Augustin  n’admet  que  des  nuances  dans 

un  art  unique  :  «  quam  vd  magian  val  detestabiliore 

noniine  goetian  vel  honorabiliore  theurgian  vocant 5  ». 

Cette  assimilation  de  la  théurgie  et  de  la  basse  magie, 

que  l’école  d’Alexandrie  s’était  appliquée  à  distinguer, 

peut  être  suspecte  chez  un  chrétien.  Mais  la  définition  de 

p)jne  est  décisive;  selon  lui,  la  magie  est  un  art  décevant 

composé  de  médecine,  de  religion  et  d’astrologie6.  Pour 

les  Latins,  il  n’y  a  entre  le  male  ficus ,  le  venti/icus  ou  le 

saga  et  le  mage  qu’une  différence  de  degré7.  Enfin,  on 

rapproche  volontiers  de  la  magie  et  de  la  œapgaxeia,  qui 

est  proprement  la  science  des  plantes  merveilleuses, 

l’astrologie,  l’alchimie  et  la  divination8.  En  résumé, 

pour  les  Grecs  et  pour  les  Latins,  les  différents  termes 

énumérés  désignent  concurremment  une  classe  unique 

de  phénomènes. 

Les  pratiques  magiques  ont  pour  but  de  modifier 
l’ordre  prévu  des  choses5  par  des  miracles  que  l’intéressé 
ne  peut  pas  ou  ne  veut  pas  demander  à  des  actes  reli¬ 
gieux.  11  s'agit  d’obtenir,  en  dehors  des  moyens  naturels, 
et  souvent  aux  dépens  d’autrui,  des  avantages  impro¬ 
bables  ou  illicites10.  Le  secret,  l’incompréhensible  et  le 
merveilleux  sont  des  caractères  habituels  de  ces  prati¬ 
ques.  Le  paradoxal,  l’absurde,  le  contre-nature  des  jon¬ 
gleries  magiques  les  distinguent  des  miracles  proprement 
religieux;  Porphyre  y  insiste11.  Faire  descendre  la  lune 
ducid1-,  ressusciter  les  morts13, faire  parler  les  animaux14 


et  les  pierres18,  faire  marcher  les  statues16,  se  métamor¬ 
phoser  et  métamorphoser  les  autres 17  sont  des  merveilles 
par  lesquelles  les  magiciens  ont  coutume  de  manifester 
leur  pouvoir  ou  leur  ingéniosité.  Mais  à  côté  de  cette 
magie  théâtrale  qui  touche  à  la  prestidigitation  et  est 
matière  à  spectacle  1  ",  il  y  a  une  magie  utilitaire  dont  les 
emplois  varient  à  l’infini.  Dans  les  jeux  du  cirque  les 
concurrents  emploient  la  magie  pour  affaiblir  leurs 
rivaux19;  un  orateur  qui  reste  court  attribue  l’accident 
aux  maléfices  de  son  adversaire  ;  à  la  campagne  on 
ensorcelle  et  stérilise  le  bétail  et  les  champs  de  ses 
ennemis*®.  Les  charmes  et  les  philtres  amoureux  sont 
typiques21.  La  plupart  des  recettes  de  la  médecine  popu¬ 
laire  sont  magiques22  et  souvent  considérées  comme 
démoniaques23.  On  demande  à  la  magie  de  faire  tomber 
la  pluie24,  d’arrêter  la  grêle25,  de  chasser  les  nuages26  et 
de  calmer  les  vents27,  de  sauver  et  de  faire  prospérer  les 
plantes  et  les  animaux28,  de  donner  du  lait  aux  brebis29. 
La  magie  procure  un  supplément  de  protection  là  où 
d’autres  moyens  manquent  ou  sont  en  défaut  :  phylac¬ 
tères  contre  les  voleurs30,  recette  pour  l7rxvu>  xpoxoSêtXou 
Staêaivsiv 31 .  Les  recettes  magiques  mettent  en  œuvre  des 
notions  d’origines  diverses  que  l’on  peut  comprendre 
sous  le  nom  vague  de  superstitions.  Il  est  préférable, 
pour  plus  de  clarté,  de  réserver  le  nom  de  magie  aux 
actes  et  aux  préceptes32.  Dans  la  multiplicité  de  ses, 
emplois  journaliers  la  magie  peut  présenter  des  formés 
infiniment  simples  et  vulgaires.  Parmi  les  manifestations 
d'une  magie  plus  élaborée,  nous  devons  signaler  dès  à 
présent  les  xxQapgot33  ;  sous  ce  terme,  devenu  vague,  on 
comprend  à  la  fois  des  purifications  et  d’autres  céré¬ 
monies34  [lustratio].  Les  xxOapgot  et  les  exorcismes35 
nous  acheminent  vers  la  magie  mystique36  dont  la  com¬ 
pétence  dépasse  encore  celle  de  la  magie  populaire.  On 
trouve,  par  exemple,  dans  les  textes  magiques  des 
àTraQavax'.ffgof,  c’est-à-dire  des  rituels  de  l’immortalité37. 
Voici  une  liste  des  divers  biens  que  l’on  s'assure  par  des 
pratiques  magiques  :  Çwrçv,  ùyietav,  awxr(p!xv,  ttX&ütov, 

eùxExvtav,  yvwcrv,  eù  xia  xtav,  eÙuÉveixv,  eùêouXtav,  sùooç'.’av, 
[Jt.v-qgY|V,  yâptv,  gopcpTjv,  xtxÀXoç,  vrs'.ff pov-qv38,  etc. 

Bien  que  les  Chaldéens  [chaldaei]  et  les  mages  aillent 


111 1  h,  dans  LXX  Ps.  L VI 1 ,  5  oap;ra xo;  signifie  celui  qui  lie  p. 
■  i on ?  Apoc.  XX 111,  25;  Uidach.,  V,  1.  11  faut  naturellement  disting 

'  mafbcjendu  oaçpmo?  liouc  émissaire  des  Anthestéries.  Quant  aux 
^  '  011  1  011  Poul  I‘rcr  de  cette  similitude  de  nom,  nous  n'avons  point  i 

—  '  PorG! ■  De  abstin.  II,  40  sqq.;  Eunap.  Vit.  Sonh.  éd 
-3W1,P'  r°;  lle,iod'  AethioP-  Ht,  4;  Suid.  L.  Psellus, 

Favorin  /  /  "i.'  "’  P'  4‘  —  1  Hesych-  Tc'ri;>  r^Vju,  fo^Tixciv.  naTsiiEiv, 

’  Omclius,  Appar.  Soph.  31,  24;  45,  29.  Dans  I  Req.  XXVIII 

lr aliji’f,’1,  ndcl'omancicn  CtfN);  ( Gen.XIA ,  8)  et  oaopoooiq  (Exod.  V 

lA.U.ri?  m0t  (D?nain).  -  «  Aug.  De  eiv.  ûei,  X,  9  ;  cf.  VIII 
Bot.  Hisf^xw  ^  10  (cila,ion  P°rphyre,  lettre  à  Anebon),  — 

Ràmisrh*,  V,  '  ’  1 1  •  ~  1  A"  moins  à  partir  du  1"'  siècle  ap.  J.-C.,  Th.  Mon 
L.  T  I  n,lfecht'  !’■  039  sqq.  —  8  Suid.  s.  V.  ; 

CAilrok,  i”  l<,0loi\  9  i  De  euttu  fem.  I,  2;  Apolog.  25  ;  Bouché-Lo, 
VI,  4.  Philosu.1  '  y'"  P*  n’  ^  —  y  Apul.  De  Magia ;  Euscb.  Prae 

l.  Il,  p  2».)  (in  x\^)0^'  Berthclot,  Colleet.  des  alchimistes 

tic.  Lucian  \/  *  ^os*me)'  ^ur  diversité  des  pratiques  magiques,  c 

p.  |s"  Sf.  .  f.  r,,n^r  et  Damonax.  —  10  Dieterich,  Abraxas,  Mu 
M ;  Cod.  J„S(  V°d.  astrol.  mediol.  cod.  17  ;  Porph.  De  al 

n  ^ 6;  Psc11-  1î£?'1  ivEPY E‘«î  ^aiiAÔvwv,  p.  32  sqt 
Eur.  d/erf.  39g  PorP,‘.  O.  I.  II,  41,  42.  —  12  Aristoph.  Nub. 

Bel.  Vin  69.  :  0vid-  Heroid.  VI,  95  sqq.  ;  id.  Met.  VII,  190  sqq.; 

dans  l'antiquité  U  °*°^loumen<1'  IV,  IX,  8;  Maury,  La  magie  et  t'astr 
''*•  texifion,  ||  ’  Posc^er>  Selene,  175  sqq.  186  sqq.  ;  id.  Nachtrüge,  3( 

lo  n  |j„  n‘  '  WessclY,  Nexte  griech.  Zanberpapyri ,  1893,  p.  Il 

P*  ^10  srm.  (Vio  r»  $  P|1^arcdi ,  Acgypt.  codic.  rclig.  ex  Bibl.  Naniai 

litl> •  335  sriq.  2'  iV  °  Saint  J°an  rÉvangéliste).  -  H  Ps!  Callislh.  1,  8.-  1» 
13 #  _  \-t  .  ^hin.  Homil.  II,  32,  638  (de  Simon  le  Magicien);  cf 
,H1  ‘  MeL  9J  i*»  ^2  ;  Luc.  Lucius;  id.  Dial.  Mort.  XX\ 


Ps.  Callislh.  I,  10  ;  Virg.  Ecl.  VI,  48  ;  Apollod.  Il,  3,  2  ;  III.  9,  2;  Boctli.  De  conso¬ 
lai.  IV;  Pscll.  itEçt  SatjAÔvwv,  p.  28.  Sur  les  miracles  des  magiciens  en  géné¬ 

ral,  Hippocr.  De  morbo  sacro ,  4  ;  Kehr,  Quacslionum  magicarum  spécimen , 
p.  8  sqq.  —  Eustath.  Od.  'll%,  34.  —  Philoslr.  V.  Apoll.  Vil,  39:  Suid.  ‘Esttria 
Yçà|A|Aaxa  ;  Euslath.  Od.  p.  1864,  P®;  Wesselv,  Ü.  L  pap.  CXX/,  175,  398,  437; 
Wünsch,  Sethianische  Verfluchungstafeln ,  1898.  —  -0  Virg.  Ecl.  VIII,  97  ;  Ovid. 
Amor.  II.  VII,  3i  sqq.;  Plin.  XXVIII,  2,  10;  Ap.  De  Magia ,  XLVI  ;  Le  x  A II 
Tab.  VI 1 1 ,  1  :  cf.  Bruns,  Fontes  juris  rom.  i.  1.  —  21  Sch.  Demoslh.  XIX,  281, 
p.  431;  Porph.  De  abst.  II,  40;  Virg.  Ecl.  VIII,  65;  Acn.  IV,  304,  399;  O.  Hirsch- 
fcld,  De  Incantation,  et  devinction.  amatoriis  ap.  Graecos  Ilomanosque ,  1863. 

—  22 Papyrus  Lugd.  Bat.  V,  1,  15;  III,  22:  Dieterich.  L.  I.  24-26,  p.  188,  I - 4  ;  p.  193, 
7,  9-17;  Plat.  Crat.  p.  405;  Hippocr.  De  morbo  sacro ,  p.  14  sq.  ;  Plul. 
Quaest.  sympos.  V,  17  ;  Lobeck,  Agi.  221  sqq.  635;  Iw.  v.  Miiller,  Handbuchï, 
IV,  203  sqq.  ;  Ilacser.  Gesch.  der  Medizin ,  I,  433  sqq.  :  ileim,  O.  I.  ;  Uiess,  Aber- 
glaube ,  in  Pauly-Wissowa’s  B.  E.  I,  p.  38,  57,  66.  —  23  Talian.  XVII,  p.  78. 

—  24  Dio  Cass.  LXXI,  8.  —  25  XaXaÇoo'iXaxt;,  Sencc.  Quaest.  nat.  IV,  6  ;  Clem. 
Alex.  Strom.  VI,  268;  Frazer,  Pausanias  s  Description  of  Greece ,  l.  III,  289  sqq.  ; 
Bull,  du  comité  des  travaux  hist.  1887,  1.  —  *•>  N(?cX9&i2xT«t,  Justin.  Quaest. 
ad  orth.  .  — 27  Maury,  O.  I.  p.  50.  —  28  Dio  Chrys.  I,  p.  12  ;  II.  p.  31.  —  29  Orph. 
Lilhica ,  211  sqq.  —  30  Wessely,  O.  I.  pap.  Lond.  CXX1,  378.  —  31  Dieterich, 
O.  I.  oy$.  M.  p.  190.  —  32  Lehman»,  Aberglaube  und  Zauberci,  1898.  p.  7; 
Riess.  L.  I.  32.  Contra  Heim,  p.  465;  cf.  Grimm,  Deutsche  Mythologie ,  ID, 
p.  926.  —  33  Plat.  Polit.  II,  364  B  ;  Propcrt.  I  El.  1,  20  ;  Feslus,  Piari  ; 
Hesych.  TiotxaOatpwv  ;  Lobcck,  Agi.  p.  632,  643.  Circé  purilie  Jason  et  Médée 
après  le  meurtre  d  Apsyrtos,  Apollon.  IV,  685,  717  ;  cf.  Porphvr.  De  abst.  11.  40. 

—  34  Schol.  Eur.  Alcest.  1138.  —  33  Wessely,  Grieclnsche  Zauberpapyrus  ron 
Paris  and  London ,  1888,  Pajt.  Paris.  3009  sqq.  —  36  Plotin.  -roùç  rvwtrnxoûç, 
14.  —  37  Pap.  Paris.  640  sqq.  ;  Dieterich,  O.  I.  104  sqq,  —  38  Wossclv,  O.  I.  pap. 
Mimant.  270  sqq.  ;  cf.  Porph.  De  abst.  Il,  40. 


MA  G 


—  U9G  — 


MAG 


de  pair,  il  importe  de  distinguer  nettement  la  magie  de 
1  astrologie  astrologia].  L’astrologie  est  une  science  qui 
constate  des  prédéterminations  que  la  magie  a  précisé¬ 
ment  pour  objet  de  modifier.  La  magie  s’introduit  dans 
1  astrologie  quand  il  s'agit  de  changer,  par  les  moyens  qui 
lui  sont  propres,  le  cours  des  astres  et  ses  conséquences 1 . 
O  autre  part,  par  analogie  avec  les  incantations  magiques, 
on  arriva  a  attribuer  aux  consultations  astrologiques  une 
certaine  efficacité2.  Enfin  l'une  des  branches  de  l'astro¬ 
logie,  1  iotromathémat ique ,  qui  spécule  sur  les  pro¬ 
priétés  des  nombres,  est  une  science  pratique  qui  se 
confond  avec  la  magie  des  incantations3. 

L  alchimie,  qui  estunetechniqueet  une  science, n’appar¬ 
tient  pas  non  plus  par  définition  au  domaine  de  la  magie. 
Même  Zosime  et  ses  auteurs  condamnent  formellement 
l’emploi  de  la  magie1.  Mais  cela  montre  qu’on  l’employait 
et,  de  fait,  le  caractère  secret  et  sacré  des  recettes 3,  l’ai— 
légorisme6,  l’appel  à  la  tradition,  la  tendance  à  transfor¬ 
mer  les  mémentos  en  formules  indéchiffrables  et  en 
figures  \  1  usage  de  symboles8,  enfin  la  présence  même 
de  mots  magiques  et  d’incantations  dans  les  manuels9 
sont  autant  de  traits  communs  à  la  magie  et  à  l’alchimie. 

Nous  devons  faire  la  part  de  la  magie  dans  l’art  de  la 
divination  divinatio]  10.  Ses  diverses  manifestations  sont 
attribuées  tour  à  tour  ou  simultanément  à  la  gaytxT) 
eixirsiptot  :  gavretat,  ÈTtoTCTtoc,  ôvsipo7ro[jt.7uoe ,  ov£tpatTT|(Tia, 
ôvEtpoxpi-tx11,  etc.  Les  oracles  et  les  formules  pour  obtenir 
des  songes  divinatoires  (oveipatrqTi12)  abondent  dans  les 
papyrus  magiques13.  On  peut  classer  sans  hésitation  dans 
la  magie  la  nécromancie,  toutes  les  fois  qu’elle  ne  se 
pratique  point  dans  les  cultes  privés  ou  dans  le  culte  des 
héros1*;  nous  considérons  comme  magique  l’évocation 
des  morts  de  l’Odyssée.  La  divination  par  l’interprétation 
des  vers  d’Homère,  de  Virgile  ( sortes )16  ou  des  versets 
des  Écritures  saintes  appartient  également  au  domaine 
de  la  magie,  car  l’appropriation  de  l’oracle  ne  s’explique 
que  par  les  mécanismes  logiques  que  nous  étudierons 
plus  loin.  11  en  est  de  même  pour  la  tt.xpp.xxogxvT£tx16  et 
en  général  pour  toutes  les  cérémonies  divinatoires  qui 
impliquent  des  rites  proprement  magiques17.  En  général, 
on  peut  dire  que  la  divination  privée  ressort  à  la  magie18. 
La  magie  se  mêle  dans  une  forte  proportion  à  la  divina¬ 
tion  officielle,  mais  pour  des  raisons  historiques,  dans  la 
renaissance  des  oracles  qui  marque  le  nc  siècle  de  notre 
ère  19.  Enfin,  la  mantique  et  la  magie  sont  si  étroitement 
mêlées,  que  le  nom  de  la  première  a  souvent  servi  à 
désigner  la  seconde  20. 

1  Pap.  Paris.  2891,  2901,  2940  ;  Cumont,  Cod.  astrol.  mediol.  17.  Sur 
les  gnostiques  el  l’alTrauchissemcut  des  influences  astrales,  voir  Bouché-Le- 
clercq,  O.  I.  p.  5G8.  —  2  Bouché-Leclercq,  O.  I.  p.  563  sqq.  —  3  Bouche- 
Leclercq,  O.  I.  p.  533  ;  Olivieri,  Codices  Florentini ,  p.  65.  —  4  Berlhelot, 
L.  I.  —  »  Ibid.  I,  95  (II,  IV,  35,  Olvmpiad.).  —  6  Ibid.  Il,  221  (111, 
XL1X,  Zosime)  ;  III,  250  (IV,  11,2).  —  7  Ibid.  Introd.  133,  152,  157.  —  8  Ibid. 
p.  160.  —  8  Ibid.  p.  152.  —  10  T.  Witlon  Davies,  O.  I.  p.  27,  fait  rentrer  la  divi¬ 
nation  dans  la  magic.  —  H  Parthey,  pap.  Berol.  I,  327;  cf.  Cod.  Justin.  IX, 
XVI II,  3  sqq.;  Mommsen,  O.  I.  p.  641,  n.  3.  —  12  Pap.  Liif/d.  Bat.  V,  VI. 
—  13  Wessely,  Neue  griechische  Zaubetyapyri,  p.  2  sqq.  —  14  Lobcck,  Agi. 
236;  Slcngel,  Die  griec/iischc  Kultusallert/i.  p.  71  (Iw.  v.  Muller,  Uandbitcliy 
“V,  3)  ;  Deubncr,  De  incubatione ,  p.  6  ;  Frazcr,  O.  I.  III,  p.  347  ;  Clem.  Rom.  Iieco- 
gnit.  I,  p.  494.  —  lî>  Wessely,  O.  I.  p.  G  sqq.  p.  24;  Heim,  Incantamenta  magica 
graeca  latina,  151-160  ;  in  NeueJahr bûcher  fiir  class.  Philol.  sup.  XIX,  p.  515  sqq.  ; 
cf.  Soldan,  Gesch.  der  Hexenprocesse ,  p.  84  ;  Dubcsnel,  Sur  les  sorts  des  Saints 
in  Mémoires  de  Vanc.  Acad,  des  laser.  XIX,  287.  —  16  Athen.  261  f.  —  17  Cod. 
astrol.  med.  17  (envoûtement  employé  pour  se  rendre  maître  des  secrets).  — 18  Maury, 
O.  I.  p.  71.  —  19  Wessely,  O.  I.  p.  2  sqq.  ;  Wolff,  De  ultima  oraculormn  aetate; 
Burescb,  Claros.  —  20  Lobeck,  Agi.  632.  —  21  paus.  V,  27,  5.  —  22  plin.  Nat.  Hist. 
XXX,  1,3.  —  23  l*razer,  Pausanias ,  t.  III,  71  et  83,  rites  religieux  et  rites  magiques 
employés  tour  à  tour  contre  la  grêle.  —  24  Frazer,  Golden  Bough ,  112,  p.  191, 


Le  départ  do  la  divination 


magique  et  de 


religieuse  nous  amène  à  la  distinction  de  n 
la  religion.  La  limite  est  difficile  à  i.— ..  rTagle  ^  de 


propos  d’un  cheval  magique  exposé  I’au^‘>ias,  a 


:  la  diMnati0o 
la  ni 

•  Pa, 
à  Qlympie 


miracle,  religieux  selon  nous,  de  l’embrasemJ 
des  autels  dans  les  chapelles  des  mages  d’Asi.  ‘  >1>ontané 
Pline22  compte  parmi  les  lois  sur  la  magie  u!/"0111'62'’ 
consulte  interdisant  les  sacrifices  humains  et  unT^' 
Tibère  contre  les  druides.  Est-çe  à  dire  que  les  H  • 
étaient  des  magiciens?  Ni  leur  objet29,  ni  leur  ï 
ne  permettent  de  distinguer  n  priori  les  rites  magial, 
des  rites  religieux.  On  range  dans  la  magie  des 
nomènes  que  l’on  pourrait  à  bon  droit  classer  dan  1 
religion  et  réciproquement23.  La  différence  est  pou  rl  an! 
réelle.  En  somme,  lorsqu’il  est  possible  de  discerner! 
à  première  vue,  des  rites  magiques  dans  des  opération 
qui  comportent  l’application  de  rites  religieux  ou  d’autres 
techniques,  les  premiers  apparaissent  comme  quelque 
chose  de  surajouté,  comme  des  chances  supplémentaires 
qui  échappent  au  contrôle  de  la  raison26.  En  outre  s’il 
est  difficile  de  répartir  les  faits  entre  les  deux  catégories 
elles  ne  s’excluent  pas  moins  théoriquement21.  Mais  il  faut 
remarquer  avant  tout  qu’entre  la  magie  et  la  religion  il 
y  a  une  distinction  d’ordre  juridique  qui,  d’ailleurs, 
n’est  pas  toujours  fort  nettement  énoncée.  La  magie  est 
essentiellement  illicite28,  sinon  criminelle;  elle  est  tou¬ 
jours  suspecte  et  naturellement  calomniée29.  Elle  est  déjà 
marquée  d'illégalité  chez  les  Grecs  et  considérée  comme 
délictueuse30.  Depuis  la  loi  des  XII  tables31  jusqu’à 
Théodose,  la  législation  romaine  sur  la  magie  n’a  fuit  que 
s’aggraver;  la  jurisprudence32  et  des  lois  fréquemment 
renouvelées  sont  d’accord  pour  la  proscrire.  Des  peines 
spéciales,  comme  la  peine  du  feu,  sont  quelquefois 
prescrites33.  Sans  doute  la  loi  prévoit  et  punit  expressé¬ 
ment  l’abus  des  pouvoirs  magiques3*;  d’autre  part,  les 
lois  qui  se  succèdent  à  partir  de  Constantin 3S,  élargissant 
la  définition  de  la  magie  et  de  la  divination  illégale, 
portent  le  caractère  d’une  persécution  antipaïenne;  ce 
sont  des  lois  de  circonstance36. 

Mais,  tout  d’abord,  il  est  à  remarquer  que  la  législation 
de  Dioclétien  sur  les  vialefici,  les  manichaei  et  les 
?nathematici3\  parait  précisément  inaugurer  la  série  de 
celles-ci  ;  quant  à  la  portée  de  l’interdiction,  limitée  a 
l’origine  à  un  nombre,  d’ailleurs  croissant,  de  pratiques 
malfaisantes,  on  l’étend  dès  le  111e  siècle  a  la  simple  ion 
naissance  des  arts  magiques 38  et  l’on  fait  rentrei  dans  a 
notion  du  crime  magique  l’accomplissement  de  (  nUiius  j 

•  t>  ■  ni  30  considère  connu® 

qualifie  de  magiques  les  cérémonies  de  la  moisson;  Kicss,  •  •  5  ,.  •  c(( 

magique  le  rite  décrit  par  Aelian.  N.  A.  II,  30,  qui,  poui  nous,  c.  -nspaui* 
de  même,  p.  33,  le  sacrifice  du  taureau  d’Aristée.  —  2o  Cf.  entre  au  i -■  jl 
IX,  38,  4,  un  véritable  rite  d'envoûtement;  Pscll.  infi  g  n,  19, 

[AepiSa  youv  clyat  tgcûtvjv  oatrtv  Ia)rà tijv  t?|‘;  i£paTtx?jç  siïi<tt‘Ô|aï)Ç* 

1  (Heim.  O.  I.  215  ;  cf.  218)  ;  Tlieod.  Prise. 


tutpi  n»««  ••ir'-iv  .  .  tjl  G 

Il  .7-7  _  27  Heliod.  Aelh’op ■  > 

■  *■>  — ■  .  ,  sive  de 


Heim.  U.  L  215;  cl.  218);  tneoa.  rrisc.  n,  ~  .  ,  ifl  sive  <U 

idostr.  V.  Apoll.  II,  18.  —  28  Aug.  De  civ.  Del,  VIII,  19  ;  Apu  ■  *  I  J  , 

1  ,  .  «O  29  Plin  L.  /.  ;  Act. 

agia  ;  Psell.  ictot  evîo Y£ia;  ôai|Aoyoiv,  p.  os.  *  T  h'ascin^1011' 

,  255  sqq.  ;  Psell.  O.  l.  p.  H.  -  96  Plat.  Leg.  «33  D;  Tuchmann,  ^ 

i  Métusine ,  X,  125.  —  31  Lex  XII.  Tab.  VIII,  1,  8;  Bruns,  • «■ ■  '  xxm, 

XV,  1  ;  XXXIX,  16;  Serv.  Ad  Aen.  IV,  493.  -  32  “ ,  Malir y ,  O.l*-1* 

t,  18  («d  legem  Corneliam  de  sicariis  et  veneficus)  ;  ,  >  ’  (  und  fferen- 

VI;  Mommsen,  O.  I.  p.  635-643  ;  Hansen,  Za.uberu.-ahn ,  Inqu  ^  maleficjis  cl 
•ozess  im  Mittelalter,  p.  50  sqq.  —  33  Cod.  Grer/oi  lanus,  MtP50,i  cruci- 
anicliacis,  6  ;  Paul.  L.  I.  XXIII,  17  sqq.  :  les  adeptes  sont  J>*  ^  a  p.  G» 

is,  ou  déportés,  les  livres  sont  brûlés  ;  cf.  Gaïus,  ,  -  <  Justm.  IX, 

•  34  Pial.  L.  /.  ;  Paul.  O.  I.  XXI,  3  ;  la  loi  de  Constance  de  3.1^^^  ^  ^ 

VIII,  4)  spécifie  que  la  médecine  magique  et  la  magie i»  1 1  (  IX,  X'11  • 

up  de  la  loi.  -  33  Cod.  Theod.  IX,  XVI,  3,  4;  XVI  1;  Cod. 

36  L'objection  a  été  réfutée  par  St-Augustin,  L.  I.  J, 

reg.  L.  I.  ;  Mommsen,  O.  I.  p.  576.  -  3«  Mommsen,  O.  I.  p- 


MAG 


—  1497  — 


MAG 


.  sacrées  qui  sonl  qualifiées  d'impies,  d’illi 
LérémoiH'i'^^urnes  ct  de  clandestines*.  Sans  doute  la 
c'lt;s’  '  J  ni>riine  religieux2  reste  vague  et  manque  d’une 
noUOI,(  'I 'n  (ixe  cl  satisfaisante  dans  le  droit  romain3, 
|déSignï!vons  cependant  assimiler  à  la  magie  les  céré- 
"l0US secrètes  comme  celles  qu’interdisent  le  séna- 
'°|hc  des  Bacchanales et  les  lois  de  772  contre 


Ainsi,  c’est  l’autorisa- 


Dionn'ï 

tus-consul  . 

i  •  rites  égyptiens  et  juifs 

lcs  ! ■  ,aiu  qui  sépare  le  religieux  du  magique6.  Or 
tl0n,  pynSons  que  le  sens  de  la  loi  dépasse  les  vues 
T-m-iircs  du  législateur  et  que  ces  prohibitions  mêmes 
"  Situent  pour  les  deux  modes  d’action  qu’elle  dis- 
f“L  une  différence  essentielle.  C’est  ce  que  doit 
montrer  une  analyse  un  peu  minutieuse  du  mécanisme 
des  actes  magiques. 

Xous  remarquerons,  avant  d  aller  plus  loin,  que  les 
lois,  dans  l’énumération  qu’elles  font  des  différents 
actes  délictueux  imputés  à  la  magie,  n’entrent  pas  dans 
la  distinction  d’une  haute  et  d’une  basse  magie.  La  loi 
romaine  confond  les  synonymes  énumérés  au  début  de 
cct  article.  Quant  à  la  question  de  l’antériorité  de  la 
(magie  sur  la  religion  ou  de  la  religion  sur  la  magie,  elle 
ne  peut  pas  être  discutée  dans  un  exposé  de  la  magie 
gréco-romaine  '. 

Historique.  —  La  distinction  de  la  et  de  la 

gïysiot,  qui  n’est  pas  une  distinction  d’espèce,  rend  bien 
compte  de  la  différence  des  aspects  successifs  que  pré¬ 
sente  la  magie  dans  l’histoire  du  monde  gréco-romain. 

On  s’estdemandé  si  la  magie  grecque  était  autochtone 
et  jusqu’il  quel  point  elle  l’était8.  Nous  pensons  que  la 
question  est  oiseuse.  Il  est  probable  que  la  magie  pré¬ 
historique  des  Grecs  avait  subi  des  influences  lointaines 
qu'il  est  impossible  de  déterminer,  mais  qui  se  sont  exer¬ 
cées  vraisemblablement  sur  une  magie  indigène,  née  des 
besoins  des  tribus  grecques  comme  de  toute  autre  société. 
Il  faudrait  pouvoir  étudier  la  magie  grecque  cité  par  cité, 
culte  par  culte,  pour  que  l’exposé  historique  des  faits 
connus  ait  une  valeur  scientifique  quelconque.  Les  faits 
sont  malheureusement  trop  peu  nombreux,  trop  incohé¬ 
rents  et  trop  imparfaitement  rapportés,  et  l’on  doit  se  con¬ 
tenter  d’un  à  peu  près.  Dans  l’étude  de  la  magie  ancienne 
des  Grecs  on  doit  considérer  deux  sortes  de  données  de 
signification  très  différente,  les  unes  mythologiques, 
les  autres  historiques.  Les  premières  nous  font  aperce- 
VlMr  *  étendue  du  concept  magie,  les  deuxièmes  nous 
renseignent  sur  la  technique  des  arts  magiques. 

^0us  nous  dispensons  d’énumérer  dans  la  magie 
■jb biologique  tous  les  cas  de  merveilleux  qui  paraissent 
épasser  les  données  habituelles  du  merveilleux  divin; 
(111 11  nous  suffise  de  signaler  ce  qui  est  expressément  qua- 

dJiÏ!i]  Ihe°d'  XVI’  X>  7  ;  Cod.  J ust.  IX,  XVIII,  9  ;  Mommsen,  L.  I.  —  2  Mommsen, 
_  J  'S‘0"sfrevelnach  rom.  Recht,  in Bistorische  Zeitschrift,  1890, II, p.  384  sqq. 

I5; cf  7'"vnP'  4I°'.~  4  Bluns’  °-  1  ’  Cic-  De  le9-  1[-  21  i  Paul-  Sent- v’  xxm’ 

saijon  j  *['  x  HL  26  ;  cf.  le  procès  d'Apulée.  —  i>  Tac.  Ann.  II,  95  ;  cf.  l’accu- 
pTmc  contre  les  chrétiens,  Le  Blant,  Mémoires  des  Antiquaires 

a.  (la  1,  |  ' 1  P  6  ^'C-  ^  I  d-  Codex,  I,  XI,  2,  De  sacri/iciis prohibais, 

to  1/ie  hisi  'l0r,C  spécialemeut  contre  la  divination).  —  7  Jevons,  Introduction 
0.  I  arï  °f  Religion,  1896  ;  T.  Witton  Davies,  O.  I.  p.  18  sqq.  -  »  Heim, 
(lieuses  de  i,  *  ,'OS8lgnoIl  Les  métaux  dans  l'antiqu.;  Origines  reli- 

XlV,6io  Jo-  'nela^^r3ic,  Paris,  1863.  —  10  Courètcs  :  Pans.  IV,  31,  9  ;  Slrab. 
HéraTû’V  oscher’s Lexikon,  II,  1611-1613.  —  Il  Uiod.  V,  55;  Apollon  Tdp.o;  ; 


Plus.  IX  pi  '■  slalue  d  Atlicna  TsX^moc,  Nicol.  ap.  Stob.  Serm.  XXXVIII,  225  ; 
Elym.  Mn’„  '^lyles  :  Phcrecyd.  ;  Athen.  XII,  70  ;  Clem.  Al.  Strom.  I,  132; 


T«lchineS;  s"rah*xT,,;  ^  P*P'  Lond'  XLVI’  454’  Courèles  :  strab-  474>  23- 
tlSl-1202.  _S|*  ‘  L  601  ;  Suidas  explique  teL^ves  par  SéVjei,  s.  v.  ;  Lobeck,  Agi. 

lenkon,  q  |'',"CS  nia8>qucs  fabriquées  par  les  Telchines,  L.  L  1187  ;  Roscher, 
)}  lv°ss*gnol,  O.  I.  p.  16,  32,  34,  J 06  sqcj.  —  *3  ^icol.  L,  l.  ;  Slrab, 


lifié  de  magique.  Parmi  les  magiciens  mythiques,  il  faut 
faire  une  place  à  part  aux  Telchines,  aux  Dactyles,  aux 
Courûtes  et  aux  Corybantes9.  Ce  sont  sans  doute,  à  cer¬ 
tains  points  de  vue,  des  êtres  divins  qui  reçoivent  quel¬ 
quefois  un  culte  l0,  des  serviteurs  de  dieux,  et  même  les 
Telchines,  qui  sont  généralement  présentés  comme  des 
êtres  malfaisants  et  des  adversaires  de  la  divinité,  sont  à 
leur  heure  des  fondateurs  de  cultes  11 .  Mais  ils  sont  expres¬ 
sément  qualifiés  de  goètcsli.  Les  Telchines  sont  en  outre 
des  jeteurs  de  sorts,  des  |3à<7xavot13,  qui  stérilisent  les  ani¬ 
maux,  dessèchent  les  plantes  14  et  ruinent  les  terres 15  ;  ils 
disposent  dans  leurs  maléfices  de  l’eau  du  Styx  16.  Quant 
aux  Courètes,  l’acte  caractéristique  de  leur  rôle  mytho¬ 
logique  est  de  nature  à  confirmer  le  titre  de  goûtes  qui 
leur  est  donné;  la  danse  armée  à  laquelle  ils  se  livrent 
autour  de  Zeus  enfant  est  une  cérémonie  conjuratoire, 
un  àiroTpôitxiov  qui  peut  passer  pour  magique*7.  Les  uns  et 
les  autres  sont  des  savants18;  ils  connaissent  les  secrets 
de  la  nature  et  du  destin,  et,  comme  tels,  ils  sonl  à  la  fois 
devins  19  et  médecins20.  Cette  connaissance  de  la  méde¬ 
cine  les  fait  considérer  indifféremment  comme  des  dieux 
guérisseurs  ou  comme  des  sorciers.  Enfin  ces  trois 
familles  de  démons  moitié  dieux,  moitié  hommes,  sont 
des  corporations  de  métallurgistes  ;  ils  sont  même  les 
inventeurs  de  la  métallurgie21.  Or  l'histoire  de  l’alchimie 
nous  montre  comment  la  métallurgie  empirique  s’associe 
à  la  magie;  elle  repose  sur  des  secrets  qui  se  transmet¬ 
tent  précieusement  de  génération  en  génération  :  ces 
secrets  sont  fréquemment,  chez  les  primitifs,  le  monopole 
de  familles  ou  de  corporations  fermées,  quelquefois  étran¬ 
gères  à  la  société  normale  ;  bref,  les  forgerons  touchent 
aux  magiciens22.  A  l’énumération  des  magiciens  my¬ 
thiques  l’on  peut  donc  ajouter  les  Cyclopes,  autres  métal¬ 
lurgistes  d’une  part,  et  d’autre  part  les  Centaures  Chiron 23, 
qui  est  un  médecin,  et  Nessus 24  à  la  tunique  empoisonnée. 
La  légende  judéo-chrétienne,  semblable  à  la  mythologie 
grecque,  attribuait  également  l’origine  de  la  magie,  de 
la  métallurgie,  de  l’alchimie,  de  l'astrologie,  de  toutes  les 
sciences  mystiques  à  des  êtres  intermédiaires  entre  la 
divinité  et  les  hommes,  issus  de  la  divinité,  mais  indisci¬ 
plinés  et  maudits  comme  les  Telchines  et  dont  la  malé¬ 
diction  pèse  sur  les  arts  qu'ils  enseignèrent  :  ce  sont  les 
anges  déchus  chassés  du  ciel  pour  avoir  forniqué  avec 
les  mortelles23.  On  a  remarqué  que  beaucoup  de  sociétés 
attribuaient  aux  populations  qui  les  avaient  précédées 
sur  la  terre  qu’elles  occupaient  la  connaissance  de  certains 
secrets  et  la  pratique  ou  l'invention  des  arts  magiques. 
La  Grèce  ne  fait  pas  exception,  car  les  trois  ou  quatre 
clans  divins  dont  il  s’agit  figurent  dans  l’ethnographie 
légendaire  et  ont  été  considérés  comme  les  anciens  habi- 

L.  l.\  Suid.  L.  I.  —  14  Strab.  L.  I.  ;  Suid.  L.  I.  —  Hcrennius,  De  diff.  p.  157 

—  16  Xoun.  XIV,  36  sqq.  ;  Strab.  L.  I.  —  *7  ['relier.  Gr.  Myth.  I,  1,  134  ;  Tzelz. 
in  Lycophr.  1968  M.  ycAxôç  xjott.OeI;  k  4  e  t  tù  sârjiaia  ;  Tuchnianii,  La  fascination , 
iu  Mélusine,  t.  IX,  66.  —  18  Clem.  Alex.  L.  I.  ;  les  Dactyles  sont  les  m&itrcs  d'Orphée 
(Diod.  V,  64),  de  Pythagore,  Porpb.  V.  Pyth.  p.  17.  Courètes,  Diod.  V,  63,  2. 

—  16  Courètcs,  Apollod.  III,  3, 1  :  Kouo^tiov  Zcnob.  IV,  61;  Hesycli.  Suid.;  Nauck, 
Trag.  fr.  adesp.  580.  —  80  Paionios,  Iasias,  Akesidas  sonl  des  noms  de  Dactyles  ; 
Amulettes  (xEçian^aTu)  au  nom  de  Dactyle  Héraclès,  Diod.  Sic.  V,  64;  cf.  Plut.  Quo 
modo  quis  suos  in  virilité  sentiat  profectus,  p.  85;  Courctes,  Anon.  Stud.  Anecd. 
varia,  1,  284 ;  cf.  Pans.  V,  7,6;  Muas,  Aratea,  3V9;  Telchines,  Lobeck,  O.  I.  1193. 

_ 21  Rossignol,  O.  t.  ;  Dactyles  inventeurs  de  la  métallurgie  du  fer,  Diod.  XVII,  7; 

Schol.  Apoll.  Rb.  I,  1129;  Slrab.  X,  473.  Courètes,  inventeurs  du  travail  du  bronze, 
St.  Byz.  s.  r.  A'tSr,4o;  ;  Strab.  472,  19  ;  474,  23.  Telchines,  Eustalh.  771,  50, 
Chryson,  Argyron,  Chalcon.  —  22 Cyclopes  et  Courètes,  ap.  Roscher,  Lexikon,  II, 
j593,  _  23  (lias,  IV,  219;  XI,  831;  Pind.  Pyth.  IV,  180;  Apollod.  II,  5,  4; 
III,  13,  8;  Pbn.  Nat.  Hist.  VII,  196,  etc.  —  2t  Hirschfeld,  O.  I.  p.  7. 

25  Enoch.  VII,  sqq. 


MAC. 


1 498  — 


MAC, 


lants,  les  Telchines  de  Rhodes,  les  Dactyles  de  l’Ida 
crélois  et  de  l'Ida  phrygien,  les  Courètes  de  l’Acarnanie 
et  de  la  Crète  *.  Cette  magie  des  primitifs  parait  avoir  été 
également  attribuée  aux  Pélasges,  que  l’on  croit  voir 
sur  la  frise  du  Théseion 2  faire  voler  les  pierres  par  des 
moyens  surnaturels. 

Les  trois  magiciennes  mythologiques  sontCircé,  Médée 
et  Agamède  Joignons-leur,  pour  être  plus  complet,  Pasi- 
phaé*  et  Oenone5,  qui  sont  également  des  tpxpgaxt'Ssç,  et  le 
divin  Mélampous  ®.  Circé,  fille  du  Soleil,  est  une  «  dame  de 
la  mer  »  plutôt  qu’une  magicienne  ;  elle  ensorcelle  les  ma- 
i  ins  qui  s  aventurent  dans  son  domaine  1  ;  on  ne  lui  prête 
pas  d  autres  maléfices  ;  son  pouvoir  procède  de  la  connais¬ 
sance  des  plantes8  ;  elle  fait  boire  à  ses  victimes  des  po¬ 
tions  magiques9  qui  les  métamorphosent;  elle  les  ramène 
a  leur  première  forme  en  les  frottant  avec  des  onguents  : 
Ulysse  est  sauvé  par  la  vertu  d’une  plante,  le  moly,  dont 
il  est  pourvu.  Circé  est  munie  d’une  baguette  magique10. 

Médée  est  la  proche  parente  de  Circé  n,  et  l’on  trouve 
en  Colchide  un  Ttsolov  Ki'pxr,çis.  De  même  que  Circé, 
Médée  est  quelquefois  élevée  au  rang  des  dieux13.  Mais 


elle  est  plus  véritablement  magicienne  et  sorcière  que  la 
précédente  et  elle  personnifie  uneconceplion  plus  précise 
et  plus  riche  de  la  magie;  en  tout  cas  son  art  est  plus 
varié.  La  tradition  insiste  sur  le  rajeunissement  d’Aeson  11 
et  sur  d’autres  cas  de  rajeunissement  (fig.  4780) 15.  Médée 
charme  le  dragon  gardien  de  la  toison  d’or  par  une  asper¬ 
sion  magique16;  elle  triomphe  par  un  charme  du  géant 


Talos 11  ;  elle  empoisonne  son  frère  , 
verse  l’air  sur  un  char  attelé  de  dragon'  "a  Klle 
représente  munie  d’une  boîte  où  sont  r?n‘ és‘9’ C 


Ira. 
)n  la 

'il  40,  voir  medea!  20  C'!!!"'UU’es  ses 
J  ’  L  est  Particuliè- 

son 


drogues  [jason,  fi 

rement  de  la  connaissance  des  plantes  une 
pouvoir 21 .  De  même  que  les  Courètes  sont  a  * 

lisateurs22,  Médée  est  une  magicien 
<uérit  les  héros23,  conjur 


i  a»1*»  génies  cij. 

lne  bienfaisante  pn. 
.  re  les  famines2*  don  ‘  e 

'T**?*  el  iwMil  Agaméde 

i.lle  d  Augeias,  peUte-fllle  d'Hélios,  twm  ,le  *' 

maîtresse  de  Poséidon,  est  une  autre  Médée  a"  , 
versée  dans  la  connaissance  des  plantes28  Mé  P  '  'ment 
être  en  somme  la  personnalité  la  plus  dévelonnl  T*' 
classe  d’homonymes  où  l’on  doit  compter  encore  \T 
rnédès,  père  de  Trophonios29.  11  faut  en  rapprocher auss 
I  romethee,  en  raison  du  tpapgaxov  LfoopîOstov,  que  Médé 

compose  pour  rendre  Jason  invulnérable30. 

L’origine  de  la  tradition  magique  est  rapportée  à  cett< 
personnalité  multiple  ;  c’est  ainsi  que  s’exprime  ici  contrat 
ailleurs  le  rapport  de  la  pratique  et  du  mythe.  Par  exempt, 
les  formules  au  moyen  desquelles  on  conjure  les  vents i 
Ti  tane  (près  de  Sicyone)  remonten t  à  Médée 31 .  D’autre  par 
les  Dactyles  sont  les  inventeurs  des  Ephesia  grammata 3 
et  paraissent,  ainsi  que  les  Corybantes,  inséparables  de: 
Mystères.  On  fait  remonter,  selon  Apollodorc,  au-devii 
Mélampous  T7|V  Sià  tfâpgaxatv  xai  xaOapgfijv  0epa7ceiav 

Sur  la  pratique  de  la  magie  en  Grèce,  nous  savon 
malheureusement  peu  de  chose.  La  légende  d’iphiklos 
fils  de  Phylax,  est  un  bon  exemple  de  ce  que  pouvait  ètr 
la  magie  médicale  aux  temps  héroïques 3 11  n’avait  pa 
d’enfants.  Mélampous  consulté  offre  un  sacrifice  .où  i 
convoque  les  oiseaux  ;  le  vautour  lui  apprend  que  Phylax 
un  jour  qu’il  châtrait  des  boucs,  avait  menacé  Iphiklos  d 
son  couteau  sanglant  et  que  le  couteau  avait  été  plant 
dans  un  certain  arbre;  le  devin  fait  retirer  le  couteau 
gratter  la  rouille  (?)  et  ordonne  à  Iphiklos  de  boire  cett 
rouille  dans  du  vin  pendant  dix  jours  de  suite;  aprè 
quoi  il  retrouva  sa  virilité.  Les  fils  d’Autolycos  gué 
rissent  une  blessure  d’Ulysse  au  moyen  d’une  èmoiüt)  3j 
il  n’y  a  point  de  raison  de  clouter  cque  ce  soit  une  incan 
talion  magique36.  Le  cas  n’est  pas  d’ailleurs  isolée 
l’incantation  (ÊTripoVj)  devait  être  l’un  des  artifices  habi 
tuels  des  médecins-magiciens31.  Le  mot  0éÀyw  exprimi 
l’action  magique  des  charmes38.  L’emploi  des  plantes  e 
de  drogues  tirées  des  plantes  paraît  être  l’une  des  partie: 
principales  de  l’ancienne  magie39;  Hélène,  qui  est  uni 
magicienne,  jette  dans  le  vin  de  ses  hôtes  un  ocqaaxo 


telchines,  Nicol.  L.  l.\  Lobeck,  Aglaoph.  1195.  Courètes  d’Akarnanie,  Roscher, 
Lexikon,  I,  1588-1593.  —  2  Br.  Sauer,  Das  sog.  Theseion,  pl.  m  et  p.  133  ;  Bruck, 
Quae  veteres  de  Pelasgis  tradiderint,  diss.  Brcsl.  1884;  cf.  la  légende  d'Amphion, 
voir  entre  autres  Paus.  VI,  20.  —  3  Welcker,  hleine  Scrift.  III,  p.  20.  — 4  Apollod. 
III,  15,  1.  —  5  Apollod.  III,  12,  0.  —  fi  Apollod.  II,  2,  4.  —  7  Odyss .  X,  135 

sqq.  ;  Tib.  II,  IV,  55  ;  Ov.  Met.  XIV,  14.  —  8  Odyss.  X,  213,  276  ;  Epigr.  Kàjxtvo;, 

15  sqq.:  Theocr.  Il,  15;  IX,  36;  Apollod.  III,  15,  1;  Nonn.  Dionys.  XXII,  77. 

—  9  Athen.  I,  p.  10  A.  —  10  Odyss.  X,  238.  Pour  les  représentations,  voir 

O.  Jahn,  Arch.  Beitrâge  p.  401  ;  Arcli.  Zeit.  1865,  pl.  xiv ;  1876,  pl.  xiv,  xv;  Schlie, 
Der  troïsch.  Sasenkreis  nuf  Asclienkislen,  p  182  et  s.  ;  Jonrn.  of  hellen  stud. 
1892  (Miss  Sellers)  ;  Rev.  archéol.  1897,  p.  37  (Perdrizet).  —  H  Exceptionnellement, 
elle  apparaît  comme  la  sœur  de  Circé  :  Diod.  IV.  45  ;  cf.  Sch.  Ap.  Rb.  III,  200. 

—  12  Tim.  fr.  9  (Sch.  Ap.  Rh  II,  399)  ;  Val.  Flacc.  V,  327  ;  Diod.  L.  I.  —  13  Athc- 

nagoras.  Légat,  pro  Christ.  14,  cite  Alcman  (fr.  106  Bergk)  et  Hésiode  (cf.  Theog. 
965).  Identifiée  à  Angitia  cl  à  la  Bona  Dea  :  Macrob.  Sat.  I,  12;  Serv.  Ad  Aen. 
Vil,  750;  cf.  Cn.  Gellius,  fr.  9  (Solin.  II,  28).  —  14  Nostoi,  fr.  6  lSch.  Aristopli.  Equ. 
1321,  et  Hyp.  Eur.  Med.)  ;  Simon,  fr.  204  ;  Pind.  Pyth.  IV  ;  Pherec.  fr.  l£;  Ov. 
Met.  VII,  179  sqq.;  Mytti.  Vat.  I,  188;  Plat.  Euthyd.  285  C;  Anthol.  XV,  26. 
Welcker,  l.  I.  p.  22.  —  15  Aesch.  fr.  49,  (nourrices  de  Zeus)  ;  Hvg.  fr.  182;  cf 
Aristoph.  Equ.  1321  (Demos);  Paus.  VIII,  11, 2  (béliers).  Apollod.  I,  9, 27  ;  cf.  Frazerj 
Paus.  t.  IV,  p.  218.  Notre  figure  est  tirée  de  Gerhard,  Auserlesene  Vasenhilder ,  157, 


I,  2.—  16  Pind.  Pyth.  IV,  224;  Apoll.  Rb.  IV,  156  sqq.  Voir  Jason,  p.  616  cl  *• 
et  Medea.  —  47  Apoll.  Rb.  IV,  1638  sqq.  :  Apollod.  1,  9,  26 Fr.  hist .  H  :  ’  ^ 

(Leon).  —  18  La  robe  de  Creousa  :  Eur.  Med.  784  sqq.  ;  Apollod.  I,  1  -  ^ 

Paus.  t.  III,  p.  26.  Les  Lesbiennes  (Suvovniu)  :  Ap.  Rb  L  615  (M)isib -  » 

—  19  Eur.  Med.  1321  sqq.  ;  Ov.  L.  I.  350  ;  Hor.  Ep.  3,  14.  20  ^  ^ 

Aristid.  I,  p.  7C;  Gerhard,  Alcadcm.  Abh.  pl.  xiv.  —  21  Pind.  L.  1.  I  ,, 
9,  23.  —  22  Diod.  V,  65.  —  23  Diod.  IV;  48  ;  guérit  la  folie  d  Héraclès  "  ^  ^  ( 

—  21  A  Corinthe,  Sch.  Eur.  Met.  Il  ;  Sch.  Pind.  Ol.  XIII,  ' ■  *  ,s  /; 

16  et  Scli.  ;  Prop.  H, 


18, 


—  26  pind.  Pyth.  IV,  in  princ.  — 27  Theocr.  ...  - 

XI,  738  sqq.  —  29  Usener,  Gôtternamen,  p.  1«3;  Deubner,  De  tncu  «  «>'  '■  ^ 
n.-7.  —  30  Apoll.  Rh.  III,  845  ;  Soph.  p.  315  (Etym.  Magn.  p.  439,  ')  •  ,  , 

IV,  221  ;  Apollod.  I,  9,  23.  -  31  Paus.  Il,  12,  1.  -  32  Clem.  Alex.  L.  I-  '  '  J 

-  33  Apollod.  II,  2,  2.  -  34  Apollod.  I,  9,  12.  I.a  légende  doit  Mre ^  ^  .  xV> 

autres  faits  relatés  dans  ce  passage  sont  mentionnes  pa>  !h--  ’  ^  j-|]Cocr. 
230  sqq.  et  Sch.;  cf.  Sch.  Ap.  Rh.  I,  118  (Hcsiod.)  ;  l’aiis.  IV,  /,/, /ne 

4:1.  _  33  Od.  XIX,  456.  —  30  Welcker,  Epoden  vnd  das  Hepnec  ) m  51 
Contra  Heim,  O.  I.  p-  466. 


III 


Pind.  Pyth. 

Schriften,  III,  p.  64  sqq.;  Contra  Heim,  O.  t.  p.  ^  y(clian. 

Ascl.  guérit  les  blessés  paXecxaTt;  IirsoiSat;;  Epigr-  hotn.  Ka Jp 
h.  Il,  18  ;  Sch.  Pind.  lsthm.  VI,  53  ;  Philopat  ris,  c.  9  ;  Emploi  cm  m  ^  ^  ^  :)9  -y/, 
dans  Acsch.  Agam.  1418.  —  38  Od.  V,  47  ;  X,  318  ;  XXIV,  3  . 

XI,  741  ;  Od:  II,  328  ;  IV,  220  sqq.  ;  cité  par  Apul.  De  mag.  XXX  . 


MAC 


—  1499  — 


MAC 


,  (|  ]T .. ypte 1 .  Un  instrument,  ou  un  talisman  sur 
rapp01'"' ^  Ju|.onS  h  revenir,  l’ïuyÇ  appartient  au  bagage 
le,lll,“  ""u'ngie.  Mais  en  somme,  nous  ne  la  connaissons 
de  allusions  d’ailleurs  trop  rares  de  la  tragédie, 

^‘V'i'nuédié  ou  des  orateurs2.  Nous  n’avons  rien  qui 
dl'.la  donner  une  idée  précise  et  complète  des  pro- 
pUJS.s  e'inidoyés  avant  le  temps  où  des  influences  discer- 
ll(s  sont  venues  modifier  la  tradition  primitive.  Sauf 
T  1 1' niantes  exceptions,  comme  Empédocle,  qui  circule 
0  "irs  villes  siciliennes,  couvert  de  bandelettes  et  de 
ouroimes,  reçu  comme  un  dieu  et  faisant  des  miracles3, 
le  magicien  d’alors,  c’est  le  goète*  doublé  du  cpotpfxaxdç, 
sorcier  populaire,  incantateur  bruyant  et  vulgaire, 
sorte  de  brahmane  ridicule  et  méprisé,  mais  dont  on 
craint  les  maléfices  et  les  poisons  6,  bon  d’ailleurs  à 
tous  les  métiers,  pleureur  6,  diseur  de  bonne  aventure, 


médecin,  etc. 

Les  goûtes  sont  des  vagabonds,  de  véritables  bohémiens 
qui  exercent  leur  art  dans  les  cités  grecques  sans  y  être 
officiellement  autorisés.  Par  opposition  à  la  magie  dif¬ 
fuse  dont  ils  sont  les  agents,  la  magie  mythique  est  can¬ 
tonnée  en  Colchide,  en  Phrygie,  dans  les  îles.  Cependant 
la  magie  pratique  paraît  avoir  aussi  son  port  d’attache 
dans  des  contrées  situées  sur  les  confins  du  monde  grec 
et  particulièrement  en  Thessalie.  La  Thessalie  est  la 
terre  bénie  des  magiciennes,  terre  des  miracles  et  des 
enchantements7.  Cette  magie  thessalienne  se  rattache 
spécialement  à  Médée.  C’est  en  Thessalie  que  Médée  vient 
s’établir  avec  Jason  et  se  fait  une  nouvelle  patrie  ;  on 
raconte  que  les  plantes  aux  vertus  merveilleuses  qui 
croissent  en  Thessalie  viennent  de  la  boite  de  Médée 
qu’elle  avait  perdue  en  traversant  le  pays8.  La  ville 
d’Ephyra,  qui  a  la  spécialité  des  bupo ©Oôpa  çàpgaxa,  que 
ce  soit  celle  d’Élide,  de  Thesprotie,  de  Thessalie  ou  de 
Sicyonie,  est  liée  à  la  légende  de  Médée.  Nous  voyons  que 
les  puissances  magiques  sont  dans  une  certaine  mesure 
localisées. 


La  Thrace  est  un  autre  réservoir  de  magie,  bien  que 
Pline  conteste  l’importance  de  la  magie  thrace  9.  Mais 
celle-ci  ne  doit  pas  être  séparée  de  la  magie  orphique10, 
ùcphée  est,  comme  Musée11,  un  magicien  ou  un  mage  et 
comme  un  inventeur  de  magie12,  un  médecin13,  et  les 
Satyres  du  Cyclope  d’Euripide  souhaitent  une  ÉTnpÔTi 
pour  que  leur  besogne  se  fasse  toute  seule  (wç 
«wogaTov  tqv  oaXôv  rps^etv) u.  Un  nombre  notable  de 
^celtes  attribuées  à  Orphée  ont  été  réunies  dans  les 
iphiea  d’Abel10.  Un  des  Ephesia  grommata  usuels 
««os  la  magie  est  qualifié  d’orphique16.  Enfin  la  figure 
populaire  de  l’Orphée  magicien  du  ve  siècle  est  devenue 
nu  des  principaux  caractères  de  la  magie  mystique 

_ 4 Maiir  1  '  *  ~  2  1 J irsclsfcld,  O.l  p.7  sqq.  — 3Diog.  Laert.VIII,  59,02  sqq. 

Apul  \/ri  «  "  ~  *  'al-  Leg.  XI,  933  I).  —  6  Cedrenus,  p.  41.  —  7  Luc.  Lucius 

Roscher*  swV’-W  VIU’  27  :  PIut-  P  race,  conjug.  XXIII  ;  Anth.  Pal.  V,  205  ; 
p. 7c. _9 pi  **  S1|'l-  ’  'a.  Lexikon ,  H,  3105.  —  8  Sch.  Ai'.  JVi ib.  749;  Aiistid.  I, 
Pün.  JVa/  //"!'  i  HUL  XXX’  b2'-  10Em'-  Alc-  973  Xirchlicim  ;  Pans.  VI,  20, 18  ; 

—  UPaus  /  .  XXX'  11  Olal.  llesp.  304  E  ;  Philoch.  in  Sch.  Arist.  Pan.  1023. 
T*tl*«-.VV  II  0  /  ;  Ap,Ul'  DfMaS-  XXVI1-‘  Apoll.  Epp.  XVI,  390.  -  13  Eur.  L.  I. 

—  '"Abel  172 ''p*’’  £'  'TÏV[<rlv>  sii  ’Oçiîia  «a^papv  fîjpu;.  —  14  Eur.  Cycl.  039. 

4i9,,i„  .  Sl‘~ 16  Wessely ,Neue  griechische  Zauberpapyri,  pap.  Lnnd.  CXX1, 

in  ///,_  $j;!  !  TiaxEi;  Hcsyçh.  «irxixaTafrxt;  Wünsch,  A’eue  Fluchtafeln , 

i.  '■  i  Lobeck  i  ";  P’  ~S'  ~  17  Apul*  L '  L  •  Str-  330>  P-  18  i  Plin.  Z.  I.  ;  Phitoslr. 
Jfnj/ca,  ,,  7’7t  9Ji'  î3n  8<WO  Dieterich,  Philol.  Jahrb.  Sp.  B.  XVI,  p.  753  ;  Pap. 
- 1*  Marin  l  i>  <  "csscly,  Ephesia  Gramm.;  Dioterich,  Abraxas,  120  sqq. 
XVIH,  7111;  Ab'cl  l  0Cl‘  XXX11-  -  19  Hippol.  Philos.  V.  20  (144).  —  20  Tzctz.  II. 
P- 695,  22  Dj  i  /  S  *  *  ~~  itpuffouofeuç  in  Fabric.  Bibl.  grâce,  t.  XII, 

l"a8i<lnft  de  r.lnr, .  '  ^ hymn.  orphicis ,  p.  48,  les  premiers  vers  de  la  lablelle 

'  SOnl  plla,u  orphique;  cf.  Maass,  Orpheus,  1895.  —  23  paus. 


postérieure17.  On  associait  les  rites  orphiques  aux  rites 
chaldéens l8.  Les  Oph i tes  Séthiens  se  réclamaient  d'Or¬ 
phée  19  et  l’on  faisait  de  lui  l’un  des  initiateurs  de  l'astro¬ 
logie20  et  de  l’alchimie21.  En  somme,  il  est  souvent  assez 
difficile  de  distinguer  les  textes  magiques  des  textes 
orphiques22.  Il  est  vrai  cependant  que  l’orphisme  n'ap¬ 
partient  pas  essentiellement  à  la  magie,  qu'il  est  au 
contraire  à  proprement  parler  un  phénomène  religieux 
et  ijue  la  tradition  orphique  n’a  été  invoquée  que  secon¬ 
dairement  par  les  magiciens.  Cependant  les  cérémonies 
lustrales  particulières  à  l’orphisme,  l’association  de  la 
figure  d’Orphée  au  culte  de  Séléné  et  d'Hécate23  étaient 
de  nature  à  favoriser  les  confusions.  Comment  distinguer 
des  magiciens  les  prêtres  libres  de  l’orphisme,  les  ayépTa: 
et  les  \j. 7.vT£i;  dont  parle  Platon  dans  la  République*1"*! 
C’était  affaire  de  point  de  vue.  En  tous  cas  ràyuf.Ttxov  et 
la  yoTjTefa  sont  des  choses  que  l'on  rapproche2,  et  il  est 
probable  que,  sinon  l’orphisme,  du  moins  les  orphiques, 
ou  les  soi-disant  orphiques,  aient  prêté  au  rapprochement. 

11  en  est  de  même  des  Mystères  en  général26  [mysteriaA 

L’association  de  la  magie  et  de  l’orphisme  nous 
montre  :  1°  qu'une  forme  anormale  de  religion  se  confond 
facilement  avec  la  magie  et  contribue  naturellement  à  en 
élargir  1  "idée  ;  2°  qu’en  fait  et  par  suite  de  la  situation 
qui  est  faite  à  ses  adhérents  dans  la  société,  elle  tend 
vers  la  magie  ;  3°  que  la  magie  usuelle  s’enrichit,  au  con- 
lacL,  de  principes  et  de  modes  d'action  nouveaux  et 
qu’elle  lui  demande,  entre  autres  choses,  une  théorie. 
Ce  que  les  relations  de  l’orphisme  et  de  l’ancienne  yot,tsix 
laissent  entrevoir  obscurément,  apparaît  clairement  dans 
les  effets  produits  par  l’introduction  des  religions  orien¬ 
tales  dans  le  monde  grec. 

Entre  toutes  les  religions  qui  contribuèrent  à  la  forma¬ 
tion  delà  magie  des  temps  nouveaux,  celle  des  Perses  fut 
considérée  comme  typique  et  fournit  le  nom  du  mé¬ 
lange27.  Zoroastre  passa  bientôt  en  Grèce  pour  le  père 
de  la  magie28.  Les  grands  philosophes  et  les  sages 
voyageurs  de  l’antiquité,  Pythagore 29,  Epiménide 3", 
Démocrite31  et  même  Platon32,  qui  étaient  censés  avoir 
eu  la  révélation  des  doctrines  orientales,  furent  pourvus 
d’une  réputation  de  grands  magiciens  et  considérés 
comme  les  premiers  révélateurs  de  l'art  divin.  Pythagore 
passait  pour  un  disciple  de  Zoroastre;  Démocrite  avait 
violé  le  tombeau  de  Dardanos  pour  en  tirer  des  manus¬ 
crits;  initié,  selon  d  autres,  par  le  Perse  Osthanès33,  il 
devint  l’une  des  tètes  de  la  tradition  alchimique.  On 
raconte  que  des  devins  grecs  avaient  été  s'instruire  à  la 
cour  du  grand  roi 3i.  Parmi  les  mages  dont  les  noms  sont 
associés  à  la  magie  gréco-romaine,  mentionnons  le  Clial- 
déen  Zaratas,  maître  de  Pythagore35,  Gobryas  et  Paza- 

L.  I.  ;  Abel,  Orp/i.  Argon.  974  ;  Lith.  45,  47;  Dielcrich,  O.  I.  —  24-  r*Iat. 
Hep.  II,  364;  cf.  Theophr.  Char.  16  ;  cf.  Lobeck,  Agi.  p.  Gio  sqq.  —  2“*  Slrab.  474, 
23  ;  cf.  Soph.  Od.  388  ;  Eur.  Hhes.  503  ;  Diug.  Lacrt.  Epie.  X,  4.  —  20  De  Jong, 
De  Apuleio  Isiacorum  mysteriorum  teste ,  1901,  p.  67  sqq  ;  Sch.  ad  Arisl.  Pac. 
277.  —  27  Philoslr.  Epp.  XLVI,  935.  —  28  Dioscor.  De  mat.  med.  II,  1  44;  IV,  175  ; 
Geopon.  I,  LXXIV  ;  Luc.  Nekyom.  6;  Pap.  Lugd.  Bat.  IV,  XXII,  19;  Dieterich, 
Pap.  Magica,  p.  755  ;  Kroll,  De  oraculis  chaldaicis ,  p.  1,  n.  ;  Windischmann, 
Zoroastrische  Studien.  —  29  Apul.  De  May.  XXXI,  XXVII;  Val.  Max.  IV,  1,  7  ; 
Plut.  Symp.  VIII.  8  ;  Ael.  1  ar.  h.  XIII,  31  :  Apoll.  Epp.  XVI,  39  s.  ;  Dioscor.  De 
mat.  med.  II,  144,  207  ;  III,  33,  41  ;  Jambl.  De  V.  Pyth.  19,  151  ;  Porph.  V'.  Pyth.  6. 
—  30  Apul.  L.  I.  XX\ II.  —  31  Plin.  XXX,  $  ;  X\l\  .  17  ;  XX\  ,  2  ;  Soliu.  III,  13  ;  Scnec. 
Epp.  XC;  (iell.  X,  12;  Diog.  Laerl.  IX,  48;  Bcrlhelot,  Orig.  de  l'Alchim.  p.  148; 
hl.  Les  origines  de  l'Alchimie  et  les  œuvres  attribuées  à  Démocrite  d'Abdère ,  in 
Journal  des  savants ,  1884,  p.  545  sqq.  —  32  plin.  X at.  Hist.  XXX,  1.  i  ;  Apul.  De 
mag.  XXVII  ;  Diog.  Laerl.  111,  6.  —  MSynos.  in  Ep.  ad  Dioscorum ,  in  Fabric.  Bibl. 
gr.  VIII,  p.  -33.  — 34  Plin.  Nat.  Hist.  XXX,  1,  i  ;  Euseb.  Chron.  I,  48  ;  Praep.  ev. 
I,  10, 35  ;  V,  14  ;  Suid.  *  AaTçovojAia.  —  3o  Lobeck,  Agi.  471 


MA  G 


1500  — 


tas1.  Le  plus  fameux  est  sans  contredit  Osthanès*.  C’est 
un  successeur  de -Z oroastre  ;  sa  mission  spéciale  paraît 
avoir  été  de  mettre  par  écrit  la  tradition.  Pline  lui  attri¬ 
bue  le  premier  livre  de  magie  médicale3;  on  met  sur 
son  compte  des  apocryphes  alchimiques*.  Enfin  c’est 
le  plus  fréquemment  cité  des  auteurs  magiques5.  Le 
Mayixôç  attribué  à  Aristote  par  Diogène  Laerce  devait  être 
un  tableau  de  cette  magie  telle  que  les  Grecs  pouvaient 
se  la  représenter b.  Que  la  Grèce  n’ait  emprunté  à  cette 
époque  aux  civilisations  orientales  que  des  modes  d’action 
et  des  doctrines  d'ordre  religieux,  il  serait  sans  doute 
exagéré  de  le  prétendre.  En  tout  cas,  on  en  a  fait  entrer  une 
notable  quantité  dans  1  ordre  de  choses  opposé  à  l'ordre 
religieux  que  nous  désignons  sous  le  nom  de  magie,  et 
i  est  ce  qui  est  caractéristique.  Ainsi  la  magie  devint  une 
combinaison  de  religions  hétérogènes,  une  sorte  de  syn¬ 
crétisme  individuel  et  arbitraire7,  superposé  à  la  yoiyrsta 
primitive.  Nous  avons  établi  plus  haut  que  la  magie  était 
illégale,  nous  pouvons  dire  maintenant  qu’elle  est,  non 
Pas  constamment,  mais  fréquemment  considérée  comme 
étrangère^  la  société  où  elle  se  pratique.  Elle  est  illé¬ 
gale,  nous  dit  Cicéron,  parce  que  ses  rites  sont  étran¬ 
gers8.  Les  deux  caractères  sont  inséparables.  La  magie 
dans  une  société  donnée  est  le  fait  des  étrangers 9.  L’ima¬ 
gination  prête  aux  religieux  étrangers  les  actes  et  les 
pouvoirs  qui  composent  1  image  vulgaire  de  la  magie10. 
Les  religions  d  Asie  Mineure,  par  exemple,  furent  consi¬ 
dérées  comme  magiques  au  même  titre  que  celles  de  la 
Perse  et  de  l’Assyrie11.  Enfin,  comme  nous  l’avons  déjà 
indiqué  plus  haut  en  d’autres  termes,  une  religion  déra¬ 
cinée  est  magique  jusqu’à  ce  qu’elle  reçoive  le  droit  de 
cité,  officieusement  ou  officiellement,  là  où  elle  est  trans¬ 
plantée.  11  en  résulte  que  la  magie  ne  se  distingue  point 
de  la  religion  par  le  caractère  miraculeux  de  ses  effets 
ou  le  mécanisme  de  ses  procédés,  mais  par  ce  qu’elle 
présente  d’anormal  en  un  point  donné  de  l’espace  ou  du 
temps  et  d’incompatible  avec  le  système  des  idées  reçues 
et  des  images  coutumières.  Les  recettes  de  la  magie  sont 
d  autant  plus  efficaces  qu’elles  viennent  de  plus  loin  12. 

L  histoire  de  la  magie  à  Rome  ou  en  Italie  est  à  peu 
près  semblable  à  l’histoire  de  la  magie  grecque.  D’ail¬ 
leurs  on  la  connaît  mal,  et  les  meilleures  descriptions  de 
cérémonies  magiques,  celles  des  poètes,  dérivent  de  la 
poésie  grecque13.  A  l’origine  sorcellerie  populaire,  magie 
de  paysans,  médecine  dont  Caton  et  Varron  nous  ont  con¬ 
servé  des  incantations,  des  recettes  trop  rares,  mais 
caractéristiques1*.  Elle  se  mêle  aux  rites  de  la  vie  domes¬ 
tique,  éloigne  les  démons  qui  menacent  les  enfants15, 
jette  des  sorts  ( maleficium ),  attire  la  pluie,  la  grêle, 
l’orage  et  rend  les  champs  stériles  10.  Elle  se  distingue 

1  Diog.  Laërl.  Prooem.  2;  Procl.  in  Tiw.  IV,  285. —  2  H  y  aun  Oslhanès  historique, 
ilerod.  \  II,  41,  père  d'Amestris,  femme  de  Xcrxès  qui  accompagne  en  Grèce  l’armée 
perse;  cf.  l’lin.XXX,  1,2.  Un  deuxième  Osthanès  vil  au  temps  d’Alexandre,  Plin.  XXX,  1, 

-•  —  3  Plin.  XX  VIII,  1 ,  2  ;  cf.  XXX,  L.  I.  et  Diog.  Lacrt.  L.  I.  ;  cf.  Diosc.  O.  I.  J,  9  ;  II, 
193.  207;  III,  105;  IV,  33,  12G,  175.  —  4  Berlhelot,  Collect.  des  Alchim.  gr.  t.  II  ;  Orig. 
de  V Alchim.  p.  1G8  sqq.  et  p.  44,  n.  1.  —  5  Plin.  XXVIII,  69,  25G,  2G1  ;  XXX,  14; 
Diclerich,  Pap.  Magica,  p.  801,  1.  16;  cf.  P  hein.  Mus.  XXXV,  p.  418  ;  Terlull.  De 
anima,  LA  II;  Arnob.  Adv.  G  entes,  I;  Aug.  L.  IV.  contr.  Donat.  ;  Nicom.  Géras,  in 
Photius,  Biblioth.  cod.  CLXXXVII.  —  6  Rose,  A  ris  tôt.  Fragm.  III,  p.  32-36; 
Suidas  1  attribue  à  Anlislhène,  S.  O.;  Diog.  Laerl.  Procetn.  6-8  cite  un  repi  jxâywv 
d  Hermippos,  est-ce  1  astrologue?  —  7  Cumonl,  Textes  et  monum.  relatifs  au  culte 
de  M  Ultra,  1. 1,  p.  36  ;  cf.  Plut.  Desuperst.  166  B.  —  #Cic.  Deleg.U,  10.  -  9  Theocr. 

Descente  de  la  lune  opérée  par  les  Brahmanes,  Non  nus,  Dionys.  XXXVI, 

27  sqq.  ;  prélrc  égyptien,  Apul.  Metam.  II,  xxvm;  cf.  Budge,  Egyptianmagie ,  p.  13. 

—  11  Prêtres  asiates  qualifiés  de  ?à<rxavoi  xaî  yd^e;  :  Slob.  Serm.  XXXVIII,  225; 
Diod.  Sic.  V,  226.  —  12  Theocr.  L.  I.  ;  Virg.  Ecl.  VIII,  95.  Has  herbas  atque  haec 
Ponlo  müii  lecta  venena  ||  Ipse  dédit  Maeris.  —  13  Virg.  Ecl.  VIII;  Aen.  IV,  504 


MA  G 


parfois  malaisément  do  la  religion  .  . 

<lu  village,  de  la  ferme  et  de  la  forêt  des  ril(‘s 

MI  Tables,  qui  l’interdit,  atteste  qu’elle  « ?  i*  lo‘  cks 
au  moins  lorsqu’elle  est  malfaisante  des  .  dlstlnguée, 
dag.r  avec  les  puissances  surnaturelles 
privée  devait  former  un  vaste  domaine  indisUn7"lati01! 
magie  et  la  religion.  La  nékyomancie  était  .°nLre  la 
Le  mot  male  ficus,  usuellement  employé  noÙP T  ’ 
le  magicien  ne  devient  un  terme  de  droit  !  dés‘&ner 
Dioclétien 18.  On  comprend  sous  la  rubriq^^^ 


à  peu  près  l’ensemble  des  opérations  de  la  magie  tolérée 
ou  interdite;  c’est  ainsi  que  la  désigne  entre  autres  la  loi 
de  Sylla  de  Sicariis*9 .  Le  mot  magus  fut  introduit  dans 
la  loi  dès  la  première  année  de  Tibère20  et  est  générale¬ 
ment  appliqué,  à  partir  de  Trajan,  aux  praticiens  de  la 
magie  criminelle 21 .  Les  sorcières  sont  appelées  sagrtc  ou 
striges  ;  cette  dernière  expression  les  représente  spéciale¬ 
ment  comme  des  vampires22.  La  figure  4781  représente 
probablement  un  paysan  consultant  une  magicienne23. 

L’Étrurie  parait  avoir  été  pour  Rome  ce  que  la  Tliessa- 
lie,  la  Thrace  et  l’Asie  Mineure  ont  été  pour  la  Grèce,  une 
pépinière  de  sorciers,  faiseurs  de  pluie  ou  chercheurs  de 
sources24  [aquilexJ,  nécromanciens23,  etc.  Mais  l’harus- 
picine  avait  été  de  bonne  heure  adoptée  ou  légitimée 
[haruspex] .  Cependant  Caton  défend  encore  au  bon  fer¬ 
mier  de  consulter  les  haruspices,  les  augures  et  les 
harioli  aussi  bien  que  les  chaldéens26.  Outre  les  Etrus¬ 
ques,  les  Marses27  et  les  Sabins28,  les  Pélignes  avaient 
une  réputation  de  magie. 

L’afflux  des  rites  étrangers  se  produit  a  Rome  après 
la  seconde  guerre  punique,  comme  il  s’est  produit  en 


sqq.  ;  Ilorat.  Epod.  V;  Ovid.  Met.  VII,  159  sqq.;  cf.  Robert,  Bdd  ^ 
p.  231,  n.  5;  Lucan.  VI,  452-460  ;  Plin.  XXVIII,  2,  4.  -  U Cat.  B.  rust-  a-  •  ■  ^ 

96,  102,  127,  156  à  160  ;  Varr.  R.  rust.  (éd.  Keil),  I,  2,  273.  —  <■>  Ans  ■  ' 

Rimer,  p.  223  ;  Plin.  Nat.  H  Ut.  XI,  35,  95  (Slrigae).  -  1*  PI'"-  XXVI  ’n'^mst. 
Ou.  nat.  IV,  7;  Serv.  ad  Ecl.  VIII,  99;  Aug.  De  cio.  D.  VIII,  10  ;  P®  *  '  /' Aull,  ||, 
I,  35.  —  17  Cic.  Tuscul.  Quaest.  XVI  ;  De  divin.  I,  58  ;  C.  1  atin.  \  •  ; ,3i 

28  ;  Suet.  Ner.  34  ;  Plin.  XXX,  5  ;  Rio  Cass.  LXXVII.  -  18  Mommsen,  •  ^ 

n.  3.  —  19  Ibid.  p.  635  el  639.  —  20  Ibid.  p.  64c,  n.  7.  —  21  I<><  •  .  'j/eren- 

Theod.  IX,  xvi,  4;  Cod.  Justin.  IX.  xvw,  7.  —  22  Soldan,  Gesc  ic  i  3  ienSi 
prozcsse,  1,60  sqq.  • —  2-')  Peinture  de  Pompéi  ;  Hcllig,  Il  andyonai  ^  Mlillor, 
n»  1565.  —  24  Non.  Marcel),  s.  v.  Aquilex,  p.  69,  AI.  QmcheraJ;  c  ■  ^  ^  ^  3_ 

Die  Etrusker,  II,  318  sqq.;  Frazer,  Golden  Dough  2,  t.  .  __  2 tilt 

—  2UClein.  Alex.  Protrept.  H  ;  Tlicod.  Gr.  a/feet.  car.  X,  ^  jg ; 

agr.  V,  4.  -  27  Lucil.  XX,  5;  Virg.  Aon.  VII,  758;  H°r •  Ep ■  '^ltgnes  de 
Ov.  East.  VI,  141  ;  Plin.  VII,  2,  2  ;  Marie  Graliam,  Voyage  aar  ^  ^  Vj  ;ii. 
Home ,  1819,  p.  66;  llirsclifcld,  O.  I.  p.  24.  — 2t  Hor.  Sat.  I, 

Sur  les  Pèligne»,  cf.  Hor.  Ep.  XVII,  60. 


MA  G 


—  1501 


MAG 


stations  dont  Caton  recommande  l’emploi 
Crè  i  ,  luxations  ne  paraissent  pas  a  première  vue 
I  fnlr7i,  tradition  indigène1.  Ici  comme  en  Grèce,  les 
I  tenu; ||('  ères  non  autorisées  sont  confondues  avec 
religl°n!  et  soumises  à  la  même  législation.  La  situation 
laniaSK  t  uf,nip  au’en  Grèce  par  suite  des  efforts  faits 
estmieuxa  1 

Lm«"  . . 


restât  pas  lettre  morte.  Après  la 
,11Ilt>ITe  punique,  un  sénatus-consulte  ordonne 
livres  de  divination  et  de  magie2  et  inter- 

nririuH'  .  .... 


de  détr 
dit  en  me 
rites  étranger  & 


me  temps  la  célébration  de  sacrifices  avec  des 


Les  manifestations  religieuses  proscrites 
I  le  sénatus-consulte  des  Bacchanales  sont  rangées 
I  f!  |a  loi  à  côté  de  la  magie3.  De  même,  nous  l’avons  vu, 
Ene  compte  parmi  les  mesures  prises  contre  la  magie 
les  décrets  de  Tibère  contre  les  druides  *. 

“  Ja  ]0i  resta  impuissante.  Les  magiciens  continuèrent 
là  s’insinuer  et  à  s’établir  dans  Rome.  La  littérature  nous 
fait  un  portrait  peu  flatté  des  Canidies  et  autres  sorcières, 
empoisonneuses  ou  entremetteuses  qui  pullulent  dans 
les  bas  quartiers8.  De  nombreux  témoignages  nous 
montrent  quelle  clientèle  crédule  trouvaient  les  chal- 
déens,  les  devins  et  les  enchanteurs  6.  Ce  que  les  auteurs 
nous  disent  du  crédit  des  astrologues  doit  être  étendu 
aux  magiciens. 

I  Or  la  magie,  prise  dans  son  ensemble,  ne  bénéficia  pas 
de  la  tolérance  ou  de  l’accueil  accordé,  sauf  exceptions, 
aux  religions  provinciales.  Les  empereurs  personnelle¬ 
ment  purent  s’y  intéresser  et  s’en  servir7,  mais  à  la 
condition  de  s’en  réserver  l’usage;  entre  les  mains  des 
particuliers  la  magie  était  dangereuse,  et  c’est  probable¬ 
ment  ce  qui  explique  le  soin  que  l’on  met  à  lui  laisser 
son  caractère  d’illégalité,  sinon  à  la  proscrire  systémati¬ 
quement  et  constamment.  En  721  (32  av.  J.-C.),  sous  le 
triumvirat  d’Octave,  Antoine  etLépide,  on  chasse  les  magi- 
®ens  et  les  astrologues8.  Sous  Tibère,  en  769  (16ap.  J.-C.), 
dessénalus-consultes  bannissent  les  mages  et  les  mathe- 
mdtici  de  l’Italie.  L.  Pituanius  fut  précipité  du  haut  de 
la  roche  Tarpëienne  et  P.  Marcius  exécuté,  more  prisco, 
un  dehors  de  la  porte  Esquiline9.  Claude10,  Vitellius11, 
renouvellent  les  proscriptions  de  Tibère  et  l’empire  païen 
se  termine  sur  les  lois  de  Dioclétien  contre  la  magie  et 

lpatromathématique 12.  • 

I  En  dehors  des  manuels  de  magie  sur  lesquels  nous 
Reviendrons,  deux  séries  de  textes  nous  montrent  ce 
■Quêtait  la  magie  du  monde  gréco-romain  unifié.  Ce  que 
I  a  première  série  nous  fait  connaître,  pris  dans  son 
■  ensemble,  n  a  généralement  pas  de  date,  c'est  la  magie 
|  erm.ll, ,  tellement  usuelle  qu’elle  est  sécularisée,  qu’elle 
I  ompie  dans  le  total  des  connaissances  scientifiquement 


acquises.  C’est  a 


ainsi  que  Pline,  qui  considère  la  magie 
nous  donne  une  col¬ 


onie  vaine,  ridicule  et  illégal 


13 


lection  considérable  de  recettes  et  d’in  antalions  qui  sont 
passées  de  la  magie  populaire  dans  la  médecine  érudite 
et  dans  les  différentes  techniques  auxquelles  il  touche. 
Pline  n’est  pas  isolé,  et  l’une  des  préoccupations  princi¬ 
pales  de  la  science  gréco-romaine  paraît  avoir  été  de  for¬ 
muler  et  d’enregistrer  l’expérience  et  la  pratique  léguées 
par  les  générations  antérieures.  L’association  de  la 
science  et  de  la  magie  se  fait  si  intime  que  le  mot  ÿw.xô; 
prend  le  sens  de  magique14. 

Les  ouvrages  des  médecins  sont  d’excellents  documents 
pour  l’étude  de  la  magie  médicale1,  ;  citons  parmi  les 
Grecs,  Aétios  d’Amyda,  Alexandre  de  Tralles,  Theopha- 
nus  Nonnus,  le  recueil  des  Iiippiatrika  et  particulière¬ 
ment  les  livres  sur  les  remèdes  comme  les  poèmes  de 
Nicandre  (0-qpiaxâ  ,  ’AXs;epâpp.axa) 10, 1  ode  Muterai  rnedica 
de  Dioscoride  et  ses  appendices,  et  le  traité  des  Cyranides  ; 
en  latin,  le  de  Medicamentis  de  Marcellus17. 

De  même  les  agronomes  ont  codifié  la  magie  agricole. 
11  faut  citer  en  première  lignele  recueil  des Geoponika  ls, 
en  latin  les  recueils  de  Columelle  et  de  Gargilius  Mar- 
tialis19.  Depuis  Y  Histoire  des  plantes  de  Théophraste  en 
passant  par  Alexander  Polyhistor  (©x'jgaTt'ojv  cuvaytoy 
les  naturalistes,  les  auteurs  de  4>u<rixx comme Neptunalios20 
touchent  plus  ou  moins  à  la  magie.  A  côté  d’çux  il  faut 
ranger  les  collectionneurs  de  prodiges,  les  Paradoxo- 
graphes 21  dont  le  plus  ancien  est  sans  doute  l’auteur  du 
TTspt  Qxuu.a'ïûjüv  àxouffgxTcov  attribué  à  Aristote,  les  anti¬ 
quaires  comme  Macrobe  et  Sorenus  Sammonicus  qu'il 
cite 22.  Citons  enfin  les  recueils  de  proverbes  (Diogenianos, 
TOxpotgfat  o'qgwSeiç  èx  TŸg  Aïoyeviavou  Tuvayoïy-qç,  Zenobios  j  -3, 
où  l’on  peut  trouver  des  renseignements  épars. 

La  deuxième  série  de  textes  comprend  les  sources  sur 
la  philosophie  alexandrine  et  le  gnosticisme24.  Les  ren¬ 
seignements  sont  épars  dans  les  commentaires  philoso¬ 
phiques  et  dans  des  livres  comme  le  de  Abstinent ia  de 
Porphyre,  le  livre  sur  les  mystères  des  Égyptiens  et  le 
petit  livre  de  Sacrifîcio  et  Maffia,  dont  le  texte  grec  est 
perdu,  traduit  et  publié  par  Ficin  dans  les  œuvres  de 
Proclus25.  Ces  textes  nous  renseignent  sur  la  magie 
mystique,  telle  qu’elle  s’est  développée  particulièrement 
autour  de  l’École  d’Alexandrie.  Elle  est  le  produit  du 
syncrétisme  dont  on  a  signalé  plus  haut  les  débuts.  Elle 
se  compose  d’éléments  philosophiques  et  religieux  encore 
mal  différenciés.  C’est  une  synthèse  de  tous  les  moyens 
connus  d’agir  sur  les  pouvoirs  spirituels.  Elle  est  à  mi- 
chemin  entre  la  religion  et  la  magie  des  recueils  de 
recettes  et  capable  de  se  tourner  dans  l’une  ou  dans  l'autre 
direction.  Un  certain  nombre  de  personnages  typiques, 
Apollonius  deTyane26,  Alexandre  d’Abonotique,  le  Pere- 
grinos  de  Lucien,  tiennent  à  la  fois  du  philosophe,  du 
charlatan,  du  prestidigitateur  et  du  fondateur  de  religions. 


'f.  Bcrgl  ,C'  18°’  vaeta  daries  dardaries  asiad arides,  etc. 

XXXIX  10  X  f  XX11,  585  !  Wc>ckci-,  Klcine  Schrif.  III,  73.  —  2  Liv. 

-»*«’ ,neUn  ,»Aus-  31  ;  Paulus’  v-  23,  18  ;  Dig-  x>  --  *•  '■ 
-  5  Hirsch  k\<\  o  ,  *°mer'  !'-  70  «N-  -  4Plin'  Nat-  //,sL  XXX-  b4- 
K  Rrfercq,  o./  t  ^lp»  P*  7.  —  6  Maury,  O.  I.  p.  72  sqq.  ;  Bouché- 

L  /V‘  z>ar^'^W‘ I!’  09  5  Dio  Cass-  LV1I,  18  ;  LXXV1I,  15.  —  7  Cf.  Wessely, 
9'°Cass.  LXXl  s  i”  ^  *  S0US  ^OTc-Aurèle  (expédition  contre  les  Quades), 

Cl0**°  do  magiciens  !  *  *  ^  ap.  Lamprid.  9  ;  Ilerod.  IV,  12,  réunion  offi- 

XXX,  i  l,aiacada  ;  Maury,  L.  I.  ;  Pline  accuse  Néron  de  magie,  Nat. 

^Mécène  contre  les  i^'*°  ^ass*  ^IX,  P-  756;  cf.  Id.  IV,  36,  p.  149,  discours 
^n,i*  H,  32;  cf  y  ^  ,&*ons  étrangères,  les  sociétés  secrètes  et  la  magic.  —  9  Tac. 

~"l|Suet.  14, _ JJ  d  sacr*s  aegyptiis  judaicisque  ».  —  10  Ibid.  XII,  52. 

P*  —  13  pjjn  ^  oucIic-Leclercq,  O,  I.  p.  566  ;  Berthelot,  Orig.  de  l'Ale him. 
—  1$  Olirisl  f  .C^  ^  v-  Index.  —  14  Dieterich,  Abraxas,  p.  51, 

y  (  lm  ^)  lech-  L't-  (Kvan  von  Müller's  Uandbuch,  3,  Vil), 


p.  860  :  Rob.  Fuchs.  Wundermittel  aus  der  Zeit  des  Galenos ,  in  Ne  ne  Jahrbùcher , 
1894,  p.  137-143.  —  1°  Ibid.  p.  372.  —  17  Hcim,  De  rebus  magicis  Marc e lit  medici , 
in  Schedae  philol.  Hermanuo  Csener  oblatae ,  p.  120  sqq.  ;  Jacob  Grimm,  Ccber 
Marcellus  Burdigalensis ,  in  Abh.  d.  Berliner  Akad.  1847;  Grimm-Piclct,  Ueber 
die  niarcel linischen  Formeln ,  Ibid.  1855;  Kleine  Schriften,  II,  p.  114-151,  152-172. 

—  18  Christ,  Ibid.  p.  865.  —  19  Schanz,  Gescb.  der  BOm.  Litt.  (lw.  v.  Müller’s 
Handbuch ,  VIII),  II,  2,  p.  387  ;  111,  p.  198.  —  S0  Éd.  Gemoll,  Striegau  Progr.  1884. 

—  21  Christ,  p.  733,  cf.  470  ;  Puradcxographi  yraeci,  éd.  Wcslennanu.  1839; 
Rorum  naturalium  scriptores  graeci  minores ,  éd.  Keller,  1877.  —  22  Schanz, 
O.  I.  III  p.  158  et  162.  —  23  Christ,  p.  775.  —  24  Schmidt,  Gnostisc/ie 
Schriften  in  Koptischer  Sprache ,  p.  442;  J.  Matler,  Histoire  critique  du 
gnosticisme ,  1828;  King,  The  Gnostici  and  their  remains ,  1887,  surtout  I. 

—  25  Éd.  Cousin,  t.  III,  p.  278.-  26  Suid.  s.  v.  Mayis'a  ;  Luc  .Alex.  5.  Phi¬ 
lostrate,  Y.  Apollon. }  défend  son  héros  de  l'accusation  de  magie,  I,  2  ;  II,  18;  V,  12  ; 
VIII. 


180 


MAG 


i  :;o2  — 


MAG 


Les  philosophes  tendent  naturellement  à  faire  prévaloir 
le  caractère  religieux  du  mélange,  mais  entre  la  thëurgie 
et  la  magie  ou  la  goétie,  ils  ne  peuvent  point  tirer  une 
ligne  de  démarcation  suffisamment  nette;  Porphyre,  qui 
parait  avoir  été  particulièrement  préoccupé  de  cette  con¬ 
fusion,  en  a  conscience  et  en  fait  l'aveu1.  La  différence 
est  toute  d  intention  et  dépend  de  la  moralité  indivi¬ 
duelle.  11  manque  à  la  thëurgie  alexandrine,  pour  être 
religieuse  comme  1  ancienne  théurgie  égyptienne,  une  base 
sociale  suffisante.  Elle  est  sortie  de  la  religion.  Le  procès 
d  Apulée  2  nous  montre  bien  que  le  public  et  les  philo¬ 
sophes  ne  s’entendaient  pas  pour  la  nommer  du  même 
nom  ;  ce  sont  moins  les  maléfices  particuliers  qu’on  lui 
reproche  et  dont  il  se  défend  avec  esprit,  que  les  initiations 
variées  dont  il  se  vante  et  les  traditions  dont  il  proclame 
la  sainteté  qui  le  rendent  suspect  de  magie.  Du  dehors,  la 
philosophie,  même  sans  mélange  de  théurgie,  parait 
magique.  Pour  Apulée  et  les  Alexandrins,  il  nous  pa¬ 
rait  malaisé  de  les  justifier  du  reproche.  Cependant  la 
théurgie  finit  par  rentrer  en  partie  dans  la  religion; 
mais  elle  ne  le  doit  pas  aux  philosophes.  D’une  part, 
les  sectes  gnostiques  sont  des  sociétés  religieuses  qui, 
dans  la  mesure  où  elles  sont  reconnues  comme  telles, 
transforment  la  théurgie  magique  en  culte3;  or  il  est 
difficile  de  distinguer  des  sectes  optâtes,  par  exemple, 
les  compagnies  de  magiciens1.  D'autre  part,  le  mithria- 
cisme  donne  un  caractère  religieux  à  des  modes  d’action 
et  à  des  théories  qualifiées  auparavant  de  magiques8. 
11  est  à  noter  que  pour  Pline  les  premières  manifesta¬ 
tions  du  mithriacisme  officiel  à  la  cour  de  Néron  sont 
magiques  6. 

Les  sceptiques,  épicuriens  et  cyniques  ont  produit 
toute  une  littérature  qui  s'oppose  à  la  philosophie  théur¬ 
gique7.  L'épicurien  Celse,  qui  est  probablement  le 
même  que  l’adversaire  d’Origène  et  à  qui  Lucien  a  dédié 
le  'Fc'joôp.xvTcç,  avait  écrit  un  Kx-ri  gotytov8.  La  rWjTwv 
swpx  du  cynique  QEnomaos  dont  Eusèbe  a  conservé  un 
long  fragment  est  une  critique  des  oracles  en  général.  De 
même  la  critique  de  Lucien5  dépasse  la  magie  propre¬ 
ment  dite  pour  atteindre  l’ensemble  du  merveilleux  reli¬ 
gieux  et  mythologique.  Citons  encore  le  IIpôç  gaG-^gaTocouç 
de  Sextus  Empiricus.  Ces  écrivains  ne  reprochent  pas  à 
la  magie  d’être  irrégulière  ou  dangereuse;  ils  prétendent 
démontrer  sa  vanité  ;  les  magiciens,  comme  le  Peregri- 
nos  ou  Y Alexandros  de  Lucien,  sont  pour  eux  de  simples 
fourbes,  hypocrites  et  immoraux  qui  exploitent  la  cré¬ 
dulité  des  bonnes  gens;  et,  sur  ce  point,  d’ailleurs,  ils 
ressemblent  aux  prêtres  errants  des  divinités  orientales, 
comme  les  prêtres  de  la  déesse  syrienne  que  nous  pré¬ 
sente  le  Lucius.  Les  fantasmagories  magiques  sont  des 
supercheries  bien  machinées;  la  description  de  la  léca- 
nomancie  dans  les  Philosophoumena 10  est  un  bon 

1  Porph.  Lettre  à  Anébon ,  ap,  Euscb.  Praep .  ev.  V,  iO.  —  2  Cf.  le 
procès  d'Apollonius,  Philostr.  V.  A  poil.  7  el  8.  —  3  Dielerich,  Pap.  May  ica , 
p.  764;  Abraxas ,  p.  152;  Schulze,  Geschichte  des  Unterganyes  des  griech. 
rom.  Heidentums ,  II,  377;  Berlhelot,  Coll,  des  Alchimistes ,  t.  I,  p.  3; 
Pap.  Lugd .  Bat.  V,  II,  20,  29  (Marciajiisme)  ;  J.  Maltcr,  Histoire  critique 
du  gnosticisme ,  1828.  —  4  Dielerich,  Abraxas ,  p.  149.  —  5  Cumont,  Textes 
et  Monuments ,  I.  I,  p.  36;  Bousset,  in  Archiv  fur  Religions  Wissenschaft , 
1901,  p.  167;  Pap.  Paris ,  p.  475-489;  Pap.  Lond.  XLYI,  5;  Wessely,  in  Wiener 
Studien ,  VIII,  p.  180  (plaquette  d’or  de  Vienne)  ;  Année  sociologique,  t.  IV,  p.  298. 

—  6  Plin.  XXX,  1 ,  G.  —  7  f’hiloslr.  V.  Apoll.  VII,  39.  —  #  Christ,  O.  I.  p.  745,  n.  5. 

—  9  Luc.  Alexander ,  Dcmonax ,  Pseudomantis,  Philopseudes ,  etc.  —  10  IV,  4 
(63  sqq.).  —  h  Christ,  O.  I.  p.  814  sqq.  —  12  Orig.  Adv.  Cels.  1,  5,  17,  20;  IV,  153 
--  13  Aug.  De  ci v.  Dei,  XXI,  6.  Sur  la  réalité  de  la  magie,  cf.  Iren.  Adv.  haeres. 
23,4;  Tcrtull.  Apolog.  XXXVIII  ;  De  Anima,  VIII;  Euseh.  Praep .  ev.  V,  14; 


exemple  de  cette  façon  d’interpréter  le  ril„Pi  , 
el  des  thëurges.  Dans  la  littérature  rom.,  S  ma8çs 
s’agisse  du  voyage  ù  Thulé  d’Antonius  quil 
Théagène  etChariclée,  des  BaêuXwvtaxi  de  i.  *?kft!ne'  d* 
Pseudo-Callisthène,  des  récits  de  Palladio/"1  ’  '(|u,,'Ju 
les  Brahmanes  11  ou,  chez  les  Latins,  des  méhl  61 
d’Apulée,  la  magie  est  un  thème  favori  et  n!  ï°Sei 
nécessaire  de  pittoresque.  n  *‘lérne“a 

La  position  des  chrétiens  à  l’égard  de  la  magie  Pm  ,  ,1 
autre  que  celle  des  sceptiques.  Origène  fait  ,,n  cr‘imp°UJ 
Celse  d  en  mer  la  réalité  ».  Saint  Augustin  croit  à  L, 
cité  des  rites  employés  pour  agir  sur  les  démons13  wT 
Wions  pas  que  le  christianisme  s’est  propagé  dans  'l"' 
milieux  où  s’est  développée  la  magie  mystique»  ij 
nécessité  de  se  dégager  du  gnosticisme  appelait  natu 
rellement  sur  la  magie  l’attention  des  Pères  de  l'Église' 
Le  caractère  exclusif  de  la  religion  d’une  part,  de  l’autre  | 
la  force  de  l’autorité  collective  dans  l’Église,  font  distin¬ 
guer  le  magique  du  religieux  avec  une  netteté  que  n’égale 
aucun  des  critères  fournis  par  la  Grèce  et  par  Rome| 
C  est  poui  cette  raison  que  nous  poussons  jusqu’ici  cet 
exposé  sommaire.  Legnostique  et  l’hérél  ique  sont  des  ma¬ 
giciens,  à  commencer  par  Simon  le  Mage13;  Ménandre1* 
Marcus17,  les  Basilidiens18,  les  Carpocratiens13  de  meme 
sont  taxés  de  magie.  Entre  le  Dieu  et  le  démon,  iln’va 
pas  une  simple  différence  de  degré  comme  pour  le  théurge 
alexandrin;  il  y  a  une  opposition  absolue;  les. démons 
sont  les  mauvais  génies,  et  c’est  à  ces  mauvais  génies  que 
l’on  attribue  indistinctement  tout  le  merveilleux  illégal 20  J 
La  magie  et  la  religion  travaillent  aux  deux  pôles  du 
monde  des  esprits.  Naturellement  toutes  les  formes  du 
paganisme  sont  reléguées  dans  la  magie.  C’est  par  une 
opération  magique  (magica  operatione)  que  s’expliquent 
les  signes  donnés  par  les  idoles21  et,  comme  dit  Talien22, 
ptxyoç  ètmv  vApxs[Juç,  OspaTTEÔet  ô  ’AiroAXtov.  Il  résulte  de  cette 
opposition  que  lorsque  le  christianisme  devint  religion 
officielle,  les  lois  sur  la  magie,  complétées  d  ailleurs  par 
les  lois  de  majesté,  furent  appliquées  avec  une  énergie 
inusitée  et  qu’elles  engendrèrent  une  persécution  dont 
on  trouvera  l’exposé  dans  Maury23.  Signalons  simplement! 
pour  montrer  le  caractère  de  cette  persécution,  1  histoire! 
du  jeune  homme  qui  fut  mis  à  mort  parce  qu  il  axait  été 
surpris  approchant  alternativement  ses  mains  dunj 
marbre  et  de  sa  poitrine  en  comptant  les  sept  \oules 
pour  se  guérir  d’un  mal  d’estomac2’.  J 

Les  livres  magiques.  —  La  magie  de  lepoqm  impt 

riale  nous  a  laissé  un  certain  nombre  d  écrits 

, 'rages  magiques  ea 


r  les  auteurs 


ou  apocryphes  et  de  recueils.  Ces  ouvrag 
leur  usage  sont  mentionnés  fréquemment  pai  ^  ^ 

anciens28.  Citons  en  première  ligne  les  livres  <  1  ^ 

(Poimander,  ocot  'AffxXY|7ttou  rc pôç  ’Aggova  fJac.ÀwX , 

ilobée-,  Asclepius  ,ive  d,al"l4 


ments  conservés  par 

Niceph.  in 


Synes.  p.  302;  Harnack, 

chichte ,  1892  ( Texte  und  Unlersucliungen,  Mil,  *).  .  p  jrujocia.  De 

Geister,  p.  77,  120,  magic  clircliennc,  glossolalie,  mcaii  a  im^  •  Lllgano,  il* 
S.  Cypriano.  —  13  Jusl.  I,  20;  Adhérents  de  Simon^cn.  ,  ;  |rc„  L  (. , 

jVuovo  Bollelino  di  archeologia  cristiana,  1900,  p. ,  /  n  2 :  III.  *» 

-  n  Ibid.  I,  13.  -  18  Ibid.  I,  2k.  -  >0  Ibid.  25.  -  ÿif~tc'ck,  IX.  3. 

Just.  I,  14;  Wcinel,  O.  I.  p.  120.  -  21  Iren.  V,  20  ;  buse  . 

-  22  Or.  VIII,  p.  30.  -  23  O.  I.  p.  100-150  ;  Sceck,  Cat-  co 

graecorum  ;  Kroll  et  Olivieri,  Cod.  Venet.  p.  79,  extta  «es  en  Syrie  vcrs  ^  I 
cheni  de  Zacliarias  Scliolaslicus,  deslruction  de  livres  g  ct  .,0n  /'"'/>* d 

488.  Sur  la  magie  au  iv'  siècle,  voir  Puech,  Saint  Jean  "U  jakrbtoh*t>  sp- 
..  .r.Mr.11  ..  Cio  nip.tericils  _  i ./fl 


p.  180  sqq.  -  *4  A  mm.  Marc.  XXVIII,  2,  28.  -  2“  Dielerich.  J  ««  7Afrf>57;  Ad* 
XVI,  p.  751  ;  Luc.  Philops.  39,îeçàTiva  ix  ^c6Xcov  icctXocia^ 

Sanct.  26  sept.  p.  225,  Vit  a  Cyprxanu 


MAC* 


—  1503  — 


MAC 


irismegisti)1  qui  peuvent  paraître  plus  pliilo- 
J"""  ,  ue  magiques,  dépouillés  comme  ils  sont  des 

S°pll'iq  lions  de  la  gnose  qui,  dans  les  papyrus,  suivent 
#P!,l!lil  Moment  les  passages  mythiques  ou  dogmatiques 2  ; 
hab""  jl£?orXuŸixx  d’IIorapollon 3  ;  enfin  les  écrits 
ug  je  Nechepso  et  de  Petosiris 


Pul;il(),;.i  es  je  Nechepso  et  de  Petosiris  [astrologiaJ 
aSl'  !ii  i iix  papyrus  qui  ont  échappé  aux  destructions 
I  ;  nii'imes,  telles  que  celle  qu’ordonna  Dioclétien  en 
f  T'  voici  ’la  liste  de  ceux  qui  ont  été  publiés  6  : 
P  Hliev  Papyri  Berolinenses,  in  Sitsungsberichten  der 
Llinn  Akademie  der  Wissenschaften,  1805,  p.  109- 
18!)  _  peemans,  Papyri  graecae  musei  Lugdunensis , 
,11  Leyde,  1885.  Le  papyrus  V  (J .  384,  Cat.  Anast.  75) 0  de 
Levée  a  été  publié  à  part  par  Dieterich,  Papyrus  magica 
misei  lugdunensis  Baiavi  (denuo  edit,  commentario 
critico  instruxit,  prolegomena  scripsit  Alb.  Dieterich)  in 
Jahrbûcher  fiir  Philologie ,  Sp.  XVI  (1888)  p.  747- 
827.  Dieterich  a  tiré  du  papyrus  IV  (J .  395) 1  le  livre  inti- 
tulé BtSAoç  fepà  éTaxaXoujJLÉvT)  Movàç  v)  ôyoÔT]  McoüsÉcoç  7tsp'i  xoù 
ovowtoç  xoù  àyiou,  qu’il  a  publié  dans  ses  Abraxas, 
Leipzig,  1891,  p.  197-205 8.  —  Wessely,  Griechische 
Zauberpapyrusvon  Paris  and  London ,  in  Denkschriften 
der  pli.  hisl.  PI.  der  Kaiserlichen  Akademie  der 
Wissenschaften  in  Wien ,  t.  XXXVI,  1888  :  grand  papyrus 
de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  (3274  lignes); 
Papyrus  Anastasy  (British  Muséum,  XLVI)  ;  Papyrus 
Mimant  (n°  2391,  Louvre);  Papyrus  XLVII  du  British 
Muséum  (Anastasi  5).  E.  Miller,  Mélanges  de  littéra¬ 
ture  grecque,  p.  442,  447.  452,  sqq.,  avait  publié  déjà 
les  lignes  434-462,  1956-1989,  2714-2870  du  papyrus  de 
la  Bibliothèque  nationale  9.  Les  papyrus  de  Londres 
XLVI  etXLVII,  sont  réédités  dans  Kenyon,  Greelt  Papyri 
in  the  British  Muséum,  t.  I,  p.  64et,  81.  Le  papyrus  XLVI 
avait  été  précédemment  édité  par  Goodwin,  dans  les 
Publications  of  the  Cambridge  Antiquarian  Society , 
18o2.  Fragment  of  a  G  raeco-Eg  g ptian  wark  upon  magic. 
Les  lignes  304-369  ont  été  commentées  et  traduites  dans 
Ihng,  Gnostics  and  their  remains,  p.  242-244.  Nous 
[  aurons  a  mentionner  au  cours  de  ce  travail  un  certain 
nombre  de  traductions  et  de  commentaires  partiels  des 
papyrus.  —  Wessely,  N  eue  griechische  Zauber papyri , 
IXLH,  1893  :  papyrus  CXXI  du  B.  M.  (1 045  lignes); 
PaPyrus  CXXII  ;  papyrus  CXXIIl;  papyrus  CXXIV , 
apyri  Rainer  1-12  (fragments).  Les  papyrus  de  Londres 
sont  réédités  par  Kenyon,  t.  I,  CXXI,  p.  83  sqq.,  CXXIIl, 
P  -°’CXXI\,  p.  121.  Le  pap.  CXXV  (ypaOç  ’AttoXXwvîou 
u7rY|p£t;ç)  est  publié  par  Kennyon,  p.  123sqq.  Wes- 
J* ya  publié  encore  le  papyrus  XIV,'  46  (3378)  du  Louvre 
ans  1111  *  rogramme  du  Gymnase  de  Ilernals,  1889,  p.  2 


f’arlliov . 


Btr'm  tri ««l’ujiste,  fJa 


Bermetis  Trismegisti  Poemander ,  Berlin,  1854;  Ménard, 


|vM0g.,îuv  ,  '  1  ai  ls,  1  SGG  ;  EçiaoO’  toü  Tour;«yur:o’j  it£p  aMaxaxA!(riu; 

H: li|,,lor  pi  * 1  tx  T/j;  ixwûy.iAaxix^ç  E-nrr^|xriç  iqèç  "AjEjEiva  AtyultTiov, 

il  y  aurait  (  r'‘  mefcl  graeci,  1,  p.  430-440.  Suivant  Jambl.  Du  myst. 
«wwgcs  | ,  ucs  U  Hermès;  on  trouve  mentionnés  eà  et  là  les  titres  des 
<  plt[l  j"0"'  aUriljués,  entre  autres  un  „TÉfu;,  Papf Lugd.  Hat.  IV,  I,  12; 
"«sol,,  ®tTlîi  à  comparer  aux  attribués  à  Orphée; 

Carra  de  yaiu  \  •  ''s>lleU‘slus.  in  Mittheilungen  Rainer ,  V,  1802,  p.  133-134; 
T*  CT.  le  livre’j  ,  deS  men'eiltes’  P-  13,  117,  169,  179,  241,  206,  345. 
HWcrdam,  ,s:,  ".  “  “  e *•«  cl  Berthclot,  Coll,  des  Alchim.  gr.  -  3  1  -.ecmans, 
*■  tl. p.  44.5, Gir;  I  m  S  ""1  ’  Uamlini,  Calai,  cod.  graec.  bibl.  Medic.  Laur. 

Xechmis  et  'p  .  A.'  i28’  234  i  Fahricius,  Bibl.  graec.  1.  1,  p.  88  sqq .  —  *  Riess, 
1"""'  la  magic  ,  v  fragmenta,  in  y  eue  Jahrbûcher ,  Sp.  XIX,  1803,  p.  378; 
"  1  Sur  celle  l'itlé°"i  ^  me^tcinam  tracions ,  parliculièremcnt  p.  382. 

tftt,  iu  Jalirejy."'e,'  V011  '  '<‘10c*'"  Die  Papyruslitteratur  von  den  70  Jahren 
*"*/’(  de  Bursian  t <(/  U  ^  fl^er  die  Fortschritten  der  class.  Alterthumswissens- 
*r'c^>  Bas  antike  w  ^  ^ aebcrün,  in  Centralblatt  für  Dililiotheksu'csen,  1897; 

‘lslei  'enwescn,  p.  46,  n.  2  ;  Kcuvens,  Lettres  à  M.  Letronne. 


sqq.,  et  une  tablette  de  bois  de  la  collection  del'arcliidm 
Rainer  dans  les  Mittheilungen  ans  der  Summluny  dm 
Papyrus  Erzherzoy  Huilier  V .  20.  1889  .  —  Berthelot  et 
Ruelle,  Collection  des  anciens  alchimistes  grecs,  Paris, 
1888 l0.  —  Il  faut  signaler,  comme  contenant  des  parties 
magiques,  les  manuscrits  suivants  publiés  en  totalité  ou 
en  partie  et  utilisés  par  Heirn,  Incanlamcn/a  magica 
graeca  latina.  Grecs  :  Codex  Lipsiensis  175.  fragment 
édité  par  Bursian,  in  /ntl.  Lect.  aest.,  Iena,  1873 
(Cf.  Philologus,  1890,  p.  543  .  Codex  Palalinus  224 
(Harpocration,  Pi  Ira,  Analecta  sacra,  V,  p.  293  sqq.  . 
Codex  Parisinus  2286  (p.  61,  Traité  alimentaire  du 
médecin  Iliérophile ,  éd.  Boissonnade,  in  Notices  et  Ex¬ 
traits,  XI,  p.  178).  Codex  Sinaiticus,  éd.  Tischendorf, 
tab.  XX,  7. 

Latins  :  Codex  Bernensis  A.  92,  saec.  X  (Catalogue 
Ilagen,  p.  129);  250  ( ibid .,  p.  286);  334  p.  332  ;  538 
(p.  449).  Codex  Cavensis,  183,  saec.  XI  livre  de  Dami- 
geron)  in  Pitra,  Analecta  sacra,  t.  II.  Codex  Sangal- 
lensis  751  (Medecina  Plinii),  Val.  Rose,  lierai.  VIII, 

р.  54.  Codex  Vindobonensis  93;  J.  Haupt,  in  Sitzungsbe- 
richten  der  Akademie  der  Wissenschaften  in  II  imi. 
1872.  Codex  Laurentianus,  Cat.  Bandini,  III,  p.  40  -pâçstc 
xoD  A  auto  stç  Iloptpûptov).  Codex  Vossianus,  Picchiotta, 
Anecdoctum  latinum.  —  Ajoutons  à  cette  liste  les  manus¬ 
crits  suivants11  :  Codex  Laurentianus  XXVIII,  34  Cat. 
Bandini,  II,  59-62),  fol.  85.  Cf.  Kroll,  Astrologisches,  in 
Philologus,  1898,  p.  123  sqq.  Codex  Barberinus  III,  3, 
fol.  205,  ann.  1497  :  on  y  trouve  une  série  d 'incanta- 
menta  et  d'exorcismes  (71-85).  Codex  Neapolitanus  IL 

с.  34  (cf.  Calai.  Salvatoris  Cyrilli,  t.  Il)  ann.  1495  : 
on  trouve  une  description  de.lécanoinancie  au  fol.  2342. 
—  N.  J.  Politès  a  utilisé  deux  manuscrits  de  Munich  et 
deux  manuscrits  d’Athènes  dans  IlaXa'.oypav.xTj  çxa/uoÀoyta 
ex  twv  uaytxwv  ptêAtwv,  in  Parnassus,  1892,  X\  ,  p.  1  /  4 
(cf.  Bys.  Zeitschrift,  1892,  p.  555-571)  *2. 

11  faut  signaler  ici  le  Catalogue  de  manuscrits  astro¬ 
logiques  publié  par  Boll.  Cumont,  Kroll  et  Olivieri 
(Bruxelles,  Lamertin,  à  partir  de  1898  .  Les  deux  pre¬ 
miers  fascicules  ( Codices  Florent ini,  Codires  Venelï)  ne 
contiennent  presque  rien  qui  appartienne  directement  à 
la  magie.  Dans  le  troisième  [Codices  Medio/anenses  on 
trouve  de  longs  extraits  de  manuscrits  magiques  grecs 
récents. 

La  littérature  des  oracles  magiques  est  à  partager 
entre  l’astrologie  et  la  magie15. 

Les  tabellae  dévot ionis,  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper  ici  spécialement  [devotio],  sont  une  source  im¬ 
portante  de  renseignements  sur  la  magie  qu’il  convient 


—  G  Sur  la  partie  démotique  de  ce  papyrus,  cf.  Leemans,  O.  l.  p.  fi.  —  '  IV,  12  ; 
V,  43  ;  XI,  2;  XIII,  18.  —  8  Un  autre  papyrus  du  Musée  de  Leyde,  I,  383,  Cat.  Anast. 
65,  contient  des  parties  grecques  magiques,  Mon.  égypt.  du  Musée  de  Leyde,  I, 
1839,  14  planches  el  8  tables;  cf.  Brugsch,  in  Zeitschrift  der  morgenlaend ischen 
Gesellscliaft,  VI,  2,  1852.  —  9  Sur  les  rééditions,  voir  Wiener  Studien,  VIII,  2  et 
Lit.  Centralblatt,  1887,  n»  1  ;  Novossadsky.  Ad  papyrum  magicam  bibliothecae 
parisinae  adnolationes  palaeographicae ,  in  Journal  du  Ministère  de  l'Instruction 
publique  (en  russe),  1.  CCC.II,  décembre,  Section  de  philologie  classique,  p.  81  • 
K  u  huer  t,  in  Bhein.  Mus.  XLiX,  p.  59,  éludie  le  oùv?oxaa:«$Eff|E.ô;,  1.  296  sqq.  —  lûSur 
les  mss.  alchimiques,  André  Bcrllielot,  in  Archives  des  Missions  scientifiques. 
t.  X1H,  p.  819-854. —  11  Wünsch.  Deficionum  tabellae  atlicac,  XXXI.  —  12  Cf. 
Vassilicv,  Anecdota  gmeco-byzantina,  1893,  p.  336:  M.  A.  Fournier,  in  Mém.de 
la  Soc.  de.  linguistique,  IX,  p.  399-405  ;  Ricochon,  Tablettes  et  formules  magiques 
à  double  sens,  p.  9  sqq.  —  1:1  Oracula  magica  cum  sclioliis  Plethonis  et  Pselli, 
Oracula  metrica  et  Astrampsychi  ’OviqoxyttiEÔv,  éd.  Opsopoous,  Paris,  1599  , 
Zoroastris  magica  oracula,  cal,  Bandini,  I.  II,  p.  386  ;  WolfT,  Porphyrii  de  philo- 
sophia  er  oraculis  luiurienda  rell.  1S56;  Kroll,  De  oraculis  chaldaicis  in  re  tau- 
Phil.  Abhundl.  VU,  1,  1894. 


MAG 


—  1504 


MAG 


au  moins  de  signaler  ici.  On  les  trouvera  réunies  et  com¬ 
mentées  dans  la  préface  des  Defixionum  tabellae  atticae 
de  Wuensch.  Mentionnons  particulièrement  les  Ins¬ 
criptions  relating  to  sorcerg  in  Cyprus  publiées  par  Miss 
Macdonald  dans  les  Proceedings  of  the  Societg  of  Bibli- 
cal  Archaeology,  1890,  p.  160  sqq.  ;  la  tablette  d'Alexan¬ 
drie  (Dilthey,  Rheinisches  Muséum,  IX,  370;  Lenormant, 
XVI 11,  .">03  ;  Babelon,  Catalogue  des  b  ronces  antiques  de 
la  Bibliothèque  nationale,  700);  la  tablette  d’Hadru- 
mète  ;  les  defixiones  du  temple  de  Déméter  à  Cnide 
( Sanimlung  der  gr.  Dialekt-înschr .,  111,  41,  p.  233  sqq.'. 
Une  importante  série  de  tablettes  magiques  trouvée  à 
Rome  a  été  publiée  par  Wuensch  dans  ses  Sethianische 
Yerfluchungstafeln.  Plus  récemment  M.Olivieria  publié 
des  tablettes  trouvées  à  Bologne  ( Studi  Italiani  di  ftlo- 
logia  classica,  1899,  p.  193).  Citons  encore  R.  Ziebarth, 
N  eue  attische  Fluchtafeln  [Nachr.  d.  K.  ges.  A.  Wiss. 
s.  Gôttingen ,  Ph.  hist.  Kl.  1899,  p.  105-135)  et 
Wuensch,  N  eue  Fluchtafeln  [H  heinisches  Mus.,  1900, 
LX,  p.  62  sqq.),  qui,  outre  des  rectifications  et  des 
commentaires,  ajoute  quelques  fragments  inédits  aux 
textes  publiés  par  M.  Ziebarth. 

Il  est  à  remarquer  que  les  papyrus  magiques  ne  con¬ 
tiennent  pas  seulement  des  formules  de  dévotion  en 
blanc,  mais  aussi  des  formules  particularisées1. 

La  date  des  grands  papyrus  magiques  de  Berlin,  de 
Londres  et  de  Paris  peut  être  fixée  entre  la  fin  du  second 
siècle  et  la  fin  du  quatrième  ap  J.-C.2.  Le  papyrus  I  de 
Berlin  contient  (1.  26)  l’invocation  àyaôè  rew^YÉ  ;  Parthey 
y  reconnaît  saint  Georges  et,  se  fondant  sur  ce  que  l’ins¬ 
titution  de  la  fête  du  saint  date  de  308,  il  regarde  cette 
date  comme  un  terminus  a  quo.  Mais  l’identification  est 
contestée3,  avec  toute  apparence  de  raison. 

Les  divers  papyrus  magiques  qui  nous  sont  parvenus 
ne  sont  pas  des  ouvrages  originaux  et  indépendants *.  Ils 
citent  des  textes;  ils  indiquent  des  variantes5  et,  d'autre 
part,  contiennent  des  éléments  communs6.  Par  exemple 
il  faut  rapprocher,  Pap.  Paris.  436  sqq.  et  Pap.  CNN/, 
74-81,  Pap.  Berol.  I,  315-327  et  Paris  1957-1988,  Pap. 
Berol.  II,  101  sqq.  et  Pap.  V ,  III,  6  sqq.  ;  V,  VII,  27-33 
et  W,  XXII,  1 1-27 7 . 

L'hymne  ou  la  formule  est,  suivant  les  versions,  rac¬ 
courcie  ou  allongée.  Certaines  formules  habituelles  sont 
indiquées  par  une  simple  allusion  comme  dans  les  textes 
babyloniens.  Il  est  malaisé  de  reconstituer  les  originaux 
de  cette  littérature,  entremêlés  et  défigurés  par  une 
longue  et  infidèle  tradition. 

Quels  sont  les  éléments  delà  tradition  qu’ils  représen¬ 
tent  ?  Pline  8  distingue  trois  sources  de  magie.  La  pre- 

l  Mentionnons  à  la  suite  de  cet  exposé  de  la  littérature  magique  un  certain 
nombre  d'articles  que  nous  n'aurons  pas  l'occasion  de  signaler  ailleurs  :  Le  Blant, 
.Sur  quelques  talismans  de  bataille,  Berue  archéologique,  1892,  I,  p.  00;  Id. 
Notes  sur  quelques  formules  cabalistiques ,  Mon.  de  l  Acad.  t.  XXXIV,  2®  partie, 
p.  173;  Berlhelot,  Journal  des  savants,  1894,  p.  243;  U.  Benigni,  Una  formula 
magica  bizantina,  in  Bcssarione,  1897  ;  Bolti,  in  Bull.  Soc.  arch.  alex.  1898,  p.01. 

—  2  Wessely,  Gr.  Zauberp.  p.  12;  Id.  Neue  gr.  Zanberp.  p.  3  ;  Dielerich,  Pap. 
mag.  p.  779.  —  3  Parthey,  O.  1.  p.  1)7.  —  4Cf.  Dielerich,  Pap.  mag.  p.  758. 

—  5  Wessely,  Gr.  Zauberp.  p.  12;  Id.  Ephesia  Grammata,  p.  2  sqq.;  Id.  in 
Wiener  Studien,  VIII,  p.  188.  —  6  Wessely,  Neue  gr.  Zauberp.  p.  12.  —  7  On 
trouvera  ces  rapprochements  dans  Dielerich,  Pap.  mag.  p.  759  ;  Wessely,  in  Wiener 
Studien ,  VI II,  p.  190  sqq.  —  8  Pljn.  Nat.  Hist.  XXX,  1, 2.  —  9  Pap.  W.  XXII,  19.  Voir 
plus  haut.  —  10  Pap.  Lugd.  Bat.  V,  IV,  15.  —  O  Pap.  Paris.  Index.  ;  Colum. B. 
r.  X,  358  ;  Tertull.  De  anim.  57,  045.  —  <2  Plin.  L.  c.  —  13  Manuscrit  de  saint  Marc, 
f°  7,  Berlhelot,  Collect.  introd.  p.  lit;  Dielerich,  Abraxas,  L.  I.;  Pap.  Bero[.  II, 

1 15;  Pap.  CXXI,  019.  —  14  Jaunies  et  Jambrcs,  cf.  Dieterich,  Pap.  magica,  p.  755  ; 
cf.  Exod.  VU,  10-12  ;  Paul.  Ep.  ad  Timoth.  II,  3,  8;  Apul.  De  mag.  c.  IX;  Orig. 
Tract,  in  Matth.  XXXV,  p.  193.  —  13  pli».  XXX,  1,  2.  —  16  Pap.  W.  L.  l.;  Pap. 


mière  est  1  École  perse  q 

5  ( 

et  le 


oaslre»  ,.t 

lèves. 


.m  commence  à  /, 

aux  deux  millions  de  vers  qu’on  lui  prête  •  n‘!  " 

le  révélateur  et  le  commentateur  du  /I  CSIiK 
Osthanès  ;  Pythagore,  Empédocle,  Démocri i?  esl 
se  rattacher  à  l’École  perse  ;  Démocritn  para,Ssent 
lobéchès  de  Coplos  et  Dardanu” 
phénicien;  à  cette  branche  appartiennent  1^  *3 

anciens  des  Mèdes  Apuscorus  et  Zaratus  desBahvi  n°mS 
Marnants  et  Arabantiphocus  et  de  l’Assyrien  T  °”  ] 
das,  auxquels,  dit  Pline  ”,  on  ne  prête  point  d’ouvnml 
La  seconde  école  est  l’École  juive,  qui  descend  de  Moïsful 
Jamnes  et  Jotapès  u.  La  troisième  estune  école  cypriote'! 
11  est  étrange  que  Pline  ne  mentionne  point  ici  l’une  <1 1 
branches  importantes  delà  tradition  magique, la brunchl 
égyptienne,  dont  les  représentants  sont  si  fréquemment 
nommés  dans  les  papyrus,  Hermès16,  Tphe17  Phiéro-' 
grammate  (livre  adressé  à  Ochus),  Typhon18,  Mané1 
thon19,  Zminis  le  Tentyrite20,  Apollon  Bêchés  (Horus)**  | 
Agathodemon  22,  Chimès23,  Nephotis24,  Pibeches23,  Bolul 
deMendes26,  Nechepso27,  Damigeron,  Bérénice,  Ptolémél 
Physcon28.  Marie  la  Juive  est  un  des  principaux  auteurs 
de  la  branche  alchimique  de  la  magie.  On  rencontre 
encore  les  noms  d’Agathoclès29,  de  Thaïes,  d’Anaxagoras30,| 


Heraclite,  Diogène31,  Evenus32,  Erotyle33,  Epaphro-I 
dite31,  Himerius  33,  Pasès  3f',  Chaeremon  3\  ParmoenèsM.| 
Enfin  ceux  des  auteurs  alchimiques  récents,  les  magi-l 
ciens  proprement  dits,  restant  généralement  voilés  sous  I 
l’apocryphe  :  Zosime,  Synesius,  Olympiodore,  Pelage  le  I 
philosophe,  Jamblique,  le  Chrétien,  Hiérothée,  etc. 30...  I 
Le  grand  papyrus  de  Paris  contient  une  lettre  du  magi-l 
cien  Néphotès  à  Psammétique40,  un  charme  de  Salo-1 
mon41,  une  lettre  de  Pitys  le  Thessalien  à  Osthanès*2,! 
un  ÈTtatTTjTâptov  d’Hermès43;  il  nous  fait  connaître  le I 
magicien  Pachratès  44,  contemporain  d’Adrien.  Le  papy- 1 
rus  cxxi  du  Musée  Britannique  contient  des  AngoxptTw  | 
Ttaiyvia  (167),  un  ovsipaénriTo;  de  Démocrite  et  de  Pythagore,  I 
un  écrit  de  By;<t7.ç  et  un  IvXauoiavoü  seX^viaxov. 

Ces  indications  nous  suffisent  pour  savoir  comment  les I 
magiciens  alexandrins  se  représentaient  1  origine  de  lal 
tradition  qu’ils  suivaient48.  Nous  sommes  d’ailleurs  en  I 
état  de  les  compléter,  sinon  de  déterminer  avec  piccisto™ 
la  provenance  de  tous  les  rites  usités.  Pout  Glu  e  » 
l’élément  perse,  on  se  heurte  à  la  question  de  la  date  J 
livres  sacrés  de  l’Iran.  M.  Cumont  a  pris  la  pc  h"  1 11  p  I 
ger  des  papyrus  ce  que  l’on  pouvait  y  trouul  1  -  1 
thriaque46  ;  mais  soit  que  la  magie  perse  se 
de  trop  bonne  heure  à  la  magie  grecque,  soit  d'1  ^  I 

servi  de  véhicule  aux  autres  magies  étiangtu-,  ■ 
malaisé  de  distinguer  son  apport  ".  Léhninit  | 


«ri».  885.  -  17  Pap.  W.  XXII,  9.  -  »  Pap.  Pans.  ^  ;  _  ss  to- 

eterich.  Pap.  mag.  i>.  75C.  —  20  Pap.  V.IV.la.-  bu  '  R  fleWyf 
saint  Marc,  L.  t.  -  24  Pap.  Paris,  154.  -  »  Ibid.  C  XXI, 

188.  -  20  colum.  B.  r.  Vil,  5.  -  27  Hein,,  O.  I.  n  ^  (  Co,ura.  fl.  r. 

Dielerich,  Pap.  mag.  p.  753.  -  29  Pap.  V.  IV,  1 ,  ^  ^  L.  [■ 

1.  —  30  Psellus,  De  lapid.  virtut.  p.  38.  *  _  37  Pap'  V 

32  Pap.  W.  XXII,  16.  -  33  Pap.  W.  L,  l-  -  3'  ar'°-  jf  UerMs.  »- 

,  23.  —  36  Tzetz,  II.  p.  135,  970.  -  37  Plin.  XXXVI ^  |M  ’auteurs 
430-439.  —  38  Pitra,  S  pic.  Solesm.  t.  H,  P-  *i  •  .  [Alcliim-  P- 16  ’ 

ir  Dilthey,  in  Rhein.  Mus.  XXV,  332-334;  Berlhelot,  Ong-  ^ 

.  Collect.  introd.  lit  ;  U»,  de  saint  Marc ^ ,,  52;  T,  “H 

l  «mî;  Ibid.  t.  I,  20;  Apul.  De  mag.  XC;  Arno  •  0  /te  ,„,/*<  Mil,  >| 

, .  Ü.V  -  «  n,  „  m  m-  -  »  »"« ™  'X,-  »  *“' * 

7;  Plin.  XXVIII,  7,  23  ;  Euseh.  Praep.  ev.  I,  200.  énéral,  voir 

46  Voir  Pap.  V.  VIII,  15.  Sur  la  magie  orientale  en  «  (  ^  », 

ironologic  oricntalischer  Vôlkcr,  p.  29.  *6  ’  260-313,  Du  sle  J 

H.  _  47  Windischmann,  Zoroastrische  Studien,  ■  > 
r  Allen  liber  Zoroastrisches.  —  48  l'ap.  '■ 


MAG 


—  1505 


MAG 


flingue  probablement  pas  de  l’élément  perse. 
n®  Sl'  A . ;.nent  druidique  et  sur  l’élément  brahmanique 

U'11  .  .  .l.ï..  I  ... - - 


Sur 
nous 


sont  également  signalés1,  nous  en  sommes 
[|!‘!  "“‘aux  conjectures,  et,  quant  au  premier  tout  au 
•""mieux  vaut  ne  pas  s’en  préoccuper. 

I"'l""niu,,  ie  assyrio-chaldéenne,  sauf  exceptions,  ne  paraît 
;a.I|li, ‘Arrivée  directement  aux  magiciens  grecs.  On 
P!!u,ve  mentionné  l’emploi  de  rites  babyloniens2.  On 
^  ncontre  ü  plusieurs  reprises  le  nom  de  la  déesse  chtho- 
irm  gmschkigaP  dans  une  formule  qui  varie  peu  et 
j^'om  plus  ou  moins  allongé  du  dieu  Nèbo  Mais  dans 
l‘ .  [exles  qUi  nous  sont  connus  ces  mentions  sont  excep¬ 
tionnelles.  Le  rituel  de  la  magie  assyrienne  ne  diffère 
d'ailleurs  point  de  celui  que  nous  trouvons  en  usage  à 
l’époque  de  nos  papyrus.  D’autre  part,  de  même  que  la 
ma„ie  aloxandrine,  la  magie  des  Mésopotamiens  forme 
avec  sa  littérature  un  corps  de  doctrines  et  de  rites,  sou¬ 
mit  croisé  sans  doute  de  pratiques  et  d’idées  religieuses, 
mais  qui,  pris  dans  son  ensemble,  est  suffisamment  diffé¬ 
rencié.  Il  n’est  pas  probable  qu’une  doctrine  aussi  bien 
codifiée  soit  restée  sans  influence  directe  ou  indirecte 
sur  la  magie  grecque8. 


L’élément  juif  entre  directement  dans  la  composition 
des  livres  magiques  et  il  y  tient  une  place  importante6. 
Les  Juifs  paraissent  avoir  fourni  au  personnel  de  la 
magie  un  appoint  considérable.  Ils  avaient  une  réputation 
bien  établie  de  magiciens.  Ils  passent  pour  être  les 
dépositaires  de  la  tradition  magique7.  Les  cercles  d’où 
nous  viennent  les  textes  que  nous  possédons  étaient  for¬ 
tement  pénétrés  de  judaïsme.  Le  papyrus  de  Paris  nous 
a  conservé  un  long  exorcisme  (3009  sqq.)  emprunté  à  une 
communauté  «d’hommes  purs8  »  qui  était  probablement 
quelque  communauté  judéo-orphique,  sinon  une  commu¬ 
nauté  juive  semblable  à  celle  des  Thérapeutes  de  Philon. 
La  tablette  d’Iladrumète  est  un  autre  témoin  important 
décollé  magie  juive  acclimatée  dans  le  monde  grec9.  A 
côté  de  ces  documents  où  le  judaïsme  apparaît  à  l’état 
pur,  il  y  a  une  infinité  de  passages  où  les  formules  juives 
et  les  moyens  d’action  magiques  fournis  par  les  Juifs  sont 


mêlés  ù  un  rituel  d’origine  différente ,0.  fin  quoi  consiste 
l’apport  des  juifs  dans  la  magie  gréco -romaine?  Ils  n’y 
introduisirent  point  une  magie  toute  faite  ",  mais  des 
éléments  de  magie.  La  Bible,  traduite  en  grec  et  inter¬ 
prétée  par  Hermès’2  en  égyptien,  est  la  principale  contri¬ 
bution  des  Hébreux.  Elle  fournit  une  partie  de  la  mytho¬ 
logie  magique13.  Le  Dieu  des  Hébreux  tient  une  place 
considérable  dans  les  incantations ,l.  Les  diverses  formes 
de  son  nom,  Tito,  XxGxwO,  devenu  ’ASxwô  et  ’AwO1', 
’Apêaôtâoj 10  ’Aêpiâw 1  ’AStovxï18,  les  noms  de  Jacob, 
d’Abraham,  de  Moïse,  de  Salomon19,  ceux  des  archanges 
surtout  y  sont  répétés  à  satiété.  On  a  expliqué  le  fameux 
mot  Abraxas  comme  une  corruption  de  la  bénédiction 
hébraïque  ( haberachah  la  bénédiction,  hnberar.hah  -f- 
daberah  la  parole  =  abracadabra  20).  Les  mots  hé¬ 
braïques  plus  ou  moins  défigurés  abondent  dans  nos 
textes  21 .  Quant  à  ce  que  l'on  pourrait  appeler  proprement 
la  magie  juive,  pour  les  époques  anciennes,  nous  ne  la 
connaissons  que  par  allusion  ;  ce  que  nous  connaissons 
d’elle  à  l’époque  de  la  rédaction  du  Talmud22  forme  une 
branche  particulière  de  la  magie  générale  qui  a  poussé 
parallèlement  à  celle  que  nous  étudions  ici. 

Le  christianisme  entre  dans  la  magie  de  la  même  façon 
que  le  judaïsme  et  à  sa  suite23,  pour  une  part  moins 
forte,  naturellement.  Signalons  simplement  dans  le  papy¬ 
rus  de  Paris  l’exorcisme  par  le  nom  de  Jésus,  qui  est 
en  tête  du  long  passage  juif  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut  (3020),  et  un  exorcisme  copte  1227  Jésus  est 
encore  mentionné  dan£  une  formule  du  papyrus  N  2'. 
Nous  avons  vu  d’ailleurs  que  le  gnosticisme  et  la  magie 
étaient  souvent  indiscernables26. 

La  principale  contribution  est  celle  de  l’Égypte.  La 
plus  grande  partie  des  textes  en  provient.  On  y  eile  des 
autorités  égyptiennes  et  l’on  s’y  réfère  à  la  tradition  du 
pays27.  Outre  ses  dieux  et' sa  mythologie,  l'Égypte  a 
apporté  au  fonds  commun  une  magie  toute  faite28,  codi¬ 
fiée,  ayant  une  histoire  et  différenciée  à  peu  près  de  la 
religion.  Nous  savons  que  la  magie  égyptienne  pouvait 
exposer  ceux  qui  la  pratiquaient  à  des  poursuites  légales29; 


*  Diog.  Laërt.  Prooem.  ;  Palladius,  tïeoi-ewv  tî)'ç  ’IvSiaç  lûvûjv  xal tûjv  BçocyjEKvüiv,  014 
—  -  Apul.  De  mag.  XXXVIII.  —  3  Drexler,  À  ure  Pcrsephone,  in  Roscher's  Lexi 
bon; Paris,  voir  index,  Pap.  XL VI,  340.—  4  Epe<T*tyaX  NsSop-couiaX^O,  Pap.  V 
X;  cf.  Wünsch,  Defixionum  tabellae  atticae,  p.  31,  15;  tablette  d'Alexan 
drio,  3,  13.  —  t>  Sur  la  magic  assyrienne,  voir  Lenormant,  La  magie  che 
les  Uiulilnnis ,  1874;  Halévy,  Documents  religieux  de  l'Assyrie  et  de  la  Babylonie 
lvs“  :  Halévy,  Textes  relig.  assyr.  en  double  réfaction,  in  Rev.  sémitique ,  IV 
lofi-tCO,  245-251,  344-348  ;  Tallqvist,  Die  assyrisclie  Reschicôrungsserie  Alaqlu 
Zimmern,  Die  Beschwôrungstafcln  Shurpu ,  189G  ;  Jcnsen,  De  incantamen 
iouim  sumerico-assyriorum  sérié  quae  dicitur  S/iurbu ,  tab.  VI,  in  Zeitschrift  fil 
cilforschung,  t.  I,  p.  311;  Cl.  Laurent,  La  magie  et  la  divination  chez  le 
diahlro. Assyriens,  Paris,  1894;  King,  Babylonian  Magie  and  Sorcery ,  1 S9G 
'fiseawen,  Babÿlonian  Wilchcraft,  in  the  Babylonian  and  Oriental  Record,  VIII 
*'  P*  Kicsewcttcr,  Der  Occultismus  des  Altertums ,  I.  Akkader 

1  ",(00r>  Leipzig-,  1896  ;  Anz,  Ursprung  der  Gnosticismus,  p.  G8  ;  Craig,  Assyr iai 
;  ^ilnjhn.  Religions  Texts,  passim.  —  6  Sur  la  magie  juive,  voir  W.  Davics 
'I  1,1  '  loulalion  and  Demonology  among  the  Hebrews ,  1897  ;  L.  Blau,  Das  altjü 
J;  Z^bcnvesen,  1898;  Wcssely,  Gr.  Zauberp.  p.  13  sqq.  ;  R.  L  Wundcrbar 
y,  IH,^la^irllidische  Medicin,  1853  ;  M.  G as 1er.  The  Logos  ebrailcos  in  the  magica 
Ji\  ^  q  P(lV(S  an(l  the  book  of  Enoch ,  in  Journal  of  the  Royal  Asiatic  Society 
/,  '  P*  *09-117.  —  1  Bcrlhelot,  O.  I.  t.  II,  p.  233  (Zosime)  ;  M«<roO$t,  Le 

^  mi  s  ! I  Or,  trad.  t.  IV,  p.  2GG  sq.  —  8  Pap.  Paris.  3085  ;  cf.  Dielcrich,  Abraxas 

^1111-0  11  ~~  9  ^C‘SS,nann’  Ribel  Studien,  1895,  p.  21  sqq.  ;  Blau,  O.  I.  p.  9G  sqq. 
0  /  /»  *ab.  p.  xvii.  —  10  Entre  autres,  ’O'Soâç  Mtouo-swç,  Dictcricb 

t-  (  ,,p’  GXXI>  GG0,  324,  459,  700,  5G7,  592;  Pap.  XLVI,  481,  papou*  aStovo 

'  Hcim,  O.  I.  G3. —  Il  A  noter  cependant  les  choses  comme  1 

ZTr  vvy0|A,"VOr  Hcîm»  613  62-  —  12  Bcrlhelot,  O.  I.  t.  II,  223.  -  13  Citai 
tyjin  ,  G  1-5  ;  XXXV,  30  in  Berthclot,  O.  I.  I.  III,  287  ( Chimie  de  Moïse) 

7,  0(*  *’  °  ^  P‘  22'  14  Marcell.  XXI,  2;  Ilcirn,  O.  I.  90,  172  ;  Pap.  CXXI1I 

l.’lr,  1  lilaU’  °'  L  P‘  105*  “  10  PaP-  XLVI,  117,  352,  479  =  les  quair 
\nt  /ltJ  "y  ' 111  portante  dans  la  théogonie  de  Marcus  (Kenyon).  —  11  Joseph 
45  ;  Heim,  O.  /.  n°»  61,  G2,  Eo).o|i£voç  ;  Dielcrich,  Abraxas 


p.  142.  —  18  Corp .  inscr.  lat.  VIII,  12  511,  25.  —  *0  Ibid.  —  20  Kenyon,  p.  G3. 
Avec  les  corrections  que  nous  apportons  à  sa  rédaction,  la  conjecture  est  soute- 
nablc  ;  il  faut  observer  que  la  séquence  haberachah  daberah  esl  artificielle. 
—  2t  -pour  toujours,  Pap.  XLVI,  340,  etc.  ;  Ibid.  330,  vq*£vî).aji  =  le  soleil 

éternel;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  12  511.  —  22  Blau,  O.  1.  p.  19  sqq.  —  »  Wcssely, 
On  the  spread  of  Jewish-christian  religious  ideas  among  the  Eggptians ,  iu  Expo- 
sitor,  s.  III,  n°  13,  p.  194  sqq.  ;  Heim,  O.  I.  n°  03;  Academy,  1893,  II,  p.  550,  ins¬ 
cript.  prophylactique  sur  papyrus  terminée  par  une  prière  à  la  Vierge.  —  -,  Cf. 
Wcssely,  O.  I.  p.  12.  —  *»  Pap.  V.  VI,  17.  Selon  Wünsch,  XXX,  la  tablette  d'IIadru- 
mète  seule  de  toutes  les  defixiones  parait  chrétienne.  Sur  le  gnosticisme  et  la 
magie,  voir  plus  haut,  n.  24,  p.  1501,  et  Schmidt,  Gnostische  Schriften  in  Koptischer 
Sprache,  p.  502,  039,  004.  —  28  Sur  la  magic  syrienne,  voir  II.  Kraclzschmar, 
Zwei  Mystifikationcn  des  Jahu-e  Namens  in  den  aramüischen  Schalenbeschicô- 
rungen,  in  Zeitschrift  für  Assyriologie,  1895,  X.  p.  69;  II.  Gollancz,  A  sélec¬ 
tion  of  Syriac  charma,  in  Congrès  des  Orientalistes,  1897,  t.  i  X ,  p.  77  sqq.: 
Pognon,  Inscriptions  mandéennes  des  coupes  de  Khouabir;  tabella  dévot  ionis  arn- 
méenne  de  Duimes,  Lidybarski,  Eph.  1900,  p.  2G  ;  Halévy,  in  Rev.  Sentit.  1901, 
p.  203;  Clermont-Gauneau,  Recueil  d'arch.  orient,  t.  IV,  p.  87  sqq  —  27 
CXXI  1.  9;  Pap.  XLVI,  380,  àxr.xoc.  Si  ’Xpax'. ioxq/.Iti  t.vo;.  Sur  l’élémcnl 

égyptien  dans  les  papyrus,  \oir  Brugsch  Krman,  Aegyptische  Zeitschrift,  1883  ; 
Révillout,  Mélanges  de  philologie  égyptienne  et  assyrienne-,  Pap.  XLVI,  239, 

Kenyon.  28  Wiedcmann,  Religio  der  allen  Aegypter,  p.  147  sqq.  ;  Erman, 

Aegyptcn  und  aegyptische  Leben,  t.  11,  471  sqq.  ;  Maspero,  Histoire  ancienne  des 
peuples  de  l'Orient  classique,  1893,  p.  212  sqq.;  Budge,  The  Itook  of  the  JJead, 
CXLVIII-CLXVI  ;  Id.  Egyptien  magic,  1899;  Id.  in  Archaeologia,  1890;  Da\ies, 
O.  I.  p.  70,  94,  128  ;  Blau,  U.  I.  p.  42  sqq.  ;  Dielcrich,  Abraxas,  p.  155  ;  De  Joug, 
O.  I.  p.  79  sqq.;  Frazcr,  Golden  Rough,  I.  I,  p.  15,  04,  07;  Chabas,  Le  papyrus 
magique  Harris,  1800  ;  Leemans,  Monuments  égyptiens  du  Musée  de  Leyde, 
t.  |,  pi.  i-xiv  ;  Maspero,  Mémoire  sur  quelques  papyrus  du  Louvre  (3229),  p.  113- 
123;  A.  Erman,  Die  Miirchen  des  Papyrus  Westcar,  1890.  —  29  Budge,  Rook 
of  the  Dead,  p.  ci.i;  Id.  Egyptian  magic,  p.  75;  Chabas,  O.  t.  p.  170 
sqq. 


MAC 


—  1500  — 


ol  nous  voyons  dans  le  roman  de  Théagène  et  Charielée 
que  le  contact  des  choses  magiques  était  interdit  au 
prêtre 1 .  Les  rites  de  l’ancienne  magie  égyptienne  étaient 
semblables  à  ceux  que  prescrivent  les  papyrus3,  ce  qui, 
d'ailleurs,  serait  une  preuve  insuffisante  de  filiation,  s’il 
n\  en  avait  d  autres.  Quant  à  l’alchimie,  ses  origines 
égyptiennes  sont  établies  aussi  bien  que  possible3. 

Les  différents  éléments  sont  mêlés4;  Isis,  qui  révèle  la 


science  sacrée  a  Ilorus,  l’a  reçue  d’un  ange  des  Hébreux. 
Cependant,  si  l’on  prend  les  textes  un  à  un,  on  voit  que 
certains  éléments  peuvent  y  dominer.  Le  papyrus  W  de 
Le\ de  cite  surtout  des  autorités  juives  ;  les  papvrus  de 
Bei  lin  et  le  papyrus  \  citent  surtout  des  autorités 
grecques  '.  Il  est  vrai  qu'il  s'agit  d'apocryphes. 

Les  proccd  os  de  la  magie.  —  Les  actes  magiques  pré¬ 
sentent  une  infinité  d’aspects  suivant  la  nature  de  leur 
objet,  le  but  de  1  action  et  sa  portée  ;  1  image  que  le  magi¬ 
cien  se  fail  de  leur  genre  d’efficacité  en  détermine  le 
caractère  et  cette  image  est  changeante;  de  même,  sui¬ 
vant  la  façon  dont  on  représente  la  production  des  phé¬ 
nomènes  et  la  direction  des  êtres  par  la  magie,  les  modes 
de  l’action  magique  doivent  changer.  Il  s’agit  ici  de 
dégager  ce  qu  il  y  a  de  commun  et  de  spécifique  dans  les 


manifestations  particulières  de  la  magie. 

Tout  acte  magique  a  pour  but,  soit  de  mettre  des  êtres 


vivants  ou  des  choses  dans  un  état  tel  que  certains  gestes, 
certains  accidents,  ou  certains  phénomènes  doivent 
s’ensuivre  infailliblement,  soit  de  les  faire  sortir  d’un 
état  analogue.  Il  y  a  toujours,  soit  imposition,  soit 
suppression  d  un  caractère  ou  d’une  condition,  ensor¬ 
cellement  ou  délivrance,  prise  de  possession  ou  rachat. 
On  exprime  ce  fait  par  l’image  du  lien  qu’on  lie  ou  qu’on 
délie  (ex  :  oiÀTooxxxioîçaoî0).  Le  mot  religio  est  employé 
souvent  pour  désigner  cette,  sorte  de  contrainte7.  Tout 
abstrait  qu  il  soit,  ce  mol  arrive  à  désigner  une  sorte  d’ètre 


vague,  de  personnalité  diffuse  qui  se  précise  par  degré. 
La  possession  est  une  forme  extrême,  mais  typique,  de 
1  ensorcellement  des  personnes  8.  La  lycanlhropiè  est 
l'une  des  formes  de  possession  fréquemment  produites 
par  la  magie9.  La  métamorphose  est  un  exemple  grossi 
du  changement  d'état  de  l’individu  ensorcelé.  Comme 
représentation  sensible  de  l’enchantement,  l’Hippomane 
d’Olympie  est  à  signaler10.  Dans  les  cas  d’enchantement 
que  l’on  peut  ranger  sous  la  rubrique  de  fascination , 
l’effet  de  l’action  magique  trouve,  au  contraire,  son 
expression  la  plus  vague  [fascimm]. 

En  thèse  générale,  la  magie  arrive  à  ses  fins  par  deux 


*  VI,  5;  cf.  Pliiloslr.  V.  Apoll.  II,  18.  —  2  E.  Meyer,  Set.-lyphon ,  p.  Il, 
12,  18.  —  3  Bcrllielot,  Orig.  de  l'Alchim.  p.  71.  —  4  Berlhclot,  Collection , 
l.  Il,  p.  20G.  —  Dieterich,  Pnp.  rang.  p.  757  ;  cf.  Parthey,  Pap.  Berol.  I,  235,  note. 

—  6  Pap.  Paris.  295  ;  Pap.  Mimant,  103;  cf.  Wünsch,  Defix.  tab.  att.  IV. 

—  7  Marc.  XV,  11.  Hanc  religionem  eroco,  educo,  excanto  de  istis  membrisme- 
dullis.  -  «  Ka-royo;.  Wünsch,  Defix.  tab.  att.  VI  ;  Aptil.  Met.  Il,  V;  Chabas,  De 
quelques  textes  hiéroglyphiques  relatifs  aux  esprits  possesseurs,  in  Bull,  arch.de 
l'Athenaeum  fr.  1856,  p.  44.  — 9  Voir  dans  le  Dict.  i.ykaia,  Leubuscher,  Ueber  die 
M  ehrirôlfe  und  Thierwandl ungen  im  Mittelalter,  1850;  Hertz.  Der  Werwolf,  18G2; 
Plat.  Besp.  565  D  (culte  de  Zeus  Lycaios)  ;  Paus.  VI,  8,  2;  Pclron.  Sat.  61;  Plin. 
VIII,  22,  34;  Varr.  Fr.  9G2;  Virg.  Ecl.  VIII,  97;  Ovid.  Met.  VIII,  270;  Aug. 
De  civ.  dei,  XVIII,  17.  —  10  Paus.  V,  XXVII,  3.  —  il  Tylor,  Primitive  cul¬ 
ture,  12,  115;  Frazer,  Golden  Bough ,  12,  p.  7  sqq.;  Jcvons,  Introduction  in 
llie  history  of  Ueligion ,  p.  28  srjq.  —  12  Proclus,  De  sacrif.  et  mag.  éd. 
Cousin,  t.  III  p.  283.  —  13  Apul.  Met.  III,  17,  21  ;  Proclus,  Ibid.  p.  282; 
Philos.  IV,  024  (62  sqq.  C0  sqq.);  Apoll.  Hh.  Argon.  IV,  109  sqq.  — 14  Bcrthclot, 

Pap.  Paris.  2631  sqq.  —  16  Ibid.  2G47  sqq.;  Luc.  Dial,  meretr. 
IV,  5;  Hor.  Sat.  I,  VIII.  —  17  Heim,  n«  47.  —  18  Plin.  Nat.  Hist.  XXIV, 
160;  Apul.  De  herb.  c.  LXIV  ;  Pap.  Berol.  I,  249,  on  lit  en  marge  Tü>  péSovUjst. 
Sur  la  valeur  magique  des  pierres,  voir  F.  de  Méjy,  Les  lapidaires  de  l'antiquité, 
t.  Il,  Les  lapidaires  grecs,  1898;  Plin.  XXXVII,  9;  Orph.  At6ix&;  Fr.  Kunz, 


MAG 


part,  1  ell  et  semble  résulter  immédiatement!!''!^16'  Dllne 
sement  du  rite  ;  de  l’autre,  le  magicien  T 1  accon»P1is- 
surnaturels  qui  lui  servent  d’inter, nédiahî  ou  é  " ^ 
Toutes  les  opérations  qui  relèvent  de  ?  a8enls- 

s  inspirent  du  principe  universel  de  lu  101 ''directe 
contiguïté  et  la  similitude  tendent  à  dèveS^' ‘a 
forme  la  plus  simple  de  l’action  magique  est  l  !  '  U 

mention  par  le  contact  d’un  objet  doué  de  J0Tr 
magiques,  générales  ou  spéciales  d2.  U  1 ,  P  ~S 
talisman  ou  d’une  amulette  passe  sur'  celui  “ 
porte  [amuletum] .  Les  différents  produits  de  h  T 
magique  13  :  philtres  amoureux,  onguents  médi c 
eau  sacree  des  alchimistes14,  sont  à  comparer  aux  aln’ 
lottes  et  agissent  comme  elles. 


cuqjiuyees  uans  ta  préparation  des 
talismans,  philtres,  remèdes,  etc.,  agissent,  chacune 
prise  a  part,  de  la  même  façon.  L’une  des  principales 
préoccupations  de  la  magie  est  de  déterminer  l’usaee  des 
particularités  spécifiques  des  êtres  vivants  et  des  choses 
L’aimant  est  une  substance  magique  à  vertus  indéfi¬ 
nies11';  de  même  le  sel10,  le  galbanum17;  la  pierre  dite 
aglaophotis  ou  tnarmaritis  esl  utilisée  danslesévocalions 

contre  l’épilepsie  et  les  maux  d’yeux18;  on  mentionne 
une  eau  mantique  qui  rend  clairvoyants  ceux  qui  la 
boivent19.  Les  ennemis  d’Apulée  l’accusaient  d’avoir 


acheté  très  cher  certains  poissons  pour  l'exécution  de 
ses  maléfices;  il  est  vrai  qu’il  tâche,  malgré  les  appa¬ 
rences,  de  démontrer  que  les  poissons  sont  rarement 
employés  par  la  magie20.  Par  contre,  les  oiseaux  de  nuit, 
hiboux,  striges21,  sont  magiques  au  premier  chef.  Ovide 
met  des  ailes  de  striges  dans  la  marmite  de  Médëe23  ;  on 
finit  par  confondre  l’oiseau  et  les  sorcières.  Le  lièvre, 
le  lézard,  l’ibis,  etc.,  sont  mentionnés  dans  le  papy¬ 
rus  CXXI23.  Tandis  que  l’attention  des  alchimistes  s’est 
portée  surtout  sur  les  substances  minérales,  celle  des 
magiciens,  comme  nous  l’avons  déjà  vu,  s’est  portée  sur¬ 
tout  sur  les  plantes24  :  le  laurier25,  la  mauve56,  l’ellé¬ 


bore-1,  la  jusquiame  (îepàv  pGTohnrjV,  vj-riç  èa-nv  ûocxûaao;) •i> 
qui  s’emploie  contre  la  goutte,  le  plantain,  la  pulmonaire 
( consiligo )  que  l’on  emploie  contre  la  peste  bovine-’,  la 
centaurée30,  la  pomme31,  la  mandragore32,  la  xuvgxecw- 

Xioioç  potâv-q  dont  la  mention  revient  si  fréquemment  dans 
les  papyrus33,  la  myrrhe34,  la  rue33,  le  plantain 3G,  etc-  H 
est  inutile  de  donner  ici  une  énumération  complété 
des  matières  magiques37.  Mentionnons,  pour  mémoire, 
une  autre  série  de  substances  dont  l’emploi  est  souvent 


Folklore  of  precious  stones ,  Chicago,  1804.  —  19  Buresch,  Claros,  p.  *  < .  " • 

—  20  Apul.  De  mag.  XXIX  ;  cf.  Plaut.  Capt.  182.  —  21  Plin.  Nat.  hist ■  -’O-  ■ 

232 ;  Hor.  Ep.  V,  19  ;  Ov.  Fast.  VI,  131  ;  Propert.  III,  029;  Heim,  p.  151.»' 

—  22  Ov.  Met.  VIII,  209.  —  23  Voir  dans  Wesscly,  N.  gr.  Zauberp •  P  1  • 
liste  de  substances,  plantes  et  animaux  magiques  mentionnés  dans  I'  I  ' 
CXXI.  Sur  le  lézard,  Pap.  Lugd.  Bat.  V,  13,  1  ;  Drexler,  Bemerkungen  r" 
nia,  II,  -7t.  Ç’,  rq  Ueber  die  Verwendung  der  Eidechsê  bei  Argenh  " 

XXIX,  129,130;  Aclian.  Nat.  an.  V,  47;  Marcell.  VIII,  49;  Lelan.I, 

remains  in  popular  tradition ,  1892,  p.  266.  —  24  Plin-  XXI\ ,  •u  •  X iijrsCi,felil, 
64-82;  LJ.  Aen.  IV,  513-516;  Apul.  De  mag.  XXX  ;  Id.  Met.  IL  p 

O.  I.  p.  42  ;  Kehr,  O.  I.  p.  19.  -  27  Tlieocr.  II,  I  :  Heim,  n9  137  ;  !" .',)io?c! 

2,  81  sqq.  invocation  au  laurier.  — 26  Lobeck,  Agi •  903.  1  I  l‘n*  ^  (  3 

IV,  141.  —28  Alex.  T rail.  11,  585.  —  29  Plin.  XXV,  8,- 48  ;  Co  un».^ 

—  30  Kspérandieu,  Epigraphie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saint ongt ,  P-  s. 

de  Poitiers  ;  Heim,  p.  541,  n° 235.  —  31  Heim,  p.  535.n°202.  —  •L  b°*c  ‘cl^  ^  ^  ^|urrj 
v.  Mandragoras.  —  S3  Pap.  XLVI,  198  ;  Pap.  CXXI,  62<» ,  I  b*1*  ^  ^  flotanih 

Pflanscnwe.lt  in  der  griech.  Mythol.  1890,  p.  76.  —  Ibid,  p-  -  (l,‘  ,|  ___  :io plin. 
p.  671  ;  Alex.  Trall.  I,  495  ;  Kühnert,  Feuersauber ,  in  IVi.  Mus.  XMX.  |  j’articlc 

XXII,  2.-37  ()n  ia  trouvera,  disposée  par  ordre  alphabétique^  ^ar|jcl,|iôre- 
absrclaube  de  Kiess,  d  ii  Dictionnaire  de  Pauly-Wissowa,  Cl, 

ment  p.  50-88. 


MAG 


1507  — 


.MAC 


lir  les  textes  :  la  cire1,  le  miel2,  la  farine3, 
g'1'1'  ''J., rines,  l'eau4  ou  l’eau  de  pluie6  jouent  le 


certaines 
rôle  do 

substances 


'  Simples  véhicules;  il  faut  cependant  que  ces 
ri0ient  appropriées  au  rôle  spécial  qu’on  leur 


falL- '  v.Tlu' des  substances  magiques  n’est  pas  toujours 
à  leur  nature  spécifique.  On  l’attribue  soit  à 
^'ï'rrine  fabuleuse  comme  celle  de  l’aconit,  née  des 
T  is  il’Echidna  et  introduite  en  Grèce  par  Médée7,  soit 
fn  l  relation  mythique  quelle  qu’elle  soit.  Dans  la  magie 
a,m’r  „,np  ips animaux  immondes  sont  considérés  comme 
,  „ents  du  diable  et  c’est  de  la,  précisément,  que  vient 
leur  ''vertu  magique8.  Des  séries  de  plantes,  de  miné- 
de  parfums  correspondent  à  la  série  des  planètes 
et  sdnt  utilisées  pour  cette  raison  9.  De  plus,  les  sub¬ 
ornées  sont  souvent  désignées  dans  les  textes,  non  pas 
parleur  nom  vulgaire,  mais  par  un  nom  qui  implique 
généralement  une  relation  entre  elles  et  une  divinité. 
L’halimus  est  le  diadème  d’Osiris 10,  le  mercure  est 
appelé  le  lait  de  la  vache  noire  11  ;  nous  rencontrons 
des  sang  de  Mars,  semence  d’Ainmo,  doigt  de  Mercure, 
cheveux,  oreilles  de  Venus,  barbe  de  Jupiter19-,  etc.  ;  une 
partie  de  ces  noms  ont  passé  dans  la  nomenclature 
usuelle.  La  signification  de  ce  vocabulaire  était  révélée 
aux  apprentis  par  des  clefs13.  11  est  possible,  puisqu’on 
ledit,  que  l’usage  de  ces  noms  ait  en  pour  but  de  mettre 
on  défaut  la  curiosité  du  vulgaire  14  et  de  donner  aux 
opérations  un  caractère  plus  mystérieux;  on  ne  peut  pas 
croire  cependant  qu’ils  n’aient  pas  contribué  à  détermi¬ 
ner  la  valeur  magique  de  l’objet;  ils  font  partie  de  sa 
représentation.  Enfin  le  caractère  terrible,  obscène,  anor¬ 
mal  q u e  ces  noms  donnent  souvent  aux  cérémonies 
pour  qui  n’en  a  pas  la  clef,  est  également  à  considérer. 
D’autre  part,  le  nom  vulgaire  des  substances  et  aussi 
les  analogies  plus  ou  moins  vagues  que  leur  aspect  peut 
suggérer  sont  pris  en  considération  par  la  magie  : 
«  Xeque  enim  minus  istis  quae  commémorant  accom- 
vnodari  possunt  similiter  ex  vocabulo  suspiciones. 
Possc  dicitis  ad  res  venerias  sumpta  de  mari  spuria  et 
/ascina  propter  nominum  similitudinem  :  qui  minus 
posait  ex  eodem  litore  calculus  ad  vesicam,  testa  ad 
testament  uni,  cancer  ad  ulcéra,  alga  ad  quercerum?  » 
'ht  Apulée  à  ses  accusateurs13.  Le  réséda  calme  les 
maladies  par  la  vertu  de  son  nom10.  Le  plomb  agit  par 
sa  lourdeur  et  on  l’emploie  contre  ses  ennemis  dans  les 
.i('ux (lu  cirque17;  il  agit  aussi  par  sa  froideur18.  Le  grillon 
•toit  probablement  sa  vertu  magique  à  son  aspect  bizarre19. 
h'1  Jdiysiologus  donne  une  idée  suffisante  de  cette  his- 
touo  naturelle  qui  sert  de  base  à  la  magie20.  En  général, 
1,1111  ( e  qui  est  anormal21,  tout  ce  qui  est  habituellement 
considéré  comme  impur,  appartient  de  droit  à  la  magie. 


—  2  yj  '4,"or.  "fi  7>  2;  Paris.  1878,  (881,  2359,  2308,  2378,  2945,  3215, 
Il  3G  -T  P  e'0 1'  h  6-  —  3  Paris.  2647,  2580  (iotdjkI.  —  4  Pap.  Berol. 

-  ;  0~  )//’i''/,'.CXXI'  *32  ;  Pap.  B, ;ral.  I,  287.  —  0  Cat.  Cod.  Mediol.  cod.  17. 

103  n  ,  ^  b'  403  ï  pour  la  mauve,  cf.  Lobcck,  Agi.  903. —  8  Maury,  p. 

ri'li.  Aljr„  ''0CluS’_°e  ««"i/.  et  mag.  éd.  Cousin,  t.  111,  280.  —  9  Cf.  Dietc- 
lcs  métau \  r’  té  ' 1  '  Jirre  de  Moïse)  ;  potâvat  xùiv  iûçktxô-wv,  Galen,  IV,  1.  Pour 
^UanJ’pn'vvv01’  C°lL  </eS  alchim-  Srecs<  introd.  p.  77  sipj.  ;  Cod.  Lau- 
ùtttto  i  ■  xill,  Bandini,  11,  25,  iïeçi  (*oïa)  t«!v  tîSwv  lv  tvl 

So nis  et  p,/  /  ./,J  irxôooSa  —  xat  l).é®avTa;  xa\  zù.  yetçor, Or,),  Nechop- 

21),  120,  l.u-°n  *  /  fra°menta'  éd-  Riessi  P-  38--  —  10  Uiosc.  r,  ;  cf.  Id.  I,  9, 
t.  I,  |2.  ‘J’  ’  U4,  i5"’  1G6>  180;  111,  15,  20,  28  ;  IV,  4,  23.  —  H  Berthclot,  O.  I. 
Ungo,  ^  '  RR  *l3î  IV,  4.  — 12  Lobeck,  Agi.  p.  887  sqq.  ;  cf.  Du 

p.  1 1 >  ___  1  ^Vo;  »  Wessely,  iV.  gr.  Zauberp.  p.  15  ;  Berthclot,  O.  /.introd. 

Pentes,  cf.  Dict(M  ic|SCly’  L  l  }  Bertbelot»  °‘  l'  4-  Sur  les  noms  donnés  aux 
raux,  pt  __  I!  *1’  ^aP‘  mag-  p.  781;  pour  les  animaux,  p.  784; pour  les  miné- 
1  up.  \,  12  cl  13,  —  15  Dq  mag.  c.  XXX.V.  —  16  Réséda 


Une  bonne  partie  des  substances  magiques  sont  donc 
considérées  comme  de  simples  véhicules  d'actions  sym¬ 
pathiques  et  non  plus  comme  faisant  partager  par  leur 
contact  des  vertus  spécifiques  inexpliquées.  La  même 
substance  peut  être  considérée  tour  à  tour  de  l’une  et  de 
l’autre  façon22.  Au  même  point  de  vue,  il  faut  distinguer 
les  substances  magiques  par  essence  de  celles  qui  sont 
magiques  par  accident,  soit  à  cause  de  leur  couleur  23, 
soit  en  raison  de  la  place  d’où  elles  proviennent,  comme 
les  objets  pris  dans  les  thermes,  dont  la  mention  revient 
fréquemment  dans  les  formules  d’opération24. 

Ainsi,  en  parcourant  cette  première  classe  d’agents 
magiques,  nous  voyons  appliqués  quelques-uns  des 
corollaires  les  plus  lointains  de  la  loi  de  sympathie.  Le 
magicien  s'efforce  d'employer,  soit  isolément,  soit  en 
composition,  des  substances  ou  des  objets  qui  aient  une 
analogie,  même  peu  apparente,  de  nom,  de  forme,  de 
qualité  avec  le  sujet  de  l’action  magique,  le  phénomène 
à  produire,  l’état  qui  doit  le  suivre,  les  forces  que  l'on 
doit  faire  agir  et  d’autres  qui  ont  été,  sont  ou  doivent 
être  soit  en  contact,  soit  en  relation  plus  ou  moins  orga¬ 
nique  avec  les  êtres  intéressés  dans  l'opération.  A  vrai 
dire,  il  est  assez  difficile  de  démêler  les  applications 
du  principe  de  la  sympathie  dans  la  pharmacie  magique. 
Généralement,  les  raisons  qui  ont  déterminé  une  pre¬ 
mière  fois  l’emploi  d’une  substance  spéciale  sont  effacées 
par  l’antiquité  de  la  tradition,  et  l’usage  fréquent  doit 
s’ètre  souvent  transformé  en  nécessité;  d’autre  part, 
lorsque  les  substances  sont  employées  à  l’état  isolé, 
comme  amulettes,  par  exemple,  la  façon  dont  s’exerce 
leur  efficacité  est  trop  vague  pour  que  le  fonctionnement 
de  la  loi  soit  apparent,  et  lorsqu’elles  sont  employées  en 
composition,  les  effets  différents  produits  par  les  com¬ 
posants  se  croisent  à  tel  point  qu'il  devient  impossible 
de  les  distinguer.  Le  jeu  de  la  loi  apparaît  au  contraire 
en  pleine  lumière  dans  un  grand  nombre  d’opérations 
où  le  résultat  désiré  est  obtenu  par  de  simples  actes 
symboliques25.  On  peut  distinguer  deux  processus.  Le 
premier  consiste  à  remplacer  le  sujet  de  l’action,  per¬ 
sonne  ou  chose,  par  un  substitut.  Le  deuxième  consiste 
à  figurer  le  phénomène  à  produire.  Des  exemples  de  ces 
deux  séries  d’actes  sympathiques  se  rencontrent  à  chaque 
pas  dans  toutes  les  magies  connues,  lis  ne  manquent 
pas  dans  la  magie  gréco-romaine.  Nous  retrouvons  ici 
la  communication  par  contact  que  nous  avons  rencontrée 
d’abord.  Que  l’on  touche  des  verrues  avec  de  petites 
pierres,  celles-ci  s’identifient  avec  celles-là,  on  jette  les 
pierres,  et  les  verrues  sont  guéries26.  On  peut  transférer 
une  morsure  de  scorpion  d’un  homme  à  un  âne27,  un 
mal  de  ventre  à  un  canard28  ou  à  une  grenouille,  ou  à  un 
chien29,  en  appliquant  ces  animaux  contre  la  partie  ma- 

morbis  réséda,  Plin.  XXVII,  12,  106.  —  U  Wünscli,  Scthianische  Tabellen, 
p,  72,  —  18  \V iin sc h,  Dcfix.  tab.  ait.  p  IX,  ojzoi  5  y, /po;  ,  ojtw;  », 

èesIvou  zi  jf.piT'A  iuxfi  io™.  —  19  Lobeck,  Agi.  973.  —  20  Lan,!,  Anecdola  sgriaca, 
t.  IV;  Pitr.  Spicilegium  solesmense,  t.  II,  p.  Ï73  sq,p;  I.  111;  l’clers,  Der  griecli. 
Pliysiologus  und  seine  oriental.  Uebcrsetzungen,  1898.  —  2'  Les  mouslrcs, 
Geopon.  11,  18,  9;  XIII,  5,  4-5;  X,  83.  —  22  Telle  l’urine  ;  Berthclot,  Collect. 
introd.  58,  44,  40,  47,  214;  Apul.  De  mag.  VI,  usage  do  l’urine  comme  dentifrice 
en  Espagne.  —  23  Voir  plus  loin,  p.  1520  —  2t  pap.  CXXI,  405,  440,  464,  477;  O. 
Hirschfeld,  Untersucliungen  auf  dnr.  Gebete  der  rôm.  Verwallungsges- 
chichtc,  I,  171;  cf.  Pap.  Berol.  II,  49  Wünsch,  Dcfix.  tab.  ait.  X  ;  démons  bal¬ 
néaires,  Psellus,  ittç’tlvcpy  .  Saipôv.  21,  éd.  Boissonnade,  n.  2.  -  28  Voir  F razer,  Golden 
Botighi,  I,  ch.  i  ;  III,  ch.  ni.  --26  Marcell.  XXXIV,  102;  Plin.  XXII,  149;  cf.  J. 
Hardy,  Wart  ont  wen  cures,  in  Folk-Lore  Record,  1,  1878,  p.  216-228. 
—  27  Geopon.  XIII,  9;  XV,  1;  Plin.  XXVIII,  10,  42;  Archaeological  B  e  view, 
180.  -  28  Plin.  XXX,  7,  20  ;  Marcell.  XXVII,  33.  —  29  Plin.  L.  I.  ;  Marcell.  XXVIII, 
i  132. 


1  Cf.  Gaidoz,  Mélusine,  VIII,  174,  201,  247  sqq.  250,  273,  275,  282  sqq. 

—  2  Cf.  Tosefla  Sabbat,  Xll  ;  Zeitschrift  des  Vereins  fur  Yolkskunde,  1893,  p.  25. 

—  3  Cf.  folk-Lore,  1898,  10.  —  4  Drezler,  O.  I.  —  5  Plin.  XXVIII,  36.  —  o  Voir 
plus  liaut,  p.  1498,  l'histoire  d'Ipliilcos;  Hein),  p.  489.  —  7  Colum.  VI,  5,  3.,  Plin. 
XVIII,  29,  70;  Geopon.  I,  74,  10.  —  *  Pap.  Berol.  I,  3,  4;  Apul.  De  mat/.  XXX; 
Apul.  Met.  III,  XVI  ;  cf.  Deutéronome,  XXI,  12  ;  Mannliardt,  Wald  und  Feldkulte, 

t.  I,  108,  134;  Taulain,  in  Anthropologie,  1897,  p.  008  (iles  Marquises);  voir 
Bulow,  in  Internat.  Archiv  fur  Ethnogr.  1898,  fasc.  3  ;  Zeitschrift  des  Vereins 
fur  Yolkskunde ,  1898,  p.  158.  —  9  Cf.  Deutér.  L.  I.  ;  Seidel,  in  Globus,  1897,  I, 
p.  42;  Tetzner,  in  Globus,  1898,  II,  p.  139.  —  10  Marcell.  XXXVI,  70  (Heim, 
p.  489,  n»  93)  ;  Pliot.  Dibl.  cod.  106, p.  360,  20  ;  Psellus,  O.  I.  éd.  Boissonnade,  p.  23, 

u.  25  ;  Taulain,  O.  I.  p.  006.  —  «  Kehr,  O.  I.  p.  16.  —  12  Luc.  Dial.  Meretr.  IV,  5 

(Heim,  p.  510,  no  144).  —  13Thcocr.  II,53sqq.  —  14  Hartland,  The  legend  ofPerseus, 
t.  II.  ch.  ix,  p.  55.  —  l-o  Plin.  XXVIII,  86.  —  *0  Tablette  magique  de  Poitiers,  Espéran- 
dieu,  Epigrapliie  rom.  du  Poitou  et  de  la  Saintonge,  p.  337  ;  J.  Grimm-A.  Pictet, 
l  ebcr  die  mareeltinische  Formcln,  p.  40,  48,  100  ;  Heim,  p.  471  ;  Cat.  cod.  Mediol. 
17,  \\ iinsch ,  Dcfix.  tab.  att.  XXIII;  Invocat.  des  Saîjiovi;  x«: 

Luc.  Pereg  ri  nus,  XXXVI;  Zeitschrift  der  marge  nldntli  sc  heji  Gesellschaft,  1888, 
p.  460  (n.  2).  1*  Plin.  XXVIII, 4,  G,  Sagiltas  corpore  eductas...  amatorium  (assi¬ 

milation  entre  I  individu  qui  doit  aimer  et  celui  qui  a  été  frappé,  dont  le  sang  teinte 
la Ilèclic). —  1«  Pap.  Paris.  278,871,  244,  221,  1818,  2427  ;  Pap.  Anast.  378;  Ileini, 
O.  I.  p.  527  ;  Jambl.  De  myst.  257  ;  Kroll,  De  or.  chald.  58  ;  cf.  Rohde,  Psyché, 
p.  01  ;  Andrée  Pesonennamen,  in  Zeitschrift  für  Ethnologie,  1876  ;  Id.  Ethnogr. 


—  1508  — 

lado;  dans  ce  dernier  cas,  l’autopsie  prouve  la  réalité  de 
la  translation.  Dans  tous  les  cas  le  mal  est  expulsé.  Le 
meme  effet  s  obtient  par  le  passage  entre  les  jambes  d’un 
homme  ou  d’un  animal,  à  côté  d’un  tombeau,  à  travers 
un  arbre  percé,  à  travers  les  rais  d’une  roue,  un  entre- 
eolonnement1,  deux  cadavres2,  sous  la  racine  d’un 
arbre3.  Par  une  modification  du  même  procédé  on  pou¬ 
vait  donner  à  un  homme  la  vue  d’un  lézard  préalablement 
aveuglé4.  Entre  un  blessé  et  l’agent  de  sa  blessure,  le 
contact  détermine  une  sympathie  et  l’on  peut  soigner  la 
blessure  par  l’intermédiaire  de  l’arme5.  Un  pas  plus 
loin,  et  la  cause  du  mal  fournit  le  remède 6. 11  est  naturel 
qu  on  puisse  localiser  sur  une  partie  d’une  chose  ou  d’un 
être  ce  qu  on  peut  transmettre  par  contagion7.  La  partie 
vaut  pour  le  tout.  Les  cheveux 8,  les  ongles  ",  les  dents la, 
la  salive11,  l’empreinte  des  pas12,  les  vêtements 13,  tout 
ce  qui  touche  à  l’homme  ou  en  fait  partie 11  permet  de 
le  représenter  intégralement  et  d’agir  sur  lui.  Nous  avons 
un  exemple  de  double  translation  dans  le  cas  où  l’on 
attache  les  ongles  coupés  d'un  fiévreux  à  la  porte  de  son 
voisin  lo.  On  utilise  la  continuité  supposée  de  la  famille  et 
1  on  pense  agir  sur  un  homme  en  agissant  sur  ses 
parents16;  on  utilise  même  celle  de  l’espèce17,  et  c’est  pro¬ 
bablement  la  raison  d'une  partie  des  emplois  d’os  ou 
d  autres  reliques  humaines  dans  les  cérémonies  magi¬ 
ques.  Une  simple  figure,  en  dehors  de  tout  contact 
ou  de  tout  autre  mode  de  communication  directe,  est 
représentative.  Enfin  le  nom  joint  à  la  ligure  ou  employé 
seul  supplée  à  tout18.  La  translation  de  la  personnalité 
peut  être  assez  complète  pour  entraîner  la  mort  :  ainsi, 
lorsqu’on  prend  l’écume  de  la  bouche  d’un  mulet  pour 
soigner  un  asthmatique,  le  mulet  meurt19. 

De  même  que  la  figure  est  identique  à  la  personne,  la 
figure  de  l'acte  ou  du  phénomène  est  respectivement  iden¬ 
tique  à  ce  qu’elle  représente,  et  si  la  chose  représentée 
n'existe  pas  encore,  la  représentation  a  pour  effet  d’en 
déterminer  la  production.  Nous  avons  vu  dans  l’histoire 
d’Iphiclos  le  couteau  à  châtrer  les  boucs  rendre  stérile  par 
son  attouchement.  Dans  les  cas  de  translation  de  maladie, 
on  supprime  la  maladie  par  la  destruction  ou  l’éloigne¬ 
ment  de  ce  qui  la  représente  20.llnesorcière  coud  la  bouche 
de  ses  ennemis  en  cousant  la  bouche  d’un  poisson21 .  Les 
fermiers  écartent  la  grêle  de  leurs  champs  avec  des  nœuds 
et  des  clefs  qui  sont  censés  soit  l’enfermer,  soit  la  tenir 
dehors22.  On  simule  avec  des  nœuds  les  liens  d’amour23, 


Fig.  478Ü.  —  Clou  magique. 


MAG 

avec  des  nœuds  déliés  l’accouchement25  oi<.  n 
d  arrêter  l’épilepsie  était  de  planter  un  n,m°yen 

où  avait  touché  la  tête  du  malade  din  aplace 
chute;  on  fixait  ainsi  la  maladie  à  lu  dernièr« 

magiques  dont  la  figure  4782  représente  C'S  Cl°"s 
ont  eu  encore  d’autres  emplois25.  La  fi  !”  efemPla're 

de  fer  était  propre  à  arrêter  un  coureur  Ü  °ngle 

gosier  un  osselet  ou  un  épi,  il  suffisait  de  rel^r 
fois  un  tison,  de  manière  à  plonger  clnonr.  f  ll0,s 

bouts  dans  le  feu27.  Pour  entraîner  sa  victime  à  1  **** 
ou  la  livrer  aux  puis-  •  iC  nne  d  l;i  mort 

sances  infernales,  le 
magicien  met  son 
image  ou  la  tablette 
d’imprécation  qui  la 
concerne  dans  un  tom¬ 
beau28,  à  moins  qu’il 
ne  dépose  des  osse¬ 
ments  dans  sa  mai¬ 
son29.  On  symbolise 
la  fièvre  par  le  feu 30. 

Pline  nous  apprend 
qu’on  meurt  seulement 
à  l’heure  de  la  marée 
basse31  :  l’idée  remon¬ 
tait  à  Aristote  et  est 
confirmée  par  Philo¬ 
strate  32.  En  chargeant 
un  arbre  avec  des 
pierres,  on  le  rend  sté¬ 
rile33.  Une  simple  image,  celle  d’Hercule  étouffant  le  lion, 
suffit  à  arrêter  la  croissance  du  parasite  dit  ètntpoXstov  3‘. 
Dans  les  souhaits  et  les  incantations  on  accompagne  le 
vœu  d’un  geste  ou  d’un  acte  symbolique  : 

Limus  ut  hic  durescit  et  haec  ut  cera  liquescit 
Uno  eodemque  igni  sic  nostro  Dctphnis  amore  3“... 

ou  bien  l’on  étend  par  analogie  l’efficacité  d’une  chose30. 
L’identité  de  la  parole  et  de  ce  qu’elle  signifie  nous 
apparaît  encore  ici.  Une  simple  comparaison  suffit  à 
remplacer  l’acte  symbolique37.  La  sympathie  est  créée 
souvent  par  l’incantation  qui  accompagne  l’acte38,  ou  bien 
l’incantation  constitue  par  elle-même  l’acte  sympathique, 
comme  dans  les  évocations  de  maladies  énumérées  par 

Parallelen  und  Vergleichen,  1878  ;  Lefebvre,  La  vertu  et  la  vie  du  nom  en  b  y’-  7  ’ 
in  Mélusine,  1897,  p.  217  sqq.  ;  Dussaud,  Itelig.  des  Nosairis,  p.  GO  sqq- ■  111  ' 
secret  du  nom,  voir  Maas,  Orplieus,  p.  09  sqq.  ;  Kroll,  in  Rhein.  Hits.  I  '■ 
voir  encore  v.  Andrian,  Ueber  Wortaberglauben,  in  Corr.  Bl-  d-  L  "",'1  ^ 
Gesellsch.  1890, n"  10  ;Licbrecht,  Zur  Volkskunde,  p.  315  sqq.  —  l 'Maio.  V  ^ 

—  20  Voir  plus  liaut  et  encore  Plin.  Nat.Hist.  XXVIII,  7,  23;  Maie.  ^ 

—21  Ov.  Fast.  II,  577  ;  cf.  Warde  Fowler,  Roman  Festivals,  p.  309  sqq.  ---  'e0Il  ^ 

I,  14;  Philostr.  Heroica ,  111,  25.  —  23  Virg.  Ecl.  VIII,  7-  ;  Cirid .  ,!i 
d’autres  usages  du  même  symbole,  cf.  Frazer,  Golden  Boughï,  1. 1,  p- 

p.  398  ;  Id.  Paus.  t.  V,  p.  45  sqq.  ;  Archiv  für  Anthropologie,  1899.  p. 
chrifl  für  Ethnologie ,  1897,  p.  491  ;  Globus,  1898,  p.  251  ,  C.  Mevir, 
der  Mittelalter,  1884,  p.  205;  Die  1er  ici],  Pap.  mag.  811,  n.  I.  ,,  p|j„. 

anneaux,  cf.  Frazer,  Golden  Bough 2,  t.  I,  p.  401.  2.  Heim,  p-  *  jalhmnns 

XXVIII,  03;  clous  magiques,  Heim,  p.  541  et  note  2  ;  Ad.  blanc  ir  £aiat  •  ■!' 
anciens,  1900;  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaii  < .s  ,  fali,  72. 

bronzes  de.la  Bibl.  Mal.,  n°  1953  (fig.  4782).  -5  Wünsch,  ur . \Vcsscly, 

—  27  Grimm-Pictet,  O.  I.  p.  40.  —  28  W ünscli,  O.  I.  ;  Id.  Défis  -  ta  -  ^  _  Jlio 

Wiener  Studien,  VIII,  179;  Plat.  Le  g.  XI,  933;  Senec.  De  benej-  37.58.  ■ 

Cass.  LVH,  18  (mort  de  Germanicus).  —  30  Külmert,  in  Llhem.  t  us-  ^  g|lWO|solin, 

—  31,  Plin.  Nat.  Hist.  Il,  98,  101.  —  32  pl.il.  Vit.  ApoU.W  '  (J  ,8  sl]l|.;  i 
Ssabier,  11,469.  —  34  Geop.  H,  42,  2.  —  33  Virg.  Ecl.  VIII,  80;  J  •  M'„cinl .  n. 


yottuw,  n,»Uv.  —  ^  an  oit»'  1 

cf.  Heim,  p.  480-488  ;  Soph.  Aias,  1 175  sqq.  ;  cf.  Hom.  2b  11  ,  •  xxym  *|5, 

/.  p.  488,n«  91. 37  Heim,  O.  I.  p.  486,  n°90.  —  38  Plin.XXVI,  -, 


MAO 


—  1509  — 


MA(i 


,  i.’niin  le  calembour  paraît  devoir  aux  mêmes 
"  .  des  vertus  magiques2. 

I"  n Ml|,ailiic  lient  une  telle  place  dans  les  opérations 
l''!l",l,s  qu’on  nous  propose  d’une  part  d’étendre,  de 
'•""in  de  réserver  le  nom  de  magie  aux'  actes  dont  elle 
irincipe3-  On  nous  dit  que  si  les  noms  des  dieux 
^rencontrent  dans  les  formules  magiques,  les  magiciens 
sc.  nt  sur  ]es  dieux  de  la  même  façon  que  sur  les 
que  les  dieux  ne  sont  pas  pour  eux  des  êtres 


des  instruments  passifs  et  que  là  se  marque 


choses 

■  libres,  niais 

,  distinction  profonde  de  la  magie  et  de  la  religion  dont 
los  actes  ont  pour  but  de  fléchir  ou  de  gagner  des  pou¬ 
voirs  supérieurs  à  l’homme,  qui  gouvernent  la  nature  en 
toute  liberté*.  Il  est  vrai  que  des  rites  semblables  à  ceux 
de  la  magie  sympathique  sont  mêlés  aux  pratiques  reli¬ 


gieuses'.  Aux  Robigalia ,  dit  Festus,  rufae  canes  imnio- 
labantur  ut  fruges  flavescentes  ad  maturitatem  perdu- 
cerentur  (p.  285).  L’usage  de  fixer  la  maladie  est  suivi 
officiellement  à  Rome  en  temps  de  peste;  ailleurs  il 
était  d’usage  religieux  et  public  de  planter  annuellement 
un  clou  dans  une  muraille  [clavus]6.  En  Arcadie,  le  prêtre 
deZeus  Lycaios,  pour  mettre  fin  aux  sécheresses,  agitait 
une  branche  de  chêne  dans  une  source  du  Lycée1.  Or, 
pour  nous,  nous  ne  pensons  pas  que,  malgré  l’apparence, 
les  oscilla  latins  et  les  balançoires  des  Aîwpa  appar¬ 
tiennent  à  la  magie  [aiora]  8  et  nous  hésitons  à  qualifier 
de  magiques  les  guérisons  d’Épidaure9.  On  nous  répond 
que  la  magie  se  mêle  à  la  religion,  que  ce  mélange  n’est 
point  étonnant  et  qu’elles  sont  à  peu  près  indistinctes  à 
l’origine.  Mais  nous  contestons  la  justesse  de  la  distinc¬ 
tion  proposée,  car  pour  nous,  les  rites  religieux,  et 
le  sacrifice  en  particulier,  produisent  des  effets  aussi 
nécessaires  que  les  rites  sympathiques  de  la  magie10. 

Réduire  à  la  magie  sympathique  toute  la  magie  amène 
a  la  confondre  avec  la  science.  Ce  n’est  pas  autre  chose, 
dira-t-on,  qu’une  science  à  principes  faux11.  En  fait, 
lidee  delà  sympathie,  celle  de  l’identité  du  nom  et  de  la 
chose  nommée,  celle  de  la  représentation  intégrale  de  la 
personnalité  au  moyen  de  ses  parcelles,  sont  des  idées 
d  ordre  scientifique  et  philosophique.  11  est  à  remarquer 
que  la  magie  non  seulement  raisonne  sur  ses  principes12, 
mais  qu  elle  en  a  généralement  une  conscience  claire.  Le 
principe  posé,  le  magicien  l’applique  rigoureusement.  De 
P  us,  en  dehors  de  ces  idées  universelles,  la  magie  fait 
constamment  appel  aux  principes  d’une  science  et  d’une 
un  Uiphysique  plus  avancées.  Elle  spécule  sur  les  xuxXa 
^v*l'X7Ri3,  sur  l’influence  des  planètes,  idées  qui 
"  niii  ni  d  une  représentation  scientifique  du  monde  et 
j  o  li  moignent  d  une  notion  claire,  bien  qu’insuffisante, 

11  111  •  Les  formules  d’opérations  alchimiques  sont 


Ie  eonmiVc'i  ^  U°  2  P-  ^6,  n»  80  ;  Ibid.  n°  130  ;  remède  conlre 

Golden  Bo,"n  =  gra'n  d  °rgC’  Are/i'  ZeiL  1809  lXXVIlb  P-  0fi-  —  3  Frazer, 
1,09  Sl|  .  ; ' ^  1  b  P'  03;  t.  III,  p.  458-463  ;  Sir  A.-C.  Lyall,  Asiatic  Studies, 

tol'yiondes  r°T'  Jnl1 u^"ct*on  to  history  of  Religion  L.  l.\  Oldenbcrg,  Die 
Frazer,  O  I  [  t  ^  **  *  SfFI*  ’  ^ ^  scIfP  — *  Civ.  VIII,  1-3. —  o  Cf.  par  exemple 

que  l’on  piaulai l  ^  *  '  *  S<^  —  6  Frazer,  O.  I.  t.  III,  37;  M.  Frazer  pense 

p.  234  si  (  1  "  llomonl  à  Rome  le  Clavus  A nnalis  ;  Fowler,  Roman  Festi- 

4;  Frazer,  o  \  Jului^  au  contraire  la  théorie  de  Mommsen.  —  7  Paus.  VIII,  38, 
toQgica l  rite)  —au  ^  8  ^razcr’  ^  P-  *49  sqq.  (swinging  as  a 

et  h  fonction  di  .  •*  P-  -*•  —  10  H.  Hubert,  M.  Mauss,  JSssai  sur  la.  nature 
f)'  l’  l*  I,  |).  C  ^  S(lC^'tCC'  in  Année  sociologique ,  t.  II,  p.  29  sqq.  —  H  Frazer, 

l’abric.  Hi(jj  f  >  ^e,nocritus  et  Nepualius,  «tpi  <rv|ATCaOeToiv  xat  àvciicaOstwv, 

I.  —  13  Wiin  ?  n  ’  9  290  ’  (!pmol,>  Progr.  Striegau,  1884;  cf.  Geoponica, 
'°t  Orig.  tlei'ii  .1  ■’  P.M.  — UBcrtholot,  O.l.  introd.  p.  73  sqq.  —  15  Bcrthe- 
Piodor.  ||,  iv  P',67‘  ~  10  Borlhelot,  Collect.  101  ;  cf.  Ibid,  t.l,  111  (Olym- 

t  ",  198;  t.  |j|  ,)g:  _  IL  123  (Zosime,  III,  II,  2)  ;  cf,  Ibid.  t.  II,  122.  —  U  Ibid. 

-.  —  18  Ibid.  t.  p,  45,  fi,  .  cf  ]bi(l  p  18j  23i  33  ,  Marc  XXXV)) 


précédées  de  l’énoncé  de  principes  scientifiques11  (  Ev 
yxp  xo  Ttàv,  xat  ot  ’aGx&v  xô  7txv  yéyove).  C'est  sous  cette  forme 
que  se  présentent  des  hypothèses  allégoriques  qui  exa¬ 
gèrent  le  symbolisme  vulgaire  (av<»  xà  oûpxvix,  xxtw  xa 
éitiyTlfa,  ôt’appEvo;  xat  O’qXsoç  7vXv)poûp.evov  xô  epyov16).  La  ges¬ 
tation  dans  l’opération  chimique  doit  durer  le  même 
temps  que  celle  de  l’embryon  humain17.  Vient  ensuite 
la  formule  scientifique,  mais  étroite,  du  principe  de  la 
sympathie  :  «  La  nature  jouit  de  la  nature;  la  nature 
triomphe  de  la  nature;  la  nature  maîtrise  la  nature1*.  » 
Par  bonheur,  nous  sommes  bien  renseignés  sur 
l’alchimie.  Celle-ci,  précisément,  hésite  entre  la  magie 
et  la  science.  Quand  l’alchimie  se  croit  science  à  propre¬ 
ment  parler,  elle  renonce  au  mystère19;  autrement,  elle 
est  une  science  sacrée,  c’est-à-dire  qu’il  entre  dans  ses 
opérations  un  facteur  de  plus  que  les  applications  des 
principes  scientifiques  et  la  connaissance  des  propriétés 
des  choses20.  Lorsque  ce  facteur  apparaît,  l’acte  magique 
entre  dans  la  science  ou  devient  un  jeu21.  Ainsi,  dans  le 
cas  où  la  magie  se  rapproche  le  plus  expressément  de  la 
science,  elle  n’y  est  pas  entièrement  réductible.  11  en  est 
de  même  à  plus  forte  raison  dans  les  autres  branches 
de  la  magie.  Les  rituels  magiques  prescrivent  avec 
minutie  une  infinité  de  cérémonies  mystiques  :  sacrifices, 
prières,  préparations  d’amulettes22,  qui  ne  se  ramènent 
pas  à  l’application  de  principes  scientifiques. 

Le  pouvoir  du  magicien.  —  Les  faits  que  met  à  notre 
disposition  l’étude  de  la  magie  grecque  et  de  la  magie 
romaine  ne  sont  pas  suffisants  pour  nous  faire  comprendre 
en  quoi  consistaient  exactement  les  pouvoirs  du  magicien, 
ni  quelles  raisons  ont  fait  croire  généralement  à  leur  réa¬ 
lité.  Nous  devons  cependant  réunir  ici  quelques  données 
qui  permettront  de  comparer  son  pouvoir  avec  celui  du 
prêtre  et  d’en  voir  successivement  différents  aspects. 
Comme  le  prêtre,  le  magicien  égyptien  s’identifie  avec  le 
dieu  dont  il  utilise  la  puissance23  ou  bien  il  s’associe  à 
lui'24.  D’où  tient-il  son  droit?  Et  d’où  vient  que  la  pro¬ 
clamation  de  ce  droit  ne  soit  pas  considérée  comme  une 
vaine  jactance?  Est-ce  un  don  personnel  ?  Dans  les  écrits 
alchimiques,  on  voit  quelquefois  mentionner  les  condi¬ 
tions  morales  de  la  réussite  des  opérations.  On  donne  au 
philosophe  des  conseils  d’ascétisme 28  ou  tout  au  moins 
de  régularité.  Des  mérites  d’une  autre  sorte  distinguent 
souvent  les  magiciens,  la  ventriloquie  26,  des  dons  spiri 
tuels,  le  mauvais  œil.  Les  enfants27  ont  des  dons  magiques 
et  divinatoires.  Les  femmes  paraissent  avoir  été  généra¬ 
lement  considérées  comme  plus  aptes  à  la  magie  que  les 
hommes28.  Des  prêtres  de  contrées  lointaines  sont  favo¬ 
risés  de  pouvoirs  merveilleux29.  Le  mauvais  œil  semble 
être  conçu  comme  un  caractère  personnel  assez  sem- 

70,  Venenum  veneno  vincitur  ;  Jul.  Firm.  IV,  XVI.  —  *9  Berlhelol,  O.  1. 1.  III,  p.  384 
(Le  Chrétien).  —  20  Cf.  Theod.  Prise.  II,  2,  2  (p.  302,  éd.  Aid.)  ;  représentation 
d’ordre  religieux,  les  sept  degrés  de  l’Ascension,  Berlhelol,  O.  I.  11,  p.  125  ;  images 
sacrificielles,  voir  plus  loin.  — 21  Frazer,  O.  I.  t.  II,  p.  455.  — 22  Pap.  XLVI,  202-292. 
— 23  Wessely, Ephes.  gramm.  426,  avox  outrât  sçr,  (je  suisOsiris  I‘hre)...avo*  «t  ouatée 
TCEVTaur.T.  ;  cf.  Dietcrich,  Abraxas ,  136;  Wünsch,  Scth.  Verfluckungstaf.  p.  85  et  n.  ; 
De  Jong,  O.  I.  p.  94;  Pap.  lr,  Vil,  23.  —  2V  Mnemosyne,  XVI,  1888,  p.  317  sqq. 
’èv,;,  ei|X  o  (Tùvoroi  ttjv  oXijv  o!xoupLivr,v  àva«nca7.t  jiraç  ;  Wünsch,  Ibid.  p.  91.  —  23  Berlhelol, 
O.  I.  I.  I,  p.  36;  t.  II,  p.  235.  —  2ti  Schol.  Arisl.  Vesp.  1011;  F.useb.  Comment, 
in  Is.  45  ;  Hesych.  Eyya<rrçuV’Jôot ;  Plat.  Sopfi.  400;  Plut.  De  def.  orac.  9;  Jambl. 
in  Phot.  Bibl.  XCVl  ;  P.  Garnault,  in  Itev.  scientifique ,  1900,  p.G41  sqq.  —  27  Apul. 
De  mag .  XLII;  Pap.  XL\  I,  1,  53;  Ibid.  383,  Sci  àsOd^ou  ;  cf.  Berlhelol,  O.  I. 

Introd.  p.  4t,  46,  47,  244  ;  Pap.  CXXI,  540-578;  Philosoph.  IV,  4  (62  sqq.). 
—  28  Wclcker,  Kleine  Schriften,  t.  III,  p.  20  sqq.  Medea  oder  die  Krôuterkunde 
bei  den  Frauen  ;  Kelir,  O.  I.  p.  5,  eapj&axt;;  Aristoph.  Nub.  749;  Déni.  793,  27; 
Arist.  Hist.  an.  VI,  22,  8:  Luc.  Dial.  deor.  XX,  10;  Bis  accus.  21  ;  Dial,  meretr. 

I,  2;  IV.  4.  —29  Brahmanes,  Philoslr.  V .  Apoll.  Tyan.  lib.  III,  passim. 

190 


MAG 


—  1510  — 


MAG 


blable  aux  pouvoirs  de  suggestion.  Dans  certains  cas  la 
spécialisation  des  pouvoirs  magiques  implique  une  rela¬ 
tion  spéciale  entre  les  magiciens  et  les  choses  sur  les¬ 
quelles  ils  agissent1  D'autre  part  on  attribue  la  pratique 
de  la  magie  à  des  peuples  entiers,  comme  ces  tribus 
libyennes  dont  parle  Hérodote  2  ou  les  ophiogènes 
des  environs  de  Parium  en  Chypre,  qui  guérissaient 
les  morsures  de  serpents3  ;  une  tribu  pontique,  les 
Thibiens,  sont  qualifiés  par  Étienne  de  Byzance  de  ’éOvoç 
paaxavTocôv  \  Il  y  avait  une  famille  à  Corinthe  dont  la 
spécialité  était  de  calmer  les  vents5.  Marie  la  Juive,  citée 
par  Olympiodore,  semble  considérer  l’alchimie  comme 
un  privilège  de  la  race  d' Abraham6. 

Si  la  magie  s'exerce  en  dehors  de  milieux  où  Part  se 
transmet  avec  le  sang,  elle  se  réclame  d’une  tradition 
lointaine  et  divine,  comme  de  la  révélation  par  les  anges 
déchus  ou  par  les  archanges7.  Marie  la  Juive  prétend 
tenir  la  révélation  de  Dieu  lui-même8.  La  magie  aime 
les  apocryphes  et  rattache  ses  traités  à  des  autorités 
incontestables  :  dieux,  rois,  grands  philosophes9.  Entre 
ses  sages  et  ses  dieux  il  n’y  a  point  de  distinction  nette  lu. 

Le  caractère  sacré  de  la  doctrine  est  protégé  par  le 
secret.  Celui-ci  est  imposé  par  serment  au  nouvel  initié11. 
L  initiation  paraît  se  transmettre  d’individu  à  individu,  de 
maître  à  disciple,  c’est  une  espèce  de  filiation12.  Mais  elle 
ne  se  borne  pas  à  la  simple  communication  de  recettes. 
L'indication  de  celles-ci  est  précédée  d’une  révélation 
cosmologique  dont  la  forme  est  plus  mythique  que  philo¬ 
sophique.  Telle  est  la  révélation  d’Isis  à  Horus13  ou  celle 
de  Comarius  à  Cléopâtre  11  dans  les  livres  alchimiques. 
C’est  une  gnose  dont  la  communication  paraît  suffire  à 
modifier  la  condition  de  l'initié.  Dès  qu'il  y  participe,  il 
peut  appliquer  avec  succès  les  méthodes  qu’on  lui  explique 
ensuite  En  somme,  nous  rencontrons  dans  la  magie  une 
TsXsTTj 15,  une  initiation  analogue  à  celle  des  sociétés  reli¬ 
gieuses  fermées  [eleusiniaj.  Cette  initiation  comporte 
d'ailleurs  d'autres  cérémonies  que  la  simple  communica¬ 
tion  d’une  doctrine  mystique.  C’est  une  bonne  fortune 
que  de  posséder  un  texte  comme  le  livre  de  Moïse15,  qui 
nous  expose  en  détail  les  phases  de  la  cérémonie,  purifi¬ 
cations,  rites  sacrificiels,  invocations,  et,  pour  couronner 
le  tout,  révélation  de  la  xoffgG7roiïa,  qui  explique  le  secret 
du  monde.  Remarquons  que  les  cérémonies  sacrificielles 
ont  ici  pour  but  de  mettre  l’initié  en  relation,  non  pas 
avec  les  dieux  d'une  société  particulière,  mais  avec  les 
planètes  et  les  astres,  c’est-à-dire  avec  des  agents  uni¬ 
versels  dont  le  rôle  est  défini  par  la  science,  mais  cpii 
sont  transformés  en  puissances  mystiques  et  divines17.  Le 
magicien  tient  sa  puissance  de  son  accointance  avec  les 
forces  de  la  nature.  C'est  ce  que  signifient  les  sept 
anneaux  donnés  à  Apollonius  de  Tyane  par  le  brahmane 
Jarchas.  Dans  la  moindre  de  ses  opérations,  le  pouvoir 
qu’il  en  lire  est  impliqué,  comme  le  montre  entre  autres 

1  Mâyot  Aeovruv,  &scwy, etc.  Pliot.  Dibl.  L.  I.  —  2 II,  36  ;  cf.  IV,  105;  Lobcck,  Agi.  1190. 

—  3  Plin.  \  II,  2,2;  XXV  III,  3,  G.  —  Md.  xa'  xà  ffu»;A«xa  a  jXwv  £?;  O’iVa'Tirav  où  xaxaSûouiri. 

—  5  Hesych.  et  Suid.  s.  v.  àvcjxoxotxat  ;  Euslath  Ad  Od.  X,  22;  cf.'à  Athènes  les 
Eadanemi ,  J.  Tnpflcr,  Attische  Généalogie ,  p.  1 12  ;  cf.  Plin.  VII,  2,  2.  —  8  Berlhelot, 
t.  If  p.  112.-7  Hcnoch,  VIII,  3  ;  IX,  G,  7  ;  X,  7  ;  XVI,  3  ;  Syncell.  p.  22  ;  Terlull. 
De  idol.  IX,  10  ;  De  cuit,  femin.  I,  II,  X;  Apolog.  XXV;  Berthelot,  O.  I.  t.  I,  p.  31, 
32;  Schmidt,  Gnostische  Sçkriften  in  Jeoptischer  Sprache ,  p.  419,  427.  —  8  Ber- 
Ihclol,  0. 1. 1.  II,  p.  180.  —9  Berthelot,  Orig.  de  VAlchim.  p.  141  ;  Dielerich,  Pap. 
mag.  753.  —  10  Agalhodèmon,  tantôt  un  dieu,  tantôt  un  philosophe  :  Berthelot, 
O.  L  1.  I.  p.  87  ;  t.  Il,  p.  125.  —  il  Dielerich,  Abraxas ,  p.  1G2  sqq.  ;  Berthelot, 
O.  I.  I.  I,  p.  29,  32.  —  12  Dielerich,  L.  I.  —  13  Berthelot,  O.  I.  t.  I,  p.  31. 

14  Ibid.  I.  III,  p.  278  sqq.  —  I5  Luc.  Nekyom ,  G;  Ilippocr.  De  Morbo  saci'o,  4. 


choses  la  répétition  constante  des  sept  vovell 
représentant  les  planètes  dans  les  incantali^,t,V?*» 
portes  de  la  terre  sont  ouvertes,  les  porte  i  •'  "  Les 
ouvertes,  la  route  des  fleuves  est  ouverte  '  1  C‘el  SOnl 

■*  f  ouverte-  I»  magicien;  min '3,'!'!“ 

entendu  par  tous  les  dieux  et  par  tous  les  ^ni  6 
esprit  a  été  entendu  par  l’esprit  du  ciel  mon m°“ 
entendu  par  l’esprit  de  la  terre,  mon  esprit  a  été  ? 
Par  l’esprit  de  la  mer,  mon  esprit  a  été  entend  “ 
l’esprit  des  fleuves19.  »  Le  magicien  assyrien  associa 
même  1  univers  tout  entier  à  ses  œuvres  et  les  S(11.(.- 
australiens,  par  exemple,  empruntent  Leurs  pouvoirs'* 
l’arc-en-ciel20.  La  magie  implique  la  continuité  de  l'uni¬ 
vers21,  de  même  qu’elle  suppose  une  connexion  symm 
tlnque  entre  l'individu  et  son  groupe  et  tout  ce  qui  touc  he 
à  sa  personne.  Pour  qui  connaît  la  répercussion  des 
phénomènes,  tout  effet  cherché  fait  partie  d’une  série 
liée;  il  suffit  de  saisir  l’anneau  le  plus  accessible  delà 
chaîne,  pour  avoir  prise  sur  l’ensemble.  Cette  participa¬ 
tion  aux  forces  de  la  nature  fait  que  le  magicien  n’est  j>1  us 
un  homme22.  'O  ôsoupyô;  otà  T7jv  ouvagiv  twv  àTvopp-qTwv 
0’jy.ÉTi  wç  àv0ptü7T&ç  oüO  ’  wç  àvÔfCDTuVfl  ypwgevoi;  fanitm 

Totç  xo<jgixosç,  àXX  ’  wç  Iv  t-7,  twv  6 £ wv  Tcfijet  upoüTtâpywv  psiÇosî 
x’Lç  xaÔ  ’  éainov  oùaiaç  iTtavaTchreci  y  giyrai,  p ùy  wç  ironjcwv  im t« 
XTtEO  SllCÿCUptÇeTai,  aXX  ’  évT^TOtOCÛTYjTWV  XoywV  yp7j<T£!  SloâoXGlV, 
oVqv  xaî  7]XixY|V  xaî  T,'va  x'ijv  ouvagiv  Bti  ty(v  ttoô;  OeoÙç 


EVtOCJlV,  TjV  TlXpSffySV  aùxw  TWV  à7COpp7)TWV  cugSôXwv  7]yvù»fftçss. 

Est-ce  à  dire  qu’un  pareil  pouvoir  soit  impliqué  par 
tous  les  actes  que  l’on  peut  qualifier  de  magiques?  Évi¬ 
demment  non.  Il  y  en  a  qui  sont  tombés  dans  le  domaine 
commun  ou  qui  ont  fini  avec  le  temps  par  renfermer  en 
substance  le  pouvoir  qui  les  rend  efficaces  ;  mais  on  peut 
dire  qu’en  général  les  opérations  magiques  mettent  en 
jeu  un  pouvoir  surnaturel  dont  celui  que  décrit  le  pas¬ 
sage  ci-dessus  parai  t  être  le  degré  le  plus  élevé.  Le  caractère 


mystique  du  principe  de  la  magie  apparaît  clairement 
dans  un  passage  de  l’Apologie  d’Apulée  où  il  explique 
que,  par  opposition  aux  philosophes  naturalistes,  quali¬ 
fiés  d’impies,  ceux  dont  l’étude  a  porté  sur  les  agents 
spirituels  et  personnels  du  monde  ont  été  traités  de  ma¬ 
giciens27.  Il  s’agit  maintenant  d’établir  quelle  différence 
il  y  a  entre  les  forces  dont  se  sert  le  magicien  et  aux¬ 
quelles  il  participe  et  celles  dont  dispose  le  prêtre. 

La  méthode  indirecte,  à  laquelle  nous  arrivons  mainte 
nant,  est  celle  qui  paraît  dominer  dans  la  magie  gIKl7 
romaine,  et  il  n’y  a  pas  lieu  de  s’en  étonner  puLq"  <  t 
repose  sur  la  démonologie  des  Platoniciens.  Llb 
compte  d’une  théorie  universelle  qui  attribue  lu  l1"" 
tion  du  phénomène  à  l’action  d’une  puissance  iqm 11 
consciente,  le  démon  [daemon]20.  C  est  ce  que monh  ^ 
Plutarque  quand  il  écrit  :  égeù  Bè  Boxouai  itXeiovi;  ^  ^ 

gsi'Çovaç  â7topi'aç  oi  t  b  twv  Batgovwv  yevoç  sv  0 

xa’t  àvôpwTrwv,  et  qu’il  en  attribue  1  in\(  ntimi 


—  n>  Kroll,  De  oraculis  ehaldaicis,  p.  50.  —  11  Correspondance^^  ycr/iu. 

archanges,  Kopp,  Palaeographia  critica,  III,  P-  334  335,  ^  n°  233 ; 

chungstaf.  p.  78  sqq.  ;  De  Joug,  O.  I.  p.  37.  -  18  Cf.  lk'"’’  V'  'um  raCaks, 
Sophie,  id.  Petermann,  c.  335  ;  J.-M.  Gcsner,  De  lande  Di n  pe^  ^  J 


,  éd.  Petermann,  c.  335  ;  J.-M.  Gcsner,  De  laude  Del  )S|;|ior||lclo|,  0.  I. 
eut.  Soc.  rcg.  scient.  Gotting.  t.  I,  I7.il,  p.  2*4  ^  ^  pielcricli*  PaP' 

p.  g.  _  20  Mallicw,  Eagle-hawk  and  croie,  p.  1U.  —  jan)bl.  D* 

).  770  ;  Proclus,  De  sacrif.  et  mag.  éd.  Cousin,  t.  IG,  P-  .  ,30,  "•  1 1 

yst.  VI,  6.  -  «  Paris.  1018;  Ibid.  434  sqq.  ;  D.etench,  A  ^  ^  - 

•  iin sc !, ,  Seth.  Ver/luchungstaf.  85,  91  ;  Mnemosyne,  XVI  .  Thlli9)  d'apr*» 

îrdt,  Zcit  Coustantins,  p.  221.  -  24  Apul.  De  mag.  XX  •  cb  priieJl.  t», 
rislole.  De  anim.  I,  5,  17;  Diog.  I.aert.  I,  1,  27;  l  orpl.y- 


Lommen 
introd. 
mdg.  p 
myst.  VI,  G. 
W 


IV,  23;  Zcller,  Gesch.  d.  Pliilcs.  3  t.  Il,  791  ;  t- 


MAO 


—  1511 


MAC 


(j|i  |a  magie,  eixe  [xâywv  t wv  tteoî  ZwpoxoxpTjv  ô  Xoyoç 
•TC  îhs  0pax(o;  iir  ’  ’Optpswç  e’ix’  AtyÛTCTioç  rj  <I>püytoç,  <bç 
c’0aTaîî  éxatépwOi  xsXexouç  àv*|i.sp.tY|4.Évx7toXXà  Ov^x* 

^VjZaTÛvôpYtaÇogÉvwvxaiSpwfxévwvUpwv  ôpwvxEç  *.  Entre 
f  Vi'r'ique  et  son  effet  se  glisse  le  démon  qui  sert  de 
aC|  |(.ur  préexistant  ou  créé  par  l’acte.  Les  maladies 
C°"i  "l'isonnifiées2,  les  frayeurs3,  la  fatigue  de  même. 
S°"  ,|M  l’action  d’un  instrument  magique  comme 
PV  f  exige  la  création  d’un  démon  ou  d’un  dieu  spécial  ; 
^dénions  balnéaires  sont  chargés  d’expliquer  l’effet 
iTs  tablettes  magiques  déposées  dans  les  bains3.  Le  dé- 
nnnisme  n’est  d’ailleurs  pas  particulier  au  platonisme.  On 
"'ii  érigé  en  système  philosophique  la  croyance  vulgaire. 
Les  Kôres ‘,  les  Erinnyes,  la  Némésis,  Tlotv-q,  Empousa7 
sont  des  personnifications  analogues  avec  lesquelles 
doit  compter  la  magie.  A  côté  des  goipai  et  des  àvaYxai, 
on  rencontre  les  pairxosévat,  démons  chargés  d’exécuter 
faction  du  mauvais  œil  [fascinum]  8.  D’ailleurs  les  démons 
sont  quelquefois  représentés  expressément  comme  les 
émanations,  à™p£oiai,  des  causes  naturelles  :  at  àYa0a'1 
èsopcoiat  xffiv  à'TTÉpwv  siff'iv  oxigove;  xal  xûya i  xa'i  goTpai9. 

D’autre  part,  il  ne  faudrait  pas  exagérer  l’efficacité 
attribuée  à  l’acte  magique.  On  y  admet  sinon  une  part 
d’aléa,  du  moins  une  part  de  mystère  et  d’inconnu  ;  le 
magicien  prévoit  que  sa  science  peut  être  insuffisante  ; 
que  l’observation  des  rites  peut  être  inexacte;  que  des 


conditions  de  réussite  peuvent  avoir  été  omises  ;  que  des 
oppositions  peuvent  se  produire,  et  il  est  amené  à  deman¬ 
der  un  secours  à  des  puissances  spirituelles  qu’il  est 
capable  de  se  concilier10.  Il  demande  à  un  dieu  de  lui 
envoyer  le  démon  nécessaire  “,  ou  il  invoque  la  puissance 
dont  dépend  l’efficacité  des  rites.  Il  opère  «  avec  le  con¬ 
cours  du  Dieu  invisible  et  tout-puissant12  ».  Quelquefois 
il  est  aidé  par  un  auxiliaire  familier,  un  génie  à  tout 
faire,  semblable  à  celui  que  Simon  le  Mage  est  censé  se 
procurer  par  le  sacrifice  d’un  enfant13. 

La  magie  est  donc  appelée  à  agir  sur  des  esprits,  soit 
qu’elle  les  prenne  comme  auxiliaires,  soit  qu’elle  les 
traite  comme  les  agents  des  phénomènes.  De  ces  êtres 
ou  de  leurs  noms,  les  uns  se  rencontrent  seulement  dans 
des  formules  magiques,  les  autres  appartiennent  en 
commun  à  la  magie  et  à  la  religion. 

Ine  première  catégorie  cl’ètres  magiques  est  celle  des 
démons u.  Platon  leur  attribue  la  réussite  des  opérations 
magiques lo.  D’après  les  définitions  antiques,  le  propre 
delà  magie  est  d’agir  sur  les  démons 16. 

Les  invocations  aux  Satgovsç  sont  donc  innombrables 
dans  les  textes  magiques11,  démons  mâles  et  femelles  I8, 


j  1  é  orac.  10.  —  2  Burcsch,  Claros,  p.  23  ;  et.  ürcxlcr,  in  Pliilol.  1899,  p.  594, 

""  ’  '  î  Plotin,  icçôî  toù;  yvuimxou;,  14.  —  8  Jnscr.gr.  Sic.  et  liai.  2413,  8  : 

I'1" 1,1,1  Abraxas,  p.  80  si|i|.  —  4  Kroll,  De  oraculis  chaldaicis,  p.  39. 
_  ,  .  ‘n  Porph.  p.  10  ;  Greg.  Nyss.  V.  Greg.  Thawmat.  p.  308  ;  Psellus, 
Zri;  0d-  Boissonnadc,  p.  21,  n.  2.  —  «  Apoll.  Rh.  IV,  1038  sqq. 

’b  P-  83,  p.  411  sqq.  —  7  Paris.  1399;  cf.  1443;  Kaibcl,  381, 
r!  A  ’VJ  (conjecture  douteuse).  —  8  Pap.  V.  VIII,  7  ;  Proclus,  De  sacrif. 

axi"  !  ,  0usin’  l-  UL  P-  282.  —  9  Proclus,  L.  I.  —  10  Paris.  4G2  ;  Pap. 

Z  ij psdlu~  ",  Bcrthelot,  O.  I.  t.  lu,  051,  420.  _  12  ps.  Clcm.  Hom.  H,  20,  30. 
chaldaici.  ’  £vWtc*s  &ai|i.ôvwv  ;  Euseb.  Praep .  ev.  V,  passim  ;  Kroll,  De  oraculis 
proc  0*  ,, 1  8tW'  »  ^*  Lcggo,  The  7 lame  of  démons  in  tlie  magic  papiyri ,  in 

Hcaknorl  ^oc’  ^ibl.  arch.  XXIII,  2,  p.  41-49;  J.  Weiss,  Damonisches,  in 

-  !.,  ^  0pfldlc  für I»'otest.  Theol.  IV,  1898,  p.  416-419.  —  14  Plat.  Conviv.  202  E. 

Il,  4(,  __  1  ’  ^aTE‘«  ’•  Niceph.  AdSynes.  de  insomn .  p.  363  ;  Porphyr.  De  abstin. 

M(ucim  on .  p  ü,>  *348  sqq.  1398,  2698;  Amm.  Marc.  XXI,  3;  Eunap.  V. 

—  17  inscr  U1 0sC'1’  tdnroSy  p.  57  sqq.;  Doubncr,  De  incubatione,  p.  29,  31. 

Jlhein.  3/ps  \vi'<C  ^  ^  ’  ^orP’  0r •  HI,  58  586;  Wachsmutli,  in 

19  p(ln  »,  ^  Acupwv  tou  totcou  toutou*,  Ibid.  Pap.  CXXl,  516. 

relating  t0  Sor  .  stM*  “^8  sqq.  ;  Pap.  XLVI,  168  sqq.  ;  Macdonald,  Inscript. 
"  sorcery  ,n  Cyprus,  in  Proced.  ofthcSoc.  of  Bibl.  arch.  174.  1,  1890. 


démons  locaux  I  J,  démons  du  ciel,  de  l'air,  de  l’éther,  de 
la  terre  et  du  monde  souterrain,  àpyioaqAoveç80,  «Xavcoac- 
|j.ov£ç 21,  «pavxxuaaxa 22,  puis  les  archontes,  leséonslô  aùùv  b 
ppovxûv)23,  enfin  tous  les  agents  spirituels  que  la  philo¬ 
sophie  a  chargés  de  la  besogne  des  dieux.  Or,  les  démons 
ne  sont  pas  tout  à  fait  des  dieux.  Ils  se  tiennent  à  mi- 
chemin  entre  les  dieux  et  les  hommes,  ils  sont  même  à 
moitié  humains84;  ils  sont  à  demi  engagés  dans  la  ma¬ 
tière  et  les  phénomènes  avec  lesquels  leur  spécialisation 
contribue  aies  identifier25.  Il  est  remarquable  que  l’on 
tende  à  transformer  en  démons  les  dieux  oraculaires,  et 
généralement  à  attribuer  tous  les  actes  divins  provoqués 
par  les  rites  non  pas  aux  dieux  relégués  dans  l’Empyrée, 
mais  à  des  serviteurs £0, 7tpÔ7roX&t,  6ïtr,péxat,  doryphores2' 
et  parèdres28  des  dieux.  (Jri  s'adresse  aux  démons 
portiers  d’IIadès,  plutôt  qu’à  Hadès  29.  Un  voile  de  puis¬ 
sances  dites  démoniaques  est  tendu  devant  la  divinité, 
et  la  magie  ne  s’avance  pas  derrière  le  voile.  D'ailleurs, 
entre  la  divinité  et  l’homme  ou  le  phénomène,  il  y  a  un 
nombre  infini  de  degrés30,  sur  lesquels  s’échelonnent 
hiérarchiquement  les  dépositaires  du  pouvoir  magique. 
Le  magicien  divinisé  représente  Hermès,  Hermès  Tris- 
mégiste  qui  est  un  dieu,  et  qui  lui-même  se  donne 

*  comme  le  délégué,  rô7toûpYOç  et  le  prophète  d’Hécate 
ou  de  telle autredivinité31. 

Suivant  leur  fonction  ou  suivant  leur  puissance,  on  a 
dressé  des  hiérarchies  systématiques  de  démons.  Le  De 
mysteriis  Aegyptiorum  distingue  les  qui  enlè¬ 

vent  les  âmes  dans  les  parties  supérieures,  les  iy'çs.lo’. 
qui  les  tirent  de  la  matière,  les  oat'poveç  proprement  dits 
qui  les  plongent  dans  la  matière,  les  -qpcosç  qui  se  mêlent 
aux  choses  sensibles,  les  apyovxEç  qui  président  aux 
affaires  du  monde32.  Proclus  ne  distingue  que  quatre 
classes  de  démons  et  Olympiodore  trois  33.  La  distinction 
la  plus  importante,  ou  du  moins  qui  nous  importe  le  plus, 
est  celle  des  bons  et  des  mauvais  démons  auxquels  on 
attribue  les  erreurs  de  la  Yo^xEta34. 

Les  démons  ont  été  assimilés  aux  anges  des  Juifs 
comme  ministres  des  dieux33,  et  même  les  dieux36,  relé¬ 
gués  au  rang  de  démons37,  se  sont  vu  transformer  en 
anges  du  dieu  universel.  Un  oracle  se  termine  par  ces 
mots  ;  gixpà  os  0e oü  jj-eptç  ôc.yy£À°1  v;u.£ï;38.  G  esta  ce  titre  que 
les  anges  paraissent  dans  les  textes  magiques.  Quantaux 
archanges  30  MiyavjX,  r<xëptT,X,  etc.,  ils  y  tiennent  une  place 
particulièrement  importante,  mais  à  titre  de  génies  pla¬ 
nétaires,  comme  les  archontes  gnostiques40.  Le  sort 
général  des  oaipovs;  fut  de  devenir  de  mauvais  génies,  des 
diables  11 .  On  voit  figurer  parmi  les  diables  les  parèdres 

_ 20  Pap.  Paris.  1348.  —  21  Pap.  CXXI,  702.  —  22  Pap.  CXXl,  589.  —  23  I‘ap. 

Paris.  370  ;  Dcubner,  O.  I.  p.  35.  —  24<j»aff'tv  tivat  *ai  —  va  ;  Satjir.vv;  folçwicv  vutiràtcta 
eyovTaî,  Orig.  C.  Cels.  VIII,  00.  —  23  Plut.  De  def.  orac.  X,  XVI  ;  Apul.  De  gen. 
Socr.  VI;  Max.  Tu-,  XV,  7  ;  Orig.  C.  Cels.  VIII.  60;  V,  6;  Min.  Fel.  Oeta t. 
XXVI,  9.  — 26  Burcsch,  Claros ,  p.  59;  Plut.  L.  I.  —  27  Pap.  CXXIII.  I  s<|q.;  Paris.  102 
Stob.  Ecl.phys.  I,  p.  1084,  <M.  Hccrcn  :  Pap.  Berot.  H,  102.  —  2S  Plut.  O.  I.  X. 

—  29  Miss  Macdonald,  L.  I.  18,  24.  —  30  Wünscli,  Sel  h.  Yerfluchungstaf.  10,  28. 

—  31  Wesscly,  Gr.  Zauberp.  p.  7-8,  hymne  à  Hécate  (Pap.  Paris.  22  42  sip|.), 
v.  13  sqq.;  cf.  Macdonald,  !..  I.  —  32  Jambl.  De  myst.  Il,  5.  —  33  Procl.  in  I  Alcib. 
cd.  Cousin,  p.  193  ;  Olympiod.  in  J  Alcib.  «kl.  Crcuzer,  p.  15.  —  34  Porphyr.  De 
abstin.  Il,  39,  40  ;  Poil.  Onom.  V,  20, 131  ;  Procl.  Ibid.  p.  109.  —  33  Ab  aliis  angelos 
dici  quos  ipsi  daemonas  nuncupant ,  Aug.  De  civ.  Dei ,  IX,  19.  —  36  I.obcck,  Agi. 
p.  450  ;  Plut.  De  def.  orac.  IV  ;  Ad.  Arist.  tirât .  in  Ath.  p.  10,  cd.  Jcbl.  ;  Slob. 
Ecloy.  V,  52,  «kl.  Hccrcn,  l.  II,  p.  904  :  Marlianus  Capclla,  De  nupt.  Pliilol.  et  Merc. 
152,  153  ;  Philo,  De  sonmiis,  I,  04;  Orig.  C.  Cels.  VU,  6S  ;  Pap.  IV’,  IV,  11  ;  I‘ap. 
Paris.  1201  sqq.  Cal.  cord.  med.  17.  —  37  Dcubner,  De  incub.  p.  90,  90,  101. 

_ 38  Burcsch,  Claros,  p.  55,  v.  14-10.  —  39  pap.  CXXl,  060,  clc.  ;  Pap.  Berol. 

^  301,  —  40  Auz,  Zur  Fragc  nach  Ursprang  des  Gnosticismus,  passim.  —  41  Praep. 
ev.  IV,  101  ;  VU,  5;  Lacl.  De  fais,  relig.  I,  17  ;  Clcm.  Strom.  V,  p.  253,  268; 

I  Minut.  Fel.  Gela  v.  26,  27  ;  Aug.  De  civ.  Dei,  XXI,  6  ;  cf.  Maurv,  O.  I.  p.  102. 


MAC 


1512 


MAC 


4 


do  la  démonologie  païenne1.  Les  démons  allèrent 
rejoindre  dans  la  classe  des  esprits  malfaisants  les  Em¬ 
pèses2,  les  Cercopes3,  Mormo*.  La  magie  reste  leur 
associée.  On  rencontre  le  nom  d'Antimimos,  c’est-à-dire 
de  1  Antéchrist,  dans  les  livres  alchimiques5.  La  religion 
et  la  magie  ont  également  affaire  avec  ces  démons. 
Mais,  tandis  que  la  première  s'occupe  uniquement  de 
les  tenir  a  1  écart  ou  de  les  expulser6  au  moyen  de  forces 
supérieures,  la  seconde  les  prend  à  son  service  \  Les 
rapports  avec  les  démons  donnent  lieu  cependant  à  une 
série  de  rites,  exorcismes8  et  autres,  qu’il  est  difficile 
de  partager  entre  les  deux. 

Les  âmes  des  morts  constituent  une  deuxième  catégorie 
d  êtres  magiques9.  La  mention  de  BxiaovEç  jB'.oQxvxxot  ou 
PtaioOxvâ-oi 111  ou  aTTopoi  xaç/-7i<; ll,  *de  vexo8ou|jm>vsç  12  est  fré¬ 
quente.  Nous  avons  vu  que  la  nécromancie  était  considérée 
comme  une  branche  de  la  magie.  Les  néoplatoniciens  ren¬ 
daient  aux  âmes  un  culte  assidu 13.  Or,  entre  les  âmes  et  les 
Bodaovsç  il  n’v  a  point  de  distinction  profonde  14.  S’il  y  en  a 
une,  les  héros  servent  à  combler  la  distance  qui  les  sé¬ 
pare  [héros]  ‘A  Les  âmes  sont  une  pépinière  de  oatgovEç16. 
Naturellement,  les  héros  tiennent  une  place  importante 
parmi  les  êtres  spirituels  invoqués  par  la  magie17. 

La  distinction  des  Bxc'aovs;  et  des  dieux,  quelle  que  soit 
son  importance  et  le  soin  que  l’on  mette  à  la  préciser,  est 
tout  aussi  peu  stable  ou  aussi  mal  observée  dans  l’usage 
courant.  Que  l'on  se  place  au  point  de  vue  de  la  hiérar¬ 
chie  des  esprits  ou  à  celui  de  la  distinction  des  puis¬ 
sances  bienfaisantes  et  des  puissances  malfaisantes,  on 
se  heurte  à  des  confusions  de  notions  et  de  termes  qui 
rendent  le  problème  inextricable.  La  séparation  des 
êtres  magiques  et  des  êtres  religieux,  si  claire  dans  le 
christianisme,  est  indécise  dans  les  polythéismes  et  ne 
dépend  pas  d'une  règle  fixe.  Mefitis  et  Febris  sont 
appelées  déesses  et  reçoivent  un  culte18.  Des  figures 
allégoriques  comme  Sugswvia19,  ’Avâyx^20,  les  Nymphes 21 , 
le  Spâxüiv  nûôtoç22,  peuvent  être  classés  indifféremment 
parmi  les  BxigovE;  ou  parmi  les  dieux. 

Il  est  donc  naturel  que  nous  voyions  intervenir  les 
dieux  dans  la  magie23.  «  Solebat  ad  magorum  ceremo- 
nias  advocari  Mercurius  carminum  inventor  et  illex 
animi  Venus  et  Luna  noctium  conscia  et  manium potens 

*  Ps.  Clem.  Hom.  II,  26,  30;  Ircn.  1, 24,5  ;  Just.  Apot.  11,65;  Tcrtull.  De  an. XXVIII, 
Catabolici ,  Parhedri ,  Pythonici.  —  2  Arist.  Pan.  295;  Schol.  ad  Ecoles.  1049  ; 
Philoslr.  V.  Apoll.  II.  145:  IV,  25.  —  3  Suid.  —  4  Aristoph.  Equ.  690; 

Scbol.  Theocr.  Adon.  40  ;  Luc.  P/iilops .  2.  —  ô  Berthelol,  O.  I.  t.  II,  p.  225. 

—  6  Porph.  in  Euscb.  Praep.  ev.  IV,  23  ;  cf.  Pap.  Paris.  2698  sqq.  —  7  Pap. 
Paris.  1348  sqq.  ;  Pap.  XLVI,  168  sqq.  —  8  Paris.  3009  sqq.;  PIul.  De  defect. 
orac.  XIII,  321  ;  Plut.  Symp.  VU.  5,  4,  p.  706  d  ;  Philoslr.  V.  Apoll.  III,  38  ;  IV,  10, 
20.  25;  VI,  27;  Baur,  Apoll.  v.  Tyana ,  in  Tübinyer  Zeitschrift  fur  Théologie, 
1832,  p.  143  sqq.  ;  Lobcck,  Agi.  697.  —  9  Cf.  définition  de  la  yor^eta  dans  Suid. 
s.  v.  Mayeta  ;  Apul.  Met.  II,  5  ;  Ricss,  Zv,  den  Canidia  Gedichten  des  Horatius , 
in  Phein.  Mus.  1893,  XLVII1,  p.  307  sqq.  ;  Paris.  296  sqq.  —  10  Wünsch,  Defix. 
tab.att.  XXI  ;  pio^oçot,  Paris.  1401.  —  U  Macdonald,  L.  I.  30.  —  12  Wünsch,  O.  I. 
XVI  ;  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  12  508,1  ;  Ibid.  12  510,  1  ;  itoXuâySptot,  Macdonald,  L.  t.  ; 
vm joi,  Dilthey,  in  Phein.  Mus.  XXV,  p.  334;  çOqievot,  Paris.  1401.  —  13  Marin. 

V.  Procl.  XXXVI.  —  il  Confusion  des  revenants  et  des  Saq xove?,  Buresch,  Claros, 
p.  59;  cf.  Eurip.  Aie.  1003  ;  Luc.  Peregr.  XXXVI  ;  Corp.  inscr.  gr.  5872,  5858  b ,  etc. 

—  iï>  Plut.  De  def.  orac.  X  ;  Euseb.  Praep.  ev.  V,  2,  2.  —  16  Diog.  Laert.  Vit. 
Pyth.  VIII,  31  ;  cf.  Wünsch,  O.  I.  XXI;  Luc.  Peregr.  XXXVI,  $atjiova;  jjurjTçwouç  xaî 
r. ;  Macdonald,  L.  t.  I,  fçsç  rfcxéûwv  x%\  jArj-répt;  &vxtev£:?toc.  —  17  Pap.  Pat'is. 
1390  sqq.  1398,  1409  ;  Dcubncr,  O.  L  p.  29.  —  l8  Dea  Mefitis  :  Tac.  Uist.  III,  93  ; 
IMin.  11.  208  ;  Varr.  Ling.  I.  V.  49  ;  Fest.  p.  351  ;  Dea  Febris  :  Plin.  II,  15  ;  Cic.  De 
nat.  D.  111,63  ;  Delegg.  Il,  23.  —  19  Wünsch,  O.l. p.  98.  —  20  Ibid.  p.  94. —  21  Wünsch, 
Defix.  Lab.  ait.  XXIX  sqq.  —  22  Dietcrich,  Abraxas ,  p.  149.  —  23  Liste  des  dieux 
invoqués  dans  DicLerich,  Pap.  ma  g.  prolog.  —  24  Apul.  De  rnag.  XXXI.  —  25  Apollod. 
Bibl.  I,  2,  1  ;  III,  6,  8.  —  26  Kroll,  O.  t.  p.  39;  Darfiascius,  II,  203,  27.  —  27  Maury, 
p.  54;  Bolide,  L.  I.  ;  .long,  O.  I.  p.  68;  Sck.  Lree.  ad.  Od.  XII,  24;  Sch.ad  Theocr. 

II,  12  ;  Hesych.  ;  Lobcck,  Agi.  p.  223. —  28  Roscher,  Le  xi  ko  n,  t.  I,  p.  895. 

—  29  fap. Paris.  2722;  Roscher,  Ibid.  1895.  —  30  Ap.  Rh.  IV,  59  ;  Hor.  Sat.  I,  8,  20  ;  | 


Trivia  21 

cicnnes  mythiques,  nous  v 


».  Sans  compter  les  parentés  div 


>vines  des 


"70,7  la  mythoûrç™?' 

S.  de  nlnlhi»oa  ,1 


dieux  user  de  charmes,  de  philtres  et  de 
giques*5.  Le  plus  remarquable  est  qlle  r"' "^ca  ,aa' 
chez  les  théoriciens  la  mention  d’une  triade  Ta1'6 
magiques,  qui  sont  des  démiurges  0;  •  ,  leux 
7tatÉpEç26.  La  magie  aurait-elle  ses  dieux  spéciaux 
Parmi  les  divinités,  la  magie  parait  s’être  mn.  ■ 
Ilékate  [hécaté j  et  Séléné  [luna]  27.  Divinité  du  rnondoT^ 
terrain  et  de  l’au-delà  sous  toutes  ses  formes  m-ui r-n°"" 
des  spectres  quelle  envoie  ou  qu’elle  arrête 28 ’ dé  T 
carrefours  où  les  esprits  s’assemblent,  suivie  d’uTcnr! 
tege  de  démons  que  les  chiens  suivent  en  aboyant s»  ■ 
elle  est  impliquée  constamment  dans  les  cérémonies 
magiques  30.  Citons  les  prières  à  la  Lune  du  papyrus  de 
Pans31,  et  celle  qui  est  rapportée  par  les  Philosophou- 
mena  32 .  Elle  préside  à  la  magie  amoureuse 33,  aux  métal 
morphoses 3  -  ,  elle  est  la  déesse  des  cpotpgaxa33,  La  rosée 
lunaire  donne  aux  plantes  la  force  magique  ou  elle  l’aug¬ 
mente36.  L’-uy?  est  qualifié  de  Éxavtxoç  (TxpocpaÀôç31.  Leslu- 
nules  étaient  des  amulettes38.  La  sélénite,  pierre  de  lune* 
est  un  talisman  des  plus  puissants39.  La  Lune  était  là 
patronne  spéciale  et  la  mère  des  magiciens10.  Circé  est 
sa  fille  41,  Médée  est  sous  sa  protection  spéciale42.  Musée 
est  un  fils  de  Séléné43.  La  fondation  du  culte  d’Hécate  à 
Égine  est  attribuée  à  Orphée44.  Enfin  l’on  montrait  au 
ÏEÀyivaïov  opoç,  en  Étrurie,  les  mortiers  de  Médée  et  de 
Circé45.  Ajoutons  que  l’astre  lui-même  est  considéré 
comme  un  séjour  de  Bougovsç  et  d’âmes46. 

Avec  Hécate,  les  dieux  chthoniens  sont,  de  tous  les 
dieux  grecs,  ceux  que  l’on  s’étonne  le  moins  de  voir 
invoquer  par  les  magiciens.  Les  cérémonies  expiatoires 
qui  caractérisent  leur  culte,  le  mystère  qui  entoure 
certaines  de  ses  parties  l’ont  fait  comparer  à  la  magie  41. 
On  a  dit  que  la  magie  lui  avait  beaucoup  emprunté48. 
En  fait,  nous  savons  cpie  les  mages  recouraient  à  l’aide 
des  dieux  chthoniens49.  On  trouve  mentionnés  Hadès, 
Déméter80,  Perséphone51,  Baubo32,  les  Praxidikai  les 
Erinyes  54,  Amphiaraos  58,  Gaia,  la  Terre  ( dea  sancla 
Tellus ) 56,  Cybèle57.  Hermès  Chthonios  est  l’un  des  plus 
fréquemment  invoqués88.  11  est  vrai  qu’il  se  confond  avec 
Hermès  Trismégiste.  On  peut  ranger  dans  cette  série  de 

Syncs.  Uymn.  IX,  33  ;  Theokr.  Il,  10  ;  Wünsch .Defix.  tab.  att.  XIII,  tablette  incite  do 
Mfgare,  C,  11,  13  ;  Kaibel,  370  d.  —  31  Pap.  Paris.  2522  sqq.  2374  sqq.  ^‘11- 
Wesscly,  Gr.  Zauberp.  p.  6-9.  —  32  IV,  4  (72  sqq.);  cf.  Euseb.  Pmep.  t'-  ’  ’ 
citation  de  la  lellre  à  Aneb.  ;  cf.  Pap.  L.  CXXI,  824  sqq.;  Maiall.  ‘  ' 

—  33  Theocr.  L.  I.  ;  Ovid.  Heroid.  XII,  168;  Met.  XIV,  4*,  Scnc  ^  ^ 

420  sqq.  —  34  Apul.  Met.  XI,  2.  —  35  Hesych.  s.  v.  6,icwtîîoe  ;  Senec.  Med.  s  t  •  1  ’ 
Ovid.  Met.  VI,  139;  Maneth.  Apotel.  V,  302  ;  Achill.Tat.  IIL  —  s  unes.  * 

506,  669;  Sen.  Med.  840  ;  Roscher,  Nachtraege ,  p.  30.  —  3/  NlceP  1  ’  .  " 

p.  362;  Euseb.  L.  I.  -  38  Plaul.  Epid.  V,  1,  33;  Jahn,  Bta* '  «'«■  " 

—  39  Roscher,  Lexikon ,  II,  3163  ;  Kehr,  O.  I.  p.  4;  Pap.  I  arts.  •  .  ^47 ; 

Met.  XIV,  105.  —  41  Sch.  Ap.  RU.  III,  «8.  -  42  Id. J"’ J,'  *  ’0'vM’  Met.  ! 
Ap.  Rh.  III,  251,  478,  529,  738,  842  sqq.  915,  985,  103o  ;  IV,  10  -  ^  paus. 

VII,  .74  sqq.;  Scnec.  Med.  0  sqq.  -  43  Roscher,  O.  I.  t.  II,  P-  _  vXX;  \ 
II,  30,  2.  —  45  Sch.  Theocr.  II,  15.  -  46  Plut.  De  foc.  «»  v|,l  ■  Hirsch-  j 
Roscher,  O.  I.  3  167.-  47  Lobeck,  Agi.  p.  090  ;  Plut.  De  def.  orac.  i  ^ 

feld,  O.  I.  p.  37  ;  Dcubncr,  De  incub.  p.  28.  —  4»  Dcubncr,  ■  • >  j 

Abraxas,  p.  157.  -  49  Philoslr.  V.  Apoll.  VIII,  7,  341  ;  Wünsch, yll_ 
chungstaf.  10,  52,  iyîwv  S», ejvÎiu».  New  Ion,  P-  ’  yj  | Or-  j 

—  Si  Wünsch,  Defix.  lab.  att.  XIII.  —  52  Ibid.  XXIX.  "7  _  pap.  Paris, 

nltica,  hynui.  XXIX,  5  ;  Argon.  31.  —  34  Wünsch,  O.  l.\  l,  •  .  vl)  ;is. 

1446;  Dcubncr,  O.  I.  p.  31,  n.  9.  SG  Hcirn,  n"  127;  W,U”SC  ^ 

—  3“  Diod.  III,  58,  xaOa?p.où;  tw»  vo«toûvtwv  xtïjvoiv  texai  vy;tîiw/  ^  u?otrâyoptU®Jiv#t' 

xat  tw»  p^eowv  tai?  luuiSaTç  «jw^o|*fvo>v...  autyjv  1  1  J*  «j.  1^^* 

cf.  Wünsch,  Seth.  Verfluchungstaf.  16,  53.  j!*  npubner,  1 

338;  Pap.  XLVI,  370-439  ,  440-458;  Pap.  CXXI,  060,  78  ;  IgjJJ 
p.  21,  n.  ;  Wünsch,  Defix.  tab.  att.  VI;  Diog.  I.acr  t . 

Wünsch,  L.  I.  Ilcrmcs  et  Hécate,  Hcsiod.  Theog.  444  ; 

II,  10.. 


31.  Hernies 


s  Dolios. 


pe  absltn 


MAG 


1513  — 


mai; 


„r  je  ]a  magie  la  déesse  romaine  de  la  mort 

f  uînaisi^nce,  Mana  Gmeta. 

f  Ul  '  i  voit  également  prier  les  xupiot  Oeol  ,  qui 

^alf  ^  êlre  jes  dieux  supérieurs,  dieux  du  ciel  eL  de 

<lcvra".‘1'  cl  i’0n  est  amené  à  se  demander  en  quoi,  dans 

lîl  1U!î!'vilions  vers  les  dieux,  la  magie  diffère  de  la  reli- 

SeS  Nous  rencontrons  les  noms  de  Zeus2,  d’Apollon3, 

8|0D'  ,  ;1*  d0  Cypris 5,  d’Asclépios6  (peut-être  un 
du  “oie n  : 


u.r.nios  égyptien),  d’Héraclès  Callinikos7,  de  Tyché8, 
d’Eros10  et  des  dieux  innomés  “. 


dp  Kronos  ' 


;  0i)Servations  qui  précèdent  sur  la  présence  des 
h,.*  dieux  dans  les  textes  magiques,  s’appliquent  à 
!  magie  assyrienne  et  a  la  magie  égyptienne.  Il  n  est 
I donc  pas  étonnant  que  nous  trouvions,  dans  les  papyrus, 

I  les  noms  des  dieux  usités  dans'  les  pays  d’où  provient  en 
majeure  partie  la  tradition  qui  les  dicte.  On  rencontre  le 
nom  assyrien  d’Ereschkigal 12,  le  nom  phénicien  Adonis i3. 
Quant  aux  dieux  égyptiens  u,  l’on  pourrait  en  dresser  une 
longue  liste.  On  trouvera  dans  Wünsch  15  une  excellente 
élude  sur  les  dieux  égyptiens  de  la  magie  gréco-romaine. 
Contentons-nous  de  rappeler  les  noms  d  Isis10,  d  Osiris  1  ' 
et  ses  dénominations  mystérieuses  d 'Eulamon,  Ephy- 
drias'\  Nymphaeus 19,  Meliouchos 20,  puis  Horus21, 
Anubis22,  Seth 23,  l’Asklépios  de  Memphis24,  la  Mt,vt) 
Atymta25,  Bès26,  lesdécans27.  Le  dieu  d’Eléphantine 
Cnouphis,  transformé  par  l’astrologie  en  décan 28,  devient, 
sous  le  nom  d’AGATHODAEMON,  l’une  des  figures  favorites 
de  la  magie  Samuletum].  Evhémérisé,  c’est  un  initiateur. 
Comme  dieu,  il  représente  l’ensemble  des  forces  cos¬ 
miques  mises  en  jeu  parla  cérémonie  magique22.  Avec 
Agatliodémon,  le  dieu  magique  par  excellence  est  Hermès 
Trismégiste.  On  le  rencontre  sous  le  nom  de  ©aùQ  dans 
Iles  formules  du  livre  de  Moïse30  et  ailleurs;  il  apparaît 
pour  la  première  fois  comme  dieu  sous  le  nom  d’Hermès 
Trismégiste,  familier  à  la  magie,  dans  une  inscription 
d’Hermoupolis du  règne  de  Gallien31.  Il  est  père  d’Isis32, 
archégètc  des  dieux33,  à  la  fois  mage,  prêtre,  auteur  et 
démon.  La  personnalité  d’Hermès  Trismégiste  paraît  être 
1  œuvre  même  de  la  magie. 

Quant  au  dieu  juif  ’lâio,  sous  ses  différentes  dénomina¬ 
tions  et  plus  ou  moins  compromis  par  des  associations 
démoniaques  (  ’ldw  TaCeÇspdO),  il  parait  réaliser  pour 
ks  magiciens  l’idée  synthétique  de  la  divinité34.  Il  est 
1°  fùoç  Oewv  par  excellence,  et  c’est  comme  tel  que  les 
magiciens  l’utilisent33. 

l'»fin,  en  dehors  des  noms  exotériques  ou  étrangers, 


!  1  ) 1  11,  39>  -U  -  —  2  Pap.  Paris.  825, 1470.  —  3  Deubner,  O.  I.  32  ;  Pap. 

y  s  _J ~  ”  64-100, 132-141  ;  Pap.  CXXI,  801  ;  Euscb.  Praep.  ev. 

|ÿ  '4  ~ _er’  °-  L31-  -  *Pap.  CXXI,  390.  -  6  Pap.  CXXI, 637  ;  Pliilosoph. 
P-Ml  ,  A.  i  Heil”’  5°9,  n<>  139-  —  8  PaP-  CXXI,  5IG-  —  9  Abi'I,  Orphica, 
1748  r,;  .!  i  >‘l  Abraxas,  p.  76  ;  Wessely,  Gr.  Zauberp.  p.  9.  — 10  Paris. 
En»,  i-''  '  0l'’  ^  PaP-  V.  15  sqq.  —  U  Wünsch,  Defix.  tab.  VI,  90-97, 

2903  J  y^l'lsment  Hermès.  —  Pap.  Paris.  338  ;  voir  plus  haut. —  13  Ibid, 
thhm PraeP-  cv.  V,  10.  — 13  Wünsch,  Sekionische  Verthis- 
stly,  (;r  y,  \ .  "  s'l'  ’ cl-  Proc,  of  the  Soc.  of  Bibl.  Arch.,  7  nov.  1899.  —  n>  Wes- 
631;  Helm^in  t'P’  '"J'"™  à  Hl'catc  (PaP-  Paris-  -242  sqq.),  v.  27  ;  Pap.  CXXI, 
Wünscli,  o  I  ",.  *  *'*"  *'  PaP-  CXXI,  457;  Hymne  à  Hécate ,  l.  I.  v.  77  ; 

f-'M-Pbii  '  ,P'  S(|,l-  I  'd.  Defix.  tab.  att.  XXII,  XXIX  ;  Dictcricii,  Nekuyia, 

VII,  23,  {  i  ’  4’  63>  <>*•  —  18  Wünsch,  O.  I.  p.  83.  —  19  Ibid.  80;  cf.  Pap.  V, 

bevol.  p  ^  V'  0  *a4o’jp,evo;  u3wp.  —  20  Dieterich,  O.  I.  p.  56.  —  21  Pap. 
~  a  Hein,  ,06 1 11 o’  Pap'  V'  1H’  6  s,n-;  vil,  27,  2.1;  Pap.  W.  XXII,  14-27. 
p«p.  Paris  j’-j  ""  132 ;  PaP ■  V.  VI,  17.  —  23  Wünsch,  O.  I.  p.  88  ;  Id.  p.  91  ; 
De  i 6  )  S'^-;  ï’an  llcrwcrdcn  in  Mnemosyne ,  XVI,  1898,  p.  317  ;  Dcub- 

,:XX|,  222  ;  CXXII  r  7  n  I  ap'  CXXI>  695‘  —  23  PaP-  CXXI,  947.  —  26  pap. 
I-'ùkon,  ||t  ,359  ’  P&P-  Berol.  II,  118-132  (Kommès).  —  28  Koschcr’s 

P*  *36 ;  Id.  Colfeci  |  '  2*  V ■>  VII,  30;  Berlhelot,  Orig.  fia  VAlchim. 

7si  Wessely,  y-  l1'  ~  30  Dieterich,  Abraxas,  p.  189,  39;  Pap.  XLVI,  236; 
sqq.),  y.  27  ^r^"u^erP-  p.  9.  —  32  Zauberp.  hymne  à  Hécate  (Pap.  Paris. 

Ibid.  66  34  Inscr.gr.  Sic.  Ital.Sl'icisq.  ;  Burcsch,  Claros , 


on  rencontre  des  noms  divins  comme  Aap,vap.éveuc ::o,  donl 
l’usage  parait  limité  à  la  magie  et  à  des  mystères  mal 
connus. 

Ce  que  le  magicien  semble  se  proposer  d’obtenir  quand 
il  s’adresse  aux  divinités,  c’est  précisément  la  synthèse 
des  forces  qui  leur  sont  attribuées37.  La  magie  n’a  pas 
inventé  le  syncrétisme  tel  que  nous  le  trouvons,  par 
exemple,  dans  les  derniers  oracles  de  Claros38.  Mais  elle 
l’a  largement  utilisé39.  On  rassemble  dans  une  même 
formule,  de  rédaction  flottante,  les  avatars  d’Osiris, 
Aidoneus  et  Adonai 40,  Osiris  et  Michaël41,  Zeus  l'eojpyô; 
et  ’Qpùov,  c’est-à-dire  Horus42,  le  dieu  d’Israël  (ô  -rôv 
yspouêtv  xaQyjp.evoç) 43  et  Asklépios44.  D’autre  part,  les 
divinités  rapprochées  sont  assimilées,  Zeus  et  Iao45, 
Isis,  Némésis  et  Adrasteia40,  etc.  On  joint  les  noms 
d’Hécate,  d’Hermès,  et  divers  attributs  de  la  divinité 
lunaire,  pour  former  un  hermaphrodite  synthétique47. 
Pour  embrasser  dans  une  formule  l’ensemble  des  aspects 
de  la  nature  divine,  on  met  le  nom  de  'lit»  au  féminin48. 
Ailleurs  on  complète  la  désignation  grecque  ou  égyp¬ 
tienne  de  la  divinité  par  des  équivalences  juives,  arabes 
et  parthes49.  Les  divinités  associent  dans  ces  rapproche¬ 
ments  leurs  déterminations  particulières50,  perdent  leur 
personnalité  distincte  et  apparaissent  comme  des  agents 
multiples  d’une  divinité  totale51.  Les  puissances  divines 
paraissent  subir  en  outre,  en  passant  de  la  religion  à  la 
magie,  une  autre  sorte  de  dénaturation  qui  se  traduit 
d’une  part,  comme  nous  l’avons  vu,  par  la  recherche  des 
divinités  étrangères  au  monde  grec  52,  par  la  composition 
de  figures  étranges  de  démons53,  ou  par  l’usage  d’une 
onomastique  sacrée,  tantôt  arbitraire,  factice,  propre  à 
la  magie,  tantôt  tirée  plus  ou  moins  directement  des 
vocabulaires  sémitiques  ou  de  l’égvptien  3i. 

Si  la  personnalité  du  dieu  n’est  pas  respectée,  son 
nom,  d’ailleurs  déformé  par  d’innombrables  aventures, 
attire  spécialement  l’attention  du  magicien.  C’est  un  trait 
dont  nous  sommes  avertis  par  les  auteurs55.  Le  nom  du 
dieu,  ou  du  moins  son  nom  véritable  et  mystérieux,  le 
représente  d’une  façon  adéquate  en  vertu  des  principes 
auxquels  nous  avons  touché  plus  haut56.  Étant  donné 
l’effacement  du  mythe  et  de  la  personnalité  devant  la 
considération  de  la  force  qu’est  le  dieu,  on  conçoit  qu  il 
n’y  ait  plus  rien  en  lui  que  son  nom  ne  puisse  exprimer 
en  substance.  Le  peu  de  couleur  précise  que  garde  le  nom 
vulgaire  disparait  complètement  dans  l’usage  du  nom 
mystérieux57.  Qu’y  a-t-il,  pour  le  magicien,  de  plus  qu’un 

51  sqq.  ;  Macrob.  Sat.  I,  18  ;  Orig.  C.  Cels.  IV,  33.  —  33  p„p.  Berol.  I,  col.  V,  317  ; 
Pap.  V.  V,  5,  13;  28,  15.  —  36  Lobeck,  Agi.  Il,  1163,  1320  ;  Frôhner,  Philol.  XXII, 
1865,  p.  546  ;  Pap.  Berol.  II,  168;  Wünsch,  N  Fluchtafeln,  in  Itliein.  Mus.  LV, 
1900,  p.  85,  I.  16  (lablcttc  magique  provenant  île  Crète)  ;  Hesych.  Aapvapivcj;  Si  ÿjkioi 
Dactylo;  Strab.V,  64  ;  Chron.  Par.  XI  ;  Clcm.  Alex.  Strom.  1, 16,  p.  362;  Sch.  Ap. 
Rli.  I,  1129  ;  Nonnus,  Diomjs ,  XIV,  45  sqq.  —  37  Énumération  des  pouvoirs  du  dieu 
cl  litanies  ;  cf.  Pap.  Berol.  Il,  101-118,  132-1  U,  etc.  —  33  Voir  litircsch,  O.  I.passim. 
—  39  Lobeck,  Agi.  p.  460  sqq.  ;  Hülsen,  Arch.  Zeit.  XXXIX,  309  sqq.  tablette  de 
Pouzzolcs.  —  40  Wünsch,  O.  /.  p.  81.  —  41  Pap.  Paris.  2355;  cL  Inscr.  gr.  Sic.  et 
Jtal.  859.  —  42  Dieterich,  Abraxas,  123.  —  43  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  12  581,  24. 
...  H  Pap.  L.  CXXI,  694  sqq.  ;  Pap.  XLVI,  96-172,  association  de  Jaliwe  et  d'Hermès. 

_ v;  Pap.  Berol.  1,  300.  —  46  Wessely,  iV.  gr.  Zauberp.  p.  II.  —  47  Wessely,  Gr. 

Zauberp.  p.  7  ;  Hymne  à  Hécate  (2574  sqq.),  v.  27,  S’ào<j£vo8r,).u  sçvo?.  —  48  Corp. 
inscr.  lat.  VIII,  12  509,  4,  ’law  ’lâîj  'Ojvioviïou  —  49  Pap.  V.  VIII,  17-19  ;  cf.  Dic- 
tericb,  Abraxas,  p.  17  ;  l'sellus,  O.  I.  31.  —  50  Hermès  Trismégiste  est  représenté 
sous  les  traits  d'un  Hermès  grec.  —  Pap.  XLVI,  459-189  ;  Pap.  Berol.  1,  198-222. 

_  62  Cf.  Lefébure,  in  Mélusine,  1897,  226  sq.  —  53  Pap.  Berol.  I,  96-131  ;  Pap. 

XLVI,  145  =  Pap.  CXXII,  col.  2  Pap.  Ilerol.  Il,  1 67-175 (ixfçako;  $at|Auv)  ;  Drcxlcr, 
in  Philol.  1899.  p.  594.  —  :’4  Plut.  De  superst.  p.  166,  13;  Wessely,  Wiener  Stu- 
dien,  VIII,  181.  —  35  Clein.  Alex.  Strom.  V,  671  ;  Orv.  C.  Cels.  V,  45,  p.  612  ;  Svncs. 
Calvit.  encom.  p.  73  ;  Niceph.  Ad  Synes.  p.  462  ;  Jambl.  De  myst.  IV,  3.  —  56  J0s. 
Bell.  jud.  II,  7  ;  Berlhelot,  Introd.  17.  —  67  Noms  de  Seth,  Wünsch,  O.  I.  p.  88  ; 
cf.  Pap.  CXXI,  1010  ;  Pap.  Mimaut,  6,  05  ;  Pap.  Paris.  3261. 


ma  r, 


514  — 


nom  sacré  et  une  puissance  indéfinie  dans  le  xôotoç  [ktv- 
flls  de  avtfiatvX<ooV_,  flanqué  de  ses  doryphores 
/evTY!  plte.z0a)fAUTOYw6  »,  ou  dans  axpa^x^apst,'  le  pre- 
mier  des  iôparot  Oe'ot 2  ?  Quelles  que  soient  les  divinités 
cachées  par  ces  noms  ésotériques,  il  ne  paraît  leur  rester 
aucune  trace  de  personnalité.  Certaines  associations  tra¬ 
ditionnelles  de  noms  divins,  certaines  synthèses  divines, 
paraissent  être  traitées  de  la  même  façon  que  ces  noms 
étranges  \  Il  devient  donc  difficile  île  distinguer  le  nom 
divin  du  mot  magique4  et  l’on  voit  précisément  dans 
les  charmes  les  mots  magiques  se  comporter  comme  des 
êtres?  magiques5.  On  est  allé  plus  loin  encore  en  rem¬ 
plaçant  le  nom  lui-même  par  des  figures  ou  des  lettres: 
X  =  Osiris  ;  Z  =  Osiris-Apis  ;  Y  =  Seth  6. 


Le  dieu  magique  dépouillé  des  particularités  de  son 
origine  n’est  donc  rien  de  plus  qu’une  force  cosmique, 
force  spirituelle,  peu  différente  des  Saqiovsç,  et  tout  à  fait 
semblable  aux  génies  planétaires  ou  à  des  figures  telles 
que  Motpa7,  ’Avâyxr,8,  «I'ôêoç9,  I’évva  10  (révea)  dans  la 
cosmogonie  du  livre  de  Moïse. 

Le  magicien  oblige  le  dieu  de  la  même  façon  qu’il  est 
censé  nécessiter  les  phénomènes11.  11  le  tient  parce  qu’il 
est  en  possession  de  son  nom 12  ou  parce  qu’il  dispose  de 
son  image.  La  fabrication  d’une  image  de  la  divinité 
impliquée  dans  l'action  est  l’un  des  rites  caractéristiques 
de  la  cérémonie  magique  13.  L'image  du  dieu  et  le  nom 
du  dieu  sont  de  simples  choses  magiques,  des  accumula¬ 


teurs  de  la  force  à  appliquer,  des  amulettes,  comme  les 
tètes  de  Méduse  ou  les  pierres  à  représentations 
mythiques,  et  valent  indifféremment  pour  trouver  les 
voleurs,  chasser  les  démons  et  lier  les  bien-aimés14. 
Elles  ont  exactement  la  même  utilité  et  la  même  efficacité 
que  dans  l’alchimie  les  hiéroglyphes  et  les  figures  sub¬ 
stituées  aux  formules  d’opération15.  L’image  de  l’œuf 
alchimique  1C,  celle  du  serpent  Ouroboros,  signe  d’Aga- 
thodémon  et  symbole  à  la  fois  du  monde  et  de  l’opéra¬ 
tion  chimique,  la  récitation  des  sept  voyelles,  signes 
des  planètes,  et  1  invocation  des  génies  planétaires  ont 


pour  objet  de  représenter  dans  l’acte  particulier  et  la 
gnose  et  les  forces  universelles,  partout  impliquées  et 
auxquelles  participe  le  magicien.  Il  en  est  exactement  de 
même  du  nom  divin.  La  prière  ainsi  entendue  n’est  pas 
accidentelle  dans  la  magie,  elle  fait  partie  de  sa  technique 
habituelle  et  de  sa  routine17.  Quel  que  soit  le  mode  de 
représentation  de  la  force  mystique,  sa  présence  est  néces¬ 
saire.  Les  cérémonies  destinées  à  réaliser  la  présence  du 
dieu18  ne  sont  pas  des  formes  anormales  de  la  cérémonie 
magique,  bornées  aux  cas  de  divination  ou  de  révélation, 
ce  sont  des  formes  extrêmes  et  typiques. 

Cette  force  dépouillée  autant  que  possible  d’enveloppes 
personnelles  diffère-t-elle  par  là  de  celles  avec  lesquelles 


l  Pap.  L.  CXXIII  ;  Alex.  Trall.  Il,  583;  Wessely,  Ephes.  yramm.  p.  1 22- 1 70  ; 
Schmidt,  Gnostische  Schriften  in  koptischer  Sprache,  p.  381.  —  2  Pop.  XL VI  03  • 
Pistis  «opina,  p.  359;  cf.  Macdonald,  O.  I.  p.  174,  9;  Partlicy,  Pap.  Berol.  p.'lll. 

—  3  Voir  p.  1513,  n.  12,  formules  contenant  le  nom  d'Erccehkigal.  Il  faut  restituer  le 
nom  d’Ereschkigal  dans  Macdonald,  L.  I.  30;  cf.  Corp.  inscr.  lof.  VIII,  12508,  1  sqq.  ; 
Ibid.  1- alO  ;  Ibid.  1211.  —  4  Wessely,  Wiener  JStudien,  VIII,  184;  Plut.  Quomodo 
t/uis  suos  in  virtute  sentiat  profectus ,  85  B.  —  5  Cat.  cod.  Mediol.  cod.  23. 

—  '•  Wunsch,  O.  I.  p.  98;  Aug.  De  doctr.  Christ.  II,  30;  Dicterich,  Nekuyia, 
p.  192;  Heim,  p.  480,  n°  57;  Pap.  CXXI,  810  sqq.  860  ;  Pap.  CXX1V,  col.  2  ;' 

I  arlhey,  Pap.  Berol.  p.  109,  114;  Keuvcns,  Lettre  3,  152  ;  Pap.  Berol.  I,  287 

—  '  Dicterich,  Abraxas ,  p.  74  et  93.  —  8  Dicterich,  Ibid.  —  9  Ibid.  p.  80. 

Ibid.  p.  ,  11  Maury,  p.  50,  tcayuyat  cl  xcrra Sieyiet  ;  Plat.  Resp.  II,  p.  304  ; 

Ef/g.  XI,  p.  M3  ,  8 s,., y  à;à-piui,  Maury,  p.  41;  inàvayxo;,  Buresch,  Claros,  p.  20; 
Apul.  Met.  III,  XVII,  caeca  numinum  coaclorum  violentia  ;  VVcsselv,  O  l  hymne 
à  Hécate  (2242  sqq.),  v.  50  sqq.  ;  Ibid.  v.  16  sqq.  t4v  8fïv  xSï  60,,  ^ 

;  Paris.  133  ;  Pap.  XLM,  276  sqq.  ;  Porpli.  ap.  Euseb.  Praep.  ev.  V.  10, 


MAC. 


traite  la  religion?  Platon  attril 


r4”  U  div‘“li«n.  les^acrifpîes, Toute' h10'111’-111 3U  i 
Ü:,afa.a!„!?,mafie”  S“inl  Augustin 

x  C°inaineg 


lente  définition  de  ce  qui  distinlür'lesXu  °XCe1’ 


«  A  Hier  magi  faciunt  miracula  aliter  h  •  . 

aliter  malichristiani,  magi  per  privâtes  (/"istiunh 
Christian  i  per  publicam  justitiam,  maiUhnT 'H 
signa  publicae  justitiae 20 .  »  C’est  Diéri«f  U"11  pn 
Je  l’élément  société,  dont  la  dé0„it?„„  de  Pta0I  *'"î 

r„a!°“PA:?Ui  dist!"«“eJa  de  la  zr* 


facile  confusion  de  la  théurgie,  de  la 
magie  dans  lasociétégréco-romnino  e  lj 


ans  la  société  gréco-romaine  provient  nrJ?aa  " 
de  la  généralisation  du  sentiment  que  trahit  h  ni  ' 
Platon.  «  Pourquoi  donc  tant  de  livres  eîd * 
démon?  »  écrit  l’alchimiste  chrétien  au  début  de  loX" 
en  consedlant  de  s’adresser  plutôt  à  Dieu2'.  C’est 


1’ê.lrlrdiSie,UX’  le  .dieu  n’esl  Pas  une  force  libre;  il  est 


'l'K!  ! 


qualifié  par  la  société  ;  les  besoins  de  la  société  lui  ont 
>xe  ses  fonctions;  on  a  déterminé  sa  vie,  son  mode 
d  action,  et  s  il  ne  se  soumet  pas  exactement  dans  son 
mythe  aux  lois  morales  fixées  par  la  société,  celles-ci  domi¬ 
nent  expressément  la  pratique  du  culte  et  ses  effets.  L’èlre 
magique  est  une  force  libre,  enchaînée  par  la  magie  seule. 
Les  dieux  qu’elle  invoque  sont  des  dieux  déracinés  ;  elle 
rassemble  les  esprits  disponibles  et,  pour  avoir  une  repré¬ 
sentation  complète  de  l’Esprit,  elle  se  préoccupe  d'addi¬ 
tionner  le  plus  grand  nombre  possible  de  ses  personnifi¬ 
cations  particulières.  Or,  pour  une  religion  fortement  or¬ 
ganisée,  les  esprits  qui  restent  en  dehors  du  culte  tendent 
à  devenir  des  démons  au  sens  chrétien 22.  La  magie  se 
meut  sur  la  lisière  de  la  société;  souvent  elle  en  prend 
le  contre-pied.  Elle  paraît  avoir  pour  objet  spécial  do  dé¬ 
passer  les  limites  fixées  par  la  religion,  et  d’abuser  des 
forces  saisissables.  L’impur,  le  contre-nature,  tout  ce 
qui  est  craint  et  interdit,  tout  ce  qui  n’est  pas  spécialisé  et 
organisé,  lui  est  dévolu.  Mais,  en  général,  elle  prend  son 
bien  un  peu  partout  et  s’empare  indistinctement  de  tout 
ce  qui  peut  l’aider  à  figurer  et  à  saisir  la  force  mysté¬ 
rieuse  qui  préside  à  ses  opérations. 

La  cérémonie  magique.  —  Il  résulte  de  ce  caractère 
indéfini  et  multiforme  des  forces  dont  la  magie  tire  son 
pouvoir,  qu’une  préoccupation  domine  toute  la  cérémonie 
magique,  qui  est  d’accumuler  le  plus  grand  nombre 
possible  de  moyens  d’action.  De  là  le  caractère  complexe 
des  actes  magiques.  La  préoccupation  d’utiliser  ce  que  la 
religion  néglige  ou  prohibe  pour  arriver  à  des  effets  que 
celle-ci  ne  réalise  point  explique  le  caractère  obscène, 
immonde,  contre  nature  que  présentent  ces  cérémonies 
Est-ce  à  dire  que  toute  notion  d’orthodoxie  soit  absente! 
des  textes  magiques?  La  StaêoX-q  Trpbç  SêXq'vTiv  1  implique 
t  bue;,  0sà,  lyOpôv  xt  Ougiacga "‘j,  bien  qui 


[ij  osiva  aoi 


ris.  2343  sqq.  -  «  Pap.  Pf\ 


,  V,  Ci 


ci'.  P«P' 
était  I 


—  O  Pap.  CXXII,  20  ;  Pap.  L.  CXXIII,  13  ;  Pap.  Par 
2359  sqq.;  Pap.  Anast.  382  sqq.;  Porph.  cap.  Euseb.  Praep .  c'*  irC 

L.  CXXI,  G95,  947;  Pap.  XLVI,  370  sqq.;  Goodwin  explique  que  ^ 

munie  d’un  tube  en  plume  d’oie  «  in  order  to  producc  sounds  l  " 1  .  ^  ^  / 

Jong,  O.  I.  p.  137.  —  1'*-  Wessely,  Wiener  Studien,  Mil,  185.  1  11 

introd.  p.  157,  158.  —  16  Berlliclot,  0.  /.  t.  J,  p.  U  -  17  Wessely,  A . . 
p.  12.  —  18  Pap.  CXXV  (Kcnyon,  t.  I,  p.  123),  re*&«  ^ 

Pap.  XLVI,  53-69;  Pap.  Berol.  I,  163-196,  .327-347  ;  II,  IH-150,  lo0'  |i#i 
Praep.  ev.  V,  8,  d'Hécate  ;  Philosoph.  IV,  4,  69,  les  di1  u\  al’L  i^yXIII 

le  bassin  de  la  lécanomancic.  —  19  Conviv.  202  E.  —  20  Aug.  Dt  i  i>  •  V  ^jlW0|w0l,m 
79.  —21  Bcrthelot,  O.  I.  t.  III,  p.  384.  —  22  Cf.  ücubner,  O.  I.  P-  HarJ 

Ssabier,  t.  I,  p.  297  ;  Dussaud,  Relig.  des  Nosairis,  p.  86,  Chama^'  a  ^  p  ;,5 
devenu  Samael,  prince  des  démons  ;  Euseb.  Praep.  ev.  V,  —  ^  ,  ||or ,Ep 

Riess,  in  Pauly-Wissowa's  Real  Encycl.  t.  I,  37  ;  cf.  Ilicoci  ■ 

V,  16  sr[q.  ;  Virg.  Ecl.  VIII,  64  sqq.—**  Wessely,  Gr.  /auberp  I> 

2574  sqq. 


MAG 


—  1515  — 


.MAG 


.  exagérer  la  portée.  La  magie  est  loin  de  se 

|f:lillC  nous  aussi  nettement  dégagée  des  idées  reli- 

T'Nl "/ne  nous  pourrions  le  souhaiter.  Nous  nous 

giC,lS'  msiri  non  pas  des  actes  magiques  simplifiés,  dont 

■  "•iii/nrouvée  par  l’expérience  et  assurée  parlatradi- 

lil'rl  i)eSoin  d’être  complétée  par  les  ressources 
[ion  n lM 


du  rituel  savant  ou  qui  contiennent  en  eux-mêmes  assez 
de  sainteté  pour  être  efficaces,  mais  des  cérémonies  qui 
nous  sont  décrites  avec  détail1,  telles  que  le  sorcier 
devait  les  pratiquer;  ajoutons  que  la  simplicité  des  autres 
vient  souvent  de  l’insuffisance  de  notre  information. 
Quant  aux  représentations  figurées  de  scènes  magiques, 


elles  sont  rares  dans  l’art  antique.  Les  figures  4783  et 
1785  font  partie  de  l’illustration  d’un  roman  qui  se  dérou¬ 
lait  autour  des  murs  d’une  chambre2. 

En  règle  générale,  la  magie  multiplie  les  conditions  de 
l’action  et  les  précautions  à  prendre  au  point  de  sembler 
chercher  des  échappatoires  et  d’y  arriver.  Dans  la  magie 


comme  dans  l’astrologie,  la  multiplication  des  données 
permet  de  déduire  d’influences  générales  des  effets  très 
particuliers.  D’autre  part,  elle  est  obligée  d’observer 
certaines  règles,  suivies  aussi  par  la  religion  e‘l  qui  sont 
déterminées  par  la  nature  des  forces  avec  lesquelles  elle 
agit3.  Ainsi  le  magicien,  ou  celui  dans  l’intérêt  duquel 


Fig.  4784.  —  Scène  de  magie. 


■1  opère,  doit  se  mettre  dans  un  état  tel  que  le  contact 
es  esprits  soit  pour  lui  sans  danger.  Les  déterminations 
e  cet  état  sont  d’ailleurs  variables.  C’est,  entre  autres,  la 
P'jfele,  rpiEiV.  On  prescrit  des  ablutions 5,  des  onctions 
,  •  1,11  doit  observer  une  chasteté  temporaire1, 

''  isl°nir  de  certains  aliments,  du  poisson  par  exemple 
au-//j[«voç . 7tiaY|;  i^ôuocpayiai; 8),  être  à  jeun9.  La  nudité 

j„  nfa-  L- I.  ;  Riess,  Zu  ileti  Canidia-Oediclitendes  Horatius, 

Caniili,,  '  i")  1893>  P-  301  sqq.  ;  Ilor.  L.  I.  ;  H.  Düntzer,  Der  Horatius 

"l'I  ;  Anal"" »  ‘n  Pllil°l-  CXLV,  1892,  p.  597-613;  Ovid.  Met.  VII,  159 

cisnte,  •  lus,  ' XMII  ;  Wcsscly,  £.  7.;  Pap.  Paris.  2674  sqq.  ;  3009  sqq.  (ExOr- 
’  ^aiK  !  -  CXXIII  ;  Philosoph.  IV,  4  (62  sqq.).  —  2  Monum.  dell. 
talion  n,  ,..,  01  XLV11I  ;  Huelsen,  Annali,  1882  p.  309-314;  consul- 

'  ^  *>CUlA^C  UU  s"ict  O  im  enfant,  dans  Helbig,  Wandgeniâlde 
usai  unP  sc’.,  |  **®I  é,  n»  2  ;  la  figure  1401  b,  n»  1  représente  peut-être 


scène  de 
ces  précautions 


magie.  —  3  H.  Hubcrt-M.  Mauss,  O.  I.  p.  47  si|q.  :  énuméra- 


(ï 

aussi 
lion  île 

■Mae  une  série  j"''0"8  <*anS  3ollg.  O.  I.  p.  58.  —  4  Deubner,  De  incub.  p.  28, 
cet  excellent  li,  *  tex'e9.  Nousrenvoyons  simplement  aux  dépouillements  donnés  par 
be  (ihstin  ||  j  ]'ai  S  *  énumération  de  ces  conditionsdes  actes  magiques;  Porpb. 
«isni,  If  QV.86*1-  Praep.  eu.  V,  10,1-2;  Cat.cod.  Med.  23;  cf.  Pap.  XLV1, 


*  "•w-  ;  cf.  s„ 


V,  20.  —  5  Deubner,  ().  i.  p.  23  sqq.  ;  Ovid.  Met. 


était  quelquefois  commandée 10,  comme  dans  les  pratiques 
du  deuil,  en  opposition  avec  les  usages  de  la  religion 
normale,  ou  tout  au  moins  certaines  parties  du  corps 
devaient  être  nues".  Le  vêtement  était  loin  d’être  indif¬ 
férent.  Il  le  fallait  flottant12,  ou  grossier13,  ou  de  lin  u, 
tout  blanc  ou  avec  des  bandelettes  pourpres  L  attitude 
devait  compléter  l’effet  des  purifications  préalables  et  du 

VIII,  188  ;  cf.  Chwolsolim,  Ssabier ,  t.  II,  p.  29.  —  «  Id.,p.  22,  24.  —  7  Dcnlmer,  O.  I.  p. 
28  ;  Ovid.  VII,  239 ,Befug>tquc  viriles  contactas.  —  *  Deubner,  O.  I.  p.  29  ;  à  comparer 
peut-être,  Inscr.  gr.  Sic.  et  ltal.  1047.  —  9  Marc.  XV,  11  ;  Cat.  cod.  Med.  L.  I 
—  10  Gerhard,  Ak.  Abbandl.  VIII,  8  ;  Virg.  Aen.  IV,  518  ;  Riess,  O.  I.  35  ;  Hcirn, 
p.  507;  Deubner,  O.  I.  p.  26  ;  Jalm,  Bôscr  Blick ,  p.  80  sqq.  93  sqq.  ;  Rlin.  XXVIII, 
7,  23,  clc.  ;  cf.  pour  le  deuil,  Jaslrow,  The  tcaring  of  garments  as  a  stjmbol  of  mour- 
ning,  in  ,/.  of  the  Am.  Or.  Soc.  1901,  1,  p.  22-39  ;  Id.  Belig.  of  Bahylonia ,  p.  603- 
666;  Gruencisen,  Der  Alinenkultus,  p.  63;  cf.  Ber.  Iiist.des  relig.  1899,  I,  p.  317; 
prescriptions  contre  la  nudité,  Kxod.  XX,  26;  XXVIII,  42.  —  H  Ap.  Rh.  III,  646 
IV  43  ;  Ov.  Met.  VII,  183  :  nuda  pedem,  nudos  umeris  infusa  capillos.  —  12  Ibid. 
182  :  Vestes  indata  rccinctas.  —  13  Deubner,  O.  I.  p.  26  ;  Riess,  O.  I.  p.  35. 

_ H  Deubner,  O.  I.  p.  25  ;  Dieterich,  Abraxas,  p.  179  (livre  de  Moïse)  ;  Pap.  Paris. 

3086.  —  13  Deubner,  O.  I.  p.  25;  manteau  de  pourpre  de  Médéc,  Ap.  Rh.  IV,  2661  ; 
vêlement  sombre,  Ap.  Rh.  111,  1031,  1205. 


MAG 


—  1516  — 


vêtement.  Il  y  avait  des  gestes  nécessaires1.  Les  noms 
mêmes  des  doigts  qui  faisaient  les  gestes  sont  significa¬ 
tifs'2.  Certaines  plantes,  pour  être  efficaces,  devaient  être 
cueillies  de  la  main  gauche3,  d'autres  de  la  main  droite  et 
entre  deux  doigts».  Des  couronnes  et  des  rameaux5,  des 
amulettes,  des  anneaux 6  communiquaient  à  l’opérateur 
un  supplément  de  puissance.  Enfin  les  dispositions  men¬ 
tales  entraient  en  ligne  de  compte.  Il  était  nécessaire 
d’avoir  la  foi 7  et  de  participer  de  toute  son  âme  à  l’accom¬ 
plissement  du  rite 8. 

La  cérémonie  devait  avoir  lieu  a  un  moment  convena¬ 
blement  choisi,  et  les  prescriptions  relatives  au  temps 


sont  celles  qui  manquent  le  moins  dans  les  charmes9.  Il 
y  a  dans  leur  observation  déjà  plus  que  de  simples  pré¬ 
cautions;  elles  font  partie  du  système  d’influences  sym¬ 
pathiques  qui  doivent  mener  à  bien  l’entreprise.  Le 
coucher  du  soleil  est  une  heure  magique40.  Les  moments 
qui  précèdent  le  lever  du  soleil  le  sont  également11.  C’est 
généralement  la  nuit  qui  est  propice12,  spécialement  à 
cause  de  la  lune  13.  On  tient  compte  des  phases  de  la  lune 
dans  la  récolte  des  plantes  magiques  Les  cérémonies 
ont  lieu  surtout  à  la  nouvelle  lune13  et  à  la  pleine  lune10. 
Si  les  magiciennes  font  descendre  la  lune  du  ciel 
(lig.  4785) 17,  c’est  pour  rapprocher  son  influence.  On 
trouve  naturellement  encore  indiquées  d’autres  dates 
lunaires,  comme  celles-ci  :  Ttpb  knzk  %£püv  (reXrjvr,? 
XenroiiffYjç  18...  qui  varient  suivant  la  durée  prévue  des 
opérations  ou  le  résultat  précis  désiré.  L’association 
de  l’astrologie  et  de  la  magie  a  nécessairement  conduit  à 
l'observation  de  données  astrologiques  plus  précises  19  • 
qui,  lorsqu'on  peut  en  comprendre  la  raison,  sont  indi¬ 
quées  par  les  influences  spéciales  attribuées  aux  diffé¬ 
rents  astres.  Ainsi  les  cérémonies  de  la  magie  amoureuse 
se  font  aux  moments  typiques  de  la  course  de  Vénus. 

1  Marcel!.  XV,  11,  digitis  tribus,  id  est  pollice,  medio  et  medicinali 

residuis ,  duobus  elevatis  dices  ;  cf.  Dcubncr,  O.  I.  p.  30.  _  2  Marccll. 

L.  I.  ;  llcim,  p.  477,  523,  n°5  41,  107;  Eclilernieycr,  Ueber  Name  und 

Symbolische  Bcdeutung  der  Finger  bei  den  Griechen.  und  Jtômem,  Halle. 
1835;  Usencr,  in  likein.  AJus.  XXVIII,  1873,  p.  407  sqq.  —  3  Plin.  XXI,  143; 
Marcel I.  VIII,  52.  —  4  Heim,  O.  I.  p.  523,  n»  167.  —  B  Deubner,  O.  I.  p.  20.’ 

o  Ibid.  p.  36.  —  ‘  Heim,  p.  468;  Marccll.  XXIX,  3,  cum  magna  fiducia  ;  Alex. 
Trall  II,  p.  37>  ;  Luc.  Philops.  10.  —  8  Heim.  493  ;  Gorg.  Mari.  19,  menti precantc. 

—  1  Kehr,  O.  I.  p.  10  ;  Pap.  CXXI,  153-166,  heures  favorables;  272-299.  —  10  Heim, 
nos  41, 47.  —  Il  llcim,  n<>  9  ;  Chwolsohn,  O.  I.  t.  II,  p.  29.  — 12  Paris.  25G9,  3086  sqq.  ; 
Deubner,  O.  I.  p.  30,  39;  Ap.  lih.  III,  863.  -  13  Ap.  Rh.  IV,  59;  Hor.  Sat.  I,  8, 
20;  Apul.  Demag.  XXXI.  —  14  Ser v.adAen.  IV,  513  ;  Plin.  XXIV,  4,  6;  XXI,  II, 

.16.  —  le  Plin.  XXIV,  L.  1.;  Schol.  Ad  anon.  de  herb.  v.  10,  in  Poet.  bucol.  et 
didact.  p.  169;  Luc.  Necyom.  7.  —  16  Ov.  Met.  VII,  180  ;  Son.  Med.  790  sqq.; 
riieocr.  Il,  10;  Luc.  Philops.  14.  Sur  l'observation  de  conditions  semblables  dans  la 
Nckyoniancic,  voir  Itosclier,  Lexikon,  l.  H,  3160;  —17  Tisclibein,  l.  III,  pi.  u.iv; 
Lenormant  et  de  Witlc,  Élite  céram.  II,  pi.  lxviii;  Gerhard,  !..  I.  ;  S.  Reinach, 


MAG 

Comme  la  religion,  la  magie  a  u«  li,.„, 

l,eus  “»>  généralement  considérés  Z,  lu 

LOnilllO  IT1:  •  J 


los  roules,  les  rues  L  ,f  *itu< 
de  religiosité  ''  - 1  r-uaf. 


sont 


le  sont  pour  la  magie  : 
le  seuil21.  Ces  lieux  _  lcll..msu  , 
choisis  pour  la  relation  symprthimTtJlfu'0111"'11'6 
sujets  ou  les  objets  de  l’acte  magique-  “"'^les 
en  considération  même  de  leur  relWosiA  SOnl  a»ssi 
véritables  sanctuaires.  Les  lieux  crue  h  C°mme  d« 
préférence  pour  le  théMre  de  J  <Æ£** 
qui,  au  point  de  vue  purement  religieux  «mu  1  ceux 
qualifiés  d’impurs  :  les  carrefours22,  les’cimri"  '  °UU'S"u 
avons  des  exemples  de  la  constitution  d’unT*' 
d  un  cercle  magique  où  doit  s'accomplir  la  ^ 
U  direction  du  regard  n'esl  pas  toujours  indifférée» 
Mentionnons  encore  d’autres  précautions.  On  e, 
a  ne  Pas  répondre  aux  questions  posées23  -,  ,  i  '  "ll1 
silence ïs.  .1  faut  cracher  eu 
lation27,  etc.  ‘  lncan' 

Enfin  le  rituel  de  certaines  cérémonies  prévoit  h 
constitution  et  l’emploi  d’un  phylactère28  spécial,  prièr,, 
formule  écrite,  talisman,  qui  a  pour  objet,  soit  de  proté) 
gei  1  opérateur  contre  la  puissance  même  qu’il  emploie2* 
soit  de  prévenir  ce  qui  pourrait  troubler  l’opération,  soi! 
de  détruire  l’effet  des  contre-charmes.  Le  plus  curieux 
de  ces  phylactères  est  la  AiaêoXvi  irpbç  ilsXvjVYjV J0. 

La  cérémonie  proprement  dite  se  compose  de  deux 
sortes  de  rites.  Les  uns  ont  pour  but  de  réaliser  l’objet 
même  de  la  cérémonie  en  appliquant  logiquement  les 
principes  de  l’action  magique.  Les  autres  sont  destinés, 
soit  à  constituer  le  pouvoir  magique  grâce  auquel  les 
premiers  sont  efficaces,  soit  à  en  assurer  la  présence. 

La  première  partie  de  la  cérémonie  comporte  l’emploi 
d’un  certain  nombre  d’instruments  qui  ont  fini  par  avoir 
par  eux-mêmesune  valeur  magique31.  Voici,  parexemple 
en  quoi  consiste  l’acte  essentiel  de  la  gav-raa  Kpovuq 
décrite  dans  le  papyrus  de  Paris32  :  «  Prends  un  moulin 
à  main  et  deux  choenices  de  sel  et  mouds  en  répétant 
sans  cesse  l’incantation  prescrite  jusqu’à  ce  que  le  dieu 
paraisse.  »  De  tous  ces  instruments  magiques  le  plus 
connu  et  le  plus  commun  est  la  baguette33  :  baguette 
divinatoire,  baguette  des  chercheurs  de  sources  qui 
paraît  prolonger  le  pouvoir  du  magicien.  Elle  est  attn 
buée  à  Hermès  dans  son  rôle  de  Psychopômpe3’- 
dactyliomancie  présente  un  usage  analogue  dinstria 
ment  clairvoyant  :  une  table  ronde  porte  sur  son  pourtour 
les  lettres  de  l’alphabet;  on  suspend  au-dessus  un  anneau 
avec  un  fil,  et  l’anneau,  en  s’arrêtant  devant  les  letton 
donne  la  réponse  désirée36.  Dans  la  magie  amoureuM  on 
employait  une  petite  rouelle,  Hoy;,  la  bergeronnette 
(■kow.Iocv  ïuyya  TETpâxvagov 30),  dont  la  rotation  était  1 1  n. 

Répertoire ,  t.  II,  p.  319,  noie  2.  —  18  Dictcrich,  Abraxas ,  p.  1  j  ^  ^ 

—  19  Wünsch,  Seth.  Verfluchungstaf.  p.79  ;  Cat.  cod.  Med.  1*  .  ^ <l^'  '  (llli  jtfed 

—  20 Plin.  XXIV,  171;  Riess,  in  Pauly  Wissowa s  Real Encycl .  4/.  -  ..0 .A^wv 

—  22  Ibid.  23.—  23  Ibid.  *«l «o^oov  ev«  uôXov.—  *  Pap.  Paris.  3193,  Ü  àva^A^  pap 
2o  Pap.  CXXI,  992.  —  20  Marccll.  XVI,  18.  —  27  Heim,  487,  n®  »  . 

1  -  -  •  ''0-92. 3  ;  caractère 

•ji  Cf.  1 


Paris.  2359  ,  28  95,  301  4,  30  92  ,  31 15  ,  3031.  —  29  Pap.  Paris.  30 
riblcdc  l'être  magique.  DeJong,  O.  I.  p.  Cl  sq.  — 30  Pap.  Paris.  J ^  $Quthm 
Dorsay,  The  Ocimbanda  orwitch.  doctor  of  the  Owimbandao/  Par  J  . 

Folk-Lore,  1900,p.  i83  ;  H.  SchurD, 

1-15.  —  32  Paris.  3080  j,1'1  ,  |a 


West  Africa,  in  Journ.  of  American 
lernationals  Archiv  für  Ethnographie,  1901,  p 


lernationais Arc/nv  fur litnnograpnie,  i»ui,  p-  Mîillei!  I 

guette  des  Brahmanes,  Philostr.  V.  Apollon.  III,  XV  ;  Ps*  Calli^l  .  y  fave,  1898»  p. 
baguette  des  fées,  Pineau,  Chants  populaires  Scandinaves,  p-  •,i  •  1  ^  ro//  /,i  the 

79;  T.-V.  Holmes,  On  the  évidence  for  the  efficacy  oj  the  do  ^  XXVIP  P- 
scarch  for  mater,  in  Journ.  of  the  Anthropological Instituts,  s-  '  ’  _  p|fl^ 

—  3V  o.  Crusius,  in  Roscher’s  Lexikon,  t.  II,  1149  ;  Aristoph.  A  _ 3ü Anuo» 

X,  909;  Gacdechens,  Verh.  d.  P hilolog envers,  su  Itéra ,  y  pi/tli.  IV,  213. 
Marc.  XXIX,  1;  Tylor,  Primitive  culture 3,  t.  I,  p.  127.  '  I  n> 


MAG 


—  1517  — 


MAG 


.  mir  la  volonté  des  personnes  à  gagner 1  ;  à  côté  de 
mentionner  le  rouet  ou  la  erécelle  (pd[*6oç,  ô 
!'iU^  L'axeof,  vertigo 2)  d’usage  analogue3.  Dans 

titillation  on  emploie  les  lampes  {lychnomancie1"), 
[.  fit  ins  pleins  d’eau  dont  on  interroge  la  surface 
Wî ailmancie*),  des  miroirs 5  que  l’on  emploie  aussi  pour 
■tt'r  la  grêle7;  à  ceLte  liste  il  faut  ajouter  les  clefs8, 
I  d’usage  symbolique  (xÀstoa  xpaxw,  vjvoiija  xXst0paTapTapoû/_ou 
I  divinatio].  On  trouve  mentionnée  dans  un 

livmne  la  sandale  de  la  Lune  (xb  nâvBaXov  trou  exp^a10). 
])',.s  épées11,  des  cymbales12  font  parLie  de  l’attirail 
magique.  Les  échelles  minuscules  représentées  sur  les 
vases  peints  aux  mains  de  personnages  divers,  ne  sont 
Las  des  instruments  de  musique13,  mais  des  symboles 
magiques;  on  les  trouve  figurées  sur  des  Tabellae  ilevo- 
tionis  “,  et  elles  font  partie  de  la  symbolique  égyp¬ 
tienne  15.  Les  instruments  alchimiques  finissent  par 
ressembler  aux  instruments  magiques.  Outre  les  subs¬ 
tances  magiques  dont  nous  avons  étudié  plus  haut 


l’emploi,  les  magiciens  font  une  grande  dépense  de  fil 
coloré,  cl  spécialement  de  fil  rouge16,  le  rouge  étant 
une  couleur  démoniaque,  line  des  choses  qu’on  les 
accuse  de  rechercher  avec  le  plus  d’ardeur  sont  les  restes 
humains17  ;  ceux  des  suppliciés  ont  une  valeur  magique  ; 
on  connaît  la  superstition  qui  s’attache  aux  restes  des 
pendus18. 

Les  pièces  de  cette  machinerie  agissent,  soit  comme 
choses  magiques,  soit  par  la  production  d’un  mouvement 
sympathique,  essentiel  ou  accessoire,  soit  parce  que  leur 
aspect  ou  leur  bruit19  apportent  des  modifications  aux 
conditions  dans  lesquelles  se  passe  la  cérémonie.  Nous 
avons  énuméré  quelques-uns  des  actes  sympathiques, 
clairs  ou  obscurs,  qui  en  forment  la  partie  centrale.  Qu’il 
nous  suffise  de  rappeler  ici  qu’il  y  en  a  dont  la  significa¬ 
tion  précise  s’est  effacée  et  qui  valent  par  la  vertu  que 
leur  attribue  la  tradition,  à  moins  qu’ils  ne  soient  tout 
simplement  inspirés  par  l’analogie.  Tel  sont  ceux  qui 
consistent  à  frotter  des  serpes  avec  de  la  graisse  d’ours 
pour  écarter  la  grêle20,  et  à  faire  des  nœuds  sur  une  ficelle 
•dors  qu  il  est  impossible  de  comprendre  en  quoi  cette 
observance  représente  l’effet  à  produire;  ainsi  dans  cette 
recette  de  Marcellus21  :  Oculos  cum  dolere  guis  coeperit , 
ilico ci  subvenies ,  si,  quot  literas  nomen  ejus  habuerit , 
noniinans  easdem,  totidem  nodos  in  rudi  lino  stringas. 

Encours  même  de  la  cérémonie,  certains  rites  intervien¬ 
nent  qui  paraissent  avoir  spécialement  pour  but  de  mettre 
0  liciant  en  état  de  recevoir  le  bénéfice  de  l’action  engagée. 
1  "ti  de  1  incubatio 22  est  typique  [incubatio].  C’est unrite 


général  de  divination  dont  les  papyrus  magiques  donnent 
un  nombre  considérable  d’exemples.  11  s’agit  d’avoir  le 
songe  préparé,  et  l’on  se  couche  en  général  dans  le  lieu 
sacré,  qu’il  soit  préexistant  ou  créé  par  la  cérémonie  pré¬ 
liminaire.  Remarquons  simplement  que  Y  incubatio  a  pour 
effet  supplémentaire  de  favoriser  l’action  des  influences 
sympathiques,  ou  même  de  créer  la  sympathie.  Le  sujet, 
en  effet,  place  à  côté  de  sa  tête  un  rameau  magique*3,  un 
talisman  portant  des  noms  divins21,  une  statuette23,  etc. 

De  tous  les  actes  sympathiques,  celui  dont  l’application 
paraît  être  la  plus  fréquente  et  aussi  la  plus  spéciale  à  la 
magie  est  l’envoûtement26.  Selon  le  Ps.  Callisthène27,  le  roi 
égyptien  Neclanebo  faisait  des  figures  de  cire  qui  représen¬ 
taient  les  soldats  de  ses  ennemis;  il  les  plaçait  sur  le  bord 
d’un  bassin  plein  d’eau,  puis,  prenant  sa  baguette,  il  réci¬ 
tait  des  formules  ;  les  poupées  s’animaient  alors  et  se  pré¬ 
cipitaient  dans  le  bassin  ;  si  l’ennemi  venait  par  mer,  le 
roi  opérait  sur  la  côte;  il  plaçait  ses  poupées  sur  des 
bateaux  de  cire  et  l'ennemi  subissait  invariablement  le 
sort  de  la  figure  magique.  Quand  il  voulut  faire  croire  à 
Olympias  qu’elle  avait  conçu  du  dieu  Ammon,  il  fit  une 
statuette  au  nom  de  la  reine,  exprima  sur  elle  le  jus 
d’herbes  propres  à  donner  les  songes  et  la  reine  songea 
qu’elle  était  dans  les  bras  du  dieu.  Aristote  avait  donné  à 
Alexandre  une  boite  que  l’on  portait  après  lui  ;  il  y  avait 
planté  des  figures  de  cire  qui  représentaient  les  diffé¬ 
rentes  sortes  d’armes  que  le  conquérant  avait  à  com¬ 
battre  ;  les  unes  portaient  des  épées  de  plomb  tordues, 
les  autres  des  javelots  la  pointe  en  bas,  d’autres  encore 
des  arcs  dont  les  cordes  étaient  brisées  et,  quoi  qu’il 
advint,  les  épées  se  tordaient,  les  javelots  ne  faisaient 
point  de  mal  et  les  arcs  étaient  désarmés  28. 

Ces  figures  tenaient  exactement  lieu  de  la  personne 
qu’elles  étaient  censées  reproduire.  On  exerçait  sur  elles 
les  diverses  actions  que  l’on  destinait  à  leur  modèle,  et, 
quand  la  cérémonie  était  bien  faite,  le  modèle  subissait 
exactement  le  sort  de  son  représentant.  La  consécration 
de  la  figure  sur  l’autel  magique,  par  exemple,  avait  pour 
conséquence  immédiate  la  consécration  de  la  personne 
figurée29;  on  la  liait  de  liens  symboliques;  on  lui 
frappait  la  tête30,  on  lui  perçait  le  cœur31.  On  employait 
l’envoûtement  pour  se  concilier  l'amour,  l’estime  ou  la 
bonne  volonté  de  quelqu’un,  pour  s’emparer  de  ses 
secrets,  pour  triompher  d’un  ennemi32,  etc.  Le  magicien 
s’empare  de  la  personnalité  de  l’envoûté.  Naturellement, 
la  solidité  de  cette  prise  de  possession  est  variable33. 
Quelquefois  l’image  a  une  valeur  collective31,  c’est  ce 
qui  se  présente  dans  le  cas  des  statuettes  militaires  de 


57t„(  .  r.|,  '  l'  ’  3o;  ^cn  Atemor.  III,  XI,  17;  Aristoph.  Lys.  1110;  Theocr.  II,  17,22, 
bcck,  Aol  M p  C\rteU'  4 '20i);  Anth-  Pal-  V,  205;  F’Iiilostr.  V.  Apoll.  VIII,  7  ;  Lo- 
2620  ;  H  |,n,,  !  asccle  Bari,  Vogcl,  Scenen  Eur.  T  ray .  p.  35  ;  Rosclicr,  Lex.  I.  II, 
Burj.fj  ,  ~  ’lai1"’  A-rchûol.  Studien  su  dm  Tragikern ,  1900,  p.  79,  fig.  25  ;  J. -B. 
Tendus  de  la  r  ""b  ,na9*c,  in  Journ.  of  hell.  stud.  1880,  p.  157  ;  Slcphani,  in  C. 
Î296  ;  Pr^rir5'  arch' <le  PétersbourS<  1863,  P-  205.  —  -Theocr.  II,  30  ;  Paris. 
pl.Q;Torr  rit.,  i  '  i  Poser  Blick,  p.  256  ;  Annal,  d.  hist.  ant.  1 852, 


Iv  ’  diodes 

’  —  4  Ilcubm 


»  m  anc.  Times ,  pl.  i;  Hirschfeld,  O.  I.  p.  40. 
De  incub.  p.  26  sqq.  ;  cf.  Pan.  Paris.  2372 
AM-  De  mag .  Xlllj 


3  Luc.  Dial.  mer. 
■  îî  Philosoph.  IV, 
sqq.  ;  Wessely,  Gr.  Zàuberp.  hymne  à  Hécate, 


*  (»). 

(Paris.  2242)  ...  D  --  .•  . 

Zeitschrift  fe, ~  f,’,  ’  1  a^'  ^k.VI,  1-52;  Jagor,  Japanische  Zaulterspiegel,  in 

P-  290.  L  »  l[J  m0l°9<e’ 


1898,  p.  527  (  Verhandtungcn) .  —  7  Frazcr,  Pans.  t.  III, 


9  'Vessel y  r  y  ^  ^  n°*  236,  237,  clefs  magiques  avec  inscriptions. 


0.  /. 


SSGly  Qj,  y  “ ,  --J#,  uicis  magiques  uycc  iusui|uiuiis, 

^0;  cf  ]>  ÜU^I  > P*  hymne  à  Hécate  (2242),  v.  30  sqq.  —  10  Wcsscly, 
47«r;\  ,  1  -334,  2123.  —  H  Épée  des  magiciennes  conjurant  la 


hne ([|g,  ^  7  (Uls‘  -334,  2123.  —  il  Épée  des  magiciennes  conjurant  la 

Wessely,/’  Akad-  Abh.  VIII,  8;  Pap.  Paris.  300,  1813;  cf.  1710. 

I  st  o  °  °  )(* — 13  H©ydemann,Z?escaZinae  vasorum  picturis signi- 

de  nmai  5  ^  '  SfW‘  ’  Millin-Reinach,  Dibl.  des  mon.  fia.  Il,  index,  s.  v. 

y  *  ,n&cn,  Itépertoire ,  index.  —  14  Instruments  de  sup- 


Annali 
pttvim 


plice  symbolique,  Wiinsch,  Setlt.  Verflucliungstaf.  p.  28,  surtout  p.  99  ;cf.  O.  Jalm, 
Doser  Blick ,  p.  94;  Wicsclcr,  De  scala  symbole.  —  15  Budgc,  O.  I.  p.  51  ;  selon 

I. ohcck,  Agi.  905,  907,  clics  font  partie  de  la  symbolique  des  mystères.  —  10  Theocr. 

II,  2;  Virg.  Ecl.  VIII,  73;  Ov.  Amor.  III,  VII,  73  ;  Pap.  Paris.  2703;  Pap.  Anast. 
402.  —  U  Apul.  Met.  Il,  xx,  xxi  ;  III,  xvu;  Ov.  Beroid.  VI,  90  (Mèdèc);  Senclius 
mor ,  ancient  Laies  and  Institutes  of  Ireland,  t.  I,  p.  180;  Bevue  celtique ,  1901, 
p.  117.  —  18  Cat.  cod.  Med.  23.  —  19  Kehr,  O.  I.  p.  11.  —  SO  Frazcr,  Pans.  t.  III 
p.  290.  —  21  VIII,  62.  —  22  Deubner,  De  incub.  1901  ;  Frazcr,  Paus.  I.  III,  p.  347  ; 
Riltersliabn,  ûer  medicinischc  Wunderglauben  und  die  Incubation  im  Allcrthum , 
1878  ;  Du  Fret,  Moderner  Tcmpelsclilaf,  in  Sphinx,  Janv.-déc.  1890;  v.  Wilamo- 
wilz,  Isyllos  von  Epidauros ,  in  Phil.  Untersuchungen,  1886.  —  23  Dcubncr,  O.  I. 
p.29.  —  24  Cat.  cod.  Med.  17.  —  23  pap.  Anast.  407  sqq.  ;  Euscb.  Praep.  ev.  V, 
12.  —  26  Cat.  cod.  Med.  cod.  17  ;  Ilcliod.  Aetliiop.  XI,  14;  cf.  Zeitschrift  für 

Ethnologie,  XV,  85  ;  Bull,  de  la  Soc.  d'anthropclogie.  1890,p.4l3. _ 27  Éd.  Muller, 

I,  1  sqq.  —  28  Budgc,  Life  and  exploits  of  Alexander  tlie  Great,  p.  xvi. 
—  29  Virg.  Ecl.  VIII,  74.  —  30  Cat.  cod.  Med.  17.  —  31  Ov.  Amor.  III,  VII, 
29;  Beroid.  VI,  91.  —  32  Cat  cod.  Med.  17.  —  33  Taulain,  in  Anthropologie, 
1897,  668  :  dans  certains  cas  le  charme  ne  peul  èlre  rompu  que  pa*  la  mort  de  l’cn- 
vouteur.  —  34  Cat.  cod.  Med.  17. 


10  i 


MA  G 


1518  — 


MA  G 


Noclanebo  et  d'Alexandre.  On  utilise  les  rites  de  l’envoû¬ 
tement  pour  faire  naître  ce  qui  n’existe  point  encore,  des 
enfants  par  exemple*.  Un  pêcheur,  pour  faire  des  pêches 
miraculeuses,  n’a  qu’à  faire  l’image  d’un  poisson  et  à  la 
jeter  là  où  il  pêche'2. 

On  peut  envoûter  les  esprits  comme  les  hommes,  et 
c’est  un  moyen  d’exorcisme3;  l’esprit  passe  sur  la  ligure 
de  cire  et  est  éliminé  avec  elle.  La  fabrication  d’images 
divines  spéciales  dans  les  cérémonies  magiques,  divina¬ 
toires,  expiatoires,  médicales  et  autres  est  un  véritable 
cas  d’envoûtement4,  et  l’on  agit  sur  les  astres  de  la  même 
façon  que  sur  les  dieux8. 

Enfin  le  magicien  ou  le  sujet  de  l’action  magique  agit 
par  envoûtement  sur  soi-même,  soit  pour  effectuer  la 
relation  qu’il  désire  établir  (entre  lui  et  l’envoûté,  soit 
pour  se  mettre  dans  un  état  tel  qu’il  en  résulte  infailli¬ 
blement  pour  lui  certains  avantages  généraux.  Cet 
envoûtement  de  soi-même  a  lieu  dans  les  cas  où  l’on 
emploie  deux  statuettes,  dans  ceux  où  l’on  mêle  son 
propre  sang  et  une  partie  de  soi-même  à  la  poupée 
envoûtée,  ou  bien  encore  lorsque  l’opérateur  fabrique 
une  seule  poupée  qui  le  représente  lui-même  et  porte  son 
nom8.  Dans  quelques  cas  où  la  cérémonie  comporte  la 
fabrication  de  deux  poupées,  l’une  représente  l’envoûté 
et  l’autre  un  démon  sur  lequel  il  est  nécessaire  d’agir  7  ; 
le  traitement  des  deux  effigies  diffère.  On  rencontre  aussi 
l’emploi  de  trois  effigies  de  matières  diverses8. 

On  a  trouvé  de  ces  poupées  d’envoûteurs  inscrites  au 
nom  des  patients  auxquels  elles  étaient  destinées.  Celles 


que  représentent  les  figures  4786  à  4789  sont  en  plomb  et 
viennent  des  fouilles  de  Tell-Sandahanna  en  Palestine  9. 
Qu’elles  proviennent  de  l’ancienne  Italie,  ou  du  Mexique, 
ou  de  l’Allemagne  moderne,  elles  ne  diffèrent  point  sensi¬ 
blement.  La  matière  prescrite  pour  les  faire  est  géné¬ 
ralement  la  cire  ou  l’argile.  On  y  peut  ajouter  d’autres 
matières  qui  sont  indiquées  avec  un  soin  particu¬ 
lier  pour  la  fabrication  des  images  divines.  Quelque¬ 
fois  l’image  est  creuse  et  l’on  y  glisse  des  papiers  où 
sont  inscrites  des  incantations.  L’image  d’Hécate  décrite 


*  Frazor,  Goblen  Bongk'2 ,  I,  19.  —  2  Cat.  cod.  Med.  17.  —  3  Fra- 

zer,  O.  I.  I,  18.  —  4  Pap  Paris.  2359  sqq.  ;  Pap.  XLVI,  382  ;  Euscb.  Pracp 
ev.  V,  12;  cf.  Rawlinson,  W.  A.  Jnscr.  IV,  21,  1,  13,  29.  —  5  Cat.  cod.  Med. 
17.  —  G  Ibid.  —  7  Hor.  Sat.  I,  VIII,  26  sqq.  ;  Paris.  296  407;  Ricss,  Zu  den 
Canidia-gedic/iten  des  Horatius,  in  Wiein.  Mus.  XLMII,  1893,  p.  908; 
Düntzer,  O.  I.  601.  —  8  Sch.  Bernensia  ad  Ecl.  VIII,  75.  —  9  Notizie  degli  scavi 
9817,  529  ;  cf.  îen  Kale,  Fine  japanische  Rachepuppe,  in  Globus,  1901,  I,  p.  109  ; 
Karutz,  Eine  sc/iottische  Rachepuppe,  Ibid.  p.  110;  Germon  t-Ganncau,  L'envoû- 


dans  Eusèbe10  est  faite  de  racine  de  rue  et 
écrasés.  Une  simple  figure  tracée  sur  „noï'  l,.Zar(ls 
plomb,  d’or,  d’argent,  d’étain  ou  de  panier  !  "'  '' 
de  volt".  Dans  l’hymne  à  Hécate*2,  l’onfclanld"!.— 
étrange  mixture  qu’il  dit  être  '  "  nt  lllle 

le  symbole  de  son  esprit 

(ijÙgSoX&V  [AOU  ZVEÛgaTOç). 

Nous  avons  vu  que  tout  ce 
qui  a  touché  de  près  ou  de 
loin  à  la  personne  :  ongles, 
cheveux,  vêtements,  etc.,  peut 
suffire  à  l’envoûtement  des 
simples  mortels13.  On  peut  se 
contenter  d’un  représentant 
arbitrairement  choisi  :  le  corps 
d’un  oiseau,  un  brin  de  myr¬ 
rhe  ou  de  rue14.  La  simple 
mention  ou  l’inscription  du 
nom  suffit  à  réaliser  l’expres¬ 
sion  matérielle  et  saisissable 
de  la  part  prise  par  l’officiant 
ou  le  sujet  de  l’action  à  la  cé¬ 
rémonie  magique.  La  chose 
écrite  vaut  la  figure,  et  dans 

certains  cas,  l’incantation  écrite  déposée  dans  un  tombeau 
ou  partout  ailleurs  se  comporte  exactement  comme  la 
poupée  de  l’envoûtement16.  C’est  le  cas  en  particulier  des 
devotionès  sépulcrales'*’ .  Un  propriétaire  d’esclaves, qui 
s’écrit  sur  la  main  le  nom  d’un  fugitif, l’envoûte17. 

Il  n’est  pas  pos¬ 
sible  de  séparer 
les  gestes  et  les 
actes  symboliques 
des  rites  verbaux, 
oraux  ou  écrits, 
quels  que  soient 
leurs  noms,  incan¬ 
tations  ou  priè¬ 
res18.  Le  sujet  est 
traité  ailleurs 

[CARMEN,  DEVOTIO, 

PRECATIO]. 

Indiquons  seu¬ 
lement  en  quel¬ 
ques  mots  la  place 

qu’occupent  ces  ,  . 

rites  dans  la  cérémonie  magique.  Le  rite  verbal  ind "fui  1 
sens del’acte magique.  On  inscritgénéralementsm  b  l1 
pées  de  l’envoûtement  le  nom  delà  personnequ  elb  MejJ 
sentent.  Ou  bien,  comme  nous  l’avons  vu,. on  (  je  i 
la  figure  un  papier  qui  indique  avec  précision  "  |  ^ 
la  cérémonie.  En  cueillant  certaines  plantes  nu  1  11 1  ^  ^ 
il  faut  dire  l’objet  auquel  on  veut  les  empb'V|  ^ 
nom  du  malade  au  bénéfice  duquelon  les  un  i  .  tje 
plus  de  précision,  on  décrit  par  énumération  ^  i 
l’action  magique  et  l’on  mentionne  àpaO  ,oU 

tentent  dans  l'Antiquité  et  les  figurines  de  plomb  de  TtU  Sa  ^  10  V, 

IV,  p.  150;  Palestine  exploration  Fund,  oct.  1 900,  P-  •'*  cod. 

—  U  Wünscli,  Seth.  Vcrfluchungstaf.  n“‘  20,  21,  27,  p-  >  ^  v,  U  »I'I' 

passim.  -  12  Pap.  Paris.  2242  sqq.;  Wcsscly,  Gr.  Zau^V'  F'_  il  Küb”1*? 

7;  Frazer,  Golden  Bougli 2,  t.  I,  P-  •  .  yj/,L.,n 

-  --  '-sgersage,  111 

i<;  Apul.  .'l,! 


Fig. 


47i pj.  —  Figures  d’cnvoùlemcnl. 


—  13  Virg.  Aen.  IV,  507  ,  .  -  „ 

O.  I.  p.  40  sqq.  ;  Paris.  1490  sqq.  ;  Knaack,  Zn  Me y(t.  I,  X  c^' 
XLIX,  1894,  p.  310-313.  —  Crimm-Pictet,  O.  I.  ***• 

De  mag.  LUI.  -  ”  Hcim,  n°  10.  -  «  Cf.  Plin.  XXVIII, 


-I. 


IJ. 


MAG 


—  15  U)  — 


MAC 


n  èlre  qui  doivent  on  bénéficier  ou  en  souf- 
®enits  1  le  ri Le  verbal  précise  cl  complète  le  rite 
i-  fincantation,  d’autre  part,  répète  1  acLe  sym- 
et  quelquefois  elle  y  supplée,  comme  dans 

I, 0  "Ccalions  de  maladies  et  les  exorcismes  en  par- 

^  '|jCS  incantations  qui  consistent  dans  la  récitation 
111  le  rappel  d’un  mythe  ont  pour  effet  de  favoriser 
°"  'h'svmpalliie  le  renouvellement  de  l’acte  raconté  par 
[);"|||"||j;,  ou  d’un  acte  analogue2.  En  cas  de  maladie, 
r  U , nation  de  la  genèse  du  mal  le  met  sous  la  dépendance 
îlinni-icien3.  Enfin  l’incantation  écrite,  portée  comme 
lilili'ui,  permet  d’appliquer  directement  et  malériclle- 
''rliL  l’effet  nécessaire  de  l’opération  magique  à  son 
n  .q  Dans  l’hypothèse  du  démonisme,  l’incantation 
S-lrlé*e  ou  écrite4  met  en  communication  l’opérateur 

J, ,  ie  démon  et  instruit  celui-ci  de  son  rôle. 

Le  rôle  de  l’incantation  se  présente  à  nous  sous  un 
deuxième  aspect.  Elle  nous  amène  aux  opérations  qui 
ont  pour  but  de  créer  ou  de  représenter  le  pouvoir 
magique.  Telle  est  l’utilité  des  hymnes  etdes  litanies6.  On 
appelle  la  présence  du  dieu  ou  du  démon,  on  lui  indique 
sa  fonction  ;  au  besoin,  on  le  contraint  par  des  menaces6. 

Mais  nous  savons  déjà  qu’un  simple  nom  divin  a  la 
vertu  d’évoquer  la  présence  de  la  divinité  désignée.  Une 
formule  religieuse  comme  le  rpiffâyiov  \  le  qodesch 
hébreu8,  écrite  entièrement  ou  représentée  par  une 
initiale,  introduit  dans  la  cérémonie  magique  tout  ce 
qu’elle  représente  de  sacré.  Un  nom  mythique  comme 
celui  d'Adam,  revêtu  d’un  sens  cosmogonique,  sert  à 
concentrer  les  forces  naturelles  qu’il  évoque,  et  de  même 
les  signes  des  planètes,  ou  les  voyelles  qui  leur  corres¬ 
pondent  et  que  l’on  inscrit  par  exemple  sur  les  poupées 
de  l’envoûtement,  font  intervenir  en  réalité  dans  la  céré¬ 
monie  les  influences  planétaires.  On  peut  dire  des  vers 
homériques  et  des  formules  où  un  seul  mot  se  rapporte 
à  l’occasion  pour  laquelle  on  les  emploie,  on  peut  dire 
aussi  des  psaumes9  et  des  textes  sacrés  en  général  ce 
que  nous  disons  du  qodesch.  Il  s’ensuit  que  l’attention 
s’arrête  au  signe  maniable,  mais  efficace,  et  ne  va  pas  au 
delà  à  la  recherche  de  la  chose  signifiée.  Le  mot  étouffe 
le  sens.  On  réduit  en  formules  et  en  énigmes10,  comme 
on  les  réduit  en  figures,  les  mémentos  d’opérations 
alchimiques.  On  peut  dire,  avec  Origène11,  que  l’évolu¬ 
tion  de  1  incantation  fait  passer  son  pouvoir  de  son  sens 
aux  qualités  des  sons  dont  elle  est  composée.  L’incanta¬ 
tion  écrite  ou  orale  finit  par  devenir  une  chose  magique, 
un  talisman,  et  nous  pouvons  remarquer  que  cette  nou- 
velle  sorte  de  chose  magique  est  le  produit  d’un  processus 
semblable  à  celui  que  nous  avons  montré  à  propos  des 
auti  es 1  La  SOrte  de  commentaire  auquel  sont  soumis 
es  noms  divins  ou  ceux  qui  représentent  les  forces 
magiques  montre  bien  de  quelle  façon  ces  noms  sont 
Wnsiih  rés.  Il  s’agit  d’en  répéter,  d’en  allonger  les  syl¬ 


labes 


caractéristiques13,  de  les  détacher  les  unes  des 


ah.  ntt.  I\ .  —  2  Cf.  Année  Sociologique,  t.  IV,  p.  230  ;  Dielcricli, 
thèmes  ü  c'i  '  ''  C.1  5U'V’  —  3  Abercromby,  Pre-and  Protohistoric  Finns,  p.  40-44, 
Philosoph  *iv~  '  '  *ncan  lation  écrite  sur  papyrus  est  envoyée  eu  fumée  au  démon  : 

Dielcrie!,  ù  !  ~  ”  Uita°‘'icll>  Pap.  mng.  p.  789;  Pap.  Xf.VI,  17G  sq<|. 

XlVI.ap;.  >iaxas’  P-  G3  ;  Diltliey,  in  Rhein.  Mus.  XXVII,  p.  375-419.  —  6  Pap. 
Gtbrauch  '  p D®’  ^  P-  1  Ueim,  il»  233.  —  8  Heim,  n»  60.  —  9  K.  Kayscr, 

chen  Gesell  ’ \  s"^men  "u  Zaubcrei,  in  Zeitschrift  der  deulschen  morgenlaendis- 
0. 1. 1  pi  ^  '[['  '88s>  p.  456  sqq. — 10  Énigme  do  la  pierre  philosophale,  Bcrlhclot, 

’■  '  :  ,:r-  Ptielericb,  A.  B.  C.  Dcnkmacler,  in  Rh.  Mus.  f.  Phil.  LVI, 


1901 

b  1 


206  ; 

p  ilU  ];  11  ^  '  ^e^s'  t,  23.  —  12  Plotin.  IV,  4,  38  ;  Clcm.  Alex.  Strom.  IV, 

13  A7,Kï'«  Wiinscli,  Sçth.  Ver/lucliungstaf.  16,  33. 


autres  et  de  les  analyser  pour  ainsi  dire,  de  leur  joindre 
des  affixes  et  des  suffixes,  d’en  renverser  l’ordre  et  de 
diversifier  leurs  liaisons,  de  les  disposer  en  figures 
(7trepuYosio(3çu,  etc.)  dites  saintes,  de  façon  à  tirer  de 
ces  noms  toute  la  plénitude  de  pouvoir  mystérieux  qu’ils 
ont  en  eux.  Les  Ephesia  grammhta ,  paroles  impronon¬ 
çables,  empruntées  en  partie  aux  langues  barbares  et 
d’ailleurs  déformées,  sont  le  type  de  ces  nouvelles  amu¬ 
lettes  ;  l’auteur  du  De  Mysleriis  Aegyptiorum  fait 
remarquer15  qu’elles  ont  un  sens,  mais  dans  la  langue 
des  dieux;  en  tous  cas,  l’ont-ellcs  perdu  pour  les  hommes. 
Et  ceux-ci  s’appliquent  à  rendre  les  formules  plus  inin¬ 
telligibles  encore  par  l’emploi  d’alphabets  magiques**. 
Pour  augmenter  la  sainteté,  on  les  écrit  même  avec  une 
encre  sacrée  dont  nous  avons  plusieurs  formules n. 
L’encre  sacrée  est  à  l’incantation  écrite  ce  que  la  voix  ou 
le  rythme  est  à  l’incantation  orale.  En  résumé,  l'incanta¬ 
tion  tend  à  passer  de  l’intelligible  à  Fin  intelligible  et  à 
se  transformer  en  chose  magique  contenant  sa  vertu  en 
elle-même. 

J/observance  de  certains  nombres  et  l’usage  de  figures 
géométriques  donne  lieu  aux  mêmes  observations  que 
l'incantation18.  Les  considérations  de  nombre  et  celles  de 
figuration  littérale  des  choses  sacrées  ne  sont  point 
d’ailleurs  étrangères  l’une  à  l’autre.  C’est  ce  que  l’on  voit 
par  exemple  dans  l’stxo<7ayçap.[i.aTOv  ïe'jo)  -rge  m  eo rrt  sma  tu; 
son19.  Les  figures  géométriques  appartiennent  plutôt  au 
domaine  de  l’astrologie  qu’à  celui  de  la  magie-0.  On  y 
observe  le  même  détachement  de  la  figure  et  du  sens,  le 
même  passage  de  l’intelligible  à  l’absurde.  La  septuple 
répétition  d’une  même  cérémonie,  d’un  même  geste  ou 
d’un  même  mot,  paraît  avoir  pour  ob  et  d’évoquer  les 
influences  planétaires  au  même  titre  que  a  prononciation 
des  voyelles21.  C’est  ce  que  montrent  clairement  les  rites 
d’initiation  du  livre  de  Moïse.  On  trouve  appliquées 
par  la  magie  les  idées  courantes  sur  la  sainteté  du 
nombre  impair22  et  du  nombre  trois23,  du  nombre  quatre- 
vingt-dix-neuf24,  du  nombre  quatre25,  etc. 

Les  rites  sacrificiels  tiennent  une  place  importante 
dans  les  cérémonies  magiques.  Ils  ont  le  même  objet  que 
la  deuxième  série  d’incantations.  La  magie,  comme  la 
religion,  se  procure  parle  sacrifice  la  présence  réelle  des 
puissances  surnaturelles,  Sù  ei  olvo;  oôx  e;  oîvo;,  lit-on 
dans  une  incantation,  qui  ne  nous  parait  pas  d'ailleurs 
dictée  par  une  influence  chrétienne,  àXX ’  f(  xEtpaXà,  tÿ,î 
’AOrjvaç,  aù  Et  olvo;  oùx  Et  otvo;,  àXXà’xx dTtXâyyva  xoù  ’O^st'cio;, 
va  ff7tXiyyva toO  ’làw26.  L’objet  spécial  du  sacrifice  dans  la 
magie  paraît  être  le  plus  souvent  de  créer  le  pouvoir  ma¬ 
gique,  ou  tout  au  moins  de  le  rafraîchir  et  de  l’accroître. 
C’est  ce  que  paraît  prouver,  entre  autres,  l’absence  com¬ 
plète  de  toute  indication  de  pratiques  sacrificielles  dans 
les  recettes  qui  suivent  le  rituel  de  l’initiation  du  livre  de 
Moïse,  que  l’initiation  suffise  une  fois  pour  toutes,  ou 
qu’il  soit  sous-entendu  que  des  pratiques  sacrificielles 

— 14  Pap.  Berol.  II,  1,  3  ;  Kopp,  Palacogr.  critica,  I.  III,  p.  687  ;  Ueuvens,  Lettre  1, 
p.  23  ;  Sei'cuus  Samnionicus,  p.  276;  cf.  Dielerich,  Pap.  mag.  p.  769  ;  litanie  de  la 
iiavTua  Ivoovixr,,  Pap.  Paris.  3097  sqq.  ;  Wcsscly,  Wiener  Studien,  t.  VIII,  184  sqq. 

—  13  De  mtjst.  VII,  4.  —  1°  Bcrlhclot,  O.  I.  inlrod.  p.  155.  —  17  Pap.  W.  VI,  3; 
IX,  10;  X,  41  ;  Pap.  Berol.  I,  243-247  =  Pap.  Berol.  II,  *4-42.  — 18 Cf.  C.  Schmidt, 
Gnostische  Schriften  in  koptischer  Spraclte,  1892,  p.  447  sqq.  — 19 Pap.  Paris.  2634 

—  20  Bouché-Leclcrcq,  O.  I.  ch.  VI.  —  21  Pap. I,  21,  25,30  ;  IV,  13;  VIII,  6  ;  IX,  20; 
Pap.  CXXI,  678,703, 709,  751  ;  Pap.  Berol.  I,  235;  Euscb.  Praep.  cr.V,  14.  —  22  Virg. 
Ecl.  VIII,  70.  —  23  Pap.  Paris.  908,  2371,  2192  ;  Kchr,  O.  I.  p.  15.  —  24  Wcsscly, 
Die  Zalil  neun  and  neunzig,  in  Mittlieil.  aus  der  Samml.  der  Pap.  erg.  Rainer, 
1,  p.  13  sqq.  —  25  Wcsscly,  Gr.  Zauberpapyrus,  index.  —20  Pap.  L.  CXXI,  710. 


MAG 


—  1520  — 


MAG 


d'expiation  et  de  consécration  doivent  précéder  dans  la 
pratique  l'application  desdites  recettes.  En  tous  cas,  les 
rites  sacrificiels  sont  assez  communs  dans  la  magie  pour 

donner  leur  nom  à  la  série  des  rites  1  .Les  xaOapaot  paraissent 

a\oir  été  de  véritables  sacrifices  magiques  [lustratio]  2. 

Dans  la  gav-rsia  Kp&vtxv]  le  texte  indique  de  sacrifier 
(avant  ou  après  l'apparition  du  dieu?  nous  l’ignorons) 
une  victime  en  y  joignant  un  cœur  de  chatte  et  du  crottin 
de  jument 3.  Dans  une  cérémonie  destinée  à  agir  sur  la 
Planète  Aphrodite,  on  sacrifie  une  colombe  blanche;  le 
texte  mentionne  particulièrement  le  sang  et  la  graisse  de 
la  victime  \  Ailleurs,  après  la  description  d’une  image 
il  Hermès,  le  sacrifice  d  un  coq,  et  l’on  trouve  dix  lignes 
plus  loin  la  mention  d’un  sacrifice  semblable5.  Pour  le 
rajeunissement  d’Aeson,  Médée  dresse  deux  autels,  l’un 
a  Hécate,  1  autre  à  Juventa;  elle  les  décore  déplantes, 

1 1 1  use  des  fosses,  puis  immole  un  bélier  noir  en  accom¬ 


pagnant  ce  sacrifice  d  une  double  libation  de  miel  et  de 
lait  frais.  Parmi  les  préparatifs  d’un  songe,  il  faut  signaler, 
dans  un  passage  du  papyrus  CXX1,  Pà^Écoi;-?  d’un 
lézard.  Les  chiens1’,  les  porcs',  les  animaux  noirs  en 
général,  boucs,  moutons,  taureaux8,  les  oies9,  les 
i  oqs  blancs10  sont  sacrifiés  dans  les  cérémonies  magi¬ 
ques11.  On  y  faisait  des  offrandes  sacrificielles  de  farine12 
et  de  gâteaux13,  même  de  gâteaux  au  miel  comme  dans 
les  cultes  chthoniens14,  des  libations  de  vin15,  vin  de 
Mendès,  vin  égyptien,  et  des  libations  au  miel,  libations 
particulières  aux  cérémonies  chthoniennes,  funéraires  et 
expiatoires  (g.sXtxpaTov16),  enfin  des  fumigations  de  par¬ 
fums1'.  Le  sacrifice  est  quelquefois  simplement  voué 
par  la  prière  ou  l’incantation18. 

La  magie  ne  négligeait  pas  d’utiliser  le  caractère  sacré 
donné  par  le  sacrifice  à  tout  ce  qui  en  sortait.  On  pres¬ 
crit  comme  amulette  la  dent  d’un  veau  tepoOÜToç 19.  Dans 
le  rajeunissement  d’Aeson  tel  que  le  raconte  Ovide,  le 
sacrifice  et  la  préparation  du  philtre  constituent  deux 


opérations  distinctes.  Mais  dans  les  papyrus  magiques, 
il  n’en  est  généralement  pas  de  même,  et  la  fabrication 
des  xoXXoûpta  20  se  confond  avec  la  cuisson  des  offrandes 
ou  tout  au  moins  s’y  mêle.  C’est  ce  qui  explique  l’étrange 
composition  d  un  mélange  semblable  à  1  stti Oûux  otvayxx- 
sTtxôv  décrit  dans  le  papyrus  de  Paris21.  Dans  ces  condi¬ 
tions,  le  sacrifice  se  mêle  aux  rites  symboliques  et  à 
l'emploi  des  substances  magiques.  Les  éléments  du 


sacrifice  (substances  qui  entrent  dans  h 
philtre)  sont  symboliques,  comme  «lu 


planète  Vénus,  mentionnée  plus  haut-  dan* 
ment  des  poissons  mentionné  ni., * 
sacrificielle  consiste  à 


nr.'wz: 

doit  compléter  l’identification  de  la  Biture  »  1  a  1011  lui 
représente22.  Quant  aux  sacrifices  qui 
donner  le  change  à  des  démons,  comme  celui  „  T  de 
Ovide  ou  au  sacrifice,  raconté  par  Julius  Cani  l  ' 
«•*<*>  dont  Faustine 

demander  s’ils  appartiennent  au  domaine  de  h  J  Se 
à  celui  de  la  religion.  On  trouve  dans  les  livres  a2m°" 
ques  une  longue  et  frappante  allégorie  qui  a  fait  for Z 
parmi  les  auteurs  de  cette  science;  elle  décrit  ]■ 
formation  des  métaux  dans  l’opération  sacrée  en  lerraK 
empruntés  au  rituel  et  à  la  théorie  du  sacrifice25 
11  convient  de  mentionner  ici  les  sacrifices  humains! 
en  particulier  les  sacrifices  d’enfants  (fie.  47g  d  26  «t 
de  fœtus  arraches  au  ventre  de  la  mère,  reprochés 
souvent  a  la  magie.  Il  serait  imprudent  de  l’en  disculper 
a  Priori.  Mais  on  peut  dire  que  ces  sacrifices  sont  un 
des  thèmes  habituels  de  la  légende  qui  voile  les  cultes 
secrets,  les  religions  vaincues  et  les  hérésies27. 


L’usage  du  sang  dans  la  magie  doit  être  probablement 
compté  parmi  les  rites  sacrificiels28. 

Comme  les  cérémonies  religieuses  où  l’homme  entre 
en  rapport  intime  avec  les  choses  sacrées,  la  cérémonie 
magique  comporte  des  rites  que  l’on  peut  appeler  des 
rites  de  sortie  29,  destinés  à  achever  la  cérémonie,  à  en 
limiter  les  effets  et  à  permettre  à  l’opérateur  de  rentrer 
dans  la  vie  pratique.  Ils  sont  bien  indiqués  dans  la 
huitième  Églogue  de  Virgile30.  Lorsque  l’on  ne  porte  pas 
les  produits  de  l’opération  dans  un  endroit  déterminé  ou 
si  on  ne  les  garde  pas  avec  soi  pour  produire  un  effet 
durable,  on  les  brûle,  on  les  jette  ou  on  les  enterre,  en 
tous  cas  on  les  élimine.  La  gavrefa  Kpovix-q31  nous  donne 
un  exemple  de  l’emploi  de  la  prière  pour  mettre  fin  à 
une  cérémonie. 

La  cérémonie  magique  se  compose  donc,  dans  le 
monde  hellénistique,  des  mêmes  éléments  que  la  céré¬ 
monie  religieuse  à  tel  point  qu’elle  est  désignée  par  les 
mêmes  termes  (tsXstt;,  sacri/icium,  etc.) 32  De  même,  la 
magie  chrétienne  utilise  la  messe  en  l’adaptant33.  Dans 
ce  dernier  cas,  nous  voyons  nettement  quelle  différence 


1  ’£*  Ou£uv  xu-ubùaopzi  ou  xscTaSijuonat,  Theocr.  11,  3,  10;  cf.  159. 

—  2  Sckol.  ad  constitut.  apostol.  VH,  G,  xefixaSoiîjwy  ■  ô  8,4  0u<n5y  SoxSv 
xuXütiv  vim u;  r,  âfJ.aPTtaç.  —  3  Pap.  Paris.  3095.  —  *  Pap.  Paris.  2891  ;  Pap. 

V.  I,  91  ;  VH,  2.-5  Pap.  Paris.  2359-2369  ;  ibid.  35,  2190  ;  Pap.  Berol.  II,  25  ; 
Wünsch,  Defix.  tab.  ait.  XXIII.  Voir  encore  Paris.  1390  s.jq.  ;  Porphyr.  ap.  Euseb. 
Praep.  €V.  V,  10,  1-2;  Psellus,  zsP \  Ivtoyttui  Scunôvwv,  33;  Id.  —£  p,  §Kipavuv,  43  ; 
I’bilostr.  V.  Apoll.  V,  12.  —  G  Deubner,  De  incub.  p.  39  sqq.  —  7  Ibid.  p.  40. 

—  8  Ibid.  p.  41.  —  9  Ibid.  p.  42;  Pap.  V.  VII,  2.  —  10  Ibid.  p.  46  sqq. 

—  n  Voir  encore  Pap.  V.  I,  30;  IX,  31  ;  VII,  120;  IV,  2  ;  XI,  20;  De  Jong,  O.  I. 
p.  61  ;  Hansen,  O.  I.  p.  45  sqq.  —  12  Theocr.  II,  18,  33.  —  13  Deubner,  O.  t.  p.  43. 

—  u  Paris.  754  sqq.  —  13  Deubner,  O.  I.  p.  45  ;  Paris.  2369  sqq.  —  <6  Deubner, 
O  l.  p.  44.  —  17  Deubner,  O.  I.  p.  48.  —  18  Wünsch,  Defix.  tab.  att.  XXIII, 
XXVII;  Corp.  inscr.  lat.  X,  8249,  15.  —  19  Paris.  2899.  —  20  Deubner,  O.  I.  p.  47  ; 
Paris.  2899,  2681.  —  21  2674  sqq.  —22  Cat.  cod.  Med.  17.  —  23  Ov.  Fait.  VI, 
141  sqq.  —  21  y.  Marc.  Antonin.  19. —  23  Berlhelot,  O.  I.  t.  I,  p.  23;  t.  II,  p.  117; 
ld.  Oryi.  de  l'Alchim.  p.  75,  p.  181.  —26  Hor.  Ep.  V,  1-10,  83-102;  Pbiloslr.  V. 
Apoll.  VIII,  5  ;  sur  Simon  leMage,  voirnolc  15,  p.  1502  ;  Psellus,  iteçî  Ivsjy.  Satjioy.  éd. 
Boissonnadc,  p.  8,  u.  14;  Mommsen  Der  Religionsfrevel,  in  Bist.  Zeilschr.p.  391. 

—  2*  Chwolsohn,  Die  Ssabier  and  der  Ssabismus ,  t.  II,  p.  142,  Ueber  Alenschenop- 
fer  in  der  spaeteren  Zeit  des  Beidenthums,  part.  147  sqq.  ;  cf.  les  sacrifices  d  en- 
fanls,  Grimrn,  Deutsche  Mythologie ,  I,  p.  40;  Jahn,  Deutsche  Opfergebràuche-, 
Lippcrl,  Kulturgeschiehte,  II,  p.  34.  —  28  Lucan.  VI,  541;  Ueber  den  Zauber  mit 
Menschenblut  und  anderen  Teilen  des  menschl.  Korper ,  in  Vcrhandlungen  der 
Berliner  Gesellschaft  fur  Anthropologie,  XX,  p.  130.  —  29  H.  Hubert  et  M.  Mauss, 
O.  I.  p.  85  sqq.;  11.  L.  Slrack,  Le  sang  et  la  fausse  accusation  du  meurtre  rituel, 


trad.  1900.  —  30  V.  102  :  «  Fer  cineres,  Amarylli,  foras,  rivoque  fluenli 
caput  jace,  nec  respexeris  ».  —  31  ’AtieXOe,  Siazoxa,  yôapou  uponatî;?  , 

eî;  toùç  ESiou;  toîeou;  Vva  (tjvtï]Pïi8îî  lïav.  "Jlew;  tj|*Tv,  xûçie.  3  ^  . 

p.  56.  —  33  Ircn.  I,  13,  2  ;  Messe  noire.  —  Bibliographie.  Tylor,  Pivnitr  1  ^ 

2'  Z-dit.  Londres,  1891,  ch.  iv;  Jevons,  An  introduction  to  the  liistory 
Londres,  1896,  ch.  iv  ;  Frazer,  Golden  Bough,  2»  édit.  Londres,  Macnn^  J, 
t.  I,  ch.  i  ;  t.  III,  ch.  m  ;  Sidnev  Harlland,  The  Legend  of  Perseus,  1 

ch.  x  ;  A.  Hillebrandt,  Ritual  Literatur  ;  Vedische  Opfer  und  Zauber,  i»'  » 
1896  ;  A.  Lehmann,  Aberglaube  und  Zauberei  von  den  aeltesten  '■ tlh- 
in  die  Gegenwart,  Stuttgart,  1898;  T.  Witloi)  Davies,  Magic,  1  ^  g|M) 

dcmonology  among  the  Hebrews  and  their  neighbours,  Londres,  10 .)  ’.  nncient 
Das  altjüdische  Zauberwesen,  Strasbourg  1898  ;  Winternitz,  Witcbcn 
India,  New-World,  Sept.  1898  ;  Skeat,  Malay-Magie,  Londres,  1900  ;  .  ^ 

Der  Oklcultismus  der  Nordamerikanischen  Indianer,  Leipzig,  |s  ^  ^  gpcnccr 
The  popular  religions  and  Folklore  of  Northern  Imlia,  Londics,  I  ^ljcrcrornbj  ■ 
et  Gillen,  The  Native  tribes  of  Central  Australia,  Londres,  18.  yfest  Afd' 
The  Pre-and  Protohistoric  Finns,  Londres,  1808  ;  Mary-H.  huv  Mugit, 

Can  Studies,  2e  édit.  Londres,  1901  ;  Fr.  von  Ifchvald,  Zim  "  ^  1843;.  i 

Ulm,  1901  ;  J.-G.-Th.  Graesse,  Bibliotheca  magica  etpneumatica^ ^  ^ 

K.  Kicsewettcr,  Der  Occultismus  der  Alterthums,  Leipzig, 1 ’ Qu;chot  y  Sierra, 
roman  remains  in  popular  tradition,  Londres,  1892  ;  A  ojani  i  ^  iraJiciost> 
Superticiones  populares  recojidos  en  Andalucia,  in  BiblioUc  1  ^  jn  flcricM 

populares  espanolas,  t.  I,  1881;  Jalin,  Aberglaube  des  //ov"  canltdi°n'^lS 
d.  saechs.  Gesellsch.  d.  Wissenschaften,  1855  ;  O.  Hirsch  i  i ,  «)jCrg,  1863  ; 
et  devinctionibus  amatoriis  apud  Graecos  Rtmanosque, 


MAG 


MAG 


—  \ 


lieux  cérémonies  :  la  messe  magique  esl  en 
h 'messe  religieuse  retournée;  le  mécanisme 
P'1"™'  Vie  même,  mais  il  agit  en  sens  inverse.  Cette 
desr,ll’*("  manque  dans  les  études  gréco-romaines.  Les 
nfé  chlîoniens,  dont  le  rituel  ressemble  par  tant  de 
riUlel  magique,  appartiennent  à  la  religion. 
coll's.‘  J,  faut  observer  que  la  magie  paraît  employer 
I  Ma‘s  ,  plu9  de  rites  sympathiques  ou  autres,  destinés 
"''"""•i'iliser  l’action  des  forces  surnaturelles.  Dans  la 
i  Jj,  effet,  la  direction  de  cette  action,  dès  qu’elle 
*  'V'c  en  branle,  semble  être  préalablement  indiquée 
tcf constitution,  la  vie  et  les  besoins  de  la  société, 
r  ni  autre  point  de  vue,  nous  devons  remarquer  que  la 
1  rie  manque  de  représentations  mythiques  qui  lui 
lient  propres;  son  panthéon  est  un  chaos  ;  elle  en  prend 
]es  éléments  dans  les  religions,  mais  elle  désorganise 
CPS  éléments.  Elle  transforme  les  figures  mythiques  en 
forces,  qu’elle  traite  comme  les  composantes  d’un  pou¬ 
voir  cosmique  indéfini.  Son  évolution  semble  donc  être 
inverse  de  celle  des  religions.  La  magie  et  la  religion 
l’attachent  pas  la  même  importance  aux  mêmes  choses. 
Leur  différence  vient  de  celle  de  leurs  fonctions  dans  la 


vie  sociale.  IL  Hubert. 

MACIS  ou  MAGIDA  (Mayîç). 


C’est  une  variété  des 


plats  creux  comme  lanx  et  discus1  (voir  les  figures  de 
catintm  et  de  cibaria).  Pollux  y  voit  un  genre  de  table 
volante  ou  table  mobile  (alpôgevai  Tp<x7;eî>i) 2,  sans  douLe 
parce  qu’on  apportait  un  repas  tout  servi  sur  ces  grands 
plateaux  qu’on  posait  et  qu’on  enlevait  facilement, 
comme  on  le  fait  encore  aujourd’hui  en  Orient. 

|  Le  mot  est  pris  aussi  comme  synonyme  de  mactra, 
récipient  à  pétrir  la  farine3.  Suidas  seul  lui  donne  le  sens 
de  couteau  de  cuisine4  et  Hésychius  celui  de  gâteaux 
qu'on  apportait  à  l’oracle  de  Trophonios3.  E.  Pottier. 

MAGISTER.  —  Mot  dont  l’étymologie 1  même  indique 
le  sens  général  :  il  désigne  toute  personne  qui  a  pouvoir, 
autorité  sur  d’autres,  qui  magis  ceteris  potest  2  ; 
c’est  un  litre  qui  est  donné  à  des  fonctionnaires  publics 
et  municipaux,  à  des  chefs  de  bureau,  à  des  présidents 
de  collèges,  etc.  On  peut  grouper  les  acceptions  du  mot 
en  plusieurs  catégories  : 

1°  Commandants  militaires.  —  Dans  celle  classe 
rentrent  le  magister  populi ,  nom  donné  au  dictateur 
[dictator]  3  et  le  magister  equitum  qui  fera  l’objet  d’un 
article  spécial,  comme  aussi  les  magistri  peditum  et 
•equitum  ou  ministres  de  la  guerre  créés  par  Constantin  et 
maintenus  par  ses  successeurs. 

fi  faut  citer  à  part  des  officiers  d’ordre  inférieur  dont 
a  menfi°n  se  trouve  dans  des  textes  épigraphiques  de 
asse  époque,  le  magister  ballistarius 4,  qui  semble  avoir 
1111  'ns!ructeur  d’artillerie,  et  un  magister  primas 8, 
genre  de  campidoctor  d’un  rang  plus  élevé  que  les  autres. 
I  -  Fonctionnaires.  —  On  donnait  le  titre  de  magister 


lcbo,  '  "™lionnm  magicarum  specimen,  Programmdes  Gymnasiums  zu  Haders- 
Incantanir  °ssch  >  Ephesia  Grammata,  in  Jahresb.  fr.  Jos.  Gymn.  1880  ;  Ilcim, 
T91-  °''tteCa  lati'la' in  Jahrbilcher  f.  class.  Phil.  SB.  XIX,  1893, 
Csenerai’oi  Z  ’e^ms  ma9^cis  Marcelli  medici  iu  Schedae  philologue  Hermanno 
‘'Wrrcs  Z  rJ"S  sem'"ar‘‘  re!/ii  Bonnensis  oblatae ,  1891,  p.  120  sqq.  ;  Diclcrich, 
Kroll,  /),.  '  n  “w  IMi9i°nagcachichte  des  spaeternAlierthvms,  Leipzig,  1891  : 

M'ots  ou  VI  ch&ldaleia,  in  Brcslauer  Phitol.  Abhandlungen,  1894. 

XXXIII  ru  ,  I  U  est  employé  comme  synonyme  do  lanx  par  Plin. 

ft/ioj.  un.  |(  ' 1  ,,ar  'ai'r-  Ling.  lat.  V,  120  (édit.  Nisard);  cf.  Lamprid. 
expli? "  i  ap.’  IHg'  X11,  C’  :i6-  —  2  Po11-  VI,  83;  cf.  X,  81,  les  'Ex.-roda? 

.  R- <  s  a  «■“•"iax»,  p.  1427,  note  7.  Voir  aussi  Phol.  s.  v.  ;  Etym. 
d, Hesycl,.  .,  v  (,a(ccl1-  Empir.  A  mcd.  t;  Poil.  VI,  04;  cf.  VII,  22;  X,  81; 

•*"7tSi5.  ISuid.  s.  v.  — 5  llesycli.  L.  c.  ;  cf.  Etym.  riagn.  s.  v. 


aux  chefs  de  division  qui  dirigeaient,  à  Rome,  les  diffé¬ 
rentes  branches  de  l’administration  impériale  :  tels  étaient 
le  magister  summurum  rationnai  [ratio.xai.eSj  ",  le 
magister  rei summae privalae'1  nus  privata  ,  le  magister 
a  libellis  8  [libellis(a)],  le  magister  a  censibus  9  [gkn- 
sin  (a)],  le  magister  a  st  ad  iis 10  [stediis(a  r],  le  magister  X  X 
heredilatium  11  [vicesima  jieheditati  m  .  Il  est  à  remar¬ 
quer  d’ailleurs  que  ce  mot  ne  se  rencontre  que  dans  des 
textes  épigraphiques  de  la  fin  du  nc  ou  du  iiic  siècle. 
Antérieurement,  il  semble  qu’on  se  servit  seulement  du 
mot  procurator  pour  distinguer  ces  directeurs  12.  Dans 
la  suite,  au  contraire,  le  mot  procurator  disparut  et  le 
titre  magister  fut  donné  à  tous  les  directeurs  et  chefs  de 
bureau  de  l’administration  romaine  :  magister  census, 
epistularum ,  epistularum  graecarum,  libellorurn,  / ineae 
vestis ,  memoriae ,  officiorum ,  privalae ,  scriniorum 
Nous  renvoyons  l’étude  de  leurs  fonctions  et  de  leurs 
prérogatives  à  celle  de  ces  différentes  administrations. 

3°  Magistrats  municipaux.  —  Certaines  communes 
qui,  àl’époque  impériale,  n’étaient  point  organisées  sous 
la  forme  de  colonies  ou  de  municipes,  qui  étaient  ratta¬ 
chées,  subordonnées  à  des  villes  importantes  ou  qui 
naissaient  à  l’existence  sans  pouvoir  prétendre  encore  à 
une  administration  plus  perfectionnée,  possédaient  des 
chefs  propres  désignés  sous  le  titre  de  magistri,  par 
exemple  le  pagus  Augustus  Félix  Suburbanus  près 
Pompéi‘\  le  pagus  Hcrculaneus  près  Capoue15  [pages], 
le  viens  de  Narona  1G,  celui  de  Nauportus  [vices]17,  les 
agglomérations  de  x-étérans  et  de  marchands  établis  près 
des  camps  d’Apulum18  et  de  Troesmis19  [canaba],  les 
groupes  de  cultivateurs  fixés  sur  un  grand  domaine 
[saltus]20.  C’est  ce  qui  a  déjà  été  ou  sera  expliqué  à 
propos  de  chacun  de  ces  termes  spéciaux. 

4°  Présidents  de  collèges,  de  sociétés  financières.  — 
Les  collèges  religieux  à  Rome  avaient  à  leur  tête  un  per¬ 
sonnage  nommé  magister.  Il  suffit  de  citer,  comme 
exemple,  les  decemviri  sacris  faciexdis,  les  uarespices, 
les  salii,  les  LUPERCi,les  sacerdotes  caeninenses  et  surtout 
les  arvales  dont  l’organisation  est  mieux  connue  que 
celle  de  tous  les  autres.  Partout  le  magister  était  un 
personnage  annuel,  dont  le  nom  servait  à  dater  tous  les 
actes  du  collège,  comme  celui  des  consuls  datait  les  actes 
du  peuple  romain21,  et  qui  représentait  ou  dirigeait 
ses  collègues  dans  toutes  les  manifestations  religieuses 
de  la  corporation 22. 

Chez  les  Arvales,  c’est  lui  qui,  dans  le  pronaos  du 
temple  de  la  Concorde,  la  tète  voilée  et  tournée  vers 
l’est,  annonçait  annuellement  au  peuple  la  date  de  la  fête 
solennelle  de  la  dea  dia  23.  Cette  date  arrivée,  et  pendant 
les  trois  jours  que  duraient  les  cérémonies,  il  jouait  le 
rôle  principal.  Le  premier  jour,  il  recevait  les  Arvales 
dans  sa  maison  au  lever  du  soleil  et  présidait  au  premier 
sacrifice  thure  et  vino ,  comme  au  repas  qui  le  suivait  24 . 

MAGISTER.  *  Il  conlicut  la  racine  maj ,  qui  se  retrouve  dans  magnas,  magis,  etc. 
_  2  Fest.  Epit.  p.  126.  —  3  Gic.  De  rep.  I,  40,  63.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  V,  6632 
(texte  de  lecture  non  certaine).  —  °  Ibid.  8730.  —  6  lbiil.  X  111,  822.  —  7  Ibid. 
_ g  jl)j(h  \’1, 1628.  —  9  Ibid.  —  10  Ibid.  X,  4721  ;  VI,  1628.  —  H  Ibid.  XIII,  1807. 

—  12  La  transition  semble  indiquée  par  l'inscription  du  beau-père  de  Gordien  Timesi- 
lliéc  (Corp.  inscr.  lat.  XIII,  1807),  lequel  esl  appelé  procurator  in  Urbe,  magister 
vices  imac.  —  Cf.  par  exemple  la  Not.  Dign.  (Ed.  Secck,  indices,  p.  304  cl  303). 

—  H  Corp.  inscr.  lat.  X,  81  4,  853,  1042,  etc.  —  1*  Ibid.  3772.  —  ^  Ibid.  111 

1 8^0. _  1"  Ibid.  3776,  3777.  —  Ibiii.  1008  ;  magisirans  primas  in  canabis 

_  19  H)id.  6166.  —  20  Ihid.  VIII,  10570  ;  Toulain,  Inscription  d' Henchir-Mettich 

p  7  et  24.  —  21  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2025,  2065  <i,  etc.  —  22  Cf.  Marquardt,  Le 
culte  chez  les  Romains,  II,  p.  193  et  suiv.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2068  a, 
2074, 1086,  2099.  -  24  Ibid.  2099,  2101,  2114. 


.MAG 


—  1522  — 


MAG 


Le  lendemain,  il  entrai!  seul  dans  le  bois  sacré  pour  le 
purifier  par  un  sacrifice  spécial  ( porciliae  peculiares), 
suivi  d'un  second  (vacca  honoraria),  après  quoi  il  exa¬ 
minait  les  ex  ta  el  dressait  un  procès-verbal1.  C’est  seu¬ 
lement  alors  que  les  autres  Arvales  pénétraient  dans  le 
bois  et  procédaient  sous  sa  conduite  à  d'autres  cérémo¬ 
nies  et,  en  particulier,  à  la  fameuse  danse  sacrée.  Le 
troisième  jour,  le  magister  ouvrait  encore  sa  maison  à 
ses  collègues  et  présidait  à  leur  festin  comme  l'avant- 
\eille-.  En  dehors  de  cette  fête  solennelle,  chaque  fois 
qu  il  y  avait  lieu  à  la  réunion  du  collège,  à  la  suite 
d  accidents  arrivés  dans  le  bois  sacré,  ou  pour  la  coopta¬ 
tion  de  nouveaux  collègues,  pour  émettre  des  vœux  en 
faveur  de  l’empereur,  pour  lui  conférer  un  titre,  pour 
consacrer  un  membre  de  la  famille  impériale,  le  magis- 
fer  convoquait  les  autres  frères,  dirigeait  les  délibéra¬ 
tions  du  corps  et  assurait  leur  exécution  3.  11  en  était  de 
même  pour  tous  les  autres  collèges  religieux  à  Rome  ou 
dans  les  provinces. 

On  donnait  aussi  le  titre  de  magistcr  à  celui  qui  avait 
la  direction  des  exercices  religieux  et  le  so*n  des  cha¬ 
pelles  dans  les  différents  quartiers  ( uici )  de  Rome  et  dans 
les  bourgades  rustiques  suburbaines  ( pagi )  i.  Dans  le 
Latium,  d'ordinaire,  chaque  pagus  ne  possédait  qu’un 
seul  magister 3  présidant  au  culte,  assisté  parfois  de  sa 
femme,  appelée  pareillement  magistra  6  ;  mais  on  ren¬ 
contre  aussi  plusieurs  magistri  pour  le  même  pagus. 
De  leur  côté  les  vici  choisissaient  quatre  magistri  par 
virus  pagus,  vicus]  '.  De  môme,  dans  les  municipalités 
italiennes8,  d’après  la  /ex  coloniae  Genetivae ,  les  ma¬ 
gistrats  suprêmes  devaient  désigner  tous  les  ans  plu¬ 
sieurs  magistri  pour  chaque  fanum  ou  sacellum  de  la 
localité,  gui  suo  quoque  anno  ludos  circenses,  sacri¬ 
ficiel,  pulvinariague  facienda  curent  9.  C’étaient  des 
affranchis  ou  des  gens  de  condition  ingénue,  auxquels 
étaient  adjoints  pour  les  besognes  matérielles  des 
esclaves,  ministri  ,0. 

Dans  les  associations  professionnelles  ou  funéraires, 
aussi  bien  à  Rome  qu’en  province  [collegium,  sodau- 
ciuMj,  le  titre  de  magister  désignait  le  chef  reconnu  delà 
corporation.  Les  exemples  abondent  dans  les  inscrip¬ 
tions  pour  les  collèges  de  toute  sorte,  aeditui ,  cento- 
narii ,  dendrophori ,  fabri,  fullon.es,  etc.  11  Élus  par 
l'assemblée,  parmi  ceux  des  membres  de  la  société  qui 
avaient  déjà  géré  des  fonctions  d’ordre  inférieur  12,  les 
magistri  étaient  désignés  quelques  mois  d’avance  ( ma¬ 
gister  designatus)  13  pour  entrer  en  fonction  au  l111' jan¬ 
vier.  Dans  certaines  compagnies  ils  restaient  un  an  en 
charge  u,  dans  d'autres  ils  demeuraient  cinq  années  en 
fonction  ( quinquennales ) 13  ;  à  leur  sortie,  ils  pouvaient 
être  nommés  honoraires  ( magistri perpetui ) ,6.  Eux  aussi 
avaient  à  s’occuper  de  tout  ce  qui  intéressait  la  corpo¬ 
ration  :  sacrifices  aux  fêtes  religieuses  17,  organisation 
des  banquets  l\  surveillance  de  la  stricte  observation 
des  statuts  *\  convocation  20  des  assemblées,  dont  ils 

1  Corp.  iriser,  lut.  VI,  2099,  2104.  —2  Ibid.  2099,  2104.  —  3  Ibid.  2023,  2024,  2027, 
2029,  2034,  2040,  2041,  2042,  2107.  —  4  Li, .  XXXIV,  7,  2  ;  Suct.  Ocl.  30  ;  llio,  LV,  8  ; 
C.  i.  I.  \  1,  443,  9i5,  1234,  22G9,  etc.  ;  Asconius  (éd.  Kicssling,  p.  0).  —  5  C.  i.  I. 
1,  *01,  0*4,  809;  Xl\,  2105;  Bull,  comun.  1887,  p.  15(1  (commenté  par  Mommsen, 
Broil  public  romain,  VI,  1,  p.  128,  note  4).  —  0  Wilmanns,  1713.  —  7  C.  i.  I. 
VI,  975  ;  cf.  445  et  suiv.  —  8  Ibid.  X,  4020,  3924;  cf.  p.  307  les  remarques  de 
M.  Mommsen.  -  9  Ux  col.  Genet.  ch.  CXXV1I1.  —  10  C.  i.  I.  X,  p.  307. 

O  Cf.  la  liste  des  magistri  de  collèges  dressée  par  M.  Waltzing,  Étude  hist. 
sur  les  corporations  professionnelles  chez  les  Bomains,  IV,  p.  341  à  349.  —  12  C.  i. 
I.  VI,  1000,  10300;  XIV,  330,  374.  —  13  Ibid.  VI,  10319,  10333.  —  11  Ibid.  X,  744, 


dirigeaient  les  discussions 21  et  dont  il  f-,;  . 
les  décisions  22.  Us  avaient  même  parfois' T!?  eXécutep 
voirs  judiciaires  et  le  droit  d’infliger  dPC  ’  , lns  Pru¬ 

des  associés  qui  avaient  violé  le  règleineiir"'1?4  CCUx 
collèges  funéraires  à  eux  revenait,  naturellement  ^ 
tout  autre,  le  soin  de  veiller  aux  funérailles  d  J  ' '  ,  Dl 
ils  dirigeaient  eux-mêmes  les  obsèques,  du 
certains  cas21,  et  assignaient,  dans  le  monument"  rf? 
cimetière  commun,  les  places  réservées  aux  r Z  * 
chaque  défunt  «  Ici  les  magü, H  étaient  donc  ^1* 
d  1111  caractère  civil  autant  que  d’un  caractère  religion 
Les  présidents  des  sociétés  financières,  qui  on  | 
existèrent  surtout  à  l’époque  républicaine  ’  ne  ’ 
daient,  au  contraire,  que  des  fonctions  administra^ 
C’etaient  les  directeurs  généraux  de  l’affaire  à  Koine  tld 
surveillaient  les  employés,  tenaient  la  main  à  ce  que*  le! 
conditions  imposées  par  le  cahier  des  charges  et  consen 
lies  par  le  manceps  fussent  fidèlement  exécutées,  fai¬ 
saient  la  correspondance,  gardaient  le  double  des  lettres 
reçues  et  envoyées,  tenaient  les  livres  et  les  comptes  de 
la  compagnie  27.  A  la  tin  de  leur  gestion,  qui  durait! 
généralement  un  an,  ils  transmettaient  les  pièces  de 
comptabilité  à  leur  successeur  28  [societas,  publicanus, 
vectigaliaJ.  Le  nom  du  magister  servait,  là  aussi,  à  dater 
les  actes  de  la  société  r\ 

4°  Emplois  divers  du  mot.  —  Étant  donnée  la  signifi¬ 
cation  du  mot  magister ,  on  comprend  qu’il  s’appliquât, 
dans  les  institutions  privées  ou  la  vie  journalière,  à  tous 
ceux  qui  avaient  la  direction  d’une  entreprise  ou  d’un 
groupe.  Par  exemple,  le  capitaine  d’un  navire  était  dit 
magister  navis,  le  maître  d’école  se  nommait  magister 
ludi  litterarii ,  le  président  d’un  banquet,  magister  convi- 
vii  ou  bibendi,  etc.  On  trouvera  les  développements  néces¬ 
saires  aux  différents  articles,  navis,  ludus,  etc.  R.Cacm. 

MAGISTER  EQU1TUM.  —  Au-dessous  du  dictateur  il 
existait,  à  l’époque  républicaine,  un  magistrat  d’ordre, 
inférieur  auquel  on  donnait  le  nom  de  maître  de  la  cava¬ 
lerie.  L’origine  de  cette  fonction  a  prêté,  même  chez  les 
anciens,  à  des  discussions  ;  on  admettait  généralement, 
pourtant,  que  le  magister  militum  était  le  descendant 
du  tribunus  celerum 1  et  cette  manière  de  voir  est  admise 
de  nos  jours  par  la  plupart  des  savants,  en  particulier 
par  M.  Mommsen,  qui  explique  ainsi  la  genèse  de  I  ins¬ 
titution  2  :  «  L’existence  d’un  pareil  officier  surprend,  dit- 
il,  parce  que  ni  l’ancienne  organisation  royale,  ni  1  orga¬ 
nisation  consulaire  primitive  de  l’armée  ne  paraissent 
présenter  de  commandant  en  chef  de  la  totalité  de  la 
cavalerie.  Cependant  on  peut  apercevoir  avec  une  cer¬ 
taine  vraisemblance  pourquoi  précisément  cest  s<  nie 
ment  dans  l’armée  dictatoriale  qu’un  poste  de-cc  génie  I 
pu  se  développer  à  titre  indépendant.  Dans  la  P  u  | 
ancienne  organisation  militaire  il  y  a  plusieurs  onnSj 
doute  trois)  commandants  de  divisions  de  cav' 
tribuni  celerum  ;  mais  comme  ils  alternaient  pi"  1,1 1 
ment  dans  le  commandement,  on  peut  conM'l1  11 

0038.  —  15  Ibid.  VI,  321,  990,  10299;  cf.  Waltzing,  Op.  cit.  1,  P^’)1’’  ^  m; 
i.  I.  XIV,  2299.  —  17  Ibid.  V,  4489  ,  5272  ;  XI,  120  ;  XIV,  2212.  — ^  _ 2j  76.  *1 J 
XIV,  2212.  —  19  Ib.  VI,  10298.  —  20  Ib.  XI,  2702,  5748  ;  XIV,  ^  ^  ^  y[) 
970,  1354,  2702,  5748,  5750,  0335.  —  22  Ib.  XIV,  128,  100,  108-  10ag7.j 

124;  XII,  1911  ;  XIV,  2112.  -  *“  ''  ’,  suiv. 

-  -  •  Op.  cit.  I.  I'-  388 


16  t'.J 


24  Ib.  III,  p.  9 
magister  de* 

—  27  Cic.  Pro  Plane.  13,  32;  ad  Fam.  XIII 
Ver  rem,  III,  71,  167.  —  28  cic.  Verr.  II,  74, 182. 

MAGISTER  EQUITUM.  l  Dig.  1,2,  2,  15,  19;  Lydus 

—  2  Droit  publie  romain ,  III,  p.  202  et  suiv. 


0289,  10298.  r 

—  2G  Cf.  sur  le  magister  des  conges  ;  Waltzing,  Up»  cu •  *’  1  -  \cc.i^ 

i  9  2  ;  nrf  AU.  V,  1  ■’*  ■'  '  ' 

2.  —  29  C.  i.  t.  II,  SM*-  , 

De  mag-  '■ 


MA  G 


—  1523 


MA  G 


tribun" 
momc 


celerum  qui  occupe  le  commandement  à  un 
nl  jonné  comme  étant  à  la  tête  de  toute  la  cava- 
\  ]a  chute  de  la  royauté  les  posLes  de  ces  colonels 
ÎT!  "i  ivalerie  furent  pratiquement  écartés  et  classés, 
1  v >0  ln  royauté  elle-même,  parmi  les  sacerdoces.  La 

coat  iii  •  A.,  i  i  .  j 

Hépublique  ne  connaît  dans  la  cavalerie  aucun  grade 


supérieur 


d’officier  permanent  au-dessus  du  chef  de 
m(1  ]es  tribuns  militaires  pourvoyant  aux  actes  pour 
lesquels  ces  derniers  n’étaient  pas  appropriés.  Mais,  pour 
]c  commandement  unitaire  de  la  cavalerie,  on  ne  pouvait 
recourir  ni  aux  décurions  ni  aux  tribuns  de  l’infanterie. 
Dans  l’armée  consulaire  il  y  avait  un  expédient  tout 
indiqué  :  c’était  que,  les  deux  consuls  commandant  régu¬ 
lièrement  l’armée  en  commun,  l'un  prit  la  direction  de 
l’infanterie  et  en  même  temps  le  commandement  en  chef 
qui  se  lie  nécessairement  avec  elle,  et  l’autre  le  comman¬ 
dement  de  la  cavalerie,  soit  d’une  manière  permanente, 
soit  alternativement.  Le  dictateur  n’ayant  pas  à  côté  de 
lui  de  collègue  égal  en  droit  et  les  consuls  n’étant  pas 
non  plus  ordinairement  employés  sous  .ses  ordres, 
l’expédient  n’était  pas  praticable  là,  et  c’est  ainsi  que  se 
sont  trouvées  réunies  les  conditions  nécessaires  pour  la 
transformation  du  tribunus  celerum  du  roi  en  mugis- 
ter  equitum  du  dictateur.  » 

Quoi  qu’il  en  soif  de  cette  origine,  le  magister  equitum 
est,  de  droit,  le  compagnon  subordonné  du  dictateur, 
même  quand  celui-ci  n’est  pas  appelé  en  vue  de  faire  la 
guerre,  rei  gerendae  causa  [dictator].  Trois  fois  seule¬ 
ment  il  y  eut  dictature  sans  nomination  de  maître  de  la 
cavalerie:  en  505,  où  M.  Claudius  Glicia  fut  forcé  de  se 
retirer  avant  d’avoir  pu  choisir  son  magister  equitum  1  ; 
en  538  où  M.  Fabius  Buteo  n’eut  pas  non  plus  de  lieu¬ 


tenant  parce  qu’il  avait  été  créé  Senatus  legendi  causa  2, 
tandis  qu  un  autre  dictateur  qui  tenait  en  même  temps 
la  campagne  était  accompagné  d’un  maître  de  la  cava¬ 
lerie;  enfin  en  705,  où  César  omit  de  se  créer  un  second, 
—  mais  nous  sommes  alors  à  une  époque  où  l’institution 
est  en  pleine  transformation. 

Il  n  y  avait  aucune  condition  spéciale  d’éligibilité  ; 
pi'int  n  était  besoin  d’appartenir  à  l’ordre  des  patriciens, 
puisque,  avant  la  loi  Licinienne,  C.  Licinius  Stolo  fut 
nomme  magister  militum ,  «  le  premier  de  la  plèbe  », 
disent  les  fastes  Capitolins3  ;  ni  d’avoir  géré  préalable- 
|riUil  d  autres  magistratures,  bien  que  Tite-Live  avance 
1  "n traire 4,  puisque  l’on  trouve  comme  dictateurs 
SOlt  lles  consulaires8,  soit  des  non-consulaires®,  soit  des 
I  mnages  qui  n  avaient  encore  occupé  ni  la  préture 7,  ni 
^  1111  aucune  Magistrature8.  Il  semble  pourtant  que, .en 
^  d  ParLir  de  433,  date  où  la  dictature  fut,  en  règle, 
i  "di  i  a  des  consulaires,  et  jusqu’à  l’époque  de  César, 
(|l  >0Ulsfe)  militum  était  pris  parmi  ceux  qui  avaient 
1)11  h’  consulat9.  Cette  charge  pouvait,  d’ailleurs, 


être  cumulée  avec  des  magistratures  ordinaires,  tribuna 
consulaire"1,  censure'1,  édilité  curule'2;  mais  le  cumul 
avec  le  consulat  était  illégal IJ. 

Le  magister  equitum  était  choisi  par  le  dictateur  lui- 
même  1  ",  aussitôt  son  élection  faite  et  sans  attendre  qu’il 
eût  présenté  la  lex  curia  ta  de  imperia 

Cette  désignation  se  faisait  au  lever  du  jour,  après  avoir 
pris  des  auspices  spéciaux  *®.  Dans  le  cas  seulement  où  le 
dictateur  était  désigné  par  les  Comices,  le  maître  de  la 
cavalerie  était  nommé  également  par  le  peuple  n. 

S  il  venait  à  disparaître  avant  l’expiration  de  son  man¬ 
dat,  qui  avait  même  durée  que  celui  du  dictateur,  il  était 
aussi  remplacé18.  Si  celui-ci  avait  des  raisons  pour  se 
retirer,  il  invitait  son  magister  militum  à  abdiquer  sa 
magistrature'9,  mais  il  n’avait  pas  le  droit  de  le  déposer, 
même  lorsqu’il  croyait  avoir  à  se  plaindre  de  lui.  Quand 
le  dictateur  Papirius  Cursor  voulut  punir  son  maître  de 
la  cavalerie  Q.  Fabius  d’avoir  engagé  la  bataille  en  son 
absence  et  gagné  la  victoire  sans  ordre,  il  se  contenta  de 
lui  défendre  de  quidquam  pro  mugistratu  agere  et  de 
confier  sa  charge  à  un  autre20. 

En  théorie,  le  magister  equitum  était  hiérarchique¬ 
ment  assimilé  aux  préteurs2*;  en  pratique,  par  cela 
même  qu’il  était  pris  souvent  parmi  les  consulaires,  il 
leur  était  supérieur.  11  avait  droit  à  la  chaise  curule22,  à 
la  toge  prétexte23,  à  six  licteurs24,  et  à  l’épée,  insigne 
des  officiers25. 

En  toutes  circonstances,  le  maître  de  la  cavalerie  pos¬ 
sédait  les  mêmes  compétences  que  le  dictateur,  mais 
comme  auxiliaire,  au  second  rang.  A  l’armée,  il  était  son 
chef  d’état-major;  il  le  représentait  au  camp  si  le  dicta¬ 
teur  restait  à  Rome 2®,  ou  à  Rome  s’il  tenait  la  cam¬ 
pagne27.  Il  pouvait  aussi  en  recevoir  des  missions 
spéciales,  comme  de  lever  de  nouvelles  légions 28. 

Lorsque  le  dictateur  n’était  point  nommé  rei  gerendae 
causa,  mais  pour  une  autre  fonction,  le  maître  de  la  cava¬ 
lerie  était  néanmoins  son  collaborateur.  Ainsi  Tite-Live 
nous  les  montre  tous  deux  dirigeant  ensemble  des  pro¬ 
cès  criminels  à  Rome29,  ou  appelés  à  célébrer  la  cérémonie 
religieuse  qui  consistait  à  planter  un  clou  dans  la  cel/a 
du  temple  Capitolin  [clavus]  30. 

Certains  textes  reconnaissent  au  maître  de  la  cavalerie 
le  droit  d’assembler  le  peuple31  et  celui  de  convoquer  le 
Sénat32  ;  mais,  dit  M.  Mommsen,  «  il  n’y  en  a  pas 
d’exemple  pour  le  premier  et  il  n'y  en  a  que  d'insuffisants 
pour  le  second,  en  sorte  que  la  question  apparaît  presque 
comme  controversée  ». 

Nous  donnons,  en  terminant,  la  liste  de  tous  les 
maîtres  de  la  cavalerie  connus;  ce  tableau  permettra,  en 
outre,  d’embrasser  d’un  coup  d'œil  l’histoire  et  le  déve¬ 
loppement  de  ces  deux  institutions  parallèles,  la  dicta¬ 
ture  et  la  maîtrise  de  la  cavalerie33. 


VI, 39 .  v  «  .  a”'  2  p‘v-  XXIII,  22.  —  3  Fast.  cons.  an.  38G 

Ha  lac  j ’ubebat  V  r””  ^  ^  —  4  l»v-  If  18  :  Consulares  le 

de  319  3^û  e  (  e  crcand°  lata.  —  G  Exemples  :  les  maîtres  de  la  cav 
296,  3ig  ;■->(,  /y~~'  ~  ®  Exemples  :  les  maîtres  delà  cavale 

cio.  III.  fj .  j|io  -  j  J65^37*’  43i>  *39.  «2,  497.-7  Dion.  XLII,  2i.  —  *  App. 
IV, 2|,4(j  57.  y’i  3  Mommsen,  Droitpublie  romain,  III,  p.  199.  —  1 

-  13  ci.  M  ’  ’  '  P-  E'cinius  Crassus,  en  544.  — 12  Liv.  XXIII,  24  ;  XXV 

-  H  La.  ni  J  011'  l-  H,  p.  ICO,  note  I,  qui  discute  les  exemples  cc 

•  27  IV,  21;  VI,  38  ;  vil,  12  ;  VH,  28  :  X,  3  ;  X,  9  elc.  -  <3  Li 


38.  —  1«  Liv.  III,  27.  —  17  Liv.  XXII,  8;  XXVII,  5.  —  18  Liv.  IX,  22  ;  Fast.  cons. 
an.  439.  —  19  Liv.  IV,  34;  VIII,  15  ;  IX,  28.  —  »  Liv.  VIII,  38.  —  21  Cic.  De  leg.  111,3. 
9.  —  22  Rio  XI.I1I,  48.  —  23  Dio  XLII,  27.  —  2V  Dio,  Ibid.  ;  Lyd.  De  mag.  I,  37  ;  11, 
19.  —  25  Dio  XLII,  27;  XLV,  29  ;  XLVI,  18.  -  26  Polyb.  III,  87  ;  Plut.  Ant.  8t. 
—  27  Liv.  IV,  27.  -  2»  Liv.  XXII,  lt.  —  29  Liv.  IV,  14;  IX,  2G.  —  30  Liv.  VII,  3; 
VIII,  18,  —  31  Cic.  De  leg.  III,  4,  10.  —  32  Jbtd.  3,  G.  —  33  Ce  tableau  a  été  dressé 
d'après  l’excellente  table  que  M.  Mommsen  a  insérée  à  la  Pin  du  premier  volume 
dit  Corj).  viser,  lat.  p.  345  cl  suiv.  :  Magistratus  eponymi,  item  diclatores 
magistri  equitum,  etc.  On  devra  s'v  reporter  pour  les  références. 


MAG 


1524  — 


MAG 


ANNÉES 

DE  ROME. 


253 

55  ou  258 
2C0 
200 
315 
317 
310 
320 
323 
328 
330 
3  4G 
358 

304 

305 
3G0 
374 
380 


387 

301 

302 
393 
304 
390 
398 

401 

402 

403 

404 

405 
400 
408 
400 
410 
412 

414 

415 
417 


410 

420 


MAGISTM  EQUITUM. 

DIGTATOR. 

Sp.  Cassius  Sp.  f.  Sp.  n.  Yiscelliuus. 

T.  Larcius  Flavus  (ou  Rufus). 

R°i  gerendae 

T.  Aebutius  Ilelva. 

A.  Postumius  P.  f.  n.  Albus  Regilleusis. 

I<! 

Q.  Servilius. 

M’.  Valerius  Volusi  f.  Maximus. 

Id 

L.  Tarquitius  L.  f.  Flaccus. 

L.  Quinctius  L.  f.  L.  n.  Cincinnatus. 

ld 

C.  Servilius  Ahala. 

L.  Quinctius  Cincinnatus  11. 

Id 

L.  Quinctius  L.  f.  L.  n.  Cincinnatus. 

Main.  Aemilius  Mam.  f.  Main.  n.  Mamercinus. 

ld 

A.  Aebutius  Ilelva  Cornicen. 

Q.  Servilius  P.  f.  Sp.  n.  Priscus  Fidenas. 

ld 

P.  Postumius  Tubertus. 

Mam.  Aemilius  Mamercinus  11. 

ld 

D.  Julius  Iulus. 

A.  Postumius  Tubertus. 

ld. 

A.  Cornélius  Cossus. 

Mam.  Aemilius  Mamercinus  III. 

ld. 

C.  Servilius  Q.  f.  C.  n.  Axilla. 

Q.  Servilius  Priscus  Fidenas  11. 

ld. 

C.  Servilius  P.  f.  Q.  n.  Aliala. 

P.  Cornélius  M.  f.  L.  n.  Rutilus  Cossus. 

ld. 

P.  Cornélius  M.  n.  Maluginensis. 

M.  Furius  L.  f.  Sp.  n.  Camillus. 

Id. 

D.  Valerius  Politus. 

M.  Furius  Camillus  II. 

Id. 

C.  Servilius  Aliala. 

M.  Furius  Camillus  III. 

Id. 

T.  Quinctius  Cincinnatus  '?  Capitolinus. 

A.  Cornélius  Cossus. 

ld. 

A.  Sempronius  Atratinus. 

T.  Quinctius  Cincinnatus  Capitolinus. 

ld. 

L.  Aeinilius  Mamercinus. 

M.  Furius  Camillus  II II. 

Id. 

Post  edic/um  in  milites  ex  s.  c.  abdicarunl  ;  in  eorum  locum  facti  sunt  : 


P.  Licinius  P.  f.  P.  n.  (Stolo  Calvus)  primusec 

P.  Manlius  A.  f.  A.  n.  Capitolinus. 

Seditionis  sedandac  et 

plebe. 

T.  Quinctius  Cincinnatus  Capitolinus. 

M.  Furius  Camillus  V. 

rei  gerendae  causa. 

Rei  gerendae  causa. 

L.  Pinarius  Natta. 

L.  Manlius  A.  f.  A.  u.  Capitolinus  Imperiossus. 

Clavi  figendi  causa. 

P.  Cornélius  Scapula. 

Ap.  Claudius  P.  f.  Ap.  n.  Crassus  lnregillensis. 

Rei  gerendae  causa. 

Ser.  Cornélius  P.  f.  M.  n.  Maluginensis. 

T.  Quinctius  Pennus  Capitolinus  Crispinus. 

Id. 

T.  Quinctius  Pennus  Capitolinus  Crispinus. 

Q.  Servilius  Q.  f.  Q.  n.  Ahala. 

Id. 

M.  Valerius  Poplicola. 

C.  Sulpicius  M.  f.  Q.  n.  Peticus. 

ld. 

C.  Plautius  P.  f.  P.  n.  Proculus. 

C.  Marcius  L.  f.  C.  n.  Rutilus. 

ld. 

A.  Cornélius  P.  f.  A.  n.  Cossus  Arvina. 

T.  Manlius  L.  f.  A.  n.  Imperiossus  Torquatus. 

Id. 

L.  Aemilius  Mamercinus. 

C.  Julius  Iulus. 

Id. 

Q.  Servilius  Q.  f.  Q.  n.  Ahala. 

M.  Fabius  N.  f.  M.  n.  Ambustus. 

ld.? 

P.  Cornélius  Scipio. 

L.  Furius  M.  f.  L.  n.  Camillus. 

Comitiorium  habendo  - 

A.  Cornélius  P.  f.  A.  n.  Cossus  Arvina  11. 

7 

Q.  Fabius  Ambustus. 

T.  Manlius  Imperiossus  Torquatus  11. 

9 

rum  causa. 

ld. 

Id. 

P.  Valerius  Publicola. 

Feriarum  constit.  causa. 

Cn.  Manlius  L.  f.  A.  n.  Capitolinus  Imperiossus. 

L.  FuriUs  Sp.  f.  M.  n.  Camillus. 

Rei  gerendae  causa. 

M.  Fabius  Ambustus. 

M.  Valerius  Poplicola. 

Feriarum  constit.  causa. 

L.  Aemilius  L.  f.  L.  n.  Mamercinus  Privernas. 

M.  Valerius  Corvus. 

Rei  gerendae  causa. 

L.  Papirius  Gursor. 

L.  Papirius  Crassus. 

ld. 

D.  Junius  Brutus  Scaeva. 

Q.  Poblilius  Q.  f.  Q.  n.  Philo. 

Id. 

C.  Claudius  Hortator. 

C.  Claudius  Crassus  lnregillensis. 

ld. 

Vitio  creali,  magistral u  se  abdicaverunl . 

O.  Poblilius  Q.  f.  Q.  n.  Philo.  1  L.  Aemilius  L.  f.  L.  n.  Mamercinus  Privernas. 

i  Comit.  habend.  causa. 

M.  Antonius. 

P.  Cornélius  Rufinus. 

|  Rei  gerendae  causa. 

Vitio  créai i,  magislratu  se  abdicaveru.nl. 


422 

P.  Valerius  Poplicola 

M.  Papirius  Crassus. 

423 

L.  Valerius. 

Cn.  Quinclilius  Varus. 

427 

Sp.  Postumius. 

M.  Claudius  Marcellus. 

Vitio  creali. 

420 

M.  Fabius  M.  f.  N.  n.  Maximus  Itullianus. 

L.  Papirius  Sp.  f.  L.  n.  Cursor. 

L.  Papirius  Crassus. 

Id. 

432 

M.  Fabius  Ambustus. 

A.  Cornélius  P.  f.  A.  n.  Cossus  Arvina. 

433 

P.  Allius  Paetus. 

Q.  Fabius  Ambustus. 

Vitio  creali,  suffecli  sunt  : 

L.  Valerius  Flaccus. 

M.  Aemilius  Q.  f.  L.  n.  Barbula  (Papus). 

434 

M.  Foslius  C.  f.  M.  n.  Flaccinator. 

M.  Mainius  P.  f.  P.  n. 

Clavi  figendi  causn. 
Cornit.  habend.  causa. 


Rei  gerendae  causa. 

Latin,  fer.  causa  ou  rei 
gerendae  causa. 
Coinit.  habend.  causa 


Quaest.  exerc.  causa. 


MAG 


—  1525  — 


MAG 


ANNÉES 

pE  HOME. 

MÀGISTRI  EQUITÜM. 

DICTATOR. 

■ - "" 

L.  Papirius  Sp.f.  L.  n.  Cursor. 

L.  Cornélius  Lentulus. 

Rei  gerendae  causa. 

L.  Papirius  L.  f.  L.  n.  Crassus  11. 

T.  Manlius  L.  f.  A.  n.  Imperiossus  Torqua- 

Comit.  habend.  causa. 

tus  III. 

438 

L.  Fulvius  L.  f.  L.  n.  Curvus. 

L.  Aemilius  L.  f.  L.  n.  Mamerc.  Privernas  II. 

Rei  gerendae  causa. 

439 

Q.  Aulius  Q.  f.  Ai.  n.  Cerretanus.  (In  praelio 

Q.  l'abius  M.  f.  N.  n.  Maximus  Rullianus. 

Id. 

occisus  est;  in  ejus  locum  factus  est  ;) 

C.  Fabius  M.  f.  N.  n.  Ambustus. 

440 

M.  Foslius  C.  f.  M.  n.  Flaccinator  II. 

G.  Mainius  P.  f.  P.  n.  II. 

Rei  gerendae  causa. 

441 

M.  Poetelius  M.  f.  M.  n.  (Samnis)  Libo. 

G.  Poetelius  C.  f.  C.  n.  Libo  Visolus. 

Id. 

442 

C.  Junius  L.  f.  G.  n.  Bubulcus  Brutus. 

C.  Sulpicius  Ser.  f.  Q.  n.  Longus. 

Id. 

445 

C.  Junius  C.  f.  C.  n.  Bubulcus  Brutus  11. 

L.  Papirius  Sp.f.  L.  n.  Cursor  11. 

Id. 

Hoc  anno  dictator  el  magister  eguitum  sine  consulibus  fuerunl. 

448 

P.  Decius  P.  f.  Q.  n .  mus. 

P.  Cornélius  Scipio  Barbatus. 

Comit.  habend.  causa. 

452 

M.  Titinius  C.  f.  G.  n. 

G.  Junius  C.  f.  G.  n.  Bubulcus  Brutus. 

Rei  gerendae  causa. 

453 

Q.  Fabius  M.  f.  N.  n.  Maximus  Rullianus  II. 

M.  Valerius  M.  f.  M.  n.  Maximus  Corvus  II. 

9 

(Abdicavit  ;  in  ejus  locum  factus  est  :  ) 

M.  Aemilius  L.  f.  L.  n.  Paulius. 

Hoc  anno  dictator  et  magister  eguitum  sine  consulibus  fuerunt. 

faire  462  el  469 

? 

Q.  Ilortensius. 

Sedit.  sedandae  causa. 

Id. 

? 

Ap.  Claudius  C.  f.  Ap.  n.  Caecus. 

9 

474 

9 

Cn.  Domitius  Cn.  f.  Cn.  n.  Calvinus  Maximus. 

Comit.  habend.  causa. 

faire  465  el  489 

9 

P.  Cornélius  P.  f...  n.  Ruflnus. 

491 

Q.  Marcius  Q.  f.  Q.  n.  Philippus. 

Cn.  Fulvius  Cn.  f.  Cn.  n.  Maximus  Centumalus. 

Clavi  figendi  causa. 

497 

M.  Laetorius  M.  f.  M.  n.  Plancianus. 

Q.  Ogulnius  L.  f.  A.  n.  Gallus. 

Latinar.  feriar.  causa. 

505 

M.  Claudius  C.  f.  Glicia. 

Coactus  abdicavit  sine  magistro  eguitum;  in  ejus  locum  factus  est  : 

L.  Caecilius  L.  f.  C.  n.  Metellus. 

A.  Alinius  A.  f.  C.  n.  Gaiatianus. 

Rei  gerendae  causa. 

508 

M.  Fulvius  Q.  f.  M.  n.  Flaccus. 

Ti.  Coruncanius  T.  f.  T.  n. 

Comit.  habend.  causa. 

523 

C.  Aurelius  L.  f.  C.  n.  Gotta. 

C.  Duilius  M.  f.  M.  n. 

Id. 

530 

N.  Fabius  M.  f.  M.  n.  Buteo. 

L.  Caecilius  L.  f.  C.  n.  Metellus. 

Id. 

533/535 

G.  Flaminius  C.  f.  L.  n. 

Q.  Fabius  Q.  f.  Q.  n.  Maximus  Verrucosus. 

Comit.  habend.  causa. 

Vitio  facli  abclicaverunt. 


537 

538 

541 

544 

546 

547 
549 

551 

552 
672 
705 

707 

709 

710 


M.  Minucius  C.  f.  C.  n.  Rufus. 

Q.  Fabius  Q.  f.  Q.  n.  Maximus  Verrucosus  II. 

Interregni  causa. 

M.  Pomponius  M'f.  M'n.  Matho. 

L.  Veturius  L.  f.  Post.  n.  Philo. 

Comit.  habend.  causa. 

Ti.  Sempronius  Ti.  f.  Ti.  n.  Gracchus. 

M.  Junius  D.  f.  D.  n.  Pera. 

Rei  gerendae  causa. 

Sine  magistro  eguitum. 

M.  Fabius  M.  f.  M.  n.  Buteo. 

Sénat,  legend.  causa. 

M.  Fulvius  M.  f.  Q.  n.  Flaccus. 

C.  Claudius  Centho. 

Comit.  habend.  causa. 

P.  Licinius  P.  i.  P.  n.  Crassus  Dives. 

M.  Fulvius  M.  f.  Q.  n.  FTaccus. 

Id. 

C.  Servilius  C.  f.  P.  n. 

T.  Manlius  Torquatus. 

Comit.  ludor.  que  fac. 

Q.  Caecilius  L.  f.  L.  n.  Metellus. 

M.  Livius  M.  f.  M.  n. 

causa. 

Comit.  habend.  causa. 

L.  Veturius  L.  f.  L.  n.  Philo. 

Q.  Caecilius  L.  f.  L.  n. 

Id. 

M.  Servilius  C.  f.  P.  n.  Pulex  Geminus. 

P.  Sulpicius  Ser.  f.  P.  n.  Galba  Maximus. 

Id. 

P.  Aldus  Q.  f.  P.  n.  Paetus. 

C.  Servilius  C.  f.  P.  n. 

Id. 

L.  Valerius  L.  f.  L.  n.  Flaccus. 

L.  Cornélius  L.  f.  P.  n.  Sulla. 

P.eipub.  constit.  causa. 

Sine  magistro  eguitum. 

G.  Julius  C.  f.  C.  n.  Caesar. 

Comit.  habend.  et  fer.  lat. 

M.  Antonius  M.  f.  M.  u.  " 

C.  Julius  C.  f.  C.  n.  Caesar  II. 

causa. 

Reipub.  constit.  causa. 

M.  Aemilius  M.  f.  Q.  n.  Lepidus. 

C.  Julius  C.  f.  C.  n.  Caesar  III. 

Id. 

M.  Aemilius  M.  f.  Q.  n.  Lepidus. 

C.  Julius  C.  f.  C.  n.  Caesar  II1I. 

Id. 

Abdicaverunt  ; 

M.  Aemilius  M.  f.  Q.  n.  Lepidus  II. 

C.  Octavius  C.  f.  C.  n.  ( designalus  erat  ut  gu  uni 
M.  Lepidus  paludatus  exiisset.  iniret  ;  non 
iniit). 

Ln.  Domitius  M.  f,  M.  n.  Calvinus  (in  inseguen- 
tem  annum  designalus,  iniit). 

in  eorum  locum  facti  sunt  : 

C.  Julius  C.  f.  C.  n.  Caesar  in  perpetuum. 

MA  G 


1526  — 


MAC, 


Certaines  inscriptions1  de  basse  époque  font  mention 
de  magister  equitum ,  qui  n’ont  rien  de  commun  avec 
ceux  dont  il  vient  d’être  question.  Ceux-là  sont  des  offi¬ 
ciers  d'ordre  inférieur  sur  la  nature  desquels  on  est  fort 
peu  renseigné.  M.  Mommsen  les  assimile  au  centurio 
supernumerarius*.  R.  Cagnat. 

MAGISTER  PEDITUM,  EQUITUM,  MILITIAE.  —Pen¬ 
dant  les  trois  premiers  siècles  de  l’empire  romain,  le 
commandant  militaire  suprême,  immédiatement  au-des¬ 
sous  de  l’empereur,  était  lepréfetdu  prétoire  [praefectus 
PRAETORiol.  Constantin,  en  réorganisant  toute  l'adminis¬ 
tration,  modifia  cet  état  de  choses1.  Il  sépara  l’infanterie 
de  la  cavalerie,  et  donna  à  chacune  de  ces  armes  un  chef 
propre  ;  ainsi  prirent  naissance  le  magister peditum  et  le 
magister  equitum.  Les  deux  titres  pouvaient,  d’ailleurs, 
être  réunis  sur  une  seule  tète  et  le  commandant  en  chef 
prenait  alors  le  nom  de  magister  peditum  et  equitum  ou 
utriusque  militiae2.  Cettechargè  était,  naturellement,  une 
des  plus  éminentes  de  l’empire  et  formait,  avec  la  préfec¬ 
ture  du  prétoire  et  avec  celle  de  Rome,  la  catégorie  la 
plus  élevée  des  dignités  publiques3  :  le  titulaire  avait 
droit  à  l’épithète  de  vir  illustris  A 

Au  début,  il  existait  en  tout  deux  fonctionnaires  de 
cette  sorte,  un  magister  peditum  et  un  magister  equi¬ 
tum  5  ;  mais  dans  la  suite  leur  nombre  s’augmenta.  On  vit 
créer  alors,  à  côté  du  magister  peditum  et  du  magister 
equitum  attaché  à  la  cour  et  qui,  pour  cette  raison,  est 
appelé  praesentalis ,  ou  in  praesenti ,  d’autres  magistri 
equitum  ou  même  peditum  et  equitum 6.  Les  premiers 
étaient,  en  réalité,  des  ministres  de  la  guerre,  les  seconds 
des  commandants  militaires  de  territoires,  soumis,  d’ail¬ 
leurs,  à  des  ducs.  Nous  en  avons  la  preuve  pour  la  Gaule 1, 
l’Illyricum8,  l’Orient9. 

Dans  l’empire  d'Occident,  cette  organisation  subsista  : 
c’est,  du  moins,  celle  que  nous  fait  connaître  la  Notice  des 
dignités.  On  y  trouve  mentionnés  deux  magistri  prae- 
sentales,  un  magister  peditum  et  un  magister  equitum'0. 
Cec  officiers  généraux  avaient  sous  leurs  ordres  directs 
les  troupes  qui  stationnaient  en  Italie,  et  plus  particu¬ 
lièrement  les  Palatini"  ;  dans  le  reste  de  l’empire  ils 
étaient  représentés  par  des  officiers  de  rang  inférieur,  par 
exemple,  en  Afrique  et  en  Tingitane  par  des  comtes  et  des 
ducs,  en  Bretagne  par  le  cornes  Britanniarum,  lesquels 
commandaient  les  légions  et  les  différents  corps  de 
troupes  répandus  dans  le  pays12.  Pour  la  Gaule  il  est  fait 
mention  dans  la  Notice  d'un  magister  equitum  spécial, 

1  C.  i.  I.  V,  8278.  —  2  Ibid.  :  «  Magister  equitum  et  centurio  supernumerarius 
alibi  quod  sciam  non  reperiuutur.  Puto  autem  idem  officium  esse  bis  diverse  signi- 
ficalum,  collato  loco  Vegetii  (III,  18;  cf.  II,  19)  de  equitibus  supernumerariis  1c- 
gionis. —  Bibliographie.  Lange,  Rôm.  Alterthümer  (3*  édit.),  I,  p.583etsuiv.  ;  Wal¬ 
ter,  Geschichte  des  rôm.  Rechts{ 3e  édit.),  I,  n.142;  Mommsen, Le  droit  public  romain, 
III,  p.  198  et  suiv.  ;  A.  Dupond ,  De  dictatura  et  de  magistro  equitum ,  Paris,  1875. 

MAGISTER  PEDITUM,  EQUITUM,  MILITIAE.  1  Zosim.  II,  33  ;  Lydus,  De 
mag.  II.  10;  cf.  Naudet,  Des  changements  opérés  dans  toutes  les  parties  de  l'Em¬ 
pire,  etc.  I,  p.  349.  —  2  Cod.  Theod.  XI,  1,  1  ;  Amm.  XXII,  il,  1  ;  XXV,  8,  9  ; 
Corp.  inscr.  lat.  III,  5653,  5670  a,  etc.  Le  titre  de  magister  militum  ou  môme 
armorum  désigne  aussi  bien  le  maître  de  la  cavalerie  que  celui  de  l'infanterie. 

—  3  Cod.  Theod.  VI,  7,  1  :  praefectum  urbi,  praefectum  praetorio,  magistros 
equitum  ac  peditum  indiscretas  ducimus  dignitates.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  III, 
a653  ;  Not.  Dign.  Or.  VI,  VII;  Oc.  V,  VI  ;  cf.  Hirschfeld,  Sitzungsb.  der  Akad.  zu 
Berlin,  1901,  p.  598  et  suiv.  Ce  titre  n  cxclut  pas  celui  de  clarissimus  porté  ailleurs 
par  les  maîtres  de  la  milice  {Corp.  inscr.  lat.  III,  5670  a).  —  5  Amm.  XV,  5,  2;  XVI, 
2,  4  (cf.  Aur.  Vict.  XLIl,  15)  XVI,  11,2;  XVII,  6,  2  ;  XVIII,  3,  1  ;  5,  5  ;  XXV,  8, 
9,  etc.  La  liste  de  ces  maîtres  de  l’infanterie  au  début  de  l'institution  est  donnée  par 
M.  Mommsen,  Dermes ,  1889,  p.  2 62,  note  1.  —  «  Amm.  XV,  I,  l  ;  XXI,  13,  8  ; 
XXIX,  3,  7  ;  Cod.  Theod.  VII,  1,  9  ;  VIII,  1,  10:  Not.  Dign.  Or.  V  à  IX  ;  Oc.  V  à 
VII  ;  Zosim.  IV,  27;  C.  i.  I.  III,  3653,  5670  a.  —  7  Amm.  XVI,  2,  8;  10,  21; 
XVIII,  2,  7  ;  XX,  9,  5;  XXI,  8,  1.  —  8  Ibid.  XXI,  9,  5,  7  ;  12,  2  ;  XXVI,  1,  6;  5,  11. 

—  9  Ibid.  XIV,  9,  1  :  11,  5;  XVIII,  2,  3;  XXVI,  5,  2;  XXXI,  16,  8.  —  10  Not. 


qui,  ainsi  qu’on  peut  en  juger  par  la  liste  de  . 
mis  à  son  autorité,  y  commandait  la  cavalenV.0'1* SOli' 
que  l’infanterie13.  Le  jour  où  pour  desVu.  °  b‘en 
nclles  o.  réunit,  à  Home,  le»  deux 
une  seule  ma.n,  ce  qui  fui  le  cas  pou»  siiliZ" 
créa  un  généralissime  de  toutes  les  forces  H  .  p  ’  °n 
Dans  l'empire  d'Orient,  le  système  adopté Véï'"' 
le  même.  L’empereur  Théodose  I»  décentralisa  comauT 
ment  le  commandement16.  Au  lieu  d’un  ou  de  deux 
mstres  de  la  guerre  ayant  autorité  sur  les  dillï  ' 
chefs  d’armées,  il  institua  des  magistri  militum 
diverses  provinces,  ayant  sous  leurs  ordresles  fan,„  •  ' 
aussi  bien  que  les  cavaliers.  Deux  séjournaient  à  Cons 
tantinople,  qui  étaient  à  la  tête  chacun  de  la  moitié  des 
troupes  palatines16;  trois  étaient  répartis  dans  le  reste 
de  l’empire,  le  premier  en  Orient11,  le  second  enThrace18 
et  le  troisième  dans  la  partie  orientale  de  l’Illyricum19’ 
Les  deux  magistri  praesentales  avaient  bien  un  cer¬ 
tain  contrôle  sur  leurs  collègues  de  province20,  niais 
c’étaient  ceux-ci  qui  commandaient  directement  aux 
chefs  de  corps,  aux  ducs21. 

Les  magistri  militum  subsistèrent  à  l’époque  byzan¬ 
tine  et  prirent  même  à  cette  époque  une  grande  puis¬ 
sance22.  Ces  officiers  généraux  présidaient,  naturelle¬ 
ment,  à  toutes  les  opérations  concernant  les  mouvements 
des  armées  et  le  personnel 23,  l’administration  du  matériel 


étant  seule  réservée  aux  préfets  du  prétoire.  Les  inscrip¬ 
tions  nous  les  montrent  ordonnant  la  construction  des 
ouvrages  fortifiés  nécessaires  à  la  sécurité  de  l’em¬ 
pire24. 

Le  Code  théodosien  énumère  les  différents  privilèges 
et  surtout  les  immunités  financières  dont  ils  jouissaient23, 
la  Notice  des  dignités  fait  connaître  les  commis  aux  écri¬ 
tures  qui  étaient  attachés  à  leur  état-major  :  numerarii , 
commentarienses ,  primiscrinii ,  scriniarii ,  regeren- 
darii,  exceptores,  etc. 23  R.  Cagnat. 

MAGISTRATUS.  —  Pour  la  Grèce,  voir  arciiai, 

ARCHONTES,  LACEDAEMONIORUM,  RESPUBLICA. 

Rome.  —  I.  Période  royale.  —  La  tradition  romaine  a 
considéré,  sans  doute  à  tort,  le  roi  et  l’interroi  comme 
des  magistrats  [rex,  interregnum]. 

IL  Période  républicaine.  —  A.  De  bonne  heure  le  mol 
magister  n’a  plus  été  employé  que  dans  quelques 
anciennes  formules  [magister  populi,  equitum )  ou  pour 
désigner  le  président  de  collèges  religieux  ou 
par  exemple,  des  Arvales,  des  Saliens,  d’associations 


Dign.  Oc.  V,  VI.  —  n  Ibid.  V,  144  et  suiv.  ( legiones  palatinae  A//)  ■  I  "  ^  ”  I 
( auxilia  palatina  /.XV)  ;  VI,  42  ( vexillationes  palatinae  A').  —  '-  HÜ.  •  '-0 
suiv.  —  13  Ibid.  VII,  63  e‘t  suiv.  —  14  Zosim.  IV,  59;  Corp.  inscr.  lut.  IV  ‘ 

—  15  Zosim.  IV,  27,  fEvoç  y&P  ovtoç  îiïTtàç^ou  xa'i  tict  tojv  îteÇwv  evo^TSta,/  ^ 

Tauxa;  St£VEt|A£  xàç  —  15  Not.  Dign.  Or.  V  :  Mag.  militum  ]  .  qc 

{vexillationes  palatinae  V,  legiones  palatinae  VI ,  auxilia  palatina  \  ( ,  srr) 

VI  :  Mag.  militum  praesentalis  ( vexillationes  palatinae  sex,  legiones  palata 
auxilia  palatina  XVII).  —  17  Ibid.  VII  :  Magister  militum  per  Orientcm.  ^ 
VIII  :  Magister  militum  per  Thracios. —  19  Ibid.  IX  :  Magister  militum  p  '  .  ^  ^ 

—  20  Cod.  Just.  XII,  35.  18.  -  21  Cod.  Th.  VII,  I,  9;  17,  1-  -  2  1  m 

rappeler  les  noms  de  Bélisaire  et  de  Solomon  (Cod.  Jusl.  I,  27,  -i  ’  1  ^ 

Tonn.  p.  211  ;  Proc.  Bel.  Vand.  p.  507,  513,  518,  533;  C.  i.  I-  ^ 

1853,  etc.).  Us  portent  le  titre  de  excellent issimus  et  gloriostssmuts.^ 
L'Afrique  byzantine,  p.  122,  et  Hirschfeld,  Sitzungsber.  der  Ahm  • |*on voit  le* 
1901,  p.  603.  —  23  Golhofr.  ad.  C.  Theod.  VU,  paratitlon.  Dans  les  cas  cm  ^ 
préfets  du  prétoire  prendre  part  au  recrutement,  comme  dans  une  <"  irsde pro- 
(Cod.  Theod.  VII,  13, 1),  c’est  seulement  pour  empêcher, en  tant  quegouvi  1  ^  ^  conl- 

vinces,  les  curiales  d’entrer  au  service  pour  fuir  les  charges  muni  i  •  ^  j863. 

mentaire  de  Godefroid.  —  24  Corp.  inscr.  lat.  III,  3653,  5670  a  '  .  Qr.  V 

—  25  C.  Theod.  VII,  8,  3;  VIII,  7,  4  et  5;  8,  43;  XI,  18.  -  26  pa),atulon 

à  IX;  Oc.  V  à  VII  ;  Corp.  inscr.  lat.  III,  6399.  —  Bibliographie.  Lo<h I"’1  ,  ^  per)ne$, 
du  Code  Théodosien,  VII  (t.  II,  p.  250  et  251,  éd.  de  1736);  Monm>-  "' 

XXIV  (1889),  p.  260  et  suiv. 


MAC, 


—  1527  — 


MAC 


.  r gocietatis).  Il  a  été  remplacé  par  un  mot  équi- 
'i(  jiré  de  la  même  racine  (: magis ),  le  mol  magis- 
va,l’ir  '  uj  désigne  à  la  fois,  au  sens  abstrait,  la  magis- 
politique  régulière  8  et,  au  sens  concret,  le 
lrttlll'i'nir,(,  qUi  la  tient  de  l’élection  populaire.  Cet  élé- 
*,'l|i|l(  le  'l’élection  populaire  est  essentiel3  ;  il  distingue  le 
111111 .  ,alus  des  sacerdoces  et  aussi  de  toutes  les  autres 
j  notions,  missions,  charges  publiques  qui  constituent 
i°s  mimera.  On  a  fait  rentrer  dans  les  magistratures  les 
^  ]ais  du  dictateur,  du  maître  de  la  cavalerie,  du  préfet 
L*  h' ville,  conférées  par  la  cooptation  de  magistrats 
’leclifs  Primitivement,  en  vertu  de  cette  idée  fondamen- 
1,1,  que  le  droit  romain  a  toujours  conservée,  de  l’unité 
q,,  la  puissance  publique,  les  seuls  magistrats  étaient 
les  magistrats  supérieurs,  les  consuls  ;  mais  le  cercle  des 
magistrats  s’étendit  constamment  avec  les  démembre¬ 
ments  du  consulat,  avec  la  création  de  nouvelles  fonctions 
déclives,  jusqu'il  embrasser  les  tribuns  militaires  a  populo 
et  les  v igintisexviri*.  En  outre,  de  très  bonne  heure,  les 
chefs  de  la  plèbe  ont  été  assimilés,  comme  magistrat, us 
plebeiig  aux  magistrats  réguliers  de  l’État  patricio- 
plébéien,  aux  magistratus  patricii 6,  et,  à  l’époque  histo¬ 
rique,  l’expression  de  magistratus 7  comprend  indiffé¬ 
remment  les  deux  groupes. 

B.  On  trouve  quelques  autres  divisions  des  magistrats 
romains;  par  exemple,  comme  on  le  verra  à  propos  des 
insignes,  ils  se  divisent  en  magistrats  curules  ou  non 
curules.  La  division  en  majores  et  minores  se  rattache 
au  mode  d’élection  :  les  magistrats  pourvus  de  Y  imperium 
et  les  censeurs  élus  par  les  comices  centuriates  sont 
majores,  les  autres  sont  minores 8;  mais  cette  distinction 
parait  plutôt  d’origine  récente  et  n’a  jamais  eu  d’impor¬ 
tance  pratique  ;  chez  les  auteurs,  les  limites  des  deux 
catégories  varient  selon  les  circonstances9  [magistratus 
minores  .  On  peut  encore  distinguer  trois  classes  de 
magistrats  romains,  selon  qu’ils  sont  permanents  ou  non  : 
les  magistrats  permanents  annuels,  pourvus  d’un  nom 
spécial,  tels  que  les  consuls,  les  préteurs,  les  édiles,  les 
questeurs;  les  magistrats  qui  ont  aussi  une  compétence 
déterminée,  mais  qui  ne  sont  pas  permanents,  tels  que 
les  censeurs,  les  dictateurs,  les  tribuns  militaires  consu- 
lari  potestate,  aussi  longtemps  qu’ils  ont  existé  ;  enfin 
les  magistrats  créés  par  une  loi  spéciale  qui  détermine 
eur  compétence,  qu’on  peut  appeler  extraordinaires,  soit 
qu  ils  aient  un  nom  spécial  comme  les  décemvirs  legibus 
soi  ibendis  ou  les  triumvirs  a  gris  dandis,  adsignandis, 
coloniae  deducendae ,  soit  qu’ils  soient  désignés  par  la 
•  mqde  formule  cum  imperio ,  cum  potestate  esse. 

^  '  Les  magistrats  sont  les  dépositaires  de  la  puissance 
punque;  en  ce  sens  ils  ont  l 'imperium  et  la  potestas. 

;  "'n  i envoyons  à  l’article  imperium.  Ajoutons  seulement 
trilf"1  I  itnperium  appartient  aux  dictateurs,  consuls, 
faiui"S  mi^ta‘res  consulari  potestate ,  préteurs10,  qu’il 
edili'"  1  "ll  aUX  *,1^uns  du  peuple,  aux  censeurs,  aux 
1 1  "îx  autres  magistrats  inférieurs.  La  potestas  a 


une  extension  plus  large  que  l 'itnperium4,  ainsi  les 
magistrats  qui  n’ont  pas  Y  imperium  ont  la  /m/estas  qui 
correspond  à  leur  charge;  c’est  pour  cette  raison  que  les 
deux  mots  imperium  et  potestas ,  quoique  ayant  théori¬ 
quement  la  même  portée",  ont  fini  par  s'opposer  l’un  à 
l’autre12.  L’émancipation  graduelle  des  magistratures 
inférieures  à  l’égard  des  magistratures  supérieures  a 
amené  l’établissement  de  règles  précises  pour  prévenir 
les  conflits  entre  les  différents  magistrats  :  ils  constituent 
ainsi  trois  catégories,  selon  qu’ils  possèdent  les  uns 
envers  les  autres  une  puissance  supérieure,  égale  nu 
inégale.  Les  magistrats  pourvus  de  Yimperium  ont  une 
puissance  supérieure  ( major  potestas)  par  rapport  à 
ceux  qui  ne  l’ont  pas;  dans  celte  catégorie,  le  dictateur 
l’emporte  sur  tous  les  autres,  le  consul  sur  le  préteur,  le 
magistrat  ordinaire  sur  le  promagistrat;  le  grand  pontife 
et  le  censeur  sont  aussi  considérés  comme  ayant  une 
major  potestas  [pontifex,  ce.xsor].  Le  tribun  de  la  plèbe 
la  possède  aussi  sur  tous  les  magistrats  cum  imperio , 
sauf  le  dictateur  [tribunus  plebis].  Les  magistrats  collè¬ 
gues  ont  une  puissance  égale  {par  potestas)  les  uns  par 
rapport  aux  autres.  Enfin  les  autres  magistrats  non 
collègues  et  qui  n’ont  pas  Yimperium  ont  entre  eux 
une  puissance  inégale.  Sauf  ces  réserves,  chaque  magis¬ 
trature  a  sa  sphère  particulière  d’action  où  elle  agit  d'une 
manière  indépendante  et  spontanée.  Il  n'y  a  pas  d'admi¬ 
nistration  hiérarchiquement  centralisée. 

D.  Une  des  institutions  fondamentales  de  la  République 
a  été  la  distinction  de  Yimperium  domi  et  de  Y  imperium 
militiae  [imperium,  judicia  publica,  p.  64li  .  Cette  distinc¬ 
tion  est  d’ordre  territorial,  en  ce  sens  qu’à  l’intérieur  de 
la  ville  les  fonctions  sont  exercées  domi ,  et  à  l’extérieur, 
militiae.  Elle  est  exprimée  par  ce  fait  que  le  magistrat 
qui,  après  avoir  pris  des  auspices  spéciaux  au  Capitole  et 
revêtu  le  costume  de  guerre,  le  paludamentum13 ,  franchit 
le  pomérium ,  fait  immédiatement  remettre  les  haches 
dans  les  faisceaux  de  verges  des  licteurs  [pomérium, 
lictor].  Pour  les  affaires  ordinaires,  la  limite  topogra¬ 
phique  des  deux  domaines  est,  au  delà  du  pomérium ,  la 
première  borne  miliiaire,  en  partant  des  portes  de  l’en¬ 
ceinte  de  Servius".  Pour  la  provocatio  ad  populum  et 
l’intercession,  il  y  a  des  témoignages  contradictoires  ;  la 
plupart  des  textes  les  admettent  dans  l’espace  compris  en  1  re 
le  pomérium  et  la  première  borne  miliiaire15;  on  sait 
que  la  levée  des  soldats  avait  lieu  le  plus  souvent  en 
dehors  du  pomérium ,  au  Champ-de-Mars  ;  cependant 
deux  textes  paraissent  faire  commencer  au  pomérium  le 
territoire  militiae 16  ;  pour  trancher  cette  difficulté, 
Mommsen  17  a  émis  l’hypothèse  que  si  le  magistrat  avait 
pris  les  auspices  spéciaux  avant  son  départ,  il  n’était  pas 
soumis  à  la  provocation  dans  le  premier  mille,  mais  que 
s'il  ne  les  avait  pas  pris,  il  y  était  soumis. 

E.  Dans  la  constitution  des  magistratures,  la  Répu¬ 
blique  a  remplacé  le  principe  monarchique  par  le 
principe  de  la  collégialité.  C’est  là  une  des  règles  capi- 


MAGISTRAIUS  1  Vnl.  1 

I»  p.  43)  •  pC:j  -  -  011  C  s^lus-consultc  sur  les  Bacchanales  ( Corp .  insc 
honor  sont  s  ■'  ^  ^  s*  v’  Magisterare.  — 2  En  ce  sens,  magistratus 

(,u'éUblit  Gai^fT^r  n°nymeS  ^SueL  Aug *  “f>  î  Di°m  5°’  12,  11^;  la  distincti< 

3  Cic.  dl,  fj  ’  ^  e,dre  ces  deux  mots  n’a  pas  encore  été  bien  expliqué 

ffo'ae,  p,  233  —  4  Cic.  ^ro  C  tuent.  57,  156  ;  Fest.  s.  v.  Praefc 

5;6’38,7;  9  33  o  ^  33’  1  ;  2’  56>  2i  3>  39>  9-  —  6  G ell.  13,  15,  4;  Liv.  4, 

|’.  j,  j’9  : 4,<  5  ;  Cic.  De  leg.  agr.  2,  1 1,  20  ;  Ad  Brut.  1,5,  1.  —  '  L, 
P*lrici°-pléUieii  ""  I1'  *nscr‘  tat.  I,  p.  47).  Primitivement  les  magistrats  de  l'Ét 
Ru  s  appeler  magistratus  populi ;  voir  Mommsen,  Le  drg 


public  romain,  trad.  franç.  I,  p.  18,  note  I.  — *  Gcll.  13,  15;  cf.  Tac.  Ann.  4,  G- 
Liv.  3,  55,  9;  32,  26,  17;  Dig.  47,  10,  32.  —  9  Liv.  36,  3,  3;  Cic.  De  leg.  3,  3,’  6; 
Suot.  Caes.  41.  —  10  Gcll.  13,  12,  6.  —  11  Cic.  Verr.  act.  1,  13,  37  ;  Ad  Quint.  I, 
1,  10,  31.  —  12  Dig.  4,  6,  26,  2;  48,  4,  1,  1  ;  48,  6,  7,  10  pr.  ;  Lex  /lubria,  1,  51 
(Corp.  inscr.  lat.  I,  205);  Fest.  Ep.  p.  50,  s.  »,  Cum  imperio.  —  13  Fest.  p.  173  ; 
Liv.  42,  49  ;  45,  39,  11  ;  21,  63,  9;  Cic.  Verr.  5,  13,  34;  Varr.  Ling.  ht.  7,  37  ! 
Voir  Mommsen,  L.  c.  p.  72.  —  14  Gai.  4, 104;  Liv.  G,  42,  11  ;  Le.r  Jul.  mnn.  1.  20, 
50.  Voir  Mommsen,  L.  c.  p.  78,  noie  1.  —  13  Liv.  3,  20,  7.  —  16  Liv.  24,  9,  2; 
Appian.  Del.civ.  2,  31.  —  n  L.  c.  p.  80. 


MAC. 


—  1528  — 


MAC. 


taies  du  droit  public  romain.  Sauf  le  grand  pontificat, 
Y  interregnum,  la  dictature,  la  préfecture  de  la  ville,  sauf 
aussi,  dans  une  certaine  mesure,  les  prétures,  chaque 
magistrature  forme  un  collège.  Sans  doute,  quand,  pour 
une  raison  quelconque,  un  collège  se  trouve  incomplet, 
le  ou  les  magistrats  qui  restent  ont  le  droit  strict  de 
continuer  leurs  fonctions,  de  choisir  le  moment  opportun 
pour  combler  le  vide  ou  même  de  ne  pas  le  combler1  ; 
mais  leur  conduite  est  alors  blâmable  et  contraire  à  la 
tradition  -,  et,  dans  la  période  révolutionnaire,  les  nomi¬ 
nations  de  Pompée  et  de  César  comme  consuls  sans 
collègues  marquent  clairement  la  décadence  des  institu¬ 
tions  républicaines.  La  plupart  des  collèges  comprennent 
deux  membres;  il  en  est  ainsi  pour  les  consuls,  les 
questeurs,  les  édiles,  les  censeurs,  les  duoviri  perduel- 
/ionis,  et  sans  doute  aussi  au  début  pour  les  fétiaux  et 
les  tribuns  de  la  plèbe  ;  il  y  a  le  nombre  six  pour  les 
tribuns  militaires;  le  nombre  dix  pour  les  tribuns  de  la 
plèbe  à  l'époque  historique,  pour  les  decemviri  legibus 
scribendis  et  les  decemviri  litibus  judicandis  ;  les 
collèges  de  trois  sont  plus  récents,  tels  sont  les  très  viri 
capitales  et  les  collèges  extraordinaires  pour  les  partages 
de  terres  et  les  fondations  de  colonies  ;  il  y  a  le  nombre 
quatre  dans  deux  des  collèges  inférieurs  du  vigintisex- 
virat,  les  ////  viri  viis  in  urbe pnrgandis  et  les  III I  viri 
Capuam  Cumas.  Dans  chaque  collège  les  magistrats  sont 
collegae  les  uns  des  autres  ;  mais  le  mot  collegium  n’est 
d'un  usage  courant  que  pour  les  tribuns  du  peuple3;  il 
ne  désigne  qu’exceptionnellement  les  autres  magistra¬ 
tures*,  surtout  quand  elles  n'ont  que  deux  membres6. 
Chaque  membre  d'un  collège  a  la  plénitude  du  pouvoir, 
peut  agir  seul,  émettre  seul  un  décret  valable,  est  égale¬ 
ment  compétent  pour  toutes  les  attributions  de  sa  charge; 
son  action  n  est  arrêtée  que  par  l'intercession  d’un 
collègue  ou  d'un  magistrat  pourvu  d’une  puissance  supé¬ 
rieure.  Cependant,  comme  dans  la  pratique  la  plupart 
des  actes  ne  pouvaient  être  exécutés  que  par  un  seul 
magistrat  à  la  fois,  pour  prévenir  les  conflits,  il  a  fallu 
établir  un  certain  nombre  d’expédients.  A  l’époque 
primitive  il  y  a  eu  le  roulement  périodique  tous  les  cinq 
jours  pour  les  interrois  [interregnum],  tous  les  mois  poul¬ 
ies  consuls  et  sans  doute  aussi  pour  les  tribuns  consu¬ 
laires  ;  il  avait  comme  marque  extérieure  le  roulement 
des  faisceaux  et  des  licteurs  [lictor]  :  ce  roulement  a 
peut-être  fonctionné  aussi  au  début  pour  les  décemvirs 
legibus  scribendis,  pour  les  édiles  et  les  questeurs,  mais, 
en  somme,  il  n'a  eu  d’importance  que  pour  les  consuls 
consul] .  A  l'époque  historique  les  procédés  usuels  ont 
été,  soit  le  tirage  au  sort  ou  l’entente  à  l’amiable  (inter 
se  parure6  ou  comparare 7)  pour  certains  actes  tels  que 
la  présidence  d'élections  par  les  consuls8  ou  les  tri¬ 
buns9,  la  consécration  d'un  temple  par  les  consuls10, 

1  accomplissement  du  lustrum  par  les  censeurs11,  soit 
1  accomplissement  en  commun  par  les  consuls  ou  les  tri¬ 
buns  des  actes  les  plus  importants  de  leur  administra¬ 
tion,  par  exemple  la  levée,  les  relationcs  devant  le  Sénat, 


les  rogationes  devant  le  peuple.  En  dehors  „ 

répartition  des  compétences  n’a  d’abord  int.'  °'ne’  la 

consuls  [consul];  plus  tard,  pour  le  gouver^T  q"e' '"s 
provinces,  le  principe  de  la  collégialité  a  été"1  des 
ment  abandonné  [praetor,  provincial  *  '  COmP^le* 

I*.  Arrivons  aux  attributions  générales  des 
On  peut  distinguer  : 

1°  Vauspicium,  le  droit  de  prendre  les  { 
renvoyons  à  l’article  auspïgia. 


9° 


magistrals. 
auspices.  Nous 

imperium ,  mot  qui  exprime  ici,  d’une  manii  I 

particulière,  le  commandement  militaire12  \\ re 

d’abord  aux  magistrats  supérieurs  ordinaires -Tnï'T 
prêteurs,  dictateurs,  maîtres  de  la  cavalerie-  en  s,  i 
lieu  aux  promagistrats,  gouverneurs  de  provinces13 
troisième  lieu  aux  citoyens  pourvus  par  les  comb! 
populaires  de  commandements  extraordinaires  et  quJ 
désigne  la  qualification  cum  imperiou.  L ' imperium] 
militaire  comporte  essentiellement  le  droit  de  formJ 
l’armée,  la  nomination  des  officiers,  le  droit  de  faire  la 
guerre,  de  conclure  des  trêves,  des  traités  de  paix 
d’alliance,  l’administration  et  la  juridiction  militaires,  le 
droit  de  battre  monnaie,  et,  le  cas  échéant,  le  titre 
d'imperator ,  le  triomphe  ou  l’ovation.  Nous  renvoyons 
pour  ces  différents  points  aux  articles  consul,  exercitus,  J 

IMPERATOR,  JUDICIA  PUBLICA  (p.  653),  OVATIO,  PROCONSULEj 

propraetore,  praetor,  triumphus. 

3°  La  juridiction  criminelle  [decemviri  perduelliônis]  i 
JUDICIA  PUBLICA,  QUAESTOlî]. 

4°  La  juridiction  administrative.  Elle  se  partage  natu¬ 
rellement  entre  les  chefs  des  différentes  branches  de 
l’administration,  mais  elle  est  exercée  surtout  par  les 
censeurs  et  les  édiles,  qui  peuvent  donner  des  juges 
jurés,  mais  qui  emploient  généralement  la  cognitm 
Ajoutons  que  le  préteur  urbain  peut  aussi  organiser  un 
jury  de  récupérateurs  pour  vérifier  les  infractions  qui 
comportent  des  amendes  fixes,  analogues  aux  multae ; 
et  que  le  questeur  procède  à  l’exécution  sur  les  biens, 
et,  avec  l’aide  du  consul,  sur  la  personne  du  débiteur  de 
l’État  [aedilis,  censor,  loca  jpublica,  multa15]. 

5°  La  juridiction  civile  et  la  juridiction  gracieuse  [con¬ 
sul,  JUDEX,  JURISDICTIO,  JUS,  LEGIS  ACTIO,  ORDO  JUDICIORl  m].  I 
6°Les  droits  de  prohibition  et  d’intercessionfiNTERCESSio  •  • 
7°  Le  droit  de  coercition  1G.  Il  s’oppose,  dans  une  cer¬ 
taine  mesure,  à  la  juridiction  criminelle1'.  C’est  le  droit 
qu’a  le  magistrat  de  contraindre  à  l’obéissance  le  citoyen 
récalcitrant.  L’insubordination  du  citoyen  peut  consister, 
soit  à  désobéir  formellement  à  l’ordre  du  magistrat,  soit 
à  l’entraver  dans  l’exercice  de  ses  fonctions18,  soit  a  le 
léser  dans  son  caractère  public  par  des  actes  ou  des  J 
paroles.  Ces  infractions  étant  essentiellement  indétermi¬ 
nées,  le  magistrat  a  la  plus  entière  liberté  pour  hsj 
apprécier  et  il  n’est  soumis  dans  la  répression  à  aw  une 
des  formalités  ni  des  limitations  que  comporte  la  jm  '1  lC 
tion  pénale.  Le  droit  de  coercition,  faisant  partir  inh 
grante  de  l'imperium ,  appartient  dans  sa  plénitml.  J11* 
consuls19,  dictateurs  et  préteurs;  il  a  été  accord'  ‘lll/ 


1  Hut.  ‘Dopl.  I»;  Dionys.  5,  57;  Liv.  39,  39.  —  2  Appian.  Bel.  civ.  1,  71 

L‘1’  9;. 9’  3i>  ic-  —  3  Liv-  *.  2«,  9;  4,  53,  7  ;  42,  32,  7;  Cic.  Verr.  2,  1 
100;  N  al.  Max.  6,  3,  4;  Snet.  Caes.  23,  78.  —  *  Cic.  Deoff.  3,  20,  80;  Su< 
Uaud.  24;  Liv.  4,  17,  9.  —  5  Liv,  10,  22,  3;  10,  13,  13;  10,  24,  6;  Pli 
Htst.nat.  /,  12,54.—  6  Cassius  Homina  (Diomedes,  p.  384,  Ad.  Kcil);  L 
Jul.  mm».  L  24;  Fcst.  p.  234;  Cic.  Ad  [am.  l,  9,  25.  -  7  Tile-Livc  emploie  to 
jours  le  mot  comparare.  —  8  Liv.  24,  10,  2  ;  35,  20,  2  ;  40,  17,  8.  —  9  Liv. 
04,4;  Appian.  Bel.  civ.  1,  14.-  lu  Liv.  2,  8.  -  U  Varr.  De  liny.  lat.  li ,Y 


Liv.  38,  36,  10.  —  12  Cic.  Phil.  5,  12,  45.  —  13  Cic.  Ad  AU.  8.  ']  i 
8,  8  ;  3,  2,  1  ;  1,  9,  13  ;  Sallust.  fiist.  1,  48,  22.  —  Liv.  26,  -,  •>  :  V-  ^ 
Voir  Mommsen,  L.  c.  p.  135,  note  2.  —  15  Voir  sur  ce  sujet  Mommsen,  ^  ^  ^ 

214.  —  16  Voir  Mommsen,  L.  c.  p.  158-180.  —  I7  Cic.  De  leg-  h  ’|.jngujj0rdi- 
2,  16.  —  15  In  ordinem  cogéré  (Liv.  3,  35,  C;  Suet.  Claud.  -"V  ^  9 •  PllD- 

nation  de  ce  genre  :  Liv.  3,  51,  13  ;  6,  38,  12  ;  25,  3,  19;  25,  4,  /y  >  *  ’  ^  gg.  3. 
£p.  1,  23.  —  19  Vell.  2,  92;  Val.  Max.  9,  7,  1  ;  Appian.  Bel.  civ.  » 

31. 


MAG 


1529  — 


MAG 


ipnplo,  sans  doute  en  même  temps  que  leur 
'  '  —  époque  que  la 


frJ’rSU  ruais];  plus  tard,  à  une  épo 
0X1  ■  net  arbitrairement  en  454  av.  J.-C.,  la  prétendue 
lfeJ(  *'  '^ns/ils  S]>.  Tarpeius  et  A.  Aternius  aurait  donné 

un 


i  j(  liinité  de  coercition  aux  magistrats  inférieurs1  ; 
miT°\  cas  à  l’époque  historique,  il  appartient  aux 
011  investis  de  la  juridiction2,  au  grand  pontife 

“r  ai'd  des  pontifes  [pontifex],  aux  censeurs3,  aux 
Vl'f' [aedilis]  ;  il  paraît  faire  défaut  aux  questeurs 
BebSr,in  .  Sur’ le  territoire  militiae ,  le  général  peut 
Kgucr  aux. tribuns  militaires  et  aux  autres  officiers  le 
K  d’infliger  des  peines  corporelles,  et  plus  tard,  sous 
■Lire  la  délégation  de  la  juridiction  comprendra 
tellement  le  droit  d’infliger  des  amendes4.  Les 
■gistrats  supérieurs  patriciens  ont  le  droit  de  citer  le 
iealcitrant  (■ vocatio 5)  par  le  moyen  d’un  intermédiaire 
E  est  généralement  leur  viator  [viator]];  les  tribuns 
devaient,  à  l’origine,  agir  personnellement  ou  par  leurs 
subordonnés,  les  édiles6,  mais  peu  à  peu  ils  se  sont 
arrogé  aussi  et  fait  reconnaître  dans  la  pratique  le  droit 
de  citer  par  leur  viator  \  Dans  le  territoire  domi,  il  y  a 
eu  primitivement  six  procédés  de  coercition  :  la  peine 
de  mort,  la  confiscation  des  biens,  l’emprisonnement,  les 
peines  corporelles,  l’amende,  la  saisie.  La  peirie  de 
mort  a  été  interdite  par  la  provocatio  ad  populum-, 
cependant,  à  la  fin  de  la  République,  un  consul  fait  encore 
1  procéder  à  des  exécutions  sommaires8,  et  les  tribuns 
paraissent  avoir  gardé  pour  la  protection  de  leur  autorité 
le  droit  de  précipiter  du  haut  de  la  roche  Tarpéienne 
[ïribuni  plebis9].  La  confiscation  du  patrimoine,  comme 
peine  indépendante,  sous  la  forme  de  la  consécration  des 
biens  du  coupable  à  une  divinité  ( consecratio  bonorum), 
n’a  été  que  fort  rarement  employée,  et  par  les  seuls 
tribuns10,  et  nous  ignorons  le  caractère  exact  de  cette 
procédure.  Les  peines  corporelles  n’ontplus  été  employées 
depuis  l’établissement  de  la  provocatio  ad  populum , 
sauf  à  l’égard  des  comédiens  et  d’autres  petites  gens 
f judicia  publica,  p.  646-647] 1 1 .  Le  droit  d’arrestation 
(prensio)  et  d’emprisonnement  ( abductio  in  carcerem , 
in  vincula)  est  soumis  à  l’intercession12,  mais  non  à  la 
provocation;  il  n’appartient  qu’aux  magistrats  supérieurs 
et  aux  tribuns;  il  fait  défaut  aux  édiles13;  il  a  été 
exercé  surtout  contre  des  magistrats  inférieurs,  contre 
des  sénateurs  qui  troublent  les  séances  du  Sénat14;  à  la 
fm  de  la  République,  les  tribuns  en  ont  fréquemment  usé 
■‘abusé  contre  les  magistrats  supérieurs16  ;  la  durée  de 
Bdélention  est  arbitraire.  L’amende  est  celle  qui  ne 
■pmbe pas  sous  le  coup  de  la  provocation,  c’est-à-dire  qui, 
Bu  début,  ne  dépasse  pas  3020  as  [judicia  publica,  p.  646]; 
f  e  peut  être  infligée  par  tous  les  magistrats  supérieurs, 
Bfpni  l|,s  IGbuns,  les  édiles16,  les  censeurs11;  il  est 
■possible  qu  à  la  fin  de  la  République  il  y  ait  eu  des 
Miniums  distincts  pour  les  différents  magistrats18.  La 

L  16.  .'Sj  l'1'  S0'  “  2  Ltxg.  50,  16,'  131,  1  ;  5,  1,  2,  8.  —  0  Fest.  Ep.  34;  Liv. 
in  Cd’i  |  ,'  7“®’"'  *!'  49  t6d'  Jordan).  —  4  Dig.  1,  21,  5,  1  ;  49,  3,  2.  —  S  Varr. 
_  -  .  ’  y  ~  6  Oionys.  7,  26  ;  7,  35  ;  10,  34;  Liv.  29,  20,  11  ;  Gcll.  13,  12. 

tir.  3  j.  ]|"  l’’  43  ’  ■9’  L  *  ’  Val.  Max.  9,  5,  2;  Gcll.  13,  12.  —  8  Appian.  Bel. 

Il),  31  ■  l  u  "/•  *  1  S  44’  "  ’  G‘c-  ^hil.  2,  36,  01.  —  '■>  Dio.  Cass.  33,  17  ;  Dionys. 
43, 16  lo'1  p 3°:  P1‘n'  HisL  naL  7>  44’  l43-  —  10  Cic-  De  domo'  47>  123  !  Liv- 
-I2i’.|ul  r  Hut-  nat ■  7.  44,  144.  —  il  Suet.  Aug.  45  ;  Plaut.  Trinum.  990. 
fil.  Max.  9  33:  ~  13  Gcl1-  13,  13.  —  H  Sucl.  Caes.  17,  20;  Gcll.  4,  18,8; 

foin,  so  .  y]  ’  ‘ '  ~  lu  '-iv.  Ep.  48  ;  Cic.  De  leg.  3,  9,  20  ;  Plut.  Mar.  4  Quaest. 
38,  c  ;  l.j'  “-'bjb  2  ;  Cic.  Ad  AU.  2,  l,  8  ;  in  Vat.  9,  21  ;  Dio.  Cass.  37,  50; 
- 1»  Moniins,.,,  7  Suct'  C,nurf-  38;  Tac.  Ann.  13,  28.  —  U  Voir  note  3. 

•  c-  p.  1/9,  noie  5)  le  conclut  de  règles  du  ive  siècle  de  l’Empire 


saisie  ou  prise  de  gage  ( pignoris  captio)  consiste  a 
enlever  et  à  détruire  un  objet  mobilier  1  *,  quelquefois 
à  ravager  une  terre,  à  raser  une  maison  2(1  appartenant  a 
l’individu  récalcitrant.  Elle  appartient  aux  magistrats 
supérieurs,  aux  tribuns21,  aux  censeurs2*,  aux  édiles21. 

8°  Le  Jus  edicendi  [edictum  . 

9°  Le  Jus  agendi  cum  populo ,  le  droit  d  agir  avec  le 
peuple.  Il  n’appartient  qu’aux  consuls,  dictateurs,  prê¬ 
teurs,  maîtres  de  la  cavalerie,  tribuns  consulaires. 
Théoriquement,  on  peut  le  reconnaître  au  praefeclus 
urbi.  Il  a  été  accordé  en  outre  aux  magistrats  extraor¬ 
dinaires  pourvus  de  la  puissance  consulaire,  par  exemple 
aux  décemvirs  legibus  scribendis  et  aux  triumvirs  reipu- 
blicae  constituendae  de  43  av.  J.-C.  A  la  fin  de  la  Répu¬ 
blique,  c’est  un  pontife  qui  préside  1  assemblée  par  tribus 
chargée  d’élire  le  grand  pontife24  [pontifex].  Ajoutons 
que,  dans  la  période  où  existe  le  judicium  populi,  les 
magistrats  contre  la  sentence  desquels  il  y  a  appel  en 
matière  capitale,  c’est-à-dire  les  questeurs 2  ’,  les  duum- 
viri  perduellionis ,  les  tribuns26,  obtiennent  du  consul 
ou  du  préteur  la  convocation  et  la  présidence  des 
comices  centuriates,  et  qu’en  cas  d'appel  contre  leurs 
amendes,  les  édiles  curules 21  et  probablement  aussi  le 
grand  pontife28  convoquent  les  tribus  patricio-ple- 
béiennes,  les  édiles  de  la  plèbe,  les  tribus  plébéiennes23. 
Naturellement  les  tribuns  ont  le  jus  agendi  cum  plebe 

[COMITIA,  CONTIO]. 

10°  Le  droit  d’agir  avec  le  Sénat  et  de  lui  proposer  un 
sénatus-consulte  ( jus  agendi  cum  patribus,  jus  refe- 
rendi ).  11  appartient  aux  magistrats  supérieurs,  consuls, 
dictateurs,  préteurs,  tribuns  militaires  consulari  potes- 
tate,  interrois,  décemvirs  legibus  scribendis,  triumvirs 
reipublicae  constituendae ,  maîtres  de  la  cavalerie,  pré¬ 
fets  de  la  ville30.  Il  fait  défaut  aux  promagistrats31,  aux 
censeurs,  aux  magistrats  inférieurs.  Les.  tribuns  de  la 
plèbe  l’ont  acquis  de  bonne  heure.  Le  droit  de  parler  au 
Sénat  et  de  lui  faire  une  communication  en  tant  que 
magistrat  appartient  naturellement  aux  magistrats  qu’on 
vient  d’énumérer  et  aussi  aux  promagistrats  et  aux 
magistrats  inférieurs  jusqu’aux  questeurs  senatus]. 

11°  Le  droit  de  cooptation  de  collègues.  C’est  le  consul 
qui  choisit  le  dictateur  ;  jusqu’à  la  lex  Trebonia  de  448, 
en  cas  d’élection  incomplète,  ce  sont  les  tribuns  élus  qui 
nomment  leurs  collègues  jusqu'au  nombre  de  dix32. 
Les  consuls  ont-ils  eu  aussi  primitivement  ce  droit  de 
cooptation  pour  compléter  leur  collège  ?  On  Ta  soutenu 
sans  preuve  suffisante  33. 

12°  Le  droit  de  nomination  d’auxiliaires34.  Signalons 
ici  le  droit  qu’eurent  les  préteurs,  pendant  un  certain 
temps,  de  nommer  des  praefecti  jure  dicundo  et  le  droit 
qu’a  le  général  de  nommer  une  partie  des  tribuns  mili¬ 
taires  [PRAEFECTI  JURE  DICUNDO,  TR1BUXI  MILITUM]. 

13°  Le  droit  de  représenter  l'État  soit  à  l’égard  d’une 


(C.  Just.  i,  54;  7,  64,  5).  —  19  Lex  Quinctia  (Fronlin.  De  nq.  129)  ;  Gcll.  14,  7,  10  ; 
Liv.  37,  51,  4;  43,  10,  5  ;  Tac.  Ann.  13,  28  ;  Plut.  Cat.  min.  37  ;  Dio.  Cass.  43,  23; 
Plant.  A mphyt.  prol.  68  (où  il  y  a  le  pigixxxs  togae).  La  destruction  du  gage  se  dit 
pignora  caedere  (Cic.  De  oral.  3,  f,  4;  cf.  Suet.  Caes.  17).  —  »«  Dionys.  8,  87  ; 
Cic.  Pltil.  1, 5,  12.  —  21  De  vir.  illust.  73  ,  2.  —  22  Liv.  43,  16  ;  Frontiu.  Deaq.  129  ; 
Tac.  An».  13,  28.  —  22  Tac.  Ann.  13,  28.  —  24  Liv.  23,  3.  —  23  Liv.  3,  24,  7; 
Dionys.  8,  77.  —  28  Liv.  25,  3,  9  ; 43,  16,  Il  ;  Gcll.  6,  9,  9.  —  S7  Cic.  Verr.  net.  1, 
12,  36;  5,  67,  173  ;  Liv.  8,  22,  2;  10,  23,  11  ;  10,  31,  9;  10,  47,  4  ;  35,  10,  12  ;  Val. 
Max.  6,  I,  7  ;  8,  1,7;  Plin.  Hisl.  nat.  18,  6,  42.  —  2*  Liv.  40,  42,  10.  -  22  Liv.  10, 
23,  13  ';  23,2,  9  ;  33.  42,  10  ;  Gcll.  10,  6,  3.  —30  Cic.  De  leg.  3,  3,  6  ;  Gcll.  14,7,  8. 
_  31  Liv.  26,  21,  1  ;  28,  38,  2  ;  38,  44,  9  ;  41,  6,  4.  —  32  Liv.  3,  64, 63.  —  33  Mommsen, 
L.  c.  p.  247.  —  34  Mommsen,  L.  c.  \>.  250-268. 


MA  G 


1530  — 


divinité,  soit  a  l’égard  d’un  État  étranger1:  1°  à  l’égard 
d'une  divinité,  la  dedicatio,  c’est-à-dire  la  translation  de 
propriété  de  1  État  au  dieu,  n'appartient  qu’aux'magistrats 
supérieurs,  aux  censeurs  et  aux  édiles,  puis  aux  fonc¬ 
tionnaires  créés  spécialement  à  cet  effet,  aux  duo  v iri 
uedi  dedicandae.  Le  droit  de  faire  un  voturn,  un  vœu 
obligatoire  pour  le  peuple,  n’appartient  en  général  qu’aux 
magistrats  supérieurs2,  qui  demandent  habituellement 
1  autorisation  du  Sénat  "  ;  pour  permettre  un  ver  sacrum , 
il  faut  en  outre  un  vote  des  comices*. 


-  Pour  les  traités  conclus  avec  un  État  étranger,  le 
magistrat  supérieur  est  pleinement  compétent  pour  les 
arrangements  d’ordre  provisoire,  armistices,  exécution 
provisoire  d  une  deditio.  Quant  aux  arrangements  défi- 
nilits,  1  intervention  des  fétiaux  leur  donne  une  validité 
absolue  ,  le  foedus  ou  la  sponsio  que  le  général  conclut 
de  sa  propre  autorité  ne  lie  pas  pleinement  le  peuple 
romain  qui  se  réserve  le  droit  de  se  dégager  en  livrant  à 
1  ennemi  ( deditio )  le  ou  les  auteurs  de  la  convention3. 
.Nous  renvoyons  sur  ce  point  aux  articles  foedus,  fetialis^ 

PROVINCIA,  SENATÜS. 


G.  Tels  sont  les  principaux  pouvoirs  des  magistrats  en 
general.  On  trouvera  aux  arLicles  comitia  et  senatus 
l’étude  des  rapports  des  magistrats  avec  les  comices  et 
le  Sénat,  Disons  simplement  ici  qu’à  l’égard  du  peuple, 
le  magistrat  se  meut  avec  la  plus  grande  liberté  dans  le 
cercle  de  ses  attributions  ;  avant  les  crises  révolution¬ 
naires,  le  peuple  y  intervient  rarement  ;  l’esprit  politique 
des  Romains  1  a  maintenu  le  plus  longtemps  possible  en 
dehors  de  ce  qui  appartient  aux  magistrats.  En  second 
lieu,  un  des  faits  essentiels  de  l’histoire  de  la  République 
a  été  la  lente  transformation  des  magistrats,  d’abord 
successeurs  des  rois  et  chefs  de  l’État,  en  instruments  du 
Sénat.  Pour  tous  les  actes  qui  ne  rentrent  pas  dans  leur 
compétence  habituelle,  les  magistrats  doivent,  selon  le 
/nos  majorum ,  consulter  le  Sénat  et  suivre  l’avis  de  la 
majorité,  sous  peine  d’encourir  une  grave  responsabilité. 

H.  Ln  des  caractères  principaux  des  fonctions 
publiques  sous  la  République  est  la  gratuité  ;  certaines 
charges,  comme  celles  des  édiles,  comportent  même  de 
lourdes  dépenses  pour  les  jeux.  Cependant  le  magistrat 
utilise,  comme  on  va  le  voir,  les  services  des  esclaves 
Publics  et  des  appariteurs  payés  par  l’État;  il  reçoit  des 
indemnités,  mais  généralement  insuffisantes,  pour  les 
létes  publiques  dont  il  est  chargé  ;  les  personnages 
chargés  d’une  mission  extérieure  à  Rome  reçoivent, 
outre  l’équipement  et  le  droit  au  transport  sur  la  présen¬ 
tation  de  leur  anneau  d’or 6,  des  frais  de  route  (via- 
ticumY  et  quelquefois  une  indemnité  journalière8, 
lout  magistrat,  chargéd’un  service  public  hors  de  Rome  9, 
a  droit  aux  moyens  de  transport  par  terre  et  par  eau 


l  Mommsen,  L.  c.  p.  270-289.  —  2  Liv.  5,22,  7,  10;  23,30,  14;  27,  33- 
30,  27,  11;  21,  02,  10;  27,  11,  6  ;  27,  23,  5;  22,  10,  10  ;  Fest.  p.  173.  —  3  Liv. 
7’  11,4.  —  4  Liv.  22,  10.  —  6  Liv.  9,  8,  fl  ;  38,  42;  Val.  Mai.  fi,  3,  3;  Dio. 
Cass.  fr.  45;  Appian.  Disp.  79;  Cic.  De  oral.  I,  40;  2,  32;  De  off.  3,30, 
109;  Topic.  8;  Pro  Caec.  34.  —  6  Plin.  /tint.  nat.  33,  1, 11;  Val.  Mai.  2,  2,  1. 

—  •  Cic.  ad  Fam.  12,  3.  2;  Verr.  J,  22,  60.  —  8  Plut.  T.  Grâce.  13. 

—  ■'  Dionys.  19,  15;  Dio.  Cass.  52,  23;  Zonar.  8,  C.  —  10  Liv.  42,  1,9;  30,  17, 
13:  41,  22,  14;  Cic.  Verr.  4,  5,  9;  5,  32,  83;  De  lerj.  agr.  2,  13,  3»’;  ad 
AU;  lo  18  1:  Dell.  15,  4,  3;  Plut.  T.  Grâce.  13;  Cal.  maj.  «  ;  Suet.  Aug.  36; 

*4;  Cic-  Verr-  5’  18>  *5;  4,  5,  9  ;  Liv.  30,  17,  12-13  ;  42,  1,  9  ; 
'.!l\  *  ’  '**'  5lax'  2>  7;  Plil-  Cat.  maj.  6  ;  Dionvs.  18,  14.  —  12  Ci  c. 

Z  .1'  L3’1'0’  2  ;  Verr-  *•  22’  G0-  -  13 , Plot.  Cat.  maj.  fl.  -  14  Cic.  in 

'*:  *  ::  /  8,1  ;  1>e  ,,omo’  »• 2:1  ;  u,  15.  -  15  cic.  De  ieq.  „ar.  2,  12, 32. 

-  10  De.  ln  Verr.  3,  84,  195.  -  17  Cic.  ad  Fam.  5,  20,  9.  -18  Liv  44  2»  13  ■ 
Front  ad  Anton.  I,  l.-.ocic  ad  Alt.  6,  3,  C  ;  ad  Fam.  5,  20,  9;  Verr.  ’l,H,3fl.’ 

-  20  Front.  L.  c.  ;  Plin.  Uni.  nat.  31,  7,  89.  -21  Cic.  ad  Fam.  5,  20,  7-9  ;  Verr. 


MAO 


(cquus,  mulae ,  tabernacula,  véhiculai 
peinent  de  voyage  (supellex,  casa ,  veitù\u^  'V|ui' 

sumptu  publico ,  c’est-à-dire  qu’il  pourvoit  ■  ’  V°H’“ 

et  à  ceux  de  ses  compagnons  soit  par  des  ^  l,esoitls 
gratuites12,  soit  par  des  achats  qu’il  hn  , quisilio,*s 
1  État13.  De  bonne  heure,  pour  simplifier  f‘iUs  de 
on  alloua  pour  ces  frais  d’entretien  et  J  ‘  °1U|‘UlbiliLé, 
subventions  fixes,  très  considérables  qui  a  ^  düs 
constituer  de  véritables  traitements  •  non,. 
ce  fui  le  vaSarium  ",  HxO  géeMem ê„“ 
rarement  par  le  peuple  *■  ;  pour  les  ré,uismMS  -Tf 
frumentum  in  cellam,  une  somme  fixée  d’anr^i  e 
tUé  et  le  prix  du  blé  qu’il  devait  réquisitionna «T 
ces  deux  indemnités,  le  gouverneur  pouvait  réaliser  Z 
bénéfices  plus  ou  moins  considérables,  suivis  letnlpJ 
sans  parler  des  abus  auxquels  donnait  lieu  l’achat  I 
frumentum  in  cellam  [aestimatum]. 

Les  auxiliaires  du  magistrat,  les  membres  de  sa  cohori 
praetoria ,  paraissent  avoir  eu  aussi  de  bonne  heure 
droit  aux  vivres,  au  logement,  au  transport18  ;  puis  ns 
touchèrent  à  cet  effet  des  indemnités  dites  cibaria1* 
[cibaria]  ;  à  l’époque  de  Cicéron,  le  gouverneur  y  ajoutait 
des  frais  de  vin  ( congiarium )  et  des  frais  de  sel (sala- 
rium ) 20  ;  toutes  ces  dépenses  étaient  remboursées  par 
1  Etat-1.  Sousl  Empire,  ces  allocations  seront  transformées 


en  indemnités  fixes,  de  taux  différent  selon  les  caté¬ 
gories  de  gouverneurs,  et  il  en  sera  de  même  pour  les 
membres  de  la  suite  du  gouverneur  et  les  assesseurs 
[salarium]  22. 


I.  Tous  les  magistrats  sont  assistés  d’un  conseil  [con- 
silium].  Ils  ont  sous  leurs  ordres  des  esclaves  publics 
[servi  publici]  et  des  serviteurs  libres,  payés  par  l’État, 
des  apparitores ,  pour  l’étude  desquels  nous  renvoyons 
aux  articles  apparitores,  accensus,  lictor,  nomenclator, 
praeco,  scriba,  viator,  victimarius. 

J.  Les  magistrats  ont  comme  insignes  et  distinctions 
honorifiques  23  :  1°  les  faisceaux  et  les  licteurs  [lictor]; 
2°  la  chaise  curule  [sella  curulis]  qui  a  dû  être  à  l’origine 
la  chaise  du  roi,  placée  sur  son  char2*.  A  l’époque  histo¬ 
rique,  c’est  le  siège  officiel  des  magistrats,  établi  sur 
l’estrade  de  bois,  le  tribunal  sur  lequel  ils  se  placent 
pour  juger23.  Il  appartient  à  l’interroi26,  aux  consuls, 
aux  préteurs,  aux  décemvirs  legibus  scribendis ,  aux 
tribuns  consulaires 27 ,  aux  proconsuls,  aux  propréteurs, 
aux  dictateurs,  aux  maîtres  de  la  cavalerie28,  aux  édiles 
curules 20,  et,  au  moins  à  l’époque  récente,  aux  censeurs'  • 
Il  fait  défaut  aux  magistrats  inférieurs  et  aux  magistrats 
plébéiens;  les  questeurs  urbains  et  provinciaux  et  les 
judices  quaestionis  n’ont  que  la  simple  sella  qui  a 
quatre  pieds  droits  non  échancrés  et  qui  ne  se  replie 
pas  31  [quaestor]  ;  les  tribuns  et  les  édiles  de  la  pb'be 


I,  14,  36  ;  Pro  Balbo,  28,  63  ;  Di  g.  4,  C,  32;  Suet.  Tib.  46.  —  22  Suel.  <«?•  1 

Dio.  Cass.  53,  15;  52,  23.  Un  proconsul  consulaire  a  un  million  de  scsleu(  | 
Cass.  78,  22);  Corp.  inscr.  lat.  13,  3162  (inscription  de  Thoriguy  où  1111  I 
militaire  a  25000  sesterces  de  salarium )  ;  Vita  Nig.  7  ;  Vita  Alex-  11 
1,  22,  4;  50,  13,  4.  —  23  Voir  Mommsen,  L.  c.  Il,  p.  1-75.  -  24  Curuhs  ne  l1'^ 
guère  venir  ijue  de  currus.  Mommsen  (Z.  c.  Il,  p.  29,  note  2)  invoque  .u"  ^ 

les  autres  acceptions  equi  curules  (Fest.  Ep.  p.  49;  Liv.  24,  18,  10)  et  ^ 

curulis  (Mon.  Ancyr.  2°  cd.  p.  10).  C’est,  du  resle,  l'étymologie  donnée  p.u  ^  ^ 
Basses  dans  Gell.  3,  18.  C'est  à  tort  que  Willems  (Le  Sénat  romain,  L  1'^^^ 
dérive  curulis  de  quiris.  —  23  Cic.  Verr.  4,  40,  85;  2,  38,  94  ;  3,  :>9,J3  ’08  ^  \ 

8,  45;  Tac.  Ann.  1,  75.  —  26  Ascon.  in  Mil.  p.  34.  —  27  Liv.  4,  7,  2  et  g,  (;ir  , 
inscr.  lat.  I,  p.  284;  Dionys.  43,  48.  —  29  Gell.  7,  9,  6;  Liv.  7,  1,  •>  l  '■  ’’  ,je 
Verr.  .6, 14  ,  36.  —  30  Liv.  40,  43,  8;  l'olyb.  fi,  53,  9.  Cependant  la  censure  ne  «  »  ^ 

pas  magistrature  curule.  Le  flamen  dialis  a  droit  aussi  au  siège  curule 
27,  8,  8  ;  Plut.  Quaest.  rom.  1 13).  —  31  Eckel,  5,  317.  Voir  Longpéner, 
sur  les  insignes  de  la  questure  (De v.  arch.  1868,  p.  106). 


MA  G 


—  1 H31 


MAC 


,  if  banc,  dit  subsellium  1  [subsellium,  tiubunusj. 

11(1111  T  t|es  magistrats  curules 2  comprend  donc,  sous  la 

LeCC'ii  ',„fi  parmi  les  magistrats  ordinaires,  les  consuls, 

itl  |HI  i' 'm  s  les  censeurs  et  les  édiles  curules.  L’intérêt 

f’Iue  "classification  a  surtout  consisté  en  ce  qu’au 

depujs  la  lex  Ovinia ,  les  magistrats  curules, 

“  leur  sortie  de  cliarge,  avaient  l’exercice  des  droits 

o'-iloriaux  jusqu’à  la  prochaine  révision  de  la  liste 

S-,n atoriale  ;  mais  plus  tard  cette  prérogative  fut  accordée 

édiles  plébéiens,  aux  tribuns,  et,  depuis  Sylla,  aux 

ÏU  cfvatusI.  3°  Le  droit  de  procéder  assis  aux 
cfuesteui  s  j  ,  ,  .  .  , 

all'.iires  de  leur  compétence,  pendant  que  les  simples 
Citoyens  se  tiennent  debout3  ;  le  citoyen  qui  est  à  cheval 
ou  en  voiture  ou  assis  doit  mettre  pied  à  terre  ou  se  lever 
devant  le  magistrat 4  ;  le  magistrat  inférieur  est  tenu  à  la 
même  courtoisie  par  rapport  au  magistrat  supérieur5. 
4»  Des  places  d’honneur  dans  les  fêtes  publiques,  au 
théâtre  et  au  cirque  °.  5°  Un  costume  spécial.  Dans  le 
territoire  domi,  le  costume  officiel  ordinaire  des  magis¬ 
trats  est  la  toge  blanche  bordée  de  pourpre,  la  toga 
praetexta  ;  elle  n’appartient  qu’aux  magistrats  curules, 
y  compris  les  censeurs7  ;  ils  la  quittent  ou  simplement  la 
tournent  à  l’envers  en  signe  de  deuil8;  il  en  est  encore 
ainsi  sous  l’Empire  9  ;  la  toge  de  pourpre  (toga  pur - 
purea)'\  plus  tard  généralement  brodée  d’or  ( toga  picta ), 
ne  sert  aux  magistrats  que  pour  le  triomphe  et,  sous 
l’Empire,  aux  consuls  pour  le  processus  consularis 
[consul]  ;  elle  est  accordée,  sous  la  République,  au  préteur 
qui  préside  les  ludi  Apollinares  11  et,  sous  l’Empire,  à 
tous  les  magistrats  qui  président  des  jeux12. 

Dans  le  territoire  militiae,  le  général  porte  habituel¬ 
lement  sous  la  République  le  paludamentum  de  couleur 
rouge13,  mais  les  gouverneurs  de  province  qui  ne  dis¬ 
posent  pas  d'une  armée  ne  le  portent  pas  ;  sous  l’Empire, 
il  sera  réservé  à  l’empereur;  le  costume  des  magistrats  ne 
subira  pas  de.  changement  essentiel.  6°  Le  droit  de  faire 
porter  la  nuit  devant  eux  des  lumières,  des  torches  u.  Ce 
droit,  attribué  aussi  aux  empereurs  1B,  paraît  avoir  duré 
pour  les  magistrats  jusqu’à  l’époque  des  Anlonins.  7°  Le 
droit  pour  les  anciens  magistrats  curules  de  reprendre  la 
toga.  praetexta  pour  les  fêtes  publiques16.  8°  Le  droit 
pour  le  magistrat  défunt  d’être  orné  à  ses  funérailles  des 
msignes  delà  plus  haute  magistrature  gérée17;  l’ancien 
censeur  a  même  droit  à  la  pourpre  18.  9°  Le  jus  imaginum 
imago,  p.  412-414],  10°  Le  droit  d’être  honoré  d’une orai- 
i°n  *unèbre  publique.  Mommsen19  a  conjecturé  que  cet 
'onnenr  avait  peut-être  été  à  l’origine  réservé  aux  an- 
cn  ns  magistrats  ;  mais  de  bonne  heure  il  a  été  étendu  à 
autres  Personnages  [laudatio,  p.  990-998]. 


K-  Nous  arriv 


ons  à  la  collation  des  magistratures,  en 


renvoyant  à  l’article  comitia  pour  tout  ce  qui  concerne 
les  élections  proprement  dites.  Les  fonctions  publiques 
ne  sont  pas  obligatoires;  mais  les  candidatures  volon¬ 
taires  ne  paraissent  pas  avoir  jamais  manqué  sous  la 
République.  Les  formes  et  les  règles  de  la  candidature 
existent  dès  la  plus  haute  antiquité.  Le  candidat  ( candi - 
dalus)  x a  voir  les  électeurs  connus  et  inconnus  i  ambire, 
ambitio )20,  leur  serre  la  main (prensure,  prensatio)-'  et 
leur  demande  leur  voix  ;  il  porte  habituellement,  malgré 
le  plébiscite  de  432  av.  J  .-C.  la  toge  blanche  frottée  à  la 
craie  ( toga  cretata ,  candida )23  ;  il  fait  ces  tournées  élec¬ 
torales  non  seulement  à  Rome,  mais,  malgré  la  loi 
Poeteliade357  av.  J.-C.21,  auprès  des  électeurs  des  inuni- 
cipes  et  des  colonies23;  à  l’époque  de  Cicéron,  il  est 
d’usage  de  poser  ainsi  sa  candidature  au  moins  un  an 
avant  l’élection 20  ;  les  candidats  se  placent  en  outre, 
pendant  l’élection,  sur  la  plate-forme  où  siège  le  magis¬ 
trat  qui  préside  le  vote27;  on  connaît  les  abus  de  la 
brigue  à  la  fin  de  la  République,  les  distributions 
d’argent  faites  aux  électeurs  par  les  agents  des  candidats, 
les  séquestres ,  les  divisores ,  le  rôle  des  associations 
politiques  et  électorales,  des  sodalicia.  On  trouvera  à 
l’article  ambitus  l’exposition  des  manœuvres  électorales, 
des  lois  et  des  tribunaux  destinés  à  punir  ces  délits. 

C’est  le  magistrat  président  qui  décide  si  les  conditions 
d’éligibilité  sont  remplies  ou  non  ;  dans  les  cas  douteux, 
il  peut  prendre  l’avis  de  ses  collègues28,  d’un  conseil 
spécial29,  quelquefois  du  Sénat30;  de  plusjes  tribuns 
peuvent  exercer  ici  leur  intercession  31  ;  d'ailleurs,  le  ma¬ 
gistrat  px-ésident  a  été  de  plus  en  plus  lié  par  des  lois 
précises  qui  limitent  son  droit  d’appréciation 3î. 

L.  Nous  trouvons  d’abord  quelques  conditions  absolu¬ 
ment  nécessaires  d’éligibilité  33.  4°  Le  droit  de  cité  ro¬ 
maine  est  nécessaire.  Sont  exclus  par  conséquent  les 
esclaves31,  les  étrangers,  les  Latins,  les  cives  sine 
su/f'ragio.  Les  plébéiens  n’ont  été  admis  que  successive¬ 
ment  aux  différentes  magistratures  patriciennes.  Les  pa¬ 
triciens  ne  peuvent  obtenir  une  magistrature  plébéienne 
que  par  la  procédure  de  la  transitio  ad  plebem  plebs  . 
Jusqu’aux  Flaviens,  les  citoyens  des  provinces  n’ont 
sans  doute  eu  que  par  exception  le  jus  adipiscendorutn 
in  urbe  honorum  ;  les  Haedui,  par  exemple,  en  Gaule,  ne 
l’ont  obtenu  qu’en  48  ap.  J.-C.,  à  la  suite  du  discours 
prononcé  par  Claude  au  Sénat  en  leur  faveur35.  2“  Pour 
l’ingénuité,  nous  renvoyons  à  l’article  libertés.  3°  Poul¬ 
ies  infirmités  physiques,  il  n’y  a  pas  eu  de  règle  cer¬ 
taine  36  ;  la  rigueur  du  droit  primitif  a  dix  s'atténuer  peu 
à  peu,  surtout  pour  les  magistratures  plébéiennes37. 
4°  La  fonction  de  rex  sacrorem  est  incompatible38,  au 
moins  jusqu’à  l'Empire  39,  avec  toute  autre  magistrature. 


Fcst  E l28-~2Ci<'-  ad  Att.  13, 32,  3;  Liv.  9,  34,  5;  23,  23,  5;  29.  137; 
3l;Uv  'oV’r  V'  Cl'rules'  Gelt-  3’ ,8-“  3  Liv.  3,11,1.  — 4 Sen.  Ep.  7,2;  Suet.  Tib. 
Cel'l.a.  2  ’|  V  |(-Cl1]7’  ft’  6'  ~  5  Plin-  EP-  h  23  ;  plut-  C-  Gracch.  3  ;  De  vir.  ill.  72  ; 

44,  ;  53  ’  A''  'y1,  111  1°'  — (*  Arnob.  4,  35;  Herod.  1,  9;  Suet.  iVer.  12;  Rio.  Cas. 

47  ;  Liv.  En  m.'  Uc  C,"m  SCn'  !/l  '  erj '  5’  12  :  Verr'  5’  l4’  30  ’  Vcl1-  2’  05;  I)ionFs-  5’ 
3- 4  ■  sèu  '•!  ’’ l;  Plin-  fIisL  nat-  9.  39,  137.  —  8  Dio.  Cass.  56,  31;  Tac.  Ann. 

V/(a Aurel  n  ’  1<’,3;  pdron.  Sat.  58.  — 9  Vita  Elag.  15;  Vitu  Alex.  40; 
-Il  Liv.  5  4|~  °Fest- 1’-  2031  Polyb-  6,33;  llionys.  3,  61;  Liv.  27,  4,  8;  31,  11,12. 
-  12  bio  '  2  :  Plm-  !1isL  nat.  34,  5,  20  ;  Mari.  8,  33,  1  ;  Juv.  10,  36  ;  11,  195. 
h  C,  II,  9’  1G-  -  13  Liv;  9,  5,  12  ;  25,  16,  21  ;  Sue!.  Claud.  21  ;  Val.  Max. 

- 15 1)i0  , ,  !C'  CaL  i3>  44  i  Iloral.  Sat.  1,  5,  36  ;  Lex  col.  Jul.  Genetiv,  c.  62. 

- 17  p0|yb  0  ’  •  llcl-o<L  2,  3  ;  7,  6,  4.  —  16  Liv.  Ep.  19  ;  Oie.  PMI.  2,  43,  110. 

"lrlo"l  d'aprè’sV  1  I  lV'’  5’  41  ’  7‘  ~  18  Pohl>.  6,  53,  7.  -  19  L.  c.  II,  p.  83,  note  2, 
reph  j  |-.  ?,il'S  ’’  *7-  20  Varr.  De  limj.  lat.  5,  28;  Fest.  Ep.  p.  16  ;  Cic. 

Cral-  L  24.  |  K, ...  ,  *  fane.  4,  9.  —  21  Cic.  ad  Alt.  1 ,  1 ,  1  ;  Pro  Plane.  21,  51  ;  De 

J  V,  5,  2  ;  Plut.  Coriol.  14.  —  52  Liv.  4,  25,  13.  —  23  pers. 


Sat.  5.  177  ;  Isid.  Orig.  19,  24,  6  ;  Polyb.  10,  5,  2  ;  Liv,  39,  39,  2;  Val.  Max.  4,  5,  3. 

_ 24  Liv.  7,  15,  13.  —  23  Cic.  ad  Alt.  1,  1,2;  Pliil.  2,  30,  76  ;  Cacs.  Bell,  ijall.  8, 

50.  — 2i;  Cic.  ad  Att.  1,1,  1  ;  ad  Fam.  10,  25,  2.  Cicéron  parle  du  délai  de  deux 
ans  où  le  candidat  ne  doit  pas  donner  de  jeux  de  gladiateurs  (in  Vat.  14,  37)  ;  la  loi 
de  la  Colonia  Julia  Genetiva,  c.  142,  interdit  de  donner  des  banquets  dans  l'année 
de  la  candidature.  —  27  Liv.  26,  18,  7  ;  Polyb.  10,  5,  2  ;  Plin.  Pan.  63.  —  28  Liv.  3, 

04,  5.  —  29  Cic.  Brut.  62,  224;  Ascon.  In  or.  in  tog.  cand.  p.  89.  —  30  Liv.  27,  6, 

9  ;  32,  7,  1 1  ;  39,  39,  0.  —  31  Liv.  25,  2,  6  ;  23,  6,  3  ;  39,  9,  4.  —  32  R  n'y  a  pas  de 
mot  technique  qui  désigne  l'éligibilité;  les  modernes  ont  adopté  arbitrairement 
l'expression  jus  honorum.  —  33  Voir  Mommsen,  /..  c.  II,  p.  131-147.  —  34  Hieron, 
ad  Ann.  Air.  1976;  Dio.  Cass.  48,  34 ;  Diy.  I.  14,  3.  —  33  Tac.  Ann.  11, 
23-25;  Corp.  inscr.  lat.  13,  1,  1668.  —  36  Exclusion  d'Horalius  Codés  comme 
borgne  (Dionys.  5,  25);  exclusion  habituelle  des  aveugles  (Diy.  3,  1,  1,  15). 
—  37  Eu  boiteux  tribun  du  peuple  (Cic.  ad  Att.  I,  16,  13).  —  38  plul. 

Quaest.  rom.  63  ;  Dionys.  4,  74;  Liv.  40,  42,  8.  —  39  Corp  inscr.  lat.  U,  3004. 

4246. 


MAG 


i  r;  32 


MAG 


5°  L'inéligibilité  peut  résulter  de  certaines  déchéances  pé¬ 
nales.  hiles  n  ont  jamais  été  établies  d’une  manière  pré¬ 
cise.  1)  abord,  toute  condamnation  qui  supprime  la  qua¬ 
lité  de  citoyen  supprime  du  même  coup  l’éligibilité.  En 
second  lieu,  la  suppression  de  l’éligibilité  est  de  bonne 
heure  le  résultat  de  la  plupart  des  condamnations  crimi¬ 
nelles;  ainsi  elle  est  prononcée  indirectement  en  104  av. 
J.-L.  par  la  lex  Gassia  contre  les  citoyens  condamnés  ou 
dépouillés  d’une  magistrature  par  un  judicium  populi1. 
Pour  les  autres  cas,  nous  renvoyons  à  l’article  infamia. 
Ajoutons  que  les  lois  qui  obligent  les  magistrats  à  en 
jurer  l’observation  menacent  les  récalcitrants  de  la  perte 
de  leur  magistrature  et  de  l’inéligibilité2.  D’après  la  légis¬ 
lation  de  Sylla,  les  descendants  des  proscrits  restèrent 
inéligibles  jusqu  en  49  av.  J.-C.  3.  Enfin  la  coutume 
exclut  les  citoyens  qui  actuellement  exercent  un  petit 
métier  ou  reçoivent  un  salaire  *. 

M.  Passons  aux  conditions  relatives  d’éligibilité. 

11  y  a  d  abord  nécessité  de  la  déclaration  publique,  de 
la  professio.  Dès  l’époque  primitive,  le  candidat  fait  sa 
déclaration  de  candidature  [nomen pro fit eri , prof êssio)  au 
magistrat  qui  préside  le  vote  5.  Selon  le  cas,  le  magistrat 
1  accepte  ( nomen  accipere )  ou  le  repousse0;  son  droit 
d  appréciation,  d  abord  complet,  a  été  de  plus  en  plus 
restreint  et,  de  bonne  heure,  il  a  dû  inscrire  sur  la  liste 
tous  les  citoyens  éligibles.  Au  début,  la  professio  peut 
n  avoir  lieu  que  le  jour  du  vote  7,  elle  n’est  même  pas 
absolument  obligatoire;  mais  à  la  fin  de  la  République, 
la  liste  des  candidats  doit  être  close  un  trinundinum , 
c’est-a-dire  vingt-quatre  jours  au  moins  avant  le  vote8  ; 
les  candidats  doivent  faire  leur  professio  dans  l’intérieur 
de  la  ville9  et,  probablement  depuis  une  loi  de  62 10, 
confirmée  par  la  loi  de  Pompée  de  52  av.  J.-C.11,  en 
personne,  à  moins  qu’ils  n'obtiennent  une  dispense12. 

En  second  lieu,  1  accomplissement  d’un  certain  nombre 
d  années  de  service  militaire  est,  au  moins  à  l'époque  de 
Polybe,  et  probablement  depuis  la  lex  Villia  annalis  de 
180  av.  J.-C.,  une  condition  d’éligibilité  :  alors  la  loi 
exige  pour  le  tribunal  militaire  cinq,  pour  une  magistra¬ 
ture  ordinaire  dix  années,  sinon  de  campagnes  effectives, 
au  moins  de  campagnes  possibles,  c’est-à-dire  dix  an¬ 
nées  pendantlesquelles  le  candidat  est  présent  aux  appels 
annuels13;  or  les  citoyens  romains  sont  théoriquement 
astreints  au  service  militaire  depuis  dix-sept  ans  accom¬ 
plis11  jusqu  à  quarante-six  accomplis13  ;  par  conséquent, 
sauf  dispense  spéciale  16,  on  ne  peutse présenter  à  la  ques¬ 
ture  avant  vingt-sept  ans  accomplis.  A  l’époque  de  Cicéron, 
il  n  est  plus  question  de  cette  règle  ;  les  jeunes  nobles  ne 


aux 


servent  plus  guère  que  dans  l’état-major  ri*  , 
et  obtiennent  très  rapidement  le  tribun-,1  8énér! 
est  déjà  considéré  comme  une  magistrature^  uî’  qui 
probable  que  depuis  Sylla,  les  années  mm  eStdon<-' 
dix-sept  et  trente  et  un  ans  sont  réservées  »ZT  H 
militaire,  mais  qu’il  n’est  plus  obligatoire  et 
gistratures  peuvent  être  acquises  à  trente  et 

En  troisième  lieu,  il  y  a  les  règles  sm< 
l'ordre  des  magistratures,  sur  l'âge  des  candiEs * 

A.  Cumul.  —  Le  cumul  des  magistratures  min,,' 

ordinairesatoujoursétéiuterditt*;cepe„dautaudÉWu! 

a  pu  cumuler  des  magistratures  uon  perma„e„tes,  „ï" 
que  celles  de  dictateur,  de  maître  de  la  cavalerie  HJ 
censeur,  avec  des  magistratures  annuelles  ou  extraonW 
mures  29  ;  ce  cumul  est  devenu  ensuite  impossible  soiJ 
par  la  disparition  des  magistratures  non  permanentes 
soit  par  l’établissement  de  l’ordre  légal;  mais  jusqu’à  là 
fin  on  a  pu  cumuler  les  charges  ordinaires  avec  les  charges 
extraordinaires,  par  exemple,  le  consulat  ou  le  tribunal 
du  peuple  avec  les  différents  triumvirats  agris  (tandis 
adsignandis ,  coloniae  deducendae  ou  des'  charges  spé¬ 
ciales  créées  pour  1  exécution  de  lois  agraires21.  11  est 
vraisemblable  qu’on  n’a  jamais  pu  cumuler  ni  les  magis¬ 
tratures  plébéiennes  entre  elles,  ni  les  magistratures  pa¬ 
triciennes  avec  les  magistratures  plébéiennes. 

O.  Continuation  et  itération  delà  même  magistrature 

La  continuation  des  magistratures  patriciennes;  proba 

blement  permise  au  début22,  a  été  de  bonne  heure  inter 
dite  par  la  coutume23,  puis  par  la  loi  générale  qu’on  va 
voir.  Pour  le  tribunat,  elle  a  été  longtemps  employée 
pendant  la  lutte  des  classes21  ;  ensuite  elle  a  été  consi¬ 
dérée  comme  ayant  un  caractère  illégal 26  [tribumjs 
plebis].  L’itération,  très  rare  pour  les  magistratures  in¬ 
férieures26,  n’a  eu  d’importance  que  pour  le  consulat; 
elle  a  été  admise  au  début  sans  condition  ;  une  loi  de  342 
ou  de  330  av.  J.-C.  exigea  pour  l’itération  un  intervalle 
d’au  moins  dix  ans,  sauf  dispense  pour  des  besoins  excep¬ 
tionnels  27  ;  une  loi  postérieure  28  défendit  absolument  la 
réélection  au  consulat  ;  Sylla  revint  à  l’intervalle  de  dix 
ans  29  ;  la  réélection  à  la  censure,  dont  nous  n’avons  qu’un 
exemple,  fut  interdite  peu  après  265  av.  J.-C.1111  Pour  le 
tribunat,  depuis  la  fin  de  la  lutte  des  classes,  nous 
n’avons  pas  de  renseignement  certain  ;  mais  l’itération 
parait  plutôt  avoir  été  illégale. 

P.  Intervalle  entre  les  différentes  magistratures.  — 
Il  a  été  réglé  par  la  lex  Villia  annalis  de  180  av.  J-  I 
[annales  leges]. 

Q.  Suite  légale  ou  habituelle  des  magistratures.  — 


1  Ascon.  p.  78.  —  2  Lex  Bantin.  1.  13.  —  3  Liv.  Ep.  89;  Pliu.  Bist.  nat.  7,  30, 
lie  ;  Vell.  2,  +3,  4;  Cic.  in  Pis.  2,  4;  Uio.  Cass.  41,  18  ;  44,  47; 51,  21;  Plut.  Cic.  12; 
Suit.  31.  —  4  Gell.  7,  9;  Liv.  9,40;  22,  25.  —  5  Liv.  26,  18,  5-7  ;  Ascon.  in  Corn. 
p.  89;  Vell.  2,  92;  Plut.  Paul.  3;  Suit.  5.-6  Liv.  3,  04,  5;  7,  22,  8;  8,  15,  9  ;  9,  46, 2; 
10,  15, 10-11;  25,  2,  5;  39,  39,  4;  Cic.  ad  Fam.  16,  12,  3;  Brut.  14,  55;  62,  224;  Gell. 
7,  9,  3.  —  7  Liv.  26, 18,  7.-8  Cic.  ad  Fam.  16,  12,  3;  Sali.  Cat.  18.  —  9  Plul. 
Caes.  13.—  10  Cic.  De  leg.  agr.  2, 9,  24;  Appian.  Bel.  eiv.  2,  8;  Suet.  Caes.  18.  C’est 
à  tort  que  Plutarque  signale  cette  règle  dès  104  av.  J.-C.  [Mar.  12).—  11  Dio.  Cass. 
40, 56  ;  Suet.  Caes.  28. — 12  On  sait  qu'une  des  causes  de  la  guerre  civile  entre  César 
.  el  1  ompée  fut  la  question  de  savoir  si  César  devait  être  ou  non  dispensé  de  l’obliga¬ 
tion  de  se  présenter  en  personne  (Suet.  Caes.  26-28:  Caes.  Bel.  civ.  1,  9,  32;  Cic. 
ad  Alt.  7,  3,  4;  ad  Fam.  6,  6,  5  ;  PMU  2,  10,  24  ;  Liv.  Ep.  107  ;  Florus,  2,  13; 
Uio.  Cass.  40,51  ;  Appian. Bel. civ. 2,  25).  —  13p0lyb.  6, 19, 1-12;  Plut.  C.  Gracch.  2. 

—  n  Gell.  10,  28;  Liv.  27,  H,  5.  —  13  Liv.  43,  14,  6;  Gell.  10,  28  ;  Polyb.  6,  19,  2. 

—  16  Ce  fut  sans  doute  le  cas  de  Tiberius  Gracchus  (Plut.  T.  Gracch.  4  ;  C.  Gracch. 
1).  —  17  Cic.  Pro  Plane.  11,  27,  28  ;  ad  Att.  3,  33,  3  ;  Brut.  89,  304  ;  Suet.  Caes. 

18  M°mmsen  (A.  c.  Il,  p.  160-162)  ne  croit  pas  qu’on  appliquât  aux  magis¬ 
tratures  romaines  les  règles  de  la  loi  municipale  de  César  de  45  av.  J.-C.  qui  exigeait 
pour  les  charges  municipales  1  âge  de  trente  ans  et  trois  années  de  service  dans  la 


cavalerie  ou  six  dans  la  légion  (Lex  Jul.  mun.  1.  89).  —  13  En  paiticujci  Ij  . 
plébiscite  de  342  (Liv.  7,  42,  2).  —  20  Consulat  et  dictature  (Liv.  2,  ,s-  ’’  ’  3 

5,  72);  consulat  et  censure  (L.  Papirius  Cursor,  consul  en  272  et  cen  ^ alerifi 
Frontin.  De  aq.  6)  ;  préture  et  censure  ( Fasti  Capit.  253)  ;  maîtrise  (F  a  ^ 
et  tribunal  consulaire  (Liv.  4,  21,  5  ;  4,  46,  11  ;  4,  57,  6)  ;  autie-  1  '  '  I ,.jnmtir 
Mommsen,  L.  c.  II,  p.  166,  note  1.  —  21  C.  Gracchus  consul  ou  tribun  c  ‘‘  _  ^ 
agris  judicandis  adsignandis  (Plut.  C.  Grâce.  10;  Appian.  Bd.  t  ^  ^  ^  a, 
M.  Livius  Drusus,  tribun  et  A'  vir.  a.  d.  a.  lege  sua  et  eodem  anno  ^  qimicins 
lege  Saufeia  ( Corp .  inscr.  lat.  I,  p.  279)  ;  T.  Sempronius  Longes  c  ^  ^  |  lS[c 
Thermus  préteurs  et  triumvirs  coloniae  deducendae  (Liv.  32,  -9,  ■  ^  ^ 

d’exemples  dans  Mommsen,  L.  c.  II,  p.  170,  note  2.  —  23  Liv.  3.  A  ,  -  >  1 ’  ^  |  ; 

4;  Dionys.  10,  19.  —  24  Liv.  2,  56,  5  ;  3,  14,  6  ;  3,  21, 2  ;  3,  24,  9;  3,  -  ’  lt: 

5,  29,  8  ;  6,  35-42.  —  25  Cic.  Cat.  4,  2,  4  ;  Liv.  Ep.  58,  59  ;  Appian.  ^  3  j 
Sali.  Jug.  37.  —  26  Liste  des  cas  connus  dans  Mommsen,  L.  c.  IL  !’■  ^  jjonlniscn- 

—  27  Liv.  7,  42  ;  Plut.  Mar.  12.  Voir  l’étude  des  fastes  consulaires  ’  ^  g.c. 

L.  c.  Il,  p.  172,  note  4.  —  28  Liv.  Ep.  56.  Mommsen  le  place  en  15  »*•  '  yalU 
II,  p.  174,  note  l).  —  29  Appian.  Bel.  civ.  1,  100  ;  Cic.  De  leg •  L  1  | .  Val. 

Capit.  205;  Corp.  inscr.  lat.  t,  1160  (C.  Marcius  Rutilus) ,  I  N 1 
Max.  4,  1 ,  3. 


MAG 


—  4533  — 


MAG 


début  i 
breu* 

qu'aprt' 


ll(1  n’était  pas  encore  lixc;  ainsi  on  a  de  nom- 
exemples  de  citoyens  qui  ne  furent  préteurs 
lr  consulat1.  C’est  sans  doute  seulement  la  lex 


I"’1.  „/mafequia  établi  le  cerf  us  ordo  magistratuum*. 

.  ^qte  période,  pour  les  magistratures  patriciennes 
^lU1S  .a  ,s  ü  v  eut  l’ordre  ascendant  suivant  :  questure  \ 

.  (,l||’.uie)  préture  et  consulat  ;  l’édilité  curule  n’étail 
s  obligatoire  pour  la  préture  4;  les  nombreux  exemples 
P  ;l"  ncore  de  candidatures  au  consulat  de  citoyens 
'■  n’ont  pas  été  préteurs,  indiquent  une  dispense  du 
Sénat  o«  un  acte  révolutionnaire5;  les  charges  du  vigin- 
|ivil.al  et  du  tribunal  militaire  étaient  gérées  avant  la 
questure,  mais  n’en  étaient  pas  la  condition  préalable 
nécessaire.  Pour  la  censure,  l’usage  s’est  établi  dès  le 
tve siècle  av.  J.-C.  de  ne  prendre  que  des  consulaires5. 
La  lex  Villia  mina  lis  n’a  pas  été  appliquée  aux  magis¬ 
tratures  plébéiennes.  Elles  ne  sont  pas  obligatoires  pour 
l’acquisition  des  autres  magistratures  b  Vers  la  deuxième 
guerre  punique,  nous  trouvons  l’ordre  habituel  suivant  : 
tribunat,  édilité  plébéienne,  préture.  Quand  on  prend  les 
deux  édilités,  on  commence  par  l’édilité  plébéienne  8.  Le 
tribunat  du  peuple  vient  généralement  après  la  questure 
[tribuncs  plebis].  Mommsen  a  établi,  d’après  les  textes  de 
lois,  les  inscriptions,  les  auteurs  9,  l’ordre  officiel  sui¬ 
vant,  dans  lequel  sont  énumérées  les  magistratures 
depuis  le  iie  siècle  av.J.-C.,  mais  qui  ne  correspond  pas 
entièrement  à  l’ordre  chronologique  de  la  gestion  :  dicta- 
tor,  consul ,  interrex,  praetor,  ma  gis  fer  equitum,censor, 
(midis,  tribunus  plebis,  quaestor. 

R. Limites  d'âge  légales.  — On  a  vu  qu’à  l’époque  de 
Polybe  et  sous  le  régime  de  la  lex  Villia  annal is ,  le 
citoyen  ne  pouvait  être  questeur  que  dans  sa  vingt-hui¬ 
tième  année;  par  conséquent,  ori  pouvait  être  édile  à 
trente  et  un  ans,  préteur  à  trente-quatre,  consul  à  trente- 
sept  et  même,  en  laissant  de  côté  l’édilité,  préteur  à 
trente  et  un  ans,  consul  à  trente-quatre.  L’expression 
suus  annus  indiquait  l’année  où  le  citoyen  pouvait  pour 
la  première  fois  poser  sa  candidature  à  une  magistrature 
et  où  par  conséquent  il  avait  plus  de  mérite  que  plus 
tard  a  être  élulu.  Il  n’en  était  plus  ainsi  à  l’époque  de 
Licéron .  Il  y  avait  eu  une  réforme,  peut-être  due  à  une 
loi  de  Sylla  de  81,  à  une  lex  Cornelia  de  magistratibus  ; 
mais  1  obscurité  des  textes11  ne  permet  que  des  hypo¬ 
thèses  peu  satisfaisantes  12  ;  pour  le  consulat,  l’àge  légal 
parait  être  de  quarante  et  un  ans,  et  par  suite,  pour  la 
pi’eture,  de  quarante  ans;  pour  la  questure,  Mommsen 
adupie  làge  de  trente-sept  ans  ;  mais  devant  les  nom¬ 
breux  exemples  de  questeurs  âgés  seulement  de  trente 
'  t  un  ans,  il  est  obligé  d’admettre  que  les  candidats  qui 
'cloraient  vouloir  prendre  l’édilité  et  le  tribunal  étaient 


autorisés  à  briguer  la  questure  à  l'âge  de  trente  ans 
accomplis.  Il  est  plus  vraisemblable  que  l’âge  de  la  ques¬ 
ture  était,  dans  tous  les  cas,  de  trente  et  un  ans  Sous  la 
République,  il  y  avait  peu  d’exemptions  individuelles  de 
la  condition  d’âge  u. 

S.  C’est  le  président  des  comices  qui  proclame  l’élection 
des  magistrats,  qui  fait  la  renuntiatio  [renuntiatio]  et  la 
designatio.  Il  n’y  a  pas  de  designatio  au  sens  propre 
pour  les  magistratures  ordinaires  non  permanentes, 
censure,  dictature,  maîtrise  de  la  cavalerie,  interregnum , 
non  plus  que  pour  les  magistratures  extraordinaires  où 
l’entrée  en  fonctions  a  lieu  immédiatement;  pour  les 
autres  magistratures  plébéiennes  et  patriciennes,  de¬ 
puis  le  jour  de  l’élection  jusqu’à  l'entrée  en  charge,  les 
candidats  élus  sont  magistrats  désignés,  designati'*)  à 
ce  titre,  tout  en  étant  encore  simples  particuliers,  ils 
sont  assimilés,  à  certains  égards,  à  des  magistrats16;  leur 
nom  figure  sur  les  listes  officielles,  même  si  plus  tard 
pour  une  raison  quelconque  ils  n'entrent  pas  en  charge  '  ; 
s'ils  sont  déjà  sénateurs,  ils  votent  dans  la  classe  qui  cor¬ 
respond  à  leurs  nouvelles  fonctions  18  ;  ils  peuvent  utili¬ 
ser  leur  jus  edicendi  19,  régler,  entre  collègues,  leurs 
compétences  20.  Les  élections  des  magistrats  patriciens 
se  font  régulièrement  dans  l'ordre  hiérarchique  :  consuls, 
préteurs,  édiles  curules,  questeurs  21 .  Elles  ont  probable- 
menteulieu,  de  222à  154  av.  J.-C.,  au  mois  de  janvier22  ; 
de  154  à  l’époque  de  Sylla,  peut-être  au  mois  de  novembre, 
mais  avec  beaucoup  d’exceptions  ;  depuis  Sylla,  au  mois 
de  juillet23  :  il  y  a  donc  alors  entre  la  désignation  et 
l’entrée  en  fonctions  un  espace  de  cinq  à  six  mois  qui 
permet  de  juger  les  délits  électoraux.  Les  élections  des 
magistrats  plébéiens  paraissent  avoir  eu  lieu  régulière¬ 
ment  en  juillet24,  au  moins  à  la  fin  de  la  République. 

T.  Pour  la  date  de  l’entrée  en  fonctions S5,  il  faut  distin¬ 
guer  deux  cas  :  4°  si  la  magistrature  était  vacante,  s'il 
s’agissait  par  exemple  de  nommer  un  dictateur,  un  cen¬ 
seur26,  ou  un  magistrat  ordinaire  après  un  interrègne,  ex 
interregno21 ,  le  nouvel  élu  entrait  en  fonctions  immédia¬ 
tement  après  le  vote,  ex  templo ,  à  un  jour  quelconque; 
pour  une  élection  complémentaire,  il  pouvait  faire  ses 
débuts  soit  immédiatement28,  soit  un  peu  plus  tard  ; 
2°  pour  les  élections  ordinaires,  l’entrée  en  fonctions 
avait  lieu  au  début  d’un  jour  civil,  et,  pour  les  consuls 
et  préteurs,  aux  calendes  et  aux  ides  du  mois  ;  la  retraite 
des  magistrats  sortants  avait  lieu  la  veille2''. 

Sauf  la  dictature  et  la  maîtrise  de  la  cavalerie  conférées 
pour  six  mois,  la  censure  pour  un  an  et  demi  et  l'inter¬ 
règne  renouvelable  tous  les  cinq  jours  pour  chaque 
interroi,  les  magistratures  ordinaires  permanentes  sont 
toutes  annuelles.  C'est  là  un  des  principes  fondamentaux 


Cllid'  PU(i'mS  Pllil°  8’,5'9LM-  Valerius  Maximes  (8,  40,  1*21);  Appius 
«•xein  !|1'  1  '  10,  2"’  Fulvius  Flaccus  (Liv.  23,  30,  18  ;  24,  0,  4).  Autres 

on  a'  j.” ..  *anS  1"olnmson,  L.  c.  II,  p.  192,  note  2.  Pour  toutes  les  époques 
revenu  ■'  <UrS  ^°S  excmP'cs  analogues  do  magistrats  supérieurs  qui  consentent  à 
consul  ''|,srnagistvatures  inférieures  :  M.  Agrippa,  édile  curule  après  avoir  été 
Mile  l  |""  '  aSS'  49 ’  43  •  Plin-  Hist.  nat,  36,  15,  104,  121)  ;  Ti.  Claudius  Asellus, 
HacnJ  ta.hPl'!be  a|>r6s  avoil'  Préteur  (Liv.  28,  10,  3  ;  29,  11,  13)  ;  M.  Fulvius 
i  1111  Pe,,|de  après  avoir  été  consul  (Appian.  Bel.  civ.  1,  24).  —  2  Cic. 

loi  de^Hanl"  *’  t’  24  !  PAi7'  3’  l7’  47  ’  Liv-  32’  7’  10  :  D‘!/’  50,  4’  14,  5‘  —  3  U 
domo  4'i  /'  1  -sî  e*'gc  aussi  la  questure  au  début.  —  4  plut.  Suit.  5;  Cic.  De 
note  2  __  •'  ^  Plane.  21,  51  ;  De  off.  2,  17,  58,  59.  Voir  Mommsen,  L.  c.  II.  p.  197, 

lions  én, . .  ,"*S*C '4‘'cs  cas  dans  Mommsen,  L.  c.  Il,  p.  195,  noie  1.  —  a  Six  excep- 

51.(12.  C  <S  Par  ^ommsen,  A.  c.  Il,  p.  207,  note  1.  — ■  1  Cic.  Pro  Plane.  21, 
Mommsen  /  ‘"!SCI  ■  ^ft(.  L  p.  278.  —  8  Liste  des  quatre  seuls  cas  connus  dans 
M;  Brui  V  J,11’  p'  209'  "ole3-  —  9  l.  c.  Il,  p.  222-223.  —  10  Cic.  De  off.  2,  17, 
’  323  ;  De  le9-  agr.  2,  2,  3  ;  Pro  Mil.  9,  24;  Cic.  ad  Fam.  10,  25,  2  ; 


12,  2,  2.  —  11  Cic.  Phil.  5,  17,  48  ;  De  leg.  agr.  2,  2  :  Brut.  94  :  De  off.  2,  17  ; 
Pro  leg.  Man.  21,  G2.  —  U  Voir  Mommsen.  L.  c.  Il,  p.  228-234;  Nipperdev,  Die 
leges  annales  der  rômisclten  Bepublik,  Leipzig,  18G5.  —  13  La  loi  municipale  de 
César  (1.  89)  exige  également  la  trentième  aimée  pour  les  magistratures  municipales. 
_  H  Val.  Max.  4,  I,  1 4 ;  Cic.  Phil.  5,  19,  52  et  3, G, 7;  Appian.  Bel. civ.  3,51,88; 
Dio.  Cass.  46,  29.  —  ls  En  grec  designatas  se  dit  généralement  AnoSiSuypivo;. 
_  16  Mommsen  (L.  c.  II,  p.  291)  admet  l'existence  d'un  serment  prêté  avant  la 
renuntiatio-,  mais  le  seul  texte  qu'il  cite  (Pliu.  Pan.  64)  n’est  pas  probant. 

—  17  Exemples  cités  par  Mommsen,  L.  c.  II,  p.  256,  notes  4-5,  et  257,  notes  1-2. 

—  18  Cic.  Phil.  5,  13,  35;  Appian.  Bel.  civ.  2,  5.  —  19  Dio.  Cass.  40,  66;  55,  G; 
Liv.  21,  63,  t.  —  20  Liv.  44,  17,  1  ;  Cic.  Vei-r.  3,  95,  222  ;  t,  8,  21.  —  21  Cael.  ad 
Fam.  8,  4  ;  Dio.  Cass.  39,  7  ;  Liv.  4,  44,  54.  —  22  Liv.  43,  11.  —  23  Cic.  Verr.  net. 
1,  10,  3  ;  1,  6,  17  ;  ad  Att.  1,  16,  13;  ad  Quint.  2,  15,  5.  Voir  Mommsen,  L.  c.  Il, 
p.  246-251.  —  24  Cic.  ad  Att.  1,1,1;  14,  15,  7-8;  Cael.  ad  Fam.  8,  4.  —  25  Voir 
Mommsen,  L.  c.  Il,  p.  258-261.  —  26  Liv.  40,  45, '8.  —  27  Liv.  9,  8,  1  ;  Ascon.  In 
Mil.  p-  37.  —  28  Cic.  nd  Fam.  7  ,  30,  1.  —  29  Liv.  5,  9,  11,  32;  Dionvs.  6,  49. 

193 


MAO 


1534  — 


MAG 


du  régime  républicain.  A  quelles  dates  du  calendrier  se 
place  l’année  des  magistrats  [nnnus)  ?  Pour  cette  question 
si  obscure  et  si  controversée,  nous  renvoyons  à  l’article 
F asti.  .Nous  donnons  simplement  ici  les  résultats  géné¬ 
raux  les  plus  probables  '.  Jusque  vers  la  fin  du  111e  siècle 
av.  J.-C.,  l'entrée  en  fonctions  des  magistrats  supérieurs, 
consuls,  tribuns  consulaires  et  préteurs,  a  constamment 
varié;  ainsi  on  trouve,  de  509  à  494,  le  13  septembre2  ;  en 
493,  le  1er  septembre2;  en  476  et  en  463,  le  1er  août*;  en 
450  et  auparavant,  le  15  mars 2  ;  de  449  à  402,  le  13  décem¬ 
bre6;  en  401,  le  l*r  octobre1;  en  391  eten  329,  le  1  "juillet8; 
de  319  à  293,  l’automne9  ;  puis,  entre  223  et  217,  peut- 
être  en  222 l0,  l’entrée  en  fonctions  a  été  fixée  au  15  mars; 
plus  tard,  depuis  153,  c’a  été  le  1er  janvier".  Pour  les 
tribuns,  la  date  du  10  décembre,  usuelle  aux  deux  der¬ 
niers  siècles  de  la  République12,  parait  remonter  à  une 
haute  antiquité.  Les  magistratures  inférieures  ont  pro¬ 
bablement  suivi  au  début  les  variations  des  magistra¬ 
tures  supérieures;  plus  tard  le  début  est  aussi  le 
l“r  janvier13,  sauf  les  questeurs  qui  débutent  le  5  décem¬ 
bre1*  ;  les  édiles  de  la  plèbe  ont  sans  doute  d’abord  suivi 
les  tribuns;  plus  tard  ils  suivent  les  édiles  curules  et 
débutent  le  15  mars,  puis  le  1er  janvier13. 

A  l'époque  historique,  l’éponymie  appartient  aux 
consuls  [consul],  aux  deux  préteurs  de  Rome16,  et  peut- 
être  aussi  aux  interrois. 

U.  A  l’entrée  en  fonctions  [magistrat uni  inire),  qui  a 
lieu  régulièrement  à  Rome,  mais  à  la  rigueur  au  dehors1', 
nous  trouvons  un  certain  nombre  de  formalités  et  de 
cérémonies  : 

1°  La  prise  d’auspices  auspicia];  2°  la  lex  curiata  de 
imperio  [comitia,  p.  1388;  ;  3"  plusieurs  actes  par  lesquels 
chaque  magistrat  inaugure  sa  magistrature.  Pour  le  con¬ 
sul,  nous  renvoyons  à  l’article  consul;  les  censeurs  s’as¬ 
seoient  sur  leur  chaise  curule  au  Champ-de-Mars  et  offrent 
un  sacrifice  au  Capitole 18  ;  le  préteur  reçoit  les  premières 
demandes  d’actions19;  4°  la  célébration  de  la  fête  latine 
[feriae  latinae  et  du  sacrifice  de  Lavinium  qui  paraît 
avoir  été  offert  par  chaque  magistrat20  ;  5°  le  serment  du 
magistrat  [jusjurandum,  p.  770-771]  ;  6°  le  serment  prêté 
parles  soldats  au  nouveau  général  [sacramentum]. 

V.  Une  fois  l’année  écoulée,  le  magistrat  dépose  ses 
pouvoirs  par  Yabdicatio  [abdicatio].  Il  peut  se  retirer 
volontairement  avant  le  temps,  soit  pour  une  raison 
quelconque21,  soit  surtout  quand  son  élection  a  été 
entachée  d’un  vice.  Peut-il  être  contraint  à  la  retraite? 
Est-il  inamovible  ou  non?  Cette  question  n’a  pas  été 
clairement  résolue  dans  le  droit  romain.  Le  magistrat 
supérieur  ne  peut  imposer  l’abdication  au  magistrat 
inférieur,  sauf  le  dictateur  ou  maitre  de  la  cavalerie22.  Il 
n’y  a  pas  non  plus  de  procédure  criminelle  qui  aboutisse 
à  la  déposition  du  magistrat.  Le  Sénat  peut,  dans  l’intérêt 
public,  amener  par  une  pression  plus  ou  moins  énergique 

1  Voir  Mommsen,  L.  c.  II,  p.  2G2-277.  —  2  Dionys.  5,  1  ;  G,  40.  —  3  Dionys.  G,  40. 

—  1  Dionys.  9,  25  ;  Liv.  3,  6.  —  »  Dionys.  10,  59  ;  Liv.  3,  36.  —  6  Liv.  4,  37  ;  5,  9, 

Il  ;  Dionys.  il,  63.  —  1  Liv.  5,  9,  11.  —  8  Liv.  5,  32;  8,  20.  —  9  F  asti  Capit. 

—  *0  Plul.  Marc.  4  ;  Liv.  21,  62. —  il  Fasti  praenest.  ( Corp .  inscr.  lut.  I,  p.  3041  ; 
l.iv.  Ep.  47  ;  Cass.  Chron.  ad  h.  ann.  —  12  Liv.  39,  52  ;  Fasti  praenest.  L.  c. 

—  13  Cic.  In  Verr.  acl.  1,  12,  36;  Suet.  Caes.  9  ;  Fasti  praenest.  L.  c.  —  14  Cic.  In 
\err.  I,  10,  30;  Schol.  gronov.  p.  395;  Lex  Corn,  de  XX.  Quaest.  (Corp.  inscr. 
lut.  I,  p.  108).  —  15  Lex  jui  rjiun.  I.  25.  —  16  F'ast.  Ai'val .;  Corp.  inscr.  gr.  2485 
(5.  C.  de  Astypal.  de  105  av.  J.-C.) ;  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  111  (5.  C.  de  Ascle- 
piade ,  de  78  av.  J.-C.).  —  \1  Liv.  21,  63,  10.  —  18  Liv.  40,  45,  8.  —  19  Ov.  Fast.  1, 
165  ;  Juv.  IG,  42;  Serv.  ad  Aen.  2,  102.  —  20  Macrob.  Sat.  3,  4,  1 1  ;  Serv.  ad  Aen. 

2,  296  ;  Val.  Max.  1,  6,  7.  —  21  Vell.  2,  22  ;  Dio.  Cass.  49,  43  ;  57,  21.  —  22  Liv.  4, 

5.  _  23  Liv.  9,  10,  2;  Plut.  Cic.  19  ;  Cic.  In  Cat.  3,  6,  15  ;  4,  3,  5;  Dio.  Cass. 


un  magistrat  à  abdiquer23  [abacti  magistrats 
n  est  toujours  qu’une  abdication  forcée  \  iv  ;  ’  mai8  Ce 
tive,  le  peuple  n’a  certainement  pas  eu  T'?  Prinnl 
destituer  les  magistrats2*;  jusqu’aux  Graeau!*'1  de 
trouvons  que  quelques  destitutions  ou  '  ti..'i’S  ,"°US  De 
destitution  de  promagistrats,  de  proconsuls26 ..  de 
Partir  de  la  déposition  du  tribun  Octaviu  ■  ’  ^  * 
collègue  Tiberius  Graccluis  pn  iuq  t  „  ...  *  Par  son 


=Bl,c  uuenus  uracchus  en  133  av.  J.-C  « 
dans  la  période  révolutionnaire  ’  n°us  avons 

destitution  de  consuls21,  de 


;  i  •  « , uns 

e  Plus|eurs  exemples  de 

y  n  .11  ,  .  préteurs  de  tribun,*» 

X.  Quelle  est  la  responsabilité  des  magistrats? Tl  ■  • 
quement  les  Romains  se  sont  contentés  ici  d, 
commun  et  ils  ont  soumis  le  magistrat  comme  le  pan!!1 
lier  aux  tribunaux  ordinaires  sans  lui  conférer  d’inm  ' 
nité  spéciale,  même  pendant  son  année  décharge  w"' 
pratiquement,  pendant  cette  année  de  charge,  les"rèKle 
de  la  potestas  s’appliquant  ici  comme  ailleurs 311  1^ 
consuls,  proconsuls,  préteurs  et  censeurs  ne  pouvaient 
être  cités  en  justice  par  le  préteur31  ;  les  tribuns  ne  pou¬ 
vaient  être  poursuivis  et  pouvaient  poursuivre  tous  les 
magistrats32,  y  compris  les  censeurs33;  le  consul  pouvait 
agir  contre  les  magistrats  inférieurs,  le  préteur  contre 
les  édiles  curules  et  les  questeurs3*;  mais  en  fait  ces 
poursuites  ont  été  très  rares;  deux  fois  des  tribuns 
intentèrent  des  poursuites  contre  des  censeurs  :  dans  un 
cas,  les  autres  tribuns  intercédèrent36;  dans  l’autre,  les 
censeurs  assignés  devant  les  centuries  interrompirent 
leurs  fonctions  jusqu’à  la  fin  du  procès36.  Ce  n’est  que 
contraints  moralement  par  leurs  collègues  qu’un  édile  dé 
la  plèbe37  et  un  tribun38  vont  devant  les  tribunaux.  Les 
magistrats  inférieurs  refusent  de  se  laisser  poursuivre39.. 
Des  tribuns  intercèdent  en  faveur  de  César  accusé  au 
moment  de  son  départ  comme  proconsul  pour  la  Gaule*0. 
En  somme,  la  coutume  s’établit  de  reculer  les  poursuites 
jusqu’à  la  fin  des  fonctions,  et  plus  tard  elle  est  trans¬ 
formée  en  règle  pour  la  plupart  des  délits  dans  la  procé¬ 
dure  des  quaest iones  per pet itaevl  [judicia  publica].  l’ne 
loi  Memmia,  citée  en  114  av.  J.-C.,  soustrayait  déjà  aux 
poursuites  le  citoyen  absent  pour  un  service  public*2.! 
Dans  quelle  mesure  les  anciens  magistrats  pouvaient-ils 
donc  être  responsables?  Les  crimes,  délits  et  infractions 
politiques  des  magistrats  ont  d'abord  été  poursuivis 
surtout  par  les  tribuns  et  les  édiles  de  la  plèbe,  plus  tard 
devant  les  quaest  iones  et  en  particulier  devant  la  quaest  io 
majestatis  [judicia  publica,  majestas,  tribunes].  Pour  les 
actes  administratifs  et  la  gestion  financière,  il  faut 
distinguer  si  la  victime  était  un  particulier  ou  1  État.  Le  | 
particulier  pouvait  au  début  intenter  au  magistrat  une 
action  civile  [furtum,  injuria]  ;  le  tribun  avait  aussi  le 
droit  de  poursuivre*3  ;  plus  tard  il  y  eut  le  recours  aux  j 
quaestiones  [repetundae,  vis].  En  face  de  1  État,  il  laul  se 
rappeler  que  les  magistrats  romains  n’ont  jamais  bunui 
de  caution  au  Trésor,  que  les  questeurs  seuls  et  indin  i  h 

37,  3t;  Fesl.  Ep.  p.  23.  —  Si  Dio.  Cass,  40,  49  ;  Obscqucns.  70.  La 

premier  consul  Tarquin  Collalin  est  une  pure  légende  (Cic.  Brut.  14,  , 

10,  48).  —  25  Liv.  27,  20,  21  ;  29,  19,  0  ;  Appian.  /ber.  83.  —  26  dut.  7 • 

—  27  L.  Cornélius  Cinna  en  87  (Vell.  2,  20;  Liv.  Ep.  89;  Appian.  Bel"ry  ^  | 

—  2»  y.  Collins  en  43  (Appian.  L.  c.  3,  93).  —  29  Lucilius  Hirrusen  :>3  t 

54);  Marcellus  et  Flavius  en  45  (Obscqucns.  70;  Dio.  Cass  44,  U.  ^  jpa.i,  I 
Casca  en  43  (Obscqucns.  70  ;  Dio.  Cass.  40,  49).  —  30  dut.  Caes.  I  '  01l9  j 

4,  2;  4,  8,  3,  3,  1.  4;  4,  6,  20,  2;  Suct.  Caes.  t8.  —  32  C’csl  encore  appa  ^  ^ 
l'Empire  (Suet.  Dom.  8).  —  33  Liv.  24,  43.  —  34  Gell.  13,  13.  ^  ^  jjtf,  I 

—  30  Liv.  43,  IG.  —  37  G.  Scanlius  Capilolinus,  édile  plutôt  qui  In  n  ^  |3t  j 
C,  t,  7  ;  Plut.  Marc.  2).  —  38  L.  AureliusCotta  (Val.  Max.  0,  3,  4).  -  -  j]  Lt$ 

—  40  Suet.  Caes.  23.  —  41  Dio.  Cass.  39,  7  ;  57,  21;  Cic.  De  leg.  aÿ,''j’41  ,’  jv  j3, 8. 
repetundar.  1.  8  {Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  58).—  42  Va'.  Max.  3,  7,  9. 


MAC, 


l  K  O  K 

—  looS  — - 


MAC 


I  gouverneurs  (le  provinces  ont  été  soumis  à  une 
ine"1  llle  reddition  de  comptes  [quaestorJ.  Lu  loi  dispense 
dateur  de  rendre  compte  pour  toute  sa  gestion;  les 
le  '  |ÜS  préteurs,  les  magistrats  pourvus  de  l'imperium 
f°nMI  |"'  L1Lin,  les  manubiae  *,  qu’ils  ont  le  droit 
P1""  i  ,rWii  leur  guise,  pourvu  que  ce  soit  dans  l'intérêt 
..  j  .  ies  édiles  pour  leurs  amendes,  qu  ils  peuvent 
p"  ,  ’  h  des  constructions  ou  à  leurs  jeux3;  les 
jrs  p0Ur  leur  budget  [censorJ.  Dans  tous  ces  cas,  il 
K  que  le  magistrat  n’emploie  pas  l’argent  de  l’État  à 
sïn  usage  particulier;  cependant,  s’il  y  a  détournement 
desdeniers  publics,  furtum  pecuniaepublicae,  peculatus , 
.j  ,t  y  avoir  poursuite  au  criminel  par  les  tribuns*, 
au  civil  par  un  citoyen  quelconque5  ;  plus  tard,  les 
malversations  de  tout  genre  se  sont  multipliées  et  ont  été 
portées  devant  des  quaestiones  spéciales  [peculatus, 


!  RliPETUNDAEj. 

V.  La  durée  de  la  magistrature  peut  être  prolongée 
régulièrement  par  la  prorogalio ,  dont  nous  n’avons  à 
étudier  ici  que  le  caractère  général,  en  renvoyant  pour  le 
détail  aux  articles  provincia,  proconsul,  propraetor  f‘. 
La  prorogation  a  lieu  pour  Y  imperium  militiae ,  jamais 
pour  l'imperium  domi.  On  peut  distinguer  deux  sortes 
de  prorogations  :  la  prorogation  de  l'ait  et  la  prorogation 
légale.  La  première  est  la  prorogation,  au  delà  de  l'année, 
d’un  commandement  militaire,  soit  jusqu’à  la  fin  d’une 
guerre,  d'une  série  d’opérations,  soit  jusqu’à  l’arrivée 
d’un  successeur;  cette  prorogation,  surtout  si  elle  est 
longue,  peut  être  autorisée  par  un  sénatus-consulle  ', 
mais  Mommsen  soutient  avec  raison  contre  Willems  que 
généralement  il  n’y  a  besoin  ni  de  loi  ni  de  sénatus- 
consulte.  En  outre,  à  la  fin  de  la  République,  le  général 
conserve  fictivement  son  commandement  jusqu’à  son 
retour  à  Rome  pour  pouvoir  triompher8  [triumpuus].  La 
prorogation  légale  a  eu  lieu  pour  la  première  fois  en 
faveur  du  consul  Q.  Publilius  Philo  en  327  av.  J.-C.9; 
depuis,  elle  a  été  d’un  usage  courant  pour  le  consulat,  la 
préture  et  la  questure.  Elle  a  été  accordée  soit  jusqu’à  la  fin 


dune  opération10,  soit  plus  généralement  pour  une 
nouvelle  année  11  ou  pour  plusieurs  années,  mais  par  des 
concessions  successives,  d’abord  par  les  comices  popu¬ 
laires  sur  l’initiative  du  Sénat12,  puis  dès  le  xn®  siècle 
av-  é-C.  par  le  Sénat  seul13  [senatus]  ;  mais  c’est  le 
peuple  qui,  comme  on  l’a  vu,  abrogeait  Y  imperium 
prorogé.  Le  promagistrat  a  d’abord  porté  le  même  titre 
que  le  magistrat1*,  mais  de  bonne  heure15  la  prorogation 
a  été  exprimée  par  l’addition  du  préfixe  pro.  Le  proma- 
gistiat  est  théoriquement  inférieur  au  magistrat  du 
memc  rang'  à  moins  qu’il  n’ait  reçu  un  pouvoir  égal  par 
un  acte  spécial lb  ;  mais  en  fait  il  possède  à  peu  près  les 
menit's  attributions.  La  législation  de  Sylla  établit  la 


prorogation  régulière  pour  les  consuls  et  les  préteurs, 
qui  passent  dès  lors  leur  première  année  à  Rome,  leur 
seconde  année  dans  une  province.  C’est  le  commenco- 
mentd’un  régime  nouveau.  La  lex Pompcia  de  provineits 
établit  un  intervalle  de  cinq  ans  entre  la  gestion  du 
consulat  ou  de  la  préture  et  le  gouvernement  d  une 
province,  et  sépare  ainsi  définitivement  la  magistrature  de 
la  promagistrature. 

III.  Période  impériale  jusqu’à  Dioclétien.  —  Sous 
l’Empire,  les  magistratures  républicaines  sont  dépouillées 
de  presque  toute  leur  importance  politique  au  profit  de 
l’empereur  et  des  fonctionnaires  impériaux.  Nous  ren¬ 
voyons  aux  articles  spéciaux  l’étude  des  changements 
que  subissent  les  différentes  magistratures.  Nous  n  avons 
à  indiquer  ici  que  quelques  traits  généraux. 

I.  Il  n’y  a  plus,  à  côté  de  l’empereur,  de  commandement 
militaire  indépendant;  après  27  av.  J.-C.,  on  ne  connait 
que  trois  exemples  de  magistrats  ayant  obtenu  le  titre 
d'imperatora.  Le  costume  militaire,  le  paludamentum, 
est  réservé  à  l’empereur  [imperator  . 

II.  L’empereur  accorde  les  droits  honorifiques  fictifs 
des  magistrats,  les  ornamentu  ;  c’est  sur  sa  proposition 
que  le  Sénat  les  concède18;  les  ornamentu  sont  de  trois 
catégories  :  consulaires,  prétoriens  ou  questoriens,  et  il 
peut  y  avoir  élévation  d’une  catégorie  inférieure,  à  une 
catégorie  supérieure19;  les  ornamentu  ne  sont  pas 
comptés  dans  le  calcul  des  magistratures,  ne  donnent 
ni  le  droit  de  s’y  présenter,  ni  l’entrée  au  Sénat  ;  ils  pro¬ 
curent  simplement  :  aux  sénateurs90  le  droit  de  voter  au 
Sénat  dans  la  classe  indiquée  par  le  nouveau  titre21,  aux 
non-sénateurs  le  droit  d’assister  parmi  les  sénateurs  aux 
fêtes  publiques,  aux  banquets  des  sénateurs,  de  porter  le 
costume  sénatorial  et  les  insignes  de  la  magistrature 
fictive22.  La  concession  des  ornamentu  à  des  sénateurs 
tire  son  origine  de  la  disposition  légale  qui,  sous  la 
République,  accordait  au  Sénat  une  classe  plus  élevée  à 
celui  qui  triomphait  dans  une  poursuite  devant  les  quaes¬ 
tiones 23.  A  la  fin  de  la  République  et  sous  Auguste,  des 
magistrats,  exclus  du  Sénat,  avaient  cependant  gardé 
leurs  droits  honorifiques2*;  c'est  seulement  à  partir  de 
Tibère  qu’on  accorda  les  ornamentu  à  des  personnages 
qui  n’étaient  pas  sénateurs,  surtout  à  des  préfets  du  pré¬ 
toire25,  à  des  préfets  des  vigiles26,  à  d'autres  fonction¬ 
naires  impériaux 2  ',  à  des  chevaliers 2S,  à  des  procurateurs 
provinciaux29,  quelquefois  à  des  affranchis  impériaux 
et  aussi  à  des  membres  de  la  famille  impériale31  et  à  des 
princes  étrangers32. 

III.  Les  magistrats  peuvent  être  poursuivis  pendant 
leur  année  de  charge  ;  cependant  on  respecte  encore  en 
principe  le  tribun  du  peuple33. 

IV.  L’admission  aux  magistratures,  en  commençant 


'L  U«,/ j"  kg'  a°T'  *’  *’  12  ;  2’  23’  59‘  —  2  Oros.  5,  18  ;  Cic.  ad  Fam.  2, 
iCii-Z  \U  •’  *’  6'  ~  3  Liv-  10’  23’  3I>  47  ;  24,  16;  27,  6  ;  30,  39,  8  ;  33,  25; 
s.  d.  Puii  \  ^  33,  1,  19;  Varr.  De  ling.  lat.  5,  158;  Fest. 

de  l  s.  ~~  f  anc‘eu  exemple  d’une  condamnation  de  ce  genre  est 

avait  pu  ,  i  V  611  lsHGell.  0.  19)  ;  l’accusation  contre  M.  Acilius  Glabrioen  189 
p.  ülo,  no[^ 0nnée  (Liv*  37>  57>  12).  -  3  Liv.  23,  3,  12.  Mommsen  (L.  c.  1, 
suite  par  |,. ,  ’  *  C0^011‘e  Julia  Genetiva,  c.  95,  qui  distingue  la  pour- 

321.  _  7  p  maSlslrat  ct  celle  par  le  citoyen.  -  6  Voir  Mommsen,  L.  c.  II,  p.  311- 
S,  il,  2G  _  Kl",’  .  ’  ’  +°’  39,  7  ;  41  >  14>  11.  -  8  Cic.  ad  Fam.  1,  9,  25.  -  9  Liv. 

»;  10,  a  ,,  _  1 '■  f’  23  ;  27,  7,  17.  —  Il  Liv.  9,  42,  2  ;  10,  22,  9.  —  12  Liv.-  8, 
kt.  4  ;’68‘.  13  Po,yb -  G.  15,  G  ;  Liv.  24,  10,  3;  31,  8,  10.  —  14  Corp.  inscr. 

—  15 1)Çjà  Omis  p  d.  arck.  Instit.  6,  96  (décret  de  Laiupsa,[ue  de  I9G). 

Proconsul  d'Afe  ° '*IC  1  19,  H)*  —  1°  Liv.  26,  9  ;  30,  27.  —  17  C.  Junius  Blacsus, 
•"  4  »v,  j  \  22  aP-  J-C.  (Tac.  Ann.  3,  74);  L.  Passicnus  Rufus,  consul 

1  cP‘9r-  3,  640)  ;  Cossus  Cornélius  Lentulus,  consul  eu.  1  ay. 


J.-C.  (Vell.  2,  116).  —  m  C.  i.  lat.  6,  798  ;  11,  1834;  Phil.  In  Ftacc.  7.  —  19  Tac. 
Ann.  16,  17  et  tl,  4;  Dio.  Cass.  58,  12;  C.  i.  I.  5  ,  3340.  —  20  Suct.  Caes.  76  ; 
Tac.  Hist.  i,  79;  4,  4.  —  21  Pour  Octave  en  43  av.  J.-C.  Monum.  Ancgr.  1,  3  ; 
Liv.  Ep.  118;  Dio.  Cass.  46,  29,  41.  Pour  Marccllus,  Dio.  Cass.  53,  28.  Une  dis¬ 
position  spéciale  fixa  à  Gerraauicus  sou  raug  de  vole  dans  sa  classe  (Dio.  Cass.  56, 
17).  _  22  Suet.  Aug.  35  ;  Dio.  Cass.  58,  11-12.  —  23  Cic.  Pro  Balb.  25,  57;  Dio. 
Cass.  36,  40.  —  24  Cic.  Pro  Chient.  47,  132;  Sud.  Aug.  35.  —  25  Ornements 
prétoriens  et,  depuis  Néron,  consulaires,  Dio.  Cass.  37,  19;  58,  12;  40,  48  ;  78,  13; 
79,  4;  Tac.  Ann.  11,4;  15,72;  16,  17  ;  C.  i.  I.  1 2,  5843  ;  9,  5358  ;  6,  1599  ;  Yita 
Hndr.  8  ;  Vita  Pii ,  10.  —  20  Dio.  Cass.  58,  12.  —  27  Tac.  Ann.  13,  10  ;  C.  i.  /.  6, 
798.  —  28  Tac.  Ann.  16  ,  28  ,  33.  —  29  Suet.  Claud.  24;  Tac.  Ann.  12,  21  ;  Hist.  4.  4; 
Dio.  Cass.  60  ,  23. —  30  l’allas  (Pliu.  Ep.  7,  29  ;  8,  6  ;  Tac.  Ann.  12,  53;  Sud. 
Claud.  28;  Pliu.  Hist.  nul.  35,  18,  20);  Narcisse  (Tac.  Ann.  14,  38;  Sud.  Ctaml. 
og),  —  3i  Claude  (Sud.  Claud.  5).  —  32  Agrippa  l'r  (Phil.  In  Ftacc.  7  ;  Dio.  Cass. 
60,  8)  ;  Uérode  (Dio.  Cass.  60,  8).  —  33  Dio.  Cass.  55, 10  ;  Tac.  Ann.  13,  44. 


MA  G 


—  1536  — 


par  la  plus  basse,  le  vigintivirat,  a  maintenant  pour 
condition  le  rang  sénatorial  et,  par  suite,  le  même  cens 
que  pour  le  Sénat,  c'est  à-dire  une  fortune  d’un  million 
de  sesterces*.  Mais  l’empereur  accorde  fréquemment 
des  dispenses  sous  une  double  forme.  D’abord  il  peut 
pratiquer  le  système  de  Yadlectio  [allectio].  lin  second 
lieu  il  peut  concéder  le  latus  cia  vus ,  comme  le  montrent 
en  particulier  les  cursus  honorutn  de  personnages  de 
lordre  équestre  qui  commencent  parle  vigintivirat5;  la 
dispense  est  plus  complète  quand  la  concession  comporte 
le  latus  clavus  cum  quaestura  :  c’est  alors  la  dispense 
du  x  iginthirat  avec  1  autorisation  de  débuter  par  la  ques¬ 
ture1,  comme  le  montrent  les  inscriptions  de  person¬ 
nages  lato  c/avo  exornati  ou  adlecti  in  amplissimum 
ordinem  qui  commencent  par  la  questure  4  [senatus]. 
I  ar  suite  de  la  diminution  du  prestige  des  anciennes 
magistratures,  les  empereurs  doivent  prendre  un  certain 
nombre  de  mesures  pour  avoir  les  candidats  nécessaires. 
Les  membres  de  l'ordre  sénatorial,  c’est-à-dire  les  fils  et 
petits-fils  des  sénateurs,  possédant  les  conditions  d’éligi¬ 
bilité,  doivent  exercer  les  magistratures5.  Ceux  qui  ont 
occupe  unemagistrature  inférieure  doivent,  sauf  dispense, 
etre  candidats  au  poste  supérieur 6.  La  gestion  du 
tiibunat  et  des  édilitës  devient  obligatoire,  sauf  pour  les 
patriciens.  Des  dispenses  peuvent  abaisser  le  minimum 
d  âge,  abréger  les  intervalles  entre  les  magistratures, 
faire  passer  par-dessus  quelques-unes;  la  loi  Julia  de 
8  av.  J.-C.,  ou  la  loi  Papia  Poppaea  de  9  ap.  J.-C., 
accorde  une  remise  d'une  année  d’intervalle  par  enfant 
vivant  •  et  sans  doute  une  dispense  d’une  année  pour  la 
questure.  Puis  il  y  a  de  temps  en  temps  des  mesures 
extraordinaires,  par  exemple  l'autorisation  à  des  citoyens 
qui  ne  sont  pas  encore  sénateurs,  à  des  chevaliers,  de  se 
présenter  au  tribunat*,  1  emploi  d’itérations  anormales, 
surtout  pour  la  questure,  la  délégation  à  certains  magis¬ 
trats  des  attributions  d'autres  magistratures9.  La  loi  a 
déterminé  plus  exactement  que  sous  la  République  les 
causes  d'indignité  [infamia]. 

V.  On  débute  soit  par  une  des  places  du  vigintivirat10 
magistratus  minores],  soit  par  le  tribunat  militaire,  réel 
ou  fictif  militiae  Equestres,  tribunus  militum];  le  tribunat 
militaire  est  obligatoire,  à  partir  de  dix-huit  ans  au 
minimum11;  on  débute  avant  ou  après  le  vigintivirat12, 
depuis  l’époque  des  Flaviens,  après  cette  fonction13;  ce 
service  d'officier  se  maintient  jusqu’à  l’époque  des 
Gordiens;  le  vigintivirat  disparait  vers  l’époque  de  Sévère 
Alexandre.  On  gère  ensuite  la  questure,  au  cours  de  la 
vingt-cinquième  année 14  ;  puis,  sans  doute  au  cours  de  la 
vingt-septième  année,  le  tribunat  ou  l’édilité,  jamais  les 
deux;  les  patriciens  sont  dispensés  de  l’édilité  curule  et 


1  Dio.  Cass.  54,  17  ;  Suet.  Aug.  41.  —  2  Ulp.  Reg.  7,  I  ;  Dig.  24,  I,  42.-3  Plin. 

Bp.  1,14,  5;  2,  9  ;C..i.  I.  12,  1783.  —  *  C.  i.  I.  3,  384;  5,  7153;  8,7041  ;  12,  4354. 

—  5  Dio.  Cass.  5  4, 26.  —  6  Dio.  Cass.  54,26.  —7  Dig.  4,  4,  2;  Plin.Æ’p.7,  16.  —  8  En 

12  ap.  J.-C.  (Dio.  Cass.  56,  27)  et  sous  Claude  ( Ibid.  60,  11).  —  9  Préteurs  chargés 
de  lédilité  (Dio.  Cass.  29,  16  ;  53,  2).  -  10  Tac.  Ann.  3,  29;  voir  Mommsen,  L. 
c.  Il,  p.  201,  note  3.  —  11  Dio.  Cass.  52,  20.  —  12  Après  :  C.  ».  I.  3,  551  ;  5,  531  ; 
avant  :  5,  35,  3375;  6,  1317,  1402.  —  13  C.  i.  I.  2,  1371,  4121,  4509;  3,  291,  87  et 
add.  2732;  5,  877,  4335,  5262,  6976,  1874,  865  ;  6,  332,  1332,  1333,  1343,  1365,  1383, 
1450,  1517,  1522,  1533,  1549;  8,  2747,  2582,  6706,  7050;  9,  2457,  4119;  10,  408, 
1122,  1123,  6006,  135  ;  11,  571,  376,  3364,  3365,  3883;  12,  3163,  3167;  14,  360), 
3610.  —  14  Dig.  50,  4,  8;  Dio.  Cass.  52,  20  ;  Tac.  Ann.  15,  28  ;  liist.  4,  42; 

Quint'l.  fnst.  12,  6,  1.  —  15  C.  i.  I.  9,  2456  ;  6,  1383;  9,  1123  ;  5,  1812  ;  10,  211  ; 

14,  3902  ;  voir  Mommsen,  L.  e.  Il,  p.  214,  note  2.  —  16  Dio.  Cass.  52,  20. 

—  n  Borgliesi,  Op.  7,  527.  —  18  Tac.  Ann.  3,  29  ;  4,  4;  Suet.  Gai.  1  ;  Vell.  2,  94; 
ü.o.  Cass.  53,  28;  54,  10;  59,  22;  60,  5.  -  19  Mon.  Ancyr.  2,  45  (pour  Caius  et 
J.iicius  Caesar);  Tac,  Ann.  12,  *1  (ppur  Néron)  ;  Dio.  Cass.  53,  28  (pour  Marccllus). 


MAC. 

peuvent  passer  directement  de  la  questure  ù  i 
la  prêt  ure  peut  être  prise  au  cours  delà  tP(.nr  prélure"; 
le  consulat,  après  un  intervalle  de  deux  ■  ®m,e 
au  cours  de  la  trente-troisième  année11  *  V 
coup  de  dispenses  d’àge  en  faveur  dès  , !l!  yabeiu' 
famille  impériale18,  surtout  jusqu’à  Néron  de  la 
princes  héritiers  présomptifs19,  et  même  en  fdes 
simples  particuliers20.  L’obligation  de  prendre  le, IT  de 
ou  lédilité  paraît  avoir  disparu  à  l’épomte  ‘hunat 
Alexandre21  ;  l’édilité  elle-même  peut  encore  ^  ^ 
quelque  temps;  le  tribunat  va  jusqu’au  r  siècle3"’  ^ 
AI.  Les  magistratures  sont  toujours  annuelles  „ 
consulat  ;  l’entrée  en  fonctions  a  lieu  le  1»  ’  6 

serment  des  magistrats  a  été  modifié  [jusjurandumTΙ 
Pour  les  élections23,  Auguste  a  rétabli,  en27av  J  f 
maintenu  jusqu’à  sa  mort24  les  comices  électoraux  o! 
avaient  ete  suspendus  pendant  le  triumvirat.  Après  1  ' 
les  élections  des  magistrats,  même  des  consuls28,  passent 
au  Sénat,  sauf  pendant  la  courte  période  où  Galigula  les 
rend  au  peuple20  ;  il  n’y  a  plus  devantles  comices  qu'une 
renuntiatio  de  pure  forme.  La  constitution  d’Auguste 
a  accordé  ici  à  l’empereur  deux  droits,  le  droit  d’appré¬ 
cier  1  éligibilité  des  candidats,  qui  correspond  à  la  no- 
minatio  de  la  République,  et  le  droit  de  commendatio , 
dérivé  de  la  recommandation  que  des  citoyens  influents 
pratiquaient  sous  la  République  en  faveur  de  leurs  can¬ 
didats.  En  premier  lieu,  l’empereur  exerce  donc  au  Sénat, 
concurremment  avec  les  consuls,  le  droit  de  nominatio  : 
les  candidats  peuvent  déclarer  leur  candidature  soit  à 
l’empereur,  soit  au  magistrat  qui  préside  l’élection 27 ;  la 
déclaration  devant  l’empereur  leur  donne  probablement 
un  privilège  de  fait;  Auguste  et  Tibère  ne  paraissent  ainsi 
avoir  désigné  pour  la  préture  que  douze  candidats 2S.  En 
second  lieu,  la  commendatio  impériale  ( suffragatio M, 
suffragium 30)  a  force  obligatoire  ;  le  candidat  de  l’empe¬ 
reur  ( candidatus  imperatoris ,  Caesaris) 31  doit  être  élu 
[candidates  caesaris].  Auguste  recommandait  ses  candi¬ 
dats  d’abord  lui-même  sur  le  Forum,  puis,  à  la  tin  de  sa 
vie,  par  affiches  32  ;  devantle  Sénat,  la  recommandation  se 
fait  sans  doute  surtout  par  écrit.  Pour  le  consulat,  pratiquée 
probablement  depuis  Néron  seulement33,  elle  aboulità 
une  véritable  nomination  par  l’empereur  dont  le  Sénat  ne 
fait  guère  qu’enregistrer  le  choix34.  Pour  les  autres  ma¬ 
gistratures,  elle  remonte  vraisemblablement  à  Auguste; 
les  candidati  Caesaris  apparaissent  depuis  Tibère  J,  et 
la  lex  regia  donne  à  Vespasien  le  droit  de  recomman¬ 
dation  sans  limite  30.  Tibère  recommandait  quatre  préteurs 

sur  douze31  ;  sous  Marc-Aurèle,  il  y  a  encore  des  préteurs 
candidats  de  l’empereur 38  ;  pour  l’édilité  curule,  les  men¬ 
tions  de  la  recommandation  sont  rares39,  parce  que, 

—  20  Dio.  Cass.  51,  4;  76,  5;  Plin.  Pan.  69;  Vita  ûid.  Jul.  1  ;  Corp.  tnscr  3 

suppl.  6625;  12,  3164.  —  21  Vila  Alex.  43.  —  22  Textes  suspects  sur  «il  • 
Vit.  Gord.  1 1  ;  Trig.  tyr.  33.  Sur  le  tribunat  :  C.  Th.  8,  18, 1  ;  l-,  C  1  1  ^ 

Mommsen,  L.  c.  t.  V,  p.  197-205.  —  24  Dio.  Cass.  53,  21  ;  50,  *0,  1 

—  25  En  ce  sens,  Tac.  Hist.  2,  91.  —  20  Dio.  Cass.  59,  9,  20  ;  Sucl. 

8,  20  ;  Tac.  Ann.  1,81;  2,  51  ;  Pli'1,  ^an'  ^  * 


Ann.  1,  15.  —  27  Dio.  Cass.  53,  20  ;  58, 

29  Lex 


regia  {Corp.  inscr.  lat.  0,  930) 


__  30  Vit- 


—  28 Tac.  Ann.  1,  14-15  ;  2.  36.- 
Did.  Jul.  4. 

moins  le  mot  imperatoris ,  Caesaris  ;  depuis  la  fin  du  Hn  siècle  il  y  *-  “  33  ^ 

32  Suet.  Aug.  (i*  «. 

.  t  81  ' 

22;  Dig.  1,  2,  2,  47  ;  Senec.  De  clem.  1,  9,  12.  —  31  Tac.  Ann.  ,  ,  ^  jjj; 

77;  2,  71;  Plin.  Pan.  77,  192;  Dio.  Cass.  66,  2  ;  67,  4  ;  Appian.  1 1 <■  ‘ 

C.  i.  I.  14,  3608.  —  35  Vell.  2,  124;  Quintil.  6,  3,  02.  Voir  Stobbe,  ^  ^  ^ 
Caesaris  ( Philologus ,  1868,  p.  88-1 12  ;  1869,  p.  048-700).  —  30  J-  c-  . 

1,  15.  —  38  Vit.  Sever.  2.  —  39  Vit.  Did.  Jul.  I  ;  C.  ».  I.  8  suppl.  I  - 


31  Les  inscriptions  portent  au  début  le  nom  de  1  unp  i  . 

is  ;  depuis  la  fin  du  u"  siècle  il  y  a  ccnidid"lns  lo“ 

court  (C.  i.  L.  6,  1450  ;  9,  1493). 

textes  sur  Auguste  ne  montrent  qu’une  influence  de  fait  : 


MAP. 


837  — 


.MAP 


,  Mommsen  *,  elle  entraînait  pour  les  quacstorii 
|j8p11  h  ..  a  ia  cura  actorum  seiiatus.  Elle  s’exerce 

i*i 

'  ,  |,(,ur  le  tribu nat,  mais  on  ne  sait  dans  quelle  me- 

et  pour  les  deux  quaestores  Augusti3.  Au 
81111  ’i  plusieurs  textes  laissent  croire  que  l’empereur 
réviser  à  son  gré  tous  les  choix  du  Sénat4. 
rÇjl  magistratures  républicaines,  qui  constituent 
•on  appelle  sous  l’Empire  la  carrière  sénatoriale, 
°ar  opposition  à  la  carrière  équestre,  gardent  encore  une 
^  je  importance  administrative  et  sociale  parce  qu’elles 
ouvrent  l’accès  aux  plus  importantes  des  nouvelles  fonc- 
.jonS  impériales  et  aussi  aux  sacerdoces  les  plus  élevés. 
\insi  les  quacstorii  fournissent  les  legati  pro  practore , 
'les  légats  des  gouverneurs  des  provinces  sénatoriales 
prétoriennes.  Les  tribunicii  et  les  aedilicii  n’ont  pas 
d’aptitude  spéciale.  Les  praetorii  recrutent  les  fonctions 
de  :  lerjatus  Augusti  legionis  (commandant  de  légion), 
legatus pro praetore  (légat  du  gouverneur  d’une  province 
sénatoriale  consulaire),  legatus  legati  Augusti provinciae 
(légat  d’un  légat  de  l’empereur),  legatus  Augusti  pro 
praetore  vir  praetorius  (gouverneur  d’une  province  im¬ 
périale  prétorienne),  proconsul  provinciae  (gouverneur 
d’une  province  sénatoriale  prétorienne),  praefectus 
aéra  ri  i  mililaris,  praefectus  frumenti  dandi  exSenatus 
consulta,  curator  viarum.  Les  consulares  recrutent  les 
fonctions  de  :  censitor  ou  legatus  A  ugusti  pro  praetore 
ad  misas  accipiendos ,  legatus  A  ugusti  pro  praetore  vir 
consularis  (gouverneur  d’une  province  impériale  consu¬ 
laire),  proconsul  Asiae  ou  Africae ,  praefectus  Urbi , 
curator  viarum ,  curator  alvei  Tiberis  et  riparum  et 
cloamrum  Urbis,  curator  operurn  locorumque  publico- 
rum,  curator  aquarum.  Parmi  les  sacerdoces  de  l’ordre 
sénatorial,  citons  les  charges  suivantes  :  augur  fetialis  ; 
fionien  Dial is,  Quirinalis,  Augustalis,  Claudialis  ;  f  rater 
Arvalis ;  Lupercus  ;  Pontifex;  Quindecemvir  sacris 
faciundis  ;  Salins;  Septemvir  epulonum  ;  Sodalis 
Augustalis ,  Claudialis ,  Hadrianalis.  La  réunion  de  ces 
trois  groupes  de  fonctions,  anciennes  magistratures, 
charges  impériales  et  sacerdoces,  constitue  le  cursus  ho- 
norum  sénatorial.  Nous  en  renvoyons  l’étude  complète, 
surtout  pour  les  détails  épigraphiques,  à  l’article  ordo 
MAGISÎRATüUM. 

b .  Bas-Empire.  —  Dans  la  hiérarchie  administrative  et 
sociale  du  Bas-Empire,  les  anciennes  magistratures  ne 
Jou'  ot  plus  qu  un  rôle  insignifiant.  Les  consuls  ordi- 
na|n's  sont  toujours  nommés  par  l’empereur  8;  les  cou¬ 
su  s  sutli'cts,  et,  à  partir  de  356,  tous  les  questeurs  et  les 
prêteurs  sont  nommés  par  le  Sénat  avec  la  confirmation 


impériale4;  mais  la  préture  et  la  questure  ne  repré¬ 
sentent  plus  que  des  dépenses  obligatoires  ;  la  questure 
disparaît  a  la  fin  du  iv°  siècle  Après  la  questure  et  la 
préture,  la  carrière  des  jeunes  clarissimes  offre  la  plus 
grande  diversité;  il  n’y  a  plus  de  règles  fixes  pour  le 
cursus  honorurn ,  dont  les  différentes  fondions  se  répar¬ 
tissent  dans  les  troisclasses  des  Clarissimes  C/arissirni), 
des  Respectables  ( Spcctubiles )  et  des  Illustres  illi  strks, 
SENATUS].  Ch.  L écrivain. 

MAGISTRATUS  EXTRA  ORIUXEM  CREATI.  —  Dans 

le  droit  romain,  les  mots  extra  ordinern ,  appliqués  à  la 
collation  d’une  magistrature,  indiquent  une  dérogation 
quelconque,  soit  à  l’ordre  habituel  de  succession  des  ma¬ 
gistratures1,  soit  à  une  autre  prescription  légale.  Mais 
on  appelle  couramment  magistrats  extraordinaires  ceux 
qui  sont  créés  pour  un  cas  particulier  par  une  loi  spéciale 
et  avec  une  compétence  spéciale.  Ils  ont  quelquefois  un 
nom  propre,  par  exemple  les  décemvirs  legibus  scriben- 
dis  ;  ils  portent  aussi  le  nom  générique  de  cura  tores 2  ; 
quelquefois  ils  ne  sont  désignés  que  par  la  formule  cuin 
imperio,  cum  pot  est  ale  esse.  Il  est  probable  qu’au  début 
de  la  République,  les  magistrats  supérieurs  ont  exercé 
eux-mêmes  ces  attributions  spéciales,  ou,  au  moins, 
qu’ils  nommaient,  le  cas  échéant,  les  commissaires 
chargés  de  les  exercer,  par  exemple  les  duumviri  perdue  l- 
lionis-,  mais,  de  très  bonne  heure,  ce  droit  des  magistrats 
a  été  limité  au  profit  du  peuple  et  du  Sénat. 

Nous  pouvons  distinguer  :  I.  —  Les  duumvirs  de  la 
perduellio  [duumviri  perduellioms  . 

II.  —  Les  duoviri  aedi  dedicandae  et  aedi  locandae, 
qu’on  trouve  jusqu’au  iic  siècle  av.  J. -C.  De  bonne  heure,  la 
cession  d’une  portion  du  sol  public,  à  titre  gratuit,  par 
dédication,  c'est-à-dire  pour  un  temple,  a  exigé  une  loi 
populaire3  ;  une  loi  de  304 exigea  en  outre  l'approbation 
du  Sénat  ou  de  la  majorité  des  tribuns4;  primitivement, 
la  dédication  pouvait  être  faite  par  un  des  magistrats  su¬ 
périeurs  5,  dictateur6,  consul1,  préteur8,  puis  môme 
par  un  censeur  9  ou  un  édile  investi  d’un  pouvoir  spé¬ 
cial10;  mais  de  bonne  heure  le  peuple  en  chargea  des 
commissaires  spéciaux  [duumviri  aedi  dedicandae  .  II  en 
a  été  de  même  pour  la  construction  du  temple.  Elle  a 
appartenu  soit  aux  magistrats  supérieurs,  surtout  aux 
consuls11,  quelquefois  aux  censeurs  et  aux  édiles  qui 
pouvaient  faire  adjuger  eux-mêmes  la  construction  de 
temples  élevés  avec  l'argent  de  leur  butin  ou  de  leurs 
amendes12,  soit  à  des  commissaires  spéciaux  duumviri 
aedi  locandae]. 

III.  —  Les  duoviri  navales  [classis,  p.  1230-1231  . 


1*74-  'j  1 4  '-**  )80"181’  D*°-  Cass.  78,  22  ;  Corp.  inscr.  gr.  1133,  1327;  C.  i.  I. 
-3  c  j  [',.1  f’  i3)7;  8  SUppl '  i8>  27°-  —  2  C ■  i ■  t.  14,  3599,  2499  ;  G,  145i 

guano  ]  ’  ■’  ‘C09-15'!  ; 6,  1365;  14,  îffiO, 6014;  Dig.  1,  13, 1,2.  Au  Bas-Empire I. 
I  nettoies  candidati  (Svmm  En  *  si  ■  r  ;  i  n  «ir«  «  i-ct\  n  • 

cl*rissimes„„i  P‘  81  ’  C •  *■  l-  t4>  -*63  i  *'«0  s°nt  •<*  jeun, 

4S,  U,  I  eutcel'te  clla,'ge  au  début  de  leur  carrière.  —  *  Dig.  42,  1,  5: 

Synint  cl  j  -  !  c|.  Dio.  Cass.  52,  20.  —  3  Auson.  Gratiar.  act.  13 

folemiusSilvi  3'  ~  6  Symm-  Ep'  10’  06  ’  C-  Th-  6’  4-  13>  2i  ,es  Fastes  < 

leurs,  |e  ■>-.]  1,1(111  donnent  le  9  janvier  l’élection  des  consuls  sulTects  et  des  pr 

V|||;  Ep.  5^™  U'lection  des  questeurs  (C.  i.  I.  I,  p.  383).  —  1  Symm.  Ora 
lier  ll„m„  i/,,  ,  ^ll‘  1  ’  4’  27  ■  ~  Bibliographie.  Wex,  Ueber  die  leges  annal 
tri "linel/es  Ues  R  A\"seum'  0*45,  III,  p.  27G-Ü88)  ;  Laboulayc,  Essai  sur  les  to 
Becker,  Ueber  d'l"i""S  concernant  la  responsabilité  des  magistrats,  Paris,  1841 
297)  i  Walter  g"’  Amlsentsetzunff  bei  den  Rômern  (Rhein.  Mus.  1846,  IV,  p.  29 
67,  ll!).  153’i3r:r:e  rfeS  rôm-  Petits,  3»  éd.  Bonn,  1860,  §§  41,  53,  54,  6 
fopublik,  Loin  ’_-71"29l>  359-405;  Nipperdey,  Die  leges  annales  der  rôt 
Bccslau,  187Q  .  ®’.  '8631  Flaso“,  Zur  Frage  ilber  die  leges  annales  der  Kaiscrseï 
P'  -14-241 ,  314  hVu'  droit  public  romain,  Paris  et  Louvain,  3’  éd.  187 
1815 1  lonterwaii  n  ^e  magislratuum  romanorum  juribus,  Leipzi 

“ne  publica  officia  ante  quaesturam  geri  solita  sint  temp 


ribus  imperatorum,  Upsal,  1874  :  Dupond,  De  la  constitution  et  des  magistratures 
romaines  sous  la  République ,  Paris,  1877  :  Mommsen,  Die  Scipionenprosesse 
( Rôm .  Forschungen ,  11,  1879,  p.  417-510);  Madrig,  L'Etat  romain,  Irad.  Morel, 
Paris,  1882,  l.  Il,  p.  45-86  ;  Misponlet,  Les  institutions  politiques  îles  Romains,  Paris, 
1882,  I,  p.  35-85;  Bloch,  De  decretis  f  une  forum  magislratuum  ornnmentis,  Paris, 
1883  ;  Karlowa,  Rôm.  Rechtsgeschiclite,  Leipzig,  1883,  |,  j  ;  4, ,  70.  99  ;  Bouclié- 
Leclcrcq,  Manuel  des  institutions  romaines,  Paris,  1886,  p.  31-56:  Mommsen.  Le 
droit  public  romain,  Irad.  Girard,  t.  I- Il ,  Paris,  1887  ;  Lécrivain,  Le  Sénat  romain 
depuis  Dioclétien  à  Rome  et  à  Constantinople,  Paris,  1888  ;  Cagnal,  Cours  d'épi- 
graphie  latine,  3“  éd.,  Paris,  1898,  p.  86  sqq.  ;  Liebeuam,  Slüdtererualtunq  im 
rôm.  Kaiserreiche,  Leipzig,  1900. 

MAGISTRATUS  EXTRA  ORDINKM  CREATI.  1  Cic.  Brut.  63.  226;  De  domo, 

9,  23,  24;  Pl.il.  H,  7,  17  ;  Tac.  Jim.  2,  32 :  13,  29.  Le  texte  de  Yarron  (Gcll.  14,  7) 
ne  doit  pas  être  pris  à  la  lettre.  —  2  Cic.  De  leg.  3,  4,  10  ;  De  leg.  agr.  2,  7  ;  Paul. 
Diar.  p.  48.  —  3  Fcsl.  p.  318,  s.  ».  Sacer  mons;  Gai.  2,  5  ;  Cic.  De  domo,  49,  127. 
—  4  Liv.  9,  46.  —  5  Ibid.  —  6  I.iv.  10,  1,  9.  —  7  Liv.  2,  8  ;  2,  27  ;  10,  33,  9  ; 

10,  46,  7.-8  Liv.  34,  53,  4;  36,  36,  4.  —  9  Liv.  34,  53  ;  40,  52;  42,  10,  5.  —  10  Liv. 
24,  16,  9  ;  9,  46  (cas  conlroxersé).  —  U  Liv.  34,  53.  7.  —  12  Liv.  9,  43,  25;  10,  I  ; 
36,  36,  6;  42,  3,  1. 


MAC. 


1538  — 


MAC 


l  \ .  —  l/t's  magistrats  agris  (tandis  adsignandiso l  ro/o- 
nine  dedncendae  L  Toute  atlribution  gratuite  et  délini- 
liv.'-  do  terres  publiques  pour  une  assignation  ou  une 
fondation  de  colonie  exige  une  loi  populaire,  présentée 
quelquefois  par  un  des  magistrats  supérieurs,  habituel¬ 
lement  par  un  tribun 3  [agrariae  leces].  Jusqu’aux 
(iraeques,  les  magistrats  agissent  d’accord  avec  le  Sénat 
et  suivent  ses  instructions  ;  il  n’y  a  que  la  lex  Flaminia 
de  JJ-  av.  J.-C.  sur  le  partage  du  Picenum  qui  ait  été 
soumise  au  peuple  malgré  le  Sénat,  et  Polybe  4  y  voit 
avec  raison  le  début  des  troubles  constitutionnels.  Jus- 
qu  aux  Grecques,  le  Sénat  est  donc  la  principale  autorité 
en  celle  matière;  aussi  les  textes "  ne  signalent  souvent 
que  le  sénatus-consulte,  quoiqu’il  faille  toujours  ad¬ 
mettre  auparavant  une  loi  populaire6.  L’exécution  de 
ces  mesures,  qui  a  peut-être  appartenu  au  début  aux 
magistrats  supérieurs  ,  a  été  confiée  de  bonne  heure  à 
des  magistrats  spéciaux;  c'est  seulement  à  la  fin  de  la 
l.epuhüque  qu  on  revient  aux  magistrats  supérieurs,  que 
par  exemple  la  loi  Apuleia  de  100  charge  Marins  de 
fonder  des  colonies,  qu’en  43  le  Sénat  charge  les  consuls 
d'assigner  les  terres  en  Italie  et  les  gouverneurs  de  la 
Gaule  de  fonder  la  colonie  de  Lyon  8.  Les  magistrats 
spéciaux,  appelés  quelquefois  curatores'3 ,  sont  en  nombre 
variable;  on  trouve  des  collèges  de  cinq10,  de  sept11,  de 
dix1-',  de  quinze13,  de  vingt  membres14.;  dans  la  loi 
agraire  de  111  av.  J.-C.  il  y  a  des  duoviri1’.  Élus  à 
l'époque  ancienne  sous  la  présidence  du  consul 16  ou  du 
préteur  urbain  n,  plus  tard  des  tribuns  18,  parmi  tous  les 
citoyens,  sans  condition  spéciale  d’éligibilité,  avec  pos¬ 
sibilité  de  cumul  avec  le  consulat,  le  tribunat  et  les  ma¬ 
gistratures  ordinaires  1  ',  ils  n  ont  que  des  auspicia  mi¬ 
nora  et  une  potestas  d’ordre  inférieur;  c’est  par  excep¬ 
tion  que  la  loi  de  Rullus  donnait  V imperium  aux  décem¬ 
virs-";  ils  peuvent  toucher  des  indemnités  analogues  à 
celles  des  gouverneurs21;  ils  agissent  en. commun,  à 
moins  que  la  loi  de  création  n’ait  partagé  les  pouvoirs22; 
la  durée  des  (onctions  varie  avec  la  tâche;  on  trouve  des 
mandats  de  trois-1,  de  cinq  ans24  ;  la  loi  Sempronia  de 
J33  créait  des  commissaires  annuels,  mais  renouve¬ 
lables21.  Ils  sont  chargés  de  l’attribution  et  de  la  conces¬ 
sion  des  terres  (agris  t tandis  adsignandis) 25  ;  le  jugement 
des  litiges,  avec  le  droit  connexe  de  coercition,  réservé 
primitivement  aux  censeurs  ou  aux  consuls  et  préteurs, 
fut  attribué  aux  triumvirs  de  la  loi  S’empronia  de  133 
jusqu'en  1-29  27,  et  par  la  plupart  des  lois  agraires  sui¬ 
vantes  aux  commissaires  qui  s’appellent  alors  :  agris  ju- 
dicandis  adsignandis  ( a  i  a)  28.  Nous  renvoyons  aux 


iU',icl0S  :  AGnARIAE  POLONIA,  TIUUMVIrt  , 

ADSIGNANDIS,  TRIUMVIRI  COLONIAE  DEDUCEND  \K  IUX|»!S 


MME. 


l!UX«P0(|U,; 


V.  —  Les  qui ngue  ou  très  viri  mensarïi  A  i 

de  crise  financière,  en  331  et  en  21(5  après  pT? 
Cannes21,  sur  la  proposition  d’un  tribun  et  f|,; 

douce  des  consuls,  le  peuple  élut,  parmi  les" A 

plus  notables,  la  première  fois  cinq,  l;i  second  7°""  ^ 
rtn  mensarii,  chargés  de  faire  aux  débiteurs  '  '  °IS  lrois 
caution,  sur  les  fonds  publics,  les  avances (’rn‘0yennant 
cessaires  pour  payer  les  créanciers  En  oui, 
sarii  de  216  firent  et  reçurent  des  paiements 7 
Trésor.  En  33  ap.  J.-C.  Tibère  lil  encore  faire  ,|es  J. T  “ 
ce  genre  par  le  Trésor;  les  prèls,  garantis  pardi!  “ 
lions  immobilières  et  donl  le  total  ne  devait  m  •  ^ 

cent  millions  de  sesterces,  ne  portaient  pas  "uil'ïïf! 
étaient  remboursables  en  trois  ans30. 

VI.  -  Les  triumviri  sacris perquirendis donisque  J 
stgnandts  élus  en  212  av.  J.-C.,  sous  la  président 
pieteur  urbain,  pour  faire  1  inventaire  des  objets  vntif 
susceptibles  d’ètre  fondus31. 

\  H  —  Les  magistrats  extraordinaires  chargés  deconsl 
tructions.  On  connaît  : 

1»  Des  duoviri,  créés  vers  272  av.  J.-C.  pour  achever 
un  aqueduc  commencé  par  les  censeurs32. 

2°  Une  série  de  commissaires,  chargés  de  la  construc¬ 
tion  ou  de  la  réception  de  routes  et  de  ponts  et  que  nous 
ne  connaissons  que  par  des  inscriptions.  Mommsen  a 
conjecturé  31  qu  il  y  avait  eu,  depuis  environ  le  milieu 
du  n0  siècle  av.  J.-C.,  peut-être  depuis  C.  Gracchus 34 ,  une 
cura  viarum ,  instituée  probablement  par  une  loi  Viscllia 

et  qui  aurait  été  destinée  à  remplacer  la  censure  pendant 
les  intervalles  où  il  n’y  avait  pas  de  censeurs.  On  trouve 
donc  :  trois  curatores  viarum  chargés  de  la  réception  de 
travaux  par  le  censeur  de  113 35  ;  un  curator  viissternun- 
dis  un  peu  avant  92^,  un  cur(ator)  viar(um)  e  lege  Visel- 
lia,  en  même  temps  tribun  en  71  37,  un  car.  viar.  oui 62, 
chargé  de  la  réception  d’un  pont  sur  le  Tibre  :!8. 

d"  Des  quinqueviri  mûris  turribusque  reficiendk  et 
des  triumviri  uedibus  reficiendis ,  créés  en  212  pendant 
la  deuxième  guerre  punique,  pendant  une  longue  vacance 
de  la  censure,  pour  la  réfection  des  murailles  de  Rome: 
et  la  reconstruction  de  deux  temples39. 

4°  Le  commissaire  chargé  de  la  reconstruction  du 
temple  du  Capitole,  détruit  en  83.  Cette  cura  fut  confiée 
au  dictateur  S  y  1 1  a ,  après  lui  à  Q.  Lutatius  Catulus40. 

VIII.  —  Les  magistrats  extraordinaires  pour  l’achat  et  la 
distribution  du  blé  à  Rome.  A  côté  des  édiles  et  des 
magistrats  ordinaires,  il  y  a  eu  probablement  ici  de 


■  Noir  Mommsen,  Le  droit  public  romain,  Irai!.  Girard,  t.  IV,  p.  336-353. 

-  2  Ouand  il  y  a  réserve  du  droit  de  propriété,  la  loi  populaire  n’est  pas 

absolument  nécessaire  ;  cela  parait  être  le  cas  dans  Liv.  40,  38,  où  les  consuls  agissent 
seuls.  Cic.  De  leg.  agr.  2,  7,17;  Phil.  13,  15,  31;  Liv.  34,53  I- 

10.  21,  8;  32,  29,  3;  35,  40,  5.  -  *  2,  21.  -  5  Liv.  8,  16,  H;  9,  28,  8;  37,  46,  10; 

17.  I.  —  6  Elle  est  indiquée  ap.  Cic.  De  leg.  agr.  2,  12,  31  ;  Corp.  inscr.’ lat. 

-•;/  1 . .  vet-  l-achmann,,  p.  265.  -  7  Cas  obscur  d’un  préteur  urbain, 

""  1*"  av.  J.-C.  prorogé  pour  un  an  pour  faire  des  assignations,  peut-être  pour 
assister  des  décemvirs  spéciaux  (Liv.  31,  4,  2  ;  31,  49,  5  ;  32,  1 ,  G  ;  Cic.  PAU.  5  (fin.). 

00.  Cass.  46.  JÛ  ;  Sen.  Ep.  91,  14;  Corp.  inscr.  lat.  10,  6087;  Cic  Phil  5 
I  -  »  Fest.  Bp.  48  ;  Cic.  De  rep.  2,  7,  1 1  ;  Grom.  vet.  p.  265.  Le  mot  agrarins 
'  C  Lu.  ..,  il,  10  est  impropre.  -  10  Liv.  6,  21,  4;  Cic.  De  leg.  agr.  2  7  17- 
( •rom.  vet.  23G,  i  i  •  *30  ii .  /•  ;  1  .  „  ».  .  J  ’  ’  » 

r  1  •  '•  L  P*  Mommsen  croît  que  les  V  viri 

r  m1  a(d^nandlt)  J^d, candis,  nommés  par  Cicéron  (ad  Alt  2  7  4) 
e.  dans  1  Elogmm  de  M.Yalerius  Messala  [C.  i.  ,.  6.  8326)  ont  seuls  la  juridiction 

par  "la  toi 

.  ...  t  vuucaea  AUicna  labia  (Gt'om.  vet.  2.  223)  font  nartip 

de  ces  viginlivirs.  —  U  Cic.  Phil.  5,  7,  21  ■  5  P  33  .  «5  u- 8  7r7;  a  , 

-  ce.  De  leg.  agr.  2,  7,  ,7;  Liv.  .31,  4,  2;  31,  49,5;  42,  4,  4;  C.  i.  I.  I,  p.  278, 


279.  —  13  Plin.  {Jist.  nat .  7,43,  139.  _  14  Varr.  De  re  rust.  1,  2,  10  ;  Cic.  ad  AU. 
2,  G,  2;  Bp.  7,  3;  Vell.  2,  45,  2  ;  Plin.  Hist.  nat.  7,  52,  176  ;  Suet.  Aug.  4;  Dio. 
Cass.  38,  1  (loi  de  César  de  59).  —  15  C.  i.  I.  1,  p.  103,  1.  57.  -  10  Liv.  8,  10,  U; 
9,  28,  8.  —  17  Liv.  10,  21,  9;  34,  53,  2;  37,  46,  10.  —  1»  Cic.  De  leg.  agr.  2,  s 
16;  2,  8,  20.  —  19  Ibid.  2,  13,  34.  -  20 Ibid,  t,  3,  9;  2, 13,  34;  2, 18,  45;  2,  22,00. 

—  21  Plut.  Ti.  Grâce.  13  ;  Cic.  O.  I.  2,  13,  32.  —  22  Grom.  vet.  p.  323  (1«‘ ,lc  Cé" 
sar).  —  23  Liv.  32,  29,  4  ;  34,  53,  2.  —  24  Cic.  L.  I.  —  23  Appian.  Bel.  cia.  I  9  : 
repetundar.  ( C .  i.  I.  I,  no  198,  I.  13,  16,  22).  —  20  Abréviation  :  a  d  a  [Lex  Bantm. 
I.  51  ;  lex  repetundar.  I.  13,  16,22  ;le.x  agrar.  1. 15  ;  C.  i.  I.  L  P-  279 [ElogivmAi 
Drusus)].  Dans  l 'Elogium  de  Caesar  Slrabo  ( C .  i.  I.  I,  p.  278)  il  y  a  :  agr.  dand.  mûr. 
jad.  ( agris  dandis  adtribuendis  judicamlis).  — 27  Liv.  58  ;  Appian.  Bel.  cit.  I. 

—  28  C.  i.  I.  1,  552-556  ;  p.  278  ;  0,  8326;  Cic.  O.  I.  2,  13,  33-34  ;  Deprov  «au, 
17,41;  AdAtt.  2,’ 7,  4.-29  Liv.  7,  21;  23,21,  6;  22,  60,  4  ;  26,  36,8,  ll;24,iM" 

—  30  Tac.  Ann.  6,  17.  —  31  Liv.  25  ,  7.  —  32  Krontin.  De  ag.  6.  1,1  Cà 

p.  386-387. 11  rattache  à  ce  sujet  les  lùocuW  de  Varron  (5,  158).  — 04  Plut.  1  1'  '7- 

Appian.  Bel.  civ.  1,  23.  —  85  C.  i.  l.C,  38  2  4.  —30  Ibid.  I,  p.  279.  —  37/6icZ.  I.11  3  ’ 

—  38  1  bid.  il0  600.  —  39  Liv.  25,  7,  25.  Mommsen  [L.  c.  IV,  p.  388,  note  -I 

à  une  curatelle  du  même  genre  et  de  la  même  époque  le  triumvir  de  6.  i*  L  f  " 

—  40  Gcll.  2,  10;  Suct.  Cacs.  15;  Dio.  Cass.  37,  44;  Corp.  inscr.  lat.  I.  p-  1,1  ] 


MAC 


—  1539  — 


MAC 


-  boni"' 


ll(M1re‘  des  curatores  spéciaux1;  mais  le  commis- 


\A'nnnona  et.  le praefectus  annonae  que  Tite-Live2 

S!""  i  4, T)  et  en  440  sont  sûrement  légendaires;  la 

sign-'1"  ' 


1"' 


«mière  curatel 


e  historique  est  celle  créée  eri  104  pour 
i"  P  \i  Aemilius  Scaurus3.  En  57,  Pompée  eut 

|p  consuiti*1  c  ... 

l  testas  rei  frumentariac  extraordinaire,  avec  un 

^ipcriuin  proconsulaire  illimité  pendant  cinq  ans  sur 
tout  le  monde  romain  \ 


jX.  —  Lesmag 


ist rats  extraordinaires  chargés  de  faire  la 


paix 


Tels  furent  les  décemvirs  élus  en  241  après  la  pre¬ 
mière  guerre  punique*.  Mais  que  sont  les  décemvirs  qui, 
d'après  la  loi  agraire  de  111°,  firent  des  assignations  de 
tories  en  Afrique  après  la  chute  de  Carthage,  d’après  une 
loi Livia  inconnue?  Faut-il  y  voir  des  décemvirs  spéciaux 
qui  organisèrent  la  conquête,  ou,  avec  Appien7,  dix  légats 
sénatoriaux?  En  tout  cas,  à  partir  de  cette  époque  il  n'y 
[a  plus  à  côté  des  généraux  que  des  commissions  séna¬ 
toriales  de  dix  membres. 

X.  —  Les  magistrats  extraordinaires  chargés  du  recrute¬ 
ment  des  soldats  ou  de  la  présidence  des  élections  ou  du 
jugement  de  procès  criminels.  En  212,  pendant  l'inter¬ 
ruption  de  la  censure,  on  créa  deux  collèges  de  trium¬ 
virs  chargés  de  dresser  la  liste  des  hommes  libres  soumis 
au  service  militaire,  l'un  dans  les  50  milles  de  Rome 
et  l’autre  au  delà8.  En  43  on  élut,  sous  la  présidence 
du  préteur  urbain,  des  duumvirs,  avec  puissance 
consulaire,  chargés  de  présider  les  élections  consulaires 
pour  éviter  l’interrègne9.  Pour  les  commissaires  chargés 
déjuger  ou  d’instruire  des  procès  criminels  ( quaesitores ), 
nous  renvoyons  à  l’article  judicia  publica,  p.  650. 

XI.  —  Les  légats  sénatoriaux  [legatio]. 

XII.  —  Les  magistrats  extraordinaires,  investis  du  pou¬ 
voir  constituant  |  UECEMVIRI  LECIBUS  SCRIBENDIS  ;  DICTATOR, 
p.  16.") ;  tru  mviri  reipublicae  constituend ae] .  A  la  rigueur, 
on  peut  aussi  faire  rentrer  dans  ce  groupe  la  création  éphé¬ 
mère  des  XX  viri  reipublicae  curandae,  institués  par 
le  Sénat  en  238  ap.  J.-C.,  après  la  chute  des  deux  Gor¬ 
diens,  pour  organiser  la  défense  contre  Maximin;  deux 
d entre  eux,  Maxime  et  Balbin,  étaient  empereurs10. 

XIII.  Magistrats  extraordinaires  chargés  defonctions 
militaires".  On  peut  citer  ici  :  1°  la  collation,  à  la  fin 
d"  la  République,  de  V imperium,  généralement  propré¬ 
torien  ",  rarement  proconsulaire l3,  à  de  simples  questeurs 
pour  remplacer  des  gouverneurs  ordinaires  ou  pour 
administrer  de  petites  provinces,  comme  la  Cyrénaïque14. 

La  collation  extraordinaire  de  Y  imperium  dans  les  cas 
suivants:  Scipion  obtint,  simple  particulier,  Yimperium 
fou  su  Li  ire  pour  continuer  la  guerre  d’Espagne  en  24 1 1 3  ; 
apres. 1  u i  deux  magistrats,  nommés  chaque  année  par  des 
J|>  spéciales,  gouvernèrent  l’Espagne,  probablement 


avec  le  même  pouvoir,  jusqu’en  198  lc.  Puis  Pompée  eut 
en  81  la  Sicile  et  I  Afrique  avec  un  imperium  prétorien  ,7, 
en  77  1  Italie,  puis  1  Espagne,  en  66  l'Asie  et  la  Syrie  avec 
un  imperium  consulaire.  3'  Les  commandements  mili¬ 
taires  illimités,  les  imperia  infinita,  qui  amènent  la 
chute  delà  République.  Tels  furent  les  pouvoirs  conférés 
en  74,  sans  doute  par  sénatus-consulte,  au  prêteur 
M.  Antonius18,  et  en  67  parla  loi  Gabiniu  à  Pompée, 
simple  particulier,  pour  trois  ans,  pour  réprimer  la  pira¬ 
terie  1  '.  Pompée  avait  sur  les  côtes  un  imperium  égal  à 
celui  du  gouverneur  de  la  province  ;  il  avait  en  outre  le 
droit  de  nommer  vingt-cinq  légats  auxquels  la  loi  avait 
donné  d’avance  un  imperium  proprétorien-'.  En  43  les 
préteurs  Brutus  et  Cassius  eurent  aussi  en  Orient  un 
imperium  consulaire  illimité21.  Ch.  Léchivain. 

WAG1STRATUS  MINORES.  —  La  distinction  des 
magistrats  majores  et  minores  n'a  pas  eu  d’importance 
pratique  et  n’a  jamais  été  très  précise.  Ainsi  le>  auteurs 
regardent  comme  minores  tantôt  les  magistrats  ordi¬ 
naires  dépourvus  de  Y  imperium  eL  qui  ne  sont  pas  élus 
par  les  comices  centuriates,  c’est-à-dire  les  édiles  et  les 
magistrats  inférieurs 1 ,  tantôt  les  magistrats  non  curules 2, 
tantôt  les  questeurs,  les  vigintisexviri  et  les  tribuns 
militaires  a  populo 3,  tantôt  simplement  les  viginti¬ 
sexviri 4.  Nous  ne  ferons  rentrer  dans  cette  catégorie  que 
les  tribuns  militaires  [tribunes  militvm  .  les  vigintisex¬ 
viri  et  les  quinque  viri  cis  Tiberim. 

I.  Période  républicaine.  —  Le  nom  de  vigintisexviri 
désigne  six  collèges  de  petits  magistrats,  ayant  ensemble 
vingt-six  membres:  1°  les  ///  viri  capitales  triumyiri 
capitales]  ;  2°  les  II f  viri  aere  argent o  aura  flando 
feriundo  [triumviri  monetalesJ  ;  3°  les  ////  viri  dis  in 
urbe  pur  g  and  is  ;  4°  les  II  viri  dis  extra  urbem  pur- 
gandis  ;  5°  les  A'  viri  litibus  judicandis  decemmiu 
litibus  judicandis];  6° les  II H  praefecti  Capuam  (lamas. 

Ils  sont  indépendants  les  uns  des  autres  et  ne  cons¬ 
tituent  un  groupe  commun  que  pour  le  cursus  honorunr, 
le  nom  collectif  de  vigintisexviri  n'apparait  sans  doute 
qu’à  l’époque  d’Auguste6.  Les  charges  de  ces  derniers 
sont  gérées  habituellement  avant  la  questure,  sans  en 
être  cependant  la  condition  préalable  nécessaire  magis- 
tratus]  ;  aussi  ne  figurent-elles  pas  régulièrement  sur 
toutes  les  inscriptions*.  Officiellement  elles  paraissent 
être  au-dessus  du  tribunal  militaire1  ;  cependant,  sur 
l’ inscription  du  tombeau  des  Sci  pions,  le  décemviràt  litibus 
judicandis  constitue  le  début  de  la  carrière8.  Nous  ne 
savons  pas  s’il  y  a  eu  une  hiérarchie  entre  ces  diverses 
magistratures9;  le  décemvirat  parait  avoir  été  la  moins 
importante.  Ces  magistrats  pouvaient  être  mis  en  accu¬ 
sation  pendant,  leur  charge10.  D'après  Cicéron,  le  Sénat 


1  Fesl.  F, 
p,'o  Scsi. 
h  7.  On 


pro  ’  2  -*  27  ;  4,  12,  8  ;  4,  13,  7.  —  3  Cic.  De  har.  resp.  20,  43  ; 

’  *  Dio.  Cass.  39,  9  ;  Appian.  Bel.  civ.  2,  18  ;  Cic.  ad  Att. 


a  éU!  ôi|j|(.  ^aS  ^  exac^e  de  *•  !•  G,  1460,  où  un  personnage  qui 

—  '  PoKl  '  *  C"'^at°r)  fru(menti)  ;  Mommsen  le  met  entre  31  et  22  av.  J.-C. 

—  8  |  jv  ''  H  d  81  (C\  i.  I.  I,  n»  200).  —  7  Pun.  135. 

Vit  j| fax  t  p  i~  9  (,ass*  —  10  Zosim.  1,  14;  Vit.  Gord.  10,  14; 

.  inscr.  Int.  14,  3 90 J,  où  i!  y  a  le  titre 
Mommspn  J  '  "  "" 11  enlre  eux,  L.  Caesonius  Lucillus  Macer  Rulinianus.  —  U  Voir 
47  ;  cf  lio’rrhj-' •  '  ’  P;  30°-379-  12  Vell.  2,  43  ;  C.  i.  I.  I,  n»  .398.  -  U  KcXlicl,  4, 

I"5).  —  i:;  j'j  ],  —  14  Borgliosi,  Op.  2,  403  (monnaies  de  A.  Pupius  Ru¬ 

de  Moiniin,.,,  s  !  ^  'h  1  '  •  —  16  C.  i.  I.  I,  p.  308  et  459  (avec  la  restitution 
(-11,13,7.  Cependant  Tite-Livo  appelle  ces  gouverneurs  proconsuls 

—  I*  Ve||.»  JJ  ’  *  ’  '[!’  3L  50,  H;  31,  49,  7).  —  17  Granius  Licinianus,  p.  39. 
II.  -2lt  AIpi.  '  ~  (:ic-  Verr-  — ,  3,  8;  3,91, 213  ;  De  leg.  agr.  2,  17,  4(1  ;  Vell.  2, 
78 1  Vell.  s  t>(0  7 7 '  9C  "‘O.  Gass.  30,  19.  —  21  Appian.  Bel.  civ.  4,  58;  4, 

lai.iocnapHiF.  Misponlet,  Institutions  politiques  des  Bomains, 


Paris,  1882,  1,  p.  144-150;  Bouché-Leclercq.  Manuel  des  institutions  romaines, 
Paris,  1880,  p.  90-91  ;  Mommsen,  Le  droit  publie  romain,  traduction  Girard,  Paris, 
1894,  t.  IV,  p.  323-470. 

MAG1STRATÜS  MINORES,  i  Messala  ap.  Gril.  13,  15:  Tac.  Ann.  4.  fi:  Sali. 
Cnt.  30  ;  Liv.  3,  53,  9;  25,  I,  10,  Il  ;  32,  26.  17  :  Dig.  47,  40,  32.  —  i  Liv.  36,  3,  3. 

—  3  Cic.  De  leg.  3,  3,  6.  —  4  Suet.  Caes.  41  ;  cf.  Liv.  39,  16,  12. 5  Fest.  Ep. 

233;  Dio.  Gass,  54,  26  (en  13  av.  J.-C.);  Corp.  inscr.  lot.  6,  1317;  14,  2105,  3945; 
Marini,  Anal.  p.  806;  les  quatre  inscriptions  qui  donnent  ce  litre  ont  616  réunies 
et  commentées  par  Mommsen,  C.  i.  1. 1,  p.  186  ad  n»  637.  —  6  II  v  a  le  décemvirat 
stlitibus  judicandis  ap.  C.  i.  t.  I,  p.  38  et  279,  n°  7.  —  7  l.ex  repetundar.  (C.  ».  I. 

I,  p.  158  en  124-123  av.  J. -G.)  ;  Ibid.  1,279  (Elugium  de  AI.  Livius  Drusus). _ 8  Ibid. 

I,  38.  —9  Nous  trouvons  le  classement  suivant  :  Cicéron  (De  leg.  3,  3,  6)  ne  cite 
que  les  n»>  1 ,  2,  5  ;  Dion  Cassius  cite  les  n«  1 ,  2,  3,  5  el  indique  comme  supprimés 
de  son  temps  les  n"’ 4  et  6;  dans  C.i.  t.  Il,  1837,  il  y  a  les  n0'  5,2,  3  ;  dans  C.  ».  I.  6,1455, 
1456,  il  y  a  cumul  des  h-  I  el  2  ;  à  .»,  36,  il  y  a  occupation  successive  du  n°  5  el  du 
n°  3;  ap.  9,2845,  occupation  successive  du  n«  5  el  du  n»  I.—  10  Val.  Mar.  8,  t.5-6. 


MAC, 


M  A  Ci 


—  4540  — 


pouvait  les  employer  à  sa  guise'  ;  nous  ne  voyons  pas  à 
quoi  il  l'ail  allusion 

A.  Les  ////  viri  l'iis  in  urbe  purgandis  et  les  //  viri 
riis  extra  urbem  purgandis.  Ces  collèges  apparaissent 
pour  la  première  fois3  dans  la  loi  municipale  de  César 
de  il  av.  J. -C.  et  datent  peut-être  de  César.  Le  premier 
s’appellera  plus  tard  sous  l’Empire  III  !  viri  viarum 
rurandarunp  ;  il  est  évidemment  chargé  du  nettoyage 
des  rues  à  l'intérieur  de  Rome.  Le  second  collège,  //  viri 
viis  extra  propiusve  urbem  Romam  passas  mille  pur¬ 
gandis 3,  est  chargé  de  nettoyer  les  rues  en  dehors  des 
murailles.  Est-ce  seulement  jusqu’au  premier  mille  ou 
au  delà,  en  Italie?  Le  texte  est  trop  obscur  pour  fournir 
une  conclusion  certaine6.  Du  reste,  ce  collège  a  été 
supprimé  par  Auguste,  avant  Ci,  sans  doute  en  iü 
av.  J.-C.  et  sa  compétence  passe  aux  cura  tores  viarum 7. 
Sous  l’Empire,  les  IV  viri  gardent  le  nettoyage  des  rues 
de  Rome  sous  la  direction  des  édiles8. 

B.  Les  Praefecti  Capuam  Cumas.  Le  préteur  urbain 
de  Rome  instituait  en  Italie,  soit  dans  les  villes  pourvues 
de  la  ciritas  sine  suffragio ,  soit  même  dans  les  colonies 
romaines,  des  représentants  chargés  de  rendre  la  justice 
en  son  nom,  des  praefecti  jure  dicundo.  Capoue  en  eut 
ainsi  à  partir  de  318 9  ;  les  villes  pourvues  de  ces  juges 
s’appelèrent  pour  cette  raison  praefecturae 10  [judex, 
p.  633;  praefectura].  A  l'origine,  ces  praefecti  étaient 
nommés  directement  par  le  préteur;  puis,  sans  doute 
après  124 u,  les  quatre  préfets,  envoyés  dans  les  dix 
villes  de  la  Campanie,  Capua,  Cumae,  Casilinum ,  Vol- 
turnum,  Liternum,  Puteoli.  Acerrae ,  Suessula ,  Atella , 
Calatia i2,  et  désignés  par  abréviation  sous  le  nom  de 
praefecti  Capuam  Cumas,  furent  élus  par  le  peuple  et 
devinrent  ainsi  des  magistrats 13  qui  paraissent  avoir 
subsisté  jusqu’en  20  av.  J.-C. 

II.  Époque  impériale.  —  A  partir  d’Auguste,  la  disparition 
de  deux  des  collèges  (nos  4,  6)  transforme  le  viginti- 
sexvirat  en  vigintivirat1''.  Les  inscriptions  ne  men¬ 
tionnent  jamais  le  vigintivirat,  mais  seulement  une  des 
magistratures15.  Depuis  Auguste,  le  vigintivirat  est  obli¬ 
gatoire  pour  les  membres  de  l’ordre  sénatorial  ;  d’autre 
part,  les  membres  de  l’ordre  équestre  qui  obtiennent  de 
l’empereur  le  latus  clavus  débutent  par  le  vigintivirat"’. 
La  concession  du  latus  clavus  cum  quaestura  comporte 
la  dispense  du  vigintivirat17.  La  gestion  d’une  de  ces 
quatre  charges  est  donc  maintenant,  comme  le  tribunat 
militaire,  la  condition  préalable  de  la  questure  et  le  pre¬ 
mier  échelon  de  la  carrière  sénatoriale18.  Au  début  de 
l’Empire,  le  vigintivirat  est  tantôt  antérieur,  tantôt 
postérieur  au  tribunat  militaire;  plus  lard,  il  est  antérieur 
magistratus  .  Il  subsiste  sur  les  inscriptions  jusqu  au 
premier  tiers  du  troisième  siècle19.  On  ne  sait  au 

1  De  U  y.  3,  3,  C.  —  2  Le  Sénat  réprimande  les  111  viri  capitales  (Liv. 
23,  i).  _  3  c.  i.  I.  1,  200,  1.  50,  09.  —  4  Pomponius  les  appelle  «  quattuor 
viri  qui  curant  viarum  ayerent  »  (Diy.  1,  2,  2,  30)  ;  ils  sont  sans  doute  aussi  indi¬ 
qués  par  Venuleius  ( Diy .  43,  23,  2).  Faut-il  les  identifier  avec  ces  isruvopoi  pour 
lesquels  Papiuien  a  écrit  un  traité  {Diy.  43.  10)?  Mommsen  le  pense,  mais  ce  n  est 
nullement  certain.  Il  y  a  plusieurs  traductions  grecques  de  celte  fouction  ;  Llio.  Cass. 
54,  2G  ;  C.  i.  yr.  2,  2038  ;  3,  4238  ;  Epltem.  epiyr.  4,  223  :  pioxoj(o;.  —  5  Lex  lui. 
mun.  L.  c.  —  6  On  ignore  le  caractère  du  duumvir  cité  par  la  loi  agraire  de  lit 
av.  J.-C.  (C.  i.  I.  I,  p.  103).  —  t  Dio.  Cass.  54,  20.  —  »  Voir  note  4.  —  «  Liv.  9, 
20.  —  10  Fest.  p.  233  ;  Cic.  Pro  Plane.  8,  21.  —  U  Car  ils  ne  figurent  pas  encore 
sur  les  listes  de  magistrats  de  cette  année.  —  12  Fest.  L.  c.  —  13  Liv.  9,  20  ;  Dio. 
Cass.  54,  20;  C.  i.  I.  11,  3717  {praef.  Cap.  Cum.).  —  14  Dio.  Cass.  54,  20;  00,  5; 
Tac.  Ann.  3,  29;  Vit.  Did.  lut.  1.  —  l”>  Sauf  C.  i.  I.  14,  3G09  :  XX  vir  monetalis. 

_  16  Ainsi  Ovide,  Pline  le  Jeune,  Scpiime  Sévère  {Vit.  Sev.  1,  5).  —  11  Plin.  Ep.  1, 

14,  5;  C.  i.  I.  1 2,  1783.  —  18  Jusqu'à  Sévère  Alexandre  il  y  a  peu  d’inscriptions  qui 
commencent  »ar  la  questure  ou  le  tribunal.  —  10  On  le  trouve  au  début  de  la  car- 


j nslc  quand  il  disparaît.  En  tout  cas,  il  ,p 
au  Bas-Empire.  Les  vigintivirs  sont  sans  douu'"'''  ')lus 
depuis  Tibère  par  le  Sénat.  Il  ne  semble  pas  (|"'(!"!mé8 
pereur  exerce  à  leur  égard  son  droit  de  commeLi,,,  '^ 

III.  —  On  peut  encore  classer  parmi  les  maqiltn'. 
minores  les  quinque  viricis  Tiberim.™  w  """* 
d  en  deçà  du  Tibre,  personnages  adjointsà  la  police 
le  service  des  incendies.  On  les  trouve  nonr  l-,  -,Ur  I 
lois  en  186  av.  J.-C.,  ou  un  senatus-consulte  les  adjoint 
aux  très  viri  capitales  pour  l’affaire  des  Bacchanales'" 

Le  texte  de  Pomponius22  fait  croire  qu’il  v  en  •! 
quatre  pour  la  ville  propre  et  un  pour  le  faubourg  au 
delà  du  Tibre;  nommés  peut-être  d’abord  par  les  édiles 
ils  sont  choisis  ensuite  par  le  peuple,  mais  restent  des 
magistrats  d’ordre  infime  qui  ne  s’élèvent  pas  plus 
haut23.  Ils  existent  encore  pendant  le  Haut-Empire21 

Ch.  Lécrivain. 

MAGISTRATUS  MUNICIPALES.  —  I.  Origines.  -  Les 
origines  des  magistratures  municipales  romaines  sont 
aussi  obscures  que  celles  du  régime  municipal  lui-même. 
Rome  ne  possédait  pas  de  magistrats  municipaux, 
puisque  l’État  s’y  confondait  avec  la  commune;  les 
pagi  n’étaient  que  des  fractions  de  l’État.  Les  premières 
villes  incorporées  à  Rome,  dans  son  voisinage  immédiat, 
par  exemple  Oslie,  ont  été  dépourvues  pendant  long¬ 
temps  d’organisation  municipale  ;  Oslie  n’a  eu,  au  .début, 
que  des  magistrats  d’ordre  sacré,  des  préteurs  et  des 
édiles  sacris  Volkani  faciundis'. 

Le  régime  municipal  est  né  lorsque  Rome  a  donné  ou 
laissé  une  portion  d’autonomie  plus  ou  moins  considé¬ 
rable  à  des  villes  incorporées  plus  ou  moins  étroitement 
à  son  domaine.  Voyons  les  principales  catégories  de 
villes. 

1°  Les  colonies  romaines  sont,  à  l’origine,  sous  la  | 
direction  générale  du  consul  et  sous  la  juridiction  du 
préteur  urbain  qui  s’y  fait  représenter  par  des  praefecti  I 
jure  dicundo,  magistrats  compétents  chacun  dans  leur  I 
conventus 2  [praefectura,  magistratus  minores].  Toutes 
les  colonies  romaines  ont  probablement  passé  par  cette  I 
situation  de  praefecturae 3.  Mais  elles  devaient  utoir 
cependant  un  rudiment  d’organisation  municipale  fa 
colonie  d’Antium,  fondée  en  338  av.  J.-C.,  axait  obti  nu 
des  lois  et  des  magistrats;  beaucoup  de  colonies  on 
cessé  de  bonne  heure  d’être  des  praefecturae  ,  la 1 11  (  11  j 
de  Puteoli,  fondée  en  194  av.  J.-C.,  a  des  dininitt 
avant  1 05 4  ;  d’autres  ont  dû  avoir  de  bonne  lu 111 
praetores,  puisqu’on  les  y  retrouve  plus  1<*U’  a 
Castrum  Novum,  AuximunP,  et,  en  dehors  e  >  ’ 

Narbo,  où  il  y  a  dans  la  période  de  transi  ton 

praetores  duoviri 

2°  Dans  les  villes  latines,  soit  du  Latium  an  "/ 

i  m  tr  i  I  14,  3902),  deQ.Pf" 

rière  :  d’un  dos  vigintiviri  reipublicae  curandae  de  ~>  (  ■  ■  onnaire  en 
tronius  Melior,  sod.  Auy.  en  230  (il,  3307),  d’Annianus,  légM  •  S  s  Maximes 

{  Westd.  Korr.  Blatt.  1887,  p.  148),  d’un  consul  de  225  (0, 130  ),  ^  »  3, 

(0,  1532).  —  20  Appelés  aussi  Cistiberes  par  Pomponius  (  >'.?•  >  ^'j  |  |V  39i  |4, 
dans  une  traduction  grecque  {C.  i.  gr.  0218  =  Kaibel,  Ejng>  •  Jt  j  e  _  »i  I)ig. 


10.  _  22  Dig.L.  c.  -  23  Cic.  Acad.  pr.  2,  44,  136;  Hor-  ^  çme  puM»  \ 

L.  c.\  C.  i.  gr.  0218;  C.  i.  I.  0,  420.  -  BinLK. graphie.  Cen  ’Upsal,  187*; 

officia  ante  quaesturam  geri  solita  smt  temporibus mfer g7g.  {jouché'l .eclcwi1 
Willems,  Le  Sénat  de  la  République  rom..  Louvain  et  Pans,  ■  >  ;  >  droit  pUbUc 

Manuel  des  institutions  romaines ,  Paris,  1880,  p.  77-80;  °n  ’ 
romain ,  Irad.  Girard,  Paris,  1894,  11,  p.  200-201  ,  I  ,  P-  .  3,  |>-  ■f-lj' 

MAGISTRATUS  MUNICIPALES.  1  Corp.  inscr.  lat.  ’  ’ ,  j  Corp.>'lser' 
-  2  Fest.  p.  41  ;  Cic.  Pro  Sest.  4,  9,  10.  -  3  Fest.  ».  h. ,  v.  P_  g  Il,  ****■ 
lat.  I,  577;  Liv.  9,  20,  10.  —  6  Corp.  inscr.  lac.  9,  514a,  •>  •  nîcl-pauï  llc  Ul' 

4429,  443  t.  Nous  n’avons  pas  la  date  des  préteurs  certainem 
turnum  (Corp.  inscr.  lat.  1,  1190,  1197,  où  ils  s'occupent  de  ro 


MAG 


—  1541 


MAG 


soit 


,lu  Latium  novum ,  avant  et  après  la  dissolution  de 
on  trouve  des  magistrats  qui  avaient  dû 
lu  un  dictateur  annuel,  à 


i  la  ligue  lal,ne  .  . 
ixister  dès  les  origines 

I  ■.  i  à  Lanuvium 2,  à  N  ornent  ma :I,  à  Tusculum 4  ; 

dés  consuls,  à  Tusculum 8  ;  3“  deux  préteurs  qui 
"irirspondent  aux  consuls  romains,  à  Laviniurn 6, 
Cora 8,  dans  des  villes  herniques  incor- 

-,  la  lieue  latine,  comme  Anagnia 9,  Capitulum 
porces  «  1,1 1  »  . 

llnnicorum 10, Ferentinum11 .  Quelques-uns  de  ces  titres 
,  sont  conservés  sous  l’Empire  :  ainsi  le  dictateur  à 
\rimy  Lanuvium ,  Nomentum,  Sutrium  ;  les  préteurs 
i \  Laviniurn,  Anagnia,  Capitulum  llernicorum  ;  mais 
dans  la  plupart  des  villes  les  préteurs  ont  cédé  la  place  à 
des  duumvirs  et  à  des  quatuorvirs 12.  Les  traces  de  cette 
transformation  apparaissent  encore  dans  les  titres 
combinés  de  praetores  duoviri ,  à  Abellinum18,  Gru- 
mentumu,  Telesia I5,  de  praetores  quatuorviri  à 
Hisjii’llum  IC.  Que  sont  devenues  ces  magistratures  pen¬ 
dant  la  période  très  courte  oii  la  plupart  des  villes  latines 
ont  passé  par  la  situation  provisoire  de  civitates  sine 
sulfragio  [latini,  p.  973],  avant  de  devenir  des  municipes? 

II  faut  distinguer  les  deux  groupes  de  civitates  sine 
su/fragio  :  dans  le  premier  groupe  privilégié,  qui  a 
gardé  ses  droits  municipaux,  les  magistrats  ont  dû 
subsister  avec  une  compétence  restreinte  à  côté  du 
praefeclus  jure  dicundo  ;  dans  les  villes  du  deuxième 
groupe  qui  ont  perdu  toute  administration  propre, 
telles qubl vicia  et  Anagnia11 ,  les  magistrats  paraissent 
n’avoir  gardé  que  des  attributions  sacrées.  D’autre  part, 
après  avoir  créé  les  édiles  curules  en  367,  ltome  a  proba¬ 
blement  étendu  cette  institution  peu  de  temps  après 
à  une  partie  de  l’Italie  :  si  on  trouve  à  Fundi ,  Formiae, 
Arpinum ,  villes  passées  de  la  condition  de  préfectures  à 
celle  de  municipes  en  188  av.  J.-C.18,  un  collège  de  trois 
édiles  comme  magistrats  supérieurs19,  à  Peltiunum  un 
collège  de  deux  édiles 20,  c’est  que  ces  édiles  avaient  déjà 
existé  à  côté  des  praefecti  jure  dicundo.  Devenues 
toutes  municipes  avant  la  guerre  sociale,  les  villes  latines 
ont  dû  alors  avoir  des  magistrats  municipaux;  ainsi  il 
esl  question  de  questeurs  à  Ferentinum,  à  l’époque  de 
C.  Gracchus 21 . 

d°  La  masse  du  nomen  latinum  est  constituée  par  les 
colonies  latines  qui  ont  leur  autonomie  à  peu  près  com¬ 
plète  latini,  p.  976-978].  On  connaît  quelques-uns  de 
Jouis  magistrats  qui  se  sont  conservés  jusque  sous 
Empire  :  un  dictateur  à  Sutrium  22 ,  deux  préteurs  à 
’ignia  et  Setia23,  plus  tard  à  JVemausus  2\  Carcaso2"0, 
paie  Sextiae26,  Avenio 21,  Vasio28.  La  lex  repetun- 
««nm  de  123-122  cite  la  dictature,  la  prétureetl’édilité 29  ; 

1  '-Li\e,  des  censeurs30;  Beneventum  a  eu  des  consuls 


Asc,:  ";CS0UsTl'aian:  Corp.  inscr.  Int.  H,  2213.  —  2  Cic.  ProMil.  10, 27  ;  17,  45; 
3941,3'JSj  J.  f”?'  imCr'  laL  10’  b  3913  !  U’  2097,  -O-,  1,  1.  9.  —  3  Ibid.  14, 
SalUon  soûl  ^'';°’"9’3’  * ®.  Les  deux  dictateurs  qu’on  trouve  à  Fidenae  sous 
ht.  u  réalité  des  duumvirs  ( Corp .  inscr.  lat.  14,  4058).  —  5  Corp.  inscr. 

—  1  Ibid  |"  Uist.nat.7,  136.  —  G  Corp.  inscr.  lat.  10,  797  ;  14,  171. 

Annali  '"'l'  1139’  ii37>  U41;  14,  “902,  2900,  2994,  2999;  voir  Ilenzcn, 

~lo  Ibid  14  o'  257‘  ~  8  Ibid'  10’  6527-  —  9  Ibid •  10>  5920,  5920,  5929,  5919. 

.»  ,  ~  ’  GG*  11  Ibid.  10,  5832.  —  12  Ibid,  14,  p.  576,  col.  1  ( Praeneste )  ; 

to,  1131,  1134,  1135,  1138,  1140.  -  14  Ibid.  10,  208, 

Ibid.  9,  2220-2225,  2234,  2239.  -  IG  Orelli-Honzen,  Inscr.  lat. 
alliée  en  Ta,.,",  "  °n  lrouve  tles  préteurs  dans  la  civitas  Bocçhoritanorum ,  ville 
W, 8, 19  ;  y  ( CorP • inscr • lat-  2,  3695).  —  17  Fcst.  5.  d.  Municipes ,  p.  42, 13 1  ; 

8679,  oG82  Gini  °^*î?l5Cr*  fat»  10,6231.  —  13  Liv.  38,  36.  —  19  Corp.  inscr.  lat.  10, 
l(li  y  C238,  6239,  6242  ;  Cic.  ad  Fam.  13, 11,  3.  —  20  Corp. 

J  ~  21  ^eli.  10,  3.  —  22  Corp.  inscr.  lat.  1 1, 3257.  —  23  Ibid.  10, 
'  ’  971’  G4G3  (sous  l'Empire).  —  24 Ibid,  12,  3215.  —  KJbid.  12,5371. 

V  1. 


îiï  (co,'a)-  -  13  Jb‘d- 

Z1'  -2G,  227.  —  Ki 
7031  ■  En  G  ap,  j._c 


cl,  sans  doute  en  même  temps,  des  préteurs  et  sept  ques¬ 
teurs31;  on  connaît  à  Venusia  quatre  questeurs  et  des 
tribuns  du  peuple 3ï. 

Pour  les  civitates  sine  su/fragio  non  latines,  on  a 
peu  de  renseignements.  On  connaît  un  dictateur  à  Caere 
et  a  Fabrateria  velus33.  Cumae  a  dû  avoir  des  prêteurs, 
car  on  les  retrouve  plus  tard34.  Gapoue  eut  en  338  la 
civitas  sine  su/fragio,  sans  doute  de  la  première  classe  ; 
mais  après  la  bataille  de  Cannes,  descendue  à  la  seconde 
classe,  elle  perdit  ses  magistrats  et  son  sénat10;  le 
territoire  campanien  fut  divisé  en  pagi  administrés  par 
leurs  magistri 31  ;  dans  la  première  période,  par  privilège 
spécial,  il  y  avait  partage  des  pouvoirs  entre  le*  praefeclus 
jure  dicundo  et  le  magistrat  indigène  de  Capoue,  le 
medix  tuticus 38 . 

5°  Les  soc ii  ont  leur  autonomie,  par  conséquent  leurs 
magistrats  indigènes,  leurs  tribunaux  propres  avec  la 
plénitude  de  la  juridiction  ;  il  est  probable  que  Rome  a 
imposé  partout  l’établissement  d'un  certain  nombre  de 
magistrats  uniformes,  édilité,  questure,  censure.  On 
connaît  des  questeurs  à  Teanum  Sidicinum  avant 
1  époque  de  C.  Gracchus39,  à  Pompéi  avant  Sylla 00 ;  la 
loi  osque  de  Banlia  en  Lucanie  mentionne  la  censure,  la 
préture,  la  questure,  le  tribunat;  elle  parait  .contenir  des 
règlements  sur  le  cens,  les  comices,  les  jugements  popu¬ 
laires,  l’intercession  des  magistrats 41 .  Les  contingents 
militaires  de  chaque  ville  sont  conduits  à  l’armée 
romaine  par  un  magistrat  indigène,  accompagné  d'un 
questeur,  payeur  pour  la  solde42. 

Après  la  guerre  sociale,  la  lex  Julia  de  90  conféra  le 
droit  de  cité  aux  socii  italiens  restés  fidèles  et  aux  villes 
latines  qui  voulurent  l’accepter 43  ;  la  lexPlautia Papiria 
de  89  décida  que  tous  les  habitants  des  villes  alliées, 
domiciliés  à  ce  moment  en  Italie,  recevraient  le  droit 
de  cité  en  s’adressant  dans  les  soixante  jours  au  préteur 
urbain  à  Rome44.  C’est  sans  doute  à  ce  moment  que  les 
différences  de  constitution  qui  existaient  entre  les  diffé¬ 
rentes  classes  de  villes  s’effacèrent  en  Italie  et  que  le 
régime  municipal  devint  à  peu  près  uniforme,  sans  tou¬ 
tefois  faire  disparaître  quelques  particularités  locales  4  , 
sans  supprimer  la  distinction  des  villes  de  droit  latin  et 
de  droit  romain.  Cette  hypothèse,  acceptée  généralement 
jusqu’ici,  a  été  confirmée  par  la  découverte  récente  d’un 
fragment  de  la  première  loi  municipale  de  Tarente,  du 
municipiwn  Tarentinum ,  qui  doit  être  de  peu  posté¬ 
rieure  à  90  av.  J.-C.46.  Dans  cette  lex  data,  qui  émane 
par  conséquent  d’un  magistrat  romain,  il  est  question 
d’un  collège  de  quatre  magistrats  supérieurs,  deux 
duoviri  et  deux  édiles  appelés  tantôt  quatuorvirs,  tantôt 
duumvirs;  ils  doivent  fournir  des  cautions  suffisantes 


—  2G  Ibid.  12,  517,  44209.  —  27  Ibid.  1,  1028  et  1029  (sous  l'Empire).  —  28  Ibid. 
12,  1309,  1379,  p.  100-101.  —  29  Ibid.  1,  198,  1.  75-85.  11  csl  question  du  magiste - 
ratus  à  Luceria  [Ibid.  9,  782).  —  33  29,  15  et  37.  —  31  Corp.  inscr.  lat.  9,  p.  130- 
137,  nos  1547,  1033,  1030;  devenue  cité  romaine  depuis  l'époque  des  triumvirs, 
cette  ville  a  des  préteurs,  des  censeurs,  des  questeurs  (1635).  —  32  Ibid.  9,  438, 
439,  440.  —  33  Ibid.  10,  5655;  11,  3614,  3593.  —  34  Ibid.  10,  3085,  3098,  p.  50  cl 
suiv.  —  35  Liv.  8,  14;  Vell.  Pat.  1,  14;  Mommsen,  ad  Corp.  inscr.  lat.  10,  I, 
p.  305  ;  Zôller,  Die  staatsrechtlichen  Beziehunyen  Roms  za  Capua  [Jahrb.  f.  Pl.il. 
t.  C1X,  1874,  p.  715-740).  —  36  Cic.  De  leg.  agr.  2,  32,  88-33,  89;  Liv.  20,  10;  31, 
29,  11.  —  31  Mommsen  ad  Corp.  inscr.  lat.  1,  p.  159  et  suiv.  —  38  Liv.  23,  35  ; 
24,  19.  — 39  Goll.  10,  3.  —  40  Voir  Mommsen,  ad  Corp.  inscr.  lat.  10,  1,  p.  91-92. 

—  41  Corp.  inscr.  lat.  1,40-47.  —  42  Polyb.  6,  21, 5;  Cic.  In  Verr.  5  ,  24.  —  43Appiau. 
Bel.  ci».  1,  49;  Cic.  Pro  Balb.  8,  21;  42,  25,  3 ;  Gell.  4,4,3;  Vell.  Pat.  2, 10.  —  44 Cic. 
ProArcli.  4,  7  ;  ad  Fam.  13,  30;  Scliol.  Bob.  p.  353.  —  43  Lex  Jal.  mm.  1.  83 
[Corp.  inscr.  lat.  1,200).  —  4G  Scialoia,  Legge  municipale  Tarcntina  [Bull,  dell' 
Istit.  di  diritto  romano ,  9,  1896,  p.  7-22). 


194 


MAG 


MAG 


—  1 

( praedes  praediaque)  pour  la  garanlie  des  fonds  publies 
et  sacrés  qu'ils  ont  à  manier  et  dont  ils  rendent  compte 
selon  le  mode  fixé  par  le  Sénat  ;  il  n’est  pas  question  de 
serment  ;  les  décurions  et  les  citoyens  qui  ont  le  jus 
sententiae  di  rendue  au  Sénat  doivent  posséder  dans  la 
ville  ou  dans  le  territoire  une  maison  qui  n’ait  pas  moins 
de  quinze  tuiles;  les  magistrats  lèvent  des  amendes, 
donnent  des  jeux,  entretiennent  les  routes,  les  fossés,  les 
égouts;  il  y  a  la  peine  du  quadruple  contre  le  péculat1. 
Après  la  loi  de  Tarente,  nous  possédons  de  la  fin  de  la 
République:  la  lex  Rubria,  entre  49  et  42,  destinée  aux 
municipes  de  la  Gaule  Cisalpine2;  le  fragment  de  loi, 
ilit  fragment  d’Este,  dont  on  ne  sait  pas  exactement  la 
date,  et  qui,  d  après  quelques  auteurs,  serait  un  fragment 
de  la  lex  Rubria 3  ;  la/c\r  Julia  municipalis 4 ,  proposée 
par  César  en  45  b,  et  qui  parait  avoir  réglé  non  pas, 
comme  on  le  dit  généralement,  toute  l’organisation 
municipale,  mais  simplement  quelques  points  de  détail6  ; 
enfin  la  lex  coloniae  Juliae  Genetivae ,  établie  sur  l’ordre 
de  César,  mais  donnée  seulement  après  sa  mort  à  la 
colonie  établie  à  Urso  en  Bétique7.  De  l’époque  impé¬ 
riale,  on  a  les  .lois  des  villes  très  probablement  latines  de 
Salpensa  et  de  Malaca,  données  sous  Domitien  entre  82  et 
84  ap.  J.-C.8  [municipium]. 

\  oyons  1  histoire  des  magistrats  municipaux  pendant 
la  période  qui  s  étend  de  la  fin  de  la  République  jusqu’à 
la  fin  du  mc  siècle  ap.  J.-C.,  jusqu’au  Bas-Empire. 

Les  magistratures  municipales  s’appellent  magistratus 
ou  honores 9,  par  opposition  à  la  fois  aux  magistratures 
romaines  et  aux  tnunera  [munus]  et  aux  curae  10  ;  ainsi  la 
questure  est  tantôt  un  honor ,  tantôt  un  munus  “. 

II.  Magistrats  ordinaires.  —  Ce  sont,  dans  l’ordre 
hiérarchique,  indiqué  par  les  textes  et  par  le  classement 
sur  Y  album  de  la  curie12: 

1°  Les  magistrats  supérieurs,  deux  fonctionnaires 
judiciaires  et  deux  édiles  qui  forment  soit  deux  collèges 
distincts  de  deux  membres  chacun,  les  duoviri  jure 
dîcundo  et  les  duoviri  aediles  ( aedilicia  potestate),  soit 
un  seul  collège  de  quatre  magistrats  dont  deux  s’ap¬ 
pellent  quatuorviri  jure  dicundo  et  deux  autres  qua- 
tuorviri  aediles  ;  les  quatuorvirs  se  rencontrent  le  plus 
souvent  dans  les  municipes,  les  duumvirs  dans  les 
colonies  ;  mais  cette  règle  comporte  de  très  nombreuses 
exceptions  ;  certaines  colonies  ont  des  quatuorvirs13, 
certains  municipes  des  duumvirs  14  ;  on  trouve  des  qua¬ 
tuorvirs  et  des  duumvirs  dans  des  municipes  qui  ont  été 
transformés  en  colonies  15,  même  dans  des  municipes 
qui  ont  gardé  cette  condition  16  ;  àTarente,  il  y  a  les  deux 
noms  àlafois17  ;  dans  la  Gaule  Narbonnaise,  les  colonies 
romaines  ont  ordinairement  des  duumvirs,  les  colonies 


1  Comme  dans  la  lex  Julia  de  peculatu  ( Dig .  48,  13,  1  ;  Paul.  Sent.  5,  27). 
—  2  Corp.  inscr.  lat.  1,  205.  —  3  Notizie  d.  scavi  di  antichità.  1880,  p.  213; 
Alibrandi  le  met  en  59  (Studi  e  documenti  di  sloria  e  diritto,  1881,  p.  3,  01); 
Mommsen  le  rattache  à  la  lex  Rubria  ( Ein  zweites  Bruchstùck  des  rübrischen 
Gesetzes,  Il  armes,  XVI,  1881,  p.  24-41).  —  1  Corp.  inscr.  lat.  1,  206;  elle  est  appe¬ 
lée  de  ce  nom  ap.  5,  2864.  —  5  Cic.  ad  Fam.  6,  18,  2.  —  6  II  n’est  nullement  certain 
que  cette  loi  de  César  soit  la  lex  municipalis  si  souvent  citée  par  les  jurisconsultes 
{Di/j.  50, 1  ;  50,  9,  3  ;  C.  Jusl.  7,  9,  I)  ;  peul-êire  ont-ils  en  vue  un  règlement  général 
qui  accompagnait  la  lex  Julia  de  90.  —  7  C.  i.  I.  2  Suppl.  5439  ;  Eph.  epigr.  2, 
p.  105-151,  221-232;  3,  86-1 12.  —8  C.  i.  I.  2,  1963,  1964.  —  9  Gai.  1,  90-,  Dig.  50,12, 
1  ;  39,  2,  4,  §3-4;  Marini,  Papiri ,  n*  115.  —  10  Dig.  50,  4,  4,  §  1.  —  H  Dig.  50, 
4,  18,  2;  Fasti  Venusin.  ad  a nn.  34.  —  12  Dig.  50,  3,  1  pr.  §  1  ;  C.  i.  I.  9,  338 
(album  de Canusium)  ;  le  classement  différent  qu’il  y  a  sur  l'album  deThamugas  (Corp. 
inscr.  lat.  8,  2403)  parait  être  particulier  à  l’Afrique.  —  13  C.  i.  I.  9,  4059,  4002- 
65,  4069,  4128,  803,  804,  936;  10  ,  5670,  5713,  5714,  7028  ,  7034.  —  14  Ibid.  10, 
5066,  5067,  5070-5075,  4570,  4585,  1457,  1433,  688;  5,  7600,  5847;  8,  2620,  2677, 


542 


latines  des  quatuorvirs  «.  Quand  Vesimi,, 
droit  latin  à  l’Espagne,  les  villes  qui  qVV  ?°nna  le 
quatuorvirs  reçurent  des  duumvirs  19  •  ,h  °U  des 
latines  comme  dans  les  villes  de  droit  roniv"3  *  Vill(‘s 
des  quatuorvirs20  et  des  duumvirs  A  Nîm'o -°?  ll'0uve 
tuorvirs  s’appellent  aussi  ab  aerario  ad  ae»' ■  qua’ 
côté  d’eux  il  y  a  des  édiles  ;  il  est  donc  proLabllT’  °l  * 
créé  pour  la  gestion  du  trésor,  outre  les  questeur  * 
magistrats  spéciaux  qui  ont  donné  leur  nom  au  coll’ 

On  trouve  également  à  Vienne,  outfe  les  édiles  Tl"' 
questeurs,  des  duumvirs  jure  dicundo  et  des  dmu,  -  ^ 
aerarii ,  avec  un  scriba  aerarii™.  \  Bénévent  les'édT* 
s’appellent  jure  dicundo  et,  au  n°  siècle  ap.  I  -i'u 
duumvirs  se  sont  probablement  appelés  praètom 
ceriales  jure  dicundo  2L  A  Pompéi,  les  édiles  et  1rs 
duumvirs  ajoutent  souvent  à  leur  nom  l’abréviation  v  a 
s.  p.  p.  dont  le  sens  probable  est  viis,  aedibus,  sacris 
publicis  procurandis  2S.  Certaines  villes  réunissent  leurs 
principaux  fonctionnaires  dans  un  collège  unique  d'octo- 
viri  où  il  y  a  deux  VIII  viri  duumvirali  potestate, 
deux  VIII  viri  aediliciae  poteslatis,  deux  VIII  viri 


aerarii  et  deux  VIII  viri  fanorum 2B,  appelés  curatom 
fanorumh  Tibur 21 . 

2°  Les  censeurs  et  les  quinquennales  [censor  munici- 

PALIS]. 

3°  Les  édiles  [aediles  coloniarum  et  municipiorum]. 
Ajoutons  ici  quelques  détails:  à  Malaca,  leurs  amendes 
sont  recouvrées  par  les  duumvirs28  ;  il  n’y  a  pas  d’édiles 
de  la  plèbe  ;  on  a  vu  que  quelques  villes  de  la  Campanie 
ont  à  leur  tête  trois  édiles  au  lieu  d’un  quatuorvirat; 
Caere  a  un  dictateur,  un  édile  jure  dicundo,  un  édile 
pour  Vannona™. 

4°  Les  questeurs  [quaestor  municipalis].  Ajoutons  ici 
que  plusieurs  villes  paraissent  ne  pas  en  avoir  eu30.  Dans 
les  villes  latines,  c’est  tantôt  l’édilité,  tantôt  la  questure 
qui  donne  le  droit  de  cité  romaine31.  En  4  ap.  J.-C.  on 
trouve  des  proquesteurs  à  Bise32. 

III.  Magistrats  extraordinaires.  — On  connaît  : 

1°  Les  praefecti  jure  dicundo.  On  peut  en  distinguer 
trois  catégories  : 

A.  Le  duumvir  qui  s’absente  est  remplacé  de  plein 
droit  par  son  collègue;  mais  si  celui-ci  quitte  le  municipe 


pour  plus  d’un  jour,  il  doit  nommer  un  praefectus,  ana¬ 
logue  au  praefectus  urbi  de  Rome,  choisi  parmi  les 
décurions  et  âgé  de  trente-cinq  ans  au  moins;  il  pretej 
serment,  a  les  mêmes  attributions  que  le  duumvir,  ne 
peut  s’absenter  plus  d’un  jour  du  municipe  ni  drl<  ,-111 1 
ses  pouvoirs;  s’il  est  latin,  celte  gestion  ne  lui  c°nlllt 
pas  le  droit  de  cité33. 

B.  L’empereur,  nommé  duumvir,  confie  1  exercice  ' 11 

2734,  2757,  2776,  3301,  4436;  9,  2806,  2809  ;  12,  1902,  2207.  —  1  1  B>\d.  “•  ,l3f  ^ 
415  (Canusium),  4132,  1442,  1145,  4414,  913,  1110,  11-"  ( Aerlnmti  )  _  ^ 

4790,  4796,  4797  ( Teanum ).  —  ™  Ibid.  9,  3C88,  3691  ( civitas  Marsoruia),  ^  ^ 
411,  415  (Volceii).  -  17  Lex  Tar.  -  «  Voir  les  tables  de  Corp.  inscr.  •_ 

-  19  c.  i.  I.  2,  1305,  1313,  1315,  1423  1727,  4460.  11  Jf  »  trôs  {1CU  ^  {lbH. 

virs  en  Espagne.  —  20  A  Nemausus,  Tolosa,  Cabcllio,  Avenio,  .  1>  ^  ieI 

12,  325,  1051,  1872,  1882,  1886-1889).  —  21  A  Salpensa,  à  Malaca  j  ^  ^ 
Malac.),  chez  les  Camunni  (C.  i.  I.  5,  I,  p.  519).  2 ’  Ibid.  1-,  ’  ^  „  /J;d. 

3106.  —  23  Ibid.  12,  1901,  1902,  1783,  1807,  2192,  2207,  2212,  2238,  -•  .  pm. 

9,  1G37,  1040,  1055,  1656.  —  «  Voir  Willcms,  Les  élections  i|)révjation; 

péi,  p.  135,  où  il  y  a  la  liste  des  explications  proposées  P°u'  [  ^  427,  col.  G 

Mommsen,  adCorp.  inscr'.  lat.  10,  p.  91-92.  —  -1’  Ibid.  9,  48.0',  >  ’  _  |i0  /(,;</.  3, 

—  27  Ibid.  14,  3  5  44.  —  28  Lex  Malac.  c.  00.  —  29  C.  i.J.  ^  53î;  US 

p.  83  (Aquileia)  ;  10,  1233  (Nola);  p.  91-93  (Pompeii).  —  '' jjx  col.  M 

Salp.  c.  21.  —  32  Ibid.  U,  1421.-  33  Dig.  2,  i,  5;  Lex  Salp.  - 

Genet.  93,  94,  103. 


MAP. 


1543  — 


MAP 


nl  à  un  praefectus1,  qu’il  nomme  lui-même  ou 
^'""'ùrlquefois  nommer  par  la  curie,  qui  administre 
son  nom,  à  la  place  des  duumvirs2.  Le  ou  les 
do  la  famille  impériale  se  font  aussi  remplacer 
P""','  n ,,  deux  praefecti ,  mais  s’il  n’y  en  a  qu’un,  il  y 
.,  un  duumvir  à  cote  de  lui  . 

(,  ()uand  il  n’y  avait  pas  de  magistrats  supérieurs  en 
,  .rire  le  Sénat  nommait  au  début  un  interrex \  Ce 
fut 'probablement  Auguste  qui  supprima  l’interrègne 
municipal  pour  éviter  des  désordres,  en  vertu  d’une  lex 
Petronia 3  dont  on  ne  sait  pas  la  date.  Il  établit  des 
nrtiefedi,  élus  par  le  Sénat,  et  qui  eurent  le  litre  de, 
proniagis’trats6.  On  en  trouve,  selon  le  cas,  un,  généra¬ 
lement  deux,  quelquefois  quatre  quand  ils  remplacent  à 
la  fois  les  duumvirs  et  les  édiles7;  ils  paraissent  pouvoir 
(Hre  renouvelés,  peut-être  au  bout  de  six  mois8.  Le  cas 
exceptionnel  qu’on  trouve  à  Pompéi  en  60  ap.  J.-C.,  où  il 
Y  a  en  même  temps  les  deux  duumvirs  et  un  préfet, 
s’explique  sans  doute  par  les  désordres  qui  avaient  eu 
lieu  cetle  année-là  au  théâtre9. 

2»  Les  curatores  civilatis  ou  reipublicae,  qui  accapa¬ 
reront  les  attributions  principales  des  autres  magistrats 


[Cl'RATOR  CIVITATIS] . 

IV.  Magistrats  spéciaux.  —  Les  magistrats  propres  à 
certaines  villes,  àcertainesrégions,  ontété  très  nombreux. 
Ou  peut  citer  : 

1“  Les  très  viri  locorum  publicorum  persequendorum 
qu’on  trouve  à  Vienne,  chargés  probablement  de 
surveiller  l’immense  territoire  des  Allobroges  et  de  con¬ 
server  le  domaine  public;  ils  paraissent  venir  dans  la 
hiérarchie  au  second  rang10. 

2°  Les  tribuni  plebis  à  Venusia,  Teanum  Sidicinum11 

et  peut-être  à  Pisa12. 


3°  Les  très  viri  à  Ariminum13.;  dans  les  quatre  coloniac 
Cirlenses,  il  y  a  des  très  viri  qui  jouent,  dans  chacune 
des  trois  colonies  subordonnées  à  Cirta,  le  rôle  de  prae- 
fectus  jure  dicundo  u. 

P  Les undecimviri  de  Nemausus,  probablement  abolis 
au  début  de  l’Empire15.  Quant  aux  undecimprimi 16 
d Afrique,  on  ne  sait  si  ce  sont  des  magistrats  ou  un 
conseil;  tantôt  c’est  un  honor  décerné  par  le  Sénat  et 
qui  comporte  une  summa  honorarici ,  tantôt  il  est  rappro¬ 
ché  du  llaminat  perpétuel;  dans  une  ville,  on  trouve  en 
meme  temps  des  décurions,  des  magistrats  annuels  et 
des  undecimviri 17. 

3°  Le  princeps  civitntis ,  magistrat  propre  à  quelques 
villes  d’Afrique 18. 

,J  Le  magister  hastiferorum  de  Vienne19,  qui  estpro- 

ablement  le  chef  d’une  milice  municipale  qu’on  peut 
comparer  aux  hastiferi  civitatis  Mattiacorum20 .  Le prae- 


voir  'J°,!ntu  S°UVent  “  SOn  tilrc  le  nom  de  l’e>“pereur  (C.  i.  I.  10,  5393; 
Ler  SJC  ‘'Hemen,  L.  c.  Index,  p.  159).  —  2  C.  i.  I.  9,  3044;  14,  2964; 
5(51  //  ’ K  ~  9  C  •  *•  I.  14,  2964;  Spart.  Vif.  Uadr.  19.  —  4  C.  i.  I.  10, 

| 1  ■  12,  3138,  3189,  4389.  —  8  Citée  pour  la  première  fois  ap.  Corp. 

p  I  p  1  av'  avec  son  nom  entier,  9,  2066;  10,  858  ;  abrégée 

JTo  //  „"f  7" p  Pradecti  P™  Il  mro  (5,  7914;  12  ,  4372,  4401,  4417);  Praefecti 

—  i  lhij  ’  8’  8995);  autres  litres  :  10,  858,  5405,  1205;  2,  1731. 


'  <9,  4468,  4459,  2856,  4904.  —  8  Cela  paraît  ressortir  de  C.  i.  I.  10, 


1  Uid.  5 . t 

5405 9  r>  ,  '  -  -  - -  •  -  - 

Ann.  H  I-  C  ,a’  lmolcl‘e  cerate  di  Pompei,  119,  120;  C.  i.  I.  4,  1293; 
2018.  y 


Tac. 


oip  !  *•  1 •  >2,  1783,  1869,  1870,  1897,  2249,  2337,  2350,  2606-2608, 

avili,,"  ’i  colonie  de  Vienne,  p.  68-89.  Il  y  a  des  règles  pour 

lomaine  public  dans  la  Lex  col.  Jul.  Genet.  82.  —  *1  C.  i. 
«ppcl|P11(  ,  ■  -  l2lbid.  11,  1431.-  13/Airf.ll,  361,  378,  385,  386,  387,  où  ils 

"  quelquefois  très 


h  WICI*  ueneve  et 

,,  "rVatimi  dl>  domaine 
10,  4797.  _ 

38.11,  il  J***  °’es  Viri  “erfifes.  Dans  Orclli-Hcnzcu,  L.  c.  3828,  3829, 
P*  918-6(9  o°  “•  '!^S  cliln^UQrviri  et  non  des  très  viri.  —  14  C.  i.  I.  8,  1, 
14875.  _  ’lin  l'^KG-  ~~  15  tbid.  12,  3179.  —  16  Ibid.  8  suppl.  12004,  1200G,  14791 


aovemviri  ou  magislri  Valetudinis,  affranchis,  qu’on  trouve 


fectus  orne  mnritimae  de  Tarraco,  qui  commande  à  deux 
cohortes,  parait  plutôt  exercer  une  fonction  impériale-1. 

7°  Les  magistrats  de  police  qu’on  trouve  dans  diffé¬ 
rentes  villes,  sous  des  noms  variables,  à  l  imitation  du 
nyctostratège  d’Alexandrie  :  à  Nemausus,  le  p  rue  fret  us 
vigilum  ou  vigilum  et  armorum ,  à  Noviodunum  colonia 
Julia  Equestris)  et  en  un  lieu  situé  vers  Bingen,  le  prtie- 
fectus  arcendis  latrociniis 22  ;  chez  les  Vocontii,  un prae- 
fectus  qui  parait  être  préposé  à  la  direction  des  postes 
militaires23  ;  en  Orient,  les  fonctionnaires  analogues  qu’on 
verra;  la  direction  des  postes  militaires  entretenus  en 
Italie  pendant  quelque  temps  dans  certaines  villes,  et  aussi 
ailleurs  ( stationes  stationarii ),  a  pu  être  municipale24, 
mais  a  dû  constituer  plutôt  un  munus  qu’une  magistra¬ 
ture.  Quant  aux  tribuni  militum  a  populo  qu’on  trouve 
jusqu’à  Auguste  dans  plusieurs  villes  d'Italie,  ce  sont  in¬ 
contestablement  des  magistrats  romains  tkiiji  .nus militum  . 

V.  Conditions  d’aptitude. — D’après  les  lois  municipales, 
qui  assimilent  sur  ce  point  les  magistratures  au  décu- 
rionat,  puisque,  jusqu’à  une  certaine  époque,  c’est  la 
gestion  des  honores  qui  ouvre  la  curie25,  les  conditions 
principales  d’aptitude  sont  les  suivantes  : 

ï°  L'ingénuité26 . — Jusqu’au  Bas-Empire,  la  loi  exclut  les 
esclaves'27  et  les  affranchis;  ces  derniers  n’ont  été  admis 
temporairement  que  dans  quelques  colonies  transmarines 
de  César,  à  Genet iva,  Julia  Curubis,  Clupeae ,  Cnossos 2”  ; 
mais  les  fils  d’affranchis  sont  admis. 

2°  La  qualité  de  citoyen  du  municipe  ( civis ).  —  Au 
début,  les  simples  incolae  sont  exclus29;  ils  sont  admis 
plus  tard,  quand  les  honneurs  municipaux  deviennent 
des  charges. 

3°  L'âge.  —  La  lex  Julia  municipalis  exigeait  l'âge 
de  trente  ans  ou  un  service  dans  les  légions  de  trois  ans 
comme  cavalier,  de  six  ans  comme  fantassin 30.  On  trouve 
également  l’âge  de  trente  ans  à  la  fin  de  la  République 
dans  les  villes  de  Sicile  et,  d’après  la  loi  de  Pompée,  dans 
celles  de  Bithynie31.  Cetle  règle  fut  modifiée  sans  doute 
par  Auguste  ;  car,  à  l’époque  classique  et  au  moins  en 
règle  générale,  sauf  de  nombreuses  exceptions32,  il  y  a 
l'âge  de  vingt-cinq  ans  accomplis;  on  peut  même  avoir 
dans  le  cours  de  la  vingt-cinquième  année  les  magistra¬ 
tures  qui  n’entraînent  pas  de  responsabilité  pécuniaire  33  ; 
plus  tard  on  put  prendre  des  candidats  plus  jeunes,  sauf 
des  impubères;  au  Bas-Empire,  la  curie  fut  ouverte  dès 
l’âge  de  dix-huit  ans;  les  lois  Julia  et  Papia  Poppaea 
faisaient  sans  doute  gagner  un  an  par  enfant  34. 

N IJ honorabilité  civique.  —  La  lex  Julia  municipalis 35 
exclut  des  fonctions  publiques,  comme  frappés  d'infamie  : 
les  individus  condamnés  pourvoi  ou  complicité  de  vol, 
dans  les  actions  fiduciae ,  pro  socio ,  tutelae,  mandait , 

à  Mévania  et  qui  sont  en  même  temps  seviri  sacris  faciundis,  paraissent  être  un 
collège  religion*  extraordinaire  (voir  Bormann,  Bull,  dell  Istit.  1879,  p.  12). 

—  18  c.  i.  1.8,  5306,  5.369,  S984,  10  727.—  »  Ibid.  12,  1814.  —  *0  Brambach,  Inscr. 
Rb.  1330.  —21  C.  i.  I.  2,  4217,  4225,  4226,  4239,  4266.  —  22  Ibid.  12,  3002,  3166, 
3210,  3223,  3232,  3259,  3274,  3296;  13,  5010  ;  Brambach,  L.  c.  736.  —  23  C.  i.  I.  12, 
1368  :  «  praefectus praesidio  et  privât  Voc  »  qu’il  faut  peut-être  lire  «  praefeetns 
praesidiorum  et  privatorum  Voeontiorum  ».  —  2V  Brambach,  L.  c.  736  (un  prae¬ 
fectus  stationibus 1  ;  C.  i.  I.  9, 2438  ;  Di  g.  11,4,  4.  Voir  Mommsen,  Das  Strafrecht, 
p.  297-322.  —  25  Lex  Jul.  mu».  1.  135  ;  Lex  Jul.  Genet.  101 .  —  26  Lex  Malac.  54; 
Corp.  inscr.  lat.  2,  1943;  C.  Jnst.  9,  21,  I.  un.;  10,  33,  1-2.  —  27  |1  y  a  peine  capi¬ 
tale  contre  l’esclave  devenu  sciemment  magistrat  (C.  Just.  10,  33,  2).  —  28  Lex  Jul. 
Genet.  5,  21  ;  C.  i.  I.  8,  077  ;  10,  6104  ;  Strab.  8,  6,  23  ;  Friedlander,  Zeilschr.  fùr 
Numismatik,  VI,  1879,  p.  13.  —  29  Grom.  ret.  (éd.  Lachmann),  1,  p.  84;  C.  i.  I.  8,  30. 

—  30  R  fallait  avoir  servi  pendant  la  majeure  partie  de  chaque  année  ;  deux  semestres 
successifs  ne  coustituaientqu’unc  année.  -  31  Cic.  In  Verr.  2, 49,  122  ;  Plin.  Ep.  10, 
79  (83).  —  32  l)ig.  5, 6,  5,  §  i  ;  50,  2,  1 1  ;  50,  4,  8.  —  33  Lex  Malac.  54  ;  Dig.  50,  4, 
8;  36,  1,76,  1.  —34  Dig,  50,  6,  2,  §1;  4,  4,  2;  C.  Th.  12,  1,  7,  19.  —  35  L.  90-126. 


MAC. 


i;;u 


MAO 


injuriarum ,  tfe  rfo/o  ma/o,  en  vertu  de  la  lex  Plaetoria 
pour  lésion  des  intérêts  de  mineurs  de  vingt-cinq  ans, 
pour  parjure,  les  individus  devenus  gladiateurs  (aueto- 
rati),  les  débiteurs  insolvables  ou  qui  ont  manqué  de 
bonne  foi  dans  leurs  obligations,  les  individus  condamnés 
a  Rome  ou  dans  une  autre  ville  par  un  judieiutn publicum , 
les  individus  condamnés  pour  calomnie  ou  prévarication, 
les  anciens  soldats  frappés  de  renvoi  ignominieux  et  de 
dégradation  militaire,  les  délateurs  qui  ont  à  prix  d’argent 
dénoncé  ou  livré  un  citoyen  romain,  les  prostitués,  les 
comédiens,  les  tenanciers  de  gymnases  de  gladiateurs 
ou  de  mauvais  lieux.  Plus  tard  il  y  eut  d’autres  cas 
d  infamie  infamia].  Enfin  les  hérauts,  les  huissiers 
0 dissignatores )  elles  employés  des  pompes  funèbres  sont 
exclus  des  magistratures,  mais  seulement  pendant  qu'ils 
exercent  ces  fonctions’.  En  outre  les  sénateurs  romains, 
exclus  du  Sénat,  ne  pouvaient  plus,  sans  faveur  spéciale, 
arriver  aux  honneurs  dans  leur  ville  d'origine2. 

U°  Le  domicile.  —  D’après  la  loi  de  Genetiva3,  il  faut 
avoir  un  domicile  de  cinq  ans  dans  la  cité  ou  dans  les 
alentours.  . 

0°  Le  cens.  —  La  loi  de  Tarente  exige  la  possession 
d  une  maison;  la  le x  Julia  municipalis  ne  parle  pas  de 
cens;  plus  tard  il  y  en  eut  un,  mais  qui  parait  avoir  varié 
selon  les  villes.  Dans  la  Transpadane,  à  Côme,  à  l’époque 
de  Pline  le  Jeune,  c'est  100  000  sesterces,  chiffre  qu’on 
trouve  aussi  dans  d'autres  textes  et  dans  la  loi  de  Pompée 
pour  la  Bithynie*.  Au  Bas-Empire,  dès  le  milieu  du 
ivc  siècle,  ce  sera  implicitement  le  cens  du  décurionat, 
c’est-à-dire  la  possession  de  vingt-cinq  jugera*. 

7°  La  gestion  des  honneurs,  le  cursus  honorum  dans 
l'ordre  légal  qui  est  questure,  édilité,  duumvirat6.  Mais 
il  y  a  beaucoup  d'irrégularités  ;  dans  beaucoup  de  villes 
on  débute  tantôt  par  la  questure,  tantôt  par  l’édilité 7  ; 
les  sénateurs  et  les  chevaliers  romains  sont  nommés 
d'emblée  quinquennales.  On  ne  peut  gérer  les  honneurs 
en  même  temps  dans  deux  villes  différentes;  en  cas  de 
concours,  c’est  la  ville  natale  ( origo )  qui  l’emporte8. 
L'intervalle  légal,  qui  était  au  début  de  deux  ans,  n’est 
plus  sous  l'Empire  que  d’un  an,  pour  être  porté  plus  tard 
à  trois  ans  ;  l'itération  a  lieu  au  bout  de  cinq  ans  seule¬ 
ment  et  parait  très  fréquente9. 

8°  L'absence  de  dettes  envers  la  ville,  de  dettes  pro¬ 
venant  de  la  gestion  d'une  charge  municipale  ;  le  débiteur 
ne  peut  être  admis  aux  honneurs  avant  de  s’être  libéré  t0. 

9°  Le  serment,  les  cautions  et  les  garanties  qu’on  verra. 

La  lex  Julia  municipalis  prononce  la  nullité  d’une 
élection  quand  les  conditions  d’aptitude  n’ont  pas  été 
observées 1 1 . 

VI.  Mode  dénomination.  —  Première  période.  —  Les 
élections  ont  lieu  généralement  aux  calendes  de  juillet 
pour  que  l’entrée  en  fonctions  puisse  avoir  lieu  au  mois 
de  janvier12.  Il  y  a  donc  dans  cet  intervalle  des  magistrats 
désignés13.  La  présidence  des  comices  électoraux  appar¬ 
tient  au  magistrat  le  plus  élevé,  c’est-à-dire  à  un  des 
duumvirs,  autant  que  possible,  le  plus  âgé;  son  rôle  est 
analogue  à  celui  du  président  des  comices  de  Rome  ;  il 

l  Cf.  la  loi  donnée  à  Halaesa  par  Claudius  Pulchcr  «  De  quaestu,  (|ucm  qui  fccis- 
scl,  non  legerelur  »  (Cic.  In  Verr.  2,  2,  49).  —  2  Dig.  50,  1,  22,  §  1.  —  3  C.  91. 
—  4  C.  i.  /.  5,  532;  Plin.  Ej i.  1,  19;  Pelron.  Sat.  44;  Calull.  23,26;  Dig.  50,1, 
21,  §  4  ;  50,  4,  6  pr.  ;  50,  4,  14,  §  3.  —  5  C.  Tl>.  12,  1,  33.  -  6  Dig.  50,  4,  11  pr. 
14,  §  5.  —  1  Strab.  4,  p.  187.  —  8  Dig.  50,  1 ,  17,  §  4.  —  9  C.  Just.  10,  41,  2  ;  Lex 
Jlfalac.  54.  —  1°  Dig.  50,  4,  6,  §1.  -  il  C.  139.  — 12  Lex  J, U.  mun.  95-102;  Lex  Jul. 
Genet.  68  89.—  13  Plin.  Ep.  10,  83;  C.  i.  I.  10,  461,479,  358,  1015,  3865.—  14  Lex 


"’lignet 


doit  recevoir  les  noms  des  candidats,  rejeter  I .  ■ 
recevoir  les  cautions,  proclamer  et  faire  nr 
élus.  Les  circonscriptions  électorales  s’appela?.! ! W 
plus  généralement  curies14;  le  sort  détermine  I  hllS’ 
peuvent  voter  les  simples  incolae ,  pourvu 
citoyens  romains  ou  latins;  chaque  curie  se  r<LTnt 
son  local  ( consaeptum ),  vote  au  scrutin  sccrei  "S 
ses  tablettes  ( tabellae )  dans  une  corbeille  (ciste)  " ^ 
surveillance  de  trois  citoyens  d’une  autre  curie"* 
mentés,  qui  reçoivent,  surveillent  et  dépouillent  T' 
votes;  chaque  candidat  peut  mettre  un  surveillant  Ul 

de  chaque  corbeille.  On  dépouille  le  volé  de  chaquo'cuS 
en  proclamant  les  candidats  qui  ont  le  plus  de  voix  P! 
en  nombre  égal  à  celui  des  places  vacantes;  en  cas  d’étra 
lité,  il  y  a  préférence  pour  les  mariés  et  les  pères  d’enfanlv 
Puis  on  tire  au  sort  les  noms  des  curies,  et  dans  l'ordre 
ainsi  obtenu  on  proclame  les  noms  de  ceux  que  chacune 
a  élus  jusqu’à  ce  que  la  majorité  absolue  des  curies  ait 
fourni  un  nombre  suffisant  d’élus.  On  élit  ainsi  d’abord 
les  duumvirs,  puis  les  édiles  et  les  questeurs.  En  principe, 
les  candidats  se  présentent  eux-mêmes,  font  leur  pro- 
fessio ,  même  absents15;  le  président  examine  s'ils  ont  les 
conditions  légales,  exige  les  cautions  et  fait  afficher  les 
noms  des  candidats  en  nombre  suffisant  ( proscribere ). 
S’il  ne  s’en  présente  pas  assez,  le  président  en  désigne 
d’autres  d’office  ( notninare ).  Le  candidat  ainsi  désigné 
a  le  droit  d’en  proposer  un  autre  et  ainsi  de  suite,  ce  (pii 
diminue  pour  chacun  les  chances  d’élection.  Le  président 
publie  ensuite  tous  ces  noms15.  Cette  présentation  parle 
magistrat  se  développa  aux  dépens  des  candidatures 
spontanées,  et  bientôt  il  n’y  eut  plus  de  candidats  que 
ceux  présentés  par  le  magistrat,  sans  doute  sur  la  recom¬ 
mandation  des  décurions.  Ce  système  va  aboutir  à  l'élec¬ 
tion  des  magistrats  par  le  sénat  municipal.  Dans  cette 
première  période,  les  anciens  magistrats  siègent  dans  la 
curie  avec  voix  délibérative,  sans  être  encore  véritable¬ 
ment  décurions,  jusqu’au  prochain  recensement.  C’est  ce 
qu’indique  la  distinction  de  deux  classes  de  sénateurs  dans 
la  lex  Julia  municipalis  11  et  dans  la  loi  de  Tarente1-,  à 
l’imitation  de  ce  qui  avait  eu  lieu  au  Sénat  de  Rome. 

La  brigue  était  d’abord  aussi  active  qu’à  Rome,  comme 
le  montrent  les  inscriptions  de  Pompéi  où  abondent  les 
promesses  au  peuple,  les  recommandations  des  déclinons, 
des  corporations  et  même  des  femmes,  les  appels  aux 
électeurs19.  Dans  quelques  villes,  l’inscription  sur  1er 
murs  des  noms  des  candidati  était  interdite10.  La  loi  de 
Genetiva  interdit,  à  peine  de  5000  sesterces,  a  tout  <an 
didat,  dans  l’année  qui  précède  l'élection,  de  donmi  1111 
de  faire  donner  des  repas  publics  ou  même  des  i<PaS 
privés  où  il  y  ait  plus  de  neuf  personnes,  de  faire  a  ui.ui 
vais  escient  des  présents,  des  largesses  électoiuhs  , 
plus  tard  un  sénatus-consulte  établit  contre  la  I"  ip1"  1111 
amende  de  1000  aurei  avec  infamie21. 

Deuxième  période.  —  Les  comices  populaiu^ 
Donnent  encore  incontestablement  au  i'r  siècle  d» 
pire  et  même  plus  tard.  C’est  prouvé,  par  exemple ,  p1 
Bithynie  par  les  lettres  de  Pline  23,  pour  les  Ml  i* 

Maine.  52-53  ;  Lex  Jul.  Genet.  101.  —  15  Cic.  ad  Brut.  5  :  Pro  J  •  ^  p|jn  Ff_ 
Ma.lac.  51.  —  17  L.  96,  109.  —  18  L.  26,  31  ;  cf.  Dig.  50,  2,  6,  S  •’  ^  ; 

10,  79  pour  la  Bithynie.  —  m  Voir  Willcms,  L.  c.  ;  Zangcmcistcr,  ^  '  „ar. 
p.  9-10.  — 20  Orelli-Henzen,  L.  c.  6975;  C.  i.  I.  10,  6193.  Ce;  dans  les 

quardt  (Manuel  des  antiq.  rom.  VIII,  I,  p.  102,  note  5)  TOjt  ^105)  :  il  s'ar'tllc 
«  nominationes  libcllis  vel  edic/is  factae  »  de  C.  Th.  1 1,  ^  ^  ^ 21  Æp.  U*, 

nominations  illégales  à  des  muncra. — 21  C.  132. —  22  Dig.  -18,  I 


MAG 


—  1545 


MAG 


discours  de  Dion  Chrysostome1.  Le  changement 
Piirl'  'rr  à  s’opérer  dans  le  courant  du  n°  siècle.  Les 
|C0"""  se  complètent  plus  par  l’adjonction  des  magis- 
curl^  r:„„rv...inr:ii inn  nliis  on  moins  forcée  des 


«  mais  par  l’incorporation  plus  o 
1,1  1o  fnrhinp.  ru* 


riétaires  qm 


ont  la  fortune  nécessaire.  Il  est  déjà 


Pr0-'i!m'sous  Trajan  de  gens  qui  deviennent  décurions 
r  eux8.  La  conséquence  de  cette  modification, 
’vfqu’dn  commença  par  être  décurion  et  qu’il  fut 
|C?S  rlp  l’être  pour  devenir  magistrat.  Ce  nouveau 
V||||(1  est  consacré  législativement  à  l’époque  de  Marc- 
Luri'liî3-  La  nomination  des  magistrats  passe  donc  offi¬ 
ciellement  du  peuple  à  la  curie,  sauf  dans  quelques  villes 
d’Asie  et  dans  quelques  pays,  tels  que  l’Afrique,  où  les 
comices  populaires  paraissent  avoir  subsisté  beaucoup 
Elus  longtemps4.  En  général,  le  consensus  et  Yacclama- 
tio  populi  ne  signifient  plus  que  de  simples  acclama- 
,  ,ions.  Dès  lors, les  curies  choisissent  les  magistrats  à  la 
majorité  absolue,  dans  une  assemblée  qui  comprend  au 
moins  les  deux  tiers  des  membres  inscrits;  régulière¬ 
ment,  les  magistratures  doivent  être  déférées  suivant 
l’ordre  d’entrée  dans  la  curie,  sur  la  présentation  que 
fait  le  magistrat  sortant,  à  ses  risques  et  périls  (nomi- 
nare)  ;  mais  dans  la  pratique  on  tient  compte  surtout 
I  de  la  fortune8.  Le  gouverneur  de  la  province  intervient 
déplus  en  plus  activement,  pèse  de  plus  en  plus  sur  le 
vote*.  Le  magistrat  nommé  peut  être  contraint  à  remplir 
ses  fonctions,  ne  peut  s’en  faire  dispenser  même  à  prix 
d’argent  ;  cependant  il  peut  présenter  un  remplaçant  qui 
aies  conditions  légales  {jus  nominandi  potiorem ) 1 . 

.  VII.  Excuses.  —  Dans  les  deux  périodes,  il  y  a  des 
excuses  qui  s’appliquent  à  la  fois  aux  magistratures  et 
aux  mimera.  Les  principales  sont  les  suivantes  ; 

YAye  de  soixante-dix  ans  accomplis. —  Il  ne  dispense 
quedes  munera  personalia  ou  civilia,  mais  pas  des  hon¬ 
neurs,  sauf  quand  il  y  a  des  infirmités  ;  mais  d’autre  part, 
dans  la  deuxième  période,  l’âge  de  cinquante-cinq  ans 
dispense  du  décurionat8. 

I  Infirmités.  —  Elles  sont  appréciées  par  le  gouver¬ 
neur;  les  aveugles,  les  sourds,  les  muets,  sont  toujours 
dispensés8. 

|  3°  Nombre  d'enfants.  —  Sauf  quelques  exceptions,  il 
ne  dispense  ni  des  honneurs  ni  des  charges  patrimo¬ 
niales10. 

i-D  Exercice  de  certaines  professions.  —  Sont  dis¬ 
penses  de  toutes  charges  :  les  professeurs  d’arts  libé¬ 
raux,  philosophes*1,  rhéteurs,  grammairiens,  médecins, 
et  a  partir  de  Constantin,  les  professeurs  de  droit,  mais 
ceux-Li  seulement  que  la  curie  a  autorisés  à  “exercer  et 
a pro fesser  *-  ;  les  athlètes  émérites  qui  ont  obtenu  trois 
couionnes  aux  grands  jeux13  ;  les  fermiers  et  les  collec- 
urs  des  impôts  en  fonctions;  les  colons  impériaux,  à 
^ans  qu  iis  n  aient  une  fortune  suffisante14;  la  plupart 
et.  * ls<ms  membres  des  corporations  15  ;  les  négociants 
la  (  'IMllat('urs  qui  s'occupent  de  Vannona  de  Rome,  à 
11 'on  qu  ils  y  emploient  la  majeure  partie  de  leur 

nL'isk°;  c°rp ■ inscr-  nr ■  2°27' 3ie2-  — 2  pHu-  ep-  iia-114. 

dire  «ne  inseri  lin  |~  '  60,  2,  7,  §  2  ;  50,  4,  0.  Nous  ne  savons  pas  ce  que  veut 

ma0'’>tratuum  ,  '  ',0l‘"ac  en  Italie, relative  à  un  curateur  qui  n  primus  comitia 

s,  1  (320  1-1  y'eanc,or"m)  (c)ausa  instituit  »(C.  i.  I.  14,  2410).  —  4  C.  Th.  12, 

%:io*4  n  Hfr  ^  Dig-  5°’  *>  °  et  **■  §*•-  8  Di9-  *.  b  § 

5°,  5,  2,  g  - .  (\  '  '  •  1  ■  J,lsl •  10,  65,  l.  un.  —  S  Dig.  50,  3,  2,  §§  1,  8.  —  0  Dig. 

""«-ci  Ic  Vrivil-  ln’  50:  2;  ~  10  D,r>-  50-  5'  2  Pr-  ;  60,  6,  5,  §  2.  -  U  Pofir 
8).^  12  £  suPPpimé  en  partie  par  Constantin  et  Valentinien  (C.  Just. 
-  H  Di, j  50  .  ’q'  27’  L  «,  §  8  ;  C.  Just.  10,  5,  2,  5, 6.  —  13  C.  Just.  10,  53,  l.  un. 

’  M  1  ;  50,  1,  38,  §  1,  _  IB  Dig.  50,  fi,  5,  §  12;  C.  Just.  10,  «4, 


fortune  et  que  les  armateurs  aient  un  navire  de  .’iOOOO  me¬ 
sures  (; modii )  ou  plusieurs  de  10000  mesures  chacun  10  ; 
les  navicularii  en  général  et  les  négociants  en  huiles 
( mercatores  olearii)  qui  consacrent  à  leur  commerce  la 
majeure  partie  de  leur  fortune;  ces  deux  dernières  caté¬ 
gories  n’ont  la  dispense  que  pendant  cinq  ans 

5°  Absence  «  reipublicae  causa  »,  surtout  en  faveur  des 
soldats  en  service  actif,  qui  ont  l’immunité  absolue 

0°  Qualité  de  vétéran  1D. 

7°  Dignités.  —  Les  fonctions  de  defensor  et  de  lega- 
tus  reipublicae  dispensent  des  honneurs  pendant  qu'on 
les  exerce.  On  peut  déférer  un  honneur  à  celui  qui  ne 
remplit  qu’un  munusî0.  Les  hauts  dignitaires  impériaux 
et  même  les  simples  conseillers  des  gouverneurs  et 
des  procurateurs  sont  dispensés  des  honneurs  et  des 
charges  dans  leur  ville  d'origine21.  Il  est  vrai  qu’ils  sont 
généralement  patrons  ou  décurions  honoraires.  Les  sé¬ 
nateurs  de  Rome  et  plus  tard  aussi  ceux  de  Constanti¬ 
nople  sont  dispensés  de  toute  charge  municipale,  des 
munera  personalia  Au  Bas-Empire, les  fonctionnaires 
subalternes,  les  officiales  seront  naturellement  dispensés 
de  la  curie,  étant  en  activité,  et  définitivement  en  général 
au  bout  de  vingt-cinq  ans  de  service23.  Les  excuses  ne 
peuvent  être  invoquées  que  par  x-oie  d’appel  devant  le 
gouverneur;  le  délai  d’appel  court  dans  la  deuxième  pé¬ 
riode  du  jour  de  la  not  ification.  Si  l’excuse  est  admise,  les 
frais  de  l’appel  sont  à  la  charge  du  nominator.  Constantin 
décida  que  les  nominations  auraient  lieu  trois  mois  à 
l’avance  pour  pourx'oir  au  remplacement  des  excusés24. 

VIII.  Garanties. —  Les  garanties  offertes  aux  villes  par 
les  magistrats  sont  les  suivantes  : 

1°  Le  serment.  —  Dans  la  loi  de  Malaca23,  ils  prêtent 
serment  après  le  dépouillement  du  scrutin,  avant  la  pro¬ 
clamation  de  l’élection  ;  dans  la  loi  de  Salpensa,  dans  les 
cinq  joursde  leur  nomination  etavant  la  première  réunion 
de  1a.  curie,  sous  peine  d’une  amende  de  100000  ses¬ 
terces26.  Plus  tard  il  n’est  plus  question  de  serment. 

2°  Les  cautions.  —  La  loi  de  Tarente  prouve,  contrai¬ 
rement  à  une  opinion  accréditée,  l’obligation  de  la  caution 
sous  la  République  pour  la  garantie  des  fonds  publics  et 
sacrés.  Elle  consiste  en  un  cautionnement  et,  le  cas 
échéant,  en  affectation  immobilière  [praedes  praediaque). 
Il  y  a  la  même  prescription  dans  la  loi  de  Malaca27.  La 
loi  de  Genetiva  28  interdit  d’élire  aucun  augure,  pontife, 
décurion  qui  n'ait  pas  depuis  cinq  ans  dans  la  ville  ou 
dans  les  mille  pas  une  maison  d’une  valeur  suffisante 
pour  servir  de  gage  ;  et  la  prise  de  gage  pignoris  copia  i 
est  exercée  par  les  magistrats  en  exercice.  Cette  règle 
s’appliquait  probablement  à  tous  les  magistrats.  Au 
Digeste,  les  magistrats  municipaux,  qui  ont  une  respon¬ 
sabilité  financière,  même  nommés  malgré  eux,  sont 
obligés  de  «  cavere  rem  publicam  sa/ram  fore  »  et  de 
faire  garantir  leur  promesse  par  des  fidéjusseurs29.  Le 
magistrat  qui  a  négligé  d’exiger  la  caution  est  respon¬ 
sable  de  tout  dommage  30. 

i_2.  -  15  Dig.  50,  5,  3;  50,  6,  5,  §§  3  et  6.  —  *5  Dig.  50,  4,  5.  —  18  Dig.  50,  4,  3, 
g  I.  _  10  Dig.  50,  5,  7;  C.  Just.  10,  54,  2.  —  20  Dig.  50,  5,  10,  §  4;  50,  4,  10. 
—  21  Dig.  50,  5,  1  et  2,  §  4.  Ces  comités  paraissent  être  plutôt  les  conseillers  que 
les  officiales.  —  22  Voy.  I.écrivain,  Le  Sénat  romain  depuis  Dioclétien  à  Dôme  et 
à  Constantinople ,  p.  82-83.  —  23  C .  Th.  8,  4,  1  et  8,  §  1;  8,  7,  5,  6.  —  24  C.  Just. 
7,  02,  H  ;  10,  31,  2.  —  23  C.  69.  —  26  C.  26.  Il  y  a  la  même  prescription  dans  la  loi 
de  Bantia  (1.  14-15).  —  27  C.  37,  60.  Voir  Mommsen,  Die  Stadtreclile,  p.  419,  466; 
Rivier,  Untersuchungen  iiber  die  Catilio  praedibus  praediisque,  Berlin,  1863; 
l'article  cautio  ;  Humbert, Essai  sur  les  finances  et  la  comptabilité  publique  chez  les 
Romains  Paris,  t.  11.—  28  C.  91.— 29  Dig.  50,  1,38,  §§  2  et  16.— 30  Dig.  50  1,24. 


MACi 


—  1546  — 


M  A  fi 


3°  Les  personnes  responsables  de  la  gest ion  du  magis¬ 
trat.  —  Ce  sont  le  père,  1  e.  nominator  etle  collègue.  Le  père 
est  responsable,  comme  un  fidéjusseur,  de  la  gestion  du 
(ils  qu  il  a  sous  sa  puissance,  malgré  toute  émancipation 
faite  dans  le  but  de  se  soustraire  à  cette  responsabilité; 
mais  elle  cesse  s’il  y  a  deux  enfants  à  la  fois  dans  les 
fonctions  publiques;  l’obligation  du  père  passe  aux  hé¬ 
ritiers,  mais  seulement  pour  la  gestion  accomplie  du  vi¬ 
vant  du  père1.  Le  nominator  a  une  responsabilité  que  les 
textes  paraissent  assimiler  à  celle  des  fîdéjusseurs*  ;  son 
obligation  s’éteint  probablement  quand  le  fonctionnaire 
est  encore  solvable  a  sa  sortie  de  charge3.  Au  Bas- 
Empire,la  curie  entière  sera  responsable  de  la  creatio  de 
tous  les  magistrats  ;  il  y  aura  entre  les  dëcurions  cette 
solidarité  déplorable  qui  ruinera  les  curies  [senatus  muni- 
cipaus  .  Entre  deux  collègues,  il  y  a  une  certaine  solida¬ 
rité,  plus  ou  moins  étroite  selon  les  cas1.  A  l’égard  des 
magistrats,  la  ville  exerce  ses  recours  dans  l’ordre  sui¬ 
vant  :  contre  les  lidejusseurs,  contre  le  père,  contre  le 
nominator ,  contre  le  collègue  \  Naturellement,  les  per¬ 
sonnes  qui  ont  payé  pour  un  fonctionnaire  peuvent  re¬ 
courir  contre  lui  selon  les  règles  usuelles  du  droit. 

IX.  Responsabilité.  —  La  responsabilité  des  magis¬ 
trats,  qui  existe  déjà  dans  la  loi  de  Tarente,  est  régie  par 
des  règles  particulières  G.  Les  magistrats  ne  sont  pas  des 
mandataires,  mais  des  negotiorum  gestores.  On  peut 
distinguer  : 

A.  Les  rapports  des  magistrats  avec  la  cité.  — 
Pour  tous  les  actes  de  gestion  du  patrimoine  municipal, 
du  jour  de  leur  élection,  comme  negotiorum  gestores ,  ils 
sont  responsables,  envers  la  ville,  de  leur  dol  au  double 
du  dommage,  de  leur  négligence  au  simple  ;  leurs  héri¬ 
tiers  ne  sont  jamais  tenus  qu’au  simple7.  Étudions  quel¬ 
ques  cas  principaux.  1°  Pour  les  baux  ;  les  textes  s'ap¬ 
pliquent  généralement  au  curator  civitalis ,  mais  étaient 
applicables  auparavant  aux  duumvirs8;  si  le  magistrat  a 
observé  les  formalités  requises,  exigé  au  nom  de  la  cité 
les  garanties  suffisantes,  personnelles  et  immobilières,  il 
est  dégagé  de  toute  responsabilité;  sinon,  il  reste  tenu 
jusqu’à  ce  que  son  successeur,  en  approuvant  le  bail,  en 
prenne  les  risques  à  sa  charge;  pour  les  fonds  loués  à 
long  terme  ou  à  bail  perpétuel,  on  admit  que  chaque  ma¬ 
gistrat  ne  répondrait  du  loyer  que  pendant  une  année  9. 
2°  Pour  les  créances  qui  appartiennent  directement  à  la 
ville,  le  magistrat  doit  veiller  à  ce  qu'elles  ne  se  dété¬ 
riorent  pas;  en  cas  de  négligence  de  sa  part,  il  répond  de 
l’insolvabilité  du  débiteur  survenue  pendant  le  temps  de 
sa  gestion.  3°  Pour  les  placements  de  capitaux  qu’il  fait 
en  son  nom  i0,  il  agit  à  ses  risques  et  périls  et  répond  de 
l’insolvabilité  des  débiteurs  même  après  sa  sortie  de 
charge,  à  moins  que  son  successeur  ne  prenne  le  contrat 
à  ses  risques  et  périls11.  4°  En  général,  les  fonctionnaires 
doivent  les  intérêts  des  deniers  communaux  qu’ils  ont 
entre  les  mains12.  Quant  au  mode  de  reddition  des 
comptes,  on  voit  qu’à  Tarente,  les  magistrats  rendent  les 
leurs  devant  le  sénat  qui  règle  les  formalités,  et  qu'en 
outre  tout  citoyen  qui  a  eu  un  mandat  de  la  ci  té  avec  respon¬ 
sabilité  financière  doit  en  rendre  compte  dans  les  dix 


jours.  A  Malaca  13,  nous  n’avons  de  détails 
comptes  des  citoyens  chargés  de  1Ue  Sllf  les 

:  ils  les  dan  »"  *  . 

jours  après  leur  mission,  soit  à  la 


lans  un 

cur>e,  soit  à 


'U'(U> 

trente 

missaire  nommé  par  elle  dans  une  séance”"'-  “I"*  C0T 
deux  tiers  des  membres  ;  trois  commissaires  v'  '  J  &  les 
désignés  sur  la  proposition  des  duumvirs 
rions  au  scrutin  secret,  défendent  les  intérêt  ■  1  T  '  ^ 
après  avoir  étudié  les  comptes  pendant  un  délai  “1 
nable.il  y  a  action  populaire  au  double  contre  r 
trateur  qui  ne  rendrait  pas  ses  comptes  et  conlr^?'8" 
citoyen  qui  en  empêcherait  la  reddition.  Plus  l  U(|  i 
Probable  que  les  comptes  des  fonctionnaires  ont  Va  q 
approuvés  par  le  gouverneur u.  Les  comptes  pJ2 
encore  être  révisés  pendant  vingt  ans  par  rapport  a, J 
fonctionnaires,  pendant  dix  ans  par  rapport  à  leurs  h'éri 
tiers.  Les  obligations  non  pénales  des  magistrats  envers! 
la  cité  passent  à  leurs  héritiers. 

B.  Les  rapports  des  tiers  avec  les  magistrats  et 
diairement  avec  la  cité.  —  En  règle  générale,  les  contrats  I 
passés  par  les  magistrats  donnent  naissance  à  deux 
actions,  l’une  directe  et  personnelle  contre  eux,  l’autre 
contre  la  cité,  s’il  y  a  lieu;  et  les  deux  actions  subsistent 
après  la  sortie  de  charge  du  magistrat.  Cependant,  sur  ce 
dernier  point  il  y  a  des  exceptions,  par  exemple'pour  la 
vente  de  biens  publics  et,  dans  certains  cas,  en  matière  de 
constitut  ;  alors  le  magistrat  n’est  tenu  que  pendant  la 
durée  de  sa  charge.  Contre  la  ville  il  n’y  a  en  général  que 
des  actions  utiles18.  Inversement,  en  vertu  des  actes  pas-  ] 
sés  par  ses  représentants,  elle  peut  avoir  les  actions 
vendit i,  locatif  praescriptis  verbis  ;  pour  les  contrats 
verbis ,  elle  a  l’action  ex  stipulatu  en  vertu  des  stipula¬ 
tions  faites  par  ses  esclaves;  elle  n’a  que  l’action  utile  si 
la  stipulation  a  été  faite  par  le  magistrat. 

X.  Dépenses.  —  Les  fonctions  municipales  sonl  gra¬ 
tuites,  quoique  la  ville  doive  en  principe  tenir  compte  aux 
magistrats  de  leurs  frais  d’administration.  Il  leur  est  dé¬ 
fendu  de  recevoir  des  présents,  surtout  des  entrepreneurs, 
des  cautions  de  tout  genre  :  la  loi  de  Genetiva  frappe  ce  I 
délit  d’une  amende  de  20000  sesterces10.  Les  chargea 
municipales  impliquent  au  contraire  de  lourdes  dé¬ 
penses  : 

A.  Promesses  électorales.  —  Loin  d’être  prohibées, 
elles  doivent  être  exécutées,  indépendamment  de  toute 
acceptation  de  la  ville.  C’est  la  pollicitatio  [pollicitatio]  , 
les  héritiers  du  candidat  sont  tenus  à  moins  qu  il  ne 
meure  avantd’avoir  obtenu  la  dignité  ;  le  promettant  peut 
mettre  à  sa  libéralité  toutes  sortes  de  conditions ,  elles 
doivent  être  observées,  à  moins  qu’il  n’en  résolu  un 
préjudice  pour  la  cité  17.  La  loi  de  Genetiva  inln  ‘lit  > 1 
faire  allouer  des  deniers  publics  au  magistral  qui^a 
promis  un  munus  ou  une  statue  ou  un  honor,  ccsl-n  < 1 
des  jeux18.  On  a  des  exemples  innombrables  de  pu  R 
tâtions  de  ce  genre  19. 

B.  Jeux  publics.  —  Ils  doivent  donner  des  jeu 


x.  A 


Tarente  ils  y  consacrent  la  moitié  de  certaines  an 
à  Genetiva21,  les  duumvirs  ajoutent  chacun  - 


rendes 

2000  ses-] 


terces  à  une  somme  égale  fournie  par 


la  ville,  et  les 


1  Dig.  50,  1,  38,  §  *;  50,  2,  7,  §  3;  50,  4,2,  3,  §  16,  15;  50,  1,  2  pr.  §  1-5; 
C.  Jus/.  10,  31, 5  ;  10,60,2.—  2  Dig.  50,  1,  15,  §  1,  17,  §  15;  C.  Jiist.  11,34,1.  un.  ; 
1 1 ,  35,  4.  On  ne  sait  s’il  faut  lire  creator  ou  curator  ap.  Dig.  50,  0,2,  §7.-3  Dig. 
50,  1,  11.—*  Dig.  50,  1,  11  ;  50,  8,  2,  §  8,  9,  §  8.  —  6  Dig.  50,  1,  11  et  13. 
—  «Voir  Iloudoy,  Le  droit  municipal,  p.  523-547.  —  7  Dig.  50,  8,  6  et  9,  §  4. 


0  Dû  —  '• 

8  Lcx  Alalac.  63,  64,  66.  —  9  Dig.  50,  8,  2  et  3,  §  1-  -  111  **'  ",j  s  |0. 

«t.  —  12  Dig-  “0.  ,s 


—  U  Cela  paraît  être  le  sens  de  Dig.  50,  I,  36,  § 

—  13  C.  67-68.  —  14  Plin.  Ep.  10,  50.  —  15  Dig.  44,  7,  35. 


s  1  ;  50,  8,  3- 
3  '  •iîl 


17  Dig.  50,  12,  1,  §  1,  6,  10,  M,  13.  —  )s  L. 

—  20  L.  33-38.  —  21  L 


—  16  C.  93. 

—  19  Ainsi  C.  i.  I.  10.  7954,  7553,  8318. 


13i;cf .Dig.MdW' 


70-71. 


MAG 


1547  — 


MAG 


jjiloji  donnent  chacun  - 
"  i  ni  ni  (lu  Trésor. 


ri  2  000  sesterces,  en  n’en  recevant 


fr'lsw»»»  honora ria.  —  C’est  un  usage  que  tout 
irlt  même  le  questeur,  verse  à  la  caisse  de  la  ville, 
,nil  H,  première  élévation  à  chaque  fonction,  un  capital 
Pml'i  n'iiiUi  SÙMMA  uonoraria].  La  somme  est  très  variable 1 . 
§  neutres  dons.  —  Il  est  souvent  difficile  de  distinguer 
I  ];j  sumtna  honora  ria,  offerte  oh  honorent,  ex  lerje , 
[fs  dons  volontaires  offerts  aussi  ob  honorent ,  ex  libe- 
jTiitate,  dont  il  y  a  de  si  nombreux  exemples  en  Orient 
Y  en  occident2.  A  leur  tour,  ces  dons  pourraient  se 
diviser  en  dons  proprement  dits  et  en  prestations  liées 
I  lus  ou  moins  étroitement  aux  magistratures  [munera]. 
Le  magistrat  est  régulièrement  exempté  des  munera  per- 
sonaUa*  ;  cependant  il  y  a  des  exceptions  à  cette  règle4. 

M  Insignes  et  cérémonial.  —  Le  cérémonial  extérieur 
est  analogue  à  celui  des  magistratures  romaines.  Les 
magistrats  supérieurs  ont  la  praetexta?,  la  chaise  curule6, 
des  licteurs  ;  àGenetiva7,  les  duumvirs  ont  un  certain 
nombre  de  serviteurs  [duumviri  jure  dicundo];  chaque 
odile  a  :  un  scribe  à  800  sesterces,  un  héraut  à  300, 
quatre  esclaves  publics,  un  tibicen  à  300  sesterces,  un 
haruspex ;  tous  ces  serviteurs,  libres,  ont  l’exemption 
de  la  milice  pour  leur  année  de  service,  sauf  pour  guerre 
en  Italie  ou  en  Gaule  ( tumultus  Italicus,  Gallicus). 
Ailleurs  on  rencontre  ces  mêmes  serviteurs  et  esclaves 
publics,  des  apparitores ,  des  caissiers  ( arcarii ),  des 
archivistes  (commentarienses ,  librarii ),  des  contrôleurs 
(i dispunctores ),  des  messagers  ( tabellarii )  [apparitores, 
servi  publici]8.  Les  magistrats  d’ordre  judiciaire  ont  un 
tribunal9.  Ils  paraissent  aussi  avoir  un  conseil.  A  Sal- 
pensa10,  pour  les  affranchissements  de  droit  latin  faits 
par  des  mineurs  de  vingt  ans,  leur  conseil  est  la  curie 
et  il  en  est  ainsi  probablement  pour  ce  cas  dans  les  autres 
villes.  A  Puteoli,  en  103  av.  J.-C.,  pour  l’adjudication 
d’une  construction,  il  est  question  de  vingt  anciens 
duumvirs  qui  composent  habituellement  le  conseil  des 


duumvirs  “.  A  Genetiva  les  magistrats  ont 


une 


place 


reservée  au  théâtre  au  milieu  du  Sénat 12.  Ils  ont  partout 
les  privilèges  généraux  des  décurions  ;  ainsi  ils  sont 
exemptés  de  la  torture,  de  certaines  peines  infamantes, 
et  des  munera  sordida  l3.  Sous  l’Empire,  au  moins  dans 
la  deuxième  période,  ils  peuvent  être  poursuivis  pendant 
leur  magistrature14.  Rappelons  en  outre  la  prérogative 
qu  ont  les  magistrats  dans  les  villes  latines  d’obtenir  le 
droit  de  cité  romaine  [latini,  p.  979]. 

Li  curie  peut  accorder,  généralement  à  des  Romains 


viralia 13  ou  censoria , 


e  distinction,  les  ornamenta  duunt 
1u,iiquennalicia ,  quinquennalilatis  10,  qui  n’ouvrent 
Jas  'a  cur'e‘‘.  Elle  accorde  aussi  comme  récompense 
odlectio  soit  parmi  les  simples  décurions,  soit  parmi  les 
ma£és*'ra^s-  On  a  des  allecti  inter  quinquen- 
XH  '  'n^r  ^  virâtes19  ;  ils  votent  avec  leur  classe. 

O  i ributions  générales  des  magistrats.  —  Ils  ont 


le  pouvoir  exécutif  chacun  dans  sa  sphère.  Nous  avons 
donc  d’abord  à  examiner  leurs  rapports  généraux  avec  le 
corps  qui  a  le  pouvoir  délibérant,  avec  le  Sénat.  Ils  doivent 
obéir  aux  décisions  du  Sénat.  La  loi  de  Genetiva  prononce 
contre  eux,  en  cas  de  désobéissance  à  cette  règle,  une 
amende  de  10  000  sesterces  pour  chaque  délit20.  Sou¬ 
verains  dans  les  limites  de  leur  pouvoir,  ils  doivent  pour 
tout  le  reste  consulter  le  Sénat.  D’après  les  lois  muni¬ 
cipales,  le  Sénat  doit  être  consulté  sur  la  gestion  du 
domaine,  sur  les  travaux  publics,  sur  l’emploi  des  capi¬ 
taux,  et  ses  décrets  sont  inscrits  par  les  magistrats  sur  les 
registres  publics,  sur  les  tabulae  publicae.  11  doit  être 
consulté  en  particulier  sur  les  points  suivants  :  1°  La 
munit io ,  c’est-à-dire  les  prestations  et  les  corvées  per¬ 
sonnelles  imposées  aux  citoyens,  et  les  fournitures  de 
bêtes  de  somme21. 2°  La  levée  des  citoyens  et  des  incolae , 
à  Genetiva,  pour  défendre  le  territoire  de  la  colonie22. 
Cette  levée,  particulière  à  cette  région  et  à  cette  époque, 
était  faite  sur  les  instructions  du  Sénat  par  le  duurnvir 
ou  son  délégué  qui  avait  les  mêmes  droits  disciplinaires 
que  le  tribun  militaire  de  Rome.  3°  La  nomination  des 
magistri  fanorum ,  choisis  àGenetiva23  par  les  duumvirs 
pour  faire  les  «  ludi  circenses,  sacrificia,  pulvinaria  ». 
4°  L’attribution  de  places  d’honneur,  la  répartition  des 
spectateurs,  citoyens,  incolae ,  hôtes  dans  les  spectacles24. 
L’usurpation  ou  l’attribution  illégale  de  places  expose  le 
délinquant  à  une  amende  de  5000  sesterces;  les  places 
d’honneur  sont  réservées  aux  décurions  en  charge,  aux 
magistrats  municipaux,  aux  personnes  indiquées  par  le 
Sénat,  aux  magistrats  et  promagistrats  de  Rome,  aux 
sénateurs  ou  anciens  sénateurs  romains,  à  leurs  fils. 
5°  La  nomination  des  patrons  [patronus  et  des  hôtes 
[hospitium]  23.  6°  Le  choix  des  envoyés  publics,  des  legati 
[legatio,  p.  1036-1037].  7°  La  fixation  et  la  dispense  des 
redevances  municipales,  l’exploitation  des  aqueducs  2C. 
8°  La  poursuite  judiciaire  des  débiteurs  de  la  ville  en 
toutes  les  matières21.  9°  La  concession  aux  médecins  et 
aux  professeurs  officiels  du  droit  d’exercer28.  10°  La 
fixation  des  jours  de  fêtes  annuelles  et  des  sacra ,  l'exé¬ 
cution  des  jeux  donnés  par  les  duumvirs29.  11°  Le 
paiement  des  sommes  dues  aux  entrepreneurs  qui  ont 
pris  en  adjudication  les  services  du  culte  et  des  fêtes30; 
la  fixation  de  l’endroit  où  doit  être  affiché  le  budget 
municipal31.  12°  La  permission  de  démolir  une  cons¬ 
truction  située  dans  la  ville;  mais  les  duumvirs  n’ont 
pas  besoin  de  consulter  le  Sénat  s’ils  reçoivent  caution  de 
la  réédification32;  àTarente,  il  y  a  la  même  règle  poul¬ 
ies  réparations  ;  à  Tarente  et  à  Malaca,  l’amende  est  égale 
à  la  valeur  de  la  maison.  13°  La  reddition  des  comptes 
de  toute  personne  qui  a  géré  une  affaire  pour  la  ville,  à 
Tarente  dans  les  dix  jours,  à  Genetiva  dans  les  cent 
cinquante  jours,  à  Malaca  dans  les  trente  jours33, 
14°  L’affranchissement  d’un  esclave  dans  les  cas  qu’on  a 
vus.  15°  A  Malaca,  le  jugement  par  le  Sénat  des  appels 


.2362,  44SS  '  iîrî'^-l U43;  10,  1081  <  7934’  1074  ;  5,  532;  8,  858,  958,  1842,  2341, 
3422] 383 i  ’  r"9’  ,4583’  4874>6944,  699G,  7079,  7098,  83110.  —  2  Ainsi  C.  i.  gr.  2930, 
XI,  c,  p  l'iUG-XVl"’  lmlCX  IX,m’  p-  776  ■  3’  2’ IndeIi  XII,  BC,  p.  1182;  5,  2,  Index 
cl  F;  12]  |nil’’  b  1212, col.  1  ;  9,  Index  XI,  G  et  F,  p.  790,  792;  10,2,  Index  XI,  C 
8.  Index’ XVU ^  1>-  941’  coK  2>  XVII;  14>  Index  XI,  C,  p.  579;  XVII,  p.  597; 

Afrique,  un  ,|,/  V  'S'  3  ®0,  4,  10,  —  4  Ainsi  à  Colonie  Julie  Curubis,  en 

4,7;  iex  Coi  """u  curator  ulimentis  distribuendis  (C.  i.  I.  8,  980).  —  0  Liv. 
Wiener Akad  n'i'-i  ("'nct'  —  0  C.  i.  I.  10,  1081  ;  cf.  Conze,  üenkschriftcn  der 

piUuMjm  d’arch  Y  XXVI,  1877,  p.  190,  pi.  xiv,  xv;  Cahier  ot  Martin, 

3401  ;  lo,  394Y  Y-  ’  p-  l(ic-  —  1  L-  62-63.  —  8  C.  i.  I.  3,  2020  ;  8,  9020,  9699  ;  5, 
-  >2.  —  9 /Aid.  2, 9066;  5,  3401  ;  8,  798G  ;  9,  1783.  —10  Lex  Salp.  28. 


_ü  c.i.l.  1,  577.  —12  L.  125,  127.  —  13  C.  Th.  12,  1,  39,  61,  85,  126,  190.  -14  Dig. 
47,  10,  32.-  1°  C.  i.  I.  3,  384,  650,  753,  1493,  392,  514,  503,  6308.  —  18  Ibid.  10,60; 

g  798G.  _ 17  On  accorde  quelquefois  «les  ornamenta  à  la  slatuc  d’un  mort  {J but.  5, 

•  2,  4268).  —  18  Quatre  sur  l’album  de  Canusium  {Ibid.  9,  338).  —  19  Ibid,  lü,  1 1 
32;  Orclli-Henzcn,  L.  c.  Index,  p.  155.  —  20  I,.  129.  —  21  LexCol.  Jul.  Genet.  08. 

_ 22  Ibid.  103.  —  23  Ibid.  128.  A  Vérone  il  y  avait  quatre  fanorum  curât  ores  (C. 

i.  I.  5,  302V) ;  autres  textes:  C.  i.  I.  10,  3024,4620;  Orclli-Henzcn,  L.  c.  Index , 
p  I T5 1 .  — 2V  Le x  Col.  Jul.  Genet.  125-127.  —  25  Ibid.  97,  130,  131;  Les  Maine. 
Ci.  — 26  Lex  Jul.  Genet.  09;  C.  i.  I.  10,  1783.  —  27  Lex  Jul.  Genet.  69,  134. 

_ 28  C.  Just.  10,  52,  7.  —  29  Lex  Jtll.  Genet.  64,  80.  —  30  Ibid.  69.  —  3t  Lex 

Malac.  63.  —  32  Ibid.  62  ;  Lex  Jul.  Genet .  75.  —  33  Ibid.  80;  Lex  Malac.  67-68. 


MAC, 


—  1 

contre  tes  amendes  infligées  par  les  duumvirs  et  les 
édiles*.  1(5°  L'approbation,  en  certains  cas,  de  la  tutelle 
déférée  parle  magistrat,  quand  il  s’agit  d’un  impubère, 
ou,  dans  le  cas  contraire,  sans  doute  s'il  s’agit  d'un 
pubère,  femme  ou  mineur  de  vingt-cinq  ans,  si  le 
duumvir  n  a  pas  de  collègue  ou  si  ce  dernier  est  absent, 
après  enquête,  dans  les  dix  jours2. 

Pour  les  attributions  des  différents  magistrats,  nous 
renvoyons  aux  articles  aedilis,  curator  civitatis,  duum- 
mri  jire  Dici  .XDO,  Qi’AESTOR,  en  faisant  remarquer  que 
chacun  gere  a  la  lois  son  honor  et  en  outre  les  munera 
honoribus  cohaerent ia 3  ;  que,  par  exemple,  les  édiles  ont 
la  cura  viarum  en  1  absence  de  curateurs  spéciaux,  et 
que  tous  les  magistrats  emploient  eux-mêmes  des  agents 
inférieurs,  exactores ,  architecti ,  ou  des  entrepreneurs, 
redemptores.  Nous  n  avons  donc  à  exposer  ici  que  les 
attributions  des  magistrats  supérieurs,  dans  leurs  traits 
généraux  et  en  complétant  ce  qui  a  été  dit  ailleurs. 

XIII.  Attributions  i>es  magistrats  supérieurs.  —  1°  La 
convocation  et  la  présidence  des  comices  populaires. 

La  convocation  et  la  présidence  de  la  curie 4  ;  les 
formes  sont  analogues  à  celles  du  Sénat  romain  ;  le 
président  fait  la  relatio,  peut  la  compléter,  la  développer, 
donner  son  avis,  puis  consulter  les  décurions  nomina¬ 
tivement,  dans  1  ordre  de  l’album  J,  fait  voter  soit  per 
secessionem ,  soit,  quand  c’est  nécessaire,  au  scrutin 
secret  ( per  tabellam),  fait  inscrire  sur  les  registres 
publics  et  exécuter  avec  diligence  et  fidélité  le  décret  du 
Sénat0;  tout  décurion,  quelquefois  même  un  simple 
particulier,  peut  interpeller  le  duumvir,  l’obliger  à  con¬ 
sulter  le  Sénat  sur  une  mesure  à  prendre 7. 

3°  A  Genetiva,  la  direction  de  la  levée  civique,  avec 
une  sorte  d  imperium  militaire. 

4°  La  gestion  des  finances  municipales.  Ils  adjugent 
les  travaux  publics,  la  location  des  biens  communaux  8  ; 
ils  vendent  les  cautions  ( praedes  praediaque)  des  débi¬ 
teurs  du  Trésor  public,  font  afficher  les  baux  avec  les 
noms  des  fermiers,  des  cautions,  des  domaines  engagés 
comme  garanties,  recouvrent  les  amendes9.  Mais  de 
bonne  heure  ce  service  a  passé  au  curator  reipubiicae. 

b0  L’entretien  des  routes,  des  fossés,  des  égouts,  que 
les  duumvirs  paraissent  partager,  dans  les  lois  de  Tarente 
et  de  Genetiva,  avec  les  édiles10;  car  les  attributions  des 
ediles  et  des  duumvirs  n’étaient  peut-être  pas,  au  début, 
très  nettement  distinguées11,  mais  le  partage  a  dû  se 
faire  de  bonne  heure,  et  ce  service  passe  ensuite  aux 
édiles  et  aux  curateurs  spéciaux. 

G0  Le  cens  et  le  recrutement  du  Sénat  [ censor  municipalis]. 

7°La  dédicace  d’autels,  de  temples12. 

La  juridiction.  — A.  Juridiction  civile.  — Dans  les 
villes  de  droit  latin  etpérégrin,  la  juridiction  municipale 
repose  sur  leur  autonomie  légale  ;  aussi,  pour  la  tutelle 
et  l’affranchissement,  est-elle  plus  étendue  que  dans  les 

1  Le x  Malac.  G6.  —  2  Lex  Salp.  29  (cf.  Dig.  26,  5,  19).  Sur  cc  texte  difficile, 
voir  Houdoy,  L.  c.  p.  378-383.  —  3  Dig.  50,  5*,  2,  §  J.  —  4  C.  Just.  10,  32,  2;  C. 
t.  I.  6,  1192;  5,  532;  10,  5670  et  les  textes  déjà  cités.  —  5  Dig.  50,  2,  G,  §  5. 

**  Lex  Col.  Genet.  97,  129,  130,  131  ;  Lex  Maine.  61,  68.  —  7  Lex  Col.  Genet. 
9G,  100.  8  A  Genetiva  (1.  82)  les  baux  ne  devaient  pas  dépasser  cinq  ans.  —  %  Lex 

Malac.  63,  G4,  66,  68.  —  10  Lex  Tar.  39-42;  Lex  Col.  Genet .  77.  —  11  Cest  pro¬ 
bablement  pour  cette  raison  que  les  édiles  onl  exceptionnellement  à  Genetiva,  avec 
les  duumvirs,  la  juridiction,  la  présidence  du  Sénat,  la  fixation  des  corvées,  la  nomi¬ 
nation  des  hôtes  et  des  patrons  (1.  81,  94,  98,  128,  130,  131,  134).  —  12  C.  i.  I.  3, 
1933.  —  13  Siculus  Flaccus,  p.  155  ( Grom .  vet.  éd.  Lachmann);  Dig.  50,  16,  239,  8  ; 

2,  1,  20;  138,  8;  Lex  Col.  Jul.  Genet.  95.  —  H  Dig.  50,  1,  2G.  —  15  Une  opinion 
contraire  ne  les  fait  remonter  quau  début  de  l’Empire,  en  particulier  au  règne  d’Au- 


548  —  MAC 

villes  de  droit  romain.  Dans  ces  derniè 
délégation  du 
a  juridiction  des 


une  délégation  du  préteur  et  elle'a 'dfk'uvir.116 ■pep’0a* 


anciens 


sur 

.  .  .  -  praefecti 

Apres  la  guerre  sociale,  c’est  une  j urid“!. 

quement  complète,  qui  comporte  r/,„  °n  lh4- 
cependant  avec  des  restrictions  ;  ainsi  elle  ni'?  1  *** 
en  réglé  générale,  les  parties  qui  ne  peuvent  f  ^ 
guees,  c  est-a-dire  V imperium  merum 14  et  h  /  ^  dclé* 
elle  est  limitée  ratione  mater iae.  Il  est  nroh- n 
limitations  que  nous  trouvons  dans  la  lex  Rvhvi  *  les 
fragment  d’Este  et  dans  la  loi  de  Genetivf sw' ^ le 
toutes  les  villes  et  sont  contemporaines  de  l’olnnisaT* 
meme  du  régime  municipal19.  Le  magistrat  loca]  n  h  “ 
les  pouvoirs  nécessaires  à  l'admiublraUon  do  h, 3 
il  peut  organiser  nue  instance,  nommer  „„  iudL„\ 
vrer  une  formule  ;  il  a  le  droit  de  coercition  par  „me 
et  prise  de  gages  ;  dans  les  cas  où  il  est  compétent  J 
bien  si  le  debiteur  avoue  in  jure  ou  se  laisse  coudai™,, 
il  peut  prononcer  l’addiction  de  ce  dernier  [manus  injec- 
T1°] l0.  En  cas  de  damnum  infectum ,  il  peut  enjoindre 
de  fournir  caution  et,  si  son  décret  n’est  pas  exécuté 
donner  de  suite  une  action  en  réparation  de  dommages; 
il  peut  prononcer  dans  un  jugement  familiae  Aéras- 1 
cuiidae  1  \  Il  n’a  pas  régulièrement  lajuridiction  gracieuse 
(affranchissement,  émancipation,  adoption);  cependant 
il  la  possède  par  exception  dans  beaucoup  de  villes  et 
dans  les  villes  de  droit  latin  ;  dans  ces  dernières  il  donne 
des  tuteurs18.  Il  est  compétent  sans  limites  pour  cer-| 
taines  catégories  de  procès,  et  pour  les  autres  seulement 
j usqu  à  15  000  sesterces10.  Les  actions  infamantes,  nées  i 
de  contrats  ou  de  délits,  vontdevanL  les  tribunaux  muni¬ 
cipaux  quand  le  montant  de  l’action  n’excède  pas 
10000  sesterces20.  Quand  ces  derniers  sont  compétents, 
le  renvoi  à  Rome  ou  devant  le  gouverneur  est  interdit; 
même  s’ils  ne  sont  pas  compétents,  ils  peuvent  cependant 
obliger  le  défendeur  adonner  caution  de  sa  comparution 
à  Rome21.  Une  loi  Aelia  de  date  inconnue  parait  avoir 
réglé  l’intervention  du  préteur  contre  les  empiétements 
des  magistrats  municipaux22.  Le  chapitre  de  la  lex 
Rubria  relatif  à  l’exécution  sur  les  biens  est  très  obscur81. 
Sous  l’Empire,  cette  juridiction  civile  des  magistrats 
municipaux  est  allée  constamment  en  s’abaissant;  ils 
n’ont  plus  d  "imperium  ni  de  potestasu',  niais  ils  ont  la 
jurisdictio  et  le  droit  de  coercition  qui  en  est  la  conse-j 
quence  avec  le  droit  d’infliger  des  amendes  et  la  prise  del 
gage25;  ils  n’ont  ni  l’envoi  en  possession  de  biens, nj 
Vin  integrum  restitution  ;  ils  ne  peuvent  pas  organiscrl 
une  poursuite  civile  extraordinaire  pour  faire  respec  eïj 
leur  autorité 27  ;  leur  compétence  est  limitée  à  unccei  Luoe i 
somme  que  nous  ne  connaissons  pas28,  mais  elle  peu! (  11 
prorogée  par  les  parties29.  Dans  beaucoup  de  cas  ils  nL'l 
peuvent  agir  que  par  délégation  expresse  du  gomm  m  *|b 
ainsi  pour  contraindre  l’héritier  à  accepter  1  héréddt  t  <  I 

.  .  ,  Jiii'isdictioH 

gustc  (Voir  Vlassak,  Zur  Fragc  der  Heform  der  munie ipa  cn 

unter  Augustus,  Zeitsch.  d.  Savignystift.  9,  1888,  p-  3s>  -s  '  -  ^  j  ^ 

Iiubr.  20,  21  ;  Lex  Malac.  66;  Lex  Tar.  32,  38;  Dig.  U  [2  I 

—  17  Lex  Ruhr.  19,  20,23.  —  18  Paul.  Sent.  2,25,4;  Pli»-  Ep'‘*  0J,  22. 

Salp.  28;  Dig.  1,  7,  4,  C.  Just.  7,  1,  4;  8,  59,  1.  -  19  LJX  17 i 

—  20  Frag.  Atesl.  1.  10;  voir  Hernies,  1881,  p.  24.  —  21  (lli  uo  1409).  J 

Lex  Ruhr.  21  ;  Dig.  5,  1, 2,  3.  —  22  Frag.  Florent  (C.  i.  I-  **  J’’  J'  |  jp  1,  il,  b 

—  23  C.  22.—  2'» Dig.  47,  10,  32;  50,  1,  26.  —  23  Dig,  50,  1,  29,50,  l'1^  ‘ 

2,  1,2;  9,  2,  29, 7;  27,  9,3,  §  1.— 20  Dig.  50,  1,  26,  §  i-—21  7  5 fl}  i.llans 

mal  établi).  —  28  Dig.  2,  1,  1.1,  19  et  20  ;  5,  1,1;  50,  1,  82  ;  i’3»*-  29  Dig» 

l’état  actuel,  le  texte  d’Isidore  de  Séville  ( Orig .  15,  2,  10)  est  ininte 
50,  1,  20. 


MAO 


—  1349  — 


MAO 


jgresCiluer  au 


fidéicommissaire,  en  matière  de  darnnum 


■  friuM  pour  exiger  en  cas  d’urgence  la  caution  ou 

(T1.  l’envoi  en  possession  provisoire1.  Ils  n’ont 
l,r0""  |;(  juridiction  gracieuse  que  dans  un  certain 

Il°uJ,>u  •  ...  i)U  temps  d’Ulpien,  ils  ont  tous  la 

,i0„  de  tuteurs2  ;  mais  ce  pouvoir  devait  varier  selon 
i  .  Iles  et  sans  doute  aussi  selon  l’importance  du 
tlrimoine  des  pupilles,  comme  encore  plus  tard  à 
L0qUe  de  Justinien3,  car  nous  savons  que  les  gou- 
.  .  lirUrs  donnaient  aussi  des  tuteurs  sur  la  présentation 

■  s  magistrats  municipaux4,  et,  d’après  Paul,  ces  derniers 
n’auraient  fait  qu’exécuter  l’ordre  des  gouverneurs5;  en 

ul  cas  j]s  sont  subsidiairement  responsables  de  la 
solvabilité  des  tuteurs  qu’ils  nomment 6.  Ils  assistent  à 
l’ouverture  des  testaments  1 . 

^Juridiction  criminelle.  —  Les  magistrats  municipaux 
l'ont  possédée,  au  moins  en  Italie,  sous  la  République  et  au 
début  de  l'Empire.  Il  y  a  des  judicia  publica  municipaux 
daus  la  lex  Julia  tnunicipalis*  ;  ils  sont  probablement 
composés,  non  pas  de  juges  jurés,  mais,  selon  l’ancien  sys¬ 
tème,  de  récupérateurs  devant  lesquels  l’accusateur  est  un 
magistrat  ou  un  particulier9;  ils  prononcent  des  condam¬ 
nations,  à  l’origine  même  à  mort10;  plus  tard,  comme  à 
Rome,  simplement  à  l’exil  hors  du  territoire11.  La  lexCor- 
neliadesicariis  ne  s’appliquait  primitivement  qu’à  Rome 
et  dans  les  mille  pas  hors  de  Rome 12.  Il  y  avait  d’ailleurs 
beaucoup  d’exceptions.  Les  affaires  les  plus  graves  et 
le  jugement  des  sénateurs  romains  étaient  réservés  aux 
tribunaux  romains13  [judicia  publica].  Les  magistrats 
municipaux  prononcent,  comme  on  l’a  vu,  des  amendes 
soit  fixes,  d’après  la  loi,  soit  variables14.  A  Genetiva15,  un 
duumvir  préside  la  quaestio  qui  juge  les  cas  d'indignité 
des  décurions;  le  décurion  condamné  est  chassé  de  la 
curie  et  exclu  des  magistratures  ;  le  décurion  qui  l’a 
dénoncé  prend  sa  place  dans  la  curie.  La  loi  de  Genetiva 
renferme  des  dispositions  intéressantes  sur  la  procédure  : 
pour  la  poursuite  des  amendes,  le  duumvir  renvoie  le 
jugement  du  point  de  fait  à  un  juge  ou  à  des  récupéra¬ 
teurs  H,  tirés  au  sort,  qui  doivent  prononcer  au  jour 
prescrit  ou  dans  un  nouveau  délai  qui  ne  dépasse  pas 
vingt  jours;  si  le  demandeur  ne  se  présente  pas  au  jour 
convenu,  il  est  déchu  de  son  action,  à  moins  qu'il 


n  invoque  une  cause  légale  d’excuse.  Les  causes  légales 
d  excuse  sont,  pour  le  particulier  et  aussi  pour  le  magis- 
hat  :  une  maladie  grave,  une  comparution  en  justice,  un 
procès,  un  sacrifice,  les  funérailles  d’un  parent,  une 
ceremonie  purificatoire  pour  décès,  une  magistrature  du 
peuple  romain17.  Pour  les  enquêtes,  il  ne  doit  pas  y  avoir 
plus  de  vingt  témoins;  ils  prêtent  serment;  nul  n’est 
tenu  de  témoigner,  s’il  est  gendre,  beau-père,  parâtre  ou 
)eau-fils,  patron,  affranchi,  cousin,  plus  proche  cpgnat 
°u  allié  de  la  partie  intéressée.  Certaines  affaires  crimi¬ 


nelles  doivent  être  terminées  en  un  seul  jour;  pour 
d’autres,  le  duumvir  ne  doit  pas  siéger  avant  la  première 
heure,  ni  au  delà  de  la  onzième  heure  du  jour;  il  accorde 
quatre  heures  au  plaignant,  deux  heures  à  celui  qui  sou¬ 
tient  l’accusaLion  ( subscriplor ),  et  à  l’accusé  et  à  son 
avocat  un  nombre  d'heures  double  de  celui  qui  est  accordé 
à  tous  les  accusateurs  réunis18.  Eu  dehors  de  l'Italie,  nous 
n’avons  presque  pas  de  renseignements  pour  cette 
période18.  Sous  l’Empire,  les  magistrats  municipaux  ont 
perdu  en  principe  la  juridiction  criminelle*®.  Ils  châtient 
encore  les  esclaves.  Ils  sont  surtout  les  agents  auxiliaires 
des  magistrats  impériaux  ;  ils  leur  transmettent  les 
esclaves  fugitifs21,  arrêtent  les  suspects,  les  criminels, 
les  incarcèrent  dans  les  prisons  qui  sont  presque  tout»*-' 
municipales  et  les  envoient  au  gouverneur,  après  une 
enquête  sommaire,  avec  un  elogiutn 22  et  sous  la  garde  de 
prosecutores ,  d 'executores 23. 

La  théorie  de  la  par  majorve  potestas  est  aussi  appli¬ 
cable  aux  magistrats  municipaux.  Il  peut  y  avoir,  sur  ou 
sans  appel  de  l’individu  lésé,  intercession  du  magistrat 
supérieur  contre  son  inférieur  ou  son  collègue.  La  loi  de 
Salpensa24  défend  d’intercéder  plus  d'une  fois  dans  la 
même  affaire,  et  l’intercession  doit  avoir  lieu  dans  les  trois 
jours.  On  peut  appeler  aux  deux  magistrats  compétents 
ou  àl’un  d’eux;  à  Malaca23,  un  magistrat  ne  peut  s'opposer 
à  la  tenue  des  comices  sous  peine  d  une  amende  de 
100ÜU  sesterces. 

XIV.  Bas-Empire.  —  11  n'y  a  plus  guère  de  différence 
entre  les  honores  et  les  mimera.  L’histoire  des  magistrats 
rentre  dans  celle  des  décurions,  parmi  lesquels  ils  sont 
les  premiers  responsables.  Ils  sont  encore  choisis  dans 
la  curie  parmi  les  plus  riches26,  mais  sur  la  présentation 
du  gouverneur,  de  sorte  que  le  décret  de  la  curie  qui  les 
nomme  n’est  qu’une  pure  formalité.  Les  édiles  et  les 
questeurs  ont  disparu,  sauf  dans  quelques  pays,  par 
exemple  en  Afrique21.  On  trouve  encore  des  quinquen¬ 
nales  à  l'époque  de  Constantin28.  Les  duumvirs  ont 
perdu  la  plupart  de  leurs  attributions  au  profit  du  curator 
et  du  defensor  civitatis.  Ils  n'ont  plus  que  leurs  fonctions 
de  police,  la  juridiction  gracieuse29  et,  concurremment 
avec  les  défenseurs,  l’enregistrement  des  acta  publiât , 
avec  la  collaboration  de  trois  décurions30.  Nous  ne 
savons  pas  exactement  ce  qui  leur  reste  de  juridiction 
contentieuse31.  Deux  lois  de  364  et  de  368  assimilent, 
quant  à  l'appel  devant  le  gouverneur,  les  sentences  des 
magistrats  municipaux  à  celles  des  juges  pédanés12.  A 
côté  des  magistrats  il  y  a,  au  Bas-Empire,  la  classe  des 
principales 33..  Ce  sont  les  décurions  qui  ont  rempli 
toutes  les  magistratures  municipales  sans  exception.  Ils 
sont  en  quelque  sorte  à  la  tète  de  la  curie  par  rang  d  an¬ 
cienneté34;  c’est  parmi  eux  que,  au  moins  après  387,  on 
élit  le  défenseur35.  En  Gaule,  le  mot  principalis  parait 


— 1  lanl  .Sent,  4,  4,  2;  Dig  39,  2,  I  et  4,  §  3-4.  -2  üiy.  20,  5,  3  ;  ’  27, 

_  -  f '  lj  "0l  4-  4  Dig.  2G,  5,  8.  —  5  Dig.  20,  7,  46,  §  G.  —  0  Dig.  27, 

4t  6,2.  —  *  L.  117-119;  Cic.  Pro  Cluent.  02,  75;  Appia 

_  „  J"’j  28 •  ~  9  Lex  Tar.  4.  —  10  Vell.  Pal.  2,  19;  I.iv.  6,  1 

jll(,c  J. J  b'c’  ^ ro  Cluent.  14,  41  ;  44,  125,  le  sénat  est  indiqué  comn 

-Vos  i  -  (*U l  lai1  d  aBord  consulté  par  le  magistrat.  —  12  Coll,  le 

la  /.ci .;/[  -,  11  l  olyb-  ®i  13-16  ;  Liv.  9,  20.  —  1  ^Corp.  inscr.  lat.  9,782.  D'apr 
magistral  s  ‘  ^°'  a®ra4Pe  César,  Grom.  v  et.  1,  263),  en  certains  cas  ce  sont  I 
lj0„  i  ,  lun'c'paux  qui  infligent  l'amende  fixe  de  5  000  sesterces  contre  la  viol 
SonZÏTlV'  C0'0nie'  -  13  L-  102’  105'  12i-  -  16  L-  -  17  Cf-  l  est.  ,. 
'I  est  question  I  **’  *  ’"0’ l,27;  -®1?-  2, 1 1,  2,  3.  — 18  L.  102.  —  19  Aux  Act.  apost.  I 
l’apùlre  Pa  i"  '  ' ”  mesure8  do  police  prises  par  les  magistrats  de  Phitippi  conl 

- M  l’iin'V  *;  '’  '• :  47’  ,5’ §  :19'  17> §  *•  - 21  Di«- 

Act.  apost.  10,  15;  Dig.  48,  3,  0,  S  I,  10;  4,  fi,  I 


-t-  23  Dig.  48,  3,  7;  C.  Tli.  13,  5,  38;  Passio  Perpet.  3.  —  24  L.  27.  —  25  L.  58. 
—  20  c.  Just.  10,  31,  45-46.  —  27  Ils  figurent  sur  Pallium  de  Thamugas  (C.  i.  I. 
8,  2403),  mais  on  sc  demande  pourquoi  il  n'y  a  ni  aedilicii ,  ni  quaeslorii.  11  y  a 
encore  un  quaestor  sur  l'inscription  d'Hasparreu  eu  Aquitaine,  qui  parait  être  de  la 
-fin  du  ni"  siècle  (C.  i.  I.  13,  412).  —  28  C.  Th.  13,  3,  1  pr.  ;  4,  6,  3.  Ils  sont  eucorc 
éponymes  à  Veii  eu  249  (C.  i.  I.  Il,  3780).  —  29  Ç.  Just.  7,  l,  4.  A  ce  titre  ils 
accordent  la  honorant  possessio  qui  n’est  plus  qu’une  simple  demande  eu  délivrance 
(C.  Just.  6,  9,  9).  —  30  C.  Just.  I,  56,  2;  C.  Th.  8,  12,  3;  12,  1,  151.  Voir  les 
Formules  du  moyen  âge.  —  31  C.  Just.  1,  5,  12.  —  3-2  C.  Th.  11,  31,  1  et  3. 

_ 33  A  Dig.  48,  19  ,  27,  §  1-2,  les  principales  signifient  les  premiers  citoyens  (époque 

de  Marc-Aurèle  et  de  Verus).  Le  princeps  souvent  ineutionué  par  les  inscriptions 
parait  avoir  le  même  sens  (C.  i.  I.  8,  9699  ;  3,  386,  2774).  —  34  Ammian.  XXVIII,  6, 
10;  C.  i.  I.  10.  6565,  8132,  1520,  1784,  5349,  7286.  7542;  8  ,  4224,  8480.  —  35  C. 
Just.  1.  55,  4;  I,  29,  6 ;C.  Th.  12,  I,  20. 

193 


MAlî 


—  1550  — 


MAC 


désigner  spécialement  le  curât  or  civitatis ,  et  ainsi  les 
anciens  curateurs  forment  le  corps  des  principales' .  Les 
magistratures  municipales  n’offrent  plus  guère  que  l’avan¬ 
tage  d'offrir  aux  curiales  le  moyen  d'échapper  à  la  curie  en 
entrant  au  Sénat  romain*,  malgré  les  efforts  des  empe¬ 
reurs  pour  leur  fermercette  voie.  On  exige  d’abord  qu’ils 
aient  passé  par  toutes  les  fonctions  municipales3.  En  371, 
on  exige  en  outre  qu'ils  laissent  au  moins  un  enfant  i\  la 
curie4.  Plus  tard  on  trouve  de  nouvelles  restrictions3. 
En  t09,  on  demande  en  Gaule  quinze  ans  de  séjour  total 
dans  la  curie,  même  quand  on  est  arrivé  au  titre  d eprin- 
cipalis6.  Les  lois  ultérieures  jusqu’à  Justinien  ne  déli¬ 
vrent  plus  guère  delà  curie  que  les  plus  hauts  dignitaires 
impériaux,  les  Respectables  (spectabi/es)  et  les  Illustres1. 
Mais  la  répétition  même  de  ces  lois  en  montre  l’impuis¬ 
sance;  les  plus  riches  familles  municipales  réussissaient 
cependant  à  s’introduire  dans  l’ordre  sénatorial. 

XV.  Subdivisions  de  la  cité*.  —  A.  Le  pagus.  —  Géné¬ 
ralement  antérieur  à  la  conquête  romaine,  le  pagus  est 
un  district  rural  qu'on  trouve  dans  presque  tous  les  pays 
occidentaux9  pagus].  Il  dépend  d'une  cfmYas10;  mais,  très 
importantau  point  de  vue  religieux,  ilconstitue  une  petite 
respublica.  il  ades  intérêts  particuliers,  desbiensfonciers, 
des  espèces  de  comices  populaires,  mais  pas  de  sénat 11  ;  il  a 
des  magistrats  qui  ont  la  police  locale,  l’entretien  des 
routes  et  du  culte12.  Le  magistrat  le  plus  usuel  est  un 
magister pagi  ;  il  est  unique  dans  le  Latium  et  une  partie 
de  l'Italie 13  ;  ailleurs  on  en  trouve  deux14,  trois15  et  plus 
généralement  quatre16.  Il  y  a  aussi  des  édiles,  un  11  ou 
trois18,  un  curator 19,  un  praefectus 20 ;  en  Gaule,  chez  les 
Vocontii ,  chaque  pagus  a  un  praefectus  et  des  édiles,  et 
à  côté  d’eux,  il  y  a  un  praefectus  vigintivirorum  qui 
parait  être  le  chef  des  décurions  élus  pour  surveiller  les 
districts  ruraux21.  A  Césarée  de  Mauritanie  on  trouve  un 
tribunus  élu  par  Y  or  do  du  pagus2'2.  Chez  les  Consoranni 
de  Gaule,  un  personnage  a  été  quatre  fois  magister  et 
guaestor23.  Un  pagus  de  Vérone  a  quatre  curatores  fano- 
rum  avec  des  flaminesetdes  flaminicae2* .  Le  pagus  Félix 
suburbanus ,  créé  à  Pompéi  peut-être  pour  l’ancienne 
population,  a  des  magistri  ministrique 2S.  Beaucoup  de 
pagi  ont  leur patronus26.  Depuis  Caracalla,  le  principal 
magistrat  du  pagus ,  le  magister  pagi ,  au  lieu  d’être 
choisi  par  les  pagani,  est  élu  par  la  curie  de  la  cité  parmi 
les  décurions  :  c’est  le praepositus pagi  du  Bas-Empire  27. 

B.  Le  vicus.  —  Les  vici  sont  des  villages  habités  par 
les  vicani,  possessores  vici23,  qui  constituent  de  petites 

I  C.  Th.  12,  1,  179  ftexte  très  obscur).  —  2  Voir  Lêcrivain,  L.  c.  p.  39- 
43.  —  3  C.  Th.  12,  1,  5,  29.  —  4  C.  Th.  12,  1,  74.  —  5  C.  Th.  12,  1,  75, 
90,  93,  122,  130,  159,  100.  —  «  C.  Th.  12,  1,  171.  —  TC.  Th.  12,  1,  187; 
C.  Just.  10,  32,  04,  00,  07  ;  Nov.  Jus/.  70,  81.  —  8  Voir  Schultcn,  Die 
Landgemeinden  im  rom.  lieiche  ( Pliilologus ,  53,  1894,  p.  031-080).  —  9  Sur 
le  caractère  des  pagi  de  la  Gaule,  voir  Jullian,  Notes  gallo-romaines  (Rev. 
des  ét.  anciennes ,  t.  111,  t,  1901,  p.  77-97).  —  10  Sic.  Flacc.  L.  c.  l,p.  104, 
2,  5  ;  Isid.  Orig.  15,  2,  11  ;  C.  i.  I.  10,  1278,  1280,  1255,  1250;  9,  p.  290;  14,  4012. 
—  U  Cependant  à  C.  i.  I.  9,  720,  il  y  a  :  de  delectorum  sententia.  —  d  Euseb.  Uist. 
eccles.  9, 1  ;  Fesl.  p.  120,  371  ;  Sic.  Flacc.  L.  c.  p.  140.  Dans  les  pagi  de  Capouc, 
les  magistri  ex  lege  pagana  paient  une  somme  employée  aux  jeux  (C.  i.  I.  1,  505, 
5CG,  507,  571,  573).  —  13  Dionvs.  2, *70  ;  C.  i.  I.  1,  571,  801  ;  cf.  3,  7847.  —  14  C.  i. 
t.ü,  7198.  —  la  Ibid.  9,  3151,  3137.  —  16  /b.  9,  3138;  12,  5370.  Beaucoup  d’inscrip¬ 
tions  n’en  citent  qu’un  seul  dans  des  régions  où  on  peut  croire  qu’il  y  en  avait 
plusieurs:  10,  814,  853-857,  1042,  1074;  8,  0207,  0208,  0270,  6271,  0274,  6278,  6283, 
0288,  10860,  3316;  t3,  412.  -  17  Orelli-Hcnzen,  L.  c.  3984.  —  18  C.  i.  I.  9,  3312, 
3310,  3317,  3332.  —  Ibid.  9,  1503;  détail  en  même  temps  décurion.  — 20  Ibid.  9, 
5140  ;  3, 1407  (en  même  temps  décurion  de  la  cité).  —  21  Ibid.  12,1307,  1377,  1529, 
1564,  1371,  1711,  1376.  —  22  Eph.  epigr.  7,  805.  —  23  C.  i.  I.  13,  5.  —  24  Ibid. 
5,  3924.  —  2”.  Ibid.  10,  1,  p.  89-90.  —  26  Ibid.  12,  1114;  9,  1503;  12,  59  4.  —  27  C. 
Th.  12,  G,  8  ;  12,  1,  49;  7,  4,  1.  —  28  C.  i.  I.  8,  4199  ;  5,  8222;  3,  3626,  10570;  12, 
2459,  2611.  —  20  Ils  figurent  dans  la  lex  Rubria,  2,  3  et  26-27  ;  Fest.  p.  371. 


communautés  rurales,  soit  antérieures  soit, 
à  la  conquête  romaine;  leur  organisation 
moins  rudimentaire  que  celle  des  .  lc,Pale  est 

cultes,  leurs  temples,  leur  patrimoine  pemvl0"1  leurs 
des  donations,  des  legs  ;  ils  ont  des  comices  recovoir 
des  résolutions  et  élisent  leurs  magistrats 36  '  Pl',,nn,>nt 
ils  n’ont  pas  de  sénat;  c’est  par  exception  mle  i 
vicus  de  Vienne  en  Gaule,  il  y  a  des  decern  1er,  '  ‘  ^ 


en  Réitérai 


G'31  et 


un 
qu’on 


trouve  aussi  des  délégations  de  ce  genre  en  AlVi 
principaux  magistrats  du  vicus  sont  les  J''’  '- 
annuels32  :  on  en  trouve  quatre  à  Furfo  et  à  ConcoiV’*? 
mais  généralement  deux34.  On  trouve  encore  desédil'V 
des  questeurs36,  un  patronus 3\  des  curatores 
dans  les  pays  celtiques  et  germaniques  de  la  région  di 
Bhin  ,h.  Les  vici  sont  régulièrement  soumis  ii  la  juridic' 
lion  de  la  ville39.  Au  Bas-Empire,  à  côté  du  defensor  ri  ri 
ta  lis,  il  y  a  pour  les  vici  et  les  pagi  des  drfmsom 
locorum  spéciaux40. 

C.  Les  canabae.  —  Elles  ont  un  rudiment  d’organisa- 
ti°n  municipale  [canabae].  On  y  trouve  souvent  un  petit 
sénat  de  décurions41,  comme  magistrats  des  magistri 43 
ou  des  curatores 43  ;  à  Troesmis  il  y  a  en  outre  un  édile44. 
Plusieurs  canabae ,  à  Lambaesis,  Argentoratum,  Brigelio 
sont  aussi  appelées  m'ews43. 


D.  Les  castelfa  (ou  castra).  —  Ils  ont  à  peu  près  la 
même  situation  que  les  vici.  Mais  il  faut  distinguer  les 
castel/a  autonomes  et  ceux  qui  sont  attribués  à  une  ville. 
Les  premiers  se  trouvent  surtout  en  Afrique  ;  ce  sont  des 
territoires  de  tribus  qui  ont  à  leur  tête  des  principes  et 
des  seniores 46.  Les  autres  relèventd’une  cité  ;  ils  ont  leurs 
assemblées,  quelquefois,  surtout  en  Afrique,  des  dédi¬ 
rions  47,  leurs  magistri  qui,  en  Afrique,  paient  weesiunma 
honoraria  et  qui  sont  quelquefois  quinquennaux4*. 
La  cité  maîtresse  y  envoie  des  praefecti  jure  dicundo 40. 

E.  Les  conciliabula  et  les  fora.  —  Ces  lieux  de  rassem¬ 
blement,  qui  ne  constituent  pas  encore  une  cité30,  n’ont 
eu  qu’une  existence  éphémère.  Les  passages  de  la  lex 
Julia  municipalis  qui  les  concernent  sonttrès  obscurs 
ils  n’ont  vraisemblablement  pas  de  magistrats  jure, 
dicundo  ;  il  est  probable  qu’ils  ont  des  droits,  des  biens 
propres,  un  petit  sénat,  des  magistrats  inférieurs,  mais 
que  pour  tout  le  reste  ils  dépendent  de  la  cité  ’2. 

F.  Les  praef ecturae 63 .  —  Il  s’agit  ici  de  possessions 
extérieures  à  leur  territoire  que  possédaient  des  villes, 
des  colonies,  et  qu’elles  administraient  par  des praefedt 
spéciaux  :>4. 


—  30  c.  i.  I.  10,  3764;  9,  3856,  4882;  5,  5872,  5203,  7450,  7261,  5678,  o.>",  -  ■  • 
5407  ;  8,  1 1012;  3,  658,  7526;  12,  493;  Inscr.  Helv.  1  41,  249  ;  Paul.  Sent.  -• 

Dig.  30,  1,  73  ;  C.  Just.  2,  58,  2,  §  5.  —  31  C.  i.  I.  12,  2401.  Les  curial, ^ 
dont  parle  Salvien  (De  gub.  Dei,  5,  4)  sont  plutôt  les  curiales  (le  la  00  ■  „ 

p.  371,  21.  —  33  C.  i.  I.  1,4285  ;  ’5,  1890.  —  34  Ibid.  5,  1830;  3,  1,  p. 
n»s  3776, 7466  ;  1, 1466,  1467.  —  3=  Ibid.  42,  26 1 1.  —  30  Ibid.  9.  3849  ;  Bram  91  '■ 

rr  J  i  qq  g  q  |;t  l,  i 

Rhen.  8  64,  1561.  -  37  C.i.  L  12,  178  3,  2401 .  —  38  Inscr.  Helv.  1«. 

1 56  ;  Korr.  Blatt.  Westd.  Zeitsch.  IX,  1890,  248-249;  Inscr.  Rhen.  n-  (  ^  ^ 
toricius).  -39  C.  Just.  5,  27,  3,  §  I  ;  10,  19,  8.-40  C.  Just.  1,  :  ’ 

29,  8.  —  41  C.i.  I.  3,  4298  (Brigelio),  0182,  0183,  0195  (Troesmis), 
(Apulum).;  Inscr.  Rhen.  1007,  1130  (Moguntiacum).  UC.  1  ■  ^  »  __  c, 

1008,  3505.  —  43  Ibid.  5,  5747  ;  Inscr.  Rhen.  930.  —  44 C .  t.  I  3>cl0-’  °j|’  w 
I.  8,  2604,  2605;  Inscr.  Rhen.  1891;  Arch.  epigr.  Mitth.il ,  p.^  •  ^ 


j.  t.  o,  énu+,  iuud  ,  xuàii  .  xinen.  iovi,  «/'-y-  g()H  h*11’2* 

i.  I.  8,  S3  7  9,  9005  ,  9006,  1618,  15669.  —  47  Ibid.  1,  199;  8,  6041,  ’  ^  ^ 

0341,  0702,  6272,  5683,  5884,  5934.  —  48 Ibid.  8,  10823,  172a/,]'  Alltres  lexlf* 
10,  6104  ;  8, 10500,  15726  (où  le  praefectus  est  un  duumvir  de  Siccap  ■  ^ 

sur  les  Castella  :  C.  i.  I.  8,  15508,  1015,  1010,  9000  ;  5,  4488  ;  2,  S-  -  ^  ^ 

—  60  Grom.  v et.  I,  p.  263  et  55.  —  61  L.  80,  98,  142.  —  32  tbul.  I.  >  |, 

135.  —  53  Grom.  v  et.  I,  p.  26,  I.  8;  p.  55,  I.  18;  p.  49  ,  p.  60,  •  four- 

—  34  |1  faut  peut-être  mettre  aussi  parmi  ces  praef eelurae  les  Poss<’  .  g(  ^  ;  ; 
Hissaient  des  vectigalia  à  plusieurs  villes  et  colonies  d  Italie  (P'r' 

53,  7,  41  ;  Ad  AU.  0,  1,21  ;  Suet.  Octav.  46  ;  Slrab.  8,  387). 


MAC 


—  1551 


MAC 


,  Lrs  grands  domaines  [latifundia,  p.  930]. 

|  \\|  I  fs  conventus  civium  romanorum1.  —  Ce  nom 
,  |eS  .jpoupes  de  ciloyens  romains  établis,  à  la  fin 
(lt!,lpl  République  el  sous  l’Empire,  non  pas,  comme 
,ii  cru  Mommsen2,  à  l’intérieur  d’un  conventus  juri- 


de 
lava 
, liras,  mais 

quelquefois 

aussi  « 


Ions 


soi!  le  plus  souvent  dans  une  ville,  soit 
dans  une  province  entière.  Ils  s’appellent 
rives  romani  qui  consistant  »,  «  cives  romani  qui 
iK'i/otiantur 3  ».  Composés  uniquement  d’abord,  jusqu’à 
César,  d’Italiens  (Italici),  puis  de  citoyens  romains4,  de 
1rs  métiers  :  marchands,  publicains,  banquiers, 
armateurs,  éleveurs,  ces  groupes  d’origine  privée,  surtout 
religieuse,  puis  développés  et  soutenus  par  l’État,  princi¬ 
palement  à  partir  de  l’Empire,  ont  été  provisoires  dans 
l’Occident,  où  ils  ont  disparu  presque  partout5  à  la  suite 
de  la  fondation  de  cités,  surtout  à  l’époque  de  César  et 
d’Auguste,  mais  ont  formé  en  Orient  une  institution 
durable,  à  côté  des  villes  helléniques,  jusqu’à  l’époque  de 
Caracalla.  On  les  trouve  dans  tout  le  monde  romain  :  en 
Occident,  sous  la  République,  en  Italie  à  Capoue6  ;  en 
Sicile  à  llalaesa,  Syracusae,  Panormus,  Lilybaeum, 
Agrigentum7  ;  en  Afrique  à  Carthage,  Utica,  Hadrumetum, 
Thapsus,  Forum  Thysdrus,  Vaga,  Cirta 8  ;  en  Espagne  à 
Corduba,  Hispalis,  Italica,  Carthago  nova,  Tarraco9;  en 
Gaule  à  Tolosa10;  dans  l’Illyricum  à  Lissus,  Narona, 
Salonae,  Nauportus,  Julium  Carnicum11  ;  sous  l’Empire, 
en  Afrique  à  Masculula,  Tipasa,  Rapidum12;  en  Espagne 
iiBracara  Âugusta13  ;  en  Gaule  chez  les  Auscii,  les  Petro- 
cori i ,  les  Santones,  les  Bituriges  Cubi  ;  dans  l’Aquitaine 
et  la  Lyonnaise  en  général u  ;  à  Brigantio,  chez  les 
Helvètes 15  ;  dans  la  Rhétie,  dans  la  Pannonie  inférieure, 
dans  la  Mœsie  inférieure16;  en  Orient,  dans  l’Achaie  à 
Argi,  Mantinea,  Megalopolis,  Elis,  Megara,  Eretria17; 
dans  la  Macédoine  à  Beroea,  Edessa18  ;  dans  la  Tlirace  à 
Sestus19;  dans  les  îles  de  Délos,  Lcsbos,  Chios,  Samos, 
Cos;  dans  la  Crète20;  dans  la  Bithynie  à  Nicaea21  ;  dans 
1  Asie  à  Cyzicus,  Lampsacus,  Ilium,  Assus,  Adramyttium, 
Pergamuin,  Thyatira,  Philadelphia,  Ma  gnesia  du  Sipyle, 
Smyrna,  Erythrae,  Ephesus,  Tralles,  Priene,  Lagina,Stra- 
tonicea,  Caunus,  Cifayra,  Apamea  Cibotus,  Traianopolis, 
Conana,  Isaura22  ;  en  Cilicie  à  Chypre23  ;  dans  la  Mésopo- 
Cunie,  la  Syrie,  l’Égypte24.  Ces  groupes  ont  une  situation 
juridique  intermédiaire  entre  le  collegium  et  la  cité  ;  ils 
relèvent  directement  du  gouverneur  et  non  de  la  ville, 
sauf  si  elle  est  libre  ou  fédérée.  Sous  la  République,  ils 
on!  a,  leur  tète  un  collège  religieux;  à  Délos  on  trouve 

lu  "°""nsell,®le  '"lim.  Lagerstâdte  (Hernies,  7,  1873,  319  ;  Eph.  epigr. 1,  1893, 
cirilin  ■  01 ^6S  assoc^i°ns  de  citoyens  romains,  Lausanne,  1877  ;  Kor  ne  matin,  lie 
lu  I  ?n  ^roüîncîîs  i,nperii  consistentibus  ( Berlin .  Stuclien  fur  klass.  Plût. 
l’UO  •  s  I  CONVENTOS  daus  Paulys  Real  Encyclopédie,  2e  éd.  52®  fasc.  p.  1 17iî- 

•  mllen,  De  Conventibus  civium  Romanorum ,  Gôtt.  Diss.  1892.  —  2  D’après 
bic.  in  Verr  2  W  i  *•  •  »• 

lent  #  *’  M  seiecii  judices  ex  conventu  civium  Romanorum  proponi  so- 

(Ics  j„,|  j.r  >aUS  *°s  *)a^s  §recs  oî  «aTotxo  jvTî;  'Pw^aïot.  —  Par  exception  il  y  a  aussi 
jç  cn  )(i||f  Cn  ^r*(Iue  a  Corp.  inscr.  lat.  8  suppl.  15775.  —  «  Sauf  le  conventus 
|a  foiiilaiioi,* U<  ^  ^  ^on^a^on  de  la  colonie  en  59  av.  J.-C.  et  le  c.  Helveticus  après 
°st  aussi  c  *  °  ^  co^on^a  Fluvia  Helvetiorum  en  74  ap.  J.-C.  Le  conventus  c.  r, 
tio).  i;  (<j  *>a,d-»le  avec  une  ville  de  droit  lalin  (ainsi  à  Bracara,  Auscii,  Brigan- 
lat.  ^  7^’.  10  Se8*‘  4‘  ®»  Caes.  Bel.  civ.  1,  14,  5;  3,  21,  5.  —  7  Corp.  inscr. 
5,94,  m  :  29’  16  ;  Cic*  In  Verr'  2>  7°7  ,53î  3>  32  5  4>  55,67,  70,  93, 137; 

5;  Cic.  I,]  .r!156’  ,4°-  8  Appian.  Lib.  92;  Sali.  Jug.  21,  3;  2C,  3  ;  47,  1  ;  66, 
I0;(;aes  Bel  ‘  *  ^ax‘  9»  49t  2;  Plut.  Cat.  min.  59,  61  ;  Dio.  Cass.  43, 

iuppl,  5927  •' C,W'  36.;  IhL  Afric'  68>  90  î  97i  36.  —9  C.  i.  I.  2,  1119,  3433, 
--  10  r  •  ,  aew‘  c,ü*  2i  ^9>  3,  26;  Bel.  Alex.  57-59;  Plin.  Hist.  nat.  3,  21. 
Ann.  li  20.  11  Oacs.  Bel.  cio.  3,  29-40;  3,  9  ;  Bel.  Alex.  43,  2  ;  Tac. 

'•  8  suppl. 

?  U  hid.  u  4 

2618. _ _ te 

tfcli 


0  3,  1820,  1821,  3776,  3777,  supp[  8958;  5,  )829,  )83o.  —  12  C. 
7':>,  17143  ;  Eph.  epigr.  5,  955,  1302.  —  13  C.  i.  I.  2,  2423. 
4*’9:i0’  934’  005,  970,  1048,  1194,  1900,  1921.  —  15  Ibid.  12,  94, 
1,2,  r,V.  ’ 3212, 7532,  7533,  suppl.  10305.  — 17  Ibid.  3,  531,  532  ;  Le  Bas,  Voy. 
i  Bull,  de  corr,  hell.  20,  122  ;  Arch.  Zeit.  1877,  38  ;  Americ.  Journ. 


six  mayislri  [ijermaistai  ,  à  .Narona  les  magistri  mercu¬ 
riales,  à  Jiilimii  Carnicum  dix  magistri,  à  Tolosa  au 
moins  huit  magistri  ou  ministri,  à  Carthago  nova  neuf. 
Quelques  conventus  se  transforment  en  vici  et  ont  des 
espèces  de  magistrats  municipaux,  deux  magistri  sinon 
plus  à  Julium  Carnicum,  Nauportus,  quatre  à  Carthago 
nova,  deux  magistri  eL  deux  questeurs  à  Narona.  Sous 
l’Empire  chaque  groupe  a  généralement  un  curator  civium 
romanorum ,  probablement  nommé  parles  associés  eux- 
mêmes.  En  outre,  en  Gaule,  nous  connaissons  wnsummus 
curator  pour  l’Aquitaine  et  un  autre  pour  la  Lyonnaise 

XVII.  Villes  de  constitution  non  romaine.  —  Elles 
subsistent  pendant  quelque  temps  sous  l’Empire,  en 
Occident,  pendant  beaucoup  plus  longtemps  en  Orient, 
0(1  l’évolution  qui  mène  de  la  cité  grecque  autonome  au 
régime  décurional  ne  s’accomplit  que  très  lentement26  el 
n’est  achevée  qu’au  Bas-Empire. 

1°  Afrique.  —  Quelques  villes  puniques  ont  longtemps 
conservé  des  sufetes,  analogues  aux  duumvirs21. 

2°  Espagne .  —  Avant  la  concession  du  droit  lalin  par 
Vespasien,  plusieurs  villes  ont  eu  des  décemvirs  dont  un 
s’appelait  decemvir  maximus 2*. 

3°  Marseille  [massiliensium  respublica]. 

4°  Sicile.  —  Les  sénateurs  municipaux  y  sont  élus 
probablement  par  cooptation,  avec  un  certain  cens  et- 
sans  doute  l'âge  de  trente  ans23.  A  la  tète  du  sénat  on 
trouve  un  noos-cii t,;  à  Géla,  Acrae,  Agrigentuin 30,  un 
proagorus  à  Agrigentum,  Catana,  Tyndaris31.  Tous  les 
cinq  ans  on  élit  dans  chaque  ville  deux  censeurs  pour 
faire  le  cens.  On  connaît  comme  magistrats  :  des  archontes 
à  Acrae,  Mélite32,  des  stratèges  quinquennaux  à  Tauro- 
menium33,  un  trésorier  à  Agrigentum,  Tauromenium, 
des  questeurs  et  des  édiles  à  Centuripa,  Agrigentum34. 
des  agoranomes  à  Segesta,  Acrae,  Centuripa,  Thermae33, 
des  TpiaxâSapyoi  à  Acrae36.  Dans  plusieurs  villes,  ce  sont 
des  prêtres  qui  ont  la  plus  haute  magistrature,  à  Syra¬ 
cuse  et  à  Centuripae  ràg.<pntoAoç  Atbç  ’OAopno'j37,  à  Agri¬ 
gentum,  à  Mélite,  rhpoOÛTT,.;,  qui  sont  éponymes38. 

3°  Crète.  —  On  retrouve  en  général  les  Cosmoi  de  la 
période  autonome,  avec  un  protocosmos  ;  quant  aux 
agoranomes,  on  ne  sait  pas  s’ils  ne  datent  que  de  la  con¬ 
quête  romaine39  [cretensium  respublica]. 

6°  Grèce,  Asie  et  autres  pays  helléniques.  —  En 
général,  au  moment  de  l’organisation  des  provinces, 
Rome  a  substitué  des  constitutions  timocratiques  aux 
constitutions  démocratiques40.  On  a  enlevé  le  droit  de 

of  arch.  11,  1890,  173  ;  ’E?iui.  'An.  1890,  102.  —  1*  Rev.  des  Soc.  sac.  1858, 
p.  791,  n°  33;  Le  Bas,  L.  c.  1345.  —  >9  Bull,  de  corr.  hell.  4,  510.  —  9°  C.  i.  I.  3, 
458,  suppl.  7100;  Bull,  de  corr.  hell.  4,  433;  C.  1.  gr.  2222  ;  Palon  and  llicls, 
Inscr.  of  Cos.  344;  Eph.  epigr.  7,  p.  425,  n»  5.  Sur  Délos,  voir  Kornemann,  !..  c. 

р.  57.  _  21  Dio.  Cass.  51,  20.  —  22  Plut.  Pomp.  37  :  Appian.  Bel.  cic.  5,  137  ;  Bel. 
Mithr.  23  ;  Cic.  In  Verr.  1,  09  ;  Pro  Flacc.  71  ;  Ath.  Mitth.  10,  145  ;  Le  Bas,  !.. 

с.  103*4  a,  1743,  50,  143  ;  C.  i.  gr.  3418,  2930,  2927,  2900,  3874;  Bull,  de  corr. 
Iicll.  10,  423;  4,  101,  179  ;  5,  191  ;  12,  255  :  2,  598  ;  11,  07,  n»  46  ;  C.  î.  I.  3,  305, 
444,  suppl.  7061  ;  Sterrelt,  The  Wolf,  exped.  3,  339,  n«  473.  —  *3  Cic.  Ad  Alt.  5, 
21,  6-8  ;  Tac.  Ann.  12,  55  ;  C.  i.  I.  3,  6051.  —  ^  Dio.  Cass.  8,  30  ;  Tac.  Ann.  2, 
82;  Caes.  Bel.  civ.  3,  102;  Joseph.  Ant.  Jud.  14,  83;  Slrab.  16,  779;  C.  i.  I. 
3  suppl.  7241.  —  25  C.  i.  I.  13,  1900,  1921.  On  connaît  cn  outre  un  scribe 
à  Tralles,  un  prêlrc  d'Auguste  à  Gorlyno.  —  26  Ainsi  Palmyre  en  137,  Mylasa 
à  l'époque  de  Sévère  ont  encore  le  régime  municipal  grec  ( Hernies ,  1884, 
p.  486-523;  Bull,  de  corr.  hell.  1890,  p.  523-548).  —  27  C.  i.  I.  8,  7,  797,  765, 
5306,  5369.  —  !S  Voir  Hübucr  ad  C.  i.  I.  2,  1953.  —  29  Cic.  In  Verr.  2,  2,  49,  50, 
120,  123,  124.  —  30  Inscr.  gr.  Sicil.  256,  208,  952.  —  31  Cic.  In  Verr.  4,  50,  85. 
—  32  Inscr.  gr.  Sicil.  210,  235,  953  ,  001.  —  33  Ibid.  421,  —  3V  Ibid.  952,  423, 
430  ;  Cic.  In  Verr.  2, 101  ;  4,93.  —  33  Inscr.  gr.  Sic.  290,  2417,  209,  211,  212,  577, 
313.  —  30  Ibid.  209,  211,  212.  —  37  Ibid.  9,  574.  —  38  Ibid.  952,  974.  Voir  sur  la 
Sicile  Holm,  Geschichte  Siciliens,  II,  89-91,  382-383.  —  39  C.  i.  gr.  2570,  2572, 
2573,  2576-2578,  2583,  2591.  —  W  Cic.  Ad  Quint.  1,  1,  8,  25;  In  Verr.  2,  49,  50; 
I.iv.  34,  51  :  Paus.  7,  16. 


MA  fi 


—  1552 


MAG 


cil<;  actif  à  la  masse  des  prolétaires  pour  le  réserver  aux 
possessores',  et  augmenté  les  attributions  des  magistrats. 

A.  Athènes.  —  On  y  trouve  comme  magistrats  muni¬ 
cipaux  :  le  stratège  des  hoplites  (£-t  xi  oit  la.)  qui  est 
depuis  iS  av.  J.-C.  le  chef  de  l'État,  convoque  le  Sénat 
et  l'assemblée  du  peuple,  a  le  pouvoir  exécutif,  le  soin 
des  approvisionnements2;  les  neuf  archontes,  sans  doute 
électifs3;  deux  agoranomes4;  des  astynomes6;  diffé¬ 
rents  épimélètes[EPiMELET ai]; depuis  Auguste,  un  <titwvy|;, 
chef  du  trésor  de  blé,  et  des  Tapit'at  nov  (TiTwvtxtSv 6  ;  à 
1  époque  d  Hadrien,  des  àoyupo-aatat  chefs  du  trésor 
urbain  7;  et,  au  moins  jusqu’à  l’époque  de  Domitien,  le 
xxuiaî  tùiv  <rrporntoTix<«v  8  [atHENIENSH  M  RESPUBLTCA]. 

B.  Sparte.  —  Civitas  foederata ,  elle  a  comme  magis¬ 
trats  :  six  ou  peut-être  douze  patronomes  rééligibles9, 
cinq  éphores10,  cinq  nomophylaques",  des  (3tôuoi  proba¬ 
blement  au  nombre  de  six,  chargés  de  la  surveillance  des 
éphèbes12,  huit  agoranomes,  six  épimélètes 13  ;  comme 
magistrats  militaires,  un  Xoyayo ç  et  un  hipparque  ;  comme 
magistrats  judiciaires,  des  <TuvStxoilv.  L’ensemble  des  fonc¬ 
tionnaires  forme  les  truvapyt'at  qui  préparent  les  projets  à 
soumettre  au  peuple  [spartanorum  respublica]. 

C.  Macédoine.  —  On  y  trouve  dans  la  plupart  des  villes, 
à  1  époque  romaine,  un  collège,  probablement13  créé  par 
Paul-Émile  en  1R8 av.  J.-C.,  de ixoXt-xp^o; ou  iroAiTap^ouvreç, 
chargés  de  1  administration,  de  la  justice  et  de  la  police, 
à  coté  du  sénat  qui  prépare  les  lois  et  les  décrets  pour 
le  peuple  ,6. 

D.  .4sie 1  ■.  —  D'après  la  loi  de  Pompée  pour  la  Rithynie, 
les  sénateurs  ne  sont  plus  créés  par  le  peuple,  mais 
nommés  par  des  censeurs  à  vie18  ;  les  magistrats  sortants 
entrent  au  sénat.  Ce  système  s'étend  peu  à  peu  à  toute 
l'Asie;  les  anciens  sénats  se  maintiennent  jusqu’aux 
Antonins  à  Milet,  Éphèse,  Cyzique19;  mais  ensuite  le 
sénat  se  recrute  probablement  partout  par  une  sorte  de 
cooptation,  tout  en  accordant  aux  magistrats  un  droit  de 
présentation  et  par  suite  une  grande  influence20.  Pour  les 
magistratures  il  y  a  toujours  la  vieille  distinction,  mais 
de  plus  en  plus  flottante,  entre  les  àoyat  d’un  côté,  les 
liturgies  et  les  b-nr^oiaiai  de  l’autre.  Il  n’y  a  plus  aucune 
condition  d’âge21,  ni  de  sexe22,  ni  de  nationalité.  Les 
candidats  sont  présentés  par  le  sénat  aux  suffrages  du 
peuple,  dont  le  rôle  est  purement  passif.  Il  n’y  a  aucune 
règle  pour  l’ordre,  le  cumul,  l’itération  des  magistratures. 
Elles  sont  souvent  accumulées  dans  les  mêmes  mains, 

*  Orelli-Henzen.  L.  c.  3734;  Dig.  50,  9,  1  ;  C.  Th.  Il,  22,  2;  Dio  Chrys.  II, 
1».  43  (éd.  Reiske).  A  Tarsus  en  Cilicie  le  droit  de  cité  actif  coule  500  drachmes 
(Dio  Chrys.  L.  c.).  —  *2  C.  i.  att.  2,  481  ;  3,  38,  63,  G5,  08,  158,  457,  GIC,  1139; 
l’hiloslr.  Vit.  Soph.  1,  23.  i.  Les  autres  stratèges,  rarement  cités,  paraissenl  avoir 
disparu  à  la  fin  du  ier  siècle  ap.  J.-C.  —  3  ILiil.  3,  710,  716,  1003.  —  4  Ibid. 
3,  ICO,  G82,  98,  725.  —  5  Ibid.  3,  1114,  1147,  1199.  —  G  Jbid.  3,  645,  G46, 
708.  — ’  Jbid.  3,  38,  39.  —  8  Jbid.  3,  054.  Voir  sur  Athènes  Neubaucr, •  Athe- 
niensium  respublica  quaenam  Jiomanorum  temjjoribus  fuerit  conâicio ,  Diss.  Hall. 
1882.  —  9  C.  i.  gr.  1341,  133G;  Le  Bas,  Voy.  arch.  2,  1G8.  —  10  C.  i.  gr.  1237, 
1238,  1240;  Paus.  3,  11,  2.  —  H  C.  i.  gr.  1242,  1244,  1248,  1249,  1252,  1304. 

—  12  Jbid.  1254,  1270,  1271,  1241,  1242,  1255.  —  13  Le  Bas,  L.  c.  1G8  b ,  f. 

—  14  C.  i.gr.  1255,  1289,  p.  G10;  Le  Bas,  L.  c.  1G8  h.  —  *•”>  Cependant,  d’après  Hol- 
leaux  (Jtev.  desét.gr.  10,  p.  451,  note  1),  ils  seraient  peut-être  antérieurs,  parce 
<|u  avant  la  conquête  romaine  il  va  des  coXtap/.ot  (Collilz,  Dialelct-Jntchr .  1330; 
Kuripid.  fihes.  381)  à  Phalanna,  et  des  «o).iToçÛAaxe;  à  Larisa  (Aristol.  J*ol.  8,  5, 
G,  p.  205).  —  IG  Textes  réunis  par  Perdrizet,  Bull,  de  corr.  hell.  18,  1894,  p. 
419-423.  — l'  Voir  Isidore  Lfw,  JCt udes  sur  la  vie  municipale  de  l’Asie  Mineure 
sous  les  Antonins  (Jtev.  des  ét.  gr.  8,  1895,  p.  203-287;  12,1899,  p.  255-289). 

—  18Plin.  Ep.  10,  79-80.  — 19  C.  i.  gr.  2878,  3GG3;  fJermes ,  IV,  p.  223.  —20  Greek 
Tnscr.  of  Brit.  Mus.  487.  —  21  Sur  ]es  enfants  magistrats  :  C.  i;  gr.  2787  ;  Bull, 
de  corr.  hell.  11,  p.  31  ;  1883,  p.  272.  —  22  Sur  les  femmes  magistrats,  voir  Paris, 
Quatenus  feminae  res  publient  in  Asia  minore  attigerint,  Paris,  1891.  —  «  C. 
i.  gr.  2771,  3490,  3749,  3394,  2801  ;  Atli.  Mitth.  19,  p.  30;  I.o  Bas,  L.  c.  1G11, 


quelquefois  même  à  vie,  et  il  y  a  une  tend-m,,. 
l’hérédité  des  charges23.  Elles  sont  extré,,,,  ',‘S'ble  à 
teuses,  car  elles  comportent  généralement  trois""  r  ''°Ù' 
de  dépenses,  des  libéralités  de  tout  genre  'i-  181 

inhérentes  à  certaines  charges  et,  à  l’entrée 
une  summa  honoraria ,  fixe,  mais  qu’on  peut  dên».  ' 
dont  le  montant  est  consacré  à  des  œuvres  d’urn 1 

publique 21.  Les  principales  catégories  de  magistrats  Sl  | 

Les  magistrats  politiques  et  éponymes  ;  avec  le  s,'c 
taire  du  peuple,  le  yoaggateù;  tou  8%ou,  personnel 
important,  généralement  unique23,  ils  constituent  u 
sorte  de  directoire,  une  <mvaPxîa,  qui  est  le  plus  important 
des  corps  publics,  le  corps  par  excellence26;  ils  portent 
souvent  le  titre  vague  d«pXovTE;;  ce  sont  généralement 
les  stratèges27,  quelquefois  les  prytanes28,  plus  rarement 
de  vrais  archontes.  Ils  représentent  la  cité  dans  ses 
rapports  avec  le  pouvoir  central29;  ils  convoquent  les 
assemblées  du  peuple,  les  président,  dirigent  les  votes,  de 
concert  avec  le  secrétaire  du  peuple30.  Ils  ont  l’initiative 
en  matière  législative31  ;  le  simple  citoyen  qui  veut  sou 
mettre  une  proposition  au  peuple  doit  leur  demander 
leur  autorisation  ou  user  de  leur  intermédiaire;  ils  con 
voquent  et  président  le  sénat,  concourent  à  son  recru¬ 
tement  là  où  il  n’y  a  pas  de  censeurs.  Enfin  ils  composent 
le  tribunal  principal  de  la  ville32.  Les  villes  de  droit 
pérégrin  gardent  en  effet  jusqu’à  la  fin  leurs  juridic 
lions  propres.  Les  villes  libres  ont  des  tribunaux  indé 
pendants,  même  au  criminel,  même  pour  le  jugement 
des  citoyens  romains33.  Il  est  vrai  que  sur  ce  dernier 
point  il  y  a  eu  de  bonne  heure  des  limitations;  les 
Romains  se  soumettent  avec  répugnance  à  celle  juri¬ 
diction  étrangère,  et  d’autre  part  on  trouve  dès  le 
ne  siècle  des  empiétements  des  gouverneurs  sur  les  vil 
libres34  ;  il  y  a  peut-être  même  eu  beaucoup  plus  tôt  des 
interventions  du  tribunal  impérial33.  Aucivil,  les  tribunaux 
des  villes  libres  ont  une  compétence  complète,  sauf  pour 
quelques  affaires  réservées  à  Rome36;  mais  ici  encore  on 
voit  s’établir  peu  à  peu  l’usage  d’en  appeler  au  gouverneur 
ou  à  l’empereur 37,  et  Plutarque  reproche  aux  Grecs  leur 
manie  de  s’adresser  directement  au  proconsul  romain 
Dans  les  villes  sujettes,  nous  ne  savons  pas  quelle  est,  au 
civil,  la  limite  de  la  compétence  des  tribunaux,  au 
criminel,  les  magistrats  n’ont  pas  le  jus  gladii ,  muG  i  s 
peuvent  châtier  les  esclaves,  infliger  des  amendes,  i|U'ar 
cérer  les  criminels;  comme  dans  les  municipes  imuain. 


70  ;  Bull,  de  corr.  hell.  13,  484;  12,  p.  83,  1.  7-8,  -l  Le  lias.  C.  jgj 

•.  3948;  At h.  Mitth.  3,  p.  50,  n»  1-2 ;  9,  p.  18  ;  Bull,  de  corr.  he  ■  .  ■  I 
25  Insch.  von  Pergam.  59G  ;  Ath.  Mitth.  19,  p.  28,  n°  2i ,  Bu  •  (  ^43  656 

,  484;  Greek.  Inscr.  of  Brit.  Mus.  481, 1.  72.  —  26  Le  Bas,  L.  c.  <  '  1 

.13;  Bull,  de  corr.  hell.  9,  124;  12,  328;  14,  317;  13,  484;  ®>.  (i'3M1 

7,  482  b,  481,  1 .  7  ,  528.  —  27  Le  Bas,  048,  630  ;  Dig.  27,  1,  U,-  ;  ■  ■■  |@)J 

■98,  3874,  4269  d.  -  28  Ibid.  2878;  Le  Bas,  L.  c.  210,  1244;  Ber  <  ■  J  •  ] 

1 00,  il»  4.  —  29  Pliu.  Ep.  10,  85.  -  30  Cic.  Pro  Place.  8,  19:  f’rl  '  ' L,  , 
ull.  de  coït.  hell.  20,  537;  12,  260.  -  31  Brit.  Mus.  3,  4  ,  ^  p_  525, 1 

:44.  —  32  C'est  par  exception  (pie  le  sénat  juge  (Bull,  de  cou  .  i  ^  (.a55>  5; 

31,  40-44). —  33  Acta  apost.  17,  15-34;  Tac.  Ann.  2,  55,  *,  •  ' >  j  _c.).Nalo 
■  ;  60,  24;  Suct.  Tib.  37;  C.  i.  gr.  2222  (sénatus-consulte  de  *  MUJ  rtB,aiiis 
Bernent  les  citoyens  des  villes  libres  à  Home  vont  devant  goph-  - 

Hg.  49,  15,  7,  2  ;  1 ,  18,  3).  —  34  Lucian.  Demonax,  10,  50  ;  11  ^  (|c  c„iJc 
26;  2,  10,  3;  1,  25,  3.  —  33  Dans  un  décret  relatif  a  »  '•  ^  ^  collfornicr 
jguslc  absout  des  accusés  et  ordonne  aux  magistrats  municip  7V  inter 

-a  sentence  (Bull,  de  corr.  hell.  7,  02).  Mais  Vicreck  (Semo jllgés  à 
étant  autrement  ce  texte,  croit  qu'il  ne  s'agit  que  d  une  pai  ><  3,  39  trégl® 

mie.  -36  C.  i.l.  t,  203,  I.  28;  204;  C.  i.  Ç/r.  2222.  -  ^  '  [cJ  prestation* 

;nt  d'Hadrien  sur  l’appel  à  l’empereur  ou  au  proconsu  1  ,décl,„i  obscur 

s  propriétaires  fonciers  à  Athènes)  ;  Bull,  de  cou .  he  ■  >  I _  ^  Prête.  ,r'P' 

proconsul  d’Asie  à  la  ville  libre  de  Cos  sur  l'appc  ). 
r.  19. 


—  1 553  — 


MAI 


MAI 


ils  mil 


instruction  sommaire  des  crimes  et  la  garde 


des  cru 


ninels 


ils  exercent  la  juridiction 


F°vlS'"  r.mr(vs  les  usages  locaux.  Les  agoranomes  ont 

gracieuse  a  ai»  • 

lu  police  du  marche. 


J»  Les  censeurs- 


_  Dans  la  Bitliynie  et  les  régions 

■  s  ji  y  a  deux  censeurs,  Ttg-vai,  pour  le  recru- 
'‘"""  t'ilcri  sénats,  un  itoXiroYp^o?  pour  vérifier  le  droit 
011  admettre  de  nouveaux  citoyens2.  A  Ancyre,  il 
r  "  \  ùr.vcasde3.  A  Milet,  il  y  a  encore  un  Yuvaixovcqxo;. 

■  t  lis  magistrats  chargés  des  relations  avec  le  pou¬ 
voir  rentrai,  ambassadeurs  [legatus],  SxBixot  [ekdikoi;, 
rJvtixoi  [svndikoi]. 

P  Les  magistrats,  d'origine  ancienne,  eponymes,  sacer- 
dotaux  ou  à  moitié  sacerdotaux,  tels  que  le  prytane 
lipLèsc  et  de  Pergame,  l’hipparque  de  Cyzique,  le 
siêphanophore  dans  beaucoup  d’autres  villes,  à  Iasos, 

M vlasa ,  Milet,  Priène,  Smyrne 

5«  Les  magistrats  chargés  de  la  police  :  le  stratège  im 
rïc  eiprvY,;,  et  l'archonte  èrc't  x%  eùxoagtaç  qui  font  sans 
doute  partie  du  collège  principal  des  magistrats5;  les 
stratèges  ê*t  y<i Pa«°,  les  vuxToaTpanqYoî  à  Tralles, 

Amisus,  Smyrne7,  le  uaoacpéXaç,  chef  des  TtapacpuXaxïxa-. 8, 
les îrénarques  [ikenarcua]. 

go  Les  chefs  des  districts  ruraux  de  la  cité,  des  eûmes, 


les  xwpip/oi.  Cu.  Lécrivain. 

MAI  A.  — I.  Grèce.  —  Maïa  (et  aussi  Mata;)  vient  de  la 
racine  mu  qui  signifie  maternité1.  Ce  n’est  guère  plus 
qu’un  nom,  dont  la  raison  d’èlre  est  qu'il  fallait  donner 
une  mère  à  Hermès  2. 11  est  fils  de  Zeus  et  de  cette  nymphe 
Main  qui  se  sont  aimés  sur  le  Cyllène3  (il  avait  un 
temple  sur  cette  montagne)4.  Elle-même  est  fille  d’Atlas 
eide  Pleionè  5  (ou  Steropè) 6  ;  elle  est  l’aînée1  ou  la  plus 
belle®  des  Pléiades,  la  nymphe  aux  belles  sandales9,  et, 
sans  doute  comme  ayant  vécu  sur  le  Cyllène,  elle  est 
appelée  aussi  nymphe  des  bois10.  Elle  a  servi  de  nourrice 
à  un  iils  de  Zeus  et  de  Callisto  appelé  Areas11.  Sur  le 
vase  François  (du  début  du  vic  siècle),  elle  figure  dans  le 
cortège  nuptial  de  Thétis  et  Pelée  avec  Hermès,  derrière 
lequel  on  l’aperçoit  de  profil  sur  le  sixième  char  t2.  Sur 
une  renochoé  à  fond  blanc  de  la  fin  du  même  siècle,  on 
la  voit  debout,  tendant  une  couronne  à  son  fils  Hermès 
imberbe  (fig.  4790) 13  qui  tient  le  caducée  et  une  patère. 
Sur  un  vase  du  ivc  siècle  elle  est  debout,  causant  avec 


1  Pli».  Ep.  10,  19;  Dig.  48,  3,  6;  Bull,  de  corr.  hell.  20,  p.  525;  Rev.  des  H. 
V-  ÿ  p.  0, 1.  Ï3  ;  Acta  Pauli  et  Theclae,  17,  18,  19.  —  2  Plin.  Ep.  10,79(114); 
C;  '■  '■ :l'  »uppl  0098;  Dio.  Clirys.  Or.  39,  §  24;  C.  i.gr.  4010  ;  Le  Bas-Waddington, 
llj'8-  ~  3  r.  i.  gr.  4015,  4010  ;  Bull,  de  corr.  hell.  7,  p.  10.  —  <•  Voir  Guacdin- 
ger,  h‘  Uraecorum  magistrat,  eponymis  Diss.  Argent.  1892  ;  Inschr.  von  Pergam. 
Wo,  oSi.  —  S  Le  Bas-Waddinglon,  L.  c.  857,  1201.  —  6  Ibid.  1604;  C.  i.gr.  2654: 
Ml.dc  corr.  hell.  5,180;  14,  606;  15,423.-  7  Ath.  Mittll.  1891,  p.  145;  C.  i. 
)'  '  " lln’  '•  Bull,  de  corr.  hell.  9,  347  ;  Vit  a  Polycarpi  (Bolland.  J an.  3,  p.  316, 

» 26):  Apul.  Met,  p,  )7g.  _  8  c  J  gr  4U3  c.  Brit  Mus  3>  529 .  Atp,  Mitlli. 

,li9;  *  corr.  hell.  3,  262;  7,  273;  9,  316;  10,  54;  Le  Bas-Waddinglon, 

Ni’  <  *  ~  Bibliographie.  Rolli,  De  re  municipali  Romanorum,  Stuttgardl, 

(  1-  Becuperatio  der  Rômer,  Braunscliweig,  1837;  Ziimpt,  Commet »- 

f  w” iej"!/raf‘llicaet  Berlin,  1850,  p.  3-G9,  73-158,  161-192  ;  Studia  romana, 
y  Berlin,  1859;  Mommsen,  Die  Stadtrcchle  der  lateinischen  Gemein- 

p  il’  "n^  ■''ta  lac  a  ( Ahluind .  d.  SCtchs.  Gcscll.  der  Wissenseh.  III,  1855, 

y  ‘  Birkscn,  liber  die  Sladtrechte  von  Salpensa,  Berlin,  1856  ;  Laboulaye, 
pensa  i  /  ‘^n^)ens(l  et  de  Malaga ,  Paris,  1856  ;  Giraud,  Les  tables  de  Sal~ 
hlornn  '  t  Paris,  1856;  La  leæ  Malacitana,  Paris,  1868  ;  Henzen, 

arch  (  ma9'strati  municipali  de'  Romani  (Annal,  dell'  Ist.  di  Corrisp. 

Voi  'l  I)r'  ■  ^  l(1'P-"0)  ;  Béehard,  Le  droit  municipal  dans  l'antiquité,  Paris,  1860: 
’lrCtn  p  '  b*9t,ll‘hi  sche  Constitutionen,  Leipzig,  1860,  p.  219-226  ;  Walter,  Gesch. 
31  i,  3|-  7.  ’  3‘  ôd-  Bo»»,  1800,  n«‘  206,  212,  213,  221,  220,  244,  247,  262,  300, 
des  rbm  h  ^  84- !  Kuhn,  Die  stâdlische  und  bürgerliche  Verfassang 

l-ouvain  ;  -  7  Leipzig,  1864-65;  Willems,  Le  droit  public  romain,  3*  éd.  Paris- 
Organig  )  P' 38 3-463  ;  lloudoy,  Le  droit  municipal,  Paris,  1876  :  Boussuguo, 
IhtHmmh  villes  dans  F empire  romain,  Lyon  et  Genève,  1878;  Spehr, 

" instrat ibus coloniarum  atque  municipiorum,  Halle,  1881  ;  Manley,  De 


Hermès;  Allas  et  Sélènè  font  pendant  à  ce  groupe;  Her¬ 
cule  occupe  le  centre  de  la  composition  u.  Nulle  f race 
d’un  culte  qui  lui  ait  été  rendu  avant  qu  elle  ail  été  con¬ 
fondue  avec  la  déesse  romaine  du  même  nom.  Mais 
nous  connaissons,  par  une  inscription  gréco-latine  des 
premiers  temps  de  l’Empire  romain,  l’existence  à  Délos 
d’une  confrérie  d ' hermaistai  qui  consacrent  un  temple 
à  Hermès -Mercure  et  à  Maia13  merci  mi  s  . 

II.  Rome.  —  L’homonymie  est  toute  fortuite  entre  la 
Maia  grecque  et  une  déesse  latine,  dont  h-  nom  vient  de 
la  racine  mag,  qui  a  formé  mag-is ,  mag-nus ,  maj-or.  Maia 


Fig.  4700.  —  Maia  et  Hermès. 


est  pour  Mag-ia  16  et  se  présentait  aussi  sous  la  forme 
Maiesta ,  que  quelques-uns  croyaient  seule  bonne1'.  Elle 
personnifie  l’accroissement  des  choses  vivantes  et  surtout 
le  développement  des  végétaux.  Le  nom  du  mois  de  mai. 
Maius,  a  le  même  sens  et,  sans  doute,  vient  directement 
de  la  même  racine,  mais  les  Romains,  qui  célébraient 
la  fête  de  Maia  en  mai,  inclinaient  à  croire  que  la 
déesse  avait  donné  son  nom  au  mois18.  Ayant  ainsi 
divinisé  la  poussée  de  la  sève  et  la  torce  végétative, 
il  a  fallu,  pour  qu’une  telle  conception  religieuse  n’ait  pas 
pris  chez  eux  une  autre  ampleur19,  leur  formalisme  étroit 
et  la  sécheresse  de  leur  dévotion.  Cependant  ils  avaient 
relié  Maia  à  la  Bonne  Déesse  [boxa  dea,  1. 1,  p.  72o  ,  c  est- 
à-dire  à  la  Fécondité.  Maia,  c’est  la  forme  de  Dona  Dca 
qu’on  adore  en  mai  ;  c’est  la  fertilité  renouvelée  de  la 
Terre,  ou  c’est  la  Terre  elle-même  20.  La  Terre  n  était-elle 

yradu  et  statu  quaeslorutn  in  municipiis  coloniisque,  Hall».  1882  ;  Mispoulel,  Les 
institutions  politiques  des  Romains,  Paris,  1883,  t.  Il,  p.  115-129;  Bouclié-Lcc!crci|. 
Manuel  des  institutions  romaines,  Paris,  1886,  p.  171-187;  Esmcin,  L  u  fragment 
de  lai  sur  la  juridiction  des  magistrats  Mélange»  <f  histoire  du  droit , 

Paris,  1886,  p.  269);  Humbert,  Essai  sur  les  finances  et  la  comptabilité  publique 
clics  les  Romains,  Paris,  1887;  Mommsen  el  Marquardt,  Manuel  des  antiquités 
romaines,  trad.  fr.  1889,  VIII,  1-2;  VI,  2,  p.  417-474;  Nicse,  Zu  de n  rômischcn 
ijtadtrecliten  (Rhein.  Muséum,  1890,  45,  p.  100-110). 

MAIA.  1  Preller-Robert,  Griech. Mythol.  I.  p.  390;  Aeseh.  Suppl.r. 380;  Curlius, 
Grunzüge,  472.  —  2  Odgss.  XIV,  435  (le  poêle  de  l'Iliade  ne  parait  pas  connaître 
cette  parenté  d’Hermès)  ;  Aescli.  Chorph.  813.  —  »  Hymn.hom.  Il,  v.  1-7,  10  13  ;  130  ; 
Hes.  Tlieogon.: 938-39;  fragm.  12  ;  Scliol.  ad  Pind.  Me  ni.  Il,  16  ;  Apollod.  III,  10,  2. 

—  4  Paus.  VIII.  17,  1.  —  3  Voir  atlas.  —  6  Scrv.  Ad  Aen.  VIII,  130.  —  7  Apollod. 
111  m  _  8  Atlien.  XI,  490.  —  9  Bymn.  boni .  Il,  57  :  MataSa  xaXXrciSiWz. 

—  10  Scliol.  ad  Pind.  1. 1.  —  »  Apollod.  VIII,  2.  —  12  XYien.  Yorlcgebl.  1888,  pi.  2  ; 
Arch.Zeit.  1850,  lab.  23;  Baumeister,  Denkm.  v.  Thelis,  t.  III,  lab.  74.  —  13  Ge¬ 
rhard,  A userl.  Vasenb.  I,  pi.  19  ;  Klein,  Griech.  Vas.  mit  Lieblinginschrift.  2'éd. 
1898,  p.  49.  —  u  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  I,  p.  221,  pl.  xix;  Leuormant,  Elite 
ciramogr. III,  pi.  85  ;  Collect.  Duluit,  pl.  xvi.  Furlwünglcr,  Reschreib.  derVasens. 
Berl.  3245;  Miiller-Wieseler,  Denkm.  828.  —  13  Bull.  corr.  hell.  (Homollc),  1877, 
p.284  ;  1877,  p.  94-6  ;  Eph.  êpigr.  IV,  p.  42.  —  16  Bréal,  Dict .  étym.  latin,  p.  178-9; 
Prcller,  Rôm.  Mythol.  I,  p.  398  ;  V’anicek,  Etym.  Wort.  d.  Int.  Spr.  p.  204  ;  Griecli. 
lat.  etym.  Wôrterb.  Il,  683.  —  >7  Macr.  I,  12,  18.  —  19  Cincius  et  Labeo,  Ibid.  : 
Fcslus,  s.  r.  Maius;  Job.  Lyd.  De  mensibus,  4,  52,  p.  88.  —  19  Bien  entendu,  il 
n’y  a  qu'une  homophonie  toute  fortuite  entre  la  Maia  romaine  et  la  personnification 
hindoue  de  la  Nature  éternelle.  —  20  Macrob.  Sat.l,  12,  21  ;  «  Maiae,  id  csl  Terrae...  ■> 
Ibid.  29  :  «  Maiam  camdem  esse  et  Terrain  el  Bonam  Deam  ». 


MAI 


MAI 


uw  r 

I  Soi 


pas  confondue  avec  la  Bonne  Déesse  qui,  parmi  les  con¬ 
ceptions  religieuses  des  Romains,  a  été  une  des  moins 
étroitement  délimitées'  ?  Le  sacrifice  offert  à  la  Terre, 
une  truie  pleine,  était  aussi  celui  qu’on  offrait  à  Maia.  Ce 
sacrifice  étant  accompli  parle  flamine  de  Vulcain,  il  n'en 
a  pas  fallu  davantage  pour  qu’on  ait  fait  de  ce  dieu 
1  époux  de  Maia.  Peul  être  l'idée  que  Vulcain  représente 
la  chaleur  souterraine  y  a-t-elle  aidé?  La  formule  Maia 
I  ’  a  Ira  ni  -  se  lisait  dans  les  livres  des  prêtres. 

Maia  est  donc  une  déesse  toute  romaine,  née  d'une 
étymologie,  associée  par  une  assimilation  naturelle  à  la 
Terre  et  accidentellement  à  Vulcain.  Mais  quand  les 
poètes  grecs  ont  enfin  fait  connaître  avec  le  nom  d’Her¬ 
mès  celui  de  Maia  sa  mère,  les  Romains  se  sont  prêtés 
avec  empressement  à  la  confusion  de  leur  déesse  et  de 
son  homonyme  grecque.  Ils  ont  même  imaginé  les  expli¬ 
cations  les  plus  forcées  pour  établir  l’affinité  avec  Mercure 
de  la  déesse  du  mois  de  mai3.  Dès  lors,  c’est  à  Maia, 
mère  de  Mercure,  que  furent  consacrées  des  lêtes  et  des 
monuments  dëdicatoires.  Les  calendriers  portent  à  la 
date  du  là  mai  *  :  Mercurio  Maiae.  A  cette  date,  l’an 
-S9  de  Rome,  avait  été  dédié  un  temple  à  Mercure,  voisin 
du  Circus  maximus.  Une  inscription  :  Maiae  ad  Circum 3 
nous  fait  savoir  que  Maia  en  partageait  les  honneurs. 

Ce  culte  commun  de  Mercure  et  de  sa  «  parèdre  »  parait 
avoir  été  très  répandu  hors  de  Rome.  C’est  ce  que  nous 
montrent  des  inscriptions  de  Venouse6,  de  Pompéi 7 
(où  il  y  eut  des  ministri  Mercurii  et  Maiae),  de  Constan¬ 
tinople8,  de  Lyon9,  enfin  de  Germersheim10,  du  Ross- 
berg",  de  Kreuznach12,  de  Mertzweiler,  de  Pfaffenhofen13. 
Dans  cette  région  de  la  Moselle  et  du  Rhin,  Mercure  rem¬ 
plaça  un  ancien  dieu  local  qui  avait  lui-même  sa  parèdre, 
Rosmerta  u.  En  assimilant  Mercure  à  leur  dieu,  les  habi¬ 
tants  du  pays  acceptèrent  aussi  sa  mère  et  sa  compagne, 
mais  l’acceptation  ne  fut  pas  générale  ni  exclusive,  et 
tantôt  Rosmerta,  tantôt  Maia  est  nommée  avec  le  dieu 
romain  dans  des  inscriptions  d  ailleurs  presque  identi¬ 
ques.  Un  certain  nombre  de  bas-reliefs  présentent  une 
femme  avec  le  caducée  ou  la  corne  d’abondance,  qui 
accompagne  Mercure  et  souvent  reçoit  de  ses  mains  une 
bourse 1  ".  Mais  il  n  en  est  pas  un  seul  sur  lequel  se  voient 
nettement  à  la  fois  l'inscription  et  les  personnages.  11 
n'est  donc  pas  possible  d’établir  si  c’est  réellement  Maia 
à  qui  Mercure  remet  la  bourse.  Pourtant  en  Italie  même 
îles  monuments  figurés  nous  présentent  le  même  motif, 
une  femme  voilée  à  laquelle  Mercure  tend  un  objet  rond 
qui  peut  être  une  bourse;  celle  femme  est  signalée  par 
une  inscription  comme  étant  la  Terre16.  Il  est  probable, 
mais  non  certain,  que  ce  personnage,  Maia  et  la  parèdre 
rhénane  de  Mercure  doivent  être  identifiés.  Ce  qui  est 
établi,  c'est  qu’en  Italie  et  hors  d’Italie  Maia  est  fréquem¬ 
ment  associée  aux  hommages  rendus  à  .Mercure  et  que  la 


mère  du  dieu  grec  ne  fût  pas  devenue 
le  monde  romain,  si  elle  ne  se  fût  trouV  -P°?uluire  dans 
nyme  d’une  vieille  déesse  latine  a, .....  ?  êlre  1 

MAIMAKTERIA.  -  L’existe 


-xistcnce  d  une  fête 

est  une  conjecture  de  Meursius  1  ;  mais  e  •  ■  Ce  n°m 
texte  ancien  ne  fait  mention  des  soi-disVni  ailL'u“ 
Ce  que  l’on  sait  de  plus  positif  sur  la  fête  donn^*''" 
modernes  ont  ainsi  forgé  le  nom  se  rédni  ,  k  e''Udils 

indications  des  lexicographes.  d  piques 

Le  cinquième  mois  du  calendrier  athénien  ■’ 
Maimaktérion  [calendarium];  il  correspondait  Un?^1 
tement  aumois  de  novembre,  tantôt  à  mi-novemht-o  nt^ 
décembre  2.  Ce  nom  lui  venait  d’un  surnom  de  Z,,is  n 

MoyxxrgS  épithète  que  les  lexicographes  dérivent  S 
verbe  gong**™  et  qu’ils  interprètent  comme  simnlhm 
le  perturbateur,  l’impétueux,  le  bouillonnant  léntîôn 
si  as  te,  le  désordonné  *.  Zeus  Maimaktès  était  donc  1„ 
dieu  des  troubles  atmosphériques  qui  marquent  la 
transition  entre  l’automne  et  l’hiver6.  Maimaktérion 
signifiait  le  mois  des  tempêtes  :  c’était  le  ventôse 
calendrier  atlique.  Cependant,  Photius0  a  recueilli  une 
autre  interprétation  qui  conviendrait  mieux  au  culte  de 

Dionysos  qu’à  celui  de  Zeus.  D’après  lui,  Maimaktérion 
désigne  l’agitation  qui  se  produit  autour  de  la  vigne,  à 
l’époque  des  vendanges  et  de  la  fabrication  du  vin.  Cette 
interprétation  a  sans  doute  été  suggérée  par  la  proximité 
du  mois  Maimaktérion  avec  la 


récolte  et  le  travail  du  raisin 
qui,  en  certaines  années,  pou¬ 
vaient  n’être  pas  terminés  vers 
le  milieu  d’octobre,  avec  la  lin 
du  mois  Pyanepsion.  Il  en  ré¬ 
sultait  que  les  premières  fêtes 
maimaktériennes  semblaient 
être  le  prolongement  des  Os- 
chophories,  fêtes  des  ven¬ 
danges  7.  Sur  le  calendrier 
liturgique  de  la  Panaghia  Gor- 
goépikoos  à  Athènes8,  on  re¬ 
connaît  les  symboles  du  mois 
Maimacktérion  dans  les  figures  Fig.  4701 
comprises  entre  le  signe  du 


.  —  Danse  tic  fèlctl  liivcü 


Scorpion  et  celui  du  Sagittaire,  immédiatement  après  les 
représentations  des  vendanges.  Ce  sont  d’abord  deux 
personnages  drapés9,  dont  le  premier  ne  touche  au  sol 
que  par  un  pied,  tandis  que  l’autre  pied  est  relevé  dans 
une  attitude  mouvementée  qu’on  a  interprétée  comme 
un  pas  de  danse.  M.  Ileuzey10  a  reconnu  dans  ce  per 
sonnage  (fig.  4791)  un  homme  travesti  en  femme  e 
exécutant  une  danse  liturgique  à  l’occasion  des  lelej 
maimaktériennes,  analogue  aux  danses  voilées  qui  ai  coin 
pagnaient  à  Athènes  la  célébration  des  Antestheries 


1  Slacr.  O.  I.  20.  -  2  Ibid.  18  :  Aul.  Gcll.  XIII,  23,  2.  —  3  C.  Labco  ap.  Ma-rot,. 
■VU.  XIII,  IU,  20  :  «  Quia  vos  nasceuli  iiomini  lcrrac  conlactu  dalur  :  scimus  autem 
Mercurium  xociset  sermonis polcnlein...;  hoc  nieusc  mcrcalores  omnes  Maiae  panier 
Mercurioque  sacrificanl. ..  —  4  Mommsen,  Corp.  iriser,  lat.  I,  p.  39:1-1  ■  T.  Liv.  11,21. 
•>  Ibid.  XI,  p.  535.  —  6  Mommsen,  Inscr.  Neapo.  n“  698.  —  7  Ibid,  n»’  2257-60. 
8  Corp.mscr.  lat.  III, n»  740,  p  139.  T.  Mommsen  penscqu’ellc  est  plutôt  dequel- 
que  colonie  comme  Paros  que  de  Byzance.  —9  Boissieu,  laser,  ant.  de  Lyon,  p.  606. 
L  auteur  de  1  inscr.  offre,  en  même  temps  que  le  temple,  une  statue  de  l’empereur 
(Tibère)  et  celles  de  Mercure  et  Maia  qui  reçoivent  l'un  et  l’autre  l'épithète  d’ A  injustes 

-  19  Orelli-Henzen,  vol.  III,  5596-7.-0  En  Bavière  :  Brambach,  Corp.  inscr.  rhen. 
1763.  -  12  (Prusse  rhénane)  Ibid.  721-2...  Mercurio  et  Maiae  caducium  etaram... 

—  13 (Alsace)  Ibid.  1745  et  1876.  La  première  estde  142.  —  HCh.  Robert,  Epirjraphie 
de  la  Moselle ,  p.  74  sqq.  -  15  Ibid,  p],  ,v>  fig.  5  _  n;  Muller- Wicseler,  Denlcm. 


pl.  xxix,  315,  316  ;  xxx,  329  ]Mus.  Borbon.  IX,  38  ;  Maffci,  Mus.  Veronens' .  ^  ^  ^ 
MAIMAKTERIA.  l  Graecia  feriata,  p.  200.  -  2  C’est  à  tort  '"j  j ■„ 

MouiiaxTKiiüv,  l’identifie  avec  Januarius.  —  3  Harpocr.  Suid.  Pliot.  s.  . 

.  ,  ■  tnf  Harnocialiùiii  <|J 

—  '*•  Suid.  :  Matji.àxxr,;  Si  Êrrctv  o  hOoutrtûSriç  xat  tapaxTixo;  VC1*  ‘  •  ,taïjia;‘ 

cite  à  ce  sujet  l’ouvrage  de  Lysiinacliidès  sur  les  mois  atliques) ,  '  '  •  ,xt-at, 

Ta^a)r<iSr(ç  ;  Pliot.  :  jxatjxâ(T(T£t  *  ffçpûÇei,  irpoôujAeTTae,  xavaSaitava./  g^vOVtoÇ 
xuaaToùxai,  xa/^âÇei,  x).oveïTat.  —  1>  Harpocr.  et  Suid.  :  &?7.V  ^  ‘  __  7  Voir 

/eijAwvo;  tv  toutoj  tw  ô  Taçàrretai  xat  |A£ia6o).vjv  Yo]J-  ar" 

DioNYsiA.  —  8  Boetticher,  Philologus ,  XXII  (18G5),  p.  385-4-20 ,  Le  yQifts}calen^' 
chéol.  pl.  xxi  et  xxii  (éd.  S.  Reinacïi,  p.  58-59)  ;  Svorouos,  Der  alfa.  ».  ^  kNI)Aiiium, 

(Journ.  internat,  d'arch.  numism.  1899,  II,  p*  47,  72,  pi.  R  t1  )  ’  v°*  .  ,  si  s<|- 

fig.  1030.  —  9  Fig.  1030.  —  10  Bull,  de  corr.  hell.  XVI  Mv- 

—  il  Philoslr.  A  poil.  IV,  21,  73-74, 


MAI 


MAI 


I  MM  M 

1 55  i)  — 


r.  nslement  du  danseur,  dont  la  tèle  et  le  corps  sont 
P'1S  nt  enveloppés  et  les  pieds  chaussés  de  hautes 
embaS]  dont  il  bat  le  sol,  il  faudrait  voir  le 
0h" 'J*  dp  la  saison  froide;  et  dans  ces  bonds  violents 
?yn' ’ lilèvent  le  corps,  le  symbole  du  mois  des  pertur- 
'■ul.  où  l’air  et  la  mer  s’agitent  et  bondis- 

bations,  <•< 1,11 


seul  témoignage  positif  que  nous 


sent 1 . 

p'aiitrc  part,  le  .  . 

,.1(|j(ius  sur  les  rites  du  mois  Maimakterion  est  celui 

C  inscription  attique*,  sorte  de  calendrier  de  sacri- 
'  o(l  „n  service  est  marqué  pour  le  20  du  mois  en 
ll’honneur  de  Zens  Laboureur  (AuTscopvffl),  avec  offrandes 
dp  galettes,  pains,  fruits  assortis  et  libations  sans  vin. 
0n  peut  rapprocher  de  ce  fait  les  représentations  de 
labourage  qui  font  suite  au  danseur  voilé  dans  la  section 
du  calendrier  sculpté  relative  au  mois  Maimaktérion  : 
nn  y  voit  un  attelage  de  bœufs  conduit  par  un  paysan  et 
iîn  semeur  avec  son  panier.  Ce  sacrifice  à  Zens  Géorgos 
avait  un  caractère  tout  rural.  Dans  quelle  mesure  Zeus 
Géorgos  doit-il  être  envisagé  comme  une  hypostase  de 
ZcusMaimaktès,  c’est  ce  qu’il  est  difficile  de  déterminer. 
Mais,  malgré  la  pénurie  et  le  vague  de  nos  renseigne¬ 
ments.  certains  érudits  ont  prétendu  reconstituer  plus 
I  complètement  le  caractère  et  le  programme  des 
fêtes  de  Zeus  Maimaktès.  Quelques  textes11  présentent 
ce  qualificatif  Maimaktès  comme  un  équivalent  de 
Meilichios  et  de  Katharsios.  On  en  a  conclu  que  Zeus 
Maimaktès  était  l’objet  d’un  culte  expiatoire  destiné 
à  apaiser  ses  colères  et  à  transformer  le  dieu  des  tem¬ 
pêtes  en  un  dieu  bienveillant  et  purificateur  De  là 
à  attribuer  à  ces  cérémonies  le  caractère  de  mystères, 
il  n’y  avait  qu’un  pas.  Auguste  Mommsen3,  alléguant 
Iles  textes  qui  évoquent  à  propos  du  qualificatif 
BuijuxTT|(  des  idées  d’enthousiasme 6,  a  voulu  recon¬ 
naître  dans  les  fêtes  maimaktériennes  une  solennité 
I  bachique  qu’il  identifiait  avec  les  iialoa;  mais  cette 
théorie  n’es’t  plus  soutenable,  depuis  que  la  nature  des 
Unlna  est  mieux  connue. 

On  serait  peut-être  plus  fondé  à  tirer  parti  d’un  autre 
|  groupe  de  textes  qui,  avec  des  éléments  assez  mélangés, 
I  contiennent  aussi  de  précieux  indices.  Eustathe  7  rap- 
P°rle  qu’on  désignait  par  le  mot  8io7rog.7reîv  8  une  céré¬ 
monie  expiatoire  célébrée  sous  l’invocation  de  Zeus  Meili- 
chios  a  la  fin  du  mois  Maimaktérion.  La  peau  de  la  victime, 
connue  sous  le  nom  rituel  de  toison  de  Zeus  [ruos  kodion, 
eleusinia,  lustratio],  y  jouait  un  rôle  parmi  les  TtogTraïa; 
on  procédait  aussi  à  des  lustrations  dans  les  carrefours9, 
ancienne  symbolique  prétendait  retrouver  dans  cette 


toison  du  bélier  immolé  à  Zeus  Meilichios  le  symbole 
du  nuage  ,0.  Zeus  Maimaktès,  dont  la  colère  avait  as¬ 
semblé  les  nuages,  une  fois  apaisé  par  le  sacrifice, 
se  serait  transformé  en  Meilichios,  et  il  purifiait  le 
ciel  assombri.  De  plus,  celle  purification  passait 
dans  l’ordre  moral  :  Meilichios  devenait  Katharsios, 
et  le  contact  de  la  peau  de  la  victime,  par  sa  vertu 
piaculaire,  conférait  aux  pécheurs  le  pardon  de  leurs 
fautes.  Aujourd’hui,  les  communions  piaculaires  de 
ce  genre  s’expliquent  par  le  totémisme  :  le  cas  du  A-A? 
xqjot&v  rentre  dans  la  série  des  cas  où  le  dieu  était 
adoré  sous  la  forme  d’un  animal  totem.  Les  adora¬ 
teurs  se  revêtaient,  après  le  sacrifice,  des  dépouilles 
de  la  victime  pour  se  communiquer  à  eux-mêmes  sa 
nature  sacrée".  Le  bélier  considéré  en  Grèce  comme 
totem  de  Zeus  dérive  peut-être  des  rites  d’Ammon 
chez  les  Égyptiens  lî. 

En  tout  cas,  l’attribution  par  Eustathe  du  AAç  xQotov 
aux  fêtes  du  mois  Maimaktérion  et  le  renseignement 
topique  de  Polémon  ,s,  qui  nous  apprend  que  les  mystes. 
pour  se  purifier,  montaient  sur  la  toison  en  se  tenant 
debout  sur  le  pied  gauche  ",  nous  reportent  encore  aux 
représentations  du  calendrier  sculpté  d’Athènes.  Dans  la 
figure  où  M.  Ileuzey  recohnail  un  danseur  voilé,  ne 
serait-il  pas  permis  de  retrouver  un  reste  de  l’attitude 
rituelle  du  communiant,  qui  avait  pris  contact  avec  la 
toison  sacrée  en  la  foulant  du  pied  gauche?  Cette  inter¬ 
prétation  n’exclut  pas  forcément  celle  de  la  danse  :  elle 
l’explique  plutôt.  Car  il  est  possible  que  la  danse  n’ait 
été  qu’une  adaptation  orchestique  de  l’attitude  rituelle 
imposée  au  moment  de  la  purification  comme  moyen  de 
transmission  de  la  vertu  contenue  dans  la  dépouille 
sacrée,  de  même  que  les  jeux  de  I’askoliasmos  sur 
l’outre  bachique  dérivaient  d’une  obligation  rituelle 
analogue.  Le  personnage  qui  fait  suite  au  danseur 
(n°  7  de  la  figure  1030),  drapé  sans  que  le  visage 
soit  couvert  et  debout  dans  une  attitude  de  démarche 
calme  et  digne,  figurerait  le  communiant  ayant  acquis 
le  bénéfice  de  la  purification  et  participant  à  la  ropanj 
solennelle  de  Zeus  Meilichios.  On  aurait  ainsi,  dans  la 
succession  des  figures  de  ce  calendrier  relatives  au  mois 
Maimaktérion.  la  représentation  des  phases  successives 
des  fêtes  maimaktériennes  de  Zeus,  considéré  tour  à 
tour  comme  Maimaktès,  Katharsios-Meilichios  et  enfin 
comme  Géorgos1’.  Gustave  Fougères. 

MAIUMAS  (Maïoug.5;).  —  Fête  d’origine  syrienne,  peut- 
être  née  à  Gaza,  ou  plutôt  dans  son  port,  distant  de  sept 
stades,  qu’on  appelait  Majuma,  nom  qui  signifie  «  eau 


iuci c:  ,nterprète  par  mS«.  —  2  C.  i.  gr. 

)1E^;  '  "*  3  Plut.  De  cohib.  ira.  9,  p.  453  c;  Hesycli. 

CrJêi'  ~~  'f  Lauer.  System  der  griech.  Myth.  p.  407;  Prellt 

*'  •,t,L  I2>  P-  131-132.  1 44.  —  il  JJ pnt't nlrtmo  n  .117  D&I1S  la  2®  odili 


I,  523; 
|*at;iiàxTr, 


System  der 

'le  cet  ^  *31-132,  144.  —  5  ffeortologie ,  p.  on.  v«u»  iu  --  «m.» 

11  •  ^1  ^.arUC  011  sous  le  litre  de  Feste  der  stadt  Athcn  (p.  3( 

4  rapport  "l('01*e  a  été  complètement  modifiée.  La  fête  du  20  Maimactéri 
aurait  été  |lai* -1  ^Cus’  considéré  comme  père  de  Bacchos,  dieu  de  l’ivresse, 
—  g  Hai.  O(.Uin^01Sa're  soc°ude  naissance  de  Bacchos  (Lucian.  Deor.  dial. 

K  lüiMed  pin,  i  ^  S’  7  P-  1938,  5.  —  8  Ou  Stoito;i.iï£Ï?9ai  et  àicoStozc 
les  F,- a,  tll  ' ,  *  '  &*)‘  Anecd.  p.  7,  15.  Voir  le  commentaire  de  Muller  da 

l  mystères  d’El  !  '  ?*aeCm  P-  ~  9  Ëuslalh.  L.  c.  M.  Foucart  ( Les  gran 
n*a  pas  un  li0,  USl*'  1  P’  ®  t  )  observe  avec  raison  que  cette  purification  spéci 
(pic  |a  lustrati  ,UCCSSa're  aVCC  ^e8Dlys^res  d’Eleusis  ;  A.  Mommsen  {Op.  /.)  adn 
■opliorics  p  1  ma*mac^l’*cnne  pouvait  être  une  sorte  de  préparation  aux  Th 
sacrifié  dans  lu.  ai,*aS  3)  signale  un  emploi  analogue  de  la  peau  du  bél 

P°ur  les  ronr,’,S(,  *mi  ilu  a,jons  du  sanctuaire  d’Amphiaraos  ;  cf.  Strab.  VI,  p.  284 
^ins  savant  ip^10118  ?gWPée9*  Bullettino*  VIT,  p.  1-18.  Quant  aux  ko|a«« 
(v°ir  dioscomon  COn8‘dèrent  comme  une  fête  du  mois  Maimactérion,  les  pomp/ 
b'sTRATio,  p.  H27);  interprétation  excessive,  semble-t-il  : 


zojAnaïa  étaient  plutôt  les  objets  sacrés,  notamment  les  Aiô;  xQSta,  portés  pendant 
la  procession  (cf.  Welcker,  Gôtterleb.  I,  206-209).  —  lé  Muller.  Eumenid.  p.  139, 
146;  Hermann,  Aller,  der  Griech.  §  57;  Lobcck,  Aglaoph.  p.  183  sqq.  ;  Lauer. 
System  der  griech.  Myth.  p.  407  ; .  Roscber,  Myth.  Lexic.  MatpàxTqç.  —  l*  Ban- 
croft,  III,  Nat.  races  of  the  Pacif.  Stat.  168:  Frazcr,  Golden  Itugh.  îl,  p.  90. 
146;  Lang,  Mythes ,  cultes  et  religions  (trad.  Marillier),  p.  517  et  518;  Hubert 
et  Mauss,  Essai  sur  le  sacrifice ,  p.  83.  —  12  Hcrod.  Il,  42.  —  13  Ap.  Hesycli. 
s.  v.  Atb;  xôfî ict.  —  tt  La  scène  représentée  par  les  figures  2450  et  46KG  a  été 
rapportée  à  la  cérémonie  du  Dioscodion  ;  mais  cette  explication  reste  fort  discutable. 
—  15  Svoronos  (Op.  I.  p.  72)  désigne  ainsi  ces  figures  :  l'Hiver  (Xet^«»v),  le  mois 
Maimactérion  personnifié,  le  Laboureur  (^Apo-ro;),  le  Semeur  (Szôpo;).  Celle  théorie 
est  acceptable,  comme  représentant  le  commentaire  populaire  et  allégorique,  par 
conséquent  secondaire,  de  figures  dont  l'inspiration  originelle  est  incontestablement 
d’ordre  religieux.  Le  monument  ne  paraît  guère  plus  ancien  que  le  m®  s.  av.  J.-C. 
Il  peut  donc  n’êlre  qu’une  adaptation  de  monuments  analogues  antérieurs.  De  tonie 
façon,  c'est  dans  le  type  et  dans  les  rites  de  Zeus  Maimaktès  qu'il  faut  chercher  les 
sources  de  la  figure  do  l’Hiver;  dans  la  lustration  maimaclérienne  celles  de  la  per¬ 
sonnification  du  mois  maimactérion,  et  enfin  les  allégories  du  Labourage  et  de 
Semailles  sont  inséparables  du  culte  de  Zeus  Géorgos. 


MA.I 


MA.l 


de  Ja  mer1  ».  Les  réjouissances  auxquelles  elle  donnait 
lieu  ont  eu,  surtout  à  Antioche,  un  grand  retentisse¬ 
ment  sous  les  empereurs  romains;  plus  tard,  il  en  est 
question  à  Constantinople.  Ou  ne  sait  s'il  y  en  eut  de 
pareilles  eu  dehors  du  monde  oriental.  Il  n'est  nulle¬ 
ment  certain  qu'il  y  ait  une  relation  véritable  entre  cette 
l'été  et  celle  qui  lui  a  été  assimilée,  dont  Ostie  et  l’ile  du 
libre  voisine  de  cette  ville  étaient  le  théâtre2,  quoiqu’il 
ne  soit  pas  impossible  que  la  coutume  en  ait  été  apportée 
par  les  marins  à  Ostie,  où  Castor  et  Pollux,  leurs  dieux 
protecteurs,  avaient  un  culte3.  Suidas  dit  qu'au  mois  de 
mai  les  principaux  citoyens  se  rendaient  au  bord  de  la  mer  : 
on  s  y  baignait,  on  s’y  poussait  les  uns  les  autres.  Il  appelle 
la  fêle  romaine  MaVoupïç  \  peut-être  à  cause  d'une  certaine 
ressemblance  qu'il  y  voyait  avec  les  fêtes  syriennes. 

Celles  d'Antioche 5  se  prolongeaient  pendant  trente 
jours  :  elles  consistaient  en  processions  de  nuit,  en  illu¬ 
minations,  en  représentations  scéniques  tirées  principa¬ 
lement  des  fables  de  Bacchus  et  de  Vénus,  en  repas 
somptueux.  La  joie  populaire  y  mêlait  toutes  sortes 
d’excès  c,  qui  les  firent  supprimer,  probablement  pour  la 
première  fois  sous  Constance;  rétablies  cependant,  elles 
furent  ensuite  tour  à  tour  interdites  ou  permises,  avec 
des  restrictions  en  vue  d'en  réprimer  la  licence  Il  est 
parlé  encore  de  la  fête  de  Maiumas  à  Constantinople 
sous  Léon  IV,  en  7708.  E.  Saglio. 

MAJESTAS.  —  Cette  expression  dérive  du  comparatif 
major  ;  elle  exprime  un  attribut  spécial  aux  personnes 
revêtues  de  puissance  et  de  dignité,  une  qualité  qui 
impose  le  respect,  par  exemple  chez  les  dieux,  le  peuple, 
l’État.  C'est  ce  que  montre  en  particulier  la  formule  du 
droit  international,  par  laquelle  les  peuples  soumis 
s’engageaient  à  respecter  la  majestas  du  peuple  romain  *. 
Le  mot  majestas  est  souvent  lié  et  opposé  au  mot  impe¬ 
rium1.  On  entendit  par  crimen  imminutae  majestatis3 
l'infraction  qui  consistait  dans  toute  atteinte  portée  au 
respect  que  commande  la  dignité  ou  la  souveraineté  du 
peuple,  [et,  par  extension,  de  ses  représentants,  en  parti¬ 
culier  de  l’empereur.  Mommsen4  a  conjecturé  que  le 
crime  de  lèse-majesté  s’était  primitivement  rapporté  à  la 
violation  des  droits  delà  plèbe,  et  seulement  ensuite  à  la 
violation  des  droits  du  peuple  en  général  :  mais  il  n’y  a 
pas  de  preuve  suffisante  à  l'appui  de  cette  conjecture. 
En  tout  cas  les  jurisconsultes  romains  n’ont  défini  ce 
crime  que  par  des  périphrases  qui  n’en  précisent  pas 
exactement  le  caractère5]. 

Il  y  a  deux  groupes  de  crimes  contre  l’État  qu’il  est  très 
difficile  de  distinguer  l’un  de  l'autre,  le  crimen  majes¬ 
tatis  d'un  côté,  la perduellio  de  l’autre. 

MAIUMAS.  l  Baronius,  cité  par  Godefroid,  ad  Cad.  Theod.  1.  XV,  lit. 
VI,  p.  359,  Lyon,  1665;  Teuffel,  in  Pauly’s  lieal  encycl.  IV,  p.  1459;  Scholz, 
Gôtzendienst  und  Zauberwesen  der  ait.  Hebrdern ,  p.  322;  Stark,  Gaza, 
p.  590  et  s.  On  peut  aussi  rapprocher  J.  Lyd.  De  mens.  IV,  52,  p.  101  et 
104,  éd.  Paris.  —  2  Voir  les  textes  réunis  par  Godefroid,  L.  I.  ;  Teuflel,  L.  I.  ; 
Prdller,  Berichte  d.  Sachs.  Gcsellsch.  zu  Leipzig,  1849,  note  124.  —  3  Voir 
tari,  dioscuri,  p.  263;  Godefroid,  L.  I.  —  4  Suid.  s.  v.  ;  cf.  Gloss.  Basilicor. 
—  *  Malalas,  p.  284,  Dindorf.  Ailleurs  il  est  question  de  cinq  jours  ou  de  sept 
(Julian.  Misopog.  p.  361,Spanh.;  Theodor.  III,  14);  et  la  fête  est  placée  au  mois 
<1  août  ;  mais  il  s’agit  dans  ces  textes  des  fêtes  d'Apollon  à  Daphné,  le  faubourg 
d  Antioche.  G  Liban,  t«ov  p.  555,  Keiske  ;  Id.  IIe^i  xZv  $e*;awt"V, 

p.  455;  ad  Timocr.  p.  385;  lo.  Chrysos t.  Homil.  VII,  in  Malth.  t.  VII,  p.  113,  éd. 
Bonedict.  —  <  Cod.  Theod.  L.  1.  et  Godefroid,  Ad  h.  I.  —  STheophan.  Chronogr. 
p.  699,  éd.  Classen.  —  Bibliographie.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités,  voir  Andréas 
Rivinus,  Diatribe  de  Maiumis,  Alaicampis  et  Boncaliis ,  in  Graevif,  Collect. 
dissertationum  rariss.  Traj.  Bat.  1716,  p.  526  et  s.;  K.  O.  Müller,  Antiq.  Antio- 
chenae,  in  Kunstarchaeol.  Werke,  V,  p.  33  et  s.;  Étienne  Chastel,  Hist.  de 
la  destruction  du  paganisme  dans  l’empire  d’Orient,  Paris,  1850,  p.  213  *. 


Le  perduellis  (ou  perduellio)  est  l’ennemi  , 
général*,  surtout  l’ennemi  intérieur  U  en 

hostis  qui,  ayant  perdu  son  sens  primitif  pPp0sili°"  à 
fini  par  désigner  l’ennemi  extérieur.  La  pm/ JrT' a 
donc  essentiellement  l’acte  hostile  au  pavs1^'^ 
trahison  et  la  désertion.  Primitivement  le  c,.-’  SUl'loul  1:1 
majesté  et  la  perduellio  paraissent  avoir  été™  ?"  M 
Puis  on  essaya  de  les  distinguer  ;  mais  la  lèse-nj, 
postérieurement  une  telle  extension  que  son  ■  ’r  ‘ 
elle  engloba  la  perduellio  :  tout  acte  hostile  fut  ln,  '? 
lèse-majesté,  mais  il  y  eut  des  cas  de  lèse-maiesi  " 
n 'étaient  pas  des  actes  hostiles  et  qui,  par  ^ 
portaient  une  peine  moins  grave.  Nous  devons  dn 
réunir  dans  cette  exposition  la  majestas  ella,  perduellio' 
L  Etat  dut  naturellement  se  protéger  dès  le  début 
contre  la  perduellio  ;  aussi  la  légende  attribue  à  ltonuilir 
la  première  loi  contre  ce  crime»  que  punit  également  h 
législation  des  Douze  Tables10.  L’action  publique  étal 
entre  les  mains  d  abord  des  duumvirs  spéciaux  [nunivini 
perduellionis],  puis  des  tribuns.  Quant  à  la  majetUu 
nous  ne  savons  pas  si,  en  dehors  des  lecjes  sacralité,  il  y 
eut  des  règlements  sur  cette  matière  pendant  les  premiers 
siècles  de  la  République.  Et  cependant  la  plupart  des 
poursuites  politiques  intentées,  surtout  par  les  tribuns, 
soit  devant  les  comices,  soit  devant  les  quaesliones per- 
petuae ,  concernaient  des  délits  qu’on  peut  faire  rentrer 
dans  le  crimen  majestatis  [judicia  public  a,  p.  648'.  Les 
mesures  révolutionnaires  de  salut  public,  prises  par  le 
Sénat  depuis  l’époque  des  Gracques,  pouvaient  aussi, 
jusqu’à  un  certain  point,  être  considérées  comme  des 
répressions  delà  lèse-majesté  [judicia  publica,  p.  652-65* 
On  considère  généralement  comme  la  première  loi  île 
majestate  la  /ex  Apuleia ,  votée  probablement  en  103 
av.  J.-C.,  au  sujet  des  délits  commis  pendant  la  guerre 
gauloise,  et  en  particulier  du  pillage  des  trésors  de  Tou¬ 
louse.  Elle  institua  la  quaestio  auri  Tolosani 11  ;  ce  fut 
donc  une  loi  exceptionnelle,  comme  l’avait  été  précé¬ 
demment  la  loi  Ma  milia ,  au  sujet  des  actes  de  trahison 
des  généraux  et  des  ambassadeurs  envoyés  contre 
Jugurtha  en  110  12  ;  mais,  sans  instituer  de  quaestio  mM 
jestatis  permanente,  elle  dut  indiquer  un  certain  nombre 
d’applications  de  la  lèse-majesté,  y  faire  rentrer  par 
exemple  l’atteinte  portée  aux  tribuns,  l’excitation  au 
désordre  13 .  Le  procès  de  Norbanus  en  95  fut  un  procès 
de  lèse-majesté,  institué  d’après  la  lex  Apuleia'*-  5°us 
trouvons  ensuite  la  lex  Varia  de  91,  qui  déclarait  cou 
pables  de  lèse-majesté  ceux  qui,  par  leurs  consei  s  ou 
leur  assistance,  avaient  excité  les  alliés  à  prendre  les  ai  nioj  j 
contre  Rome  pendant  la  guerre  sociale.  Elle  atteignit  c. 

Lcnkm 


Mommsen,  Ephem.  epigr.  III,  p.  329;  ürexler, art.  maiumas,  ap.  0: 
d.gr.  und  rôm.  Mxjthologie.  ’  pr0  BaV>.  16; 

20  ;  Div.  Çaec.  -  0  'A 


MAJESTAS .  i[Afajestatem  popxtli  romani  comiter  colunto  ;l ■ 1  ‘ 


4  [f{o>H‘ 


Stwf’ 


Jn  Corn- 
ci  1er  ! 


Liv.  38,  15;  Dig.  49,  15,  7,  1).  —  2  Cic.  Pro  Rabir.  7, 

—  3  Plus  tard  crimen  majestatis  et  simplement  majestas. 
recht ,  Leipzig,  1899,  p.  537-595.  Il  cite  Cic.  De  inv.  2,  17,  32;  A,C0" ' cj(er  gall. 
p.  60  (crimen  imminutae  majestatis  tribuniciae).  On  pourrait  1  m  iiii; 
Jug.  35.  —  5  Auct.  ad  fferenn.  2,  13,  17  ;  Cic.  De  inv.  2,  17,  53 ,  e  „ 

Or.  part.  30,  105;  Dig.  48,  4,  I,  I  (Ulpien).]—  c  Varr.  De  bng‘  a  pas 

Ep.  102;  Cic.  De  off.  S 0,  16,  234.  —  7  Dig.  48,  4,  11  (Ulpien).  '  ^  |,olir 
d'équivalents  grecs  précis  de  ces  mots;  on  trouve  pour  la  pexdw  J011arcliii|uC' 
la  majestas  iaiS aat  qui  désigne  surtout  la  violation  de  la  l1'1  '"!  *  w0i 

—  9  liionys,  2,  10.  —  10  Dig.  48,  4,  3  pr.  On  peut  se  demander  si  e  «  ^  dj,  pJ 

était  dans  les  Douze  Tables;  lo  texte  de  Gaius  (Dig.  50,  D1’,  -  j]erenn.  L  l4' 
— U  Cic.  De  deor.  nat.  3,  30,  74;  Or. part.  30,  104,  103;  And.  «  .  {.y,  1 28 ; 

24;  Dio.  Cass.  fr.  98.  -  12  Cic.  De  deor.  nat.  S,  20,  74;  tirut.  ' j  ’ (0'7_ 44 CicJ 
Schol.Bob.  p.  311;  Sali.  Jug.  40.  —  13  Cic.  De  inv.  2,  17  -.Deor.  -, 

De  or.  2.  75,  89,  199  203;  De  off.  2,  14,  49:  Val.  Mas.  8  a, 


—  1557  — 


MA  J 


MA.I 


iarli  sénatorial,  L.  Bestia,  C.  Aurelius  Cotta, 


incc  du  Sénat,  condamnés  par  les  juges  de 


chefs  du  par 

S,'  '"'/.fiipstre  et  un  peu  plus  tard,  en  88,  le  tribun 

l'ordre  equtBUV  ’  .  ,  ,  n _ 

Varias 
damnés  par 


i-aiêrne  et  le  consul  Pompeius  Strabo,  con- 
le  nouveau  jury  qu’avait  établi  en  80  la  loi 
2  j  JCJD1CIARIAE  LEGES,  p.  659]. 

I  Sylla  qui  institua  définitivement  la  quaestio 
ajestatis parla lex  Cornelia  judiciaria  de  81  av.  J.-C.3, 
,'ioul  pour  garantir  le  maintien  de  sa  nouvelle  consti- 
(jon  piie  fut  présidée  tantôt  par  un  préteur,  tantôt 
par  un  quaesitor  spécial4.  Il  est  probable  que  la  loi  de 
c  Ha  ne  définissait  pas  encore  d’une  manière  très  pré- 
cis(>:'  mais  qu’elle  étendait  à  des  cas  nouveaux  le  crimen 
majestatis.  Malheureusement  nous  ne  pouvons  la 
reconstituer  que  d’une  manière  très  hypothétique  et  en 
réunissant  les  applications  que  nous  constatons  jusqu’à 
l’époque  de  César,  par  exemple]  :  contre  le  citoyen  qui 
porte  atteinte  au  pouvoir  des  magistrats  et  en  particulier 
au  droit  d’intercession  des  tribuns6  ;  contre  le  magistrat 
qui  compromet  la  dignité  du  peuple  romain,  qui  ne 
maintient  pas  les  prérogatives  de  ses  fonctions,  ou  qui 
se  rend  coupable  d’excès  de  pouvoir  en  faisant  la  guerre 
sans  l’autorisation  du  peuple,  en  sortant  de  sa  province 
sans  l’autorisation  du  Sénat,  en  s’appropriant  une  autre 
province1;  contre  le  général  qui  laisse  s’échapper  ou 
graciedes  chefs  ennemis  ou  des  pirates  faits  prisonniers8; 
contre  quiconque  excite  des  troupes  à  la  révolte,  livre 
une  armée  à  l’ennemi 9,  [usurpe  les  pouvoirs  d’un  ma¬ 
gistrat10;  on  voit  que  la  loi  de  Sylla  punissait  certains 
délits  qui  rentraient  plutôt  dans  la  perduellio.  Elle  éta¬ 
blissait  comme  pénalité  l’exil  perpétuel  hors  de  l’Italie, 
Xaquae  et  ignis  interdiction  mais  elle  n’autorisait  pas, 
comme  on  l’a  souvent  prétendu  d’après  un  texte  inexact 
d’Ammien  Marcellin11,  la  torture  des  témoins].  Elle  fut 
souvent  appliquée,  pendant  la  période  d’anarchie  qui 
suivit  Sylla,  en  particulier  contre  le  tribun  Cornélius,  en 
67,  pour  avoir  violé  l’intercession  des  tribuns  et  attaqué 
le  Sénat12,  et  contre  Gabinius,  en  54,  pour  être  sorti  de  sa 
province  avec  des  troupes13. 

[César  a-t-il  fait  une  loi  de  majestate  ou  simplement 
réglé  la  peine?  Le  seul  texte14  qui  mentionne  les  lois  de 
Ccsar  de  vi  et  de  majestate  n’est  pas  probant.  Un  texte 
de  Tacite13  doit  plutôt  faire  attribuer  à  Auguste  la  lex 
'le lia  de  majestate  qui  a  été  la  loi  essentielle  en  celte 
matière  et  à  laquelle  se  rapportent  les  nombreux  frag- 
^ents  des  jurisconsultes  conservés  au  Digeste.  Elle  a  dû 
ailleurs  utiliser  la  loi  de  Sylla,  comme  le  montre  la 
ressemblance  de  plusieurs  textes  du  Digeste  avec  les 
r|’h  es  qu  allègue  Cicéron16.  Justinien  n’a  presque  rien 
|  rangé  aux  anciens  principes  n.  Faute  d’avoir  jamais  été 
or  binent  délimité,  le  crime  de  lèse-majesté  a  pris  sous 
,lllllile  une  extension  prodigieuse.  Susceptible  des 

^  Val.  Mqy  R  a  i  O'  », 

InScuur  '«  ’  ’  .  °r'  3’  8  ’  b  Appian.  Bel.  eiv.  I,  37-38;  Ascon. 

—  5  Ascon'  l~~r~  2  ^*'C  304  >  Ascou.  h i  Corn.  p.  73,  79;  Tuscul.  2,  24,  57. 

OJ .  Çjc  ,  !  1  °' n'  i  C‘c’  ln  Pis.  21,  50  ;  Ad  Fam.  3,  11,2.  —  4  Ascon.  p.  58, 
C orn .  p  go  J”!!*’  b  -4  !  3,  3,  3.  —  5  Cic.  In  Verr.  4,  41,  88.]  —  G  Ascon.  Ad 
Cass.  4 1  |  .  s~  ‘  AsCOn'  P-  182 !  Cic.  In  Verr.  1,33;/»  Pis.  21  ;  In  Vatin.S-,  Dio. 
35;  l,eor  \  ^ 3''  ~8Cic-  In  Verr-  b  5  ;  5,  25,  27.  -  «Cic.  Pro  Cluent. 
p.  59-60.  1T’i3  10[Ci*.  De  inv •  b  18-  53-— 11  19,  12.]—  «  Ascon.  In  Corn. 

—  1S  a„„  ,  .  , IC’  Àd  0»int.  3,  1,  7  ;  in  Pis.  21,  50.  —  H  [Cic.  Phil.  1 ,  9,  10. 

Pii.  21;  prn  ri  n  ’ err%  acL'  H»  12;  Or.  part.  105;  Pro  Rabir.  8;  In 

—  U  Dig  48  ,.Uenl‘  97,  ~  17  c-  Just-  9,  8;  Instit.  4,  18,  3;  Nov.  95,  1,  I. 

--  «  Dig.  49’  iôV:.TaC’  Ann-  3’  38‘  -  19  Di,J-  49-  1G-  3’  »•  -  20  D>9-  4S-  b  3- 
A’ml.  5  n,  ’  ’  p  ~  22  Ti>c-  Ann.  10,  14;  Dig.  48,  4,  2  ;  49,  15,  19,  8  ;  Paul. 

"■  ’  aisi j,  4 


VI 


'al.  Max.  2,  7,  15;  I.iv.  Ep.  55;  Dig.  49,  10;  C.  Th.  0,  18; 
hg.  49,  IG,  3,  10;  49,  16,  7  ;  49,  19,  8,  2-48;  48,  19,  38,  1  ;  11, 


applications  les  plus  larges  u,  il  embrasse  non  seulement 
le  fait,  mais  encore  la  parole  et  la  pensée19,  l'instigation 
comme  l’exécution20;  il  a  été,  comme  on  sait,  entre  les 
mains  des  mauvais  empereurs,  une  arme  terrible, 
l’instrument  de  leurs  vengeances.  Exposons  maintenant 
d’une  manière  systématique  les  principaux  groupes  de 
délits  qu'il  comprend  dans  la  législation  de  la  Itépu- 
blique,  du  Haut  et  du  fias  Empire,  en  réunissant,  comme 
le  fonlles  textes  eux-mêmes,  la  perduellio  c  t  la  ma  j  estas. 

I.  Rapports  coupables  avec  l'ennemi.  —  Les  actes 
incriminés  portent  atteinte  à  l'État  considéré  dans  scs 
rapports  avec  l’ennemi  extérieur.  Tels  sont  :  1°  La  déser¬ 
tion,  qui  commence  dès  qu’on  s’est  éloigné  du  camp21. 
Le  déserteur,  le  citoyen,  qui,  soldat  ou  non,  s'unit  à  l’en¬ 
nemi  de  Rome,  ou  même  à  un  pays  non  allié  de  Rome, 
s’expose  à  la  perduellio 22  ;  mais  il  est  aussi  justiciable 
sous  la  République  et  sous  l’Empire  du  tribunal  mili¬ 
taire23  ;  sous  l’Empire,  les  peines  sont  plus  graves  contre 
les  transfuges  ;  ils  sont  crucifiés  sous  la  République, 
livrés  au  bûcher  ou  aux  bêtes  sous  l'Empire24.  2°  La 
défection  d’une  ville.  Elle  équivaut  généralement  à  la 
désertion,  mais  la  peine  ne  frappe  que  les  principaux 
coupables25.  8°  La  proditio,  c’est-à-dire  .la  livraison  à 
l’ennemi  soit  d’une  place,  soit  d'une  région,  soit  d’une 
troupe  romaine26,  soit  même  d’un  citoyen  romain27. 
4°  L’entente  quelconque  avec  l’ennemi  28,  par  exemple  le 
fait  de  lui  fournir  des  objets  prohibés,  tels  que  le  fer, 
les  armes,  des  vivres,  des  renseignements,  des  conseils29. 
A  la  fin  de  la  République,  l’appel  au  peuple  avait  déjà 
été  souvent  supprimé  en  pareil  cas  3#.  5°  L’excitation  à 
l’ennemi  pour  amener  une  guerre31,  à  un  allié  pour  faire 
défection32.  6°  La  rupture  de  ban  de  l’exilé  qui  revient  en 
Italie,  malgré  Xaquae  et  ignis  interdictio. 

II.  Actes  contraires  à  la  constitution  de  l'État.  — 
Tels  sont  :  1°  La  tentative  de  rétablir  la  royauté  ( regnu m 
occupare 33,  appetere 34,  affect  are 35)  ou  de  créer  une  ma¬ 
gistrature  qui  ne  soit  pas  soumise  à  la  provocatio  ad 
populum  30  ;  ces  deux  cas  de  perduellio  étaient  établis 
dans  les  deux  lois  évidemment  légendaires  que  nous 
avons  dans  la  loi  Valeria,  votée  après  la  chute  de  la 
royauté,  et  dans  la  loi  consulaire  votée  après  le  décem- 
virat37,  et  ils  figuraient  dans  les  procès  non  moins  légen¬ 
daires  de  Spurius  Cassius  en  486  et  de  M.  Manlius  en 
385;  les  premiers  consuls  de  la  République  auraient  en 
outre  obligé  le  peuple  à  jurer  qu’il  ne  supporterait  pas 
de  roi 38.  2°  La  violation  des  droits  de  la  plèbe,  reconnus 
par  les  leges  sacratae  qui  comportaient  comme  sanction 
la  peine  de  mort39  et  qui  comprenaient  essentiellement 
l’inviolabilité  des  tribuns,  leur  droit  d’intercession  et  de 
parole,  l’interdiction  aux  patriciens  d’occuper  les  charges 
plébéiennes  [plebs,  tribunes  plebis].  On  sait  combien  il 
y  a  eu  en  cette  matière,  sous  la  République,  de  procès  de 

7,  15;  3,  2,  H,  3;  Eiv.  30,  43,  13.  —  «  Cic.  De  dont.  30,  79;  Pro  Caec.  33,  97; 
Dig.  4,  5,  5,  1.  —  26  Dionys.  3,  30;  Tac.  Ann.  I,  72  ;  Plut.  Mar.  8  ;  Sali.  Jug.  09  ; 
Dig.  48,  4,  3  pr.  ;  48,  4,  4;  48,  4,  10;  Paul.  Sent.  5,  29,  t;  Cic.  De  or.  2,  39,  104; 
Iiliet.  ad  Uerenn.  4,  8,  12.  —  23  Dig.  48,  4,  3  pr.  —  28  Tac.  Ann.  3,  38;  4,  13; 
Val.  Max.  3,  7,  8  ;  Zosim.  5,  38.  —  *9  Dig.  48,  4,  1,  1  ;  48,  4,  4  ;  39,  4,  11  ;  C.  Just. 
4.  41 ,  2  ;  4,  03,  2  ;  Cic.  Verr.  5,  5,  1 1  ;  C.  Th.  9,  40,  24  ;  Sidoii.  Ep.  1,7,5.  —  30  Cic. 
Verr.  5,  62-04.  —  31  Dig.  48,  4,  1,  1  ;  48,  4,  3;  49,  15,  7,  I  ;  Paul.  Sent.  5,  29,  1  ; 
Ascon.  In  Scaur.  p.  21.  — 32 Dig.  48, 4, 1.  1  ;  48,  4,  4.  —  31  Yarr.  De  ling.  lat.  5,157 ; 
Cic.  De  rep.  2,  55,  00.  —  3V  Cic.  De  amie.  11,  36;  Phil.  2,  44,  114;  De  dom. 
38,  101.  —  34 Val.  Max.  5,  8,  2  ;  Plin.  Ilist.  nat.  34,  4,  15;  Ouinlil.  5,  9,  13.  II  y  a 
res  novae  dans  Cic.  Cal.  1,1,3.  —  38  Cic.  De  rep.  2,  31,  54  ;  Liv.  3,  55.  —  37  Liv. 
2,8,  2;  3,  55.  —  38  Liv.  2, 1,  9;  Plul.  Popl.  11.-39  Fcsl.  p.  318;  Cic.  Deleg.  2, 
7,  18;  De  inv.  2,  17,  52;  De  pro v.  cons.  19,  40;  Pro  Tu/l.  47,  Ascon.  In  Corn. 
p.  75;’ Liv.  2,  54,  9;  3,  32,  7  ;  5,  11,  3;  39,  5,  2. 

196 


MAJ 


—  1558  — 


MAJ 


perduellio  ou  de  lèse-majesté.  3°  Les  atteintes  à  l'autorité 
impériale.  La  tentative  de  détruire  le  principat  n’a  pas 
été  et  ne  pouvait  pas  être  inscrite  dans  la  loi.  Mais  les 
empereurs  ont  puni  comme  des  atteintes  à  leur  pouvoir 
d'abord,  et  cela  va  sans  dire,  la  tentative  de  substituer 
une  autre  personneà  l’empereur  actuel  *,  délit  qu’on  pou¬ 
vait  trouver  dans  la  plupart  des  conspirations,  puis  les 
tendances  républicaines,  exprimées  par  certains  actes 
d’opposition,  tels  que  la  glorification  des  meurtriers  de 
César  sous  Tibère'2,  des  déclamations  contre  les  tyrans3. 

III.  Actes  des  magistrats  contraires  à  leurs  devoirs  et 
attentatoires  à  la  dignité  et  aux  lois  de  l'État.  —  Il 
faut  signaler  d’abord  toute  une  série  de  délits  très  graves 
qui,  sous  la  République,  étaient,  jusqu’à  l’époque  de  Sylla, 
ordinairement  poursuivis  par  les  tribuns,  par  exemple, 
la  déclaration  de  guerre  sans  mandat,  la  continuation 
illégale  des  fonctions  au  delà  du  terme,  la  fuite  d’un 
général  devant  l'ennemi,  une  capitulation  déshonorante 
j i  dici a  publica,  p.  648].  Les  peines  variaient,  selon  la 
demande  de  l’àccusateur,  depuis  la  mort  jusqu’à  une 
petite  amende.  En  second  lieu,  nous  trouvons  une  grande 
quantité  de  délits,  qu’on  ne  peut  guère  classer  méthodi¬ 
quement.  Tels  sont  :  1°  Sous  la  République,  la  résistance 
à  l’intercession  d'un  tribun4.  2°  La  violation  des  règle¬ 
ments  sur  les  auspices3  [auspicia],  sur  la  tenue  et  la  pro¬ 
cédure  des  comices6,  sur  le  recrutement  des  soldats7. 
3°  Les  actes  par  lesquels  un  magistrat  porte  atteinte  à  sa 
propre  dignité8.  4°  Les  excès  de  pouvoir  de  la  part  d’un 
gouverneur  de  province,  par  exemple,  sous  la  Répu¬ 
blique,  quand  il  sort  de  sa  province  avec  des  troupes9, 
ou  quand  il  y  reste  et  y  garde  le  commandement  après 
l’arrivée  de  son  successeur10.  3°  Sous  l’Empire,  les  excès 
de  pouvoir  de  la  part  d'un  fonctionnaire  quelconque,  tels 
que  la  levée  de  troupes  sans  autorisation,  la  direction 
d’une  guerre  sans  pouvoir11,  l’usurpation  du  droit  de 
grâce,  le  fait  de  mettre  son  seul  nom,  à  l’exclusion  de 
celui  de  l'empereur,  sur  des  bâtiments  publics12,  la  pro¬ 
pagation  et  l’affichage  de  fausses  nouvelles,  les  faux  en 
actes  publics13.  6°  ]Sous  la  République,  la  violation  des 
devoirs  sacerdotaux  réprimée  par  le  grand  pontife  I4. 

IV.  Violation  des  devoirs  civiques.  —  On  peut  faire 
rentrer  dans  cette  catégorie  :  1°  A  l’époque  primitive, 
d’après  la  tradition,  le  manquement  du  patron  à  ses 
obligations  envers  le  client 15  ;  mais  nous  n’en  avons  pas 
d’exemple.  2°  Les  manquements  aux  devoirs  militaires, 
la  lâcheté  devant  l’ennemi  ;  ces  délits  sont  justiciables  des 
tribunaux  militaires  16,  mais  peuvent  quelquefois  amener 
un  procès  public17.  Sous  la  République  et  encore  sous  le 
règne  d’Auguste,  l’absence  du  citoyen  au  moment  du 

1  Tac.  Ann.  i2,  42  ;  Vit .  Pii,  7  ;  Suet.  Aurj.  G6  ;  Gai.  25,  10  ;  Ner.  35  ( novae  res); 
Vit.  Commod.  G,  1 1  ( suspicio  regni  adfectatï).  —  2  Tac.  Ann.  4, 34,  35  ;  Dio.  Cass. 
57,  24;  Suet.  Tib.  61.  -  3  Dio.  Cass.  59,  20;  67,  12;  Juv.  Sat.  7,  204.  —  *  Liv.  43, 
10  ;  Ascon.  Jn  Corn.  p.  79.  —  5  Cic .De  leg.  2,  8,  21.  —  0 Liv.  7,  IG,  8  ;  Cic.  De  dom. 
17,  43;  Pro  Sest.  30,  65.  — 7  Liv.  7,  41.  —  3  Senec.  Controv.  9,  2,  17.]  —  9  Cic. 
In  Pis.  21,  50.  —  10  Dig.  48,  4,  2 ,  —  UDig.  48,  4,3  ;  Paul.  Sent.  5,  29,  1  ;  Dio.  Cass. 
53,  48  54,  3.  —12  Dig .  48,  4,  4;  50,  10,3,  2;  50,  10,4;  C.  Th.  15,  1,  31.  Délit  repro¬ 
ché  à  Cornélius  Gallus  sous  Auguste  (Dio.  Cass.  53,  23).  — 13  Dig.  48,4,  2.  —  1 4  Cic. 
Plut.  11,8,  18;  Liv.  37,  51  ;  40,  42.  —  lî»  Dionys.  2,  20;  Serv.  Ad  Aen.  6,  G09.  La 
sacratio  prononcée  par  les  lois  dites  royales  (Fest.  p.  230;  Plut.  Rom.  22)  contre 
les  mauvais  traitements  infligés  aux  parents,  aux  enfants  et  aux  femmes,  paraît  bien 
n’étre  que  de  droit  divin.  Mommsen  cependant  paraît  croire  qu'elle  pouvait  amener 
un  procès  public  [L.  c.  p.  565).  —  16  Polyb.  1,  19  ;  6,  37  ;  Liv.  24,  14,  7  ;  24,  37,  9  ; 
Dionys.  3,  30;  Front.  Strat.  4,  1,  24.  —17  Dig.  48,4,  3.  —  *8  Liv.  1,  44,  1  ;  Ep. 
14;  Dionys.  4,  15;  5,  75;  Cic.  Pro  Caec.  34,  99;  Val.  Max.  6,  3,  4;  Gai.  1,  160; 
Suet.  Aug.  24;  Dio.  Cass.  5G,  23.  —  19  Cic.  De  rep.  G,  p.  843.  —  20  Senec.  Controv. 
3,  8.  Convenais  dans  Fest.  Ep.  41  ;  Cic.  Or.  part.  30,  105  ;  Dig.  48,  4,  1,  1.  —  21  Liv. 
25,  3,  4.  —  2-  Dionys.  7,  17  ;  Cic.  Pro  Sest.  37,  79;  Liv.  43,  16.  —  21  Cic.  De  leg. 


recensement  ou  de  la  levée  entraîne  connu,, 
vente  et  même  la  mort  avec  la  confiscation  des  h -TV* 
mais  cette  punition  rentre  dans  la  coercition  „  .’l*'-"8"' 
3»  La  seditiol\  c’est-à-dire  la  désobéissance  d’un^1^’ 
d’hommes,  d’un  coetus ,  au  magistrat20.  Sous  l  i^i{"Upe 
blique,  il  s’agit  surtout  des  troubles  apportés ^ 
comices21,  aux  réunions  populaires  {conciones)  -  \{T 
Icilia,  une  des  prétendues  leges  sacratae,  -réprime  parA 
culièrementles  atteintes  portées  aux  droits  des  tribuns 
cette  matière2'2;  mais  tous  les  désordres  publics rentivM 
aussi  dans  la  seditio  ;  c’est  seulement  à  la  fin  de  la  Kf. ,  ' 
blique  que  la  lex  Plautia  de  vi  et  la  lex  Julia  de  4 
publica  les  font  rentrer  pour  la  plus  grande  partie  dans 
le  délit  de  vis  publica  [vis].  Sous  l’Empire,  h  seditio 
tombe  de  nouveau  sous  le  coup  de  la  lèse-majesté.  Les 
circonstances  aggravantes  de  la  seditio  sont:  les  rassem¬ 
blements  nocturnes  23  ( coetus  nocturni ),  qu’un  seul  texte 
suspect  prétend  avoir  été  interdits  par  la  loi  des  Douze 
Tables  et  puis  par  une  certaine  loi  Gabinia24;  l’emploi  du 
serment  pour  lier  les  complices,  la  conjuration23; 
l’emploi  d'armes 24 ;  la  réunion  de  soldats27.  Sous 
l’Empire,  la  répression  est  surtout  sommaire,  par 
la  voie  de  la  cognitio.  Elle  atteint  principalement 
les  meneurs28.  4°  L’usurpation  du  pouvoir  d’un  ma¬ 
gistrat29,  et  au  Bas-Empire,  par  extension,  le  crime 
de  fausse  monnaie  30,  et  la  tenue  de  prisons  privées81. 
3°  Les  écrits  injurieux  et  diffamatoires,  famosi  libelli , 
qu’un  sénatus-consulte  de  l’époque  d’Auguste  com¬ 
prit  dans  les  cas  de  lèse-majesté32,  et  dont  la  pu¬ 
nition  fut  la  relégation  ou  la  déportation33,  au  Bas- 
Empire  la  mort34. 

V.  Atteintes  personnelles  à  un  magistrat  ou  à 
l'empereur.  ■ —  Le  principe  de  l’inviolabilité  dumagistrat, 
soit  patricien,  soit  plébéien,  a  passé  de  la  République  a 
l’Empire,  et  a  été  étendu  naturellement  à  l’empereur.  11 
a  fondé  les  délits  suivants  :  1°  Le  meurtre  ou  la  tentative 
de  meurtre  du  magistrat.  C’est  un  des  cas  les  plus  graves 
de  perduellio 35. 2°  Les  voies  de  fait  contre  le  magistrat  ou 


rd  du  magistrat  ne 
la  coercitio 31  • 


l’empereur36.  Les  autres  insultes  à  1 
sont  poursuivies,  sous  l’Empire,  que  par 
3°  Les  injures  de  tout  genre,  y  compris  les  paroles,  àj 
l’égard  de  l’empereur.  C'est  le  délit  qui,  dès  Césai,  a  tu 
les  applications  les  plus  variées,  les  plus  arbitiaius, 
selon  le  caractère  des  empereurs38,  qui  a  fait  le  f 1  ' 1 1  -  1 
victimes  sous  les  mauvais  règnes.  Le  caractère  sa<  u  '  ■ 
empereurs  a  contribué  à  transformer  toute  injun  1 
crime  de  lèse-majesté,  en  en  faisant  une  impie  e  • 
la  notion  générale  de  l’injure,  signalons  quelq11'  Xi,l  1 
cations  particulières  : 

„  „  c  oc  .  ,  i»  , .  j!  u  _ 24  Porcius  Latro,  Deil"1"-  ' 

agv.  2,  5,  12;  L.v.  2,  28,  1;  3,  48,  1  ,  39,  lo,  u  loi  donnée  par 

Cat.  19.  -  23  Dig.  48,  4,  4;  48,  19,  10  pr.  ;  C.  Just .  9,  8,  5 pu  ^  fWy> 

César  en  44  à  la  colonie  Julia  Genetiva  parait  aussi  «  coetuin,  c  ^  ^  jg,  je; 

(rationem)  »  (c.  10G).  —  26  Dig.  48,  4,  i,  1.  27  P‘9-  ’  __ 28  Paul* 

I.iv.  3,  53,  4;  7,  41,  3;  Cic.  Pro  Cluent.  35,  97  ;  C.  Just.  9,  8,j]i9'cic.  Dc  i/io. 

Sent.  5,  22,  1  ;  Dig.  48,  19,  38,  2;  1,  12,  1,  2;  C.  Just.  9,  30,  -  '  ^  ^ 

2,  13,  50;  Dig.  48,  4,  3.  -  30  C.  Th.  9,  21,  9.  -  «  C. .  Th.  9,  m 

—  32  Tac.  Ann.  i,  72;  Dio.  Cass.  56,  27  ;  Suet.  Aug.  '• 

les  chants  ( carmina ).—  33  Tac.  Ann.  4,  21  ;  Paul.  Sent,  o,  *,  l0J  '  uj|  je  pour- 

9,  34,  I,  12.  L'admission  des  délateurs  au  lieu  dc  la  personne  CS „ersonllc  (Diÿ-  4" 

suivre  même  les  libelles  qui  no  nommaient  pas  expiessemcn  1  ^  Cela  sup' 

10,  0).  -  33  Dig.  48,  4,  1,  I  ;  C.  Just.  9,  8,  1  pr.  -  33  QumUl.  5^.  ^  ^  ,5; 

pose  naturellement  qu'on  sait  qui  on  frappe  (Dio.  Cass.  ,  t  ycnec.  Debenef. 
Suet.  Ner.  25).  -  37  Gai.  3,  235.  -  38  Tac.  Ann.  1,  74  ;  *,  -1’  *•  '  ne  l'agent 

3,  20  ;  Dio.  Cass.  44,  40  ;-84,  5.  Commode  lue  des  Romains i  pa  ■  ^  Sell <,  3, 

pas  Tait  héritier  (  Vit.  Connu.  5,  15).  -  39  Tac.  Ann.i,  5<L <  '  ^  juge  ,,„i  avait 
29,  \.  Sévère  Alexandre  refuse  de  laisser  accuser  de  les  J 

jugé  contre  une  constitution  impériale  {l  ■  Just.  9,  8,  /!)• 


MAJ 


—  1 559  — 


MAJ 


I ,,  p0ri  des  insignes  impériaux,  surtout  de  la 
.  ,1  •  la  frappe  de  monnaies  portant  l'effigie  d’un 
r0"  |l"||(  i’,.)  |{  pa  consultation  de  l'avenir  pour  tout  ce 

pl11'  ,  l'apporte  à  l’État  et  à  la  famille  impériale,  par 
r'"i  dm  de  devins,  d’haruspices,  d’horoscopes,  etc.3. 
■em|’  llianqUe  de  respect  aux  images  de  l’empereur, 


C 


ou  censé  tel,  commis 


bt  exemple  un  acte  inconvenant, 

E  présence  ou  à  proximité  d’une  image  impériale,  le  fait 
fondre  ou  de  détruire  une  statue  du  prince  déjà 
Il  fallut  des  rescrits  de  Sévère  et  de  Caracalla 


mettre  à  l’abri  des  poursuites  celui  qui,  en  jetant 


consacrée 

Ee  pierre,  avait  atteint  par  imprudence  la  statue  du 
[prince  ou  qui  avait  vendu  une  statue  du  prince  non 
encore  consacrée  4.  D.  Le  refus  de  jurer  par  le  genius 
1  par  le  nom  de  l’empereur8.  E.  La  violation  ou  la 
fausseté  du  serment,  prêté  sur  le  nom  de  l’empereur  6. 
Mais  comme  l’usage  s’était  introduit  dès  le  commence¬ 
ment  de  l’Empire  de  jurer  per  genium  principis\  et 
qu'il  y  aurait  eu  alors  trop  de  poursuites  de  ce  genre,  on 
finit  par  ne  plus  frapper  que  de  peines  légères  l’abus  de 
ce  serment8.  F.  L'adultère  commis  avec  une  princesse 
delà  famille  impériale9.  G.  La  violation  du  droit  d’asile 
du  culte  impérial  et  plus  tard  des  églises  chrétiennes  10. 
■  VI.  Violation  des  devoirs  civiques  religieux.  — 
1°  Sous  la  République,  nous  trouvons  d’abord,  dans  cette 
catégorie,  la  divulgation  illégale  d’oracles  sibyllins  et  la 
négligence  à  l’égard  des  cultes  publics  dont  le  service 
incombe  à  des  particuliers  11 . 

I  2°  La  République  a  dû,  dès  le  début,  à  plusieurs 
reprises,  prendre  d’énergiques  mesures  de  police,  con¬ 
fiées  aux  magistrats  compétents,  édiles  et  préteur 
urbain,  contre  certains  cultes  étrangers,  surtout  contre 
les  cultes  égyptiens  d’Isis  et  de  Sérapis,  non  pas  pour 
des  raisons  religieuses,  mais  à  cause  des  désordres  qu’ils 
provoquaient12.  C’est  à  causecles  crimes  de  toutes  sortes 
qu’elles  avaient  favorisés  qu’en  186  av.  J.-C.  le  Sénat 
avait  dû  soumettre  à  une  réglementation  très  sévère  les 
associations  consacrées  au  culte  de  Bacchus13.  Sous 
1  Empire,  la  préoccupation  de  maintenir  l’ordre  public  a 
également  amené  l’interdiction,  sous  les  peines  les  plus 
graves,  la  mort  pour  les  humiliores ,  la  déportation  pour 
les  honestiorcs ,  d’introduire  dans  le  monde  romain  de 
nouveaux  dieux  et  de  nouveaux  cultes14. 

I  3°  Devant  les  progrès  des  religions  étrangères,  surtout 
du  judaïsme  et  du  christianisme,  les  empereurs,  attachés 
a  tradition  romaine,  ont  été  amenés  à  reconnaître  et  à 
punir  un  nouveau  délit,  celui  de  violation  de  la  religion 
■ationale.  Nous  n’avons  pas  à  étudier  ici  les  bases  juri- 
■ques  des  persécutions  contre  les  chrétiens.  Indiquons 
Bimploment  les  points  essentiels.  11  y  a  un  fait  certain, 

33  lf,  Il  '.r>  ***’  3  I  Vif.  Aurel.  42;  Vit.  Tac.  10;  C.  Just.  1, 

mcs  |  (  '  ‘K  •SlT0n  frappa  un  de  ses  procurateurs  qui  s'était  baigné  dans  des  ther- 


3, 

Se  i 
Senc< 


i ..  l|"  «ieses  procurateurs  qui  s  était  Daigne  dans  ues 

Æ  ÏP5r1Ui(SUet-  Ner'  35)-  -  2  Paul-  s**t-  MM;  Tac.  Ann.  2,  30;  3 
t;  Anin  ’  °  Tertull.  Apol.  35  ;  Coll.  leg.  mos.  et  rom.  15,  2,  3  ;  Vit. 

Dcl„  nTl  *4’  3:  1-3  ;  19’  12'  5-  9-12;  29,  4,  7.]  -  3  Dio.  Cass.  79,  4.  -  4  S 
24 ;  77  i6.’ÿ';  Tac-j4nn-  b  13, 74;  3,  36,70;  Suct.  Tib.  58  ;  Dio.  Cass.  67,  10;  b 
-’s  s,  !!'  5eBer,14i  Vit.  Carac.  5  ;  Dig.  48,  4,  4, 1  ;  48,  4,5,6;  47,  10,3 
1,80;  ||op  E  ■  ~  6  Taa.  Ann.  1,  73;  C.  Just.  9,  8,  2.  —  7  Dio.  Cass.  4 

—  9 Sous  \J,P'  *’  2’  16 1  Suct'  Cl™d.  2;  C.  Just.  4,  1,  2.  —  8  Dig.  12,  2,  13, 

I,  12,  2  __ïf"Slc  :  Tac-  Ann-  6  53  I  3,  24;  4,  44;  Dio.  Cass.  58,  24.  —  10  C.  Jus 

flnliir.  »,  -  _ i  ‘,°nys-  b  ;  Zonar.  7,  I  l  ;  Val.  Max.  1 ,  1,  13  ;  Fcst.  p.  3  44  ;  Cic.  Pi 

f,;U'°.Cass  4o  >■  '  *’  30  ’  ”3,  1  >  Val.  Max.  1,  3,  2-4;  Terlull.  Ad  nat.  1,  10;  Apc 
?3;Tar  \n  '  V  ^  6;  Joseph,  Ant.  18,  3,  4;  Arnob.  Adv.  nci 

l5i  Corp.  inj""'  f’  S5’  Scncc'  Tib '  3G;  cf.  Cic.  De  leg.  2,  8,  19.  —  13  Liv,  39, 
*  Marc-Auri,]4’.  aL  '*  196-  ~  14  Paul-  Sent.  5,  21,  2  -,  Dig.  48,  19,  30  (reset 

'5‘  Mécène  (52  'os  conso'ls  à  Auguste  (|uc  Dion  Cassius  met  dans  la  boucl 

j.  —  lof  lin.  Ad  Trai.  96,  —  IG  Pliu.  Ad  Trai.  96  ;  Just.  Apol. 


c’est  que  les  chrétiens  ont  toujours  été  poursuivis  et 
condamnés  comme  chrétiens  et  non  pas  seulement  comme 
coupables  de  crimes  de  droit  commun.  La  loi  romaine  a 
frappé  la  profession  même  de  christianisme  {nomen 
ipsum  Christiani),  indépendamment  des  flugilia  cohae- 
rentia  nomini 1;;,  c’est-à-dire  des  crimes  connexes  qu’on 
reprochait  aux  chrétiens,  débauches,  magie,  détention 
de  livres  dangereux16.  Dans  le  délit  de  christianisme, 
Tertullien  distingue  avec  raison  deux  éléments  essentiels, 
la  lèse-majesté  et  la  lèse-religion  nationale,  le  crimen 
laesae  romanae  religionis ,  ou  in  religiosilalis  elogittm 
qu’il  appelle  aussi  encore  plus  improprement  sacri- 
legium  ”.  Ces  deux  éléments  sont  indissolublement  liés, 
puisque  la  négation  des  dieux  de  l’État  entraîne  chez  les 
chrétiens  le  refus  de  prendre  part  aux  cérémonies  du 
culte  public,  de  sacrifier  au  génie  de  l’empereur,  de 
reconnaître  la  divinité  impériale.  C’est  pour  cette  raison 
que  les  chrétiens,  n’ayant  pas  l’excuse  de  constituer  une 
nation,  ni  d’avoir  une  religion  nationale,  considérés  en 
ce  sens  comme  athées  (aôcoi)18,  sont  tombés  dès  le  début 
sous  le  coup  de  la  perduellio  et  ont  été  traités  comme 
des  ennemis  publics,  hostes  publici 19,  qu'ils  fussent  ou 
non  citoyens  romains.  C’est  pour  la  même  raison  que 
l’État  romain  a  frappé  la  conversion  au  judaïsme  [jidàei, 

р.  629]  et  qu’une  loi  de  Dioclétien  a  puni  les  manichéens, 
les  chefs  du  bûcher,  les  disciples  de  la  mort  ou  de 
l’envoi  aux  mines  selon  leur  rang20.  Quant  aux  peines, 
ajoutons  seulement  ici  qu’elles  frappent  non  pas  exclu 
sivement,  mais  surtout  les  chefs,  et  que  l’apostasie  du 
chrétien  lui  procure  la  remise  de  la  peine21. 

Après  la  victoire  complète  du  christianisme,  les  empe¬ 
reurs  chrétiens,  après  avoir  interdit  aux  païens  l’exercice 
public  de  leur  culte,  leurs  sacrifices,  leurs  réunions, 
prononcent  contre  les  délinquants  la  peine  de  mort  avec 
la  confiscation  des  biens  et,  en  392,  Théodore  et  Arcadius 
finissent  par  les  assimiler  aux  criminels  de  lèse-majesté. 
On  frappe  également  delà  peine  de  lèse-majesté  le  chré¬ 
tien  qui  passe  au  judaïsme.  En  386  Valentinien  menace 
aussi  de  cette  peine  les  catholiques  qui  troubleraient 
l’ordre  public  par  leurs  querelles  avec  les  Ariens82. 

Examinons  maintenant  les  règles  qui  sont  particulières 
au  crime  de  lèse-majesté.  Il  suppose  nécessairement 
l’intention  coupable,  dolus  tnulus23.  On  assimile  généra¬ 
lement  au  fait  la  tentative,  même  la  simple  résolution 
coupable;  cependant  le  juge  doit  examiner  les  circons¬ 
tances  pour  l’apprécier  24."  Les  instigateurs  et  les  com¬ 
plices,  qu’embrasse  la  formule  cujus  ope  consilio ,  sont 
punis  comme  les  auteurs  principaux,  mais  généralement 
de  peines  moindres 2S.  Quelquefois  26  la  non-révélation 
a  été  punie  comme  la  complicité,  [mais  cela  ne  parait 

Il  ;  Euscb.  IJist.  ccclcs.  4,  15,  21,  25;  5,  1,  20.  —  17  Apolog.  10,  21,  27,  28;  A  de. 
nat.  1,  17;  Ad  Scap.  2;  cf.  Ruinait,  Acta  sincera,  p.  82  ( Acta  Symplior.),  p.  87 
(Acta  martyr.  Scillil.),  p.  150  (AcCn  Pion.),  p.  217  (Acta  Cyprian.).  —  18  Jusl. 
Apol.  1,6:  Alhenagor.  suppl.  c.  4;  Clcm.  Strom.  7,  1,  4.—  19  C'est  une  expression 
courante  :  Tertull.  Apol.  2,  24;  Lactant.  De  mort,  persec.  11  ;  Ruinart,  L.  c.  p.  217. 

_ 20  Cod.  Gregorian.  cil.  Haenel  (287).  —  21  Le  rcscril  de  ValOrien  de  258  puuit 

de  la  mort  les  évêques,  les  prêtres  et  les  diacres,  de  la  perte  de  leur  rang  et  de  la 
confiscation  des  biens  les  sénateurs,  les  egregii  et  les  chevaliers,  de  la  confiscation 
du  pécule  et  de  l'envoi  sur  les  domaines  impériaux  des  esclaves  impériaux,  de  la  con¬ 
fiscation  et  de  l'exil  les  femmes  (Cyprian.  Ep.  80).  Le  troisième  édil  de  Dioclétien 
s'attaque  surtout  au  clergé  (Lactant.  De  mort.  pers.  15);  Trai.  Ep.  97; 
Euseb.  Hist.  eccl.  5,  1,  47;  Orig.  In  Cels.  2,  13;  Ruinart,  L.  c.  p.  87. 

—  22  C.  Just.  I,  11,  7;  C.  Th.  16,  10,  1-19;  16,  8,  19;  16,  1,  4.  -  23  [)ig. 
48,  4,  1,  1  ;  48,  4,  3  pr.  §  1  ;  48  ,  4,  10.  —  24  Dig.  48,  4,  7,  2;  cf.  49,  16,  3,  11  ; 

с.  Th.  9,  14,  3  (C.  Just.  9,  8,  5 /»•.).]  -  25  Dig.  48,  V,  1,  §  I,  3.  Cependant  la  loi 
d’Arcadius  el  d'Honorius  leur  inlligc  les  mêmes  peines  (C.  Jusl,  9,  8,  5,  §  6). 

—  20  Zosim.  4,  8. 


MA  J 


—  1560  — 


être  devenu  qu'au  Bas-Empire  une  règle  générale  *]. 
La  peine  est  plus  grave  quand  le  coupable  est  un  sol¬ 
dat 1  2 3 *.  [Au  Bas-Empire,  on  punit  la  sollicitation  en 
faveur  du  coupable  *].  La  loi  Julio,  confirmée  par  les 
règlements  ultérieurs,  admit  par  exception  non  seule¬ 
ment  à  déposer,  mais  même  à  intenter  l’accusation,  les 
personnes  perdues  de  réputation  (les  famosi),  les  sol¬ 
dats,  les  femmes  et  même  les  esclaves  contre  leurs 
maîtres,  et  les  affranchis  contre  leurs  patrons*;  l’accu¬ 
sation  ne  fut  interdite  aux  esclaves  et  aux  affranchis  qu’à 
de  rares  intervalles,  par  exemple  sous  Nerva,  Tacite  et, 
pendant  quelque  temps,  sous  Constantin5.  Les  délateurs 
et  les  accusateurs  sont,  en  général,  encouragés  par  une 
prime  considérable,  prélevée  sur  les  biens  confisqués  6 * 
[calumxiaj.  Ceux  qui  ne  peuvent  prouver  leur  accusation 
sont  soumis  à  la  torture  et  frappés  des  peines  les  plus 
graves  '.  [L  instruction  de  l’affaire  admet  aussi  des 
moyens  de  preuve  exceptionnels  :  ainsi  Tibère,  peut- 
être  a  limitation  d'Auguste8,  trouve  le  moyen  de  tour¬ 
ner  les  anciens  règlements  qui  défendaient  de  soumettre 
a  la  torture  les  esclaves  de  l’accusé  9  ;  cette  pratique  est 
consacrée  au  me  siècle10;  d’après  un  texte  suspect11, 
elle  aurait  été  abolie  par  l'empereur  Tacite,  mais  elle  a 
été  certainement  remise  en  vigueur  au  Bas-Empire,  sauf 
une  courte  interruption  sous  Constantin  12.  La  torture 
est  admise  également  de  bonne  heure  contre  les  accusés, 
sans  distinction  de  rang  13,  et  au  moins  à  partir  de  Cons¬ 
tantin  u,  peut-être  auparavant  contre  les  témoins.  Plu¬ 
sieurs  constitutions  impériales  interdisent  Yabolitio  et 
1  amnistie  en  cette  matière  13  [abolitio,  indulgentia]. 

Sous  la  République,  la  pénalité  était  très  variable  ;  il 
dépendait  du  magistrat  de  qualifier  le  délit  de  capital  ou 
de  non  capital  ;  les  tribuns  ont  surtout  fait  infliger  des 
amendes  judicia  publica,  p.648'  ;  la  peine  de  mort  dispa¬ 
rut  dans  la  procédure  des  quaestiones  perpetuae  ;  la  peine 
de  la  loi  Cornelia  et  de  la  loi  Julio  était  Yaquaeet  ignis 
interdictio ,  c  est-à-dire  l'exil  perpétuel,  en  dehors  du 
territoire  de  l'Italie  16,  avec  la  mort  en  cas  de  rupture  du 
ban  1  ;  quiconque  recevait  l'exilé  sur  le  territoire  inter¬ 
dit  s  exposait  aussi  à  la  mort  sous  la  République18,  aux 
peines  de  la  le x  Julio  de  vi  privata  sous  l’Empire  19.  Le 
condamné  gardait  régulièrement  le  droit  de  cité  et  sa 
fortune20.  Mais,  dès  le  début  de  l’Empire,  il  y  a  des  chan¬ 
gements  considérables  dans  la  pénalité  ;  l’empereur,  le 
Sénat  et  les  nouveaux  magistrats  impériaux  peuvent 
appliquer  des  peines  arbitraires.  A  partir  de  César  et 
d  Auguste,  Yaquae  et  ignis  interdictio  s’aggrave  de  la 

1  Aor.  Just.  117,  9;  la  loi  de  C.  Just.  9,  8,  5,  §  7,  d'Arcadius  accorde  la  grâce  au 
complice  qui  révèle  le  crime  même  tardivement,  avantqu'il  ne  soitconnu  autrement. J 

—  2  Dig.  48,  4,  7,  §4.  —  [3  c.  Th.  9,14,3,  1.]  -  4  Dig.  48,4,  7  pr.  §  1-2;  48, 4, 
8;  5,  1,  53;  Tac.  Ann.  2,  30;  3,  22,  07  ;  Paul.  Sent.  5,  133;  C.  Just.  9,  8,  0,  1  ;  9,  41, 

1  pr.  ;  C.  Th.  9,  6,  2.  —  5  Vit.  Tac.;  l)io.  Cass.  08,  1;  C.  Th.  9,  5,  11.  —  6  Tac. 
Ann.  4,  20,  30  ;  10,  14,  33  ;  C.  Just.  9,  8,  5.  —  7  C.  Th.  9,  5,  1  ;  C.  Just.  9,  8,  3. 

—  [*  Dio.  Cass.  55,  5. —9  Tac.  Ann.  2,  30;  3,  07;  4,  29.  —  10  C.  Just.  9,8,  6;  9,41, 

1  pr.;  C.  Th.  9,  0,  2;  Dig.  48,  4,  7,  2  ;  5,  1,  53  ;  Paul.  Sent.  5, 133.  —  11  Vit.  Tac. 
9,4—13  C.Just.  9,  8,7-8;  C.  Th.  9,  5,/.  un.  ;  9,  6,  1,  2— 13  Dio.  Cass.  00,  24;  Tac. 
Ami.  H,  22;  15,  5G ;  10,  20;  Suel.  Aug.  19;  Dom.  8;  Paul.  Sent.  5,  29,  2;  C.  Th. 
9,  5,  1  ;  9,  35,  1  ;  Ammiau.  19,  12,  7;  18,  3,  5;  21,  10,  9;  20,  10,  5;  29,  2,  25-28; 
C.  Just.  9,  8,  4.  —  H  Dig.  48,  18,  1,  1.  —  13  C.Just.  9,  42,  3;  C.  Th.  9,  38,  1,  2^ 

3'  '■  ~  10  Paul-  Sent.  5,  29,  1  ;  Tac.  Ann.  3,  38,  50.  —  17  Dio.  Cass.  38,  17;  57, 

27;  Cic.  De  dom.  17,  51  ;  Quintil.  Declam.  248  ,  290  ,  305,  351  ;  Julius  Victor,  Ars 

rhet.  3,  15;  Dig.  48,  19,  28,  14.  -  18  Cic.  Ad  Alt.  3,  4;  Pro  Plane.  41,  97. 

—  19  Paul.  Sent.  5,  20,  3;  Dio.  Cass.  57  ,  27.  —  20  Cic.  Pro  Cluent.  03,  178;  Dio. 

Cass.  Ep.  57,  22.  Voir  Mommsen,  L.  c.  p.  978,  note  2.  —  21  Tac.  Ann.  3,  50  ;  Dio. 

Cass.  53,  23  (condamnation  de  Cornélius  Gallus).  —  22  Ihid.  3,  28  ;  4,  21 , 42  ;  0,  18  ; 

12,  29;  14,  28;  10,  12,  35;  Dio.  Cass.  59,  20  ;  00,  27;  07,  14.  —  23  Suet.  Aug.  51; 

Tac.  Ann.  1,  72;  4,  21;  0,  18;  Dig.  48,  19,  24;  Vit.  Comm.  4,  11.  —  24  Tac.  Ann. 

1,  53,  3,  24;  4,  44;  Dio.  Cass.  58,  24.  Dans  Suet.  Aug.  27,  la  torture  et  l'exécution 


MA.) 


confiscation  partielle  ou  totale21.  Tibère 
du  droit  de  cité,  et  l’internement  dans  mi  î  '"1'  'll  ^urte 
c'cst-Wire  la  déportation  »,  et  les 
appliquent  aussi  ces  innovations.  D’autre  '  P  m‘ae 
trouve  encore  de  simples  amendes  et  la  sj,  'T1,  si  011 
tion  »,  la  peine  de  mort  reparaît  dès  Augn^  ,elé8a' 
depuis  Tibère,  devant  les  tribunaux  de  l’enmer  ’  M“'t0Ul 
Sénat  ;  dès  lors  c’est  la  peine  habituelle,  celle  doi"!  '  '  ''U 
et  abusent  les  mauvais  empereurs,  celle  qui  ' ,  !'Senl 
l’aristocratie  sénatoriale 25  [judicia  publica  p  ^ 
Mais  cependant,  dans  les  écrits  des  jurisconsultes  *1 
n  apparaît  comme  la  peine  ordinaire  et  légale  ïu' 
iue  siècle,  sans  doute  depuis  Septime-Sévère.  Elle  lt  ^ 
porte  la  mort  par  le  glaive  pour  les  Aonesfwes,  le  bûcher 
ou  la  livraison  aux  bêtes  pour  les  humilioresu.  Elle 
entraîne  généralement  comme  conséquences  le  refus  de 
sépulture,  l’interdiction  du  deuil  aux  parents  et  aux 
amis,  la  condamnation  de  la  mémoire27.]  11  y  a  toujours 
comme  peine  accessoire  la  confiscation  des  biens;  non 
seulement  le  testament  du  condamné  devient  nul,  mais 
tous  les  actes  d’aliénation  qu’il  a  faits  depuis  qu'il  a  pris 
sa  résolution  criminelle  sont  anéantis  rétroactivement 21  • 
la  femme  condamnée  perd  même  sa  dot 29 .  Non  seule¬ 
ment  le  procès  de  lèse-majesté  peut  continuer  après  la 
mort  de  l’accusé,  mais,  au  moins  dans  les  .cas  les  plus 
graves,  il  peut  commencer  à  ce  moment  et  entraîner  la 
condamnation  de  la  mémoire  et  la  confiscation  ;  cette 
dernière  est  ajournée,  si  l'héritier  se  propose  de  démon¬ 
trer  l’innocence  du  défunt10. 

Contrairement  aux  principes  du  droit  commun  qui  ne 
permettent  pas  d’étendre  la  peine  aux  héritiers  du  cou¬ 
pable  31,  [Sylla  avaitétendu  l’infamie  aux  descendants  des 
proscrits  et  les  avait  exclus  des  magistratures; César 
avait  fait  supprimer  cette  iniquité32,  et  elle  ne  reparut 
point  au  Haut-Empire,  sauf  à  certains  moments,  sous 
Tibère,  Néron,  Commode  33.]  Au  Bas-Empire,  une  consti¬ 
tution  d’Arcadius,  en  397  3t,  abrogea  la  loi  de  Théodose 
qui  laissait  aux  enfants  et  petits-enfants  le  sixième  des 
biens  confisqués,  rétablit  la  confiscation  totale  \  et  de 
plus  infligea  aux  fils  l’infamie,  la  confiscation  de  leurs 
propres  biens,  l’incapacité  de  recueillir  désormais  aucune 
succession,  en  un  mot,  une  indigence  perpétuelle ,  les 
filles  gardaient  la  quarte  Falcidie  sur  les  biens  de  leur 
mère,  morte  avec  ou  sans  testament  ;  la  femme  repu 11,11 
sa  dot  et,  sous  certaines  conditions,  les  dons  faits  te 11  011 
conjoint.  [Dans  une  novelle  de  Justinien36,  le  ciune  ^ 
conspiration  contre  l’empereur  autorise  le  111,11 1 

du  préleur  Quintus  Gallius  ne  constituent  pas  un  jugement.  2 , 1  aiil  -  ]  ^ 

C.  Just.  9,  8,  5  pr.;  Jnstit.  4,  18,  3.  —  20  Paul.  Sent.  5,  29,,  J' [,  j,  1 
11,  3  ;  11,  7,35;  31 ,  76,  9  ;  Suet.  Tib.  0 1  ;  C.  Just .  1 ,  5,  9.]  —  2  Tacj  ?  '[  '  r/j 


1  ”  > - -  ’  '  ,  ,  n  a  s  nr  SV,  t. 

Hist.  1,  77  ;  Dig.  28,  3,  0,  §§  G  cil  1  ;  40,  9,  15  pr.  ;  C.  Just.  J,  »,  0  J  ^ 

9,  42,  2,  4.  —  29  Dig.  48,  20,  3.  —  30  Jnstit.  4,  18,  3;  Dig.  48,  4,  U  ;  j  ^  ^  ^ 
C.  Just.  9,  8,  0  (rcscrits  de  Marc-Aurèle,  de  Sévère  et  de  Caiacal  a).  ^  pe 

19,  20  et  20.  —  [32  Cic.  Pro  Pose.  Amer.  44,  50  ;  Verr.  1,  47  ;  Pro  ^  ^  j 

nat.  deor.  3,  38  ;  Dionys.  8,  80;  Senec.  De  ira.  2,  34.  —  93  Tac.  ^  ^  g,  5. 
Xer.  30;  Tib.  6 1 ;  Vit.  Comm.  7;  Dig.  48,  19,  20  et  20.J  —  ,, ,  _  Bibuo- 

—  33  C.  Th.  9,  42,  8,  §  3,  23;  C.  Just.  9,  49,  10.  —  [3G  Aor.  I  18Jg. 

graphie.  Dierck,  Geschichte  der  rom.  Afajcstas ,  Hist.  1  '  '.'jj,.,  Die  ge>sc,r,t 
llaubold,  De  lege  majestatis  populi  romani,  Leipzig,  1,0  '  Qr\minoJfr0- 

Lehre  von  Majestas,  Slullgarl,  1838;  Geib,  Geschichte  s  ^  (g44,  p.  »04” 
cesses ,  Leipzig,  1842;  Rein,  Das  Criminalrccht  der  Dôme) ,  1  ^  isii;  Labo11* 

597;  Rivière,  Esquisse  de  la  législation  criminelle  des  Dnm.lie^s' 

lave,  Essaisur  les  lois  criminelles  des  Domains,  Paris,  18*5,  ilicierrôiiùsc^en 
gesch.  Leipzig,  1857-59,  1,  §  33  ;  II,  §  1 1 1  ;  [Zumpt,  Das  Ci  contre  h1 


Bonn,  1800,  t.  II,  n°  803;  Mommsen 


,  p.  444-49D  ;  yvaiiGi,  g., 

imsen,  Piimische,  StrafrecM ,  Le.pz.g,1839-1 


MAL 


—  1561 


MAL 


,  c0Upable  à  la  répudier  et  à  garder  sa  dot,  la  femme 
fcBOJ'i1,  j  able  à  divorcer  et  à  garder  sa  dot  et  la  do- 
dl'  v,n" nropter  nuptias.}  G.  Humbert.  [Cii.  Lécrivain.] 
"CaEFICIUM  [devotio,  magia]. 

'  vi  i  l’OLUS.  —  L  —  Diminutif  de  malleus. 

)!  Trait  incendiaire,  en  grec  uTtepoç,  en  usage  dans 
ajnsi  nommé  à  cause  de  la  ressemblance  avec 
l6S  ni  iillet  ou  avec  un  pilon,  que  lui  donnait  le  paquet 
l‘""upe  destinée  à  être  enflammée  qui  enveloppait 
r  xtrémité  pointue  ou  hérissée  de  fer  de  la  tige.  Ammien 
Mm-cellin1  en  compare  aussi  la  forme  à  celle  d’une 
uenouille.  H  ajoute  que  le  roseau  dont  la  tige  était  faite 
un  renflement  creux  rempli  de  matières  inflam- 
a.ibl(,s.  Ailleurs2  le  malleolus  est  défini  une  gerbe  de 
toics  enduite  de  poix.  Le  même  engin,  chez  les  Grecs,  est 
insi  décrit3  :  «  H  faut  préparer  des  morceaux  de  bois 
pareils  à  des  pilons  (oiov  u-n-spa),  mais  beaucoup  plus 
grands,  et  faire  entrer  dans  chacune  des  deux  extrémités 
une  longue  pointe  de  fer  ;  puis,  vers  le  haut  et  vers  le  bas, 
il  faut  recouvrir  le  bois  avec  des  matières  incendiaires 
bien  préparées,  et  la  figure  doit  être  semblable  à  celle  de  la 
foudre  telle  qu’on  la  représente.  »  On  a  déjà  signalé  ailleurs 
[fülmen,  p.  1358]  celte  ressemblance  du  foudre  figuré  sui- 
les  monuments  avec  le  trait  incendiaire.  E.  Saglio. 

MALLEUS,  Sepîîpa,  marteau,  maillet.  —  I.  —  Le  mar¬ 
teau,  composé  d’une  tête  et  d'un  manche,  en  bois  ou  en 
métal,  est  un  des  outils  les  plus  nécessaires  à  l'industrie  et 
en  même  temps  un  des  plus  simples,  par  conséquent  un 
des  plus  anciens.  Une  légende  en  attribuait  l’invention 
au  premier  roi  de  Chypre,  Cinyras,  qui  aurait  aussi  donné 
à  ses  sujets  les  tenailles  et  l’enclume1.  En  réalité,  cet 
outil  a  dû  remplacer,  dès  l’apparition  du  bronze  et  du 
fer,  le  marteau  en  pierre  de  l'humanité  primitive  2.  Chez 
les  Grecs  ctfüpa  semble  avoir  été  un  terme  générique3; 
ils  désignaient  plus  particulièrement  sous  le  nom  de 
«oToupl;  un  marteau  dont  la  tête  était  pointue  à  l'un  des 
deux  bouts4  ;  le  nom  de  la  xéarpa  indique  qu’elle  avait 
aussi  une  pointe6  ;  dans  le  Jatsrfip  la  tête  n’avait  qu’un 
seul  bout  fait  pour  frapper  G.  Chez  les  Latins,  à  côté  de 
la  forme  malleus1  on  rencontre  aussi  la  forme  tnarcus, 
avec  ses  diminutifs  marcellus ,  marculus,  marceolus  et 


martiolus 8.  Le  mot  ludes  parait  avoir  été  plus  rare9.  On 
appelait  rostrumlà  partie  saillante  du  marteau,  qui  devait 
être  trempée 10. 

Il  serait  long  d’énumérer  tous  les  métiers  dans  lesquels 
le  marteau  jouait  un  rôle  ;  cependant,  comme  sa  forme  et 
ses  dimensions  variaient  suivant  les  besoins  de  chacun 
deux, nous  rappellerons  ici  quelques-uns  de  ceux  qui  en 
faisaient  usage,  en  renvoyant  aux  monuments  figurés  où 
d  est  représenté.  Entre  beaucoup  d’autres  nous  citerons  : 

1°  Ceux  qui  travaillent  le  métal:  le  forgeron  [caela- 
TlRA’  éclopés,  ferrum,  folus,  incus]  Le  marteau  appa¬ 


raît  très  souvent  sur  les  bas-reliefs  et  les  vases  peints 
comme  attribut  de  Vulcain  et  des  Cyclopes  velcams, 
cyclopes].  On  voit  ici  deux  marteaux  de  forgeron  con¬ 
servés  au  Musée  de  Semur;  ils  ont  été  trouvés,  l  un 
(fig.  1792)  dans  des  mines  de  la  Côte-d’Or  autrefois  exploi¬ 
tées  par  les  Romains,  l'autre  (lig.  4703)  dans  le  départe- 


Fig.  47112. 


Fig.  4793. 


Marteaux  de  forgeron. 


ment  de  l’Indre  l2.  Le  fondeur  [caelatera  13  ;  le  ciseleur 
( ibid .)  14  ;  le  chaudronnier  ( ibid .) 15  ;  l'armurier  (ibid.  et 
incus]  16  ;  le  coutelier  [celter]  11  ;  le  frappeur  de  monnaies 
[inces]18;  l’orfèvre  [aurifex,  caela- 
turaj  19.  2°  Le  carrier,  le  tailleur  de 
pierres,  le  marbrier  [architectes,  la- 
pidarius,  fossor]  20  et  le  sculpteur 
[gemmae]21.  Un  marteau  de  mineur 
(fig.  1794)  a  été  retrouvé  dans  une 
ancienne  exploitation  romaine  du 
département  du  Gard;  d'autres  à  peu 
près  semblables  dans  des  mines  d'Es¬ 
pagne'22.  3°  Le  charpentier,  le  menuisier  [argo.naetae, 
daedalus  23,  arca24].  Les  figures  qui  accompagnent  les 
articles  sur  les  diverses  professions  montrent  que  la  plu- 


Fig.  4794.  —  Marteau 
de  mineur. 


Fig.  4795. 


Fig.  47 9 G. 
Marteaux. 


Fig.  4797. 


part  des  marteaux  qui  leur  sont  nécessaires  étaient  connus 
des  anciens  et  n’ont  guère  changé  de  forme.  On  vient  d’en 
voir  qui  ont  servi  aux  travaux  de  la  mine  et  de  la  forge. 
Nous  réunissons  ici  d’autres  exemples.  Un  marteau  en 


Fig.  4798.  Fig.  4799. 

Marteaux. 


fer,  à  tète  ronde  d’un  côté  et  à  tranchant  de  l'autre 
(fig.  4795),  est  conservé  au  Musée  de  Naples**.  Dans 
les  autres,  que  représentent  les  figures  4798  et  4799,  1  un 
à  pic,  l’autre  à  tranchant,  proviennent  tous  deux  des 


,V  ;VLLE0L^-  1  XXIII,  4,  14.  —  2  Non.  Marc.  s.  V.  p.  556.  Voir  encore  Veget. 
j  .  8;  Paul-  Diac-  s-  v.  ;  Vitruv.  X,  16  (22),  9  ;  Tit.  Liv.  XL1I,  G4.  —  3  Aeneas,  n»s 
XXXUI,  p.  132,  éd.  KSclily  et  Rustow,  Leipz.  1853. 
#nciV,i.'"'n01'S  *a  lraduclion  du  passage  d'après  T. -H.  Martin,  La  foudre  chez  tes 
'l\l  i  ' ' 'r'  P  389,  1U1  t*°‘1  ^re  consulté  sur  cette  matière, 
les  ,1]  *  PRn'  Hi*t.  nat.  VII,  195.  —  2  Nombreux  marteaux  en  pierre  dans 

p.  6>  |  i  l°"’  P1  ^historiques  :  S.  Rcinach,  Descr.  du  Musée  de  St-Germain-en-Laye, 
Uician  ]i'3'  S|'’  —  3  Her°d.  I,  68;  Arist.  Gen.  anim.  V,  8,  p.  789  B,  Il  ; 

V||  :i03  j-0"1'  2  ;  Dial-  mer.  VI,  2  ;  Apoll.  Rhod.  1,  734;  II,  81  ;  Acscbyl.  ap.  Athen. 
Vl.  iii  1  0m- 0d- nb  *34;  PUit.  Parait.  Gr.  et  Rom.  35,  p.  3I4D  ;  Anthol.  Pal. 
p’jjl’u'  1;  205>  3  ;  Phot.  p.  561,  12;  Poil.  X,  146;  Plut.  Rom.  fort.  9, 
,83;  Iles  T  ^  licsycl‘-  s-  »•>  Poli.  X,  147,  183;  Vil,  106.  —  B  Poil.  X,  160  et 
Dian  5,i'C.l1j  *•  ”•  ~  6  Hom.  R.  XVIII,  477;  Aescli.  Prom.  55;  Callim.  Hymn.  in 
’  uU  Ù««es<.  cotiv.  111,  6,  4,  p.  G54  F  ;  Anthol.  Pal.  VI,  117,  1  ;  Vil,  b, 


I  ;  Scvmn.  Clii.  Perieg.  260;  Poil.  X,  147;  Hesych.,  Suid.  s.  r.  ;  Appiau.  Rai.  V, 
153.  —  7  Plaut.  Me n.  Il,  3,  52  (403);  Bpid.  III,  4,  87;  Merc.  II,  3,  57  ;  Plin.  Hist. 
nat.  XVII,  125;  XXXIV,  94;  Front.  Ad  M.  Caes.  IV,  3;  Isid.  Orig.  XIX,  7,  2. 

—  8  Isid.  L.  c.  ;  Lucil.  Fragm.  86  incert.  Millier  ;  Mari.  XII,  59,  6  ;  Plin.  Hist.  nat. 
VII,  195;  Pelron.  51,  4;  Isid.  Orig.  XVI,  16,  6.  —  »  Lucil.  Aetna.  561  ;  Fcst.  s.  r. 
Tuditcs,  p.  352  B,  30.  —  10  Plin.  Hist.  nat.  XXXIV,  144.  —  11  Fig.  928,  2258, 
2956,  2964,  2965,  2967,  2968,  2969,  2970,  3132,  3134,  4033,  4035,  4036. 

—  12  Daubrée  dans  la  Ree.  archéol.  1881,  p.  338  et  343.  —  13  Fig.  937, 

983,  939.  _  1*  Fig.  942.  —  13  Fig.  951.  —  16  Fig.  954,  4034.  —  17  Fig.  2112. 

—  18  Fig.  4041,  4042  ,  40  43.  —  Fig.  659,  661,  662,  876,  943.  —  20  Fig.  466, 

4 3 4 j  _  21  Fig.  3520.  —  22  Daubrée,  L.  c.  p.  347.  —  23  Fig.  504,  2278, 

2281.  —  24  Fig.  453.  —  23  Ceci,  Piccoli  bronzi  del  Museo  di  Napoli,  pl.  x,  21. 
Voy.  un  marteau  du  même  genre,  dont  le  tranchant  est  brisé,  Carapanos,  Dodone, 
pl.  lui,  4. 


MAN 


—  1564  — 


MAN 


la  formule'.  De  bonne  heure  le  tuteur  a  pu  aliéner  les 
biens  du  pupille  par  mancipation2. 

On  voit  ainsi  qu  à  l’époque  classique  la  mancipation  est 
une  vente  imaginaire  appliquée  aux  meubles  et  aux 
immeubles.  A-t-elle  eu  ces  caractères  dès  le  début?  On 
s’est  demandé  d’abord  si  l’emploi  de  la  balance  et  du 
cuivre  n  avait  pas  été  précédé  par  le  simple  échange,  par 
le  troc.  Nous  n  avons  là-dessus  aucun  renseignement.  La 
mancipation  s'est-elle  appliquée  dès  l’origine  aux 
immeubles?  On  le  nie  généralement  pour  la  raison  qu’à 
l’époque  classique,  il  n’y  a  même  pas  de  simulacre 
d’appréhension  pour  les  immeubles3,  alors  qu’elle  est 
nécessaire  pour  les  meubles  ;  mais  rien  n’empêche  d’ad¬ 
mettre  qu'originairement  on  ait  représenté  l’immeuble 
par  un  morceau  de  sa  substance,  le  champ  par  une 
motte;  en  réalité,  cette  question  est  subordonnée  à  la 
question  plus  générale  du  caractère  de  la  propriété  fon¬ 
cière  aux  origines  de  Rome  [mancipium].  La  mancipation 
commença  certainement  par  être  un  acte  sincère,  une 
vente  au  comptant  avec  appréhension  de  la  chose  et 
paiement  du  prix  en  lingots  pesés;  la  vente  à  crédit,  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  admise  par  l'ancien  droit  grec4, 
ne  dévait  sans  doute  pas  l'être  non  plus  par  le  droit 
romain.  Longtemps  après  la  création  de  la  monnaie,  on 
continua  vraisemblablement  à  peser  les  lingots  mon¬ 
nayés  '.  Puis,  lorsqu  on  eut  une  véritable  monnaie 
d’argent,  la  pesée  devint  un  simulacre  ;  on  se  contenta  de 
toucher  la  balance  avec  une  pièce6.  Enfin  la  vente  devint 
purement  imaginaire  lorsqu’on  eut  besoin  d’aliéner  sans 
recevoir  de  prix,  par  exemple  pour  la  constitution  de  dot 
et  la  vente  à  crédit;  dans  ce  dernier  cas,  au  lieu  de  payer 
comptant,  l'acheteur  put  fournir  une  caution  ou  peut- 
être  engager  son  travail,  ses  operae,  sous  la  forme  du 
nexum  '.  La  loi  des  Douze  Tables  sanctionna  probable¬ 
ment  ces  transformations  par  la  règle  suivante  :  «  Cu/n 
nexum  faciet  mancipiamque,  uti  lingua  nuncupassit , 
ita  jus  esta 8  ».  On  a  donné  de  ce  texte  toutes  sortes 
d  explications.  S'agissait-il  de  donner  force  légale  à  toutes 
les  clauses9  insérées  dans  la  déclaration?  C’est  peu 
probable,  car  on  verra  justement  que  certaines  clauses 
ont  toujours  été  exclues.  L'hypothèse  que  la  loi  aurait 
assimilé  les  déclarations  des  plébéiens  à  celles  des  patri¬ 
ciens  est  tout  à  fait  invraisemblable.  Il  est  plus  simple 
d  admettre  que  les  Douze  Tables  reconnaissaient  l’acte 
comme  valable,  même  sans  pesée  réelle,  même  sans 
paiement  immédiat,  pourvu  que  les  paroles  sacramen¬ 
telles  fussent  dites10. 

Quels  étaient  les  effets  de  la  mancipation  ?  D’abord  elle 
transfère  la  propriété  quiritaire  à  l’acquéreur,  pourvu 
que  l'aliénateur  soit  propriétaire.  Mais  elle  ne  rend  pas 
obligatoires  toutes  les  clauses  accessoires,  les  leges  man- 
eipii  ;  sans  doute  on  peut  indiquer  le  prix,  l’objet,  la 
contenance  de  l'immeuble,  l'absence  de  servitudes 
(  fundus  uti  optumus  maximus ),  les  qualités  de  l’esclave, 

1  Gai.  3,  1 67 .  —  2  Voir  Gérardin,  La  tutelle  et  la  curatelle  dans 

l  ancien  droit  romain  ( Nouv .  Rev.  hist.  de  droit ,  1889,  p.  1-20)  —  3  Gai. 
1,  121  ;  4,  17,  131  a;  Ulp.  Me  g.  1,  9,6.  —  4  Stob.  Floril.  45-,  21  (loi  de 
Charondas).  —  5  Gai.  1,  122  ;  3,  174  ;  Plin.  Hist.  nat.  33,  3  ;  Liv.  6,  14.  —  6  Fest. 
s.  v.  Modus;  \arr.  De  ling.  lat.  5,  34,  163.  D'après  lhering,  cet  acte  aurai!  eu  pour 
but  de  vérifier  la  pureté  du  métal  au  moyen  du  son.  —  7  Voir  Cuq,  Institutions  juri¬ 
diques  des  Romains,  p.  262.  —  8  Fest.  .s.  v.  Nuncupata.  —  9  Alors  le  texte  de 
Gaius  {Di g.  2,  14,  48)  se  serait  appliqué  d’abord  à  la  mancipation.  —  10  Girard, 
Manuel  de  droit  romain ,  p.  278-285.  —  il  Dig.  21,  2,  75  ;  50,  17,  77.  —  12  2,  \,  41, 
texte  très  controversé.  —  13  Paul.  Sent.  2,  17,  4.  —  U  paul.  Sent.  2,  17,  1  et  3; 
\arr.  I)e  re  rust.  2,  10,  5.  —  1“  Girard,  La  garantie  d'éviction  dans  la  vente 


de  l’animal,  mais  on  ne  peut  insérer  ni  tP,m  . 
Don»  [lex,  p.  1108-1109].  La  mancipation  n  ,'"  C°ndi- 
différence  de  la  tradition,  transfère,  la  p,w  v‘L‘ àla 
le  prix  n’a  pas  été  payé?  Ce  n’est  pas  probal  L 
des  Institutiones  de  Justinien12  dit  (  '  ’  le  texte 

depuis  la  loi  des  Douze  Tables,  la  in-opi-îôi  ^ep<‘ndanl. 
transférée  sans  paiement  si  .  i  °  peul  ê‘rc 


laction,  ou,  à  une  époque  postérie 


acheteur  a  donné 


"ue  salis- 


est  remis  à  sa  foi.  En  second  lieu 


sterieure,  si  le  vendeur  s' 


en 


si  i  immeuble  n’a  pas 


la  contenance  indiquée,  l’acquéreur  a  l’action  1  , 

«O*  »“  de  la  valeur  de  ce  q„i 

troisième  lieu,  il  a  le  droit  de  vim  dicere  à  quiconol 
méconnaît  son  droit,  soit  par  une  rei  vindicatio  contr 
tmrs  qui  possède  la  chose  comme  propriétaire,  soit  m',. 
une  contra  vindicatio  quand  c’est  un  tiers  qui  la  reven1 
dique.  Enfin  il  a  le  droit,  quand  il  a  subi  une  éviction 
avant  d’être  protégé  par  l’usucapion,  de  réclamer  à  l’alié- 
nateur  le  double  du  prix,  par  une  action  sans  doute  très 
ancienne,  par  Yactio  auctoritatisu.  Cette  action  résulte- 
L-dle  naturellement  de  la  mancipation  ou  d’un  engage-1 
ment  spécial?  On  y  a  vu  plutôt,  avec  raison,  la  sanction 
d’un  délit  commis  par  l’aliénateur  qui  n’a  pas  défendu 
l’acquéreur  contre  la  tierce  personne13.  Mais  sa  respon¬ 
sabilité  cesse  quand  l’acquéreur  a  joui  de  la  chose 
pendant  un  an.  Il  y  a  exception  à  l’égard  des  étrangers,' 
d’après  la  règle  :  adversus  hostem  aeterna *  aucto- 
ritas 10  ;  l’étranger  et  le  citoyen  sont  tenus  indéfiniment 
l’un  envers  l’autre  ;  mais  on  ne  sait  pas  exactement  de 
quelle  catégorie  d’étrangers  il  peut  s’agir  ici. 

On  trouve  souvent  dans  les  mancipations  l’indication 
du  prix  fictif  d’un  sesterce,  d’une  pièce  ( sestertio  nummo 
uno),  par  exemple  dans  des  donations,  des  testaments  per 
aes  et  libram ,  des  aliénations  fiduciaires11,  dans  la 
coemptio  de  la  femme,  dans  le  paiement  per  nés  et 
libram'*.  Elle  s’explique  le  plus  souvent  par  ce  fait  que 
le  prix  était  réellement  fictif;  mais  dans  certains  cas,  par 
exemple  dans  une  aliénation  fiduciaire19,  il  devait  y  avoir 
un  prix  réel;  si  donc  on  indiquait  alors  un  prix  fictif, 
c’était  pour  réduire  l’action  de  garantie,  Yactio  uucton- 
tatis,  à  une  somme  illusoire20.  Cette  action  remontait 
évidemment  à  une  époque  où  la  mancipation  était  une 
vente  au  comptant.  Elle  existe  encore  à  l’époque  clas¬ 
sique21.  Elle  a  lieu  de  plein  droit22.  Elle  fait  défaut  quand  la 
mancipation  n’est  pas  valable  ;  alors  le  vendeur  s  engage 
par  contrat  verbal,  pour  le  cas  d’éviction,  à  payer,  soit  & 
double  du  prix  ( stipulatio  duplae ),  soit  la  réparation  u 
préjudice  ;  ainsi  nous  trouvons  la  stipulatio  dup  ne 
quand  des  pérégrins  aliènent  des  choses  mannpi^ 
mancipent  des  immeubles  provinciaux,  ou  quand  ,  s  V 
d’objets  précieux23  [stipulatio  duplae].  Il  faut  disli"n11^ 
de  la  stipulatio  duplae  une  promesse  plus  ancn 
repromissio  ou,  avec  cautions,  la  satisdatio  ^ 1  ' 

'  .  .  ,  rone-a^enieni 

mancipium ,  où  les  cautions  garantissaient  ‘  |it 

de  l’aliénateur 24  [satisdatio],  A  la  mancipation  est 

.  i,ii  50*5 ; ^ 

■,  p.  33.  -  Cic.  De  off.  1,  12.  -  11  Corp .  c.i 

),  10241,  102*7;  Permet,  1888,  p.  157  ;  Gnech.  j'  ,113; 

_  _  .  .  _  n-  IKI.lKg.  —  10 

.,  GeM.  ^  rN 
\e  Maitci^'0 »■ 

/ledits,  3,  229;  Bechmann,  Der  Kauf,  1,  222,  i.ois»,  -c  ju  paul,  31  lf 
.  159.  —  21  On  y  rapporte  les  textes  des  livres  80  d'Ulpien,  '  p  «3, 

ulien.  Voir  Bechmann,  L.  c.  p.  103-123;  Lenel,  Edictum  peu  ^  M_u.prre. 
28.  —  22  Plaut.  Pers.  4,  3,  54;  Curcul.  4,  2,  8;  5,  2,  66- 1  :  •>>  ’  f(,  rust, 


consensuelle . 

10231,  10239. 

Zeitschr.  d.  Savigny-Stift ,  9,  1888,  p.  60-97,  1 51-1 5-. 

3,  174.  —  19  Corp.  inscr.  lat.  2  ,  5042,  1.  15.  —  20  lhering, 

Kauf,  1,  '-ci9t' 

P 

Julien, 

428. 

2,  3,  112-115;  Poen.  4,  2,  74-78.  —  «  Dig.  21,  2,  37,  §  ,  ^ 

10,  5;  Corp.  inscr.  lat.  3,  037,  94t.  —  21  Cic.  Ad  Alt.  5, 1, 

2,  5042. 


lut. 


MAN 


—  1 563 


MAN 


,  «niril  de  fiducie1.  Celte  alienation  fiduciaire 

injnt  le  COnirai  uc 

J  ,  «vir  ainsi  à  réaliser  un  gage,  un  prêt  a  usage,  un 
peut  m 1  ^ 

■  La  nia nd  pati  on  n’avait  lieu  régulièrement  qu’entre  les 

[  mies  qui  pouvaient  avoir  la  propriété  quiritaire, 

i;PO  ipe  citovens  romains,  les  Latins  coloniarii  et 

,  ■„„/  et  les  pérégnns  pourvus  du  commercium 3  ;  par 

11  pour  les  fonds  provinciaux  elle  était  nulle; 

!  jant  l’acte  pouvait  tout  de  meme  transférer  la 

C'P, s’il  renfermait  une  tradition  valable4.  C’est 
î  propi  iei«,  »  11 

obablement  pour  la  même  raison  qu  on  trouve  appli¬ 
quée  à  des  choses  nec  mancipi 5  la  mancipation  qui,  dans 
ce  cas,  était  théoriquement  nulle6. 

I  mancipation  était  donc  le  mode  par  excellence 
d’aliénation  et  d’acquisition  des  choses  mancipi ,  indé¬ 
pendamment  de  la  tradition  qui  ne  suffisait  pas 7.  Depuis 
la  rédaction  de  l’Édit  du  préteur,  les  choses  mancipi  qui 
pouvaient  être  transférées  par  Vin  jure  cessio  pouvaient 
aussi  à  la  rigueur  être  transférées  par  la  tradition 8  ;  mais 
encore  sous  Dioclétien  et  Constantin,  la  mancipation  est 
le  mode  normal  d’aliénation  des  choses  mancipi.  Les 


parties  peuvent  la  réaliser  sans  déplacer,  sans  avoir  la 
possession9.  Elle  figure  encore  à  la  date  de  355 l0.  Mais 
elle  disparaît  avant  Justinien,  à  l’époque  où  on  décida 
que,  même  pour  les  immeubles,  il  n’y  aurait  plus  transla¬ 
tion  de  propriété  sans  tradition11. 

La  mancipation  figure  fictivement,  comme  formalité 
nécessaire  :  1°  dans  le  testament  per  aes  et  libram 
[testamentum]  ;  2°  dans  le  nexum  [nexum]  ;  3°  dans  le 
paiement  per  aes  et  libram  [solutio]  ;  4°  dans  l’adoption 
[adoptio]  ;  5°  dans  l’émancipation  [emancipatio]  ;  6°  dans 
la  cession  in  mancipio  des  personnes  en  puissance  et 
des  femmes  in  manu  ;  7°  dans  le  mariage  par  coemptio 
[matrimonium].  Dans  le  contrat  de  société  elle  peut  servir 
à  un  des  sociétaires  à  effectuer  sa  mise.  Elle  fournit  un 
expédient  pour  constituer  toutes  sortes  de  servitudes12 
[servîtes].  Elle  est  encore  employée  dans  la  restitution  du 
fidéicommis  universel  au  fidéicommissaire  par  l’héritier 
fiduciaire1’.  Ch.  Lécrivain. 


MAA’upium.  —  Très  anciennement  le  mot  mancipium 
(de  manu  capere )  désignait  le  droit  de  propriété  romaine; 
e  là \rnait  par  exemple  l’expression  mancipio  dare ,  au 
Sens  ^  aüdner 1  ;  mais  le  mot  dominium  a  remplacé  en  ce 
sens  le  mot  mancipium  [qui  s’est  cependant  maintenu 
Pour  désigner  l’esclave2]. 


I.  —  A  l’époque  historique,  le  mancipium  était  une 
puissance  ou  un  droit  de  propriété,  analogue  à  celui  du 
maître  sur  l’esclave,  mais  qui  s’exercait  sur  des  personnes 
libres  assimilées  dans  une  certaine  mesure  à  des 
esclaves.  [Il  n'y  avait  pas  de  nom  technique  pour  les 
désigner;  elles  étaient  in  mancipio ,  in  mancipii  causa , 
in  servit i  condicione 3.  Il  ne  pouvait  y  avoir  dans  cette 
situation  que  des  femmes  in  manu  ou  des  fils  de  famille. 
Nous  renvoyons  au  mot  manus  ce  qui  concerne  les 
femmes,  l’ourles  fils  de  famille,  le  mancipium  provenait 
évidemment  du  pouvoir  que  le  père  avait,  à  l’origine, 
d’aliéner  ses  enfants;  il  pouvait  les  vendre  ou  comme 
esclaves  à  l’étranger  ( trans  Tibcrim),  ou  sur  le  territoire 
romain  ou  latin,  mancipii  causa,  soit  moyennant  un  prix 
pour  exploiter  leurs  services,  payer  une  dette,  soit,  sur¬ 
tout  à  l’époque  classique,  pour  faire  l’abandon  noxal,  en 
cas  de  délit  dont  il  était  responsable4.  En  outre,  à  partir 
d’une  certaine  époque,  ce  procédé  fut  employé  comme 
expédient  juridique  pour  obtenir  des  résultats  artificiels, 
tels  que  l’adoption  et  l’émancipation.  On  a  conjecturé 
avec  vraisemblance  que  le  mancipium  avait  été  la  forme 
primitive  du  louage  de  services  pour  la  durée  du  lus- 
trum ,  pour  cinq  ans;  d’après  la  loi  des  Douze  Tables,  le 
fils  était  délivré  de  la  puissance  paternelle  an  bout  de 
trois  louages5;  et  c’est  cette  série  de  trois  ventes  qui 
était  utilisée  fictivement  pour  T  émancipation.  C’était 
donc  par  la  mancipatio ,  avec  la  même  formule  que  pour 
la  vente  d’un  esclave,  que  le  père  de  famille  plaçait  ses 
enfants,  ou  ses  descendants,  sous  la  puissance  (in  man¬ 
cipio)  d’un  acquéreur  6. 

Quelle  était  la  situation  légale  de  l’individu  in  man¬ 
cipio ?  [Quoique  assimilé  à  un  esclave,  il  reste  en  principe 
ingénu  et  citoyen  ;  l’exercice  de  ses  droits  politiques  ne 
parait  même  pas  être  suspendu7;  cependant  ce  point  est 
controversé.  Pour  le  droit  privé,  il  subit  la  capitis  demi- 
nutio  minima*  ;  il  sort  de  sa  famille,  perd  sa  qualité 
d  héritier9;  son  mariage  ne  se  dissout  cependant  pas 10  ; 
il  passe  sous  la  puissance  de  l’acquéreur  qui  peut  l'incar¬ 
cérer11,  comme  le  prisonnier  pour  dettes,  et  pour  le 
compte  duquel  il  travaille  ;  mais  il  est  sous  la  protection 
des  magistrats  et  il  y  eut  plus  tard  l’action  d'injures 
contre  le  maître  qui  l’avait  maltraité12.  Il  est  incapable 
de  s’obliger  civilement.  Il  acquiert  pour  le  maître13; 
cependant  il  y  avait  doute  pour  l’acquisition  de  la  simple 
possession,  parce  qu'il  n’était  pas  lui-même  vérita- 


ploce  '  m*in*cipalc  de  Tarenlc,  trouvée  récemment,  les  mots  mat 

l.i/i  ...  /.  Ut  incluent  probablement  une  aliénation  fiduciaire  (Bull. 

9111  ’  diritto  Mra/i« r\  .i  one  _  —  on  •  ^  ,  ..  .  .  


r0man0’  I896'  P-  7’22-  '■  30)-  -  2  Boetfi.  In  Top.  tO, 
ht.  i,’  3042  ’J’,20.!1  Paul-  Sent-  2,  13;  Isidor.  Orig.  5,  23;  Corp.  i, 
lp.  Req.  19,  4.  On  la  trouve  sous  l’Empire  dans  la 


de  droit  loi  j  c  ■new*  ll»  * •  un  trouve  sous  l’Empire  dans  la  t 
Dacie  d,.  ISO  e.Sa!penSa  (Lex ■  SalP-  c-  22).  -  A  C.  i.  I.  3,  944  (tablette 


Dacio  de  15g  JalP-  c-  z-)-  “  *  U.  i.  I.  3,  944  (tablette 

avec  ’j°U  1  5  a  vente  par  mancipation  de  la  moitié  d’une  mai 

-«uin  Znna!!cesJ:  - 5  c*  ’•  <■  69  ati,  joui  ;  Piin.  m*t.  nat.  o,  go, 


Ulp q  77:  “  **  b’  «H,  10241  ;  Plin.  Hist.  nat.  9,  GO, 

soutient  que  les  L  ’  ^  Top'i0>^-  Cependant  Voigt  (Die  XII  Tafeln,  II,  p. 
nattre  d’aillours  man,C^  étaient  susceptibles  de  mancipation.  Il  faut  rc( 

dpi ,  par  a  manc,Pat*on  s’applique  fictivement  à  certaines  choses  nec  wi 

familir,  anx  cil°yens  romains,  et,  dans  le  testament  per  «es  et  Libram, 


“  . «...c,  ci,  uaus  iu  lesiumeni  per  aes  er  uoram, 

i '•  «... . . . 


0,1 '«teite  aélé  •  i  '  T  ’  SenL  *' 

-  ®  Dans  bcaucou''1  d°^'  V°U'  Girard’  ^ouv.  Ben.  hist.  de  droit,  1884,  p.  3  6- 
la  Mition  (cf  r"-l>  *  '  lextes  sur  les  res  mancipi  on  a  remplacé  la  mancipation 
Sai,  J,  201  _'  „a';  .’  167  et  Jnstit •  3.  28,  3  ;  Frag.  Vat.  89  et  Dig.  7,  t,  13 


Dai.  J,  204.  __  9  p  .  .  '“!/■  '“*•  »»  v.  i.. y.  G  i,  12, 

",l  C.  Th.  i  29  ai‘  *’  lt7“:  131  “i  Dig.  44,  4,  5,  2.  —  10  C.  Th.  8,  13 
rrm«in,  p.  ng]  “  ’  -  C-  Just-  *.  2,  4,  3  (en  394)  ;  voir  Girard,  Manuel  de  c 
Giraud, Becherchei  .';2  PaU''  Vat'  5L  ~  13  Gai-  252-  ~  Bibuocrap 
Bucaurroy,  insti,  e  dr0lt  de  Propriété  chez  les  Jlomains,  Aix,  1838, 1,  p. 
**  Principe,  ,,pj  *'  expl,<1uée*’  [’aris,  1851,  I,  n»<  447  et  suiv.  ;  Pellat,  Ex 
(tllli'  ;  Ueilors  h""*  du(lroü  ron‘ain  sur  la  propriété,  2*  éd.  Paris,  1853,  r 
Yj  '  lnanc,'pationis  indole  et  ambitu,  Bonn,  1854;  Rein,  Das 


vatrecht  der Borner,  Leipzig,  1858,  p.  233  et  suiv.;  Lcist,  Mancipation  und  F.igen- 
thumstradition,  Berlin,  1865;  Waller,  Gcscliichte  des  rôm.  Redits,  3c  éd.  Bonn, 
1860,  n»‘  560-565  ;  Eck,  Die  Verpflichtung  des  Verkaùfers  zur  Geirâhrimg  des 
Eigcnthums,  Halle,  1874  ;  Ihering,  Geist  des  rôm.  Bechts,  trad.  de  Meulenaere, 
Paris-Gand,  1880,  II,  p.  211-235;  Voigt,  Die  X '.Il  Tafeln,  Leipzig,  1883,  11,  p.  121- 
203  ;  Bechmann,  Der  Katif ,  1880;  Accarias,  Précis  de  droit  romain,  4*  éd.  Paris. 
1891,  I,  §  63,  103,  119,  146,  196,  219,  222,  270,  272,  321  ;  Cmj,  Institutions  juridiques 
des  Romains,  Paris,  1891,  I,  p.  253-266:  Girard,  L'action  auctoritatis  ;  les  stipula¬ 
tions  de  garantie  ;  la  garantie  d'éviction  dans  la  vente  consensuelle  (Nouv.  Rev.  hist. 
de  droit,  1882,  p.  180-218  ;  1883,  p.  537-592;  1884,  p.  395439);  Manuel  de  droit 
romain,  Paris,  2'  éd.  1898,  p.  104,  115,  206-207,  239,  243,  253,  277-285,  406  467. 
469,  476,  509,  513,  523,  539-543,  565. 

MANCIPIUM.  I  Cic.  Ad  Fam.  7,  29;  Lucrct.  De  nat.  rer.  3,  985;  Senec.  Ad 
Lucil.  72.  Mancipium  a  aussi  pendant  longtemps  le  même  sens  r|uc  mancipatio. 

—  [2  Instit.  1,  1,  3;  Ulp.  Reg.  19;  Gai.  2,  13.  Voigt  ( Die  XII  Tafeln,  H,  p.  125- 
128)  cite  une  quantité  d'autres  textes.  —  3  Gai.  1,  138,  162;  2,  160;  3  104  114 

—  4  Gai.  1,  118,  141.  —  b  Gai.  1,  132;  Dionys.  2,  27.  Au  C.  Just.  8,  51,  20,  le  pri¬ 

sonnier  racheté  devient  libre  après  avoir  servi  pendant  cinq  ans  celui  qui  la 
racheté.]  —  0  Gai.  t,  49,  123.  —[7  Paul.  Sent.  5,  1,  1  ;  Gai.  1,  123,  102;  Dig.  4,  5, 
S.  §  2.  3  Gai.  1,  162;  Dig.  4,  5,  3;  Paul.  Diac.  :  Deminutus  capite.  —  9  Gai.  2, 

135,  où  il  faut  sans  Joute  lire  mancipatos  plutôt  qu’ emancipatos .  —  10  Cela  parail 
ressortir  de  Gai.  1,  135.  —  11  Dionys.  2,  26.  —  12  Gai.  1,  141.  —  13  |d.  3, 
104. 


197 


—  1DÜÜ  — 


MAN 


Moment  possédé.  Dans  le  droit  primitif,  ses  enfants 
naissent  probablement  in  causa  mancipii  ;  mais  à 
l’époque  de  Gains  il  n'en  est  plus  ainsi1.  Le  maître  peut 

I  aliéner  par  mancipation  cum  sua  causa ,  probablement 
aussi  le  transmettre  dans  sa  succession,  intenter  par 
rapport  à  lui  la  revendication  et  l’action  de  vol  (furti).] 

II  ne  peut  faire  en  sa  faveur  aucune  disposition  testamen¬ 
taire,  sans  lui  léguer  expressément  la  liberté;  mais, 
quoique  simplement  alors  héritier  nécessaire  et  non 
suus,  le  mancipé  obtient  du  droit  prétorien  le  bénéfice 
d  abstention [N'étant  pas  objet  de  propriété  complète, 
il  ne  serait  pas  compris  dans  la  vente  des  biens  faite  à  la 
requête  des  créanciers  du  maître  ;  aussi  on  ne  lui  applique 
pas  la  loi  Aelia  Sentia  contre  les  affranchissements  faits 
en  fraude  des  créanciers.  D’autre  part,  le  droit  prétorien 
parait  autoriser  les  créanciers,  à  raison  des  dettes  con¬ 
tractuelles  du  mancipé,  à  faire  vendre  les  biens  qu'il  a 
acquis  au  maître  et  qui  appartiendraient  au  mancipé  s’il 
était  sui  juris3.]  Remarquons  que,  dans  le  cas  de  man- 
cipium  fictif  pour  l'émancipation  ou  l’adoption,  il  fallait, 
d  après  les  Douze  Tables,  trois  mancipations  successives 
pour  éteindre  complètement  la  puissance  paternelle  sur 
l’enfant  mâle  du  premier  degré *;  mais  quand  la  manci¬ 
pation  avait  eu  lieu  sérieusement,  noxali  causa ,  il  y 
avait  controverse  :  les  Sabiniens  soutenaient  contre  les 
Proculiens  qu'une  seule  mancipation  suffisait5. 

Passons  aux  causes  d’extinction  du  mancipium.  Il 
s  éteignait  :  1°  par  la  mort  du  sujet  passif,  mais  non  par 
celle  du  sujet  actif,  à  la  différence  de  la  manus  ;  —  2°  par 
1  affranchissement,  opéré  par  les  mêmes  procédés  que 
pour  1  esclave,  censu,  vindicta ,  testamento,  sans  aucune 
des  restrictions  de  nombre,  d’âge,  établies  par  les  lois 
Ae/ia  Sentia  et  Fufia  Caninia 6;  en  ce  cas  le  mancipé 
devenait  sui  juris  ;  le  maître  était  assimilé  à  un  patron 
seulement  pour  les  droits  de  succession  et  devenait  tutor 
fiduciarius 7  ;  il  était  préféré  aux  héritiers  siens  de  cet 
affranchi  et  à  son  père  :  ce  privilège  qui,  d’après  Ulpien, 
remontait  aux  Douze  Tables,  venait  de  ce  que  le 
mancipé  était  sorti  de  sa  maison  d’origine  par  la  manci¬ 
pation  et  n  avait  plus  de  lien  d'agnation  avec  ses  enfants  ; 
plus  tard  les  préteurs  modifièrent  ces  règles  trop  rigou¬ 
reuses  etdonnèrentla  possessiondesbiensde  cetaffranchi 
à  dix  personnes,  avant  le  maître  manumissor,  à  savoir  : 
à  ses  père,  mère,  fils,  fille,  grand-père,  grand’mère, 
petit-fils,  petite-fille,  frère,  sœur8;  —  3° en  cas  d’abandon 
noxal,  le  fils  de  famille  a  le  droit  de  demander  sa  libéra¬ 
tion  quand  il  a  complètement  indemnisé  le  créancier  par 
son  travail  ;  Papinien  ajoute  que  ce  dernier  n’est  pas  tenu 
de  1  action  fiduciae,  c’est-à-dire  que  le  père  ne  peut  pas 
exigerque  son  enfantlui  soit  remancipé9  ;] — 4°  au  cas  de 
louage  de  services  pour  paiement  d’une  dette,  d’après 
une  règle  de  droit  public,  sans  doute  très  ancienne,  le 
mancipium  cessait  à  l’époque  du  cens,  c’est-à-dire  au 
bout  de  cinq  ans  au  maximum,  malgré  la  volonté  du 
maître,  sans  doute  sur  la  réclamation  du  mancipé  auprès 

1  0ai-  ’•  135d  -  2  Id.  1,  123 ;  2,  160.  -  [3  Id.  4,  80.]  —  4  Id.  1,  132; 
2,141.-5  Id.  4,  79.—  6  (d.  1,  138-139.—  7  Id.  1,  166;  3,  99;  Id.  Ep. 
1,6,3 ;  Coll,  leg.  mos.  et  rom.  16,  9,  2 ;  Instit.  3,  9,  3;  UIp.  Reg.  11,  *5. 

—  .8  Coll.  leg.  mos.  et  rom.  16,  9,  2;  Instit.  3,  9,  4.  -  9  Coll.  leg.  mos.  et 
rom.  i,  3,  I.]  —  10  Gai.  1,  140.  D'après  la  loi  mosaïque  (5,  15,  12),  l'Hébreu 
qui  s  était  vendu  comme  domestique  devenait  aussi  libre  au  bout  de  sept  ans. 

—  [11  C.  Just.  4,  43;  In  stit.  4,  8,  7.  _  12  paul.  Senti  5,  1,  1.  -  13  Ibid. 

—  14  C.  Just.  4,  43,  I  ;  3,  15,  2,  4,  26;  4,  10,  2;  7,  16,  1;  8,  16,  6;  8,  46,  10. 

—  13  Nov.  Just.  29,  2  ;  Constitut.  Leon.  69.  —  ig  C.  Th.  5,  8,  1  ;  Frag.  Vatic. 


du  censeur.  On  comprend  que  ce  genre  de  m  - 
pouvait  pas  s’appliquer  au  cas  de  mal  .  tion  ne 
accompagné  d’un  contrat  de  fiducie  obli elTiT  fielif- 
à  remanciper  l’enfant  au  père  de  famille  «  achet4 
[A  l’époque  de  Gains,  le  mancipium  n’est 
pratiqué  que  fictivement  pour  l’émancipation  o„r8fe 
Don,  ou  sérieusement  pour  l’abandon  nox  d  1  ‘d°P‘ 

supprime  ce  dernier  mode  d’emploi».  Mai  - 
classique  le  père  peut  toujours  louer  1  '  |IO‘1Ue 
UavaH  de  son  Gis-,  D'autre  part,  la  vente  des  Z'Z'  k 
les  parents  malheureux  est  une  pratique  courante  C 
deejare  qn  elle  ne  nuit  pas  à  l'ingénuité  des  Jg*. 
déjà  illicite  sous  Caracalla,  elle  est  interdite  à  pli 
reprises  par  Dioclétien  et  Constantin'.,  plus  la,!j  J" 
par  Justinien  et  Léon  15.  core 

Constantin  et  Justinien  autorisent  cependant  la  venir 
des  enfants  nouveau-nés,  sanguinolent i,  mais  «ne 
leurs  parents  peuvent  toujours  reprendre  en  rembour¬ 
sant  le  prix  ou  en  fournissant  un  esclave  d’une  valeur 
équivalente  16.  Mais  les  mœurs  sont  plus  fortes  que  les 
lois.  Un  grand  nombre  de  textes  signalent  la  vente  des 
enfants  à  toutes  les  époques17;  dans  les  pajs  de  droit 
pérégrin  et  surtout  en  Orient,  c’est  la  vente  des  enfants 
qui  alimente  en  grande  partie  les  marchés  d’esclaves 
jusqu’au  11e  siècle  de  l’Empire  et  même  plus  tard18;  en 
391  une  loi  restitue  l’ingénuité  aux  enfants  vendus  sans 
accorder  d’indemnité  aux  acheteurs19;  en  451  Valen¬ 
tinien  III  casse  toutes  les  ventes  en  faisant  restituer  le 
prix  augmenté  d’un  cinquième20. 

II. —  Le  droit  romain  distinguait  les  res  mancipi  et  les 
res  nec  mancipi 21 .  Les  res  mancipi  étaient:  les  fonds  de 
terre  et  les  maisons  italiques,  les  servitudes  rurales  sur 
ces  fonds,  les  esclaves,  les  bêtes  de  somme  et  de  trait 
(bœufs,  chevaux,  mulets,  ânes)22.  On  a  toujours  exclu 
de  cette  liste  les  animaux  exotiques,  même  susceptibles] 
d’être  domptés,  tels  que  les  éléphants  et  les  chameaux  ; 
les  Sabiniens  y  rangeaient  les  bêtes  de  somme  et  de 
trait,  qu’elles  fussent  ou  non  déjà  employées  à  ces 
usages  ;  les  Proculiens  demandaient  qu’elles  fussent 
dressées  ou  au  moins  en  âge  de  l’être.  Les  autres  ani¬ 
maux  et  toutes  les  autres  choses  inanimées  étaient  res  1 
nec  mancipi.  On  a  fait  beaucoup  d’hypothèses  sur  1  ori¬ 
gine  et  le  caractère  de  cette  distinction  sans  arriver  à  la 
certitude.  Dans  le  droit  classique,  les  res  mancipi  seules 
(indépendamment  des  femmes  et  des  enfants  en  puis¬ 
sance  et  des  personnes  in  mancipio )  sont  aliénables  par 
la  mancipation,  et  la  tradition  ne  suffit  jamais  a  era 
transférer  la  propriété  civile23.  En  outre,  la  ^‘rainj 
pubère  en  tutelle  ne  peut  aliéner  sans  l’autorisai  ion  dej 
son  tuteur  que  les  choses  nec  mancipi u.  Les  res manci^Ê 
sont  donc  les  seules  choses  pour  lesquelles  la  mancijj 
pation  est  possible  et  exigée.  Sur  quelle  base  l 

à  quelle  époque  remonte  ce  classement  des  choseiy^J 
touche  ici  aux  origines  de  la  propriété  à  Rome.  la  s  °  Jj 
de  terre  italiques  et  les  servitudes  rurales  ont  ou  11  0  , 


34;  C.  Just.  4,  43,  2.  —  H  Tac.  Ann.  4 
Euseb.  ffist.  eccles.  9,9;  Vict.  Vit.  De  persec.  Vartd.  3,  1- 


,  72;  Juv.  Sut.  Il,  Ht;  Hcr0d'  '  j.J/ 

’  -  -  --  )8  philoslr.  I  "■  I 

nam 


A  poli.  8,  7,  4,  12;  Dio.  Cl.rys.  Or.  15,  p.  1004,  6d.  Morelli.  Voir  Momnison,^  | 
gerlicher  und  Peregrinischer  Freiheitschütz  im  rômischen  ■-  aa  ^  prorjnlm,  j 
Ileseler,  1885);  Milteis,  JReichsrecht  und  Volksrecht  in  den  valrnUn.-j 

p.  358-364;  et  l'article  manus  injf.ctio.  —  19  C.  Th.  3,  3,  1.  —  sj  j  parl 

III,  Ht.  32.  —  21  Gai.  2,  14-17;  Ulp.  Reg.  19,  1.  —  22  Caton  mette  ^  _ *4  UIp- 
les  mulets,  chevnux,  ânes  de  la  familia  (De  re  rust.  38).  Gai.  2, 

Reg.  11,  27. 


MAN 


—  1567  — 


MAN 


nrlie  du  classement  primitif,  selon  qu’on  admet 
paS fal'(,n'1  rejette  l’existence  de  la  propriété  foncière 
ou  q"  débuts  de  Rome.  Les  auteurs  qui  la  rejettent 
P"Tr'U,it  généralement  les  resmancipi  primitives  avec 
iden  "\(jll  ^c’est-à-dire  la  maison  d’habitation,  le  jardin 
1:1  '"Z  les  esclaves  et  le  bétail  de  culture*  les  res  nec 
,ivec  ]a  pecunia ,  le  superflu,  c’est-à-dire  le 
fi  ail  des  pâturages  opposé  au  bétail  de  culture,  les 
D  !|s  ks  récoltes  et  par  extension  la  monnaie;  la  man- 
.^âliôii  étant  la  seule  forme  d’aliénation  valable,  les  res 
Znci/n  auraient  été  seules  susceptibles  de  propriété 
romaine  et  de  revendication,  les  res  nec  mancipi  n’au- 
nionl  pas  été  objet  de  propriété.  Cette  théorie  soulève 
beaucoup  d’objections.  Dans  ce  système  on  devrait 
admettre  aussi  que  la  familia  était  inaliénable,  et  alors 
la  mancipation  n’aurait  pas  eu  de  raison  d’être.  En  tout 
cas,  les  fonds  italiques  et  les  servitudes  rurales  ont  dû 
rentrer  de  fort  bonne  heure  dans  les  choses  mancipi. 
Les  choses  nec  mancipi  sont  déjà  susceptibles  de  pro¬ 
priété  romaine  et  de  revendication  avant  la  suppression 
des  actions  de  la  loi  1  ;  la  distinction  de  la  familia  et 
delà pecunia,  si  elle  a  jamais  eu  l’importance  qu’on  lui 
attribue,  ne  paraît  déjà  plus  exister  dans  les  Douze 
Tables2.  Quand  on  eut  admis  que  la  simple  tradition 
des  choses  mancipi  serait  inefficace,  la  distinction  des 
deux  catégories  de  choses  devint  gênante.  On  y  remédia 
pur  la  distinction  des  deux  propriétés  quiritaire  etboni- 
taire  et  par  l’emploi  de  l’usucapion 3.  Tout  ce  système 
fut  supprimé  dans  le  droit  de  Justinien  A] 

G.  Humbert.  [Cii.  Lécrivain.] 
MANDATUM.  —  Grèce.  —  Le  contrat  de  mandat  a  dû 
certainement  être  pratiqué  dans  le  droit  grec  autant  que 
dans  le  droit  romain,  car  les  circonstances  qui  y  donnent 
lieu,  comme  l’absence,  la  maladie,  l’inexpérience  des 
affaires,  se  rencontrent  dans  tous  les  temps  et  chez  tous 
les  peuples.  Ce  contrat  est  toutefois  l’un  de  ceux  au  sujet 
desquels  l'insuffisance  des  sources  se  fait  le  plus  sentir,  à 
ce  point,  que,  d’après  certains  auteurs,  il  y  aurait,  pour 
1  historien  du  droit,  impossibilité  de  parler  du  mandat  et 
des  actions  qui  s’y  rapportent.  On  peut  cependant  trouver 
des  traces  de  ce  contrat  dans  les  discours  des  orateurs  et 
essayer  de  dégager  quelques  règles  le  concernant. 

C  est  ainsi  que,  dans  un  plaidoyer  de  Démosthène,  l’ora¬ 
teur  dit  qu  au  momentde  partir  pour  la  Sicile,  il  a  chargé 
Nicoslrate  de  surveiller  et  de  gérer  ses  affaires  comme  par  le 
pussi , Nicostrate  étant  èTrigeÀ^xri;  xoù  SioixTivqç *.  Un  autre 
plaidoyer  du  même  orateur  signale  également  deux  cas  de 
mandat-.  On  a  voulu  voir  enfin  un  cas  de  mandat  dans 
action  que,  d  après  Plutarque3,  Diomède  aurait  dirigée 
Q0ntrc  ^c‘biade  U  Mais  l’hypothèse  est  fort  contestable  8. 
Udnl  aux  ^po^piTopeç  et  aux  7tpoTTCüX«t  dans  lesquels  on 
1" 1  û  "du  trouver  des  mandataires  6,  il  faut  y  voir  plutôt 
‘"l'imédiaires,  des  commissionnaires7. 


1  Gai.  2, 


194;  4,  47,  _ 2  5 


dans  Khtt  h'  ’J’  ‘  s’  3'  cependant  il  y  a  familia  pecuniaque 

Just.  7,  3,"  flerenn-  i.  13,  23.  —  3  Gai.  2,  41;  Ulp.  Ileg.  1,  16.  —  4  C. 
Berlin  igjfi  ^  *d  —  Bibliographie.  Boecking,  De  mancipii  causis, 

mancipii  causa ,  Berlin,  1826;  Hein, 
rom.  Uechts  u  *  *  '  Leipzig,  1858,  p.  604-607  ;  Walter,  Gesch.  des 

lbering,  Geisi  .Bonn’  18C0’  *•,  301,  508,  509,  560,  561,  616  ; 

éd.  lk  p  j-p  *  ’°m'  ^ec^ts,  trad.  Do  Meulenaere,  Paris-Gand,  1880, 
tl»rlowa,  S,'  ’  bihoreau,  Théorie  de  l'in  bonis  habere ,  Paris,  1867  ; 

1'  éd.  Paris,  1886 eCftS^esc^1'  *’  P-  354-360  ;  Accarias,  Manuel  de  droit  romain, 
nee ’sancipi  (Air'r*  V*'  ***’  18h  358,  888  >  L011S°i  R es  mancipi  e 

1888  ■  Km  1,11  f^Oy  1886,  p.  307);  Boulante,  Des  mancipi  e  nec 
lion»  juridiques  iles'ft'’  ^e^sc^r'  Savigny-Stift.  1891,  p.  151  ;  Cuq,  Institu¬ 


as,  Paris,  1891,  I,  p.  91-95,  184-187,  202,  268,  531- 


L’acte  accompli  par  le  mandataire  pour  le  mandant 
peut,  du  reste,  dans  le  droit  altique,  avoir  trait  non  seu¬ 
lement  à  l’administration  du  patrimoine,  mais,  d’une 
manière  générale,  à  un  fait  juridique  quelconque.  C’est 
ainsi  que  le  kyrios  peut  déléguer  à  un  tiers  l’exercice  de 
ses  fonctions  tutélaires  et  lui  confier  notamment  le 
mandai  de  procéder  à  l’engyésis  de  sa  pupille8. 

Le  mandat  était-il  gratuit  à  Athènes  comme  à  Rome? 
On  pourrait  le  croire  d’après  les  passages  précités  des 
plaidoyers  de  Démosthène,  où  l’on  ne  voit  point  que 
ceux  qui  gèrent  les  biens  de  l’absent  reçoivent  une 
rémunération  quelconque.  Rien  ne  prouve  cependant 
d’une  manière  décisive  que,  dans  le  droit  altique,  la 
condition  de  gratuité  fût  de  la  nature  du  mandat9. 

L’effet  normal  du  mandat,  dans  les  rapports  des  parties 
contractantes,  est  de  mettre  à  la  charge  du  mandataire 
l’obligation  d’exécuter  le  mandat  conformément  aux 
instructions  qu’il  a  reçues  du  mandant.  S’il  les  enfreint 
ou  s’il  ne  rend  pas  compte  des  choses  qu’il  a  acquises  à 
l’occasion  de  l’exécution  du  mandat,  il  est  certainement 
passible  d’une  action  en  justice.  Mais  il  est  assez  difficile 
de  savoir  quelle  était  précisément  cette  action  dans  le 
droit  attique.  Un  auteur  10  a  cru  la  reconnaître  dans  la 
xaïuÿÉffswî  Si'xTj  signalée  par  Pollux  11 .  Mais  cette  interpré¬ 
tation  paraît  peu  vraisemblable  12.  De  mêmçqueles  Athé¬ 
niens  ne  semblent  pas  avoir  ramené  les  différents  cas 
de  mandat  à  une  seule  idée  générale  et  abstraite,  et  que 
le  mot  mandatum  ne  paraît  pas  avoir  d’équivalent  en 
grec13,  de  même  ils  ont  très  bien  pu  ne  pas  organiser 
une  action  spéciale  pour  le  cas  de  mandat.  Cela  ne 
présente  rien  de  surprenant  quand  on  envisage  le  déve¬ 
loppement  général  du  droit  des  obligations  à  Athènes. 
Le  mandant  pouvait  donc  user  contre  le  mandataire  infi¬ 
dèle,  soit  de  l’action  générale  «juvh^xûv  TtoLozZizu»;,  soit  de 
l’action  qui  peut  être  fondée  sur  une  faute  con¬ 

tractuelle  aussi  bien  que  sur  une  faute  délictuelle.  Si 
nous  supposons  qu’à  l’inverse,  par  suite  de  l’exécution 
du  mandat,  le  mandant  soit  tenu  d’indemniser  le  manda¬ 
taire  du  préjudice  qu’a  pu  lui  occasionner  cette  exé¬ 
cution,  l’obligation  du  mandant  sera  encore  sanctionnée 
par  la  oi'xy,  (iiXxSr,;. 

Dans  les  rapports  des  parties  avec  les  tiers,  un  des 
effets  du  mandat  est  que  le  mandant  est  obligé  vis-à-vis 
de  ceux-ci  par  les  actes  passés  par  le  mandataire  dans  la 
limite  de  ses  pouvoirs.  La  preuve  en  ressort  notamment 
du  plaidoyer  de  Démosthène  contre  Timothée  u.  Mais  les 
tiers  avaient-ils  contre  le  mandant  une  action  directe  et, 
à  l’inverse,  le  mandant  pouvait-il  agir  directement  contre 
ces  tiers?  Dans  le  silence  des  textes,  l’affirmative  parait 
devoir  être  adoptée  comme  plus  conforme  à  l’esprit  du 
droit  attique. 

Le  mandat  peut  d’ailleurs  servir  dans  le  droit  attique, 
comme  dans  le  droit  romain,  à  réaliser  une  intei'cessio, 

532  ;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  Paris,  1896,  2'  éd.  p.  89,  125-127,  242-243.] 

MANDATUM.  i  Demosth.  C.  Nicostr.%  5;  cf.  Dareste,  Plaidoyers  civils  de  Dé¬ 
mosthène,  t.  Il,  p.  200,  noie  1.  —  2  Deraoslh.  C.  Timotli.  §  37  ;  cf.  Daresle,  Op.  cit. 
t.  Il,  p.  207,  230,  note  I.  —  3  Plut.  Alcib.  §  12.  —  4  Platner,  Der  Process  und  die 
Klagen  bei  den  Attikern,  t.  II,  p.  378;  Caillmier,  Le  mandat  et  la  commission, 
dans  les  Mémoires  de  l’Académie  de  Caen,  1876,  p.  527  et  s.  —  5  Cf.  Meier,  Schô- 
mann  et  Lipsius,  Der  attische  Process,  p.  735,  noie  740  ;  Beauclict,  Hisl.  du  droit 
privé  de  la  Dépublique  athénienne,  t.  IV,  p.  373.  —  6  Philippi,  N.  Jahrb.  f.  PhiloC. 
XCIII,  p.  750.  —  7  Meier,  Schôm&nn  et  Lipsius,  L.  c.  —  *  Isae.  De  Astyph.  her. 
§  29;  cf.  Bcauchet,  t.  I,  p.  135.  —  9  Cf.  Beaucliet,  t.  IV,  p.  374.  — 10  Hermann, 
Dechtsalt.  §  15,  p.  103,  noie  2.  —  u  Poil.  VIII,  143.  —  12  Meier,  Schdmann  et 
Lipsius,  L.c.',  Beaucliet,  t.  IV,  p.  .375.  —  13  Meier,  Schdmann  ’  et  Lipsius  (L.  c.) 
qualifient  toutefois  le  mandat,  en  grec,  de  iv»k^.  —  14  Loc.  supr.  cit. 


MAX 


—  1508  — 


un  cautionnement,  le  mandataire,  sur  l’ordre  et  aux 
risques  et  périls  du  mandant,  consentant  à,  devenir 
créancier  d’une  personne  déterminée.  Les  plaidoyers  des 
orateurs  renferment  plusieurs  applications  du  mandat  à 
cette  hypothèse1.  L.  Beauchet. 

Rome.  —  Droit  privé.  —  Le  mandat  est,  à  l'époque 
impériale,  un  contrat  consensuel  par  lequel  une  personne 
charge  une  autre  personne,  qui  accepte,  de  lui  rendre 
gratuitement  un  service.  Le  mandant  est  appelé  man¬ 
dons ,  on  mandator ,  ou  is  qui  mandat 2.  Le  manda¬ 
taire,  c'est  is  qui  mandatum  suscepit  ou  cui  mandatum 
est 3  ;  on  l'appelle  souvent  procurator. 

Cette  notion  du  mandat  s'est  introduite  progressive¬ 
ment  dans  la  jurisprudence.  Pendant  longtemps,  le  man¬ 
dat  a  été  une  convention  sans  valeur  juridique  et  d’une 
portée  restreinte.  «  Dans  les  affaires  que  nous  ne  pou¬ 
vons  pas  conduire  par  nous-mêmes,  dit  Cicéron,  nous 
avons  recours  à  nos  amis,  dont  la  fidélité  doit  suppléer  à 
notre  insuffisance  L  »  Le  mandat  fut  donc,  au  début,  un 
bon  office,  un  service  d’ami  :  c’est  pour  cela  qu’il  est  es¬ 
sentiellement  gratuit5,  à  la  différence  du  louage  de  ser¬ 
vices  qui  donne  lieu  à  un  salaire  [locatio,  t.  Y,  p.  1291]. 
On  peut  toutefois  accorder  au  mandataire  des  honoraires 
pour  l’indemniser  de  ses  peines  et  soins  [honorarium, 
t.  Y,  p.  239].  Le  service  à  rendre  consiste  en  un  acte 
de  gestion  (curare6,  rem  mandatum  gerere  7)  accompli 
sur  la  res  mandata  :  le  mot  mandare  signifie,  d’après 
l’étymologie,  «  mettre  en  main  » 8.  Le  mandataire  joue  un 
rôle  actif,  à  la  différence  du  dépositaire  dont  le  rôle  est 
plutôt  passif  ;  il  ne  faut  pas  non  plus  le  confondre  avec 
le  nuntius  ou  messager,  simple  porte-paroles  de  celui  qui 
l’envoie  ( ministerium  tantummodo  praestare  videtur )9. 

La  notion  du  mandat  a  été  étendue  :  elle  s'applique  au 
service  que  nous  rend  une  caution  en  garantissant  le 
paiement  de  notre  dette10,  au  service  qu’un  créancier 
rend  à  ses  cocréanciers  lorsqu’il  est  chargé  par  eux  de 
vendre  les  biens  de  leur  débiteur  insolvable  11 .  Dans  ces 
divers  cas  le  mandat  est  toujours  spécial,  et  il  consiste 
en  un  service  qui  a  pour  le  mandant  un  intérêt  pécu¬ 
niaire12.  Le  mandat  dans  l’intérêt  du  mandataire  n’est 
qu’un  simple  conseil  qui  n’engage  pas  celui  qui  l’a 
donné.  Au  second  siècle  de  notre  ère,  on  fit  rentrer  dans 
la  notion  du  mandat  la  procuratelle  des  biens  d’un 
absent13.  Dès  lors  le  mandat  put  être  général,  s’appli¬ 
quer  à  l’administration  d’un  ensemble  de  biens,  sans 
qu’on  eût  à  rechercher  si  le  propriétaire  était  présent  ou 
absent.  Dans  tous  les  cas,  le  mandat  n’est  valable  que  s’il  a 
un  objet  licite  et  qui  n’ait  rien  de  contraire  aux  bonnes 
mœurs  u.  Celui  qui,  ayant  reçu  mandat  de  commettre  un 
délit,  exécute  sa  mission  est  puni  comme  un  complice13 
injuria,  t.  Y,  p.  522,  n.  20], 

1°  Sanction  du  mandat. —  Le  mandat  est  une  mission 
de  confiance  qui  doit  être  accomplie  de  bonne  foi  et  avec 

l  Demosth.  C.  Lacrit.  §  15  ;  C.  Nico$tr.§§  12, 13  ;  cf.  Lécrivain,  Le  cautionnement 
dans  le  droit  grec  classique,  dans  les  Mém.  de  V Acad,  de  Toulouse,  1894, 
p.  209.  —  2  Jul.  ap.  Afric.  8  Ouacst.  D.  XL VII,  2,  62,  5;  Marcel.  6  Dig. 
Dig.  XVII,  1,  49;  Paul.  62  ad  Ed.  Dig.  XLVI,  3,  56.  —  3  Paul.  32  ad  Ed. 
Dig.  XVII,  1,  22,  11  ;  Gaius,  9  ad  Ed.  prov.  eod.  27,  3.  —  1  Cic.  P.  Dose.  Amer.  38. 

—  u  Paul.  32  ad  Ed.  Dig.  XVII,  ir  1,4:  Mandatum...  originem  ex  officio  et  ami- 
cilia  trahit.  —  6  Plaut.  Asin.  1,  1,  107;  Poen.  prol.  80;  Ter.  Adelph.  III,  3,  18. 

—  7  Cic.,  L.  c.  —  8  Bréal  et  Bailly,  Dict.  étymologique  latin ,  p.  180.  —  9  Paul. 

29  ad  Ed.  Dig.  XIII,  5,  15;  Gaius,  3  Inst.  Dig.  XLIV,  7,  2,  2.  —  10  Javol.  9  ex. 
Cassio,  Dig.  XVII,  1,  51.  —  il  Lab.  ap.  Paul.  32  ad  Ed.  eod.  22,  10.  —  12  Le  man¬ 
dat,  dans  1  intérêt  d  un  tiers  ou  dans  l’intérêt  exclusif  du  mandataire,  peut,  dans 
certaines  conditions,  acquérir  une  valeur  juridique;  cf.  sur  cette  question,  Édouard 
Cuq,  Inst  il.  jurid .  des  Domains,  1902,  t.  II,  p.  434,  n.  8.  —  13  Cf.  sur  cette  ex  ton-  I 


MAN 


mandat  ne  devint  un  contrat,  le  lésdslaim,,.  ^  q,lu  le 
dans  quelques  cas  spéciaux,  de  punir  la  JT*  ^ 
du  mandataire  ou  du  mandant  :  la  loi  Aauili, 

Pe'”e  d"  double  1  ^slipulator  qui,  au  '* 

dat  qu  il  a  accepté,  fait  remise  de  la  dette  nu*  .  dn' 
tiou  [lex  aquilia,  t.  V.p.  1130,  n.  8],  De  même  lajoi  Pu’ 
U,  .a  a  établi  une  sanction  trts  rigoureuse  „JlU[  ' 
debiteur  principal  qui  refuse  de  rembourser  jJ 
faite  au  créancier  par  la  caution  (sponsor)  [LEX  p,"** 
desponsu,  t.  V,  p.  1161].  UUA 

Au  dernier  siècle  de  la  République,  l’exécution  de  h 
convention  de  mandat  devint  juridiquement  obligatoire  • 
le  mandat  fut  classé  parmi  les  contrats  consensuels  à 
côté  de  la  vente,  du  louage  et  de  la  société.  Aucune 
solennité  n’est  requise  pour  sa  formation11. 


Le  mandataire  est  obligé  à  rendre  le  service  qu’il  .t 
Promis  en  se  conformant  aux  instructions  du  mandant1» 
Il  doit  ensuite  rendre  compte  de  l’exécution  de  son  man¬ 
dat  ‘,J.  De  son  côté  le  mandant  doit  rembourser  au  man¬ 
dataire  les  dépenses  qu’il  a  faites  et  le  décharger  des  obli¬ 
gations  qu’il  a  contractées  20. 

Les  obligations  respectives  du  mandataire  et  du  man¬ 
dant  sont  sanctionnées  :  celles  du  mandataire  par  l’action 
mandati  directa,  celles  du  mandant  par  l’action  mandati 
contraria.  La  première  seule  entraîne  l’infamie21. 

2°  Exécution  du  mandat.  — -  L’exécution  du  mandat 
donne  lieu  fréquemment  à  la  conclusion  d’un  acte  juri¬ 
dique  avec  des  tiers.  En  droit  moderne,  cet  acte  pro¬ 
duit  son  effet  au  profit  ou  à  la  charge  du  mandant  qui 
est  réputé  avoir  été  présent  à  l’acte.  C’est  l’application  du 
principe  de  la  représentation.  Ce  principe  est  étranger 
aux  Romains  :  ils  sont  restés  fidèles  à  la  règle  d’après 
laquelle  un  acte  juridique  ne  saurait  produire  d’effet  à 
l’égard  des  tiers  22.  Ce  n’est  pas  à  dire  que  le  mandataire 
doive  conserver  le  bénéfice  ou  supporter  définitivement 
la  charge  de  l’acte  qu’il  a  conclu  pour  le  compte  du 
mandant;  mais  un  transfert  est  nécessaire.  C’est  une 
complication  que  le  principe  de  la  représentation  permet 


d’éviter. 


11  existe  entre  les  deux  législations  une  autre  différence  a 
à  Rome,  le  mandant,  n’acquérant  pas  directement  le  bé¬ 
néfice  de  l’acte,  court  le  risque  de  l’insolvabilité  du  man 
dataire;  d’autre  part,  les  tiers  n’ayant  que  le  mandataire 
pour  débiteur,  celui-ci  ne  peut  user  du  crédit  dont  joui 
personnellement  le  mandant.  Il  y  avait  là  des  iinmne 
nients  pratiques  dont  les  Romains  ont  parfaitement  saisi 
l’importance  et  qu’ils  ont  en  grande  partie  u  a 
écarter.  Il  convient,  pour  s’en  rendre  compte,  de  n  1  ''  ^ 
cher  les  actes  que  le  mandataire  peut  faire,  P11"1  1 


u’il  ne  peut  pas  faire. 

3°  Actes  que  peut  faire  le  mandataire.  1  * 1  ^ 

ataire  peut  acquérir  la  propriété  et  la  retian  i 

Il  434  _ 14  Gaius,  HL 

an  du  mandat,  Édouard  Cuq,  Op.  cil.  t.  I,  P-  574;  t-  P-  '  ,jj  j  22, 6  ; 
7;  10  ad  Ed.  prov.  Dig.  XV1I1,  1,  35,  2;  Paul.  32  ad  Ed.  D,9-  XLI1I, 

p.  36  ad  Ed.  Dig.  XXVII,  3,  1,  14.  -  1»  Sabin.  ap.  Ulp.  69  a  ’  ^39!; 
,  I,  14;  Ulp.  57  ad  Ed.  Dig.  XL VII,  10,  11,  3  et  5.  -  16  Cic.  ^  ^  ||, 

aul.  Mercator ,  377;  Ulp.  Dig.  L,  17,  23;  Diocl.  Cod.  M.  1  ^.j.^  du  „,an- 

t  anciennement  des  divergences  sur  l’étendue  de  la  respo  -  3» 

taire:  quelques  jurisconsultes  le  déclaraient  responsaj  ^  n  çj.  suri* 
n  dol;  cf.  Modest.  Collât,  leg.  mosaïc.  et  rom.  X,  2’  j]  7;  t.  Il,  !»•  i33, 
nction  du  mandat,  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  P-  ^  Qaius,  3  ad 

1.  _  18  Paul.  32  ad  Ed.  Dig.  XVII,  1,  5  pr.,  1  et  ~  _  2t  Sur  c<'ltc 

ov.  Dig.  III,  3,  46,  4.  —  2»  Ulp.  31  ad  Ed.  Dig.  XVII,  I,  -  ^ajliid. 

rticularité  de  l’action  contraire,  cf.  mes  Instit.  jurid.  ••  >  P 

II,  D.  333. 


MAN 


—  1569  — 


MAN 


ni  i  si  par  exemple,  il  a  reçu  mandat  d’acheter  un 
®al"lil'1l(l  leITC)  il  commencera  par  l’acquérir  par  man- 
!  fonlb!  'J  pUis  il  le  remancipera  au  mandant.  —  "2°  Le 
Cipil1  h  l'aire  peut  acquérir  une  créance  et  en  transférer 
I  fu''’'j|’r  au  mandant  par  la  procuratio  in  rem 
1VM  !VrB0CURATio].  — 3°  Il  peut  également  contracter  un 
^T'i’iiient  et  en  transférer  la  charge  au  mandant.  Ce 
n^fert  s’opérera  par  une  délégation  si  le  créancier  y 
Mi'si  nt  sinon  par  une  procuratio  in  rem  suam3.  — 
4"  I  r  mandataire  est  autorisé  à  faire  les  actes  conserva- 
toires d’undroit  appartenantau  mandant:  sommation  àun 
débiteur  pour  le  mettre  en  demeure 4,  dénonciation  de 
ouvel  œuvre'®,  etc.  —  5°  Au  début  du  second  siècle  de 
notre  ère,  on  permit  au  mandataire  d’acquérir  ou  de 
transmettre  le  corpus  de  la  possession  pour  le  compte  du 
mandant.  Celte  règle  fut  définitivement  consacrée  un 
[siècle  plus  tard  parmi  rescrit  de  Caracalla0.  Elle  eut 
pour  conséquence  de  permettre  au  mandant  d’acquérir 
ou  de  transférer  par  mandataire  la  propriété  des  res  nec 
mancipi,  et  même,  suivant  le  droit  prétorien,  des  res 
mancipù  Ce  fut  une  grande  simplification  dans  les  rap¬ 
ports  entre  mandant  et  mandataire,  et  en  même  temps  un 
progrès  notable  réalisé  par  le  droit.  —  6°  La  règle  qui 
précède  eut  une  autre  conséquence  :  on  put  faire  un  prêt 
Imutuum)  ou  un  emprunt  pour  autrui  ;  le  mandant  devint 
créancier  ou  débiteur  par  l’intermédiaire  du  mandataire, 
comme  s’il  avait  lui-même  prêté  ou  emprunté  7.  Le  prêt 


exige  en  effet,  pour  sa  formation,  la  remise  de  la  quantité 
prêtée  à  l’emprunteur  :  cette  tradition  peut  être  faite  par 
le  mandataire  ou  à  son  profit.  Dans  le  premier  cas,  le 
mandant  est  censé  avoir  fait  l’aliénation  et  devient  créan¬ 
cier  ;dansle  second,  c’est  lui  qui  acquiert  la  possession  et 
la  propriété,  et  qui  par”  suite  devient  seul  débiteur8. 
Cette  règle  nouvelle  offrait  un  grand  intérêt  pratique,  car 
le  prêt  pour  le  compte  d’autrui  était  à  Rome  d’un  usage 
courant  [mutuum]9.  —  7°  Par  application  de  la  même 
règle,  le  paiement  fait  par  un  mandataire  libère  le  man¬ 
dant  de  son  obligation  :  il  est  censé  avoir  fait  lui-même 
la  tradition  de  l’argent  compté  au  créancier  [solutio]  1ü. 
—  K0  l.a  jurisprudence  admit  enfin  que  le  pacte  de  remise 
consenti  au  mandataire  pourrait  être  invoqué  par  le 
mandant  sous  la  forme  d’une  exception  de  dol  [pactum]  “. 

V  Actes  que  ne  peut  pas  faire  le  mandataire .  —  1°  Le 
mandataire  ne  peut  acquérir  pour  le  mandant  une  ser- 
btude  personnelle,  car,  une  fois  fixée  sur  sa  tête,  elle  ne 
pourrait  plus  être  transférée  sur  une  autre.  —  2°  Il  ne  put 
pendant  longtemps  aliéner  la  propriété  du  mandant,  à 
moins  que  celui-ci  ne  la  lui  eût  d’abord  transférée.  Dans 


ce  'as,  il  agissait  comme  propriétaire  et  non  pas  seule¬ 
ment  comme  mandataire.  —  3°  Le  mandataire  ne  peut 
Pab  davantage  constituer  une  servitude  sur  le  fonds  du 
mo  "dunt  par  mancipation  ou  par  injure  cessio.  Seul  le 
p!0]n ietaire  du  fonds  ace  pouvoir.  11  faudra  donc,  comme 
Uns  h.  cas  précédent,  que  le  mandant  transfère  la  pro- 
1  du  fonds  au  mandataire  ;  celui-ci  sera  alors  en 


mesure  d'accomplir  sa  mission, après  quoi  il  remancipera 
le  fonds  à  son  mandant  mancipatio,  servitus].  —  4°  L'n 
mandataire  ne  peut  prendre  part  à  une  acceptilalion  pour 
le  compte  du  mandant.  C’est  un  acte  qui  ne  peut  avoir 
lieu  qu’entre  les  personnes  intéressées.  11  faudrait,  pour 
rendre  possible  l’intervention  du  mandataire,  le  rendre 
créancier  ou  débiteur  par  voie  de  novation  [acceptilatio, 
t.  Ier,  p.  17;  novatio]12.  —  5°  Sous  la  réserve  indiquée 
pour  le  prêt  ( mutuum ),  un  mandataire  ne  peut  contrac¬ 
ter  de  manière  à  rendre  le  mandant  créancier  ou  debi¬ 
teur.  Ici  surtout  l’absence  de  la  représentation  présentait 
des  inconvénients  qu’on  s’est  efforcé  d  atténuer. 

Le  point  de  départ  se  trouve  dans  l'édit  du  prêteur 
relatif  aux  engagements  contractés  par  un  fils  de  famille 
ou  un  esclave,  soit  avec  l’assentiment  du  père  ou  du 
maître  ( jussu  domini),  soit  en  qualité  de  préposé  à  l’ex¬ 
ploitation  d’un  navire  ( marjister  navis  ou  à  un  com¬ 
merce  de  terre  ( institor ),  soit  comme  administrateur 
d’un  pécule  [peculium].  Le  chef  de  famille  est  ici  obligé, 
contrairement  au  droit  commun,  par  le  fait  dune  per¬ 
sonne  placée  sous  sa  puissance  :  il  est  tenu,  suivant  les 
cas,  de  l’action  quod  jussu ,  exercitoire,  institoire,  de 
peculio  ou  de  in  rem  verso  [lex  praepositionis,  t.  V, 
p.  1121;  exercitoria  actio,  t.  IV,  p.  886;  ixstitoria  actio, 
t.  V,  p.  545]. 

La  jurisprudence  étendit  l’application  de  l'édit  aucasoii 
le  préposé  est  une  personne  suijuris 13 .  Elle  ne  s  en  est  pas 
tenue  là:  pour  augmenter  le  crédit  du  mandataire,  les  juris¬ 
consultes  du  temps  des  Sévères  donnent  aux  tiers  qui  ont 
traité  avec  le  mandataire  un  recours  contre  le  mandant. 
Ces  tiers,  disent-ils,  ont  contracté  en  considération  du 
mandant u:  ilest  juste  de  leur  permettre  de  s’en  prendre  à 
lui.  Pour  réaliser  cette  innovation,  on  assimila  le  manda¬ 
taire  à  un  préposé  13  ;  on  étendit  le  bénéfice  de  1  action 
institoire  aux  tiers  qui  traiteraient  avec  un  mandataire  ; 
ce  fut  l’action  quasi-institoire.  Cette  action  leur  fut  accor¬ 
dée  sans  préjudice  de  celle  que  le  droit  commun  leur 
conférait  contre  le  mandataire.  Ils  eurent  deux  débiteurs 
au  lieu  d’un  :  le  mandataire  et  le  mandant,  tandis  que,  en 
droit  moderne,  le  mandant  est  seul  obligé  à  l’exclusion 
du  mandataire  18 .  La  jurisprudence  a  moins  facilement 
autorisé  le  mandant  à  agir  contre  les  tiers  ;  elle  ne  1  a 
admis  qu’à  titre  exceptionnel  :  en  cas  d’insolvabilité  du 
mandataire,  ou  bien  lorsque  le  mandataire  n  a  pas  intérêt 
à  empêcher  le  mandant  d’agir  directement  contre  les 
tiers  17 .  Telle  était  aussi  la  règle  admise  pour  le  prépo¬ 
sant  d’un  institor  18  et  pour  l’armateur19. 

5°  Extinction  du  mandat.—  Les  pouvoirs  conférés  au 
mandataire  prennent  fin  lorsque  le  mandataire  a  rempli 
sa  mission,  ou  bien  encore  à  l’arrivée  du  terme  ou  de  la 
condition  fixés  dans  le  contrat  il).  Le  mandat  peut  aussi 
s’éteindre,  avant  son  entière  exécution,  par  la  mort  du 
mandant  ou  du  mandataire21  ;  par  la  révocation  du  man¬ 
dataire  ou  par  sa  renonciation.  Le  mandat  est,  en  effet, 
un  contrat  qui  se  forme  en  considération  de  la  personne 


-  3  paui' '"aest-  DiB-  XLI,  i,  59.  —  2  Ulp.  31  ad  Ed.  Dig.  XVII,  1,  8,  10. 
Ed.  I)ùj  xv™-  corf-45'  2-  —  4  Paul.  1  Manual  Dig.  III,  3,  72;  Ulp.  73  ad 
VU,  3„  ]  .  ’  vj1  P1''  -  3  UIP-  52  ad  Ed.  Dig.  XXXIX,  I,  5,  18-20.  —  6  Cod.  Jusl. 
p.  342~’383  *_!  j*"1  Cut|’  lnstit'  iurid-  t-  H,  p.  213  ;  237,  n.  7.  —  7  Ibid.  t.  II, 
nnllium  coiioli  l"al)roPos^  une  explication  différente  de  la  règle  admise  pour  le 
dans  le  casd,,"  ^  man<4ataire,  mais  elle  aboutit  en  pratique  au  môme  résultat 
le  mandalai,.,,  Pféter.Pour  le  mandat  d'emprunter,  M.  Gérard  in  pense  que 

I.  XXIV,  i,  ''1<  “^'Séacôlé  du  mandant  [Nouv.  Revue  butor,  de  droit ,  1900, 
'  '  -  9  Jul.  ap.  Ulp.  Dig.  XII,  1,  9,  8.  —  10  Gains,  3  do  V.  O. 


Dig.  III,  a,  38;  Pompon.  23 ad  Sab.  D.  XLX'I,  3,  23.  —  11  Trebat.  ap.  Ulp.  4  ad  Ed. 
Dig.  II,  14,  10,  2.  —  12  Ulp.  50  ad  Sab.  Dig.  XLVI,  4,  13,  10.  —  13  Ulp.  28  ad  Ed. 
Dig.  XIX',  1,  i,  4.  —  14  Papin  2  Rcsp.  Dig.  III,  5,  31  pr.  —  15  Papin.  ap.  Ulp. 
31  ad  Ed.  Dig.  XVII,  1,  10,  5  ;  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  1,  13,  25.  —  16  11  en  est  autre¬ 
ment  du  tuteur  qui  peut  écarter  par  une  exception  l'action  qui  serait  iuteutée  contre 
lui.  Papin.  5  Rcsp.  Dig.  XXVI,  9,  5,  t.  —  17  Papin.  3  Resp.  Dig.  III,  3,  68  ;  cf. 
Papin.  2  defm.  Dig.  XLI,  2,  49,  2.  —  18  Marcell.  ap.  Ulp.  28  ad  Ed.  Dig.  XIV,  3, 
1  ;  Gains,  9  ad  Ed.  prov.  eod.  2.  —  19  Ulp.  Dig.  XIV,  1,  I,  18.  —  20  Ulp.  Dig.  XVII, 
t,  1,3;  cf.  Paul.  4  Resp.  eod,  39,  2.  —  21  Gaius,  111,  160. 


MAN 


1570  — 


( intuitu  personne)  :  il  est  tout  naturel  qu’il  s’éteigne  au 
décès  ou  par  la  volonté  de  chacun  des  contractants.  11 
pourrait  même  s'éteindre  d’un  commun  accord  entre 
les  parties,  s  il  n  avait  pas  encore  reçu  un  commen¬ 
cement  d’exécution1. 

Les  obligations  qui  résultent  du  mandat  peuvent  sur¬ 
vivre  il  l'extinction  du  contrat 2.  L'héritier  du  mandataire 
peut  faire  valoir  les  droits  acquis  par  son  auteur  contre 
le  mandant  ;  il  doit  même,  en  cas  d’urgence,  achever  les 
opérations  commencées3.  L'héritier  du  mandant  doit 
tenir  compte  au  mandataire  des  dépenses  qu’il  a  faites 
avant  qu  il  ait  eu  connaissance  de  la  mort  du  mandant4. 
Pareillement,  la  révocation  du  mandat  ne  produit  son 
effet  qu’à  dater  du  moment  où  le  mandataire  en  a  été 
informé5.  La  renonciation  du  mandataire  doit  être  noti¬ 
fiée  au  mandant  ;  elle  ne  doit  pas  être  frauduleuse  ni 
faite  à  contre-temps6. 

6"  Applications  spéciales  du  mandat.  —  Le  mandat  a 
reçu  diverses  applications  soumises  à  des  règles  spé¬ 
ciales  :  tel  est  le  mandat  de  stipuler,  en  même  temps 
que  le  mandant,  une  valeur  que  celui-ci  se  fait  promettre 
post  mortem  suam  [adstipulator]  ;  le  mandat  de  recevoir 
un  paiement  pour  le  compte  du  mandant,  avec  faculté 
pour  le  débiteur  de  se  libérer  entre  les  mains  du  stipu¬ 
lant  ou  de  Yadjectus  sol  ut  ion  is  gratia  [solutio]  ;  le  man¬ 
dat  pecuniae  credendae  qui  est  un  mode  de  cautionnement 
intercessio,  t.  V,  p.  552]  ;  le  mandat  ad  litem  par  lequel 
un  plaideur  charge  un  tiers  de  le  représenter  en  justice; 
le  mandat  in  rem  suam  qui  est  un  mode  de  cession  de 
créances  [procuratio]. 

Droit  public.  —  Le  mandat  comporte,  en  droit  public, 
une  double  application  :  1°  en  matière  de  juridiction,  le 
magistrat  empêché  donne  mandat  à  un  collègue,  à  un 
magistrat  de  rang  inférieur  ou  même  à  un  simple  parti¬ 
culier  de  remplir  ses  fonctions.  C’est  la  jurisdictio  man¬ 
data  dont  les  règles  ont  été  exposées  au  tome  Y,  p.  729 
[jurisdictio];  2°  en  matière  d’administration,  les  man¬ 
data  sont  des  instructions,  en  forme  de  lettre  indivi¬ 
duelle  \  adressées  par  les  empereurs  aux  fonctionnaires 
placés  sous  leur  autorité  8,  particulièrement  aux  gou¬ 
verneurs  des  provinces  impériales.  La  surveillance 
exercée  par  les  empereurs  sur  les  provinces  sénatoriales 
motiva  l’envoi  d’instructions  analogues  aux  proconsuls 9  : 
les  mandata  impériaux  remplacèrent  ici  les  mandata  du 
Sénat  [provincia]  10. 

L'usage  des  mandats  apparaît  au  début  de  l’Empire,  dès 
le  règne  d’Auguste11,  et  subsistait  encore  au  commence¬ 
ment  du  ve  siècle,  lors  de  la  rédaction  de  la  Notitia  digni- 
tatum1 2.  11  ne  tarda  pas  à  disparaître,  car  en  535,  pour 
rétablir  l’ordre  dans  l’administration  13,  Justinien  jugea 
utile  de  revenir  aux  anciens  errements  14  :  à  l’exemple 
de  ses  prédécesseurs  des  premiers  siècles  de  l’Empire15, 


1  Caius.  HL  159-  —  î  Cic.  Ad  Her.  II,  13,  10.  —  3  Pompon.  17  ai 
Sab.  Dig.  XXVII,  7,  1  pr.  ;  XVII,  2,  40  pr.  ;  Cod.  Just.  IV,  35,  15.  —  4  pau] 
32  ad  Kd.  Dig.  XVII,  1,  26  pr.  —  5  Paul.  2  ad  Sab.  Dig.  XVII,  1,  15 

—  «  Mêla  ap.  Paul.  eod.  22,  II;  Hermog.  2  jur.  Ep.  eod.  25.  —  7  Ulp.  8 
De  off.  Proc.  Dig.  XL VII,  11,6  pr.  —  8  Par  exemple  le  curator  aquarutr. 
de  Rome  :  Frontin.  De  aquis,  110.  —  9  Ulp.  1  De  off.  Proc.  Dig.  I,  16,  6,  3; 
Plin.  Ep.  X,  56,  110,  111;  inscription  de  Pergamc,  du  règne  de  Trajan  • 
Corp.  inter,  lat.  III,  7086.  -  10  Callistr.  2  De  cognit.  Dig.  L,  10,7,  i. 

—  11  Dio.  Cass.  LUI,  15,  4.  —  12  Les  mandata  principis  sont  mentionnés  dans  une 
constitution  d  Arcadius  et  Honorius  de  l'an  412  ;  Cod.  Theod.  lib.  VI,  Ut.  29,  c.  10. 
*7  13  Cf.  sur  la  réforme  administrative  de  cet  empereur,  Ch.  Diehl,  Justinien  et  la 
cimlnation  byzantine  au  17'  siècle,  1901,  p.  276-313.  —  14  Nov.  XVII  pr.  :  Quia 
igitur  nobis  reparantibus  omnem  vetustatem  jam  deperditam,  jam  deminutam, 
plaçait  etiam  omnibus  judicibut  noslris...  non  solum  codicillos  praestare,  sed 


MAN 

il  fit  faire  un  recueil  des  instructions  dont 
lut  imposée  aux  administrateurs 


s  des 


,  obsc«'Vcilion 

recueil  [tioer  tnandatorum),  rédigé  en  BPr°Vlnce8-  Ce 
lut  déposé  aux  archives  de  l’Empire  •  ordr  ^  Gn  lalin’ 
d’en  remettre  une  copie  à  chaque  fonctionna  .V  ^ 
sa  nomination.  A  cette  époque,  les  mandata  oZ 
leu  :  en  fut-il  de  même  sous  le  Haut-Empire?  Ü‘'Cede 
Les  auteurs  modernes  ne  sont  pas  dW  . 
point  de  savoir  si  les  mandats  doivent  être  ^ 'H 
nombre  des  constitutions10.  Sont-ik  mu-  _  Iangés  aii 
tous  les  citoyens  dans  la  mesure  où  us peS?  F** 
resser?Le  doute  vient  de  ce  que,  en  raison  de  le  ,  Z 
et  de  leur  objet,  les  mandats  ont  un  caractère  slri  ,  ^ 
personnel;  puis  de  ce  que  les  jurisconsX  d tT 
n’en  parlent  pas  lorsqu’ils  énumèrent  les  diverses 
de  constitutions 17  ;  il  y  a  même  certains  textes ,  P  ** 
guent  les  mandata  des  constitutions  18  Ces  , 

sont  pas  décisives  :  si  l’on  a  séparé  les  mandats  de 
autres  constitutions,  c’est  qu’ils  contiennent  en  grande 
partie  des  règlements  administratifs  ;  mais  rien  ne  son 
pose  à  ce  qu’une  disposition  d’un  caractère  général  soit 
insérée  dans  un  mandat  :  il  n’y  a  pas  déformé  essentielle 
pour  la  manifestation  de  la  volonté  impériale.  Le  terme 
même  de  mandatum  n’est  pas  nécessaire  :  certains  man¬ 
dats  de  Dioclétien  sont  qualifiés  sacrae  litterae'\ bail¬ 
leurs  ce  qui  tranche  la  question,  c’est  l’existence  dans  les 
mandata  de  règles  de  droit  civil  ou  criminel  :  les  plus 
connues  sont  relatives  au  testament  militaire  ;  à  la  dé¬ 
fense  adressée  aux  fonctionnaires  d  une  province  d’épou¬ 
ser  une  femme  originaire  de  cette  province  ou  y  ayant  son 
domicile  ;  de  recevoir  des  donations,  de  se  rendre  acqué¬ 
reurs  de  biens  situés  dans  la  province  ;  à  la  défense  de  dé¬ 
poser  de  l’argent  dans  les  tombeaux  pour  éviter  les  viola¬ 
tions  de  sépulture  [testamentum,  donatio,  sepulcrum  20]J 
En  principe,  les  mandats  prennent  fin,  comme  en  droit 
privé,  à  la  mort  du  mandant,  à  la  mort  ou  par  la  révoca¬ 
tion  du  mandataire.  Mais  en  fait,  les  mandats  n’ont  pas 
tardé,  en  droit  public,  à  perdre  leur  caractère  tempo¬ 
raire  :  il  y  aurait  eu  trop  d’inconvénients  à  les  déclarer 
sans  valeur  tant  qu’ils  n’avaient  pas  été  renouvelés  par 
l’empereur  subséquent,  ou  adressés  au  remplaçant  du 
fonctionnaire  mort  ou  sorti  de  charge.  L’esprit  de  suite, 
nécessaire  dans  toute  administration,  les  fit  maintenir  en 
vigueur  :  on  les  considéra  comme  obligatoires  tant  qu  ils 
n’avaient  pas  été  révoqués.  Le  caractère  permanent  des 
mandata  ressort  très  nettement  d’un  fragment  d  L  Ipien 
sur  la  concession  aux  militaires  de  la  libéra  testamenti 
factio  [testamentum]  21 . 

Les  mandata  étaient  enregistrés  dans  les  commentai 
et  conservés  dans  le  tabularium  Caesaris  -■ 
Alexandre  Sévère,  la  garde  en  était  confiée  à  un  alîi anchi 
qui  porte  le  titre  de  procurator  a  mandatis-’ •  lb/or  J 

etiam  mandata  dare,  quibus  inspectis  omnia  gubernare  laudabilih  i 
—  1  Ibid.  :  Quod  a  genitoribus  reipublicae  nostrae  adinventum  ■  ^  ^  . 

sur  celte  question,  Savigny,  System  des  heutigen  rôm.  Rechls ,  t.  L  >  -  [ 

Rudorlf,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  t.  I,  p.  136;  Zimmern,  Geschichti  J., . 

vatrechts,  t.  I,  p.  243;  Wlassak,  Studien  zur  Théorie  der  Rechtsqut  >  [ 

Karlowa,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  1. 1,  p.  652;  P.  Krueger,  Geschichti  '  Ar 
und  Literatur  des  rôm.  Redits,  trad.  Brissaud,  p.  134;  ilayei, 


Zeitschrift  der*  I 

Savigny-Stiftung,  1897,  t.  XVIII,  p.  46;  Édouard  Cuq,  Les  Jnstù f  ^  qa[.Cian.  J 
Romains,  t.  II,  p.  26.  —  *7  Caius,  I,  5  ;  Ulp.  1  Inst.  Dig.  L  4,  1,  L  .  ,  |||,  J 

-  19  Voir,  par  exemple,  Cod-  ’ 

„t  les  texte*  1 

il  IJIp.  45 
413.  -  23  0IP' 


2  jud.  publ.  Dig.  XL VII,  22,  3  pr.  -  19  Voir,  par  eMi-j..»,  ---  aiéi 
3,  3;  VII,  16,  40;  IX,  2,  8,  etc.  —  20  Voir  d'autres  exemples  et  les 
dans  Édouard  Cuq,  Le  Conseil  des  empereurs,  p-  460-461- 
ad  Ed.  Dig.  XXIX,  1,  1  pr.  —  22  Cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  p. 

Loc,  cit. 


MAN 


—  1571  — 


MAN 


recueil  spécial,  liber  mandatorum,  divisé 

i  vlitres  (caput  ex  mandatis )  *. 

T^  ii^-Kmpire,' le  liber  mandatorum  est  l'un  de 


Kig.  4805.  —  Le  livre  des  Mandais. 


insignes  des  principaux  fonctionnaires  de  l’État  :  lors¬ 
qu’ils  rendaient  la  justice,  le  liber  mandatorum  était 
placé  dans  la  salle  d’audience2,  à  côté  de  la  colonne  por- 


tmll  image  des  empereurs 3  (fig.  4805).  Comme  à  l’époque 
anterieure,  les  mandats  spéciaux  à  chaque  province  ou 

lii  d'9n'l.  Oecidentis ,  cap.  xliii,  xlv.  —  2  [,c  cursus  honorum  de  ce  fonc- 

Noi  '  raPP°rl<5  dans  une  inscription  :  Corp.  inscr.  lat.  III,  53G.  —  3  Bôcking, 
p°\‘*  d'Snitatum,  t.  U,  p.  125  et  127  ;  Otto  Seeck,  Notitia  dignit.  p.  222,  224  et 
I  I  _  j'cec'l>  p.  tOt  et  102  ;  cf.  le  commentaire  de  Pancirole  dans  Boecking, 
trait  -  '  *'■  ^'bliographie.  Droit  privé  :  Von  Savigny,  Das  Obligationenrecht , 
Pandr /•  ™  3ozon'  éd.  1873,  t.  I,  p.  163;  Von  Vangerow,  Lehrbuch  der 
'■  H  p  05!)  w  ^  *S"^’  ^  P’  492;  Maynz,  Cours  de  droit  romain,  4e  éd.  1877, 
Ortolan  F  .'n^sc^e‘(É  Lehrbuch  des  Pandektenrcchts ,  8'  éd.  1900,  t.  II,  §  409; 
p  313  ,’j  historique  des  Instituts  de  Justinien ,  12'  éd.  1883,  t.  III, 

P  M  iggi  Sllr  Ortolan,  l.  III,  p.  865  ;  Accarias,  Précis  de  droit  romain, 

p.  67g .  t  p’  l'  P-  Moriti  Voigt,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  1892-1899,  t.  I, 

Manu  eide,/,1'-9301  Dei’nburg’  Pand,;kten>  G°  éd.  1900,  t.  II,  §  115;  P.-F.  Girard, 
**92-l{)(ii  |,U'||  3'  éd.  1901,  p.  576  ;  Karlowa,  Rômische  Rechtsgeschichte, 

flomains  'îgp.,  ’  **  C(’"’  3393  ’  Édouard  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  des 

titifi  di(jnitat~'  *  P'  6i9  >  'h  P'  *41  et  433.  —  Droit  public  :  Boecking,  No- 

Partit  Or'  ? 11  a^M1,n*s*r<U»onu m  omnium  tam  civilium  quam  militarium  in 
lun,  1876-  IiVi*  et  <kcidenti*'  2  Vol.  1839-1853;  Otto  Seeck,  Notitia  dignita- 
Le  Conseil  de"  Pe°htsqeschichte,  1859,  t.  I,  p.  136  ;  Édouard  Cuq, 

^echtigeschicht  >l^ereWrS  d^uSusle  à  Dioclétien,  1884,  p.  455  ;  Karlowa,  Rôm. 
^  l;l,p.  652;  Krueger,  Geschh 


s>  1887,  trad.  Brissaud,  p.  134. 


,  Geschicliteder  Quellen  und  Literatur 


division  de  l’Empireétaient  conservés  dansles  archives  de 
l’empereur.  La  figure  4S0G  représente  le  dépôt  des  man- 
datorum  libri  àlachancellerie  impériale  4.  Edouard  Cuq. 

M  ANDRA  (MxvSpa).  —  I.  Enceinte,  parc  pour  le  bétail, 
étable,  écurie  *.  Le  mot  s’étendit  aux  animaux  eux- 
mêmes  réunis  en  troupeau2. 

IL  Sorte  de  jeu  [latrunculi,  p.  994]. 

III.  Chaton  de  bague 3. 

MANDYAS ou MANDYÈ  (Mxvoôx;,  ji-avoÛT)).  —  Manteau 
que  les  auteurs  assimilent  au  birrus,  à  la  lacerna,  à 
I’ephestris,  à  la  chlamys,  au  sagem1  ,  c’est-à-dire  à  des 
vêtements  faits  pour  résister  aux  intempéries2,  qui  se 
portaient  par-dessus  le  costume  et  se  fixaient  sur 
l’épaule  ou  sur  la  poitrine  au  moyen  d’une  fibule  ou 
d’une  agrafe.  E.  Saglio. 

MANES,  MANIA.  —  La  notion  des  Mânes,  apparentée 
à  celle  des  Génies,  des  Lares,  des  Pénates,  des  Larves 
et  parfois  confondue  avec  elles  *,  est,  dans  la  religion 
romaine,  celle  qui  exprime  le  mieux  la  croyance  à  une 
certaine  immortalité  de  l’âme  après  la  dissolution  du 
corps.  En  expliquer  les  diverses  nuances,  c’est  déter¬ 
miner  jusqu’à  quel  point  cette  conception  d’ordre  philo¬ 
sophique  a  fait  partie  de  l'opinion  populaire.  Malheu¬ 
reusement,  si  l’emploi  du  mot  est  de  plus  en  plus 
fréquent  depuis  la  période  littéraire  où  l’influence  hellé¬ 
nique  a  tant  de  part,  les  documents  qui  nous  permettent 
de  remonter  au  delà  sont  très  rares  et  ils  ne  nous  sont 
guère  arrivés  que  par  le  canal  de  la  littérature. 

Nous  savons  cependant  que  la  religion  des  morts  est 
bien  antérieure,  chez  les  Romains,  à  toute  espèce  de 
philosophie2;  dès  la  plus  haute  antiquité,  le  sol  même 
de  la  maison  servait  à  l’ensevelissement,  de  sorte  que 
les  âmes  des  morts  étaient  censées  habiter  parmi  leurs 
descendants  et  devenaient  pour  eux  des  esprits  familiers  : 
ces  esprits  étaient  appelés  DU  parentes  et  Mânes  3.  Ce 
dernier  mot  ne  fut  d’abord  qu’un  qualificatif,  invaria¬ 
blement  employé  au  pluriel  et  au  masculin;  l’interpré¬ 
tation  la  plus  probable  est  celle  qui  l’oppose  à  immanes  ; 
il  signifie  donc  les  bons  ou  les  illustres,  soit  par  anti¬ 
phrase,  soit  sans  restriction4.  Il  ne  semble  pas  qu’il  ait 
désigné,  et  cela  pendant  des  siècles,  tel  défunt  en  parti¬ 
culier,  avec  les  caractères  de  la  personnalité,  mais 
seulement  une  collection  d'ombres  ou  de  fantômes,  sanc¬ 
tifiés  par  la  mort,  objets  de  vénération  et  de  frayeur, 
qui  ne  gardaient  de  leur  existence  terrestre  qu’un  vague 
pouvoir  d’agir  sur  les  survivants.  Il  est  donc  moins  une 
profession  de  foi  en  l’immortalité  qu'un  hommage  à  la 

MANDRA.  1  Sopli.  Frag.  587;  Plut.  Mor.  648  A;  Callim.  Cer.  106. 
—  2  Hesych.  s.  o.;  cf.  Juvcn.  III,  237;  Mart.  V,  22,  7.  —  3  Anthol,  IX,  746 
et  747  ;  XI,  326. 

MANDYAS  ou  MANDYÈ.  1  Artemid.  Oneirocr.  Il,  3  ;  F.Ujm.  magn.  et  Suid. 
s.  v.  Ephestris.  Voir  aussi  Poilus,  VII,  60,  et  Eustatli.  Ad  Odyss.  p.  1854,  32,  qui 
traduisent  ce  nom  par  çaivôkijî,  c'est-à-dire pnenula;  cf.  San  niai  se,  Ad  Script,  hist. 
Aug.  éd.  1620,  p.  6,  120,  343.  —  2  Cf.  Dio  Cass.  XLVII,  8. 

MANES,  MANIA.  1  Voir  Genius,  II,  2,  p.  1490;  lares,  III,  1,  p.  940;  larvae. 
Ibid.  p.  950.  —  2  Schoemann,  De  diis  Alanibus,  Laribus  et  Geniis  (dans  les  Opus- 
cula  Academ.  I,  p.  350  sq.),  p.  359.  —  3Serv.  Aen.  V,  64;  VI,  151  ;  XI,  206;  Plant. 
Merc.  V,  1,  5;  Corn.  Nep.  Fragm.  12;  cf.  Penates  lnferorum ,  désignant  des  con¬ 
ceptions  analogues  clici  les  Étrusques;  Nigid.  Figul.  ap.  Arnob.  III,  40  et  Miiller- 
Deecke,  Die  Etrusker,  II,  p.  89,  97.  —  4  Hildebrand.  Glossar.  Lat.  p.  205,  n*  53; 
Serv.  Aen.  I,  139  ;  II,  268  ;  Varr.  Lin  g.  lat.  VI  ,4;  cf.  Cerna  manu»  =  creator  bonus 
chei  Fest.  Ep.  p.  122  ;  Fest.  p.  146,  20  ;  158,  30.  .I/nnii  au  singulier  ne  se  rencontre 
que  chez  Apulée,  De  deo  Socrat.  p.  79;  au  féminin  chez  Marini,  Inscr.  Alb.  p.  127 
ot  Corp.  inscr.  lat.  V,  6053,  6710.  Marini,  Arval.  p.  500,  n"  78,  signale  la  forme 
archaïque  do  Maanes\  cf.  Corp.  inscr.  lat.  I,  1410;  un  vase  en  terre  trouvé  sur 
PEsquilin  donne  Manom.  Voir  Annal,  d.  Instit.  1880,  p.  158,  et  tab.  L.  Pour 
le  sens  île  manis  =  clarns,  voir  Non.  Marc.  p.  66;  lsid.  Orig.  V,  30;  cf.  Preller, 
Roem.  Mythol.  p.  73. 


porpcluite  de  la  race.  «  Les  Mânes,  dit  le  commentateur 
de  \  irgilequi  nous  a  conservé  sur  ce  sujet  les  traditions 
diverses  sans  les  concilier,  sont  les  âmes  durant  le  temps 
où,  s’étant  retirées  des  corps  auxquels  elles  étaient  asso¬ 
ciées,  elles  n  ont  pas  encore  passé  dans  d’autres  corps1.  » 
Au  déclin  seulement  de  la  République,  grâce  à  la  dif¬ 
fusion  des  doctrines  de  Pythagore  et  de  Platon,  qui 
des  milieux  cultivés  ont  pénétré  parfois  dans  les  couches 
populaires,  grâce  aussi  à  la  pratique  de  l’apothéose  qui, 
limitée  d’abord  aux  morts  illustres,  gagna  aussi  d’autres 
classes  de  la  société  *,  la  religion  des  Mânes  se  précisa 
el  les  Mânes  invoqués  sur  les  tombes  prirent  à  l’occasion 
un  caractère  plus  personnel. 

En  rëallté’  la  seule  preuve  de  la  haute  antiquité  du 
i  ulte  des  Mânes  chez  les  Romains  est  une  preuve  indi¬ 
recte  ;  on  peut  la  tirer  tant  des  témoignages  de  piété  dont 
on  entourait  les  tombes  et  qui  accompagnaient  les  funé¬ 
railles,  que  de  la  religion  de  Mania,  vieille  divinité 
\ énérée  au xCompitalia  en  compagnie  des  Lares  et  qui, 
du  temps  de  \  arron,  était  considérée  comme  la  mère  du 
1  aïeule  des  Mânes3.  Quoiqu’il  ne  soit  question  nulle  part 
ailleurs  d'un  culte  formel  de  Mania,  et  que  les  actes  des 
Arvales  mentionnent  simplement  une  mère  des  Lares, 
sans  préciser  s'il  s’agit  de  Mania  ou  d  Acca  Larentia4,  il 
est  à  peu  près  certain  que  Mania  avait  sa  place  dans  la 
compagnie  des  Mânes  ;  on  l'appelait  aussi  Muta  ou 
Tacita  et  elle  recevait  à  l’époque  des  Feralia  des  hom¬ 
mages  superstitieux  Dans  la  langue  populaire  on  la 
confondait  avec  Larva  prise  dans  l’acception  la  plus 
générale  du  mot;  elle  était  une  figure  terrifiante  dont  les 
nourrices  se  servaient  pour  faire  peur  aux  enfants  ;  et  un 
philosophe  la  place,  avec  Furrina  et  les  Intemperiae, 
parmi  les  divinités  grotesques  ( thripes  deorum )  qui 
habitent  le  monde  souterrain6. 

Employé  au  pluriel,  le  mot  Maniae  s’applique  ou  aux 
représentations  grotesques  des  morts,  comme  celui  de 
Larvae ,  ou  à  des  poupées  de  cire  que  l’on  suspendait 
pendant  les  Compitalia  aux  portes  des  maisons,  pour 
honorer  les  Lares,  di^arron;  en  réalité,  pour  apaiser 
en  faveur  des  vivants  les  esprits  des  morts,  au  sein  de 
chaque  famille  '.  Ces  figurines,  appelées  encore pilae  ou 
oscilla,  s  étaient  substituées  aux  victimes  humaines 
que  1  on  immolait  au  temps  de  la  barbarie  primitive. 
Ln  auteur  dit  qu’elles  étaient  en  nombre  égal  à  celui 
des  habitants  d’une  maison  et  que,  pour  honorer  les 
divinités  infernales,  on  leur  offrait  une  de  ces  images 
en  rachat  de  chaque  existence  8.  Tel  est  le  sens  d’un 
passage  curieux  de  Plutarque  où,  sous  le  mot  grec  de 
/pY,<7TÔî  désignant  le  mort,  on  devine  le  vieux  mot  latin 
manus  ou  manis,  synonyme  de  bonus 9  :  on  suppliait 
Mania,  dit  cet  auteur,  pour  qu’aucun  des  membres  de  la 
famille  ne  devînt  manis,  c’est-à-dire  ne  mourût  dans 


b 


MAN 


1  année.  Cette  Mania  est  surnommée  r.  ■ 
sacrifiait  des  chiens  tout  comme  aux  Lare^  -6t  011  lui 
que  dans  sa  personne  se  confondent  les  i  '  C  esUa‘d're 
la  naissance  et  de  la  mort,  le  génie  ,1e  T*  noli°Ds<ie 
perpétue  sur  terre  et  celui  qui  se  mole™/  ^  qui  se 
dans  le  monde  infernal  :  il  n’y  a  ms  d’n  8  es  Milnes 
pl.,S  fréquente  dans  la  vieille  ,Æon “17“°"  **» 

Les  premiers  texles  qui  nous  renseignent  ™01,"5'  ,1 

du  mot  Mânes  sont  la  loi  des  Douze  Tables  et  1  6mploi 
par  laquelle  Decius  et  Curtius  se  dévouent  pour  1 
blique.  Le  premier  nous  a  gardé  l’affirmation * t 
anciens  Romains  considéraient  les  esprits  1  S 
comme  des  divinités;  il  y  était  recommandé  daLl? 
eur  culte  de  tout  appareil  lugubre  comme  de  tout 
dispendieux11.  Cicéron,  qui  nous  l’a  transmis, conchâde 
la  célébration  des  Fenae  denieales,  épilogue  rituel  H 
toutes  les  funérailles,  que  les  ancêtres  avaient  entendu 
mettre  au  nombre  des  dieux  les  âmes  de  ceux  qui  avaient 
enugre  pour  les  régions  de  la  mort**.  Mais  ces  dieux 
dépourvus  de  toute  personnalité,  sont  distincts  de  ceux] 
que  1  on  vénérait  dans  les  temples,  et  leur  religion  était 
limitée  au  cercle  étroit  de  chaque  famille.  Cependant 
par  leur  destinée  même,  qui  est  d’habiter  dans  le  monde 
souterrain,  ces  Mânes  sont  apparentés  aux  dieux  infer¬ 
naux  proprement  dits13;  avec  ce  sens  nous  les  trouvons 
dans  l’acte  de  la  devotio  :  Decius  invoque  les  Mânes  en 
même  temps  que  la  Terre  Mère  qui  a  reçu  les  morts  dans 
son  sein  et  il  les  nomme  en  compagnie  des  Lares,  des 
Novensiles,  des  Indigetes,  ce  qui  fait  penser  qu’à  ses 
yeux  ils  représentent  les  puissances  infernales14. Curtius, 
dans  une  circonstance  identique,  tend  les  mains  tour  à  j 
tour  vers  le  ciel  et  vers  la  terre  entr’ouverte,  celle-ci 
séjour  des  Mânes18.  Le  gouffre  dans  lequel  il  se  précipite 
est  identique  au  mundus,  cette  vaste  fosse  que  le  rituel 
de  la  fondation  des  villes  recommandait  d’ouvrir  et  où 
l’on  entassait  les  prémices  de  toutes  les  productions  de 
la  vie16;  l’extrémité  inférieure  en  était  fermée  parla 
pierre  appelée  Manalis ,  expression  dont  la  parenté  avec 
le  mot  Mânes  n’est  pas  douteuse  [manalis  lapis]. 

La  notion  des  Mânes  va  se  transformer  en  se  précisant 
au  contact  de  la  littérature  hellénique  ;  nous  y  voyons 
alors  entrer  peu  à  peu  quelques-uns  des  éléments  qui 
caractérisent  chez  les  Grecs  la  notion  du  daemon  ou  celle 
du  héros.  Rien  ne  prouve  que  cette  transformation  soit 
antérieure  au  temps  de  Cicéron  ;  pour  Caton17,  les  dieux 
Mânes  sont  encore  les  êtres  indéterminés  à  qui  la  partie 
inférieure  du  mundus  est  consacrée;  trois  fois  par  an, 
dit-il,  on  faisait  le  simulacre  de  l’entr 'ouvrir,  afin  que  cest  j 
jours-là  les  mystères  cachés  de  la  religion  des  dieux  j 
Mânes  fussent  mis  au  jour.  Les  comiques,  qui  onttrouxe 
le  moyen  de  parler  du  Genius,  des  Lares  et  des  Penate.N 
n'ont  jamais  fait  d’allusion  au  culte  des  Mânes18,  pl 


l’on 


1  Scrv.  Aen.  III,  03.  —  2  Voir  Stcuding,  chez  Roscher,  Ausfuehrl.  Lexikon, 
II,  p.  2317,  et  904  sq.  — 3  Varr.  Ling.  lat.  IX,  61;  Macr.  Sat.  I,  7,  34; 
cf.  Arnob.  111,41  ;  Fest.  p.  129.  — 4  Henzen,  Acta  fratr.  An.  p.  145;  cf.  lares, 
p.  939  ;  le  culte  d'Acca  Larentia  est  mis  en  rapport  avec  celui  des  Mânes  par  un 
passage  de  Macrobc  [Sat.  I,  10,  13)  où  il  est  question  d'un  sacrifice  fait  sur 
sa  tombe  :  Diis  Manibus  Senilibtis,  sur  la  nature  duquel  nous  ne  sommes  pas  fixés. 
—  «  Plut.  JVum.  8;  Macr.  L.  c.  ;  cf.  feralia,  p.  1040;  lf.mcbes,  p.  1100;  et 
Schoemann,  Op.  cil.  p.  303.  _  C  Mari.  Cap.  Il,  102,  104;  Aelius  Stilo  chez  Fest. 
Ep.  p.  129.  Sinnius  Capito,  chez  Fest.  p.  145,  dit  qu'on  appelait  maniae  les  per¬ 
sonnes  difformes;  Novius  avait  écrit  une  Atellane  ayant  pour  titre  ;  Mania  Medica 
(Ribbeek,  Corn,  fragm.  p.  203).  -  7  Varr.  Sat.  Men.  fragm.  403;  chez  Nonius, 
p.  538;  cf.  Fest.  Ep.  121,  238.  -  8  Serv.  Georg.  Il,  389;  Aen.  VI,  741  ;  II,  110; 
pour  les  substitutions  de  ce  genre  en  général,  voir  Marquardt-Mommsen)  Staa/s- 
erwaltung,  III,  p.  193,  el  Hild,  Les  Argées  [Bull,  de  la  Faculté  des  lettres  de 


,  «  ,  •  »e minem- 

Poitiers,  1889,  p.  1 18  sq.).  —  9  Quaest.  rom.  52  :  p»|Sév«i  xî>l<rt°v  ï£,î ®  \  .  ,|on 

manem  fieri.  —  10  Pljn.  Hist.  nat.  XXIX,  58;  cf.  lares,  p.  «3.  Unc  '™™rit<il. 
en  langue  osque  d'Agnonc  mentionne  une  Deiva  Geneta  (Mommsen,  ganja- 
Dialekte,  p.  137)  qui  a  été  (Müller-Deeke,  Etrusker ,  II,  105)  identifiée  ai  ^  ^  ,, 
voir  cependant  Wissowa,  chez  Roscher,  Op.  cil.  I.  P-  HJ*-  11  1  '  1  , . 

el  25,  02;  cf.  Schoemann,  Op.  cit.  p.  300.  —  )2  Cic.  Leg.  H, 

Aen.  III,  03.  -  14  Tit.  Liv.  VIII,  0,  10;  9,  G  sq.  —  «  Ibid.  VH,  ,nPa^‘  Qd  ,jT, 
rae  hiatus  ad  deos  Mânes;  cf.  Val.  Max.  V,  0,  2;  Deu.  liai.  XI\, 

—  16  Varr.  Ling.  lat.  V,  143;  Fest.  p.  285  et  Plut  Rom.  1°.  "  “  rpâr  un 

d'après  un  passage  des  Origines.  —  18  Piaule  [Merc.  V,  1,  •>)  ai  ^  ^mlie  le® 
de  ses  personnages  les  dii  Pénates  meum  parentum,  ce  q"1  P[  de  la 

Mânes  que  si  l'on  rapproche  cette  locution  du  verbe  rituel  depuis 
recommandation  de  Cornelia  à  son  fils  ;  cf.  Parentes  Mânes ,  u  I 
VIII,  2185. 


MAN 


—  1573  - 


MAX 


ce 
elle  se 
après 


ve  pas  davantage  leur  nom  dans  les  fragments 
m  '.oètes  épiques  et  tragiques  de  la  première  période. 
tllS.  '"lie  Cornelia,  la  mère  des  Gracques,  dans  une  lettre 
|.ajt  à  gon  (ils  les  recommandations  suprêmes, 
'  "  borne  à  employer,  pour  les  honneurs  à  rendre 
i  mort,  le  verbe  rituel  de  parentare  et  à  invoquer 
]j(,(|  pr0tecteur  de  la  race  :  parentabis  mihi  et  invo- 
1 deum parentem  ',  expression  que  nous  rencontrons 
li(i/’  piaute,  déterminée  non  par  Mânes  mais  par 
pena(es ;  c’est-à-dire  que  le  culte  des  morts  reste  enve¬ 
loppé  toujours  des  vagues  formules  qui  sont  propres  à 
la  religion  primitive. 

Chez  Cicéron,  qui  n’a  d’ailleurs  jamais  employé  le  mot 
(.enius  et  qui  traduit  Saigtov  par  /ar*,  si  nous  mettons 
■ï  part  les  textes  empruntés  à  la  loi  des  Douze  Tables, 
nous  rencontrons  un  passage  où  les  esprits  des  conjurés 
de  Catilina,  qu’il  a  fait  mettre  à  mort,  sont  appelés 
Mânes3  ce  qui  équivaut  au  oodgoveç  aXcnjctot  ou  irposTpcJ- 
m0i  des  Grecs,  à  l’idée  d’un  esprit  vengeur  qui  revien¬ 
drait  de  l’autre  monde  pour  punir  le  meurtrier  A  Dans 
le  même  temps,  Lucrèce  considère  comme  une  manifes¬ 
tation  de  banale  superstition  les  cérémonies  funèbres, 
les  victimes  noires  immolées  sur  les  tombes  et  les 
offrandes  aux  Mânes  divinisés.  Ailleurs  il  proteste  contre 
la  croyance  qui  veut  que,  vers  les  rives  de  l’Achéron,  les 
dieux  Mânes  conduisent  les  âmes  par  la  porte  des 
enfers  '.  En  fait,  le  poète  distingue  ainsi  les  âmes  des 
morts  de  ce  qu’il  appelle  les  Mânes,  puisque  ceux-ci  se 
trouvent  identifiés  avec  les  divinités  psychopompes  des 
enfers.  Tous  ces  textes,  les  seuls  qui  survivent  de  la 
littérature  sous  la  République,  démontrent  que,  même 
pour  des  intelligences  pénétrées  de  poésie  et  de  philo¬ 
sophie  grecques,  les  Mânes  ne  sont  autre  chose  que  la 
vague  appellation  par  qui  les  divinités  infernales  et  les 
esprits  des  morts  sont  confondus  dans  un  vocable  collectif. 

C’est  aux  poètes  et  aux  historiens  du  règne  d’Auguste0, 
a  Virgile  en  première  ligne,  qu’il  faut  faire  honneur  de 
la  vulgarisation  du  culte  des  Mânes,  considérés  enfin 
comme  lésâmes  des  ancêtres  apaisées,  rendues  bienveil¬ 
lantes  et  devenues  pour  les  descendants  des  divinités 
au  caractère  vaguement  personnel1.  Dans  cette  tâche,  la 
littéral ure  est  aidée  par  la  pratique  de  l’apothéose  à  la 
b' on  des  Grecs,  pratique  dont  la  divinité  de  César  mort 
G  le  ùenius  d  Auguste  vivant  sont  les  manifestations  les 
plim  anciennes  et  les  plus  solennelles.  Mais  cette  signifi¬ 
er  ion  11  exclut  pas  les  autres,  et  l’on  ne  saurait  dire  qu’elle 
cGeni  dominante.  Chez  Virgile,  qui  de  tous  les  écri- 
'al'ns  a  employé  le  plus  fréquemment  le  mot 
rï  désigne  tour  à  tour,  par  métonymie,  la  région 
f miniers  où  résident  les  morts8,  les  ombres  de  ces 
na]',S  *U'Ses  collectivement,  l’être  des  divinités  infer- 
l11  '  posées  au  royaume  des  morts,  le  plus  souvent 

7  :  B*MnjÎCP'  Fra°m'  lâ-  -  *  Cic.  Tim.  il,  38  ;  cl.  i.ares,  p.940.  —  3InPis. 

-  *  Cf  r.  u  m  '  'u"  Os7,s>  Quibtts  conjuratorum  mânes  mortuorum  expiaretis. 
pas  d'iiiscrinli  ’  ’  ’  V  *  ’  7jUcr-  ÙI,  ;  VI,  739,  7C3.  —  0  Nous  n'avons 

ancienne  par  °,'IS,  *  "  ' '10nnpur  c'cs  Mânes  Calant  d’avant  cette  époque;  la  plus 
ajuste;  cfaviUr  C°rp-  in*cr ■  laL  [’  «39  =  XIV,  2404,  qui  est  du  règne 
hommage  i*  sa  f0  '  *'  "  °ù  un  mari,  sans  invoquer  les  Mânes,  rend 

»vec  le  fonds  „  *’cs  mon»menls  épigraphiques  sont  d'accord  sur  ce  point 

25 ;  1 4, 21  ol  s  °'|la  'a  littérature.  Voir  surtout  les  Odes  d'Horace,  I,  24;  II, 
f  p.  83;  |p  p  '  S’  cl  s->  G',  7,  21,  etc.  —  7  Preller-Jordan,  Roem.  Mythol. 

30,ï  ;  |v  °  '  7'0scI,p>'>  Lcxikon,  art.  Kaiserkultus,  p.  904  sq.  —  8  Aen. 
*«».  IV,  34  490  ■  VI  ’  ,81;  Xl1,  m-  ~  9  Gcor9-  b  243;  IV,  409,  489,  505; 
“A  IV,  427;  V'„ „’  m'  Vlll-240;  X,  34,  39,  820;  XII,  040.  -  10  Aen.  III,  03, 
53i,  828 •  vj  A,,  ’  “  comParor  avec  Hom.  11.  XXIII,  221  ;  VI,  119,  500,  X,  524, 
Yl  ,1’  :  Quisque  suos  palimur  Mânes.  Cf.  Servius  ad 


ces  divinités  associées  aux  morts  dont  elles  ont  la  garde9 
et,  par  exception  seulement,  soit  l’dme  d’un  mort  déter¬ 
miné,  soitle groupe  d’ancêtres  défunts  d'une  race  ,0.  l"n 
passage  isolé  est  celui  où  .1  lunes  s’identifie  avec  la  des¬ 
tinée  que  font  aux  morts  dans  les  enfers  les  actions 
bonnes  ou  mauvaises  accomplies  durant  la  vie".  De 
toute  façon,  chez  Virgile,  surabonde  la  nuance  spiritua¬ 
liste  du  mot,  lequel  s’adapte  à  l’expression  des  doctrines 
de  Pythagore  et  de  Platon  ;  ses  contemporains,  au  con¬ 
traire,  et  la  plupart  des  écrivains  du  Ier  siècle  ont  une 
propension  à  l’appliquer  de  préférence,  par  une  sorte  de 
métaphore,  ou  à  la  région  infernale  ou  aux  restes  maté¬ 
riels  des  morts,  cadavres,  cendres  et  ossements  ;  un  phi¬ 
losophe  dirait  qu'ils  sont  matérialistes ii.  Cependant  la 
religion  traditionnelle  garde  ses  droits  chez  la  plupart 
(il  n  y  a  guère  à  excepter  que  Pline  l’Ancien  .  en  ce  que 
ces  restes  sont  sacrés  et  qu’il  y  a  impiété  à  les  souiller, 
à  les  déranger  dans  la  paix  de  l’au-delà,  sans  que  d’ail¬ 
leurs  ce  respect  implique  ni  l’idée  d’une  divinité  formelle 
du  mort,  ni  même  la  foi  en  une  immortalité  soit  collec¬ 
tive,  soit  encore  moins  personnelle;  c'est  un  hommage 
au  mystère  de  la  tombe,  comme  le  culte  du  génie  est  un 
hommage  au  principe  de  la  perpétuité  de  la  race11. 

Sous  le  bénéfice  de  cette  restriction,  on  peut  dire  que 
le  culte  grec  des  héros  a  déteint  fortement  sur  la  religion 
des  Mânes.  Dans  la  littérature  surtout,  tous  les  sens  dont 
le  mot  -qpoiç  a  été  susceptible  ont  été  suivant  les  occa¬ 
sions  traduites  par  le  mot  Mânes,  devenu  une  appellation 
honorifique;  chez  Virgile,  les  ombres  d’Anchise, d’Hector, 
de  Polydore,  d’Eurydice  sont  désignées  par  ce  mot,  avec 
tous  les  caractères  de  la  personnalité  qui  sont  la  cons¬ 
cience  et  le  souvenir  u  ;  de  même  celles  de  Virginie  chez 
Tite-Live  et  plus  tard  de  Galba  chez  Suétone13.  Remar¬ 
quons  toutefois  que  dans  tous  ces  passages  il  s’agit  de 
personnalités  qui  ont  péri  de  mort  violente,  de  sorte  que 
la  notion  de  héros  s’y  complique  de  celle  du  daetnon, 
avec  la  nuance  spéciale  d’un  esprit  irrité  qui  sort  de 
1  autre  monde  pour  se  plaindre  ou  se  venger  ;  à  ce  titre 
elles  affirment  beaucoup  plus  les  droits  à  l’éternelle 
justice  que  la  foi  en  l’immortalité.  Sous  l’influence  du 
néo-platonisme,  cette  conception  inspirera  plus  tard  des 
histoires  terrifiantes  dont  le  type  nous  est  fourni  par 
Apulée10;  il  s'agiL  de  l’ombre  d’un  mari  qui,  tué  traî¬ 
treusement  par  l’amoureux  de  sa  femme,  revient  de 
l'autre  monde  pour  persuader  à  celle-ci  de  crever  les 
yeux  du  meurtrier.  En  exécutant  l'ordre  du  mort,  la 
femme  se  vante  de  rendre  les  devoirs  funèbres  aux 
mânes  sacrés  du  mort,  avec  les  yeux  de  celui  qui  a  voulu 
prendre  sa  place  :  sanctis  manibus  ejus  istis  oculis 
parentabo.  De  même  Agrippine,  animée  contre  Néron, 
invoque  contre  lui,  en  même  temps  que  le  souvenir  de 
ses  propres  crimes,  les  Mânes  infernaux  des  Silanus  qu’il 

.Aen.  III,  C3  ;  sur  celte  fausse  extension  du  seus  de  Mânes ,  vov.  S.  Kcinacli,  C. 
Rendus  Acad.  /user.  1900,  p.  398.  —  12  lit.  Liv  XXXI,  30;  l'rop.  111.  5,  32; 
Phacd.  I,  27;  Pers.  I,  38;  Plin.  Hist.nat.  XI,  55,  I;  XVI,  85,  1  ;  XXXIII,  1- 
cf.  les  inscriptions,  C.  inscr.  lat.  XI,  1024;  XII,  340;  4  IX,  2893  ;  tôt  Mânes 
jacent.  —  13  C'est  ainsi  qu'il  faut  interpréter  Cicéron,  Le  y.  II,  22  et  autres 
passages;  Harlung,  Religion  der  Roemer ,  I,  p.  43  sq.,  Schoemann,  Op.  cil. 
et  Prellcr,  Roem.  Mythol.  I.  c.  ont  mêlé  à  tort  au  culte  des  Mânes  des  idées 

philosophiques  qui  furent  à  peine  celles  do  quelques  lettrés.  _  14  Aen.  III 

63,  303;  IV,  427  ;  V,  99;  VI,  119;  de  même  l'âme  de  Déipliohe,  VI,  500;  X, 
524.  Deux  fois  seulement  Virgile  invoque  les  Mânes  des  ancêtres  en  général, 

X,  828  et  XI,  689;  cf.  Ov.  Fast.  V,  443:  Mânes...  patenii.  —  16  Tit.  Liv, 
III,  58,  II;  Suct.  Oth.  7;  cf.  Tit.  Liv.  XXI,  10.  3  :  non  mânes,  non  stirpem 
ejus  conquiescere  viri  (d'Hamilcar  qui  revit  dans  Hannibal).  —  lo  Met.  VIH,  9, 
535. 


198 


MAX 


MAN 


;i  fait  périr1.  Mais  si  celte  assimilation  a  pénétré  dans 
l'opinion  populaire,  comme  il  est  possible  de  l’induire  de 
certaines  inscriptions,  ce  fut  sous  l’influence  de  la  litté¬ 


rature  savante.  1)  autres,  qui  semblaient  cependant  s'offrir 
d  elles-mêmes,  sont  restées  isolées  :  ainsi  l'expression  de 
(h cuit  M unes  appliquée  par  un  écrivain  du  temps  de 
(  .lande  a  la  personnalité  divinisée  d’un  empereur 2  ; 
ainsi  encore,  chez  Ausone,  celle  de  Mânes  heroici ,  dési¬ 
gnant  les  ombres  des  Grecs  illustres,  réunis  dans  les  enfers 
autour  dAgamemnon3.  D’une  façon  générale,  quand 
le  mot  Mmies  ne  se  matérialise  pas  pour  désigner  les 
restes  enfermés  dans  la  tombe,  il  se  volatilise  en  quelque 
sorte  pour  n’ètre  que  l’expression  d’une  ombre  vaine, 
objet  de  vagues  rumeurs.  Tel  est  le  sens  de  l’apposition, 
chez  Horace,  de  fabulae  Mânes ,  que  Perse  développe  en 
disant  de  1  homme  qu'il  deviendra  cinis  et  mânes  et 
/abu/a  Mânes  synonyme  de  cinis,  non  seulement  chez 
les  poètes  mais  sur  les  inscriptions,  est  encore  une 
preuve  manifeste  que  dans  la  conception  des  Mânes  il  y 
a  moins  de  philosophie  que  de  superstition6. 

Cependant,  la  philosophie  s’en  empara  avec  Varron, 
beaucoup  plus  préoccupé  de  l’accommoder  à  des  spécu¬ 
lations  savantes  que  de  l'éclairer  à  la  lumière  des  textes 
anciens  et  des  usages  traditionnels.  C’est  ainsi  que,  pour 
interpréter  1  être  des  Lares,  le  polygraphe  commence 
par  le  confondre  avec  celui  des  Mânes  ;  puis  il  voit  dans 
les  uns  et  les  autres  des  figures  aériennes  et  finalement 
il  se  réfugie,  pour  leur  donner  une  physionomie  précise, 
dans  1  idée  grecque  des  héros6;  ailleurs,  il  confond  les 
Lares  avec  les  Larves  et  voit  dans  ces  personnifications 
ou  des  espèces  de  génies  ou  les  âmes  des  défunts,  c’est- 
a-dire  des  Mânes'  ;  il  était  difficile  d’être  plus  confus  et 
moins  exact.  Apulée,  selon  l’esprit  des  doctrines  plato¬ 
niciennes,  cherche  à  fonder  la  distinction  des  Lemures, 
des  Larves  et  des  Lares  sur  la  qualité  morale  des  esprits 
qui  survivent  au  corps  ;  il  fait  rentrer  les  Mânes  dans 
celle  hiérarchie  systématique,  les  considérant  comme  les 
esprits  ni  bons  ni  mauvais,  analogues  au  daernon  abstrait 
des  Grecs8;  en  inventant  le  Mâne  Dieu  ( Manem  Deum), 
il  donne  même  un  pendant  au  daemon  unique,  incarna¬ 
tion  du  monothéisme,  suivant  les  idées  des  derniers 
stoïciens  ou  du  néo-platonisme9;  saint  Augustin  fait 
sienne  cette  interprétation  en  la  rattachant  à  Platon10.  Le 
commentateur  de  Virgile,  Servius,  nous  fournit  dans  une 
note  très  développée  la  synthèse  des  explications  variées 
dont  les  Mânes  ont  été  l’objet  depuis  Virgile11  ;  pour  les 
uns,  ils  sont  les  esprits  des  morts,  appelés  les  bienveil¬ 
lants  par  antiphrase,  leur  nature  les  disposant  à  tour¬ 
menter  les  vivants12  :  à  ce  titre,  ils  peuvent  être  confon¬ 
dus  avec  les  divinités  infernales,  quoique  le  plus  souvent 


■Tac.  Ann.  XIII,  14,  inferi  Silanorum  Mânes.  — 2  De  composit .  medic.  praef. 
2+.  —  3  Auson.  Perioch.  Od.  2*.  —  i  Hor.  Od.  I,  4,  IC  ;  Pcrs.  V,  152.  —  5  Virg. 
Aen.  11.  587  cl  IV,  427;  Pcrs.  I,  3G  ;  cf.  Prop.  III,  5,  31.  —  6Arnob.  111,  41  ;  cf.Marl. 
Cap.  Il,  9,  i  :  Serv.  Aen.  III,  03;  FesI .Ep.  p.  122.  —  7  Ling.  lat.  IX,  38,  61  ;  VI, 
..  24,  ap.  Non.,  358,  0;  Aug.  Civ.  Dei,  VII,  C  ;  cf.  lares,  p.  940.  —  8  Apul.  De  deo 
Socr.  p.  ,9  ;  cf.  Ov.  East.  V,434,  443,483.  —  9  Pour  Manem  Deum,  cf.  daemon,  p.  15 
S<|.  —  10  Civ.  Dei.  IX,  11  ;  cf.Marc.  Sat.l,  7,  p.  241.  —  U  Serv.  Aen.  111,63;  cf.  I, 
1 39  ;  II,  268.  La  longue  note  au  premier  deccs  passages  est  fort  mêlée:  la  théorie  de  la 
métempsycose  y  est  entrée  sur  le  tard,  par  la  plume  de  Pancratius  Mascivius.  Voir 
Sleuding,  chez  Itoscher,  Op.  cit.  Il,2320.-120na  supposé  que  tel  élaitlesensde  l'ins¬ 
cription  Dits  Propitiis,  sur  une  pierre  sépulcrale,  chez  Visconti,  Museo  Pio  Clement. 
II,  p.  82;  voir  Schocmann,  Op.  cit.  p.  359.—  13  Cf.  Isid.  Orig.8,  H.— H  Voir  gf.nics, 
p.  I 4JÜ  arec  les  notes  14  et  suiv.  —  1,  Sur  cette  identification,  voir  Steuding,  chez 
Koscher,  Op.  cit.  II,  p.  243  (art.  inferi);  les  Mânes  sont  les  W|MveS  *aT«xOim«t;  cf. 
l'expression  de  Genius  infernus,  Inscr.  Orelli,  4577;  Bull.  arch.  1860,  p.  70;  Arch. 
Zeit.  1861,  p.  107.  —  16  Fesl.  Ep.  p.  122,  125,  et  Serv.  L.  c.  :  humoris  quod 
noctu  cadit  potestatem  habere  (Mânes).  Pour  l’étymologie  de  Mânes ,  rapproché  de 


15  74  — 


on  les  en  distingue,  et  ils  règnenUur  le  mondc 
comme  les  dieux  célestes  président  à  celui  j,  ‘ , 
Lue  autre  opinion  confond  les  Mânes  —  • 


des  morts 

ïnts  ‘a 


distingue  entre  les  bons  et  les  mauvais  déti  m  'meS  et 
par  la  valeur  morale  des  hommes  dont  il  .  ""T  ainsi 
l’être  après  la  mort11.  Ils  continuent  à  habiter  p  0"86"1 

eres,  ce  qui  les  fait  identifier  avec  les  ossem.m  ^ 
cendres,  parfois  avec  les  sépulcres  eux-mêmes  s°"  ** 
les  divers  points  de  vue,  le  séjour  des  Mânes  est ZT 
région  infernale  ou  dans  les,  espaces  sublunaires  où  IZ  ! 
les  esprits  en  général,  particulièrement  les  -ënies  1 
nnles  aux  daemons  des  Grecs16.  Avec  cette  dernière  ™!!' 
ception  s’accorde  l’étymologie  qui  rattache  man  ,  - 
moue,  matutinus  et  même  maturus,  étymologie  „ui  ! 
été  reprise  par  des  linguistes  contemporains  :  les  ancien! 
disaient  que  ces  esprits  agissaient  sur  le  monde  des 
vivants  par  l’intermédiaire  de  la  rosée  matinale16  •  Ce| 
fantaisies  se  compliquaient  de  la  croyance  à  la  mé’tem 
psycose  ;  elles  invitaient  d’autre  part  à  rapprocher  mam 
du  verbe  manare ,  les  esprits  subtils  ayant  la  propriété 
de  pénétrer  partout17. 

La  preuve  que  les  théories  philosophiques  sur  la  nature 
des  Mânes  ont  à  peine  effleuré  l’opinion  populaire  nous 
est  fournie  par  les  innombrables  inscriptions  tombales 
qui,  depuis  les  commencements  du  Ier  siècle  de  notreère, 
affirment  leur  divinité  sans  la  préciser,  et  cela  dqns  toutes! 
les  parties  du  monde  romain18.  Les  formules  qui  altos- 1 
Lent  le  culte  des  Mânes  sont  aussi  monotones  que  la 
mort  elle-même,  aussi  banales  que  le  deuil  ou  le  respect j 
dont  elles  sont  l’expression.  L’hommage  aux  dieux 
Mânes  ou  aux  Mânes  divins  est  tantôt  inscrit  en  toutes 
lettres  :  diis  manibx's,  jamais  divis  Manibus  ;  le  plus  sou-i 
vent  figuré  à  l’aide  du  sigle  D.  M.  qui  est  tantôt  précédé, 
tantôt  suivi  du  nom  des  défunts  au  génitif;  quelquefois 
les  noms  sans  la  formule  rituelle  et  s’en  détachant,  au 
nominatif;  des  épithètes  sont  l’exception.  On  rencontre 
toutefois  inferi'  d’ordinaire  à  l’aide  du  sigle  1 19  ;  rarement 
sanctus ,  sucer,  pins,  caslus 20,  etc.  Plus  fréquentes  que 
les  épithètes,  qu’exclut  a  priori  la  formule  rituelle  dits. 
Manibus,  laquelle  suffit  à  tout,  sont  les  expressions 
memoriae ,  quiet i ,  securitati,  soit  seules,  soit  avec  des 
qualificatifs  comme  aeternus,  perpetuus,  perennis2'.W\ 
y  a  des  inscriptions  où  sont  confondus  ou  associés,  ïnèniç 
en  dehors  de  l’Italie,  les  vocables  de  Mânes  et  de  <7enù/sJ 
celui  de  Juno  et  même  de  Venus  prenant  la  place  dul 
Genius  quand  il  s’agit  d’une  femme22.  Une  inscription  I 
de  la  Gaule  Lyonnaise  invoque  séparément  le  Genius  dul 
mari  et  la  Juno  de  la  femme23;  ailleurs,  le  mot 
implique  tous  les  morts  d’une  même  famille  et  non  Je  I 
défunt  en  particulier;  il  semble  d’ordinaire  que  lapât! 

maturus  ( zeitig  -  angemessen,  gut),  voir  Vaniçek,  Etymol.  Woer  Ici  biicl  I 

—  17  Pour  mânes  a  manando ,  voir  outre  Servius,  III,  63,  Fest.  p.  1  |e9 

—  18  L'importance  de  la  place  que  tiennent  dans  les  rnonumenls  épif-rap^l^^ 

inscriptions  funéraires  est  suffisamment  établie  par  ce  fait  que,  pour  l  <  ^  ^  I 

Rome,  il  y  en  a  plus  de  15000  au  tome  VI  (3'  et  4'  parties)  du  Corp.  "‘s .  ^  I 
La  grande  majorité  ne  va  pas  sans  l'invocation  aux  Mânes.  jg  IBS  ;  Ii 

238,  1424;  Dei  Inferi  Mânes,  2464,  2640,  2722,  2725  ;  VI,  1- 31  -  3  0'  J  | 
138,  2322,  2565,  2699,  2936;  cf.  Fest.  Ep.  p.  128,  156,  158;  Pelr0"  ^  Ro’solicr,  I 

—  20  Voir  la  liste  des  épithètes  données  aux  Mânes  par  les  Poctc*’ c  “.. ,iu,ioe)ï 

Op.  cit.  II,  2319;  C.  i.  I.  VI,  29  856,  29  875;  XIV,  704,  etc.  ;  ntes  sur 

V..FX  r.'..  _  _  Tir  .  „  onn  oi  sont  surtout  ir  i  I 


21  Ces  formules  sont  surt  Bl0| 

r  i  1  Y III  629,  630,  otc.  > 
voir  C .  J.  I.  XIII,  «ou,  oK7l  ^  sigle 


530.  Voir  junones,  III,  I,  p.  690 

les  inscriptions  gallo-romaines;  voir  o.  «.  j  •  «53t.  I 

1582,  1594,  1636,  1647,  1650,  1663,  1816,  etc.  1898,  1916,  !958i  ®  ^  D  j\f. 

D.  M.  M.  (Ibid.  609,  3038,  3040,  3069 
Monumentum  ou  Deorum  Manium  Mevnori 
DU  Mânes  et  Misericordia,  chez  Orell 
XIII,  567.  —  23  Ibid,  1735. 


»,  etc.  ioùo,  ,  j)_  m, 

,  3178,  3211)  peut  s'explique-'  \  oircncorl 
moriae ;  cf.  VI,  15  503,  >  1  ■  j; oü  ;j 
Ui,  7344.  -  22  C.  i.  I-  VI,  >5"°"  I 


MAN 


i  •*  —  •* 

—  1575  — 


MAN 


lotit  ce  qui  donnerait  aux  Mânes  invo- 


P°l"'  l||i,  jos  tombes  une  personnalité  limitée,  comme  si 
4“' 7  ||M  iaort  qui  y  est  enfermé  n’étaient  qu’une  parcelle 
'  "  ,.|irimoine  commun  à  toute  sa  race1.  Il  existe  une 
11  ""  •*  linn  •  manibus  coMMtîNiBUS  qui  rappelle  le  mot  d’un 

. .  leghoinmes  disparus  :  quinuncabierunt hinc 

C° '"coiiimunetn  locum 2.  Une  des  plus  explicites  est  celle 
tH  ■  accompagnant  le  don  d’une  lampe  funéraire,  la  des- 
lia, -1  Manibus  hujus3;  on  trouve  de  même  Mânes  tune 
Uanes  sanctissimae  au  féminin,  comme  on  trouve 
<|(,s  Y^iidvat  Chez  les  Grecs,  à  titre  tout  à  fait  exception¬ 
nel  4  Enfin,  la  divinité  des  Mânes  est  affirmée  encore 
la  transformation  de  la  tombe  en  monument  sacré  ; 
Je  poète  grec  disait  du  sépulcre  qu’il  est  un  autel  et  les 
héron  étaient  de  véritables  chapelles  8.  Les  Romains 
imitent  ces  pratiques  dès  la  fin  de  la  République,  comme 
nous  le  voyons  par  l’exemple  de  Cicéron  qui  rêve  d’éle¬ 
ver  à  sa  fille  morte  un  sanctuaire  ainsi  qu’à  une  divi- 
nilé8.  D’ordinaire  on  se  bornait  à  donner  ce  vocable  à 
la  tombe  toute  simple;  l’inscription  rituelle  dans  ce  cas 
est  D.  M.  S.,  Dis  Manibus  sacrum 7,  que  les  chrétiens 
primitifs  conservaient  en  l’interprétant  par  Deo  Magno 
Sanclo ,  ce  qui  supprime  la  personnalité  du  mort,  en 
conciliant  le  respect  de  la  tombe  avec  la  croyance  au 
Dieu  unique 8. 

En  ce  qui  concerne  le  culte  des  Mânes,  il  nous  suffirait 
presque  de  renvoyer  à  l’article  fëralia  où  sont  énumé¬ 
rées  les  pratiques  dont  il  est  l’occasion3.  D’une  façon 
générale,  ce  culte  va  beaucoup  moins  à  les  supplier 
comme  des  divinités  agissantes,  qu’à  les  conjurer  et  à  les 
apaiser  comme  des  esprits  irrités.  C’est  pour  cela  que, 
non  seulement  en  Étrurie,  mais  dans  le  Latium,  aux 
temps  primitifs,  on  leur  immolait  des  victimes  humaines, 
plus  tard  remplacées  aux  fêtes  des  Compitalia  par 
1  offrande  des  Maniae  10.  Les  combats  de  gladiateurs, 
d’abord  introduits  en  Italie  comme  un  élément  des  fêtes 
lunèbros  et  longtemps  pratiqués  à  litre  d’expiation  reli¬ 
gieuse  avant  de  devenir  un  jeu,  avaient  la  même  signifi¬ 
cation  :  l’effusion  du  sang  auprès  des  tombes  réparait 
les  perles  que  la  mort  faisait  subir  à  la  famille  et  à  la 
nation11.  S  il  faut  en  croire  saint  Augustin,  Varron  voyait 
dans  ces  immolations  une  preuve  de  la  divinité  des 
Mines,  les  jeux  n’étant  célébrés  qu’en  l’honneur  des 
dieux :  en  réalité,  il  s’agit  moins  ainsi  de  glorifier 
les  morts  que  de  les  apaiser,  en  leur  rendant  par  le  sang, 
comme  Ulysse  dans  YOdyssée,  quelque  chose  de  la  réa- 
N‘vante  qui  leur  avait  été  ravie13.  Les  offrandes 
P11  uses  de  lait,  de  miel,  de  vin  pur,  de  mets  variés  tels 


que  lentilles,  fèves,  œufs,  etc.,  qui  toutes  éveillent  l’idée 
de  substances  particulièrement  nourrissantes,  et  que 
l’on  déposait  sur  les  tombes  soit  aux  funérailles,  soit 
aux  jours  anniversaires  de  la  naissance  ou  de  la  mort 
des  défunts,  au  nom  des  familles,  des  associations  u  et 
delà  cité  tout  entière,  procédaient  d’idées  analogues1, . 
Quand  on  omettait  d’honorer  ainsi  les  Mânes,  leur  res¬ 
sentiment  se  révélait  par  des  songes  pénibles,  par  des 
maladies  qu’ils  envoyaient  aux  vivants;  un  fabuliste  met 
au  compte  d’une  violation  de  sépulture  la  passion  funeste 
des  richesses  dont  devint  victime  celui  qui  s’en  était 
rendu  coupable  1G. 

De  tous  les  hommages,  le  plus  précieux  était,  après 
la  cérémonie  des  funérailles  accomplies  suivant  le  rite, 
l’entretien  des  tombes;  ce  sont  les  fleurs  qui,  dans  le 
symbolisme  propre  au  culte  des  Mânes,  tenaient  la  prin¬ 
cipale  place.  On  y  apportait  des  fleurs  naturelles,  choisies 
suivant  les  saisons  ;  on  en  sculptait  l’image  au  sommet 
des  stèles  et  sur  les  cippes11,  on  plantait  des  horti  reli- 
yiosi  sur  les  tombes,  d’où,  sur  les  inscriptions,  des  men¬ 
tions  nombreuses  de  cepotaphia  au  soin  desquels  il  était 
pourvu  par  des  fondations  pieuses ,s.  Les  fleurs  qui  pous¬ 
saient  sur  les  tombes  étaient  censées  restituer  la  person¬ 
nalité  de  ceux  qui  y  étaient  enfermés  ;  un  poète  grec  a 
dit  :  «  Le  sang  enfante  les  roses,  les  larmes  font  germer 
l’anémone19.  »  Perse,  d’une  façon  plus  précise,  s'écrie  : 

«  Est-ce  que  du  sein  même  de  ces  Mânes,  du  fond  de  ce 
sépulcre  et  de  la  cendre  heureuse  ne  lèveront  pas  les 
violettes?  »  Une  épigramme  d’un  auteur  inconnu  dit 
mieux  encore  20  :  «  Des  fleurs  en  grand  nombre  ont  poussé 
sur  le  tombeau  récent,  non  pas  la  ronce  sauvage  ni  la 
triste  ivraie,  mais  la  marjolaine,  les  violettes,  le  narcisse 
délicat,  ô  Yibius  ;  tout  à  l’entour  de  toi  la  terre  s’est 
couverte  de  roses  !  »  A  la  veille  du  printemps,  c’est-à-dire 
à  la  fête  des  Feralia ,  le  culte  des  Mânes  comportait  des 
offrandes  de  violettes,  et  les  jours  où  on  les  déposait  sur 
les  lombes  s’appelaient  dies  violae ,  violât  ionis 21 .  En 
mai,  une  pratique  analogue  s’accomplissait  avec  les  roses 
( rosaria ,  rosalia ) 22.  On  offrait  aux  morts  des  lys,  plus 
ordinairement  encore  du  myrte  ;  cette  dernière  plante, 
consacrée  à  Vénus,  symbolisait  devant  l’antique  temple 
de  Quirinus,  par  deux  rejetons  distincts,  la  floraison  des 
deux  ordres,  patricien  et  plébéien,  qui  faisaient  la  force 
permanente  de  la  cité23.  Aux  yeux  du  grand  nombre,  les 
fleurs  étaient  simplement  une  image  du  renouveau  ;  poul¬ 
ies  philosophes,  il  s’y  joignait  la  signification  d’une 
félicité  d’outre-tombe  2L  Juvénal  demande  aux  dieux  que 
la  terre  soit  légère  aux  ombres  des  ancêtres  et  que  dans 


r  ' '  *’  29 832  Dis  parentibus  sacrum;  29  852:  Dis  Manibus  eo- 
2183  ü.'  t  COnditi  sunl'  Ibid •  h  1241;  x,  4225,  8249;  III,  231;  VIII, 
Prol  nMaffei’  Mus ■  Veron.  292,7,  et  Orelli,  4457  ;  cf.  Plaut.  Casin. 
Marini  ;  ,  FaSL  V’  4i3,  -  3  C ■  «•  L  ll>  2102.  -  4  Ibid.  V.  6053,  6710; 

A ,1  P-  127  •  —  6  Voir  héros,  p.  116,  n.  9  et  suiv.  -  6  Cic. 

d  D.  M  m  b*,8’  *.9’  37’  ctc-;  cf'  HER0S>  P-  119  ct  Sl,iv-  “  1  Cf-  D-  M-  M- 
27Uj  5705  '«Y  (positum):  C.  i.  I.  VI,  15  143,  15  158,  15543,  etc.  20055;  II,  2713, 
voir  Vi  (Lutèce),  3038,  3040.  Pour  les  autels  dans  les  columbarii, 

cf.  lîossi  /  Cl  S'  ~  8  Pochette,  Mém.  de  l’Acad.  des  Inscr.  XIII,  p.  178; 

Voir choz'fi "SCr.  C/üisl'  110  P-  27  <  Cavedoni,  Di  due  ant.  cimit.  crist.  p.  87. 
ùdéc  païenne  d' ' r  ”*Cr'  C^r^‘  342l,  l'antithèse  des  Mânes,  en  qui  se  personnifie 
Je<(  caeli  i  ,  C’tei,  et  du  ciel,  séjour  des  bienheureux  :  Non  tamen  ad  Mânes 
hic.  Pu.  7  t.er.a  Per°is-  ~  9  T-  II,  2,  p.  1010.  -  i0  Serv.  A  en.  I,  139  ;■  III,  63  ; 
sions  de  coter  '  1  '  >  ®v-  Fast.  II,  547,  570  ;  Suel.  Oth.  7  ;  les  expres- 

aulres  f  ,  j  u‘ ei  'Dnvocare  Mânes  sont  de  l’époque  impériale;  voir  entre 

Dion  Cass  “  ~  "  Val'  Max'  *>  7  !  Tert-  sPect-  3  i  Tit-  Liv.  VII, 

Cio.  flej  Y||  *  ’  "  ‘  '  ®erv-  A  en.  III,  07  et  p'its  haut,  Gladiator,  p.  1503.  -  12  Aug. 
Ptycht,  I,,,  20  j_f[jUne  idéc  analogue  chez  Homère,  II.  XXIII,  274,  646,  etRhode, 
1  Od.  XI,  23  et  s.  cl  X,  517  et  s.  avec  les  commentateurs,  Nitzsch, 


III,  p.  163  et  s.;  Naegelsbach,  Homer.  Theolog.  p.  413  ct  s.  qui  rapproche  Din 
Mânes.  —  U  Pour  l'intervention  des  collegia,  voir  C.  i.  I.  V,  1410;  VI,  10  234, 
10  239  et  passim;  cf.  Orelli,  3999,  4084,  4412;  pour  les  offrandes  et  cérémonies 
diverses  en  l'honneur  des  Mânes,  Marquardt,  Staatsrerwattung,  111,  p.  310  et  s. 
avec  les  textes  cités.  —  15  Sur  les  mets  offerts  aux  morts,  voir  Cic.  Flacc.  38,  95  : 
Plin.  H ist.  nat.  X,  28  ;  Aug.  Sermo  de  sanct.  13,  2  ;  Tert.  Testim.  anim.  4,  etc. 
De  pauvres  gens  dérobaient  ces  offraudes:  Plaut.  Pseud.  361  ;  Cat.  59,  2;  Juv.  V, 
85.  Plaute  nous  a  gardé  le  mol  bustirapus  ;  cf.  encore  Ov.  Fasl.  111,  33  ;  Varr.  chez 
Non.  167,  24;  Tit.  Liv.  III,  58;  Macr.  Somn.  Scip.  I,  12,  44.  —  16  Tib.  Il,  6,  37  ;  Ov. 
Fast.  547;  Quint.  Inst.  VI,  proœm.  10;  Phaed.  i,  27;  cf.  C.  i.  I.  V,  5933;  VI,  7579, 

10558,  13101,  17505,  18817,  29912,  29948,  etc.  ;  Orelli,  4707,  7346. _  17  0\. 

Fast.  II,  539;  Virg.  Aen.  V,  79;  VI,  884;  Suel.  Ner.  57;  Minut.  Fel.  Octav.  12, 
6.  Voir  C.i.  f.  VI,  15397,  15413,  15  425,  15827,  etc.  —  18  Orelli,  4418  ,  4456  ,  45  1  5  et 
10,  etc.  ;  C.  i.  t.  VI,  15640.  —  19  Bion.  I,  66;  Pcrs.  I,  36;  U,  38.  —  20  Dans  les 
Analecta  de  Brunck,  III,  p.  303.  —  21  C.  i.  I.  V,  2072,  4489,  5272;  VI,  9626,  10  248  ; 
Prop.  IV,  16,  23  ;  Auson.  Ep.  36,  1  ct  suiv.  ;  Prudent.  Cathem.  10,  169  —  22  C.  i.  I. 
III,  703,  707;  V,  4016,  4871  ;  Fasti  Pliiloc.  23  mai.  —  23  C.  i.  I.  V,  5272;  Plin. 
Bist.  nat.  XV,  120;  cf.  Preller,  Itoem.  Myth.  I,  385,  —  24  Serv.  Acn.  V,  760  ;  Juv. 
VH,  207, 


MAN 


—  1 576  — 


les  urnes  où  reposent  leurs  cendres  fleurisse  un  perpétuel 
printemps,  parfumé  de  crocus. 

Il  importe  de  remarquer  qu’au  fond  ces  hommages 
rendus  aux  Mânes  sont  différents,  par  l’intention  et  le 
rite,  des  honneurs  rendus  aux  dieux  ;  et  même  qu’on  ne 
rencontre  que  rarement  chez  les  Latins  la  foi  précise  et 
\i\e  dans  la  survivance  des  âmes  individuelles  qui  a 
peuplé  le  Panthéon  grec  de  personnifications  héroïques. 
La  croyance  à  la  divinité  spéciale  des  Mânes  est  plus 
répandue  que  l’héroïsation,  mais  elle  est  beaucoup  plus 
vigue  ,  seule  1  imitation  des  Grecs  et  la  force  des  con¬ 
victions  philosophiques  en  dégage,  par  exception,  des 
hommages  formels,  rendus  aux  morts  comme  à  des  êtres 
surnaturels,  continuant  après  la  mort  de  séjourner  dans 
un  lieu  de  délices  et  d’agir  sur  leur  descendance  avec 
les  facultés  personnelles  propres  aux  héros  et  aux  dieux. 

I  n  résumé,  on  ne  saurait  affirmer  que  l'opinion  popu¬ 
laire  des  Latins  ait  jamais  accordé  aux  Mânes  les  préroga- 
t! vos  des  dieux,  à  savoir  l’immortalité  consciente  et  la 
félicité  parfaite  [feralia,  Genius,  junones,  lares,  larvae, 
LEMURES,  PENATES,  DAEMON,  HEROS].  J. -A.  IliLD. 

MAXGO.  -  Marchand  qui  trompe  par  des  artifices 
sur  la  qualité  de  la  marchandise1,  maquignon,  particu¬ 
lièrement  le  marchand  d’esclaves  qui  donne  à  ceux  qu’il 
met  en  vente  une  apparence  trompeuse  ou  sait  dissi  - 
mulcr  leurs  défauts  servi  -,  K.  Saglio. 

MAIVICA.Xsipîç,  Manche,  gant,  brassard,  menotte, 
peut  dire,  d'une  manière  générale,  que  les  vête¬ 
ments  à  manches  ne  firent  pas  partie  du  costume  national 
des  tirées  et  des  Romains.  C'est  improprement  que  l’on 
parle^,  quand  il  s  agit  d’eux,  de  tunique  à  manches 
(Xê’.ptSw-rôç  y txüiv),  au  moins  jusqu’à  une  période  très 
avancée  de  leur  histoire,  si  l'on  entend  par  là  autre  chose, 
comme  on  l’expliquera  au  mot  tunica,  que  les  plis  de  la 
tunique  retombant  à  l’endroit  où  passent  les  bras, 
resserrés  ou  non  par  des  agrafes,  des  boutons  ou  des 
points  de  couture.  Des  manches  véritables,  ajustées  et 
rapportées,  appartenaient  au  costume  des  Barbares  et, 
dans  les  monuments,  servaient  à  le  caractériser  [barbariJ. 
C  est  à  cause  de  leur  origine  étrangère  que  des  servi¬ 
teurs,  les  pédagogues  en  particulier  [paedagogus,  servi], 
sont  représentés  avec  un  pareil  vêtement,  qui  les  fait 
reconnaître.  D  autres  exceptions  apparentes  à  la  règle 
générale  ont  des  motifs  tout  semblables:  telles  sont 
celles  qu'on  remarque  dans  l’habillement  de  certaines 
divinités  ou  personnages  mythologiques,  dans  celui  des 
acteurs  [histrio,  tragoedia]  ou  de  personnes  dont  la 
profession  a  subi  l’influence  du  théâtre  [citharoedus, 
tibicen],  et  dans  le  costume  d’apparat  que  la  peinture  a 
prêté  aux  rois  et  quelquefois  à  des  prêtres  [rex,  sacerdos]. 

Au  ve  siècle,  les  manches  apparaissent  dans  le 
•vêtement  féminin;  les  exemples  en  sont  encore  bien 

‘  Rien  de  plus  démonstratif  à  cel  égard  que  la  lecture  des  Carminum 
reliquiae,  sortes  d  élégies  funèbres  qui  font  suite  dans  le  Corpus  (t.  VI,  p.  2917 
cl  s.)  aux  inscriptions  proprement  dites  et  qui  ont  été,  comme  elles,  relevées  sur  des 
lombes.  Ou  n  y  rencontre  que  des  expressions  de  deuil,  de  désolation  et  de  regret,  ou 
des  professions  d’indifférence  épicurienne  à  l'endroit  de  la  mort;  les  défunts  sont 
sa  Is  ails  quand  ils  ont  la  paix  et  l'immortalité  du  souvenir.  Outre  les  fleurs,  d'autres 
symboles  sont  figurés  sur  les  tombes,  ainsi  l'aigle,  ou  seul  (VI,  15  396,  16  029),  ou 
emportant  un  serpent  dans  ses  serres  (16481);  on  rencontre  des  génies  ailés  offrant 
°r  (1°490)’  ’I'^'Muofois  l'image  du  défunt  sous  les  traits  d  une  divi- 
III  c  {[.,  o  it  ,  Cf.  Apul.  Met.  8,  7  ;  Kaibcl,  Epiyr.  n»  705).  Mais  à  part  ccs  dernières 
représentations,  rien  ny  affirme  la  foi  en  l'immortalité;  le  D.  M.  est  une  formule 

vide  qui  exprime  le  respect  de  la  mort,  non  l’espérance  en  une  survivance  dans 
/  au-dcla. 

MAXGO.  1  l'our  le  v  in,  voir  Blin.  Hist.  nat,  XXIII,  22,  2;  pour  les  pierres  pré- 


Fig-.  4807.  —  Tunique  à  manches. 


MAN 

rares  dans  les  monuments.  On  peut  négVlept, 

1  on  ne  sait  s.  l’on  ne  doit  pas  reconnaître  h ni  ^  °(l 
servante  étrangère  ou  celle  d’une  de  ces  8  C  d’Une 
autres  femmes  de  mœurs  faciles  que  l’on  ,!“S1C,ennes  «u 
les  scènes  de  banquets 1  :  on  pourrait  croire  U°°°nlPe  dilns 
particulière  était  accordée  dans  leur  mise  -  m,U-neJllbertê 

f.g.  4807,  tirée  d’un  lécythe  blanc  attique  du’ V  ***!* 
au  Musée  du  1  1  v  siècle 

Louvre,  re¬ 
présentant  les 
offrandes  des 
parents  à  une 
morte2,  il  est 
impossible  de 
ne  pas  voir 
une  Athénien¬ 
ne  de  bonne 
famille.  Elle 
porte  deux  tu¬ 
niques,  celle 
de  dessous 
distincte  par 
sa  couleur,  à 

longues  manches  fermées  aux  poignets.  Ce  sont  aussi 
des  Athéniennes  qui,  au  siècle  suivant,  consacraient 
dans  le  temple  d’Artémis  Brauronia,  parmi  d’autres 
vêtements  précieux  dont 
l’inventaire  nous  a  été 
en  partie  conservé  3,  des 
tuniques  mentionnées 
comme  étant  garnies  de 
manches  (ysictSaç  ’syiov  ou 
/EiptStoTÔv).  On  rencontre 
aussi  dans  cette  énumé¬ 
ration  la  xavouç*,  autre  vê¬ 
tement  à  manches  venu 
de  Perse,  qu'on  mettait 
comme  un  pardessus5. 

On  le  voit  (fig.  4808)  porté 
par  des  femmes  sur  des 
vases  peints0. 

Dans  le  costume  des 
hommes,  c’est  seulement 
après  la  conquête  de  la 
Perse  par  Alexandre  que 
l’on  peut  constater  réelle¬ 
ment 7  le  port  des  manches,  sur  des  monuments  où 
des  Grecs  sont  représentés.  Les  historiens  rapportent 
d  autre  part  que  le  conquérant  avait  adopté  poui  l|n 
même  et  répandu  dans  son  entourage  le  costume  p< 1 
sique,  à  l’exception  de  la  tiare,  des  anaxyrides  G 
peut-être  de  la  kandys.  On  ne  peut  donc  s’étonner  d'  1 

cieuses,  Ibid.  XXX VII,  76,  2  ;  pour  les  drogues  et  parfums,  Ibid.  XII,  +3, 3. 

II,  15,  25  ;  Plin.  Hist.  nat.  VII,  10,  5  et  6  ;  XXIV,  22,  3  ;  XXX,  13,  1.  _  ul 
MAN1CA.  1  Voir,  par  exemple,  Millin,  Peint,  de  vases,  I,  ph  xsx'Ui  ^  j | 
et  Cliaplain,  Céram.  de  la  Grèce  propre,  pl.  xxv-xxvr.  —  3  Corp.  tnso  ■  ^ 

754,  1  ;  758  B,  col.  II,  7  =  759,  col.  Il,  2;  758  B,  col.  II,  21  1  759>  co1'  j.’  j  c. 
col.  1,  10;  Micbaelis,  Der  Parthenon,  p.  3)0,  n.  44;  P-  3I1,  n'_  lJ' f0|  p 
inscr.  ait.  II,  754,  19  =  755,  11  ;  758  B,  col.  If,  5  =  759,  col.  IL  1  :  ^ 

27  =  759,  col.  II,  20;  758  B,  col.  II,  29;  Micbaelis,  L.  I.  n.  77,  149,  1  < 

182.  —8  Rhot.  Lexic.  KàvSu5  ■  tyagga  yypimi v.  Voir  BAnBAni,  bg-  '  ^  _ 
des  Vergers,  l'Étrurie,  Allas,  pl.  vm  ;  Élite  des  mon.  céramogi^  ^  ’  ^orlani 
1  Les  cavaliers  figurés  dans  la  frise  du  Parlhénon,  du  côté  bu  111  ^  vi¬ 

des  vêtements  à  manches  et  le  bonnet  de  fourrure  [alopeku-j. 
nemenl  des  cavaliers  thessalieps  ou  Ihraccs  admis  dans  la  procession  i 
nées. 


Manteau  à  manches 


voir  figurer 
tuniq^  à 


ainsi  qu’un  de  ses  compagnons1,  avec  la 
manches  (fig.  4809)  sur  le  sarcophage  de 


Fig.  4809.  —  Tunique  d'Alexandre 


Sidon  auquel  on  a  donné  son  nom 2  ;  et  de  même,  dans  la 
grande  mosaïque  de  Pompéi  3,  qui 
reproduit  vraisemblablement  une 
peinture  du  ive  siècle,  le  roi  sous 
sa  cuirasse  est  vêtu  d’une  tunique 
à  manches  [lorica,  fig.  4531].  On 
ne  voit  pas,  à  consulter  les  monu¬ 
ments,  que  cette  introduction  de 
la  mode  orientale  ait  laissé  beau¬ 
coup  de  traces  dans  le  costume 
grec.  Nous  ne  dirions  rien  des 
peintures  pompéiennes  exécutées 
sous  l’influence  alexandrine  4,  si 
l’une  d’elles  s  n’offrait  (fig.  4810) 
le  remarquable  exemple  d’une 
manche  séparée  du  reste  du  vête¬ 
ment  et  de  couleur  différente  ;  elle 
esl  jaune  et  couvre  le  bras  jusqu’au  poignet,  en  lais- 
saul  I  épaulé  nue.  Le  personnage  ainsi  vêtu  assiste  à  la 
toilette  d’un  Hermaphrodite,  auquel  il  tend  le  miroir; 
connue  sa  robe,  son  visage,  malgré  sa  barbe,  est  fémi- 
nin-  1  auteur  delà  peinture  lui  a  volontairement  donné 
la  même  caractère  ambigu  qu’au  principal  personnage 


de  cette 


scene.  Dans  une  autre  peinture  connue  6,  une 


niai  chande  d’amours  porte  à  ses  deux  avant-bras,  au- 
essus  du  poignet,  des  demi-manches  serrées  ou  des 
'assards  de  couleur  verte  (fig.  4811).  On  peut  se  de¬ 
mander  si  ces  brassards,  qu’on  ne  retrouve  pas  ailleurs, 
C'iuctérisent  pas  ici  l’oiseleur,  puisque  cette  femme 
en  exerce  le  métier 7. 

m.  '  s  Hnmains,  pendant  bien  des  siècles,  eurent  pour  les 
1111  11  sla  même  répugnance  que  les  Grecs.  Après  s’être 


passés  entièrement  de  tunique  sous  la  toge  axon  s, 
p.  1173  ,  ils  eurent  des  tuniques  courtes  et  qui  lais¬ 


saient  les  bras  nus.  Celles  qui  étaient  longues  et  larges, 
descendant  sur  les  bras  et  jusque  sur  les  mains  ( chiri - 
dotae ,  manicatae,  manulatae  lunicae )  ®,  leur  parais¬ 
saient  ne  convenir  qu’aux  femmes.  Cependant,  dès  l'avant- 
dernier  siècle  de  la  République,  il  y  eut  des  hommes  qui 
en  portèrent  et  par  là  méritèrent  d 'être  signalés  pour 
leurs  habitudes  efféminées9.  Même  sous  l’Empire,  et  au 
11e  siècle,  quand  Aulu-Gelle  10,  en  rendant  hommage  aux 
mœurs  du  passé,  témoignait  de  leur  changement,  les 
exemples  qu’on  pourrait 
citer  sont  encore  rares  ;  ils 
sont  relevés  comme  des  ex¬ 
ceptions;  on  reprocha  à 
l’empereur  Commode  de 
s’être  montré  en  public  vêtu 
de  la  dalmatica,  qui  nՎ 
tait  qu’une  tunique  à  man¬ 
ches,  sans  ceinture11.  Mais 
son  exemple  fut  suivi  :  on 
s’habitua  à  porter  la  dalma- 
tique  par-dessus  la  tunique 
ordinaire.  Au  me  siècle,  les 
tuniques  à  manches  sont 
d’un  usage  commun  :  Au- 
rélien  en  distribue  au  peu¬ 
ple12;  au  ive  siècle  tout 
le  monde  en  porte  et,  pour  les  personnes  d'un  certain 
rang,  il  serait  inconvenant  de  n'en  pas  avoir 13.  Nous 
nous  référons  aux  nombreuses  figures  déjà  insérées  dans 
de  précédents  articles,  qui  montrent  des  hommes  de  toute 
condition,  paysans  (fig.  859, 2070. 2094),  ouvriers  (fig.  734, 
990,  3281),  soldats  (fig.  819,  874),  généraux  (fig.  1504), 
magistrats  ou  grands  dignitaires  (fig.  1198.  1420, 
1909,  3981)  et  l’empereur  lui-même  (fig.  1503  ,  2450, 
3980),  portant  des  vêtements  à  manches,  larges  et 
flottantes  ou  étroites  et  serrées  au  poignet1*;  elles  ont 
do  plus  en  plus  cette  dernière  façon  à  mesure  que 
l’on  descend  dans  le  bas  Empire.  La  fig.  4812  repro¬ 
duit  la  partie  ancienne  de  la  statue  colossale  de  Bar- 
letta,  dans  laquelle  on  reconnaît  généralement  l'image 
de  Théodose 1!i. 


Fig.  4812.  —  Tunique  romaine  à 
manches. 


77;Wianfea  )3eU7>  Awîan.  Anab.  IV,  7,3-5;  9-9;  VU,  G,  2;  8,  2;  Diod.  XVII, 
à  Sidon  mor/' —  -  llamdy  Bey  cl  Th.  Reinach,  Une  nécropole  royale 

Mosi(ic0  sco  XU  '  )  'u'v-  —  3  Mus.  Iiorb.  VIII,  pi.  xxxvu  ;  Niccolini,  Quadro  in 
in  Aon.  l  ftapl.  ;  ld.  Cas.  di  Pompei,  I,  pl.  vi;  Conte,  Comment. 

—  t  Voir  ,.  P'  1149  cl  s'  i  P-  Girard,  La  peint,  antique,  p.  235. 

Rochette  CAo'  CX<miP'e’  IDlbig,  Wandgemülde,  n»  253,  laf.  VI  a.  —  5  Raoul - 
Ztit,  (843  .,  ],  ^  Pe!,,G  d.  Pompei,  pl.  ix  ;  Hclbig,  O.  I.  n“  13G9;  cf.  Arcli. 

lot.  s.  —  6  pu/'  d'Ercolano,  III,  7;  Mus,  Borb.  I,  3;  Hclbig, 


n»  824.  —  1  Cf.  Pallad.  I,  43,  4  :  n  Manicas  de  pcllibus,  quae  vel  in  silvis,  vol  in  vepri- 
bus,  ruslico  operi  et  venatorio  possint  esse  communes  ».  —  *  A.  Gcll.  VII,  12  ;  Plaul. 
Pseud.  II,  4, 48  ;  Suet.  Cal.'Ai.  —  O Ibid.  etCic.  Catil.  II,  10,  22  ;  cf.  Phil.  II,  1 1  ;  Schol. 
Bob.  ad  Cic.  p.  335  Orelli  ;  Virg.  Aen.  IX,  6,  16;  Suet.  Caes.  450.  —  10  L.c.  —  UDio 
Cass.  LXXII,  17;  Lainpr.  Commod.  8,  8;  Heliog.  26,  3.  —  12  Vopisc.  A  ur.  48,  a. 
—  13  Augustin.  Doctr.  christ.  Migne,  34,  74.  —  14  Garrucci,  Storiad.  artecrist.  II , 
pl.  cv:  voir,  outre  celles  qui  sont  indiquées  dans  le  texte,  les  ligures  9  494,  495. 
853, 1257,  1620,1624,  1627, 2302,  3077,  3260,  etc, -13  ArcA.  Züit.  1860,  pl.  cxxxvi. 


MAN 


—  1578  — 


On  suit  la  mémo  progression  dans  les  transformations 
du  costume  des  femmes.  L’ancienne  stola  fut  peu  à  peu 
abandonnée  parles  matrones  [stola].  A  la  tunique,  com¬ 
mune  aux  deux  sexes,  les  femmes  comme  les  hommes 
ajoutèrent  souvent  des  manches,  qui  descendirent  tic 
plus  en  plus  bas  en  s'élargissant,  jusqu’à  couvrir  entiè¬ 
rement  le  bras,  comme  on  le  voit  dans  la  figure  4813, 
d  après  une  peinture  de  la  première  moitié  du  mc  siècle1. 

On  peut  constater 
d’ailleurs  les  mêmes 
changements  de  la 
mode  que  pour  la  tu¬ 
nique  des  hommes  : 
au  ivc  siècle  et  dans 
les  siècles  suivants, 
les  manches  sont  ajus¬ 
tées  en  gaines  étroites 
et  serrées  au  poignet. 
Nous  nous  contente¬ 
rons  de  rappeler  ici 
le  diptyque  de  Monza 2 
où  se  trouvent  réunis 
des  types  des  costu¬ 
mes  masculin  et  fé¬ 
minin  au  commence¬ 
ment  du  ve  siècle. 

Fig.  4813.  —  Costumes  chrétiens  il  manches.  H*  ^  UVait-il, 

chez  les  Grecs  et  chez 
les  Romains,  des  pièces  de  vêtement  couvrant  seulement 
la  main  comme  nos  gants  ou  nos  mitaines?Ils  en  avaient 
certainement  de  semblables,  quoiqu’ils  n’en  fissent  usage 
que  pour  des  besoins  exceptionnels.  L'exemple  le  plus 


Fig.  4814.  —  Gants  gaulois. 


connu  esteeluide  Laërte,  le  père  d’Ulysse,  qu’Homère  dé¬ 
peint  travaillant  dans  son  jardin  :  le  vieillard  a  enveloppé 
ses  jambes  de  houseaux  et  a  mis  des  gants  à  ses  mains 
(/sipîosç  ÊTrî  /eptrf);  ces  gants,  dit  Eustathe3  dans  son 
commentaire,  étaient  faits  de  cuir,  et  il  ajoute  que  les 
archers  en  avaient  de  pareils,  mais  sans  doigts  (ystpàn 
yiwv rat  si  g-q  oocxtuXmtocïç).  Hérodote1  raconte  que  le  roi 
de  Sparte  Lcutychidès,  étant  en  Thessalie,  se  laissagagner 
moyennant  une  forte  somme  d’argent  ;  elle  remplissait  un 
gant,surlequelilse  tenait  assis,  pourle  dissimuler,  quand 
il  fut  pris.  Xénophon  avait  remarqué  l’emploi  des  gants 
de  fourrure  chez  les  Perses:  ils  en  couvraient  leurs 

1  Catacombe  des  Saints  Pierre  et  Marcellin;  Wilpcrt,  Die  Gewandung etc.,  fig.  13. 
—  2  Diptychon,  p.  274.  Voir  encore  fig.  1507,  1308.  —  3  Ad  Odyss.  XXIV,  230, 
p.  1060.  —  4  IV,  72.  —  5  Cyrop.  VIII,  8,  17.  —  6  Mittheil .  der  Antiq. 
Gesellschaft  in  Zurich ,  XIV,  4  (1862),  pl.  i,  1,  p.  95  (Otto  Jahn).  —  7  Philipp. 
XI,  11;  cf.  Plut.  Oth.  6.  Il  s  agit  peut-être  ici  de  manches,  Voir  note  9, 
p.  1577.  *  Ep.  III,  5.  —  9  I,  43,  4.  —  10  Galen.  De  nan.  tu.  III,  4,  p.  187; 

Oribas.  \J,  8  et  X,  7,  Darembcrg.  —  il  Eus!.  L.  I.  Cette  indication  paraît 


MAN 

mains  et  leurs  doigts,  dit-il  »,  £xpatç  . 

Socastocç  xxî  SaxxuXvjOpaç  ly 0u<nv;  il  distingue 
ment  les  doigtiers.  Tous  les  peuples  anciens  -  -°Xpr°Ssé- 


sous  des  climats  froids  paraissent  avoir  emplov! 

Pour  se  protéger.  Une  garniture  de  fourreau  7“°‘Ven 
trouvée  en  Suisse,  à  Vindonissa,  avec  d’autres  ?  r 
romaines 6,  offre  l’image  (fig.  4814)  d’un  GatT?!? 
sonnier,  entouré  d’armes  de  sa  nation  • 


qwniubiiaieni 

loy°  ce  moyeu 
reau  en  bronze, 

-s  antiqij 
Cmulois  p,.j„ 

gants,  dont  les  doigts  sont  marqués.  Pièces  de  vei  <k'UX 
ou  d’armure,  les  Romains  aussi  bien  que  les  Grecs  •  * ?ent 
donc  pu  voir  des  gants  chez  des  voisins  barbares*!!?1 
imiter.  Quelques  personnes  l’avaient  fait,  puisque  r  ■ 
ron1  y  fait  allusion  pour  railler  Antoine  ’plinn  ,  i 
rapporte  8  que  son  oncle,  le  Naturaliste,  pour  ne  ,y 
dérober  un  moment  à  l’étude,  se  faisait  accompaj? 
quand  il  sortait,  d’un  secrétaire  qui,  en  hiver,  n0rfaij 
des  mitaines  ( manicas ),  afin  que  le  froid  ne  l'empêchât 
pas  d’écrire.  Palladius 9  recommande  les  gants  de  fourrure 
( manicas  de  pellibus )  pour  les  travaux  de  la  campagne 
et  pour  la  chasse.  Les  médecins  employaient  des  gants 
de  cuir  ou  de  laine  pour  les  frictions10,  il  est  aussi  ques¬ 
tion  d’une  sorte  de  moufles  ou  gants  sans  doigts  dont  on 
se  serait  servi  pour  pétrir  le  pain  et  aussi  pour  laver11. 
Quant  aux  doigtiers  au  moyen  desquels  un  gourmand 
évitait  de  se  brûler  en  mangeant12,  ils  ne  sont  connus  que 
par  une  anecdote  et  ce  n’est  qu’un  fait  isolé.  Tous  ceux 
qui  viennent  d’être  rapportés  prouvent  que  si  les  anciens 
n’ont  pas  adopté  les  gants  pour  leur  costume,  ce  n’est  pas 
faute  d’en  avoir  apprécié  la  commodité  et  d’avoir  su  s’en 
servir  au  besoin. 

III.  —  Une  pièce  d’armure  défendant  une  partie  du  bras] 
ou  le  bras  tout 
entier  paraît  aussi 
n’avoir  été  qu’une 
exception  chez  les 
Grecs  et  chez  les 
Romains  ,  quoi¬ 
qu’on  en  put  voir 
de  semblables  chez 
des  peuples  voi¬ 
sins.  Xénophon  13 
parle,  dans  la  pre¬ 
mière  moitié  dû 
ivc  siècle,  comme 
d’une  invention 

récente  qu’il  approuve,  d’un  brassard  (/si p 
cavaliers,  recouvrant  le  bras  gauche  depuis  la  main  qui 
tient  les  rênes,  jusqu’à  l’épaule,  et  défendant  aussi  1  ui> 
selle  au  défaut  de  la  cuirasse.  D’après  ce  que  dit  1  bhlu 
rien  des  pièces  qui  composaient  cette  armure  (ex.m.  * 


Fig.  48 tri 


Fig.  «  16. 


Brassards  de  métal. 


pour 


1rs 


oà  xoù  'T'jyxàu.itTe'rat),  on  peut  imaginer  qu 


elle  était  faite 


de  lames  superposées  horizontalement,  rentrant  les  un^ 
sous  les  autres  en  suivant  le  mouvement  du  bras  >M  ] 


que  fera  mieux  comprendre  la  fig.  4815,  qui  rePl 


i  nliiit  un 

garde-bras  en  bronze,  trouvé  en  Italie,  non  loin  d) ■  ■ 
pies  u.  D’autres  brassards  provenant  également  c 1  ‘  ^ 

méridionale  sont  faits  d’une  tige  de  bronze  conlomi 

n’ôlrc  que  la  laussc  interprétation  d’un  passage  de  1  olluv,  ' |o  pain.  "ial- 
du  subligaculum.  Athénée  parle  aussi  de  xll?r®eî  F01"  j  p,  ti  d. 

il  cite  le  fait  comme  une  fantaisie  singulière.  1  .  .  BonsleU011' 

—  13  De  re  eq.  XII,  5;  cf.  Poil.  X,  135.  -  11  Aujourd’hui  e"  1  ^Hon-Tischbeio, 
Recueil  d'antiquités  suisses,  pl.  x,  4.  Voir  encore  dans  c;ania  Agata 

Coll,  of  engravings,  II,  pl.  suppl.  »,  C,  un  brassard  provenu 
de  Goli. 


MAN 


—  1579  — 


MAN 


roc 


Fig.  481" 


cl  avant  assez  d’élasticité  pour  se  prêter  aux 
sPira‘'  Il  celui  qui  est  représenté  (fig.  4816),  de  très 
h  mètre,  fait  partie  de  Y  Armoria  Reale  de  Turin  1  ; 
fil  td-tniné  a  ses  deux  extrémités  par  une  tête  de 
1  "  |  (|onl  jes  yeux  sont  des  rubis.  L’art  en  est  assez 
^'îirrché  pour  qu’on  ne  puisse  confondre  cet  objet  avec 
d’autres  pièces  d’armure  ou 
d’ornement  en  spirale  décou¬ 
vertes  tant  en  Italie  que  dans  les 
contrées  du  Nord  et  qui  appar¬ 
tiennent  à  un  âge  plus  primitif. 

.  Ni  l’un  ni  l’autre  des  brassards 

AmlrV  miiv\  ^ëlir^s  ne  ressemble  à  celui 
qui  a  été  décrit  par  Xénophon, 
puisqu’ils  ne  pouvaient  défendre 
qu’une  partie  du  bras.  Le  der¬ 
nier  ressemble  à  ceuxqu’on  voit 
sur  les  bas-reliefs  de  Pergame,  parmi  les  amas  d'armes 
que  la  sculpture  y  a  représentées  (fig.  4817),  lesquelles 
sont  en  partie  grecques,  en  partie  barbares  2.  On  ne 
peut,  il  est  vrai,  dans  la  sculpture,  distinguer  si  les 
brassards  sont  faits  de  métal  ou  de  cuir. 

Un  bas-relief  d’un  temps  postérieur3,  où  à  des  armes 

barbares  sont  mêlées  des 
armes  et  des  enseignes  ro¬ 
maines,  offre  une  image  (fig. 
4818)  différente  :  c’est  un 
avant-bras  fait  de  lames  ar¬ 
ticulées,  terminé  par  un 
gantelet  ;  une  pièce  rigide 
couvre  le  poignet.  Il  n’existe  aucun  indice  de  l’emploi 
d’armes  pareilles  chez  les  Romains.  Chez  eux,  le 
haut  du  bras  seul  était  protégé  par  les  lanières  dou¬ 
blées  de  métal  attachées  à  l’échancrure  de  la  cuirasse 
[loricaI.  Les  archers  portaient  une  manica*  au  bras 
gauche,  que  l’on  peut  supposer  semblable  au  bracelet  que 

les  archers  modernes  attachent 
à  leur  avant-bras  gauche  pour 
éviter  le  coup  de  fouet  produit 
par  le  tir  de  l’arc. 

Pour  les  manicae  des  gla¬ 
diateurs,  nous  renvoyons  à 
l’article  gladiatou.  Les  bes¬ 
tiaires  [bestiarii]  en  portaient 
aussi  quelquefois  \ 

IV.  —  On  appelait  encore 
manicae 6  les  menottes  ou  an¬ 
neaux  attachés  aux  mains  des 
prisonniers.  On  voit  (fig.  4819) 
un  barbare  captif  ainsi  lié  par 
une  chaîne  à  l’extrémité  de 
npaux,  laquelle- pend  un  de  ces  an- 

sous  1  -  ^lU  Une  c^es  ^aces  do  la  base  sculptée  connue 

i  0  , 110111  hasts  ou  ara  Casali 8,  où  est  figuré  l’é- 
b'SOue  de  Mire  ni  u  •  .  ° 

et  Venus  surpris  et  enchaînés  par  Vul- 


Fig.  4818.  —  Garde-bras. 


4‘g.  4819  —  Meuoltes. 


cain,  la  déesse  est  figurée  avec  une  chaîne  terminée  par 
des  menottes. 

V.  —  Le  mot  manica  est  employé  par  Lucain*  comme 
synonyme  de  harpago  ou  manu .s-  ferrea  pour  signifier  un 
grappin  employé  dans  un  combat  naval.  E.  Saglio. 

MAXIPULUS.  —  Proprement  une  poignée,  une  gerbe; 
se  dit  de  l’herbe,  du  blé,  du  foin,  et  est  employé  dans  ce 
sens  par  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  des  choses  de 
la  campagne1.  Le  mot  désigna  par  la  suite  une  division 
de  la  légion  romaine.  Le  passage  d’un  sens  â  l’autre  a 
été  indiqué  par  Ovide2: 

Perlica  suspensos  portabal  lonya  maniplos 
Inde  maniplaris  nomina  miles  habel, 

c’est-à-dire  que  le  manipule,  division  de  la  légion,  aurait 
pris  son  nom  de  l’enseigne  qui  la  distinguait,  une  botte  de 
foin.  Nous  avons  exposé  au  mot  legio  ce  qu’était  le  mani¬ 
pule  ou  du  moins  ce  qu’on  en  peut  savoir.  R.  Cagnat. 

MANSIO  [cursus  publicus,  p.  1655  . 

MANSUETARIUS  [bestiae]. 

MANTELE.  Xsipogixxpov.  Serviette.  —  Chez  les  anciens, 
la  différence  entre  les  serviettes  de  table,  les  essuie- 
mains,  les  mouchoirs  et  les  fichus,  n’était  pas  aussi  pré¬ 
cise  qu’elle  l’est  aujourd'hui.  Les  mots  très  variés  dont  on 
s’est  servi,  surtout  en  latin,  s’appliquent  à  ces  différents 
objets,  sans  qu’il  soit  toujours  possible  de  les  distinguer 
nettement  :  mantele,  mantilium ,  mappa ,  mappula, 
gausape ,  facitergium ,  manutergium ,  manumundium , 
orarium,  sudarium,  etc.1  Comme  on  l’a  remarqué  jus¬ 
tement2,  c’est  le  linteum  ou  pallium ,  le  morceau  d’étoffe 
rectangulaire,  plus  ou  moins  long,  plus  ou  moins  carré, 
qui,  suivant  la  matière,  la  grandeur  et  l'usage  auquel  il 
est  destiné,  peut  devenir  :  un  vêtement,  une  serviette,  un 
mouchoir,  un  voile  de  tête,  même  une  couverture  de  lit 
ou  de  siège,  un  rideau,  etc. 

Ce  qui  a  empêché  les  anciens  de  préciser,  c’est  que 
pendant  une  grande  partie  des  âges  classiques  on  a  fort 
peu  usé  de  ces  accessoires  de  toilette  qui  chez  les  moder¬ 
nes  sont  d’un  usage  constant  :  serviettes  de  table,  ser¬ 
viettes  de  toilette,  mouchoirs.  On  ne  les  voit  guère  entrer 
dans  les  mœurs,  d’une  façon  définitive,  qu’à  l'époque 
chrétienne,  et  sous  le  couvert  d’un  sentiment  qui  n’est 
pas  tant  celui  de  la  propreté  que  celui  de  la  pureté.  Les 
serviettes  et  les  nappes  de  nos  repas  dérivent  surtout 
d’un  usage  religieux. 

I.  — En  Grèce,  il  ne  semble  pas  que  l’âge  homérique  ait 
connu  ces  raffinements  ni  qu’il  possède  de  mots  pour  les 
exprimer;  ni  dans  les  bains  ni  dans  les  repas  le  poète 
n'y  fait  allusion.  11  faut  descendre  au  vu*  siècle  pour 
trouver  le  mot  ysipôgaxxoov  dans  un  vers  attribué  à 
Sapho  3.  Il  est  vrai  que,  d’après  Athénée,  il  désigne  un 
mouchoir  de  tète  [kékrypualos].  Mais  la  composition  du 
mot  lui-même  implique  qu’on  aurait  eu,  dès  celte  épo¬ 
que,  l'habitude  de  s’essuyer  les  mains  avec  un  linge 
spécial.  Au  ve  siècle  l’expression  est  courante;  mais  on 
l’applique  encore  à  des  ornements  de  tète  et  à  des 


’n  Italia  e  specu  T  7”  ’  ’  *’  l9’  28  ’  ^“gducci,  Gli  ornamenti spiraliformi 

Simon,  p|  X|I[I  m  Apulia,  Turin,  1876,  p.  31.  —  2  Alterlhïtm.  von  Per- 

feumcisler,  DenL-n'-'i  1 explication  de  Droysen  :  il  pense  (cf.  A.  Millier,  dans 
^ris  do  chars  P'  12821  f,uo  ces  brassards,  étant  figurés  prés  de 

Arcl>-  2fit.  1859  |Cnt  6t‘e  CC"X  des  conducteurs.  —  3  Au  Musée  de  Berlin, 
L  '■  -  6  Front  /!'  '  “j  Vl"  (cf-  ,a  fiS-  1054)-  —  4  Veget.  De  re  mil.  I,  20  ;  Eust. 

16>  76;  Ap„i  FVlmn'  M'  Caes '  V>  22-  ~  6  Plaut.  Asm.  H,  2,  35;  Hor.  Ep. 
~~  *  An  Vatican  p  i  ,*  '  ■  Bellori,  Veteres  arcus  Augustorum,  pl.  xxi. 

0  psi,  1\  \  aticano  descritto  ;  Overbeclt,  Kunstmythol. 


atlas,  X,  10;  II.  Brunn,  Kleinc  Sehrift ,  1.  p.  38.  —  9  III,  565.  —  Bibliographie. 
Amclung,  in  Pauly-Wissowa,  Dealencyclopâd.  s.  v.  ytipiSurt;  y itiv  et  ytift;. 

MANIPULUS.  i  Par  exemple  Varr.  De  re  rmt.  I,  49  ;  Colum.  XI,  2,  40  ;  Virg. 
Georg.  397.  —  2  East.  III,  1 17. 

MANTELE.  1  Lexicon  Mai,  Class.  auct.  VIII,  p.  361.  —  2  Wilpert.  dans  CArle, 
1899,  II,  p.  6.  —  3  cité  par  Alhen.  IX,  79,  p.  410.  Athénée  mentionne  ibid.  un 
passage  d’Ilécatée  de  Milet  (vi*  siècle)  qui  parle  aussi  de  yeifo^a-rça  portés  sur  la 
tête  par  les  femmes  d’Asie  ;  cf.  Alciplir.  III,  46,  elle  commentaire  de  V  Élite  céramo- 
graph.  IV,  p.  89. 


MAX 


—  1580  — 


étoffes  ayant  une  autre  destination  que  la  serviette1.  La 
première  mention  précise  nous  est  fournie  par  un  frag¬ 
ment  d'Aristophane  où  l’on  dit  à  un  esclave  d’apporter 
1  eau  pour  les  mains,  sans  oublier  la  serviette  (««pi™,*™ 
TO  /£ipou.axT?ov) 2.  A  partir  de  ce  moment  les  textes  ne  lais¬ 
sent  plus  de  prise  au  doute3  ;  mais  ils  sont  en  somme  peu 
nombreux.  On  sait  que  d'ordinaire,  après  avoir  mangé, 
les  convives  pétrissaient  entre  leurs  doigts  un  peu  de 
111,11  <lin  leur  netloyait  les  doigts  et  qu’ils  jetaient  par 
I'  ni  aux  clnens  ,  c  était  lù  leur  ^sicogaxTpov  ou  Ix^aysTov 
corna,  p.  1274’  \  Notons  que  la  serviette,  appelée  aussi 
sxTftp.p.a,  était  faite  de  toile  écrue  (tà|AÔXtvovl  ou  de  tissu 
très  tin  civ&ovucpÉç) 5. 

Nous  voudrions  sur  les  monuments  en  discerner  la 
tonne  et  les  ornements  ;  mais  il  n'est  pas  facile,  par  suite 
de  la  confusion  dont  nous  parlions  plus  haut,  d’en  trouver 
es  oxeraples  clairs.  Partout,  dans  les  scènes  de  bains, 
de  toilettes  ou  de  banquets,  on  voit  des  étoffés  repliées 
et  suspendues  dans  le  champ  ou  tenues  sur  le  bras  par 
des  personnages.  Mais  comment  savoir  s’il  s’agit  véri¬ 
tablement  d  une  serviette  plutôt  que  d’une  étoffe  quel¬ 
conque,  d’une  cblamyde  ou  d’une  tunique?  Les  Grecs  sont 
s!  accoutumés  à  se  dévêtir,  leurs  ajustements  sont  si 
simples,  que  le  vêtement  enlevé  du  corps  se  confond 
absolument  avec  une  étoffe  quelconque.  Je  dirai  plus: 

1  habitude  de  porter  des  tuniques  et  des  manteaux  flot¬ 
tants,  dont  les  pans  étaient  continuellement  retenus  et 
maniés  pai  les,  doigts,  devait  rendre  moins  nécessaire 
aux  usages  quotidiens  de  la  vie  l’emploi  spécial  d’une 
serviette.  On  avait  naturellement  sous  la  main  le  pan  de 
son  vêtement  et  l'on  ne  se  faisait  pas  faute  de  s’en  ser- 
'ii.  11  est  remarquable  que,  dans  les  scènes  assez  nom¬ 
breuses  qui  représentent  Euryclée  lavant  les  pieds 
d  Ulysse  fig.  725),  ou  les  premiers  soins  donnés  aux 
petits  enfants  (fig.  241,  2608;,  ou  le  XoùTp&v  de  la  mariée, 
on  ne  trouve  pas  de  serviette  :  c’est  que  les  servantes  se 
servent,  pour  essuyer,  des  pans  flottants  de  leur  vêtement. 
Au  contraire,  dans  1  épisode  chrétien  du  lavement  des 
pieds,  la  serviette  apparaîtra  très  distincte  G. 

Sdn,>  donc  nier  le  moins  du  monde  l’usage  de  la  serviette 
dans  le  monde  païen,  il  faut  comprendre  qu’elle  est  sou¬ 
vent  représentée  par  toutes  sortes  de  linges  qui  n’avaient 
pas  cette  destination  spéciale.  Si  dans  une  scène  de  festin 
on  voit  des  draperies  accrochées  aux  parois7,  on  en  pour¬ 
rait  conclure  que  ce  sont  des  serviettes  ;  mais  il  faut  se  sou¬ 
venir  que,  dans  un  nombre  considérable  de  scènes  domes¬ 
tiques,  les  peintres  ont  indiqué  des  accessoires  du  même 
genre,  draperies  ou  larges  bandelettes  [taenia],  qui  carac¬ 
térisent  simplement  l'intérieur  d’une  habitation.  Les 
scènes  de  bains  elles-mêmes  ne  montrent  rien  de  carac¬ 
téristique  a  cet  égard  (voir  les  figures  de  balneum)  et, 
lorsque  Vénus  sort  de  l’eau,  la  pièce  d’étoffe  qu’on  lui 
apporte  est  plutôt  sa  tunique  ou  son  himation  qu’une 
serviette  8. 


1  llerod.  Il,  12i;  IV,  Ci;  Sophocle  cilé  par  Allion.  IX,  79,  p.  410.  —  2 Allion. 
L;  C-;  Xrist°pl'-  fragm.  édit.  Dindorf,  Didot,  p.  504,  XV.  —  3  Xenoph. 

',  3’  5;  Scl,ol‘  Tt>eocr.  VII,  IG  -  4  Scliol.  Aristopb.  Equit.  413- 
Po  l.  Onom.  VI  93;  Eustalh.  Ad  Odyss.  XIX,  92,  p.  1857.-  spbiloxen.  ap. 

‘0nD  '  C'  et  X’  77’  P-  m-  ~  G  Wilpert,  L’Arle,  1899,  II,  p.  18,  fig.  5  ;  voir 
aussi  i  date  se  lavant  les  mains,  Garrucci,  Arte  cristiana,  pl.  cccxxxiv,  n°  2. 

..A,*'  Gre9°r-  »-  Pl-  «xiv,  1  =  Duruy,  Op.  I.  Il,  p.  603.  -  »  Voir  le  beau 
lehef  Ludovisi  AnUke  Denkmaler  des  de, U.  Inst.  Il,  pl.  vi,  et  les  statuettes  de 
terre  cuite  publiées  par  P.  Jan.ot  dans  AMnoi, -es  et  Mon.  Piot,  II,  1895.  p.  174  et  suiv.  ■ 
cf.  Bros  apportant  un  linge  à  une  femme,  Tischbein,  II,  pl.  xxxvm,  ux;  III,  pl.  xxxv; 
Antiq.  du  Bosph.  Cmm.pl.  i.iv,  ..x, .-  Gerhard,  Ans.  lus.  pl.  ccxcv;  Roulez.  Vas 


MAN 


pour  l’étendre  sur  un  coussin 
-K-  HiT),  etc.  •;  c’est  le  rôle  d  "ne  s 
diapene  varie  de  forme  et  de  nature.  So 


coksia,  1 
luie  ieune 


Fig.  4820.  —  Serviettes  de  toilellc. 


Oïl  se  sert  naturellement  d’un  1; 

d6S  °',jetS’  P°ur  couvrir  des  pants  (fig.tf0^ 

i  COUSsin  c.  h  ‘  'H), 

sur  in,  .  ; 
»ne  serviette, 

°“  PC'"'  qua!iller  de  ou  de  maZZI  "f 

plus  ou  moins  amples  cl  ornés  nue  IV,,  ,  ô  '  "s'! 

mains  de  serviteurs  apportant  les  plats  i  “lrt  1,1 

.g.1705],  de  servantes  s'empressant  mîtourd  0 

femme  ou  de  la  déesse 
Aphrodite  à  sa  toilette 
(fig.  1361  et  4820) 10  ;  Ces 
larges  bandelettes  à  fran¬ 
ges  font  partie  des  acces¬ 
soires  de  toilette  les  plus 
usités  et  certainement  on 
a  pu  s’en  servir  comme  de 
serviettes,  en  même  temps 
que  de  ceintures  [cingu- 
lum,  fascia],  ou  d’orne¬ 
ments  de  tête  [diadèma, 

KÉKRYPHALOS,  MITRA].  En 

tout  cas,  la  serviette  de 
table  individuelle,  telle 
que  nous  l’employons,  .  - 

parait  étrangère  à  l’époque  grecque:  on  se  contentait 
d  une  ablution  rapide  des  mains,  qu’on  essuyait  ensuite 
a  la  couverture  du  lit  ou  à  la  serviette  tenue  par  l’esclave 
[coena,  p.  1274]. 

II.  A  Rome,  l’usage  des  serviettes  prit  une  extension 
Plus  considérable.  Elles  sont  ordi¬ 
nairement  désignées  par  deux  mots, 
mantelia  et  mappae,  qui  tendent  à 
se  confondre  [coena,  p.  1280];  en 
réalité,  c’est  le  mantele  jeté  sur  la 
tablequi  a  fini  par  devenir  la  mappa , 
notre  nappe  moderne11  [mappa].  Au 
début,  c’est  un  simple  linge,  comme 
en  Grèce,  dont  on  se  sert  pour  es¬ 
suyer  la  table  ou  ses  mains.  «  Prends 
un  linge,  dit  un  personnage  de 
Plaute,  et  essuie-toi  les  mains  » 

( linteum  cape)1 2.  Sous  l’Empire,  il 
est  de  règle  d’apporter  une  serviette 
avec  l’aiguière  à  laver  et  elle  figure  à  côté  de  l’œnochoé, 
parmi  les  ustensiles  et  les  mets  de  la  salleà  manger,  sur  une 
peinture  de  Pompéi  (fig.  4822)  ”.  Ces  serviettes  étaient 
ordinairement  faites  d’une  étoffe  épaisse,  unie  d’un  côte,- 
pelucheuse  de  l’autre  [gausapa]  u.  On  essuyait  les  tables 
avec  ces  serviettes,  de  couleur  pourpre  ou  autre  lj-  ffms 
les  banquets,  l’amphitryon  fournissait  ce  linge  de  table, 
mais  on  prit  l’habitude  d’apporter  chacun  sa  serviette 
[mappa),  afin  d’y  mettre  les  petits  cadeaux  que  I  b"!1 
faisait  à  ses  convives  [coena,  p.  1280].  Le  luxe  do  sl  1 

de  Leyde,  pl.  xix.,  etc.  —  n  Baumeister,  Denkmaler  des  kl.  Alt.  fig-  '  ^ 

Hist.  des  Grecs,  I,  p.  747;  Allasdu  C.  Rendu  de  St-Pétersbourg,  J80I.I’1  •  ^ 

Zeit.  1857,  pl.  xcvm,  1.  —  10  Elite  céram.  IV,  pl.  xxxirr,  xxxm  Ael  x*'1" 
du  Bosph. Cimm.  pl.  lu;  cf.  Atlas  du  C.  Rendu,  1803,  pl.  i;  1881,  pl- 
Mon.  Grecs,  1885,  p.  37-38.—  U  Voir  Mari.  XII,  29,  et  le  texte  d'Isidor.  ^ 

2G  :  «  Mantelia  nunc  pro  operiendis  mensis  sunt,  quae,  ut  nomen  U 1  ^  ^  flo  b. 

olim  tergendis  manibus  pracbebantur.  »  —  Mostell.  I,  3, 1 UU.  —  1 

VI,  pl.  xxxvm  =  Antich.  Ercolano,  V,  84,  p.  375;  Hclbig,  " nl 11  9")'^  ^  .  pfS|, 

—  1 4  Vii'g.  Georg.  IV,  377;  Aen.  1,701-702,  et  les  passages  de  Servies, 

p.  133;  Varr.  De  ling.  lat.  VI,  85.  Nous  avons  aujourd  hui  la  «  ,\ II, 29. 

— 13  Hor  Sat.  Il,  8,  10  Lucil.  Sut  fragm.  XX,  I.  -  )6  »»>••  IbkL  63  : 


482 1.  —  Serviolle  <Ip 
lablo. 


MAN 


—  1581 


MAN 


,ieg  nappes  devint  très  grand  à  partir  d’Hadrien  ; 
rr", -ouvrirent  de  bandes  de  couleur,  de  broderies  et 
' e,lc?  '  .Vr'is  i  -  La  serviette  restait,  d’ailleurs,  l’apanage 
!  des  gens  de  la  bonne  société;  le 

peuple  n’en  faisait  pas  usage2. 

Mettait-on  une  serviette  devant 
soi,  sur  sa  poitrine,  quand  on  était 
à  table?  Un  texte  de  Pline  pour¬ 
rait  le  faire  croire;  mais  je  crois 
que  le  sens  en  est  différent3  et, 
d’ailleurs,  aucun  monument  ne 
nous  montre  cette  disposition.  A 
Rome  comme  en  Grèce,  la  serviette 
conserve  un  rôle  plus  général  que 
chez  nous  :  c’est  un  linteum,  et 
l’on  s’en  sert,  quand  on  en  a  be¬ 
soin,  comme  de  serviette  ou  de 
mouchoir  [sudarium].  Trimalcion 
au  bain  se  fait  essuyer,  non  pas 
avec  des  lintea,  mais  avec  des  pal¬ 
lia  de  laine  très  douce  ;  après  s’ê¬ 
tre  lavé  les  mains,  il  les  essuie  à 
la  chevelure  d’un  esclave  h  Sa 
femme,  Fortunata,  dans  le  ban¬ 
quet  qui  suit,  prend  le  fichu 
qu’elle  porte  autour  du  cou  pour 
Trimalcion  lui-même  a  les  épaules 
i  couvertes  d’une  mnppa  à  large  bande  de  pourpre, 
.dont  les  franges  retombent  de  chaque  côté  6  (cf.  la 

fl  g.  4823). 

L’amusante  épi  - 
gramme  de  Martial 
sur  Ilermogénès  «  le 
voleur  de  linges  » 1 
nous  montre  la  na¬ 
ture  vague  de  tous 
ces  termes,  désignant 
des  voiles  et  des 
étoffes  de  tout  genre. 
C’est  ainsi  que  man¬ 
te/e ,  serviette,  a  fini 
par  devenir  syno¬ 
nyme  de  mappa, 
nappe;  que  niant  e- 
lium  ou  niant  ilium, 
l  ,  gavxtXtov  etptavotXiov  8, 

I  Ma"1  <  Ie  mant^  ^es  diacres  chrétiens9. 

1»  r  est  surtout  dans  les  cérémonies  religieuses  que 
et  lij'  '  !l'  ,dPParaît  comme  un  accessoire  réglementaire 
u  fini "J.  Ovide,  décrivantles  ustensiles  du  sacri- 


Fig.  1822.  —  Serviette  du 
Camillus. 


essuyer  ses  mains 


F,g*  48-3*  ~  Serviette  sur  les  épaules. 


lont  il  s’agit  j  ’  Alex.  Sev.  37;  Trebell.  Gall.  16.  Les  mantelia 

fa  M&'ccd* coud,, ( J M,a‘ssen^*re  surtout  des  nappes;  voir  mappa.  —  2  Lucian. 

3  pjjn  yji  J  H  s  agit  aussi  d’une  serviette  faisant  office  de  nappe. 
'Offres  scalpé'  ~  ^  parle  de  tribus  anthropophages  qui  placent  des  che- 
4nle  pectora  «T;  "  lcw  on  guise  de  serviettes  :  «  Pro  mantelihus 

■  n  ntl  Mille  l’i  *  .i 

a  place  de  Ccs  ,  isioncn  ne  veut-il  pas  indiquer  que  chez  ces  sauvages 
|  affirmer  paP  \>A  (  u-.  ^  Cos  serviettes  était  d’ôtre  suspendues  au  cou,  sans 

I  Ce  passage  de  pu  °n  Se  sa  serviette  au  cou?  On  rapprochera 

27,  28.  ___  5  !??  e  d  Hérodote  sur  les  Scythes  (IV,  64).  —  4  Petron. 
K  ;  Suia,  H,, s',  —  G  Jbid.  32.  _  t  XII,  29.  -  8  Etym.  magn. 

I  p  0  Nous  suivons  r  V‘  9  Dict.  de  la  lang.  franc,  art.  mantil. 

BJ»1899,  p.  jg  et  C*  ^xceHont  article  de  M.  G.  Wilpert  publié  ddns  l'Arte , 
■  dl>  Musée  du.’ m  11  °Vid-  Fasl •  IV’  933-  -  12  Wilpert,  p.  24-25,  fig.  11, 
Br0"-  Etrutchi,  VI  ,1  '°"nCS  “  Uomc;  cf-  les  (iK-  L  12,  13,  10;  cf.  Inghirami, 
Hilth.  dcràJf  Usinio'  Sarcof.  d.  Camp.  Saut,  di  Eisa,  pt.  en 
K  y.  '  'qu-  Ge»elkchaft  in  Zurich ,  XV,  pl.  vm,  7  ;  etc.  —  '3  \Vi|. 


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Fig.  4824.  —  Serviette  de  culte. 


fico,  nomme  La  serviette  à  longs  poils,  la  patère  de  vin  et 
la  boite  à  encens"  :  ce  sont,  en  effet,  les  ustensiles  que 
l’on  voit  entre  les  mains  des  camilli,  sortes  d’enfants  de 
chœur,  qui  assistaient  le 
prêtre  dans  le  sacrifice  [ca-  Qj 
millus,  sacrificiuh].  La  ser¬ 
viette  est  le  plus  sou  vent  pla¬ 
cée  sur  leur  épaule  gauche  et 
pend  en  avant  et  en  arrière 
(fig.  1033,  4822)  **,  ou  sus¬ 
pendue  en  cravate  de  cha¬ 
que  côté  du  cou13,  ou  bien 
attachée  comme  un  man- 
telet  et  recouvrant  les 
épaules  (fig.  4823)  u;  plus 
rarement  elle  est  posée  sur 
le  bras  gauche  (fig.  41)*-. 

Dans  toutes  ces  figures, on 
peut  se  rendre  compte  de 
l’épaisseur  du  tissu  et  des  franges  qui  ornent  les 
extrémités.  Sur  un  relief  du  Capitole  on  voit  la  ser¬ 
viette  accrochée  à  une  tige  de  suspension,  avec  onze 
autres  emblèmes  du  culte  romain 
(fig.  4824)  ,0. 

On  s’explique  ainsi  que,  dans 
le  monde  chrétien,  la  serviette  se 
soit  introduite  sous  le  couvert 
des  usages  religieux  et  qu’elle  y 
ait  pris  une  importance  de  plus 
en  plus  grande.  Non  seulement  le 
diacre  chrétien  porte  le  manlele 
sur  l’épaule  gauche  comme  le  ca- 
millus  (fig.  4823) 17,  mais  tout 
objet  sacré  est  tenu  avec  les 
mains  recouvertes  d’une  ser¬ 
viette  18,  et  la  nappe  blanche, 
après  avoir  recouvert  l’autel,  s’é¬ 
tend  sur  la  table  de  repas 
comme  un  emblème  de  pureté 
[mappa].  E.  Pottier. 


Fig. 4825.  —  Manlele  du  diacre 
chrétien. 


MANTICA.  —  Besace  que 
l’on  portait  sur  l’épaule,  de  telle  façon  qu’une  des 
poches  pendait  par  devant,  l'autre  par  derrière  Elle 
était  d’ordinaire  en  cuir2  et  servait  surtout  à  transporter 
en  voyage  des  fardeaux  et  des  provisions  3.  Ceux  qui 
faisaient  la  route  à  cheval  pouvaient  la  placer  derrière 
eux,  en  travers  sur  la  croupe  de  leur  monture  A  La 
figure  4826  est  tirée  d’un  bas-relief  sculpté  sur  une  urne 
cinéraire,  en  tuf,  du  Musée  de  Volterra  ;  on  y  voit  deux  es¬ 
claves  chargés  chacun  d’une  mantica,  l’un  précédant. 


pert,  p.  10,  lig.  9;  cf.  fig.  10.  —  14  |d.  p.  5,  fig.  4,  statue  de  bronze  et  de  marbre 
polychrome  au  Louvre  (parties  de  bronze  rapportées,  parties  de  marbre  res¬ 
taurées,  mais  antiques).  —  C>  Id.  p.  25-20,  fig.  21  et  22.  —  16  Id.  p.  9,  fig.  8;  cf. 
Clarac,  Musée  de  sculpt.  pi.  ccxx,  n°  307;  liaumcister,  Denkmdler,  fig.  I30G, 
n“  12.  —  17  Wilpert,  p.  17,  fig.  15.  Sur  le  mantile,  la  mappa  et  la  mappula  devenus 
des  parties  du  vêtement  sacerdotal,  voir  Ibid.  p.  9,  10,  41,  etc.  —  *8  Garrucci.  Art  e 
cristiana ,  pl.  eexe;  cf.  pl.  cccxxiv,  cccxxxu,  cccxlv,  cccxlvi,  elc  Dans  la  scène  de 
Pilate  se  lavant  les  mains,  l'artiste  chrétien  a  parfois  soin  de  faire  figurer  la  ser¬ 
viette;  Ibid.  pl.  cccxxxiv,  n»  2.  —  Bibuographir.  Marquardt,  Das  Privât leben,  l, 
p.  366  et  suiv.  ;  II,  p.  1 18  de  la  trad.  frauç.  ;  Beckcr-Gôll,  Charikles ,  II,  p.  309  et  suiv.  : 
Gallus,  III,  p.  387-390;  Dezobry,  Home  au  siècle  d'Auguste,  3'  édit.,  1870,  I, 
p.  159  ;  Wilpert,  Un  capitolo  di  storia  del  vestiario,  cliap.  iv,  dans  l'Arte,  II, 
1899,  p.  I  et  suiv. 

MANTICA.  1  Catull.  XXII,  21;  Pers.  IV,  23.—  2  Grat.  Cyn.  339;  Pers. 
V,  140  ;  Petron.  Sat.  102.  —  3  Apul.  Met.  I,  18  Vliet.  —  4  Hor.  Sat.  I,  VI. 
104. 


190 


MAN 


—  1582  — 


MAN 


l’aulre  suivant  un  homme  à  cheval  qui  part  pour  un 
voyage1. 

On  appelait  manticula  une  bourse  en  forme  de 
besace2;  il  n’y  a  pas  longtemps 
qu  on  a  renoncé  chez  nous  à 
ces  sortes  de  bourses,  ordinai¬ 
rement  en  mailles  de  fil  ou  de 
soie,  serrées  au  milieu  par  un 
anneau  coulant.  C’était  surtout 
la  bourse  des  pauvres  ;  un 
vianticulator  se  rapprochait 
beaucoup  d’un  mendiant 3.  On 
employait  aussi  le  mot  manti- 
culari  pour  dire  dérober  une 
bourse,  et  par  suite  jouer  un 
mauvais  tour  à  quelqu’un  4. 

Georges  Lafaye. 

MANTUS.  —  Au  dire  de  Ser- 
vius1,  les  Étrusques  désignaient 
ainsi  un  dieu  analogue  au  Dis 
Pater  des  Latins  [dis  pater], 
c’est-à-dire  le  souverain  du  monde 
infernal.  On  a  plusieurs  fois  es- 
sa\e  de  1  identifier  avec  tel  ou  tel  des  personnages  my¬ 
thologiques  qui  figurent  sur  les  monuments  funéraires 
[FINES,  inferi:.  Suivant  O.  Müller2,  Mantus  ne  serait 
autie  chose  qu  un  de  ces  démons  affreux  auxquels  on 
attribue  d  ordinaire  le  nom  de  Charon  charon]  :  un  être 
difforme,  grimaçant,  quelquefois  ailé,  presque  toujours 
aimé  soit  dune  épée,  soit  d’un  maillet,  qui  entraîne  le 
mort  vers  les  régions  souterraines.  Suivant  Gerhard3, 
il  faut  distinguer  parmi  ces  démons  deux  types,  dont  l’un 
porte  une  couronne  et  l’autre  n’en  porte  pas  :  le  démon 
couronné  serait  Mantus.  Ces  essais  d’identification,  d’ail¬ 
leurs  tout  arbitraires,  sont  difficilement  acceptables.  Dans 
toutes  ces  figures  de  démons  rien  n’éveille  l’idée  de  sou¬ 
veraineté  qu’implique  l’assimilation  de  Mantus  à  Dis 
Pater.  Ce  n  est  pas  là  1  image  d'un  roi  qui  gouverne  tout 
un  inonde  et  donne  des  ordres,  mais  l’image  d’un  agent' 
qui  les  exécute,  d'un  génie  psychopompe,  d’un  «  conduc¬ 
teur  de  mânes4  ».  L’office  est  trop  subalterne. 

Si  1  on  a  tant  de  peine  à  reconnaître  Mantus  sur  les 
monuments  figurés,  c’est  que  peut-être,  en  dépit  du 
témoignage  de  Servius,  il  n’existait  en  Étrurie  aucun 
dieu  de  ce  nom.  Il  est  assez  singulier  que  l’épigraphie 
étrusque,  qui  nous  fait  connaître  tant  de  noms  de  divi¬ 
nités",  n  ait  conservé  aucune  trace  d’un  dieu  aussi 
important.  Cette  épigraphie  est  presque  exclusivement 
funéraire  ;  les  monuments  figurés  qu’elle  accompagne 
présentent  une  profusion  de  scènes  empruntées  à  la 

1  C  csl  le  voyage  dans  l’autre  monde;  Ingliirami,  Mon.  etr.ï.  I,  p.  179,  p|.  xvm. 

\ oir encore  Ibid.  p.  Gl.pl.  vu;  1.  II, p.  514,  pl.  lxi.  —  2  Fest.  s.  v.  p.  133,  Muller. 

3  Pacuv.  ap.  Fest.  L.  c.  =  vers  376  ap.  Ribbcck,  Trafic.  Roman,  fragm.  3 
(IS9ji  ;cf. CHARON,  fig.  1360.—  «  Pacuv.  vers  377-380  ;  (Ribbeck,  L.  c.)  ;  Apul.  De 
mag.  oo,  p.  309,  36  ;  Tertull.  Apol.  44;  Loewe-Goctz,  Corp.  glossar.  lat.  Il,  127, 

1:  407,  33;  III,  455,  59;  485,  64;  IV,  113,  7,  36;  114,  24;  115,  8;  451,  42;  452,  1  ; 
536,  19;  V,  33,  4’;  837,  8,  9;  115,  24,  26;  116,  3;  220,  44,  45,  46,  47;  309,  29; 
310,  4;  371,  17  ;  464,  33,  34,  47,  50;  465,  4;  507,  10;  523,  45;  524,  1  ;  528,  H  ;  544, 
30;  548,  23  ;  572,  22,  31,  39;  604,  18  ;  635,  53. 

MANTl’S.  i  Scrv.  Ad  Aen.  X,  199  ;  «  Mantuam  autem  ideo  nominatam,  quod 
etrusca  Imgua  Manlum  Ditem  patrem  appellant.  »  —  2  O.  Miillcr-Deecke,  Die 
lr“S  ’  [*’  P’  Ambroscli,  De  Charonle  etrusco,  Vratislav.  1837. 

—  Goltheiten  der  Etnisker,  p.  16,  56;  pl.  vi,  2,  3.  —  4  o.  Muller  rapproche 
1  a'duS  de  Manducus,  qu’il  interprète  comme  Maniducus  =  maniurn  dux  (II, 

!'v  i0p;  cf’  G«rhapd.  1  c-  —  6  Cf-  etrusci.  —  «  Cf.  charon.  —  7  Monumeuti, 

IX,  pl.  XV,  5;  Marllia,  Art  étrusque,  p.  394,  fig.  268.  —  8  Ibid.  —  9  Dennis,  Cities 
and  cemetei'ies  ofEtruria,  p.  351.  Virgile,  décrivant  le  Tartarc,  signale  le  monstre 


mythologie  infernale  [inferi,  etrusciI  •  0n  v 
des  noms  comme  ceux  de  Charon6  du  ,i  •  y  renc°ntre 
eha  \  de  Thésée  captif  aux  enfers’8  ,i„  '  T" 
tête,  Géryon 9.  On  y  rencontre  même  4  lrip!e 

des  morts  de  l’Hadès  grec  [Eita),  assis  à  ,S„Î  roi 
phoné  (Pherstpnei),  c’est-à-dire  précisément  l-  H 
d  une  divinité  qui  correspond  à  Pluton  ou  ■  "lla8e 
et  qui  devrait  correspondre  à  Mantus16  fl  ** !>ater> 
manquait  donc  pas  de  placer  le  nom  signalé  2T*-  'le 
Comment  se  fait-il  qu’on  ne  le  voie  nulle  ^Servius-| 
Au  surplus,  le  texte  de  Servius,  où  se  tronvo  F 
mention  de  Mantus,  n’est  pas  de  nature  à  insnire?.lqUe 
grande  confiance.  C’est  un  résumé  de  tous  les  daes  T 
tradictoires  des  grammairiens  au  sujet  de  l'origine  dè 
Mantoue,  ville  peuplée  de  races  très  différentes 11  ni, 
mêlaient  des  Grecs,  des  Italioles,  des  Etrusque!  ta 
également  intéressés  às’attribuer  un  droit  de  p,(mZ 
rance  en  faisant  honneur  de  la  fondation  de  la  cité  à  un 
héros  de  leur  race.  Les  uns  tenaient  pour  Ocnus,  qu’on 
disait  soit  fils  ou  frère  d’Aulestès,  soit  fils  du  Tibre  et  de 
la  prophétesse  Manto,  fille  elle-même  ou  d’Ilercule  ou 
du  devin  thébain  Tirésias.  Les  autres  tenaient  pour 
1  Étrusque  Tarchon,  frère  de  Tyrrhénos,  qui  avait,  disait- 
on,  consacré  la  ville  nouvelle  à  l’un  des  principaux  dieux 
de  sa  religion  12.  Ces  traditions  ne  méritent  pas  plus  de 
crédit  les  unes  que  les  autres.  Pour  qui  connaît  la  ferti¬ 
lité  d’invention  des  grammairiens  antiques,  leur  manie 
de  paraître  toujours  mieux  informés  que  leurs  confrères,! 
leur  assurance  imperturbable  devant  les  problèmes  mytho¬ 
logiques  les  plus  inaccessibles13,  Mantus  a  bien  l’air 
d  avoir  été  imaginé  pour  les  besoins  d’une  discussion, 
afin  de  donner  à  Mantoue  un  fondateur  d’origine  étrusque 
bien  authentique.  Et  peut-être  le  caractère  infernal 
attribué  à  ce  dieu  imaginaire  n’est-il  que  le  résultat  d'un 
rapport  étymologique  présumé  entre  Mantua  et  mânes  “.  j 

En  somme,  l’existence  de  Mantus  nereposequesurl'aflir- 
mation  d’un  grammairien  anonyme,  plus  ou  moins  posté¬ 
rieur  à  Virgile,  par  conséquent  d’une  époque  où  lareligion  f 
et  la  langue  de  J  ’Étrurie  avaient  depuis  longtemps  disparu. 
La  garantie  n’est  pas  suffisante  ls.  Jules  Martua. 

MANUBALLISTA  [arcuballista]. 

MAXIJBIAE.  —  I.  —  Dans  le  langage  courant,  surtout 
à  l’époque  impériale,  manubiae  (ou  manibiae')  n  était  I 
souvent  qu’un  synonyme  de  rraeda2,  soit  au  sens  propre  I 
de  butin  fait  à  la  guerre,  soit  au  sens  figuré  de  proie  ou  I 
rapine  quelconque.  Aulu-Gelle  constate  que  non  seule- 1 
ment  l’opinion  vulgaire  ne  faisait  aucune  différence  enlre  I 
ces  deux  mots,  mais  que  même  un  contemporai 
renommé  pour  son  grand  savoir  en  affirmait  1  ident'D  i  I 
signification.  Quant  à  lui,  il  estimait  que  chacun  ces  I 

.  y  j  289)  ;  cf-  *1 

Géryou  :  «  Gorgones  Harpyiaeque  et  forma  tricorporis  umbrae  »  (  '  eu .  >  ^  ^  ^  I 

llorat.,  Odes ,  II,  14,  8.  Sur  Géryon,  voir  lart.  hercules.  —  1°  T°m ^  I 
à  Cornelo  ( Monumenti ,  IX,  pl.  xv-xv  a;  Dennis,  Cities ,  I,  P-  0  ^étr-  j 
à  Orvieto  (Coneslabile,  Pitture  rnurali ,  pl.  xi  ;  Dennis,  II,  P-  pj  sujv.  :  I 

p.  443,  fig.  292);  cf.  Dennis,  I,  p.  338,  465.  -  H  Virg.  Aen.  ^  j 

«  Mantua  dives  avis;  sed  non  genus  omnibus  unum  :  —  * ' cns  t,ss(>urs  de 
cf.  Serv.  ad  l.  -  12  Scrv.  Ad  Aen.  X,  199.  —  13  Jullien,  ^  Manlul...  I 

littérature  dans  l'ancienne  Home ,  p.  204.  — 14  Cf.  Isid.  Ong.  -  *  /?rancc>  I 

quod  mânes  tuetur  ».  —  16  V.  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquai) 

20  nov.  1901.  (joi]  oc||c  des  I 

MAN  UI1I AE.  1  La  graphie  manubiae  est,  presque  sans  cxcc^  (j’Angusle  I 
manuscrits.  Manibiae  est  attesté  par  des  inscriptions  contempoia 
(Mon.  Ancyr.  3,  8  et  17  ;  i-,  24;  Corp.  viser,  lat.  6,  1301  ;  10,  008  >  £jjarjgjusj  I 
p.  195,  eloy.  18,  1.  IC  :  manubiis )  et  par  tes  grammairiens,  Pal  CX /j0rdan) ;  C,Ci  I 
Gramm.  lat.  1,  97,  15  sq.  (Kcil).  —  2  Voir  Cat.  p.  37,  1.  H  s't'b  ^  gucj  Calfft*  I 
Verr.  Il,  1,  59,  15G  et  157;  3,  80,  186;  Tit.  Liv.  23,  U,  3;  33,  > 

41;  Vc8p.  IC;  Florus,  3,  18,  6,  etc. 


MAN 


—  1583  — 


MAN 


[ormes  aval 


L  sa  valeur  spéciale  et  précise1,  En  ceci 


il  avait  cert 


deU*  certainement  raison.  Lorsque,  par  exemple,  le 
Servi  lins  Rullus,  cité  par  Cicéron2,  écrivait  dans  sa 
'  Aurum,  argentum  ex  praeda ,  e 

il  entendait 


tribu  » 
oi  agi 

r  coroner  10 


.  Aurum,  argentum  ex  praeda ,  ex  mafiubiis, 
loiagI'U  '■  a,i  quoscumque  pervenit..., 


tX  -  ntiî  doute  énumérer  trois  choses  distinctes  :  latroi- 


(lr  c0g  expressions  coordonnées  traduisant  à  elle 


ne  serait  pas  logique  de  ne 


sans 

Iule  une  idée  particulière  . 

dans  les  deux  premières  qu  une  gemmation  ver- 
v0',i  a'  ridée  de  butin.  Mais  quelle  était,  dans  la  langue 

I  ^  e  de  la  guerre  et  du  droit,  la  signification  exacte 
du  mot  manubiae ?  En  quoi  les  manubiae  se  distin¬ 
guaient-elles  de  la  praeda  ? 

\ulu-Gelle  croyait  le  savoir3.  Il  avait  trouvé  in  libris 

‘mn  verborumque  veterum  la  définition  que  voici  : 
Praeda  dicitur  corpora  ipsa  rerum,  quae  capta  sunt, 
manubiae  vero  appellatae  sunt  pecunici  a  quaeslore  ex 
genditione  praedae  redacta  ;  d’une  part,  le  butin  en  na¬ 
ture,  de  l’autre,  les  espèces  provenant  de  la  vente  du 
butin.  M.  Mommsen4  et  beaucoup  d’autres  après  lui5  ont 
adopté  cette  distinction.  Mais  M.  Karlowa  en  a  facilement 
démontré  la  fausseté6.  Elle  résulte  du  texte  même  de 
Cicéron  produit  par  Aulu-Gelle’  à  l’appui  de  son  opi¬ 
nion  :  Praedam ,  manubias ,  sectionem ,  castra  denique 
Gn.  Pompeii  sedente  imperatore  decemviri  vendent 8, 
dont  on  peut  rapprocher  :  In  eius  provincia  vendet 
manubias  imperatoris9 .  Dans  les  discours  contre  la  loi 
agraire  de  Rullus,  d’où  ces  deux  passages  sont  tirés,  le 
mot  manubiae  revient  souvent;  il  était,  ainsi  que  le 
montre  la  citation  faite  plus  haut,  dans  le  texte  même 
du  projet;  ce  texte  était  naturellement  rédigé  en  style 
juridique.  Aulu-Gelle  affirme  donc  à  bon  droit  que  manu- 
biae  est  employé  ici  avec  sa  valeur  technique10.  Mais,  s’il 
en  est  ainsi,  sa  distinction  ne  saurait  être  acceptée. 
Puisque,  dans  certains  cas  au  moins,  les  manubiae  peu- 
I  vent  être  vendues,  elles  ne  sont  pas  nécessairement,  elles 
ne  sont  pas  proprement  l’argent  provenant  de  la  vente 
du  butin.  Ce  qui  l’a  induit  en  erreur,  c’est  la  fréquence 
des  textes,  littéraires  et  épigraphiques,  où  il  est  men¬ 
tionné  que  tel  personnage  a  construit  ou  embelli  tel  mo¬ 
nument,  fait  telle  donation,  de  manubiis ,  ex  manubiisil. 
Mors,  en  effet,  le  mot  manubiae  signifie  des  espèces12. 
Mais,  dune  part,  nous  venons  de  voir  qu’il  signifie 
ailleurs  des  objets  en  nature;  d’autre  part,  il  y  a  des 
Rodes  nombreux  où  les  largesses  en  numéraire  d’un 
general  a  ses  soldats  sont  désignées  par  l’expression  ex 
praeda'1.  Qu  est-ce  à  dire,  sinon  que  la  réduction  du 
nfin  en  espèces  ne  crée  pas  la  différence  cherchée  entre 
'  ux  n°fions,  qu’elle  n’a  pas  d’importance  essentielle? 
es  manubiae,  quoi  qu’elles  soient,  le  sont  avant  comme 
aPres  cette  réalisation14. 


Ibid.  1,  4  J.,  '  ’  J*0  t-4).  3  sq.  et  25.  —  2  De  leg.  agr.  2,  22,  59  ;  cf. 

sunt,  8ic, jam  ’4oc1’  Att.  13,  25,  25  sq. ;  cf.  Ibid.  29:  Manubiae  enim 
«  praeda  v  n  '’  n°n  Praeda,  sed  pecunia  per  quaestorem  populi  Romani 
—  *  Rôm  For.'a  '  °nllacla'  Nonius,  5,  39,  n’a  fait  que  copier  Aulu-Gelle. 
dans  le  Manuel' 443  stIrl-  (=  Hernies,  I,  176  sqq.).  —  5  Marquardt, 
P-  887;  Bouche'.  L  H  "nl,ri'  rom-  U'ad.  fr.  X,  p.  362  sq.  ;  Lange,  Rom.  Alterth.  I, 
4  II,  t"  pa,.jje  ^  ’ 1  C'0  Manuel  des  Instit.  rom.  247,  etc.  —  6  Rôm.  Rechtsgesch. 

dooBe  p|us  |0jn  180"’  P-  3  S(P1-  —  1  Noct.  Att.  13,  25,  G.  Le  commentaire  qu’il 
~  9  Ibid.  2,  20  -3  _  oe  Passage  en  dénature  le  sens.  —  8  De  leg.  agr.  1,  frag.  4. 
*'8>is  fori  Traiani  *•  '  '  3"’  ~  11  **  cito  t°  cas  forum  de  Trajan  :  I.  In  fas- 

S»  **  insrH  )li"1",'a,,a  suul  sila...  ;  subscriphim  est:  ex  manubiis....  28. 
c,P*ura  est  horum'  t ^  non  lcs  C0rP0raquc  ipsa  praedae  demonslral,  niliil  enim 
ficia déclarât .  _  ,a  ra,ano  e*  hostibus,  sed  facta  esse  liacc...  ex  pecunia  praeda- 
rD»nt  du  hutii,  il  ""  |nc  'lllc  m°f  manubiae  peut  signifier  des  espèces  pro- 
coustruit  ayec  cçs  ^  s‘Sn*Uer  aussi  par  une  nouvelle  dérivation  un  monument 
P'ccs  .  Cic.  In  Verr.  Il,  I,  59,  154  :  ex  L.  Metelli  manubiis 


Le  pscudo-Asconius  nous  fournit  une  seconde  défini¬ 
tion13  :  Manubiae  autem  sunt  praeda  imperatoris  pro 
portione  de  hostibus  capta  :  les  manubiae  sont  la  part 
de  butin  du  général.  Bien  que  l’autorité  du  scoliaste 
soit  minime,  son  témoignage  mérite,  semble-t  il,  d’être 
retenu  comme  très  probablement,  sinon  certainement 
juste.  Si  les  manubiae  ne  sont  pas  le  butin  transformé 
en  argent,  la  praeda  étant  ce  même  butin  sous  sa  forme 
primitive,  et  si  pourtant  elles  se  distinguent  de  la  praeda, 
qui  est  de  toute  façon  l’ensemble  du  butin,  il  faut  qu’elles 
en  soient  une  partie.  Or  la  définition  du  pseudo-Asco- 
nius  répond  à  cette  nécessité  logique.  En  outre,  loin 
d’être  contredite  par  les  textes,  comme  celle  d’ Aulu-Gelle, 
elle  y  trouve  jusqu’à  un  certain  point  sa  confirmation 
Voici  un  général,  le  consul  Carvilius  (461  de  Rome  = 
293  av.  J.-C.),  qui  fait  d’abord  deux  parts  de  son  butin 
réduit  en  espèces  :  il  verse  l’une  au  trésor  public  et  sub¬ 
divise  l’autre  en  deux  fractions.  De  ces  deux  fractions, 
l’une  est  distribuée  en  gratifications  aux  soldats.  Quoi  de 
plus  naturel  que  de  considérer  celle  qui  reste  comme  la 
part  personnelle  du  général?  Or  elle  est  précisément 
désignée  par  le  mot  manubiae  :  Aeris  gravis  tulit  in 
aerarium  trecenta  octoginta  milia.  Religuo  aere  aedem 
Fords  Fortunae  de  manubiis  faeiendam  locavit...  et 
milidbus  ex  praeda  centenos  binos  asses...  divisit 16 .  Un 
autre  général,  le  préteur  D.  Cornélius  Scipio,  a  distribué 
aux  soldats  le  produit  total  de  son  butin,  il  n’a  rien 
gardé  pour  lui-même,  rien  versé  au  trésor13.  Le  Sénat, 
mécontent  de  cette  conduite,  lui  refuse  en  563=:  191, 
l’année  de  son  consulat,  un  crédit  sur  Y  aerarium  pour 
la  célébration  des  jeux  qu’il  avoués  pendant  sa  préture  : 
Quos  ludos  inconsulto  senatu  ex  sua  unius  sentenda 
vovisset,  eos  uti  de  manubiis,  si  quant  pecuniam  ad  id 
reservasset,  vel  sua  ipse  impensa  faceret *8.  Que  peuvent 
être  ces  manubiae,  pour  lesquelles  le  Sénat  affecte 
d’ignorer  si  le  général  a  réservé  quelque  chose,  sinon  la 
part  de  butin  àlaquelle  il  avait  droit  et  dont  il  lui  a  plu  de 
faire  largesse,  comme  de  tout  le  reste,  à  ses  soldats19? 

Il  va  de  soi  que  les  généraux  étaient  toujours  libres 
de  renoncer  à  leurs  manubiae  au  profit  de  leurs  subor¬ 
donnés  ou  du  trésor.  Quand  ils  les  prenaient  ,  nous  devons 
raisonnablement  penser  qu’ils  n’exerçaient  pas  un  prélè¬ 
vement  arbitraire  sur  la  masse  du  butin,  qu’ils  se  sou¬ 
mettaient,  non  pas  sans  doute  à  des  principes  stricts  et 
fixes,  mais  à  certains  usages,  à  certaines  convenances, 
qui  ont  pu  varier  avec  les  circonstances  et  les  époques. 
De  même  que  les  parts  attribuées  aux  sous-ordres  crois¬ 
saient  avec  leurs  grades  selon  une  proportion  coutu¬ 
mière20,  y  avait-il  une  norme  qui  déterminât  le  rapport 
entre  la  part  du  général  et  les  autres  ?  Telles  catégories 
de  personnes  ou  d’objets  capturés  étaient-elles  habituel 

=--  ex  aede  Castoris  quam  de  manubiis  !..  Metellus  exslruxeral  (cf.  Ibid.  50,  130  sqq.). 

—  13  Tit.  Liv.  10,  46,  5  sq.  et  14;  30,  35,  3;  39,  5,  17  ;  etc.  —  14  M.  Mommsen 
fait  valoir,  en  faveur  de  la  définition  d'Aulu-Gelle,  celle  considération  que,  là  où 
praeda  et  manubiae  sont  en  coordination,  manubiae  vient  toujours  après,  ordre 
relatif  logique,  si  les  manubiae  ne  son!  qu’une  transformation  de  la  praeda.  Mais 
cet  ordre  relatif  sera-t-il  moins  logique  si,  comme  nous  allons  le  voir,  les  manu¬ 
biae  ne  sont  qu’une  partie  de  la  praeda  ?  —  13  Ad  Verr.  II,  1,  154,  p.  199  (Orolli). 

—  16  Tit.  Liv.  10,  46,  14.  —  H  Id.  35,  1,  H  sq.  —  18  Id.  36,  36,  2.  —  19  Marquardt 
adopte  la  définition  d’Aulu-Gcllc  sans  exclure  celle  du  pseudo-Asconius.  Il  admet 
comme  très  vraisemblable  que  dans  les  derniers  temps  de  la  république  on  concéda 
au  général  une  part  de  butin  déterminée,  des  manubiae  imperatoris,  qui  doivent 
être  distinguées  des  autres  manubiae  (p.  362).  De  même  Bouché-Leclercq,  p.  247, 
n.  3.  —  2u  Tit.  Liv.  41,  7,  3  :  Militibus  denarios  quinos  vicenos,  duplex  centurioni, 
triplex  cquili  ambo  diviserunt;  Ibid.  13,  7  sq.  :  Militibus  in  singulos  quiui  déni 
denarii  dati,  duplex  centurioni,  triplex  oquili;  sociis  dimidio  minus  quam  civibus 
datum  ;  33,  23,  7  :  Sepluagcni  aeris  militibus  divisi,  duplex  equiti  cenluriooique  :  elc. 


MAN 


—  1584  — 


lement  destinées  à  la  constitution  des  manubiae ’l  Nous 
ne  sommes  pas  en  état  de  répondre  à  la  première  question. 
Sur  la  seconde,  nous  avons  d’abord  un  renseignement 
fourni  par  le  pseudo-Asconius  1  :  Spolia  quaesita  de 
vivo  honte  nobili  per  dédit ionetn  manubias  veteres  dice- 
bant ,  et  erat  imperatorum  haec  praeda,  ex  qua  quod 
relient  facerent.  Ce  témoignage  a  tant  de  précision  qu’on 
répugne  à  y  voir  une  pure  invention  du  scoliaste  ou  de 
sa  source.  En  outre,  une  intéressante  remarque  de  M.  Kar¬ 
lowa1 2  vient  le  corroborer,  avec  cette  réserve  cependant 
qu'elle  s’applique  à  tous  les  prisonniers  de  condition 
libre,  et  non  pas  aux  seuls  dédit  ici  i  nobiles  :  souvent, 
lorsque  le  butin  est  partagé  entre  les  soldats,  les  libéra 
capita  font  exception.  N’est-ce  pas  à  dire  que  le  général 
se  les  réserve,  au  moins  s'il  a  l'intention  de  prendre  des 
manubiae'i  Le  scoliaste  a-t-il  voulu  signifier  que  les 
dediticii  nobiles  étaient  un  élément  des  manubiael  En 
ce  cas,  sa  définition  est  probablement  juste.  A-t-il  voulu 
signifier  qu'ils  étaient  toute  la  matière  des  manubiae'i 
C’est  la  façon  la  plus  naturelle  d’interpréter  le  texte,  et, 
en  ce  cas,  la  définition  est  à  coup  sûr  trop  absolue.  Non 
seulement  le  rapprochement  que  nous  venons  de  faire 
nous-  engage  à  l’élargir,  mais  encore  des  témoignages 
précis  nous  y  obligent.  Car  nous  savons  que  parfois  le 
général  mettait  dans  son  lot  les  pièces  rares,  spécialement 
les  œuvres  d’art  ;  par  exemple,  celles  que  L.  Mummius, 
après  son  triomphe  achaïque,  consacra  dans  les  temples 
de  Rome  faisaient  partie  de  ses  manubiae 3 *. 

Si  les  manubiae  n’étaient  autre  chose  que  le  lot  per¬ 
sonnel  du  général",  elles  lui  appartenaient  en  toute  pro¬ 
priété  et  il  pouvait  en  droit  les  employer  à  sa  guise, 
comme  chaque  officier  ou  soldat  sa  part  de  butin. 
Aussi  n'v  a-t-il  aucun  exemple  de  général  inquiété  pour 
l'emploi  qu'il  avait  cru  devoir  faire  de  ses  manubiae. 
Ce  qui  fournissait  matière  à  contestation,  c'était  la  quan¬ 
tité  ou  la  nature  du  butin  dévolu  aux  manubiae,  et  cela 
d’autant  plus  facilement  que  cette  dévolution  n’était  point 
réglée  par  des  principes  stricts.  Répartir  le  butin  était 
toujours  pour  le  général  une  affaire  délicate  et  une  grave 
responsabilité.  Non  seulement  il  devait  au  Sénat  les  expli¬ 
cations  que  celui-ci  jugeait  à  propos  de  lui  demander5, 
mais  encore  et  surtout  il  était  justiciable  de  l’opinion 
publique6 *.  Au  reste,  si  les  généraux  étaient  libres  en 
droit  d'employer  leurs  manubiae  comme  bon  leur  sem¬ 
blerait,  en  fait  ils  les  employaient  surtout  à  des  œuvres 
d’utilité  commune.  ’La  coutume  les  y  obligeait  mora¬ 
lement.  Cicéron  la  définit  en  l'opposant  aux  mesures 
légales  que  Rullus  voudrait  lui  substituer;  seulement  il 
mêle  à  tort  dans  ce  passage  les  manubiae  avec  la  praeda  : 


1  Ad  Verr.  II,  1,  60,  157;  p.  200  (Orelli).  —  2  0.  cit.  p.  8.  Les  références 
de  M.  Karlowa sont  :  Tit.  Liv.  5,  21,  17;  6,  13,  6;  10,  31,  3  sq.;  24,  16,  5;  27,  19,  2. 
Parfois  ces  captifs  paient  rançon,  le  plus  souvent  ils  sont  vendus,  tantôt  sub  hasta, 
tantôt  sub  corona.  La  vente  sub  corona  n'est  d'ailleurs  jamais  mentionnée  que  pour 
des  prisonniers  de  guerre.  M.  Karlowa  conjecture  qu’elle  se  faisait  imperatorio  iure , 
par  opposition  à  la  vente  sub  hasta  qui  se  faisait  au  nom  du  peuple  et  au  profit  du 
trésor.  —  3  Voir  Cic.  In  Vert'.  II,  3,  4,  9  ;  cf.  De  off.  2,  22,  76;  Tit.  Liv.  25,  40, 

2  sq.  ;  etc.  —  4  D’après  M.  Karlowa,  p.  7,  les  manubiae  étaient  distinctes  de  la 

part  que  pouvait  peut-être  s’allouer  à  lui-même  le  général,  quand  il  partageait  du 

butin  entre  ses  subordonnés.  Elles  étaient  simplement  la  partie  du  butin  dont  le 

général  avait  la  libre  disposition  pour  la  consacrer  à  une  œuvre  d’utilité  publique. 

Mais  alors  la  distinction  entre  les  manubiae  et  la  praeda  s'efface  :  le  général  avait 

la  libre  disposition  de  tout  le  butin,  à  la  seule  condition  qu'il  l’employât  au  mieux 

de  1  intérêt  commun.  Tantôt  il  le  concède  tout  entier  aux  soldats  (Tit.  Liv.  6,  2,  12  ; 

10,  17,  6  sqq.  ;  10,  20,  16;  35,  1,  11  sq.  ;  41,  il,  8;  etc.);  tantôt  il  en  verse  tout 

le  produit  au  trésor  (Id.  4,  53,  10;  5,  26,  8  ;  10,  46,  5  ;  etc.)  ;  tantôt  il  le  divise  (Id. 

6,  13,  4;  7,  27,  7  ;  10,  46,  14;  24,  16,  5;  27,  19,  2;  etc.).  —  &  Karlowa,  p.  8.  Il 

s’appuie  sur  les  textes  relatifs  au  procès  des  Scipions.  —  6  Craignant  de  la  inécon- 


MAN 


Si  est  aequum  praedam  ac  manubias  sua v  ■ 
non  in  monumenta  deorum  iminortalium  nem!»r.alUr.e* 
ornamenta  con ferre,  sed  ad  decemviros  i  lis 
dominos  reportare1....  Les  écrivains  et  (l(l 

mentionnent  très  fréquemment  le  fait  que  ,H‘nscriPtions 
a  construit  ou  embelli  avec  ses  manubiae  uJ1)e!'S.0nnage 
un  autre  ouvrage  public,  temple,  portique,  curie  11°  °U 

rostres,  comitium,  forum,  route,  etc. 8  ’  ’  lll(*atre, 

Un  passage  de  Cicéron,  négligé  jusqu’ici  parce,,, 
ont  traité  la  question  des  manubiae,  nous  porte  \  qW 
que  cette  appellation  n’était  pas  donnée  exclusif, 
même  dans  le  langage  j uridique,  au  lot  du  général  u,'!'  'i! ’ 
s’appliquait  également  aux  parts  de  prise  des  officier™* 
soldats.  Dans  ses  intrigues  contre  Sextus  Roscius  '  v 
milées  ci  une  bataille  9 *,  Chrysogonus  a  eu  pour  auxiliai^ 
deux  Roscii  qu’il  a  récompensés  de  leurs  services  en  leur 
accordant  une  partie  du  butin'0  :  ab  eo  partem  praedae 
tulerunt .  Or  ces  parts  de  prise  concédées  par  le  chef  ;lses 
sous-ordres  sont  appelées  un  peu  plus  loin  manubiae 11  • 
Nonne  perspicuum  est ,  indices,  lias  manubias  Rosciis 
Chrysogonum  re  cognita  concessisse  ?  Que  les  manubiae 

des  subalternes  n’aientpas  laissé  d’autre  vestige  danslatra- 

dition,  cela  se  conçoit  aisément  :  elles  allaient  à  des 
hommes  plus  ou  moins  obscurs  qui  n’en  faisaient  qu’un 
usage  privé,  tandis  que  celles  du  général  étaient  prises  en 
évidence  et  par  la  situation  hors  ligne  dupersonnage  et  par 
les  œuvres  d’utilité  publique  auxquelles  il  les  consacrait.. 
Les  manubiae  imperatorum  étaient  donc  appelées  manu- 
6/rtetoutcourt,  sinon  toujours12,  du  moins  communément. 

Que  l’on  étende  ou  non  le  sens  technique  du  mot 
manubiae  aux  parts  de  prise  des  sous-ordres,  ce  qu’il 
faut  bien  admettre,  c’est  que  le  sens  technique  est  un 
sens  conventionnel.  Étymologiquement,  manubiae, dérivé 
de  manus  par  l’intermédiaire  du  verbe  inusité  mamo>>, 
comme  exuviae  d'exuon,  signifie  butin  ou,  d’une  façon 
plus  précise,  butin  que  l’on  se  fait  de  ses  propres  mains, 
et  le  savant  contemporain  d’Aulu-Gelle  n’aurait  pas  eu 
tort,  s’il  s’était  placé  à  ce  point  de  vue,  de  définir  les 
manubiae  :  praeda ,  quae  manu  capta  estu.  Comment 
le  sens  technique  s’est-il  dégagé  du  sens  étymologique  . 
S’il  englobait  toutes  les  parts  de  prise  et  si  les  manubiae 
imperatorum  n’étaient  que  les  manubiae  par  excellence, 
on  se  rend  compte  sans  peine  de  la  dérivation.  En  deçà 
de  la  date  inconnue,  mais  lointaine,  où  tout  membre  e 
l’armée  fut  tenu  par  son  serment  militaire  deveiserses 
captures  à  la  masse 16,  les  parts  de  prise  des  sous-or  res, 
non  plus  que  celles  du  général,  n’étaient  des  ^l(tnU>ia 
au  sens  étymologique  :  ils  avaient,  par  concessio  ou 
de  Yimperator,  et  non  par  occupatio,  ce  qu  il  pi  "  11 


mter,  Camille,  sur  le  point  (le  prendre  Véies,  demanda  au  Séua  '/  ^scxcnJp'ies 
xciendum  censerent?  (Tit.  Liv.  5,  20).  Voir  dans  Marquardt,  p.  ® l ^  puiius 
c  procès  consécutifs  à  la  répartition  du  butin.  —  De  leg.  ail ' ''  ^  argintu«i, 
lisait  dans  son  projet  de  loi  la  distinction  que  néglige  Cicéron  :  -  111  ’  r(latum 

r  praeda,  ex  manubiis,  ex  coronario,  ad  quoscumque  Pc"f“a  i  ^  _ 8  Cic. 

st  in  publicum  neque  in  monument o  consumptum...  {Ibid-  >  ■  ’  ( ^  pe orat. 

,Î  Verr.  II,  1,59,  154;  3,  4,  9  ;  Pro  Arch.  il,  27  ;  Dom.  38, 10  -  J  M'97;T«c. 
,  ,0;  liep.  2,  Ut  ;  Tit.  Liv.  10,  40,  14  î  ^  (^l; 


Tac- 

inscr- 

nn.  2,  53;  3,  72  ;  Suet.  Caes.  26;  Auy.  30;  A.  Gell.  13,  25  ^  9 Pro 

t.  12,  p.  195,  elog.  18,  1.10;  6,  1301  ;  10,  6087  ;  Mon.  Ane.  ,  -  <  ^  j, 
sec.  Am.  38,  108.  -  10  Ibid.  107.  -  H  Ibid.  108.  -  **  ’  l6iae  <2 IM»* 

,  53  ;  2,  23,  62  ;  De  orat.  3,  3,  10.  En  outre,  l'appartenance^®^  ^  ^  avon5 1"1 
u vent  précisée  par  un  possessif  ou  un  pronom  personne  .  (Ribbeck, 1 

cmple  de  Laberius,  à  la  voix  dépoucnticlle  et  au  sens  ce  n  pW  Alb'llU4 

m.  frag.  3-  éd.  p.  340).  -  »  La  graphie  manuviae  es  a  ^ 
ramm.  lut.  7,  305,  7,  Kcil).  -  10  L.  c.  3.  Force»  un.  ^  [)u|vl|  l0i  (G,  6;  A"1- 
inubiac  ipsam  praedam  signiiicaul  et  spolia  bostium. 

11.  16,  4,  2. 


MAN 


1583  — 


MAN 


I  i i  de  leur  accorder  en  le  prélevant  sur  la  masse,  et 

"  r  que  chacun  avait  pris  de  scs  mains.  Néanmoins, 

n0"  '  nmir  désigner  les  parts  le  nom  dont  on  usait 

i  srieurement,  lorsque  la  réglé  était  ce  qui  tut  1  excep- 

a“  1  .viil-ure  de  Véies1 ,  lorsque  chacun  avait  quod 
lion  ou  lm  8  ,  ,  , 

•  ,  fnvi  belli  dederat ,  quod  quisque  sua  manu  ex 

calque  fois  , 

hoste  captura  dotnurn  rettulerat. 

L’acception,  plus  conforme  à  l’étymologie,  de  manu- 

bixie  comme  synonyme  de  praeda  ou  de  spolia ,  au  propre 

I  lü  ligure,  se  développa  à  côté  du  sens  technique  et 

finit  même  par  l’effacer.  Après  l’établissement  du  régime 

impérial  une  seule  personne  avait  droit  à  des  manubiae 

de  général,  l’empereur.  S’il  en  prenait,  elles  allaient 

naturellement  au  lise  ;  quant  au  reliquat  du  butin,  c’était 

l 'aerarium  militare  qui  en  faisait  recette.  Mais  de  ce 

trésor  militaire,  l’empereur  disposait  aussi  librement  et 


complètement  que  du  fisc.  La  distinction  des  manubiae 
etde  h  praeda  n’avait  donc  plus  aucune  importance  dans 
la  pratique.  Et  la  notion  s’en  perdit  rapidement,  si  bien 
qu’au  iic  siècle,  les  hommes  les  plus  instruits  eux-mêmes 
nela  possédaient  plus  :  ils  niaient  la  différence  ou  s’effor¬ 
caient  vainement  de  la  retrouver. 

IL —  Genres  différents  de  foudres  dans  la  religion  des 
Étrusques  [Fulmen,  p.  1354].  Philippe  Fabia. 

MANKMISSIO.  —  Nous  n’exposons  ici  que  les  formes 
légales  de  l’affranchissement.  Nous  renvoyons  pour  tout 
le  reste  à  l’article  libertus  (p.  1201-1202).  Sous  la  Répu¬ 
blique  il  y  avait  trois  formes  d’affranchissement,  per 
vindictam,  censu,  testamento.  —  1°  Per  vindictam.  Ce 

mode  a  lieu  devant  le  préteur  ;  il 
s’explique  par  l  imitation  de  la 
procédure  des  legis  actiones , 
et  des  formalités  de  la  reven¬ 
dication  des  meubles  et  des 
immeubles.  C’est  la  fiction  d’un 
procès  de  ce  genre  :  le  maître 
comparait  devant  le  préteur  avec 
l’esclave  qui,  étant  incapable 
d’agir  en  justice,  est  représenté 
par  Yassertor  libertatis  qui 
joue  le  rôle  de  demandeur  1  ;  le 
maître  ne  se  défendant  pas,  le 
magistrat  est  censé  constater 
la  liberté  [legis  actio].  Quand 
les  legis  actiones  furent  rem¬ 
placées  par  la  procédure  formu¬ 
laire,  ce  mode  d'affranchisse- 
1111 1,1  llllrangé dansla  classedes  actesde  juridiction  gra- 
CIUISC  >  le  procès  ne  fut  qu’un  simulacre;  un  licteur  re- 
PUm  "l’’  1  assertor  libertatis  ;  il  est  nécessaire  au  moins 
J||sqn  a  1  époque  d’Ulpien3.  Le  maître  (fig.  4827)  touche 
1  <no  de  la  verge  (  vindicta  ou  fistuca)  [vindicatio]  en  di- 


MANUm'is  11  ^3nS  Cllal'0n’  je  n'ai  changé  que  le  temps  etle  mode  de 
kl.  0,  04  J!®’  '  FeSt'  S‘  *•  Sert°rem,  Manumitti  (p.  348,  158)  ;  Van-, 
U,  §  J  Suot-  2alb-  10  :  Dis-  40,  2,  v.  —  3  Dig.  40,  2,  8.  —  4  Di 

Quintil.  dJi  bL‘*'  88’  173 ’  API,ian-  Bell.  civ.  4,  135  ;  [lovât.  Sat.  : 
Corp.  inscr  l  ,7  1  ,acdr-  Fab-  2.  5>  Extr.\  Petron.  Sat.  38  ;  Tac.  H 
COM.  Honor  ri  '1"’  8Ij7,  ‘ 4 j7  ’  S'a°n-  Apoll.  Curai.  2,  45G  ;  Claudian.  L 
par  Gôtlliiiff  fi  '  !  'aUt'  alo>'4  4-  L  *'5.  Sur  le  bas-relief  (fig.  4821 
'a  l'indicta  "  1  Mit.  1840,  XII,  p.  157-1 G0,  lav.  M)  un  lie  L 

40, 2,  7,  __  g  ^  'aiUe  lienl  la  main  do  l'esclave  déjà  coiffé  du  pileus.  - 
lf»d.  1  i irarU  |y  1-  —  7  Big.  1,  10,  2.  —  8  Voir  Mommsen,  Droi 

~~  9  Céltlinj.  a  J,*1  "3”’  ^1C'  B e  oral-  L  40,  183;  Dosith.  De  mai 

sur  un  bas-relief  y"  tl0Uver  *a  représentation  d'un  affranchissement  testa 
okdicia  ctriié, .7  '  ^  157-160,  tav.  L)  :  un  licteur  y  frapperait  l'escli 

le  Ici  ait  (ourner  en  le  tenant  par  la  main  droite  ;  alors 


sant:  «  liane  hominem  ex  jure  Quiritium  liberum  esse 
volo  »,  puis  il  lui  donne  un  léger  soufflet  et  le  fait  tour¬ 
ner  sur  lui-même  L  Le  magistrat  peut  procéder  à  cet  acte 
de  juridiction  gracieuse  non  seulement  sur  son  tribunal, 
mais  partout  où  il  se  trouve5  ;  il  affranchit  valablement 
ses  esclaves  par-devant  lui-même;  il  peut,  étant  tuteur, 
autoriser  son  pupille  à  affranchir  et  affranchir  lui-même6; 
le  gouverneur  de  province  peut  affranchir  avant  d’être 
arrivé  dans  son  district;  mais,  en  dehors  de  Rome, 
il  ne  peut  déléguer  le  droit  d’affranchir  à  son  légat7. 

—  2°  Censu.  Il  suffit  que  le  maître  fasse  inscrire  son  esclave 
comme  libre  pendant  les  opérations  du  dénombrement  ; 
le  censeur  constate  ainsi  la  liberté  [censor  .  L’acte  n’est 
valable  qu’après  la  cérémonie  du  lustrum.  Avait-il  un 
effet  rétroactif  depuis  le  jour  de  la  déclaration?  Il  y  avait 
controverse  sur  ce  point8.  —  3°  Testamento ,  par  testa¬ 
ment.  C’est  le  mode  le  plus  usité.  Il  n’y  asous  la  Républi¬ 
que  aucune  restriction  légale  au  droit  du  testateur.  Quand 
le  testament  est  valable,  il  ne  semble  pas  qu’il  y  ait  de 
formalité  spéciale  pour  confirmer  l’affranchissement9. 

Ces  trois  formes  légales  d’affranchissement  subsistent 
sous  l’Empire.  Au  début  du  ive  siècle,  le  mode  per  vin¬ 
dictam  ne  paraît  plus  guère  être  qu’une  déclaration 
devant  le  magistrat  10,  et  les  licteurs  jouent  le  rôle 
d’huissiers  [lictor].  L’affranchissement  par  le  cens, 
quoique  de  plus  en  plus  rare,  parait  avoir  duré  théori¬ 
quement  jusqu’à  l’époque  de  Paul  et  d’Ulpien 11  ;  mais 
après  Domitien,  le  dernier  des  empereurs  qui  ait  exercé 
les  fonctions  de  censeur12,  nous  ne  savons  pas  quelle 
procédure  on  aurait  pu  employer. 

Il  est  difficile  de  déterminer  le  sens  précis  de  l’affran¬ 
chissement  sacrorum  causa 13  :  le  maître  affranchit 
l’esclave  sans  l’intervention  du  magistrat  en  le  cédant  à 
un  temple  et  en  s’engageant  à  payer  dix  livres  d’or  s’il 
abandonne  jamais  les  sacra,  le  service  du  dieu.  C’est  sans 
doute  un  affranchissement  primitif,  sans  forme  légale. 
Au  Bas-Empire  apparaît  l’affranchissement  dans  l’église, 
manumissio  in  ecclesia  [libertés,  p.  1219  . 

Nous  trouvons  en  outre  sous  la  République  des  affran¬ 
chissements  d’esclaves  publics.  Il  fallait  sans  doute 
l’assentiment  du  Sénat,  qu’on  voit  souvent  pourvoir  à 
l’achat  et  à  l’affranchissement  d’esclaves  qui  avaient 
dénoncé  des  crimes14.  Mais  nous  ne  savons  pas  au  juste 
quels  magistrats  devaient  accomplir  les  formalités.  Sylla 
affranchit,  enqualitéde  dictateur,  plusdedixmilleesclaves 
devenus  propriété  de  l’État  avec  les  biens  des  proscrits15. 
Dans  la  deuxième  guerre  punique,  un  proconsul  affranchit 
à  l’armée  les  esclaves  utilisés  comme  légionnaires16;  le 
magistrat  a  pu  employer  la  vindicta  ou  se  contenter  d’une 
simple  déclaration  n.  Sous  l’Empire,  ces  affranchissements 
d’esclaves  publics  ont  presque  entièrement  disparu18, 
et,  en  tout  cas,  relèvent  de  l’empereur.  Ch.  Lêcrivain. 

do  la  vindicta  eut  été  nécessaire  pour  confirmer  les  aCTrauchisscmculs  testamen¬ 
taires.  Mais  le  sens  de  cette  scène  est  assez  obscur  ;  et  aucun  des  textes  que  cilc 
Goltling  ne  confirme  son  hypothèse.  —  10  Dig.  40,  2,  23.  Une  inscription  de  Sillyon 
(Asie  Mineure)  distingue  les  àsAt  jOsjoi  pérégrins  et  les  olivSixTâoiot  affranchis  par  la 
vindicta  (Niemaun  und  Petersen,  Stüdte  Pampliyliens  und  Pisidicns,  I,  p.  175). 

—  11  Ulp.  1,6;  Nouveaux  fragments  de  Papinien  (Dareste,  Biblioth.  de  l'Ec.  des 
chartes,  1883,  p.  387  ;  cf.  Kriiger,  Die  Pariser  Fragmente  aus  Papinian’s  res- 
ponsa,  Zeitsch.  d.  Savigny-Stift,  1883,  p.  166).—  12  Dio.  Cass.  67,  13.  L'assertion 
que  Valérien  aurait  encore  été  censeur  sans  collègue  (  Vila  Valer.  2)  mérite  peu  de 
créance.  —  13  Fest.  s.  ».  Manumitti,  p.  158, 159  ;  Puri,  p.  250.  Voir  Mommsen,  L.  c. 
VI,  2,  p.  2,  note  3.  —  H  Liv.  24, 14,  5  ;  39,  19,  7  ;  voir  Mommsen,  L.  c.  1,  p.  364. 

—  15  Appian.  Bell.  civ.  1,  100.  —  10  Liv.  24,  16,  9.  —  17  Liv.  2,  5  (récit  légendaire 
sur  l’esclave  Vindicius,  dont  le  nom  a  été  tiré  de  vindicta )  ;  24,  1 6,  9.  —  18  Un  seul 
exemple  :  Corp.  inscr.  lut.  6,2340.  —  ëidliouhapuie.  Rein,  Boni .  Privatrecht, 


MAX 


—  1586 


MANUS.  —  La  main  est  le  symbole  naturel  de  la  force, 
de  la  puissance.  Le  mot  menus  a  désigné  primitive¬ 
ment  l'autorité  du  chef  de  famille,  maître  de  la  maison, 
du  pater  fa  m ilias  sur  toutes  les  personnes  qui  sont  in 
patria  potestate  et  sur  tous  les  autres  éléments  qui  cons¬ 
tituent  la  maison.  Elle  a  compris  ainsi  :  le  droit  du 
maître  sur  les  enfants*,  comme  le  prouve  le  mot  éman¬ 
cipai  io,  sur  sa  femme8,  sur  ses  esclaves3,  comme  le 
prouve  le  mot  manumissio,  sur  ses  biens4.  Le  droit  actif 
du  maître  avait  pour  expression,  en  certains  cas,  la 
manus  injectio ,  en  général  la  v indicatif)  et  la  lutte 
simulée  qu'elle  amène  ( manum  conserere).  La  vindicatio 
s'étendait  probablement  à  l'origine  aussi  loin  que  la 
manus.  Ulpien5  regarde  comme  ayant  été  applicable  aux 
enfants  la  vindicatio,  tombée  en  désuétude  à  son  époque. 
Le  droit  passif  du  maître  avait  pour  expression  la  noxa; 
il  y  avait  contre  lui  Yactio  noxalis  pour  les  délits  causés 
par  les  personnes  en  sa  puissance,  elïactio  de  pauperie 
pour  les  dommages  causés  par  les  bêtes  qui  lui  apparte¬ 
naient.  De  bonne  heure  il  veut  des  noms  particuliers  pour 
désigner  les  différents  droits  du  maître.  Le  mot  manus 
fut  réservé  pour  1  autorité  du  mari  ou  du  père  du  mari 
sur  la  femme.  Elle  était  établie  soit  d  une  manière 
durable  et  sérieuse  par  le  mariage,  soit  d’une  manière 
passagère  et  fictive  par  suite  d'un  contrat  de  fiducie, 
fiduciae  causa. 

I-  —  Voyons  le  premier  cas.  A  l’époque  classique,  il  y  a 
mariage  avec  ou  sans  manus\ mais,  au  début,  le  mariage 
et  la  manus  devaient  probablement  se  confondre  [matri- 
monium].  On  a  remarqué  avec  raison  que  la  belle  définition 
du  mariage  que  donne  le  jurisconsulte  Modestinus  6  com¬ 
porte  la  manus  comme  une  conséquence  indispensable  de 
cette  union.  A  1  époque  de  Cicéron,  l'usage  réservait  en¬ 
core  le  nom  de  mater  familias  à  la  femme  in  manu 7  ;  les 
anciennes  lois  dites  royales  supposent  toujours  la  manus 
dans  le  mariage,  qui  entraîne  non  seulement  la  commu¬ 
nauté  de  culte,  mais  aussi  celle  de  biens,  et  la  juridiction 
domestique  du  mari8,  et  qui  ne  permet  le  divorce  qu’au 
mari  pour  certains  crimes  de  la  femme9.  Si  on  admet, 
d  autre  part,  qu'il  n'y  avait  originairement  qu’une 
forme  de  mariage  légal,  farreo ,  on  admet  implicitement 
que  la  manus  ne  naissait  alors  aussi  que  par  ce  procédé. 
Mais  plus  tard  il  y  eut  mariage  sans  manus.  A  quelle 
époque  s’est  produit  ce  changement?  Est-ce  d’après  la 
législation  des  Douze  Tables  qui,  en  établissant  l’acqui¬ 
sition  de  la /nanws  par  l'usucapion  (ffsw)aubout  d’un  an, 
supposait  qu’avant  ce  délai  d'un  an  il  pouvait  ne  pas  y 
avoir  manus ?  C’est  ce  qu’on  admet  généralement.  Ce 
n’est  cependant  pas  certain  ;  car  on  peut  soutenir  que  la 
loi  donnait  ainsi  simplement  le  moyen  de  transformer  en 
mariage  régulier  pourvu  de  la  manus  une  union  jusque- 
là  irrégulière10.  Eu  outre,  il  est  difficile  d’admettre  qu'il 
y  ait  eu  dès  cette  époque,  même  si  on  donne  aux  Douze 

p.  - .  1  et  s.  ;  Lemonnier,  Etude  historique  sur  la  condition  privée  des  affranchis , 
Paris,  1887  ;  Accarias,  Précis  de  droit  romain,  4e  éd.  Paris,  1891  ;  Cuq,  Institu¬ 
tions  juridiques  des  Itomains,  Paris,  1891,  I,  p.  170-171  ;  Girard,  Manuel  de 
droit  romain,  î*  éd.  Paris,  1898,  p.  111-122;  Mommsen  et  Marquardt,  Manuel 
des  antiquités  romaines,  trad.  fr.  Paris,  1889-95,  t.  VI,  1.  p.  59-97  ;  VI,  2,  p.  1-46. 

MANUS.  I  Liv.  3,  45;  34,  2;  Plin.  Ep.  8,  18;  lnstit.  1,  12,  6.-2  Liv.  39,  18. 
Même  le  tuteur  exerce  sur  elle  une  sorte  de  manus  (Liv.  34,  2}  ;  il  s’appelle  mans- 
tutor  ou  manustutor  (Plaut.  Truc.  848).  —  3  Plaul.  Curcul.  4,  2,  10;  Dig.  1,  I, 
*■!  -*  Plaut-  Merc-  2-  13,  117.  _  5  Jteg.  0,  1,  1,  2.  -  6  Dig.  23,  2,  1  :  «  con- 
junclio  maris  et  feminae  et  consortium  omnis  vitae,  divini  et  humani  j uris  commu- 
nicatio  ».  1  Cic.  Top.  3,  14.  Ajoutons' que  jadis  la  concubine  do  l’homme  marié 

n  était  notée  d  infamie  que  quand  sa  Icinmc  légitime  était  sous  la  manus  (Gell.  4, 

1,  3)*  8  Dionys.  2,  25-27.  La  manus  existe  aussi  dans  le  droit  lalin  récent  (Lex 


—  MAN 

Tables  une  origine  plus  récente,  un  vrai  nv  • 
formalités  juridiques.  En  tout  cas  le  marias,.  Sa,1s 
existe  à  l’époque  de  Caton  et  d’Ennius  •  i, .  T*  manut 

0  Discours  de 


prouve  f,ue  ia 


Caton  11  sur  la  loi  Voconia  de  109  av.  J  -C 
femme  a  des  biens  propres  ;  et  une  pièce  H’p  '  " 
qu'elle  est  restée  sous  la  puissance  du  pèr,.  f  ‘US,Î’ 
rompre  son  mariage.  Dès  lors  le  mariage  sans  W 
gagne  du  terrain  *3,  surtout  pour  les  femmes  mù  T'"* 
su,  juris  et  sur  lesbiens  desquelles  veillait  leur  tul  m 
Dans  l’ancien  droit,  la  manus  s’acquérait  et  le  m  *  'U 
se  formait  de  trois  manières  :  usa,  farreo ,  coempS 
lar  lwsus  qui  est  toujours  cité  en  première  ligne  l  ’ 
femme  était  acquise,  à  la  façon  des  choses  mobilières4 
par  une  sorte  de  prescription  d’un  an;  mais  elle  pouvaU 
se  soustraire  à  la  manus  en  interrompant  l’usucapion  en 
s’absentant  trois  nuits  chaque  année  {trinoctium)  du 
domicile  conjugal16.  La  confarréation  (farreo)  était  l'an- 
cien  mariage  religieux  à  l’usage  des  seuls  patriciens 
[matrimonium],  La  coemptio,  qui  avait  lieu  au  moyen  d’une 
mancipation,  en  présence  de  cinq  témoins,  citoyens 
romains  et  pubères,  et  d’un  libripens ,  soit  par  la  femme 
elle-même,  si  elle  était  sui  juris,  soit  par  son  père 
simulait  une  vente  de  la  femme.  Se  rattachait-elle  aux 
coutumes  primitives  dans  lesquelles  le  père  vend  sa  tille 
au  fiancé,  ou  n’avait-elle  été  instituée  que  plus  tard,  et  à 
l'usage  des  plébéiens?  La  première  hypothèse  est  la  plus 
vraisemblable;  la  coemptio  devait  sans  doute  accom¬ 


pagner  la  confarréation  dans  les  mariages  patriciens 
[mancipatio]. 

Pour  tomber  in  manum ,  la  femme  avait  besoin  du 
consentement  du  père,  si  elle  était  filia  familias,  de 
Yauctoritas  de  son  tuteur,  si  elle  était  sui  juris  ;  mais, 
dans  le  cas  de  Yusus,  nous  ne  savons  pas  exactement  si 
le  tuteur  devait  interrompre  l’usucapion  selon  la  règle 
des  Douze  Tables17.  La  manus  était  dissoute  soit  parla 
mort  ou  l’exil  perpétuel  du  mari,  soit,  dans  le  divorce, 
par  des  moyens  analogues  à  ceux  qui  l’avaient  établie  : 
en  cas  de  confarréation,  par  la  diffareatio  ;  en  cas  de 
coemptio ,  par  une  remancipation  suivie  d’affranchisse¬ 
ment;  en  casd’usucapion,  peut-être  delamême  manière1*. 
A  l’époque  primitive,  la  femme  ne  pouvait  sortir  delà 
manus  malgré  le  mari  ;  si  plus  tard  elle  put  demander  sa 
libération  par  le  divorce,  ce  fut  sous  l’influence  de  la 
facilité  de  rupture  qu’offrait  le  mariage  s  me  manu"- 

La  femme  in  manu  n’a  plus  de  liens  civils  avec  son 
pater  familias ,  ses  agnats,  sa  gens 20  ;  cependant  elle 
garde  le  nom  genlilicc  de  sa  famille,  que  primitivement 
elle  échangeait  peut-être  contre  le  nom  gentilice  du  mmu 
comme  paraît  le  prouver  la  formule  «  Ubi  tu  GaïusdJ0 
Gaia 21  ».  Elle  subit  donc,  qu’elle  soit  sui  ou  alienij ans, 
une  minima  capitis  deminutio.  Par  rapport  a  son  mm  u 
elle  est  comme  une  fille,  fîliae  loco 22  ;  il  peut  la  re<  lann> 
par  revendication,  la  donner  in  mancipio  (sauf  s  H  .'  ■' 


dp.  22).  —  9  Plut.  Rom.  22.  Voir  Bernhôft,  Staat  und  BeclU  dL'rJ'"^i 
inigszeit.  —  10  M.  Girard  (Manuel  de  droit  romain,  2'  éd.  p-  1 1:1  ' 1  qjjjles, 
cette  opinion  Cicéron,  Phil.  2,  28,  69  :  ce  texte  prouverait  que  le  ^  formes, 
int  connu  la  répudiation  sans  formes,  auraient  connu  aussi  le  mana-c  ,  264. 

11  Liv.  Ep.  41  ;  Oeil.  20,  1  ;  Cic.  In  Verr.  2,  i,  41  ;  QuinliL 

12  Hl, et.  nd  Iferenn.  2,  24,  38  (le  Cresp hontes).  —  13  0n  dit  3115), 

ijours  dans  les  inscriptions  de  Prénestc  (Corp.  inscr.  lut-  *  *•  “  ’  .p  niajs  ce 

•ce  que  le  nom  de  la  femme  y  est  suivi  de  celui  du  mar*au^.  ^  1 10-1 13* 

st  pas  une  preuve  suffisante.  —  14  Tac.  Ann.  4,  10.  qo  •  Cic-  Pf0 

16  Id.  1,  111;  Gell.  3,  2;  Macrob.  1,  3;  Serv.  Ad  Geortj.  *  ’  esse, 

icc.  34.  —  17  Cic.  lb.  —  1*  Gai.  1,  137,  195;  Fest.  s.  r.  Benmnc^  ^  ^ 

19  Le  sens  du  texte  altéré  de  Gaius,  1,  137  a,  est  très  contio'ci  ^ 

!.  —  21  plut.  Quaest.  Bôm.  30.  —  22  Terent.  Andr.  1»  5,  ,J"  » 


MAN 


—  1587 


MAN 


,  lolimiï  probablement  on  faire  abandon  noxal 1  ; 
s  ü  ne  peut  ni  la  donner  en  adoption  ni  1  émanciper.. 
ni:""  eAid  fou  le  chef  de  la  famille)  peut  la  répudier2  ; 

.  .  die  le  droit  de  vie  et  de  mort.  Mais  ce  droit  fut 

'  af,/L  lionne  heure.  D’anciennes  lois3  lui  inter- 
disaient  de  la  condamner  à  mort  sans  1  avis  du  conseil 
ù  figuraient  les  membres  de  son  ancienne  famille 
Jevenus  ses  cognats  [judicium  domesticum],  et  de  la  vendre 
autrement  que  par  une  vente  simulée  pour  anéantir  la 
'  mUs *.  En  outre,  la  lex  Julia  de  adultérin  retira  au 
;  [g  ^oit  de  tuer  la  femme  in  manu  pour  le  conférer 
en  certains  cas  au  père  de  cette  dernière. 

Ses  biens,  son  patrimoine,  si  elle  est  suijuris ,  ce  que 


son  père  lui  a  donné,  si  elle  est  alieni  juris,  passent  à 
titre  de  dot  dans  le  patrimoine  du  mari,  et  forment  une 
masse  dont  les  deux  époux  sont  copropriétaires,  mais  dont 
lemari  seul  al’administration  et  la  disposition3.  Elle  entre 
dans  la  famille  de  son  mari.  Elle  est  donc  son  héritière 
naturelle,  heres  sua,  seule  s’il  n’y  a  pas  d’enfants,  en  con¬ 
cours  avec  eux,  s’il  y  en  a 0  ;  de  sorte  que  le  testament  qu’il 
apufaire  avant  l’acquisition  de  la  manus  estrompu  \  Les 
f/entiles  et  les  agnats  de  son  mari  deviennent  les  siens; 
elle  a  ses  propres  enfants  comme  agnats,  comme  frères  ; 
il  y  a  entre  eux  et  elle  des  droits  de  succession  réci¬ 
proque8;  veuve,  elle  est  sous  la  tutelle  légitime  des  plus 
proches  agnats  du  mari  et  sans  doute  de  ses  enfants.  Elle 
ne  peut  s’obliger  envers  personne.  Elle  pëut  prendre 
part  à  une  mancipation,  mais  pas  à  une  injure  cessio9. 
Elle  n’acquiert  que  pour  le  mari.  On  se  demandait  si,  ne 
la  possédant  pas  elle-même  juridiquement,  il  pouvait 
acquérir  la  possession  par  son  intermédiaire10.  Elle  ne 
l’oblige  pas  malgré  lui  ;  cependant,  au  refus  du  mari 
d’accepter,  en  tant  que  coemptionator,  ses  obligations 
antérieures,  ses  dettes  héréditaires,  le  droit  prétorien 
accorda  aux  créanciers  une  actio  utilis  contre  la  femme 
et  ils  purent  se  payer  sur  le  produit  de  la  vente  des  biens 
qui  lui  auraient  appartenu  en  propre  sans  l’intervention 
de  la  manus'1.  Avec  ou  sans  manus,  la  femme  est 
associée  au  culte  du  mari;  elle  lui  doit  obéissance  et 
fidélité.  La  femme  mariée  sans  manus  reste  soumise  à  la 
puissance  de  son  père  qui  est  responsable  de  ses  torts, 
qui,  jusqu’à  Antonin,  peut  la  revendiquer  malgré  son 
mari1-;  si  eqe  es(,  suijuris,  elle  reste  sous  l’autorité  de 
son  tuteur;  son  père  ou  son  tuteur  peut  dissoudre  le 
mariage;  ses  enfants  sont  à  son  égard  des  étrangers. 

L  usage  de  la  manus  disparut  peu  à  peu  sous  l’Empire, 
cependant  il  en  est  encore  question  dans  un  texte  qui  est 
Sans  t*ou*,e  de  Paul13.  A  l’époque  de  Tibère,  le  mariage 
pai  confarréation  était  déjà  devenu  très  rare,  par  suite  de 
2>|pugnance  qu’avaient  les  femmes  sui  juris  à  l’égard 
j'1  ’1  >nanus  ;  un  sénatus-consulte  décida  que  la  femme 
spJ  a">en  astreinte  à  cette  forme  de  mariage,  ne 

ai  E^lls  in  manu  que  pour  son  rôle  sacré  ( sacrorum 


n'cst  exercé  ~  ^  lut.  Rom.  22.  Pondant  1res  longtemps  le  droit  do  divorct 
4,  5  s,  '’,q“C  par  le  seul  mari  (Gell.  4,  3,  2  ;  10,  23,  4  ;  17,  21,  24  ;  Plaut.  Mer, 
,  '  •)  Oionvs.  2.  ÎK  •  T»o  J  -.,  n  ,  rn  .  „  - 


Di„„  !Dio"ys-  25  ;  Tac.  Ann.  13,  32 
Pl0>iJS.  2,  25.  —  G  Gai.  3,  3 


^9»  159, 
90-90. 


4  Plut.  Rom.  22.  —  &  Cic.  Top 
;  Collât,  leg.  mos.  et  rom.  iG,  2,  13.  —  7  Gai.  2 


*  üa'.  3,  14;  Collât,  leg.  mos.  et  rom.  10,  2,  14.  —  9  Gai.  3,  104  ; 


13,  _  ,3  f,  '  2’90'  —  11  ld.  3,  84;  4,  80.  —  12  Dig.  43,  30,  1,  71  ;  Paul.  5, 
Nous  ne  savons  ^  ^  ~  **  *36  >  Tac.  Ann.  4,  IG.  —  Gai.  3,  111 

IG)  ;  Qaj  j  *  ^as  j)ar  fIl,clles  lois;  il  y  en  eut  peut-ôtre  d’Auguste  (Tac.  Ann.  1 
-  U  Cic.  ftj  ,'/5  ;  ‘f’  i9S-  -  10  Cic.  Top.  4;  Gell.  1,  12,  9;  Liv.  39,  S 
52*53,  paraissent  ^es  v^e*^ards  coemptionalcs  de  Plaut.  Bacch .  4,  î 

üe  rrmlierç  s'gni  >er  de  vieux  esclaves  à  vendre.  —  Hiui.ioghaphik.  Maassoi 
co«rf,/IO>(  cjvjie  el  'n  tutela ,  I.cydo,  1823  ;  l.aboulaye,  Recherches  sur  I 
femmes,  Paris,  1843;  Rossbach,  Untersuch.  über  die  rün ; 


causa)1  ^ ;  puis  celte  tolérance  fut  étendue  à  tout  mariage 
par  confarréation,  de  sorte  qu’à  l’époque  de  Gaius  ce 
n’était  plus  un  mode  d'acquisition  de  la  manus.  Nous  ne 
savons  pas  exactement  à  quelle  époque  a  disparu  Ja 
coemptio  véritable.  A  l’époque  de  Gaius,  l’usucapion  avait 
disparu  soit  par  désuétude,  soit  par  l'effet  de  lois;  d’ail¬ 
leurs,  la  manus  devenait  inutile  devant  les  améliorations 
que  le  droit  civil  et  le  droit  prétorien  apportaient  à  la 
condition  de  la  femme  mariée  sine  manu,  d’une  part 
par  les  sénatus-consultes  Tertullien  et  Orphitien,  de 
l’autre  par  la  création  des  bonorum  possessiones  unde 
vir  et  uxor  et  unde  cognati.  Il  n’est  plus  question  de  la 
manus  au  Bas-Einpire. 

II.  —  Nous  arrivons  au  second  cas,  à  la  conventio  in 
manum,  fiduciae  causa''9.  Elle  avait  lieu  aussi  par 
coemptio.  L'acheteur  de  la  femme  ( coemptionator ),  soit  le 
mari,  soit  un  tiers,  s’engageait  à  la  manciper  de  suite  à 
une  personne  qui  devait  l’affranchir  vindicta,  par  un 
contrat  de  fiducie,  et  lui  rendre  la  libre  disposition  de 
ses  biens.  Ce  n’était  donc  là  qu’un  expédient  dont  on 
connaît  trois  applications  :  1°  au  début  aucune  femme, 
sauf  les  Vestales,  ne  pouvait  tester  sans  avoir  changé  de 
famille  et  ne  pouvait  ainsi  enlever  sa  succession  à  scs 
agnats16;  pour  pouvoir  tester,  elle  faisait  la  coemptio 
fiduciaire  avec  un  tiers;  puis  avait  lieu  une  mancipation 
et  un  affranchissement;  mais  sous  Iladrien  un  sénatus- 
consulte  dispensa  les  femmes  de  ce  détour.  2°  La  femme 
qui  n’était  pas  sous  la  tutelle  légitime  de  ses  agnats  ou 
d’un  patron  se  mancipait,  avec  l’autorisation  de  son 
tuteur,  à  un  tiers  et  se  faisait  remanciper  par  lui  à  un 
homme  de  son  choix  qui  l’affranchissait  et  devenait  ainsi 
son  tutor  fiduciarius,  complaisant.  3°  Une  femme  qui 
voulait  se  débarrasser  de  l’entretien  des  sacra,  partie 
intégrante  d’un  héritage,  faisait  la  coemptio  avec  un 
vieillard  sans  enfants  pour  le  compte  duquel  elle 
recueillait  l’héritage  ;  l’acheteur  l’affranchissait  ensuite, 
lui  restituait  l’héritage,  mais,  étant  héritier,  restait 
astreint  à  l’entretien  des  sacra  qui  s’éteignaient  avec 
lui11.  C’était  la  coemptio  interimendorum  sacrorum 
causa.  Ces  expédients  furent  peu  à  peu  rendus  inutiles 
par  la  disparition  des  sacra,  de  la  tutelle  des  femmes 
pubères,  et  par  les  innovations  juridiques  qu’on  a  vues. 

Cii.  Lécrivain. 

MANUS  I AJECTIO.  —  On  appelait  per  manus  injec- 
tionem  une  action  de  la  loi,  legis  actio  actio’,  consa¬ 
crée  par  la  législation  des  Douze  Tables,  et  qui  autorisait 
la  mainmise,  la  contrainte  privée  sur  la  personne  d’un 
débiteur.  [Historiquement  cette  action  avait  dû  précéder 
le  sacramentom.]  Elle  permettait  au  créancier  d’amener 
et  de  saisir  devant  le  préteur,  in  jure,  son  débiteur,  en 
prononçant  une  formule  solennelle.  Le  texte  fondamen¬ 
tal  de  Gaius1  distingue  la  manus  injectio  judicati,  la 
forme  primitive,  puis  la  manus  injectio  pro  judicato, 

Ehe,  Stuttgardt,  1833  ;  Rein,  Dos  Privatreclit  der  Rômer,  Leipzig.  1858  ;  Voigt, 
Oie  XII  Tafeln,  Leipzig,  1883,  II,  p.  321-330;  Ortolan,  Explic.  hist.  des  Instit. 
11*  éd.  Paris,  1880,  p.  508-569  ;  Esmein,  Mélanges  d'histoire  du  droit  et  de  critique, 
La  manus  et  le  divorce  dans  l'ancien  droit  romain,  Paris,  1886;  Cuq,  Institutions 
juridiques  des  Romains,  Paris,  1891,  p.  155,  160,  170,  172,  198,  206,  218,  222,  227, 
317,  320,  501,  525,  649,  700,  721  ;  Accarias,  Manuel  de  droit  romain,  Paris,  1886, 
4°  éd,  §  74,  92,  120,  121,  122,  180,  296,  433,  443,  479  ;  Labbé,  Ou  mariage  romain 
et  de  la  manus  {Noue.  Rev.  hist.  de  droit,  1887,  p.  1-20);  lhering,  Geist  des  rom. 
Rechts.  trad.de  Meulenacre,  Paris-Gand,  1880,  11,  p.  156-159;  Entwickelungsges- 
chichte  des  rômischen  Rechts,  Leipzig,  1894,  p.  92-124;  Girard,  Manuel  de  droit 
romain,  2"  éd.  Paris,  1896,  p.  H,  25,  131,  143,  145-146,  147,  154-155,  159-160,  162, 
163. 

MANUS  INJECTIO.  i  4,21-25. 


MAN 


—  1588  — 


assimilée  à  la  précédente,  et  enfin  la  marins  injeetio  para 
qui  est  très  postérieure  et  qui  n’avait  pas  le  même  carac¬ 
tère  de  rigueur. 

La  manu  s  injeetio  primitive  a  lieu  de  la  manière  sui- 
vante  .  le  créancier  fait  connaître  à  haute  voix  son  droit 
ri  met  la  main  sur  son  débiteur1.  Dans  quels  cas  a  lieu 
«cite  procédure?  Il  faut  d’abord  qu’elle  porte  sur  une 
dette  d’une  somme  d’argent  liquide,  déterminée.  En 
second  lieu,  est-ce  simplement,  comme  on  le  soutient 
genéi  alement,  un  mode  d  exécution  forcée  des  jugements? 
ou  bien  peut-elle  avoir  lieu  sans  jugement  préalable  ? 
Celte  seconde  hypothèse  se  concilie  fort  bien  avec  le 
caiactère  du  droit  primitif,  qui  restreint  autant  que  pos¬ 
sible  1  intervention  du  magistrat  et  qui  laisse  les  parties 
agir  seules  quand  le  débiteur  ne  conteste  pas  la  dette 2. 
Gaius  assimilesur  ce  point  le  débiteur  damnatus  et  le  dé¬ 
biteur  judicatus  3.  Or  dans  le  nexum  le  chiffre  de  la 
dette  est  fixé  par  la  damnation  le  débiteur  est  damnas  4 ; 
«ni  peut  donc  admettre  que  le  nexum  autorise  la  manus 
injeetio  sans  jugement.  Nous  avons  plus  de  certitude 
Pour  le  cas  où  le  débiteur  est  judicatus  ou  confessas , 
c  est-à-dire  quand  il  a  été  condamné  par  le  juge  dans 
I  action  per  judicis  postulationem  ou  quand  il  a  avoué 
sa  dette  in  jure  :  alors,  dans  un  délai  de  trente  jours 
{dies  justi)  après  la  condamnation  ou  l’aveu,  délai  pen¬ 
dant  lequel  il  peut  y  avoir  transaction,  paiement,  a  lieu 
la  procédure  per  manus  injectionem*.  Elle  peut  aboutir 
a  deux  solutions  :  il  y  a  ou  il  n’y  a  pas  contestation.  Pre¬ 
nons  le  premier  cas.  Le  débiteur  appréhendé  peut  con¬ 
tester  la  légitimité  de  la  manus  injeetio ,  nier  le  prêt, 
1  existence  légale  de  la  sentence,  affirmer  qu’il  s’est 
libéré,  qu  il  a  transigé  :  dans  tous  ces  cas  il  y  a  infitiatio  ; 
mais  le  débiteur  ne  peut  se  dégager  tout  seul  ( manutn 
sibi  depelleré),  car  la  mainmise  lui  a  enlevé  le  droit 
d  agir  ;  il  faut  qu  il  trouve  quelqu'un  qui  prend  fait  et 
cause  pour  lui,  un  garant  solvable  et  capable,  un  vindex. 
C  est  à  tort  que  certains  auteurs  6  ont  voulu  restreindre 
la  nécessité  du  vindex  au  seul  cas  où  le  débiteur  contes¬ 
tait  la  validité  du  jugement;  les  textes  ne  font  pas  cette 
distinction.  Le  vindex  7  est  celui  qui  est  prêt  à  faire  acte 
de  force  dans  1  intérêt  du  débiteur8,  à  empêcher  la  prise 
de  corps.  Si  le  débiteur  est  de  la  classe  des  adsidui,  le 
vindex  doit  être  un  adsiduus  ;  sinon,  il  peut  appartenir  à 
une  classe  quelconque  de  la  société  9.  Il  y  a  donc  un  nou¬ 
veau  procès  ;  la  peine  du  plaideur  téméraire  est  proba¬ 
blement  la  peine  du  double  qui  s’est  conservée  à  l’époque 
classique10;  elle  pèse  sur  le  débiteur,  sur  le  garant  du 
débiteur,  sur  le  vindex.  Prenons  le  second  cas  :  le  débi¬ 
teur  n  élève  pas  de  contestation  ou  ne  trouve  pas  de 
vindex  \  alors  le  créancier  peut  l’emmener  chez  lui  et  le 
mettre  aux  fers  [addictio  11  ;  dans  cette  situation,  le  débi- 


1  Cette  scène  est  peut-être  figurée  sur  un  sarcophage  étrusque  de  Cornelo 
{Rull.  dell  Istit  di  corr.  arch.  1860,  p.  90).  —  2  Voir  Cuq,  Instit.  jurid.  des 
Romains,  Paris,  1891,  t.  I,  p.  422-429.  —  3  4,  21.  Cf.  Serv.  Ad  Aen.  10,  419: 
••Manus  injeetio  dicitur  quoties  nulla  judicis  auctoritate  exspectata  rem  nobis 
débitant  vindi camus.  »  — *  L'éjymologie  de  damnas  n’est  pas  certaine;  si  c’était 
domare ,  damnas  indiquerait  bien  le  pouvoir  immédiat  du  créancier  sur  le  débiteur. 
—  5  Gai.  4,  21  ;  3,  78  ;  Gel!.  20,  1,  45  ;  15,  13.  —  6  Ainsi  Voigt,  Die  XI J  Tafeln ,  I, 
“  ‘  k  étymologie  du  mot  vindex  qu’on  a  voulu  tirer  de  la  Lex  Col.  Jul. 
Genetio,  c.  61  «  si  quis  vim  in  eo  faciet  »  ( Corp .  inscr.  lat.  2,  suppl.  5439),  n’est 
nullement  certaine.  \  oir  Gauckler,  Étude  sur  le  vindex  ( Nouv .  Rev.  hist.  de  droit , 
1889,  601-635).  —  8  Liv.  6,  14;  Boetli.  In  Top.  p.  291  (éd.  Orelli).  —  9  Fest.  s.  v. 
X index,  p.  376;  Gell.  16,  10,5;  Cic.  Top.  2,  10.  —  10  Cic.  Pro  Flacc.  21  ;  Gai.  4, 

11  L  attribution  par  le  magistrat,  Yaddictio  n’est  témoignée  que  postérieure¬ 

ment  aux  Douze  Tables.  -  12  Gell.  20,  2  ;  1,  20,  46  ;  Dig.  42,  1,  34  ;  Quintil.  7,  3, 
26  ;  Sidon.  Apoll.  Ep.  8,  6.  Dans  1  inscription  d’Halicarnasse,  qui  est  sans  doute  du 


MAN 

tour  n’est  esclave  que  de  fait  et  ne  subit 
deminutio  ;  il  garde  ses  biens,  puisou’il  n  ,  ° 

«*»**  *»»  transiger  avec  T,,  0P™  . . F.»- 

Ot  vivre  à  ses  frais  ;  s’il  n’a  rien,  le  créant 
pour  sa  nourriture  deux  livres  de  farine  donne 
chaînes  doivent  peser  au  moins  quinze  livret  J°Ur 1  Ses 
pu.sse  encore  trouver  un  garant,  il  doit  étrt^nT-^1 
vant  le  magistrat  à  trois  jours  de  marché  consécutif  ^ 
le  créancier  qui  déclare  publiquement  (proauST  ff 
chillre  de  la  dette;  si  personne  ne  se  présente  pour  1° 
secourir  au  bout  de  soixante  jours,  le  magistrat  ® 
definitivement  au  créancier  qui  a  le  droit  de  le  tuer  ou  d' 
le  vendre  a  l’étranger  {trans  Tiberim) 12  S’il  y  a  m,  ■  de 
créanciers,  d’après  la  loi  des  Douze  Tables,  ils  ont  le 2 
de  se  partager  le  corps  du  débiteur,  au  prorata  de  leu 
creances  «  tertiis  nundinis  partes  secanto  ;  si  nlm 
minusve  secuerint ,  se  fraude  esta  »,  sans  encourir 
aucun  risque  s’ils  prennent  plus  que  leur  droit1».  Cette 
cruauté  a-t-elle  jamais  été  inscrite  dans  la  loi0  Les 
jurisconsultes  romains  déclaraient  déjà  que,  quoique 
legale,  elle  n  avait  jamais  été  pratiquée14.  Les  commen¬ 
tateurs  modernes  sont  en  désaccord  sur  cette  question  ; 
les  uns  acceptent  dans  toute  sa  rigueur  le  texte  dos 
Douze  Tables18;  d’autres  croient  qu’il  y  est  simplement 
question  d  un  partage  des  biens  entre  les  créanciers111.  Il 
est  plus  probable  que  le  texte  a  cessé  d 'être  bien  compris 
de  bonne  heure  et  que,  selon  une  interprétation  récente11, 
il  faut  y  voir  la  formule  par  laquelle  les  créanciers  décla¬ 
raient  chacun  leur  droit  sur  les  biens.  Du  reste, il  est 
probable  qu’il  y  avait  des  arrangements,  que  le  créancier 
pouvait  garder  le  débiteur  jusqu’à  paiement  ;  alors  Yml- 
dictus  n’était  pas  tout  à  fait  esclave  ;  il  subissait  seule¬ 
ment  l’emprisonnement  avec  contrainte  au  travail. 

On  vient  de  voir  que  la  manus  injeetio  est  essentielle¬ 
ment  un  acte  d’exécution  personnelle  :  peut-elle  être 
exercée  sur  une  chose  à  la  suite  d’un  jugement  (judicatio) 
auquel  aboutit  une  action  réelle  per  sacramentum^.W  est 
difficile  de  se  prononcer  sur  ce  point  :  le  texte  d’Aulu- 
Gelle18  parait  avoir  une  portée  générale,  mais  d’autre 
part  la  manus  injeetio  ne  paraît  possible  que  quand  le 
jugement  a  pour  objet  une  somme  d’argent. 

Passons  à  la  seconde  forme,  la  manus  injeetio  projudi- 
cato.  Elle  paraît  comporter  les  mêmes  efl’ets  que  la  prece¬ 
dente.  JOn  la  trouve  dans  les  cas  suivants  :  1°  la  loi  pénale 
Aquilia19  l’établit  contre  le  damnatus  pour  dommage 
causé  injustement  ( damnum  injuria  datum).  2°  tnelo' 
Publilia  de  sponsu,  dont  on  ne  sait  pas  la  date,  sanc¬ 
tionna  l’obligation  qu’avait  le  débiteur  de  rembour^  i  a 
sa  caution  ce  qu’elle  avait  payé  pour  lui20;  elle  créa  1  n 
faveur  du  sponsor  l’action  depensi ,  du  double,  conl"  L 
débiteur  qui  niait  sa  dette;  s’il  n’avait  pas  remboim1  a 


milieu  du  v'  siècle  av.  J.-C.,  le  débiteur  dont  la  fortune  est  inférieure  J  '  ^  ^ 

est  aussi  vendu  à  titre  d’exportation  (Michel,  Rec.  d'inscr.  grecq •  »  Mll  , -ou* 
Solon,  une  partie  des  débiteurs  de  l’Attique  était  aussi  vendue  à  I  élrang‘  >  • 
veut  comparé  aux  trois  nundinae  les  prescriptions  analogues  <c  <  p ,  gosc, 
t.  J. VIII,  De  ehrene  cruda.  —  13  Gell.  20,  I.  —  »  Quintil.  3,  0,  8t;  Cic.  ^ 
29;  Tcrtull.  Apol.  4;  Dio  Cass.  I-XXXVI,  n*  32  (éd.  Gros,  p.  71).  -  fjisi. 

Vermitch.  Schrift.  II,  420;  Betlimann-Hollweg,  Civilprozess,  I,  200,  ni"  ^  yorull , 

d.  rom.  /ledits,  trad.  de  Meulenacre,  II,  147  ;  Kohler,  Shakespeai  e  ioi  ^  parrsl«, 
der  Jurisprudenz ,  p.  30  (d'après  l'analogie  des  lois  Scandinaves).  jnseceri 

Etudes ,  p.  334.  —  >7  Schulin  (Lehrbuch,  p.  535)  rattache  secate  au  n  ^  sfcanio. 

(Gell.  18,  9)  qui  signifierait  dire,  el  alors  il  faudrait  lire  seeurilo  au  "irurs aulf',irs 
—  18  20,  1 , 42-45  ;  15,  13,  1 1.  Le  changement  de  rébus  en  reis  qui  P  11  ^ 

ont  proposé  dans  le  texte  d'Aulu-Golle  est  de  pure  fantaisie.]  1  ^  .  :t, 

27,  §5.  La  manus  injeetio  paraît  ici  plutôt  pro  judicato  que  p"1  "■ 

127  ;  4,  9,  171. 


MAN 


—  1589  — 


MAN 


|ins]eg  six  mois,  elle  pouvait  le  saisir  comme 
Bill*01' 1  ,  3#  j^a  j0-,  furia  de  sponsu ,  dont  nous  ne 

un,/W/ ^non  plus  la  date,  qui  divisait  l’action  entre  les 
gavons  i>«»^  d-un  même  individu,  au  moment  de 

diverses  caution» 

xigibilité  de  la  dette, 


donna  le  droit  à  celle  d’entre 
u  créancier  avait  exigé  plus  que  sa  part  virile, 


ner  damnationem 

V  i  .  i 


nia  f’ 


fexi. 

r  eîmdamanws  injectio  pro  judicato  pour  la  restitu- 
d/xthi  ]ugï.  4°  La  contrainte  privée  paraît  avoir  été 
ti011ll',l'('v  contre  l’héritier  à  un  légataire  en  vertu  d’un  legs 
aCC""  ttionern  d’une  somme  d’argent,  certae  pecu- 
La  loi  Poetelia  de  326  ou  312  av.  J.-C.  dé- 
■  dit  au  créancier  d’enchaîner  le  débiteur,  sauf  celui 
■“nt  la  dette  résultait  d’un  délit,  et  de  le  vendre  comme 
addietus ;  il  eut  comme  gage  non  plus  son  corps,  mais 
L  biens  et  ses  services,  les  siens  et  ceux  de  sa  famille  ; 
le  débiteur  restait  citoyen;  il  était  libre  quand  il  avaiL 
[payé  sa  dette'';  en  outre,  la  loi  Poetelia  faisait  mettre  en 
liberté  les  nexi  qui  «  bonnm  copiant  jurarent*  ». 
Etait-ce  l’affirmation  par  serment  qu’ils  étaient  solvables? 
ou  au  contraire  qu’ils  ne  pouvaient  pas  payer?  Les  deux 
sens  donnent  lieu  à  des  objections.  C’est  le  second  qui 
parait  le  plus  probable,  d’après  le  passage  de  la  lex  Julia 
municipalis  qui  a  trait  à  ce  serment.  La  loi  Poetelia 
laissait  subsister  la  manus  injectio  et  l’obligation  de 
fournir  un  vindex  contre  le  débiteur  qui  contestait  une 
dette  reconnue  par  jugement,  ou  avouée  in  jure ,  ou  con¬ 
tractée  dans  Informe  du  nexum.  Mais  une  loi  Yallia,  qui 
ne  paraît  pas  antérieure  au  milieu  du  m°  siècle  av.J.-C.c, 
supprima  en  général  la  nécessité  du  vindex  ;  tout  citoyen 
put  manum  depeilere  et  agir  en  justice,  sauf  dans  deux 
cas, quand  la  contrainte  était  exercée  en  vertu  d’un  juge¬ 
ment  ou  de  la  loi  Publilia  1  et  probablement  aussi  d’un 
aveu  in  jure.  C’est  ce  système  que  nous  trouvons  dans 
plusieurs  lois  municipales  de  la  fin  de  la  République.  Dans 
la  lex  Rubria,  votée  entre  49  et  42  av.  J.-C.,  pour  les 
affaires  qui  ne  dépassent  pas  15  000  sesterces,  le  débi¬ 
teur  d’une  somme  d’argent  déterminée,  qui,  après  avoir 
fait  l’aveu  ( confessio  in  jure),  n'a  ensuite  ni  payé  ni  donné 
caution,  ou  qui  n’a  pas  répondu  à  la  citation  ou  qui  ne 
s’est  pas  défendu  comme  il  faut,  est  traité  comme  s'il 
avait  été  condamné  :  il  est  emmené  par  le  créancier  sur 
1  ordre  du  magistrat8.  Dans  la  lex  coloniae  Genetivae 
•lutine,  donnée  en  44  sur  l’ordre  de  César  par  Antoine  à 
la  colonie  fondée  à  Urso  en  Espagne,  mais  dont  nous 
n  avons  pas  le  début9,]  le  débiteur  est  amené  in  jus-, 
Ie  magistrat  municipal  autorise  le  créancier  à  saisir 
la  personne  du  débiteur,  comme  s’il  était  condamné 
[judicati  jure)-,  mais  celui-ci  est  autorisé  à  fournir  un 
Igaiant,  un  vindex,  accepté  comme  solvable  par  le  ma- 
glstut'  ^*  Ie  débiteur  n’exécute  pas  le  jugement  ni  ne 
ouinil  de  vindex  solvable,  le  créancier  peut  l’emme- 
nei  et  1  enchaîner.  Quiconque  veut,  par  voie  de  fait,  s’op- 
P°hi  a  1  exécution,  est  condamné  au  double  de  la  dette 
d  ’  ('  |l,us>  *0lll  colon  peut  le  faire  frapper  d’une  amende 
e -MlOu  sesterces  au  profit  de  la  colonie. 

■o1  us  appelle  la  troisième  forme  manus  injectio  para , 


celle  qui  n’assimilait  pas  le  débiteur  au  judicalus,  qui 
par  conséquent  ne  comportait  pas  l'obligation  du  vindex. 
Entraînait-elle  encore  condamnation  au  double  en  cas 
d 'infitiatio  ?  On  ne  sait  pus  exactement.  On  la  trouve 
dans  divers  cas  créés  par  des  lois  spéciales  ,0.  Ainsi  la  loi 
Furia  testameniaria,  qu’on  place,  sans  preuve  solide, 
vers  tSSav.  J.-C., l’autorisait  contre  la  personne,  non  ex¬ 
cepta,  qui  avait  reçu  un  legs  ou  une  donation  à  cause  de 
mort  dépassant  le  maximum  légal  de  1  (KM)  as,  et  qui  en¬ 
courait  la  peine  du  quadruple.  La  loi  Marcia  1  autorisa 
contre  les  usuriers  qui  avaient  extorqué  des  intérêts  usu- 
raires  et  qui  encouraient  en  outre  une  peine  du  qua¬ 
druple  “.Cette  forme  d  e  manus  injectio  n’était  plus  qu’un 
mode  introductif  d’instance. 

Les  exemples  de  la  manus  injectio  que  donne  Gaius 
ne  s’appliquent  qu’à  des  créances  pécuniaires;  mais  elle 
a  pu  avoir  un  domaine  plus  large,  servir  par  exemple  a 
l’exercice  du  droit  de  puissance  paternelle,  du  droit  du 
maître  sur  un  esclave,  du  patron  sur  un  affranchi,  quand 
on  saisit,  en  dehors  d’une  instance, un  esclave  qu  on  veut 
revendiquer,  ou  en  vertu  du  contrat  de  vente  *2.  laut-il 
voir  une  manus  injectio  dans  le  cas  de  vol  manifeste,  de 
furtum  manifestant,  où,  d’après  laloi  des  DouzeTables  1  \ 
le  voleur  était  frappé  de  verges  et  adjugé  à  la  victime? 
N’y  avait-il  làqu  une  legis  actio  pénale  “?  L 'addictio  n  in¬ 
diquait-elle  que  l’intervention  du  magistrat?  11  semble 
cependant  qu’il  y  ait  là  une  véritable  action  de  la  loi. 

Gains  dit  que  d’autres  lois  avaient  accordé  dans  beau¬ 
coup  de  cas  la  manus  injectio  pro  judicato.  Nous  en 
avons  deux  exemples.  Un  texte,  qui  paraît  être  un  sénatus- 
consulte  plutôt  qu’une  loi,  autorise  la  manus  injectio  et  la 
pignoris  capio  pour  la  violation  des  règlements  relatifs  a 
des  terrains  publics  du  pagus  Montanus  de  Rome. 

Un  règlement  de  la  colonie  latine  de  Luceria,  qui  a  pour 
objet  de  protéger  un  bois  sacré,  autorise  également  tout 
particulier  à  user  contre  les  délinquants  delà  manus  in¬ 
jectio  pro  judicato  pour  une  somme  de  cinquante  pièces 
d’argent.  11  reproduisait  certainement  un  règlement  ana¬ 
logue  romain.  Enfin  il  paraît  être  question  de  cette  pro¬ 
cédure  dans  la  loi  osque  de  Bantia  en  Lucanie  l5. 

La  procédure  per  manus  injectionem  avec  sa  forme 
solennelle  dut  disparaître  avec  les  actions  de  la  loi  par 
l’effet  de  la  loi  Aebutia;mais  l’effet  de  la  manus  injectio 
subsista;  il  y  eut  toujours  la  contrainte  par  corps  par 
Yaddictio  obtenuedu  préteur  qui  permettait  d’emmenerle 
débiteur  (domum  ducere)16,  en  cas  de  condamnation  ou 
d’aveu  de  la  dette.]  La  lex  Julia  de  César  permit  au  débi¬ 
teur  d’échapper  à  la  contrainte  par  corps  et  a  la  vente 
forcée  et  infamante  de  ses  biens  en  faisant  la  bonorum 
cessio  BOXORVM  cessio]  “.  [Mais,  en  dehors  de  ce  cas,  le 
débiteur  reste  exposé  à  la  contrainte  privée;  c'est  à  tort 
que  beaucoup  d’auteurs  modernes  l’ont  nié.  Le  débiteur 
emmené  par  le  créancier  est  tenu  de  travailler  pour  lui 
jusqu’à  complet  paiement.  11  est  généralement  occupé  à 
la  culture  des  terres  ;  on  connaît  les  obaerati  de  l’époque 
de  Yarron18;  Columelle  parle  de  l’exploitation  des 


Rai.  4,  «  ,  ,,  „ 

li.7J7.ir4  k'3,  lil>  '-U  b  22.  —  3  Id.  2,  201;  Serv.  Ad  Aen. 
Contre»,  7(1  /  S’  28  ’  Varr'  üc  lin3-  laL  7>  105  i  Quintil.  7,  3,  20;  Scnec. 
1.  U0.U5  (C  IS’  '  *au*"  ^ocn-  L  L.  57.  —  G  Varr.  L.  c.  ;  Lex  Jul.  municip. 

il>SCr-  laL  h  n°  200 /.  -  6  Opinion  do  Cuq,  L.  c.  p.  588-592, 
hieerini  (('  'a  manus  injectio  pro  judicato  figure  encore  dans  la  lex  luci 
c.  Jl.  __  9  [!][  ”isn'-  lat ■  9>  782).  —  7  Gai.  4,  25.  —  8  Corp.  inscr.  lat.  I,  n»  205, 
Bail.  „0?-  ,nscr-  lat-  2  supplem.  5439,  §  01.  —  10  Gai.  4,  23-24;  Cic.  Pro 
al.  h  te  rust  py(Lpf. .  A sc oh.  In  Divin,  p.  111.  —  12  I.iv.  3,  44  ; 


Quintil.  7,  7,  9  ;  Vatie.  fragm.  0;  Dig.  18,  7,  9  ;  40,  1 ,  20,  §  2  ;  C.  Just.  4,  55, 
15;  7,  0,  l.  un.  §  4.  —  13  Gai.  3,  189.  —  U  Cf.  Tac.  Ann.  11,0.  —  i«  Mommsen, 
Epliem.  epigr.  1874,  p.  200-208  ;  Corp.  inscr.  lat.  9,  782;  0,  3823;  1,  40-47,  I.  25- 
20.  —  18  Tcrent.  Phorm.  2,  2,  20  ;  Donat.  Ad  h.  l.  ;  Plul.  Lucull.  20;  Diod.  1,  79; 
Scnec.  De  kenef.  3,  8;  Paul.  Seul.  5,  20,  2;  Dig.  4,  0,  23  pr.  ;  42,  1,  34.  l.c  lexlc 
de  Cicéron  ( Pro  Place.  20)  s’applique  au  droit  grec.  —  17  Gai.  3,  78  ;  C.  Just. 
7,  71,  1,  7,  8;  2,  12,  11  ;  Dig.  42,  3,  l  et  4;  C.  Tli.  4,  20.  —  18  De  re  rust. 
1,  17. 


tiOO 


MAN 


590  — 


MAN 


grandes  propriétés  ne.ru  civium ,  c’est-à-dire  par  les 
débiteurs  *.  L'addictio  est  encore  pratiquée  rigoureuse- 
menl  A  1  époque  de  Quiniilien  et  d’Aulu-Gelle2.  Il  y  a  de 
frequentes  mentions  de  l’emprisonnement  pour  dettes 
dan»  le  Digeste  dans  les  écrits  de  saint  Ambroise,  de 
>aint  Jean  Chrysostome 4.  Ces  textes  signalent  également 
les  mauvais  traitements,  les  tortures  dont  les  débiteurs 
étaient  victimes.  C’est  probablement  pour  cette  raison, 
autant  que  pour  empêcher  la  juridiction  privée,  usurpée 
Slir  leurs  domaines  par  les  sénateurs,  les  fonctionnaires 
et  les  grands  propriétaires,  qu’au  Bas-Empire  les  lois 
interdisent  si  souvent  les  prisons  privées,  carceres 
privât i J.  Malgré  les  interdictions  inutilement  répétées, 
les  enfants  des  débiteurs  sont  souvent  pris  comme 
gages,  détenus  comme  esclaves,  contraints  de  servir  pour 
la  dette  de  leurs  pères,  souvent  même  vendus  par  les 
eiéaneiers6.  En  Orient,  sous  Justinien,  la  prison  pu¬ 
blique  a  peut-être  fini  par  remplacer  la  prison  privée  pour 
dettes  11  faut  remarquer  d’ailleurs  que  c’est  surtout  en 
Orient,  sous  l’influence  persistante  du  droit  grec  et  des 
coutumes  helléniques,  qu'a  été  pratiquée  la  contrainte 
pi  i\ ée  s,  avec  le  plus  d  arbitraire  et  de  violences.  Signa- 
lon>  aussi  un  autre  abus,  fréquent  au  Bas-Empire  9,  et 
qui  est  une  sorte  de  manus  injectio  posthume,  l’usage 
pratiqué  par  les  créanciers  de  retenir  le  corps  du  débiteur 
défunt.  G.  Humbert.  [Ch.  Lécrivain.] 

MANUS  FERREA  ]iiarpago,  p.  12]. 

MAXLS  M1LITARIS.  —  Dans  tous  les  pays,  dans 
toutes  les  armées,  ceux  qui  commandent  les  troupes  les 
utilisent  en  face  de  l’ennemi  pour  les  travaux  de  défense 
ou  d  attaque  qu’ils  jugent  nécessaires;  il  en  fut  naturel¬ 
lement  ainsi  dans  l’antiquité  classique.  Devant  Sicyone, 
par  exemple,  le  polémarque  lacédémonien  Praxitas  fait 
exécuter  par  ses  soldats  une  palissade  et  une  tranchée1  ; 
Agésipolis  enferme  Mantinée  dans  une  tranchée  à 
laquelle  «  la  moitié  de  l’armée  travaillait,  tandis  que 
1  autre  se  tenait  sous  les  armes  »,  puis  dans  un  mur  de 
circonvallation  ;  enfin  il  fait  détourner  le  fleuve  qui  tra- 
versait  la  ville  -.  Pendant  la  guerre  du  Péloponèse,  les 
troupes  athéniennes  construisent  une  muraille  pour 
investir  Potidée3  ;  au  siège  de  Pylos,  ce  sont  les  soldats 
eux-mêmes  qui,  sans  attendre  l’ordre  de  leurs  chefs,  forti¬ 
fient  la  place  ;  faute  d  outils  pour  tailler  les  pierres,  ils 
choisissent  celles  qui  offraient  la  forme  la  plus  com¬ 
mode  ;  faute  d’auges  pour  le  mortier,  ils  transportent 
celui-ci  sur  leur  dos*.  Archidamus  emploie  ses  hommes 
a  dresser  des  palissades  et  une  terrasse  d’approche5; 
Agis  change  le  cours  d’un  ruisseau6;  les  Athéniens,  en 
Sicile,  élèvent  un  mur  de  circonvallation  à  Sycé 7.  Il 
serait  aisé  de  citer  des  faits  analogues  pour  l'armée 
romaine  :  c’est  Camille  établissant  contre  les  Volsques 


des  terrasses  et  des  travaux  d’approdn 


au  temps  de  la  guerre  d’Annibal,  obligeant  1  Placc»s, 
se  bâtir  des  casernements  aux  portes  , i  peSso,daM 
Quinetius  Flamininus  ordonnant  à  ses  p  Up°ue9-  ou 
tailler  des  pieux  pour  les  palissades  19  PP8l°nnaires  de 
lite-Live  l'occasion  de  montrer  ’  .  11111  f°Urniti 


ce 


travail  chez  les  Macédoniens^etThez 7  PnCédail à 

,  les  Romains. 


E  usage  de  demander  aux  soldats  des  iraw  . 1,0 • 

était  tellement  reçu  à  Rome,  sous  la  rL  îï  ^ 
lorsque  Polybe  nous  décrit  rétablissement^  que 

d  énumère  les  corvées  de  fortification  réservées  fmp“’ 

me,H  aux  différeras  manipules  légionnaires  et  „  ‘ S 
QuelIe  ‘l116  fùt  C organisation  des  différentes  "l 

Grèce  ou  en  Italie,  il  est  donc  certain  ou’on  7 
soldats  devant  l’ennemi  le  maniement  delà  ,27  7 
pioche  et  de  la  truelle.  Mais  l’emploi  de  la  main-dW  ! 
militaire  pour  des  constructions  en  temps  de  mn 
d  occupation  armée  suppose  la  perpétuité  des  cadres  J 
tout  au  moins  une  certaine  permanence  des  effectifs  J 
de  choses  à  peu  près  inconnu  à  la  Grèce  comme  Y  h 
Rome  républicaine.  Cet  emploi  devint  possible  dès  que  la! 
duree  des  guerres  et  l’éloignement  du  champ  des  opé 
rations  obligèrent  les  Romains  à  garder  les  légionnaire] 
sous  les  drapeaux  souvent  pendant  plusieurs  campagnes 
consécutives.  Le  commandement  comprit  alors  que  l’on 
ne  pouvait,  sans  danger  pour  la  discipline,  laisser  inac¬ 
tives  des  masses  d’hommes  transplantées  loin  de  leurs 
habitudes12,  tandis  qu’en  les  utilisant  on  arriverait  à 
accomplir  de  grands  travaux  à  peu  de  frais.  Dès  lors  on 
prit  l’habitude\  de  faire  appel  aux  soldats  pour  des 
ouvrages  d’utilité  publique  parfois  tout  à  fait  étrangers 
aux  intérêts  de  l’armée  ou  des  opérations  futures.  Ainsi, 
en  187,  le  consul  Flaminius  trace  une  route  entre  Bologne 
et  Arretium13  ;  plus  tard  Marius  fait  creuser  le  canal  du 
Rhône  u  ;  Sylla  détourne  le  cours  du  Céphise 15  ;  P.  Nasica 
confie  à  ses  troupes  le  soin  de  construire  des  bateaux,  in 
hibernis  quamvis  classis  usus  non  esset  necessarius'K  1 
César  utilisait  ses  légions  pour  toutes  sortes  de  besognes: 
non  seulement  elles  traçaient  des  routes  dans  la  neige1, 
ou  dans  des  marais,  jetaient  des  ponts18,  ouvraient  dés 
mines  vers  l’ennemi19  ;  mais  il  les  employait  à  creuser 


des  puits 20  ou  à  construire  des  vaisseaux 

L’établissement  du  régime  impérial  et  la  création  des 
armées  permanentes,  réparties  dans  des  garnisons  lixes, 
rendirent  plus  aisée  encore  l’utilisation  de  la  main- 
d’œuvre  légionnaire  ;  ce  qui  nécessita,  en  même  temps, 
une  réglementation  de  la  matière  ;  car  les  abus  n  avaient 
pas  tardé  à  se  produire.  Il  fut  donc  établi  que,  pom 
occuper  les  loisirs  des  soldats,  les  commandants  pom- 
raient  légitimement  leur  imposer  des  occupations  ma¬ 
nuelles  ( fubrilia  opéra )22;  que,  dans  certains  cas  mém< , 


i  Colum.  1,  3,  12.  —  2  Quintil.  7,  3,  26  ;  5,  10,  60  ;  Gelt.  20,  1,  51.  —  3  Di  y. 
i',  2.1  ;  42,  1,  34  ;  47,  10,  13,  §  2  ;  Gai.  3,  199.  —  4  Amtiros.  De  Tobia ,  7,  27  ;  9,  3: 
10  ;  Lib.  sing.  de  Nubuthe  ;  Johann.  Chrysost.  Putrol.  gr.  t.  U,  p.  24;  cf  Ammiai 
18,  4,  25.  -  5  c.  Th.  9,  11,  1  ;  C.  Just.  1,  4,  23  ;  9,  5,  11  ;  Edict.  Theodor.  ; 

—  r'  C.  Just.  4,  10,  12;  Non.  134,  7  ;  Ambros.  De  Tobia,  8,  29-30;  Basil.  Boni,  i 
Pmtm.  XIV,  4.  -  7  Nov.  113,  9;  C.  Just.  I,  4,  22.  —  8  Voir  Mitleis,  Beichsrec! 
Uiid  Volksrechl  in  den  ôstlichen  Provinzen  des  rômischen  Kaisserreichs,  Lcipzi; 
1891,  p.  451-455.  —  9  Ambros.  De  Tob.  10  ;  Justinian.  Nov.  60,  1,  1  ;  115,  5,  1 

-  Bibliographie.  Savigny,  Yerm.  Schri/ten,  II,  453  ;  [Giraud,  Les  Nexi  (Acad,  c 
sc.  rnor.  et  pot.  \,  1847;]  Tambour,  Des  voies  d'exécution  chez  les  Domains,  Pari? 
1856;  Rudorir,  Dôm.  Rechtsgesch.  Leipzig,  1859,  II,  §  24  ;  Walter,  Gesch.  d.  Don. 
Redits,  3«  éd.  Bonn,  1860,  §  750-751  ;  Belhmann-Hellwegg,  Der  Civilprocess,  Bon,; 
1864-60,  §  28,  29,  114,  158-159;  Keller,  Der  rôm.  Civilprocess,  Irad.  Capmas 
Paris,  18,0,  §  19  et  83;  Puclila,  Cursus  der  Institutionen,  7c  éd.  Leipzig,  1871 
I.  §  162-179;  lhering,  Geisl.  d.  rôm.  Dechts,  4'  éd.  trad.  de  Meulenaere,  Paris 


1880,  t.  I,  p.  156-159;  [Voigt,  Die  N/l  Tafeln,  Leipzig,  1883:  .*«■*•* 
Précis  de  droit  romain,  Paris,  1880,  4«  éd.  §  740,  745,  867  ;  Lécrivain.  ^ 
sur  le  Bas-Empire  ( Mélanges  d'arch.  et  d'histoire  de  l'École  île  j 
)i.  256-252);  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  1891,  L  P-  ‘  i  ,  | 
379,  588-592,  703-704;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  Paris,  1890,  p. 

1000.]  j  |  ^ 

MANUS  MILITARIS.  I  Xcn.  Bellen.  IV,  4.-2  Ibid.  V,  2.  —  3  ] ,ucy  ’  ]  „ 

—  4  Id.  IV,  4.  -  5  Id.  Il,  75.  -  6  ld.  V,  00.  —  1  Id.  VI,  98.  -  8  |->v.  ^ 

—  9  Id.  XXVII,  3.  -  10  Id.  XXXIII,  5,  6.  -  U  Polyb.  VI,  33  et  suit.- 

XXXIX,  2,  0  :  ne  in  otio  militem  haberet  ;  Fronl.  Strat.  n.  F  '  '  -  „ 

miles  corrumperetur  ;  Plut.  Sul.  10:  oix  efa  tou?  0PT?a‘ w'  ,(î  jrrûnt. 

—  13  Liv.  XXXIX,  2,  6.  —  H  Plut.  Mar.  15.  —  «  Plot-  Sul.  10.  -  ^  ^ 

Strat.  IV,  1,  15.  -  17  Bel.  Gai.  VU,  8,  2.  -  <8  Ibid.  K».  _  2Î  Dig. 

VIII,  41,  4;  43  ,  4.  —  20  Bel.  Al.  IX,  I  et  2.  —  21  Bel.  Gai.  V,  U.  •• 

I  XLIX,  7,  §  I. 


MAN 


—  1391  — 


MAN 


,neurg  de  provinces  auraient  le  droit  de  prêter 
•  [es  g0"'".  r(ji L(iS  le  concours  de  travailleurs  militaires  1  ; 
W,Xlll|"|l|'|lt jamais  on  ne  devrait  y  faire  appel  pour  le  ser- 
I1"l'|l|'in  particulier,  fût-ce  d’un  général2.  L’ordonnance 
VICC  i  \uguste  et  fut  strictement  maintenue  dans  la 
rtlU°'1 '('Vsl  ce  que  confirme  le  témoignage  des  textes 


suite 


rtout  des  inscriptions  :  nous  y  voyons  les 


et  suri 

loupes  de  toutes  sortes,  légions  et  auxiliaires,  employées 

■  des  constructions  militaires  dont  le  but  est  de  défendre 

■  territoire  romain  ou  d’en  faciliter  l’occupation;  à  des 

vs  d’utilité  publique,  destinés  surtout  à  assurer  la 
V  ilé  ou  ia  bonne  administration  de  l’Empire,  comme 
Kssî  à  servir  les  intérêts  de  l’empereur  et  de  la  caisse 
impériale;  enfin  à  des  travaux  qui  devaient  augmenter  la 
■ rospérilé  des  provinces  ou  celle  des  municipalités. 

1  1»  Travaux  purement  militaires.  —  Fortification  des 
différentes  frontières  de  l’Empire:  limes  de  Bretagne4, 
llirnes  du  Rhin,  de  la  Germanie  et  de  la  Rétie  5,  limes  du 
I Danube,  depuis  Passau  jusqu’à  son  embouchure6,  limes  de 

Syrie  cl  d’Arabie  \  limes  de  Numidie,  de  Maurétanie  et 
de  Tripolitaine 8  [limes];  construction  de  routes9:  voie 


de  Salona  à  Andetium  par  la  légion  VIIe  l0,  route 
d’Aquincum  à  Mursa  par  la  légion  IIe  Adjutrix  “,  route 
de  Dacie  par  la  cohorte  I11  Hispanorum  12,  route  de 
Berytos  à  Biblos  en  Syrie  par  la  légion  IIIe  Gallica'3, 

■  voie  de  The  veste  à  Tacape  14  et  de  Carthage  à  Theveste  15 
.par  la  légion  IIP  Auguste;  percement  d’une  voie  à  tra- 
;  vers l’Aurès par  un  détachementde  la  légion  VIe Ferrata16; 
[établissement  de  la  voie  de  Coptos  à  la  mer  Rouge  par  des 
:  troupes  de  l’armée  d’Égyptesous  Auguste,  et  construction 
d’un  camp  pour  la  défendre  ainsi  que  de  citernes  éche¬ 
lonnées  sur  la  voie  11  ;  construction  d’un  practorium  sur 
une  route  stratégique  en  Maurétanie  Tingitane  18  ;  perce¬ 
ment  d’un  grand  tunnel  à  Séleucie  de  Piérie  19  ;  perce¬ 
ment  d  un  canal  entre  la  Meuse  et  le  Rhin,  qua  incerta 
|0cer//zi  vitarentur  20  ;  d’un  autre  canal  entre  la  Moselle 
et  la  Saône,  ut  copiae  per  eam  fossam  in  Rhenum  exin 
Wceanum  decurrerent2i  ;  construction  d’une  digue  pour 
[contenir  le  Rhin22;  d’une  basilica  equestris  exercita- 
toria  à  Netherby  par  une  cohorte  d’Espagnols 23  et 
d  une  basilica  semblable  à  Syène  par  une  cohorte  de 
Biliciens-1;  adduction  d’eau  de  source  dans  un  camp 
légionnaire23;  édification  de  temples26,  de  bains21,  de 
I®agasins-S  pour  les  besoins  des  soldats;  d’un  amphi- 
t  éàtre  pour  1  amusement  des  troupes  et  des  vétérans 
I  xés  dans  le  voisinage29,  de  monuments  divers  dans  les 
FJ  es  issues  des  camps  (temples30,  fontaines31,  arcs  de 
■nomph,. fondation  de  colonies  sur  le  territoire  d’une 
I  egion  et  en  partie  pour  les  vétérans 33  ;  tombeaux  élevés 


en  l'honneur  de  soldats  morts  sur  le  champ  de  bataille  34, 
ou  même  d’ennemis  3r\ 

2°  Ouvrages  (futilité  publique ,  mais  ayant  quelque 
intérêt  pour  la  sécurité  de  l’empire  ou  l'administration 
impériale.  —  Établissement  de  routes  en  Italie 36  ;  dragage 
du  Nil  sous  Auguste  ut  feraciorem  habilioremque  anno- 
nae  urbicae  redderet 31  ;  réfection  des  murailles  d  une 
ville  pour  assurer  la  sécurité  du  pays 38  ;  construction  d’un 
pont  à  Simittu,  pour  faciliter  l’exportation  des  marbres 
de  la  carrière  impériale  voisine  39  ;  exploitation  de  car¬ 
rières  et  de  mines  faisant  partie  du  domaine  impérial  40. 

3°  Travaux  intéressant  surtout  les  municipalités  et 
la  prospérité  des  provinces.  —  Curage  du  port  de 
Séleucie41;  aménagement  de  sources  thermales42;  cons¬ 
truction  d’amphithéâtres  à  Crémone  et  à  Bologne,  «  en 
partie,  dit  Tacite,  pour  occuper  les  légions,  en  partie 
parce  que  les  affaires  n’absorbaient  jamais  assez  Yitellins 
pour  qu’il  oubliât  les  plaisirs  43  »  ;  percement  d'un  long 
aqueduc  à  Bougie44;  édification  de  ponts,  temples,  por¬ 
tiques,  basiliques  en  Égypte  45  ;  dessèchement  de  marais 
et  assainissement  des  environs  de  Sirmium  par 
Probus46;  plantation  de  vignes  dans  la  même  région47  ; 
envoi  de  soldats  pour  obliger  les  paysans  dé  Syrie  à 
combattre  les  sauterelles48. 

Cette  liste  n’a  point  la  prétention  d’être  complète, 
surtout  pour  les  ouvrages  purement  militaires  :  elle  ne 
contient  qu’un  certain  nombre  d’exemples  caractéris¬ 
tiques  fournis  par  des  documents  précis;  il  faudrait  y 
ajouter  toutes  les  constructions  où  ont  été  employées 
des  briques  ou  des  tuiles  avec  estampilles  de  légions  ou 
de  corps  auxiliaires,  ce  qui  prouve  qu’elles  ont  été 
élevées  par  des  soldats  [tegula].  Mais  les  tuiles  de  cette 
sorte  sont  innombrables  et  se  retrouvent  dans  toutes  les 
parties  du  monde  romain  :  un  relevé  de  cette  nature 
excéderait  les  limites  de  cet  article49. 

L’examen  comparatif  des  textes  ci-dessus  réunis  suffit 
à  montrer  que  toutes  les  espèces  de  troupes  n’étaient  pas 
indifféremment  affectées  à  chaque  catégorie  de  travaux. 
Aux  besognes  purement  militaires,  fontaines,  routes 
stratégiques,  constructions  de  la  frontière,  les  légions 
doivent  faire  face  aussi  bien  que  les  auxiliaires,  suivant 
que  les  nécessités  locales  le  réclament.  A  Bohning,  sur 
le  limes  de  Germanie,  c’est  un  détachement  de  la  légion  IIIe 
Italique  qui  élève  le  valluni ,  des  postes  et  des  tours; 
à  Schwaderloch,  en  Suisse,  la  légion  VIIIe  Auguste  est 
chargée  de  construire  un  burgus 50  ;  le  camp  de  Lambèse 
est  l’oeuvre  de  la  légion  IIIe  Auguste31  ;  mais  à  Risingham, 
la  porte  et  les  murs  du  camp  sont  relevés  par  une  cohorte 
de  Vangiones52,  et  à  Riechester  une  cohorte  de  Vardulli 


§l.~3  ViV.'i’/'.’. S 1  :d'  Liobcnam’  Stadteverwaltung,  p.  141.  —  2  Dig.  XLIX,  ’ 
BjWfalom  7  ü/‘ ’  clc'  '  H.  19  : Siquidem  incongruum  videreti 
Ttt.  Agric  Z‘v"'  VtiHtatibus  vacare  privatis.  —  4  Suct.  Oct.  18;  Dio,  Ll,  18 
I  gl,  172  i-ï  “  Hüd'  11  ’  Vita  Pii'  CorP •  inscr-  lat •  VII>  199-117,  14! 
I  —  o  y  IIX||v.  ^  ^42,  312,  362,  401,  etc.;  cf.  Indices ,  p.  34: 

\nisch  vaetisri^  V  ^es  Publications  intitulées  Limesblatt  et  Dcr  obergernu 

rM653t;r.lr;C'TaC:  Anw*ï’  33‘  —  6  Corp.  inscr.  lat.  111,3385,  338' 
archdol,  en  U0u  ^  Cimes  iR  Oester  reich)  Tocilesco,  Fouilles  et  recherc/it 

i  Wdington,  ’  P'  Ct  suiv*  “  7  CorP  •  inscr-  laL  IlI>  88i  6658?  673î 

P-  oW  et  suiv  •  /y,'  n  ~  ^8C,  p.  244.  —  S  R.  Cagnat,  Armée  d'Afriqu 

-5"l,  257  »  a'fta.r  arch'  du  Co™ité,  1901,  p.  429;  C.  i.  I.  VIII,  2532,  2546,254! 
-»c.  i.  /  1,1  ,  lilc-  Ann •  I.  20;  Quint.  Inst.  or.  II,  3;  Vcgct.  III, 
PI,  1001»,  ,00’23  "  '  ~  11  Ihid ■  3708.  —  12  Ibid.  1027.  —  13  Ib.  208.  —  U  /, 
-  I#’  //(  ~  l  ,/6-  d-  895,  977,  2092.  —  10  Ib.  n.  10230.  —  «  Ib.  Il 

"  21  Ib.  xin  S3  ’  “1820'  ~  19  Waddington,  27  1  4-2717.  —  20  Tac.  Ann.  XI,  2' 
V,»i  2572.  _  %  Ib-  -  23  C-  «'•  l ■  vil,  905.  —  24  Ib.  III,  002  5.  —  25  / 

,  3484  .  27  /b.  VII,  273,  445  ;  Bramhacl),  I.  Ith.  100 


_ 28  c.  i.  I.  VII,  732.  —  29  Jb.  VIII,  2488.  —  30  Ib.  2579  ct  suiv.  2030,  2051,  2052, 

2054.  _  31  Ib.  2057,  2058.  —  32  Ib.  2098.  —  33  Ib.  4203,  4204,  17842,  17843. 
—  34  Tocilesco,  Fouilles  en  Roumanie ,  p.  03  cl  suiv.  —  35  Vil  a  Probi,  9,  2.  —  30  C. 
i.  I.  V,  7989.  —  37  Suet.  Aug.  18.  —  38  C.  i.  I.  III,  8031.  —  39  Ibid.  VIH,  10117. 

40  Tac.  Ann.  XV,  20;  Letronne,  liée.  11,  p.  424  et  suiv.;  C.  i.  gr.  p.  1191  ct 
suiv.;  cf.  n»  5042;  Ann.  épigr.  1889,  n.  182;  C.  i.  I.  111,  10117;  Korrespon- 
denzblatt  d.  Wcstd.  Zeitschrift ,  1880,  p.  70  cl  suiv.  ;  Freudenbcrg,  Das  Denkmal 
des  Hercules  Saxanus  im  Hrohlthal.  —  U  l.ibanius,  ’Avtio^uôç,  I,  p.  324,  5,  éd. 
Reiske.  —  42  C.  i.  I .  VIII,  17727,  17728.  -  43  Tac.  Hist.  II,  07.  —  *4  Corp. 

inscr.  lat.  VIII,  18  122.  —  45  Vila  Probi,  9,  4.  —  40  Ibid.  21,  2.  Ou  notera 

cependant  que  Sirmium,  à  partir  de  la  lin  du  m«  siècle,  servit  de  résidence  aux 

empereurs  ;  le  travail  pouvait  être  fait  à  leur  intention  aussi  bien  (pic  pour  le 

bien-être  des  habitants  de  la  ville.  —  47  Ibid.  18,  8.  —  48  piin.  Hist.  nat.  XI, 
408.  Les  soldats  ne  combattent  pas  eux-mêmes  le  lléau  :  «  necare  (locustas)et  in 
Syria  militari  imperio  coguntur  ».  —  49  Ann.  épigr.  1899,  195.  —  50  Ibid. 
1893,  114.  —  51  C.  i.  I.  VIII,  2532  ,  2540  ,  2548  ,  2571,  2572.  —  52  C.  i.  I.  VII, 
1003. 


MAX 


—  1592  — 


MAP 


est  chargée  de  réparer  un  ballistarium1.  La  légion  IIP 
Auguste  bâtit  un  temple  à  Esculape2;  la  cohorte  des  Belges 
en  construit  à  Liber  Pater3;  la  même  légion  IIIe  Auguste 
amène  l’eau  dans  son  camp3  ;  à  Caernarvon  c’est  une 
cohorte  de  Sunuci  qu’on  occupe  à  un  travail  semblable  5. 

1  ar  contre,  pour  les  autres  travaux  on  s’abstenait 
presque  toujours  de  faire  appel  aux  légionnaires  ;  s’agit- 
il  de  refaire  une  route  italienne,  on  réquisitionne  des 
t  irones  juventutis  novae  italicae 6  ;  de  relever  les  murs  de 
Romula,  une  troupe  de  Syriens  ‘  ;  de  percer  un  aqueduc 
à  Bougie,  des  gésates  et  des  marins8  ;  d’agrandir  le 
port  de  Séleucie,  une  aile  de  cavalerie9.  Une  seule  fois 
nous  trouvons  mentionnés  incontestablement  des  légion¬ 
naires  à  propos  d'un  travail  de  cette  sorte,  mais  c’est 
après  la  victoire  de  ^  itellius,  et  les  légionnaires  font 
partie  de  légions  qui  viennent  d’être  vaincues  :  il  y  a  là 
des  conditions  toutes  particulières  I0. 

Dans  l'exploitation  des  mines,  cependant,  les  inscrip¬ 
tions  citent  des  soldats  ou  des  officiers  appartenant  à  des 
légions,  à  côté  de  troupes  auxiliaires  et  de  marins11. 
Leur  participation  à  des  travaux  aussi  pénibles  et  presque 
serviles  serait  surprenante  si  l’on  n’avait  déjà  signalé 
des  faits  analogues,  par  exemple,  à  propos  de  l’établis¬ 
sement’ de  la  route  de  Coptos  à  la  mer  Rouge.  On  a 
constaté 12  que  lors  de  ce  travail  on  avait  détaché 
cent  viugt-huit  légionnaires  seulement  sur  les  dix  ou 
douze  mille  que  la  garnison  comportait,  tandis  qu’on 
avait  mis  en  mouvement  mille  deux  cent  soixante-treize 
auxiliaires  sur  un  effectif  total  de  six  ou  sept  mille 
hommes  ;  on  en  a  conclu  que,  dans  ce  cas,  les  légion¬ 
naires  ne  pouvaient  que  faire  l’office  de  surveillants,  les 
auxiliaires  de  travailleurs  effectifs.  Il  en  était  de  même 
dans  les  carrières:  les  détachements  légionnaires  et  les 
officiers  qu’on  y  rencontre  dirigeaient  l’exploitation  et  le 
transport  des  pierres  [legio,  col.  1063]  ou  même  se  con¬ 
tentaient  de  faire  la  police,  veillant  à  l’exécution  des 
travaux  par  les  condamnés  13.  Un  fait  comme  celui  que 
rapporte  Tacite  lorsqu’il  nous  montre  Curtius  Rufus 
faisant  ouvrir  une  mine  d’argent  dans  le  territoire  des 
Mattiaci  par  la  main-d’œuvre  légionnaire,  est  une 
exception  ;  il  ne  pouvait  se  produire  que  dans  un  pays  à 
peine  soumis  et  en  territoire  militaire  :  c’est  presque  une 
opération  de  guerre13.  R.  Cagnat. 

MANUTERGIUM  [maxtele]. 

MAP  ALI  A.  —  Nom  donné  par  les  auteurs  latins, 
d’après  la  dénomination  indigène,  aux  habitations  des 
tribus  nomades  de  l’Afrique  septentrionale.  Hérodote, 
sans  prononcer  le  nom  de  mapalia,  dit  que  les  Libyens 
nomades  habitent  des  huttes  mobiles,  faites  de  joncs 
entrelacés  de  feuilles  d’asphodèle1.  Dans  la  littérature 
latine,  le  mot  parait  pour  la  première  fois  avec  Caton2. 
Salluste  l’explique  lorsqu’il  raconte  que  les  Numides 
ruraux,  dans  leur  langue,  appellent  leurs  demeures  des 
mapalia ,  et  que  le  toit  de  ces  maisons,  de  forme  oblongue 


et  aux  pentes  incurvées,  les  fait  ressemhl 
renversée  d’un  navire3.  Pline  donne  Tl* 
habitations,  faites  de  joncs  tressés  “  nom  a»x 
m.des  et  Maures3  ;  et  de  leur  côté  Tite  U  ades-  Nu- 
nous  représentent  ces  cabanes  desparteri? 
dans  les  campagnes  de  l’Afrique,  conuu*  i  ,  inées 
bergers.  Au  temps  des  guerre’  pu  ”®  **  M.  «. 
dans  leurs  campements  militaires,  n’avaient  "  '  ,mides< 
abris  que  ces  légères  cabanes,  soutenues  int£,  ^ 
par  quelques  pieux  enfoncés  dans  le  sol  ■  •  ement 
à  Scïpion  de  prolitor  d’un  grand  vent  non',  ,Zï*°ï ‘ 
mut,  le  feu  dans  le  camp  de  Syphax  et  et..,.  •  f6  a 
sordre  dans  les  quartiers  de  l’ennemi'  Citons"’1  '  * 
témoignage  de  saint  Jérôme,  disant  que  l,.s 
demeures  des  Africains  ressemblent  à  des  fours  ’ 

On  peut  rapprocher  de  ces  divers  textes  ,„el(roes 
recentes  decouvertes  de  l’archéologie  africaine  E 
mosaïques  trouvées  à  El-  ’  ux 

Alia,  à  24  kilomètres  au 
sud  de  Mahdia  (Tunisie), 
dans  une  villa  romaine10, 
représentent  des  scènes 
pittoresques  et  champê¬ 
tres  que  l’artiste  parait 
avoir  voulu  placer  sur  les 
bords  du  Nil  :  on  y  re¬ 
marque  (fi g.  4828),  entre 
autres  choses,  des  gour¬ 
bis  en  treillis,  qui  ont  la 
forme  de  ruches  d’a¬ 
beilles,  rondes,  à  tige  co¬ 
nique,  et  dont  la  pointe, 
en  sparterie  souple,  est 
inclinée11.  Il  est  impos¬ 
sible  de  ne  pas  recon¬ 
naître  ici  les  mapalia  des 
auteurs  latins.  Une  autre 

mosaïque,  trouvée  à  Oudna  (l’ancienne  Uthina),  a  pour 
sujet  principal  une  ferme  avec  l’habitation  des  maîtres, 
et,  devant  celle-ci,  une  petite  chaumière  basse  avec  toit 
triangulaire  en  chaume12  :  c’est  la  maison  des  esclaves; 
elle  ressemble  aux  cabanes  des  charbonniers  dans  nos 


Fig.  4828.  —  Hutte  africaiuc. 


forêts.  Sur  un  sarcophage  du  musée  de  Philippeville, 
est  figurée  une  petite  chaumière  d’un  genre  tout  diffe¬ 
rent  :  c’est  (fig.  4829)  une  cabane  circulaire,  en  treillis, 
surmontée  d’un  toit  conique  en  chaume;  une  femme 
se  tient  devant  la  porte,  ayant  sur  sa  tète  une  cor¬ 
beille  et  tenant  une  cruche  de  la  main  gauche 
Aujourd’hui,  les  gourbis  mobiles  et  transportables  des 
Berbères,  qui  affectent  différentes  formes,  suivant  les 
Lribus,  nous  représentent  les  anciens  mapalia',  Ch.  Dsso^ 
signale  même  des  tribus  des  environs  de  Tanger  dont  es 
gourbis,  faits  de  nattes  tressées,  affectent  encore  la  u»iu  e 
des  lianes  d’un  bateau  renversé13.  Cette  dernière  h" me 


l  Corp.  inscr.  lat.  1045,  1046.  —  2  /6.  VIII,  2570  et  suiv.  —  3  lb .  III,  8484.  —  4 
VIH,  2658-  —3  /6.  VII,  142.  -  6  lb.  V,  7989.  —  7  lb.  III,  8031.  —  8  Jb.  VI 
18122.  —  9  Libanius,  •A»Ti„z,*i4,  L.  c.  —10  Tac.  Hist.  II,  67.  —  U  Freud, 
berg,  Pas  üenkmal  des  Hercules  Saxnnus  im  Brohlthal  ;  Bramb.  602,  680  ;  l 
Robert,  Insc.  laissées  dans  une  carrière  de  la  haute  Moselle  (Mil.  Graux,  p.  3 
et  suiv.).  12  c.  i.  I.  III,  n.  6627;  cf.  le  commentaire  de  M.  Mommsen,  p.  12 
13  Passio  sanciorum  IV  coronatorum  dans  Büdinger,  Untersuchungen,  I 
p.  324  et  suiv.  —  n  Tac.  Ann.  XI,  20.  —  B.buographie.  W.  Harster,  Die  Baut 
der  romischen  Soldaten  :um  à ffent  lichen  Nu  t  zen,  Speier,  1873,  in-4»  ;  Mar/(uar, 
Organisation  militaire ,  p.  315  et  suiv. 

MAPALIA.  I  Herod.  IV,  190,  2  :OI«^«t*  Si  rip.r,,™  «  |,£p(M'yuv  * 


\r  I:a  —  3  *'a 

<r/otvou;  e<m}  xcci  Ta’Jra  icépisopni'à,  -  2  Cat.  ap.  Fest.  S.  V.  ■*  /  _  6  \  irï* 

Jug.  XVIII.  —  4  Plin.  Nat.  hist.  V,  22  ;  XVI,  178.-8  Tit.  Liv.  XXIX,  3  .  ^  ^ 
Gcorg.  III,  339-340.  —  7  Tit.  Liv.  XXX,  3.  -  8  Tit.  Liv.  XXX,  5. 
lu  Prol.  Amos  :  Agrestes  quidem  casas  et  furnorum  similes,  quas  d 

mapalia.  —  10  p.  Gaucklcr,  dans  C.  B.  des  séances  de  IA""  ■  |i.  67, 

B.  Lettres,  1898,  p.  828.  —  H  Jahrb.  d.  arch.  Instit.  t.  XV,  1600,  '  ^  ^  ^  jqq 

fig.  2  et  p.  G8,  fig.  3.  —  p,  Gauckler,  dans  les  Monuments  l  u  ^  j /usées  d>' 
et  pl.  xxn.  —  ^3  Gsell,  Musée  de  Philippeville  (dans  la  r0*  *  ^  Qpcrep^ 
C  Algérie  et  de  la  Tunisie ),  p.  32  et  pl.  n,  fig.  i.  Voir  auss‘  Campa"  ^  p  r0,n. 
pl.  exiv,  relief  de  terre  cuite.  —  14  Cli.  Tissot,  Géogr.  comp-  (  j  p.  70-71- 
d'Afrique,  t.  I,  p.  4SI  ;  cf.  p.  302;  Otto  Mcltzer,  Gesch.  d.  Kartharja , 


1393  — 


MAP 


MAP 


['époque 


Fig.  4829. 


(li  piutôt  la  chaumière  de  la  mosaïque  d’Oudna, 
r8pI)t  "•■d'iaues  coniques  de  la  mosaïque  d’El-Alia  ou  du 
quen„hage  de  Philippeville. 

38  u  de  mapalia  ou  mappalia  est  demeuré  attaché, 
LC  l"  "1  romaine,  à  des  localités  dans  lesquelles  se 
trouvait  installée, à  côté  des  colons 
romains,  une  agglomération  plus 
ou  moins  considérable  d’habita¬ 
tions  indigènes.  La  grande  ins¬ 
cription  d’Henchir  Mettich,  en  Tu¬ 
nisie,  découverte  en  1896,  donne 
au  domaine  créé  dans  cette  localité 
le  nom  de  fundus  Villae  magnae 
Variant ,  id  est  Mappalia  Siga1. 
Cette  dernière  appellation  repré¬ 
sente  évidemment  le  nom  indi¬ 
gène,  antérieur  à  l’installation  du 
fundus  romain  et  persistant  à 
côté  de  lui,  comme  les  gourbis 
des  Numides  à  côté  des  maisons 
de  pierre  des  colons.  A  Carthage 
même,  il  y  avait  la  rue  des  Map- 
pales,  via  Mappaliensis ,  où  de¬ 
meurait,  au  temps  du  martyre  de  saint  Cyprien,  le  pro¬ 
curateur  Macrobius  Candidianus 2.  Cette  rue,  assez  éloi¬ 
gnée  du  centre  de  la  ville,  parait  avoir  été  tracée  sur  un 
emplacement  qui  n’était,  à  l’origine,  qu’un  faubourg 
extérieur.  C’était  probablement,  dit  M.  P.  Monceaux, 

«  cette  grande  voie  carrossable  qui,  aujourd’hui  encore, 
conduit  de  La  Malga  à  Sidi-bou-Saïd3  ».  Au  v°  siècle, 
l’une  des  basiliques  de  Carthage  dédiée  à  saint  Cyprien 
était  sur  l’emplacement  de  sa  sépulture,  aux  Mappalia , 
près  des  Piscines,  c’est-à-dire  à  proximité  des  grandes 
citernes  du  village  de  La  Malga  L 
Dans  une  glose  sur  Virgile,  Servius  signale  l’existence, 
à  Carthage,  d’une  zone  extérieure  à  laquelle  il  donne,  non 
pas  le  nom  de  Mappalia  ou  Mapalia ,  mais  celui  de 
il lagalia*.  11  est  de  toute  évidence  que  Magalia  n’est 
qu’une  autre  transcription  du  terme  indigène  ordinai¬ 
rement  donné  sous  la  forme  mapalia.  Il  a  persisté  jus¬ 
qu  à  nos  jours  dans  le  nom  du  village  arabe  de  La  Malga 
situé  au  pied  de  la  colline  de  Saint-Louis,  sur  laquelle 
s  élevait  Byrsa.  Le  village  de  La  Malga  parait  donc  dési¬ 
gner  à  la  fois  à  peu  près  l’endroit  où  passait  la  via  Map- 
ptdiensis  et  l’emplacement  où,  à  l’époque  punique  pri- 
nntive,  s’élevaient  les  mobiles  et  légers  mapalia  ou 
nurjulia  des  tribus  libyennes,  lorsque  ces  dernières 
't'naient  cultiver  le  sol  de  la  banlieue  de  Carthage  ou 
len’  u  l’instar  des  tribus  nègres  dans  nos  colonies 
actuelles,  trafiquer  avec,  les  marchands  carthaginois. 

llM  la'ns  orientalistes  ont  proposé  de  faire  dériver  le  mot 
aumidique  ou  berbère  magalia ,  du  terme  sémitique 

larac‘ne  rouler  IV’  cha- 
0  ’  *  0a  1°  sens  de  «  maison  qui  roule,  qu’on  trans- 


et 


U  (Ext,  ,  "'aia,  A ouv.  observ.  sur  l’inscr.  d'ffenchir  Mettich ,  p.  2,  7 
Uuinarl  '  ^0BB’  rev‘  s de  droit  franç.  et  étranger ,  1899).  —  2  D. 
Carth ,,L  Cl a  ">artyr-  P-  218  !  Ch.  Tissot,  O.l.  t.  1,  p.'  661;  E.  Babclon, 
V"'-  ~  3  P-  Monceaux,  Rev.  arch.  1901,  H,  p.  185;  Id.  Hist. 
I,  s)  |f|  ' ir,ue  chrétienne,  t.  Il,  p.  373.  —  4  Victor  de  Vita,  Persec.  Vandal. 

M  Aen  ^  v,r  ^appa^a  ;  P.  Monceaux,  Op.  cit.  p.  195.  —  S  Scrv. 

Sichs.  Ges  ïi  ;Cf  ^  Tissot,  Op.  cit.  p.  586;  Th.  Mommsen,  in  Berichte  d. 
Op.  cil  |  |  U  issenschaft .  Phil.  hist.  Classe ,  1854,  p.  155;  Otto  McUzer, 
portaie„t|  *'  * 1 1  -  <-42.  Il  paraît  (|ue,  dans  les  iles  Baléares,  certaines  habitations 

-  G  üesemus,  Monu- 
442.  —  1  Servius,  Aa 


H’Jl  fît  1011 1  1(>  "  'luVj  UclliS  IBS  llBs  Del  K 111  l 

nenta,  n  Jj!"  ®  Mapales  (Æ cv .  arcli.  1901,  1,  p.  46Ô). 
Aen.  |  ij,  )ll°  Mcltzer,  Gesch.  d.  Karthager,  t.  I,  p 
’  *'  •  «  Magalia - -  -  -  ■ 


vero  anlistoeclion  est,  uam  debuit  magaria  dicerc,  quia 


porte0  ».  D’autres,  s’appuyant  sur  un  passage  de  Servius, 
ont  voulu  voir  dans  Magalia  une  autre  forme  ou  une  alté¬ 
ration  du  mot  Megara1.  Mais  cette  assimilation  est  peu 
probable.  Il  existait  à  la  vérité,  à  Carthage,  un  quartier 
appelé  Megara,  représenté  par  le  bourg  actuel  de  La  Marsa, 
entre  Sidi-bou-Saïd  et  le  cap  Kamart®.  Mais  ce  quartier  est 
fort  éloigné  de  celui  où  se  trouvaient  les  Mappalia,  et 
nous  savons  par  Diodore  de  Sicile9  et  Isidore  de  Séville  10 
que  le  mot  punique  inagar  signifiait  «  la  nouvelle  ville  », 
le  quartier  neuf,  né  de  l’extension  normale  de  la  cité 
carthaginoise11.  Si  donc  le  rapprochement  entre  Map¬ 
palia  (ou  Mapalia)  et  Magalia  s'impose,  il  n'en  est  pas 
de  même  de  celui  qu’on  a  proposé  entre  Magalia  et 
Megara ,  qui  doit  être  abandonné.  E.  Babelon. 

MAPPA.  —  I.  —  Serviette  et  nappe  de  table.  On  a  vu  à 
l’article  coena  (p.  1280)  et  à  l’article  mantele  (p.  1379) 
que  les  mappae  se  confondent  sans  cesse  avec  les  man- 
telia,  pour  désigner  les  serviettes  de  toilette  ou  de  repas  et 
les  napperons  que  l’on  plaçait  sur  les  tables  elles-mêmes. 

C’est  qu’en  réalité  la  serviette,  mantele ,  est  devenue  la 
nappe,  à  une  époque  assez  basse  *.  On  n’en  voit  pas  trace 
à  l’époque  grecque.  Même  à  l’époque  romaine,  l’usage 
ancien  était  de  placer  les  mets  directement  sur  la  table  : 
on  l’essuyait  avec  un  torchon  [galsapa]  entre  les  différents 
services2.  Ce  qu’on  appelle  les  mappae ,  dans  l’ordonnance 
des  banquets,  doit  concerner  souvent  les  linges  et  étoffes, 
plus  ou  moins  ornés,  qu'on  plaçait  sur  les  lits  pour  les 
draper3.  Varron  parle  de  mappae  tricliniares  L  Nous 
avons  vu,  en  effet  (p.  1380),  que  mantele  et  mappa  dé¬ 
signent  non  seulement  des  serviettes,  mais  toute  espèce 
de  linges,  et  même  des  parures  de  tête  ou  des  vêtements. 

Le  luxe  des  nappes  parait  dater  seulement  des  règnes 
de  Titus  et  de  Domitien  ;  le  poète  Martial  fait  allusion 
aux  mappae  qui  couvrent  le  bois  des  tables  5.  Il  est  pro¬ 
bable  que  c’est  alors  une  simple  serviette  jetée  sur  le 
meuble;  on  peut  l'emporter  et  la  voler  facilement6.  Sous 
Héliogabale  et  ses  successeurs,  on  voit  apparaître  les 
nappes  dorées  ou  rehaussées  de  couleurs;  certaines 
étaient  ornées  de  broderies  qui  représentaient  les  mets 
et  les  comestibles  du  repas7,  comme  on  le  voit  dans 
certaines  fresques  de  Pompéi  (fîg.  1447  etsuiv.). 

Il  existait  dans  la  maison  impériale  un  service  a  map - 
pis,  c’est-à-dire  des  employés  chargés  de  faire  confection¬ 
ner  et  de  garder  les  serviettes  et  nappes  destinées  à  la 
table  de  l’empereur  8. 

C’est  surtout  sous  les  empereurs  chrétiens  et  pendant 
le  Bas-Empire  que  l’usage  des  nappes  se  répand  de  plus 
en  plus,  sous  le  couvert  d’une  idée  religieuse.  Les  objets 
sacrés  ne  doivent  être  touchés  qu'avec  des  mains  pures, 
enveloppées  de  linges  blancs  [voir  mantele,  p.  1581  ; 
l’autel,  pour  être  plus  pur,  sera  aussi  recouvert  d'une 
étoffe  blanche.  De  là  les  nappes  d'autel  et  les  nappes 
de  communion  dans  la  liturgie  chrétienne.  Les  iVotitiae 
dignitatum  de  l'Empire  nous  font  voir,  recouvertes  d'une 

magar  non  magal,  Poenorum  lingua  villain  signilîcat  ».  —  8  Ch.  Tissot,  O.  c.  t.  I, 
p.  586;  cf.  p.  569.  —  2  Diod.  Sic.  XXII,  7.  —  i«Isid.  Hisp.  Orig.  XV,  12.  —  n  On 
a  proposé  de  faire  venir  Mqafu,  de  n*7VCJ.  «  grotte,  butte  de  terre  ».  Quatre- 
mère,  dans  le  Journal  des  Savants,  1857,  p.  133;  Schrôder,  Die  Phônis.  Spraclie, 
p.  104. 

MAPPA.  1  Voir  le  texte  d'Isidore,  Orig.  XIX,  26,  ci-dessus  p.  1580,  note  11. 
—  2  Hor.  Sat.  II,  8,  10;  l'iaut-.  Menoechm.  I,  1;  Lucil.  Sat.  Fragm.  XX,  1. 
_ 3  Hor.  Ep.  I,  5,  21.  —  4  Varr.  Ling.  lut.  IX,  47.  Je  crois  queMarquardt  inter¬ 
prète  mal  co  texte  (  Vie  privée  des  Romains,  trad.  fr.  I,  p.  367).  Les  mappae  tricli¬ 
niares  ne  peuvent  être  que  les  draperies  qu’on  mettait  sur  le  triclinium,  et  non  des 
serviettes  individuelles.  —  5  Mart.  XIV,  138.  —  «ld.  XII,  29,  11.  —  7  Lainprid. 
Elagab.  27  ;  Alex.  Sev.  37  ;  Trcbcll.  Gall.  16.  —  8  Corp.  inscr.  lat.  Vis,  8892. 


MAP 


MAP 


—  lo9i 


nappe,  les  petites  estrades  qui  portaient  les  portraits  des 
empereurs  entourés  d'objets  du  culte  (fig.  2860,  3980, 
i80.'i)  ;  les  armoiries  impériales  étaient  parfois  brodées 
sur  la  nappe  elle-même  (fig.  3981).  Or,  dans  toute  l'an¬ 
tiquité,  le  repas  est  un  acte  religieux  [coena,  p.  1269]  et 
le  christianisme  a  recueilli  cette  tradition  en  lui  impri¬ 
mant  un  carac 
1ère  plus  pieux 
encore.  La  table 
est  donc,  en 
quelque  façon, 
un  autel.  De 
même  que  cha¬ 
que  convive 
emploiera  une 
serviette  pour 
avoir  les  mains 
plus  pures,  de 
même  chaque 
table  sera  re¬ 
couverte  d'une 
nappe  blanche. 

Voilà  pourquoi 
la  nappe  est 
un  accessoire 
beaucoup  plus 
moderne  qu'an¬ 
tique.  On  suit 
.  fort  bien,  dans 
h‘s  monuments  de  1  art  chrétien,  sur  les  mosaïques  et  les 
fresques,  le  passage  du  repas  ancien  au  repas  moderne, 
de  la  petite  table  sans  nappe  posée  devant  le  lit  circu¬ 
laire  sur  lequel  s'étendent  les  invités  (fig.  1703,  1704), 
à  la  table  drapée  devant 
laquelle  prennent  place  les 
convives  assis  sur  des  siè¬ 
ges  isolés  (fig.  4830) 1 .  On 
peut  même  se  demander  si 
ce  ne  sont  pas  les  draperies 
du  lit  antique  qui  ont  passé 
sur  la  table  pour  former  la 
nappe  (voir  les  fig.  4055 
et  4398).  Nous  possédons 
d’ailleurs  le  type  de  transi¬ 
tion,  qui  est  la  Cène  repré¬ 
sentée  à  l’antique,  sur  un 
lit  circulaire,  mais  où  la 
table  centrale  est  recouverte 
d'une  nappe  (fig.  4831) 2.  Fig.  483t.  —  Table 

U-  Dans  1  antiquité  romaine,  le  mot  s’applique  à  un 
objet  très  particulier  :  c  est  la  serviette  ou  le  mouchoir 
que  le  président  des  jeux  jetait  dans  l’arène  pour  faire 
ouvrir  les  carceres  [circus,  p.  1195]. 


Fig.  4830.  —  La  nappe  chrétienne. 


Cassiodore  raconte  que  cet  usage  date  H 
Néron  :  un  jour  que  l’empereur  était  encore  ,  !!  ^  de 
les  cris  de  la  foule  impatiente  montaient  l  ,etH 
l’heure  de  l’ouverture  des  jeux,  il  flt  jeter  D.'  qu  à  lui-  à 
sa  serviette  {/nappa)  comme  signal  et  ‘  Une  fenêlr« 
perpétué3.  La  plupart  des  auteurs’ q! j  ^  v ^ 

tel! 

®ent  ciue  cette 
historiette  est 
sans  valeur  et 
que  cette  cou- 
tume  est  beau¬ 
coup  plus  an- 
demie  ‘  rclR. 

Cüs>  P-  1195], 
Mais,  en  réa- 
hlé,  aucun  des 
textes  invoqués 
à  l’appui  de 
cette  opinion 
n’est  probant, 
car  tous  par¬ 
lent  d’une  fa¬ 
çon  générale  de 
tnitteresif/num 
etaucun  ne  dé¬ 
signe  la  map-  ■ 
pa  \  On  ne  ' 
trouve  cet  ac¬ 
cessoire  clairement  nommé  que  dans  les  auteurs  contem¬ 
porains  de  Néron  ou  postérieurs  à  son  règne6.  Quintilien 
dit,  il  est  vrai,  que  les  Carthaginois  revendiquaient  pour 
eux  l’origine  de  la  /nappa  employée  au  cirque7,  mais  i 

nous  n’avons  actuellement 
aucune  donnée  sur  l’étymo¬ 


logie  sémitique  de  ce  mot* 
et  nous  ne  pouvons  pas  en 
tirer  argument  pour  la  date 
de  cette  coutume  à  Rome. 

C’est  également  sur  des 
monuments  d’époque  basse, 
marbres 9,  mosaïques  et 
diptyques  d’ivoire,  que  nous 
voyons  la  représentation  du 
magistrat  tenant  en  main  la 
/nappa  qu’il  va  jeter  dans 
,’arène  (fig.  4832 1 0  ;  cf.  fig- 
1523,  1532,1907,1909,2455, 


l’habitude 


1523, 

antique  avec  nappe.  9456) 

La  /nappa  donna  sans  doute  naissance  à 
d’agiter,  dans  le  public,  des  mouchoirs  en  signe  de  .joie 
et  de  félicitation 1J  [acclamatio,  fig.  36;  cf.  fig-  *'1-  ’ 
3848],  Aurélien  fit  distribuer  aux  spectateurs  des  onnM 


1  Garrucci.  Arte  enstiana,  pl.  cclxvi;  cf.  pl.  lvii,  lx,  cxxv,  n»  5,  et  pl.  ccxv  où 
on  voit  réunis  la  scène  de  repas  à  l'antique  et  le  repas  à  la  chrétienne.  -  2  Ibid. 
pl.  CCI.,'.’  2:cf.  p|.  cdxxxix,  n- 6,  cdxlii,  cnxuv,  cdxcix  (tables  rondes  avec  nappes). 

.  '  ' ' '  '  Forccllini,  Lexicon ,  s.  v.  J lappa;  cf.  Dezobry,  Rome  au 

Y  .  . , *  II,  p.  359  et  49o  ;  Friedlaender,  Mœurs  romaines ,  trad. 

ogel,  11,  p.  83-84.  _  5  Ennius,  cité  par  Cic.  De  divinat.  I,  48  :  «  consul  quom 
"l"  vq  v  6'8"""'  lul1  ’r,t-  ['iv.  VIII,  40  :  .<  signum  mitlendis  quadrigis  darct  ..  ; 
"  '  '  C“nSul‘  a,J  quadrigas  mittendas  esccndcnti  ;  cf.  la  série  des  textes 

rassembles  par  Henzen,  Acta  fratr.  Arval.  p.  3G.  -  «  Suet.  Ner.  22  :  „  aliquo 
liberto  m.lten le  mappam  »  ;  Juv.  Sat.  XI,  194  :  «  Megalesiacae  speclacula  mappae  »  ; 
T ar.  j.  'P"f'  -  ’  0  :  *  C'ctatam  praetor  cura  vellet  mittere  mappam  »;  cf. 

Tertull.  De  spectac.  10.  Sous  Justinien  (Novell,  CV),  , nappa  désigne  la  course 


elle-même:  «  spectaculum  certanlium  equorum  (quam  mappatn  .  cô 

n’y  a  pas  à  tenir  compte  de  l'opinion  de  Silvius  qui  rapportait  lougmc  . 
signal  au  roi  Tarquin;  cf.  du  Gange,  Glossarium  lat.  s.  v.  Mappu.  *  ^ 
1,5,  57.  —  8  Gescnius,  Scripturae  linguaeque  phoeniciae  monument  ^ 

rejette,  malgré  le  texte  de  Quintilien.  l’origine  punique  du  m°L  ^  mapp^ 
relief  de  la  collection  Barberini,  représentant  un  homme  qui  iJI aM<  1  ^  xX,n 

derrière  un  char  de  courses;  Bartoli,  Admiranda  Romanar.  an^^'^r  *  |7  ; 

et  deux  statues  du  musée  du  Capitole,  Bull.  Comun.  XI,  1883,  p  ^  ^  7 
Iielbig,  Führer,  2°  éd.  II,  p.  395  =  Reinach,  Répertoire ,  II»  I’  p,.csCia; 
et  8  ;  un  relief,  Mus.  Pio  Clam.  V,  pl.  42.  -  ™  Diptyque  de  Boellniw.  »  )list. 
voir  Consul,  fig.  1913.  —  il  Euseb.  Eccl.  histor.  VII,  30;  Ni( < p 
VI,  30,  p.  424;  Rufinus  Tur.  VII,  .26  :  «  thcatrali  more  oraria  moven  ». 


MAR 


1 59o  — 


MAR 


ilVslor  ainsi  leur  satisfaction  C’est  aussi  avec 
p0Ul1  et  des  étoffes  de  couleur  rouge  que  les 
linl  111111  i  ne  l’arène  excitaient  les  animaux,  comme 

tMiinjreS  (lall> 

kuî  le  toréador  . 

de  Rome,  située  dans  le  quartier  de 
l’Aventin,  près  du  Cir- 


he.sii;>i'rS 
aqjourd 
Une  boutique 


fi».  4832.  —  La  mappa  consulaire. 


que,  avait  pour  ensei¬ 
gne  :  Ad  Mappam 
Auream  3,  probable¬ 
ment  par  allusion  à  la 
mappa  des  jeux. 

III. —  Les  tibri  lin- 
tei ,  les  livres  ou  les 
édits  écrits  sur  des  rou¬ 
leaux  de  toile  [liber, 
p.  1177  et  1185;  libri, 
p.  1236],  ont  parfois 
porté  le  nom  de  map- 
pae,  surLout  au  Bas- 
Empire  4.  On  traçait 
aussi  sur  la  toile  les  cadastres  de  propriétés  rurales 5, 
les  cartes  de  géographie  employées  dans  les  écoles  [luth  s, 
p.  1381]  ;  de  là  notre  mot  de  «  mappemonde  »,  mappa 
mundi s.  E.  Pottier. 

MARCELLEA.  —  Fêtes  syracusaines  en  l'honneur  de 
C.  Claudius  Marcellus,  qui  avait  gouverné  la  Sicile  vers 
79  av.  J.-C.  Ces  fêtes  duraient  un  jour.  Verrès  les  sup¬ 
prima  et  leur  substitua  d’autres  fêtes  en  son  honneur, 
nommées  Verrea 1 .  J.  Toutain. 

MARCUS,  MARCULUS  [malleus]. 

MARGARITA.  Mapyaptrçç  XîOoç,  jj.apyaptT7].  —  Les  plus 
anciens  souvenirs  historiques  de  l'Inde  nous  montrent 
le  luxe  des  perles  comme  très  répandu  dans  cette  contrée. 
Criclma,  un  des  grands  dieux  de  l'Inde,  ayant  trouvé  une 
perle  dans  l'Océan,  l'apporta  pour  en  parer  sa  sœur  Pan- 
daia'.Mégasthène,  qui  a  recueilli  cette  fable  indienne,  la 
met  au  compte  d’IIercule  2.  Nous  savons,  notamment  par 
les  récits  du  voyageur  français  Tavernier,  au  xvnc  siècle, 
jusqu  à  quel  point,  même  dans  les  temps  modernes,  était 
prodigué  1  usage  des  perles  dans  le  luxe  public  et  privé 
de  1  Inde 3.  Le  livre  de  J ob 4  et  les  Proverbes  de  Salomon 5 
mentionnent  les  perles  comme  un  élément  très  recherché 
de  la  parure  personnelle.  Les  anciens  Égyptiens,  les 
tmldéo-Assyriens,  les  Élamites  ont  aussi  connu  et 
quelquefois  employé  la  perle  comme  un  joyau  décoratif 
plus  précieux6.  Ni  Homère,  ni  les  autres  anciens 
auti  ms  grecs  ne  parlent  des  perles,  et  les  fouilles  archéo- 
°giqii(  s  qui  ont  fait  connaître  le  mobilier  des  premiers 

^  opisc.  Aurel  Lft  o  o  r,  . 

excitât  UPso  2  ^en.  D e  ira,  III»  30  :  «  Tau  ram  color  rubicundus 

là  l’origine  onosiIue  maPPa  irritât  ».  On  peut  se  demander  si  ce  n’est  pas 
Est-ce  là  aussjM|  '  l^C  *a  maPPa  jetée  par  le  président  des  jeux  dans  l’arène? 
Cf.  du  Can ,r(.  (-J  ^ens  ces  maPpo,rli  que  nomment  des  textes  d'époque  basse? 
(voir  p.  us]  ,l  l|' S-  mul-.l  les  rapprocher  des  fonctionnaires  a  mnppis 

Stadt  nr,m  1  ‘  )  —  3  Curios.  Urb.  reg.  XIII  ;  voir  Preller,  Die  Regionen  der 
p.  289-21H).  c  ri  '  arcb-  comm.  di  Roma,  1887,  p.  205;  cf. 

L  Btttlim.  ,)miACad'  ^  InSCr'  1887,  P'  220>  22U  ~  4  Cod-  Theod-  XI>  27- 
—  5  Sur  la  °IS  lnaPP*s  scripta  per  omnes  civitates  Ilaliae  proponalur  lex  ». 

>.  p.  lu-  ..  "m  f-tiensium,  voir  Gramatici  veter.,  édit.  Rudorff,  Berlin,  1818, 


Bcck< 


P.  405.  — 


er-Gôli  ç  »,  G  Cf**  du  Gange,  Gloss,  lat.  s.  v.  —  Bibliographie. 

fanains,  trad  f  i'  ',n’  1^2,  III»  P-  387  et  suiv.  ;  Marquardt,  Vie  privée  des 
"^cellea'i  r  3U,C;  p-  118- 

MAft('\RlT,V  ,  hr"  '.  In  Verr-  actio  II.  oral.  U,  §§  21  et  03. 

Rwids  unit  jyaj  '  *'■  Môbius,  Die  cchlcn  Perlen .,  Ein  Ueitrag  zur  Luxas - 
N*turtoiftl,n  '!,(*clu'ehte  derselben,  p.  t  (dans  les  Abhandl.  ans  dem  Gebiete 
*•  ~ 3 Tavemier  .8, 7!™’  Bambur9>  t.  IV,  1858,  in-**).  -  2  Arr.  Indica,  VIII, 
1  ^°L  XXVlli  ...  '  0,Jn9es  en  Turquie,  en  Perse  et  aux  Rides,  t.  II,  p.  339,  etc. 
’  —  6  Prov.  — 


15;  VIII,  H;  XX,  15;  XXXI,  10.  Le  terme 


temps  de  la  civilisation  hellénique,  celles  de  Schliemann, 
par  exemple,  ne  contenaient  point  de  perles  au  milieu 
des  grains  ou  coulants  d’or,  d’electrum,  d’argent,  de 
gemmes,  de  pâles  vitreuses  et  même  d’ambre  qu’on  a, 
au  contraire,  recueillis  en  abondance,  comme  éléments 
de  colliers  ou  de  pendants  d’oreilles7.  Le  premier  qui 
mentionne  les  perles  et  les  pêcheries  de  perles  est  Théo¬ 
phraste,  disciple  d’Aristote  :  au  milieu  de  fables  sans 
portée,  il  dit  que  cet  ornement  des  colliers  se  trouve  dans 
un  coquillage  de  la  mer  des  Indes  et  de  la  mer  Érythrée®. 
Le  nom  grec  de  la  perle,  [2.7.pyapo;,  gapyocpirq,  viendrait, 
d  après  Lassen,  l’ott  et  d'autres  indianistes,  du  sanscrit 
mangara 9.  Les  extraits  de  Néarque,  conservés  par 
Arrien,  mentionnent  aussi  les  pêcheries  de  l’huître  per¬ 
lière,  dans  le  golfe  Persique10.  Dans  le  Périple  de  la  mer 
Érythrée,  il  est  raconté  que  dans  la  baie  de  Colchos,  à 
Argalos,  on  exécutait  des  broderies  en  perles".  S'il  faut 
en  croire  Philostrate12,  les  plongeurs  de  ces  mers  avaient 
1  art,  repris  par  les  modernes,  de  provoquer  la  formation 
des  perles  en  ouvrant  et  en  perçant  les  coquilles, 
mais  son  récit  est  mêlé  de  détails  invraisemblables. 

Les  bijoux  grecs,  lydiens,  cariens,  phéniciens,  cypriotes, 
étrusques,  carthaginois,  anlérieursàl’époque  d'Alexandre 
et  découverts  dans  tout  le  bassin  méditerranéen,  ne 
comprennent  pas  la  perle  naturelle  parmi  leurs  éléments 
décoratifs:  on  n’y  rencontre  que  des  perles  de  métal 
précieux,  de  pierres  dures  ou  de  verre13.  C’est  seulement 
après  la  conquête  de  l’Orient  par  Alexandre  que  le  luxe 
des  perles  envahit  le  monde  hellénique,  et  cette  mode 
atteignit  son  apogée  en  Égypte  sous  les  Ptolémées. 
L’hypogée  que  Cléopâtre  s’était  fait  construire  était  garni 
de  perles  et  de  pierres  précieuses 1 4,  et  Pline  nous  apprend 
que  cette  fastueuse  reine  possédait  les  deux  plus  grosses 
perles  qu’on  eût  jamais  vues  :  elle  les  tenait  de  rois  de 
l’Orient  qui  se  les  étaient  passées  de  père  en  fils15. 

A  Rome,  le  goût  des  perles  dans  la  parure  se  développa, 
dit  Pline,  au  temps  de  Sylla,  c’est-à-dire  après  la  conquête 
de  la  Grèce.  Le  naturaliste  romain  met  les  perles  au 
premier  rang  de  tous  les  joyaux;  il  sait  qu’on  les  pèche 
dans  1  Océan  indien  et  sur  la  côte  d’Arabie,  dans  le  golfe 
Persique16.  Les  fables  puériles  qu’il  raconte  sur  la  for¬ 
mation  des  perles  et  la  manière  de  les  pêcher,  sont 
répétées  par  Solin,  Élien  et  quelques  autres  17.  On  pêchait 
également  l’huitre  perlière  dans  la  mer  Rouge,  ainsi  que 
sur  les  côtes  de  l’Acarnanie,  de  la  Thrace,  de  la  Mauré¬ 
tanie  et  de  la  Bretagne18.  Les  poètes  désignent  parfois 
les  perles  sous  le  nom  de  bacae l9.  Les  plus  belles  et  les 
plus  grosses  s’appelaient  uniones  (sans  pareilles);  on 


pour  désigner  la  perle  dans  ces  passages  bihliipies  a  donné  lieu  ides  iulerprélations 
différentes.  —  S  H.  Weiss,  Kostümkunde,  p.  Ai  ;  K.  Môbius,  Dp.  cit.  p.  4  ;  G.  Perrot 
et  Chipiez,  Uist.  de  l'art  dans  l'antiquité,  t.  II,  p.  708  ;  I.ayard,  ûiscoveries  iu 
the  ruins  of  Nineveli  and  Babylon,  p.  597  ;  J.  de  Morgan,  Mémoires  de  la  délé¬ 
gation  en  Perse,  t.  I,  Rech.  archéol.  I rc  série,  Pouilles  à  Suse  de  1897  à  1899, 
p.  121 .  —  7  Voir  par  exemple,  Schliemann,  /lios,  trad.  Eggcr,  p.  620,  622  ;  Tirynthe, 
p.  76,  164,  352,  Perrot  et  Chipiez,  Op.  L,  t.  VI,  p.  943  et  suiv.  —  8  Theophr. 
De  lapid.  p.  396  (éd.  Heiusius);  cf.  Athen.  Deipnos.  III,  45  et  suiv.;  III,  93  et  94 

(éd.  Meineke).  —  9  MSbius,  Op.  cit.  p.  5.  —  1®  Arr.  Indica,  XXXVIII,  3. _ il  A  no». 

Peripl.  mar.  Eryth.  59  ;  cf.  Ch.  de  Linas,  Les  origines  de  l'orfèvrerie  cloisonnée, 
t.  III,  p.  61.  —  12  Philos tr.  V.  Apoll.  III,  57.  —  13  Voir,  par  exemple,  Perrot 
et  Chipiez,  Hisl.  de  l'art,  t.  III,  p.  818  et  passim  dans  les  volumes  suivants. 

—  14  Plut.  Ant.  9G.  —  t»  Plin.  Hist.  nat.  IX,  58.  —  16  Ibid.  IX,  54.  _ 17  Soliu. 

54,  ad  fin.  ;  Aelian.  Nat.  anim.  XV,  8.  —  18  Plin.  IX,  56  ;  Solin,  L.  c.  ; 

Aluni.  Marcel).  XXIII,  6;  S.  Micron.  De  virg.  sera.  Ep.  130,  7.  _  19  Hor. 

Sut.  il,  3,  241;  Ovid.  Metam.  X,  264;  d  où  le  nom  de  quadribacium  donné  à 
la  réunion  de  quatre  bacae  ou  de  quatre  rangées  de  perles,  Hübncr,  Ornamenta 
muliebria,  in  Hernies ,  I,  p.  346,  350  ;  voir  aussi  Petron.  ;  «  margarita  eara  Iri- 
baca  indica  ». 


—  1590  — 


.A  Il 


donnait  le  nom  d  elenchi  à  celles  qui  étaient  piriformes, 
celui  de  crotalia  à  celles  qui,  groupées  par  le  bijoutier 
à  l’aide  de  petites  chaînettes,  imitaient  en  se  heurtant  le 
bruit  des  castagnettes  pour  l’oreille  à  laquelle  elles  étaient 
suspendues  On  en  estimait  aussi  la  couleur,  et  il 
semble  que  les  perles  les  plus  appréciées  aient  été  celles 
qui  avaient  une  blancheur  parfaite2.  On  savait  les  per¬ 
cer  pour  les  suspendre  en  pendants  d’oreilles  ou  les 
cnldtM-  en  chapelet  comme  grains  de  colliers  ;  le  collier 
simple  avait  le  nom  de  tnonile ;  celui  qui  était  à  double 
rangée  [linea,  linum,  filum)  de  perles  s’appelait  dili- 
n"n '  î  celui  9ui  avait  trois  rangs,  était  le  trilinam3. 
On  embatait  parfois  les  perles  dans  des  alvéoles  sur  les 
parois  des  produits  les  plus  précieux  de  la  bijouterie  ; 
un  les  cousait  sur  les  tissus.  Les  anciens  savaient  aussi 
les  scier  en  deux  parties  pour  enchâsser  chaque  hémi¬ 
sphère  sui  le  métal.  La  perle  était  traitée  comme  une 
gemme,  et  Isidore  de  Séville  la  définit  encore  :  prima 
candidarurn  gemmarum  *. 

Cicéron  reproche  à  Verrès  d’avoir  fait  main  basse  en 
Sicile  sur  toutes  les  gemmes  et  sur  toutes  les  perles  5. 
Jules  César  consacra  à  Vénus  Genitrix  une  cuirasse 
constellée  de  perles  de  Bretagne6.  Néron  poussa  la  folie 
jusqu’à  garnir  d'uniones  des  lits  qu’il  emportait  en 
'  a^i.  .  Sur  Ils  murs  de  sa  maison  dorée  la  nacre  de 
P*  i  lt  unionum  conchis)  et  les  pierres  précieuses 
étaient  partout  mêlées  à  l’or8.  Lollia  Paulina,  femme  de 
Caligula,  était  couverte  de  perles  et  d’émeraudes,  parure 
evaluee  à  40  millions  de  sesterces9.  Les  dames  romaines 
avaient  des  perles  sur  leurs  vêtements,  à  leurs  colliers 
a  leurs  épingles  de  cheveux,  à  leurs  diadèmes,  à  leurs 
pendants  d  oreilles  et  jusque  sur  leurs  chaussures  ;  les 
courroies  de  leurs  crepidae  en  étaient  ornées  ;  ce  luxe 
prit  les  proportions  dune  passion  désordonnée  contre 
laquelle  fulminent  les  moralistes10.  Les  Perses,  au  temps 
de  Julien  l’Apostat,  portaient,  comme  les  matrones  ro¬ 
maines,  des  colliers,  des  pendants  d’oreilles  et  des 
bracelets  enrichis  de  perles  et  de  pierreries11.  Le  mot 
margarita  était  employé  hyperboliquement  pour  dési¬ 
gner  tout  ce  qu'on  avait  de  plus  cher  au  monde,  un 
enfant  préféré  par  exemple12.  Sur  la  valeur  des  perles 
et  ceux  qui  ne  la  savaient  pas  apprécier  on  connaît  le 
mot  proverbial  et  souvent  cité  de  saint  Mathieu13  :  Neqae 
mütatis  margaritas  vestras  ante  porcos. 

Il  nous  est  parvenu  un  très  grand  nombre  de  bijoux 
romains  dans  l’agencement  desquels  entrent  des  perles  : 
ce  sont  le  plus  souvent  des  colliers,  des  pendants  d’oreilles, 
des  ornements  pour  les  cheveux.  Il  serait  superflu  d’en 
citer  des  exemples  ;  tous  les  grands  musées  en  possèdent14. 

On  décorait  de  perles  jusqu’aux  statues15.  Latiaredes  rois 

flp  Pline  r»  A  toit  J  „  li  •  i 


MAR 


de  Perse  était  ornée  de  multiples  rangs  de  perles 


16 


il 


1  Plin.  IX,  54et5G;Senec.  De  benef.  VII,  9;  Dig.  31,  2,  G  ;  Juven.  VI, 439.  -  2  plin. 
,  5G:«  Summa  laits  coloris  est  eraluminatos  vocari  »;  cf.  Môbius,  On.  cit.  p.  6. 
-  -‘Saumaise,  A  cl  script,  hist.  Aurj.  éd.  IG20,  p.  255;  Casaubon,  Ibid.  p.  187 

,  DS'd'  XVI»  10-  ~  '  Cic-  Verr ■  VI,  I.  _  6  Plin.  ]X>  57;  Sol  in.  54. 

'  Plin.  XXXVII,  G.  —  8  Sud.  Nero,  3).  _  9  pi;n.  IX,  58.  _  )0  p]in  L  c  . 

4m  *T°n-  °Cvv'7'  Ep-  ,3°’  7  Ct  ,07’  5:  Tcrtu11-  De  eullu  fem-  13  ;  Martial.’ 

il;  XX  m«  .Jn  ’  4ft’ ê  2  :  cr'  c,‘- de  Linas’ 0p- cil- 1 ■  '  p- ,C7-  - 11  Am"’- 
.iarc.  aaiii,  g  _  12  Dans  une  inscription  publiée  par  Fabrdti,  p.  44,  n»  253,  le  mol 

27.T0  3  ,mêm,e  Se,1?  :  Bruttidio  juveni  margaritioni  carissimo,  vixit 

cordon  d  "T  l  ’  dielUS  XVI11-  ~  '3  V"’  U  Voir-  entre  autres,  un 

VI  ni  ’  P  rS’  Ann ■  d ■  Instit-  ,840’  tav-  B-  12  et  Caylus,  Dec.  d'antiq. 

,  pi.  I.XXXT,,  G.  -  15  Corp.  mser.  lat.  t.  II,  n»  3386  ;  Hübner,  Loc.  cit.  ;  Edm.  Le 

filant,  ,50  mscnpt.  de  pu erres  gravées,  p.  3.  -  16  Imhoof-Blumer,  Portrâtkôpfe 
auf  antiken  Munzen,  pi.  vu,  fig.  12  et  suiv.  -  n  Eug.  Fontenay,  Les  bijoL 
anciens  et  modernes,  p.  12t.  _  .8  Orolli,  2828  =  Corp.  inscr.  lat.  VI,  7884- 


commença  à  en  être  de  même  du  dhdi™ 
partir  de  Caracalla  [diadema,  et  fig.  ooxai  ".l'  lmP<H*tl  ; 
le  plus  ordinaire  après  Constantin-  J\Ce  fullW 


la 

■sur  |es 


difficile  de  dire,  d’après  les  effigies  monétl  -1’  Ü  « 
bules  dont  le  diadème  impérial  est  orné  son!  T’  lcsgl°' 
perles  ou  des  pierres  précieuses  :  c’étnii  1  7  rital)Ies 
un  agencement  des  unes  et  des  autres  \  ■  Probablementi 
tude  règne  sur  la  nature  de  la  décoratioiT^  'llCerli- 
lolc  el  du  buste  de  l'impératrice  TheodtC  i  * 
célébrés  mosaïques  de  Saint-Vital  de  Ra,e„„  “il 

Dans  les  grandes  maisons  romaines,  le  soin 

!er  et  de  bmtérieur  des  appartements  était 

I  atnensis,  intendant  qui  avait  sous  ses  ordèl  *  à 

tam  nombre  d'esclaves  inférieurs,  au  nombre  de?  T 
figurait  le  surveillant  ad  margarita  c’est  -ï  r  , qU6s 
dien  des  perles  et  joyaux  18.  d'd're  le  H 

Le  commerce  des  perles  à  Rome  étaii  ; 
flufil  formait  la  corporation  des 
officinae  margantariorum  étaient  installées  SUP  1 
Forum,  dans  le  voisinage  des  tabernae  argentame- 
il  y  en  avait  aussi  sur  la  voie  Sacrée15.  D'ailleurs  lÀ 
mot  margaritarius  ne  désignait  pas  seulement  ie 
joailliers,  marchands  et  monteurs  de  perles,  il  s’apt.li  1 
quait  aussi  aux  pêcheurs  et  aux  gardiens  des  joyaux  et  ■ 
bijoux  perlés20.  E.  Babelon. 

MARICA.  —  Divinité  qui  figure  dans  les  traditions 
primitives  de  Rome  et  du  Latium,  comme  amante  de- 
Faunus  et  mère  par  lui  du  roi  Latinus1.  Elle  était  parti¬ 
culièrement  vénérée  à  Minturnes,  en  Campanie,  où  elle  I 
avait  un  temple  et  où  l’on  montrait  même  son  tombeau2;  I 
mats  on  trouve  des  traces  de  son  culte  à  Pisaurum,  en 
Ombrie,  et  peut-être  à  Laurente,  sur  la  côte  du  Latium 
septentrional3.  Le  temple  de  Minturnes  était  bâti  non 
loin  de  la  mer,  sur  les  bords  du  Liris  qui  s’y  perd  dans 
un  xaste  marécage;  tout  auprès  était  un  sanctuaire  de 
Vénus,  invoquée  sous  le  vocable  de  jRdvna/ce  qui  fut 
cause  que  Marica  fut  quelquefois  confondue  avec  cette 
déesse  *.  Le  bois  sacré  qui  entourait  ces  sanctuaires  avait 
cette  particularité,  d’ailleurs  commune  à  d’autres  lieux 
où  1  on  vénérait  des  divinités  silvestres,  que  ce  qui  y 
était  une  fois  entré  n’en  devait  plus  jamais  sortir5. 
Marica,  le  temple  et  les  marais  voisins  devinrent  célèbres 
par  le  refuge  qu’y  chercha  Marius  poursuivi  par  les 
Syllaniens.  Lorcju’en  87  le  grand  homme  rentra  victorieux 
dans  Rome,  il  fit  peindre  son  aventure  et  fit  hommage 
de  la  peinture  au  temple  de  Marica6. 

II  est  vraisemblable  que  Marica,  ainsi  que  l’indique 
son  nom,  est  une  personnification  des  accidents  topogra¬ 
phiques,  peut-être  de  leurs  rapports  avec  la  santé,  tris 
qu’ils  résultent,  au  voisinage  de  la  mer,  de  la  formation 
des  marécages,  quand  les  eaux  douces  du  continent  se 


_  19  Voir 


cf.  J.  Marquardt,  La  vie  privée  des  Do  n.  trad.  Vigié,  t.  I,  p.  1 00. 
l’épitaphe  funéraire  de  Tutieliylas,  qui  fuit  margaritarius  (Orolli,  40, b)  d  : ^  ^ 
inscriptions  :  Corp.  inscr.  lat.  VI,  G4I,  1925,  5972,  9544  à  9549  ;  X,  6492  ;  d- 1 '■ 
Linas,  Op.  cit.  t.  I,  p.  199.  —  20  Celeutbus  Liriae  margaritarius,  Inscr.  U»"  j 
ratori,  892,  2  ;  Cruter,  1  11  G,  9.  qlrtb. 

MARICA.  1  Virg.  Aen.  VII,  47,  ct  Serv.  Ad  h.  I.  ;  cf.  XII,  164.  0 

V.  G,  p.  321  ;  PorphjT.  Hor.  Od.  III,  17,  7;  Lucan.  Il,  424  cl  le  Scliol..  ' 

30,  8,  avec  les  commentateurs,  ct  XIII,  83;  Vib.  Seq .  s.  v.  Liris,  Marica.  ^  ^ . 

inscr.  lat.  I,  175.  -  4  Hor.  Od.  I.  c.  :  innantem  Maricae  littoribus- 

Serv.  Aen.  XII,  1G4.  Le  texte  de  Servius  porte  généralement  X'11- 

k  ru  i  lUnr  39  Voir,  P0111 

AtPOAITHE,  qu'il  faut  lire  :  nONTIU  A<l>POAITU.  -  5  Plut.  Mai.  ■  ■  utire 
la  particularité  curieuse  citée  par  Plutarque,  l’inscription  relative  J  "J  XXVII> 
de  Silvanus,  Orelli,  Inscr.  1015.  —  C  Id.  37-39  ;  Vcll.  Pat.  Il,  19,  2.  Tito- p’ol.|ance 
37,  2,  parmi  les  prodiges  de  l’an  207,  avait  déjà  cité,  cc  qui  P10"'*  1 

du  culte  de  Marica  à  Minturnes  :  lucum  Maricae  ...  de  caelo  tuch 


MAR 


—  i:;97  — 


MAR 


m'irais  salants1.  Pisaurum  et  Laurente  sont 
iw|Ui  ,  j„„s  ]es  mêmes  conditions  que  Minturnes. 

3  divinité  maritime  qu’elle  futidentiliée, 


à  cet  égard  dans 


IL 

C’esl. 1  v'.'c  Vénus,  tantôt  avec  Circé,  la  légende  de  la 
tB"ll!1.-.'niie  jouissant  sur  la  côte  des  Aurunces,  jusqu’au 

'ïïï  dii  cap  qu'  Porte  son  nom>  d’une  grande  popularité2. 
“1‘ nivsse  on  peut  expliquer  comment  elle  fut 

Par  Circé  ei  t  i 

r  Mi\  fables  sur  les  origines  de  la  nation  romaine. 
Hlradition  hésiodique  faisait  d’Ulysse  le  père  de  Latinus, 
'ios  cl  de  Télégonos,  rois  des  Tyrrhéniens,  et  de 
;  leur  mère3.  A  celle-ci  se  substitua  Marica,  divinité 


lD 

Circé 

indigène, 


L  Ulysse  fut  supplanté  par  Faunus,  ce  qui 
mena  à  considérer  Marica  .elle-même  comme  une  doublure 
de Fauna  ou  Bona  Dca.  Sur  la  ciste  prénestine  que  nous 
avons  discutée  à  l’article  latinus  (p.  981),  on  a  cru  recon¬ 
naître  Marica  dans  la  divinité  féminine  qui  fait  pendant 
à Juturna  et  parle  à  l’oreille  de  Latinus4.  J. -A.  Hild. 

MVIt.MOR.  Màpgapoç.  Marbre.  —  Les  anciens  avaient 
beaucoup  écrit  sur  les  minéraux;  ce  sujet,  auquel  a 
touché  Théophraste1,  fut  repris  à  l’époque  alexandrine 
parles  auteurs  de  traités  sur  les  Pierres ,  tels  que  Sotakos 
et  Sudines 2  ;  il  est  vrai  qu’ils  semblent  avoir  étudié  plus 
particulièrement  les  pierres  précieuses;  cependant  il  est 
possible  qu’ils  eussent  consacré  une  section  aux  marbres 
proprement  dits,  si  l’on  en  juge  par  le  livre  XXXVI  de 
Pline  l’Ancien,  où  sont  résumés  leurs  travaux  souvent 
mêlés  de  beaucoup  de  fables3.  Au  viic  siècle,  Isidore  de 
Séville  a  écrit  un  chapitre  de  Marmoribus  d’après  des 
sources  antiques,  parmi  lesquelles  il  faut  peut-être  ranger 
les  Prêta  de  Suétone  4. 

;  Chez  les  Grecs,  l’emploi  du  marbre  dans  la  sculpture  a 
Commencé  de  très  bonne  heure.  Suivant  Pline,  il  daterait 
des  premières  Olympiades,  c’est-à-dire  de  l’an  775  en¬ 
viron  .  Les  récentes  découvertes  de  l’archéologie  ont 
permis  de  déterminer  avec  plus  d’ordre  et  de  précision 
les  origines  de  cette  partie  de  la  technique.  Il  est  établi 
aujourd  hui  que  les  marbres  des  Cyclacles,  notamment 
ceux  de  Paros  et  de  Naxos,  furent  mis  en  œuvre  dès 
1  époque  dite  mycénienne  pour  fabriquer  des  idoles  et  des 
vases  grossiers,  que  l’on  taillait  sur  place  et  qu’on  expé- 
diail  ensuite  dans  la  Grèce  continentale;  on  en  a  trouvé 
i  meme  a  Troie.  Ce  ne  sont  là  que  des  essais  informes  ; 
mais  ils  ont  duré  plusieurs  siècles  et  nous  font  pénétrer 
uen  au  delà  de  l’ère  des  Olympiades6.  En  revanche, 
lne  s  os*-  trompé  dans  le  calcul  des  dates  quand  il  place 
au  d<  but  du  vin®  siècle,  et  dans  l’ile  de  Chios,  les  premiers 
soi  pleurs  qui  aient  laissé  un  nom7.  C’est  en  réalité  à 
^  ni  du  vip  siècle  que  l’on  a  commencé  à  tailler  dans 
I2']m  de  véritables  œuvres  d’art,  et  la  plus  ancienne 
L  /’  "u  au  moins  une  des  plus  anciennes,  dont  Pline 
1WI  1  pas,  naquit  au  milieu  des  Cyclades,  dans  l’île  de 

p.  83o  et  su  i  v  ' f  *  p*  ° ' al ioils  diverses  données  par  Klausen,  Aeneas  und  die  Penciten, 
Rosclicr  Jrrii  1  c^er“^orrïan,  Roem.  Myth.  I,  380;  412  et  ReifFerscheid,  chez 
jtoirServ.  y  r  ^  II»  2373  et  suiv.  (art.  de  Peter).  —  2  Pour  Vénus, 

Tlieog,  loi|-,,|  ^°U1  Lact.  I,  21,  23,  et  Serv.  Aen.  XII,  1G4.  —  3  Hesiod. 

1°  culte  de  iMar  ATIXUS’  P*  980,  et  les  textes  cités.  —  4  On  a  cru  pouvoir  signaler 
toais  les  inscri  il ^  a'^0,UPs  fIu  au  ^°r(^  de  la  mer,  à  Tortona  et  sur  le  mont  Cassin  ; 

MARMon  i  j|01?  0Ù  °^e  ®8l,re  sont  Fausses  ( Corp .  inscr.  lat.  V,  7303  ;  X,  04-7). 
Aristote  ;  (]c  ^j(1i  ^  et  avant  lui  Platon  ( Timée  p.  58  D-G1  C)  et  pcut-ôlrc 
P-  >03;  ie  r  .  J  \  ^  1,1,011  et  l'origine  des  minéraux ,  Revue  de  philologie  1001, 

Oesch  7  «'Avise  '  ' 

xvv’1.r:ec,t-  Li‘"r.  in 


“'•XXXVI, , 
XVI 


d  Aristote,  Rev.  des  études  gr.  1894,  p.  181. —  2  Susemihl, 
'dtei .  in  d.  Alexandr.  Zeit,  I,  p.  850  à  8G7.  —  3  Plin.  Hist. 

. B, .  ^  /  ■  a  llne  Irace  de  ces  fables  dans  Stat.  Silv.  i,  5,  37.  —  4  Isid. 

*'•  rwi.  Litter  r!  V, sur .Suétone,  p.  3^8-329,  rapproché  de  Teuffcl,  Gesch. 
^anssos Akad  Abh''~'  '  ^rnsl  von  La  Saul*,  Die  Géologie  d.  Griech.  u.  Rôm. 

y  I  *  Rogensburg,  1854,  p.  1-44;  Lenz,  Minéralogie  d.  Griech. 


Naxos,  célèbre,  presque  à  l’égal  de  Paros,  sa  voisine, 
par  ses  beaux  marbres8. 

L’architecture  mit  plus  de  t«mps  à  adopter  celle  ma¬ 
tière9.  Jusqu’à  la  fin  du  vic  siècle  les  monuments  publics 
eux-mêmes  furent  toujours  construits  en  tuf  calcaire. 
A  cette  époque  on  commença  «  à  tirer  parti  du  marbre, 
tout  au  moins  dans  certaines  parties  de  l’édifice,  sur 
lesquelles  se  portait  tout  naturellement  l’attention.  Parmi 
les  débris  des  temples  que  Pisistrate  et  ses  (ils  avaient 
élevés  sur  l’Acropole  d’Athènes,  on  trouve  à  l’état  de  frag¬ 
ments  des  cimaises  et  des  larmiers,  qui  sont  faits  soit  de 
marbre  du  Pentélique,  soit  d'un  marbre  à  gros  grain  que 
fournissent  Paros  et  Naxos.  C’est  aussi  dans  ce  marbre 
des  îles  qu’ont  été  taillées  des  tuiles,  qui  ont  été  trouvées 
avec  ces  morceaux  de  corniche  et  qui  ont  dû  former  la 
couverture  de  ces  mêmes  édifices10  ».  Après  les  guerres 
médiques  commencent,  à  Athènes,  les  grands  travaux  de 
restauration  et  d’embellissement;  c’est  alors  que  pour  la 
première  fois  on  construisit  des  monuments  publics  en 
blocs  de  marbre  et  qu’on  mit  largement  à  contribution 
les  carrières  de  l’Attique.  Cependant  une  matière  si  coû¬ 
teuse  n’entrait  point  encore  dans  Ja  décoration  des 
demeures  privées,  dont  l’extrême  simplicité  contrasta 
longtemps  avec  la  puissance  et  la  grandeur  de  la  nation 
[domus].  Vers  le  temps  d’Alexandre 11  on  commença  à 
faire  cas  des  marbres  de  couleur,  des  marbres  veinés  et 
tachetés;  Ménandre,  «  très  fidèle  peintre  du  luxe  »,  par¬ 
lait  de  ce  goût  nouveau  dans  plusieurs  passages  de  ses 
comédies 12.  On  les  rechercha  avec  une  curiosité  toujours 
croissante  après  la  conquête  macédonienne,  au  me  et  au 
11e  siècle,  lorsque  l’Asie  et  l’Afrique  mieux  connues 
envoyèrent  avec  plus  de  facilité  leurs  richesses  natu¬ 
relles  sur  les  marchés  du  monde  hellénique.  On  peut 
considérer  comme  probable  que  les  Alexandrins  contri¬ 
buèrent  beaucoup  à  développer  le  trafic  des  marbres 
rares.  Chez  les  Romains,  nous  en  pouvons  suivre  les 
progrès  pas  à  pas;  au  temps  du  vieux  Caton,  quelques 
riches  personnages  possédaient  déjà  dans  leurs  habi¬ 
tations  de  la  ville  et  de  la  campagne  des  pavements  en 
marbre  de  Numidie  importés  par  les  Carthaginois  et 
appelés  pour  cette  raison  «  pavimenta  poenica  »,  mais 
aussi  faisaient-ils  scandale13;  il  faut  aller  jusqu'à  l’an 
146  u,  et  même,  suivant  d’autres,  jusqu’à  l’an  103  13  pour 
voir  le  marbre  entrer  dans  la  construction  ou  la  déco¬ 
ration  des  édifices  publics.  Encore  est-il  probable  que 
les  colonnes  et  autres  pièces  affectées  à  cet  usage  étaient 
des  dépouilles  de  la  Grèce,  que  des  généraux  romains 
transportèrent  toutes  taillées  dans  la  capitale.  Quand  l’ora¬ 
teur  Crassus,  consul  en  95,  fit  placer  dans  sa  maison  six 
colonnes  en  marbre  de  l’Hymelte,  ce  fut  un  événement16. 
Mais  son  exemple  fut  bientôt  suivi  et  dépassé  ;  à  la  fin  de 

u.  Rôm.  Golha,  1  SG  1  ;  J.  Schwarcz,  Géologie  des  Grecs  avant  Alexandre,  Londres, 
1862;  Nies,  Die  Minéralogie  des  Plinins ,  Mayence,  1884.  —  8  plin,  XXXVI,  11. 
—  6  Ducmmler,  Athen.  Mitth.  1886,  p.  35-36;  Perrot,  Hist.  de  l’art,  VI,  p.  733- 
741,  909.  —  7  Plin.  XXXVI,  9-12.  —  8  Ovcrbeck,  Griecli.  Plastik,  14,  p.  85. 
Collignon,  Hist.  de  la  sculpt.  gr.  I,  p.  129-133,  a  passé  en  revue  les  ouvrages  de 
celte  école  naxienne.  Les  marbres  des  œuvres  d’art  que  mentionne  Pausanias  sont 
énumérés  par  Schubart,  Rhein.  Mus.,  N.  F.  XV  (1861),  p.  85.  —  9  Des  pierres 
de  couleur  ont  été  trouvées  dans  les  monuments  mycéniens.  Il  est  très  douteux 

que  ce  soient  des  marbres;  Perrot,  Hist.  de  l'art,  VI,  p.  477,  note  1.  _ 10  Anlik. 

Dcnkm.  d.  arch.  Inst.  I,  pl.  xxxvm  et  l;  Lcpsius,  Marmorstud.  p.  123;  Perrot, 
O.  L,  VII,  p.  320.  —  n  Avant  cette  date  des  échanges  de  marbres  entre  la  Grèce  et 
l’Égypte  (Plin.  XXXVI,  86;  Iîruzza,  L.  c.  p.  158)  sont  tout  à  fait  improbables: 
Bliimner,  III,  p.  32,  note  5.  12  Plin,  XXXVI,  44,  où  sont  allégués  encore  d’autres 

faits  notables.  —  <3  Fest.  p.  242b,  17.—  14  Vell.  Pat,  I,  11,5.  —  1S  Plin.  XVII,  6; 
Jordan,  Vopogr.  d.  Stadt  Rom.  I,  p.  17.  —16  Plin,  XXXVI,  7  ;  Val.  Max.  IX,  1,  4. 

201 


MAR 


—  1598  — 


la  République,  Rome  comptait  plusieurs  édifices  où  l’on 
pouvait  admirer  le  même  genre  de  décoration1.  11  devint 
plus  commun  encore  sous  l’Empire,  après  qu’Auguste 
eut  fait  elever les  temples  de  Jupiter  Tonnant  et  d’Apollon 
1  alalin,  1  un  et  1  autre  entièrement  en  marbre2.  11  sub- 
."i>tt‘  actuellement  dans  la  ville  de  Rome  environ  neuf 
mille  fûts  de  colonnes  antiques,  les  uns  intacts,  les  autres 
plus  ou  moins  détériorés  ;  en  tenant  compte  de  tout  ce 
<l»>  a  été  exporté  ou  détruit,  M.  Lanciani  estime  qu’à  la 
fm  de  1  Empire  le  nombre  total  devait  être  à  peu  près  de 
cinquante  mille  3. 

Mais  ce  qui  charma  surtout  les  Romains,  ce  furent  les 
revêtements  de  marbre  appliqués  sur  les  murailles 
[rruslae);  de  là  une  industrie  florissante  qui  s’exerça 
sans  interruption  pendant  plusieurs  siècles.  11  n’est  pas 
douteux  quelle  venait  d’Asie,  où  elle  était  en  honneur 
depuis  longtemps.  A  Halicarnasse,  en  Carie,  on  mon¬ 
trait  encore  les  applications  en  marbre  de  Proconnèse, 
qui  ornaient  les  murs  du  palais  de  Mausole,  mort 
cil  .h>3  av.  J.-C.  Pline  lui-même,  qui  cite  le  fait,  se 
demande  si  l'invention  date  bien  de  cette  époque  *,  et  il 
est  possible,  en  effet,  qu'il  faille  remonter  plus  haut ». 

A  Rome,  le  premier  qui  revêtit  de  marbre  les  murs  de  sa 
maison  fut  le  fameux  Mamurra,  si  fort  maltraité  par 


MAU 


t.alulle  pour  ses  exactions  et  ses  prodigalités6.  Il  trouva 
bien  vite  des  imitateurs  chez  les  plus  illustres  citoyens, 
sans  doute  encouragés  par  Auguste  lui-même;  le  Pan¬ 
théon,  dédié  en  1  an  27,  offrait  sur  ses  parois  de  beaux 
spécimens  des  marbres  étrangers  \  et  l’on saitqu’Auguste, 
parlant  de  Rome,  se  vantait  d'avoir  fait  d’une  ville  de 
briques  une  ville  de  marbre  •;  sans  compter  les  monu¬ 
ments  nouveaux  construits  par  ses  ordres,  il  avait  fait 
recouvrir  d'une  parure  de  marbre  les  murs  des  anciens9, 
s  il  faut  en  croire  Pline10,  cette  forme  du  luxe  serait 
devenue  si  générale  qu’elle  aurait  de  son  temps  fait  tort 
a  la  peinture  murale  et  même  l’aurait  complètement  sup¬ 
plantée.  C  est  une  assertion  qui  ne  se  trouve  pas  justifiée 
a  Pompéi  ;  M.  Mau  n’y  a  observé  qu’un  très  petit  nombre 
de  revêtements  en  marbre,  et  précisément  dans  les  mai- 
h0ns  CIUI  paraissent  les  plus  anciennes11.  Ce  témoi¬ 
gnage  de  Pline  ne  peut  s’appliquer  qu’à  des  demeures 
pnncières,  auprès  desquelles  les  maisons  bourgeoises  de 
Pompé i  eussent  paru  bien  modestes.  Il  n’en  est  pas  moins 
Mai  que  jusqu  à  la  lin  de  1  Empire  la  passion  des  marbres 
subsista  aussi  vive  chez  les  Romains,  procurant  un  thème 
de  déclamations  faciles  aux  rhéteurs  moralistes,  d’ingé¬ 
nieuses  et  brillantes  peintures  aux  poètes  descriptifs12. 

Ce  que  nous  lisons  sur  ce  sujet  dans  leurs  écrits  est 
confirmé  par  les  découvertes  des  archéologues;  d'un 
bout  à  l’autre  de  l’ancien  monde  romain,  il  n’est  point 
d’édifice  de  quelque  importance  dont  les  ruines  n’aient 
livre  une  quantité  de  marbres  de  couleurs  différentes; 
parfois  même  des  fragments  sont  encore  adhérents  aux 
murs  ;  les  yeux  les  moins  exercés  sont  frappés  de  la 

JJvï'n  XfVI’  3’.  6'  W’  ”•  n  i-  -  2  pl">-  XXXVI,  50;  Serv.  ad  Virg. 

^  ^  xïîvf  «• ,H* -P’.,W-IWV3W'  -  * 

fi  r  v  F  aXXM,  47.  —  o  i>emper,  Der  Stil,  12,  p.  45G 

SûÏ'  rP  aP‘  ?"•  XXXV’’  48'  ~  7  °-  **»db.  d.  Archaeol. 

S  IJ.  b,  Gilbert,  Topoyr.  d.  Stadt  Itom.  III,  p.  iio.  -  8  Suel.  Oct  28  _  9 

*  [a.DS  ori"allon  du  voir  au  surplus  Plin.  XXXVI,  109-110  :  «  compulcl 

nr  'zzz  ■■  -  “  *.  -  ”  *««.  71 z 

<n  l’ompei,  Ml,,,  ,.ÏS, ‘ 

Me./.  III,  IS,  1  ;  Vilr.  vil  5  1  Sen  J  r  ,  ^  P'  “°-  ~  “  ^ 

2  ;  Epist.  LXXX  VI,  C  ;  CXI  v'  9  •  CX  V  y  |  p'i  *’  *1?  Senec-  De  bmef-  IV-  c> 

Sial  SV,.  I  s.  p „  ®>  Lu«an.  Phart.  X,  114;  Plin.  XXXVI,  1-3; 
but.  s, h.  I,  5,  Ep.ct.  Fragm.  »2;  Slob.  Floril.  XLVI,  82;  LXVII,  24;  Clem.  Alex. 


richesse  et  de  la  variété  de  ces  maté  •. 
apportés  de  contrées  lointaines,  et  leur  nr^^’  SOuveRt 

terrain  est  un  des  indices  les  plus  sûrs 
d’y  retrouver  des  vestiges  de  l’épotme  qU‘  Permelle"t 
marbres  destinés  à  cet  emploi  étaient  débité??!"6'  Les 
la  scie  en  plaques  de  O  m.  015  à  0  m  025  p  •'  d  aide 
les  sectores  serrarti  [serrarius]  ou  pari,.  b"' 

[marmorarhjs].  Pour  faciliter  le  travail  de 
dans  son  sillon  un  sable  fin,  qu’on  faisnii  ’  °njetait 
exprès  de  Naxos,  de  l’Égypte,  de  l’Éthiopie  «T  ^ 

1  Inde.  «  Plus  récemment,  dit  Pline,  on  a  trouvé  T,u 
non  moins  bon  dans  un  bas-fond  de  la  mer  \  ,  le 

qui  est  à  sec  à  marée  basse  seulement  ce  au  ^  1 
difficile  à  découvrir.  Au  reste,  la  fraude  des  ouvrièV'"'^ 
enhardie  a  scier  indifféremment  avec  toutes  sortes  d 
sable  de  riviere.  Très  peu  de  propriétaires  reconnu  d 
le  tort  qu’on  leur  fait  ainsi.  En  effet,  un  sable  plusgrôs 
produi  par  le  frottement  un  trait  plus  large,  usc 
de  marbre  et  laisse  plus  de  travail  '  *  ■  1 


•  ,  ,  -  faire  au  polissaae 

qui,  de  la  sorte,  enlève  aux  plaques  trop  d’épaisseur  On 
donne  le  dernier  poli  avec  le  sable  Ihébalque  etm*  „» 
sable  fait  de  la  pierre  poreuse  ou  de  la  pierre  ponce13.  „ 
Certains  amateurs  ne  se  contentaient  pas  d’appliquer  les 
marbres  tels  que  la  nature  les  leur  fournissait;  mais  sur 
le  revêtement  ils  faisaient  incruster  un  marbre  d’une  autre 
couleur,  taillé  en  forme  d’animaux  et  d’objets  divers- 
cette  invention  datait  du  principat  de  Claude.  Sous  Néron 
on  imagina  de  fabriquer  des  marbres  composites  par  un 
travail  de  marqueterie  analogue;  ainsi,  par  exemple,  sur 
un  fond  de  marbre  de  Numidie,  lequel  était  jaune  et 
veiné  de  rouge,  on  incrustait  des  fragments  d’une  autre 
vaiiété  offrant  des  taches  ovales;  ou  bien  on  rehaussait 
par  des  applications  de  marbre  rouge  le  marbre  blanc  de 
Synnada  l\ Aux  yeux  des  gens  sévères,  c’était  là  le  comble 
de  la  recherche  dans  le  luxe.  Au  contraire,  si  on  reculait 
devant  1  emploi  du  marbre  parce  qu’on  le  trouvait  trop 
coûteux,  on  pouvait  le  remplacer  par  du  stuc,  fait  avec  J 
de  la  chaux,  du  sable  et  de  la  poussière  de  marbre  (opus 
albarium );  à  Pompéi  notamment,  on  a  trouvé  sur  les 
murs  de  plusieurs  maisons  des  panneaux  de  stuc  qui 
imitent  manifestement  les  crustae  rnarmoreae  et  sont 
destinés  à  en  tenir  lieu  ;  aussi  suppose-t-on  que  ce  genre  ( 
de  décoration^  apprécié  surtout  par  les  gens  de  condition  j 
modeste,  a  dû  naître  après  l’autre. [paries]13. 

On  trouvera  à  l’article  metalla  tout  ce  qui  concerne 
le  travail  dans  les  carrières  et  le  personnel  qui  en  était  | 
chargé.  Une  fois  que  les  colonnes  et  les  blocs  de  marbre  I 
avaient  été  extraits  du  sol,  on  les  expédiait  dans  les  villes  I 
où  ils  devaient  être  mis  en  œuvre.  Si  le  trajet  pouvait  I 
s’exécuter  entièrement  par  terre,  on  les  chargeait  sui  j 
des  chariots;  Juvénal  a  décrit,  en  termes  plaisants, 
les  dangers  qu’ils  faisaient  courir  aux  passants  dans  les  I 
rues  de  Rome10.  Mais  bien  souvent  ils  devaient  traverser  I 
la  mer,  et  c.e  fut  même  le  cas  le  plus  fréquent  lorsqm  I 

Paedag.  III,  4,  p.  22  P;  Sid.  Apoll.  Ep.  II,  2;  Carm.  XXII,  1*0 1  D‘S- _Vi1,  I 

2,  13;  XIX,  1,  17,  3;  L,  16,  79,  §  2;  Hieron.  Ep.  130,  14;  Corp.  <»*']  “/  I 
III,  GG71;  Blümner,  II,  p.  183- 186.  Pour  l’époque  byzantine,  voir  Agal  lia  ^ ^  I 

3,  p.  284  et  surtout  la  description  de  Sainte-Sophie  de  Constantinopl<  I1 1  ^  I 

le  Silentiaire,  Descr.  S.  Sophiae ,  éd.  Bekkcr;  Marquardt-Mau,  \  ^  p>  ^  ^ 

Hom.  trad.  Henry.  II,  p.  2G7-268.  -  13  Plin.  XXXVI,  51-54;  cf.  BIiin’”erJ||i J  I 
p.  198.  On  a  trouvé  à  Pompéi  des  plaques  qui  n’avaient  pas  encou  ^  ^ 
en  place.  Overbeck-Mau,  Pompeii,  p.  133.  —  *4  Plin.  XXXV,  -• 


Wandbild.y  Rhein. 


p.  184-18G.  Helbig  Beitr.  z.  Erklüruny  d.  cainpan. 

XXV  (1870)  p.  397.  —  15  Mau,  Bull.  d.  Jst.  1878,  p.  241-254 
p.  G;  Gcsch.  d.  ducor.  Wandmal.  in  Pomp.  p.  7,  II.  Ih 
Tibull.  II,  3,  45.. 


Pomp 


Mm. 
Beih'- 
237  :  cf' 


MAR 


1599  — 


.MAR 


l’Italie  on  sc  fut  passionné  pour  les  marbres 
dan*  '  "  il  et  de  l’Afrique.  On  avait  construit  des  navires 
tout  exprès  pour  répondre  à  ce  besoin  *.  Nous 
anl"i  lV  •  les  obélisques  que  les  Romains  ont  enlevés 
Tn"l!'(iuels  monolithes  ils  pouvaient  faire  voyager 
h*  Méditerranée  *.  Lorsque  les  marbres  étaient  des- 
sur  '!  ,.qriitale,  le  navire  les  déposait  à  Osti'e,  à  l’em- 

lino  S  «  tar  '  *  i 


de  là  des  bateaux,  ayant  un  plus 


tines  s 

|,  .gloire  du  libre  . 

|blc  lirant  d’eau,  leur  faisaient  remonter  le  fleuve  jus- 
'  'à  Rome  ;  il  y  avait  une  corporation  d’ouvriers  spécia¬ 
lement  chargés  de  ce  travail,  le  corpus  (rajectus  marmo- 
[ rariorum3-  Des  blocs  trouvés  sur  la  rive  opposée  du 
libre ,  à  Porto,  près  de  Fiumicino,  prouvent  qu’il  y 
existait  aussi  un  dépôt,  le  long  du  port  de  TrajanL 
Ceux  qui  continuaient  jusqu’à  Rome  y  étaient  débar¬ 
qués  à  l’Emporium,  où  se  trouvaient  les  docks  ;  l'empla¬ 
cement  de  l’Emporium  est  parfaitement  connu  ;  il  était 
.  situé  au  sud  de  Rome,  dans  l’espace  compris  entre 
l'Aventin,  le  Tibre  et  le  mont  Testaccio  :  le  dépôt  des 
[marbres  occupait  la  berge  même  du  fleuve,  à  l’ouest  de 
l’Emporium5.  De  son  ancienne  affectation  ce  quartier 
I  avait  gardé  à  travers  tout  le  moyen  âge  le  nom  de  la 
Marmorata 0  ;  depuis,  on  en  avait  tiré  à  diverses  époques 


fig.  1833.  —  Emporium  des  marbres  à  Rome. 


es  marbres  d’Une  grande  beauté7;  en  1868,  des  fouilles 
éiioi'1'"  'rD,es  °nt  ramené  à  la  lumière  une  quantité 
PO,.;'1"  '^e  blocs  qui  gisaient  encore  sous  terre;  ils 
de|  n  '  'nscriptions  gravées  à  leur  surface  au  sortir 
prêtées  T| lère'  P'  ^ruzza  les  a  rassemblées  et  inter- 
tout  in  '  n>  "n  trava^  9U*  a  éclairé  le  sujet  d’un  jour 
n,m\eau;  elles  nous  font  connaître  le  nom  de  la 


1  Clin.  XXXVI  a 

il:Lelronne  II  ’  C''  4;  Pet|,on-  1 17.  -SPlin.  XXXVI, 69-74;  Amm.  Marc.  L,  17, 

ïv« marque^  Osf  ! !  L'  c '  P-  i3G-  ~  3  C-  «'«*«•.  lat.  XIV,  425.  -  4  Blocs 

SU-C.);  l.a'iiHaJ,01  *  Porto*  ,bid-  xlv.  ,65>  2011  à  2026,  4169  54174  (ans  82  à  133 
*  P0.iftor  ap.  ç  ■  'CS  4  nna^  d-  ht .  di  Borna,  1868,  p.  180  ;  inscription  fausse 

~  6  Document  de  !•  fll^s<ze,  31*.—  6  Lanciani, Forma  urhis  Bomae,  pl.  xi . 

1  daminio  Va.  I'"  ^ans  ^or<*an,  Topogr.  d.  Stadt  I)om,  II,  p.  317. 
M'Xell.  |,  p  (jj ,  .,  a'  -'remor.  95-98,  ap.  Nardini,  Borna  ant.  t.  IV,  p.  38;  Fea, 
P  *04 ;  llonzen  Ann  r  ^eschr.  d.  Stadt  Bom.  III  A,  p.  432;  Becker,  Handbueh , 
106  et  suiv  '  1  f'  d*  ^oma<  1843,  p.  333.  —  8  Bruzza,  Annali  d.  ht. 
Ce*0/'. p.  88-89.  _  ii  T~  BrUZZa’  c '  P-  ,38'  -  10  Hirschfeld,  Boem.  Verwalt. 

•snciani,  Bains  and  excav.  p,  533.  —  12  O.  Ricbter,  Topogr. 


carrière  d’où  chaque  bloc  a  été  tiré,  celui  de  l’empereur 
qui  en  était  propriétaire,  le  numéro  d’ordre  du  bloc,  la 
date  de  l’extraction,  etc.  L’ensemble  de  ces  documents 
nous  renseigne  de  la  manière  la  plus  précise  sur  l’admi¬ 
nistration  et  l’exploitation  des  carrières  impériales 
[metallaj  8.  Ils  s’étendent  sur  une  période  comprise 
entre  les  années  17  et  206  de  notre  ère  ;  nous  savons  que 
le  luxe  des  marbres  étrangers  a  commencé  plus  tôt  et  fini 
beaucoup  plus  tard 3  ;  mais  il  faut  supposer  que  ce  dépôt 
a  été  abandonné  pour  un  autre,  ou  enfoui  sous  terre  à 
la  suite  d’une  crue  du  Meuve  l0.  Il  est  probable  aussi  que 
les  blocs  découverts,  dont  quelques-uns  sont  restés  en 
place  depuis  le  Ier  siècle  sans  avoir  jamais  été  ulilisés, 
présentaient  des  défauts  qui  avaient  rebuté  le  sculpteur". 
La  figure  1833  représente  l'aspect  actuel  de  la  rive  de  l’Em¬ 
porium;  on  y  voit  taillées  dans  la  pierre  les  ouvertures 
circulaires  où  étaient  fixées  les  amarres  des  bateaux12. 

Un  second  dépota  été  trouvé,  en  1891,  à  l’autre  exfré- 
mité  de  la  ville  ;  il  était  situé  sur  la  rive  gauche  du  Tibre, 
un  peu  en  amont  du  pont  Saint-Ange  ;  on  en  a  exhumé 
les  restes  en  démolissant  le  théâtre  de  l’Apollo,  construit 
exactement  au-dessus.  On  y  voit13  un  môle  large 
de  14  mètres,  s’avançant  de  26  mètres  dans  le  lit  du 
Memre  et  formant  un  angle  de  40°  avec  .la  direction  du 
courant.  Au-dessous  du  môle  s’étend  de  chaque  côté  un 
terre-plein  protégé  par  une  palissade  de  pieux  en  chêne, 
longs  de  6  à  8  mètres  ;  ils  sont  armés  à  leur  extrémité 
inférieure  d’une  énorme  pointe  de  fer  et  s’engagent  les 
uns  dans  les  autres  sur  leurs  faces  latérales  de  façon  à 
former  une  muraille  de  bois  impénétrable.  Les  blocs  do 
marbre  étaient  débarqués  sur  les  terre-pleins,  hissés, 
avec  des  grues  sur  le  môle  et  de  là  poussés  à  l’aide  de 
rouleaux  jusqu’aux  chariots  qui  devaient  les  conduire  à 
destination.  Il  est  assez  probable  que  ce  port  a  été  ouvert 
plus  tard  que  le  port  du  Sud.  Lorsque  le  Champ-de-Mars 
s’est  couvert  d’édilices  somptueux,  on  a  trouvé  gênant  et 
même  dangereux  pour  la  sécurité  publique  de  faire  passer 
les  blocs  de  marbre  nécessaires  aux  constructions  nou¬ 
velles  par  les  rues  très  populeuses  des  bas  quartiers  avoi¬ 
sinant  le  forum  ;  il  a  paru  plus  simple  de  les  amener  par 
eau  jusque  sur  la  rive  du  Champ-de-Mars  lui-même  u. 

On  ne  croit  pas  que  l’administration  des  carrières 
impériales,  lesquelles  formaient  la  majorité,  fût  cen¬ 
tralisée  à  Rome  dans  un  service  distinct  metalla'. 
Elle  était  rattachée  à  l’administration  du  patrimoine 
impérial  ( ratio  patrimonii );  mais  sous  cette  réserve  on 
ne  saurait  douter  qu’elle  eût  à  Rome  même  un  bureau 
important  ( ratio  marmorum),  dont  la  fonction  propre 
était  de  veiller  à  la  réception  et  à  la  répartition  des 
marbres  envoyés  par  le  personnel  des  carrières.  Elle 
comprenait  des  comptables  chargés  des  écritures,  esclaves 
ou  affranchis  de  l’empereur  ( tabularii  a  marmoribus ), 
assistés  par  des  adjoints  ( optiones ,  adjutores),  et  ayant 
au-dessus  d’eux  un  procurator ,  qui  lui-même  était  géné- 

d.  Stadt  Bom.  2»  Ad.  1901,  p.  196;  Schneider,  Bas  alte  Bom ,  Leipz.  1896,  pl.  x-, 
n»  18.  Autre  vue  dans  Lanciani,  Ane.  Bom.  p.  250  ;  ld.  Bull,  comunal,  1891,  p.  23  et 
s.  Voir  encore  do  Rossi,  Bull.  di  arc  h.  crist.  1868,  p.  17,  47  ;  1870.  p.  7  ;  1873,  p.  1 17  ; 
1876,  p.  113;  1883,  p.  81;  Nardoni.  Bull.  d.  I st .  di  Borna,  1872,  p.  72;  Bruzza, 
Ibd.  1870,  p.  9,  37;  1871,  p.  68;  1872,  p.  134;  1873,  p.  108;  Bull.  d.  commise, 
munie ip.  di  archeol.  1886,  p.  34.  —  13  Lanciani,  Bains  and  excav.  p.  528,  fig.  203  ; 
Forma  urbis,  pl.  xiv;  cf.  Marchetti,  Bull.  d.  commiss.  municip.di  arch.  1891,  p.  45, 
pl.  ni  et  îv.  —  U  Sur  cctle  découverte,  voir  encore  Notizic  degli  scavi,  mai  1890  ; 
Lanciani,  Bull.  d.  commiss.  municip.  di  arch.  1891,  p.  23;  Hiilsen,  Mittheil.  d. 
kais.  Inst,  in  Bom ,  1892,  p.  322;  Azzurri,  Bull,  d.  commiss.  municip.  di  arch, 
1892,  p.  175,  pl.  ix. 


MAR 


1600  — 


râlement  un  affranchi  impérial  Le  bureau  des  marbres 
parait  avoir  été  partagé  en  deux  sections,  ayant  pour 
attributions  de  faire  construire  et  entretenir,  l’une  [ratio 
itrbica)  les  monuments  publics  de  la  ville  de  Rome  qui 
étaient  à  la  charge  de  l’empereur,  l’autre  ( ratio  douais 
Augusti)  les  palais  impériaux2.  Il  est  possible  qu’une 
partie  des  employés  fût  spécialement  attachée  à  l’Empo¬ 
rium  ;  mais  le  siège  principal  de  cette  administration,  la 
statio  marmonna 3,  se  trouvait,  suivant  toute  apparence, 
au  Champ-de-Mars,  à  peu  de  distance  du  port.  M.  Lan- 
eiani  1  identifie  avec  l’église  Sainte-Apollinaire4;  ainsi 
s  expliquent  très  aisément  les  découvertes  que  l’on  a  faites 
a  diverses  reprises  près  de  Sainte-Marie-de-l’Ame,  du 
théâtre  de  la  Paix  et  de  la  rue  du  Parione,  en  un  mot  dans 
tout  le  quartier  qui  s’étend  entre  le  port  et  Sainte-Apolli¬ 
naire;  on  y  a  trouvé  du  sable  pour  le  travail  de  la  scie, 
des  ciseaux,  des  marteaux,  des  éclats  de  marbre  et  des 
morceaux  dégrossis  qui  n’ont  pas  été  achevés.  Il  y  avait 
donc  la,  a  proximité  du  Tibre,  des  ateliers  et  des  magasins 
où  on  sculptait  les  marbres  livrés  par  l’administration  5. 

Il  s’en  faut  de  beaucoup  que  nous  connaissions  toutes 
les  espèces  de  marbres  employées  par  les  anciens  ;  parmi 
celles  que  mentionnent  les  textes,  il  en  est  qu’on  n’a  pu 
jusqu’ici  identifier,  et,  d’autrô  part,  les  fouilles  en  ont  fait 
découvrir  un  très  grand  nombre  dont  la  provenance  et 
les  noms  antiques  sont  inconnus.  Avec  des  échantillons 
recueillis  dans  le  sol  de  Rome,  les  marchands  de  curio¬ 
sités  composent  des  tables  en  marqueterie,  qu’ils  vendent 
aux  étrangers;  c’est  un  commerce  qui  dure  depuis  long¬ 
temps  sans  que  la  matière  fasse  jamais  défaut.  Beaucoup 
de  collections  d  étude  ont  été  formées  en  Italie  et  au 
dehors;  celle  de  PUniversité  de  Rome  compte  seize  cents 
pièces.  Une  des  plus  intéressantes  est  celle  du  Musée  de 
Bruxelles.  On  aura  une  idée  de  la  difficulté  que  pré¬ 
sente  le  classement,  quand  on  saura  qu’il  y  a  quarante- 
trois  variétés  de  marbre  gris0.  Le  meilleur  moyen 
d  arriver  a  des  résultats  précis  serait  d’étudier  chaque 
variété  au  microscope  et  d  en  faire  l’analyse  chimique.  Ce 
travail  a  été  exécuté  pour  la-Grèce  propre  par  M.  Lepsius  ; 
après  avoir  examiné  sur  les  lieux  mêmes  la  formation  géo¬ 
logique  des  marbres,  il  a  catalogué  les  œuvres  de  l’art 
antique  conservées  dans  les  musées  grecs  en  les  classant 
d'après  la  nature  du  marbre  dont  elles  sont  faites  7.  C’est 
une  méthode  qu’il  faudrait  étendre  à  toutes  les  parties  de 
l'ancien  monde.  Aous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  des 
développements  qui  sont  plutôt  du  domaine  des  sciences 
naturelles,  mais  leurs  observations,  auxquelles,  quand  il 
y  a  lieu,  nous  renvoyons  le  lecteur,  seront  pour  l’archéo¬ 
logie  le  guide  le  plus  sur. 

Aujourd’hui  on  appelle  marbre  un  carbonate  de  chaux 
cristallisé,  assez  dur  pour  recevoir  le  poli.  Les  anciens 
n’ont  jamais  attaché  un  sens  aussi  précis  et  aussi  cons- 

l  Corp.  inscr.  lat.  VI,  301,  410,  8482  à  8480;  cf.  111.  348;  Bruzza,  L.  c.  p.  122; 
Inscriptions  fausses  à  rejeter  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  falsae  684*,  1288*.  -  2  Benndoif 
Schocne,  Lateran.  Muséum,  p.  353-355;  Henzen,  Annali  d.  ist.  di  Homo, 
1843,  p.  340;  Wilmanns,  Inscr.  2771,  p.  1;  MafTei,  Mus.  Véron.  310,  7;  Bruzza! 

L.  c.  p.  125;  Hirscbfcld,  Boem.  Verwalt.  Gesch.  p.  87-88.  —  3  C.  inscr.  lat.  VI, 
410.  —  t  Lanciani,  Forma  urbis,  pl.  xv.  —  K  Lanciani,  Bull.  d.  commiss.  muni- 
cip.  1891,  p.  23;  Forma  urbis,  pl.  xiv;  Buins  and  excav.  p.  529.  —  6  Lanciani, 
Buins  and  excar.  p.  43.  —  7  Lepsius,  Griech.  Marmorstud.,  dans  les  Abhandl  d 
Akad  d.  Wissensch.  zu  Berlin,  1890.  11  convient  d'ajouter  cependant  qu'il  a 
eludie  surtout  les  marbres  statuaires,  qu'il  n’a  pas  visité  toutes  les  îles  et  que 
1  époque  romaine  est  restée  en  dehors  de  ses  recherches.  Les  conclusions  mômes 
sont  attaquées  par  Wasington,  Op.  cit.  Suivant  ce  géologue, des  marbres  statuaires 
,d  une  compost  lion  identique  se  rencontrent  dans  les  contrées  les  plus  éloignées 
les  unes  dps  antres  pl  par  conséquent  l'analyse  ne  peut  conduire  qu’à  des  hypo- 


MAR 

taul  aux  mots  ^pgapoç  et  marmor  ;  la  Dpinp. 
en  est  dans  l’état  rudimentaire  de  leurs  ,"Pu  °  cailse 
minéralogiques;  ils  confondaient  sous  lo  '  !,Unaissancjs 
minéraux  d’espèces  différentes,  parce  q  n°m  de1 

les  éléments  constitutifs».  Mipu«poç  dm«  u  D°raienl 
désigne  pas  autre  chose  qu’un  gros  bloc  T'  n« 
quoique  Pline  soit  d’une  opinion  contraire-  À 
classique,  on  appelait  encore  très  souvent  P°qUe 
blanche,  ÀtOoç  Asuxb;  »  le  marbre  blanc  enmln  ■  P'erre 
architectes  et  les  sculpteurs'1.  Même  les  autour'  P*  'Cs 
eu  soin  d’établir  une  distinction  entre  la  pierre  dT  °nl 
la  piet-t-e  de  taille  et  le  marbre»,  ont  classé  ^ 
marbres  des  minéraux  qui  ne  sont  nullement  ,|  “'  S 
caires13  ;  .1  „  est  pas  rare  de  voir,  par  exemple,  le  1„  i 
et  le  porphyre  appelés  marmora  [lapides1.  En  ne  r< 
durant  que  les  marbres  proprement  dits,  il  serait  encore 
impossible  den  donner  une  nomenclature  coriX'l 
meme  si  les  documents  positifs  ne  nous  faisaient  J 
defaut.  Pline,  qui  en  était  mieux  pourvu  que  nous  -, 
reculé  devant  cette  tâche  :  «  Les  variétés  et  les  couleurs 
dit-il,  sont  en  si  grande  quantité  qu’il  n’est  pas  facile  dè 
les  énumérer  toutes  ;  quel  est  le  pays  qui  n’ait  pas  son 
marbre  particulier14?  »  Ainsi,  parmi  les  marbres 
recueillis  dans  les  provinces  de  l’empire  romain,  une 
bonne  partie  doit  provenir  de  carrières  voisines,  dont  le 
renom  ne  s’est  étendu  que  dans  un  rayon  très  restreint. 
Il  y  avait  au  contraire  des  carrières  qui  étaient  connues 
du  monde  entier  15  et  qui  envoyaient  leurs  marbres  par¬ 
tout,  principalement  à  Rome  ;  le  nombre  en  était  encore 
considérable.  Plusieurs  des  savants  qui  se  sont  occupés  du 
sujet  ont  catalogué  et  classé  d’après  leur  couleur  et  leur 
aspect  extérieur  toutes  les  variétés  dont  il  subsiste  des 
échantillons  quelque  part10;  en  cela  ils  ont  rendu 
service;  ils  ont  fait  connaître  ainsi  plusieurs  centaines 
de  marbres  ;  ils  ont  délimité  le  champ  sur  lequel  doivent 
porter  les  recherches  ,  mais  leur  œuvre  est  toute  provi¬ 
soire  et  n’a  pas  de  caractère  scientifique.  Comme  les 
plus  belles  collections  ont  été  formées  en  Italie,  on  a  pris 
l’habitude  de  désigner  chaque  variété  parles  noms  en 
usage  chez  les  marbriers  italiens;  ces  noms  sont  tirés  de 
la  couleur  :  marbre  gris  ( bigio ),  violet  (pavonazso),  etc., 
ou  de  la  configuration  des  veines  et  des  marbrures  :  le 
cipollino ,  par  exemple,  est  ainsi  nommé  parce  qu'on  en 
a  comparé  les  stries  aux  tuniques  superposées  du  bulbe 
de  l’oignon  (■ cipolla ).  Mais  il  y  a  des  cipollini  verts,  il  y 
en  a  de  gris,  il  y  en  a  de  rouges,  et  il  n’est  pas  sur  qu  ils 
viennent  tous  du  même  lieu,  Les  seules  appellations  qui 
devraient  subsister  sont  celles  qui  correspondent  a  des 
différences  dans  la  formation  géologique  des  marbres  .11 
brèches,  brocatelles,  lumachelles,  etc.  11  Toute  clas-  I 
sification  fondée  sur  un  autre  système  de  noms  cstl 
artificielle  et  on  ne  saurait  s’en  contenter.  Ce  qui 


_  9  Hom.  U.  XVI,  735.  -  ">  , 

5.  p.  507.  -  "  ^  ' 
29,  2837,  29*1* 

24',’  3595,’  3:.!*»,.  3«*>; 
de  Pausauias  dans  Schuhart, 
XXXVI,  126;  Vif !'■  U- '  •  . 

446.  —  13  *',n91 
nI.  T  r  •  «  Marm°- 
_  15  Phn.  L.  c.  ■  ^  ^ 

ruin  gênera  non  atlinct  diccrc  in  tanta  notitia  ».  ,G  dans 

Montault.  Les  marbres  antiques  de  Rome  sont  classés  Pal  ^  ^  ^  giiimncr 
l’ordre  topographique,  commode  pour  l'étude  sur  place.  —  ^Uiodique  et  **s 
et  Lepsius  ont  les  premiers  ouvert  la  voie  pour  un  classement  ^  jeurs  j)r£, 
ont  banni  à  peu  près  complètement  les  noms  italiens,  pp  l,sasc 
ijécesseurs. 


(Iicses  inexactes.  —  8  JBliimncr,  III,  p.  9 
Hist.  nat.  XXXVI,  45  ;  Curlius,  Griech.  Etym.  5,  p 
p.  236;  XII,  p.  567;  C.  inscr.  <jr.  2059,  2061,  2J34  b ,  2782, 
3902  b ,  3935,  3936,  2053  b  add.,  2056  d,  3521 
Inscr.  Gr.  sept.  412;  cf.  2544.  Voir  les  passages 
Jlhein.  Mus.,  N.  F.  XV  (1860),  p.  85.  —  ‘2  Plin. 
et  16;  IV,  4,  4;  Lampr.  Helag.  25,  9;  Scrnpcr,  Ber  Stil .  I-,  P* 
Plin.  XXXVI,  54  à  126.  —  14  Plin.  XXXVI,  54 


MAR 


MAR 


—  1601  — 


I  question,  c’est  que  la  même  localité 
conip1"!11''  des  marbres  très  différents  d’aspect, 

oflrc  qU|’,|^llltation,  la  profondeur  de  la  couche,  etc.; 
*uivanl:  , '"jnême  nom  géographique  a  pu  s’appliquer 
eta,nS1  aUxquelles  on  ne  serait  nullement  tenté 

à  îles  vai  j„jne  commune.  En  outre,  cer- 

U  „ri  )Uer  ii  î* t  o  f  , 

“!  arriéres  exploitées  par  les  anciens  sont  aujour- 

Misées;  quelques-unes  même  l’étaient  déjà  sous 
ll  !""  j'J'.'on  a  reconnu ,  par  exemple,  à  Chemtou  (Tunisie)1 
lbT  Romains  y  avaient  ouvert  au  né  siècle  de  nou- 
q  .irm tiers  à  côté  de  ceux  où  ils  avaient  travaillé 
u(i  |..(  parce  que  ceux-ci  ne  donnaient  plus  rien  ou 
redonnaient  plus  que  des  matériaux  de  mauvaise 
alité2;  aussi  s’est-on  exposé  parfois  à  de  graves 
déceptions  en  reprenant  de  nos  jours  les  recherches  au 
at  ofl  ds  les  avaient  abandonnées.  En  somme,  si  on 
{ail  le  compte  des  marbres  dont  nous  pouvons  déterminer 
avec  certitude  le  nom  antique  et  la  provenance,  on 
arrive  à  un  total  très  réduit.  Dans  la  liste  qui  suit,  nous 
indiquons  les  marbres  qui  sont  connus  aujourd’hui, 
soit  par  des  textes  anciens,  soit  par  les  observations 
ont  faites  au  lieu  d’extraction  les  voyageurs,  géo- 
i  graphes  ou  archéologues.  Le  lecteur  désireux  de  se  ren¬ 
seigner  sur  les  autres  voudra  bien  se  reporter  aux 
|  ouvrages  spéciaux  ouest  appliquée  la  première  méthode. 

Grèce  et  îles  grecques3.  —  Si  on  prend  le  mot 
marbre  dans  le  sens  strictement  scientifique  que  lui 
donnent  les  modernes,  il  résulte  notamment  des  recher - 
!  ches  de  MM.  Lepsius  et  Philippson  que  ce  minéral  se 
rencontre  dans  la  plupart  des  îles  de  la  mer  Égée4  ;  dans 
la  Grèce  continentale,  la  couche  suit  à  peu  près  ladirec- 
tion  de  la  côte  de  l’est.  Plusieurs  provinces  en  sont  tota¬ 
lement  dépourvues,  à  savoir  :  la  Béotie,  la  Messénie, 
l’Élide  et  l'Aehaïe.  Certaines  hypothèses  se  trouvent 
exclues  par  là  même  :  elles  reposent  sur  de  fausses  leçons, 
ou  bien  sur  des  textes  qui  ne  peuvent  s’entendre  du  marbre 
que  par  un  abus  de  langage5.  Ces  restrictions  faites, 
voici  quelles  sont  les  carrières  sur  lesquelles  nous  avons 
des  documents  certains,  ou  acceptables,  ou  douteux0  : 
j  ËpiRu.  Pays  des  Molosses.  —  Variété  incertaine,  men¬ 
tionnée  pour  la  première  fois  à  l’époque  byzantine1. 

Thessalie.  —  Carrières  à  l’ouest  deLarissa  sur  les  bords 
du  Pénée,  près  du  village  d’Alifaka,  qui  est  probablement 
1  ancienne  Atrax.  Marbre  blanc,  parfois  gris  ou  jaune 
rosé*.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  la  «  pierre  de  Thessalie  », 
°u  «  pierre  d’Atrax  »  des  auteurs  de  basse  époque,  est  un 
porphyre  vert  [lapides]  parfaitement  connu 9. 

1  *''US  ',as  'cs  mal’bres  d'Afrique.  —  2  Toutain,  Assoc.  franc,  pour 
1896  n  ^  (^GS  ^Cience8i  Compte  rendu  de  la  25°  session  (Carthage-Tunis), 
£.  ; .  ~  3  secours  utile  nous  est  fourni  par  la  géologie.  Voir 

G  loi'  lll°"  Sc'ent*f‘  de  Morée,  Sect.  des  sciences  physiques,  t.  II,  2°  partie, 
CnVrA-  ' aUS  (*833);  Neumann  et  Partsch,  Physikal.  Géographie  von 
Un  l>"'  P-  209-220;  surtout  Alf.  Philippson,  Der  Peloponnes,  Ber- 

gcol  pi  a'CC  'CS  car*,es  géol.,  I,  IV;  Thessalien  und  Epirus  (1897),  caries 
pe(Ç|,’n  ’  11  °l  Vl  •  ^titrage  zur  Kenntniss  der  griecli.  Inselwelt ,  dans  les 
Uue  bibliom  -  !l\t l"'dan9eny  Ergiinz.  Heft  134,  Gotha  (1901),  cartes  géol.,  pl.  ni  et  iv. 
P e  laponne  $  °  comP*^°  du  sujet  pour  la  Grèce  entière  se  trouve  dans  Der 
Délos,  |{|)(l  j-’  *  ^es  sans  marbre  :  Sciathos,  Péparèthe,  Icos,  Gyaros, 

ne  S(>nt  incn|la  S-liph0S'  ^I0S’  Amorgos,  Mélos,  Théra.  Iles  dont  les  marbres 
Antiparos  s  ,|0Ull<'s  (*ans  aucun  texte  ancien  :  Géos,  Cythnos,  Syros,  Siphnos, 
Plin.  xxiviC;rSa’  ^erac^a’  ^os’  Sicinos,  Pholegandros.  —  5  Ainsi  dans 
divers,  (Ma^ff>  Mlo  ne  peut  être  qu’une  mauvaise  leçon.  Calcaires 

'A,,;.,.  ||  c  ' "  Point  des.  marbres  :  presqu’île  d’Aclé  au  Pirée,  À î 3 o ; 

(p.  1 1 1)  p’  rJl>  C,<’  U’  *17),  Eleusis  (p.  123)  et  autres  parties  de  l’At- 
cl  Vïrzeichn  f.m°  110B  en  Eéotie  Orcliomènc,  Thespies,  Tanagra  p.  111 
*W).  —  6  |  (.  "  -^i-243)  et  sur  quelques  points  encore  (  Verzeichn.  (n°s  214- 
1  lus>  p.  9.  —  7  Paul,  Silent.  Il,  131  ;  cf.  Philippson,  Thcs- 


Attique10.  Pentélique.  —  Marbre  blanc  d’un  grain  très 
fin,  tirant  légèrement  sur  le  jaune.  Les  carrières,  situées 
dans  le  mont  Pentélique  à  1  i  kilomètres  au  nord-est 
d'Athènes,  ont  été  exploitées  surtout  à  partir  du  v®  siècle 
av.  J.-C. 11  De  là  proviennent  les  matériaux  avec  lesquels 
ont  été  construits  le  Parthénon,  l’Erechtheion,  les  Propy¬ 
lées,  le  Théseion,  le  temple  de  Zeus,  etc.12  Parmi  les 
monuments  où  ce  marbre  a  été  employé  en  dehors  de 
l’Attique,  on  cite  le  temple  d’Esculape  à  Gorlys,  en 
Arcadie13.  Domitien  lit  placer  des  colonnes  de  marbre 
pentélique  au  Capitole,  dans  le  temple  de  Jupiter  réédifié 
par  ses  soins14.  Pourtant,  c’est  un  de  ceux  dont  on  a 
trouvé  le  moins  de  fragments  à  Rome15;  mais  le  fait 
s’explique  aisément  :  les  carrières  du  Pentélique,  sous 
l’Empire,  étaient  du  petit  nombre  de  celles  qui  n  appar¬ 
tenaient  pas  à  l’empereur;  nous  savons  qu’au  11e  siècle 
elles  étaient  la  propriété  du  fameux  Hérode  Atticus,  qui  y 
prit  les  matériaux  nécessaires  à  ses  propres  construc¬ 
tions10.  Ce  marbre,  très  apprécié  par  les  architectes,  ne 
venait  qu’après  le  marbre  de  Paros  dans  les  préférences 
des  sculpteurs  étrangers  à  l’Attique;  mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  Phidias  et  Praxitèle  en  ont  tiré  des  chefs- 
d’œuvre17.  Vingt-cinq  carrières  creusées  par  les  anciens 
ont  été  reconnues  et  sont  encore  visibles. sur  le  Penté¬ 
lique;  M.  Lepsius  estime  à  environ  400000  mètres  cubes 
le  volume  des  blocs  qu’ils  en  ont  extraits18. 

//// mette.  —  Marbre  blanc  bleuâtre,  sillonné  de  veines 
grises.  Carrières  sur  le  mont  Hymette,  à  11  kilomètres 
au  sud-est  d’Athènes19.  Ce  marbre  est  bien  inférieur  au 
précédent;  cependant  on  l’a  exporté  aussi20.  L.  Licinius 
Crassus,  consul  en  95  av.  J.-C.,  fit  placer  dans  sa  maison 
du  Palatin  des  colonnes  en  marbre  de  l'Hymette21, 
et  depuis,  son  exemple  semble  avoir  été  souvent  imité 
à  Rome  22 .  Les  carrières  devaient  faire  partie  du 
domaine  impérial 23 .  Quoique  ce  marbre  convint  beaucoup 
mieux  aux  travaux  de  l’architecte,  les  sculpteurs  grecs 
nel’ontpointcomplètementdédaigné  ;  on  y  a  taillé  notam 
ment  des  monuments  funéraires,  des  inscriptions,  etc. 21 

Laurion ,  montagne  située  à  l’extrémité  sud  de 
l’Attique.  —  Carrières  près  de  l'ancienne  Thorikos. 
Marbre  blanc  veiné  de  jaune  et  de  gris*3.  On  ne  sait  pas 
dans  quelle  partie  de  l’Attique  on  exploitait  le  marbre 
appelé  cpeAÀcxxaç 26 . 

Corinthe.  —  Pierre  de  couleurs  variées21,  «semblable  à 
de  la  gomme  ammoniaque  ».  11  n’y  a  de  marbre  ni  sur  le 
territoire  de  Corinthe,  ni  en  aucun  point  de  l'isthme.  Il 
faut  donc  supposer,  ou  que  le  texte  de  1  auteur  est  cor- 

salien  u.  Epirus,  p.  256  cl  pl.  vu  —  «  Lepsius,  p.  37.-9  Lepsius, 
p.  39.  _  10  Lepsius,  Géologie  ron  Attika,  Berlin,  1893.  —  H  Strab.  IX,  p.  399  ;  cf, 
Xeu.  De  vectig.  I,  4;  T.  Liv.  XXXI,  26;  Fiedler,  Iteise  durch  Griechenland,  I,  29, 
pl.  i;  Stackelberg,  Vues  pittoresques  de  la  Grèce,  pl.  ■;  Bursian,  Geogr.  von 
Griechenl.  I,  253,  n.  2  ;  Welckcr,  Tagebuch  ci  net-  griecli.  Iicise,  11,  122  ;  Ross,  Das 
Pentelikon  bei  Al  lien  und  seine  Marmorbrûclie,  dans  le  Kunstblatt  de  1837. 

_  ,2  Paus.  I,  19,  6  ;  Plat.  Eryx,  p.  394  E;  Corp.  inscr.  att.  IV,  1,  297  a  et  b  ; 

2,  834  A,  col.  Il,  97.  —  13  Paus.  VIII,  28,  1  ;  cf.  V,  10,  3.  —  14  Plut.  Poplic.  15. 
—  la  Bruzza,  p.  163.  —  18  Paus.  I,  19,  6  ;  VI,  21,  2;  X,  32,  l  ;  Philoslr.  Vif.  Soph. 
VI  5,  p.  550;  Eustath.  I sm .  amor.  I,  6,  2;  Schubart,  Xeue  Jahrb.  f.  Philol.  XCI 
(1865),  p.  487.  —  U  Paus.  V,  6,  6  ;  VII,  23,  6  ;  25,  9  ;  26,  4  et  7  ;  VIII,  30,  10  ;  47, 
1  ;  IX,  27,  3;  Cic.  Ad  Att.  I,  8,  2;  Lucian.  Jup.  trag.  10  ;  Atben.  XIII,  p.  591  B  ; 
Anthol.  Pal.  VI,  317;  Schubart,  L.  c.  —  Lepsius,  p.  13  ;  Id.  Verzeichn.  u«*  53- 
94,  101-205;  332-343;  348-351;  363  ;  369;  378-379;  386.  —  19  Bruzza,  p.  163; 
Lepsius,  p.  23.—  20  Peut-être  est-il  compris  dans  le  témoignage  de  Xen  .De  vectig. 
I,  4.  _  21  Plin.  XVII,  6  ;  XXXVI,  7;  cf.  Val.  Max.  IX,  1,  4.  —  22  Hor.  Carm.  II, 
3,  _  23  Bruzza,  L.  c.  —  24  Lepsius,  Verzeichn.  n“  95-97,  206-216,  344- 
347.  —  26  Lepsius,  p.  30.  —  26  Hesych.  s.  u.  ;  Zeuob.  V,  13,  p.  121,  Leutsch  ; 
Clem.  Alex.  Prolrep.  IV,  42,  Pott  ;  Bliimner,  p.  30,  n.  4,  5,  —  27  Isid.  Orig.  XVI, 

I  5,  14;  Bliimner,  III,  p.  50, 


MAR 


rompu,  ou  que  le  marbre  expédié  par  Corinthe  venait 
d'ailleurs,  ou  que  ce  n’était  pas  un  marbre1. 

Arcadie,  chaîne  du  Parnon.  —  A  deux  ou  trois  heures 
au  sud-est  de  Tégée;  carrières  anciennes  près  du  village 
actuel  de  Doliana.  Marbre  blanc,  qui  présente  des  analo¬ 
gies  avec  celui  du  Pentélique,  mais  tirant  légèrement  sur 
le  gris  bleu.  On  s’en  est  servi  pour  les  monuments  de 
Jcgee,  deMantinée  et  quelquefois  pour  ceux  d’Olympie2. 

J.acomk,  vallée  supérieure  de  l’Oenus,  dans  la  chaîne 
du  Parnon.  —Marbre  gris  bleu,  d’un  grain  un  peu  moins 
lin  que  celui  de  Doliana.  Les  carrières  de  Vamvaku 
situées  à  20  kilomètres  de  Sparte,  ont  fourni  des  maté¬ 
riaux  aux  habitants  de  cette  ville3. 

Promontoire  du  Taenaron  (cap  Matapan),  à  la  chapelle 
deSaint-Llie,  au-dessus  de  Dimaristika.  —  Marbre  rouge 
rouge  antique),  qu  il  faut  se  garder  de  confondre  avec  le 
porphyre  vert  du  Taygèle  et  de  Crocées  [lapides’  dans  les 
textes  parfois  ambigus  des  auteurs  anciens4.  Sous 
1  Empire,  on  extrayait  aussi  au  Taenaron  un  marbre  noir, 
dont  le  gisement  n  a  pas  encore  été  retrouvé;  peut-être 
n  est-ce  pas  autre  chose  qu’un  calcaire  qui  se  voit  au 
nord  du  port  de  Cisternaes5. 

Tiiasos.  —  Marbre  blanc  qui,  après  avoir  été  très  estimé 
à  Rome  à  cause  de  sa  rareté,  y  perdit  beaucoup  de  son 
prix  quand  on  l'y  eut  transporté  par  grandes  quantités. 
Les  carrières  ont  été  reconnues  en  1887  par  M.  Bent  sur 
la  côte  méridionale6. 

Eebée.  Carystos,  à  la  pointe  sud  de  l'ile  près  du  vil¬ 
lage  d  Aétos.  Marbre  blanc  ou  gris  clair  avec  des  ondu¬ 
lations  de  couleur  verte.  11  ne  semble  pas  que  les  Grecs 
en  aient  fait  usage  avant  l’époque  romaine;  mais  alors  il 
fut  en  grande  faveur  7.  On  se  rappelle  les  colonnes 
apportées  à  Rome  au  temps  de  César  par  le  fameux 
Mamurra8.  De  tous  les  marbres  trouvés  à  l’Emporium, 
c'est  de  beaucoup  celui  dont  il  subsistait  le  plus  grand 
nombre  de  blocs.  Les  inscriptions  gravées  à  leur  sur- 
iace  nous  font  connaître  le  personnel  employé  aux  lapi- 
cidmae  Carystiae  pour  le  compte  des  empereurs9.  Avec 
ce  marbre  on  faisait  surtout  des  colonnes,  des  revêtements 
pour  les  murs,  des  dalles  pour  la  décoration  des  par¬ 
quets,  etc.  Il  est  tout  à  fait  impropre  à  la  sculpture. 

Lesiîos.  —  Marbre  noir 10.  Pline  en  cite  un  autre  dérou¬ 
leur  bleuâtre  11 . 

Scyros.  —  Carrières  au  promontoire  Oros,  dans  les 
baies  de  Tris  Bukkaes  et  de  Renes,  et  dans  l’ile  voisine 


*  t',liliPPsftn’  Peloponnes,  p.  24-30  et  carie  géol.  -  2  Lepsius.  p.  31-  Phi- 
lippson,  J'cloponnes,  p.  161-104,  fig.  24-27,  carte  géol.  Il  cl  IV.  -  3  '  Ibid. 
P-  31  ’  Pliilippson,  p.  107;  carte  géol.  IV.  —  4  Slrab.  VIII,  p.  367  ;  pij„. 
\V\W.  l.':  Henzen,  Tenaro  i  i  i  marmi  tenari,  Bull.  d.  ht.  di  Rom.  I8b7, 
p.  154  ;  Grimm,  Zeitschr.  f.  allgem.  Erdkunde,  Pi.  F.  XI,  p.  lu  -  Rursian 
Da *  v»>gebirge  Taenaron,  Abhandl.  d.  Bayer.  Alcad.  I.  Cl.,  VII  Bd,  III  Abth 

P;  Ho  7“.î  Ge°ffr-  "'  Gri';cl,enL  P-  i(|3  ;  Blümner,  p.  42  ;  Lepsius,  p.  36 
et  1.9;  Pliilippson,  p.  175;  cf.  p.  215,  223,  225.  -  S  P]in.  XXXVI,  135- 
Cf.  158;  Soit.  Empir.  Ptjrrh.  hypot.  I,  14,  130  (?)  ;  Blümner,  L.  c.  ;  Pliilippson’ 
P.  226,  230;  carte  géol.  IV.  -  6  Vitr.  X,  7,  15;  Son.  Epüt.  86,  G  ;  Stat.  677,1,  5’ 
54:  II,  1,  92;  Plin.  XXXVI,  44;  Suel.  Ner.  50  ;  Plut.  Cal.  min.  11  ;  Passio  IV 
Coronat.p.  322  :  Cousinéry.  Voyage  dans  la  Macédoine,  II,  85  ;  Conze,  Reise  auf 

rfen  /a.eln  d.  Mra*.  Meeres,  p.  24,  2#,  33;  Bent  dansl 'Athe, . .  1887, 2,  p  123 

“  ,:,-T,vU"-  “l3’  13:  Po11-  V».  ln"  :  Eustatli.  Im.  . g,  ;  Slrab.  IX, 

T  5  34  itPV  iâ  :  B>Z-  p  l00,  “  ;  MarL  IX’  75'  7  ’  Plin-  ,V'  «4  :  sut.  sur. 

Or  ’lXYIx’  „  7  m  "c  ^  LuCa"'  V’  232  ;  Sen'  Troad-  846  !  Dio-Chrys. 

Il  '^4  t  or  N  Capitol.  Gord, an.  32;  IsM.  Orig.  XVI,  5,  ,5;  Paul  Silent. 

r  ’  yyi,8°;  ln  eccl-  lom-  nl-  P-  633  D-  ‘'ligne;  Sid.  Apoll.  En.  Il  -, . 

tara,  XXII  1 40.  Phn.  XXXVI,  48.  -  9  Bruzza,  p.  lio  :  Inscr.  de  Pan  130- 

131,  Legrand,  Bull,  de  corr.  hell  1880  n  519  r  •  ,  . 

P-  »19  ;  C.  viser,  lat.  VI,  8486  Sur  les 

carri  res.  v.  Fiedler,  1  430-433  ;  Bursian,  II,  430-432  ;  Lepsius,  p.  41  ;  Teller  Ber 

Z°Tk  ,  n  DMr-  d-  kai°-  Akad-  en  wfen 

Math.  liât.  Classe,  XL  (1880),  p.  150  el  la  car[c  _  )0  phj|ostr  ^  ^  ^  g> 


(le  Y’alaksa  ;  on  y  voit  encore  des  bine, 
employés.  Brèche  multicolore  très  •>  ^  Prêts  4  <HPe 
d  après  Strabon  »,  quoique  e. k  H 
rapportent  soient  en  petit  nombre13  ,?  ^08  î»i  A 

déjà  S0l,s  Néron>  et  peut-être  plus'tôf  étaiJ 
empereurs14.  ’  la  propriété  d J 

Ciuos.  —  Marbre  noir  15.  Nous  ne  - 
identique  à  un  autre  marbre  exploité  éïT*  ^  S’i]  estJ 

9ue.  r°"  f  «-"•■»«  o®«nl  ».  «CrH 

couleurs  ;  il  est  possible  en  effet  que  le  ln  7  plu8i4» 
noir'6.  L.  Licinius  Lucullus,  consul  en  7; 
â  la  mode  à  Rome  un  certain  marbre  noir  H 
donna  son  nom17.  Ce  marnior  Luculleum  ’ 

Clnos?  C’est  assez  douteux.  Il  semble  bien  '''na'Ul1 
marbre  uni  ;  alors  il  faudrait  admettre  qu’il  y'-ivjt  '"!  ."n 
deux  variétés,  la  première  unie,  la  secon,lTa  '°S 
veinée18.  M.  Teller  a  retrouvé  des  carrières  ant  '  °U  ‘ 
cote  orientale,  à  une  demi-heure  au  nord  de  CastiTd  : 
direction  du  village  de  Scariaes;  elles  donnent  un  n-Th 
gr-s  bleu  foncé,  peut-être  identique  au  marbre  !  nÎ! 
dont  il  est  question  dans  un  texte19. 

Axuros.  -  Marbre  blanc  tirant  sur  le  gris  ou  le  bien 
assez  semblable  à  celui  de  l’Hymette.  Vestige*  din 
exploitation  antique,  dans  la  partie  nord,  près  defLion 
Gisements  sporadiques  et  en  petit  nombre,  disséminé 
au  milieu  de  la  masse  des  micaschistes  20. 

Ténos.  —  On  y  rencontre  sur  quelques  points  (Polemoi 
Campos,  Livadas,  etc.)  un  marbre  blanc  à  grain  fin 
quelquefois  veiné  de  bleu,  qui  rappelle  le  précédent;  i 
est  aujourd  hui  1  objet  d’un  commerce  assez  important11: 
mais  il  ne  semble  pas  avoir  joui  dans  l’antiquité  de  la 
même  réputation  que  le  serpentin,  qui  se  rencontre  en 
bien  plus  grande  quantité  dans  cette  île  [lapides)  22. 

Naxos.  -■  Marbre  gris  clair  avec  des  parties  plus 
foncées,  tout  à  fait  dominant  sur  la  côte  de  l’est23.  Ce 
fut  le  Aaxien  Byzès,  qui  le  premier,  au  commencement 
du  vic  siècle,  imagina  de  tailler  en  marbre  des  tuiles 
Pour  couvrir  les  toits24.  Dans  les  carrières  de  Comiaki, 
gît  encore  une  statue  colossale  d'Apollon  à  peine  ébau¬ 
chée.  Quelques-unes  donnent  un  marbre  à  gros  grain, 
d  un  blanc  pur,  assez  semblable  à  celui  de  Paros28. 

Paros.  —  Marbre  d’une  éclatante  blancheur,  d’un 
grain  moins  fin  que  le  pentélique,  mais  se  prêtant  admi¬ 
rablement  aux  travaux  du  sculpteur,  ce  fut  par  excel¬ 
lence  le  marbre  statuaire  de  l’antiquité  grecque26;  nous 


11  Plin.  XXXVI,  44  ;  Isid.  Orig.  XVI,  5,  13;  Conze,  Reise  auf  d.  Insel  Lesltos, 
p.  48  ;  Blümner,  p.  45,  note  2.  —  12  Slrab.  IX,  p.  437  ;  Blümner, p.  49,  n.  8.  — !3Ensl. 
ad  Dion.  Perieg.  521  ;  cf.  Plin.  XXXI,  29;  Stat.  Âchill.  II,  17.  —  H  Bruzza,  p.  151; 
fiedler,  II,  7  i  ;  Bursian,  II,  392  ;  Pliilippson,  Inselwelt,  p.  116  el  pl.  ni-  Figure  ilanS; 
l  Expetl.  de  lï/orée,  L.  c.  II,  2,  pl.  vin.  —  to  Tlieoplir.  De  lapid.  7.  1,1 1  lin. 

XXXVI,  46;  Bruzza,  p.  143  ;  Blümner,  p.  46,  n.  2.  —  17  Plin.  XXXVI,  49  (Maylioff)» 
Melo  est  certainement  une  mauvaise  leçon  (v.  plus  haut)  quoique  Isid.  Orig.  »  I 
5,  17,  soit  une  faible  autorité.  —  18  Blümner,  p.  45,  n.  3.  Voir  encore  Cic.  De  divin,  j 
I,  13,  23;  II,  21,  .49  ;  Strab.  XIV,  p.  645  ;  Plin.  V,  136.  -  ^  Teller,  Geolotj.  liro- 
bachtungen  auf  der  Insel  Chios,  Den/csc/ir.  d.  Alcad.  d.  Wiss.  su  W  ien,  Mal  *- 
Classe  XL  (1880),  p.  343  avec  la  pl.  -  29  p,edler,  II,  218  ;  Pliilippson,  lnselire^ 
p.  9  et  pl.  iv.  —  2!  Fiedler,  II,  2i-3  ;  Ross,  Inselreisen ,  I,  15;  Bursian,  Il 

—  22  Pliilippson,  Inselwelt,  p.  21  (pl.  iv),  assure  même  n’avoir  pas  conslaR  l '  J1  ^  j 

preuves  évidentes  que  ce  marbre  ait  été  exploité  à  l’époque  antique.  !  1'°^  ^  . 

Bursian,  II,  490-6  ;  Pliilippson,  Inselwelt ,  p.  73,  77,  pl.  iv.  4  fati*'.  7  ^ 

—  23  Lepsius,  p.  52;  Verzeichn.  n.  255  ;  Pliilippson,  L.  c.  —  26  V  "|  J()  | 

132;  Theocr.  VI,  37  ;  Antli.  Pal.  VI,  317  ;  Virg.  Georg.  III,  34  ;  Hor.  (arm'  j 
i>;  Vitr.  X,  7,  15;  Strab.  V,  p.  224,  487;  Petron.  126:  Plin.  Hist-  nul.  ^  ^ 

86;  Quintil.  Inst.  or.  II,  19,  3;  Pans.  I,  1 4,  7  ;  33,  2;  43,  5  :  7 

25,  G;  C.  inscr.  ait .  III,  487;  Schubart,  Neiæ  Jahrb.  f.  Philo! ■  ‘  cn 
p.  488.  Les  qualités  du  Paros  et  son  influence  sur  la  statuaire  ont  (t  ^  ^  ^ 
lumière  par  Stephani,  Zeilschr.  f.  d.  Alterth.  Wiss.  1843,  n°  73;  ferto 
l'art ,  VI,  p.  48-49. 


MA  H 


—  1003 


MAR 


|hlS  |iaut  qu’on  l’employa  dès  l’époque  mycé- 
Ivbas v"  |(  (j‘  e,  d’après  une  tradition  rocti liée  par  la 
»i«”ne’  I1"  )(l|.ne’  Mêlas  de  Chios  passât  pour  l’avoir  le 
;  Scopas,  entre  tous  les  artistes, 
arliculièrement  fidèle2.  Les  gisements  de  marbre 


iscience nloderne’  t 

L, icrnnjen  honneur* 

|lul fllt.!,L  lïne  bonne  partie  de  l’ile,  principalement  .u 
Pi,li',"||!S  anciens,  qui  la  mirent  si  longtemps  à  contri- 
Plu  ’s.lllSVépuiser  jamais,  s’imaginaient  que  le  marbre 
rrnuait  au  fur  et  à  mesure  dans  les  entrailles  du 
1'^  il '  l  es  couches  les  plus  remarquables  par  leur  pureté 
®°  tliouvent  dans  la  partie  nord,  au  pied  du  mont  Mar- 
k  prèg  je  parikia  et  de  Saint-MénasL  Les  anciens 
Citaient  surtout  le  marbre  de  Paros  appelé  Xu^vérqç,  sans 
s'entendre  sur  le  sens  qu’ils  attachaient  à  ce  nom  : 
uivant  les  uns,  il  rappellerait  l’éclat  exceptionnel  du 
marbre  de  Paros;  suivant  les  autres,  il  s’expliquerait  par 
le  fait  que  le  travail  d’extraction  s’exécutait,  non  point 
dans  des  carrières  à  ciel  ouvert,  mais  dans  des  galeries 
souterraines  ou  les  ouvriers  étaient  éclairés  par  des 
lampes  (Àû/voç)5.  Cette  seconde  opinion,  adoptée  par 
Yarron  et  Pline,  est  très  probablement  la  vraie  °. 

M.  Lepsius  a  parcouru  les  galeries  creusées  par  les 
anciens,  qui  portent  aujourd’hui  le  nom  de  Grottes  des 
nymphes,  et  il  y  a  même  reconnu  de  peliles  cavités  où 
les  ouvriers  suspendaient  leurs  lampes  7.  La  qualité 
appelée  lapis  lygdinus  ne  se  rencontrait  que  sous  la 
forme  de  blocs  de  petite  dimension  et  par  suite  ne  pou¬ 
vait  convenir  que  pour  des  plats,  des  cratères,  etc.  On  n’a 
pas  encore  réussi  à  l’identifier8.  Les  carrières  de  Paros 
étaient  comprises  dans  le  domaine  impérial.  Nous  voyons, 
par  les  numéros  d’ordre  inscrits  sur  des  blocs  trouvés  à 
l’Emporium,  qu’on  en  expédiait  chaque  année  à  Rome 
des  quantités  considérables9. 

Sicinos.  —  Marbre  bleuâtre  employé  dans  l’ile  même 
au  temple  d'Apollon  Pytbien  ;  il  est  douteux  qu’on  l’ait 

exporté 10. 

Anapuk.  —  Marbre  blanc  à  grain  lin.  Vestiges  d’une 
exploitation  antique11. 

I  Rhodes,  —  Marbre  à  veines  jaune  d’or12. 

Asie.  —  Propontide,  île  de  Prüconnèse  (île  de  Mar- 
marui.  —  Carrières  sur  la  côte  nord,  près  du  village  de 
alatia.  Marbre  blanc  à  veines  noires  13.  11  doit  être  iden- 
lique  au  marbre  dit  de  Cyzique,  ou  encore  marbre  du 
osphorc,  parce  que  les  villes  des  côtes  voisines  s’en 


servirent  pour  la  construction  de  leurs  monuments  u.  11 
fut  même  transporté  d’assez  bonne  heure  dans  des 
villes  beaucoup  plus  éloignées;  ainsi  on  avait  songé  à 
l’employer  dans  le  grand  temple  d'JÜphèse,  terminé  en 
416  av.  J.-C.,  et  il  fallut  une  circonstance  toute  fortuite 
pour  qu’on  y  renonçât15.  À  Halicarnasse  le  palais  de 
Mausole(morten  .‘153)  était  entièrement  décoré  en  marbre 
de  Proconnèse 16.  11  ne  semble  pas  avoir  été  aussi  apprécié 
en  Occident;  du  moins  on  n’a  pas  pu  jusqu’à  présent 
l’identifier  d’une  façon  certaine  avec  les  marbres  qu’on 
y  a  recueillis.  Pourtant  on  ne  peut  douter  qu’il  y  en  eût 
des  spécimens  à  Rome  11 . 

Bituynie.  —  Marbre  noir18. 

Troade.  —  Variété  incertaine19. 

Piirygie.  Synnada  (Tchifout-Kassaba).  —  Marbre 
blanc -à  veines  violettes.  11  porte  aussi  quelquefois  le 
nom  de  Docimia,  ville  voisine  de  Synnada.  Ce  fut  un  de 
ceux  dont  les  Romains  firent  le  plus  grand  cas20.  On 
admirait  beaucoup  les  colonnes  qui  ornaient  la  Basilica 
Pauli i ,  au  Forum,  où  elles  furent  érigées 
par  un  membre  de  la  famille  des  Aemilii 
Paulli,  probablement  au  temps  d’Au¬ 
guste,  à  la  suite  d’une  restauration  de 
l’édifice  [forum,  p.  1301] 21 .  Le  marbre 
de  Synnada  est  très  souvent  cité  dans 
les  textes  et  il  abonde  à  Rome  ;  Strabon 
raconte  que  de  son  temps,  malgré  la 
distance  et  la  difficulté  du  transport,  on  l'y  faisait  venir 
par  grandes  masses22.  C’est  alors  que  furent  mises  en 
place  les  colonnes  qui  décorent  l’intérieur  du  Panthéon2’. 
Hadrien  en  attribua  cent  vingt  autres  au  temple  d’Héra 
et  de  Zeus  Panhellénique  à  Athènes21.  Les  carrières 
appartenaient  aux  empereurs25;  elles  étaient  pour  la 
contrée  un  sujet  d’orgueil  et  y  faisaient  vivre  beaucoup 
de  gens;  aussi  les  villes  de  Docimia  et  de  Synnada  ont- 
elles  représenté  sur  leurs  monnaies  (iig.  48  3  4) 26  la  mon¬ 
tagne,  d’où  elles  tiraient  leur  richesse. 

Hiérapolis  (Tambouk-Kalessi).  —  Marbre  veiné,  sur 
lequel  nous  n’avons  d’autre  témoignage  qu’un  texte 
assez  obscur  de  Strabon 27. 

Lydie.  Téos  (Sivri-hissar).  —  Marbre  multicolore 28, 
peut-être  identique  à  un  certain  marbre  appelé  lydien 
par  un  auteur  de  basse  époque,  et  qui  était  rouge  avec  des 
taches  jaunes29. 


Fig.  4834. —  Monnaie 
de  Svnuada. 


J,Pgt"  XXXV1’  17  ;  O^beck,  Grieck.  Plastik ,  13,  66.  —  2  Blümner,  p.  33. 
Il  (  p.  2-  k  4  Yirg.  Aen.  VI,  471,  et  Serv.  Ad  h.  I.  ;  Stepli.  Byz.  p.  192, 
Pltilinnc  ’  Hall.  d.  Jst.  di  Rôma ,  1861,  p.  183;  Fiedler,  II,  183; 

imi;  TlV'dt:  P<  °3’  68’  P1-  lv-  —  5  Ps.  Plat.  Fryx ,  p.  400  E  ;  Poil.  VII, 
XXXYI  14.  r’n  Fab.  223;  Ilesycli. s.v.  Xuyvîaç.  —  6  Varr.  ap.Plin. 

383;I*l]ili  01Slan’  Hi-uzza,  p.  158.  —  7  Lepsius,  p.  45  ;  Verzeichn.  no 

Pro'oem  ■ H  -s  '  l  nseh'eU’V-69-  —  *Anthol.  Pal.  Y,  13,  ^8  ;  VI,  206;  Philoslr.  Imag. 
S«n.  ad  J,  ,  '  WïS°!  :  Üiod-  52  !  Anacr.  15,  (28),  27  ;  Mart.  VI,  13.  3  ;  42,  21  ; 
P- 15*,  161  "g v93  ’  P1'n'  XXXV1’f>2’  158  i  lsid-  Orig.  XVI,  5,  8.  —9  Bruzza, 
XXII,  Hft  j.."V'enc01’eThemist  0r-  Xl|fi  P-  179a;  Sidon.  Apoll.  Carm.  XI,  17; 
Viep zeicha  Goth.  I,  22;  Prudent,  c.  Symmach.  11,240;  Lepsius, 

Breslau,  t8g3  __  i  E.  Dopp,  Quaestiones  de  marmore  Pario,  diss. 

1>I.  iv. _  h  Fj  f'iedler,  II,  1  oG  ;  Bursian,  11,  507  ;  Pliilippson,  Inselwelt,  p.  88, 

—  Pün  XXXVII  j*  **  ’  ^urs‘an'  ù,  517  ;  Pliilippson,  Inselwelt,  p.  107,  pi.  îv. 
triPlion  de  Spon  v  '  "  ‘XoHS  ne  savons  pas  si  la  carrière  était  impériale.  L'ins- 
■A, n,  3  i;;  g  '  p.  268  =  Muratori,  319,  7,  est  fausse  :  Bruzza,  p.  154  et 

"’iu.  nr:  ''s  ’’  Geolog.  Bau  der  Intel  Bhodiis,  Sitz.  ber.  d.  Akad.  d. 

Nul.  Siltnl  „  NaL  Classe,  XCV1U  I 
Kit 


•  Silcnt.  H, 
ffert,  Se, 


I  GO- 1 90  ;  Auctor  De 


.  (1890),  p.  208.  —  13  Slrab.  XIII,  p.  588; 
marmoribus,  ap.  Salmas.  Exercit.  Plin.p.  495  bc, 


t,  ùpcçinl/  hivi  tüito,  a|j.  oduiius.  ijxcilu.  nui,  ji.  o  oc, 

151  i  Marc|iiarii|  nr‘e _Von  Westl-  Kleinatien  (1892),  feuille  II.  -  H  pliu.  V, 
'  Vitr,  x.  7  'p  ,,nd  sein  Gebiet ,  p.  34;  Paul.  Silcnl.  I  I,  250. 

bi^otk  „  '  111  'Br.  U,  8,10;  Plin.  XXX  VI,  46;  Memnon  ap.  Phot. 

>W.B  B°eckh,C.  inscr. 


IX,  s»,  9  .  ’  U1CKII>  L.  viser,  gr.  I,  p.  21  et  n.  3268,  3282,  3311  ;  Cod. 
h’Esculopç  y,  1  )  ■''''*•  Apoll.  Ep.  Il,  2  ;  Zosim.  II,  30.  —  17  Colonne  dans  le 
’ss. u  Sanct.  iy  Coronat,  Biidingcr,  Untersuch.  z.  rôm.  kais. 


Gesch.  111,  337.  —  18  Auct.  De  mannor.  ap.  Salmas,  L.  e.  —  *9  Sial.  Silv.  IV, 
2,  27  ;  Cod.  Ilieod.  IX,  28,  9.  —  20  Tib.  III,  3,  13  ;  Hor.  Carm.  III,  1,  41  ;  Slrab. 
IX,  p.  437;  XII,  p.  577  ;  Plin.  Hist.  nat.  II,  2,  87;  XXXV,  3;  XXXVI,  102;  Sial. 
Silo.  I,  2,  148  ;  Mart.  VI,  42,  12  ;  IX,  75,  8  ;  Dio  Chrys.  Or.  LXXIX.  p.  604  M  ;  Juven. 
XIV,  307  ;  Luc.  Bipp.  6;  Pans.  1,  18,  8,  9  ;  Themist.  Or.  XII,  p.  179  a;  Capitol. 
Gordian.  32  ;  Prudent.  In  Symm.  Il,  248  ;  Auson.  Mosell.  48  ;  Claudian.  in  Eutrop. 
Il,  272  ;  Sidon.  Apoll.  Ep.  11,2;  Carm.  V,  37  ;  XVI,  17  ,  XXII,  138  ;  Poil.  VU,  100  , 
Cod.  Theod.  XI,  28,  9;  Grog.  Nvz.  Hom.  III  in  Ecoles,  p.  656  D,  657  B  ;  Stopli. 
Byz.  s.  v.  Aôxt|Atov  ;  C.  inscr.  gr.  3148.  —  21  Et  non  en  179  av.  J.-C.,  date  invraisem¬ 
blable  (Blümner,  p.  53),  Plin.  XXXVI,  102.  —  22  Slrab.  XII,  p.  577.  —  23  Corsi  Bar¬ 
bier  de  Monlaut,  Pullen,  op.  cil.  Panthéon.  —  21  Pans.  I,  18.  —23  Bruzza,  p.  155  ; 
35  inscr.  depuis  l'an  69  ap.  J.-C.  Corp.  inscr.  lat.  III,  Suppl.,  7005  à  7010  ;  Ramsay. 
Mélanges  de  l'École  de  Borne ,  1882,  p.  294  à  301;  Monceaux,  Bull,  de  la  Soc. 
des  antiq.  de  France,  1900,  p.  323.  —  26  Eckhel,  Doctr.  numm.  111,  p.  151  et  173  ; 
Friedlünder,  Zeitschr.  fùr  Numism.  VI  (1870),  p.  18  :  la  figure  féminine  repré¬ 
sente  la  ville  personnifiée  ;  Babelou,  Inventaire  de  la  collect.  Waddington, 
n“’  5914,  5948,  6525,  6526,  pl.  xvni,  14.  Sur  ces  carrières  voir  encore  Texier, 
Descr.  de  l’Asie  Mineure,  I,  pl.  lv;  ('Asie  Mineure  ( Univers  pittoresque), 
p.  429  ;  Leake,  Asia  Minor,  p.  36  et  54;  Hamilton,  Mesearclies  in  Asia  Alinor, 
1,41,11,178;  G.  Perrot,  Ber.  arch.  1876,1,  p.  190;  Athen.  Miltlieil.  XXII 
(1897),  28;  Kiepert,  Specialkarte  von  Kleinasien,  feuille  IX.  Sur  l’emploi  de  ce 
marbre  dans  la  statuaire,  Blümner,  p.  53,  n.  6.  —  27  Stral).  IX,  p.  437.  —  2S  Dio 
Chrys.  Or.  LXXIX,  p.  604 M;  C.  i.  lat.  111,  419  (13  inscr.,  163-166  ap.  J.-C.)  ;  de 
Rossi,  Bull,  di  arch.  crist.  1868,  p.  24  ;  Le  Bas,  Inscr.  111,  53,  n,  112.  —  29  Paul, 
Sil.  II,  216. 


—  1604  — 


MAR 

Ephese  (Ajasolouk).  —  Marbre  blanc.  Découvert  par 
hasard,  suivant  la  légende,  vers  le  commencement  du 
'i  siècle  av.  J  .-G.,  il  servit  à  la  construction  du  grand 
temple  d’Artémis1.  On  l’exploitait  encore  sous  l'Em¬ 
pire2;  mais  peut-être  ne  fut-il  jamais  exporté. 

Alabanda  (Arabi-hissar).  —  Marbre  noir 3. 

Carie.  Iléraclée  (Kapoukrou).  —  Marbre  blanc4. 

Mtlet  (Palatia).  —  Marbre  d'un  rouge  très  foncé  allant 
presque  jusqu'au  noir3. 

lassos  (Asynkaleh).  —  Marbre  blanc  et  rouge,  dont  il 
n  est  pas  fait  mention  avant  l’époque  byzantine6. 

Mylasa  (Milas).  —  Marbre  blanc7. 

I  iiénicie.  Sidon  (Saïda).  —  Marbre  blanc,  avec  lequel 
fut  édifié  le  temple  de  Salomon  8.  Il  était  connu  des  ama¬ 
teurs  a  Rome  sous  les  Flaviens9. 

Afrique.  —  Province  proconsulaire,  Zeugitane,  monts 
de  Djebba.  —  Marbre  à  nummulites10. 

Ni  jiidie.  Similthus  Chemtou).  — Marbre  jaune  veiné 
de  rouge  jaune  antique).  Appelé  par  les  anciens  marbre 
de  Numidie,  il  apparut  à  Rome  pour  la  première  fois  au 
début  du  ue  siècle  av.  J.-C.  ;  c’était  à  cette  époque  une 
rareté,  dont  trafiquaient  les  marchands  carthaginois11; 
au  temps  de  Sylla,  on  criait  encore  au  scandale  lorsque 
M.  Lepidus  en  fit  faire  des  seuils  de  porte  pour  sa 
maison  Bientôt  après  on  tira  de  Numidie  des  colonnes 
entières  et  des  plaques  de  revêtement  pour  les  murs. 
Après  le  meurtre  de  Jules  César,  le  peuple  éleva  au  forum 
en  son  honneur  une  colonne  monolithe  de  près  de  vingt 
pieds,  portant  l'inscription  :  «  Au  père  de  la  patrie13 
Le  second  siècle  paraît  avoir  été  pour  les  carrières 
numides  l’époque  de  la  plus  grande  activité14;  Hadrien 
les  fit  contribuer  à  la  décoration  de  ses  villas  de  Tibur  et 
d  Antium  1  ■  ;  en  une  seule  fois  il  donna  vingt  colonnes  au 
gymnasede  Smyrne 16  ;  il  en  donnacentàcelui  d’Athènes17. 
Sous  Marc-Aurèle  on  ouvrit  de  nouveaux  chantiers  appelés 
de  son  nom  lapicidinae  Aurelianae 1S.  Les  Gordiens  pla¬ 
cèrent  cinquantecolonnes  de  marbre  numidique dans  leur 
i  ilia  de  Préneste  13 ;  les  habitants  d'Ostie  en  reçurent  cent 
de  1  empereur  Tacite20.  Enfin  Justinien  fit  servir  ce  mar¬ 
bre  à  la  décoration  de  Sainte-Sophie,  à  Constantinople21. 
Les  carrières  numidespeuvent  compter  parmi  les  plus  im¬ 
portantes  du  domaine  impérial.  On  lésa  retrouvées  récem¬ 
ment  à  Chemtou,  dans  la  partie  occidentale  du  territoire 
umsien,  qui  relevait  autrefois  de  la  Numidie,  et  elles  ont 
même  été  remises  en  exploitation.  Les  traces  encore  vi¬ 
sibles  des  travaux  exécutés  par  les  Romains,  les  nom- 

1  Vilr.  X,  7  (2),  la  ;  Brunn,  Griech.  Künstler,  II,  382.  —  2  Vitr.  L.  c.  13. _ 3  PIjn. 

XXX  VI,  62.  —4  Vilr.  L.c.  15.  —  6  Plin.  L.  c.  —  6  Paul.  Sil.  II,  213.  — 7  Strab.  XIV ! 
p.  058 .  —  «  z?ii/.  III  Reg.  V ,  12  ;  Joseph.  Ant.  jud.  VIII,  2-9.  —  9  Slat.  Silo.  I,  519. 
(.arrière  inconnue.  On  n’a  signalé  jusqu'à  présent  dans  celte  région  qu'un  calcaire 
commun  :  Renan,  Mission  de  Phénicie,  p.  97,  321,  342,  003,  832  à  825. _ 10  Ch.  Tis¬ 

sot,  Géogr.  comparée  de  la  province  romaine  d'Afrique ,  I,  p.  201 .  —  tl  Cal  ap 
Fest.  p.  242-17.  -  12  Plin.  XXXVI,  49.  -  13  Suet.  Caes.  85.  Voir  encore  Hor. 
Carm.  Il,  18,  4;  Senec.  Ep.  80,0;  115,8;  Plin.  V,22;  Mari.  VIII,  55,  8;  IX,  5, 

8;  Stat.  Silo.  I,  5,  30;  II,  2,  92.  -  H  Juv.  VII,  182;  Luc.  Hipp.  0.  —  15  Bruzza,’ 
p.  150.  -  10  Marm.  Uxon.  21  ;  Reines,  cl.  II,  08.  —  17  paus.  I,  18,9.  —  18  Bruzza,’ 

L.  c.  —  1»  Capitol.  Gord,  très,  32,  2.  —  20  Vopisc.  Tac.  10,  5.  —  21  pau],  gil  II 
218.  Voir  encore  Isid.  Orig.  XVI,  5,  10;  Solin.  20;  Sid.  Apoll.  Ep.  11,2;  Carm’. 

'  ’  3; :  XXII<  138  ;  Grce-  Ni*-  P-  653  II,  056  C,  Migne;  Prud.  in  Symm.  II,  247  ;  C.  i 
gr.  Il,  3148.  -  22  C.  lat.  VIII,  10589,  Suppl.  14551,  14552,  14561  à  14000 
(années  107  ap.  J.-C.  et  s.);  Ch.  Tissot,  Op.  cit.  I,  p.  201  ;  Cagnat,  Archives  des  mis - 
s, ans  scient,  et  lut.  3*  série,  XI  (1885),  p.  loi  ;  Héron  de  Villefosse,  C.  R.  de  l'Acad 
tr’-'J  ’feS  le‘lres’  ,8S8’  P-  303;  Toulain,  Mélanges  de  l'École  de  Rome, 

’  P'  .  ^■Jranç.pourl  avan,  des  sciences,  C.  R.  de  la  25'  session  (Car- 
t'iîm  ""îà.  ,9-!  >  Monceau»,  Bull.  de  laSoc.  des  Antiquaires  de  France, 

1.0  ,  p.  3-5.  Mart.  M,  42,  13;  Stal.  Silv.  I,  2,  148;  IV,  2,  27;  Poil.  VII 
100;  Sid.  Apoll.  XI,  17;  Prud.  in  Symm.  Il,  240.  -  24  J.  Tezier,  Bull’,  de  là  Soc. 
éoloy.  de  Avance,  IV,  p.  100;  Fournel,  Richesse  minérale  de  l'Algérie,  I,  p.  34 


MAR 

breuses  inscriptions  tracées  par  l’admini  i 
riale  sur  les  blocs  laissés  en  place  nous  permlf,  '°n  iniPé‘ 
sidérer  cette  identification  comme  certaine» ,  ldecon- 
ont  quelquefois  parlé  aussi  des  marbres  anciens 

«  libyques  »  ou  «puniques.;  tout  poi Y™ 

ne  sont  pas  distincts  du  marbre  de  Chemtou  »  qU  ’  î 

SxôSoppiov  axpov  (cap  de  Garde),  au  nord-es't  d’n 
Regms  (Boue).  -  Marbre  blanc  veiné  de  vri  p,  Ppo 
carrières  qui  datent  de  l’occupation  romaine  n 

JJjcbd  Felfcla ,  à  l’ouest  de  Bône.  —  n 
grain  fin  «  d'une  beauté  remarquable  », 
statuaire.  «  A  en  juger  par  l’importance  des  exe  vu'  “ 
les  carrières  ont  dû  fournir  des  blocs  énormes  pT’ 
offrent  tous  les  indices  d’une  longue  exploitation»  , 

Aïn-Smara,  près  de  Sigus,  un  peu  au  sud  de'ciJ 
(Constant  i  ne)  **.  -  On  y  a  découvert  sept  ..arrière! 
antiques.  Elles  offrent  trois  variétés  différentes  :  un  nnr- 
bre  d’un  rouge  vif,  à  zones  concentriques  multicolores! 
un  autre  du  même  rouge,  mais  bréchiforme;  enfin  J 
onyx  jaune  blond  [alabaster]  27. 

Italie.  —  Sicile.  Tauromenium  (Taormina).  —  Variété 
incertaine28. 

Ëtrurie.  Lima ,  près  de  Carrare.  —  Marbre  blanc  d’un 
grain  fin,  qui  compte  parmi  les  plus  purs  et  les  plus 
brillants.  LesÉtrusques  l’ont  connu,  mais  ils  .nosemblent 
pas  en  avoir  fait  grand  usage29.  Il  fut  introduit  à  Rome 
par  Mamurra,  vers  l’an  48  av.  J.-C. 30 ;  il  n'y  a  donc  paru ] 
qu’après  certains  marbres  de  Grèce  ou  d’Afrique.  Auguste 
fit  construire  le  temple  d’Apollon  Palatin  en  blocs  massifs 
de  Luna31.  Dès  lors  ce  marbre  devint  l’objet  d’un  trafic 
important3-;  on  l’embarquait  à  Luna  même  sur  des 
bateaux  qui  l’amenaientà  Rome  par  la  mer  et  par  le  Tibre 
tout  comme  les  marbres  d’Orient33.  Déjà  au  icr  siècle 
on  l'expédiait  dans  d’autres  villes  que  Rome,  et  même 
en  Gaule34.  La  plus  grande  partie  des  sculptures 
italiennes  d’époque  romaine,  que  l’on  conserve  dans  nos 
musées  sont  en  marbre  de  Luna33.  Il  faut  le  considérer 
comme  identique  au  marbre  dit  de  Ligurie,  Luna  sel 
trouvant  tout  à  fait  à  la  limite  de  cette  contrée  30. 

Il  y  avait  à  Luna  une  autre  carrière,  d’où  l’on  extrayait 
un  marbre  veiné  de  couleur  verdâtre.  Nous  n’en  savons 
rien  de  plus  37. 

Pisae  (Pise).  —  Marbre  blanc,  un  peu  inférieur  à  celui 
de  Luna,  mais  non  sans  valeur,  que  l’on  exploite  encore 
aujourd’hui  ;  les  Étrusques  y  ont  taillé  des  urnes  tune-, 
raires,  des  sarcophages,  etc. 38 

Ch.  Tissot,  Op.  cit.  I,  p.  201  ;  Pouyanne,  Richesses  minérales  de  lAlyéi  ii  J8  j  I 

—  25  Ch.  Tissol,  Op.  cit.  I,  p.  200.  —  20  Sur  cette  localité,  voir  Covp.  mser.  J 
VIII,  G033  à  0040.  —  27  Le  Blant,  C.  r.  de  l'Acad.  des  inscr.  et  belles  ^ 

1894,  p.  345;  Gsell,  Mélanges  de.  l'École  de  Rome,  1895,  p.  339.  ■ 

riére  d’onyx  a  élé  retrouvée  récemment  dans  la  Maurétanie  Césarienne  a  111  ^  i 

sur  la  route  de  Portus  Divin!  (Oran)  à  Pomarium  (Tlemcen),  uu  Moi  ,  ;  j|  j 

1895  par  M.  d’Aulerroches,  sc  voit  au  Musée  du  Louvre  dans  la  saU:  y  UL  ;0|  !  .-n  L, 
porte  une  inscription  latine  en  lettres  cursives,  encore  indéchiffui . . 

Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  1890,  p.  284;  cf.  La  Llan  221!; 

dé  Oran,  p.  10.  —  28  Atlien.  V,  p.  207  F.  —  29  Müller,  Die  Etius .  h  ^  ^  jj 
Deunis-Meissner,  Stüdte  u.  Begrâbn.  Etruriens ,  p.  411,  Blünincr, 

—  30  plin.  XXXVI,  14,  49,  135.  —  3i  Serv.  ad  Virg.  Aen.  VIII,  ^  ',/  Bn|M) 

IV,  2,  29;  Juv.  III,  257;  Sil.  liai.  VIII,  480.  -  33  Strab.  V,  P; ,'^corc  C.  >>«4 
Fontes  juris  romani Ç  (1893),  p.  275.  —  33  Bliimner,  L.  c.  4  °ii  el  '  (au«sc 
lat.  VI,  8484,  8485  ;  X,  6337  ;  XI,  1350  (ans  16-22  ap.  J.-C.),  6723.  v^,„0r. 

à  rejeter,  VI  falsae,  4288*. — 3ii  Juv.  III,  257  ;  Quintino,  Deiniamu  jgo  et  -l'K* 
délia  R.  Accad.  di  Torino,  XXVII,  p.  211;  Bruzza,  Annah,  [[(1884), 

marmi  Lunesi,  Dissert,  délia  pontif.  Accad.  rom.  di  archeol.  st T'  P,  227. 

p.  389-448.  —  37  Strab.  V,  p.  222.  —  38  Strab.  V,  p.  223  ;  Mü_  r’  inachevées  «vec 
Dans  l'ile  de  Capri  (Campanie),  deux  colonnes  de  marine  iou0  ■  l.aliuCi 

1  •  /’  •  /  Y  r.ariK  Maraues  diverses  *lal 

marques,  provenance  incertaine:  G.  ?.  G  a,  o»un. 

11U\  XIV,  -131  à  2133,  2G70,  2974,  3030. 


MAR 


—  1005  — 


MAR 


tirer 


«  Aujourd’hui,  dit  Pline,  on  taille  les  Alpes 
mille  espèces  de  marbres1.  »  Il  y  a  là 


Gaule- 

I  P0111' une  hyperbole  ;  mais  de  ces  nombreuses 
|Cerl''u'"l(|oiit  le  versant  de  la  Gaule  transalpine  ne  four- 
|V:I"'  M  ins  doute  qu’une  partie,  aucune  ne  nous  est 
nh  'iM. le  sujet  a  été  jusqu’ici  peu  étudié  par  les 

I  archéologues  J. 

'  I marbre  noir  de  la  Gaule,  mentionné  dans  un  texte 3, 
I  enail  peut-être  de  l’Aquitaine,  comme  d’autres  qui 
ornaient  vers  la  ün  du  ve  siècle  une  église  de  Lyon 
|  ,écrite  par  Sidoine  Apollinaire4.  On  a  relevé  dans  les 
Pyrénées  les  traces  de  plusieurs  exploitations  antiques 5  : 

Saint-Béat  (Haute-Garonne).  —  Marbre  blanc,  bon 
pour  la  statuaire,  qui  se  rapproche  des  marbres  de  Paros 
et  de  Lima.  Les  carrières,  largement  mises  à  profit  parles 
plus  grands  sculpteurs  modernes,  ont  fourni  dans  l’anti¬ 
quité  la  matière  d'un  très  grand  nombre  de  monuments, 
stèles  votives,  statues,  bas-reliefs,  etc.,  qui  remplissent 
les  musées  du  Sud-Ouest,  depuis  Toulouse  jusqu’à 
Poitiers.  On  a  calculé  que  les  marbriers  gallo-romains 
auraient  extrait  de  la  seule  carrière  de  la  Penne-Saint- 
Martin  «  près  de  G 000  mètres  cubes  de  marbre,  dont  les 
blocs  ne  doivent  pas  avoir  beaucoup  perdu,  grâce  à  la 
régularité  de  l'exploitation.  La  tranchée  a  -40  mètres  de 
hauteur  maximum,  sur  20  mètres  de  profondeur  et 
12  mètres  de  largeur.  Elle  ressemble  exactement  au  vide 
d’une  tour  carrée,  dont  un  des  murs  latérauxseraitécroulé 
et  laisserait  voiries  parois  dénudées  de  l’intérieur6.  » 
Marignac ,  à 2  kilomètresde  Saint-Béat.  —  Brèche  àfond 
jaune  avec  des  marbrures  blanches  ou  rousses1.  Une 
inscription  trouvée  à  Marignac  nous  fait  connaître  deux 
personnages,  qui  les  premiers  y  avaient  taillé  des 
colonnes  monolithes  de  vingt  pieds  de  haut,  et  les 
avaient  exportées;  ce  document  doit  dater  à  peu  près  du 
mp  siècle8. 

Barousse  (Hautes-Pyrénées) .  —  Marbre  blanc,  dur,  pré¬ 
sentant  des  analogies  avec  le  Luna,  mais  d’un  travail 
difficile9. 

Espagne.  —  Les  principaux  gîtes  se  rencontrent  au 
sud  de  la  péninsule  ibérique,  dans  la  Sierra  Morena  et  la 
ueira  Nevada.  L’Andalousie,  l’Estramadure  (Espagne), 
Aeiniijo,  Estremoz  (Portugal),  possèdent  plusieurs 
ranierus  importantes,  signalées  par  les  minéralogistes 
m°  UnRsl°-  N  est  probable  qu’elles  furent  mises  en 

ftédonn’'  ^ uY'.  "  "  P'U  ^hlcau  général  des  marbres  des  Alpes  françaises  a 

fc  Franc?  "i  '  '*Ca'  ^  ^lury’  ^ aPP°>'t  sur  l'état  actuel  des  carrières  de  marbre 
'sqoissc  du  su  "l'^U  !^tS  m!ne*>  VIII (1823),  d'où  Clarac,  Op.cit.  I,  p.  184,  a  tiré  une 
Posit.  univers'1  V  ■>*.  '  l  e^ris  Par  Colosse,  Matériaux  de  construction  de  VEx- 
221.-  t  sy'"1  Voir  encore  Bull,  monum.  1840,  p.  337.  —  3  Paul.  Sil.  Il, 
Pyrénées  »•  j,|  j)0^1  U.  10. —  B  Ch.-L.  Frossard,  Mém.  sur  les  marbres  des 
tresTolosane  ,/  é*'  'S’  1836  ’  c^‘  Joulin,  Les  établissements  gallo-romains  de  Mar- 
—  c  Frossard'  >  P"sentes  “  l'Acad.  des  inscr.  et  belles-lettres,  XI,  I  (1901). 

Frossard  *  Y  V  Cf'  'asseiu'  et  Garez,  Carte  gêol.  de  France  (1885-80). 
|“î.  Des  morcca  '  "  8  ’•  L  XIII,  38  ;  Joulin,  Z.  c.  —  9  Frossard,  p.  15, 

1,0 tU ,  on l  été  Iroiu  aul  'U'^s  en  marbre  de  Campai)  (Hautes-Pyrénées),  Frossard,  p.  -29, 
““Us beaucoup  |  S  !  "IS  'a  ®ar^10’  Bull,  monum.  1837,  p.  33S.  D'autres  rapproche- 
F,r  Frossard, ,,  \  "  (°n|eu\  sont  indiqués  par  Bunsen,  Corsi,  Pullen,  etc.  et  aussi 
^tollifères,  Paris'  ! '  111  I‘  nclis  et  Dclaunay,  Traité  des  gîtes  minéraux  et 

l6'37.  —  p  p||n  '  X h  P-  543  ;  cf.  la  Carte  géol.  internat,  de  l’Europe,  feuilles 


i'°ii  p.  ’  111  ’  XXXIII,  07-08.  —  12  Fischer  ap.  Kirchlioff,  Unser  Wissen 
',J|t  Ssr.ô,  Suml  T\m3’  * '  I1-  V 1 2-7 13.  Sur  celle  localité,  cf.  C.  i.  I.  II, 

U  1132;  cf.  |a  Cart  "T  13  *■  L  'C43,  —  H  Ibid.  1 131  et  Ilübncr,  ad  h. 

*(2l;  à  Villavicin  .r? °l'  *ntcrn,lL  Z.  c.  Marbriers  à  Cadix,  Corp.  inscr.  lat.  Il, 
J’  14h  Sur  colle  i  0l.lu®ab>  ;  fabri  subidiani  à  Cordouo,  2211.  —  IB  Plin. 
vlUe-  Kaipir,  ,)e  °Ca  ,lé’  cf-  C-  «•  I-  Hl,  2075'  à  2705.  —  10  Plin.  XXXII,  79; 
'  X'L  158.  —  i,  p  .  tcam ■  XIII,  p.  97  ;  Diosc.  De  mat.  med.  V,  103  ;  cf.  Plin. 
n,XXllI,45;Ge  “UmnX|I,  ^'*n-XXXiI,  79. —  18  Coluin.  L.  c.  ;  Plin.  XIV, 
I,  "  '"nnuori/,ils  V  L  18.  —  Bibliographie.  Blas.  Caryophilus,  De  anti- 

urg,  1776 ;  Mongoz  ,1,  1 1+3  ’  FerI)er>  Lettres  minéralogiques  sur  l’Italie ,  Slras- 

Im  C t,onn-  de  l  antiquité,  de  V Encyclopédie,  arl.  Marbre  (1 


Vl 


790); 


valeur  par  les  Phéniciens  et  les  Romains  et  que  Pline  a 
spécialement  en  vue  ces  différentes  parties  de  l'ancienne 
Bétique  lorsqu'il  parle,  sans  préciser  davantage,  des 
carrières  d’Espagne11.  Nous  connaissons  les  suivantes  : 

Albanches ,  sur  le  versant  nord  de  la  Sierra  Filabres, 
en  Andalousie 12. 

Pagus  marmorarius  (Alinaden  de  la  Plata  ,  dans  la 
Sierra  Morena,  à  l’ouest  de  Cordoue.  —  Carrières  où  l'on 
travaille  encore  aujourd’hui 13. 

Italien  (Santiponce),  près  Séville.  — Des  carrières  im¬ 
périales  devaienL  se  trouver  à  peu  de  distance,  car  une 
inscription  d’Italica  mentionne  un  poste  (statio)  de 
scieurs  de  marbre,  esclaves  ou  affranchis  de  l’empereur  u. 

Dalmatie.  —  Carrières  à  Tragurium  (Trau,  /Autriche), 
sur  le  bord  de  l’Adriatique16. 

Le  marbre  jouait  un  certain  rôle  dans  la  pharmacie 
antique;  on  lui  attribuait,  comme  à  beaucoup  d’autres 
minéraux  [gemma,  lapides],  des  vertus  curatives;  réduit 
en  poudre,  il  entrait  dans  diverses  compositions;  ainsi 
on  le  mêlait  à  de  la  cendre  de  poisson  calciné  pour  en 
former  une  pâte,  que  l’on  croyait  propre  à  guérir  le  mal 
de  dents  1C. 

On  se  servait  de  la  poudre  de  marbre  [fias  ou  farina 
marmoris)1  7 ,  comme  on  le  pratique  encore  aujourd’hui 
dans  le  Midi,  pour  clarifier  le  moût,  avec  lequel  on  faisait 
le  vin  cuit  appelé  defrutum  [vinum]  18.  G.  Lafaye. 

MARMORARIUS1,  marbrier.  —  Les  mots  grecs  tj.af.ua- 
pâpiGç2,  [j.apjj-apciupydç 3,  (jtapjjuxpoTroiôç4',  sont  rares  et  de 
basse  époque  ;  comme  le  marbre  a  longtemps  été  appelé 
Atôoç  [marmor],  l’ouvrier  qui  le  travaillait  était  rangé  au 
nombre  des  ktOoupYot  ou  Xtôoljôot5.  Les  Romains  ont 
marqué  plus  nettement  la  distinction  :  le  lapidarius 
façonne  la  pierre  de  taille  [lapidarius]  ;  la  tâche  du  mar¬ 
morarius  est  d’un  ordre  plus  relevé  :  c’est  un  ouvrier 
décorateur;  il  débite  le  marbre  et  le  polit;  s’il  faut  en 
faire  des  placages,  il  l’ajuste  sur  les  murs;  il  fabrique 
des  stèles,  des  piédestaux,  des  balustrades,  des  autels, 
des  candélabres,  des  sièges,  des  tables,  des  fontaines,  des 
baignoires,  etc.;  il  les  orne  de  moulures  et  de  sujets6. 
L’édit  de  Dioclétien  fixe  le  salaire  du  lapidarius  à 
50  deniers  (1  fr.  85)  par  jour,  plus  la  nourriture;  le  mar¬ 
morarius  doit  en  recevoir  GO  (2  fr.  20) ;.  D’autre  part,  le 
marbrier  ne  doit  pas  être  mis  sur  le  même  pied  que  le 
sculpteur  [sculptor],  mais  il  peut  en  certains  cas  s'en 

Uggieri,  Edifices  antiques  de  Home,  I,  III,  Matériaux  dont  se  servaient  les  anciens, 
Rome,  1800;  Hirt,  dans  Bottigcr,  Amalthea,  1820,  I,  p.  225;  Plalner-Bunsen, 
Beschreih.  der  Sladt  Bom  (1829),  I,  p.  335;  Faustino  Gorsi,  Dette  pietre  antiche 
(2°  éd.  1833);  O.  Millier,  ffandbucli  der  Arcfuïol.  (1833),  §§  268  et  309,  1  ;-de 
Clarac,  Musée  de  sculpture  antique  et  moderne,  l  (1841),  p.  165;  Belli,  Calalogo 
délia  collezione  di  pietre  usate  d.  antichi  per  costruire  ed  adornare  le  loro 
fabbrxche,  Roma,  1842;  Krausc,  arl.  marmor,  dans  Pauly,  Beat  Encycl.  d.  Altertli. 
Wissensch.  1846;  von  Rcinnont,  Bôm.  Briefe,  Leipzig,  1840,  I,  65;  Geschichte  d. 
Stadt  Bom ,  I,  p.  335-354  (1867)  ;  Barbier  de  Monfault,  Tableau  raisonné  des  pierres 
et  marbres  antiques  employés  à  la  construction  et  décoration  des  monuments  de 
Rome,  Ballet,  monumental ,  XXXV  (1869),  p.  837  ;  Brnzza,  Iscrizioni  dei  mariai 
grezzi,  Annali  d.  lstituto  archeolog.  di  Borna,  1870,  p.  106;  H,  Bliimncr,  Techno¬ 
logie  und  Terminologie  der  Gewerbe  and  Kilnste  bei  Grieclien  und  Bômem  111, 
1884,  p.  26;  G.  Richard  Lepsius,  Griecli.  Mannorstudien,  Abhamll.  d.  Alcad.  d. 
Wissensch.  zu  Berlin,  1890;  Marquardt-Mau,  Vie  privée  des  Domains,  Irad.  Henry 
II  (1893),  p.  263  ;  H  .GW.  Pullen,  Hundbook  of  ancient  Roman  marbles,  Londres, 
1894;  Sittl,  Arcbaeologic  der  Kunst,  Munich,  1895,  p.  290  el  712  ;  H.  S.  Washington, 
The  identification  of  tlie  marbles  used  in  greek  sculpture,  dans  American  Journa 
of  Archaeology,  2e  série,  I.  H,  1898,  p.  1-18. 

MARMORARIUS.  1  Vilruv.  VI,  G  ;  Son.  Ep.  LXXXYI1I,  18;XC,  15;Co</.  Theod. 
XIII,  4,  2.-2  Corp.  inscr.  gr.  1107.  —  3  Tzelz.  Chil.  IX,  131.  —  4  Strab.  X,  487  ; 
Gloss,  gr.  lat.  s.  r.  —  6  Sur  cette  terminologie,  voir  Blümner,  Technolog.  d.  Gewerbe 
u.  Kilnste  b.  1 1.  Gr.  u.  Bôm.  III,  p.  3.  —  6  r  les  divers  ouvrages  du  marbrier,  voir 
les  exemples  réunis  dans  Marquardt-Mau,  Vie  privée  des  Bom.  Irad.  Henry,  I.  II, 
p.  273,  elles  articles  ara,  bai.nki  m,  cancelli,  caxdei.ahuvm,  ross,  i.abrom,  beu.a, 
tabula,  etc.  —  7  Ed.  Dioclet.  éd.  Blümner,  VII,  5;  ef.  Corp.  inscr.  lat.  XII,  3070. 

202 


MAR 


—  11)01)  — 


rapprocher  beaucoup.  Nos  musées  renferment  de  beaux 
objets  en  marbre,  ayant  servi  à  des  usages  domestiques, 
qui  sont  sortis  des  mains  de  ces  praticiens;  comme  il 
arrive  encore  dans  les  contrées  méridionales,  ils 
déployaient  souvent  plus  de  goût,  d'invention  et  d'habi¬ 
leté  qu’on  n'en  attendrait  de  simples  artisans  voués  à  un 
art  industriel,  et  la  ligne  de  démarcation  qui  les  séparait 
du  sculpteur  était  souvent  franchie.  Pour  les  Grecs, 
Phidias  était  aussi  un  XtQoupy&i;* 1 1  0,1  conçoit,  à  plus  forte 
raison,  que  la  différence  se  soit  effacée  encore  davantage 
quand  il  n’y  a  plus  eu  de  Phidias  ni  de  Praxitèle2. 

Pans  1  antiquité,  comme  de  nos  jours,  les  marbriers 

tiraientune  bonne  par¬ 
tie  de  leurs  ressources 
de  la  décoration  des 
sépultures.  Ils  se  char¬ 
geaient  de  graver  les 
inscriptions,  et  surtout 
les  épitaphes,  comme 
en  fait  foi  une  enseigne 
trouvée  à  Rome  (fi g. 
4835).  Pour  attirer  l’at¬ 
tention  des  passants,  le 
marbrier  a  mis  en  tête 
le  D(îs)  M (anibus),  la 
formule  ordinaire  par 
laquelle  débutent  les 

épitaphes;  on  lit  au- 


IÎTVIOSSCRÏ 


îrcnm 


ri: 

ARIOPVMVI 
F  RÏIH  IC  HA,  ' 

LbTe  $ 


Fig.  4835.  —  Enseigne  de  marbrier. 


dessous  :«  titulos  scri- 


bendos ,  vel  si  quid 
o  pé  ris  mai"jnor\ari{i)  opus  fuerit ,  hic  habes.  Gravure 
d  inscriptions,  travaux  de  marbrerie  en  tout  genre  3  ». 

Parfois  le  mar¬ 
brier  signait 
son  ouvrage, 
comme  on  le 
voit  sur  des  mo¬ 
numents  con¬ 
servés  jusqu’à 
nos  jours  4 *. 
Nous  possé  - 
dons  aussi  le 
cippe  funéraire 
d’un  marbrier 
de  Regium  Le- 
pidi  (Reggio  , 
Emilie)  qui  se 
distingue  par 
la  richesse  des 
ornements  dont 
il  estchargé;  la 
famille  et  peut- 
être  les  ou¬ 
vriers  du  dé¬ 
digne  de  lui  ;  ils 


Fig.  4836.  —  Marbrier. 


font  ont  tenu  à  lui  élever  un  tombeau 


1  ArisloL  Et  b.  Nicom.  \  I, 7,  p.  M41  a,  10.  —  2  Définition  du  marmorarius,  voir 

U.  J  afin,  W  andgem.d.  Columbarium  in  il.  Villa  Panfili,  Munich,  1857p.  C  ;=Abhand 

d.  Bayer.  Akad.  d.  W,  philos.  Cl .,  VIII,  B.  II,  p.  231;  Ber.  d.  süchs.  Ges.  d.  Wiss. 

plulol.  Classe ,  1861,  p.  298.  —  3  Cagnat,  Cours  d'épigr.  lut.  3»  éd.  (1898),  page  de 

l'Ire  =  C.  1.  I.  VI,  9550.  Aulre  enseigne,  Ibid.  X,  7296.  —  4  C.  i.  I.  II,  3222  ;  III, 

287  ;  V,  7070;  VIII,  2482;  XII,  944,  33;  Annal,  d.  Islit.  di  Borna,  1808,  pF  137. 

“  J  ■  '•  '  Xl’  901  ■  Bas-relief  inédit,  à  la  villa  Saint-Maurice,  près  Keggio. 

-  i-  Uas-relicf  au  Musée  du  Vatican,  0.  Jafin,  Ber.  d.  Sachs.  Ges.,  I.  c.,  pl.  vi,  3  ;Blii- 

nmer,  Op.  al.  III,  p.  219,  fig.  27;  cf.  p.  217-220.  —  7  C.  i.  I.  Il,  133  —  8  Ibid  VI 

6318,  8893,9102.  -  9  /ê.  X,  1549;  cf.  Hor.  Carm.  Il,  18,  17.  -  10  lb.  XII,  307û! 


MAR 

ont  représenté  divers  animaux,  un  groum.  i 
sonnages,  et  plus  bas  les  outils  de  lu  „  7  deux  P^r- 
niveau,  une  équerre  et  un  fil  ù  n]m  T*’ OSsi0n  :  un 
maillets6.  Enfin  on  connaît  toute  une  S<sri  ' T*  dp"x 
ments  qui  nous  montrent  ces  artisans  à  V  !..  m°nu' 
verra  quelques-uns  à  l’article  sculptura  Cel''  '  ^  ’  °n  °n 
duitla  figure  4836  représente  un  marbrier' • 
vaillant  en  présence  d’une  dame, qui,  à  en 
coiffure,  doit  avoir  vécu  vers  le  temps  des  11  ** 

l’ouvrier,  tenant  de  la  main  gauche  un  ciseauT^ 
droite  un  marteau,  termine  un  médaillon  IclùiZ  , 
femme,  semblable  à  ceux  qui  ornent  le  devan  i  ' 
sarcophages0.  1  ^es 

Les  grandes  maisons  avaient  des  marbriers  parmi  le 
esclaves,  comme  elles  avaient  des  ouvriers  de  tout  aut  ' 
genre,  travaillant  pour  le  compte  du  maître,  soit  qu’ü  Z 
employât  à  ses  propres  constructions,  soit  qu’il  vendit 
les  produits  de  leur  industrie  ou  qu’il  louât  leurs  bras7 
Naturellement  les  empereurs  disposaient  toujours  de 
leurs  marbriers  particuliers,  esclaves  ou  affranchis 
aussi  bien  dans  les  provinces  qu’à  Rome,  pour  les  besoins 
de  leurs  palais  et  de  leurs  luxueuses  bâtisses;  nous  en 
connaissons  quelques-uns8.  Il  y  avait  des  entrepreneurs 
qui  se  chargeaient,  après  avoir  soumissionné,  de  tous 
les  travaux  de  marbrerie  à  exécuter  dans  un  édifice:  tel 
un  redemptor  marmorarius ,  que  mentionne  une  inscrip¬ 
tion  de  Naples9  ;  tel  encore  probablement  un  personnage 
qui  avait  fourni  les  pierres  et  le  marbre  d’une  basilique 
de  Nîmes  :  exact  or  o péris  basilicae  marmorari(i)  et 
lapidari(i)i0.  Les  marbriers11  formaient  des  corpora¬ 
tions  dans  les  villes  où  ils  étaient  assez  nombreux  pour 
en  avoir  les  éléments12. 

Une  inscription  nous  a  fait  connaître  un  marmorarius 
subaedianus 13.  D’autre  part,  on  en  a  trouvé  plusieurs  qui 
mentionnent  des  subaediani  ou  des  fabri  subaediani'^ 
Mais  nous  sommes  hors  d’état  de  définir  le  sens  de  ce 
mot,  et  rien  ne  nous  garantitque  tous  les  fabri  subaediani 
fussent  des  marbriers.  L’opinion  la  plus  vraisemblable 
est  encore  que  ces  ouvriers  exécutaient  les  travaux 
nécessaires  à  l’aménagement  intérieur  du  bâtiment,  par, 
opposition  avec  ceux  qui  travaillaient  en  plein  air,  comme 
les  maçons  et  les  charpentiers  ;  le  marbrier  subaedianus 
serait  donc  particulièrement  celui  qui  fabriquait  et 
posait  les  placages  de  marbre  pour  la  décoration  des 
appartements;  par  cette  spécialité,  il  se  serait  distingue 
notamment  du  marbrier  qui  sculptait  les  monuments 
funèbres.  Il  y  avait  des  subaediani  dans  les  provinces! 
comme  à  Rome;  en  certains  endroits,  ils  étaient  consti  I 
tués  en  corporations16.  Georges  Lafaye. 

MARRA.  —  Instrument  d’agriculture  et  de  jardinage, 
servant  à  enlever  du  sol  les  herbes  et  les  racines  mu  j 
sibles,  sarcloir.  Pline1  dit  qu’on  l’emploie  pour  net  In)  pr 
la  luzerne  lorsqu’elle  a  trois  ans,  alors  qu’on  ne  peut  p  l|s, 
en  arrachant  les  plantes  qui  l’étouffent,  dt*li un*  •  ■  ^ 

racines,  qui  ont  poussé  profondément.  D’après  Co  »ni< 

ou"  y  J  fi  18  I  b  *  j 

-  H  Voir  oncore  Ib.  II,  1043,  1131,  1132,  1724;  VI,  9551  à  95w ; ^  VI, 

3985,  7039;  XIII,  916;  XIV,  3560.  -  12  Ibid.  V,  7044;  VI,  935°'  .'x||  U1U. 

7814.  —  H/6.  Il,  2211;  VI,  9558,  9559;  VIII,  10  523;  cf.  3743;  X,»  •  .  ’  j5; 

—  H  Ibid.  L.  c.  Voir,  sur  celle  question,  Bail.  d.  Istit.  di  <,.pengescli. 

Bull.  d.  commiss.  municip.  di  Borna,  1877,  p.  255-258;  Friodlan<  ci ^  ut 

Bonis,  III»,  p.  23G  ;  Marquardt-Mau,  Vie  privée  des  Boni  (lins,  1  a'  gur  ks  , 

p.  273,  n.  4;  381,  n.  4;  Blümner,  Technol.  Ilf,  P-  185;  «f-  Wal'I^ü 
corporations  professionnelles  chez  les  Romains,  Louvain,  I®93  'latis  eradere 

MARRA,  l  ffist.  nat.  VIII,  43,  3.-2  Col.  X,  v.  72  ;  “  Pem 
viseera  marris  »  ;  cf.  Ibid.  89. 


MAR 


1007  — 


MAR 


rapproche  la  marra  du  sarculum. 
•  d’un  outil  à  fortes  dents  2,  comme  notre 


i  r| large  et  avoir  des  dents  entrant  assez  avant 

dans  la  terre.  Juvénal 1 
h  syril  donc 

11 9 .  ajn)  ct  non  du  sarcloir  en  forme  de  ratissoire, 

‘1°l"  '  S(J  sei,(  aussi  actuellement  et  à  laquelle  on  a 
dont  on  •  •  « 

aYé  de  l’assimiler,  h.  éaglio. 

I cs  —  Dieu  qui  préside  à  la  guerre,  un  des 

Lands  dieux  du  panthéon  gréco-italique. 

I  g  \iiiis  chez  LES  Grecs.  —  Caractère  et  légendes.  — 
( Son  type  est  fixé  dès  l’époque  homérique  et  marqué  en 
I  traits" nets  et  forts.  Le  caractère  qu’IIomère  et  les  poètes 
suivants  lui  attribuent  n’offre  pas  la  complexité  de 
(  uelqiies  grandes  divinités  helléniques,  comme  Apollon 
ou  Dionysos,  et  sa  légende  se  réduit  à  quelques  mythes 
sommaires  et  rares.  La  tradition  commune  fait  de  lui  le 
(j|s  je  zeus  et  d’IIéra  1  ;  il  est  ainsi  frère  d’Hébé  et  d’Ili- 
tlivia; quelquefois  aussi  on  lui  donne  Enyo  pour  mère2. 
C'est  le  dieu  guerrier  par  excellence,  et  son  nom  est  sou¬ 
vent  pris  comme  synonyme  de  la  guerre  elle  même 3.  Il  a 
péquipement  des  héros  de  l’épopée  ;  il  a  leur  démarche 
et  il  combat  comme  eux,  mais  avec  une  violence  qui 
^appartient  qu’à  lui.  Revêtu  d’une  armure  d’airain 
xso;)4,  la  tête  couverte  du  casque  étincelant,  à  la  cri¬ 
nière  ondoyante  (^puaeoirqXvi?,  xopuôtxï!;,  xopuôat'oXoç) B,  il 
brandit  la  lance  (èyy_é<ntaXoç,  ptvoTÔpoç) 6,  et  son  bras  est 
armé  du  bouclier  de  cuir  (taXaupivo;) 1 .  D’ordinaire,  il 
combat  à  pied,  brisant  les  chars,  renversant  les  mu¬ 
railles  (pfKjàpgaTOî,  Tsi/effi7tX-qTY|î) 8  ;  mais  on  le  voit  aussi 
monte  sur  un  char  attelé  de  deux  ou  quatre  chevaux  ma¬ 
gnifiques  que  l'épopée  a  célébrés  A  Au  physique,  les 
épithètes  qui  lui  sont  appliquées  indiquent  une  stature 
colossale  1 7rsX.tôptoç) 1 0 ,  la  vigueur  (oêpigo;,  xap-rspoystp)  H, 
la  rapidité  impétueuse  (Oooç,  Ocupo;,  ôçuç) 12.  11  s’élance  au 
combat  emporté  par  une  vraie  folie  belliqueuse  (gatvo- 
,u.evo;i  1  ',  les  yeux  égarés  u,  poussant  une  clameur  énorme 
(fiprqjtuo;) ls,  altéré  de  sang  et  de  carnage  (gtocttpdvoi;, 


ppoToXoïydç)  "1,  insatiable  dans  sa  fureur  rroç  TroXégoio  )  IT, 
indifférent  d’ailleurs  à  la  justice  et  ne  reconnaissant 
aucune  loi18.  Dans  X Iliade ,  on  le  trouve  du  côté 
des  Troyens,  bien  qu’il  eût  promis  à  liera  et  à  Athéna 
de  seconder  les  Achéens19.  Sa  frénésie  guerrière  le 
rend  odieux  à  Zeus  lui-même,  et  parfois  on  le  trouve 
en  lutte  contre  sa  propre  mère  20  :  c’est  le  plus  détesté 
des  immortels21. 

Arès  est  fréquemment  désigné  sous  le  vocable 
d  ’EvuxXto;.  Déjà  dans  l’ Iliade  ce  nom  est  employé 
couramment,  soit  comme  une  épithète,  soit  même 
comme  un  équivalent  d’^Ap-qç  22.  On  a  cherché  l’ori¬ 
gine  de  cette  appellation  soit  dans  le  nom  de  la  déesse 
Enyo,  qui  est  associée  à  la  légende  d’Arès  23,  soit  dans 
le  cri  de  guerre  àXaXq,  àXaXâ,  que  poussaient  les  guer¬ 
riers  en  allant  au  combat  2 *.  Nous  trouvons  cette  épi¬ 
thète  jointe  au  nom  d’Arès  dans  les  actes  officiels 
d’un  certain  nombre  de  villes:  ainsi  à  Ilermione 2| 
et  à  Athènes,  ou  le  serment  des  éphèbes  invoque  le 
dieu  sous  ce  double  vocable  26.  En  d’autres  cités,  c’est 
décidément  Enyalios  qui  est  le  nom  officiel  de  la  divi¬ 
nité,  à  l’exclusion  de  celui  d’Arès  :  ainsi  à  Sparte21, 
à  Mégare  28,  à  Salamine  29,  à  Érythrae  où  nous  trou¬ 
vons  mentionné  un  prêtre  d’Envo  et  d’Enyaliôs  *°.  C’est 
seulement  à  une  époque  tardive,  à  ce  qu'il  semble, 
que  quelques  auteurs  ont  considéré  Enyalios  comme 
une  personnalité  distincte  d'Arès  et  ont  fait  parfois 
de  lui  son  fils  31 . 

Autour  d'Arès  gravitent  un  certain  nombre  de  divi¬ 
nités  secondaires,  qui  personnifient  comme  lui  la 
guerre  et  l’épouvante  :  telle  est  Enyo,  l’analogue  de 
la  Bellone  des  Romains  32,  et  dont  on  fit  plus  tard  la 
mère,  la  nourrice  ou  la  fille  d’Arès33  ;  telle  encore 
Eris,  déesse  de  la  Discorde,  sœur  et  compagne  du 
dieu31;  tels  ses  fils  Deimos  et  Phobos,  la  Crainte  et 
l’Épouvante,  qui  attellent  son  char  et  l’accompagnent  au 


'O  V\,  IGG.  2  En  fer  :  Ilcsycli.  ixot^ov  *  mSigçoiïv. 

MAlis.  *//.  V,  806;  Hes.  Theog.  921  sqq.  ;  Seliol.  ad  Aescli.  Suppl.  823  ;  Apollod 
1  1  ’’  Wagner).  Sur  la  tradition  rapportée  par  Ovide  seul,  Fast.  V,  251  sqq 
laquelle  Junou  est  fécondée  par  une  fleur,  sans  l’intervention  de  Jupiter,  voi 
iOiioPéiici,  Mon.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France ,  1850,  p.  105  et  s.  =  Œuvres 
'  ’  **'  *  reller-Robert,  Griech.  Myth.  I,  p.  336,  n.  I  ;  Preller- Jordan,  Roem 

341,n*3;  üsener»  Mein.  Mus.  XXX,  216;  Tümpel,  in  Pauly-Wissowa’ 

EUmC*1  S  V'  ^ ’  652’  X’  5*  ~  2  Scho1*  11 *  V’  333  î  Corn.  NaL  Deor’  21 
Sa^  l  2.  —  3  Le  sens  étymologique  d’"Apy;ç  (forme  éolienne  "Apeu; 

cs|,iiir  '  ,jG’  91  ’  ^lcaeus,  fr.  124,  Bergk  ;  Ilerodian.  II,  p.  639  sq.  éd.  Lentz 

des  cl  11 1  C°mme  CC^U*  du  nom  de  *a  P^uPar^  des  divinités.  On  trouvera  la  lisli 
^XXlli  TT  ^r°l)0S^es  Par  *cs  anc*Dns  à  l’art,  cité  de  la  Real  Encycl.  660 
WJ  ■  ,  *n  Lexikon ,  I,  478,  se  rallierait  à  l'une  des  deux  étymo 

ou  (je  Cornutus,  L.  c.  :  A ?r,ç  dériverait  de  apw,  af?w,  tollere ,  tuer 

jv?!.  |  rn  a  a»ssi  rapproché  le.  sanscrit  am,  ennemi,  et  le  gre< 

Myth  |  33? Cl*  ^emer^un9e)h  P-  45,  etc.;  cf.  encore  Preller-Robert,  Griech 

Spracheinheù  «iu  Gnindz^e  rf*  Or-  Et'Jm-  5‘  éd*  P-  540  î  *ick 

^"Asi-o*  \  •  *  •  A  ce  même  nom  d’’'Apr(;  se  rattachent  peut-être  les  surnoms 

28,  5;  \\  80,1  ^  attrihués  à  Zeus  :  Paus.  V,  14,  5,  et  à  Athéna  :  Paus.  I 

lu . '  1 1  CorP-  inscr-  au.  II,  332,  53;  Corp.  inter,  gr.  3137,  4393.  Le; 


Ikér 

"a 


t*°s,  dans  17/'  / . .  41*  00  ’  ruser,  yr.  010/,  vôvô.  l 

A-  r  (  '  porlent  fréquemment  les  épithètes  d’àpqtoi,  àp>i?©iXot,  àpr.t'Oo 


II.  II, 

Nombreuse 


'•“HVlOl  At  •  - 

111)330'  V  *»7r  vu!  n,eupent  celles  d  àorjtçaToi  ou  d'àpvitxTâ^evoi  : 

s»'“  le«  locutions  o  i.f'  X’’  8°°  ;  XV’  315  ;  XIX’  31  ;  XX“'  72’  etc - - 

4,11  ;  vll,  147  •  0I  ,  personnifie  la  guerre  elle-même,  comme  puuXo?  vApyjo;, 

Par  désigner  to  00111  age  guerrier,  XVII,  21 0 7  X Vif 1 ,  264.  Le  même  nom  a  li 
v,  704,  S59  ",C  m°fvviolente  :  Sopl,.  A  j.  234;  Oed.  R.  190.  -  4  Par  exemj 
Nom.  Vil’  |  ,‘j.  C-  XX11’  132-  —  6  XV,  005  ;  XXI,  392.  —  ^  V,  289.  —  8  Ryi 
'  ZZe/c.  441  ;  11.  V,  31,  455;  cf.  Stesich.  fr  1 


Quiniu .,|  s  erc-  441 

'4|  S,1M  il-  ' 'CUl  <4onne  lcs  noms  de  Phobos,  Ailhon,  Phlogios,  Konabos 
*«L  ion  ,r,i°ntDfllS  de  Bor6e  ct  H’Erinys  ;  cf.  11.  V,  330  sqq.  ;  XV,  119  sqq 
~ /f.  VII,  208  ()’  ,  P'Jth '  1V’  8D  Virg.  Georg.  III,  90;  A  en.  VIII,  43 

plclbres de  terrain  f  4omBe  blessé  par  Alhéna,  il  couvre  de  son  corps  se] 
V>  «0;  XXI,  40(1  _  ,3  V,407'  ~  11  V’  843  ;  XI1I>  521  ;  Hymn.  Hom.  VII,  3.  -  12  / 
P?^oXoiy0jï  "a.  .  >.ot  ^3^  »  605.  —  14-  VIII,  349:  ropYÔoç  oixpccc? *  î/uy 


•«Sifort 


Arislar, 


que  „cur  0|,  ,.’Ue.1“ait  :  'W.  -  18  XIII,  521  ;  cf.  V,  859  sqq.  :  il  cr 
Ulx  'pblo  guerriers  ensemble.  —  IG  V,  31,  840;  XXI,  4 


421  ;  cf.  Stesich.  fr.  1  :  —  17  V,  388,  803;  VI,  203.  —  1»  V,  701  ;  à;f„K... 

o'î  oûtivk  oiS,  0£|riffTa.  —  19  V,  832-834.  C’est  pourquoi  Athéna  lui  donne  1  cpilhétc 
d’4>.XoTîpô(ra>./.o(  :  Ibid.  831  ;  cf.  889.  —  20  V,  890  ;  cf.  Ibid.  757  sqq.  —  21  Soph. 
Oed.  R.  215  :  xô-,  i^oxi^ov  iv  OeoT;  6e<!v.  Cf.  pour  la  caractéristique  de  Mars,  les  épi¬ 
thètes  réunies  au  début  de  l’hymne  homérique  à  Arès  (VU),  et  C.  Bruchmann, 
Epitheta  deorum  (1893),  30-43.  —  22  //.  XVII,  210  sq.  Dans  ce  passage,  W.iA..- 

joue  nettement  le  rôle  d'un  adjectif  qualificatif  :  S:  Si  |*tv  'Afr,;  _  8i:*i;,  iyjà).,o;. 

Ailleurs  il  est  employé  comme  substitut  du  nom;  XXII,  131  sq.  :  ’A/aX-j;  loo; 
’Evja/.uo  xoouSàtx,  zoXE[xiffxîi *,  cf.  II,  512;  XIU,  519;  XV  II,  211  ;  XX,  09;  Iles.  Seul. 
Rerc.  371.  —  23  Sloll,  in  Rosctier's  Lexikon.  I,  479  ;  cf.  Ibid.  s.  r.  Engalios. 

—  24  Preller-Robert,  Gr.  Myth.  I,  p.  337  cl  n.  7.  T,r,  ’EvuaXr,.,  àW/.i'uv,  Xcn. 
Anab.  I,  8,  18;  V,  2,  14;  Hellen.  Il,  4,  17  ;  Cyrop.  VII,  1,  20;  Pollux,  !,  103.  Cel 
usage  est  déjà  connu  du  temps  d'Homère  :  piXxtEdlat  "Afv,  II.  Vil,  241  ;  cf.  "A?  iu; 
v9|xoç,  Plut.  De  mus.  1141  C.  Arès  est  aussi  surnommé  àXoïXàÏK,;,  Cornut.  2t.  Le  cri 
de  guerre  est  lui-même  personnifié  :  Pind.  fr.  78  (Plut.  De  glor.  Ath.  319  c )  :  xiJtT 
’AXaXà  IIoXe'ixo'j  OûyaxEj.  —  24  C Ol'p.  inscr.  gr.  1221  ;  ’.Uiu;  ’Evoe«X,oj  ;  cf.  Paus. 
II,  35,  9.  — ■  2G  Poil.  VIII,  10G  ;  A;(sjXo;,  'Erysto;  ’Ajv;,  ZeO;,  elc.  A  Athènes 
encore,  c'est  à  Enyalios  et  à  Artémis  Agrolcra  que  sacrifie  le  polémarquc  :  Poil. 
Ibid.  91,  et  Aristot.  Resp.  Ath.  58,  1.  Un  prêtre  d'Arès  Enyalios,  d’Emo  et  de  Zeus 
Géléon  est  mentionné  Corp.  inscr.  ait.  III,  2.  —  27  Plut.  Quaest.  rom.  lit. 
p.  290  Ü;  Paus.  111,  15,  7.  —  28  Tliuc.  IV,  07.  —  29  Plut.  Sol.  9;  Toeppfer,  Quaest. 
Pisistr.  Uorpat,  1880,  p.  19  sqq.  —  30  Rev.  are  h.  1877,  1,  p.  109  =  Ditteuberger, 
Syll.  inscr.  gr.  2"  éd.  u.  000,  1.  34.  —  31  Seliol.  Aristoph.  Pac.  457  ;  tivèî  “Aysc; 
xctl  ’Eviioixî  xôv  ’ExuâXiov,  ’r.  Se  Kytivoj  xa\  ’Péa;,  ’AXx^iàva  Si  Xi-joumx  ôxt  (jlèv  xb-j  xjxsv 
àe’yeiv,  oxt  Sx  SiaigiTv  ;  Hesycll.  :  ’EvuâXio;  ô  ”Aort;  r,  ô  xoûxou  ulôî  ;  cf.  Seliol.  II.  XVII 
211.  C’est  sur  une  fausse  lecture  de  Soph.  Aj.  178  que  se  fonde  le  scoliaste  pour 
prétendre  que  le  texle  distingue  deux  divinités  :  G.  Wolff  ap.  Gerhard,  Dcnkm.  u. 
FotscIi.  1857,  p.  104;  Keil,  Plutôt.  XXIII, p. 219.  D'après  Arrien,  fr.57  (Euslath.  II. 
073, 54) Enyalios  aurait  été  un  Thrace  dont  Arès  s'est  attribué  le  nom  après  l'avoir  tué 

—  32  11.  V,  592.  —  33  Schol.  ad  11.  V,  333  (elle  y  apparaît  en  compagnie  d' Athéné, 
Paus.  IV,  30,  3);  Cornut.  21;  cf.  (luiut.  Smyrn.  Il,  525;  V,  29;  VIII,  280,  425 
Philostr.  Imag.  2,  29.  D'après  Paus.  I,  8,  5,  les  fils  de  Praxitèle  avaient  fait  sa 
statue  pour  le  temple  d’Arès  à  Athènes.  Les  Grecs  identifièrent  Enyo  avec  la  déesse 
Ma  ou  Anaïtis  de  Komana  en  Calaonic  :  Strab.  XII,  533;  cf  Bull,  de  corr.  hell. 
VII  (1883),  p.  127  sq.  —  3»  II.  IV,  440  sq.;  V,  891.  Voir  Roschcr,  Lexik.  \. 

S.  B. 


MAR 


—  1608  — 


MAR 


combat';  enfin  la  troupe  des  génies  cruels  et  sangui¬ 
naires  qui  se  ruent  au  tumulte  des  batailles,  comme 
KuSotgoç  et  les  k kh iis  2. 

Ce  puissant  dieu  de  la  guerre  n’est  pourtant  pas 
invincible.  Sa  faiblesse  réside  dans  l’impétuosité  inconsi¬ 
dérée  avec  laquelle  il  fonce  sur  ses  adversaires;  et  ses 
lils  ont  hérité  de  lui  cette  fougue  aveugle  qui  les  voue  à 
la  défaite.  Ce  trait  de  caractère  est  souligné  par  le  con¬ 
traste  avec  la  déesse  au  Courage  calme  et  réfléchi, 
Athéné,  que  l’épopée  met  souvent  en  contact  avec  Arès, 
tantôt  elle  le  saisit  par  la  main  et  le  désarme  pour  l’em- 
pêcher  d’intervenir  hors  de  propos  entre  les  Troyens  et 
les  Achéens3;  tantôt  elle  entre  en  lutte  indirectement 
avec  lui.  monte  sur  le  char  de  Diomède  et  guide  la  main 
du  héros  qui  blesse  son  redoutable  ennemi4.  Enfin,  dans 
le  grand  combat  du  XXIe  chant  qui  met  aux  prises  tout 
1  Olympe,  c'est  Athéné  qui  se  mesure  avec  Arès  et  l’abat 
d’un  coup  de  pierre 3.  La  légende  épique  a  également  rap¬ 
porté  plusieurs  combats  singuliers  enlre  Arès  et  le  héros 
ami  d  Athéné,  Héraclès;  et  d’ordinaire,  c’est  celui-ci  qui 
triomphe,  grâce  à  la  protection  de  la  déesse.  On  connaît  le 
sujet  du  Bouclier  d  Hercule  attribué  à  Hésiode  :  sur  les 
bords  du  golfe  de  Pagases,  Héraclès  attaque  et  tue  Cycnos, 
fils  d’Arès  ;  le  dieu  veut  venger  son  fils,  mais  il  est  blessé  à 
son  tour  par  le  héros,  assisté  d’Athéna  [hercules,  p.  105]. 
D’après  une  autre  forme  de  la  légende,  Zeus  aurait  séparé 
les  combattants  d'un  coup  de  foudre6.  Dans  une  autre 
circonstance,  devant  Pylos,  Arès  est  également  blessé  à  la 
cuisse  par  Héraclès  et  dépouillé  par  lui  de  ses  armes'. 

C’est  encore  une  défaite  du  dieu  qui  forme  un  des 
épisodes  de  la  fable  des  Aloades  [aloadae]  :  saisi  par  les 
deux  géants,  Arès  est  enchaîné  et  maintenu  dans  sa  pri¬ 
son  pendant  treize  mois;  il  y  eût  péri,  sans  l’intervention 
d’Hermès,  averti  par  la  marâtre  des  Aloades,  Eériboia, 
qui  se  prit  de  compassion  pour  le  dieu8.  Cette  mésaven¬ 
ture  se  serait  produite  au  moment  où  les  deux  frères 
tentaient  d’escalader  l’Olympe  en  entassant  le  Pélion  sur 
LOssa.  D'après  une  autre  tradition,  le  prétexte  de  cet 
attentat  serait  le  meurtre  d’Adonis,  l’amant  d’Aphrodite, 
tué  à  la  chasse  par  Arès,  jaloux  de  son  rival9.  Une  fois 
délivré,  le  dieu  s’enfuit  à  Naxos,  où  il  se  cacha  dans  la 

(JlO^poêpCÔftÇ  TTSTpOE. 

Parmi  les  liaisons  amoureuses  que  la  légende  attribue 
à  Arès,  la  plus  célèbre  est  celle  d’Aphrodite.  Dans  Y  Iliade, 
qui  n’en  fait  pas  une  mention  expresse,  on  rencontre 
cependant  plusieurs  traits  où  se  marque  une  tendresse 
mutuelle.  Tous  deux  sont  du  côté  des  Troyens.  Quand 
Aphrodite  veut  retirer  du  champ  de  bataille  son  fils  Énée 

*  II.  IV,  440  sq.  ;  XIII,  299;  XV,  119;  Hes.  Seul,  itère.  193;  Aesch.  Sept.  44 
Dans  une  énumération  de  divinités  que  présente  une  inscription  archaïque  de 
Sélinonle  (RochI,  Inscr.  gr.  antiq.  n.  313  =  //i«cr.  Gr.  Sic.  et  liai.  n.  268  et 
Ditlenbergcr,  Syll.  2,  n.  751)  se  lit  le  nom  de  4>o8os,  I.  2.  Il  pareil  plausible  d’y  voir 
un  équivalent  d'Arès  lui-même;  voir  Dittcnbergcr,  Ibid.  n.  3.  Sur  un  vase  grec,  on 
voit  Phobos  conduire  le  char  d'Arès  :  Furtwaengler,  Uerl.  Vasensamml.  n.  1732. 
Phobos  représenté  avec  une  tête  de  lion  sur  le  coffre  de  Cvpsélos  ;  Paus.  V  19  ->  ■ 
il  figurait  aussi  sur  le  bouclier  d'Agamemnon  ;  Ibid.  19,  4.  —  2  /l,  XVIII,  535  sr[,(  • 
lies.  Seul.  Hère.  145  sqq.  —  3  II.  y,  30  sqq.;  XV,  110-142.  —4  V,  599-909! 

—  s  XXI,  391-433.  -  6  Apollod.  Il,  5,  11  (=  114,  éd.  Wagner).  Dans  cette  version, 
le  lieu  de  la  scène  est  supposé  différent;  et  c’est  un  second  Cycnos,  fils  d’Arès  et  de 
Pyréné,  qui  en  est  le  héros:  Hygin.  F  ah.  31.  -  7  Hesiod.  Scut.  Hcrc.  359  sqq 

-  »  11. y,  385  sqq.  ;  Apollod.  I,  7,  4,  4  (=  55,  éd.  Wagner).  -  9  Schol.  Townl.  B  Ad 
Iliad.  V,  3s. >.  Sur  le  sens  de  cette  légende,  voir  Prcller-Robert,  Griech.  Myth.  I, 
p.  103,  n.  2;  p.  104,  n.  1  ;  Roscher,  Lexik.  I,  s.  v.  Aloaden-,  Pauly-Wissowa,  s.  v! 

Ares,  044,  III,  4;  cf.  11. -D.  Miiller,  Ares,  p.  55  -,  Mythol.  I,  p  183  _  10  /;  y 

355  sqq.  -  n  XXI,  416  sqq.  _  12  Qd.  VIII,  266-360  ;  ef.  Quint.  Smyrn  XIV  47  sqq’ 

-  13  Hes.  Theog.  937  et  975  (d’après  Hésiode  encore,  v.  933  sq.  c’est  de  là  même 
union  que  scraiept  nés  les  deux  fils  d’Arès  Deimos  et  Phobos)  ;  Aesch.  Sept  I  «5.129 . 


blessé  par  Diomède,  et  qu’elle  est  elle-mêm 
la  main  par  le  héros,  Arès  lui  offre  son  H  fUteinl"à 
gner  l’Olympe  D’autre  part,  c’est  Aphrodifî0"  - 
assistance  au  dieu  blessé  par  Athéna  I  flUl  Prèle 
des  immortels  ".  V Odyssée  a  rendu 
amours  d’Arès  et  d’Aphrodite.  Tout  le  ,no„c  '7  les 
quelle  forme  cet  épisode  est  présenté  au  vil  »  ,S°Us 
par  l’aède  Démodocos.  D’après  la  donnée  ado,  ’  ’U’ 

P°èle,  lléphaistos  y  est  l’époux  légitime  d'Aph^  H 
se  rappelle  comment,  averti  par  Hëlins  il  ’ on 
liai*,.,,  adultère  de  la  dée s,e  avec  Zl  Æ"' 
mailles  fines  et  serrées  où  il  saisit  les  coupables  dan  • 
palais  de  Lemnos,  l’hilarité  des  dieux  qu'il  ,  '  h0n 

pour  leur  offrir  en  spectacle  les  amants  enlacés  »  Y  Tîl 
dans  ce  joli  récit,  une  simple  anecdote  imaginée  m  l 
libre  fantaisie  du  poète?  On  a  pensé,  et  sans  , ! 
raison,  que  le  point  de  départ  tout  au  moins  *  " 

faille  était  dans  la  combinaison  de  deux  traditions  dis! 
tinctes,  qui  font  d’Aphrodite  tantôt  l’épouse  légitimé 
d  Ares,  tantôt  celle  d’Héphaistos.  La  première  est  attestée 
par  de  nombreux  textes,  par  le  culte  de  différentes  cités 
qui  adorent  en  commun  Arès  et  Aphrodite,  par  les  mo¬ 
numents  figurés,  qui  montrent  fréquemment  les  deux 
divinités  côte  à  côte  et  comme  associées  par  un  lien  in¬ 
dissoluble.  C’est  à  Thèbes  que  cette  forme  de  la  tradition 
a  ses  plus  fortes  racines  :  le  couple  divin  y  a  pour  fille 
Harmonia,  l’épouse  de  Cadmos,  par  qui  toute  la  descen¬ 


dance  des  Cadméones  se  réclame  d’Arès  comme  ancêtre13. 
D’autre  part  on  a  conjecturé  que  les  immigrés  thëbains  qui 
occupèrent  Lemnos  y  trouvèrent  un  couple  préexistant 
d  Aphrodite  et  d  lléphaistos  Il  fallut  dès  lors  expliquer 
la  double  relation  de  la  déesse  avec  ses  deux  époux; du 


contact  entre  les  deux  mythes  serait  née,  par  un  compro¬ 
mis,  1  anecdote  telle  que  nous  la  trouvons  dans  le  chant 
de  Démodocos,  et  où  lléphaistos  joue  le  rôle  de  mari 
trompé16.  Outre  Thèbes,  on  a  encore  des  indices  sur 
l’union  d’Arès  et  d’Aphrodite  dans  le  culte  à  Athènes  et 
en  Argolide  10.  Cette  affinité  a  été  consacrée,  pour  ainsi 
dire,  par  le  rang  qui  leur  est  assigné  aux  côtés  l’un  de 
l’autre  dans  le  système  des  douze  dieux11.  Un  des  motifs 
du  coffre  de  Cypsélos  montrait  Enyalios  conduisant 
Aphrodite t8.  Dans  le  défilé  des  dieux  du  vase  François,  ils 
montent  tous  deux  le  même  char 19  ;  plusieurs  vases  peints 
les  représentent  également  assis  l’un  auprès  de  l’autre 
D’après  diverses  traditions,  d’autres  enfants  encore 
sont  nés  du  même  couple  divin  :  ainsi  l’Éros  que  Ion 
adorait  à  Thespies  21  et  Priape22.  En  outre,  un  grand 
nombre  d’unions  passagères  auraient  donné  à  Arès,  en 

Apollod.  111,  4,  2  (=25,  éd.  Wagner);  Corp.  inscr.  gr.  2120  B;  cl.  F’iml.  /'AI 
IV,  155  sq.  :  xoViç  'Aoço8i’tï;ç.  D’après  une  interprétation,  Apln  ] 

serait,  clans  ce  couple,  substituée  à  la  divinité  primitive  Erinys  ou  Enyo  11111  y 
Jahrb.  f.  Philol.  suppl.  XI,  1880,  p.  71G;  cf.  Pauly-Wissowa,  Real  Enajc  •  I 
Aphrodite ,  p.  2731  et  Ares,  647.  —  14  Crusius,  Jahrb.  f.  Philol.  CXXIIfj  p-  ^  M 

—  15  La  relation  eutre  le  citant  de  Démodocos  et  la  tradition  thébaiiu  c. 
indiquée  par  O.  Miiller,  Prolcgom.  p.  357.  —  1°  O.  Jahn,  Arch.  Aufsüt^'.l  j 
n.  20;  Hink, Annali,  1866, p.  97  sqq.;  Tümp c\,  Jahrb.  f.  Philol.  suppl-  XI,  P  ^  ^  ^ 

—  17  Sur  l’antiquité  du  système  des  douze  dieux,  qui  remonte  peut-être  au  \  ^  ^ 

voir  Tümpel,  L.  c.  p.  742.  —  là  Paus.  V,  18,  5.  —  19  Monument i,  D?  1  ^  ^ 

Wien.  Vorlegebl.  1889,  1  sqq#  —  20  Coupe  d'Oltos  et  d’Euxithéos,  M"'1 ^  ^ 

pl.  xxin  =  Wien.  Vorlegebl.  D  1  ;  coupe  de  Sosias,  Gerhard,  Trinksch.  an  ^ 
pi.  vi  et  vu  =  Ant.  Denkm.  1,  9  (Berlin,  n.  2278);  vase  de  Milo,  Ra>anO^  ^ 
monts  grecs ,  n.  4=  Wien.  Vorlegebl.  1894,  pl.  vu;  vase  de  Kmo,  i 

cit.  pl.  h.  —  21  Simon,  fr.  43,  Bergk;  Schol.  Apoll.  Rhod.  III,  26  (Lios  e  ^  ^ 
Cic.  De  nat.  deor.  III,  60.  —  22  Schol.  Apoll.  Rhod.  I,  Lucien,  ^  <rliePrjcr, 
rapporte  un  mythe  d’origine  bithynienne  d’après  lequel  Priape,  t  < 1  ^  p^iiq 

aurait  enseigné  à  Arès  la  danse  et  l’hoplomachie.  Virgile,  Aen.  HP  • 
cj’unc  version  qui  attribue  à  Arès  et  Aphrodite  la  naissance  d  L»" 


MAR 


—  1009  — 


MAR 


localités,  une  nombreuse  progéniture 
di^nl-  (1|I,|j3ue  ]a  paternité  des  héros  Ascalaphos  el 
"li^  je  gon  hymen  avec  Astyoché2.  D’après 
*alm<  " "(k'  il  est  le  père  des  Amazones  3.  Dans  les  tra- 
■'  ..•('■  néalogiques  de  la  Ihrace,  de  la  Thessalie, 
iljoue  un  rôle  important  :  il  eut  de  Cyréné, 
dc  ie  sauvage  roi  des  Bistones4;  de  Chrysé, 
^"'T.  ’s  •  Calydon,  l’éponyme  de  la  ville  de  ce  nom, 
fc  Tde'ses  amours  avec  Astynomé6;  Althaia  lui 
HniinT  Méléagre  1  ;  Périboia,  Tydée  8  ;  Protogéneia, 
ûxvlos 9 '  une  tradition  fait  naître  OEnomaos  de  son  union 

I  avec  Harpinna,  fille  d’Asopos10,  etc. 

■  Clliu,ê  __  «  Les  Thraces,  dit  Hérodote  11 ,  n’adorent  que 
•g  £jjeux  ;  Arès,  Dionysos  et  Artémis.  »  C’est  en  effet 
|  hez  ces  peuplades  belliqueuses  et  sauvages  de  la 
K Thrace  qu’il  faut,  selon  toute  vraisemblance,  chercher 
[les  origines  du  culte  d’Arès,  comme  de  celui  de  Dionysos 
baccuus,  1. 1,  p.  592],  et  c’est  de  là  qu’il  a  gagné  les  autres 
régions.  Déjà,  chez  Homère,  c’est  la  Thrace  qui  est  con¬ 
sidérée  comme  la  patrie  du  dieu  :  c’est  de  là  qu’il  vient12 
!  et  c’est  là  qu’il  retourne,  en  même  temps  qu’Aphrodite 
regagne  Paphos,  comme  en  son  séjour  préféré13.  Dans 
maint  texte,  il  est  expressément  désigné  comme  étant  de 
nationalité  thrace14,  et  une  tradition  veuEqu’il  y  soit  né 18. 

|  Les  Thraces,  d’après  Ammien  Marcellin,  lui  sacrifient 
leurs  prisonniers,  en  commun  avec  Enyo 1G.  Enfin  diverses 
légendes,  d’origine  soit  locale,  soit  poétique,  confirment 
sa  popularité  dans  cette  région  n.  Nous  rencontrons  en 
Thessalie  un  grand  nombre  de  légendes  analogues,  la 
plupart  d’un  caractère  généalogique18,  et  diverses  ins¬ 
criptions  attestent  la  présence  d’un  mois  "Apeto;  dans  le 
calendrier  de  plusieurs  villes  lhessaliennes,  Lamia19, 
Magnésie20,  Phalica21. 


En  Béotie,  Thèbes  est  le  siège  d’un  très  ancien  culte  du 
dieu  :  7taXaiy0wv  "Ap^ç,  comme  l’appelle  le  chœur  dans 
hs  Sept  d’Eschyle22  :  il  y  est  intimement  associé  aux 
plus  antiques  légendes  de  la  contrée.  Cadmus,  avant  de 
fonder  la  ville,  extermine  le  dragon  né  de  l’union  du  dieu 
ot  de  l’Erinys  Tilphossa23,  et  qui  avait  pour  repaire  la 
source  nommée  ’Àp-qTtoi;  ou  ’Apefa  xpTjvT) 24.  Chez  Euri¬ 
pide,  ce  dragon  est  fils  d’Arès  et  de  la  Terre28,  et  plus 


tard  une  interprétation  évhémériste  fil  de  lui  un  person¬ 
nage  humain26.  On  sait  que  Cadmus  massacra  les 
Spartes,  hommes  armés  nés  des  dents  du  monstre  :  pour 
ce  meurtre,  et  pour  celui  du  dragon,  comme  Apollon 
après  la  mort  du  serpent  Python,  il  dut  servir  toute  une 
«  longue  année  »  (àtotoç  éviauTÔç)  en  guise  d’expiation 
auprès  d’Arès  ;  c’est  à  la  suite  de  cet  esclavage  que  le  dieu 
lui  donna  pour  épouse  sa  fille  Hannonia27.  Par  cet 
hymen,  Arès  et  Aphrodite  deviennent  les  ancêtres  des 
Cadméones28.  Mais  la  légende  veut  que  le  dieu  soit  resté 
toujours  irrité  contre  Cadmus  et  sa  descendance  ;  et  dans 
les  tragédies  qui  empruntèrent  leur  sujet  aux  sanglants 
épisodes  de  l’histoire  thébaine,  les  poètes  font  de  fré¬ 
quentes  allusions  à  la  colère  d’Arès  qui  persécute  la 
ville20.  Ces  légendes,  dont  nous  ne  donnons  ici  que 
quelques  linéaments,  et  qui  nous  sont  parvenues  avec 
diverses  variantes,  témoignent  de  la  haute  antiquité  d’un 
culte  d’Arès  dans  la  région  thébaine.  On  a  longtemps 
pensé  que  ce  culte  était  un  emprunt  fait  par  les  Cad¬ 
méones  aux  peuplades  de  la  Thrace30  ;  plus  récemment, 
on  a  émis  l’opinion  que  le  processus  était  inverse,  et 
que  c’est  à  Thèbes  que  se  sont  formés  les  principaux 
développements  du  mythe  d’Arès,  dont  quelques  élé¬ 
ments  ont  passé  aux  tribus  thraces  31. 

A  Athènes,  nous  retrouvons  la  trace  d'un  très  ancien 
culte  d’Arès.  D’après  un  certain  nombre  d’interpréta¬ 
lions,  anciennes  ou  modernes,  c’est  au  dieu  Arès  que 
devrait  son  nom  la  colline  de  l’Aréopage  [aréopages- 
C'Apetoç  uayo;),  située  à  proximité  de  l’Acropole32.  La  ver¬ 
sion  la  plus  répandue  à  ce  sujet  voulait  qu’Arès  eût  tué 
de  sa  main  le  héros  Ifalirrhotios,  fils  de  Poséidon,  pour 
avoir  fait  violence  à  la  fille  qu’il  avait  eue  d’Agraulos, 
Alkippé  :  pour  juger  ce  meurtre,  les  dieux  auraient  siégé 
en  tribunal  sur  la  colline33;  les  voix  se  partagèrent,  et 
le  dieu,  finalement  acquitté  par  le  suffrage  de  Zeus  ou 
d’Athéna34,  dut  se  soumettre  à  une  longue  servitude,  sui¬ 
vant  un  usage  dont  on  trouve  tant  d’exemples  dans  la 
fable38.  C’est  en  souvenir  de  son  propre  procès  qu'Arès 
aurait  institué  le  tribunal  de  l'Aréopage,  destiné  à  juger 
les  meurtres.  On  reconnaît  dans  cette  forme  de  la  légende 
une  variante  de  l’histoire  d'Oreste.  La  version  dont  nous 


1  Hvgin.  Fn6.  CLIX.  -  i  11.  11,512  Sq.{  III,  82  ;  XV,  112.-3Pherccyd.fr.  2a 
(Fiaym.  hist.  tjr.  I,  p.  75),  Leur  more,  d'après  cette  source,  est  la  naïade  Harmonia  ; 
c .  poil.  Rliod.  Il,  Olin  ;  cf.  la  variante  du  dernier  vers  de  Y  Iliade  (XXIV,  804)  d'après 
^  .colics  Tonuley,  et  Proclus,  argum.  Aethiop.-,  Kinkel,  Epie,  graec.  Aelliiop. 

•  i- Amazones  sacrifient  des  chevaux  à  Arès  :  Schol.  Aristoph.  LjsisÊr.  191. 
~  *  Apollod.  11,  5,8  (éd.  Wagner,  96).  -  5  [>aus.  IX,  36,  1;  Steph.  Byz.  v.  <PUri«. 
ft/n  °vv'  ^ a  ^  Wagner,  41), donne  à  la  mère  le  nom  de  Dotis. —  6 Plat. 
Plwènlu  *'  ~  ^  AP°Uod-  ■>  8-  2  (éd.  Wagner,  05).  —  8  l)iod.  IV,  35  ;  Eurip. 
■j.  -  ~  °  AP°H°d.  I,  7,  7  tèd,  Wagner,  59).  —  16  Paus.  V,  22,  6;  Diod.  IV, 

plè'te d  Z  143 î  Schol.  vct.  ad  Pind.  01.  XIII,  16  ;  cf.  pour  la  liste  com- 

-11  Uo,' 1  1191801  des enfants  d'Arès,  Pauly-Wissowa,  art.  Ares,  XXXV  (p.  660  sq.). 
361.  U:  Cornut-  J>e.  nat.  deor.  21.  -  12  II.  XVIII,  301.  —  13  Od.  VIII, 
a  «  Plan.  IV,  176,  6;  Nonn.  Dionys.  XXVII,  313;  Clem.  Protrept. 

ï(.  Ar“°b.  IV,  25  ;  Vèget.  De  re 


£!j  «WJ.  Fast  v  , 
Viü,  335.  - 


mil.  I,  28;  cf.  Virg.  Aen.  III,  335;  XII, 
sqq.  ;  Slat.  Theb.  VII*  6  srjrj.  ;  35  sqq.  ;  Quint.  Smyrn. 
ares,  p  ci»  i  ^arce^-  XXVII,  4.  —  17  Pauly-Wissowa,  Real  Encycl.  art. 
P°|yb.  XIII  in  1  l  ('  P^on  désolée  de  la  Thrace  portail  le  nom  d’^Açeiov  «eStov, 
Convenait  n  ^  ^z‘  s '  v *  Ouant  à  la  détermination  de  la  région  à  laquelle 

remarr|ue  de  *1*nemen^  nom  de  Thrace,  voir  Pauly-Wissowa,  Ibid,  et  la 
était  anciennoni  >  ^  syche,  2e  éd.  t.  II,  p.  8,  n.  1.  Le  nom  même  de  la  Thrace 

Virg.  Georn  n',*'"  (PeuUtre  ’A^*?),  Steph.  Byz.  s.  v.  0pâxy|  ;  Probus  in 
Antiq,  fou  g  ’  18  Pauly-Wissowa,  Ibid.  644-64G,  III.  —  19  Rhangabé, 

P-  442  ;  Bisc|IOff  '  n  20  Athen‘  MÜth *  Vl1,  P*  71*  —  21  BulL  de  corr'  helL  V> 
Sept.  103;  Cf.0,r  j  ^aSth  helL  iu  LeiPz-  Stud‘  V1I>  P-  337  sqq.  —  22  Aesch. 
Vw  TtYX05 .  .ans  ^0raére,  II.  IV,  407,  les  remparts  de  Thèbes  sont  appelés 
:  Schol  (îmiSCence  ^ans  Eurip.  Phoen.  831  sqq.  Thèbes  est  sa  ville  chérie, 
Antig.  128 ;  va0-  T*  Stoll,  Ares ,  p.  3,  5  sqq.  —  23  Schol.  Soph. 

Alitiop.  ap  j.'|j|l(i'  ?**wv’  Pdid.  lr.  29,  Bergk;  Eurip.  Phoen.  657  sqq. — 2*  Eurip. 

CrS  Pelrie  t.  U,  p.  7  ;  Apollod,  III,  4,  1  (22,  éd.  Wagner); 


Apoll.  Rhod.  III,  1179;  Steph.  Byz.  s.  ».;  Schol.  II.  Il,  491;  L'nger,  Pnradoxa 
Ikebana,  p.  103  sqq.;  Bursiau,  Geogr.  ron  Griechenl.  I,  p.  226.  —  25 Eurip.  Phoen. 
931  :  y»iY£v»i;,  et  Schol.  ad  loc.  :  1*  y?; *al  —  20  Dercyll.  fr.  4  ( Fraytn .  hist. 

gr.  IV,  p.  387)  =  Schol.  Eurip.  Phoen.  7.  —  27  Apollod.  III,  4,  1-2  (éd.  Wagner, 
22-25);  Nonn.  Dionys.  IV,  442;  Suid.  s.  v.  KaS^tia  vixr,  ;  Schol.  11.  II,  494;  cf. 
Schwartz,  De  schol.  homer.  p.  456-468  ;  Iloschcr,  Lexikon,  art.  kadmos  (O.  Crusius), 
827  sqq.;  887  sqq.  —  28  Aesch.  Soph.  125-129  :  K .  -  ;  i  ;  fi.  o-j;  — -  29  Les 

testes  sont  réunis  dans  Stolt,  Ares,  p  24  sqq.  —  30  Welcker,  Griecli.  Goetterlehre, 
1,  p.  415  sqq.  ;  H.-D.  Millier,  Ares,  p.  80;  Gerhard,  Griech.  Mytli.  I,  p.  368. 
—  31  Stoll,  Ares,  p.  39  et  Roscher,  Lexikon,  485  sqq.:  Tümpel,  art.  ci.té  de  la 
Realencycl.  642.  On  sait  qu'à  bien  des  égards  la  légende  de  jason  n'est  qu'un  dou¬ 
blet  et  une  adaptation  de  celle  de  Cadmus  ;  très  certainement  elle  a  pris  naissance 
chez  des  populations  de  même  famille.  Bans  le  poème  d’Apollonius  se  retrouvent 
des  souvenirs  du  culte  d’Arès  :  le  bois  sacré  d’Arès,  le  dragon  né  de  lui,  le  champ 
d'Arès.  Devant  le  temple  du  dieu,  était  uu  autel,  où  l'on  sacrifiait  des  brebis 

et  des  bœufs  (11,  1172  sqq.);  à  l'intérieur  une  «  pierre  noire  »,  (ifkot;  YAoi(lbid 
1 175  sqq.)  ;  les  Amazones  y  sacrifiaient  des  chevaux  (Ibid.  1 179).  D’après  une  inter¬ 
prétation,  la  Colchide  ne  serait  que  le  nom  mythique  de  Chaicis  eu  Eubée  :  Maass, 
Goetting.  gel.  Ans.  1890,  p.  352;  Pauly-Wissowa,  art.  ares,  649,  V,  1  ;  c'est  donc 
dans  cette  dernière  ville  qu’il  faudrait  chercher  le  culte  mentionné  par  le 
poète.  —  32  Eu  dernier  lieu  E.  Curtius,  Stadtgcsch.  «on  Athen ,  p.  53;  Tümpel, 
s.  v.  Ares,  650,  VII,  t,  dans  Pauly-Wissowa  (cf.  Jalirbücher  (.  Philol.  suppl. 
XI,  p.  688  sq.).  D’autres  repoussent  toute  relation  entre  les  deux  noms  : 
Wachswuth,  Die  Stadt  Athen,  I,  p.  428,  et  art.  'Ajiio?  ràyo;  dans  Pauly- 
Wissowa;  Gilbert,  Griech.  Altertli.  2«  éd.  1,  p.  425.  —  33  Heilanic.  fr.  69, 
Fragm.  hist.  gr.  1,  p.  54;  Demosth.  In  Aristocr.  66;  Eurip.  El.  1258  sq.  ; 
Iphig.  Taur.  945  sqq.  961  sqq.  ;  Apollod.  111,  14,  2  (éd.  Wagner,  180);  Paus. 
I,  28,  5.  —  3V  Eurip.  Iphig.  Taur.  945  sq.  ;  Paus.  L.  c.  —  35  fanyasis,  fr.  16,  éd. 
Kinkel . 


trouvons  l’écho  dans  Eschyle  présente  autrement  l’origine 
de  l'appellation  donnée  à  la  colline  :  ce  seraient  les  Ama¬ 
zones,  filles  et  adoratrices  d’Arès,  qui,  lors  du  siège 
(|u  elles  mirent  devant  l’Acropole,  auraient  établi  leur 
camp  sur  cette  éminence,  lui  auraient  donné  le  nom  de 
colline  d  Ares  et  y  auraient  fondé  un  culte  en  l’honneur 
du  dieu  •.  Quelle  que  soit  la  valeur  de  ces  étymologies  et 
la  relation  du  nom  d’Arès  avec  l’Aréopage,  le  dieu  avait 
un  temple  dans  le  voisinage  de  la  colline,  à  l’entrée  de  la 
citadelle.  Ce  sanctuaire  renfermait  une  statue  d’Arès 
exécutée  par  Alcamènes,  une  Athéna  d’un  artiste  parien 
une  Enyo,  œuvre  des  f.ls  de  Praxitèle,  et  deux  statues 
d  Aphrodite2.  Une  inscription  attique  mentionne  un 
pretre  d  Arès  et  d’Enyo*  ;  une  autre,  des  sacrifices  à 
Aii>  ,  (  i  nous  axons  déjà  rappelé  que  son  nom  figure 
parmi  les  divinités  invoquées  dans  le  serment  des 
ephebes  \  In  temple  d’Arès  se  trouvait  à  Acharnes6, 
et  Solon  fit  construire  à  Salamine  un  sanctuaire  à  Enya- 
lios  en  l’honneur  d’Ajax  et  en  commémoration  'de 
1  annexion  de  l'ile  par  Athènes1. 

In  certain  nombre  de  cités  du  Péloponèse  rendent  un 
culte  à  Arès  :  on  suppose  qu’il  a  pu  y  être  introduit  par 
les  envahisseurs  doriens,  lesquels  l’ont  eux-mêmes  em¬ 
prunté  à  la  Béotie.  A  Trézène,  devant  les  portes  de  la 
ville,  s’élevait  un  temple  du  dieu,  rattaché  par  la  légende 
a  la  présence  des  Amazones  dans  la  contrée8.  A  Her- 
mione,  Pausamas  signale  un  temple  d’Arès,  contenant 
la  statue  du  dieu,  auprès  de  deux  sanctuaires  de  divi¬ 
nités  chthoniennes,  Klyménos  et  Déméter  Chthonia9. 
l.ntie  Argos  et  Mantinée,  un  sanctuaire  double  d’Arès 
et  d’Aphrodite  renfermait  les  images  des  deux  divi¬ 
nités,  consacrées  par  Polynice  et  les  héros  argiens10. 

A  Aigos  même,  Enyalios  était  devenu  le  patron  spécial 
des  femmes,  6soç  yuvatxàjv,  en  sou¬ 
venir  d’une  victoire,  d’ailleurs  légen¬ 
daire,  remportée  par  elles  sous  la 
conduite  de  la  poétesse  Télésilla  sur 
les  troupes  du  roi  Cléomène11  [hybris- 
ïik.v  ;  des  monnaies  de  la  ville  portent 
1  image  du  dieu  debout  et  casqué,  te¬ 
nant  soit  un  rameau,  de  la  main  gau¬ 
che  (fîg.  4837),  soit  la  lance  et  la 
patère1-.  Al  agora  de  Tégée  était  dressée  une  stèle  avec 
un  îelief  archaïque  d  Arès,  qui  y  était  désigné  par  l’épi— 
thete  de  yuvouxoôoi'vaç  :  les  femmes  seules  célébraient  son 
culte  et  se  partageaient  les  victimes  immolées  aux 
â-mxt*,  en  souvenir  d’une  victoire  qu’elles  avaient  rem¬ 
portée  sur  l’armée  Spartiate  commandée  par  Charillos  13 
(fig.  4838).  Près  de  la  même  ville,  sur  le  mont  Krésion, 
on  adorait  un  Arès  à^vstdç,  surnom  qui  se  rattache  à  une 

1  Acscli.  Eum.  688  sqq.;  Eustalli.  ad  Dion.  Perieg.  033.  —  2  paus.  j]  28,  0  ■  F 
Curlius,  O/j.  cil.  171  (carte).  L'opinion  de  Ross  (Dos  Theacion  und  dêr  Tempel  de  s 
■\res,  18o2),  qui  voyait  dans  le  Tbcseion  un  temple  d'Arès,  n'est  plus  acceptée  par  au¬ 
cun  archéologue  :  voir  B.  Sauer ,Daa  sogenannte  Theseion ,  p.  9  sqq.  -3  Corp.  inser. 
ail.  III,  2.  *  /bld.  II,  409  A,  V.  10  sq.  —  5  Demosth.  De  fais.  leg.  303:  Poil. 

0nom-  '  ■H.  >06-  —  c  Ross,  Demen  von  Attika ,  p.  63,  n.  58.  —  7  plut.  9 
—  s  l’aus.  11,  32,  9;  Wide,  Sacra  Troezen.  Upsal,  1888.  —  9  Paus.  II,  35,  9;  cf.  à 
ermione,  le  prêtre  d  Arès  'Ey.i4Xio,  :  Corp.  inscr.gr.  1221.  —  10  Paus.  II,  25  1 
7”  Luci»n-  -I»«or.30  ;  Plut.  De  mulier.  virt.  IV.  — 12  Imhoof- Blümner  el  P.  Gardner 
Joai-n  0  bel.  stud.  IV,  50  ;  VI,  91;  VIII.  56.  -  13  Paus.  VIII,  48,  4.  La  fig  4838 
reprodm,  une  mouna.e  du  Cabinet  de  France.  -  H  Id.  VIII,  44,7.  -  13  Mionnel, 

II’  ÂrLT  VI11’  37’  12'  “  17  Id'  VI11'  3i  <=f.  lo  culte  d'Arès 

v, ,X  \eô .  “r vui:  :i  Te: Arkadiens'  *■  *>• 

...  „  ...  .  ;  V  ’  8‘9-  En  oulre.  monnaies  de  Corinthe  et  d’Aigion 

VII  86  20  P  :  vm'T  BIÜmner  C'  P'  Ga'dncr,  Journ.  of  hell.  stud.  VI,  70  ; 

V  i  0  “y  S"r.  n-  h  U  Cf'  |Jind’  °‘-  XlU’  16  et  le  Sc,‘01'  Paus. 

’  ’  ’  ’  " ’  ’  lod'  'G  73  (Pise)i  Tzetz.  in  Lgcophr.  149.  —  21  La  pre- 


sunc- 


légende:  Aéropé,  nymphe  aimée  du  die,,  -, 
moment  ou  elle  donnait  naissance  à  son  n  ‘  m°rle i 
1  enfant  trouva  du  lait  en  abondance  m  '  •  f 
morte1.  Des  monnaies  de  la  ville  lnn  “  de  sa  mèl 
AlW-na  se  donnant  la  main  Me„lion „°"  7"  **  «I 
Arcadie,  un  autel  d’Arès  à  I-ycosoara  2 
Uuure  de  Despoina16,  et,  à  Mégalopo-  1  tlu 
lis,  un  ancien  autel  du  dieu”.  Le 
culte  d  Arès  se  retrouve  en  Achaïe 
à  Patrae 18  et  à  Tritaia  >9,  où  le  dieu 
aurait  engendré  Mélanippos,  de  Tri- 
Utia,  fille  de  Triton.  A  Olympie,  où  il 
est  considéré  comme  père  d’OEno- 
malis,  il  est  adoré  sous  le  surnom 
d  iTmoç  en  commun  avec  Athéna- 
Ir.-zrj.  -°.  En  Laconie,  entre  Sparte  et  Thëranmi 
va.t  un  très  ancien  temple  d’Arès  @,psi„2u  g'** 
avec  une  statue  que  les  Dioscures  auraient  rappSl 
Colchtde  :  quant  à  cette  épithète,  les  habitants  d„  pa2 
(  cuvaient  de  ©qpw,  nom  d’une  nourrice  d’Arès  ■  i>i„. 
sanias  lui  donne  simplement  le  sens  de  «  Sauvage  ..  I 
Therapné  même,  les  éphèbes  Spartiates  sacrifiant  e 
jeunes  chiens  à  Enyalios22;  et  l’on  conservait  à  Sparte 
une  antique  idole  d’Enyalios  enchaîné23  :  singularité  qj 
1  on  expliquait  par  le  désir  de  fixer  le  dieu  dans  le  pays- 
et  qui  provient  peut-être  du  dessein  de  le  rendre  inoffen- 
sd  **.  D’après,  un  texte,  c’étaient  des  prêtres  d’Arès  que 
les  deux  ™p?<5poi,  magistrats  Spartiates  qui  précédaient 
les  armées  et  portaient  des  torches  enflammées  avec 
lesquelles  ils  donnaient  le  signal  du  combat25.  Dans  la 
xille  laconienne  de  Géronthrae,  Pausanias  mentionne 
un  temple  et  un  bois  sacré  d’Arès26. 

En  Crète,  on  signale  des  fêtes  guerrières,  sous  le  nom 
d’HEKATOMPHONiA,  consacrées  à  Arès  2T.  Dans  les  villes 
de  Lato,  d  Olus  et  d’Hiérapytna,  son  nom  figure,  avec 
celui  d  Aphrodite  et  d’autres  divinités,  comme  garantie 
des  serments  28.  A  Smyrne  et  à  Magnésie,  il  est  associé 
en  cette  même  qualité  à  Athéna  ’Apsta  29.  Son  culte  nous 
est  signalé  en  Carie,  où  on  lui  sacrifiait  des  chiens 30  ;  il 
avait  un  temple  à  Halicarnasse  31 .  Il  est  adoré,  sous 
1  épithète  de  ôe b;  geyai;,  en  compagnie  d’Ëleuthéria,  à 
Kyanéae.en  Lycie32.  Enfin  nous  trouvons  son  culte  men¬ 
tionné  en  Pamphylie  33,  sur  la  côte  nord  du  Ponl- 
Euxin  u,  à  Syracuse  en  Sicile  3S. 

Les  Grecs  ont  identifié  avec  leur  Arès  plusieurs  divi¬ 
nités  étrangères.  Ainsi  c’est  par  son  nom  qu’ils  ont 
désigné  un  dieu  des  Scythes,  le  seul  qui  eût  chez  eux 
ses  statues  et  ses  autels  30,  et  auquel  on  sacrifiait  des 
hommes,  des  brebis,  des  chevaux  37  et  des  ânes  ’•  Au 
sud  de  la  Perse,  les  Carmanites  n’adoraient  qu  Arès 

mi  Are  forme  est  donnée  par  Paus.  III,  19,  7  sq.  ;  la  seconde  par  Hesycli.  s.  '  ■ - 
cf.  Wide,  La/conische  Kulte,  p.  150;  Studniczka,  Kyrene,  p.  148.  1 jUSi  j  1 

14,  9;  20,  1;  Plut.  Quaest.  rom.  111,  p.  290  D;  Porphvr.  De  nbstin.  H,  ^ 

-  23  Ibid,  ill,  15,  7;  Wide,  Op.  cit.  p.  151,  n.  1.  -  *5-  Cf.  l’Acléon  cncbai.ic 
d’Orcliomènc,  Paus.  IX,  38,  4;  H.-D.  Muller,  Ares ,  p.  33;  Mythol.  deryr.  StûnmCi 
II,  119;  Pauly-Wissowa,  art.  ares,  G53  sqq.;  XIV,  I.  —  25  Schol.  Eurip-  I  b-  ^ 

1377  :  ce  texte  parle  de  wupsopoi  pour  toutes  les  armées  grecques;  mai»  ll,nL 

'  ‘  ^  ,  j  viii  >  •  paiiiy* 

connaissons  de  magistrats  de  ce  nom  qu’à  Sparte:  Xen.  Rcsp.  Lacea.  ai  >  j 

Wissowa,  s.  v.  Ares,  IV,  I  in  fin .;  XIV,  3  in  fin.-,  XXXI  in  fin.  Ce)' 

qu’on  interprèle  par  cet  usage  l’expression  de  Sophocle  ;  ô  Tiupœopo;  Un  ■  ^  8 

—  26  l’aus.  III,  22  ,  6.  —  27  Steph.  Byz.  s.  v.  Bitvvoc.  — 28  (-orp.  insci.  '/ 

2555.  —  2!)  Ibid.  3137.  —  30  Arnob.  IV,  25  ;  Clem.  Alex.  Protrept.  p-  23.  -  (‘ 

II,  8,  11  ;  Ross,  Deisen  auf  d.  Inseln,  IV,  p.  37.  —  :,2  Corp.  inter,  g' ■  *  ^ 

—  33  Bull,  de  corr.  hell.  VII,  p.  263.  —  31  Panticapée,  Corp.  insci  ■  )j,”(jerod. 
Tanaïs,  Ibid.  2132  e.  —  33  Pind.  Pxjth.  11,1  sq.  nomme  un  t£>ivo;  "Aqwî-  — 

IV,  59;  Cornut.  21.  —  37  Herod.  IV,  02;  Prise.  Panit,  fr.  8  *6,  Fuujm. 

IV,  p.  90  et  90.  —  38  Arnob.  IV,  25;  Clem.  Alex.  Protr.  p.  23, 


MAI! 


—  1011  — 


MAI! 


niéiiK1 

,3 


(  |Ni  immolaient  des  ânes'.  Les  Assyriens  ren- 

'  mi  culte  ii  i|n  Arès  rc ôXepoç  -.  Hérodote  donne  le 

|iolU  d’Arès  à  une  divinité  égyptienne  de  Pampré- 

,  i.„  cité  Dar  Plutarque,  mentionne  un  dieu  Arès 

*  *11» 

11  .  ,,  auj  ,son  fils  Lycos  immole  les  etrangers'. 

(  H  |jUsitanie,  un  dieu  du  meme  nom  reçoit,  comme 
I  'et’inies  des  boucs,  des  chevaux  et  des  hommes  5. 

|  Sl.mi)oles.  Victimes.  —  Le  symbole  de  la  puissance 
I  ‘  ; il’ Arès  est  la  lance,  qui  dans  les  plus  anciennes 
traditions  est  également  le  signe  de  la  vengeance  qu  ap- 
J  je  meurtre  et  de  la  justice  qui  punit  l’homicide. 
Ln  seulement  c’est  l’arme  préférée  du  dieu,  celle  avec 
laquelle  il  combat  dans  les  récits  épiques  8  et  que  les 
monuments  figurés  lui  attribuent  d’ordinaire  ;  mais  c’est 
aussi  la  lance  qu’il  plante  lui-même  èi  l’Aréopage 7.  Parmi 
i  les  symboles  d’Arès  on  peut  compter  aussi  les  torches 
que  portaient  les  tzu^o^oi  dans  les  armées  Spartiates. 

Les  animaux  qui  passaient  pour  avoir  avec  sa  nature 
le  plus  d’affinité  étaient  les  chiens  et  les  vautours8,  qui 
rôdent  sur  les  champs  de  bataille  pour  y  trouver  leur 
proie.  Nous  avons  vu  qu’en  diverses  localités  on  sacri¬ 
fiait  au  dieu  des  chiens,  notamment  à  Sparte  ;  ailleurs 
des  coqs  ou  des -taureaux  9,  et  même,  dans  certaines 
traditions  légendaires,  des  hommes  10. 

|  Interprétation.  —  Dans  l’antiquité,  Arès  a  prêté,  comme 
les  autres  dieux,  à  divers  essais  d’interprétation  allégo¬ 
rique,  soit  physique  “,  soit  morale.  Pour  plusieurs  phi¬ 
losophes,  il  personnifiait  la  discorde,  comme  Aphrodite 
représentait  l’amour  12.  On  sait  que  l’auteur  du  huitième 
hymne  homérique,  identifiant  le  dieu  avec  la  planète 
Mars,  l’invoqueau  contraire  comme  un  auxiliaire  de  Thé¬ 


mis  et  lui  demande  la  force  de  résister  aux  passions  13. 

La  plupart  des  mythologues  modernes  se  refusent  à 
admettre  qu’Arès  ne  soit,  à  l’origine,  que  la  simple  per¬ 
sonnification  d  une  idée  abstraite  comme  celle  de  la 
guerre.  Mais  on  est  loin  d’être  d’accord  sur  son  caractère 
primitif.  On  a  vu  en  lui  un  dieu  du  ciel  u,  de  la  lu- 
roiéic  ,  du  soleil 10,  de  la  tempête  n,  ou  bien  encore  un 
e  ces  dieux  ehthoniens  dont  l’action  est  tour  à  tour 
•entamante  et  nourricière,  ou  terrible  et  destructrice  18  : 
dernier  aspect,  bien  plus  accusé  que  l’autre  dans  la  lé¬ 


gende,  aurait  fini  par  prévaloir  et  se  serait  fixé  dans  l’image 
du  dieu  qui  ne  respire  que  les  fureurs  de  la  guerre  10. 


Représentations  artistiques.  —  Nous  avons  eu  déjà 
1  occasion  de  mentionner  les  antiques  .roana  dont  les 
auteurs  signalent  l’existence  dans  quelques  temples 
grecs,  celui  du  temple  double  d’Arès  et  d’Aphrodite 
entre  Argos  et  Mantinée,  celui  d’Argos,  l’Hnyalios  en¬ 
chaîné  de  Sparte,  comme  aussi  le  relief  archaïque  de 
légée.  Parmi  les  représentations  archaïques  dont  les 
anciens  nous  ont  conservé  le  souvenir,  il  faut  citer 
encore  un  motif  du  coffre  de  Cypsélos  :  un  Arès  tout 
équipé,  et  désigné  par  l’inscription  ’EvuxXtoî,  condui¬ 
sant  par  la  main  son  épouse  Aphrodite20.  Dans  un 


groupe  de  Médon,  figurait  un  Arès  assistant  Achéloos 
dans  sa  lutte  contre  Héraclès21. 

Dans  les  monuments  qui  nous  sont  parvenus  de  l'art 
archaïque,  le  type  qui 
a  prévalu  pour  le  dieu 
est  celui  de  l’hoplite, 
revêtu  de  son  équi¬ 
pement  complet,  armé 
notamment  d’une 
lance  puissante  :  la 
tète  est  toujours  bar¬ 
bue.  C’est  l’aspect 
qu’il  a,  par  exemple, 
sur  le  vase  François, 
où  il  apparaît  dans 
deux  motifs  :  une 
première  fois  en  char 
dans  un  cortège  des 
dieux,  une  autre  fois 
assis  (fig.  4839)  dans 
la  scène  représentant  le  retour  d’Héphaistos  dans 
1  Olympe  22.  On  le  trouve  sur  un  certain  nombre  de 
vases  de  style  attique  à  figures  noires,  et,  plus  rare¬ 
ment,  sur  des  vases  à  figures  rouges  de  style  sévère, 
soit  aux  côtés  d’Aphrodite 23,  soit  dans  des  scènes 
représentant  la  naissance  d’Athéna 2i,  soit  dans  des  gi- 
gantomachies  2%  soit  aux  côtés  de  Cycnos  dans  sa  lutte 
contre  Héraclès  26  ou  emportant  sur  son  char  son  fils 


I  n  XV  »'  ’'7'  ~S  J°h’  Ma!alas’  P-  19  :  Kedrenos, p.  30,  5  sqq.  -  3  llero 
fafeiv'siîü  ,r.4  Plut’  Parallela’  XX.II.  -  5  Slrab.  III,  p.  153.  -  6  L' 
805)  et  cle  S  •'  n"ueune  lancc  énorme  ;  cf.  les  épilhètes  de  înta* a»;  (11.  X’ 

Sent, 453  •  "y,.  T?  ^  Androm.  1015).  C’est  avec  la  lance  qu’il  combat  :  He 
275,  pes  £  5  0fu'  Antipatr.  Anthol.  Plan.  75;  "ApEusatypoi,  Kurip.  Herc.  fu 

h‘hm. Y] [  iq  j0,  )  nls  du  diagon  sont  appelés  par  Pindare  Axapavco À 6 y ■/ c 

une  lance  t,  t  ,  •  ""  •nient,  comme  signe  nalurel-(<jùpsuTov  erijueTov)  sur  la  poitrin 
1Sïj  Dio  C1»7S-  Or.  IV,  149;  Julian.  Or.  II,  81  c;  Plu 
Ce  symbole  dans  p  .  '  ■  L.XXI I.  Peut-être  faut-il  voir  un  souvenir  < 

III, 36).  Dans  c-ni  e'vPlcss'on  Proverbiale  Sdçu  x*î  ,o)fùxjtov  (Hesycli.  Suid.  Zeno 
ffire  lin  annel  n,,  a  1111  Pel'  I36b  Arcs  ïraPPe  do  sa  lance  son  bouclier  poi 
~  1  ,Hellan-  fl’-  «».  Fragm.  List.  gr.  I,  p.  54;  Harpoc 
ll ■  Mertumsfr  'd  ?'  V’  Afs,oî  1"h°î'  ~  8  Cornul-  21  extr.  ;  Dilthey,  Jahr 
Lconieits  sacrifient  *7  1S/3(  P'  37'  ~  9  D’a^ês  Plut.  Instit.  lacon.  25,  b 

1111  co,l.  quand  ils  l'on i"].|UU|0aU  Arès  f*uan<*  ils  out  va'ncu  un  ennemi  par  i — 


De  « bslin. 

•  Wnimc 


en  bataille  rangée.  —  iO  Apollod.  fr.  20  ap.  Porpli 


Ofi/m.  lUSj '  .y  rn< C-  ev •  lï  ,  155  d  ;  Fulg.  Plac.  De  exp.  serm.  p.  55 

mnin  ...  ’  1  P’  '>9/,  tn*  * 


..  ™  svnonyme  de  ~V'  ’’  Amm’  Marc'  XXVI1'  4-  4-  ~  11  Arès  explic 

,  3'  •'•  *m,  55  L  .  :  Eustalh.  ad  JL  XIII,  577,  p.  947,  32  sqq.  et  X 

,m'A‘leg.  Aom.  "!ns"'  l34’  147  '  ~  12  plut-  Pel°P-  19;  Hera 

os poésies  orphinuc,’  n'  ,  0'nul'  l9-  ~  13  c-  Hermann  a  classé  cet  hymne  par 
'0lr  •«  textes  cités  À 88'  f>0lu'  l'identification  du  dieu  avec  la  plané 
1 1?  Pa“'y-Wisso"a,  art.  ares,  058  extr.  -  H  Paner,  Sy 
j"ech-  OoetteriJ  '  Schwenck>  Mythol.  d.  Grieeh.  p.  224.  —  16  Wclcki 

p  23q)*  13 ’  Mythol.  d.  Ares  und  d.  Athei 

1k.  f’r''llw>  C,'iecA.  Gardner’  tVumism.  Chronikle,  1880,  pl. 

Decleu,  1  -cc-  ~18  "-t».  Millier,  Ares,  1848;  Stc 

es  Ares'  ,833>  el  Ml.  ARES  dans  le  Lexiknn  do  Roscln 


1  oui  lo  premier  de  ces  caractères,  on  cite  les  épithètes  àsvnô;,  5 , ,  t .  t  s  ^ ,  yuvat.oôofvtt;  ; 
le  second  s'accuse  avec  une  précision  particulière  dans  la  sombre  légende  thébaine, 
où  se  succèdent  les  catastrophes  de  toute  espèce  :  Sloll,  Op.  cil.  Réminiscence 
dans  Homère  :  II.  IV,  405  sqq.;  V,  800  sqq.;  X,  283  sqq.  etc.  —  19  Celle  antique 
conception  est  encore  sensible  dans  Sophocle  :  Aj.  254,  706  ;  Œd .  R.  185;  Œd. 
Col.  1386;  El.  1365,  1400.  Pc  système  de  Tiimpol  (art.  ares,  p.  658)  se  rattache 
par  certains  points  à  celui  de  Stoll  :  d'après  ce  savant,  il  faudrait  chercher  les  ori¬ 
gines  d'Arès  dans  les  antiques  croyances  sur  les  âmes  des  défunts  qui  reviennent 
sur  terre  tourmenter  les  vivants.  —  20  Paus.  V,  18,  5.  —  21  Ibid.  VI,  19,  12. 

—  22  Monumenti,  IV,  pl.  mv-lviii;  Wien.  Vorlegebl.  111  (I8S9),  pl.  i-v;  Klein, 

Meistersignat.  p.  32;  Reinach,  Répert.  des  vases  peints ,  I,  p.  134  sqq.  ;  cf.  de 
Ridder,  Vases  peints  Bibl.  IVat.  p.  143,  fig-,  18,  n»  229.  Pa  ligure  d’Arès  assis  est 
reproduite  dans  Roscher,  Lexikon,  I,  487.  C’est  aussi  un  Arès  «  portant  tout 
son  harnois  de  guerre  »  qu’on  voit  sur  la  frise  récemment  découverte  des 
Siphniens  à  Delphes  :  Bull,  de  corr.  hell.  XVIII,  p.  188.  —  23  On  en  a  cité  plus 
haut  les  principaux  exemples,  à  propos  du  mythe  d'Arès  cl  d'Aphrodite. _ 24  Monu¬ 

menti,  III,  pl.  xuv;  Élite  céram.  I,  65  A;  Schreiber,  Geburt  der  Athéna ,  p.  9; 
Drit.  Mus.  Cal.  II  B  147;  Reinach,  Répert.  des  vases  peints ,  p.  116;  Munich 
645;  Elite  céram.  I,  60;  Berlin,  Furtxvangler,  Vasensamml.  1699,  1709,  1862;  cf. 
Poescheke,  Arch.  Zeit.  1876,  p.  112  sq.  —  23  Rrit.  Mus.  Cal.  II  B,  145,  251,  617 
(=  Élite  céram.  I,  7);  Berlin,  1925;  cf.  Overbeck,  Kunstmyth.  II,  p.  344  sqq.  On 
doit  aussi,  selon  toute  apparence,  reconnaître  la  présence  d’Arès  dans  la  giganto- 
macliie  du  fronton  qui  décorait  le  trésor  des  Mégariens  h  Olvmpie  :  Friederichs- 
Wolters,  Gipsabg.  294,  295  ;  Olympia,  Tcxt.  t.  III,  p.  8  et  12  ;  Atlas)  t.  III,  pl.  b. 

—  26- Gerhard,  Auscrl.  Vasenbilder,  pl.  cxxu-cxxm;  reproduit  dans  Roscher, 
Lexikon,  II,  1695  (Kyknos)  et  Reinach,  Répert.  des  vases  peints,  II,  p.  66;  cf.  les 
références  données,  pour  d’autres  motifs,  à  l'article  hercules  de  ce  Dictionnaire, 
p.  106,  n.  10,  et  ajouter  Rrit.  Mus.  Cat.  II  B,  156,  158,  t97  (pl.  vi),  202,  212. 


MAR 


1(512  _ 


Fig.  4840.  —  Arès  et  Aphrodite. 


qui  fuit  devant  le  héros  Vers  la  fin  de  la  période 
archaïque,  on  le  voit,  sur  certains  vases,  paisiblement 
assis  auprès  d’Aphrodite  dans  les  assemblées  des  dieux  ; 
il  y  porte  le  long  cliilon  ionien  avec  la  chlamyde,  tenant 
à  la  main  son  casque  en  même  temps  que  sa  lance2, 
hntin  il  est  digne  de  remarque  que  l'époque  archaïque 
a  déjà  imaginé  le  motif  de  l'Arès  fanfaron  et  ridiculisé3. 

A  partir  de  la  seconde  moitié  du  Ve  siècle,  le  type 


d  Arès  subit,  dans  les  monuments  figurés,  une  transfor¬ 
mation  sensible.  Comme  Hermès  et  comme  Dionysos,  il 
apparaît  désormais,  en  général,  sous  les  traits  d’un  héros 
jeune  et  imberbe  ;  de  son  équipement  guerrier,  il  ne 
garde  plus  que  le  casque  et  la  lance  ;  le  corps  est  d’ordi¬ 
naire  complètement  nu  ;  une  légère  chlamyde,  qu’il 
porte  souvent,  est  moins  un  vêtement  qu'un  motif  de  dé¬ 
coration  plastique.  A  vrai  dire,  les  peintres  de  vases, 
fidèles  à  la  tradition,  continuent  encore  à  représenter 
Arès  avec  toute  sa  barbe  et  quelquefois  tout  armé  :  c’est 
ainsi  qu'on  le  voit  (fig.  4840)  sur  une  très  belle  coupe  à 
ligures  rouges  du  British  Muséum  dont  le  motif  est  un 
banquet  des  dieux4,  dans  la  gigantomachie  d'une  coupe 
de  Berlin  signée  d'Erginos  et  d’Aristophanès  [gigantes, 
fig.  3561]  5,  et  dans  celle  d'un  vase  du  Louvre  f’.  Il  est 
imberbe  cependant  sur  un  vase  du  British  Muséum  qui 

1  Gerhard,  Op.  laud.  pi.  lxi-lxii;  Klein,  Meistersiyn.  p.  35;  Furt- 
wângler,  1799;  Roinach,  Bépert.  II,  p.  40;  cralèrc  de  Nicoslhènes,  Brit. 
Mus.  Il  B,  304;  Wiener  Yorlegebl.  1890-1891,  VI,  1.  Parmi  d'autres  motifs, 
on  peut  encore  signaler  Arès  à  côté  d'Héraclès  introduit  dans  l’Olympe  ou 
jouant  de  la  cithare  :  Brit.  Mus.  II  B,  228  et  379;  ce  dernier  sujet  reproduit 
dans  Journ.  of  hell.  stud  V,  pl.  xli  ;  Berlin,  Vasensamml.  1857  et  1961. 
Arès  k  côté  de  Lalone  et  de  ses  enfants,  sur  une  amphore  d’Andokidès, 
Klein,  Meistersiyn.  3;  à  côté  de  Dionysos,  Brit.  Mus.  II  B,  551.  —  2  Coupe 
d’iîuxithéos  et  Oltos  :  Monumenti,  X,  23-24  .=  Roinach,  Bépert.  I,  p.  203. 
Sur  des  monnaies  archaïques  de  Chalcédoine,  il  faut  sans  doute  reconnaître 
une  tète  d'Arès  non  casqué  :  P.  Gardner,  Types  of  yreek  coins ,  pl.  iv,  30. 

2  \ase  de  Klitias  :  "Wiener  Yorlegebl.  1888,  pl.  m.  —  4  Brit.  Mus.  Cal. 

III  E,  82;  Monumenti ,  X,  pl.  xlix;  Reinach,  Bépert.  des  vases  pemts,  I,  p.  143. 
—  >  Furtwangler,  Yasensamrnl.  n.  2531  ;  cf.  à  l’art,  cité  de  ce  Dictionnaire , 
p.  loOO,  la  note  1.  —  c  Monuments  grecs ,  I,  pl.  n.  —  7  Brit.  Mus.  Cat.  1265; 
Journ.  o f  hell.  stud.  XI,  p.  280.  —  8  Michaelis,  Der  Parthenon ,  pl.  xiv,  n.  27; 
Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  p.  74,  fig.  30.  L'identification  avec  Arès,  proposée 
par  Petersen,  Pheidias ,  p.  251  sqq.  et  par  Flasch,  Zum  Parthenon  fries,  p.  10, 
n  est  guère  contestable.  —  9  Paus.  X,  31,  5  ;  Paul  Girard,  La  peinture  antique , 
p.  174  ;  Collignon,  Op.  cit.  II,  p.  59.  —  10  L'image  en  a  été  Irop  souvent  reproduite 


MAU 


représente  la  toilette  de  Pandore 
comme  d’habitude,  que  l’art  doit  cette 
rappelle  l'Arès 
qui  figure,  au¬ 
près  deDéméter, 
dans  le  groupe 
des  dieux  de  la 
frise  du  Parthé- 
non  (fig.  1443) s: 
u  ne  simple  chla¬ 
myde  entoure 
les  hanches  ;  la 
pose,  inspirée 
peut-être  d’un 
motif  de  Poly- 
gnote  à  la  Les- 
ché  de  Del¬ 
phes9,  est  d'un 
abandon  char¬ 
mant;  le  seul 
attribut  qui  dé¬ 
signe  le  dieu  de 


C’esl  *  plasti 
"“ovation.  O,',! 


Fig.  4841.  —  Arès  do  la  frise  du  Partition. 


la  guerre  est  une  lance  appuyée  contre  le  siège.  On  n’a 
pas  d’indications  précises  sur  l’Arès  d’Alcamènes  ;  mais 
plusieurs  archéolo¬ 
gues  s’accordent  pour 
considérer  comme 
une  réplique  de  cette 
œuvre  la  statue  du 
Louvre,  connue  au¬ 
trefois  sous  le  nom 
d’Achille  [achilles, 
fig.  52]  et  couram¬ 
ment  nommée  au¬ 
jourd’hui  «  MarsBor- 
ghèse  »  10  ;  en  tous 
cas,  elle  remonte  à 
un  original  du  v°  siè¬ 
cle  11 III  :  le  dieu  est  nu 
et  imberbe  ;  dans  la 
main  gauche,  il  faut 
restituer  la  lance  ;  le 

casque  est  décoré  de  deux  griffons  et  de  deux  chiens  ou 
loups  courants  (fig.  4842)  ;  l’anneau  qui  se  voil  un  peu 
au-dessus  d’une  des  chevilles  est  peut-être  1  attache 
(e7ttffcpépcov)  du  jambart12.  C’est  a  la  même  peiiinh  éi 
statuaire  qu’on  attribue  un  type  d'Arès  un  peu  ililh  n 11  > 


our  qu’il  soit  utile  de  donner  do  nombreuses  références.  ^'lolls 
leinach,  Bépert.  de  la  stat.  p.  133  (=  Chirac,  “263,  2073);  Brunn‘  1  frie.  j 
»  03;  Collignon,  Op.  cit.  Il,  fig.  61  et  02;  bibliographie  u  „  1 

erichs-Wolters,  Gipsabg.  n.  9821.  II  existe  de  la  tél<  de  ’->  ^  j 

Munich  (Brunn,  Glyptoth.  n“  91;  Baumeister,  g  ^  .'  i'ner 

resde  (Hetlner,  4e  éd.  n"  200),  une  médiocre  à  I  aris  1  Diltliey,  | 

»  130  ;  Jahrbucli,  1889,  p.  57,  Anzeiger ):  ci.  l'énumération  ^  ai  M ( 
ahrb.  der  Yer.  d.  Altert.  im  Bhcinlande ,  LUI,  p.  80.  11  111  ^  ^  gtaluc  dérive 

.  121  sq.  et  Collignon,  Op.  cit.  II,  p.  124  sqq.  admettent  que  ^  n)anière  de 
Alcamènes.  D'autres,  frappés  de  ressemblances  évidentes ^  g^ociie,! 
olyclète,  attribuent  l'original  à  son  école  :  Woltcrs,  L.  c. ,  ll'  .1891, P- ** 
ater.  Mus.  n”  127;  Helbig-Toulain,  Guide,  I,  n"  032  ;  Trci),  "  '■  jutorprq 

.  Sauer,  art.  ares  dans  Pauly-Wissowa,  003-004^  Sur  “  fi* 

lion  de  C.  Robert  ( Paris  d'Euphranor,  10”  W,™k‘  Rc((be|,  I 

>95),  voir  Léchât,  Rev.  èt.  gr.  1890,  p.  458.  —  -  ®‘  ,et  ,lo  cuir  où 

,'a/fen ,  Vienne,  1894,  p.  70.  D’autres  y  voient,  soit  1,11  ’  allujj#n  à  la 
adaptait  la  sandale,  soit  un  anneau  servant  de  lien,  p»  ^  Bonn,  *867' 
Arès  enchaîné  par  Héphaistos  ;  Ulrichs,  Gruppe  ,  tS  121,  B-  J| 

37;  Furtwanglcr,  art.  ares,  in  Roschcr,  I,  490,  e  i  ci 

-  IM.,,,,  de  Mdo.  p-  »!• 


MAR 


1613  — 


MAR 


Fi».  4S13.  —  Arès  Ludovisi. 


|(|(.  ir  un  Arès  colossal  du  palais  Borghèse  1  : 
«Pr^''“  L  i.,  Hilainvdo  et  le  casque,  et  sa  main  tire 

1  /ll'pll  1)01  l*  J®  *> 

e  r  lin  il  existe  dans  divers  musées,  au  Louvre,  à 
l¥e'  Madrid,  ailleurs 

encore,  un  cer¬ 
tain  nombre  de 
tètes  d’Arès  qui 
remontent  h  la 
même  date  et 
qui  présentent 
toutes  des  ca¬ 
ractères  com  - 
muns  :  la  tête 
est  imberbe,  les 
traits  énergi  - 
ques,  l’expres¬ 
sion  un  peu 
froide  ;  sous  un 
casque  attique 
au  cimier  élevé, 
s’échappent  d’a¬ 
bondants  che¬ 
veux  bouclés  2. 
L’Arès  Ludovisi  (Pig.  -4843)  est,  parmi  les  types  de  la  sta- 
tuaire,  un  des  plus  remarquables.  L’attitude  rappelle  celle 
de  la  frise  du  Parthénon  :  le  dieu  est  assis,  les  mains  croi¬ 
sées  sur  un  genou  ;  l’une  d’elles 
tient  une  épée  au  fourreau;  le 
pied  gauche  s’appuie  sur  le  cas¬ 
que  posé  à  terre  ;  le  regard,  très 
expressif,  porte  au  loin.  Il  paraît 
très  vraisemblable  que  nous 
avons  ici  une  imitation  d’un  Arès 
colossal  exécuté  par  Scopas  et 
qui  figura  plus  tard  dans  un 
temple  de  Mars  à  Rome 3  ;  il 
faudrait,  dans  cette  hypothèse, 
faire  abstraction  d’un  petit  Eros 
qui  joue  aux  pieds  du  dieu,  et 
qui  est  une  addition  du  co¬ 
piste4.  Les  anciens  citent  encore 
deux  Arès  du  ive  siècle,  une  sta¬ 
tue  colossalc.de  Léocharès  ou  de 
Timothéos  6  et  une  œuvre  de 
Piston6.  Quant  à  Lysippe,  les 
son  influence  dans  divers 


ig.48H.  _  Arès  tirant  l'épée. 


archéologues  distinguent 


bronzes  qui  peuvent  se  ramener  à  deux  types  :  un  Arès 
remettant  l’épée  au  fourreau  ou  l’en  tirant,  et  un  autre 
appuyé  sur  sa  lance  dressée,  avec  l’épée  pendant  au 
côté  :  le  premier  est  représenté,  entre  autres  (fig.  4844), 
par  une  statuette  de  Vienne7;  le  second  fournira  de 
nombreuses  répliques  à  la  période  gréco-romaine  8.  La 
numismatique  de  la  Thessalie  et  de  lu  Macédoine  fournit, 
pour  le  ivc  siècle,  quelques  monnaies  avec  l’image 
d’Arès  9  ;  pour  la  céramique,  il  n’y  a  guère  à  citer  qu’un 
épisode  comique  d’un  vase  de  l’Italie  méridionale,  qui 
montre  Enyalios  aux  prises  avec  Héphaistos,  sous  le  nom 
de  Daidalos  10. 

Il  n’existe  plus,  à  l’époque  hellénistique,  de  représen¬ 
tation  célèbre  d’Arès  dans  la  grande  statuaire  :  tout  au 
plus  peut-on  signaler  sa  présence  dans  la  Giganloma- 
cliie  de  Pergame  “.  Il  figure  encore,  parmi  les  autres 
divinités,  sur  deux  monuments  archaïsants,  la  base 
appelée  a  autel  des  douze  dieux  »  du  Louvre  12  et  un 
putéal  du  Capitole43.  Il  convient  surtout  de  citer,  comme 
caractérisant  le  goût  des  écoles  hellénistiques,  les  pein¬ 
tures  murales  de  la  Campanie,  qui  représentent  assez 
souvent  les  amours  d’Arès  et  d’Aphrodite  ,4.  Le  même 
motifa  inspiré  quelquesbronzes13. Enfin  la  numismatique, 
pendant  la  même  période,  en  Bithynie,  dans  le  Pont,  et 
surtout  dans  l’Italie  méridionale  et  en  Sicile,  offre  d'assez 
nombreuses  images  du  dieu  sous  différents  aspects  ,c. 

Le  Mars  italique.  —  Mars,  auquel  les  Romains  ont 
assimilé  l’Arès  des  Grecs,  est  un  des  dieux  les  plus  an¬ 
ciennement  vénérés  et  les  plus  répandus  chez  les  popu¬ 
lations  italiques  :  on  trouve  son  culte  dans  toute  l’Italie 
centrale  et  méridionale,  de  l'Ombrie  à  la  Lucanie.  11 
semble  même  avoir  été  chez  ces  populations  le  dieu  le 
plus  important,  et  ce  n’est  que  plus  tard  que  la  proémi¬ 
nence  lui  a  été  disputée  et  enlevée  par  Jovis  ou  Jupiter 
[JUPITER,  p.  709]. 

La  forme  du  nom  la  plus  commune  dès  la  plus  haute 
antiquité  est  Mars  17.  On  l’a  rattachée  à  une  racine  mar 
ou  mas ,  qui  se  retrouve  dans  le  substantif  mas  —  maris, 
«  mâle  »,  et  qui  aurait  ainsi  le  sens  de  «  force  généra¬ 
trice,  principe  viril  ».  Preller,  qui  a  défendu  cette  éty¬ 
mologie,  voit  en  effet  essentiellement  dans  le  dieu  Mars 
la  personnification  de  la  puissance  créatrice  et  vivifiante 
qui  anime  la  nature  1S.  Mais  le  rapprochement  entre  les 
deux  mots  est  arbitraire  et  a  été  contesté  19.  D’autres 
savants,  partant  de  l’idée  que  la  fonction  primitive  du 
dieu  est  celle  d’une  divinité  céleste  ou  solaire,  retrouvent 


rs 


g  "  “îinach,  Répert.  II,  p.  170,  n.  7  ;  Malz  el  Dulin,  Ant.  Bildw.  in  Rom,  n"  1338  ; 

unn  Bfückmann,  n°  335;  Furtwangler,  Masterpieces,  p.  94,  fig.  41  et  A teisterw. 
gr  pl(i  *  ‘  Wien.  Jahreshefte,  1901,  p.  144,  sqq.  ;  et  Léchât,  Rev.  ét. 

'  '  '  1  p  apvès  Furtwangler,  art.  ahes  du  Lexikon ,  488,  il  faudrait  consi- 

(fteina  |"'"K  1  de  cette  œuvre  diverses  statues  :  Schreiber,  Ludovisi,  n°  242 

I  '  111  !*•  I79> D-  3)  i  Bcnndorf-Schocne,  Later.  Mus.  n"  127  (Reinach, 

tètes  [’  1  *  *  ’  '  ‘  ’ 1  ’  3  =  Clarac,  6.15,  1435),  et  comme  répliques  sans  les 

-  2 1 Z'  34"’  2’  et  583>  »■  7  =  Clarac,  634  A,  143G  A  et  950,  2443  A. 

Sildw  j„  ' 111  twiingler,  Meisterw.  pl.  vi  et  p.  124  sqq.  ;  Madrid  :  llübner,  Anl. 
tf-Michoiij  "l‘  ,<7’n° Bericht.  d.  saeclis.  Gcsellsch.  d.  Wissensch.  1864,  pl.i  ; 
Hall;  Miclia,  '  '  A  ^  XIV,  p.  154  sqq.  ;  Musée  Torlonia,n.  104;  Ince-Blundcll- 

Itom,,  Malzcè'pW^ Marblcs,  luce,  n»43,  et  Arch.  Zeit.  1874,  pl.  i;  palazzo  Valenlini  à 
cicnsori.'m  ,  n°  B.  Sauer  cite  encore,  commedérivantd'un  des  plus  an- 

lican, :  Miill,  iv  "  '  UQe  bgure  d'Arès  d'un  des  candélabres  dits  Barberini  (Va- 

'ttribiiées  j  |  Denkmâler,  11,  n°  246.  Quant  aux  monnaies  qui  peuvent  être 

attributs cara  C6  n’^mo  siècle,  elles  ne  présentent  que  des  types  d’Arès  sans 

2  (a  Cl  ir  )“8llques  :  Pauh-Wissowa,  s.  o.  665.  —  3  S.  Reinach,  Répert.  1,  349, 
Mignon,  .Ve,,/  ,  ''  l43"b  Helbig-Toutain,  Guide,  II,  n»  883  (bibliographie); 
On  rattachait  P ~ 43  sri-  et  fig.  124.  Aujourd'hui  au  musée  Boncompagui. 

^feistsrio.p  3^"ll0^°js  eette  figure  à  l’école  de  Polyclète;  voir  Furtwangler, 
XXXVI,  _  ^S[|  1  ‘ 1  s4  i’üne  qui  donne  le  renseignement  sur  l'œuvre  de  Scopas  : 

y  *ut-ètre  y  a-t-il  trace  d'un  second  Eros  ;  Schreiber,  Ludovisi, 


u°  63.  —  6  Vitruv.  II,  8,  11.  —  6  f’lin.  XXXIV,  89.  —  7  Dilthey,  L.  c.  pl.  ix 
et  x;  von  Sackcn,  Ant.  Bronxen,  n:  44;  Baumcistcr,  Denkm.  fig.  123-124. 

—  8  Dilthey,  pl.  xi  et  xu  et  p.  27  sqq.  —  9  Greek  coins  Brit.  Mus.  Thessaly, 
pl.  ni,  4  a  :  pl.  vin,  12-14;  lîardncr.  Types  of  greek  coins,  pl.  vu,  30.  —  10  Élite 
céram.  1,  36  =  Londres,  n.  1433;  Müller-Wiesclcr,  Denkm.  II,  18,  195  ;  cf.  Jahn, 
Arch.  Aufs.  p.  129;  Arch.  Zeit.  XI,  P-  167;  Kuhnerl,  Jahrit.  f.  Philol.  suppl.  XV, 
p.  197;  Roscher,  s.  ».  Héphaistos,  2054.  —  1 1  Pucbslcin,  Sitzungsb.  d.  Berl. 
Akad.  1888,  p.  1233.  cl  1888,  p.  329;  Baumcistcr,  Denkm.  art.  pergamun,  fig.  1422 
(restes  de  l'attelage).  —  12  S.  Reinach,  Répert.  de  lastat.  1,  64-66;  Friederichs- 
Wolters,  422;  Müller-Wieseler,  I,  pl.  xii,  44;  Hauser,  Neuatt.  Reliefs,  55  sq. 

—  13  Hauser,  Ibid.  60.  —  14  Helbig,  Wandgemàlde,  n.  313-328;  Sogliauo,  Pitt. 
murali,  133  sqq.  ;  Annali,  1866,  tav.  E,  F.  —  1»  Dilthey,  Jahrb.  Rheinl.  LUI,  pl.  i, 
n,  vu,  vin.  —  1®  Nicomôde  I  :  Cat.  of  greek  coins,  Pontus,  pl.  xxxvn,  1  (Arès  assis)  ; 
Mithrid. Eupat.  Ibid.  pl.  v,  3;  vu,  3,  5;  xxm,  4;  llead,  Ilist.  mon.  p.  423 sqq.  (tète 
casquée  d'Arès);  Italie  :  Cat.  of  greek  coins,  Italy,  p.  323  sqq.;  Sicile  :  Ibid. 
Sicily,  p.  109  sqq.;  Imhoof-Blumcr,  Monn.  grecques,  pl.  b,  23;  Gardncr,  Types, 
pi.  xi,  24  (Arès  combattant;  tète).  -  17  Eph.  epigr.  I,  u.  21  (bronze  de  Préneste)  ; 
Henzcu,  Acta  fratr.  An.  p.  26;  Corp.  inscr.  lal.  I,  62  (Tibur)  ;  tables  engubines 
1  a,  H  ;  I  b,  2.  —  18  Varr.  De  ling.  lut.  V,  73;  Cedren.  1,  p.  295,  21  sqq.  éd.  Bonu, 
et  Myth.  Vat.  II,  29;  Preller-Jordau,  I,  p.  334  sqq.  Voy.  aussi  Bréal,  De  quelques 
divinités  italiq.  X'  congrès  des  Orientalistes,  en  1891,  Genève,  secl.  L—  19  Cur- 

i  tius,  Griech .  Etym.  5”  éd.  313  ;  Roscher,  Lexikon,  II,  s.  ».  Mars,  2437. 

203 


MM» 


1614 


MAU 


dans  son  nom  une  autre  racine  mar  qui  a  le  sens  de 
«  briller  »  (cf.  le  latin  mannor,  le  grec  gapgaîpco,  la  di¬ 
vinité  Matpa)  L  Ces  essais,  et  d’autres  que  nous  négli¬ 
geons  2,  sont  également  incertains. 

Outre  la  forme  Mars ,  on  trouve  les  noms  composés 
de  Marspiter  et  de  Maspiter,  qui  s’expliquent,  comme 
Jupiter  et  d’autres  analogues,  par  l’adjonction  du  terme 
pater  3.  Marina r,  qui  se  lit  dans  le  chant  des  Arvales, 
où  il  est  au  vocatif,  n’est  sans  doute  qu’une  réduplication 
du  nom  simple  L  Dans  une  ancienne  inscription  de 
Tusculum,  le  dieu  porte  le  nom  de  Maurs  5,  dont  il 
semble  que  celui  de  Mavors,  beaucoup  plus  répandu  et 
qui  a  survécu  dans  le  latin  classique,  n'est  qu’une  va¬ 
riante  par  allongement  (on  peut  comparer  Faunus  et 
Favonius )  6  :  cependant  on  peut  admettre  aussi  que 
Maurs  et  Mavors  sont  réellement  les  formes  primitives 
et  pleines,  d'où  est  provenue,  par  contraction,  celle  de 
Mars  7.  Quant  à  la  forme  Mamers ,  elle  ne  se  trouve 
dans  aucun  document  original  :  peut-être  a-t-elle  été 
dérivée  par  les  grammairiens  de  l'ethnique  Mamertini , 
que  portaient  les  habitants  de  Messana  en  Sicile,  fer¬ 
vents  adorateurs  du  dieu  8. 

Principaux  lieux  de  culte.  —  L'Étrurie  a  été  le  centre 
d'un  culte  très  populaire  du  dieu  Mars  9.  Yitruve  nous 
apprend  que  les  Étrusques  avaient  l'habitude  de  con¬ 
struire  les  temples  de  cette  divinité  hors  des  fortifications 
de  leurs  villes  10.  En  particulier,  nous  connaissons  une 
statio  ad  Martis  entre  Luca  et  Pistorium  n.  La  présence 
d'un  mois  Martius  dans  le  calendrier  des  Falisques12  et 
la  tradition,  rappelée  par  Servius,  qu’il  y  avait  un  col¬ 
lège  des  Saliens  à  Faléries  et  à  Veies  13  nous  attestent 
également  l'existence  d’un  culte  du  dieu  dans  la  région 
méridionale  de  l'Ëtrurie.  Quant  aux  monuments  figurés 
de  l’Étrurie,  notamment  les  miroirs,  ils  nous  présentent 
deux  divinités  que  l'on  a  identifiées  avec  l’Arès  des 
Grecs  ou  le  Mars  des  Latins  :  Laran ,  qui  apparaît  sur  un 
certain  nombre  de  miroirs  sous  les  traits  d'un  dieu 
jeune  et  guerrier,  armé  de  l’épée  ou  de  la  lance  et  du 
bouclier,  la  tête  couverte  d'un  casque,  et  dont  la  place 
est  à  proximité  d ' Aurait  ou  Aphrodite  14  ;  et  Maris , 
qu'on  voit  sur  les  miroirs  sous  différents  aspects  et  ù 
différents  âges,  parfois  ailé,  d’ordinaire  armé  et  dans 
des  scènes  dont  l’interprétation  est  difficile  à  cause  de 


l’ignorance  où  nous  sommes  des  léCP„H*  , 

Fn  Ombrie,  Mars  est  un  des  dieux  nation"  ,  ?les ’l 
anciens.  Les  tables  eugubines  font  connaître  -,  pl"i 
adoré  avec  les  surnoms  de  Grabovius  19  ,  ‘  y  élait| 

être  un  équivalent  dialectal  de  Gradivus  n’ J1,1  J81  pPut1 
Le  nom  du  dieu  reparaît  dans  celui  d’autres  T-'l 
nommées  par  les  mêmes  documents  :  Pic;,,' 

Cerf  us  Martius ,  Praestita  Cerfia  Cerü  Unir  Tl 
Cer/ia  Cerfi  Martii 19.  Dans  les  environs  < 

trouvée  une  statue  de  Mars  avec  une  inscrintio'  \ 
révèle  une  autre  épithète  du  dieu,  Cyprius,  donu! 
sens  est  celui  de  Bonus  20.  A  Tuder,  le  culte  de  M- 
nous  est  attesté  par  deux  vers  de  Silius  Italicus  2‘  si: 'Tl 
voie  Flaminienne,  entre  Namia  et  Mévania,  la  tablT  i! 
Peutinger  et  1  Itinéraire  d’Antonin  mentionnent  un! 
statio  ad  Martis  22 .  ne  ; 

Dans  la  Sabine,  le  culte  de  Mars  nous  est  signalé  pari 
la  présence  du  mois  Martius  que  contenait  le  calendrier 
régional,  en  particulier  celui  de  Cures23.  Le  dieu  avait | 
un  temple  dans  l’antique  ville,  ruinée  de  bonne  heure 
de  Suna  “4,  à  Trébula  Mutuesca  M  et  un  oracle  à  Tiora 
Matiéné  26.  Il  y  avait  auprès  de  la  via  Salaria  une  statio 
ad  Martis  27 .  Le  même  culte  existait  chez  les  Picentins 
peuple  détaché  des  Sabins  par  suite  d’un  ver  sacrum  T 
Quant  aux  Marses  et  aux  Marrucini,  leur  nom  même  j 
rappelle  celui  du  dieu  et  témoigne  du  culte  qu'il  y  occu¬ 
pait  dans  la  religion  nationale29.  Il  est  attesté  aussi  à 
Larinum,  capitale  des  Frentani 3Ü.  Dans  le  Samnium,  il 
se  constate  par  l'usage  indigène  du  ver  sacrum31,  par 
des  inscriptions  32,  par  la  présence  d’un  viens  Martialü  • 
près  de  Bénévent 33. 

Les  Osques  adoraient  aussi  Mars  comme  un  dieu  na-  j 
tional  :  Tite-Live  cite  un  ancien  temple  qui  lui  était  con¬ 
sacré  à  Capoue31.  A  Calés,  il  y  avait  une  Martialis porta35.  \ 
Les  monnaies  romano-campaniennes  portent  fréquem¬ 
ment  l’image  du  dieu  36,  et  ce  sont  également  les  mon-  j 
naies  qui  nous  font  connaître  son  culte  dans  la  Lucanie".! 

Dans  le  Latium,  le  culte  de  Mars  n’est  pas  moins  ' 
répandu,  et  il  remonte,  là  aussi,  à  une  très  haute  anti¬ 
quité  38.  Un  mois  lui  est  consacré,  celui  de  Martius, 
notamment  dans  les  calendriers  d’Albe,  d’Aricie,  de 
Laurentum,  des  Herniques  39.  Nous  connaissons  un  col¬ 
lège  des  Saliens  à  Albe,  à  Tusculum,  à  Tibur  et  a  Lavi- 


l  Curtius,  Op.  cit.  567;  Corssen,  Aussprache ,  2e  éd.  p.  404  sqq.  ;  Grassmann, 
in  kulm's  Zeitschrift,  XVI,  p.  162  sqq.;  Rosclier,  Apollon  und  Mars ,  p.  18,  et 
Lexikon ,  II,  2437  sqq.;  Mois,  La  nat.  des  dieux ,  p.  163.  —  2  On  a  aussi 
rapproché  Mars  de  ^.âpygc^ai,  «  combattre  »;  de  papouve»,  «  flétrir  »,  de  mors, 
du  scr.  Mar  ut  :  voir  Rose  hcr,  Lexikon ,  L.  c.  —  3  Marspiter  est  indiqué  par 
Vairon,  De  ling.  lat.  VIII,  33,  comme  inusité;  mais  on  trouve  cette  forme  citée  par 
Aulu-Gelle,  V,  12,5;  Macr.  Sat.  I,  19,  3;  Prise.  VI,  39;  Maspiter  ap.  Varr.  Op. 
cit.  VIII,  49;  IX,  75;  X,  65.  —  4  Henzen,  Act.  fr.  Arv.  p.  26-27;  Jordan,  Krit. 
Reitr.  p.  192;  Becker,  üom.  Bl.  I,  194;  II,  213  {Mâr-màr  =  'rApêç-,,Ape;). 

—  3  Corp,  inscr.  lat.  I,  63;  cf.  RitschI,  B/iein.  Mus.  XVI  (1861),  p.  601  sqq.; 
Op.  IV,  489  sq.  —  6  C.  i.  lat.  I,  808  (Rome)  =  VI,  473;  cf.  Liv.  XXII,  1,  11  ; 
et  l'étymologie:  qui  magna  vorteret  ap.  Cic.  De  nat.  deor.  II,  26,  67.  —  ">  Preller- 
Jordan,  Roem.  Myth.  I,  p.  335,  n.4;  Mommsen,  Unterit.  Dial.  p.  276.  —  3  Fest. 
éd.  O.  Muller,  p.  131,  s.  v.  Mamertini  et  p.  158;  Etym.  Gudianum,  p.  379,  12; 
cf.  Lycophr.  938  et  1410.  Ce  nom  a  pu  aussi  être  dérivé  de  celui  de  Mamercus,  fils 
de  Numa,  dont  les  Mamerci  Aemilii  se  réclamaient  comme  ancêtre  :  Paul.  p.  131. 

—  9  Müller-Deecke,  Etrusker ,  II,  p.  57  sqq.  169;  Reecke,  Etr.  Forsch.  IV, 
p.  35  sqq.;  Gerhard,  Ges.  Abhandl.  I,  p.  307,  12.  —  10  Vitr.  p.  30,  12,  éd.  Rose. 

—  il  Tab.  Peuting.  \  Anonym.  Rav.  I V,  36,  p.  287;  Guido,  Cosmogr.  p.  490.  Pé¬ 
rouse  :  Corp.  inscr.  lat.  XI,  1919.  —  12  Ovid.  Fast.  III,  89.  —  >3  Serv.  ad  Virg. 
Aen.  VIII,  285  ;  Usener,  Rhein.  Mus.  XXX,  p.  213  ;  Preller-Jordan,  I,  p.  282. 

—  H  Gerhard,  Etr.  Spiegel ,  III,  p.  328,  pl.  cclvii  B;  IV,  p.  13,  pl.  cclxxxiv  ;  V, 
pl.  lxxxiv,  2,  etc.  ;  Deecke,  art.  laran  in  Rosclier,  Lexikon,  II,  1866.  —  I3  Gerhard, 
Op.  cit.  III,  p.  95,  pl.  xc  ;  p.  158,  pl.  clxvi  ;  IV,  p.  13,  pl.  cclxxxiv,  2  ;  V,  pl.  1,  etc.  ; 
cf.  Deecke,  Etr.  Forsch.  IV,  p.  34  sqq.  79;  V,  p.  47;  Bréal,  Actes  du  X 6  Congrès 
des  Orientalistes  tenu  en  1894  à  Genève,  et  art.  maris  in  Roscher,  Lexikon ,  II, 


1375  sqq.  —  16  Tab.  [  a  11  et  VI  b  1;  Büclielcr,  Umbrica,  1883;  Rosclier,  tel-  j 

:on,  s.  n.  Grabovius.  —  U  Bréal,  Tables  eugub.  p.  06  sq.  ;  cf.  GrotefenU.  lb 

limenta  ling.  umbr.  Partie.  III,  p.  23;  Grassmann,  Zeitsc.hr.  [■  \  ^ 

’orsch.  XVI,  p.  192  sq.;  Lassen,  Beitrüge  ~.  Deutung  d.  Eug.  Ta/.  !>■  ■! 

-  18  Tab.  I  b  2  ;  VI  b  43;  Bücheler,  O'p.  cit.  p.  80.  —  19  Bücheler,  p.  ’,s 

toscher,  s.  v.  Ceres ,  Cerus.  —  20  Henzen,  n.  5607  ;  Varr.  De  ling •  i"r- 
tommsen,  Unterit.  Dialecte,  p.  350;  Bücheler,  Op.  cit.  p.  C  >,  jy 

r eit.  1866,  p.  210,  note  (stalueltes  de  Mars  Cyprius).  —  21  Sil.  H®1-  j 

22  :  Gradivicolam  celso  de  colle  Tudertem  ;  VIII,  404.  Jtmu  •  ^ 

.  311.  _  23  Ovid.  Fast.  III,  93  sqq.  —  24  Dion.  Halic.  I,  14.  -  *  “• 

2  et  43.  —  26  Dion.  Halic.  I,  14;  cf.  Arch.  Zeit.  XV,  p.  30.  —  '  ' 

’osmogr.  p.  491;  Tab.  Peuting.  —  26  Strab.  V,  4,  P-  " t0  ’  ”  :nscrip- 

at.  III,  110;  Fest.  Epit.  p.  212.  Cf.  pour  la  Sabine  et  le  Picénuin,  ^ 

ons  Corp.  inscr.  lat.  IX,  4108  ,  4502  ,  5  060.  —  29  Corssen,  A usspi  IC  ^  ^ 
p.  405.  Cf.  le  nom  de  la  capitale  des  Marses,  Marrubium.  -  ' 

7 lient.  43.  Peut-être  est-ce  une  tête  de  Mars  qu'il  faut  reconnaître  sm  t-  ^  ^ 
aies  de  la  ville  :  Cal.  of  greek  coins,  Italy,  p.  70,  n.  -  ;  bnlioof,  -I  J 
-31  Strab.  V,  p.  250;  Paul.  Diac.  s.  v.  Irpini,  p  106  (0.  MullerR--^  /  j 
it.  IX,  1089,  2198  ;  cf.  Cat.  of  greek  coins,  Italy,  p.  69.  -  '  '  dc 

7-  IX,  1455;  .,  5,  ;  cf.  p.  129.  -  34  Liv.  XXVI.,  23.  Cf  les  insccjt,^  •£  I  , 
ipoue  avec  les  formes  Mamertiar  et  Mamerttiais  (  *  ^  ^  455®  | 

ücheler,  Rhein.  Mus.  XL1V  (1889),  p.  323  sqq.  -  36  Corp-  inscr.  * 

-  30  Babelon,  Monn.  de  la  rép.  rom.  I,  p.  10  ;  25  sqq.  ;  1  ieJ’  .  224t 

111,  p.  12;  Corp.  inscr.  lat.  IV,  879.  —  37  Cat.  of  greek .  0v’id. 

13  sqq.  341,  372.  —  38  Verrius  Flaccus,  Fasti  Praenest.  1 


015  — 


MA  K 


MAR 


et  Lavi- 


,  (>t  un  flamen  Martialis  à  Laurentum  e 

i  miuviura,  à  Aricie2.  Albe  avait  également  un 
Jïï>’ ;I  .  Mars  a  et  Yélitrae  un  ancien  autel  du  dieu 4 
is  Sü1 1 1  1  *  . .  » „ .v-, m n  ji  ln  Tipnin  «U;  Rome 


niui» 
ninm 

boi 

pré  nés  te,  on 


la  lance,  son 


conservait,  comme  à  la  Regia  de  Rome, 
cvmhoie  B.  Enfin  un  certain  nombre  d'ins- 
,1e  differentes  villes  latines,  confirment  la 

Stoton  de  ce  culte  dans  la  région', 
t  nt  à  Rome  même,  bien  que  nos  renseignements 
trias  circonstanciés  sur  sa  religion  que  sur  celle 
r -litres  villes  du  Latium,  les  origines  et  la  nationalité 
h  -cultes  primitifs  soulèvent  encore  bien  des  ques- 
i::;,  ne  sont  pas  résolues.  Ce  qu’on  peut  dire  d  a 
Iprès  certain,  c’est  que  le  culte  de  Mars  s’y  présen- 
j  I  dès  une  très  haute  antiquité,  sous  une  double  forme 
répondant  à  une  double  origine,  celle  de  Mars  proprement 
dit  et  celle  de  Quirinus.  Le  culte  de  Mars  a  son  centre 
au  Palatin,  la  première  occupée  des  sept  collines,  la 
Roma  quadrata  de  Romulus,  c’est-à-dire  le  siège,  à  ce 
■U  Semble,  de  l’élément  latin  de  la  cité  romaine1. 
C'est  au  pied  du  Palatin  et  à  l’extrémité  sud-est  du 
Forum,  que  se  trouvait  la  Regia,  le  palais  légendaire  de 
Mima’,  en  réalité  le  sanctuaire  religieux  des  Latins9  ; 
danS  une  des  salles  ou  sacraria  de  cet  édifice,  on  con¬ 


servait  les  lances  sacrées  du  dieu,  hastae  Martiae , 
lances  prophétiques,  auxquelles  s’attacha  toujours  la 
plus  grande  vénération10.  Au  sommet  de  la  même 
colline  s’élevait  la  curia  Saliorum ,  c’est-à-dire  le 
local  où  s’assemblaient  les  Saliens  du  Palatin,  plus  tard 
appelés  Salii  Palatini ,  pour  les  distinguer  des  Saliens 
du  Quirinal  [salii]  11  :  ils  y  gardaient,  avec  le  lituus  de 
Romulus,  les  douze  boucliers  ou  ancilia  qui,  comme 
les  lances  de  la  Regia ,  s’agitaient  d’eux-mêmes  pour 
prophétiser  dans  les  moments  critiques 12  ;  on  y  voyait 
en  outre,  s’il  faut  en  croire  le  témoignage  de  Servius, 
une  statue  de  Mars  armé  de  la  lance13.  Enfin  l’impor¬ 
tance  du  culte  de  Mars  dans  la  religion  primitive  de 
Rome  est  confirmée  par  l’existence  du  flarnen  Martialis 
qui  comptait  au  nombre  des  trois  flamines  majeurs 
[flamen,  p.  1160].  Dans  la  hiérarchie  des  prêtres  telle  que 
nous  l’a  transmise  Festus14,  c’est  le  rex  qui  occupait  le 
premier  rang;  viennent  ensuite  le  flamen  Dialis ,  le 
Ihmm  Martialis  et  le  flamen  Quirinalis  ;  à  cette  classi¬ 
fication  correspond  celle  des  dieux  Janus,  Jupiter,  Mars 


1  Corp.  iriser,  fat.  VI,  2170  sq.  ;  X,  707  ;  cf.  IV,  p.  197;  Serv.  Virg. 

•  'III,  285;  Macrob.  III,  12,  5;  Schol.  ad  Hor.  Carm.  1,  36,  11.  D’Anaguia  pro- 
mil  un  lelief  avec  une  représentation  des  Saliens  :  Benndorf,  Annali ,  1809,  p.  70, 
]V' '  Marquardt,  Staatsverw.  111,  p.  414,  n.  1  ;  415,  n.  1.  Cf.  sur  la  fondation  de 
Dio l,llUm  "n°  'hjcnde  où  le  loup,  l'animal  consacré  à  Mars,  joue  un  rôle  important  : 

“D-  U.ilic.  I,  59  ;  unc  monnaie  de  Lannvium  fait  allusion  à  une  légende  analogue  : 
;;  de  la  rèp.  rom.  II,  p.  283  sq.  ;  Premier,  Bestia-Vesta ,  p.  398  sq. 

'  7  2  Corp-  inscr ■  >at.  X,  797  ;  XIV,  4178a;  XIV,  2109  ;  Rev.  arch.  1888,  I, 

Lcr  ^  D‘0n'  Hal‘C‘  h  77'  —  4  Suet-  Auff-  !•  —  5  hiv-  XXIV-  10‘  ~  6  Co,'P' 

30t  ,  1,3  =  X*V,  2578  (Tusculum);  XIV,  4176  (Lavinium)  ;  4178  (Lannvium)  ; 

5(116  (i  S<1'  (0sUe|  :  2894  81-  4105  *  (Préneste)  ;  3563  a  b  (Tibur)  ;  4012  (Ficuléa)  ;  X, 
le  quIi  '  ~  1  Mommsen  el  Marquardt,  Manuel  des  antiq.  romaines ,  t.  XII, 
livre  |  i  '  '  '  ^‘'ssauib  P-  29  sqq.  ;  cf.  Mommsen,  Bisl.  rom.  trad.  franc,  t.  I, 
-  9  j,,,.  j  '  8  ®°lin-  I,  21  ;  cf.  Tac.  Ann.  XIV,  41  :  Numaeque  regia ,  etc. 

p. 298  i  "  7oPü-7r-  I,  2,  p.  298  sq.  413  sq.  ;  Mommsen  et  Marquardt,  Op.  cil. 
t(188'".  r  ^'c'lols’  Regia,  in  Roem.  Mittheil.  1886,  p.  94;  Id.  Archaeologia, 
6,  |  ,.,  T.  Uraye'  Ae».  de  thist.  des  relig.  1887,  t.  XVI,  p.  332.  —  üell.  IV, 

110  ;  Plut  /)'lltU5COU9ulte  de  0551  ’  cf'  Liv-  XL’  19  ’  ,ul-  0bsccl-  C0'  96’  104>  107’ 

1 20  y  UnfUl'  29‘  ~  11  Mommseu-Marquardt,  Op.  cit.  t.  XIII,  p.  159  sq.  ;  Liv. 
fii°n  jj’a|.  "  ‘  ~ '  12  Cic.  De  div.  I,  17,  30;  Liv.  Epit.  68;  J ul.  Obseq.  104; 
ont  conclu  ■  y'  ,0  •  XIV,  2,5;  Valer.  Max.  I,  S,  1 1  ;  Plut.  Nam.  13.  Certains  érudils 
pensé  {[11(. ,;!  'a  Regia  et  de  la  curia  Saliorum,  ou  tout  au  moins  ont 

Vision  a.'iriï/'aet  ^cs  ^u,stae  étaient  déposés  dans  le  même  local.  Sur  celle  dis- 
13 Serv  il  ,1,)ll0grapliie  dans  Roscher,  art.  cité  du  Lexikon ,  II,  2388  sq. 
p.  1173  ;  ]q0|  ^en’  ^  ^  Fest.  p.  185  a.  —  Flamen,  p.  1160  et  1 161  ;  cf. 

°""»sen-Marquardl,  Op.  cil.  I.  XIII,  p.  8-9,  16  et  19.  —  16  Dionys.  llalic. 


et  Quirinus.  Mais  celte  liste  elle-même,  bien  que  remon¬ 
tant  aux  premiers  temps  de  la  république,  est  d  une 
époque  qui  a  suivi  la  fusion  des  trois  tribus  dont  Rome 
s’est  formée.  Si  l’on  met  à  part  le  rex,  qui  n’a  été  créé 
qu’à  la  chute  de  la  royauté,  on  est  amené  à  penser  que 
les  trois  grands  flarninats  répondent  aux  cultes  les  plus 
éminents  des  trois  tribus,  et  que  Mars  y  représente 
l’apport  religieux  des  Ramnes  du  Palatin,  dont  il  était 
par  excellence  la  divinité  nationale1'.  11  suffira  de  rap¬ 
peler  que,  dans  la  légende  nationale  sur  les  origines  de 
Rome,  c’est  Mars,  époux  de  RhéaSilvia  et  père  de  Romulus, 
qui  est  considéré  comme  l’ancêtre  du  peuple  romain. 

Au  Quirinal,  c’est  une  population  de  race  Sabine,  les 
Tities,  que  nous  trouvons  établie.  Elle  a  ses  sanctuaires 
distincts  et  ses  dieux  propres  :  parmi  eux,  le  plus 
important,  celui  qui  a  donné  son  nom  à  la  colline  ou  qui 
l’a  reçu  d’elle,  Quirinus.  Quelle  relation  y  a-t-il  entre 
Mars  et  Quirinus?  Les  anciens  n  ont  pas  hésité  à  les 
identifier10  et  les  modernes  sont  disposés  également  à 
reconnaître  en  Quirinus  un  Mars  sabin1  .  Les  deux  divi¬ 
nités  ont  en  effet  même  attribut,  la  lance;  et,  fait  plus 
caractéristique  peut-être,  à  l’époque  où  les  trois  tribus 
se  furent  fondues  pour  ne  constituer  qu  une  cité,  on 
créa,  à  l  imitation  des  Salii  du  Palatin,  pour  le  culte  de 
Quirinus,  un  collège  de  Salii  Collini  qui  eurent,  eux 
aussi,  la  garde  de  douze  boucliers  sacrés18.  Quoiqu’il  en 
soit,  et  à  supposer  que  Quirinus  ne  soit  qu’une  épithète 
du  Mars  sabin,  comme  Gradivus  était  celle  du  Mars 
latin  adoré  au  Palatin10,  les  deux  cultes  sont  restés 
nettement  distincts,  chacun  avec  ses  sanctuaires,  son 
collège  de  Saliens,  son  flamen  particulier,  et  nous 
n’avons  à  nous  occuper  ici  que  du  dernier20. 

Au  témoignage  de  Vitruve,  conformément  à  une  cou¬ 
tume  qu’il  signale  chez  les  Étrusques,  c’est  en  dehors  de 
l'enceinte  primitive,  à  Rome,  que  se  trouvaient  les 
sanctuaires  du  dieu21.  Cette  assertion  parait  contraire  à 
ce  que  nous  savons  :  car,  d’une  part,  elle  ne  tient  pas 
compte  des  anciens  sanctuaires  du  Palatin;  et,  d  autre 
part,  nous  ne  connaissons,  comme  centre  d  un  culte 
authentiquement  ancien  de  Mars  en  dehors  du  potnoe- 
rium ,  que  l’autel,  souvent  mentionné  par  les  auteurs, 
du  Champ  de  Mars  ( ara  Martis)-1  ;  on  y  sacrifiait  en 
octobre  Vequus  oetober 23  ;  et  peut-être  jouait-il  quelque 

11,  48;  Cornut .  21:  Ampdfi»,  IX,  2;  Serv.  ad  -4e».  I,  292.  C'est  ce  que  ten¬ 
drait  ii  prouver  aussi  l'identification  de  Romulus  divinisé  avec  Quirinus  :  Dionys. 
llalic  II  63;  Plut.  Rom.  29.  —  17  Mommsen,  d’après  le  rapprochement  de 
deux  inscriptions,  trouvées  ensemble  «  in  liortis  Quirinalibus  pontificiis  »  : 
Corp  I  41  =  VI,  475  (dédicace  à  Mars),  el  I,  630  =  VI,  565  (dédicace  à 
Quirinus)  Cf.  Preller-Jordan,'  l,  p.  369,  n.  4  et  Roscher,  Lexikon,  11,  2387, 
note  ■  Gilbert,  Oesch.  and  Topogr.  d.  Stadt  Rom,  I,  p.  280  sqq.  -  18  Mommseu- 
Marquardt,  Op.  Cit.  t.  XIII,  p.  159.  -  19  Liv.  I,  20,  4;  V,  52,  7;  Preller-Jordan,  I, 
p  369  n.  4.  -  20  On  a  voulu  établir  un  rapport  entre  le  nom  de  Quirinus  el  celui 
dé  la  ville  sabine  de  Cures  :  rien  n'est  plus  arbitraire  ;  on  peut  eu  dire  autant  du 
rapprochement  entre  Quirinus  et  ci  iris  ou  quiris  (nom  sabin  de  la  lance’).  La  rcla- 
Kon  entre  Quirinus  et  Quiritcs  est  au  contraire  évidente.  D'apres  Bouché-Leclercq 
(  Manuel  d'es  inslit.  rom.  p.  482  sq.  490  sq.),  c'est  l'élément  latin  qui  a  imposé  aux 
Sabins  du  Quirinal  le  culte  de  Mars-Quirinus,  avec  sou  fiamine  et  son  collège  de  Sa¬ 
lions  et  qui  a  voué  le  Champ  de  Mars  (dépendance  topographique  du  Quirinal)  au 
dieu  latin  par  la  foudaliou  de  l'autel  de  Mars  et  des  jeux  équestres.  Aux  preuves 

e  uous  avons  données  de  la  séparation  des  deux  cultes  et  des  deux  divinités, 
ou  peut  ajouter  les  formules  comme  celle  du  dévouement  citée  par  Tite-Livc, 
Vlll.  9,  0  ;  Jane,  Juppiter,  Mars  pater,  Quirine,  Dellona....  —  21  Vitr.  p.  30, 
I J  Rose,  La  raison  qui  est  donnée  de  cette  particularité,  c'est  que  le  dieu 
doit  protéger  la  cité  du  péril  extérieur,  et  non  pas  fomenter  les  discordes  civiles. 
Cf.  Mythogr.  Vat.  ni,  10;  Serv.  ad  Aen.  I,  292.  —  22  l'ar  exemple  Liv.  XXXV,  10  ; 
XI  45,  etc.  —  23  Plut.  Quacst.  rom.  97  ;  Fest.  p.  178,  5;  p.  220,  s.  v.  Panibus  ; 
Paul.  p.  8t.  Sur  le  même  autel,  on  offre  un  sacrifice  (suovetaurilia)  pour  les 
spolia  secunda  :  Fest.p.  189,  s.  t-,  Opxma  ;  cf.  Serv.  ad  Aen.  VI,  860  ;  Plut.  Marcell. 
Vlll. 


MA  H 


1616  — 


rôle  dans  les  danses  des  Salions1.  Dans  le  voisinage  de 
eet  autel  on  éleva  plus  tard  un  temple  au  dieu8.  Quant 
au  Champ  de  Mars  lui-même  [campus  martius],  il  semble, 
si  l'on  s'en  rapporte  à  Tite-Live,  n'avoir  été  consacré  à 
.  la  même  divinité  qu'après  la  chute  des  Tarquins9.  Outre 
les  exercices  militaires  et  les  réunions  des  comices  aux¬ 
quelles  il  était  affecté,  on  y  célébrait  une  des  grandes 
fêtes  en  1  honneur  de  Mars,  les  equirria  et  les  Mamuralia. 

Au  bord  de  la  voie  Appienne,  entre  le  premier  et  le 
deuxième  mille  au  delà  de  la  porte  Capène,  et  sur  une 
petite  éminence  qui  précède  aujourd'hui  la  porte  San 
Sebastiano,  se  trouvait  un  temple  de  Mars4  qui,  d'après 
Servius,  y  était  adoré  sous  le  nom  de  Grodivus 5.  C’est 
dans  1  édifice  même  que  l'on  voyait  sans  doute  une 
statue  de  Mars,  entourée  d'un  groupe  de  loups,  men¬ 
tionnée  par  Tite-Live  sur  la  voie  Appienne6.  Au  reste, 
toute  cette  région  était  consacrée  au  dieu  :  elle  portait 
le  nom  de  ad  Martis  et  l’on  y  signale  aussi  un  clivus 
Marlialis 7  ;  diverses  inscriptions,  relatives  à  Mars,  y 
ont  été  retrouvées8.  Quelle  est  la  date  de  la  fondation 
du  sanctuaire  lui-même?  On  l’a  cru  très  ancien  :  peut- 
être  est-il,  identique  au  temple  dédié  à  Mars  entre  les 
années  306  et  388  par  le  duumvir  sacris  faciundis 
T.Quinctius  à  la  suite  de  l’invasion  gauloise9. 

Les  autres  temples  de  Mars  à  Rome  sont  d’une  époque 
postérieure.  D.  Junius  Brutus  Gallaecus,  consul  de 
l’an  138  avant  notre  ère,  en  fit  édifier  un  près  du  Cirque 
Flaminius  et  y  logea  la  statue  colossale 
faite  par  Scopas10.  Auguste  consacra  à 
Mars  Ultor  deux  temples  qu’il  faut  très 
probablement  distinguer  l’un  de  l’autre  : 
le  premier,  au  Capitole,  est  de  l’an  20 
av.  J.-C.  ;  il  avait  été  édifié  pour  glori- 
Fig.  48*5.  -  Temple  fier  la  victoire  remportée  sur  les  Par- 
de  Mars  Ultor.  thés  et  qui  avait  vengé  la  défaite  de 
Crassus"  :  il  devait  être  de  dimensions 
assez  restreintes  et  de  forme  ronde,  si  l’on  en  juge 
par  des  monnaies  qui  paraissent  (fig.  4813)  reproduire 
sa  silhouette12.  Quant  au  second,  Octave  l'avait  voué 
en  l'an  42  av.  J.-C.,  au  cours  de  la  campagne  contre 
Brutus  et  Cassius,  pour  venger  le  meurtre  de  César, 
pro  ultione paterna,  mais  il  ne  fut  inauguré  qu’en  l’an2 
avant  notre  ère,  et  avant  d’être  complètement  achevé13; 
il  se  trouvait  au  Forum  AugustiH  ;  c’était  un  des  plus 
magnifiques  de  la  cité  :  parmi  les  trophées  et  les  nom¬ 
breuses  œuvres  d’art  qui  le  décoraient,  figuraient  la 
statue  de  Jules  César  et  un  groupe  de  Mars  et  Vénus, 
ancêtres  divins  de  la  gens  Julials.  Le  même  groupe 
divin,  d'après  Dion  Cassius,  occupe  une  place  éminente 
parmi  les  divinités  en  l’honneur  desquelles  fut  édifié  le 


4C  est  une  induction  fondée  sur  un  texte  de  Servius,  qui  dit  d’une  manière  géné¬ 
rale  :  rlicti  Salii  ideo  quodcirca  aras saliunt  et  tripudiant:  ad  Aen.  Vlll,  285et  G63. 

-  Dio  Cass.  LV 1,  24;  Ovid.  Fast.  II,  8tiO  ;  Vitr.  I,  7,  I  ;  Rosclier,  art.  cité,  2390. 
—  3  Liv.  Il,  5.  2  ;  Flor.  Epit.  I,  9,  1.  —  *Cic.  Ad  Quint,  fratr.  III,  7;  Ovid.  Fasl. 
VI,  191  ;  Lanciani,  Annali,  1871,  p.  79;  Dcssau,  Dullett.  1882,  p.  121  sqq.  ;  Jordan, 
Topogr.  II.  p.  III;  Gilbert,  Gesch.  u.  Topogr.  II,  p/9C  sqq.;  Baumeistcr,  Denkmüler, 
Il  p.  1521.  —  5  Serv.  ad  Aen.  1,  292;  cf.  Prop.  V,  3,  71.  —  6  Liv.  XXII,  I,  12! 

‘  Jordan,  Op.  cit .;  Gilbert,  Op.  cit .;  Becker,  Top.  p.  512.  — 8  Corp.  1. 53 1  =  VI,  1  ; 
I,  8ng=\  I,  4/3;  474,  *78  Le  manalis  lapis  qui  se  trouvait  à  proximité,  11a  aucun  rap¬ 
port  a\cc  le  culte  de  Mars,  comme  on  l  a  cru  par  erreur:  Wissowa,  s.  v.  in  Rosclier, 
Lexikon ,  II,  2308  sq.  —  9  Liv.  VI,  5,  8  ;  cf.  VII,  23,  3;  X,  23, 12;  X,  47,  4.  Cf.  là 
noie  de  Aust  dans  le  Lexikon  de  Rosclier,  II,  2390  sq.  —  10  Plin.  Lfist.  nul.  XXXVI, 
20  ;  Corn.  Nep.  fr.  13.  —  11  Dio  Cass.  LIV,  8.  —  12  Becker,  Topogr.  pl.  v,  n.  20; 
Cohen,  Monn.  de  Vemp.  rom.  2'  éd.  t.  1,  p.  89  sqq.  n.  193  sqq.  =  Rosclier,  Lexi¬ 
kon.  Il,  2392,  fig.  I.  1  i  Dio  Cass.  LX,  5  ;  Suet.  Aug.  29  ;  Corp.  inscr.  lut.  I,  2“  éd. 
I,  p.  318  ;  Thédenal,  Le  forum  romain,  p.  214.  _  h  Appelé  aussi  forum  Martis  : 


MAR 

Panthéon  d’Agrippa16.  Enfin, 
ration  des  édifices  r 


Pour  achever  cette  û, 


taiion  ues  edihees  religieux  consacrés  •>„  ,  enui»ê- 

a  Rome,  rappelons  que,  suivant  un  témoigné  ^  Milrs 
réserve  au  dieu  un  des  sacraria  annexé,  0n  avait 
Jupiter  Capitolin  n.  au  lemple 

La  diffusion  du  culte  de  Mars  dans  lVnw 
suivit  tout  naturellement  les  prom-ès  d  pire  r°'«ain 
Dans  un  très  grand  nombre  de  colonies  et  l  *  C°nquêle- 
nous  retrouvons  des  temples  de  Mars 16  Pr?,Vlnces’ 
Saliens19,  unflamen  Martialis*0,  surtout  d!?  60  °ge  qe 
votives  en  l’honneur  de  Mars, 
épxthetes,  ou  encore  associé  à  d’autres  divinités 
comme  Jupiter,  la  Victoire,  Hercule,  Minerve21  n-'"08’ 
part,  en  beaucoup  de  contrées,  il  a  été  identifié','!?'6 
divinités  locales  des  peuples  qui  ont  été  en  contact  ' 
borne  ;  c  est  ainsi  qu’on  le  trouve  assimilé  à  Teutà!? 
ilarmogius,  Latob.us,  Thingsus,  Lacavus,  Leucetius  t 
divinités  dont  quelques-unes  sont  connues,  mais’dont 
beaucoup  ne  nous  sont  révélées  que  par  ces  mention 
sommaires  de  1  épigraphie22. 

Caractères  du  dieu  Mars;  son  culte.  —  Le  Mar 
italique  ne  se  prête  pas,  comme  l’Arès  des  Grecs,  à  !ne 
définition  nette  et  simple  ;  sa  nature  est  plus  complexe 
Sans  doute  il  apparaît  surtout,  dans  la  littérature  et  les 
croyances  de  l’époque  classique  et  jusque  souè  les 
derniers  empereurs,  comme  le  dieu  des  batailles  ;  c’est 
lui  qui  a  conduit  Rome  à  l’empire  du  monde  ;  il  a  per¬ 
sonnifié  le  génie  conquérant  de  son  peuple.  C’est  là  le 
caractère  qui  frappe  tout  d’abord  ;  mais  tel  n’est  pas, 
autant  qu’on  en  peut  juger,  son  caractère  primitif  ou 
lout  au  moins  son  caractère  prédominant  dans  les plus 
anciennes  croyances.  Pour  les  antiques  populations  de 
l’Italie,  il  était  avant  Lout  un  dieu  rustique,  qui  préside 
a.  la  végétation  et  à  la  force  productive  de  la  nature. 
Comment  et  dans  quelle  mesure  ces  deux  aspects  de  sa 
personnalité  se  sont-ils  combinés,  comment  la  transition 
de  l’un  à  l’autre  a-t-elle  pu  se  produire?  C’est  ce  que 
nous  tenterons  d’établir,  en  envisageant  tour  à  tour  les 
différents  éléments  de  sa  nature,  et  en  faisant  appel,  pour 
cette  analyse,  à  tous  les  renseignements  que  nous  four¬ 
nissent  les  pratiques  de  son  culte  et  de  ses  fêtes,  ses 
légendes,  ses  épithètes,  ses  symboles. 

Dans  son  ouvrage  sur  l' Agriculture,  Caton  nous  a 
conservé  des  indications  très  précieuses  et  très  nettes 
sur  le  caractère  agreste  et  champêtre  du  dieu  Mars  chez 
les  populations  de  l’Italie.  Sous  le  nom  de  Silcanus , 
les  pâtres  et  les  éleveurs  l’invoquent  pour  la  prospérité 
de  leurs  bestiaux,  pro  bubus  ut  valeant 23 .  Ce  .durs 
Silvanus  est  donc  une  divinité  analogue  à  l’Apollon  Nopo; 
ou  NafTaïoç21  :  le  surnom  qu’il  porte  indique  que  sa 


Schol.  in  Juven.  XIV,  261.  —  15  Ovid.  Trist.  II,  96;  Fasl.  V,  550  sqq.  Nous  citerons 
plus  loin  les  représentations  figurées  (fig.  4849)  qui  semblent  reproduire  le  1)1“  111 
Mars  de  ce  temple.  —  IG  Dio  Cass.  LUI,  27.  —  17  August.  De  cit'it.dei,l\  ,  Iîosclier® 
I.exikon ,  II,  2392  sq.  ;  capitouum,  p.  905.  —  l8  Ail  confluent  de  1  Isère  et  d.i  U"iiio, 
IJ.  Max.  Fabius  Aemiliamis  avait  édifié  deux  temples,  l'un  à  Mars,  1  autre  à  • 

après  sa  victoire  sur  les  Gaulois  (121  av.  J.-C.)  ;  Slrab.  185;  Suétone,  ' ll'1 
10,  mentionne  un  delubrum  Martis  à  Colonia  Agrippincnsis.  —  1,1  A  M'ionc,  - 
V,  4*92  ;  à  Sagonte,  Ibid.  II,  3853  sq.  3859,  3864  sq.  —  20  A  Vienne,  Corp.  ML  ^ 
h  Grenoble,  2236;  à  Genève,  2600, 2613. Cf.  n. amen,  p.  1173,  n.  23.  —  11,1  jj  ^ 

le  relevé  des  inscriptions  et  des  épithètes  dans  1  article  de  Rosclier,  Lexikon ,  ^  ^ 
—  22  pour  celte  énumération  encore,  nous  renvoyons  à  la  liste  deRoscl»  <  • 
sq.  11  faut  ajouter  quelques  noms  de  divinités  nouvelles,  révélées  pai  îles  ni  1^^ 
découvertes  depuis  lors  :  Mars  Beladus  (lieu,  épigr.  du  midi  de  ia  ^ 
p.  360),  Bolvinus  (Ibid.  380),  Cicollinus  (Ibid.  1890,  436  sqq.),  Htulh  i 
(Dev.  celt.  XVIII,  p.  87;  cf.  Ilini.  Dhein.  Mus.  LII,  1897,  p.  439  sq.), ®tc'  j 
De  re  rust.  83.  —  24  Rosclier,  Apoll.  und  Mars,  p.  63, el  Lexikon ,  U, 


MA  H 


—  1617  — 


MA  H 


,  ,|ans  les  régions  montagneuses  et  i'ores- 
|  rjjsideneo  p»  également  les  grands  pâturages 

tires  ou  r(,lève  du  bétail1;  de  même  d’autres  divi- 
!  'ic  pastorale  et  champêtre,  comme  Silvanus, 

\m  de  la 'censées  habiter  de  préférence  les  forêts2. 
Pali;S’  S""  ,  rint-il  pas  chercher  ailleurs  la  raison  pour 

K  o»nt-(*trene  v  , . 


peut-cdrc  ‘^‘vgacrré  lc  loup  à  Mars.  On  sait  le  rôle 
ke!l,!  °"(1‘|ns  ga  légende  :  les  Romains  l’appellent 
AÜ'[i°Uarlius  lupa  Martin ;  son  image  est  reproduite 
r  ,  ' sanctuaires  du  dieu;  son  apparition  présage  le 
danb  '  , ,  Mars;  enfin  la  fable  des  jumeaux  allaités  par 
ITT  met  en 'évidence  cette  affinité  entre  le  dieu  et 

*  0U'i]  a  plus  tard,  lorsque  Mars  fut  décidément 
reTune  divinité  guerrière,  on  admit  tout  naturelle- 
I  t  crue  le  loup  lui  était  associé  comme  symbole  du 
Cctère  sauvage  et  féroce  de  la  guerre  ;  mais  on  peut  se 

lemander  si  l’idée  qui  présida  dans  lc  principe  a  ce 
rapprochement  n’est  pas  Incroyance  que  le  dieu  était  le 
'protecteur  des  troupeaux  contre  les  bêtes  féroces  de  la 
foret':  c'est  en  somme  la  même  conception  qui  se  traduit, 
d’une  manière  plus  explicite,  dans  l’épithète  de  Laperais 
appliquée  à  faunus,  dieu  parent  et  similaire  de  Mars. 

*  Le  pic,  pi  eus  Martius ,  l’oiseau  de  Mars,  nous 
rappelle  encore  la  nature  silvicole  et  rurale  du  dieu.  Il 
est  déjà  nommé  dans  les  tables  eugubines5.  C’est  lui 
qui  guide  l’émigration  ou  ver  sacrum  des  Picentins5, 
comme  le  loup  conduit  celle  des  Ilirpins,  et  il  intervient 
également  dans  les  légendes  sur  les  origines  de 
ftome7.  Il  passait  pour  un  oiseau  prophétique8,  et  l’on 


a  conjecluré  qu’il  a  été  consacré  à  Mars  précisément 
parce  que  son  cri  répété  annonce  au  laboureur  l’approche 
de  la  pluie D.  On  sait  que  sous  le  nom  de  Picus  ou  de 
Picumnus ,  l’oiseau  cher  à  Mars  a  été  promu  lui-même 
au  rang  de  divinité  ou  de  héros10. 

Dans  le  même  ouvrage  de  Caton,  nous  trouvons  d'in¬ 
téressants  détails  sur  le  rôle  éminent  de  Mars  dans  les 
bmbarvalia  11 .  Célébrée  le  29  mai  à  Rome,  et  à  une  date 
voisine  en  différentes  localités12,  cette  fête  avait  essen¬ 
tiellement  un  caractère  lustral.  On  purifiait  ainsi  soit 
une  ville,  soit  une  campagne  ( lustratio  pagi)  ;  les  simples 
particuliers  purifiaient  leur  champ  pour  appeler  la 
bénédiction  céleste  sur  les  moissons  au  moment  où  elles 
mûrissent  u.  C’est  à  Mars  que,  dans  les  temps  les  plus 
reculés,  on  offrait  en  sacrifice  des  victimes,  les  suove- 


taurilia,  c’est-à-dire  h;  porc,  le  bélier  et  !<■  taureau, 
après  les  avoir  promenées  trois  fois  autour  de  1  objet 
qu’on  voulait  purifier11;  c’est  à  Mars  également  qu  on 
adressait,  avant  le  sacrifice,  la  prière;  dont  Caton  nous  a 
conservé  la  formule  sacramentelle  :  «  Père  Mars,  je  l  im¬ 
plore,  je  te  prie  d’être  bienveillant  et  propice  à  moi,  à  ma 
maison,  à  tous  mes  gens  :  c’est  pourquoi  j’ai  lait  pro¬ 
mener  des  suovetaurilia  autour  de  mon  champ,  de  ma 
terre,  de  mon  bien  ;  empêche,  détourne,  écarte  les 
maladies  visibles  et  invisibles,  les  épidémies  et  les 
ravages,  les  dégâts  eL  les  intempéries;  permets  aux 
plantes,  aux  blés,  aux  vignobles,  aux  vergers  de  pousser 
et  de  bien  venir  ;  conserve  en  bon  état  bergers  et  trou¬ 
peaux  ;  accorde  santé  et  prospérité  à  moi,  a  ma  maison, 
à  tous  mes  gens.  ».  C’est  à  peu  près  de  même  façon, 
quoique  en  termes  plus  sommaires,  que  le  chant  des 
Arvales  appelle  la  protection  du  dieu  sur  les  champs  : 
«  Ne  permets  pas  à  la  contagion,  ô  Marmar,  de  se 
répandre  dans  nos  champs —  Protège  les  semailles,  ô 
Mars!  sois  favorable  aux  semailles,  ô  Berber 10  !  »  Dans 
la  fête  des  robigalia,  célébrée  le  25  avril,  il  est  associé 
à  Robigus  ou  Robigo,  divinité  qui  guérit  les  blés  de  la 
nielle16,  fonction  qui,  à  Rhodes,  était  dévolue  à  Apollon 
Ip'jÔtêtoç 17.  To  utes  ces  croyances  nous  montrent  en  Mars 
un  dieu  à.7:oTpÔ7ta[oç  ou  averruncus **,  qui  sait  combattre 
efficacement  les  fléaux  dont  l’agriculture  est  menacée. 

L’épithète  de  G  nul  iras,  une  des  plus  usitées,  et  qui  fait 
souvent  partie  de  l’appellation  officielle  du  dieu",  con¬ 
serve  peut-être  la  tracede  ce  caractère  agricole. Lesanciens, 
guidés  par  une  analogie  superficielle,  ont  rapproché  ce 
mot  du  verbe  gradior,  et  l’interprètent  comme  faisant 
allusion  à  la  démarche  impétueuse  du  dieu  de  la  guerre20  : 
mais  la  racine  de  gradior  est  brève,  et  la  première  syllabe 
de  Gradivus  est  longue  d’ordinaire21.  Aussi  a-t-on  pro¬ 
posé  de  rattacher  ce  mot  à  la  racine  qui  se  retrouve  dans 
grandis ,  grandire  :  le  Mars  Gradivus  serait  ainsi  le  dieu 
«  qui  fait  croître  »  les  plantations22.  L’épithète  a  eu,  dans 
la  suite,  la  même  fortune  que  la  divinité  elle-même;  et 
c’est  ultérieurement  que,  s’appliquant  à  un  dieu  guer¬ 
rier,  elle  a  paru  exprimer  son  caractère  belliqueux. 

Rappelons  enfin,  toujours  dans  ce  même  ordre  d'idées, 
que  certaines  plantes  ou  arbres  étaient  plus  spécialement 
consacrés  à  Mars  :  le  figuier,  qui  lui  a  valu  le  surnom  de 
Ficarius*3,  le  chêne24,  le  cornouiller25,  le  laurier  qui  semble 


I  0'  linij.  lut ,  y,  3G  :  «  <{iios  agros  non  colebant  propLer  silvas  aut  ici 

I’ccus  P088'1  pasci,  et  possidebaut,  ab  usu  salvo  saltus  nominarunt  ; 
I  acceiiam  Graeei  vijrrç,  nostri  nemora  ».  Fcsl.  p.  320:  «  saltus  est  ubi  ilvae  et 
[,,  111,5  sllnl  "•  _  2  Pour  Palès,  voir  Ovid.  Fast.  1 V,  746;  sur  Silvanus,  voir 
n  ll""lan'  L  392  sq.  —  3  Voir  les  textes  réunis  par  Prcller- Jordan,  I,  33G, 

I  Sir  I  V,UP  Ùsaleraeot  1  archégôte  des  Hirpini  ( hirpus  est  le  nom  sabin  du  loup)  : 
1  aU,V’L  12  ;  Fcsl.  p.  10G 


|  interpi 

Utnlji 


,  v.  Irpini.  —  4  Prcllcr-Jordan,  Ibid.  33G  sq.  Cf.  d’autres 


o  Tab.  V  4,  9  et  15  ; 
212,  v.  Pieena  regio.  — 


Bücbcler, 
1  Sclnce- 


.  /  j'1' '011s dans  Schwegler,  Roem.  Gesch.  1,  p.  3C3  sq.  ;  Mannhardt,  Ant.  Wald- 

“  e  1  1,1  le,  |>.  333;  Roscher,  Lexikon,  II,  2430. 
gler  T';  P'  “,13  *!•  —  6  Strab.  V,  240  ;  Fest.  p 

Anl  J  j  (r(‘-sc^L  I.  P-  233  et  416, 11.  3.  —  8  Dion,  llalic.  I,  14.  —  9  Mannhardt, 
a(l-len  \'|  -  i  —  10  Prcller- Jordan,  1,  p.  375  sqq.  Un  texte  de  Servius, 

—  O  //.;,/  i  û*'C^e  aUSS*  ^Pcrvier  ( accipiter )  parmi  les  oiseaux  consacrés  à  Mars. 

•  AMBARVALE  SACRUM,  AMBURBIUM,  ARVALES  FRATRES  |  MomillSen-Mar- 
sqq.;  Prellor-Jordan,  I,  p.  340;  Roscher,  art.  cité, 


lu.  Cf 

I  £*•  xi.;  P.  .n 

I  encore  disci  l  U  0Wler’  ^le  roman  festivals,  p.  124  sqq.  C/est  une  question 

par  les  Ai  vdo 1  *  *  S*  ^es  Atnbarvalia  sont  identiques  à  la  fêle  similaire  célébrée 

Ibid.  p.  .jj  '1^11  *c  ,*c,‘11|cr  des  ouvrages  cités,  p.  125.  —  12  Mommsen-Marquardt, 

Iran  lue  ,7  U  Corp'  inscr-  l“t-  I,  p.  358  (Menologia  rustica)  :  «  segetes  lus- 

Büchelcr  /  c' ;  ^  aIT-  Dererust.  Il,  1,  10  (à  propos  de  Vambilustrium)  ; 

*1*  Mar-,  |  "  ICa'  P-  81  S(L  Plus  tard,  c’est  à  Tellus  et  à  Gérés,  qui  prit  la  place 

Bréal, 3/p,,,  a<M '"‘Put  offert  :  Virg.  Georg.  I,  338  sq.  —  15  Traduction  de 

«il- XIII,  |,  |()(|  /,f  Sot’'  IV  (1881),  p.  373  ;  cf.  Mommsen-Marquardt,  Op. 

Arvalii,  i  "  '  "ars  avi>it  sa  place  dans  le  cullo  de  uea  dia  auquel  soûl  voués 

■  u  était  —  ■ 


une  des  divinités  adorées  dans  ic  bois  sacré  de  la  déesse  :  Jordan 


Krit.  Beilr.  p.  202,  20G  ;  Pauly-Wissowa,  Bealenc.  s.  r.  —  16  Tertull.  De  spect.  5. 
Ou  remarque  que  le  prêtre  qui  officie  aux  Robignlia  est  le  flamen  Quirinalis  :  or 
Quirinus  est  une  forme  de  Mars.  Itobigus  est  peut-être  une  indigilaliou  de  Mars  : 
Âust,  Die  Religion  de  Borner,  p.  170,  note.  Cf.  sur  cette  fête  les  autres  textes  réunis daus 
Mommsen-Marquardt,  XIII,  p.  363  sq.  ;  Roscher,  11,  2403;  Warde  Fowlcr,  The  rom. 
festin,  p.  88  sqq.;  et  Mannhardt,  Mythol.  Forsch.  p.  107  sq.  —  n  Strab.  p.  613; 
Roscher,  Apotl.  u.  Mars,  p.  62.  —  18  Aulu-Gclle  (V,  12,  1  i)  cite  en  même  temps  que 
Robigus  un  dieu  Averruncus  qu'on  invoque  en  ces  jours  de  fête  :  serait-ce  aussi  une 
épithète  de  Mars  lui-même?  Prcller-Jordan,  I,  p.  340,  n.  3  :  rf.  Varr.  De  ting.  lut.  Vil, 

{02  _ lo  Liv.  I  20,  4  :  V,  52,  7  ;  XXI,  1 .  On  a  vu  plus  haut  que  c’est  sans  doute  lc 

même  mot  que  le  Grabovius  ou  Krapuvius  des  labiés  Eugubines.  —  2U  Paul.  p.  97  : 

«  Gradivus  Mars  appellatus  es!  a  gradiendo  in  licllo  ullro  cilroque  »  :  Serv.  ad  Aen. 
111  35  :  «  üradivum,  OoJpcov  "Apiiii,  i.  e.  exsilientem  iu  proelia  ».  —  21  Virg.  Aen.  111, 
35  •  X,  542  ;  Ov.  Fast.  II,  859.  l.a  même  syllabe  est  brève  dans  Ov.  Met.  VI,  426 

_ 22  Bréal  Les  tables  eugub.  64  sqq.  Les  anciens  eux-mêmes  oui  rapproché  d'autre 

part  Gradivus  de  gramen  :  Fest.  p.  97  :  »  Gradivus  Mars....  quia  graminc  sit 
ortus  »  ;  cf.  Ovid.  Fast.  V,  229  et  255.  Ou  en  induisait  aussi  que  le  gazon  ( gramen ) 
était  consacré  au  dieu  .-Serv.  ad  Ami.  XII,  119.  On  sait  que  la  couronne  de  gazon 
(corona  grain  inea)  était  la  plus  haute  récompense  militaire  :  cou  un  a,  p.  1535  ; 
Preller-  Jordan,  I,  p.  350,  u.  2;  Roscher,  Lexik.  II,  2411,  noie  ';  2429;  Usencr, 
Bhein.  Mus.  XXX,  p.  215  sqq.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  309  (Ostie); 
Roscher,  Ibid.  2428;  Prcller-Jordan,  1,  p.  110.  —  24  guet.  Yesp.  5;  Mannhardt, 
Ant.  Wahl-  u.  Feldliulse  p.  23.  —  23  Un  cornouiller  aurait  surgi  d'une  lance  de 
Mars  près  de  la  maison  de  Romulus  :  Plul.  Rom.  20  ;  Serv.  ad  Aen.  111  46;  Arnob. 
IV,  3. 


MAR 


UihS  — 


a\oir  joui'  dans  son  culte  le  rôle  d’a7toTpd:ratov la  fève2. 

Le  dieu  qui  veille  à  la  prospérité  des  campagnes 
manifeste  surtout  sa  puissance  dans  les  phénomènes  qui 
accompagnent  le  renouveau  de  l’année;  c’est  alors  que 
renaît  dans,  la  nature  entière,  plantes,  animaux  et 
hommes,  l’activité  productrice  dont  il  est  la  personni¬ 
fication.  Mars  est,  pour  cette  raison,  conçu  éminemment 
comme  le  dieu  du  printemps;  c’est  dans  cette  saison  que 
sont  célébrées  quelques-unes  des  fêtes  les  plus  impor¬ 
tantes  de  son  culte.  Ce  caractère  s'accuse  tout  d’abord 
dans  1  antique  usage  du  ver  sacrum.  Sans  répéter  ici  ce 
qui  a  été  dit  à  ce  sujet  devotio,  p.  115-116],  rappelons 
que  cette  pratique,  en  usage  chez  diverses  peuplades 
italiotes,  consistait  à  dévouer  au  dieu,  en  cas  de  calamité 
publique,  les  fruits  ou  les  générations  du  printemps  à 
venir.  Quant  aux  sacrifices  humains,  qui,  dans  les  temps 
primitifs,  s  accomplissaient  réellement,  ils  furent  rem- 
placés,  avec  l'adoucissement  des  mœurs,  par  des  exodes 
de  populations.  La  jeune  génération,  ainsi  consacrée  à  la 

divinité,  partait, après  vingtannéesrévolues, à  larecherche 
d  unepatrie  nouvelle. Nous  connaissons  un  certain  nombre 
démigrations  de  ce  genre;  et,  pour  chacun  de  ces  cas, 
la  légende  ne  manque  pas  d’indiquer  que  la  colonie 
exilée  partait  sous  la  conduite  et  la  protection  d’un 
des  animaux  spécialement  consacrés  à  Mars,  le  loup,  le 
pic,  ou  le  bœuf  de  labour3. 

Mais  le  fait  le  plus  caractéristique,  pour  cet  aspect  du 
dieu  Mars,  c’est  que  les  Romains  ont  mis  spécialement 
sous  son  invocation  le  premier  mois  du  printemps,  celui 
même  qui  ouvrit  chez  eux,  jusqu’à  Jules  César,  l’année 
civile  et  religieuse;  ils  lui  ont  donné  le  nom  du  dieu, 
mensis  Martius  :  détail  d’autant  plus  significatif  qu’au¬ 
cun  autre  des  mois  de  l’année,  à  l’exception  de  janvier, 
n'a  reçu  le  nom  d'une  divinité  :  encore  faut-il  remarquer 
que  le  premier  jour  de  januarius  seul  est  consacré  à 
Janus,  tandis  que  le  culte  de  Mars  est  prédominant 
pendant  toute  la  durée  du  mois  auquel  le  dieu  préside  \ 
Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  le  tableau  qui  a  été  dressé, 
à  l'article  feriae  [p.  1049],  des  fêtes  primitives  de  l'État 
romain  [feriae  siativae),  pour  remarquer  le  nombre  de 
celles  qui  se  pressent  à  cette  époque  de  l’année  pour 
rendre  hommage  au  dieu  Mars. 

Les  cérémonies  commençaient  dès  la  fin  de  février, 
le  dernier  mois  de  l’année  écoulée,  qui  avait  été  rempli 
par  les  purifications  et  les  offrandes  aux  morts  :  le  27  de 
ce  mois  avaient  lieu  les  equirria,  qui  consistaient 
essentiellement  en  courses  de  chevaux  au  Champ  de 
Mars.  Les  calendes  de  Mars,  qui  sont  le  jour  de  l’an 
romain,  étaient  spécialement  consacrées  au  dieu5  ;  le 


l  Le  laurier  joue  du  moius  ce  rôle  à  lafêledes  Itobigalia  ;  à  la  plus  imporlauledes 
fêtes  du  dieu,  le  i'r  mars,  on  renouvelait  les  rameaux  de  laurier  qui  décoraient  la  Re- 
gia  et  la  Curie  :  Ovid.  Fait .  III,  1 35  sqq.  ;  Macrob.  Sat .  1 ,  12,  6  ;  Roscher,  L.  c.  2428 
sq.;  Warde  Fowler,  The  rom.  festin,  p.  35-36.  —  2  Lyd.  De  mens.  IV,  29;  Serv.  ad 
Aen.  XI,  51.  —  3  Ce  dernier  cas  est  celui  desSamnites  fondateurs  de  Bovianum  :  Strab. 
V,  250.—  4  Warde  Fowler,  Op.  cit.  p.  33.  Quant  à  junius,  il  n'est  pas  sur  que  ce  mot 
déri\e  de  Juno  :  Roscber,  Lexikon ,  s.  v.  p.  575,  note.  —  5  Feriae  Marti :  calendrier 
de  Prénestc.  —  *  11  y  est  noté  du  signe  N  =  natalis  Martis.  —  7  Warde  Fowler, 
Ibid.  p.  37-38.  — 8  Ovid.  Fast.  III,  351  sqq.  ;  Plut.  Num.  13.  —  9  Dion.  Halic.  II,  71. 

—  10  La  même  expression  est  déjà  employée  par  Lydus,  De  mens.  III,  15  et  IV,  29 
{Ktû.0.  xivîîv)  à  propos  du  premier  jour  de  Mars;  elle  revient  encore  chez  le  même 
auteur  pour  le  23  mars  ( tubilustrium ),  IV,  42.  Comme  les  Saliens  exécutaient  leurs 
danses  avec  les  boucliers  pendant  tous  les  jours  sans  interruption,  peut-être  ces  trois 
journées-là  répondent-elles  aux  plus  importantes  des  mansiones  Saliorura  :  Smith, 
Dici.  of  antiq.  v .  Salit  (Marindin).  —  Il  La  date  du  14  a  été  contestée,  parce  que 
ce  serait  la  seule  fête  ancienne  tombant  sur  un  jour  pair  ;  on  a  supposé  qu’elle  avait 
lieu  primitivement  le  15:  Wissowa,  De  feriis ,  p.  IX;  cf.  i-kriak,  p.  1049,  n.  2. 

—  12  Equibru,  p.  746,  n.  15.  —  13  Varr.  De  ling.  lat.  VI,  14;  Macrob.  I,  4,  15 


MAR 


calendrier  de  Philocalus  note  que  ce  jour 
comme  le  jour  anniversaire  de  sa  naissance1 *  ,C°nsid4l 

qui  a  sans  doute  son  origine  tout  siirmio  ’  CI'Uyance| 
fait  que  c’était  le  premier  jour  du  mois^hT  dans  ce 
vocable 7.  C’était  encore  ce  jour-là,  d’après  le!. 
que  le  bouclier  de  Mars,  le  prototype  des  « H 
était  tombé  du  ciel8  ou  avait  été  trouvé  don  T 
de  Numa9.  Aussi  en  ce  même  jour  les  dmai80n 
inauguraient-ils  les  processions  et  les  dive,'!!T  [SAUIÏ 
devaient  ensuite  exécuter,  sans  discontinuité  lls 
toute  la  durée  du  mois  jusqu’au  24,  Bien  que’  ^ 
monies  eussent  lieu  tous  les  jours,  il  est 
sèment  mention  de  l’intervention  des  Saliens  à  cerhi 
fêtes  détermines  :  le  9,  où  il  est  dit,  dans  le  ! 

de  Philocalus  :  arma  ancilia  movent 10-  ie  ^  .1 

recommence,  en  l’honneur  de  Mars,  la  célébration  Z 
Equirria  n,  fête  qui  finit  par  prendre  le  nom  de  Manu 
ralia,  en  commémoration  du  forgeron  Mamurius  r[u1 
n’est  sans  doute  qu’un  doublet  de  Mars  lui-même ‘s  (e 
17,  où  ils  participent  aux  Agonia 13  ;  le  19,  Quinqunlm 
où  a  lieu  la  lustratio  des  ancilia" \  enfin  le  23,  jour  du’ 
tubilustrium ,  en  l’honneur  de  Mars  et  de  là  déesse 
NeriolK  A  cette  liste,  il  convient  peut-être  d’ajouter  la  I 
fête  champêtre  du  15  mars,  où  l’on  célébrait  anna 
perenna  qui,  dans  certaines  versions,  était  mêlée  à  fai 
légende  de  Mars10. 

Nous  nous  bornons  ici  à  cette  énumération  sommaire,  i 
renvoyant,  pour  la  description  plus  détaillée  des  diffé¬ 
rentes  fêtes,  aux  articles  spéciaux  de  ce  Dictionnaire. J 
Mais  nous  devons  ici  nous  poser  une  question  d’un 
ordre  général.  Est-ce  uniquement  par  l’époque  de  l’année  I 
où  elles  tombent  qu’elles  rappellent  le  caractère  agricole  | 
et  printanier  du  dieu  auquel  elles  s’adressent  ?  ou  bien 
ce  caractère  se  manifeste-t-il  encore  dans  la  physionomie  j 
de  ces  fêtes,  tout  au  moins  dans  certains  traits  de 
leurs  rites?  Disons  d’abord  que  le  printemps  étant  éga¬ 
lement  le  commencement  de  l’année  militaire,  il  est  na¬ 
turel  qu’à  l’époque  où  Mars  fut  devenu  par  excellence  le 
dieu  des  armées  et  des  combats,  cet  aspect  guerrier  ait 
fini  par  prédominer  dans  les  fêtes  du  mois  de  mars.  C  est 
ainsi  que  les  courses  de  chevaux  ou  de  chars  des  Equir-  ! 
via  sont  devenues  éminemment  les  fêtes  du  cheval  de I 
guerre,  ïequus  bellator n,  l’ami  et  l’auxiliaire  du  dieu 
des  batailles,  l’orgueil  de  la  chevalerie  romaine.  11  c°n‘ 
vient  cependant- de  rappeler  que  ce  peut  être  aussi  a 
titre  de  dieu  champêtre  qu’on  a  mis  tout  d’abord  sous  I 
sa  protection  les  chevaux,  dont  l’élevage  réussissait 
si  bien  dans  les  pâturages  du  centre  de  1  Italie1.  De  j 
même,  il  est  bien  vrai  que  l’accoutrement  moitié  soi  er  j 

( agonium  Martiale)',  Kal.  Vat.  et  Caer.  \  Roscher,  H,  2401.  a°l"  ^ '||lre  |J 
Manuel  des  inst.  rom.  p.  507,  conjecture  que  c’est  un  concours  do  dan  '  I 

deux  confréries  des  Saliens;  Wissowa,  Op.  cit.  p.  XII.  —  1+  ^v]er  0p.  1 

Feriae  Mar.)]  Charis.  I,  p.  8 i ,  éd.  Keil  ;  feriae,  p.  1049,  n.  5;  Waide  o  ^  I 
cil.  p.  51  sqq.  —  15  Lyd.  De  mens.  IV,  42;  Fast.  Praen.  ;  Clic.  IF  <  '  >  I 

Roscher,  Lexik.  II,  2402.  —  15  Ovid.  Fast.  III,  523  sqq.  ;  Uscner,  Itlu  m ^naC1.u  j 
182  sqq.  ;  Wissowa  in  Pauly-Wissowa,  Iieal-Encycl.  s.  v.  Quaid  au  '  '  (j(,'nnéc  au-  I 
ii  tort  qu’il  était  consacré  à  une  fôlc  de  Mars  :  cette  hypothèse,  a .)*  ^  I 

jourd’hui,  venait  d’une  restitution  improbable  d’une  ligne  du  calen<  u  duellic*  I 

-  H  Virg.  Aen.  X,  891  ;  XI,  89  ;  cf.  Georg.  IV,  83  ;  Lucr.  II,  062  :  etc.;  1 

proies  ;  Prop.  IV,  4,  14;  Ovid.  Fast.  I,  098  ;  11,  12  et  858  ;  Aîetam.  ’  jenoes  I 
Preller-Jordan,  I,  338;  Roscher,  Lexik.  II,  2432.  Cf.  les  monnaie^  ^Qn1lf  1 

porlant  d’un  côté  une  tête  de  Mars,  de  l’aulrc  une  tête  de  chenal  _ ^  ^nS’  I 
de  la  rép.  rom.  \,  p.  10  sqq.  ;  Helbig,  Annali ,  1865,  p.  2/1  .  Cala  cü  jialie,  I 

Jtahj,  p.  09.  11  semble  cependant  que,  à  l’arrivée  de  Castoi  et  <  Albert, Lecull^  j 
Mars  leur  ait  abandonné  ses  fonctions  de  dieu  delà  cavalerie.  ^au,K^  tïe  Maniibardt»  I 
de  Castor  et  de  Pollux ,  p.  31  sq.  —  On  verra  plus  loin  I  In  I)0  ^  C(;.réalcs.  j 

d’après  laquelle  le  cheval  est  peut-être  considéré  comme  un  sj*11 


MA  K 


—  1019  — 


MAII 


re  des  Saliens,  et  les  boucliers  dont 


dolab 111  r  jt  gourer  tout  d  abord  au  culte  d  une 

;]«  ont  la  gar  .  ,  . 

divinité  guerrière  , 

Romains 


n’est  pas  douteux  que  les 
.  trèsbonne  heure,  ne  l’aient  envisagé  comme 
('ins  la  singularité  des  rites  accomplis  par 
tel.  Néanm°in  ^  religieuse  suggère  une  autre  interpré- 


fUB^us  danses'et  leurs  évolutions,  accompagnées 
lati0“'  ,  mie  les  Saliens  débitent2  tout  en  frappant 
de Paliers  du  bâton3,  rappellent  les  cérémonies 
lei"'S  !  ,|PS  Curètes  grecs  [curetes]  ;  elles  pourraient 
''“""’ïoi,  pour  objet,  comme  celles-ci,  d’écarter  les 
*  ils  malfaisants,  c’est-à-dire  les  influences  perni- 
,|Ui  au  printemps,  menacent  les  jeunes  récoltés  \ 
CieU"  "  poché  aussi  et  avec  raison  la  légende  grecque  et 

conçu  comme  le  génie  de 


bnarapprt 

Iles  fêtes  printanières  d  Apollon 


la  lumière  et  qui, 


dès  sa  naissance,  livre  un  combat  contre 


Iles  puissances  des  ténèbres  et  du  mal  personnifiées  dans  le 
serpent  Python3.  Des  pratiques  analogues  se  retrouvent 
chez  maint  peuple  primitif,  avec  la  même  intention 
[d’exorcisme,  surtout  au  printemps,  où  les  nouvelles 
pousses  sont  plus  délicates6.  Lydus  nous  a  transmis, 
sur  ces  fêtes  de  Mars,  un  épisode  fort  curieux:  le  jour 
ides  ides,  c’est-à-dire  le  15,  le  lendemain  des  Mamuralia, 
on  conduisait  par  les  rues  de  la  ville  un  homme  couvert 
de  peaux  de  bêtes  et  on  le  chassait  du  territoire  à  coups 
de  bâtons  blancs  :  ce  personnage  était  censé  représenter 
lamiivins  Yeturius,  le  forgeron  légendaire  qui  avait 
fabriqué,  à  l’imitation  du  bouclier  authentique  de  Mars, 
les  onze  antres  ancilia1.  Suivant  Preller,  Mamurius  ne 
serait,  dans  cette  légende  et  dans  ce  rite,  qu’une  autre 
forme  du  vocable  Mars,  et  Veturius  serait  de  même  racine 
et  de  même  sens  que  vêtus  :  Mamurius  Veturius  serait  donc 
•un  symbole  du  printemps  précédent,  c’est-à-dire,  par  une 
extension  de  sens,  une  image  de  l’année  écoulée,  àlaquelle 
on  signifierait  son  congé  au  début  de  l’année  nouvelle8. 
D’après  une  autre  interprétation,  due  à  M.  Frazer,  il 
faudrait  reconnaître  au  contraire  en  Mamurius  Veturius 
une  sorte  de  représentation  humaine  et  collective  de  tous 
les  esprits  pernicieux,  qu’il  s’agirait  de  chasser  en  sa 
personne  :  il  jouerait  donc  en  cette  circonstance  le  rôle 
de  bouc  émissaire9.  L’explication,  naturellement  hypo¬ 
thétique,  de  cet  épisode  particulier  appelle  des  réserves  : 
mais  ce  qui  paraît  bien  résulter  de  l’ensemble  des  céré¬ 
monies  accomplies  par  les  Saliens,  c’est  qu’elles  avaient 
primitivement  pour  but  de  protéger  la  croissance  des 
jaunes  plantations  contre  les  démons  hostiles,  afin 
qu  elles  fussent  en  état  de  se  développer  pour  l’avantage 
e  la  communauté10,  et  nous  sommes  bien  ramenés 


ainsi,  par  les  fêtes  de  Mars,  à  la  conception  d’un  dieu 
protecteur  de  l’agriculture. 

Ces  mêmes  fêtes  mettaient  Mars  en  contact  avec  plu¬ 
sieurs  divinités  féminines.  Aux  calendes,  spécialement 
consacrées  au  dieu,  on  célébrait  également  les  Matrona- 
lia  :  c’était  le  (lies  natalis ou  anniversaire  delà  fondation 
du  temple  de  Juno  Lucina  à  FEsquilin11  [je no,  p.  084  . 
Dans  la  coïncidence  des  deux  fêtes,  il  n’y  a  vraisemblable- 
mentqu’un  synchronisme  tout  fortuit12:  peut-être  est-ce 
ce  synchronisme,  joint  à  l’autorité  de  la  légende  grecque 
où  Arès  est  le  fils  d’Héra,  qui  aura  suggéré  aux  Latins  le 
mythe  d’après  lequel  Junon  est  mère  de  Mars  et  par  lui 
aïeule  de Romulus13,  caron  ne  trouve  pas  dans  lareligion 
romaine  d’autre  trace  d’un  lien  entre  les  deux  divinités. 
Ovide  se  fait  l’écho  d’une  fable  sur  les  circonstances  <b* 
cette  naissance;  la  déesse  serait  devenue  mère  du  dieu 
au  contact  d’une  fleur  u.  Le  surnom  de  Marlialis,  donné 
à  Junon  sur  des  monnaies  impériales  d’époque  tardive, 
fait  allusion  à  cette  maternité  l5. 

Les  rapports  entre  Mars  et  la  déesse  Nerio  paraissent 
au  contraire  beaucoup  plus  anciens  et  plus  intimes,  mais 
nous  ne  les  connaissons  guère  que  par  des  allusions 
assez  sommaires.  Parmi  différentes  cérémonies  reli¬ 
gieuses  célébrées  le  19  mars  ( Quinquatrus ),  Lydus  men¬ 
tionne  des  honneurs  rendus  aux  deux  divinités,  Ttgat 
’'Apsoç  xa't  Nep(vï]ç16.  Qu’est-ce  que  Nerio ,  et  quel  est  le 
lien  qui  l’unit  à  Mars?  Les  anciens  voient  en  elle  une 
déesse  d’origine  Sabine,  pour  la  raison  sans  doute  que  le 
mot  nero ,  et  son  féminin  nerio ,  s’étaient  conservés  dans 
le  dialecte  sabin  avec  le  sens  de  «  fort,  vaillant1,  ». 
Cependant  cette  même  déesse  était  certainement  popu¬ 
laire  à  Rome,  comme  nous  l’attestent  un  vers  de  Plaute18 
et  un  autre  du  poète  comique  Licinius  Imbrex19:  ces 
deux  textes,  et  l’invocation  Nerienem  Martis ,  empruntée 
par  Varron  à  un  ancien  formulaire  sacré20,  nous  mon¬ 
trent  qu’elle  était  considérée  comme  l’épouse  de  Mars. 
Aulu-Gelle  nous  a  transmis,  d’après  un  ancien  annaliste 
romain,  la  très  curieuse  prière  qu’aurait  adressée  Her- 
silia,  épouse  de  Romulus,  à  la  même  déesse  pour  la  sup¬ 
plier  de  mettre  fin  au  combat  fratricide  entre  Romains  et 
Sabins21:  Nerio,  ou,  comme  elle  est  ici  appelée,  Neria 
Martis ,  y  apparaît  également  comme  l’épouse  du  dieu  et 
comme  la  protectrice  du  mariage.  D’autre  part  on  trouve, 
dans  une  note  de  Porphyrion  sur  Horace,  le  souvenir 
d’une  antique  légende  d'après  laquelle  Minerve,  objet 
d’une  entreprise  amoureuse  de  Mars,  avait  réussi  a  ré¬ 
sister  au  dieu  et  à  garder  sa  virginité  :  à  la  suite  de  cette 
lutte,  ajoute  le  commentateur,  elle  aurait  pris  le  nom  de 


Lque  m  lmnc  t'es  Maliens  comporte  une  tunica  picta,  une  cuirasse,  un 
monts  de",.  ' l"  ''  ;  Mommsen-Marquardt,  XIII,  p.  164.  —  2  Ibid.  p.  170.  Les  frag- 
ment  ^  '.  Iau  sacr<^  déjà  inintelligible  pour  les  anciens,  sont  recueillis  notant - 

Zander  Car  ^ragm.  and  Spccimens  of  early  latin ,  p.  564  sqq.  et 

p.  21 1  S(.  S  ‘^a^rtris  reliquiae ,  Lundae,  1888  ;  cf.  Jordan,  Krit .  Beitrâge , 
noff,  Uebe’r  <!<■"' o*'  n*  —  3  Bionys.  H,  70  ;  Plut.  Num.  13.  —  4  Müllen- 

Koscher,  Lr.i'i/'  ^lwer^anzi  Berlin,  1871,  p.  G  sqq.;  Immisch,  5.  v.  Kureten  in 
iexik.  |t  ^  V.  :|’(  *  et  *615.  —  5  Roscher,  Apoll.  und  Mars ,  p.  39  et  passim  ; 

;U0“;  Bsener,  Rhcin.  Mus.  1894,  p.  464  sqq.  — 6  Frazer,  Golden 
-  >  Tylor,  Primit.  cuit,  I,  p.  298  sqq.  ;  Mannhardt,  Baumkultus , 

Lr-nii  h  mens-  HI,  29;  IV,  36.  Cf.  les  autres  textes  réunis  par 

*4xik.  11  ivr„ 

*llle  *  évocation  \J  “  .  i>0US  8avons’  Par  un  texte  de  Varron,  De  ling.  lat.  VI,  45, 

Plut  N)lm  Veturi  était  comme  un  refrain  dans  le  chant  des  Saliens. 

’Ulfl,  JJ _ _  g  p  il 

,U1  ces i"approc||(1|  l  reller-J°rdan,  I,  p.  360  ;  Jordan,  Ibid.  n.  3,  fait  ses  réserves 

P*r  devenir  le  'f' ' mols-  Preller  essaie  encore  de  démontrer  que  Mars  a  fini 
no'!.  leur  fornu.  ,,  C.  '  ann0e  entière  ;  les  douze  boucliers  représenteraient  les  douze 
•P^che,  j.  |  11  c‘  serait  une  image  de  la  pleine  lune,  etc.  Cf.  Corssen,  Aus- 
Roscll(r-  Lexik  ||P',408  ’  Usener)  Mutin.  Mus.  XXX,  p.  194,  213,  218  sq.  229  ; 

’  stl-  ^0,,t  cela  est  très  contestable  :  Warde  Fowler,  The 


”““9",  p.  157. 
!'•  541,  54c  . 
Roscher. 


roman  festivals,  p.  42  sq.  —  9  Frazer,  Golden  bough ,  II.  p.  208  sq.  ;  Warde  Fowler, 
Op.  cit.  p.  48  sqq.  —  10  Mannhardt,  Mythol.  Forsch.  p.  198;  Warde  Fowler, 
Ibid.  ii.  41.—  U  Fast.  Praeuest.  ;  cf.  juno,  p.  684,  u.  9.  Le  nom  même  de 
Matronalia,  donné  par  quelques  textes  (scbol.  Cruq.  ad  llor.  Carm.  III,  8,  et  schol. 
ad  Juven.  IX,  53),  ne  semble  pas  être  le  litre  officiel  de  la  fêle.  —  12  On  sait 
que  Junon,  sous  le  nom  de  Calendaris,  était  considérée  comme  la  régulatrice 
de  l’année,  et  à  ce  titre  toutes  les  calendes  lui  sont  consacrées  :  juno,  p.  683, 
n,  5.  _  13  Ovid.  Fast.  III,  233.  —  IV  Ibid.  V,  253.  Cf.  sur  ce  mythe  Usener, 
Hhein.  Mus.  XXX,  215  sqq.  et  contra,  Warde  Fowler,  Op.  cit.  p.  37  sq.  Voir 
aussi  la  première  note  de  cet  article,  —  1»  Juno,  p.  685,  n.  16-18.  —  16  Lyd. 
De  mens.  IV,  42.  —  11  Gell.  XIII,  23,  7  ;  Suct.  Tib.  1  ;  Preller-Jordan,  1,  p.  342  et 
n.  1  ;  Usener,  Rhein.  Mus.  XXX,  p.  221.  —  1*  Plaul.  Truc.  Il,  6,  34  :  «  Mars  peregre 
adveuiens  salutat  Nerienem  uxorem  suam  ».  —  19  Cité  par  Gell.  L.  c.  :  «  Nolo  ego 
Neaeram  te  vocent,  sed  Nerienem,  quom  quidem  Mavorli’s  in  conubium  data  . 

_ 20  Ibid.  ;  cf.  Ennius,  fr.  108  Vahlcn.  —  21  Ibid.  :  «  Neria  Martis  le  obsecro, 

pacem  da,  te  uti  liceat  nnpliis  propriis  et  prosperis  uli,  quod  de  lui  conjugis 
consilio  contigit  uti  nos  itidem  intégras  râpèrent,  unde  liberos  tibi  et  suis 
posteros  palriae  pararent.  »  Cf.  Philol.  1852,  p.  591,  et  Jordan,  Krit.  Beitr. 

p.  181. 


-MAU 


—  1620  — 


.Xeriene1,  où  il  est  facile  de  reconnaître  Nerio-,  Ce  der¬ 
nier  détail  confirme,  ce  que  nous  savons  par  ailleurs, 
qu’à  une  certaine  époque  Minerve  s'est  substituée  dans 
la  tradition  et  dans  le  culte  àNério3.  Quant  à  l’épisode 
raconté  par  Porphyrion,  il  tendrait  à  prouver  que,  dans 
la  légende  populaire,  l’amour  de  Màrs  et  de  Nerio,  avant 
d'aboutir  à  une  union  régulière,  a  été  combattu  et 
repoussé*.  C'est  peut-être  un  écho  du  même  épisode 
que  nous  trouvons  dans  le  conte  d’Anna  Perenna  :  celle- 
ci,  vieille  femme  de  Bovillae,  prise  pour  confidente  de 
l'amour  de  Mars  pour  Minerve,  c'est-à-dire  pour  Nerio, 
s'était  jouée  de  la  crédulité  du  dieu  et  s’était  substituée 


à  la  déesse  dans  une  entrevue  qu’elle  devait  ménager  à 
Mars5.  Enfin  l’on  a  souvent  cité,  à  propos  de  cette  même 
fable,  l'image  (fig.  4846)  d’une  ciste  étrusque  de  Préneste, 
qui  représente  Minerve  (. Menerva )  tenant  le  dieu  Mars, 
encore  jeune,  au-dessus  d’une  cuve  d’où  s’échappent  des 
flammes6:  motif  qui  est  certainement  italique,  caron  ne 
connaît  rien  dans  la  légende  grecque  qui  y  réponde, 
mais  dont  l’interprétation  reste  très  obscure.  Nous  devons 
nous  borner  ici  à  résumer  les  fragments  épars  d’un 
mythe,  trop  mutilé  pour  qu’on  puisse  avec  certitude  lui 
rendre  sa  physionomie  primitive7.  Rappelons  encore 
que  Nerio  était  aussi  identifiée  avec  Vénus8,  et  qu’on  a 


MAR 

voulu  la  retrouver  aussi  dans  une  divinité  // 
que  les  anciens  mentionnent  comme  „  m  M(nM 
cycle  de  Mars 9.  ‘ lsant 

Les  fêtes  célébrées  au  mois  de  mai* 

. lL'l>r  du 

‘  ■  d’après 


partie  ,i„ 


dieu  répondent  à  des  fêtes  similaires  en  octol  ^ 
nos  sources,  deux  jours,  dans  ce  dernier  moi  ■  '  ‘  1 

sacrées  à  Mars:  le  15,  où  on  lui  offre  en  s’  !*°!lconl 
cheval  après  des  courses  de  chars,  et  le  p)  (^'U'ri,lce  l|n 
terminologie  des  calendriers,  porte  le  nomd’Aimm?"8  ‘a 
On  n’a  pas  manqué  d’insister  sur  le  parallélism,-"^' 
près  rigoureux,  entre  cés  deux  couples  de  fêtes  ■  ]  V'. I>6U 
19  mars  d  une  part  {Eqmrria  et  Oui.u/uain,^  N 
lo  et  19  octobre  d  autre  part  (sacrifice  de  Veouul  0  t 
ber  et  armilustrium *°)  ;  et  l’on  a  remarqué,  à  juste 
que  cette  double  période  fériée  marque  à  Rome  les  deu  • 
limites  extrêmes  de  l’année  militaire,  le  début  et  la  |jn(J 
la  campagne11.  Aux  deux  époques  a  lieu,  parle  mini^J 
des  Saliens,  une  lustratio  armorum:  on  purifie  les] 
armes  avant  la  campagne,  et  on  les  purifie  quand  les 
expéditions  militaires  sont  censées  achevées12.  Dans  les 
deux  cas,  tandis  que  les  ancilia  sont  en  mouvement,  les 
jours  de  fête  sont  religiosi  :  on  s’abstient  de  toute  entre¬ 
prise  publique  et  privée,  notamment  de  toute  opération 
de  guerre13.  Le  caractère  de  ces  fêtes,  qui  se  répondent 
si  exactement,  n’est  donc  pas  douteux  :  ce  sont  Lien  dos 
cérémonies  militaires. 


Mais  ici  encore  se  pose  la  question  :  ce  qui  est  vrai  de 
l’époque  historique  est-il  vrai  des  origines?  Le  sacrifice 
du  cheval,  tout  au  moins,  est  accompagné  de  rites  étran¬ 
ges  qui  sollicitent  une  autre  interprétation.  Le  calendrier 
de  Philocalus,  le  seul  qui  en  fasse  mention  14 ,  porte,  à  ce 
jour,  cette  simple  note:  equus  ad  nixas  /?/ls.Mais  d’au¬ 
tres  renseignements,  épars  en  différents  auteurs,  com¬ 
plètent  cette  brève  indication16.  Le  sacrifice  avait  lieu  au 
Champ  de  Mars,  sans  doute  à  l’ara  Martis,  à  la  suite 
d’une  course  de  chars  attelés  de  deux  chevaux:  celui 
qu’on  choisissait  pour  victime  était  le  cheval  de  droite 
de  l’attelage  vainqueur17  :  on  l’immolait  à  Mars  en  le 
perçant  d’unelance18.  La  tête  de  la  victime  était  détachée 
et  couronnée  de  pains.  Il  s’engageait  alors  une  lutte  pas¬ 
sionnée  entre  les  habitants  de  deux  quartiers  voisins, 
ceux  de  la  Voie  Sacrée  et  ceux  de  Subura,  pour  emporter  j 
cette  relique  sanglante.  Les  gens  de  Subura,  s  ils  avaient 
l’avantage,  allaient  la  fixer  aux  parois  de  la  lïef/ia, 1 011  fl 
delà  Voie  Sacrée,  quand  ils  étaient  les  plus  torts,  I ne  1 


l  F'orphvr-ad.  Hor.  Ep.  II,  2,  209  :  «  Maio  niense  rcligio  est  nubere  et  item  Martio 
in  quo  denuptiis  habito  certaminc,  a  Minerva  Marsvictus  est  et  oblenta  virginitale 
Minerva  Ncricne  est  appellata  ».  —  2 La  forme  du  génitif  est  Nerienis  :  cf.  Anio , 
Anienis.  —  3  Lyd.IV,  42.  Cf.  Ovid.  Fast.  III,  850  :  «  et  forti  sacrificare  deae  ».  Le 
poète  désigne  Minerve  (il  s’agit  du  sacrifice  du  23  mars),  mais  fortis  dca  est  la  traduc¬ 
tion  littérale  de  Nerio.  —  4  Cf.  Marlian.  Capell.  I,  13,  1:  «  cerlumqueesse  Gradivum 
.Nerienis  conjugis  amore  torreri  ».  —  s  Ovid.  Fast.  III,  523.  Sur  ce  mythe,  voir 
Usener,  Iihein.  Mus.  XXX,  p.  20G  sqq.  ;  Wissowa,  art.  Anna  Perenna  in  Pauly- 
Wissowa  ;  Wardc  Fowler,  Op.  cit.  p.  52  sqq.  —  c  Monumenti ,  IX,  pl.  lviii  sq.  ; 
Annali ,  1873,  p.  223  sqq.  ;  Arc/i.Zeit.  1885,  p.  170  sqq.  (Marx);  Rosclier,  Lexi/con, 
II,  2407  sq.  fig.  6  ;  cf.  2376  sq.  —  7  Usener,  Op.  cit.  p.  221  sqq.  a  voulu  reconstituer 
le  mythe  dans  sa  contexture  complète.  Wardc  Fowler,  The  rom.  festiv.  p.  C0  sqq. 
aboutit  aux  conclusions  suivantes  :  Nerio  ne  serait  primitivement  qu’un  attribut  ou 
un  aspect  de  Mars  lui-même;  le  nom  devint  ensuite  une  personnalité  indépendante; 
une  école  d’érudits  a  ensuite  pris  l’union  de  Mars  et  de  Nerio  comme  point  de  départ 
d  un  myllie  développé,  dont  les  fragments  épars  ont  été  considérés  à  tort  par  (Jscncr 
comme  se  rattachant  à  une  tradition  latine  populaire.  Puis  Nerio  a  été  supplantée 
par  Minerve,  et  son  nom  a  disparu  du  calendrier.  Cinq  jours  de  fêtes,  du  19  au  23, 
onl  été  consacrés  à  Minerve,  envisagée  comme  déesse  des  artisans  ;  mais  ces  fêles 
n  ont  aucune  connexion  avec  celles  de  Mars.  —  8  Lyd.  IV,  42  :  Neofvyjç...  Vjv  ijE'-ouv 
dvat  tîjv  ‘Aôïjvàv  Çj  xal  ’A^o &î?r,v.  Quant  au  groupement  de  Mars  et  de  Vénus,  il  ne 
remonte  qu  à  une  époque  relativement  récenlc  et  procède  des  Grecs.  —  9  Paul, 
p.  100:  «  Herem  Mar  team....  esse  una  ex  Martis  comilibus  putabalur  ».  Cf.  Preller- 


Jordan,  I,  p.  343,  et  Roscher,  Lexi/c.  s.v.  —  10  Voir  p.  16J8,  note  n,  1 
élé  faite  par  Wissowa  sur  la  date  du  1  \  mars  ;  la  fèle  tombait  pcul-< 1 11  l  ^  JJ  j 
le  15  :  feriak,  p.  1049,n.  2.  —  H  Mommsen,  Corp.  inscr.  lat.  \.  I*  I 

Saliens  purifient,  dans  ces  circonstances,  les  ancilia  dont  ils  ont  la  -  "  |pS  j 

aussi  purifiait-on,  du  moins  à  l’origine,  les  armes  de  1  armée  <nb'i  (ja|CS  ca-  j 
cas,  la  lustratio  armorum  accomplie  par  les  Salions,  en  raison  nM  gym- 

ractéristiques  où  clic  avait  lieu,  peut  être  considérée  comme  mu  p'  ^ _ 1;;  pollP 

bolique  qui  vaut  pour  l’armée  entière  :  voir  Warde  Fowlci ,  Op.  cil- 1  XXXVÜ» 
les  fêtes  de  mars,  Suet.  Otho,  8;  Tac.  Hist.  I,  89  :  pour  celles  d  ocl  ^  ^  Wissowa,  : 
33,  7;  cf.  Polyb.  XXI,  10,  12,  et  Huschke,  Pas  rom.  Jahr.  p.  3o3*  le 

De  fer  iis,  p.  xr,  a  tenté  d’expliquer  pourquoi,  lorsque  deux  ^  ca|cn<li’icr5,| 
même  jour,  il  arrive  souvent  qu’une  seule  soit  mentionnée  ja  ^  Jupiter 

Or  le  15  octobre  les  Ides,  comme  à  tous  les  mois,  sont  con  a  ^  ci cotisé 

cf.  Warde  Fowler,  Op.  cit.  p.  241.  —  «  H  faut  entendre '  Pa^  (kr  Sl aM 
nixae,  près  du  Tibre  et  du  mausolée  d  Auguste  ;  Iicllci,  ^  paS  | 

Ilom ,  p.  174;  Warde  Fowler,  p.  242.  Ces  cigognes  de  pierr  ^  ^  _  ,iu 

sous  la  République;  le  lieu  du  sacrifice  aurait  donc  change  an  ^  p^uisl 

première  mention  se  trouve  dans  Polybc,  XII,  4  6,  qui  M  ^  crrcm’  la  ^;l*e  | 
p.  178,  et  Paulus,  p.  220  ;  Plut.  Quaest.  rom.  97,  qui  repor  c  [j  jn  camp« 
aux  ides  de  décembre.  —  47  Fest.  L.  c.  :  «  Octobcr  equus  ai  l  ^  jeX^erioi*  r,  etC.J 
Martio  mense  Ocl.  immolatur  quotannis  Marti,  bigarum  v,c  liC^  ^  ^  [v  :<? 

_  18  Polyb.  L.  C .  :  Iv  ‘/jp-eça  xtvc  xaTaxovrtÇeiv  iiîuov  , 


MAU 


—  1021 


MAU 


crod'al( 


i  dans  leur  quartier,  à  la  tour  Mamilia.  La 


(.|ieval,  arrachée  elle  aussi  à  la  victime,  était 
(juelie  th|,v  toute  fumante  à  la  Regia  et  suspendue  au- 
Iransp"1'  yocus^  où  le  sangachevait  de  s’égoutter. 

deSf'S  \; dû  sacrifice  de  YOclober  equus  nous  est  indiqué 

L  °,1  ni  niacre,  qui  emprunte  les  expressions  de  Verrius 
Par  |,a".  0ij  frugum  eventum 1  :  par  quoi  il  faut  entendre 
llaCt  l'V  comme  le  voulait  Preller,  qu’on  appelait  la  pro- 
nonl,dSau  jieu  Sur  les  semailles  prochaines2,  mais 
^Tlc  remerciait  de  la  révolte  précédente3.  C’est  donc 
ïlj  t'i  tellement,  tout  au  moins  dans  son  esprit  primitif, 
eS!,e|1u,  j’adions  de  grâces  qui  suivait  la  rentrée  de  tou- 
m’ les  récoltes  de  l’année.  Il  est  possible,  à  la  rigueur, 
lC,e  l'indication  de  Verrius  Flaccus  ne  soit  qu’une  hypo- 
Jse  personnelle  de  l’auteur  \  et  que  les  Romains  eux- 
Jèmes  n’aient  plus  conservé,  à  son  époque,  une  con¬ 
science  bien  nette  du  caractère  originel  de  la  fête.  Mais 
Mannhardt,  dans  une  étude  très  ingénieuse  et  très  docu¬ 
mentée  sur  ce  sujet 5,  a  prouvé,  par  la  comparaison  avec 
de  nombreuses  pratiques  populaires  de  différentes  régions 
de  l’Europe,  et  relatives  à  la  fête  des  moissons,  que  cette 
interprétation  est  en  somme  la  vraie  ;  et  il  explique  ainsi, 
Ln  seulement  le  sens  même  delà  fête,  mais  les  différentes 
circonstances  qui  l’accompagnaient6. 

La  conclusion  que  l’on  peut  tirer  de  ces  dernières 
remarques  et  qui  vaut  pour  les  autres  fêtes  de  Mars,  c’est 
que  le  culte  du  dieu  s’offre  à  nous  sous  un  double  aspect, 
à  la  fois  agricole  et  militaire,  et  qu’il  a  évolué  lentement 
de  l’un  à  l’autre.  La  substitution  du  second  de  ces  carac¬ 
tères  au  premier  s’est  faite  avec  une  très  grande  facilité, 
non  seulement  parce  que  les  limites  de  l’année  militaire 
se  trouvaient  coïncider  avec  les  dates  extrêmes  du  calen¬ 
drier  rural",  mais  aussi  en  raison  du  caractère  même 
que  présentaient  certains  traits  du  culte  primitif  :  ainsi 
équipement  des  Salions,  leurs  boucliers,  leurs  danses, 
dont  le  rôle,  comme  on  l’a  vu,  était  tout  d’abord  de  com¬ 
battre  les  puissances  invisibles,  funestes  à  l’agriculteur, 
c’étaient  là  des  éléments  qui  devaient  se  prêter  sans 
effort  à  la  conception  d’un  dieu  guerrier7.  Quant  aux 
éléments  du  culte  primitif  qui  étaient  réfractaires  à  cette 
interprétation  nouvelle,  ils  disparurent  ou  devinrent  le 
partage  d’autres  divinités:  c’est  ainsi  que  Mars  fut  évincé 
des  rites  restés  exclusivement  agraires,  comme  les  Am- 
forvalia ,  où  il  céda  la  place  àCérès  et  à  Liber.  Et  si  l’on 
recherche  en  dernière  analyse  la  raison  de  la  transfor¬ 
mation  qui  s’est  faite  dans  la  conception  de  Mars,  on  la 
trouvera  dans  le  changement  qu’a  subi  la  cité  elle-même. 
La  population  primitive  de  home  se  composait  de  labou¬ 
reurs  et  de  pâtres;  ses  fêtes  étaient  des  fêtes  rurales  ;  ses 
principaux  dieux,  d’ailleurs  d’une  personnalité  vague  et 


mdéler 


minee,  avaient  surtout  pour  fonction  de  protéger 


s  cultures  et  les  troupeaux,  d’écarter  de  l’homme  lui 

n  C  ''  c- "  Panibus  redimibant  caput  equi  immolait  idibus  Oclobribus 
kf-JordV  ^ai^0’  (lu*a  ^  sacrificium  ftebat  ob  frugum  eventum  ».  —  2  Prcl- 
sil  se  rj  '  *!’  —  3  ^ai’de  Fowler,  Op.  cit.  p.  244,  n.  2,  remarque  que 

Panl  [)ia  ^  sema,^cs  prochaines  on  aurait  attendu,  dans  le  texte  de 

gestion  i  ^PUSl,|n  eventum  ».  La  couronne  de  pains,  dont  il  est 

—  4  \\  CG  ^GX^G’  souligne  d'ailleurs  l'allusion  à  la  récolte  précédente. 

Forul,  ^ 6  feriis'  P-  >x.  —  5  Mannhardt,  Bas  Octoberross,  in  Mi/thol. 

iej-,/,-  ||  ,  ,  ~  ul- Ces  conclusions  de  celle  élude  ont  été  acceptées  par  Rosclier, 

""  111  SUU-  et  Frazer,  The  golden  Hough ,  II,  p.  64  sqq.  ;  cf.  contra, 

tussion  ,1,.  |  X‘  en  trouvera  un  bon  résumé,  avec  des  réserves  et  la  dis- 

—  6  H  j-j  "  '  peints  de  détail,  dans  l’ouvrage  cité  de  Warde  Fo w  1er,  p.  243  sqq. 

filles  latines  '|'*,'l>e*er  tlH0  le  sauS  du  cheval  d’octobre  joue  un  rôle  dans  d’autres 

Il,1420  s,|.  ""  cat’actére  rural,  les  fordicidia  et  les  pai.ii.ia.  — 1  Roschcr,  Lexik. 

Cf.  Warde  Fowler,  Op.  cit.  p.  248-250,  et  les  remarques  qui  sont 

*  I. 


même  les  dangers,  les  maladies.  Puis  la  cité  s’est  consti¬ 
tuée  en  État  politique  et  conquérant  ;  nombre  de  ses  dieux 
se  modelèrent  à  son  image,  reçurent  des  attributions  et 
des  fonctions  nouvelles.  Mars,  le  vieux  dieu  national,  est 
peut-être  celui  dont  l’effigie  s’est  le  plus  profondément 
altérée;  le  sens  primitif  des  anciennes  fêtes  s’est  obs¬ 
curci,  et  leur  caractère  s’est  mis  à  l’unisson  des  nouvelles 
conceptions  religieuses  et  politiques  de  la  cité.  La  Grèce 
à  coup  sûr  collabora  à  cette  transformation  et  l’accéléra  ; 
elle  dut  surtout  contribuer  à  fixer  la  physionomie  et  la 
personnalité  de  la  vieille  divinité  italiote;  mais  précisé¬ 
ment  pour  que  l’idée  vint  de  rapprocher  Mars  et  Arès, 
de  les  identifier,  il  faut  admettre  que  le  dieu  latin,  au 
moment  où  se  fit  le  contact  des  deux  civilisations,  était 
en  train  de  devenir  le  grand  dieu  militaire  de  Rome*. 

L’étude  que  nous  venons  de  faire,  tout  en  portant  sur 
l’ensemble  du  culte  de  Mars,  a  été  pour  nous  l’occasion 
d’i  nsisler ,  de  préférence, sur  la  conception  la  plus  ancienne 
du  dieu  ;  il  nous  reste  à  indiquer  les  traits  qui  résument 
plus  spécialement  sa  fonction  militaire  et  polilique. 

Si  Jupiter  Optimus  Maximus,  le  Jupiter  du  Capitole, 
est  devenu  par  excellence  le  génie  tutélaire  du  peuple 
romain,  il  n’en  est  pas  moins  vrai  que  les  destinées  de 
l’empire  dépendent  surtout  du  dieu  qui  préside  à  la  for¬ 
tune  des  armes.  Il  est  présent  à  toutes  les  entreprises 
militaires,  et,  depuis  la  fondation  légendaire  de  la  ville, 
son  nom  est  associé  à  tous  les  souvenirs  glorieux  de  ses 
annales.  Chaque  fois  qu’une  guerre  est  déclarée,  un  des 
premiers  devoirs  du  général  est  de  se  rendre  au  sacra- 
rium  de  Mars  et  d'y  heurter  les  ancilia,  puis  la  lance 
sacrée  de  Mars  en  prononçant  la  formule  solennelle:  Mars 
vigila 9!  Nous  avons  déjà  vu  que  ces  attributs,  tant  à  la 
Iîegia  qu’à  la  curia  Saliorum,  s’agitaient  d’eux-mêmes, 
aux  moments  critiques,  et  donnaient  des  indications  pro¬ 
phétiques  10.  Pendant  la  campagne,  et  avant  la  bataille, 
onoffraitau  dieu  des  sacrifices11.  C’est  surtout  en  son 
nom  qu’après  la  victoire  on  décernait  les  récompenses 
militaires,  notamment  la  corona  graminea  ou  obsidio- 
nalis,  la  plus  glorieuse  de  toutes  [corona,  p.  1535  , 
accordée  à  qui  avait  tiré  une  troupe  romaine  d'une  situa¬ 
tion  désespérée.  Une  victoire  pouvait  être  également  l'oc¬ 
casion  d’un  sacrifice  solennel  à  Mars12.  On  lui  consacrait 
les  dépouilles  (spolia  secundo)  et  les  armes  conquises  sur 
les  ennemis13,  souvent  aussi  une  part  du  butin  i praeda] 
ou  de  l’argent  produit  du  butin  vendu  mam  biae  ll. 

Nous  avons  vu  que  le  surnom  de  Gradivus  n'a  sans 
doute  aucun  rapport,  dans  le  principe,  avec  les  attribu¬ 
tions  d’un  dieu  de  la  guerre  ;  mais,  avec  la  transformation 
de  la  divinité,  le  sens  primitif  s’altéra,  et  l’on  expliqua 
l’épithète  par  le  rapprochement  avec  le  mot  gradior  ;  le 
Mars  Gradivus  devint  dès  lors  le  Mars  fantassin,  le  dieu 
delà  légion,  type  lui-même  du  parfait  légionnaire1  . 

faites  à  l'article  fehiae,  p.  1036  sq.  sur  les  changements  apportés  à  l'idée  de  fêtes  en 
général.  —  9  Scrv.  ad  Acn.  VIII,  3  ;  cf.  ad  Acn.  VII,  603  et  X,  228.  —  >0  Aux  textes 
qui  ont  été  cités  plus  haut,  on  peut  ajouter  :  Liv.  XXII,  t,  1 1  :  Plut.  fai.  Max.  2  :  Plia. 
Il,  148  ;  Jul.  Obseq.  43. —  U  Suct.  Octac.  1.  —  12 Liv.  VII,  37  ;  Plin.  XXII, 9.  —  *3  Scrv. 
ad  Acn.  VI, 680  ;  Fest.  p.  189  ;  Plut.  Marc.  8  ;  cf.  Liv.  XLV,  33;  Prop.  V,  3,  71  et  la 
note  de  Prellcr-Jordan,  I,  p.  351,  n.  2.  —  '4  Corp.  inscr.  lat.  I,  63;  62  a,  b  ;  1 148  ;  VI, 

481. _ 13  Cf.  les  textes  cités  plus  haut,  et  Serv.  ad  Acn.  I,  292;  «  Mars...  cuni  saevil 

in  bello,  Gradivus  dicitur;  cum  trauquillus  est,  Ouiriiuis  ».  Rappelons  aussi  que 
Gradivus  est  l’épithète  officielle  du  dieu  dans  le  culte  des  Salions  du  Palatin  (Liv. 
1,  20,  4),  et  de  la  porte  Capènc  Serv.  !..  I.)  :  près  de  cc  dernier  temple  se  rassem¬ 
blaient  les  troupes  qui  partaient  pour  la  guerre  :  Liv.  VII,  23,  3  ;  c'est  là  aussi  que 
sc  faisait  chaque  année  le  départ  de  la  procession  dite  transrectio  aquitain  en 
commémoration  de  la  bataille  du  lac  Régille,  Dion.  liai.  VI,  13;  équités,  p.  773-4. 
On  connaît  encore  d’autres  cultes  de  Mars  Gradivus  :  Corp.  XIV,  2580  sqq.  ;  V,  8236. 

204 


MAU 


1622  — 


MAU 


C'est  sous  cet  aspect  qu’on  le  vit  un  jour  combattre  mys¬ 
térieusement  dans  une  bataille  contre  les  Lucaniens  et 
les  Bruttiens  réunis,  en  282  av.  ,1  ,-C.  Quant  aux  poètes, 
qui  s’inspirent  de  l’Arès  grec,  ils  le  font  paraître,  sur  le 
champ  de  bataille,  tantôt  à  pied,  tantôt  monté  sur  un 
char,  escorté  de  Bellona,  de  Pavor  et  de  Pallor,  équiva¬ 
lents  latins  de  Asïao;  et  de  <1>ô6oç2.  La  légende  de  Romu- 
lus  enlevé  au  ciel  sur  le  char  de  son  père  suppose  un  dieu 
combattant  du  haut  d’un  char  de  guerre  3 . 

Il  est  naturel  que  Mars  soit  devenu  spécialement  le 
patron,  le  dieu  tutélaire  des  soldats1,  et,  par  extension, 
des  gladiateurs3;  de  même,  en  leur  double  qualité  de 
maîtres  de  1  empire  et  de  chefs  de  l’armée,  les  empereurs 
lui  sont  attachés  par  une  dévotion  particulière.  Son  nom 
revient  fréquemment  dans  les  inscriptions  votives  et  dans 
les  légendes  monétaires  de  l’époque  impériale  avec  une 
grande  variété  d'épithètes.  Quelques-unes,  assez  rares, 
mi/itaris6,  militiae  potens \  campes  ter  3,  rappellent 
simplement  son  caractère  guerrier,  sa  prédilection  pour 
les  camps.  D’autres  expriment  son  intervention  active,  son 
rôle  de  protecteur  des  armées,  de  l’empire,  des  empereurs  : 
propugnator  9,  custos  10,  conservator u,  adsertor 12, 
secutor  comesque i3.  La  plus  fréquente  à  toutes  les 
époques  est  celle  de  victor 14  ou  son  équivalent  invictus ,s. 
On  trouve  aussi  propag[ator)  imp.  Aug.  ,G.  Le  dieu  qui 
procure  la  victoire  est  aussi  celui  qui  assure  la  paix  de 
l'empire  :  de  là  le  surnom  de  pacifer 17  et  de  pacator ls. 
Quant  au  culte  de  Mars  ultor,  institué,  comme  nous  l’avons 
vu,  par  Auguste,  pour  venger  la  mort  de  son  père  adop¬ 
tif.  il  s  est  perpétué  jusqu’à  la  tin  de  l’empire  romain  1S. 

Dans  les  camps  romains,  c’est  Mars  Ultor  qui  est 
devenu  le  dieu  tutélaire  du  praetorium.  On  a  vu  [legio, 
p.  1066  que  chaque  camp  avait  dans  sa  chapelle  des 
enseignes  où  l'on  déposait  l’aigle  avec  les  autres  signa 
des  légionnaires.  A  partir  du  mc  siècle  de  notre  ère,  c’est 
Mars  Ultor  que  l’on  voit  apparaître,  avec  d’autres  dii 
mil  i  tares,  sur  les  autels  de  ces  petites  chapelles.  11  finit 
par  y  supplanter  les  autres  divinités.  On  a  remarqué,  non 
sans  justesse,  que  précisément  au  temps  où  la  capitale 
est  envahie  par  le  Mot  des  religions  orientales,  c’est  à 
l’armée,  sur  les  frontières  du  monde  impérial,  déjà  flé¬ 
chissantes  sous  les  assauts  des  Barbares,  que  la  vieille  divi¬ 
nité  nationale  des  Romains  prend  un  regain  de  vitalité20. 

Les  divinités  dont  le  nom  est  le  plus  souvent  associé 
au  sien  dans  les  textes  épigraphiques  sont  Hercule,  qui 
est  également  conçu  comme  une  des  divinités  protectrices 
les  plus  puissantes  de  l'empire21  hercules,  p.  127],  la 
Victoire,  la  Fortune,  Minerve,  etc. 22 

Représentations  figurées.  —  On  peut  dire,  d’une  ma¬ 
nière  générale,  que  l'art  romain  s’est  contenté  d’ordi¬ 
naire  de  représenter  le  dieu  Mars  sous  les  traits  de 
l'Arès  grec,  et  qu’il  répète  ou  adapte  les  motifs  que  nous 

1  Val.  Max.  I,  8,  0;  Ammian.  Marccll.  XXIV,  4,  24;  Liv.  Ep.  XI.  —  2  Yrirg. 
Aen.  VIII,  700  sqq.;  XII,  331  sqq.  ;  Sil.  liai.  IV',  432  sqq.;  Stal.  Theb.  III, 
424  sqq.;  VII,  46  sqq.;  Val.  FI.  III,  89  sqq.;  Claiul.  in  /tu/'.  I,  342  sqq.  —  3  ],a 
première  mention  de  celle  légende  se  trouve  dans  Ennius,  ap.  Cic.  De  rep.  I, 
41,  64 ;  Cf.  Ilor.  Carm.  III,  3,  16;  Ovid.  Fast.  II,  496;  Met.  XIV,  818  sqq. 

»  Tertull.  Ad  nat.  I,  10.  On  sait  que  le  loup,  symbole  de  Mars,  figure  parmi 
les  emblèmes  des  légions.  Plin.  Hist.  nat.  X,  6  ;  cf.  supra,  art.  legio,  p.  1065- 
1066.—  5  Corp.  inscr.  lat.  II,  2473;  Terlull.  De  spcct.  12  :  larophi  théâtre  ou 
t.olisée  était  consacré  à  Mars  et  à  Diane  en  raison  des  combats  de  gladiateurs  et  des 
combats  de  bêles  féroces  qui  s'y  donnaient.  —  6  Corp.  VII,  390,  391  ;  Arch.  Zeit. 
XXVIII,  p.  78.  —  7  Willmanns,  Ex.  1471;  Corp.  VIII,  2634.  —  8  Corp.  II, 
40&J.  J  Eckhel,  Doct.  num.  VU,  352;  Cohen,  Monnaies  del'emp.  rom.  2®  éd.  V, 
p.  36,  n.  153  sqq. ;  p.  245,  n.  70;  p.  272,  n.  60,  etc.  ;  cf.  pour  les  empereurs  dont 
les  monnaies  présentent  ces  divers  surnoms  et  les  suivants,  l'index  de  Cohen,  et 
Koscher,  Leæik.  II,  2434  sqq.  auxquels  nous  renvoyons  une  fois  pour  tou  (es. 


avons  énumérés  :  témoin 
d’autres  divinités,  le  rampant  d’un  fre-'ar  avec 


Mars 


4 111  décore 


0111011  au  quatriè 


me 


Fig.  4847.  —  IMai-s  entre  Vénus  et  César. 


Fig.  4848.  —  Mars  et  Rliéa  Silvia. 

temple  du  Capitole  [capitolium,  tig.  1150] -L  Les  nlU!’ j 
possèdent  plusieurs  groupes,  de  travail  romain,  qMI  a 
cient  Arès  et  Aphrodite  :  ces  groupes  sont  f(-"HIIÏ  1 

—  10  Corp.  III,  3232  ;  Ilenzen,  3490.  —  H  Corp.  III,  1099,  lfi001'  ’  uTèt’ M  ■Wart 
485  ;  Eckhel,  VII,  398.  —  12  Eckhel,  Vf,  298.  -  13  Apul.  MeL  VIL  ^  Coffi 
cornes  Aug.  N.  ou  cornes  victor  Aug.  N.,  Cohen,  ML  I’-]'*  e^„  ^  |p  J930J 

VII,  423,  706,  992  sq.  ;  Eckhel,  VH, .156,  170,  314;  VIII,  «5.  -  -  ÉcklielJ 

III,  2308  ;  IX,  421  (Cal.  Venus.),  2198  ;  Müllcr-Wicseler,  II,  M  ®  ^  __  lti 

VIII,  58.  -  O  Eckhel,  VII,  501  ;  Arch.  Zeit.  XV,  p.  30  ;  Corp.  \  I,  ^  ^ .  l2|, 

VII,  12).  —  19  Corp.  IX,  4108;  X,  403;  ilenzen,  Acta  An.  ^  nlim,„nen! 
144;  Eckhel,  VI,  96  sq.  100,  296,  298;  VII,  1C4,  200:  ’  citj  pjr  0.  Oruppe 

d’Adarnclissi  serait  consacré  à  ce  dieu,  d  après  Domaszews  yom45Icwski,  hic 
dans  le  J ahresbericht  über  ant.  Mythol.  1900,  p.  183.  ^  _ — .21  Corp . 

Jlelig.  des  rom.  Heures,  p.  34  sqq.  ;  Aust,  Die  Religion  dei .  (  j .  y|,  48 1 , ctc- 

VI,  28 19;  X,  7858;  XIV,  2894,  etc.  —22  Corp.  VII,  MIL  '•  '  ’  '  MüHer-WieseUr. 

—  23  Arch.  Zeit.  1872,  pl.  lvii;  Roscher,  s.  v.  Ares,  •  Lm,  p.  «T 

Denlcmâler,  éd.  Wornicke,  pl.  iv,  4;  cf.  Dilthoy,  a  11 

«Kl- 


MAU 


—  1023  — 


MAR 


]  i  lance  ;  le  corps  nu  ou  vêtu  d’une  simple 
^este,  celui  du  combat  ou  l’attitude  du 


,  osition  de  types  préexistants  des  deux  divi- 
simpteJL-  ;>i  jeg  nombreuses  statuettes  de  bronze  de 
nitéS'  1  iu  plupart  de  celles  qui  représentent  Mars 
"0S  nlpiin'''uent  de  celles  qui  figurent  Arès  que  par  une 
--‘•m/pTa.  grossière  ou  plus  molle,  et  non  par  les 
WéCï", T  l’attitude  ou  le  type  :  la  figure  est  jeune,  enca- 
f;è  .l^fioucles  épaisses  ;  les  armes  sont  le  casque  et 

l’épée  ou 

rhlaniyde;  le  e1  ,  .  . 

2  De  ces  figurines  se  distinguent  celles  qui  se 

rel'n>  rattachent  au  style  étrus¬ 

que  et  qui  portent  d’ail¬ 
leurs  l’armure  du  guer¬ 
rier  au  complet3. 

Il  est  cependant,  parmi 
les  statuettes  et  les  sta¬ 
tues  de  Mars,  un  type  qui 
est  une  création  origi¬ 
nale  (le  l’art  romain  :  c’est  le  Mars  barbu,  casqué  et 
cuirassé;  la  main  droite  est  levée,  et  tenait  soit  une 
lance,  soit  un  glaive  ;  la  main  gauche,  abaissée,  main¬ 
tient  un  grand  bouclier  dressé,  posant  sur  le  sol  V  On 
a  démontré  qu’il  fallait  chercher  le  prototype  de  ces  re¬ 
présentations  dans  la  statue 
de  Mars  Ultor  que  contenait 
le  temple  consacré  par  Au¬ 
guste  \  A  l’appui  de  cette 
thèse,  M.  Gsell  cite  un  relief 

Fig.  4850. 

(fig.  4847) autrefois  découvert 
à  Carthage  et  qui  se  trouve  au  Musée  d’Alger0  :  les  trois 
divinités  qui  y  figurent,  Mars  debout  entre  Vénus  et  César, 
reproduisent  sans  doute  les  trois  divinités  du  temple  1 . 

lue  peinture  des  Thermes  de  Titus  représente  Mars 
accourant  du  haut  des  nues  auprès  de  Rhéa  Silvia  8  ;  le 
même  sujet  se  retrouve  dans  divers  bas-reliefs  9 .  Parmi 
les  mot  ils  de  décoration  de  quelques  sarcophages  figurent 
les  amours  de  Mars  et  de  Vénus 10  ;  ce  motif  se  voit  aussi 
àl  -Ira  (.asali,  ainsi  que  la  lutte  de  Mars  contre  Hercule 
sur  le  corps  de  Cycnus 1 1 . 

1,11  SH'l  avec  quelle  profusion  l’image  du  dieu  parait 
ans  la  numismatique  romaine.  Ici  encore,  le  type  se 


rattache  à  la  pure  tradition  hellénique.  Ce  sont  des  mon¬ 
naies  touLes  grecques  que  celles  de  la  série  romano- 
campanienne  (342-211)  :  on  trouve  sur  des  deniers  d’or 
et  d’argent,  au  droit,  la  tête  casquée  de  Mars,  barbue  ou 
imberbe,  et  au  revers  une 
tête  de  cheval  (fig.  4843) 12 . 

Parmi  les  deniers  d’argent 
dits quadrigati ,  quelques- 
uns  portent  au  revers  le 
quadrige  de  Mars  et  de  la 
Victoire13.  Des  monnaies 
d’or  de  GO,  40  et  20  ses¬ 
terces,  de  la  même  série 
romano-campanienne,  ont 
(fig.  4850)  au  droit  la  tête 
de  Mars  casqué  et  au  revers  i;g.  4831.  —  Mars  portant  un  trophée, 
un  aigle  sur  un  foudre  i;. 

A  partir  de  l’an  94  environ,  au  droit  des  deniers  ro¬ 
mains,  la  tète  de  la  déesse  Routa  est  remplacée  souvent 
par  celle  d’autres  divinités,  J upiter,  Mars,  Apollon,  etc. 15  : 
la  tête  de  Mars  est  casquée,  imberbe  ou  garnie  d'une 
barbe  naissante10.  Au  revers  des  mêmes  monnaies  con¬ 
sulaires,  se  voit  fréquemment  l’image  de  Mars  casqué  et 
nu,  debout,  tenant  un  parazonium  et  s’appuyant  sur  une 
haste17,  ou  tenant  le  parazonium  et  la  haste  ou  por¬ 
tant  un  trophée  (fig.  4851)  19,  etc.  Ce  sont  en  somme  les 
mêmes  motifs  que  présentent  les  très  nombreuses  mon¬ 
naies  impériales  de  tous  les  temps  :  l'attitude  la  plus 
fréquente  est  celle  du  dieu  marchant,  portant  une  haste 
et  une  enseigne  ou  un  bouclier20.  F.  Ddrrbach. 

MARSUPIUM G  —  Bourse.  Chez  les  Grecs,  iiAz^nto; 
et  les  substantifs  de  même  racine  (p.ip- 
cuTtTroç,  papannov,  izipau-c;,  p.v.o'rJTrtov)  ne 
désignaient  pas  autre  chose  qu’un  sac,  par 
exemple  un  sac  à  provisions,  ou  encore 
celui  dans  lequel  on  enfermait  ses  vête¬ 
ments  quand  on  se  déshabillait  pour 
prendre  un  bain  ou  pour  faire  de  la  gym-  Fig. iss2.  —  Bourse, 
nastique  [balneum,  corycüs,  gymnasium, 
gymnastica,  saccus,  avec  les  fig.  .  Ils  semblent  avoir  été 
d’un  usage  assez  rare2.  Pourdésigner  unebourseonse  ser- 


|  L  de  la  slat .  1,  l G-H,  7  (Louvre);  346,  4  (Rome,  Capitole)  et  ( 

des  brun-'  ■'tlllac(1,  laper  t.  11,  p.  179  sqq.  et  792;  Babelon  et  Blanchet,  Catal 

j  sqn  ■  Wall  i  Aat.  n.  177  sqq.;  Friedericlis,  Klein.  Kunst  u.  Ind.  19:!; 

Reiuacli  n  ■  * "  °^le ^ro,lses  Brit.il us.  n.GOU,  pl,xx,elc. — 3  V.Ernosci,  fig.  2817 
«f. Clarac  '  r^'i  ■*!’  P*  183-188,  passim,  p.  793,  2;  Walters,  Op.  cit.  n.  431-437 
P' 33d.  ll'csM-’"15**’  MiCaU’  Antich'  Monum ■  pl.  xxi  ;  Rev.  arch.  XXXI  (1897) 
des  guerrier  possible  que  ces  statuettes  représentent  tout  sicnplemen 

ii,  7ns,  i.r'xx!  •  '*  Rc‘"aCl1’  nép'  h  3i9’  0  ;  M’  l89-|9°  el  793  i  Walters,  Op.  cit 
et. Michon  Bull  i  j11'1"'978-  —  8  Furtwangler,  Collection  Somzêe,  p.  64. 
1899,  i,  |  ’  1,1  Soc' ,les  Antiq.  de  France,  1900,  p.  217.  —  G  Gsell,  lie  U.  arch 

Ane.  3|  s,lfl- 1  Doublet,  Musée  d'Alger,  pl.  xi,  fig.  5;  cf.  Arch 

1863,  p,  ' 1  3-  7  Cf.  un  relief  cité  par  Rciflersclicid,  Annali 

Sî  qualité  dc  n  ' 00161  de  Cornélius  Lentulus  représente  ce  personnage,  ci 
statue  de  Jules  Cés  ”  disant  au  nom  d’Auguste  la  dédicace  de  1; 

Denkm.  Il,  233.'*ai’  :  Bal,clon.  Monn.  de  la  rép.  I,  p.  431.  —  8 Müller-Wieseler 
«vin;  Rocl'ici|3UmC'S'Æl'’  ^80,  fîg.  9G1.  — 9  Gerhard,  Ant.  Bildw.  pl.  xi. 

653  r’i  ^0n'  VIII,  2;  Bcnudorf,  Lateran,  n.  47;  Millin 


Gai. 


n¥h.  653 


Fra,lce’  Pt  xv  '3  p* :  0vci'bcck'  Kunstmyth.  III,  p.  130;  Frohner,  Musées  < 
Wi»ehetmann  U  '  Fl'cller"Jordr>n,  I,  p.  347,  n.  2.  — 10  Malz-Duhn,  2232,  2341 
~ 11  Wieselor,  4,.„  /■  27’  28;  cf-  Campana,  Opéré  in  plastica,  II,  10 

3 Oi'ange  cilé  lct  “>  2;  Brunn, Kleine  Schrift.  I,  p.4l;  cf.  le  médaille 

*;  10 !  p.  2,-27. ' u 'C <i  ,":,lCU,-ES'  P-  l07.«-  17.  -12 Babelon,  Monn.  de  la  rép. 
n,lorf-  p.  xxi  ’S(.  ,  ler’  Lex‘k-  II,  2391  sqq.  fig.  3  et  4.  —  13  Babelon,  lbi 

''  Sv".  —  1g  Ibid  j  P'  9l>  50;  U>  377-  -  U  Babelon,  Ibid.  p.  xxvn.-15/M 
h'  -  11  Ibid  I  A-'  'W  S,|<1'  4lS’  509;  l[>  3'  38>  67,  Ul,  332  sq.  3S4,  410  sq 

’  05,  3j6  Sqq.  ;  U,  3|, 


"»«•  H,  Ml 


j  jj  1 1  •  *  •  --i  -  •  >  j  -T»,  —  -  —  j  (/tu,  i)  loo  aq,  i 

okcn,  Alonn  ,i„  c  a  P®u,e  reproduit  une  monnaie  de  Sept.  Sévéi 
Pour  nu  ,i  ....  (,e  ‘“"'P-,  II,  7,  472 


40,  244.  -  18  Ibid.  I,  133  sq.  10 


Ul  9  soit  utile,  de  don 


20  Les  exemplaires  sont  trop  nombre 
nci  une  longue  liste  de  références.  Citons  seulement 


monnaies  de  Brilannicus  (Cohen,  Monnaies  de  l'emp.  I,  pl.  xi,  I),  celles  de  Galba 
de  Vitcllius  (Cohen,  I,  pl.  xiv),  de  Vespasicn  et  de  Tilus,  de  Pescennius  Ni-u;r  el 
d'Aurélicn  (Müller-Wieseler,  11,  240  b  et  e),  etc.  —  Bibliographie.  II. -D.  Müllcr, 
Ares,  Hraunsclnveig,  1848  ;  Mythol.  der  griech.  Stâmme,  1837-1869.  I,  p.  137  sqq.  ; 

I,  43  sqq.;  Sloll,  Die  ursprûngl.  Bedeutung  des  Ares,  1853;  Cerhard,  Griech.: 
Mythologie,  I,  1834,  §374  sqq.  ;  Welcker,  Griech.  Goetterlehre,  I,  1857,  p.  413  sqq.  ; 
liosclier,  Studien  für  vergleich.  Mythol.  I,  1873,  Apollon  und  Mars  ;  Diltliev. 
Jahrb.  des  Vereins  d.  Altertumsfreunde  im  Bhcinland,  Hcft  LUI,  1873,  p.  t  sqq.  ; 
Uscner,  Altitalische  Mythen,  n  hein.  Mus.  XXX,  1874,  p.  182  sqq.  :  Tüinpel,  Ares 
und  Aphrodite,  Jahrbücher  fUr  Philologie,  Suppl.  XI,  1880,  p.  641  sqq.;  Voigt.. 
Beitrüge  sur  Mythol.  d.  Ares  u.  d.  Athéna,  Leipsiger  Studien,  IV,  1881, 
p.  227  sqq.  ;  Tümpel,  Jahrbücher  f.  Plutôt.  CXXIII,  1881,  p.  289  sqq.;  Prcllcr- 
Jordan,  Roemische  Mythol.  I,  1881,  p.  333  sqq  ;  Decliarme,  Mythologie  grecque, 
1879,  p.  177  sqq.  ;  2'  éd.  1880  ;  Prellcr-Robcrt,  Griech.  Mythol.  1  (1887),  p.  335  sqq.  ; 
Mannliardt,  Mythol.  Forschungen,  Das  Octoberross,  p.  136  sqq.;  Roschcr  Lexi- 
kon  d.  Mythol.  1,  188  4-1890,  art.  ahks  (Stoll),  Ares  in  d  r  bild.  Kunst  (Furtwaenglcr)  : 

II,  1890-1894,  art.  maiis  (Itoscher)  ;  Pauly- Wissowa,  Realencyclopaedie,  II,  1,  1895 
art.  ares  (Tümpel),  Anes  in  vm  kunst  (Saucr)  ;  Domasiewski,  Die  Religion 
des  rômischcn  Heeres ,  Trier,  1893  (Extr.  de  la  Westdeutsche  Zeitschrift, 
XIV,  p.  1-115),  p.  34  sqq.  ;  Wardc  Fowlcr,  The  roman  festivals,  London,  1899' 
passim ;  Aust ,  Die  Religion  der  Romer,  Munster,  1899  ,  p.  129-133  et 
passim. 

MARSUPIUM,  l  Plant.  Casin.  II,  8,  34;  Epidic.  Il,  2,  3  et  4,  74;  Menoeclun.  II, 
1,  29,  44  ;  3,  33,  35  ;  V,  l,  t  ;  7,  49,  53  ;  P  ers.  I,  3,  45  ;  Poen.  Il,  5,  39  ;  III,  5, 
37;  Rud.  II,  0,  63;  V,  2,  20;  Pompon,  ap.  Prise,  p.  883  =  Ribbcck,  Comic.  rom. 
fragm.S  (1898),  p.  303;  cf.  Uitsclil,  Parerga,  I,  156,  168  ;  Varr.  De  re  rust.  III,  17 
et  ap.  Non.  Il,  p.  141  ;  X,  p.  303;  Prud.  Psychom.  600  ;  Perist.  404;  Alcim.  VI. 
U.  —  2  X°n-  Anab.  IV,  3,  11;  Apollod.  Caryst.  ap.  Poil.  X,  132;  cf.  Poli. 
VII,  79;  X,  94,  138,  131  ;  Hippocr.  p.  890  E;  Moeris,  Lex.  p.  96. 


MAR 


—  1624  — 


vait  plus  communément  des  mois  P<xX«vtiov,  paXav-nStov 
Au  reste,  chez  les  Grecs  aussi  bien  que  chez  les  Romains, 
la  bourse  était  en  effet  un  petit  sac,  d'ordinaire  en  cuir’, 
que  l'on  serrait  en  haut  (<w<rc«XX«v)*  par  un  cordon  où 
une  patte  (icouç) 3  passés  dans  une  coulisse.  La  figure  4852 
représente  une  bourse  qu'un  jeune  homme  tient  dans  sa 
main  .  il  \  ient  de  la  serrer  (^QtXotvxtov  cdcrTrocaTov)  4  en  tirant 
sur  le  cordon  3  ;  au  contraire,  pour  ouvrir  (Xüe-v)  «  on 
écartait  les  bords  et  le  cordon  se  relâchait  de  lui-même 7. 
(  )n  tenait  la  bourse  parle  col  lorsqu  on  étaitsurle  point  de 
s  1 11  sei '  11  >  sinon,  on  la  portait  enfermée  dans  sa  cein¬ 
ture,  ou  bien  on  l'y  suspendait,  ce  qui  donnait  beau  jeu  aux 
«  coupeurs  de  bourses  »  (jüaXxvTioToaoi,  sectores  sonariï)  ; 
ils  exerçaient  surtout  leur  coupable  industrie  dans  les 
lieux  publics,  tels  que  les  marchés  ou  les  établissements 
de  bains,  là  où  la  foule  se  pressait  à  certaines  heures9. 

Il  y  avait  des  bourses  fort  simples  ;  mais  on  en  faisait 
aussi  d'élégantes,  ornées  de  glands  et  d’oreillettes, 
comme  celle  que  l’on  voit  (fîg.  4853) 10.  Ces  divers  orne¬ 
ments,  qui  en  garnissent  les  contours,  les  ont  quelquefois 
i  endues  difficiles  a  reconnaître  sur  les  monuments,  où  on 
les  a  prises  pour  des  vases  munis  d’anses  11 . 

La  bourse  était  un  des  attributs  de  Mercure,  dieu  du 

commerce  et  du  lucre; 
c’est  une  question  de  sa¬ 
voir  si  les  Grecs  l’avaient 
déjà  donné  à  leur  Hermès 
avant  l'époque  romaine  ; 
on  ne  peut  affirmer  qu’il 
soitrestéétranger  à  l’Her- 
mès  des  marchés  (ègTro- 
Xaïoç,  àyopato;)  ;  cependant 
des  représentations  très 
anciennes  ensont  rares12. 
Au  contraire,  sous  l’Em¬ 
pire  les  images  de  Mercure 
tenant  une  bourse  à  la  main  sont  devenues  innombrables, 
à  tel  point  qu'il  est  impossible  d’en  tenter  la  nomenclature. 
C’est  surtout  en  parcourant  cette  série  de  monuments 
(fig-  4853)  qu’on  pourra  se  rendre  compte  des  formes 
de  la  bourse  antique  [fortuna,  fig.  3241  ;  mercurius]  13. 

Par  une  association  d'idées  analogue,  la  bourse  devint 
aussi  un  des  attributs  de  I’ebertas,  abstraction  person¬ 
nifiée,  dont  on  fit  dans  les  bas  temps  de  l’Empire  un 
être  divin  u.  Trois  bourses  au-dessus  d'un  coffre-fort 
(fig.  4854)  symbolisent  le  cuivre,  l’argent  et  l’or  frappés 
par  l’administration  des  monnaies15.  Il  vint  un  moment 

i  Arislopli.  Av.  lôl;Eq.  707,  1197  ;  /tan.  772  ;  l’Iat.  Hep.  I,  p.  348  ;  Xcn.  Convie. 

1\  ,  2  ;  Plut.  De  educ.  puer.  8,  p.  5  D  ;  De  cupid.  divit.  7,  p.  526  c  ;  Anthol.  Pal.  V, 
159;Herod.  V,  4,4;  Suid.  Etym.  Magn.  s.  v.;  Poil.  X,  151;  Moeris,  Lex.  p.  9C. 

—  2  Plut.  De  cupid.  divit.  7,  p.  526  c.  —  3  p0ll.  X,  152.  —  4  Anliphan.  ap.  Poil. 

D.  C.  —  ô  Gerhard,  Atiserl.  Vasenb.  t.  IV,  pl.  cci.xxvin,  2;  cf.  pl.  cclxxxiv,  10  et 
p.  59;  Ibid.  p.  51,  56,  58,  62,  72;  pl.  cclxxxu,  2;  cclxxxiv,  5-8;  cci.xxxvm,  1  et  5; 
ccxcyii.  6  Aristoph.  ap.  Poil.  X,  151.  — 7  \oir  fig.  4507  une  bourse  ainsi  ouverte 
sur  un  relief  peint  étrusque,  et  une  slaluelle  en  terre  cuite  dans  Stephani,  Compte 
rendu  de  la  comm.  arck.  de  Saint-Pétersbourg,  pour  1869,  p.  148,  pl.  n,  7. 

—  s  Mus.  Itorb.  XI,  pl.  xxxviii.  —  9  Aristoph.  Itan.  772  et  Scliol.  Ad  b.  I.  ;  Pax, 
.30;  plat.  Hep.  IX,  p.  552  D;  575  B;  Xen.  Apol.  I,  2,  62;  Aeschin.  p.  597  R;  Plut. 

De  fortin  la,  2,  p.  97  F  ;  Destolc.  repugn.  35,  p.  1051  A  ;  Sex.  Empir.  Adv.  gramm. 
p.  291,  5  ;  Chrysost.  t.  II,  p.  808,  18  ;  809,  10;  VI,  p.  415,  26;  VII,  p.  78,  39;  Poil. 

VI.  150;  Hesvch.,  Suid.  s.  ».  ;  Plaut.  T  fin.  IV,  2,  19.  —  10  AIus.  Dorb.  VI,  pl.  n. 

11  11.  de  Longpérier,  Hecherclies  sur  les  rêcip.  monèt.,  Hev.  arcli.  n.  s.  t.  XIX 
(1869),  p.  131.  —12  Sur  celte  question,  voir  Schcrer,  Hermès,  col.  2425;  Steuding, 
Mercurius ,  col.  2807,  ap.  Roscher,  Lexik.  d.  gr.  u.  rôm.  Mythol.  —  13  [Incertain 
nombre  sont  catalogués,  d  après  les  vieux  ouvrages  d'archéologie,  dans  Longpérier, 
h.  c.  p.  133,  note  1.  Voir  encore  Babelon  et  Blanchel,  Bronzes  de  la  Biblioth.  nat. 
p.  1  tl  et  s.  ;  S.  Reinach,  Bronzes  fig.  de  la  Gaule  rom.  p.  64-83.  Dans  un  tombeau 
du  Bosphore  on  a  trouvé  une  bourse  en  cuir  rouge,  où  était  appliquée  une  figure 


MAS 


4853.  —  Bourse  de  Mercure. 


oil  I'"sa«e  s'éW>'R  <lc  distribuer  des  <„ 
aux  vainqueurs  des  jeux  publics-  -  .  J!£  J 

bourses  ---  ’ 


représen  - 
tées,  parmi  d’autres 
prix,  sur  plusieurs 
monuments,  notam¬ 
ment  sur  des  mon¬ 
naies  de  la  Thrace 
et  de  l’Asie  Mi  - 


i  aussi  trouve-t-, 


;,1‘gent 


on  des 


CERTAMINA 


Fig.  4854. 

Le  Trésor  public. 


neure 

fig-  1333]  Enfin 

sur  certaines  pièces  la  bourse  apparaît  comme 


4855. 

Bou>«  de  questeur. 


insignes  des  questeurs  (lig.  4855)  à  côté  du  subsel] 
de  la  verge  que  portaient  les  appariteur 


, 01AESTOU  n. 


un  des 
ium  et 
:'s  de  ces  magis- 


Geohges  La  paye. 


trats  d’ordre  financier 

MARSYAS  [siLENl], 

MASSILIENSIUM  RESPUBLICA.  -  La  constitution  de 
Marseille  jouissait  dans  l’antiquité  d'une  grande  réputa¬ 
tion1-  Elle  est  malheureusement  fort  peu  connue  Mar¬ 
seille,  fondée  vers  600  av.  J.-C.  par  des  Phocéens  sur  lë 
territoire  des  Segobrigii2,  eut  naturellement  des  institu¬ 
tions  analogues  à  celles  des  villes  ioniennes,  mais,  con¬ 
trairement  aux  autres  colonies  grecques,  garda  le  régime 
aristocratique  presque  jusqu’à  la  fin  do  son  histoire8  Vu 
début,  le  gouvernement  appartint  à  une  oligarchie 
étroite,  qu’Aristote 3  compare  à  celle  d’Istros  et  d’IIéraclée, 
composée  des  familles  des  premiers  fondateurs,  parmi 
lesquels  nous  connaissons  les  IlpumiSat.  Puis,  après  de 
nombreuses  tentatives,  les  familles  riches  obtinrent  une 
part  du  pouvoir  d’abord  pour  leurs  fils  aines,  puis  poul¬ 
ies  plus  jeunes;  enfin,  à  l’époque  d’Aristote,  on  recrutait 
par  le  choix  les  citoyens  de  droit  complet,  tant  dans  les 
anciennes  familles  que  dans  les  nouvelles4. 11  y  avait  un 
sénat  de  six  cents  membres3,  élus  à  vie  (oE  Éçaxoaioi)6, 
qui  s’appelaient  xigoù^ot,  comme  à  Naucratis  et  àTéos’; 
pour  être  timouque,  il  fallait  avoir  des  enfants  et  être  issu 
d’une  famille  qui  possédait  le  droit  de  cité  depuis  trois 
générations.  A  la  tête  du  sénat,  il  y  avait  une  commission 
de  quinze  sénateurs;  trois  d’entre  eux  formaient  une 
sorte  de  sous-commission  dont  un  membre  était  le  pre¬ 
sident  et  avait  le  pouvoir  exécutif.  Le  sénat  dirigeait  la 
politique  étrangère  8  et  avait  probablement  aussi  des 
attributions  judiciaires9.  Il  punissait  d'atimie  et  de  con¬ 
fiscation  les  propositions  contraires  aux  lois1".  A  1  époque 
de  César  il  est  question  d’un  stratège  et  d  un  navarque  . 
Cicéron  fait  l’éloge  de  ce  gouvernement  aristocratique  ou, 
en  dehors  des  familles  maîtresses,  le  peuple  parait  aum 

d'oiseau  découpée  en  cuir  noir;  S.  Reinach,  Antiqu.  du  Bosphou  ^  ^  ]] 

La  fig.  4853  est  tirée  de  Frôhner,  Musées  de  France ,  pl*  xvl '  ■ 1  ‘ly"  ^1|,  ^3. 


Musées  de  France,  pl-  xvi,  fragnr  iU  U.  ' 
relief  trouvé  à  Orange,  —  14  Cohen,  Monnaies  wipé 


,ér.  VI,  p.  DR,  a”*’2’ 


le  Jeun» 


Longpérier,  L.  c.  p.  134-135.  —  16  Monnaies  de  Perga  (Pampbylie  ,  l  H 
et  Gallien  ;  Longpérier,  Ibid.  p.  132,  Kg.  1  et  2  =  Greek  coins  0/  the ^  £,  c. 

_  Long- 


Pamphylia,  p.  4  32,  n.  59,  pl.  xxiv,  17;  p.  138,  n  , 

p.  139.  —  U  Monnaies  de  bronze  du  questeur  A.  Pupius  Rufes  u.  de 

1  -  -  ■  -  _  Bibliographe. 


95-97.  —  10  Longpfrier, 

aïque)  ■ 


périer,  L.  c.  (1868),  p.  113,  pl.  xvu. 


4;  cf.  Ibid.  3  et  0. 


Longpérier,  Recherches  sur  les  insignes  de  la  questure  et  sin  |).  p.  131- 

taircs,  Berne  archéologique,  n.  s.  XVIII  (1868,  2),  p.  HL  -  '  ^  [53;  Thoc.  b 

MASSI  LIEN  SIUM  ltESPUItLICA.  I  Strab.  4,  1,5.  —  2  llcr01'  \  '  _Scvn)n. 

34;  Jusl.  43,  3  0,  1  - 

110;  Solin.  2,  52;  Hieron.  Chron.  Abr.  1418,  1419,  14l0,  1  j 32L  fl)- 

saque  (DU'ei.1^' 


13,6;  Aristot.  fr.  238-239  (Frag.  Iiist.  gr.  Il);  Liv. 

1418,  14 

—  3  Frag.  239;  Pol.  5,  5,  2  (p.  1305,  6).  —  4  Aristot.  Pol. 

—  3  Strab.  L.  c.  —  6  Ils  figurent  dans  une  inscription  de  Lanqv  y  „ÎÎIe 

Sylloge  inscr.  gr.  2“  éd.  n°  276, 1.  45).  —  1  Allien.  4,  13,  ya|  j|a,.  i,  6.  G 

—  &  Dillenbergcr,  L.  c.  n°  27C;  Cacs.  Bel.  civ.  I,  35.  s<4nat  —  JO  Lticia11' 

ceux  qui  veulent  se  suicider  exposent  leurs  raisons  devant  c  ^ 

Toxaris,  24.  —  **  Frôhner,  Scolies  latines  relatives  a  Mm  ^  *  e5t  pcut-ôU*c 

28,  p.  322),  où  le  stratège  Apollonidès  «  praetor...  urbi  qui 

un  des  trois  timouques. 


MAT 


—  1625  — 


MAT 


U  lout  droit  politique1.  Il  subsistait  encore  au 
étéPrlVt'. d'ir(|i.|  lorsque  Marseille  était  ville  libre  et 
temps  ‘Vlln''  jQmi nation  romaine*.  Ch.  Lécbivain. 
fédérée  sous»  ^  __  Qn  a  pr0p0Sé  avec  vraisem- 

M'VSIt)r  ,rès  l’origine  même  du  mot  (sein),  de  recon- 
1,1anCC  '’  î'!1’  de  ce  vase  dans  les  bols  demi-sphériques 

naître  la  . .  qUi  ont  ôté  étudiés  à  l’ar- 

. .  ticle  cymbè  (lig.  2268).  La 

figure  4856  en  est  une  va¬ 


..ri-* 


riante;  le  bol,  à  base  poin¬ 
tue,  est  muni  de  deux 
anses 2.  Les  habitants  de 
Paphos  nommaient  le  vase 
à  boire  [lxitoi;  ;  ailleurs, 
d’après  le  même  auteur,  il 

Fig. 4S3C.  —  Masios.  s'appelait  xû^T)3;  ce  qui 

Lble  bien  indiquer  la  grande  ressemblance  ou  même 
l’identité  des  deux  noms.  Pollux  le  mentionne  aussi  avec 
la  coupe,  laphiale  et  le  xupSfov  *.  Le  même  nom  se  trouve 
dans  les  inventaires  des  temples  de  Délos  et  d’Oropos, 
appliqué  à  des  vases  d’argent 6.  E.  Pottier. 

MASTROI  [logistae,  p.  39!)). 

'  MASTRUfcA.  —  Vêtement  fait  de  peau  de  bête.  Les 
tuteurs  chez  qui  l’on  rencontre  ce  mot  ne  l’emploient 


qu’en  parlant  du  costume  des  Barbares  (Sardes1,  Gètes 2), 
opposé  à  celui  des  Romains.  L.  S. 


MATELLA  [matula]. 


.MATER  MATUTA.  —  MATRALIA.  —  Le  double  nom 

de  cette  divinité  latine  et  celui  de  la  fête  célébrée  en  son 
honneur  témoignent  en  faveur  d’un  culte  très  ancien. 
Muter  et  pater  sont,  en  effet,  dans  les  religions  grecque 
et  romaine,  dans  cette  dernière  surtout,  des  vocables 
honorifiques  d’autant  plus  fréquents  que  l'on  remonte 
davantage  vers  les  origines1.  Quant  à  Matuta ,  tous  les 
interprètes  sont  d’accord  pour  mettre  l’épithète  en  rapport 
avec  mat  ut  inus,  maturus  et  finalement  avec  mane ,  manus 
et  munis  que  nous  avons  expliqués  ailleurs  [mânes, 
p.  lo722j.  Mater  Matuta  est  une  divinité  de  la  nature  en 
qui  se  personnifie  la  lumière  bienfaisante  du  matin, comme 
dans  Juno,  Jana,  Diana ,  etc.3  Janus  lui-même,  qui  ouvre 
les  portes  du  ciel,  est  invoqué  sous  le  vocable  de  Matuti- 
nur.  Mais  quand  il  s’agit  de  divinités  féminines,  l’idée 
de  lumière  est  inséparable  de  celle  d’enfantement6; 
Junon  Lucina,  qui  présidait  aux  fonctions  de  la  mater¬ 
nité,  avait  à  Rome,  sur  le  marché  aux  légumes,  un  sanc¬ 
tuaire  dont  1  i  te-Live  mentionne  la  dédicace,  et  où  elle  était 
vénéi ce  en  qualité  de  Matuta G.  Mater  Matuta  est  donc 
uni  Mule  de  doublure  de  Junon,  en  tant  que  celle-ci  fait 
U1I(  l*ailî’  lune  nouvelle  et  que,  par  la  lune,  elle 

^  SIU  tempérament  de  la  femme  en  vue  de  la  mater- 
1  1  Pour  cela  que  les  Grecs  reconnurent  dans 

î0’  03  :  üe  rep'  b  27’  43  1  b  28,  **•  —  2  Strab.  L.  c.  ;  Dio. 
liens inni  (l((|||  "“U0GRAI‘Hlt:.  Brüchner  et  Temaux,  Historia  reipublicae  Massi- 
BonM8G3  ii"lo?n’  ISC"  ’  Gcisovv,  I)e  Massitiensium  republica,  diss.  inaug. 
Gilbert  Geschicll‘e,  I,  1,  p.  285-291,  1™  éd.  Golba,  1885; 

HASTos  i  c  (  r’  9rteclt.  Alterthüiner ,  II,  259-201,  Leipz.  1885. 
erojrnnim,  igg*'  *°J,0lb  borner.  Decker,  p.  3  (Extrait  du  ù0's  Winckelmanns 
B.el Xi,  es’  ,,  ■  L  T  2  '  ^  ‘néclit  du  Couvre  (Salle  E).  —  3  Athen.  XI,  74,  p.  487 
toi  VI,  iV8i‘  n  3-11  T  4  0nomast ■  Vb  ‘6.  93  ;  cf.  Hesych.  s.  v.  -  6  Bull.  corr. 
Bernes,  t,  x'\y  ,  ’,.g ,44’  93  >  Ephém.  archéol.  1890,  p.  7,  1.  11,  23,  27;  Keil  ap. 

“ASTivuua  '  î’’r98'  „ 

Isid.  XIX  «  r°  Seauro>  aP'  Quintil .  I,  5,  12;  kl.  De  prov. 
•h  M3.  ’  1  et  5.  —  2  Arnob.  II,  23  ;  Prudent.  C.  Symmach. 

M  vi  i  n  matuta 

avcc  '*  note  2  „  lia  ;*ATI'ALIA- 1  Voir  Preller-Jordan,  Roem.  Afyth.  1,  p.  .35  s. 
p- *2i,  IdS;  pcsl  [ ’  .!  blausen,  Aeneas  und  die  Penaten,  p.  8C9  s.  —  2  Paul. 

I  t.  IjS,  Non.  p.  CO;  Prise.  Il,  53.  S.-Auguslin,  Civ.  Dei.  IV, 


Matuta  leur  llithyia ,  à  une  époque  où  les  Romains  en 
étaient  venus  à  oublier  sa  signification  première  ;. 

Aux  temps  historiques,  Mater  Matuta  est  moins  connue 
par  elle-même  que  par  le  temple  qu  elle  possédait  a 
Rome  sur  le  Forum  boarium  et  par  la  fêle  des  Matralia 
que  célébraient  en  son  honneur  les  matrones  romaines, 
le  11  juin  de  chaque  année,  aussitôt  après  les  v  est  a  lia  s. 
L’histoire  faisait  remonter  la  dédicace  du  temple  au  roi 
Servius  Tullius,  mais  la  religion  de  Matuta  est  certaine¬ 
ment  plus  ancienne;  elle  fait  partie  des  institutions 
pieuses  que  la  légende  attribue  au  roi  Numa9.  Le  temple 
était  situé  non  loin  de  la  porte  Carmentale,  sur  la  rive 
gauche  du  Tibre,  presque  en  face  du  sanctuaire  de  Fors 
Fortuna,  dontla  construction  était  attribuée  à  Servius10. 
Des  interprètes  récents,  épiloguant  sur  le  voisinage  des 
deux  sanctuaires,  sur  une  sorte  d’antagonisme,  d'ailleurs 
peu  apparent,  entre  les  tendances  politiques  des  cultes,  et 
sur  ce  fait  que  la  fête  de  Matuta  concordait  avec  celle  de 
Fortuna  en  ce  lieu,  ont  prétendu  que  la  religion  de 
Matuta  était  d’origine  et  de  signification  patricienne, 
tandis  que  celle  de  Fortuna  aurait  éLé  instituée  comme 
une  protestation  plébéienne,  sous  le  règne  d  un  souve¬ 
rain  qui,  devant  l’histoire,  représente  non  seulement 
l’esprit  populaire,  mais  l’immixtion  dans  les  cérémonies 
publiques  de  l’élément  servile11.  Il  n’y  a  là  qu'une 
hypothèse  qui  perd  beaucoup  de  sa  valeur  si  1  on  songe 
qu’entre  Fortuna  et  Matuta  il  n’exisle  aucun  rapport  de 
signification  ni  de  culte  :  aussi  bien  les  coïncidences  de 
date  et  de  lieu  prouveraient  plutôt  la  conciliation  que 
l’hostilité.  Des  discussions  plus  intéressantes  sont  celles 
qui  ont  tenté  de  fixer  l'emplacement  des  deux  temples 
voisins12:  il  est  très  vraisemblable  qu’il  faille  chercher  le 
temple  de  Fortuna  dans  l’église  actuelle  de  Sainte-Marie- 
l’Égyptienne;  dans  ce  cas,  le  sanctuaire  circulaire  en 
marbre  qui  est  une  des  ruines  les  mieux  conservées  de 
Rome  et  qui  sous  sa  forme  actuelle  est  une  restauration 
du  IIe  siècle  de  notre  ère  serait,  non  un  temple  de  Yesta 
ou  d’Hercule,  mais  le  temple  même  de  Matuta,  devenu 
celui  de  Portunus  que  la  légende  devait  lui  donner  pour 
fils13.  Bâti  sous  la  royauté,  il  fut  réédifié  une  première 
fois  par  F.  Camillus  après  la  prise  de  Yeï'es,  le  dictateur 
l’ayant  voué  au  cours  du  siège  (396  av.  J. -G.) u. 

Comment,  plus  de  deux  siècles  après,  en  474,  le  consul 
T.  Sempronius  Gracchus  fut-il  amené,  après  la  conquête 
de  la  Sardaigne,  à  placer  dans  ce  temple  de  Matuta  une 
table  commémorative  de  sa  campagne,  avec  un  relief 
topographique  du  pays  soumis  et  des  peintures  retraçant 
les  principaux  combats15?  Ce  fut  sans  doute  parce  qu’à 
cette  époque  Matuta  était  déjà  considérée  comme  une 
divinité  maritime,  protectrice  des  navigateurs  et  mère 
de  Portunus.  11  est  vrai  que  la  table  était  en  l’honneur 

8,  rapproche  Matuta  de  frumenta  maturescent ia.  —  3  Luer.  V,  654  :  Roseam 
Matuta  per  oras  aetheris  aurcram  diff'ert  et  lumina  pandit.  Pour  la  question 
générale,  voir  juno,  p.  683,  note  8  ;  et  Preller-Jordan,  Op.  cil.  I,  p.  167.  —  4  Hor. 
Sat.  II,  6,  20  :  Matutine  pater ,  seu  Jane  libentius  audis.  —  5  Juno,  L.  c.  et 
p.  686  ;  Ov.  Past.  III,  253.  —  6  Tit.  Liv.  XXXIV ,  53  ;  I'.  \  ict.  Reg.  XI  ;  cf.  Klausen, 
Op.  cil.  p.  S77.  n.  7609,  cl  Creuzer,  Symbolik,  II,  566.  — 7  Strab.  V,  226.  — 8  Corp. 
inter,  lat.  I,  2,  p.  320.  —  9  Gilbert,  Geschiclite  und  Topographie,  III,  p.  437,  n.  1. 
—  10  Tit.  Liv.  V,  19;  cf.  Id.  XXXIII,  27;  XXIV,  47;  XXV,  7.  —  H  Gilbert,  Ibid. 
p.  390  s.;  cf.  Klausen,  Op.  cit.  p.  876.  —  12  Voir  Gilbert,  L.  c.;  Rebcr,  Ruinen 
der  Stadt  Rom,  p.  337  s.  ;  Becker,  Topographie,  p.  436,  et  fortuna,  p.  1268,  avec 
les  textes  cités,  a.  18.  —  13  Voir  Gilbert,  III,  p.  436  sq.  ;  II,  390,  avec  la  note  3  au 
premier  passage  ;  n.  1  et  2,  Ibid.  p.  437  ;  et  Kiepcrt,  Atlas  antiquus,  lab.  IX,  Ec,  où 
le  temple  en  rotonde  est  appelé  T.  Portumni.  Voir  encore  Jordan,  Topographie,  I, 
2,  484.  —  11  Tit.  Liv.  V,  19  et  23.  —  13  Tit.  Liv.  XLI,  28.  Voir  la  noie  2,  p.  438, 
L.  c.  de  Gilbert,  qui  suppose  en  plus  qu'il  existait  un  rapport  spécial  entre  le 
culte  de  Matula  et  celui  de  Jupiter. 


MAT 


02  fi  — 


de  Jupiter;  les  peintures  avec  la  carte  de  l'ile  conquise 
sont  de  1  ordre  des  ex-voto  que  les  voyageurs  et  les 
naufragés  offraient  aux  divinités  qui  avaient  assuré  leur 
salut  ou  leur  retour1. 

Cependant  Matuta,  qui  en  recevait  l'hommage,  n’y 
semblait  guère  prédestinée  ni  par  sa  signification  origi¬ 
nelle,  ni  par  le  culte  dont  continuaient  de  l  honorer  les 
matrones  romaines2.  Au  lendemain  du  jour  où  elles 
avaient  fait  a  \  esta  les  offrandes  de  mets  dans  les  plats 
qui  rappelaient  le  bon  vieux  temps,  elles  faisaient  cuire, 
non  pas  au  four,  mais  sur  le  foyer,  dans  des  moules 
d  argile  grossière,  des  gâteaux  rustiques,  ceux-là  mêmes 
dont  Caton  l'Ancien  nous  a  conservé  la  recette  et  que 
confectionne  Simules  dans  le  Moretum  de  Virgile3 *.  Au 
temple  même  n’étaient  admises  que  les  femmes  mariées  ; 
celles-là  seules  avaient  le  droit  de  toucher  à  l'image  de  la 
déesse  qui  n'avaient  connu  qu’un  seul  mari  :  univirae*. 
La  cérémonie  était  interdite  aux  femmes  esclaves;  pour 
accentuer  cette  exclusion,  l'une  d’entre  elles  y  était  traînée 
de  iorce,  puis  chassée  honteusement,  après  avoir  reçu  un 
soufflet5.  Autre  coutume  caractéristique  :  les  matrones 
priaient,  non  pour  leurs  enfants  propres  à  titre  de  mères, 
mais  pour  les  enfants  de  leurs  frères  et  sœurs  en  qualité 
de  tantes6 *.  Il  ne  manque  pas  de  témoignages,  les  uns 
légendaires,  les  autres  historiques,  qui  exaltent  les  fonc¬ 
tions  de  la  tante  dans  la  société  romaine,  vis-à-vis  de 
neveux  et  de  nièces  qui  seraient  venus  à  perdre  leurs 
mères  *.  Peut-être  faut-il  établir  un  rapport  entre  cette 
particularité  du  culte  de  Matuta  et  ce  que  nous  avons  dit 
ailleurs  de  celui  d eJuno  Sororia  [junones,  p.  G91]. 

Comment  la  vieille  divinité  authentiquement  romaine 
est-elle  dans  la  suite  des  temps  devenue  une  personnifi¬ 
cation  maritime?  Si  Portunus,  ce  que  rien  ne  démontre, 
fut  de  toute  antiquité  considéré  comme  son  fils,  la  trans¬ 
formation  s  expliquerait  d’elle-même  ;  Portunus  lui-même 
n  était,  à  1  origine,  que  le  génie  de  l’habitation  sédentaire; 
il  avait  une  clef  pour  attribut  et  Janus  était  honoré  sous 
le  vocable  de  Portunus8.  Ce  sont  les  progrès  de  la  navi¬ 
gation  sur  les  côtes  du  Latium  etàl'embouchure  du  Tibre, 
qui  firent  de  Portunus  et  un  dieu  distinct  et  un  génie 
maritime;  de  même  pour  Matuta,  les  divinités  du  ciel  clair 
étant  fréquemment  mises  en  rapport  avec  les  choses  de 
la  navigation,  chez  les  Romains  comme  chez  les  Grecs9. 
Le  changement  est  accompli  à  Rome  au  temps  de  l'expé¬ 
dition  de  Sardaigne  par  T.  Sempronius  Gracchus  ;  ce  fut 
sans  doute  à  cette  époque  que  les  hellénisants  identi¬ 
fièrent  Matuta  avec  Ino-Leucotheaet  Portunus  son  fils  avec 
Palaemon-Melicertes  [melicertes].  On  peut  voir,  dans  un 
long  développement  des  Fastes 10 * * * *,  commentOvide,àgrand 

1  Cf.  Cic.  Nat.  Deor.  III,  57,  89;  Hor.  Od.  I,  5,  13;  Sat.  II,  I,  33;  A. 
Poet.  21,  avec  les  commentateurs;  Pers.  I,  88;  Juv.  XIV,  301,  et  marica. 
—  2  Paul.  Diac.  p.  125  ;  Ov.  Fast.  VI,  473-569.  Matuta  n’est  honorée  que  par 

les  femmes  ;  l’inscription  votive  d’un  ccrlain  T.  Tessius  ( Corp .  inscr.  lat.  VI, 

532,  533)  est  fausse.  —  3  Varr.  Ling.  lat.  V,  100;  Gv.  Fast.  VI,  315,  475,  482, 

:>81  ;Cat.  R.  rust.  75;  Virg.  Moret.  45,  51  ;  cf.  fvlauscn,  Op.  cit.  p.  874.  —  *  Terlull. 

De  monogam.  17.  — 3  Plut.  Cam.  5;  Quaest.  Rom.  10-17.  —  6  Ov.  L.  c.  523, 

:>59;  Plut.  L.  c.  —  7  Voir  le  vers  d'un  comique  cité  par  Non.  p.  124;  Pers.  Il, 

31  ;  Ov.  Met.  II,  745;  Fast.  VI,  523,  488,  et  Klauscn,  Op.  cit.  p.  875,  n.  1701. 

8  Cic.  Nat.  Deor.  II,  20,  60;  Lact.  I,  21,  23;  Fesl.  p.  43  ;  deus  putabatur  esse 

portarum.  Pour  Janus  Portunus,  voir  l'inscription,  Orclli,  1585  (Spolètc),  d'ailleurs 

suspecte.  J  \oir,  entre  autres,  Aphrodite  ya /.r, vv.tr,,  ejr.Xota,  icaTtçâe'j'Ta,  icov?ta,  etc. 

et  les  Dioscures.  —  10  Ov.  Fast.  VI  (cf.  Met.  IV,  410  s.),  surtout  542,  517,  etc. 

I  our  Portunus,  voir  \irg.  Georg.  I,  437  et  Paul.  p.  50.  Dans  la  loi  des  Douze  Tables 

portas  est  encore  mis  pour  domus.  Fest.  p.  233.  —  H  Cic.  Tusc.  I,  28  ;  Nat.  Deor. 

4^  ;  Arnob.  III.  23;  cf.  Klausen  (Op.  cit.  p.  873),  qui  trouve  dans  Matuta  le  type 

latin  de  la  divinité  errante  et  éprouvée,  analogue,  non  seulement  à  Ino,  mais  à  Isis, 

Itliéa,  Démêler.  12  Slrab.  V,  22G;  cf.  Ros:her,  Ausführliches  Lexikon,  p.  2404 


MAT 


remort  de  snbld, lés  et  d’assimilations  bfcaPP 
accommoder,  pour  Matutaet  Portunus  1  ’ 

tragédie  grecque  qui  avait  fait  d’luo-I  1m, S°t,|Veni,,sde|i 
ses  héroïnes  préférées  ;  avant  Ovide  et  "ne  d» 
permet  d’affirmer  que  cette  identifie*, .i'!°n 

dans  l’opinion  “.  Cependant  les  archéol . .  ^ 

d  accord  même  lorsqu’il  s’agit  de  confondre  m!m .nt  m 
quelque  divinité  hellénique;  nous  voyons  n,  cUlaavej 
que,  Denys  de  Syracuse  ayant  ravagé  en  38*  .  “ 

Pyrg1,  le  port  de  la  ville  étrusque  deCaeré  et  ^  ! 

temple  célèbre  situé  en  ce  lieu  les  >m«  ?Verséu» 
«-* — celui  d’iuo,  i» 
thym  :  les  deux  points  de  vue  se  concilient  si  p,  ‘ 
un  sanctuaire  de  Matuta.  '  11  >’ voit 

La  preuve  cependant  que  les  attributions  marin,, 
la  déesse  n’effacèrent  pas  entièrement  le  souvenir" l""' 
première  fonction,  est  à  chercher  dans  les  temples  Zu 
continue  d’être  honorée.  Deux  seulement  sont  à  „„ 
mite  de  la  mer  :  celui  de  Pyrgi  en  Ëtrurie  et  celui  de 
Pisaurum  en  Ombrie,  où  nous  avons  déjà  signalé  le  culte 
de  marica  1 3  ;  les  autres  sont  en  plein  pays  de  montagnes 
comme  celui  de  Bénévent  chez  les  Samnites,  ceux  de 
Preneste  et  de  Cora  dans  la  partie  la  plus  accidentée  du 
Latium  et  celui  de  Calés  en  Campanie  *\  Le  plus  célèbre 
en  dehors  de  Rome,  est  le  temple  de  Satricum  chez  les  I 
Yolsques.  Lors  des  guerres  de  ce  peuple  avec  le  Latium, 
les  assiégeants,  épouvantés  par  une  voix  terrible  sortie  ' 
du  sanctuaire,  s  abstinrent  de  le  brûler  avec  tout  le  reste;! 
et  trente  ans  plus  tard  les  Romains,  qui  reprirent  la  ville 


sur  les  Latins,  firent  preuve  des  mêmes  scrupules15. 
L’histoire  de  la  seconde  guerre  punique  fait  mention, 
parmi  les  prodiges  de  l’an  206  av.  J.-C.  qui  en  compta  un 
grand  nombre,  de  la  foudre  tombée  sur  le  temple  de 
Satricum16.  En  dehors  de  l'Italie,  il  n’y  a  pas  trace  d'un 
culte  de  Matuta;  on  a  cependant  trouvé  à  Bonte,  en 
Syrie,  une  inscription  votive  par  laquelle  deux  femmes] 
aux  noms  latins,  dédient  un  autel  commun  à  Matuta  et  à 
Juno,  preuve  que,  même  sous  l’Empire,  n’a  pas  disparu 
encore  le  sens  primitif  de  sa  divinité17.  J. -A.  Hild. 

MATERIA,  MATERIES 1 .  Tàt]  2.  Rois.  —  Ces  termes 
servent  à  désigner  le  bois  considéré  par  rapport  à  son  em¬ 
ploi,  aussi  bien  dans  la  vie  commune  que  dans  l’industrie, 
et  dans  les  arts.  Le  produit  naturel,  abstraction  faite  de 
toute  intervention  humaine, s’appelle  uosa\- 

Dès  que  les  arbres3  avaient  été  abattus,  les  trôner, 


débarrassés  de  leurs  branches,  recevaient  une  première 
façon;  les  uns  étaient  simplement  écorces  (<pÀot?eiy  , 
AcnnÇetv  5,  decorticare 6)  [ligna],  s’ils  devaient  être  emj 
ployés  ronds  ;  les  autres  étaient  fendus  (,v>£iv  ’  s'  \ 


(Wissowa).  —  U  Corp.  inscr.  lat.  I,  I7G,  177.  — MZvctajcfl,  7"  irr/liwi 

dial.  108,  où  le  saharaklum  matris  semble  devoir  être  inlerpu1'  |  ^ 

Mutris  (Malutae)  ;  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  2997,  3000  (Frénésie)  ;  Ibid.  X’  ^ 
(Cora);  X,  4G60  (Cales).  —  13  Tit.  Liv.  VI,  33,  4;  MI»  27,  8.  — 

11,2.  —  17  Ephem.  épigr.  V,  1332.  jg-  jo4; 

MATERIA,  MATERIES.  1  Plin.  Hist.  nat.  XIII,  61;  XVI,  ^^7 

Isid.  Orig.  XIX,  19,  4.  —  2  Hcrod.  IV,  21;  Thuc.  IV,  09,  K‘"‘ 

et  30  ;  Theophr.  Hist.  plant.  IV,  5,  5;  Slrab.  XII,  p-  ^  ^  Rois  de 

terme  ulr,  sert  pour  désigner  du  bois  sur  pied:  Ilcrod.  b  -  ^  ju  p0is 

construction  :  Plat.  Leg.  IV,  507  c;  Theophr.  Hist.  plaid-  ■  ^  ^ t  104: 

à  brûler:  Hom.  IL  VII,  418;  XXXIII,  50,  111,  139;  ^  '  H  s>i' H 
Herod.  IV,  104;  VI,  80;  Xcn.  Hellen.  IV,  5,  4.  Dans  Od.  X ,  2:*  malièrc 

qui  sert  de  lest.  Enfin  ce  terme  a  servi  pour  désigner  ton  h  c  |curS  pays 
première  :  Plut.  Pericl.  c.  12.  —  3  Pour  1  identification  d<  * j  <•//.  llh 
d’origine,  leurs  habitats,  leur  culture,  voir  ligna.  f  Tli«"l  jgg  et 
3;  V,  4,  0;  IX,  20,  4.  -  0  Id.  III,  13,  1  et  4.  -  6  PJjn.  '  .  ’Acsop,  1^3  et 
-7  Soph.  Elect.  99;  Xcn.  Cyr.  V,'3,  49;  Theophr.  V,  ,  - 
yaTÎu/^ov,  J[23  b. 


MAT 


—  1027 


MAT 


i:Sre-)  ou  sciés  ,  «p»..»  ,  . ,  ~- 

fre''J  >exîv  8,  (loi arc 6)  [DOLABBA]  pendant  qu  ils 
Iquaff'8  'tiA“Xri  les  hois  se  prêtaient  mieux  à  ces 

penl  ...  y, : n'iires  lorsqu’ils  contenaient  encore  une 


pl'Çstv  4)  [SKHHA  OU 


réliminaires 


On  obtenait  ainsi  trois  sortes  de 
ds  (ffTpôyyuX».8,  rotunda 9),  les  bois 


travaux  p>,(l 

. . .  „ 

■  los  bois  ronas 

l,OIV  H  sciés  (<r/irci,  TcpnTxâ10,  ftssilia11),  les  bois 

IenduV'  dolata'*).  On  prétendait  que  les 

'  eqU:"'l  (issuraient  beaucoup  moins  que  les  autres*3. 


set'" 


WTiona]  et  quelques  autres  cl, en 

_ _  ^  .  i  r>  noinü  / 1  ’  O  II* 


ènes  de  Macédoine 


élaientbaissés  en  grume,  sous  peine  d’être  inutilisables14 


,  est  vraisemblable  que  l’on  divisait  le  plus 

ble  les  bois  pour  les  différents  métiers  qui 
en  œuvre.  L’aubier  était  séparé  du 
15,  afin  de  ne  pas  employer  en- 


D  âpre 
tôt  possi 

devaient  les  mettre 
Lrpur  (exalburnare 

mble  des  matières  de  qualités  différentes  *".  Pour 
[opéror  la  division  on  avait  égard,  dans  certains  cas,  à  la 
disposition  des  fibres,  par  exemple  pour  les  sapins  et  les 

[pins11  On  se  préoccupait  ensuite  du  séchage  ,  car  seuls 

les  bois  qui  devaient  être  travaillés  au  tour  ou  sculptés 
jetaient  employés  encore  un  peu  humides  *9.  Cette  opéra¬ 
tion  avait  une  grande  importance,  car  il  fallait  prendre 
des  précautions  pour  que  la  matière  ne  se  fissurât  pas  ; 
on  recommandait,  pour  obvier  à  cet  inconvénient,  de 
Penduire  de  bouse  de  vache;  ce  procédé  s’appliquait 
notamment  aux  hois  durs  dont  on  faisait  des  pivots  de 
portes  (cT?dîptTy£ç,  cardines )  [caruo]  20.  Un  antique  pro¬ 
cédé  consistait  à  suspendre  les  pièces  de  bois  dans  dos 
[cheminées21.  Pour  certains  arbres,  comme  le  frêne  et 
Forme,  le  séchage  précédait  quelquefois  l’abatage  :  on 
les  laissait  sur  pied  après  avoir  pratiqué  vers  le  bas  du 
tronc  une  profonde  entaille  circulaire22.  * 

Bois  de  construction  terrestre  (otx&Sogtx-q  5X-q) 23 .  —  On 
admettait  comme  matériaux  de  construction  à  peu  près 
tous  les  bois,  sauf  ceux  qui  étaient  trop  faibles  ou  de 
dimensions  trop  petites;  mais,  selon  leurs  qualités,  ils 
avaient  des  emplois  différents24. 

U  acacia  blanc  (àxavOa,  spina)  fournissait  des  chevrons 
dXq)  de  douze  coudées  de  longueur23.  Le  bois 
du  cèdre,  regardé  comme  éternel,  fut  naturellement 
utilisé  dans  les  contrées  qui  le  produisaient;  il  entra 
dans  la  construction  des  palais  de  Persépolis 26  et  d’Ecba- 
tone2  .dans  celle  du  célèbre  temple  de  Diane,  à  Éphèse  ; 
on  citait  encore  les  antiques  poutres  en  cèdre  de  Numi- 
du  temple  d’Apollon  à  [Ttique*8.  De  plus  on  l’expor- 
hbl,  et  les  lacunaria  de  tous  les  temples  célèbres  en 
«'aient  été  faits29.  Du  charme 30  (ôffrpuç,  carpinus ), 

L  I,  141;  Aen.  V,  48a  ;  Vil,  510.  Celte  opération  se  Taisait  avec 

—  2  p'i  'F!  ' s  quelquefois  empruntés  à  l'arbre  lui-méme:  Aesop.  L.  I. 
IM  ,'V  ' ’  ' dont  on  peut  rapprocher  l’expression  fissile  lignttm. 

V,  G  '  ,  ;  Georf-  b  144  ;  Aen.  V,  181.  -  3  Time.  IV,  100,  2;  Theophr. 

n  Plal-  124  B;  Seriptor.  Gcop.  (éd.  Niclas),  V,  21,  3;  IX, 

If'll)  !  ■  VU-,  0n<”"'  VU’  11 4-  —  8  Theophr.  Op.  cit.  III,  8,  7.  —  G  Vilr. 
«,Vi  cf  y  L  Colu|n-  VIII,  3,  7  ;  dedolare,  Plin.  XVI,  188.  —  7  Theophr.  V, 
’  *'  G'  oil  ü  sag"  du  palmier.  —  8  |d.  V,  1 ,  1  ;  5,  3  et  0.  -  9  Plin. 
"  ll,C0P,lr-  v,  3,  4  et  G.  —  Il  Plin.  XVI,  186.  —  >2  Theophr.  L.  I.  ; 

5,  G;  on  attribuait  ceci  à  l’influence  de  la  moelle 
entière  dans  les  autres,  produisait  en  se  séchant  des 
«nrf  •  ,  WMU,U-‘S  ue  bois  qui  l’avoisinaient  :  cf.  H.  Blümner,  Technologie 

«.  -  lii  pu  bewerbe  u.  Kûnste ,  t.  Il,  p.  300.  —  U  Theophr.  III,  8, 


lyi,  i88. 

I*  V-VV’  7  13  v’ 5 

fesmv  i.  <*emeuranl  entier 
' ans  les  couches  de  bc 


Plin.  XVI 

Op.  ci/  p  ’  ~ut‘  18  Theophr.  V,  5,  5;  cT.  V,  I,  5  et  Blümner, 

à  ’  P'  301-302.  —  - 

a  itilri'j 

c4  Hlii 


ln|frpr6tor  clair. 


204.  —  16  Theophr.  V,  5,  5;  cT. 

11  Malheureusement  jusqu'à  ce  jour  on  n’a  pu  arriver 


‘■muer,  L.  t  ,  -  .  .  .  , 

pommandaii  *>)  *.  j»lon  (De  re  rust.  37,  4),  cité  par  Pline  (XVI,  1J)4), 
—  ni  i.i  ..  1  absolument  de  110  ll'.TVnilhm  1 A  Kaia  IU  TIw.Anlin  V  fi  I 


"“«  ni  le  passage  do  Théophraste  (V,  I,  9)  où  ceci  est  exposé 


^  nc  travailler  le  bois  que  sec.  —  19  Theophr.  V,  G,  4. 

cr°yail  au**; . . .  „'n’  ^  I»  222.  —  21  Hes.  Qp  et  tf  $29;  Virg.  Georg.  1,  175.  On 


‘  10  ld.  V 
I  aussi 


“USSlquela  fnmA  '»  •  -  1  *  ■  * 

22  Vfl,.  u  ,  ,1(fC  un  remède  contre  la  pourriture  des  bois  :  Plin.  XXIII, 

’  1  3'1  et  11  i  plin-  XVI,  102  et  210.  _  23  Theophr.  V,  7,  1,  4. 


estimé  pour  sa  dureté  et  sa  résistance31,  ainsi  que  du 
châtaignier,  classé  parmi  les  bois  solides  et  durables, 
mais  un  peu  lourds32,  nous  ignorons  le  rôle  spécial  dans 
la  bâtisse.  Le  bois  du  chêne  rouvre  (. robur ),  debarrassé 
de  son  aubier 33,  et  celui  du  chêne  pédonculé  iquercus ) 
[ligna]  étaient  rangés  parmi  les  plus  solides  et  les  moins 
sujets  à  la  pourriture34,  mais  aussi  parmi  les  plus  diffi¬ 
ciles  à  travailler 33  ;  ils  étaient  fort  employés  dans  la 
construction  des  maisons36,  surtout  pour  les  parties  qui 
devaient  être  couvertes  de  terre  ou  d’eau  douce3-;  au 
contraire,  le  hois  du  chêne  esculus  (<j.-qyôç)  s’utilisait  pour 
celles  qui  devaient  se  trouver  au  sec38.  On  préférait 
mettre  les  poutres  de  chêne  dans  la  position  verticale,  à 
cause  de  la  tendance  qu’elles  ont  à  s’incurver  sous  la 
charge  qu’elles  supportent 30.  On  vante  le  cyprès  xmtâstff- 
(joî,  cupressus )  comme  imputrescible  et  inaccessible  a  la 
vermoulure;  il  entrait  dans  les  constructions  de  luxe40. 
Les  Grecs  regardent  le  figuier  (eux-q,  /ïews)  comme  un  bois 
solide,  sauf  en  position  verticale41  ;  les  Latins  paraissent 
n’en  faire  aucun  cas42.  Le  frêne  (geXt'a,  ft'axinus)  avait 
la  réputation  de  se  déjeter  facilement  ;  mais  on  remédiait 
à  cet  inconvénient  en  le  laissant  sécher  sur  pied  ;  alors 
il  devenait  plus  dur  et  se  comportait  bien  dans  les  assem¬ 
blages43.  Le  genévrier  (apxsuQoç,  juniperus),  qui  s’em¬ 
ployait  aux  mêmes  usages  que  le  cèdre44  et  dont  lecteur 
était  même  mis  au-dessus  de  ce  dernier45,  était  rangé 
parmi  les  bois  imputrescibles  qui  se  comportaient  aussi 
bien  à  l’air  libre  que  sous  terre  et  dans  l'humidité48,  car 
les  poutres  (. trabes )  du  temple  de  Diane,  à  Sagonte,  anté¬ 
rieur,  disait-on,  de  deux  cents  ans  à  la  guerre  de  Troie, 
existaient  encore  au  temps  de  Pline  ".  Le  bois  du  hêtre 
de  montagne  (ô;û-q,  fayus  )  était  fort  estimé  en  Grèce  et 
avait  de  nombreux  usages46:  non  seulement  on  le  regar¬ 
dait  comme  incorruptible  dans  leau,  mais  on  croyait 
qu’il  devenait  meilleur  à  l’humidité49  ;  les  auteurs  latins 
disaient  au  contraire  qu’il  s’y  corrompait  rapidement50. 

Il  est  vraisemblable  qu’il  s’agit  d’espèces  différentes,  car 
Théophraste  parle  d'une  variété  noire  qui  venait  dans 
les  plaines  et  n’était  guère  utilisée  [ligna  .  Parmi  les  bois 
qui  résistaient  à  l’humidité  et  n’étaient  pas  susceptibles 
de  se  pourrir,  le  mélèze  ( larix )  occupait  une  place 
importante.  On  en  tirait  de  belles  poutres  qui  pouvaient 
supporter  de  grandes  charges  dans  la  position  horizon¬ 
tale  ’L  Le  noyer  aussi  (xapüx  EÙêoVxV j,  juf/lans)  fournissait 
de  grosses  poutres52  employées  pour  les  toitures  et  les 
constructions  souterraines53,  car  son  bois  passait  pour 
incorruptible54  ;  tout  au  moins,  il  avait  une  longue 

—  24  Id.  Ibid.  ;  Vilr.  II,  9,  3.  —  23  ld.  IV,  2, 8.  —  20  Quint.  Curl.  V,  7,  5.  —  2'  Po- 
lyb.  X,  27,  10.  —  28  Blin.  XVI,  213  et  216.  —  29  Vitr.  Il,  9,  13.  —  3"  ld.  Il,  9,  2. 

—  31  Theophr.  III,  10,  3  ;  Pliu.  XVI,  206.  —  32  Plin.  Ibid,  et  212  ;  cT.  Pallad.  Nov. 
15>  2.  -  33  Plin,  XVI.  182  et  204.  — 3V  Theophr.  V,  4,  2  ;  Plin.  XVI,  22.  —  33  Theophr. 
V,  5,  l.  —  36  ld.  v,  7,  4-5;  Paus.  VIII,  10,  2;  Vilr.  Il,  9,  5;  III,  3,  2;  V,  12,  3. 

—  37  Theophr.  V,  4,  3  ;  6,  1  ;  7,  3  et  5;  Plin.  XVI,  218  ;  Pallad.  Aor.  15,  2. 

—  38  Vilr.  H,  9,  9  ;  Pallad.  L.  I.  —  39  Theophr.  V,  6,  t  ;  Vilr.  Il,  9,  9;  VII,  3,  1  : 
Plin.  XVI,  218  et  222.  Pausanias  (VI,  24,  9)  parle  d'un  temple  antique  dont  le  faite 
était  soutenu  par  des  colonnes  de  chêne.  —  Theophr.  \  ,  4,  2  ;  7,  4  ;  Pind.  Pyth. 
V,  52  ;  Polyb.  X,  27,  10;  Plut.  Pericl.  c.  12;  Vilr.  1,  2,  8  ;  II,  9,  5;  Plin.  XVI, 
223.  —  41  Theophr.  V,  6,  1 .  —  42  Hor.  Sat.  I,  8.  1  ;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  Il,  p.  269. 

—  43  Cf.  plus  haut,  n.  22;  Vitr.  U,  9,  11  ;  Plin.  XVI,  219  ;  Pallad.  Nov.  15,  2. 

_  44  vilr.  il,  9,  13.  l  e  genévrier  est  aussi  appelé  cèdre  de  Phénicie  i.igxa 

_  40  plin.  XVI,  198.  —  43  Theophr.  V,  7,  4  et  6;  Plin.  XVI,  218.  —  47  Plin. 

Ibul.  216. _ 48  Theophr.  III,  10,  I.  —  49  ld.  V,  4,  4.  —  50  Vitr.  Il,  9,  9  ;  Pallad. 

A'or.  15,  2;  Plin.  XVI,  218  ;  cet  auteur  se  contredit,  la  première  partie  de  sa  phrase 
est  empruntée  à  Théophraste,  la  seconde  à  Vitruve.  —  31  Plin.  XVI,  222.  Ce  passage 
est  emprunté  à  Théophraste  (Hist.  plant.  V,  6,  1)  cher  qui  il  est  question  des  arbres 

et  ssixr,  ;  Pline  rend  ce  dernier  terme  par  larix  ;  voir  ligna,  larix.  —  52  Theophr. 
V  6,  t;  Plin.  XVI,  223.  —  53  Theophr.  V,  7,7;  Plin.  XVI,  218.  —  64  Theophr.  V, 
4,  2  et  4. 


durée1.  Si  ce  bois  avait  le  défaut  de  s’incurver  faci¬ 
lement,  sa  rupture  imminente  était  annoncée  par  des 
craquements  qui  permettaient  de  prendre  la  fuite2.  Il 
ne  parait  pas  que  1  on  ait  fait  quelque  différence  entre  le 
bois  de  1  olivier  sauvage  (xotîvoç,  oleoster )  et  celui  de 
l’olivier  cultivé  (sXxèx,  ofea).  De  ce  bois  extrêmement 
dense3,  mais  cassant*,  qui  résiste  bien  à  l’humidité,  à 
la  vermoulure  et  au  temps3,  on  tirait  de  petites  poutres6 
(taleae)  et  des  pieux  (pâli)  que  l’on  utilisait  en  position 
verticale  \  L’orme  (titeXéx,  u/mus)  donnait  un  bois  de 
charpente  qui  se  conservait  bien  à  l’air  s,  mais  il  passait 
pour  se  déjeter,  inconvénient  auquel  on  obviait  en  le 
faisant  sécher  comme  le  frêne  ;  alors,  devenu  sec  et  dur, 
il  était  employé,  ce  semble,  aux  mêmes  usages  que 
celui-ci  °. 

En  Assyrie  et  en  Perse,  le  palmier  trouvait  emploi  dans 
la  charpenterie  10  pour  les  poutres  en  position  horizon¬ 
tale,  parce  que  son  bois  fibreux  (ivûo-qç)  “,  facile  à  tra¬ 
vailler,  léger  12  mais  solide,  quoique  cassant13,  passait 
pour  avoir  la  propriété  de  se  bomber  sous  la  charge14, 
ce  qui  tenait  vraisemblablement  à  l’humidité  de  la  couche 
de  terre,  épaisse  de  deux  coudées,  dont  on  couvrait  les 
toits  pour  se  protéger  contre  la  chaleur  excessive13. 
Résineux,  lourd,  noueux  et  incorruptible,  le  bois  du 
pin  16  (usujçrj,  iriTuç  l~,  picea )  était  estimé  à  cause  de  sa 
rectitude,  principalement  pour  les  poutres  en  position 
horizontale,  car  on  lui  attribuait  la  même  propriété 
qu’au  bois  du  palmier18.  Le  pinier  (tteûxyi  pinus ) 

était  aussi  noté  comme  un  bois  de  construction  résis¬ 
tant  bien  à  la  carie  et  aux  insectes  i9.  Mais  le  sapin  (ÈXârq, 
abies )  était  prisé  plus  que  les  deux  précédents  comme 
bois  peu  dense,  fibreux,  facile  à  fendre,  mais  très  solide20  ; 
il  fournissait  d’excellentes  poutres  qui  offraient  une 
grande  résistance  et  ne  fléchissaient  point;  on  les 
employait  notamment  pour  la  charpente  des  toitures  21. 
La  partie  du  tronc  du  sapin  appelée  fusternci  [ligna]  était 
particulièrement  estimée  22.  Ce  bois  passait  en  Grèce  pour 
imputrescible;  ceci  a  été  contesté  par  Vitruve23  ;  mais  il 
faut  remarquer  que  la  qualité  du  bois  différait  selon  les 
lieux  où  les  arbres  avaient  poussé.  Ainsi  les  sapins  de 
Krané,  en  Arcadie,  fournissaient  de  belles  poutres,  mais 
leur  bois  n’avait  pas  la  solidité  de  celui  des  arbres  qui 
avaient  crû  dans  des  lieux  exposés  au  soleil24  [ligna], 
.Nous  voyons  le  saule  et  le  peuplier  mentionnés  parmi 
les  bois  de  construction  ;  mais  nous  ne  savons  pas  exac¬ 
tement  quel  usage  on  en  faisait  23.  Quant  au  thuya,  si 
recherché  au  temps  de  Cicéron  comme  bois  deluxe26,  il 
avait  été  employé  dans  son  pays  d’origine  (la  Cyrénaïque) 
pour  la  charpente  des  toits  de  quelques  anciennes  mai¬ 
sons  27.  Le  bois  de  vigne,  malgré  sa  solidité  et  sa  longue 


insistance  ù  1  action  du  temps  28  , 

utilisé  dans  la  construction  que  dans  avoip  «Hé 
anciens;  on  citait  les  colonnes  en  |‘J  8/emp8  H 
temple  de  Junon  à  Métaponte,  en  LucaninV*  Vlgne  du 

A  Pompéi  on  a  constaté  l’emploi  du  elrihi  ■ 
chene,  du  hêtre,  du  noyer,  d„  sapill  « 

espèces  de  pins30.  UL  W'erseJ 

Bois  de  comte action  navale  „ 

vau7tr1Y'ir1<ïtp.x  ,  matériel  navalis 33)  __  q  ?  ' 
moins  nombreux  que  les  précédents  Pannf1  'Haienl 
pouvaient  servir  à  ces  constructions  non,  qUi 
naturellement  les  bois  durs  et  imputrescibles  ZlT 
d’opposer  une  longue  résistance  à  l'action  de  l’n  f 
mer  et  aux  tarets.  '  1  ne 

L’acacia  noir  (axxvOa  gsXaiva,  spina  nigra)  dont 
vantait  la  résistance  à  l’eau,  s’employait  pour’ la  com" 
des  bateaux34.  Les  Égyptiens  le  débitaient  en  planche! 
de  deux  coudées  de  longueur  pour  construire  des  barques 
de  transport  (tuXoî#)  33.  L’aune  (xXr,6?x,  alnus)*\  dont  le 
bois,  peu  durable  à  l’air  sec,  passait  pour  se  conserver 
indéfiniment  dans  l’humidité,  servit  en  général  à  faire 
des  barques.  Mentionnons  en  passant  le  bois  de  ben 
(|3xXavcÇ,  balanus )  [ligna],  sur  l’emploi  spécial  duquel 
nous  manquons  de  renseignements.  En  Syrie,  en  Phéni¬ 
cie  et  en  Égypte,  où  le  sapin  ne  poussait  pas,  ce  fut  le 


cèdre  qui  fut  le  principal  matériel  des  constructions 
navales  ;  on  s’en  servit  pour  les  trières  31 .  Le  chêne  rouvre 
( robur )  fut  employé  de  préférence  pour  les  bateaux  qui 
devaient  naviguer  en  eau  douce  38.  On  l’utilisa  aussi 
pour  la  carène  des  trières  et  celle  de  tout  bâtiment  qui 


devait  être  tiré  à  sec  ;  on  ajoutait  même  une  fausse  quille 
en  chêne  aux  bâtiments  de  transport  pour  cette  opéra¬ 
tion  39  ;  c’était  à  cause  de  la  solidité  de  ce  bois  et  pour 
que  la  quille  pût  résister,  car  on  avait  reconnu  que  si  le 
chêne  ne  se  corrompait  pas  dans  l’eau  douce,  il  n’en  était 
pas  de  même  dans  l’eau  de  mer. 

Le  cyprès  est  toujours  mis  au  nombre  des  bois  de  ce 
genre40.  Alexandre  avait  fait  construire  une  flotte  avec 
des  cyprès  coupés  en  Babylonie,  dans  les  enceintes 
sacrées  et  dans  les  parcs  appelés  irapiôstuoi'41.  Le  frene 
n’était  employé,  ainsi  que  le  mûrier  (loxctp-i voç,  monts )ct 
l’orme,  que  pour  certaines  pièces  de  gréement  travaillées 
au  tour  (vopvEia),  pour  les  epotides  (Ittwtiosî)  et  pour  une 
pièce  voisine  de  la  carène,  appelée  crrEoÉcoga42  [navis].  Du 
hêtre  on  faisait  de  fausses  quilles  pour  les  bâtiments 
de  petite  dimension  que  l'on  tirait  à  sec  ;  la  pièce  appelée 
/éXu<ju.7.  était  tout  entière  de  ce  bois43.  Le  mélèze,  înal^rj 
son  incorruptibilité  dans  l’eau,  n’était  peut-ctrr  pas 
utilisé  pour  les  constructions  maritimes,  caron  L 

sujet  aux  tarets  44 .  Dans  l’olivier  on  tailla  des  rame.'  •  e 


1  Plin.  XVI,  212.  —  2  Theoplir.  V,  6,  I  ;  Plin.  Ibid.  223.  —  3  pjin. 
XVI,  206.  —  i  Thcopbr.  V,  3,  3;  C,  ).  —  5  Vilr.  I,  5,  3  ;  VII,  3,  I.  —  6  Vilr.  I, 
5,  3  ;  cf.  Cat.  De  re  rusl.  45,  2.  —  7  Vilr.  III,  5,  2  ;  V,  12,  C.  —  &  Theoplir.  V,  4, 
3;  Plin.  XVI,  218.  —  9  Cf.  plus  haut  et  Vilr.  II,  9,  1 1  ;  Plin.  XVI,  219.  —  10  plin. 
XIII,  39  ;  Slrab.  XVI,  p.  739.  —  il  Theoplir.  I,  5,  3.  —  12  Id.  V,  3,  C.  —  13  Plin. 

XVI,  211.  —  H  Theoplir.  V,  6,  1  ;  Xen.  Cyr.  VII,  5,  II  ;  Slrab.  XV,  p.  731  ;  Plut. 

Moral  p.  724F;  Plin.  XVI,  223;  Aul.  GclI.  III,  6.  —  13  Cf.  Slrab.  L.  I.  et  Lenz, 
Botanik  d.  ait.  Griechen  und  Rem.  p.  340.  n.  725.  —  l^Theophr.  III,  4,  7  ;  V,  7,  1. 

—  1'  Ce  terme  désigne  aussi  le  pinier,  cf.  ligna,  p.  1249.  —  18  Theoplir.  V,  C,  1 

et  2  ;  Plin.  XVI,  31.  Le  cœur  de  cet  arbre  était  appelé  alyt;  (Theoplir.  V,  1,  9;  VII, 
9,  3);  ici,  il  prétend  que  Yvlfiq  se  trouve  dans  l’arbre  femelle,  ce  qui  est  une  erreur, 
puisque  ce  genre  est  monoïque.  —  19  Theoplir.  V,  7,  5  ;  Vilr.  I,  2,  8;  II,  9,  12; 
Plin.  XVI,  223.  —  20  Theoplir.  V,  3,  3  ;  1,  5,  3  ;  V,  1,  5  ;  1,  5,  4  et  5  ;  V,  6,  1  ;  7,  4  ; 

Vilr.  II,  9,  5  et  6.  —  21  Theoplir.  V,  33;  pour  la  bâtisse  la  matière  la  plus  ancienne 

était  réputée  la  meilleure  pourvu  quelle  fût  àaaitq;  (Id.  V,  7,  4).  —  22  Vilr.  Il,  9,  7. 

—  23  Vitr.  II,  9,  6  ;  MI,  3,  1.  —  2V  Theoplir.  IV,  1,  2;  pour  la  distinction  entre 


F abies  infernas  et  l 'abies  supernas ,  cf.  ligna,  abies.  Le  sapin  de  Gau  ^  ^  ^ 

dius  [Non.  15,  1),  n’étail  bon  que  in  operibus  siccis.  ‘Mih.  G,  •  S(î pjjn. 

aussi  mentionné  le  galilicr  (vitex)  ;  Colum.  XI,  2,  13  ;  Plin.  X\  h-1  •  5  ^rad. 

XIII,  102  ;  Becker,  G  allas  (3-  éd.),  p.  302  ;  J.  Marquardt,  Vie  privée  •  vs  ^  ^  4i 

franc.),  H,  p.  384.  —  27  Theoplir.  V,  3,  7  ;  Plin.  XIII,  101.  *  u./Ooc; 

—  29  plin.  XIV,  9.  -  30  Blümner,  Op.  cit.  II,  p.  316.  —  31  Plat.  ^  ^  ^ 
Thcopbr.  IV,  5,  5;  V,  7,  I  et  4.  -  32  Thuc.  IV,  108,  1  ;  VII,  j^^chei 

p.  706  B;  Xen.  Hellen.  V,  2,  10  ;  Dcm.  XVII,  28  ;  Polyb.  V,  s  h  *•  1  ^  cj  ^,ccd.  j 

Mocris  (édit.  Pierson),  p.  270;  cf.  Hcsych.  et  Phol.  p.  1  '  u  $;lJlin* 

de  Bekk.  p.  283,  12.  —  33  Plin.  XIII,  61.  -  34  1l,rop  ']1'  ^ 

XIII,  03.—  33  Herod.  II,  90.  —  36  Virg.  Georg.  I,  136  ; 

;  Plin. 

cit.  p.  383,  n.  838.  —  38  Thcopbr.  V,  4,  3.  —  39  Id.  V,  7, 


-  —  ,  ,.e.  —  .,  •  , .  ,  i .  I  ■-■n*,  <¥• 

—  37  Theoplir.  IV,  5,  5;  7,  I  ;  Plin.  XVI,  203;  Diod.  Sic.  XIX, ^  -  y  ^  , .  pial. 
cit.  p.  383,  n.  838.  —  38  Theoplir.  V,  4,  3.  —  39  Id.  V,  7,  2.  ’  '  ■  ^  5  .  73,  7. 
Leg.  703  c;  Diod.  Sic.  L.  I.  ;  Vitr.  II,  9,  12;  VII,  3,  1;  M»r~  I  ;j  ’  _  43  Id.  V. 

—  41  Slrab.  XVI,  p.  741  ;  Arrian.  Anal).  VU,  19,  4.  ,-Thcop  1 


7,  2.  ■ 


•  41  Plin.  XVI,  43,  él2,  218.  —  45  Theoplir.  V,  9 


1629  — 


MAT 


MAT 


,  kea)  servit  à  construire  la  coque  et  la  quille 

.  1tV1rchands  ;  on  l’employa  quelquefois  pour 
dos baLeaux  1  ,  _ ,ln  c.ir,in2  Le  bois  du 


pin  | 

des  l,a!ea /  Quand  on  manquait  de  sapin 
leS  l'Trir  -nuspoc  ou  xiovocpôpo;,  pinus)  [ligna],  surtout 
Pinier  ;  était  encore  plus  estimé  que  le  bois  du 

celu‘  •  ,,e  lè platane  soit  mentionné  parmi  ces  bois6, 
P"1'  avoir  eu  qu’un  emploi  restreint;  les  pièces 

î  '"'■‘ment  tournées  (xopvm'a)  que  l’on  faisait  avec  ce 
dep  t  très  inférieures  à  celles  que  fournissaient 
b°IS  î ,  mûrier  et  le  frêne6.  Le  bois  le  plus  estimé  est 
ITcVlredit  le  sapin  1  ;  sa  légèreté  le  faisait  employer 
.  î,  construction  des  trières  et  des  vaisseaux  longs 
[P01  ,  ■),ra’]8-  on  en  tirait  des  mâts,  des  vergues 

Cl.,’ 'aJmae)  •  et  des  rames- ;  entre  autres  ceux 
\  en  Arcadie,  fournissaient  des  mats  dune 

longueur  exceptionnelle,  mais  peu  solides11.  On  citait 
un  sapin  d’une  grosseur  extraordinaire,  mât  du  navire 
oui  sous  Caligula,  avait  servi  à  transporter  l’obélisque 
du  cirque  du  Vatican;  il  fallait  quatre  hommes  pour 
l’embrasser;  de  pareils  mâts  se  vendaient  80000  ses¬ 
terces12.  L’emploi  du  tilleul  (cpiMpoc,  tilia)  est  signalé 
pour  les  planchers  des  longs  navires  (gaxpÆv  itXoûov  savi- 

Soj|xaTa)  1J. 

Pilotage  et  construction  des  ponts.  —  Tous  les  bois 
qui  n’étaient  pas  exposés  à  se  pourrir  dans  l’eau  con¬ 
venaient  naturellement  aux  pilotis.  On  cite,  comme 
spécialement  utilisé  pour  cet  usage,  laune  qui,  enfoncé 
en  terre  dans  les  lieux  marécageux,  passait  pour  avoir 
une  durée  indéfinie14  et  pouvait  supporter  de  lourdes 


charges1".  Tous  les  édifices  publics  et  privés  de  Ravennc 
reposaient  sur  des  fondements  de  ce  genre16.  On  fit  aussi 
des  pilotis  avec  le  chêne  rouvre  ( robur )  et  le  chêne 
pédoncule  ( quercus ),  le  mélèze,  que  Pline  met  au  même 
rang  que  l’aune  noir  pour  l’emploi  dans  l’humidité11, 
et  l'olivier  durci  au  feu.  L'intervalle  entre  les  pilotis  était 
.rempli  avec  du  charbon18.  Les  mêmes  bois  ainsi  que  le 
sapin  entraient  dans  la  construction  des  ponts19.  Tibère 
avait  fait  couper  en  Rhétie  des  mélèzes  destinés  à  recon¬ 
struire  le  pont  de  la  Naumachie,  à  Rome20.  Les  piles  d’un 
pont  romain,  trouvées  auprès  de  Zurzach,  en  Argovie, 
et  celles  du  pont  de  Trajan,  aux  Portes  de  Fer,  sur  le 
Danube,  étaient  de  chêne  et  de  mélèze21. 


Bois  de  charronnage.  —  Le  chêne  rouvre,  le  hêtre 
blanc  ou  hêtre  de  montagne,  le  sapin  entraient  dans  la 
construction  des  chars  et  des  chariots22.  Pour  faire  les 
essieux  on  recourut,  dès  une  haute  antiquité,  au  bois  du 
chêne  esculus 23  (cp-qyôç);  plus  tard  nous  trouvons  le 


1  Eur.  Andr. 863  ;  Plat.  Leg. 105  c.—  2  Theophr.  V,  7,  1  et  2.  — 3  Pour  les  qualités 
te  ce  bois,  cf.  Theophr.  V,  7,  5,  où  il  dit  qu’il  se  pourrit  rapidement,  tandis  que  Vi- 
|U1U  14  9’  12b  Püue  (XVI,  223,  224)  déclarent  qu’il  résiste  à  la  carie  et  à  la  vcrmou* 
ure-  Pour  mentions  de  l'emploi  de  ce  bois,  cf.  Plat.  Leg.  IV,  705  c-,  Artemidor.  Onei- 
™crtui,25  ;  v,  74;  Virg.  Georg.  11,  443  ;  Aen.  X,  206;  Hor.  Ep.  XVI,  57  ;  Catull. 

’  ■  11  '  1  ropert.  V,6,  20;0vid.  Metam.X IV,  88,  etc.  [ligna];  rames  Ae  pinus,  Lucan. 

—  :,)l-  —  4  Theophr.  V,  7,  1.  —  6  plat.  Leg.  IV,  705  c.  —  6  Theophr.  V, 

—  7  1 1 r'  '  ^s0Pe  313),  le  platane  est  présenté  comme  un  arbre  sans  utilité. 

Bahr  /°  "  239  ’  Ptioen.  208  ;  Plat.  Leg.  IV,  705  c  ;  Theophr.  V,  7,  1  ; 

4  ",',6i,6:Enn.ap.  Cic.  De  fato,  XV  ;  Til.  Liv.  XXVIII,  45,  18;  Virg.  Georg.  Il, 
Plin  T  r  91  ’  VHr’  9’  141  Hin-  XVI-  41<  etc-  ~  8  Theophr.  V,  7,  1  ;  cf. 
Od.  xii  9  Theophr-  v>  L  7  ;  Plin.  XVI,  195.  —  io  Theophr.  L.  I.  ;  cf.  Hom. 
~  12 ru’ 1  v’  U’  VI1,  5;  Eur-  Alc-  444;  Hel‘  1461.  —  11  Theophr.  IV,  1,  2  [ligna]. 
219  -t" 'v''  '’  201'202’  “  13  Theophr.  V,  7,  5.  -  14  Vitr.  Il,  9,  10.  -  13  Plin.  XVI, 
Xvi  j1'-  'b  9’  11  i  cf-  Strah.  V,  p.  213,  et  Blümner,  11,  p.  312,  n.  5.  —  n  Plin. 
480 1  |y  ’j  ,,  *  Vilr-  NI,  3 4,  2;  V,  12,  G  ;  Pallad.  Nov.  15,  2.  —  10  Lucan.  Phars.  II, 
Guelhèh  '  -  *°.  Plin’  XVL  lu0-  —  21  cf-  Keller,  dalls  ttlittheil.  der  Antiq. 

—  Tho  XN,  P-  308,  cité  par  Blümner,  Op.  cit.  Il,  p.  316,  u.  1. 

172.  __  as  Tl".  10’  1  ’  V’  7>  c-  —  23  Hom.  II.  V,  838.  —  24  Virg.  Georg.  III, 

,'"'|>hr.  7.  G;  Plin.  XVI,  228-229;  d’après  Théophraste,  l'orme  n’était 


hêtre24;  on  employa  aussi  l’yeuse  à  cause  de  sa  solidité, 
le  frêne  à  cause  de  sa  souplesse,  et  Forme  parce  qu  il 
réunissait  ces  deux  qualités23.  Dans  les  régions  où  ne 
poussait  pas  l’yeuse,  comme  en  tëlide  et  à  Lacédémone, 
on  utilisa  le  chêne-liège26.  Les  roues  pleines  ( tympana) 
se  firent  peut-être  en  cyprès;  ce  bois  servit  aussi  pour  les 
rais 21  ainsi  que  le  cornouiller28.  Pour  les  jantes,  on 
prit  le  peuplier  (atyEifoç,  populus)  et  le  figuier  sauvage 
(èpivedç)  29. 

Les  jougs  se  faisaient  en  érable30  (<jtpév3ap.voç,  Çvyîoc, 
acer )  [ligna],  en  tilleul11  ;  celui  du  char  de  Priam  était  de 
buis 32. 

Différents  bois  avaient  paru  convenir  aux  diverses 
parties  de  la  charrue  [aratrum]  :  on  recommandait  le 
chêne  (Spüç)  pour  le  sep  (’ÉXuga)33,  l’yeuse  (Ttptvoç,  ilex 
pour  Page  (yûr,ç)34;  pour  le  timon,  le  laurier  (8a©vq, 
laurus)  et  l’orme36;  ce  dernier  aussi  pour  la  pièce 
appelée  buris 36;  le  hêtre  pour  le  mancheron  ( stiva )  '. 
Ces  bois  étaient  exposés  à  la  fumée  avant  d'être  mis  en 
usage  38. 

Bois  d’ébénisterie.  —  L’industrie  de  l’ameublement 
mit  en  œuvre  un  assez  grand  nombre  de  bois,  tant 
indigènes  qu’exotiques,  soit  massifs,  soit  en  placages 
(£7uxoXÀ7]p.aTa,  7rapaxoXXVjgaTa) 39.  La  racine  de  laune  lui 
fournissait  des  protubérances  ou  loupes,  médiocrement 
prisées  d’ailleurs,  que  l’on  débitait  en  lames  minces 
( lamnae )40  pour  en  revêtir  d’autres  bois.  Le  buis  servit 
aussi  à  faire  des  placages,  notamment  de  lits41  ;  1  ébène 
(’éêevoç,  hebenus )  fut  débité  de  même42  ;  ce  bois  dense  et 
réputé  inaltérable 43  est  mentionné  parmi  ceux  qui 
étaient  entrés  dans  la  construction  ou  l’ornementation 
du  temple  de  Diane,  à  Éphèse44.  L’érable  de  montagne 
(yXelvoç,  Çuyia,  (jcpsvoagvoç,  acer )  [ligna  au  bois  fauve  et 
veiné46,  surtout  celui  que  l’industrie  italienne  tirait  de 
l’Istrie  et  de  la  Rhétie,  était  fort  estimé  pour  les  loupes 
de  sa  racine,  appelées  bruscum  et  molluscum ,  dont  on 
faisait  des  placages  très  recherchés  pour  les  tables  et  les 
lits  de  luxe46.  Le  tronc  lui-même  fut  aussi  utilisé, 
vraisemblablement  à  l’état  massif,  pour  des  sièges 4  ,  des 
lits48,  des  tables49,  des  espèces  de  plateaux  ( reposi - 
toria)'i0  à  transporter  les  mets.  Nombre  de  bois  se 
taillaient  en  lames  minces  ( lamnae ,  bracteae)  -1  destinées 
à  recouvrir  une  matière  plus  commune;  outre  ceux  dont 
nous  avons  déjà  fait  mention,  il  faut  citer  le  houx"2 
(x-qXocinpo;,  aquifolium ),  l’if63  (giXoç,  taxus),  la  racine  de 
micocoulier64 (Xwtôç,  lotus),  le  palmier 56 («potviç,  palma ), 
le  peuplier66  (aïyetpoç,  populus),  le  pistachier  (xépptvôoç. 


que  modérément  employé. —  26  Theophr.  111,  16.  3;  Plin.  XVI,  34.  Le  bois  d  un 
chêne  appelé  OusXotoç  [quercus  pseudo-suber)  [ligna  convenait  aussi  pour  les  essieux  : 
Theophr.  III,  8,  7.  —27  Virg.  beorg.  II,  444  :  daus  les  vers  précédents  il  est  question 
de  pin,  de  cèdre  et  de  cyprès.  —  28  Plin.  XVI,  206.  —  29  Hom.  II.  IV,  4S2  et  48G  ; 
Theocr.  XXV,  247.  —  30  Theophr.  V,  7,  6.  Ce  devait  être  la  sorte  inférieure,  cf. 
Blümner,  11,  p.  249  [ligna],  —  31  Virg.  Georg.  I,  173.  —  32  Hom.  II.  XXIV,  268. 

—  33  Hes.  Op.  et  d.  4)6  ;  Virg.  Georg.  I,  162;  Val.  Place.  VII,  555.  —  34  Hes.  Op. 
cit.  427  -,  cf.  436  ;  cf.  Schol.  Aristoph.  ad  Ac/iar.  180.  —  35  lies.  Op.  cit.  435. 

—  30  Virg.  Georg.  I,  168.  —  37  Jl>id.  I,  173.  —  38  Jbid.  I,  175.  —  39  Theophr.  IV, 
3,  4  ;  V,  7,  6.  — 40  Plin.  XVI,  69  et  231  ;  on  les  appelle  aussi  bracteae  {Ibid.  232). 

—  41  Cratinos  et  Plat,  le  coin,  chez  Pollux,  Onom.  X,  34;  cf.  Becker,  Chariclès,  III, 
74.  _  42  Lucan.  Phars.  X,  117  ;  Ovid.  Met.  XI,  610.  —  43  Theophr.  I,  5,  5  ;  V,  3, 
I  ;  4,  2;  Plin.  XVI,  204  et  212;  Euslath.  ad  II.  p.  924,  39  et  p.  1350,  3.  —  44  Plin . 
XVI,  213.  —  45  Theophr.  III,  11,  1  et  2.  —  *«  Plin.  L.  I.  fasc.  XVI,  231  ;  XXXIU, 
146  ;  Mart.  XIV,  85  ;  Pers.  Sat.  I,  53.  —  47  Virg.  Aen.  VIII,  178.  —  48  Theophr.  V, 
7,  6.  -  49  Hor.  Sat.  Il,  8,  10  ;  Mart.  XIV,  90  ;  Athen.  11,  49  A;  Ovid.  Met.  XII,  254. 

_ 50  Plin.  XXXIU,  140.  Blümner  (II,  p.  248,  u.  4)  cite  aussi  des  cancelli  acernaci 

d’après  une  inscription  chez  Fabrctti,  p.  743,  u.  513.  —  31  Cf.  note  40.  —  32  plin. 
XVI,  231.  —  53  Theophr.  V,  7,  6.  —  54  ld.  IV,  3,  4.  —  53  Plin.  L.  I.  —  56  lü.  L. 
I.  et  206. 


-205 


MAT 


—  1630  — 


terebinthus),  la  racine  de  sureau  (àxrfj,  satnbucus), 
l’yeuse*  (tcoïvoç,  ilex)  ;  mais  l’arbre  le  plus  recherché 
pour  ce  genre  de  travail  fut  le  thuya  ou  citre2  (0û*, 
0ùov,  citrus)  dont  on  plaqua  des  lits3,  des  tables*,  de 
petits  plateaux6  et  dont  on  fit  aussi  à  Rome  des  tables 
massives,  qui  atteignaient  des  prix  fabuleux0.  C’étaient 
les  loupes  veinées  de  la  racine  qui  fournissaient  les  plus 
beaux  bois  -,  dans  lesquels  on  prisait  surtout  la 
nuance,  la  dimension,  puis  la  disposition  des  veines.  La 
couleur  vineuse  était  la  plus  recherchée;  les  loupes 
dont  on  pouvait  tirer  des  plateaux  de  table  d’une  seule 
pièce  avaient  naturellement  une  plus  grande  valeur  et, 
dans  les  veines,  on  recherchait  principalement  les  dis¬ 
positions  appelées  tigrines,  panthérines  et  pavonines,  et 
aussi  celle  qui  présentait  comme  des  grains  serrés  les 
uns  contre  les  autres  et  que,  pour  cette  raison,  on 
appelait  apiate  (semblable  à  la  graine  d’ache).  On 
recourait  à  divers  moyens  pour  donner  à  ce  bois  toute 
sa  beauté;  les  barbares,  dit  Pline,  l’enfouissaient  dans 
la  terre  encore  vert  et  l'enduisaient  de  cire8.  Les  veines 
de  l’érable  et  du  thuya  furent  imitées  au  moyen  de 
l’écaille  de  tortue  9. 

Le  bois  du  palmier  doum  (xouxioçôpov,  cuci ),  élégam¬ 
ment  veiné,  était  très  estimé  en  Perse;  on  en  faisait  des 
pieds  de  lits ,0. 

Des  deux  variétés  de  pistachier  de  Syrie,  celle  qui 
avait  des  veines  de  nuance  rouge  foncée  était  utilisée 
pour  les  meubles  de  prix,  lits,  sièges11,  etc.;  nous  avons 
vu  plus  haut  qu'on  en  faisait  des  placages;  ce  bois  fut 
imité  aussi  avec  l’écaille  de  tortue12.  Parmi  les  bois 
employés  pour  les  lits  et  les  tables,  il  faut  encore  citer 
celui  du  sébesténier  (Ttepcsa,  persea) 13.  Avec  l’yeuse  on  fit 
des  pieds  de  lits  u. 

Le  bois  du  poirier  sauvage  (à^pdtç,  pirus  silvestris) 
se  teignait,  peut-être  aussi  celui  du  noyer  (juglans) 15  ; 
mais  nous  ignorons  l’usage  de  ces  bois  teints. 

Bois  de  menuiserie  intestinum  opus].  —  Si  les  parois 
et  les  portes  d'une  cabine  du  vaisseau  de  Hiéron  étaient 
entièrement  en  buis16,  la  menuiserie  n’employa  guère 
ce  bois  que  pour  de  petites  pièces  qui  exigeaient  une 
matière  compacte  et  non  susceptible  de  se  corrompre  ou 
de  s'altérer  par  vétusté,  par  exemple  pour  des  attaches 
destinées  à  fixer  entre  elles  des  pièces  de  bois;  on 
employait  encore  pour  ces  attaches  le  cyprès,  le  genévrier, 
l’olivier,  le  rouvre17.  Le  buis  et  les  autres  bois  durs, 
comme  le  micocoulier,  l’olivier,  l’yeuse,  servirent  à  faire 
des  pivots  de  portes 18  (cTpô&iyYeç,  cardines)  pour  lesquels 
on  recommandait  aussi  l’orme,  mais  à  la  condition  de 
l’employer  tête  en  bas,  sinon  il  se  déjetait19.  Du  rouvre, 
qui  avait  la  particularité  de  ne  pouvoir  se  coller  ni  avec 

1  Plin.  L.  I.  231.  —  2  Plin.  XVI,  229-231  :  Mongez,  Acad,  des  inscr.  111, 
1807.  —  3  Pers.  Sat.  I,  53.  —  4  Plin.  XIII,  94.  —  5  Id.  XXXUI,  146.  —  6  Cic. 
Verr.  IV,  17;  Plin.  XIII,  91-102;  Luc.  ( Phars .  IX,  426,  etc.;  t.  II;  Becker, 
Gallus ,  3'  éd.  II,  352  ;  Friedlander,  Sittengesch.,  I,  81.  —  7  Theophr.  V,  3, 
7;  Plin.  XVI,  185;  XIII,  102.  —  *  Plin.  XIII,  96-98.  Pline  ajoute  qu’on  le  metlait 
de  sept  en  sept  jours  sur  des  las  de  blé,  ce  qui  lui  ôtait  beaucoup  de  son  poids  ; 
ou  le  texte  est  altéré  ou,  comme  le  pense  Blümner  (II,  p.  276),  il  y  a  là  quel¬ 
que  méprise.  —  9  Plin.  XVI,  233.  —  10  Theophr.  IV,  2,  7;  cf.  Plin.  XIII, 
02.  —  u  Theophr.  V,  3,  2.  —  12  plin.  XVI,  233.  —  13  Theophr.  IV,  2,  5. 

—  14  Terent.  Adelph.  (IV,  2,  46),  v.  585.  —  13  Plin.  XVI,  205.  —  10  Athen.  V,  207 
E.  —  17  Vitr.  VII,  3,  1.  —  18  Theophr.  V,  5,  4.  —  19  Id.  V,  3,  5;  6,  4;  Plin.  XVI, 
210.—  20  Theophr.  V,  7,  2;  Plin.  XVI.  226.  —  21  Vitr.  II,  1,4;  Plin.  XVI, 
30.  —  22  Hom.  Od.  XXI,  43.  —  23  (jvid.  Met.  V,  120.  —  21  Cic.  Pro  Muren. 
35,  74.  —  25  Plin.  XVI,  206;  Cat.  It.  rust.  18,  9.  —  26  Hom.  Od.  XVII,  340. 

—  27  Theophr.  V,  4,  2;  Plin.  XVI,  215  [gi.üten].  —  28  Hor.  Ars  poet.  332. 

—  29  Thucyd.  II,  34,  3;  Diog.  Lacrt.  VIII,  1,  10;  cf.  Antigu.  du  Bosphore  cimm. 


MAT 


le  pin  ni  avec  le  sapin  29 ,  on  lit  des 
dulae)'-',  des  seuils  de  portes22,  des  pièce!  7!"  ^ 
appelées  repaguta »,  des  bancs21.  Le  '  Si 
cornouiller  (xoctvEta,  cornus)  fournit  dllp 

chevilles».  Avec  le  cyprès,  qui  prenai[  «  *. 
admirablement  le  poli,  on  faisait  des  ?»  1  ervait 
portes26  et  des  portes  magnifiques  ;  ce  bo  !?^  de 
pour  celles  du  temple  de  Diane,  àÉphèse  ffui .  sepvi 
cents  ans  paraissaient  encore  neuves27  ^  s  1 1  uatre 


des  coffrets28  et  des  cercueils29  Le  frène°"  '  "  UnC0re 
nombreux  usages39  que  nous  ne  connaissons  t?,  *  de 
on  fabriquait  avec  ce  bois  et  avec  le  hêtre  doses’  US’’ 
lits  élastiques  (xAivocpioc  IvStBtJrra)31.  Du  sem  T  l 
aussi  des  tables32,  des  bardeaux33  -  découDé”  T  j 
minces  et  flexibles,  il  servit  à  faire  des 
cassettes  pour  lesquels  on  employait  aussi  le  tilleul35 
Le  houx,  le  laurier  et  l’orme  fournissaient  des  traverso 
{vectes)36.  Le  bois  de  l’if  avait  la  réputation  d’être  durab  2 
et  imputrescible37;  celui  que  produisait  l’Arcadie  était 
de  couleur  foncée  ;  au  contraire,  celui  qui  provenait  de 
l’Ida  était  fauve  et  vendu  quelquefois  pour  du  cèdre3*  Le 
laurier  trouva  emploi  pour  la  confection  des  lits39.  La 
menuiserie  utilisa  aussi  le  mélèze,  dont  le  bois  était  de 
bonne  dimension  et  facile  à  travailler40.  On  sait  que 
l’olivier  avait  fourni  la  matière  du  lit  d’Ulysse  construit 
pai  lui-même1.  Le  pin  et  le  pinier  donnèrent  des 
bardeaux 42  ;  de  ces  deux  bois  et  de  l’aune  on  (it  des  tubes 
pour  conduites  d’eau  43 .  Dans  le  bois  très  dense  du  poirier 
sauvage  on  taillait  de  petites  tablettes,  sur  lesquelles  les 
cordonniers  affilaient  leurs  outils  u.  Le  sapin  était  réputé 


propre  à  toute  espèce  d’ouvrage  de  menuiserie4' ;  notam¬ 
ment  la  partie  inférieure  des  troncs,  que  l’on  appelait 
sappinea 46  [ligna].  On  en  faisait  des  portes47,  mais  on 
avait  soin  de  ne  pas  employer  pour  ce  genre  d’ouvrage 
les  arbres  qui  avaient  poussé  à  l’ombre,  comme  ceux  de 
Krané,  en  Arcadie,  parce  que,  s’ils  étaient  de  belle  venue, 
le  bois  n’en  était  pas  très  durable48.  Le  saule  (salix) 
servait  pour  divers  ustensiles  de  campagne  et  des 
sièges49  ;  peut-être  même  en  fit-on  des  meubles,  puisque; 
d’après  Ovide,  le  lit  et  la  table  de  Philémon  et  Baucis 
étaient  de  ce  bois60. 

Le  thuya,  si  recherché  en  ébénisterie,  fournit  au 
nie  siècle  avant  J. -C.  la  matière  déportés  dans  le  luxueux 
bateau  de  Ptolémée  Philopator61  ;  une  cabine  du  vaisseau 
de  Hiéron  avait  des  portes  de  thuya  rehaussé  d  ivoire  j 

Le  bois  de  vigne,  bien  que  l’on  vante  ses  qualité»,  ne 
fut  guère  utilisé,  sauf  dans  des  temps  très  ancien 
l’on  prétendait  qu’on  montait  au  faite  du  i  nv"  11 
Diane,  àÉphèse,  par  un  escalier  fait  d’un  seul  pnd  e 
vigne  de  Chypre  63  [ligna]. 


'  Tronic  II*  l^is 

(éd.  S.  Reinach),  p.  126.  —  30  Plin.  XVI,  62.  Ici,  Pline  affirme  quen  n  ^  ^ 
du  frêne  ressemble  à  celui  du  cèdre  et,  écorcé,  est  vendu  pour  lui ,  ^ 

Théophraste  qui  dit  ceci  de  l'if  (|iîXo;),  Bist.  Plant.  III,  40,  2.  J11 1  .  ^5, 

—  32  Mart.  II,  43,  10.  —  33  plin,  XVI,  36.  —  34  Ibid.  229.  -  31  ColuI"-  ' 

—  36  plin.  XVI,  230.  —  31  Ibid.  212.  —  38  Theophr.  III,  10,2;cf. Ia n’  '  XVI, 

Pal.  IX,  529.  —  40  Vitr.  II,  9,  7.  —41  Hom.  Od.  XXIII,  190  et  Vlll.  U,  9, 

36  et  42.  —  43  Ibid.  224.  —  44 Theophr.  V,  5, 1.  —46  Plin.  XVI,  iî->.  "  ^  ^ 

7.  -  47  Theophr.  V,  3,  5.  -  48  Id.  IV,  1,  2.  Est-ce  le  bois  d“  a,ra ' 

Caton  recommandait  pour  les  pressoirs  [pnEi.uM],  ou  est-ce  ce  ui 1  >•  connu* 

Le  premier  se  lit  chez  Pim.  XVI,  193,  le  second  dans  Cat  .De  1 C0I1S|  ,-iiclion  ; 
l’a  fait  observer  Schneider,  le  charme  convient  mieux  à  ce  gem<  ^  ^  Vlll, 
cf.  Blümner,  Op.  cit.  II,  p.  289,  11.  2.  — 49  Plin.  XVI,  !'«•  (  V,  Wi 

656  et  suiv.  —  61  Athen.  V,  205  B.  —  62  Athen. «V,  20/  L,  c  '  ^  panolinia.  U" 
qui  mentionne  des  portes  de  ce  bois  dans  un  temple  'x|al.,|uar<H, 
l’employa  aussi  pour  les  i.ACUNAniA  :  Hor.  Od.  IV,  1,  20,  ft.  1  *  I 
(trad.  franc.),  II,  382-383.  —  63  plin.  XIV,  9. 


—  1631  — 


MÂT 


MAT 


!  )/ure  __  L’art  s’adressa  aussi  au  bois 
B»is  ,le  slaiues  (Sôava,  àY^¥^«)  d(i  divinités  et 

pour  e'i 1111  dc  divers  genres,  coffres,  cratères,  sarco- 
d(!S  0UVrî'f! ^  sojlpturà]-  Tous  les  bois  qui  résistaient 
pWf’/’  du  temps  et  qui  n’étaient  pas  sujets  à  se 

(H  ...  y~\  *1  • 


\  bien  n 

fissurer 


furent  employés*.  H  y  avait  à  Olympie  une 


,,A  0Hon  en  buis2.  Le  cèdre,  ayant  la  réputation 
d<llue  '  1  ,  était  très  recherché  ;  Rome  possédait  une 

délrC  "rTuollon  en  cèdre  apportée  de  Séleucie3;  il 
staUl''  !' "  présenter  Vénus4,  Esculape6;  la  statue  de 
E  \  tl  était  peut-être  de  ce  bois*.  D’après 
m  ,  les  pois  de  chêne  avaient  été  employés  par  les 
l1""1  dans  la  statuaire1  :  l’esculus  (^<$0  est  plusieurs 
Ss‘ mentionné,  entre  autres  pour  une  statue  de  Pan  8 . 
ï  bois  du  chêne-liège  aurait  jadis  été  sculpté,  si  1  on  en 
croit  Théophraste,  puis  on  y  avait  renoncé  et  on  l’avait 

[remplacé  par  celui  du  palmier2. 

H  v  avait  une  statue  de  cyprès  dans  le  petit  sanctuaire 

Id’Arïémis  à  Scillonte 10  ;  on  cite  encore  une  statue 
iLibèthre,  en  Piérie11  ;  une  autre  de  Triton12. 


Deux  statues  de  Junon  Reine  en  cyprès  avaient  été  con¬ 
sacrées  dans  le  temple  de  la  déesse  sur  le  mont  Aventin, 
à  la  suite  d’un  prodige13.  Pline  cite  encore  une  statue  de 
Véjovis,  à  Rome  *\  qui  avait  plus  de  six  cents  ans;  et 
Pausanias,  une  statue  d’athlète iS. 

L’ébène  servit  aussi  à  représenter  les  dieux  et  les 
héros  :  Apollon16,  Artémis17,  Ajax 18  ;  on  devait  à 
Dipœne  et  à  Scyllis  des  statues  en  ébène  de  Castor  et 
Poil ux et  de  leurs  enfants19.  L’érable  paraît  avoirété  peu 
employé20.  Le  figuier  fut  le  bois  préféré  pour  les  statues  de 
Dionysos  Meilichios21  et  de  Priape22  ;  Pausanias  fait  aussi 
mention  d’une  statue  d’athlète  en  figuier,  qui  avait  mal 
résisté  au  temps23.  Le  gatilier  (àyvoç,  vitex)  est  mis  par 
Vitruve,  avec  le  peuplier,  le  saule  et  le  tilleul,  au  nombre 
des  bois  bons  pour  la  sculpture24;  du  premier  on  avait 
tiré  une  statue  d’Esculape  à  qui,  pour  cette  raison,  on 
avait  donné  le  surnom  d’Agnitas  2\  Le  genévrier  fut  vrai¬ 
semblablement  employé  aussi  ;  mais  il  n’est  nommé  nulle 
part-1'.  Prit-on  la  peine  de  sculpter  des  coupes  de  hêtre, 
ou  est-ce  une  invention  de  Virgile21,  comme  le  nom  du 
sculpteur  lui-même?  Quoi  qu’il  en  soit,  ce  bois  n’est  pas 
cité  parmi  ceux  qu’employaient  les  artistes  ;  on  fait  en 
revanche  mention  du  micocoulier28.  Une  antique  image 
d Aphrodite  avait  été  exécutée  en  myrte29.  La  statue 
d  Alhéné  Poliade  était  en  bois  d’olivier30,  ainsi  que  les 
images  deDamia  et  Auxesia,  à  Égine  31  ;  une  tète  de  Dio- 
nysos  de  la  même  matière  avait  été  trouvée  dans  la  mer 


par  des  pêcheurs  de  Méthymne3*.  La  racine  de  cet  arbre 
servit  pour  faire  des  images  de  petite  dimension11.  11  y 
avait  à  Mycènes  une  très  ancienne  statue  de  Iléra  en 
poirier  sauvage  (à/p*ç)34.  D’après  une  tradition,  recueillie 
par  Suidas,  Massinissa  avait  envoyé  aux  Rhodiens  de 
l’ivoire  et  du  bois  de  thuya  pour  refaire  les  statues  des 
dieux  renversées  par  un  tremblement  de  terre1'.  Enfin 
on  fait  mention  d’antiques  statues  en  bois  de  vigne  repré¬ 
sentant  Dionysos  Baccheus38;  Jupiter,  dans  la  ville  de 
Populonium 31,  en  Étrurie;  et  la  mère  des  dieux38. 

Bois  à  tourner  [tornatura].  —  Les  tourneurs  usaient 
aussi  beaucoup  du  bois39;  ils  l’employaient  lorsqu  il  était 
encore  vert,  parce  que,  étant  moins  dur,  il  se  laissait  tra¬ 
vailler  plus  facilement  et  ne  fatiguait  pas  les  outils4'. 
Parmi  les  bois  les  plus  propres  à  cette  industrie,  on  cite 
l’alaterne41  (tptAûxr,),  le  buis42,  le  frêne  qui  servait,  ainsi 
que  le  mûrier  (cuxâfuvoî,  morus ),  1  orme  et  le  platane,  à 
faire  certaines  pièces  de  gréement43;  le  noyau  du  fruit 
du  palmier  doum 44  [ligna].  Particulièrement  avec  le  cœur 
du  pistachier  on  faisait  des  coupes  (xuÀtxe;),  imitations  de 
celles  en  terre  noire  appelées  coupes  deThériclès.  Ce  bois, 
frotté  d’huile,  devenait  meilleur  et  plus  beau13. 

Récipients.  — Le  hêtre  étaitla  matière  de  vases  à  boire 
très  simples46  [scyphus]  que  l’on  enduisait  de  cire  à  1  in¬ 
térieur41.  Le  chêne  ( quercus )  servit  pour  des  cratères 
[crater]  ;  l’esculus  (epr^d;)  pour  des  coupes.  Avec  1  if  on 
fit  en  Gaule  des  espèces  de  tonneaux  pour  transporter  le 
vin  ( vasci  viatoria ),  qui  étaient  regardés  comme  mal¬ 
sains48.  Le  lierre  fut  employé  pour  des  coupes  à  boire 
(7rorV)p,  7tox‘(jfiov,  ffxdooç) 49 ;  lepin(/9«ce«;pour  des  tonneaux 
[çupa].  Avec  certaines  excroissances  du  sapin  (èAirr |)  on 
faisait,  en  Arcadie,  des  cratères  51  ;  avec  la  souche  du 
tamaris  (p.uptx7|,  rnyrica ),  des  coupes52  (xûAtxeç). 

Instruments  de  musique.  —  Le  buis  parait  avoir  été  par¬ 
ticulièrement  recherché  pour  les  flûtes  53  [tibia]  en  usage 
dans  les  cérémonies  religieuses  de  Bacchus34,  de  Cybèlc 
et  dans  les  sacrifices  en  Étrurie53.  Il  entra  dans  la  cons¬ 
truction  de  la  lyre66  et  de  la  pliorminx57,  ainsi  que 
l’yeuse  qui  servait  à  faire  les  traverses  (Çuy*)38.  Les  flûtes 
de  micocoulier59  (Xtutdç,  lotus)  passaient  pour  une  inven¬ 
tion  libyenne60  ;  à  Rome,  les  flûtes  des  spectacles  ( ludi - 
crue)  étaient  de  ce  bois81.  L’invention  de  la  flûte  de 
laurier  (Î7t7ro;pop6ôç  aùXdç)  était  attribuée  aux  nomades 
libyens  qui  gardaient  les  troupeaux G2.  On  en  fit  aussi  avec 
le  sureau 63 . 

Bois  pour  manches  d’outils.  —  Pour  emmancher  les 
marteaux  et  les  tarières  on  se  servait  du  buis,  du  frêne 


Btlîl  53e0pl'i  V’  3'  7;  t>aus’  VIII,  17,  2.  -  2  Paus.  VI,  19,  16.  -  3  Plin. 
Il  j  ! ,  |  1  ,uls-  "b  11.  —  5  Theocr.  Epigr.  VII,  4.  —  0  Les  uns  (Vitr. 
élail'  m  m  .'''Scnl  cn  cèdre,  d'autres,  les  plus  nombreux,  prétendaient  quelle 
en  f|i  f"0,  cl  un  personnage  consulaire,  Mucianus,  affirmait  qu'elle  était 
](s  J|t  c1'  Mün.  XVI,  213.  Blümner  ( Op .  cit.  II,  p.  256)  croit  que 

de  gfn,.% ,.  "  d[e  mentionnées  par  Pausanias  étaient  plutôt  en  bois 

Vin,  ,7  ‘f’  _  Schubart,  dans  Bhein.  Mus.  N.  S.  XV,  p.  106.  —  7  Paus. 

•latin,  ru  ,  *  ^n1'*1.  ^1.  VI,  99,  351;  cf.  Atlicn.  Il,  52  E;  pour  une 

V,  J,  u™’  Anth‘  Pal’  1X-  237 •  ~  9  Theophr.  V,  3,  G.  _  10  Xen.  Anab. 
37  •’.  f.’  _  AUx-  c’  14-  -  12  Alhen.  XI,  480  A.  -  13  Tit.  Liv.  XXVII, 

lions  de  slai  210’  — 15  t'aus-  VI,  18,  7.  Pour  d'autres  descrip- 

[  XVI,  2i:t  “cr'CS| en  CyPrès’  cf-  Marl-  VI,  49,  4;  73,7.  —  16  Paus.  I,  42,  5.  —  17  Plin. 
ïî,  5.-  20  (ff U], ,IÏUt’  nolc  G;  Paus.  VIII,  53, 11.-  18  Paus.  I,  35,  3.  —  19  id.  II, 
winf,  |,  3oïj  ,0,'erl.  X,  2,  59  (statue  grossière  antérieure  à  Numa);  Ov.  Ars 
437,  -)'•  llor  v  ,Ata'  18  M-  —  22  Theocr.  Epigr.  IV,  2  (cf.  Antli.  Pal.  IX, 

509  :  Palla.1  'noT 15»  ~33  PaUS‘  VI>  18’  7’  “  24  Vitr-  n'  9>  ®!  cf-  P,in-  XVI- 
ftuco l  m,  jj,  ’’  -’  '  Pans.  III,  14,  7.  —  26  Cf.  plus  haut,  note  6.  — 27  Virg. 

Paus.  Vu]  J’7 1  0S  ag,t  d  lmo  eoupe  sculptée  en  hêtre.  —  28  Theophr.  V,  3,  7; 
en  s6hcsi ,  clon  I  l'éophraste  (IV,  2,  5),  on  aurait  aussi  exécuté  des 

unci  ( persea ),  dont  le  bois  ressemble  h  celui  du  micocoulier. 


—  29  Paus.  V,  13,  7.  —  30  Herod.  V,  82;  cf.  Schol.  ad  Demosth.  (éd.  Didot),  p.  699, 
col.  I.  _  31  Paus.  II,  30,  4.  —  32  Id.  X,  19,  3.  —  33  Theophr.  V,  3,  7.  —  31  Paus. 

II  17,  5.  _  35  Suid.  s.  ».  8ùov;  cf.  Polyb.  V,  88  et  Meineke,  Analecta  Alexandr. 

p.  151.  Pausanias  (VIII,  17,  2)  cite  une  statue  de  Hermès  en  thuya  ;  cf.  Üio  Chrys. 
XII,  p.  208  M,  puis  Blümner,  II,  p.  277,  n.  3.  —  36  Atlicn.  lit,  78  C.  —  37  Plin.  XIV, 
9.  _  38  Schol.  ad  Apoll.  Rhod.  I,  1119;  cf.  Meineke, Anal.  Alex.  p.  150.  —  39  Plin. 
XVI,  205.  —  40  Theophr.  V,  6,  4.  —  41  Id.  V,  0,  2.  —  42  Virg.  Georg.  II,  449. 

—  43  Theophr.  V,  7,  3  ;  cf.  plus  haut.  —  44  Id.  IV,  2,  7  ;  Plin.  XIII,  62.  —  45  Theophr. 
V  3,  2;  cf.  Plin.  XVI,  205,  qui  a  cru  que  Thériclès  était  celui  qui  fabriquait  ces 
coupes.  —  46  Tibull.  I,  10,  8.  —47  O  y.  Met.  VIII,  669;  Fast.  V,  522;  Sil.  Ital.  VII, 
188  ;  Plin.  XVI,  185  ;  peut-être  en  a-l-on  sculpté,  Virg.  Bucol.  III,  36.  —  48  plin.  XVI. 
50  ;  cf.  Blümner,  Op.  cit.  t.  Il,  260,  n.  7.  —  49  Eur.  Aie.  756  ;  Ath.  XI,  476  F  ;  477  A 
et  D;  Phot.  p.  295  (éd.  Nabcr);  Etym.  Magn.  515,  34;  Plin.  XVI,  155. —  50  Plin.  XVI,  42. 

—  5t  Theophr.  III,  7, 1.— 62Diosc.  Mat.  med.  I,  116.  — 53  Ov.  Fast.  VI,  697  ;  Pont.l, 
1, 45;  Propert.  V,  8,  42;Stat.  Theb.  II,  77  ;  Vil,  171;  Claudian.  Rapt.  Pros.  III,  135. 

_ 54  Ov.  Met.  IV,  30.  —  65  Virg.  Aen.  IX,  619  ;  Ov.  Met.  XIV,  537  ;  Plin.  XVI,  172. 

_ 56  philostr.  lmag.  1,10,1.  —  57  Theocr.  XXIV,  108.  —  58  Theophr.  V,7,6.  —  59  Id. 

IV,  3,  4  ;  Pliu.  XIII,  106.  —  60  Alhen.  IV,  182  E;  Poil.  IV,  74;  Hcsych.  s.  ».  Wtivo îhùXos; 
Eur.  Troad.  544;  Anlh.  Pal.  VI,  94,  3  ;  VII,  182,  4;  Uiosc.  Mat.  med.  II,  91;  Ov. 
Fast.  IV,  190.  —  01  Plin.  XVI,  172.  —  62  Poil.  IV,  71  et  74.—  03  Uid.  Orig.  III,  20, 7. 


MAT 


—  1632  — 


et  de  l’orme;  mais  le  bois  regardé  comme  le  meil¬ 
leur  était  l’olivier  sauvage  ;  pour  les  grands  marteaux, 
c’était  le  pinier  (tu'tuç,  pinus )  et  l’yeuse1.  On  recom¬ 
mandait  pour  les  instruments  rustiques  le  charme, 
le  chêne  cerris  ( cerrus )  et  l’yeuse,  ce  dernier  étant 
considéré  comme  supérieur  aux  autres2.  Du  mico¬ 
coulier  (Xtoroç)  et  du  pistachier  on  tira  des  manches  de 
poignards  (êy^sipfSia)  *, 

Bois  pou r  lances  et  javelots.  —  Pour  les  hampes  de 
lances  [hasta]  on  mit  à  contribution  le  chêne  rouvre  4,  le 
cornouiller',  le  coudrier6  (xaoûa  TjpaxXewTix^,  corylus ), 
le  hêtre1,  le  myrte8,  le  pinier9,  le  sapin10,  le  sorbier11 
( ô<x,sot'bas ),  mais  le  frêne  fut  le  bois  le  plus  communément 
employé  et  le  plus  recommandé  :  on  trouve  souvent  le  nom 
de  l’arbre  pour  celui  de  l’arme  elle-même12.  Les  épieux 
[venabulüm]  se  faisaient  généralement  en  cornouiller13, 
quelques-uns  pourtant  préféraient  ceux  en  sureau14. 
Pour  les  armes  de  jet  (àxovrta,  axovria-^axa,  TraXxâ),  on 
trouve  encore  le  cornouiller15,  puis  l’if16  elle  styrax11. 
La  hampe  de  la  falarique  des  Sagontins  était  en  sapin18. 

Tablettes  à  écrire.  —  Les  tablettes  (ypapipiaxeta,  codicilli , 
pugillares)  étaient  de  buis19  [epistolae  secretae],  de 
cyprès20,  d’érable21  (on  en  fit  quelquefois  avec  le  mollus- 
cum 22),  de  pin23,  de  salsepareille24  (trpûXat;,  smilax ),  de 
sapin25,  de  thuya26  et  de  tilleul27. 

T àbleaux  d’affichage  (  AsXxoî,  icîvaxeç).  —  Lesdocuments 
recueillis  à  Délos  mentionnent  le  cyprès  et  le  palmier 
comme  employés  pour  les  fabriquer28. 

Panneaux  pour  peindre  (mvocxeç,  Tuvâxta,  pictorum 
tabellae).  —  Outre  le  buis29,  le  cyprès  30  et  le  sapin31,  le 
mélèze  était  précieux  pour  les  peintres,  car  il  ne  se  fen¬ 
dillait  pas32  [pictura], 

Tessères  [tesserae].  —  On  en  tirait  du  peuplier,  du 
troène  ( ligustrum )  et  du  sapin  33. 

Bois  pour  briquets  [igniaria]. 

Bois  de  chauffage.  —  Nous  n’avons  guère  de  rensei¬ 
gnements  sur  les  bois  employés  pour  le  chauffage;  mais 
plutôt  sur  ceux  qui,  à  cet  égard,  laissaient  à  désirer, 
comme  le  chêne  aspris 34  [ligna],  le  palmier35,  le  peuplier, 
le  platane,  le  saule,  qui  avaient  la  réputation  de  donner 
beaucoup  de  fumée,  comme  tous  les  bois  qui  croissaient 
dans  des  lieux  humides36.  On  obviait  à  cet  inconvénient 
pour  les  bois  de  figuier  (<ruxTj  et  Ipivsôç)  en  les  faisant 
baigner  dans  l’eau  courante,  après  les  avoir  écorcés  ;  une 
fois  séchés,  c’étaient  les  bois  qui  fumaient  le  moins  et 
donnaient  la  flamme  la  plus  douce  31.  D’une  manière 


*  Theophr.  V,  7,  8  ;  Plin.  XVI,  230.  Mais  dans  Homère  <reiXeiov  èXàïvov,  O  il. , 
V,  236;  cf.  Anth.  Pal.  VI,  297.  —  2  Plin.  XVI,  230;  Colum.  XI,  2,  92.  —  3  Tlieo- 
phr.  IV,  3,  4;  V,  3,  2.  —  4  Virg.  Aen.  X,  479;  Val.  place.  VI,  243;  Sil.  liai. 
II,  267.  —  5  Virg.  Aen.  V,  557.  —  6  Plin.  XVI,  228.  —  7  Hom.  11.  VIII, 
514;  Od.  IX,  33;  Archil.  Frag.  125  (Bergk);  Eurip.  Beracl.  727.  Artémidore 
{Oneirocrit .  Il,  25)  semble  faire  mention  du  platane,  du  peuplier  et  de  l'orme  que 
nul  autre  ne  cite  pour  cet  usage;  mais  il  donne  ensemble  pêle-mêle  les  noms 

des  bois  qui  peuvent  servir  auv  guerriers  et  aux  charpentiers.  —  8  Virg. 

Georg.  II,  447;  Aen.  III,  23;  VII,  817;  Scriptor.  Geopon.  XI,  7,  G.  —  9  Stat. 
rheb.  VIII,  539.  —  10  Virg.  Aen.  XI,  GG7  ;  Sil.  Ital.  V,  255.  —  U  Plin.  XVI, 

228.  —  12  La  lance  d'Achille  était  de  frêne,  lliad.  XVI,  143;  XX,  277,  322; 

XXII,  133,  225;  II,  543;  Anth.  Pal.  VI,  52;  Lucian.  Adv.  indoct.  c.  7;  Ov.  Met. 
IX,  143;  VIII,  677  ;  X,  93;  XII,  122,  324,  369.  —  13  Plin.  XVI,  186;  Ov.  Heroid. 

IV.  63.  —  1*  Plin.  XVI,  187.  —  15  Hvmn.  Hom.  ad  Herm.  460;  Anth.  Pal.  VI, 

23,  1;  Xcn.  Bell.  III,  4,  14;  De  re  equest.  XII,  12;  Theophr.  III,  12,  1  ;  Strab. 
XII,  p.  570  ;  Virg.  Georg.  II,  448;  IX,  698;  Ov.  Met.  VII,  678;  VIII,  408;  Sil. 
Ital.  IV,  550;  Stat.  Theb.  VII,  647.  —  16  Sil.  Ital.  XIII,  210.  —  17  Strab.  XII, 
p.  570.  -  18  Tit.  Liv.  XXI,  8,  10.  —  19  Aen.  Tact.  31,  9;  Luc.  Adv.  ind.  c.  15; 
Plut.  Moral.  1120  F;  Euslath.  ad  II.  p.  421,  14;  632,  57;  Propcrt.  IV,  23,  8. 

—  20  plat.  Leg.  IV,  741  C  ;  Longin.  4,  6.  —  21  Ov.  Amor.  I,  2,  28.  —  22  plin.  XVI, 

68.  —  23  Eur.  lph.  Aul.  39;  Eustath.  ad  11.  p.  633,  22.  —  24  Plin.  XVI,  157. 

—  25  Avec  la  partie  interne  du  sapin  appelée  XoOWov  on  faisait  la  plupart  des 


MAT 

générale,  on  vante  les  bois  solides  d 
comme  l’olivier;  ils  devaient  être  ’s J™  ®l  densH 
donner  trop  de  fumée  et  pour  mieux"  f  “î  n°  Pas 
les  écorçait  et  on  les  fendait  pour  favo  •  ^  0n 

bustion  40.  Cependant  on  recourait  à  des  m  i''  la  C°m' 
légères,  par  exemple  le  roseau  plus 

avait  besoin  d’une  flamme  vive  pour  échauir  q"and  0n 
rapidement  quelque  chose41.  La  racine  1?°UCH 
papyrus  donnait  un  bois  utilisé  en  IL  ,JtPeUSe  du 
chauffage42;  il  convenait  aussi  très  bie^  '/Y P°lU‘  le 
lurgie43,  ainsi  que  le  bois  de  pinier.  '  u  meta1' 

Bois  pour  charbon.  -  Les  bois  les  plus  propres Uv 
du  charbon  étaientles  bois  denses  et  durs44,  surtou  u ï 
arbres  dont  ils  provenaient  étaient  dans  toute 
vigueur  43  et  avaient  poussé  dans  un  terrain  sec  hZ 
ensoleille  ou  exposé  au  vent  du  nord;  le  charbon  hit 
avec  des  bois  trop  jeunes  ou  trop  vieux  ne  valait  rien46 
celui  que  donnaient  les  bois  tendres,  comme  le  peuplier 
était  peu  estimé41.  Les  ouvriers  qui  travaillaient  les 
métaux  avaient  besoin  de  charbons  durs 48  ;  les  meilleurs 
provenaient  de  l’alisier  (àpioc),  de  l’arbousier  (xoptapo? 
unedo)  [ligna],  du  chêne  (Spuç)  (les  charbons  de  chênes 
étaient  les  moins  bons)  ;  ils  servaient  dans  la  métallurgie 
de  l’argent  pour  le  premier  grillage  du  minerai49;  cette 
industrie  employait  aussi  le  charbon  de  pinier  (tti'tuç) 50. 
On  en  fabriqua  avec  de  l’yeuse  (Ttpîvoç) 51  et  vraisemblable¬ 
ment  avec  l’érable  ((j^£vSap.voç) 52.  Les  charbons  du  chêne 
aspris  et  de  quelques  autres  chênes  de  Macédoine  sau¬ 
taient  et  donnaient  beaucoup  d’étincelles;  ils  servaient 
néanmoins  dans  la  métallurgie  du  cuivre 33,  pour  laquelle 
on  recherchait  celui  de  pin  54  (Treux-q)  ;  dans  cette  industrie, 
le  charbon  était  quelquefois  remplacé  par  des  noyaux  de 
dattes55.  Avec  le  dattier  lui-même  on  faisait  un  charbon 
dont  la  combustion  était  lente  et  qui  ne  s’éteignait  pas 
facilement56.  Pour  le  travail  du  fer,  on  employait  le 
charbon  de  noyer  (xapûa  sù6oïxV)),  celui  que  donnait  la 
racine  du  souchet  (nipi,  saripha )31,  et  aussi,  ce  semble, 
celui  d’un  chêne  appelé  par  Pline  lati folia,  qui  s’éteignait 
dès  qu’on  cessait  de  souffler  68. 

Bâtons  et  cannes.  —  Pour  ces  objets  on  mentionne  le 
baguenaudier  (xoXouxéoc) 59,  le  cornouiller oü,  la  férule61 
(ferula,  vdtpô-q^),  le  houx62  ( aqui folium ),  le  laurier63, le 
sureau64  ( sambucus ),  lavigne06,l’yèble66  (<r'op.ûox i  ligna]. 

Échalas  ( pedamenta ).  —  Ils  se  faisaient  en  général  avec 
les  bois  suivants  :  châtaignier,  chêne  esculus,  coudrier 
[corylus),  frêne,  laurier,  pêcher  ( persica J,  pommier 

tablettes  à  écrire  (yoaui|iaTeïa)  :  Theophr.  III,  9,  7;  Plaut.  f"s-  ][’ 

'  -  _  27  DioCass.  LXVII,  15, 


(v.  246)  ;  Quint.  VIII,  6,  20.  —  26  Mart.  XIV,  3. 
Galen.  (éd.  Kühn),  t.  X VIII,  p. 


’  .liai 

556  ,  8.  —  28  Homolle,  Les  arc/.  >  '  j 1  ^ 
tendance  sacrée  à  Délos ,  p.  13,  note  1  — 29  Anecd.  Bekkei.  p-  1 

Onom.  X,  59,  n.  163;  cf.  Plin.  XXXV,  77.  -  30  Plat.  Leg.  IV,  7*1  t;  c.  ’ 
IV,  6.  -  31  Theophr.  III,  9,  7  ;  V,  7,  4.  -  32  Plin.  XVI,  187-  - 
6,  32  (v.  276);  Plin.  XVI,  77.  —  34  Theophr.  III,  6,  7-  Un  “"'"  .(j'  jj’entüier, 
TiAaTÛouAXoç  par  Théophraste  (III,  8,  o),  que  l'on  ne  sait  connu ^  ^;Ji;||jC0. 
donnait  un  mauvais  bois  de  chauffage.  —  3o  Theophr.  De  ^  36. 

phr.  Hist.  plant.  V,  9,  4.  —  37  Id.  V,  9,  5.  —  38  ld-  jle  "jj1^  IV, 

—  39  Ibid.  30-31.  —  40  Ibid.  72.  —  41  Ibid.  32-33.  -  *2  "  J  J  v  ,,  «. 

8,  4.  -  43  Id.  IV,  8,  5  ;  Plin.  XXXIII,  94.  -  44  Theophr.  IV,  8,  5-  V, 

—  46  Id.  v,  9,  1.  —  47  Id.  V,  9,  4.  -r  48  Id.  De  igné ,  37.  -  ^  ]fs  Ac|„r. 

9,1.  —  Mlbid.  V,  9,  2.  -51  Arist.  Acharn.  666.-  "2 ,1,;^  (XVI.  i3) 
niens  sont  appelés  yéçovTtî  ooîvSApvivo,.  —  53  Theophi.  ■  >  ’  latifol’a’ 

applique  cette  observation,  en  la  modifiant  un  Peu’  ®U  .  jje  jgne, 

—  64  Theophr.  V,  9-,  3.  —  65  Strab.  XVI,  p.  742.  -  56  TI‘eoj’  '  ^  __  (lia. 

Plin.  XIII,  39.  —  67  Theophr.  Hist.  plant.  V,  8,  5;  Phn  -  ,  ’  bjton  creu» P«rlé 
XVI,  23.  —  69  Theophr.  4,  III,  14.  -  60  Tit.  Liv.  I,  50,  9,  ces  ^  ,,  T|ieop|,r. 
par  Brutus  à  Delphes;  Ov.  Met.  XII,  451.  —  61  P'*n-  Xl[  ’  , ,,  |,.h;na,  sUiSf 

v,  7,  7.  —  03  Ibid.  —  64  Id.  III,  13,  4.  —  c5  P|in<  X  ’ 

—  60  Theophr.  V,  7,  7. 


MAT 


MAT 


-  1633 


u.  on  conseillait  aussi  le  cyprès,  le  gené- 
jfia/«N:  '  ^  r0uvre  etl’aubour  (, laburnum )*. 

vrier, T°IivicI ’  0n  cite  l’if*,  le  cornouiller  dont 

V*  n^ies  arcs  des  Lyciens*  et  des  Saur  ornâtes4.  Les 
éla‘enl  1,1  ”,  aient  pour  les  leurs  le  pétiole  (<nrà07|)  de  la 

lïdeceptaines  espèces  de  palimersb. 

feuille  u  ^  is  __  L’Attique  ne  produisant  pas  de 

^instruction,’ car  le  figuier  et  l’olivier  ne  peuvent 
b°lS  L  idérés  comme  tels,  Athènes  devait  chercher  au 
étr|e  r°|^1  <  rands  bois  nécessaires  à  sa  marine  et  ceux 
f Th  charpente  et  la  menuiserie  avaient  besoin6.  En 
1  au  ivc  siècle,  il  n’y  avait  guère  que  la  Macédoine, 

,  Thrace  et  l’Italie  où  l’on  pût  trouver  du  bois  propre  aux 
Tendions  navales.  En  Asie,  les  contrées  les  plus 
îiisées  sous  ce  rapport  étaient  la  Cilicie,  le  territoire 
ÎTsinope  et  d’Amisos,  l’Olympe  de  Mysie  et  l’Ida  ;  encore, 
I.  h  quantité  était-elle  médiocre;  la  Syrie  avait  le 
‘■'ire’  huis,  cornouiller,  érable,  frêne,  genévrier, 
Tue  pin,  sapin,  yeuse  venaient  en  grande  partie  de  la 
Macédoine,  où  Amphipolis  était  le  grand  marché  du 
bois8.  Athènes  importait  même  de  simples  pieux  (xâpaxeç) 
et  des  bois  pour  portes  (0uowp.axct)9.  Dans  de  telles  comb¬ 
lions,  cette  matière  devait  être  chère  ;  malheureusement 
bien  peu  de  chiffres  nous  sont  parvenus.  Nous  savons  que 
si  la  charge  de  menu  bois  que  pouvait  porter  un  âne  se 
vendait  deux  drachmes  à  Athènes10,  au  iv°  siècle  av.  J.-C., 
un  bois  de  rame  en  valait  cinq11. 

Rome  trouvait  en  Italie  la  majeure  partie  de  ses  bois 
de  charpente.  Dans  son  voisinage,  l’Étrurie  lui  fournissait 
presque  toutes  les  grandes  et  belles  poutres  qu’elle  em¬ 
ployait  à  la  construction  de  ses  maisons12  (si?  xàç  oixo- 


;  Pise  était  un  des  marchés  où  elle  s’approvision¬ 
nait  vers  le  premier  siècle  de  notre  ère 13.  Dans  la  Ligurie 
elle  trouvait,  à  Genua  (Gênes),  de  grands  arbres  pour  les 
constructions  navales;  il  y  avait  aussi  dans  ce  pays  des 
bois  veinés  qui  pouvaient  rivaliser  avec  le  thuya14.  Mais 
il  semble  que  pour  sa  marine,  au  moins  aux  environs  de 
1ère  chrétienne,  elle  se  soit  adressée  à  l’Orient  et  ait  été 
chercher  en  Mysie  les  bois  de  l’Ida,  dont  le  grand  marché, 
pour  ainsi  dire  le  chantier  (uAoxdpuov),  selon  l’expression 
deStrabon16,  était  la  ville  d’Aspanée  (’Affitavsûç),  sur  le 
golfe d’Adramyttion  ;  et  ceux  de  la  région  du  Pont,  surtout 
du  territoire  de  Sinope,  car,  de  ce  côté,  toute  la  chaîne  de 
montagnes  parallèle  à  la  mer  jusqu’à  la  Bithynie  abondait 
en  bois  excellents  pour  les  constructions  navales;  on  y 
trouvait  en  outre  l’érable  et  un  arbre  que  Strabon  appelle 
opoxctpuov,  donton  faisait  des  tables16.  Alfred  Jacob. 

MATEIUARIUS.  —  Marchand  de  bois  en  gros1.  Il  est 
probable  que  ces  négociants  importaient  le  bois  brut  et 
1  apprêtaient  dans  leurs  chantiers  pour  les  diverses  indus¬ 
tries,  car  la  pierre  tombale  d’un  negotians  materiarius 
c  Horence  porte  gravées  une  hache,  une  équerre  et  une 
*cie  •  ^es  ouvriers  qui  travaillaient  pour  eux  à  débiter  le 
,0IS  appelaient  sectores  materiarum.  Une  inscription 


(lubur  :  '^1  Ij1  174  ’  Colum.  IV,  26,  1  ;  Scriptor.  Gcopon.  XI,  3,  4,  L’aubour 
tNiloo  m  /  l ' '■*n°  76),  eslun  arbre  des  Alpes  au  bois  blanc  et  dur,  nec 

_ 3  U  '  ) ' 1  :  '  appelle  aussi  le  cytise  des  Alpes.  —  *3  Yirg.  Georg.  II.  448. 

Vl1’  91  -  4  l'aus.  1,  21,  15.  -  6  Ilcrod.  Vil,  69.  -  «Cf.  Boeckh,  Éco- 
IV  5  ;  '  '9UC  des  Athéniens  (trad.  franc.),  1,  p.  168.  —  1  Tbeopbr.  llist.  plant. 

Jjmcyd.  IV,  108,  1  ;  Xcn.  Bell.  VI,  1,  11  ;  l)cm  XVII,  28  ;  XLIX,  26, 
9  Ocm.  XXI,  167  ;  cf.  Schol.  (éd.  Uidot),  p.  688  ad  p.  568,  14. 
K  j,  |  ’  "  ~  11  Andoc.  II,  Il  ;  cf.  Rangabé,  Antiq.  hell.  t.  1,  n"  57  A 
cherté  |*S  Pour  écrire  les  comptes  ont  coûté  une  drachme  chacune. 

“Uraa  élé  uause  de  l’extension  do  la  peinture  sur  argile1, 
'  111  orf i  cf.  Griecli.  und  Sicil.  Vasenbild.  I,  p.  13.  —  12  Strab.  V,  p.  222. 


&37i  MX,  205.  J\ 


■10I)cni.  XL.II,  7.  _7,“ 


trouvéeà  Aquilée  mentionne  une  offrande  fai  te  au  dieu  Si  I  - 
vain  par  les  sectores  materiarum  de  cette  ville3.  Peut-être 
des  négociants  ou  des  industriels  s’étaient-ilsfait  une  spé¬ 
cialité  de  la  vente  de  certains  bois  ou  delà  fabrication  de  cer¬ 
tains  objets,  comme  paraissent  l’indiquer  les  expressions 
abietaria  negotia 4  et clavarii  materiarii 6.  Alfred  Jacob. 

MATHALIS  (MaOaAtç  ou  utaOaAAîç). —  Nom  de  vase,  qui 
n’est  mentionné  qu’une  fois '.On  l’assimile  à  une  mesure 
comme  le  cyatuus;  suivant  d’autres,  il  ressemblerait  à 
une  coupe,  calix.  E.  P. 

MATHEMATICI.  —  Terme  employé  dans  le  langage 
courant,  d’où  il  a  passé  dans  les  textes  juridiques,  pour 
désigner  les  astrologues,  considérés  comme  les  mathé¬ 
maticiens  par  excellence. 

Ce  mot,  qui  s’est  prêté  à  des  déviations  sémantiques 
sans  que  son  sens  primitif  se  soit  jamais  oblitéré,  est  né 
dans  l’école  de  Pythagore.  On  dit  que  Pythagore  faisait 
passer  ses  disciples  par  un  noviciat  qui  leur  imposait  la 
règle  du  silence  :  les  néophytes  écoutaient  (ixouffxixot), 
sans  avoir  le  droit  de  poser  des  questions.  Cette  première 
étape  franchie,  ils  devenaient  disciples  ou  apprentis 
(g.a0T||Aax’.xoi).  Leurs  études  terminées,  ils  étaient  en 
possession  delà  science  de  la  nature  («puaixof)  '. 

La  philosophie  pythagoricienne  fondant  sa  physique 
et  sa  métaphysique  sur  la  science  des  nombres,  qui 
étaient  pour  elle  l’essence  des  choses,  c’est  cette  science 
des  nombres  qui  était  le  pi0-r||i.a,  les  g.a0r,|i.aTa,  la  u.a0T,u.x- 
XIX7)  (xéyv-q).  Le  mot  vague  de  «  chose  à  apprendre  »  reçut 
ainsi  de  l’école  un  sens  limitatif,  qui  s’est  conservé  dans 
toutes  les  acceptions,  plus  limitées  encore,  qu'il  a  pu 
recevoir  par  la  suite.  Il  n’y  eut  de  «  mathématiques  »  que 
les  connaissances  reposant  en  dernière  analyse  sur  la 
science  des  nombres.  Pour  les  savants,  les  mathéma¬ 
tiques  comprenaient  Y  arithmétique  [arithmetica]  ou 
science  abstraite  des  rapports  numériques,  et  l’application 
de  ces  rapports  àl’espace,  application  connue  sous  le  nom 
accidentel  et  insuffisant  de  géométrie  [geometria].  Les 
pythagoriciens  et  platoniciens  y  faisaient  entrer  aussi  la 
musique  [musica],  dont  le  vulgaire  ne  connaîtque  les  effets 
sensibles,  et  qui  se  résout  pour  l’intelligence  en  une  suc¬ 
cession  ou  combinaison  de  rapports  numériques,  causes 
réelles  de  1’  «  harmonie  ».  Le  monde  étant  pour  eux  une 
construction  harmonique  dans  laquelle  les  distances 
respectives  des  orbes  célestes  au  centre  représentent  les 
intervalles  musicaux,  Yastronomie  [astronomia]  avait 
tous  les  droits  possibles  au  titre  de  science  mathéma¬ 
tique.  Il  est  aisé  de  comprendre  que  le  langage  courant 
le  lui  ait  donné  et  l’ait  appliqué  ensuite  à  ce  qui,  des 
siècles  durant,  parut  être  le  but  ultime  et  le  résultat 
pratique  de  cette  science,  c'est-à-dire  à  la  divination 
aujourd’hui  dénommée  astrologie  judiciaire  ou  simple¬ 
ment  astrologie. 

Lorsque  cette  méthode  divinatoire  fut  importée  de 
l’Orient  en  Grèce,  il  y  avait  longtemps  déjà  que  l’étude 

13  ld.  V,  p.  223.  _ *4  Id.  IV,  p.  202.  —  1:>  id.  XIII,  p.  606.  —  16  Id.  XII,  p.  546 

MATERIARIUS.  l  Plaut.  Mil.  ; y/or.  III,  3,  45,  v.  920  (915)  ;  ici  fournisseur  pour 
construction  navale.  —  -  Orelli,  lnscr.  lat.  coll.  4248  ;  cf.  Gori,  Inscript.  Etrusc 
III,  p.  142,  n»  172;  Marquardt,  Vie  privée  des  Boni.  (trad.  franç.),  t.  11,  p.  378; 
Blümncr,  Technologie  und  Terminologie,  II,  p.  242.  —  3  Coi-p.  inscr.  lat.  V,  815  ; 
cf.  Thédenat,  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  1886,  p.  198.  —  4  Paul. 
Diac.  p.  23,  6,  éd.  Lindemann.  —  5  Orelli,  Op.  cit.  4164.  Marquardt  pense  que  le 
commerce  des  bois  h  brûler  et  celui  des  bois  exotiques  à  l'usage  des  menuisiers  et 
des  ébénistes  furent  des  spécialités  distinctes  (V’ic  privée,  t.  II,  p.  379). 
MATHALIS.  1  Athcn.  XI,  p.  487.  C;  cf.  Uesych.  s.  v. 

MATHEMATICI.  1  Goll.I,  9  ;  Porphyr.  Vit.  Pytli.  37  ;  lamblich.  Vif.  Pijth.  81, 87 


MAT 


—  1034  — 


scientifique  des  astres,  —  c’est-à-dire  de  leur  répartition 
sur  la  voûte  céleste  pour  les  étoiles  fixes,  de  leurs  mou¬ 
vements  propres  pour  les  planètes  et  les  «  flambeaux  » 
1  émulateurs  des  heures,  jours,  mois  et  années,  —  préoc¬ 
cupait  les  «philosophes»,  et  que  cette  science  encombrée 
d  hypothèses  sur  la  nature,  les  distances  et  grosseurs  pro¬ 
bables  des  corps  célestes,  portait  indifféremment  le  nom 
d  aarpovogta  ou  àffrpoAoyi'a.  Le  mot  aarpovogia,  peut-être 
antt rieur  a  1  autre  ,  mais  moins  intelligible  et  même 
entaché  d’impropriété,  fut  le  moins  employé  des  deux  ; 
mais  l’un  et  l’autre  restèrent  parfaitement  synonymes! 
même  après  que  l'astronomie  se  fut  surchargée  d’astro¬ 
logie  2  [astronomia],  Il  y  eut  bien  quelques  tentatives  faites 
pour  distinguer  les  deux  termes  et  pour  réserver  l’un  à 
1  astronomie,  1  autre  à  1  astrologie,  mais  l'usage  n'en  tint 
dut  un  compte  ,  et,  au  surplus,  ceux  qui  voulaient  distin¬ 
guer  ne  s  entendaient  pas  sur  le  choix  du  sens  à  donner  à 
l’un  ou  à  1  autre  terme.  A  Rome,  lesastrologuesfurenttout 
d  abord  désignés  par  l’étiquette  générique  de  chaldaei, 
employée  par  Caton2  et  dans  l’édit  de  Cn.  Cornélius 
Hispallus (  139  av.  J.-C.)4.  Lucrèce  distingue:  il  appelle 
les  astronomes  astrologi,  par  opposition  aux  Chaldaei  ou 
astrologues5.  Cicéron  de  même:  mais  il  emploie  aussi, 
indifféremment  et  à  quelques  lignes  de  distance,  astro- 
logi  pour  désigner  astronomes  et  astrologues6.  Manilius 
intitule  son  traité  d’astrologie  Astronomica.  Sénèque  a 
encore  une  idée  très  nette  de  la  différence  qui  sépare  les 
théories  météorologiques  et  divinatoires  des  Chaldaei 1 
de  la  science  exacte,  apparentée  à  la  géométrie,  qu’il 
appelle  astronomia 8  ;  mais  il  lui  arrive  d’appeler  ma- 
thematici  et  ceux  qui  mesurent  la  grandeur  ou  la  course 
des  astres 0  et  les  devins  qui  s’en  sont  servis  pour  prédire 
la  mort  de  Claude 10.  Pline  emploie  Chaldaei  au  sens 
ethnique  et  appelle  astrologia  tout  ce  qui  concerne  la  con¬ 
naissance  des  astres  (sideralis  scientia ) 11  ;  mais  il  entend 
par  mathematicae  artes  la  divination  par  les  astres12.  Les 
historiens,  comme  Tacite,  Suétone,  et  Juvénal  à  leur 
exemple,  ne  s’occupent  que  des  astrologues,  qu’ils  appel¬ 
lent,  suivant  l’usage  désormais  établi,  tantôt  Chaldaei 
et  tantôt  mathematici.  Même  synonymie  dans  les  textes 
juridiques  du  Haut  et  du  Bas-Empire.  Les  deux  qualifi¬ 
catifs,  Chaldaei  et  mathematici,  sont  parfois  juxtaposés, 
mais  forment  redondance,  et  non  distinction.  On  ne  con¬ 
fondait  pas  encore  en  haut  lieu  les  Chaldéens  ou  mathé¬ 
maticiens  avec  les  viagi  et  les  malefici i3.  Mais  le  peuple 
ne  faisait  plus  guère  de  distinction14,  et  l’astrologie,  en 
recherchant  les  vertus  astrales  dans  les  minéraux,  végé¬ 
taux,  animaux,  en  composant  des  phylactères  et  des 
médicaments  imprégnés  de  ces  vertus  occultes,  s’était 
réellement  incorporée  à  la  magie  15  [magia], 

La  vogue  de  l’astrologie,  rattachée  aux  traditions 

1  C’est  Je  terme  employé  par  Aristopliane  ( Nub .  194-201),  Xénophon  [Mem. 

‘i  5)j  Platon,  avec  définition  :  èittoriqjAYi  iteçi  a<rrotov  te  oopa^  xat  evt«’jT<»v 
à<r:oovojua  xoùeï xai  ( Sympos .  p.  188  B).  Le  mot  est  impropre,  en  ce  sens  que 
1  àtfTjovéjAoç  ne  règle  pas  les  astres,  comme  I’oîxovôjjio;  gouverne  sa  maison.  —  2  Polybc 
(IX,  19),  qui  était  un  esprit  net,  entend  par  àffTpoAovi'a  l’astronomie,  et  par  p.a0r,jAa- 
T-.xo-:  les  géomètres.  -  3  Cat.  Agric.  5,  4.  —  *  Val.  Max.  I,  3,  3.  —  5  Lucret.  V,  727. 

—  6  Lie.  Divin.  II,  42-43;  cf.  Ad  Fam.  VI,  6,  7  [ut  augures  et  astrologi  soient). 

—  1  Senec.  Q.  Nat.  II,  32;  VII,  3,  28.  -  8  Senec.  Epist.  95,  9.  —  9  Sen.  Epist. 

88,  22-23.  10  ï>en.  Lud.  3,  2.  —  il  Bel  inventor  sideralis  scientiae  (PI in.  VI, 

§  121);  Chaldaei  (VI,  §§  123,  143,  145  ;  XVIII,  215,  269  ;  XXXVII,  100,  181).  —  12  pljn. 
XXX,  2  ;  cf.  la  mathematica  ephemeris  utilisée  en  médecine  (XXIX,  9).  —  13  Les 
devins  peuvent  être  punis  de  mort  (Paul.  Sent.  V,  21,  3)  ;  mais  les  magi  vivi  exu- 
runtur  (\  ,  23,  1  <)•  1+  Cf.  le  titre  Cod.  Theod.  IX,  16  [De  maleficis  et  mathema- 

ticis  et  ceteris  similibus).  On  lit  dans  une  ordonnance  de  357  :  Chaldaei  ac  magi 
et  cet  en,  quos  maleficos  ob  facinorum  magnitudinem  vulgus  appellat  (IX,  16,  4). 

—  15  Pline  (XXX,  §  2)  constate  déjà  que  la  magie  s’est  combinée  avec  l’astrologie 


MAT 


égyptiennes  par  les  auteurs 
Néchepso  et  Pétosiris,  tendit  à 


cachés  sous 


à  éliminer  p<>u?.n"ms  ,le 

i  '  ..  d  Dhii  .1. 


le  cercle  des  connaisseurs,  l’appel]atïnrU  “  peu>  da«s 
Chaldaei  et  à  faire  prévaloir  l’étiquette  '  I,0pulaire  <3 
thematici.  L’astrologie  devint  la  mathe s-//"  <!  '*l!  nia' 

et  c’est  le  titre  que  porte  l’indigeste  comE*0611^' 
du  nom  de  Firmicus  Maternus.  Mais  cet T 
fondée  sur  la  méthode,  ne  fit  nullement  ri  _tion- 


définitions  réelles  contenues  dans  les 


disparaître  lys 
mots  astrolon 


astrologi 

Les  Grecs,  qui  disposaient  d 
qui  s’en  servaient  parfois  pour  distinguer  lesdivërs,. 


'!/% 


;’,m  ample  vocabulaire  et 


t'es  de  la  science  astrologique,  -  àotpoW,  0u  L 
proprement  dite  (étude  des  corps  célestes  à*ox ù  ^ 
(calcul  divinatoire),  avec  ses  deux  méthodes  nrinT?^ 
la  ysveQXiaXoyta  et  les  xoaapyod,  -  les  Grecs  dis  i,.  Ï ^ 
jamais  nettement  distingué  entre  l’astrologie  ' et  lC 
nonne,  ni  réservé  à  l’une  ou  à  l’autre  le  titre  accessoire 
de  gaeTjgaTtxT)  ou  [MiOir^ç.  C’est  probablement  un  ;KrnJ 
logue  que  Philon  désigne  par  «  un  astronome  de  ceux 
qui  s’occupent  de  mathématiques 16  ».  Strabon  s’èstcepen 
dant  efforcé  de  réserver  les  termes  àtrrpovogt'a,  «5Tpov^t 
affxpovogixot,  aux  astronomes  proprement  dits17,  et  celui 
de  gocô-r^a-rixoi'  aux  mathématiciens 18  ;  quand  il  fait  une 
allusion  en  passant  aux  astrologues,  il  les  appelle  des 
«  astronomes  qui  prétendent  aussi  faire  de  la  généthlia- 
logie  ».  Il  est  ihême  bien  aise,  à  ce  propos,  d’apprendre  à 
ses  lecteurs  que  les  vrais  «  Chaldéens  »  sont,  pour  la 
plupart,  des  astronomes,  et  que  les  astrologues  sont  chez 
eux  l’exception19.  Plutarque  ne  s’impose  aucune  règle: 
ses  àaTpoXôyoc  et  pexO-ripiaTixot  sont,  suivant  les  cas,  des 
astronomes,  des  astrologues  ou  des  mathématiciens. 
Sextus  Empiricus,  s’attaquant  aux  mathématiques  ou 
sciences  exactes  en  général,  distingue  àoTpoXoytav 
p.a07]p.aTix7]'v,  c’est-à-dire  l’astrologie,  de  la  science  d’un 
Eudoxe  ou  d’un  Ilipparque,  v)v  ov)  xat  à^rpovo piav  tivèç 
xaXoüfft 20  ;  mais  il  constate  du  même  coup  que  peu  de 
gens  (tivèç)  faisaient  cette  distinction.  Enfin,  il  se  laisse 
imposer  par  l’usage  la  synonymie  XaXoodoi  et  pOr^a- 
Tixoi21.  Le  grand  ouvrage  astronomique  de  Ptolémée  porte 
le  titre  de  M«0Y,p.aTix7)  cdvTodjtç,  et  le  même  auteur  semble 
éviter,  dans  sa  Tétrabible  astrologique,  de  séparer 
l’astrologie  de  l’astronomie  en  lui  donnant  un  litre  à 
part.  Il  la  définit  :  «  prévisions  fondées  sur  l’astronomie  » 
(Si  ’àarpovopuaç  7tpoyvüj<7Tcxx)  22. 

Il  est  inutile  de  pousser  plus  loin  la  statistique  des 
vocables.  Tous  les  textes  qui  parlent  de  l’astrologie, 
depuis  les  Philosophumena  jusqu’aux  compilations  by¬ 
zantines  dont  de  vaillants  érudits  ont  commencé  I  imen- 1 
taire  23,  emploient  presque  indifféremment  cornait 
synonymes  les  termes  précités,  avec  des  variantes  anal)  j 

( miscuisse  mathematicas  artes).  —  16  Philon.  De  mundo,  43.  —  11  Slrab.  jt  1  ■  ^  1 

XVI,  p.  739;  XVII,  p.  816.  11  ne  s'interdit  pas  cependant  de  dire  que 
à<TTooAoYoi  (astronomes)  ont  appris  des  Egyptiens  la  durée  de  1  année 
p.  806).  -  «  Strab.  II,  p.  UO.  -  <9  Slrab.  XVI,  p.  739.  Parmi  ta  ( 

installés  en  BaLylonie,  dit-il,  toTj  XaXSaioiî  xpotraYoç£uo|iÉvi,iï, 01  *'•  , 

e!or  to  icAeov  *  icçotntotoGVtai  de'  tiveç  xat  y  e  v  e  0  A  i  a  a  o  a  e  t  v.  .  .  #(Jç  1 

astrol.  p.  337.  Dion  Cassius  (LXVI,  9)  dit  de  môme  que  Vespasicn  tou,  «  ■  t 
t,  -  9.  Cf.  Adv.  Math.  p.  214.  -  99  Ptolem  TetmU  ^  , 

—  23  Ajoutera  la  bibliographie  du  sujet,  qui  n avait  pu  1  "  1 

sant  dans  le  grand  ouvrage  de  K.  Krumbachcr,  Gesch .  ,lri  -l  çatalogns 
Littcratur ,  2e  Aufl.  München,  1897,  les  fascicules  suivant  ^  g0j^  w. 
codicum  astrotogorum  graecorum  entrepris  par  Fr.  LumonL^^^  j 
Kroll  et  A.  Olivieri.  I.  Codices  Florentinos  descr.  A.  Ohwcn,  *  Qodices 

Codices  Venetos  descr.  Guil.  Kroll  et  A.  Olivieri,  I  ><  1  >  j  joints  dos 
Alediolanenses  descr.  A.  Martini  et  D.  Bassi,  1901.  Au  CalahW 
Fragmenta  selecta. 


MAT 


—  1635  — 


MAT 


tiqii''s 


comme 


J  àffTpoXoYixïj  (/.â0v)<Tiç,  7)  TWV  XaXSatuv  |as0o5oî 


!  ou  T6/-Vï|’ 
etc. 


à<TTpovo[xt>tYi  gav-reta  ou  ota  atrrpovogtaç  7tpo 


r-,.;;;-  ja  synonymie  maintenue  entre  les  termes 

I  tn-  nus  âs'tpoXoYia  ou  àüxpovopua  et  gotO-rigaTooi,  avait 

PrinCI|l‘  ',,’mêine  plusieurs  raisons  d’être.  La  distinction 
ci  raison  ci  y 

’  fXoYt'a  et  àcrpovopua,  au  sens  de  science  des 
entre  ««P0A“7-  L;„tinnnûll(1 

/»nmmp  pIIp 

astres. 


m’  i lirait  pu  être  que  conventionnelle,  comme  elle 
Rien  dans  la  structure  des  deux 


I  l’pst  aujourd  hui 

||L;  iimite  l’étendue  de  cette  science.  L  astrologie 

Ifpinaloire  a  la  prétention  de  tourner  en  applications 
I  es  les  données  de  l’astronomie,  qu’elle  est  censée 
I Connaître  toute  et  en  perfection.  D’autre  part,  ces  appli¬ 
cations  sont  déterminées  par  des  constructions  géomé¬ 
triques  et  des  supputations  arithmétiques  qui  mettent  à 
contribution  tout  l’ensemble  des  mathématiques,  même 
et  surtout  des  mathématiques  pythagoriciennes,  spécu¬ 
lant  sur  les  propriétés  intrinsèques  et  vertus  occultes  des 
nombres2.  L’astrologie  divinatoire  est  issue  de  dogmes 
religieux,  que  l’on  retrouve  à  son  berceau,  en  Orient  ;  mais 
les  Grecs  ne  l’ont  connue  que  déjà  revêtue  d’un  masque 


scientifique,  et,  dans  les  trois  ou  quatre  siècles  qui  pré¬ 
cédèrent  la  renaissance  de  la  théosophie  (néo-pythagori¬ 
cienne  ou  néo-platonicienne),  ils  s’attachèrent  à  en 
éliminer  tout  alliage  mystique.  Les  astres  pouvaient 


toujours  être  appelés  divins  ou  même  dieux,  au  sens 
panlhéistique  du  mot  ;  mais  leur  action  sur  la  Terre  et 
ses  habitants  était  expliquée  par  leur  constitution  maté¬ 
rielle,  par  les  eflluves  de  leur  substance  entrant  en 
contact  harmonique  ou  en  antagonisme  avec  les  éléments 
contenus  dans  les  règnes  de  la  nature  terrestre,  effluves 
analysés  par  la  physique,  dirigés  par  les  lois  de  la 
géométrie  et  de  la  mécanique,  évalués  au  point  de  vue  de 
leur  intensité  par  des  calculs  relevant  de  l’arithmé¬ 
tique.  Physique,  arithmétique,  géométrie,  géodésie 
même  et  géographie,  celles-ci  intéressées  par  la  corres¬ 
pondance  établie  entre  les  zones  et  régions  terrestres, 
d’une  part,  et  les  planètes  et  signes,  d’autre  part  (choro- 
graphie  astrologique),  tout  cela  entrait  dans  l’énorme 
bagage  de  connaissances  que  les  astrologues  étaient 
censés  posséder  à  l’état  de  sciences  exactes.  Le  public 
leur  accordait  la  réputation  qu’il  leur  plut  de  prendre,  et 
b  a  est  pas  étonnant  que,  sans  leur  réserver,  à  l'exclu¬ 
sion  do  tous  autres,  le  titre  de  mathématiciens,  il  ait  vu 
en  eux  les  mathematici  par  excellence. 


A.  Bouché-Leclercq. 

Mires.  —  Quoique  l’idée  de  maternité  tienne  une 
aihǑ  place  dans  les  conceptions  religieuses  et  dans  les 
pratiques  du  culte  chez  les  Romains  [juno,  p.  084; 
«atronalia,  mater  matuta,  matralia,  etc.],  il  n’est  ques¬ 


tion  nulle  part,  dans  les  monuments  littéraires  de  la 
latinité  classique,  de  divinités  appelées  Mères  et  invo¬ 
quées  à  litre  collectif1.  Cependant  l'existence  de  celte 
classe  de  divinités  nous  est  attestée  par  des  inscriptions 
en  grand  nombre  (on  en  connaît  aujourd’hui  plus  de 
quatre  cents)  et  même  par  des  monuments  figurés,  la 
plupart  originaires  des  provinces  celtiques  ou  germa¬ 
niques,  les  autres  érigés  en  Italie  par  des  Celtes  ou  des 
Germains,  qui  y  ont  émigré  d’ordinaire  pour  cause  de 
service  militaire.  Les  inscriptions  se  compliquent  de 
vocables  et  de  formules  empruntés  aux  procédés  de  la 
piété  romaine;  les  représentations  plastiques  s’accom¬ 
modent  elles-mêmes  à  ceux  de  l’art  romain  ;  de  toute 
façon,  il  y  alà  des  documents  intéressants  pour  Lhistoire 
de  la  religion  romaine,  dans  ses  rapports  avec  celle  des 
peuples  conquis  2. 

La  recension  et  la  comparaison  des  textes  épigra¬ 
phiques  où  survit  le  culte  des  divinités  Mères ,  prouve 
qu’elles sontappeléesindifféremment,  suivant  les  régions, 
Maires  ou  Matrae  (avec  la  forme  matrabus),  Matronae 
(qui  a  donné  matronabus )  et  enfin  Mairae.  Matrae , 
Mairae  et  les  formes  spéciales  du  datif  appartiennent  à 
la  langue  populaire  3.  Mairae  a  été  contesté,  tant  qu’on 
n’en  connaissait  qu’un  seul  exemple,  de  lecture  douteuse. 
Mais  la  formeestsùre,  aujourd’hui  qu’il  en  a  été  découvert 
trois  autres,  tous  les  trois  dans  la  région  où  la  Gaule 
Belgique  confine  à  la  Lyonnaise,  dans  celle  de  Dijon  *. 
C’est  affaire  aux  linguistes  de  discuter  les  rapports  qui 
peuvent  exister  entre  Mairae ,  Matrae  et  Matres  ;  il  nous 
suffit  de  constater  que  ces  termes  désignent  des  person¬ 
nifications  identiques  et  que  Matronae  en  est  un  syno¬ 
nyme  s.  Le  plus  xrénérable  et  le  plus  fréquent  est  celui  de 
Matres  ;  seules  les  Matres  sont  nommées  augustae , 
épithète  qui  leur  donne  une  sorte  de  consécration  offi¬ 
cielle  ;  quelquefois  divae  ou  deae,  alors  que  divae 
Matronae  ne  se  rencontre  qu’une  seule  fois,  augustae 
ou  deae  Matronae  jamais6.  Cependant  le  caractère  divin 
des  unes  et  des  autres  ressort  de  ce  fait  que  toutes  éga¬ 
lement  sont  invoquées  à  côté  d’autres  dieux  romains, 
avec  Jupiter,  Mercure,  Neptune,  Minerve,  Bonn  Dea, 
Diane,  etc.  ;  avec  des  divinités  de  nom  indéterminé  ( dis 
deabusque ),  avec  des  génies  d’ordre  inférieur  comme 
Fortuna,  les  Junones,  les  Genii  proprement  dits7.  Dans 
certains  cas,  l’identité  des  Matres  et  des  Matronae  est 
garantie  parles  énumérations  où  elles  figurent  ensemble, 
sans  préoccupation  de  préséance,  par  leur  association 
avec  des  divinités  de  premier  rang8,  enfin  par  la  ressem¬ 
blance  générale  des  formules  d’invocation  et  de  dédicace. 
Il  faut  y  regarder  de  près  pour  s'apercevoir  qu’en  fait  les 
Matronae  sont  subordonnées  aux  Matres,  que  les  fonc- 


lo°ip  _  J]  |  A1’ -’ 1)  appelle  astronomia  la  science  de  Virgile,  exemple  d’astro- 

dcs  n  ,  "  saurait  être  question  ici  d'entreprendre  une  analyse  de  l’énorme  amas 

livres  ne  '  ’  Pr°Hlémes  astrologiques  :  c’est  une  tâche  à  laquelle  môme  de  gros 
"ATR Es  'T'"  *,as’C^'  '''  Fouché-Leclercq,  L'astrologie  grecque ,  Paris,  1899. 
Dtii  Y||  ,  '  "'Hcr-Jordan,  Roem.  Myth.  I,  56,  avec  la  note  2;  et  St-Aug.  Civ. 

R(itrihus\  |  "  '  '''eux  Pères  et  Mères  ( Dits  quibusdam  Patribus  et  deabus 

.inscript jons  h""'1  a  anciennes  divinités  des  lndigitamenta.  —  2  Voir  pour  les 
^aler-Malron  1  "luos,  Hôlder,  Altcelt.  Sprachschatz  aux  mots  Mairae ,  Matra- 
ont  puf,,  :  !"  '  H'  AG3,  470,  donnant  le  texte  complet  de  toutes  celles  qui 

Ratron enkidi  f*u  Corp.  iriser,  lat.  inclus;  M.  Ilim,  Der  Mütter-oder 

htm i/rtundrn  '  nUlt  Se’ne  ^enhnaeler  (dans  les  Jahrb.  des  Vereins  von  Alter- 
I*  texte.)  -  ,|u  ,  ^Aeinîonde,  Bonn,  1887,  avec  3  tables  et  17  reproductions  dans 
Hc  Rosclior  p  Hans  le  Lcxik.  der  griech.  und  roem.  Myth. 

L  encore UonclTs'  Hll‘  rePr°duit  en  substance  la  monographie  précédente, 

boiidg  et  ‘  Cotlectanea  antiqua,  t.  VII,  p.  209,  Tlie  deae  Matres,  Ma- 
ba  forme  Matrabus  est  particuliérement  fréquente  en  Fran¬ 


che-Comté;  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  5344,  5369,  5370,  5371,  5671  ;  aussi  en  Alsace  : 
Corp.  inscr.  rhen.  1903;  cf.  en  Lyonnaise,  XIII,  2498,  où  l'on  trouve  également  le 

datif  Mat  ris,  1758  â  65.  Mat  ronabus  est  plus  rare,  V,  3264,  4137, 4159,  etc. _ 4pour 

Mairae ,  voir  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  5478,  5G22,  5623,  et  Robert,  Epigr.  de  la  Mo¬ 
selle,  I,  p.  47  ;  tab.  V,  1,  où  l'auteur  proposait  de  lire  matrabvs,  le  texte  donnaut 
MAU  ABVS.—  6  La  synonymie  résulte  d'inscriptions  comme  :  matribus  sive  matronis, 
Epliem.épigr.  II,  p.  325  et  Corp.  inscr.  lat.  II,  suppI.  541 3  ;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  XIII. 
5158  et  Bonn.  Jahrb.  87,  p.  60.  —  6  p0ur  le  vocable  Augustae ,  voir  Corp.  inscr. 
lat.  XII,  1823,  1824,  1825,  1826,  2220,  2388,  2448,  2543;  XIII,  1758-1764,  etc.  ; 
cf.  Fl.  Vallentin,  Les  dieux  de  la  cité  des  Allobroges  (Rev.  celt.  1879,  p.  29); 
Corp.  inscr.  lat.  VII,  168,  221,  303,  319,  346,  559;  Ephem.  epigr.  Vil’  p.  320, 
n»  1017.  Pour  Divae  Matronae,  voir  Ibid.  V,  7228  ;  Sanctae,  Ibid.  5584.  —  7  Corp. 
inscr.  lat.  V,  3237  ,  5227  ,  5249  ,  5450,  5501,  0491,  6594;  VII,  260,  65G,  2436;  XIII, 
5158.  —  8  Cf.  chez  Mommsen,  Inscr.  H elv.  si"  211,  les  haches  d’airain  trouvées  â 
Thuu,  en  Suisse,  et  doiit  chacune  est  consacrée  à  une  divinité  spéciale,  aux  Matres 
cl  aux  Matronae. 


MAT 


—  11536  — 


MAT 


tiens  de  celles-ci  sont  plus  relevées  et  leur  pouvoir  d'une 
application  plus  compréhensive.  Au x  Maires  les  hommes 
s’adressent  plus  que  les  femmes  ;  et  les  Matronae  sem¬ 
blent  honorées  assez  souvent  dans  des  conjonctures  et 
pour  des  intérêts  particuliers  à  leur  sexe*. 

C.e  qu  elles  turent  au  juste  les  unes  et  les  autres,  nous 
I  apprenons  d  abord  par  les  pays  d’où  elles  sontoriginaires 
et  par  la  nationalité  de  ceux  qui,  en  pays  latin,  leur  adres¬ 
sent  des  hommages.  A  Rome,  la  religion  des  Maires 
ligure  parmi  les  cultes  pratiqués  par  les  équités singulares, 
garde  impériale  qui  se  recrutait  surtout  aux  bords  du 
liliin  et  du  Danube2:  sur  les  inscriptions  découvertes  au 
Latian,  où  ces  soldats  avaient  une  de  leurs  casernes, 
elles  sont  invoquées  comme  des  divinités  de  la  patrie 
absente.  Les  dédicants,  soldats  ou  officiers  de  grade  infé¬ 
rieur  (le  plus  élevé  en  grade  est  un  tribun) 3,  sont  mani¬ 
festement  des  étrangers  transplantés  dans  la  capitale.  De 
même  en  pays  latin,  les  adorateurs  des  Maires  ou  Matro- 
nae,  quand  ils  ne  sont  pas  des  soldats,  sont  des peregrini, 
marchands,  esclaves  ou  affranchis,  toujours  gens  de 
basse  condition,  quelquefois  des  femmes4.  Datés,  les 
monuments  modestes  qu  on  leur  élève  sont  à  placer  entre 
le  règne  de  Caligula  et  celui  de  Gordien  6  ;  c’est  le  11e  siècle 
qui  en  fournit  le  plus  grand  nombre.  Hors  de  lTtalie,  les 
inscriptions  sont  surtout  fréquentes  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin,  plus  rares  sur  la  rive  droite;  elles  se  multi¬ 
plient  à  mesure  que  l’on  descend  vers  la  Lyonnaise. 
Nombreuses  aux  pays  des  Voconces,  des  Allobroges,  dans 
la  Narbonnaise  orientale,  il  y  en  a  chez  les  Séquanes, 
les  Helvètes,  les  Lingons®.  Dans  tous  ces  pays  domine 
la  dénomination  de  Maires  ;  Matrona  au  contraire  est  de 
règle  dans  la  Gaule  transpadane,  exceptionnel  dans  la 
Gaule  proprement  dite,  très  fréquent  en  pays  germa¬ 
nique,  où  des  vocables  barbares,  au  sens  le  plus  souvent 
obscur,  le  déterminent7.  En  revanche,  la  Grande- 
Bretagne,  qui  nous  fournit  une  ample  moisson  d’hom¬ 
mages  aux  Mat  res,  semble  ignorer  les  Matronae 8,  alors 
que  1  Espagne,  qui  ne  connaît  pas  davantage  ces  der¬ 
nières,  ne  figure  que  pour  de  rares  documents  dans  la 
statistique  des  Maires  ;  mais  partout,  dans  ces  deux 
derniers  pays,  les  dédicants  sont  des  soldats  ou  des 
voyageurs  qui  ont  transporté  en  pays  étranger  un  culte 
de  leur  patrie.  Particularité  curieuse  :  l’Aquitaine  et  la 
partie  de  la  Narbonnaise  qui  l’avoisine  semblent  à  peu 
près  indifférentes,  aussi  bien  aux  Matronae  qu’aux 
Maires ,  comme  si  ces  provinces  étaient  purement 
romaines.  Cependant  si  en  Aquitaine  les  inscriptions 


sont  rares,  c’est  cette  province  qui  nous  f0ll  • 
monuments  figurés  dont  il  est  quesi  Ueux  ^ 
A  ce  point  de  vue,  une  épithète  caracté^^8  loin- 
de  transmarinae  que  donnent  aux  j/p  , /T® esl  m 
Dons  de  la  Grande-Bretagne,  afin  de  marnll* 

sont  vpnnpc  H  h  oAnil.A.in 

non 


sont  venues  du  continent10;  non^moîn  qT' qU'elles ï 
sont  les  hommages  aux  Mères  d’Italie  Z  V‘lnonstratifs 
Gaule,  de  Bretagne,  d’Afrique,  dont  te  a.itéurüT"?  * 
légionnaires  stationnés  à  l’étranger11  n  i  “  H 
généralisent  en  invoquant  les  déesses  qUes‘Uns 


lieae,  de  communes ,  de  matres  omnium 


à  utl’e  de  dmnes- 


doit  s’entendre  des  nations  que  les  Romai 


(jentium,  ce  qui 


barbares,  à  l’exclusion  des  Romains 


ns  appelaient 


eux-mêmes12.  p0ur 


le  surplus,  la  distribution  géographique  de  toutes  m 
inscriptions  en  général,  l’origine  de  ceux  qui  les  élève] 
la  ou  les  ont  menés  les  hasards  de  leurs  campagnes 
par-dessus  tout  le  grand  nombre  de  vocables  celtiml 

ou  germaniques  qui  diversifient  leur  personnalité  L 

permettent  de  ramener  la  religion  des  Mères  à  son  ber- 
ceau  ;  on  peut  hésiter  entre  la  Germanie  occidentale  et  la 
Gaule13.  L’opinion  la  plus  probable,  c’est  que  les  Maires 
sont  de  provenance  celtique  et  que  celles  qui  ont  l’allure 
germanique  ont  été  importées  sur  la  rive  droite  du  Rhin, 
puis  acclimatées  en  Germanie,  par  les  Celtes  qui  y  for¬ 
maient  un  élément  notable  de  la  population,  comme 
elles  ont  été  plus  tard  acclimatées  en  Italie  par  les  Ger¬ 
mains  et  les  Celtes  de  concert14.  L’adoption  devait  être 
d’autant  plus  aisée  que  les  Germains  aimaient  à  diviniser 
la  femme,  à  lui  accorder  l’intuition  prophétique  et  une 
influence  surnaturelle  dans  les  affaires  publiques  et 


privées15. 

Un  fait  qui  à  ce  point  de  vue  est  important,  c’est  que 
les  représentations  encore  subsistantes  des  Matres  ont 
toutes  été  trouvées  dans  les  pays  celtiques  ou  dans  des 
régions  de  Germanie  et  d’Italie  que  les  Celtes  avaient 
occupées  par  immigration  ou  conquête16.  Toutes  aussi 
ont  subi  l’influence  de  l’art  romain  pour  l’ordonnance 
générale  des  monuments  et  pour  le  choix  des  attributs 
qui  rendent  les  divinités  reconnaissables.  Celles-ci  y  sont 
d’ordinaire  groupées  en  triade,  ce  qui  les  a  fait  identifier, 
dans  l’antiquité  déjà,  avec  les  trois  Parques  ou  fata, 
auxquelles  elles  ressemblent  à.  d’autres  égards1',  des 
pour  cela  que  des  mythologues  modernes  les  ont  rappro¬ 
chées  des  Nornes  de  la  légende  germanique  et  leur  on 
donné  la  même  origine  ;  d’autres  même  ont  voulu  \  voir 
la  personnification  des  trois  Gaules18.  Toutefois  u  nom 
parait  pas  exclusif  d’autres  groupement-.  >J11S 


bre  ne 


*  Pour  les  inscriptions  d’origine  sûrement  celtique,  il  en  existe  1  sur  3 
( Mairae ),  8  sur  88  ( Matres ),  12  sur  GO  ( Matronae )  qui  sont  dédiées  par  des 
femmes.  Voir  Hôlder,  Altcelt.  Sprachschat  z  à  ces  mots.  Les  dédicaces  aux  Matres 
émanent  la  plupart  de  soldats.  —  2  Henzen,  Ann.  dell'  Istii.  p.  235  s.;  Bail.  d. 
commiss.  archeol.  189 i ,  p.  284;  cf.  S.  Reinach,  Epona,  Rev.  arch.  1895, -p.  323  s.  ; 
équités  singulares,  p.  790.  —  3  De  Boissieu,  Inscr.  de  Lyon,  p.  59;  Corp.  inscr. 
lat.  XIII,  17G6.  Un  décurion,  VII,  221  ;  un  centurion  primipilaire,  Ibid.  887  ;  un 


sxgnifer ,  915;  un  benrficiarias  consularis,  5;  un  praefectas  pagi ,  1307.  —  4  Voir 
surtout  les  inscriptions  de  la  Gaule  transpadane,  chez  Hôlder,  Op.  cit.  p.  471. 
A  Pallanza,  l’auteur  est  un  affranchi;  Corp.  inscr.  lat.\,  6641  ;  cf.  Archaeo- 
logia,  4G,  l,  p.  173.  —  5  La  plus  récente  avec  date,  Corp.  inscr.  lat.  VII,  510. 

\  oir  Haverfield,  The  Mother  goddesses,  avec  illustrations  et  carte  ( Archaeo - 
togia  Aeliana ,  1892,  p.  314  s.)  ;  etM.  Ihm,  Der  Matronenlcultus,  p.  15  s.  et passim; 
Corp.  inscr.  lat.  XIII,  n°  1757  à  1766;  cf.  avec  les  inscriptions  citées  plus  haut,  V, 
6641.  \  oir  aussi  Grienberger,  Niederrheinische  Matronen  (. Eranos  Vindobonen- 
sis,  1893,  p.  253  s.)  el  chez  Ihm,  Op.  cit.  les  n°*  109,  120,  175,  176  ;  Flor.  Vallentin, 
Cjp.  cit.;  Castan,  Les  déesses  mères  en  Séquanie  [Rev.  arch.  1875,  p.  171);  Ihm, 
chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  2473.  —  7  Voir  Ihm,  Matronenkultus,  p.  32;  et  Matres, 
Op.  cit.  p.  2467;  cf.  Siebourg.  Westdeutsche  Zeitschr.  1888,  p.  115,  et  Christ, 
Bonn.  Jahrb.  85,  p.  159.  Sur  ces  vocables,  voir  H.  Kern,  Noms  germaniques  dans 


,  m.i  .  \  __  s  Uoltlcr, 

es  inscr.  latines  du  Rhin  inférieur  (Rev.  celt.  137-*,  p.  ^ 

L Itcelt.  Sprachschatz ,  p.  463,  464.  —  9  V.  de  la  Ménardiôn ... .  ^  499,  994, 

Hctons,  Poitiers  1881,  p.  143.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  VU,  ,!l  ’  . 

ïphem.  epigr.  VII,  1018.  —  H  Ibid.  VII,  5,  238;  cf.  1094.  I  oui  ,  Optim¬ 
iser.  lat.  VIII,  2635,  10  760.  - 12  Ibid.  VII,  915,  939.  Pour  communes,  ^  ^ 
pigr.  VII,  322,  n»  1032  et  p.  320,  no  1017  ;  cf.  The  Academy,  l88  2  "  f“|t  partje 
mnium  gentium,  Corp.  inscr.  lat.  VII,  887.  L  épithète  Je  \iyth.  p-  ^ 

une  invocation  ;  pro  sainte  decuriae.  —  13  Simrock,  eu  s  ^  \0rncs. 
Ie  éd.),  croit  à  une  origine  germanique  et  identifie  les  Matxe  ^  \oir  aussi 
-  H  Ihm,  Op.  cit.  p.  34  s.  p.  80  s.  et  Matres,  chez  Roscher,  P-  p  3^  Un 

Arbois  de  Jubainville,  Rev.  celt.  1892,  p.  284,  et  S.  Reinac  >^ueSde  Nîmei 
ocument  intéressant  et  très  controversé  est  l’inscription  en  h 1,1 1  , f.,,-ovh.  '°'r 

Zorp.  inscr.  lat.  XII,  383)  :  MatpeSo  NajAauo-ixaSo  (INemausi  ^  ^ 

Arbois  de  Jubainville,  Rev.  celt.  1890,  p.  250  et  Ihm,  L.  <  ■  ^  v()jr  ||mi ,0p-c^‘ 

1.  Vallentin,  Op.  cit.  p.  26.  -  10  Pour  ces  monumentsen  gén  ra  ,  ^  ^  M 
pour  le  principal  d’entre  eux,  celui  que  nous  commentons^  ^  (7  [(  y  a  (i,si.is- 
176,  p.  61  ;  Baumcister,  Denkm.  des  klass.  Alterth.  Ij  P-  ^  Jg  y0jr  supr^  cl 
iptions  :  matribus  farcis,  Corp.  inscr.  lat.  VII,  •*  ^ j 

•rgk,  Westdeutsche  Zeitschr.  1,  p,  148  ;  cf.  Ihm,  chez  B  ose  1  ^  (j<;3  Grecs, 

également  assimilé  les  trois  Mères  aux  horak  de  la  pi  i,,l'|i 


MAT 


1637  — 


MAT 


!'■ 


.acier  d’un  l»as',rl"' 

tiennent  par 


q  d’Avigliana  sur  lequel  cinq  femmes 
la  main  en  dansant,  au-dessus  d’une 


s- A. 


)i  ,  V 

A 

r;\"î-  sTm.'cx 

’C/ji  j  \A 

fj„  4857. _ Décsses-méres  de  Foi  tiers . 


sur  leurs  genoux 


sont 


se  ueu»0*-  *  invocation  aux  Maires ,  les¬ 

quelles  ne  sont  pas  sûrement 
ces  femmes1,  il  est  question 
ailleurs  de  divinités  analo¬ 
gues  aux  Matres,  groupées 
par  deux2.  Nous  reprodui¬ 
sons  ici  un  monument  encore 
unique  dans  son  genre  qui, 
trouvé  dans  le  sol  de  la  ville 
de  Poitiers,  représente  les 
Maires  groupées  par  deux 
sur  une  sorte  de  chaise  cu- 
rule  ;  une  corne  d’abondance 
est  placée  entre  les  deux  et 
déposés  des  fruits  comme 

attributs  caractéristiques  3  (fig.  4837).  Et  enfin,  il  n’y  a 
aucune  témérité  à  interpréter  comme 
des  Matres  ou  Matronae  indivi¬ 
duelles,  des  figurines  en  terre  cuite, 
IW  la  plupart  découvertes  en  Gaule,  qui 

V  représentent  des  femmes  assises,  dans 
l’attitude  et  avec  le  costume  de  celles 
qui  sont  groupées  ailleurs  par  triade, 
et  portant  dans  la  main  ou  une 
pomme,  symbole  de  leur  action  bien¬ 
faisante  et  fécondante,  ou  la  corne 
d’abondance4.  Tel  est  le  cas  de  la 
figurine,  encore  inédite,  qui  a  été 
trouvée  récemment  à  Angoulème  et 
dans  laquelle  on  a  voulu  voir  quel¬ 
que  divinité  égyptienne,  opinion  aus¬ 
sitôt  abandonnée  que  formulée  :  nous 
estimons  qu’elle  doit  ctre  cataloguée 
également  parmi  les  Matres 0  vfig.  4858). 

;  Cependant  c’est  le  groupement  par  trois  qui  nous 
fournit  la  représentation  caractéristique  des  Matres  ou 
Matronae ;  et  parmi  les  monuments  qui  nous  les  présen¬ 
tent  ainsi,  le  plus  remarquable  estla  niche  trouvée  en  1875 
dans  le  duché  de  Juliers  en  Prusse  rhénane,  aujourd’hui 
placée  au  musée  de  Mannheim  (fig.  4859).  Elle  porte 
inscription  :  matrones)  cESAiEN(is)  m,  JUL(ius)  valen- 
Tlxus  ET  JlUA  Justin  a  ex  imperio  ipsarum  L(ibentes) 
M(ento  .  Le  vocable  Cesaienae  ou  Gesaienae  reste  obscur  ; 
acile  cite  un  Julius  Valentinus  parmi  les  chefs  du  soli¬ 
dement  des  Bataves  en  70  ap.  J. -G. 6,  mais  le  nom  est  fré- 
qutnl  dans  cette  région.  L’inscription,  en  grandes  capi- 
u  es’  î,0,|lienl  la  niche  où  les  Matronae  sont  assises  sur 
UDC  art(I aette  à  dossier,  munie  de  coussins  et  dont  les 


Fig.  4858.—  Décsse-mèrc 
d' Angoulème. 


bras  sont  sculptés  en  forme  de  dauphins1.  En  chapiteau 
corinthien,  sculpté  à  plat,  est  censé  soutenir  par  le  milieu 
1  entablement;  extérieurement,  surchacun  des  flancs,  sont 
représentés  en  haut  relief  deux  personnages,  dans  la  tenue 


etavec  les  attri¬ 
buts  des  sacrifi¬ 
cateurs^  droite 
un  homme  en 
tunique  courte, 
à  gauche  une 
femme  vêtue 
d’une  longue 
robe  transpa¬ 
rente.  Les  dées¬ 
ses  sont  as¬ 
sises,  drapées 
dans  d’amples 
et  épais  vête¬ 
ments,  un  man¬ 
teau  recouvrant 
la  robe  qui 
tombe  jus¬ 
qu’aux  pieds  : 
sur  leurs  ge¬ 
noux  elles  por¬ 
tent  des  pa¬ 
niers  où  sont 
placés  des 
fruits  ;  celle  de 

gauche  appuie  familièrement  la  main  droite  sur  le  bras 
de  sa  voisine;  celle-ci,  qui  occupe  le  milieu,  est  tète  nue, 


Fig.  4859.  —  Déesses- nicres  de  Mannheim. 


de  taille  plus  petite;  les  deux  autres  sont  coiffées  de  bon¬ 
nets  dont  les  bords  s’élargissent  en  turbans  et  que  certains 
interprètes  ont  pris  à  tort  pour  des  auréoles8.  On 
retrouve  la  même  coiffure  sur  un  monument  de  facture 
grossière  qui  est  originaire  de  Mümling-Crumbach  '  ;  ici 
encore  la  figure  du  milieu  est  tète  nue,  mais  de  taille 
plus  grande  que  ses  compagnes  et  placée  sur  un  siège 
plus  élevé.  Un  bas-relief  de  Londres,  dont  la  partie  infe¬ 
rieure  seule  subsiste,  offre  la  même  disposition,  avec 
traces  du  même  costume  et  sur  les  genoux  des  divinités 
les  mêmes  paniers  remplis  de  fruits10.  Lyon  possède  une 
niche  analogue  où  les  Matres ,  surnommées  Augustae 
par  l’inscription  votive,  sont  coiffées  simplement  de  leurs 
cheveux  roulés  en  bandeaux  épais;  celle  du  milieu  tient 
une  corne  d'abondance  de  la  main  gauche  et  une  patère  de 
la  droite  ;  toutes  les  trois  portent  des  fruits  dans  les  plis  de 
leurs  robes11  (fig.  4860).  Si  l’on  veut  bien  remarquer  que 
nulle  part  les  inscriptions  ne  mentionnent  les  Matres  ou 
Matronae  comme  allant  par  trois,  on  est  fondé  à  croire 


Garucn  i  P'  et  Ihm,  Matronenkultus,  p.  48,  114,  n°  35;  cf. 

[®77>  p  ’  ->91  "  rc^'  London,  15  avril  1869,  et  Mowat,  dans  Mêlas  inc, 

Ltrcnt  <  c  soia  les  duae  Alaisiagiae  qui,  sans  être  nommées  matres, 

KJcalions  <'al,s  celle  caR'gorie,  comme  un  grand  nombre  de  person- 

seul  vocable  n"'CS  nu’rTle  nature,  toujours  nommées  au  pluriel  et  par  le 

2475,  eic_ 3a'JC  c"'Pse  du  nom  Matres.  Voir  Ihm,  chez  Roscher,  p.  2472, 

®°nunicnt  a  f.| .  "See  ^ e  ^ a  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  catal.  n°  92.  Le 
rom.,  p.  2co  ,  ■  1 0Produit  par  do  Caumont,  Abécédaire  d'Archéol.  in  gallo- 
4  sa  particularité*  *>&r  ^  *a  ^énardière,  Op.  cit.,  p.  15,  mais  sans  allusion 
}ou/oiSCJ  Parjs  (llus  cur*euse,  le  groupement  par  deux.  —  4  Tudot,  Figurines 
Rn.  histor  jgg-  cE  ^°nceaux,  Le  grand  Temple  du  Puy-de-Dôme, 

Angoull,.rUpj  ■  ~  6  ci.  Chauvet,  Hgpoth.  sur  une  statuette  antique, 

®*tlo-Romains  ai nolc  <lc  ■  Foucart,  p.  19.  11  semble  d’ailleurs  que  les 
limier  rang  a'vcr"  I  C0'a°n<lu  dans  un  même  typo’certaines  divinités  romaines  de 
tu*  91)  possède  un  0111-9  ^a^res  indigènes.  Le  Musée  des  Antiquaires  de  l’Ouest 
a"lcl  quadrangulairo  trouvé  aux  environs  de  Poitiers,  sur  lequel 


sont  grossièrement  sculptées  les  figures  de  Gérés,  Minerve,  Hercule  et  Apollon. 
Gérés  est  assise,  le  polos  en  tète  ;  sur  scs  genoux,  dans  les  plis  de  la  robe  sont 
déposés  des  fruits  ronds  et  la  main  gauche  tient  la  corne  d’aboudancc.  V.  de  Lon- 
guemar,  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires,  1862,  p.  22  s.  (avec  la  pl.  p.  44) 
qui  a  le  tort  d’appeler  cette  figure  une  Cybèle.  —  6  Tac.  Hist.  IV,  68-85. 
_  7  Nous  pensons,  avec  Bauineister,  L.  c.,  qu’il  n'y  a  aucun  rapport  mytho¬ 
logique  entre  ce  poisson  et  la  nature  des  Matres  représentées.  —  8  Voir 
Ihm,  Matronenkultus,  p.  45,  et  Stcphani,  Nimbus  und  Strahlenkrantz,  Mém. 
de  l'Acad.  de  Saint-Pétersb.  1859,  p.  76.  —  9  Bonn.  Jalirb.  83,  tab.  2,  1  , 
reproduit  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  2469.  —  *0  Bonn.  Jalirb.  Ibid.  p.  41,  et  Ihm, 
chez  Roscher,  Ibid.  2470.  Sur  un  bas-relief  trouvé  à  l'abbaye  de  St-Laurcnt 
de  Belley,  les  Mères  assises  au  nombre  de  trois  portent  sur  leurs  genoux  un  objet 
rond  que  l’on  peut  à  volonté  prendre  pour  une  miche  ou  pour  une  corbeille.  Corp. 
inscr.  lat.  XIII,  2498,  avec  la  dédicace  :  in  hokorem...  beàbvs...  siatrabvs. 

_ il  Boissieu,  Inscr.  de  Lyon,  p.  56;  reproduit  dans  Bonn.  Jalirb.  83,  p.  40,  et 

chez  Roscher,  L.  c.  p.  2469. 


206 


MAT 


1638  — 


MAT 


que  la  triade  est  une  sorte  de  synthèse  artistique  et  reli¬ 
gieuse  à  la  fois,  peut-être  imitée  de  celles  qui  sont 
usuelles  dans  la  religion  gréco-romaine  et  se  résolvant 
dans  l’idée  plus  générale  de  la  pluralité,  laquelle  est 

attestée  par  tous  les 
monuments  épigra¬ 
phiques  sans  excep¬ 
tion.  D’autres  mo¬ 
numents  varient  les 
attitudes,  en  ce  que  la 
figure  du  milieu  est 
représentée  debout  et 
les  deux  autres  as¬ 
sises,  ou  réciproque¬ 
ment,  sans  qu'il  y  ait 
lieu  de  voir  là  autre 
chose  que  des  fantaisies  artistiques  *. 

C’est  à  tort  que  M.  J.  Becker,  a  cru  pouvoir  démontrer 
«lue  les  figures  féminines  chevauchant  isolément  sur  des 
muletsou  des  ânes,  et  dont  un  nombre  assez  considérable 
a  été  découvert  en  pays  celtiques,  représentent  des  Maires 
individuelles,  pour  cette  raison  que  la  coiffure  quelque¬ 
fois,  la  corne  d'abondance  et  aussi  le  fruit  symbolique 
les  font  ressembler  aux  Matres 2.  Cette  opinion  n’est 
plus  défendable  aujourd’hui,  après  la  double  réfutation 
dont  elle  a  été  l’objet,  au  nom  à'Epona  par  M.  S.  Reinach, 
au  nom  des  Matres  par  M.  Ihm  qui  s’est  fait  l’historien 
en  titre  de  ces  dernières  divinités.  Ce  qui  d’ailleurs  n’est 
pas  douteux,  c’est  que  les  cultes  d 'Epona  et  des  Maires 
sont  pratiqués  dans  les  mêmes  lieux  et  que  leur  diffu¬ 
sion,  partie  du  même  berceau,  s’est  opérée  sous  l'influence 
d’une  piété  identique.  On  peut  s’en  convaincre  en  com¬ 
parant  les  deux  cartes  dressées,  l’une  par  M.  Ilaversfield 
pour  les  Matres-Matronae ,  l’autre  par  M.  S.  Reinach  pour 
Epona3.  De  plus,  les  Matres  sont  souvent  invoquées  de 
concert  avec  Epona  et  peut-être  même  associées  à  sa 
légende4;  ainsi  les  Mairae  sont  nommées  à  côté  d’Epona 
dans  une  inscription  du  pays  de  Dijon,  alors  que  les  Equi¬ 
tés  singulares  à  Rome  rendent  des  hommages  communs 
à  la  protectrice  des  chevaux  et  aux  Matres  qui,  sous  le 
vocable  de  Suleviae  et  Campestres ,  sont  les  patronnes 
de  la  vie  militaire  et  les  gardiennes  du  camp  8.  A 
Bregenz,  sur  le  lac  de  Constance,  on  raconte  encore  la 
légende  d'Hergotha,  légende  dont  l'héroïne  est  Epona, 
qui  y  exerce  une  action  tutélaire  analogue  à  celle  des 
Maires  6. 

Deux  espèces  de  vocables  accompagnent  d’ordinaire  le 
titre  de  Matres  ou  de  Matronae ,  les  uns  latins,  peu 
nombreux  et  de  signification  assez  vague,  qui  nous 
permettraient  à  peine  par  eux-mêmes  de  déterminer 
leur  nature,  les  autres  latinisés,  mais  à  consonances 

1  Voir  llini,  AJatronenkultus,  p.  42  s.  et  art.  matres,  chez  Roscher,  L.  c.  p. 
2468  s.  —  2  Bonn.  Jahrb.  26,  p.  91  ;  cf.  S.  Reinach,  lie v.  arch.  1895,  p.  163  s.  [Epona). 
Les  figures  spécialement  visées  sont  celles  qui  représentent  Epona  ou  avec  la  pomme 
(Reinach,  n«  52,  p.  185),  ou  avec  des  enfants  [Ibid.  p.  193),  ou  celles  de  beaucoup  les 
plus  fréquentes  qui  lui  donnent  la  corne  d’abondance  [Ibid.  n°  38,  p.  178;  n®  33, 
p:  179,  etc.).  Peut-être  Epona  était-elle  nommée  Mater  ou  Matrona ;  voir  l’inscr.  de 
Soleure,  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  5170  ;  Orelli,  402.  —  3  Voir  la  carte  de  M.  S.  Reinach, 
Op.cit.  p.  327,  et  celle  d  llaversfield,  Op.  cit.  in  fine.  —  4  Corp.  inscr.  lat.  X 11  1, 
o622;  voir  Reinach,  L.  c.  p.  323  s.;  llirn,  Matronenkultus ,  p.  80,  et  Mommsen, 
\\  estdeutsche  Zeitschr.  1886,  p.  125.  —  o  Voir  le  tableau  complet  des  divinités  invo¬ 
quées  avec  Epona  sur  les  inscriptions  des  équités  singulares (Henzcn,  Ann.  d.  Instit. 
1883),  ap.  Reinach,  p.  324.  —  6  S.  Reinach,  Op.  cit.  p.  187,  avec  la  figure  n°  59  ;  et 
Becker,  Jahrb.  (1er  Allertumsfreunde  im  Itheinlande.XX. I,p.  182.  —  7  Voir  la  liste 
de  ces  vocables  exotiques  latinisés,  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  2478  s.  —  »  Voir  H. 
Kern,  Noms  germaniques,  etc.  (Rev.  cclt.  1874,  p.  153  s.).  —  9  Orelli,  5939  ;  Bram- 


ctdUques  ou  germaniques,  très  fréquents  , 
souvent  obscurs  et  livrés  aux  interm-éhi  S  le  |,llls  • 
conjecturales7.  Quelques-uns  cependant  ï.  ^  plüs 
noms  de  lieux  connus,  nous  fournissent  dès  in'?68  dls 
précises  ;  et  tous  ensemble  sont  suffisamment  ,  ?  ‘°ns 
pour  nous  faire  distinguer  deux  ordres  d’hf  ■  P  lciles 
inspiré  et  répandu  le  culte  de  ces  divinités  T  r  3)3111 
sont  redevables  de  leur  désignation  spéciale  h  fl 
lité,  tantôt  elles  les  tirent  d’une  qualité 


influence  surnaturelle 


'relie".  Nous  avons  déjà  cité  ci.7 
domesticae,  commune s,  maire,  omnium  ,2um. 


transmarinae  qui  impliquent  des  notions  g 


:eogi 


'uphiques 


et  ethniques.  D  autres  laissent  nettement  transirait 
quelque  bourgade  ou  pays  connu»,  comme  les  j/a,  ! 
Mahlineae  (Malines),  JVersihenae  (Neersem,  Vnca  h  J 

7ieAae(Wakelendorp),^;ômAenae(ElveniCh),(îerU(/a^al 

(Gironde),  Eburnicae  (Yvours),  N«gaTOxaSo=Ae»m J 
stcis  (Nîmes),  Afrae,  Britannae,  Britannicae ,  Brittae 
Gallae ,  Gallicae,  Italae,  Germanae,  Noricae,  Treveraè 
Suebae 10,  adjectifs  parfois  remplacés  par  des  génitifs  I 
possessifs  comme  Delmatarum,  Pannoniorum  qui  sont 
connus  ;  Ausuciatium ,  Braecorium,  Gallianathm, 
Masuonnum ,  etc.  (nous  ne  mentionnons  pas  ici  ceux 
qui  sont  germaniques),  d’interprétation  difficile  ou  con¬ 


jecturale11.  D’une  manière  générale,  on  peut  dire,  avec 
un  celtisant  autorisé,  qu’il  est  le  plus  souvent  impos¬ 
sible  de  voir  au  premier  abord  si  l’attribut  est  dérivé  d’un 
nom  de  lieu  ou  non.  «  Souvent  on  ne  sait  à  quelle  i 


langue  attribuer  certain  mot  latinisé,  mais  évidemment 


d  origine  non  latine.  Car,  tandis  qu’il  arrivait  quel¬ 
quefois  qu’un  étranger  rendait  hommage  aux  divinités 
de  sa  résidence  temporaire,  il  n’arrivait  pas  moins  sou¬ 
vent  que  l’un  ou  l’autre,  se  ressouvenant  loin  de  son 
pays  de  ses  dieux  tutélaires,  leur  consacrait  un  monu¬ 
ment  à  l’étranger  12.  » 

De  même  il  n’est  pas  douteux  que,  parmi  les  appella¬ 
tions  de  provenance  celtique  ou  germanique,  lion  nombre 
n’aient  eu  une  signification  morale 13  ;  mais  comme  les 


inguistes  sont  loin  d’être  d’accord  sur  leur  signification, 

les 


on  ne  sera  pas  surpris  que  nous  nous  bornions  a 
mentionner.  Nous  connaissons  celles  qui,  do  forme  latine 
et  classique,  ont  une  valeur  honorifique  ;  il  y  faut  ajouterj 
le  titre  de  Dominae^ .  Viennent  ensuite  les  vocables  qui 
font  rentrer  ces  divinités  dans  le  cercle  des  génies  pro¬ 
tecteurs  du  foyer  familial  ou  de  la  patrie,  comme  domesl 

■ 18  ou  simplement 


ticae,  paternae ,  maternae,  trisavae  , 
les  possessifs  meae  et  suae 1C.  Une  classe  spéGali  es 
celle  des  Matres  campestres  qu’ont  honorées  leai'l"1  es 
singulares  à  Borne,  et  aussi  des  soldats  quelconques  en 
divers  lieux;  elles  rappellent  les  Génies  sp«,«-iui|x 

cités  ailleurs 


l’armée  et  des  camps  que  nous  avons 


,  '  ■  lat  XII,  305  et  . 

bach,  626  ;  529-531  ;  454  et  Inscr.  rhen.  908  ;  551,  554;  Corp-  ^  cf_  jVe. 

Jullian,  Bull,  épigr.  1886,  p.  168  ;  Orelli,  5935  ;  Corp.  insci .  lui.  '^/liusenscs  Ms- 
metiales,  2221  et  656  où  sont  associées  Fortuna  Aretatensis,  -  jllSCr.  lat.  VIL  J 
très  et  Bona  Dea  ;  Corp.  inscr.  lat.  VII,  328  ;  Orelli,  '9i-  .  1  "/  ^  IX, 

238  et  5  ;  Brambacb,  201-208.  —  10  Correspond,  der  Westdeu  scy  ^  ^  33t, 
p.  250  ;  X,  p.  207  ;  Hhein.  Mus.  1890,  p.  639  ;  Ihm,  Matronenku  «  >  ^  («/.J 

—  U  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  1766  ;  cf.  Boissieu,  Inscr.  de  Lyon,  ^  ^  u  11.  Kern- 
V,  5227  ;  Suppl.  Ital.  l,n«  847;  Ihni,  chez  Roscher,  Matres,  p.  -  '  j|(k,  n,ul,i(iccn<*» 
Bev.  celt.  1874,  p.  153.—  13  Ainsi  M.  Alagabiae,  les  «dames  i  egj»  ^  C<4\ 

(Ibid.  p.  157)  et  les,!/.  Maphtiae,  les  «  Mères  gardiennes  »  (l'-  '  1887,1 

inscr.  lat.  III,  1005  ;  V,  774  ;  VI,  17  ;  XI,  1543,  etc.  ;  cf.  AoU  p;i| .  [;raju 

p.  469.  -  15  Corp.  inscr.  lat.  Vil,  915,  939.  1342  ;  Corp.  inscr-  ■ 
bach,  1970  ;  Bull.  arch.  comm.  1885,  p.  94.  — 46  Corp.  insa . '*  1<M‘  j  ;  jéuppl.  :!U*I 
lat.  VII,  1342,  etc.  —  «  Corp.  inscr.  lat.  III,  ;  VII,  I  -•  > 
cf.  GENIUS,  p.  1493,  LARES,  J).  944. 


MAT 


—  4639  — 


MAT 


rla„.ne)  les  Campestres s’associent  hBritannia 
lira Victoria,  à  Epona,  ce  qui  achève 


-rsonniflée,  a 


•aractère  militaire;  elles  ont  pour  pen- 


I* ,  jour  ca 
(laCCl  |ps  provinces  danubiennes  et  en  Afrique,  des 

dants’  '  'in^strcs  qui  sont,  comme  elles  et  comme  les 
,Hi  '"'Virement  romains,  auxquels  les  uns  et  les  autres 
V.îrni  des  protecteurs  de  l’armée  dans  les  diverses 
de  son  fonctionnement1.  On  rencontre  encore 
Cmr  unpestres  à  côté  des  Sulevae,  vocable  obscur  d’où 
7 voulu  tirer  les  Sylphes  de  la  mythologie  germa- 
f  ;  1  .  jeg  Campestres  figurent  sur  un  bas-relief,  au 
nilire  de  trois,  pareilles  aux  Mères  en  général,  c’est-à- 
assises  et  portant  comme  attributs  des  épis  dans  les 
Jains  sur  les  genoux  des  corbeilles  de  fruits  et  de 
flaurs ”T*  Enfin  il  y  a  des  Maires  appelées  Violes,  comme 
les  Lares  qui  protègent  les  voyageurs  ou  les  Fortunae 
i  iès  ramènent  dans  la  patrie  3,  ou  encore  les  Tutelae 
qui  veillent  sur  les  villes  et  sur  les  nations;  d’autres  sont 
nommées  conservatrices  ou  indulgentes*,  celles-ci  invo¬ 
quées  en  compagnie  de  Jupiter  et  de  Mercure,  protecteur 
du  commerce:  lucrorum  potentP .  Les  inscriptions  aux 
Mim  Parques  ont  fait  supposer  que  leurs  adorateurs 
leur  accordaient  un  pouvoir  prophétique  :  aucun  texte 
précis,  aucun  attribut  figuré  ne  permet  de  l’affirmer6. 

Ce  qui  ressort  sans  conteste  de  l’ensemble  de  ces 
vocables  comme  aussi  des  attributs  donnés  aux  Matres- 
Matronae  sur  les  monuments  figurés,  c’est  que  les  Celtes 
et  les  Germains,  de  chez  qui  elles  sont  originaires,  les 
considérèrent  de  tout  temps  comme  des  divinités  infé¬ 
rieures,  génies  tutélaires  des  bourgades,  des  villes,  des 
nations,  peut-être  aussi  comme  les  esprits  bienfaisants 
dont  l’empire  s’étendait  sur  les  campagnes  et  sur  les  bois  ; 
d’une  façon  plus  spéciale  comme  les  protectrices  de  la 
femme,  dont  elles  incarnaient  la  fonction  la  plus  auguste. 
Au  contact  de  la  religion  romaine,  Celtes  et  Germains 
purent  reconnaître  les  Maires  dans  les  Ju noues  \ 
comme  aussi  dans  quelques  divinités  de  nom  éminent,  de 
signification  généralement  archaïque,  telles  que  mater 
matita,  la  Mère  des  Lares,  la  Mater  Magna  [cybele], 
hnoLucina  honorée  aux  matronalia,  etc.8,  pour  ne  citer 
que  les  plus  célèbres.  Il  est  probable  que  les  ressemblances 
entrevues  eurent,  en  bien  des  cas,  pour  effet  d’accuser, 
dans  les  hommages  publics,  le  caractère  romain  des 
Maires,  par  ceux-là  mêmes  qui  les  considéraient  au  fond 
comme  leurs  divinités  nationales.  Quant  aux  Romains, 
ils  devaient  accueillir  d’autant  mieux  ces  étrangères 
1u’l  *es  "voyaient  s’accommoder  davantage  à  leurs  pro¬ 
pres  conceptions  religieuses.  A  l’époque  du  Christianisme 
nomphan t,  les  assimilations  continuèrent  suivant  des 
pi°H  des,  identiques:  la  triade  des  Matres  devint  celle  des 
^'N  Alaries,  transformation  d’autant  plus  aisée  que  la 
prae  populaire  Mairae  devenait  sans  peine  Mariae. 
une  inscription  en  l’honneur  des  Maires  se 


lit  sur  un  autel  de  la  Vierge;  les  prérogatives  que  la 
religion  nouvelle  accordait  à  la  mère  du  Sauveur,  la 
faveur  dont  son  culte  était  appelé  à  jouir  parmi  les 
femmes,  ne  prenaient-elles  pas  leur  source  dans  les 
sentiments  mêmes  qui  avaient  suggéré  aux  Grecs  et  aux 
Romains  leurs  divinités  courotrophes9?  J. -A.  Ilu.n. 

MATRIMOXIUM.  râgoç.  —  I.  Grèce.  —  Nous  envisa¬ 
gerons  d’abord  le  mariage  au  point  de  vue  juridique, 
en  laissant  de  côté  tout  ce  qui  a  trait  aux  mœurs,  aux 
coutumes  et  aux  cérémonies  du  mariage,  du  moment 
qu’elles  ne  rentrent  pas  dans  le  droit  matrimonial  pro¬ 
prement  dit.  A  cet  égard,  d'ailleurs,  ici  comme  dans 
bien  d’autres  matières  du  droit,  les  sources  sont  assez 
pauvres  ailleurs  qu’à  Athènes.  La  loi  de  Gortyne  elle- 
même  qui,  en  dehors  de  l’Attique,  est  la  source  la  plus 
riche,  et  qui  renferme  nombre  de  dispositions  inté¬ 
ressantes  concernant  le  droit  de  famille,  ne  traite,  dans 
l’état  où  elle  nous  est  parvenue,  que  de  quelques  points 
spéciaux  du  mariage,  notamment  de  la  dissolution  du 
mariage  par  le  divorce  et  des  effets  de  cette  dissolution 
en  ce  qui  concerne,  soit  les  biens  des  époux,  soit  la 
condition  des  enfants  nés  après  le  divorce.  Les  règles 
posées  par  la  loi  de  Gortyne  à  ce  sujet  ont,  du  reste,  été 
précédemment  exposées  [voir  divortium,  p.  321  ;  nos, 
p.  394  ;  GORTYNIORUM  LEGES,  p.  1638  . 

Dans  la  Grèce  antique,  le  mariage  est  loin  d’avoir  lè 
caractère  élevé  qu’il  présente  dans  les  législations 
modernes.  Son  objet  principal  n'est  point  l’union  de  deux 
êtres  qui  se  connaissent  et  qui  s’associent  pour  le  bonheur 
comme  pour  les  peines  de  la  vie;  c’est,  avant  tout,  en 
unissant  deux  personnes  dans  un  même  culte  domestique, 
d’en  faire  naître  une  troisième  qui  soit  apte  à  continuer 
ce  culte.  C’est  ce  dont  témoigne  à  Athènes  la  formule 
sacramentelle  qui,  au  dire  de  Clément  d’Alexandrie,  était 
prononcée  lors  de  la  célébration  du  mariage1.  C’est  ce 
qu’attestent  également  pour  Sparte  de  nombreux  témoi¬ 
gnages2.  Aussi  peut-on  considérer  comme  très  exacte  la 
définition  que  donne  l’auteur  précité  du  mariage  grec  en 
général  et  du  mariage  athénien  spécialement  :  l’union  de 
l’homme  et  de  la  femme  formée  pour  la  procréation  d'en¬ 
fants  légitimes3.  Aussi,  en  raison  du  rôle  qui  lui  est 
assigné,  à  savoir  de  devenir  mère  et  de  donner  de  nou¬ 
veaux  citoyens  à  la  cité,  la  femme  athénienne,  du  moins 
à  l’époque  classique,  n’occupe-t-elle  au  foyer  domes¬ 
tique  qu’un  rang  tout  à  fait  secondaire  gyxaeceoi  .  Par 
contre,  l’épouse  est  seule  à  ce  foyer  et  n’a  pas  à  craindre 
d’y  voir  une  rivale.  Non  seulement,  en  effet,  comme 
on  l’a  précédemment  expliqué,  l’unité  du  mariage 
est  admise  dans  le  droit  athénien  [higamia],  mais 
encore  l’épouse  légitime  n’a  point  à  tolérer  dans  la 
famille  la  présence  si  insultante  d’une  autre  femme,  d’une 
concubine,  donnant  également  le  jour  à  des  enfants  légi¬ 
times  [CONCUBINATUS1. 


'  CorV ■  inscr.  lat.  \ 
«5, 17- 


III,  2633; 


10760;  llini,  Matroncnkultus ,  n°s  109,  1 20, 
Vil,  { 1 29  j,n  te  ^lliev,s  hampes  tribus  Fatis,  Bonn,  1886,  p.  37  s. —  2  Ibid. 
fxpi„i  |  ,  '  ’  ll|  ^^10;  768.  Voir  la  reproduction  chez  Montfaucon,  Ant. 

inter,  lat  VII  ^'jÎ ^  *  ^îull.  d.  comm.  archcol.  1891,  p.  284. —  3  Corp. 

addit.  p’813°0  (cf,J‘ARRS’  p-  s.  ;  fortuna,  p.  1276).—  ^ -Ibid.  XII, 
donne  I  épiulôl  ^  ^ orP •  inscr.  lat.  VII,  927.  Ailleurs  on  leur 

^Escliyle (pnR,^,  ^°tere&  (II,  2128),  ce  qui  rappelle  les  vieilles  déesses 
Monceaux  /,  °u  ^es  ^arfll,cs  (fata,  p.  1016  s.).  —  6  C'est  ce  que  disent 

^ ailleurs 'bo.'  ^emP^e  du  Puy-de-Dôme  {Rev.  histor.  18S7,  p.  259),  où  il 

'-ilédes  A/Î/o/C<MI^  ^  ailtrcs  a^ril»alions  hasardées,  et  Fl.  Vailentin,  Les  Dieux 
l^C('d.((cs  inscit  l0'/,  S)  P-  27,  pour  tout  le  reste  très  exact.  Voir  encore  Mém.  de 
"  •  «  belles-lettres ,  t.  X,  p.  22  ;  Rev.  arch.  1848,  V,  363,  et  de  Wal, 


De  Moedcrgoddinen,  Lcyde,  1846.  —  7  Junones,  p.  690,  et  genu,  p.  1491 
s.  —  8  Les  Matronae  surtout  ont  une  ressemblance  évidente  avec  toutes 
les  divinités  Courotrophes  de  la  religion  gréco-romaine.  On  a  voulu  lire 
sur  une  inscription  do  la  région  lyonnaise  {Corp.  inscr.  lat.  XIII,  n°  1763)  : 
i.ucinis  matris;  le  texte  donne  lycinis.  Cf.  Orelli  Ilcnzon,  5938.  Les  ressem¬ 
blances  avec  Juno  Lucina  n’en  existent  pas  moins.  —  9  Corp.  inscr.  lat. 
XII,  1304  ;  cf.  S.  Fl.  Vailentin,  Op.  cit.  p.  29  s.;  Rein&ch,  Epona ,  Rev.  arch. 
1895,  p.  193  ;  Robert,  Epigr.  de  la  Moselle,  fasc.  I,  p.43,  et  Ihni,  A/atronenkultus , 
p.  74  s. 

MATR1MONIUM.  •  Clem.  Al.  Strom.  II,  23:  èïti  ttguSmv  ou  ^ootcu. 

—  2  Voir  Schoemann-Galuski,  Antiq.  gr .  I,  p.  303  et  s.  ;  Jannet,  lnstit.  soc.  à 
Sparte ,  p.  98  et  s.  —  3 Clem.  Al.  L.  c. 


M  AT 


A.  Formation  du  mariage.  —  A  l'origine,  chez  les 
divers  peuples  aryens,  un  homme  se  procurait  une  femme 
en  l’enlevant  ou  en  l'achetant.  Le  mariage  par  rapt,  qui 
est  incontestablement  la  forme  la  plus  ancienne,  a,  en 
raison  même  de  son  antiquité,  peu  marqué  son  empreinte 
dans  l'histoire  du  droit  grec.  Ainsi  dans  Homère,  à 
l’exception  de  l’enlèvement  d’Hélène  qui  fait  mouvoir 
toute  la  grande  epopée,  on  ne  rencontre  aucune  allusion 
au  rapt,  considéré  comme  mode  de  formation  du  mariage 1 . 
Dans  la  législation  de  Sparte,  le  mariage  par  enlèvement 
a  laissé  des  traces  notables.  Le  fiancé  devait,  en  effet, 
aussitôt  (|u  il  avait  obtenu  l’adhésion  des  parents  dont  sa 
fiancée  dépendait,  s’emparer  de  celle-ci  par  une  sorte  de 
rapt 

Le  mariage  par  achat,  qui  a  remplacé  le  mariage  par 
enlèvement,  était,  au  témoignage  d’Aristote3,  pratiqué 
parles  anciens  Grecs,  le  mari  achetant,  soit  la  femme  elle- 
même  directement,  soit  la  puissance  sur  elle  de  celui  qui 
l’exerçait.  Cette  forme  de  mariage  était,  dans  l’opinion 
générale,  encore  pratiquée  dans  le  droit  homérique4.  On 
peut,  en. effet,  considérer  les  présents  donnés  lors  du  con¬ 
trat  au  père  de  la  jeune  fille,  et  nommés  lova3,  comme  le 
prix  réel  ou  fictif  de  l’achat  de  la  fiancée6.  Il  est  incontes¬ 
table  que  chez  tous  les  peuples  d’origine  aryenne,  chez  les 
Hindous  comme  chez  les  Germains  primitifs,  le  mariage 
par  achat  s’est  perpétué  assez  longtemps.  Les  Hellènes, 
lorsqu  ils  se  fixèrent  en  Grèce,  pratiquaient  vraisembla¬ 
blement  cette  forme  de  mariage;  or  il  serait  étrange 
qu’elle  eût  déjà  disparu  à  l’époque  homérique. 

La  conclusion  du  mariage  passe,  dans  le  droit  horné- 
rique,  par  trois  phases  distinctes.  La  première  consiste 
dans  la  convention  préalable  entre  le  fiancé  et  le  père  de 
la  jeune  fille.  On  y  précise  les  conditions  de  la  cession  de 
la  puissance  sur  celle-ci,  et  on  y  fixe  le  montant  des  lova 
offerts  par  le  fiancé,  et  des  gsi'Xta  donnés  par  le  père  de  la 
jeune  fille  ',  où  l’on  peut  voir  l’origine  de  la  dot.  Tout  se 
borne  à  un  échange  de  promesses  correspondant  au 
contrat  de  fiançailles.  Puis  celles-ci  sont  suivies  de  la 
tradition  delà  fiancée,  qui  donne  le  caractère  de  réalité  à 
un  contrat  jusqu’alors  resté  purement  consensuel.  Cette 
tradition  s’accomplit  vraisemblablement  suivant  certaines 
formes  symboliques,  comme  la  mise  de  la  main  de  la 
fiancée  dans  celle  du  fiancé  en  présence  de  témoins8. 
A  partir  de  ce  moment  la  femme  est  dite  xoupiSÎT)  àXo/oç, 
épouse  légitime.  Enfin  la  formation  du  mariage  se 
termine  par  des  fêtes  qui  accompagnent  la  conduite  en 
pompe  de  la  fiancée  à  la  maison  de  son  époux  :  c’est  le 
yâaoç  dans  le  sens  propre  du  mot9. 

Les  règles  du  droit  homérique  sur  la  conclusion  du 
mariage  ont  dû  se  maintenir  en  Grèce  pendant  un  certain 
temps.  Mais  on  n’en  trouve  plus  de  traces  dans  le  droit 
attique,  tel  du  moins  qu'il  apparaît  à  l’époque  classique. 
A  cette  époque,  le  mariage  se  forme  à  Athènes  de  deux 
manières,  suivant  la  situation  de  la  fiancée  :  soit  par 
ÊYY^Vtç,  soit  par  É7tiSixa<jia.  L’engyésis,  qui  est  le  mode 

1  Cl.  Ouvré,  Le  régime  matrimonial  au  temps  d'Homère,  dans  les  An¬ 
nales  de  la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux ,  18GG,  p.  294.  —  2  Plut.  Ly- 
curg.  iâ;  cf.  Sclioemann-Galuski,  I,  p.  306  et  II,  p.  630.  —  3  Arislot. 
Polit.  II,  8,  p.  1268  6.  —  t  Lasaulx,  Stud.  des  kl.  Alterlh.  p.  339;  Wachsmutli, 
Hellen.  Alterturnskunde ,  II,  p.  116;  Hermann-Blümner,  Privataltert.  3e  édit, 
p.  261  ;  Tamassin,  Le  nozze  in  Omero,  p.  12  et  s.  —  6  JUad.  IX,  144  et  s.  ; 
XI,  221  et  s.  ;  Odyss.  II,  52  et  s.  —  G  Contra  Ilruza,  Beitr.  zur  Gcscli.  der  griech. 
Famil.  I,  p.  12  et  s.  —  1  Iliad.  IX,  147,  289  ;  XXII,  50  ;  Odyss.  VII,  314. 
—  8  Iliad.  I,  440,  445  ;  cf.  Tamassin,  p.  25.  —  9  Voir  Ouvré,  p.  295  et  s.  —  10  Isée, 
De  Pyrrhi  lier.  §6  ;  De  Cir.  lier.  §§  8  et  s.  20  et  s.  ;  De  Apollod.  lier.  §§  15  et  s.  : 


I  O  ni 


ordinaire  de  formation  du  mariage  Cüns- 
contrat  entre  le  kyrios  de  la  femme  le da"8  «J 
casie,  qui  n’a  lieu  que  dans  certains  cas  n  '' 
consiste  dans  la  revendication  en  justice  do 
celui  qui  y  est  autorisé  par  la  loi.  Que  b  m  °mme  Par 
reste,  contracté  par  engyésis  ou  par  épidieS'1 
ou  la  revendication  sont  suivis,  d’une  mn  ?’  econtr«< 
fêtes  ou  solennités  constituant  le  yâaoc  h  ’  r.  Cerlaines 

de  la  Y*PiX(#  dont  nous  aurons  à  déterminé  ,aUlreiP#rt, 
signification.  ci  ia  véritable 


a.  Formation  du  mai 


dage  par  engyésis  —  p-  , 
est  le  contrat  par  lequel  la  personne  ayant  aulmrn 
femme,  le  kyrios  [kyrios],  donne  celle-ci  en  marial? 
mari.  Trois  personnes  interviennent  donc  dans  col  ‘T 
le  kyrios  dont  la  participation  est  désignée  par  le  ^ 
çYYuav,  le  futur,  eyyucogsvoç,  et  la  femme,  nommée  t  Jï 
L  engyesis  est  toujours  présentée  comme  la  coEj 
indispensable  de  la  validité  et  de  l’existence  du  maria  e 
Sans  elle,  les  enfants  qui  naissent  d’un  citoyen  et  d’une 
citoyenne  d’Athènes  ne  peuvent  revendiquer  les  droits 
que  confère  la  légitimité,  notamment  les  droits  d’an 
chistie  et  de  succession.  De  même,  un  enfant  ne  peut  être 
inscrit  sur  le  registre  de  la  phratrie  que  si  celui  qui  le 
présente  prête  le  serment  qu’il  est  né  d’une'  mère 

kj'(ur\xr^ 10. 

Quel  est  précisément  le  rôle  de  l'engyésis  dans  la  for¬ 
mation  du  mariage?  On  attribue  généralement  à  l’engyésis 
le  caractère  d’un  simple  contrat  de  fiançailles  :  ce  serait 
le  contrat  en  vertu  duquel  le  kyrios  de  la  femme  s’enga¬ 
gerait  à  la  donner  en  mariage  au  fiancé  qui,  de  son  coté, 
promettrait  de  la  prendre  à  titre  d’épouse.  Le  yâp.oç  sui¬ 
vrait  alors  l’engyésis,  comme  en  droit  romain  les  nuptiae 
viennent  après  les  sponsalia,  et  le  mariage  ne  serait 
parfait  qu’après  le  yoegoç11.  Dans  une  autre  opinion,  qui 
nous  paraît  plus  exacte,  l’engyésis  suffit  à  elle  seule  pour 
fonder  le  mariage,  et  elle  consiste  dans  la  remise  solen¬ 
nelle,  ordinairement  devant  témoins,  de  la  fiancée  au 
mari.  Ce  caractère  de  l’engyésis  résulte  notamment  de  la 
formule  de  la  loi  citée  par  l’auteur  du  second  plaidoyer 
contre  Stéphanos12,  où  l’on  voit  que  l’effet  direct  et 
immédiat  de  riyyuYjffiç,  c’est  de  conférer  à  la  femme  la 
qualité  d’épouse,  SigapTa  dvat.  La  synonymie  des  mots 
Èyyuxv  et  Ixooovat,  synonymie  qui  est  attestée  non  seule¬ 
ment  par  plusieurs  lois13,  mais  encore  par  les  plaidoyers 
des  orateurs14,  montre,  d’autre  part,  que  l’engyésis 
constituait  autre  chose  qu’une  simple  promesse  ' "•  Si,  du 
reste,  l’engyésis  n’avait  constitué  qu’une  phase  prepaia 
toire  dans  la  conclusion  du  mariage,  celui-ci  ne  seiait 
devenu  parfait  que  par  un  acte  ultérieur,  et  certainemen 
ces  orateurs,  qui  traitent  à  chaque  instant  dans  leuis p  ai 
doyers  du  mariage  et  de  ses  effets,  nous  auraient  pm  e 
de  cet  acte  décisif  pour  la  formation  du  lien  matrinionia^ 
11  y  a  bien,  il  est  vrai,  postérieurement  àlengy*^.^ 
noce,  yâgoç.  Mais  les  formalités  du  y  “t405’  clu' 
point  obligatoires  pour  la  validité  du  mariage  et  a  j 

x  ^  p.  449 ;  ■ 

Dcmoslh.  C.  Eulul.  §  54.  —  H  Plalncr,  Beitr.  p.  109  et  ^  '  ^  ft 

Meier,  De  bonis  damnat.  p.  GG;  Wachsmutli,  t.  H,  p.  1G8  »  V!çjccolii,  P**’ 
Lipsius,  p.  505;  Hermann-Blümner,  p.  261;  Van  den  Es,  p.  '  ■ ||,  §  18-  ' 
Lasaulx,  p.  399;  Philippi,  Beitr.  p.  74.  —  Denioslh.  1  ^  Cir. 

14' \.ae.  De  Menai,  her.  SS  3  et  s  ’ 


13  id.  C.  Macart. 


54. 


her.  §  29  ;  Demoslh.  C.  Eubul.  §§  41,  43.  —  15  Voir  en  ce  sens 


s  Ilruza,  I,  !'■ 


30  cl» 


U 


124.  Dareste,  HaussoulUcr  et  llel 


Gilbert,  llandb.  der  griech.  Staatsaltert.  2e  édit,  p 
droit  privé  de  .la  Républ.  athén.  t.  I,  p.  124.  Darc  ,jnjon  5' 

(liée,  desinscr.  jurid.  gr.  p.  52)  ont  admis  sur  ce  point  un<  °P^  ^ 
qui  nous  semble  conjecturale.  Cf.  Beaucbet,  t.  I,  p-  110 


i  i  Histoire 

209;  Bcaucl;et,  ^ft(inacjl 
ciale. 


mat 


—  164 


MAT 


l  uils  aboutissaient  seulement  à  la.consomma- 

"Ulédesen  ‘  j  .  n.en  élail  pas  moins  formé  dès 
tion  du  mai  wbc>  i 

j.jBgyés'S.  d’ailleurs  seulement  pour  objet  la 

I  Ce  tir  fiancée  à  son  mari;  elle  est  ordinairement 
rallU1'  -,  »  née  des  formalités  relatives  à  la  dot.  Il  n  y  a 
8CC0n'1  '  "  eflet,  de  mariage  sans  dot  et,  au  temps  des 
rre’s  gj  ja  dot  n’est  pas  essentielle  à  la  validité  du 
oraU'l"("’  t,lle  est  presque  indispensable  pour  sa  preuve, 
Tiw  guère  que  par  l’apport  d’une  dot  que  le  mariage 
t  ,  se  distingue  du  côncubinat  [dos,  p.  388].  Cette 
Etion  étroite  entre  l’engyésis  et  la  dot  est  attestée 
notamment  par  une  inscription  de  Mykonos  *. 

L’engyésis  pouvait,  soit  en  raison  de  la  volonté  des 
arlies,  soit  par  la  force  même  des  choses,  précéder 
d’un  temps  plus  ou  moins  long  le  ydg.oç,  la  consommation 
du  mariage2.  Lorsqu’au  surplus  l’engyésis  n’est  point 
accompagnée  de  la  consommation  du  mariage,  il  ne 
semble  pas  que  le  mari  ait  eu  le  droit  de  contraindre  le 

kyrios  à  lui  livrer  la  femme 3 . 

Le  mariage. par  voie  d’engyésis  paraît  remonter,  dans 
le  droit  attique,  à  une  époque  fort  reculée.  L’engyésis, 
dont  l’existence  est  attestée  dans  les  lois  de  Solon  \ 


a-t-elle  été  substituée  par  ce  législateur  à  une  autre 
coutume,  ou  bien  Solon  s’est-il  borné  à  la  réglementer, 
comme  il  l’a  fait  pour  plusieurs  autres  institutions 
relatives,  soit  aux  femmes  en  général,  soif  au  mariage? 
La  dernière  hypothèse  parait  la  plus  vraisemblable8. 
L’ancienneté  du  mariage  par  voie  d’engyésis  paraît 
d’autant  plus  probable  que  cette  institution  n’est  point 
spéciale  à  Athènes,  et  qu’elle  paraît  commune  à  toute  la 
Grèce.  Son  existence  est  attestée  à  Mykonos0,  à  Ivéos  \ 
à  Sparte8  et  en  Messénie9,  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
qu’elle  était  également  pratiquée  dans  les  autres  cités 
grecques. 

L’engyésis  du  droit  attique  est  un  conlrat  qui  se  passe 
exclusivement  entre  le  kyrios  et  le  futur  mari.  La  future 
épouse  n’y  est  sans  doute  pas  étrangère,  car  son  assen¬ 
timent,  s’il  n’est  pas  exigé  par  la  loi,  semble  requis 
par  les  mœurs,  mais  juridiquement  la  femme  ne  joue 
aucun  rôle  dans  le  contrat  ;  elle  en  est  seulement  l’objet. 
A  Sparte  également,  le  citoyen  qui  recherche  une  fille  en 
mariage  doit  d’abord  s’assurer  le  consentement  du  père 
nu  du  parent  qui  a  autorité  sur  elle.  En  cas  de  contesta¬ 
tion  sur  le  point  de  savoir  à  qui,  parmi  plusieurs  préten¬ 
dants,  la  femme  doit  échoir,  les  rois  tranchent  la  diffi¬ 
culté10. 


f  intervention  du  kyrios  dans  le  contrat  d’engyésis  a 
pour  unique  fondement  la  puissance  tutélaire  attachée  à 
ce  titre;  1  idée  de  protection  y  est  tout  à  fait  étrangère. 

1  kyrios,  ayant  du  reste  le  droit  absolu  de  disposer  de 
*a  pupille,  est  libre  de  la  marier  ou  de  ne  pas  lui  donner 
'  poux11.  H  a,  d’autre  part,  toute  liberté  pour  choisir  le 
mari  de  sa  pupille.  Celle-ci  pourrait  toutefois,  si  on  lui  prê¬ 
chait  un  fiancé  indigne,  intenter  contre  son  kyrios  lYeray- 
lou ^  aclion  ouverte  d'une  manière  générale  à 

‘ s  incapables  contre  leurs  représentants,  lorsque 


s.  :  nij  y  ^souiller  el  Reinach,  p.  48  et  s.  -  2  Demoslli.  C.  Aphob.  I,  §§  4  cl 

1. 1,  p  up  ^c'er,  Sclioemann  et  Lipsius,  p.  508  ;  Hruza,  I,  p.  43  ;  Beaucliet, 
t  p.  25  et  ’  Dcmosll>.  c.  stephan.  11,  §  18.  —  5  Philippi,  Beitr.  p.  77  ;  Hruza, 
I.  i._ i  p|  ’  ■'  •'“■chol ,  t.  I,  p.  132  —  s  Dareste,  Haussoullier  et  Reinacl),  p.  49, 
'-'Ucl.  V„ '  Mwal'  (Dülmer),  I,  p.  108.  —  8  Herod.  VI,  57.—  9  Paus.  IV,  9,  §  5. 

1.1,  p.  i35  [ cl*  Sclioemann,  trad.  Galuski,  t.  I,  p.  305.  — UBoauchet, 

'U-  t.  I,  p.  135  ;  contra  Hruza,  I,  p.  73,  note  35.  —  13  Demosth, 


ceux-ci  commettent  à  leur  égard  un  acte  blâmable12. 
Enfin  le  kyrios  est  maître  de  procéder  à  l’engyésis,  même 
si  sa  pupille  est  encore  impubère13  ;  mais  la  consomma¬ 
tion  du  mariage  ne  peut,  naturellement,  avoir  lieu 
qu’après  que  la  fille  a  atteint  l’âge  de  la  puberté.  Les 
mœurs  viennent  toutefois  adoucir  la  rigueur  du  droit  du 
kyrios  el  la  femme  peut,  dans  certains  cas  exceptionnels, 
être  consultée  sur  le  choix  de  son  mari  “. 

C’est  le  futur  mari  qui,  dans  l’engyésis,  stipule  lui- 
même  du  kyrios  la  tradition  de  la  pupille.  Mais  il  faut 
naturellement,  pour  figurer  dans  ce  contrat,  que  le  fiancé 
soit  majeur,  c’est-à-dire  qu’il  ait  été  inscrit  sur  le  Ar,;tap- 
yotôv  ypaggaTsiov.  A  cette  époque  cesse  la  puissance 
paternelle  ou  la  tutelle  et  le  citoyen  majeur  a  pleine 
capacité  pour  procéder  seul  à  son  mariage  comme  a 
tous  les  autres  actes  de  la  vie  civile.  Le  père  du  futur 
époux  n’a  donc  point  à  donner  son  consentement  au 
mariage,  mais  tout  au  plus  un  conseil15.  Quant  au  futur 
mari,  dont  le  consentement  est  absolument  libre,  en 
principe,  il  parait  cependant  que,  dans  un  cas  excep¬ 
tionnel,  il  pourrait  être  contraint  indirectement  au 
mariage,  à  savoir  :  en  cas  de  viol  d’une  vierge,  où  le 
coupable,  au  témoignage  d’Hermogène,  aurait  eu  à  choisir 
entre  la  mort  et  le  mariage  sans  dot  avec  la  femme  lésée, 
si  celle-ci  ou  ceux  qui  avaient  autorité  sur  elle  y  consen¬ 
taient18.  Mais  ce  cas  paraît  fort  contestable11. 

L’engyésis  devait  comporter  certaines  formes  solen¬ 
nelles,  destinées  à  constater  d’une  façon  absolument 
certaine  l’échange  des  consentements.  C’est  à  cette 
solennité  de  forme  que  fait  vraisemblablement  allusion 
la  loi  de  Solon  citée  dans  le  second  plaidoyer  contre 
Stéphanos,  §  18,  OÙ  il  était  dit  r,v  av  iyyuij<r/|  èitî  Sixaiotç 
oâgapxa  slvat.  Le  plus  ancien  témoignage  concernant  ces 
formes  légales  parait  fourni  par  Hérodote18  dans  le  récit 
qu’il  fait  du  mariage  d’Àgariste,  fille  de  Clisthène,  tyran 
de  Sicyone,  et  où,  bien  que  la  scène  se  passe  à  Sicyone, 
l’engyésis  parait  bien  conclue  conformément  au  droit 
attique.  On  y  voit  d’abord  que  le  contrat  se  passe  en 
présence  de  témoins  :  c’est  ce  qu’attestent  aussi  les 
plaidoyers  des  orateurs19.  Les  témoins  amenés  par 
chacune  des  deux  parties,  et  pris  parmi  les  parents  ou 
amis,  sont  en  général  assez  nombreux,  eu  égard  à  l’im¬ 
portance  du  contrat.  Les  témoins  appelés  à  constater 
l’engyésis  servent  en  même  temps  à  attester  la  constitu¬ 
tion  de  dot  qui  accompagne  habituellement  cet  acte-20. 
Mais  leur  présence  est  plutôt  considérée  comme  une 
sûreté  que  comme  une  formalité  essentielle  pour  la  vali¬ 
dité  de  l’engyésis.  Dès  lors,  leur  absence  exposait  seule¬ 
ment  les  intéressés  à  des  difficultés  de  preuve21. 

Il  ne  semble  pas,  d’autre  part,  que  la  volonté  des 
parties  ait  dû  se  manifester  par  des  formules  solennelles*4. 
Le  kyrios  doit  toutefois,  naturellement,  désigner  d’une 
manière  précise  la  femme  qu’il  promet  au  futur  mari,  en 
indiquant  notamment  à  quel  titre  elle  se  trouve  sous  sa 
puissance23.  Le  kyrios  déclare  également  la  filiation 
naturelle  ou  légitime  de  sa  pupille21.  Au  surplus,  l’engyésis 
étant  un  contrat  qui  se  passe  exclusivement  entre  le 

C.  Aphob.  I,  §  o.  —  t*  Isae.  De  Mcnecl.  hcr.  §§  8  et  9  ;  cf.  Hruza,  I,  p.  73.  —  Do- 
niosth.  C.  Bocotum,  II,  §  12.  —  46  Hermog.  n.  <rra«r.  10,  p.  39.  —  17  Meier,  Sclioe- 
in  a  un  cl  Lipsius,  p.  509  ;  Thonissen,  Le  droit  pénal  de  la  Bépubl.  athén.  p.  320; 
Beaucliet,  t.  I,  p.  139.  —  18  VI,  c.  181.  —  19  Isae.  De  Pyrrhi  lier.  §  29;  Demoslli. 
C.  Onetor.  I,  §  21.  —  -0  [sae.  L.  c.  —  21  Beaucliet,  t.  1,  p.  141.  —  22  Hruza,  I,  p. 
77  ;  contra  Meier,  De  bonis  damnat.  p.  06,  note  219.  —  23  Demoslli.  C.  Neaer.  50. 
—  21  Isae.  De  Pyrrhi  her.  §  45;  cf.  Dareste,  Haussoullier  etHeiuacli,  p.  52. 


MAT 


—  1042 


kyrios  et  le  futur  mari,  la  présence  do  la  fiancée  n’y  est 
point  nécessaire  et  ne  s  y  comprend  pas,  puisque  la 
femme  n’a  point  de  consentement  à  y  exprimer1. 

Si  le  mariage  existe  légalement,  à  notre  avis  du  moins, 
dès  1  engyésis,  la  cohabitation  des  époux  n’en  est  pas 
moins  le  but  final  et  hautement  avoué  du  mariage,  car 
celui-ci  n'est  contracté  que  pour  donner  naissance  à  des 
enfants.  C'est  cette  consommation  du  mariage  qui 
constitue  à  proprement  parler  le  yâp.oç,  par  opposition  à 
l’èyytVn;.  Le  yctaoç,  dans  son  sens  propre,  c’est  la  copula 
rama  iis,  ainsi  que  cela  résulte  de  nombreux  témoi¬ 
gnages,  notamment  de  ceux  de  Clément  d’Alexandrie  et 
de  Pollux-.  Quant  aux  cérémonies  religieuses  ou  autres 
en  lesquelles  consistait  le  yxu.oç,  elles  seront  exposées 
plus  loin. 

Les  cérémonies  de  la  noce  étaient  ordinairement 
suivies  d  une  autre  formalité,  sur  la  signification  de 
laquelle  existent  des  doutes  sérieux,  et  qui  est  désignée 
dans  les  plaidoyers  des  orateurs  par  ces  termes  :  eiertpepsiv 
yaaTjAtav  {itveo  tt,ç  yuvaixb;  toÏç  ippacToptnv  3,  expression  qui 
était  même  devenue  proverbiale4.  C’est  le  mari  qui,  à 
1  occasion  de  son  mariage,  procède  à  cet  acte,  dont  l’objet 
est  tantôt  un  sacrifice,  tantôt  un  présent  offert  aux 
cppâropsç,  ou  peut-être  même  les  deux  à  la  fois.  La  yaRXfa 
ne  parait  pas,  du  reste,  avoir  été  spéciale  au  droitattique, 
car  une  inscription  de  Delphes  parle  d’offrandes  dites 
yip.E>,a,  qui  correspondent  évidemment  à  la  yag-^Xia  athé¬ 
nienne5. 

Dans  l'opinion  générale,  la  prestation  de  la  yaRXt'a 
correspondrait  à  une  formalité  d'ordre  public,  analogue 
à  1  introduction  des  enfants  légitimes  ou  adoptifs  dans  la 
phratrie  paternelle,  le  mari  présentant  sa  femme  à  la 
phratrie  à  laquelle  il  appartient  et  faisant  inscrire  son 
union  sur  le  registre  de  la  phratrie.  Un  sacrifice  était 
alors  accompli  et  un  banquet  était  offert  aux  phratores, 
et  peut-être  aussi  une  somme  proportionnée  à  la  fortune 
du  mari  était-elle  versée  dans  la  caisse  de  la  phratrie  ou 
servait-elle  à  couvrir  les  frais  du  banquet.  Par  cette 
introduction  dans  la  phratrie  de  son  mari,  la  nouvelle 
épouse  était  associée  aux  sacra  de  celui-ci  et,  en  même 
temps,  devenait  étrangère  à  ceux  de  sa  famille  d’ori¬ 
gine®. 

Cette  opinion  nous  semble  accorder  une  importance 
excessive  à  la  prestation  de  la  gamélia.  Celle-ci  con¬ 
siste,  à  notre  avis,  uniquement  dans  une  redevance  que 
le  nouvel  époux  paye,  sans  y  être  du  reste  obligé,  à  sa 
phratrie,  à  l’occasion  de  son  mariage  ;  mais  le  payement 
de  la  gamélia  ne  suppose  nullement  l'introduction  de  la 
femme  dans  la  phratrie  du  mari,  et  il  sert  seulement  à 
procurer,  le  cas  échéant,  une  preuve  plus  facile  du  ma¬ 
riage  7.  Rien,  en  effet,  dans  les  plaidoyers  des  orateurs, 
les  seuls  textes  sérieux  en  la  matière,  ne  laisse  supposer 
que  la  prestation  de  la  gamélia  corresponde  à  l’introduc¬ 
tion  des  enfants  dans  la  phratrie  :  la  différence  même  de 
terminologie  employée  pour  l’épouse  et  les  enfants8 
montre  que  les  formalités  usitées  avaient  dans  l'un  ou 
1  autre  cas  un  caractère  bien  différent.  De  nombreux 

1  Dcinoslli.  I.  I.  p.  142  —  2  Clein.  Alex.  Slrom.  liv.  Il,  c.  23  ;  Poil.  Onom. 
III,  37-38  ;  cf.  Uruza,  I,  p.  129  et  s.  —  3  |sae.  De  Pyrrhi  lier.  §§  76,  79; 
De  Cir.  lier.  §§  18,  20;  Demostli.  C.  Eubul.  §§  43,  09.  —  4  Siiid.  s.  ». 

1  apqXta.  5  Cf.  Honiolle,  Bull,  de  corr.  hell.  1895,  p.  41.  et  s.  —  0  Van 
Slegeren ,  De  conditione  civili  feminarum  alheniensium,  p.  80-87;  Meier,  De 
gentil,  allie,  p.  17,  18  et  De  bonis  damnat.  p.  00;  Plalner,  Beitr.  p.  152; 
Selioemann,  sur  Isée,  p.  203  ;  Hcrmann-BUinmer,  I.  Il,  p.  203  ;  Schmidt,  Ethikder 


MAT 


textes  nous  parlent  de  l’ad 
phratrie  et  de 


111011  de  1  admission  des  ünr-,  , 

)s  effets  qu’elle  entraîne  i. " s  ,liUls 


traire  il  n'est  question  d'une  intr'XAT?'  *  «■ 
pour  la  nouvelle  épouse,  et  il  serait  •  '  e  Ce  f 

avait  eu  lieu,  qu’on  n’y  eût  fait  allusionVuf!  r  §  . 

s.on  équivoque  ei^pttv  yaRXt'av.  LafemVet.  ^ 

demeure  donc,  malgré  le  mariage,  dans  sa  1  ï  ?8’ 
gine.  Phratrie  dori- 

La  prestation  de  la  y«RXta,  qui  est  du  »  , 
volontaire  de  la  part  du  nouvel  époux’  e’ ioule 
sorte  de  devoir  imposé  par  la  coûta  i  un" 

aussi  par  la  religion,  eu  égard  au  caractère  Jf®? 
la  phratrie.  La  sanction  de  ce  devoir  consistait  R  ^ 
blâme  de  l’opinion  publique  et  dans  l’exclusion  dr  î'-  * 
lices  accordés  aux  membres  de  la  phratrie'.  Le  défa! 
prestation  delà  gamélia  pouvait  aussi,  dans  certains  nt 
entraîner  un  inconvénient  assez  sensible.  Cette 
lion  avait,  en  effet,  à  plusieurs  égards,  le  même  caractère 
que  le  sacrifice  offert  aux  dieux  de  la  phratrie  lors  de  1 
présentation  d’un  enfant,  c’est-à-dire  quelle  constituait 
une  manière  de  publicité  de  l’acte  juridique,  mariage  ou 
reconnaissance  de  paternité,  en  le  portant  officiellement 
à  la  connaissance  d’un  assez  grand  nombre  de  personnes. 
La  prestation  de  la  gamélia  présupposant  l’existence, 
d'un  mariage,  le  témoignage  des  phratores  pouvait  être* 
très  précieux  lorsque  l'existence  du  mariage  était  con¬ 
testée.  Aussi  les  orateurs,  dans  les  procès  de  ce  genre, 
attachent-ils  une  grande  importance  au  témoignage  des 
phratores9.  La  preuve  de  la  prestation  de  la  gamélia 
peut  donc  fournir  indirectement  une  preuve  delà  forma¬ 
tion  du  mariage. 

Le  mariage  n  étant  inscrit  d’ailleurs  ni  sur  Je  registre 
de  la  phratrie  (du  moins  dans  notre  opinion),  ni,  à  plus 
forte  raison,  sur  le  registre  du  dème,  il  n’en  existait 
aucune  preuve  écrite  et,  en  cas  de  contestation  sur  son 
existence,  on  était  obligé  de  recourir  à  la  preuve  testi¬ 
moniale  ou  à  d’autres  preuves  indirectes.  La  preuve  testi¬ 
moniale  pouvait  être  fournie  soit  par  ceux  qui  avaient  été 
invoqués  lors  de  l’engyésis,  soit  par  ceux  qui  avaient 
assisté  aux  cérémonies  de  la  noce,  soit  enfin  par  les 
phratores  à  qui  le  nouvel  époux  avait  offert  la  gamélia. 
La  possession  d’état  et  la  conduite  de  la  femme, soit  dans 
la  famille,  soit  au  dehors,  pouvaient  également  être 
prises  en  considération10.  Parmi  les  preuves  indirectes, 
on  peut  citer  aussi  celle  qui  résulte  de  l’existence  dune 
dot,  car  la  constitution  de  dot  est  un  signe  caractéris¬ 
tique  du  mariage.  La  constitution  de  dot  était  même  sou 
vent  constatée,  comme  sur  un  registre  de  Mvkonos  , 
par  un  écrit  où  se  trouvait  mentionnée  également  1 en 
gyésis12.  j  J 

b.  Formation  du  mariage  par  épidicasie.  —  j£1tt01 
xocoua,  mode  exceptionnel  de  formation  du  mariagj 
siste  dans  une  procédure  suivie  devant  le  mage-  >•  ^ 

devant  un  tribunal  et  dont  le  but  est  de  revendiqm^ 

titre  d’épouse  la  femme  qui  se  trouve  dans  ‘ 1,1,1 

homologation  par 


XŸgm  Pre' 


épousé  la  femme  qu 
situations  spéciales.  Elle  aboutit  à 
l’archonte  ou  par  les  héliastes  de  la  requête, 

-,  ,  ,«.1,1,1  Griuro-ilali^1 

allen  Griechen,  t.  H,  p.  170;  Pliilippi,  Beitr.  p.  70  cl  l-i»  ,  *  ’  {  ^  p.  110- 

Bechtsgesch.  p.  730  et  s.  ;  cf.  Dareste,  Plaid,  cir.  de  Dt  "lw''  ^  s  _  «  Jsac. 

—  7  Uruza,  I,  p.  133  et  s.  ;  Hilbert,  I,  p.  209  ;  Beauclicl,  I,  P-  ^  -o  :  l)t  Cir 

De  Pyrrh.  lier.  §  76  ;  De  Cir.  lier.  §  20.  —  9  Isae.  De  Pyn  j*  , .  §  13. 

_  io  Isac.  Be  i ,/  i 


hcr.  §§  18  et  s.;  Demostli.  C.  Eubul.  §§  43,  09 
—  il  Dareste,  Haussoullier  cl  Rcinach,  p.  49  el  s 
p.  1 53. 


_  12  Cf.  Iicai1 


iclict. 


1. 1, 


MAT 


—  1643 


MAT 


le  revendiquant  etqui,  manifestant  de  sa  part 

.,M  j0  prendre  pour  épouse  la  femme  èTtîôixoç, 
l  intenUl|!!, Ire  avis,  pour  la  formation  du  mariage  en  cas 
suf*'1  "  u  a  iieu  à  épidicasie  dans  différentes 
d'épHla^u  .  tous  ies  cas,  la  procédure  est  la 

jjypotliobi  & ,  ’  indiqué  le  mécanisme  en  traitant  des 

même  et  on 

•  ipres  Tu'ikleros.]. 

éP“  ;n‘lier  cag  d’épidicasie  est  celui  de  la  fille  épiclère. 
j  ^second  cas  a  lieu  lorsqu’un  père  de  famille,  n’ayant 
L"  me  ou  plusieurs  filles,  se  crée  par  testament  un  fils 
qi|'!,iif,  lequel  est  alors  soumis  par  la  loi  à  l’obligation 
r  '  *'  Lr  la  fille  du  testateur  ou  celle  de  ses  filles  dési- 

depou&ti  ici  ,  ,  .  j.  .i 

Jc  r  luj.  H  y  a  lieu,  eu  pareil  cas,  a  une  epidicasie  de 
Su-  fille  par  l’adopté,  et  cette  revendication  s’applique 
en  même  temps,  comme  dans  le  cas  d’épiclérat,  à  la  fille 
et  à  la  succession,  car  les  deux  sont  inséparables ‘.No us 
rencontrons  un  troisième  cas  d’épidicasie  lorsqu’un 
citoyen  sans  enfants  mâles  adopte  une  femme,  laquelle 
se  trouve  alors  dans  une  situation  semblable  à  celle  de 
répiclère  et  peut  être  l’objet  d’une  revendication  sou¬ 
mise  aux  mêmes  règles  que  s’il  s’agissait  d’une  fille  épi¬ 
clère2.  H  y  a  lieu  enfin  à  épidicasie  dans  le  cas  de  lega- 


lummulieris,  c’est-à-dire  lorsque  le  kyrios  d’une  femme, 
au  lieu  de  la  donner  en  mariage  de  son  vivant,  dispose 
de  sa  main  par  acte  de  dernière  volonté  en  faveur  d’un 

autre  citoyen 3. 


B.  Conditions  de  validité  du  mariage.  —  Dans  le  droit 
attique,  la  théorie  des  conditions  de  validité  du  mariage 
se  trouve  singulièrement  simplifiée.  Ainsi  d’abord,  en  ce 
qui  concerne  le  consentement  des  époux,  il  n’y  a  pas  à 
se  préoccuper  du  consentement  de  la  femme,  puisque 
celle-ci  ne  joue,  comme  nous  l’avons  vu,  qu’un  rôle  passif, 
soit  dans  l’engyésis,  soit  dans  l’épidicasie.  Quant  au  con¬ 
sentement  des  personnes  qui  ont  le  droit  de  puissance,  il 
ne  peut  en  être  question  que  pour  le  kyrios  de  la  femme. 
Quant  au  futur  époux,  nous  avons  établi  qu’il  n’est  sou¬ 
mis  à  aucune  condition  analogue. 

En  ce  qui  concerne  l’âge  des  époux,  le  mariage  ne 
peut  être  contracté  que  par  ceux  qui  ont  atteint  l’âge  de 
la  puberté.  Cette  règle  n’est  vraie  toutefois  d’une  façon 
absolue  que  pour  le  futur  mari  qui  stipule  personnelle¬ 
ment  au  contrat  et  qui  ne  peut  y  figurer  que  lorsqu’il  a 
la  capacité  requise  pour  contracter,  c’est-à-dire  après 
qu  il  a  accompli  sa  dix-huitième  année  et  qu’il  est  inscrit 
sur  le  Xv^iapyyjcbv  ypap-gaieTov t.  Quant  à  la  femme,  elle 
peut,  bien  qu’elle  soit  encore  impubère,  former  l’objetdu 
contrat  d’engyésis,  ou  si  elle  est  épiclère,  être  revendi¬ 
quée  comme  épouse  par  l’anchisteus.  Mais  la  consom¬ 
mation  du  mariage  ne  peut  avoir  lieu  qu’après  que  la 
emme  a  atteint  la  majorité  requise  pour  le  mariage 5.  La 
„01  lle  Para‘t-  point,  du  reste,  avoir  fixé  d’âge  à  cet  égard, 
cet  SeiU^e  résulter  d’un  plaidoyer  de  Démosthène 6  que 
ago  doive  êlre  fixé  à  quinze  ans,  d’autres  témoignages 
c^1  nt  qu  une  fiiie  pouvait  être  mariée  avant  cet  âge,  à 
eize  mème  à  douze  ans7. 

—  3  Bunscu  l>e'  '  ®  68  ’  Arist-  her.  §  13;  cf.  Beauchct,  t.  II,  p.  31. 

Uerraann  Tliai],  /'"  6  ^^len-  P-  ;  ilobiou,  Questions  de  droit  attique,  p.  05  ; 
Uruza,  I  p  J!™’  Meier,  Schoemann  cl  Lipsius,  p.  545,  u.  105  ; 

famil,  ajuui  ,7'ccoaU  P-  71  ;  Beauchct,  t.  Il,  p.  41  ;  contra  Van  tien  Es,  De  jure 
ïeauclict,  t  i  ,  p  *'  N  *'  3  Demost1'-  C.  Steph.  11,  §  23;  cf.  llruza,  1,  p.  61  : 

r'l  Lipsius  a  !h  •  *  7  an  a°n  Es,  P- SV  ;  Van  Stegeren,  p.  70  ;  Meier,  Schoemann 

mosih.  C.' .1  / '  ,,'r,“»“n-Mümner,  p.  30,  n.  1;  Beaucliel,  t.  I,  p.  ICI.  —  ■  llc- 

—  1  Xcn,  />„/  ,,’i§-  *  S’  ’  ®  c1-  Ueanchel,  t.  I,  p.  159.  —  11  /_.  c. 

rts.  Wiicli  ’  ' ricdlandcr,  Darstelt.  aus  dur Sittengesch.  Homs,  1,501 

"u,l'i  U,  p.  169,  qui  invuipie  uolammenl  eu  ce  sens  Diogène  Lafirce, 


Quant  aux  empêchements  pouvant  résulter  de  la 
parenté,  il  en  a  été  question  précédemment  en  exposant 
les  cas  où  il  y  a  inceste  dans  le  droit  grec  [incestlm, 
p.  449  . 

En  dehors  de  la  parenté,  on  a  prétendu  que,  du  moins 
pendant  un  certain  temps,  le  droit  attique  avait  admis 
certains  empêchements  au  mariage  provenant  de  la  tutelle 
et  destinés  à  protéger  les  mineurs  contre  1  avidité  d<- 
leurs  tuteurs8.  Mais  l’existence  de  semblables  prohibi¬ 
tions  ne  paraît  nullement  établie9. 

C’est  aussi  une  question  controversée  que  celle  de 
savoir  si  l’extranéité  de  l’une  des  parties  constitue  un 
empêchement  à  l’existence  d’un  mariage  légitime  produi¬ 
sant  tous  les  effets  de  l’union  contractée  entre  deux 
citoyens.  Dans  une  théorie  qui  est  généralement  admise10, 
il  ne  peut  exister  de  mariage  légitime  qu’entre  citoyen  et 
citoyenne,  à  moins  que,  par  une  faveur  spéciale,  le  droit 
de  contracter  un  mariage  valable,  c’est-à-dire  1  épigamie 
(âmyocgt*),  n’ait  été  accordé  à  un  étranger,  soit  individuel¬ 
lement,  ce  qui  était  le  cas  habituel,  soit  à  des  commu¬ 
nautés  entières.  Cette  théorie  a  pour  fondement  principal 
les  lois  citées  dans  le  discours  de  Démosthène  contre 
Nééra11,  qui  punissent  de  peines  assez  sévères  le  mariage 
contracté  dans  certaines  conditions  entre  citoyens  el 
étrangers  et  qui,  dit-on,  supposent  qu’en  principe  le 
mariage  n’est  permis  qu’entre  personnes  jouissant  toutes 
deux  du  droit  de  cité.  Elle  s’appuie,  en  outre,  sur  un 
certain  nombre  de  cas  où  il  y  aurait  eu  concession  de 
l’épigamie,  soit  à  des  citoyens  isolés,  soit  à  des  cités12, 
et  d’où  ilrésulte,  a  contrario ,  dit-on.  que,  sans  cette  con¬ 
cession,  les  étrangers  ne  peuvent  contracter  de  mariage 
valable  avec  les  Athéniens.  Le  droit  attique  aurait  mème, 
suivant  certains  auteurs,  fortifié  par  une  sanction  pénale, 
par  une  action  dite  èçayioyT|Ç  <hxy|,  la  prohibition  du  ma¬ 
riage  entre  Athéniens  et  étrangers  [exagogès  dikè  .  Les 
partisans  de  cette  théorie  ne  sont  point,  du  reste,  d'accord 
sur  le  point  de  savoir  à  quelle  époque  l’épigamie  serait 
devenue  une  condition  légale  du  mariage.  Suivant  les 
uns,  la  prohibition  du  mariage  entre  Athéniens  et  étran¬ 
gers  aurait  existé  même  avant  le  décret  rendu  par  Péri- 
clès  en  451 13  qui  refusait  désormais  le  droit  de  cité  à 
ceux  qui  n’étaient  point  nés  de  père  et  mère  citoyens. 
Suivant  d’autres,  elle  serait  seulement  postérieure  à  ce 
décret. 

La*  théorie  de  l'épigamie  est  toutefois,  malgré  la 
faveur  dont  elle  jouit,  fortement  contestable.  Visible¬ 
ment  inspirée  de  la  théorie  romaine  du  connubium,  elle 
ne  présente  cependant,  comme  la  démontré  llruza‘% 
aucun  intérêt  sérieusement  appréciable  dans  le  droit 
attique.  Elle  parait,  en  outre,  contredite  par  des  docu¬ 
ments  très  sérieux.  Il  est  certain  d’abord  qu’avant  le 
décret  de  Périclès,  le  droit  attique  a  reconnu  la  validité 
des  mariages  mixtes,  et  l'on  peut  citer  plusieurs  cas 
de  mariages  contractés  entre  personnes  de  nationalité 
différente  et  dont  la  validité  ne  parait  avoir  soulevé  aucune 

1  36.  —  9  Meier,  Schoemann  et  Lipsius,  p.  503  ;  Scliulthess,  Vormundscliaft  nach 
attischem  Jlechte,  p.  81  ;  Ciccolti,  p.  19  ;  Beauchct,  t.  1,  p.  178.  —  10  Schocmaun- 
Galuski,  1,  p.  407  ;  l'iatner,  Process ,  H,  p.  240  el  Beitr.  p.  100  ;  Tlionisscn,  p.  340  ; 
Hermanu-Thumser,  Staatsalterl.  p.  443;  Van  den  Es,  p.  23;  Gilbert,  I.  p.  208  ; 
Ciccolti,  p.  16  ;  Meier,  Schoemann  el  Lipsius,  p.  442  ;  Vau  Stegeren,  p.  64  :  Hermanu- 
Th&lhcim,  p.  21,  u.  2;  Dareste,  Plaid,  eiv.  1,  p.  41,  n.  4,  p.  311,  n.  19  ;  Clerc,  Les 
métèques  athéniens,  p.  207  ;  Miiller-Busolt,  Handb.  der  klass.  Alterth.  I.  IV,  1, p.  141. 

_ il  17,52.  —  >2  Isocr.  Plat.  XIV,  §  51  ;  Lvsias,  De  liepubl.  XXXIV,  3  ;  Deniostli. 

I'ro  coron.  §§  91  et  187.  —  13  Arislot.  Constit.  des  Atlicn.  c.  20.  —  14  II,  p.  103 
et  s. 


MAT 


—  1 644  — 


objection.  Plusieurs  Athéniens  illustres,  bien  qu'issus 
d'une  mère  étrangère,  furent  considérés  comme  légitimes 
et  comme  citoyens  :  tels  notamment  Clisthène,  le  grand 
réformateur1,  Thémistocle 2  et  Cimon3.  Le  décret  rendu 
sur  la  proposition  de  Périclès,  en  451,  dut  sans  doute 
avoir  une  grande  influence  sur  les  mariages  mixtes,  mais 
on  a  fort  exagéré  cette  influence.  Le  décret  de  Périclès, 
à  notre  avis,  n'a  porté  aucune  atteinte  à  la  validité  des 
mariages  mixtes.  Sans  doute,  les  enfants  nés  de  ces 
unions  ne  pouvaient  plus,  comme  auparavant,  prétendre 
a  la  jouissance  du  droit  de  cité  ;  ilsdevinrentvôOot  au  point 
de  vue  politique.  Mais  ils  n’en  demeurèrent  pas  moins 
légitimes  et  conservèrent,  en  principe,  la  jouissance  de 
tous  leurs  droits  civils,  n’étant  point  ainsi  vd0oi  au  point 
de  vue  du  droit  de  famille.  On  peut  citer,  en  effet,  un 
assez  grand  nombre  de  cas  de  mariages  mixtes  ayant 
donné  naissance  à  des  enfants  dont  la  légitimité  est 
incontestable  *. 

Les  arguments  sur  lesquels  on  fonde  la  théorie  de 

I  épigamie  sont,  d’autre  part,  très  discutables.  Ainsi, 
d  abord  les  lois  citées  par  Démosthène  dans  son  discours 
contre  Nééra  ne  prononcent  en  aucune  manière  la  nullité 
du  mariage  par  cela  seul  qu’il  aurait  été  contracté  entre 
Athénien  et  étrangère.  D’autre  part,  elles  requièrent  pour 
leur  application  une  fraude  spéciale  du  côté  de  la  partie 
pérégrine  °.  Quant  à  la  prétendue  action  pénale  nommée 
icaywYT|Ç  o tVr„  rien  ne  prouve  son  existence  dans  le  droit 
altique  exagogès  dikè].  En  ce  qui  concerne  enfin 
les  documents  où  l'on  a  voulu  trouver  des  cas  de  conces¬ 
sion  d’épigamie,  nous  observerons  d’abord  que  les  cas 
allégués  se  réfèrent  tous  à  une  concession  collective  et 
qu  on  n'en  cite  aucun  ayant  trait  à  un  individu  déterminé. 
Or  si,  comme  on  le  prétend,  l’épigamie  avait  pu  être, 
comme  le  connubium  à  Home,  concédée  soit  isolément, 
soit  collectivement,  il  serait  étrange  que  les  inscriptions 
ne  nous  eussent  révélé  aucun  cas  de  concession  indivi¬ 
duelle.  i\ous  en  possédons,  en  effet,  un  grand  nombre 
concernant  la  concession  d’une  faveur  analogue  à  des 
métèques,  à  sax’oir  de  l’isotélie6,  et  il  serait  singulier 
qu'il  ne  nous  en  fût  parvenu  aucune  relative  à  la  con¬ 
cession  de  l'ëpigamie.  Quant  aux  divers  cas  de  conces¬ 
sion  collective  d'épigamie  que  l'on  prétend  trouver  dans 
les  discours  des  orateurs,  ils  ne  sont  nullement  décisifs  7. 

II  parait  donc  plus  exact  d’admettre  que  les  mariages 
mixtes  n’ont  jamais  été  prohibés  par  la  loi  athénienne. 

11  n'existe  d'autre  part,  à  Athènes,  aucune  prohibition 
au  mariage  provenant  de  la  différence  de  classes  des 
époux,  et  un  citoyen  de  la  première  classe  peut  valable¬ 
ment  épouser  une  femme  d'une  classe  inférieure8. 

C.  Effets  du  mariage.  —  LA  V  égard  des  époux.  Les 
effets  que  produit  le  mariage  à  l'égard  des  époux  sont 
relatifs  soit  à  leurs  personnes,  soit  à  leurs  biens.  Nous 
ne  nous  occuperons  pas  ici  des  rapports  pécuniaires  des 
époux  qui  ont  été  précédemment  exposés  [dos].  En  ce 
qui  concerne  leurs  rapports  personnels,  on  admet  géné¬ 
ralement  que  le  mariage  a  pour  effet  d’investir  le  mari 
de  la  tutelle  de  la  femme  et  que  tous  les  pouvoirs  qui 
appartenaient  au  kyrios  sont  désormais  exercés  par  le 

l  Hcrod.  VI,  p.  130  et  s.  —  2  Plut.  Themist.  c.  1  et  2  ;  Cornélius  Nep. 
Ibid.  c.  i.  —  3  Herod.  VI,  139;  Plut.  Cimon ,  c.  4.  —  4  Voir  les  divers  cas  cités  par 
Hruza,  II,  129  et  s.  —  5  Hruza,  II,  p.  139.  —  6  Clerc,  p.  200  et  s.  —  7  Hruza, 
p.  144  et  s.  ;  Beauchet,  t.  I,  p.  210  et  s.  —  B  Van  den  Es,  p.  33  ;  Beauchet,  I.  I, 
p.  212.  —  9  Dareste,  Journ.  des  sav.  1874,  p.  G21  ;  Van  Stegeren,  p.  35, 102;  Platner, 
Process,  t.  II,  p.  275;  Haffter,  Die  Erbtochter  nach  attischem  Iiecht ,  p.  35  et  79  ; 


MAT 

mar.A  Certains  textes  montrent,  en  effet  i 

çan  les  fonctions  de  kyrios  de  sa  femme  ■»  , 
seulement  à  Athènes,  mais  aussi  à  Ténos"  C°la 
Dans  une  autre  théorie,  qui  nous  semble  ni, 

on  admet  que  si  le  mari  peut  avoii>  Is  t,Xacle 


lll!,1'i  oxer- 1 
non 


ordinairement  la  qualité  de  kyrios  de  si 


°ir  souvent  et  a 


sa  femme 


"mine 1 


point  cependant  la  tutelle  en  vertu  du  ? 11  "exerce 
mais  en  vertu  d’un  titre  spécial,  antérieur* l?8®  mèrae-' 
au  mariage.  Si  donc  le  mari  n’a  point  un  r,  neur 
pour  exercer  cette  tutelle,  la  qualité  elles  no"  ^ 
kyrios  appartiennent  à  celui  qui  était  investi  deS 
Lion  avant  le  mariage,  et  la  femme  est  ainsi  Jnc' 
parallèlement  à  deux  puissances  distinctes"  rT 
seconde  théorie,  qui  est  parfaitement  conciliable’,  6 
textes,  permet  seule  d’expliquer  comment  le 
devenu  kyrios  de  sa  femme,  cesse  de  l’être  quand  le  J] 
nage  est  dissous.  En  effet,  le  pouvoir  du  kyrios  o 
s’exerce  indépendamment  de  toute  relation’ maritale1 
devrait  logiquement  survivre  au  mariage,  et  cependant 
l’on  admet  généralement  que  si  le  mariage  se  dissout 
par  le  divorce,  la  femme  retombe  sous  la  puissance  du 
kyrios  qui  exerçait  la  tutelle  antérieurement  au  mariage. 

Si  l’on  admet  que  le  mari  n’est  pas  de  plein  droit  le 
kyrios  de  sa  femme,  il  faut  dire  que  le  kyrios  conserve 
les  pouvoirs  qu'il  avait  antérieurement  sur  la  femme, 
sauf  ceux  dont  il  a  fait  délégation  expresse  ou  tacite  au 
mari.  Ainsi  le  kyrios  conserve  le  droit  de  disposer  de  la 
personne  de  sa  pupille  et,  par  suite,  il  possède  le  droit 
de  dissoudre  le  mariage  par  sa  seule  volonté  et  de 
reprendre  sa  pupille  [divortium,  p.  320].  Mais  tant  qu’il 
n'use  pas  de  ce  droit,  la  femme  est,  par  la  nature  même 
du  mariage,  tenue  de  résider  avec  son  mari.  D’autre  part, 
le  kyrios  conserve  en  principe  les  pouvoirs  qu’il  avait 
sur  les  biens  de  la  femme,  et  c’est  lui,  en  règle,  et 
non  le  mari  qui  doit  intervenir  pour  assister  la  femme 
dans  un  acte  de  disposition  ou  pour  la  représenter  en 
justice.  Mais  relativement  aux  biens  constitués  en  dot, 
en  admettant  d’ailleurs,  ce  qui  est  contesté,  que  le  mari 
n’en  devienne  pas  propriétaire,  il  a,  en  vertu  du  contrat 
de  mariage  passé  avec  le  kyrios,  l’administration  et  la 
jouissance  de  ces  biens  [dos]. 

Abstraction  faite  de  la  puissance  du  kyrios,  le  mariage 
produit  d’autres  effets  en  ce  qui  concerne  les  rapports 
personnels  des  époux.  Ainsi,  d’abord  les  époux  ont  le 
même  rang  dans  la  société,  et,  à  l’époque  où  la  noblesse  - 
existait  comme  caste  spéciale  et  possédait  certains  pn" 
lèges,  la  femme  mariée  à  un  mari  noble  devenait  noie 
elle-même13.  La  femme  prend,  d’autre  part,  h;  domine 
légal  du  mari,  du  moins  dans  le  cas  où  celui-ci  ‘ . 
kyrios.  Dans  le  cas  contraire,  elle  conserve  son  doiniu^ 

chez  son  kyrios,  du  moins  si  l’on  admet  la  thcoi  i . I  ^ 

laquelle  le  mari  n’est  pas  de  plein  droit  le  !'■> 1 
femme.  .  nr  je 

On  a  prétendu  qu’à  Athènes  la  femme  déco  1^^ 
fait  du  mariage,  étrangère  au  culte  de  sa  kiim 

gine  et  qu’elle  adopte  nécessairement  celui  de  ^(er. 

Mais  cette  manière  de  voir  repose  sur  une  f""  ^  j>on 
prétation  de  la  formalité  relative  à  la  YaPd" 

Il  nu  ThaH,e*ni* 

Meier,  Schoemann  et  Lipsius,  p.  506et  504;  Schullhess,  p.  ^  QCinogtlb  I  • 
p.  9  ;  Caillemer,  Les  papyrus  grecs ,  p.  20  ;  Van  den  Es,  p-  «  .-inthius.  ^ 


p.  20  ;  Van  tien  c-»,  v-  t?  ,aiAlliius, 


Aphob.  II, §  15;  Pro Phorin.  §§.28  eli ,  _ ! 

lliacl.  XIX,  291.—  n  Dareste, Haussoullior et  Reinach,  p-  ^  (  i,p. 31*«1^ 

Hruza,  II,  p.  G9  et  s.;  Philippi,  Gfitt.  gel.  Ans.  1807,  p.  "C  ca  ^  ^  c.  2. 

—13  Beauchet,  1. 1,  p.  220.—  K  luislel  de  Coulanges,  Cité  an  ’î1"  ’ 


MAT 


—  1045  — 


MAT 


ne  nous  l’avons  fait,  que  la  prestation  de  la 
admet'  '  "  ,  formalité  oui  n’a  trait  qu’à  la  preuve  du 

iment  pour  effet  d’as- 
i  et  que  celle-ci  con- 


P  ’  ,st  une  formalité  qui  n’a  tr; 
gl"""p  jl faut  dire  qu’elle  n’a  nulle 
®a"'  T’fümme  au  culte  de  son  mari 


■  h  femme  ai 

s0f"  le  mariage,  à  participer  au  culte  de  son 

ie'  "(.'v^  seulement  dans  le  cas  où  le  mari  est  tuteur 


kvrios. 


entre  les  époux  communauté  com- 


de  sa  femme  qu’il  y  a 

Le  juris  divini. 

p  Si  indépendamment  de  la  qualité  de  kynos,  qui  peut 
‘  ^,,er  au  mari  des  pouvoirs  considérables  sur  sa 
IV  1(!S  Jeux  époux  sont,  en  général,  sur  un  pied 
né  alité  le  mari  a  cependant  en  droit  la  flirection  géné- 
L  je  J,,  là  famille,  ce  qui  comprend  la  femme  aussi  bien 
|(,s  ànfants.  H  exerce  vis-à-vis  de  sa  femme  ce  qu’Aris- 
toU- nomme  une  à?rÔ  YW1-  c’est-à-dire  qu’il  est  le 
chefde  l’association  conjugale  dans  tous  les  points  qui 
ne  dépendent  point  de  la  puissance  tutélaire. 

Le  mari  est  tenu  non  seulement  de  recevoir  sa  femme 
au  domicile  conjugal,  mais  encore  de  subvenir  à  son  entre¬ 
tien  suivant  son  rang  et  sa  fortune.  Si  le  mari  néglige 
de  remplir  cette  obligation,  la  femme  peut  s’en  prévaloir 
1  comme  d’une  juste  cause  de  divorce,  àzdXstf-.;  [divortiüm, 
p.  319]. 

Lorsque  la  femme  mariée  est  une  épiclère,  son  mari 
est  tenu  envers  elle  à  certaines  obligations  spéciales 
précédemment  exposées  [epikleros,  p.  664]. 

Quant  au  devoir  de  fidélité,  on  a  précédemment 
exposé  dans  quelle  mesure  il  existait  entre  les  époux  et 
quelle  en  était  la  sanction  [adulterium,  p.  641. 

II.  A  l'égard  des  enfants.  —  Le  mariage,  dans  le 
droit  grec,  a  pour  but  principal  et  hautement  avoué  la 
procréation  d’enfants  destinés  à  perpétuer  le  culte  domes¬ 
tique  et  à  offrir  au  père  de  famille,  après  sa  mort,  la  série 
des  repas  funèbres  qui  doivent  assurer  le  repos  et  le 
bonheur  à  ses  mânes  ainsi  qu’à  ceux  de  ses  ancêtres.  Le 
mariage  a  d’autant  plus  d’importance  à  cet  égard  que  le 
fils  qui  doit  perpétuer  la  religion  domestique  doit  être 
issu  d’un  mariage  légitime,  car  l’enfant  naturel  ne  peut 
pas  remplir  le  rôle  religieux  dont  nous  venons  de  parler. 
L étude  des. effets  du  mariage  nous  amène  donc  naturel¬ 
lement  à  l’étude  des  effets  de  la  filiation,  c’est-à-dire  du 
lien  qui  rattache  l’enfant  né  du  mariage  à  ses  auteurs. 

ha  tiliation  ne  peut  évidemment  produire  un  effet 
quelconque  que  si  elle  est  légalement  certaine.  Cette 
Certitude  existe  toujours  à  l’égard  de  la  mère,  parce  que 
1  accouchement  est  un  fait  matériel  facile  à  constater  dans 
tous  ^es  cas-  La  paternité  est,  au  contraire,  incertaine 
®  ne  l)eu^  guère  s’établir  que  par  présomption.  A  cet 
egard  'e  ^r°il  grec  a,  comme  le  droit  romain,  admis 
'llh  1  enfant  est  présumé  avoir  pour  père  le  mari.  Il  faut 
toutefois,  pour 

la  femme  ait  c 
mariage.  Or 

J]  *a  éurée  légale  d’une  grossesse,  on  doit  admettre, 
1111  Passage  de  Platon2,  où  le  philosophe  se 
ga  Uul  'Ia>semblablement  au  droit  en  vigueur  dans 
ImoL  'à'  ’.<IUe  ^urée  minima  de  la  gestation  est  de  six 
LenV  ' 'nS  ^t  lft  durée  maxima  de  dix  mois  pleins. 
anl’  P°Ur  être  légitime,  doit  donc  être  conçu  au  plus 

1  Atistol.  Polit  i 

fl,  n  3*o  ■  '  C'  ''  —  2  fiat.  Civil.  I.  V,  p.  461  d.  —  3  Beaucliet, 

,  '  ,  •  4  Arist.  *" 


01s>  Pour  l’application  de  cette  présomption,  que 
conçu  ou  ait  pu  concevoir  pendant  le 
en  ce  qui  concerne  les  limites  extrêmes 

ga 


i.jsupj  .  Hket.  II,  c.  23,  g  11.  —  s  Andocid.  De  myster.  §  125 
:;r-  sur  la  1,1  ’  *sao'  Pyrrl1-  Aer.  g  70.  —7  Harpocr.  s.  u.  î5So|*. 

yj’">T'1'  noi'nmnn-Blümnor,  Privât  ait,  p.  282;  Beaucliet,  t.  I,  p.  341. 


cl  s'  ~  6  Eui'i 
*  C 


tard  le  cent  quatre-vingt-unième  jour  et  au  plus  tôt  le 
trois  cent  unième  jour  avant  celui  de  la  naissance,  el  le 
délai  pendant  lequel  la  loi  place  ainsi  la  conception  esl 
de  cent  vingt  et  un  jours.  Il  faut  toutefois  admettre,  bien 
qu’il  n’y  ait  pas  de  texte  à  cet  égard,  que  le  mari  pou¬ 
vait  décliner  la  paternité  de  l’enfant  en  prouvant  que 
pendant  ce  délai  de  cent  vingt  et  un  jours  il  avait  été  dans 
l’impossibilité  de  cohabiter  avec  sa  femme3. 

Le  mari  ne  parait  pas  avdir  la  faculté  de  désavouer 
l’enfant  pour  cause  d’adultère  de  sa  femme,  ou  du  moins 
le  désaveu  aurait  alors  très  peu  de  chance  de  réussir  en 
présence  de  ce  principe  de  droit  grec,  rapporte  par  Aris¬ 
tote,  que  «  quand  il  s'agit  de  reconnaître  des  enfants, 
c’est  surtout  aux  femmes  qu’on  s'en  rapporte  pour  décou¬ 
vrir  la  vérité  '*  ».  Il  semble  toutefois  qu  à  Athènes  le  mari 
qui  a  des  doutes  sur  sa  paternité  ait  le  moyen  de  la 
décliner  :  ce  serait  de  répudier  sa  femme  puis  de  prêter, 
lors  de  la  présentation  de  l’enfant  à  la  phratrie  par  les 
parents  de  la  mère,  le  serment  que  l’enfant  n’est  pas  de  lui  ". 

A  la  preuve  de  la  filiation  se  rattachent  deux  forma¬ 
lités,  à  savoir  la  o£xixT|  et  l'introduction  de  1  enfant  dans 
la  phratrie.  La  première,  qui  s'accomplissait  géné¬ 
ralement  le  dixième  jour  après  la  naissance  de  1  enfant, 
consistait  en  un  sacrifice  solennel,  auquel  on  convoquait 
les  proches  parents,  qui  apportaient  du  reste  au  nou¬ 
veau-né  certains  petits  présents6.  Cette  cérémonie,  fêle 
de  famille  ayant  un  caractère  purement  privé  dans 
laquelle  on  donnait  un  nom  à  l'enfant  ',  n  en  présentait 
pas  moins  un  certain  intérêt  au  point  de  vue  juridique, 
car  elle  constituait  de  la  part  du  père  de  famille  une  sorte 
de  reconnaissance  de  sa  paternité  qui,  plus  tard,  pouvait 
être  prise  en  considération  en  cas  de  contestation  sur  la 
légitimité  de  la  filiation8.  Quant  à  la  seconde  formalité, 
nous  renvoyons  à  ce  qui  sera  dit  ultérieurement  sur 
l’institution  des  phratries  [puratria]. 

Les  effets  de  la  filiation  peuvent  se  diviser  en  deux 
séries:  les  uns  s’appliquent  dans  les  rapports  de  l'enfant 
avec  ses  deux  auteurs  ou  leurs  parents  ;  les  autres  se 
limitent  à  ses  rapports  avec  son  père.  Parmi  les  effets  de 
la  dernière  série,  le  plus  important  est  la  puissance 
paternelle,  dont  il  sera  question  dans  un  article  spé¬ 
cial  [patria  potestas].  Un  autre  effet  spécial  aux  rapports 
de  l’enfant  avec  son  père  est  que  celui-ci  lui  commu¬ 
nique  sa  qualité  de  citoyen.  11  n'en  fut  ainsi  toutefois, 
à  Athènes,  que  jusqu’aux  décrets  de  Périclès  el  d'Aris¬ 
tophane,  car,  après  ces  décrets,  le  citoyen  athénien  qui 
épousait  une  étrangère  ne  conférait  plus  à  ses  enfants, 
quoique  légitimes,  le  droit  de  cité,  réservé  désormais 
aux  enfants  dont  le  père  et  la  mère  en  même  temps  sont 
citoyens  d’Athènes.  Les  enfants  jouissent  aussi  quelque¬ 
fois  des  faveurs  spéciales  accordées  au  père:  ainsi  la 
c(T7|<jiî  £v  npuTav£tw,  ou  nourriture  au  Prytanée  aux  frais 
de  l’État,  peut  être  accordée  à  un  citoyen  et  à  ses 
enfants5.  De  même  les  enfants  succèdent  quelquefois  à 
l’àT£)v£Îa,  ou  exemption  de  certaines  charges  publiques 
conférée  à  leur  père  [ateleia]  10.  Par  contre,  l'atimie,  avec 
toutes  les  conséquences  qu’elle  comporte,  peut  se  trans¬ 
mettre  aux  enfants11  atimia].  Il  semble  même  résulter 
d’un  discours  attribué  à  Déinosthène12  que  les  fils  de  ceux 


—  9  Demoslli.  C.  Theocr.  §  30.  —  10  Beauchel,  t.  I,  p.  358.  —  U  Demos!  h. 
C.  Androt.  §  33;  C.  Timocr .  «s  201  ;  C.  Theocr.  §  17;  Corn.  Ncp.  Cini.  §  7. 

—  12  Dont.  C.  Arist.  §  30;  cf.  Van  don  Es,  De  jure  familiarum  up.  Athen. 
p.  144. 


207 


MAT 


—  1646  — 


qui  avaient  été  condamnés  à  mort  se  trouvaient  frappés 
de  l'incapacité  de  parler  dans  l’assemblée  du  peuple. 

Quant  aux  effets  de  la  première  série,  les  principaux 
sont  les  suivants:  1°  La  filiation  légitime  engendre  la 
parenté  nommée  ày/tsxsia  [anchisteiaJ,  c’est-à-dire  la 
parentédonnant  aux  personnes  qu’elleuniteertainsdroits, 
et,  par  contre,  établissant  entre  elles  certaines  incapa¬ 
cités.  L’anchistie,  dans  le  droit  grec,  existe  d’ailleurs,  à 
la  différence  de  Vagnatio  du  droit  romain,  non  seulement 
vis-à-vis  des  parents  du  père,  mais  aussi  vis-à-vis  des 
parents  de  la  mère.  En  effet,  à  défaut  de  certains  parents 
paternels,  dont  le  nombre  est,  du  reste,  assez  limité,  la 
succession  passe  aux  parents  maternels1.  La  parenté 
engendrée  par  la  filiation  légitime  entraîne  entre  ceux 
qu’elle  unit  non  seulement  des  droits  de  succession,  mais 
aussi  d’autres  droits  qui  peuvent  se  rattacher  au  droit  de 
succession,  comme  celui  de  revendiquer  la  fille  épiclère 
ou  le  droit  de  tutelle.  Elle  peut  enfin  créer  des  incapacités 
de  mariage. 

2°  Une  obligation  alimentaire  réciproque  existe  entre 
les  ascendants  et  les  descendants  2.  Cette  obligation, 
pour  les  ascendants,  ne  se  borne  pas  à  nourrir  l’enfant; 
ils  lui  doivent  aussi  une  éducation  conforme  à  leur  for¬ 
tune  et  à  leur  situation,  ainsi  que  cela  résulte  de  la  dis¬ 
position  de  la  loi  athénienne  qui  libère  les  enfants  de 
leur  propre  obligation  alimentaire,  lorsque  leurs  parents 
ne  leur  ont  pas  donné  l’éducation  dans  le  sens  que  nous 
venons  d’indiquer3. 

Réciproquement,  les  enfants  sont  tenus  de  fournir  à 
leurs  ascendants  les  moyens  d’existence  dont  ils  ont 
besoin:  c’est  l’obligation  qui  est  connue  sous  le  nom  de 
yYjpoTçocpia,  et  qui  est  formellement  consacrée  par  la  loi  \ 
et  cela  non  seulement  dans  les  rapports  des  enfants 
avec  leurs  père  et  mère,  mais  aussi  vis-à-vis  de  tous  leurs 
ascendants  de  l'un  ou  l’autre  sexe.  L’obligation  alimen¬ 
taire  pèse,  du  reste,  sur  les  filles  aussi  bien  que  sur  les 
fils,  ainsi  que  le  prouve  la  généralité  des  termes  dont 
se  sert  la  loi  précitée5.  Cette  obligation  n’est  point 
limitée  dans  sa  durée  et  incombe  aux  descendants  à  tout 
âge6.  Elle  n’est  pas,  au  surplus,  spéciale  au  droit  attique, 
et  en  Argolide,  notamment,  les  parents  avaient  aussi  une 
action  alimentaire  contre  leurs  enfants  7. 

L'obligation  alimentaire  des  enfants  leur  est  impo¬ 
sée,  dans  l’esprit  du  droit  attique,  en  reconnaissance  de 
l'éducation  que  leurs  parents  leur  ont  eux-mêmes  donnée, 
et  des  sacrifices  qu’ils  ont  pu  faire  dans  ce  but8.  En 
conséquence,  le  législateur  athénien  a  restreint  d’une 
manière  assez  rationnelle  l'obligation  dans  des  cas  où  il 
considère  que  les  parents  n’ont  pas  rempli,  de  leur  côté, 
les  devoirs  que  la  nature  leur  impose  envers  leurs 
enfants.  Ceux-ci  sont  dès  lors  dispensés  de  l'obligation 
d’aliments:  1°  quand  ils  n'ont  pas  reçu  de  leurs  parents 
une  éducation  conforme  à  leur  état;  2°  quand  ils  ont  été 
prostitués  par  eux  ;  3°  quand  ils  sont  nés  d'une  concu¬ 
bine  et  qu’ainsi  par  leur  faute  leurs  parents  les  ont  mis 

1  Beauchel.  t.  I,  p.  360  et  s.  Contra,  Fustel  de  Coulanges,  Cité  antique ,  il, 
c.  5.-2  Cf.  B.-W.  Leist,  Graeco-ital.  liechtsgeschichle ,  p.  13.  —  3  Plut. 
Solon ,  c.  22;  Aeschin.  C.  Tim.  §  J  3.  —  '+  Isae.  De  Cir.  lier.  §  32.  —  «  Cf.  Meier, 
De  bonis  damnatorum ,  p.  129;  Van  den  Es,  p.  142;  B.-W.  Leist,  Loc.  cit.  ; 
Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  335  et  525  ;  Janus  Pan,  De  grati  animi  officiis  et 
poena  ingrat orum  jure  attico  et  romano;  Beauchet,  t.  I,  p.  3G2  et  s.  —  c  Meier, 
Schômann  et  Lipsius,  p.  355;  B.-W.  Leist,  p.  13.  —  7  Inscription  de  Mycènes, 
in  à^y.  1892,  67  ;  cf.  Wilamowitz,  Aristotelcs  u.  Atlien.  II,  48,  note  2G  ; 

Hermann-Thalheim,  p.  17,  note  3.  —  6  isae>  jje  Menec .  lier.  §  18.  —  <J  Plut.  Loc. 
cit.  ;  Aescliin.  Loc.  cit.;  cf.  Meier,  De  bonis)  p.  127;  Platner, Process,  I.  I,  p.  232; 


MAI' 

dans  une  situation  sociale  inférieure0  u- 
ne  peut  se  prévaloir,  pour  se  soustraire  .Z."8  Un  ,'"lari1 

cil  ^lofin  ,1^  .  .  . 


sa  dette,  de  l’indifférence,  delà 


au 


„  v  , ,  Paiement  de 

.  &  dure  te  on  Hoo 

traitements  qu’il  serait  en  droit  de  reproche"^'8 


parents10.  Il  esl  tenu  également 
lui  ont  laissé  aucuns  biens11. 

Quant  à  la  xsyvq  que,  d’après  Plutar 
doivent  faire  apprendre  à  leur  enfant 
vraisemblablement  par  là  non 


^«isespaUd 


cIUe'',  les  parents 
>  11  faut  entendre 

point  un  métior  1 
conque,  mais  plutôt  une  instruction  suffisante^ T 
peut  d  autant  moins  hésiter  à  étendre  l’obligation 
parents  à  l'instruction  proprement  dite,  qu’où  voit  ** 
obligation  semblable  peser  sur  les  tuteurs11.  La  [oi  dt  ""® 
du  reste  probablement  tenir  compte  de  la  condilion'dl 
père  et  de  ses  ressources15. 

L’obligation  alimentaire  des  enfants  envers  leurs 
ascendants  a  pour  objet  non  seulement  les  aliments  pro¬ 
prement  dits 10,  mais,  d’une  manière  générale,  tout  ce  qui 

et  spécia- 


est  nécessaire  à 


leur  entretien,  xi  ÊTtirqSeia11 


lement  le  logement 18.  Un  texte  parle  aussi  des  soins  que 
les  enfants  doivent  donner  à  leurs  parents10. 

3°  L  enfant  doit  à  ses  ascendants  un  certain  respect 
que  l’on  peut  définir  d’une  manière  négative  en  disant 
qu’il  doit  s’abstenir  vis-à-vis  de  ses  parents-  dé  toute 
action  constituant  ce  que  les  textes  nomment  xiy.w«ç, 
expression  assez  vague,  d’ailleurs,  et  qui  comprend  le 
refus  d’aliments  aussi  bien  que  le  manque  de  respect. 
En  l’absence  de  toute  définition  légale,  on  doit  dire  que 
la  détermination  des  cas  de  xàxwffn;  est  abandonnée  à  l'ap¬ 
préciation  du  juge20.  Il  y  a  spécialement  manque  de 
respect  quand  les  enfants  maltraitent  ou  insultent  leurs 
parents21.  Un  cas  particulier  de  xaxtosiç,  qui  ne  se  produit 
même  qu’après  la  mort  des  parents,  a  lieu  lorsque,  les 
enfants  ne  procurent  pas  à  leurs  ascendants  des  funé¬ 
railles  en  rapport  avec  la  dignité  de  leurs  familles,  obli¬ 
gation  dont  parlent  les  textes  en  disant  que  les  enfants 
doivent  xi  vop'.i;d[ji.evoc  ou  xà  vdpu|AYiTGtsïv  ’2.  Cette  obligation 
est  tellement  rigoureuse  que  rien  ne  peut  en  dispenser 
les  enfants,  pas  même  le  fait  d’avoir  été  prostitués  par 
leurs  parents  23. 

La  sanction  des  diverses  obligations  dont  les  enfants 
sont  tenus  envers  leurs  parents  (obligation  alimentant, 
respect)  consiste  d’abord  dans  une  action  immune 
xaxdWetoç  yovétov  ypa cpvj  [KAKOSEOS  GRAPHE]  qui  1  11  * 1 1,1 
contre  le  coupable  l’application  de  pénalités  rigoun  u*e. 
En  l’absence  de  toute  poursuite  et  de  toute  <  "nl ,,n 
nation,  le  fils  dénaturé  peut  se  trouver  expose  a  < 1 1 1111 
incapacités  politiques:  ainsi  il  ne  peut  être  111 J 
archonte.  En  effet,  dans  l’examen  préalable,  J  ^  jon'c_ 
[dokimasia],  auquel  sont  soumis  les  candidats  a  1  ^  ^ 
lions  publiques,  on  recherche  notamment  s 1  >  ,  ^ 
bien  conduits  envers  leurs  parents,  et  la  réponsi 
à  cette  question  entraîne  l’exclusion qjssout: 

D.  Dissolution  du  mariage.  —  Le  mariage  m ^ùrvitude 
1°  par  la  mort  de  l'un  des  époux  ;  2  put 

Thonissen,  Le  droit  pénal  de  la  Jlépubl.  atlién,  p-  292.  'le'i°r^  nos(||  philipp ■  IL 
p.  355;  Van  den  Es,  Loc.  cit.  ;  Beauchet.  t.  I,  P-  36*.  ,.  ;U. — U l.°- 

§  40  ;  cf.  Meier,  p.  127  ;  Thonissen,  Loc.  cit.  -  "  Dt '  '(j  1)cn)^tl..  C ■  V"’4' 
cit.  — 13  Cf.  Plat.  Crit.  p.  50  «.  —  U  Plat.  Leg.  XI,  926d  et  -  ^  ^  ^  r,y.  h tr. 

1,  §  40.  -  13  Cf.  Beauchet,  t.  I,  p.  305.  -  1°  P°»-  VHI;  33’  ~~  ,  18. 

§  32.  -  l»  Aeschin.  C.  Tim.  §§  13  et  28. -«  ^  De  Menec.  .-«b» 

Process,  t.  II,  p.  233.  —  21  Lysias,  C.  Agorat.  §  91 U  -)esc  j/(7  Del1).  C.  Ti* '«*• 
De  Menec.  lier. §  45  ;  Aescli.  C.  Tim.  g  13  ;  Lycurg.  •  1  oc  !  jen.  Mena». 

§  107.  —  23  Aescli.  Loc.  cit.  —  24  Dinarch.  C.  Arxstog -s 

2,  13. 


MAT 


1647  — 


MAT 


•  ,r  civili ;  9°  par  le  divorce.  Les  règles  spé- 
&nc°urU('  J1"  ^  du  (jivorce  el  à  ses  efi'ets  ont  été  précé- 


•  ion  ;i 1 1 x  causes 
Clil  t  cxPOSéeS  [DIV0RT1UM,  p-  31»j. 
de"1"11'"  1(>  ,nariage  se  dissout  par  la  mort,  il  ne  semble 

LOrST'  ut  pour  la  femme,  dans  le  droit  attique,  une 
pilS.qi"  V  légale  de  lugere  maritum ,  sanctionnée  par 
obligé 111 11  quelconque1.  On  ne  trouve  non  plus  aucune 
"ne  P Vun  délai  de  viduité.  Une  semblable  restriction,  si 
u"  "avoir  existé  dans  le  droit  primitif,  aurait  été 
les  mœurs  nouvelles,  et  avec  la 


tracé 
elle  peu 
peu  en  harmonie  avec 


!  des  seconds  mariages,  surtout  de  la  part  des 


frl'ql'  JULoin  "d’y  apporter  des  obstacles,  la  loi  athé- 

Ce  les  voyait  plutôt  d’un  œil  favorable.  On  a  cité,  il 
n  t  vrai,  une  prétendue  loi  d’Athènes  frappant  d’atimie  la 
femme  qui  se  serait  mariée  trois  fois3.  Mais  il  est  diffi- 
ile  d’admettre  l’authenticité  de  cette  loi  dont  on  ne 
retrouve  de  trace  nulle  part  U  A  Sparte  également,  les 
seconds  mariages  des  veuves,  loin  d’être  vus  avec  défa¬ 
veur,  étaient  encouragés  par  l’opinion5.  Au  surplus,  la 
veuve  est  sous  la  protection  spéciale  de  l’archonte  épo¬ 
nyme  lorsqu’elle  se  déclare  enceinte  au  moment  de  la  mort 


de  son  mari6.  .  .. 

La  servitude  encourue  jure  civili  par  l’un  des  époux 
met  fin  au  mariage,  car  il  n’y  a  point  de  connubium 
entre  Un  citoyen  et  une  esclave,  ou  entre  une  citoyenne 
et  un  esclave.  Toutefois  cette  cause  de  dissolution  du 
mariage  devait  être  assez  peu  fréquente,  car  les  cas  dans 
lesquels  un  citoyen  athénien  poirvait  être  privé  de  sa 
liberté  étaient  assez  rares1.  Quant  à  la  captivité,  il  ne 
semble  point  qu’elle  soit  à  Athènes  une  cause  de  dissolu¬ 
tion  du  mariage,  mais  elle  peut  fournir  une  juste  cause 
de  divorce8. 

On  a  voulu  assimiler  à  l’espèce  de  mort  civile  résul¬ 
tant  de  la  servitude  celle  qu’entraîne  l’atimie  des  débi¬ 
teurs  du  trésor  public.  Cette  atimie,  a-t-on  dit,  avait 
pour  conséquence,  sinon  immédiatement,  du  moins 
après  un  assez  court  délai,  la  confiscation  des  biens,  et 
cette  confiscation  permettait  .à  la  femme  d’agir  en  resti¬ 
tution  de  sa  dot9.  Or  cette  restitution  n’étant  point  pos¬ 
sible  pendant  le  mariage,  il  en  résulte  que  la  confisca¬ 
tion  des  biens  entraîne  la  dissolution  du  mariage10.  On 
peut  cependant  expliquer  le  droit  de  la  femme  de  récla¬ 


mer  sa  dot  non  comme  un  effet  de  la  dissolution  du 


mariage,  mais  comme  une  conséquence  de  la  diminution 
de  garanties  produite  par  la  confiscation.  Ce  que  l’on 
doit  plutôt  admettre,  c’est  que  la  confiscation  encourue 
parle  mari  peut  fournir  à  la  femme  une  cause  de  divorce, 
lorsqu  elle  est  prononcée  en  raison  de  faits  ayant  un 
caractère  déshonorant  et  de  nature  à  rendre  impossible 
m  vie  commune11. 

Quant  aux  effets  de  la  dissolution  du  mariage  concer¬ 
nant  la  personne  des  époux  et  des  enfants,  ils  ont  été 
Puudcmment  exposés  à  propos  du  divorce  [divortium, 


p.  320].  De  même,  lesoffels  delà  dissolution  du  mariage 
quant  aux  biens  des  époux  sont  indiqués  à  propos  de  la 
dot  [nos,  p.  392  .  L.  Beauciiet. 

Cérémonies  du  mariage.  —  Les  principaux  témoi¬ 
gnages  écrits  qui  nous  renseignent  sur  les  cérémonies 
du  mariage  en  Grèce,  sont  les  textes  des  lexicographes 
Ils  font  allusion  surtout  aux  usages  de  l’époque  clas¬ 
sique.  Aussi  nous  est-il  difficile  de  remonter  plus  haut 
et  d’étudier  avec  quelque  détail  les  usages  plus  anciens, 
antérieurs  au  v°  et  au  ive  siècle.  Nous  nous  bornerons  a 
rappeler  qu’au  chant  X VII I  de  l’ Iliade",  le  poète  homé¬ 
rique  décrit  une  scène  de  mariage  qui  nous  offre  a  coup 
sûr  un  tableau  des  mœurs  ioniennes.  Dans  une  des  deux 
villes  figurées  sur  le  bouclier  d’Achille,  on  célèbre  des 
noces  par  des  repas  solennels  ;  on  conduit  les  épousées  à 
travers  la  ville,  à  la  clarté  des  torches,  et  partout  reten¬ 
tissent  les  chants  d’hyménée  ;  des  jeunes  gens  dansent 
en  chœur,  au  son  des  flûtes  et  des  cithares,  et  des 
femmes  admirent  le  spectacle,  debout  devant  le  vesti¬ 
bule  des  maisons.  Un  fragment  de  Phérécyde  de  Syroÿ, 
qui  décrit  les  .noces  divines  de  Zeus  et  de  Héra, 
emprunte  sans  doute  plus  d’un  trait  aux  coutumes  du 
vie  siècle  u,  et  les  peintures  du  vase  François,  où  le 
sujet  de  l’une  des  zones  représente  les  noces  de  Thétis 
et  de  Pélée  15 ,  peuvent  aussi  s’inspirer  de  certains 
détails  de  la  vie  réelle.  Il  est  probable  que,  au  cours  du 
temps,  l’évolution  des  mœurs  a  simplifié  le  cérémonial  du 
mariage,  comme  elle  a  restreint  le  luxe  des  funérailles. 
C’est  cette  période  plus  récente  que  visent  les  textes 
des  lexicographes,  et  nous  en  trouvons  le  commentaire 
figuré  dans  les  peintures  des  vases  attiques  du  style  le 
plus  développé. 

Bien  que  le  mariage,  en  Grèce,  soit  d'institution  sacrée 
[hierosgamos]  1G,  il  ne  comporte  point,  à  proprement  par¬ 
ler,  de  cérémonie  religieuse  d’un  caractère  officiel  On 
ne  saurait  généraliser  les  cas  exceptionnels  où,  au  dire 
de  Plutarque,  on  voit  intervenir  les  prêtresses  de  Démé- 
ter  et  d’Athéna17.  Si  les  rites  religieux  et  les  sacrifices 
trouvent  leur  place  dans  les  cérémonies  nuptiales,  ils 
relèvent  plutôt  du  culte  domestique  que  du  culte  officiel, 
et,  à  vrai  dire,  c’est  dans  la  maison  du  père  de  l'épousée 
que  se  passent  les  actes  solennels  qui  constituent  la  célé¬ 
bration  du  mariage. 

Lorsque  l’accord  était  fait  entre  les  deux  familles, 
on  fixait  le  jour  des  noces.  Il  semble  que,  le  plus  sou¬ 
vent,  on  préférât  les  mois  d’hiver18;  dans  le  calendrier 
attique,  un  de  ces  mois,  celui  de  Gamélion,  est  désigné 
par  un  nom  qui  signifie  le  mois  nuptial  19.  On  choi¬ 
sissait  aussi  assez  volontiers  le  moment  où  la  lune,  étant 
dans  son  plein,  promettait  une  soirée  claire,  un  ciel 
net  et  pur20. 

Les  apprêts  du  mariage,  les  fêtes  dont  il  était  l'occa¬ 
sion,  occupaient  en  général  trois  jours,  au  moins  à 


s'"s  Th,  i  "  ’  Bcauc,let>  V  L  P-  372.  —  2  Hermann-Blümner,  p.  267.—  3  Meur- 
des  Alh  f  ’ \al1'  •* — *Ciccotli,  p.  60. — 6  Jannet,  p.  100.  — 6  Aristot.  Constit. 

— 7  Caillcn  ’  Cl  llemos"‘.  C.  Alacart.  §  73.  Voir  supra,  eisaggelia,  p.  501 . 
I.  ]  p  j-j1’  de  la  dot,  p.  25,  Thonissen,  p.  309  et  312.  — s  Beauciiet, 

p.  ](|  d'.tym,  magn.  340,  344;  cf.  Caillemer,  Restit.  de  la  (loi t 

—  ^  Harpoer  "  "CU  ^S’ —  11  Caillemer,  A.  c.  p.  ta  ;  Ciccotti,  p.  53. 
80;  VIII  M .'y*'.  *oux?°?6fos  xtà  XouTDoiijpE'fv ;  Poil.  Unotn.  III,  40,  41,  43:  IV 
tÜi;"’lle'*eh-  *'  4ï“lrf>  «M«,  kiSOa;,  W,o»oî«£rri,WrpoîoPoÇ, 
Arisloph  Ar>  I-.  I0*  S  V’  fyMovtxbv,  XouTça,  Xou-roo:pôpo;,  etc.;  cf.  Schol. 

4d.  lî|asSi  ||  'T,  ',!<i  ols- 1  Eustalh.  ad  lliad.  23,  v.  141  ;  Eurip.  Aie.  921  et  s.  ;  Hyper. 
l'ttUchrifi  fi  5. 1.es  sources  littéraires  sont  indiquées  par  Sticolli, 

'  p  1  dlenndorf ,  p.  181  ;  cf.  Becker-Gôll,  Charikles,  111,  p.  360  et  s. 


—  13  lliad.  XVIII,  v.  490  el  s.  ;  cf.  Hesiod.  ‘A»*!;  'Hpuki.uc,  270  et  s.  où  la  descrip¬ 
tion  d'une  fête  nuptiale  dérive  du  poème  homérique.  —  H  Diels,  Abliandl.  der  Ber¬ 
lin.  Alcali,  der  Wiss.  1 897  ;  Phil.  Hisl.  Classe,  p.  145;  Deubncr,  Jalirb.  des  arch. 
Inst.  XV,  1900,  p.  150.  —  13  Wicn.  Vorlcgebl.  1888,  VIII,  pl.  u;  Mon.  de  lliist. 
IV,  pl.  i,  îv  cl  s.  ;  cf.  une  scène  de  mariage  sur  un  vase  archaïque  public  par 
Cecil  Smith,  Journ.  of  hell.  Stud.  1,  p.  202,  pl.  vii,  et  sur  une  amphore  d'ancien 
style  reproduite  plus  loin,  lig.  4869,  H.  Thiersch,  Tyrrhenische  .1  mphoren,  Leipz. 
1899,  pl.  v,  p.  65.  —  16  Slob.  Serm.  LXV1I,  23;  Plat.  Leg.  VUl,  p.  841  D. 

_ 17  Plut.  Praec.  conj.  p.  138  B  ;  Zonar.  Lexikon.f.  77  ;  cf.  Lobeck,  Aglaophamus, 

p.  630.  —  1*  Aristot.  Polit.  VU,  16,  p.  1333  a.  —  19  ilesych.  s.  ».  Paj/iriktiiv  ;  cf. 
Olymp.  ad  Aristot.  Aleteor.  1,  6,  8  ;  Pind.  Jstlini.  VIII,  93;  Hesiod.  Op.  et  dies, 
I  780.  —  20 Eurip.  Jpliig.  Aul.  v.  717;  Dio.  Chrys.  VII,  70,  p.  113. 


MAT 


—  1648  — 


l’époque  pour  laquelle  les  textes  nous  renseignent.  S’il 
reste  encore  quelque  incertitude  sur  l’ordre  rigoureux  des 
cérémonies,  sur  la  durée  du  temps  qu'on  leur  consacrait, 
on  peut  tout  au  moins  les  répartir  de  la  manière  sui¬ 
vante  :  1°  les  cérémonies  préparatoires  ;  2°  le  mariage 
(yxuoç);3°  la  fête  des  ÈTtxùXia  qui  se  célébrait  le  lendemain 
des  noces. 

I.  Les  cérémonies  préparatoires.  — -  Pollux  mentionne*, 
sous  le  nom  de  7tooxùXix,  le  jour  qui  précédait  le  mariage. 
Cette  journée  était  consacrée  aux  préparatifs  de  la  fête  et 
à  certains  rites  d’usage.  La  fiancée  faisait  en  quelque 
sorte  ses  adieux  à  sa  vie  de  jeune  tille,  et  consacrait  à 
Artémis  les  jouets  qui  avaient  charmé  son  enfance.  Dans 
une  épigrammede  Y  Anthologie,  une  fiancée  offre  à  Arté¬ 
mis  «  ses  tambourins,  sa  balle,  son  cécrvphale,  ses  pou¬ 
pées  et  les  vêtements  de  ses  poupées2  ».  Il  est  probable 
qu  il  faut  aussi  placer  dans  cette  journée  la  cérémonie 
des  TtsoTîÀeix;  tout  au  moins  le  témoignage  d’Hésychius 
est  assez  précis  sur  ce  point  (tx  7rpoTÉXsia...  nfo  gixç  tffiv 
Yxgwv  rr,ç  rxoOÉvou) 3.  Suivant  le  même  auteur,  elle 
comportait  un  sacrifice  et  une  fête  (tj  Ttpb  tcov  yxgmv 
Ouaix  xa;  sop-vj)  V  C'était  donc  un  acte  religieux,  consis¬ 
tant  en  un  sacrifice  offert  par  le  père  de  la  fiancée,  et  qui 
consacrait  la  jeune  fille  à  Artémis  et  aux  Moires  5. 

Certains  critiques  placent  les  TrpoTÉXsia  le  jour  même 
du  mariage,  et  y  reconnaissent  le  sacrifice  célébré  immé¬ 
diatement  avant  le  repas  de  noces  6.  On  peut  cependant 
objecter  que,  dans  ce  cas,  la  présence  du  fiancé  eût  été  de 
règle,  et  que  le  même  sacrifice  eût  réuni  les  deux  jeunes 
gens.  Or,  il  semble  bien  résulter  d’un  passage  de  Pollux 
que,  si  le  fiancé  accomplissait,  lui  aussi,  la  cérémonie 
des  TrpoTÉXîtx,  c’était  isolément  (■jipoTîXeïffSxi  oè  èXéyovTO  où 
abvov  xi  vùptpat  àXXx  xxt  oi  vugcp(ot)  '.  Voici  un  autre  texte 
qui  parait  prouver  que  le  fiancé  n’assistait  pas  nécessai¬ 
rement  au  sacrifice  offert  par  le  père  de  l’épousée.  Dans 
Iphigénie  en  Aulide ,  le  messager  rapporte  les  propos 
qui  courent  dans  le  camp  des  Grecs  :  «  On  consacre 
(■jrpoTsXiÇoixTi)  la  jeune  fille  à  Artémis,  reine  d’Aulis  ;  mais 
qui  doit  l’épouser?  »  Et  quand  Agamemnon  annonce  à 
Clyteinnestre  le  mariage  prochain  d’Iphigénie,  elle  lui 
demande  :  «  As-tu  offert  à  la  déesse  le  sacrifice  prélimi¬ 
naire  (ttûotéXe'x) 8  ?  »  Nous  croyons  donc  que  cette  pré¬ 
sentation  de  la  jeune  fille  à  l’autel,  au  moment  du  sacri¬ 
fice  offert  par  le  père,  était  indépendante  du  repas  de 
noces  et  pouvait  avoir  lieu  la  veille,  comme  l’affirme 
Hésvchius,  quand,  pour  donner  aux  fêtes  du  mariage 
plus  de  solennité,  on  les  répartissait  sur  plusieurs  jours. 
11  reste  possible  que,  dans  certains  cas,  lorsque  les  fêtes 
étaient  célébrées  plus  modestement,  le  sacrifice  des  7tpo- 
xÉXeta  fût  reporté  au  jour  même  du  mariage  9. 

Cette  cérémonie  se  complétait  par  l’offrande  des  àrap- 
yai10.  La  jeune  fille  coupait  une  boucle  de  ses  cheveux  et 
la  consacrait  à  Artémis.  Les  usages  variaient  d’ailleurs 
suivant  les  pays.  A  Mégare,  les  fiancés  faisaient  des  liba¬ 
tions  sur  le  tombeau  de  la  vierge  Iphinoé,  fille  d’Alca- 

1  Poil.  111,  39:  cf.  Phot.  Lexic .  p.  464.  —  -  Anth.  Pal.  VI,  280.  — 3  Ilcsycli. 

I,  p.  799,  s.  v.  yàjjnov  eôr,.  —  4  Hcsych.  s.  v.  rporeXsia.  —  **  Poli.  III,  38. 

—  Smith ,  Journ.  of  hall.  Stud.  p.  205-200  ;  Blümncr,  Privatalt.  p.  271; 
I\Nan  von  Muller,  Griech.  Privatalt.  p.  148  ;  Bccker-Gôll,  Charikles,  III,  p.  361. 
Sticotti  les  identifie  avec  un  sacrifice  fait  aux  nymphes  au  moment  de  la  lou- 
trophorie,  Festschr.  fur  O.  Benndorf,  p.  18G.  —  7  Poil.  III,  38.  —  8  Iphig . 
Aid.  éd.  Weil,  v.  433  et  717.  —  9  Acli .  Tat.  II,  12.  —  *0  Hesycli.  I,  p.  799. 

—  11  Paus.  I,  43,  4.  —  12  Plut.  Narr.  amat.  I,  p.  772  B;  cf.  Schol.  Pind.  Pyth. 
IV,  10,  4.  —  13  Voir  cependant  Harpocr.  8.  v.  Xoy^oçoçoç.  Ü’aprcs  lui,  cette  céré¬ 
monie  a  lieu  */aT à  t r,v  toJ  râjjiou  #,;xîî,«» ;  cf.  Iwan  von  Miiller,  Privatalt.  p.  148, 


MAT 

thoos,  et  y  déposaient  des  boucles  de  leu,. 

Délos,  on  accomplissait  le  même  rite  et  l'nV “'VüUx :i 
consacrée  à  Hécaergé  et  à  Opis  11  a  l’hij.  ,  nde  éWt 
les  fiancés  se  rendaient  à  la  fontaine'"^’ * *  ^ 

offraient  un  eaninfi/w*  ......  lu..  .  '  tUSSOOSsa,  et 


.  qu’il 


«...  --daine 

offraient  un  sacrifice  aux  Nymphes  12 

C’est  aussi  1»  veille  du  mariage,  croyons-„0U8 
faut  placer  la  cérémonie  de  la 
ruoROs],  Le  bain  nuptial  étaiten  Grèce  un  usage  I? t 
t|ul’  summl  les  P"ïs-  comportait  des  pr«tL*s  1 
rentes  [hieros  gamos].  En  Troade,  les  fiancées 
gnaient  dans  le  Scamandre,  et  prononçaient  une  1 T 
formule  rituelle  :  «  Reçois,  ô  Scamandre,  ma  virRiniu  , 

(  Ax6e  gou,  SxaaavopE,  TY|V  TtapOsviav) ,5.  A  Thèbes  onpiir  y 
l’eau  du  baiu  dans  lTsménos,  pour  l’apporte’r  aux  liai 
cées*".  En  général,  on  utilisait  pour  cet  usage  l’eau 'dû 
fieuve  qui  coulait  dans  le  pays”.  Un  passage  souvent  cité 
de  Thucydide  nous  apprend  que  les  Athéniens  se  servaient 
pour  le  bain  nuptial,  de  l’eau  de  la  fontaine  Callirrhoé  et 
les  termes  qu’emploie  l’historien  attique  T£  ,W!. 
xcov)  semblent  indiquer  que  l’offrande  du  bain!  la  loutre- 
phorie,  précédait  la  journée  consacrée  au  mariage18. 
Cette  cérémonie  s’accomplissait  avec  un  certain  appa¬ 
rat.  Contenue  dans  une  loutrophore,  c’est-à-dire  dans 
une  amphore  de  forme  spéciale,  l’eau  du  bain  était 
apportée  à  la  fiancée  par  un  jeune  garçon  choisi  parmi 
les  parents  les  plus  proches,  au  dire  d’Harpocration,  ou 
par  une  jeune  fille,  suivant  Pollux19.  Si  l'on  se  reporte 
aux  scènes  de  loutrophorie  peintes  sur  les  vases  attiques, 
on  s’aperçoit  que  ces  deux  témoignages  se  concilient  très 
facilement,  et  que  la  cérémonie  donnait  lieu  à  la  forma¬ 
tion  d’un  cortège  oû  figuraient  à  la  fois  le  jeune  garçon 
et  la  jeune  fille.  Une  loutrophore  du  Musée  national 
d’Athènes  nous  met  ce  cortège  sous  les  yeux  (lîg.4861)20. 
Une  femme  portant  deux  torches  ouvre  la  marche  et  se 
retourne  vers  les  autres  personnages  qui  s’avancent  à  pas 
mesurés.  Vient  ensuite  un  jeune  garçon,  le  nccïç  dont 
parle  Harpocration  ;  couronné  de  myrte,  il  joue  de  la 
double  flûte.  Derrière  lui,  marche  une  jeune  fille,  presque 
une  fillette,  à  en  juger  par  sa  taille,  portant  d  un  air 
recueilli  la  loutrophore  qui  contient  l’eau  du  bain,  et 
devant  laquelle  vole  un  Éros.  La  fiancée  s  avance  a  la 
suite,  drapée  dans  un  manteau,  la  tète  inclinée,  avec  une 
expression  charmante  de  grâce  et  de  pudeur,  et  deux 
femmes,  dont  l’une  tient  une  torche,  complètent  !»■  1111 
tège.  Comme  le  fiancé  n’y  figure  pas,  il  est  impossible  e 
confondre  cette  peinture  avec  celles  qui  représi  ulml 
rencontre  des  époux,  et  il  n’y  a  guère  dhypollusi  p  llï 
plausible  que  d’y  reconnaître  la  scène  de  la 
phorie.  La  présence  des  torches  portées  pui  T "x  ^ 
femmes  permet  de  croire  que  cet  épisode  des  ci  i  '  ^  ^ 

nuptiales  avait  lieu  à  la  tombée  de  la  nuit,  dans 
qui  précédait  la  célébration  des  noces-1.  ___ 

IJ.  Le  jour  du  mariage  (yxp.oç).  1°  Les  prepuxt  ^  ^ 
Il  est  facile  d’imaginer  que,  ce  jour-là,  la  ^ 

père  de  la  fiancée  était  en  rumeur.  On  décoiui 


Slicoll»' 


0.  /« 


|ui  la  place  le  jour  du  mariage.  Four  1  opinion  conliaiic,'  j  Aristop^1 


p.  187.  —  H  Harpocr.  L.  c.  ;  Poil 


.  III,  43  ;  Hcsych.  p.  121.25; 


Schol* 

lo  même  usage 


est 

r  nù  le  ii"'11"  . 

Lysistr.  v.  378.  —  13  Ps.  Acsch.  Ejnst.  10,  3,  p.  080  ;  cf.  P-  ’  ^  ^  jans  |c  Méandre  ; 

mentionné  pour  Magnésie  clu  Méandre.  Les  fiancées  se  baignait  ^  ^  jjcliol. 

367.  — 16  Eurip.  Phoen.  v.  •  >  •  ^  III,  43. 

ed. 


cf.  Bccker-Gôll,  Chari/cles,  III,  p  , 

rip.  Phoen.i.  v.  347.  -  I*  Tliucyd.  Il,  13.  -  «  Harpocr.  5.  r.  .  Mon-  im 

—  30  Collignon-Couve,  Calai,  des  vases  du  Mus.  nat.d  At/à>ieS>  1888,  pl-  ' 
X,  pi.  xxxiv,  1  et  Annali ,  1876,  p.  333  (Schreiber) ,  Wien .  0  J 

n°  2;  Wolters,  Ath.  AJitth.  XVI,  1891,  p.  381,  n®  18.  —  21  Herz°Ç» 
p.  140;  Sticotti,  O.  I.  p.  187, 


MAT 


I  ()4î>  — 


MAT 


•  , .  on  disposait  sur  les  murs  ces  couronnes 

4e  gu‘rlanl  '^les  peintres  de  vases  n’ont  garde  d’oublier 
d«"1'vrteq"|'|.|,senlati0ns  de  scènes  nuptiales2.  Tous  ces 
dansll’n''  mettaient  le  voisinage  en  émoi  et  provo- 
pParl‘  '  cvlriosité  des  passants.  Quelques  lignes  de 
qll8ieo1  ,l  irmetlent  d’évoquer  un  véritable  tableau 


de  genre  :  «  Klle  m’engagea  à  me  pencher  du  côté  de 
votre  ruelle  pour  voir  partout  des  couronnes,  des 
joueurs  de  flûte,  le  mouvement  de  la  fêle,  les  choeurs 
chantant  l’hyménée9.  »  Il  est  vraisemblable  que  la  ma¬ 
tinée  était  occupée  à  ces  soins. 

Dans  le  gynécée,'  les  femmes  entouraient  la  liancee 


Fig.  4861.  —  Scène  de  loutrophorie. 


et  procédaient  à  sa  toilette,  sous  la  direction  de  la 
nympheutria  \  à  qui  était  confiée  la  mission  de  parer 
la  jeune  tille  (vup.^oa'ioXsïv) 6,  de  l’aider  de  ses  conseils  et 
de  l’accompagner  pendant  toute  la  durée  de  la  cérémonie. 
L'épousée  revêtait  des  vêtements  de  fête  dont  les  couleurs 
variées etles broderies  rehaussaient  l’élégance6  :  une  riche 
tunique  (aioX-q),  le  manteau  brodé  (tp.«Tiov  itotxtAov)  dans 
lequel  les  peintures  de  vases  la  montrent  drapée,  et 


le  voile  qui  devait  cacher  son  visage  quand  elle  entrait 
dans  la  salle  du  festin;  elle  chaussait  les  vuacpioeç7,  et 
l’on  posait  sur  sa  tète  la  couronne  nuptiale  qui  figure 
souvent  dans  les  peintures  céramiques  sous  la  forme 
d’une  couronne  de  myrte  ou  d'un  diadème  radié8.  Il  est 
naturel  que  cette  scène  gracieuse  de  la  toilette  de  l’épousée 
ait  souvent  inspiré  les  peintres  de  vases.  On  peut  à  coup 
sûr  la  reconnaître  sur  une  pyxis  de  pur  style  attique 


Fig.  4862.  —  La  toilette  de  l'épousée. 


conservée  au  Brïtisli  Muséum9  (fig.  486i)  :  sous  des  noms 
Mythologiques,  l’artiste  a  représenté  en  réalité  la  fiancée 
^  L  mines  qui  s’empressent  autour  d’elle,  au  milieu  des 
Cl  sso'U!S  toilette  et  des  cadeaux  de  noce  (Tcpoyâgsta)  *°, 
Non  lesquels  la  loutrophore  trouve  sa  place.  Un  sujet 
<  oh"P’  traité  dans  le  même  esprit  de  demi-allégorie 
j.  '  '  "Nllle,  décore  une  des  faces  d’un  ovoç  d’Érétrie,  au 
SU  "ati°nal  d’Athènes  11  (fig.  4863).  Lascène-se  passe 

Dial,  meretr  i  /"  ~  "  '  ^  Heydcmann,  Griech.  Vasenb.  pl.  n.  I.  —  3  Luc. 
Acharn  \  p,.  .  ’  '»  '  r.  vunçcÛTçta,  ;  cf.  Schol.  Aristoph. 

530.  _  7  h'1'  ~~  J  SUrab.  VI, p.  398.  —  OSuid.  s.  v.  pourri;  cl'.  Aristoph.  Plutus, 
^auaSta,  Coll *  V  VU1A®1^£>  —  8  Arch.  Zeit.  1882,  pl.  v;  cf.  cratère  de 
~llu'i -Louve,  Ccitcil.  des  vases  d'Athènes ,  n°  4307.  Suivant  Plutarque 


dans  le  gynécée.  Déjà  parée,  accoudée  sur  le  coussin  d’un 
lit,  la  fiancée  regarde  en  souriant  ses  compagnes,  prêtes 
elles  aussi  pour  la  cérémonie,  et  qu  i  occupent  les  moments 
d’attente,  l’une  en  jouant  avec  un  oiseau,  les  autres  en 
disposant  des  bouquets  dans  des  vases.  Une  de  ces  der¬ 
nières  orne  d’un  bouquet  de  feuillage  de  myrte  une  lou¬ 
trophore  qui  sans  doute  figurera  tout  à  l’heure  dans  le 
cortège  nuptial12.  U  serait  facile  de  citer  une  longue 

(Praec.  conj.  2),  l'usage  était,  en  Béolie,  d'employer  le  feuillage  d’asperge  pour  la 
couronne  nuptiale.  —  9  Dumont  et  Cliaplain,  Céram.  de  la  Grèce  propre ,  pl.  ix, 
p.  364,  notice  de  Poltie".  -  10  Poil.  III,  38.  —  U  Collignon-Couve,  O.  I.  n”  1388; 
Hartwig,  'Eyr.p..  4o/..  1897,  pl.  x,  n»  2.  —  13  Cf.  le  même  détail  sur  un  fragment 
de  loutrophore,  Wolters,  Alh.  Mitth.  XVI,  1891, p.  382,  n»21. 


MAT 


1650  — 


série  de  vases  où  l’on  retrouve  des  scènes  de  même 
nature;  pyxis,  lecanés,  amphores  à  couvercle  montées 
sur  un  pied,  tous  ces  vases  de  luxe  qui  ornaient  le 
gynécée  se  prêtaient  fort  bien  à  ce  genre  de  décoration. 
Les  peintres  traitent  souvent  ces  scènes  avec  une  fan¬ 
taisie  qui  permet  d'v  introduire  tout  un  monde  d’Ëros 
ailés,  voltigeant  autour  des  jeunes  femmes,  apportant 
des  coffrets  et  des  bandelettes,  et  s’acquittant  même 
parfois  des  fonctions  dévolues  à  la  nympheutria  en 


MAT 

posant  la  couronne  'nuptiale  sur  la  têt,,  a 

2#  Le  *«cri'ice  et  terw*.  -  Lacérémol , 
comprend  un  sacrifice  et  un  repas  auquel 
les  parents  et  les  amis  des  fiancés  On  COnvifc! 
que  certains  érudits  placent  à  ce  moment  J"  P'US  1,ilut  > 
TTforéXs^.  Nous  avons  adopté  un  avis  d  m  "T S*  % 
parait  certain  que  le  repas  de  noces  était  1  ■  is  ü 
sacrifice  aux  dieux  du  mariage  rt.ot  v*,,./;  d'Un 
Zeus  Téléios,  Héra  Téléia,  Aphrodite’,  Ptfîfi’  ‘‘“T"’ 


Fig.  4863.  —  Scène  de  gynécée.  L’épousée  et  ses  compagnes. 


mis  -  niERos  gamos] .  D’après  Athénée,  le  banquet  avait 
lieu  en  quelque  sorte  sous  les  auspices  des  0eot  yagvj- 
Xto- 3,  et  Suidas  rapporte  que  c’était  l’usage  à  Athènes  de 
sacrifier  et  de  prier  pour  la  fécondité  de  l’union  des 
deux  époux4. 

Le  repas  (yàaoç,  6otV»j  yxiA-.x-/),  yagoSaiffta)  a  lieu  dans  la 
maison  du  père  de  la  fiancée.  L’ordonnateur  (o  xpaTre- 
so~ o-.ôç)  a  tout  disposé  pour  que  la  salle  présente  un  bel 
aspect.  Dansunfragment  d’une  comédie attique,  YAnaka- 
lyptoméné  d’Évangêlos,  un  personnage  donne  ses  ordres 
pour  un  banquet  de  noces.  «  Il  faut  que  le  repas  soit 
copieux  et  que  rien  ne  manque;  nous  voulons  que  les 
noces  soient  brillantes  5  ».  Une  des  femmes  de  la  mai¬ 
son,  qui  remplit  le  rôle  de  STjgtoupyôç G,  celle-là  même  à 
qui  est  échu  le  soin  de  surveiller  les  apprêts  du  sacrifice, 
a  préparé  un  des  mets  que  l’usage  commande,  en  pareille 
circonstance,  d’offrir  aux  convives;  elle  a  pétri  des 
gâteaux  de  sésame  (7tXaxov?  yagixdç),  symbole  de 
fécondité7.  On  a  disposé  les  tables  suivant  l’ordre  pres¬ 
crit.  Dans  le  passage  de  Y Anakalyptoméné  d’Êvangélos 
auquel  nous  avons  fait  allusion,  il  est  fait  mention  de 
quatre  tables  destinées  aux  femmes  ;  six  autres  sont 
réservées  aux  hommes.  A  Athènes,  au  iv°  siècle,  la  loi 
intervenait  pour  limiter  le  nombre  des  convives8,  de 
même  qu’elle  interdisait  une  trop  grande  affluence  de 
monde  aux  cérémonies  des  funérailles,  et  les  gynéconoines 
étaient  chargés  de  visiter  les  maisons  où  se  célébrait  un 
mariage,  afin  de  faire  respecter  cette  prescription.  Quand 
les  convives  prenaient  place,  la  nympheutria  intro¬ 
duisait  dans  la  salle  du  festin  la  jeune  épousée,  stricte- 

•  W  ien.  Vorlegebl.  1888,  pl.  vm,  3  ;  cf.  pyxis  d'Erétrie,  Jahrbuch  des  arch.  Inst. 
1000,  pl.  il,  où  on  Bros  apporte  à  l’cpousèc  un  collier  de  perles.  La  toilette  du  fiancé 
est  aussi  quelquefois  représentée  sur  les  vases;  cf.  Mon.  ined.  IV,  24  bis.  —2  Plul. 
Quaest.  rom.  c.  2,  p.  264  B.  —  3  Athen.  V,  p.  185  B.  —  4  Suid.  s.  v.  TjiToitàwftî. 
—  5  Atlien.  XV,  52,  p.  644  L>.  —  6  p0U.  111,  41  ;  Athen.  IV,  p.  172.  A  7  Schol. 
Aristoph.  Pac.  v.  869.  8  Athen.  VI,  p.  245.  C’était  un  décret  de  Timoklès  et 

de  Ménandre;  cf.  Becker-Goll,  O.  I.  p.  370.  A  lasos,  on  n’admettait  que  la  pré¬ 


ment  voilée,  et  celle-ci  s’asseyait  parmi  les  femmes. 
Lucien  nous  a  laissé  la  description  d’un  repas  nuptial’: 
les  femmes  occupent  un  lit  (xXivxijp)  à  droite  de  l’entréa 
de  la  salle  ;  le  père  de  l’épousée  et  celtii  de  l’époux  sont 
en  face  des  femmes.  A  vrai  dire,  le  dialogue  de  Lucien 
nous  offre  surtout  une  amusante  scène  de  parodie.  Les 
convives  de  marque  soulèvent  des  questions  de  pré¬ 
séance  ;  des  intrus  arrivent  sans  avoir  été  invités.  A  la 
fin  du  repas,  on  apporte  les  lampes,  les  coupes  circulent, 
des  poètes  débitent  des  épithalames  ;  les  têtes  s’échauffent, 
les  discussions  tournent  à  la  rixe  et  l’on  finit  par  em¬ 
porter  l’époux,  la  tête  fendue.  Parodie  à  part,  c’est  encore 
le  dialogue  de  Lucien  qui  nous  a  conservé  le  tableau  le 
plus  vivant  d’un  repas  de  noces.  Les  libations,  les  vœux 
adressés  aux  nouveaux  époux,  les  épithalames  étaient 
de  règle10.  Au  milieu  des  convives  circulait  un  jeune 
garçon,  dont  les  parents  devaient  être  encore  vivants  (mft 

àji®tôaX-rçç)  ;  il  présentait  une  corbeille  remplie  de  pains, 

et  disait  :  «  J’ai  fui  le  mal,  j'ai  trouvé  le  mieux  »  (£ÎUT6V 
xxxov,  eùpov  àgetvov)  **. 

3°  Les  Anakalyptéria.  —  Ala  fin  du  repas  a\ail  h' 11  a 
cérémonie  du  dévoilement  de  l’épousée  (àvaxaXui:.^1*  ! 
C’était  le  moment  où  la  jeune  fille,  qui  avait 
voilée  au  repas,  découvrait  son  visage  pour  la  po  1111  § 
fois  en  présence  des  hommes12.  S’il  fallait  aj°ul"  ^  ^ 
certains  textes,  cette  cérémonie  devrait  se  plan  '  ]  ^ 
sième  jour  du  mariage13.  Mais,  après  M-  '  ' 

;  anakalyptéria],  M.  Deubner  a  démontré  q»"  I'  '  ^ 
ment  de  l’épousée  a  bien  réellement  lieu  a  la  h" 
quet.  avant  la  formation  du  cortège  qui  'l'"1 

,  . _ j)  |(uC.  (■  0111'^' 

scncc  de  dix  hommes  et  de  dix  femmes.  Hcracl.  Poleni.  *'  ’  ^  fl  j  p.  IW* 

—  10  Sappho,  p.  51  in  Athen.  XI,  p.  4-75;  cf.  h\an  ',,n  *  ^  Anecd.  !lraCC' 

—  il  Zenob.  Proverb.  III,  98;  Paroem.  I,  P-  82.  c  ^  allSSi  6iwp’iT?*’ 

p.  390;  Hesych.  8.  V.  àvaxa^JitT/.çiov.  Cette  cérémonie  s  (Jcsych-  otctvi?1*' 

et  en  Attique  on  l’appelait  fan?? ta.  Marpocr.  a.  v.  p.  1 1  -  pragni.  Plier®®?'1*' 
Moeris,  éd.  Bekker,  205/  24.  —  M  Hesych.  I,  325, 

Diels,  Abhandl.  der  Berl.  Alcad.\ 897,  Phil.  hist.  Cl.  p.  • 


,Ylle  quitte  la  maison  paternelle  4.  Cet  acte 
pr"'101";1';;  mariage  est  en  quelque  sorte  officielle- 
|sig»ifie  qUI (,t‘que  la  jeune  tille  est  désormais  une 
hent  consaeie  ^  ^  moment,  l'époux  lui  offre  des  ca- 

H*  ,^P'«  Sôpa*.  Il  faut  sans  doute  recon- 
pe8UX’.  ;  ,  .  avenir  d’une  coutume  en  vertu  de  laquelle, 
®ili"'elC1  ',hns  ia  maison  de  l’épousée,  il  est  l’hôte 
Pf.  ‘  ‘  bienséance,  apporter  des  cadeaux.  On  verra 

tr  îoin  L  cet  usage  a  sa  contre-partie,  et  que,  lelen- 
Plusl°  ,  ,  noces  les  parents  et  les  amis  de  1  épousée 
uTorter  leurs  radeaux  dans  la  maison  de  l'époux. 

\  dé  pari  de  l'épousée  (gÉÔoooç,  aycoy^).  —  La  céré- 
f nie  du  dévoilement  terminée,  l’heure  était  venue  où 
r  isée  devait  quitter  la  maison  paternelle.  Ici  encore, 
fse  conformait  à  un  cérémonial  où  l’on  peut  retrouver 
omme  un  souvenir  très  atténué  des  usages  primitifs,  au 
HL  où  le  départ  de  la  fiancée  était  un  véritable  enlè¬ 
vent  [uieros gamos].  Le  mot  iywy/],  qui  est  quelquefois 
employé  pour  signifier  la  «  conduite  »  de  l’épousée  à  la 
maison  du  mari,  est  significatif3.  Comme  le  repas  s  était 
prolongé  tard,  le  départ  de  l’épousée  avait  lieu  à  la 
tombée  delà  nuit4  et  la  scène  se  passait  à  la  clarté  des 
torches  nuptiales  (BàSsç  vugcptxai').  A  la  porte  de  la  maison 
attendait  le  char  qui  devait  emmener  les  époux,  accoiri- 
gagnésd’unami  du  marié  qui  remplissait  lerôle  de  itapo/oç; 
on  l’appelait  aussi  le  7totpavû(/.cpio;  ou  le  viig-fEur/jç  J  ;  ses 
fonctions  consistaient  à  conduire  le  couple  jusqu’à  la 
maison  du  mari.  Le  char  (Çsuyo;  -/]p.iovtxôv  \  6o£txdv)  0 
était  attelé  de  mulets  ou  quelquefois  de  bœufs.  Ce  sont 
des  mulets  qui  forment  l’attelage  dans  un  vase  archaïque 


Fig.  4864.  —  Le  cliav  nuptial. 


public  par  jq  cecp  Smith  1.  Un  fragment  d’dvo;  en 
leri('  ni1,e  nous  conserve  une  représentation  qui  répond 
as]'  z  'J|en  à  la  description  du  char  dans  Photius  (xXtvtôoc 
'i-'.  v  tgoia  Stsopw)  :  c’est  une  sorte  de  charrette  montée 
fln  ^eux  roues,  d’un  type  fort  simple8  et  cpii  rappelle 
« s  m  bicules  usités  dans  nos  campagnes  (fig.  4864).  Il  y 
,Va'l|  p*ace  Pour  trois  personnes  :  l’épousée  au  milieu  ; 
f  'aque  côté  1  époux  et  le  Ttotpo^o;  qui  conduisait  l’atte¬ 


lage3.  Sur  ce  fragment  d’Svoç,  on  voit  un  personnage 
à  cheval  qui  suit  le  char:  c’est  un  des  amis  du  marié, 
l’opeojxdgoç,  auquel  fait  allusion  un  passage  d  llypé- 
ride10.  Si  telle  était  le  plus  généralement,  d'après  1rs 
lexicographes,  la  forme  du  char,  on  pouvait  aussi  faire 
usage  d’un  véhicule  plus  élégant.  Dans  la  peinture  qui 
décore  une  belle  loutrophore  du  Musée  de  Berlin11,  le 
char  a  une  caisse  munie  d'une  an/yx  m  uni  s],  et  sur  une 
coupe  du  même  musée,  où  il  offre  la  même  forme,  il  est 
traîné  par  un  attelage  de  quatre  chevaux  12.  Dans  cer¬ 
tains  cas,  lorsque  l’époux  contractait  mariage  pour  la 
seconde  fois,  il  n’était  pas  admis  qu’il  emmenât  lui- 
même  l’épousée  :  ce  soin  était  confié  à  un  de  ses  amis 
qui  s’acquittait  du  rôle  de  vupupxytüy ô;,  en  conduisant 
seul  la  jeune  femme  à  la  maison  de  son  mari11.  Enfin 
il  arrivait  encore  que  celle-ci  fil  le  trajet  à  pied 

[y  oqjt-atTrou;)  14 . 

Quand  est  venue  l'heure  du  départ,  un  cortège  (7cc-u.Tr/j) 
se  forme  pour  conduire  le  couple  jusqu  au  char  qui  doit 
l’emmener.  En  tète  marche  l'ordonnateur  (icoo^yry/y) 15 
qui  peut-être  accompagne  le  char  pendant  tout  le  trajet, 
et  porte  le  kérykeion  comme  insigne  de  sa  fonction  de 
héraut10.  Le  couple  vient  ensuite,  suivi  de  la  nympheu- 
tria  qui  escorte  la  mariée  ;  derrière  elle  s'avancent  les 
parents  de  la  jeune  femme,  la  mère  portant  les  oïoe; 
vugcpixac,les  torches  nuptiales  quiattestent  que  le  mariage  a 
été  célébré  comme  une  union  légitime 11  ;  enfin, c'est  le  cor¬ 
tège  des  parents  et  des  amis,  des  enfants  couronnés  de 
myrte  (iraïoEç  •7iGG7r£(J.7tov7r£ç)  qui  font  escorte  a  1  epousee 
et  le  défilé  des  joueurs  de  flûte  et  de  lyre  accompagnant 
les  chants  d’hyménée  19. 

Cette  scène  du  départ  des  époux  était  un  des  épisodes 
les  plus  caractéristiques,  un  de  ceux  qui  pouvaient  le 
mieux  suggérer  aux  peintres  céramistes  de  gracieuses 
compositions.  Us  l'ont  en  effet  souvent  reproduite  sur  les 
loutrophores  et  les  vases  de  luxe,  avec  une  délicatesse 
de  sentiment  qui  s’allie  à  la  plus  exquise  pureté  de 
style.  La  voici  traitée  sur  une  belle  loutrophore  du 
Musée  de  Berlin20  (fig.  48G.j).  Couronné  de  myrte,  char¬ 
mant  de  jeunesse  et  de  grâce,  le  jeune  homme  s  ap¬ 
proche  de  l’épousée  pour  lui  prendre  la  main.  Celle  ci 
s’avance  pudiquement,  la  tète  légèrement  inclinée,  tan¬ 
dis  que  la  nympheutria ,  avec  une  sorte  de  coquetterie 
maternelle,  dispose  les  plis  de  son  voile;  un  Éros  volant 
lui  apporte  un  collier  de  perles,  allusion  évidente  aux 
cadeaux  offerts  par  l'époux  au  moment  du  dévoilement. 
A  droite,  la  mère  tient  les  deux  torches  nuptiales.  La 
scène  est  conçue  et  traitée  à  peu  près  de  la  même  ma¬ 
nière  sur  une  loutrophore  du  Musée  national  d  Athènes  ■’ . 
Au  centre  de  la  composition,  la  jeune  femme,  à  demi 
voilée,  se  dirige  vers  l’époux  qui  fait  un  geste  d’accueil. 
Entre  les  deux  personnages  vole  un  Éros  jouant  de  la 
double  flûte.  On  reconnaît  aisément,  dans  les  autres 
figures,  la  nympheutria  et  la  mère  tenant  les  torches. 
Laloutrophore  de  Berlin  que  nous  avons  déjà  mentionnée 


Fftuly-Wi,  1900,  p.  149;  cf.  Hiller  von  Gaertringen,  Anakalypteria,  in 

III  35 .  ri  Uyclopacdie .  —  2  Bckker,  Anecd.  gr.  p,  390;  Poil.  II,  99; 

■ni»!  ;,  T"'  *'  *'  i7’  20'  ~  3  Hesych-  *•  »•  i'.uyt.  —  4  Pbot.  Lcx-  P-  52’  22’ 
Stud  |  p”±~  lo"'  "h  40,  41.  —  ophot.  Lex.  p.  02,  22.  —  7  Jour n.  of  hell. 
V# pleocii  ,s V*’  '"'~8  Eeimdorf,  Griech.u.  sicil.  Vasenb.  pl.  xxxvit,  l  ;  Wien . 

vin,  fig.  G,  et  fig.  5  pour  la  restitution  de  la  scène  complète. 

' 10  Hyper] 

PF  win- 


n  .  '  i  •  'III. 

°U.  X,  ;  Pl)0t  ,  ,  .... 

-*  111  11  ■  (  •  f*E<nr|  jxtv  /j  vûjjkœyj ,  Ixaiéçoiôev  o  xe  vujxœio;  xai  o  «aço^oç. 

‘lSs.  Il  (  ^  rlo  Auxiççovo  b,  4.  —  il  Furtwnengler,  Coll.  Sahouroff , 


voir 


r  4800.  _  12 


Stackollierg,  Graeber  der  Fell.  pl.  xi.ii;  Wien. 


Vorlegebl.  1888,  pl.  vm,  fig.  1  ;  cf.  Pyxis  d'Erétrie  au  Musée  national  d'Athènes, 
Collignon-Couve,  Calai,  n»  1959.  —13  Hesych.  II,  p.  091  ;  Poil.  III,  41.  -r-  H  Poil. 

lliid.  40  14.  _ 1’  Hyper,  éd.  Blass,  Il  (Tito  Aux.',  5;  Hesych.  s.  v.  ;  cf.  Plut.  Qu. 

qraec.  27,  VII,  p.  190.  —  n' Coupe  de  Berlin.  Wien.  Vorlegebl.  1888,  pl.  vm,  fig.  I. 
M.  Benndorf  le  restitue  dans  la  scène  peinte  sur  le  fragment  d'ivc?.  Ibid.  fig.  5. 

_ n  lc9  mariages  clandestins  étaient  appelés  àS«8o jy^voi  Schol.  Eurip.  Ale. 

v  j(lp|  _ 18  Hyper.  L.  c.  —  19  C.  Smith ,  Journ.  of  licll.  Slud.  I,  p.  207.  —  20  Herzog, 

Arch.  Zeit.  1882,  p.  131,  pl.  '.  —  21  lleydemann,  Gr.  Vasenb.  pl.  x,  1  ;  Collignon- 
Couve  Calai.  n“  1224  ;  cf.  Amphore  de  Basseggio,  Wien .  Vorleg.  1888,  pl.  vm,  tig.  4. 


MAT 


—  10:^ 


à  propos  du  char  nuptial1  (fig.  4806)  nous  montre,  non 
plus  le  cortège  d’adieu,  mais  la  scène  même  du  dé¬ 
part.  Dans  le  tableau  de  gauche,  on  voit  le  rràpoyoç  déjà 
monle  sur  le  char,  tenant  d’une  main  l’aiguillon  et  de 
1  autre  les  rênes  rassemblées.  Le  cortège,  figuré  par  la 
mère  et  un  des  ttocïoeç  itpoTTÉjxTtovrsç,  est  arrêté  au  seuil  de 
la  porte,  et  1  époux,  soulevant  doucement  de  terre  la 
jeune  épousée  tout  émue,  va  lui  faire  prendre  place  sur 
le  char.  C’est  bien  une 
sorte  de  rite  qu’il  ac¬ 
complit  ainsi  avec  une 
sorte  de  respect  reli¬ 
gieux,  et  celte  jolie 
peinture  pourrait  servir 
de  commentaire  au  pas¬ 
sage  où  un  poète  co¬ 
mique  attique  fait  allu¬ 
sion  au  départ  de  l'é¬ 
pousée  (o7tWÇ  OS  'TTjV 
vépcp-qv  (É7]v)  àv  y.a'.pbç  yj, 

[XETÉwpov  '  Ittî  to  Çsoyoç 
avaÔvjffS'.ç  g'u  ®oüW)2. 

5°  La  réception  dans 
ta  maison  ' de  V époux. 

—  Dans  la  peinture  de  la 
loutrophore  de  Berlin, 
l'artiste  a  représenté  in¬ 
génieusement  la  contre-partie  de  la  scène  du  départ. 
Un  second  tableau  représente  l’arrivée  dans  la  maison 
paternelle  de  l’époux  (fig.  4866).  Sur  le  seuil,  se  tiennent 
les  parents  de  ce  dernier,  le  père,  en  costume  de  fête, 
couronné  de  myrte,  tenant  un  sceptre,  la  mère  portant 
les  torches  nuptiales3.  C’est  que,  ep  effet,  la  réception 
du  jeune  couple  était  aussi  réglée  par  un  cérémonial 
obligé,  et  les  parents  de  l’époux  lui  faisaient  accueil 
lorsqu’il  descendait  du 
char.  En  Béotie,  au 
dire  de  Plutarque,  l’u¬ 
sage  commandait  de 
brûler  devant  la  porte 
une  roue  du  char,  pour 
témoigner  que  désor¬ 
mais  la  jeune  femme 
n’avait  plus  d’autre  de¬ 
meure  que  celle  de  son 
mari  ’\  On  peut  citer 
d'autres  peintures  de 
vases  attiques  où  la  ré¬ 
pétition  d'une  scène 
analogue  à  celle  de  la 
loutrophore  de  Berlin, 
indique  bien  que  la  ré¬ 
ception  du  couple  est 

aussi  un  des  épisodes  importants  de  la  cérémonie.  Sur  une 
coupe  de  Berlin5,  la  mère  du  marié,  tenant  les  torches, 
et  accompagnée  d’un  joueur  de  lyre,  se  tient  sur  le  seuil 
de  la  porte  pour  recevoir  les  époux,  suivis  de  la  nym- 
pheutria  (fig.  4867).  Sur  une  pyxis  du  Louvre,  c’est  le 


1  Coll.  Sabouroff',  pl.  i.vm-u\-.  —  2  Araros,  ’l'gîv.  Fragm.  comic.  graec.  éd. 
Didot,  p.  468,  V,  2.  — •  3  Cf.  Scliol.  Eurip.  Phoen.  v.  346.  —  4  Plut.  Qu.  rom.  c, 
29,  p.  2/ 1  D.  3  Slackelberg,  O.  I.  p],  xr.n  ;  W ien.  Vorlcgebl.  1888,  pi.  vin,  n°  1. 
—  6  Slackelberg,  O.  I.  pl.  xxx»  ;  Wien.  Vorlegebl.  Ibid,  n»  7.  —  7  H.  Thiorah, 
Tyrrhenische  Amphore n,  Lcipz.  1899,  pl.  v,  p.  65  ;  cf.  fragment  d'une  livdrie  de 


Fig.  4863.  —  L’époux  emmenant  l'épousée. 


Fig.  48G6.  —  Le  départ  des  époux.  L’arrivée  à  la  maison  de  l’époux 


pere  du  marié  qui  s’avance  à  leur  renm  , 
de  la  liberté  que  permettent  de  pareils  suiio"  ^  cl’ 
vent  dans  un  esprit  d’allégorie,  le  peintre' 1  ité8s<>» 
sonnages  deux  divinités,  Apollon  et  Arténfi^  ^U*PPN 
Nous  citerons  encore  une  amphore  d’ancieic  i  i86fiJ 

conservée  à  Saint-Pétersbourg,  où  estreprésenu  !,alliqile 

du  char  devant  la  maison.  On  aperçoit  à  droit,. 'Tivée 
et  la  porte  de  la  chambre  à  l’intérieur  du  laquSîel,U< 

s  serïa"ie  V* 

nuptuvl  ■  (fig,  4869). 

Quand  le  couple  avait 
Lui  son  entrée  dans  1 
maison,  on  lui  offrait 
une  collation  de  bien 

venue  (xorrayuagocfj)  s 

composée  de  dattes,  de 

gâteaux,  de  figues  sèche 

et  de  noix.  S’il  faut 
ajouter  foi  au  texte  de 
Plutarque9,  l’usage  vou 
lait  qu’avant  d’entre 
dans  la  chambre  nuptiale 
l’épousée  mangeât  un 
coing,  fruit  qui  passait 
pour  le  symbole  de 
la  fécondité.  Puis  le 
couple  se  retirait  dans  la 
chambre  où  était  dressée  la  xÀiV/j  ymtr( 10,  et  dont  l’entré 
était  gardée  par  un  des  amis  du  marié,  le  dupais  d;11.  Les 
peintures  des  vases  attiques,  si  riches  en  renseignements 
ne  nous  offrent  pas  de  documents  figurés  comparable 
à  la  célèbre  peinture  des  lYoces  Aldobrandines ,  de 
l’époque  romaine,  où  l’artiste  a  représenté  la  chambre 
nuptiale,  l’épousée  entourée  d’un  cortège  de  femmes,  e 
prêtant  l’oreille  aux  paroles  de  la pronuba.  Mais, à  l’époque 

hellénistique,  lescoro 
plastes  grecs  ont  par 
fois  emprunté  à  la 
même  donnée  le  sujet 
de  leurs  compositions 
En  publiant  un  joli 
groupe  de  Myrina  con 
serve  au  Musée  Britan 
nique,  M.  S.  Reinachla 
interprété  dans  cet  es¬ 
prit,  et  dans  les  jeune 
femmes  assises  sur  un 
lit,  il  a  reconnu  l’ê 

pouséeet  une  amie  nia 

riée«  engagées  dans  un 
entretien  discret  1  ' 
Un  autre  groupe  du 
Louvre,  de  mèine  pro 
•  m  ■  lu  iiHinP 

venance  l3,  montre  un  couple  assis  sur  un  .  ■ 

homme  semble  écarter  doucement  le  voile  T  1  p 
pagne,  et  peut-être  le  modeleur  a-t-il  songé  a  1111  ^ 

de  dévoilement  dans  la  chambre  nuptiale.  1 1,111 

indécis  et  SQ»1 


compositions  gardent  un  caractère  un  peu 


■le  06 


Gela,  où  Hauser  reconnaît  le  vvusayûiyoi  - 

maison,  Jnhrb.  XI,  1890,  p.  189,  n»  32.  —  «Scliol.  Aristopl^  n"_’j0  p0||,  |[1,  « 


tenant  deux  torches,  devant  m  P"'  ^ 
„  Plut-  V.  ?ü8  ’  ... 


s.  d..;  Demos  (b.  p.  1123.  —  «  Plut.  Praec.  conj.  c.  1,  P 


1 38  IL 


-n  Ibid.  43;  Hesych.  s.  v.  —  12  S,  Reinach,  Bev.  arch.  |8hl’'  '  j’ 1  (  Nl ,,  p 
Collier  cl  S.  Reinach,  Myrina ,  p.  446.  -  13  Pottier  el  S.  Remae 


r,  cf 


MAT 


—  1653  — 


MAT 


i ,  vnlpur  documentaire  des  scènes  si  vivantes 

i,“i*paricspei°ire9derases  ques' 


m.  Le  lendemain  du  mariage.  —  C’était  encore  un 
jour  de  fête,  consacré  à  la  cérémonie  des  .  Ce  jour 


des  twwXia  est  celui  qui  suit  la  nuit  nuptiale,  où,  pour  la 
première  fois,  l’épousée  a  habité  dans  la  maison  de  son 

1 - 


mari  (sitY|ûXt(TTou) 2.  On  le  célébrait  par  1  envoi  de  cadeaux 
qui  s’appelaient  les  èiraüXia  Sois*  Offerts  par  le  père  et 


les  parents  de  la  jeune  femme,  ces  présents  étaient  en 
quelque  sorte  envoyés  par  réciprocité  au  jeu  ne  couple  pour 


reconnaître  ceux  que  le  (lancé  avait  apportés  la  veille  au 
moment  du  repas  de  noces.  Ils  étaient  remis  avec  un 


Fig.  4869.  —  L’arrivée  du  char  nuptial  à  la  maison  de  1  époux. 


Ili|in  apparat.  Suidas  nous  a  laissé  une  description  du 
l  ■  1  *  *  ^  ‘Iui  se  formait  à  cette  occasion,  et  une  énuméra- 
1011  tll's  °bjets  qu’il  était  d’usage  d’offrir  aux  mariés. 


1  hrulin 


Eïïl“''>x,  Jahrb.  des  aecli,  Inst  I960,  n.  144-154.  —  SHesycll.  s.  r. 

VI. 


D’abord  venait  un  jeune  garçon,  en  chlamyde  blanche, 
tenant  un  (lambeau  allumé  ;  puis  une  jeune  tille  remplis¬ 
sant  la  fonction  de  canéphore  ;  enfin,  d’autres  jeunes 

Suid.  s.  v.  ;  Poil,  lit,  39;  Eust.  ad  11.  <1,  29,  p.  1337.  —  3  Eust.  Ibid. 

-208 


MAT 


—  1654  — 


mat 


iilles,  portant  les  cadeaux  :  c’étaient  des  lécanés,  des 
vêtements,  des  peignes  et  autres  objets  de  toilette,  des 
alabastres,  des  chaussures,  des  coffrets,  des  parfums, 
du  nitre,  cadeaux  utiles,  convenant  à  une  maîtresse 
de  maison1.  Au  dire  de  Suidas,  c’est  ce  jour-là  qu’était 
remise  au  mari  la  dot  de  sa  femme.  Le  cortège  des  s7ratJXia 
a  été  reconnu  très  ingénieusement  par  M.  Deubner  parmi 
les  scènes  qui  décorent  une  pyxis  d’Erétrie  du  Musée 
de  Berlin  -  (fig.  4870).  En  tête  marche  un  jeune  homme 
portant  une  torche;  derrière  lui  s’avance  la  canéphore, 
une  fillette  aux  cheveux  courts  tenant  une  corbeille  qui 
n  est  pas  à  proprement  un  xxvoùv,  mais  la  corbeille  à  laine 
si  ordinairement  représentée  dans  les  scènes  de  gynécée  ; 
une  jeune  fille  qui  la  suit  tient  de  chaque  main  un  de  ces 
vases  à  pied  et  à  couvercle  qui  sont  si  souvent  décorés  de 
scènes  nuptiales3;  de  la  main  gauche  elle  présente  une 


pyxis  ;  derrière  elles  vole  un  Éros  nom,, , 
phore.  Une  joueuse  de  flûte  prend  part  Une  lo,llro- 
réception  des  cadeaux  offerts  par  lV  ,r,  !‘!‘  Ü 

était  le  dernier  acte  des  cérémonies  du  n'  ?  1’éP0u««*l 
mais  la  jeune  femme  commençait  sa  vie  1Ulll,l*’e'  ^‘‘Sor- 
maison  de  son  mari,  devenue  la  sienne  "  v.'''  Ue  lK'nslîl 

"•  Rome-  -  Le  ™™ge  est  „„e  des 
moins  connues  du  droit  romain  ;  nous  ne  les 
exactement  quelle  a  été  sa  forme  primitive  pas 

comment  se  sont  établis  deux  modes  de  mn’iÜ'T0'  el 
effets  sont  radicalement  différents  le  °ntles 

™anm  et  le  "lariaSe  sans  manm.  il  est  pr„]X  "" 

1  epoque  primitive  le  mariage  el  la  manu,  x  J’ 
daient  [manus].  0n' 

A.  Formation  du  mariage  {justae  nuptiae 
trimonium  justum,  legitimum).  —  i.  __  ,  ’  ... 

clG* 


Fig.  4870.  —  Scène  nuptiale  et  cortège  apportant  les  cadeaux  des  IrcaiiXtc 


ments  communs  aux  deux  formes  du  mariage  étaient  : 

1°  Les  fiançailles  (sponsalia) l.  Les  fiançailles  exigeaient 
les  mêmes  conditions  de  validité  que  le  mariage,  sauf 
pour  l'âge,  où  on  pouvait  descendre  jusqu’à  sept  ans  5. 
Elles  n’avaient  pas  à  l’origine  de  caractère  juridique; 
elles  se  concluaient  par  contrat  verbal,  par  une  stipu¬ 
lation  unilatérale  qui  promettait  la  femme  au  mari0; 
dans  le  droit  latin,  il  y  avait  une  double  stipulation  sanc¬ 
tionnée  par  Faction  de  sponsu 1  ;  le  droit  romain  auto¬ 
risait  peut-être  aussi  une  action  en  dommages-intérêts 
pour  inexécution  du  contrat.  Plus  tard  on  se  contenta  du 
simple  consentement8,  souvent  avec  témoins,  et  les  fian¬ 
çailles  purent  avoir  lieu  entre  absents  9,  mais  elles  ne 
furent  plus  obligatoires,  et  elles  étaient  résolubles  par 
voie  de  renonciation  unilatérale  ( repudium  renuntiarc, 
remittere  ;  sponsalia  dissolvere );  aussi  on  y  joignait 
souvent  une  stipulatio  poenae'0.  Cependant  elles  produi¬ 
saient  quelques  effets  juridiques;  ainsi  les  fiancés  ne 
pouvaient  porter  témoignage  l’un  contre  l’autre,  un  fils 
ne  pouvait  épouser  la  fiancée  de  son  père  ni  un  père  celle 

1  Suid.  s.  v.  lïca-jXta  ;  cf.  Etym.  Magn.  s.  v.  p.  354.  —  2  Jahrbuch ,  1900,  p.  151 
et  suit.  pl.  n.  M.  Léchât  a  contesté  l'interprétation  de  M.  Deubner,  et  voit  dans  la 
scène  en  question  une  représentation  d’un  thème  banal,  celui  de  l’offrande  des  cadeaux 
de  mariage  (fiev.  des  ét.  grecques,  1901,  p.  478-479).  Je  ne  partage  pas  le  sentiment 
de  M.  Léchai.  Les  rapprochements  établis  par  M.  Deubner  entre  les  textes  et  la  scène 
figurée  sur  la  pyxis  me  paraissent  très  précis.  —  3  Cf.  Coll.  Sahouroff ,  pl.  lx. 
—  4  Dig.  23,  1  (De  sponsaiibus)  ;  C.  Just.  5,  1  ;  voir  Friedlander,  Darstellungen , 
I,  p.  463-405.  —  b  Dig.  23,  1,  7,  §  1,  14,  15,  16;  3,  2,  1.  On  a  de  nombreux 
exemples  de  fiancés  fort  jeunes  (Dio.  Cass.  54,  16,  7;  Suet.  Caes.  1  ;  C.  ÎVepos.  Alt. 
19).  —  G  Yarr.  De  ling.  lat.  6,  69-72;  Dig.  23,  1,  2;  Isid.  Orig.  9,  27,  3;  Sert  . 
ad  Aen.  10,  79;  Fest.  Epit.  141,  14;  Arnob.  Adv.  gent.  4,  20;  Plaut.  Aul.  255  : 
«  Meg.  Quid  nunc  ?  etiarn  mihi  despondes  filiam  ?  --  Eucl.  lllis  legibus ,  cum  ilia 
dote  quam  tibi  dixi.  —  Meg.  Sponden ’  ergo?  —  Eucl.  Spondeo  »  ;  Trinum.  500, 
1157-62;  Curcul.  674;  Poenul.  1157  ;  Terent.  Andr.  1,  1,  75.  Les  fiançailles  avaienl 
généralement  lieu  pari  intermédiaire  d’amis,  souvent  d  hommes  d'affaires  (Dig.  23, 


de  son  fils  ;  un  rescrit  de  Septime  Sévère  autorisa  la 
poursuite  de  la  fiancée  pour  adultère11.  Celui  qui  se  fian¬ 
çait  avec  deux  personnes  à  la  fois  était  frappé  d’infamie 
et  perdait  le  droit  de  postuler  pour  autrui l2.  Constantin 
punit  même  la  rupture  injustifiée  des  fiançailles  parla 
perte  de  tous  les  présents  que  le  fiancé  avait  faits,  et  il 
autorisa  la  fiancée  ou  ses  héritiers,  en  cas  de  décès  du 
fiancé  après  le  baiser  des  fiançailles,  à  conserver  In 
moitié  des  présents13.  Le  futur  remettait  en  effet  habi¬ 
tuellement  à  la  future  une  somme  d’argent,  arra,  ou,  à 
titre  de  gage,  un  anneau  soit  de  fer,  soit  d’or,  dans  ce 
dernier  cas,  souvent  orné  d’une  pierre  précieuse,  que 
celle-ci  portait  au  quatrième  doigt11.  La  fête  des  liiin 
cailles  comportait  des  invités,  un  repas,  et  la  l,lluri 
épouse  pouvait  y  recevoir  des  présents1". 

2°  Les  cérémonies  du  mariage.  Elles  étaient  iM  '  >un 
pli  fiées  pour  la  veuve  qui  contractait  un  second  ijmi  '  V’ 
et  ce  remariage  parait  avoir  été  assez  mal  vu  p11  d 
nion  publique  jusque  dans  la  période  la  plus  1 
Les  inscriptions  font  souvent  l’éloge  des  unira  n" 


I,  18;  50,  14,  3 ;  C.  Just.  5,  1).  —  '  Gell.  4,  4  (d'après  la  lecture  de 

bolae  Bethmanno  Hollwegio  oblatae,  p.  99).  —  8  Dig.  -3’  *'  *  !"  ,  |  l  ;  Juven. 

23,  1,5;  Plut.  Cat.  maj.  21  ;  Macrob.  Sat.  1 ,  C,  29  ^  ^  y,  |, 

Sat.  6,  200  ;  Apul.  De  mag.  68  ;  Dig.  45,  1 ,  134  pr.  :  24,  -,  -•  s  -  ^  , |  1 1  pii;. 

10  ;  Plaut.  Aul.  783,  799  ;  Plut.  Cat.  min.  7  ;  Caes.  14  ;  SucU  (•««•  -  x 


3,  2,  12,  §  12;  48,  5,  W,  §  3.  —  '2  Dig.  3,  2,  I  ;  3,  2,  13,  §  »-*•  ^  ,,  36, 

5-16  ;  Livre  syro-romain,  èd.  Bruns,  8  91.  —  1  *  Juven.  ■'uut.  .  -  1  ^  ^  Torlull. 
§  1  ;  Plin.  Uisl.  nat.  33,  12;  Isid.  Orig.  19,  32,  4;  De  ecrt.  «W-  'ncal  dt 
Apol.  6;  Rossbach,  Hochzeitsdenkmiiler,  p.  27;  Deloche,  '  ''  ^  J 

Jnscr.  t.  XXXV,  2,  p.  224.  —  <3  Sucl.  Oct.  53  ;  Plin.  Ep.  1 ’  )  y;  Fes! 


benef.  4,  39,  3  ;  Tertull.  De  idol.  16  ;  Plin.  Hist.  nat.  9,  U7>  ll":l  , 


Ep.  343;  Cic.  Ad  Quint.  2,  6.  —16  Plut.  Quaest.  rom.  105  u-r-—  ^  nc  Ann. a,n». 
tar.  6.  3  ;  Val.  Max.2, 1 , 3  ;  4, 3, 3  ;  Plut.  Tib.  Grâce.  1  ;  L'V.  ’  J  n  Corp .  „iscr- 
Serv.  ad  Aen.  4,  19;  Fest.  p.  245  «;  Trcb.  Poil.  Trig.tyr^  ■  ^  :t3r,|,  îl* 
lat.  6  ,  3604,  12405  ,  7732,  14404  ;  3,  3572  ;  8,  7384;  9,  51  ! 


MAT 


1655  — 


MAT 


.  llUptiales  s’appliquaient  donc  essentiellement 
p-fléinonies  motifs  religieux  rendaient  impro- 

illlX  célébration  des  noces  un  certain  nombre  de 
Pres  a  ï  mois  de  mai  marqué  par  les  Lemuria  et  le 
jours  :  .  , 


J0tll>  des  Argei,  la  première  quinzaine  de  juin  con- 

rrll"'l,„l  l.jte  de  Vesta1,  les  dies  parentales  du  13  au 
■iirec  <*u  .  j  _ _ 2  1™ 


(  la  première  quinzaine  de  mars2 *,  les  trois 


sa»r< 

i\  i 

joli' 


cvrier,  .  1  „  ,  .  ,  -  f  „ 

^4  août,  5  octobre,  H  novembre  ou  les  Enfers 

J,t  ■  Vréputés’ouverts,  tous  les  dies  religiosi ,  les  calen- 
K  '  les  nones,  les  ides,  et,  en  général,  au  moins  à 
Epoqûe  primitive,  les  jours  de  fête  ». 

la  veille  des  noces,  la  future  quittait  sa  robe  de  jeune 
■fille  sa  tof/a  praetexta,  la  consacrait  avec  ses  jouets  à 
Ides 'dieux,  probablement  aux  Lares  de  sa  famille4 *,  et 
I  evètait  en  se  couchant  un  costume  spécial,  une  /.unira 
ou  regilla  et  une  résille  rouge  [reticulumf.  La 
|robe  de  noce  était  blanche;  c’était  aussi  une  tunica 
Inr/a6 * *,  par  quoi  il  faut  entendre  soit  une  tunique  tissée 
I  à  la  mode  ancienne  avec  Mis  de  chaîne  verticaux  |_tela], 
I  soit  une  tunique  sans  sinus  \  par-dessus  la  ceinture 
|  de  laine  qui  la  serrait  à  la  taille  avec  un  nœud  (nodus 
I  hercideus)*.  La  mariée  se  couvrait  en  outre  la  tète 
I  (i nubere ,  obnubere )  d’un  voile  rouge  [flammeum) 9 *  ;  elle 
lavait  changé  sa  coiffure,  ses  cheveux  avaient  été  par- 
I  tagés  au  moyen  de  la  hasta  caelibaris'0,  dard  ou 
I  aiguille  à  pointe  recourbée,  en  six  tresses  ou  bandeaux, 

[  maintenus  par  des  bandelettes  ( vittae)u .  Cette  coiffure, 

[  insigne  de  chasteté,  était  celle  des  matrones  et  des  ves- 
I  taies.  Les  figures  de  vestales  retrouvées  à  Rome  dans 
l 'atrium  Venta  a11 *  nous  permettent  de  nousen  représenter 
l’arrangement  autour  de  la  tête.  Les  maires  familias  la 
portaient  dans  l’ancien  temps  relevée  en  tutulus13.  Le 
voile  qui  les  couvre,  dans  les  scènes  de  mariage  que  nous 
voyons  sur  des  monuments  d’un  temps  assez  récent,  n’en 
laisse  apercevoir  que  le  bas;  mais  dans  l’une  de  ces 
scènes,  sur  un  sarcophage  du  Musée  de  Naples14 *,  la 
mariée  par  exception  est  sans  voile,  et  la  femme  qui  se 
tient  debout  derrière  elle  est  occupée  à  disposer  la  cheve¬ 
lure  dans  l’ordre  qui  convient  à  son  nouvel  état  (fig.  4871)  : 
on  y  distingue  très  bien  la  touffe  relevée  en  masse  au- 
dessus  des  bandelettes  du  front.  Elle  portait  sous  le  flam- 
neum  une  couronne  de  fleurs  cueillies  par  elle-même16. 


7"  1  O'tà*  l'ast-  5,  487  ;  6,  225;  Plul.  Quaest.  rom.  86.  —  2  Ovid.  Fast.  2,  555; 
v,  Ci.,  ,j  Macrob.  Sat.  1,  15,  21  ;  Fest.  s.  v.  nonarum\  Plut.  Quaest. 

■  rom.  105.  -  4  Fest.  p.  245a,  il  ;  Propert.  1,  11,  33  ;  Nonius,  p.  538,  14;  Schol. 
ad  Uorat.  Sat.  1,  5,  66.  Cependant  à  la  Fortuna  virginalis  dans  Àrnob. 

7  ,l7’  a  Venus  dans  Pers.  Sat.  2,  70.  —  5  Fest.  286  b.  —  *  Plin.  Hist.  rat. 
^  19 i.  I)  après  Rossbach,  Untersuchungen  über  die  rom.  Ehe ,  p.  274-276,  les 
1Ct’0S  aura*ent  porté  la  toga.  Ce  qui  ne  peut  s’entendre  que  pour  un  temps  1res 
Ser Cn  <  ai  ^°°C’  communei  au  début,  aux  hommes  et  aux  femmes  (Nonius,  p.  540  ; 

I  D  1  V6"’  *  ^  remPtacée  Par  stola,  et  finit  par  n’être  plus  portée  que 

Pl,d\  mmGS  de  mauvaise  vie  (Juven.  Sat.  2,  68;  Martial.  2,  39;  10,  52;  Cic. 
c  ^  7 , '  ^°rat.  Sat.  1,  2,  63).  —  7  C’est  le  sens  adopté  par  Rossbach,  L. 

averi,  j'  '  second  par  Marquardt  [La  vie  privée  des  Romains,  I,  p.  53,  note  2) 
Fcsl  *  --  U 1  S  au^euis  flu*  se  son^  occupés  de  l’habillement  des  anciens,  d’après 
voir  L  22,  18.  Sur  la  signification  qu’il  faut  donner  kregilla , 

I  cetto  ru  i'  mCS  auleurs’  L.  c.  —  8  Fest.  Ep.  p.  63.  Voir  nodus.  Le  mari  dénouait 
nuptial" \'U.  SUl  *C  ^  nuPl*al  (Fest.  s.  v.  Cinxiae  Junonis).  —  9  Le  flammeum 
Ep  12  ^ Us  souvent  cité,  était  de  couleur  rouge  (Plin.  Hist.  nat.  21,  46  ;  Hieronym. 

1  voile  \  U<an  ^  Paraît  avoir  eu  la  forme  non  de  la  palla ,  mais  d’un 

^nlôt  roc  "11"1  a  ta  tète.  Sur  les  monuments  figurés  la  mariée  a 

[  Æér»  //o,  /  *  11  taU^^  voilé  ;  Rossbach,  Dntersuchung.  p.  279  et  s.  ; 

i,5.S8  ^^'U'und  E^denkmàler^  p.  16,44,96,120,  153.  —  10  Ovid.  Fast. 
j  tcut dise  ••  '  '  ’  ,  lul*  ft°m‘  15  5  Quaest •  Rom.  87.  C’est  un  discerniculum  ou 

I  ®(7),  34  (  "l,,^s  [ agus,  p. 63].  D’après  Fest.  (Ep.  p.  62  ;  cf.  Plin.  Hist. nat.  XXVlll, 
f  Nerstid0;"1  Ôlrc  un  de  lance  pris  sur  le  corps  d’un  gladiateur;  cette 
,  Terlull  /  CP.rla‘nen,eilt  d’origine  récente.  —.11  Fest.  p.  339  a;  Plaut.  Most. 
Ovid  Ar<  ’  6  V'rg'  VeL  12  î  Scrv.  Ad  Aen.  7,  403;  Plaut.  Mil.  glor.  791; 

‘*1  J,  nninf  I  n.  ~ 


Le  premier  acte  de  la  fête  commençait  dès  1  aube  par 
une  prise  d’auspices,  par  l'intermédiaire  des  nu/it iarum 
auspices  attitrés,  qui  observaient  à  l’origine  le  vol  des 


.Æ  *r 


Fig.  4871.  —  Scène  de  mariage  romain. 


oiseaux,  plus  tard  simplement  les  entrailles  d'une  vic¬ 
time16,  probablement  d’une  brebis1',  offerte  en  sacri¬ 
fice.  Nous  ne  savons  pas  exactement  à  partir  de  quelle 
époque  les  plébéiens  ont  pu  employer  les  auspices,  qui 
étaient  en  principe  réservés  aux  patriciens.  Ce  fut  peut- 
être  après  l’établissement  du  connubium  entre  les  deux 
classes.  Les  augures  annonçaient  le  résultat  de  leurs 
observations  aux  nombreux  invités18.  C'est  à  ce  moment 
que  l’on  concluait  le  contrat  de  mariage,  qu’on  le  faisait 
signer  par  des  témoins,  qui,  jusque  dans  les  derniers 
temps,  paraissent  avoir  été  au  nombre  d  au  moins  dix  1  , 
et  que  les  deux  fiancés  donnaient  leur  consentement  au 
mariage.  Puis  une  femme  qui  devait  n’avoir  été  mariée 
qu’une  fois,  la  pronuba ,  amenait  les  deux  époux  l'un 
vers  l’autre  et  mettait  la  main  droite  de  la  femme  dans  la 
main  droite  du  mari  (fig.  4872,  et  jono  fig.  4180)  ;  c  était 
la  dextrarum  junetio  20 .  Elle  était  suivie  d’une  prière 


'  amat ■  I,  31  ;  7V, 


2,  522;  Pont.  3,  3,  51.  Marquardt  conclut  qu’elles 


étaient  doubles,  d'après  Propert.  5, 1 1 ,  33,  et  Val.  Max.  3,2.1  (L.c.  p.  Si,  noies  1-3). 

-  12  Jordan,  Der  Tempe  l  der  Vesta,  p.  47,  pl.  vm-x  ;  voir  supra ,  les  lig.  4056, 
4057.  —  13  Varr.  Ling.  lat.  VII,  il.  —  U  D'après  une  photographie.  Cf.  Baumoister, 
Denkmaler ,  I,  fig.  754.  —  <5  Fest.  Ep.  p.  63;Lucau.  Plwrs.  II.  358.  Plus  tard  le  mari 
porta  aussi  une  couronne  (Plut.  Pomp.  55;  Sidon.  Apoll.  Ep.  1,5;  Tcrtull.  Pc  cor.  mil. 

1 3),  ainsi  que  les  assistants  et  le  père  de  la  mariée,  sous  l'influence  des  coutumes  grec¬ 
ques  (Claudian.  De  rapt.  Proserp.  2,  328  ;  Fescen.  13,  1,2;  Epi  thaï.  921.  Voir  jcxo, 
fig.  4165  ;  cf.  Dilthey,  Ann.  d.  ht.  1869,  p.  15.  -  16  Oeil.  3,  2.  10  ;  Scrv.  ad  Aen.  t, 
314  •  3,  136;  4,  45,  166  ;  Plaut.  Cas.  prol.  86  ;  Plin.  Hisi.  nat.  10,  ït  ;  Cie.  De  div.  I, 
IC  28  ;  Val.  Max.  2,  1,  1  ;  Slat.  Silv.  I,  2,  229.-  ‘7 Opinion  de  Karlo«a,  Die  Forme, i 
de’rràm  Ehe,  p.  7,  et  de  Studcmund,  Mittheil.  ans  den  Palimps.  des  Gains,  p.  6. 

-  18  Suel.  Claud.  26;  Tac.  Ann.  Il,  27  ;  15,  37  ;  Juven.  Sat.  2.  119  et  132; 

6  200-  10,  335;  Mart.  12,  5;  Apul.  Apol  68;  SUl.  Silv.  t.  2,  229;  Aml.ros. 

De  lapsu  v irg.  cons.  5,  20.  -  U  Fest.  242  é.  29;  Ep.  p.  2H,  3;  Terlull.  Exhort. 

castr.  13;  Serv.  ad  Acn.  4,  166;  Isid.  Orig.  9,  7,  8  :  Douai,  ad  Tercnt.  Euu. 

3,5,  45  ;  Claudian.  31,  128;  SUl.  Silv.  1,  2,  11  ;  Trch.  Poil.  Gall.  11.  —  20  poul¬ 

ies  représentations  de  la  dextrarum  junetio  sur  des  sarcophages,  des  monnaies, 

v  Rossbach,  L.  c.  p.  37  et  suiv.  Sur  le  bas-relief  ici  figuré  d'après  uuc  photo¬ 

graphie  d'un  sarcophage  du  Musée  de  Florence  (cf.  Rossbach,  Hocliseits.  Denkm. 

,49-  Diitschke,  Anf.  llildwerke  in  Oberitalien ,  111,  p.  124,  il»  63).  Sur  celui  de 

Mantoùe  (Labus,  .Wiiseo  délia  r.  Accad.  di  Mantova,  III,  Uv.  lui,  p.  30a),  sur 

celui  de  San  Lorcnto  à  Rome  (Uartoli,  Admir.  fioman.  68  ;  Rossbach,  p.  42)  cl  d'aulres 

encore,  on  voit,  outre  les  deux  époux  et  la  pronuba,  un  enfant  qui  porte  une  torche, 

personnification  de  ITiyméuéc  ;  voir  Schmidt,  De  hymaeneo  et  lalasio,  etc.  Kicl, 
1886  [hymaeneus,  p.  335];  à  côte  du  mari  sc  tient  un  paranymphus,  à  côté  de  la 

femme  une  paranympha  ;  les  paranymphi  sont  aussi  mentionnés  ap.  Augustin.  De 
civ.  Dei,  14,  18;  cf.  Concil.  Carthag.  4,  13;  Isid.  Orig.  9,  7. 


MAT 


1656  — 


MAT 


prononcée  par  un  auspe x  nuptiarum ,  et  adressée  à 
Jupiter,  à  Junon,  à  Vénus,  à  Diane  et  à  la  déesse  Fides  *. 
Ensuite  les  mariés  accomplissaient  eux-mêmes  le  sacri- 
lice  d’un  bœuf  2  ou  d’un  porc3,  soit  dans  la  maison,  soit 
même  devant  un  temple  public,  comme  paraissent  le 
prouver  plusieurs  textes  et  des  monuments  figurés  qui 
indiquent  soit  un  temple,  soit  un  cortège  de  sacrifice1. 
Après  le  sacrifice  et  les  vœux  de  bonheur  formulés  par 
les  témoins  au  moyen  de  l’acclamation  féliciter  %  avait 
lieu  le  repas  de  noces  ( cena ),  régulièrement  dans  la  mai¬ 
son  du  père  de  la  femme6.  A  l'époque  primitive,  il  se 
terminait  à  la  nuit7. 

Alors  commençait  le  second  acte  de  la  cérémonie,  la 
conduite  à  la  maison  de  l'époux  {domina  deductio ). 
Après  avoir  fait  semblant 
d'arracher  l'épouse  aux 
bras  de  sa  mère  8,  le  cor¬ 
tège  des  parents  et  des 
invités  l'accompagnait  à 
la  maison  du  mari9,  avec 
des  joueurs  de  flûte  et  des 
porteurs  de  torches10,  en 
chantant  des  vers  fescen- 
nins,  dont  les  principaux 
caractères  étaient  la  bouf¬ 
fonnerie  et  l'obscénité iJ, 
et  en  poussant  le  cri  ta- 
lasse ,  épithète  d'une  an¬ 
cienne  divinité  oubliée, 
peut-être  du  dieu  Consus 
dont  la  fête  avait  coïncidé 
avec  le  rapt  des  Sabines  12 . 

Ces  réjouissances  étaient 
en  général  très  indécentes 
et  devaient  être  condam¬ 
nées  plus  tard  énergique¬ 
ment  par  les  pères  de  l’Église  chrétienne13.  Les  petits 
garçons  demandaient  à  l’époux  de  leur  jeter  des  noix, 
soit  parce  que  ces  fruits  étaient  le  symbole  de  la  fécon¬ 
dité,  soit  parce  que  l’époux  en  avait  fini  avec  les  jeux 
de  l'enfance  L’épouse  était  accompagnée  par  trois 


garçons  patrimi  et  matrimi  (c’est-à-dir< 
leurs  père  et  mère);  deux  d’entre 


formé  par  une  branche  d’aubépine 
les  invités  s’emparaient  ensuite  comme*d 


Fig.  4872.  —  Cérémonies  du  mariage  romain. 


eux  1-  ayanl  '‘ncore 
troisième  portait  en  l’honneur  de  \w,°IKluiSuienl’  Je 

‘  •  ’  18  (nlh  Un.tlaiïlbeail 

ba  dont 

Derrière  l’épouse  on  portait  une  quenouille  et^r'81"*11 
Le  troisième  acte  était  la  réception  de  l’én0Ui  ' 
maison  du  mari.  Elle  frottait  de  graisse  ou  j'i'u"'! 
enveloppait  débandés  de  laine  les  montants  delà  ,  » 

Elle  prononçait  la  formule:  «  Ubi  tu  Gains ,  ego  S''' 
détournée  de  son  sens  primitif,  par  laquelle  elle  répond' ï 
à  l’interrogation  de  son  mari  et  donnait  son  nom  nui 
pour  entrer  dans  la  maison,  elle  était  soulevée  au-diss^’ 
du  seuil.  Cet  acte  était-il  le  symbole  du  rapt  ou  avait-il  3 

but  d’éviter  une  chute,  et 
partant,  un  mauvais  pré¬ 
sage  ?  Les  textes  donnent 

les  deux  explications20.  Le 

mari  recevait  son  épouse 
en  lui  présentant  l’eau  et 
le  feu,  symboles  de  la  vie 
et  du  culte  communs  dans 
V atrium  ,  brillamment 
éclairé 21 ,  où  la  pronuba 
avait  préparé  eh  face  de  la 
porte  le  lectus  genialis H. 
Il  y  avait  alors  quelques 
rites  accessoires  mal  con¬ 
nus:  la  prière  aux  dieux  de 
la  maison 23  ;  la  cérémonie 
obscène  où  on  plaçait  la 
jeune  femme  sur  une  re¬ 
présentation  de  Mutunus 
Tutunus  pour  lui  . assurer 
dans  l’avenir  lafécondité51; 
l’offrande  par  la  lemme 
de  trois  as,  l’un  à  son  mari,  l’autre  au  foyer  des  Lares,  le 
troisième  à  l’autel  du  carrefour  voisin  Le  lendemain  elle 
offrait  à  ses  parents  un  repas,  les  repotian,& taux  dit  ux  c 
sa  nouvelle  maison  son  premier  sacrifice-1.  Juvcnal  Dita 
lusion  àun  don, au  lendemain  des  noces,  fait  par  le  mai  i 


1  Tac.  Ann.  J I,  27  ;  Plut.  Quaest.  rom.  2.  —  2  Varr.  De  re  rust.  2,  4,  9; Val.  Flacc. 
Argon.  8,  243;  Senec.  Octav.  700;  Tac.  Ann.  11, 27;  pour  les  monuments,  voir  la  note 
ci-dessus,  et  Gerhard,  Ant.Bildtcerke,  l,*taf.  lxxiv;  Monum.d.Ist.  IV,  tav.ix;  Rossbacli, 
L.  c.  taf.  I. —  3  Varr.  De  re  rust.  2,  4,  9.  Le  sacrifice  était  sans  doute  offert  aux  dieux 
Pilumnuset  Picumnus  d’après  Yarrou  (ap.  Non.  p.  528,  12).  — 4  C’est  la  conclusion 
de  Marquardt  ( L .  c.  p.  63)  d’après  Senec.  Octav.  700;  Tac.  Ann.  1  i,  27;  Apul.  Metam. 
4,  26  et  Bartoli,  Admir.  tav.  lxxxii  et  lviii.  Mais  le  dernier  texte  cité  se  réfère  plutôt 
à  des  usages  grecs.  Voir  la  fig.  4872  et  les  monuments  cités  note  11,  où  le  temple  est 
indiqué  par  des  colonnes  et  un  fronton  derrière  le  sacrifice,  tandis  qu’un  rideau  tendu 
derrière  la  dextrarum  junctio  fait  comprendre  que  la  scène  se  passe  dans  1  habitation. 

—  5  Juven.  Sat.  2,  119.  —  6  Dig.  23,  2,  5  ;  Macrob.  Sat.  1,  15,  22  ;  Senec.  Controv. 
7,  21,  p.  222;  Quintil.  Declani .  306;  Capitolin.  V.  Pii ,  10;  Sidon.  Apoll.  Ep.  1,  5, 
extr.  ;  Catull.  62,  3.  Cependant  il  y  a  quelques  exemples  de  repas  faits  dans  la  maison 
de  l’époux  (Plaut.  Cure.  728;  Aul.  262;  Cic .ad  Quint.  2,  3,  7  ;  Juven.  Sat.  6,  202). 

—  7  Serv.  ad  Bue.  8,  29;  Fest.  p.  245  a,  3;  Catull.  62,  1.  Une  loi  somptuaire 
d’Auguste  avait  limité  la  dépense  de  ce  repas  à  1  000  sesterces  (Gell.  2,  24)  ;  elle  ne 
devait  sans  doute  pas  être  respectée.  —  3  Fest.  p.  289  a,  4;  Macrob.  Sat.  1,  15,  21  ; 
Catull.  61,  3.  —  9  Claudian.  10,  286  ;  Stat.  Silv.  1,  2.  233.  —  10  Plaut.  Cas.  4,  3, 
1  ;  1,1, 30  ;  Terent.  ,Ad.  5,  7,  6  et  9  ;  Mari.  12,  42,  3  ;  Claudian.  14,  30  ;  Fest.  p.  245  a , 
280  a;  Serv.  ad  Bue.  8, 29;  Ad  Aen.  4, 167;  Senec.  Controv.  7,  21,9;  Cic.  ProC  tuent.  6, 
15;  voir  Rossbach,  £.  c.  p.  337,  342.  — H  Fescennini  versus  :  Fest  .Ep.  p.  85  ;  Serv.  ad 
Aen.  7,  695  ; Calp.  Flacc.  Declarn.  44;  Pliu.  Hist.  nat.  15, 86  ;  Senec.  Controv.  7,  21, 12; 
Sidon.  Apoll.  Ep.  1,5;  Auson.  Id.  13  ( cento  nupt.)  ;  Claudian.  Fescenn.  4,  29.  On 
ne  sait  pas  exactement  quelle  est  l’étymologie  de  ce  mot  :  est-ce  le  nom  d’une  ville 
d’Élrurie,  Fescennium  ?  Est-ce  plutôt  le  mot  fascinum  [fascindm]?  Voir  Raoul  Ro¬ 
chette,  Mém.  de  l'Acad.  des  lnscr.  t.  V  ;  O.  Müller-Deecke,  Die  Etrusker ,  1877,  II, 
p.  296;  Corssen,  Ueber  Ausspracke ,  Vokalismus  und  Betônung  d.  lat.  Sprache , 
2e  éd.  I,  p.  707-748.  —  *2  On  trouve  les  différentes  formes  du  nom  :  Talasius  (Plut. 
Quaest.  rom  31),  Thalassius  (Liv.  1.  9,  12  Cat.  61.  134),  Thalasio  (Serv.  Ad  Aen. 


1,  651  ;  Plut.  Pomp.  4),  Talassus  (Mart.  12,  42,  4),  Talassio  (Mari.  ^ 

25;  Sid.  Apoll.  Ep.  1,5.  La  légende  y  voyait  un  des  ravisseurs  des  ..  _  Uv_ 

rattachait  ce  nom  au  mot  grec  ràXapos,  corbeille  de  lileusc  (lesl.  I  -  ornom^ 

1,  9,  12);  d’après  Werkliu  [Ind.  Schol.  Dorpat.  1860,  p.  13),  00  se'‘l  l||a|.jnüi 

du  dieu  Consus.  D’autres  y  voyaient  une  épithète  grecque  (  |IP. sostoni. 

—  13  CvpriaD .  De  lmb.  vin,,  c.  18  (Migne,  Pair.  lat.  IV) !  odn"’  .... 


Cyprian.  De  lmb.  virg.  c.  18  (Aligne,  ->  IV, .  211  (Aligne. 

Homil.  49,  p.  443:  56,  p.  486,  488  (Migne,  hati.  gi  •  •  172 ;  Serv. 

t.  Ll).  —  H  II  y  a  ces  explications  et  dautres  encore  dans  es  lialull. 

1  -  - - •  Plin.  Hist.  nat.  la, 

..  .  „  tio-Ser y.  Ad  Buc.h -*< 

61,  131-5.  —  13  Fest.  p.  245a;  Ep.  p.  8,  :  Nomus,  P'  "^  cxplicali0Ii moinl 

194 ;  l’Iiii  '  'Jrarst- 

“d’huile  selon  les 
1  ,  "o  •  ' lui. 


Ad  Ecl.S,  30;  Interp.  Mai.  Verg.  Ad  Ecl.  8,  30; 

61,  131-5.  —  13  Fest.  p.  245a;  Ep.  p.  87;  Noniu 
Plin.  Hist.  nat.  16,  75.  —  13  Serv.  Ad  Bue.  8,  29.  Il  y  a  une  i 
vraisemblable  dans  Fest.  p.  289a,  7.  —  ,7  Plin.  Hist.  nat-  ■  - 


rom.  31.  —  13  Graisse  de  porc  ou  de  loup  selon  les  uns,  <  1 
(Donat.  ad  Ter.  Hec.  1,  2,  60  ;  Isid.  Ortg.  9,  7,  12  ,  »er  '•  ^ 

Quaest.  rom.  31).  —  19  Auctor  de praenom.  7.  —  20  plu  •  ,  (i .  Qplat.  Di 

Cas.  4,  4,  1  ;  Lucan.  2,  359  ;  Serv.  ad  Duc.  8,  29  ;  Isid.  rig.  -J  ^  ^  smee. 
scliism.  Donatist.  6,  3.  —  '-1  Fest.  Ep.  p.  2;  Vair.  e  .  (Bae hreu». 

Controv.  7,  21,  8;  Plut.  Quaest.  rom.  2;  Epithalam.  .  Je  j’cau  et  du  feu 

Poet.  lat.  mm.  3,  42,  61);  Claudian.  10,  200.  Le  rite  de,  0  ‘ —  32  /Û"7/'a“: 
est  mal  connu  (Varron  dans  Non.  p.  112,  s.  v.  l  ux  et  80^*-  ^  ^  llorat.  l'C 


lam.Laur.  et  Mar.  L.  c.  ;  Cic.  Pro  Ctueni .  5,  14;  Fest.  Ep.p- rgcajt  lépou» 

1,  1,87;  Propcrt.5, 11,85;  Gell.  15,9,4;  Ascon.m  Mil.  P-  *  ;• 

avec  l’eau  apportée  dans  Vaquale  (Fest.  Ep.  87,  U  ,  I  r0P-  ’  ’  (  jo,  30;  I1’10'1  ' 

-  24  Augustin.  De  civ.  Dei ,  4,  U  ;  (i,  9  ;  7,  24;  Lactant  1ns J*  ■ „  u  culs 
ad  Nat.  2,  11  ;  Apol.  25  ;  Arnoh.  4,  7,  I  l  ;  Fest.  p.  ,0  ’  MFesl_  28 1  "  ;  1  'c 

chez  les  Itomains,  I,  p.  19.  -  25  Non.  p.  531  (Varron).  Acro,  ai  H»1' 

2,  24,  14  ;  Hor.  Sat.  2,  2,  60  ;  Auson.  Ep.  9,  50  ;  Symmach.  Dp-  .  ^  FricdIS„dcr 

Sat.  2,  2,  60.  —  27  Macrob.  Sat.  I,  15,  22.  -  • uv' 

ad  h. 


MAT 


—  1657  — 


MAT 


,„tes  du  mariage  se  . rapportaient  (le  nom 

;  ces  •  ■ 


Fig.  4873.  —  Mariage  étrusque. 


A*---*  pures  abstractions,  souvent  de  sens 
FeuSeS"'"'noùs  ne  connaissons  guère  que  par  les 
l»cène’  l'Liise  chrétienne  :  Afferenda  pour  La  dot, 
Pi,rt>S  nomitius,  lterduca ,  Manturna  pour  la  eon- 
^Tm-ûson  de  l'époux,  Unxia,  Cinxia,  Vivgi- 
dlllle  a  ,  subir/ us  Prema,  Pertunda ,  Perfica  pour  la 

L  "*Hnn  dans  la  maison  dn  mari  et  la  nuit  de  noces  1 . 
léCCP  Les  éléments  propres  au  mariage  avec  manus 
’LTla  rvnfarreatio,  la  co emplie  1 'mus  Nous  rc- 
s  à  l'article  «ut»,  «»  ajoutant  ici  le  résumé  de  ce 
'"J,°l  on  gait  des  cérémonies  du  mariage. 
q  t!n  monument  découvert  il  y  a  quelques  années  a 
fhmsi  d  conservé  dans  le  musée  de  cette  ville2  jette  sur 
e point  quelques  lumières  nouvelles;  il  répond  en  meme 
ipmDS  à  une  question  souvent  posée  au  sujet  de  la  commu 

Lté  d’usages  qui  peut  avoir  existé  entre  les  peuples  de 
l’Italie  primitive  3. 

Les  scènes  sculptées  ‘j- 
gurcetomheau  étrus¬ 
que,  qui  ne  peut  être 
postérieur  au  ve  siè¬ 
cle  av.  J.-C.,  nous 
montrent .  au  moins 
en  Étrurie,  l’exis¬ 
tence  de  rites  sur  les¬ 
quels  nous  n  étions 

renseignés  que  pour  les  Romains.  Sur  une  de  ses  faces 
on  voit  (flg.  4873),  sous  un  drap  frangé,  soutenu  à  ses 
extrémités  par  deux  personnes,  dont  une  au  moins  est 
une  femme,  trois  figures  dont  les  tètes  sont  cachées  par 
jee  voile.  Autant  qu’on  en  peut  juger  par  ce  que  l’on 
aperçoit  de  leurs  corps,  celle  du  milieu  est  une  femme 
vue  de  face,  enveloppée  d’un  manteau;  les  deux  autres, 
des  hommes  qui  la  saisissent  par  son  vêtement.  Il  semble 
bien  que  l’on  ait  ici  l’image  de  la  mainmise  ( manu  cap- 
tio),  avec  un  simulacre  de-  violence,  du  rapt  en  un  mot, 
que  l’on  rencontre  chez  d’autres  peuples  à  l’origine  du 
mariage,  dont  l’enlèvement  des  Sabines  conservait  la 
tradition  légendaire  chez  les  Romains  et  que  Denys  d’ila- 
licarnasse4  présente  comme  l’ancienne  coutume;  la  trace 
ne  s’en  est  jamais  perdue.  M.  Gamurrini,  qui  a  fait  con¬ 
naître  la  découverte  de  ce  monument,  en  citant  des  textes 
connus5,  rappelle  aussi  la  formule  dont  se  servait  le 
pontifex  maximus  quand  il  désignait  une  vestale  nou¬ 
velle,  en  la  saisissant  par  la  main  :  ita  le ,  Amata ,  capio 8, 
cl  y  reconnaît  celle  dont  on  se  servait  en  s’adressant  aux 
femmes  mariées  quand  elles  étaient  manu  captae.  Le 
jvoile  étendu  à  la  fois  sur  les  deux  époux,  dont  l'usage 
j ancien  est  établi  par  un  texte  \  paraît  être  le  symbole  du 
connubium,  par  lequel  ils  étaient  nuptus  et  nupta  ;  deux 
mities  personnages  sont  figurés  sur  le  bas-relief,  tenant 
,  feuillages:  l’un  d’eux  serait,  selon  M.  Gamurrini,  un 
Pr(  hequi  a  pris  les  auspices.  On  voit  à  la  suite  un 
joueur  de  flûte. 

nat"  11;  Augustin.  De  cio.  Dei,6,  0;  Arnob.  4,  7,  U  ;  Martiauus 
p .89  et  s  Kj"  ~  2  Bullet.  d.  Ist.  arch.  Sezionc  romana,  IV  (1889),  pl.  iv, 
alomlamr  '  *rab'  V,  231.  Les  nombreuses  conjectures  faites  à  ce  sujet  ont  été 
P- 162  et  s  1  !  M’0SécS  discutées  par  Rossbach,  Untersuchungen,  3*  part. 
LFlut  Q  ~  C  FesC  o.  rapi;  Virg.  Aen.  X,  79;  Catull.  Epitli.  CI, 

Pr»plerea  d', "j  7  °W'  29  ’  Gamurriui-  L-  c ■  P-  92-  —  8  A.  Gcll.  1, 12  :  «  Capi  virgo 
poteslate  '  "lclur  quia  poutificis  maximo  manu  prehensa,  ab  eo  parente  in  cujus 
*eleres  ao!7’o|VC,Uti  liell°  Capta  abducilul'  »•  —  1  Non-  Marc.  p.  143  :  «  nubere 
lln*  mu**eres  sed  etiam  viros  dicebant  »  et  peut-être  par  la  coutume 


Dans  la  sculpture  qui  décore  un  autre  côté  du  même 
monument (fig.  4874),  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître 
la  cérémonie  de  la  coemplio.  Le  personnage  du  milieu 
est  un  homme,  et  une  femme  lui  fait  face;  tous  deux 
tiennent  dans  leur  main  levée  un  objet  indistinct,  peut- 
être  une  pièce  de  monnaie.  En  même  temps  le  mari  en 
dépose  une  autre  dans  un  sac  que  lui  tend  la  femme  .  <  e 
qui  s’accorde  avec  le  commentaire  où  Servius  déclare  * 
que  les  deux  époux  s’achetaient  par  une  vente  simulée. 
Dans  la  troisième  figure  on  peut  voir  soit  un  pronubus 
ou  une  pronuba ,  soit  le  libripens,  assistant  nécessaire 
à  la  mancipatio. 

Sur  un  sarcophage  9  étrusque  d  un  temps  plus  récent 
[etrusci,  fig.  2844], un  mariage  est  représenté:  au  milieu 
les  deux  époux  se  donnent  la  main.  Chacun  deux  est 
suivi  de  serviteurs  qui  portent,  derrière  le  mari,  le 
siège,  le  lituus,  le  cor,  qui  sont  sans  doute  des  insignes 

de  son  rang  ;  der- 
-J .  rière  la  femme,  un 
— ^  parasol,  une  cassette, 
un  éventail,  une  lyre: 
ils  sont  encore  re¬ 
présentés  sur  le  cou¬ 
vercle  se- tenant  em¬ 
brassés. 

La  cérémonie  de 
la  confarreatio  était 
une  cérémonie  religieuse,  précédée  de  la  prise  des  aus¬ 
pices,  célébrée  par  le  grand  pontife  et  le  tlamine  de  Jupiter, 
le  fl  amen  Dialis ,  en  présence  de  dix  témoins.  Quel  était  le 
rôle  de  ces  dix  témoins?  Représentaient-ils  les  dix  g  entes 
de  la  curie  ou  les  dix  curies  de  la  tribu  du  mari?  Étaient- 
ils,  eux  et  le  grand  pontife,  de  simples  témoins  instrumen¬ 
taires,  ou  avaient-ils  à  sauvegarder  un  intérêt  politique, 


à  constater  par  exemple  l’existence  du  connubium  entre 
les  époux  ?  Nous  ne  le  savons  pas  exactement.  Mais  il  est 
probable  qu’à  l’origine  la  confarréation,  comme  l’adro- 
gation  et  le  testament,  intéressait  toute  la  commu¬ 
nauté  et  se  célébrait  dans  la  curie  10.  Plus  tard  elle  a  dù 
se  passer,  comme  les  autres  mariages,  dans  la  maison  de 
la  future.  Au  premier  acte,  après  la  conclusion  du  con¬ 
trat,  la  future  prononçait  la  formule  dont  nous  n'avons 
que  le  texte  grec11,  et  qu'on  traduit  par  les  mots 
«  quando  (ou  ubi)  tu  Gaius,ego  Gaia  ».  Elle  signifiait 
probablement  à  l’origine  que  la  fiancée  adoptait  le  nom 

observée  au  mariage  du  /lamen  cl  de  la  fiaminica ,  de  couvrir  leurs  tètes  de  la  toison 
de  la  victime  immolée,  Scrv.  ad  Aen.  IV,  374.  —  »  Ad  Aen.  IV,  103  ;  cf.  Varr.  ap. 
Nou.  p.  531  :  «  Assulus  ad  mantum  nubeutes  deferebaut,  etc.  ».  —  9  Do  Yulci, 
Alonum.  d.  Inst.  VIII,  pl.  xviu  ;  Marlba,  l'Art  étrusque,  p.  350.  —  K>  Gai.  t, 
Ii2;  Ulp.  9,  I;  Plio.  Hist.  nat.  18,  10;  Serv.  ad  Aen.  4,  103,  374;  Diouys. 
Hal  2  25;  Fest.  Ep.  88,  U.  Cuq  (Instit.  juridiq.  des  Domains,  p.  204-229) 
n’admet  la  confarréation  que  pour  le  cas  de  gentis  enuptio  où  la  femme  avait 
besoin  d'uuê  sorte  de  sacrorum  detestatio  ;  mais  cette  hypothèse  manque  de 
preuves  suffisantes.  —  H  Plut.  Quaest.  rom.  30;  cf.  Quintil.  1,  7,  28. 


MAT 


—  1658  — 


gentilice  de  son  fiancé1.  Plus  tard,  lorsque  Gaius  et 
Gaia  furent  de  simples  prénoms,  elle  cessa  d’être  com¬ 
prise  et  on  en  donna  des  explications  invraisemblables2. 
Après  la  dextrarum  junctio ,  on  offrait  à  Jupiter  une 
oblation  composée  de  fruits  et  d’un  gâteau  d’épeautre 
( panis  far  reus,  libam  farreum ),  probablement  par 
l'intermédiaire  du  tlamine  de  Jupiter,  qui  prononçait  la 
formule  de  la  prière,  où  étaient  sans  doute  invoquées 
outre  les  divinités  nuptiales,  telles  que  Junon,  des  divi¬ 
nités  champêtres,  Tellus,  Picumnus  et  Pilumnus 3. 
Pendant  l’offrande,  les  époux  se  tenaient  sur  deux  sièges 
jumeaux,  recouverts  de  la  toison  d’une  brebis  qui  avait 
été  sacrifiée,  puis  ils  faisaient  le  tour  de  l’autel,  par  la 
droite4,  précédés  par  un  enfant  ( camillus )  qui  portait 
dans  un  vase  appelé  cumerum  ou  camillum  certains 
objets  [nubentis  utensilia)  que  nous  ne  connaissons  pas 
exactement  3.  Y  avait-il  un  autre  sacrifice?  C’est  peu 
probable6.  Nous  ignorons  quelles  étaient  les  paroles 
solennelles  ( certa  et  solennia  verba)  dont  parle  Gaius1. 
Le  mariage  par  confarréation  se  dissolvait  par  la  cérémo¬ 
nie  analogue  de  la  diff arreatio 8. 

On  voit  donc  que,  en  dehors  de  la  confarréation,  le  ma¬ 
riage  n’exige  ni  solennités  de  forme,  ni  intervention  de 
l'autorité  publique.  Il  n’y  a  même  pas  de  moyen  régulier 
d’en  constater  la  formation.  En  fait  cependant,  surtout 
pour  distinguer  le  mariage  du  concubinat,  il  y  a  comme 
preuves  les  cérémonies  qu’on  vient  de  voir  et  la  conclu¬ 
sion  d’un  contrat  de  mariage.  Le  contrat  s’appelle  tabulae 
nuptiales ,  matrimoniales ,  dotales  ou  dotis 9,  instru¬ 
menta  dotis  ou  dotalia10.  11  n’est  pas  absolument  néces¬ 
saire  et  ne  constitue  pas  à  lui  seul  le  mariage,  puisqu’il 
peut  être  signé  même  après  l’union ".  A  défaut  de  ces 
preuves,  les  jurisconsultes  classiques  paraissent  avoir 
admis  que,  chez  des  personnes  honorables,  la  cohabitation 
était  une  présomption  de  mariage  ;  cette  présomption 
fut  également  admise  par  Théodose  II  et  Valentinien  III, 
et  confirmée  par  Justin  (ou  Justinien)  quand  les  deux 
personnes  étaient  libres  et  ingénues;  Justinien  exigea 
pour  les  sénateurs  et  les  illustres  un  contrat  renfermant 
une  constitution  de  dot  et  une  donation  ante  nuptias , 
et,  au  moins  pendant  quelque  temps,  pour  les  autres 
dignitaires  un  écrit  rédigé  par  le  defensor  en  présence 
de  trois  membres  du  clergé  12. 

B.  Conditions  de  fond  communes  aux  deux  formes  du 

MARIAGE. 

I.  Age  requis.  —  Il  était  déterminé  primitivement  par 
le  chef  de  famille,  et,  en  pratique,  il  coïncidait  avec  la 

l  C’est  l'explication  de  Mommsen  [Rom.  Eorsch.  I,  il)  qui  croit  que  Gaius  était 
d'abord  un  nom  gentilice.  Cette  formule  fut  appliquée  plus  tard  à  la  coemtio  (Cic. 
Pro  Mur.  12,  27)  mais  abusivement,  puisque  dans  ce  cas  la  femme  ne  prenait  pas 
le  gentilice  du  mari.  —  2  Auctor  de  praenom.  7;  Fest.  Ep.  95,  18;  Plutarque 
( Quaest .  rom.  30)  donne  en  outre  ce  sens  général  :  «  Où  tu  es  maître,  je  suis 
maîtresse  ».  —  3  Serv.  ad  Aen.  4,  58,  116  ;  Nonius,  p.  528.  Plus  lard,  à  la 
piaffe  de  Tellus  il  y  eut  Cérès  (Serv.  ad  Aen.  4,  58  ;  Fest.  Ep.  87).  —  4  Serv.  ad 
Aen.  4,  374;  Fest.  Ep.  114  ;  Val.  Flacc.  Argon.  8,  245.  —  r>  Varr.  De  Jing.  lat. 
7, 34  ;  Fest.  Ep.  p.  50,  63  ;  Rossbach  pense,  mais  sans  raison,  que  ces  objets  étaient 
le  gâteau  et  les  accessoires  de  l’offrande.  On  voit  le  camillus  portant  le  cumerum 
sur  des  bas-reliefs  déjà  cités,  notes  1  et  3  de  la  p.  1656.  —  c  Le  texte  d’Ulpien,  9,  1,  ne 
suffit  pas  à  le  prouver.  —  î  1,  112.  —  8  Un  sacerdos  confarreationum  et  diffar- 
reationum  à  Antium  au  n«  siècle  ap.  J.-C.  ( Corp .  inscr.  lat.  10,  6662).  —  9  Plaut. 
Trinum.  689-691;  Tac.  Ann.  11,  30;  C.  Just.  5,  4,9;  Apul.  De  mag.  68,  88; 
Tcrtull.  Ad  ux.  2,  2;  Firmic.  7,  17;  Isid.  Orig.  9,  5,  8  ;  Augustin.  Serm.  292,  3; 
Dig.  23,  4,  29  pr.  ;  24,  1,  06  ;  Isid.  De  eccles.  off.  2,  20,  10.  Il  y  a  legitimae 
tabellae  dans  Juvcn.  Sat.  6,  200.  —  10  C.  Just.  5,  4,  13,  22,  23.  —  H  Quintil.  5,  1 1, 
32  ;  Dosith.  Uadr.  sent,  il  ;  Dig.  24,  1 ,  66  ;  39,  5,  31  pr.  ;  45,  1,  134;  C.  Just.  5, 
4,  13.  Sur  les  monuments  figurés,  le  fiancé  tient  le  contrat  de  la  main  gauche  au 
moment  de  la  dextrarum  junctio ,  mais  le  contrat  est  représenté  sous  la  forme,  non 
de  tablettes,  mais  de  volumen  (fig.  4872).  —  12 Dig.  23,  2,24;  39,  5,31  pr.  ;  C.Just.  5, 


MAT 


puberté,  c’est-à-dire  l’aptitude  à  engendrer  ri  „ 

(. Pubes ),  l’aptitude  à  concevoir  chez  !•>  r  h  /- 1  ll°mme ] 
tm-,  patiens,  mri  potrns).  Par  consi, m,™, 
puberes  ne  se  mariaient  pas  valablement  non  ?  n'J"' 
les  castrats13.  Pour  les  femmes,  l’àge  de’,!,,  '  PUs,lU(i 
volus  fut  toujours  une  présomption  de  ,  "/1‘  ^ns  ré- 
Pour  les  hommes,  il  y  eut  des  variations  d-u  sîlf  •' 
lation  et  dans  les  mœurs.  Une  cérémonie  relire  ^ 
lébrée  régulièrement  le  jour  des  Liberaliu  lll'Z' ^ 
marquait  l’époque  où  le  jeune  homme  atteiemit  iv  J’ 
la  puberté18.  Il  déposait  devant  les  Lares  de  sa  maison  " 
togapraetexta  etsa  bulla  qu’on  suspendait  au-dèssu  T 
foyer,  et  revêtait  la  tunica  recta  et  la  robe  des  homme 
la  toga  virilis ,  para,  libéra  ;  il  devenait  vestimj' 
après  un  sacrifice  célébré  dans  sa  maison,  il  était  conduit 
solennellement  au  Forum  11  et  inscrit  sur  les  listes  civi 
ques  [census,  tribus].  Il  avait  dès  lors  la  pleine  capacité 
juridique,  sortait  de  tutelle,  pouvait  tester  et  se  marier 
A  quel  âge  avait  lieu  cette  constatation  de  la  puberté?  Il 
est  vraisemblable  que  dans  le  droit  primitif,  d’après  la 
prétendue  constitution  de  Servius,c’étaitàdix-septansls 
Cet  âge  de  dix-sept  ans,  la  plena  pubertas ,  eut  pendant 
longtemps  une  certaine  importance  juridique 20.  Mais  dès 
la  fin  de  la  République  les  parents  pouvaient,  pour  diffé¬ 
rentes  raisons,  avancer  cette  date21.  Sous  l’Empire,  de 
nombreux  textes  montrent  que  la  prise  de  la  toge  virile 
variait  entre  quatorze  ans  et  seize  ans  révolus,  sauf  dans 
la  famille  impériale,  où  pour  des  raisons  particulières  on 
trouve  même  connues  limites  extrêmes  douze  et  dix-neuf 
ans  22.  Dans  le  droit  public,  nous  trouvons  l’âge  de  qua¬ 
torze  ans  indiqué  pour  la  première  fois  dans  la  lexcolo- 
niae  Juliae  Genetivae  de  44  av.  J.-C.23,  et  c’est  cet  âge  qui 
prévalut,  malgré  les  divergences  des  jurisconsultes21  :  si 
les  Sabiniens  l’acceptaient,  les  Cassiens  tenaient  encore 
pour  l’époque  réelle  de  la  puberté,  constatée  par  un  exa¬ 
men  physique,  et  une  troisième  opinion  exigeait  ces  deux 
conditions23.  Justinien  établit  décidément  l’age  de  qua¬ 
torze  ans.  Quand  la  condition  d’àge  n  avait  pas  été  res¬ 
pectée,  il  n’y  avait  pas  mariage  véritable;  mais  le  vicd 
était  couvert  quand  les  deux  conjoints  avaient  atteint  la 
puberté,  mais  cependant  il  n’y  avait  pas  d  effet  rétro-! 
actif26.  On  peut  admettre  que  l’àge  moyen  du  mariage 
était,  pour  les  femmes,  de  treize  à  seize  ou  dix-sept  uns, 
pour  les  hommes,  de  vingt  à  vingt-cinq  ;  les  luis  ea  a 
caires  d’Auguste  frappaient  de  leur  déchéance  h  *  1(21 
bataires,  femmes,  dès  l’àge  de  vingt  ans,  hommes,  es 

l’ordre  sénatorial,  les 


l’âge  de  vingt-cinq  ans2'.  Dans 

4,  9,  23,  §  7  ;  Non.  74,  4;  117,  4.  -  «  Fest.  *,  ».  P^es  :  Cic. 

Ulp.  S,  2  ;  Dig.  23,  3,  39,  §  1  ;  40,  2,  14,  g  1.  Mais  il  n  eu  éiï  \  ^ 

l'homme  naturellement  impuissant,  du  spado.  u  Instit.  I  .  —  /  l0llvajt  choisir 
De  idol.  16;  Ovid.  Fast.  3,  771;  Cic.  ad  Att.  6,  1,  12.  Mais  onj  ; 
d'autres  jours  que  tes  Liberalia.  —  1,1  Propert.  1,  131,  a  ,  1  eis.  ^  q(c  p/iil. 
Ilorat.  Sat.  5,  G!i  ;  Plin.  Hist.  nat.  8,  194;  Fest.  p-  -  -  '  j.  ApolJ 

2,  18,  41  ;  ad  Att.  5,  20,  9  ;  9,  17  et  19,  1  ;  Suct.  Cl.  2;  *>°ncc'  '  '  (  ,32; 

De  mag.  70,  73;  Catull.  08,  19;  Pliaedr.  3,  10,  9;  ^  5,  |,  133  : 

Ovid.  Fast.  3,  777;  Fest.  Ep.  368,  9;  Geil.  5,  19,  '■  ^  ^  J  gtot>  .Vi/o. ». 

Cic.  Pro  Mur.  33,69;  Suet.  Cl.  2;  Plin.  Ep.  U  9’  Tf)  •  Dig.  *’  H 

2,  68  ;  Cic.  ad  Att.  7,  8,  S  ;  Fest.  Ep.  36,  7  ;  InstU.  »,  ^  ,  y,*. 

1  livclll- 

H,,. 

pies  relevés  par  Marquardt,  L.  c.  p.  I5U  22  Liste  des  cxc  1  r,  Tac. A»'*- 

L.  c.  p.  151-153.-23  Corp.  inscr.  lat.  2  suppl-  *  );ai’  tl3;  Ulp- 11 
13,  15;  Fest.  s.  v.  Pubes-,  Scnec.  Cons.  ad  Marc.  2t.  I  '  n„  tel  llJT 


*1  vu  ,  •  *  J  1  ’ -  •  ,  -  .  Q  ,  J  Ilot  • 

§  2  ;  28,  1,  5;  45,  i,  141,  §2;  Gai.  I,  145;  2,  113;  Ulp.  IG  -  -  (  __  il  Eae 

_  19  üell.  10,  8  ;  Dig.  3,  1,  1,  §  3.  -  »  Dig.f,  U  ^  ’  ’daIls  Marqua.' 


Dig.  28,  1,  5  ;  28,  6,  2  pr.  15  ;  Paul.  Seat.*  3,  4  a,  I  ^  1  j?  ^ * .  jsiil.  Ori 0  11 


De  anim.  38;  Macrob.  Sat.  7,  7,  6;  C.  Just.  5,  60,  %tpr.  , 

180  ;  Quintil.  4,  2,  5  ;  InstU.  G  * 

286  ;  voir  Friedliindcr, 


2,3.  _  25  uip.  Il,  28  ;  Gai.  1, 

23,  2,  4.  —  27  U  p  10,  1-2;  Gai.  2,  111, 
563-574. 


26  IJill- 
401-t 


MAT 


1 659  — 


MAT 


•i missent  souvent  avoir  attendu  pour  se 
f"“eS  feîercice  de  la  questure. 

nia!'ier  .  _ Nous  renvoyons  a  1  article  conm- 

11  ■  seulement  ici  l’interdiction  du  mariage 

frappe  les  simples  soldats  citoyens  au  service, 


Bit».  Ai°ul° 


léga  innte  la  durée  de  l’Empire  jusqu’au  iv  siècle 
pendant  de  droit,  qui  était  reste  douteux 

»P-  J'ï  l(,xtes  formels,  a  été  confirmé  d’une  manière 

malgre  w  documents  découverts  en  Égypte’.  Si  le 

déciS‘Ve  Tl  té  contracté  avant  le  service,  ses  effets  légaux 
mariage  a  wa 

S°m 'Tün^üment.  -  A  l’époque  primitive,  le  consen- 
,  dps  conjoints  n’avait  à  intervenir  que  quand  ils 
ïmC  i  ni  iuris ;  au  cas  contraire,  l’accord  des  chefs  de 
Se  était  la  seule  condition  nécessaire*.  Dans  le  droit 
limie  à  la  suite  de  l’affaiblissement  de  la  puissance 
li'Jcllè  le  père  ne  peut  pas  imposer  un  mariage  a 
llils  ou  à  sa  fille3,  quoiqu’en  fait  cette  dernière  ne 
Esse  mère  résister  à  ses  injonctions.  Le  consentement 
deS  conjoints  est  donc  théoriquement  nécessaire  ;  par 
conséquent,  un  fou  ne  se  marie  valablement  que  pendant 
ses  intervalles  de  lucidité''.  Quand  le  futur  n’est  pas  sut 
■jam  le  consentement  du  chef  de  famille  est  toujours 
nécessaire,  quel  que  soit  l’âge  de  l’enfant;  il  se  donne 
sans  forme  solennelle,  expressément  ou  tacitement,  on 
ne  consulte  ni  la  mère,  ni  les  ascendants  maternels,  non 
plus  que  les  ascendants  paternels  qui  n’ont  plus  la  puis¬ 
sance  ;  pour  les  petites-filles,  placées  sous  la  puissance  du 
grand-père,  le  consentement  du  père  n’est  pas  néces¬ 
saire,  mais  il  l’est  pour  les  petits-fils  qui  sont  dans  le 
même  cas5.  L’enfant  sui  juris  n’a  besoin  d  aucune  auto¬ 
risation.  quel  que  soit  son  âge  ;  pendant  toute  l’époque 
où  il  y  a  toujours  la  tutelle  perpétuelle  des  femmes,  la 
fille  a  besoin  de  Yauctoritas  tutoris ,  qui  devient,  il  est 
vrai,  de  plus  en  plus  une  simple  formalité 6  ;  cependant  on 
constate  plus  tard  une  tendance  à  restreindre  sa  liberté  : 
d’après  une  loi  de  Septime  Sévère,  on  consulte  le  magis¬ 
trat  quand  il  y  a  désaccord  entre  le  tuteur,  la  mère  et  les 
autres  parents  sur  le  choix  d’un  mari  ;  d’après  des  lois  de 


Valentinien  Ier,  et  de  Gratien,  puis  d’Honorius  et  de  Théo¬ 
dose,  la  fille  ne  se  marie  librement  qu’après  vingt-cinq 
ans  ;  auparavant  elle  a  besoin  du  consentement  du  père, 
a  son  défaut,  de  celui  de  la  mère,  et  à  défaut  de  la  mère, 
de  celui  des  plus  proches  parents 1 . 

Jusqu’à  Auguste,  la  loi  ne  peut  intervenir  contre  le  père 
qui  refuse  son  consentement  :  il  n’encourt  que  la  répri¬ 
mande  du  censeur  pour  abus  de  la  puissance  paternelle  ; 
a  partir  d  Auguste,  dont  la  législation  favorise  le  mariage, 
le  magistrat  est  autorisé  à  intervenir  quand  l’opposition 
du  père  n  a  pas  de  motif  valable8.  Que  se  passe-t-il  en 
cas  fi°lie,  de  captivité  ou  d’absence  du  père?  Dans  le 
Cas  l'1'  lQl*e  du  père,  la  fille  est  de  bonne  heure  considé- 
jP  '  "mme  sui  juris\  jusqu’à  Marc- Aurèle  le  fils  a  besoin 
<lu*°risation  de  l’empereur  pour  se  marier  ;  Justinien 
ai1  1 11  outl’e  donner  aux  enfants,  par  le  curateur  du  fou, 


Vrkundeii  l'11'  "" ’ ’  *ac’  ^ nn •  ’L  27;  Tertull.  De  exhort.  castr.  12;  Aegypl 

voir  non"  ^ em  ^us-  von  Berlin,  n»  114,  col.  1,  1.  5-13  cl  140  (sous  Trajan) 

titchen  Url^"'  ^  ^orP-  viser,  lat.  3  supplem.  p.  2011  ;  Paul  Meyer,  Die  ügyp 
Stift  ir;i-  un(t  ^as  Bherecht  der  rômischen  Soldaten  [Zeitscli.  der  Sav 

tiei%e  dr  ’i'-i  V  ^  ’  Daleste’  iïouv.  rev.  hist.  de  droit,  1894,  p.  087  ;  Mispoulet 
j)i9.  3> ,  °l0flie'  ’•  VIII.  -  2  Gell.  2,  7,  18  ;  Senec.  Controv.  2,  3,  2  ;  Ulp.  5,  2 
82.  Jj'Di  ’  ®l  ’2-  ~  3  C-  Jast-  5,  4.  12;  Dig.  23, 1,  12.  —  *  Dig.  23,  2,  16 
18, 20. _  8 /J  2 V’  1G’  S  1  ;  c ■  Just.  5,  4,  5.  -6  Ulp.  11,  22.  —  7  C.Just.  5,  4,  1 
’5iI2,§  3.  J'f  i'  ,9‘  —  9  B.  Just.  5,  4,  25  ;  Jnstit.  1,  10  pr.  —  10  Dig.  49 
■  -  ’  9  %•  23,  2,10.  —  12 Pig.  24,1,33,  §13  ;  35,  1,  15  ;  50,  17,  30 


une  dot  ou  une  donation  ante  nuptias  sous  le  contrôle  du 
préfet  de  la  ville  à  Constantinople,  et,  dans  les  provinces, 
du  gouverneur  ou  de  l’évêque9.  Dans  le  cas  de  captivité,  le 
mariage  contracté  par  les  enfants  est  valable,  si  le  père 
meurt  captif;  sinon,  malgré  les  effets  théoriques  du  post- 
liminium ,  le  mariage  est  encore  considéré  comme 
valable  par  la  majorité  des  jurisconsultes,  même  pour  les 
garçons;  Justinien  exige  un  délai  de  trois  ans  depuis  le 
début  de  la  captivité  ’°.  Dans  le  cas  d  absence,  nous  ne 
savons  pas  exactement  si  l’ancien  droit  admet  la  validité 
du  mariage;  Justinien  demande  encore  un  délai  de  trois 
ans  " . 

La  cohabitation  effective  n’est  pas  nécessaire  pour  la 
formation  du  mariage  ;  elle  résulte  du  consentement 
[consensus  on  affeclus)  et  non  du  concubitus  '*.  Cepen¬ 
dant  il  faut  que  cette  cohabitation  soit  actuellement  pos¬ 
sible,  c’est-à-dire  que  la  femme  soit  mise  à  la  disposition 
du  mari  ;  aussi  l’homme  absent  peut  se  marier,  la  femme 
absente  ne  le  peut  pas13. 

En  l’absence  de  l’une  des  conditions  qu  on  vient  de 
voir,  il  n’y  a  pas  justae  nuptiae ;  si  1  union  devient  plus 
tard  légale,  il  n’y  a  pas  rétroactivité11;  les  enfants, 
conçus  auparavant,  ne  sont  pas  légitimes. 

C.  But  ET  EFFETS  DU  MARIAGE. 

I.  —  Il  a  pour  but  essentiel  la  procréation  des  enfants 
[liberum  quaesundum ,  quaerendorum  gratia)^ .  Théo¬ 
riquement  et  dans  le  droit  primitif,  il  est  conclu  à  vie. 

Il  exclut  la  polygamie.  La  femme  qui  vit  avec  un  homme 
marié  ( paelex ,  pelex ,  pellex )  est  frappée  de  réprobation 
par  le  vieux  droit  pontifical  qui  lui  interdit  de  toucher  à 
l’autel  de  Juno  Lucina ,  sous  peine  de  lui  offrir  un  sacri¬ 
fice  expiatoire i6. 

II.  —  Il  y  a  d’abord  un  certain  nombre  d’effets  géné¬ 
raux  communs  aux  deux  formes  du  mariage. 

Les  justae  nuptiae  impliquent  une  association  pleine 
et  entière,  l’égalité  de  droit  divin  et  humain  Au  point 
de  vue  social,  les  époux  ont  le  même  rang,  la  même 
dignitas  ;  la  femme  ( uxor )  s’élève  ou  s’abaisse  par  le 
mariage,  et  la  situation  qu  elle  acquiert  subsiste  mèmi 
quand  il  est  dissous,  à  moins  quelle  ne  contracte  un 
second  mariage  de  rang  inférieur  18  ;  sous  l’Empire,  la 
femme  entre  dans  la  classe  sénatoriale  quand  son  mari 
en  fait  partie;  et  alors  elle  porte  dès  Hadrien,  régulière¬ 
ment  depuis  Marc-Aurèle,  l’épithète  de  clarissima  ;  la 
femme  d’un  vir  consulats  porte  aussi  le  titre  de  consu¬ 
lats ,  titre  que  l’empereur  peut  également  décerner  à  des 
femmes,  surtout  de  sa  famille,  par  faveur  spéciale19.  La 
femme  garde  sa  condition  quand  elle  épouse,  ingénut  un 
affranchi,  affranchie  un  ingénu,  patricienne  un  plébéien, 
plébéienne  un  praticien.  Elle  a  de  plein  droit  le  domicile 
légal  du  mari  et  le  garde  après  la  dissolution  du  mariage, 
à  moins  qu’un  second  mariage  ne  lui  en  donne  un  autre90. 
Dans  la  maison,  elle  participe  aux  cultes  particuliers  du 
mari,  à  ses  sacra  privata.  Elle  tient  le  premier  rang  au 
foyer  domestique  [gynaeceum]  ;  elle  exerce  sur  ses  enfants 

Xov  18  4,  §  l.  _  13  Dig.  23,  2,  5.  Celle  matière  était  très  controversée:  voir 

Accarias,  Précis  de  droit  romain,  4*  éd.  p.  194-197.— '4  Dig.  1,5,11;  Frag.Vat. 
lOj.  —  18  Gell.  4,  3,  2;  17,  21,  44;  Fest.  s.  v.  Quaeso  ;  Plaut.  Capt.  4,  2,  109; 
Aul.  2,  1,  25  ;  Val.  Max.  7,  7,  4  ;  Horat.  Ep.  1,  2,  44  ;  Suet.  Cpes.  52.  —  1«  Gell. 
4  3  •  Fest.  Ep.  s.  v.  Paelices-,  Dig.  50,  16,  144.  Ce  sens  de  pellex  est  un  sens 
dérivé  •  au  début,  ce  mot  signifie  simplement  concuhiuc  :  voir  Paul  Meyer,  Der 
rôm.  Konkubinat,  p.  7-14.  —  U  Instit.  I,  9,  1  ;  Dig.  23,  2,  1  ;  C.  Just.  9,  32,  2; 
Dionys.  Haï.  2,  25.  —  18  Dig.  i,  9,  1,  §  2,  8,  12;  C.  Just.  12,  1,  13  ;  Corp.  insc, \ 
qr  5404.  —  19  Dig.  I,  9,  1  et  12;  Dio  Cass.  79,  15;  Corp.  inter,  lat.  2,  1174  ;  8, 
8993  ;  Corp.  inscr.  gr.  3104,  3908.  — 20  Dig.  5,  1,  65:  50,  1,22,  §  I. 


MAT 


1000  — 


la  même  autorité  morale  que  le  mari1,  elle  dirige  leur 
première  éducation  [educatio].  Elle  a  droit  à  la  rcve- 
rentia  de  la  part  des  affranchis  du  mari2.  Le  mari  lui  doit 
protection  ;  elle  lui  doit  respect3.  Ils  se  doivent  récipro¬ 
quement  fidélité  [adulterium].  Un  second  mariage,  con¬ 
tracté  avant  la  dissolution  du  premier,  est  nul,  et  s’il  y  a 
eu  mauvaise  foi,  entraîne,  comme  stuprum ,  l’infamie  et 
une  peine  corporelle,  plus  tard  même,  dans  le  droit  de 
Justinien,  la  mort,  contre  le  coupable,  mari  ou  femme4. 

Le  mariage  engendre  l’alliance  ou  l’affinité,  c’est-à- 
dire  la  relation  qui  se  forme  entre  les  deux  époux,  entre 
chaque  époux  et  les  parents  de  son  conjoint,  entre  les 
parents  des  deux  époux  c.  Sauf  quelques  exceptions, 

I  affinité  ne  produit  plus  d'effets  juridiques  après  la 
dissolution  du  mariage6. 

A  la  belle  conception  du  mariage  qu’on  a  vue  répondent 
le  rôle  et  le  caractère  de  la  matrone  romaine  à  l’époque 
ancienne  1  :  elle  n’est  point  enfermée  dans  un  gynécée 
comme  la  femme  grecque;  exempte,  au  moins  dans  les 
grandes  familles,  de  tout  travail  servile8,  elle  est  occu¬ 
pée  à  filer  et  à  tisser  avec  ses  esclaves9,  à  administrer 
la  maison,  à  nourrir  et  à  élever  ses  enfants10.  Elle  ne  doit 
pas  boire  de  vin.  Elle  n’a  de  relations  que  celles  de  son 
mari11.  Elle  reçoit  les  souhaits  et  les'  présents  de  sa 
famille  au  1"  mars,  jour  des  Matronalia.  Elle  conseille 
son  mari  dans  toutes  ses  affaires12.  Au  dehors  elle  porte 
la  stola  matronalis  ;  on  lui  cède  le  pas  dans  la  rue13  ;  on 
ne  doit  pas  la  toucher,  même  pour  une  citation  en  jus¬ 
tice14.  Elle  peut  paraître  devant  les  tribunaux,  soitcomme 
demanderesse,  sauf,  à  partir  d’une  certaine  époque,  pour 
autrui,  soit  comme  témoin,  et  dans  les  procès  criminels 
pour  intercéder  en  faveur  de  parents15.  Elle  assiste  aux 
repas  solennels,  à  un  certain  nombre  de  spectacles  publics, 
aux  fêtes  des  femmes  mariées  (les  Carmentalia ,  les 
Matronalia ,  la  fête  de  la  Fortuna  virilis,  les  Matralia , 
le  sacrum  Cereris ,  la  fête  de  la  Bona  Dca).  Les  mères 
de  trois  enfants  ont,  sans  doute  depuis  Auguste,  une 
stola  particulière  :  ce  sont  les  stolatae  matronae 10  [stola]. 

II  y  eut  à  Rome,  probablement  depuis  une  époque  très 
ancienne,  un  conventus  matronarum,  collège  sans  doute 
religieux,  dont  nous  ne  connaissons  presque  rien  ;  il 
avait  son  local,  sa  curia,  sur  le  Quirinal  et  peut-être  un 
second  lieu  de  réunion  au  Forum  de  Trajan.  On  sait 
qu’il  se  réunissait  pour  certaines  fêtes  et  quand  une 
femme  entrait  par  le  mariage  dans  la  classe  des  consu¬ 
laires.  Elagabal  en  fil  un  senaculum  auquel  il  donna  un 
nouveau  local  sur  le  Quirinal,  et  toutes  sortes  de  règle¬ 
ments  sur  le  costume,  la  préséance,  les  différentes  formes 
de  véhicules.  Aurélien  paraît  l’avoir  rétabli  dans  son 
état  primitif,  en  donnant  le  premier  rang  aux  femmes 
qui  avaient  été  prêtresses1'. 

1  Gell.  5,  13;  Corn.  Nep.  Praef.  ;  Dionys.  Hal.  2,  25;  Horat.  Od.  3,  6,  39-40; 
Tac.  Dr  ornt.  28.  —  2  ('.  Just.  2,  2,  1.  —  3  Dig.  47,  10,  2;  24,  3,  14,  1.  —  ’>  C. 
Just.  9,  9,  18:  Instit.  4,  18,  4.-5  Dig.  38,  10,  4,  §  3-8;  Frag.Vat.  218,  302. 

—  f'  Dig.  3,  ,  1,  §  ni;  3,  1,  3,  §  1;  Imlit.  1,  10,  7;  Frag.Vat.  303,  218,  219. 

—  7  Voir  Marquardl,  L.  c.  p.  09-70.  —  *  Plut.  Quaest.  rom.  85;  Corn.  Nep .Pracf. 

—  9  Arnob.  2,  07  ;  Ascon.  In  Mil.  p.  43  ;  Liv.  1,  57  ;  Corp.  inter,  lat.  0,  1527, 

1.  30;  11002;  1.  1007.. —  10  Colum.  De  re  rust.  12  pr.  ;  Cic.  Ad  Fam.  10,20,2; 
Plant.  Meneclt.  12t!  ;  Plut.  Cat.  maj.  20  ;  Tac.  Dial.  28  ;  Agric.  4  ;  Plin.  Ep.  3,  3, 3. 

—  H  Plut.  Conj.  praec.  19,  p.  100  ;  Plin.  Hist.  nat.  14,  90;  Val.  Max.  G,  3,  9; 
Terlull.  Afiol.  6;  Gell.  10,  23,  1;  Serr.  ad  Aen.  1,  737;  Dionys.  Hal.  2,  25. 

—  12  Liv.  6,  34;  39,  11  ;  38,  57,  7.  —  13  Val.  Max.  0,  1  pr.  ;  15,  2,  1  ;  Horat.  Sat.  1, 

2,  94;  Plut.  Rom.  20.  —  14  Val.  Max.  2,  1,  5.  —  15  Dig.  3,  1,  1,  §  5;  22,  5,  18;  28, 
1,  20,  jï  0  ;  Val.  Max.  8,  3,  2;  Cic.  In  Verr.  1,  37,  94  ;  Ascon.  In  Mil.  p.  41;  Suet. 
Caes.  74;  Tac.  Ann.  2,  34;  3,  49;  Caton.  Fragm.  p.  28. —  16  Le  Bas-Waddington, 
As.  Min.  add.  1000  ;  voir  iluebner,  Commentât .  in  honor.  Mommsenii.  p.  104. 


MAT 


III.  Rapports  des  époux.  —  Quand  ü  . 

renvoyons  à  l’article  manus.  Dans  le  marLt^^’  n°>«  I 
si  la  femme  était  suijuris,  elle  restait  siü  ^ mn^ 
tutelle  de  ses  agnats;  lorsque  la  tutelle  n  ,,,s’SOuslï 
femmes  eut  disparu,  elle  put  dispose,.  ifi *« 
ses  lnens.  S,  elle  était  alieni  juris,  elle  r“,  U'lo"> 
puissance  du  paterfamilias,  soumise  à  s.  SOus  la 
domestique  ;  elle  acquérait  pour  lui  il  étaii* 
de  ses  torts,  avait  pour  la  réclamer  les  inte'rdiiT!1^1® 
exhibendis ,  ducendis,  pouvait,  jusqu’à  l’époque. ^ 
nm,  la  revendiquer  malgré  son  mari  Les  ,|n  °' 

moines  restaient  distincts,  sauf  la  dot18  De  bonn 

les  femmes  possédèrent  ainsi  des  fortunes  si  Consid<wT 
que  la  loi  Voconia  défendit  à  tout  citoyen  possédé!,! 
d  une  fortune  d’au  moins  cent  mille  as  d’instituer  noJ 
héritière  testamentaire  une  femme  ou  une  jeune  tille 
[lex,  p.  1167].  Elles  avaient  souvent,  pour  administrer 
leurs  biens,  des  mandataires  propres,  des procurahm» 
qui  étaient  souvent  leurs  affranchis.  A  ce  point  de  vue 
les  deux  époux  étaient  donc  l’un  par  rapport  à  l’autre  des 
étrangers  ;  mais  ce  régime  subit  quelques  atténuations; 
ainsi  les  époux  ne  purent  s’intenter  réciproquement  des 
actions  pénales  ou  infamantes20  ;  en  cas  de  poursuite  par 
son  conjoint,  l’époux  n’était  condamné  que  jusqu’à  con-j 
currence  de  ses  ressources21  ;  les  donations  faites  par  l’un 
des  conjoints  à  l’autre  étaient  nulles 22  ;  dans  l’application 
du  senatus  consultum  Silanianum ,  les  esclaves  de  l'un 
d’eux  étaient  censés  communs23  ;  l’édit  du  préteur  et  les 
lois  des  empereurs  établirent  entre  eux  un  droit  de  suc¬ 
cession  [bonorum  possessio,  heres]  ;  enfin  le  mari  eut 
pour  réclamer  sa  femme  des  interdits  analogues  à  ceux 
du  père  {de  uxore  exhibenda ,  ducenda ),  et  vers  l’époque 
d’Antonin  on  enleva  au  père  le  droit  qu'il  avait  encore 
de  rompre  malgré  elle,  malgré  l’existence  d’enfants,  le 
mariage  de  sa  fille24.  Quant  au  nom,  dans  le  mariage  par 
confarréation,  la  femme  prenait  probablement  au  début 
le  nom  gentilice  de  l’époux  ;  dans  le  mariage  sans  manus, 
la  femme  gardait  régulièrement  le  gentilice  paternel  , 
cependant,  sous  l'Empire,  elle  a  pris  quelquefois,  abusive¬ 
ment,  celui  du  mari26.  A  l’époque  primitive  et,  encore 
sous  l’Empire,  dans  les  grandes  familles,  elle  ajoutait  à 
son  nom  le  génitif  du  nom  du  mari21  ;  plus  tard,  le  nio 
uxor  indiquait  généralement  le  mariage  Nom  '  • 

IV.  Rapports  de  la  mère  et  de  l'enfant.  -  Us  «laie“ 
fout  autres  dans  le  mariage  sans  manus  que  dans  '  |n,|1 
riage  avec  manus  [manus].  Dans  le  premier  cas, 111,1  e.’  J 
mère  et  l’enfant  appartenaient  légalement  a  d<  '  M]'" 
différentes  ;  l’enfant  n’était  pas  l’héritier  ab  intO'tu 


mere  ;  sauf  sa  dot,  les  biens  de  cette  dernière  h 
sa  famille.  Mais  sur  ce  terrain  le  droit  priinild  su 
de  graves  modifications,  lorsque  la  paient  11,1 


-estaient  a 


Suel.  Galb.  5;  Senec.  De  matrim. 


U.  liasse,  p. 
l'Iiisloire 


—  U  Liv.  5,  25;  27,  37;  ^v.  «  —  pou|. 

49;  V.Elag.  4;  Aurel.  49  ;  voir  Friedlander.  L.  c.  P-  *'•  L  f  p  70-95 ; 
la  décadence  et  de  la  corruption  du  mariage  à  Home,  '•  ■  f  j-.  ncll. 
Friedlander,  L.  c.  475-490.  —  18  Dig.  43,  30,  1  ,  laid.  .  V  ^  HtW, 

Apul.  De  mag.  75.  —  l»  Cic.  Pro  Caec.  5,  14;  Corp ■  "  j|arlial 

Sen.  Controv.  7,  20;  Senec.  Frag.  13,  p.  51,  Hieronjr  ^  ^  , .  (  Just  Jj 
5,  01  ;  12,  49;  voir  Friedlander,  L.  c.  p.  468.  —  211  V-  ,  ]a  r,,im„r  P»11' 
21,2.  —  21  Dig.  42,  1,  20.  —  22  Dig.  24,  1,  i  et  23  pr-  fens  éql,eslre  «" 

vait  donner  à  son  mari  la  somme  nécessaire  pom  a:  30,  Là  ' 

sénatorial  {Dig.  24,  I,  42).  -  23  Dig.  29,  5,  I,  S  «.  -  2'  ^ . . «  «" 


C.  Just.  5,  0,  15  (Antonin)  ;  5,  17,  5  (Marc-Aurèle).  — 
du  gentilice  chez  le  mari  et  la  femme  provenait  de  c 
môme  gens  {Corp.  inter,  lat.  .9,  2115;  10,  1807,  2402). 


25  La  simili"1'10  |a 
„nnart<'liaien 


lin- 


triige  zur  Kenntniss  d.  rôm.  Pcrsonnenumen,  p.  7t  ■ 
104;  0,  1274. 


Corp. in,cr' 


lat ■ 


MAT 


—  4001 


MAT 


devoirs  [t:"GIsA 


lui  admise  comme  une  source  de  droits  et  de 


Le  droit  prétorien,  puis  des  sénatus- 

,  c-  r  Tertullianum  et  le  S.C.  Orfitianum, 

es,  • 


l'0"Sl11!'’"’  îmnériales  établirent  entre  la  mère  et  ses  en- 
elJeS  °l'oit  de  succession  réciproque  [heres,  p.  1L29], 
f*1,tsU"  '  ,  rédamer  des  aliments  à  l’enfant  ;  ce  dernier 
U  “T1;  nter  contre  elle  des  actions  infamantes  ni  lui 
ne  Pul  'exception  de  dot,  ni  la  citer  en  justice  sans  l’au- 
0PP0Tion  du  magistrat,  ni  obtenir  de  condamnation 
1  ,  „ll,  eue  jusqu’à  concurrence  de  ses  ressources1. 

'luit  le  droit  de  réclamer  la  garde  de  ses  enfants 
I.  (,res  f[Uand  le  tuteur  était  un  tiers,  ou  meme  quand, 
"nl"  'de  divorce,  ils  restaient  sous  la  puissance  de  l’autre 
ei;;:nl  et  même,  sous  les  empereurs  chrétiens,  elle  en 
'l  tint  la  tutelle*.  Inversement,  quand  le  père  et  les  as- 
IdanN  mâles  paternels  étaient  décédés  ou  trop  pauvres, 
)a  in;,r(,  dut  fournir  à  l’enfant  des  aliments,  le  faire  ele- 


ver 


veiller  sur  sa  tutelle,  provoquer  la  nomination 
d'un  tuteur,  sous  peine  de  perdre  tout  droit  a  sa  succes¬ 
sion  b 

Y.  Rapports  du  père  et  del'  enfant.  —  Ici  les  deux  formes 
de  mariage  produisaient  les  mêmes  effets.  Ils  se  résu¬ 
maient  dans  la  formule  :  «  liberi  patrem  sequuntur 5  ». 
Le  père  transmettait  donc  à  son  enfant  la  qualité  de 
.  citoyen,  son  rang  social,  sous  l’Empire  la  noblesse  séna¬ 
toriale  s’il  appartenait  au  Sénat  [senatus]  c,  son  origo, 
Son  domicile  légal1  [tribus].  L'enfant  naissait  soumis  à  la 
puissance  paternelle  ;  la  puissance  appartenait  au  grand- 
père  quand  il  avait  encore  sous  sa  puissance  le  père  de 
l’enfant  au  moment  de  la  conception  8  [patria  potestas]. 
L’enfant  était  l'agnatdes  agnats  de  son  père  [agnatio],  le 
fji'iitilis  de  ses  gentiles  [gens]. 

Ces  effets  supposaient  la  certitude  de  la  libation  :  le 
fait  de  l’accouchement  la  rendait  de  constatation  facile 
pour  la  mère9;  il  était  plus  difficile  de  prouver  la  pater¬ 
nité  du  mari  :  à  l’époque  primitive  il  tranchait  lui-même 
la  question,  puisqu’il  avait  le  droit  de  reconnaître  ( tollere , 
mripere)  ou  de  rejeter  l’enfant  [expositio]  10.  Plus  tard 
d  y  eut  deux  présomptions  :  une  présomption  morale, 
exprimée  par  l’axiome  «  pater...  is  est  quem  nuptiae 
demonstrant  »,  d'après  laquelle  l’enfant  conçu  pendant 
le  mariage  était  censé  issu  des  œuvres  du  mari 11  ;  une  pré¬ 
somption  scientifique  d’après  laquelle  les  limites  extrêmes 
des  grossesses  étaient  de  cent  quatre-vingts  et  de 
àois  cents  jours  12  :  par  conséquent,  l’enfant  né  au  moins 
C|,nt  quatre-vingts  jours  après  le  début  du  mariage  et  au 
pins  trois  cents  jours  après  sa  dissolution  avait  le  béné- 
I  nee  de  la  légitimité;  mais  la  preuve  contraire  parait 
avoir  été  admise  contre  les  deux  présomptions13,  sur- 
j  °ut  contre  la  première,  par  exemple  en  cas  de  maladie, 
temporaire  ou  permanente,  du  mari u. 

11  ■  '^SOLUTION  DU  MARIAGE.  —  Elle 

d  Par  la  mort  de  l’un  des  époux. 

-  1  ar  la  perte  de  la  lihertp  T.’Atnhli. 
vitude  jure 


Elle  avait  lieu: 


perte  de  la  liberté.  L’établissement  de  la  ser- 
e  civil i  était  devenu  de  plus  en  plus  rare. 

ol  i'  12  cl  38  :  Dig.  4,  3,  11;  37,  15,  ïpr.  7,  §  2  ;  4i,  4,  4,  §  10  ;  25,  3, 5,  §  2 
ïî(  j  ,  '  49, 1  ;  5,  35,  2,  3;  Dig.  40,  30,  3,  5  ;  Nov.  94;  117,  7.  —  3  Dig. 

c. ’_']’{]  ■ s  '  :i’ 1Î_U  el  1.  8;  C.  Just.  5,  12,  14. —  4  Dig.  2fi,  0,  2,  2 ; /nstit.  3,  3, 
rliancp,.  i  8;  Uv.  4,  4.  —  fi  Dig.  J,  9,  5,  0,  10.  —  7  Mais  l’enfant  peut 

Lss5anc;,;  '  0n"cile  (Dis-  50,  1,  6,  §  l,  17,  §  11).  —  s  I nstit .  1,  12,  9.  —  9  Les 
Rome  ilovaù'i "i a  SSen^  aV0''  régulièrement  depuis  Marc-Aurèle,  à 

[V,  Dam  'i  r'uctectus  aerarii,  dans  les  provinces  devant  les  tabularii  publici 
il»f{|Uarjt'  !  '  b’"1'  Apol.  89  ;  Dig.  27,  1,  2,  §  1  ;  Scrv.  ad  Georg.  2,  502).  Voir 
gustin.  bè m  '  *^3l0A’ — 10  Oie.  ad  Alt.  11,  9,  3  :  Terent.  Andr.  404;  S.  Au- 

'  r";'  De>’  4-  U.  —  U  Dig.  2,  4,  5.  —  12  Dig.  1,  5,  12  ;  38,  10,  3,§  12,  et 

IV. 


Justinien  supprime  la  servi/us  poenae''.  La  captivité 
chez  l’ennemi  rompait  le  mariage,  sauf  celui  de  1  aflran- 
chie,  femme  de  son  patron,  qui,  en  pareil  cas,  n’était  pas 
autorisée  à  se  remarier'0;  dans  le  droit  de  Justinien, 
l’épouse  du  prisonnier  ne  fut  autorisée  à  se  remarier 
qu’au  bout  de  cinq  ans,  lorsque  l’existence  de  ce  dernier 
était  incertaine,  sous  peine  de  subir  les  mêmes  dechean¬ 
ces  que  le  conjoint  qui  était  la  cause  du  divorce'  '. 

3°  Par  la  perte  de  la  cité,  qui  amenait  une  rupitix 
deminutio  media ,  par  exemple  dans  le  cas  de  dépor¬ 
tation  '".  Cependant  dans  ce  dernier  cas,  d’après  quelques 
textes19,  le  mariage  subsistait,  si  leconjoint  y  consentait  ; 
mais  nous  ne  savons  pas  exactement  s  il  y  avait  la  une 
exception  à  la  règle,  ou  s’il  se  formait  un  nouveau  mariage 
du  droit  des  gens. 

4°  Par  un  changement  dans  la  condition  juridique,  par 
une  capitis  deminutio  minima.  Ce  fait  devait  être  fort 
rare.  Il  se  produisait  par  exemple  quand  un  beau-père 
adoptait  son  gendre  sans  émanciper  sa  fille,  et  proba¬ 
blement  aussi,  pendant  l’Empire,  quand  le  mari  d  une 
affranchie  devenait  sénateur20. 

3°  Par  le  divorce  [divortium]. 

La  femme  veuve  devait  porter  le  deuil  du  mari  pen¬ 
dant  dix  mois,  à  l’époque  primitive  en  blanc.  Le.  mari 
n’était  pas  astreint  à  cette  obligation  21.  Si  les  mœurs 
n’étaient  pas  très  favorables  aux  seconds  mariage*, 
Auguste  dut  cependant  en  augmenter  le  nombre  par 
les  lois  caducaires,  puisque  le  veuf  redevenait  immé¬ 
diatement  coelebs,  et  que  la  veuve  n  avait  que  deux 
ans  ( vacatio  biennii)  pour  se  remarier22.  Le  veuf  pou¬ 
vait  se  remarier  de  suite;  la  veuve  devait  attendre  la 
fin  de  la  période  de  deuil  :  autrement  la  loi  frappait 
d’infamie  le  père  de  la  femme,  le  père  du  second  mari 
qui  avait  ordonné  ou  toléré  le  mariage,  le  second  mari 
lui-même,  à  moins  qu’il  n’y  eût  été  contraint  Au 
Bas-Empire,  la  femme  elle-même  devenait  infâme  ;  en 
outre  elle  perdait  tout  ce  que  son  premier  mari  lui 
avait  laissé  en  mourant,  elle  ne  pouvait  rien  recueillir 
par  testament  ou  à  cause  de  mort,  ni  ab  intestat  au  delà 
du  troisième  degré;  elle  ne  pouvait  donner  à  son  second 
mari  plus  du  tiers  de  ses  biens  en  dot  ou  par  testament. 
D’autre  part,  les  empereurs  chrétiens  inlligèrent  de  graves 
incapacités  au  conjoint  qui  se  remariait,  ayant  des 
enfants  d’un  premier  lit.  Sur  ses  biens  propres  il  ne  put 
ni  donner  entre  vifs  ni  léguer  à  son  nouveau  conjoint 
une  part  supérieure  à  celle  que  recueillait  le  moins  favo¬ 
risé  de  ses  enfants  du  premier  lit;  quant  aux  biens  qu'il 
avait  recueillis  du  premier  conjoint. aux  lucra  nuptialia , 
il  n’avait  plus  sur  eux  qu’un  droit  de  jouissance  et  d’usu¬ 
fruit;  il  lui  était  interdit  de  les  aliéner;  ils  devaient 
revenir  intégralement  aux  enfants  du  premier  lit*  . 

E.  Unions  régulières  autres  que  les  justae  nupt iae.  — 
Il  y  en  a  trois  formes  principales: 

1°  Le  concubinat  lconci  binatus]. 

2°  Le  contubernium  [contvbernales  . 

12.  _  13  Gcli.  3,  16,  12;  Blin,  flist.  nal.  7,  5,  40.  —  14  Dig.  1,  G,  G. 

—  16  Nov.  22,  8.  —  '«  Dig.  24,  3,  5G  ;  23,  2.  45,  G.  —  17  Nov.  22,  7.  —  18  Paul. 
Sent.  24,  3,  50.  —  1»  Dig.  48,  20,  5,  §  1  ;  24,  1,  13,  §  1  ;  C.  Just.  5,  10,  24  ; 

J.  _  20  Dig.  23,  2,  67,  §  3;  C.  Just.  5,  4,  28  pr.  ;  voir  Girard.  I..  c. 

p  )53i  n,  4.  —  21  Senec.  Ep.  63,  11  ;  Erag.  Vat.  321;  Plut.  Num.  12;  tjuaest. 
rom.  26  ;  Dig.  3,  2,9  pr.\  Apul.  Metam.  8,9;  Cic.  Pro  Cluent.  12,  25  ;  Ovid. 
Fast.  1,  35;  3, 134.  —  32  Ulp.  Iteg.  14.  —  23  Dig.  3,  2,  1  cl  11,  §  4.  La  femme  qui 
accouchait  avant  l'expiration  des  dix  mois  (un  a»  sous  les  empereurs  chrétiens) 
pouvait  alors  se  remarier  {Dig.  3,  2,  11,  §  1-3).  —  2i  C.  Just.  5,  9,  1,  2,  3,  0,  9  ; 
Nov.  22,  §  21-23. 


209 


MAT 


1662  — 


MAZ 


3°  Le  mariage  du  droit  des  gens  (juris  gentium).  C’était 
le  mariage  entre  Latins  et  pérégrins,  ou  entre  Romains 
et  Latins,  ou  entre  Romains  et  pérégrins,  c’est-à-dire 
entre  des  personnes  qui  n’avaient  pas  le  connubium. 
Nous  ignorons  quels  en  étaient  les  effets.  11  esC probable 
qu’il  autorisait  la  constitution  d’une  dot  et  qu’il  donnait 
au  mari  le  droit  de  punir  l'adultère  de  la  femme1.  11 
pouvait  se  transformer  en  justae  nuptiae  de  plusieurs 
manières  :  1°  par  la  concession  du  droit  de  cité  à  un 
Latin  ou  à  un  pérégrin,  qui,  l’obtenant  pour  lui-même,  sa 
femme  et  ses  enfants,  obtenait  en  même  temps  de  l’em¬ 
pereur,  par  concession  spéciale,  la  puissance  paternelle 
sur  ces  derniers2  ;  2°  par  la  causae  probatio  [libertus, 
]).  1209  ;  3°  par  Yerroris  causae  probatio  dont  on  a  vu 
les  principales  applications  [libertus,  p.  1209].  Ajoutons 
ici  le  cas  où  un  Romain  ou  une  Romaine,  ignorant  sa 
qualité,  épousait  soit  un  Latin,  soit  un  pérégrin,  en  se 
croyant  soit  de  droit  latin,  soit  de  droit  pérégrin. 

.Nous  laissons  de  côté  les  mariages  réguliers  de  droit 
pérégrin  qui  subsistent  sous  l'Empire  (■ matrimonium 
justum  juris  peregrini),  parmi  lesquels  il  y  aurait  à 
citer  le  mariage  de  droit  grec,  le  mariage  de  droit  égyp¬ 
tien,  le  mariage  de  droit  alexandrin. 

Pour  les  effets  de  la  filiation  qui  ne  résulte  pas  d’un 
mariage  légal,  nous  renvoyons  aux  articles  katurales 

LIBERI,  SPURIUS.  Cil.  LéCRIVAIN. 

AI  ATROXALIA  [iUNO,  p.  624]. 

AIATTA.  J/ta0o?.  —  Natte  de  joncs  tressés,  servant  de 
couverture  et  mise  par  terre  en  guise  de  lit  [stragulum]. 
C’était  naturellement  la  literie  des  pauvres,  des  paysans  et 
des  voyageurs  qui  couchaient  sur  la  dure  [lectus,  p.  1015]. 
On  en  voyait  dans  les  auberges  vulgaires1.  La  natte, 
'J/ixO o;,  se  nommait  aussi  en  grec  yageovt'a2  (de  yagat,  par 
terre),  yagcôv-r, 3,  yxpsuviov  4,  ces  termes  désignant  d’ail¬ 
leurs  n'importe  quelle  couverture  posée  par  terre  et 
même  des  lits  de  feuillage.  La  composition  de  la  natte 
pouvait  varier  suivant  les  pays  :  en  Égypte,  on  en  tres¬ 
sait  avec  du  papyrus 5. 

En  latin,  la  /natta  (d’où  est  venu  notre  mot  natte),  faite 
de  différentes  matières,  en  jonc,  en  paille,  en  laine  gros¬ 
sière,  axait  la  même  destination  ;  on  en  mettait  aussi 
dans  les  chariots  pour  y  passer  la  nuit G.  Chez  certaines 
sectes  religieuses,  mattarius  désigne  celui  qui  avait  l'habi- 


E.  1 


tude  de  coucher  ainsi,  sans  aucun  confort  i 

AIATTEAE.  —  Mets  choisis  que  l’on  sePv.  P°n,6‘0 
Romains,  comme  propres  à  réveiller  l’am),  n  T’ Ctlez  1(!s 
déjà  rassasiés.  Du  gibier,  de  la  volaille  ,  c,,nv;""' 

huîtres  ou  d’autres  coquillages  leur  sont  v  • 
chez  Trimalchion,  après  un  abondant  rejm.  1  °fferls 

MATIJLA,  MATELLA.  —  Vasedont  l’eLo'i  d. 
les  Romains,  celui  de  notre  vase  de  nuit-  '  aU,cllez 
l'AMis  des  Grecs,  il  étaitd'USagecon8tald>„'|"'S' 
et  taisait  partie  du  mobilier  ordinaire  des  salles  t'  ^ 
Le  convive  claquait  des  doigts  pour  se  le  foire' ° 
parue  serviteur  '.  Ou  l'appelait  aussi  JZS 
p.  991]  ou  fasanum-,  traduction  du  grec  Xanavdv’  r,  ’ 
num],  et  scaphium  A  Les  raffinements  du  hue  roi  M~ 
sont  si  connus  qu’on  ne  s’étonne  pas  d’apprendre  p‘j i’! 
auteurs  qu'il  y  avait  des  ustensiles  de  ce  genre  en  a,Lent  | 
même  en  or  et  autres  matières  précieuses6.  Mais  nous 
n  en  connaissons  pas  bien  la  forme  exacte,  et  d’ailleurs  1 
comme  chez  les  Grecs  [amis,  fig.  257,  258],’  on  se  servait 
Pour  ce  vil  usage  de  vases  différents,  même  de  vases  à 
boire 6.  Dans  le  langage  familier,  c’était  devenu  un  terme 
d’injure 1 . 

Matella  pouvait  désigner  aussi  des  vases  destinés  à  un 
autre  emploi,  de  simples  réci¬ 
pients  pour  l’eau  ou  pour 
l'huile8.  L?  proverbe  «  mus  in 
matella  »  s’appliquait  à 
l’homme  qui  s’agite  sans  abou¬ 
tir  à  rien 9,  On  trouve  aussi  la 
forme  matellio 10.  E.  P. 

MAZONOMON  (MxÇovôgov, 

[xaÇovogsTov,  ga^ovogiov).  — Va¬ 
riété  de  plat  creux  ou  de  pla¬ 
teau,  analogue  au  catinum,  au 
discus,  à  la  lanx  et  au  pinax.  Il 
servait  surtout  de  récipient  à 
faire  le  pain  1  ou  de  plateau 
sur  lequel  on  découpait  les 
parts  de  gâteaux2.  Dans  la 
pompe  de  Ptolémée  Plnladel- 
phe,  à  Alexandrie,  on  vit  pa- 


4875.  _  Serviteur  portant 
un  pial. 


SUT 


raitre  des  jeunes  gens  portant  la  myrrhe  et  1  encens 
cent  vingt  gaÇôvoga  d’or 3.  D’après  Pollux,  ces  pl.il»  aux 


•  Cic.  Top.  4;  Dig.  48,  5,  18,  1.  —  2  Plin.  Ep.  10,  8;  Gai.  1,  93-94. 
—  Bibliographie.  Grèce.  —  Becker-Gôll,  Charikles,  III,  p.  309-398  ;  Hermann- 
Blümner,  Griech.  Privatalterthümer,  p.  268-278  ;  Iwan  von  Millier,  Die  griech. 
Privatalterthümer ,  p.  146,  §  85  ;  Baumeister,  Denkmaeler ,  art.  hochzeit  ; 
Herzog,  Arch.  Zeitung,  1882,  p.  131-144;  Cecil  Smith,  Journal  of  liellenic 
Studies,  I,  p.  202-209;  Furtvvaengler,  Coll.  Sabouro/f,  notice  de  la  pl.  i.vin-i.ix; 
Sticotti,  Z u  griech.  Hochzeitsgebrûuchen,  Festschrift  für  O.  Renndorf,  p.  187 
et  suiv.  ;  Deubner,  Jahrb.  des  arch.  Inst.  1900,  p.  144-154,  et  les  articles  cités 
en  note.  —  Rome.  —  Brisson,  De  ritu  nuptiarum  lib.  sing.  Lugdun.-Batav.  1749, 
p.  287-339  (Graev.  Thés.  VIII,  p.  1007);  Hotmanu ,  De  veteri  ritu  nuptiarum 
(Graev.  Thés.  VIII,  1107);  liasse,  Ras  Güterrecht  der  Ehegatten  nach  rôm. 
Ilechte,  Berlin,  1827  ;  Laboulaye,  Recherches  sur  la  condition  civile  des 
femmes,  Paris,  1843  ;  Rossbach,  Untersuchungen  über  die  rôm.  Ehe,  Stutt¬ 
gart,  1853;  Rômische  Hochzeits-und  Ehedenkmüler,  Leipzig,  1871;  Rein,  Uns 
Privatrecht  der  Rômer,  Leipzig,  1858  ;  Waller,  Geschichte  des  rôm.  Itechts, 
3'  éil.  1860,  §  511-548  ;  Karlowa,  Die  Formen  der  rôm.  Ehe  und  manus, 
Bonn,  1868  ;  Hôlder,  Die  rôm.  Elle,  Zurich,  1874  ;  Schupfer,  La  famiglia  seconda 
il  diritto  romano  :  Ortolan,  Explication  historique  des  Instituiez,  12e  éd.  Paris, 
1883,  l.  Il,  p.  79-102  ;  Lange,  Rôm.  Alterthiimer,  I,  p.  88  et  s.  ;  Voigt,  Die  XII  Ta- 
feln,  Leipzig,  1883,  t.  II,  p.  079-720;  Gide,  Étude  sur  la  condition  privée  de  la 
femme,  2'  éd.  Paris,  1885,  p.  87-163  ;  Bouché-Leclercq,  Manuel  des  institutions  ro¬ 
maines,  Paris,  1886, p.  376-381  ; Esmein,  Mélanges  d'histoire  du  droit  et  de  criti¬ 
que,  Paris,  1886,  p.  1-36  ;  Friedlander,  Darstellungen  aus  der  Sittengeschichte  Roms, 
0e  éd.  Leipzig,  1888,  t.  I,  p.  450-577  ;  lhering,  Geist  des  rômischen  Rechts ,  trad.  de 
Meulenaere,  2e  éd.  Paris-Gand,  1880,  t.  II,  p.  182-207;  Histoire  du  développement 
du  droit  romain  œuvre  posthume,  trad.  de  Meulenaere,  Paris,  1900,  p.  44-74; 


Accarias,  Manuel  de  droit  romain,  4'  éd.  Paris,  1886,  t.  I,  p.  l  u*-- ^ 
Manuel  des  antiquités  romaines,  t.  XIV  :  La  vie  privée  des 
Victor  Henry,  Paris,  1892,  p.  35-95;  Cuq,  Institutions  juridiqm 
Paris,  1891,  t.  I,  p.  204-299  ;  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  I1  ri 

P-  Hl-162-  ,  q  d  il  VI  1  41  ;  Philoslr.j 

MATTA.  1  Arisloph.  Ran.  567;  Schol.  Ad  h.  I.  —  *  roll.  ,  >  .  4,. 

Vit.  Apoll.  III,  15.  105.  —  3  Acschyl.  Agam.  1540  ;  Euripid.  Mes  r-  .1 
816;  cf.  Hesych.  s.  ».  itaSo;.  —  4  Moeris, Lexic.  p.  408  ;  Etipn-  U  m. 


Poil.  VI,  1,  9  ;  X,  8,  43  ;  Hesych.  s.  v.  ;  Plat.  Conviv.  p.  220 


v.  ;  Plat,  conviv.  p.  —  •  j|ais  j| ,  a 

pl.  IV,  8,  4  ;  cf.  Plin.  Hist.  nat.  XIII,  1 1  (22).  -  «  Ovid.  Fast.  ,  ^  ^  j  I 
des  variantes  (scirpea  lata  fuit).  —  1  S.  August.  Conti  ■  nus  1  .  rtng,  1rs 

MATTEAE.  1  Petron.  Sat.  65,  70,  79  et  s.  Martial  me  an  I 
grives  et  le  lièvre,  XIII,  92  ;  cf.  X,  59.  .  cf  |H,  82,  & 

MATULA,  MATELLA.  1  Mart.  Epigr.  VI,  89  ;  X,  1 1  ;  .j  a|  ’  gat.  1, 6, l0!l- 
et  Sencc.  Epist.  mor.  X,  1  (77).  —  2  Petron.  Saty)  •  _  ;  juvcn.  Stl. 

—  3  Poil.  Onom.  X,  9,  41;  Nicarch.  ap.  Anth.  Paint.  XI,  28  :  'r- 

VI.  263;  Mart.  XI,  11.  -  6  Mart.  I,  37  ;  XI,  Il  ;  Ulp.  ap.  ‘  ,  ,  .  qiolf 
’  --  b.  32.  - 6  Mart.  vi,  tf_ 


Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  152;  Lamprid.  Heliogab.  32.  ‘  pe[ron.  S«l.  « 

tina  data  est  ».  -  7  Plant.  Pers.  IV,  3,  64  ;  cf.  Mostell.  K.  ».  •  ^  _  l«  Cic- 

—  8  Cat.  De  re  rust.  10  et  1 1 .  —  9  Petron.  Fragm.  58,  '<  *  •  ^  .  pcs|,  s.  r. 

Parad.  V,  2;  Varr.  Ling.  lat.  IV,  25;  V,  119;  ld.  ap.  01 

—  BiBLioonAPHiE.  Becker-Gôll,  Gallus,  II,  p.  279-281,  ei  «  ,  ^  __  2  Poil.  '  1 

MAKONOMON.  —  1  Etymol.  magn.  s.  v.  ;  Pbot.  ÿiî;  ù-'1*"* 

12,  87;  Alhen.  IV,  31,  p.  149.-3  Athen.  V,  27,  p.  IWsrf.  J  ,a  ,é,e u» 

un  relief  du  Museo  Pio.  Clem.,  IV,  pl.  22,  un  sem  111 


MED 


—  1663  — 


MED 


,;1|ette  étaient  ordinairement  en  bois1.  On 
niu  ■?'  terme  mentionné  dans  une  inscription, 
|o«ve.le  portés  en  offrande  et  faisant  partie  du 

»2  II  avait  passe  dans  le  latin  et 


lai»  011  à  g 


W*'1  ,run  temple 5 

°b'  r  mnloie  pour  désigner  un  plat  creux,  contenant 
IK  4S75)3.  Ces  récipients  étaient  de  grandes 


E.  PoTTIER. 


Inven- 
i 


®o 

H°racÉ 

■  de  la  volaille  (f> 

I  IrnUXlCUS,  MACHINATOR,  M^avoTtonk 
I  \  nslructeur  de  machines  [machina]  et  aussi  celui 
teUr,°Ps  'fait  mouvoir,  ingénieur  ou  machiniste. 
f  flavoîco *  est,  chez  les  Grecs,  le  constructeur  des 
•  Ig  de  guerre1;  Aristophane  donne  le  même  nom 
■L.nachiniste  de  théâtre2.  Chez  les  Romains,  les  deux 
IL  machinator  et  mechanicus  sont  employés  concur¬ 
rent  mais  non  pas  indifféremment  l'un  pour  l’autre. 
L  trouve  bien  chez  les  auteurs  latins  le  premier  dési- 
Lnl  tour  à  tour  des  ingénieurs  militaires  qm  con- 
ftruisent  les  machines  ou  qui  les  mettent  en  action 3  ;  des 
Ingénieurs  civils  ou  architectes,  tels  ceux  qui  tracèrent 
L  j^ins  et  bâtirent  le  palais  de  Néron  sur  les  ruines 
de  Roine  incendiée  et  qui  creusèrent  un  canal  du  lac 
Averne  au  Tibre 4  ;  des  mécaniciens  qui  agencent  la 
scène  d’un  théâtre  et  opèrent  des  changements  à  vue  b; 
mais  un  autre  nom  prévalut.  A  côté  des  machinatores, 
citoyens  romains,  employés  surtout  aux  armées,  il  y 
avait  des  mechanici,  étrangers,  esclaves  ou  affranchis, 
qui  étaient  presque  tous  des  Grecs,  et  la  nouvelle  déno- 
I  mination,  de  forme  grecque,  fut  introduite  par  eux. 


t  Après  avoir  désigné  des  théoriciens  ou  praticiens8  de  ca- 
I  pacité  supérieure  mais,  en  réalité,  subordonnés  aux  fonc- 
[  tionnaires  qui  recouraient  à  leur  expérience  et  à  leurs 
lumières,  le  nom  de  mechanicus  acquit  assez  de  prestige 
pour  l’emporter  sur  le  nom  ancien  ;  si  bien  qu’il  devint, 
I.  au  Bas-Empire1,  le  titre  de  personnages  de  haut  rang, 
I  msulares ,  clarissimi,  comités  8,  qui  présidaient  à 
I  l’exécution  des  grands  travaux  publics.  E.  Saglio. 

MEDDIX  ou  meddics.  —  Mot  de  la  langue  osque,  équ  iva- 
lant,  pour  le  sens,  au  latin  magistratus1.  Ce  terme  est 
plusieurs  fois  employé  par  Tite-Live2  et  se  retrouve,  sous 
I  différentes  formes  3,  dans  un  certain  nombre  d'inscrip- 
[  dons  provenant  soit  de  l’Italie  centrale  ou  méridionale, 
I  soit  de  la  Sicile  h  Du  rapprochement  des  textes  et  des 
I  inscriptions,  il  résulte  ceci  :  le  meddix  est  un  magistrat 
1  annuel,  puisque  son  nom  sert  à  déterminer  une  date8,  et 


Pollux,  L.  c.  ;  cf.  Etymol.  magn.  et  Hesycli.  s.  v.  —  2  Corp.  inscr.  gr.  28! 
~  Uillcnherger,  Sylloge  inscript.  170  (50).  —  3  Sut.  Il,  8,  80.  La  figure  est  tin 
c  assini,  Pitture  antiche ,  Rome,  1783,  pl.  iv.  —  4  Nemesianus,  De  aucup.  I,  I 
j  dtiUnUm  sub  iniquo  pondéré  vidi  mazonomi  puerum  ». 

ECIIA.N1CUS,  MACllIIM ATOR.  1  Xen.  Cyr.  I,  6,  22;  Hist.  gr.  II,  4,  27;  Pla 
__  Diod.  XIV,  43.  — 2  Aristoph.  Pac.  173;  cf.  Id.  ap.  Erotian.  p.  5 

corimi  i ^  '  ^  CS^  appc^’  Par  Tile-Live,  XXIV,  34;  «  inventor  ac  machinator  bd 

cf  f  i,  "  "nt°lUm  °Pcrum,Iuc>S  par  Solinus,  5  :  «  machinarius  commentator 
$  j  XXL//0SC;  Am‘  45®  132  î  Orclli,  Inscr.  4216.  —  4  Tac.  Ann.  XV,  42.  -  5  Se 
Luciliu  ’  ~~  6  nom  sc  rencontre  pour  la  première  fois  dans  un  vers  < 

a  l'aide  r  ^  Cs4‘  r‘  ^c^aur^ta),  appliqué  à  un  équilibristc  qui  fait  ses  tou 

i  diabètes  -""i  maC*1‘ue;  Pu*s  c*iez  Columelle  (III,  10,  5)  à  propos  du  sipho  appc 
*  Pjai>  cs  mechanici;  chez  Vitruve  [Vesp.  13)  et  Lampride  (Al.  Sev.  22  et  4 

<1  arrliiio«i«o .  .  ..  ' _ 


H  (1*  - >  »  iw  u wyvesp.  ei  Eiampriue  ocu.  --  et 

macliil)(,s  (| U  l,lleclcs  ’  C*1CZ  ^irnûcus  Maternus  (VIII,  27),  de  constructeurs 
[  Gli  archiiet, rU<TI0'  ~T  7  ^0(l-  Theod.  XIII,  C,  3  et  Godcfroi,  Ad  h.  LjvoirProi 
ED  v  -/  v  6  architettura  pressa  i  Romani ,  1871,  p.  37  et  54.  —  8  Symim 

«Lx  ;3n 

a"  lls’  P-  :  «  Meddix  apud  Oscos  nomen  magistratus  es 
Jnus  ih;  . 


x-'inius  ■  „  .r-.-..  «  meuuix  apua  uscos  nomen  magistratus  esi 

--  2  fit  i  j,  y  '  oaP^ur  -eddix,  occiditur  aller  »  (cf.  L.  Miiller,  Enni  reliq.  3: 
XXIV,  19  „  ’  :i  '  :  "  ^e(Ux  tuticus  snmmus  magistratus  erat  Campani 

XXVI,  o.  _  3  y  SUS  '*['  I'n’  Magio  Atelluno,  qui  eo  anno  medix  tuticus  erat  »; 
X31),  médis  :  me(^‘s  (ZvetaiefT,  Inscr.  Ital.  infer.  dial,  n01  07,  I 

Plur.  ;  meddiss  r  ^n'^'  Sln^’  :  me^ce>s  (142);  Dat.  sing.  :  medicei  (136)  ;  N 
lCy  Uni  ,  1  *!'’  me^x  (33,  47),  [liSSti;  (253).  Formes  abrégées  ;  med  ( 
11  ■  (04).  I  ormes  dérivées  :  medicatinom  (231),  medicntvd  (2 


que  Tile-Live  a  bien  soin  de  spécifier  que  telle  année  tel 
meddix  entre  en  fonctions®;  il  est  électif,  puisqu  il  peut 
être  choisi  parmi  les  citoyens  de  la  plus  basse  condition 1  ; 
il  a  des  attributions  judiciaires,  puisqu'il  peut  infliger  des 
amendes8;  il  exerce  des  fonctions  religieuses,  puis¬ 
qu’on  voit  dags  Tite-Live  un  meddix  organiser  une  fête 
solennelle  et  des  sacrifices®;  enfin,  il  est  investi  Ale  l’auto¬ 
rité  militaire,  puisque  le  même  Tite-Live  nous  montre  un 
meddix  qui  fait  des  enrôlements  10  et  commande  en 
personne  une  armée  11 .  La  nature  des  pouvoirs  conférés 
au  meddix  en  fait  donc  quelque  chose  d  analogue  a  un 
consul  romain. 

On  peut  distinguer  deux  espèces  de  meddix.  Les  uns 
ont  leurs  noms  associés  deux  par  deux,  preuve  qu  ils  sont, 
comme  les  consuls,  simultanément  en  possession  du 
pouvoir  exécutif  l2.  Les  autres  figurent  toujours  seuls 
dans  les  textes  littéraires  ou  épigraphiques,  ce  qui  indique 
qu’ils  n’ont  pas  de  collègue  et  qu'ils  exercent  seuls  1  au¬ 
torité,  à  la  façon  d’un  roi  ou  d’un  dictateur.  Ceux-ci  sont 
désignés  par  un  qualificatif  particulier;  on  les  appelle 
meddix  tovtiks  1J,  titre  dont  les  Latins  ont  fait  meddix 
tuticus  11  et  dont  le  sens  est  «  magistrat  public  ,s  ». 

Les  deux  catégories  de  meddix  coexistent  en  Cam¬ 
panie.  D’où  l’on  est  amené  à  conclure  que  les  premiers 
sont  comme  des  magistrats  municipaux,  c'est-à-dire  des 
magistrats  dont  l’autorité  est  limitée  au  gouvernement 
d’une  cité  ou  d’une  bourgade  particulière  de  la  Campanie, 
tandis  que  le  meddix  tuticus ,  que  les  textes  de  Tite-Live 
nous  montrent  à  l’œuvre,  est  le  chef  unique,  a  la  fois 
politique,  religieux  et  militaire,  de  la  confédération  des 
cités  campaniennes 16. 

L’origine  du  mot  meddix  est  assez  obscure.  On  a  pro¬ 
posé  diverses  étymologies17.  La  plus  plausible  est  celle 
qui  rapproche  meddix  du  radical  qui  a  donné  en  grec 
[xéSogat,  en  latin  modus  et  en  allemand  messen ,  c’est-à- 
dire  d’un  radical  qui  exprime  l'idée  de  mesure,  de  règle, 
de  commandement.  Meddix  (=  med-dic-s)  serait  ainsi 
l’équivalent  du  \sXinjudex  (=  ius-dic-s)**.  Jules  Martiia. 

MEDEA  (MvjSsia).  —  Dans  toutes  les  traditions  connues, 
Médée  est  fille d'Aeétès,  roide  Colchide,et  par  lui  petite- 
fille  d’Hélios  *.  Cette  donnée  fait  d'elle  la  nièce  de  l'en¬ 
chanteresse  Circé,  fille  elle  aussi  d'Hélios3.  Elle  a  pour 
mère  l'Océanide  Idyia,  «  celle  qui  sait3  »,  pour  frère 
Absyrtos 4  et  pour  sœur  Chalciopé  :i. 

meddixud  (231).  medieim  (231).  Cf.  Planta,  Grammat.  d.  osk.-umbr.  Dialecten 
(Strasb.  1893).  —  4  Dédicace  osque  en  caractères  grecs  faite  par  deux  meddix  cl  le 
peuple  des  Mamcrtins  (Zvetaielî,  253).  —  5  Zvetaicfl,  17,  94,  97,  137,  138,  14»,  144, 
145,  149,  253.  —  0  XXIV,  19  ;  XXVI,  6.-7  Tit.  Liv.  XXVI,  fi  :  «  Medix  tuticus... 
eo  anuo.  Seppius  Lesius  erat,  loco  obscuro  tenuiquo  fortuna  ortus  ».  —  »  Table  de 
Bantia  (ZvetaiefT,  231).  Aux  lignes  12  et  18  sc  lit  une  formule  dont  le  sens  csl  ; 
si  quis  eum  forte  magistratus  multare  rolet.  —  2  Tit.  Liv.  XXIV,  19.  —  10  Tit. 
Liv.  XXIII,  35.  —  U  Tit.  Liv.  XXIV,  19;  XXVI,  6.  Le  vers  d’Enuius  (voir  plus  liant 
note  i)  se  rapporte  évidemment  à  quelque  désastre  militaire  subi  par  deux  meddix. 
—  12  Zvelaieff,  47  (chez  les  Volsqucsl  ;  253  (chez  les  Mamerlins)  ;  137  (à  Nola).  Chacun 
des  deux  meddix  de  Nola  porte  le  titre  de  meddix  degetasis  (1381  ou  deketasis  (13C), 
qualificatif  dont  le  sens  est  encore  incertain.  —  >3  ZvetaiefT,  140  b  ;  cf.  97,  I  44,  145, 

I  K).— UVoir  les  textes  de  Tite-Live  cités  plus  haut,— 13  Le  mot  osque  torto  (ZvetaiefT, 
231)  équivaut  à  poputus  ou  civitas.  • —  1®  T  il.  Liv.  XXIII,  35.  —  U  Cf.  Fabretli.  C  orp. 
insc.  ital.,  p.  1138  et  1139.  —  Brugman,  Grundr.  d.  vergleich.  Gramm.  d.  indo- 
germ.  Sprachen,  II,  p.  461  :  Bréal,  Dict.  étymol.  latin,  p  497  (modus). 

MEDEA.  I  Iles.  Theog.  956  sqq.;  Pind.  Pyth.  IV,  8;  Apollod.  Bibl.  I,  129, 
éd.  Wagner;  Anthol.  gr.  VII,  50;  Dionys.  Pericg.  490;  Ovid.  Met.  VII,  9,  326; 
hferoid.  VI,  103,  etc.;  cf.  Roscher,  Lexikon,  s.  r.  Aietes.  On  trouve  quelquefois, 
au  lieu  de  M»)$sta,  la  forme  Mi-Sr-,  ;  Euphor.  p.  64,  éd.  Meinekc;  (ialcn.  13,  p.  875. 

_ 2  Hom.  Od.  V,  135  sqq.;  Hes.  L.  c.  etc.;  Roscher,  s.  t’.  Kirkc.—  '  Hes.  Theog. 

9ü0  sq.  ;  Soptioci.  fr.  50t  ;  Apoll.Rh.  III,  242,  etc.  line  autre  tradition  lui  donne  pour 
mère  Hécate;  lliod.  IV,  45;  Schol.  Apoll.  Rh.  III,  242.  —  4  Apoll.  Rb.  III,  242; 
Roscher,  Lexilc.,  s.  r.  Absyrtos  ;  Pauly-Wissowa,  s.  v.  Apsyrtos.  —  »  Schol.  Apoll, 
Uh  II.  1122;  Apollod.  I.  83,  éd.  Wagner;  Roscher,  s.  p.  Chalkiope,  2, 


Les  textes  les  plus  anciens  associent  déjà  Médëe  à  la 
légende  des  Argonautes  [argonautae]  et  aux  aventures 
de  jason.  Le  catalogue  qui  termine  la  Théogonie  d' Hé¬ 
siode  mentionne  le  rapide  la  fille  d’Aeétès  par  Jason  1 .  Il 
était  question,  dans  les  Naupàctia  de  Karkinos  et  dans 
le  poème  d’Eumélos  de  Corinthe,  des  exploits  du  héros 
et  de  l'assistance  que  lui  prête  Médëe2.  C’est  dans  Pin- 
dare  que  nous  avons  conservé  le  premier  récit  systéma¬ 
tique  de  celte  légende 3.  Elle  est  devenue  surtout  popu¬ 
laire  par  le  poème  d’Apollonius  de  Rhodes  qui  n'a  guère 
fait  que  mettre  en  œuvre  et  développer  le  thème  transmis 
par  ses  devanciers4.  Égarée  par  la  passion  violente  que 
lui  inspire  Aphrodite5,  Médée  prend  le  parti  de  Jason 
contre  les  résistances  d'Aeélès.  Elle  obtient  du  héros  la 
promesse  qu'il  la  prendra  pour  femme  et  l’emmènera  en 
Grèce.  Sur  la  garantie  de  ce  serment,  elle  l’assiste  dans 
les  redoutables  épreuves  qui  lui  sont  imposées.  Au  mo¬ 


ment  où  il  part  pour  aller  dompter  les  h 
elle  lui  fournit  la  drogue  dont  il  doit  s'en?"*  ^ 
ses  armes,  et  qui  le  rendra  invulnénhll'"™’  lui  e1 
l’eu?.  C’est  elle  encore  qui  lui  enseigné  |„  4 

auquel  il  a  recours  pour  diviser  entre  eux  l 
nés  des  dents  du  dragon7.  Enfin,  quand  Jason  Ïl 
le  dragon,  gardien  de  la  Toison  d’Or,  c’est  Mc  l'a 
compose  le  philtre  destiné  à  l’endormir».  ApnCf  qUi 
quête  de  la  précieuse  toison,  les  deux  amants  sW  'j 
sur  le  navire  Argo,  en  semant  sur  leur  route,  pour  rl.p114 
der  la  poursuite  d’Aeétès,  les  membres  d’Absyrtos" ,  "é 
Médée  a  égorgé9  ou  empoisonné10.  Elle  devra  ’ 'U 
tard,  pour  se  faire  purifier  de  ce  meurtre,  se  rendr,-,  J 
près  de  Circé  11 . 

Toute  la  trame  de  cette  légende  a  pour  point  de  dépal 
la  passion  violente  de  Médée  pour  Jason.  Mais  de  très 
bonne  heure,  il  s’y  joint  la  promesse  d’un  mariage  sol 


lennel  faite  par  Jason  12 .  C’est  en  effet  sous  la  forme  d’un 
hymen  régulier  et  légitime  que  nous  est  présentée  l’union 
des  deux  amants  :  ce  trait,  dû  peut-être  à  la  poésie  gé¬ 
néalogique  des  Doriens13,  est  fortement  marqué  dans  la 
légende  :  si  bien  qu’on  a  pu  soutenir  la  thèse  paradoxale 
que  les  aventures  de  Jason  et  l’expédition  même  des 
Argonautes  ne  sont  pas  autre  chose  que  le  développe¬ 
ment  poétique  de  l  iEsb;  yocgo;  de  Jason  et  de  Médée  et  de 
la  conquête  de  la  fiancée  par  l’époux  :  c’est  là  qu'il' fau¬ 
drait  chercher  le  cœur  même  de  la  légende  et  sa  signi¬ 
fication  originelle  ,4.  D’après  certaines  versions,  c’est  en 
Colchide  même  que  le  mariage  aurait  été  célébré15;  une 
seule  indique  Byzance  16  ;  le  plus  grand  nombre  en  loca¬ 
lisent  la  conclusion  à  Corcyre,  l’ile  des  Phéaciens,  et 
colonie  de  Corinthe  :  un  sacrifice  annuel  en  perpétuait  le 
souvenir  dans  lè  temple  d’Apollon  Nomios;  dans  ce  même 
sanctuaire,  Médée  aurait  fondé  les  autels  des  Nymphes 
et  des  Néréides  en  commémoration  de  son  mariage17. 

l  Theofj.  992  sqq.  —  2  iXaupact.  fr.  5-9  =  Schol.  Apoll.  Rh.  III,  521, 523  ;  IV,  59, 
80  sq.Eumelos,  fr.  9  =  Schol.  Apoll.  Rh.  III,  1372  ;  cf.  aussi  Mimnerm.  fr.  1 1  ;  Kaibcl, 
tiennes ,  XXII,  p.  510.  —  3  Pind.  Pglh.  IV,  214  sqq.  —  4  Apoll.  Rh.  III-IV.  Avant 
Apollonius,  le  sujet  avait  etc  traité  dans  la  tragédie  perdue  de  Sophocle,  Colchides , 
et  il  y  est  fait  allusion  fréquemment  dans  la  Médée  d’Euripide.  Apres  Apollonius, 
il  faut  citer  le  résumé  de  la  Bibliothèque  d  Apollodore,  I,  9,  23  sqq.  =  I,  127-133, 
éd.  Wagner  ;  Val.  Place.  Argon.  V-VI1I  ;  Orph.  Argon.  757  sqq.  sans  parler  des 
nombreuses  allusions  d’autres  auteurs.  —  S  D’apres  Pindarc,  Aphrodite  inspire  cet 
amour  à  Médce  par  l’intermédiaire  de  l’oiseau  appelé  iynx.  Dausd  autres  traditions, 
c’est  liera,  Athéna,  Eros  qui  interviennent  :  Soph.  Kolch.  in  Schol.  Apoll.  Rh.  III, 
-  1040  ;  Eurip.  Med.  476  sqq.  ;  527  sqq.  ;  Apoll.  Rh.  III,  6  sqq.  etc.  —  6  Soph.  fr.  315 
in  Etgm.  magn.  p.  439,  2;  Apoll.  Rh.  III,  845;  Dioscor.  I,  101  ;  Suid.  s.  v.  MqSeta 
et  NàsOa.  —  Eumel.  fr.  9;  Soph.  fr.  117;  Apoll.  Rh.  III,  1320  sqq.;  Apollod.  I,  9, 
23,  9;  Ovid.  Met.  VII,  121  sqq.;  Heroid.  XII,  95  sqq.;  Val.  Flacc.  VU,  607;  Hyg. 
Fab.  21  ;  Lucan.  IV, 552  sq.;  Orph.  Argon.  874.  —  #  Antimach.  fr.  9  et  10;  Apoll. 
Rh.  IV,  146.  Euripide  ( Med .  482)  dit  expressément  que  c’est  Médée  qui  a  tué  le 
dragon  :  Spi.*ovTa  mitvaaa.  —  9  Pherecyd.  fr.  73;  Apollod.  I,  9,  24,  1  ;  Cic.  Deinip. 
Cn.  Pomp.  22;  Ovid.  Trist.  III,  9,  27  sqq.;  Heroid.  VI,  129  sq.  ;  XII,  113  sqq.; 


Divers  enfants,  dont  les  noms  varient  avec  les  textes 
et  les  localités,  sont  nés  de  cette  union  [jason,  p.  617], 
Il  faut  naturellement  supposer  Médée  présente  aux 
diverses  péripéties  qui  marquent  le  retour  des  Argo¬ 
nautes  ;  mais  on  ne  lui  voit  guère  jouer  un  rôle  que  dans 
la  lutte  contre  Talos,  le  géant  d’airain,  qu’elle  dompte 
par  un  charme18.  L’arrivée  à  Iolcos  et  la  remise  de  la 
toison  d’or  à  Pélias  forment  le  dénouement  de  1  expédition 
des  Argonautes.  D’après  une  des  formes  de  la  légende, 
Jason  et  Médée  vivent  à  Iolcos  réconciliés  avec  D'has; 
Médée,  par  les  procédés  de  son  art,  rend  la  jeunesse 
son  beau-père  Aeson19,  à  son  propre  époux  J-'-on  e 
aux  Hyades,  les  nourrices  de  Dionysos  -1  ;  I  ''lias  meurl 
et  les  Argonautes  participent  aux  jeux  magniliqms  qu^ 
se  célèbrent  à  l’occasion  de  ses  fanerai 1 1  '  >  • 
autre  forme,  plus  récente  apparemment,  de  la  11  1,1  1  J 
a  multiplié  les  crimes  dans  la  famille  royal'  d  ^ 
Pendant  l’absence  des  Argonautes,  Pélias  a  uni 


b.  IV,  92.  —  ni  Leon,  ap.  Scliol.  Lur.  mea.  ’  (rAllSjrlos,  voir  1 

»,  fr.  5.  Sur  les  différentes  versions  relatives  à  la  lJcmL  1 
^-Wissovva,  s.  ».  Apsyrtos  (Wernicke);  cf.  Knaack,  IV,  Stjl 

q.  —  Il  Apoll.  Rh.  IV,  061  sqq.;  Apollod.  I,  9,  S*.  -  -  ‘  mariagc régals- 
Hésiode  déjà  ( Theog.  999)  il  y  a  une  allusion  manifeste  a  u'^j  njessuD, 


Zenob.  I V,  92.  —  «»  Leon,  ap.  Schol.  Eur.  Med.  167  _  Muller,  ^^^"^syrto*, voir 
U,  331,  fr.  5.  Sur  les  différentes  versions  relatives  a  la  Itfgent <-  ' 

Pauly-N 
14  sqq. 

Dans  Hésiode  aeja  {meuy.  jjvj  j  «  . . 

—  13  Seeliger,  in  Uoscher's  Lexikon,  s.  v.  Medeia,  -  -  cf.  l'arL 

Prolegom.  in  Catalogum  Argonaiitarum,  Berlin,  1SSJ>  1  ^  \jioll. 

A  rgonautai  ap.  Pauly-Wissewa,  787.  -  15  Antimach.  fr.  U  »P-  j.,.  -  a|,  Schol- 

1 133  ;  Timonax,  fr.  2  ap.  Schol.  Ibid.  1217.  -  16  D.onys.  Scyto  »  1  .  ,  Rh.  IV, 

Ibid.  1153.  —  n  Timacus,  fr.  7  et  8  ap.  Schol.  Ibul.  12  <  c  |y[  ,  l4|  ;  ApoM- 
982  sqq.  1131,  1153,  1217  sqq.  ;  Philelas,  ap.  Schol.  ad  Apo  •  '  '  ' [  ,v>  [03S  sqff-ï 

I,  9,  25;  Hygin.  Fab.  23;  Orph.  Argon.  1297  sqq.  —  L  j"’  '  ,Hr,  s,,q.: 
Apollod.  I,  9,  26,  5.  -  19  Nostoi,  fr.  G,  Kinkel  ;  Ov.d .  V |3|  ,,  T», 'K-  . 
Vat.  I,  188;  II,  137.  —  20  pherecyd.  fr.  74;  Simon,  fi.  -  >  _  fr- S0"  P 

ad  loc.  ;  Dosiades,  Anth.  Pal.  XV,  26,  2.  —  21  Aeschy  •  )gj  (coafusio"  # 
Nauck;  Ovid.  Met.  VH,  29*  sqq.  ;  ü/yZA.  Vat.  L.  c.;  Hyg.  .  f,au|3 -Wisso«a 
les  nourrices  de  Zeus).  —  22  Paus.  \,  17,9. 

Iiealencycl.  s.  v.  Argonautai,  775. 


MED 


1665  — 


MED 


|(.  trône,  a  contraint  au  suicide  les  parents 
foi*  usl"|,|  e  nppir  leur  jeune  (ils  Promachos  A  son 
(le Jd.‘  M(.i(lée  aide  Jason  à  tirer  vengeance  de  ces  atten- 
airiv,,!'j  ‘  |)US(J  ies  mies  de  Pélias  en  leur  promettant  de 
tills  1 1  '  ...  rw'.re •  nour  leur  inspirer  confiance  dans  les 

ri  i,,  sa  magie,  elle  transforme  sous  leurs  yeux  en 

verllls  (in  bélier  dont  elle  a  fait  bouillir  les  membres 
iinllfirnn  •  sur  son  conseil,  les  Péliades  dépècent 
.  ■ de  leur  père;  mais,  le  forfait  accompli,  la  magi- 
^ ^'iiie'ne  prononce  pas  la  formule  qui  doit  rendre  au  roi 
C" nl"  ^sr  avec  la  vie  (fig.  4876)2.  A  la  suite  de  ce  crime, 


sont  chassés  du  pays  par  Acastos,  fils  de 


ne 


la  jeunes 
Médée  et  Jason 

Pélias 3.  Cette  fable,  à  laquelle  Pindare  fait  déjà  u 
Ihision4,  avait  fourni  le  thème  à  deux  tragédies  de 
Sophocle et  à  une  tragédie  d’Euripide6. 

Dans  la  tradition  commune,  le  séjour  de  Médée  à  Co- 
rinthe  est  motivé  par  l’exil  qui  chasse  les  époux  d’Iol- 
cos-_  Toutefois  le  rôle  de  Médée  dans  le  culte  indigène 
,1e  Corinthe,  l’ancienne  Ephyra 8,  induit  à  penser 
qu’il  va  eu  un  raccord  artificiel  entre  l’expédition  des 
Argonautes  et  la  légende  corinthienne  ;  quelques  savants 
oui  même  perisé  qu’il  faut  chercher  dans  celle-ci  l'élé¬ 
ment  le  plus  ancien  du  mythe.  Au  dire  d’Hésiode  et 
d’Alcman,  Médée  était  adorée  à  Corinthe  comme  une  divi¬ 
nité9.  Il  semble  qu’il  y  ait  une  connexion  entre  le  culte 
dont  elle  était  l’objet  et  celui  d’Hélios,  le  dieu  primitif 
de  l'Acrocorinthe 10.  Nous  y  trouvons  Hélios  associé 
à  Aphrodite  11  :  or  une  tradition  nous  apprend  justement 
que  Médée  était  censée  avoir  fondé  le  culte  d’Aphro¬ 
dite  à  Corinthe12.  Les  dragons  ailés  qui,  dans  quelques 
récits,  transportent  à  travers  les  airs  le  char  de  Médée, 
ne  sont  sans  doute  qu’une  réminiscence  des  attributs 
d’Hélios u.  D’autre  part,  nous  trouvons  Médée  attachée, 
comme  prêtresse,  au  culte  d’Héra  Acraea,  qu’elle  aurait 
fondé,  et  qui  avait  pour  siège  un  temple  bâti,  non  loin 
delà  ville,  sur  le  promontoire  qui  ferme  l’entrée  du  golfe 
de  Léchaeon,  en  face  de  Sicyone1*.  Une  tradition  parlait 
des  amours  de  Zens  pour  Médée,  amours  repoussées  par 
celle-ci  par  crainte  de  Iléra  ;  la  déesse,  touchée  de  ses 
scrupules,  l’aurait  admise  dans  son  sacerdoce  La 
fetc  annuelle  célébrée  dans  le  temple  d’Héra  Acraea 
iuehaia,  p.  771  avait  un  caractère  expiatoire.  On  racon- 

1  Apollod.  I,  0,  27;  üiod.  IV,  50;  Val.  Flacc.  1,  700  sqq.  —  2  Apollod.  Ibid.  ; 
vid.  J/cf.  \  II,  297  sqq.;  Nicol.  Damasc.  fr.  55;  Paus.  VIII,  11,  2-3.  Une  pyxis 
a  *I,IU|  du  Louvre  (fig.  4876),  inédite,  représente  Pélias  invité  par  ses  filles  à 
ptendu  place  dans  le  chaudron  magique  d’où  vient  de  sortir  le  bélier.  —  3  Apollod. 

_  ■  eliol.  Eurip.  Med.  20;  Tzetz.  ad  Lycopbr.  175.  Autre  version  :  Jason  et 

Djo  i  *  |  Ul1.  11  vo^on^a‘,cnien^  Colchide,  et  Jason  transmet  la  royauté  à  Acastos  : 
jj  .  ’  l'ab.  24.  —  4  Pind.  Pyth.  IV,  250  :  Médée  y  est  désignée  comme 

(So T  Cf'  Pherecîd-  fr*  60  aP-  Sehol.  Pind.  Pyth.  IV,  133.  —  5  n«Xf«ç 

^üiick  ''  ,lj  ^aUC^’  (fr.  491-493).  —  0rieA-.â5=<;  (Eurip.  fr.  001-616 

24Q|  '  1,1  com^taaison  de  ces  différentes  données,  voir  Roscher,  Lexik.,  Afedeia, 

su,,  sel  1Cker’  Griech‘  Tra9'  P-  340  sqq.;  Robert,  Arch.  Zeit.  1875,  p.  134 
sntls  iv  i:i,IZ’  ?e  ^cytobrach.  (1880),  p.  9.  —  7  D’après  les  Kaupactia 

,  '  1  s  ^poux  sc  rendent  immédiatement  à  Corcyre  après  avoir  quitté  lolcos. 

£phyra r n Tl*  'L"S  COUna*ssa‘enl  c'n'l  villes  de  ce  nom  :  outre  Corinthe,  on  cite  une 
dans  Wili  i'  M*'°’ uncen  Thesprotie,  une  en  Elide,  une  ou  Sicyonic  :  voir  les  textes 
Cos  cinq  vj||,  ^  L  kldss.  Philol.  1878,  p.  731  sqq.  et  Roscher,  L.  t.,  2483  sq. 

sent  |cs  '  raiclt’  dans  leurs  légendes  le  souvenir  de  Médée.  En  Thcssalie  crois- 
le  pays  ■  s,|  '  au(‘s  venues  de  la  boite  que  Médée  a  laissée  tomber  en  traversant 

sine  de  la  l,,,,  .  l'S^.‘  ^ '^®î  Aristid.  I,  p.  76.  Dans  PEphyra  de  Tlicsprotic,  voi- 
svaicnl  011  s  (,,-aU  célébré  le  mariage  de  Jason  et  de  Médée,  les  deux  époux 

, 11  cl  C11gcndr  ' 
le  Médée  :  C 
«Ile  d’Aug: 


(omheau  ,1e  \]  ■  ,,l^eliala  un  dis,  Phérès  :  Sehol.  Ilom.  Od.  I,  259  ;  on  y  montrait  le 
A?8méd,'.  nu,,  C«cllius,  fr.  9  ap.  Solia.  Il,  28.  En  Elide  vit  la  magicienne 

io  Médée  ■  Il,,  'U!,r'as  e ''  par  lui  pelile-fillc  d'Hélios;  ce  n'est  qu’un  doublet 
hop.  1|  ^  g  j'  I  "A8  sqq.;  Od.  Il,  328  ;  cf.  Périmédé,  Tlieocr.  II,  16; 

Permettent  de  "  *anS  '  ^'l’Lv  ra  de  Sicyouie,  Médée  a  enseigné  les  formules  qui 
pro  Christ  ,;.jmu  lesve,M's  :  Paus.  II,  12,  l. —  9  Cités  par  Athénagoras ,  Legatio 
Mm™.,  j-,  <f/.  C*’  "usaeus  aP-  Sehol.  Arist.  Med.  10;  et  l’expression  de  Pindare 
>jlh.  IV,  8,  —  10  Paus.  Il,  1,  6  (cf.  éd.  llilzigct  Blümner,  I,  2,  p. 


luit  que  Médée  ayant  laissé  ses  enfants  dans  le  sanc¬ 
tuaire,  les  Corinthiens,  par  haine  de  1  étrangère,  les 
lapidèrent  dans  cet  asile.  Une  peste  étant  survenue  dans 
le  pays,  l’oracle  prescrivit  d’instituer  un  culte  pour  les 
enfants  de  Médée16;  sur  leur  tombeau,  on  dressa  I  image 
de  l’Épouvante17  ;  quatorze  enfants,  sept  garçons  et  sept 
tilles,  choisis  parmi  les  familles  nobles,  passaient  une 
année  dans  le  sanctuaire,  les  cheveux  coupés  ras  et 
vêtus  de  noir,  et  célébraient  le  culte  de  la  déesse  par  des 
chants  d’un  caractère  mystique16.  Il  est  vraisemblable, 
comme  on  l’a  supposé,  que  ces  rites  expiatoires  en  1  hon¬ 
neur  des  enfants  de  Médée  ont  pris  la  place  de  sacrilices 
d’enfants  qui  étaient  liés  dans  l’origine  au  culte  d  liera  1  ’. 
Par  là  se  trouverait  confirmée  l’affinité  primitive  entre  les 
cultes  de  Médée  et  d’Héra,  celui-ci  peut-être  importé 
d’Argos  20,  et  l’on  a  pu  supposer  que  celle  dernière  divi¬ 
nité  s’était  substituée  à  la  déesse  indigène,  Médée21. 

Dans  d’autres  traditions  corinthiennes  encore,  Médée 
passait  pour  avoir  été  reine  du  pays,  épouse  du  légen¬ 
daire  Sisyphos22.  Eumélos  et  Simonide,  au  contraire, 
font  de  Jason  et  de  Médée  les  souverains  légitimes  de 
Corinthe  23.  Puis  la  légende  se  modifie  encore  :  Jason  et 
Médée  sont  des  étrangers  arrivés  d  lolcos  à  Corinthe  2L 
où  la  royauté  est  exercée  soit  par  Créon  2\  soit  par  son 
fils  Hippotès  26.  Médée  mérite  la  reconnaissance  du  pays’ 
eu  le  délivrant  d’une  famine  par  un  sacrifice  offert  à  Dé- 
méter  et  aux  Nymphes  Lemniennes,  sœurs  des  Cabires 
[cabiri,  p.  769,  n.  278;  ceres,  p.  1024,  n.  108  . 

La  mort  des  enfants  de  Médée  n’était  pas  imputée  dans 
l’origine,  comme  nous  l’avons  vu,  à  la  magicienne  elle- 
même,  mais  aux  Corinthiens  ;  elle  était  expliquée  par 
leur  haine  contre  l’étrangère21.  Puis  elle  fut  motivée  par 
l’inconstance  de  Jason.  Le  héros  abandonne  Médée  pour 
Thétis28  ou  pour  la  fille  de  Créon,  que  l’on  appelle  tantôt 
Glauké29,  tantôt  Creuse30.  Médée  se  venge  de  l’infidèle 
en  faisant  périr  sa  fiancée  par  l’envoi  d’une  tunique  em¬ 
poisonnée,  ou  encore,  suivant  Diodore,  en  mettant  le  feu 
au  palais  royal31.  Les  Corinthiens,  par  représailles,  met¬ 
tent  à  mort  ses  enfants  32.  On  sait  qu’Euripide,  dans  sa 
Médée,  a  donné  un  autre  dénouement  à  ce  drame  :  c’est 
Médée  elle-même  qui,  pour  punir  Jason,  égorge  les 
enfants  qu’elle  a  eus  de  lui.  Cette  version,  dont  il  est 

485  sq.)  ;  11,4,  G;  Prellei-Robcrt,  Or .  Afyth.  I,  p.  429,  n.  3 ,  Oilelberg,  Sacra  Co 
rinthia,  Upsal,  1890 .  p.  1 05  sq.  ;  O.  Gruppc,  Griecli.  Afyth.  p.  132  sq.  O  Pausanias, 
L.  c.,  rapporte  qu’Hélios  y  céda  la  place  à  Aphrodite,  cependant  il  y  conser¬ 
vait  des  autels  et  sa  slaluc  figurait  dans  le  temple  de  la  déesse.  12  Theopomp. 
fr.  I7U  ;  Plul.  De  Herod.  malign.  39,  14.  —  13  Eurip.  Med.  1321  sq.  ;  llor.  Epod. 
111,  14;  Ovid.  Met.  VU,  330.  —  O  Sehol.  Eurip.  Med.  1379;  Zcnoh.  Pru r.  I,  27. 
—13  Sehol.  Pind.  OL  (XIII,  74.  —  16  Parmenisc.  ap.  Sehol.  Eurip.  Med.  273.  — 17  paus. 
II,  3,  7,  avec  la  note  de  l'édition  Hitzig  et  Blümner,  p.  502.  —  l*  Sehol.  Eurip.  Med. 
2G4  cl  1379  ;  Philoslr.  B  croie.  19, 24  ;  Aelian.  Vue.  hist .  V,  21.  —  19  Curt.  Peloponn. 
II,  p.  533.  —  20  0.  Gruppe,  Griech.  Afyth .  p.  133.  —  21  Schocmanu,  Griech.  Alterth. 
Il,  p.  492;  Prellcr-Robert,  Gr.  Afyth.  I,  p.  170,  u.  2.  —  22  Pind.  01.  XIII,  52  sq.; 
cf.  Theop.  fr.  170.  —  23  Eumcl.  fr.  2  et  3  ;  Siinou.  fr.  48.  D’après  le  récit  de 
Parméniscos,  cité  par  le  scoliastc  d’Euripide,  Med.  273,  Médée  est  aussi  considérée 
connue  reiue,  mais  d’origine  barbare,  puisque  ses  cufauls  sont  dits  |xt‘oCà;ôaost. 
—  24  Hippys,  fr.  3;  Ilellauic.  fr.  34  ap.  Sehol.  Eurip.  Med.  10.  —  23  Eurip.  Med. 
passim.  ;  Apollod.  1,  9,  28  ;  Diod.  IV,  54,  etc.  —  20  Sehol.  Eurip.  Med.  20.  —  27  Sehol. 
Ibid.  273.  —  2S  plut.  De  Herod.  malign.  39,  44;  cf.  Plolem.  iloph.  V,  p.  191,  23, 
Wcstermann.  —  29  Apollod.  I,  9,  28  ,  Diod.  IV,  54  ;  Hygin,  Eah.  25;  Mytli.  Vat.  I, 
25;  Paus.  Il,  3,  G;  Tzetz.  ad  Lycopbr.  175,  1318;  Athen.  Xlll,  556  c,  500  d;  Eurip. 
Med.  argttm.  et  Sehol.  19.  Pausanias,  L.  c.,  mentionne  dans  sa  description 
de  Corinthe  la  fontaine  de  Glauké,  où  la  jeuue  lillo  s'était  jetée  pour  échap¬ 
per  au  feu  qui  la  consumait;  cf.  l’édition  de  Hitzig-Bliimner,  1,  2,  p.  501; 
Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Glauké ,  4.  —  30  plut.  De  amie,  mullit.  7;  Antli. 
Pal.  V,  288;  yil,  354;  XI,  411;  Anth.  Plan.  137;  Sehol.  Eur.  Med.  19  et  403; 
Sencc.  Med.  495,  508,  etc.  ;  Prop.  III,  8,  30;  14,  12  ;  Hor.  Epod.  V,  04;  Ovid.  Ber. 
XII,  53  sq.  Euripide  no  dénomme  pas  la  fiancée  de  Jason.  Elle  est  appelée  sim¬ 
plement  lijEovTii'a  sur  un  vase  de  Munich,  fig.  4877.  —  31  Diod.  IV,  54.  —  32  Philoslr. 
Ber.  10,  24;  Apollod.  I,  9,  28,  3;  Creophyt.  ap.  Sehol.  Eurip.  Med.  273;  Paus.  11,3,  G. 


MED 


1666  — 


MED 


très  probablement  l’inventeur,  a  été  suivie  depuis  lors 
par  la  tradition  littéraire  ainsi  que  par  les  monuments 
figurés1.  Les  enfants,  nommés  d’ordinaire  Merméros 
et  Pliérès 2,  eurent  leur  sépulture  et  un  monument 
à  Corinthe 3.  Médée,  le  crime  accompli,  s’enfuit  à 
Athènes  auprès  du  roi  Égée,  ou,  suivant  une  autre  tra¬ 
dition,  à  Thèbes,  où  elle  guérit  Héraclès  de  sa  folie  l. 
On  a  vu,  à  l’article  jason,  les  différentes  versions  sur 
la  mort  du  héros. 

Hérodote  mentionne  déjà  le  séjour  que  fil  Médée  à 
Athènes5.  Les  deux  scènes  où  figure  Égée  dans  la  tra¬ 
gédie  d'Euripide  indiquent  que  cet  épisode  appartient 
à  la  légende  athénienne6.  Une  autre  pièce  d’Euripide, 
aujourd’hui  perdue,  Alyeuc,  avait  justement  pour  thème 
le  rôle  de  Médée  à  la  cour  du  prince. Nous  en  connaissons 
le  contenu  par  un  scoliaste  d’Homère  :  Médée.  après  sa 
fuite  de  Corinthe,  épouse  Égée.  Qnand  Thésée  revient 
de  Trézène,  elle  le  dénonce  au  roi,  qui  n'a  pas  reconnu 
son  fils,  comme  un  rival  et  le  décide  à  l’empoisonner. 
Thésée  va  boire  la  coupe,  lorsque  son  père  le  reconnaît 
à  l'épée  et  à  la  chaussure  qu’il  lui  rapporte  de  Trézène; 
Médée,  démasquée,  est  chassée  d'Athènes  ‘.  Ces  détails 
sont  conformes,  dans  l'ensemble,  au  récit  de  Plutarque8. 
D'après  Apollodore,  c'est  aussi  sur  le  conseil  de  Médée 
qu'Égée  envoie  son  fils  Thésée  combattre  le  taureau  de 
Marathon  Plusieurs  textes  mentionnent  un  fds  Médos 
né  d'Égée  et  de  Médée10.  Diodore  est  le  seul  auteur  qui 
rapporte  que  Médée,  à  son  arrivée  en  Attique,  comparait 
pour  ses  crimes  devant  l’Aréopage,  qui  l’acquitte  ". 

D’Athènes,  Médée  se  rend,  d’après  Cratès12,à  Ephyra 
en  Élide.  La  tradition  la  fait  généralement  retourner  en 
Asie.  Il  ne  faut  voir,  dans  ce  dernier  épisode  de  sa  lé¬ 
gende,  qu'une  exégèse  étymologique  destinée  à  expliquer 
le  nom  de  la  Médie,  qui  viendrait  d’elle  ou  de  son  fils 
Médos,  né  de  Jason  ou  d’Égée13.  Elle  chasse  l’usurpateur 
Phérès,  qui  règne  en  Colchide,  et  rend  à  son  père  Aeétès 
son  royaume u.  D'après  Diodore,  Médos  est  né  de  ses 
amours  avec  un  prince  asiatique15.  Dans  d’autres  ver¬ 
sions  encore,  Jason,  réconcilié  avec  Médée,  l’accompagne 
en  Asie,  et  conquiert  avec  Médos  et  Arménios  de  vastes 
territoires  dans  l’intérieur  du  pays  ie. 

Enfin,  après  sa  mort,  la  poésie  fait  d’elle  l’épouse 
d'Achille  dans  l’ile  Leucé1’.  A  Rome,  elle  a  été  identifiée 
avec  a.xgitia  et  boxa  dea. 

Les  mythologues  modernes  ne  s’accordent  ni  sur  l'an¬ 


tiquité  relative,  des  différents  éléments  qui  0ni 
la  legende  de  Médée  ni  sur  le  sens  ou’il  L  1  C0nsl>6ié 
attribuer,  ni  par  suite  sur  le  caractère  prhnhifd  ^ leur 
elle-même.  Pour  les  uns,  c’est  dans  la  tnd ,  eMédée 
thienne  que  se  retrouvent  les  traits  ori o.j'11Pi ‘°U  COrin' 
dans  l’expédition  des  Argonautes  ne  serait ’  S°nr61e 
adventice  et  surajouté18.  Pour  d’autres  hl?*°** 
thessahen  d’qrigine,  et  la  poésie  dorienne  \'l  eSl 
ensuite  à  des  légendes  corinthiennes 10  On  1 
insisté  sur  les  points  de  contact  que  présenÆî1 
avec  la  déesse  Héra,  et  de  nombreux  savants  ontrecln 
en  die  une  divinité  lunaire20.  Il  ne  paraît  pas  cetcn \Z 
qu  il  y  ait  dans  sa  légende  d’indices  suffisamment  décisif 
pour  imposer  cette  interprétation.  Les  traditions  oui 
rattachent  aussi  bien  à  Hélios  et  à  Hécate  qu’à  lier 
s’expliquent  d’une  manière  aussi  satisfaisante  par  SOn 
caractère  de  magicienne.  C’est  sous  son  aspect  de  maJ 
cienneque  les  anciens,  dès  l’époque  la  plus  lointaine  où 
nous  puissions  remonter,  l’ont  toujours  considérée31:  c’est 

aussi  celui  auquel  la  critique  de  la  magie  moderne 
doit  sans  doute  s’arrêter  en  dernière  analyse.  Qu’il  faille 
chercher  son  berceau  à  Corinthe  ou  à  Iolcos,  c’est  la 
Thessalie,  la  terre  classique  de  la  magie,  qui,  en  tout  état 
de  cause,  a  développé  la  légende  et  a  imaginé  la  plupart 
des  épisodes  caractéristiques.  Il  est  vraisemblable  que 
Médée  a  été  conçue  à  l’origine  comme  la  fée  bienfaisante, 


par  opposition  àCircé  qui  change  les  hommes  en  bêtes; 
son  rôle,  à  l'origine,  est  tout  entier  dans  l’appui  qu’elle 
donne  au  héros  thessalien,  Jason 22.  La  résistance  de  son 
père  cause  son  premier  crime;  c’est  le  point  de  départ 
d’une  série  de  forfaits,  qui  va  frayer  la  voie  à  une  con¬ 
ception  différente.  Le  meurtre  de  Pélias  est  une  nouvelle 
conséquence  de  son  dévouement  à  Jason.  Euripide  achè¬ 
vera  la  transformation  en  faisant  d’elle  la  mère  dénaturée 
qui  va  jusqu’au  massacre  de  ses  enfants. 

Pour  les  différents  procédés  magiques  qui  sont  attri¬ 
bués  à  l'art  de  Médée,  voir  l’article  magia,  p.  l  WSetsuiv. 

Monuments  figurés.  —  Sur  les  vases  peints,  et  notam¬ 
ment  dans  la  céramique  du  style  le  plus  récent,  Médée 
porte  souvent  le  costume  asiatique  à  longues  manches  et 
le  bonnet  phrygien  ;  cependant  larègle  n’est  pas  absolue'  , 
dans  les  œuvres  plastiques  notamment,  comme  aussi  dans 
les  peintures  murales,  elle  est  souvent  vêtue  du  chitôn 
hellénique.  En  sa  qualité  de  magicienne,  elle  a  pour 
attribut  une  petite  boite  carrée  qu’elle  tient  a  la  main  et 


1  Aclian.  Var.  Hist.  V,  21  ;  Schol.  Eur.  Med.  9,  10,  264,  273.  D’après 
Arislotc,  cité  par  Diog.  Laort.  II,  134,  Néophron  de  Sioyonc  aurait  été  l’auleur 
du  drame  d'Euripide;  cf.  pour  la  discussion  de  ce  passage  et  la  part  d’ori- 
ginalilé  d'Euripide  dans  l'invention  de  ce  thème,  l’édition  de  Wccklein,  p.  27 
sqq.;  Ribbeck,  Lcipz.  Stud.  VIII,  p.  386  sqq.  ;  Wilamovvitz,  Fermes  XV, 
1880,  p.  485  sqq.;  Nauck,  Fraf/m.  trag.  graec.  2e  éd.  p.  730.  L’énumération 
des  drames  qui  se  sont  inspirés  d'Euripide  est  faite  par  L.  Schiller,  Medea  im  Drama 
ait.  und  neuer  Zeitf  Ansbach,  1865;  Wocklein,  Op.  cit.  p.  24,  n.  2;  Roschcr,  Lexi- 
kon ,  s.  v.  Medea ,  2491  sq.  —  2  Apollod.  I,  9,  28  ;  Schol.  Eur.  Med.  117  ;  Hyg.  Fab. 
25,  239  ;  Tzetz.  ad  Lycophr.  175,  1318.  Diodore,  IV,  54,  nomme  ces  enfants  Alkiménès 
et  Tisandros.  —  3  Eurip.  Med.  1378  sq.  ;  Paus.  Il,  3,  6.  Le  Tà?o;,  situé  dans 
l  lléraion,  parait  différent  du  hvîîjaoc  indiqué  par  Pausanias  ;  cf.  l’édition  Hitzig- 
Bliimner,  I,  2,  p.  501.  Le  culte  des  enfants  aurait  été  ensuite  transporté  à  Argos  : 
Schol.  Eurip.  ad  loc.  —  '*■  Dionvs.  Scvlobr.  ap.  Diod.  IV,  54,  7.-5  Her.  VII,  62. 
Peut-être  en  était-il  déjà  question  dans  ilellanicos,  si  l’on  admet  une  correction  au 
texte  de  Pausanias,  II,  8,  6  :  Seeliger,  s,  v.  Medeia,  in  Roschcr,  II,  2496  sq.  ;  cf. 
Wcrnicke,  De  Paus.  stud.  herodoteis ,  p.  46  sqq.  —  $  Eurip.  Med.  663  sqq. 
1384  sqq.  ;  cf.  Néophron,  fr.  1  ap.  Schol.  Eur.  Med.  661  ;  Wilamowilz,  Hermes,  XV, 
481  sqq.  486.  —  7  Crates  ap.  Schol.  llom.  11.  XI,  741  ;  cf.  Ovid.  Met.  VII,  404  sqq. 

—  8  Plut.  Thés.  12;  cf.  Apollod.  Epit.  Vatic.  I,  6,  éd.  Wagner,  p.  174.  —  9  Apollod. 

Op.  cit.  I,  5;  cf.  Myth.  Vat.  I,  48.  —  10  Apollod.  I,  9,  28;  Diod.  IV,  55, 
5;  Hyg.  ïab.  26,  27;  Strab.  XI,  526;  Steph.  Byz.  s.  v.  Sync.  p.  168  a. 

—  H  Diod.  IV,  54,  6;  55,  4;  Schol.  Apoll.  Rhod.  I,  1289.  —  12  Schol.  Hom. 


11.  XI,  741.  —  13  Hecat.  fr.  171;  llerod.  VII,  02;  Diod.  IV.  55,  5;  |,»us-  ^ 
3,  8;  Dionys.  Pericg.  1020  sqq.  et  Eustalli.  ad  lût/;  Schol.  Ljcop".  | 
Just.  II,  G;  Euseb.  Chron.  I,  62,  éd.  Schoene.  —  U  Médée  ou  son  ^ 

Apollod.  I,  9,  28,4-5;  Diod.  IV,  56;  Luc.  De  sait.  40;  Varr.  Atac.  a|u  ^ 

Virg.  Georg.  II,  120;  Val.  Flacc.  V,  684  sqq.;  Hyg .  l'ab.  26, 

-  15  |)iod.  IV,  55,  7.  — 16  Just,  XLII,  2-3;Tac.  Ann.  VI,  34;  Strab.  XI, a ’ 

— Hlbyc.  fr.  37;  Simon,  r.  213;  Apoll.  Rh.  IV,  811  sqq.;  Lycophr.  174,  ' 

ad  loc.  —  18  Jessen,  Op.  cit.  —  ‘9  Groeger,  De  Argonauticarum  sqq-} 

quaestiones  selectae,  Bruslau,  1889.—  20O.  Millier,  Orchomenos,  I  3 jg . 
Gerhard,  Griech.  Myth.  §§  228,  3;  481,  2;  Preller-PIew,  Griech.  Mil  ''Jg^k 
Roschcr,  Seleneund  Verwandtes,  p.  127,  130,  I  47;  Wilisc  »,  q  Qruppc; 

nachihrer  geschichtlichen  Bedeutung ,  Jahrb.  f.  Philol.  1878,  p.  <-  M  _  ^ 
Griech.  Myth.  p.  132  sq.  ;  Gilbert,  Griech.  Gôtterlehre ,  354,  n' . ^  _  ji  par  cxcm- 
483,  etc.  ;  cf.  d’autres  interprétations  citées  à  I  article  jason,  p. 1,1  ’mmon  fr.  20H 
pic  les  Nostoi,  fr.  6,  parlent  déjà  du  rajeunissement  d'Aeson;  J/e- 

Pherecyd.  fr.  74,  etc.  Sur  le  silence  apparent  delà  Théogonie ,  'ou  ■  ®<U~  .’ffler  ,|aiis 
deia,  in  Hoscher,  2484.  Cette  fonction  de  Médée  parait  nettenier  ^  ra( lâche. 

(cf.  ses  congénères  ’AyapiiSn-  r‘  .  >. 


M4,l-  <  •  '  .  _f  |c  latin 

»r,  machiner  », 


.Kl!)  sq- 

art- 


son  nom  même,  car  MùSu 

de  toute  évidence,  au  verbe  «  méditer,  tramei,  ^ ; ^ 

mederi,  medicus  :  Uscner,  Gôtternamen,  p.  16o.  '2-  Seei0ci,  geeliger.  art‘ 

—  23  Brunn,  Berichte  der  bayer.  Akad.  1881,  II,  P-  !1!)  ct  con_  |)(  Kolchis 
cité,  2501  ;  cf.  O.  Jahn,  Arch.  Zeit.  1847,  p.  37  et.  Heydemann, 

(//>«  Bail.  Winckelmannsprogr.  1886),  p.  U. 


MED 


—  1067  — 


MED 


,  des  drogues’,  parfois  aussi  un  rameau  de 
qui  re"l|,|“|“i  février 2  ;  d’autres  fois  elle  est  armée  du 
la|irier  ""  j0it donner  la  mort  à  ses  enfants  (fig.  4879). 
1,0ignaI',1 '‘mentionnerons  pas  ici  les  monuments  figurés 
Ti  reconnaît  la  première  entrevue  ou  encore  le  ma- 
°!‘  °"1(.  lason  et  de  Médée  ;  la  plupart  ont  été  cités  à 
riag-\lV .1 VSON,  comme  aussi  ceux  qui  figurent  les  diffé- 
L  r|IC  iloits  du  héros  en  Colchide,  et  où  d’ordinaire 
T;T;  présente  3.  La  victoire  sur  Talos,  en  Crète,  est 


le  sujet  d'un  beau  vase  de  Ituvo  avec  une  variante  incon¬ 
nue  aux  textes  :  le  géant,  dompté  par  les  philtres  de 
Médée,  tombe  aux  mains  des  Dioscures  *. 

Au  séjour  de  Médée  à  Iolcos  se  rattachent  les  épisodes 
d’Aesonetde  Pélias  qui  ont  fourni  les  motifs  de  plusieurs 
vases  peints.  Le  rajeunissement  d’Aeson  se  voit  sur  une 
hydrie  de  Musée  Britannique*,  probablement  aussi  sur 
un  lécythe  à  figures  noires  de  Leyde  où  Médée  assise, 
tenant  à  la  main  la  baguette  magique,  regarde  sortir 


Fig.  4877.  —  Mort  de  Creuse  et  des  enfants  de  Médée. 


es0n’  sous  l’aspect  d’un  enfant,  de  la  marmite6.  Un 
11111  °i 1  ''h'usque  représente  le  rajeunissement  d’Aeson  ou, 
SMUn'11"  une  autre  interprétation,  de  Jason  ( Æasun )  par 
'  qui  lui  tend  une  coupe1. 

1  uisson  du  bélier  dans  le  chaudron  magique,  en 
M  111  ''  de  Médée,  de  Pélias  et  de  ses  filles,  a  été  plusieurs 
'.ulce,  avec  des  variantes,  par  la  céramographie  :  on 


en  a  vu  un  exemple  à  l’article  magia,  fig.  4780 8  ;  même 
sujet  sur  un  stamnos  de  l’ancienne  collection  de  Canino9, 
sur  une  pyxis  inédite  du  Louvre  reproduite  plus  haut 
(fig.  4870),  sur  une  kylix  du  Museo  Gregoriano  ,0.  On 
le  voit  encore  dans  deux  peintures  pompéiennes 11  et  un 
bas-relief  attique  du  Musée  de  Latran1*. 

Le  drame  de  Corinthe  n’a  pas  eu  moins  de  faveur  en 


. 1  VU.  Kl,,  pi  8U  . 

V.  VI,  ,06  ’  ,  • 

stt*  ’  Hcydemann 


-  2  Apoll.  Rli.  IV,  156;  cf.  0.  Jahtt,  Iihein 
8.  —  3  Jason,  p.  619.  On  trouvera  un 
2504  et  do  Je  ss  'Ua  **  Plôle  d&ns  les  articles  de  Seeliger,  Medeia  (Roschcr),  2501 
Bull  N(ipoTu\  Argonautai  (Pauly-Wissowa),  781-784.  —  4  Coll.  Jatta,  n°  1501 

Vo rlenpki  ,  .  11  VI  î  IV,  pl.  vi  ;  Arc/i.  Zeit.  1846,  pl.  xliv-xlv;  Wicne 

j fçui.  sei’ip  jy  i  -  1 

G.  "  5  Arch  y  **  '  ’  ’'elnac"i  dtèpert.  des  vases  peints,  I.  p.  361,  1  ;  408 
lliïrii,  Auterl  y'1'  P-'1  287  ;  Heydcmann,  Op.  cit.  p.  19,  il.  48.  —  1  Gc 

"saih.  pl.  i.xx ,  3  ;  Keinacli,  Ilépert.  des  vases  peints,  II,  p.  43 


n.  7  ;  Wernickc  ap.  Roschcr,  s.  v.  Alcdeia,  2305.  —  ^  Monumenti,  XI,  pl.  ni; 
Klügmann,  Annali,  1879,  p.  38  sqq.;  Heydemann,  Up.  cit.  p.  6.  —  s  Gerhard, 
Auserl.  Vasenb.  III,  157,  1-2=  Rein&ch,  Uêpert.  Il,  81,  1.  —  !)  Gerhard, 

III,  157,  3-4  =  Reinach,  Ibid.  81,  2.  —  10  .1/ns.  Greg.  I,  82,  1;  Arch.  Zeit.  1840, 
pl.  xi.  ;  Rcinach,  Ibid.  I,  359,  6-9  ;  cf.  encore  Berlin.  Vasensammt.  n.  2188  ;  Annali, 
1876,  pl.  k  et  p.  43  sqq.  —  U  Hclbig,  n.  1261  A  et  Atlas,  pl.  xix  ;  C.  Robert,  Arch. 
Zeit.  1874,  pl.  xiii  c,  134  sq.  ;  Sogliano,  La  pitture  nuirali  Campane,  n.  553 
et  554.  —  '3  Betindorf-Schoeno,  Lat.  Mus.  n.  92. 


mi:i> 


—  1668  — 


MED 


art  qu'en  littérature.  11  est  représenté  sur  plusieurs 
vases  de  l'Italie  méridionale.  Il  faut  citer  surtout  la 
grande  composition  (fig.  4877)  d’un  vase  de  Canosa 
conservé  à  Munich  :  au  milieu  du  registre  supérieur 


ligure  allégorique,  la  Fureur  (OÎctoo^'  ] 
lag®  de  “"P»"1*;  sur  la  gj^,’  l’alJ 

costume  or, entai,  s’apprête  à  pereer  '*  "»  rich, 

11  s^ive  uu  de  Sfis 


Fig.  4878.  —  Fuite  de  Médée. 


Mis  qui  s’est  réfugié  sur  un  autel  ;  un  serviteur  protège 
son  second  enfant;  à  droite  accourt  Jason  suivi  d’un 
doryphore,  et,  un  peu  en  re¬ 
cul.  apparaît  l’ombre  d’Aeé- 
tès,  qui  évoque  les  origines 
de  cette  tragique  histoire1. 

Deux  amphores,  provenant 
de  .\ol a  et  de  Cumes,  repré¬ 
sentent  le  meurtre  des  en¬ 
fants  Sur  une  autre  am¬ 
phore  trouvée  à  Canosa, 

Médée  s'enfuit  emportée  par 
son  char  de  dragons  et  pour¬ 
suivie  par  Jason  3  ;  enfin  une 
autre  peinture  de  vase  la 
montre  chevauchant  un  dra¬ 
gon  et  tenant  encore  son 
glaive  à  la  main  \ 

La  statuaire  et  la  peinture 
antiques  ont  été  inspirées 
par  ce  même  sujet5.  En  fait 
de  statues,  il  ne  nous  reste 
guère  aujourd’hui  qu’un 
groupe  de  Médée  et  ses  en¬ 
fants  conservé  au  Musée 
d’Arles6.  Peut-être  a-t-on 
quelque  réminiscence  d’œu¬ 
vres  célèbres  dans  les  sculp¬ 
tures  des  sarcophages  et 
dans  les  peintures  murales 
de  la  Campanie.  On  ne  con¬ 
naît  pas  moins  de  onze  sarcophages,  entiers  ou  fragmen¬ 
taires,  qui  se  trouvent  à  Rome,  à  Paris,  à  Berlin  et 

'  Millin,  Tombeaux  de  Canosse,  pl.  vii;  Arch.  Zeit.  1847,  pl.  ni;  Baiimeislcr, 
Denkm.  fig.  980:  Roscher,  Lexikon,  II,  2510,  fig.  3  ;  Rcinach,  Itépert.  des  rases,  I ,  p . 
'*»2sq.  n.  2  ;  cf.  Robert,  Bild undLied.  p.  37  sqq.;Vogel ,Sceneneurip.Tra(j.  p.  I4G 
*qq.  La  mort  de  Creuse  est  encore  représentée  sur  un  cratèrcde  Naples,  Heydeniann, 
n.  520;  Raoul-Rochette,  Choix  de  peintures,  p.  263. —  2  Raonl-Roclietle,  Op.  cit. 
P-2.,  ;  Arch.  Zeit.  1867,  pl.  ccixui  =  Reinach,  Itépert.  I,p.  402,  i.  —  3  Heydeniann, 

■  221  ;Arch.  Zeit.  Ibid,  pl-,  ccxxiv  =  Reinach,  Op.  cit.  p.  402, 2.  —  '*  Raoul- Rochette, 
Monum.  inéd.  pl.  vi,  1. —  ■>  Pour  la  statuaire,  voir  Libanius,  t.  IV, éd.  Reiske,  p.  1093 
,t  Callistr.  Orscript.  13.  Pline  cite  un  célèbre  tableau  du  peintre  Timomachos  de 
Byzance.  \  U,  126  ;  XXXV,  145  ;  Overbeck,  Schriftq.  n.  2122  sqq.  ;  cf.  Plin.  XXXVII, 
137  (tableau  d'Aristolaos).  -0  Millin,  Gai.  myth.  pl.  en,  427;  Arch.  Zeit. 
ls  .6,  pl.  vin,  2;  Reinach,  Itépert.  de  la  stat.  t.  II,  p.  507,  8.  Peut-être  faut-il  voir 
un  groupe  analogue  dans  une  œuvre  mutilée  de  Budapest  :  Arch.  Ep.  Mitlh.  XIII, 
p.  44  ,  Reinach,  Op.  cit.  Il,  812,  7.  Milchhœfcr  reconnaît  une  Médée  dans  une  statue 
de  Florence  :  A/onumenti,  III,  28,  I  ;  Duruy,  Hist.  de,  Itom.  IV,  p.  130  ;  Fricderichs 


Fig.  4879. 


ailleurs,  où  se  déroulent,  plus  ou  moins  complètement 
les  differents  épisodes  empruntés  aux  amours  de  jasone{ 

de  Creuse  et  à  la  vengeancede 
Médée7:  on  y  distingue  le  nj 

t  iage  de  Jason  et  de  Creuse, 
1  échange  des  présents  entre 
les  époux,  la  mort,  de  Creuse, 
le  meurtre  des  enfants  de 
Médée,  la  fuite  de  la  magi¬ 
cienne  sur  son  char  traîné 
par  des  serpents  (fig.  4878)®. 
Parmi  les  peintures  murales, 
une  des  plus  remarquables 
provient  de  la  maison  des 
Dioscures  à  Pompéi  :  Médée, 
la  main  sur  la  garde  de  son 
poignard,  jette  un  regard 
sur  ses  deux  enfants  qui 
jouent  aux  osselets  à  côté 
d’elle  sous  les  yeux  de  leur 
pédagogue  (4879)  Enfin 
c’est  encore  à  la  même 
tragédie  que  sont  emprun¬ 
tés  les  motifs  de  deux  terres 
cuites,  l’une  au  Musée  de 
Naples10,  l’autre  à  Berlin", 
et  d’un  certain  nombre  de 
gemmes  l2. 

A  la  légende  athénienne 
se  rapportent  les  peintures 

de  quelques  vases  :  une  coupe 

de  Kodros,  où  l’on  voit  Médée  au  milieu  de  la  famillf 
royale  d’Egée13,  un  vase  prox 


enfants  de  Médée. 


menant  de  Panticapée  qui 


Wolters,  1563;  Reinach,  Op.  cit.  H,  5Ô7,  7.  —7  Ces  reliefs  sont  aujouril  lnn 
dans  Robert,  Sarkophagreliefs ,  II,  pl.  lxii-lxv,  n.  189  sqq.;  ils  sont  '  I  | 

Seeliger,  Roscher,  Lexic.  p.  2508  sqq.;  cf.  0.  Jalin,  Arch.  Zeit.  1866,  I1,  ' 

Dillhey,  Annali ,  1809,  p.  5  sqq.  et  pl.  a-d;  L.  v.  Ulrichs,  Em  "s 
Würzbourg,  1888.  Le  relief  du  Louvre  est  aussi  publié  dans  Clarac,  -lu-  )r0duit 
nacb,  Itépert.  I,  92  et  Bail meis ter,  fig.  982;  celui  de  Würzbourg  < ^  ' l)(/ qj.  —  I 

(fig.  4878).  —  8  Robert,  Op.  cit.  II,  194  ;  Winckelmann,  Monum.  ined.  ^  ^  J 1 
»  Mus.  liorb.  V,  33  ;  Raoul-Rochelle,  Choix  de  peintures,  22  ;  MüHer- V\  k  s<  i j  •  ^  , 
imiter,  I,  419;  Hclbig,  n.  1202  ;  Roscher,  Lexikon ,  II,  251 1.  Le  ».  ^  Miiralii  J 

sente  une  scène  analogue;  cf.  encore  Ibid.  1264-1265,  et  Sogliano,  >  ^  jgjs,  1 

n.  555.  —  10  No  6087.  —  U  Kckulé,  Terracolt.  v.  Sicilien ,  p.  21  ;  cf.  Autref 

p.  355.  —  12  Annali,  1829,  tav.  I)  2  et  3;  M aller- Wieseler,  Denkm.  L  *-  i8j3; 

références  dans  Roscher,  II,  2513.  —  13  E.  Braun,  Schale  des  hodio^  ^  ^  sg.;  I 
Heydemann,  Analecta  Thesea ,  p.  30  sq.  ;  Michaelis,  Arch.  Ztd. 

Baumeister,  Denkmûler,  fig.  2149. 


MED 


1669  — 


MED 


i(1  ](.  combat  de  Thésée  contre  le  taureau  de 
rei11'1"1'  f>dée  comme  spectatrice1,  un  cratère 

1  |l  I  X  l  |  4  V  *  V  b  * 

Mara  j.,  un  vase  de  Meidias  au  Musée  Britannique3. 

d<’  raisons  suffisantes  pour  reconnaître 

il  n  Y  I 

,  0,nme  on  l’a  voulu,  sur  deux  vases  de  l’Italie 
r  •c  'alp  uni  ont  pour  sujet  la  représentation  des 

méridiona*  ] 

Enfers  *•  F-  DÜRRBAC"\ 
mediastini  [servi]  . 

«ED1CAMENTUM,  MEDICAMEN.  4>ap|i.axov.  —  Ces 
m.  s’appli<Tuent  Pas  seulement  aux  remèdes  en 
rm  ,„ne  in  médecine,  mais,  par  suite  de  l’habitude 
ue  prirent  les  médecins  de  ne  plus  préparer  eux-memes 
Tde  demander  au  commerce,  tout  fabriqués,  les  pro- 
duits  pharmaceutiques  qu’ils  fournissaient  aux  malades 
riiKDicus],  les  mêmes  noms  se  sont  étendus,  en  dehors  de 
ja  médecine,  à  toutes  sortes  de  substances,  drogues, 
mixtures,  parfums  servant  aux  soins  du  corps  et  à  la 
toilette,  à  la  teinture  et  aussi  à  la  composition  des  poi¬ 
sons,  philtres  et  breuvages  magiques  [unguenta,  tinc- 
tora,  venenum].  E.  Saglio. 

MEDICUS.  'IaTpôç,  le  médecin.  —  Le  mot  latin  a  été 
rapproché  du  titre  donné  au  magistrat  suprême  chez  les 
Samnites,  meddix  tuticus1,  équivalent,  suivant  Briau,  de 
curator publiais  [meddix]2;  ce  titre  impliquerait  l’exis¬ 
tence  d ecuratores  privât i ,  qui  auraient  été  les  médecins 
des  Samnites.  On  trouve  le  mot  clinicus  3  (xAmxôç4)  pour 
désigner  spécialement  le  médecin  qui  visite  les  malades 
alités;  la  médecine  ainsi  exercée  au  lit  des  malades 
s’appelle  clinice 6.  Le  mol  archiatrus  (apyiacrpo;  ou  àpyta- 
tfoç)  désigne  les  médecins  publics  ou  constitue  un  titre 
honorifique  [archiatrus].  Le  médecin  public  d’une  ville 
est  parfois  appelé  salariarius 6 .  —  En  grec,  on  trouve 
les  formes  larqp,  ’nrjT^p  et  les  termes  poétiques  àxÉ<mr|p, 
àxsatup,  àXOsuç  ;  des  désignations  telles  que  ot 
AcxÀT|7ttM(ït,  oî  tarpaiv  TtaïÔEç,  pour  signifier  les  médecins, 
s  expliquent  par  la  célébrité  de  la  famille  médicale  des 
Asclépiades.  Le  iaTpaXstVnr)ç,  pratiquant  la  ’uxTpaÀetTmxiq, 
est  un  médecin  masseur,  intermédiaire  entre  le  gymna- 
siarque  et  le  lorrpà;  •  ;  à  Rome,  il  est  dit  iatraleiptes 8  ou 
aliph's  (aliptay  [aliptes].  Le  taTpop.a6r1|j.axtxôç,  pratiquant 
les  taxpop.a0Y)p,aTtxà,  prétend  connaître  la  marche  des  ma¬ 
ladies  par  1  observation  des  planètes  10.  Le  îarpégavriç  est 
un  médecin  adonné  à  la  divination11.  Le  txrpoffocptdT^ç 
(iïTposocptffTixTj)  est  à  la  fois  médecin  et  sophiste  ;  c’est  un 
sophiste*  qui  fait  des  conférences  sur  des  sujets  médicaux, 
un  proiesseur  de  médecine.  Suidas  qualifie  ainsi  Gesios, 
T11  M'nit  sous  l’empereur  Zénon,  alors  qu’Estienne  de 
,  '  a,n(;c  appelle  le  même  personnage  b  Ttepiçavqç  xwv 
c-oçptffxTqç.  Le  conférencier  médical,  beau  diseur, 
‘snorant  de  toute  pratique,  est  appelé  par  dérision 


p.  m  Kolchis’  P-  11  ;  Anh-  Ze.it.  1883,  p.  163  sqq.  ;  1885, 

pl.  Lxui  a  ct'n  %•  5;  Antiq.  du  Bosphore,  éd.  Reinach, 

douteux  qu’il  f  -n  .'elnach’  ^éPert-  des  vases  peints,  1,  p.  421,  I.  Il  est  plus 
1885,  P  117  et3']  °  '0I1  dans  ,e  même  motif  sur  un  autre  vase  :  Arch.  Zeit. 

-  2  Hiibner  Jle  V“ ;.^eydemann.  Op.  oit.  p.  12;  Reinacli,  Op.  cit.  I,  p.  459,  I. 
Col.  nvjth,  'pi  \kK.  rer*Ce  in  A!ar,r‘d.  11  •  370;  Heydemann,  p.  13.  —  3  Millin, 
n8' Une  terre  .  '  ’  Gcrhard'  Akad.  Abhandl.  pl.  xiv  ;  Roscher,  II,  2503, 
notifde  lalénend’"  ir  "  Museum  reproduirait,  d'après  0.  Jahn,  un  autre 

lue  M édéc  lui  a  'tlU°  '  GM'C  détournant  Thésée  de  boire  la  coupe  empoisonnée 
Sannlmg  antik  .Ve  '  Baun,eister>  *>enkm.  p.  1794,  fig.  1818  ;  cf.  Masmer,  Die 
ircll-Zeit.  aSe“  und  Terrac°tten.  III,  934.  —  4  Infeki,  p.  510,  fig.  4952; 

°ulrclcs  monoCTnh”"1'’  Rcinach-  diépert.  I,  p.  258,  4;  455,  1.  -  Bibliographic. 
VOlr  t.  Maiij n„cr  ^ [!'eS  sPéc‘a*es  citées  plus  haut  et  les  mythologies  classiques, 
"iniCtis.  il’-*  y..  6’  de  littérature  comparée ,  Louvain,  1897. 

1.  IV  n  qsi  .  ü  ’1."’  ;  XXV,  6  ;  Tab.  Bantina  ap.  Mém.  Soc 

IVt  »,  1;  lx[  ’  n"'U9\  Ann ■  2W-  —  2  dlev.  arch.  1885,  I,  p.  390.  —  3  Mart. 

’  •  -  i  Chnicus  medicus,  Orelli,  2933.  —  4  Anth.  Pal.  II,  113. 


Xoytaxpoç.  L'iatrosophistc  qui  voyage  <‘n  enseignant 
rentre  dans  la  classe  des  7tEptooeuxat  (circula tores),  ou 
médecins  ambulants,  dont  le  nom  ne  se  rencontre  que 
dans  Ja  basse  grécilé,  mais  dont  la  profession  était  très 
ancienne;  on  désignait  aussi  pur  ce  nom  les  cliniciens, 
qui  visitaient  leurs  malades  à  domicile  au  lieu  de  les 
recevoir  chez  eux12.  Le  mot  taxpoxéyvrjç,  dans  Aristo¬ 
phane,  paraît  employé  avec  une  nuance  de  mépris13  ;  en 
revanche,  ystpoTÉyvTjÇ,  dans  un  traité  hippocratique 
désigne  un  médecin  expérimenté,  celui  qui,  de  l’aveu  de 
tous,  possède  son  art  (il  ne  s'agit  pas  d’un  chirurgien, 
car  tout  le  passage  concerne  exclusivement  la  diété¬ 
tique).  Nous  indiquerons  plus  loin  (§  VI,  IX,  XIII)  la 
terminologie  concernant  les  spécialistes,  les  femmes 
vouées  à  la  médecine  et  les  médecins  publics. 

On  ne  trouvera,  dans  le  présent  article,  ni  l’histoire 
de  la  médecine  antique  et  des  doctrines  médicales,  ni 
la  biographie  des  médecins,  ni  la  bibliographie  de  leurs 
œuvres.  Notre  recueil  a  pour  objet  l’éclaircissement  de  la 
vie  publique  et  privée  des  Grecs  et  des  Romains  ;  l’histoire 
des  sciences  ne  rentre  pas  plus  dans  son  cadre  que  celle 
des  savants.  Nous  chercherons  donc  surtout  à  rendre 
compte  de  la  situation  et  du  rôle  des  médecins  dans  les 
sociétés  antiques,  tant  dans  la  vie  civile  et  militaire  qu'à 
la  cour  des  princes,  de  la  manière  dont  ils  s'initiaient  à 
leur  art,  le  pratiquaient  et  en  tiraient  leur  subsistance. 

Il  ne  sera  question  qu'incidemment  de  la  médecine 
sacerdotale,  magique  ou  théurgique,  pour  laquelle  nous 
renvoyons  aux  articles  amuletum,  incubàtio,  magia,  ainsi 
qu’aux  noms  des  diverses  divinités,  aesculapius,  apollo, 
diana,  uygieia,  etc.,  auxquelles  on  attribuait  plus  parti¬ 
culièrement  le  pouvoir  de  guérir  les  maladies.  Toute¬ 
fois,  nous  devons  dire  quelques  mots,  dès  le  début  de 
ce  travail,  d’une  question  fort  controversée,  celle  des 
relations  de  la  médecine  sacerdotale  avec  la  médecine 
expérimentale  ou  rationnelle,  ne  fût-ce  que  pour  définir  la 
situation  des  médecins  séculiers  par  rapport  aux  prêtres 
des  dieux  guérisseurs  et,  en  particulier,  d’Esculape. 

I.  Médecine  sacerdotale  et  médecine  laïque.  —  C'est 
une  idée  fort  répandue  que  la  médecine  grecque  du 
ve  siècle  est  sortie  des  temples,  où  elle  avait  été  cultivée 
surtout  par  les  prêtres  d’Esculape,  et  qu’Hippocrate,  en 
sécularisant  l’art  de  guérir,  mérita  d  etre  appelé  le  père 
de  la  médecine.  L’étude  des  textes  historiques  et  même 
légendaires  ne  confirme  pas  cette  manière  de  voir.  Elle 
nous  montre,  au  contraire,  que  la  médecine  laïque,  née 
de  l’expérience  15  et  du  raisonnement,  est  aussi  ancienne 
que  la  médecine  théurgique,  qu’elle  se  développa  paral¬ 
lèlement  à  cette  dernière  et,  sans  échapper  àson  influence 
lui  donna,  en  somme,  plus  quelle  n'en  reçut.  Nous 


—  u  Clin,  Hist.  nat.  XXIX,  4.  — 


urem,  sou/. 


rim.  tiisc.  nat.  XXIX, 


—  8  Plin.  Ad  Traj.  X,  4;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  9476.  —  9  Juv.  III,  76;  VI  422  • 
Cels.  I,  I.  —  10  Hase,  ap.  Stepb.  Thés.  s.  v.  ;  cf.  magia,  p.  1496.  —  11  Aesch.  Suppl. 
266.  Pour  les  rapports  prétendus  entre  la  médecine  et  la  divination,  voir  Philoslr. 
Vit.  Apoll.  III,  4.  —  12  AoyiuTfu;,  verbis  tenus  medicus  (Stcph.  Thés.  s.  v.);  cf 
Galen.  XVIII  B,  258.  Adamantios,  médecin  juif  d'Alexandrie  au  iv'  siècle,  est  appelé 
par  Socrate  (Hist.  Eccl.  MI,  13)  la-ijniSv  lovw»  aooiati f,;.  Les  larfouoiia  byzantines 
sont  des  recueils  de  remèdes  populaires  ou  magiques  (Krumbacher,  Gesch.  derby: 
LU- 2>  P-  GR>,  619).  Sur  les  périodeutes,  voir  LSwenfeld,  Elxo<n.t.vTaro|f'lî  toî 
4>A<A.  EiAAoyou,  p.  338,  342.  Démocédès,  Hippocrate,  Alexandre  de  Tralles,  Paul 
d'Egineetbien  d’autres  ont  été  des  médecins  périodeutes.  —  13  Aristoph  Nub  331 
_  14  Hippocr.  éd.  Littré,  t.  I,  p.  584  :  5  xaX.ùg.v,,  i,vpb?  „)  «..«!««  ■ 

cf.  Soph.  Trachin.  1002.  -  15  Les  anciens  avaient  déjà  remarqué  que  les  animaux 
possèdent  ccrta.nes  connaissances  empiriques  de  médecine  et  ils  pensaient  que  ces 
connaissances  avaient  été  révélées  aux  hommes  par  leur  exemple  ;  cf.  Plin.  Nat.  Hist 
VIII,  97;  Galen.  I,  p.  675.  —  Caractère  empirique  attribué  à  la  médecine  babylo¬ 
nienne,  Herod.  I,  197. 


210 


MED 


—  1670  — 


MED 


apprenons  de  même  à  considérer  l’école  hippocratique 
comme  une  étape  dans  le  long  développement  de  la  mé¬ 
decine  rationnelle,  non  pas  «  comme  une  oasis  à  l’extré¬ 
mité  du  désert  ».,  et  nous  renonçons  à  faire  d’Hippocrate 
1  auteur  d  une  révolution  scientifique  dont  il  n’a  jamais 
réclamé  l’honneur*. 

lhins  les  poèmes  homériques 1  2,  il  n’est  pas  question 
île  médecine  sacerdotale.  Si  l’on  a  recours  à  des  sacri¬ 
fices  pour  fléchir  les  dieux  qui  déchaînent  les  épidémies, 
a  des  incantations  et  à  des  paroles  magiques,  la  méde¬ 
cine  et,  en  particulier,  la  chirurgie  paraissent  déjà  fort 
de\ eloppées  (chirurgia)  3 *.  Les  médecins  ne  sont  pas  des 
prêtres.  Les  «  deux  bons  médecins  »,  î-^x-qp  àyaQt »\ 
Machaon  et  Podalire,  sont  les  fils  du  prince  de  Trikka  et 
d'Ithone,  Asklépios,  lui-même  bon  médecin  (àpuïpwv 
et  élève  du  centaure  Chiron  ;  il  y  a  aussi  des 
médecins  professionnels  très  estimés  5  qui,  dans  YOdys- 
•'>a  c,  sont  comptés  parmi  les  STjgioepyoi 6.  Pteon  lui-même, 
le  médecin  des  dieux,  emploie,  pour  panser  leurs  bles¬ 
sures  ,  les  mêmes  procédés  que  les  médecins  militaires 
des  brecs  .  On  a  constaté  que  chez  les  peuples  primitifs, 
les  Hottentots  par  exemple,  l’habileté  chirurgicale  est 
souvent  très  développée,  alors  que  la  thérapeutique  des 
maladies  internes  est  dans  l’enfance 3 *  ;  de  même,  dans  la 
Grèce  homérique,  il  y  a  déjà  des  chirurgiens  habiles, 
tandis  qu  on  a  recours  à  la  théurgie  pour  conjurer  les 
épidémies  *°.  C’est  par  exception  que,  dans  Homère,  une 
blessure  est  traitée  par  une  incantation11;  partout 
ailleurs,  la  chirurgie  remplit  son  office  *2. 

.Nous  possédons  peu  d  informations  pour  l’époque  com¬ 
prise  entre  1  épopée  homérique  et  Hippocrate  ;  cependant 
Daremberg  a  pu  montrer  que  les  témoignages  épars  des 
auteurs  de  cette  période  (Pindare,  Eschyle,  Sophocle, 
Euripide)  attestent  l’existence  de  la  médecine  naturelle  à 
côté  de  la  médecine  théurgique  *3. 

L  opinion  vulgaire  que  nous  avons  rappelée  au  début 
de  ce  paragraphe  se  fonde  surtout  sur  la  confusion, 
dénoncée  par  Rosenbaum 14  et  Daremberg15 * *,  entre  les 
Asclépiades  et  les  prêtres  d’Esculape.  La  légende 
même  des  Asclépiades  n’autorise  pas  cette  confusion"5. 
Le  maître  d’Esculape,  Chiron,  est,  comme  son  nom  l’in¬ 
dique,  un  chirurgien*1;  c’est,  en  même  temps,  un  con¬ 
naisseur  des  vertus  des  simples  *8.  Esculape  pratique  la 


médecine  et  reçoit  même  des  honoraires. 


lape,  l’un  médecin,  l’autre  chirurgien  sV 

le  Péloponnèse,  à  Rhodes  et  à  L.’. 


Lesf5,s  dW 


-  .  Cos-t^Ï 

constituent  la  classe  des  Asclépiades  enfanls  >’ 
transmettait  de  père  en  fils20  ma;e  ’  asc'encese 
certaines  conditions,  être  révélée  à  de  aussG  sous 
devenaient  Asclépiades  par  adoption2*  rP8  a  ?”’  ^ 
n’etaient  pas  des  prêtres22,  bien  qu’avant  ,P‘ades 
liai  commun,  et  ne  traitaient  pas  les  malacle" 


l(Iues.  On  sait 


temples,  mais  à  domicile  ou  dans  leurs  clin,, 
que  le  grand  Hippocrate  était  un  Ascléobtln  a  r 
avait  alors  d'autres  écoles  médicales  A  Bhodesn  “V' 5 * * * * * 
tone  ,  a  Cyrène25  et  à  Cnide2*5.  Enfin  dan*  lV  n  ^ 
aux  cours  des  princes,  on  rencontre,  avant  Hin.Tr  T?1 
des  médecins  publics  ou  pensionnés  qui  n’étaient'  !  ' 
des  prêtres  d’Esculape,  mais  des  laïques  initiés  à  I..J  “ 
par  des  médecins  laïques  comme  eux. 

Une  tradition  suspecte  veut  qu’Hippocrate  ait  dû  J 
savoir  aux  steles  et  aux  ex-voto  déposés  par  des  malades 
guéris  dans  le  temple  d’Esculape  à  Cos,  avec  l’indication 
de  la  nature  de  leur  mal  et  du  traitement  qui  en  avait  eu 
raison27  ;  on  ajoutait  qu’Hippocrate,  pour  dissimuler  son 
larcin,  avait  mis  le  feu  au  temple  de  Cos28.  Cette  histoire 
absurde  a  sans  doute  été  inventée  par  les  prêtres  d’Escu¬ 
lape,  jaloux  des  Asclépiades  et  désireux  de  faire  passer 
leur  maître  pour  un  plagiaire.  Depuis  que  nous  connais¬ 
sons,  par  les  fouilles  d’Épidaure,  les  récits  des  cures  mira¬ 
culeuses  faits  par  des  malades  guéris  [incubatio],  nous  ne 
pouvons  plus  prendre  au  sérieux  la  légende  qui  attribue 
à  ces  relations  puériles  une  influence  quelconque  sur  la 
constitution  de  la  science  médicale. 

Enfin,  la  vaste  collection  des  écrits  hippocratiques  est 
là  pour  attester  l’ancienneté  de  la  médecine  laïque  en 
Grèce.  Nulle  part,  comme  le  remarquait  Daremberg,  les 
auteurs  de  cette  collection  ne  se  donnent  comme  les  pre¬ 
miers  qui  aient  défriché  le  champ  de  la  médecine; 
presque  tous  parlent  d’une  médecine  bien  antérieure  et 
quelques-uns  renvoient  à  des  livres  aujourd’hui  per¬ 
dus29.  «  HippocraLe  est  né  dans  un  pays  et  à  un  moment 
où  la  médecine  intervient  dans  presque  toutes  les  cir¬ 
constances  importantes  de  la  vie  publique  et  privée,  où 
elle  sert  de  terme  de  comparaison  pour  toutes  sortes  de 
préceptes  moraux  et  de  doctrines  politiques....  11  est  temps 


1  Daremberg,  Rev.  arch.  1808,  H,  p.  353.  —  2  Daremberg,  La  médecine 

dans  Homère,  Paris,  1805;  H.  Dunbar,  The  medicine  and  surycry  of  fl  orner, 

Uaus  fin/.  Med.  Journ.  Londres,  10  janv.  1880.  —  3  Extraction  des -pointes 

de  flèche  cl  de  lance.  11.  IV,  214;  V,  112;  XI,  829;  blessures  lavées  à  l’eau 

chaude,  U.  XI.  846;  blessures  bandagées,  11.  XIII.  599  ;  Od.  XIX,  457;  sang  de  la 

plaie  sucé,  H.  1\  ,  218  ;  xasà-Kotrzoï  de  simples  écrasés  ou  pilés,  11.  IV,  217  ;  XI,  830  ; 
racine  amère  appliquée  sur  une  blessure,  11.  XI,  840;  onctions,  H.  IV,  217  et  le 
commentaire  d’Eustathe;  cf.  Sprengcl,  Gcsch.  der  Med.  éd.  Rosenbaum,  p.  155. 

7  4  Hom’  "■  ‘h  73*-  -  5  Hom.  II.  XI,  514  :  ’I^î  T4?  4vi,f  „Uïv 

«U.wy;  ibul.  XVI,  28  :  îyjtçoï  — O/.  U  P  U.  7. ■/ L  ;  cf.  ibid.  XIII,  213.  —  6  Hom;  Od. 

XVII,  384  :  ir,[ito£fvol  IW.v  |  Màvriv  t,  i^Trjja  xax,r,v  vj  téxtovgc  SoéPo,v.  —  7  Hom.  II. 

G  401,  899.  —  S  Daremberg,  Hist.  des  sciences  médicales ,  1. 1,  p.  80.  —  9  Sprengel- 

Hosenbaum,  p.  29  ;  Plattner,  I)e  chirurgia  artis  medicae  parente ,  Leipzig, 

1 721.  lu  Hom.  II.  I,  314,  457.  Hérodote  (II,  117)  est  le  plus  ancien  écrivain  connu 

qui  ail  attribué  à  une  épidémie  une  cause  naturelle;  cf.  Rev.  arch.  1869,  I,  p.  200. 

Iloin.  Od.  XIX,  457  :  cttaoiSï,  S’alaa  xifaivov  J  "Eiryi 8ov.  Il  faut  peut-être 

entendre  de  même  les  Xi.o,  par  lesquels  Patrocle  soulage  Eurypyle  blessé,  11.  XV, 

29!.  Dans  les  Tracliiniennes  (v.  1002),  Hercule  souffrant  fait  appel  à  un  enchan- 

teui ,  iotSo;,  ou  à  un  médecin,  ytijotî/v»;?.  Sur  les  incantations,  voir  l’art,  magia, 

II.  1 498.  -  12  Dans  son  mémoire  La  médecine  dans  Homère  (1805),  Daremberg  a 

du  SS.  un  lexique  des  termes  anatomiques  qui  ne  comprend  pas  moins  de  150  mots, 

.a  nomenclature  des  os  est  presque  aussi  indécise  dans  Hippocrate  que  dans  Homère, 

cl  p  us  d  une  partie  importante  du  corps  n'y  est  pas  mieux  décrite.  —  13  Daremberg, 

Ihst  des  sciences  médicales,  t.  I,  p.  80.  -14  Sprengel-Rosenbaum,  p.  189. 

arembeig,  Op.  cit.  t.  I,  p.  81.  —  16  Pour  la  généalogie  des  Asclépiades,  voir 

Th  ramer  ap.  Pauly-Wissowa,  Rcal-Encycl.  t.  II,  p.  1684;  Paton-Hicks,  Cos , 


p.  34S  ;  Herzog,  Koische  Forschungcn ,  p.  200.  —  *7  Pind.  Pyth.  III,  /!l»  ^cw-  ^*1 
55.  —  Une  piaule  médicinale,  le  ckironium,  a  gardé  son  nom.  Chiron  op1’11'  ’1II?SI  I 
par  incantation,  Pind.  Pyth.  IV,  84.  —  19  paus.  II,  H,  23,  38;  K,  30;  Arislui- 
Orat.  p.  77,  78.  Arclinos,  dans  son  Éthiopide,  fit  de  Machaon  un  cliinn "■  '*cl 
Podalire  un  médecin;  cf.  Welckcr,  KL  Schriften ,  t.  III,  p.  47.  —  '  I*'1  ■'  ' 

p.  4G4,  599;  Galen.  Adm.  anat.  II,  p.  128  K;  Arislid.  Orat.  p.  80.  —  J  ®l 
serment  hippocratique,  au  t.  IV  de  Y  Hippocrate  de  Littré.  De  là,  1  emploi  'h>^  I 
Asclépiade  pour  désigner  «  celui  qui  pratique  l’art  d’ Asklépios  »,  Gai*  _  I 

med.  I,  1  (t.  X,  p.  0);  cf.  Rev.  arch.  1869,  I,  p.  211.  Le  médecin 
M.  Arlorius  Asclépiades,  élève  d’Asclcpiadcs  de  Prusa,  peut*  élus  111  (  .on  : 
exemple  de  l’usurpation  du  cognomen  d’Asclcpiadcs,  pour  indique î  Li  |  ^ 

médicale.  —  22  Cf.  Plat.  Phaed.  p.  270;  Protag.  p.  311.  Platon  et  Y.\l\  1  • 
exclusivement  de  descendants  d’Esculapc,  et  non  de  prêtres  du  dû  “ 
Théopompe,  ap.  Pliot.  Bibl.  176;  cf.  Daremberg,  Rev.  arch ■  1  MJt>J 

—  23  Galen.  t.  X,  p.  6  K.  —  2;  A  cette  école  appartenait  le  célèbre 

(Hcrod.  III,  129-134)  qui,  d’après  Suidas,  était  fils  d  un  prèlie  <11  ■■i|K*0gnisf 

Asclépiade?)  de  Cnide.  —  25  Herod.  III,  131.  II  y  en  avait  ailleurs  cm  ^  p,.,'.. 
432).  Le  médaillon  du  médecin  Aineias  à  Athènes  (imago,  fi.?-  3  11 ' lf  rl,  uber  àH’ 
sencc  d’Asclépiades  dans  cette  ville  vers  520.  —  26  Conradi,  Denu.it  ^  ^  jg56. 

medizinische  Grundsaetzc  der  koischen  und  knidischèn  Scinde,  ,0^  ^  uitrè» 
Hippocrate  reprochait  aux  Cnidiens  le  petit  nombre  de  leurs  i<""  ^  médecin 

t.  II,  p.  227).  C’est  de  l’école  de  Cnide  qu’est  sorti  le  célèbre  *IIS,° 

Clésias.  —27  Strab.XIV,  622;  Plin.  Nat.  Hist. XX IX,  2;  Jam,,llC '  v'(|ans  la  Vic 

—  28  Pün.  L.  c.  d’après  Varron.  Suivant  une  variante  c0lbCIV  fraic  aurait 

d'Hippocrate  do  Soranos  (Herzog,  Koische  Forsch.  p.  I  ^  ^  j  p.  sî>. 

bridé  la  bibliothèque  de  Cnide  !  —  29  Daremberg,  Hist.  des  *c. 


le  môme 
262.  | 
édès 

«n 


MED 


—  1071 


mslice 


je  la  phrase  stéréotypée  :  Hippocrate, 


et  d’en  débarrasser  l'histoire  1 


de  fa|r0  , ,  . 

,  (je  la  médecine , 
r  |||(.M)I,ie  qui  veut  que  les  philosophes,  en  parti- 

l;1'  tic  l’Ionie  et  de  la  Grande-Grèce,  aient 

^iriUié  puissamment  aux  premiers  progrès  de  la 
C0"|rii"'2,  ne  paraît  pas  reposer  davantage  sur  des 
;iient;  solides,  bien  qu’elle  ait  été  admise,  semble- 

j'i  'nr  un  aussi  excellent  esprit  que  Celse3.  Si  les 
^Hiphes  ont  fait  avancer  la  médecine,  c’est  en  pre- 
r  n|  conseil  de  ceux  qui  la  pratiquaient4;  ils  ont  pu 
niéiiecins  en  même  temps  que  philosophes,  mais 
Lin  par  l’effet  des  spéculations  physiques  ou  physiolo¬ 
gues  auxquelles  ils  se  livraient,  ni  des  jongleries 
que  des  traditions  d’ailleurs  peu  certaines  attribuent  à 
plusieurs  d’entre  eux3. 

r  On  a  cherché,  de  notre  temps,  à  réhabiliter  la  médecine 
sacerdotale  des  Grecs  et  à  montrer  quelle  s’inspirait  sou¬ 
vent  de  principes  rationnels6,  tels  que  1’inlluence  salu¬ 
taire  de  l’air  pur,  des  bains,  de  la  gymnastique,  des 
jeûnes  précédant  le  traitement  médical1,  etc.  Il  est 
certain,  en  effet,  que  l’inscription  découverte  à  Épi- 
daure,  où  Àpellas  relate  sa  guérison,  donne  les  détails 
d’un  traitement  diététique  et  psychique  où  le  charlata¬ 
nisme  théurgique  a  peu  de  part8,  et  que  nombre  d’autres 
témoignages  du  même  genre  nous  ont  été  conservés  par 
1rs  auteurs,  sans  en  excepter  le  névropathe  Aristide.  Mais 
ce  qu’il  y  a  de  raisonnable  dans  la  médecine  sacerdotale 
est  précisémentce  qu’elle  a  emprunté  à  la  médecine  sécu¬ 
lière9  ;  le  seul  élément  utile  qu’elle  y  aitajouté  est  ce  que 
nous  appelons  aujourd’hui  la  suggestion ,  méthode  cura¬ 
tive  commune  à  tous  les  charlatanismes,  même  à  ceux 
des  sauvages  les  plus  incultes,  et  qui  ne  peut  être  consi¬ 
dérée  comme  scientifique  dans  son  principe,  bien  qu’elle 
tende  à  le  devenir  de  nos  jours. 

En  somme,  l'histoire  de  la  médecine  grecque  atteste, 
depuis  la  plus  haute  antiquité,  la  puissance  bienfaisante 
du  rationalisme,  et  si,  depuis  l’époque  alexandrine,  elle 
s  est  de  plus  en  plus  altérée  par  un  mélange  de  moyens 
magiques  et  théurgiques,  cela  tient  précisément  aux 
atteintes  profondes  que  reçut  le  génie  hellénique  du  fait 
de  sa  diffusion  dans  des  pays  et  chez  des  peuples  où  le 
utionalisme  scientifique  n’existait  pas.  Il  faut  également 


—  MED 

tenir  compte,  depuis  le  ivc  siècle,  de  l’influence  du 
mystique  chrétien  ,0. 

II.  État  civil  et  nationalité  des  médecins.  —  On  peut 
dire,  d’une  manière  générale,  que  les  médecins  grecs 
étaient  pour  la  plupart  des  hommes  libres,  exerçant  sou¬ 
vent  en  pays  étranger  ou  dans  des  cités  autres  que  la 
leur  ;  mais  que  les  médecins  romains,  sous  la  République 
et  le  Haut-Empire,  étaient  d’ordinaire  des  affranchis  ou 
des  esclaves,  de  nationalité  ou  d’origine  hellénique  “. 

A  Athènes,  l’exercice  de  la  médecine  parait  avoir  été, 
en  principe,  interdit  aux  esclaves12.  Cependantles  méde¬ 
cins  libres  avaient  des  esclaves,  qualifiés  eux-mêmes  de 
médecins,  qui  leur  servaient  d’auxiliaires  et  qui  don¬ 
naient  leurs  soins  à  d’autres  esclaves13  ;  des  esclaves 
publics  paraissent  avoir  été  chargés  des  mêmes  fonctions 
dans  l’officine  entretenue  par  la  cité.  D’autre  part,  il  y 
avait  des  esclaves  privés,  possédant  des  connaissances 
spéciales,  qui  étaient  les  médecins  de  leurs  maîtres; 
Diogène  esclave  disait  à  son  maître  Xéniadès  :  «  Si 
j’étais  médecin,  tu  serais  bien  obligé,  bien  que  mon 
maître,  de  m’obéir  u.  »  Un  esclave  du  philosophe  Chry- 
sippe,  Aristogène  de  Cnide,  servit  de  médecin  à  Anti¬ 
gone  Gonatas15.  Une  curieuse  inscription  de  Delphes  fait 
connaître  le  cas  d’un  esclave,  affranchi  sous  forme  de  vente 
à  la  divinité,  qui  s’oblige  à  collaborer  encore  pendant 
cinq  ans  avec  son  maître  dans  l’exercice  de  la  profession 
médicale,  en  recevant  de  lui  le  vêtement  et  le  vivre16. 

En  dehors  des  médecins  ambulants,  qui  voyageaient 
avec  leurs  auxiliaires  de  ville  en  ville,  il  y  avait,  en 
Grèce,  beaucoup  de  médecins  établis  ailleurs  que  dans 
leur  cité  d’origine  :  tels  furent  l’Acarnanien  Événor  à 
Athènes17,  le  Mégalopolitain  Melankomès  à  Delphes18, 
Onasilos  de  Kition  à  Idalion19,  le  Syrien  Artémidore  à 
Andros  20 .  On  semble  avoir  pensé  que  le  médecin,  comme 
le  devin,  a  plus  de  prestige  ailleurs  que  dans  son  pays  ; 
telle  est,  du  reste,  la  substance  d’un  logion  attribué  à 
Jésus-Christ  qui  a  récemment  été  découvert  en  Égypte21. 

Alors  que  les  Grecs  allaient  souvent  exercer  dans  les 
contrées  voisines,  on  trouve,  en  Grèce,  peu  de  médecins 
venus  du  dehors  ;  toutefois,  dans  une  lettre  supposée 
d’Anacharsis,  il  est  question  de  médecins  égyptiens 
accueillis  avec  bienveillance  à  Athènes22 .  La  renommée  des 


in  mliorg,  Rm.  arc  h.  1869,  I,  p.  72,  2GG.  —  2  Cf.  Sprengel-Rosenbaum,  p.  2  : 
p  iil"„ophio  est  la  mère  de  la  médecine...  Les  médecins  ont  généralement 
'J  1 11  1'  ms  théories  aux  philosophes  ».  Sprengel  a  soutenu  à  tort  (Ibid.  p.  252] 
J)  .  *  4  théoriciens  avaient,  les  premiers,  sécularisé  la  médecine.  —  3  Cels. 
,  '  111,0  m'-dendi  scientia  sapientiae  pars  habebatur,  ut  et  morbonm 

t  naturalium  contemplatio  sub  iisdem  auctoribus  nata  sit. 

Scrj  i  '  'c  "H  lll:c‘n  so‘t  aussi  philosophe,  mais  non  réciproquement  (Galen, 
Oiod  si.  ù,  1-8).  —  4  Pythagore  soigue  son  maître  Phérécyde 

■.  p.  ij  ,"'  fæC^rpt  P’  554 1  Jamblich.  Vit.  Pyth.  252.  —  5  Rev.  arch.  18G9 
lcs  p|us  aiemberg,  Hist.  des  sc.  méd.  1,  p.  83  :  •  C’est  un  des  auteurs 
“  P  faut  il  ”''  'a  co^eclIoa  hippocratique,  un  déclamatcur,  qui  a  écrit 
"  la  médeeii  "  '  °llci  'a  '"édecine  dans  la  philosophie  et  la  philosophie  dans 
Pas  prendre  1,.  ^  n"'l*ec‘n  philosophe  est  égal  aux  dieux  ».  Encore  ne  faut-i 
de  la  philos,,  il, C  iail°e  SUr  CC  lexl0  de  la  Bienséance  (§  5),  car  il  s'agit  surtou 

—  ®  11  ,  '  | moiale  °i  des  qualités  communes  au  médecin  et  au  philosophe,  s 

les  inlerdicti  *  piall'lucs  des  idées  superstitieuses  (comme  la  circoncision 
Del ;  mais  il  11(!  mi0ula‘res)  'l11',  avec  le  temps,  prennent  un  caractère  ration 
primitif,  7  ,,’lUl  Ilas  ouhüer,  comme  on  l’a  fait,  que  ce  caractère  n’est  pa 
Plat.  Q.  Rom  nj,1™”1'.0’  ^ev'  a,ch-  1885,  11,  p.  285  sq.  Voir,  en  particulier 
Arislid.  0r„i  '  ’  Pl,il°slr.  Vit.  Apoll.  I,  8-10  ;  Strab.  XIV,  5S0  ;  Paus.  V,  34 

ùyl/os,  tsgj  !  1  '  S  Ùclnach,  Chron.  d' Orient,  t.  1,  p.  96;  Wilamowitz 

—  9  Une  insérât  0’  Puschmana>  Juhresb.  d'Iw.  Muller,  1890,  t.  III,  p.  285 

®Mecin  qui  CS|  ^i'die  (Bull,  de  corr.  hell.  1894,  p.  160)  mentionne  ui 

^  •  p  S(!mj  I  hsculape  pour  la  seconde  fois  (taxfb;  xat  ïepeùs  toS  ’AaxXr.xto 

Pleia.  _  io  qj.  ,  '0  onc  (lue  la  médecine  séculière  avait  pénétré  dans  les  Asclé 
l1,  1501,  i  ipQ  |  cx™iplc  Plut.  De  fade  in  orbe  lunae,  p .  920  B  et  l’article  magià 

médecine  astrologique,  venue  d’Égypte  à  Rome,  était  admis 


même  par  Galien  (IX,  910-913).  La  révélation  du  traitement  des  maladies  par  les 
songes  (incubatio)  fut  en  honneur,  depuis  le  11e  siècle,  daus  les  écoles  de  Pcrgamc  et 
d’Alexandrie  (Artemid.  Oneirocr.  IV,  22;  Orig.  C.  Cels.  III,  24;  Arislid.  Orat.  I, 
78).  Galien  vante  la  docilité  des  malades  pour  les  remèdes  prescrits  en  songe  par 
les  dieux  (Galen.  XVII,  B,  135)  et  dit  avoir  été  guéri  lui-même  d'un  ulcère  par 
Esculape  (XIX,  19).  Le  premier  médecin  byzantin  qui  fasse  une  grande  place  à  la 
magie  proprement  dite  est  Aetius,  vers  530  (Puschmann,  Handbuch,  p.  533).  Sur 
les  survivances  de  la  médecine  sacerdotale,  voir  A.  Marignan,  La  médecine  dans 
l'église  au  vi°  siècle,  Paris,  1887  ;  sur  la  médecine  dans  le  christianisme  primitif, 
A.  Harnack,  Medizinisches  aus  der  ültesten  Kirchengeschichte,  Leipzig,  1892. 
Les  saints  4vd cpyujoi,  Cosmas  et  Damien,  martyrs  sous  Dioclétieu,  auxquels  Justinien 
éleva  une  église  à  Constantinople  (Procop.  De  aedif.  I,  6),  avaient  exercé  gratuite¬ 
ment  la  médecine  eu  Cilicie,  guérissant,  non  par  des  remèdes,  mais  par  des  prières. 
Ils  prirent,  dans  les  légendes  chrétiennes,  la  place  d'EscuIapc.  —  H  J.  Jacquov,  De 
la  condition  juridique  des  médecins  privés  et  des  médecins  officiels  à  Rome,  Paris, 
1877  ;  Revillout,  De  la  profession  médicale  dans  l’Empire  romain,  in  Gazette  des 
Hôpitaux,  1866,  p.  285  sq.  U  y  a  une  littérature  considérable,  remontant  au 
xvill*  siècle,  sur  la  condition  des  médecins  romains;  on  la  trouvera  indiquée  par 
Spreugel-Rosenbaum,  p.  221.  —  12  Hygin.  Fab.  274.  —  13  Plat.  Leg.  IV,  720.  Il  ne 

dit  pas  que  ce  soit  un  usage  sans  exceptions.  —  H  Diog.  Laert.  VI,  2,  30. _ 15  Suid. 

s.  v.  Aristogenes.  —  16  Wescher  et  Foucart,  Jnscr.  de  Delphes ,  n*  234;  Wallon, 
Hist.  de  l'esclavage,  t.  I,  p.  186,  342.  —  n  Corp.  inscr.  att.  11,  186,  18/1 
—  16  Wescher  et  Foucart,  Inscr.  de  Delphes,  u»  462.  —  19  Curtius,  Studien,  VII, 
240.  26  Athen.  Mitth.  I,  238.  21  Aéyu  •  oGx  sVriv  Snetti;  1*  v*i 

icatptSt  aGto'3  (cf.  Luc.  Evany .  IV,  24),  o0 ül  Iatç5;  itotiT  Otçocmlaç  t !ç  voùç  ytvwuxovTa; 
alxov  (Preusschen,  Antilegomena,  p.  43),  —  22  Epist.  graeci,  éd.  Hercher,  p.  102, 
10. 


MED 


—  1 G72  — 


médecins  égyptiens  en  Grèce  remonte  au  delà  de  l’époque 
homérique  1  ;  on  a  cependant  exagéré  leur  influence  sur 
les  débuts  de  la  médecine  scientifique  en  Grèce. 

Pline  l’Ancien  prétend  que  Rome  a  vécu,  pendant  six 
siècles,  sans  médecins,  sinon  sans  médecine2.  Cela 
signifie  quelle  ne  possédait  pas  de  médecins  formés  dans 
les  ecoles  grecques  ;  mais  elle  ne  pouvait  se  passer  ni  d’em¬ 
piriques3,  ni  de  sages-femmes,  ni  de  chirurgiens  mili¬ 
taires,  dont  la  condition  nous  est  d’ailleurs  inconnue4. 
D'autre  part,  les  riches  durent  avoir  de  bonne  heure  des 
esclaves  médecins  d’origine  grecque3.  En  217  av.  J.-C. 
arriva  à  Rome  un  médecin  grec,  le  péloponnésien  Archa- 
gathos,  lils  de  Lysanias 6  ;  le  Sénat  lui  accorda  le  droit  de 
cité  et  lui  acheta,  des  deniers  publics,  une  officine  sur  le 
carrefour  acilien.  Sa  spécialité  le  fit  qualifier  de  vulne- 
rarius  (médecin  des  plaies)7.  Au  début,  son  succès  fut 
grand,  mais  sa  hardiesse  à  couper  et  à  brûler  souleva 
bientôt  une  vive  opposition,  au  point  qu’on  le  traita  de 
bourreau  et  qu  il  dut  quitter  la  Aille.  Archagathos,  en  sa 
qualité  de  Grec,  était  probablement  un  protégé  de  Scipion 
et,  à  ce  titre,  fort  mal  Amnu  des  vieux  Romains,  dont 
Caton  était  le  porte-parole.  Ce  dernier,  qui  pratiquait  la 
médecine  dans  sa  famille  à  l’aide  d’un  vieux  livre  de 
recettes,  rempli  de  formules  absurdes  et  d’incantations, 
haïssait  d’autant  plus  les  médecins  grecs  qu’il  les  soup¬ 
çonnait  de  ne  pas  vouloir  donner  leurs  soins  à  des  bar¬ 
bares,  comme  on  le  racontait  d’Hippocrate,  et  d’avoir 
conjuré  de  les  faire  périr  ».  Il  interdisait  formellement 
à  son  fils  de  recourir  à  leurs  conseils.  Malgré  ces  résis¬ 
tances,  l’afflux  des  médecins  grecs  s’accrut  avec  les  pro¬ 
grès  de  l’hellénisme  en  Italie9  et,  du  temps  de  Pline,  il 
y  en  avait  un  grand  nombre.  Mais  cet  écrivain  nous  dit 
expressément  que  la  médecine  est  le  seul  art  dont  la 
gravité  romaine  se  soit  détournée,  quelque  lucratif  qu’il 
soit,  peu  de  Romains  (c’est-à-dire  de  citoyens  romains  de 
naissance)  s’en  sont  mêlés  et  ceux-là  même  se  sont  faits 
Grecs  aussitôt.  «  Bien  plus,  ajoute-t-il,  il  n’y  a  d’auto¬ 
rité,  même  chez  les  ignorants  et  ceux  qui  ne  savent  pas 
le  grec,  que  pour  les  médecins  qui  écrivent  dans  cette 
langue;  et  Ion  a  moins  de  confiance  pour  ce  qui  con¬ 
cerne  la  santé,  si  l’on  comprend.  » 

Le  fait  qu’un  médecin  exerçant  en  Italie  porte  un  nom 
romain  ne  prouve  nullement  son  origine  romaine,  car  il 
pouvait  être  un  esclave  grec  affranchi  qui  avait  pris  le 
nom  de  son  maître,  ou  un  Grec  libre  qui  avait  adopté  un 

l  Hom.  Od.  IV,  229.  Dans  le  papyrus  Ebers,  manuel  de  thérapeutique 
compilé  vers  1500  av.  J.-C.,  d'après  des  sources  plus  anciennes,  il  est  question  de 
fèves  de  Kefto  ( Kefto  paraît  désigner  la  Crète  mycénienne)  ;  on  peut  donc  supposer 
que  les  influences  réciproques  de  la  Grèce  et  de  l'Égypte  remontent  au  deuxième  mil¬ 
lenium  av.  J  -C.  Cf.  Puschmann,  Handbuch  der  Gesch.  der  Med.  I,  91. _  2  p|jn. 

-Aat.  Hist.  XXIX,  11.  —  3  Cf.  Sen.  Epist.  95  :  Mcdicina  quondam  paucarum  fui' 
scientia  herbarum  quibus  sisteretur  sanguis,  ruinera  coirent.  —  4  Briau,  Rev. 
arch.  1885,  II,  p.  202.  Ce  qu’on  a  écrit  touchant  la  médecine  étrusque  à  Rome  ne 
repose  sur  aucun  fondement,  car  on  ne  peut  sérieusement  invoquer  à  cet  égard  la 
légende  de  Circé  (cf.  O.  Muller,  Die  Etrusker,  l.  II,  p.  343).  Les  textes  mentionnant 
des  médecins  à  Rome  axant  l’arrivée  des  médecins  grecs  (par  exemple  Val.  Max. 

Il,  4;  Dion.  Hal.  1,79;  X,  53  ;  Sil.  liai.  VI,  90)  n'ont  pas  la  valeur  qu’on  leur  a  parfois 
attribuée.  Toutefois,  la  lex  Aquilia  qui,  au  m»  siècle  av.  J.-C.  ouvrit  une  action 
contrôle  médecin  qui  aurait  mal  opéré  un  esclave,  attestp  Texistencede  la  médecine 
a  Rome  des  cette  époque,  à  moins  qu’il  ne  s'agisse  d'une  extension  postérieure  du 
principe  édicté,  par  celle  loi  (tr.x,  p.  1 130).  -  5  Briau  {Assist.  médic.  chez  les  Romains , 
p.  8)  a  conjecturé  avec  vraisemblance  que  l’exercice  de  l’art  à  Rome  avait  débuté 
par  la  médecine  domestique.  —  0  Cass.  Domina  ap.  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  12. 

—  ■  lin  emplastrum  lene  Archagathi  est  mentionné  par  Celse,  V,  19,  27.  —  8  p|„t. 
Cat.  cens.  22,  23;  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  78;  XX,  14;  Cat.  Re  Rust.  156,  100. 
Voir  la  prétendue  lettre  d’Hippocrate  à  Hyslanès,  refusant  d’aller  soigner  des  Bar¬ 
bares,  éd.  Littré,  t.  IX,  p.  317.  —  9  Asclépiadc  de  Bithynie,  qui  s'établit  à  Rome 
du  temps  de  Pompée,  acquit  une  réputation  extraordinaire  et  fut  l’ami  de  tous  les 
hommes  célèbres  de  son  temps  (Plin.  Nat.  Hist.  VII,  37;  XXVI,  7-9;  Cic.  De  oral. 


MED 

nom  romain  en  recevant  le  droit  de  cité  t 
reconnaît  lui-même  qu'il  y  eut  quelques  ”"l."ois’  WiJ 
ment  romains  ;  mais  le  nombre  ne  d,,l  L  "‘"s 
siderabie,  du  moins  jusqu’à  la  fin  du  î",êlre 
La  majorité  des  médecins  à  Home  sn„  i  ,, 
iurenl,  semble-t-il,  des  esclaves  grecs  ou  des XT' 
Au  moment  d  une  famine,  nous  appreno“ 
guste  expulsa  de  Rome  tous  les  étrangers 
nombre  d’esclaves,  A  f  exception  </«  „,„•*  "  « 

precemu-s  ;  c’est  donc  qu’il  y  avait  beaucoup  J 
parmi  les  médecins.  Il  y  en  avait  c,  ,  püesclaves 
familles  (servi  medici,  domesliciet  famdl~,nT 
■nais  la  dépendance  où  ils  se  trouvaient  dé™  nS'T' 
vent  chez  eux  toute  initiative  et  les  poussait  à  (lai  t 
désirs  de  leurs  maîtres  plutôt  qu’à  combattre  leurs  „ 
ies  .  En  49  av.  J.-C„  L.  Domitius  Ahenobarbus  a,* 
pour  médecin  un  esclave".  Les  esclaves  attachée™ 

grandes  maisons,  en  particulier  à  la  maison 
sont  souvent  mentionnés  dans  les  textes  épigraphiques' 
par  exemple  dans  les  épitaphes  du  Columbarium  de  JL 
qui  nomment  un  médecin  et  un  chirurgien.  Los  esclaves 
médecins  de  la  familia  avaient  pour  chefs  des  affranchis 
dits  superpositus  medicorum  ou  supra  medicos Il  v 
avait  aussi  parmi  les  médecins  des  esclaves  publies 
auxquels  était  probablement  confié  le  soin  des  autres 
esclaves  de  1  État"1.  Dans  les  exploitations  agricoles  con¬ 
sidérables,  on  entretenait  des  esclaves  médecins  à  de¬ 
meure  ;  mais  les  petits  propriétaires  préféraient,  du 
temps  de  Varron,  en  louer  à  l’année  de  leurs  voisins1'. 

Les  affranchis  médecins  ( liberti  medici ),  comme  les 
esclaves,  étaient  souvent  attachés  à  des  personnages  de 
marque.  Caton  d’Utique  avait  pour  médecin  un  affran¬ 
chi  18  ;  Antonius  Musa,  le  médecin  d’Auguste,  était  égale¬ 
ment  un  affranchi19.  A  Sidyma  en  Lycie,  on  lit  sur  un 
portique  une  dédicace  de  Tibère  Claude  Epagathos,  méde¬ 
cin,  affranchi  de  l’empereur20.  Une  inscription  de  Magné¬ 
sie 21  a  conservé  le  souvenir  de  Tvrannos,  originaire  de 
cette  ville,  qui  a\rait  été  esclave  de  la  famille  impériale, 
attaché  au  service  médical  du  palais,  puis  affranchi  par 
Claude,  dont  il  avait  pris  les  noms.  Il  était  probablement 
resté  au  serxûce  de  Néron,  car  l’inscription  parle  des  té¬ 
moignages  que  les  empereurs  lui  accordèrent  pour  sa 
science  médicale  et  pour  son  caractère.  Revenu  dans  sa 
patrie,  il  y  jouit  d’une  haute  considération;  la  ville  de 
Magnésie  décida  qu’il  seraitreçu  et  traitéen  hôte  public -.1 

I,  14;  Apul.  Flor.  19).  —  to  Vetlius  Valeus,  médecin  et  amant  de  Mcssnliiic  (Min.* 
Nat.  Hist.  XXIX,  8, 20),  paraît  avoir  été  un  vrai  Romain  ;  de  même  Scribonins  Lai z 
médecin  de  Claude.  Pline  (XXIX,  7)  connaît  des  médecins  appartenant  air.  famille® 
des  Cassii,  Calpetani,  Arruntii,  Rubrii.  Un  médecin  Cassius  est  cil.'  i1"  1 
Galien  nomme  Valerius  Paulinus,  Flavius  Clemens,  Pompeius  Sabinus  (Oab  '■  -  ’ 

1027).  Les  inscriptions  fournissent  quelques  exemples  de  médecins  ingc’i 
inscr.  lat.  IX,  1715;  Orelli,  7246).  Un  chevalier  romain  est  archi&tre  de 
( Corp .  ins-r.  Int.  IX,  1055).  Quant  à  Aldus  Cornélius  Celsus  (Celse),  il  "’’l"9^  I 
blement  jamais  exercé  la  médecine  ;  il  écrivit  sur  ce  sujet,  comme  sur  1'"  11  '  ^  ^ 

avec  une  information  exacte  et  de  la  facilité  (Laboulbène,  <h'u:  )’  1 

—  U  Orosc,  VII,  3.  —  12  Sen.  De  benef.  III,  24;  Suet.  Calig.  S ;  2Ve>’.  2  :  ^  »' _ • 

inscr.  lat.  II,  3118  ;  V,  869  ;  VI,  4350,  etc.  ;  cf.  Wallon,  Hist.  de  l'esclac-  I  ■  F  ^ 
Jacquey,  De  la  condition  des  médecins,  p.  15.  —  13  Sen.  De  const.  ^  ^ 

fere  domestici  et  familiares  medici,  aegris  corporibus  non  qua oji  I 

celerrimum  est  medentur ,  sed  qua  licet  ;  cf.  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  -  ■  {  1 

Ner.  2.  —  13  Wallon,  Hist.  de  l’esclav.  t.  Il,  p.  145.  16  I’:  1:1  J 

médicale  chez  les  Romains,  p.  46  ;  Marquardt,  Privatleben  dm  /'1'  I 

Superpositus  medicorum  e  ratione  patrimonii,  C.  1.  L.  VI,  85m.  ^  I 

Anguslianae,  Palatinac,  C.  1.  L.  VI,  8C47,  8656.  Dans  le  Code. In-11  ^  4:1,3).  I 

des  esclaves  médecins  atteint  60  pièces  d’or  (C'od.  Just.  VIL  ,  ’  '  jjj  5(1;  I 

—  h  Varr.  Re  Rust.  I,  16.  —  18  Plut.  Cat.  min.  70.  -  19  1)10  2j  K<,rll,  I 

Suet.  Aug.  59.  —  20  Benndorf  et  Niomann,  Reiscn  in  Lykien,  L  ®  ^  f  XII>  I 

Inschriften  von  Magnesia,  n°  113.  — 22  Foucart,  Bull,  de  cou 

p.  328. 


MED 


—  1073  — 


MED 


(  | K •  i n o  besoin  de  dire  que  beaucoup  de  Grecs 

|  "  ' i-rnt  exercer  la  médecine  à  Rome;  nous  verrons 
^'"'l  ^  -,  quelles  hautes  situations  quelques-uns 
Pjll!’  ,  n\  sont  parvenus.  Jules  César  conféra  le  droit 
!  ,'  (.(,s  étrangers  reconnus  indispensables- et  dont 

le  nombre  s’accrût  encore1;  plus  tard, 
on  désirait  que  r 

”,  )aI.ticipèrent  aux  privilèges  et  aux  exemptions  de 

|  harpes  accordés  aux  médecins  publics  et  aux  profes¬ 
seurs  (voir  §  XVI). 

l'n  principe,  un  médecin  allranchi  ne  doit  ses  soins 
I  luits  qU’à  son  patron.  Toutefois,  le  patron  peut 
employer  son  affranchi  médecin  à  soigner  gratuitement 
ses  amis2  et,  s’il  est  pauvre,  il  peut  louer  les  services 
médicaux  de  son  affranchi 3.  Enfin,  si  le  patron  est 
médecin,  il  peut  se  faire  accompagner  et  aider  par  son 
affranchi;  il  peut  aussi  lui  interdire  l’exercice  de  la 
médecine  pour  éviter  une  concurrence  préjudiciable4. 

Les  médecins  grecs  de  Rome  étaient  surtout  origi¬ 
naires  de  Grèce  et  d’Asie  Mineure,  où  les  écoles  de 
Pergame  et  de  Smyrne  brillaient  d’un  vif  éclat;  il  est 
cependant  aussi  question  de  médecins  d’Égypte,  comme 
celui  que  Néron  fît  venir  pour  traiter  Son  ami  le  cheva¬ 
lier  Cossinus,  qui  était  attaqué  du  lichen5,  et  le  méde¬ 
cin-masseur  de  Pline  le  Jeune,  Harpocras  °.  L’école 
médicale  d’Alexandrie  conserva  sa  haute  réputation 
pendant  tout  l’Empire  et  l’on  voit,  par  l’exemple  de 
Galien,  que  les  jeunes  médecins  allaient  y  compléter 
leur  éducation.  Au  ive  siècle  encore,  le  fait  d’avoir  étudié 
à  Alexandrie  suffisait  à  recommander  un  médecin7. 

III.  Éducation  et  formation  des  médecins.  —  Nous 
avons  vu  que  la  science  médicale  avait  d’abord  été  héré¬ 
ditaire  dans  le  yÉvoç  des  Asclépiades  ;  il  en  fut  probable¬ 
ment  de  même  dans  d’autres  familles,  où  se  transmet¬ 
taient,  de  père  en  fds,  des  connaissances  empiriques 
relatives  à  l’art  de  guérir.  De  cette  hérédité  de  la  profes¬ 
sion  médicale,  il  y  a  des  traces  même  à  une  époque 
tardive.  La  grande  famille  hippocratique  des  Asclépiades 
de  Cos  subsista  pendant  trois  siècles  (583-286) 8.  Le 
|  médecin  Andromaque  le  jeune  était  fils  d’Andromaque  Ier, 
archiàtre  de  Néron9.  Le  médecin  Ménocrite,  honoré  à 
Carpathos10,  et  le  médecin  Attale,  honoré  à  Éphèse11, 
appartenaient  a  des  familles  médicales.  Une  inscription 
e  GaLitie  fait  connaître  un  archiàtre  fils  d’un  médecin 
estime,  wpo  ^dvtwv  a-rcouSaïoç12.  Glycon,  médecin  de  Per¬ 
game,  olèbre  en  vers  pompeux  la  mémoire  de  son  père 
!  m,ul"  l’idladelphos  ;  Alexandre  de  Tralles  était  fils 
un  (P  t  jn  g^phanos 'L  Toutefois,  dès  avant  l’époque 
'pp'iuate,  comme  l’atteste  le  fameux  Serment u,  les 
d'  '  11  'des  d’ Asclépiades  avaient  admis,  à  titre 

parle'' Ml °U  ^  é^ves  Payants,  des  hommes  libres  n’ap- 
deVai,:;'?as  au  ï^voç  (’^w  vou  yévo'jç) 15.  Ces  derniers 
à  conshU  '  n^a®er  a  °^server  la  piété  envers  leur  maître, 
uor  >ses  enfants  comme  leurs  frères  et  à  leur 
1  Suet.  Caes.  4.,  ■  . 

libres  et  aux  afj-  .  !*  01  de  César  11e  s'applique  sans  doule  qu'aux  hommes 
Con,lilion  an.C  "S’  r®serve  l*'t®  des  droils  du  patron  (Jacquey,  De  la 

ttxvm,, ZTTT'  P’.:6)-  ~  2  Diÿ-  XXXV1"’  *.  »•  -  »  Dig. 

cili8'P.  50,  fiq  Co  __  .iÿ;,XXXV  ai,  1,  2G  ;  cf.  Jacquey,  De  la  condition  des  méde- 


’^re|H  avec  les  mal  I  *  H>st-  XXIX,  93.  Les  médecins  exotiques  arri- 

Hr  C“l  aussi  dos  n  ^  l'°S  dC. ICUrS  ,>ayS  d’orig'ne-  —  6  PI  in .  Epist.  X,  5,  6,  7,  10. 
Sit,mgesch  ]  ‘  CC‘"9  ■iuifs  dès  lo  Haut-Empire,  Ccls.  V.  19,  22  ;  FriedlSnder, 

%/iol .  |  „  ’  '  “  (a,'cl"âtre  juif  à  Ve 
p'rtfs,  p  ’8p  :  Amm'an.  XXII, 


ienousc).  —  7  Oalen.  II,  220  :  Fulgcnt. 
16;  cf.  Puschmann,  Gesch.  des  medic.  Unter- 


dans  Pauly.VVis^''C"SC,'I)"s™l)a>im,  p.  329.  -  9  Wellmann,  art.  akdroma- 


%.  -  ,2  p  _ _ _ 

H,  n»  57g .  ^'ssi<>n  de  Galatie ,  n»  27. 


10  Cfeu.  arch.  1880.  I,  p.  321.  —  il  Corp.  inscr.  gr. 

13  Inschriftcn  von  Pergamon, 
Husclupaqu,  f(,  139,  —  U  Hippocrate,  éd.  Litlré, 


enseigner  la  médecine  sans  rétribution.  Ainsi  la  con¬ 
frérie  se  substitua  de  bonne  heure  à  la  famille;  l’ap¬ 
prenti  agréé,  reçu  dans  la  communauté  profession¬ 
nelle,  devenait  un  frère  adoptif  des  Asclépiades, 
Y)8£À^l<7[A.évO;  ixrpôç. 

Dans  la  Grèce  moderne,  suivant  le  témoignage  de 
M.  Alex.  Rertrand,  il  y  avait  encore  récemment  des 
vestiges  de  l’hérédité  de  la  profession  médicale  et  de  la 
méthode  d’enseignement  domestique,  comme  aussi  de  la 
médecine  ambulante  des  périodeutes  lf\  Les  habitants 
d’une  vallée  du  Pinde,  le  Zagori ,  passaient  pour  naître 
médecins  et  chirurgiens  à  la  fois  ;  les  fils  succédaient 
aux  pères  et,  à  défaut  des  fils,  des  parents  ou  des  étran¬ 
gers  s’engageaient  dans  la  famille  à  titre  d’élèves  ou  de 
domestiques,  ce  qui  revenait  à  peu  près  au  même.  De  ces 
médecins,  les  uns  étaient  rebouteurs,  les  autres  her¬ 
niaires;  il  y  en  avait  qui  pratiquaient  avec  succès  les 
opérations  de  la  cataracte  ou  de  la  pierre  On  les  trouvait 
parcourant  les  villes  de  l'Orient,  où  ils  se  créaient  rapi¬ 
dement  une  clientèle.  Après  avoir  travaillé  de  la  sorte  en 
divers  pays,  ils  revenaient  se  reposer  et  vieillir,  riches 
souvent,  dans  le  village  qui  les  avait  vus  naître. 

A  Athènes,  au  ve  siècle  et  plus  tard,  le  médecin,  public 
ou  privé,  a  des  apprentis  et  des  auxiliaires  libres, 
[i.a07]Tat,  Û7tvjp6Tai,  outre  les  esclaves  qui  le  secondent 
également17.  Pour  faire  l’éducation  médicale  d’un  jeune 
homme,  on  le  plaçait  chez  un  médecin  habile  auquel  il 
payait  une  redevance18;  tel  fut  le  cas  de  Timarque, 
qu’Eschine  nous  montre  allant  s’installer  dans  l’officine 
d'Euthydique  au  Pirée,  absolument  comme  un  interne 
des  hôpitaux  actuels19.  L’apprenti  accompagnait  son 
maître  dans  ses  visites,  devenait  son  remplaçant  (BtiSoyoç) 
en  cas  d'absence,  pouvait  même  être  délégué  par  lui  en 
temps  d’épidémie20;  surtout  il  se  formait  sous  ses  yeux, 
dans  l’officine,  au  diagnostic  et  au  pronostic,  à  toutes 
les  opérations  manuelles,  telles  que  saignées,  pose  de 
ventouses 21 ,  applications  de  clystères,  ainsi  qu’à  celles  de 
la  chirurgie  proprement  dite22.  Comme  de  nos  jours,  le 
médecin  pouvait  confier  à  un  élève  avancé  la  garde  d’un 
malade,  pour  surveiller  et  diriger  le  traitement23.  Un 
passage  assez  obscur  d’Aristote24  désigne  sous  le  nom 
d’àpy.iTEXTovtxoç  le  médecin  qui  a  des  auxiliaires,  le  méde¬ 
cin  dirigeant;  il  le  distingue  du  Sr.utoupydç,  simple  prati¬ 
cien  (?)  et  du  7T£7raiS£upuvoç  7T£p'[  TTjv  t éyvr,v,  qui  serait 
plutôt  un  médecin  amateur25.  Galien  se  sert  aussi  de 
l’expression  àpyixb;  ’taTpôç  et  compare  le  médecin  en  chef 
à  l’architecte  qui  dirige  une  construction23.  Les  méde¬ 
cins  grecs  à  Rome  avaient  également  des  affranchis  qui 
étaient  leurs  apprentis  et  leurs  auxiliaires,  et  qu'ils 
conduisaient,  parfois  en  trop  grand  nombre,  au  chevet 
des  malades.  Martial  se  plaint  d’avoir  été  non  seulement 
visité,  mais  touché  par  cent  mains  glacées  d’élèves  qui 
accompagnaient  Symmachus  :  «  Je  n’avais  pas  la  fièvre, 

t.  IV,  p.  628.  —  15  Galen.  De  adm.  anal.  H,  p.  281.  —  16  Bertrand,  Études  de 
mythologie  et  d'archéologie ,  Rennes,  1858,  p.  14-i  ;  cf.  Rev.  arch.  1880,  I,  p.  362. 

—  17  Plat.  Leg.  IV,  720.  Le  médecin  public  a  également  des  disciples  auxiliaires 
(Aristoph.  Acharn.  1032);  cf.  Rev.  arch.  1880,  I,  p.  311.  Au  temps  do  Galien 
(XVII,  B,  229),  les  ùr.r^hai  du  médecin  soûl  les  masseurs,  les  ventouseurs,  les  rhi- 
zotonios,  etc.  —  18  Plat.  Afenon,  p.  90  b  ;  cf.  Rev.  arch.  1869,  I,  p.  265.  —  19  Aescli. 

I,  40  (in  Timarch.  124).  —  20  Hippocr.  éd.  Littré,  t.  IX,  p.  401,  424;  cf.  Herzog, 
Koisclie  Eorsch.  p.  207.  —  21  Cf.  Anagnostakis,  Dut!,  corr.  hell.  t.  I,  p.  212; 
Lambros,  Iltji  eixuSiv  xal  aixuizetoi;  itafd.Tor5  àpyafon.  Athènes,  1895.  Il  \  avait  des 
ventouses  en  verre,  en  corne,  en  bronze,  que  l’on  appliquait  avec  ou  sans  scarifi¬ 
cation  (Oribase,  éd.  Daremberg,  II,  58-61).  —  22  Hippocr.  éd.  Littré,  t.  IX, 
p.  216.  —23  Hippocr.  éd.  Littré,  t.  IX,  p.  243.  —  Arist.  Polit.  III,  H,  p.  44»! 

—  33  Sprcngol-Iloscnbaum,  p.  321.  —  Galen.  Comm.  in  lib.  VI  Epid.  p.  507. 


MED 


—  1674  — 


MED 


dit-il;  je  l’ai  maintenant1.  »  Philostrate  raconte  que 
Philiscus,  étant  malade,  reçut  la  visite  de  deux  méde¬ 
cins,  Séleucus  et  Stratoclès,  qui  n’amenèrent  pas  moins 
de  trente  étudiants  auprès  de  son  lit  Aussi  Galien 
recommandait-il  à  ses  élèves  d’éviter  tout  bruit  de  pieds 
ou  île  conversation  qui  pourrait  gêner  ou  énerver  le  ma¬ 
lade,  ils  devaient  veiller  aussi  a  ne  pas  1  incommoder  par 
une  haleine  trop  forte  et,  à  cet  effet,  s’abstenir  d’oignon 
ou  d  ail  et  ne  pas  boire  trop  de  vin  avant  la  visite3. 

La  nature  et  la  durée  de  l’enseignement  (StSowxxÀia) 
que  les  élèves  recevaient  de  leurs  maîtres  nous  sont 
egalement  mal  connues.  Hippocrate  distingue  trois  espèces 
d  enseignement0,  qu  il  appelle  TtapayYsXtY)  (les  préceptes, 
sans  doute  la  médecine  et  la  chirurgie  usuelles),  àxpoaTtç 
(l’enseignement  oral)  et  Xonrq  gaO-qc-t;  (le  reste  de  l’ensei¬ 
gnement).  Aristote  dit  que  ceux  qui  abordent  les  études 
nu  dicales  dans  un  esprit  philosophique  (oc  ^[Xooo^coTsptoç 
rr,v  T£/vr,v  [astiovtsç)  commencent  par  l’étude  des  sciences 
naturelles6;  ce  qui  implique  que  la  plupart  des  méde¬ 
cins  ne  s’imposaient  pas  cet  apprentissage.  Galien  raconte 
que  Thessalus  de  Tralles,  sous  Claude,  prétendait  pou¬ 
voir  former  un  médecin  en  six  mois,  d’après  les  prin¬ 
cipes  de  l’école  méthodique  ;  pendant  ce  laps  de  temps,  il 
se  faisait  accompagner  d’une  troupe  d’élèves  sans  prépa¬ 
ration  scientifique,  auxquels  il  permettait  ensuite  d’exer¬ 
cer  leur  art  '.  Mais  il  est  évident  qu’une  éducation  médi¬ 
cale  ainsi  donnée  et  reçue  semblait  tout  à  fait  insuffisante; 
Galien  avait  lui-même  poursuivi  ses  études  pendant  onze 
ans8.  Sous  le  Bas-Empire,  la  durée  normale  des  études 
médicales  parait  avoir  été  de  cinq  ans  :  c’est  ce  qu’on 
peut  conclure  de  Ylsagoge  in  artem  medicam  attribuée 
à  Soranus3  qui  fait  commencer  les  études  médicales  à 
quinze  ans,  alors  qu’on  sait  que  l’étudiant  d’alors  était 
censé  avoir  terminé  son  apprentissage  à  vingt  ans  ,0. 

De  ce  qu’Athènes  et  d’autres  villes  possédaient  des 
médecins  publics  rétribués,  il  ne  s’ensuit  pas  qu’elles 
rétribuassent  leur  enseignement.  Nous  savons  très  peu 
de  chose  touchant  l’organisation  des  grandes  écoles 
médicales  de  l’antiquité.  11  y  avait  peut-être  à  Cos, 
depuis  l’époque  de  Ptolémée  Philadelphe,  une  sorte 
d’université  ayant  pour  noyau  l’école  de  médecine,  qui 
fut  le  séminaire  de  celle  d’Alexandrie11.  Cette  dernière 
fut  particulièrement  tlorissante  au  ne  siècle  av.  J.-C. 
Ptolémée  Evergète  II  (Physcon,  171-167),  par  haine  de 
son  frère  Philométor,  chassa  d’Alexandrie  beaucoup  de 
savants,  entre  autres  des  médecins,  qui  serépandirent  en 
Grèce,  en  Asie  Mineure  et  dans  les  îles,  où  ils  fondèrent 
de  véritables  colonies  de  l’école  d’Alexandrie12.  Vers  le 
1er  siècle  av.  J.-C.,  Ilikésios  fonda  une  école  à  Smyrne 13  ; 
d’autres  Alexandrins  émigrés  en  établirent  une  autre  à 
Laodicée  qui,  du  temps  de  Strabon  u,  avait  pour  centre  le 
temple  de  Mên  Karou  et  pour  chef  Zeuxis,  commenta¬ 
teur  d  Hippocrate ls.  L’école  de  Pergame,  à  laquelle 

l  Mart.  V,  9.  —  2  Philostr.  Vit.  Apoll.  VIII,  7.  —  3  Galen.  XVII  B,  144-152. 

—  4  Le  médecin  Thrason  de  Corcyre  éleva  une  slatue  à  son  maître  4vx’  àyaOS; 
SiSnnMm  (C.  inscr.  yr.  1897).  —  5  Hippocr.  éd.  Littré,  t.  IV,  p.  613.  —  6  Arisl. 
De  senau,  p.  430.  —  7  Galen.  Meth.  med.  I,  83;  X,  5,  19.  —8  Th.  Puschmann, 
(iesch.  des  medic.  ünterrichts,  p.  80.  —  9  Rose,  Anecdota,  t.  II.  —  i«  Puschmann, 

O.  !..  p.  117-118.  Oribase  ( Synops .  V,  14)  conseille  de  commencer  l'étude  de  la 
médecine  à  quatorze  ans.  —  U  Herzog,  Koische  Forsch.  p.  200.  —  12  Athen.  IV, 

83,  p.  194.  —  13  Strab.  XII,  p.  245.  —  14  Slrab.  XII,  p.  244.  -  15  Galen.  Comm. 
in  libr.  Kar  Ihtçsïgv,  p.  662.  —  16  Pour  la  réputation  de  cette  école  sous  l’Empire, 
voir  plus  haut,  p.  1073,  note  7.  —  17  Médecins  marseillais  célèbres  sous  l’Empire  : 
Charmis  (Plin.  Nat.  Hisl.  XXIX,  9),Crinas  (Ibid.),  DémosthènesPhilalethes,  oculiste 
distingué  (Galen.  \  III,  727;  XIII,  855). De  l’école  de  Lyon  sortirent  Abascantus  et  Elpi- 
dius;  decelle  de  Bordeaux, Eutrope, Marcellus  Empiricus,  Siburius.  A  Césaréc  (Chcr- 


appartenait  Galien,  se  rattache  également  \ 

UHe  '«  ;  il  en  est  probablement  ,1e  même  de? d'A1«* 

CIO  I  nnnmm  _  n  ..  d 


époque  romaine,  celles  d'Antioi-iT  T'08  écol<* 
Albènos,  de  Marseille,  de  Lyon,  de  Bor’dcl^H 
A  Rome,  les  premiers  maîtres  de  médecine  !  C’'7’ 

médecins  grecs  immigrés,  qui  professaient  et 
des  apprentis  moyennant  salaire.  On  7  „ ,  °''maiet>t 
lait  sous  l’Empire  une  schola  medicoru»,  ''U  ‘‘ exis’ 
un  édifice  à  elle  sur  l’Esquilinet  dont  une 
vienne  mentionne  le  secrétaire,  tùbularius'^n °'1 lg0' 
que  l’inscription  est  suspecte,  le  rôle  de  cette  ,T'i  °Ull'e 
pouvait  être  un  simple  lieu  de  réunion  ?  *' q,li 
l'on  n’est  nullement  autorisé  à  7^  on 
l’ acuité  de  médecine.  C’est  à  partir  de  Vespasitmso  f® 
ment  que  les  professeurs  de  médecine  furent  rétrih 
par  l’Etat  ;  encore  cela  n’est-il  pas  dit  e x pressé, ne  t! 
le  passage  de  Suétone  qui  parle  de  l’institution  7 
prince,  de  salaires  pour  les  rhéteurs  grecs  et  ronW» 
Mais  on  peut  croire,  avec  Brian,  que  Vespasien  en  fil 
autant  pour  les  médecins,  car  une  loi  du  Digeste  atteste] 
que  cet  empereur  confirma  les  privilèges  accordés  aux 
grammairiens,  aux  rhéteurs,  aux  médecins  et  aux  philo] 
sophes,  qu’il  mettait,  par  conséquent,  sur  le  même  rang 
et  qu  il  honorait  d’une  égale  bienveillance20.  Hadrien” 
au  dire  d’Aurelius  Victor21,  institua  une  école  des  arts 
libéraux  dite  Athenaeum;  mais  il  n’est  pas  certain  que 
la  médecine  y  fût  représentée.  Il  faut  aller  jusqu’à 
Alexandre  Sévère  (225-235)  pour  trouver  la  preuve 
formelle  d’un  enseignement  de  la  médecine  à  Rome. 
L’empereur  attribua  des  traitements  aux  rhéteurs,  aux 
grammairiens,  aux  médecins,  leur  fournit  des  locaux 


pour  faire  leurs  cours  et  décida  que  des  enfants  pauvres] 
de  condition  libre,  les  suivraient  en  qualité  de  boursiers?. 
On  a  prétendu,  mais  sans  preuve,  que  ces  professeurs  de 
médecine  étaient  des  archiàtres;  la  désignation  d’ar- 
chiâtres  scolaires ,  proposée  par  R.  Briau,  est  forl  sujette 
à  caution.  De  même,  il  est  possible,  mais  nullement 
certain,  que  les  médecins  publics  des  villes  de  l’Empire, 
rétribués  en  qualité  d’archiàtres,  fussent  chargés  d’un 
enseignement  officiel.  Ce  qui  parait  bien  avéré,  toutefois, 
c’est  qu’ils  enseignaient  ;  on  en  trouve  la  preuve  dans 
une  loi  de  Constantin,  insérée  au  Code  théodosien,  qui, 
confirmant  les  bienfaits  d’empereurs  précédents,  exempte 
de  charges  les  médecins  et  professeurs  de  lettres,  afin 
qu’ils  puissent  plus  aisément  former  de  nombreux 
élèves  aux  études  libérales  et  aux  arts  qu'ils  pratiquaient 
(quo  facilius  liberalibus  stucliis  et  memoratis  artibus 
multos  instituant V23.  Ainsi  l’enseignement  existait,  et 
n’existait  pas  seulement  à  Rome2*  ;  il  était  aussi  encou¬ 
ragé  par  l’Etat  ;  mais  le  doute  subsiste  sur  la  natuie  e 
l’étendue  de  ce  patronage  officiel. 

Il  ne  peut  guère  être  question  d’un  enseignement  e 
la  médecine  sacerdotale,  car  on  ne  saurait  qualifiai  ainsi 


chcll),  Euphorbe,  médecin  de  Juba  II  et  G.  Terenlius  Asthencs,  oculish  J  )iajcni 

bilingue  a  été  découverte  à  Chcrchell  (Gaucklcr,  Bull,  du  Comité,  l'i-.l  |  ^ijanus  I 
formé  des  élèves  indigènes  :  on  connaît  la  stèle  funéraire  d  un  >"  <l  ' 

S  _  18  Wilmanns,  I 

| . ,  visieiice  | 


Bubbal  (Gauckler,  Musée  de  Cherchell,  p.  93-94).  - 


5,  n“  978,  parmi  les  Falsae).  L’original  esl  inconnu.  Est-il  aullienlù|u  il0iamtÿ* 


même  de  lasrAohz  medicorum  est  atlestéc  par  l'inscription  i  ^  ^  ser^ameii- 

corum  sur  labase  do  l’Amazone  Mattéi  au  Vatican  (C.  l.L.  \  I.  -3-11,1  '  ^  .  |S 
Corum  est  mentionné,  Jb.  VI,  9566.  —  19  Suet.  Vesp.  Xt  HL  1  ^  , mprid.  A1- 

Jaci|uey,  De  la  condition  des  médecins,  p.  112.  — 21  Aur.  Vict.  IL  ^  surveillance 

Sev.  46.  Sous  Valentinien,  lesétudiants  en  médecine  firent  placés  s""  ;,p.lH 
des  préfets  ( Cod .  Theod.  XIV,  1,1).  —  23  lb.  1.3 ,  De  med.',  ,Momins«i 

—  24  A  Aventicum,  un  affranchi  fait  une  dédicace  médias  et professa1 
Inscr.  Helvet.  164);  il  était  peut-être  l’élève  des  uns  et  des  autu 


MED 


—  1675  — 


MED 


.admission  de 
il  semble  bien, 
la  médecine 


!  la  b' 
Mais 
!  que 
Je  temi,s 

I  supp°sl' 
[d’avoir  à 


clans 


certaines  pratiques  théurgiques, 
comme  nous  l’avons  dit  plus  haut, 
>  scientifique  et  rationnelle  pénétra  avec 
.  ies  Asclépieia.  M.  Herzog 1  a  récemment 


3é  que,  sous  l’Empire,  _ 


lorsqu’on  sentit  le  besoin 
Home  des  médecins  romains  et  non  plus 
jpg  Grecs,  des  Romains  de  bonne  famille 
SC"  "T  étudier  à  l’Asclépieion  de  Cos  et  y  constituer 
vl""  'niirrie  religieuse.  Cela  est  possible;  mais  le  carac- 
l'"!(l 'irli-ieux  d’une  confrérie  d’étudiants  à  Cos  ne  pré- 
Ière  'eil  rien  celui  de  l’enseignement  qu’ils  y  recevaient. 
J"îy  Insuffisance  des  études  anatomiques.  —  Aujour- 
(Pluii,  comme  depuis  deux  siècles  au  moins,  l’enseigne- 
i  ment ' de  la  médecine  a  pour  condition  essentielle  la 
pratique  de  la  dissection,  la  fréquentation  des  amphi¬ 
théâtres.  Dans  l’antiquité,  les  mœurs  et  les  préjugés 
religieux,  a  défaut  des  lois,  rendaient  la  dissection  des 
cadavres  humains  très  difficile 2  ;  on  se  contentait 
presque  partout  de  disséquer  des  animaux3.  Ainsi 
s’explique  l'insuffisance  des  connaissances  anatomiques 
chez  les  anciens  et  les  erreurs  que  les  plus  illustres  repré¬ 
sentants  de  la  science  grecque  ont  accréditées  sur  ce  sujet. 

Il  était  plus  facile  de  se  procurer  des  squelettes  que 
des  cadavres,  et  c’est  pourquoi  l’ostéologie  des  anciens 
vaut  mieux  que  leur  anatomie.  On  montrait  à  Delphes  un 
squelette  de  bronze  dédié  par  Hippocrate4  ;  des  modèles 
semblables  devaient  être  employés  dans  les  écoles,  et  nous 
on  possédons  quelques  exemplaires  dont  la  destination 
pouvait  d'ailleurs  être  différente3.  Le  Musée  du  Vatican 
conserve  deux  modèles  en  marbre,  représentant,  l’un,  la 
partie  antérieure  d’un  thorax,  l’autre,  l’intérieur  d’un 
corps  humain6.  Ce  dernier  est  d’une  inexactitude  anato¬ 


mique  vraiment  monstrueuse  ;  il  est  évident  que  le  sculp¬ 
teur  n’avait  vu  et  n’a'reproduit  que  l’intérieur  du  corps 
dun  ruminant.  Les  ex-voto  en  bronze  ou  en  terre  cuite, 
qui  représentent  des  viscères  ou  des  parties  internes  du 
corps  humain,  témoignent  de  connaissances  anatomiques 
'«gués  ou  erronées.  De  même,  les  auteurs  de  squelettes, 
tant  sculpteurs  que  ciseleurs  et  mosaïstes,  ont  commis 
es  Lin  i  es  qui  accusent  l’insuffisance  de  leurs  éludes7, 
pous  ignorons  de  quelles  connaissances  disposait  Cléar- 
que  d(  Soli,  élève  d’Aristote,  qui  avait  écrit  un  ouvrage 
ostéologie  (nepl  o-xsAsxwv)  8  ;  mais  les  détails  où  entre 
a  ,en  sur  ^es  quelques  squelettes  qu’il  a  pu  étudier 
^  es  circonstances  qui  les  ont  mis  à  sa  disposition 
P  ni  qu  à  son  époque  encore  la  manipulation  des 
p’T  1  11 K  humains  soulevait  de  sérieuses  difficultés  9. 
.  ,  .^Us  oTave  :  le  squelette  décrit  par  lui  dans  son 

1  i  iiien taire  sur  les  os  paraît  être,  en  partie  du 
“b’  Celu‘  d’llu  s'nge  et  non  d’un  homme10  ! 


En  ce  qui  concerne  les  recherches  anatomiques,  on  a 
fait  valoir  que  tous  les  cadavres,  chez  les  anciens, 
n’étaient  pas  protégés  par  une  sorte  d’inviolabilité  reli¬ 
gieuse  :  il  y  avait  des  esclaves,  des  étrangers,  des  cri¬ 
minels,  des  inconnus  décédés  en  plein  air,  des  enfants 
exposés,  des  gladiateurs  blessés,  enfin  des  ennemis 
tombés  sur  les  champs  de  bataille,  dont  les  restes  pou¬ 
vaient  être  traités  avec  moins  de  ménagement11.  Mais  le 
fait  qu’il  était  possible  de  disséquer  des  hommes  n’im¬ 
plique  nullement  qu’on  ait  souvenl  profité  des  occasions 
qui  s’offraient.  Hérodote12  parle  bien  d’observations 
ostéologiques  faites  à  Platées  longtemps  après  la  bataille, 
lorsque  les  corps  étaient  déjà  réduits  à  l’état  de  sque¬ 
lettes  ;  mais  la  trouvaille  de  ces  ossements  fut  due  au 
hasard  et  personne  ne  songea  à  disséquer  des  Perses  au 
lendemain  de  la  tuerie  qui  en  avait  été  faite.  Les  auteurs 
hippocratiques  ont  certainement  disséqué  des  animaux  en 
grand  nombre  et  tenté,  de  loin  en  loin,  quelques  recher¬ 
ches  sur  les  hommes;  ainsi  il  est  question  d’une  opéra¬ 
tion  de  la  moelle  épinière  qu’il  est  possible,  au  dire  de 
l’écrivain  médical,  d’exécuter  sur  le  mort,  mais  non  sur 
le  vivant13  ;  on  trouve  aussi  la  mention  d’un  cœur 
humain  extrait  d’un  cadavre  et  même  d’une  recherche 
instituée  in  morluo  pour  établir  le  siège  et  la  nature 
d’une  maladie14.  Ce  sont  là,  d’ailleurs,  des  témoignages 
exceptionnels.  On  a  cité  à  tort  un  texte  de  Chalcidius, 
pour  alléguer  qu’Alcméon,  élève  de  Pythagore,  avait  le 
premier  osé  pratiquer  une  dissection15;  il  s’agit  de 
l 'exsectio  de  l’œil,  et  les  études  anatomiques  d’Alcméon, 
attestées  d’autre  part,  n’ont  dû  porter  que  sur  des 
animaux16.  Un  médecin  de  l’école  hippocratique  du 
ive  siècle,  Dioclès  de  Caryste,  avait  écrit  sur  la  dissec¬ 
tion;  Galien  lui  reproche  d’avoir  commis  à  ce  sujet  de 
nombreuses  erreurs  17,  et  les  fragments  qui  nous  restent 
de  ses  œuvres  semblent  établir  qu’il  n’avait  guère  dis¬ 
séqué  que  des  animaux18.  Il  en  fut  probablement  de 
même  d’Aristote,  bien  que  les  comparaisons,  assez  fré¬ 
quentes  et  parfois  exactes,  qu’il  fait  entre  le  corps  des 
animaux  et  celui  des  hommes,  inclinent  à  croire  qu’il 
ait  vu  disséquer  quelques  cadavres  *9.  On  a  aussi  insisté 
sur  un  passage  de  ce  philosophe 2#,  d’où  il  ressort, 
comme  nous  l’avons  vu  plus  haut,  que  l’on  ouvrait  par¬ 
fois  les  corps  de  personnes  mortes  de  certaines  maladies 
à  la  fin  d’en  rechercher  la  nature;  mais  cela  ne  veut  pas 
dire  qu’on  poussât  cette  étude  toujours  répugnante  au 
delà  de  ce  qu’imposait  la  nécessité  immédiate  du  dia¬ 
gnostic.  Rien  ne  peut  prévaloir  contre  le  témoignage 
d’Aristote  lui-même,  suivant  lequel  les  parties  internes 
du  corps  humain  sont  moins  connues  que  celles  des  ani¬ 
maux  (ayvioffxa  yip  èffxi  jxxAiçxa  xà  twv  àvôçcuTrtüv)  2I. 


talion  de  |  Anthol  II  P  229,  ~  2  Par  exemple,  Auson.  Epigr.  72,  imi- 

Ifgo  ;  un  cadavre  d  9clei  uu  ca‘^ou  contre  un  crâne  semblait  une  impiété  sacri¬ 
stie  à  une  seule  cor  ^  l0"10uis  01ro  rec°uvert  de  terre.  —  3  Anaxagore  disséqua  un 
disséqué  des  ca„Hq^C  t,U,ava|t  «W  amené  à  Périclès  (Plut.  Pcricl.  6).  Démocrite  avait 
(i’Iin.  K, ii  ujst  1 1  1  Cl  ü  à  ce  sujet  un  livre  dont  l'authenticité  était  contestée 
~  6  Voir  LAnvAF.  v  ’  1  ’  Ge"'  X’ 12  ’  Ammian.'  XXVIII,  4).  —  4  Paus.  X,  2,  4. 

Hfcophagede  (  vu  '!*!'!*' r  aux  Cïcmples  cités  un  squelette  sculpté  en  relief  sur  un 
"■  40  I»  P.  28).  (AU"“""  " 

,  tr"  236 


t.  I 


6  "lunu,  De  archit.  et  ornam.  sarcophagorum,  Halle,  1902, 
237-  n  deU  hUt'  i8U’  p-  18  ;  1885’  P'  147  i  Helbig,  Führcr, 
30 — 7  Le  foie ,  'l^01  et  Dccl>ambre,  Gaz.  hebdom.  de  méd.  1857,  n»>  25, 
‘ mouton.  p0je  (|  l0llzecie  Plaisance  (Deecke,  Etr.  Forsch.  11,  p.  G5)  est  celui 
•Pimum.  babyl _  se  mouton  babylonien  dans  la  collection  budge,  A.  Boissicr, 

Oenève,  ton)  <  ®  i  extispicinc,  Genève,  1899  ;  Nouveau  document, 

vojr  |c  -  orch.  1902,  I,  p.  137).  Sur  les  ex-voto  en  terre  cuite 

üfil theil.  I89çi  ''"i  (,l4cen4  <le  Stieda,  Alt-italische  Weihgeschenke ,  in 
p.  -30  .  les  viscères  ainsi  figurés  sont  les  plus  anciennes 


représentations  connues  de  l’intérieur  du  corps.  On  possède  des  ex-voto  île  ce  genre 
de  .Verni,  de  Veii,  de  Rome  (île  du  Tibre),  de  Srnyrne,  etc.  Cf.  encore  Kôrlc,  Athen. 
Mittli.  1893,  p.  231;  L.  Stieda,  Anatomische  arthüol.  Studien ,  Wiesbaden,  1901. 
Sur  les  représentations  de  squelettes,  voir  Helbig,  Führer,  t.  II,  n»  1 100.  —  »  Athen. 
IX,  59.  —  9  L'un  était  celui  d'un  brigand  mort  et  abandonné  en  plein  champ, 
l’autre  avait  été  arraché  d'une  tombe  par  une  rivière  débordée;  cf.  Galcn.  11,  221. 
—  10  Laboulbène,  Œuvres,  p.  240  ;  Puschmann,  Gesch.  des  medic.  ünterrichts,  p.  80. 
Galien  insiste  sur  la  ressemblance  du  singe  avec  l'homme  (II,  223);  cf.  J.  Soury, 
Le  système  nerveux,  histoire  critique  des  théories,  p.  205.  —  il  Galcn.  II,  218,  385, 
XIII,  604.  —  12  Herod.  IX,  83.  —  13  Ilippocr.  IV,  198.  —  14  [d.  V,  224.  —  13  Chal¬ 
cidius,  Comm.  in  Plat.  Tim.  éd.  Meursius,  p.  430.  Voir  J.  Waclitler,  De  Alcmaeone 
Crotoniata,  Leipzig,  1896.  —  IG  Cf.  Arist.  Hist.  anim.  I,  11.  —  17  Galcn.  Il,  282, 
710.  —  18  Sprcngel- Rosenbaum,  p.  404.  —  19  Arist.  Hist.  anim.  1,  9;  11,  12;  cf. 
A.  Weslphal,  De  anutomia  Aristotelis...  num  cadarera  secucrit  humana,  Greifswald, 
1745.  —  20  Arist.  Départ,  anim.  IV,  2.  —  21  Arist.  Hist.  anim.  I,  16;  cf.  J  Soury, 
Le  système  nerveux,  histoire  critique  des  théories,  p  204. 


MED 


—  1676  — 


MED 


L’anatomie  lit  des  progrès  considérables  à  Alexandrie 
sous  Ptolémée  Philadelphe,  grâce  surtout  à  Êrasistrate 
et  à  Hérophile,  l’un  et  l’autre  élèves  de  Chrysippe  de 
(.uide.  Hérophile  donna  le  premier  manuel  opératoire 
pour  les  dissections  ;  c'est  à  lui  aussi  que  la  science 
grecque  est  redevable  d  une  connaissance  assez  précise 
du  système  nerveux1.  Non  seulement  Êrasistrate  et 
Hérophile  purent  librement  disséquer  des  cadavres,  mais 
Celse  assure  qu'IIérophile  obtint  la  permission  d’ouvrir 
le  corps  de  criminels  vivants2;  Tertullien  s’en  indigne  3 
et  se  demande  s  il  faut  qualifier  un  tel  homme  de  méde¬ 
cin  ou  de  boucher  (, lanius ).  Mais  il  ne  semble  pas  que  les 
gi  ands  anatomistes  d  Alexandrie  aient  trouvé  beaucoup 
de  continuateurs.  A  Alexandrie  même,  l’art  de  la  dissec¬ 
tion  resta  en  honneur  jusqu’à  l'époque  de  Galien;  toute¬ 
fois,  la  dissection  des  cadavres  humains  n’était  nulle¬ 
ment  encouragée*.  L  école  empirique,  contemporaine 
(les  débuts  de  l'ère  chrétienne,  contestait  en  principe 
l’utilité  des  vivisections  et  des  dissections  B.  Daremberg, 
à  l'exemple  de  Cuvier  et  d’autres  savants,  n’a  pas  hésité 
à  affirmer  sans  réserves  que  Galien  n’a  jamais  décrit, 
d  après  nature,  un  cadavre  humain,  mais  qu’il  a  toujours 
reproduit  1  anatomie  d  un  autre  animal,  en  particulier  du 
singe.  Ce  sont  des  singes  qui  lui  ont  fourni  ses  descrip¬ 
tions  ostéologiques  et  myologiques  ;  pour  la  splanchno- 
logie,  il  a  combiné  les  informations  que  lui  fournissaient 
les  carnassiers  et  les  ruminants.  Il  est  avéré  que  Galien 
a  disséqué  des  singes,  des  ours,  des  porcs,  des  solipèdes, 
des  ruminants,  un  éléphant,  des  oiseaux,  des  poissons 
et  des  serpents  ;  il  avait  aussi  pratiqué  des  vivisections 
sur  des  animaux  et  fondé  ainsi  la  médecine  expérimen¬ 
tale1’.  Du  reste,  Galien  essaie  si  peu  de  dissimuler 
1  origine  de  son  savoir  anatomique  qu'il  recommande  de 
noyer  (au  lieu  d'égorger  ou  d’étrangler)  les  animaux 
destinés  aux  recherches  de  ce  genre. 

L’enseignement  de  l’anatomie  consistait  à  montrer  aux 
etudiants  un  homme  nu  et  à  leur  désigner  l’emplacement 
des  organes  et  des  viscères  ;  après  quoi,  pour  préciser  la 
leçon,  on  disséquait  des  animaux  7.  Rufus  d’Éphèse 
reconnaît  que  cette  méthode  expose  à  des  erreurs  et  que 
la  dissection  des  cadavres  humains  fournissait  autrefois 
(c  est-à-dire  à  1  époque  d  Hérophile)  des  connaissances 
plus  exactes8.  Même  les  exercices  pratiques  de  panse¬ 
ment  se  faisaient  d'ordinaire,  dans  les  écoles,  sur  des 
mannequins  de  bois  plutôt  que  sur  le  vivant  ou  le  ca¬ 
davre'.  Celse  considérait  la  dissection  des  cadavres 
comme  indispensable  à  la  science,  mais  protestait,  avec 
raison,  contre  les  vivisections  qu’Hérophile  avait  prati¬ 
quées  à  Alexandrie  et  qo’il  trouvait  à  la  fois  cruelles  et 
inutiles10.  On  semble  s’être  inspiré,  à  Rome,  des  scru¬ 
pules  de  Celse  plutôt  que  de  ses  conseils.  Galien  raconte 
que  les  médecins  qui  accompagnaient  l’armée  romaine 
dans  la  guerre  contre  les  Marcomans  furent  autorisés  à 

1  Pusclunann,  Gesch.  des  medic.  U nterrichts,  p.  64  ;J .Soury,  Le  système  nerveux, 
histoire  critique  des  théories,  Paris,  1899,  p.  253,  255.  Voir  aussi  Rufus  d’Ephèsc, 
Œuvres,  éd.  Daremberg,  p.  153.  Sur  l'anatomie  d'Erasislrate,  cf.  Hernies,  t.  XXIX, 
p.  173.  2  Gels.  Praef.  I.  —  3  Tcrtull.  De  anim.  10.  —  4  Galen.,  II,  220,  385. 

5  Cels.  Praef.  I  :  Neque  quicquam  esse  stultius  quam  quale  quid  vivo 
homini  esse,  taie  existimare  esse  moriente,  immo  jatn  mortuo.  —  6  Darem¬ 
berg,  Exposition  des  connaissances  de  Galien  sur  l' anatomie  et  le  système  nerveux, 
Paris,  1841;  Hist.  des  sciences  médicales,  t.  I,  p.  210,  224;  Puscbmann,  Gesch. 
des  medic.  Unterrichts,  p.  88  ;  Laboulbènc,  Œuvres,  p.  105  ;  J.  Soury,  Op.  cit. 
p.  265.  Onbase  expérimenta  aussi  sur  des  singes  (éd.  Daremberg,  II,  34).  —  7  Peut- 
élre  mettait-on  aussi  entre  les  mains  des  étudiants  des  dessins  anatomiques  colo¬ 
riés  ,  oii  a  pensé  qu  Aristote  désigne  ainsi  les  àvaioga;  auxquels  il  se  réfère  fré¬ 
quemment  (J.  Soury,  Le  système  nerveux,  histoire  critique  des  théories,  p.  204). 


disséquer  les  ennemis  mous,  mais  que  , 

préparation  les  empêcha  de  tirer  narii  t  nian(iue de 

p  111  de  cette  dm 


stance11,  n  y  a  la  une  preuve,  non  senlnT  ^  C1,'CM 
blesse  des  éludes  anatomiques  à  celte  *'«  «• 

difficulté  qu  on  éprouvait  en  général  -,  mais delà 

,  Suerai  à  se  procure  '' 


cadavres  pour  la  dissection.  Bientôt  il  devlni'T'^  des 

gereux  de  disséquer  des  animaux  car  ,  me  da«- 

s'exposait,  comme  Apulée,  4  l'accusation  de  Wu’ 

V.  Liberté  de  la  profession  médicale  •  -,  8  6  '  , 

des  médecins.  -  L’antiquité  n’a pas COm 
d  État  ou  d’Université  conférant  le  droit  '  'PlÔmes 
médecine  ;  chacun  était  libre  de  se  dire  médeci^T?  * 
en  conséquence.  La  situation  était  la  même  i  cTï^'ï 
en  Grece  et  à  Rome,  où,  comme  dit  Montesquieu 

gérait  dans  la  médecine  qui  voulait13  »  Aux  veux  d  T 
loi  romaine  est  médecin  quiconque,  homme  ou 
bine  ou  esclave,  exerce  la  profession  médicale  Le  sw 
tier  famélique  du  fabuliste  Phèdre,  qui  s’improvise  m 
decin  et  marchand  de  drogues,  ne  devait  pas  être  une 
exceptiou  Galien  se  plaint  des  médecins  qui,  J 
a  peine  lire  et  écrire,  méprisant  les  études  théoriques  en 
particulier  l’anatomie  et  la  physiologie,  ne  songent  qu’à 
se  créer  une  clientèle  de  dupes,  alors  qu’ils  étaient,  hier 
encore,  cordonniers,  forgerons  ou  charpentiers15’  Les 
conséquences  de  cet  état  de  choses  ont  été  signalées 
amèrement  par  Pline.  «  La  médecine,  dit-il,  est  le  seul 
métier  où  l’on  en  croie  tout  d’abord  quiconque  se  dit 
expert,  quoique  jamais  l’imposture  ne  soit  plus  dange¬ 
reuse  .  »  Il  est  vrai  que,  suivant  Horace17,  alors  que  les 
pharmaciens  et  les  médecins  pratiquent  le  métier 
qu  ils  ont  appris,  tout  le  monde,  ignorant  ou  docte, 
se  mêle  d’écrire  des  vers;  mais  la  paraphrase  de1 
ce  passage  par  Perse18  prouve  qu’il  n’y  avait  d’autre , 
sanction  que  celle  de  l’opinion  publique  contre  ceux  qui 
exerçaient  la  médecine  sans  qualité. 

L  irresponsabilité  des  médecins,  souvent  accusés  de 
tuer  les  malades,  est  également  déplorée  par  Pline  :  «  11 
n’y  a  aucune  loi  qui  châtie  l’ignorance,  aucun  exemple 
de  punition  capitale.  Les  médecins  apprennent  à  nos 
risques  et  périls  ;  ils  expérimentent  et  tuent  avec  une 
impunité  souveraine,  et  le  médecin  est  le  seul  qui  puisse 
donner  la  mort.  Bien  plus,  on  rejette  le  tort  sur  le  ma¬ 
lade  ;  on  accuse  son  intempérance  et  l’on  fait  le  procès  de 
celui  qui  a  succombé19.  »  Mêmes  plaintes  chez  les  au¬ 
teurs  grecs  :  les  médecins  sauvent  ou  laissent  mourir 
leurs  malades,  certains  toujours  de  recevoir  un  salaire , 
médecins  et  avocats  peuvent  tuer  les  gens  sans  en  subir 
les  conséquences,  etc. 20.  Si  Aristote  dit  que  le  mrdecm 
doit  gendre  compte  à  d’autres  médecins,  cela  signi  el 
seulement,  d’après  le  contexte,  que  tout  spécialiste  es  | 
soumis  à  l’appréciation  de  ses  pairs  '21.  Un  passage  d  .  n 

tiphon  atteste  formellement  l’irresponsabilité  des  nié  6| 
cins  dans  l’exercice  de  leur  profession23.  D’autre  PtU U  1 

Pour  la  démonstration  sur  les  parties  visibles  du  corps  huma'11'  jjj. 

d’Ephèse,  éd.  Daremberg,  p.  134.  —  8  Rufus  d’Epbèsc,  éd.  Dan  m  juj. 

Puscbmann,  p.  86.  —  9  Galen.  XV111  B,  p.  630.  —  10  Dcls.  hn'i- 

i\i\\  7  13);  niais  io,u 

même  traite  avec  grand  détail  de  1  anatomie  de  1  œu  1  vu,  g  |f  (;a|en.  XlH» 

qu’il  en  dit  est,  suivant  Mirscbberg,  inexact,  incomplet  ou  vague.  (Uirsuil  des 
604.  —  12  Apul.  Apol.  36.  Apulée  se  justifie  en  alléguant  ^ju*0p|irastc 
recherches  d’anatomie,  suivant  l’exemple  donné  par  Aristote,  ^  0$, 
d’autres  savants  de  l’antiquité.  —  43  Montesquieu,  Espiit (  ^  ^  ^  p|jn. 

14.  —  14  Phaed.  Fab.  1,14.  —  15  Galen.  X,  5  ;  XIV,  000;  XIX,  ^  1()0 

Nat.  Hist.  XXIX,  18.  —  17  Hor.  Ep.  II,  1,  U*.  -  18  Pers*  ‘ ',  x‘  865; 

—  19  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  18.—  20  plat.  Polit,  p.  299;  eg-  1  , 
Philémon  ap.  Stob.  Flor.  Cil,  6.  —  21  Arist.  Polit,  p- 
p.  127. 


4282.’—  22 


MED 


—  1077  — 


MED 


1(lll  de  la  responsabilité  criminelle  des  médecins 


était  engagée  au  cas  où  un  malade  mou- 


est  ques 

■  "’d  était  prouvé  qu’ils  avaient  agi  contrairement  à 

ral1’  h  ',s des  1  ;  or,  les  anciens  n’auraient  pas  signalé 

ce'la"u!i!,'nlarité  s’il  avait  existé,  en  Grèce,  quelque 
|UeParllCU 

veislation  analogue. 

'■  malgré  les  plaintes  de  Pline,  il  est  certain 


Toutefois 
que  l’irrespon 


sabilité  des  médecins  à  Rome  n’était  pas 
a  loi  tendit  sérieusement  à  la  limiter. 


absolue  et  que  .  .  .  , 

(.i(|(,(.jn  était  responsable  au  criminel  en  vertu  des 

\l\tCornelia  de  veneficiis  et  Cornelia  de  sicariis.  «  Est 
te,ui  de  D  loi  Cornelia  celui  qui  a  tué  un  homme  libre 
,  ericlave ;  celui  qui,  dans  l’intention  de  donner  la  mort, 
a  confectionné  et  vendu  du  poison;  celui  qui  a  blessé 
dans  l’intention  de  tuer;  celui  qui  a  vendu  au  public  des 
médicaments  dangereux,  ou  en  a  conservé  dans  des 
intentions  homicides.  Est  puni  des  peines  portées  par 
cette  même  loi  celui  qui  horninem  libidinis  vel  pro- 
merdi  causa  castraverit.  Est  puni  d’une  peine  spéciale 
celui  qui  s’est  rendu  complice  d’un  avortement2.  »  Il 
s’agit  là,  il  est  vrai,  de  crimes  de  droit  commun  ;  ma  is  ce 
sont  des  crimes  dont  le  soupçon  a  effleuré  plus  d’un  mé¬ 
decin  célèbre  sous  l’Empire.  La  responsabilité  civile  des 
médecins  était  engagée  par  la  loi  Aquilia,  de  l’an  de 
Rome  468,  qui  réprimait  le  dommage  causé,  damnuni 
injuria  datai n,  et,  par  suiLe,  ouvrait  une  action  ayant 
pour  but  principal  une  indemnité3.  Le  dommage  doit 
avoir  été  causé  injuria  ;  donc,  si  le  malade  est  mort  par 
hasard,  ou  par  force  majeure,  le  médecin  est  indemne4; 
mais  la  loi  atteint  même  la  faute  la  plus  légère,  impré¬ 
voyance,  ignorance,  maladresse.  Ainsi  le  médecin  qui, 
venant  d’opérer  un  esclave,  n’a  pas  surveillé  les  suites  de 
l’opération  et  l’a  laissé  mourir,  est  civilement  respon¬ 
sable.  Une  opération  mal  faite,  un  remède  ou  un  clystère 
administré  mal  à  propos,  avec  une  substance  dangereuse, 
l’application  d’un  onguent  nuisible,  sont  autant  de  dom¬ 
mages  commis  injuria  s.  En  cas  de  morL  ou  de  mise 
hors  de  service  d’un  esclave,  le  médecin  maladroit  sup¬ 
porte  une  indemnité  égale  non  seulement  à.  la  valeur  de 
1  esclave,  mais  aux  perles  accessoires  que  le  maître  a 
subies  et  aux  gains  dont  il  a  été  frustré.  La  responsabi¬ 
lité  des  médecins  n’était  pas  engagée,  en  vertu  de  la  loi 
Aquilia,  s  il  s’agissait  de  dommages  causés  à  un  homme 
ibre ,  toutefois,  la  jurisprudence  suppléa  à  cette  lacune; 
homme  libre  fut  lui-même  investi  de  l’action,  qui  pou- 
Vait  liasser  a  sos  héritiers0.  La  loi  admettait  également 
que  h.  médecin  esclave  pùt  s’obliger  au  civil  par  ses 


’.son  maître  était  responsable  dans  la  limite  de  la 
™ Pln  l^e  '  esclave,  qu’il  pouvait  abandonner  au  plaignant 
|7"'  lever  la  poursuite1.  Les  sages-femmes  et 

“"n  s-médecins  ( obstetrices ,  ’caxpaivat)  étaient  soumises 
aux  mêmes  re 
Entre 


■a  contradict 


rpaivai) 

responsabilités  que  les  hommes  1 
1  otte  législation  sévère  et  les  plaintes  de  Pline, 


a  fallu  du 


sur 


ces  délicat 


ion  n’est  peut-être  qu’apparente.  D’abord,  ii 
temps  pour  que  la  jurisprudence  se  constituât 


es  questions;  en  second  lieu,  les  condi- 


di'jite  des  ''  '  ®'c-  b  82.  —  2  Jaci|uey,  De  la  condition  juri 

~  ‘Si  nT' P'  85-  7  3  Insl“-  lv-  3-  6‘  7=  p- 

>  Ibid  p  -•’>  ’  1  UiS-  IV,  2,  8  et  9  ;  Jacquey,  Ibid.  p.  69.  —  G  Jac 

ùerod.  U,  84.  ~  ’  ,bid •  P-  79-  —  8  /%.  IX,  2,  9.  -  9  Hom.  Od.  IV,  230 

*Wv«v,  ij  ly..’.  '  *  Herod.  Il,  84  :  Miïjç  voû^ou  exct fftoç  {yiTçd;;  iffu  xat  0 

Wod>en»chrirt  'r  <'‘7  Griech •  °straka  (Berlin,  1899),  1.  I,  p.  377.  Cf.  Wesselj 
— 13  Schol,  /(  V,  \.Kla‘S:  pllihl-  1902>  P-  20i-  —  12  Cic.  De  oral.  III,  33 
Yj  J  ’  ’  Oind.  Pyth.  III,  50.  —  H  Aristoph.  Ecoles.  363.  —  16  L 


lions  actuelles  de  la  responsabilité  médicale  en  Europe 
suffisent  à  montrer  combien  la«  faute  grave  »  estdiflicile 
à  définir  et  à  établir.  Les  plaintes  contre  I  rresponsabi¬ 
lité  des  médecins  n’ont  pas  cessé  depuis  qu’ils  sont 
obligés,  par  la  loi,  de  posséder  un  diplôme;  ceux  qui 
exercent  sans  licence  sont  souvent  poursuivis  pour 
exercice  illégal  de  la  médecine,  mais  bien  rarement  con¬ 
damnés  au  civil  pro  damna  injuria  data. 

VI.  Spécialités  et  spécialistes.  —  En  Egypte,  où  les 
médecins  étaient  très  nombreux,  au  point  qu’on  disait 
que  tous  les  Égyptiens  étaient  médecins9,  Hérodote 
assure  qu’il  y  avait  un  médecin  pour  chaque  maladie  et 
chaque  organe  (yeux,  dents,  estomac);  aucun  médecin 
ne  s’occupait  de  plusieurs  affections'0.  Ce  goût  des  Égyp¬ 
tiens  pour  la  spécialisation  du  savoir  médical  se  constate 
encore  à  l’époque  romaine.  Un  médecin,  sur  un  papyrus 
de  Berlin,  parle  de  Tpaug-aToOspaTreueiv  ;  il  était  donc  un 
Tpaujj.ctToGepaireÛT7)ç,  médecin  des  blessures,  ce  qui  est 
l’équivalent  du  nom  que  l’on  donnait  à  Rome  au  médecin 
grec  Archagathos,  vulnerarius.  Un  papyrus  de  Londres 
mentionne  aussi  un  tccrpoxauff-rr^,  médecin  opérant  des 
cautérisations  ". 

Si  l’on  en  croyait  Cicéron,  la  Grèce,  à  l’époque  d'Hip¬ 
pocrate,  n’aurait  pas  encore  connu  de  spécialistes  soi¬ 
gnant,  les  uns  des  maladies  internes,  les  autres  des 
blessures,  d’autres  encore  les  yeux1'2.  Mais  Cicéron  est 
probablement  dans  l’erreur.  Déjà,  en  effet,  dans  les 
poèmes  homériques,  on  trouve  constituée  la  chirurgie 
militaire,  qui  s’occupe  principalement  de  plaies  et  dont 
il  sera  question  plus  loin  avec  détail  (g  XI).  En  second 
lieu,  l’auteur  de  YÉthiopide,  Arktiuos,  distinguait  la 
médecine  de  la  chirurgie,  puisqu’il  faisait  de  Machaon 
un  chirurgien  et  un  médecin  de  Podalire  u.  Une  gros¬ 
sière  plaisanterie  d’Aristophane 14  semble*  indiquer  que, 
dès  le  ve  siècle,  il  y  avait  des  spécialistes  des  maladies  du 
rectum.  Il  faut  attacher  plus  d’importance  au  passage  du 
Serment  hippocratique ,  où  il  est  question  de  spécialistes 
qui  pratiquent  l’opération  de  la  pierre  et  auxquels  le 
médecin  s'engage  à  en  laisser  le  soin.  Toutefois,  l'inter¬ 
prétation  de  ce  texte  prête  à  quelque  incertitude  et  l’on 
a  pu  se  demander  si  l’opération  interdite  n’est  pas  plutôt 
la  castration,  considérée  dès  lors  comme  incompatible 
avec  les  devoirs  moraux  des  médecins13.  Mais  on  doit 
faire  observer,  à  l’appui  de  l’interprétation  ordinaire,  que 
la  lithotomie  est  restée  une  spécialité  souvent  héréditaire, 
même  dans  la  Grèce  moderne  (cf.  plus  haut,  §  111) ,G. 

La  médecine  des  gymnases  a  constitué  une  véritable 
spécialité  depuis  le  développement  de  l’éducation  athlé¬ 
tique  en  Grèce17.  11  fallut  de  tout  temps,  dans  les  palestres, 
une  personne  capable  de  parer  d’urgence  aux  accidents, 
foulures,  fractures,  luxations,  contusions,  qui  s’y  pro¬ 
duisaient  à  chaque  instant18.  Les  préposés  des  gymnases 
acquéraient  à  cet  effet  les  connaissances  nécessaires; 
mais  ils  devaient  aussi  développer  avec  méthode  les 
forces  de  leurs  élèves  et  proportionner  leurs  efi'orts  à  leur 
état  physique.  Le  pédotribe  fut  donc  à  la  fois  un  hvgié- 


loxle  poi'le  :  o3  t£|*î«i  Si  oùSl  yrt|v  Xttiüvvx;.  Littré  a  proposé  dubitativement  de 
corriger  abiovra;:  cf.  Charpignon,  Étude  sur  le  Serment  d' Hippocrate,  Orléans. 
1881;  Puschmann,  Uescli.  des  medic.  Unterriclits ,  p.  36.  —  16  Un  médecin 
d'Alexandrie,  Ammonios,  était  surnommé  5  'mOotGpo;  (Cels.  Vit,  praef.)  ;  il  avait 
inventé  une  méthode  nouvelle  pour  l'opération  de  la  pierre  (Cels.  VU,  20).  Galien 
(V,  846)  distingue  aussi  les  Xïfiotôpot.  - —  17  Cf.  Girard,  L' Education  athénienne. 
p.  189  ;  Puschmann,  Op.  I.  p.  53.  —  18  Blessures  aux  oreilles  dans  les  gvmnases, 
P.at.  Proteg.  342  B^  Gorg  515  E;  cf.  Rayot,  Monum.  grecs ,  1877,  p.  4. 

211 


MED 


nisle  (uyistvôç)',  un  masseur  et  un  rebouteur.  11  fixait  la 
quantité  et  la  cj ual i I < *  de  la  nourriture  des  élèves  et  gra¬ 
duait  la  série  de  leurs  exercices,  llérodicos  de  Sélymbrie, 
«■lève  d  Iccos  de  Parente,  après  avoir  été  longtemps  pédo- 
tribe,  devint  infirme2  et,  changeant  de  profession,  se 
mit  a  exercer  la  médecine,  ou  plutôt  à  mêler  la  gymnas¬ 
tique  a  la  médecine  (gt;aç  yugvacrT-xrjv  tiTpixîi,  dit  Platon), 
suivant  les  principes  de  l'hygiène  des  gymnases,  pres- 
i  rivant  surtout  aux  malades  des  exercices  physiques,  de 
longues  marches,  des  massages,  des  sudations  et  une 
diète  appropriée3.  D’autres  pédotribes  et  même  des 
athlètes v  suivirent  son  exemple  et  réussirent.  Sans  doute, 
d  y  a  quelque  exagération  à  dire  que  la  médecine 
grecque  est  sortie  en  partie  des  gymnases  et  des  pa¬ 
lestres,  mais  il  est  incontestable  que  ces  institutions  ont 
contribué  à  son  développement  rationnel  et  qu’elles 
i  xeicèrent  une  influence  bienfaisante  sur  les  doctrines 
hygiéniques  \ 

L  accroissement  du  savoir  médical  et  peut-être  aussi 
In  tradition  de  1  ancienne  médecine  égyptienne  favori¬ 
sèrent.  à  1  époque  alexandrine,  la  multiplication  des 
spécialités.  Cette  tendance  ne  fit  que  s’accuser  à  l’époque 
romaine.  Si  quelques  savants,  comme  Celse  et  Galien, 

1  ont  blâmée,  ou  du  moins  ont  exprimé  le  vœu  que  le 
médecin  donnât  son  attention  au  plus  grand  nombre 
possible  de  sujets 6,  d’autres  se  sont  résignés  à  admettre, 
avec  Philostrate  ',  que  personne  ne  peut  embrasser  tout 
I  ail  médical  nxTav  b  ot’j-zoç  cÙSeiç  qcv  ÇuXXagêivsiv 

Buvatro).  Toutefois,  les  excès  de  la  spécialisation,  à  Rome, 
prêtaient  au  ridicule,  et  Martial  ne  s’est  pas  fait  faute  de 
les  railler  :  «  Cascellius  arrache  ou  guérit  une  dent  ma¬ 
lade,  Hyginus  brûle  les  poils  qui  incommodent  les  yeux; 
Tannius  enlève,  sans  la  couper,  la  luette  relâchée  ;  Eros 
ellace  les  tristes  stigmates  des  esclaves;  Hermès  est  le 
Podalire  des  hernies8.  »  Il  y  avait  non  seulement  des 
spécialistes  pour  les  différentes  parties  du  corps,  les 
oreilles,  les  yeux,  les  dents,  etc.,  mais  pour  les  différentes 
opérations,  comme  la  lithotomie 9,  la  réduction  des 
hernies,  la  cataracte,  et  pour  les  différents  âges  de  la  vie; 
enfin  les  médecins  se  répartissaient  en  écoles  qui  trai¬ 
taient  d’après  certains  principes  généraux,  empiriques, 
méthodiques,  pneumatiques,  éclectiques,  ou  en  faisant 
prévaloir  l’emploi  de  certains  moyens  curatifs  ou  diété¬ 
tiques,  tels  que  la  gymnastique,  l’hydrothérapie  (Anto- 
nius  Musa),  l’oinothérapie  (Asclépiade),  etc.  10  La  chi¬ 
rurgie  et  la  médecine  n’étaient  pas  généralement  exer¬ 
cées  par  les  mêmes  praticiens,  bien  que  le  chirurgien  soit 
aussi  qualifié  de  medicus  et  que  le  médecin  soit  souvent 


1  Galen.  De  sanit.  tuend.  I,  15;  II,  8.  —  2  Plat.  Polit,  p.  399.  3  piat. 

Protag.  p.  316;  Dep.  p.  406;  Phaed.  p.  227  ;  Hipporr.  t.  I,  p.  581  ;  t.  Il,  p.  245; 
t.  IV,  p.  107;  t.  VI,  p.  327;  Arisl.  ad  JYicom.  p.  1006;  Plut.  De  adul.  et  amie.  17; 
l  ie.  lam.  I,  9.  —  4  Diog.  Lacri.  VI,  02.  —  5  Cf.  Daremberg,  Bist.  des  sc.  médic. 
t.  I.  p.  82.  Beaucoup  de  médecins  qui  s'établirent  à  Rome  sortaient  des  gymnases 
grecs  (Gell.  XII,  5).  —  6  Cels.  Praef.  VII.  —  7  Pbilostr.  De  gymn.  15.  —  8  Mari. 
X,  56  ;  cf.  DenelTe,  Les  oculistes  gallo-romains ,  p.  34;  Les  bandages  herniaires 
à  l  époque  mérovingienne,  Anvers,  1900.  Lambros  dit  avoir  possédé  trois  bandages 
herniaires  provenant  de  Béotie  (DenelTe,  Ibid.  pl.  à  la  p.  12)  ;  on  en  a  signalé  plu¬ 
sieurs  du  v'  et  du  vi«  siècle  (découverts  dans  la  Meuse  et  dans  la  Somme).  Celse 
connaît  la  bande  et  la  pelote  pour  enfants  (VII,  20);  mais  la  première  mention  d’un 
bandage  est  dans  Aétius  (v'  siècle).  En  général,  des  Grecs  opéraient  les  hernies 
(*i)XoTo|ittv).  —  9  La  lithotomie  se  perfectionna  à  Alexandrie  avec  Ammomos 
(Cels.  VII,  26).  -  10  Pli„.  Xat.  Hist.  XXIX,  5;  Galen.  V,  846;  Apul.  Florid.  19. 
Galien  (Y  ,  840)  nomme  les  spécialistes  suivants  :  x,>xo^,r,  X.Oot^o,, 
o-ffagcxot,  S‘«‘ïi|mco;,  ça  ,  [xaxtu  t  txo  1  ..{lotavtx  o  t ,  oîvoSotxi,  lUtSofoSoTai. 

-  U  Cels.  Praef.  VII;  Galen.  X,  454;  XVIII,  346;  Juv.  Sat.  II,  13.  -  12  Plut.  De 
/rat.  amore,  15.  Le  mot  grec  dichotomie,  employé  pour  désigner  cet  abus,  est  un 
néologisme  de  la  fin  du  xix'  siècle.  —  13  Cels.  Praef  I.  —  14  Cels.  Praef  V. 


1C.7K  —  MED 

consulté  par  le  médecin  ».  Plutarque  dit  o„ 

•  1 1  lui  urgiens  se  soutenaient  et  se  recomnv  1  mé(leci«s 
eux,  mais  sans  insinuer  par  là  qu’il  exisi  "i"  a,pnten»'e 
aucune  complicité  en  vue  du  gain  ''  a  cet  égaré 
En  même  temps  que  les  spécialités  s’inlrofl  . 
dans  1  exercice  de  la  médecine,  l’enseignemenT‘U,Sa,ent 
cette  science  se  subdivisait.  C’est  à  AW  Uleine  llt 
d’Érasistrate,  d’IIérophile  et  d’Eudèm^Vui-  ’t'1'  ^ 
mença  à  distinguer  dans  la  médecine  IpnD  ,  H 
smns,  la  diététique,  la  pharmaceutique  cUa  T ^  ^ 

(S-.aiTv.xtx-ij,  oapgotxeuTocTÎ,  X«poopYlx*j)  u  H 
que  la  pharmaceutique  n’est  pas  ce  que  nous  eatelt 
par  la  pharmacie,  mais  la  branche  de  h,  môdoHn,’ 
tend  au  rétablissement  Je  la  santé  par  les  re,„Mes?j 
medtnnae  pars  quae  magie  médicament, gagnai," 

De  toutes  les  spécialités  médicales,  la  plus  dUveL* 
dans  1  antiquité  fut  l'oculistique,  seicuee  qui  parait d'^ 

gme  égyptienne  »,  bien  que  les  Grecs  en  . . asJ 

1  invention  à  Apollon  ».  Celse  lui  consacre 
partie  de  son  sixième  livre  et  cite  de  nombreux  collyres 
surtout  d’après  Evelpide,  qu’il  appelle  le  plus  grand 
oculiste  du  temps;  tout  le  livre  IV  de  l’ouvrage  de 
Galien,  Tcsp'ttruvOÉGswç  cpaogdxwv,  concerne  les  médicaments 
pour  les  yeux".  Le  nombre  des  oculistes  sous  l’Empire 
était  très  considérable;  la  liste  qu’en  a  dressée  Kühn 18 
s  accroît  sans  cesse  par  les  découvertes  épigraphiques] 
Nous  reproduisons  une  stèle  gallo-romaine  découverte 
aux  Ronchers  (Meuse)  et  conservée  au  Musée  de  Bar-le- 
Duc,  dont  le  registre  supérieur  représente  un  oculiste 
inspectant  1  œil  d  une  patiente  en  abaissant  la  paupière 
a  laide  d  un  petit  instrument;  au  registre  inférieur  le 
médecin  est  figuré  auprès  du  lit  d’un  malade  (fig.  4880)19. 

L  oculiste,  médecin  ou  chirurgien,  s’appelait  chirurgus 
oculariufi 2Ü,  medicus  ocularius*' ,  ab  oculis11,  ophtal- 
rnicus 23  (ôçpôaXpuxôç  iarpoV1)-  Les  oculistes  de  la  région 
nord-ouest  de  l’Empire  nous  ont  laissé  plus  de  deux 
cents  cachets,  dont  l’étude,  longtemps  négligée,  a 
occupé  de  nos  jours  plusieurs  savants  [sigilloi  1  .  Tn 
cachet  d’oculiste  est  une  plaquette  prismatique,  généra¬ 
lement  en  serpentine,  en  stéatiteou  en  schiste  ardoisicr. 
Les  tranches  portent  des  inscriptions  latines  gravées  à 
rebours,  mentionnant  :  1°  les  noms  de  l’oculiste,  inven¬ 
teur  ou  vendeur  d’un  collyre;  2°  le  nom  (grec,  mais 
latinisé)  et  l’usage  du  collyre;  3°  parfois  son  mode 
d’emploi26.  L’indication  du  nom  de  l'oculiste  fai1  rare¬ 
ment  défaut2'.  Quelques  cachets  portent  deux  ou  trois! 
noms,  témoignant  d’une  succession  ou  d’une  association 
d’oculistes,  ou  de  l’exploitation  par  un  oculiste  dune 

—  15  Herod.  III,  1  ;  cf.  Ilirschbcrg,  Aegypten ,  Leipzig,  1890,  p.  I 

égyptiens. pour  les  yeux,  Puschniann,  ffandbuch ,  I,  76.  1,1  . 

—  *7  Hirschberg,  Aegypten ,  Geschichtl.  Studien  eines  Augenut  -1* s- 

1890;  Die  Augenheilkunde  bei  den  Griechen,  clans  Archiv  /"'  nl' 
logie,  1887  (t.  XXXIII,  p.  47-78);  DenelTe,  Les  oculistes  gallo-romains  's''^ 
Anvers,  189G;  Koslomiris,  lleçu  -/al  w-rotayta;  t<»v  |, s '0-30. 

Athènes,  1887.  —  18  G.  Kühn,  Index  medicorum  oculariorum,  l-e'lW»  ‘  ,0( 

—  J9  Revue  archéol.  1876,  I,  pl.  x,  p.  397;  Bull,  monumental-  ^  ,lll(l;,-9609- 

—  20  Orelli,  2903.  -  21  Corp.  inscr.  lat.  III,  614;  VI,  3987,  8909.  S-H  .... 

—  22  Ab  oculis ,  dans  deux  inscriptions  ligoriennes,  Corp.  insci .  \YlH-  •• 
3041  *  (Gruter,  G35,  3;  581,  3).  —  23  Mart.  VIII,  74.  -  24  0a  Tour!J 

—  25  Villefosse  et  Thédenat,  Cachets  d'oculistes  romains ,  t.  I  (*  |  ^  |. 

et  Paris,  1882;  Espérandieu,  Bec.  des  cachets  d'oculistes,  ifl  *nl(.j(*nne  biblio- 
p.  296;  II,  p.  15,  139,  308;  1894,  I,  p.  54;  II,  p.  44  (et  à  part)*  J  ^  |js  s0nl 
graphie  est  donnée  Rev.  arch.  1894,  II,  p-  166;  les  cachet»  P"  j90j,  p. 
transcrits  dans  Y  Année  épigraphique  do  M.  Cagnat  (cf.  Bev.  ‘p'fJ  ___  20  fiev- 
Liste  des  oculistes  connus  par  les  cachets,  Bev.  arch.  18.»*,  •  I’  Huit 
arch.  1893,  I,  p.  296  ;  DenelTe,  Les  oculistes  gallo-romains,  p-  1 
pies,  Bev.  épigr.  1901,  p.  219. 


MRO 


—  1679  — 


MED 


I  .  .  créée  par  un  autre.  La  grande  majorité  des 

SpéC'l"se  sont  rencontrés  en  Gaule,  en  Bretagne,  en 
ca<l"  "  v  pi  sur  le  Danube;  l’Afrique  n’en  a  fourni 
G'-""  "on  n’en  a  trouvé  ni  en  Grèce  ni  en  Asie  Mineure, 
nour  ma  part,  à  y  voir  une  survivance,  modi¬ 
fiée  par  la  science  ou  le 
charlatanisme  hellénique, 
d’une  vieille  tradition  mé¬ 
dicale  celtique  et  druidi¬ 
que.  Sichel  pensait  que 
ces  cachets  avaient  appar¬ 
tenu  à  des. médecins  mili¬ 
taires,  qui  accompa¬ 
gnaient  les  légions;  mais 
cette  opinion  est  insoute¬ 
nable,  car  on  les  a  surtout 
trouvés  là  où  les  légions 
ne  stationnaient  pas.  Les 
oculistes  mentionnés  sur 
les  cachets,  affranchis  ou 
esclaves,  étaient  proba¬ 
blement  des  praticiens 
ambulants,  qui  s’adres¬ 
saient  principalement  à 
la  clientèle  gallo-romaine 
des  villes.  L’usage  de  ces 
objets  a  duré  du  icp  au 
iv°  siècle  après  J.-C. 
Comme  leur  nom  l'indi¬ 
que,  ils  servaient  à  estam- 

Bg; 4880.  —  Stèle  funéraire  d’un  médecin  ...  , 

gallo-romain.  pdler  des  pâtes  ou  col¬ 

lyres,  qui  étaient  ensuite 
dissoutes  dans  un  liquide:  eau,  vin,  blanc  d’œuf,  lait  de 
femme,  etc.1  Pour  les  oculistes,  il  y  avait  là  un  moyen 
de  publicité  comparable  aux  étiquettes  dont  sont  revê¬ 
tues,  chez  nous,  les  spécialités  pharmaceutiques.  Avec 
une  trousse  d’oculiste  exhumée  en  1854  à  Iteiins,  on  dé¬ 
couvrit  toute  une  série  de  collyres,  petites  plaques  rec¬ 
tangulaires  qui  portaient  encore  l’empreinte  de  cachets. 
Les  cachets  servaient  également  à  estampiller  les  vases 
daiib  lesquels  les  oculistes  renfermaient  leurs  collyres 
liquides  On  connaît  aussi  des  tablettes  d’oculistes 
s,lns  inscriptions,  présentant,  sur  une  face,  des  évi¬ 
dements  en  forme  de  godets  qui  servaient  de  mor¬ 


tiers  3.  Enfin,  les  instruments  de  bronze,  spatules, 
pinces,  érignes,  cautères,  trépans,  balances,  etc.,  dont 
se  servaient  les  oculistes,  nous  sont  connus  par  un  bon 
nombre  de  spécimens  l. 

On  est  moins  renseigné  sur  les  aurisles  (meilinis  anri- 
eularius)  '  et  sur  les  dentistes  (une  désignation  spéciale 
fait  défaut)0.  Les  Égyptiens  connaissaient  déjà  la  pro¬ 
thèse  dentaire,  dont  il  est  question  dans  le  papyrus 
Ebers7.  Des  dents  liées  avec  de  l’or  ( aura  dentés  juneti) 
sont  mentionnées  dans  la  loi  des  XII  Tables8,  et  1  on  a 
trouvé,  dans  plusieurs  tombes  de  Phénicie,  de  Grèce  et 
d’Italie,  des  dents  jointes  avec  un  fil  d’or  J.  Il  est  égale¬ 
ment  question,  chez  les  Grecs  et  les  Romains,  de  fausses 
dents10.  Des  dents  aurifiées  ou  plombées  ont  fréquem¬ 
ment  été  rencontrées  dans  les  tombeaux11. 

VIL  Pharmaciens  et  rhizotomes  ,2.  —  L  antiquité 
n’a  pas  connu  l’équivalent  du  pharmacien  moderne, 
qui  exécuLe,  sur  l’ordre  du  médecin  et  sous  le  con¬ 
trôle  de  l’État,  des  prescriptions  magistrales  ou  offi¬ 
cinales.  En  principe,  le  médecin  préparait  lui-même 
ses  médicaments;  il  pouvait  en  acheter  les  ingré¬ 
dients  chez  le  pharmacojto/e,  sorte  d’herboriste  qui, 
à  son  tour,  se  fournissait  de  plantes  médicinales  chez 
le  rhizotome'3 . 

A  l’origine,  la  cueillette  des  simples  —  souvent  accom¬ 
pagnée  de  cérémonies  magiques  et  effectuée  dans  cer¬ 
taines  circonstances  seulement14  —  constituait  une  partie 
essentielle  de  l’art  de  guérir15;  c’est  celle  que  le  centaure 
Chiron  passait  pour  avoir  enseignée  à  Esculape,  en 
même  temps  que  les  incantations10.  Les  premiers  méde¬ 
cins  grecs,  comme  les  magiciens  et  les  magiciennes, 
recueillaient  eux-mêmes  les  simples,  ou  les  faisaient 
recueillir  par  des  amis  sûrs;  ainsi  Épiménide,  disait-on, 
avait  fait  de  longs  voyages  à  cet  effet  :  à<7/o),oüu.evoç  ireo: 
ftÇoTopuav 17 .  11  existe  une  lettre  supposée  d’Hippocrate 
à  Krateuas,  qualifié  de  ôiÇo-rdacov  apiavo;.  pour  le  prier  de 
-recueillir  avec  soin  de  l’ellébore  en  vue  du  traitement 
de  Démocrite  18. 

Au  ve  siècle  av.  J  ,-C.  ,1e  médecin  fait  préparer  les  remèdes 
dans  son  officine  et  les  vend  à  ses  clients  par  l’entremise 
de  ses  élèves  et  de  ses  préparateurs,  »app.axoTpt6ai 10,  qui 
en  surveillent  l’administration  aux  malades20.  Mais,  dès 
celte  époque,  l’industrie  du  pharmacopole  est  constituée, 
à  côté  de  celle  du  médecin,  et  l’on  s’adresse  souvent  au 


A  7  s  collyi’es  connus  par  les  cachets,  avec  références  anciennes, 

^  (||  ,  r  1  ^  P*  215;  efficacité  des  collyres,  Ibid.  1804,  II,  p.  44  (liste 

..  .  I'1  ils  étaient  censés  guérir);  collyres  d’Antvllos,  recettes  conservées 

•«.  '•  r.  ». 

|,  00  ()||  •  P-  J  RMI.  morntm.  1883,  p.  343;  Rev.  arch .  1894,  I, 

ïraiicln'  |  ,,  1,1  Un  mor^er  cn  marbre  avec  son  pilon,  portant  sur  une 
flPrvi  à  lifo  "j1  T'.U'S'  flu*  esl  une  c°ticula  (lovrçixri  àxôvïj,  Galen.  XII,  718),  ayant 
ISoo  n  i  '  <S  *llSl(^enl's  des  collyres  pour  les  yeux  (Thédcnat,  Dali,  monum. 
'ottwV  '•  P1’  -  3  inscr.  lai.  VI,  8908. 

les  dent  if..;  <U  ’  G  ^art-  X,  56.  ’O&ovctxot,  Galen.  V,  84G.  Pour 

schrift  iles  r  ^  Jfd  et  Cels.  VU,  12. —  7  M.  Slranz,  Monats- 

tliise  dentair  •  ' ri">S  ^eu^sc^e,'  Zahnkfmttler,  V,  n»  7;  cl'.  Dcneffe,  La  pro- 
jhcc  de  dents  f  ,,-S  ^  Anvers,  1890.  Ou  n'a  cependant  pas  trouvé 

Ci t.  De  lu  n  sur  les  momies.  —  8  Ed.  Schoell,  tab.  X,  8,  p.  155; 

‘7.11  '  f  (là  n  j  .  * 

Icclion  liinimp  '  r  '  -  GS  ‘  en^s  *‘^es  avec  de  l'or  sont  mentionnées  dans  la  Col- 

fli’cie,  p.  470 .  ^  *jIC’  1  cf.  Cels.  VII,  12,  1.  —  9  Renan,  Mission  de  Phé- 

26 ;  /;„//  (fp^.  j,  ^lf5<  1  ^n'iech.  Vasengemülde,  I,  p.  63  ;  Hclbig,  Rom.  Mittheil.  I, 
lier  découvert  :  T  *S,/’  P‘  Dcnellc,  Prothèse  dentaire ,  p.  26,  66.  lin  den- 
d  une  bandelel le  ana^* a’  dans  la  colleolion  Lambros  h  Athènes,  est  composé 
°nl,,e  deux  lamelle^  j1^  ma^a^c  fi1”  devait  fixer  les  deux  incisives  médianes 
s'v'es  externes  rcsr  (Sflu°Hcs  prenaient  leur  point  d’appui  sur  les  deux  inci- 
•  p.  GG;  (|0  r  GS  Sa*nes  (Denefle,  Prothèse  dentaire ,  p.  26).  Denlier  d’Orvielo, 
de  Cornelo  |  n,  *°’  P-  ^3  ;  de  Valsiarosa,  Ibid.  p.  50.  Dans  un  des  den- 
,lv  incisives  absentes  ont  été  remplacées  par  une  dont  de  bœuf 


incisée  par  le  milieu,  de  façon  à  simuler  l'intervalle  qui  sépare  deux  dents.  L’L’ni- 
vcrsilé  de  Gahd  possède  la  mâchoire  el  le  dentier  d’Orvieto  ;  c’est  une  mâchoire 
supérieure  armée  de  son  appareil  dentaire  en  or  (vers  500  a> .  J.-C..).  I.c  dentier  est 
constitué  par  une  lame  d’or  qui  se  replie  cl  se  soude  à  elle- mémo  pour  former  une 
ellipse;  il  est  encore  fixé  à  la  canine  droite  par  un  anneau  que  forment  les  deux' 
lames  en  avant  et  en  arrière  de  celle  dent  (DenelTe,  p.  59,  üg.  1).  —  10  Uor.  Sat . 

I,  8,  48  ;  Mari.  I,  73  ;  II,  41  ;  V,  43  ;  IX,  38  ;  XII,  23  ;  XIV,  56.  —  H  bencOc,  Op.  I. 

p.  32.  —  12  Berendes,  Pharmacie  bei  den  allen  Culturvôlkern ,  Halle,  1891.  Sur 
la  pharmacopée  égyptienne,  voir  l’éd.  du  Papyrus  Ebers  par  Joachim;  sur  la 
pharmacopée  phénicieune  et  babylonienne,  Oefele,  Janus ,  Amsterdam,  mai- 
juin  1897,  et  Allg.  medic.  Centr.  Zeit.  1898,  u's  96  sq.  ;  Aerztl.  Rundschau , 
1895,  nos  45-49.  —  13  Marquardt,  Prirallcbcn  der  ’Rômer ,  p.  757  ;  Lillré,  Hippo¬ 
crate ,  t.  IV,  p.  623  ;  Laboulbène,  Œuvres,  p.  185.  La  profession  de  rhizolome 
était  parfois  héréditaire  (Hippocrate,  IX,  312b  —  U-Thcophr.  Hist.  Plant.  IX,  8,  5. 
La  oapuaxeta  est  proprement  la  science  des  plantes  merveilleuses.  Sur  les  sa^xaxot 
magiques,  voir  l’art,  magia,  p.  1495.  —  13  Hat.  Symp.  111,  1  :  ^càatoo;... 

■RAttf/rri  xE/p.jxtvou;  ànô  ojt.ov  îaToixrj.  d.o\  x<x\  pOTaval  Si*  Uvto  toj; 

•/âHLvovTa;  ;  cf.  Son.  Ep.  XCV,  15  :  Medicina  quondam  pauearum  fuit  scientia 
herbarum  ;  Isid.  Orig.  IV,  9,  4.  —  10  Dind.  Pyth.  111.  84.  —  1"  Diog.  Laert.  I,  112. 
—  18  Epist.  qraeci,  éd.  Hcrchcr,  p.  297.  Sur  Craleuas,  Rev.  des  études  grecques, 

II,  343.  —  19  Demosth.  p.  1170.  —  20  Hippocr.  t.  IX,  p.  239;  Plat.  Gorq. 
p.  456  D;  Crat.  p.  391  A.  »l>cko[xaxov  téjxvuv  est  synonyme  de  traiter  un  malade, 
Acsch.  Suppl.  271;  cf.  K.  von  Grot,  Ueber  die  in  der  hippokratischen  Schriflen- 
sammlunq  enlhaltenen  pbannakologischen  Kentnissen,  Dorpat,  1887, 


MED 


—  1680  — 


MED 


premier,  qui  a  les  allures  et  la  réputation  d’un  charlatan  \ 
pour  obtenir  des  spécifiques  tout  préparés.  Dans  Aristo¬ 
phane2,  on  voit  un  personnage  courant  les  boutiques  des 
phannacopoles  pour  acheter  un  remède  destiné  à  faciliter 
les  couches  (tbxurôxtov).  Les  vendeurs  de  drogues  allaient 
les  débiter  sur  les  marchés,  dans  des  coffrets  spéciaux 
(xûxTotc)3  ;  leurs  boutiques  contenaient  aussi  des  objets 
de  tout  genre,  par  exemple  des  amulettes,  des  bagues 
prophylactiques  contre  les  morsures1,  des  lentilles  pour 
allumer  le  feu8.  Le  pharmacopole  est  le  client  du  rhiso- 
toine,  qui  s’occupe  surtout  de  recueillir  des  plantes 
médicinales6  et  qui,  obéissant  à  des  superstitions  fort 
anciennes,  opère  la  cueillette  suivant  des  règles  souvent 
absurdes  qui  sont  du  domaine  de  la  magie7. 

L  époque  alexandrine  fut  témoin  d’un  développement 
extraordinaire  de  la  matière  médicale,  dùà  l’influence  de 
la  médecine  populaire  et  de  la  pharmacopée  magique  des 
peuples  orientaux.  On  trouve  la  preuve  de  cette  richesse, 
d  ailleurs  plus  apparente  que  réelle,  dans  la  pharmacopée 
a  la  lois  scientifique  et  populaire  de  Galien,  héritier  de  la 
science  alexandrine.  D’autre  part,  on  voit  des  souverains, 
comme  Affale,  le  dernier  roi  de  Pergame8,  et  le  grand 
Mithridate3,  s’appliquer  eux-mêmes  à  l'étude  des  poisons 
et  des  contre-poisons  et  mettre  à  la  mode  des  drogues 
mystérieuses,  où  entrait  une  variété  extravagante  de 
substances10.  Le  roi  Antiochus  VIII  fit  graver  sur  marbre 
et  dédia  dans  le  temple  d’Esculape,  à  Cos,  un  remède 
contre  les  morsures  d’animaux  venimeux11.  De  cette 
époque  datent  de  nombreux  ouvrages  didactiques  sur  la 
ma'tière  médicale,  ceux  d’Héraclide  de  Tarente,  qui 
écrivit  aussi  sur  les  cosmétiques,  les  Theriaca  et  les 
Alexipharmaca  de  Nicandre.  Suivant  Galien,  le  premier 
qui  ait  écrit  sur  la  composition  des  médicaments  fut 
Manteias,  élève  d’Hérophile12.  Outre  les  poèmes  de 
.Nicandre,  nous  avons  conservé  le  vaste  recueil  de  Dios- 
coride  d’Anazarbe,  qui  avait  parcouru  une  grande  partie 
du  monde  romain  et  qui  décrit  environ  cinq  cents  plantes, - 
avec  tant  de  précision  qu’elles  ont  pu,  pour  la  plupart, 
être  identifiées  par  les  modernes13. 

Ces  traditions  de  la  Grèce  alexandrine  prévalurent 
pendant  l'Empire  romain  u.  L’industrie  des  pharmaco- 
po/es  ou  myropoles 15  {pharmacopolae*6,  unguentarii1' , 
seplasiarii  *8,  thurarii 13,  aromatarii 20,  pigmentarii 21 , 
myrobrecharii 22),  dont  la  réputation  de  hâbleurs  était 
ancienne23,  se  développa  même  aux  dépens  de  la  méde- 

1  Arist.  Oecon.  p.  1 3 4tJ  ;  Luc.  De  merc.  cond.  7;  Plut.  De  prof,  in  virt.  8.  On 
trouve  les  mots  çaçjxaxeTç,  ea^ji«xo|iâvTEt{,  oap;A«xîSêç,  toujours  en  mauvaise  [part. 
Anaxandridc  avait  écrit  une  comédie  4>a?;AaxôuavTi;  (Kock,  Fragm.  Com.  II,  157).  Le 
eappa’xoKÛXi);  était  opposé  à  l'a^oro;  îa-rçô;  (Stob.  Scrm.  XL,  8).  Sextus  Empirions  dit 
que  le  eappaxoTCiü/.v};  est  au  médecin  ce  que  le  démagogue  est  à  l’homme  d'Etat  {Adv. 
Mathem.  II,  41).  Une  tradition  voulait  toutefois  qu’Aristote  lui-même  eut  été  phar¬ 
macopole  (Athcn.  VIII,  p.  303;  Elien,  Var.  Hist.  IV,  9).  —  2  Aristoph.  Thesmoph. 
504.  —  3  Poli.  X,  181  ;  Aristoph.  Fragm.  95.  —  4  Aristoph.  Plut.  885  et  le  Schol. 

—  5  Aristoph.  Nub.  766.  —  fi  Theophr.  Hist.  Plant.  IX,  9.  —  7  'PtÇoTojwxo' 
/.ôpi,  Athen.  XV,  28;  Schol.  Nie.  T/ier.  617,  647,  681.  —  8  Galen.  XIII,  p.  416. 

—  9  Mart.  V,  77;  Plut.  De  adul.  et  amie.  27.  —  10  Le  Mithridation  comprenait 
54  ingrédients  (Galen.  De  antidot.  I,  p.  42  4).  Un  médecin  de  la  cour  des  Ptolémées, 
Zopvros,  avait  composé,  sous  le  nom  d 'ambroisie,  un  contre-poison  universel. 

—  11  Plin.  Nat.  Hist.  XX,  261  ;  Herzog,  Koische  Forsch.  p.  203.  —  12  Galen.. De 
compos.  medic.  II,  p.  328.  —  13  Dioscor.  Materia  medica ,  éd.  Sprengel,  Leipzig, 
1829;  cf.  Pusclimann,  Handbuc/i,  I,  349.  —  14  Aesch.  Fragm.  452,  appelle  les 
Tyrrhéniens  eaçpaxoïcoi&Y  e8vo;  ;  mais  nous  n’avons  aucune  preuve  que  la  phar¬ 
macopée  étrusque  ait  été  introduite  à  Home  avant  celle  des  Grecs.  —  15  Galen.  XIV, 

P*  1®*  16  H°r.  Sat.  I,  2,  1  ;  Gell.  I,  15,  9;  Collegium  pharmacopolarurn  publi- 

corum  à  Brescia,  Corp.  inscr.  lat.  V,  4489.  —  17  Corp.  iriser,  lat.  I,  1210;  VI, 
9998;  XIII,  2602,  etc.  Le  mol  grec  correspondant  est  ; surnom  du  médecin 
byzantin  Nicolas  d’Alexandrie  (Pusclimann,  Bandb.  1,  566).  —  18  Ainsi  nommés 
d’une  rue  à  Capoue  (Cic.  in  Pis.  XI,  24;  Ascon.  Ped.  p.  10).  Ils  avaient  la 
spécialité  des  articles  de  toilette;  cf.  Lamprid.  Heliog.  30;  Orelli,  4202,  4417*, 


cine;  tout  ce  qui  touche  aux  cosmétiques 
ressort-6,  y  compris  les  articles  de 


pommades,  les  parfums,  les  onguents  les  t 
les  cheveux  et  les  sourcils,  savons’ 
antéphëliques 83 ,  etc.  Bien  plus,  dès 
les  médecins,  soit 
ignorance,  avaient 


toilette, 


teintures  i 
dentifrir 


pour 

,, .  Ices<  laits 
1  eP°q ne  de  pi:, 
pour  épargner  leur  temps,  J  , 

presque  cessé  de  nrém.  Par 
memes  leurs  médicaments  et  achetaient  L  Z  Cüx* 
meme  les  remèdes  tout  faits  chez  les  nh„.  8Ues  0,1 
Ces  derniers,  peu  scrupules 

encore  victimes  des  supercheries  des  rhizotome,’  „  T1 
vendaient  des  pro-  Mu>  leur 

duits  avariés  ou 
frelatés.  Galien  , 
dans  sa  jeunesse, 
avait  payé  une 
grosse  somme  à  des 
fraudeurs  pour  être 
initié  à  leurs  pra¬ 
tiques29.  Plus  tard, 
il  fit  lui-même  de 
longs  voyages  pour 
recueillir  des  subs¬ 
tances  médicinales 
à  l'état  de  pureté, 
telles  que  le  jayet, 
l’asphal  te  ,  le 
baume,  la  terre  si¬ 
gillée  de  Lemnos,' 
et  il  s,’en  fit  aussi 
envoyer  par  des 
amis  sûrs 30.  Galien 
demande  que  le 
médecin  connaisse 
toutes  les  plantes 
utiles  et  il  recommande  de  les  cueillir  soi-mème,  avant 
que  la  chaleur  de  l’été  ne  les  ait  desséchées;  c'est  une 
science  qui  doit  s'acquérir,  non  pas  dans  les  livres,  mais 
sur  le  terrain31. 

Pour  le  service  de  la  maison  impériale,  on  faisait  venir 
des  substances  médicinales  recueillies  par  les  fonction¬ 
naires  sénatoriaux  ou  impériaux,  qui  les  envoyaient 
cachetées  à  Rome.  Galien  mentionne  aussi  des  esclaves 
impériaux  chargés  de  donner  la  chasse  aux  vipères,  qui 
étaient  employées  comme  contre-poison32.  Un  cachet  en 

7261.  —  19  Corp.  inscr.  lat.  I,  1665.  —20  Les  aromatarii  avaient  un  colley 
Home,  où  ils  vendaient  aussi  du  vin  parfumé  (Corp.  inscr.  hit.  \l.  ■  ‘  y 
Orig.  XVII,  18,  I  ;  Cdium.  XII,  20.  L’inscr.  Orelli  I  IL  est  fausse  (cf.  Jonrn 
1S79,  p.  403).  —  2J  Scrib.  Larg.  22;  Schol.  Fers.  I,  43;  Corp. 

9795,  9796.  —  22  Orelli,  4237  (suspect).  Le  mot  se  trouve  daL- 
4,  5,  37.  —23  Cal.  ap.  Gell.  I,  15,  9;  Hor.  Sat. 

—  23  Marquardt,  Pricatleben,  p.  762.  —  26  plin.  Nat.  Hist. 

XIV',  24.  Cela  n’était  pas  sans  inconvénient, 


J?  *r. 

Fig.  4881.  —  Laboraloire  de  pharmacie  ' 


imn-.M.'i I .  '.'673, 

dans  l'I.ud.  \M. 

I  g  t.  _  Cris.  VI 

'  ~i..  XXXIV,  lire  llalcn. 

veuieu.,  ...  v-  médicamenta 

pouvaient  être  dangereux,  comme  une  certaine  pommade  qui  lit  D"11*  \ XXI V, 

d’un  client  ( Anthol .  gr.  éd.  Jacobs,  J,  p.  183  ,  9).  —  27  p>as.,.e|ief  du 

108  :  Credunt  seplasiae  omnia  fraudibus  corrumpenti.  — 

Musée  d'Épinal.  S.  Reinach,  Guide  illustré  du  Musée  de  Sain/  f<  Voulot, 

fig.  65;  Jollois,  Mèm.  sur  les  antiq.  des  Vosges ,  pL  10  bis>  j  ^  ^(,r50n. 
Catal.  du  Musée  des  Vosges ,  p.  25.  On  a  prétendu  reconnaître^  ^  ^  ^  ^ 
nage  cenlral  la  déesse  romaine  Meditrina  (Festus,  XI,  P-  *  -  s).mi,|ablenicul 
VI,  3,  57);  mais  cette  explication  est  très  contestable.  H  s  agi*  u*  ^  ^a|oCi  XIII. 
d'une  déesse  celtique,  patronne  des  opérations  pharmaceutiques.  ^  Qalien  e* 
216.  —  30  Ibid.  XIII,  216;  XIV,  7;  cf.  Berthclot,  Sur  leswya(J^\^  382. 
sur  la  matière  médicale  dans  l'antiquité ,  in  Journal  des  saiai  *  ^  des* 

—  31  Ibid.  XIV,  30;  XI,  797.  On  étudiait  la  médecine  botanique  a  ^ 
sins  coloriés  (Plin.  Nat.  Hist.  XXV,  8),  ou  dans  des  jardins  de  p  ^  enCore 
tels  que  celui  d’Antonius  Castor  du  temps  de  Pline  {Ibid-  ’  70; 

dans  des  excursions 
370,  372. 


botaniques  (Galen.  L.  c.). 


__  32  Ibid . 


—  1681  — 


MED 


MED 


tern 


conservé  au  Musée  de  Berlin  et  provenant  du 

c‘"le;,.  légende  àpiogaToa]  xüv  xupfcov  Koci triftov, 

Isis  et  de  Sérapis, 


rte  la 


oroupe  formé  des  tètes  d 
rimage  du  Nil  couché.  Ce  cachet  était  sans 
un  ballot  d’aromates  expédié  à  la  cour 
\|  Rostowzew,  qui  a  publié  ce  petit  înonu- 
e  Ta  maison  impériale  affermait  à  des 


I  Cai1*1’'  Por 

I  cntoorant  un 

L-JesBüs-de 

doute  destine  a 

limpériab'- 

h10'11,  !  I)fk"éo'vptienslafourniture  des  aromates  (àpwfxaxot 7) 

'nia"  !i' l'  iic  le* cachet  avait  pour  but  de  mettre  le  ballot  à 
"T' .  i'1.  taxes  de  douane.  On  procédait  sans  doute  de 
la!'"  '  .'^réexpédition  des  substances  médicinales. 

10 i"s  magasins  impériaux  qui  recevaient  des  envois  de 
K  ubs(”nCes  en  vendaient  aux  pharmacopoles,  qui  s’en 
Procuraient  aussi  directement2.  Malgré  ces  précautions, 
h  IVaudc  ne  perdait  pas  ses  droits.  Ainsi  Yopobalsamum, 

•  poussait  en  Judée  dans  un  domaine  impérial,  et  qui 
était  vendu  pour  le  compte  du  fisc3,  subissait  néanmoins 
tant  d’altérations  qu’il  était  difficile,  au  temps  de  Galien, 

de  le  trouver  pur*. 

C’est  seulement  à  la  fin  de  l’Empire  que  la  pharmacie 
se  constitua  comme  un  auxiliaire  indépendant  de  la 
médecine;  Littré  en  allègue  pour  preuve  un  texte  d’Olym- 
piodore  \  d’après  lequel  le  médecin  prescrit,  tandis  que 
le  irï.gsvTapioî  ( pigment arius)  exécute  l’ordonnance6. 

D’après  ce  qui  vient  d’être  dit,  il  n'est  pas  surprenant 
que  ce  que  nous  appelons  les  spécialités  pharmaceuti¬ 
ques  et  les  remèdes  secrets  aient  été  connus  dans  1  anti¬ 
quité  sous  le  nom  des  médecins  qui  les  composaient  ou 
les  faisaient  composer  pour  la  vente.  Ainsi  Zénon  (de 
Laodicée?),  de  l’école  d’Hérophile,  se  rendit  célèbre  par 
l’invention  d’une  foule  de  médicaments  composés1.  De  ce 
nombre  sont  les  collyres  pour  les  yeux,  dont  il  a  été 
question  plus  haut  (§  VI),  et  où  le  nom  du  remède  est 
accompagné  de  celui  du  médecin  inventeur  ou  débitant. 
Sur  1rs  flacons  ou  coffrets  contenant  des  médicaments, 
on  collait  à  cet  effet  une  étiquette  (lirayY^ioO 8-  De 
même,  de  nombreux  médecins,  en  particulier  à  Alexandrie, 
attachèrent  leurs  noms  à  différentes  sortes  de  bandages 
et  d  appareils,  destinés  à  réduire  des  fractures,  à  contenir 
des  viscères,  etc.;  tels  furent  André  de  Carys  te’,  Amyntas 
de  Rhodes10,  Périégène11,  Nileus12,  Nymphodore13. 

I  II  reste  adiré  un  mot  de  la  vente  des  substances  dan¬ 
gereuses.  Dans  le  Serment  hippocratique,  le  médecin 
s  engage  a  ne  remettre  à  personne  du  poison.  A  Rome, 
jnanl  la  lexCornelia desicariis  et  veneficiis{ 81  av.  J.-C.), 
a  rem i^e  de  poisons,  même  mortels,  ne  paraît  pas  avoir 
été  iîih'i  dite  aux  médecins.  Un  médecin  ayant  administré 
“  D"Min  ^  un  esclave  peut  être  poursuivi  en  vertu  de  la 
°>  Aquilia,  mais  non  pas  s’il  a  préparé  du  poison  que 
(  l  ai  '  '  *H'S  freinent1*.  Dans  le  Mercator  de  Plaute, 
K  Illllisi  désespéré,  déclare  qu’il  ira  s’empoisonner  chez 
éti|l'|l||  1 1  Cornelia  [lex  cornelia,  p.  1140] 

pi, .  '  ' s  Pe'nes  sévères  contre  ceux  qui  vendaient  en 
de  (  ' (  11  médicaments  dangereux;  plus  tard,  les  crimes 
mJS  ,",i0n  et  d’avorternent  furent  réprimés  avec  la 

ZTT [AB0RTI0’  castra«o]- 

lllni  t(llans,  livres  de  médecine.  —  Bien  des  gens, 


XI,  !  ;  l898’  P-  »**•  -  2  Galen.  XIV,  ; 

~  8  OISn.n  ’  s  ’  "3i  Solin-  XXXV,  5.  -  4  Galen 
~  :  CH,  p\„  Exereit.  Plinian.  p.  740.  - 

^ X, 3, M»7  a  :  C-el’  Aurel-  lv’  7-  —  8  Galen. 

3o^01>  esUmna-  8’J  Uarernb.).  Galien  parle  d'un  collvre  avec  une  ligure 
vm  ïn773)’  -  9  Cc,s'  V1-  «'  -  13  Galen.  De  Fasc.  593.  -  H  Ibid. 
'  13  Ucls.  \  III,  20  ;  Orib.  De  machin.  IV,  24.  —  14  Jacquey, 


la,  04,  217,  218.  -  3  Plin. 
XIV,  25;  XIV,  10,  30,  53. 
G  Littré,  Hippocr.  IV,  623. 
XII,  749,  768  ;  XIII,  1005; 


en  Grèce  et  à  Rome,  exerçaient  la  médecine  sans  être 
considérés  pour  cela  comme  des  médecins.  A  côté  et 
au-dessous  des  prêtres  des  Asclépieia,  pullulaient  les 
interprètes  de  songes,  les  guérisseurs  de  maladies  spé¬ 
ciales,  les  faiseurs  de  miracles,  qui  exploitaient  la  super¬ 
stition  et  la  crédulité  de  toutes  les  classes  sociales.  Bien 
que  les  auteurs  hippocratiques  s’élèvent  contre  la  méde¬ 
cine  charlalanesque  et  distinguent  la  médecine  ration¬ 
nelle  de  la  divination  l7,  les  Grecsles  plus  éclairés,  comme 
Platon,  ne  paraissent  pas  avoir  pris  nettement  parti 
dans  le  débat.  «  Il  est  bien  difficile,  dit  Platon,  de  savoir 
au  juste  ce  qu’il  y  a  de  vrai  en  tout  cela  ».  à  propos  des 
breuvages,  des  aliments  et  des  parfums  employés  comme 
maléfices18.  Socrate  propose  à  Charrnide  de  le  délivrer 
d’une  migraine  à  l’aide  d’une  certaine  herbe  et  de  cer¬ 
taines  paroles  magiques  dont  il  a  reçu  la  recette  d  un 
médecin  thrace  19.  Démosthènes  parle  (avec  mépris,  il 
est  vrai)  d’un  charlatan  qui  prétendait  guérir  les  épilep¬ 
tiques  20.  Les  songes,  qui,  pour  Hippocrate  et  son  école, 
sont  une  des  sources  du  diagnostic  dans  les  maladies-1, 
fournissaient  aux  charlatans  les  éléments  d’une  méthode 
thérapeutique  qui  trouvait  son  expression  officielle  dans 
les  Asclépieia  [incubation  Le  dédain  de  quelques  ratio¬ 
nalistes,  comme  Cicéron,  qui  oppose  le  conjector  som- 
niorum  au  medicus  22,  n’a  pas  empêché  les  interprètes 
de  songes  de  trouver  des  dupes  jusqu  à  la  fin  de  1  anti¬ 
quité  et  au  delà. 

La  littérature  médicale  offre  le  même  contraste  et 
parfois  la  même  confusion  entre  des  ouvrages  écrits  par 
des  savants  pour  leurs  élèves  et  des  recueils  de  recettes^ 
composés  par  des  charlatans  pour  la  multitude  crédule. 
En  Grèce,  dès  le  ve  siècle,  il  y  avait  un  grand  nombre  de 
livres  relatifs  à  la  médecine  et  à  la  pharmacie23  ;  beau¬ 
coup  de  gens  en  faisaient  usage  au  lieu  de  recourir  aux 
lumières  d’un  médecin.  Platon  se  moque,  dans  la  Phèdre , 
de  ceux  qui  se  croient  médecins  pour  avoir  lu  un  livre 
de  médecine2*.  Aristote  rapporte  que  certains  magis¬ 
trats,  de  crainte  que  les  médecins,  corrompus  par  les 
ennemis  de  la  cité,  ne  les  fassent  périr,  préfèrent  se  soi¬ 
gner  d’après  des  livres;  mais  c’est  là,  selon  lui,  une 
mauvaise  méthode,  car  les  médecins  eux-mêmes,  quand 
ils  sont  malades,  se  font  soigner  par  d’autres  médecins28. 
Ces  livres,  Ypâggrra,  étaient  sans  doute  des  recueils  de 
recettes  analogues  à  ceux  dont  Caton  le  Censeur  pré¬ 
tendait  faire  usage  à  titre  exclusif-6.  À  l’époque  impériale, 
la. médecine  d’amateur  était  fort  répandue;  Aulu-Gelle' 
dit  qu’il  a  employé  ses  loisirs  à  la  lecture  de  livres  de 
médecine21,  et  Plutarque  veut  que  chacun  soit  en  état  de 
surveiller  son  pouls,  qu'il  sache  ce  qui  est  utile  ou  nui¬ 
sible  à  sa  santé  28.  Telle  fut,  du  reste,  l’opinion  de 
l’empereur  Tibère  qui,  refusant  de  recourir  aux  méde¬ 
cins,  se  moquaitde  ceux  qui,  après  leur  trentième  année, 
ont  besoin  des  conseils  d’autrui  pour  savoir  ce  qui  est 
utile  ou  nuisible  à  leurcorps  29. 

11  existait  aussi  des  manuels  de  médecine  à  l'usage 
des  voyageurs  et  de  ceux  qui  habitaient  la  campagne, 
destinés  à  les  soustraire  aux  entreprises  des  charlatans, 

De  la  condition  juridique  des  médecins,  p.  68.  —  *3  Plaut.  Merc.  Il,  4,  4. 

—  16  Hippocr.  t.  Il,  237  ;  t.  IX,  235.—  U  Ibid.  Il,  243.  —  18  Plat.  Ley.  XI,  933.  -  19  Id. 

Charm.  155. —  20  Dem.  C.  Aristoy.  I,  p.  793.  —  21  Hippocr.  t.  Il,  671.  —  22  Cic. 
De  Div.  Il,  59.  —  23  Xen.  Memor.  IV,  2,  10  :  r.6\\u  tu  Tpùiv  tfft'.  »  cf. 

Plat.  Polit.  293  I).  —  24  Plat.  Phaedr.  268  C.  —  23  Arist.  Polit.  III,  p.  «287  :  tô 
xatd  YpàiJtuaTa  laT^eOeirOai  oaOAov.  —  26  Cat.  De  rerust. 70,83,  156,  —  27  Gell.  XVIII,  20. 

—  28  Plut.  De  sanit. tuend.  24,  25.  —  29  Tac.  Ann.  VI,  46. 


MED 


—  1682 


à  leur  permettre  de  préparer  des  remèdes  faciles  et 
d'attendre  l’arrivée  du  médecin1. 

L  Égypte,  celte  patrie  des  livres  de  médecine2,  où  le 
traitement  des  maladies  était  établi  d’après  des  préceptes 
écrits  attiibués  a  llorus2,  ne  cessa  pas  d  en  produire  et 
d’en  répandre  à  l'époque  gréco-romaine.  11  est  question 
il  un  a  ieux  Ha  re  égyptien  appelé  àuêp-qç,  où  étaient  réunies 
d  anciennes  observations  sur  le  diagnostic  et  le  pronostic 
des  maladies  ’.  Du  temps  de  Jamblique,  les  prêtres  égyp¬ 
tiens  possédaient  quarante-deux  livres  sacrés  attribués 
a  Hermès,  dont  six  sur  l’anatomie,  la  médecine,  la  chi¬ 
rurgie  et  la  matière  médicale  ;  il  en  existait  des  traduc¬ 
tions  en  langue  grecque5.  Les  ouvrages  médicaux  gréco- 
ptit?ns,  l  oemander,  Asklépios  (Àôyoç  tsÀeiqç),  les 
I atromat hcmatika ,  etc.,  sont  des  falsifications  néo¬ 
pythagoriciennes  où  se  retrouvent  peut-être  quelques 
vestiges  de  la  science,  toujours  imprégnée  de  supersti¬ 
tions,  qu  avait  possédée  l’Égypte  pharaonique  °. 

IX.  Femmes-médecins'.  —  Une  femme  exerçant  la 
médecine  s  appelle  vj  Ixtooç,  Uq-rpbç  yuvvj,  îaxpia,  iaTpivr, 8, 
!aT7)p{7),' iarpotiva,  àxscTpîç  (guérisseuse),  en  latin  medica, 
peut-être  aussi  clinicn  9.  Au  point  de  vue  des  fonctions 
spi-  <_  iales  d  accoucheuse,  elle  est  dite  uoua  (itEpi  toiç  tixtoucoiç 
îavpoç,  Hésychius),  ta-souxïa,  ùcpovipETpta,  cig.<paXoTÔp.oç  (celle 
qui  coupe  le  cordon),  en  latin  obstetrix ,  iatromaea  10. 
Le  mot  medica  désigne  également  une  accoucheuse 
et  se  rencontre  fréquemment  dans  les  inscriptions  11 . 
Un  trouve  dans  Hygin  une  histoire  assez  invraisem¬ 
blable  qui  peut  être  résumée  comme  il  suit  l2.  Une 
lo*  athénienne  défendait  aux  esclaves  et  aux  femmes 
d’exercer  la  médecine;  il  en  résultait  que  beaucoup  de 
femmes,  n’osant,  par  pudeur,  faire  appel  à  des  médecins, 
mouraient  en  couches.  Alors  (Hygin  ne  spécifie  pas 
1  époque)  une  jeune  fille  athénienne,  llagnodice,  se  coupa 
les  cheveux,  s'habilla  en  homme  et  se  fit  instruire  par 
le  médecin  Hérophile.  Une  fois  en  possession  de  son  art, 
elle  se  rendit  auprès  d’une  femme  en  travail  et,  lui  ayant 
révéle  son  sexe,  obtint  de  la  soigner.  Le  bruit  de  son  heu¬ 
reuse  intervention  s’étant  répandu,  les  médecins  s’ému¬ 
rent  et  protestèrent  contre  le  nouveau  confrère  qui  leur 
enleA-ait  des  clientes.  llagnodice  dut  comparaître  devant 
l'Aréopage  et  déclarer  qu’elle  était  une  femme;  sur  quoi 
la  colère  des  médecins  ne  fit  qu’augmenter,  et  il  fallut 
que  les  Athéniennes  les  plus  distinguées  intercédassent 
pour  faire  acquitter  Hagnodice.  L’ancienne  loi  fut 
abrogée  et  l’on  décida  que  les  femmes  libres  pour¬ 
raient  désormais  apprendre  et  exercer  la  médecine. 
Cette  historiette  assimile  complètement  les  femmes-mé¬ 
decins  aux  accoucheuses  et  c’est,  en  effet,  à  cette  spé¬ 
cialité  del’obstétrique  que  les  femmes,  tant  en  Grèce  qu’à 
Rome,  s’appliquèrent  de  préférence,  sinon  à  titre 
exclusif.  Les  médecins  n’intervenaient  dans  les  accou- 


MED 


chements  qu  au  cas  de  complications  redouta 
1  auteur  hippocratique  du  Traité  des  malaT  ï  *  > 
constate  leur  peu  d’expérience  en  n'te*fmm 


et 

e//i//iç  s 

«ans 
11  leurj 
nie  rrise 


l’hystérie15,  et 
qu’elles  pouvaient  solliciter  sans 


peu  d  expérience  en  ces  mm- 
doute  parce  qu’on  avait  rarement  recn^ 
offices  u.  Mais  l’accouchement  n’est  pv  il  leu 
qui  menace  la  santé  et  la  vie  des  femmes  l\  S'‘Ul<!  Cri 
rellement  que  les  accoucheuses  furent’ co 
d’autres  maladies  propres  au  sexe,  comme 

que  les  femmes  préférèrent  des '  avis 

d’une  tumeur  au  sein,  ne  consulta^émocédès’ 
de  longues  hésitations15  ;  c’est  donc  qu’elle  avïit  ^ 
mencépar  avoir  recours  aux  lumières  de  femmes  T' 
YHippolyte  d’Euripide-,  la  nourrice  demande  à  PhiÏÏ 
si  elle  soufire  de  quelque  maladie  qu’il  fauttaire  (c’est  • 
dire  d’un  caractère  intime),  auquel  cas  des  femmes  somh 
pour  la  soigner;  si  son  mal  réclame  des  médecins  J 
s’adressera  à  eux.  Ainsi,  le  cercle  de  l’activité  des  femmes- 
médecins  tendit  à  s’élargir  par  la  nature  même  des  ser¬ 
vices  qu’on  réclama  d’elles.  A  l’époque  impériale,  elles  sê 
firent  aussi  masseuses  (, tractatrices )  et  furent’  parfois 
employées  à  ce  titre  par  des  hommes18.  Dans  Apulée 
une  sœur  de  Psyché  se  plaint  de  jouer  le  rôle  pénible  de 
medica ,  parce  qu’elle  a  un  mari  goutteux  dont  elle  doit 
frictionner  les  doigts  et  pour  lequel  elle  doit  préparer 
des  liniments  et  des  compresses19.  Il  va  de  soi  que  les 
femmes,  nées,  pour  ainsi  dire,  gardes-malades  et  infir¬ 
mières,  se  sont  de  tout  temps  acquittées  de  ces  fonc¬ 
tions20.  Bien  entendu,  il  y  eut  aussi,  et  de  tout  temps, 
des  femmes  s’occupant  de  cosmétiques  et  de  ce  qu’on 
appelle  l’hygiène  de  la  beauté;  déjà  le  papyrus  libers, 
le  plus  ancien  traité  médical  que  l’on  possède,  men¬ 
tionne  une  princesse  nommée  Schesch,  à  laquelle  on 
devait  un  remède  pour  faire  pousser  les  cheveux-1. 

Il  est  à  remarquer  que  le  droit  romain  ne  fait 
nullement  de  la  médecine  une  profession  réservée  au 
sexe  fort  et  qu’il  n’est  jamais  question,  dans  les  rodes, 
d’un  domaine  médical  réservé  aux  hommes  On 
peut  donc  admettre  que  certaines  femmes  particulière¬ 
ment  douées  se  sont  appliquées  à  toutes  les  branches 
de  la  médecine,  bien  que  nous  n’en  ayons  pas,  que  je 
sache,  de  preuve  directe. 

Une  inscription  gravée  sur  la  base  d’une  statue  à  Hos, 
en  Lycie,  relate  que  ce  monument  aété  élevé  a  eh-inèniej 
par  Antiochis,  fille  de  Diodote,  de  Tlos,  honora 
sénat  et  le  peuple  de  cette  ville  pour  son  expérieu 
l’art  médical,  jj.apTup7]0e:<ia  ûttq  TAwéwv  [iouXr,,  - 

Syjp.0 U  E7Ù  T’7|  Ttspt  T7]V  t7.Tp!X7)V  TEy  VTjV  EVTtSlptO’.  "  .  I  "  1  I 

lion  de  Karabaulo  est  la  dédicace  d’un  certain  As«  h  llliR  jb 
sans  doute  médecin  lui-même,  à  sa  femme  Ami  * 
Alexandrin  Zôsimé,  savante  en  médecine,  à™  ■■■ 
ixTptxvjç 2i.  L’épitaphe  de  Scantia  Redempta  »  Gapoue 


1  Orib.  éd.  Daremberg,  VI,  557. —  2  Papyrus  E bers.  Pas  atteste  Buchüber  Heil- 
kunde.  Trad.  par  H.  Joachim,  Berlin,  1890;  Hirschberg,  Aegypten,  Leipzig,  1890,  p.  3G 
el  suiv.  3  Diod.  Sic.  I,  82.  —  *  Hop.  Hierogl.  I,  38.  — aJamblich.  Demyst.  VIII,  4; 
Clcm.  Alex.  Strom.  \  I,  4,  37,  p.  157.  M.  Hirschberg  a  montré  ( Op .  L  p.  34)  que  la 
critique  de  Galien  (XI,  298),  oti  r.àuat  tto-i,  ne  s'applique  pas  à  ces  livres,  mais  à 
des  remèdes  tirés  déplantés  sacrées,  uçat  porâvat.  —  6  Sprengel- Rosenbaum,  p.  63. 

-  Mélanie  Lipinska,  Histoire  des  femmes-médecins ,  Paris,  1900;  M.  Baudouin, 
Femmes-médecins  d  autrefois,  Paris,  1901.  —  8  Corp.  inscr.  yr.  3730,  9104,  9209. 
—  9  Gruter,  p.  035,  10.  L’inscription  paraît  apocryphe.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  VI. 
9477  ( iatromaea  regionis  suae  prima),  9478.  —  il  Ibid.  t.  II,  497;  VI,  7581,  9014: 
XII,  3743,  etc.  -  12  Hygin.  Fab.  274.  —  13  Soranns,  éd.  Dietz,  p.  107.  11  c»l 
question  dans  cet  auteur  de  médecins  de  femmes,  taT?ol  pvaixeioi;  mais  BOltiger 
(AL  Schriftcn  III,  p.  1-8)  n  a  pas  tort  de  nier  qu’il  y  eût  des  accoucheurs  de  pro- 


;ion  dans  l’antiquité.  —  14  Hippocr.  1,  02.  —  lü  Mari.  XI,  ^  ^ucslioJ 

ae  (Nat.  Hist.  XXVIII,  82)  citcj’opiuion  de  plusieurs  fcmmcsjtH-  •  •  ^  ^ 
ne  touchent  pas  à  la  gynécologie.  —  ,ü  Herod.  III,  1*1.  —  1  i  •  \puij 

i»  Son  .Ep.  66  in  fin.)  Mart.  III,  82  ;  cf.  Monum.  dei  Lincei,  ,  P- 
t .  V,  24.  -  20  Xen.  Oecon.  VU,  37  ;  cf.  Ps.  Dem.  inNaeaer.  !*•  A/|J 

«Otoi  offov  ttîia  ttrïi  yjvv)  lv  raT;  vo'ffot;  naoojo-a  xàjxvov.i  iPS  recettes  de 

ne  medic.  Central- Z eitung,  1895,  n«  80.  On  attribuait  aussM^  cxjslc  unpa 


is  b 
an 


^  à  la  reine  Cléopâtre  (cf.  Puschmann,  Handbuch ,  Ll-  '*  ||U,  niiv  eilVirnn« 
îiéralique  égyptien  relatif  aux  maladies  des  fcnm.es  qui  1  ^  ^  ^  U. 

...  2  000  av.  J.-C.  (Ibid.  p.  74).  —  22  Medici  utrinsqnc  si-  ^  ^  conlniiini‘l11^ 
{.  —  23  Texte  encore  inédit  (mars  1902),  qui  nia  été  obligé .m  ^  mrnijonnéc  Par 
M.  Otto  Benndorf.  Une  femme-médecin  nommée  Anlioclns  es  ^  ^ 
en,  XIII,  343.  -  24  Slcrrctt,  Papcrs  ofthe  american  schoo  , 


—  108.1  — 


MED 


qualifl* 
le  sen* 
Auson<- 


r,  ftaiitistes  dise 

aisse  pas  d’être  obscur 


•iplinae  in  medicina ,  mots  dont 
La  tante  du  poète 


milia  Hilaria,  eut  toujours  en  aversion,  sui- 


Knlin,  Theodorus  Priscianus,  archiàtre 
dédia  le  troisième  livre  de  son  ouvrage 
'  Praesentaneae,  dont  on  ne  possède  qu’une 
à  une  femme-médecin,  «  l’aimable 


ini'"1  .  .  .  . 

U)  ies  penchants  de  son  sexe  et  sut  se 

vallt  S°".|"hrr  autant  qu’un  homme  dans  la  pratique  de 

,-endre  ceieuic  j -  - ~ 

qg  niédocin'“  ' 

du  V 
jfedicine ' 
traduction  latine 
mnnaene  de  son  art  » . 

n  «dunes  femmes  avaient  écrit  sur  la  médecine,  par 
I  Lie  Salué,  LaïS,  Elephantis,  que  citent  Pline  l’Ancien 
H  Gahen  4 '  Aspasia,  citée  au  livre  XVI  d’Aetios  et 
Moli'odora, 'dont  un  traité  sur  les  maladies  des  femmes, 
j  twv  YIJva!!tet(üV  es*J  res^  inédit  a  Florence 

F  autres  avaient  composé  des  ouvrages  sur  les  eosmé- 
tipes,  les  maladies  des  cheveux,  etc. 

I  Nous  ne  savons  presque  rien  touchant  1  enseignement 
médical  que  recevaient  les  femmes.  En  Égypte,  à  Sais,  il 
y  avait,  dit-on,  une  école  de  sages-femmes  où  des  femmes 
donnaient  l’enseignement 6  ;  il  est  probable  qu’en  Grèce 
et  à  Rome  elles  se  formaient  par  l’apprentissage  comme 
Iles  médecins  et  étaient  admises  parfois  à  suivre  des 


cours.  Une  femme,  Restituta,  fait  une  dédicace  à  Claudius 
Alcimus, médecin  impérial,  son  patron  et  son  professeur 
(xaHïiyV'/p  .  Un  auteur  arabe  rapporte  aussi  que  Paul 
d’Egine  avait,  parmi  ses  élèves,  des  sages-femmes  ’. 

Dès  l’époque  héroïque,  il  est  question  de  l’habileté  des 


femmes  à  recueillir  des  simples  et  à  préparer  des 
philtres8  ;  cela  resta  une  spécialité  des  magiciennes  de 
Thessalie  [magià].  11  y  avait  des  femmes  dites  cpapuaxiosç, 
çappxeuTfiai,  qui  faisaient  profession  de  médecine 
magique.  Les  citations  que  fait  Pline  des  œuvres  de 
l’accoucheuse  Salpé  prouvent  que  certaines  d’entre  elles 
s’appliquaient  à  la  matière  médicale  dans  un  esprit  un 
peu  plus  scientifique. 

Les  accoucheuses,  tant  en  Grèce  qu’à  Rome,  paraissent 
avoir  été  fort  considérées0.  A  Athènes,  elles  recevaient 
chez  elles  des  pensionnaires10.  A  Rome,  au  point  de  vue 
du  droit,  elles  étaient  assimilées  à  leurs  confrères11; 
leurs  noms  prouvent  qu’elles  se  recrutaient  surtout 
parmi  les  affranchies12.  Avec  les  médecins  grecs  arri¬ 
vèrent  a  Rome  les  accoucheuses  grecques,  qui  ne  tar¬ 
dèrent  pas  à  supplanter  les  matrones  italiennes  auprès 
delà  riche  clientèle  des  villes. 


Socrate,  fils  d’une  sage-femme,  nous  a  laissé  un  tableau 
ela  profession  qu’il  est  intéressant  de  rapprocher  de  celui 
?ue  le  médecin  grec  Soranus  en  a  tracé  plus  de  cinq  siècles 
*R>rès.  «  Aucune  sage-femme,  dit  Socrate,  ne  se  mêle 
accoucher  les  autres  femmes  tant  qu’elle  est  encore  en 
^  ' 1  concevoir  et  d’avoir  des  enfants....  Les  sages- 
L  ^nnaissent  mieux  que  personne  si  une  femme 
Y  i  111 1 'ule  ou  non.  De  plus,  au  moyen  de  certains  breu- 
|  ^s"ü  de  certains  enchantements,  elles  savent  hâter 


MEf) 

le  moment  de  l’enfantement  et  en  apaiser  les  douleurs; 
elles  font  accoucher  celles  qui  ont  de  la  peine  à  se  déli¬ 
vrer  et  facilitent  l’avortement,  si  cela  est  jugé  nécessaire, 
lorsque  le  fœtus  n’est  pas  encore  à  terme....  .N’as-tu  pas 
remarqué  un  autre  de  leurs  talents,  qui  est  d’être  très 
habiles  à  assortir  les  mariages,  puisqu’elles  discernent  à 
merveille  quel  homme  et  quelle  femme  doivent  s'unir 
pour  avoir  les  enfants  les  plus  accomplis?...  Tiens  pour 
certain  qu’elles  sont  plus  fières  de  ce  talent  que  de  leur 
adresse  à  couper  le  cordon  ombilical —  11  n’appartient 
qu’aux  sages-femmes  vraiment  dignes  de  ce  nom  de  bien 
assortir  les  unions  conjugales13.  » 

Soranus  d’Éphèse,  dans  son  livre  sur  les  maladies  des 
femmes,  expose  en  détail  le  savoir  et  les  qualités  que 
l’on  exigeait,  de  son  temps,  des  accoucheuses  (ii*  siècle 
ap.  J.-C.).  Celles  qui  veulent  embrasser  celte  profession 
doivent  savoir  écrire,  jouir  d’une  mémoire  fidèle,  d’une 
santé  robuste,  d’un  tempérament  égal;  elles  doivent 
avoir  de  longs  doigts  effilés,  des  ongles  courts  et  arrondis, 
tenir  leurs  mains  très  propres  et  ne  pas  (iler,  pour  ne 
pas  nuire  à  la  finesse  de  leur  peau.  Il  faut  qu’elles  con¬ 
naissent  la  diététique,  la  pharmacie  et  la  chirurgie 
usuelle.  Soranus  les  met  en  garde  contre  les  supersti¬ 
tions  et  l’emploi  de  moyens  abortifs,  mais  leur  donne 
des  conseils  en  vue  de  certaines  opérations  assez  difficiles, 
comme  l’inversion  du  fœtus,  et  prévoit  le  cas  où  l'em¬ 
bryotomie  peut  être  nécessaire  pour  sauver  la  vie  de 
la  mère.  Enfin,  il  leur  recommande  d'étre  discrètes,  «  car 
les  affaires  de  la  maison  et  les  secrets  de  l’existence  de 
chacun  leur  seront  confiés14  ». 

X.  L'exercice  de  la  médecine ;  les  officines  médi¬ 
cales.  —  Dans  l'antiquité  comme  de  nos  jours,  le  méde¬ 
cin  va  visiter  les  malades  à  leur  domicile,  se  réunit 
parfois  avec  des  confrères  pour  délibérer  sur  un  cas 
difficile,  enfin  reçoit  les  malades  chez  lui  pour  les  opérer 
ou  leur  prescrire  un  traitement.  Suivons-le  dans  ces 
diverses  manifestations  de  son  activité. 

Les  anciens  disaient  qu’Esculape  avait  inventé  la 
médecine  clinique ,  c’est-à-dire  celle  qui  se  fait  au  lit  des 
malades,  par  opposition  à  celle  qui  envoyait  les  ma¬ 
lades  dans  les  temples  ls.  Un  bas-relief  d’Athènes  repré¬ 
sente  Esculape,  accompagné  d’un  de  ses  fils,  auprès  du 
lit  d’un  malade  dont  il  prend  la  main1®  (fig.  -4882).  Un 
autre,  qui  a  passé  de  la  collection  Pourtalès  au  Musée 
Britannique  (fig.  4883),  représente  un  médecin  qui  exa¬ 
mine  un  malade;  l’inscription  donne  le  nom  du  médecin, 
Jason  d’Archanes.  A  droite,  sur  le  sol,  est  une  grande 
ventouse  retournée  n.  Nous  avons  vu  plus  haut  (§  III)  que 
les  médecins  faisaient  souvent  leurs  visites  en  compagnie 
de  leurs  élèves,  tant  pour  les  instruire  que  pour  se  faire 
aider  d’eux.  Le  médecin,  après  avoir  examiné  un  malade, 
devait  pouvoir  lui  prescrire  un  traitement18;  quand  il 
s’absentait,  il  lui  laissait  une  prescription  par  écrit19. 
Certains  médecins  donnaient  leurs  soins  aux  mêmes 


Oescl,,  der  it  X,  L  3980.  —  2  Auson.  Parent.  6.  —  3  Teuffcl, 

XXVIII,  (.|.  X.i7(?rafur,  §  446,  7.  —  4  Salpe  o bstetrix,  Plin.  Nat.  Hist. 
à  ''o'L'lisliiiuc  n  '  '***’  ^XXU,  135,  140.  De  ces  citations,  une  est  relative 
C0P(|‘  populaire  *  '*  oncologie,  une  à  l'hygiène  de  la  peau,  trois  à  la  pliarma- 
P°ui'  des  abortif,  ***’  ***’  el  ï-'epl>an(>s  [Ibid.  81)  sont  citées  par  Pline 

~ 6  Coslomiris  / 1  lla'lemenl  ^e  morsures;  cf.  Galen.  XII,  416  (Elephantis). 
^  Pharaons  ^ *  ***'  ! ,r '  1890,  P-  147-  —  0  I.oret,  L'Égypte  au  temps 

tyniui.  y  |,  a"8’  —  1  Kailiel,  Inscr.  gr.  Ital.  1751;  Abulfarag,  Hist. 

'  '  J.  yon  SicbH  Pf  ll4‘  ~  8  Horn.  11.  XI,  741;  Od.  IV,  220;  X,  213. 

lu such  einer  Gescliichte  der  Geburtshillfe ,  Berlin,  1839; 


Ploss-Bartcls,  Pas  Weib,  0*  éd.  Leipzig,  1899.  —  10  Arisloph.  Lysislr.  746.  —  U  llig. 
L,  13,  1,  2.  —  12  Wallon,  Hist.  de  l'esclav.  t.  III,  p.  219.  —  13  Plat.  Tliacaet.  149- 
150.  —  U  Soranus,  ne?!  yyvatx.  éd.  Diclz,  p.  3-5  (trad.  Herrgott,  Nancv,  1895, 

p.  5-8)  ;  Puschmann,  Gesch.  des  medic.  Unterrichts,  p.  101.  —  15  Hygin.  Fab.  274; 
Prudent.  Apotli.  237  (qui  appelle  Esculape  Deus  clinicus ).  —  16  I.e  Bas,  A/on.  fig. 
pl.  lui  et  p.  73  de  mon  édition.  Un  autre  bas-relief  souvent  reproduit  d'après  Hirl 
( Bilderbuch ,  XI,  3),  qui  représente  Asclépios  venant  visiter  un  malade,  parait  apo- 
cryphe;  ou  ignore  d’ailleurs  où  il  se  trouve,  ni  d'après  quel  document  llirl  l'a  fait  graver. 
—  17  Panofka,  Cabinet  Pourtalès ,  pl.  ssvi;  Hicks,' Greek inscr.  in  Prit.  A/us.  p.  1 41, 
ni  81  ;  Corp.  inscr.  ait.  III,  1445.  —  18  Xcn.  Oecon.  XV,  7.  —  19  Plat.  PoKt.  p.  295- 


MED 


—  1684  — 


familles  pendant  de  longues  années  11  est  probable  que 
les  opérations  un  peu  compliquées  se  faisaient  au  domi¬ 
cile  du  médecin  et  non  à  celui  du  malade,  à  moins  que 
ce  dernier  ne  fût  un  personnage  important. 

Les  médecins  célèbres  donnaient,  comme  de  nos  jours, 


Fig.  4882.  —  Esculape  au  lit  d’un  malade. 


des  consultations  par  correspondance  ;  ainsi  nous  savons 
que  Galien  avait  des  clients  en  Gaule,  en  Espagne,  en 
Thrace  et  en  Asie-Mineures. 

Un  auteur  hippocratique  déclare  qu’il  n’y  a  pas  de 
honte,  pour  un  médecin,  à  faire  appel  aux  lumières  de 
ses  confrères3.  C’est  peut-être  à  des  consultations  entre 
médecins  que  fait  allusion  un  passage  obscur  de  la  Poli¬ 
tique  d’Aristote  L  Nous  connaissons  par  Antiphon  !;  le 
cas  d'un  homme  qui,  tombé  entre  les  mains  d’un  mau¬ 
vais  médecin,  mourut  non  des  blessures  qu’il  avait 
reçues,  mais  du  traitement  qu'on  lui  avait  imposé.  Or, 
1  orateur  dit  que  les  autres  médecins  s'étaient  fortement 
élévés  contre  le  traitement  indiqué,  ce  qui  implique  une 
ou  plusieurs  consultations.  Dans  des  affaires  qui  com¬ 
portaient  une  expertise  médicale,  chaque  partie  faisait 
choix  d'un  médecin6.  Les  consultations  étaient  parfois 
scandaleuses  par  les  contradictions  et  les  disputes  aux¬ 
quelles  elles  donnaient  lieu  Théodore  Priscien8se  plaint 
aussi  que  le  repos  des  malades  soit  troublé  par  l’arrivée 
tumultueuse  des  médecins,  dont  chacun  cherche  surtout 
à  se  faire  valoir,  comme  des  concurrents  dans  un  cirque. 
C'était,  d’autre  part,  un  lieu  commun  de  dire  que  la  mul¬ 
titude  des  médecins  tuait  le  malade,  et  Pline  l’Ancien  cite 

^  Dem.  In  Euerg.  p.  H 59  :  lyio  eîar, yayov  laxpbv  5>  Tio/.Àà  etïj  —  2  Galen. 

VIII,  224.  —  3  Hippocr.  IX,  262.  —  4  Arist.  Polit.  III,  442.  —  6  Antiph.  TetraU 
III,  689.  —  6  Plat.  Leg.  IX,  916.  --  7  Plin.  Nat.  Bist.  XXIX,  5;  Galen.  VIII,  357  ; 
X,  910.  —  3  Theod.  Prise.  Medic.  praesent.  Praef.  I.  —  9  Plin.  Nat.  Bist. 
XXIX,  11.  —  10  Dig.  XXVII,  1,  6;  cf.  Salmas.  Excrc.  Plinian.  739.  L’épitaphe 
d'un  médecin  de  Nicée  parle  de  ses  longs  voyages,  roXXr.v  0à).a<r<r«v  «ai  YaYav 
■jîEçtvootqffa;  (Kaibel,  Epigr.  509).  —  H  Dio  Chrys.  Orat.  VIII,  134.  —  12  Hippocr. 

IX,  236.  —  13  On  connaît  des  boîtes  de  pharmacie  de  Pompéi  à  Naples  (Ceci, 
Piccoli  bronzi ,  VII,  18),  de  Mayence  au  Musée  de  cette  ville  (Lindenschmit, 
Alterthümer,  IV,  16,  1),  des  environs  de  Mayence  (entre  Neuss  et  Xanlen)  et 
de  Naples  au  Musée  de  Berlin  (Bonn.  Jahrb.  XIV,  33);  cf.  Deneffe,  Etude  sur 
la  trousse  d’un  chirurgien  gallo-romain  du  me  siècle  (Anvers,  1893,  pl.  n). 
Une  boîte  de  pharmacie  en  ivoire,  ornée  d’un  relief  représentant  Esculape  et 
Hygie,  servait  à  contenir  des  reliques  dans  l’église  de  Sion  (Brunner,  Spuren  rôm. 
Aerzte  auf  dem  Boden  der  Schu'eiz ,  p.  44,  pi.  iv,  5;  voir  plus  haut,  art.  i.ocdlus, 
fig.  1294).  Une  boîte  de  pharmacie,  dont  le  moulage  est  au  Musée  de  Saint-Germain, 
est  conservée  au  Musée  de  Worms.  La  nature  des  instruments  de  petite  chirurgie 
qui  nous  sont  parvenus,  et  qui  sont  souvent  à  deux  fins,  indique  la  préoccupation 
du  médecin  de  simplifier  sa  trousse  et  de  la  rendre  portative.  Les  trousses  chirurgi¬ 
cales  que  nous  possédons  sont  des  boîtes  cylindriques  en  bronze  d’environ  0  m.  20 


MED 


i  il*  i  .  ■  “  uf uq  mcdicontt» 

L  histoire  a  conservé  les  noms  d’un  Kr  peni'- 
médecins  grecs  qui  ont  été  appelés  à  de 

des  villes,  soit  par  des  princes;  nous  en  ,  S0"  piir 

traitant  des  médecins  publics  et  des  méded» '' T*”®  en 
Mais  il  faut  dire  ici  quelques  mots  des  médecin 1  !'  C°ur- 

que  Modestin  appelle  Tt£ptoû£UTxt',  i  e  '  ambu,*nl* 
avait  parmi  eux  des  spécialistes  charlatans  '  y 

dentaux  foires  el  aux  fêtes  eu  promettant de ll’T 
maux  de  dents,  les  maux  des  yeux  ou  de  la  rat»  ,  s 
elle  coryza  " .  En  voyage,  le  médecin  se  mu„iSSilii  ÏS** 
...ents  Plus  légers  que  ceux  dont  il  se  serval,  à  *£$ 
il  emportait  aussi  des  médicaments  simples,  tels  i[uè 


1  ACUJNOgAA£|<i,LOCAXApN/e  YCjATPOC 
A I O  N  YCIQCI  ACOWOcAxk  PTO  NWA  £8iO&ijO  poyi,ewON£wc 
0eOU.NHCTocAICiNVCIOyAXAPfAi£lPH  NHC  THClACONOCA  x\P 
\OCl  PATHA4tCuà£lClOYruYiPf\u.lAAPlCTlOïTHCKApnoAujP 

AAfeXiîe 


-  r'  -  _  a-  r  a-'  f  ,  -  ;  '  :  1  ■“  y 


Fig.  4883.  —  Médecin  examinant  un  malade. 

purgatifs  et  vomitifs12.  Les  coffrets  de  pharmacie  met 
lus],  dont  on  a  conservé  quelques  spécimens  fig  1,sS‘  ' 
Dnt  peut-être  servi,  comme  les  trousses  d  oculish 
chirurgiens  (fig.  4885),  à  des  médecins  ambulants13. 

le  long  sur  0m.  015  de  large  et  0  m.  05  de  haut,  contenant  une  mill< 1 
jn  ou  deux  stylets,  une  spatule,  une  pince;  c’est  1  appareil  inî,lM,"‘  1  jjes^ 
I u’ Hippocrate  recommandait  à  ses  disciples  en  voyage  (Deneffe,  %  cDjrlirgie 
l  remarquer  qu’il  n’entre  ni  ivoire,  ni  bois,  ni  écaille  dans  les  inslium»  rPVenu® 
nciens,  qui  sont  entièrement  métalliques;  c’estune  pratique  à  I1  ^  trlllîîenls  de 
le  nos  jours  la  médecine  aseptique  et  antiseptique  (cl.  la  liste  (  ^  ^  Deneffe, 0p-  | 
hirurgie  connus,  réunis  en  originaux  ou  on  copies  au  Musée  do  aIK  j  avec 

.  p.  10,  et  Hamonic ,  La  chirurgie  et  la  médecine  d  autrefois,  an  ^  ^  ^ ^ .  autre  de 

nstruments,  venu  d’Italie,  au  Musée  de  Bruxelles  (Uenelîo,  Op.  P  ^  jf0j9  sondes 
>ompéi  (Ibid.  pl.  u,  2);  autre  de  Brigantium,  contenant  une  spa  ^  18g0  par 
Brunner,  Op.  I.  p.  43,  57).  Trousse  très  complète  décomeih  a  ^  p;||r  conlenait 
’oulouzedans  un  vase  de  bronze,  décrite  et  figurée  pai  Donc  ^  bolled® 

ine  pierre  à  aiguiser  en  marbre  blanc,  une  amulette  (•) t  n  0  ftVeC  pestes dp 

ronze  argentée,  avec  couvercle,  pour  onguents,  cinq  tubes  à  0,1p^'  l|ÏSUfflatrice,  u»e 
ollyrcs,  deux  boucles  destinées  à  fermer  des  bandes,  une  s°n*  ^  0/xtov; 
rande  cuiller  où  l’on  faisait  fondre  les  onguents  (icu5c«iov,  ^  veotou*j 

’ahrb.  LI,  p.  153),  quatre  spatules,  deux  stylets,  huit  pinces,  ^  ^  ^  four* 

du  en  connaît  treize  d’Herculamim  et  de  Pompéi,  une  de  ai  (Vamur,  de  Saiul' 

hette  à  trois  dents.  D’autres  trousses  sont  conservées  aux  Mil  '  ^  ^  48)* 

lermain,  d*i  Puy,  dans  la  collection  Hamonic  à  Paris  (Hamom 


MED 


—  1685  — 


MED 


.(|e(,in  Ridant  dans  une  ville  avait  toujours  un 
|  Le  "",1,,  consultation,  mais  souvent  aussi  une  installa- 
^""iMsru'inplète  qui  comprenait  les  éléments  suivants  : 
ll0n|!  médecin,  de  sa  famille,  de  ses  auxiliaires 

i0i.i  deniGui'-  uu  114  7  . 

„in,K  •  9°  un  laboratoire  de  pharmacie  ;  3°  une 

eide  ses  esclaves, 


Fig.  4881.  —  Coffret  de  pharmacie  1. 

Saiie  d’opérations  ;  4°  une  salle  de  consultation 2  ;  5°  une 
ou  plusieurs  chambres  pour  recevoir  des  malades  et  les 
hospitaliser  avant  ou  après  une  opération,  ou  pendant  le 
cours  d’une  maladie  et  le  début  de  la  convalescence3. 
L’ensemble  de  cette  installation  constituait  l’officine  du 
médecin,  tarpeiov,  r^TpiT),  (taxpixov)  èpyaaT- 
Tjpiov,  taberna  medica,  medicina6.  Les 
iatreia  étaient  tantôt  la  propriété  des 
villes  et  dirigés  par  le  médecin  public, 
tantôt  celle  de  médecins  qui  exerçaient 
pour  leur  compte.  L’institution  en  était 
fort  ancienne  ;  il  y  avait  sans  doute  des 
iatreia  publics  antérieurement  à  Hippo¬ 
crate,  car  on  ne  peut  imaginer  qu’une 
ville  ait  appelé  un  médecin  si  elle  n’a¬ 
vait  pu  lui  fournir  un  local  approprié 
avec  les  appareils  nécessaires.  Toute¬ 
fois,  il  n’y  avait  pas  de  iatreia  partout, 
sans  quoi  Hippocrate,  décrivant  les  ma¬ 
lades  de  l’île  de  Tliasos,  n’aurait  pas 
indiqué  si  exactement  le  domicile  per¬ 
sonnel  de  chacun  B. 

L 'iatreion  public  devait  être  installé 
dans  une  maison  de  grande  dimension, 
percée  de  larges  ouvertures  qui  lais¬ 
saient  passer  à  flots  l’air  et  la  lumière, 
mais  protégée  contre  le  vent  et  le  soleil, 
qui  fatigue  les  yeux  des  malades 7.  La 
salle  d  opérations  était  pourvue  de  toute  espèce  d’instru- 
MfnU  (opyava),  appareils  fixes  (tels  que  le  banc  d’Hippo- 
rralc  pour  réduire  les  luxations,  sièges,  baignoires, 
vasi!S’  l)assins,  couteaux,  bistouris,  ventouses,  cautères, 
aCd  seringues,  sondes  pour  les  oreilles,  arrache- 
Cnls’  lri"Pans,  outils  pour  couper  la  luette,  bandes, 
compi esses,  coffrets  à  onguents,  etc.  Les  instruments 


fig.  4885.  _  Trousse 
Je  chirurgien 


devaient  tous  être  en  bronze,  les  serviettes  et  les  éponges 
parfaitement  propres  et  molles  au  toucher,  l'eau  à  boire 
d’une  pureté  irréprochable9.  Les  médicaments  simples 
ou  composés  se  préparaient  dans  la  pharmacie  attenante  : 
les  aides  du  médecin  les  vendaient  pour  être  emportés 
ou  les  administraient  sur  place10.  Un  homme  frappé  d’un 
mal  subit  pouvait  se  faire  porter  dans  l’officine  du  mé¬ 
decin  public11.  Il  est  possible  que  les  malades  pauvres  y 
fussent  nourris  gratuitement;  mais  il  ne  faut  pas  allé¬ 
guer  à  cet  effet,  comme  l’a  fait  le  Dr  Vercoutre* l’histoire 
du  philosophe  Bion,  qui,  arrivé  malade  à  Chalcis,  y 
souffrit  beaucoup  «  par  suite  de  l’indigence  des  méde¬ 
cins  hospitaliers  »  (à7uopt'a  twv  vo'Toxogo'jvTüiv) 12.  Ces  der¬ 
niers  mots,  comme  l’a 
reconnu  le  Dr  De- 
chambre,  signifient 
simplement  «  à  cause 
du  manque  d’infir¬ 
miers  »  ;  la  triste  si¬ 
tuation  de  Bion  prit 
fin  lorsque  Antigone 
lui  envoya  deux  ser¬ 
viteurs.  Les  esclaves 
malades  étaient  soi¬ 
gnés  dans  les  offi¬ 
cines  parles  esclaves 
du  médecin  u.  Ajou¬ 
tons  que  les  iatreia , 
comme  les  boutiques 
des  barbiers,  étaient 
des  lieux  de  réunion  pour  les  oisifs,  qui  venaient  y 
échanger  leurs  impressions  sur  les  événements  du  jour 1S. 

Ainsi,  comme  l’a  établi  en  1880  le  Dr  Vercoutre,  les 
iatreia  étaient  de  véritables  hôpitaux  publics  ou  privés, 
comparables,  du  moins  par  leur  destination,  à  nos  établis¬ 
sements  modernes.  Un  passage  malheureusement  isolé 
du  poète  comique  Cratès  (vers  430  av.  J.-C.)  mentionne 
une  espèce  de  maison  de  santé  sous  l'invocation  de 
Paeon,  le  médecin  des  dieux,  qui  était  appelée  Paeonion  et 
située  près  de  la  mer10  ;  ce  devait  être,  suivant  la  conjec¬ 
ture  du  Dr  Daremberg,  un  sanatorium  laïque1',  à  la 
différence  des  habitations  pour  les  malades  qui  s'éle¬ 
vaient  auprès  des  Asclépieia  (incubatio)  18. 

Épictète  compare  l’école  de  philosophie  à  un  iatreion 
où  les  hommes  entrent  malades,  l'un  avec  une  épaule 
luxée,  l'autre  souffrant  d’un  aposlème,  tel  autre  d'une 
fistule,  d’une  migraine,  etc.19.  Décrire  les  opérations  qui 
s'effectuaient  dans  Y  iatreion  d’un  médecin  grec  serait 
écrire  un  traité  de  chirurgie  antique  et  sortir  des  limites 
prescrites  à  cet  article.  Mais  nous  croyons  devoir  appeler 
l’attention  sur  toute  une  série  de  miniatures  très  inté¬ 
ressantes  qui  figurent  dans  un  manuscrit  florentin 
d’Apollonius  de  Citium  (commentaire  du  traité  TteptipOpwv 


paw.  |p  ’  l1'  Mayence.  I  couvé  dans  le  Rhin.  Sur  le  couvercle  extérieur  est 

romain  \n,,  "l  '*  l  scu'aPe  (Deneffe,  Étude  sur  la  trousse  d'un  chirurgien  galto- 
bicn  nue  f0|.|aj  1  '  P*'  u>  A-  —  2  Xen.  Hist.  Graec.  II,  1,3.  —  3  II  faut 

car  une  fraclur '  mil*aaie8  aO'ieuses  aient  été  traitées  à  demeure  dans  Y iatreion, 
Jts  malades  D  exemH8’  ne  permet  pas  le  transport  quotidien  ou  biquotidien 
Étude  sur  )a  '  4  Au  Musée  de  Bruxelles.  Provenant  d'Italie  (DenelTc, 

—  0  fiant  Am'i‘>‘SSe  ^ Un  chirurgien  gallo-romain,  Anvers,  1893,  pl.  il,  1). 
tl,  2,  n;  *’  0  ( Perreptavi ...  in  medicinis,  in  tonstrinis) ;  ld.  Epid. 

~  "  Hippocr  "  (  U  **  A  1-  —  5  Herzog,  ICoische  Forsch.  p.  207. 
*Vll|,  2,  629.  L_XY  (LiUré’  l-  III)  Ct  ittfl  tïiTjoï  (Littré,  t.  IX);  Galen. 

I*C8  'uxalious  v  ' .  r  ‘°./lanc  un  appareil  pour  la  réduction  des  fractures  et 
'  Hippocrate  de  Littré,  t.  111,  p.  463  ;  t.  IV,  p.  385;  Apollonius 


do  Citium,  éd.  Schoene,  pl.  xxiv  (miniature  byzantine  représentant  le  banc  d'Hip¬ 
pocrate).  —  9  Hippocr.  ub.  sup Poil.  X,  46;  Luc.  Adr.  indoct.  29.  —  10  Hip- 
pocr.  II,  665;  Plat.  I)e  leg.  I,  647  (et;  tôt.  tcrroeTa  {iaSt^ovra;  Itct  çaçjj.axo7:o<Tta). 
—  Il  Arist.  Acharn.  1222;  cf.  Plaut.  Mon.  V,  5,  45.  —  12  Diog.  Laert.  IV,  7; 
Dechambre,  Gazette  hebdomadaire  de  médecine ,  1880.  —  13  Relief  d'uu  sarcophage 
conservé  à  Rome,  Bôm.  Mittheil.  1900.  p.  171.  Le  médecin  lit  un  rouleau  ;  devant 
lui  est  une  armoire  ouverte  avec  des  manuscrits  roulés,  sur  laquelle  est  posée 
une  boite  contenant  des  instruments  de  chirurgie.  —  it  Plat.  De  leg.  IV,  720. 
— 15  Aesch.  I,  41,  p.  67;  Aelian.  Var.  Hist.  111,  7.  —  16  Meineke,  Fragm.  comic. 
p.  81.  Le  sens  de  ce  passage  est  d'ailleurs  très  douteux.  —  17  Ber.  arch.  1868,  11, 
p.  354;  1880,  I,  p.  348.  —  '8  Cf.  Herzog,  ICoische  Forsch.  p.  206.  —  P*  Epict.  Diss. 
III,  23,  30. 


21-2 


MED 


1686 


MED 


d'Hippocrate)1.  Ce  manuscrit  appartient  au  \u  siècle; 
il  n’est  cependant  pas  douteux  que  les  miniatures,  repré¬ 
sentant  des  opérations  sur  des  membres  démis,  c'est-à- 
dire  la  remise  de  luxations,  ne  dérivent  d’images  beau¬ 
coup  plus  anciennes  (n*  siècle  ap.  J.-C.?),  ne  fùl-cequ’à 

,  cause  de  la  nudité  des  ma¬ 
lades  et  souvent  aussi  des 
médecins,  qui  est  contraire 
aux  habitudes  de  l'art  by¬ 
zantin.  Malheureusement, 
ce  ne  sont  pas  des  copies 
directes  et  les  originaux 
paraissent  avoir  subi  de 
singulières  déformations 
aux  mains  de  leurs  copistes 
successifs.  Les  quatre  mi¬ 
niatures  que  nous  repro¬ 
duisons  (fig.  4887  à  -4890) 2 
représentent  :  1°  la  remise 
d’une  épaule  luxée,  Ép.60 X-q 

togou  b  oii  tou  xaTtüjj.tÇov'ro; 
Fig.  4SS7.  —  Opération  saus  appareil.  (SC.  TfÔ7roç).  L’opérateur  a 

introduit  son  épaule  gau¬ 
che  dans  1  aisselle  gauche  du  patient  et  saisi  le  bras 
luxé  avec  les  deux  mains,  tandis  qu’un  auxiliaire  opère 
une  extension  en  sens  contraire  (fig.  4887)  ;  2°  la  remise 
d  une  épaule  luxée  a  1  aide  d’une  coulisse  de  bois,  èy.ëoX-t] 
wgo'j  7]  S'.i  ttjÇ  aaê-rg.  L'opéré  est  suspendu  par  l’aisselle 
aune  barre  horizontale;  le  médecin  exerce  Une  traction 
sur  le  bras  gauche,  auquel  est  fixée  une  coulisse  de  bois  : 
un  auxiliaire  tire  les 
pieds  du  patient  pour 
opérer  une  extension  en 
senscontraire  (fig.  4888); 

3°  la  remise  des  ver¬ 
tèbres  à  l’aide  d’une 
échelle,  Iuo&àt;  ffTtovBéXwv 
7)  0:7.  TYp  x).:uax g;  £~: 
xe&aXŸjv  ytvojx.evT, .  Opé¬ 
ration  très  hardie  dont 
l'explication  technique 
doit  être  réservée  aux 
hommes  de  l’art.  L’é¬ 
chelle,  sur  laquelle  est 
fixée  le  malade,  est  suc¬ 
cessivement  élevée  et 
abaissée,  au  moyen 
d'une  poulie,  par  le  mé¬ 
decin  et  son  auxiliaire 

fig.  4890)  ;  4°  la  remise  des  vertèbres  au  moyen  des 
pieds  du  médecin  et  du  cabestan,  (TTÏOVOÛXOJV  7]  017. 

T7|ç  7TT£pv7|ç  xou  lotTpou  xod  tcov  ovhrxoov  yivogsvYj.  Le  malade 
est  attaché  sur  une  planche;  tandis  que  deux  aides  ma¬ 
nœuvrent  un  appareil  destiné  à  produire  des  extensions 
dans  les  deux  sens,  le  médecin  exerce  avec  ses  pieds  une 
pression  sur  la  partie  démise  (fig.  4889).  Chacune  de 


ces  miniatures  comporterait  une  étude  an™  » 
n’est  pas  de  notre  compétence.  '  0  qui 

A  Rome,  tout  service  hospitalier  fit  longiemn,  w 
en  temps  de  guerre  ou  de  calamité,  il  fallail  .  ul; 

particuliers  à  recevoir  les  malades  dans 'le. U  ‘nV‘U!r  les 

CU1  h  maisons 1 


Fig.  4880.  —  Opération  sur  une  planche 


Fig.  4888.  —  Opération  sur  une  barre  horizontale. 

La  première  officine  publique  fut  la  boutique  achetée 
aux  frais  de  l’État  ( em.pl a  publiée  taberna)  que  le  Sénat 
romain,  au  dire  de  Pline,  mit  en  220  à  la  disposition 
du  médecin  grec  Archagathos  L  L’insuccès  de  celte  ten¬ 
tative  fut  peut-être  due  à  la  jalousie  des  médecins  privés'. 
En  l’absence  d’institutions  publiques  *,  les  médecins 
romains  devaient  prendre  en  pension  des  malades.  Un 

esclave  d’Hadrien,  qui 
avait  voulu  tuer  son 
maître,  fut  reconnu  pour 
fou  ( furiusus )  et  remis 
par  l’empereur  aux  mé¬ 
decins  (medicis  curnn- 
dum  dédit)1  ;  c'est  donc 
que  ceux-ci  acceptaient 
de  soigner  des  aliénés 
chez  eux. 

[1  est  remarquable 

que  la  loi  de  368' sur 
les  médecins  publics, 
dont  il  sera  question 
plus  loin,  ne  dise  rien 
de  l’officine  médicale. 
Peut-être  eut-elle  pour 
ésultat, comme  l’a  pense 


le  DrVercoutre,  de  hâter 

parla  l’établissement  des  hôpitaux,  dus  a  1 
charitable  des  chrétiens.  Le  premier  (CIU^  '  (i|t  372 
-ne  auberge  pour  voyageurs  et  Pèle^in*] ^  (‘  con. 

I  (jriisaleffl 
lit  est 
tics 


àCésarée,  grâce  aux  efforts  de  saint  Basil' 
struisit  ensuite  à  Amasie,  à  Constantinople,  à 
et 
cel 


u i o  1 1  ensuite  a  nuiaoicj  «a  ^  (jj^  g 

ailleurs.  Le  premier  voffoxousîov  proprmiu" 

ui  crue  fit  bâtir  Fabiola  en  3803  ;  elle  y  111 


Apollonius  von  Kilium,  lllustrierter  Kommentar  zu  der  liippohra- 
teischen  Schrift  «mi  a&0oo»y,  heransgegeben  von  'H.  Schône,  Liepzig  1896, 
-  2  Ibid.  pl.  iv,  vu,  xvi,  xviii.  —  3  Liv.  11,47;  cf.  Rev.  arc  h.  1880,  p.  353. 

4  PJin  Rat.  Eist.  XXIX,  13.  —  5  Rev.  arch.  1880,  I,  p.  330.  Une 
maison  de  médecin,  composée  de  plusieurs  chambres  dont  Tune  renfermait  des 
instruments  de  chirurgie  (chiuurgià),  a  été  découverte  au  xvin0  siècle  a  Pompéi 
(Mau-Kelsey,  Pompei ,  p.  274).  On  en  connaît  une  autre  de  Brcgenz,’  où  'l’on 


aussi  recueilli  une  Irousse  de  chirurgien  (Jenny» 
Vienne*,  1891,  Ae  '  —  6 


Central- 


***j .  MitthC^J^  île  X» 

nmission,  Vienne!,  1891,  i*  fasc.).  —  6  C°rs  llc  1,1  ,  DOrti!s  di"is  ltS 

ithéâtre  de  fidènes  (Tac.  Ann.  IV,  Si),  les  Fless  s  .illjlol.  •  Sl’al'|; 
n’v 


Ann.  iv,  —  rhô  îilal- 

isons  particulières  ;  il  n’v  avait  donc  aucune  espèce  ^  g^cle  av.  J-*1'’ 
:dr.  12.  —  »  Basil.  Ep.  37 2.  -  9  Hicron.  Ep.  III,  1°.  Dès  «c  *  (1,usC|„iiaDn, 
question  d’hôpitaux  établis,  en  Inde,  par  le  roi  boudd  n 
ndbuchi  ï,  152,  498). 


MED 


—  1087  — 


MED 


asség  ?ur  les  places  publiques  (prima 
nialalles  ’^’^eïov  instituit,  in  quo  aegrotantcs  eolli- 
oniniuin  ce  qui  prouve  combien  le  service 

fJerel,  .^../laissait  encore  à  désirer  au  îv*  siècle  dans  la 

'l0  !,  ip  /j y  monde  romain  . 

|tS  grands  domaines  où  l’on  employait  beaucoup 


d'esclaves,  il  y  eut  de  bonne  heure  des  hôpitaux  dits 
valetudinaria,  sous  la  direction  d’un  intendant  dit  supra 
paletudinarium 2.  A  Rome,  les  esclaves  malades  étaient 
souvent  abandonnés  dans  l’ile  du  Tibre,  où  il  y  avait  un 
temple  d’Esculape  ;  sans  doute  leur  sort  y  était  digne 
de  pitié,  car  Claude,  voulant  imposer  aux  maîtres  l’obli¬ 
gation  de  soigner  leurs  esclaves,  décréta  que  ceux  qu’on 
abandonnerait  ainsi  seraient  libres  et  le  resteraient 


en  cas  de  guérison  ;  le  maître  qui  tuerait  un  esclave  ma¬ 
lade  pour  n’avoir  pas  à  le  soigner  serait  poursuivi  pour 
homicide3.  Une  pareille  loi  en  dit  long  sur  la  brutalité 


des  mœurs  romaines  même  à  l’époque  de  la  civilisation 
la  plus  brillante.  On  ne  peut  considérer  comme  des 
hôpitaux  les  éditîces  que  le  sénateur  Antonin  (peut-être 
Anlonin  le  Pieux)  lit  construire  près  du  temple  d’Escu- 
lape  à  hpidaure4  ;  c’étaient  des  asiles  pour  les  femmes 
en  couches  et  les  mourants,  qui  ne  devaient  pas  souiller 
le  temple  de  leur  présence.  Je  ne  sais  sur  quoi  l’on  s’est 
fonde  pour  attribuer  à  l’empereur  Antonin  des  construc- 
ll°ns  analogues  dans  l’île  du  Tibre  5. 

Ah  Médecins  publics  militaires 6.  —  Nous  étudie¬ 
rons  les  médecins  militaires  avant  les  médecins  publics 
odés,  parce  que  les  premiers  sont  incontestablement 


les  plus  anciens.  Aucune  civilisation,  quelque  primitive 
qu’elle  fût,  n’a  pu  ignorer  les  rudiments  de  la  médecine 
militaire,  c’est-à-dire  l’art  des  pansements.  Dans  1  Iliade, 
elle  paraît  déjà  à  l’état  de  science  fort  avancée, 
d’où  un  médecin  militaire  allemand,  Frühlich,  a  conclu 
qu’ilomère  avait  été  lui-même  médecin  d  armée  '. 
Diodore  dit  que  Machaon  et  Podalire  se  distinguèrent 
tellement  au  siège  de  Troie  qu  on  les  dispensa  de  prendre 
part  aux  batailles  et  qu’on  les  exempta  de  toutes  les 
charges  publiques8;  il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  ce 
récit  evhémériste  indique  seulement  les  privilèges  des 
médecins  militaires  à  l’époque  ou  écrivait  Diodore  ou 
l’auteur  qu’il  a  suivi.  Les  baraquements,  xÀiffîat,  dont  il  est 
question  dans  Y  Iliade'3,  paraissent  avoir  servi  aussi  de 
lazarets  de  campagne;  c’est  là  que  les  blessés  recevaient 
des  soins10.  Les  auteurs  hippocratiques  mentionnent 
plusieurs  fois  la  médecine  militaire;  1  un  d  eux  11  recom¬ 
mande  aux  chirurgiens  de  se  joindre  aux  troupes  de 
mercenaires  afin  d’avoir  l’occasion  de  se  perfectionner 
dans  leur  art.  Au  siège  de  Daton,  en  453,  il  devait  y  avoir 
des  Asclépiades,  car  des  cas  de  blessures  reçues  dans 
celte  campagne  sont  relatés  aux  livres  \  et  \  II  des  Epi¬ 
démies.  Un  Asclépiade,  Nebrus  de  Cos,  prit  part  a  la 
guerre  de  Crissa,  où  il  se  rendit  sur  une  galère  à  cinquante 
rames,  équipée  à  ses  frais,  pourvue  de  tout  ce  qu’il  (allait 
pour  traiter  les  malades  et  pour  combattre  (v-TjSEi'.x;  ve 
’iTjTpocàç  y. où  'jroXeu.'.xxç) 1 3 .  Au  moment  où  Alcibiade  allail 
partir  pour  la  Sicile,  Hippocrate  désigna  son  fils  Thessalos 
pour  accompagner  sans  salaire  l’expédition  ;  il  reçut  en 
récompense  des  Athéniens  une  couronne  d  or11.  A  Sparte, 
l’ordre  de  bataille  prescrivait  qu’au  moment  du  combat  les 
compagnons  de  tente  du  roi,  les  devins,  les  médecins 
et  les  joueurs  de  tlùte  se  trouvassent  réunis  en  un  même 
lieu,  à  la  disposition  du  chef  militaire14.  La  sollicitude 
des  médecins  s’étendait  même  aux  morts  :  ils  les  pansaient 
et  les  lavaient  avant  de  les  ensevelir,  afin  qu  ils  descen¬ 
dissent  décemment  dans  la  tombe  15.  L’armée  perse  avait 
aussi  des  médecins10,  qui  soignaient  même  les  captifs 
blessés11;  on  se  préoccupait  des  blessés  qu  on  ne  pou¬ 
vait  emmener,  et  Xerxès  laissa  nombre  de  soldais 
malades  dans  les  villes  qu  il  traversa  dans  sa  retraite,  en 
les  recommandant  à  la  sollicitude  des  magistrats  ". 
Xénophon  a  donné  des  détails  sur  la  médecine  militaire 
en  racontant  l’expédition  des  Dix  Mille.  Us  avaient  des 
médecins  pour  soigner  les  blessés  après  la  bataille1'1,  les 
transportaient  à  la  suite  des  hommes  valides,  retardaient 
parfois  leur  marche  par  égard  pour  eux  20  et  les  logaienl, 
dès  qu’ils  pouvaient,  dans  des  villes  amies'21.  Les  ambu¬ 
lances  privées  installées  dans  les  villes  grecques  rece¬ 
vaient  aussi  les  blessés  ennemis22.  Un  chef  des  Dix  Mille, 
Cheirisophos,  mourut  d’un  fébrifuge  administré  a  contrc- 


en  pai-liruii  C0,llre'  n,'cA.  1880,  I,  p.  300.  Sur  les  soins  donnés  aux  malades, 
'oir  J  '  i „  i  '  *  *esd*aep®s  et  les  veuves,  dans  les  premiers  lempsdu  christianisme, 
t/Iegc  r h  ®8  Stl- :  c^-  Uaeser,  Gesch.  christlicher  Kranken- 
llucldclitlr'i'  r"  P’  Des  édifices  hospitaliers ,  Paris,  1893  ;  E.  Dietrich, 

II,  3 •  Col  '  J lltw‘c,cl,lny  der  Krankenp/leye,  Berlin,  1898. — 2  Cat.  De  re  rust. 
Tic. Mai  >1  r  "  rust’  1;  XIII,  3;  Sen.  De  Ira,  I,  10;  Quaest.  nat.  1  praef.  ; 
mus  supra  i ,  /  111  ‘llscr*Pt‘°n  [Bull,  communale,  1887,  p.  201)  mentionne  un  Alchi- 
Pauly-Wisso^  Lll"Untt_Tium-  ~  3  Suet.  Claud.  25  ;  cf.  Thraemer,  art.  askiepios  dans 
Biun,  Gesch  il  lj  "  I'aus'  U,  27  ;  cf.  la  note  de  Frazcr,  p.  257.  — ■>  Pusch- 
«pu d  Qr  4  ’"edicin.  Unterrichts,  p.  95.  —  o  Kiilin,  De  medieorum  militum 
1809,  |,p.  a,* .' p  an0SΓe  c™dicione,  8  progr.  Leipzig,  1821-1827  (cf.  lier,  arcli. 
4i«,  GroniugyJ  |  (  f  'i'lovcn>  De  Machaone  et  Podalirio  primis  medicis  militari- 
'860  ;  Pétreuuin  /  '  *!riau'  serV‘ce  de  santé  militaire  chez  les  Romains,  Paris, 
Ueber  ^  ! [  ansPort  des  blessés  chez  les  anciens,  Anvers,  1872  ;  Frfihlich, 

l/schii  urgiç  dcr  aifen  /lijaier,  in  Archiv  filr  lelin.  Chirurgie, 


1.  XXV  (1880),  p.  285  ;  Molliérc,  De  l'assistance  aux  blessés  avant  l'organisation 
des  armées  permanentes,  in  Lyon  médical,  1888  ;  Corlicu,  La  méd.  milit.  dans 
l'antiquité,  in  Itev.  scient.  1892,  n°  20  ;  Marcuse,  Das  Sanitâtsicesen  in  den  Heeren 
der  Alt  en,  Munich,  1899;  Puschmann,  Gesch.  des  medic.  Unterrichts,  p.  58  sq. 

Un  empirique,  Héraclide  de  Tarante,  avait  écrit  un  livre  inlilulé  (Gale». 

Xlll,  725),  qui  est  peut-être  le  premier  ouvrage  relatif  à  la  médecine  militaire 
(Spcengel-Rosenbaum,  p.  587).  —  7  Frfihlich,  Die  Alilitàrmedicin  Homers,  Stutt¬ 
gart,  1879. —  8  Diod.Sic.  IV,  71.  —  9  Hom.  II.  XVI,  25S  ;  XXIV,  419,  etc. —  10  Frfih-  m 
lich,  Baracken  im  trojanisclien  Krieye,  in  Virchow's  Archiv  fürpathol.  Anatomie, 

I  LXXI,  p.  509  (1877);  cf.  Bursian’s  Jahresb.  1879,  111,  p.  228.  —  U  Hippocr.  IX, 

218,  _  12  Hippocr.  IX,  407.  —  18  Ibid.  IX,  423.  -•  H  Xen.  Resp.  Laced.  13. 

_  15  Eurip.  Troad.  1152,  1232;  Phoeniss.  1603  et  le  Scliol.  —  '6  Xen.  Cyrop. 

I  6,  12.  -  »  Ibid.  111,2,  12;  V,  4,  18.  -  1*  Herod.  VIII,  115.  —  19  Xen. 
Anub.  111,  4,  30.  -  20  Ibid.  III,  V,  30.  —  21  Ibid.  V,  5,  4.  —  22  Ibid. 

VU,  2,  0. 


MED 


—  1688  — 


MED 


temps,  preuve  qu'il  n'y  avait  pas  seulement,  des  chirur¬ 
giens  dans  l’armée,  mais  des  médecins1. 

Les  Romains  montrèrent  longtemps  moins  d'égards 
pour  leurs  troupes  en  campagne.  On  racontait,  il  est 
vrai,  que  le  prêtre  Umbro  avait  fait  office  de  médecin 
dans  la  guerre  des  Troyens  contre  les  Rutules,  guérissant 
au  moyen  d'incantations  et  d’herbes  magiques'2  ;  qu'Énée 
blessé  avait  été  soigné  par  lapis,  favori  d’Apollon3  ; 
mais  ce  sont  là  des  reflets  de  l’épopée  grecque.  A 
l’époque  des  grandes  guerres  de  Rome  en  Italie,  les 
soldats  pansaient  leurs  blessures  entre  eux  et  se  pansaient 
eux  mêmes  avec  les  bandages  qui  lirent  toujours  partie 
de  leur  équipement4.  Denys6  rapporte  qu’en  469  les 
soldats  romains  refusèrentde  se  battre  contre  les  Volsques 
et  que  beaucoup  se  mirent  des  bandages  pour  simuler  des 


Fig.  4891.  —  Médecins  militaires  soignant  des  blessés*#. 


blessures.  Après  la  journée  de  Sutrium,  en  309,  il  mourut 
plus  de  blessés,  faute  de  soins,  qu’il  n’était  tombé  de 
soldats  dans  la  bataille6.  Les  blessés  transportables 
étaient  évacués  sur  les  derrières  \  ou  dans  le  camp8,  ou, 
si  les  communications  le  permettaient,  sur  Rome 3  ou 
sur  les  villes  alliées10.  Polybe,  décrivant  avec  détail  le 
camp  romain,  ne  parle  pas  d’un  endroit  réservé  au  soin 
des  malades.  Les  seuls  médecins  étaient,  semble-t-il, 
ceux  que  les  chefs  militaires  emmenaient  à  titre  privé11.’ 
Cependant,  dans  ce  domaine,  comme  partout,  l’in¬ 
fluence  bienfaisante  de  l’hellénisme  se  fit  sentir;  lorsque 
l’armée  romaine  devint  permanente,  elle  eut  des  méde¬ 
cins  permanents  qui  servaient  avec  rang  de  légion¬ 
naires.  Le  plus  ancien  témoignage  que  nous  ayons 
à  ce  sujet  est  celui  d’Onésandre,  au  ier  siècle  ap.  J.-C.; 
mais  il  ne  parle  pas  des  médecins  d’armée  comme 
dune  institution  récente.  On  connaît,  du  temps  de 
Claude,  le  monument  funéraire  d'un  médecin  de  la 
XXIe  légion  à  Vindonissa:  c’était  un  affranchi  nommé 
Claudius  Hymnus12.  Personne  ne  trouva  mauvais  qu’il 
y  eût  des  chirurgiens  sur  les  champs  de  bataille  ;  mais 

1  Ibid.  VI,  4,  H;cf.  Jtev.  arch.  1863,  I,  p.  201.  —  *  Virg.  Aen.  VII,  752.-3  Ibid. 
XII,  395.-4  Tac.  Ann.  IV,  G3.  —  3  Dion.  Haï.  Ant.  Rom.  IX,  50.  —  G  Liv. 
IX,  32.  —  7  Dion.  Hal.  Ant.  Rom.  VIII,  05;  Liv.  XXX,  34.  —  8  Liv.  VIII,  3G;  X,  35. 
—  9  Liv.  Il,  17.  —  10  Liv.  XXII,  54;  XXVII,  2;  XL,  33.  —  H  Polyb.  VI, 
27.  II  est  question  de  Marus  médecin  de  Scrranus  à  la  bataille  de  Trasimène,  de 
Cléanlhe  médecin  de  Caton  d’Utique,  de  Glycon  médecin  de  Vibius  Pansa,  etc. 

•  (Sil.  Punie.  VI,  90;  Plut.  Cat.  min.  70;Suet.  Oct.  11;  Cic.  ad  R  rut.  G;  Tac.  Ann . 
I,  10).  — !2Brunner,  Die  Spuren  der  rôm.  Aertze  auf  dem  Boden  der  Schweiz , 
p.  20.  —  13  Onesand.  Strategie.  I,  13,  14  (éd.  Teubner,  p.  5);  Veg.  De  re  milit. 
III,  2.  —  *4  Au  dire  de  Végèce  [De  remit.  II.  2,  3),  c’est  au  chef  d’armée,  et  non 
au  médecin,  qu’il  appartient  a’interdire  aux  soldats  l’emploi  des  eaux  marécageuses 
comme  boisson.  —  15  Mommsen,  Eph.  epigr.  IV,  530;  Cichorius,  ap.  Pauly- 
Wissowa,  I,  1227  ;  IV,  23G.  C’est  par  erreur  que  Briau  et  d’autres  écrivains 
comptent  quatre  médecins  par  cohorte  et  vingt  et  un  par  légion.  Dans  les  armées 


le  service  de  santé  en  temps  de  paix  fui  iv.  • 
tiques  dont  Onésandre  eL  Végèce  nous  ,1  Tl  ^  Cri' 

1  écho.  On  alléguait  que  la  parole  du  chef  él  ■  ,  mis 
que  les  médicaments,  que  les  exercir  P  US  Ulile  ' 
entretenaient  la  santé  des  hommes 
médecins  13.  Quoi  qu’il  en  soit,  le  service  de  s  J?6.1®* 
ganisa  et  devint  une  institution  régulière  Sor' 
da,H  cesser  d'être  subordonnée  au 
1  époque  impériale,  les  médecins  militaires  ,««/•  '  A 

narü,  medici  legionis  (probablement  un  par  'ai"  ^ 
cohorte) 1  s  passaient  la  visite  des  malades  dans  lj u  i 
les  y  traitaient  quand  la  maladie  était  légère16  et  i 
les  cas  graves,  les  faisaient  porter  au  valetudinaril 
(hôpital);  ils  accompagnaient  les  légionnaires1'  dans  1 
manœuvres,  les  marches  et  les  expéditions  militaire^ 
sur  la  colonne  Trajane  (fig.  4891),  ils  ne  se  distinguent  des 
soldats  ni  parle  costume  ni  par  l’armement  Aurélien 
étant  tribun,  dut  interdire  aux  médecins,  comme  aux 
haruspices,  de  se  faire  donner  de  l’argent  parles  hommes: 
c’est  donc  que  cet  abus  existait  au  m°  siècle18. 

Dès  l’époque  de  Cicéron,  il  y  avait  dans  les  camps  des 
lentes  spéciales  pour  les  malades20.  Chaque  camp  de 
légion  possédait  un  hôpital,  silué  à  gauche  do.  la  porte 
prétorienne,  dans  un  endroit  isolé  et  tranquille21;  la 
surveillance  et  l’administration  incombaient  à  un  officier 
hors  cadres,  optio  valetudinaril 22.  Les  malades  étaient 
soignés  par  des  infirmiers  23  et  le  service  médical  dirigé 
par  un  medicus  castrensis  ou  castrorum ,  supérieur  aux 
médecins  légionnaires24.  Les  médecins,  les  malades  et 
les  dépenses  qui  les  concernaient  relevaient  du  prae- 
fectus  castrorum 28. 

Les  historiens  romains  du  temps  de  l’Empire  ont  sou¬ 
vent  loué  la  sollicitude  des  chefs  d’armée  à  l’égard  des 
blessés  et  des  malades.  Tibère,  à  une  époque  ou  le  service 
de  santé  n’était  pas  organisé  encore,  mettait  sa  voiture, 
sa  litière,  ses  médecins,  sa  cuisine,  même  son  appareil  de 
bain  portatif  à  la  disposition  de  tous  ceux  qui  en  avaient 


^besoin  (il  s’agit  sans  douLe  des  officiers  seulement 
Germanicus  visitait  les  blessés,  leur  distribuait  des  encou¬ 
ragements  et  des  secours27.  Trajan,  plus  généreux  encore, 
se  dépouilla  un  jour  de  ses  propres  vêtements  pour  faire 
des  bandages  desLinés  aux  pansements28.  Hadrien  allait 
trouver  les  soldats  malades  dans  leurs  cantonnements 
(in  hospitiis) 29.  Alexandre  Sévère  faisait  de  même  lu 
tournée  des  lentes  où  reposaient  les  blessés  (per  tentoi  un, 
il  leur  procurait  des  chariots  suspendus  (carpenln  I " ,UI 
suivre  l’armée  et,  quand  ils  étaient  très  malu<k>, 
plaçait  chez  des  particuliers  qui  recevaient  une  iiu  |Iinl 
pour  les  soigner,  soit  qu’ils  guérissent,  soit  qu  il.-'  111 
eussent30.  Lorsque  Valentinien  eut  une  ntlaqm  ,ll 
plexie  sur  les  bords  du  Danube,  en  375,  on  mil 
à  trouver  un  médecin,  parce  que  le  prince,  uniqu 


actuelles,  il  y  a  environ  un  médefcin  pour  mille  hommes  t^01'1^’  Goth. 

29  oct.  1892).  —  10  Plin.  Paneg.  13;  Lamprid.  Alex.  Se v.  4-  ;  'm" .  Colltn„e 
II,  p.  153.  —  *7  Cagnat,  Armée  romaine  d  Afrique ,  p.  — *>■  amprid  Ak*' 

Trajane ,  pl.  lxv.  —  19  Vopisc.  Aurel.  7.  —  20  Lie.  T  use.  IL  1'*  *  c  ,  gran)bacl>, 
Sev.il.  —  21  Dig.  L,  #,  7;  Vegct.  U,  10;  Hygin-  De  munit,  w  ^  ,cj 
Corp.  inscr.  Rh.  4G2.  Le  témoignage  de  Hygin  est  h  plu  -euer  f^r  schtoeiSi-, 
restes  d’un  lazaret  militaire  romain  à  Baden  (Suisse),  c.  n  J  Zurich,  18®®* 
A Iterthumskunde.  1895,  n»2;  E.  Rose,  Ein  rômisches  Mihtursp  -  L>  C. 

—  22  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2553,  2563;  IX,  1617,  Brani  >•  et  Diss*1^' 

—  23  Dig.  L,  6,  7.  —  21  Annali  dell’  Instit.  1885,  p.  230,  .8  ■  ^  _  ;s  v’cgel. 
Inscr.  de  Lyon,  1,437;  Cagnat,  Armée  rom.  d'Afrique,  P-  (  '  _  28  plin. 

De  re  milit.  II,  10.  — 26  Vell.  Pat.  II,  H4.  -  2  Jac‘  _ 30  bainprl(^ 

Paneg.  13;  Dio  Cass.  LXVItl,  8.  -  29  Spart,  ffadr. 

Sev.  40. 


1689  — 


MED 


MED 


,  de  ses  troupes,  les  avait  tous  envoyés  au  loin 
préoccupe  at  a  Toutefois,  le  soin  que  prennent  les 
auprès  «1(  *  *  •  na]er  ces  marques  d’humanité  à  la  guerre 
historiens  üc.  ^  ^  dureté  et  l’indifférence  pour  les 

Pr0uve  encore  dans  les  mœurs  ;  j’ajoute  que  je  ne 

blessés  etaK  témoignage  romain  touchant  les  soins 

Lnnaispas  un  s_  aux  blessés  de  l’armée  ennemie, 

donnes  pai  ^  ion  davantage  d’ambulanciers  chargés 

11  n'eS  lq r  ■  les  blessés  pendant  la  bataille  et  de  les  sous- 
de  reçue,  n  souffranCes.  Pour  trouver  mention 

lr aireains' 1  voiante,  il  faut  descendre  jusqu’au 
d’unCJ"  époque  où  l’empereur  Maurice  (582-602)  orga- 
VI  ,in  noms  de  cavaliers  appelés  oxp^uv.;  ou  oettotcctci 
Tultali)  qui  étaient  chargés  d’emporter  les  blessés  et 
Tflcpvaient  une  prime  pour  chaque  soldat  qu’ils  sauvaient 
1  éon  le  Philosophe  (886-911)  augmenta  le  nombre 
cavaliers  qui,  pour  procurer  un  soulagement 
immédiat  aux  blessés,  étaient  munis  de  bouteilles  d  eau-. 

Un  médecin  militaire  pouvait,  à  l’occasion,  donner  ses 
soins  à  des  civils3.  Son  temps  de  service  accompli, 
il  devenait  parfois  médecin  civil,  à  titre  privé  ou  public4. 
Une  inscription  fait  connaître  un  médecin  public,  sala- 
mrius  civitatis  splendidissùnae  Ferentinensium,  qui 
avait  été  auparavant  médecin  militaire  des  ailes  Indiana 
et  Ter.tia  Asturum  \  Un  médecin  de  légion,  Kalli- 
morphos,  raillé  par  Lucien,  écrivit  le  récit  des  campagnes 
auxquelles  il  avait  pris  part6.  En  général,  les  médecins 
militaires  ne  paraissent  pas  avoir  joui  d’un  grand  crédit. 
Galien,  tout  en  décernant  des  éloges  à  l’un  d’eux,  nommé 
Antigonos,  reproche  leur  ignorance  en  anatomie  ù  ceux 
qui  suivirent  Marc-Aurèle  dans  sa  campagne  contre  les 
Marcomans  ' . 


Il  y  avait  également  des  médecins  de  la  marine.  Dans 
les  inscriptions  romaines,  ils  sont  souvent  appelés  dupli- 
carii  (soldats  touchant  double  ration  ou  double  solde) 
et  leur  nom  est  accompagné  de  celui  de  leur  navire, 
preuve  qu’ils  étaienL  attachés  à  tel  ou  tel  bâtiment3. 
Galien  mentionne  un»  oculiste  attaché  à  la  flotte  de 
Bretagne  (ôüjto;  ôOaAgocbç  cxoAou  [îpsTTavtxou)  9.  Une 
inscription  de  Bouyoukdéré  a  conservé  la  nomenclature 
de  l’état-major  et  de  l’équipage  d’une  tétrère  de  Cos 
commandée  par  Q.  Terentius  Varron  10  :  le  médecin  y  est 
nommé  à  la  suite  des  officiers,  immédiatement  avant  les 
matelots  (ÈTuSaxat) ,  ce  qui  donne  à  penser  que  dans  la 
marine,  comme  dans  l’armée  romaine,  les  médecins 
étaient  loin  de  jouir  de  la  considération  et  des  honneurs 
quon  leur  accorde  aujourd’hui  dans  ces  milieux. 

Médecins  de  cour.  —  Les  médecins  privés  des 
pnnees  ont  joué  un  rôle  important  auprès  des  monar¬ 
ques  achéménides  et  macédoniens,  comme  auprès  des 
successeurs  d  Alexandre  et  des  empereurs.  Représentants 
1  la  science  hellénique,  ils  ont  contribué  à  lui  faire 
trou  ut  crédit  et  à  répandre  ses  enseignements. 

Jusque  vers  515  av.  J.-C.,  les  Achéménides  deman- 
m  n  1  ^es  médecins  à  l’Égypte  :  Cyrus  avait  appelé  un 


_  »,  i  !)an-  6.-2  Maurit.  Ars  milit.  II,  8;  Leon.  Tact.  IV,  15,  6 

52, 1  _  q  n  1  «  •  ’  ^  médecin  eslappelé  taxçbç  toj  cTpaTonéSou.  —  Cod.Just. . 

Xlll, 604  6  Luc.  Quom.  hist.  conscrib.  10.  — ^  Galon.  XII,  55’ 

Orellj  3640  s  ^ trrcr0’  ^  or^namento  delle  armate  romane,  Turin,  1878,  p.  50,  0 

Praef  q[  |x  U\  '°S  ,tu^ecins  de  la  marine  à  l’époque  byzantine,  voir  Paul  d'Egin 

—  9  Galcn  \„  -><  h’  *n  byzantinischer  Zeit,  in  Janus ,  1902,  p.  1 

rei/,.  iggg  *  ,  ’  Magnat,  Armée  rom.  d'Afrique ,  p.  184.  —  10  Oesterr.  J  a 

— 13  U  |V,P’  ?  ’  ^ev-a>'ch.  1898,  II,443,noll9.-ll  Herod.  111,1.-12  Id.  111,  12 
,u*  m,  1 25.  <  0 

P-  38  (éd  J  [,  ’  ““  f  Soranus,ap.  Gai  en.  éd.  Külin,  III,  851;  cf.  Hippoc 

*•<).  iu  Clinton,  Fast.  I/ellen.  II,  222.  —  10  Héliod.  Aethio 


oculiste  de  ce  pays"  ;  Darius  était  entouré  de  médecins 
égyptiens1-.  Mais  ceux-ci  ayant  été  impuissants  à  le 
guérir  d’une  fracture,  Darius  s  adressa  a  Democédès  de 
Crotone,  dont  l’histoire,  contée  par  Hérodote1  ,  est  des 
plus  instructives.  Démocédès  s’était  établi  comme 
médecin  public  à  Égine,  où  il  recevait  un  traitement 
annuel  d’un  talent;  il  se  rendit  ensuite,  dans  la  même 
qualité,  à  Athènes,  où  il  toucha  cent  mines,  puis,  1  annee 
d’après,  ù  Samos,  où  Polycrate  1  attira  par  un  salaire  de 
deux  talents.  Fait  prisonnier  avec  Polycrate  par  le  gou¬ 
verneur  perse  de  Sardes,  en  522,  il  fut  amené  ca.pt  i  1  a  la 
cour  de  Darius  à  Suse.  Là,  il  se  rendit  célèbre  par  la 
guérison  de  la  blessure  de  Darius  et  d  une  tumeur 
qu’Atossa  avait  au  sein.  Quand  il  réussit  a  quitter  la 
Perse  et  à  retourner  à  Crotone,  les  Perses  envoyèrent 
une  ambassade  qui  tenta  vainement  de  le  ramener. 

Le  grand  Hippocrate  fut,  dit-on,  appelé  auprès  de  Pei- 
diccas  II,  fils  d’Alexandre  roi  de  Macédoine,  et  le  guérit 
d’une  maladie  de  langueur  causée  par  la  passion  de  ce 
jeune  homme  pour  la  concubine  de  son  père,  Pliila  . 
Cette  histoire  est  suspecte,  d’abord  à  cause  des  difficultés 
chronologiques  qu’elle  soulève  lo,  puis  parce  quelle  a 
été  relatée  aussi,  avec  quelques  variantes,  d  Érasistrale 
et  d’Avicenne  ;  elle  se  retrouve  dans  le  roman  d  Héliodore 
et  les  lettres  amoureuses  d’Aristénète  17  ;  Galien  raconte, 
à  son  tour,  qu’il  lui  arriva  une  aventure  analogue 

Artaxerxès  IV  Longuemain  (465-425)  invita  vainement 
Hippocrate  à  venir  à  sa  cour;  le  médecin  grec  refusa, 
alléguant  ses  devoirs  envers  sa  patrie19.  Ae  pouvant 
s’assurer  les  services  d  Hippocrate,  le  grand  roi  s  adressa 


à  un  autre  Asclépiade,  Apollonidès  de  Cos.  Ce  dernier 
guérit  Mégabyze,  beau-frère  du  roi,  d  une  blessure 
dangereuse,  mais  devint  1  amant  de  la  femme  de  Méga- 
byze,  Amytis.  L’intrigue  ayant  été  découverte,  Apollo¬ 
nidès  fut  abandonné  à  la  cruelle  vengeance  d’Amestris, 
mère  d’Artaxercès20.  Le  fils  d’Hippocrate,  Thessalos,  fut 
le  médecin  d’Archélaos  de  Macédoine  (-413-399) -1. 

Au  ivc  siècle,  les  princes  asiatiques  choisirent  leurs 
médecins  parmi  les  Àsclépiades22.  Dexippe,  élève  d  Hip¬ 
pocrate,  guérit  les  fils  d’Hekatomnos  (.185-37  /  ),  Maussollos 
et  Pixodoros23.  Le  célèbre  Ctésias  deCnide-*,  Asclépiade, 
fut  le  médecin  d’ Artaxerxès  II  Mnémon  et  le  soigna  d'une 
blessure  de  javelot  reçue  à  ta  bataille  de  Cunaxa  (401  , 


(405  -362). 

Critobule  traita  Philippe  de  Macédoine,  blessé  à  l’œil 
au  siège  de  Méthone,  en  353.  Critodème,  Asclépiade  de 
Cos,  fut  le  médecin  d’Alexandre  après  sa  blessure  en 
Inde23;  le  roi  reçut  également  les  soins  de  Philippe 
d’Acarnanie  et  de  Glaucias -1’.  Hippocrate  IA  lut  le 
médecin  de  Roxane,  femme  d’Alexandre  ;  c’est  par 
erreur  que  Suidas  l’a  confondu  avec  un  autre  Asclé¬ 
piade,  Dracon  III27.  Le  roi  d’Épire,  Pyrrhus,  eut  pour 
médecin  Nicias  de  Soli  (aussi  nommé  Cinéas?)28.  Le 
savant  Érasistrale;  médecin  de  Seleucus  Nicator,  roi  de 
Syrie,  découvrit  la  cause  de  la  maladie  d’Antiochus,  le 


IV,  7.  —  17  Arist.  Ep.  I,  13.  —  '8  Galen.  XIV,  630.  —  >3  llippocr.  IX,  317. 
Tous  les  textes  concernant  cette  affaire  sont  apocryphes.  —  20  Ctcsias,  De  Reb. 
Pers.  30,  42.  —  21  Galen.  XV,  12.  —  22  Cf.  Heriog,  Koitche  Forsch.  p.  201. 

_ 2:1  Suid.  s.  y.  ;  Judeich,  Kleinasiat.  Stud.  p.  234.  —  2V  Slrab.  XIV,  050;  Dio<l. 

Sic  II  32;  Xcn.  Anab.  1,  8  ,  27.  —  23  plin.  Nat.  Bist.  VU,  124;  Arrian.  Anab. 

VI  a,  I . _ 20  Philippe  le  sauva  après  son  bain  dans  le  Cydnus,  Diod.  XVII,  31  ; 

Arr.  Anab.  Il,  4,  8.  Sur  Glaucias,  Arr.  Anab.  VII,  14,  4.  —  27  Suid.  s.  v. 
*  I  — — ov &«tïi ;  tOapTo;  et  A pà»u-,.  —  28  Le  nom  de  Cinèas  médecin  es!  seulement  dans 
Aolian.  Var.  liisl.  XII,  33.  Le  médecin  de  Pyrrhus  est  nommé  Nicias  dans  Gcll.  III, 
8  ;  Zonar.  Ann.  p.  48. 


MED 


—  1690  — 


9 


fils  aîné  du  roi,  qui  était  amoureux  de  sa  belle-mère, 
Stratonice*.  Andréas  de  Caryste,  médecin  de  PLolémée 
Philopator,  l'accompagna  à  la  guerre  et  fut  tué,  en  "217, 
peu  avant  la  bataille  de  Raphia  -.  Citons  encore 
Métrodore,  médecin  d’Antiochus  Ier  de  Syrie  (280-261)  et 
Euphorbe,  médecin  de  Juba  II1. 

On  croyait  autrefois  que  le  titre  d’archjâtre  [arcuiatrus] 
datait  de  l’époque  romaine  impériale  et  qu'il  avait  été 
porté  d'abord  par  Andromaque,  médecin  de  Néron4. 
Celte  opinion  s’est  trouvée  contredite  par  une  inscription 
du  11e  siècle  av.  J.-C.5,  où  un  certain  Cratère  est  dit 
àpytxTo&ç  du  roi  Anliochus.  Une  autre  inscription  de 
Delos,  que  j  ai  publiée  en  1883 b,  prouve  définitivement 
que  le  litre  d  archiàtre  existait  dans  les  cours  des  succes¬ 
seurs  d’Alexandre  et  que  c’est  des  cours  des  Ptolémées  et 
des  Séleucides  qu'il  a  passé,  comme  tant  d’autres  institu¬ 
tions,  à  celle  des  Césars  h  L’archiatrie  étant  essentielle¬ 
ment  un  poste  de  confiance,  il  n’est  pas  surprenant  que 
son  titulaire  ait  été  revêtu  en  même  temps  d’autres 
dignités.  Dans  une  inscription  de  Délos8,  il  est  question 
d'un  Grec  d’Alexandrie  qui  cumule  les  titres  de  chef  des 
•médecins  (stù  tÆv  laxpwv,  sans  doute  équivalent  à 
*?/iaxP°’)v  de  parent  (cuYy£V''i?)  du  roi  Ptolémée,  d’exégète 
et  de  directeur  du  Musée.  Dans  un  papyrus  de  Turin9, 
un  certain  Tatas,  nommé  médecin  royal,  (l'xo'tX'.xôç  iaxpoç, 
est  chargé  de  notifier  un  ordre  émanant  du  souverain, 
d  où  Peyron  a  conclu  avec  raison  que  le  fonctionnaire 
revêtu  de  ce  titre  exerçait  des  fonctions  analogues  à 
celles  de  secrétaire  d’Ëtat.  Du  reste,  il  est  identique  à 
l’àpy  tVpoçdont  parle  Aristeas,  espèce  de  grand  chambellan 
qui  donna  des  ordres  pour  loger  et  entretenir  les  soixante- 
dix  interprètes  chargés  de  traduire  la  Bible  en  grec10. 

A  Rome,  nous  trouvons  d'abord  M.  Artorius  Ascle- 
piades,  honoré  par  plusieurs  villes  grecques,  qui  sauva 
la  vie  d'Octave  en  42,  lors  de  sa  campagne  contre  Brutus 
et  Cassius;  il  mourut  dans  un  naufrage,  peu  après 
Actium11.  Auguste  eut  ensuite  pour  médecin  l’affranchi 
Antonius  Musa,  frère  d’Euphorbe,  qui  était  médecin  du 
roi  Juba  II.  Il  guérit  l’empereur  en  23  av.  J.-C.  par  des 
bains  froids  et  reçut  du  Sénat,  en  récompense,  une  somme 
considérable,  l’anneau  d’or  et  une  statue  élevée  près  de 
celle  d'Esculape  12.  Eudème,  ami  et  médecin  de  Livie, 
femme  de  Drusus  César,  (ils  de  Tibère,  aida  à  empoisonner 
Drusus,  de  complicité  avec  Livie,  en  l’an  23  ap.  J.-C.13 
Le  plus  remarquable  de  ces  médecins  impériaux  fut 
Xénophon,  Asclépiade  de  Cos.  Son  frère  aîné  s’était 
établi  médecin  à  Rome,  y  avait  reçu  le  droit  de  cité 
sous  le  nom  de  Q.  Stertinius  et  gagné  des  sommes  consi¬ 
dérables14.  Caligula  obtint  qu’il  renonçât  à  sa  clientèle 
pour  devenir  médecin  impérial.  Il  appela  alors  à  la  cour 
son  frère  Xénophon  qui,  sous  le  nom  de  C.  Stertinius, 
devint  le  médecin  de  l’empereur  Claude.  Quintus  et  son 

1  Appian.  De  Reb.  Syr.  59  ;  Galen.  XIV,  G30  ;  Julian.  Misop.  347  ;  Luc.  De  dea  Syr. 
17;  FMin.  Nat.  Hist.  XXIX,  3;  Plut.  Demetr.  38.  —  2  Polyb.  V,  SI.  —  3  Corp. 
nsci\  yr.  3596;  Plin.  Nat.  Hist.  XXV,  77.  —  4  Voir  R.  Briau,  ai  l.  archiatrus  dans 
1  c  Dict.  p.  373.  Andromaque  Taine  est  appelé  archiàtre  de  Néron  par  Galien  (XI V,  211  ). 
Tliemison,  élève  d’Asdépiades  de  Prusc  et  fondateur  de  l'école  méthodique,  est 
qualifié  d’àpyia-sô;  par  le  Scol.  de  Ju vénal,  X,  221.  —  Délos,  Bull,  de  corr.  helL 
l\,  218.  —  6  Ibid.  VII,  359  (Papias  d'Amisos,  archiàtre  de  Mithridate).  —  7  L’ar¬ 
chiatrie  est  sans  doute  d’origine  égyptienne,  car  il  est  question  de  médecins  en  chef 
du  roi  depuis  la  v®  dynastie  (Puschmann,  Handbuch,  t.  I,  p.  Gl,  103).  La  profession 
médicale  était  donc  déjà  hiérarchisée.  —  3  Ibid.  III,  470.  —  9  Peyron,  Fapyri 
graeciy  I82C.  —  10  Bull,  de  coït.  hell.  VII,  360;  Lelronne,  Jourrr.  des  Sav.  1828, 
105.  —  11  Plut.  Brut.  41;  Vcll.  Pat.  II,  70;  Boeckh,  ad  Corp.  iriser,  yr.  3285 
(il  est  honoré  par  le  sénat  et  le  peuple  de  Smyrne  icoXu(AaO(a;  yà$> tv,  en  qualité 
de  ôeoü  KaiVaç’Oç  a<rr'v7  ta-rjôç)  ;  Ibid.  2283;  Corp .  inscr.  att .  III,  570.  —  12  Rio 


MED 

Irore,  arrivés  ù  l’opulence,  construisirent  , 
monuments  ù  Naples,  où  ils  possédaient  Z,  t  bea“* 
villas.  Quintus  mourut  sans  héritier  Y  ,loul«  «les 


chevalier,  accompagna  Claude  e»  aT„’Z  lll>phon  dev 


es 

m  43  en  Br  i  "  vJevinl 

tnbunus  militum  et  praefectus  fabrunT  C°lnm* 

1  occasion  du  triomphe  britanniqueen  44  d  ,  ,  reçul-  4 
honorifiques,  côrona  aurea  et  hasta  min,  t  '  'Sl"lclion!i 
sur  le  faible  esprit  de  Claude,  Xé„„phon  ' 
de  cite  pour  son  oncle  Philinos,  son  frira  ri  dro,t 
sa  belle-sœur  Phcebé;  les  deux  hommes  ïeT'l 
nommés  tribuns  militaires.  D'ailleurs  il  n„  !  fü®1 
pas  lui-même  :  Claude  appréciait  ses  conmi!^ ‘“l 
littéraires  et  le  nomma  secrétaire  pour  les  affaires 2? 
ques.  11  n  oubliait  pas  non  plus  sa  patrie  et  s’  I 
d  assurer  à  l'ile  de  Cos,  par  l’intermédiaire  de  son  fZ 
Cleonyme,  les  bienfaits  de  la  munificence  i.npérialJ 
Ainsi,  en  »3,  les  Coens  reçurent  Y  immunité1*  \  pleins*  dèl 
gratitude  pour  Xénophon,  ils  lui  consacrèrent  des  • 
dédicacés  où  .1  est  appelé  <piXdx«rop,  ftWaéSicç, 
SacToç,  etc.  Xénophon  possédait  à  Rome,  sur  le  Caelius 
une  maison  dont  on  a  retrouvé  des  traces16.  Médecin  à 
la  fois  de  Claude  et  d’Agrippine  (à^co-Tpi?  T<ùv  (km 
us SatûTfnv),  il  contribua,  de  concert  avec  l’impératrice,  à 
faire  disparaître  l’empereur.  En  récompense  de  ce 
service,  il  reçut  une  forte  récompense,  puis  il  alla  s'établir 
à  Cos,  où  il  joua  le  rôle  de  grand  bienfaiteur  et  fut 
comblé  de  tous  les  honneurs  publics  (àpyispsùç  twv  0swv, 
tspeùç  8tà  [i(ou  twv  SE^aaTaiv,  etc.)17.  De  son  vivant  même,  il 
fut  qualifié  de  vjpw;  dans  la  dédicace  d’une  exèdre 
construite  en  son  honneur18.  Il  est  probable  qu’il  mourut 
sans  enfants  comme  son  frère;  suivant  Pline,- il  laissa  à 
ses  héritiers  (sans  doute  Cléonvme  et  ses  enfants)  la 
somme  de  trente  millions  de  sesterces  l0.  Claude  avait 
aussi  eu  pour  médecin  Scribonius  Largus,  qui  parait 
l'avoir  accompagné  en  Bretagne  en  43.  Scribonius 
est  l’auteur  d’un  livre  de  recettes  que  nous  possédons 
et  qui  a  été  utilisé  dans  l’antiquité  même  par  Sextus 
Empiricus'20.  Un  autre  médecin  .de  Tibère  et  de  Claude 
(tarpoi  Kaifffxpcüv)  fut  Tiberius  Claudius  Ménécratès,  men¬ 
tionné  par  Galien21  et  qu’une  inscription  désigne  comme 
un  chef  d’école,  auteur  d’un  ouvrage  important,  toi« 
Xoyixïjç  évapyouç ’taTptxîjç  xtiott)  èv  fkëitioiç  pvç  .  Contentons  I 
nous  de  nommer  ici  Andromaehos,  médecin  de  .Néron  , 
L.  Arruntius  Sempronianus  Asclepiades,  médecin  ej 
Domitien;  C.  Calpurnius  Asclepiades  de  Pruse,  inedecin  I 
de  Trajan23.  Galien  fut  appelé  en  169  par  Marc- A  me  b  et  I 
Lucius  Verus  pour  les  accompagner  dans  une  1 

contre  les  Germains  ;  mais  Verus  mourutet  Galien  I 
un  prétexte  pour  rester  à  Rome  où  il  y  fut  successiumen  I 
le  médecin  de  Marc-Aurèle  et  du  jeune  Commodf  .  I 
base  fut  le  médecin  de  Julien  pendantsa campagm  •  I 
les  Perses  et  se  trouvait  auprès  de  lui  quand  il  """" 

Cass.  UII,  30;  Schol.  ad  llor.  Ep.  I,  15,  3;  Suet.  Aug.  59,  81 1  : Schol. 

38  ;  XXIX,  5.  Un  autre  médecin  d'Auguste  fut  Caius  Aemiiius  (Pline. .  ..  ^  ^  p,in 
ad  Hor.  Epist.  I,  15).  —  13  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  S  ;  Tac.  Ann.  ^  s,j05;  I 
Nat.  Hist.  XXIX,  7.  -  15  Tac.  Ann.  XII,  Cl.  -  16  Corp.  inscr ■  '  '  ^ 3i;,. 
Bu/l.  com.  1886,  p.  104.  —  17  Oittenberger,  Sgll.  2,  3GS,  '  ;  '*01^gi  j.’ialli  /ter.  I 

—  18  Paton-IIicks,  Cos,  93.  -  19  Dubois,  Bull.  corr.  hell.  Saiboni‘  I 

arch.  1882,  I,  203;  Herzog,  Koische  Forsch.  189.  _  2°  U.  *  ®  I 

Largi  compositioncs,  Leipzig,  1887  ;  Marcelli  de  Medicanu  ni  ^  grjSU|  /,  nr-  I 

—  21  Galon.  XIII,  502,  995  ;  XIV,  31.  —  22  Galen.  XIV,  -11-  "j.  xlXl  17.  !«•  I 
chiatrie  romaine,  Paris.  1877,  p.  37.  —  Galen.  XI\,  °.VAs  (je  Xibôre,  Crilon 

—  25  Philoslorg.  VII,  15.  Autres  médecins  impériaux  :  Ghari  ^  Marc-Aurclc,  I 
de  Trajan,  Magnos  d’Antonin,  llermogène  d’Hadrien,  °™c  /puscl,niann,  I 
Elpidiusde  Théodoric.  Justinien  avait  un  médecin  ecclésiastui 

buch,  t.  I,  p.  494). 


MED 


—  1091 


MED 


^Alexandre  Sévère,  la  médecine  de  la  maison 


I)n  temp*  .  . 

le  fut  définitivement  u.  R 

imperia  .  r  devint  fonctionnaire.  Un  médecin 

Udecin  deiempci 

i  I- is  medicus  palatinus 

"u  l,a  :l  ■  n.  sjx  autres  reçurent  des  indemnités  en 


organisée  :  de  serviteur,  le 

o 

toucha  des  appointements 


fixes 


f salarium)  ; 


nature 


i  binas 


aut  ténias  annonas)  qui  pouvaient 
■r  Heurs  être  converties  en  argent2.  La  réunion  de  ces 
i  :!'l('(.ins  impériaux  forma  le  collège  des  archiatri 
une  constitution  de  Constantin  exempte  de  toute 
!"'  "  le;  archiâtreset  les  ex-archiâtres,  c’est-à-dire  tous 
Cmembres  anciens  ou  actuels  du  collège3.  Le  titre 
Id  irchiâtre  ne  fut  probablement  attribué  aux  médecins 
[impériaux  qu’à  l’époque  de  Dioclétien  ;  il  n’était  d’ailleurs 
Las  exclusif  de  celui  de  medicus*.  Les  archiatri  pala¬ 
tin!,  sous  le  Bas-Empire,  étaient  spectabiles ,  comités 
primi  ou  secundi  ordinis 3  et  pouvaient  s’élever  aux 
plus  hautes  fonctions  politiques  et  administratives. 
Théodoric  leur  donna  un  chef  ( praesul ),  avec  le  titre  de 
cornes  nrr/iiat rorumh . 

XIII .Médecins  publics.  —  P ar  opposition  aux  médecins 
privés,  [okotêuovtcç,  les  médecins  publics  s’appelaient 
otkmwuijûvteç1,  oTjadstot  tavpo ;s;  exercer  la  médecine 
publique  était  dit  ÔTigoctsueiv,  B7]p.o<7ta  ûiry)psT£Ïv  lut  gudltü9, 
IpyoXaêeïv  OU  èpybv  AaSiuv  lc. 

L’institution  îles  médecins  publics  existait  de  longue 
date  en  Égypte,  où  chacun,  dans  les  expéditions  militaires 
et  eu  voyage,  recevait  gratuitement  les  soins  que  récla¬ 
mait  son  état".  En  Grèce,  cette  institution  dérive  proba¬ 
blement  de  l’ancien  usage  d’appeler  un  médecin  dans 
une  ville  quand  une  épidémie  y  sévissait  ou  quand  la 
santé  d’un  citoyen  de  haute  distinction  était  menacée. 
l'Odyssée  énumère  déjà  les  médecins  parmi  les  artistes 
et  les  artisans  que  l’on  faisait  venir  de  loin12.  Les  philo¬ 
sophes  thaumaturges  du  vi°  siècle  jouèrent  plus  d’une 
lois  le  rôle  de  guérisseurs  et  de  purificateurs,  frayant 
ainsi  la  voie  aux  médecins  rationalistes  du  ve  siècle. 
Ëpimënide  de  Gnosse  fut  appelé  de  Crète  à  Athènes  pour 
guérir  une  peste  en  qualité  de  xaôapvijç13.  Empédocle, 
sans  exercer  de  fonctions  publiques,  fut,  comme  nous 
dirions  aujourd’hui,  le  chef  du  service  de  santé  à  Agri- 
genle.  Il  fit  exécuter  des  travaux  dans  l’intérêt  de 


1  h)  giène  publique,  comme  de  combler  l’espace  entre  deux 
collines  qui  donnait  passage  au  vent  du  midi 14  ou  de 
*('hi  de  1  eau  courante  dans  la  rivière  stagnante  de 
é  inonle,  ce  qui  mit  fin  à  une  peste18.  Lors  d’une  autre 
rpu  i  mie,  il  fit  procéder  à  des  fumigations  dans  la  ville16. 
11  111  d h  ibuait  aussi  des  guérisons  miraculeuses,  oble- 
,  *M1.1  ''"'Ploi  d  incantations.  Acron  d’Agrigente,  con- 

mi  (|i, iin  il  Empédocle,  fut  appelé  à  Athènes  pour  mettre 
deln  "n,|  '  '  bes  Spartiates  aussi  faisaient  venir  du 

qU  jl '.i  ' Ls  m<“decins,  comme  Thalétas  de  Gortyne,  lors- 
P  ai*  luendre  des  mesures  contre  une  épidémie18, 
êprnim  '|  !>aS  MirPrenanl  que  les  villes  grecques,  ayant 
temns  p  /  bienfaisants  d’un  médecin  public  en 

1  P11  < mie,  aient  cherché  à  s’en  assurer  le  béné¬ 


fice  permanent.  Quelques-unes  d’entre  elles  ont  dû 
entrer  dans  cette  voie  dès  la  fin  du  vi®  siècle,  car  a 
l’époque  où  Charondas  légiférait  à  Catane,  vers 
l’institution  de  la  médecine  officielle  était  déjà  assez 
connue  pour  que  Charondas  ait  voulu,  suivant  Diodore, 
que  l’inslructiorl  fût  gratuite  comme  la  médecine1'. 
Toutefois,  en  temps  d’épidémie  et  de  calamité  publique, 
les  villes  continuèrent  à  faire  appel  aux  lumières  de 
médecins  étrangers,  soit  qu’elles  n’en  possédassent  pas 
elles-mêmes,  soit  que  les  nouveaux  venus  eussent  plus 
de  litres  à  la  confiance.  Un  exemple  intéressant,  à  cet 
égard,  est  fourni  par  le  texte  chypriote  de  la  tablette 
de  bronze  d’Idalion20.  C’est  un  contrai  passé  entre 
cette  ville  et  une  famille  de  médecins,  à  la  suite  d'un 
siège  soutenu  au  V  siècle  contre  les  Mèdes  (Perses 
et  les  Ciliens.  Le  roi  et  la  ville  ont  invité  le  médecin 
Onasilos  et  ses  frères  à  venir  soigner  gratuitement  ceux 
qui  ont  souffert  des  suites  de  la  guerre;  ils  prennent 
l’engagement  de  donner  à  Onasilos  et  à  ses  frères,  en 
guise  d’honoraires,  la  somme  d’un  talent,  prélevée  sur  la 
maison  du  roi  et  sur  le  trésor  de  la  cité.  A  défaut  d'ar¬ 
gent,  les  médecins  recevront,  sur  les  terres  du  roi,  des 
biens-fonds  dont  l’emplacement  est  désigné,  qui  leur 
appartiendront  en  toute  propriété,  à  perpétuité  et  sans 
redevance.  A  Onasilos,  en  particulier,  le  roi  et  la  ville 
promettent  de  donner  une  certaine  somme  ou,  à  défaut, 
certains  domaines  décrits  dans  le  contrat.  Le  roi  et  la 
ville  ont  déposé  le  contrat  auprès  de  la  déesse  Athéné 
d’Idalion,  avec  serment  d’en  tenir  les  clauses  à  perpétuité. 

Le  grand  Hippocrate,  qui  avait  été  appelé  par  les 
Abdéritains  pour  soigner  leur  philosophe  Déinocrite21, 
se  rendit,  dit-on,  à  Athènes  pour  combattre  la  fameuse 
épidémie  de  peste  et  la  fit  cesser  en  allumant  de  grands 
feux  dans  la  ville,  en  y  suspendant  des  guirlandes  de 
fleurs  et  en  prescrivant  un  antidote  dont  Jean  Actuaire 
a  conservé  la  formule22.  Nous  citerons  plus  loin  d’autres 
exemples  de  faits  analogues,  en  parlant  des  honneurs 
rendus  à  des  médecins  publics. 

L’importance  de  la  médecine  publique  explique  que 
les  cités  grecques  se  soient  disputé  les  praticiens  émi¬ 
nents  à  prix  d’or,  comme  certaines  universités  d’aujour¬ 
d’hui  se  disputent  les  professeurs.  On  a  lu  plus  haut  ï;  XII) 
l'histoire  de  Démocédès,  qu’Égine  enleva  à  Crolone, 
qu’ Athènes  enleva  à  Égine,  que  Samos  enleva  à  Athènes 
et  dont  Darius  finit  par  faire  son  prisonnier  de  guerre 
et  son  médecin. 

Aujourd’hui  encore,  dans  bien  des  îles  de  l’Archipel, 
les  médecins  reçoivent  de  la  communauté  un  salaire  fixe 
à  la  condition  de  donner  gratuitement  leurs  soins23.  Telle 
était  aussi,  dans  l’antiquité,  l’institution  de  la  médecine 
publique24.  A  Athènes,  les  médecins  étaient  choisis  par 
les  citoyens,  qui  se  réunissaient  irsot  iavpwv  atpéucw;25  ; 
les  candidats  tenaient  des  discours  à  l’assemblée,  décla¬ 
raient  quels  avaient  été  leurs  maîtres  et  comment  ils 
avaient  exercé  jusque-là  leur  art.  Nous  ignorons  com- 


1  Lumpi'iil.  Alex.  Sev  /» 

3  Cor/.  T/wnr/  a  ,  lacquoy,  De  la  condition  des  médecins,  p.  10 

'■  l>.  95.  _  5  (\  Tt,*1  l>r°/’'  XIH’  “  4  Cod'  Just-  X1-  10,  52,  cf.  Jacquc 
XII,  13.  __  ,|  . .  T'le0d-  V’h  16,  1  ;  XI,  18,  1  ;  XIII,.  3-12;  14,  10,  18  ;  Co 
~~  *  Slrab.  p.  1M  V“r'  VI,  19.  -  1  Plat.  Gorg.  514;  Polit,  p.  28 

!u  ;  corr.  htll  iQr!,!’  *'  V‘  ~  10  Xcn-  Mem.  IV,  2,  5  ;  Prit.  Mus.  In,< 
8i'  ~  13  Uiog.  Laon  i  \ nn  "39’  ~  “  Diod'  Sic'  h  8--  ~  12  «Om.  Odÿss.  XV 

r!ü  Di«g.  Laert.  I  7n  ’  Vf’  rU0;  Max'  Tyr-  Diss-  22‘  -  14  Plut.  Ad».  Colot.  ; 
O,"’'80>  p.  568-  p.,,.'  .  .  Plln'  NaL  XXXVI,  69.  -  17  Plut.  De  Isid. 

’  P**.  Aegm.  IJ,  34.  _  18  Aelian.  Van.  Hist.  XII,  50  ;  Plut.  . 


Music.  42;  Paus.  I,  14.  —  Diod.  XII,  12,  4.  Cesl  à  tort  que  MM.  Vcrcoutre  et 
Ziebarth  ont  prétendu  conclure  de  ee  passage  riue  l'institution  de  la  médecine  publique 
remontait  à  Charondas  (cf.  Herzog,  Koische  Forsch.  p.  205).  —  20  Cf.  Collitz- 
Dcccke,  Griech.  Dialekt-inschriften ,  1,60;  Créai,  Journ.  des  Sac.  1877,  p.  555. 

—  21  Hippocr.  IX,  349,  387;  Diog.  I.aert.  IX,  42;  Tzetzés,  Chil.  11,  983. _  22  Hip- 

pocr.  IX,  419,  421  ;  Joann.  Actuar.  De  Meth.  Med.  p.  264  (éd.  U.  Stoph.).  Tout  cela 
paraît  appartenir  au  domaine  de  la  légende.  —  23  Reinach-New ton,  Traité  dépigr. 
grecque, p.  50.  —  24  Suid.  s.  v.  Sripoïuùiiv.  —  25  Plat.  Gorg.  435;  Scliol.  Arisloph. 
Acharn.  1029  (ot  Sripoci'a  £t:çoTovoO;uvoi  tcerpoi  «al  Sr.noiiot  spoTxa  iOtoiscjov). 


MED 


—  1092  — 


MED 


bien  il  y  avait  de  médecins  publics  à  Athènes,  mais  il 
est  certain  qu’on  s'est  trompé  en  supposant  qu'il  n’y  en 
avait  qu'un  seul,  car  une  inscription  nous  apprend  que 
les  médecins  publics,  îaxpoi  oT1p.o<7tEÛovxsç,  sacrifiaient 
deux  fois  par  an  à  Asklépios  et  à  Hygie1,  pour  recon¬ 
naître  les  bienfaits  des  dieux  à  l’égard  de  leurs  malades 
et  d’eux-mêmes*.  Le  fait  que  Platon  dit  qu’on  choisis¬ 
sait  le  plus  habile,  Tsyvix coxaxov,  ne  prouve  pas  qu'il  n’y 
eût  qu’un  seul  médecin  ;  il  s’agit  d’une  vacance  à  combler 
dans  le  corps  des  médecins  publics.  Les  médecins  publics 
n’étaient  pas  des  spécialistes,  mais  soignaient  toutes  les 
maladies3.  La  cité  mettait  à  leur  disposition  un  local,  le 
txxpsïov,  servant  aux  consultations,  aux  opérations  et  à 
l'hospitalisation  des  malades  (cf.  §  X).  Les  médicaments 
devaient  être  payés  par  l’État,  car,  dans  une  inscription 
athénienne,  Événor  est  loué  pour  avoir,  «  préposé  par  le 
peuple  à  la  préparation  des  médicaments,  dépensé  un 
talent  à  ce  service  »  ;  c’est  donc,  conclut  avec  raison 
le  Dr  Yercoutre,  qu'il  n’était  pas  tenu  de  le  faire’".  Eu 
revanche,  le  médecin  devait  ses  soins  et  l’hospitalité  à 
titre  gratuit.  Dans  les  Acha miens 5,  Dicéopolis  répond  à 
un  paysan  qui  lui  demande  un  collyre  qu’il  n’est  pas 
médecin  public  et  qu'il  s’adresse  aux  auxiliaires  de 
Pittalos;  plus  loin  6,  Lamachos  blessé  se  fait  porter  chez 
le  même  Pittalos7.  Il  faut  encore  conclure  du  premier  de 
ces  textes  que  les  médecins  publics  avaient  des  auxi¬ 
liaires,  qui  étaient  probablement  des  esclaves  publics. 

A  l'époque  de  Xénophon,  les  villes  grecques  quelque 
peu  importantes  possédaient  des  médecins  publics  ; 
Cyrus  en  fait  la  remarque8  et  il  est  probable  que  cet 
usage  s’était  introduit  même  dans  des  colonies  lointaines, 
par  exemple  à  Marseille,  qui  possédait  des  médecins 
publics  avant  Strabon9. 

Nous  avons  vu  que  la  médecine  publique  avait  été 
inaugurée  à  Rome  par  Archagathos,mais  que  cette  tenta¬ 
tive  n’avait  pas  eu  de  succès  (§  11) i0.  Il  fallut  attendre 
longtemps  avant  que  la  médecine  officielle,  organisée  dans 
les  provinces  sur  le  modèle  donné  par  les  villes  grecques, 
le  fût  aussi  dans  la  capitale  de  l’Empire.  On  trouve  des 
médecins  publics,  désignés  depuis  le  n°  siècle  sous  le 
nom  d'archiâtres,  à  Alabanda,  Anaphé,  Aphrodisias, 
Calymnos,  Claudiopolis,  Coloé,  Euromos,  Éphèse,  Iliéra 
de  Lesbos,  Labranda,  Lampsaque,  Sparte,  Trézène,  etc  H. 
L'intervention  du  gouvernement  romain  parait  avoir  été 
motivée  d’abord  par  des  considérations  fiscales.  Depuis 
Jules  César,  les  médecins  publics  jouissaient  d'immu¬ 
nités  qui  durent  amener  certaines  villes  à  en  accroître  le 
nombre  outre  mesure,  ce  qui  portait  préjudice  à  l'État 
et  provoquait  une  inégale  répartition  des  charges.  Ainsi 
s’explique  le  décret  d’Antonin  le  Pieux,  qui  régularisa 
l'institution  des  archiâtres  municipaux  et  en  fixa  le 
nombre  suivant  l’importance  des  cités  12.  «  Les  moindres 
cités,  dit  Antonin,  peuvent  avoir  cinq  médecins  jouis¬ 
sant  de  l’immunité,  trois  sophistes  et  autant  de  gram¬ 
mairiens;  les  villes  plus  importantes  peuvent  avoir 

1  Xeu.  Menti.  IV,  2,  5;  Cf.  Cyt*.  1,  6,  15  ai  u<rai  uytatvtiv  latpoù; 

aiçoiXvTat).  —  2  Corp.  inscr.  ntt.  II,  11.  352  b  :  uzlj  n  aÛT<î»v  xa\  t«5v  ma\xù.n»'/  wv 
exaarot  lâaavTo.  —3  Aristoph.  Ac/iarn.  1030.  —  '*■  Rev.  arch.  1880,  I,  33G.  —  »  Aris- 
toph.  Acharn.  1030.  —  6  Ibid.  1222.  —  7  Cf.  Aristoph.  Vesp.  1432.  où  l’on  con¬ 
seille  à  quclqu  un  daller  chez  Pittalos.  —  8  Xen.  Cyr.  I  6,  15.  —  9  Slrab.  p.  181. 
—  10  Les  monnaies  avec  la  légende  triumviri  valetudinis  sont  une  fiction  qui 
devrait  bien  disparaître  des  ouvrages  sérieux.  En  réalité,  il  s’agit  de  monnaies 
de  la  gens  Acilia,  vers  50  av.  J-C.,  frappées  par  M.  Acilius  triumvir  (mone- 
talis)  et  ayant  au  revers  une  figure  d’Hygie  avec  la  légende  valetv  (Mommsen  - 
lilacas,  Rist.  de  la  monn.  rom.  II,  497).  Donc,  il  n’y  a  jamais  eu  de  triumvirs 


sept  médecins  et  quatre  professeurs  de  l'un, 
science;  enfin,  les  plus  grandes  villes  r)(1  *  01  1  âulr» 
dix  médecins,  cinq  rhéteurs  et  autant  de  inn  "'".  avoir 
Au-dessus  de  ce  nombre,  même  les  plus  m'  "']"aU'iens- 1 
ne  pourront  conférer  l’immunité.  Il  convienM  V'"°s 
dans  la  première  classe  les  capitales  des  proy  '  '  rang0r 
la  seconde  les  villes  qui  ont  un  tribunal  le  4ns 
troisième u.  »  Modestin  ajoute  que  la  curie 
nuer,  mais  non  augmenter  le  nombre  des 
publics  prévus  par  la  loi u.  Ou  voit  qu  elle  „'obli 
les  cites  a  entretenir  des  médecins  publics  mais  (  ' 
les  astreint  seulement  à  n’en  point  entretenir  ^7 ^ 
grand  nombre.  roP 

Dans  la  loi  d’Antonin,  les  médecins  municipaux  J 
sont  pas  qualifiés  d’archiâtres;  mais  comme  cette  dési 
gnation  parait  sur  les  inscriptions,  il  est  probable  que 
dans  la  pratique,  ils  étaient  appelés  ainsi  avant  de 
l’être  dans  les  textes  législatifs. 

La  nomination  des  médecins  appartenait  à  Ynrdo  et 
aux  possessores ,  et  non,  comme  on  l’a  dit,  au  conseil  des 
médecins  publics  :  «  Le  pouvoir  de  faire  entrer  des 
médecins  dans  le  nombre  réglementaire  \intra  mime - 
rum  praefinitum)  n’appartient  pas  au  président  de  la 
province  ( praesidi  provinciae ),  ma  s  au  conseil  et  aux 
propriétaires  ( ordini  et  possessoribus)  de  chaque  cité, 
afin  que,  assurés  de  leur  probité,  de  leur  moralité  et  de 
leur  habileté  dans  l’art,  ils  choisissent  ceux  auxquels  ils 
se  confient,  eux  et  leurs  enfants,  dans  leurs  maladies15.  » 

Une  fois  élus,  les  médecins  recevaient  l’investiture  de 
la  curie,  qui  leur  conférait  les  immunités  et  les  salaires 
attachés  à  l'exercice  de  leurs  fonctions.  Ils  pouvaient 
être  destitués  pour  négligence  par  la  même  autorité  qui 
les  avait  élus16. 


L’institution,  comme  nous  l’avons  dit,  fut  plus  lente  à 
s’implanter  dans  les  capitales  de  l’Empire.  Elle  y  fut 
organisée  en  3(58,  par  une  constitution  de  Valons  et  de 
Valentinien,  rendue  à  l’instigation  de  Praetextatus,  préfet 
de  Rome17  :  «  11  est  institué  autant  d'archiâtres  qu  il  y  a 
de  régions  dans  la  ville,  en  outre  de  ceux  du  Xyste  et 
des  Vestales 18.  Que  les  médecins,  sachant  que  des  salaires 
annuels  leur  sont  servis  par  le  peuple,  aiment  mieux 
donner  honnêtement  leurs  soins  aux  pauvres  que  de 
servir  honteusement  les  riches.  Nous  leur  permettons 
d’accepter  ce  que,  pour  les  soins  qu  ils  donnait 
leur  offrent  les  malades  guéris,  mais  non  ce  que  es 
malades  en  danger  leur  promettent  pour  'I11  ^  1 
sauvent.  Que  si  la  mort  ou  un  autre  événement  un  at 
l'un  d’entre  eux  du  nombre  des  archiâtres,  on  m  1  lX 
pas  le  remplacer  à  l'aide  du  patronage  d  un  puis  11  ^ 

de  la  protection  des  votants,  mais  par  le  choix  -un  1  ^  ^ 
prudent  de  tous  les  autres,  lesquels  choisiront  ci ■ 
sera  digne  de  cette  préférence,  de  la  dignité  «  un  ^ 
et  de  notre  propre  assentiment.  On  duwu  n  ^19  # 
référer  immédiatement  au  sujet  de  sa  nomma  i  ^ 
Deux  ans  après,  en  370,  les  mêmes  empei cuis  i 


chargés,  à  Rome,  des  services  d’hygiène.  -  11  Marquardl,  ^  ^  /as ('■ 

p.  755.  Pour  Calymnos,  cf.  Brit.  Mus.  Inscr.  258,  pour  ^  ^  guromos,  Wadd. 
d’Asie  Mineure,  n°  3,  p.  20  (à^iat^;  *a!  161  j* 

De  la  condition  t 


Le  Bas,  314  (àpxiatçbç  T'is  «ôXews)  ;  pour  Ephèse,  Wadd.  L  ^  ^  conditi°n  ^l  S 
ve'vouç)  ;  pour  Labrauda,  Corp.  inscr.  gr.  2714.  -  «  Jacquey.  ^  {  p 

médecins ,  p.  9G.  —  13  Modest.  Dig-  XXVIII,  1,  G»  -•  \XVII  1  ôetll»^’ 

-  15  Ulpien,  Dig.  L,  9,  1  ;  .Jacquey,  Op.  L  p.  98.  -  ^ig-  -  ^  àRomesei 

Cod.  Just.  X ,  52,  2,  7.  —  n  Cod.  Theod. XIII,  3,  8.  -  Cel  ■  ^  M  Jacquey  a 

archiâtres,  dont  quatorze  pour  les  régions.  — 19  Jacquey,  p-  municip»11*» 

justement  reconnu  que  ce  texte  ne  pouvait  s  appliquer  allX 


4; 

seize 


MED 


—  1693  — 


MED 


.|(i  détails  les  formalités  relatives  au  remplace- 
i»vecpl"s  "  c|iiâlres  ,  Pour  fajre  partie  du  collège,  il 

'''  Vie  candidat  fût  agréé  par  sept  membres  titu- 
fàHal1  <*"  ini)inS ;  le  nouveau  venu  sera  inscrit  à  la  suite 
Jail'eS  pefet  avancera  graduellement  vers  les  premiers 
'ieS  ilU|,.s  salaires  etlesannones  auxquels  les  archiâtres 
raiflroiTd’après  leur  mérite  et  leur  dignité  leur 
°  ,  distribués  par  le  préfet  de  la  ville.  Ainsi  l’avance- 

scru"  (1(,s  archiâtres  devait  avoir  lieu  à  l’ancienneté;  mais 
me"  ,.ince  impériale  dérogea  bientôt  elle-même  à  ces 
1:1  'il' im ruts.  Un  médecin  de  famille  patricienne  fut  auto- 
L  ^"occuper  d’emblée  le  rang  du  défunt  qu’il  rempla- 
fSit.  aux  protestations  du  collège  des  archiâtres,  on 
'posa  ie  respect  dû  à  la  volonté  impériale 
I  Ainsi-  à  la  différence  des  archiâtres  municipaux,  ceux 
des  capitales  [utraque  lîoma)  n’étaient  égaux  ni  par  la 
dignité  ni  par  les  salaires;  en  outre,  ils  étaient  sous  la 
dépendance  directe  du  pouvoir  central,  c’est-cà-dire  de 
l’empereur  représenté  par  le  préfet  de  la  \ille. 

Nous  sommes  peu  renseignés  sur  les  médecins  publics 
dans  les  provinces  occidentales  de  l’Empire.  A  Bénévent, 
on  trouve  un  chevalier  romain  revêtu  du  titre  d’archiâtre3. 
Une  inscription  de  Pisaurum  est  dédiée  archiatro  peritis- 
nmu1.  A  Aeclanum,  dans  la  Grande  Grèce,  une  dédicace 
à  Esculape  est  faite  en  grec  par  un  archiâtre,  Salvius 
Atlicianus5.  A  Mellaria  en  Espagne,  on  trouve  un  medi- 
m  colonorum  coloniae 6;  il  est  aussi  question  d’un 
medieus  coloniae  dans  une  inscription  de  Nîmes7. 

On  manque  également  de  détails  sur  les  médecins  de 
corporations  et  de  collèges8.  Une  inscription  de  Magné¬ 
sie,  contenant  une  liste  de  fonctionnaires  du  culte 
' d’Artémis  Leucophryène,  mentionne  un  ’tatpb?  ysp ouata?9. 
Galien  fut  choisi  par  lé  grand  prêtre  d’Asie  pour  être  le 
médecin  d’une  école  de  gladiateurs10.  A  Corinthe,  un 
collège  de  venatores  du  cirque  (Ô-ripeB-rofs;  avope;)  élève 
une  statue  à  son  médecin11.  A  Rome,  un  certain  Titus 
Aelius  Àsclepiades,  affranchi  impérial,  est  taxpoç  AoGB&u 
gaiouTivo-j  (ludi  matutini)  /jupoupyo;12  ;  un  autre  affranchi 
impérial  est  medieus  ludi 13.  Le  medieus  ludi  magni , 
mentionné  dans  une  inscription  ligorienne,  est  néces¬ 
sairement  suspect11.  Il  est  question  de  recettes  pour  les 
blessures  des  gladiateurs,  dont  l’étude  devait  former 
une  branche  spéciale  de  la  chirurgie15.  Nous  ne  connais¬ 
sons  que  de  nom,  à  Rome,  l’archiàtre  du  Xyste  (portique 
où  s  exerçaient  les  athlètes)16  et  celui  des  Vestales11,  qui 
existaient  avant  l’institution  des  archiâtres  populaires 
Cans  ^  viHe 1  ^ .  Il  est  possible  que  la  création  de  l’ar- 
C  u,,1"‘  '^es  Postales  soit  due  au  préfet  Praetextatus,  qui 
a'ail  sur  elles  droit  de  surveillance  et  auquel  les  Vestales, 

|  reconnaissantes,  élevèrent  une  statue19.  Du  temps  de 
(  ""  l(‘unei  il  ne  parait  pas  que  les  Vestales  eussent 
sorti""'"'11’  f*uan^  c^es  étaient  malades,  on  les  faisait 
11  '*u  temple  pour  les  confier  aux  soins  de  matrones 


et  les  pontifes  pouvaient  désigner  une  femme  du  monde 
pour  veiller  alors  sur  elles20.  A  Luna,  deux  médecins 
sont  nommés  comme  attachés  au  collège  des  fabri  ti- 
gnarii11.  Un  medieus  a  bibliothecis,  dont  j’ignore  les 
fonctions,  parait  dans  une  inscription  de  Rome;  une 
autre  mentionne  un  medieus  ex  /tort i s  Sallustianis 
Enfin,  à  côté  des  médecins  de  collèges,  il  y  a  des  collèges 
de  médecins,  par  exemple  à  Rome23  et  à  Bénévent2’. 
Sur  ces  institutions  intéressantes,  la  pénurie  des  rensei¬ 
gnements  nous  laisse  dans  une  fâcheuse  obscurité. 

XIV.  Médecine,  légale-*.  —  Les  anciens  n’ont  pas  connu 
la  médecine  légale,  dans  l’acception  moderne  de  ce  mot; 
toutefois,  il  y  a  quelques  exemples  de  l’intervention  des 
médecins  dans  les  procès  et  dans  l’administration  de  la 
justice.  Nous  savons  par  Eschine20  et  par  Démosthène2, 
que  les  médecins  pouvaient  être  amenés  comme  témoins, 
soit  devant  le  sénat  athénien  pour  attester  qu’une  personne 
était  malade,  soit  devant  un  tribunal  pour  exprimer 
leur  avis  sur  l’existence  et  la  gravité  de  blessures.  Dans 
la  Vie  du  sophiste  Hadrien  par  Philostrate,  il  est  ques¬ 
tion  d’un  médecin  appelé  à  déposer  devant  un  tribunal, 
dans  un  cas  de  meurtre  supposé,  sur  les  causes  natu¬ 
relles  ou  accidentelles  delà  norl 28.  Un  document  gréco- 
égyptien  de  l’an  130  ap.  J.-C.  nous  apprend  qu’un 
certain  Q.  Minucius  Valerianus,  médecin  à  Karanis 
(’s^tov  xb  iatpsïov  èv  y.a>p.Y|  KaoxvtBt),  fut  requis  par  Ip 
stratège  (£nr7)pérr]i;)  d'examiner  l’état  d’un  homme  qui 
avait  été  l’objet  de  sévices;  le  médecin  fait  une  déclara¬ 
tion,  précédée  d’un  serment  par  la  TB/t,  de  l’empereur, 
comme  quoi  il  a  examiné  la  blessure  le  cinquième  jour, 
y  a  trouvé  de  petits  cailloux  et  a  institué  un  traitement 
approprié20. 

A  Rome,  une  loi  attribuée  à  Numa  prescrivait  un 
examen  médical  après  la  mort  des  femmes  enceintes30. 
Les  obstetrices  jouaient  un  certain  rôle  dans  les  exper¬ 
tises31  et  il  est  à  présumer,  malgré  le  silence  des  textes, 
que  le  préteur  pouvait  aussi  consulter  un  médecin.  Il  est 
certain  qu'Hadrien  requit  l'opinion  de  médecins  [requi- 
sitis  medicorum  sentent  iis)  avant  de  décider  si  une 
grossesse  pouvait  durer  onze  mois32.  En  théorie,  l'inter¬ 
vention  d’un  médecin  légiste  devait  être  nécessaire  en 
bien  des  cas  où  les  tribunaux  avaient  à  statuer  sur  des 
questions  d'ordre  médical  (blessures,  avortements,  durée 
de  la  grossesse,  etc.);  mais,  dans  la  pratique,  nous  ne 
voyons  pas  que  les  médecins  soient  intervenus  ;  sous 
Justinien  même,  la  médecine  légale  n'existe  pas  encore33. 

XV.  Honoraires  des  médecins 3A.  —  Les  sommes 
touchées  par  les  médecins  en  rétribution  de  leurs  ser¬ 
vices  s’appelaient  trwaTpoc,  amTvjpia,  totxpsïa,  ïaxpa  i3,  anrôbç, 
solarium  36,  quelquefois  h  on  os  31. 

Avant  l’invention  de  la  monnaie,  les  médecins  rece¬ 
vaient  probablement  des  cadeau  \  en  nature  ;  cet  usage  était 
général  en  Perse,  où  la  récompense  était  en  proportion  de 


I  C0(l  yit  . 

40;  Jacrjuev  o°(  '  ^od.  Just-  X,  52,  10.  —  2  Symniach.  Ep.  X, 

tpni  |£SS,  *,  *02*  —  3  Corp.  inscr.  lat.  IX,  1655  ( Inscr .  regn. 

--  6  Q0)tJ)  jnatim  j —  5  Corp.  inscr.  gr.  5877  ;  Inscr.  gr.  ltaliae ,  680. 


Rev 


0rP-  mser.  lat.  If,  2348. _ 7 


Ibid.  XJ I,  3342  (Herzog,  Gall.  narb.  157).  —  8C1‘. 


w*  1880,  I  353  *  ..  , 

599.-H  Cor  ~~  Kern’ In9chr-  von  Magne  sia,  119.  —  10  Galen.  XIII, 

__  13  SCi  '  (Jr  ■  *  l(,6  ;  Kaibcl,  Epigr.  graec.  885.  —  12  Corp.  inscr.  gr. 
Hist,  XXVI,  un’.  T80''  lat *  VI*  10  ,73‘  —  14  Jàid.  VI,  5,  2369*.  —  16  Plin.  Nat. 
«rchit,  VI,  7  iVrCnb‘  UPg’  De  compend-  med‘  ,02’  203>  -07-  —  16  Vitruv.  De 
àu.Vll,  ,V;4.  s  '  <>(L  Theod-  XIII,  3,  8.  —  18  Jacqucv,  Op.  I.  p.  106.  —  19  Macrob. 
pcclèreui  le  coll’*!.' T  ^  Onsail  que  les  premiers  empereurs  chrétiens  res- 

H  1355,-22  /hf!i  \n  ^esla*es-  — 20  Plin.  Epist.  VII,  19.  —  21  Corp.  inscr.  lat. 

9566  :  Telesphorus  scriba  medi - 


^  vi,  8ko7,867i. 

V  1. 


corum.  —  21  Ibid.  IX,  1618  :  Coltegium  medicorum.  —  25  Ollo  Oestcrlein,  Ueber  die 
f'rüheste  Entwickelung  der  gerichtlichen  Medicin,  1877  ( Jahresb .  de  Bursian,  1879, 
III,  p.  309)  ;  Janowsky,  in  Maschka  s  Handbach  der  gericht.  Medicin,  Prague,  1880  ; 
Ortolan,  Gaz.  médic.  de  Paris,  1872.  —  26  Acsch.  De  fais.  Icg.  26.  —  27  U,.,,,.  Ado. 
Conon.  1250,  1260;cf.  Scliaefer,  Demosth.  u.  seineZeit.  Il,  201.  —  28  Philostr.  Vit. 
Sopli.  Il,  10,  6.  —  29  Wilcken,  Griechische  Ostraka,  I,  370.  —  30  Dig.  XI,  8,  2. 
—  31  Dig.  XXV,  41,  1  ;  Sen.  Epist  66.  —  32  Oeil.  III,  10;  cl.  Jacquey,  De  la  con¬ 
dition  des  médecins,  p.  58.  —  33  Jacquey,  ‘Op.  I.  p.  57.  —  34  J.  Gbr.  Leuschncr, 
De  sosh-o  medici,  Liegnili,  17  53.  —  35  p0U.  VI,  186.  Le  pluriel  tV-rça  ri;; 

Osçairtias)  n  otait  connu  que  par  llésychius;  mais  ou  l'a  rencontré  dans  une  ins¬ 
cription  ('E®ïi|i.  &?£.  1883,  p.  224).  —  36  Cod.  Just.  X,  52,  7,  d’où  le  nom  de 
salariarius  donné  à  un  médecin  (Orelli,  3  507).  —  37  Cic.  Ep.  XVI,  9. 

213 


MED 


—  1694  — 


la  dignité  du  personnage  traité1.  Les  traditions  rela¬ 
tives  aux  médecins  grecs  mentionnent  plusieurs  exem¬ 
ples  de  praticiens  qui  demandèrent  ou  obtinrent,  en 
échange  de  leurs  services,  des  récompenses  exorbi¬ 
tantes,  lesquelles  ne  consistaient  pas  en  sommes  d'ar¬ 
gent.  Ainsi  l’on  racontait  que  Podalire,  ayant  guéri 
Syrna  en  la  saignant  aux  deux  bras,  reçut  ceLlc  prin¬ 
cesse  en  mariage  et  devint  par  là  l’héritier  du  trône2; 
on  disait  aussi  que  Mélampe  s’était  fait  promettre  par 
les  Argiens  la  moitié  de  leur  territoire  pour  prix  de 
la  guérison  des  Prœtides3.  Au  iv1'  siècle,  un  médecin 
fou  de  vanité,  Ménécrate  de  Syracuse,  exigeait  des  ma¬ 
lades  qui  se  faisaient  traiter  par  lui  pour  le  mal  sacré 
qu'ils  s’engageassent  par  écrit  à  devenir  ses  esclaves 
en  cas  de  guérison.  Comme  il  se  croyait  Jupiter,  il  se 
faisait  escorter  de  ses  clients,  vêtus  du  costume  et  pour¬ 
vus  des  attributs  des  autres  dieux  4. 

Une  légende,  rapportée  par  Pindare,  veut  qu’Es- 
eulape  ait  été  foudroyé  par  Zeus  pour  avoir  res¬ 
suscité  un  homme  à  prix  d'argent,  ce  qui  semble  im¬ 
pliquer  que  l'usage  de  percevoir  des  honoraires  était 
considéré  comme  une  invention  d’Esculape,  traité 
de  ctïXâpyuoo;  par  Clément  d’Alexandrie  5.  D’autre 
part,  on  disait  qu’Épiménide,  après  avoir  guéri  les 
Athéniens  d’une  peste,  refusa  la  somme  d’un  talent 
qu'ils  lui  olfraient6,  et  que  les  Abdéritains  essayè¬ 
rent  vainement  de  faire  accepter  par  Hippocrate  une 
somme  de  dix  talents  pour  avoir  guéri  leur  philo¬ 
sophe  Démocrite.  Le  grand  médecin  se  déclara  l'obligé 
des  Abdéritains,  qui  lui  avaient  permis  de  connaître  un 
pareil  sage  ’. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  légendes,  il  est  certain  que, 
dès  avant  l’époque  d’Hippocrate,  les  médecins  grecs  rece¬ 
vaient  des  honoraires.  En  ce  qui  concerne  les  médecins 
publics,  nous  avons  l’exemple  de  Démocédès  (§  XII),  qui 
était  payé  un  talent  à  Égine,  cent  mines  à  Athènes  et 
deux  talents  à  Samos.  Le  médecin  public  avait  un  traite¬ 
ment  fixe  et  soignait  gratuitement  les  pauvres,  mais  il 
paraît  évident  qu’il  se  faisait  payer  de  ses  clients  en  ville, 
des  étrangers  et,  en  général,  de  ceux  qui  le  pouvaient. 
Une  inscription  de  Carpathos  loue  le  médecin  public 
Ménocrite  de  vivre  dans  la  pauvreté  et  d’avoir  sauvé 
nombre  de  malades  sans  accepter  de  salaire  ;  c  est  donc 
qu’il  aurait  pu,  sans  illégalité,  en  exiger  un  s.  De  même, 
à  Athènes,  le  médecin  public  Événor  est  loué  pour  avoir 
soigné  gratuitement  ses  malades9,  alors  que  son  con¬ 
trat  l’obligeait  seulement  à  donner  des  soins  gra¬ 
tuits  aux  indigents.  En  outre,  comme  les  esclaves  ne 
payaient  pas  la  taxe  dont  il  va  être  question,  il  faut 
admettre  que  le  médecin  public  était  payé  par  leurs 
maîtres  des  soins  qu’il  leur  faisait  donner  par  ses 
propres  esclaves  (§  II). 

Pour  subvenir  au  traitement  du  médecin  public  et  à 
l’entretien  de  son  iatreion ,  on  percevait  un  impôt  spécial 
dit  taroiy.ov,  qui  parait  avoir  été  institué  d’abord  à  Cos1". 
Bien  que  nous  n’en  trouvions  que  peu  de  mentions,  il  est 
probable  que  cet  impôt  était  établi  dans  la  plupart  des 

i  Darmesteter,  Zend-Xvesta,  II,  105-107;  cf.  Sprcngcl- Rosenbaum,  p.  104. 

—  2  Steph.  Byz  s.  v.  Eô?v«.  —  3  Herod.  IX,  34.  —  *  Allie».  VII,  289.  -  5  Pind. 
Pyth.  111,105;  Clera,  Alex.  Protrept^ 3.  —  6  Diog.  Laert.  I,  111.  —  '  Tzelzes, 
Chiliad.  11,983.  —  8  Rev.  arch.  1880,  I,  344.  —  9  Corp.  inscr.  ait.  11, •  256  b. 

—  10  Herzog,  Koische  Forsch.  p.  205;  cf.  Rev.  arch.  1880,  I,  341.  —  1*  Athen. 
Mitth.  XVI,  292.  —  12  Wescher  et  Foucarl,  Inscr.de  Delphes ,  16;  Collitz,  Dial. 
\ischr.  II,  2615;  Perrot,  Galatie,  p.  51.  —  13  Wilcken,  Griech.  Üstraka ,  \,  375. 


villes  grecques.  Dans 


^fragment  <1,-  traiié 

1  une  ni  .  lll|( 


'ance 


du 

a  ses 


et  de  srjnœcisme  entre  Téos  et  une  autre  vin 

310  av.  J.-C.  les  Téiens  accordent  aux  nouveaux'  i’  V61'S 
l’exemption  des  liturgies  pendant  quatre'  uns  '  ^ 
autres  de  la  chorégic,  mais  à  l’exception  du 
A  Delphes,  en  270,  l’exemption  de  la  chorégie  7"' 
iatrikon  est  accordée  à  un  certain  Philistion  et 
descendants12.  En  Égypte  (du  moins,  dans 'l/  J 
exemple  qui  nous  soit  connu),  le  iatrikon  étalu!!!'' 
en  blé  (deux  artabes  par  personne  et  par  an  . 1:1 
conforme  au  texte  de  Diodoreu,  d’après  lequel  hVml'.cM 
cins  recevaient  leur  subsistance (xàç  T losiç)  d,.s  |l  (|>j|.u  ! 
[U  tgC  xotvoü)  ;  ces  tgo?* {  sont  l’équivalent  et  l’originJ 
des  annonae  que  l’on  attribua  aux  archiàtres  romains 
Diodore  dit  encore  que  si,  en  Égypte,  un  homme  loue 
bait  malade  en  servant  comme  soldat  ou  en  voyageant 
pour  son  propre  compte,  il  était  soigné  gratuitement- 
c'est  que,  sans  doute,  on  tenait  compte  à  l’étranger  du 
iatrikon  qu’il  payait  dans  sa  ville  d’origine,  sur  laquelle 
la  ville  qui  lui  donnait  des  soins  gratuits  pouvait  exercer 
une  répétition. 

Dans  les  Asklépieia ,  ce  sont  généralement  les  prêtres 
qui  fixent  les  sommes  dont  le  malade  est  redevable1",  I 
D’autres  fois,  le  dieu  lui-même  intervient  pour  préciser 
l’honoraire10.  A  Julius  Apellas,  d  est  ordonné  de  donner 
une  drachme  attique  au  baigneur17.  Pour  punir  l'incré¬ 
dulité  d’Ambrosia  d’Athènes,  le  dieu  exige  d’elle,  ;î  litre 
de  salaire,  qu’elle  offre  un  cochon  d’argent  dans  le 
temple18.  Ailleurs,  le  dieu  demande  d’avance  au  malade 
ce  qu’il  lui  donnera19  et  punit  un  mauvais  payeur  en 
lui  rendant  le  mal  dont  il  l’a  guéri20. 

Nous  n’avon$  pas  d’informations  précises  sur  le  salaire 
des  médecins  privés  en  Grèce.  Aristophane  insinue  qu  ils 
étaient  fort  mal  payés  et  que,  par  suite,  on  n  en  Irouvait 
pas  assez21.  Cratès  de  Thèbes,  le  cynique;  semble  évaluer 
le  salaire  à  une  drachme  par  visite,  dans  un  passage  qu’il 
est  d’ailleurs  difficile  de  prendre  au  sérieux  JJ.  route  foi*, 
le  prix  approximatif  d’une  drachme  par  visite  semldnes-j 
sortir  aussi  d’un  passage  de  Plaute,  traduction  mi  imi¬ 
tation  d’une  comédie  grecque23.  Quoi  qu’d  en  soit  d| 
taux  des  salaires,  la  légitimité  n’en  était  contestée  par 
personne21.  Parfois  la  somme  était  fixée  d’avance,  oj 
l’on  en  convenait  au  cours  même  de  la  malade  ,ln 176 

considérait  pas  comme  déshonorant  pour  un  . . « 

demander  au  malade,  pendant  sa  maladie  ne  un , 
engagement  ou  une  sûreté2".  Cependant  1 11 111  (H. 

à  cet  égard,  des  scrupules  ml.».- 

praticiens 


cratique  éprouvait, 

ment  honorables.  Elle  recommandait  aux 

la  fortune  des  malades,  de  leur  donner 


gratuitement,  de  secourir  les  étrange* 
’  dans  la  profession 


d’avoir  égard 
parfois  des  soins 

comme  les  pauvres21,  de  ne  pas  voir -  (^j(,n  des 

médicale  un  simple  métier,  de  traiter  la  |lll( 
honoraires  avec  humanité  et  modération,  1  ' ^m|)S 
même  le  soin  plutôt  que  de  s’exposer  a  Pel  "  ^  ma| 

précieux  pour  le  traRement  en  discussions  ‘  n(ja„i 
lade28.  Cette  dernière  recommandation  montir  1^1 
que  la  question  des  honoraires  pouvait  en 


H  Diod.  Sic.  I,  82.  -  >*  Paus.  X.  i.  -  10  ’nsC1,  d _  20  /«<<"'■ 
d-orient ,  I,  1)2).  -  U  Ibid.  90.  -  »  Ibid.  M.  -  "p  ,V,p.4 
Lacrl.VI,  80;  cl.  LiUré-  H' P  m. 

*«.  i. *. 54 ;  A;.,sl-  Z  XVI.  * 

20  Cr-  /rt  .  inn  cl 


,  lUinacli,  J 


Chron. 

—  21  Aris lopli .  Plut.  407.  —  2-  l)io; 

—  23  Plaut.  Aillai.  Hl,  2.  -  24  Xen.  Mem 


—  25  Aelian.  Var.  Hist.  XII,  I;  Acli.  Tal.  IV.  '*■  m/,d. 

_  27  Rev.  arch.  1880,  I,  101.  -  2S  Cf  Darcmberg,  But. 

Hippocrate,  IX,  ”255,  259. 


MED 


—  1095  — 


MED 


,  , traitement*.  Jusqu’à  la  fin  de  l’antiquité,  les 
Ipendnni  i<  maigré  les  attaques  dont  ils  furent 

médecins  K1'^’  de  beaux  exemples  de  désintéresse- 

l'objet-  «•»'  ,lonn 


ient  :  0'banklS  par 


le  encore  de  médecins  qui,  loin  de  se 


l|ll,ni  '""'  le  leurs  soins,  secouraient  les  pauvres  de 
f  faire  pa.Yl‘r  ", 

lei"S|  ''jeurshônoraires,  les  médecins  recevaientquelque- 
•i  donations  testamentaires,  témoignant  delà  recon- 
fo‘.  ,  le8  malades  dont  ils  avaient  prolongé  la  vie3, 
"amsan*  *|  qu,un  maiade  guéri  dédiât  une  tablette 

'!  U1 1  '.ni 1  temple  d’Esculape,  avec  l’expression  publique 
,  tfpatitude  envers  le  médecin  qui  l’avait  soigné*. 
dt’v  l’époque  alexandrine,  certains  praticiens  en  renom 
•nminoncèrent  à  réaliser  des  gains  considérables  ;  il  en 
J  t  de  aa'.jne  au  i«  siècle  de  l’Empire,  où  Pline  écrit  que 
la  médecine  est  le  plus  lucratif  de  tous  les  arts6.  Héro- 
dicus  de  Sélymbrie,  fondateur  de  Yiatraliptique ,  trouva 
moyen  dit  Pline,  d’enrichir  jusqu’aux  baigneurs  et  aux 
froU(H1j.s  (; rcunctores ,  mediastini)  qui  étaient  employés 
1(,s  médecins  6.  Érasistrate  reçut  100  talents  pour  la 
gUison  d’Antiochus,  fils  de  Seleucus  Nicator7.  Sous 
Claude,  O.  Stertinius  (cf.  S  XII),  que  l’empereur  voulait 
prendre  pour  médecin  particulier,  allégua  qu’il  gagnait 
par  an  600  000  sesterces  et  qu’un  traitement  de 
250000  sesterces  ne  lui  suffisait  pash;  on  finit  par  lui  en 
donner  500000.  Manlius  Cornutus,  légat  d’Aquitaine, 
paya  200  000  sesterces  à  un  médecin  qui  l’avait  guéri 
d’une  maladie  de  la  peau,J.  Sous  Néron,  Charmis  de 
Marseille,  appelé  par  un  malade  de  Rome  dans  une  ville 
d’Italie,  demanda  200000  sesterces  pour  le  voyage  et 
l'opération  ’°.  Tliessalos  ne  sortait  qu’escorté  d’un  bril¬ 
lant  et  nombreux  cortège  ;  son  luxe  fut  encore  dépassé 
par  celui  d’un  autre  Marseillais,  Crinas,  qui  laissa  dix 
millions  de  sesterces,  après  avoir  dépensé  une  somme 
presque  égale  à  construire  les  murs  de  sa  ville  natale  et 
[ceux  d’autres  villes".  Après  la  condamnation  d’un  chi¬ 
rurgien  nommé  Alcon,  Claude  confisqua  ses  biens,  éva¬ 
lués  à  dix  millions  de  sesterces  ;  mais,  dès  que  le  con- 
'funne  put  revenir  à  Rome,  il  gagna  de  nouveau  la  même 
somme  en  peu  d’années12.  Au  siècle  suivant,  on  voit 
encore  Galien  toucher  400  pièces  d’or  (10  000  francs) 
pour  soins  donnés  à  la  femme  du  consul  Bœthus13. 
Inc  inscription  nous  a  fait  connaître  un  obscur  médecin 
Assise,  P.  Decimus  Eros  Merula,  medicus  clin i eus  et 
dururi/us  ocularius ,  qui  avait  payé  pour  son  afl’ranchis- 
iseinonl  50000  sesterces,  pour  le  sévirat  2000,  pour  des 
statues  placées  dans  le  temple  d’IIercule,  30000,  pour  la 
confection  de  routes,  37000  et  qui,  malgré  ces  dépenses 
[et  ci  s  libéralités,  laissa  une  fortune  de  520000  sesterces1*. 

outclois,  les-  grosses  fortunes  médicales  étaient  l’ex- 
E"-  k'en  fin  on  reprochât  aux  médecins  grecs  leur 
1  k  y  avait  dès  lors  beaucoup  plus  d’appelés 
j.  '  'kls  -  *e  prolétariat  médical  ne  date  pas  de  notre 
Y(|  klb-e  pour  l’existence  était  si  âpre  qu'on 

1  'I s  médecins  quitter  leur  profession  pour  devenir, 


disait 


)n’  Por!eurs  de  cadavres  ou  gladiateurs  10 


.  On  n  a 


mpace«oile  n,  ,  ^  X IX ,  2 1  )  dénonce  cliei  les  médecins  de  son  temps  avaritiam 

linicii,  en  308  il  i  ' '  t)cndentibits  faits.  La  conslitulion  de  Valons  et  de  Valcn- 
dingor  (Cnd  7’/  Mll<l,*'re  aux  médecins  d’exlorquer  de  l’argent  aux  malades  en 

~  1  *££s ” Tt  (!"’  3’  8)'  T  2  Liban‘  I  -  3  Uerl-  V,  G  7*- 

jircivtt  h  (À  1  •  xtu  x/i  xrj;  tcomüi  ■  xat  Aiovu<rt<u  Aiovuatou  latpfjî 

““  "  l’Iiii  Nat  u  Limyra,  Reinach,  Chr on.  d’Oricnt,  11,  p.  329,  479). 

XXIX.  XX'X,  1.-6  Ibid.  XXIX,  4.  -  7  Ibid.  XXIX.  5.  -  *  Ibid. 

“  ■  XXIX,  i.  _  10  Ibid.  XXIX,  8.  —  U  Ibid.  XXIX,  9.  —  ri  Jbid. 


pas  besoin  de  prendre  à  la  lettre  les  plaisanteries  de 
Martial,  qui  prétend  que  ces  hommes  n'avaient  guère 
changé  de  métier;  mais  elles  n 'auraient  pas  été  com¬ 
prises  si  de  tels  abandons  de  la  carrière  médicale  encom¬ 
brée  n’avaient  pas  été  fréquents  et  notoires. 

Nous  avons  vu  que  Septirne  Sévère  établit  des  traite¬ 
ments  fixes,  en  argent  ou  en  nature,  pour  les  médecins 
du  palais17.  Les  traitements  en  nature  consistaient  en 
deux  ou  trois  annones ,  rations  de  farine  qui  pouvaient 
être  vendues  par  les  bénéficiaires.  Dans  les  villes  et 
bourgades,  les  traitements  des  médecins  publics  devaient 
être  fixés  par  les  conseils  -municipaux  ■*.  Les  archiâlres 
populaires  des  capitales  percevaient  des  annones  ( anno - 
nnria ),  variant  suivant  leur  grade;  ils  pouvaient  aussi 
recevoir  des  présents  des  malades  guéris,  mais  il  leur 
était  interdit  de  rien  accepter  de  ce  qui  leur  aurait  été 
promis  pendant  la  crise  ,,J.  On  n’est  pas  renseigné  sur  la 
valeur  exacte  des  traitements  ainsi  concédés.  Quant  aux 
professeurs  de  médecine,  dont  les  salaires  ( salaria ) 
furent  institués  ou  du  moins  consolidés  par  Alexandre 
Sévère20,  nous  ne  savonsmême  pas  quelle  sorLe  de  rému¬ 
nération  ils  recevaient,  en  dehors  des  taxes  perçues  par 
eux  sur  les  élèves  aisés. 

Suivant  Y  Histoire  secrète ,  Justinien  supprima  les 
traitements  des  médecins  et  des  professeurs  d’arts  libé¬ 
raux21  ;  mais  ce  témoignage  isolé  n'est  guère  digne  de  foi. 

Les  lois  barbares  de- la  même  époque  fixent  les  hono¬ 
raires  des  médecins  ( medicatura )  suivant  la  gravité  du 
mal  :  neuf  sous  pour  le  traitement  d’une  plaie 22,  cinq  sous 
pour  la  guérison  d’une  cataracte  23 . 

Le  médecin  romain  était  protégé  et  même  privilégié 
par  la  loi  dans  la  réclamation  de  ses  honoraires,  qui 
étaient  généralement  payés  le  1er  janvier  et  dont  la 
famille  était  tenue  après  le  décès  du  patient2*.  Lorsqu  ils 
s’appliquaient  à  un  esclave,  considéré  comme  res,  les 
services  médicaux  pouvaient  être  l’objet  d  un  contrat 
de  louage  et  le  payement  en  était  assuré  par  l’existence 
réelle  ou  implicite  du  contrat26.  Mais  s  il  s’agissait  d  un 
homme  libre,  la  situation  était  plus  difficile,  car  les 
Romains  n’admettaient  pas  qu’un  contrat  pût  avoir  pour 
objet  des  services  libéraux  ;  il  n'y  avait  ni  locatio  opéra-  # 
rum  ni  mandatum.  Toutefois,  en  pareil  cas,  le  droit 
prétorien  eut  recours  au  procédé  de  la  cognitio  extraor- 
dinaria  2(i.  Le  praeses  dans  les  provinces,  le  préteur  à 
Rome,  jugèrent  les  actions  relatives  aux  honoraires  (jus 
dicere  de  mercedibus).  La  fixation  du  salaire  litigieux 
incombait  au  magistrat,  qui  pouvait  aussi  réduire  une 
rémunération  excessive,  lorsque  le  médecin  1  avait 
obtenue  par  extorsion. 

On  ne  possède  pas  de  données  sur  le  salaire  des  sages- 
femmes.  En  Égypte,  il  devait  être  faible,  car,  d’après  le 
papyrus  AVestcar,  un  père  de  famille  paie  une  charge 
d’orge  à  quatre  sages-femmes  pour  avoir  opéré  trois 
accouchements27.  A  Rome,  les  sages-femmes  avaient, 
comme  les  médecins,  une  action  pour  réclamer  leurs  ho¬ 
noraires;  seuls,  les  devins,  magiciens,  exorcistes  et  autres 

XXIX,  22.  —  13  Gale».  XIV, 647.  —  U  Orelli,  2983  ;  Hernies,  XIII,  120.  —  13  Gale».  XII, 
910.  _  10  Mari.  1,31;  VIII,  74.— n  Lamprid.  Al.  Seu. 42.— 1  Dig.  L.,30,  4,2;  XXXIV, 

1  10.  —  19  Cod.  Theod.  XIII,  3,  8.  —  2°  l.amprid.  Al.  Se v.  46.  —  41  Procop.  Arcan. 
hist.  26.  —22  Lex  Salie.  XIX,  6.  —  23  Lex  Visig.  XI,  5.  —  2V  Dig.  IX,  3,  7  ;  XVII, 

2  52;  XIX,  5,  28  ;  XXXIII,  1,  10,  I  ;  L,  13,  I  ;  cf.  Jacquey,  De  la  condition  des 
médecins,  Nancy,  1877;  Th.  Lôwcnfeld,  Jnâslimabilitüt  und  Honorirung  der  actes 
■liberales  nacb  rômischèn  Rcchte,  Munich,  18  87.  —  25  Dig.  L,  7,  8  ;  Jacqucy,  Op.  I. 
p.  7i.  _  20  Dig.  L,  13,  1.  — 27  Ocfelc,  Wiener  klin.  Wochenschrift,  1899,  n”  27. 


MED 


—  1696  — 


MED 


Imposteurs  étaient  expressément  exclus  de  ce  droit1. 

XVI.  Privilèges  des  médecins.  —  Les  villes  grecques, 
comme  nous  le  verrons  plus  loin  (§  XVIII),  ont  souvent 
accordé  à  des  médecins  certains  privilèges  et  honneurs 
i  ndividuels  ;  mais  elles  ne  semblent  pas  avoir  concédé  des 
avantages  collectifs  à  la  profession.  Il  n'en  fut  pas  de 
même  à  Rome.  .Iules  César  octroya  le  droit  de  cité  aux 
médecins  (libres  ou  affranchis)  qui  exerçaient  à  Rome 
même  Auguste,  reconnaissant  envers  son  médecin, 
l’affranchi  Antonius  Musa,  auquel  il  lit  don  de  l’anneau 
d’or  des  chevaliers,  accorda  le  privilège  de  Y  immunité  aux 
médecins  libres1;  celle  immunité  comprenait  l’exemp¬ 
tion  de  la  tutelle4  et  de  quelques  autres  charges  qu’il 
est  difficile  de  préciser3.  11  est  probable  que  les  méde¬ 
cins  résidant  à  Rome  étaient  seuls  visés  par  cette  mesure. 
Elle  fut  étendue  dans  la  suite  à  ceux  qui  exerçaient  la 
médecine  à  titre  d’élus  des  représentants  des  villes  11  ; 
mais  on  a  lieu  de  croire  que  les  villes  possédant  des 
médecins  publics  leur  avaient  déjà  accordé  l’exemption 
des  charges  municipales.  Vespasien  et  Hadrien  confir¬ 
mèrent  le  privilège  accordé  aux  médecins  par  leurs  pré¬ 
décesseurs,  d’être  exempts  du  logement  des  militaires1; 
ce  texte  prouve  qu’ils  avaient  reçu  antérieurement  cette 
faveur.  D’ailleurs,  comme  nous  l’avons  dit,  c’est  parce 
qu’Antonin  le  Pieux  trouva  trop  considérable  le  nombre 
des  médecins  soustraits  aux  charges  publiques  qu’il 
crut  devoir  le  restreindre  dans  certaines  limites8. 
A  partir  d’Antonin,  les  médecins  privés  semblent  n’avoir 
plus  joui  d’aucun  privilège.  Modestin,  en  rapportant  la 
constitution  d’Antonin,  ajoute  que  le  nombre  des  méde¬ 
cins  jouissant  de  l’immunité  ne  peut  être  augmenté  par 
aucun  moyen9,  sans  doute  pour  empêcher  que  des  mé¬ 
decins  privés  n’essayassent  de  se  faire  assimiler,  par  des 
municipalités  complaisantes,  aux  médecins  publics  désor¬ 
mais  privilégiés.  Un  médecin  delà  deuxième  légion  ayant 
demandé  à  Caracalla  l’exemption  des  munera  civilia , 
l’empereur  répondit  qu’il  jouirait  de  cette  exemption  tant 
qu'il  s'acquitterait  d’un  service  public,  mais  que,  rendu 
à  la  vie  privée,  il  n'en  pourrait  jouir  qu’en  tant  qu’il  serait 
in  eorum  numéro  qui  ad  bénéficia  medicis  concessa 
pertinent,  c’est-à-dire  au  nombre  des  médecins  officiels 10 . 

Comme  les  professeurs  de  lettres  jouissaient  des  mêmes 
privilèges,  il  est  probable  qu’ils  s’étendaient  aussi  à  ceux 
qui  enseignaient  publiquement  la  médecine.  Toutefois, 
la  loi  de  Constantin  qui  confirma  l’immunité  des  medici 
et  prof  essores  l itterarum 11  ne  dit  pas  expressément  que 
ces  medici  donnassent  un  enseignement;  ce  mot,  sans 
autre  épithète,  désigne  souvent  les  médecins  publics 
ou  archiâtres,  et  nous  avons  déjà  fait  observer  que  l’exis¬ 
tence  d  archiâtres  scolaires ,  admise  par  le  Dr  Briau,  n  a 
pas  encore  été  confirmée  par  les  textes. 

Les  exemptions  accordées  aux  archiâtres  étaient  celles 
de  la  tutelle  12,  du  ludorum  publicum  regimen  (gynma- 
siarquie),  de  l’édili té  municipale,  de  la  prêtrise,  du  loge¬ 
ment  des  soldats,  de  l’intendance  des  approvisionnements 

1  Dig.  L,  13,  1.  —  2  Suet.  Caes.  42.  —  3  I)io  Cass.  LUI,  30.  Deloclie  prétend  à 
tort  qu' Auguste  accorda  l'anneau  d'or  à  tous  les  médecins  [Le  port  des  anneaux  dans 
l'antiq.  rom.  p.  19).  —  4  Dig.  XXVI 1, 1,  G,  1.  —  5  Jaequey,  De  la  condition  des  méde¬ 
cins ,  p.  30-32.  —  G  lnstit.  I,  23,  15.  —  7  Dig.  L,  4,  11,  30.  —  *  Jaequey,  Op.  I. 
p.  37.  —  »  Dig.  XXVII,  1,  G,  3.  —  10  Cod.  Just.  X,  52,  1.  —  H  Cod.  'l'hcod.  XIII, 
3.  —  12  Dig.  XXVII ,  1,  G,  1.  —  13  Dig.  XXVII,  1,  6,  8  (éonstilution  de  Commode); 
cf.  Jaequey,  Op.  I.  p.  118-120.  —  14  Cod.  Theod.  XIII,  3,  1.  Comme  exemple  d'un 
médecin  ayant  néanmoins  accepté  un  honos,  il  ne  faut  pas  ciler,  comme  on  l'a  lait, 
l’inscription  Orelli  3039,  qui  est  évidemment  fausse.  —  15  Cod.  Theod.  XIII,  3,  3. 
—  16  Ibid.  XIII,  3,  2.  —  u  Jaequey,  Op.  I.  p.  123.  —  18  Cod.  Theod.  XIII,  3,  2,  3, 


publics  en  blé 
munu 

militaire  ( militia ),  enfin  de 
vinciale  munus  ?)  13 
de  munera  et  exemption  d 'h 
les  médecins  désiraient 
ceux-ci 14 

de  certains  impôts,  praestaliones 


es  en  blé  et  en  huile  (emptio  frurnenti  et  m  , 
is  judicandi ,  du  munus  legationis  ,  e')- du 

'•in  de  tout  autre  famZ,^ 

H  y  n  là,  tout  ensemble  exeni  ' Tl 

eux-memes  se  soustr 

Les  archiâtres  officiels  furent  encore  (J"'"  4 
impôts,  praestaliones ,  et  d’imptUa '.T* 
ture,  ab  omni  functione 10.  Certains  archiâtres  ,|  "a' 
dilion  curiale  ou  revêtus  de  certaines  digniio  '  ^ 
exemptés  du  décurionat  et  des  charges  que  ces 
imposent10,  comprenant  l’obligation  de  recouvrer  l'h  7 
foncier  et  la  capitation,  de  payer  pour  les  insolvable's'd 
donner  des  jeux,  etc.  ”,  ainsi  que  des  charges'  proLl 
ment  sénatoriales,  glebalis  collatio ,  aurum  oblatüiu2 
Les  exemptions  accordées  aux  archiâtres  le  sont  aussi  à 
leurs  femmes  et  à  leurs  enfants;  ainsi,  le  fils  d’un  ar- 
chiâtre  ne  doit  pas  le  service  militaire  '8.  En  outre  elles 
sont  également  valables  pour  les  ex-archiàlres,  c’est-à-dire 
pour  ceux  qui  ont  accompli  leur  temps  de  service,  Les 
archiâtres  jouissaient  encore  de  privilèges  actifs  •  i]s 
n'étaient  pas  obligés  de  comparaître  en  personne  devant 
les  tribunaux  ;  ils  étaient  protégés,  par  des  peines  très 
sévères,  contre  toute  injure  venant  d’un  homme  libre  ou 
d’un  esclave19.  Mais  ce  qui  paraît  avoir  été  particulière-  I 
ment  enviable  danslacondition  des  archiâtres  du  iv  siècle, 
c'est,  qu’ils  pouvaient  parvenir  à  tous  les  honneurs  et 
exercer  toutes  les  fonctions  sans  en  supporter  les  charges  ! 
pécuniaires  et  autres.  Les  archiâtres  palatins  jouissaient 
de  privilèges  et  d’honneurs  spéciaux  :  ils  devenaient 
comtes  du  premier  ou  du  deuxième  degré  et  prenaient 
rang  parmi  les  vicaires 2Ü.  Tout  archiâtre  palatin  portait  le 
titre  de  cornes  archiatrorum  21  ;  de  ce  nombre  fut  Vindi- 
cianus,  proconsul  d’Afrique  en  380 '-b  Sous  Théodoric,  il 
y  eut  un  praesul  architriarorum ,  qui  avait  toujours  libre 
accès  auprès  de  l’empereur  23  et  était  considéré  comme 
le  chef  hiérarchique  de  tous  les  médecins  de  1  Empire.  I 
XVII.  Situation  morale  des  médecins.  —  la1  prix  que 
les  hommes  attachent  à  la  possession  de  la  santé  '  et, 
d’autre  part,  l’incertitude  de  l’art  de  guérir,  si  propice 
à  l’étalage  d’une  fausse  science,  se  reflètent  dans  les  j 
jugements  contradictoires  que  les  anciens  ontpoiUssur; 
les  médecins;  comme  les  modernes,  et  pat  les  lllf'me® 
motifs,  ils  ont  tour  à  tour  vu  en  eux  des  bienfaiteurs  e 

des  exploiteurs  de  l’humanité. 

Commençons  par  rappeler  le  bien  qu  on  a  dh  1  1  ■  “ 
decins.  Pour  Homère,  le  médecin  vaut,  à  lui  se"  .  ^  J 
coup  d’autres  hommes23.  Empédocle  prétem  T14  * 

âmes  des  devins,  des  poètes  d’hymnes  et  ces 111  ^ 

s’élèvent  après  la  mort  au  rang  des  dieu»  •  11  ^ 

hippocratique  assure  que  la  médecine  est  a  I  . 

des  professions  21.  Cependant  Platon,  malgn- son 
pour  Hippocrate,  ne  semble  pas  considérer  a 
comme  un  art  libéral 28.  Cicéron  la  range  parmi 
honcslae  «  pour  ceux  à  la  situation 


desquels  ils  convien- 

VIII  1  I-,  li'^‘  I 

},  IG,  17,  19.  -  I»  Ibid.  XIII,  3,1.  -  »  Ibid.  J'’  ,’S6  G.-*  H 
-21  Ibid.  XI,  18.  -  22  Tissot,  Fastes  de  la  prov.  d  A/  du  c0|lègc  M 

od.  Var.  VI,  19.  Le  cornes  archiatrorum  n  est  pas  L  '  pauly  wisso«a- 

•ciliaires,  mais  cornes  inter  archiatros ,  cf.  Sæcc  ,  s„erandi  tr0  s>' 

J,  639.  -  24  l»ü„.  Nat.  Hist.  XXIX,  18  :  -4*0  blanda  e  t  ,  ^ 
tique  dulcedo.  -  26  lien.  11.  XI,  514:  «.USv  *««■»'  *  ^  „  implique  p»' 
[VII,  382),  le  médecin  est  nommé  a  côté  du  <  cvl"’  stro».  '  ' 

n  manque  de  considération  pour  son  état.  f.*'  '  parombergi  d’1'"  “,c 

-27  Hippocr.  IV,  039;  cf.  I,  571.  -  28  Hat.  Alcib.  131 ,  cf. 

i6 i  j  II >  351 . 


—  1697  — 


MED 


MED 

ordini  conveniunt )  1  ;  mais,  dans  Tes¬ 
tent  »  (?u0TLii  des  affranchis  el  des  esclaves. 


F 


èce,  <’('1 


ord<>  le  plus  de  cas  de  la  profession 


■jndece"*  1  ”‘è  ^  qui  ia  compte  parmi  les  artes 

mpdicalo  es  ^  Qn  doit  au  médecin,  dit-il,  plus 

\beraliSSm<'liy\VQ^  car  il  donne  non  seulement  sa  peine, 
que  dos  h°n01  •'  ^  ’  drQjl  aureSpect  et  à  l’amour;  comme 

nia'S  ■!! ^'('■"philosophie,  c’est  un  ami,  non  un  merce- 
lemaf  .e  progrès  que  fit,  au  i"  siècle  de  1  Empire, 
nil"r  '  "  ^cordée  aux  médecins  est  bien  marqué 
ll,St""1  controverse  de  Quintilien  *,  où  l’on  demande 
J®"* l  orateur,  du  philosophe  et  du  médecin,  rend 
leql  ’  ice6  à  l’État.  Plutarque  range  également  la 
plUllr  parmi  les  èXeuOepfet  xéXv«t.  Dans  les  derniers 
île  1  Empire,  la  considération  accordée  aux  méde- 
■P%e  traduit  tant  par  les  privilèges  assurés  aux  ar- 
C'l  ‘.vires  (Ü  XVI)  que  par  la  brillante  carrière  de  quelques 
Sobres  du  corps  médical,  comme  le  père  du  poète 
Ausom-qui,  praticien  estimé  à  Bordeaux,  devint  sénateur 
romain  el  préfet  d’illyrie  8. 

Quelques  écrivains,  sans  s’attaquer  aux  médecins  en 
général,  raillent  la  confiance  un  peu  puérile  qu’ils  ins¬ 
pirent,  les  prières  qu’on  leur  adresse  de  rendre  la  santé  aux 
malades,  comme  si  cela  dépendait  de  leur  bon  vouloir*'. 
D’autres,  au  contraire,  les  défendent  contre  1  injustice  du 
public  qui,  si  le  malade  guérit,  attribue  la  guérison  aux 
dieux,  et,  s'il  ne  guérit  pas,  en  accuse  le  médecin  7. 

Que  les  reproches  adressés  aux  médecins  grecs  fussent 
souvent  légitimes,  c’est  ce  que  démontrent  d’abord  de 
nombreux  passages  des  écrits  hippocratiques.  Il  y  est 
question  de  l’ignorance  de  la  plupart  des  médecins  ”,  de  la 
légèreté  de  leurs  jugements,  de  leur  indifférence  au  mépris 
public,  pourvu  qu’ils  ne  soient  pas  atteints  dans  leurs 
intérêts9,  de  leur  tendance  à  tromper  le  monde  par  des 
procédés  de  charlatan  qui  sont  souvent  récompensés  par 
lesuccès  ‘“.Delà,  l’opinion  répandue  qu’il  n’existe  réelle¬ 
ment  pas  de  médecins,  d'autant  plus  que  les  médecins, 
en  présence  de  maladies  aiguës,  se  contredisent  comme 
des  augures".  A  bien  des  égards,  les  écrivains  hippocra¬ 
tiques  ne  sont  pas  moins  sévères  que  les  poètes  comiques, 
et  leur  sévérité  est  motivée  par  les  mêmes  abus.  «  Il  y 
a  un  an,  dit  un  personnage  d’Aristophane,  j’avais  mal 
aux  yeux  ;  j'ai  eu  le  malheur  d’aller  trouver  un  médecin, 
et  maintenant  je  vais  plus  mal12.  »  Aristophane  met  sur 
le  même  rang  les  devins,  les  médecins  et  les  prodigues  la. 
Aristophane,  Aristophon,  Philémon,  Théophile  avaient 
écrit  des  comédies  sur  les  médecins1*.  Ceux  qu’on 
bafouait  le  plus  volontiers  étaient  les  médecins  à  la 
modo,  charlatans  élégants  (xopuj/of,  Xaptevxs;) 13,  qui  es¬ 
sayaient  d’en  imposer  par  le  luxe  de  leur  personne,  de 
,eui  enl°urage  et  de  leurs  instruments,  coffrets  d’ivoire, 
ancettes  incrustées  d’or,  ventouses  d’argent,  alors  qu’ils 
savaient  à  peine  s’en  servir  10.  Un  auteur  hippocratique, 

—  Ml  °//-  I,  42,  151.  —  2  Sen.  Ep.  95.  —  3  Sen.  De  Benef.  VI,  15-17. 

4  5  tjv|  \ll,  \  38.  — 5  Plut.  Alor.  122  d  ;  Gilson.  Adlect.  1 3  ;  Epiced. 

P-  :}07  ?  8,0V  ^ al '  Epict.  III,  10,  15.  —  1  Episl.  graec.  éd.  Hercher, 

1—9  ..r  I, ’^OO  :  oi  xaxot  te  x«i  icXelertot  III,  414;  IV,  198. 

üe »  V63°’~10  719;  III,  414;  IV,  198.  —  H  Ibid.  II,  240,  242 ;  cf. 

.1869’  I,  68.  —  Il  Arisloph 


^Meinck  F  **  ””  J-  Arisiopn.  Fragm.  181.  — 13  Arisloph.  Nub.  331-334. 
III,  ,2f)  J  com ■  </>•-  I,  I).  336,  410,  435,  582  ;  cf.  Welckcr,  Kl.  Schriften , 

Plut.fljp  lu"  A**ï»**;«.  Athen.  IX,  377  ;  XV, 666;  Dio,  XXXIII,  6,  p.  395  ;  xop-W, 
îlùmncr  Cri  T'  •  A''St'  48°  ^  ’  ^0?rls’  20fl>  8  ;  7.l?'tvTE5>  Arist.  463  A  :cf.  Hermann- 

—  il  Hi,i,,0ci.  l  u  ,ltallerlh.  p.  358.  —  IG  Luc.  Adv.  indoct.  29  ;  Galou.  XIV,  600. 
quel,,,*,  pi,,';,’.  "6C'  ~  18  Plin-  Aaf.  Hist.  XXIX,  9,  il,  18,  20-23.  Il  y  a  déjà 

—  I®  Mari.  V|  -j,  '  "ISJ  Uc6r0“,  Pro  Cluent.  16;  ad  Brut.  16  ;  ait  l'iron.  IV,  9. 

ld.  X,  77;  même  reproche  dans  Plin.  Nat.  Hist.  XXIX,  21, 


tout  en  recommandant  aux  médecins  une  tenue  propre 
et  soignée,  les  met  en  garde  contre  tout  luxe  inutile 
A  Home,  les  médecins  grecs,  objet  des  invectives  du 
censeur  Caton  (§  II),  furent  durement  pris  à  partie  par 
Pline  le  Naturaliste.  Il  leur  reprocha  de  porter  le  désordre 
dans  les  familles,  de  capter  les  testaments,  de  se  faire  les 
complices  de  crimes,  empoisonnements  et  adultères,  de 
se  diffamer  entre  eux  sans  scrupules,  d  elever  systèmes 
contre  systèmes  pour  se  faire  valoir,  d  cire  les  vils  com¬ 
plaisants  de  ceux  qu'ils  prétendaient  traiter  et  guérir, 
enfin  d’étaler  une  vanité  sans  bornes  et  une  scandaleuse 
avidité18.  Martial  ne  les  juge  pas  avec  plus  d’indulgence: 
ils  séduisent  les  femmes  *9,  exploitent  les  maladies  en 
les  faisant  durer20;  ils  vont  jusqu’à  voler  les  objets  mo¬ 
biliers  chez  leurs  malades21  ;  ils  les  tuent  en  prétendant 
les  soigner  22.  Le  même  reproche  est  adresse  par  J  m  enai 
au  célèbre  médecin  Thémison  23.  Ce  sont  là,  sans  doute, 
des  exagérations  comiques;  mais  Celse,  savant  en  mé¬ 
decine  sinon  médecin  lui-même,  s’élève  contre  les  prati¬ 
ciens  intéressés  qui,. uniquement  avides  de  gain,  visitent 
trop  de  malades  2l,  et  blâme  sévèrement  le  charlatan 
( histi'io ,  opposé  au prudens)  qui  exagère  la  maladie  d  un 
client  pour  mieux  faire  valoir  ses  services  -  .  Du  temps 
d’Epictète,  certains  médecins  ne  craignaient  pas  de  solli¬ 
citer  eux-mêmes  les  clients,  alors  qu  autrefois  c  étaient 
les  clients  qui  sollicitaient  les  médecins  Un  autre  pro¬ 
cédé  de  ces  charlatans  consistait  à  exécuter  des  opérations 
en  public,  comme  les  dentistes  dans  nos  campagnes 
Il  y  avait  aussi  des  médecins  thaumaturges,  comme  cet 
Antigonos  qui,  au  dire  de  Lucien,  se  vantait  d  avoir  res¬ 
suscité  un  homme  enterré  depuis  vingt  jours28.  Calien 
reproche  aux  médecins  de  son  temps  leur  vanité,  leurs 
querelles  scandaleuses,  leurs  lâches  complaisances,  el  va 
jusqu’à  comparer  les  praticiens  de  Rome  à  des  brigands 
qui  opèrent,  non  sur  la  montagne,  mais  en  ville 

On  aurait  tort,  cependant,  de  généraliser  ces  critiques 
et  de  les  étendre  à  toute  la  profession  médicale.  A  côté 
de  charlatans  et  de  gens  indélicats,  comme  il  en  a  existe 
de  tout  temps,  l’antiquité  a  compté  nombre  de  médecins 
d’un  dévouement  admirable  ;  chose  plus  importante 
encore,  elle  leur  a  fait  une  loi  du  dévouement  et  de  la 
charité.  C’est  ce  qu’il  nous  reste  à  montrer  en  traitant 
des  honneurs  rendus  aux  médecins  et  de  la  déontologie 
médicale. 

XVIII.  Honneurs  publics  rendus  aux  médecins.  — 
De  bonne  heure,  la  reconnaissance  publique  a  divinisé 
les  médecins  :  Esculape,  Podalire30,  Machaon,  Chiron  31, 
le  Thrace  Zalmoxis32,  le  Scythe  Toxaris,  auquel  Athènes 
rendait  un  culte33,  le  7jpi»;  iarpôç  honoré  à  Athènes  et  a 
Éleusis,  où  Ton  ignorait  son  nom,  el  à  Marathon  sous 
le  nom  d’Aristomachos  3U  Le  plus  ancien  témoignage 
authentique  que  nous  possédions  des  honneurs  publics 
rendus  à  un  médecin  est  un  disque  de  marbre  de  la  fin  du 

à  propos  d  une  opération  à  l’œil  laissée  à  dessein  imparfaite.  —  21  Ibid.  IX,  97. 

—  22  Ibid.  I  31,  48;  VIII,  74.  —  23  Juv.  X,  22t.  Hadrien  écrivit  contre  les 
médecins  d'Alexandrie  qui  l  avaient  traité  sans  le  guérir,  ap.  Epiplian.  niP'<  ixétjuv, 
éd.  Pctav.  p.  170  A.  —  24  Cels.  III,  4.  —  23  ld.  V,  26.  —  26  Epict.  111, 
24t  27.  —  27  Plut.  De  adul.  et  amico,  32.  —  28  Luc.  Pliilops.  21,  25,  26. 

_  29  Gale».  VU,  419;  VIII,  357,  495;  X,  t;  XIV,  599,  602,  619,  621,  623,  625, 

660  (passage  capital);  XIX,  15.  —  30  $trab.  VI,  302;  Lycophr.  1046.  -  31  pans. 
IX,  31;  Plut.  Symp.  III,  4;  Ovid.  East.  V,  397.  —  32  llerod.  IV,  95;  Pial. 
Charmid.  244.  —  33  On  l'honorail  comme  $£•,■>;  Uctço;  (Luc.  Tox.  2,  p.  404). 

—  34  Corp.  inscr.  att.  Il,  404;  1893,  p.  113;  Hernies ,  VIII,  350, 

358.  Sur  Aristomachos,  v.  Bekker,  Anecd.  I,  262;  Scliol.  Dem.  XIX,  249; 
Hernies,  XX,  43.  Alkon  était  probablement  aussi  un  héros-médecin  [Atlien. 
Mitth.  X.  97). 


MED 


11598  — 


vi"  siècle,  découvert  à  Athènes,  sur  lequel  est  peinte  la 
silhouette  du  médecin  Aïneias,  appartenant  à  la  famille  des 
Asclépiades  de  Cos1  imago,  fig.  396.V.  L’inscription  se  lit 
ainsi  :  MvŸqu.ac  toô  Aîveiom  «rocpiaç  txxsoCi  àptoroo2.  A  en  croire 
les  anciens,  la  reconnaissance  des  Athéniens  envers  I  fippo- 
crate,  qui  avait  combattu  avec  succès  la  grande  épidémie  de 
peste,  se  traduisit  par  des  mesures  extraordinaires  :  il  recul 
le  droit  de  cité,  fut  initié  aux  mystères  d’Éleusis,  et  l’on 
décida  que  lui  et  ses  descendants  seraient  entretenus  au 
Prytanée 3.  Mais  le  texte  du  décret  qui  aurait  été  rendu 
à  cette  occasion  est  certainement  apocryphe4  et  aucune 
inscription  n'est  encore  venue  confirmer  le  rôle  attri¬ 
bué,  lors  de  la  peste  d’Athènes,  au  médecin  de  Cos.  En 
revanche,  à  partir  du  ivc  siècle  av.  J.-C.,  nous  possédons 
une  série  d’inscriptions,  tant  d’Athènes  que  de  la  Grèce 
continentale,  des  îles  et  de  l’Asie  Mineure,  qui  attestent 
la  gratitude  des  cités  grecques  pour  leurs  médecins.  En 
322,  l’Acarnanien  Événor  est  loué  pour  avoir  dirigé  avec 
zèle  le  ixxpEîov  public  d’Athènes,  dépensé  de  sa  bourse 
des  sommes  considérables  et  soigné  gratuitement  les 
malades  ’.  En  303,  un  autre  médecin  public,  Phidias, 
est  loué  et  couronné  pour  avoir  longtemps  soigné  avec 
zèle  ceux  des  Athéniens  qui  réclamaient  son  concours; 
puis  il  a  décidé  de  donner  ses  soins  pour  rien,  en  consé¬ 
quence  de  quoi  on  lui  décerne  des  honneurs  publics  G. 
A  Élatée,  un  médecin  venu  de  l’étranger,  Asclépiodore, 
a  mérité  divers  privilèges  par  sa  sollicitude  pour  les 
malades  et  son  désintéressement7.  Le  Lacédémonien 
Damiadas,  médecin  public  à  Gythium,  a  rempli  ses 
devoirs  avec  zèle  à  un  moment  où  la  ville  manquait  de 
ressources  et  a  consenti  à  la  servir  sans  traitement 8. 
Un  décret  d’Amphissa  honore  Menophantos,  lydien  d’ori¬ 
gine  macédonienne,  qui  est  venu  s’établir  à  Amphissa  et 
a  assuré  à  lui  seul  l’entreprise  des  soins  médicaux, 
dont  il  s’est  acquitLé  à  la  satisfaction  de  tous0.  A 
Andros,  le  médecin  Artémidore  reçoit  une  couronne 
d'or  10.  Le  médecin  Ouliadès  est  honoré  à  Minoa  d'Amor- 
gos  par  la  communauté  samienne11.  Archippos  de  Céos 
est  nommé  proxène  et  bienfaiteur  de  Délos  pour  avoir 
soigné  beaucoup  de  citoyens  12.  Garpathos  eut  pour 
médecin  public,  pendant  plus  de  vingt  ans,  au  11e  siècle 
av.  J.-C.,  Menocritos  le  Samien  ;  autrefois,  exerçant  son 
art  à  Rhodes,  il  avait  traité  gratuitement  beaucoup  de 
Carpathiens;  àCarpaLhos,  il  s’est  distingué  dans  une  épi¬ 
démie  et  reçoit  des  récompenses  appropriées13.  Chatalas 
est  honoré  à  Calymnos  en  qualité  d’archiâtre  et  comme 
bienfaiteur  de  nombreux  citoyens14.  A  Cos,  au  me  siècle 
av.  J.-C.,  pendant  une  épidémie,  tous  les  médecins 
étaient  tombés  malades; l’un  d'eux,  Xénotimos,  s’imposa 
spontanément  la  tâche  de  les  remplacer  et  soigna  sans 
distinction  tous  les  habitants  13.  La  même  île  a  encore 
fourni  deux  inscriptions  en  l'honneur  des  médecins  Isi- 
doros  et  Satyros16.  A  Smyrne,  on  élève  une  statue  à 

1  Stepli.  Byz.  s.  v.  K5,*.  —  2  Jahrb.  d.  Inst.  1897,  pl.i;  Hoffmann.  Syllo'/e, 
p.  23,  30  ;  Corp.  inscr.  ait.  IV,  4221^,  p.  185.  —  3  Sorau.  III,  853;  Plin.  Nat.  Hist. 
VII,  37.  —  4  Hippocr.  IX,  401  ;  cf.  l'inlrod.  de  Littré,  t.  I,  p.  39.  —  3  Corp.  inscr. 
att.  II,  187.  —  G  Ibid.  256  b.  —  7  Bail.  corr.  hell.  X,  365.  —  #  Brit .  Mus.  Inscr. 
t43  ;  cf.  pour  un  autre  médecin  de  Gythium,  E=r([x.  à?y« to)i.  1891,  p.  191.  —  9  Bull, 
corr.  hell.  1901,  p.  234.  —  10  Athen.  Milth.  I,  236.  —  H  Bull.  corr.  hell. 
1894,  p.  161.  —  12  Ibid.  1880,  p.  349.  —  13  Brit.  Mus.  Inscr.  364;  Bev.  arch. 
1860,  I,  p.  317.  —  *'♦  Brit.  Mus.  Inscr.  258.  —  *5  Bull.  corr.  hell.  1881,  p.  201  ; 
Paton-Hicks,  Cos,  5.  —  10  Paton-Hicks,  C’os,  341,  409.  —  17  Corp.  inscr.  yr.  3311. 
Cet  Hermogène  est  probablement  identique  à  un  médecin  de  l’école  d’Érasistrale 
dont  parle  Galien,  De  sirnplic.  medic.  I,  29.  —  18  Corp.  inscr.  yr.  add.  4315  n. 
—  19  Bull.  corr.  hell.  X,  60.  — 20  Corp.  inscr.  yr.  4289;  Waddinglon-Lc  Bas,  1297. 


MED 

Hermogène, 
ci  ne,  plu 
villes  d'Europe  et  d’Asie,  sur  11 
polis  en 

raclite  le  Rhodien18 


;ene  qui  avait  écrit  soixante-deux  liVre*  , 
us  des  ouvrages  sur  l’histoire  de  1,  ,,  méd«1 
Enroue  et  d’Asie  en.  ' U1e,  sur  I.- 


,ycie5  une  inscription  a  conservé  le 


n°m  d' 11,.. 


raclite  le  Rhodien'8,  qui  fut  également  i,n  .  iléd 
Rhodiens,  les  Alexandrins,  les  Athéniens  "  l"  VT 'eS 
sacré  de  l’Aréopage  et  les  philosophes  ■  H"’al 
d’Athènes  ;  il  était  célèbre  non  seulement  r  P‘CllI'lens 
decin  (TTfcotov  àn’  itûvo;  iatodv),  mais  comme'?  .J 
d’œuvres  médicales  et  philosophiques  ;  on  disùi  ,  T 
qu’il  était  l’Homère  des  poèmes  mé,ti,a„,.  ..."  ,elui 


etail 
t 
II 

no- 

■e 

V 


poèmes  médicaux  et 

très  fréquent  dans  ces  textes  honorifiques  -  il  i 
ses  soins  gratuitement  (iocTfEusavro-  ^oùa).  CadVa  , 
élève  aussi  une  statue  de  bronze  à  son  médecin  mT 
pluie,  praticien  heureux  et  expérimenté'9.  Apeides  bono  i 
Lysandre,  appartenant  à  une  famille  de  Lyciarques  W 
àptcxov  vsvogEvov".  Ameinias  Aristoboulos,  médecin 
accompli  et  philologue  (iarpov  etov  xal  r.XdXoTov,,  Ti 
honoré  d’une  statue  à  Lydae  -1. 

On  pourrait  ajouter  à  ces  textes  ceux  qui  témoignent 
de  la  reconnaissance  des  villes  à  l’égard  de  médecins  qui 
ont  soigné  et  guéri  de  grands  personnages,  bien  qu’icila 
part  de  la  flatterie  intéressée  puisse  l’emporter  sur  c 
de  la  gratitude.  Le  sénat  et  le  peuple  d’Ilion  comblent 
d’honneurs  Métrodore,  qui  a  guéri  Antiochus  1er  d’une 
blessure22.  Délos  honore  Papias  d’Ainisos,  médecin  et 
ami  de  Mithridate 23.  Artorius  Asclépiades,  qui  avait 
sauvé  la  vie  d’Auguste,  est  l’objet  d’un  culte  à  Smyrne 
en  qualité  de  -qpto;  24.  Statilius  Attalus,  àpyyaTpo;  i^Çoturfiv, 
est  honoré  ù  lléraclée  Salbacé,  où  sou  nom  figure  aussi 
sur  les  monnaies20.  Ménécrate,  médecin  des  Césars, 
plusieurs  fois  nommé  par  Galien 2G,  est  honoré  d’un 
héroon  à  Rome  par  ses  élèves  et  sectateurs  (oî  Yvt0?;N1 
xw  éqcjtwv  aîpEtnâpyq) ;  l'inscription2,  rappelle  qu  il  élai 
l’auteur  d’une  Logique  médicale  en  cent  cinquante-six 
livres,  qui  lui  a  valu  de  nombreux  décrets  honorifiques 
de  diverses  cités.  Nous  avons  déjà  mentionné  les 
honneurs  rendus  à  Anlonius  Musa,  le  médecin  d  Auguste, 
et  au  trop  fameux  médecin  de  Claude,  Sterlinius 
Xénophon  (§  XII) 28. 

XIX.  Déontologie  médicale.  —  Si  les  médecins  gi|>cs 
n’ont  pas  tous  été  des  gens  de  bien,  ce  n  est  pas  taule 
d’avoir  reçu  de  nobles  conseils.  De  toutes  les  parties  e 
la  science  médicale,  la  déontologie  est  la  seule  qm  «s 
Grecs  aient  portée  du  premier  coup  à  la  perleclmm  Au 
égard,  l’école  hippocratique  a  enseigné  et  legih'i  I""' 
tous  les  temps.  Il  suffit,  pour  en  fournir  la  1  ’ 1  ‘  11X1 
transcrire  la  traduction  du  fameux  Serment  lui1!  ^ 
tique,  telle  qu’elle  a  été  donnée  par  Littré  •  J  ^ 
par  Apollon  médecin,  par  Esculape,  l,ai  ^ 

Panacée,  par  tous  les  dieux  et  toutes  les  d<  VTforeef 
prenant  à  témoin,  que  je  remplirai,  suivant  im  ■  ^ 

et  mes  capacités,  le  serment  et  1  engagent  ni 


21  Journ.  of  hell.  Slud.  1889,  p.  72.  Ajoutez 

lull.  corr.  hell.  1900,  p.  .223),  de  Delphes  ( - 

'.orp.  inscr.  gr.  sept.  510,  517),  de  Magnésie  du  Méandre  t  •  ^  r|,0„„euf 

328),  de  lasos  (Rev.  des  études  gr.  1893,  p.  180)-  La  IS  1  "  jncornp1*10' 

!  médecins,  publiée  dans  le  Rull.  corr.  hell.  1991,  I  _  21  Coi 

22  Corp.  inscr.  gr.  3590.  —  23  Bull,  de  corr.  lu  •  j  _ 2;,  Waddingl"11' 

..  3283;  cf.  Ihid.  2203,  et  Corp.  inscr.  att.  NI,  '  ‘  „mDi0Vé  aujourd’hui 

Bas  1095.  —  2ii  11  était  l'inventeur  d’un  emplâtre  enroi  ^  //„/.  i  ,;i 


hell- 

’llOI 
■umplê 


diacliylon  (Rev.  arch.  1882,  I,  p.  203).  -  27  ^  jrcstôs  fui  ll0n^ 
28  Au  v»  siècle  ap.  J.-C.  encore,  le  médecin  Jakob»  '  _  2*  Hippocr.  !'• 

ine  statue  à  Athènes  (Pliot.  Riblioth.  God.  242,  p.  344 


—  1099 


MED 


MED 

de  médecine  au  même  rang  que  les 


nr'ii  mon  mailre 

1  de  mes  jours,  je  partager 

aute"1  "  nnnpvoirai  à  ses  besoins;  je  tiendrai 


irai  avec  lui  mon  avoir  et, 


111  irinl  je  pourvoirai  à  ses  besoins;  je  tiendrai 
leCaSf'1  .s  pour  des  frères  et,  s’ils  désirent  apprendre  la 
sl'ÿl" "  é  la  leur  enseignerai  sans  salaire  ni  engage- 


éceplcs,  des  leçons  orales  et  du 


médecine,  je  *' 

i  |(>  ferai  part  des  prece 
’  [ ,  renseignement  à  mes  fils,  à  ceux  de  mon  maître 

rlSU  "disciples  liés  par  un  engagement  et  un  serment 
el  |,  loi  médicale,  mais  à  nul  autre.  Je  dirigerai  le 
S“'V  ,  des  malades  à  leur  avantage,  suivant  mes  forces 
Xn  jugement,  et  je  m’abstiendrai  de  tout  mal  et  de 
ï  i  justice  Je  ne  remettrai  à  personne  du  poison,  si 
iTin’èn  demande,  ni  ne  prendrai  l’initiative  d’une  pareille 
iceestion  Semblablement,  Je  ne  remettrai  a  aucune 
femme  un  pessaire  abortif1.  Je  passerai  ma  vie  et  j’exer- 
i  mon  art  dans  l’innocence  et  la  pureté.  Je  ne  prati- 
nuerai  pas  l’opératiom  de  la  taille  (?)2,  je  la  laisserai  aux 
Lsiiui  s’en  occupent.  Dans  quelque  maison  que  j’entre, 
j'y  entrerai  pour  l’utilité  des  malades,  me  préservant  de 
tout  méfait  volontaire  et  corrupteur,  et  surtoutde  la  séduc¬ 
tion  des  femmes  et  des  garçons,  libres  ou  esclaves.  Quoi 
que  je  voie  ou  j’entende  dans  la  société  pendant  l’exercice 
ou  même  hors  de  l’exercice 'de  ma  profession,  je  tairai  ce 
qui  n’a  jamais  besoin  d’être  divulgué,  regardant  la 
discrétion  comme  un  devoir  en  pareil  cas3.  Si  je  remplis 
ce  serment  sans  l’enfreindre,  qu’il  me  soit  donne  de 
jouir  heureusement  de  la  vie  et  de  ma  profession, 
honoré  à  jamais  parmi  les  hommes;  si  je  le  viole  et 
que  je  me  parjure,  puisséje  avoir  un  sort  contraire!  » 
i  «  On  peut  affirmer,  dit  Littré,  que  ce  serment  a  exercé 
une  influence  salutaire  et  perpétuelle  sur  la  profession 
piédicale.  Libanius  écrivait,  au  déclin  de  la  civilisation 
antique  :  «  Vous  qui,  désireux  d’entrer  dans  la  profession 
«médicale,  avez  trouvé  des  maîtres  pour  vous  instruire, 

«  adonnez-vous  diligemment  à  l’étude  ;  soyez  humain  ; 
«que  l’amour  de  vos  semblables  vous  inspire;  appelé 
«  près  d’un  malade,  courez;  arrivé  près  de  lui,  examinez- 
«  le  avec  toute  l’attention  dont  vous  êtes  capable  ;  compa- 
«  tissez  à  ses  souffrances,  réjouissez-vous  de  son  réta- 
«  blissement  et  intervenez  de  tout  votre  pouvoir  entre  le 
«  patient  et  la  maladie4.  » 

Littré  rappelle  que  le  Serment  avait  pénétré  aussi  chez 
Arabes.  Un  médecin  sicilien,  Ilonain,  s’autorisa  de 
ce  lexte  respecté  pour  refuser  de  fournir  du  poison  à  un 
(‘dÜe  Aujourd'hui  encore,  grâce  à  la  tradition  hippocra- 
l|(I"c,  ceux  mêmes  qui  ne  l’ont  jamais  lu  en  subissent 
i nll uence  et  se  dirigent  dans  la  voie  qu’il  a  tracée, 
pie  manque  pas,  ditencore  un  médecin  hippocratique, 
e  sec°arir  un  étranger  et  un  pauvre,  car  là  où  il  y  a  de 

pari"  *avor^cmenl  criminel,  non  de  celui  auquel  l'obstétrique  est 

ni  |  i  ,,ccourii\  Platon  sait  que  les  sages-femmes  peuvent  être 

'j'."1  Pratiquer  l’avortement  ( lheaet .  149  D)  et  Aristote  le  permet  avant 
H|  ' 111,11  \on  n  aj|  reçu  le  sentiment  de  la  vie  [Polit.  VII,  4).  Voir  Littré,  sur 
^  ^  plus  haut,  ambloseos  dikè.  —  2  Voir  plus  haut,  §G.  —  3  On 

frrnnm  *la^  ^  ^  'luc  ^(!  secret  professionnel  était  également  imposé  aux  sages- 
|  '  l'H’auius,  îatpoj  çaçjxa x£mç,  I,  52  M.  —  5  Casiri,  Biblioth.  arab. 

2(„;  Bippocr.  IV,  p.  G25.  —  G  llippocr.  IX,  258.  —  7  Ibid.  IX, 

~~  8  Ibid-  VI,  11.  —  9  Ibid.  VI,  91.-10  Ibid.  IX,  207.  -  H  Ibid. 

—  13  Gels.  VII, 
abcs  (Daremberg, 
lfi  Luc.  Abdic.  29.  —  n  Dion,  VIII,  131.  —  i#Ccls. 


IX,  207,  269  —  io  n  »  .  . . . . 

l._  ,((_  p  "  daremberg,  Flist.  des  sc.  rnêd .  I,  p.  95,  9G. 

On  /  i  UccPl('  hippocratique,  que  l'on  retrouve  chez  les  Ara 

Jll  *-  >’ OS).  —  iSCcis.  v  2G 
■  6!  Cale,,,  j 

1  -  liim. 


Il,  1 1 j  ,V  ■>  P'  145;  Pallnd.  Schol.  in  Hippocr.  et  Gale n.  éd.  Diclz 


r.1"'  dc  l  ll5climann,  Neu|„ 
19li|els  ’  1 


b'oohAPHiE.  Le  manuel  le  plus  récent  (en  cours  de  publication)  est 
hurger  et  Pagel,  Handbuch  der  Geschichte  der  Medicin , 
(utiles  0u  n"  *  l,  0in'cra  un  très  grand  nombre  d’indications  bibliographiques 

la  médecine  **  .^l,°  °n  Pourra  compléter  à  l’aide  des  comptes  rendus  relatifs  à 
ans  ^  (Bursian's)  Jahresb,  ilber  die  Fortschritte  der  Alter- 


l’amour  /tour  les  hommes ,  il  y  a  de  l  amour  pour  la 

science 11 _  »>  «  Le  médecin  doit  être  silencieux,  discret., 

de  mœurs  pures,  l’air  sérieux  mais  non  renfrogné, 
réfléchissant  avant  de  parler,  évitant  de  rire  aux  éclats, 
pieux,  mais  exempt  de  superstitions  '.  »  Ailleurs  encore, 
on  recommande  au  médecin  la  patience  avec  le  malade  , 


on  l’avertit  que  sa  profession  <*sL  pleine  de  déboires  et  de 
dégoûts  qu’il  doit  surmonter  avec  constance  ,  ou 
l’exhorte  à  soigner  les  âmes  non  moins  que  les  corps  : 
ou  le  détourne  de  .l’ostentation  et  des  vaines  parades 
devant  la  foule11.  «  Personne  depuis  Hippocrate,  dit 
Daremberg,  n’a  eu  une  plus  haute  idee  de  la  dignité 
médicale;  personne  n’a  marqué  plus  de  respect  pour  h*s 
malades  et  plus  de  sollicitude  pour  leur  guérison,  ou  du 
moins  pour  leur  soulagement  et  leur  cons  lation  ; 
personne,  non  plus,  n’a  montré  plus  d  admiration  pour 
les  utiles  découvertes,  plus  de  soin  a  les  perfectionner, 
plus  de  déférence  pour  les  médecins  consciencieux  qui 
appliquent  leur  intelligence  à  toutes  les  parties  de  1  art , 
plus  d’indulgence  pour  les  erreurs  inséparables  de  toute 
science  et  de  tout  art;...  plus  d’éloignement  pour  les 
médecins  qui,  tout  occupés  de  leur  fortune  et  de  leui 
réputation,  font  étalage  de  leur  savoir,  caressent  les 
préjugés  du  vulgaire  et  règlent  leur  conduite  sur  le 
prolil  qu’ils  en  retireront;  personne,  enlin,  qui  ait  lait 
preuve  d’autant  d’expérience  et  de  bon  jugement  dans  les 
relations  journalières  que  la  profession  médicale  établit 
entre  le  médecin,  le  malade  et  les  gens  du  monde12.  » 

A  l’exemple  des  hippocratiques,  toute  l’antiquité  s’est 
fait  une  haute  idée  des  devoirs  du  médecin,  des  égards 
dus  par  lui  non  seulement  au  patient,  mais  à  sa  famille 
et  à  ses  amis.  «  Le  chirurgien,  dit  Celse,  doit  être  assez 
compatissant  pour  vouloir  la  guérison  de  son  malade, 
mais  assez  ferme  pour  ne  pas  se  laisser  émouvoir  par  se> 
plaintes13....  Il  ne  doit  pas  tenter  d’opérer  un  incurable14. 
Si  le  malade  est  en  danger,  mais  non  perdu,  que  le 
médecin  avertisse  ses  proches  que,  le  cas  est  sérieux; 
mais  il  est  d’un  charlatan  d’exagérer  le  danger  pour 
s’attribuer  plus  de  mérite  en  cas  de  guérison  1  »  «  Le 

médecin,  écrit  Lucien,  ne  doit  pas  visiter  les  malades 
contraint  et  forcé;  il  doit  le  faire  spontanément  et  avec 
joie16.  »  «  Là  où  il  y  ale  plus  de  souffrance,  là  doit  aller 
le  médecin  »,  dit  Dion  1  Nous  avons  déjà  rappelé  les 
belles  paroles  de  Libanius.  On  attendait  du  médecin 
qu’il  encourageât  le  malade  et  lui  apportât  1  espérance, 
à  défaut  de  la  guérison  de  son  mal.  Aussi  en  voulait-on 
à  l’hérophilien  Callianax  de  sa  dureté  et  de  son  ironie 


envers  ses  patients18.  En  un  mot,  on  n’exigeait  pas  seule¬ 


ment  du  médecin  ce  que  nous  appelons  la  correction 


thumsmssenschaftX  XI,  p.  132  :  XIX,  p.  224;  XL,  p.  51  :  I.XIV,  p.  281.  Voir  aussi 
le  Cliarikles  de  Becker,  la  Sittengcschichte  de  Friedlaender  cl  les  Handbüchrr  de 
Hermann-Blümner  ( Griechhche  Privataltert htmer  el  Marquardt  \Privatlebt 
liômer).  Eu  général,  la  vaste  littérature  rc'alive  à  la  médecine  dans  l'antiquité  est 
fort  sujette  à  caution;  parmi  les  ouvrages  modernes  que  j'ai  lus  en  vue  du  présent 
article,  ceux  de  Littré  cl  de  Daremberg  sont  les  seuls  où  je  n’aie  pas  trouvé  d'erreurs 
résultant  de  l'emploi  de  textes  mal  datés,  mal  interprétés  ou  apocryphes.  Je  donne 
ici  une  liste  de  travaux  suivant  l'ordre  chronologique  des  éditions,  mais  eu  réunis¬ 
sant  ceux  des  mêmes  auteurs:  Dan.  Le  Clerc,  Histoire  de  la  médecine ,  Amsterdam, 
1096  cl  1729;  Curl  Sprengel,  Versuch  einer  pragmatisehen  Geschichte  der  Ars- 
neikunde,  Halle,  1792-99  (4e  éd.  du  t.  1"  par  J.  Rosenbaum,  Leipzig,  18 40  ;  les 
notes  de  Rosenbaum  valent  beaucoup  mieux  que  le  texte);  Marx,  Herophilos,  H  ex¬ 
tra  g  sur  Geschichte  der  Medicin,  Carlsrulic,  1838;  E.  Isensec,  Geschichte  der 
Medicin,  4  vol.  Berlin,  1840-43  ;  1..  Choulanl,  Bibliotheca  medico-historica,  Leipzig, 
1842;  H.  Haescr,  Lehrbucb  der  Geschichte  der  Medicin  un  i  der  epidemischen 
Krankheiteri ,  lénn,  1845  (3<-  éd.  revue,  léna,  1873);  G.  Wolckor,  Zu  den 
Alterlhümern  der  ffeilkande  bei  den  Griechen,  Bonn,  1850  (Kleine  Schriften, 
l.  111);  Ch.  Daremberg,  Essai  sur  la  détermination  et  les  caractères  des  périodes 


MED 


—  1700 


MEI 


professionnelle,  mais  le  désintéressement,  la  bonté-  et  la 
charité.  Lerescrit  impérial  de  368  se  fait  simplement  l'écho 
de  la  sagesse  hellénique  lorsqu’il  prescrit  aux  médecins 
publics  de  mieux  aimer  soigner  les  pauvres  que  de  servir 
bassement  les  riches,  obsequi  tenuioribus  quant  turpiter 
servire  divitibus.  Il  ne  semble  pas  que  le  christianisme 
ait  rien  ajouté  à  la  déontologie  médicale  du  paganisme. 

Salomon  Reinach. 

MEDIMNUS  et  MEDIMNUM  (MÉotgvoç).  —  Dans  le 
système  attique  des  poids  et  mesures  créé  par  Solon1, 
le  médimne  est  la  principale  mesure  des  denrées 
sèches;  il  a  pour  subdivisions  :  le  xptxsûç,  tiers;  l’éxxeûç 
sixième;  l’vjgisxxov,  douzième;  le  yoïviç,  quarante-hui¬ 
tième  ;  la  xoxôXt|,  cent  quatre-vingt-douzième  du 
médimne.  Le  médimne  représentant  deux  pieds  cubes  et 
le  pied  attique  ayant,  d'après  les  évaluations  ordinaires, 
O  m.  30825,  le  médimne  a  une  valeur  d’environ  51  1.  842. 
Plus  tard,  dans  le  nouveau  système  qui  s’introduit  en 
Grèce  vers  le  m°  siècle  av.  J.-C.,  le  pied  ayant  été  porté  à 
0  m.  355,  le  médimne  vaut  environ  58  1.  92;  il  a  les  mêmes 
subdivisions  que  précédemment,  mais  la  cotyle  [cotvla] 
n’est  plus  que  la  deux  cent  quatre-vingt-huitième  partie 
du  médimne. 

A  Sparte,  à  l’époque  classique,  les  mesures  laconiennes 
étant  aux  mesures  attiques  dans  le  rapport  de  3  à  2  ou  de 
11  à  83,  le  médimne  valait  de  71  1.  16  à  77  1.  58  :  c’était 
l'ancien  médimne  éginétique  mensura].  Ch.  Lécrivain. 

MEDITRUXALIA.  —  Fête  de  la  vieille  religion  romaine, 
encore  en  honneur  du  temps  de  Varron  et  qui  disparait 
ensuite  de  la  littérature,  comme  beaucoup  d’autres  du 
même  genre1.  Seuls  les  calendriers  en  font  mention  à  la 
date  du  il  octobre2;  elle  peut  être  considérée  comme  l'épi¬ 
logue  des  vendanges,  généralement  commencées  un  mois 
auparavant3.  Le  nom  est  à  rattacher  à  celui  de  Meditrina, 
divinité  latine  dont  il  n'est  question  que  dans  le  texte  de 
Festus  qui  mentionne  la  fête1.  Les  honneurs  qu’on  lui 
rendait  à  cette  occasion  étaient  aussi  à  l’adresse  de 


Jupiter,  et  ce  détail  a  son  importance •  cYsi 
pices  de  Jupiter  que  s’ouvraient  les  ven,f  S°US  1(‘s aUs. I 
encore  qu’elles  se  terminaient,  en  son  n0inT?’  par  1|J> 
Vinalia  d’avril  on  goûtait  le  vin  nouveau  •  "  qUaux 
céder  aux  soutirages  :  il  y  a  là  autant' 
faveur  de  l’antiquité  de  la  viticulture  dansTlf  -  ,  "  L‘n 
Aux  Meditrinalia  il  était  d’usage  de  boire  l’I- 
veau  et  du  vin  vieux,  en  prononçant  ces  paroles  "!  T' 
du  vin  vieux ,  je  bois  du  vin  nouveau  J,  men:r 
maladies  anciennes  et  des  maladies  récentes*1'")'''*  *** 
prêtait  donc  Meditrina  par  rnederi  ;  la  divinité' 
serait  celle  de  la  santé,  fonction  qu’elle  céda  plUs  T"! 
à  salus  dont  la  signification  était  plutôt  politique" 
puis  l’une  et  l’autre  en  furent  déchargées  PV  i’ 
groupe  d’Esculape  et  d’IIygie,  dont  l’introduction  danl 
les  cultes  italiques  ne  parait  guère  antérieure  à  293  avant! 
J.-C.8.  Les  Grecs  avaient  une  fête  analogue  à  celle  des 
Meditrinalia,  celle  des  Pithoïgies  [dionysia,  p.  235]  qui 
à  d’autres  égards,  ressemblait  également  aux  Vinalia  ] 
on  y  priait  en  dégustant  la  première  coupe  de  vin 
nouveau,  pour  que  ce  vin,  considéré  comme  un  remède 
fût  toujours  salutaire  au  corps9.  J. -A.  Hild. 

MEDUSA  [gorgones]. 

MEGALESIA  [cybélé,  J,  2,  p.  1684  ;  ludi,  II,  2, 
p.  1372]. 

MEGARON  [domus,  templum]. 


MEILICHIOS  et  MIL1CHIOS.  —  Il  a  été  traité,  à  l’ar¬ 
ticle  diasia,  du  culte  hellénique  de  Zeus  Milichios1.  On 
a  découvert,  au  Pirée,  une  série  d’ex-voto  provenant  du 
temple  d’un  dieu  qui  porte  le  même  nom,  mais  qui  n’est 
grec  que  d'apparence.  Si  l’un  des  bas-reliefs  le  représente 
sous  la  figure  ordinaire  de  Zeus,  sur  les  autres,  Zeus 
Milichios  est  un  serpent  de  grande  taille,  enroulé,  comme 
le  montre  la  figure  4893 2.  C’est  le  serpent  qui  est  appelé 
le  dieu  ;  c’est  à  lui  que  s’adresse  l’hommage  ou  le 
sacrifice.  On  ne  connaît  rien  de  semblable  dans  les  cultes 
grecs.  Du  reste,  aucun  des  consacrants  n  est  citoyen 


de  l'histoire  de  la  médecine ,  Paris,  1851  ;  Œuvres  d’Oribase,  lexte  el  li-ad.  par 
Bussemakcr  et  Daremberg,  (i  vol.  Paris,  1851-1876  ;  Œuvres  choisies  d' Hippocrate, 
Paris,  1855;  Œuvres  anatomiques,  physiologiques  et  médicales  de  Galien,  2  vol. 
Paris,  1854-56;  Gymnastique  de  Philostrate ,  avec  trad.  et  notes,  Paris,  1808; 
La  médecine  dans  Homère,  Paris,  1805;  État  de  ta  médecine  entre  Homère  et 
Hippocrate.  Paris,  1869;  Histoire  des  sciences  médicales,  2  vol.  Paris,  1870-71; 
Œuvres  de  Rufus  d'Ephèse,  texte  et  trad.  par  Daremberg  et  Ruelle,  Paris,  1879; 
Wunderlich,  Gescliichte  der  Medizin,  Stuttgart,  1859;  E.  Rouger,  Etudes  médi¬ 
cales  sur  /  ancienne  Rome,  Paris,  1859;  E.  Littré,  Œuvres  d' Hippocrate,  texte  et 
trad.  10  vol.  Paris,  1859-61;  Monnier,  Histoire  de  l’assistance  publique  dans  1rs 
temps  anciens  et  modernes,  Paris,  1860;  R.  Briau,  L  assistance  medicale  chez  les 
Romains,  Paris,  1869;  L’archiatrie  romaine,  Paris,  1877;  Introduction  de  la 
médecine  dans  le  Latium  et  à  Rome, in  lier.  arch.  1885,  1,  385;  II,  192  ;  A.  Vedrèues, 
Traité  de  médecine  de  Celse,  texte  el  trad.  Paris,  1876  ;  1.  Jacquey,  De  la  condi¬ 
tion  juridique  des  médecins  privés  et  des  médecins  officiels  ou  archiàtres,  Nancy, 
1877;  Hirsch,  Gescliichte  der  Augenheilkunde,  Leipzig,  1877;  J.-E.  Pélrequin,  La 
chirurgie  d’Hippocrate,  2  vol.  Paris,  1877-78;  Th.  Puschmann,  Alexander  von 
Traites,  texte  et  trad.  Vienne,  1878-79;  Vercoulre,  La  médecine  publique  dans 
l' antiquité  grecque,  in  Rev.  arch.  1880,  1,  99,  231,  309,  348;  Dechambrê,  Gazette 
hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie,  Paris,  1.  XXVII  (1880),  p.  680  sq. 
(critique  approfondie  des  travaux  de  Vercoulre);  G.  Pinto,  Storia  delta 
medietna  in  Roma  al  tempo  dei  re  e  delta  republica  Romana,  Rome,  1880; 
P.  Girard,  L’Asclépiéion  d’Athènes,  Paris,  1881  ;  Paye,  Spitdler  und  milde  Stiftun- 
gen  im  Alterthum,  Christiania,  1883;  J.  UlTelmann,  Die  Entwickelung  der  alt- 
griechischen  Heilkunde,  Berlin,  1883;  R.  Friedlaender,  Die  wichtigsten  Leistun- 
gen  der  Chirurgie  in  der  byzantinischen  Période,  Breslau,  1883;  J.-M.  Guardia, 
Histoire  de  la  médecine  d' Hippocrate  à  Broussais,  Paris,  1884;  A.  Gorlieu,  Les 
médecins  grecs  depuis  la  mort  de  Galien  jusqu’à  la  chute  de  l'Empire  d’Orient, 
Paris,  1884;  Dupouy,  Médecins  et  mœurs  de  l’ancienne  Rome  d'après  les  poètes 
latins,  Paris,  1885  ;  Chauvet,  La  philosophie  des  médecins  grecs,  Paris,  1886  ; 
S.  Güntlier,  dans  le  Handbuch  d'Iwan  Miiller,  l.  V,  1,  p.  103-114,  Munich,  1888; 
Burdett,  Hospilals  and  Asylums,  their  origin,  history,  2  vol.  Londres,  1892; 
.M.  Albert,  Les  médecins  grecs  à  Rome,  Paris,  1894;  C.  Brunner,  Die  Spuren  der 
romischen  Aerzte  auf  dem  Boden  der  Scliweiz,  Zurich,  1894;  Uielricli,  Geschicht- 


liche  Entwickelung  der  Krankenpfleye ,  t.  1,  Berlin,  1898  ;  G.  Ui-ageinhu il,  ie 
Heilp/lanzen  der  verschiedenen  Vôl/cer  und  Zeiten,  Stuttgart,  i  1  1111  • 

Gescliichte  der  Chirurgie,  Berlin,  1898;  André-Pontier,  Histoire  I  lu  l'l"n 
Paris,  1899;  Laboulbènc,  Œuvres,  publiées  par  Beurnier  et  Camhous,  Ihjon, 

(p.  118  sq.bihliogr.  des  œuvres  de  Daremberg;  p.  159  si|.  étude  sur  Ci  Im  )  1  ’ 

Eragment-Sammtung  der  griechischen  Aerzte,  I.  L  Berlin,  LWI  (du  nu  ■>  , 
articles  relatifs  à  l'histoire  de  la  médecine  dans  la  Real-hncycloim  ^ 

Wissoxva) ;  H.  Magnus,  Die  Augenheilkunde  der  Alten,  Breslau,  n'"L  []'\,|ie 
remerciements  à  M.  le  D‘  Garnault,  qui  a  bien  voulu  me  luiu  1" 

bibliothèque  médicale.  ,  ,  ainail 

MEDIMNOS.  1  A  ri  s  toi.  At/i.pol.  10.  —  2  D  après  Dorpfeld,  <’  1)10  ^ 
exactement  0  m.  2957  :  cela  ne  donnerait  pour  le  médimne  qu  1IuHrctc)- 

Les  amphores  panalhénaïques  ont  un  contenu  moyen  de  11  ^  ^ ^ ^  vil). 
( Beitrüge  sur  antiken  Métrologie,  I;  Mitth.  d.  d.  hais.  »  IIÜ(-uapuik.  Bflckk 

—  3  D’après  Plut.  Lyc*  12  et  Dicacarch.  ap.  Athen.  D  ^  ^  j/aasse  des 

MetroLonische  Untarsuchungen  über  Crewic/ite,  Miln*  "  .  tfhùtoirt 

Alterthums  in  ihrem  Zusammenhanye,  Hcrim,  irliquiaey 

ancienne,  Paris,  1863,  p.  197-219;  Hultsch,  Metrologicoi  un  ;  \issffl, 

Leipzig,  1864;  id.  Griech.  und  rôm.  Métrologie,  i*  «  ■  'n’,taml .vissent- 
Griech.  und  rom.  Métrologie  (Millier  s  Handbuch  du  -  " 
chaft,  Nôrdliugen,  1886,  1,  p.  665-794). 

MEDITRINALIA.  1  Varr.  Ling.  lut.  VI,  21. 

Sab.  —3  Cat.  Agric.  25  ;  Varr.  De  re  rust.  L  al:  ^a, 

Rust.,  Corp.  inscr.  lot.  I,  p-  359;  Tac.  Ann.  XI,  31.  j-',,,!!.  voir 

Preller-Jordan,  Roem.  Mylh.  I,  p-  l;|5  s.  1  oui  '  -  iinü-  lot.  '  ' 

Fast.  IV,  863  s.;  Fcst.  p.  46  et  65  et  les  calendriers;  ^  (-  ^ 

16  et  20;  Fcst.  p.  264,  265;  Vinalia  rustica  et  Corp.  tcIte de  Varr» 

—  6  Varr.  et  Fcst.  L.  c.  :  Meditrinalia  dies  dictas  a  medei  •  Mo  W,eri» «• 

est  corrompu  ;  Festus  donne  la  formule  exacte  ;  vêtus  novum  37«  cl  s*'cs- 

morbo  medeor.  -  7  Cf.  Marquardt-Mommsen,  ill,  7, b 

_  8  TU.  Liv.  X,  47,  7;  Dcn.  liai.  V,  13.  -  »  PI»1-  ^  ct 

MEILICHIOS  et  MILICHIOS.  '  Furtwaengler  idcnli ...  /wx<  1897,1'. 
Milichios  en  les  rapprochant  d'Asclépios  (Sitsungt  >ei  • 

—  z  Bull,  de  corr.  hell.  1883,  p.  507. 


2  Calend.  d""1- 

v  ;  |  MtnrnM 

;  m.-6*-; 

0v. 
VI, 

3!«. 


/.eus 

41*7). 


MEL 


—  1701  — 


MEL 


Pirée,  la  république  permettait  aux  mar- 
atliénieD  "  j(,rs  S’élever  des  temples  à  leurs  dieux  natio- 
cliands  étranhr(  ■  naux,  et  autour  de  ces  centres 

religieux  se  groupaient  les 
métèques  et  les  esclaves  ori¬ 
ginaires  de  la  même  région1. 
Le  plus  souvent,  ces  étran¬ 
gers,  sur  le  sol  de  la  Grèce, 
donnaient  à  leur  dieu  le  nom 
de  la  divinité  grecque  qui  s’en 
rapprochait  le  plus  par  la  na¬ 
ture  de  ses  attributs  ou  la  res¬ 
semblance  du  son.  C’est  ainsi 
que  le  Zeus  Milichios  du  Pirée 
n’est  vraisemblablement  autre 
chose  qu’un  Baal  Milik  du 
panthéon  sémitique. 

P.  Foucart. 

MEL  (MéXi).  Le  miel.  — 
ÉCRITS  DES  anciens.  —  Quoique 
les  anciens  aient  connu  la  canne  à  sucre  [saccharum],  le 
miel  a  joué  dans  leur  alimentation  le  même  rôle  que  le 
sucre  dans  la  nôtre;  il  a  eu  chez  eux,  comme  objet  de  com¬ 
merce,  une  importance  que  nous  ne  pouvons  nous  figurer 
par  l’usage  que  Ion  en  fait  actuellement.  C  estlemielqu  ils 
employaient  uniquement  pour  la  pâtisserie,  la  confiserie, 
la  pharmacie,  pour  la  préparation  des  vins  doux  et  autres 
friandises  de  dessert.  Ainsi  s'explique  en  particulier  que 
Virgile  dans  ses  Géorgiques  ait  consacré  à  1  apiculture 
un  chant  sur  quatre  :  un  rucher  pouvait  rapporter  autant 
qu’un  vignoble.  Virgile,  du  reste,  a  résumé  les  connais¬ 
sances  et  les  préceptes  exposés  dans  une  longue  suite 
d'ouvrages  techniques  que  nous  avons  perdus  pour  la 
plupart.  Sans  parler  ici  des  poètes  qui  ont  célébré  la 
douceur  du  miel,  sa  pureté  et  son  arôme1,  ni  des  natu¬ 
ralistes  qui,  depuis  Aristote  jusqu’à  Pline,  ont  décrit  à  un 
point  de  vue  scientifique  les  mœurs  des  abeilles  2  [ares], 
il  convient  de  rappeler  qu’un  grand  nombre  d’écrivains, 
préoccupés  surtout  des  intérêts  d’une  industrie  fruc¬ 
tueuse,  avaient  condensé  pour  les  apiculteurs  les  leçons 
de  l'expérience 3 .  Ceux-là,  c’étaient  d’abord  ceux  qui 
avaient  traité  de  l’agriculture,  entre  autres  Magon  le  Car¬ 
thaginois,  Ménécrate  d’Éphèse  \  Varron,  Hygin  et,  après 
Airgile,  Cornélius  Celsus  et  Columelle5.  Puis  il  y  avait 
aussi  les  spécialistes,  par  exemple  Aristomaque  de  Soles, 
qui  pendant  cinquante-huit  ans  s’occüpa  d’apiculture  avec 
j>ne  passion  exclusive  ;  Philiscus  de  Thasos,  surnommé 
e  Sauvage  parce  qu’il  s’était  retiré  dans  un  lieu  désert, 
j!U  11  ava‘t  d’yeux  que  pour  ses  abeilles,  et  encore,  à 
^époque  alexandrine,  Néoptolème  et  le  poète  Nicandre6. 

^Woopyixà  (je  ces  auteurs,  dont  il  ne  reste  rien, 
0nt  pas  peu  contribué  à  entretenir  l’admiration  presque 

I  J  p  n 

[  Mei  i"rjV 1  '  ^ ssocidtwns  religieuses  chez  les  Grecs,  p.  84  et  suiv. 

—  2  Arisi  i  '1r'uslae<à>  P-  164-167;  Roscher,  Nektar  und  Ambrosia ,  p.  42-44. 
Bist,  m/  n'U™'  0en-  àl,  10  ;  Hist.  anim.  V,  18-19  et  (ps.  Arist.)  IX,  27  ;  Plia. 
c,Poséesav>  1  Pcs  conna>ssances  et  les  erreurs  des  anciens  sur  ce  sujet  sont 
les  noies  do  j!<'S‘3c,l'luac  Pai'  Olck,  Biene,  ap.  Pauly-Wissowa,  Real-encycl.  Voir  aussi 
Dererusl  111  ' t r"  ®a'nl-Hilaire  sur  sa  traduction  d'Aristote, Z.  c. — 3  Varron, 

leur  à  iour  \  '  distingue  très  nettement  les  deux  points  de  vue  en  faisant  parler 
Min.  Bisl  ... .  y'.  -'lerula.  — 4  Magon  traduit  en  grec  par  Cassius  Dionysius  ap. 
Witter.  ind  ai  ^enecr-  Jàid.  XI,  17  et  Index  (cf.  Susemihl,  Gesch.  d.  griech. 

aP- TeufTol  Grs  '  ^e‘l<  b  P-  284,  829-838).  —  5  Varr.  De  re  rust.  III.  16  ;  Hygin. 
cf'  Pl'n-  Hist  l  l  \9riech- Litler-  5  §  262,  3  ;  Cornel.  Cels.  Ibid.  280,  3  ;  Colum.  IX, 
11 ■  II,  87  ;  xn  76,  .  ’  70'85'  “  6  Susemihl,  I,  p.  838.-  7  Cook,  Z.  c.  —  8  Hom. 

I1,  HO,  l. 9,,  ’  ( !  103;  Hermann-Bliimner,  Griech.  prie.  Alterth .  *, 

Yj°m'  11  XX1II>  170 1  Od.  XI,  27  ;  XXIV,  67;  cf.  X,  518.  —  10  Hes. 


religieuse  qu’inspirait  aux  anciens  l’industrieux  insecte 

Les  ruches.  —  De  vieilles  légendes  attribuaient  1  inven¬ 
tion  del’apiculture  àBacchus[BACCHL's],  d’autres  à  Aristee 
[aristaeus]  7  ;  elles  semblent  bien  attester  que  cette  partie 
des  travaux  rustiques  avait  chez  les  Grecs  une  origine 
très  ancienne.  On  a  cependant  contesté  que  les  contem¬ 
porains  d’Homère  connussent  l’art  d’élever  les  abeilles  K  ; 
mais,  outre  que  les  preuves  que  I  on  en  donne  manquent 
de  consistance,  il  n’est  guère  vraisemblable  qu  on 
attendit  seulement  des  abeilles  sauvages  le  miel  employé 
dans  les  sacrifices  et  les  funérailles9.  Hésiode  mentionne 
formellement  des  ruches10.  On  peut  seulement  admettre 
que  les  plus  anciennes  furent  très  rustiques  et  semblables 
aux  abris  naturels  que  choisissaient  les  essaims  sauvages, 
par  exemple  des  troncs  d’arbres  évidés11,  ou  des  vases 
de  pierre12.  Dans  la  suite  on  perfectionna  la  construc¬ 
tion  de  la  ruche  (-7111.6X0?,  ffpÂrjvo;,  xu-J/ÉXtj,  xmJ/éX tov,  opov, 
Y«0Xo;,  [AeXidcstov  ]  al  dus ,  alva/'ium,  alvcar  ium ,  alveare) 1  \ 
sans  renoncer  complètement  aux  vieux  modèles.  Les  plus 
répandus  étaient  les  suivants  : 

1°  La  ruche  d’écorc^ou  de  liège.  Elle  avait,  aux  yeux 
des  apiculteurs,  le  grand  avantage  de  n’ètre  ni  trop  froide 
en  hiver  ni  trop  chaude  en  été.  On  l'emploie  encore  en 
Afrique  dans  la  province  de  Constantine  ;  1  écorce  est 
roulée  en  forme  de  tronc  de  cône,  assujettie  avec  un  lien 
d’osier,  et  un  bouchon  de  bois  en  ferme  1  orifice  supérieur 1  * 

2°  La  ruche  de  terre  cuite  (fictilis).  Les  agronomes  11’en 
étaient  point  partisans;  c’est,  dit  Columelle,  la  pire  de 
toutes,  parce 
qu’elle  ne  pré¬ 
serve  les  abeil¬ 
les  ni  du  froid 
ni  de  la  chaleur. 

On  a  récemment 
signalé  des  ru¬ 
ches  de  ce  genre  FiS-  i893 - Ruche  de  terre  cuite. 

dans  la  haute 

Égypte,  où  les  indigènes  11'ont  jamais  cessé  d’en  fabri¬ 
quer  depuis  les  temps  antiques.  Ce  sont  des  tuyaux  de 
terre  cuite  longs  de  près  d’un  mètre  et  larges  de  0  m.  20; 
on  les  bouche  aux  deux  extrémités  avec  de  la  terre  pétrie 
et  dans  l’une  des  extrémités  on  perce  des  trous  pour  lais¬ 
ser  passer  les  abeilles.  Puis  on  empile  ces  tuyaux  les  uns 
sur  les  autres  horizontalement  (fig.  4893).  Il  est  clair  que 
si  ce  type  a  disparu  partout  ailleurs,  c'est  à  cause  du 
grave  défaut  constaté  par  Columelle1*. 

3°  La  ruche  de  briques  (ex  lateribus)  en  avait  un  autre  : 
celui  de  ne  pouvoir  être  déplacée  à  volonté16. 

4°  La  ruche  en  bouse  de  vache  offrait  l'inconvénient 
d’être  facilement  inflammable17. 

5°  La  ruche  ronde  en  osier  tressé,  connue  même  de 
l’Égypte  pharaonique,  est  encore  en  usage  partout18. 

Theog.  598.  —  U  Schol.  ad  Nie.  Al.  448  ;  Colum.  IX,  8,  U  ;  Varr.  De  re  rust.  III, 
16,  15.  —  12  Hom.  Od.  XIII,  103;  cf.  Porphyr.  Antr.  nytnph.  17  ;  Anth.  Pal.  IX, 
404,  6.  —  13  Hesiod.  Theog.  594  et  598  ;  Schol.  Aristoph.  Vesp.  241  ;  Arist.  Hist. 
anim.  V,  22,  4,  6  ;  IX,  40,  15,  24  ;  Plut.  De  exil.  6  ;  Anth.  Pal.  IX,  404,  5  ;  Schol. 
Nie.  Al.  547  ;  Hesych.  «■  ».  ;  Varr.  De  re  rust.  111,  16,  15  ;  Colum.  IX,  2,  1  ;  6,  14  ; 
7,  15,  11  ;  Plin.  Hist.  nat.  XI,  22,  23,  69;  XXI,  80,  82;  Tib.  Il,  1,  49;  Cic.  ap. 
Charis.  107,  2;  Virg.  Georg.  IV,  34;  Corp.  gloss,  lat.  II,  15,  42;  431,  39;  III,  262, 
11,  12;  cf.  Freund,  1"  scolic  du  Dict.  de  la  langue  latine,  I,  p.  7  delà  trad. 
franc.  —  U  Varr.  De  re  rust.  III,  16,  15,  16  ;  Virg.  Georg.  IV,  33,  34;  Colum.  IX, 
6,  1  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXI,  80;  Pallad.  I,  38,  1  ;  Ovid.  Rem.  am.  186;  Geop.  XV, 
2, 17  ;  Hamy  dans  les  C.  rendus  de  V Acad,  des  inscr.  1900,  p.  41.  —  15  Varr.  Colum. 
Pallad.  Z.  c.  ;  Hamy,  Z.  c.  1901,  p.  79,  fig.  p.  81.  —  16  Cels.  ap.  Colum.  Z.  c.  —  17  Ibid. 

_ 18  Varr.  Z.  c.  ;  Wilkinson,  Manners  and  customs  of  the  ancient  Egyptians,  2«  sér. 

I,  p.  81.  C'est  à  cette  forme  que  s'applique^  coneameratio  de  Plin.  Hist.  nat.  XI,  22. 

214 


MEl 


—  1702  — 


MEL 


fi°  La  ruche  en  bois  de  férule.  M.  Hamy  en  a  retrouvé 
chez  les  Berbères  des  spécimens  modernes;  ce  sont  de 
petites  cabanes  de  forme  rectangulaire  [quadrata  ou 

oblonga ),  composées 
d’un  assemblage  de 
rondins  dont  on  bou¬ 
che  les  joints  avec  de 
l’argile  (fig.  4894) 

7°  La  ruche  en  plan¬ 
ches;  on  recomman¬ 
dait  particulièrement 
pour  cette  destination  le  hêtre,  le  chêne,  le  pin  et  le 
figuier2. 

Certains  amateurs,  sous  l'Empire,  garnissaient  les 
parois  de  leurs  ruches  avec  des  feuilles  transparentes  de 
mica  ou  de  corne,  qui  permettaient  de  surveiller  de  l’ex¬ 
térieur  les  progrès  du  travail3.  Quelquefois  aussi  on  les 
fermait  par  derrière  avec  une  planche  mobile  ( operculum )  ; 
on  la  poussait  en  dedans  si  l’on  voyait  que  la  ruche  était 
trop  grande  pour  l’essaim,  afin,  dit  Pline,  de  ne  pas  dé¬ 
courager  les  abeilles  ;  puis  on  la  ramenait  peu  à  peu  en 
arrière  au  fur  et  à  mesure  que  l’ouvrage  avançait v.  Cette 
disposition  était  commode  aussi  pour  retirer  les  rayons3. 

Le  rucher  (u.eTao'ffùv,  p.sXi<j<joupys;ov,  ixsXtrpotpsïov,  jj.eXto’— 
aouov  ;  alvarium,  nlvare ,  apiarium.,  mellarium)  "  exi¬ 
geait  des  soins  très  minutieux  sur  lesquels  les  auteurs  ont 
beaucoup  insisté.  Tous  Les  apiculteurs  savent  encore  que 
le  rucher  doit  être  exposé  au  midi,  mais  dans  un  endroit 
abrité  du  soleil,  à  proximité  de  la  ferme,  mais  assez  loin 
pour  ne  pas  avoir  à  souffrir  des  odeurs  et  des  émanations 
malsaines,  et  que  les  abeilles  doivent  trouver  aux  alen¬ 
tours  de  l’eau  pure  et  des  fleurs  à  butiner7.  Dans  une  ex¬ 
ploitation  bien  tenue,  les  ruches  étaient  posées  sur  un 
soubassement  (, mgge&tus )  en  maçonnerie  de  trois  pieds 
de  hauteur  (0m.90)sur  une  épaisseur  égale,  qu’on  revêtait 
d’un  enduit  bien  poli  pour  empêcher  les  animaux  nui¬ 
sibles  d'y  monter.  Les  ruches,  convenablement  espacées 
entre  elles,  s’étageaient  sur  deux  rangs,  trois  au  plus  ; 
on  les  séparait  par  des  cloisons  en  briques,  de  façon  que 
chacune  fût  enfermée  dans  une  niche  ouverte  sur  le  devant 
et  le  derrière.  On  prévenait  l’humidité  en  donnant  une 
légère  inclinaison  au  plan  de  chaque  étage.  Toute  la 
construction  était  abritée  sous  un  toit,  un  appentis  de 
branches  mortes,  ou  bien  sous  un  portique.  Enfin,  si  le 
rucher  se  trouvait  trop  loin  de  l’habitation  pour  qu’on 
pût  le  surveiller,  il  était  prudent  de  l’enfermer  entre 
quatre  murs  percés  de  petites  fenêtres  pour  la  commo¬ 
dité  des  abeilles.  On  élevait  même  quelquefois  dans  cette 
enceinte  une  cabane  pour  le  gardien8.  C’est  qu’en  effet 
il  n’était  pas  rare  de  voir  un  rucher  saccagé  par  les  vo¬ 
leurs9.  On  les  tenait  encore  en  respect  en  plaçant  les 

1  Varr.  L.  c.  favi  oblongi  ;  Plin.  Hist.  nat.  XI,  23,  obliqui  mss.,  coït.  Olck 
I.  c.  col.  452,  1  1  ;  Colum.  IX,  15  ;  Hamy,  L.  c.  1900,  p.  41,  fig.  p.  42.  —  2  Colum. 
L.  c.  ;  Geop.  XV,  2,  17.  —  3  Plin.  Hist.  nat.  XI,  49;  XXI,  30.  —  4  Varr. 
L.  c.  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXI,  80.  —  5  Plin.  XI,  24.  Ruches  sur  des  monu¬ 
ments  faux  :  Boissard,  Antiqu.  VI,  pl.  i.x  =  Corp.  inscr.  lat.  VI  falsae ,  3124*  ; 
Montfaucon,  Antiqu.  expi.  I,  pl.  cciv  =  C.  i.  I.  L.  c.  3153*.  Le  vase  en  bronze 
de  Pompéi  (Donaldson,  Pompeii,  II,  pl.  p.  11-12)  ne  peut  pas  être  une  ruche. 
—  6  Acsop.  289  H;  Geop.  XV,  2,  37;  Varr.  De  re  rust.  III,  2,  H;  3,  5; 
12,  2  :  16,  10,  12;  11,  15  ;  Colum.  VIII,  1,  4;  IX,  3,  4;  5,  2  ;  7,  1,  4  ;  12,  4;  Plin. 
Hist.  nat.  XVIII,  338  ;  A.  Gel  1 .  II,  20,  8  et  9;  Corp.  gloss,  lat.  III,  357,  64.  —  7  Varr. 
Virg.  Colum.  Pliu.  L.  c.  —  8  Colum.  IX,  5,  7  ;  Geop.  XV,  2,  9.  —  9  Aesop.  288, 
289  H  ;  Theocr.  19;  Colum.  IX,  6, 4;Pallad.  I,  37,  1  ;  cf.  Toutain,  Inscr.  d’Henchir 
Mettieh,  2«  face,  1.  6-13,  p.  37  ;  Dig.  XXXIII,  7,  S  10  ;  XLI,  I,  §  5,  2;  Jnstit.  II,  1, 
g  14.  —  <0  Anth.  Pal.  XVI,  189  ;  Theocr.  V,  59  ;  Virg.  Georg.  IV,  11 1.  -  -  U  Augustin. 
Civ.  Dei,  IV,  34  ;  Amob.  IV,  7, 8.  —  12  Colum.  IX,  14.  —  13  Democr.  et  Mago  ap.  Colum. 


ruches  sous  la  protection  de  ce 


ques,  telles  que  Pan  ou  Priape1 


certaines  divinités  ruJ 

une  des  principales  attributions  de  k  dtw!!'' u"»  C’él,,il 
L’apiculture.  -  Les  anciens  avaient  dressé 
drier  de  l’apiculteur;  ils  y  avaient  noté  ùn. .  .en‘ 
genre  de  travaux  qu’il  devait  entreprendre  dans  T  '6 
saison.  Au  printemps,  entre  le  25  mars  et  le'i-",,'  ''"|Ue  ' 
nettoyait  les  ruches  et  on  faisait  disparaître  ]es  ''  . 
parasites.  Vers  la  fin  d’octobre  ou  au  commencement 
novembre  on  les  visitait  de  nouveau,  puis  on  les  couv  ! 
de  paille  pour  les  garantir  du  froid.  Pendant  l’hive,''," 
plaçait  au-devant  quelques  aliments  destinés  à  souLnil 
les  forces  des  abeilles  engourdies.  Entre  beaucoup  de! 
prescriptions  qui  sont  encore  observées,  les  traités  des! 
anciens  en  contiennent  beaucoup  d’autres  qui  reposent! 
sur  des  idées  erronées  et  sont  bien  faites  pour  nous  sur- 1 
prendre  12  :  ainsi  on  croyait  que  des  essaims  pouvaient 
naître  du  cadavre  d’un  bœuf  en  putréfaction  ;  Virgile  lui- 
même  a  chanté  cette  légende  de  la  Bougonia ,  qui  est 
manifestement  d’origine  égyptienne  et  que  plusieurs  au¬ 
teurs  alexandrins  avaient  rapportée  comme  cligne  de  foi 
depuis  le  ni0  siècle  av.  J  .-C. 13  Dans  certains  pays  on  esti¬ 
mait  que  les  abeilles  avaient  épuisé  à  la  fin  du  printemps 
toutes  les  fleurs  qu’ils  pouvaient  leur  fournir  et  qu’il 
fallait  les  transporter  dans  d’autres,  plus  favorisés  de  la 
nature.  On  enlevait  donc  les  ruches  pendant  la  nuit  et  on 
allait  les  installer  ailleurs;  l’Achaïe  envoyait  les  siennes 
dans  l’Attique  et  en  Eubée  ;  à  Scyros  on  rassemblait 
celle  des  Cyclades  ;  à  Hybla,  celles  des  autres  villes  sici¬ 
liennes.  Le  même  procédé  était  appliqué,  paraît-il,  sur 
les  bords  du  Pô  et  en  Espagne  u.  Dans  ce  dernier  pays  on 
en  a  trouvé  une  trace  curieuse;  c’est  une  inscription 
gravée  sur  une  tablette  de  plomb,  attestant  qu’à  la  date  dû 
30  août  d’une  certaine  année,  un  nommé  L.  ValeriusCapito 
a  pris  possession  d’un  terrain  pour  son  rucher:  alvari 
locum  occupavit.  La  tablette  devait  être  fixée  dans  un 
mur  voisin  pour  établir  son  droit  de  premier  occupant  .1 
La  récolte.  —  On  châtrait  ( castrare )"’  les  ruches  en 
général  deux  fois  par  an.  Cette  opération,  appelée  tantôtj 
unemoisson  [messis)  et  tantôt  une  vendange  (vindemm)  , 
se  faisait  la  première  fois  à  l’entrée  de  l’été,  la  seconde 
en  automne18.  On  avait  soin  chaque  fois  de  LiisM  ■  une 
partie  du  miel  pour  la  nourriture  des  abeilles,  soi!  <  cin 
quième  en  été  et  le  tiers  en  automne in.  Loino  1 
mençait  par  enfumer  la  ruche  en  brûlant  in,< 
férule  appelée  galbanum  ou  de  la  bouse  dessn 
combustible  était  enfermé  avec  de  la  braise  'I,UI  )  .j  y 
de  terre  garni  d’anses  comme  une  marmite  .<>  "  ’  . 

avait  à  l’avant  un  goulot  percé  d  un  petit  l* on  1 
livrer  passage  à  la  fumée,  et  du  cote  oppose  ^ 
embouchure  à  travers  laquelle  on  sout  ai 

.  g2  ;  Arcliel.  ap. 

IX,  1 4, 6  ;  Callim.  ap.  Hesycb.  8.  v.  pouYmo>v  et  in  Etym.  ;  aQ'1-  446  ;  philet 

Varr.  De  re  rust.  III,  16,  4  ;  Nicand.  Ther.  <42  et  Scho  .  *  <  ^  249,  l  ; 

ap.  Antig.  Car.  19;  Anth.  Pal.  VII,  36,  3  ;  IX,  363,  13  ;  MJ.  -  *  377;  Md.  **• 
De  re  rust.  Il,  5,  5;  III,  2,  11;  Virg.  Georg.  I\ ,  89-0  )•  ^  Ae|jgn_  N„.,. 


18  ;  Geop- 


XV, 


364;  Plin.  Hist.  nat.  XI,  70;  Sext.  Emp.  Pyrrh.  mst.  L 
II,  57  ;  Isid.  Orig.  XI,  4,  3  ;  XII,  8,  2  ;  Porphyr.  Antr. ny  >  I  -,  ^  III.  m. 
2,14,  21-36.-14  Colum.  IX,  6,  8, 14,  19  ;  Plin.  XXI, 73,  74.  ’  /nsc„  fHenchx 

21,  ne  parle  pas  de  déplacements  aussi  considérables.  •  _  C  Colum- 

Mettich,  2*  face,  1.  0-13.  -  C.  i.  I.  H,  *242.  -  *  Colum-  |g  ^  Gforg. 
IX,  14;  15  ;  Toutain,  Inscr.  d'Henchir  Metticli,  2*  ««;  :  isle  I».  sept®'"  11 

IV,  231  ;  Colum.  XI,  14;  Pallad.  VII,  7  ;  XI,  13.  Une  tronu  ■>  40,  *». 

d'après  Varr.  De  re  rust.  III,  .0,  32-33;  Plin.  B ,5,  S  1  N* 
Geop.  XV,  5,  1  ;  cf.  Aristol.  Hist .  amm.  V,  22,  6.  f#i>  .  Varr.  HI,  *6’  1 

VII,  7,  2  ;  XI,  13.  Autres  proportions  quand  on  réco  a 
Geop.  XV,  5,  4  :  Plin.  XI,  35,  40,  42. 


MEL 


1703  — 


MEL 


tacher  I 
deux  côtés 


.  lie  postérieure  de  la-ruche,  on  en  approchait 
ouvert  Ut  I'-  ^  ^  gouf|lajt  dans  l’intérieur  du  vase  pour 
la,oal’in,1  fumée  sur  les  abeilles,  que  l’on  chassait  ainsi 
P°USS.ei  î.jrur  Alors  on  se  mettait  en  devoir  de  couper 
vers  rexU'mColumelle  recommande  de  se  procurer  pour 
les  rayonS  ’  deux  outils  de  fer  mesurant  un  pied  et  demi 
CelU>  0"..  45)  :  “n  couteau  [cul ter)  bien  affilé  pour  dé- 
del°nhi,  s  rayons  par-dessous,  et  un  autre,  tranchant  des 
et  Crochu  par  un  bout,  pour  nettoyer  les 
|  .  . ,  Un  bas-relief  trouvé  à  Rome  représente  peut- 
T  ,  h  récolte  du  miel.  On  y  voit  au  pied  d’un  arbre  un 
I  nuage  ;  devant  lui  sont  placés  à  terre  deux  objets  de 
Enc circulaire  et  au-dessus  voltige  un  insecte  ailé;  en 
W  ..  on  aperçoit  quelque  chose  comme  des  flammes. 
K  'vant  M.  Hülsen,  nous  aurions  là  l’image  d’un  apieul- 
i  ur  cn  train  d’enfumer  ses  abeilles.  Toutefois  cette  inter- 
orétalion  reste  douteuse2.  A  peine  détachés  de  la  ruche, 
ieS  rayons  étaient  portés  en  toute  hâte  dans  une  chambre 
obscure  et  bien  close  ( cella  mellaria)3  et  empilés  dans 
un  panier  {qualus)  en  osier  à  larges  mailles,  de  forme 
conique,  semblable  à  ceux  qui  servaient  à  passer  le  vin  ; 
de  ce  panier  suspendu  au  plafond  le  miel  dégouttait  dans 
un  bassin  ( alveus )  placé  au-dessous’'/  Il  est  probable 
que  dans  certaines  contrées  on  remplaçait  le  panier  par 
un  vase  percé  de  trous  :  on  a  trouvé  dans  les  marnières 
des  environs  de  Parme,  au  milieu  de  débris  antérieurs  à 
l’époque  romaine,  des  ustensiles  qui  semblent  avoir  été 
affectés  à  cet  usage  ;  ils  sont  tout  à  fait  conformes  à  ceux 
dont  on  se  sert  encore  aujourd’hui  en  Italie  b.  Lorsque 
dans  le  récipient  supérieur  il  ne  restait  plus  que  la  cire 
[cera],  on  transvasait  le  miel  du  bassin 
dans  des  pots,  qu’on  laissait  ouverts  pen¬ 
dant  quelques  jours  pour  lui  donner  le 
temps  de  fermenter,  et  où  on  l’écumait 
avec  une  cuiller  ( licjula ).  C’est  tout  l’en¬ 
semble  de  ce  matériel  nécessaire  pour 
«  faire  le  miel  »  ( met  confîcere ) 6  et  pour  le 
conserver  qu’on  désignait  sous  le  nom 
i'inslrumentum  mellarium ,  vas  a  mellaria1 .  Le  vase 
que  représente  la  figure  4895  d’après  une  monnaie  de  l’ile 
d'Anaphé,  et  au-dessus  duquel  voltige  une  abeille,  est 
probablement  un  pot  de  miel8. 

Espèces.  —  On  distinguait  un  grand  nombre  d’espèces 
de  miel  différentes,  par  exemple  le  miel  de  printemps  ou 
miel  de  fleurs  ( mel  vernutn ,  anthinum ) 8  et  le  miel  d’été 
[aestivum)  appelé  aussi  côfaïov  parce  qu’il  avait  été  pro¬ 
duit  quand  la  belle  saison  (wpa)  était  dans  son  plein  ;  on 

'  Anslot.  ix,  40,  2:  Virg.  Georg.  IV,  320;  Aen.  XII,  588  ;  Ov.  Rem.  am.  185; 

“  IX,  15,  5  ;  cf.  13  .  Pün.  Hist  nat  X1  t5 .  paiiau  vil,  7,  2  ;  Geop.  XV,  5, 
c'n./'  N|0un'  D'°nys.  V,  250.  —  2  Gori,  Donii  inscr.  ant.  p.  143,  pl.  îx,  fig.  1  ; 

•  ulsen,  Ein  Monument  des  Vatican.  Mus.  Progr.  d.  gynm.  zu  Gross-Lichter- 
ij.  ’  ' U^11’  G.  Icit.  VI,  23687.  —  3  Cic.  De  sen.  16,  8.  —  4  Colum.  IX, 

d'an-'  FiS°rinh  Le  terremare  e  le  palafitte  del  Parmense ,  2*  relaz. 

de  E,,  ^îe  Haliker  in  der  Poebene  (1879),  p.  17.  Le  vase  en  bronze 

?  *  (Uoualdson,  Pompeii ,  II)  pourrait  bien  avoir  rempli  le  môme  office 
l‘7'  ^  38°)-  -  »  Colum,  L.  c.  —  7 
ilsC’  i'6"7’  U  ;  Plin-  XXI-  82 1  Colum. 

.  -  1  pl,  21  =  Greek( 

était  ^  '  XX’  —  9  ^  ne  Pas  ou^^er  que  pour  les  anciens  le 

Quilles  aus'  T  ,0S^e  c^es^e»  que  les  abeilles  recueillaient  toute  formée  sur  les 
Ri S('  nat  y.  'tn  ^lle  sur  ^es  Heurs,  et  plutôt  sur  les  feuilles  en  automne.  —  10  Plin. 
42.  _1  12  M.cr’(3G'  ~  11  Varr’  He  re  rust.  III,  16,  26;  Colum.  IX,  4;  Plin.  XI,  38- 
V|,  7 .  |i|.e’  lstuu^'  P-  154-160.  —  13  Plut.  Sol.  23.  —  il-  Tbeoplir.  Hist.  plant. 

Ahuv^.  pijn  ?*’  na^'  Geop.  XV,  1  ;  Synes.  Ep.  125.  —  1»  Lucian. 

Cic-  Le  fin  "h  XXI11,  r82'  Voi‘’  cucore  Aristoph.  Pac.  252;  Eq.  853  ;  Han.  253; 
Arsam.  III*  687  Geor9-  1V’  178  ’»  Hor.  $at.  II,  2,  15  ;  4,  24;  6,  14;  Ov. 

40 ;  XX,' 85  ’  135  .’  y  ’  ^  "Ü3;  TrisL  V’  4’  30  »  Strab.  lx*  -3  î  Hist.  nat.  XI, 
o*  ;  XXXll,  31;  Val.  Flacc.  I,  394;  Sil.  liai.  XIV,  199;  Paus. 


Fig.  4895.  —  Mon¬ 
naie  d'Anaphé. 


Toutain,  laser.  d'Henchir  Mettich , 
IX,  5.  —  8  Cadalvène,  Monnaies  gr. 
ùland»  '  ~  coins  in  the  British  Mus.,  Warwick-Wroth,  Aegean 

’  P-  85,  pl.  XX,  8.-9 


le  croyait  bon  surtout  pour  la  pharmacie ,0.  Les  amateurs 
établissaient  encore  des  catégories  et  des  rangs  d  après 
les  plantes  que  les  abeilles  avaient  butinées;  le  miel  le 
plus  apprécié  était  le  miel  de  thym;  puis  venait  celui  des 
auLres  plantes  aromatiques,  le  serpolet,  le  romarin,  la 
sarriette,  etc.  Le  plus  dédaigné  était  le  mel  nemorense , 
silvestre ,  ericaeum ,  provenant  de  plantes  sauvages  qui 
poussent  dans  les  bois,  tels  que  le  genêt,  1  arbousier 
et  la  bruyère  (iptxr,);  on  mettait  sur  le  même  rang  le 
mel  villaticum  ou  miel  des  métairies,  butiné  sur  les 
légumes  et  les  plantes  entourées  de  fumier".  Sans 
entrer  ici  dans  les  autres  distinctions  établies  par  les  spé¬ 
cialistes  ’2,  il  importe  de  noter  que  le  miel  de  certains  pays 
avait  sur  le  marché  beaucoup  plus  de  valeur  que  d  autres. 

Pays  producteurs.  —  Le  miel  de  l’Attique  était  le  plus 
estimé  de  tous;  les  poètes  l’ont  célébré  à  l  envi  et  sa 
réputation  a  traversé  les  âges.  Athènes  eu  consommait 
déjà  beaucoup  au  temps  de  Solon43.  On  le  récoltait  prin¬ 
cipalement  sur  les  flancs  de  l’Hymette.  Ce  qui  faisait  sa 
supériorité,  c’était  d’abord  la  qualité  exceptionnelle  du 
thym  dont  la  montagne  était  couverte;  on  avait  essayé 
d’en  semer  la  graine  ailleurs  pour  obtenir  le  même  résul¬ 
tat,  mais  inutilement u.  En  outre,  les  cultivateurs  de 
l’Attique  avaient  l’habitude  de  châtrer  leurs  ruches  sans 
les  enfumer,  et  l’on  prétendait  que  leur  miel  sans  fumée 
(àxa-rcvov,  àxdbrvKTTov)  gardait  ainsi  beaucoup  mieux  que 
les  autres  son  parfum  naturel15.  La  Thessalie,  l’Achaïe 
et  l’Arcadie  ont  pratiqué  aussi  l’élevage  des  abeilles  4\  Il 
ne  réussissait  pas  moins  bien  dans  TEubée,  à  Tliasos  et 
dans  les  Cyclades,  particulièrement  à  Scyros  11 .  Le  miel 
de  l’ile  de  Calymna  pouvait  rivaliser  avec  celui  de  l’At- 
tique18.  Suivant  certains  auteurs,  c’est  en  Crète  que 
seraient  nées  les  premières  abeilles  ;  une  légende  de  ce 
pays  racontait  que  Jupiter  enfant  y  avait  été  nourri  de 
miel  dans  une  grotte  par  Melissa,  fille  d’un  de  ses  rois  19  ; 
on  peut  en  conclure  avec  vraisemblance  que  l’apicul¬ 
ture  y  était  en  honneur  depuis  une  antiquité  reculée. 
Une  abeille  en  or  a  été  trouvée  en  Crète20.  A  Éphèse,  les 
prêtresses  de  Diane  s’appelaient  des  «  abeilles  »  [melissai] 
et  de  vieilles  traditions  établissaient  un  rapport  mysté¬ 
rieux  entre  ces  insectes  et  la  grande  divinité  locale, 
comme  en  font  foi  les  monnaies  de  la  ville21.  Une  plaque 
en  or  repoussé  provenant  de  Rhodes  semble  bien  repré¬ 
senter  sous  une  forme  symbolique  cette  Diane  amie  des 
abeilles22.  Chypre  et  l’Afrique  produisaient  une  quantité 
considérable  de  miel23.  Il  ne  valait  pas  celui  de  la  Sicile, 
surtout  celui  d’Hybla,  très  apprécié  chez  les  Romains  2*. 

I,  32,  1;  Plut.  Rio.  58  ;  Athen.  I,  50,  p.  10G.  —  16  Thessalie,  Monnaies  de  Melilaea, 
A.  von  Prokesch  Osten,  lnedita  (1854),  pl.  i,  30-35  ;  Head,  Hist.  num.  p.  256. 
L'étymologie  rappelée  par  le  symbole  de  l'abeille  n'est  probablement  pas  chimérique  ; 
Achaïc,  Colum.  IX,  14,  19  ;  Arcadie,  patrie  d’Aristée,  Virg.  Georg.  IV,  283. 
—  Il  Colum.  IX,  t*,  19  ;  Plin.  Hist.  nat.  XI,  59;  Conze,  Reise  auf  den  thrak.  In- 
seln,  p.  26.  Voir  la  monnaie  d'Anaphé,  fig.  4895.  Abeille  symbole  d'Aristée  sur 
les  monnaies  de  Céos,  Cytlmos,  etc.  Hist.  num.  p.  411-413.  —  18  Strab.  X, 
p.  489;  Plin.  XI,  32.  —  19  Cook,  dans  Journ.  hell.  stud.,  1895,  p.  1-6.  Abeilles  sur 
les  monnaies  des  villes  crétoises,  Head,  Hist.  num.  p.  382,  393,  397,  404;  cf.  Plin. 
Hist.  nat.  XI,  33;  XXI,  79,  83.  —  20  Cook,  L.  c.  p.  1.  —  21  Cook,  p.  11-14  ; 
Head,  Coins  of  Ephesus,  in  Num.  Chronicle,  il.  s.  XX,  pl.  v-\ni  ;  Hist.  num. 
p.  494;  lmhoof-Blumcr,  l’ier  und  Pflanzbilder ,  pl.  vu,  n.  21  ;  cf.  u.  15-23;  Bellori, 
Notae  in  numismata  tum  Ephesia  tum  aliarum  urbium  apibus  insiynita,  Rome, 
1658.  —  22  Cook,  p.  12;  Arabie,  Slrab.  XVI,  4.  —  23  Virg.  Georg.  IV,  287-294; 
Hecat.  in  Hist.  gr.  fragm.  éd.  C.  Millier,  1,  p.  25,  §  306;  Herodot.  IV,  194  ;  Plin 
Hist.  nat.  XI,  33;  XXI.  83;  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  212,  v.  86-90;  Toulaiu,  /user. 
d’Henchir  Mettich ,  lace  I,  I.  29,  face  2,  l.  13.  Gâteau  de  miel  sur  des  bas-reliefs 
africains,  Besnier,  Mélanges  de  l'école  de  Rome,  XVIII  (1898),  p.  488.  —  21  Varr. 
III,  10,  14;  Virg.  Ecl.  I,  55  ;  Vll,  36;  Ov.  Ars  am.  II,  517;  III,  150;  Trist.  V,  13, 
22;  16,  38  ;  Pont.  Il,  7,  26;  Strab.  VI,  2,  2;  Plin.  Hist.  nat.  XI,  32;  Sil.  liai.  XIV, 
97;  Mari.  XI,  43;  V,  39;  XIII,  104;  Claudian.  Pros.  II,  125;  Nupt.  Hon.  105. 


MEL 


—  1704  — 


Quand  Virgile  écrivit  les  Géorgiques ,  il  est  probable 
que  la  récolte  du  miel  en  Italie  n’était  plus  proportion¬ 
née  à  ses  besoins  et  que,  le  bien-être  ayant  augmenté  avec 
la  fortune  publique,  Home  était  devenue  de  plus  en  plus 
tributaire  des  provinces  pour  cette  denrée,  comme  pour 
beaucoup  d'autres.  De  là  la  nécessité  de  donner  un  nou¬ 
vel  essor  à  l’apiculture  dans  les  campagnes  de  l’Italie. 
Sous  l'Empire,  nous  la  voyons  développée  en  Calabre, 
près  de  Tarente1  ;  dans  l’Apennin  central,  chez  les  Pae- 
ligni,  aux  environs  de  Sulmone,  patrie  d'Ovide2;  dans  la 
vallée  du  Pô,  à  Mantoue,  à  Ilostilia,  entre  Vérone  et  Fer- 
rare  3 .  L'Espagne  *  élevait  aussi  des  abeilles;  enfin 
Pline  cite  des  rayons  de  miel  d’une  grosseur  exception¬ 
nelle  obtenus  dans  les  provinces  de  Germanie  6. 

Comme  tous  ces  miels  de  bonne  qualité  ne  suffisaient 
encore  pas  à  la  consommation,  on  avait  trouvé  le  moyen 
de  les  falsifier6,  en  les  additionnant  de  matières  moins 
coûteuses  ou  en  les  mélangeant  à  d’autres  moins  esti¬ 
més.  Il  y  en  avait  en  effet  qui  avaient  mauvaise  réputa¬ 
tion,  par  exemple  le  miel  de  Corse;  on  lui  trouvait  un 
arrière-goût  amer,  que  l’on  attribuait  au  buis,  très  com¬ 
mun  dans  les  maquis  de  cette  île1.  On  se  défiait  encore 
davantage  du  miel  de  Sardaigne  ;  butiné  principalement 
sur  les  fleurs  de  la  mélisse  (peXiaad^iAXov,  apiastrum), 
plante  chère  aux  abeilles,  il  passait  pour  rendre  fou8, 
comme  celui  que  récoltaient  les  Sanni  dans  la  région  du 
Pont-Euxin,  et  qu’on  appelait  «  miel  fou  »  (patvôpsvov)  ; 
la  fleur  du  rhododendron  lui  aurait  communiqué  cette 
funeste  propriété.  Celui  d’Héraclée  du  Pont  tirait  d’une 
sorte  d’azalée  des  principes  vénéneux,  mais  seulement, 
assurait-on,  dans  certaines  années,  si  le  printemps  avait 
été  mauvais.  Et  enfin  on  parlait  de  ruches  observées 
en  Perse  et  dans  la  Maurétanie  Césarienne,  dont  les  rayons 
n'étaient  empoisonnés  qu’en  partie 9. 

Prix.  —  L’élevage  des  abeilles  présente  un  avantage  pré¬ 
cieux  surtout  dans  les  contrées  du  Midi,  c’est  qu’il  permet 
de  tirer  un  revenu  de  terrains  arides  et  impropres  à  la  cul¬ 
ture 10.  LaCorse,  pays  pauvre,  payait  aux  Étrusques, quand 
elle  faisait  partie  de  leur  empire,  un  tribut  annuel  de 
miel  et  de  cire 11  ;  les  Romains,  devenus  maîtres  de  l’ile  en 
173  av.  J.-C.,  lui  imposèrent  un  tribut  de  200 000  livres 
de  cire  (65490  kilos) l2,  ce  qui  suppose  une  production 
de  miel  au  moins  égale.  Varron  cite  un  particulier  qui 
tirait  tous  les  ans  de  ruches  qu’il  avait  louées  5  000  livres 
(1  637  kilos)  de  miel 13.  Deux  frères,  qui  avaient  hérité  de 
leur  père,  près  de  Faléries  (Étrurie),  une  petite  ferme 
mesurant  à  peine  un  arpent  (2  500  mètres  carrés),  cou¬ 
vrirent  tout  leur  terrain  de  ruches  et  de  fleurs  et  ils 
arrivèrent  ainsi  à  vendre  chaque  année  au  moins 
pour  10  000  sesterces  (2  750  francs)  de  miel14.  Tout  le 
monde  connaît  par  Virgile  l'histoire  du  vieillard  de  Ta- 

'  Hor.  Carm.  Il,  6,  13,  III,  16,  13;  Macrob.  II,  11;  Slrab.  VI,  6;  Virg .Georg. 
IV,  139.  —  2  plia.  Hist.  nat.  XI,  33.  —  3  Virg.  Ecl.  I,  54  ;  Plin  XXI,  73. 

—  4  Ibid.  XXI,  74;  XI,  18;  Slrab.  III,  0;  Corp.  iriser,  lat.  Il,  2242.  —  S  Ibid. 
XI,  33.  Thulé,  Strab.  IV,  5.  Miel  des  Alpes,  Ibid.  IV,  9.  —  6  Plin.  XI,  30. 

—  1  Diod.  V,  13-14;  Plin.  XXI,  83;  XXX,  28  ;  XXXVII,  195;  cf.  Or.  Amor. 
I,  13,  9;  Mart.  IX,  27;  XI,  42.  De  même  le  miel  de  Colchide,  Slrab.  XI,  17. 

—  8  Virg.  Ecl.  VII,  41  ;  Hor.  Ars  poet.  374;  Plin.  Hist.  nat.  XX,  116;  Neme- 
sian.  Ecl.  IV,  50  ;  Drepan.  l'acat.  Paner/.  Theodos.  XXV,  p.  294,16,  Bachrens;  Serv. 
et  schol.  Bernens.  ad  Virg.  Ecl.  IV,  24  et  VII,  41;  E.  Pais  dans  Atti  dell'  Accad. 
dei  Lincei,  S.  III,  Mem.  d.  science  morali,  vol.  V,  (1880),  p.  71.  —  9  Plin.  XXI, 
74-78;  XXIX,  97  ;  Dioscor.  Sic.  XIV,  p.  260;  II,  103;  Eup.  II,  138  ;  Aelian.  Hist. 
anim.  V,  42;  cf.  Strab.  XII,  18  ;  Xen.  Anab.  IV,  8,  20.  —  *0  Varr.  De  re  rust. 
III.  16,  7.  —  *1  Diod.  V,  13.  —  12  T.  Liv.  XL,  34,  12;  XL1I,  7,  2.  —  13  Varr.  De  re 
rust.  III,  16,  10.  Sur  la  production  moyenne  des  ruches  en  Grèce,  voir  Aristot. 
Anim.  histor.  IX,  40,  24.  — 14  Varr.  L.  c.  —  13  Virg.  Georg.  IV,  1 16,  148  ;  cf.  Cic.  De 


MEL 

rente,  «  possesseur  de  quelques  arpenU  , 
abandonné,  qui  n’était  ni  propre  au  labour  '  ^  lei’rai* 
aux  troupeaux,  ni  propice  à  la  vigne  >,  \\y'  faVOraljle 
formé  entièrement  en  jardin  ;  grâce  .!lVa‘l  lr»nS- 
étai!  le  premier  dans  le  pays  «  4  voir  ses abeiHes  « ‘"'l 6 
se  multiplier  et  à  presser  ses  rayons  ,,  "d,s 

écornant18  ».  L’édit  de  Dioclétien16  fixe  cop—  "  miel 
prix  maximum  du  miel  :  miel  de  première 


fixe  comt«e  il  suit  le 


mum ),  le  seli«r  italique  (.demi-litre)  40  dènimloVT*' 
miel  de  seconde  qualité  (, secundum ),  le  setier  iùqj’ 

qualité  il  faul 


20  deniers  (0  fr.  45).  Par  miel  de  première 


entendre  celui  qui  dégouttait  de  lui- 


entassés  dans  la  passoire;  le  miel  de 


meme  des  rayons 


seconde  qualité 


ssecundae  notae )  s  obtenait  ensuite  en  pressant  la  cire  dans 
d’autres  vases;  il  était  naturellement  beaucoup  moins  pur 
etmoins  fluide  que  le  premier  ;  aussi  se  vendait-il  la  moitié 
moins  17.  Le  prix  maximum  est  presque  identique  à  celui 
d’aujourd’hui.  L’édit  mentionne  encore  le  miel  foenici- 
num ,  qui  se  vend  à  très  bas  prix,  soit  8  deniers (0  fr.  20)le 
demi-litre;  mais  ce  miel  n’était  pas  l’ouvrage  desabeilles- 
c’était  une  sorte  de  liqueur  qu’on  obtenait  en  faisant 
bouillir  des  dattes  (ÿoévixs;)  légèrement  fermentées  ;  elle 
est  encore  en  usage  en  Syrie  ;  comme  on  peut  la  fabri¬ 
quer  en  utilisant  des  fruits  de  rebut,  elle  ne  coûte  presque 
rien  18. 

Usages.  —  Les  méridionaux  ont  toujours  eu  beaucoup 
de  goût  pour  les  sucreries.  Les  Grecs  et  les  Romains 
considéraient  le  miel  comme  un  présent  céleste  et  ils 
s’imaginaient  que  la  nourriture  des  dieux  devait  être 
d’une  nature  analogue;  c’est  ce  qui  leur  a  donné  l’idée 
de  l’ambroisie  et  du  nectar  [ambrosia,  nectar]  is.  Après  le 
lait  de  la  nourrice,  c’était  un  des  premiers  aliments  que 
l’on  présentait  au  nouveau-né20.  Frappés  de  ses  vertus 
hygiéniques  qu’ils  exagéraient  encore,  certains  philoso¬ 
phes  tels  que  les  Pythagoriciens  lui  accordaient  une 
place  d’honneur  dans  leur  régime  21.  Sans  miel  point  de 
gâteaux  (TrEftpaxoi,  [xeÀiTOÙTTat,  [AêXcVijXTa,  crilStulae ,  lihtl, 
placentae  mellitae )22,  point  de  pâtisserie  fine  [pistor] J 
Avec  le  miel  on  fait  des  confitures  de  coings  et  de  toute 
espèce  de  fruits,  soit  qu’on  prépare  chaque  espèce  à 
part,  soit  qu’on  les  mélange  les  unes  avec  les  a»iu s-^n 
peut  encore  plonger  les  fruits  entiers  et  sans  cuissim  dans 
du  miel  très  liquide;  on  a  ainsi  une  provision  R  llUlS 
pour  tout  l'hiver  et  en  outre  un  sirop  qui  s  impo  niu 
leur  goût  (ptqXôjjtsXt) 23.  Servi  en  rayons,  h  im 
régal  des  tables  rustiques24;  épuré  et  mob  ■'  ]l,nl^ 
friandises,  il  a  sa  place  marquée  sur  les  table*  t*  P 
riches  ;  Néron  se  fit  un  jour  offrir  par  un  personnage  1 1  - 
cour  un  banquet  dans  lequel  le  miel  seul  it  P10]5411  ^ 
dépense  de  400000  sesterces  (110000  franco)  • 
part,  la  plus  forte  peut-être,  dans  cespro  1^ 

sen. 56.-46  Edict.  Diocl.  éd.  Blumner,  III,  10-12.  -  11  PoUrtl"t|*"  "p^oé.  Il,  t5’ 
pas  toujours,  Colum.  IX,  15-16;  Virg.  Georg.  IV,  1  ’un,i  mbrosia, p- 

—  18  Waddington,  Edit  de  Diocl.  L.  c.  —  19  Roscher, .  Joe.  49;  JacobS* 

—  20  Boeckli  ad  l'ind.  Ol.  VI,  46  ;  Spanbeim  ad  Callim.  Hym 

Delect.  epigr.  p.  400;  Robert-Tornow,  p-  119-1--»  0  » 

p.  62;  Usener,  Milch  u.  Honig,  Rhein.  Mus .  U>02^p- 

[  39  ;  frag1»- 


,  742,  Kuhn.  -  22  Poil.  VI,  108  ;  Athcn.  U',  P 


ai  uiH'ii. 

UïK:  XIV,  j 
6  10  ; 

Lucian.  Asin.  46;  Alciph.  I, ^  j,*. 

10  '  de-v» 

u.  Künste,  I,  p.  84.  -  23  C'est  ce  que  noos  avons  remplace  F»  - ^  avuc  k,s  conh- 

wXomAi  nedoit  pas  eue 

fast.W* 

___  25  SiH’l  ^L’r' 


Geop.  XV,  7;  Galen.  VI 
p.  645 B;  Isid.  Orig.  XX,  2,  18; 
sur  leurs  formes  et  leurs  noms,  Hermann 

quardt-Mau,  Vie  privée  des  Rom.  Il,  p.  42  :  Magerslaci  .  ,  fruits  à  l'eau 

- 3mpUcé  par  tes  , 


Colum.  XII,  47  ;  cf.  10  fin  ;  H 12.  Le  nedoit  pas  .  „aut  incopt  mcll<> 

turcs  ;  Pline  XV,  60, 66,  a  bien  soin  de  dire  à  propos  jsc  ^  VI|^  677 


tet».  Columelle  est  moins  précis. 

r.  De  re  rust.  ML  ">• 


ea  immergwe  opor 
547.  Miel  au  dessert  [seconda  mensa ),  Varr. 


—  1705  — 


MEL 


MEL 


toit  être  aUribué6 
jdsie»»  sortes 


ëu  aux  boissons  sucrées.  Il  y  en  avait  de 

p‘usi"u‘'  I  «me  1  (ÙÔpdaeXi,  aqua  mulsa ),  mélange  d’eau 
'•  Si  on  le  buvait  sur-le-champ. 

et  dk>  ■ L  flVnsive  eau  sucrée.  Mais  on  pouvait  aussi, 
c’était11110  in(’  ^  ]e  inélange  dans  des  proportions  déter- 

ËrèS  ^"liisser  fermenter,  et  celle  aqua  mulsa  inve- 
minées’  6  ‘  ii|  alorS  une  boisson  enivrante*.  En  appli- 
.recettes  des  anciens,  on  obtient  en  effet  une 
qU!Ul1  "  i  ,nr  sa  couleur,  son  goût  et  ses  propriétés, 
liqUeUhîpU comme  ils  nous  l’ont  dit,  aux  meilleurs  vins 
Fesse"  ’  oint  de  tromper  les  connaisseurs  les  plus 
“nérîmcnt'sh  L’hydromel,  qui  à  époque  historique 
Encore  en  usage  chez  des  peuples  barbares,  a  peut- 
“  sons  le  nom  de  P™«de  en  Grèce  le  v,n  lut- 

EL ■  les  anciens  en  avaient  déjà  fait  la  remarque  De 
|àle  rapport  qu'ils  établissaient  entre  le  miel  et  Bacchus 
Lccuusj3.  Mais,  sous  l’Empire,  l’hydromel  était  depuis 
longtemps  condamné  comme  une  boisson  inférieure4. 

I  i  Le  lait  au  miel  (^XtWov) 8  représentait  dans  l’es¬ 
prit  des  anciens  ce  que  la  nature  avait  produit  de  plus 
parfait  et  de  plus  suave  pour  la  nourriture  de  l’homme; 
le  lait  et  le  miel  avaient  été  l’aliment  de  l’âge  d’or  et  ils 
étaient  les  délices  de  l’enfance.  Leur  mélange  a  pris  un 
sens  symbolique,  que  l’Église  primitive  lui  a  longtemps 
conservé  dans  son  rituel  :  on  le  donnait  a  boire  aux 
fidèles  pour  leur  rappeler  qu’ils  devaient  un  jour  renaître 
en  Jésus-Christ6. 

3°  Le  rnellitites  se  faisait  avec  du  moût  de  raisin,  dans 
lequel  on  diluait  du  miel.  On  pouvait  le  laisser  fermenter 
si  on  voulait  en  garder  une  provision.  Mais  au  temps  de 
Pline  «  il  y  avait  des  siècles  »  que  l’usage  en  était  passé 
et  il  n’en  donne  la  recette  que  pour  être  complet7. 

4°  A u  contraire,  le  mulsum  (otvôgeXi)  jouissait  de  la 
plus  grande  faveur;  après  avoir  fait  bouillir  le  miel,  on 
le  mélangeait  avec  du  vin  des  meilleurs  crus  tels  que  du 
Massique  ou  du  Falerne8,  et  de  préférence  avec  du  vin 
vieux.  Dans  un  repas  bien  ordonné  c’était  l’accompagne¬ 
ment  ordinaire  des  entrées  ( gustatio ,  promulsis ) s.  On 
citait  des  personnes  qui  étaient  parvenues  à  une  extrême 
vieillesse  en  ne  prenant  pour  toute  nourriture  que  du 
pain  trempé  dans  du  vin  au  miel.  Un  jour  qu’Auguste 
avait  été  invité  à  dîner  chez  Romilius  Pollion,  vieillard 
plus  que  centenaire,  il  lui  demanda  par  quel  moyen  il 
s  était  entretenu  dans  une  telle  vigueur  de  corps  et  d’es- 
pdt:  «  Mulsum  au  dedans,  huile  au  dehors  »,  répondit  son 
hôte"1.  A  Pompéi  on  a  trouvé  sur  des  tables  de  boutiques 
les  traces  des  vases  où  avaient  bu  les  clients;  il  y  avait 
du  miel  dans  toutes.  Outre  les  boissons  énumérées  plus 
haut,  il  est  possible  qu’on  ait  consommé  là  de  l’eau 
chaude,  sucrée  avec  du  miel  [calda]  1 1 . 

lh  ****,  112,  fait  très  nettement  la  distinction.  Varr.  De  re  rust.  III, 

«le  M  13;  Plin.  XI,  58.  —  2  Je  dois  ces  renseignements  à  l’obligeance 

■  Pari  ,as*on  hunier,  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences  de 
[  mjeJS:J  a  ral>i’>qué  de  l’hydromel  au  laboratoire  de  Fontainebleau  avec  le 
Nektnr  'ej**es  ^uon  Y  élève.  —  3  Plut.  Qu.  sympos.  IV,  6,  2;  Roschcr, 
lJ;  j!"h’  ]’•  34'37-  -  4  PI™.  XXXI,  69.  -  6  Euslath.  ad  Hom.  Odyss.  X,  p.  Ml, 
—  G  |  s  '  *  S"p'1,  Oed.  Col.  482  ;  Moeris  Alt.  p.  187  ed  Lips.  ;  Eurip.  Or.  114. 
Colunàil,,"v||  Vi(C/l  Honig.  I.  c.  —  7  Plin.  XIV,  85  ;  XXII,  115.  Cependant 
Lll-  M  Y  ■  :  en  <lon,le  ta  recette  sous  le  nom  de  mulsum.  —  8  Hor.  Sut.  11 

p'aus  H a, X‘U-  10s-  ~  9  Cic.  Ad  fam.  IX,  IG,  8  et  20,  I.  —  10  Diod.  V,  62 
Ho'  $«  m  ,  XX11'53;  cf.  XIV,  85;  Varr.  De  re  rust.  111,  16,  2,5,  35 

Vill,  26  •  Orib  "  ’  1>elron-  34;  Colum.  IX,  9;  Dioscor.  V,  15-16;  Geop 

ielt  y,(’it  p-  3<J9i  Macrob.  Sut.  Vil,  12,  9.  Amphores  de  mulsum,  Bull 

187#,  p  5|  fi  >ma '  188L  P-  234;  Bull.  d.  commiss.  municip.  di  Roma 

'  ~  1  Overbeek-Mau,  Pompeii,  p.  378,  443.  —  12  Plin.  XIII,  18,  9,  11  12 


Les  parfumeurs  faisaient  entrer  le  miel  dans  la  com¬ 
position  d’un  grand  nombre  d’huiles  aromatiques  desti¬ 
nées  à  la  toilette,  huiles  au  lis,  au  fenugrec,  au  cin- 
name,  etc.  [ünguenta]  n.  A  cause  de  ses  propriétés 
adoucissantes,  il  jouait  un  rôle  très  important  dans  la 
pharmacie  ;  on  l’employait  pour  combattre  les  affections 
des  yeux,  dés  oreilles,  du  nez,  de  la  gorge  et  de  la  poi¬ 
trine.  Pur  ou  mêlé  à  d’autres  substances,  il  passait  pour  < 
guérir  les  blessures,  les  morsures  des  animaux  venimeux, 
l’empoisonnement  par  les  champignons, etc. 1  Certaines 
boissons  composées  avec  du  miel  semblent  avoir  été  sur¬ 
tout  des  boissons  médicinales  :  le  OaXad-roaeAi  se  fabri¬ 
quait  en  mélangeant  par  parties  égales  du  iniel,  de  1  eau 
de  pluie  et  de  l’eau  de  mer;  c’était  un  purgatif  On 
donnait  à  boire  aux  fiévreux  l’ô;üueAi,  où  le  miel  était 
mêlé  à.  du  vinaigre,  du  sel  et  de  I  eau  de  mer,  il 
n’était  plus  en  usage  au  temps  de  Pline'5,  hnlin  le 
poSotAEXt,  qu’on  obtenait  en  faisant  macérer  des  roses 
dans  du  miel,  devait  ressembler  beaucoup  à  notre 
miel  rosat16.  On  avait  une  telle  confiance  dans  la  mé¬ 
dication  par  le  miel  qu’on  attribuait  au  Soleil  le 
mérite  de  l’avoir  inventée,  symbolique  légende  dont  le 
sens  est  manifeste  1  '. 

Provenant,  suivant  les  anciens,  d’une  origine  céleste, 
ouvrage  d’un  insecte  dont  ils  faisaient  un  emblème  de 
pureté,  le  miel  avait  à  leurs  yeux  l’avantage  de  ne  pouvoir 
être  atteint  par  la  corruption  :  ce  fut  un  de  leurs  principaux 
antiseptiques18.  Nous  avons  vu  qu’ils  s’en  servaient  pour 
conserver  les  fruits  *9.  Aux  naturalistes  il  rendait  le  même 
office  que  leur  rend  aujourd’hui  l'eau-de-vie  :  on  y  plon¬ 
geait  les  monstres  et  autres  curiosités  naturelles-".  De  la 
vint  aussi  l’idée  d’embaumer  avec  du  miel  les  cadavres  des 
grands  personnages  qu’on  ne  voulait  pas  incinérer  immé¬ 
diatement  ou  auxquels  on  voulait  assurer  une  durée  éter¬ 
nelle21.  L’exemple  semble  en  être  venu  d  Asie  par  1  inter¬ 
médiaire  de  la  Crète22.  Quelquefois  on  employait  la  cire 
au  lieu  du  miel,  xztaxqpouv  23  lCERa].  Ces  deux  procédés 
pour  embaumer  les  morts  (rap/ÛE-.v,  Tapt^éeiv2*)  pouvaient 
en  effet  empêcher  la  décomposition  en  fermant  complète¬ 
ment  tous  les  pores  de  la  peau  à  1  air  extérieur.  Il  est 
certain  qu’on  les  pratiquait  déjà  a  1  époque  homérique  . 
il  y  en  a  un  souvenir  dans  le  passage  de  Y  Iliade,  où  nous 
voyons  Thétis  verser  le  nectar  et  l’ambroisie  dans  les 
narines  de  Patrocle  mort,  pour  le  préserver  de  la  corrup 
lion28.  On  ne  peut  s'expliquer  autrement  que  les  corps 
d’Hector  et  d’Achille  restent  exposés  l’un  neuf  jours, 
l’autre  dix-sept  avant  qu’on  les  livre  au  bûcher26.  Les 
auteurs  nous  ont  transmis  quelques  exemples  qui  datent 
de  l’époque  historique 27.  Le  plus  fameux  est  celui 
d’Alexandre,  enseveli  dans  du  miel,  comme  l’avaient  été 
probablement  les  souverains  asiatiques  ses  prédéces- 

13.  )g.  _  13  Aristot.  Eth.  Nicom.  V,  9,  15;  Mir.  ausc.  18  ;  I.Hcret.  I,  936;  Plin. 
XI,  37;  XXII,  107;  ef.  Galen.  (Kühn),  VI,  266  ;  VII,  102;  X,  475,  501,  733,  823  ;  XI, 
34;  XII,  70;  XIII,  731;  XV,  651,  809;  XVII  B,  329,  369,  de.  —  M  Colum.  XI,  2  ; 
Plin.  XXXI,  GS;  Dioscor.  V,  17,  20.  —  Plin.  XIV,  114;  XXUI,  60  ;  Dioscor.  V,  22; 
Orib.  I,  p.  391-  —  16  Pallad.  VI,  16;  Dioscor.  V,  35.  — 17  Plin.  VII,  197  ;  cf.  Pliylarch. 
ap.  Atlien.  p.  093.  Sur  cet  usage  du  miel,  voir  encore  Magerstaedt,  p.  171-173; 
Koscher,  p.  48-51;  Kaibel,  /user.  gr.  Sicil.  et  liai.  966,  13,  IG.  — lS  Lucre!.  111, 
886-  Colum.  XII,  45;  Plin.  XXII,  108;  Porphyr.  De  antro  nymph.  15.— 19  Colum. 
Xig  10.  — 20  plin.  VII,  35;  cf.  XXX,  115.  —  21  Varr.  ap.  Non.  Marc.  230,  26;  Stob. 
VI,  3  ;  Roscher,  p.  56-58  ;  Helbig,  D.  Uomer.  Epos,  p.  41.  —  22  Hvgin.  Fub.  136; 
Apoll.  Bibl.  III,  3,  1  ;  Euslath.  ad  Hom.  p.  369,  20  ;  Preller,  Gnech.  Alythol.  U3, 
1>.  475  ;  Herod.  1, 198;  Strab.  p.  746.  —23  Herod.  I,  140  ;  IV,  71  ;  Cic.  T’use.  I,  45  ;  Strab. 
XV  p.  735  :  Corn.  Ncp.  Agesil.  7  ;  Plul.  Agesil.  40.  —  2t  Hom.  Il  Vil,  85  ;  XVI,  45G 
674  ;  Helbig,  p.  42/—*  Hoin.  II.  XIX,  38,  39.  —  26  Hom.  II.  XXIV,  664  ;  Od.  XXIV, 
03  _  23  Xcn.  Bell.  V,  3, 19  ;  Diod.  XV,  93  ;  Joseph.  Ant.  XIV,  7,  4. 


MEL 


—  1706  — 


seurs 1 .  On  embauma  de  la  même  manière  le  corps  de  J  usti- 
nien3.  Il  est  plus  difficile  d’expliquer  pourquoi  les 
Grecs  dans  les  funérailles  plaçaient  des  pots  de  miel 
sur  le  bûcher;  on  doit  peut-être  voir  là  une  tradition 
symbolique,  souvenir  d’une  époqpe  très  reculée  où  ils 
n  avaient  pas  encore  adopté  l’incinération  et  où  ils 
embaumaient  tous  les  corps  avant  de  les  livrer  à  la 
terre 3 . 

Le  miel  servait  en  outre  à  plusieurs  usages  domes¬ 
tiques  ou  industriels;  avec  du  vin  cuit  et  du  sel  il  formait 
une  saumure  où  on  faisait  macérer  les  olives  noires, 
hors-d’œuvre  toujours  apprécié  dans  les  pays  du  midi4. 
Les  joailliers  donnaient  de  la  limpidité  et  de  l’éclat 
à  certaines  pierres  appelées  cochlides  en  les  plon¬ 
geant  dans  du  miel  qu’ils  soumettaient  à  l’action  du  feu 
pendant  sept  jours  et  sept  nuits;  le  miel  de  Corse,  peu 
comestible,  convenait  bien  pour  cette  opération6.  Après 
avoir  beaucoup  douté  de  son  efficacité,  on  a  fini  par 
reconnaître  qu’elle  peut  réellement  être  utile  pour  traiter 
les  agates  et  qu’elle  est  encore  pratiquée  de  nos  jours 
avec  succès  dans  certaines  conLrées6.  Les  anciens  men¬ 
tionnent  aussi  des  étoffes  de  pourpre  dont  la  solidité  et 
l’éclat  avaient  résisté  d’une  manière  étonnante  à  l’action 
du  temps  parce  qu'on  les  avait  trempées  dans  du  miel  en 
les  apprêtant.  Il  ne  nous  est  pas  possible  de  déterminer 
en  quoi  consistait  au  juste  ce  procédé7. 

Religion.  —  Les  anciens  ont  souvent  fait  de  l’abeille 
un  symbole  et  lui  ont  prêté  un  rôle  dans  des  fables  rela¬ 
tives  à  plusieurs  divinités  [apes]8.  Les  idées  morales  et 
religieuses  que  le  miel  éveillait  dans  leur  esprit  les  ont 
conduits  à  la  conception  de  l’ambroisie  et  du  nectar 
]  ambrosia,  nectar].  Il  était  naturel  qu’un  aliment  aussi 
précieux,  considéré  comme  un  présent  céleste,  fût  mis 
au  nombre  des  offrandes  qu’on  déposait  sur  les  autels 
des  dieux.  Les  p.eXt57rovoa  avaient  leur  place  surtout  dans 
les  sacrifices  où  on  ne  faisait  pas  de  libations  de  vin 
(vT,<pxXia) 9.  Cet  hommage  s'adressait  ordinairement 
aux  divinités  rustiques,  protectrices  de  l’apiculteur,  telles 
que  Pan,  Priape,  les  Nymphes,  Hermès  àyporqp,  etc.  10 
Mais  nous  voyons  aussi  qu’on  offrait  du  miel  à  des 
divinités  chthoniennes,  qui  présidaient  à  la  mort  et  qu’on 
adorait  dans  les  mystères  :  Pluton,  Hécate,  Dionysos, 
Déméter,  etc.11  La  raison  en  est  sans  doute  que  le  miel, 
comme  l’abeille,  était  un  symbole  de  résurrection  et 
d’immortalité12.  A  la  même  idée  se  rattache  la  coutume 

i  Stal.  Silv.  III,  2,  118  ;  Q.  Curt.  Alex.  X,  10.  —  2  Coripp.  Laud.  Just.  III.  Sur 
cette  coutume,  voir  encore  0.  Bemulorf,  Grabschrift  von  lelmessos ,  livre  en  l’hon¬ 
neur  de  Gomperz  (1902),  p.  404.  —  3  Hom.  11.  XXIII,  170  ;  Od.  XXIV,  68  ;  Helbig,  p.  43. 

—  *  Colum.  XII,  50;  Pal  lad.  Od.  10;  Nov.  17.  —  5  Plin.  XXXV1I,47,  194.  —  G  Nôg- 
gerath,  Jahrb.  d.  Alt.  Freunde  im  Jiheinl.  X,  p.  82  ;  XII,  p.  G5;  Blümner,  Gewerbe 
und  Künste,  III,  p.  303-300  ;  cf.  II,  386.  — 7Vitr.  VII,  13,  3  ;  Plut.  Alex.  30  ;  Blümner, 
L.  c.  I,  p.  230;  Sludniczka,  Gesch.  d.alt.  griech.  Tracht ,  p.  48-50.  —  8  Voir  en 
outre  Weniger,  Roscher,  Robert-Tornow,  Cook,  Op.  cit.  Abeilles  sur  des  gemmes, 
Imhoof-Blumner,  Tieru.  P/lanzbilder ,  pl.  xxiii,  17,  39,  40, 41  ;  XXIII, 48, 49;  XXV,  21, 
22.  Terre  cuite,  S.  Reinach,  Chron.  d'Orient,  p.  22.  —  9  Varr.  De  re  rust.  III, 
16;  Paus.  V,  15,  10  ;  Schol.  ad  Sopli.  Oed.  Col.  100:  Plut.  Qu.  Sympos.  IV,  6,  2  ; 
Euseb.  Praep.  ev.  IV,  9,  6.  —  10  Antipat.  Sidon.  ap.  Brunck,  Anal.  II,  13,  28  ;  Ov. 
Fast.  III,  735  ;  Phylarch.  ap.  Athen.  p.  693  ;  Euslath.  ad  Od.  1668,  25  ;  Calpurn.  Sic. 
Ecl.  Il,  C6  ;  Euseb.  L.  c.  ;  Porphyr.  Antr.  nyrnph.  16;  Anth.  Pal.  V,  226  ;  VI,  232, 

3  ;  Emp.  ap.  Athen.  p.  510  rf;  Corp.  inscr.  att.  III,  77.  —  H  Aescli.  Eum.  106;  Soph. 

Oed.  Col.  481  ;  Apoll.  Rhod.  III,  1035;  Virg.  Aen.  VI,  419.  —  12  Cook,  p.  20-23. 

— *13  Hom.  11.  XXIII,  170;  Od.  X,  518  ;  XI,  26;  XXIV,  36?  67  ;  Aesch.  Pers.  607; 

Eurip.  Iphig.  Taur.  V,  160,  632;  Or.  1 15  ;  Marquardt,  Le  culte  chez  les  Hom.  I,  p.  374, 

u.  1 1  ;  Roscher,  p.  64-67  ;  Cook,  L.  c.  ;  Usener,  p.  182.  —  14  Voir  plus  haut,  p.  1702, 

n.  9.—  1S  Toutain,  Inscr.  d'Henchir  Mettich,ïtLce  2,  I.  6-13,  p.  37.  Diodore,  V,  14, 

prouve  que  ces  dispositions  n’étaient  pas  particulières  aux  Romains  et  que  les  Barbares 

mêmes  les  ont  appliquées.  Dig.  XXXIII,  7,  §  10;  XLI,  1,  §  5,  2;  Instit.  II,  1,  §  14. 

—  16  Corp.  inscr.  lat.  I,  263  ad  n.  1409  =  Bruns,  Fontes  juris  row.6  (1893),  p.  156, 


lîl  h>mbe 


MEL 

de  porter  du  miel  et  d'en  faire  des  libalioi, 
de  ceux  qu  on  avait  perdus 13.  Sl 

Droit.  -  Non  seulement  les  ruches  étaient  ir 
aux  manœuvres  des  voleurs14  mais  r  leS(ixP'«ées! 
souvent  donner  lieu  à  des  contestations  entr^  devail 
la  dans  les  codes  plusieurs  dispositions  d.sii  •°IS'nS’De 
la  question  de  droit,  si  importante  pour 
<>  Les  essaims  d’abeilles  étaient  rangés  en  , 
même  catégorie  que  les  oiseaux  ;  ils  n’avai  ,  ^ 
un  propriétaire  que  pendant  qu’ils  étaient  eî IwT 
une  ruche.  Hors  de  la  ruche,  et  hors  de  la  vue  d,  8 
priétaire  de  la  ruche,  ils  n’appartenaient  à  personne 
premier  venu  pouvait  se  les  approprier16  ,,  Un  , 
municipale  de  provenance  inconnue  défend  d’étal  1  T 
ruches  sur  un  terrain  public,  le  long  d’une  voie  J 
exemple10.  Georges  Lafaye.  1 

MELAMPODEIA  (Me/.apjtdoeta).  —  Un  texte  de  Pausa- 
nias  signale  à  Aegosthènes,  dans  la  Mégaride,  un  sanc' 
tuaire  de  Mélampus  ;  on  y  honorait  par  des  sacrifices  et 
par  une  fête  annuelle  le  prophète  divinisé1  [lustratio 
p.  1419].  Des  monnaies  de  l’époque  impériale  reprodui¬ 
sent  peut-être  l’image  du  temple2.  11  nous  est  connu 
encore,  ainsi  que  les  fêtes  (MsXagTtdSsia),  par  quelques 
textes  épigraphiques3.  Nous  voyons  que  ces  fêtes  com¬ 
portaient  des  concours  4.  Le  vainqueur  recevait,  comme 
prix,  une  portion  des  victimes.  La  même  récompense 
est  encore  décernée  par  l’État,  en  d’autres  circonstances, 
à  des  citoyens  ou  à  des  étrangers  6.  F.  Düriuuch. 

MELAMPUS  [bacchus,  p.  595,  melampodeiaI. 

MELEAGEK  (MsXéaypoç).  Meléagre.  —  Héros  de  la 
légende  étolienne,  qui  doit  être  mentionné  ici  seulement 
à  cause  de  la  place  que  l’art  lui  a  faite  dans  les  nom¬ 
breuses  représentations  de  la  chasse  de  Calydon'.Iln’en 
a  aucune  dans  les  fêtes  ni  dans  les  religions  de  la  Grèce 
antique.  E.  S. 

MELIASTAI  (MsXiasxat).  —  Les  Méliastes  étaient  une 
sorte  de  confrérie  bachique,  attachée  au  sanctuaire  de 
Dionysos  à  Mélangéia,  bourgade  suburbaine  de  Manlinée, 
en  Arcadie.  L’existence  des  Méliastes  n’est  signalée  que 
par  Pausanias  '.  11  y  avait,  à  7  stades  de  Mélangéia,  dans  la  ' 
direction  de  Mantinée,  une  source  des  Méliastes  (xp^ 
MsXtaffTÛv),  voisine  d’un  piyapov  de  Dionysos  et  d  un I 
t£po'v  d’Aphrodite  Mélainis.  Les  périboles  de  ces  ^eux 
sanctuaires  contigus  et  la  source  des  Méliastes  ont  été , 
identifiés  parles  voyageurs 


i 2  et  récemment  explorés3 


.32,  I.  —  Bibliographie.  Magerstaedt,  Bienenzucht  d.  \ôlkei  d.  A  ^  ^ 

,  Bilder  ans  der  rom.  Landwirthschaft ,  VI,  Sondershausen,  l* 1 1  ■  "  1  # 

ymbolik  d.  Biene  in  d.  ant.  Mythologie ,  Breslau,  is  .  l  ,  K.  IN  yektat 

'onig  im  Volksglauben ,  Globus,  XXXIX  (1881),  il.  11-15,  W.  •  produkm 

.  Ambrosia ,  Leipzig,  1883;  Glock,  Die  Symbolik  d.  Biem  u.  ,  sl„n;tica- 
eidclberg,  1892;  W.  Robert-Tornow,  De  apium  mellisqueapud  se -  e. <  J| 

one  et  symbolica  et  mythologica ,  Berlin,  1 893  ;  A. -B.  Cook,  i  ie  '<  1  ...M  dan! 

gy,  Journ.  of  hell.  studies ,  XV  (1895),  p.  1-24;  Olck,  Bien, i  .«  Bu -.nen^  ^ 
ïuly-Wissowa,  Realencyclopaedie  d.  Alterth.  VI  issensc  <■ 

Honig ,  Rhein.  Muséum,  LVII  (1902),  p.  1  .  4 uer[ humer ! 

MELAMPODEIA.  1  Pans.  I,  44,  5;  cf.  Hermann,  Gcettesd^^ ^ 

1,  43;  Preller-Robert,  Griech.  Myth.  I,  p.  «91,  »■  3  I  R.°SC  |,nhoof-Blunier, 

relampus,  2571  sq.  —  2  Annali ,  1860,  p-  336,  P-  1  ]ir  pélop. 

’umism.  comm.  on  Paus.  pl.  a  I,  p.  9.  —  3  Le  Bas  et  ouca  ,  ( ;r .  sept.  U 

2,  12;  Diirrbacli  Bull,  de  corr.  hell.  IX,  1885,  p.  318  11^  ^  n  ;  ;  ;  III.  3091. 
17,208,219,  223  =  Collitz,  Sammlung  der  griech.  Dtal--»sl  ] , 

193,  3094.  —4  Inscr.  Gr.  sept.  I,  219.  —  5  Jbtd.  20/,  ~l-  .  •  '  ^  par  Kulin«rt* 
MELEAGER.  1  Voir  l'énuméralion  et  l'analyse  des  mon" 
ins  le  Lexikon  der  Mythot.  de  Roscher,  s.  v.  Afeleagius.  pjjysam’n®'0^ 
MELIASTAI.  l  VIII, 6, 5. — 2Curtius,PeIoponnesos,l,2  .  ^  VUPS,ii"  Plill<le5 

3  Fougères,  Mantinée  et  l'Arcadie  orientale,  p.  84  sqq.  svoc  lonan,  uneouW, 

actuaires  et  (p.  72,  fig.  8)  la  photographie  d'un  satyre  il  i)P  ^  jinti((Ue  desM|li,a!tes' 

itue  en  marbre  trouvée  dans  le  puits  qui  répond  à  a  sim 


ME! 


—  1707 


MEL 


smage 
Erinys  ' 


termes  de  Pausanias  que  les  Méliastes  for- 
resSn"  '  i  collège  de  Bacchants,  analogue  peut-être  au 
'"'''‘"il  dionysiaque  des  [HÇam;,  à  Phigalie  1  :  d’ordi- 
svn°'  '  ,,t  office  était  dévolu  à  des  collèges  féminins 
J  comme  à  Delphes,  en  filide,  en  Attique.  Pau- 
TI°A"  nous  laisse  ignorer  le  caractère  des  cérémonies 
sanl.|S  , U \<j uelles  participaient  les  Méliastes.  On  peut 
X  |  inférer®  de  la  nature  rustique  du  sanctuaire 
se“'"'vl  jndique  une  caverne  ou  un  bosquet3),  du  voi- 
l'Aphrodite  Mélainis  (hypostase  de  Déméter 
do  nom  de  MeÀayyeta  ( Terres-Noires )  et  des 
Méliastes  (de  geXia,  frêne?; ”,  que  le  Dionysos  de  Mélan- 
;lait  Un  dieu  chthonien,  envisagé  dans  ses  rapports 
'ivcc  la  Végétation,  un  dieu  à  la  fois  infernal  et  sylvestre, 
de  la  famille  des  Dionysos  Skianthias,  Kryphios,  Mélan- 
thidès!  Mélanaigis,  Dendritès,  Anthios0.  Ce  double 
caractère  se  retrouve  aussi  chez  les  nymphes  Meliai  ou 
Meliades ,  qui  sont  en  même  temps  des  Dryades  et  des 
espèces  d’Érinnyes 7  [nymphae].  G.  Fougères. 

MELICERTES,  MsXixéottiç.  —  Personnage  mytholo¬ 
gique  dont  la  légende  se  rattache  à  la  Béotie,  à  la 
Mégaride  et  à  l’isthme  de  Corinthe.  Il  était  lils  d’Athamas, 
prince  béotien,  et  d’Ino,  fille  de  Cadmos.  11  est  inutile 
de  rappeler  ici  les  nombreuses  versions  de  la  légende 
d'ino  i no  leucothea].  La  plupart  de  ces  versions  abou¬ 
tissent  au  même  dénouement.  Ino  s’enfuit  de  Béotie, 
portant  dans  ses  bras  Melicertes  enfapt;  après  avoir 
traversé  la  Mégaride,  elle  arrive  sur  les  bords  du  golfe 
Saronique  ;  là,  du  haut  de  la  roche  Moluris,  située  entre 
Mégare  et  Corinthe,  elle  se  précipite  dans  la  mer  avec 
son  fds.  Les  malheurs  d’Ino  touchent  la  divinité.  D'après 
les  uns,  Poséidon,  d’après  les  autres  Dionysos  place  la 
fille  de  Cadmos  parmi  les  déesses  marines  ;  désormais 
les  navigateurs  l’invoquent  sous  le  nom  de  Leucothea’ . 

Quant  à  Melicertes,  la  légende  le  sépare  dès  lors  de  sa 
mère.  Son  corps  est  sauvé  par  un  dauphin  qui  le 
transporte  sur  son  dos  jusqu’à,  la  côte  orientale  de 
1  isthme  de  Corinthe,  et  qui  le  dépose  en  cet  endroit  du 
rivage  sous  un  pin.  Le  petit  cadavre  est  recueilli  par 
Sisyphe,  frère  d’Athamas,  qui  régnait  à  Corinthe; 
Sisyphe  l’ensevelit  et  fonde,  en  l’honneur  de  Melicertes, 
les  jeux  Isthmiques  [isthmia].  A  l’époque  de  Pausanias, 
on  voyait  encore  à  quelque  distance  de  Corinthe,  près  de 
la  mer,  un  autel  de  Melicertes  (MsXixépTou  pcogôç)  ;  la  tradi¬ 
tion  locale  voulait  que  cet  autel  eût  été  élevé  à  l’endroit  pré¬ 
cis  où  le  dauphin  était  venu  déposer  son  précieux  fardeau2. 

A  la  legende  de  Melicertes  se  rattachent  étroitement  le 
mythc  et  le  culte  d’une  des  principales  divinités  de 
Corinthe,  Palaemon.  De  même  qu’Ino  était  devenue  la 
cesse  Leucothéa,  on  croyait  dans  l’Isthme  que  Melicertes 
a'ait  été  élevé  au  rang  des  dieux,  sous  le  nom  de  Palae- 
mon  Mater  matuta,  p.  1626].  Comme  Leucothéa,  Palae- 
mon  l1,1’1  un  dieu  marin,  secourable  aux  navigateurs  3  ; 
s0ni  |ille  était  associé  à  celui  de  Poséidon1;  dans  son 

Uni  f  l'1"  '  aP-  Allien.  IV,  1 48  F.  —  2  Fougères,  Op.  I.  p.  265  sqq.  ;  —  3  Bé- 
feanl  t)  'llS  c“^es  arcad-  p.  217.  -  4  Immerwahr,  Kultc  Arkad.  p.  190; 
fmigori's  ''t  1  107  ~  ^  p0uS3l'cs>  Op.  L  p.  260.  —  •>  Immerwahr,  Op.  I.  p.  189; 
Dallrc  s  /*’  '  P'  *87'  Le  prétendu  Dionysos  Méliasle,  que  Mionnct  croyait  recon- 
2'9,  N  '  n'om'eics  mantinéennes,  n'est  autre  qu’Ulysse  (Mionnet,  Suppl.  IV, 
or  j  VOI'onos’  Gaz.  arcli.  XIII,  1888,  p.  262  sq.).  —  7  Rosclier,  Lexic.  d. 
J  »rt.  Al  et  ta. 

“ÈLlCERTpo  ,  .  , 

a  pou  Bibi  i  ,Voir  pus  haul’ l-  In>  p-  52i>-  —  s  Paus-  >.  44;  R.  *; cf. 

Ùiblioth '  |||°(  *  ll’.4,  !  3;  HYS>n-  Fabul.  éd.  Schmidt,  p.  38-39  et  147.  —  3  Apoll. 
injcr  ?r  1  ^  3  ’  Lurip.  Jphig.  en  Taur.  v.  271.  —  4  IJaus.  11,  2.  —  5  Corp. 

'  °4’  ~  6  paus.  L.  c.  -  7  Paus.  II,  1.  _  8  ld.  Il,  2.  —  9  p.  Mou- 


temple,  appelé  le  Palaemonium  firaXatgoviov)  *,  se  trou¬ 
vaient,  auprès  de  sa  propre  image,  les  statues  de 
Poséidon  et  de  Leucothéa6;  lui-même  figurait  dans  un 
groupe  considérable,  consacré  à  Poséidon  par  Hérode 
Atticus,  et  qui  représentait  un  char  attelé  de  quatre 
chevaux  dorés,  sur  lequel  se  tenaient  debout  Poséidon 
et  Amphitrite1.  Le  Palaemonium  faisait  partie  du  grand 
sanctuaire  où  se  célébraient  les  Isthmia.  D’après  Pausa¬ 
nias  on  y  voyait,  outre  le  naos  proprement  dit  du  dieu, 
un  adyton  souterrain,  dans  lequel,  suivant  la  légende, 
Palaemon  se  cachait8.  M.  P.  Monceauxcroitavoirretrouvé 
l’emplacement  du  Palaemonium  sur  un  tertre  rocheux  qui 
s’élève  à  gauche  de  l'entrée  principale  du  sanctuaire 
isthmique  :  au  pied  de  ce  tertre  ont  été  découverts  plu¬ 
sieurs  débris  d’un  temple  ionique,  tambours  de  colonnes 
à  vingt-quatre  cannelures,  morceaux  d’entablement,  etc.  ; 
ce  seraient  là  les  restes  d’un  temple  de  Palaemon  relati¬ 
vement  récent.  Quant  au  vieil  adyton,  «  c’était  sans  doute 
une  grotte  creusée  dans  les  flancs  de  la  colline 9  ». 

Il  paraît  bien  certain  que,  pour  les  anciens  en  général 
et  pour  les  Corinthiens  en  particulier,  Melicertes  et 
Palaemon  formaient  un  seul  et  même  personnage 
mythique.  Comme  Melicertes,  Palaemon  était  souvent 
représenté  debout  ou  à  cheval  sur  un  dauphin  ’°.  Pausa¬ 
nias,  après  avoir  raconté  que  les  jeux  Isthmiques 
furent  fondés  par  Sisyphe  en  l'honneur  de  Melicertes, 
affirme  ailleurs"  que  les  couronnes  décernées  aux  vain¬ 
queurs  des  jeux  Isthmiques  étaient  faites  de  pin,  pour 
rappeler  les  malheurs  de  Palaemon;  il  fait  évidemment 
allusion  ici  au  pin  sous  lequel  le  dauphin  légendaire 
déposa  le  corps  de  Melicertes.  Rien  ne  montre  mieux, 
semble-t-il,  l’identité  du  fils  d’Ino  et  du  dieu  corinthien. 

Melicertes-Palaemon  fut  l’une  des  divinités  favorites 
des  Corinthiens.  Son  culte  était  très  populaire  dans 
tout  l’Isthme  ;  il  y  était  encore  célébré  sous  l’empire 
romain.  Le  Palaemonium  est  mentionné  dans  une  in¬ 
scription  grecque  de  l'époque  impériale12.  Les  monnaies 
corinthiennes  sont,  à  ce  point  de  vue,  très  significatives. 
Sur  des  monnaies  coloniales,  postérieures  par  consé¬ 
quent  à  la  reconstruction  de  Corinthe  en  47  av.  J.-C., 
sont  représentées  diverses  effigies  qui  se  rapportent  soit 
à  la  légende,  soit  au  culte  de  Meli¬ 
certes-Palaemon.  Ce  sont  :  Ino-Leuco- 
théa  tenant  son  enfant  dans  ses  bras  et 
se  précipitant  dans  la  mer  (fig.  4896) 13  ; 
le  corps  de  Melicertes  étendu  sur  le 
dauphin,  avec  quelquefois,  à  l’arrière- 
plan,  un  pin14;  Melicertes-Palaemon 
à  cheval  sur  le  dauphin  15;  l'autel 
de  Melicertes  sous  un  pin16;  un 
pin,  à  la  droite  duquel  ou  voit  le  dauphin  apportant 
sur  son  dos  le  corps  de  Melicertes 17  ;  enfin  un  temple  de 
forme  circulaire,  à  l'intérieur  duquel  on  voit  (fig.  4897)  le 
corps  de  Melicertes  gisant  sur  le  dauphin  :  de  chaque 


ceaux,  Fouilles  et  recherches  archéol.  au  sanctuaire  des  Jeux  Isthmiques ,  dans 
Gaz.  arch.  1884,  p.  357  et  suiv.  —  ,0  Paus.  II,  1  ;  II,  3  ;  Barclay  ilead,  Catal. 
of  greek  coins ,  Corinth.  etc.  ;  Imlioof-Blumer  et  P.  Gardncr,  Numism.  commentar. 
in  Paus.  p.  11,  pl.  B.  —  U  VIII,  48,  §  2.  —  12  Corp.  inscr.  gr.  1104.  —  13  Imhoof- 

Blumer,  Mon»,  gr.  p.  160  ;  Imlioof-Blumer  et  Percy  Gardncr,  O.  I.  p.  10,  pl.  B, 

xx-xxiv.  —  14  Barclay  Head,  Op  cil.  p.  67,  n.  545,  p.  7a,  n.  594;  p.  78,  u.  611  ; 
p.  80,  n.  622;  p.  82,  n.  635;  p.  85,  n.  648  ;  Imhoor-Blumer  cl  P.  Gardncr, 
Ibid.  1,  III.  —  15  Ibid.  XIV-XVII  ;  Barclay-Head,  L.  I.  p.  77,  n.  CIO;  p.  82, 

n.  636.  —  l1»  Barclay-Head,  p.  78,  il.  612;  Imlioof-Blumer  et  P.  Garduer,  V, 

VI.  —  17  Barclay-Head,  p.  78,  11.013;  Imhoor-Blumer  cl  P.  Garduer,  XII:  cf.  XI  cl 

xnr. 


MEL 


—  1708  — 


côté  du  temple  se  dresse  un  pin;  dans  le  soubassement 
de  1  édifice  est  représentée  une  porte  voûtée,  où  l’on  a 
voulu  voir  1  entrée  de  l'adyton  souterrain  mentionné  par 
Pausanias 1 .  Quant  au  temple  circulaire  lui-même, 
M.  P.  Monceaux  y  reconnaît  le  temple  ionique  dont  il  a 
retrouvé  les  ruines  ;  parmi  les  morceaux  d’architecture 
qu  il  a  recueillis,  il  a  remarqué  des  morceaux  d’archi¬ 
traves  et  de  corniches  circulaires  fort  anciens2. 

Hors  de  Corinthe,  le  culte  de  Palae- 
mon  n’est  signalé  que  dans  l’ile  de 
Fénédos.  11  y  avait  revêtu  un  caractère 
particulier.  Lycophron,  dans  son  poème 
intitulé  Cassandra ,  attribue  à  Palae- 
mon  l’épithète  ppsffô/txovoç3.  Le  scoliaste 
Tzetzès  l’explique  ainsi  :  Palaemon 
Fig.  4897.  —  Mélicerte.  n’est  autre  que  Melicertes,  le  fils 
d  fno  ;  ce  dieu  était  adoré  à  Ténédos, 
où  on  lui  sacrifiait  des  enfants1. 

Les  représentations  certaines  de  Melicertes-Palaemon 
sont  fort  rares.  Les  plus  nombreuses  sont  les  effigies 
des  monnaies  corinthiennes  citées  plus  haut.  Le  dieu  se 
voit  aussi  sur  une  mosaïque  trouvée  à  Saint-Rustice,  dans 
le  sud  de  la  France5;  il  y  est  nommément  désigné  par 
une  inscription.  On  a  voulu  reconnaître  des  images  du 
dieu  sur  d’autres  monuments,  par  exemple  sur  le  fron¬ 
ton  occidental  du  Parthénon0,  sur  le  grand  camée  de 
Vienne sur  plusieurs  vases  peints  de  Corinthe8,  sur 
une  mosaïque  du  Vatican2.  Il  est  bien  difficile  d’affir¬ 
mer  que  ces  monuments  nous  présentent  des  images 
certaines  de  Melicertes-Palaemon;  l’interprétation  n’est 
que  vraisemblable.  Pausanias  vit  dans  l’Isthme  plusieurs 
statues  du  dieu  :  l’une  dans  le  sanctuaire  de  Poséidon, 
l’autre  dans  le  Palaemonium,  la  troisième  à  Corinthe 
même 10.  La  première  de  ces  statues  représentait  Palae¬ 
mon  debout  sur  un  dauphin  ;  la  troisième  le  représentait 
eV;  SeXorîvoç,  sans  que  l’auteur  indique  cette  fois  si  le 
dieu  était  à  cheval,  couché  ou  debout  sur  le  dos  de  l’ani¬ 
mal.  Enfin  Pliilostrate  11  décrit  un  tableau  où  l’on  voyait 
Palaemon  sauvé  des  flots  par  Poséidon  et  accueilli  dans 
l’Isthme  par  Sisyphe. Melicertes-Palaemon  étaitleplussou- 
vent  figuré  sous  les  traits  d’un  enfant  porté  par  un  dauphin. 

Tels  sont  les  renseignements  que  les  documents 
antiques  nous  fournissenl  sur  Melicertes-Palaemon.  Que 
pouvons-nous  en  conclure  ? 

Un  premier  point  nous  parait  incontestable:  le  culte 
de  Melicertes-Palaemon  a  été  apporté  dans  l’Isthme  du 
dehors;  il  y  est  arrivé  par  le  golfe  Saronique,  c’est-à-dire 
par  l’est.  Melicertes-Palaemon  est,  de  plus,  un  dieu 
marin  ;  ses  parèdres  habituels  sont  Poséidon  et  Leucotbéa  ; 
il  protège  la  navigation  ;  Euripide  l’appelle  veûv  <pXa!;12. 

Quelle  est  l’origine  de  ce  culte?  Il  y  a  des  raisons 
sérieuses  de  croire  qu'il  est  de  provenance  phénicienne. 
Depuis  longtemps  l’analogie  des  deux  noms  Melicertes 
et  Melqart  a  été  remarquée  ,3.  En  outre  Melicertes,  parsa 
mère  Ino,  est  un  petit-fils  deCadmos;  il  est  né  en  Béotie, 

1  Barclav-Head,  p.  80,  n.  624;  cf.  p.  78,  n.  614  ;  Imhoof-Blumer  et  Percy-Gardner, 
pl.  B,  xii  ;  Donaldson,  Archit.  numism.  p.62.  —  2  Gaz.  arch.  1 884,  p.  362.  —  3  V,229. 

—  *  Schol.  ad  v.  229-231.  Voir  le  lexlc  épigraphique  cité  par  Maas,  Orphelin,  p.  26, 
t  ^ Witle,  Bull,  dell’  Inst.  1834,  p.  157  sq.;  Ile  vue  arch.  Il,  2,  p.  629  sq. 

6  Michaelis,  Parthenon,  p.  181.  —  7  Miiller-Wiescler,  Denkm.  d.  ait.  Kunst ,  II, 

6,  75  a  ;  Baumeister,  Denkm.  d.  klass.  Alterth.  lig.  1528.  —  «  Furtwaengler,  Ber- 
liner  Vasensammluny,  p.  81,  n.  779  et  780;  p.  103,  n.  914.  —  9  Helbig,  Führer, 
2«éd.  t.  I,  p.  1.  —  10  Paus.  II,  1,  §8;  2,  §  1  ;  3,  §  4.  —  H  lmagin.  II,  16. 

—  12  Jphig.  Taur.  271.  —  13  Voir  la  bibliographie  dans  Roscher,  Lexikon,  s.  v. 
Melikertcs,  p.  2633  ;  ajouter  Brown,  Semetic  influence  in  hellenic  Mythology , 


MEL 

c’est-à-dire  dans  une  des  régions  de  h  r  - 
s  accorde  à  reconnaître  que  l'influence  ni  s  •  .  oùl’°« 
exercée  le  plus  profondément.  D’autre  îv  .ni,Clenne s’est 
sanglant  du  culte  de  Palaemon  à  Ténu/,  6  carac^re 
mer  ces  inductions:  le  dieu,  auqôel  0^ “"H 
enfants,  ressemble  de  bien  près  m  m  ,Sacnlil;  (1« 
de  Phénicie.  P  aU  Melek  ou  Moloch 

Mais  une  des  questions  relatives  à  ce  dieu  m  , 
Palaemon  reste  obscure.  Pourquoi  ce  dal  ^l 
Diverses  explications  ont  été  proposées.  Farm 
getes,  les  uns  rattachent  le  nom  de  Palaemon  \w\ 
au  verbe  grec  TraXaùo,  TraXa-gi,  lutter,  et  font  remaS 
qu  Héraclès  portait  le  surnom  de  Palaemon “ 
rapporte  que  cette  épithète  fut  donnée  au  héros  fa*? 


TtaXaiaai  auxov  xcù  Ait  \  xû  'AyeXoco  uoxâg,. 


l’Héraclès  grec  a  été  souvent  identifié  avec  le  BaaldeTvr 
Melqart.  Faut-il  en  conclure  que  les  deux  mots MeliceL 
et  Palaemon  sont  synonymes,  l’un  étant  la  transcripüoi 
du  mot  phénicien  Melqart,  l’autre  étant  une  épithète 
d’Héraclès,  le  héros  grec  identifié  à  Melqart?  11  nousparail 
difficile  d’admettre  cette  explication,  parce  que  la  tradi¬ 
tion  n’établit  aucun  rapport  entre  Héraclès  et  Melicertes- 
Palaemon.  On  ne  saisit  pas  pourquoi  le  dieu  marin  dt 
Corinthe  aurait  été  nommé  :  le  Lutteur.  Rien,  dans  « 
que  nous  savons  de  son  mythe  ou  de  son  culte,  m 
justifie  une  telle  appellation.  D’autres  savants  onl 
demandé  à  la  langue  phénicienne  l’explication  du  mol 
grec  rtaXaip-cov.  'Brown  voit  dans  ce  nom  la  transcriptior 
du  mot  Baal-haman  ou  Baal-hamon 16.  Ici  encore  uni 
objection  grave  se  présente.  Baal-haman  signifie  :  lt 
dieu  qui  brûle ,  qui  consume.  Brown  le  traduit  er 
anglais  :  the  Burning  Lord.  Il  n’y  a  rien  de  commui 
entre  une  divinité  de  cette  nature  et  le  Meli certes- Palae 
mon  des  Corinthiens.  Le  dieu  grec  n'était  pas  plus,  dam 
l’Isthme,  le  dieu  Brûlant  que  le  Lutteur.  Peut-être  cettt 
explication  vaudrait-elle  davantage  pour  le  Palaemor 
de  Ténédos.  Mais  pour  la  divinité  corinthienne,  elle  ni 
nous  semble  pas  admissible. 

Ainsi  l’étymologie  grecque  et  l’étymologie  sémitiqm 
sont  également  impuissantes  à  nous  expliquer  ce  doubh 
Melicertes-Palaemon.  Dans  l’état  actuel  de  le 


que 


nom 


nous 


science,  il  nous  paraît  sage  de  reconnaître  que 
savons  pas  pourquoi  le  dieu  portait  ces  deux  noms, 
est  probable  que  Melicertes  est  une  transcription  grecq 
du  phénicien  Melqart  ;  quant  à  Palaemon ,  il  n  a  cure 
été,  suivant  nous,  clairement  expliqué  ni  par  le  grecj 
par  le  phénicien.  J.  Toutain. 

MELINA  (MeXivvj).  —  Sacoche  en  peau  de  martre  [me  \ 
qu'on  portait  avec  soi  en  voyage1.  Georges  Laeau. 

MELISSAI.  —  Dans  la  religion  grecque,  les  prelresst 
surtout  des  Mystères,  étaient  souvent  compaiu;  a 
abeilles  et  appelées  de  leur  nom  Métissai1,  huit  par 
que  cet  insecte  était  le  symbole  de  la  pureté  ,  bod  I  ^ 
que  les  grands  temples  pouvaient  être  compai'b  ^  ^ 
ruches.  Ce  nom  est  naturellement  en  rapp011 

.  ,  r  c  V  P(ll(linl0n •  ^ 

p.  89  et  132.  —  H  Weiszacker,  in  Roscher  s  Lexicon,  s.  •  ^  __  Uibi.ioura,hi1, 
—  *5  Schol.  ad  Lycophr.  Alexand.  663.  —  16  Op.  I •  P-  1  ^  AUSfnhrl-  Lexikw 
Preller-Robert,  Griecliische  Mythologie ,  I,  p.  602-605  ;  Roscher,  ^  ^ Weiszacker)* 
der  griech.  und  rom.  Mythologie,  s.  v.  Melikertes  (Stoll)  et  1  "  ^  ^  giünincr, 

MELINA,  l  Plaut.  Epidic.  I,  1,  23,  Léo.  Edict.  Diocl.  VII  >  ^  re  mt. 

Ad  h.  I.  Dans  le  meles  on  a  quelquefois  voulu  voir  le  blaireau  ,  Quneg ■ 

III,  12,  3;  Ser.  Samm.  890;  Plin.  Hist.  nat.  VIII,  72,  13-,  13  . 

402 .  Porphyr.  D*  antr0’ 

MELISSAI.  1  Schol.  Pind.  Pyth.  4,  106;  Ilesych.  s.  h.  ».  i 
18.  —  2  Callimach.  Hymn.  Apoll.  MO. 


1258. 


ME. VI 


—  1709  - 


MEM 


de  la 


■]es  prêtresses 
Déméter 


(R,  Ja  Môlissa  crétoise,  première  prêtresse  de 
légendes  «  ^  ^  Méj.gga  luéc  pour  n’avoir  pas  voulu 
Hhéa,  ,  l  M  lères  je  Démêler  et  du  corps  de  laquelle 
diVUlf?.'"'  ut  naître  les  abeilles;  aussi  désignait-il  surtout 
latl"  '  ,,s  Je  Rhéa1,  celles  de  Déméter  et  celles  de 

pr  et  de  Perséphone2.  Cn.  Lècrivain. 
m  i  »  niIIS  1  ’EfftAO?ûXa$,  [JieXtff(T£Ùç,  fxsXt(7<70xô|J.oç,  [xêXct- 
\r  ,eXtff(70Tpo'fOç,  fieXuraoupy oç,  fxeXuwMCoXoç,  «xpjvoup- 
rr5;  iiadteur.  Les  Latins  disaient  aussi  apiarius3. 
ïwi‘r  1  cnnBP  à  l’importance  du  miel  dans  l’alimen- 
.  ijon  des  anciens  [mel],  on  se  rendra  compte  aisément 
■des  apiculteurs  de  profession  devaient  être  beaucoup 
dus  nombreux  qu’aujourd’hui.  Platon,  passant  en  revue 
dans  les  Lois  les  diverses  catégories  de  travailleurs  qui 
peuplent  les  campagnes,  en  nomme  trois  :  les  laboureurs, 
les  paires  et  les  apiculteurs4.  Lorsque  la  ruche  dépend 
dune  ferme,  le  mel/arius  est  un  serviteur,  le  plus  sou¬ 
vent  un  esclave,  spécialement  chargé  de  la  surveiller  et 
de  l’exploiter.  Ce  gardien  des  abeilles  ( custos ,  curator ) 3 
devait  posséder  à  fond  toutes  les  connaissances  spéciales 
que  nous  voyons  réunies  chez  les  agronomes;  il 
devait  dans  chaque  saison  exécuter  les  travaux  indiqués 
parle  calendrier  de  l’apiculteur  [mel]g.  Mais  en  outre  il 
fallait  qu’il  donnât  chaque  jour  un  coup  d’œil  à  ses  ruches 
pour  s’assurer  quelles  étaient  en  bon  état7.  S’il  avait  à 
toucher  aux  rayons,  il  n’en  devait  approcher  que  dans  un 
étal  de  pureté  parfaite,  parce  que  les  abeilles,  participant 
de  la  nature  divine,  ne  pouvaient  endurer  sans  souffrance 
une  souillure,  ni  même  une  mauvaise  odeur.  Si  le  mella- 
rius  était  ivre,  ou  s’il  avait  mangé  de  l’ail,  il  lui  était 
recommandé  de  remettre  sa  besogne  à  un  autre  jour8. 

Dans  les  villes,  le  mellarius  était  simplement  un  mar¬ 
chand  de  miel  ou  un  confiseur.  On  en  trouvait  à  Rome 
sur  la  voie  Sacrée9.  L’un  d’eux  avait  son  magasin  près 
de  la  porte  Trigemina ,  au  pied  de  l’Aventin10. 

Georges  Lafaye. 

MEMBRANA.  AtcpDspa.  Peau,  parchemin.  —  Une  tra¬ 
dition  dont  Varron  s’est  fait  l’écho1  affirmait  que  l’art 
de  préparer  les  peaux  d’animaux  pour  l’écriture  avait 
etc  inventé  sous  le  roi  Eumène  II,  au  commencement 
du ii'  siècle  av.  J.-C.,  par  les  savants  de  Pergame;  d’où 
le  nom  de  charta  pergamena,  parchemin.  Il  est  pos¬ 
sible,  en  effet,  qu’ils  l’aient  perfectionné  ;  mais  nous 
savons  aujourd’hui  de  source  certaine  que  l’invention 
remonte  beaucoup  plus  haut;  en  Asie  et  en  Égypte  elle 
était  connue  dès  le  xve  siècle  av.  J.-C.2.  D’autre  part  ce¬ 
pendant,  il  n  est  pas  question  de  livres  de  parchemin 
^ns  '  a  11 1 ' < I u i té  gréco-romaine  avant  le  commencement 
e  noi n (>  ère3,  et  parmi  ceux  que  nous  avons  conservés 
^sp  us  anciens  ne  datent  guère  que  du  ive  siècle  [liber]. 
des'!'  M  serva*l Pas  davantage  du  parchemin  pour  écrire 
^pïStolaj.  C’est  uniquement  le  papyrus  que 


les  particuliers  employaient  dans  leur  correspondance4. 
Il  présentait  en  effet  l’avantage  d’être  plus  léger  et  une 
lettre  n’avait  pas  besoin  d'être  écrite  sur  une  matière  très 
durable.  Mais  on  ne  saurait  expliquer  par  la  même  raison 
la  préférence  qu’on  lui  accorda  pendant  si  longtemps  dans 
la  librairie.  M.  Birt  a  prétendu  que  le  parchemin  coûtait 
moins  cher  que  le  papyrus  ;  un  ouvrage  littéraire  qu’on 
jugeait  digne  d’être  lu  par  des  gens  cultivés  ne  pouvait 
pas  être  reproduit  sur  une  matière  sans  valeur,  aban¬ 
donnée  à  de  vils  usages  M.Dziatzko  doute  beaucoup  de 
la  solidité  de  cette  raison  c.  Pour  trancher  le  débat  d’une 
manière  définitive,  il  faudrait  pouvoir  comparer  les  prix 
du  parchemin  et  du  papyrus,  et  nous  n’en  avons  pas  les 
moyens  [papyrus].  Mais  toutes  les  vraisemblances  nous 
portent  à  croire  avec  M.  Dziatzko  que  le  prix  du  papyrus 
était  inférieur;  si  les  libraires  s’y  sont  tenus  pendant  si 
longtemps,  c’est  à  cause  des  frais  qu’entraînait  une  édition 
sur  parchemin.  Avant  l’Empire  nous  ne  le  voyons  jamais 
employé  que  par  petites  quantités  à  la  fois. 

On  en  faisait  des  couvertures  pour  envelopper  les  rou¬ 
leaux  de  papyrus,  des  étiquettes  qu’on  y  suspendait  et  où 
on  inscrivait  le  titre  de  l’ouvrage  liber].  Une  feuille  de 
parchemin  pliée  en  deux  tenait  lieu  des  tablettes  de  bois 
enduites  de  cire  qu’on  portait  sur  soi  pour  y  mettre  des 
notes,  à  la  promenade,  en  voyage,  au  bain,  etc.  ;  si  bien 
qu’elle  en  prenait  le  nom  ( pugillares  membranae).  Ces 
tablettes  de  parchemin  remplissaient  le  même  office  :  on 
y  inscrivait  ses  comptes  et  on  y  couchait  ses  brouillons. 
Même  s’ils  exigeaient  beaucoup  de  feuilles,  on  y  trouvait 
encore  un  avantage,  c’est  qu’on  pouvait,  comme  sur  les 
tablettes  de  cire,  gratter  et  récrire  et  qu'on  utilisait  le 
verso  aussi  bien  que  le  recto  7.  Le  parchemin  était  donc 
affecté  à  des  productions  de  premier  jet;  on  mettait  au 
net  sur  du  papyrus.  M.  Birt  en  a  conclu  que  le  papyrus 
était  plus  estimé  et  par  conséquent  plus  cher.  11  parait 
légitime  de  conclure  au  contraire  qu’il  devait  se  vendre  à 
plus  bas  prix;  car  un  brouillon  sur  parchemin  pouvait 
être  de  moitié  moins  volumineux  que  la  copie  sur  un 
rouleau  de  papyrus. 

Le  parchemin  servait  aussi  aux  artistes  pour  dessiner. 
Pline  assure  que  de  son  temps  on  possédait  encore  sur 
parchemin  des  dessins  du  peintre  Parrhasius,  qui  avait 
vécu  à  la  fin  du  ve  siècle 8.  Ce  témoignage  a  paru  suspect9, 
peut-être  à  tort;  car  si  le  parchemin  a  été  inventé  très 
longtemps  avant  Eumène  II,  on  ne  voit  pas  pourquoi  les 
artistes  grecs  n’auraient  pas  dès  le  vc  siècle  utilisé  sous 
forme  de  feuilles  volantes  une  matière  qui  présente  à  coup 
sur  pour  le  dessinateur  un  grand  avantage  sur  le  papyrus. 
Pline  ajoute  que  ces  dessins,  de  véritables  chefs-d  œuvre, 
objets  de  l’admiration  générale,  avaient  été  tracés  au 
crayon,  ypaotç,  c’est-à-dire  probablement  avec  une  pointe 
d’argent10.  Même  si  l’on  admet  que  Pline  a  commis  là  un 


mitcli.  i  .  /T'!'1'  *’  ~  2  Schol.  Pintl.  Pyth,  L.  c.  ;  Porphyr.  L.  c.  ;  Calli- 

Tlicocr.  1 5,  04  ;  Hesych.  I.  h.  v.  et  s.  v.  tioiTçoitôXou;.  —  Bi- 


*tiociiiPBiE.  Rosc)l  ..  ’  ‘icsycn.  l.  n.  t).  et 

fejij. Leipzi.-  „;:,IN  4 us^'  Lexikon  der  griechischen  und  rômisciien  Mytho- 
NELI.aiuxjs  i  ^  '  ’  aicï'er  XVeniger,  art.  meï.issa  et  mf.i.issaios. 

Apoll.Rhod  U  j, °e  rerus‘-  HD  16,  17,  18,  30.-2  Geop.  XV,  2,  9;  3,  7; 
A’1, 239  ;  JoscDh'  /(./;  ^faOn-  577,  *1;  Suid.  s.  v.  p6Xi®»oxd|i.o;  ;  Anth.  Pal. 

16,  U.Î5;  The'  ™‘  ,Ud'  IV’  8’  3;  AristoL  Anim.hist.,  V,  22,  4;  IX,  40,  2,  3,  15, 
HI,  Ifi,  3 .  P '  Hist.  plant.  VI,  2,  3  ;  Plat.  Leg.  VIII,  842  d  ;  Varr.  üe  re  rust. 

577,41  ;  Arlo  °ir  f*®  "  !  Ac,ian-  NaL  anim •  h  9  ;  V,  1 3  ;  Etym.  Magn.  458,  44; 
U«-  vin,  U" d"'  T’  64  ;  Poll‘  VII>  ,01-  —  3  fi».  Hist.  nat.  XXI,  56.  -  v  Plat. 

*  Ibid  IX  u.  vC°lum-  lx>  9>  l2>  I*.  -  6  Ibid.  IX,  14.  —  1  Ibid.  IX,  3  et 
~ * V»rr.  ù.  ’  ’’  ;"'g-  0enrff ■  IV,  229-230;  Pallad.  I,  37,  4:  Plin.  XI,  44,  01. 
,8’  23-  —  10  Corp.  insc.  lat.  VI,  9618. 


MEMliRANA .  i  Varr.  ap.  Plin.  Hist.  nat.  XIII,  70.  —  2  Hicli.  Pielschmann. 
Lcde.ru.  Hol:  als  Schreibmaterial  bei  den  Aegyptern,  Sammlung  bibhotlieku'is- 
senscli.  Arbciten.  1895,  p.  105;  1898,  p.  51;  Ilzialzko,  Untersuch.  üb.  d.  antiAe 
Huchwesen  (1900),  p.  2  el  suiv.  — 3  Au  temps  de  Tibère  appartient  le  témoignage 
de  C.  Cassius  Louginus,  liig.  XXXII,  52,  qui  s'applique  peut-être  ici;  Dziatzko, 
L.  c.  p.  133;  Thompson,  Gr.  and  lat.  palaeogr.  p.  35-42.  —  4  Birt,  Ant.  Buch- 
wesen,  p.  61-70;  Dziatzko,  Brie/'  ap.  Pauly-Wissowa.  Bcalencyclop.  d.  Alterth. 
wissensch.  et  Untersuch.  p.  137.  —  3  Birt,  p.  70.  —  6  Untersuch.  p.  130.  —  7  Cic. 
ad  Att.  XIII,  2i;  Hor.  Sat.  Il,  3,  1  ;  Ars  poet.  388;  Petron.  115;  Pers.  III,  10; 
Ouintil.  X,  3,  31  ;  Mari,  I,  2,  1  ;  Apoph.  7;  Juv.  VII,  22;  l)ig.  XXXII,  102;  Paul, 
ad  Timotli.  Il,  4,  13;  Dzialzko,  Unters.  p.  131.  --  8  Plin.  XXXV,  108.  —  9  Birt, 
p.  53;  Dziatzko,  Unters.  p.  130,  note  1.  —  10  Cf.  Plin.  XXXIII,  98;  Blümner, 
Gewerbe  u.  Kiluste,  IV,  p.  426. 


213 


MEN 


—  1710  - 


anachronisme,  il  n'en  est  pas  moins  intéressant  de  con¬ 
stater  que  le  procédé  était  en  usage  de  son  temps. 

D  après  Hérodote,  les  peaux  destinées  à  l’écriture  chez 
les  Ioniens  étaient  des  peaux  de  chèvre  et  île  mouton1; 
les  textes  nous  montrent  qu’à  la  fin  de  l’Empire  c’étaient 
toujours  celles  qu’on  préférait2  ;  nos  plus  anciens  ma¬ 
nuscrits  sont  sur  parchemin  de  mouton.  On  connaissait 
même  au  ivc  siècle  le  parchemin  d’agneau  mort-né,  ou 
parchemin  «  vierge  »  3.  Quant  à  la  préparation,  les  auteurs 
n'en  parlent  point  ;  niais  comme  c’est  l’antiquité  qui  l’a 
inventée,  on  ne  s’avance  pas  beaucoup  en  supposant  que 
les  procédés  employés  dans  le  haut  moyen  âge  remontent 
à  l’époque  classique,  d'autant  plus  qu’ils  sont  à  la  fois 
très  simples  et  indispensables4.  Après  avoir  fait  macérer 
la  peau  dans  de  la  chaux  pendant  trois  jours,  on  la  dé¬ 
pouillait  de  son  poil,  puis  on  la  tendait  sur  une  table  où 
on  la  raclait  avec  un  instrument  tranchant  [cf.  corium]  et 
enfin  on  la  polissait  des  deux  côtés  à  la  pierre  ponce,  jus¬ 
qu’à  ce  qu'on  eût  obtenu  une  surface  parfaitement  égale5. 
Dans  l’Édit  de  Dioclétien,  le  salaire  maximum  de  l’ouvrier 
( membranarius ,  8>ç6epo7rot<);) 6  est  fixé  à  quarante  deniers 
(0  fr.  90)  par  quaternion  [liber]  d’un  pied  carré  (0m,30  de 
côté) 7,  soit  0  fr.  225  pour  la  double  feuille.  G.  Lafaye. 

MEMORIA  (A)  [epistulis  (ab)]. 

MEN  [luxes]  . 

MENDICATIO,  MENDICI.  ÜTioysia,  7tx u>y6ç.  —  Grèce. 
—  Le  peintre  le  plus  ancien  de  la  mendicité  dans  la  société 
grecque  est  Homère.  L'Odyssée  nous  montre  la  mendicité 
comme  y  étant  d’un  usage  courant  et  même  très  répandu. 
Elle  a  ses  habitudes,  ses  traditions,  presque  ses  lois.  La 
classe  des  mendiants  est  nombreuse,  variée,  bien  définie. 
Ses  défauts  sont  connus  de  tous,  comme  aussi  l’expé¬ 
rience  a  démontré  qu’il  y  a  mendiants  et  mendiants.  La 
mendicité  a  déjà  revêtu  quelques-unes  des  formes  qu’elle 
conservera  durant  toute  l’antiquité.  Les  unes  sont  de  tous 
les  temps,  d'autres  appartiennent  en  propre  au  monde 
ancien  et  ont  à  peu  près  ou  entièrement  disparu  avec 
lui.  Rien  de  mieux  observé,  de  plus  réaliste  que  la  pein¬ 
ture  du  mendiant  ïrus  dans  Homère.  Arnée,  dit  Irus  (le 
sobriquet  est  encore  une  des  caractéristiques  des  profes¬ 
sionnels  de  la  mendicité),  est  un  colosse  paresseux  et 
gourmand,  grossier,  brutal,  querelleur,  lâche  et  fan¬ 
faron1.  Il  est  déjà  une  sorte  de  parasite,  car  il  pénètre 
partout  familièrement.  Sa  réplique  est  vive  et  hardie, 
sinon  spirituelle.  Il  redoute  la  concurrence,  et  c’est  pour¬ 
quoi,  lorsque  Ulysse  introduit  par  Eumée  arrive  à  son 
tour  déguisé  en  mendiant,  il  lui  fait  si  mauvais  accueil2. 
C’est  par  goût,  par  choix,  que  le  mendiant  tel  qu’Irus 
mène  cette  vie  honteuse  plutôt  que  de  se  livrer  à  quelque 
travail  utile3.  Ulysse,  sous  son  déguisement  passager, 
représente  une  autre  catégorie  de  mendiants,  qui  durera 
autant  que  l’antiquité  elle-même,  et  dont  la  psychologie 
n’est  pas  moins  bien  connue  d’Homère  :  le  nomade,  le 
voyageur.  Celui-là  est  parfois  un  honnête  homme  qui  a 
éprouvé  des  revers.  Plus  rarement,  mais  le  cas  se  pré¬ 
sente,  c’est  même  un  homme  puissant,  illustre,  que  pour- 

1  Herod.  V,  58.  — 2  Martian.  Capctl.  II,  §  135  ;  Augustin.,  Contra  Faust.  XIII,  18: 
XV,  4;  Watlenbach,  Das  Scriftwes.  in  Mittelult.  3,  p.  1 20- 1 21 .  —  3  Medicina  Plinii , 
ap.  Val.  Rose,  Dermes,  VIII,  25;  Watlenbach,  .  119.  —  -  Bljmner,  Gewerbe  u. 
Künste ,  I,  p.  266.  —  5  Recette  du  ix°  siècle  dans  Wattenbach,  p.  139.  Sur  l’em¬ 
ploi  delà  pierre  ponce  pour  le  parchemin,  cf.  Catull.  22,  7-8.  —  6  Gloss.  Philox. 
s.  v.  —  7  Edict.  Diocl.  VII,  38,  Bliimner.  La  lecture  [ qua]ternionc  n'est  que  pro¬ 
bable:  le  texte  porte  ///f/  endone. 

MENDICATIO,  MENDICI.  l  Hom.  Od.  XVIII,  v.  1  et  suir.  —  2  Ibid.  X VIII,'  8 
et  suiv.  —  3  Ibid.  XIV,  226  sq.  ;  XVIII,  362  sq.;  cf.  S.  Ambros.  De  off.  II,  16. 


Ulysse  en  nu-udiaut. 


MEN 

suivent  la  Fortune  ou  la  colère  des  di 
plus  tard  l’exemple  le  plus  frappant  de 
tombés  d’un  haut  rang  dans  l’indigence  ! ^  Ceux< 
pas  toujours  de  retrouver  plus  tard  leurs"  '  *  S('‘spèrent 
adoptent  l’extérieur  et  les  manières  des"  |>» 

gaires  :  surfit  tunique  usée  pend  une  besac'^u'^H 
une  lanière  decuir,un  bâton  assure  leur  nvM-oi/'  par 

ils  vont  de  porte  en  porte,  et  '  '^'S-WW)1, 

font  le  tour  des  tables  bien 
garnies.  Mais  un  reste  de 
fierté  leur  fait  volontiers  in¬ 
sinuer  qu’ils  ne  sont  pas  ce 
qu’ils  paraissent5.  D’ailleurs, 
la  plupart  des  mendiants  no¬ 
mades  ne  sont  que  des  aven¬ 
turiers,  et  ceux-ci  se  donnent 
pour  ce  qu’ils  ne  sont  pas. 

Une  de  leurs  ressources  est 
d’exploiter  la  curiosité  pu¬ 
blique.  Ils  recueillent  les 
bruits  et  les  colportent,  vrais 
ou  faux6.  On  ne  les  croit 
guère7  et  ils  le  savent  bien, 
mais  ils  n’en  débitent  pas 
moins  leurs  nouvelles  avec  un 
aplomb  imperturbable,  assurés  qu’ils  sont  de  rencontrer, 
dans  le  public  badaud  des  agoras  de  petites  villes  et  dans 
beaucoup  de  maisons6,  des  oreilles  complaisantes.  Onles 
écoute,  en  effet,  parce  qu’ils  arrivent  d’ailleurs,  peut-être 
de  loin,  parce  que  les  nouvelles  parviennent  rarement  et 
difficilement,  parce  qu’enfin  le  Grec  aime  les  histoires, 
tout  en  se  méfiant  de  leurs  propos9.  On  sait  que  les  men¬ 
diants  ont  coutume  de  bavarder  à  tort  et  à  travers.  Un 
de  leurs  moyens  ordinaires  est  d’apporter  à  chacun  la 
bonne  nouvelle  qui  l’intéresse.  L’aumône  tombe  plus 
abondante  dans  la  besace  d'un  heureux  messager ] 

Il  est  d’ailleurs  un  autre  motif,  plus  grave  et  plus  élevé, 
pour  que  le  mendiant  soit  assuré  d’un  bon  accueil.  Cest 
qu’il  bénéficie  des  lois  de  1  hospitalité  1 1 .  Il  est,  comme! 
l’hôte, l’envoyéde  Jupiter l2:  les  dieux  et  les  Érin  ny  es  ven¬ 
gent  ses  injures13.  Quelquefois  les  dieux  visitent  les 
hommes  cachés  sous  cet  extérieur  *\  On  le  Imite  doncj 
avec  un  curieux  mélange  de  respect  et  de  îm  p  i-  O  a 
est  sensible  même  dans  la  réception  qu  lUssc  uioi 
chez  Eumée.  Celui-ci  ne  lui  refuse  rien  et  en  av®l 
lui  avec  bonhomie  et  générosité,  mais  sans  Jll'  l!*l 
muler  le  peu  de  confiance  que  lui  inspirent  I  ( 

Tous  les  prétendants  accueillent  Ulysse  <1 11  h  ^ 

convenable  et  lui  accordent  quelque  don  .  An  _ 

fait  exception,  et  tous  les  convives  réprouM  u  a(j 

cluite16.  Cependant  ils  ne  ménagent  pas  la 
nouveau  venu  et  prennent  un  plaisir  extrenn  <■ 
aux  prises  avec  Irus17.  Ceci  est  la  Parl  '  '  .  ' 
des  mœurs  primitives.  Elle  se  donne  libi 01  al  1  "  ['3 
de  l’ignoble  Irus18,  mais  n’épargne  pas  b  >!,sl  -nS  ordi- 
Au  temps  d’Hésiode,  la  mendicité  n  »  si  lKL 

—  v  Od.  XIII,  433  sq.  ;  XVII,  197  sq.  ;  XVIII,  430  S<1' ,  !  Voir '’llfOI'ej 

peinture  de  vase,  0.  Jahn,  Berichte  des  Sachs.  Gescllsch .  ^  Je  Ml 

Overbeck,  The  b.  und  Troisch.  ffeldenicreis,  pi.  xxxvui,  e  ’  l3(i  «fcj 

1872,  p.  187  et  s.  ;  Monum.  IX,  42.  —  5  Od.  XIV,  50  w|"_  g  XIV,  l'  ** 

75  sq.  -  »  Od.  XIV,  122  sq.  —  1  Od.  XIV,  106  sq.  3“  !_  xy|I)  çb  sq.  #*' 

—  9  Od.  XVII,  508  sq.  —  >0  Od.  XIV,  120  sq.  i75: -u0<i’X  ' 

XVIII,  221  sq.  -  12  Od.  VI,  207.  —  13  Od.  XIV, ^57;  X  ^  ^  XVIH. 30 M|'  I 

485  sq.  —  13  Od.  XVII,  330  sq.  —  <G  Od.  XIV,  374  sq. 

—  18  Od.  XVIII,  79  sq.  —  19  Od.  XVIII,  354,  362  sq. 


MEN 


—  1711 


\1EN 


.  ies  conditions  de  la  vie  ont  un  peu  changé. 
naire'  ■  r  CTccuue  est  certainement  plus  assise  et  plus 
L*i s0C".  ^époque  des  grandes  aventures  de  la  guerre 
c»lme  ?"  'l,  ’.^riculture,  le  commerce  maritime  sont  les 
fe  Plions  ordinaires  des  hommes.  Aussi  les  causes  de 
0CC“pa'  t  de  ia  mendicité  sont-elles  plus  terre  à  terre 
lin"f ""  l’ Odyssée.  Une  mauvaise  récolte,  une  culture 
?lR  r  isante  la  paresse,  l’imprévoyance,  la  mauvaise 
,nSU  (|.ms  le  négoce,  les  naufrages,  sont  donnés 
,es‘  pius  habituelles.  Le  court  poème  des  Travaux 
C()"Z  fours,  y  fait  plusieurs  allusions.  Hésiode  nous 
rjjg  ^  son  tour  le  mendiant  allant  de  porte  en  porte, 

J’use  tenant  sur  la  place  publique*. 

On  manque  de  données  précises  sur  la  mendicité  dans 
la  Grèce  archaïque  postérieure  à  Hésiode,  et  dans  la 
Grèce  classique.  On  peut  conjecturer  quelle  exista  à 
Athènes  avant  Solon,  beaucoup  moins  que  ne  le  ferait  sup¬ 
poser  l’extrême  misère  qui  régna  alors  dans  le  peuple 
par  suite  de  la  mainmise  des  Eupatrides  sur  la  plus 
grande  partie  des  terres.  En  effet,  la  pauvreté  conduisait 
alors  non  à  la  mendicité,  mais  à  l’esclavage2.  Le  débi¬ 
teur  insolvable  devenait  le  bien  du  créancier  et  cultivait 


pour  autrui  la  terre  qu’il  possédait  auparavant.  Sa  situa¬ 
tion  matérielle  devait  en  être  plutôt  améliorée  ;  du  moins 
le  pain  quotidien  lui  était-il  assuré.  Il  arrivait  aussi  qu’il 
fût  vendu  à  l’étranger  comme  esclave3.  L’on  vit  même 
des  parents  réduits  à  une  telle  extrémité  qu’ils  vendaient 
leurs  propres  enfants.  Il  faut  reconnaître  que  les  lois  de 
Solon  mettent  tout  en  œuvre  pour  prévenir  sinon  la  pau¬ 
vreté,  du  moins  la  misère.  Aussi,  dans  la  période  où 
fleurit  l’Aréopage,  s’il  faut  en  croire  Isocrale,  le  pané¬ 
gyriste  enthousiaste  de  cette  institution,  l’Attique  n’aurait 
pas  connu  l’extrême  pauvreté.  Une  judicieuse  réparti¬ 
tion  des  charges  de  l’État,  la  division  de  la  fortune  pu¬ 
blique4,  auraient  fai  L  d’une  honorable  médiocrité  le 
partage  delà  totalité  du  peuple8.  Solon  avait  eu  soin  de 
mettre  en  honneur  les  métiers  manuels.  On  sait  qu’il 
avait  enjoint  aux  pères  de  famille  de  faire  apprendre  un 
métier  a  leur  fils,  faute  de  quoi  ils  perdaient  tout  droit  à 
être  nourris  par  ceux-ci  dans  leur  vieillesse  6.  L’Aréo- 
page  punit  quiconque  ne  vit  pas  d’un  travail  régulier1, 
elon  Pollux,  la  paresse  était  punie  d’atimie  [atimia]8, 
sou.n  le  règne  des  lois  de  Dracon.  Les  lois  de  Solon  main- 
inicnl  cette  peine,  mais  seulement  pour  une  double 
l'écidiui  .  Quelques  auteurs  prétendent  même  que  Solon 
avait  i  inprunté  aux  Égyptiens  une  loi  qui  punissait  de 
r  0rl  quiconque  ne  pouvant  justifier  d’un  genre  de  vie 
jjf1.  "  1  11  taborieux,  faisait  sur  ce  point  une  déclaration 
faui*  i""  "'  °U  v‘va'1'  Par  ^es  moyens  illicites10.  Mais  il 
simi  I  .'S|  t'J|  qU  en  ce  cas  y  ava‘l  autre  chose  que  le 
0cc  *  *  ll  q,‘  Paresse.  L’Aréopage  avait  soin  que  les 
niain  s  "|  "1S  lussent  réparties  suivant  les  capacités  pécu- 
l'agi'inilil |'^petltsétaient  encouragés  à  se  maintenir  dans 
détail  i  Ure’  S  méüers,  le  commerce 11 ,  évidemment  de 
ne répi!.,"^*"'  ^eS  grands  personnages,  comme  Solon, 
suivant^!6"1  pas  au  commerce  maritime  *2.  Plus  tard, 
>cidle,  les  choses  se  gâtèrent,  quand  l’Aréopage 


'  Hesiod.  On 

" J rtnt.  Sol.  xx  f6,  395  Sf|-  300-50l,  etc.  —  2  Plut.  Sol.  XX, 

P-  S86.  —  s  j  0<c  *'■  Econ.pol.  des  Athéniens,  1.  iV,  ch.  m,  trad. 

Vl11’  6-  -  «  rite  6  1>lut-  s°l-  XLII.  -  V  Plut.  Lye.  LH.  - 
,  -Plut.  Soi  II  t  __  ,  "j  1'*0'  f  ‘ 1  ’  Herod.  Il,  177,  —  il  Isocr.  Arei 

'  De’mosth  ,  Are°P '  5‘  -  -  14  Boockh’  O.  c.  I.  1,  ch.  ,v 

•  C.  Phorm.  p.  918,  27;  Poil.  VIII,  114;  Slrab.  i 


eut  perdu  de  son  pouvoir13,  et  la  robuste  pauvreté 
d’Athènes  se  changea  en  un  contraste  choquant  de  misère 
chez  les  uns,  d’opulence  chez  les  autres.  Toutefois,  alors 
encore,  les  rétributions  accordées  aux  citoyens  pour  l'as¬ 
sistance  aux  assemblées  du  peuple,  aux  séances  des  tri¬ 
bunaux,  à  partir  de  Périclès,  la  viande  provenant  des 
sacrifices,  les  œufs,  les  fromages  offerts  à  Hécate  par  les 
riches  à  chaque  nouvelle  lune,  devaient  être  d’une  assez 
grande  ressource  aux  citoyens  pauvres.  Les  distributions 
de  blé,  à  prix  réduit  ou  gratuit,  et  d'autres  encore,  tant 
reprochées  aux  Romains,  n’étaient  pas  inconnues  à 
Athènes14.  On  peut  même  affirmer  qu’elles  y  eurent  une 
influence  démoralisatrice  plus  funeste  dans  une  démo¬ 
cratie  que  dans  la  monarchie  impériale.  Elles  y  furent,  en 
effet,  un  moyen  de  corruption  politique  des  plus  efficaces. 
Jusqu’à  Thémistocle,  le  superflu  du  produit  des  mines 
était  partagé  entre  tous  les  citoyens.  Les  distributions  de 
blé  étaient  faites  soit  aux  frais  de  l'État13,  soit  aux  frais 
de  particuliers  généreux  ou  ambitieux,  soit  encore  grâce 
à  des  présents  venus  du  dehors16.  Il  y  eut  aussi  des  dis¬ 
tributions  d’argent,  et  la  source  en  était  parfois  des 
moins  pures,  comme  la  confiscation  des  biens  prononcée 
par  le  peuple  à  l’instigation  des  démagogues,  à  l'égard  de 
citoyens  qui  lui  déplaisaient.  Ce  moyen  servait  aussi  à 
pourvoir  aux  indemnités  de  l'assemblée  et  des  tribu¬ 
naux11.  Enfin,  si  le  peuple  avait  le  pain ,  il  avait  aussi  les 
jeux.  Ce  serait  une  attention  touchante  à  l’égard  des 
pauvres  que  d’avoir  voulu  leur  assurer  de  temps  à  autre 
une  journée  de  plaisir  en  leur  donnant  l’entrée  gratuite 
au  théâtre,  si  l’institution  des  (ietoptxa,  tant  reprochée  à 
Périclès  [theorikon],  n’eût  lourdement  grevé  le  budget  de 
l’État  et  entraîné  par  la  suite  de  dangereux  abus18.  Les 
Ôscoptxoc  prirent  en  effet  une  extension  plus  grande  et  l'on 
distribua  de  l’argent  sans  qu’il  y  eût  de  représentation 
théâtrale,  mais  toujours  à  l’occasion  des  fêtes19.  Comme 
à  Rome  aussi,  on  pratiqua  parfois  le  système  des  colonies 
pour  décharger  la  ville  des  citoyens  pauvres  qui  y 
affluaient,  attirés  par  les  avantages  qu'elle  présentait20. 
La  préoccupation  de  fournir  du  travail  aux  pauvres  n’est 
pas  étrangère  non  plus  au  système  des  grands  travaux 
publics  adopté  par  Périclès21.  Bonnes  ou  mauvaises, 
suivant  les  temps,  les  mesures  préventives  ne  manquè¬ 
rent  donc  pas  pour  épargner  à  Athènes  le  développement 
du  paupérisme.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'elles  furent  assez 
efficaces.  En  ce  qui  concerne  la  période  antérieure  à 
Périclès,  Isocrate  affirme,  peut-être  avec  un  peu  de  com¬ 
plaisance,  que  pas  un  citoyen  ne  manquait  du  strict 
nécessaire22.  Cependant,  en  cette  même  période,  Cimon 
n'acquierl-il  pas  de  la  popularité  par  sa  bienfaisance2*? 
Il  est  clair  que  pendant  de  mauvaises  périodes  telles  que 
les  guerres  médiques  ou  durant  la  guerre  du  Pélopo- 
nèse,  quand  la  population  rurale  s’entassait  dans  Athè¬ 
nes  tandis  que  ses  récoltes  étaient  pillées,  ses  arbres  et 
ses  fermes  brûlés,  il  dut  y  avoir  beaucoup  de  misère  et 
de  mendicité.  Nous  croyons  donc  que  Boeckh  généralise 
trop  le  résultat  de  ses  calculs  sur  la  division  des  terres 
au  ve  siècle  quand  il  dit  que  personne  alors  n’était  assez 


14-17.  —  16  Plut.  Dom.  18;  Pericl.  70;  Diod.  Sic.  XX,  40;  Corn.  Nep.  Atticus, 
2.  -  17  Aristot.  Polit.  VL  5;  Lysias.  C.  Nicom.  p.  861  ;  Boeckh,  Econ.  pol.  1.  II, 
ch.  xm,  p.  359,  de  la  trad.  fr.  —  18  Plut.  Pericl.  15,  16;  Dem.  Philip.  I,  §§‘îo; 
O.  I.  III,  §  Il  et  33;  cl  la  palinodie.  Phil.  IV,  36;  Boeckh,  I..  c.  —  19  Libau. 
Arguin.  de  la  /'•  Olynth.  —  ‘20  Plut.  Pericl.  23.  —  21  Ibid.  24,  25.  —  22  Isocr. 
Arcop.  53.  —  23  Plut.  Cim.  XVI,  XVII. 


men 


—  1712  — 


pauvre  pour  faire  lionte  à  l'État  par  la  mendicité1.  Ils 
faut  du  moins  tenir  compte  des  circonstances.  I)  ’  ai  lleur 
il  y  avait  nécessairement  à  Athènes  comme  partout  des 
estropiés,  des  infirmes,  des  vieillards,  des  enfants  qui, 
dépourvus  de  soutien  naturel,  pouvaient  se  trouver  sans 
ressources.  En  ce  cas,  une  assistance  proprement  dite  leur 
venait  en  aide.  Pisistrate  avait  voulu  que  le  citoyen 
estropié  à  la  guerre  fût  nourri  le  reste  de  sa  vie  aux 
dépens  de  l'État,  suivant  en  cela  l’exemple  de  Solon  qui 
avait  appliqué  cette  mesure  à  un  particulier2.  Elle  s’éten¬ 
dit  plus  tard  à  tous  les  infirmes  qui  possédaient  moins 
de  trois  mines3.  Ils  recevaient  une  somme  variant  de 
une  à  deux  oboles  par  jour  4,  suivant  les  époques.  De 
même,  les  enfants  de  ceux  qui  étaient  morts  à  la  guerre 
étaient  élevés  aux  frais  de  l'État  et,  parvenus  à  l’âge 
d’homme,  recevaient  un  équipement  complet  d’hoplite. 
Aux  jeunes  tilles  pauvres  l'État  fournissait  une  dot  qui 
leur  permit  de  se  marier  '.  Enfin  on  pouvait  être  secouru 
par  le  prêt  collectif  des  associations  libres  dont  il  a  été 
parlé  à  l’article  eranos  °.  En  résumé,  nous  trouvons  à 
Athènes  à  peu  près  les  mêmes  mesures  d’assistance  qu’à 
Home  contre  le  paupérisme,  mais,  et  malgré  les  défauts 
que  nous  avons  signalés,  appliquées  avec  bien  plus  de 
discernement  et  d’intelligence.  La  principale  cause,  outre 
l’esprit  plus  pénétrant  naturel  aux  Grecs,  est  qu’au  lieu 
d’être,  comme  à  Rome,  des  expédients  surtout  politiques 
issus  de  principes  et  de  coutumes  où  l'idée  d’assistance 
n  était  pour  rien  à  l’origine,  elles  furent  prises  expressé¬ 
ment  pour  prévenir  ou  secourir  la  misère.  Celle-ci,  ainsi 
que  son  corollaire  inévitable,  la  mendicité,  y  fut  donc 
réduite  à  son  minimum.  Mais,  il  ne  faut  pas  l’oublier, 
tout  ce  qui  précède  ne  s’applique  qu’aux  citoyens  de 
l’Attique.  Rien  ne  permet  de  croire  que  l’on  ne  vil  pas  à 
Athènes  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de 
mendiants  étrangers  et  nomades. 

A  Sparte,  le  rôle  de  chacun  dans  l’État  était  trop  stric¬ 
tement  limité,  la  richesse  trop  exactement  réparlie,  pour 
que  la  mendicité  y  pût  trouver  place.  Grâce  à  la  richesse 
du  sol.  non  seulement  on  n’y  voyait  point  de  pauvres, 
mais  tout  le  monde  y  vivait  dans  l’abondance  7,  du 
moins,  il  est  permis  de  le  supposer,  tant  que  les  insti¬ 
tutions  de  Lycurgue  y  conservèrent  quelque  vigueur. 
Quant  aux  étrangers,  les  Spartiates,  qui  n’admettaient 
pas  dans  la  cité  même  ceux  qui  eussent  pu  se  rendre 
utiles8,  ne  devaient  pas  aisément  tolérer  les  fainéants 
sur  leur  territoire. 

On  a  vu  ailleurs  [medicus]  qu'il  existait  en  Grèce  une 
assistance  médicale  gratuite. 

Rome.  —  Si  de  la  Grèce  nous  passons  à  Rome,  une 
première  observation  s’impose  :  autant  les  institutions 
de  Sparte  et  d’Athènes  étaient  judicieusement  combinées 
pour  prévenir  le  paupérisme  extrême  et  la  mendicité, 
autant  les  institutions  de  Rome  et  ses  mœurs  semblent 
avoir  été  propres  à  développer  ces  deux  fléaux.  Il  est  facile 
d’en  apercevoir  les  causes  :  d’abord,  a  priori ,  on  peut 
admettre  sans  difficulté  que  des  mesures  efficaces  dans 
de  petites  cités  l’eussent  été  beaucoup  moins  dans  une 
ville  comme  Rome,  sans  cesse  en  voie  de  transformation, 

1  Boeckh,  O.  c.  1.  IV,  ch.  m,  p.  286,  trad.  fr.  Voir  Aristoph.  Plut.  552;  Alexis 
ap.  Atheo.I,  Id.  55  a.  —  2  Plut.  Soi.  65.  —  3  Lysias,  Tuip  xoJ  àStivàTou  ;  Acscli.  O. 
I.  Tint.  §§  102,  104.  —  i  Suid.  Hcsycli.  s.  v.  àSôvato; ;  Pliiloch.  ap.  Harpocr.  s.  v. 
iîiv«Toi,  dans  les  Fratjm.  Hist.  de  Millier,  l.  I,  n“  07,  68;  Boeckh,  Econ.  [toi.  Il, 
ch.  xvii  ;  Schoemann,  Antiq.  hel.  Irad.  Galuski,  l.  I,  p.  501.  —  5  Boeckh,  Econ. 


MEN 

de  plus  en  plus  populeuse,  centre  de  h, 
affaires  et  des  plaisirs  pour  une  grande  n,îr  '  !<1Ue’  d(* 
méditerranéen.  Un-autre  vice,  particulier  ^  m°nde 
trouve  dans  l’origine  du  principal  second  *  * 

citoyens  pauvres,  I’annona,  puis  à  füsaw  aC’OI>dé  !lUx 
.i’annone,  en  effet,  n’est  point  primitivemL ^ 


lion  d’assistance,  mais  la  participation 
les  idées  antiques,  de  l’ensemble  des 


lln(‘  institu. 
tes  cit  ,tne>  Suivant 

lices  de  la  conquête.  Ensuite  les 
trop  souvent  une  arme  politique  aux  mains  dot  nT 
et  par  conséquent  un  instrument  de  corruption  ,  H 
none  devint  surtout,  il  est  vrai,  une  forme  d’assi -i 
publique,  mais  qui,  en  verlu  de  ses  origines  ‘resh  i 
jours  mal  définie  dans  son  but  comme  dans  ses  «mil 
lions.  Les  institutions  alimentaires  marquent  un 
progrès  sur  l’annone,  et  cela  précisément  parce  qu  ellj 
lurent  créées  pour  un  objet  bien  déterminé  et  d’après  un 
plan  raisonné  [alimenta,  alimentarii].  Cet  objet  était 
d’arrêter  la  dépopulation,  et  le  moyen  fut  d’entretenir 
aux  frais  de  l’État  un  certain  nombre  d’enfants  dans 
chaque  localité  où  existaient  ces  institutions.  Les  effets 
durent  s’en  faire  sentir  sur  le  paupérisme,  même  en 
admettant  que  la  faveur  eût  une  certaine  part  à  l’inscrip¬ 
tion  des  favorisés,  comme  on  le  vit  dans  l’application 
de  la  loi  sur  les  pères  de  trois  enfants. 

Les  mœurs  ne  poussaient  pas  davantage  au  dévelop¬ 
pement  de  la  richesse  publique  et  privée  par  le  travail. 
Le  mépris  où  étaient  tenus  les  métiers  manuels  interdi¬ 
sait  aux  citoyens  pauvres  une  ressource  aussi  sûre 
qu’honorable.  L’agriculture  italienne,  qui  aurait  dû 
nourrir  la  population  des  campagnes  et  l’y  retenir,  fut 
ruinée  en  partie  par  l’abandon  des  riches  propriétaires, 
en  partie  par  l’esclavage,  et  sans  doute  plus  encore  par 
la  contribution  en  nature  levée  dans  les  pays  conquis 
riches  en  céréales,  et  qui  rendait  la  concurrence  impos¬ 
sible  au  cultivateur  indigène9.  Que  dire  de  la  sportule 
[sportula],  louable  peut-être  dans  son  principe,  sinon 
qu’elle  se  transforma  rapidement  en  une  mendicité  à 
peine  déguisée?  Et  de  l'usage  d’acheter  pour  1  esclave 
affranchi  une  tessère  frumentaire,  sinon  que  celait  lui 
constituer  une  police  d’assurance  contre  la  paresse. 
L’excès  des  jeux  de  toutes  sortes  fut  encore  une  des  causes 
qui  attiraient  à  Rome  ou  y  retenaient  une  population 
toujours  avide  de  spectacles.  Un  autre  inconvénient  des, 
distributions  de  grains  et  plus  Lard  d’autres  demu»  u 
de  jeter  dans  Rome  une  foule  d’étrangers,  et,  conmn  t  1 
Appien,  tous  les  fainéants,  tous  les  gueux,  tous  h  »  raau1 
vais  drôles  de  l’Italie,  remarque  qu'il  applique  aux  lemj] 
troublés  qui  suivirent  immédiatement  la  unul  * (  |(jen 
sar  IU,  mais  dont  on  peut  étendre  la  portée.  Lu  1  ,l 
qu’en  principe  les  citoyens  romains  fussent  s<.u 
à  bénéficier  des  distributions  tant  à  prix  i< 111111  1 
tuites,  il  est  parfaitement  sûr  que  de  noinlin  i  ^  ^ 
trouvèrent  moyen  d’y  prendre  part.  Il  fallait  '1^.^  gn 
un  abus  bien  ordinaire  pour  qu’il  osât,  si  conS. 

présence  même  de  l’empereur,  comme  Aunu  ^  ,^u  ^ 
tata  à  l’occasion  d’une  distribution  tait'  a  sl  .  leg  de 
s’en  montra  fort  irrité.  D’autre  part  que  «lIM 


7.,g  _  «  ls»e.  Dt 

pol.  I.  Il,  ch.  xvii  ;  Dem.  Téom.  et  Apollod.  C.  If  ter.  §§  ,13’ a’,mA-8  Pl"1-^ 
Uagn.  heretl.  p.  294  ;  Theoplir.  Char.  I  et  17.  —  1  l  n’ont  comp11*11 

I.Vll.—  9C'est  pourquoi  les  paysans  affluent  a  Romee  rcndpourlaca“se'!' 

Sa!luste(CaG37),niVarron(fl.rinM.  llp>'acf.3)-  Ce  ei  guel,  *“■ 

qui  est  plutôt  un  effet.  —  Appian.  De  bel.  ctv.  I  ,  -  ■ 


M  EN 


—  1713  — 


MKN 


•  e  époque  il  est  vrai,  mais  qui  peut-être  ont 
lois.  ^  '‘'^|H,i(TS  que  nous  ne  connaissons  pas,  indi- 
e"  dl?S|  '  '^occupation  des  pouvoirs  publics  à  ce  sujet. 
‘l1"'"'  u  sporlule,  si  à  l’origine  elle  n’était  destinée 
0“a"1  :lr.rjtabies  clients,  plus  tard  bien  d’autres  tentaient 
q,UaUN  V.liU  r  et  tous  ces  Graeculi  dont  Juvénal  se 
d’cn  l’''".unèreinent1  sont-ils  autre  chose  que  des  men- 
Pla"'L  -‘««rs  mendiants  déguisés  et  plus  industrieux 
d'autre»,  mais  véritables  mendiants  néanmoins? 

(’l't  '  ' ,  sait' rien  de  précis  sur  la  question  de  la  mendi- 
siècles  de  la  République,  mais  on 


On  ne 

cite  pour  les  premiers 


.  M  hardiesse  admettre  que  dans  une  cité  où  les 
ihnieurs  eux-mêmes  cultivaient  leur  champ,  comme 
Cincinnatus 2,  la  mendicité  paresseuse  aurait  eu  peu  de 

■ .  ;i  n’-iilhmrs.  la  monnaie  était  rare  et  chacun 
succès  .  U  amt  u  .  ,  ...  ..  ,, 

n’avait  que  le  nécessaire  pour  soi  et  les  siens.  Il  était 
inévitable  toutefois  que,  pour  des  causes  diverses,  il  y 
L  quelques  indigents.  Les  ravages  de  l’ennemi,  les 
emprunts  à  un  taux  usuraire,  les  terres  laissées  sans 
cu]ture  à  cause  des  expéditions  militaires  devaient  créer 
des  misères  au  moins  momentanées.  Aussi  les  édiles  dis- 
tribüaient-ils  du  grain  au  temple  de  Cérès'ù  On  n’a 
d’ailleurs  aucun  détail  sur  les  règlements  qui  régissaient 
les  secours  publics.  Tant  que  Rome  fit  des  conquêtes 
très  proches  et  assura  ainsi  des  terres  nouvelles  à  un 
peuple  qui  ne  demandait  alors  qu’à  les  cultiver,  la 
misère  habituelle  dut  en  somme  être  rare 5.  Dès  le  temps 
des  rois,  des  terres  conquises  furent  distribuées  à  la 
plèbe.  Aux  deux  jugera  primitifs  [heredium]  Servius 
Tullius  en  substitua  sept  par  chef  de  famille  plébéienne 
[agrariae  leges].  Après  l’expulsion  des  rois,  le  Sénat  fit 
don  au  peuple  de  la  dépouille  des  Tarquins  Chaque 
plébéien  reçut,  selon  Pline,  sept  jugères  \  c’est-à-dire  la 
quantité  de  terre  qu’après  la  victoire  sur  Pyrrhus,  Ma- 
nius  Curius  estimait  suffisante  pour  l’entretien  d'un 
citoyen,  et  de  sa  famille  évidemment8.  Cincinnatus  se 
contentait  de  quatre  jugères9.  Plus  tard,  pendant  la 
première  guerre  punique,  sept  jugères  étaient  tout  le 
bien  de  Régulus.  Il  en  lirait  la  subsistance  de  sa  femme 
et  de  ses  enfants  10.  Rome  se  trouva  donc,  durant  quel¬ 
que  temps,  et  toutes  réserves  faites  pour  les  périodes  les 
moins  favorisées,  à  peu  près  dans  l’heureuse  situation 
d  Athènes  en  ses  plus  beaux  jours  :  tout  le  monde  était 
pauvre,  sans  que  personne  ou  presque  personne  fût 
misérable. 

Mais  cet  état  de  choses  ne  pouvait  durer  toujours,  et 
■a  pour  trois  raisons  principales,  comme  le  remarque 
’  N'|||||1|,I  :  le  mépris  où  l’on  tenait  les  métiers  manuels 
ampe "lait  les  citoyens  d’en  exercer  aucun  ;  les  guerres 
^us  mutâmes  et  plus  longues  nuisaient  à  la  culture  des 
'  dllx  récoltes  ;  enfin  le  luxe  s’introduisit  dans 
ne  '  ’  lnMnl  des  besoins  nouveaux  auxquels  beaucoup 
J!;:iU'au;nl  satisfaire  avec  leurs  anciennes  ressources  u. 
usure  et  le  mal  que  nous  avons  signalé  plus 

Vnin  1'  i-n  ,  ' 


des  ■  o'1  Savo'r  1  al  fluence  des  oisifs  de  toutes  sortes  et 
métiers"  ^  ^anS  Une  caPitale  vivent  d’une  foule  de  petits 
«louables  ou  non  12,  qui  souvent  confinent  à  la 


mendicité.  A  défaut  de  documents  historiques,  les  nom¬ 
breuses  allusions  de  Plaute  à  la  mendicité  montrent 
qu’elle  était  déjà  fort  répandue  dans  le  premier  quart  du 
u1'  siècle  avant  notre  ère  et  depuis  longtemps,  car  elle 
avait  à  Rome  ses  habitudes  bien  arrêtées13. 

Elle  ne  put  que  s’accroître  en  même  temps  que  Rome 
se  développait  eL  que  les  causes  de  misère  se  multi¬ 
pliaient.  Sans  retracer  ici  l’histoire  de  la  lutte  entre  h* 
peuple  et  la  noblesse,  rappelons  que  dès  le  premier  siècle 
de  la  République  la  question  des  dettes  se  pose.  La  fré¬ 
quence  des  guerres  est  un  (léau  pour  le  petit  cultivateur. 
11  emprunte  à  un  taux  élevé,  ne  peut  rendre,  et  tombe 
sous  le  coup  d’une  législation  impitoyable.  Entre  la  pre¬ 
mière  dette  et  l’esclavage  final,  un  large  champ  s’ouvrail 
à  l’indigence  et  à  la  mendicité.  De  là  les  retraites  du 
peuple  sur  le  mont  Sacré  ou  l’Aventin,  ces  menaces  de 
rupture  avec  la  Rome  impitoyable  des  patriciens.  Les 
lois  sur  les  dettes,  les  mesures  de  circonstance  se  suc¬ 
cèdent  pendant  toute  la  durée  de  la  République,  mais  ce 
sont  de  simples  palliatifs  dont  le  peuple  ne  relire  qu’un 
soulagement  momentané.  Il  en  est  de  même  des  lois 
agraires.  La  plus  efficace,  celle  dont  les  conséquences  heu¬ 
reuses  se  firent  le  plus  longtemps  sentir  est  certainement 
la  loi  Licinia,  promulguée  en  376,  et  qui  portait  à  la  fois 
sur  les  dettes  et  sur  Yager  publicus.  C’est  surtout  après 
la  chute  de  Carthage  que  la  disproportion  des  fortunes 
s’accentue  au  point  de  substituer  aux  petites  propriétés 
les  latifundia  qui  rabattent  sur  Rome  beaucoup  de 
campagnards  [latifundia].  Plus  lard  enfin,  la  déposses¬ 
sion  par  les  généraux,  à  partir  de  Sylla  et  jusqu’à  la  fin 
des  guerres  civiles,  de  propriétaires  italiens  au  profit  de 
leurs  vétérans  qui  eux-mêmes  ne  gardaient  pas  toujours 
ces  terres,  mais  les  vendaient  et  en  dilapidaient  le  pro¬ 
duit,  accrut  encore  la  turba  forensis,  toujours  prête  à  se 
mettre  aux  gages  du  premier  politicien  venu.  Ces  gros 
bataillons  constituaient  la  réserve  de  la  mendicité14. 

11  nous  faut  distinguer  entre  les  pauvres,  c’est-à-dire 
la  partie  de  la 
population  qui, 
ne  pouvant  se 
soutenir  par 
sçs  propres 
moyens,  avait 
besoin  de  se¬ 
cours,  et  les 
professionnels 
delamendicité. 

De  ceux-ci  il 
nous  est  im¬ 
possible  de  re¬ 
chercher  le  Fig.  1899.  —  Mendiant  dans  la  rue. 

nombre.  En  re-  , 

vanclie,  poètes  et  prosateurs  nous  font  assez  bien  con¬ 
naître  leurs  mœurs.  Ils  avaient  l’habitude  de  stationner 
sur  les  ponts, dans  file  d’Esculape l5,  autour  des  temples 16, 
aux  portes  de  la  ville  et  particulièrement  à  la  porte  Tri- 
gemina11,  aux  endroits  fréquentés  des  environs,  comme 


juridica  ad  Y  air  f  '■*'  2  4j’v'  —  3  Vau  Leuncp,  Disputatio 

p.  40  __  ; ,,  ni"“‘  eonstitutionem  de  mendicantibus  validis,  Lugd.  Bal. 
~  8  Tit.  Ljv.  u’  :  ar^  ap'  Non-  Marc-  b  209.  —  5  Pliu.  Hist.  nat.  XVIII,  3. 

dc  ceUc  assertion  'de  Pr  "“''Z’  ~  ’  PUn  Hi*tm  ’ lat  '  XVI"’  4’  Au  s"iet 

— 9  Ibid,  _  io  y  ,  .  e’  cl-  achahue  leges,  p.  138,  col.  1.  —  »  Id.  L.  I. 

'  •  ,ax-  IV,  IV, 6;  Sen.  Cons.  ad  Hdv.  12.  —  U  Naudet,  Mém. 


de  l'Acad.  des  inscr.  t.  XIII,  Des  secours  publics  chez  les  Domains ,  2*  par¬ 
tie.  _  12 Juv.  Sat.  VU,  11-16.  —  13  Flaut.  Capt.  prol.  13;  I,  1,  22;  11,  2,39;  Tri- 
num.  II,  2  ; Epid.  Il,  2,  39;  Bacch.  Il,  4,  16;  Fragui.  Vidul.  V,  15,  etc.  —  U  Til. 
Liv.  IX,  46;  Cic.  ProSext.  17,  27,  49,50,  33;  Ad  Quint,  fratr.  II,  1;  AdAttic.  1, 13, 16; 
V,  2,  3  ;  Philipp.  1,  9.  —  13  Juv.  V,  8;  XIV,  34;  Sen.  De  vit.  beat.  23  ;  Suet.  Claud. 
«3.  —  16  Mart.  IV,  53;  Amin.  Marc.  XIV,  6;  XXVII,  3.  —  17  Plaut.  Capt.  I,  22. 


M  EN 


714 


4 

le  bois  d’Égérie  (où  les  Juifs  pouvaient  élire  domicile)1 
et  la  route  d’Aricia8  oii  ils  poursuivaient  les  chars  en  en¬ 
voyant  des  baisers  aux  voyageurs  ;  ils  portaient  besace 
et  bâton  (fig.  4899) 3 ,  leur  costume  était  parfois  des  plus 
sommaires4.  Un  naufrage  était  souvent  la  cause  ou  le  pré¬ 
texte  de  leur  dénuement.  Ils  en  portaient  avec  eux  l’image 
peinte  sur  un  tableau  et  le  racontaient  ou  le  chantaient  en 
complainte5.  Ce  n'était  pas  toujours  d'ailleurs  une  pure 
invention6,  en  un  temps  où  il  n’existait  rien  qui  res¬ 
semblât  à  une  assurance  maritime.  Un  as  était  l’aumône 
qu’on  leur  jetait  d’ordinaire7.  Beaucoup  simulaient  des 
infirmités  qu’ils  n’avaient  pas;  les  larmes,  les  serments 
accompagnaient  leurs  plaintes8.  Mais  il  arrivait  que 
Ion  Unissait  par  les  connaître  et  que  l’on  se  moquait 
d’eux9.  L'un  feignait  une  jambe  cassée,  un  autre  des 
crises  d'épilepsie  *°.  Certains  se  livraient  à  des  extrava¬ 
gances,  telles  que  de  ronger  et  d’avaler  de  vieilles 
semelles  de  souliers,  de  s’enfoncer  des  clous  dans  la 
tête,  de  se  plonger  en  hiver  dans  l’eau  glacée.  Alors  la 
foule  s  amassait,  riait,  admirait  et  leur  jetait  en  quantité 
des  petites  pièces  de  monnaie11.  Il  y  en  avait  qui  chan¬ 
taient  et,  pour  s’accompagner,  plaçaient  au  bout  de  leurs 
doigts  des  coupes,  des  gobelets  qu’ils  entrechoquaient  en 
cadence.  Leurs  chansons  avaient  un  caractère  licen¬ 
cieux.  Ils  obtenaient  de  grands  applaudissements  et  tout 
le  monde  donnait12.  Quelques  mendiants  cependant  res¬ 
taient  respectueux  des  passants  et  gardaient  une  attitude 
pleine  de  dignité,  mais  ceux-là  n'avaient  pas  tant  de 
succès13.  Toutes  ces  turpitudes  bouffonnes  ne  sont  rien 
auprès  des  abominations  que  stigmatisent  à  plusieurs 
siècles  d’intervalle  Sénèque  le  Rhéteur  et  saint  Jean 
Clirysostome.  Il  existait,  au  temps  du  premier,  de  véri¬ 
tables  entrepreneurs  qui  ramassaient  des  enfants  expo¬ 
sés  et  leur  infligeaient  toutes  sortes  d’infirmités,  épaules 
déformées  en  bosses,  yeux  crevés,  pieds  brisés,  langues 
coupées;  puis,  quand  ils  étaient  en  âge,  on  les  envoyait 
mendier,  et  ils  devaient  remettre  à  leur  patron  la  plus 
grosse  part  du  bénéfice11.  Le  second  nous  signale  des 
parents  assez  barbares  pour  crever  les  yeux  à  leurs 
propres  enfants  à  peine  nés  pour  s’en  servir  comme 
d’instruments  de  compassion15.  D’autres  affectaient  des 
allures  bien  différentes.  Richement  vêtus,  ils  se  tar¬ 
guaient  d’une  noble  naissance,  feignaient  des  dettes  ou 
des  pertes  imaginaires  et  se  présentaient  ainsi  chez  les 
particuliers  et  plus  tard  chez  les  dispensateurs  des 
aumônes  de  l’Église,  comptant  sur  leur  mise  soignée 
pour  obtenir  une  plus  forte  somme.  Cette  catégorie  devait 
être  aussi  nombreuse  qu’intrigante,  puisque  saint  Am¬ 
broise  se  plaint  qu’elle  épuise  le  trésor  des  pauvres,  et 
qu'il  met  en  garde  les  fidèles  contre  leurs  entreprises16. 
Au  ive  siècle  encore  il  en  est  qui  se  donnaient  pour  des 
moines  quand  ils  se  présentaient  chez  des  chrétiens17, 
mais  ils  n'en  avaient  que  l’habit,  et  sans  doute  adop¬ 
taient-ils  quelque  autre  apparence  pour  s’adresser  à 
des  païens.  Us  couraient  ainsi  la  terre  et  la  mer  l8,  pleins 

1  Juv.  III,  13-10.  Sur  les  mendiants  juifs  et  leur  importunité,  voir  Mart.  XII,  57  s. 

—  2  Juv.  IV,  117.  —  3 piaut.  L.  I.  ;  Mart.  IV,  53  ;  XIV,  81.  Figure  tirée  d’une  pein¬ 
ture  d’Herculanum,  Pitt.  Erculan.  111,43,  227.  —  4  JUv.  XIV,  299  —  &  Mart.  XII, 
57  ;  Hor.  Ad  Pis.  20;  Juv.  XIV,  298  et  suiv.  ;  l’ers.  V,  8  ;  V,  32.  —  6  Paul.  Nol.  Ep. 
XLIX;  S.  Greg.  Naz.  Or.  XIV;  De  arnore  paup.  6.  —  7  Juv.  XIV,  301  ;  Pcrs.  V,  88. 

—  8  Hor.  Ep.  I,  17,  58  sq.  —  9  Ibid.  —  10  S.  Joli.  Chrys.  In  I  ad  Cor.  Hom.  21. 

—  11  Ibid.  —  12  Id.  In  epist  1  ad  Thessal.  cap.  V ,  Hom.  X.  —  13  Id.  In 
I  ad  Cor.  Hom.  21.  —  14  Son.  Controv.  I.  V,  33,  et  X,  4.  —  15  S.  Joli.  Chrys. 
L.  I.  —  16  S.  Ambros.  De  off.  II,  10.  —  17  Paul.  Nol.  p.  24;  De  Nauf.  Mart. 


MEN 


de  force,  et  sans  autre  raison  de  menHi 
de  vagabonder 19.  ‘r  (llltî  le  plajsit 

Parmi  les  mendiants  professionnel 

ranger  les  philosophes  cyniques29,  les 

qui  couraient  les  marchés  des  grandes  v 
accoutrement  bizarre,  au  bruit  des 
bourins,  des  triangles  et  des  flûtes 


.  aul  encore 
Prêtres  de  Cybèlej 
es  Vllles  dans  un 
Cymbales-  destam. 


bruit  dans  les  maisons  riches  et  ’se'  nV,1  "L  a  grand 
excentricités  sanglantes,  en  récompense  de^  n  miBe 
valent  force  pièces  de  monnaie,  vin  froL,  ®' 
Mendiants  d'habitude  encore,  ces  poivres  c  iL*'" 
lecuelle  à  la  main,  vont  le  matin  solliciter  cruelrnl  v’ 
ment  ou  une  petite  pièce  de  monnaie  à  la  porte  de  le! 
patrons  et  dont  cette  aumône  quotidienne  est  le 
revenu22.  Et  ne  serait-on  pas  tenté  de  mettre  aj  j 
nombre  des  mendiants,  et  des  plus  éhontés  les  riche! 
qui  ne  craignaient  pas  de  tendre  la  main  avec  les  misé  I 
râbles,  comme  ce  personnage  dont  parle  Juvénal  qui" 
chaque  jour,  va  toucher  la  sportule  chez  de  plus  grands 
que  lui,  s’y  fait  porter  en  litière,  et  pour  mieux  faire  sa 
cour,  traîne  avec  lui  son  épouse  languissante  ou  près 
d’accoucher,  ou  feint  seulement  sa  présence,  en  inter¬ 
pellant  l’absente  à  travers  les  rideaux  delà  litière  vide23? 


Mais  le  mot  mendicus  ne  désigne  pas  seulement  le 
mendiant  professionnel.  Il  comprend,  et  c'est  bien  ainsi 
que  1  entendent  les  textes  de  lois,  quiconque  vil  en  tota¬ 
lité  ou  en  partie  de  dons  gratuits  faits  par  l’État  ou  les 
particuliers,  sans  aucun  service  rendu  en  échange.  Nous 
avons  donc  à  reprendre  ici,  au  point  de  vue  particulier 
qui  nous  occupe,  la  question  de  l'annone  [annona, 
annona  civica].  Les  distributions  de  blé  vendu  à  prix 
réduit  furent  fréquentes,  mais  intermittentes  avant  les 
Gracques.  Elles  avaient  lieu  en  temps  de  disette Si.  La  loi 
de  C.  Gracchus,  promulguée  en  123  av.  J. -G.,  les  rend 
régulières  et  le  prix  du  modius  est  fixé  à  G 1  '3  d’as  io.  On 
ignore  quelle  quantité  de  blé  était  mise  à  la  disposition 
de  chacun,  mais  tous,  patriciens  aussi  bien  que  gens  du 
peuple,  en  pouvaient  profiter26.  La  loi  de  L.  Apuleius 
abaisse  ce  prix  à  3/6  d’as.  En  91,  le  Sénat  empêchai 
d’appliquer  la  loi  de  Livius  Drusus  qui  marquait  des 
tendances  analogues,  et  à  une  date  inconnue,  mais  sans 
doute  peu  de  temps  avant  ou  après  la  loi  Livia  -  ,  suhantj 
M.  Mommsen,  les  patriciens  font  passer  une  loi  Li.iucoup 
plus  raisonnable  du  tribun  M.  Octavius  's.  U  semiib  que 
Sylla  ait  supprimé  entièrement  les  distributions,  puis! 
qu’après  sa  mort  Lépidus,  en  73,  demande  et  lad 
sans  résistance  la  distribution  de  cinq  modu  • 
après  diverses  vicissitudes,  la  loi  Clodia,  en  . 
la  gratuité  des  distributions30.  En59, Pomp"  1 

le  nombre  des  participants31.  Quel  fut  ce  nom! 

rentes  époques?  Laissons  de  côté  les  disti  ibut  '« >" ^  ns 

réduits  qui  paraissent  s’être  appliquées  à  tous  1 
sans  distinction.  D’ailleurs,  les  discussions  aux  I  1 
donné  lieu  la  loiTerentia  et  Cassia  sont  peu  com  ^ 

Occupons-nous  seulemenldes  distributions 


-i8S.Paul.  L.  I. —  19  S.  Ambros.  Z.  I.  20  Mart.  IV, 
Apul.  Met.  1.  VIII  ;  Terlul.  Apol.  13.  —22  Juv.  ■  n 

.  v  ac  c  .  VV 


31  l'Iiac- 

:  Ibid.  I-9 

i  .. 

Met.  I.  vin  ;  1er  un.  npui.  ...  -  i  -  XXXIIL  *- 

il.  Liv.1V,  13-16 ;  XXX,  26,  6;  XXXI,  4,  8;XXX  .  5  •  '  noteC 

nat.  XVIII,  15,  17.  —  an  Marquardt,  Organ.  fin.  ‘  7W« 

au.  Del.  civ.  I,  21  ;  Cic.  Tusc  II,  M.  «•  (lomo  *«•  [ 

28  Cic.  De  off.  II,  21,  72  Brutus,  I.X1I,  *-- ■  Fragrn.  httl- 

n.  Licin.  Fr.  ex  libr  XXXVI,  Ad  ann.  i<  .  ^  yjo  (;asS.  XX-  'j 

reon.  in  Pis.  p.  9;  Uio.  Cass.  XXXVIII,  13. 
ardt,  L  c.  p  117.  —  32  Marquardt,  L.  c.  P- 


1713  — 


.ME  N 


MEN 


320000  bénéficiaires,  chiffre  qu’il 
mais  qui  remonta  bientôt,  puis- 


César  trouva 
sal  .-.  150  000  *, 

Bflu|B,v  n(,  réduction  opérée  par  Auguste  maintint 
q"’une  a.  On  retrouve 


qu 1,1,1  "  .  .  Ls2.  On  retrouve  le  même  çhiffre  sous 

20000»  n  egl  probable  que  dans  l’intervalle  il 

Seplh,U  lé^cnsibiement  le  même,  puisque  sous  Trajan, 
rlail rPS  r  la  réduclj0n  opérée  par  César,  on  se  con- 

C°rte  de 'remplacer  ceux- qui  disparaissaient*.  Devons- 
U>11  .  1er  ces  chiffres  comme  représentant  le  nombre 

T^indigents  officiellement  secourus  à  Rome?  Qu’ils 
L  0„  effet  nombreux  dans  cette  grande  ville,  il  n’y 
(,n  douter.  Les  témoignages  abondent  en  ce  sens, 
nt 'simple  réflexion  suffirait  pour  l’établir.  S’il  y  a 
L^ralion,  comme  on  l’a  dit  [annona],  dans  le  mol  du 
bun  M.  Philippus  qui  s’écriait,  1  an  104  av.  J.-C., 
"-il  ,,’v  avait  pas  2000  citoyens  qui  possédassent  un 
n-itrimoine \  il  n’en  est  pas  moins  significatif.  Et  quant 
‘  témoignage  terrible  de  C.  Gracchus,  rapporté  par 
Plutarque  6  :  «  Les  animaux  ont  une  tanière  pour  y 
élever  leurs  petits;  les  citoyens  romains  qui  prétendent 
régner  sur  les  nations  n’ont  ni  feu  ni  lieu,  point  d’asile 
pour  reposer  leur  tête  »,  nous  verrons  que  ce  n’est  pas  là 
une  simple  hyperbole  pour  signifier  que  beaucoup  de 
citoyens  romains  avaient  cessé  d’être  propriétaires.  Cette 
allégation  est  littéralement  confirmée  par  des  textes  pos¬ 
térieurs  pour  d’autres  époques,  et  rien  ne  permet  de 
poire  que  ce  dénuement  ne  fût  pas  le  partage  d’un  grand 
nombre,  dès  le  temps  où  C.  Gracchus  le  dénonçait.  Mais 
lorsque  l’on  considère  que  César  raya  d’un  seul  coup 
(70000  participants,  on  est  amené  à  penser  que  tous, 
dans  cette  plebs  urbana ,  n’étaient  pas  indigents  au  point 
d’avoir  absolument  besoin  pour  vivre  de  recevoir  les 
secours  de  l’annone.  Il  est  vraisemblable  que  l’on  raya 
d’une  part  ceux  qui  ne  pouvaient  établir  leur  droit  de 
citoyen  romain,  et  d’autre  part  ceux  qui,  tout  en  réu¬ 
nissant  lesconditionsrequises  sous  ce  rapport,  pouvaient 
à  la  rigueur  se  passer  de  secours.  Suétone  dit  que  le 
questeur  dut  tirer  au  sort  chaque  année  parmi  ceux  qui 
n  avaient  pas  été  inscrits  pour  remplacer  les  morts  et  les 
disparus7.  11  n’y  a  pas  à  s’étonner  si  les  candidats  à  cette 
faveur  étaient  nombreux,  mais  comment  était  établie  la 
liste  sur  laquelle  on  tirait  au  sort?  Il  ne  paraît  pas  que 
personne  en  fût  légalement  exclu.  Du  moins,  aucun 
document  ne  mentionne-t-il  qu’une  exception  soit  faite 
pour  les  sénateurs  et  les  chevaliers.  La  moralité  n’entrait 
pas  non  plus  en  ligne  de  compte  8.  Mais  il  était  obliga- 
t°iie  de  faire  devant  les  magistrats  la  déclaration  que  l’on 
entendait  être  inscrit  sur  les  listes  de  l’annone 9.  Cela  res¬ 
semble  si  fort  à  une  demande  de  secours  qu’il  n’est,  pas 
a  missible  que  riches  et  nobles  se  soientabaissés  à  la  faire, 
fus  listes  paraissent,  en  somme,  avoir  comporté  la 
n,‘bcma  tout  entière,  divisée  en  ses  tribus.  En 
*  nombre  de  320000  participants  à  l’annone,  qui 
(|J.  doit  par  César,  est  donné  aussi  par  le  monument 
^  comme  le  nombre  le  plus  considérable  de 
q(i  n>  '1UI  aient  participé  à  un  congiaire  sous  Auguste. 
jjlJ,1.1  mI  Pas  être  là  une  simple  coïncidence10,  et  l’on 
dï,sez  généralement  que  la  plebs  urbana  tout 


1  *uet.  ca 
19. 

XXV 

-  s  Son  De  L  —  6  Plut.  Gracch.  7.  —  7  Suet.  Caes.  41. 

— 1(1  'rnim  ,ne^'  -®t  2.  —  9  Lex  Julia  municip.  17.  et  cf.  1-19. 

’  ‘  nCyr-  U1'  l5-  —  11  Dion.  liai.  IV,  24.  —  12  Dio.  Cass,  43,  21. 


1  Huet.  Caes.  Il  _  ■>  o 

19.  —  ;)  |jj0  _  Suet.  Aug.  40;  Dio.  Cass.  35,  10;  Monum.  Ancyr.  111, 

XXV,  3,  _  5  ...  ass'  (i’  G  Marquardt,  L.  c.  p.  149,  n.  5.  —4  Clin.  Paneg. 


entière  comprenait  320000  citoyens.  Quant  aux  riches, 
ils  avaient,  s’ils  y  tenaient,  un  moyen  de  tourner  la  diffi¬ 
culté  et  de  profiter  des  largesses  de  I  Liât  :  c  était 
d’affranchir  des  esclaves,  de  les  faire  inscrire  dans  une 
tribu  ou  de  leur  acheter  une  tessère  frumentaire",  puis 


de  se  faire  apporter  par  eux  le  blé  ainsi  obtenu. 

Néanmoins,  cet  abus  devait  être  limité.  Autrement  on 
ne  s’expliquerait  pas  les  expressions  dont  se  servent  les 
auteurs  en  parlant  de  la  plèbe  frumentaire  :  oyXoç 1 2, 
7r)i-qGoç,:i,  et  surtout  irÉvqTeç u,  iiropot ,J.  Cependant 
quelque  chose  subsistait  de  la  coutume  primitive  d  où 
étaient  sorties  les  distributions,  en  ce  sens  qu’on  n’y 
appliquait  pas  nécessairement!  idée  d  aumône.  Ce  qui  se 
passait  à  Constantinople  en  est  une  preuve  frappante. 
Pour  encourager  la  construction  dans  celte  ville,  le  droit 


de  tessera  y  fut  accordé  aux  propriétaires  de  maisons 
neuves  et  à  leurs  successeurs,  1  héritage  suivant  la  mai¬ 
son  [anxona  civica].  Mais  en  fait,  il  faut  admettre  que 


les  200000  inscrits  de  Rome  étaient  bien  des  pauvres, 
avec  cette  réserve  qu’il  pouvait  etqu  il  devait  y  avoir  des 
exceptions  dont  il  est  impossible  de  fixer  le  chiffre,  soit 
par  suite  d’abus,  soit  en  vertu  d’un  droit  reconnu. 

Pouvons-nous  donc  dire  qu  il  y  avait  à  Rome 
200000  pauvres?  Il  est  probable  qu’il  y  en  avait  davan¬ 
tage.  En  effet,  si  d’une  part  nous  reconnaissons  que 
parmi  les  participants  quelques-uns  n  étaient  point  des 
indigents,  d’autre  part  il  y  avait  une  liste  de  candidats 
toujours  ouverte  et  en  outre  des  étrangers  qui  n’étaient 
pas  légalement  admis  aux  distributions.  Le  nombre  des 
étrangers  est  évalué  à  environ  60  000.  Ils  devaient  appor¬ 
ter  un  assez  fort  appoint  à  la  population  indigente.  Il  y 
aurait  donc  eu  à  Rome  deux  cents  et  quelques  milliers 
de  pauvres. 

Si,  avec  beaucoup  d’historiens,  nous  adoptons  pour  la 
population  de  la  Rome  impériale  un  total  approximatif 
de  1600000  à  2000000  d’habitants ,s,  nous  trouvons 
qu’un  peu  plus  d’un  dixième  aurait  été  tout  à  fait  pauvre, 
moyenne  très  acceptable.  Remarquons  même  que  celte 
proportion  confirmerait  l’opinion  qui  accepte  pour  la 
population  de  Rome  le  chiffre  que  nous  avons  admis. 
C’est  en  effet,  à  peu  de  chose  près,  celle  que  saint  Jean 
Chrysostome  déclare  exister  à  Antioche  11  où  il  y  avait, 
suivant  lui,  un  dixième  de  pauvres.  Elle  serait  un  peu 
plus  forte  pour  Rome,  et  il  n’v  a  pas  lieu  d’en  être  sur¬ 
pris.  La  comparaison  avec  la  ville  de  Paris,  quelles  que 
soient  les  différences  sociales  dont  il  faut  tenir  compte, 


ne  donne  pas  des  résultats  bien  différents.  En  1876,  les 
seuls  bureaux  de  bienfaisance  ont  secouru  140000  per 
sonnes,  et  plus  de  160  000  loyers  inférieurs  à  400  franc 
ont  été  dispensés  de  la  cote  mobilière  et  personnelle. 
En  1881,  il  y  avait  125000  inscrits  aux  bureaux  de 
bienfaisance 1S.  En  1899,  nous  trouvons  199530  secourus, 


hospitalisés  et  enfants  assistés  compris,  pour  une  popu¬ 
lation  d’environ  2  millions  et  demi  d  habitants 1J.  La 
proportion  serait  donc  moindre  qu’à  Rome,  mais  ce  n’es1 
sans  doute  qu’une  apparence,  car  il  faut  y  ajouter 
la  dispense  de  contributions  locatives  et  mobilières 
accordée  aux  loyers  inférieurs  à  500  francs  (soit 


_  13  Id.  55,  10;  Joseph.  Bel.  Jud.  Il,  16,  4.  —  14  Appiau.  Bel.  cir.  Il,  120; 
IMul.  C.  Gracch.  5.  —  >3  Dio.  Cass.  38,  13.  —  16  Marquaydt,  L.  c.  p.  151  et  152,  n*  1. 

_ 17  g.  Joli.  Chrys.  In  Matth.  Hom.  60.  —  18  Chiffres  cités  par  Üuruv,  Uist .  de 

Boni.  t.  111,  p.  755  et  suiv.  ;  t.  V,  p.  545,  n.  t.  —  19  Compte  moral  de  I Assistance 
publique  pour  1899. 


MEN 


1716  — 


697 908  locaux  d’habitation  sur  un  total  de  910504),  et 
surtout  tenir  compte  de  la  multitude  des  œuvres  chari¬ 
tables  non  officielles,  qui  secourent  ou  hospitalisent  bien 
des  milliers  de  pauvres,  dont  un  nombre  considérable, 
mais  difficile  à  apprécier,  ne  reçoit  certainement  rien  de 
l'Assistance  publique,  ce  qui  remonte  la  proportion.  Au 
total  on  ne  doit  pas  s’écarter  beaucoup  du  dixième.  A 
supposer  que  nos  conclusions,  en  ce  qui  concerne  Home, 
soient  exactes,  l’avantage  serait  d’ailleurs  en  faveur  de 
Paris,  puisque  1  esclavage  était  dans  l’antiquité  un  triste 
mais  incontestable  restrictif  de  l’indigence. 

A  part  la  sportule  [sportula],  qui  est  pour  les  clients 
pauvres  une  véritable  aumône,  à  laquelle,  il  est  vrai, 
les  mœurs  antiques  n'attachaient  aucune  idée  de  honte, 
on  ne  voit  pas  qu’aucune  œuvre  de  charité  ait  existé 
à  Rome  avant  le  christianisme.  C’est  à  peine  si  avant 
1  époque  de  Trajan  on  voit  quelques  particuliers  faire 
des  legs  ou  des  donations  en  faveur  d’enfants  pauvres 
de  différentes  cités,  comme  le  fit  Pline  le  Jeune1.  En 
revanche,  les  secours  extraordinaires  étaient  assez  fré¬ 
quents,  sous  forme  de  congiaires  [congiarium],  de  ban¬ 
quets  donnés  à  l’occasion  d’une  solennité  religieuse,  des 
jeux,  d’un  triomphe,  de  grandes  funérailles,  événements 
les  uns  exceptionnels  et  les  autres  réguliers 2.  Une 
somme  d’argent  était  souvent  offerte  à  la  place  du  ban¬ 
quet,  mais  toujours  en  vue  d’améliorer  le  repas  ordi¬ 
naire  ou  de  faciliter  l’organisation  de  festins  particu¬ 
liers3  epulae].  Les  congiaires  étaient  donnés  le  plus 
souvent  en  signe  de  réjouissance,  mais  aussi  en  temps 
de  disette.  Les  bénéficiaires  étaient  les  mêmes  qui  rece¬ 
vaient  l’annone,  mais  on  y  regardait  de  moins  près  et  le 
nombre  habituel  était  parfois  de  beaucoup  dépassé, 
puisque  le  plus  considérable  que  nous  trouvions  pour  le 
règne  d’Auguste  atteint  320000,  c’est-à-dire  probable¬ 
ment  le  total  de  la  plèbe  urbaine.  Par  générosité,  on  put 
favoriser  les  familles  nombreuses,  en  y  admettant  quel¬ 
quefois  les  enfants  au-dessous  de  onze  ans  L 

11  nous  faut  maintenant  examiner  de  quelle  efficacité 
ces  divers  secours  étaient  aux  indigents  et  quels  sacri¬ 
fices  ils  imppsaient  à  l’État.  Les  cinq  modii  de  blé  distri¬ 
bués  chaque  mois  à  chacun  produisaient  environ  38  kilo¬ 
grammes  de  pain.  Ils  étaient  donc  tout  juste  suffisants 
pour  un  individu.  Si  celui-ci  n’était  pas  seul,  il  n’était 
donc  nullement  dispensé  de  chercher  d’autres  moyens 
d’existence.  Nous  en  avons  d’ailleurs  la  preuve  dans  ce 
fait  que.,  en  un  temps  de  disette,  Auguste  fit  doubler  la 
ration  ordinaire.  C'est  donc  que  les  pauvres  étaient  dans 
l’impossibilité  de  se  procurer  un  surplus  nécessaire  et 
qu’en  d’autres  temps  ils  trouvaient  par  leurs  propres 
ressources.  En  effet,  le  même  empereur  tenta  de  réduire 
les  distributions  à  trois  par  an,  le  total  du  blé  accordé 
restant  le  même  «  afin  de  ne  pas  détourner  trop  souvent 
les  plébéiens  de  leurs  travaux  »  6.  Cette  double  ration 
fut  elle-même  insuffisante,  et  Auguste  y  ajouta  60  ses¬ 
terces  par  tête.  En  28  ap.  J  .-C.,  la  ration  fut  quadruplée  6. 
Sénèque  disait  que  le  peuple  était  moins  bien  traité  que 
les  prisonniers  Le  surplus,  il  le  trouvait  dans  la 
sportule,  dans  les  congiaires,  les  epulae  et  aussi  dans 
un  peu  de  travail;  les  professionnels  de  la  mendicité,  dans 

•  Plin.  Ep.  \ II,  18;  ^f.  Antiali  d.  Inst,  di  corr.  arch.  1854.  —  2  Mar- 
quardl,  \  ie  privée,  t.  I,  p.  244  et  suiv.  ;  Suet.  Dora.  4;  Plant.  Trinum.  4087. 
Athen.  V,  p.  221  sq.  ;  Plut.  Lucull.  37;  ld.  Caes.  55;  Dio.  Cass.  43,  21,  3; 
Tit.  Liv.  XXXIX,  46.  —  3  Marquardt,  L.  c.  p.  245.  —  4  Suet.  Aug.  XU. 


MEN 


l’exercice  de  leur  triste  métier.  Une  partie 
urbana  était  d’ailleurs  bien  réellement  m 


urbana  était  d’ailleurs  bien  réellement  pi0  '  ('.Cetle  Pl*h 
extrême  misère,  au  point  même  de  n’avoir^. dilns  l'ne 
ment  fixe.  On  disposait  des  matelas  grossir'*  loge' 
grand  cirque  et  sans  doute  en  d’autres  lieux  si  ,  ■  le 
venait  coucher  cette  population  errante*  r  , 
sorte  d’hospitalité  de  nuit.  Il  y  en  avait  qui  co.uï  ''Be 
au  Eorum  9,  sous  les  portiques1»  dans  h  !  i  •  nl 
de  la  vilie  H.  Enfin  les  mille  allumions 
misere  et  à  la  mendicité  prouvent  combien  étaient ï„!  * 
lisants  les  moyens  d'assistance.  La  même  preuve  «Ji 
fourme  par  le  nombre  des  pauvres  nourris  par  l'E  " 
des  le  milieu  du  m*  siècle.  Rome  en  cela  subit  le  son 
toutes  les  grandes  villes.  ae 

Quant  aux  sacrifices  qu’imposaient  à  l’État  les  distri¬ 
butions  de  blé  et  les  congiaires,  nous  croyons  que  la 
meilleure  méthode,  pour  nous  rendre  compte  de  leur 
importance  relative,  est  d  établir  encore  une  compa¬ 
raison  entre  le  passé  et  le  présent.  Tant  pour  la  période 
qui  précède  la  réfection  des  listes  que  pour  le  reste  de  la 
durée  de  l’Empire,  c’est-à-dire  en  prenant  pour  base 
320  000  puis  200  000  participants  à  5  modii  par  mois  et 
en  faisant  ressortir  le  modius  à  un  prix  moyen  de  4  ses¬ 
terces,  nous  trouvons  une  dépense  annuelle  de  50  fr.  40 
par  tête.  En  ce  qui  concerne  les  congiaires  en  argent, 
les  chiffres  du  monument  d’Ancyre,  en  prenant  une 
moyenne  de  250000  participants,  donnent  11  fr.  90  par 
an  et  par  tête12.  En  additionnant  les  données  du  Clirono- 
graphe  de  354  pour  la  période  de  cinquante-six  ans 
qui  s’étend  de  Néron  à  la  mort  de  Septime  Sévère, 
nous  trouvons  une  moyenne  de  7  500  000  francs  par  an, 
soit  37  fr.  50  par  tête13.  Le  total  annuel  des  frumentations 
et  des  congiaires  serait  donc  de  62  fr.  40  par  tête  sous 
Auguste  et  plus  tard  de  87  fr.  90.  Ces  chiffres  ne  peuvent 
évidemment  être  qu’approximatifs.  11  faudrait  en  tout 
cas  y  ajouter  les  congiaires  en  nature,  huile,  vin, 
viande,  vêtements,  etc.  Admettons  donc  que  chacun  des 
200  000  secourus  coûtait  annuellement  à  l’État  une  cen¬ 
taine  de  francs.  A  Paris,  en  1876,  les  seuls  bureaux  de 
bienfaisance  ont  distribué  51  fr.  Il  par  personne 
secourue.  En  1899,  l’Assistance  publique  a  secouru  en 
tout  199  530  personnes.  La  dépense  totale  a  été  de 
47  288842  francs,  soit  237  francs  par  tète.  La  dillcrence 
avec  1876  provient  de  ce  que  pour  1899  nous  taisons 
entrer  en  ligne  de  compte,  comme  il  est  légitime,  lesj 
malades  des  hôpitaux,  les  hospitalisés,  les  enfants  plans 
à  la  campagne.  Tout  en  tenant  compte  de  la  diinimdionl 
du  pouvoir  d’achat  de  l’argent,  mais  en  nous  soinenantl 
que  la  charité  privée  dispose  à  Paris  d’un  budget  énorme! 
nous  pouvons  conclure  que  ni  les  distribution.-*  dt  >  e 
gratuites  ni  les  congiaires  ne  peuvent  être  taxés  d<  ll,ot  I 
gai i té'.  On  ne  saurait  y  voir  davantage  sans  pm 11  I"1'’’ 1  I 
instrument  de  corruption  aux  mains  du  despotmnn.^  | 
vrai  reproche  que  l’on  peut  adresser  à  l’assistanc 1  |,,,ih 
est  d’avoir  été  faite  d’une  manière  par  trop  ^ 
rudimentaire.  Nul  discernement  n’y  présidait.  C°n^‘  ^ 
comme  un  droit  acquis,  assurée  à  vie,  elle  R'*1'1  .  1 

défauts  de  toute  espèce  d’assistance,  mais  clk  h  ”  '  ^ 

plus  haut  degré.  C’est  dans  son  application  i 11  i 11 1  ' 

„  ,  »  _  :  Son-  />> 

—  3  Dio.  Cass.  LV,  20.  Suet.  Aug.  40.  —  »  Dio.  Cass,  nui,  -•  ^  __,1Juï. 


8  Id.  De  vita  beata ,  25.  —  9  Clic.  1\  Dom.  S.  30. 


—  lu  Mart.  X, 


13-16.  — 12 Mon.  Ancyr.  III,  7  cl  suiv.  —  13  Marquai’ 
p.  173  et  suiv. 


•dl,  Orgnn.  fi11- 


rail,  fr* 


MEN 


—  1717  — 


MEN 


essence,  qu’elle  fut  corruptrice  à  Rome  plus 
Bon  dan^0"  s  avons  dit  en  commençant  que  ce  vice 
gu'ai|lelin,y  origines  mêmes  de  l’institution,  qui  n’avait 
reIïl°nl(' l’idée  d’assistance,  mais  celle  du  butin.  Du 
Pasàsn  ('"nombre  des  participants  fut  limité,  on  peut 
j°ur  0U  t  pa9Sistance  publique  est,  en  fait,  née  à  Rome. 
^  Tins  cette  limitation  même,  il  n  y  avait  qu’une  idée 
*lalS’  ‘  J  ic  gi  ie  christianisme,  dès  le  milieu  du  me  siècle, 
(j’écono'm^om^  un  pr0digieux  changement  dans  l’assis- 
^  Vour  les  siens  d’abord,  puis,  dans  la  suite,  pour 
laTh  population  pauvre,  c’est  parce  que  l’assistance 
T' hennc  sortit  de  l’idée  de  charité,  d’où  le  discerne¬ 
rai  des  divers  besoins  et  l'adaptation  de  secours  appro- 
D1Cn,  ■  chacun  de  ces  besoins.  D’ailleurs  la  charité  chrê¬ 
me  emprunta  aux  mœurs  du  temps  des  usages  sous 
lesquels  elle  put  se  dissimuler,  tels  que  la  sportule,  les 
repas  publics,  etc.  Mais  nous  ne  saurions  en  traiter  sans 
sortir  de  nos  limites. 

Les  distributions  furent  faites  en  blé  jusqu’à  Au- 
rélien:  en  pain  de  première  qualité,  en  forme  de 
couronne,  à  partir  de  ce  prince1.  A  Aurélien  aussi 
seraient  dues  les  distributions  de  viande  de  porc 2 
[laniusJ.  Ceux  qui  avaient  droit  aux  libéralités  étaient 
appelés  incisi ,  parce  que  leurs  noms  étaient  inscrits 
sur  des  tables  de  bronze,  et  ils  recevaient  une  fois  pour 
toutes  la  tessera  3. 

Le  pain  distribué  est  souvent  désigné  par  l'épithète  de 
gradilis,  parce  qu’on  devait  le  recevoir  sur  les  marches  de 
la  boulangerie  ou  les  degrés  de  1  estrade  où  siégeait  le 
magistrat  distributeur  (fig. 
4900) 4 .  Il  était  interdit  de  le 
faire  passer  de  main  en  main, 
d’une  marche  à  l’autre,  ni  de 
le  donner  dans  le  sous-sol,  afin 
d’éviter  la  confusion.  Il  était 
ainsi  plus  facile  de  voir  si  la  tes- 
sère  était  présentée,  et  de  s’as¬ 
surer  que  la  même  personne  ne 
la  présentait  pas  deux  fois.  Il 
était  interdit  au  peuple  de  des¬ 
cendre  dans  le  sous-sol  qui 
servau  de  refuge  aux  voleurs  et  aux  courtisanes  de 
bas  étage.  Tout  devait  se  passer  au  grand  jour  et 
sur  les  marches6.  La  tessera  pouvait  être  achetée  à 
un  précédent  ayant  droit6  ou  léguée,  et  les  maîtres 
n'aienl  soin  d’en  pourvoir  l’esclave  en  l’affranchissant. 
Les  distributions  avaient  lieu  au  Portions  Minucia  dans 
neuvième  région,  qui  comprenait  quarante-cinq  ostia"' . 
n  tessera  indiquait  les  jours  et  l 'ostium  où  devait  se 
présenter  le  porteur.  Il  fallait  pour  l’obtenir  avoir  le 
1  complet  de  cité,  clause  qui  n’eut  plus  de  raison 
I  u ri  à  partir  de  l'édit  de  Caracalla  conférant  à  tous  les 
De  ^'*3res  de  l’Empire  le  droit  de  cité  romaine. 
(,"sar,  on  devait  en  outre  faire  une  déclaration8. 

!,  a .  p[jn  ^ure^  35.  —  2  Lex  Julia  municip.  1.  15;  Sen.  De  ben.  4, 
220,  i  r  ,  ane^‘  -8»  6;  Lamprid.  V.  Diadum.  2,  10;  Corp.  inscr.  lat.  VI, 
^ 4 Grand  1  ~  3  Marquardl,  Organ.  fin.  trad.  fr.  p.  160,  n.  7. 

•  congiaril’m.  —  5  Cod.  Theod.  14,  71;  3  et  4  et  le 
II,  p.  i(53  n  a  ^0<^efroid  ;  Prudent.  II,  948  ;  Id.  Adv.  Sym.  1,  582.  —  6  Marquardt, 
^vlia munici  “ YT  ‘  n*  2.-8  Lex  Julia  municip.  L.  c.  —  9  Lex 

-12  SjmnH  i  1  C°d'  Theod"  X1V-  ,7-~  *°Suet-  Cacs ■  XLU-  -  11  W.  Aug.  XLIV. 
». Xxv.  ...  ’tt’r  w  p’  7'  ~  13  Cod-  TI>eod.  1.  XIV,  t.  XVIII.  -  H  Cod.  Just.  1.  XI, 
lXXx.c.V.lB  ^  UXX’  Pracf-  8CI-  ~  16G-  Nov.  LXXX-  c-  1V-  -  11  G-  Nov. 

ibliographie.  Boeckh,  Econ.  politique  des  Athéniens  ;  Schoemann 


On  exigeait  le  domicile  réel  à  Rome  [plebs  urbana).C& 
n’est  qu’à  partir  de  Trajan  que  les  enfants  y  furent  admis. 
Des  précautions  étaient  prises  pour  que  les  ayants  droit 
seuls  prissent  part  aux  distributions  :  les  magistrats 
chargés  de  cette  fonction  en  étaient  responsables  sous 
peine  d’amende9. 

Les  lois  agraires  n’avaient  eu  en  somme  d  autre  but 
que  de  diminuer  la  plebsurbana.  César,  comme  corollaire 
à  la  radiation  de  170000  participants,  leur  proposa  de 
s’établir  dans  des  colonies  qui  furent  formées  à  cet  eflet. 
Quatre-vingt  mille  acceptèrent  1#.  Il  exigea  que  les  pro¬ 
priétaires  employassent  au  moins  un  tiers  de  travailleurs 
libres11.  C’était  un  moyen  efficace  d’empêcher  la  popu¬ 
lation  rurale  dépourvue  de  ressources,  en  partie  à  cause 
de  l’esclavage,  d’affluer  à  Rome.  Auguste  s'inspira  des 
mêmes  principes.  Dans  un  moment  de  disette  il  renvoya 
de  Rome  tous  les  étrangers  à  l'exception  des  médecins  et 
des  professeurs,  et  lorsque  l’abondance  fut  revenue,  il 
conçut  le  projet  d’abolir  les  distributions  de  grain  qui, 
pensait-il,  nuisaient  à  l’agriculture,  et  par  conséquent 
entretenaient  le  paupérisme.  Mais  des  raisons  politiques 
le  firent  renoncer  à  ce  projet,  d'ailleurs  impraticable  et 
même  inhumain  par  son  radicalisme.  Mais  ce  n  est  que 
fort  tard  que  l’on  voit  l’administration  prendre  des 
mesures  contre  la  mendicité  proprement  dite.  Symmaque 
expulsa  de  Rome  une  foule  d’intrus  attirés  uniquement 
par  l’appât  des  distributions  12. 

Les  empereurs  Gratien,  Valentinien  et  Théodose  font 
procéder  à  un  examen  de  tous  les  mendiants13.  Mais  ici 
l’humanité  ne  perd  plus  ses  droits.  Tous  ceux  qui  sont 
reconnus  infirmes  ou  trop  âgés  pour  gagner  leur  vie 
gardent  le  bénéfice  de  l’assistance  publique  et  l'on  doit 
les  laisser  mendier  en  paix.  Au  contraire,  les  mendiants 
valides  ( mendicantes  validi)  doivent,  s'ils  sont  de  con¬ 
dition  libre,  être  adjugés  comme  colons  perpétuels  à  ceux 
qui  les  auront  signalés  ;  s’ils  sont  esclaves,  ils  appartien¬ 
dront  à  leur  dénonciateur.  Le  code  Justinien  reprend  à 
son  compte  et  applique  à  la  ville  de  Constantinople  la 
même  mesure  **.  Il  y  ajoute  tout  un  ensemble  de  pres¬ 
criptions  concernant  les  étrangers  vivant  à  Constan¬ 
tinople  ou  de  passage  dans  cette  ville,  et  qui  ont  pour 
objet  d’empêcher  les  campagnes  de  se  dépeupler  au 
détriment  des  villes  encombrées  et  de  l’annone15. 
Les  étrangers,  s’ils  n’ont  pas  de  moyen  d'existence 
suffisant  et  se  rendent  en  outre  coupables  de  quelque 
délit,  doivent  être  expulsés.  S’ils  sont  esclaves,  on 
recherchera  leurs  maîtres  à  qui  ils  seront  rendus.  S’ils 
sont  libres,  on  les  rapatriera  même  malgré  eux  16.  Quant 
aux  mendiants  proprement  dits,  s'ils  sont  valides  et  ont 
le  droit  d’habiter  Constantinople,  on  les  emploiera  de 
force  aux  travaux  publics,  tels  que  jardins,  boulan¬ 
geries,  etc.  Les  mendiants  étrangers  seront  expédiés  dans 
leur  province  d’origine  n.  André  Baudrillart. 

MÉNÉLAS.  —  Ménélas  était,  en  Laconie,  l’objet  d’un 

Antiquités  helléniques,  trad.  Galuski;  Lorenz,  Publicae  pauperum  ap.  veteres  curae 
specimina,  Altenburg,  1797;  Van  Lennep,  Disputatio  juridica  ad  Valentiniani 
constitutionem  de  mendicantibus  validis,  Lugd.  Bat.  1824;  Teuffel,  in  Pauly's 
Realencyclopaedie,  IV,  art.  mendici  et  pauperes;  Drumann,  Die  Arbeiter  und  die 
Communisten  in  Griech.  und  Rom,  Kônigsberg,  1860;  Serrignv,  Droit  public  et- 
administratif  des  Romains,  Paris,  1862,  t.  I,  n.  357;  II,  n.  779,  836,  840,  1183  et 
suiv.  ;  Naudet,  Des  secours  publics  chez  les  Romains,  Acad,  des  Inscr.  t.  XIII; 
Marquardt,  Manuel  des  antiquités  romaines,  t.  X;  De  l’organisation  financière 
chez  les  Romains,  trad.  fr.  ;  Mommsen,  M an.  des  Antiq.  Rom.  t.  VI,  Droit  public  ; 
Lallemand,  Hist.  de  la  charité,  t.  I,  1902. 


Fig.  1900.  —  Distribution  d’un 
congiaire. 


216 


MEN 


—  1718  — 


✓ 


culte,  ainsi  qu’Hélène1.  Le  centre  de  ce  culte  était  la 
montagne  située  à  l'est  de  Sparte,  et  appelée  Ménélaïon-. 
Le  bourg  de  Thérapné  y  possédait  le  tombeau  et  les 
temples  de  Ménélas3  et  d'Hélène1.  On  montrait  aussi,  en 
sortant  du  Dromos,  à  Sparte,  l’ancienne  maison  de  Mé¬ 
nélas,  près  d’une  statue  d’Hercule  B.  Hélène  et  Ménélas 
étaient  adorés,  à  Thérapné,  non  comme  des  héros,  mais 
comme  des  dieux6. On  leur  offrait  des  sacrifices,  on  célé¬ 
brait  des  fêtes  en  leur  honneur1.  La  fête  d’Hélène  s’ap¬ 
pelait  EXév(e)ias;  Hopr/j  de  Ménélas  nous  est  seulement 
signalée9,  sans  que  son  nom  soit  spécifié.  Mannhardt 
suppose  que  Ménélas  et  Hélène  étaient  originairement, 
en  Laconie,  deux  divinités  locales  en  rapport  avec  le 
culte  des  arbres10.  Ce  culte  aurait  ensuite  passé  en  Arca¬ 
die,  où  1  on  retrouve,  près  de  Kaphyai,  un  platane  sacré 
appelé  MeveAaiç 1  ‘ ,  et,  sans  doute,  colporté  par  quelque 
colonie  très  ancienne12,  en  Égypte13  et  en  Cyrénaïque  u. 
L'épopée  homérique  et  les  récits  post-homériques,  en 
racontant  le  séjour  du  couple  Ménélas-Hélène  en  Égypte 
avant  son  retour  à  Sparte,  n'auraient  fait  que  consacrer 
le  souvenir  de  ces  anciens  rapports  entre  l’Égypte  et  le 
Péloponèse  et  donner  une  explication  légendaire  de  la 
présence  de  ces  cultes  arcadico-laconiens  en  Afrique. 

G.  Fougères. 

MKlMSKOS  (My)vi<txoç). —  Les  mots  {xv^ vvj  et  p.7)vî<7xo;  dé¬ 
signent  le  croissant  de  lune,  par  opposition  à  aeXvjv-r]  qui 
désigne  la  lune  pleine.  Mais  le  mot  p.T|Vi<7xoç  a  été  em¬ 
ployé  une  fois  par  Aristophane  1  en  un  sens  figuré  :  il 
s'agit  là  d’un  objet  destiné  à  garantir  les  statues  contre 
les  saletés  que  pouvaient  faire  sur  elles  les  oiseaux.  C’est 
à  ce  point  de  vue  seulement  que  le  mot  nous  intéresse. 

Les  commentaires  du  scoliaste  d’ Aristophane,  de 
Suidas2  et  d’Hésychios3  ne  sont  guère  qu’une  para¬ 
phrase  du  texte  du  poète  et  ne, fournissent  pas  une  des¬ 
cription  précise  de  l’objet.  D'autre  part,  les  fouilles  n’en 
ont  fait  retrouver  jusqu’ici  aucun  échantillon.  Pour  nous 
le  représenter,  il  faut  déterminer  d'abord  à  quels  besoins 
réels  il  répondait  dans  les  sanctuaires  de  l’antiquité. 

Un  grand  sanctuaire  était  fréquenté  fatalement  par  des 
oiseaux  en  grand  nombre,  non  pas  seulement  par  des 
petits  oiseaux,  mais  par  des  corneilles,  des  milans,  des 
éperviers,  etc.  Ceux-ci  étaient  attirés  par  les  sacrifices 
qui  étaient  faits  journellement  sur  tes  autels;  après  le 
dépeçage  de  la  victime,  il  traînait  toujours  à  terre 
quelques  débris  dont  ils  faisaient  leur  proie.  L’habi¬ 
tude  les  rendait  même  très  familiers,  au  point  qu’ils 
n’attendaient  pas  la  fin  de  la  cérémonie  pour  venir 
happer  un  morceau.  Pausanias  *  assure  qu’à  Olympie 
leur  voracité  était  relativement  discrète  et  que  les  sacri¬ 
ficateurs  n’en  étaient  importunés  que  rarement,  mais  il 
présente  cela  comme  un  fait  merveilleux  :  c’est  donc  que 

MESIELAS.  l  Voir  les  testes  réunis  par  Wide,  La/e.  Kulte,  p.  340-346,  et 
Roscher,  Lexic.  dur  Myth.  art.  mbnelaos.  —  2  Polyb.  111,  18,  3;  V,  18,  21  22- 
Civ.  XXXIX,  28;  Et.  Byz.  s.  v.  McvlXao;.  Voir  les  fouilles  exécutées  par  Ross  en 
1833-1834  :  Ross,  Arch.  Aufscltze,  1,  C;  II,  p.  341  ;  Drcssel-Milcbbôfer,  Ath.  Mith. 

Il,  p.  321  sq.  Des  fouilles  récentes  (1900;  ont  dégagé  le  monument  d  une  manière 
plus  complète  (Kastriolis,  UçaxTix*  TJ[;  à?/.  tTotipiia;,  1900,  p.  74).  Sur  les  figurines 
d  homme  et  de  femme  découvertes  à  cet  endroit,  voir  Perdrizet,  Hep.  archéol. 
1897,  I,  p.  8.  Le  Ménélaïon  était  un  céuotaphe  constitué  par  trois  terrasses  rectan¬ 
gulaires  superposées  et  soutenues  par  de  gros  murs  d’appareil  quadrangulaire  ;  la 
terrasse  inférieure  mesure  23  m.  70  sur  16  m.  50;  la  terrasse  supérieure  (8  m.’fO 
sur  5  m.  50)  est  remplie  intérieurement  par  un  blocage.  —  3  paus.  III,  19,  9. 

-  4  Herod.  VI,  61  ;  Paus.  111,  7,  7  et  15,  3  ;  Tryphiodor.  518.  -  5  Paus.  III,  14,  fi. 
Wide  (La/c.  Kulte ,  p.  346)  suppose  que  le  culte  d’Hercule  étouffa  celui  de  Ménélas  et 
se  substitua  partiellement  à  lui  dans  ses  rapports  avec  Hélène.  —  6  Isocr.  Encom 
ffclcn.  63.  -  Aen.  Gaza.  Theotbr.  046  (Mignc)  ;  Oenomaos  ap.  Euseb.  Praep. 


MEN 


règle  ailleurs.  Lucrèce6 

me  légende  a‘L 

corneilles  n’approchaient  point  d’un 


part,  raconte,  d’après  une  légende  athénienne’ 


le  fait  contraire  était  la 

J  aulJ 

_ _  ,  i  _  .  que  les 

'Acropole,  «  non  pas  même  quand  les  ^crir"  ‘!ndroil  de 
sur  les  autels  »  :  cela  prouve,  tout  au  moins  ^  f"7aient 
enfices  avaient  pour  effet  ordinaire  Sa' 

neifies.  Tous  ces  oiseaux  effrontés,  en  raison'  'i  **  COr' 
qu’ils  déposaientpartout,  étaient  un  tourment  ! 
qui  avaient  charge  de  l’entretien  et  de  la  bonneT'  ^ 
sanctuaire.  Le  jeune  Ion,  dans  la  tragédie  ,rp  ®du 
se  montre  fort  irrité  contre  les  «  oiseaux^du Parnasse’,6’ 
.1  les  menace  de  ses  flèches;  il  veut  les  écarter  à  iJ 
prix,  parce  qu’ils  souillent  les  offrandes  sacrées  1 
parce  qu  ,1s  essaient  d’établir  leurs  nids  sous  la  co 
ni.  he  du  temple.  Mais  il  ressort  des  paroles  d’ion  nue 
certains  oiseaux  ne  devaient  pas  être  tués,  du  mZ 
dans  un  sanctuaire  divin,  puisque  l’on  se  servait  de  JL 
vol  et  de  leurs  cris  pour  connaître  la  volonté  des  dieux. 
L  on  peut  supposer  aussi  que,  bien  souvent,  les  oiseaux 
habitants  d’un  sanctuaire  devaient  être  considérés 
comme  la  propriété  du  dieu  et  bénéficier  d’une  sorte  de 
droit  d’asile  (un  peu  comme  les  pigeons  de  Saint-Marc  à 
Venise  ou  comme  ceux 
qui  peuplent  la  cour 
intérieure  de  certaines 
mosquées  à  Stamboul). 

Il  fallait  donc  subir  leur 
présence  et  se  borner  à 
prendre  les  précautions 
voulues  pour  écarter  ou 
atténuer  les  fâcheuses 
conséquences  qui  en  ré¬ 
sultaient. 

Les  métopes  sculptées 
du  grand  temple  d'O- 
lympie  fournissent  le 
meilleur  exemple  des 
moyens  employés  pour 
empêcher  le  nichage 

des  oiseaux.  Partout  où  les  fortes  saillies  de  la  sculpture 
offraient  une  place  propice  à  l’établissement  d’un  nid, 
des  fiches  de  fer  ou  de  bronze,  enfoncées  dans  le  marbre, 
mettaient  un  obstacle  à  la  gent  ailée.  Ces  fiches  n’exis¬ 
tent  plus;  mais  les  trous  où  elles  étaient  plantées,  pro¬ 
fonds  de  0  m.  03  à  0  m.  043,  existent  toujours,  et  l’ex¬ 
plication  que  M.  Petersen  a  été  le  premier  à  en  donner 
ne  saurait  être  sérieusement  contestée1.  On  peut  différer 
d’avis  seulement  sur  la  forme  exacte  de  l’objet,  mais 
non  sur  sa  destination.  M.  Treu  a  adopté  la  forme  la  plus 
simple,  une  tige  droite  8,  suivant  le  modèle  constaté  sur 
le  Triton  du  temple  de  Locres9  ;  M.  Petersen  préférait  la 


Fig.  4901.  —  Ménisque  sur  une  antéfixe. 


ev.  \,  28,  p.  223.  — 8  Hesych.  s.  v.  rE).cvta  et  xâwaflça  ;  cf.  Plut.  Ages.  1  •*  >  J" 11 
X VIII ,  43  sq.  — 9  Athenagor.  Presb.  14  :  AaxeSaijJtôvioi  MevéXewv,  *a‘ 
aÙTS  xat  £oçTàÇou<Ttv.  Les  érudits  modernes  ont  adopté,  après  Meursius >(  ^  ^ 
feriata ,  p.  201),  le  nom  de  Mcnelaeia  ou  Menelaia.  —  10  Mannhardt,  Antike  ^  ^ 
u.  Feldkulte ,  p.  22;  Wide,  Lak.  Kulte ,  p.  317  et  343;  cf.  Theocr.  XV  , 
l’Hélène  $ev$PïTtç  de  Rhodes  (Paus.  III,  19,  10);  Kaibel,  Bernes,  XXVII,  ’ 

—  H  Paus.  VIII,  23,  4.  —  12  Pind.  Pxjtli.  V,  83;  Boeckh,  Expl.  Pwd.  P-  ,-^j 

—  13  plut.  De  Herod.  malign.  12  ;  Scylax.  ap.  Geogr.  Min.  de  Müllei,  L  P-  ^ 

Strab.  XVII,  801;  Tac.  Ann.  II,  60.  -  i*  Herod.  IV,  169;  Pind.  Pyth.  V,  _ 

,  u  m  i  _ _ _  a 

MEIVISKOS.  1  Av.  1114.  —  2 Lex.  s.v.  —3Lex.  s.  v.  —  *  V,  1*.  >■  j33 

rer.,  VI,  752-3.—  6  Ion,  102  sqq.  - 1  Cf.  Petersen,  Athen.  Mittheil.,  XIV, 
sqq.  ;  Treu,  Olympia,  III,  Die  üildwerke  in  Stein  und  TVzon  (1897),  R  ^  Jbid.f. 
détail  des  trous  constatés  dans  les  parties  subsistantes  des  métopes,  <  I  1  ’ 

158,  160,162,  164,  165,  169,  170,173,  174,  176,  178.  —  8  Cf.  Olympia.  ^’r| 
pi.  xlv,  —  9  Cf.  Roem.  Mitth.,  V,  1890,  pl.  ix  Ant.  Denkmaeler,  I,  P  •  ul 


MEN 


—  1719  — 


MEN 


(rident  *,  qu’il  retrouvait  sur  une  tuile  antéfixo 
forme  r"  _  __  ^  ggl  remarquable  que,  tandis  que  les  mé- 
JeC<l] 'ms  le  temple  d’Olympie  étaient  si  bien  protégées, 
l°Pes  retrouvé  trace  de  précautions  pareilles  pour 

onn/'  P  sauf  peut-être  dans  le  Pélops  du  fronton 
les  fronton»)  r 

or;;1,;l;;e  se  préoccupait  pas  seulement  d’empêcher  les 
I.  n  .  nicher  autour  du  temple,  mais  même  de  se 

tic  ii*1"  i  •  i  • 

,,,•  sur  le  temple.  Pour  cela,  on  dressait  des  pointes 
f  Ill!nl  sur  les  acrotères,  les  antéfixes  et  sur  le  faite  de 
l’édifice.  Des  antéfixes  ainsi  protégées  ont  été  retrouvées 
6  pâlie  (fig.  4901)  4-  L’historien  Josèphe  5  mentionne 
,  le  faite  du  grand  temple  de  Jérusalem  était  garni,  à 
'cet  usage,  dofcW  dorés;  il  n’est  pas  improbable  que  ces 
ôêsXot  étaient  réunis  par  petits  groupes,  lesquels  ressem¬ 
blaient  à  nos  paratonnerres  à  pointes  multiples.  Pour  les 
acrotères  enfin,  je  citerai  seulement  deux  exemples 
empruntés  à  deux  époques  différentes  :  un  Sphinx 
archaïque,  de  l’ Acropole  d’Athènes6,  et  les  trois  petites 
Nikès  du  temple  d’Artémis,  au  Iliéron  d’Épidaure1. 

Après  le  temple,  il  restait  à  protéger  les  offrandes  dis¬ 
séminées  tout  autour,  dans  le  téménos.  Le  second  grief 
du  jeune  Ion  contre  les  «  oiseaux  du  Parnasse  »  est 
qu’ils  souillent,  on  devine  comment,  les  saintes  offrandes 
(«p'  àvaO-qgaTa).  Ces  offrandes  étaient  principalement 
des  statpes.  Il  s'agissait  de  faire 
en  sorte  que  les  oiseaux  ne  pus¬ 
sent  se  poser  dessus8.  On  s’y 
prenait  comme  pour  les  figures 
d'acrotères  et  les  tuiles  antéfixes  : 
on  fixait  dans  la  tête  de  la  statue 
une  pointe  de  métal.  Certaines 
des  figures  archaïques  de  l’Acro¬ 
pole  d’Athènes9  ont  gardé  cette 
pointe  intacte  (fig.  4902)  ;  chez  la 
plupart,  elle  est  cassée  au  ras  du 
crâne;  à  tout  le  moins,  le  trou  où 
elle  était  plantée  oblige  à  en  ad¬ 
mettre  l’existence  autrefois.  C’est 
une  règle  générale  qui  souffrait 
cependant  maintes  exceptions  : 
par  exemple,  les  têtes  archaïques 
u  'h‘sée  de  1  Acropole  qui  ne  montrent  pas  trace  de 
appai cil  défensif  sont  environ  dans  la  proportion  d’une 
111  (inq  ■  Cet  appareil  n’existe  que  sur  la  tête  ;  si  l’on 
d  ^hicé  quelquefois  aussi  sur  les  épaules,  le  cas  doit 
rt  ''ùi finement  rare  et  n’a  pas  encore  été  signalé.  Les 
Qu  dux  l,0uvaient  donc  se  poser  librement  sur  les  épaules 
jjUSUI  ^)ras’  quand  un  des  bras  était  tendu  en  avant11, 
du'br  'n  la*S°n  ^  1  étroitesse  relative  de  l’épaule  et 
si  b  T8  ava^  ^  celft  un  moindre  inconvénient  que 
I '*  ' 11  rn^me  eht  été  prise  pour  perchoir. 

Dous  pUeSt'0n  Princ*Pale  est  si  la  tige  de  métal,  telle  que 
a'ons  conservée,  constituait  à  elle  seule  toutl’ap- 


F'g.  4902.  —  Ménisque 
sur  une  statue. 


1  *-f-  fctersen,  h.  /_ 

p.  2  eUi  TreU’  °'ymP‘a,  III,  p. 
Dl  etpl-  XLI;  éeterse 
pi-  xii,  A.  _  7 
statue 


-37.  —  2  Cf.  Monum.  del  Ist.,  Suppl,  pl.  n,  3. 
p.  46,  fig.  56.  —  4  Adler,  Arch.  Zeitg.  1874, 
,(9en’  1 ■  l-  P-  328.  —  S  V,  5,  C.  —  6  Cf.  ’EW.  à,*.,  1883, 
élevée  s  *  Cavvadias,  Calai.  Mus.  nat.,  159-161.  —  S  Une  grande 
P'wes  pour  nichei.  ""  pi^eslal  haut,  pouvait  offrir  aux  oiseaux  de  bonnes 
Pourquoi  des  pré  "  60  61a*1  ams‘  de  la  Nike  de  Paeouios  à  Olympie  ;  c’est 
Otftipia,  lu  p  t ' T  ava‘eul  été  prises  pour  elle  contre  le  nichage  :  cf.  Trou, 
te^i  lue  nous  av  S'S  Un  lel  cas  esl  exceptionnel  pour  les  statues  el  rentre  dans 
d  Collignon,  5,s/  txam‘n^  Pour  les  temples.  —  9  Cf.  Musées  d’Athènes ,  pl.  ui-iv, 
^ai>s  noire  ’xtulpt.  gr 1,  p|.  i  (c’est  la  statue  dont  la  tête  est  reproduite 

i  Cf.  encore  Mus.  d’A  th ..  pl.  vu-vin  (la  tige  est  ployée,  mais  elle  est 


pareil  défensif,  ou  bien  si  elle  n’était  que  le  support  d'un 
autre  objet,  disparu  aujourd’hui,  lequel  aurait  été  la 
partie  essentielle.  On  a  penché  d’abord  vers  cette  seconde 
hypothèse.  M.  Petersen1’  proposait  un  disque  rond,  posé 
horizontalement  au-dessus  de  la  tête  ;  d’autres  préféraient 
une  demi-lune  ou  un  croissant  posé  également  à  plat13. 
Ces  opinions  paraissent  aujourd’hui  erronées  :  la 
simple  tige  de  métal,  plantée  au  milieu  de  la  tète,  était 
d’une  efficacité  suffisante;  car  l'oiseau  ne  pouvait,  natu¬ 
rellement,  se  poser  sur  la  pointe,  et  il  ne  trouvait  libres 
que  les  pentes  du  crâne,  sur  lesquelles  il  lui  était  impos¬ 
sible  de  se  tenir  (ne  pas  oublier  qu’il  s'agit  d’oiseaux 
assez  gros),  ou  du  moins  de  se  tenir  tranquillement,  sans 
un  effort  et  une  gêne  qui  le  décidaient  vile  à  chercher 
ailleurs  une  place  plus  confortable.  Pratiquement,  une 
tête  de  dimensions  naturelles,  munie  d'une  tige  droite  au 
milieu  du  crâne,  devenait  pour  les  corneilles,  milans, etc., 
un  perchoir  interdit11.  Il  semble  bien,  en  effet,  que 
les  tiges  encore  existantes  sur  les  statues  de  l'Acropole 
n’ont  jamais  servi  à  porter  un  objet  quelconque  :  leur 
extrémité  est  légèrement  effilée,  et  on  n'y  voit  point 
trace  de  soudure,  ni  de  l’insertion  d’une  plaque,  de 
quelque  forme  qu’elle  fût,  en  métal  ou  en  bois.  Même, 
dans  deux  cas  au  moins  1S,  la  tige  unique,  qui  est  d'ordi¬ 
naire  forte  et  carrée,  est  remplacée  par  trois  minces  ba¬ 
guettes,  ici  de  bronze,  là  de  fer,  enfoncées  ensemble 
dans  le  trou  ;  ce  serait  là  un  bien  mauvais  travail  pour 
une  tige  de  support.  Enfin,  M.Trendelenburg16atrèsjus- 
tement  appelé  l’attention,  à  ce  propos,  sur  des  vers,  jus¬ 
qu’alors  mal  expliqués,  d’une  satire  d’Horace1’  :  Priape, 
dieu  protecteur  d’un  jardin,  dit  de  lui-même  que,  pour 
effrayer  les  oiseaux,  il  a  un  roseau  planté  sur  le  crâne.  Le 
motif  de  cette  précaution  nous  apparaît  clairement  : 
Priape,  qui  prétend  être  l’épouvante  des  oiseaux  ( avium 
maxima  formido ),  prêterait  à  rire  si,  sur  sa  tête  même, 
quelque  corneille  venait  se  poser  et  y  prendre  ses  liber¬ 
tés.  Le  roseau  planté  verticalement  le  garantissait  contre 
l’outrage  18.  Or  cette  pointe  de  roseau  sur  la  tête  d'un 
Priape  en  bois  correspond  exactement  à  la  pointe  de 
métal  sur  les  statues  en  marbre  ou  en  bronze. 

Il  n’est  donc  pas  douteux  que  la  tige  de  métal  suffisait, 
à  elle  seule,  pour  constituer  l’appareil  de  protection, 
que  l’on  peut  appeler  le  «  gêne-corneilles  »  ou  le 
«  chasse-milans19  «.Mais  cetappareil  si  simple  a  pu  quel¬ 
quefois  prendre  un  aspect  différent,  soit  qu’on  voulût  le 
rendre  plus  efficace  encore,  soit  qu'on  essayât  d'en  tirer 
un  parti  décoratif.  Ainsi  M.  Studniczka,  dans  sa  restaura¬ 
tion  de  la  grande  statue  signée  d'Anténor 20,  lui  a  donné 
la  forme  d’une  fleur  de  lotus  qui  s'épanouit  au-dessus  de 
la  tête,  à  l’extrémité  de  la  tige;  et  il  est  possible,  en 
effet,  que  la  tige  se  soit  terminée  quelquefois  par  un 
fleuron  de  ce  genre,  pourvu  que  le  fleuron  ail  été  hérissé 
d'une  ou  plusieurs  pointes  qui  empêchassent  les  oiseaux 
de  s’y  poser.  Ce  fleuron,  par  sa  forme,  et  aussi  par  son 


restée  entière).  — 40  Cf.  Léchât,  Bull.  corr.  hell .,  XIV,  1890,  p.  349.  —  44  Cf.  Lecliat, 
Ibid.  —  12  Athen.  Mit  t! œil.,  XIV,  1889.  p.  235  et  notel.  —  13  Cf.  Léchât,  L.  I. 
p.  348  et  note  5.  -  44  Cf.  Trendelenburg,  Arch.  Ançeiger,  1898,  p.  230  sqq. 

—  4ü  Statues  publiées  dans  A  th.  Mitth..  XIII,  1888,  p.  135,  et  dans  Bull.  corr.  hell. 
XIV,  1890,  pl.  vi-vi bis;  cf.  Léchât,  L.  I.  p.  339.  —  46  Cf.  Arch.  Anzeig.,  1898,  p.  230. 

—  47  Sat.,  I,  8,  6-7.  —  48  Cf.  iiorat.  Ibid.  37-38.  —  Peu  importe  le  nom  de 
l’oiseau,  pourvu  qu’on  choisisse  une  espèce  assez  grosse  parmi  celles  qui  habitaient 
les  sanctuaires.  M.  Salomou  Reiuach  ( Bev .  arch.,  1890,  l,  p.  287>  a  eu  tort  d’em¬ 
ployer  le  mot  «  chasse-moineau i  »  ;  pour  les  oiseaux  de  petite  taille,  (  appareil,  tel 
que  nous  le  connaissons,  n’eût  pas  été  du  tout  un  obstacle.  —  20  Jahrbuch  arch. 
Inst.,  llt  1887,  p.  141. 


/ 


MEN 


—  1720  — 


éclat  (s'il  était  doré),  était  capable  d’ajouter  un  ornement 
à  la  statue,  tout  en  gardant  son  rôle  utile.  Enfin,  le  pas¬ 
sage  cité  d’Aristophane  témoigne  que  la  tige  se  terminait 
quelquefois  par  un  croissant,  qu’il  faut  se  représenter 
posé,  non  pas  horizontalement,  mais  verticalement,  de 
façon  que  les  deux  pointes  en  fussent  dressées  vers  le 
ciel.  Blaydes  1  a  très  bien  traduit  le  mot  pTpiérxot  par 
lunulae  cornutae  sive  curvatae.  Les  oiseaux  ne  pou¬ 
vaient,  naturellement,  se  percher  sur  les  pointes,  ni  da¬ 
vantage  sur  le  creux  du  croissant,  qui  était  en  métal 
mince  à  bords  coupants,  et  la  tige  de  support  les  empê¬ 
chait  de  se  poser  sur  la  tète  même.  Henri  Leciiat. 

MENS.  —  Les  calendriers  romains,  à  la  date  du  8  juin, 
font  mention  de  la  dédicace  sur  le  Capitole,  en  l’an  217 
av.  J.-C.,  d’un  temple  en  l’honneur  d’une  divinité  de  ce 
nom1  ;  ce  temple  avait  été  voué  deux  ans  auparavant  par 
le  préteur  T.  Otacilius2,  en  même  temps  que  Fabius 
Maximus  en  vouait  un  autre  à  Vénus  Érycine  et  que  le 
Sénat  ordonnait  des  démonstrations  de  piété  extraor¬ 
dinaire  à  l’adresse  des  Douze  Grands  Dieux,  le  tout  à 
l'instigation  des  duumviri  saci'is  faciundis  qui  avaient 
consulté  les  livres  Sibyllins  3.  Il  s’agissait  de  conjurer  la 
colère  céleste  qui  s’était  manifestée  dans  les  premiers 
désastres  de  la  seconde  guerre  punique.  Les  deux  tem¬ 
ples  de  Mens  et  de  Vénus  Erycine  étaient  voisins,  séparés 
seulement  par  un  fossé  ;  l’emplacement  choisi,  qui  était 
en  dehors  du  pomoerium ,  et  les  circonstances  où  ils 
furent  voués  leur  donnent  un  caractère  de  religion  exo¬ 
tique4.  Cependant  Mens  parait  avoir  figuré  de  toute  an¬ 
tiquité  parmi  les  divinités  des  indigitamenta,  mais  le 
sens  en  était  différent5.  Elle  n’est  plus  seulement  désor¬ 
mais  celle  qui  préside  à  l’éclosion  de  l'intelligence  chez 
l’enfant,  mais  la  personnification  du  bon  sens  réfléchi 
qui,  ayant  fait  défaut  au  consul  Flaminius,  causa  la  perte 
des  Romains  au  lac  Trasimène6.  Son  temple  fut  restauré 
vers  120  par  Aemilius  Scaurus,  vainqueur  des  Cimbres7; 
à  partir  de  cette  époque,  Mens  prend  place  avec  Fides, 
Salus ,  Concordia,  etc.,  parmi  les  abstractions  divinisées, 
avec  le  qualificatif  de  Bona ;  on  lui  opposait  une  Métis 
Laeva  ou  Mala  8  qui  correspondait  à  YAtè  des  Grecs; 
celle-ci  représentant  l’esprit  d’imprudence  et  d’erreur. 
Bona  Mens ,  qui  figure  sur  les  inscriptions  9  et  chez  les 
auteurs  de  l’Empire,  a  souvent  une  signification  poli¬ 
tique,  celle  du  dévouement  loyal;  d’autres  la  réclament 
avec  la  santé  du  corps,  pour  que  leur  union  fasse 
l’homme  complet;  le  mens  sana  in  corpore  sano  de 
Juvénal  en  est  une  variante10.  J. -A.  Hild. 

MENSA,  Tpi-rceÇa,  table.  —  11  est  difficile,  et  inutile, 
d'indiquer  tous  les  emplois  auxquels  pouvait  servir  ce 
meuble,  qui  n’était  pas  moins  nécessaire  aux  anciens 
qu'il  ne  l’est  à  nous-mêmes.  Nous  rappellerons  simple¬ 
ment  les  principaux  de  ces  usages,  nous  proposant 

1  Ap.  Aristoph.  Av.  1114.  —  Bibliographie.  E.  Petersen,  Vogelabwelir,  dans 
Athen.  Mittheil.,  XIV,  1889,  p.  233-239  et  328;  H.  Léchât,  Mr,vhn<o;,  dans  Bull, 
corr.  hell.,  XIV,  1890,  p.  337-350  ;  A.  Trendelenburg,  dans  Jahrbuch ,  arch.  Inst., 
XIII,  1898,  Arch.  Anzeigcr,  p.  230-234. 

MENS.  1  Menti  in  Capitolio.  —  2  Tit.  Liv.  XXII,  10,  10.  —  3  Id.  XXVIII,  31,  9. 

—  4  Cf.  Jordan,  Topographie ,  I,  2,  p.  42;  Gilbert,  Geschichte  und  Topographie , 
III,  p.  101,  399.  —  5  Aug.  Civ.  Div.  IV,  21  ;  indigitamenta,  p.  470.  —  6  Ov.  Fast. 
VI,  241,  s.;  cf.  Preller-Jordan,  Roem.  Mythol.  II,  p.  266  et  le  dicton  connu  ;  Quos 
Vult  perdere  Jupiter  dementat.  —7  Cic.  Divin.  II,  23,  61  ;  Plut.  Fort.  Rom.  5,  10. 

—  »  Voir  entre  autres  Virg.  Aen.  Il,  54  :  si  mens  non  laeva  finisset. 

—  9  Corp.  inscr.  lat.  I,  1237,  1167  ;  Bull,  dell  Instit.  1859,  p.  85,  et  1862,  p.  48. 

—  10  Prop.  III,  24,  19;  Ov.  Amor.  I,  2,  31  ;  Pers.  II,  8;  Petron.  p.  61  ;  Scn.  Kp. 
X, 4;  Juv.  X,  355. 

MENSA.  1  Poil.  On.  6,  83;  10,  09.  — Varr.  De  1. 1.  5,  26-7.  Aux  exemples  cités 


MEN 


d’étudier  la  forme  des  tables  et  non  d’en  f  ■ 
détaillée  ;  on  trouvera  aux  mots  AimTs'"1'0  ' llisloire 
coena,  ce  qui  regarde  l’organisation  du  L  ,  AHTIBtILH 
romain,  que  la’  mensa  soit  une  vraie  Srec  el 

(p-ayt'c)  *,  un  simple  guéridon  posé  devant  *  man8er 
ou  un  dressoir,  portant  de  la  vaisselle  prôei  ^°nviVes, 
mets  et  des  vins  ( tabula  vinaria,  cihjbathu^ '  ^ 
bulum,  urnarium)  2.  Les  tables  à  calculer  h!’  Tt 
les  mensae  lusoriae  [lusoria  tabula],  consistant  li 61 
souvent  en  simples  tablettes,  ne  sont  pas  à'nrnJo 
parler  des  tables.  *  lment 

Il  est  parlé  ailleurs  [argentarii,  trapezitae]  du 
toir  des  changeurs  et  banquiers,  des  tables  étalons^ 
poids  et  mesures  [ponderarium],  des  estrades  [catast.ô 
sur  lesquelles  étaient  exposés  les  esclaves  mis  en  vente» 
de  l’étal  (mensa  lanionia) 1  dont  se  servaient  les  bouchers 
" [laniarium,  lanius]  et  de  celui  sur  lequel  toutes  sortes  de 
marchandises  étaient  exposées  [mercator]. 

Il  faut  insister  sur  la  table-autel  et  sur  sa  présence 
presque  obligatoire,  dans  les  sanctuaires  [sacripicium]'. 
On  y  plaçait  soit  les  instruments  du  culte  (Fig.  133,  317) 
soit  les  offrandes  dédiées,  qu’elles  fussent  des  mets  réels 
ou  de  simples  simulacres  auxquels  étaient  censés  goûter 
les  héros  et  les  divinités  (fig.  417,  449,  2438,  4380).  C’est  là 
une  conception  primitive  que  l’on  retrouve  en  tout  pays  et 
au  fond  de  toutes  les  religions.  Le  téménos  deZeusLykaios 
dans  l’agora  de  Mégalopolis  [lykaia]  contenait  à  la  fois 
deux  tables  el  deux  autels5.  C’étaient  les  ûuwpol  TpMCE^t 
donlparle Hésychius  “ou  les  mensae afeocwm de l’Énéide1. 
Chaque  divinité  a  la  sienne8.  Nous  en  connaissons  par 
les  textes  de  Zeus  Pelor  9,  de  Jupiter10,  d’Heraklès ll, 
d’Apollon  12,  surtout  d’Asklépios13  :  ce  dieu  en  possède 
trois  au  moins  à  Cos,  une  pour  le  grand  prêtre,  deux 
autres  pour  les  hiéropes14;  d’autres  lui  sont  consacrées 
à  Épidaure  *5,  à  Panticapée  16,  à  Syracuse  11  et  à  Athènes1*. 
L’une  des  prêtresses  attiques  est  aussi  bien  la  frapé- 
zophore  l9.  Les  médaillons  d’Asie  Mineure  représentent 
des  tables  chargées  de  couronnes  destinées  aux  vainqueurs 
des  grands  jeux  (fig.  1333, 1334, 1337),  récompenses  hono¬ 
rifiques,  auxquelles  se  joignaient  parfois  des  prix  plus  sub¬ 
stantiels,  tels  qu’une  bourse  remplie  de  pièces  d  argent 
Ces  tables  agonistiques,  placées  sans  doute  dans  les 
temples  ou  dans  l’enceinte  du  stade,  faisaient,  elles  aussi, 
partie  du  matériel  sacré.  Au  lieu  d  être  dediees  a  es 
dieux,  les  mensae  pouvaient  l’être  à  de  simples  mode  s. 
Elles  figurent  dans  des  enterrements21  [funus,  hg-  •’  ,J1  ' 
elles  servaient  aussi  de  stèles  funéraires  1 1  11  ’ 

semble-t-il,  de  forme  rectangulaire,  allongé' s 
sens  horizontal22.  Une  loi  de  Démétrios  de  1  ia  ^eg 
comprise  ou  mal  traduite  par  Cicéron23,  et  h  s 
orateurs  attiques  24  attestent  que  ce  genie  e  0 
était  très  usité  à  Athènes  vers  la  fin  du  iV  s"M  11 


H  U  I899t  P’  11,1 

les  articles  abacus  et  cartibulum  ajoutez  Bail.  001  ^  e  ’  g08,  fig- 51, 

Dent  tiré  du  Trésor  de  Bosco-Reale,  Monuments  i  »,  ^  ^  15; 

Poil.  On.  7,  2,  11  ;  Cic.  Pis.  15;  Apul.  Met.  S,  P-  1-^  ^  ^  culle, 

en-Orelli,  Inscript.  6602.  —  B  Pans.  8,  3°,  -,  ,  _  8  Cic .  De»“t- 

liens,  p.  87-8.  —  6  Hes.  s.  v.  !»■[•:■  —  7  Virg' ,  „  ’  ",  At|,en  XIV,  P- 640 
3,  34  ;  Aristoph.  Plut.  176,  schol.  Marin.  Procl.  3-^  ^  ^  ^  ^  lsj!, 
Plin.  25,  59,  1.  —  U  Corp.  inscr.  att.  II,  602,  5-6.  -  Pai0n,  inscr. 

i.  _13  Ibid.  1877,  p.  162;  1878,  p.  76-8  (P.  Girard>-  Mittheil  1898, P-1'** 
36  c.  27,  p.  69  ;  36  d.  U, p.  70  ;  37,  9-10,  p.  78.-  »  e  _  „  Athen.  15,  «93  & 

tenberg).  — )6  Slepliani,  C.  rendu,  1873,  p.  59-60, 

e/  ....  .n  TA.  .  QiliH.  X.  V 


N.  S.  1869,  p.  139,  fig.  1-3  (monnaie  de  Byzance,  ^  /«Y.  188*,  P- 

Vase  d’Archémoros,  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  pl.  '•  g:!8  c,  P-  84il1, 

joc.chcke).  —  23  Cic.  I.eg.  2,  26,  66.-9*  Vit.  X  Oral.  P- 


I 


MEN 


—  1721 


MEN 


,  funéraires  étaient  aussi  connues  à  Rome1. 
1<*  mCina  ggf.jons  de  curieux  exemplaires  découverts  en 
N0"S.V  dont  deux  trouvés  à  Lambessa 2  (fig. 4903)  :  sur 
^jg(,ne,  ure  est  sculptée  en  creux  toute  une  série  de 

vases  et  de  plats, 


la  face  sapé' 


patères  à  man¬ 
ches,  coupes, 
cuillers,  passoi¬ 
res,  aiguières, 
cratères,  plats  à 
poissons.  II  faut 
y  voir  la  repré¬ 
sentation  sym¬ 
bolique  d’un  re¬ 
pas  offert  au  dé¬ 
funt  :  peut-être, 
au  jour  anniver¬ 
saire,  versait-on 
du  laiton  du  miel 
dans  les  réci¬ 
pients  figurés  sur 

ces  monuments.  Dans  des  cas  exceptionnels,  la  table 
pouvait  être  offerte  du  vivant  même  du  personnage, 
qu’on  honorait  ainsi  comme  un  héros  :  telle  était  la 
mensa  dont  les  trapézophores  onL  été  retrouvés  sur  l’Es- 
quilin  et  que  la  province  d’Asie  donnait  à  son  «  patron  », 
l’ancien  questeur  P.  Numicius  Pica  Caesianus3. 

1.  —  La  table  pouvait  n’avoir  qu’un  pied.  C’était  alors 

une  sorte  de  gué- 


Fig.  4903.  —  Table  funéraire. 


Fig.  4904.  —  Table  romaine  à  un  pied. 


ridon,  qu’on  po¬ 
sait  devant  les 
mortels  ou  de¬ 
vant  les  statues 
des  dieux  (fig. 
1691,  4379).  Il 
semble  que  cette 
forme  ait  été  par- 
ticulièrementusi- 
tée  en  Égypte  4, 
mais  nous  la  re¬ 
trouvons  sur  les 
patères  «  phéni¬ 
ciennes  »,  telles 
que  la  phi  ale  d'O¬ 
lympia,  conservée 


au  Musée  d’Athènes  5.  On  en  voit  une  à  pied  très  massif, 
sur  un  vase  de  style  corinthien  au  Louvre  (fig.  1690)  :  elle 
se>t  a  découper  des  viandes.  Les  potiers  de  Corinthe 
modelaient  leurs  vases  sur  une  table  à  peu  près  sem- 
' a  1''  3033),  mais  dont  le  pied  paraît  massif  et  fixé 

oo  teire6.  Dune  manière  générale,  les  Grecs  et  les 
omains  semblent  avoir  préféré  des  formes  plus  solides  et 
e^nl  1  assiette  était  plus  stable.  On  trouve  pourtant  des 
eMp  es  de  tables  à  un  seul  pied  à  Pompéi1  jusqu’au 
’Mpsde  l’Empire  (fig.4904;  voir  fig.  446, 1200  et  1201). 

Los  Grecs,  et  sans  doute  aussi  les  Romains,  préfé¬ 


raient  la  table  pleine  et  basse,  qui  servait  au  besoin  de 
banc  et  dont  les  monuments  du  Ve  et  du  iv,:  siècle  nous 
montrent  des  représentations  fréquentes*.  Le  cube  plein 
qui  sépare  les  héros  jouant  aux  dés  dans  un  motif  bien 
connu  des  céramographes  n'est  autre  chose  qu’une  mensa 
de  cette  forme.  Un  bas-relief  de  Merbaka,  près  d’Argos, 
est  de  structure  un  peu  plus  compliquée  :  la  planche 
supérieure  est  rectangulaire  et  déborde  un  peu  sur  les 
côtés;  elle  est  posée  sur  trois  assises  superposées,  forte¬ 
ment  encastrées  entre  quatre  piliers  placés  aux  angles*. 
D’autres  fois  la  base  est  moins  allongée,  plus  ramassée, 
et  la  hauteur  plus  grande  par  rapport  à  la  largeur10. 

III.  — Une  forme  purement  grecque,  qui  apparaît  déjà 
sur  les  vases  corinthiens  11  et  cyrénéens12  et  cesse  avec 
la  céramique  italienne  d’imitation  hellénique13,  est  celle 
de  la  table  rectangulaire,  portée  par  Lrois  pieds.  Elle  a 
été  adoptée  par  les  Étrusques  (fig.  1698).  M.  Blümner  14 
a  eu  le  mérite  de  discerner  et  d’expliquer  cette  forme.  Sans 


reproduire  tous  ses  arguments,  nous  résumerons,  du 
moins,  ses  raisons.  Sur  les  scènes  de  banquets,  où 
ces  tables  apparaissent  près  des  lits  des  convives, 
les  pieds  représentés  sont  d’ordinaire  au  nombre  de 
jdeux,  sur  lesquels  reposent  les  deux  bouts  d«*  la  plate¬ 
forme  supérieure  (fig.  4905) 13  ;  mais,  si  l’on  y  regarde 
d’un  peu  près,  on  s’aperçoit  que  ces  supports  sont 
toujours  figurés  d’une  manière  différente.  Celui  de 
droite  se  présente  de  face;  les  griffes  de  lion,  qui 
décorent  presque  toujours  ces  pieds  à  leurs  bases,  sont 
représentées  d’une  manière  qui  ne  peut  laisser  aucun 
doute  sur  ce  point  (voir  aussi  fig.  1694, 1698).  Le  support 
de  gauche,  au  contraire,  est  de  profil;  la  jambe  du  fauve 
est  tournée,  non  plus  vers  le  spectateur,  mais  vers  la 
partie  gauche  du  champ.  Or,  si  la  table  avait  quatre 
pieds,  on  s’expliquerait  mal  qu’ils  ne  fussent  pas  tous  les 
quatre  fixés  aux  quatre  angles  de  la  plate-forme  supé¬ 
rieure,  mais  en  étant,  deux  à  deux,  perpendiculaires  à  la 
longue  face  de  la  table,  celle  que  les  vases  peints  mon¬ 
trent  de  préférence.  Il  y  a  plus.  Sur  une  coupe  de  Douris 
conservée  au  British  Muséum  (fig.  4906j 1(i,  les  tables  sont 
dessinées  à  la  fois  de  face  et  de  profil  :  nous  en  voyons  l’un 
des  côtés  longs  et  l’une  des  petites  faces,  celle  qui  regarde 
la  droite  dans  les  symposia.  S’il  y  avait  quatre  pieds  aux 
quatre  angles,  ceux-ci  se  seraient  forcément  masqués 
deux  à  deux  et  deux  contreforLs  auraient  seuls  apparu. 
Au  lieu  de  cela,  nous  apercevons,  à  droite  et  à  gauche, 


Mus.  de  /  ! U'er’  6  (mensain  posuit  contra  votum).  —  2  Cagnat, 

de  Tebessa  ^  **'  44*03)  ;  Gsell,  Recherches ,  p.  335  ;  Id.  Mus. 

Hist,  de  | M  ^1~”'  —  3  Arch.  Zeit.  1873,  p.  64.  —  4  Perrot  et  Chipiez, 
&  l'Orient  t  '  ^  P’  (relief  de  Sakkarah) ;  Maspéro,  Hist.  des  peuples 

"  5  Perrot’  ri’94  (paP5r,'us  de  Dublin);  f,  p.  404 


—  u  l'errol  cl  n  r  J  -  -->  ^uuuuj ,  ,,  p.  404  (panneau  de  bois  de  Giseb). 

kcAieion, (ifi  |'i*,C2’  ®®®>  P'  ?83;  A.  de  Ridder,  Bronzes  du  Poly- 

“■  Vas,  ■  -  .  — 


'«n*.  808-9 


6  Ant.  Denkmaeler,  I,  pl.  vm,  17-8  ;  Fu:’t\v;engler,  Reschr. 
1,  p.  9  —  7  Gusmau,  Pompei ,  p.  315.  —  8  Welcker,  Alte 


Denkm.  III,  pl.  xvu,  1;  Furtwænglcr,  Coll.  Sabouroff,  pl.  lvu;  Hevdemann, 
Gr.  Va sent.  pl.  xn,  9-10  ;  Benndorf,  Das  Heroon  v.  Gjôlbaschi-Trysa,  pl.  xxix,  4, 
p.  234.  —  9  Welcker,  Alte  Denkm.  II,  pl.  xm,  24,  p.  271-2.  —  *0  Gerhard,  Anf. 
Bildw.  pl.  cccxv,  4.  —  U  Potticr,  Vas.  Louvre,  E  623,  629,  pl.  xlv-vi.  —  12  Bull. 
coït.  hell.  1893,  p.  236,  fig.  4-5  (Pottier).  —  13  Millin-Reinach,  Peintures  de  vas. 
2,  58,  p.  76,  etc.  —  14  Arch.  Zeit.  1884,  p.  179-192,  p.  285-6  ;  1885,  p.  287-290. 
—  15  Hartsvig,  Meisterscliulen,  pl.  xxxiv  (coupe  deBrygos).  — 16Conze,  Vorlegebl. 
sér.VI,  10;  C.Smith, Vas.  Brit.  Mus.  111, p.  74-5,  E  49  ;  cf.  Hartwig,  O.c.  pl.  lxvu,  n.  4. 


MEN 


—  1722  — 


les  pieds  lixes  au  chevet  de  la  plate-forme  supérieure,  et, 
entre  eux  deux,  précisément  au  milieu,  un  troisième 
pied.  À  moins  de  supposer  une  erreur  de  dessin,  il  nous 
faut  admettre  que  ce  troisième  support  était  placé  sous  la 
petite  face  de  gauche  et  dans  la  partie  médiane  de  cette 
tace.  De  plus,  comme  ce  côté,  placé  le  plus  loin  de  la 


tête  des  convives,  était  évidemment  le  moins  lourd  de  la 
table,  il  serait  absurde  de  supposer  qu’il  fallût,  pour  le 
porter,  trois  contreforts,  deux  aux  angles,  et  un  entre 
les  deux  premiers:  donc  nous  sommes  amenés  à  supposer 
que  la  plate-forme  rectangulaire  avait  seulement  trois 
pieds,  deux  au  chevet  et  perpendiculaires  au  long  côté, 


l'autre  sur  la  petite  face  de  gauche  et  perpendiculaire  à 
cette  face.  Cette  conjecture  devient  une  certitude  si  nous 
jetons  les  yeux  sur  une  peinture  de  Cumes,  au  Musée  de 
Naples1.  Nous  y  voyons  la  table  en  biais  et  du  côté 
gauche.  A  droite  sont  les  deux  pieds  du  chevet;  à  gauche 
un  seul  support  et  qui  coupe  justement  en  son  milieu 
la  petite  face  de  gauche.  Il  y  a  mieux  encore.  Le  Musée 
de  Berlin  possède  en  bronze  une  de  ces  tables  à  trois 
pieds,  trouvée  à  Clusium,  et  qui  sert  de  base  à  un  danseur 
étrusque,  jouant  des  crotales 2  (fig.  4907).  Les  supports 
y  sont  bien  à  la  place  précise  et  tournés  dans  le  sens 

1  Heydemann,  \asens.  zu  Neapel ,  Bac.  cum.  444,  p.  854-5  (cratère)  : 
Sctireiber,  Bilderatlas ,  pl.  lxxvi,  2.  —  2  Friedericlis,  Berl.  ant.  Bildw.  II, 
p.  167,  693  ;  Arch.  Zeit.  1885,  287-290  (Blümner).  —  3  H  faut  excepter  la  fresque 
étrusque.  Mus.  Gregor.  I,  pl.  cnjcf.  aussi  fig.  4907.  —  4  Furtwaengler-Reichliold, 
Gr.  Vasenmalerei ,  pl.  iv;  Jahrbuch ,  4892,  p.  105-6,  6,  Fig.  6  (fragment  de 
Meuidi).  etc.  Cette  planchette  pouvait  n’ètre  qu'une  simple  barre,  comme  le 
montre  le  skyphos  de  Corneto  à  Berlin,  Monum.  X,  pl.  lui.  —  5  Pottier,  Vasse 


MEN 


que  nous  avons  indiqué.  Comme  le  dessous  ,  , 
forme  est  reproduit,  nous  y  gagnons  i 
détail  important,  que  les  têtes  des  supports  ?P''endre  c* 
réunies  par  deux  barres  perpendiculaires  01  parfois 
forme  de  T.  De  la  sorte,  la  triple  base  ne’ 0,'OlSante» 
seule  pièce  et  l’adhérence  était  parfaite 
supérieure  et  ses  piliers.  lat»lette 

Il  reste  à  se  demander  pourquoi  les  Grecs  „  . 

invente  ce  genre  de  tables.  Les  raisons  ' 

pas  très  clairement.  Sans  doute  le  meuble  éù  ,  '"! 

plus  léger  et  pouvait  étreplus  facilement  déplacé  „  !' 

ce  qu,  n'arrivait  d'ailleurs  pas  toujours,  on  ,s'h  1  ' 
rpaaeU,  avant  la  seconde  partie  du  festin  Les  Di,m  , 
convives,  quand  il  leur  prenait  fantaisie  de  s'.ssel 
trouvaient  plus  facilement  place  sous  ces  guéridon,  I 
orme  rectangulaire.  Le  sol  des  pièces  antiques,  en  ta-, 
battue  ou  en  mosaïque  grossière,  n’était  d’ailleurs  pas 
d’une  égalité  parfaite  :  il  y  avait  des  différences  de  niveau 
qui  pouvaient  être  assez  sensibles  ;  un  moyen  de  les 
corriger  était  cette  troisième  jambe  placée  entre  les  deux 
premières  et  qui  leur  faisait  contrepoids. 

La  forme  générale  une  fois  expliquée,  il  nous  faut 
dire  quelques  mots  des  détails,  et  surtout  des  pieds.  Car 
la  plate-forme  qu’ils  supportent  parait  toujours  iden¬ 
tique  :  nous  noterons  seulement  qu’elle  déborde  tou¬ 
jours  du  côté  droit  (fig.  4905,  4907).  La  raison  n’en  est  pas 
seulement  que  cette  partie  de  la  table  était  plus  rappro¬ 
chée  de  la  tète  du  lit  et  par  suite  du  buste  des  convives, 
qui  pouvaient  avoir  besoin  déplus  de  place  pour  disposer 
leurs  mets  et  leurs  coupes.  Mais  le  plateau  supérieur  ne 
pouvait  absolument  s’élargir  que  de  ce  côté;  car  la  petite 
face  de  gauche  était  soutenue  par  un  pied  qui  lui  était 
perpendiculaire,  et  nous  avons  vu  que  les  supports  des 
longs  côtés  étaient,  eux  aussi,  à  angle  droit  avec  ces  côtés. 
Cette  plate-forme  rectangulaire  avait,  presque  toujours1, 
au-dessous  d’elle  une  planchette  horizontale 4  qui  réunis¬ 
sait  le  double  avantage  de  porter,  elle  aussi,  des  plats 
et  de  fixer  ces  supports  entre  eux  par  une  chaîne  de  bois, 
indépendante  de  celle  qui,  nous  l’avons  vu,  réunissait 
les  pieds  à  leur  tête.  Il  arrive,  mais  le  cas  est  très  rare, 

qu’au  lieu  d’une  tablette,  une  planche  pleine  occupe  le 

bas  de  la  plate-forme  supérieure  5.  D’une  manière 
générale, les  pieds  et  la  tablette  forment  la  partie  essen¬ 
tielle  de  la  table.  Nous  allons  les  étudier  séparément. 

Les  pieds  sont  simples  c,  ou,  le  plus  souvent,  cannelés.' 
Dans  ce  dernier  cas,  ou  bien  un  simple  filet  pai luge 'n 
deux  la  largeur  du  support7,  ou  les  filets  sont  muliip  i\ 
qu’ils  soient  équidistants j  ou  qu’ils  creusenl  au  1111111 
une  sorte  de  rainure  qui  paraît  plus  profond*  d1" 
bords  latéraux9.  La  base  de  ces  piliers 
rectangulaire10:  d’ordinaire,  comme  nous 
plus  haut,  des  griffes  de  lion  ",  ou,  à  tout  le  ne  11  • 
moulure  simple  12  en  décorent  l’assiette.  Lee  supb 
forme  de  jambes  d’animaux  ne  sontpas  une  inv  ll1"'" 
Grecs  :  les  Égyptiens,  les  Assyriens,  les  H  eh  <  oe  ^ 
saient  à  décorer  ainsi  leurs  meubles  ;  ils  évitai' 11  ^ 

façon  la  monotonie  des  lignes  droites  et  des  an,-  ' 

«  4-*.  ad 


est  rarement 
l’avons  vu 
une 
fs  en 

des 


;  Benndorf,  Or. 


Louvre,  E  623,  pl.  xt.v  (cratère  corinthien). 

Monum.  V,  17,  1.  —  l  Arch.  Zeit.  1866,  pl.  ccvi,  t  ;  Witte,  Hit. 

pl.  xu,  xi.it;  Hartwig,  Meisterschal.  pl.  lxx,  n«  2.  e  (  _  9  Masner. 

pl.  xxix,  p.  25  ;  Benndorf,  lier.  v.  Gjolbaschi-Trysa,  fig-  1  *  '  1  ^  .  xvlll  i  ;  M"s‘ 

Vasens.  p.  45-8,  fig.  25,  328  ;  Monum.  X,  pl.  lui.  -  10  e|c’  .  Hart*'?’  L  c' 

Gregor.  1,  pl.  ci(Id.).  -  «  Masner,  Vasens.  p.  45-8,  fig.  2^  -  ^ 

_  12  Table  de  Clusium  à  l'Anliquarium  de  Berlin,  note  -,  8- 


I 


MEN 


—  1723  T- 


MEN 


lits.  L'a 

fois  une 


((ache  supérieure  des  pieds  est  très  variée.  Quel- 


simple  cheville  rectangulaire1  en  fixe  la  tête  à 


lont  le  nombre  est  variable,  deux2,  trois 
4005),  cinq  6  ou  sept6  :  ils  sont  disposés, 


tjuetois u—  “  *  .t  aui  s’encastrait  sous  la  plate-forme 

aI  •  ..  Le  nlus  souvent  1  ajustage  se  fait  au  moyen 

gupérieure. 

de  clous  d 

rT\  i<*'cas,  en  triangle,  en  quinconce  ou  en  rosettes. 
s9ivr  'fois  d’autres  clous  apparaissent  à  droite  et  à 
l'attache,  en  dehors  du  pied,  mais  toujours 
8all(  j'(  ,iate-forme 7.  Il  faut  y  voir  les  têtes  de  chevilles 
élémentaires  que  d’autres  clous  transversaux  fixaient 
^  |iarl  à  la  partie  inférieure  de  la  dalle,  de  l’autre  au 

chevet  des  supports  .  . 

Si  nous  regardons  le  pied  de  gauche,  celui  qui  se  présente 

de  profil,  nous  constaterons  qu’il  s’élargit  en  profondeur 
••  l’attache.  Comme  les  supports  sont  censés  représenter 
une  jambe  de  lion,  rien  n’était  plus  naturel  aux  yeux  des 
Crées  qu’un  renforcement  sensible  au-dessusdu  genou,  à 
l'endroit  où  devait  commencer  la  cuisse  de  l’animal.  Mais 
ce  n’était  qu’une  indication  légère8,  et  les  artisans  se 
seraient  fait  scrupule  d’imiter  de  trop  près  les  formes  du 
fauve.  Ils  préféraient  terminer  la  face  latérale  par  une 
spirale,  plus  ou  moins  régulière  9,  et  qui  reparaît,  à  peu 
près  la  même,  sur  les  monuments  figurés.  Il  y  a  pourtant 
descas,  peu  fréquents,  où  le  pied  se  continue  droit  depuis 
la  base  jusqu’à  l’attache10.  Mais  alors  une  pièce  rappor¬ 
tée,  creusée  de  cannelures  verticales,  unit  la  tablette  à  la 
plate-forme  supérieure  (fig.  1694,  4905) 11  :  le  même  effet 
d’adhérence  est  obtenu,  mais  par  d’autres  moyens  et  à 
l’aide  de  ce  coin  supplémentaire.  D’ailleurs,  ce  qui  est 
l’exception  à  gauche  de  la  table  est  la  règle  à  droite  où  le 
pied,  comme  nous  l’avons  vu,  se  présente  de  face.  L’aug¬ 
mentation  du  chevet,  beaucoup  moins  sensible  en  largeur 
qu’en  profondeur,  ne  pouvait  suffire  à  l’adhérence  des 
pièces  emboîtées.  Des  sortes  de  crochets12,  ou,  le  plus 
souvent,  des  planchettes  rapportées,  ornées  d’oves 1 3  ou  de 
cannelures u,  s’intercalaient  entre  la  tablette  inférieure 
et  la  dalle  supérieure  (fig.  4905).  Dans  tous  ces  cas,  les 
parties  les  plus  voisines  des  supports  étaient  seules  ren¬ 
forcées.  Mais,  si  la  planchette  inférieure  était  trop  longue, 
il  pouvait  arriver  qu’il  ne  fût  plus  suffisant  de  la  fixer 
solidement  à  chaque  extrémité  :  il  devenait  nécessaire  de 
la  consolider  en  son  milieu.  C’est  le  parti  que  les  Grecs  ont 
dù  parfois  adopter.  Sur  un  cratère  à  figures  rouges  du 
Cabinet  des  Médailles,  une  planchette  continue,  percée 
d ouvertures  rectangulaires,  court  au-dessous  delà  plate¬ 
forme  1  .  La  tablette  inférieure  se  trouve  ainsi  supprimée, 
mais  les  pieds  sont  fortement  reliés  entre  eux.  Sur  un 
autre  vase>  la  planchette  est  conservée,  mais  des 
rinceaux  et  des  spirales  la  fixent  sur  toute  sa  longueur 


p  s:)1"  ''aenSler et Reichh°ld,Z..c. ,  pl.i\'.—  8  Slackelberg,  Graei.  d.Hellenen,  pl.xxvi, 
Slillin  ]'  r1,  *XVI1-  —  3  Jahrbucli,  1899,  p.  105-6,  fig.  6  (frag.  de  Menidi)  ; 

pl  1  lnac,1i  1I| 58,  p.  79  ;  63,  p,  72  ;  Arch.  Zeit.  1880,  pl.  xii,  2.  —  V  Hartwig,  O.  I. 
q  /"(j  (coupede  Brygos);  Masner,  Vasens.  p.  45-8,  fig.  25,  328.  —  3  Hartwig, 

_ 7  ji*  xxxm  (coupe  de  Brygos).  —  3  Furtwaengler,  et  Reiclihold,  L.  c. 

pl.  xxvii  |i'  ^art  étrusque,  fig.  287,  p.  434;  Longpérier,  Mus.  Napoléon  III, 
p. s:;-  V,  nllier’  A oses  Louvre ,  E  635.  -  *  De  Witte,  Uôt.  Lambert ,  pl.  xxix, 
-  s  |,  ”l,m'  Pt  xm  (fresque  de  Corneto)  ;  Millin*Reinach,  11,  pl.  lviii,  p.  76. 
Ilasncr  |."aenglei'  e*  Beichljold,  L.  c.  ;  Hartwig,  Meisterschalen,  pl.  xxxiv; 
Murra,  h  *  0  *ô-8,  ®8-  25,  328  ;  Longpérier,  Mus.  Napoléon  III,  pl.  xxvh; 
Gi'.  9r ■  rases,  pl.  xu,  p.  28  (C’af.  111,  E  70,  p.  94-5).  —  10  Heydcmaun, 

Uell . p|  ***•  lu.  I  ;  Millin-Keinach,  II,  76,  p.  85-6.  —  n  Stackelberg,  Graeb.  d. 
VWen. t  33=  L’  P' "3 1  Mlll>n-Reinach,  11,  63,  p.  79 (coupe  du  Louvre).  —  >2  Heydemann, 
Stackelberg  d  Annali,  1865,  pl.  F.  —  13  Hartwig,  O.  c.  pl.  xxxiv,  xxxv,  xxxvi  ; 
MiUin-Reinà  h  p1'  XXVI>  P’  23‘  “  U  Masner,  Vasens.  p.  45-8,  fig.  25,  328  ; 

’  ».  63,  p.  79;  C.  Smith.  Cat.  Vas.  Brit.  Mus.  III,  E  70,  p.  94-5 


à  la  plate-forme  1C.  Enfin,  dans  quelques  cas,  la  tablette 
porte,  précisément  en  son  milieu,  un  contrefort,  de 
formes  variées,  qui  lui  sert  ainsi  de  troisième  support 
et  l’empêche  de  fléchir  dans  sa  partie  médiane  ,1. 

IV.  —  11  faut  rapprocher  de  la  forme  précédente  une 
table  rectangulaire  à  trois  pieds,  dont  nous  ne  connaissons 
que  deux  représentations  figurées,  qui  font  partie  de  la 
frise  de  l’héroon  de  Trysa  Le  pied  de  gauche  y  apparait 
oblique  et  formant  un  angle  prononcé  avec  les  supports 
verticaux  du  côté  droit.  M.  Benndorf  ne  voit  avec  raison 
qu’une  manière  d’expliquer  cette  particularité.  Il  suppose 
que  les  jambes  de  la  table  étaient  pliantes,  ce  qui  rendait 
le  meuble  tout  à  fait  portatif  :  le  pied  de  gauche  était 
éloigné  de  la  verticale  afin  d’assurer  un  équilibre  plus 
stable  à  la  plate-forme  supérieure. 

V.  —  En  dehors  de  cette  forme  purement  grecque  et 
que  les  Romains  ne  paraissent  pas  avoir  adoptée,  il  y 
avait  une  autre  table  à  trois  pieds  que  les  Grecs  connurent 
etsans doute  inventèrent, 
mais  qui  n’apparaît  guère 
avant  les  reliefs  hellénis¬ 
tiques  et  dont  la  fortune 
fut  surtout  grande  à 
Rome.  C’est  la  table  ronde 
appelée  delphica  l9,  à 
cause  de  sa  ressem¬ 
blance  avec  les  trépieds 
consacrés  au  dieu  de 
Delphes  et  qui,  au  lieu 
d’un  lébàs ,  portait  une 
plate-forme  horizontale. 

Les  exemples  en  terre 


cuite 


en 


bronze  21  et  en  marbre  22  en  sont  très 


fréquents.  La  figure  4908  est  tirée  d'un  bas-relief  du 
Louvre  (voir  encore  fig.  684,  1693,  1699,  1703,  3824). 
Les  pieds  sont  d’ordinaire  fixes  et  encastrés  au  som¬ 
met  dans  une  entaille  ménagée  sous  le  cercle  supé¬ 
rieur,  mais,  lorsqu’ils  sont  métalliques,  ils  peuvent 
être  aussi  mobiles  et  s'allonger  ou  se  raccourcir  à 
volonté  :  on  obtenait  ce  résultat  à  l'aide  de  lattes  trans¬ 
versales,  reliées  deux  à  deux  et  dont  l’attache  glissait  le 
long  des  supports  verticaux.  On  en  a  un  exemple  dans  des 
tables  trouvées  à  Pompéi  (fig.  4909  et  4910),  qui  ont,  il  est 
vrai,  quatre  pieds23.  Suivant  que  les  supports  étaient  bas 
ou  relevés,  la  distance  augmentait  ou  diminuait  entre 
leurs  extrémités  supérieures,  de  sorte  qu’ils  pouvaient 
porter  des  plateaux  de  divers  diamètres  :  ceux-ci  repo¬ 
saient  simplement  entre  les  boutons  terminaux  2V.  Quand 
les  piliers  étaient  fixes,  ils  étaient  le  plus  souvent  re¬ 
liés  entre  eux  par  une  25  ou  par  deux  26  séries  de  barres 


(Murray,  Designs,  pl.  xn,  p.  28).  —  13  A.  De  Ridilcr,  Cat.  Vax.  Bihl.  Nat.  433. 
La  table  n'est  pas  à  six  pieds  comme  pourrait  le  faire  supposer  la  gravure  inexacte 
de  Millin-Reinach,  I,  pl.  xxxvm,  p.  24-5.  —  K  Mo  mon .  X,  pl.  vm.  —  n  Monum. 
IX,  pl.  xm,  2;  Sittl,  Würzburg.  Antiken,  pl.  x,  p.  12-6;  Polticr,  Vases  du 
Louvre,  II,  F  2,  pl.  lxiii,  p.  85;  Ingliirami.  Vasi  fittili,  III,  pl.  cclxxiii,  p.  133-4. 
—  18  Benndorf,  Heroon  r.  Gjôlbaschi-Trysa,  pl.  xvi, 9,  pl.  xxi,  B  6,  p.  179.  —  19  Cic. 
Ver.  4  59,  131  ;  Mari.  12,  66,  5.  —  20  Potlier-Reiuach,  Nécr.  de  Mgrina,  p.  95, 
100;  p.  243,  fig.  39;  pl.  xvn,  2,  p.  335-6;  pl.  xix,  1,  p.  347-9.  —  21  Jahrbuch 
des  deut.  Inst.  Anzeiger,  1899,  p.  121  (table  d'Hildesheim);  Mus.  Borbon.  15, 
pL  vi -,  Mon.  Piot,  V,  1902,  Trésor  de  Bosco-Reale  (H.  de  Villefosse), 
p.  25,  fig.  3;  cf.  p.  208,  fig.  51.  —  22  Robiou,  Ch. -d’œuvre  de  l'art  antique, 
pl.  xx,  xxi-n.  —  23  Mus.  Borbon.  XV,  pl  vt;  Jalirbucli,  Anzeiger,  1899,  p.  121  ; 
Schreiber,  Bilderatlas,  pl.  lxxxvi,  fig.  12;  Gusman,  Pompei,  p.  305  (fig.  4910). 

_  2V  Anzeiger,  1899,  fig.  1,  p.  121;  fig.  3,  p.  124.  —  25  Pottier-Reinach,  Nécr. 

de  Mgrina,  pl.  xvn,  2,  p.  335-6;  Robiou,  Ch. -d'œuvre  de  l'art  antique,  pl.  xx. 
_  26  Guhl  et  Kouer,  Vie  antique,  11,  fig  168  p.  226,  trad.  Trawiuski. 


MEN 


—  1724  — 


horizontales  qui  en  assuraient  l’adhérence  et  la  fixité1. 

Les  pieds  ou  trapésophores 2  avaient  des  formes  dif¬ 
férentes  et  qu’il  nous  faut  passer  rapidement  en  revue. 
La  plupart  s  appuient  sur  des  grilles  de  lion  et  les 

exemples  en  abon¬ 
dent  dans  les  mu¬ 
sées  3,  mais  les 
jambes  pouvaient 
appartenir  à  d'au¬ 
tres  animaux, 
comme  équidés  ou 
boucs  4.  Le  fût  lui- 
même  est  plus  ou 
moins  simple. 
Tantôt  il  est  inflé¬ 
chi  et  le  genou  du 
fauve  est  marqué, 
ainsi  que  les  vil¬ 
losités  et  les  mus¬ 
cles  de  la  cuisse  8 
(fig.  4908,  4911); 
tantôt  il  est  droit 
et  très  orné,  creusé 
de  cannelures  ver¬ 
ticales,  d’oves  Ré¬ 
parés  par  des  bou¬ 
tons  épanouis,  de 
spirales  et  de  ro¬ 
settes,  tous  motifs 
entremêlés  de  rin¬ 
ceaux  et  séparés 
par  des  filets  horizontaux6.  La  fantaisie  des  décorateurs 
hellénistiques  s’est  exercée  sur  ces  points  de  détail  et  les 
modèles  qu'ils  ont  établis  ont  été  fidèlement  suivis  par  les 
copistes  romains.  La  partie  du  pied  qu’ils  se  sont  le  plus 
appliqués  à  diversifier  est  naturellement  l’attache  supé¬ 
rieure  ,  celle 
qui  étaitla  plus 
apparente,  la 
tête  du  support 
débordant  tou¬ 
jours  hors  de 
la  plate-forme. 
Ici  les  motifs 
purement  ani¬ 
maux  aller- 
nentavec  d’au¬ 
tres  qui  sont 
empruntés  à  la 
mythologie  ou 
même  à  la  vie 

courante.  Les  ancien  n’éprouvaient  aucun  scrupule  à 
couronner  des  griffes  de  lion  par  la  représentation 
d’une  figure  humaine  (fig.  4909).  La  partie  inférieure 


Fig.  4909.  —  Table  de  bronze  à  pieds  mobiles. 


ck, 

Fig.  4910.  —  Table  à  pieds  pliants. 


l  Certains  exemples  de  guéridon  où  l’on  ne  voit  que  deux  pieds  paraissent  être  des 
simplifications  de  l’artiste,  qui  a  supprimé  le  troisième  pied  ;  voir,  par  exemple,  Alt- 
mann,  De  architectura  et  ornamentis  sarcophagorum,  I,  p.  28  et  pl.  —  2  Poil.  On. 
6,  83  ;  10,  69.  —  3  Stephani,  Der  ausruh.  Herakles ,  pl.  vii,  1,  p.  47  (C.  i.  gr.  2322  B, 
84),  relief  d’Athènes.  —  4Micali,  L’Italie  av.  les  Rom.  pl.  xxxvn,  p.  10,  éd.  franc,  de 
1824  (urne  de  Volterra)  ;  Stephani,  C.  rendu,  1860,  pl.  i,  p.  5-38  —  Vasens.  II,  p.  316- 
320,  1791.  —  5  Mau,  Pompeji ,  p.  428;  Stephani.  Der  ausruh.  Herakles ,  pl.  vu,  1. 

—  6  Robiou,  O.  I.  pl.  xxv,  3.  —  7  Mus.  Borbon ,  III,  pl.  xxx  et  voir  plus  haut  fig.  4908. 

—  8  Pieds  de  Thespies  (fouilles  d’Erimokastro)  ;  Not .  d.  Scavi,  1 901 ,  p.  1 01 ,  fig.  53  (pied 
trouvé  à  Rome  près  du  lacus  J utvrnae)  ;  Mau,  Pompeji,  p.  428,  fig.  229,  etc.  -  9Micali, 
L.  I.  —  10  Matz-Duhn,  Ant.^Bildwerke  in  Rom ,  3718,  t.  III,  p.  128;  Overbeck-Mau, 


du  support  était  considérée  comme  comnliu 
pendante  de  la  seconde  :  généralement  .  0nJent  lndé- 
entre  les  deux  éléments  superposés  était  fol 
épanouissement  de  feuilles  d’acanlho  k Par  Un 
dont  émergeait  le  sommet  du  fût  7  ’  p  °Uquel  lloral 
— _  Ut  ’  Par™  ces  cou- 


Fig.  4911.  —  Table  de  marbre. 

ronnements  simples,  nous  mentionnerons  la  tête  de 
lion  (fig.  4911)  8,  la  tête  de  bouc3,  les  protomes  de 
griffons  (fig.  1201)  la  tète  de  lion  cornu  ou  de  lion- 
bouc  (fig.  4912)"  qui  n’est  autre  que  la  protome  de 
griffon  telle  que  la  représentent  déjà  les  vases  de  Cyré¬ 
naïque  12,  la  tête  de 
sphinx  encadrée  d’ailes 
relevées13.  Les  hermès 
dionysiaques,  de  type 
masculin  "ou  féminin15, 
serventde  transition  aux 
figures  plus  compliquées 
(fig.  4909)  16 .  C’est  un 
buste  de  jeune  Satyre, 
les  mains  aux  hanches, 
la  poitrine  traversée 
d’une  peau  de  fauve17; 
un  buste  d’enfant  nu, 
jouant  de  la  syrinx 18  ; 
un  corps  d’Ëros  ailé, 
adossé  à  un  pilier  et  tenant  des  deux  mains  un  jeune 
chien  dont  il  s’amuse  à  tirer  le  poil19;  une  protome 
de  jeune  fille,  et  portant  devant  elle  un  coquillage2";  un 
buste  de  Nikè  21  ;  un 
enfant  ailé  serrant 
une  oie  entre  ses 
bras  22  ;  une  tête  op¬ 
posée  à  un  bucrâne 
ou  à  une  coupe23  ; 
un  corps  d’Érosailé, 
vêtu  d’une  nébride 
et  dont  les  mains 
abaissées  tiennent 
des  fruits  dans  une 


Fig.  4912.  —  Piod  de  table  en  marbre. 


patère  24  ;  un  buste 


relevées  suppoi  - 


analogue,  à  demi-nu,  et  dont  les  mains 
tent  un  grand  coquillage28.  Il  est  plus  rare  <lu 

ni  3708-3710,  3/1-» 

Pompeji ,  p.  422.  —  n  Matz-Duhn,  3711,  p.  127  ;  3 / 15,  •  ’  r'  ’  Cat  Us.  Vlbl- 

111,  p.  127,  etc.  ;  Overbeck-Mau,  Pompeji,  p.  422.  —  -  A-'  l86(-,,  pl.  ‘4 

Nat.  408,  note  (cf.  le  vase  de  Xénoplianlos,  Stephani,  •  '  XIÏ,  I  -- 

—  13  Matz-Duhn,  3720,  p.  128;  Robiou,  Ch.-d'œuvre  de  ar  a>  'on  \V,  |>l-  11 

—  14  Anzeiger,  1899,  fig.  3,  p.  124  (trésor  d’Hildesheim)  ;  A  u  .  ^  .aune  anti- 

(tête  d’Eros).  -  >5  Not.  d.  Scavi ,  1900,  p.  600  (Poropei,  trapé*  p  ^  ^  129-130- 
que).  — 16  Mus.  Borbon.  XV,  pl.  v..- «  Matz-Duhn,  ,  373*, p.  IS9-1»- 

—  ISId.  3723.—  19  Id.  3722  B.  p.  129.—  20  Id.  3723,  p.  1-  •  Ibid.  ArC  >' 

—  22  Description  de  Zoega,  citée  par  Matz,  t.  III,  P-  ,3n’  110  m._\yicsclcr,  P1- *IIV’ 

Zeit.  1862,  pl.  clviii,  5,  p.  23-12  (Musée  de  Bologne).  -  1 

556  (cotl.  Caylus)  ;  Arch.  Zeit.  1862,  pl.  clviii,  4  (Musée  de 


MEN 


1725  — 


MEN 


i  nii'pr  nar  exemple  un  sphinx1,  serve  de  pied  à 

d'ani"ia ,  4913). 

!'r  motifs  se  compliquent  d’une  décoration  ornc- 

ii  couvre  le  bandeau  de  hauteur  variable  par 

inl"  J  Imt  reliées  entre  elles  les  tètes  des  supports.  Mais, 

le(Ill|'l|i'S|lace)  qui  était  moins  en  vue,  les  anciens  se  con- 

®ct  .  (  (jfi  sujets  de  moindre  importance  eL  d’une  bana- 

tend,  ,  C’était  une  plante  ou  un  motif  floral2, 

litc  plus’  granuu.  u  r 

couronne  ou  des  palmes  entre-croisées3,  une  torche 
"n  lia  minée  \  une  corne  d’abondance3,  une  amphore 
uJurée  de  bandelettes6,  des  feuilles  d’acanthe7,  un 
oiseau  perché  dans  des  branches8.  Aucun  de  ces  motifs 
’uh'dternes  ne  risquait  de  distraire  l’attention  de  l’élément 
rincipal  de  la  décoration  qui  restait  les  têtes  des 
supports.  Quant  à  la  plate-forme  supérieure,  elle  pouvait 
èire  de  bois,  de  marbre  ou  de  métal;  elle  paraît,  dans 
lous  les  cas,  n’avoir  différé  que  par  le  luxe  de  la  matière, 
et  non  par  la  forme  qui  restait  toujours  ronde  :  le  plateau 
conservé  dans  le  trésor  d’Hildesheim  9  est  à  peine  décoré 
sur  les  bords  d’un  simple  listel.  Le  pied  reste  la  partie 
importante  de  la  table,  la  plus  en  vue  et  celle  vers  laquelle 
se  portait  tout  l’effort  de  l’artisan. 

VI.  —  La  table  à  quatre  pieds  n'est  pas  une  invention  des 
Grecs10.  Les  Égyptiens11  et  les  Assyriens12  en  connais¬ 
saient  déjà  l’usage.  Ils  ne  se  contentaient  même  pas  des 
supports  verticaux,  indépendants  les  uns  des  autres  et 
soutenant  isolément  la  plate-forme  supérieure.  La  mensa 
aux  jambes  croisées  que  les  Étrusques  13  transmirent  aux 
Romains  se  retrouve  déjà  sur  des  monuments  assyriens14, 
phéniciens13  et  hittites16.  Il  s’est  conservé  de  l’un  et  de 
l'autre  type  un  grand  nombre  d’exemplaires,  non  seule¬ 
ment  en  pierre  ou  en  marbre17,  mais  en  bronze  18  et  en 
terre  cuite  19.  Les  pieds  peuvent  être  simples  et  droits  2U 
(fig.  522,  2813),  ou  légèrement  renforcés  à  la  tête  et  à  la 
base-1;  ils  ont  parfois  la  forme  de  colonnes  avec  chapi¬ 
teau,  tore  etmoulures  horizontales  22,mais  ils  ont,  le  plus 
souvent,  la  forme  de  griffes23  et  imitent,  tant  bien  que  mal, 
les  jambes  d’un  fauve.  Sur  un  vase  du  British  Muséum,  on 


voit,  accolés  deux  à  deux,  deux  pattes  deNcerf  et  deux 
pieds  léonins24.  Tous  ces  supports  étaient  naturellement 
reliés  entre  eux,  soit  par  des  barres  horizontales23,  soit 
par  un  dispositif  plus  compliqué.  On  peut  signaler,  à  ce 
point  de  vue,  la  table  enterre  cuite  de  Gnathia,  conservée 
à  1  Antiquarium  de  Berlin  (fig.  4914) 26  :  un  bandeau  assez 
large  et  décoré  court  en  bas  de  la  dalle,  tout  le  long  des 
longs  côtés,  mais  s’arrête  sur  les  petites  faces,  à  peu  de 
distance  des  supports  ;  une  ouverture  se  trouve  ainsi 
ménagée  dans  cette  partie  accessoire  de  la  mensa ,  où 
e  poids  à  porter  était  moins  lourd  et  où  les  pieds,  par 
sulfe,  avaient  moins  besoin  d’être  renforcés.  Quant  à  la 


plate-forme  supérieure,  elle  était,  presque  sans  excep¬ 
tion,  rectangulaire27.  Je  ne  connais  qu'un  exemplaire 
d’une  table  ronde  à  quatre  pieds  :  il  est  votif  et  appartient 
à  l’art  primitif  de  l’Italie28,  car  on  ne  peut  guère  ranger 
ici  les  guéridons  à  trois  pieds,  soutenus  par  un  pilier 
central29  :  ce  renfort,  nécessaire  dans  certains  cas  pour 
porter  un  poids  très  lourd,  ne  change  rien  au  caractère 
de  la  mensa ,  qui  rentre  dans  la  série  des  delp/iicae 
(p.  1723).  De  même  je  ne  parlerai  pas  ici  des  bas-reliefs 
qui  s’encastraient  parfois  entre  les  pieds  des  trapézo- 


Fig.  4914.  —  Table  à  quatre  pieds. 


phores  30  :  les  tables,  ainsi  pleines  et  couvertes  sur  les 
quatre  faces,  se  distinguent  malaisément  des  bancs,  des 
autels,  ou  même  des  sarcophages. 

La  table  rectangulaire  à  quatre  pieds  parait  remplacer 
peu  à  peu  la  table  ronde  à  trois  pieds  dans  les  usages'  de 
la  vie  chrétienne  (fig.  19,  523,  4830).  C'est  ainsi  qu'elle 
est  parvenue  au  monde  moderne31. 

Nous  signalerons,  par  contre,  une  table  d’espèce  parti¬ 
culière,  dont  la  dalle,  exhaussée  du  sol,  est  soutenue  par 
deux  pieds  seulement,  mais  qui  sont  en  forme  d’ani¬ 
maux,  réels  ou  fantastiques.  Les  Grecs  paraissent  avoir 
imaginé  cette  Tp»7tsÇ«  pour  des  raisons  religieuses,  et, 
selon  qu'ils  consacraient  l'ex-voto  à  telle  ou  telle  divinité, 
ils  lui  donnaient,  suivant  les  cas,  un  support  différent. 
Les  plus  curieuses  de  ces  tables  ont  été  découvertes  sur 
l’Acropole  d’Athènes.  Elles  se  composent  de  deux  plates- 
formes  de  bronze,  le  long  desquelles  s'allongent  les  corps 
de  deux  chevaux  qui  les  encadrent  en  même  temps 
qu’ils  les  soutiennent32.  Comme  les  deux  Tix-sÇat  ne 
sont  pas  de  même  style,  ni,  par  suite,  de  même  date,  il 
n’est  pas  interdit  de  penser  qu'il  y  en  eut  d'autres  con¬ 
sacrées  sur  l’Acropole,  et  il  n'est  pas  impossible  qu’on  en 
découvre  en  d’autres  lieux.  De  fait,  j'ai  publié  un  miroir 
du  British  Muséum,  dont  l'Aphrodite,  qui  supporte  le 
disque,  se  dresse  elle-même  sur  une  plate-forme  pareille, 
soutenue  par  deux  Pégases33.  J'ai  tenté  de  montrer 


«  ’j)*'  ftorbon.  IX,  13,  2  ;  Overbeck-Mau,  Pompeji,  4»  éd.  p.  428,  fig.  229 
_  j  !  ~  -  Matz-Duhn,  3708.  —  3  [d.  3709.  —  4  Id.  3711.  —  S  Id.  3714. 

‘ 1  '  ~  'ld.  3720.  —  8  |d.  3721.  — 9  Jahrbuch,  Anzeiger,  1899,  p.  121 
|t  p  .  L  -  Magn.  ;  Et.  Gud.  s.  v.  TçàiceÇa.  —  11  Perrot,  Hist.  de  l'Art, 
71  'ji*9;  ,p-  796  ;  Md.  fig.  170,  p.  258.  —  12  Ibid.  Il,  fig.  28,  p.  107;  fig. 
Mar-,  /  p'  —  13  Zannoni,  Certosa,  pl.  xix,  xxii,  xxm;  Gozzadini, 

roi  //”),,0’.pl;  !iv“1’  81  Schumacher,  Br.  de  Karlsruhe,  320-3,  p.  55-6.—  14  Per- 
teckneio,  •  1  ^rl'  *b  fig-  155,  p.  342.  —  18  A.  de  Ridder,  Br.  du  Polg- 

—  16  Iv.j.  1  P  19"-9i  Perrot,  O.  I.  III,  fig.  550,  p.  783  (patère  d'OIympic). 

d'WararT)°'l  n  ‘‘  'V’  ^  28°’  P'  556  ;  fig’  28 P'  537  :  fig’  282’  P'  559  <stèles 

1884, p  gjj'.p. .  '  ^ot-  d-  Scavi,  1901,  p.  148,  fig.  4  (Ponipei).  —  18  Arcli.  Zeit. 
Thapsos)  G  !IU5’b~~  19  M°n.  Ant.  dei  Lincei,  VI,  pl.  v,  13,  p.  129,  1  (nécropole  do 

—  20  ^  Fl  ,laifb  Akad.  Abhandl.  pl.  lxh,  2,  p.  566  (table  de  Gnathia)  ;  fig.  4914. 

il U)  0or/)r  {‘(lcler*  fat.  Vas.  Bibl.  Nat.  431  (Millin-Rcinach,  pl.  lv,  p.  34); 
p. 35-6 ;  Si.  |1'  P'-  Iavn  (point-  de  Pompei).  —  21  Millin-Rcinach,  I,  pl.  ux, 

P61,111’  '  'ïsens.  I,  812,  p.  331.  —  22  Gerhard,  Akad. Abhandl.  pl.  lxu, 


2,  p.  566  (table  de  Gnathia)  ;  fig.  4914.  —  23  Fig.Oettl;  Babelon,  Cab.  des  Antiq. 
pl.  xi.v,  p.  145  (canthare  dit  des  Ptolémées  ou  de  Mithridale,  au  Cabinet  des 
Médailles);  Bev.  arch.  n.  s.  XIX,  1869,  p.  139,  fig.  1-3  (médaillons  de  Pergame 
et  de  Byzance)'  Bull.  mon.  di  Borna,  1885,  pl.  xxi,  p.  235  (Mithræum  des  Jardins 
deSalluste).  —  2tPanofka.  Cab.  Pourlalis,  pl.  xxxiu,  p.  111  ;  C.  Smith,  Vas.  Brit. 
Mus.  III,  E  205,  p.  168.  —  25  Canthare  de  Mithridale,  voir  note  23  ;  Tischbein,  V, 
pl.  xr.vu  (Reinach,  Bépert.  p.  346);  Millin-Reinach,  I,  pl.  ux;  Stepliani,  Vasens.  I, 
812,  p.  331.  —  26  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  fig.  62,  2,  p.  566.  —  27  Mus.  Borbon. 
IV,  pl.  xlvii (vue  perspective) ;  Boem.  Mitlheil.  1901,  p.  337,  fig.  2  (Pompei). 
—  28  Not.  d.  Scavi,  1900,  p.  525,  fig.  2  r.  Este.  —  29  Clarac,  pl.  cclx, 
dcxlvi  (Louvre).  —  3(1  Millin,  Galerie  mythologique,  pl.  i.v,  271  ;  Helbig- 
Toulain,  Musées  de  Borne,  I,  p.  80-1,  135  (villa  Negroni).  —  31  Voir 
Garrucci,  Storia  dell’  arte  cristiana,  pl.  ccxv,  n*  3;  cf.  pl.  cclxii,  n»  2. 

_  32  a.  de  Ridder,  Catal.  des  Bronzes  de  l'Acropole,  p.  183-4,  fig.  154-5 

(6694,  6549);  Bull.  corr.  hell.  1898,  p.  211-2.  —  33  Bull.  corr.  hell.  1898.pl.  i, 
p.  201-232. 


217 


MEN 


—  1726 


qu'ici  encore  le  choix  du  symbole  n’avait  pas  été  nidifiè¬ 
rent  el  qu’à  Corinthe,  d’où  ce  bronze  paraît  provenir,  les 
chevaux  ailés  avaient  avec  la  déesse  un  rapport  histori¬ 
quement  établi  et  prouvé  par  les  séries  monétaires. 
Quoi  qu’il  en  soit  de  ce  rapprochement,  je  verrais  un 
souvenir  de  ces  supports  animaux  dans  les  sphinx  assis 
que  nous  retrouvons  sur  le  canthare  du  Cabinet  des 
Médailles'.  A  Pompéi,  on  trouve  aussi  des  tables  en 
marbre  de  ce  type  '2. 

N  II.  —  11  reste  à  mentionner  des  mensae  de  forme  rare, 
à  six3  et  à  huit  pieds v,  sortes  d’établis  posés  sur  des 
tréteaux.  Quant  à  la  incnsa  lunata ,  que  les  Romains 
dressèrent  devant  leurs  soplias  mi-circulaires  (fig.  4831), 
nous  n’en  connaissons  que  de  très  rares  exemples  5,  et  il 
ne  semble  pas  que  l’usage  en  ait  été  aussi  courant  qu’on 
le  prétend  généralement. 

VIII.  — La  matière  des  tables  était  naturellement  des 
plus  variées. La  plupartdevaientêtre  en  bois  simple  ouen 
marbre  d’espèce  commune.  Mais  il  y  en  avait  à  pieds 
d’ivoire6,  en  bronze',  en  argent8,  en  cuivre  argenté9, 
en  or10;  certaines  étaient  incrustées  de  pierreries"  ; 
d’autres  n’étaient  qu’en  bois,  mais  ce  n’étaient  pas  les 
moins  précieuses,  car  on  recherchait  pour  elles  les  essen¬ 
ces  les  plus  rares  [materia,  p.  16:29  et  suiv.]  :  c’étaient 
les  fameuses  mensae  citreae ,  en  thuya  ou  citre,  que  les 
Romains  payaient  fort  cher  (jusqu’à  1 400000  sesterces) 12. 
Ces  meubles  de  prix  ne  servaient  naturellement  que  dans 
de  rares  occasions  :  on  les  recouvrait  d’ordinaire  de 
housses  ou  de  nappes  [happa].  La  provenance  de  ces 
tables  de  luxe  est  généralement  la  Grèce.  On  réputait  les 
tables  de  Sicile'3,  de  Lacédémone",  de  Délos'3,  d’Asie 
Mineure'6:  c’est  au  triomphe  célébré  en  187  av.  J.-C.,  à 
la  suite  de  la  campagne  de  Manlius  sur  les  Galates,  que 
parurent  pour  la  première  fois  à  Rome11  ces  meubles 
de  grand  luxe;  jusque  dans  l’art  industriel,  la  Grèce 
imposa  ses  modèles  au  goût  romain.  A.  de  Ridder. 

A1EXSOR.  —  Comme  l’étymologie  l’indique,  on  nom¬ 
mait  mensor ,  à  l’époque  romaine,  un  personnage  chargé 
de  mesurer;  suivant  la  nature  des  objets  mesurés  et  le 
genre  de  la  mensuration,  le  terme  a  pris  une  valeur  par¬ 
ticulière.  Appliqué  à  la  mensuration  des  longueurs,  il 
désignait  un  ingénieur,  un  arpenteur,  un  géomètre,  un 
architecte  même  ;  à  la  mesure  des  grains,  un  employé  de 
l’annone  chargé  de  la  vérification  des  arrivages  de  blé. 

A.  1°  A  rpenteurs.  —  L’arpentage  a  donné  lieu  à  un  ar¬ 
ticle  spécial  [agrimensor];  les  procédés  techniques  em¬ 
ployés  sont  étudiés  aux  articles  geodesia  et  Stella.  Les 
inscriptions  font  souvent  mention  de  mensores  arpen¬ 
teurs  géomètres.  On  les  rencontre  soit  dans  la  domes¬ 
ticité  de  l’empereur1,  soit  dans  la  classe  des  ingénus2, 
à  Rome3  ou  dans  les  provinces4. 


1  Babelon,  L.  I.  —  2  Mus.  Borbon.  IX,  43,  2;  Gusman,  Pompei ,  p.  127,  289  et 
293;  Overbeck-Mau,  Pompeji ,  4"  éd.  p.  422.  —  3  Rich-Chérucl,  p.  399,  1  (d’après 
le  Virgile  du  Vatican).  —  4  Jahn,  Abh.  d.  Gôtt.  Wiss.  XII,  pl.  vi,  J  (peint,  d’ücr- 
culanum).  —  r>  Aringhi,  Rom.  subtorran.  II,  p.  3G  ;  Campana,  Di  due  scpolcri  del 
secolo  di  Augusto,  1843,  pl.  xiv.  —  «  Luc.  Gall.  14.  —  7  JahrtAich,  Anzeiger ,  1899, 
p.  121  ;  Mus.  Borbon.  15,  pl.  vi.  —  8  Bull,  corr.hell.  1882,  p.  118  (Délos)  ;  Dig.  33, 10, 
•1»  3.  —  9  Bull.  covr.  hell.  1882,  118  (tpaise^av  ic£?(7)?yup<o}&svT}v).  —  19  Alben.  15, 
093  E  (Syracuse)  ;  Dig.  33,  10,  3,  3.  —  11  Dig.  33,  10,  3,  3.  —  12  Mommscn- 
Marquardt,  Privât  ail  ert  h.  p.  702;  Cic.  Verr.  II,  4,  17;  Pctron.  119,  27;  Plin. 
XIII,  91,  102;  Dio  Cass.  Gt,  10.  Tables  d’érable  :  llor.  Sat.l I,  8,  10;  Mari.  XIV,  90; 
Ov.  Met.  Xll,  254.  —  13  Pial.  Hep.  3,  p.  404  rf;  Athcn.  XII,  p.  518  c;  Cic.  Tusc . 
5,  35,  100;  Hor.  Od.  1,  18.  —  14  Plut.  Lyc.  9. —  13  Alben.  11,  p.  48G  e  (Critias)  ; 
Plia.  34,  4,  9;  33,  51,  144;  Cic.  Verr.  2,  72.  —  16  Boeckh,  Staatsh.  II,  p.  153; 
Athen.  1,  p.  28  B;  5,  p.  205  B;  11,  p.  486  e.  —  17  TU.  Liv.  39,  G;  Plin.  34,  14. 
—  Bibliographie.  —  Blümner,  Technologie  u.  Terminologie  d.  Gevcerbe  u.  Künsie 


MEN 


G)  O 


-  A™hitectes.  -  Ce  sont  aussi  les  ina  ■ 
nous  font  connaître  les  mensores  aedinl  pll0ns  qui 

ôsàtamaisonduprinnT^^ 

seulement  des  constructions  impériales^-  ]^CCUpaient 


étaient  attachés  _  . . .  „ln 

nnce  et  s’ 
cuons  impi 

qu’ils  exerçassent  dans  la  capitale  ou  ailleuV^  iU'lres’ 
leur  expérience  au  service  des  particuliers11  .®eltaienl 
ds  ne  doivent  pas  être  confondus  avec  îJ 
[architecti],  mais  il  est  difficile  de  dire  on 
ment  ils  en  diffèrent.  ,U01  Pr°prel 

3°  Ingénieurs  militaires.  -  On  donnait  aussi  le  m 
mensor  à  des  soldats  légionnaires.  Toutefoi  G  de 
qui  nous  parlent  de  ces  ingénieurs 
ment  d’accord  sur  leurs  attributioi 


)ls  les  auteurs 
ne  sont  pas  absolu¬ 
es  ;  ils  les  confondent 


avec  ceux  qu’ils  nomment  metatores  Ainsi 

1131  v  egece  et 


Ilygin  attribuent  à  ceux-ci  la  mission 


de  choisir 


cernent  du  camp  et  d’en  fixer  les  grandeslignes  ceux  là 
ayant  comme  fonction  de  s’occuper  des  détails  du  tracé 

Pour  d’autres  les  rôles  sont  renversés  [castrorummetatori' 
La  question  se  simplifie  si  l’on  interroge  les  inscriptions- 
elles  ignorent  le  mot  metator  ;  on  n’y  rencontre  que  le 
terme  de  mensor ,  qui  est  assez  fréquent  \  Celles  qui  nous 
donnent  quelque  détail  à  leur  sujet  ne  permettent  pas  de 
douter  que  les  mensores  militaires  soient  des  géomètres, 
des  arpenteurs.  C’est  à  eux  qu’on  a  recours,  par  exemple, 
lorsqu’il  est  nécessaire  de  fixer  une  limite  contestée  entre 
deux  peuples  voisins8.  Rien  n’empêche,  d’ailleurs, que, 
le  titre  de  mensor  étant  le  titre  officiel,  permanent,  on  ait 
choisi  certains  des  mensores  pour  leur  confier  la  mission 
de  marchera  l’avant-garde  et  de  délimiter  l’emplacement 
du  camp  ;  ceux-là  joignaient  au  litre  de  mensor  celui 
de  metator  :  cumul  qui  expliquerait  le  rôle  secondaire 
attribué  par  certains  auteurs  aux  mensores  ordinaires. 

B.  Employés  de  l'annone.  —  Quand  le  blé  arrivait  à 
Ostie  apporté  par  les  naviculaires  [annqna,  navicularii],  il 
fallait,  pour  éviter  toute  fraude,  vérifier  la  quantité 
débarquée  ;  une  surveillance  analogue  était  nécessaire  au 
momentoùonle  rembarquait  sur  les  chalands  qui  remon¬ 
taient  le  Tibre,  lorsqu’on  le  déchargeait  à  Rome,  enfin 
toutes  les  fois  qu’on  le  transportait  des  magasins  iior- 
reum]  aux  boulangeries.  Ce  contrôle  étaitconliéadesagenls 
nommés  mensores  frumentarii 9,  constitués  en  corpora¬ 
tion  .  A  Ostie, les  inscriptions  nous  les  fontcon  naître  sous  le 
nom  de  corpus  mensorum  f rumentariorum  Ostiensnun 
ou,  au  ii°  siècle,  de  mensorum  f  rumentariorum  <<eic- 
ris  Augustae  ".  «  A  la  même  époque,  di t M .  AA  altzmg  , 
on  rencontre  un  corpus  mensorum  frumentaïuninn 
adjutorum  Ostiensium ,  ayant  le  même  président  qm  l  S 
collège  des  nauticarii  et  des  acceptons.  Ces  deux  < 
nières  corporations  portent  du  reste  aussi  les  0">n 
corpus  mensorum  f  rumentariorum  acceptorum  A 
pus  mensorum  f  rumentariorum  nauticarioi  um 


bei  Griechen  u.  Rômern ,  i.  II,  1879,  p.  238-357,  et  passim  , 
p.  179-192,  p.  285-6;  1885,  p.  287-290 


.  Arcli.  Zeit 1*8*. 


.8913  (affranchis)  ;  cf- 3988 


MENSOR.  i  Corp.  inscr.  lat.  III,  2128  (esclave)  ;  VI,  89I2-°v.»t“  • 

(attaché  àla  domesticité  de  Livie). —  2  Jbid.  III,  1220,21 24, VI,  RIS, 

VI,  198,  905,  3988,  4241,  0321,  8912,  8913,  9619,  9621.  -  "  XIV,  23:  I, 

2424;  V,  6786.  Le  mensor  idem  sacomarius  d'Oslic  (Corp.  ^ un yài- 

1109)  parait  être  soit  un  fabricant  de  poids  el  mesures  591  .  ,  1.0, 

ficateur.  —  3  Ibid.  VI,  8933  ;  cf.  Hirsclifeld,  Verwaltungsgc '  ^  £p.  X, 

note  2  .  —  0C.  i.  I.  III,  2129  ;  VI,  1975,  9022-9625  ;  XIV,  303-,  '  p-  «  et 

18;  cf.  C.  Promis,  dans  les  A/cm.  delt  Accad.  di  Torino ,  sér.  ’ ..  '  '  ,fi  30iS,  etc. 
suiv.  —  7  C.  i.  I.  III,  586,  3433;  VII,  420;  VIII,  256*>  -856’  '  '  ° '  73;  l.icbc- 

-  «  Ibid.  III,  580.  —  9  Pigeonneau,  De  convect.  urbanae  annon  ^ionnelles  cl“: 
nam,  Rôm.  Vereinwesen ,  p.  74;  Waltzing,  Les  corporations  H;  »  364,  438, 
les  Romains,  II,  p.  63.  —  10  Corp.  inscr.  lat.  XIX  ,  ->  iM  ^  \ 

4139.  _  il  Ibid.  409.  —  Op.  cit.  p.  63.  —  13  Corp.  wscl  • 


MK  N 


—  1/2/ 


ML., 


iL  penser  1  que  les  mensores  adjutores,  les 
ce  qul  a  •a',L  les  acceptores  formaient troissections  diffé- 
0uliC(lrl'unème  collège  do  mensores,  sans  qu’on  puisse 
renleSI  .yice  spécial  de  chacune.  »  Ultérieurement, 

récisel>  lc  s 


4915.  —  Contrôleur  des  pesées. 


les  contrôleurs  d'Ostie  se  rencontrent  sous  la  désignation 
de  mensores  Portuenses 2;  ils  étaient  chargés  alors  de 
garder  les  greniers  de  Portos  b 

8  Les  mensores  de  Rome  formaient,  de  leur  côté,  une 

autre  corpora  - 
lion. Ondes  nom¬ 
mait  mensores 
machinant  fru~ 
menti  /ntbiici b 
M.  Waltzing  fait 
remarquer  que  ce 
sont  les  seuls  qui 
portent  ce  sur¬ 
nom.  L'explica¬ 
tion  en  est  don¬ 
née  par  une  scène 
gravée  sur  une 
coupe  de  verre  du 

iveouduvesiècle(fig.491u)s.On  y  voit  un  personnagevêtu 
de  la  paenula,  fonctionnaire  de  l’annone,  qui  préside  à 
un  pesage.  Devantlui  une  grandebalanceestmontéesur  un 
chevalet  {machina).  Deux  chevaux  conduits  par  des  valets 
_ _ _ _ _  en  tuniques  courtes 


Fig.  4910.  —  Employés  de  l'annone. 


1KINV5 


tirent  des  voitures 
chargées  sans  doute 
des  denrées  que  l’on 
se  propose  de  pe¬ 
ser  (les  voitures 

n’existent  plus).  Ce 
n’est  pas  d’ailleurs 
la  seule  représen¬ 
tation  de  cette  sorte 
que  nous  ayonscon- 
servée.  Une  fresque 
du  cimetière  de 

Sainte  -  Domitille 
(fig.  4916)  nous 
J  homme  debout  tenant  une  balance  ;  à  côté,  un 
j  n.S,l\  A’ umentarius  porte  à  la  main  une  règle B  destinée 
llu  1 1  le  contenu  des  modii  qui  sont  par  terre,  à  ses 

Tkt  II  ^afSa^  1,bid-  ad  "•  2.-2  C.  i.  I.  VI,  1759  ;  Cad.  Theod.  XIV,  4, 9.  -  3  Cod. 
—  6  Cf  là  f  ’  *'■  ^  '*  L  85.  —  B  De  Rossi,  Annali,  1885,  p.  230,  lav.  d'agg.  I. 
189s#  |,  ,(-7  I|11  se,itation  d  une  règle  et  d’un  modius  dans  Ie9  Notizie  degli  Scavi, 
e,l 'luostion  da|,IH  ^tgr.  1899,  n.  99).  C'est  peut-être  de  règles  de  celte  sorte  qu’il 
'"'«ires  d't  ■]  ^  "nC  r^P0DSC  lln  fonctionnaire  de  l’annone  à  une  requête  des  navi- 

Ul«s,  8.  ^S_Ann-(pigr.  1899,  n.  161  ;  Bull,  tpigr.  1900,  n.  1351  ;  C.  i.  I.  III, 
tt.pt.’,. #  (  ,lPerti  Jtüm.  Quartalschrift  (1887),  p.  20  et  suiv.  (cf.  35  et  suiv.) 

■ r  VI,  39;  Wilpert,  L.  c.  pl.  u  ;  Marligny,  Dict.  des  ant. 


Fig.  4917.  -  Uu  , 


pieds7.  Un  bas-relief  funéraire  du  Lalran  nous  présente 
pareillement  (fig.  4917)  l’image  d’un  mensor ,  la  règle 
à  la  main,  se  préparant  à  égaliser  la  surface  supérieure 
d’un  boisseau  d’où  sortent  des  épis  8. 

11  y  avait  aussi  des  mensores  dans  les  provinces,  à  l'en¬ 
droit  où  l’on  centralisait  ou  embarquait  les  denrées  des¬ 
tinées  à  l’annone  °. 

Ces  mensores  jouissaient  de  certaines  immunités  qui 
leur  sont  fermement  reconnues  par  le  Digeste  l0. 

Certains  passages  du  Code  Théodosien  nous  prouvent 
que,  bien  que  chargés  d’empêcher  la  fraude,  ils  n’étaient 
pas  eux-mêmes  sans  reproche  à  cet  égard;  on  y  voit,  en 
particulier,  qu’ils  s’entendaient  avec  les  caudIcarii  11  pour 
substituer  au  froment  destiné  à  la  nourriture  du  peuple 
de  Rome  un  blé  de  qualité  inférieure.  R.  Cagnat. 

MENSOK1UM.  —  Mot  de  la  basse  latinité  pour  désigner 
un  grand  plat  creux1  [catinum,  discus,  lanx,  mazonomon, 
pinax].  Il  se  confond  aussi  avec  missorii  m  2. 

MENSURA.  Mérfov.  Mesure.  —  Origine  des  mesures  de 
longueur.  — Les  noms  des  unités  de  mesure  des  petites 

longueurs  ,  en 
grec  et  en  latin, 
sont  empruntés 
aux  membres  du 
corps  humain,  et 
décèlent  par  là 
même  leur  ori¬ 
gine,  déjà  recon¬ 
nue  par  les  mé¬ 
trologues  de  l’an¬ 
tiquité  1 .  Cette 
origine  remonte  à 
une  époque  pour 
laquelle  les  té¬ 
moignages  écrits  nous  font  défaut  aussi  bien  que  les 
monuments,  et  elle  doit  exclure  l’idée  d’une  régulation 
primitive.  L’homme  a  dans  son  propre  corps  les  moyens 
d’effectuer  des  mesures  en  les  rapportant  à  une  unité 
qu’il  peut  toujours  retrouver  sur  lui-même,  et  qui,  à  une 
époque  où  la  précision  n’est  pas  nécessaire,  peut  être 
regardée  comme  étant  pratiquement  la  même  d’un  indi¬ 
vidu  à  l’autre.  Voilà  le  premier  stade  ;  le  second  consiste 
dans  la  coordination  entre  les  déverses  dimensions  que, 
suivant  les  cas,  on  choisissait  comme  unité  pour  la  plus 
grande  commodité;  cette  coordination  se  fait  en  établis¬ 
sant  des  rapports  numériques  simples  entre  ces  diverses 
dimensions,  ce  qui  entraîne  leur  subordination  à  une 
unité  choisie  comme  principale  ou  fondamentale,  parce 
qu’elle  est  la  plus  usuelle.  Ces  rapports  numériques 
simples  sont  conventionnellement  regardés  comme  rigou¬ 
reusement  exacts  ;  en  fait,  ils  sont  seulement  aussi 
approchés  de  la  réalité  que  cela  est  utile  pour  les  besoins 
de  la  pratique.  Enfin,  au  troisième  stade,  intervient 
l'action  régulatrice  de  la  communauté  sociale  pour  fixer 
avec  précision  un  étalon  de  l’unité  principale;  mais  cette 
action  de  la  cité  ne  crée  pas  le  système  des  mesures,  déjà 

chrét.  p.  467  ;  Krause,  Beal-encycl.  der  christ.  Aller! h.  p.  401.  —  9  Cod.  Just. 
L,  5,  10,  §  1.  —  10  Ibid.  XXVII,  t,  26;  L,  5,  10,  §  1.  —  U  Cod.  Theod.  XIV,  4,  9;  15, 
I  ;  cf.  le  commentaire  de  Godefroid  à  ce  propos  tt.  V,  p.  201,  col.  2,  éd.  de  1738). 

MENSOUIUM.  t  Cassiod.  Hist.  Eccl.  X,  15.  11  s’agit  d’Ilérodiade  recevant  dans 
un  plat  la  tête  de  saint  Jean.  -  V oir  Du  Cange,  Glossarium  med.  et  inf.  latiuitntis , 
s.  v.  On  a  même  lu  «  in  missorio  »  dans  le  telle  cité  de  Cassiodore;  cf.  Forcellini, 
Tôt.  lat.  lexicon ,  s.  v.  Missorium. 

MENSURA,  1  Heronis  Aies.  Geom.éd.  Ilullsch,  p.  47,  4  ;  Poil.  2,  157. 


MEN 


constitué  dans  le  stade  précédent;  d'autre  part,  comme 
1  étalon  adopté  n  est  en  fait  qu’une  dimension  moyenne 
de  telle  ou  telle  partie  du  corps  humain,  l’emploi  effectif 
de  cette  dimension  par  les  individus  subsiste  naturel¬ 
lement  à  côté  de  l’emploi  de  la  mesure  officielle,  toutes 
les  fois  qu’une  précision  particulière  n’est  pas  réclamée. 

L  unité  principale  de  longueur  chez  les  Grecs  et  les 
Romains  est  le  pied  (tcoû;,  pes),  c’est-à-dire  la  longueur 
du  pied,  qu'il  faut  supposer  chaussé,  ce  que  nos  enfants 
appellent  une  semelle.  Cette  unité  semble  avoir  également 
été  nationale  chez  les  peuples  celtiques  et  germaniques, 
et  elle  n'a  pas  encore  été  complètement  supplantée  par  le 
//h  / 1  e .  Mais  la  division  courante  du  pied,  au  moyen  âge 
et  dans  les  temps  modernes,  est  la  division  en  douze 
pouces ,  or,  si  les  Romains  ont  appliqué  au  pied  la  division 
duodécimale  de  leur  as  (voir  ce  mot  et  aussi  l’art,  pondus), 
ds  ont  toujours  dénommé  uncia  la  douzième  partie,  et 
même,  dans  Isidore1,  le  polie x  (travers  du  pouce)  n’est 
évalué  qu’au  quinzième  du  pied.  La  dénomination  de 
pouce  est  donc  d’origine  barbare,  s’appliquant  proba¬ 
blement  au  pied  nu,  mais  en  tout  cas  passablement 
inexacte.  D  un  autre  côté,  concurremment  avec  la  division 
duodécimale,  les  Romains  ont  couramment  employé  la 
même  division  que  les  Grecs,  sans  qu’on  puisse  déter¬ 
miner  s  ils  laleur  ont  empruntée  de  très  bonne  heure  ou  si 
elle  remonte  avant  l’époque  de  la  séparation  des  deux 
nations  de  leur  souche  commune.  Cette  division  classique 
pai  tage  le  pied  en  quatre  travers  de  main  (TrxXouffTv;, 
pal  mus,  paume)  et  la  paume  en  quatre  travers  de  doigt 
(BxxtuXoç,  digitus).  Le  pied  vaut  donc  16  doigts  ;  les  frac¬ 
tions  plus  petites  n'ont  pas  de  désignation  particulière. 

Comme  unité  plus  grande  que  le  pied,  les  Romains 
n  ont  eu  en  réalité  que  le  double  pas  ( passus )  et  le  pas 
simple  (?T,ua,  gradus ),  respectivement  réglés  à  5  pieds  et 
à  2  pieds  et  demi,  et  qui  sont  la  base  de  leurs  mesures  iti¬ 
néraires.  L'aune  ( ulna )  de  4  pieds,  mesurés  de  l’épaule 
gauche  à  l’extrémité  de  la  main  droite  étendue  (métrage 
des  étoffes),  n’apparait  que  dans  les  textes  du  moyen  âge. 
Chez  les  auteurs  classiques,  le  sens  du  mot  ulna  est 
ambigu;  Ovide2  et  Virgile3  paraissent  entendre  une  lon¬ 
gueur  de  2  pieds,  Pline 4  celle  de  6  pieds  (l’ôpyutoc  grecque). 

Les  métrologues  et  les  grammairiens  grecs3  nous  ont, 
au  contraire,  conservé  nombre  de  termes  désignant  des 
dimensions  corporelles,  avec  des  évaluations  précises, 
auxquelles  il  ne  convient  pas  pourtant  d’attacher  une 
importance  très  grande  :  le  xôvouXoç  (longueur  d’une 
phalange),  2  doigts,  —  le  Sàipov  (terme  homérique) 6,  la 
SoXFâ  (Aristophane)  •  ou  oaxTuXoS<>yp.-q,  équivalents  à  la 
paume  de  4  doigts,  — le  otyâç  ou  demi-pied,  8  doigts, — 
la  Xt yâç  (petit  empan,  du  pouce  à  l’index),  10  doigts,  — 
l’ôpOoSwpov  (longueur  de  la  main  à  partir  du  carpe), 
il  doigts,  —  la  ff7ci9apnj  (empan,  du  bout  du  pouce  à 
celui  du  petit  doigt),  12  doigts,  —  la  TtuyjjLv)  (du  coude  à  la 
naissance  des  phalanges),  18  doigts,  —  le  rcuyuiv  (du  coude 
au  bout  des  phalanges,  la  main  fermée),  20  doigts. 

Mais,  dès  leurs  premiers  rapports  avec  les  peuples 
orientaux,  les  Grecs  les  trouvèrent  en  possession  de 
systèmes  de  poids  et  de  mesures  déjà  parfaitement 
étalonnés;  chez  ces  peuples,  l’unité  principale  était  non 
pas  le  pied,  mais  la  coudée  (7rijyoî,  cubitus)  (du  coude  à 

1  Metrol.  script.  11,136,  14.  —  2  Mot.  8,  748.  -  3  Bel.  3,  104;  Georg.  3,  335;  cf. 
Hor.  Ep.  4,8.—  4  Hist.  nat.  16,  40,  §  202  ;  cf.  16,  32,  §  133.  -  5  Voir  l'indes  des  Mé¬ 
trologie*  scriptores  de  Hullsch.  -  6  Hom.  U.  4, 100  ;  Iles.  Op.  426.  —  7  Equit. 318. 


l’extrémité  des  doigts  de  la 


les  Égyptiens  en  24  doigts 


mîlin  étendue)  L 
donc 


’  la  c°udée  valut  do,!!'!''' cheï 


Grecs  un  pied  et  demi  ;  dès  le  temps  d’uZJT  P°Ur«* 
était  aussi  familière  que  leur  unité  <.°  L'* °l'e leur 
spithame  (empan),  comme  demi-coudée  ,  ‘le’  el  la 
aussi  naturellement  dans  le  système  grec  &  dès  lors 
Enfin,  la  plus  grande  dimension  du  corn,  i 
brasse  (ôpyuiâ),  mesurée  entre  les  extrém  i  ■ 1Umam' la 
étendus,  et  comptée  pour  6  pieds,  complète bl'as 
grec  des  mesures  de  longueur  ordinaires  ■  r  SySlènie 
dimension  est  identique,  dans  l’homme  bL  fr  ^ 
de  la  taille,  Yorggie  peut  également 


ah,  à  celle 


ancienne  toise  de  6  pieds. 

Mesures  agraires. 
empruntées  au  corps 


«présenter  noir. 


.Vemres  agraires.  -  Les  mesures  qui  précMeil 

.  ..  ,  .  ni  main,  et  qui  constituent 
système  véritablement  naturel,  suffisent  pour  les  b 
de  l’architecture  el  du  commerce  des  tissus  HvuT 
mesures  agraires,  il  faut  des  unités  plus  grandes,  que Z 
Grecs  déduisirent  du  pied  suivant  une  progression  déci 
male.  La  perche  du  laboureur  (axatva,  pertica  deceml 
Peda)  a  10  pieds  ;  la  longueur  du  sillon  après  laquelle 
on  laisse  souffler  les  bœufs  de  labour  et  l’on  revient  en 
arrière  (TrÉXi-Opov,  TrXsOpov,  vorsus ,  aclus)  est  de  10 percha 
ou  de  100  pieds.  Le  même  terme  de  plèthre  désigne  le 
carré  de  100  pieds  de  côté,  qui  est  l’unité  agraire.Vori- 
gine  de  ces  mots  ne  doit  pas  ici  faire  supposer  l’emploi  de 
mesures  plus  ou  moins  arbitraires  avant  l’adoption  de  la 
progression  décimale  ;  celle-ci  remonteau  moinsàl’époqtie 
que  nous  avons  désignée  comme  second  stade  mélrolo- 
gique,  et  est  incontestablement  antérieure  à  la  période  des 
poèmes  homériques9.  Mais  dans  ceux-ci,  àcôtédup.Zéf/ir<?, 
on  trouve  une  mention  d’une  autre  mesure  agraire,  la 
yjY],  dont  l’étendue  n’était  plus  connue  à  l’époque  clas¬ 
sique.  Les  inscriptions  d’Héraclée10  (colonie  de  Tarente) 
y  ont  fait  connaître  l’existence  d’un  yiWg,  mesure  agraire 
locale,  que  Ilultsch  11  évalue  à  50  plèthres  (attiques). 

Le  système  de  progression  décimale  fut  aussi,  en 
général,  celui  des  anciens  peuples  italiens  lOsques, 
Umbriens),  mais  les  Romains  le  modifièrent  pour  appli¬ 
quer  aux  champs  le  système  de  leurs  fractions  de  l’as 
Ils  portèrent  à  12/jerc/ics  ou  à  120  pieds  la  longueur  de 
Vactus ;  d’autre  part,  ils  doublèrent  Yactus  carré  pour 
obtenir  leur  unité  principale,  le  jugerum ,  qui  vaut  ainsi 
28800  pieds  carrés,  en  sorte  que  la  plus  petite  fraction 
de  Y  as-unité,  le  scripulum,  correspond  à  100  pieds  carres 
ou  à  la  perche  carrée.  La  nomenclature  des  mesures 
agraires  romaines  serait  d’ailleurs  à  augmenter,  d  apres 
Columelle12,  du  clima,  quart  de  Yactus  carré;  d  après 
Varron  13,  de  Yheredium,  2  jugera ;  —  la  centurie , 
100  heredia;  —  le  saltus,  4  centuriae.  Mais  ces  derniers 
termes,  appliqués  dans  le  cadastre  des  colonies,  ont  en 
réalité  correspondu  à  des  surfaces  variables,  dapies 
l’importance  donnée  au  lot  attribué  à  chaque  colon. 

Mesures  itinéraires .  —  Mille  passas  de  5  pieds  foi 1111  *' 

le  mille  romain  (pu'Xiov),  d’après  lequel  les  '0I,S  ^ 

l’Empire  furent  mesurées  et  bornées.  L  unité  gIU(Iue 

un  tout  autre  caractère  ;  chez  ce  peuple  ardent  aux  -p1  1  ’ 

male  quun 


le  stade  («rraotov)  représente  la  distance  nor 


coureur  peut  parcourir  à  toute  vitesse  sans 
stade  s’ajoutent  son  double,  le  Si'auXoç,  son  <| 


s  souffler.  Au 


quadruple 


•  i  178  sur  la  n‘*P‘oî 

—  8  Voir  en  particulier  llerod.  2,  149  et  1G8,  comme  aussi  ,  ^  ^  4775. 

1CÎI/.UÇ.  -  9  //.  21,  407  ;  Ol.  1  1,  577.  -  10  Corp.  insc.gr.  ^  lf  ifc 

—  H  Gr,  u,  Rocm,  Metr.  p.  41,  0.  *—  42  Colum.  5,  I. 


MIïK 


MEN 


,  inniraour  de  la  piste  pour  la  course  des  chars)  ; 
(I'Ik^Y01  J  (longue  course),  évalué  à  12  stades,  mais 
entii*  le  _  jjyerses  valeurs.  Quant  au  stade  lui- 

qoi  a  ll,1'1  !]r.ongtammentévaluéà600pi«rf*(oul00<ofm). 

même’  des  ;  emegure  itinéraire  effective,  son  évalua- 
Cepend‘‘"  grav6S  difficultés.  Les  diverses  mesures  en 
li0"S0"i  V<  ('es  nar  Hérodote  et  Xénophon  1  sont  notam- 
•r  rLantes  les  unes  par  rapport  aux  autres,  et  con- 
1,ienl !  !  général  à  une  valeur  du  pied  singulièrement 
du'i:a"‘  l  |  lUl  nécessairement  admettre  que  telles  de  ces 
faible'  1  proviennent  de  réductions  erronées  de 

meSU,:eéSVPtiennes  ou  perses,  telles  autres  d’évalua- 
1111  "  rossières  d’après  le  temps  de  marche,  telles  autres 
l7n  d’après  le  compte  des  pas  (240  p%«xa  ou  pas  simples 
^  "Vide  b  Mais  ce  dernier  procédé  lui-même  ne  donne 
Bps  résultats  admissibles  qu’avec  des  marcheurs  parti- 
fcrement  exercés  (Alexandre  et  ses  successeurs  sem¬ 
blent  de  fait  avoir  entretenu  des  bématistes  remar¬ 
quables)2  et  ne  se  forçant  pas;  car  la  longueur  du  trajet 
amène  une  réduction  notable  de  la  valeur  du  pas  moyen. 

'  Mesures  de  capacité.  —  Les  métrologues  anciens 
distinguent  toujours  les  mesures  de  capacité  pour  les 
matières  sèches  et  pour  lès  liquides  (géxpx  £rl?â, 
ùyM'.  De  fait,  ces  mesures  forment,  en  général,  deux 
séries  bien  distinctes,  n’ayant  qu’un  ou  deux  termes 
communs,  les  plus  faibles.  Les  mesures  locales,  dans  le 
détail  desquelles  nous  ne  pouvons  entrer,  sont  passa¬ 


blement  nombreuses.  Voici  le  système  classique  : 

L’unité  inférieure,  commune  aux  deux  séries,  est  la 
eotyle  (xotûXti),  en  latin  hemina  (comme  moitié  du  sexta- 
rius  romain):  pour  les  mesures  de  grains,  -4  cotyles  font 
un chénix  (yoiviç),  8  chénices  un  éxtsûç,  sixièmedu  gÉoigvoç. 
Le médimne  vaut  donc  192  cotyles,  elYhecteus  en  vaut  32. 
Les  Romains  n’ont  pas  de  mesure  analogue  au  médimne, 
ni  au  chénix,  mais  leur  modius  (gôStoç)  correspond  à 
l 'hecteus  (de  même  que  le  semodius  à  l’-figiextov). 

Pour  les  liquides,  12  cotyles  valent  un  conge  (/ouç, 
congius ),  12  conges  un  gerp-qT-qç.  Les  Romains  partageaient 
le  conge  en  six  sextarii ,  et  le  sexlarius  (;É'jtt,;,  setier) 
'devint  l’unité  à  laquelle  ils  rapportèrent  les  diverses 
mesures  des  peuples  conquis.  Les  Romains  comptaient 
d  autre  part  8  conges  au  quadrantal  ( amphora ,  xepipuov) 
et  20  amphorœ  au  culleus. 

*  Ces  divers  noms  indiquent  soit  des  relations  de  conte¬ 
nance,  soit  des  formes  de  vases  appropriés  aux  grains  ou 
nux  liquides.  La  coordination  systématique,  certainement 
très  peu  commode,  eut  à  tenir  compte  des  habitudes  déjà 
ordinaires  pour  les  dimensions  de  ces  vases,  mais  elle 
ut  être  presque  contemporaine  des  premiers  étalonnages 
des  mesures,  qui  se  trouvèrent  imposés  dès  que  les 
rapports  commerciaux  entre  la  Phénicie  et  la  Grèce 
dépassèrent  le  simple  troc.  A  cette  époque,  que  repré¬ 
sente  le  nom  légendaire  du  roi  d’Argos  Phidon,  les  Grecs 
U1<nt  naturellement  conduits  à  adopter  des  étalons  de 
■nés u res  de  capacité,  et  aussi  de  poids,  conformes  à  ceux 
■s  1  béniciens  (qui  étaient  les  mêmes  que  ceux  des 
a  9  oniens).  En  même  temps,  et  parce  que  cela  était 
ia"<ouP  plus  commode  que  le  procédé  inverse,  les 
J  Sll"'s  de  capacité  furent  étalonnées  comme  conte- 
U"  ' s  P°>ds  donnés  d’eau  (ou  de  vin)  ;  les  Babyloniens 


Utiles  à  Suso"1'01'  ”’  ***’  *’aSe  *a  pyramide  de  Chéops;  5,52,  distance 
4  disUn  **  j-jf  ^  ^mens‘ons  l’Égypte  et  du  Pont-Euxin,  Xenoph.  Am 


i'i’se  à  Cunaxa.  —  2  Plin.  Hist.  nat.  7,  2,  S  il  ;  Athen. 


avaient  d’ailleurs  déjà  établi  entre  leurs  poids  et  leurs 
mesures  une  relation  analogue  à  celle  de  notre  système 
métrique,  et  les  Grecs  eurent  à  résoudre  le  même  pro¬ 
blème  sans  copier  les  Orientaux,  ee  qui  aurait  nécessité 
l’adoption  intégrale  du  système  de  ces  derniers. 

La  solution  la  plus  ancienne  parait  être  celle  que  donn-e 
le  système  dit  éginète ,  et  que  l’on  peut  représenter 
comme  suit,  d’après  Ilultsch  3  :  il  y  a  équivalence  entre 
4  métrâtes  et  3  médimne  s  ;  c’est,  d  autre  part,  le  volume 
d’un  poids  de  G  talents  (talent  de  GO  mines  ou  de 
6000  drachmes),  et  le  double  du  cube  d’une  coudée  quel  on 
peutassiiniler  à  la  piTpioî  7t -q/uç  d’Hérodote  (intermédiaire 
entre  la  coudée  orientale  et  la  coudée  du  pied  attique). 

Une  autre  solution  est  due  à  Solon,  dont  la  seisachthie 
fut  liée  à  une  réforme  économique  et  à  une  refonte  du 
système  des  poids,  mesures  et  monnaies  de  1  Attique  , 
dans  les  nouvelles  relations,  les  4  métrètes,  3  médimnes 
ou,  en  poids  d’eau,  6  talents,  ne  correspondent  plus  qu  a 
16/3  du  pied  cube  attique  (au  lieu  de  27/4  du  pied 
d’Égine).  D’autre  part,  le  pied  attique  est  légèrement  infé¬ 
rieur  au  pied  d’Égine,  en  sorte  que  les  nouvelles  mesures 
sont  aux  anciennes  dans  le  rapport  légal  de  100  à  138. 

Enfin  une  troisième  solution  est  celle  qu’adoptèrent 
les  Romains  et  qui  fut  consacrée  par  un  plébiscite  que 
proposèrent  les  tribuns  P.  et  M.  Siliusb  Le  pied  cube 
romain  (quadrantal)  est  le  volume  d  un  poids  de  vin  de 
80  librae  (équivalent  à  celui  d’un  talent  attique);  il  se 
divise,  comme  on  l’a  vu,  en  8  conges  de  6  setiers,  pour  la 
mesure  des  liquides,  et,  pour  celle  des  grains,  en  3  modii 
de  16  setiers.  Comme  le  setier  romain  est  identique, 
d’ailleurs,  au  double  du  eotyle  attique,  il  s  ensuit  natu¬ 
rellement  que  le  pied  romain  est  sensiblement  inférieur 
au  pied  attique.  D’autre  part,  il  est  clair  que  cette  régu¬ 
lation  des  poids  et  mesures  de  Rome  a  été  établie  de 
façon  à  obtenir  une  concordance  suffisante  avec  le 
système  attique,  tel  que  Solon  l’avait  constitué.  On  ne 
peut  nier  que  cette  régulation  ne  soit  relativement  simple 
et  commode. 

Détermination  des  étalons  de  mesures  dans  l' antiquité i 
—  D’après  ce  qui  précède,  chaque  cité  antique  a  un 
système  de  mesures  de  longueurs  et  de  surface,  qui  est 
bien  déterminé  pour  nous,  si  l’on  connaît  la  longueur,  par 
rapport  à  nos  unités,  de  la  mesure  fondamentale,  le  pied. 
Mais  on  doit  s’attendre  à  ce  que  chaque  cité  ait  un  étalon 
particulier  ;  et  nous  avons  déjà  reconnu  trois  valeurs 
distinctes  :  le  pied  du  système  d’Égine,  le  pied  attique  et 
le  romain.  Le  premier  à  cause  de  son  antiquité,  les  deux 
autres  à  cause  de  l’importance  historique  de  leur  emploi 
(car  c’est  aux  mesures  attiques  ou  romaines  que  se  réfèrent 
les  écrivains  classiques),  ont  naturellement  concentré 
les  efforts  tendant  à  déterminer  la  valeur  des  étalons5. 

11  subsiste  plusieurs  pieds  romains  ayant  servi  comme 
instruments  de  mesure,  d’autres  qui  sont  des  modèles 
décorant  des  monuments  funéraires.  Mais  les  mesures 
très  soigneuses  auxquelles  ces  pieds  ont  été  soumis  ont 
fait  ressortir  de  l’un  à  l’autre,  des  différences  sensibles 
(allant  jusqu’à  5  millimètres,  c’est-à-dire  de  l’ordre  de 
celles  que  pouvaient  présenter  les  étalons  de  diverses 
cités).  On  ne  peut  donc  obtenir  par  ce  moyen  une  déter¬ 
mination  satisfaisante  de  l’étalon  réel,  on  doit  seulement 

p.  «2  B.  —  3  Gr.  u.  Boem.  Metr.  §  46,  p.  495-528.  —  4  Metr.  script.  Il,  p.  74, 
d’après  Festus.  —  5  Pour  le  détail  dos  monuments  qui  subsistent,  voir  l’article 

PONDERARIUM. 


MEN 


conclure  que  les  instruments  réels  de  mesure  étaient 
loin  d'être  convenablement  vérifiés.  La  discussion  des 
distances  réelles  qui  ont  été  relevées  sur  des  voies 
romaines  entre  des  bornes  milliaires  n’a  pas  abouti 
davantage  a  des  résultats  suffisamment  concordants. 
D  autre  part,  si  l’on  connaît  très  exactement  le  poids  de 
la  livre  romaine,  et  si  1  on  pourrait  par  suite  en  déduire 
théoriquement  la  valeur  du  pied  romain  (au  moins  entre 
certaines  limites  dépendant  de  la  densité  du  vin  et  de  la 
température  a  supposer,  mais  en  réalité  assez  rappro¬ 
chées),  il  faut  bien  reconnaître  que,  eu  égard  à  l’imper¬ 
fection  des  procédés  des  artisans  d’alors,  la  relation  légale 
était  seulement  théorique.  Les  calculs,  pour  les  déduc¬ 
tions  de  ce  genre,  ont  d’ailleurs  montré,  en  thèse  géné¬ 
rale,  qu  on  arrive  ainsi  constamment  à  une  valeur  plus 
forte  que  celle  de  l’étalon  réel.  En  somme,  le  procédé 
qui  inspire  le  plus  de  confiance  est  le  suivant  :  comme, 
en  tout  cas,  on  a  la  longueur  du  pied  avec  une  certaine 
approximation,  si  l’on  prend  soigneusement  les  diverses 
mesures  d  un  édifice  antique,  un  temple  par  exemple, 
et  qu'on  recherche  les  rapports  simples  qui  existent  entre 
ces  mesures,  il  est  relativement  aisé  de  trouver  la  valeur 
du  pied  dont  s’est  servi  l’architecte  du  bâtiment  et  cela 
avec  une  approximation  d’autant  plus  grande  que  les 
mesures  concordantes  sont  plus  nombreuses.  Or  il  est  à 
supposer  a  priori  que  les  architectes  se  servaient  de 
mesures  officielles  pour  les  constructions  d’édifices 
publics  qui  donnaient  lieu  à  des  marchés  avec  des  entre¬ 
preneurs  ;  a  posteriori ,  cette  hypothèse  est  confirmée 
parce  que  les  mesures  systématiquement  faites  dans  cet 
ordre  d’idées  sur  divers  édifices  aboutissent  à  des 
résultats  dont  la  concordance  est  satisfaisante.  Les  tra¬ 
vaux  dans  lesquels  on  peut  avoir  le  plus  de  confiance  ne 
révèlent  pas,  en  effet,  une  discordance  de  plus  d’un  demi- 
millimètre  (entre  0  m.  2955  et  0m.29S)  et  l’on  ne  peut 
guère  s’attendre  à  moins,  même  pour  des  mesures  réelle¬ 
ment  comparées  à  l’étalon,  dans  les  conditions  où  les 
anciens  devaient  faire  cette  comparaison.  On  peut  donc 
•estimer,  comme  valeur  moyenne,  avec  Hultsch1,  l’étalon 
du  pied  romain  àOm.  2957.  Signalons  toutefois  que,  poul¬ 
ies  monuments  construits  à  partir  de  Septime  Sévère,  le 
pied  architectonique  tombe  à  Om.2942. 

L’étalon  du  pied  attique  a  été  particulièrement  établi 
d’après  les  mesures  du  Parthénon  âxaTogTtEoo;  et  déter¬ 
miné  à  Om. 3083.  Les  Romains  l’évaluaient  pratiquement 
aux  25/24  de  leur  pied  (ce  qui  donnerait  0  m.  308). 

Les  mesures  d’anciens  temples  grecs,  en  particulier  de 
l’Héraion  de  Samos,  ont  démontré  l’emploi  d’un  pied  de 
0  m.  3145,  ainsi  sensiblement. supérieur  au  pied  attique  et 
qu'on  peut  assimiler  à  celui  de  la  grc-pio;  k-Ti/u;  d’Hérodote. 
Le  pied  déduit  de  la  valeur  des  mesures  de  capacité  égi- 
nètes  serait  un  peu  plus  fort(entre  0  m.  3183  et  0m.  3167'. 
Mais  ici  on  manque  encore  d’éléments  pour  aller  plus 
loin.  L’ingénieuse  combinaison  de  Hultsch  2,  d’après 
laquelle  on  devrait  regarder  le  pied  de  la  pi-rfio?  7r?jyuç 
comme  égal  aux  3/5  de  la  coudée  babylonienne  et  l’évaluer 
a  0  m.  315,  comme  longueur  moyenne  généralement 
admise  en  Grèce,  n’a  en  effet  aucune  valeur  démonstra¬ 
tive.  Nous  ne  savons  nullement  si  Hérodote3,  en  parlant 
d’une  coudée  ordinaire  (qu’il  oppose  à  la  coudée  royale 
de  Perse),  vise  un  étalon  déterminé.  Nous  ne  savons  pas 

1  P.  88  cl  suiv.  —  2  P.  490  cl  siiiv.  —  3  Herod.  I,  178.  —  4  P.  122  cl 


730  — 


MEN 


davantage  quelle  est  la  précision  du  n 
qu’il  établit  entre  la  coudée  royale  et  la  côu  ^  de  9  4  H 
on  ne  peut  donc  même  pas  exclure  ah.ni  0riin*m 
thèse  qu’il  ait  voulu  parler  de  la  coudde  atti11^1'1  l’hywl 
Quant  aux  étalons  des  mesures  de  capn.iJUq 
de  remarquer  que,  d’après  la  détermination ?nTienl 
romain,  le  quadrantal  ou  amphore  ne  devi-  i  "  PM 
qu’une  contenance  d’environ  251it  79  t.  ,  U  allei»dre 
possible  de  12  centilitres  en  plus  ou  ‘en" 
mesures  très  soignées  du  célèbre  conge  Farnè*  /  Les 
lement  à  Dresde)  conduiraient  aune  contenanreK  ‘  ; 

pius  élevée  (27111.023).  Si  l'on  s'attache  enSn  M, T' 
mination  legale  du  poids  de  vin  contenu  dans  l’uni  I  ^  I 
comme  le  poids  de  la  libra  romaine  est  très  ox-irtc  I 
connu,  on  doit  resserrer  celte  contenance  entre  =>fi  m* : 
et  26  lit.  57.  Hultsch4  admet  0  lit.  547  pour  le“  ,^“ï 
quarante-huitième  de  l’amphore. 

Pour  le  métrète  attique,  les  mesures  déduites  des  vases 
anciens  donnent,  au  contraire,  des  contenances  généra¬ 
lement  inférieures  à  la  valeur  légale.  Mais  il  est  raison¬ 
nable  d’identifier  le  yo3ç  attique  et  le  congius  romain.  I 
Des  mesures  alexandrines.  —  Si  l’on  écarte  le  détail 
des  mesures  locales,  dans  lequel  nous  ne  pouvons  entrer 
ici,  il  reste,  en  dehors  des  systèmes  d’Athènes  et  de 
Rome,  à  considérer  celui  que  les  Ptolémées  établirent  en 
Egypte,  parce  qu’il  a  joué,  dans  l’antiquité,  un  râle  rela¬ 
tivement  considérable.  Tout  d’abord,  les  Alexandrins 
ont  un  pied  particulier,  déduit  de  l’ancienne  coudée 
royale  et  sensiblement  plus  grand  que  les  pieds  grecs. 
Ce  n’est  point  celui  que  les  Romains  connurent  sous  le 
nom  de  pes  ptolemaïcus  :  ce  dernier,  que  leurs  gromatici 
trouvèrent  à  Cyrène,  lorsque  Ptolémée  Apion  la  légua  à 
Rome,  était  un  pied  grec  ordinaire.  Ils  identifièrent,  au 
contraire,  le  pied  alexandrin  avec  celui  qui,  dérivé  de  la 
coudée  perse,  régnait  dans  l’Asie  Mineure  et  qu’ils 
connaissaient  sous  le  nom  de  pes  philetaereus ,  depuis 
qu’ils  avaient  hérité  de  Pergame.  Ils  fixèrent  enfin  la 
valeur  de  ce  pied  royal  d’Orient  aux  6/5  du  pied  romain; 
ce  qui  revient  d’ailleurs  très  sensiblement  à  égaler 
7  stades  alexandrins  contre  8  stades  attiques  au  mille 
romain.  Mais  les  métrologues  anciens,  et  en  particulier 
les  tables  dites  héroniennes,  nous  parlent,  au  contraire, 
d’un  p.’Ài&v  qui  aurait  contenu  7  stades  et  demi,  par  suite 
4  500  pieds  philétériens  ou  5400  pieds  romains. 

Hultsch5  a  admis  que  la  dénomination  romaine  a  été! 
appliquée  à  une  mesure  égyptienne,  contenant  1000,uk, 
c’est-à-dire  3000  coudées.  C’est,  à  mon  avis,  atli ibuerj 
trop  d’importance  à  des  textes  qui  ne  nous  sont,  pan  mus 
que  dans  des  ouvrages  remaniés  par  les  Byzantins.  }  a 
là,  très  probablement,  une  de  leurs  additions  ,'°"lll  '' e  I 
par  un  calcul  erroné,  mais  reposant  sur  l'-x'^tn^ 
réelle  d’un  stade  de  7  1/2  au  mille,  stade  conespoa  a 
à  un  pied  qui  valait  environ  les  10/9  du  pied  i'Ojm  J 
L’existence  de  ce  pied,  comme  le  remarque  <.  ai  - 
Hultsch6,  a  été  reconnue  par  l’étude  des  monum 

d’Asie  Mineure.  .  sanS 

Le  stade  alexandrin,  de  7  au  mille  romain,  1  ^ 

doute  celui  dont  Ptolémée  (après  Marinus  de  ‘Vj(i  stade 
servi  dans  ses  calculs  géographiques.  Mais  P0"1  |trjjjuer 
d’Ératosthène,  la  question  de  la  valeur  a  111 
reste  toujours  débattue.  Nous  nous  rallions 


l’opinion 


1 etr . 


-gû  ei  suiv* 

script.  I,  Prolcg.  p.  30.  -  6  Gr.  u.  Itoem.  iMr.  !'■  •- 


1731  — 


Ml- H 


M  EN 


à  savoir  q 


nllscli1  et  appuyée  sur  un  témoignage  de 
u’Éralosthène,  voulant  à  la  fois  adopter 
stade  qui  se  reliât  au  système  des 


de 


lion 
j  oyat1  x 

choisit.  Fls’onsmv’ 


joutent'6  Par 
plinc2, 

r  l0ngTU'  ndrines,  et  pût  être  prise  comme  évalua- 
pesures  -t 1 N‘u^^  gla(je  mnéraire,  réduisit  à  400  pieds 
m0fnn|ieu  de  600)  l’unité  géographique  qu’il 
au  ,rait  que  sa  mesure  de  la  circonférence 
.«,5*000  stades)  serait  singulièrement  exacte. 
*elale?'  ,ix  mesures  de  capacité,  les  Ptolémées,  tout 
QU  ,  [  des  contenances  attiques  pour  le  cotyle  et  le 

en  part”11  "ent  ^  nomenciatUre  plus  commode; 

C°nge/  W/  ne  contient  que  3  cotyles  (au  lieu  de  4)  et 
’flelt  le  quart  du  conge.  Le  mélrète  prend  le  vieux 
égyptien  d 'artabr,  le  médimne  est  élevé  au  double 
Tl'artabe;  son  sixième,  Yhecteus,  et  son  douzième, 
némiecton]  deviennent  donc  respectivement  de  48  et  de 
U  cotyles  Mais  ce  système  ne  parvint  pas  à  s’implanter 
définitivement  ;  les  anciennes  coutumes  provinciales 
subsistèrent  à  côté  et  l’intervention  ultérieure  des 
Romains  amena  de  nouvelles  complications. 

Des  mesures  médicales.  —  On  doit  classer  à  part  ce 
qui  concerne,  dans  l’antiquité,  les  petites  mesures  de 
capacité  inférieures  à  la  cotyle  ou  hémine ,  qui  servaient 
pour  le  dosage  des  médicaments. 

En  réalité,  il  n’y  a  eu,  dans  l’antiquité,  qu’une  division 
de  la  cotyle  assez  généralement  reconnue,  à  savoir  en 
hippx  (i quartarius ,  par  rapport  au  setier ),  4  o^Sonpa 
(acetabulum),  6  xuxÔouî  ( cyathus ).  Cette  dernière  mesure 
(un  petit  verre  àvin)  servit  en  particulier  chez  les  Romains 
de  l’époque  classique  pour  doser  la  quantité  versée  du 
cratère  dans  les  coupes  :  suivant  les  santés  portées,  on 
multipliait  le  nombre  des  cvathes  à  boire  d’un  trait. 

I  Les  indications  médicales  étaient  naturellementd’ordi- 
naire aussi  vagues  que  chez  nous  :  un  verre,  une  cuillerée  ; 
maisdes  différences  dialectales  rendaientsouvent  obscures 
les  prescriptions  des  auteurs  déjà  anciens.  Galien3  essaya 
de  débrouiller  les  confusions  intervenues;  et  dans  les 
écoles,  on  dressa  des  tables  établissant  une  coordination 
de  ces  petites  mesures  (le  xouêXfov,  assimilé  à  la  cotyle,  le 
prtpov,  la  y/|Uf|,  la  xôy/T],  le  xoyXtzptov,  etc.).  Mais  ces 
tables  sont  discordantes  entre  elles,  et  les  coordinations 
supposées,  d’ailleurs  probablement  très  tardives,  malgré 
les  noms  sous  lesquels  elles  nous  sont  parvenues,  ne 
peuvent  être  considérées  que  comme  fictives. 

1  n  système  assez  bizarre,  pour  les  dosages  réellement 
méthodiques,  nous  est  révélé  par  Galien.  On  se  servait, 
poui  1  huile  en  particulier,  de  cornes  graduées  delà  conte¬ 
nance  dune  hémine ,  qu’on  appelait  abusivement  livre 
r  '''T?a  'R  Toi:1  IXaiou)  et  qui  était  divisée  en  12  onces 
métriques,  quoique  ne  pesant  guère  que  10  onces.  Des 
™  ’ns  8Pecs  avaient,  tout  aussi  arbitrairement,  divisé 
6  '  cn  60  drachmes  métriq 

metrologici 
°UI'nis  dan 


ues. 

scriptores.  —  Les  renseignements 
cet  article  ont  été  empruntés  cn  presque 


J  ',.;.w.d_suiv-  - a  Bût. 


'  «•  Berlin  «g,  J  ^  14  §  33'  ~  3  Mttr'  SCripL  l>  " 

inédit,  doit  ôlr  *  "  ^eipz.  “  v°l*  1864  et  1866.  —  6  Cet  ouvrage,  encore 

Héron.  chez  Teubner,  dans  le  nouveau  recueil  des  Œuvres  de 

sestertio  UAPH1E’  Outre  1  ouvrage  de  Ilultsch,  voir  Leonardus  de  Porlis, 
picola ,  De  n!,,,  ""^S>  ^on^‘  e *  mens,  antiquis ,  lrc  éd.  av.  1524  ;  Georg. 
Hfdus,  De  mens  ^°n^‘  ^e’  l,e*33  ;  Miel).  Neander,  Synopsis ,  Bâle,  1555;  Luc. 
Vori(l:  Home,  t(jQ/  Denise,  1573;  Villalpandus,  De  Rom.  Gr.  Hebraeisque 

^•Hernhard  D  -  '  ^J^Cavcs,  Dircourse  of  the  Roman  foot ,  Londres,  164^  ; 
^ftsbourg,  1708-  ^  Pond‘  Oxford,  1688  ;  Eisenschmidt,  De  pond,  et  mens. 

1700)-  jjJ.  aHei’  Enquiry  into  the  measure  of  the  Roman  foot  [Phil. 
'* S<  Y’  Essay  on  Mc  ancient  weigts ,  etc.  Oxford,  1836;  Cagnazzi, 


209-218. 


totalité,  soit  à  l’ouvrage  de  Friedrich  Hultsch,  Grie- 
c /lise /te  und  rümische  Métrologie *,  soit  a  sa  collection 
des  Metroloyicorum  scriptorum  reliquiac  6.  Dans  le 
premier  de  ces  ouvrages,  on  trouvera  une  bibliographie 
complète  de  la  matière,  à  laquelle  il  n  y  a  pas  lieu 
d’ajouter  quelque  ouvrage,  capital,  paru  depuis.  Le 
second  renferme  des  prolégomènes  dont  1  étude  reste 
indispensable,  quoique  à  certains  égards  la  question  ne 
se  pose  plus  dans  les  mêmes  termes.  En  réalité,  les 
études  métrologiques  n’ont  commencé  qu  assez  tard 
dans  l’antiquité,  et  des  confusions  ou  des  erreurs 
graves  sont  restées  possibles  pendant  toute  la  période 
classique.  Ce  qui  nous  reste  des  ouvrages  originaux 
de  la  décadence  est  bien  peu  de  chose  et  consiste 
surtout,  chez  les  Grecs,  en  extraits  plus  ou  moins 
informes,  où  apparaît  en  même  temps  que  le  besoin 
de  faire  connaître  les  changements  qui  s’introduisent, 
surtout  dans  le  système  monétaire,  le  but  d’expliquer 
la  métrologie  des  Livres  saints.  Hultsch  a  déployé,  dans 
le  classement  chronologique  et  la  critique  de  ces  docu¬ 
ments,  une  sagacité  que  l’on  doit  qualifier  de  merveil¬ 
leuse.  Toutefois,  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  ont 
besoin  d’être  contrôlés  par  une  étude  approfondie  de  la 
tradition  manuscrite,  étude  qui  peut  amènera  les  rectifier 
sur  divers  points.  En  particulier,  il  a  attaché  trop 
d’importance  aux  écrits  de  géométrie  pratique,  qui  sont 
connus  sous  le  nom  de  Héron  d’Alexandrie.  La  récente 
découverte  de  l’ouvrage  original  de  Héron,  les  Merp'.xx,  a 
révélé  que  cet  auteur  n’employait  dans  ses  calculs  aucune 
unité  concrète  °.  Toute  la  collection  héronienne  ne  doit 
donc  plus  compter  que  comme  une  œuvre  byzantine, 
qui  peut  certainement  avoir  conservé  des  tables  anciennes, 
mais  dont  les  témoignages  ne  peuvent  être  acceptés 
comme  de  première  main.  Héron  lui-même  ne  peut  plus 
guère  être  placé  désormais  plus  haut  que  vers  la  fin  du 
Ier  siècle  de  notre  ère.  Quant  à  la  tradition  métrologique 
médicale,  elle  ne  remonte  probablement  pas  avant  le 
ive  siècle  et  elle  ne  me  semble  guère  avoir  définitivement 
pris  corps  qu’au  temps  de  Paul  d’Égine,  au  VIIe  siècle  ap. 
J.-C.  En  résumé,  la  mélrologie  des  Grecs  et  des  Romains 
est  sans  doute  désormais  arrêtée  dans  ses  grandes 
lignes,  mais  un  très  grand  nombre  de  questions  de  détail 
n’ont  reçu  jusqu’à  présent  que  des  solutions  provisoires, 
et  une  tâche  importante  est  réservée  au  nouveau  siècle 
qui  s’ouvre.  Paul  Tannery. 

MÈ  OUSA  DIRE  [érémos  DIKÉJ. 

MERARCHAI  (Meptxpyat).  —  Nom  que  portent,  dans  un 
dème  de  l’Attique,  des  citoyens  chargés  de  certaines 
affaires  du  dème,  en  particulier  du  soin  de  sacrifices1. 

Cii.  Lécrivain. 

MERCATOR.  —  Grèce.  —  Il  est  difficile  de  définir  le 
marchand.  Les  législations  commerciales  modernes 
arrivent  à  peine  à  marquer  la  ligne  qui  sépare  le  com¬ 
mercant  du  non-commerçant.  On  admettra  ici  que 

S.  i  valon  delle  misure,  etc.  Naples,  1825;  Saigcy,  Traité  de  métrologie , 
paris,  1834;  Idcler,  Abhandl.  dur  Berlin.  Akad.  1812,  1813,  1825,  1826,  1827  ; 
Boeckh,  Melrologische  Hntersuchungen,  Berlin,  1838;  Vasquez  Queipo,  Estai 
sur  tes  systèmes  métriques  et  monétaires  des  anciens,  Paris,  1859;  Wcx , 
Métrologie  grecque  et  romaine  (trad.  fr.  de  Monet,  Paris,  1887)  ;  Doerpfeld, 
Metrologische  Beitraege,  Mittheil.  d.  d.  arcli.  Inst,  in  Athen,  XIV,  XV,  etc.  ; 
Schultz,  Werkmass  und  Z aklcnverhaeltnisse  griechischer  Tempel  (Zeitsch. 
d.  Archit.  u.  Tng.  Vereins.  Hanovre,  XXXIX)  ;  Pernick,  Ueber  den  Wert  der 
monumentalen  und  literarischen  Quellen  antiker  Mcfrologie  { Zeitsch .  f.  Num. 
XX,  Berlin). 

MERARCHAI.  1  Corp.  inscr.  ait.  11,  1,  580. 


MER 


—  1732 


ceux-là  seuls  sont  marchands  qui  font  habituellement  le 
commerce.  Cela  exclut  les  personnes  qui  font  un  ou 
plusieurs  actes  de  commerce,  mais  accidentellement,  à 
titre  exceptionnel,  sans  que  ces  actes  aient  un  caractère 
professionnel.  Platon,  qui,  pour  subvenir  aux  frais  d’un 
voyage  en  Égypte,  engagea  une  spéculation  sur  les 
huiles  ',  n’était  pas  de  ce  chef  un  marchand.  Cela  exclut 
aussi  les  personnes  qui  vendent  des  choses  qu’elles 
produisent  elles-mêmes  (agriculteur  vendant  l'excédent 
de  ses  récoltes  sur  ses  besoins  ;  artisan  vendant  le 
produit  de  son  travail)  ou  qui  achètent  à  autrui  certaines 
choses  pour  satisfaire  à  leurs  besoins  personnels,  et  dans 
la  mesure  de  ces  besoins  (consommateur  qui  achète  du 
vin  pour  sa  boisson,  du  blé  pour  sa  nourriture)  :  agricul¬ 
teur,  artisan,  consommateur  ne  sont  pas  des  marchands. 
Le  marchand  n'achète  ou  ne  vend  pas  pour  lui-même.  11 
est  avant  tout  un  intermédiaire  dans  la  circulation  des 
richesses.  Les  auteurs  grecs  distinguent  nettement  le 
système  économique  dans  lequel  chacun  vend  directement 
ce  qu'il  produit,  ou  achète  directement  ce  dont  il  a  besoin 
(aÙToittoXtx-q)  du  système  dans  lequel  des  intermédiaires 
s'interposent  entre  le  producteur  et  le  consommateur 
(usTxêÀTiTtxTj)2.  Ce  dernier  est  le  seul  qui  puisse  être  regardé 
comme  commercial,  le  seul  où  il  y  ait  des  marchands. 

A  partir  de  quelle  époque  trouve-t-on  en  Grèce  des 
marchands  de  profession?  Dans  les  temps  homériques, 
on  en  rencontre  fort  peu,  et  encore  ils  ne  sont  pas  Grecs11. 
Rien  d'étonnant  d’ailleurs  à  cela.  Les  Grecs,  du  xe  au 
vme  siècle,  vivent  d'une  vie  presque  exclusivement  agri¬ 
cole  ;  chaque  famille,  chaque  groupe  social  forme  un 
tout  qui  se  suffit  à  lui-même.  Ces  groupes  n’ont  à  vendre 
que  le  superflu  de  la  production  agricole  ou  de  l'indus¬ 
trie  domestique  sur  leurs  besoins.  Ils  n’ont  à  acheter 
que  les  choses  que  ne  produit  pas  la  terre  qu’ils  cul¬ 
tivent  ou  qu’ils  ne  savent  pas  fabriquer  (matières  pre¬ 
mières  rares  :  métaux,  ivoire,  ambre  ;  —  objets  de  luxe  : 
bijoux;  —  instruments  de  fabrication  difficile  :  ustensiles, 
armes)  [mercatura].  Limités  à  ces  quelques  objets,  les 
échanges  se  font  généralement  sous  le  régime  de 
l'aÙT07ra)À!XTp  C’est  pourquoi  il  n’y  a  point  encore  de 
marchands  grecs.  Il  n’est  question,  dans  les  parties  les 
plus  récentes  de  Y  Odyssée,  que  de  marchands  phéni¬ 
ciens  peut-être  aussi  de  Taphiens  8.  C’est  à  un  étranger 
que  songe  Euryale,  lorsque,  reprochant  à  Ulysse  de 
paraître  ignorer  les  jeux  où  s’exercent  les  hommes,  il  le 
compare  au  patron  d’un  navire  qui  n’a  souci  que  de  sa 
cargaison  et  de  gains  à  faire,  plutôt  qu’à  un  athlète6. 

Mais  le  système  de  la  gsxaSX^Tt xvj  ne  tarde  pas  à  s’in¬ 
troduire  en  Grèce  à  côté  de  l’aÙTOTtwXtxT).  Le  commerce  y 
fleurit  à  partir  du  ui°  siècle.  L’économie  commerciale 
prend  le  pas  sur  l’économie  agricole  et  l’économie  fami¬ 
liale.  Dès  lors,  il  existe  de  nombreux  marchands  dans  la 
société  grecque. 


MERCATOR.  1  Plut.  Sol.  3.-2  PJat.  Soph.  p.  223  ;  Polit,  p.  2G0  ;  Arist. 
Polit.  I,  il,  p.  1258  6;  Francotte,  L'industrie  dans  la  Grèce  ancienne  (Bruxelles, 
1900-1901),  I,  p.  301  et  suiv.  —  3  Hermann.  Lehrbuch  der  griechischen  Antiqui- 
tüten  (IV,  Privatalterth.  éd.  par  H.  Blümner),  p.  421.  —  4  Bérard,  Les  Phéniciens 
et  l'Odyssée  (Paris,  1902).  —  5  Sclirader,  Linguistisch-historische  Untersuchun- 
gen  zur  Handelsgeschichte  und  Waarenkunde  (léna,  1886),  I,  p.  69.  —  6  Od. 
VIII,  v.  161-164  :  «  o<t0  a;xa  vïj’c  icoXyxXriï&t  ôajJuÇwv,  àpyô;  vautàwv,  oïre  xprixTÿjpeç 
caiTiv,  oo^tou  Te  xa\  liïttjxoïro;  tl'Tiv  ôScawv  xtpSétuy  6  '  àpiïaXéwv  ».  —  7  Goldschmidt, 

Universalgeschichte  des  Handelsrechts  ( Randb .  des  Handelsrechts ,  3°  éd.  I,  1, 
Stuttgart,  1891),  p.  57;  Guiraud,  La  main-d’œuvre  industrielle  dans  l'ancienne 
Grèce  (Paris,  1900),  p.  39,  164;  Clerc,  Les  métèques  athéniens  (Paris,  1893), 
p.  324.  —  8  Plat.  Leg.  XI,  920  A.  —  9  Xen.  Mem.  III,  7,  6.  —  10  Dcmosl h. 


MER 

Ces  marchands  sont  assez  rarement  des  ■. 
citoyen  se  résigne  difficilement  à  entreprend! a"8'  Le  i 
merce  ou  un  métier.  Le  vrai  citoyen  se  doit  "" Com' 
l’État;  au  point  de  vue  économique  il  ,>«,  •  °Ulenlier4 
11  est  vrai  qu’avec  le  temps  cette  manière  di!!!!^?  1 
terrain.  Malgré  les  résistances  du  parti  ,  i\  P‘?r?du 
(dont  Platon  se  fait  l’interprète  lorsqu’il veuM^ 
Lais,  que  seuls  les  métèques  et  les  étrangers  tJZ 
métier  de  marchands  ■),  on  lron,e  a„x  assemblée"* 
peuple  athénien,  à  coté  des  artisans,  quelques  ciLo,e„! 
qui  sont  marchands  et  brocanteurs  9.  Mais  ils  ni.  „ 
tuent  qu’une  part  relativement  minime  de  la  Jmhï  '' 
commerçante  :  ce  qui  le  prouve,  c’est  que  le  seul  faR 
d’exercer  un  négoce  constitue  une  présomption  d’extrl 
néité.  Cette  présomption  apparaît  dans  le  plaidoyer  de 
Démosthène  contre  Eubulide.  Euxithée,  fils  d’une  ven¬ 
deuse  de  rubans,  fait  appel  d’une  décision  qui  l’a  rayé" 
de  la  liste  des  démotes,  et  ainsi  privé  du  droit  de  cité. 
On  lui  oppose  la  profession  de  sa  mère,  et  l’argument 
parait  si  fort  que  l’orateur  doit  supplier  le  tribunal  «de 
ne  pas  regarder  comme  étrangers  ceux  qui  travaillent, 
mais  de  regarder  les  dénonciateurs  comme  des  scélé¬ 
rats10  ».  Ainsi  le  trafic  échappe  en  grande  partie  aux 
citoyens.  Il  est  surtout  aux  mains  d’hommes  de  condition 


inférieure  et  dépendante  :  étrangers,  métèques,  affranchis 
et  esclaves.  Les  sources  littéraires  et  les  inscriptions  nous 
font  connaître  un  grand  nombre  de  métèques  qui  font  le 
métier  de  détaillants  (xx7tT)Xoi)  “.  Telssont,  par  exemple,  I 
Pyrrhias,  revendeur 12  ;  Philon,  marchand  de  salaisons13; 
Thratta,  revendeuse  u,  etc.  D’autres  nous  sont  signalés 
comme  grands  négociants  (IgTtopoi)  10.  De  ce  nombre  sont 
Chrysippe  frères,  négociants  originaires  du  Bosphore 
et  établis  à  Athènes,  qui  constituent  un  prêt  à  la  grosse  à 
Phormion 10  ;  Artémon  et  Lacrite,  à  qui  AndroclèsJ 
citoyen  athénien,  prête  à  la  grosse  3000  drachmes1, .  Le 
commerce  maritime,  notamment  le  commerce  des  cé-  j 
réales,  est  en  grande  partie  aux  mains  des  métèques 13  ;  il 
en  est  de  même  pour  le  commerce  de  l’argent  :  la  plupart 
des  trapézites  et  des  préteurs  (Sxveurnxi,  toxkjtk'.)  sont 
aussi  des  métèques  19.  C’est  pourquoi  Hésychius  peut 
faire  de  gé toixoç  le  synonyme  d’Épropoç 2Ü.  Beaucoup  de  cesl 
métèques  sont  d’ailleurs  d’origine  servile  (on  u  ignore 
pas  qu’à  Athènes  les  affranchis  entrent,  au  point  de 
du  droit  public,  dans  la  classe  des  métèques21)  [hetoikoiJj 
Il  arrive  souvent  que  les  marchands,  en  se  rot i nuit  es I 
affaires,  remettent  leur  commerce  à  des  aflnuic  is,j 
d’abord  employés  chez  eux  en  qualité  desda'is.  in- G 
le  grand  banquier  et  armurier  Pasion  loue  sa  1M"'1IU  1 
son  atelier  d’armes  à  son  affranchi  Phormion.  a 
étaitlui-même  un  affranchi22.  C’est  également  un  a 
que  ce  banquier  Eustathès,  qui  est  revendiqu  . 

esclave  par  les  héritiers  de  son  ancien  mai  tu  < 1  I  ^  ^ 
plaide  Isée23.  Nombreux  aussi  sont  les  esclaves  < 


*  TOUC 1 

»  r  q  floJlTl  T0Ï;  VO(V>lî> 

C.  Eubul.  LVII,  34  et  suiv.  :  «  icçoo-qxei  wvu»  »^Tv»  P0*'  pranCoUc,  I,  P- -53, 

ÈoyaÇojAîvouç  Ç«*vou<  vo|«>iv,  àXU  tou;  ffuxotpavxoJvxaS  »,  ^  ^  condi- 1 

—  11  Clerc,  Les  métèques  athéniens,  p.  396  et  suiv.  ou  aus  ^es  Unie- 

tion  des 


?  la  condi - 

Clerc,  Les  métèques  athéniens,  p.  d'jo  ei  suiv.  -  tRev.  des  ^n,P* 

des  étrangers  domiciliés  dans  les  différentes  cit<  s  gi _CJ  _  __  |2  ç0rp.  mser- . 
du  Midi,  XX,  1898),  p.  1,  153  et  249;  Francotte,  I,  P-  18  -- •  •  ^  ^  ^  ,  Si! 
att.  II,  2,  7G8.  —  13  Ibid.  II,  2,  773.  —  «  Ibid.  II, 

—  15  Asatcov  àp/aioXaYmov  (1890),  p.  61,  n1  2,  1. 

XXXI V,  G.  —  ”  Demoslh.  C.  Lacrit.  XXXV,  20,  33. 
hist.  IV  (1877),  p.  1  et  suiv.  —  19  Perrot,  Le 
crédit 


2'  /’  Phorm 

16  Demostli.  t.  ^  ^ 


an  __  18  Perrot,  dans 

20-  Si ■  ..  larneid  et  « 

le  commerce  de  i  ■  . 

Inst.  IV  (1877),  p.  1  Cl  suiv.  —  ■  -  I  m—,  gujv  _  20  IICSJY 

crédit  à  Athènes ,  Mém.  d'arch.  d’épig.  et  dldst.  ■  1  YXXVl,  4  cl  ‘ 

v„  —  21  Clerc,  Métèques ,  p.  282-294.  -  22  Demostli.  X- 


—  23  Is,  fr.*62. 


MER 


—  1 733  — 


MER 


iç 


nl  font  le  commerce  pour  le  compte  d’autrui, 
’jffrancli^  d11^  ^  )eurS  patrons  ne  dédaignant  point  du 

I  /."^bénéfices  indirects  qu’ils  peuvent  retirer  des 
t°ut  k’s  |lacég  dans  leurs  commerces.  On  appelle  y_woi 
capitaux  ^.ranchis  ou  les  esclaves  qui  habitent  hors 
oi*9ü»T«  'o^je  leurg  palrons  ou  de  leurs  maîtres  pour  se 
dekirr!!",iuelque  négoce  ou  à  quelque  métier;  ils  leur 
llvr,J  ‘  conipte  de  tout  leur  gain  ou  leur  paient  une 
re"'1  e  ,ixe (àrco<fopa) 1 .  Tel  est  ce  capitaine  de  vaisseau, 
”  dont  parle  Démosthène2,  et  qui  trafiquait  de 
Lail'!ir  à  demi  avec  Dion.  Tel  est  aussi  sans  doute  ce 
MiZ  uui,  d’après  Hypéride3,  gère  un  commerce  de 
•  rfumerie  au  nom  de  son  maître  Athénogène  à  qui  il 
rP;‘d  compte  tous  les  mois.  Tel  est  encore,  d’après 
Démosthène,  cet  esclave  qui  sertàChrysippe  déconsigna¬ 
nte  dans  le  Bosphore*.  L’avare,  dans  Théophraste, 
a  confié  à  son  esclave  un  petit  commerce  à  l’agora  et  lui 
fait  payer  le  change  quand  il  s’acquitte  de  son  àTtocpopi 
en  cuivre  au  lieu  d  argent  . 

La jieweXïiTtx^  comprend,  d’après  les  auteurs  grecs6, 
deux  sortes  de  commerces,  la  xziir^v.a.  et  l’IgTiopia;  et  les 
marchands ,  se  rangent  en  deux  catégories,  qu’on 
distingue  soigneusement  et  entre  lesquelles  on  établit  un 
certain  contraste7,  celle  des  grands  commerçants  (’Égitopot, 
negotiatores )  et  celle  des  marchands  ‘proprement  dits 
(xiinjXoi,  mercatores  stricto  sensu).  Il  sera  parlé  ici  sur¬ 
tout  des  xxirvjXot,  les  spropot  devant  être  étudiés  sous  le 


mot  NEGOTIATOR. 

Le  grand  commerçant  (sguopo?)  est  essentiellement,  à 
l'origine,  celui  qui  voyage  sur  mer.  On  a  remarqué  que, 
dans  Homère,  le  terme  Ëgrcopo;  ne  désigne  que  l’homme 
qui  voyage  sur  mer  dans  un  vaisseau  étranger8.  Jusque 
dans  les  temps  historiques,  les  deux  idées  de  grand 
commerce  et  de  commerce  maritime  demeurent  étroite¬ 
ment  liées  dans  le  même  mot.  "Eprop o;  et  vauxX-rjpo;  sont 
généralement  employés  ensemble9.  Toutes  les  grandes 
affaires  sont  des  affaires  maritimes  :  les  grandes  affaires 
de  crédit  privé  sont  toutes  des  affaires  de  crédit  maritime 
(prêts  à  la  grosse,  commandites,  etc.)  et  ce  sont  ces  transac¬ 
tions  qui  procurent  aux  manieurs  d’argent  (trapézites) 
la  meilleure  part  de  leurs  bénéfices. 

Le  simple  marchand  (xàirqXoç),  d’après  la  définition 
d  Aristote  et  de  Platon10,  est  essentiellement  un  reven¬ 
due,  c’est-à-dire  qu’il  ne  produit  pas  lui-même  ce  qu’il 
u'nd,  mais  qu’il  l’achète,  soit  au  producteur,  soit  à  un 
grand  commerçant.  Pour  insister  davantage  sur  ce 
caractère  de  revendeur,  d’ intermédiaire,  attribué  au  petit 
marchand,  certains  textes  lui  donnent  le  nom  de  TtaXty- 
pirqÀoç11.  Mais  cela  ne  suffit  pas  à  le  distinguer  de 

‘gTropoç,  qui  souvent  aussi  achète  pour  revendre.  KdbnqXo; 


P- 113  rn"  In  P‘marc^-  97  (femme  esclave  marchande)  ;  Guiraud,  Main-d'œuvre, 
pouvaieni  *  ^  a  conjec^ur^  Mue  les  esclaves  fugitifs  réfugiés  dans  les  temples 
P  3 1 ij  ■  '  '  llt,ePrcndrci  pour  vivre,  un  petit  commerce,  Anccdota  graeca  (Bekker), 
|(  p  -£|  'er  c*  Schômann,  Der  attische  Prozess  (Berliu,  1883-87),  éd.  Lipsius, 
13-1S.1' Tp 2  Dem0Sl1;*  C‘  Phorm •  XXXIV,  5,  G,  10.  -  3  Hyper.  C.  Athenog.  X, 
P- 217  _  /p0811'-  ph°rm>  XXXIV,  8.  —  6  Theophr.  Charac.  30;  Francotle, 
!V,  4;  Hür.|,s /IaL*  Soph'  p-  223  *’  Polit-  P1  200  ;  Aepubl.  II,  p.  371;  Arist.  Polit. 
1869,  n  45;CnSC,,Ütz,  Pesilz  und  Erwerb  im  griechischen  Alterthum ,  Halle, 

~  9  Demosth.'  yyïiii~.  ’  Hak'  Rep'  P'  ?71  C‘  ~~  "  Schradcr>  >-  P-  73. 

- 10  p|al  LVIII,  53;  voir  aussi  Hermann-Blümner,  p.  421,  n.  t. 

Becker,  Char ‘kl  ^  ^r's^*  p°üt»  P-  1257  a,  17  et  suiv.  ;  Xen.  Mem.  III,  7,  G; 

lerinann.Br  '  *  *,'Wcr  altfJr'eckischer  Sitte,  éd.  Goll,  Berlin,  1877,  II,  p.  184; 
-12  Herod'T11^1  P’  4l9"42°*  “  11  PoU-  Vil,  12;  Arist.  Plut.  1155-1156  et  Schol. 
Heercn,  ldées  *  ’  Paroerri •  grand  (Lcutscli  et  Schneidewin',  I,  p.  115.  Comp. 
Çnile,  tr.  pês  /■  re^a^ona  politiques  et  commerciales  des  peuples  de  l'Anti - 
^ertnnatfe*  i*  *■' US’  P’  ^ a  Lydie  et  le  monde  grec  au  temps  des 

’  van8’  1893’  P-  98.  —  13  Radet,  p.  100  et  suiv.  —  14  Plat.  G  or  g. 


a  une  signification  plus  étroite  et  plus  précise.  Il  désigne 
sans  doute  originairement  le  marchand  qui  trafique  sur- 
terre.  C’est  en  ce  sens  qu’Hérodote  peut  dire  que  la  Lydie 
a  été  le  berceau  des  premiers  xx7rr,Xo'. 12  ;  il  a  évidemment 
en  vue  les  marchands  qui  trafiquent  par  caravanes,  car 
cette  forme  de  commerce  terrestre  est  très  florissante  en 
Lydie,  dès  le  vin*  siècle,  à  une  époque  où  il  n’y  a  presque 
aucun  commerce  encore  en  Grèce 13.  Dans  ce  dernier  pays, 
le  commerce  de  terre  ne  prend  d’ailleurs  jamais  la  même 
extension,  et  c’est  pourquoi  le  mot  qui  désigne  originai¬ 
rement  le  marchand  trafiquant  sur  terre  sert  aussi  à 
désigner  le  petit  marchand,  le  petit  boutiquier,  le  colpor¬ 
teur.  Tantôt  c’est  un  détaillant  qui  tient  un  cabaret 
(xxTt7)Xo;,  caupo )  dans  la  ville  ou  sur  le  marché,  et  qui 
y  vend  à  boire  et  à  manger  (vin,  poissons) 11  [caupona]  ; 
ou  qui  installe  sur  la  place  un  petit  déballage  de  mar¬ 
chandises  (fruits18,  flambeaux16,  armes17,  charbon18, 
esclaves19);  tantôt  c’est  un  débitant  qui  circule,  la 
bouteille  sous  le  bras,  pour  faire  goûter  son  vin  à  ses 
clients20;  tantôt  c’est  un  colporteur  qui  voyage,  avec  un 
mulet  chargé  d’une  pacotille  (£<ô7toç),  dans  les  bourgs  et 
les  campagnes21,  et  va  de  village  en  village  '2,  de  porte 
en  porte23,  crier  ses  marchandises  et  offrir  aux  paysans 
des  couleurs,  de  la  parfumerie,  de  la  quincaillerie,  de  la 
mercerie,  delà  bimbeloterie.  Ce  sont  les  Phéniciens2*, 
puis  les  Éginètes  28  qui  ont  originairement  le  monopole 
de  ce  commerce  de  colportage. 

Les  marchands  forment  une  part  importante  de  la 
population  urbaine.  Avec  les  artisans,  ils  composent 
essentiellement  la  classe  inférieure  de  la  société26. 
Mais  les  xx7i7]Xot  sont  tenus  peut-être  en  moins  d’estime 
encore  que  les  artisans27.  D’où  vient  ce  mauvais  renom? 
Moins  peut-être  d’un  préjugé  général  contre  le  com¬ 
merce,  préjugé  peu  concevable,  quoi  qu’on  ait  dit, 
dans  des  sociétés  commerçantes28,  que  des  mauvaises 
moeurs  et  de  la  déloyauté  ordinaires  de  ces  revendeurs. 
Les  xMrqXoi  sont  gens  de  fort  mauvaise  compagnie,  et 
leurs  établissements  sont  souvent  mal  famés  :  il  est  peu 
honorable  de  les  fréquenter29.  En  affaires,  ils  manquent 
de  conscience  et  de  scrupules,  et  mentent  effrontément  : 
’Ev  tx:ç  xa7rr|Xe(aiç  sxvEpùt;  ’j/E'joovTai,  dit  Diogène  Laërce30. 
Ils  trompent  à  qui  mieux  mieux  leurs  clients,  notamment 
sur  les  poids  et  mesures31  ;  ils  surfont  leurs  marchan¬ 
dises32.  Un  vase  du  Vatican  (lig.1918)  nous  montre  un  client 
qui  achète  de  l’huile  et  se  plaint  que  la  mesure  est  insuf¬ 
fisante  33.  Beaucoup  de  marchands  n’ont  d’ailleurs  adopté 
cette  profession  que  parce  qu’ils  sont  incapables  d’en 
exercer  une  autre.  Ce  sont  des  propres-à-rien  (aypsïoi)  ou 
des  infirmes  (àu0Evs<7TaTot)34.  On  trouve  même  parmi  eux 
des  femmes,  malgré  la  répugnance  qu’on  éprouve  à 

p.  518  ;  Becker-Gôll,  O.  c.  II,  p.  186.  — 13  'Onw^oxôiîr.^o;,  Alciplir.  III,  60.  —  1b  Lys. 
De  eaed.  Erat.  14.  —  17  x&icr(Xoç,  Aristoph.  Pax1  1210;  xâtT]Xo; 

iio'Swv,  Aristoph.  Pax,  447.  —  18  Arist.  Ach.  34  et  suiv.  —  18  Lucian. 
Adv.  ind.  24;  Harpocr  s.  v.  'AvSjaî!oSo«à*>iX',«.  —  20  Diphil.  dans  Athcn.  XI,  p. 
499  ;  Comp.  Suid.  s.  v.  «Airiio»;  Poil.  VII,  193.  —  21  Antiph.  ap.  Ath.  VIII,  p.  358 
E.  En  Arcadie,  voir  Fougères,  Mantinée  et  l’Arcadie  orientale,  Paris,  t898, 
p.  G9-70.  —  22  Bachsenschülz,  p.  469  ;  Becker-Gfill,  II,  p.  193.  —  23  Dio  Chrvs. 
L1V,  3.  —  21  Movers,  Die  Phônizier,  Berlin,  1S41-5G,  II,  3,  p.  120.  —  23  Paus. 
VIII,  5,  8;  Strab.  VIII,  6,  IG,  p.  376;  Apul.  Met.  I,  4.  —  26  Arist.  Polit.  Vil,  2, 
7  ;  Cic.  Pro  Flacc.  8;  Guiraud,  Main-d'œuvre,  p.  175.  —  27  Andoc.  De  myst. 
137;  Plat.  Leg.  XI,  p.  918-919.  —  28  Clerc,  Métèques,  p.  320  et  suiv.  — 29  Diog. 
Laërt.  VI(  34;  Athen.  XIII,  p.  566.  —  30  Diog.  L&crt.  I,  8.  —  31  Dio  Chrys. 
XXXI,  37;  Becker-GMl,  II,  p.  186.  —  32  Athen.  VI,  p.  224  C  et  226  A.  —  33  Pé- 
liké  du  Vatican,  Monumenti  anticlii.  II.  pl.  xliv  B.  D'où  l’emploi  de  «AitriXo;,  comme 
adjectif,  dans  le  sens  de  falsifié,  frelaté,  frauduleux,  xàitr.ka  Ttyv^.T*,  Suid. 
s.  u.;  Phrynich.  dans  Bekker,  Anecd.  graeca,  p.  49  ,  9,  —  34  Plat.  Itcp.  II, 
p.  371  C. 


218 


MER 


—  1734  — 


I 


MER 


laisser  les  femmes  se  mêler,  au  marché,  d’affaires  qui 
sont  du  ressort  des  hommes*.  11  y  a  beaucoup  de  reven¬ 


deuses  (xxTrrjXîoei;)  2  dans  les  villes.  On  rencontre  à 
Athènes  des  affranchies  ou  des  femmes  libres  qui  sont 
boulangères,  cabaretières,  marchandes  de  sésame, 
d’encens,  de  sel,  de  rubans,  de  couronnes,  de  pelotons  de 
fil3,  etc.  ;  et  l’On  sait  qu’ Aristophane  fait  grief  à  Euripide 
d'être  le  fils  d’une  marchande  de  légumes  4.  La  méses¬ 
time  des  Grecs  pour  toute  la  classe  des  petits  débitants 
se  traduit  de  façon  assez  curieuse  chez  les  auteurs  :  ainsi 
Plutarque,  en  écrivant  la  vie  de  Solon,  se  croit  obligé 
d'excuser  son  héros  d’avoir  fait  le  commerce,  en  allé¬ 
guant  la  simplicité  des  mœurs  anciennes,  ainsi  que  les 
exemples  de  Thaïes  et  d’Hippocrate  le  Mathématicien  \  Si 
tenace  est  même  cette  prévention,  qu’une  loi,  citée  dans  le 
plaidoyer  de  Démosthène  contre  Eubulide B,  doit  permettre 
aux  marchands  d’intenter  la  Stxr,  xax^Yoptaç  contre  ceux 
qui  leur  reprochent  injurieusement  leur  profession. 

Les  marchands  sont  répandus  un  peu  partout  dans 
la  cité  grecque  7.  Mais  il  y  a  certains  centres  où  s’exerce 
principalement  leur  activité.  Les  grands  commerçants 
font  leurs  affaires  à  YEmporion ,  aux  environs  du  port 
ou  de  Y  Agora,  dans  de  grands  bâtiments  spécialement 
affectés  à  leurs  besoins  (docks,  entrepôts)8.  Les  petits 
marchands  ont  pour  centre  d’opérations  le  centre  même 
de  la  vie  commune  de  la  cité,  l’àyopi  L agora]9.  C’est  là 
que  les  xà-*T,Xoi  étalent  chaque  jour,  et  toute  la  journée  *°, 
leurs  marchandises.  C’est  là  que  les  marchands  de  modes 
offrent  leurs  voiles  brodés,  leurs  châles,  leurs  manteaux, 
leurs  sandales;  les  marchands  d’habits,  leurs  vêtements 
neufs"  et  d’occasion12;  les  joailliers,  leurs  chaînes  d’or, 
leurs  bracelets,  leurs  sceaux,  leurs  bagues,  leurs  peignes  ; 
les  quincailliers,  leurs  cribles,  leurs  cuillers,  leurs 
aiguilles,  leurs  hameçons13;  les  fleuristes,  leurs  cou¬ 
ronnes  et  leurs  guirlandes14.  Les  voitures  chargées  de 
cruches  ou  d  outres  de  peau  pleines  de  xin  se  tiennent 

i  Mcnanii.  n.  Or. S.  111,2  (Met.  gr.  IX,  p.  205);  Hcrmann-Blümner,  p.  421. 
—  2  Corp.  inscr.  att.  Il,  708,  1.  16;  Arist.  Thesm.  347  ;  Plut.  435,  1120.  —  3  Arist. 
Pan.  569,  1346;Vesp.  1389  etsuiv.;  AeVrtov  àpjraiokoyixov,  1890>P-  e4’  n°"  5’  1  ’  CorP- 
inscr.  att.  Il,  2,  773,  776,  etc.  ;  Guiraud,  Main-d’œuvre,  p.  149,  167  ;  Becker-Gôll,  11, 
p.  189-190;  Francotte,!,  p.  201.  —  4  Par  exemple  Arist.  Thesm.  387;  Francotte,  I, 
p.  252.  —  3  Plut.  Sol.  2  el  3;  Drumann,  Die  Arbeiter  und  Communisten  in  Grie- 
clienlandund  Dom,  p.  66  et  suiv.  —  6  Demosth.  C.  Eubul.  LVII,  30.  —  ‘  Becker- 
Güll,l!,p.  187,  209.  —  «Wachsmuth,  Die  Stadt  Athen  im  Alterthum(Leiptig,  1874- 
90),  11,  1,  p.  96-126.  —  9  Szanto,  v«  Agora,  dans  Pauly-Wissowa,  Realencyclo- 
püdie,  I,  p.  878,  el  surtout  Waclismuth,  Op.  cit.  II,  1,  p.  443-527  ( Die  Agora  als  Stütte 
des  Uandels  und  Verkehrs);  Becker-Gôll,  Op.  cit.  I,  p.  94-117  (Die  Trapesiten) , 
11,  p.  176  et  suiv.  (Markt  und  Daudet)  ',  Andrée,  Géographie  des  Welthundels  mit 
geschichtlichen  Erlüuterungen  (Stuttgart,  1867-77),  I,  p.  47-48.  —  10  Waclismuth, 
II,  1,  p.  453,  n.5.  —  n  Poil.  VU,  78.  —  12  Schol.  Arist.  Plut.  1063.  —  13  Waclismuth, 
II,  I ,  p.  487,  n.  5.  —  U  Plut.  Aral.  6  ;  Arist.  Thesm.  458.  —  )o  Poil.  VII,  192  ;  Athen. 
X,  p.  431.  —  16  Waclismuth,  II,  1 ,  p.  480.  —  17  Sur  les  xùxkot,  voir  Poil.  VI,  31; Vil,  47; 
X,18  ;  Plat.  Leg.  XI,  p.  915  D  ;  Waclismuth,  11,  1,  p.  463. —  1®  Becker-Gôll,  H,  p.  198. 


près  du  marché  aux  fruits,  abondamment  pourv  r 

de  pommes,  de  grenades,  de  raisins,  de  citron  "  ,  ï'Ves’ 
et  de  melons  16.  Les  diverses  marchandises  ont’  "  '18Ues  1 
à  Athènes,  leurs  quartiers  particuliers  moins 

par  des  cloisons  mobiles18,  et  portant  des  noms  snê?! 

le  marché  aux  comestibles  (eiç  xou'j/ov) 13  1  ■  ■  lilUX: 

aux  poissons  (ot  i/Qûs;)  constitue  la 
subdivision20;  le  marché  aux  poteries 
marché  au  vin  (si;  xbv  olv&v)21,  le 
(«< 


dont 


1,:  marché 


plus  "«Portante 

*  (e‘ÇTi’/.^);le 
marche  aux  esclave 

TOT.  avdpà7to5a) 22  ;  peut-être  le  marché  aux  ,iai.fu 
(si;  xi  p.ôp«)23,  etc.  Les  bibliophiles  trouvent  un  quartmS 
consacré  aux  livres24.  Ailleurs  se  tiennent  les  marchands 
de  légumes  (xi  Xâyava)2*,  les  marchands  de  bêtes  de 
trait  et  de  bétail;  plus  loin,  les  bouchers,  les  charcu¬ 
tiers26;  les  marchands  de  fromages  21;  puis  des  porteurs 
de  bois  vendant  des  matériaux  de  chauffage des! 
fripiers29,  des  marchands  de  nattes,  de  mèches  de  lampes,  1 
de  volailles,  de  réchauds,  de  lits,  de  cruches,  de  tapis,  de  ' 
besaces,  de  sacs30;  enfin  des  marchands  d’argent  et  de 
crédit  (trapézites) 31 . 

A  côté  du  marché  primitif  se  créent  peu  à  peu  des  I 
marchés  spécialisés  (par  exemple,  à  Athènes,  le  marché 
aux  métaux)32.  On  cherche  même  à  séparer  les  marchands 

des  citoyens  vaquant  aux  affaires  publiques,  en  isolant 
le  marché  commerçant  de  l’agora  politique  et  judiciaire83, 1 
Nous  possédons  quelques  indications  sur  l’organisa¬ 
tion  matérielle  du  petit  commerce  en  Grèce,  et  spéciale¬ 
ment  à  Athènes.  Les  xâ7r7)X&t  installés  au  marché  crient 
leurs  marchandises,  et  appellent  les  chalands  qui  passent 
devant  leurs  étalages34.  Ceux-ci  examinent  les  objets 
exposés  et  les  marchandent 3ÏI.  De  petits  commission¬ 
naires  (TTfouveixo:)  se  tiennent  près  des  boutiques,  pour 
porter  à  domicile  les  marchandises  achetées  ".  Les 
marchands  sont  installés  assez  sommairement,  la  plupart 
sur  le  sol  même  de  la  place.  Quelques  mauvaises  planches 
suffisent  à  faire  un  étalage,  le  vendeur  s  abritant  lui- 
même  du  soleil  sous  un  parasol3'.  Les  marchands  plus 
importants  ont  des  boutiques.  Ce  sont  des  baraque! 
mobiles,  temporairement  installées  sur  le  mari  lie.  Lis 
unes  sont  faites  de  claies  de  jonc  ou  de  roseau  (ys ff*)|  ’ 
les  autres  sont  des  tentes  de  toile  («^vcd).  Qn  y  vend  (‘b 
choses  les  plus  diverses39.  Ces  échoppes  sont  d’ordinaire 
meublées  de  comptoirs  (xpxTteÇai)40  et  de  sièges  P1"''  ® 
marchand,  et,  à  l’occasion,  pour  le  public. (fig-  1,1 
n’est  pas  question,  au  vc siècle,  de  magasins  fiv  s  '  i 
manents.  Cependant  les  installations  foraim  s  1  ^  ^ 

sont  incommodes  et  disgracieuses.  Aussi  piiq"»1  0 
iv°  siècle,  sans  grand  succès  d’abord,  de  les  "'"J  . 

par  des  magasins  construits  aux  frais  d< 
tirerait  un  revenu  important  de  leur  location 

759  ■  A  tlico  •  H  h 

—  19  Schol.  Aesch.  Contra  Timarch.  65.  —  20  Arist.  Vesg. ^  2,’ f>ol|  Xj  19; 
104  A;  VI,  p.  227  E;  VU,  p.  287  E.  -  *  ^  Eq  1375. 


—  24  Eupolis  dans  Poil.  IX,  47. 

—  26  Theophr.  Char.  22.  Voir  lanius. 


Guiraud,  L-  ““'a,  «U*»*'». 

-  27  'Et,  rt»?>?î>v  T“f0v  l']_  wr.0||.X, 

-  28  Plat.  Leg.  VIII,  p.  849  t)  ;  Poil.  VII,  197.  -  29  Eue.  ,  p.  310, 23: 

!8.  -  31  Waclismuth,  II,  1,  p.  492-493.  -  32  Bekkcr,  Anecd.  g  |jc(.kpr.i;i,ll,  II, 
Wachsmuth,  II,  1,  p.  497.  -  33  Arist.  Polit.  VII,  P'  '  '  h{gU  |],  I;  l>«> 

p.  179.  —  34  Antiph.  dans  Athen.  Ml,  P-  287  E,  c  1  y,  ^,«*1*»' :  *’°  ' 

Chrys.  VII,  123.  —  35  Alexis,  dans  Athen.  VI,  5.  -  30  csj  Bcckcr-Go'L  •>, 
VII,'  132.  -  37  Athen.  XIII,  p.  612.  -38  Büchsensclnitz,  P-  -  ||arpoer. 
p.  196.  Cf.  Wachsmuth,  II,  1,  p.  439,  u.  2.  -  39  Schol.  ris  •  459, 

T.  v .  et  T.:W..  -  40  Theophr.  Char  9  ;  Waclisniuth,  H,  ,  ,, 

—  41  Theophr.  n«pt  ijutSv  Ut.  IX,  17,  3  ;  Wachsmut  i,  ,  ^  ^  Vetlu  a  l'l’n'p 
est  faite  d'après  la  photographie  d'une  frestpie  de  ,a  "ials_  Xcn 
cf.  Monumenti  antichi,  VIII,  1898,  p.  350,  hg-  ’ 

III.  13. 


De 


redit- 


MER 


—  1735  — 


MER 


Avec 


,  iemps,  celle  organisation  primitive  doit  se 
'  r  ces'  installations  provisoires  ne  peuvent 


Iransfo'"1'1,  .ns(ju  commerce  d’Athènes  au  iv1'  siècle, 
sUffire  aUX  J  rendes  places  de  l’époque  hellénistique. 
°u  d’""e  !ocau\  appropriés  tendent-ils  à  se  substituer 
Auss'  *wj  plein.  air.  ce  sont  des  halles  couvertes 

aux  marc ^  pr0grès  du  commerce  elles  se  multi- 
(irT#*':)  Snarte  même  en  possède2.  On  en  construit 
P!ie"l.|l  do  spéciales.  A  Mégalopolis,  il  existe  une  halle 
d’alT  vendent  des  parfums  et 

ml  r'1 


des  huiles  odorantes 


ob?)3.  Athènes 


a,  de  bonne  heure4,  une 


lalle 


(5T°!  rCnteau  détail,  et  par  l’entremise  de  marchands  % 
P0111,  a.  J _  ol  Upc  sons.  C’est  la  ttox  àA(MTÔ7ta>Ai<;  °,  qu  il 
deb  |  pas  confondre  avec  la  halle  du  même  nom 
"onslruite  plus  tard  dans  l’Emporion  du  Pirée,etqui  sert 
sans  doute  d’en¬ 
trepôt  aux  appro¬ 
visionnements 

del’ÉtatC  Dans  la 

dtoi  àX(ptTÔlVW/.lÇ 

d’Athènes ,  les 
farines  à  vendre 
sont  exposées 
dans  des  casiers 
de  bois  rectan¬ 
gulaires,  en  for¬ 
me  de  coffres  8. 

D'autres  halles 
sont,  après  celle- 
ci,  affectées  suc¬ 
cessivement  au  commerce  de  détail  à  Athènes  :  c’est 
la  halle  du  Dromos9,  peut-être  aussi  la  stoa  Poecile10, 
et,  plus  tard,  la  stoa  dite  d’Attale,  bâtie  par  Attale  II 
Philadelphe,  et  dont  les  ruines,  mises  au  jour  à  partir  de . 
1860,  ont  fait  connaître  l’aménagement  intérieur,  adapté 
aux  besoins  du  commerce  de  détail".  Peu  à  peu  le 
système  des  balles  couvertes  se  substitue  partout  au 
système  ancien  du  marché.  La  différence  consiste  essen¬ 
tiellement  en  ce  que  le  lieu  des  échanges,  au  lieu  d’être 
une  place  entourée  de  bâtiments  indépendants,  est  un 
corps  de  bâtiment  fermé,  et  accessible  seulement  du 
dehors  par  des  portes12.  Les  marchés  se  transforment 
ainsi  en  un  ensemble  complexe  de  halles  couvertes  assez 
semblables  aux  bazars  de  l’Orient  moderne13.  C’est  en 
Asie  Mineure,  peut-être  par  suite  des  exigences  du  climat, 
que  cette  forme  du  bazar  est  d’abord  apparue  (par 
exemple  àSrnyrne)"  et  c’est  en  Asie  Mineure  qu’on  en  a 
retrouvé  des  traces  (à  Cnide,  Aphrodisias,  etc.)13.  Mais 
ede  sest  répandue  très  vite  dans  la  mère-patrie.  Au 
hunps  de  Pausanias,  l’ancienne  forme  de  l’agora  ne 
subsiste  plus  qu’à  Elis  et  à  Pharae16. 

ho  dehors  des  marchés  des  villes,  les  marchands  ont 
d  :|utrescentresd'affaires  :  ce  sont  principalement  les foires 
'A  h1*  rassemblements  de  troupes.  Les  foires 1 1 


Fig.  4919.  —  Boutique  d'orfèvre. 


1  se  tiennent 


^  '  '  Ch  ij  Anthed.  dans  Dicaearcb.  (Millier),  p.  145;  Plat.  Tlieag.  lit 

—  2  1,"  V,  2,  29;  Tlieophr.  Char.  2;  Waclismullt,  11,  1,  p.  458. 

p  4“,"'  la’  <!'  —  3  Paus.  VIII,  30,  7.  —  4  Avant  389.  Waclismuth,  11,  1, 
~  7° ri  "  *'  ~  "  Waclismuth,  II,  t,  p.  406,  n.  3.-6  Schol.  ad  Arist.  Acharn.  517. 
Becker  ("'il  C  Phorm-  XXXIV,  37;  Waclismuth,  11,  I,  p.  90,  100,  406  ;  cf. 
12  —to  \v  —  8  Pchkcr,  Anecd.  graeca,  I,  p.  275,  15.  —  9  Himer.  III, 

Berlin  ij,  aC''SmUl*1’  **’  L  P-  500  et  suiv.  —  11  Adler,  Die  Stoa  des  Kônigs  Attalos, 
nelu  r/,  ' ~ l20urlius, Zur  Geschichte  der  griechischen  Stadtmaerkte  ( Gesam - 
Herman  m~dî"nsen’  Berlin>  l894h  *'  P-  t5!-*53-  —  13  Büchsenschiitz,  p.  472; 

—  13  Cuit  uniner’  P-  ÎS#,  n.  1;  Szanto,  p.  879.  —  14  Aristid.  Ael.  I,  p.  370. 

lus>  I,  p.  152.  —  16  paus.  VI,  24;  VU,  22;  X,  35.  —  n  Büchsenschiitz, 


surtout  à  l’occasion  des  grandes  fêles  religieuses  iTraw,- 
yépeu:)  [panegyris]  :  à  Olympie,  à  Delphes,  à  Corinthe,  a 
Délos.  Leur  organisation  matérielle  nous  est  mal  connue, 
elle  doit  être  assez  analogue  à  celle  des  marchés  des 
cités  grecques,  mais  avec  de  plus  grandes  proportions. 
•On  n’y  insistera  pas  ici,  car  les  grands  commerçants  y 
jouent  un  rôle  plus  important  que  les  simples  xx-c/o'  • 
Les  rassemblements  de  troupes  servent  aussi  de  rendez- 
vous  aux  marchands18.  On  sait  que  les  soldats  grecs  de¬ 
vaient  en  principe  s'entretenir  eux-mêmes.  Aussi  étaient- 
ils  suivis  en  campagne  par  une  nuée  de  revendeurs, 
eantiniers,  mercantis  de  toute  espèce,  qui  s’installaient 
près  de  leurs  campements19,  toujours  prêts  à  leur  vendre 
fort  cher  ce  dont  ils  avaient  besoin,  et  à  leur  acheter 
à  vil  prix  les  esclaves  ou  le  butin  pris  à  l’ennemi  C  est 

v,  ainsi  que,  au  dire 

T=====i=L^f  de  Thucydide, 

l’expédition 

athénienne  en 
Sicile  était  ac¬ 
compagnée  de 
tout  un  convoi 
de  marchands21. 

Les  marchands 
grecs  ne  forment 
pas,  tout  a  u 
moins  avant  la 
domination  ro¬ 
maine,  de  cor¬ 
porations  exclu¬ 
sives  et  héréditaires,  dotées  de  privilèges  et  de  monopoles 
pour  certaines  branches  du  commerce;  le  régime  des 
castes  commerciales,  qui  a  fonctionné  dans  d  autres 
civilisations,  est  inconnu  de  la  Grèce  indépendante.  Par 
contre,  les  marchands  grecs  s'organisent  parfois  volon¬ 
tairement  en  associations  (xotvwvi'oi)  22  pour  défendre 
leurs  intérêts  professionnels  communs  et  améliorer 
leur  situation  sociale.  Nous  ne  songeons  pas  ici 
aux  sociétés  commerciales,  réunissant  dans  une  même 
entreprise  plusieurs  personnes  qui  cherchent  à  réali¬ 
ser  un  bénéfice  pécuniaire;  il  sera  parlé  à  d’autres 
places  [mercatura,  societas]  de  ces  sociétés,  nom¬ 
breuses  et  prospères  en  Grèce  23.  Mais  nous  son¬ 
geons  aux  associations  professionnelles  de  mar¬ 
chands  Elles  existent  en  Grèce  pour  les  commerçants, 
sinon  pour  les  artisans  [artifices]21.  Elles  présentent 
d’ailleurs,  au  moins  en  apparence,  un  caractère  religieux 
très  accentué;  il  n’y  a  pas  de  ligne  de  démarcation 
sensible  entre  l'association  laïque  et  1  association  reli¬ 
gieuse25.  Les  éranes,  les  thiases,  les  orgéons,  qui  sont 
des  confréries  réunissant  pour  la  célébration  de  certains 
sacrifices  et  de  certaines  fêtes  les  adeptes  des  cultes 
d’Orient,  ont  souvent  un  caractère  économique  assez 
marqué  :  ce  sont  de  véritables  gildes  marchandes 

p.  474-476;  Huvclin,  Essai  historique  sur  le  droit  des  marchés  et  des  foires, 
Paris,  1897,  p.  66-79.  —  **  Büchsenschiitz,  p.  477-478.  —  19  Arist.  Oekon.  Il, 
p.  1350  A,  23;  Xen.  Cyr.  VI,  2,  38;  Hellen.  I,  6,  37.  —  20  Diod.  XIV,  79.  —  21  Time. 
VI,  44.  1.  —  22  Arist.  Eth.  Nie.  p.  1159-1161.  —  23  Caillemcr,  Le  contrat  de 
société  d  Athènes  ( Études  sur  tes  antiquités  juridiques  d'Athènes,  X,  1872); 
Brants,  Les  sociétés  commerciales  d  Athènes  (Rev.  de  l'instruct.  pulil.  en  Bel- 
gique,  XXV,  1882,  p.  109  et  suiv.)  ;  Zieharth,  Das  griecliische  Vereinswesen,  Leipzig, 
1896,  p.  13-18;  Alf.  de  Medio,  Contributo  alla  storia  del  contratto  di  societa  in 
Roma,  Messine,  1901,  p.  54-58.  —  24  Guiraud,  Main-d'œuvre,  p.  205  et  suiv.; 
Francotte,  I,  p.  298. —  2SSchafer,  dans  les /a/ir&üc/ter/ur  Philologie,  1880,  p.  417. 
Cf.  Foucart,  Des  associations  religieuses  chez  tes  Grecs,  Paris,  1873,  p.  3  et  passim. 


MER 


—  1736  — 


[thiasos]1.  L'spavoç  surtout,  association  permanente 
ayant  pour  trait  caractéristique  îles  repas  communs  ;ï 
intervalles  périodiques  [eranos]2,  rappelle  la  gilde  germa¬ 
nique  du  moyen  âge  qui,  on  le  sait,  présente  la  même 
particularité  3.  Ce  sont  des  marins  et  des  marchands 
étrangers  qui,  après  les  guerres  médiques,  à  l'époque  du 
grand  essor  du  commerce  grec,  importent  en  Grèce  les 
dieux  barbares  et  créent  ces  associations4.  Les  étrangers, 
les  esclaves,  les  femmes  en  peuvent  faire  partie5  Elles 
se  développent  presque  exclusivement  dans  les  villes 
commerçantes.  Ainsi,  l’on  trouve  un  très  grand  nombre 
d’éranes  marchands  au  Pirée6  :  telle  est  cette  confrérie 
des  négociants  de  Cilium  qui  obtient,  en  333,  du  conseil 
et  du  peuple  athéniens  le  droit  de  fonder  au  Pirée  un 
temple  d’Aphrodite1.  Beaucoup  de  ces  éranes  ont  pour 
patrons  les  Cabires  ou  Patèques  phéniciens,  protecteurs 
des  navigateurs  8.  On  trouve  encore  un  grand  nombre 
de  gildes  marchandes  à  Délos9  (par  exemple  le  thiase 
des  Héracléistes,  composé  uniquement  de  négociants  et 
d’armateurs  tyriens10),  à  Rhodes11,  à  Chios,  à  Thasos12. 
La  plupart  de  ces  gildes,  dont  les  inscriptions  nous  ont 
conservé  des  traces,  sont  composées  surtout  de  grands 
commerçants  (eg^opoi  et  vaûxXY,pot) 13.  Il  semble  que  les 
simples  xàTrrjXoi  ne  s’y  associent  guère,  peut-être  parce  que 
les  cotisations  en  sont  trop  élevées  u.  En  Asie  seulement, 
où  le  commerce  terrestre  a  plus  d’importance  et,  à 
l’époque  de  la  domination  romaine,  les  xabnpvoi  prennent 
peut-être  une  part  plus  active  dans  les  gildes  marchandes, 
par  exemple  dans  les  associations  de  caravaniers 
((Tuvooiai)  de  Palmyre  :  chaque  caravane  constitue  une 
véritable  compagnie  sous  la  direction  d’un  <7uvo3iy.p;eq;13. 
L’organisation  économique  des  éranes  et  des  thiases 
commerciaux  est  mal  connue.  Peut-être  ont-ils  une 
juridiction  disciplinaire  sur  leurs  membres16.  En  tout 
cas,  beaucoup  d'entre  eux  jouent  le  rôle  de  banques  de 
crédit  mutuel17.  Peut-être  servent-ils  d’intermédiaires 
entre  l'État  et  leurs  membres  pour  les  affaires  qui  inté¬ 
ressent  ceux-ci  (par  exemple  pour  le  paiement  des  rede¬ 
vances  et  impôts  qui  frappent  le  commerce  et  les  commer¬ 
çants).  C’est  du  moins  ce  que  l’on  peut  conclure  d’une 
inscription  du  Pirée,  d’après  laquelle  l’importante  gilde 
des  vaûxXTjpoi  payait  pour  chaque  navire  une  certaine 
redevance16. 

L'intervention  de  l'État  dans  la  condition  des  mar¬ 
chands  est  assez  limitée.  Solon  aurait,  au  dire  d’Athénée19, 
interdit  aux  hommes  la  vente  des  parfums,  et  Sparte 
aurait  expulsé  de  ses  murs  les  parfumeurs.  Pareille 
politique  somptuaire  n’a  plus  guère  d’écho  à  partir  du 
ve  siècle.  Les  cités  commerçantes  laissent  une  large 
liberté  au  commerce  intérieur.  Elles  font  aux  étrangers, 
au  point  de  vue  du  droit  public  comme  du  droit  privé, 
une  situation  généralement  fort  acceptable20.  Des  impôts 
spéciaux  frappent  les  mouvements  de  marchandises.  Ils 

1  Ziebarlh,  p.  12-33;  Foucart,  p.  57,  83,  150;  Lüders,  Die  dionysischen 

Kïinstler,  Berlin,  1873.  —  2  Van  Holst,  De  eranis  Graecorum  imprimis  ex 
iure  attico,  Levde,  1832.  —  3  Hegel,  Staedte  und  Gilden  der  germanischen 
Vôlker  im  Mittelalter ,  Leipzig,  1891.  —  4  Foucart,  p.  57.  —  5  Id.  p.  5.  —  6  Id. 
p.  55-110.  —  7  Corp.  inscr.  att.  Il,  168;  Wachsmulb,  II,  1,  p.  152.  —  8  Foucart, 
p.  104.  —  9  Ziebarth,  p.  28-30.  —  10  Foucart,  p.  107.  —  H  Id.  p.  110  et  suiv.  ; 
Clerc,  Métèques ,  p.  126;  Ziebarth,  p.  196.  —  12  Ziebarlh,  p.  31.  —  13  Par  exemple 
Corp.  inscr.  att.  II,  171,  475;  Bull.  corr.  hell.  IV,  222,  n.  15;  VII,  467,  elc. 

—  14  Pour  les  artisans,  Guiraud,  Main-d'œuvre,  p.  206.  —  I5  Ziebarth,  p.  32. 

—  16  Jd.,  p.  174  et  suiv.  —  17  Foucart,  p.  142  et  suiv.  ;  Barrilleau,  Inscr.  de 
Mykonos ,  Bull,  de  corr.  hell.  VI,  597.  —  18  Corp.  inscr.  att.  I,  68  :  ÊuixSâ/.XovTat 
ot  vatix^pot  [...Spaj/urpy  txaaToç  ànb  toÎ  itXotou.  —  10  Athen.  XV,  35,  p.  686. 

20  Clerc,  Métèques ,  p.  235,  —  21  Ibid.  p.  15.  —  22  Demosth.  L. VII,  34;  Guiraud, 


MER 

seront  étudiés  Ù  d'autres  places  [mercatcha  m 
trouve  pas  de  traces  d’impôts  spéciaux  I'  ’S  °nne 
marchands  comme  tels.  A  Athènes  h  ».  ■fappant  *es 
sur  les  métèques  (jmofx.ov)*',  les  droits  de^'!” 
marche,  frappent  tous  les  étrangers22  bj,.,  ’  y1' au 

pratiquement  le  rôle  de  contributions  ZT,  j°"anl 
marchands,  s’appliquent  à  tous  les  étrangers  r  ^ 
les  métèques,  quelque  soit  leur  métier.  D’autre"  '■  ^ 
loi  accorde  parfois,  au  moins  dans  les  cités  , Parl’ 
çantes,  des  faveurs  à  certaines  catégories  de  nmrcET 
A  Sybans,  on  exempte  d’impôts  les  marchands  Z 
importent  la  pourpre  marine23.  A  Athènes,  une  inscrin 
tl0n  atteste  que  les  négociants  de  Sidon  qui  viennent 
s’établir  dans  la  cité  sont  exemptés  de  toutes  les  charges 
qui  peuvent  peser  sur  les  métèques24.  A  en  croire  un 
scoliaste,  dont  le  témoignage  sur  ce  point  n’est  pas 
confirmé,  tous  les  ejwropoi  seraient  exemptés  des  liturgies 
militaires .  cela  ne  saurait  s’entendre,  dans  tous  les 
cas,  que  des  ’égTtopot  métèques,  les  citoyens  n’étant 
jamais  exempts  de  ces  contributions26.  Tout  au  moins 
savons-nous  que  les  êg7ropoi  peuvent  être  exceptionnelle¬ 
ment  dispensés  du  service  personnel  de  guerre27.  Il 
n’est  pas  probable  d’ailleurs  que  ces  privilèges  soient 
accordés  aux  xiroiXoi,  que  les  textes  ne  mentionnent  pas 
à  ce  sujet.  Il  convient  de  noter  toutefois  que  le  droit  de 
cité  demeure  d’ordinaire  inaccessible  aux  marchands 
étrangers  :  c’est  seulement  en  plaisantant  que  le  comique 
Alexis  peut  dire  que  les  Athéniens  ont  concédé  aux  fds 
de  Chaeréphile  le  droit  de  cité  à  raison  de  leur  com¬ 
merce  de  poisson  salé 28.  Et  c’est  sans  succès  que 
Xénophon  propose  de  décerner  au  nom  de  l'État  des . 
honneurs  et  des  distinctions  aux  marchands  qui  au¬ 
raient,  par  des  services  importants,  bien  mérité  de 
la  cité29.  P.  Hu vélin. 

Rome.  —  Deux  mots  sont  employés  chez  les  Romains 
pour  désigner  les  commerçants,  negotiator  et  mercator. 
A  l'époque  républicaine,  le  sens  de  ces  deux  mots  est 
très  différent.  Par  negotiator  on  entend  le  négociant  en 
gros  qui  fait  à  la  fois,  la  plupart  du  temps,  dans  les  pays 
nouvellement  soumis,  la  banque  et  le  commerce  ",  comme 
les  argentarii  et  les  feneratores  à  Rome;  par  mercator , 
on  désigne,  au  contraire,  le  marchand  proprement  dit.  A 
l’époque  impériale,  les  deux  mots  deviennent  synonymes 
et  le  terme  de  negotiator 31  se  rencontre  pour  désigne!  de 

petits  commerçants  établis  à  Rome  aussi  bien  qu  »  n  P1 0 
vince32.  Nous  réserverons  pour  l’article  negotiator  »  »  (Im 
a  trait  aux  négociants-banquiers;  il  sera  question  i<  i l ^ 
marchands  en  gros  ou  en  détail,  quel  que  soit  h  •  11  1  ^ 
sous  lequel  ils  soient  désignés  par  les  textes  btl|ial 
ou  sur  les  inscriptions.  )S 

Aux  premiers  temps  de  Rome,  où  la  plupart  d»  si  »  .  ^ 
étaient  propriétaires  ou  cultivateurs,  le  comnnii 
peu  développé  :  les  esclaves  fabriquaient  dans  b  s  m 

q.71  __  21  Corp.  i"scr’ 

Main-d’œuvre.,  p.  153  ;  Clerc,  p.  21.  —  23  Athen.  XII,  20,  p.  -  •  (’|crc,  p.  iW» 

att.  II,  86.  —  26  Schol.  Arist.  Plut.  904.  -  Demostb.  XX,  18,  -  ^ 

—  21  Schol.  Arist.  Ecclez.  1027;  Suid.  et|d  Jüc|isenscl,ül*. 

t'tôvTwv  lizi  ràç  OToa-tctaç  Sià  -O  s’j/^r.crrov  rà  tooçv  .  P  ..  ....  fier 

p.  533;  Hermann-Bliimner,  p.  423;  Bfickh,  Die  Staatsbausi  ■ 
éd.  Frankel,  Berlin,  1886,  1.  p.  109,  n.  c.  —  28  Athen.  -  Pj  ,  't.  Impro- 
Büchsenschiitz,  p.  534.  -  29  Xen.  De  redit.  III,  4.  -  30  Gic.  .4  ’wgoliatord«s 

bus  negotiator ,  paulo  cupidior  publicanus ;  ad  Att.  N,  10  dans  le»  0pusC' 

satisfacere  quant pubticanis  ;  cl'.  Ernesti,  Denegotiatoi  tbus  t  on  _ mperii  rom»'1' 

philot.  p.  i  et  suiv.  ;  Kornemann,  De  civibus  romanis  m  promu  merc(ltorib«s 
consistentibus ,  p.  24.  —  3.  Cic.  Vêrr.  11,2,77;  Negotiatonbus  co  .  xxxV1IH 
justus.  -  32  Quint.  Inst.  I,  12,  17  ;  mercis  sordtdae  negoU  ,  ^ 

t,  45  :  negotiator  vestiarius ;  lnsc.conf.  helv.  261  ;  nego 


MER 


—  1737  — 


ME  15 


.  n(icessaii‘e  aux  besoins  des  maîtres;  une  vie 

M“‘ Mi'.'' I  commerçante  indépendante  était  à  peu 
industr'HIo  <-  pourtant  noter  que  dès  une  époque 


rrC°::Z^  tradition  ’,  on  sentit  le  besoin  de 
reci  ' ""  ‘ 1 


pourvoi'1  pa 
qui  ex'^' 


Nufïï&î  ul* 

eulee, «tw*  divjgion  du  travail  à  certaines  industries 
T  une  aptitude  spéciale  et  un  apprentissage. 
E  ■  Ton  2  marque  pour  nous  le  début  de  l’industrie 
Qjlteciw  du  commerce  qui  en  est  la  conséquence 

r0nl'T  V  Néanmoins,  il  est  courant  de  dire  que  jus- 
obllga  '  puniques  le  commerce  n’existe  pas.  «  Le 
q“  u  Emilie  produit  sur  son  domaine  tout  ce  qu’il 
PèrC  sa  nourriture  et  celle  de  sa  famille,  la  laine 
revêtements,  le  cuir  de  ses  chaussures  et  les  maté- 
des  ([r  sa  maison 3.  »  Cette  assertion,  vraie  en  soi, 
liailXl  T  l’existence  de  certains  petits  commerçants, 
IZ1  pour  les  objets  nécessaires  à  l’existence  journa- 
Ke.  N’v  avait-ü  pas  des  boutiques  sur  le  Forum  et  des 
bouchers  à  l  étal  desquels  Virgimus  trouva  le  couteau 
dont  il  frappa  sa  fille  v  [laniarium]?  Mais  sur  les  petits 
commercants  de  cette  époque  nous  sommes  fort  mal 
informés.  Il  a  semblé  à  certains  que  ceux-ci,  n’ayant  pas 
encore  à  redouter  la  concurrence  servile  pouvaient  fort 
i  bjen  être  des  hommes  libres,  «  plébéiens,  clients  et 
affranchis,  qui  ne  possédaient  pas  de  terres  et  trouvaient 
un  moyen  d’existence  dans  ces  métiers  détachés  de  la 
famille,  que  l’on  ne  méprisait  du  reste  pas  encore  fl  ». 
Les  renseignements,  peu  nourris  d’ailleurs,  que  nous 
I  possédons  pour  l’époque  républicaine  commencent  à  une 
date  ultérieure,  avec  le  développement  économique  qui 
suivit  les  guerres  puniques.  Peu  à  peu  s’était  faite  une 
double  transformation  ;  les  pères  de  famille,  qui  jusque-là 
se  contentaient  de  suffire  à  eux  et  à  leur  entourage, 


commencent  à  produire  bien  au  delà  de  leurs  besoins, 
grâce  au  nombre  toujours  croissant  de  leurs  esclaves; 
ils  sont  amenés  à  vendre  au  dehors  le  surplus  de  leur 
production.  En  même  temps  les  richesses  du  monde 
affluent  à  Rome,  entre  les  mains  de  capitalistes  qui  ont  à 
l’étranger  des  courtiers,  des  représentants  [negotiator]. 
Les  uns  comme  les  autres  ont  recours,  pour  la  vente,  à 
des  esclaves’  ;  dès  lors  la  plupart  des  commerçants  appar¬ 
tiennent  à  la  condition  servile8.  C’est  une  pratique  qui 
se  continua  pendant  toute  l’époque  impériale.  L’emploi 
des  esclaves  comme  commerçants  offrait  de  grands 
avantages  à  ceux  qui  les  employaient9.  D’abord  ils 
échappaient  par  là  au  blâme  qui  s’attachait  aux  pro¬ 
fessions  non  libérales  et  les  rendait  inabordables  aux 
gens  de  qualité  10  ;  on  pouvait  ainsi  mener  de  front  la  car¬ 
rière  des  honneurs  et  celle  de  l’intérêt.  Puis  ils  évitaient, 
du  moins  en  principe,  tous  les  risques  commerciaux  ;  ils 
avaient  les  profits  sans  être  exposés  aux  pertes,  la  per- 
SOnne  responsable  aux  yeux  du  consommateur  étant  l’in- 
teiposé  ;  ensuite,  les  esclaves,  qui  appartenaient  pour  la 


I  11  ■  —  2  Cf.  E.  Wezcl ,  De  opi/icio  opificibusque  apu 

r'oDMuioj,  berolini,  1881.  —  3  Marquardt,  Vie  privée ,  II,  p.  ' 
p  p  î', 4S’  —  6  Wallon,  Hist.  de  l’esclavage,  11,  p.  1 1  ;  Wezel,  Op.  ci 
~  1  Cf  L  7 'l  WalUiDg’  Él"de  sur  les  corporations  professionnelles ,  p.  Gi 
Paris  ik'T  U^aP*  r^e  ^ es  ®icZaut>s  et  des  affranchis  dans  le  commerc 
temjjorihiil  '  (^ü°mo(t°  Per  servos  libertosque  negotiarentur  Romani  imperi 
_  9  I  j  ’  1,n“‘  8  Mommsen,  Hist.  rom.  (trad.  Alexandre),  IV,  p.  13 

tenuis  ar'  C^‘  P*  “  su‘v*  —  10  Cic.  De  o/f.  I,  42:  Mercatura, 
45.  __  h  wZdida  Putanda  Liv.  XXI,  63,  3  et  4  ;  Cic.  in  Verr  V,  ü 
—  12  Cf  \i  a  lon’  -  de  l  esclavage,  II,  p.  30  et  suiv.  ;  Hor.  Ep.  I,  1 

I  14 Dit»  viv1118011’  rom'  P’  — 13  Juglar,  Op.  cit.  p.  11  et  sui 

!  C«T>-  <»*cr.  ij'n  ”  Pr-’.18  ;  XXXH>  91’  §  2  ;  XL’  *•  10  i  Gaius’  IV’  71 

rio ;  xi,  ) gi, j  ’  JU-7  ■  Dionysio,  Cn.  Afamili  Primi,  sutori  instiiori  caligi 

'  jecto,  Sex.  Avidi  Eutychi  seplasiari  negotiantis  ser.  institori 


plupart  à  des  peuples  étrangers  vaincus",  essentielle¬ 
ment  commerçants,  Carthaginois,  Grecs,  Syriens,  savaient 
les  langues  étrangères12,  pouvaient  s’aboucher  avec  les 
marchands  ou  les  acheteurs  de  leur  pays,  possédaient 
plus  de  souplesse,  plus  d’habileté;  enfin  on  était  en  droit 
d’attendre  des  esclaves  un  travail  continu,  car  ils  n  étaient 
soumis  à  aucune  obligation  envers  l’État,  ni  civile,  ni 
militaire. 

On  les  utilisait  de  deux  façons  13  :  ou  bien  on  les  pré¬ 
posait  à  un  commerce  tout  installé",  on  les  prenait  sim¬ 
plement  comme  intermédiaires,  comme  agents  de  vente 
[institor15,  institoria  actio],  ou  bien  on  leur  confiait  un 
capital,  avec  charge  de  le  faire  fructifier  par  le  commerce 
Sur  ce  capital  ils  devaient  naturellement  servir  un  intérêt; 
par  contre,  ils  avaient  droit  à  des  parts  de  bénéfices' ' 
dont  ils  formaient  un  pécule  Celui-ci  leur  servait  ulté¬ 
rieurement  à  acheter  leur  liberté  ,9,  quand  leur  maître, 
pour  les  remercier  de  leur  habileté  commerciale,  ne  leur 
accordait  pas  gratuitement  20  la  manumission,  avec  le 
fonds  de  commerce  qu’ils  avaient  géré  à  son  compte-1. 
Ainsi  se  produisit  lentement  une  transformation  dans  la 
condition  du  commerce  et  des  commerçants.  L’esclave  ne 
cessait  pas,  en  devenant  affranchi,  de  se  livrer  au  négoce  : 
il  continuait  à  son  compte  le  métier  auquel  il  s’était 
adonné  au  nom  d’un  autre22;  d’où  l’existence  de  mar¬ 
chands  indépendants  de  plus  en  plus  nombreux,  d'abord 
affranchis,  puis,  à  mesure  que  les  générations  se  succé¬ 
daient  se  transmettant  leur  fonds  de  commerce,  ingénus. 
De  la  sorte  l’emploi  d’esclaves  comme  marchands  amena 
peu  à  peu  la  substitution  de  négociants  libres  aux  négo¬ 
ciants  serviles. 

D’autres  causes  intervinrent  également.  Ainsi,  quand 
la  révolution  économique  qui  se  produisit  au  ivc  siècle  de 
Rome  eut  annulé  la  petite  propriété  rurale,  beaucoup  des 
anciens  cultivateurs  de  naissance  libre,  devinrent  dispo¬ 
nibles;  il  est  croyable  qu’un  certain  nombre  d’entre  eux  se 
tournèrent  vers  le  négoce.  Tout  cela  amena  une  augmen¬ 
tation  des  associations  d’industriels  et  de  commerçants 23  ; 

«  au  vie  siècle,  dit  M.  AValtzing,  elles  se  multiplièrent  de 
telle  façon  qu’il  semble  évident  que,  malgré  toutes  les 
circonstances  défavorables,  une  classe  industrielle  et 
commerçante  s’était  formée  24  ».  Les  affranchis  y  domi¬ 
naient  sans  conteste.  Il  est  remarquable  que,  parmi  toutes 
les  inscriptions  antérieures  à  César  et  à  Auguste  que  nous 
possédons,  aussi  bien  pour  Rome  que  pour  le  reste  de 
l’Italie,  une  seule  mentionne  un  négociant  ingénu,  et  en¬ 
core  le  fait  n’est-il  pas  tout  à  fait  hors  de  doute23,  tandis  que 
toutes  les  autres  nous  présentent  des  affranchis26.  La  situa¬ 
tion  change  à  l’époque  impériale  :  aussi  bien  dans  les  textes 
relatifs  à  des  commerçants  syndiqués  qu’à  des  isolés,  les 
ingénus  et  les  affranchis  se  rencontrent  indifféremment27. 

En  même  temps  leur  nombre  s'accroît  à  l'infini  :  l’an- 

Ann.  épigr.  1898,  148  :  Vitalis  C.  Lavi  Fausli  ser...  institor.  —  15  Sur  la  condi¬ 
tion  juridique  des  institores,  cf.  L.  Juglar,  Op.  cit.  p.  13.  —  16  Cf  Marquardt, 
Vie  privée,  II,  p.  190,  noie  8;  Plut.  Cal.  major,  21.  —  n  Juglar,  Op.  cit. 
p.  16  et  suiv.  —  18  Plant.  Asin.  540;  Varr.  De  re  rust.  I,  17,  7;  Atheu.  VI,  108 
p.  274  d;  Dig.  XV,  1,  5,  §  4.  —  19  Sen.  Ep.  LXXX,  4;  Virg.  Duc.  I,  32.  —  20  Dig , 
XII,  4,  3,  §  7  ;  Suet.  Vesp.  16  ;  Tac.  Ann.  XV,  55.  —  21  Dig.  XXXIII,  7,  7  ;  XXXI, 
88,  §  3.  —  22  Dig.  XXXVII,  14,  18.  —  23  R  est  impossible  de  dire  à  quelle  catégorie 
appartenaient  les  marchands  de  l’Avcntin  qui  furent  constitués  en  collèges  en  495  — . 
259  :  Fest.  Ep.  p.  148;  Liv.  II,  21.  —  21  Etude  sur  les  corporations  profession¬ 
nelles,  p.  86.  Voir,  p.  87,  la  liste  des  collèges  connus  à  cette  époque.  —  25  Corp. 
inscr.  lat.  I,  1214  :  Q.  Tullius  Paapus,  glad{iarius),  à  Capoue.  —  26  Ibid.  1129 
(cisiarii)  ’,  1131  (tanii)  ;  1193  (coronarius)  ;  1210;  Ibid.  IX,  471  ( unguentarii ). 
—  27  Cf.  les  différents  volumes  du  Corpus  ( Indices ,  officia  privata).  Pour  Rome  les 
inscriptions  relatives  aux  commerçants  sont  rassemblées  au  t.  VI,  p.  1 15G  et  suiv. 


MER 


—  1738  — 


cienne  société  aristocratique  et  surtout  agricole  fait  place 
à  une  société  industrielle  largement  ouverte  à  tous;  les 
anciens  préjugés  sur  le  commerce  ont  disparu;  il  n’est 
plus  déshonorant  de  s’y  livrer  ;  les  négociants  de  l’époque 
impériale  affichent  même  leur  métier  sur  leurs  épitaphes  ; 
ils  se  font  représenter  sur  leurs  tombes  avec  les  outils 
de  leur  profession  ou  les  comptoirs  de  leur  magasin,  ce 
qui  prouve  nettement  «  et  l’aisance  de  ces  industriels 
assez  riches  pour  se  construire  de  coûteux  tombeaux,  et 
la  lierté  de  ces  représentants  du  travail  libre  qui,  loin 
de  cacher  leur  condition,  veulent  être  vus,  après  leur 
mort,  avec  l'outil  qu’ils  tenaient  de  leur  vivant.  Ces 
hommes  ont  évidemment  l'orgueil  de  leur  profession 
et,  s  ils  l’avaient,  c'est  que  leurs  concitoyens  trouvaient 
cette  fierté  légitime  1  ». 

Si  l'on  veut  distinguer  les  négociants  non  plus  par 
leur  état  civil,  par  la  classe  à  laquelle  ils  appartenaient, 
mais  par  des  particularités  relatives  à  leur  commerce 
même,  on  arrive  à  établir  plusieurs  catégories.  On  peut 
opposer  les  marchands  en  gros  et  les  détaillants.  Ceux-là 
se  nommaient  magnarii1,  les  autres  manticularii 3  ;  à 
la  catégorie  des  premiers  se  rattachent  tous  les  négo¬ 
ciants  qui  formaient  dans  les  grandes  villes  de  puissantes 
corporations,  marchands  de  blé  ( mercalores  frumeii- 
tarii )4,  marchands  de  vin  ( mercatores  vinarii )5,  mar¬ 
chands  d’huile  ( negotiatores  olearii) r',  etc.  ;  les  seconds 
sont  ou  de  petits  fabricants  qui  vendent  eux-mêmes 
Jeurs  produits,  lintearii,  vestiarii ,  sutores,  pistores, 
unguentai'ii,  etc.,  ou  qui  débitent  au  public  les  objets 
produits  ou  préparés  par  autrui,  le  comparator  rnercis 
sutoriae  d’une  inscription  de  Milan  7,  le  mercator  omnis 
generis  mercium  transmar inarum  d’un  texte  de  Reate8, 
le  Chrysas  otvoxcoXYi?  EÙ7)g.spiaç  d’un  papyrus  du 

Fayoum  9,  les  !y0uoiTa>Aat  èv  'P<»g.7]  10>  les  negotiatores 
macellarii M,  les  vendeurs  de  poteries  fabriquées  par  de 
grands  entrepreneurs  ( negotiatores  arlis  cretariae  12) 
[figulus],  et,  en  général,  tous  les  marchands  de  comes¬ 
tibles,  nombreux  dans  la  capitale  aussi  bien  que  dans 
les  diverses  villes  du  monde  romain. 

On  peut  aussi  établir  une  distinction  entreles  marchands 
originaires  d'une  ville  qui  y  prenaient  un  commerce  ou 
continuaient  celui  de  leurs  parents,  elles  étrangers  qui 
venaient  s'établir  dans  une  cité  plus  ou  moins  éloignée 
de  leur  pays  d'origine,  afin  d’y  faire  fortune.  On  en  ren¬ 
contre  dans  tous  les  grands  centres  commerçants  de 
l’Empire:  cultores  Jovis  tterytenses  qui  Puteolis  con¬ 
sistant l3,  et  corpus  Heliopolitanorum u,  à  Pouzzoles  ; 
Galatae  consistenses  municipio,  à  Napoca  13  ;  collegium 
Galatarum  à  Germisara16;  xb  Iv  MaXâxyj  Sbpwv  xe  xal 
’Actavwv  xoivbv,  à  Malaga  n.  On  sait  que  les  commerçants 
de  cette  sorte  possédaient,  au  moins  dans  les  endroits 
les  plus  importants,  des  entrepôts  pour  leurs  marchan- 

*  Üuruy,  Hist.  rom.  V,  p.  C37.  —  2  Apul.  Met.  1,  5;  Corp.  inscr.  lut.  VI, 
1G96  ;  X,  G 1 13.  —  3  Cf.  Mommsen,  Hhein.Mus.  1880, p.  154;  Korrespondenzblat  d. 
Westd.  Zeitsch.  1884,  p.  31.  — *  Wallzing,  Op.  cit.  II,  p  103  et  suiv.  —  5  Ibid. 
p.  97,  115,  180.  —  6  Ibid.  p.  87,  303.  —  7  C.  i.  I.  V,  5927.  —  8  Ibid.  IX,  4G80. 

—  9  Grenfell  et  H  uni,  Fayi'im  towns,  p.  192.  —  10  Alhen.  VI,  p.  224  c. 

—  11  C.  i.  I.  VI,  9532;  XIII,  2018;  Suel.  Caes.  26;  Vesp.  19,  etc.  —  12  Marquardt, 
Vie  privée ,  II,  p.  286,  note  1.  —  13  C.  i.  I.  X,  1634.  —  1*  Ibid.  1759.  —  1°  Ibid. 
III,  860.  —  16  Ibid.  1394.  —  17  Inscr.  gr,  rom.  26.  Sur  le  nombre  et  le  rôle  des 
marchands  syriens  dans  les  différentes  villes  commercantes  de  l’Empire,  cf. 
Mommsen,  Hist.  rom.  (Irad.  fr.) ,  XII,  p.  29  et  suiv.  —  18  Cantarelli,  Le  stationes 
municipiorum  (Bull,  comun.  1900,  p.  214  et  suiv.).  —  19  Inscr.  gr.  rom.  III,  131  et 
suiv.  —  20  Ibid.  421.  —  21  Cf.  pourtant  C.  i.  I.  XII,  1996,  un  negotiator  oleurius  ? 
Vivis  Lugdunensis.  -  22  Ibid.  1945.  —  23  Ibid.  2448.  —  24  Ibid.  1998.  —  25  Ibid. 


MER 


dises  (stationes) 18  ;  il  en  existait  de  tek  »  n 

Forum  pl  A  Pnimnlno  20  r\  ...  1  nOIÏle 


uclir  *  « te? 


b'e 

«ont 


Forum  et  à  Pouzzoles20.  Deux  villes  deT—'SUrle 
présentent  un  exemple  très  instr 
d’éléments  i  n  d  i 
Lyon  et  Bordea 

grand  nombre  de  marchands  qui  n’indkui  i  ^  ""n 
patrie,  pour  la  plupart,  ce  qui  était  inutikT  ,7 
du  pavs  21.  on  trouve  un  Syrien  r.  ,,s  (*taient 

syrien  de  Germaniciana 

:,.ema  «0  ».  un  Ittbi’ 


s  IIU,igenes  et  d’éléments  étranger*  n 
Bordeaux.  Dans  la  première  ville  ’  . ' '  s° 
mbre  de  marchands  qui  n’indiouen,'!.  f 


gers:  Bellovaques28 
1  i  tes 3 1 ,  Parisiens32, 


pays  _,  on  trouve  un 
négociant  en  broderies  (barbari 
tant  de  Canada,  negotiator  23,  un  UntiwZ  ,0  ,  , 
cite  des  Veliocasses 2\  un  verrier  de  Carthage» 
negotiator  artis  rnacellariae ,  civis  Triboàr «  ’  ^ 
compter  tous  les  autres27.  A  Bordeaux  existait  *77 
ment,  une  importante  colonie  de  commerçants  élraiJ 

Butènes29,  Aulerques30,  Curioso- 

. .  Séquanes33,  Rémois»,  Medioraa- 

tnces  3\  1  révérés  30,  Germains37,  Espagnols38,  Grecs 3 
Syriens40,  etc.  Tous  ces  commerçants,  perdus  ainsi  dans 
un  centre  éloigné,  se  resserraient  pour  former  des  cor¬ 
porations  41  ;  et  lorsque  l’un  d’eux  mourait,  s’il  n’était 
pas  ramené  dans  son  pays  natal,  il  trouvait  place  dans 
un  cimetière  particulier,  réservé  à  ces  épaves  de  tout  le 
monde  romain,  où  toutes  les  patries  se  confondaient 
pour  une  dernière  demeure 42 . 

Il  faut  mentionner  encore  parmi  les  marchands  venant 
s’établir  dansles  villes  ceux  qui  s’adonnaient  au  commerce 
après  avoir  suivi  quelque  temps  une  autre  carrière,  en 
particulier  les  soldats  qui,  leur  retraite  obtenue,  se  fai¬ 
saient  négociants.  A  Lyon,  un  vétéran  de  la  légion  1" 
Minervia  exerça  le  métier  de  marchand  de  pote¬ 
ries43  ;  un  vétéran  de  la  légion  XXII'’  Primigenia,  retiré  à 
Mayence,  y  utilisason  expérienceen  vendant  des  glaives44. 
On  a  trouvé  aussi  en  Dalmatie  l’épitaphe  d’un  Aurelius 
Maximusqui  estqualifiéde  a  militiis  en  même  tempsque 
negotiator  celeberrimus 45.  Parmi  tous  ces  commercants, 
le  plus  grand  nombre  étaient  établis  dans  des  magasins 
permanents  [taberna]  situés  dans  les  rues  populeuses  ou 
sur  les  places.  A  Rome,  où  les  épitaphes  des  connner-  | 
çants  contiennent  souvent  l’adresse  du  défunt,  nous  j 
savons,  par  exemple,  qu’il  y  avait  des  marchanda  I 
d’habits  sur  le  cornpitum  Aliarium  46,  près  du  lemph  I 
de  Castor47  et  de  celui  de  Cérès48,  près  des  horreU 
d’Agrippine  49,  près  de  ceux  de  Volusius  ",  dans  Ici 
vicus  Tuscus  51 .  Dans  la  même  rue  on  troua  ail  dcsj 
purpurarii 52  et  des  parfumeurs33.  Sur  I  l»ll|ilin  oui 
vendait  des  poteries  64  et  des  couleurs  ",  au  M  il  rj 
étaient  des  marchands  de  vin  üC,  a  Subure 
donniers57;  des  lanarii  dans  le  vicus 
dans  celui  de  Fors  Fortuna*9  ;  des  boude  î-^  su  il 
Viminal 60,  des  fruitiers  près  du  Cirque  "laNI""  |i(re| 
voie 'Sacrée  et  le  Forum  étaient  naturellement  ^  I 
du  commerce,  surtout  du  commerce  c'hgan 

2000.  —  26  Ibid.  2018.  —  ri  Ibid.  p.  255;  H.  Bazin,  Vienne  et  l. <i », ^  ^ 
v.  _  28  c.  i.  I.  XIII,  011.  -  29  Ibid.  629.  36 74.  033,034,  # 


32  1 b.  026.  —  33  Ib.  631.  —  31  1  b.  628.  —  35  1b.  023.  ]b  XIII 

-  31  ]b.  618.  -  38  Ib.  6  1  2,  621.  -  39  IL  619,  620.  -  '  •  „„  coin  du 

451,  6453,  6540;  Brambach,  Jnscr.  Ith.  U.  -  4  p°ur  l'herichle  derA*«f* 
imelière  deTrion;  cf.  lllrsclifeld,  C.  i.  I.  XIII,  P-  -  >o  *  '  *  Les  (tran<ler>“ 

u  Berlin,  1895,  p.  402  et  suiv.  ;  pour  Bordcauz,  cf.  C  ^  ^  XIII,  l9°” 
tordeaux,  et  Jullian,  Inscr.  de  Bordeaux ,  I,  P-  14°.  1  W  C.  i-  L  Vl 

-  H  Brambach,  Inscr.  Rh.  1076.  -  45  Ann.  épigr. .  W»,  ■  M/j_  Vl,  M»; 

476  _  41  Ib.  9872.  -  48  Ib.  9969.  -  49  Ib.  9972  ;  X  \  ,  3'  •  __  w  Felt.  p.  3“ 

-  51  ib.  9976.  -  52  Ib.  XIV,  2433.  -  53  Hor.  .  9<J71,  *9»3-  - "  ' 

,  26;  Varr.  De  l.  I.  V,  50.  -  5a  C.  i.  I.  VI,  9673.  ^ 

ul  —  58  Ib.  9492.  —  59  Ib.  9493.  —  60  Ib.  9499. 


MER 


MER 


Lncontrfl't  h'-s 

••  -2  n 


•ianls  les  plus  divers,  coronarii 


eiiiiiidi'11 


9‘ 
torû 


Ubrarn 


négoci 

margaritarii 3 ,  unguentarn  »,  pigmen- 
'  en  était  ainsi,  du  reste,  dans 


villes  d’Italie  ou 


les 
souve 

tionnés 


de  province,  où  les  foreuses  sont 


>nl  men  - 


Cer- 

laines  industries 
6t  certains  com¬ 
merces  étaient 
même  concen¬ 
trés,  dans  des 

quartiers  ou  dans 

I  des  rues  spé¬ 
ciales,  ce  qui  est 
assez  fréquent 
dans  tous  les 
temps  et  dans 
tousles  pays.  Ces 
rues  prenaient 
en  conséquence 
le  nom  des  corps 
de  métiers  qui 
les  peuplaient  à 
Rome8.  On  con¬ 
naît  le  vicus  f'rumentarius\  le  viens  lorarius'0,  le  virus 
materiarius H,  le  viens  pulverarius'2,  le  viens  sanda- 
liarius u,  le  viens  vitrariusn  et  le  vicus  unguentarius 15  ; 


__  1739  — 

tait  des  marchands  ambulants,  qui  parcouraient  les  rues, 
criant  leurs  marchandises,  ou  attirant  les  badauds  par 
leurs  boniments.  Un  bas-relief  nous  montre  un  fruitier 
qui  porte  devant  lui  un  panier  rempli  de  pommes;  à  côté 

on  lit  :  Main  ! 
mulieres  tnulie- 
res  tneae  !  38 
(fig.  4921).  On  a 
vu  ailleurs[coRO- 
NARIL’S,  fig.  2017, 
201  H]  des  pein¬ 
tures  représen¬ 
tant  des  mar¬ 
chands  de 
guirandes  :  un 
enfant  tient  sus¬ 
pendue  une  lon¬ 
gue  perche  d’où 
pendent  des 
guirlandes  :  un 
acheteur  semble 
vouloir  acquérir 
l’uned’elles, qu’il 
\  Sénè- 


Fig.  4920.  —  Marchand  d'élofles  en  boutique. 


à  Pouzzoles  i 
mtriarius 11  ; 


v  avait  un  vicus  Ihurarius  16  et  un  clivus 

Metz;  un  vicus 


un  vicus  sandaliaris  ’8  à 
argerttarius  13 


à  Carthage  ;  une 


platea  Seplasia,  à  Capoue,  in 
quel  unguentarii  negotiari  sint 
soliti 20  (d’où  le  nom  de  sepla- 
siarius).  Les  différents  lieux  de 
vente  avaient,  du  reste,  égale¬ 
ment  reçu,  pour  la  plupart,  un 
nom  tiré  de  celui  des. commer¬ 
çants  qui  s’y  assemblaient  soit 
d’une  façon  permanente,  soit  à 
certains  jours  de  la  semaine,  et 
des  denrées  ou  marchandises 
qu’ils  vendaient  :  forum  boa - 
rium  21 ,  suarium  22 ,  piscato- 
r  ium-3,  pis  torumn,v  ina r  i  um 25 , 


examine* 

que  nous  dépeint  les  boulangers,  les  pâtissiers,  les  mar¬ 
chands  de  saucisses  étalant,  à  la  porte  des  établissements 
de  bains,  leurs  victuailles  devantle  public  etinsignita  mo- 
dulntione  vendentes  40  ;  Aulu-Gelle,  les  vendeurs  de  re¬ 
mèdes  offrant  leurs  spéciliques  à  grand  renfort  de 
paroles  41 .  Ailleurs  il  est  question  de  commis-voyageurs 


holitorium 


campus  pecua- 


Fig. 492 1 .  —  Marchand  ambulant.  ? 


lanatorius  ou  lana- 
rius 28  ;  basilica  floscellaria  29, 
riuailaria :J0,  à  Rome  ;  forum  pecuarium  à  Atina31  et  à 


Fig  4922 


Marchands  sous  un  portique. 


Ferenti 


n  uni 


32 


v  m arium  à  Os ti e 33 ,  v estia  ri u m  à  Ti  m  gad  1 


h°litonum  à  Thugga38 ,  basilica  ves/iaria  h Cuicul36,  etc. 

.  es  marchands,  quels  qu’ils  fussent,  portaient  le  nom 
general  de  tabernarii 31  (fig.  4920).  A  côté  d’eux,  il  exis- 

i.  I.  •)  ii  a 

ri[arj  -  • .  —  -  /b.  34.  —  3  /(,,  9545 t  954G,  9547,  9548  :  cf.  le  porlicus  marga ■ 

~  •  /wV0 -rdure  de  la  voie  Sacrée-  —  4  Il>-  1974‘  — 5  lb-  979S-  -  0  lb ■  9935 

C  ,  l  ’ 733  ù  ompéi)  ;  VIII,  16  556  (Thevesle’  ;  Ann.  épigr.  1898,  99  (Cherche!) 

—  * Jonla  v'  ^r'esl’  997  (Narbonne);  cf.  Nisscn,  Pompeian.  Studien,  p.  268 
Vl,97:i)  ye  mcmorie  delv  Instit.  1865,  p.  234.  —  9  Bas.  Capit.  (C.  i.  I 
rej.  /  ’~uc‘ 111  '  ~'°c-  *•  L  V1>  979fi-  —  11  Bas.  Capit.  reg.  XIII.  —  12  Ibid 

-  H Bas  c  Suet-  À"9-  57  ;  Aul.  Gell.  XVIII,  4,  1;  C.  i.  I.  VI,  448,  761,  etc 
-‘LM  ■  nfL  re9-  L  ~  15  Notit.  Urb.  reg.  VIII.  —  !  &  Eph.  epigr.  VIII,  365 

L.,  '  ’  cr  Atli  dei  Lincei,  1884-5, 


Moselle 


24.  -  2 


II,  p.  96.  —  : 


p.  5G8.  —  18  Robert  et  Cagnat,  Epigr.  de  la 
2i  q  j  19  Confess.  VI,  9,  14.  —  20  Ascon.  ad  Cic.  in  Pison.  II, 

‘opogmphi  iC  lter’  Topo0r-  der  Stadt  Bom,  p.  184  et  suiv.  ;  Homo,  Lexique  de 

9631 _ _ 23  ro,na,,l<>»  P-  233.  —  22  Richter,  p.  264;  Homo,  p.  272;  C.  i.  I.  VI 

*•% Richter  °  g01*’  ^  Homo,  p.  244.  —  24  Richler,  p.  199;  Homo,  p  .245. 

’  P-  2|i4  ;  Homo,  p.  276.  —  26  Richter,  p.  192  ;  Homo,  p.  238.  —  27  Rich- 


( circitores ,  coctiones ,  arillatores) que  les  vestiarii  elles 
lintearii  chargent  de  colporter  des  étoffes  ou  des  habits  et 
de  les  vendre  à  la  criée42.  11  est  possible  que  ce  soient 
des  marchands  de  cette  sorte  que  représente  une  peinture 
du  Musée  de  Naples43  (fig.  49:2-2).  Peut-être  faut-il  aussi 
ranger  dans  cette  catégorie  les  pantapolae 44,  mar- 

ler,  p.  380  ;  Homo,  p.  113;  C.  i.  I.  VI,  9660.  —  2*  Richter,  p.  345  ;  Homo,  p.  107. 

—  29  Richler,  p.  380  ;  Homo,  p.  88.  —  30  Richler,  Ibid.  ;  Homo.  p.  88  ;  C.  i.  I.  XI,  3821 . 

—  31  c.  i.  I.  XI,  5074.  —  32  Ib.  5850.  —  33  lb.  543;  XIV,  409.  —  34  Bull.  arch.  du 
Comité ,  1901 ,  p.  312,  n.  10.  —  38  C.  i.  I.  VIII,  1408.  —  36  lb.  »o  156.  —  37  C.  i.  i.  VI, 
1766,  9103,  1009;  XIV,  2793  ;  Bull,  comun.  1883, p.  239;  1885,  p.  163.  Lafig.  4920 
reproduit  un  bas-relief  du  Musée  des  Officcsà  Florence,  Gori.  Inscr.  ant.  III,  tab. 
xxi  ;  Hiitschke,  Ant.  Bildw.  III,  p.  236,  u.  533  ;  0.  Jahn,  Ber.  d.  saechs.  Gesellsch. 
1 86 1 ,  pl.  xi,  2.  Voir  une  scène  semblable,  Pitt.d'Ercol.  III,  41,p.2l3;  O.  Jahu,  Abhandl. 
d.  saechs.  Gesellsch.  V,  pl.  i,  1.  —  Bas-relief  au  Musée  de  St-Germain  ;  Duruy,  Hist. 
des  Rom.  t.  V,p.  639.  —  39  Bartoli,  Picturae  antiq.  XIV.  Autres  ligures,  O.  Jahn, 
Abhandl.  d.  saechs.  Gesellsch.  V,  pl.  vi.  —  40  Sen.  Ep.  56,  3.  —  4t  Aul.  Gell.  1, 
15,  9;  cf.  Hor.  Sat.  I,  2,  l.  —  42  Fest.  ap.  P.  Diac.  p.  17  et  39  ;  Dig.  XIV,  3,  5, 
§4.-43  Pilt.  d'Ercol.  III,  12,  p.  221;  O.  Jahn,  Abhandl.  V,  pl.  ir,  I . 

—  44  Nov.  Valent.  III,  5  pr.  el  §  1. 


MEI{ 


1740  — 


chands  grecs  qui  vendaient  toutes  sortes  d'objets  en  détail, 
<iu  détriment  des  tabernarii  spécialistes;  mais  on  pour¬ 
rait  aussi  v  voir  des  commerçants  en  boutiques,  qui 
tenaient  ce  que  nous  appelons  aujourd’hui  des  bazars. 
.Nous  ne  sommes  pas  suffisamment  renseignés  sur  leur 
compte  pour  pouvoir  préciser.  Enfin,  tenant  le  milieu 
entre  les  ambulants  et  les  boutiquiers,  existait  toute  une 
classe  de  petits  commerçants  qui  étalaient  leurs  marchan¬ 
dises  sur  le  sol  ou  sur  des  tréteaux  sous  les  portiques  des 
rues  et  des  places  publiques  ;  on  en  voit  un  exemple  dans  la 

/ 


Fig.  4923.  —  Marchands  à  Fêtai. 

même  série  des  peintures  du  Musée  de  ,\aples(fîg.  4923)  ». 

D'après  la  comparaison  de  quelques  textes  on  peut 
admettre  que  certains  commerçants  avaient  des  succur¬ 
sales  dans  différents  pays.  L’exemple  le  plus  frappant 
est  donné  par  Marquardt2.  Une  famille  de  thurarii  de 
Home  portait  le  nom  de  Faenius  ;  on  connaît  deux  de  ses 
membres  :  L.  Faenius  Primus3  et  L.  Faenius,  L.  et  mu- 
lieris  libertus,  Favor4.  Or  on  a  rencontré  à  Pouzzoles  un 
L.  Faenius  L.  1.  Alexander  5,  à  Ischia  un  L.  Faenius 
Urso  6,  tous  deux  thurarius ;  et  l’on  sait  qu’un  L.  Fae¬ 
nius  Telesphorus  était  établi  à  Lyon  comme  unguenta- 
rius1 .  Il  semble  donc  bien  que  la  maison  principale  fût 
à  Rome  et  eût  des  représentants  dans  plusieurs  villes.  De 
même  on  trouve  cù  Milan  8  et  à  Lyon9,  aux  deux  extrémi¬ 
tés  de  la  voie  qui  reliait  l'Italie  à  la  Gaule  par  les  Alpes 
Cottiennes,  la  mention  des  negotiatores  Cisalpini  et 
Transalpini. 

Pourattirerl’attention  du  public, les  marchands  romains 
avaient  recours,  comme  on  l’a  toujours  fait,  à  la  réclame. 
Nous  ignorons  s'ils  connaissaient  le  «  prospectus  »  ;  du 
moins  avaient-ils  soin,  par  des  formules  habilement 
choisies,  inscrites  sur  les  devantures  de  leurs  magasins, 
de  flatter  les  acheteurs  ou  de  solliciter  leur  confiance. 
Une  marchande  de  volaille  et  de  gibier,  dont  un  bas- 


1  PUt.  d  Ercol.  L.  I.  ;  O.  Jalin,  L.  I.  —  2  Vie  privée ,  II,  p.  447.  —  3  Corp. 
inscr.  lat.  VI,  5080.  —  4  Ibid.  9932.  —  5  Ibid.  V,  1042.  —  6  Ibid.  X,  6802. 
—  7  Ibid.  VI,  9998.  —  8  Ibid.  V,  59H.  —9  Ibid.  XIII,  2029.  —  10  Corp.  inscr. 
lat. S I,  9685  ;  Zoega,  Bassiril.  ant.  I,  27  ;  O.  Jalin,  Berichte  der  süchs.  Gesellschaft , 
1861,  p.  364,  pl.  XUI,  2.  —  11  Beo.  épirjr.  1890,  p.  39,  n.  827.  —  12  Waltzing, 


MEIl 

relief  de  la  ville  Albani  représente  (flg.  ^ 


Fig.  4924.  —  Marchande  de  gibier  el  volailles. 

sous  un  portique,  se  recommande  à  sa  clientèle  par  cesl 
vers  de  Virgile  10. 

«  Dum  montibus  umbrae  j 

Lustmburit  convexa ,  polus  dum  sidéra  pascct , 
Semper  honos  nomenque  tuurn ,  laudesque  mane\ 

[bunt.  »] 

Une  fleuriste  qui  vendait  des  guirlandes  et  des  cou¬ 
ronnes  aux  environs  de  Nîmes  avait  pris  la  devise1 
galante  :  «  Non  vendu  nisi  amantibus  coronas".  » 
Nous  avons  parlé  plusieurs  fois,  à  propos  des  mar¬ 
chands,  de  collèges,  de  corporations:  c’est  que  la  plupart 
d’entre  eux  étaient,  en  effet,  groupés  ensemble.  Nous 
avons  indiqué  aussi  que  la  première  mention  dégroupe¬ 
ments  de  cette  nature  remonte  à  l’époque  dite  royale  el 
qu’ensuite  il  n’en  est  plus  question  qu’en  259  av.  J . -C . ,  à 
propos  des  marchands  de  l’Aventin.  On  sait,  en  outre, 
que  les  collèges  professionnels,  auxquels  la  République 
n’imposait  aucune  condition,  à  qui  elle  n’accordait  non 
plus  aucun  privilège,  prirent  un  grand  développement12 
et  jouèrent  un  rôle  politique  important  dans  les  troubles 
qui  marquèrent  la  fin  de  la  période  républicaine  ;  aussi 
furent-ils  supprimés  par  César  et  ensuite  par  Auguste13. 
Mais  celui-ci  comprit  qu’il  fallait,  pour  établir  a  cet 
égard  un  régime  stable,  régler  d’une  façon  définitive  le 
droit  d’association:  à  l’avenir  on  refusa  l’existence  à  tous 
les  collèges  qui  ne  seraient  pas  munis  d’une  autorisation 
spéciale  et  personnelle  du  Sénat14;  on  n’admit  que  ceux 
qui  offraient  quelque  caractère  d’intérêt  public,  si  bien 
que  les  associations  devinrent  un  organisme  inferieur  de 
l’État,  en  puissance  du  moins,  jusqu’au  jour  où  l°n 
trouva  bon  de  les  employer.  Les  collèges  comineuiaux 
ne  diffèrent  pas  des  autres  en  cela;  il  est  dom  inub  ® 
d’insister  sur  ces  détails  qui  ont  été  expost  s  a  ' 
collegium.  Mais  l’organisation  intérieure  des  111 
ayant  été  à  peine  effleurée  dans  cet  article,  il  4 011 
d’y  revenir  ici  en  quelques  mots  1 


Les  négociants,  appartenantà  la  même  pi 


ofession  ou  a 


des  professions  voisines,  qui  voulaient  se  ri  ""  Qn 
mençaient  par  rédiger  des  statuts  18  :  ceux  ' 1  '  .jem^ 
sollicitait  l’autorisation  du  Sénat,  qui  ne  pou\'U  ^  ^ 
ment  se  prononcer  qu'après  lecture  du  règ 

suiv  _  13  Ibid. 

Étude  sur  les  corporations  professionnelles ,  I,  p-  8,1  c  travail  capU»1 

p.  90.  _  14  Ibid.  p.  115  et  suiv.  —  )8  N»us  renvoyons  |e9  sources 

de  M.  Waltzing  sur  la  question.  Le  lecteur  y  trouvo^a^^.  ^  I, 
anciennes  et  modernes  citées  dans  le  plus  grand  dttai 
p.  337. 


« 


MER 


—  1741 


MER 


,  ,orS  le  collège  constitué  et  «  confirmé  »>,  sui- 
soumf  |K‘"  i0„  technique’,  pouvait  agir  librement. 

vanl  1  ‘,XP.Vir  .oralion  professionnelle  se  composait  de 
T°ule  <’0'|fs  je  membres  honoraires  et  de  patrons. 
cieml,r<  Pinbres  actifs,  qui  faisaient  le  fond  de  l'associa- 
'  l'eS"l"-  ,nt  ceux  qui  pour  y  être  inscrits  payaient 
li°n’  V".n  droit  d'entrée2,  et  qui,  de  plus,  versaient 
dab"n  !,ois  une  cotisation  3.  Cet  argent  leur  permettait 
chaqUCfii1>r  de  tous  les  avantages  attachés  au  titre  de  mem- 
deP'l"  collège  et,  en  particulier,  d’être  enterrés  dans  la 
r  "du  cimetière  ou  dans  le  monument  acquis  par  lui4. 
pa[ 16  membres  honoraires,  choisis  souvent  en  dehors  des 
f  ss ions  auxquelles  appartenaient  les  autres,  étaient, 
Pr".e,iitraire  nommés  à  cause  de  leur  nom  ou  de  leur 
“Vucucë  et’ dispensés  de  toute  cotisation;  leur  seule 
obligation  était  d’aider  leurs  confrères  de  leur  crédit  et 
de  leurs  conseils,  ce  qui  ne  les  empêchait  pas  de  leur 
faire  plus  d’une  fois  des  dons  en  argent  ». 

Quant  aux  patrons,  c’étaient  des  personnages  haut 
placés  dont  on  sollicitait  la  protection  en  échange  du 
titre  qu’on  leur  décernait;  on  leur  demandait  de  défendre 
en  toutes  circonstances  les  droits  de  la  corporation  et 
aussi.de  se  montrer  généreux  envers  elle  par  des  cadeaux 
de  toute  sorte  6  que  l’on  laissait  à  leur  initiative  et 
aUXquels  ils  ne  se  dérobaient  point.  La  cooptation  d’un 
patron  se  faisait  en  séance  plénière  du  collège  ;  et  l’on 
nommait  une  députation  [legatio]  chargée  d’aller  lui 
porter  la  tablette  de  bronze  où  le  décret  7  d’adoption 
avait  été  gravé  [patronus]. 

Les  membres  des  collèges  professionnels  étaient 
divisés  soit  en  centuries8,  soit  en  décuries9,  lesquelles 
avaient  à  leur  tète  des  décurions  ou  des  centurions10; 
iis  figuraient  avec  ces  divisions  sur  la  liste  générale  de 
la  corporation  ( album ,  fasti )  gravée  souvent  sur  marbre 
etaflichée  dans  la  salle  des  séances”. 

L’administration  se  partageait  entre  l’assemblée  et 
les  dignitaires.  L’assemblée  ( conventus )  se  tenait  d’habi¬ 
tude  dansla  chapelle  de  l’association  [schola]12,  auxdates 
fixées  par  le  règlement  ou,  dans  certains  cas  extraordi¬ 
naires,  lorsqu’une  circonstance  fortuite  rendait  la  con¬ 
vocation  nécessaire.  Pour  que  ces  assemblées  fussent 
valables,  il  fallait  un  certain  nombre  d’assistants,  peut- 
être  les  deux  tiers  du  nombre  total1*. 

Elle  avait  pour  fonction  primordiale  de  rédiger  et  de 
voter  la  loi  constitutive  du  collège  [lex],  ou  d’y  apporter 
tel  changement  qui  pouvait  sembler  utile14;  puis  de 
prendre  des  décisions  sur  tout  ce  qui  intéressait  la 
communauté  (affaires  courantes,  sacrifices  à  offrir  aux 
dieux  ou  tà  la  divinité  de  l’empereur,  organisation  des 
repas  de  corps,  sépultures  des  membres  défunts,  cons- 
ructions  ou  réparations  des  immeubles  de  la  société, 
acceptations  de  legs,  récompenses  a  attribuer  aux 
membres  ou  honneurs  à  décerner  aux  patrons)15.  Le 
pouvoir  exécutif  était  entre  les  mains  de  dignitaires  élus 


par  l’assemblée  :  magistri ,  annuels  ou  quinquennaux 
suivant  que  le  collège  compte  par  années  ou  par  lustres  10 
[magister]  ;  curatores,  personnages  élus  annuellement1 
pour  aider  les  magistri  auxquels  ils  étaient  soumis  18  et 
dont  la  mission  principale  semble  avoir  été  de  gérer  les 
finances  de  la  compagnie,  d’en  administrer  les  biens 
et  de  surveiller  l’exécution  des  décrets19;  quaestores 
(trésoriers),  qui  encaissaient  les  recettes  et  opéraient  les 
payements20  [qcaestor],  on  les  nomme  aussi  arcarii ; 
enfin,  secrétaires  (scribae,  notarii ,  tabularii)  chargés 
des  écritures,  des  procès-verbaux  des  séances,  et  de  la 
garde  des  archives21.  Il  est  inutile  d’ajouter  que  toute 
cette  organisation  est  la  reproduction  exacte  de  ce  qui  se 
passait  pour  l’administration  des  cités. 

On  s’est  demandé  depuis  longtemps  si  ces  associations 
professionnelles  avaient  pour  leurs  membres  ou  pour  le 
commerce  un  avantage  économique22,  si  les  sociétés  de 
commercants,  en  particulier,  n'étaient  pas  constituées 
en  vue  d’entreprises  communes23.  C’est  une  opinion  que 
l’on  a  tout  à  fait  abandonnée  aujourd’hui24;  un  des 
arguments  les  plus  probants  contre  cette  manière  de 
voir  est  que  les  collèges  de  commerçants  recevaient 
parmi  eux  des  membres  qui  exerçaient  un  autre  métier 
que  celui  dont  ils  portaient  le  nom23,  et  un  métier  tout 
à  fait  différent,  où  aucune  communauté  d'intérêts  ne 
pouvait  exister.  On  a  donc  reconnu  que  ces  associations 
avaient  pour  but  et  pour  avantage  de  donner  à  des  élé¬ 
ments  épars  une  cohésion  et  une  force  qui  leur  man¬ 
quait  à  l’état  d’isolement26.  Les  empereurs  ne  songeant 
aucunement  à  protéger  le  commerce,  il  fallait  trouver 
ailleurs  des  protecteurs.  De  temps  immémorial,  les  faibles 
s’étaient  faits  clients  de  quelque  grand  personnage  ;  la 
corporation  fut  une  nouvelle  forme  de  la  clientèle;  elle 
donna  à  tous  ces  corps  associés  le  moyen  de  se  défendre; 
elle  leur  assura  une  considération  qui  leur  eût  manqué 
autrement  et  qui  faisait  d’eux  non  seulement  des  en¬ 
sembles  qu’on  ne  pouvait  pas  violenter  impunément, 
qui  avaient  la  force  et  le  moyen  de  faire  valoir  leurs  récla¬ 
mations,  mais  presque  des  organes  de  la  vie  municipale. 

De  bonne  heure,  en  effet,  des  rapports  s’établirent 
entre  les  villes  et  les  collèges  qui  y  existaient.  Les 
inscriptions  prouvent  qu’ils  formaient  une  classe  spéciale 
placée  immédiatement  au-dessus  de  la  plèbe  urbaine  ; 
une  sorte  d’ordre  à  part  qui  se  range  après  les  décurions 
et  les  sévirs  augustaux21,  et  que  sa  cohésion  rendit  bien 
vite  influent.  On  s’en  aperçut  aisément  :  les  syndicats 
n’hésitaient  pas  à  intervenir  lors  des  élections  pour 
recommander  et  faire  passer  les  candidats  de  leur  choix. 
Parmi  toutes  les  affiches  électorales  qu’on  a  recueillies  à 
Pompéi,  un  certain  nombre  émanent  de  collèges  de 
commerçants  :  M.  Cerrinium  aedlilem) pomari  rogant 28; 
M.  Holconium  Priscum  II  vir.  j.  d.  pomari  universi 
cumHelvio  Vestale  rogant 29  :  Cn.  Ilclvium  aed.  Hernies 
colo...  cum  gallinariis  rog.  30  ;  Nerum  aed.  o'ro ) 


lin  <-US’  *’  *'  —  2  Bruns,  Fontes  juris  Fomani  (6e  éd.),  p.  356.  —  3  Walt- 

lp'  cit-  b  P-  ‘374.  _  4  Ibid.  i(  p  4SI  —  B  Ibid.  I,  p.  357.  —  6  Sommes 
slslurs'1  /°nilal'ons  d®  banquets  ou  distributions  de  sportulcs;  dons  de 
libéral  " mCS  '  co,îsbi’uct.ion  ou  embellissement  de  la  salle  des  séances, 
jy  relatives  à  la  sépulture  des  membres  du  collège  (Waltzing,  Op. 
dans  Wall'.  ' 41®b  ~  1  Inscriptions  relatives  aux  patrons  des  collèges 
(r— .  '  "h  P-  373  à  416.  —  8  Exemple  :  les  centonarii  de  Côme 


(Coi 


rP ■  biscr.  Int. 


Û,  126)  ; 


V,  5446).  —  9  Exemple  :  les  centonarii  de  Ravenne  (Ibid. 
P' 360  __  U,CS.  vascularii  de  Rome  (VI,  9052).  —  10  Waltzing,  Op.  cit.  1, 
-,a  C  t  des  fastes  conservés  (Waltzing,  Op.  cit.  IV,  p.  280  cl  suiv.). 

"L  XI,  5750;  Bruns,  Fontes,  p.  356.  —  13  Waltzing,  Op.  cit.  I,  p.  369. 

VI. 


—  IV  Bruns,  Fontes,  p.  336:  Waltzing,  IV,  p.  315  et  suiv.  —  13  Waltzing, 

|  p.  375  et  suiv.;  IV,  p.  318  et  suiv.  —  16  Ibid.  p.  384.  —  17  Bruns. 
Loc.  cit.  —  16  Waltzing,  I,  p.  384  note.  —  19  Ibid.  I,  p.  409.  —  20  Ibid. 

1,  p.  413;  et  IV,  p.  419.  —  21  Ibid.  I,  p.  415;  IV,  p.  427.  —  22  Résumé  de  ces 

opinions  dans  Waltzing,  1,  p.  181  et  suiv.  —  23  Herzog,  Gall.  Narb.  p.  188  ;  Desjar¬ 
dins,  Géogr.  de  ta  Gaule,  III,  p.  444.  —  2V  Boissier,  La  religion  romaine  d‘ Auguste 
aux  Antonins,  II,  p.  255.  —  2Ô  C.  i.  I.  V,  7044  ;  XII,  1898  ;  XIII,  1978,  1998  ; 

2023.  _  2f>  Boissier,  Loc.  cit.  -  Waltzing,  I,  p.  188  et  suiv.  —  27  C.  i.  I.  V,  7905, 

7920  :  decurionib,  et  sexvir.  Aug.  et  officialibus,  item  collegis,  et  recumbentibus 
et  populo.  —  28  Ibid.  IV,  149  ;  cf.  180  ,  206.  —  29 Ibid.  202;  cf.  1955  d.  —  30  Ibid. 
241. 


219 


MK  R 


—  1742  — 


faciatis)  :  vngnenfari  facile  rogo  1 .  On  pourrait  multi¬ 
plier  les  exemples  -  ;  ils  suffisent  à  prouver  l’interven¬ 
tion  dos  marchands  syndiqués  dans  la  politique  muni¬ 
cipale,  à  laquelle  leur  intérêt  ne  leur  permettait  pas  de 
rester  étrangers. 

Aussi  les  cités  reconnaissaient  elles  leur  pouvoir  par 
des  faveurs;  on  leur  accordait  des  places  d’honneur  au 
spectacle  3  ;  dans  les  cérémonies  publiques  ils  figuraient 
avec  leurs  bannières  déployées  1  ;  dans  les  banquets 
offerts  par  des  citoyens  généreux  ils  n’étaient  jamais 
oubliés  6.  On  alla  même  jusqu’à  leur  demander  leur 
concours  pour  certains  services  intéressant  la  munici¬ 
palité,  qu’ils  acceptaient  de  rendre  parce  qu’ils  y  trou¬ 
vaient  de  leur  côté  une  augmentation  d’influence  et 
certains  avantages  pratiques;  c’est  ainsi  qu’on  eut  de 
bonne  heure  recours,  pour  former  des  corps  de  pom¬ 
piers,  aux  hommes  que  leur  profession  ou  leur  com¬ 
merce  désignait  plus  spécialement  :  les  centonarii  et  les 
dendrophori ,  marchands  de  centons  [cento]  et  de  bois, 
mi  étaient  généralement  réunis  aux  fabri  dans  la  cir- 
onstance  6  [fabri,  p.  956].  Cette  utilisation  des  collèges 
aussi  bien  par  l'État  que  par  les  particuliers  se  généralisa 
à  partir  du  me  siècle  et  devint  la  règle  générale. 

De  bonne  heure  l’autorité  impériale  avait  compris  que 
les  collèges  de  marchands  établis  dans  la  capitale 
étaient  un  des  organes  essentiels  de  la  vie  journalière, 
et  qu’il  était  impossible  de  s’en  désintéresser.  Elle 
essaya  donc  de  les  encourager.  Auguste,  Tibère,  Claude, 
Néron  avaient  accordé  des  privilèges  à  ceux  qui  four¬ 
nissaient  Rome  de  blé  ( mercatores  frumentarii )  1  et 
d’huile  [mercatores  oleari)  ;  Trajan  exempta  les  mar¬ 
chands  de  blé  de  la  tutelle8;  c’est  lui  qui  donna  aux 
boulangers  ( pistores )  le  jus  Quiritium  pourvu  que, 
étant  déjà  citoyens  de  droit  latin,  ils  eussent  une  boulan¬ 
gerie  à  Rome  depuis  trois  ans  au  moins  et  qu’ils  fissent 
cuire  300  boisseaux  par  jour9;  il  les  exempta  égale¬ 
ment  de  la  tutelle10.  Hadrien  étendit  ce  privilège  en  les 
dispensant  de  la  tutelle  des  enfants  de  leurs  collèges11, 
c'est-à-dire  de  ceux  qui  faisaient  partie  du  même  collège. 
Caracalla  accorda  pareillement  Yexcusatio  tutelae  aux 
charcutiers,  à  la  condition  qu’ils  consacreraient  à  l’an- 
none  les  deux  tiers  de  leur  patrimoine12;  pour  être 
admis  à  ces  avantages,  les  marchands  devaient  se  sou¬ 
mettre  au  contrôle  permanent  du  préfet  de  la  ville 
ou  de  celui  de  l’annone  :  ceux-ci  tenaient  des  listes 
exactes  des  commerçants  qui  étaient  dans  les  condi¬ 
tions  requises  et  vérifiaient  les  déclarations  reçues13. 

Au  siècle  suivant,  ces  immunités  sont  encore  étendues 
par  l’exemption  des  mimera  sordida,  en  particulier  aux 
charcutiers  u. 

Ainsi  se  préparait  lentement  la  réforme  que  l'on  attri¬ 
bue  à  l'empereur  Sévère  Alexandre.  Jusque-là  il  y  avait 
eu  des  commerçants  libres,  des  collèges  protégés  par 
l’État  parce  qu'il  s’en  servait  et  des  collèges  dont  il  se 

'  Jbid.  009.  —  2  Cf.  la  série  de  ces  inscriptions  dans  Waltzing,  III,  p.  116 
<•1  suiv.  ;  Willeros,  Les  élections  municipales  de  Pompéi,  p.  26  elsuiv.  —  3  C.i.  I. 
XII,  714.  —  4  Rio. Cass.  LXX1V,  4;  Vita  Gallieni,  8;  Aurel.  31;  Paneg.  lat.  VIII, 
8;  Waltzing,  I,  p.  415.  —  5  C.  i.  I.  V,  7920;  VIII,  16556;  XI,  6033.  —  6  Waltzing, 
II,  p.  196  et  suiv.  ;  Hirschfeld,  Gall.  stud.  III,  p.  10  et  suiv.  —  7  Suet.  Aug.  42; 
Tac.  Ann.  II,  87  ;  Suet.  Claud.  18,  19  ;  cf.  Waltzing,  II,  p.  402  et  s.  —  8  Plin. 
Paneg.  29.  —  9  Gaius.  I,  31.  —  10  Fragm.  Vat.  233.  —  U  Ibid.  235,  237  ;  Dig. 
XXVII,  1,  46.  —  12  Fragm.  Vat.  236,  237.  —  13  Jbid.  233,  236  ;  Dig.  L,  50,  6,  6  ; 
Waltzing,  p.  347  sqq.  — H  Cad.  Theod.  XIV,  4,  6,  10;  JVov.  Valent.  III,  35,  6,  7. 
—  13  Vit  a  Alex.  33  :  Corpora  omnium  constituit  vinariorum,  lupinariorum, 
caligariorum  et  omnino  omnium  artium.  —  16  Dig.  L,  6,  6  (5),  §  3.  —  17  Fragm. 


MER 


ucam  lai  uaaai t. 


i/VüUl  IIIUIO 


iv-o  uoiiùfijos  de 
cants  sont  déclarés  officiellement  indispensable 
on  les  reconnaît  d’utilité  publique,  on  les  .,,1.  ’lal: 
les  enrôle  dans  l’administration.  Bien  nhw  |n°  ‘‘B®’  °n 
guère  plus  qu’il  y  ait  des  marchands  non  syntli(^el 


presque  tous  seront  réunis  en  collèges,  et 


soumis  à  la  même  réglementation  l\  En 


en  c 


°Hèges 


relouC  on  leur 


accordait  certains  privilèges  ;  il  était  juste  U1 
que  ceux  qui,  par  l’exercice  même  d«  leur  profess- 
avaient  une  sorte  de  fonction  publique  fussent  disin-ns  "’ 
en  retour,  de  charges  réservées  aux  citoyens  à  qui  JX 
ne  devait  rien16.  Ces  privilèges  consistaient  surtout 
dans  l’exemption  de  la  tutelle1',  des  munera  sordida  h 
extraordinaria lfl,  la  collât io  equorum i9,  la  dispense  du 
service  militaire20,  dans  la  protection  accordée  contre 
les  abus  de  pouvoir  des  fonctionnaires  subalternes21,  dans 
la  possibilité,  du  moins  pour  les  chefs  des  collèges,  de 
parvenir  à  certains  honneurs  22.  Mais  cet  état  privilégié 
devait  avoir  pour  les  commerçants  de  terribles  consé¬ 
quences  :  ils  souffrirent  de  l’oppression  dont  moururent 
aux  bas  temps,  toutes  les  classes  de  la  société  qui  avaient 
quelque  rapport  avec  l’administration.  Ils  subirent 
comme  tous  les  corporati ,  la  pire  des  servitudes.  On 


commença  par  déclarer  les  patrimoines  affectés  pour 
toujours  à  l’exercice  d’une  profession23  :  c’était  les 
frapper  d’une  hypothèque  perpétuelle,  comme  gage  du 
travail  de  ceux  qui  les  possédaient,  pendant  leur  vie, 
comme  garantie  des  services  qui  devaient  se  continuer 
après  eux  pour  le  bien  de  l’État21.  Puis  on  attacha  les 
personnes  au  métier  à  perpétuité  :  «  perpetuo sint  obnoxii 
functioni  »,  disent  les  Codes26;  enfin  on  déclara  le  métier 
même  héréditaire  :  la  charge  transmise  aux  enfants  par 
les  biens  le  fut  dès  lors  par  le  sang,  «  la  fatalité  delà 
naissance,  telle  devint  la  loi  suprême  de  l’Empire28». 
On  finit  par  faire  la  chasse  à  ceux  qui  essayaient  de  se 
soustraire  au  commerce  imposé  par  la  loi  et  par  les 
ramener  de  force  à  leur  devoir2'.  Ainsi  finirent  les  com¬ 
merçants  à  Rome. 

En  était-il  de  même  dans  les  différentes  villes  de 
l’Empire  et  se  passa-t-il  dans  les  provinces  ce  qui  se 
passait  dans  la  capitale?  On  l’admet  généralement  ,1a 
aussi  la  plupart  des  négociants  se  seraient  formes  en 
corporations,  ceux  qui  restaient  isolés  ne  formant 
qu’une  infime  minorité29;  là  aussi  les  collèges  aman  n 
été  utilisés  pour  des  services  publics30  ;  le  dilfk ü<  1  ^ 
déterminer  quels  étaient  ces  services  u-  H  (  'l 
qu’ils  étaient  différents  de  ceux  qu’on  demandait  aux 
sociétés  à  Rome  et  à  Constantinople.  M.  ^,ll/J  n 
discuté  longuement  la  question  3-  ;  sa  conclusion  I  ^ 
les  membres  des  collèges  municipaux  au  o 
étaient  les  auxiliaires  des  curiales  et  que  ceux  '-[  *  1 
saient  dans  les  diverses  corporations  les  specu 
dont  ils  avaient  besoin  pour  accomplir  leui  s  me  1 
Ainsi,  les  décurions  devant  veiller  aux  apP1"'1"' 


Vati ,  236.  -  18  Cad.  Theod.  XIV,  2,  2.  -«Sym».  Belot- 1*.  aCti, 

III,  5,  §§  2  et  3.  -  21  Cod.  Theod.  XIV,  3,  22;  C.  t.  I-  •  .  ’  2g3  ei  suiv. 

rw".,  »>«*.  ». .  ;  »...  iw.  m  ».  S  »  »• 

—  24  Wallon,  (Jist.  de  l'esclavage,  III,  p.  206.  —  -3  C  ■  r/ie0(f.  xlV,  4, 

-26  Wallon,  Op.  cit.  III,  p.  207.-  27  JVov.  Valent.  H I,  15,  •  ^  .  fu5lel 

,2;  10. -28  Waltzing,  II,  p.  t7l;  Duruy,  Hist.  rom.  '  wallon,  Hist-  de 


_  20  Nos.  Voî. 


12;  10. -28  Waltzing,  U,  p.  wi;  umuy,  - - -  •  Wa||0n,  Hts‘- 

de  Coulanges,  Inst,  polit,  de  l'ancienne  France,  ,  P-  -  •  §3;  Cod. 

l'esclavage,  III,  p.  248.  -  2»  Waltzing,  U,  P;  °  'Z  suiv,  Stemler, 

Theod.  XII,  9,  1,  3;  VII,  21,  3.  -  31  Duruy,  Op.  cit.  VU,  p.  2Q8  cl  suiv. 

Des  collèges  d'artisans,  Paris,  1887,  p.  74.  P ■ 

_ 33  Ibid.  p.  214. 


MER 


1743  - 


MER 


nicipes  *,  bien  qu’il  n’y  eût  pas  en  dehors 
jnents  ,nL1,e  distributions  publiques,  il  était  naturel 
des  capilnlt>;-  ,  ceia  .y  certains  marchands  et  en 
qu’ils  üssen  ‘ *  bou,angers.  De  même  ceux  des  curiales 
particulier  ;ui.  ^  ^  supveil,ance  des  travaux  publics 
qgétaienlcl(ia  8  fajre  que  de  demander  le  concours 


ne  pml 


»•  r  v,aie  ,  ores  En  somme,  la  situation  parait  la  même 
aèsdendi'op  antin0ple  et  dans  les  provinces.  Les 
à  Rome’  constitués  en  collèges,  semblent  devenus 
commerça"  .  drninistration,  astreints  à  des  corvées 

des  organes  aei 

leur  metier. 

Pr"pre  n(ls  étaient  soumis  à  certains  impôts;  et 
LT  ÏÎIÛÎelndre  non  point  les  taxes  qui  frappaient 
r  'redises  comme  la  douane  ou  l'octroi,  mais 
,  Mi  étaient  prélevées  sur  la  profession  elle -meme. 

“  ’elmbre  étaient  peut-être  le  «marna»™.,  s'il  faut 
«S  avec  certains  auteurs,  ee  qui  ue  semble  pas  admts- 
;  un  droit  de  marché,  de  stationnement  sur  la  place 
ou  dans  les  magasins  qui  s. y  trouvaient Ce 
Il  e  t  certain,  c'est  que,  depuis  Alexandre  Sévere  ’, 
i  ressuscita  peut-être  d’anciens  impôts,  les  négociants 
Lient  tenus  de  payer  une  patente  nommee  aurum  nego- 
tiatorium  ;  seuls  les  commerçants  de  Rome  en  étaient 
exempts  L  Après  Dioclétien  un  nouveau  système  fut 
établi •  tous  les  artisans,  inscrits  sur  un  registre  malri- 
cule  spécial,  sous  le  nom  des  negotiatores ,  devaient  une 
.contribution  personnelle,  functio  auraria  \  pensio 
auraria 0  [curysargyrum],  qu’ils  répartissâient  entre  les 
différents  membres  de  la  corporation1.  Tout  ceci  a  été 
expliqué  ailleurs.  Le  siliquaticum  serait  un  impôt  du 
même  genre  perçu  en  partie  sur  le  marchand,  en  parlie 
sur  l’acheteur  8 .  R-  Cagnat. 

MERCATURA.  Le  Commerce.  —  I.  Grèce  avant  le 
viii0 siècle.  —  Nous  n’avons  sur  l’état  du  commerce  grec, 
dans  les  périodes  les  plus  anciennes,  celles  qu’on  nomme 
époque  prémycénienne  ou  troyenne  (2500-2000  environ) 
et  celle  qu’on  nomme  époque  mycénienne  (2000-1000  en¬ 
viron)1,  que  des  sources  archéologiques.  Les  sources 
linguistiques  et  littéraires  n’apparaissent  qu’avec  les 
poèmes  homériques  (1000-700  environ). 

Période  prémycénienne .  —  Elle  est  qualifiée  quel¬ 
quefois  de  période  troyenne  2,  parce  que  les  fonds  qui 
la  caractérisent  le  mieux  sont  ceux  des  cinq  premières 
villes  (particulièrement  de  la  seconde)  qui  se  sont 
succédé  à  Ifissarlik,  sur  le  sol  de  l’ancienne  Troie.  Ces 
fonds  ont  été  mis  au  jour  par  les  fouilles  de  Schliemann. 
La  population  des  premières  villes  de  Troie  n’était  pas 
de  race  hellénique.  Mais  la  civilisation  qui  a  régné  à 
Tcoie  a  laissé  des  traces  dans  d’autres  lieux.  On  a  trouvé 
des  fonds  analogues  dans  les  Cyclades,  à  Amorgos,  à 

ivulm.  Die stâdtische  Verfassung  d.  rôm.  Reichs ,  I,  p.  46  et  suiv.  ;  Hirschfeld, 
Anjionn,  p.  84  et  suiv.  ;  Liebenam,  Stüdteverwaltung.  —  2  Cf.  à  ce  sujet  Marquardt, 
'm'  financière,  p.  353  ;  Cagnat,  Impôts  indirects,  p.  147  et  suiv.  —  3  Vita 
r'  ‘  ~  *  Marquardt,  Op.  cit.  p.  298.  —  6  Cod.  Theod.  XIII,  t,  13. 
VII,  21,  3.  _  i  Ihid  Xü[  17.  cf  Godefroid,  ad  Cod.  Theod.  X,  I. 
~M  ,jaenat>  Impôts  indirects,  p.  148,  note  1. 

t  A  l  CH  y.  i  je  sujs,  p0ur  les  date9,  les  indications  de  Hall,  The  oldest 

Greece,  Studies  of  the  Mycenaean  âge,  London,  1901,  p.48  et  suiv. 
J  °rsch.  des  Altertli.  II,  Stuttgart,  1893,  p.  120  et  suiv.  -  3  Fouqué, 

I  ii  t'"  *  MS  éruPt‘ons,  Paris,  1879  ;  Beloch,  Griech.  Gesch.  Strasbourg,  1893-97, 
ùml  l  Gescl‘-  des  Altertli.  il,  p.  121.  —  4  Schliemann,  Ilios,  Stadt  und 

rro,nner’  Leipzig,  1881;  Troia,  Leipzig,  1884;  Bericht  über  die  A— 
m  Tr°ia  im  Jahre  -  -  ■  •  ■ 


l»natt 


--  1890,  Leipzig,  1891;  Cbr.  Tzountas  et  J.  Irving 

d  le  Mycenaean  âge,  London,  1897;  Hall,  Op.  cit.  p.  23;  Spcck,  Man- 
«jc/iL  <CS  AU,:Hh-  H.  P-  20,  210;  Beloch,  Op.  cit.  1,  p.  67-68.  -  3  Meyer, 
'fruit,??  A'terth-  ">  P-  122-123;  Hall,  Op.  cit.  p.  27;  Dumont  cl  Chapiain, 
I  e)  de  la  Grèce  propre,  I,  p.  19-42.  —  6  Meyer,  Ibid,  il,  126;  cf.  Hall, 


Mélos,  à  Santorin  (Théra)3  ;  en  Chypre;  sur  le  continent 
enfin,  près  d’Athènes,  à  Tirynlhe,  a  Mycènes,  etc.  Les 
instruments  et  les  armes  qu  on  a  trouvés  dans  ces 
stations  nous  révèlent  une  civilisation  intermediuii c 
entre  l’ûge  de  la  pierre  et  l’àge  du  métal  :  ce  sont  encore 
des  haches,  des  scies,  des  pointes  de  (lèches,  des 
peignes,  fabriqués  en  pierre  ou  en  os.  Mais  à  côte  de  tes 
ustensiles  primitifs,  on  remarque  aussi  des  couteaux, 
des  aiguilles,  quelques  bijoux  de  cuivre  v.  On  y  ren¬ 
contre  des  vases  de  cuivre  assez  grossiers;  ceux  du  fond 
de  Théra  5  révèlent  une  ornementation  florale  originale. 
Tous  ces  objets  sont  de  types  assez  semblables,  même 
dans  les  fonds  les  plus  distants  les  uns  des  autres  :  ceux 
de  Troie  et  ceux  de  Chypre  présentent  des  analogies 
frappantes  ;  bien  plus,  des  vases  identiques,  comme 
forme  et  comme  ornementation,  à  ceux  de  Troie  et  de 
Chypre  ont  été  découverts  dans  les  plus  anciennes 
nécropoles  d’Ëtrurie,  à  Tarquinii,  Vetulonia,  etc.  On  en 
a  conclu  que  ces  produits  ont  été  introduits  par  la  xoi<‘ 
commerciale  et  qu  il  devait  exister  dès  cette  époque  un 
commerce  de  mer  ®.  Cette  conclusion  est  défendable, 
bien  qu’elle  ne  puisse  être  pleinement  vérifiée1. 

En  comparant  les  produits  fabriqués  de  la  civilisation 
troyenne  à  ceux  d’autres  civilisations  antérieures  ou 
contemporaines  (Babylone  et  Egypte),  on  constate  que 
les  premiers  n'imitent  pas  les  seconds;  ils  sont  ori¬ 
ginaux  dans  leur  facture  et  leur  ornementation.  La  civi¬ 
lisation  troyenne  se  serait  donc  développée  d  une  manière 
autonome  et  en  dehors  de  toute  action  étrangère.  Le 
fonds  de  Chypre  fait  exception,  il  porte  seul  l’empreinte 
d’influences  orientales  (sémitiques)  8.  La  conséquence 
serait  qu’il  n’y  a  pas  eu,  dans  notre  période,  de  relations 
commerciales  entre  l’Orient  et  la  mer  Lgée.  Mais  il  fau¬ 
drait  établir  que  tout  commerce,  quels  que  soient  ses 
objets,  entraîne  nécessairement  des  imitations  dans  le 
domaine  de  la  fabrication  et  de  1  art  décoratif.  L  absence 
même  d’influences  orientales  dans  les  pays  égéens  à 
cette  époque  n'est  pas  établie  9.  11  est  probable  que  des 
relations  ont  existé  entre  l'Égypte  et  la  Grèce,  sinon  par 
la  voie  directe  d’Égypte  en  Crète,  du  moins  par  Chypre 
et  la  Palestine10.  Il  est  possible  que  les  Phéniciens  ne 
servissent  pas  encore  d’intermédiaires  a  ce  trafic.  A  plus 
forte  raison  faut-il  se  défier  des  tentatives  qu'on  a  pu  faire 
pour  reconstituer  les  formes  du  commerce  de  la  période 
prémycénienne  par  la  comparaison  des  formes  du  com¬ 
merce  dans  d’autres  civilisations  primitives11. 

Période  mycénienne  (2000-1000  environ ,2).  —  Mycènes 
fut  l’un  des  centres  principaux  de  la  civilisation  do 
cette  époque13.  Les  palais  de  Mycènes  et  de  Tirynthe, 
le  palais  de  l’acropole,  le  vieux  mur  aux  neuf  portes  et 

p.  144  et  s.  —  7  L'archéologie  ne  peut  guère  donner  davantage.  Sur  la  question 
de  méthode,  voir  V.  Bérard,  L'étude  des  origines  grecques,  Rer.  histor.  76  (19UI>, 
p.  14  et  suiv.;  Hall,  Op.  cit.  p.  13  et  suiv.  —  »  Meyer,  Op.  cit.  Il,  p.  126-127  ; 
Dumont,  Op.  cit.  p.  199  et  s.  ;  Pollier,  Catalog.  des  vases  du  Louvre,  p.  82  et  s. 
—  9  Ibid.  p.  126,  n.  1;  Beloch,  1,  71;  Hall,  p.  108  et  s.  143  et  s.  Pour  la  discussion 
détaillée,  voir  S.  Reinach.  Le  mirage  oriental,  dans  ses  Chroniques  d'Orient,  11, 
p.  509-565;  V.  Bérard,  Topologie  et  Toponymie  antiques,  dans  la  Revue  arcli.  1899, 
1900  et  1901  ;  la  Méditerranée  phénicienne,  dans  les  Annales  de  géographie,  1895, 
p  271  ;  E.  Pottier,  le  Palais  de  Minos,  dans  la  Revue  de  Paris,  mars  1902,  p.  179- 

197  _ io  Hall,  p.  145-147.  —  11  Spcck,  Uandelsgesch.  des  Altertli.  11,  p.  305  cl  s. 

_  12  Dates  approximatives.  On  peut  croire  que  la  civilisation  mycénienne  avait 

atteint  son  plein  développement  au  xv'  siècle  ;  cf.  Beloch,  1,84,  n.  3.  —  13  Ridgeway, 
The  early  Age  of  Grcece,  1,  Cambridge,  1901,  et  Reinach,  dans  Rev.  critique, 
XXXVI  1902,  p.  172-178;  Tzountas  et  Manatt,  The  Mgccnacan  âge;  Hall,  The 
oldest  civilisation  of  Greece  ;  Meyer,  Op.  cit.  H,  p.  128  cl  s.  ;  Beloch,  Op.  cit.  I, 
p.  76  et  s.;  Speck,  Op.  cit.  Il,  p.  24  et  s.  ;  Perrot  et  Chipiez,  Uist.  de  l'Art ,  t.  VI  ; 
Pottier,  Catalogue,  p.  181  et  s. 


MER 


—  174 


4  — 


MER 


plusieurs  tombeaux  d’Athènes  ;  les  ruines  (murailles, 
fondations  d’un  palais,  digue)  découvertes  en  Béotie 
dans  une  ile  du  lac  Copaïs,  et  à  ürchomène;  d’autres 
monuments  trouvés  dans  les  îles  de  Chypre,  de  Rhodes, 
de  Crète,  nous  fournissent  des  témoignages  intéressants 
sur  l’état  économique  de  celte  époque,  à  laquelle  appar¬ 
tient  aussi,  en  Asie  Mineure,  le  fonds  de  la  sixième  ville 
de  Troie1.  Ils  nous  révèlent  des  formes  de  civilisation 
qui  ont  régné  non  seulement  dans  le  monde  égéen,  mais 
jusqu’en  Asie  Mineure,  en  Syrie,  en  Égypte,  en  Sicile, 
dans  l’Italie  méridionale,  etc.  L’àge  de  bronze  a  com¬ 
plètement  supplanté  l’àge  de  pierre;  la  technique  de  la 
métallurgie  est  déjà  très  développée  2  :  des  bijoux,  des 
ustensiles  sont  faits  en  métal  coulé,  filé,  martelé  3(cuivre, 
or  etargent,  exceptionnellement  fer)  *.  L’art  delà  poterie 
s'est  aussi  fort  perfectionné.  L’ornementation  des 
ouvrages  de  métal  et  de  terre  est  puisée  à  une  inspira¬ 
tion  généralement  autochtone  s.  Mais  on  rencontre  aussi 
désormais  des  traces  indéniables  d'intluences  de  l’art 
décoratif  oriental  11  :  plantes  et  animaux  d’Orient, 
monstres  ailés  7  qui  apparaissent  surtout  dans  les  petits 
objets  (gemmes,  bagues,  travaux  d'ivoire,  d’or  plaqué, 
porcelaines,  verreries,  scarabées  égyptiens,  etc.)  8.  Ces 
influences  semblent  révéler  des  relations  fréquentes  de 
la  civilisation  mycénienne  avec  l’Orient9.  Babvlone  par- 
ticipait  certainement  à  ces  relations  (peut-être  par  l'inter¬ 
médiaire  des  Hétéens)10.  Mais  c’était  surtout  l'Égypte" 
qui  échangeait  des  produits  fabriqués  avec  les  Grecs, 
notamment  avec  ces  peuples  un  peu  énigmatiques  connus 
sous  le  nom  de  Keftiou  (gens  du  pays  de  Kàfit) 12,  que  les 
Égyptiens  confondaientà  tortavec  les  Phéniciens13,  qu’on 
a  voulu  récemment  identifier  avec  les  Ciliciens",  mais 
qui  ne  sont,  plus  probablement,  que  les  habitants  de  la 
lisière  nord  de  la  Méditerranée,  en  face  de  l’Égypte 
(Chypre,  Pisidie,  Lycie,  Crète)13. 

Le  commerce  mycénien  avait  gagné  aussi  les  pays  de 
l’Occident.  Des  produits  fabriqués  identiques  se 
retrouvent  à  Syracuse,  en  Étrurie,  jusqu’en  Portugal13. 

La  Crète  a  dû  tenir  une  place  prépondérante  dans  les 
relations  avec  les  étrangers.  Il  doit  y  avoir  un  fond  de 
vérité  dans  les  traditions  relatives  à  Minos  et  à  la  thalas- 
socratie  crétoise17.  Plus  tard,  le  centre  du  mouvement 
commercial  se  déplaça  et  passa  en  Argolide.  La  légende 
des  Argonautes  rappelle  les  tentatives  faites  par  les 
princes  d'Iolchos  pour  atteindre  l’Hellespont.  et  la  mer 
Noire18.  Troie,  qui  commandait  la  route  de  l’Hellespont, 


i  Helbig,  Das  homer.  Epos,  2f  éd.  1887  ;  Schliemann,  Mykenae,  Leipzig, 
1878;  Orchomenos ,  Leipzig,  1881;  Tyrins ,  Leipzig,  1886  ;  Schuchhardt, 

Schliemanns  Ausgrab.  in  Troja,  Tiryns ,  Mykenà ,  Orchomenos ,  Ithaka , 
im  Lichte  der  heutigen  Wissenschaft ,  2e  éd.  Leipzig,  1891  ;  Meyer,  Op.  cit. 
I,  p.  128-129,  183  et  s.  193,  198  et  s.;  Beloch,  Op.  cit.  I,  p.  67.  —  2  Meyer, 
I,  p.  157;  Hall,  Op.  cit.  p.  28.  —  3  Meyer,  Op.  cit.  Il,  p.  173;  Speek, 
Op.  cit.  II,  p.  212.  —  4  Beloch,  1,  p.  77.  Le  trésor  de  Priam,  que  Schliemann 
croyait  contemporain  de  la  deuxième  ville  de  Troie,  doit  être  de  l’époque  mycénienne  : 
Hall,  p.  17.  —  5  Furtwangler  et  Ldschcke,  Myken.  Vasen ,  Berlin,  1886. —  6  Beloch, 
I,  p.  78-79;  Meyer,  Op.  cit.  Il,  p.  173  et  suiv.  :  cf.  S.  Reinach,  Le  mirage  oriental 
( Chroniques  d'Orient ,  II,  p.  555  et  suiv.)  et  aussi  Hall,p.  34etsuiv.  —  7  Milchhofer, 
Die  Anfünge  der  Kunst  in  Griechenl.  1883  ;  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l  art ,  t.  VI  ; 
Meyer,  .Op.  cit.  II,  p.  175-176,  180.  —  8  Helbig,  Hom.  Epos,  p.  60  et  s.;  Hall, 
p.  116  et  s.,  186;  Meyer.  Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  200.  —  9  Meyer,  Wirths. 
Entwickelung  des  Alterth.  Iena,  1895,  p.  13;  Hall,  p.  30;  Pottier,  dans  la  Revue 
de  Paris ,  mars  1902,  p.  179  et  s.  —  10  W.  Wright,  The  empire  of  the  Hittites , 
2e  éd.  1886;  Di  Cara,  Gli  Hethei-Pelasgi ,  I,  Roma,  1894.  —  11  Hall,  p.  143  et  s. 
167-168  ;  Perrot  et  Chipiez.  VL  p.  991  ;  Pottier,  Catalogue ,  p.  203.  —  12  Revue  des 
Études  grecques,  1894,  p.  122-124.  Pour  la  forme  du  mot,  voir  Maspero,  Rev.  crit. 
d'hist.  et  de  litt.  XXXVI.  1902,  p.  63.  —  13  Cf.  Flinders  Petrie,  A  history  of  Egypt 
from  the  earliest  times  to  the  XVl^  dynasty,  London,  1894,  p.  13-15.  —  *4  Max 
Muller,  .1  sien  und  Europa  nach  aUüjypt.  Dmkmülern,  Leipzig,  1893,  p.  336  et 


devait  ètn 


re  aussi  une  place  de 
Mais  quelle  a  pu  être 


commerce  i 


emportante  n 


*  1  *  ****pvji  tcuiutî  Ut»  ne  . 

quelles  ont  pu  être  ses  directions  —  -  onartlerce 


importance  de 

o.  -,  .*  -.  --étions  et  ses  formes 9 

S  agit-il  des  routes  du  commerce  extérieur*"’ /  ' 
dire  du  commerce  du  monde  égéen  avec  I  s  à' 
l'Égypte)?  On  estime  généralement  que  W  .T?  et 
commerciales  empruntaient  surtout  la  voie  de  |  ^ 

petit  cabotage:  les  marchandises  arrivaient  ^ 
Égée  par  l’Asie  Mineure.  Les  rapports  Dnliti„  & 
Pharaons  d’Égypte  et  des  rois  des  cités  myEnn* 
ont  été  rares,  exceptionnels  même21.  D'autre 
petits  et  mauvais  navires  de  cette  époque  n'auraienl 
guère  permis  d’affronter  régulièrement  la  hante  mer» 
On  ne  s’expliquerait  guère  autrement  le  caractère  nul  ! 

nniïià  nr*i  c  nup  lo  1  î  o  o  l  i  /-v»-.  1 —  il  »  • 


.  i  •  •  i .  .  «  _  u u  10- 

nome  pris  par  la  civilisation  hellénique  dans  cerhin. 

AAr-l-AA  ,1 - l’!l  „  J  /-.I 


centres  écartés,  dans  Pile  de  Chypre,  par  exemple,  dont 
la  vie  se  développe  tout  à  fait  à  part23. 

Quels  étaient  les  intermédiaires  du  commerce  entre 

l’Orientet  le  monde  égéen?  Les  Phéniciens24  se  trouvaient 

naturellement  placés  sur  les  routes  continentales  du 
trafic,  et  des  témoignages  nous  révèlent  leur  entremise  I 
dans  l’importation  de  vases  mycéniens  en  Égypte25,  I 
Mais  il  est  possible  que  les  Phéniciens  liaient  eu  avec 
la  civilisation  mycénienne  qu’un  contact  superficiel  et 
qu’ils  n’aient  pas  pénétré  profondément  dans  l’intérieur 
de  la  mer  Égée26.  Sans  doute  le  commerce  de  celte  mer, 
entre  les  côtes  de  l’Asie  Mineure,  le  Péloponèse  et  les 
îles,  était  purement  grec  :  ainsi  s’expliquerait  l’absence 
d’éléments  étrangers  (spécialement  d’éléments  sémi¬ 
tiques)  dans  la  terminologie  de  la  nautique  grecque27  et 
l’ignorance  où  semblent  être  les  parties  les  plus  anciennes  ] 
des  poèmes  homériques  de  l'existence  de  navigateurs 
phéniciens  dans  la  mer  Égée  '28.  La  thalassocratie  phéni¬ 
cienne  ne  doit  guère  être  antérieure  au  xe  siècle-1. 

Mêmes  incertitudes  en  ce  qui  concerne  la  technique  du 
commerce.  Toutefois  l’on  peut  affirmer  que  la  vie  écono¬ 
mique  de  cette  époque  comportait  déjà  une  certaine 
spécialisation  et  une  certaine  division  du  travail,  indices  I 
d’une  civilisation  commerciale  relativement  avancée.  I 
Cela  résulte,  d’une  part,  de  l'habileté  professionnelle  dont 
témoignent  les  produits  de  l’industrie  locale, .  habileté 
que  n’atteindraient  guère  des  ouvriers  non  spécialisés,  , 
cela  résulte  aussi  d’autre  part  de  1  existence  (i  ' l  1 
ments  humains  de  forme  urbaine.  Tandis  qui  i'  - 1 1,1 
sements  humains  en  forme  de  villages,  de  h*1111"1 1 
de  domaines  isolés  sont  caractéristiques  des  ei\i  i-*'  10,111 


suiv.  -  15  Hall,  p.  161-105;  Maspero,  Notes  sur  différents  P0'"'s'^ 
d‘ histoire,  §  10  (dans  Recueil  de  travaux  relatifs  a  ^  ^  Mcyer.  Gesch. 


aodictseui.  lavi,  o.  « -  ,  ,  .i 

AUerth.*  éd.  Il,  27;  Hall,  p.  215.  -  «  Meyer,  Op.  cit.  -  P 


L’ 


tterth.*  éd.  Il,  27  ;  Hall,  p.  210. -  1  ’  ,  ,nm  I  n  18  et  suiv.--1 

Industrie  dans  la  Grèce  ancienne  Bruxclh^ h’omériqucs,  la 


d'Égvple  pas  sa  il  pour  un  exploit:  c'était  un  de  ces ^voyages  '  Beloejv 

peut  espérer  revenir  »,  Odyss.  111,  317  ;cf.Meyer,U  irths.E^  ^ 


Paris ,  mars 


égyptiennes  et  assyriennes,  l.  XVII,  Paris,  189o),  p.  138-.»-  337  ;cf, 

des  Alterth.  Il,  p.  208;  Hall,  p.  218.  -  17  Busolt,  Gnech  Gesch. 

Museo  italiano,  Il  (1888),  p.  089.  Sur  les  récentes  eco  c;  les  résumés  paf 

Evans,  dans  The  Annual  of  the  bristish  school,  t.  e  ’  c  etm oietw, 
E.  Pottier,  Revue  de  Paris,  février  et  mars  1902;  Id. ' VVacl,smulli,  Belle*- 

août  et  sept.  1902;  S.  Reinach,  Chronique  de  l  Art,  1  •  _  M  Francollc, 

-  -»  .û  Un^t,  fin  cit.  Il,  P*  XUv*  2)lla||, 


a  urece  ancienne,  .4,, -nues 

p.  ,81  et  suiv.  -  22  Beloch,  I,  72.  Jusque  dans  lesjennps , jns  „  drs'piel* ”c 


,,  72.  —  24  Hall,  p.  109  et'suiv.  ;  V.  Bérard,  »•*' 


au.  1».  iu»  «  ou*..,  - -  -  .  .  aenucw 

1902,  p.  194;  contra  Beloch,  Die  Phômsxe  ^ .  Reinacli,  U 

...  .  a!  r.s'iprh.  GeSCll.  *?  I  ,  ne 


nuu  Dciwtu,  .  ii). 

Ithein.  Muséum,  49  (1894),  p.  1 1 1  et  suiv.  ^dustrielle  dans  I  an‘"**e  i 


mirage  oriental,  p.  729  ;  Guiraud, 

Grèce,  Paris,  1900,  p.  5.  -  23Daressy  ^  ' dttdle P  ^  _  2C 

tare  égyptienne,  Rev.  arth.  3*  sér.  XXV 11  (1895),  P Mchichte 
-  27  Schrader,  Linguist.-histor.  Forschunyen  ^  H aM  Op  , 

Uunde,  lena,  1886,  1,  p.  43-45.  -  28  Beloch,  72-73,  74  n.^  ^  fl,  |,  p  -3, 
p. 2 1 , n.  1.-99  Hall, p. 235  ;  Potlier,  Op.c.  p.  19o.  - 


MER 


174t>  — 


ME.. 


•  niP,  les  villes,  groupements  plus  denses, 

1  •  11-  l  ~  font  nîlPQPfiipifi- 


Plirt'mpnl  ah  plus  éloignés  de  la  terre, 
plus  espam-;;  t^ations  commerciales. 


sont  caractéris- 
Les  villes  sont 


tiques  clV .^fî’origine,  des  groupements  d’artisans 
esSenliellenl,'u  ;  1 1  ^  goug  ja  protection  des  citadelles 
et  de  roarchan  Viciait  généralement  des  agglomérations 

niyc^iennes‘l!!T  . .  • 

en 

nopulal 


•peg  '.C'est  dire  qu’il  existait  aussi  une 
f0,me  ^  ivant  principalement  du  commerce.  EL  il  est 
pop^on  au  f°rmé’ comme  ie 
p0SS'  h  lins  historiens,  une  classe  a  part. 
peDSen  I  existait  à  cette  époque  tout  un  réseau  de 
Enfin’  ‘  ,  Ces  routes  étaient  établies  sur  un  substra- 
?0Ul6l  Varies  blocs  de  pierre  non  dégrossis;  elles  étaient 
lum.,  !"  *  étroites  (3  m.  58),  comportaientdes  pentes 
1181  l"l  ■  et  se  prêtaient  mieux  aux  transports  par 

SX™.™  a»-»"1  “nsp°rts  r:oUures'  ?usieurs 

de  ces  roules  rayonnaient  autour  de  Mycenes.  Les  unes 
ilnt  vers  Argos  et  Tirynthe;  d  autres  umssa.ent 
Plltraeon.  près  de  Mycènes,  à  cette  ville,  à  Cléonée,  Ténée 
et  Cori„the2;  ou  peut  encore  en  relever  les  vestiges 

dans  les  montagnes  de  1  Argolide. 

Nous  n’avons  pas,  d’ailleurs,  la  ressource  de  comparer 
,e  commerce  mycénien  avec  le  commerce,  mieux  connu, 
delà  période  suivante,  car  il  est  également  possible  que 
le  commerce  des  temps  homériques  marque,  par  rapport 
au  commerce  mycénien,  une  progression  ou  une  régres¬ 
sion.  Une  régression  paraît  pourtantplus  vraisemblable  3 . 

Temps  homériques  (xe-vm°  siècles).  —  Vers  le 
x'  siècle  av.  J.-C.,  la  civilisation  mycénienne  Lombaassez 
rapidement,  sans  doute,  sous  les  coups  des  envahisseurs 
doriens  b  Le  monde  grec  fut  profondément  troublé  par 


l’invasion;  l’essor  économique  et  commercial  en  fut 
ralenti;  des  éléments  de  civilisation  nouveaux  y  furent 
importés  par  les  nouveaux  venus,  d’ailleurs  beaucoup 
plus  rudes  que  les  premiers  maîtres  du  sol  6.  Pour  cette 
période  nouvelle,  caractérisée  par  des  éléments  écono¬ 
miques  ou  éthiques  inconnus  des  temps  mycéniens, 
nous  disposons,  en  dehors  des  sources  archéolo¬ 
giques,  de  sources  littéraires  et  linguistiques,  qui  laissent 
subsister  cependant  bien  des  lacunes  dans  notre  infor¬ 
mation  . 

Envisagée  sous  son  aspect  économique6,  notre  période 
a  pu  être  parfois  désignée  du  nom  de  moyen  âge  grec 
Comme  dans  l’époque  correspondante  de  l’histoire  de 
1  Europe  occidentale  (du  x°  au  xvc  siècle"),  les  poèmes 


1  Meyer ,  Gesch.  des  Alterlk.  Il,  p.  158-159.  —  2  S  le  (l'on,  Karten  von 
Dijkenai,  Berlin,  1884,  p.  8  cl  suiv.  —  3  En  ce  sens  Schuchhardl,  L.  c. 
-‘Perrot  et  Chipiez,  Hisl.  de  l’Art,  l.  VII;  Hall,  p.  221;  cf.  Meyer,  Gesch. 
'1rs  Alterth.  Il,  p.  282-283.  Ridgeway  ( Tlie  early  âge  of  Greece,  I,  Cambridge, 
19111  )  croit  flue  les  premiers  coups,  et  les  plus  décisifs,  portés  à  la  civilisa¬ 
tion  mycénienne,  l’ont  été  par  les  Achéens  (peuple  celto-germanique)  qui 

auraient,  dés  1  an  1300,  apporté  en  Grèce  le  patrimoine  de  la  civilisation  celtique 

de  1  Europe  centrale  (civilisation  hallslatticune1.  — -  5  Helbig.  Das  hom.  Epos, 

P-  a  v ,  p.  4/  et  s.  ;  Milchhôfer,  Op.  cit.  p.  91  et  suiv.;  Cauer,  Grundfragen  der 

mmrrtjc/ien  hritik,  Leipzig,  1895,  p.  179;  Hall,  p.  3G  et  s. *247.  —  6  En  géné- 
.  sur  le  commerce  des  temps  homériques,  voir  Cierson,  Schiff'ahrt  and  Handel 

^GnrcVn  in  der  homerischen  Zeit  (fihein.  AJ  us.  3"  sér.  XVI,  1801,  p.  82-114)  ; 

1^)”  Il  es  U  z  und  Ervierb  im  ç/riech.  Altert.  Halle,  1809,  p.  356-300; 

Ricd  111111  ^an^werk  und  Handwerlcer  in  den  homer.  Zeiten,  Erlangen,  1873; 

IX  r  <'a"S  rùr  das  bayrische  Gymnasial-  und  Realschulwesen, 

Iteali  ^  (13-174,  209-213;  Helbig,  lias  hom.  Epos ,  p.  1-93;  Buchholz,  Hom. 
1897  lù  '  *87 *-XS85  ;  Kums,  Les  choses  naturelles  dans  Homère  Paris, 

(1500  topologie  et  toponymie  antiques,  dans  Rev.  arcli.  XXXVI  à  XXXIX 

Alhrtl  1  ~~  ^cXer’  Gesch.  des  Alterth.  Il,  p.  291  et  suiv.  ;  Pôhlmann,  Ans 
10;  m  Gegenwart,  München,  1895,  notamment  n»  v.  —  s  Tbuc.  I,  5,  10;  11, 
des  ne  \  S  peup,es  1»'  ignorent  l’agriculture  sont,  pour  les  poèmes  homériques) 
Beau -U,'( ‘  Sz  lléP°urvus  à  Peu  Près  de  tout  lieu  social,  Odyss.  IX,  106  ;  BüchseuschiiU, 
Griech"c  E''Werb’  293  cl  s-i  Buchholz,  Hom.  Real.  11,  1,  p.  88-132  ;  Beloch, 
st  '■  E  p.  80-89;  Francolte,  Op.  cit.  I,  p.  12.  —  9  Meyer,  Gesch.  des 


nous  font  connaître  un  étal  économique  analogue.  Ces 
deux  époques  sont  des  époques  d’économie  agricole  et 
d’économie  domestique  :  c’est  l’exploitation  de  la  terre  et 
des  troupeaux  qui  fournil  aux  hommes  les  principaux 
moyens  de  vivre  (nourriture  et  vêtements)8.  Nous  y 
constatons  l’existence  de  groupements  autonomes  qui, 
au  point  de  vue  économique,  se  suflisent  à  eux-mêmes. 

A  leur  tète  se  trouvent  les  grands  propriétaires  fonciers, 
nobles,  qui  vivent  du  travail  de  leurs  subordonnés,  et 
qui,  en  revanche,  les  protègent  9  ;  au-dessous  de  ces  sei¬ 
gneurs  se  groupe  toute  une  population  de  laboureurs, 
de  fermiers,  d’ouvriers,  de  mendiants10,  les  uns  esclaves, 
les  autres  libres,  mais  absolument  dépendants  au  point 
de  vue  politique11 * * * * * * IX.  Le  groupe  produit  tout  ce  dont  il  a 
besoin  par  l’agriculture,  l’élevage  du  bétail  et  1  industrie 
domestique12.  C’est  dans  son  sein  seulement  que  se  pro¬ 
duit  une  division  rudimentaire  du  travail13.  Dans  cette 
population  à  demi  servile,  on  rencontre  de  bonne  heure, 
à  côté  des  cultivateurs,  des  artisans  (0-^10^701)  à  qui  le 
maître  confie  des  matières  premières  à  transformer  . 

Cetteorganisation  restreint  singulièrement  la  place  que 
peut  occuper  le  commerce  dans  la  société.  Pour  se  pio- 
curer  certaines  marchandises  que  1  économie  domestique 
ne  peut  fournir,  on  a  recours  au  vol  et  a  la  pirateiip  . 
l’importance  économique  des  razzias  et  du  brigandage 
ressort  à  chaque  instant  des  poèmes  homériques’ J.  Mais 
à  côté  des  moyens  violents,  commencent  à  s’établir  des 
moyens  pacifiques  de  mettre  en  rapport  les  divers  groupes 
entre  eux  et  avec  les  étrangers.  Le  commerce,  surtout  le 
commerce  de  mer,  prend  une  place  de  plus  en  plus  notable 
dans  les  parties  récentes  de  l’épopée  homérique16  et  l’on 
rencontre  des  marchands  de  profession  conformes  au  por¬ 
trait  qu’en  trace  Euryale11  [mf.rcator).  En  même  temps 
que  le  commerce  international,  se  développe  le  commerce 
intérieur.  Comme  le  moyen  âge  de  l’Europe  occidentale 
le  moyen  âge  égéen  voit  se  réaliser  une  émancipation 
progressive  des  agriculteurs  et  des  artisans,  qui 
acquièrent  le  droit  de  travailler,  non  plus  exclusivement 
pour  leur  groupe,  mais  aussi  pour  les  étrangers  à  ce 
groupe,  et  contre,  payement19.  L’émancipation  des 
oYjgioupY0'  grecs  et  celle  des  ministeriales  francs  suit  la 
même  évolution.  Les  cultivateurs  vendent  le  superflu  de 
leur  récolte;  les  artisans,  désormais  indépendants, 
peuvent  aller  chercher  fortune  là  où  on  a  besoin  de  leurs 
services20.  Cette  émancipation  n’entraîne  d  abord  que 

Alterth.  II,  p.  302  et  suiv.  ;  Francolte,  I,  p.  270  et  suiv.  —  '0  Mevcr,  M  irtlis.  Entw. 
des  Altertliums,  p.  15.  -  H  Helbig,  Das  hom.  Epos.  p.  15.  -  12  Division  bien 
faible  encore  :  Paris  construit  lui-méme  sa  maison,  (//.  VI,  313  et  suiv.);  Eumée 
fabrique  ses  chaussures  (Odyss.  XIV,  23)  et  bâtit  de  ses  propres  mains  une  étable 
pour  ses  porcs  (Odyss.  XIV,  5).  «  Le  charron,  dans  Homère,  doit  commencer  par 
èlre  bûcheron,  car  il  faut  qu’il  aille  d’abord  abaltre  les  arbres  dont  il  fera  du  bois. 

H  485-486  ;  Guiraud,  Main-d’œuvre  industrielle,  p.  19-20.  —  '3  H.  IV,  lOo  ;  Ud. 
III  436  ;  Francolte,  1,  p.  277.  -  H  En  général,  voir  Riedenauer,  Handwerk  und 
Handwerlcer  in  den  hom.  Zeit.  p.  10  et  suiv.  76  et  passim  ;  Büchsenschütz,  Op. 
cit.  p.  264  et  s.;  Drumann,  Arbeiter  und  Commun  isten,  Künigsberg,  1860,  §  0; 
Beloch,  Griech.  GeschA,  p.  89-90;  Buchholz,  Hom.  Real.  Il,  I,  166;  Francolte, 
Op.  cit.  L  p.  273-278.  —  «  Od.  XVII,  288  ;  XX,  <8,  etc.  ;  Thuc.  I,  5  :  «  W..tl| 

,zàUov  zioz.oJaSa!  v«u„ïv  ht'  iU8Xouî,  iïjàHovto  Xjcniav  ».  De  même,  Eratos- 

thenes,  dans  Strab.  1,3,2:  «  toi*  ifjraiotdrtou;  *X«Tv  »«’,  «av*  Xii|<rt»!«v  r,  luito^av . 

Pierson,  p.  83-84;  Hüllmann,  Handelsgeschiclite  der  Griechen,  1839,  p.  2. 
_  IG  Schrader,  Op.  cit.  I,  p.  68  et  s.;  Meyer,  Wirths.  Entw.  p.  17-18.  —  n  Od. 
Vlll  162  et  s.  —  *s  Sur  l'évolution  qui,  dans  le  moyen  âge  germanique,  substitue 
au  «  servire  in  opéré  domiuico  »  le  «  foro  venalium  rcruni  studere  »,  voir  par 
evemple  Maurer,  Gesch.  der  Staedteverfassung  in  Deutschland,  Erlangeu,  1869-71, 
1  p  318  et  s.  ;  Gesch.  der  Fronhnfe,  der  Bauemhôfe  und  der  Hofverfassung  in 
Deutschland,  Erlangeu,  1862-63,  I,  p.  180  et  s.  193,  206  et  s.  —  19  Riedenauer, 
Handwerk  und  Handwerker,  p.  13;  Buchholz,  11,  1,  p.  105.  —  20  Od.  Vlll,  161 
et  s  •  XVII,  381  cl  s.;  cf.  Bérard,  Topologie  et  toponymie  antiques  (Rev.  arch. 
XXXVH1,  1901),  p.  96. 


MER 


—  1710  — 


des  échanges  limités,  qui  s'effectuent  sans  intermédiaires, 
au  moyen  de  rapports  directs  entre  consommateur  et 
producteur  (ocu-roTtwAix-q).  Mais  il  y  a  aussi  parfois  des 
échanges  qui  se  réalisent  par  des  intermédiaires 
(gsTaêÀTiTixr,).  Ainsi,  aux  groupes  économiques  fermés 
de  l'époque  ancienne  commencent  à  se  superposer  par¬ 
fois  des  cercles  économiques  plus  larges,  nationaux  et 
même  internationaux;  ainsi  apparaissent  certaines 
relations  commerciales.  Mais  il  ne  faut  pas  en  exagérer 
l'importance  ni  les  progrès.  Ce  commerce  reste  très  rudi¬ 
mentaire.  Sur  le  bouclier  d'Achille,  où  sont  représentés 
tous  les  moments  importants  de  la  vie  humaine,  il  n'y  a 
pas  d’image  du  commerce  ni  de  la  navigation  '.  La  ter-  ' 
minologie  commerciale  des  poèmes  homériques  est 
maigre  et  embarrassée. 

On  n’y  trouve  même  pas  de  termes  propres  s’appli¬ 
quant  au  commerce  et  aux  commerçants.  Le  mot  ’Égiropcç 
qui  désignera  plus  tard  le  grand  négociant  ne  désigne 
dans  Homère  que  celui  qui  voyage  sur  mer  dans  un  vais¬ 
seau  étranger  ;  et  ce  n  est  que  tardivement  que  le  mot 
-p-fl?'.;  s’applique  exactement  au  commerce  3.  Les  mœurs 
s’accommodent  mal  des  expéditions  lointaines  et  des 
voyages  aventureux.  On  regarde  comme  un  malheur  de 
s’éloigner  de  son  foyer  *.  Il  n’y  a  que  les  risque-tout, 
les  inquiets,  ou  ceux  qui  n’ont  rien  à  perdre,  qui  cher¬ 
chent  la  richesse  dans  les  entreprises  lointaines  5.  On 
les  redoute  et  on  les  dédaigne  ;  on  tient  leur  métier  pour 
peu  honorable6. 

Objets  du  commerce.  —  Le  médiocre  développement  du 
commerce  aux  temps  homériques  apparaît  plus  nette¬ 
ment  encore  si  l’on  examine,  en  suivant  les  sources, 
quels  sont  les  objets  de  ce  commerce,  les  hommes  qui 
l’exercent,  ses  formes,  son  outillage  et  les  moyens  de 
transport  dont  il  dispose. 

Chaque  groupe  ne  demande  aux  étrangers  que  les 
choses  que  1  agriculture  et  l’industrie  domestique  sont 
hors  d’état  de  produire  :  ce  sont  naturellement  des  pro¬ 
duits  exotiques  ou  certains  objets  de  fabrication  diffi¬ 
cile.  Il  ne  peut  leur  céder  en  échange  que  ce  qu’il  pro¬ 
duit,  c'est-à-dire  essentiellement  des  denrées  agricoles 
et  des  matières  premières.  On  importe  donc  des  objets 
fabriqués;  on  exporte  des  produits  agricoles.  Les  poèmes 
homériques  font  implicitement  cette  distinction  entre  le 
commerce  d’importation  et  celui  d’exportation  :  il  n’y  est 
pas  question  d’exportations  grecques  portant  sur  des 
objets  fabriqués  \  Ceux-ci  sont  toujours  importés  de 
l’étranger  ou  échangés  dans  le  cercle  du  monde  égéen. 

1  Pierson,  p.  97;  Helbig,  p.  396.  —  2  Buchholz,  II,  I,  p,  172;  Schradcr, 

I,  p.  73.  —  3  Schrader,  I,  p.  63-G4,  73.  —  4  il.  Hf  292;  Od.  Ni,  313;  I,  217; 
Bérard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée,  Paris,  1902,  p.  69.  —  h  Helbig,  Hom. 
Epos,  p.  396-397;  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  365.  —  6  Od.  VIII,  161  et  s. 

—  1  Helbig,  p.  17,  n.  11  ;  Buchholz,  II,  1 ,  p.  172.  —  3  Buchholz,  II,  1,  p.  193  et  s.  ; 

206  et  s.;  Ridgeway,  p.  294,  594  et  s.  —  9  Beloch,  dans  Hiv.  di  Filologia,  H 

1873),  p.  42-63;  Griech.  Gesch.' I,  p.  80;  Buchholz, II,  1,  p.  211;  Helbig,  p.  329- 
330;  Pierson,  p.  99;  Schrader,  licallexikon  der  indogerm.  Altertumskunde 
(Strasbourg.  1901),  I,  p.  176  et  s.  —  10//.  XIII,  577;  XXIII,  808;  Helbig,  p.  18. 

—  11  La  Thrace  importe  en  Grèce  des  coupes  (II.  XXIV,  234);  Ménélas  a  reçu  un 
vase  d  argent  du  roi  de  Sidon  Phédimos  (Od.  IV,  617);  Achille  en  possède  aussi 
un  qui  vient  de  Phénicie  (II.  XXIII,  743)  ;  voir  toute  la  description  du  mobilier  de 
Ménélas  (Od.  IV,  125-132),  Riedcnauer,  p.  118  et  s.  —  12  Helbig,  p.  266;  Guiraud, 
Afain-d  œuvre  industrielle ,  p.  11.  —  13  Schrader,  Handelsgesch.  I,  p.  71  ;  fteal- 
lexikon,  II,  p.  993;  Bérard,  Rev .  arch.  XXXVIII  (1901),  p.  404  et  s.  ;  XXXIX  (1901), 
p.  93  et  s.  ;  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée ,  p.  439  et  s.  —  H  Od.  IV,  73  ;  VIII,  404,  etc. 

—  lo  Selon  Schrader  (Handelsgesch.  und  Waarenkunde ,  I,  p.  71  ;  Reallexikon,  I, 
p.  180;  Tier  und  Pflanzengeographie,  p.  12,  le  mot  eXéœ a$  qui  désigne  l’ivoire 
chez  Homère  serait  le  mot  égyptien  àb,  Abu ,  éléphant  et  ivoire  (latin  ebur),  précédé 
de  I  article  sémitique  hal.  \oir  aussi  Lieblein,  Handel  und  Schiffatirt  auf  dem 


MER 

Les  produits  fabriqués  que  les  textes  si  , 
souvent  comme  faisant  robjeld’échanJ  £** le  Plus 
de  métallurgie.  La  civilisation  de  l\L0f  esan>des 
marque  une  phase  de  transition  entre  imV?  homérique 
Ttise  do  fer.  Le  fer,  inconnu  des  par  ‘f 
V Hiode,  apparaît  de  plus  en  plus  fréquence!?6""68  de 
les  parties  récentes  de  ce  poème,  et  dans  lYw  dans 
côté  de  l’or,  de  l’argent,  du  plomb,  de  l’étain  $1*' 1 
RüMj.  Mais  le  bronze  est  encore  beaucoup  plus  1  ,  "E"' 
°n  échange  surtout  des  armes  offensives  /?,^9’ 
l’hrace)  *®  et  défensives,  puis  des  ustensiles"  J?®®  de 
d’orfèvrerie,  des  bijoux12,  des  verroteries  'et  de, 
non  travaillés  de  fer,  de  bronze,  d’étain  (xx  J  .  T* 
lui-ci  sans  doute  de  provenance  syrienne  rnn?  ’ Ce' 
nom  l’indique  ».  Après  les  métaux,  L  S””' « 
les  plus  fréquemment  cités  sont  l'ivoire  11  sans  j"86 
importé  d’Égypte  par  l'intermédiaire  des  Phéniciens V  J 
l’ambre  (-^sxrpov)  les  huiles  parfumées  d’Orient 11  1  ’ 
étoffes  et  les  vêtements  teints  en  pourpre  16  provenant  des 
fabriques  de  Sidon  ,9.  Puis  viennent  les  produits  du  sol  et! 
les  matières  premières  :  le  vin20,  le  froment 21 ,  le  bois  (pour 
les  navires)22,  les  peaux  de  bêtes,  le  bétail,  les  esclaves». 
Dans  le  port  de  2upfï|  (Syra?),  tandis  que  les  Phéniciens 
se  défont  de  leur  pacotille,  leur  navire  se  remplit  de 
viandes  (ÇfoToç,  en  latin  vietus,  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
vie2*)  :  «  èv  v»)i  yXatpupr|  (ft'oTov  ttoXuv  ÊgTtoÀdamo 25 ».  Au  fur 
et  à  mesure  que  l’agriculture  se  perfectionne,  elle  four¬ 
nit  au  commerce  de  nouveaux  éléments  :  c’est  par 
exemple  l’huile,  rarement  citée  dans  V Iliade,  mais  citée  à 
chaque  instant  dans  l 'Odyssée™-,  ce  sont  les  fruits  des 
arbres  (pommes,  poires,  grenades,  figues,  etc.)21. 

Intermédiaires  du  commerce.  —  Le  commerce  de 
notre  époque  est-il  aux  mains  des  Grecs  ou  aux  mains 
des  étrangers  ?  Il  est  certain,  malgré  de  récentes  contra¬ 
dictions28,  que  les  Orientaux,  notamment  les  Phéniciens, 
jouent  un  rôle  prépondérant  en  cette  matière29.  Les  temps 
homériques  coïncident  avec  la  thalassocratie  phéni¬ 
cienne  30,  qui  n’était  qu’à  ses  débuts  au  temps  de  la  civi¬ 
lisation  mycénienne,  mais  qui  atteint,  à  partir  du 
xc  siècle,  son  plein  essor.  La  linguistique  en  fournit  la 
preuve.  On  rencontre  en  effet  dans  l’épopée  homérique 
un  très  grand  nombre  de  mots  empruntés  aux  langues 
sémitiques,  et  ce  sont  précisément  les  mots  qui  désignent 
les  objets  usuels  du  commerce  (/itwve;  =  en  hébreu  ke- 
tonet 31  ;  ô0dvat  =  ethûn  32  ;  /oued;  =  chàrùs ;  xàvs&v  = 
kaneli,  etc.33).  Or  c’est  une  loi  presque  sans  exception  de 
l’histoire  économique,  que  tout  peuple  commerçant  qui  a 


Uothen  Meere  in  allen  Zeiten ,  Christiania,  (586,  p.  69.  16  ) ’’  j 

XVili,  -295;  Bérard,  lier.  arch.  XXXIX  (1901),  p.  215;  Waldmann,  Der  * 
im  Alterthum ,  Fellin,  1883.  —  17  Helbig,  p  158,  n.  9  et  10;  Pierson.  ^  ^ 

—  t8  Les  Grecs  de  celle  époque  ne  paraissent  pas  avoir  su  teindre  en  |’  !  ^  ^ 
poèmes  homériques  n'attribuent  ce  talent  qu'aux  femmes  de  Méonic  et  . 

IV,  141;  cf.  Pierson,  p.  104.  —  13  Riedenauer,  p.  83;  Hüllmann,  /  ■ 

der  Griech.  p.  88;  Helbig,  p.  19;  Bérard,  Rev.  arch.  XXXMH  0  ■lll|  "j| 

Les  Phéniciens  et  l'Odyssée ,  p.  414.  —  20  Bérard,  Rev.  aille  ■  n  Ibid. 

p.  214;  Pierson,  p.  1 00 .  — 21  Bérard,  Rev.  arch.  XXXMH  (1901),  P-  1 _ ç;c|irader, 

XXXVIII  (1901),  p.  110.  -23  H.  Vit,  472-475  ;  XXI,  40  ;  XXIII,  U“0']  ~nirien>  et 
Handelsgesch.  70;  Bérard,  Rev.  arch.  XXXVIII  (1901),  p-  16®,  '  |  ,  g?. 

l'Odyssée,  p.  389.  -  25  Od.  XV,  446  et  450.  -  26  Beloch,  Gr.  Gesc  . ■ 

-27  Od.  VII,  115;  XXIV,  246,  310.  —  28  Beloch,  Rie  Phântker 

Meer ,  Rhein.  Mus.  1894,  p.  1 1 1  et  suiv.  —  29  Hermann-Bliimner.  Priva  3  )4 

p.42i,  n.  4;  Büchsenschütz,  p.  359  ;  Pierson,  p.  109;Movcrs,  I 

s.  ;  Schrader,  I,  69;  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  II,  p-  308  et  s. ,  ’  ^  jjev.  de 

Speck,  II,  p.  310.  —  30  Bérard,  Les  Phéniciens  et  les  poèmes  homn  '  (0i .  j(erej-, 

l'hist.  des  religions,  XXXIX  (1899),  p.  173-228  et  419-400.  -  3_*  Hc^  P pc|, rJder,  f 

Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  308.  —  32  Cf.  Helbig,  P-  ,r0’ 

p.  71-72. 


—  1747 


MK  H 


mer 


lralic  d’une  civilisation  moins  avancée 
l'héK«inon"'  '  ^,ie.ci  ]a  terminologie  technique  de  son 
importe  cWt  ^  lingUistique  nous  fournit  encore  les 


Couver  les  anciens  comptoirs  phéniciens 
moyens1^'  11  ^  lrèg  grand  nombre  les  côtes  liellé- 
q"'  'ïtllTTLs  noms  sémitiques  se  retrouvent  sous  les 
niques  ‘  les  Grecs  leur  ont  fait  subir  ou  sous 
ldéf0rmïrr qu’ils  y  ont  accolés  3.  L’étude  des  sites  et 
leS  d°U  ’  Ils  (topologie  et  toponymie)  permet  de  déga- 
dC  eîa  celle  matière  des  résultats  précis.  L’activité  des 

Phénicie 

trouve 
Ithaque 


ns  détend  dans  tout  le  monde  grec;  on  les 


partout,  en  Égypte,  en  Crète,  à  Lemnos,  a 
;  et  jusque  dans  les  mers  de  l’Ouest,  car  il  est 
.  J,  au’ils  touchent  aux  îles  Ioniennes  5.  Us  ne  se 
P'°  (  à  débarquer  sur  les  côtes,  mais  on  les  trouve 

"rr^l^peu^ree^rcadie);.  Ils  ne  se 
Intentent  pas  du  rôle  d’intermédiaires  entre  les  produc- 
i  ,rs  et  les  consommateurs;  mais,  producteurs  dix¬ 
ièmes,  ils  écoulent  chez  les  Grecs  les  produits  de  leur 
industrie  7.  Le  peuple  phénicien  est  à  peu  près  le  seul 
peuple  commerçant  que  connaisse  Ylliade.  L'Odyssée 
cite  en  outre  les  Taphiens  ou  Téléboens  8  que  l’on  a 
même  parfois  prétendu  identifier  avec  les  Phéniciens  9. 
De  toute  façon,  le  commerce  du  monde  égéen  est  un 
commerce  où  les  Grecs  jouent  un  rôle  passif.  Plus  encore 
peut-être  que  dans  la  période  précédente,  le  trafic  inter¬ 
national  passe  par  des  mains  étrangères. 

Les  Grecs  ne  sont  pas  cependant  exclus  de  toute  parti¬ 
cipation  au  commerce  l0.  Ainsi,  pendant  le  siège  de  Troie, 
des  vaisseaux  hellènes  de  Lemnos  viennent  vendre  du 
vin  aux  Achéens11.  Les  Achéens  exportent  aussi  du  vin 
de  Thrace12.  Mais  c’est  là  un  trafic  que  les  occasions  (le 
siège  de  Troie  en  l'espèce)  suscitent  seules.  Il  semble 
bien,  en  tout  cas,  que  les  marchands  grecs  ne  se  hasar¬ 
dent  guère  hors  de  la  mer  Égée,  et  que  le  monde  hellé¬ 
nique  n'est  en  rapports  réguliers  avec  l'Orient  que  par 


les  Phéniciens. 

Formes  et  outillage  du  commerce.  —  Le  commerce 
affecte  presque  exclusivement  la  forme  d'un  commerce 
de  troc.  Les  Achéens  échangent  du  vin  contre  du  bronze, 
du  fer,  des  esclaves13  ;  les  Phéniciens  troquent,  en  Syrie, 
des  produits  agricoles  contre  de  l’or  et  de  l’ambre  14  ; 
Mentes,  roi  des  Taphiens,  entreprend  un  voyage  pour 
échanger  du  fer  contre  du  cuivre15.  Comment  s’effec¬ 
tuent  les  opérations  du  troc?  A  peu  près  comme  elles 
s  effectuaient  lorsque  les  premiers  marchands  espa  gnols 


abordèrent  en  Amérique  ou  lorsque  les  premiers  mar¬ 
chands  portugais  abordèrent  dans  l’Hindoustan.  Quand 
les  bateaux  phéniciens  chargés  de  camelote  (bijoux,  bi¬ 
belots,  etc.  —  YjUpt  ’igovTîç  àO’jpfirrx)  16  abordent  au 
rivage  où  ils  veulent  commercer,  leurs  chefs  engagent 
des  relations  pacifiques  avec  le  roi  du  pays  en  lui  faisant 
des  présents11.  Puis  on  débarque  ;  on  étale  les  pacotilles, 
en  s’efforçant  d’allécher  les  clients  ’8.  Les  indigènes 
accourent  ;  les  femmes  surtout  dévorent  des  yeux  toutes 
ces  merveilles  qu’elles  ne  connaissent  pas  et  elles  les 
palpent.  Souvent  les  traitants  et  les  indigènes  ne  se  com¬ 
prennent  pas.  L’acheteur  montre  au  marchand  1  objet 
qu'il  offre  en  échange  du  bibelot  qu’il  désire;  et  le  mar¬ 
chand,  d'un  signe  de  tète,  fait  connaître  son  assentiment 
ou  son  refus13.  Les  petites  îles  voisines  de  la  terre  ser¬ 
vent  d’appontements  et  d'entrepôts  pour  ce  commerce 
de  troc  20. 

On  se  sert  déjà,  il  est  vrai,  de  poids  et  de  mesures1, 
peut-être  empruntés  à  la  Syrie,  par  1  intermédiaire  des 
Phéniciens22  ;  mais  il  n’y  a  pas  encore  de  monnaie  mé¬ 
tallique  :  comme  dans  la  plupart  des  civilisations  agri¬ 
coles  primitives23,  on  utilise  les  tètes  de  bétail  comme 
étalons  de  valeur  et  instruments  communs  d’échange 
pecunia]  2t.  On  paie  quatre  bœufs  une  femme  esclave 
sachant  bien  travailler  23.  On  commence  aussi  à  se  ser¬ 
vir,  dans  le  même  but,  de  lingots  et  d’ustensiles  métal¬ 
liques  (trépieds  et  chaudrons  :  XeSr,T£?  2(1  :  un  grand  tré¬ 
pied  de  bronze  est  estimé  douze  bœufs21. 

Les  instruments  de  transport  sont  assez  rudimen¬ 
taires  28.  La  plupart  des  transports  doivent  s’effectuer  à 
dos  d'hommes  ou  de  bêtes  de  somme.  Cependant  l’on  se 
sert  aussi  de  petites  voitures  à  deux  ou  à  quatre  roues 
(àu.odjcu  ou  7.7vqvxi),  analogues  sans  doute,  dans  leurs  par¬ 
ties  essentielles  (caisse,  essieu,  roues  et  joug),  aux  chars 
de  guerre29.  Elles  sont  tout  en  bois;  seul  le  cercle  des 
roues  est  en  métal30.  Elles  sont  tirées  par  des  mulets  ou 
des  bœufs31.  Les  routes,  que  le  moyen  âge  grec  a  héri¬ 
tées  de  l’époque  mycénienne,  ne  permettraient  guère  le 
passage  de  véhicules  plus  volumineux.  Ces  routes  sont 
souvent  citées  dans  les  poèmes  homériques32.  Les  émis¬ 
saires  d’Ulysse  chez  les  Lestrvgons  trouvent,  en  débar¬ 
quant,  une  route  frayée  (Xsrqv  ôSbv)  3!.  Télémaque  fait  en 
voiture  le  voyage  de  Pylos  à  Sparte 3V.  Cela  ne  prouve 
pas,  on  l'a  remarqué35,  qu’il  existât  dès  lors  à  travers  le 
Taygète  une  route  accessible  aux  cbars  (il  n'y  en  a  pas, 
même  de  nos  jours)36,  mais  cela  prouve  au  moins  que 


4o'r’  par  exemple,  comment,  au  moyen  âge,  l’Europe  occidentale  a  emprunté 
moiulo  arabe  sa  langue  commerciale,  et  comment,  de  nos  jours,  les  Arabes 
I  deM0'0111  ^  *an^uc  coni,Tierciale  de  l'Occident,  dans  Grassholï,  Das  Wechselreclil 
__  2  F’,1'"''  'lcr''n.  1899.  P-  6  et  2;  Bérard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée,  p.  27,  29. 
Hall  r,-'  arcb'  XXXVIII,  1901,  p.  119.  —  3  Nombreux  exemples  dans 
«ici,  surloul  ''ans  Bérard,  Topologie  et  toponymie  antiques  ( Les  Phé- 

Itorard  e‘l  °dyssée'1’  L-  c-  passim.  —  4  Od.  XV,  482  ;  11.  XIII,  745  ;  Helbig,  p.  19  ; 
"“terard''  notamment  XXXVII,  1900,  p.  285  et  s.  -  5  Hall,  p.  235. 
Veriefcrv'  ^es  cultes  arcadiens,  Paris,  1894.  Voir  aussi  Giitz,  Pie 

P' 21  et  s'  ^f6  Dienste  des  Welthandels,  Stuttgart,  1888,  p.  105.  —  7  Helbig, 

|  n«nie«  a  ®c«lr*der,  1,  p.  69,  note.  —  9  Oberhummer,  Phônizier  in  Achar- 

j  ''l0Biiclili  i',S|,<C^  ZUT  Kolonial-und  Handelsqesch.),  Munich,  1882. 

—  u  a  y r r  ))  L  ''L  Pierson,  p.  86  et  s.;  Hermann-Bliimner,  p.  421,  n.  3. 

I  C«c/i.  I  oo’sT  Cl  S'  ~  12  1L  IX’  71’  ”*  13  1L  V11-  m~m  !  Beloch,  Griech. 

emtio ne'd  ■’  b^lradci’  h  P-  125;  Buchholi,  11,  1,  p.  171  ;  cf.  Just.  List.  III,  23  (I)e 
"  ~  44  0d ■  XV>  403-  —  15  Jbid-  L  182-184  :  vffv  S  ...Si  Sùv 
I  11  p  J,  £ ayui  S’aiHwva  iri$rtpov  ».  —  I*’  Ibid.  XV,  416. 

XV,  460-463  '  i||M  •  18  ^cllra(lcr,  p.  69-70;  Büchscnschiiti,  p.  365.  —  19  Od. 

d  !'0dyss,;e  ,  j10l'ard.  Rev.  arch.  AXXV1I,  1900,  p.  30  et  s.  ;  Les  Phéniciens 
w.  1,204  (pour  1*'J'  S:  Schradcr>  L  P-  «4»;  Buchholi,  11,  I,  107  (pour  le  grain); 
Héloponcsc  au  ""  '**IX  Pri’0UMIXi*  —  22  On  attribue  leur  introduction  dans  le 
'I  Aigos  Phédon,  qui  vivait  vers  le  milieu  du  vnr  siècle,  llerod. 


VI  127;  Hall,  p.  287.  Mais  leur  usage  en  Asie  Mineure  el  dans  les  iles  pouvait  être 
sensiblement  plus  ancien.  Kadel,  La  Lydie  et  le  monde  grec  au  temps  des  Merm- 
nades,  Paris,  1893,  p.  155  et  s.  —  23  Anciens  Perses  :  Zend-Aresta ,  tr.  J.  Ilarmes- 
teter,  11,  p.  50,  106  et  1 16  ;  Germains:  Brunner,  Deutsche  Rechtsgesch.  I,  p.  57  ;  Celles; 
D’Arbois  de  Jubainvillc,  Études  sur  le  droit  celtique,  1,  1895,  p.  335;  Romains  ;  Sam- 
wer,  Gesch.  des  aelteren  rômischen  Milnzwesens,  1883,  p.  14;  et,  en  général,  Post, 
Grùndriss  der  ethnolog.  Jurisprudenz,  Oldenburg  etLeipiig,  1895.  II,  p.  597  ;  llwof, 
lauschhandel  und  Geldsurroyate  in  alter  und  neuer  Zeit,  Graz,  1882;  Babclon. 
Les  origines  de  la  monnaie,  Paris,  1897,  p.  24-31.-24  Encore  au  temps  de  Polydoros, 
roi  de  Sparte  :  Paus.  III,  12,  3.  Voir  aussi  Hermann-Bliimner,  p.  446:  Beloch,  Griech. 
Gesch.  I,  86;  Büchsenschüti,  Besitz  und  Eru'erb,  p.  465  et  s.  Les  lois  de  Hracon 
fixaient  encoreen  têtes  de  bétail  le  tarif  des  amendes.  Poil.  IX,  61.  —23  y/.JXXlll,  705; 
Beloch,  Op.  cit.  1,  86;  Bahelou,  p.  25  et  s.  —  26  II.  IX,  263;  XXUI,  259,  264,  485. 

_ 27  II  XXIII  703.  _ 28  Grashof,  Ueber  das  Fukrwerk  bei  Homer  und  Hesiod 

(Programm-Düsseldorf,  1846);  Buchholi,  U,  I ,  p.  217-239;  Helbig,  p.  125-156. 
_  59  Hermaun-Blümner,  p.  482;  Helbig,  p.  145.  —  30  Buchholz,  11,  1,  p.  218,  n.  2. 
—  31  Mulets:  II.  XXIV,  150,  179,  189,  etc.;  Od.  VI,  37,  68.  etc.  ;  bœufs:  II.  XXIV,  782. 

_ 32  Riedenaucr,  Handwerk  und  Handwerker,  p.  5V  ;  Buchholi,  11,  l,p.  170;  II. 

XV  679-682;  XXII,  145-146,  etc.  — 33  Od.  X,  103  :  ot  8  utoev  IxSixvte;  Xe(t;v  ôSôv,  f.iup 
ajia;at  a.<rrj8’  4o’  uivfxùiv  ôplwv  xnTayiveov  vXi;v  ».  —  34  Od.  111,  486-497.  —  3o  Be¬ 
loch,  1,  p.  90-9 1 .  —  36  Bérard,  La  Pylos  homérique,  Rev.  arch.  XXXVI,  1900,'p.  348. 
Voir  Ibid.  p.  364  cl  s.,  la  restitution  proposée  de  la  roule  suivie  par  Télémaque. 


MER 


1718  —  ' 


MER 


l'on  pouvait,  en  d’autres  parties  de  la  Grèce  et  en  Asie, 
effectuer  d'assez  longs  trajets  en  voiture. 

L’outillage  de  la  navigation  n'est  pas  moins  impar- 
ait 1 .  Les  navires  de  commerce  (vTjeç  (popriSs;),  bien  que 
plus  larges  et  plus  stables  que  les  navires  de  guerre, 
sont  cependant  de  dimensions  trop  faibles 2  pour  per¬ 
mettre  régulièrement  les  traversées  de  haute  mer.  Ils  na¬ 
viguent  lentement  le  long  des  côtes,  le  plus  souvent  à  la 
voile,  quelquefois  à  la  rame  3,  seulement  de  jour  *  et 
par  le  beau  temps.  Les  vents  contraires  arrêtent  les  ma¬ 
rins  pendant  des  semaines  et  des  mois  5,  et  c'est  une 
opération  hasardeuse  que  de  doubler  certains  promon¬ 
toires  6.  Aussi  redoute-t-on  fort  les  longues  traversées  7 
et  l'on  ne  se  risque  que  rarement  dans  les  mers  éloi¬ 
gnées.  Les  navires  grecs  ne  pénètrent  presque  jamais 
dans  le  Pont-Euxin,  dans  les  mers  de  Lybie,  de  Syrie  et 
de  Cilicie 8. 

Centres ,  directions  et  voies  du  commerce.  —  Dans  une 
civilisation  agricole,  et  où  le  commerce  n’occupe  qu’une 
place  restreinte,  il  doit  exister  peu  de  villes. 

Aux  temps  homériques,  la  population  habite  des  vil¬ 
lages  ouverts  et  des  bourgades9,  comme  on  en  trouve 
jusqu’aux  temps  historiques  en  Étolie  ;  en  temps  de 
guerre,  elle  cherche  un  abri  dans  les  montagnes  ou  der¬ 
rière  les  murailles  des  citadelles  royales  l0.  Cependant  il 
existe  quelques  centres,  provenant  d'ordinaire  d’un 
groupement  de  bourgades  qui  se  sont  réunies"  (peut- 
être  par  suite  d'une  communauté  de  marché),  quelque¬ 
fois,  mais  plus  rarement,  de  faubourgs  qui  ont  grandi 
sous  la  protection  des  châteaux  royaux12.  Ces  centres, 
lorsque  leur  situation  sur  les  voies  du  transit  est  favo¬ 
rable,  prennent  une  part  prépondérante  dans  le  mouve¬ 
ment  commercial,  deviennent  des  villes.  Dans  le  moyen 
âge  grec  comme  dans  le  moyen  âge  germanique13,  les 
formations  urbaines  sont  des  phénomènes  commer¬ 
ciaux. 

Les  principales  places  de  commerce  que  nous  font 
connaître  les  textes  sont  :  à  l’entrée  du  Péloponèse, 
Corinthe,  qui  commande  le  seuil  unissant  le  golfe  Saro- 
nique  au  golfe  de  Corinthe  "  ;  non  loin  d’elle,  l’ile  d’Égine, 
qui  garde  l'entrée  du  golfe  Saronique,  et  dont  les  habi¬ 
tants,  d'après  Hésiode,  sont  les  premiers  qui  aient  pra¬ 
tiqué  l'art  nautique15  ;  en  Béotie,  Orchomène,la  ville  des 
Minyens,  qui  commande  la  route  naturelle  que  constitue 
le  lac  Copaïs  ;  sur  la  mer  Ionienne,  un  peu  au.  sud  de 
l'Alphée,  le  port  de  Pylos,  rendez  vous  des  Barbares  et 
des  Hellènes,  fréquenté  également  par  les  Eubéens  et  les 
Crétois16.  Au  nord  de  la  mer  Égée,  le  grand  centre  est 
Lemnos17  :  cette  île  bénéficie  de  sa  situation  privilégiée 
sur  la  route  de  l'HelIespont,  en  face  de  la  côte  troyenne, 

1  Orashof,  Ueber  das  Schi/f  bai  U  orner  und  Hesiod  (Progr.  Düsseldorf, 
1834);  I.uclit,  Ueber  das  Schiff  der  Odyssee  (Progr.  Allona,  1841);  Brieger, 
Das  Floss  des  Odysseus,  dans  Philologue,  XXIX,  1 869,  p.  191  et  s., 
Buchliolz,  11,  I,  p.  239-279;  Hclbig,  p.  157-161  ;  Pierson,  p.  93  et  s.;  Hüllmann, 
p.  5-6;  Jal,  Archêol.  navale ,  I,  p.  50  et  s.  —  2  Brieger,  p.  202  et  s.  —  '■<  Od. 
IX,  322  :  'iatnv  vr,ôç  léix'ffopoio  jiEXanfr,;  çofTi5o;  TJ  ?  *  -  r,  ; ,  V,T  txicsoàa  PO® 
—  4  Bérard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée ,  p.  155  et  s.;  Rev.  arch. 
XXXVII,  1900,  p.  21  et  s.;  Hüllmann,  p.  8  et  s.  —  3  Od.  IX,  67;  XII,  325; 
Buctiholz,  11,  t,  242;iBérard,  dans  Rev.  arch.  XXXVIII,  1901,  p.  115  et  s.  6  Od. 
III,  286;  IX,  81.-7  Od.  V,  100  :  «  Tt;  Sa.  ixiov  toit  ei.it  8ia8çà|in  âVupbv 
aiTiutov  ;  »*  dit  Hermes  à  Calypso.  —  8  Strab.  I,  3,  2  :  «  to  -naXaibv  ojte  tôv 
Eu^ttvov  ôaççETv  Tivot  it'XtTv,  outi  ita^à  AiSûtjv  xat  Eupîav  xai  KiXixeav  ».  ^  Mcyci  * 

Gesch.  des  Alterth.  Il,  p.  204  et  suiv.  -  *0  Belocli,  Griech.  Gesch.  I,  p.  00. 
—  il  Meyer,  Op.  cit.  Il,  p.  205,  331.  —  12  Kuhn,  Die  Entstehuny  dcr  Staedte  der 
Alt  en,  Leipzig,  1878,  p.  11  et  s.  —  13  Cf.  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  Il,  329,  et 
Schroder,  Deutsche  liechtsgesch.  2*  £d.  p.  614  et  s.  —  t'*  Buchliolz,  II,  1.  p.  172; 
Hall,  p.  288-200.  —  15  Hall,  p.  285.  —  16  Bérard,  La  Pylos  homér ,  lier.  arch. 


tout,  près  de  la  Thrace,  alors  très  civilisée 1 
portant  d’exportation  du  vin1 


el  centrai  J 


I  lus  au  s tid  In  fftj 

se  tient  à  Délos  remplit  de  vaisseaux  richemet  iT  <|Ui 
le  port  de  l’ile,  et  constitue  l’un  des  principe  "  '  'S  ■ 
du  commerce  ionien20. 


,aux  nutrcys 


Les  mauvaises  conditions  de  la  navi 
gers  qu’elle  entraîne  déterminent  le 
des  communications  maritimes.  La 


^igation,  les  dan 

tracé  el  l’étendue, 

.4  roule  usuelle  d’Asie, 

Mineure  en  Grèce  suit  autant  que  possible  les  iles 

ceptibles  de  servir  de  points  de  repère  ou  d’abris -Tlt 
longe  Lesbos  et  Chio  pour  gagner  la  pointe  de  rEubéo^ 
et  l’on  ne  tente  qu’exceptionnellement  la  traversée. 
directe21.  Le  commerce  rudimentaire  de  cette  époque  ne 
doit  pas  dépasser  beaucoup  les  limites  du  monde  grec. 

Si  les  parties  récentes  des  poèmes  homériques  paraissent 
avoir  une  vague  connaissance  des  pays  de  l’Europe  sep¬ 
tentrionale  (pays  des  Lestrygons)  et  de  l’Afrique  centrale 
(Pygmées)  22,  cette  connaissance  semble  bien  être  le 
fruit,  non  d’explorations  grecques,  mais  de  traditions 
colportées  dé  proche  en  proche  à  travers  les  populations 
étrangères,  et  recueillies  par  les  Phéniciens23.  Il  con¬ 
vient  de  ne  pas  se  méprendre  sur  ce  point21  :  le  vague 
même  de  ces  traditions  prouve  assez  qu’elles  n’ont  pas 
leur  source  dans  des  relations  commerciales  suivies.  Du 
côté  de  l’ouest,  les  limites  du  mouvement  commercial 
doivent  être  peu  éloignées  du  Péloponèse.  Les  poèmes- 
homériques  connaissent  mal  toutes  les  contrées  situées,  I 
au  delà  d’Ithaque.  Les  relations  d'échanges  avec  l’Italie,. J 
sur  l’existence  desquelles  nous  possédons  un  témoi- 1 
gnage,  s’il  est  vrai  que  la  ville  de  Temèse,  oii  Mentes,  1 
roi  des  Taphiens,  va  échanger  du  fer  contre  du  cuivre r\  I 
doive  être  identifiée  avec  Tempsa  (en  Bruttium),  et  non 
avec  Tamassos  (en  Chypre),  sont  exceptionnelles  par  la 
voie  de  mer.  Par  la  voie  de  terre,  il  est  possible  que  cer¬ 
taines  relations  commerciales  unissent  la  Grèce  à  1  Italie* 
en  contournant  l’Adriatique,  mais  nous  non  avons  pas* 
de  preuve  directe  26 . 

Du  côté  de  l’est,  le  commerce  est  plus  actif  et  s  étendl 
plus  loin.  Les  Grecs  de  la  côte  d’Asie  sont  en  rapports 
avec  tout  l’hinterland,  Lydie  et  Phrygie,au  moyen  dune 
route,  qui  sera  plus  tard  la  «  Route  royale  »  d' s  ■  ciel 
ménides,  et  qui  longe,  d’abord  la  vallée  de  1 1,e™0!)’ 
passe  par  Sardes,  remonte  au  nord  pai  Midaion  ^ 
nonte,  coupe  le  Sangarios  à  Gordieon,  et,  pai  ,  111  ■  ’ 
dirige  vers  Ptéria  en  Cappadoce  -1.  Pui  la  5,111  e’  lre 
de  la  vallée  de  l’Hermos  sera  supplantée  par  u  j 
route  qui  empruntera  la  vallée  du  Méandre  par  b  ^ 
et  Colossae.  Dès  avant  le  via6  siecle,  les  ,  1()ne> 

l’exclusion  de  tous  autres,  de  lien  entir  >■  M 


vent,  à 

Ninive,  Ptéria  et  les  établissements  grecs 


d’Asie  Mineure- 
85  et  s.;  Buclihdz. 


XXXVI  (1900),  p.  345  et  s.;  Les  Phéniciens  et  !  Odyss<  ' ,  P  ■  nrc»- 

1,  p.  174.  —  '7  Riedenauer,  p.  56;  Buchliolz, ^IL  ^1’^  q ]X,  196 els- 


le  pays  d'origine  A» 


XXXIX  (1901).  p.  223.  —  18  Hall,  p.  238-239. 

La  tradition  grecque  regarde  la  Thrace  comme  flP 

Dionysos.  Hclbig,  p.  8-10.  -2»  Meyer,  gclncll,  Griech. 

Büchsenschülz,  p.  370.  -  21  Bucbl.olz,  II,  I,  i™.  3(i7  .  pierson,  p-  ,e  ' 

p.  169-170.  —  23  Helbig.p.  10. -21  Cf.  Meyer,  .p.ci  ■  wi|anl0«itz, 

__  25  Od.  I  182-184.  Sur  l'identification  de  Tem6se,  221-2-*  ■  lla.’ 

Unlersuch.  VII,  24;  Bérard,  Rev.  arch  XXXVI  ,  ■  ^  *  .  r,ai?,  Sto<* 

p.  253;  Oberhummer,  Phônizier  in  Achar''“’1'  ’  Pp  3.  _  W  Hclb'g"  P- 

délia  Sicilia  e  delta  magna  Grecia  Turin,  .  ’  o  alle  p,u  J 

et  s,;  cf.  Pais,  Op.  cit.  I.  append.  III,  P^  historié  el 

relazioni  Ira  la  Grecia  e  VItalia).  a”  ^  Asiatic  Society. ^ 

between  Phrygia  and  Cappadocta  (Journ.  oj  27.35;  Radct,  L 

Historical  Geography  of  Asia  A/inor,  Londres,  •  - '  g#3i  53  ' 

H  le  monde  grec  au  temps  des  Mermnades ,  Pa-8, 

—  23  Radet,  p.  90. 


—  174!)  — 


MER 


MER 

plations  avec  l’Égypte,  encore  rares  au  début 
Quanta  re  a  isque  l'Iliade  ne  fait  qu’une  seule 
de  notre  Pel  .  elles  prennent  une  certaine  impor- 

8llusi°ni?! sîéc  connaît  bien  l’Égypte  :  les  rapports  des 
lance.  I  1  ■'  onl  jonc  dû  devenir  plus  fréquents  -. 
Lecs  avec  ce  P  •  ^  s'effeclue,  comme  dans  les  temps 

le  voyage  Songeant  la  Phénicie  et  en  passant  par 
»ycénie3nS’ Exceptionnellement,  on  tente  la  traversée 
Ch)'Pr  navale  jusqu’à  Rhodes  ou  jusqu’en  Crète  \ 
dTiÜnéraire  deviendra  un  peu  plus  usité  au  début  des 

TimWabïeTconditions  commerciales  ne  doivent  pas 
entraîner  une  grande  expansion  colonisatrice.  Peut- 


être  y  eut-il,  au 


début  de  notre  période,  quelques  migra- 


n.  des  habitants  du  Péloponèse  chasses  par  1  inva- 
* dorienne  •  et  s’établissant  sur  les  cotes  d’Asie  à 
des  phéniciens  ou  à  leur  place  8,  mais,  une  fois 
«■assimilation  des  vainqueurs  et  des  vaincus  réalisée,  ces 
migrations  durent  cesser.  En  dépit  de  la  légende,  c  est 
seulement  vers  la  fin  de  notre  période,  à  partir  du 
viuc  siècle,  que  l’on  peut  constater  avec  quelque  certitude 
de  véritables  émigrations  colonisatrices  7. 

II.  PÉRIODE  historique.  —  Le  commerce  grec  pendant 
les  temps  historiques  jusqu’à  la  conquête  romaine  suit 
unemarche  ascendante  ininterrompue  :  du  vm'auV  siècle, 
le  commerce  grec,  qui  était  un  commerce  passif,  devient 
un  commerce  actif  et  conquiert  la  Méditerranée;  la  tha- 
lassocratie  grecque  se  substitue  à  la  thalassocratie  phé¬ 
nicienne  ;  elle  supplante  à  l’ouest  la  concurrence  des 
Étrusques  et  balance  celle  des  Carthaginois;  à  1  est,  elle 
s'affranchit  de  la  suprématie  des  peuples  orientaux.  Le 
v'  siècle  marque  une  période  brillante  du  trafic,  avecl  hé¬ 
gémonie  commerciale  d’Athènes.  Mais  la  prépondérance 
économique  de  cette  ville  décline,  avec  sa  prépondérance 
politique,  après  les  guerres  du  Péloponèse.  Les  luttes 
du  ive  siècle  déplacentles  anciens  courants  commerciaux, 
et  l’expansion  de  l’hellénisme  qui  suit  les  conquêtes 
d'Alexandre  fait  du  commerce  hellénique  un  com¬ 
merce  mondial,  dont  l’essor  survit  au  morcellement  de 
l’empire  et  même  à  la  conquête  romaine. 

11  convient  d’examiner  d’abord  les  conditions  et  les 
phases  de  ce  développement  ( Histoire  externe ),  puis 
d étudier  l’un  après  l’autre  chacun  des  rouages  (usages, 
institutions  ;  outillage  ;  voies  de  communication,  centres 
de  production,  etc.)  de  l’organisme  commercial  de  notre 
période  {Histoire  interne). 

Histoire  externe  du  commerce  grec  dans  la  période 
historique.  —  A.  L' expansion  du  commerce  grec  du  vine 
au  v  siècle. —  Toute  une  partie  du  poème  d’Hésiode,  les 

ui'res  et  les  Jours ,  est  consacrée  à  la  navigation  8. 

I  pous  avons  ainsi,  dans  les  sources  littéraires,  un  témoi¬ 
gnage  contemporain  de  l’expansion  commerciale  qui  est 
,es  01'sen  voie  d’accomplissement.  A  partir  duviif  siècle, 
es  Hellènes  se  répandent  sur  toutes  les  côtes  de  la  Mé- 
I  derrunée,  du  Pont-Euxin  aux  Colonnes  d’Hercule  ;  leurs 


tuifdem  r  H  °*  S'  ~  2  IV,  127,  228  et  s.  ;  Ucblein,  Handel  und  Schiffahrt 
200.  _  j  i '!  'en  ^eere  'n  alten  Zeiten,  Clirisliania,  1886,  p.  8.  —  3  Hall,  p.  267, 
P- 271  cl  s  ’  g  ^  ’  ~J>I  eI  s*  —  5  Hetbig,  p.  64;  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  Il, 
II  P-  433  et  s  .  n^n.ig,  p.  G5-G6.  —  7  Hall,  p.  253  et  s.  ;  Meyer,  Gesch.  des  A  Iterth. 
—  9  Bclncli  *  °Ur  Sicile,  Pais,  I,  p.  146  et  s.  —  3  Francolte,  I,  p.  281-282. 
CriecA.  Gesch  f'*-*'  GeSc/l'  ’’  P'  t09-199i  Francolte,  I,  p.  25  et  s.  —  1»  Betocli, 
foncière  en  o  ’  '  °  1  )layr’  Handeltgesch.  p.  14-16.-—  U  Guiraud,  La  propriété 
Eritiu,  rfe5  ))))JUS9U  à  la  conquête  romaine.  Paris,  1893.  —  12  Meyer,  Wirtliscli. 
■  A™-  P-  18  ;  Gesch.  des  Alterth.  H,  p.  441  cts.  ;  533  ot  s.  —  «  Ra- 


colonies  essaiment  jusqu’en  Chersonèsc,  en  Cyrénaïque, 
en  Sicile,  en  Italie,  en  Gaule,  en  Espagne  9  [coloma  • 
Beaucoup  de  ces  colonies,  il  est  vrai,  n  ont  pas  un  carac¬ 
tère  commercial  :  à  la  différence  des  Phéniciens,  dont 
les  établissements  ne  sont  d’ordinaire  que  de  simples 
comptoirs,  les  Grecs  fondent  de  véritables  centres  agi  i- 
coles.  Leurs  premières  colonies  apparaissent  comme  des 
colonies  de  peuplement  plus  que  comme  des  colonies 
d’exploitation10.  Elles  recueillent  le  trop-plein  de  la  po¬ 
pulation  qui,  manquant  de  terres  dans  la  métropole, 
s’établit  sans  esprit  de  retour  sur  le  sol  étranger  ".  Mais, 
s’il  y  a  là  une  émigration  plus  qu’une  entreprise  com¬ 
merciale,  cette  émigration  ne  peut  cependant  manquer  de 
développer  le  trafic,  et  d’amener  des  relations  d  échange 
fréquentes  et  suivies  avec  la  mère-patrie.  Des  témoi¬ 
gnages  de  ces  relations  nous  sont  fournis  soit  par  les 
sources  littéraires,  soit  par  les  sources  archéologiques  : 
les  fouilles  faites  dans  les  colonies  grecques  nous  font 
retrouver  beaucoup  d’objets  provenant  d  échanges  ,  et, 
dans  les  civilisations  et  les  milieux  les  plus  divers  se  ré¬ 
vèlent  les  traces  d’apports  de  la  civilisation  grecque'2. 

Le  commerce  extérieur  devient  bientôt  un  intérêt  xitul  de 
l’IIellade,  un  des  mobiles  fondamentaux  qui  la  guident  : 
les  besoins  de  l’expansion  commerciale  constituent  un 
des  ressorts  prépondérants  de  son  action  politique  *3. 

A  l’ouest,  l’expansion  hellénique  se  heurte,  dès  le 
vne  siècle,  à  deux  grands  peuples  maritimes,  les  Étrus¬ 
ques  et  les  Carthaginois,  qui,  tantôt  coalisés  et  tantôt 
isolés,  parviennent  à  i’arrèter  sur  plus  d’un  point.  Les 
Étrusques  avaient  pris  pied  à  la  fois  dans  la  mer  Adria¬ 
tique  et  dans  la  mer  Tyrrhénienne,  et  s’y  livraient  au 
trafic  et  à  la  piraterie14.  Les  Phocéens,  établis  en  Gaule 
(Marseille)  et  en  Corse,  se  heurtèrent  à  eux  ;  la  bataille 
navale  d’Alalia  leur  lit  perdre  la  Corse  15  et  arrêta  leur 
pénétration  dans  la  mer  Tyrrhénienne.  Néanmoins  le 
contact  des  Grecs  et  des  Étrusques  eut  d’importantes 
répercussions  commerciales.  La  civilisation  grecque 
influença  '  fortement,  comme  on  sait,  la  civilisation 
étrusque16  ;  la  céramique  grecque,  notamment,  fut  1  ob¬ 
jet  d’importations  et  d’imitations  nombreuses  en  Étru- 
rien.  Les  Grecs  rencontrèrent  aussi  d’autres  concurrents 
dans  les  Phéniciens,  arrivés  sans  doute  avant  eux  18  dans 
le  bassin  occidental  de  la  Méditerranée.  Ils  entrèrent  en 
lutte  avec  la  principale  colonie  phénicienne,  avec  Car¬ 
thage,  et  c’est  peut-être  les  besoins  d'une  défense  com¬ 
mune  qui  amenèrent  les  établissements  phéniciens,  iso¬ 
lés  jusque-là,  à  s’unir  et  à  former  un  seul  État  sous  la 
prépondérance  de  Carthage  l9.  La  lutte  économique  et 
politique  dura  longtemps.  Les  Carthaginois,  alliés  d'abord 
aux  Étrusques,  puis  isolés,  après  la  chute  de  la  puis¬ 
sance  de  ces  derniers,  parvinrent  à  fermer  aux  Grecs  une 
partie  des  côtes  d’Espagne  (jusqu’au  promontoire  Arte- 
misium),  la  Sicile,  la  Sardaigne, les  Baléares,  etc.,  en  un 
mot  tout  le  bassin  sud-ouest  de  la  Méditerranée.  Lorsque 
les  Perses  envahirent  la  Grèce,  Carthage  lia  partie  avec 

det  p.  171,  192  et  s.  — 14  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  p.  509-510  ;  701  et  s.  ;  Geutlic, 
Ueber  den  Etrusk.  Tauschhandel  nach  dem  Norden ,  Francfort,  1874,  p.  80 
et  s.  ;  Miiller,  Die  Etrusker  éd.  Deccke,  Stuttgard,  1877,  2  vol.  I,  p.  264  et  s. 

_ 15  Belocli,  Griech.  Gesch.  I,  p.  188  ;  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  709-710. 

_ IG  Mever,  Op.  cit.  H,  p.  530-332;  710ets. —  17  Polticr,  Catalogne  des  vases  de 

terre  coite...  du  Louvre ,  I,  p.  43.  —  18  Melier,  Gesch.  der  Karthager,  Berlin, 
1879,  1,  p-  28  et  s.  ;  Meyer,  Op.  cit.  II,  p.  476  ;  Clerc,  Les  Phéniciens  dans  la  ré¬ 
gion  de  Marseille  avant  l’arrivée  des  Grecs  (Peo.  hist.  de  Provence,  I,  p.  197-2123 
251-270;  325-337);  Pais,  l,  p.  147  cl  s,  —  19  Bcloch  Griech.  Gesch  1,  p.  187. 

220 


MER 


—  1750  — 


MER 


eux  et  attaqua  les  Grecs  de  Sicile;  mais  l’année  même  où 
les  Perses  succombaient  il  Salamine,  elle  était  battue  en 
Sicile  à  llimèrc  (480),  et  les  Étrusques  subissaient  peu 
après  le  même  sort  à  Ou  mes  (475  ou  474).  Ces  deux  vic¬ 
toires  assurèrent  aux  Grecs  la  prépondérance  dans  les 
mers  Tyrrhénienne,  Adriatique  et  Ionienne  '. 

L’intluence  du  commerce  grec  n’eut  guère  moins  de 
mal  à  s’étendre  dans  le  bassin  oriental  de  la  Méditer¬ 
ranée.  Elle  y  rencontra,  sinon  dans  le  Pont-Euxin,  où  la 
pénétration  fut  relativement  facile,  tout  au  moins  du 
côté  de  la  Syrie  et  de  l’Égypte,  des  populations  très  denses 
et  très  civilisées  qui  lui  opposèrent  une  résistance  insur¬ 
montable.  Les  Grecs  ne  prirent  jamais  pied  d’une  façon 
durable  en  Syrie  dans  cette  période  de  leur  histoire;  ils  ne 
purent  jamais  chasser  complètement  les  Phéniciens  de 
Chypre2.  Peu  à  peu  cependant,  dans  le  commerce  mari¬ 
time,  ils  gagnent  du  terrain  sur  leurs  anciens  rivaux. 
Sans  disparaître  de  la  mer  Égée3,  les  Phéniciens  servent 
de  moins  en  moins  d’intermédiaires  entre  le  monde  égéen 
et  l’Orient,  et  cèdent  sur  ce  point  la  place  aux  Grecs  : 
au  ve  siècle,  le  commerce  par  mer  des  Phéniciens  avec 
la  Grèce  n’a  plus  qu’une  minime  importance4.  Le  com¬ 
merce  grec  avec  la  Syrie  et  l’Égypte,  de  passif  qu’il  était, 
devient  actif;  La  langue  et  les  types  monétaires  grecs  se 
répandent  dans  toutes  les  provinces  occidentales  de 
l’empire  perse.  Les  produits  fabriqués  en  Grèce  com¬ 
mencent  à  concurrencer  ceux  d’Orient,  parfois  même  à 
les  supplanter  s.  On  rencontre  des  Grecs  jusque  dans  les 
ports  de  Phénicie6.  L’Égypte  même  a  sa  colonie  grecque  : 
dès  le  milieu  du  VIIe  siècle,  des  aventuriers  de  Carie  et 
d'Ionie  s’étant  mis  au  service  du  roi  Psammetichus  ob¬ 
tiennent  de  lui  un  établissement  en  Égypte  ;  les  mar¬ 
chands  suivent  peu  à  peu  les  soldats  et,  sous  Amasis 
(309-525),  fondent  un  comptoir  à  Naucratis,  sur  la 
branche  eanopique  du  Nil7.  La  lutte  économique  de  la 
Grèce  avec  l’Orient  prend  un  caractère  aigu  à  la  lin  du 
\T  siècle,  lorsque  le  monde  hellénique  enlre  en  concur¬ 
rence  avec  l’empire  des  Perses,  parvenu  alors  à  l’apogée 
dosa  puissance 8.  Cet  empire,  qui  embrasse  alors  une  su¬ 
perficie  égale  à  plus  de  la  moitié  de  l’Europe,  avec  une 
population  d’au  moins  quarante  millions  d’habitants, 
réunit  tous  les  grands  centres  industriels  et  commer¬ 
çants  de  l’Orient,  Memphis,  Babylone,  Suze,  Ecbatane3. 
On  sait  quelle  est  l’issue  des  guerres  médiques,  et  com¬ 
ment  les  victoires  grecques  assurent  l’émancipation  défi¬ 
nitive  de  la  Grèce  par  rapporta  l'Orient.  Un  essor  nouveau 
du  commerce  grec,  et  une  orientation  de  ce  commerce 
dans  des  voies  entièrement  indépendantes  sonl  les  fruits 
économiques,  trop  souvent  méconnus,  de  ces  victoires10. 

L’expansion  du  commerce  au  dehors  correspond,  au 
dedans,  à  une  transformation  profonde  de  toute  la  civi¬ 
lisation  grecque  :  ce  n’est  plus  seulement  le  superflu, 
mais  c’est  aussi  une  part  du  nécessaire  que  les  Grecs  se 
procurent  par  le  commerce.  Cette  transformation  en 
entraîne  une  autre  ;  les  groupes  familiaux  cessent  de 

1  Mayr,  Handelsgecsh.  p.  18;  Belocli,  Griech .  Gesch.  1,  p.  389  et  s.;  Meyer, 
Gesch.  des  Alterth.  III,  p.  353-357;  397-4U0  ;  027-628  ;  Geulhe,  p.  81.  Sur  le  com¬ 
merce  hellénique  en  Sicile  au  vu*  et  au  ni®  siècle,  Pais,  I,  p.  287  et  s.  —  2  Meyer, 
Op.  cit.  1,  p.  488  et  s.  ;  Beloch,  Griech.  Gesch.  I,  p.  195-I9G.  —  3  Thuc.  II,  69  ; 
Xen.  Oecon.  VIII,  11. —  4  Schmülving,  Der  phônizische  Handel  inden  griech.  Gc- 
missern  (Progr.  Munster,  I-II,  1884-1885).  —  5  Beloch,  Op.  cit.  I,  p.  202-203. 
—  6  Aie.  fr.  33  (Bergk).  —  7  Herod.  II,  152  ;  Meyer,  Op.  cit.  I,  p.  501  ;  II,  p.  459  et  s.  ; 
Büchsenschütz,  p.  379.  Fondations  analogues  de  coloniesen  Lydie,  Radet,  p.  173  et  s. 

_ 8  Gôtz,  Verkehrswege,  p.  161  et  s.  —  9  Beloch,  Op.  cit.  I,  p.  343  ;  Meyer,  Gesch. 

des  Alterth.  111,  p.  96-166.  —  *0  Mayr,  Handclsgesch.  p.  13;  Beloch,  I,  p.  393  et  s. 


constituer  une  unité  économique  fermée 
elle-même.  Les  membres  de  ces  groupes  doiwu  ' 
en  plus  vivre  de  leur  vie  propre,  el  conquérir  i”  ^ 
une  indépendance  de  plus  en.  plus  grande  i.  !  . 
patriarcale  s’émiette  en  des  groupements  ’  '  ami1^ 

moins  fortement  liés  ".  Les  formes  de  l’é 


l'his  étroits  et 


tique  rétrogradent:  elles  ne  se  retrouvent  à  l'i 
intactes  que  dans  les  parties  de  la  Grèce  qui  vivent  «n1** 
d’une  vie  principalement  agricole.  Partout  ailleurs0'0 
substitue  au  cercle  étroit  de  la  famille  un  cercle  V 
large,  daùs  le  sein  duquel  tous  les  échanges  s’opèrent* 
c’est  la  ville,  organisme  économique  autonome  et  se  suf- 1 
Usant  à  lui-même.  Ce  nouveau  régime  même  devient  à 
son  tour  insuffisant.  Rares  sont  les  villes  où,  comme  [ 
Locres,  les  produits  sont  directement  vendus  par  le  pro¬ 
ducteur  au  consommateur  l2.  Le  commerce  ne  tarde  pas  J 
à  briser  même  les  barrières  que  lui  opposent  les  orga-  I 
nismes  autonomes  nouveaux  ;  les  échanges  débordent 
le  cercle  fermé  de  la  ville.  L’économie  nationale  se  su- 1 
perpose  à  l’économie  urbaine.  Ainsi  se  constitue  un  véri-  I 
table  commerce,  dans  lequel  les  richesses  circulent  de  ! 
main  en  main  et  passent  par  de  nombreux  intermé- 1 
diaires,  d’une  cité  à  l’autre,  pour  aller  du  producteur 
au  consommateur. 

La  circulation  et  la  mobilisation  plus  actives  des  I 
richesses  se  marquent  non  seulement  par  le  développe- 1 
ment  des  moyens  de  communication  (progrès  de  l’art 
nautique)  ,3,  la  multiplication  des  voyages,  la  fréquence 
eL  la  rapidité  des  échanges,  mais  encore  et  surtout  par 
la  rapide  diffusion  (à  partir  du  vm'  et  du  vil0  siècle) 14  de 
la  monnaie  pesée  etmarqüée  sous  le  contrôle  de  l’autorité 
publique 13  et  des  institutions  de  crédit  :  monnaie  et 
crédit  sont  les  deux  instruments  caractéristiques  de  la 
mobilisation  des  richesses  par  le  commerce.  Par  eux  se 
substituent  peu  à  peu  16  à  l’ancienne  forme  de  vie  écono¬ 
mique  des  formes  nouvelles  dans  lesquelles  1  argent  elle 
crédit,  à  côté  du  rôle  d’intermédiaires  d’échanges,  jouent 
celui  de  valeurs  indépendantes,  de  capitaux.  Ils  devien¬ 
nent  même  les  premiers  capitaux  de  tous.  Quant  a  la 
division  du  travail,  elle  se  marque  de  plus  en  plus  m  be¬ 
rnent  dans  la  production  comme  dans  la  répartition  ns 
choses  utiles  à  l’existence.  On  désigne  les  produits  pat 
leurs  lieux  d’origine  (armes  de  Rhodes1',  épees  d<  1  ■  M 
cisls,  boucliers  de  Béotie 19,  cratères  d’Argos2",  1«1 
nages  de  Milct2’,  etc.),  signe  de  laspécialisalionintro  ui  e 
dans  leur  fabrication22.  Les  marchands  et  les  artisans, 

eux  aussi,  se  spécialisent  ;  la  liste  des  noms  de  nu  > 

1  -  •  |’allonge  de 

de  la  fabrication2' 

!  faire  son  métier. 


si  restreinte  dans  les  temps  homériques 
plus  en  plus  23.  Les  progrès  techniques 
obligent  quiconque  veut  y  exceller  à  en  -  ^  M.cialité 

Les  producteurs  qui  se  distinguent  clans  mu 
acquièrent  du  renom;  les  maîtres  céramiste  ^ 
fréquemment  leurs  œuvres.  Un  même  homm  ^^^ 
plus,  comme  aux  temps  homériques,  suf  ii «  *'  ^  ^  je 
besognes.  La  spécialisation  s’introduit  im 111 


30  t  qO|. 

-  H  Franco  tic,  Op.  cit.  I,  p.  285.  -  Hcracl.  Fragm.  j.'o*,  I  : 

—  13  Hüllmann,  p.  Il  el  s.  —  U  Origines  lydiennes  de  a  mon  ■  '  ^  ^  p  |03, 

Radet,  P.  155.  -  13  Rabelon.  Les  origines  de  la  monnaie,  ^  _  16  Fran- 
154,  170  ;  Meyer,  Wirthsch.  Entw.  p.  22;  Beloc*>’  ’i8  Alli-  xlV’ 

cotte,  I,  p.  29  ;  Beloch.  I,  p.  217.-0  Diod  XX,  84.  5iJ,scho. 

-  1»  Poilu*,  I,  p.  1».  -  20  Herod.  IV,  152.  -  *  ^  AUef,k. 

—  22  Biïclisenscliillz,  Die  Hauptstütten  des  G  eu  ci  e/  23  Guiraud.  La  | 
Leipz.  1869,  p.  39,  n.  2;  Hclbig,  Hom.  Epos,  p.  17-  '  ^  g _  2v  |.|a.ieoUc, 
d'œuvre  industr.  dans  l’ancienne  Grèce ,  Paris,  I960,  p-  ■ 

I,  30,  287  ;  Beloch,  Griech.  Gesch.  1,  p.  224. 


—  1 7  n  i  — 


MER 


MER 

,  ,  in  détail  de  chaque  acte  de  fabrication  : 

v>'sièCle’  1 1  le  vase,  un  peintre  le  décore,  et  le  vase 
unP°lier  !  *  signatures’.  Certains  ateliers  de  céra- 
PorlC  lGS  u  division  du  travail  qui  s'y  effectue,  parle 
miq»e’Pil1  ,‘t  vaiileurs  qu’ils  emploient,  ne  sont  pas 
uombi'O  ‘  _ vecdes  établissements  industriels,  au  sens 

sans  analog"1'  ^  ^  n-e|Q  pas  encore  l’industrie  pro- 

m°derne  du  ^  au  moins  ]e  germe.  Les  demandes 
P'6®6"1  ,  nar  suite  de  la  multiplication  des  débouchés, 

ilUgnî,M  ‘T’  ouvre  doit  aussi  augmenter,  et,  comme  la 
la  libre  n’offre  que  des  ressources  limitées, 

inam;  d’œuvre  servile  qui  doit  passer  au  premier 

f  la  "  développement  de  la  population  servile  paraît 
P  1  '  i>n°rès  de  l’industrie  et  du  commerce  3. 

'^Les  conséquences  sociales  de  l’essor  du  commerce  sont 
J  mêmes  dans  toute  civilisation;  la  mobilisation  des 
leV  l  Pt  le  développement  du  capital-monnaie  et  du 
"nild  crédit  entraînent  une  nouvelle  répartition  de  la 
fnrtune  et  la  formation  déclassés  nouvelles,  notamment 
d aristocraties  marchandes  fondées  sur  la  possession  de 
h  richesse  mercantile,  de  l’argent.  La  division  du  travail 
pt  la  spécialisation  entraînent  une  interdépendance, 
Une  solidarité  plus  étroites  des  parties  spécialisées 
11  en  est  ainsi  en  Grèce.  Le  développement  commercial 
j„  ce  pays  fournit  la  clef  des  plus  importantes  trans¬ 
formations  politiques  et  sociales  qu’il  subit  dans  notre 
période. 

Avec  la  diffusion  de  la  monnaie  et  du  crédit  se  déve¬ 
loppe  en  effet  en  Grèce  une  richesse  nouvelle,  la  richesse 
mobilière,  qui  conquiert  bientôt  une  importance  égale  à 
celle  de  la  richesse  foncière,  si  bien  qu’il  devient  néces¬ 
saire  de  la  placer  sur  le  même  pied  que  celle-ci  dans  les 
constitutions  nouvelles  (réforme  par  Clisthène  des  classes 
de  Solon)  h  L’apparition  de  cette  fortune  circulante  et 
mobile  permet,  dansla  pratique  de  tous  les  jours,  1  usage 
des  contrats  sur  argent  et  sur  crédit,  les  affaires  à  terme, 
le  prêt  à  intérêt,  les  spéculations,  les  accaparements,  les 
accumulations  de  capitaux  dans  les  mêmes  mains  °.  De 
ii,  dans  les  mœurs,  une  opinion  nouvelle  sur  la  richesse. 
Xsvjjm’  àvr,p,  l'argent  fait  l'homme  G,  tend  à  devenir  la 
devise  de  l’époque,  et  marque  la  tournure  mercantile 
nouvelle  que  prend  l’esprit  public  7.  La  répartition  des 
classes  sociales  se  trouve  du  même  coup  radicalement 
transformée.  En  haut  de  la  société  se  placé  encore  la  no¬ 
blesse,  principalement  fondée  sur  la  possession  du  sol 
(y£oj|j.opoi  de  Samos  et  de  Syracuse)  8  ;  mais  déjà,  dans 
bon  nombre  de  cités,  cette  noblesse  se  modifie,  en  pre¬ 
nant  part  au  mouvement  commercial  ;  elle  a  à  sa  tète  des 
propriétaires  fonciers  qui  sont  en  même  temps  des  mar¬ 
chands  enrichis  9.  C’est  ainsi  que  les  hippobotes  à  Chal- 
cis,  peut-être  aussi  les  Bacchiades  à  Corinthe  sont  des 
nobles  enrichis  par  le  négoce10;  Charaxos,  frère  de 
Sappho,  homme  bien  né,  se  livre  au  trafic"  ;  les  àei- 
v*'JTat,  aristocratie  milésienne,  ne  sont  que  des  mar¬ 
chands  De  même,  à  Athènes,  les  7rapâÀtcn13. 

1  ^rîec^1- Vaseu  mit  Meistersignatur.  Vienne,  1887.  —  2  Beloch,  Op.cit. 

183  'ilel  S'  ’  Meyer’  Gesc/l-  du  Alterth.  Il,  p.  548-549.  —  3  Francolte,  I,  p.  184- 
<let  IV  *  l  sla'ozza’  La  vita  economica  ateniese  dalla  fine  delsecolo  VII  alla  fine 
siiiv  Crisl°'  Milano,  1901,  p.  37  ;  Clerc,  les  métèques  athéniens,  p.  33Get 

ljhm  " |Meyer,  Gesch  des  Alterth.  Il,  p.  550-551.  —  0  Aie.  fr.  49  (Bergk)  ;  Pind. 

-  Il  (4).  1  Pestalozza,  Op.  cit.  p.  15;  Meyer,  Wirthsch.  Entw.  p.  23. 

"1C-  VIII,  2i;  Plut.  Quaest  g ,.  57;  p  304  _  9  A  thon.  IV,  49.  —  1»  Belocli, 
P.  23 •  11 ‘7e1'-  Gesch.  des  Alterth.  Il,  p.  553,  643;  Wirthsch.  Entw. 

l,uautl,  La  propriété  foncière  en  Grèce  jusqu'à  la  conquête  ro - 
ans,  893,  p.  132;  cf  Francoltc>  ïf  p>  97,  1.  —  li  Strab.  XVII, 


Peu  à  peu,  au-dessous  de  cette  noblesse,  et  au-dessus 
du  menu  peuple,  commence  à  se  former  une  classa 
moyenne  de  commerçants  et  de  fabricants,  qui  ne  peut 
guère  s’élever  à  la  possession  du  sol,  vu  les  difficultés  qui 
s’opposent  à  la  mobilisation  de  celui  ci,  et  dont  la  loi  turu 
a  pour  sources  exclusives  le  commerce  et  les  métiers. 
Cette  classe  bourgeoise,  dès  qu’elle  a  acquis  quelque  im¬ 
portance  dans  la  société,  cherche  a  se  prémunir  eonln 
l’oppression  des  grands,  et  devient,  à  cet  effet,  le  plus 
ferme  soutien  de  la  tyrannie,  en  qui  elle  compte  trouver 
une  protectrice  n.  C’est  ainsi  que,  dans  la  plupart  des 
grandes  villes  commerçantes  et  industrielles,  et  dans  ces 
villes  seulement  à  l’origine  (Milet,  Erythrees,  Cliios, 
Corinthe,  Chalcis,  Mégare)  ’\  le  régime  de  la  tyrannie 
commence  à  se  substituer,  dès  le  début  de  notre  période, 
au  régime  de  l'oligarchie.  Les  tyrans  doivent  donc,  de  par 
leurs  origines,  être  favorables  au  commerce  .  ils  h  son! 
en  effet.  Corinthe  doit  une  grande  part  de  sa  prospérité 
économique  à  l’intelligente  tyrannie  de  Kypselos  i  t  di 
son  fils  Périandre10  ;  Athènes  ne  doit  pas  moins  à  Pisis- 

.  n  1  1  *7  l),-.l  I  11  ^  V  !'!l  ('Il  <1 


Gélon,  etc. ,R. 

Mais  le  régime  de  la  tyrannie  devait  s’éclipser  assez 
vite.  Une  classe  nouvelle  se  constituait  en  effet  dam-  le> 
villes  au-dessous  de  la  noblesse  et  de  la  bourgeoisie 
marchande,  et  acquérait,  en  grandissant,  de  l’importance 
politique.  C’était  la  classe  des  petits  travailleurs  du  com¬ 
merce  et  des  métiers,  matelots, revendeurs  et  détaillants, 
petits  artisans  et  ouvriers  libres19.  Ces  travailleurs  ne 
devaient  pas  tarder  à  s’unir  aux  populations  rurales  pour 
renverser  les  anciens  gouvernements  aristocratiques  et 
leur  substituer  des  gouvernements  de  forme  démocra¬ 
tique.  Ainsi  les  révolutions  du  vne  et  du  vi'  siècle  ont 
leur  cause  dans  les  transformations  sociales  dues  à 
l’essor  nouveau  du  commerce  et  de  la  fabrication  -  ,  et 
c’est  seulement  dans  les  parties  du  monde  grec  les  plus- 
avancées  au  point  de  vue  économique  (Attique,  Sicile, 
Eubée,  villes  de  l’Isthme,  villes  des  côtes  d’Asie  Mi¬ 
neure)  que  ces  crises  ont  eu  leur  répercussion  21 . 

Les  formes  politiques  mêmes  qu’affectent  généralement 
les  sociétés  grecques  du  temps  oii  nous  sommes  arrivés 
révèlent  des  origines  mercantiles.  On  sait  que  les  sociétés 
purement  commerçantes  se  constituent  rarement  sous 
forme  de  grands  États  fortement  liés  dans  toutes  leurs 
parties,  mais  sous  forme  de  petits  territoires  autonomes 
ou  semi-indépendants  dont  une  ville  forme  le  centre.  Il  en 
est  ainsi  dans  la  plus  grande  partie  de  la  Grèce.  La  ville 
y  est  l’unité  politique  et  économique  essentielle,  comme 
elle  doit  l’être  plus  tard  dans  l’Italie  du  moyen  âge,  et 
pour  les  mêmes  raisons  --.  Sans  doute  les  a  illes  grecques 
ont  leur  germe  dans  l’organisme  commercial  du  marché. 
C'est  la  communauté  de  marché  qui  amène  la  fusion  en 
un  seul  corps  des  tribus  et  des  familles  jusque-là  auto¬ 
nomes,  et  c’est  autour  du  marché,  centre  de  toute  la  vie 
commune,  que  se  cristallise  l’agglomération  commer- 

80g.  —  12  Plut.  Qu.  gr.  32.  —  13  Droysen,  dans  Zeitschr.  filr  Gesch.  (de 
Schmidt),  VIII,  1847,  p.  390.  —  ‘4  Guiraud,  Main-d'œuvre  industr.  p.  29. 
_  13  Thuc.  I,  13,  '•  —  16  Herod.  I,  20;  III,  48-53;  V,  92.  —  17  Belocli,  Griech. 
Gesch.  I,  p.  329-331  ;  Pestalozza,  p.  35-30.  —  18  En  général,  H.  Plass,  Die  Ty¬ 
rannie  in  ihren  beiden  Perioden  bei  den  Griechen,  Brime,  1852  ;  Meyer, 
Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  608-674  ;  Guiraud,  Main-d’œuvre  industr.  p.  29-32. 
_  19  Nautix!,;  î/ko;.  Arist.  Polit.  IV,  4  ;  VU,  6  ;  Wachsmulh,  Bell.  Alterth.  Halle, 
1844-46,  1,  p.  395;  Meyer,  Wirthsch.  Entw.  p.  24  —  20  Beloch,  Op.cit.  I,  p. 
312  et  s!  Pour  la  Lydie,  cf.  Radel,  p.  1 10.  —  2>  Thuc.  113,  1.  —  22  Meyer,  Wirthsch. 
I  Entw.  p-  24. 


MER 


1752  — 


MER 


çante,  la  ville  1 .  Les  établissements  de  forme  urbaine  se 
multiplient  dans  toutes  les  parties  du  monde  hellénique, 
et  leurs  constitutions  sont  aussi  le  fruit  de  la  civilisation 
commerciale  :  les  anciennes  sociétés  familiales,  groupe¬ 
ments  amorphes  fondés  seulement  sur  la  communauté  de 
sang  et  de  culte,  cèdent  la  place  à  de  véritables  États  avec 
des  lois  fixes  et  écrites,  des  magistrats  et  une  puissance 
publique  organisée.  Dans  certains  de  ces  États  domine 
encore  une  aristocratie  marchande  (comme  â  Égine,  à 
Corinthe)  ;  dans  d’autres,  domine  déjà  une  véritable  dé¬ 
mocratie  (comme  à  Argos,  à  Syracuse,  à  Tarente,  etc.)2. 

Les  places  de  commerce  ne  sont  plus  les  mêmes. 
Orchomène,  Tyrinthe,  Mycènes,  Pylos,  ont  cédé  la  place 
à  d'autres  centres,  qui  correspondent  à  l'orientation 
nouvelle  des  courants  commerciaux.  Les  établissements 
ioniens  d'Asie  Mineure  y  tiennent  désormais  la  première 
place.  Il  nous  suffira  d'indiquer  les  plus  importantes  des 
villes  commerçantes  3.  Dans  la  Grande  Grèce,  le  principal 
centre  commercial  est  Sybaris,  dont  la  prospérité  est 
proverbiale4;  sur  la  côte  d'Asie  Mineure  et  dans  les  îles 
qui  la  bordent,  il  faut  citer  les  villes  ioniennes  de  Milet 
(la  plus  grande  ville  grecque  jusqu’à  l’époque  des 
guerres  médiques  5,  en  relations  fréquentes  aveclePont6 
et  l’Italie  "'),  de  Chios,  de  Samos,  de  Clazomène,  de 
Pliocée  8;  la  ville  éoliennedeMvtilène  ;  les  villes  doriennes 
d’Halicarnasse,  Cnide,  Rhodes.  A  l’ouest  de  la  mer  Égée, 
dans  le  golfe  Saronique,  la  petite  ile  rocheuse  et  infertile 
d'Égine  est  devenue,  au  vie  siècle,  l'entrepôt  général  du 
trafic  avec  l'Orient  9  ;  tout  le  Péloponèse  est  son  tribu¬ 
taire  et  lui  emprunte  sa  monnaie  et  ses  mesures10.  Égine 
n’a  de  rivales  que  Mégare,  le  port  naturel  de  la  Béotie 
méridionale,  d’Éleusis  et  de  l’Atlique  occidentale11; 
Corinthe,  la  clef  de  l’Isthme  et  l’entrepôt  naturel  du  com¬ 
merce  avec  les  mers  d'Occident12,  et  Chalcis,  la  clef  de 
l’Euripe,  avec  sa  voisine  Érétrie  13.  Malgré  ses  progrès, 
dus  à  la  politique  des  Pisistratides,  Athènes  n’a  encore 
que  peu  de  part  au  mouvement  commercial.  C’est  seule¬ 
ment  vers  la  fin  du  vie  siècleque, soutenue  par  Corinthe11, 
elle  entre  en  lutte,  d'abord  sans  succès13,  avec  Éginç. 
Mais  elle  doit  plus  tard,  dans  la  deuxième  moitié  du 
ve  siècle,  triompher  de  son  adversaire,  et  éclipser  même 
son  alliée  16. 

B.  L' hégémonie  commerciale  d’Athènes  et  son  déclin 
(vc  et  ive  siècles).  —  Au  v°  siècle,  Athènes  prend  la  tête 
du  mouvement  commercial  grec17.  Les  colonies  ioniennes 
d’Asie  Mineure,  jadis  plus  florissantes  que  la  métropole, 

l  Huvelin,  Essai  hist.  sur  le  droit ,  des  marchés  et  des  foires ,  Paris,  1897,  p.  G7 
et  s.  ;  Fougères,  Mantinée  et  l'Arcadie  orientale ,  Paris  1898,  p.  372;  Curlius,  Zur 
Gesch.  der  griech.  Stadtmürkte  (Gcsamm.  Ahhandl.  Berlin,  1894),  I,  p.  118. 

—  2  Meyer,  Wirthsch.  Entw.  p.  29.  —  3  Herod.  11,  178.  —  4  Diod.  XI,  90,  3;  XII, 
9,  2;  cf.  Bûcher,  Zur  qriech.  ^ Virthschaftsgesch .  ( Fest .  fur  A.  Schhffle),  p.  245. 

—  5  Herod.  V,  28—6  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  Il,  p.  445  ;  Büchsenschütz, 
p.  375  ;  Hüllmann,  p.  139  et  s.  —  7  Herod.  V,  28  ;  VI,  21;  cf.  Bûcher,  Zur 
qriech.  Wirthsch.  {Fest.  fiïr  A.  Schüf/le),  p.  244.  —  8  Bliimner,  Geioerh. 
Thâtiqkeit ,  p.  37;  Hüllmann,  p.  53-54  (Chios).  —  &  Herod.  IV,  152;  IX, 
80  ;  Arist.  Polit.  VI,  1291  B,  24  ;  Strab.  VIII,  0,  10  ;  Blümner,  Op.  cit.  p.  89  ;  Meyer, 
Wirthsch.  Entw.  p.  26;  Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  537-538  ;  Beloch,  Griech.  Gesch. 
I,  207, 216  ;  Büchsenschütz,  p.  366  ;  Hüllmann,  p.  40-43.  —  16  Beloch,  Op.  cit.  1,211  et 
s.  —  il  Bèrard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée ,  p.  194  et  s.  —  l-  Liv.  XXXIII,  32;  Hüll¬ 
mann,  p.  46-52;  Barlh,  Dissertatio  inavguralis  Corinthiorum  commercii  et 
mercaturae  historiae  exhibens  particula,  Berlin,  1844  ;  Büchsenschütz,  p.  367  ; 
Wilisch,  Beitrâge  zur  Gesch.  des  hlten  Forint  h  ( Jahresb .  des  Gymnasiums  zu 
Zittau,  1887,  1890,  1901)  ;  Curlius,  Hist.  gr.  trad.  Bouché-Leclercq,  Paris, 
1880-83,  I,  p.  322-  345;  Francotte,  I,  p.  94;  Guiraud,  Main-d'œuvre  industr. 
p.  26-27  ;  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  11,  p.  43G-437  ;  Fougères,  Mantinée ,  p.  65. 

—  13  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  II,  p.  435;  Francotte,  I,  p.  33;  Büchsen¬ 
schütz,  p.  369.  —  H  Herod.  VI,  89.  —  15  ld.  VI,  88-93.  —  16  Beloch,  Griech. 
Gesch.  I,  p.  363  et  s.  ;  Meyer,  Wirthsch,  Entw.  p.  27  et  s.  ;  Francotte,  I,  p.  98  et  s. 


ont  été  ruinées  par  les  guerres  médiques  et  < 
pas  à  retrouver  leur  ancienne  splendeur  <«  ,  ”  arrivenl 
port  d’Athènes,  le  .Pirée,  a  relégué  au  second  °°UVeau 


ports  de  l’Euripe,  Erétrie  et  Chalc 


is: 


plan  les 

*  i  .  ■  cetl'e  dernière  vin 

a  meme  perdu  sa  marine  et  est  devenue  une  r 6 

d’Athènes 19  ;  puis,  étendant  son  action  plus  loin  a!  ' °nle 
a  achevé  le  déclin  d’Égine  et  balancé  la  supriJJ  ? 
Corinthe  20.  La  cause  de  ce  remarquable  essor  doit  !  ' 
doute  être  cherchée  dans  le  rôle  prépondérant  qu’Atl  S'"1S 
a  joué  dans  la  lutte  contre  les  Perses  :  la  victoire  r* 
ouvert  les  débouchés  de  l’Orient21.  Elle  peut  coloniser  r! 
envoyer  désormais  des  clérouques  jusque  vers  l’Helle-. 
pont  et  le  Bosphore.  L  initiative  clairvoyante  de  Thé 
mistocle  prépare  les  instruments  par  lesquels  sa  patrie 
Pourra  retirer  les  fruits  de  sa  victoire  :  ce  sont  les  murs 
d’Athènes  et  du  Pirée  ;  c’est  surtout  la  flotte  de  guerre' 
grâce  à  laquelle  la  prépondérance  maritime  est  acquise  fi 
Athènes22.  La  ligue  de  Délos,  dirigée  en  apparence  contre 
les  Perses,  sert  en  réalité  l’expansion  d’Athènes  et  assure 
sa  domination  sur  mer23.  Pendant  tout  le  v“  siècle,  et 
une  partie  du  ive,  cette  ville  est  le  grand  marché  de  la 
Méditerranée  orientale21.  Un  témoignage,  remontant 
cependant  à  une  époque  où  sa  prospérité  commerciale 
est  déjà  sur  son  déclin,  nous  apprend  que  l’impôt 
de  2  p.  100  sur  les  importations  et  les  exportations  rap¬ 
porte  de  30  à  36  talents  par  an25,  ce  qui  indique  un 
mouvement  d’affaires  au  moins  égal  à  1 300  ou  1 800  talents. 
Le  Pirée  est  le  rendez-vous  des  navires  venus  de  tous  1 
pays,  du  Pont,  de  la  Phénicie,  de  l’Égypte,  de  la  Cyré¬ 
naïque,  de  la  Sicile,  de  l’Italie Les  marchandises  de 
toutes  provenances  y  affluent27.  Signe  indéniable  de 
l’hégémonie  économique  d’Athènes,  les  poids,  les 
mesures,  les  monnaies  altiques  sont  répandus,  à  partir 
du  milieu  du  Ve  siècle,  dans  tout  le  monde  civilisé,  jus¬ 
qu’en  Sicile  et  en  Italie28,  et  y  occupent  la  première 
place.  Avec  Athènes  sont  en  rapports  réguliers  un  grand 
nombre  de  centres  commerçants,  dont  plusieurs  sont  de 
fondation  récente.  C’est,  en  Sicile,  Agrigente.  et  surtout 
l’opulente  ville  de  Syracuse29  qui,  au  milieu  duiv1  siècle, 
grâce  au  génie  de  Denys  le  Tyran,  dépassera  un  me 
Athènes  et  deviendra  «  la  plus  grande  des  GUes 
grecques30  »  ;  en  Italie,  Tarente31  ;  Crotone,  qui  .i,  dt Pu4 
la  fin  du  vi°  siècle,  supplanté  et  ruiné  Sybaris  ,  Hunu, 
fondée  en  443  par  Athènes33  et  devenue  rapidement  un 
centre- prospère  de  civilisation  atticjue  ,  dans  a  1111  1 

patrie,  Corinthe,  l’éternelle  concurrente  d’Athenes  , 

—  17  Boeckli,  De  Staathauslialtung  der  Athener,  3"  éd.  Par  *  '  f/c,.  ZVrser- 

1,  p.  59-77  ;  Lange,  Darstellungen  des  athènischcn  Handels  l  oin  •  '  (8fi2;  noguel, 
l.riege  sur  Unterjochung  Griechenlands  durch  die  Bûmet ,  L  u  n  ^  pesialozia, 
Z-  commerce  d’Athènes  après  les  guerres  médiques ,  Slrss  °n  g.  jy.  secoioaiwd’ 
La  cita  economica  Ateniese  dalla  fine  del  secolo  1  11  “  t'n  .  ip  p.  520 

Christo ,  Milano,  1901  ;  Curlius,  Hist.  gr.  (tr.  Bouché- Lee  ciq),  _  19  Uusolt, 
et  s.;  Francotte,  .,  p.  117.  -  «  Beloch.  ^ch.G^c -  ■  P-  ^  srf* 


Griech.  Gesch.  Il  (2“  éd.),  p.  0,8,  n.  2. 


7.  Beloch, 


21  Lange,  p. 

Athéniens  à  deveo11 


(, Jahrb .  für  J\ationalolconomie,  XIII,  1880,  p.  83  el  s.). 

I,  p.  395.  Les  Perses,  dit  Thucydide,  VU,  21,  forcèren  >-  ^  ,  Bclocli,! 

marins.  -22  Busolt,  III,  1,  p.  41-63  ;  Curlius,  Hist.  gr.  U,  P-  J  |,  39. 

P-  302  et  s.  ;  Clerc,  Les  métèques  athéniens ,  p.  4  myst.  I« 

—  21  Voiries  paroles  de  Périclès,  dans  rhuc.  U,  •  etntistik,  3'  sér.  X'1  ’ 
s.  ;  Beloch,  dans  les  Jahrb.  für  Nationaloekonomie  ««'  lV,  42  ;  T1"*' 

,899.  p.  626  et  s.  ;  Lange,  p.  26.  -  20  Xcn.  Hep.  Ai ^  ’  p  3).  -  ■ 

II,  38,2;  Sopatros,  De  div.  quaest.  (. Rliet.graec .  .  •  ’  3g.  _  2*  Pol I)  • 

Polit..  Il,  6  et  s.  ;  Busolt,  111.  1,  P-  479-490  ;  Meyer,  Wtrtscn. 

VI  39.  —  29  Arisloph.  Ranae,  720-726  =  «  xaW!«ot«  . . .  _  30  ls«r 

Beloch,  Griech.  Gesch.  1,  p.  400;  11,  p.  340;  Hüllmann  P-  ^  Tare»  s, 
JVicoc/es,  23.  -  31  Francotte,  I,  p.  36-37  ;  Hüllmann,  p. .iy*  t,  F51*) 

Strasbourg,  1877.  —  32  Herod.  V,  44  et  s.  ;  47;  ,  -  •  __  36  Ti,uc.  U  " 

540  ;  Pappritz,  Tharii,  Berlin,  1891.  -  31  Diod.  XII,  , 


MER 


MER 


—  1753 


cwone  Thè'bes,  Argos,  etc.  ;  au  nord',  en  Thrace, 
Még«re’  ‘  “  (ondée  par  Athènes  sur  le  Strymon  pour 
trnph'P0  ls’ ,  rQute  ae  la  Macédoine  à  l’Hellespont  '  ; 
coninion<1,‘|-  ll  alliées  et  tributaires  d'Athènes, 

et  l  ef 6  mnbre  a  varié  avec  les  époques. 
d°nl •  jLé  d’Athènes  ne  se  borne  pas  au  trafic.  La 
Ma'S  "  d’obiets  fabriqués  y  occupe  aussi  beaucoup 
production  g  deg  lravaüleurs  (métèques  et  esclaves) 

debraSt;  de  grandes  proportions  2.  Des  perfection- 
Pccr0'  (‘^niques  sont  rendus  possibles  par  une  divt- 
®emei ,  ,v,ncée  du  travail,  division  dont  on  commence 
comprendre  les  bienfaits3.  Tandis  que 
fcé  fabrique  la  tige  des  candélabres,  lîgine  en 
,  ■  1„  nlnmié  L  L’industrie  des  armes  occupe  plu- 

fab",f  ,'nétiers  :  casques,  cuirasses,  aigrettes,  boucliers, 

‘‘  fabriquent  dans  des  ateliers  différents;  et,  pour 
Lue  arme,  il  y  a  des  pièces  fabriquées  par  des  ouvriers 
différents  et  spécialisés  ».  Au  iV  siècle,  on  se  moque 
des  allures  archaïques  du  philosophe  Hippias,  qui  se 
nioue  de  confectionner  lui-même  tous  les  objets  dont  il 
!e  sert8.  Ainsi  les  conditions  de  la  fabrication  se  rap¬ 
prochent  de  plus  en  plus  de  celles  de  l’industrie 
moderne'. 

Les  transformations  politiques  et  sociales  commencées 
avant  le  v"  siècle, se  poursuivent  en  concordance  avec  le 
développement  nouveau  du  commerce.  Bien  que  l’agri¬ 
culture  ait  conservé  une  réelle  importance  même  en 
Altique  \  c’est  désormais  le  commerce  qui  est  la  source 
principale  de  la  vie  économique,  et  une  fraction  consi¬ 
dérable  des  produits  agricoles  consommés  en  Grèce  est 
d’importation  étrangère  (blé  de  Sicile,  d’Égypte  ou  du 
Pont)  9.  La  circulation  et  la  mobilisation  des  richesses 
!  sont  plus  actives  que  par  le  passé  ;  le  stock  des  métaux 
précieux  s’est  largement  accru  par  l’apport  incessant  des 
tributs  des  alliés10  et  les  produits  des  mines  du  Laurium11 
et  des  mines  nouvelles  ;  les  monnaies  frappées  à  Athènes 
-  et  dans  les  principales  places  de  commerce  deviennent 
abondantes  :  d’où  une  élévation  sensible  des  prix'2,  un 
plus  grand  développement  de  la  pratique  du  prêt  à  inté¬ 
rêt  ainsi  que  de  toutes  les  opérations  de  crédit,  désor¬ 
mais  plus  faciles  et  plus  fréquentes  13.  Par  là  aussi,  les 
tendances  capitalistes  s’accentuent  et  entraînent  de  plus 
profondes  divisions  sociales.  Le  fossé  se  creuse  entre  la 
bourgeoisie  marchande  qui,  par  les  capitaux  (argent, 
C1'édit,  esclaves,  terre)  qu’elle  possède  à  peu  près  seule, 

I  en  vient  à  monopoliser  la  richesse,  et  la  classe  des 

H  *  CiuUiiis,  Hist.gr.  N,  p.  547.  —  2  Bolocli,  Bevôlkerung  der  griech.  rômischen 
K  Leipzig,  188(1,  p.  84  et  s.  ;  Ciccolli,  Del  numéro  degli  scliiavi  nell  Attica 
Blflendiconfi  dd  r.  Islit.  Lombardo  di  Scienze  e  Lettere ,  ser.  Il,  XXX,  p.  655  et 
S.)  ;  Meyer,  dans  Forschungen  zur  alten  Gesch.  Il,  1899,  p.  168-179  et  185-189; 
I  ,ere'  Le‘  métèques  athéniens ,  p.  335  ;  367  et  s.  —  3  Plat.  Hep.  11,  p.  369-370  ; 
i  l1,  646  E;  Xen.  Cyrop.  VIII,  2  ;  Franco tte,  I,  p.  293  ;  Guiraud,  Main- 

■  'jraiic,  p.  53-54.  —  4  Plin.  flist.  mit.  XXXIV,  0.  — 5  Francollc,  I,  p.  294.  Pour 

■  ^"'alisalion  dans  le  travail  des  mines,  voir  Ardaillon,  Les  mines  du  Laurion 
I  locl  '  Paris,  1897,  p.  91-92  [metali.a],  —  6  Hippias  min.  368  B.  —  7  Be- 
I  îsjin  l,ros:industrUi  im  Alterthum  ( Zeitschr .  für  Soxialwissenschaft,  11, 

■  P  'w!'  ^  C^'  BucBer>  Zur  griech.  Wirthsch.  ( Festgaben  fur  A.  Schâf/le), 

I  (1|(,  ) 1  h-  ~  8  Beloch,  Griech.  Gesch.  I,  p.  407-408  ;  Meyer,  dans  Forsch.  zur 

I  ,,  'b  P'  189-195  ;  Francotte,  1,  p.  198  et  s.;  Pestalozza,  p.  71  et  s. 

I  le  cm  '"°8lh’  C°nlra  Phen ■  xx-  31  ct  s-  i  Bôckli  (Frankel),  I,  p.  97  et  s.  ;  Perrot, 
I  1  <::rr  deS  CMales  en  Attique  [Rev.  hist.  IV,  1877),  p.  51  et  s.  —  10  Pedroli, 
I  1 1891  i  ^  ulteati  d  Atene  ( Studi  di  storia  antica  pubblicati  da  Giulio  Beloch , 
K  Pliai  '  .  )  11  Pestalozza,  O.  c.  p.  42  ct  s.  ;  Ardaillon,  p.  136  et  s.  —  12  Denietr. 
I  Criée//  r  '"l  Solon'  23  ’  Bückli  (Frankel),  I,  p.  78  ;  Pestalozza,  p.  46.  —  13  Bclocli, 

I  Gesc/i  des  **’  cl  s-  I  Francotte,  I,  p.  191-190;  et  surtout  Billetcr, 

I  1898,  c|i  ™  griech.-rômischen  Alterthum  bis  auf  Justinian,  Lcipz. 

I  Ulr,*«|uv  11  Besla'0ZIa,  p.  58  ;  Guiraud,  p.  190.  —  18  Lorsque  Aristote 

éd.  Kenyon,  6)  définit  la  fameuse  Scisachlliic  de  Solon  connue 


ouvriers  et  dès  petits  revendeurs  libres,  qui  ne  pend 
subsister  par  elle-même,  parce  qu’elle  manque  de  capi¬ 
taux,  et  que  ses  salaires  et  ses  gains  sont  avilis  par 
l’effet  de  la  concurrence  servile11.  Pour  remédier  à  ce 
malaise  grandissant,  tantôt  on  oblige  les  créanciers  à- 
faire  des  remises  générales  de  dettes  ,J,  tantôt  on  procède 
à  de  nouvelles  répartitions  du  sol  ;  on  habitue  les 
pauvres  à  attendre  de  l’État  tout  ou  partie  de  leurs  moyens 
de  subsistance  (jetons  de  présence  aux  jurés,  à  ceux  qui 
assistent  aux  assemblées  du  peuple;  distributions  d  ar¬ 
gent,  de  grain,  etc.16).  Ces  palliatifs  ne  suppriment  pas 
les  causes  du  mal  et  grèvent  lourdement  les  finances  ; 
les  États  commercants  de  la  Grèce,  et  particulièrement 
Athènes,  sont,  au  v‘  et  au  ivc  siècle,  le  théâtre  de  lutlps 
intestines  qui,  autant  que  les  luttes  étrangères,  contri¬ 
buent  à  les  affaiblir11.  Les  excès  de  la  démagogie  pré¬ 
parent  des  réactions  oligarchiques,  hostiles  au  com¬ 
merce18,  qui  devront  bientôt  triompher19. 

Le  dernier  tiers  du  v»  siècle  voit  commencer  la  déca¬ 
dence  politique  d’Athènes.  En  431  s’engagent  les  guerres 
du  Péloponèse,  dont  il  faut  chercher  les  causes  non 
seulement  dans  l’antagonisme  des  peuples  agriculteurs 
péloponésiens  groupés  sous  la  direction  de  Sparte  et 
des  peuples  commerçants  des  cités  maritimes  et  des  ile> 
groupés  autour  d  Athènes,  mais  aussi  dans  la  concur¬ 
rence  qui  oppose  à  Athènes  ses  éternels  rivaux  commei- 
ciaux  :  l’empire  perse  d’une  part,  les  villes  de  Corinthe 
et  de  Mégare  de  l’autre.  C’est  encore  1  ambition  commer¬ 
ciale  qui  pousse  Athènes  à  tenter  1  expédition  deSicile 
dont  l’échec  commence  la  ruine  de  sa  suprématie  mari¬ 
time.  La  décadence  économique  est  plus  lente  à  s  affirmer 
que  la  décadence  politique  :  après  la  prise  d  Athènes  par 
Lysandre  et  la  révolution  oligarchique  qui  la  suit,  on 
peut  croire  que  le  commerce attique estàjamais  détruit _1 . 

Il  se  relève  pourtant  de  cette  crise  avec  une  étonnante 
rapidité22.  Au  début  du  ive  siècle,  à  la  suite  de  la  guerre 
de  Corinthe23  et  au  temps  du  renouvellement  de  la  con¬ 
fédération  maritime21,  le  commerce  athénien  jette  encore 
un  brillant  éclat.  Mais  les  circonstances  précipitent  sa 
ruine  23.  Athènes  se  heurte  bientôt  à  un  ennemi  nouveau, 
la  Macédoine.  D’autres  villes  commerçantes,  grâce  aux 
avantages  que  leur  donne  une  situation  exceptionnelle, 
peuvent  conserver  leur  ancienne  prospérité  économique, 
tout  en  perdant  leur  indépendance  politique  :  c’est  le  cas 
pour  Corinthe.  Mais  pour  Athènes,  son  expansion  com¬ 
merciale  est  si  étroitement  liée  à  son  expansion  politique 

une  abolition  des  déliés  publiques  cl  privées,  cela  prouve  non  pas  que  cette  indication 
soit  historiquement  vraie,  mais  tout  au  moins  que  1  on  considérait,  au  temps  d  Aristote, 
une  pareille  mesure  comme  légitime  et  régulière.  Clerc,  Les  métèques  athéniens, 
Paris,  1893,  p.  340-341  ;  cf.  Schumann,  Griech.  Alterth.  4*  éd.  par  Lipsius,  Berlin, 
1898,  I ,  p.  344;  Gilbert,  Handbuch  der  griech.  Staatsalterth.  2e  éd.  Leipzig,  1893, 

I,  p.142;  Billeter,  p.  5  et  s.  -1»  Busolt,  Griech.  Gesch.  III,  I,  p.  261-269  ;  Meyer, 
Wirthsch.  Entw.  p.  30;  Beloch,  Griech.  Gesch.  I,  416,  466;  11,  360;  Ciccolli,  La 
retribusione  delle  funzioni  pubbliche  civili  nell'  antica  Atene  e  le  sue  conseguenze 
( Rendiconti  del  r.  Istituto  lombardo  di  Scienze  e  Lettere,  ser.  Il,  XXX,  p.  1091); 
Perrot,  Essai  sur  le  droit  public  d'Athènes,  Paris,  1869,  p.  44-52  et  225-233. 
_  ,7  Beioc|,,  Op.  cil.  1.  p.  439  et  s.;  476.  —  Voir  notamment  dans  Clerc,  Les 
métèques  athéniens,  p.  309  et  358,  les  persécutions  qu’inaugura  contre  les  métèques 
le  gouvernement  des  Trente  Tyrans.  —  '‘J  Beloch,  Griech.  Gesch.  II,  p.  36-110. 

_ 20  gur  ia  politique  économique  d’Athènes  à  l’égard  de  la  Sicile,  voir  Columba,  Il 

mare  e  le  relazioni  marittime  tra  la  Greciae  la  Sicilia  nell'  antichita  {Arc h.  St. 
Sicil.  XIV,  1890)  ;  llclhig,  Sopra  le  relazioni  commerciale  deyli  Ateniesi  colt  ltalia 
{ Rendiconti  dei  Lincei,  Roma,  1880).  —  21  Thuc.  VII,  27,  28  ;  Büchsenschülz,  Besitz 
and  Erw.  p.  600.  — 22  Beloch,  II,  p.  338  ct  s.  —  23  Sur  le  relèvement  de  la  marine 
athénienne  (grâce  à  la  politique  de  Conon)  ;  sur  le  rétablissement  des  Longs  Murs 
détruits  par  Lysandre.  voir  Xen.  Bell.  IV,  8,  9-10  ;  Corn.  Nepos,  Conon,  4.  — 24Swo- 
boda,  Der  hellen.  Bund  des  Jalires  37 1  v.  Ch.  ( Rhein .  .1 fus.  3«  sér.  49,  1894,  p.  321, 
(352).  —  25  Blass,  Die  sozialen  Zustaende  Athens  im  IV  Jahrhundert,  Miel,  1880. 


—  1754  — 


MER 

que  la  première  ne  peut  survivre  à  la  seconde  l.  Désor¬ 
mais  le  commerce  hellénique  va  s’orienter  dans  des  voies 
nouvelles. 

(-•  Le  commerce  de  la  période  hellénistique.  —  Les 
résultats  des  conquêtes  de  Philippe  et  d’Alexandre  au 
point  de  vue  commercial  peuvent  se  résumer  en  une 
double  formule  :  élargissement  du  champ  d’expansion 
ouvert  au  commerce  hellénique;  unification  de  ce  champ. 

Le  champ  ouvert  au  commerce  hellénique  s’élargit. 
Non  seulement  il  s’accroît,  en  Europe,  de  pays  qui,  comme 
la  Macédoine,  étaient  presque  restés  en  dehors  du  cou¬ 
rant  économique  grec,  ou  qui,  comme  la  Chalcidique, 
n’y  avaient  joué  qu’un  rôle  effacé;  mais  encore  il  s’aug¬ 
mente  de  toute  l’Asie  occidentale.  Les  marchands  suivent 
l'armée  conquérante  jusque  dans  l'Inde2.  La  civilisation 
hellénique  se  répand  dans  tout  l'Orient  et  s’imprègne 
aussi,  par  le  contact,  d’éléments  empruntés  aux  civilisa¬ 
tions  de  l'Égypte,  de  la  Perse,  et  même  de  l'Inde.  D’autre 
part,  dans  ce  champ  plus  large  qui  lui  est  offert,  le  com¬ 
merce  peut  se  développer  plus  librement,  paçce  que 
1  unité  de  ce  champ  est  faite.  A  la  dispersion  politique 
des  petites  républiques  commercahtes  grecques,  où  les 
luttes  de  cité  à  cité  paralysent  trop  souvent  l’essor  éco¬ 
nomique,  s’est  substituée  l’unité  d'un  gouvernement 
central  fortement  constitué.  Des  sphères  économiques 
jusque-là  indépendantes  sont  unies  politiquement,  et 
leur  compénétration  réciproque  devient  possible.  Même 
lorsque  l'empire  d’Alexandre  se  morcèle,  l’unité  écono¬ 
mique  n’en  est  pas  rompue,  parce  que  les  éléments 
communs  de  civilisation  dont  ont  été  imprégnées  toutes 
ses  parties  continuent  à  leur  servir  de  liens. 

Le  pouvoir  central  contribue  d’ailleurs  à  donner  au 
commerce  une  impulsion  vigoureuse  qui  lui  manquait 
dans  la  période  précédente.  Philippe,  Alexandre  et  leurs 
successeurs  suivent  en  ce  sens  une  politique  extensive, 
parfaitement  consciente  des  résultats  à  atteindre  et  des 
moyens  à  employer.  La  mission  de  Néarque  dans  le 
golfe  Persique  ;  celle  d'Héraclide dans  la  mer  Caspienne; 
le  plan  d’assimilation  de  l’Asie  au  moyen  de  fondations 
de  villes,  font  le  plus  grand  honneur  à  Alexandre3.  On 
sait  qu’il  élaborait  de  plus  vastes  projets  encore  lorsque  la 
mort  le  surprit  L  On  sait  aussi  quelle  fut  la  part  des 
Lagides  dans  la  prospérité  commerciale  de  l'Égypte  5  et 
celle  desSéleucides  dans  l’essor  de  la  Syrie.  Anliochus  111 
surtout  nourrit  les  plus  vastes  projets  :  par  son  expédi¬ 
tion  poussée  jusqu’en  Arachosie,  il  cherche  à  attirer  le 
commerce  de  l'Inde  vers  le  golfe  Persique  ;  et,  en  guer¬ 
royant  contre  l’Égypte,  il  s’efforce  de  détourner  vers  les 
côtes  de  Syrie  l’itinéraire  des  marchandises  de  l’Arabie, 
surtout  de  l’encens  et  des  épices,  qui  jusque-là  allaient 
par  Pétra  à  Alexandrie  G. 

Par  ce  concours  de  circonstances,  le  commerce  de  la 
période  hellénistique  doit  prendre  jusqu’à  un  certain 
point  la  forme  d’un  commerce  universel ,  d’un  commerce 
mondial,  c'est-à-dire  qu’il  doit  unir  par  des  échanges 

1  Mayr,  Handelsgesc/i.  p.  20. —  2  Arr.  VJ,  22,  4.  —  3  Droyscn,  Hist.  de  ihetl. 
lr.  Bouché-Leclercq,  Paris,  1883-85,  11,  p.  050,  700-701;  Kaerst,  Gesch.  des 
helleni8tischen  Zeitalters ,  J  Die  Grundlegung  des  H ellenismus ,  Leipzig,  1901  ; 
Kuhn,  Ueber  die  Entstehung  der  Stüdte  der  Alten ,  p.  303  el  s.  ;  Erdmann,  Zur 
Kunde  der  hellenislischen  Stâdlegründungen,  Progr.  Strassburg,  1883.  —  4  Droy- 
sen,  11,  p.  688.  —  ■»  Lombroso,  Rerh.  sur  l'économie  politique  et  V administration 
de  l'Egypte  sous  les  Lagides ,  Turin,  1870  ;Bobiou,  Mém.  sur  V économie  politique 
et  l’administration  de  l'Égypte  sous  les  Lagides ,  Paris,  1875  ;  Droysen,  III,  p.  53 
et  s.  ;  606-607  ;  Wachsmuth,  Véirthsch.  Zustfinde  in  Aegyplen  wütCrend  der  griech.- 
rômi8chen  Période  (Jahrb.  für  Nationaloekonomic  und  Statistilc ,  3*  sér.  XIX), 


MER 

réguliers,  qui  les  rendent  économiquement  soli  ,  . 
unes  des  autres,  à  peu  près  toutes  les  narl i . .  f**68 le« 
connu  commercialement  utilisables  Ce  i  "  S  <  U  m°nde 
samment  le  caractère  mondial  du’  connu  |,P°UVe  suf(i' 
époque,  c'est  l’expansion  universelle  dèT  ™  n°tp,i 
grecques  :  jusque  dans  l’Inde,  les  types  CTec,  « 
les  types  autochtones1.  Les  traits  caracléri?PilnleiU 
nouvel  état  du  commerce  sont  les  suivants  •  p"1?8  Ju 
ment  de  la  circulation  et  des  capitaux  •  mi,|,inu  T  °Ppe' 
débouchés  et  des  voies  de  «oL»..’^^* 
centres  urbains  nombreux,  et  de  grandes  villes 
selles,  centres  du  commerce  mondial.  S  ""lver' 

Le  développement  de  la  circulation  des  riches  ■" 
manifeste  dès  les  débuts  de  la  période  hellénistiLfl 
Déjà  1  exploitation  plus  active  par  la  Macédoine  des 
mines  du  mont  Rangée,  en  Thrace,  a  jeté  sur  le  marchl 
une  importante  quantité  d’or  (environ  1000  talents  par 
an)  \  Mais  c’est  surtout  la  conquête  de  l’Asie  qui  en 
ouvrant  à  l’Europe  les  trésors  de  l’Orient,  provoque  un 
afflux  subit  d’or,  d’argent  et  d’espèces  monnayées  com¬ 
parable  à  celui  qui  suivra,  dix-huit  siècles  plus  lard,  la 
conquête  de  l’Amérique9.  A  Suse,  Alexandre  s’empare 
de  près  de  50000  talents10  ;  à  Persépolis  et  à  Pasargades, 
de  120000  talents".  Ces  réserves  des  Achéménides  ne 
tardent  pas  à  être  jetées  dans  la  circulation  :  Harpalos, 
dont  Alexandre  a  fait  son  trésorier  et  à  qui  il  a  confié  à 
Ecbatane  son  riche  butin,  près  de  180 0Ü0  talents,  en 
dissipe  une  partie;  il  s’enfuit  à  Athènes  avec  de  grandes 
richesses12.  Ainsi  beaucoup  des  trésors  asiatiques  sont 
versés  dans  le  commerce  grec.  A  la  mort  d’Alexandre, 
les  réserves  ne  sont  plus  que  de  10000  talents13.  Le 
contre-coup  de  cet  afflux  de  métaux  précieux  ne  se  fait 
pas  attendre  :  d’une  part  la  valeur  de  ces  métaux  baisse, 
et  la  frappe  des  monnaies  prend  une  activité  inconnue 
jusque-là";  d’autre  part,  les  prix  s’élèvent.  La  hausse! 
des  prix  est  si  considérable,  et  s’effectue  en  un  si  court 
espace  de  temps,  sous  les  règnes  de  Philippe  et 
d’Alexandre,  qu'elle  occasionne  un  malaise  général,  une 
véritable  révolution  économique  1S. 

A  une  circulation  dont  l’amplitude,  le  champ  et  les 
directions  sont  nouveaux,  il  faut  des  voies  nouvelles. 
Un  réseau  de  distribution  commerciale  s’établit,  qui 
assure  l’interdépendance  des  sphères  économiques  désor¬ 
mais  réunies.  Tantôt  des  voies  de  pénétration  artificielle» 
se  créent,  comme  ce  canal  que  creusent  les  Ptolémées I 
pour  unir  la  mer  Rouge  au  Nil  et  ouvrir  a  1  Égypte  e 


commerce  érythréen  plus  largement  que  par 


l'ancienne 

route  de  Koptosif’  ;  tantôt  des  lignes  de  commune  dion 
s’établissent  en  utilisant  plus  largement  et  plus  l,al  1  | 
ment  les  voies  anciennes17.  Les  moyens  de  li.insp111  | 
sont  perfectionnés.  L’art  nautique  a  progusM- 
navires  sont  devenus  plus  grands  et  plus 
Démosthène  en  cite  déjà  qui,  outre  une 


les 

(■mammies: 
_  ‘lourde  cargaison 

dans  la  cale,  mille  peaux  de  bœuf  sur  le  ’J.|.lveS 
portent  un  équipage  nombreux  et  beaucoup 

_  J  iliOll. 

p.  771-809.  -  «  Droyscn,  III,  p.  GOG.  —  ^  Mayr,  Handdsqesc^.V-  —  |6i  7 

XVI,  8,  G.  —  9  Ardaillon,  Op.  cil.  p.  139;  Peslalozza,  p.  *■>■  _  u  piod. 

9.  —  11  Curt.  V,  G,9;  Diod.  XVimc 


Plut.  Alex.  35,  36  ;  Droysen,  I,  p.  349. 


XVII,  108;  Cartault,  Ve  causa  Harpalica,  Paris,  1881  ;  roj'st  ^  plls  M>W  I 

—  13  Mayr,  ffandels gesch.  p.  27-28.  —  U  Ardaillon,  p.  U’°  ;  W  Gr'0$:en,  Berlin.  I 

Mass  und  Gewichtswesen  in  Vorderasien  bis  auf  Alexatu  er  ^  „  L,.lronne, 
1860,  passim,  et  p.  230.  —  'G  Bclocli,  Griech.  Gesch.  Il,  P-  3jj‘  j  '  ,0  Voir  aussi 
Recueil ,  p.  189  et  s.  ;  Hüllmann,  p.  222  cl  s.  ;  Mayr,  Mande  sgi  )|(  ()  «06. 

le  projet  d’unir  la  mer  Caspienne  el  la  mer  Noire  par  un  raiia  '  jr  GüU,  P-  |C5  clS' 

—  17  Sur  les  routes  de  l'empire  perse,  conquis  par  Alexam  i  , 


MER 


i  75.'î  — 


MER 


IX  1  * -  1  A 

ont  miné  les  grandes  cilés  commer- 
Crotone,  C urnes, 


.  et  peut-être  quarante  ou  cinquante) 

(plus  de  tren  ' ,  ^e  ^  un  outillage  plus  parfait  (par 

Les  lraT.Se  haro  d’Alexandrie),  gagnent  en  sûreté  et  en 
exempl'’  P 

eéiérité-  écononijqUe  nouveau  correspondent  des 

Ml.  CliaTe  cohésion  et  d’équilibre  nouvelles  :  le  centre 

condition  '  ^  civilisation  hellénique  se  déplace  et  se 

pKur0pe  en  Asie.  L’activité  commerciale,  en 

^'^développant,  change  de  foyers  Les  anciennes  places 

Z  Iles  grecques  se  trouvent  désormais  éclipsées.  A 

?et  ul  V'.  lottes  avec  les  peuples  îLaliotes,  et  surtout 
l'ouest,  les  i  .  .  ,  ,  - ~ — 

avec  les  Romains. 

.  l,  période  précédente 
fie  Syracuse  ont  perdu  leur  ancienne  richesse  2  et 
doivent  pas  tarder  à  perdre  leur  indépendance.  A 
r  Milet  Phocée  sont  en  pleine  décadence  depuis  les 
fmerres  m’édiques3.  Dans  U  mère-patrie,  Athènes  est 
réduite  à  un  rôle  de  second  plan  depuis  qu  elle  a  perdu 
ipire  colonial  et  ses  alliés4.  «  Le  Pirée,  dit  le 
inique  Philiscos,  est  une  noix  grosse  et  creuse  :i.  » 
’orinthe,  grâce  aux  avantages  d’une  situation  excep¬ 
tionnelle,  avantages  qui  survivent  aux  vicissitudes  poli- 
i qu'es,  peut  seule  se  maintenir,  et  reste  le  principal 
Larché  de  la  Grèce  continentale  6  ;  mais,  si  son  impor¬ 
te  absolue  a  augmenté,  son  importance  relative  a 
jlutôt  décru  par  l’entrée  en  scène  de  concurrentes  plus 
■iches.  D’ailleurs,  à  côté  d’elle,  les  anciennes  villes 
aarchandes,  Égine,  Mégare,  Chalcis,  Érétrie,  sont  bien 
[échues  de  leur  ancienne  prospérité1. 

Des  places  de  commerce  nouvelles  ont  surgi.  Quelques- 
mes  existaient,  à  vrai  dire,  dès  le  temps  de  l’hégémonie 
thénienne,  mais  elles  n’y  tenaient  qu’une  place  plus 
ffacéo.  C’est  la  ville  de  Cos,  dans  l’ile  du  même  nom  8. 
l’est  surtout  Rhodes,  à  l’intersection  des  grands  axes 
1  commerce  international,  de  l’axe  nord-sud,  du  Pont 
Alexandrie,  et  de  l’axe  est-ouest,  de  l’Espagne  à  la 
yrie  et  au  centre  de  l’Asie  9.  C’est,  plus  tard,  Pile  de 
élos,  dont  les  foires,  fort  anciennes,  commencent,  grâce 
l’appui  de  Rome,  à  battre  en  brèche  le  commerce  rho- 
ien,  et  à  devenir  le  rendez-vous  des  marchands  d’Europe 
t  d'Asie  ;  elles  atteindront  leur  apogée  sous  la  domi¬ 
nion  romaine10.  En  Àsie-Mineure,  c’est  Éphèse11 
ilevéepar  Lysimaquesous  le  nom  d’Arsinoé) i2,  Smyrne 
levée  par  Antigone  et  Lysimaque13),  Halicarnasse  ; 
ns  le  Pont,  c’est  Cyzique,  Sinope,  Héraclée,  Trapézonte, 
•ydos'LMais  surtout,  à  côtéde  ces  places  anciennes,  des 
ices  entièrement,  nouvelles  sont  apparues,  créations 
commerce  mondial,  liées  aux  conditions  de  circula- 
que  ce  commerce  a  fait  naître  :  les  points  de  croise¬ 
nt  du  réseau  nouveau  de  distribution  se  marquent 
turellement  par  des  centres  d’échange13.  Ce  n’est  pas 
les  caractères  les  moins  curieux  de  la  période  hellé- 
l'qoe  que  l’éclosion  d’innombrables  villes  mar- 
mdes.  Les  villes  helléniques  qui  se  fondent  alors  ont 


De 


111  •  Phorm. 


XXXIV,  tO  :  dans  le  naufrage  de  Lampis,  plus  de  trente 
ç  |  "n*  s*ona^s  comme  perdus  ;  le  reste  se  sauve  dans  un  canot.  —  2  Fran- 
"  W;  y  3  Deloch,  Griech.  Gesch.  1,  395,  403.  —  4  Fraucotlc,  1,  p.  47  ; 
"étèques  athéniens,  p.  363.  —  t>  Fragm.  poet.  corn,  graec.  p.  608. 
M»vr,  Uandelsgesck.  p.  30.  —  7  Cic.  Ad  famil.  IV,  5,  4.  —  8  Diod.  XV,  76. 
;cr  '))'  llan'^e^gesch.  p.  30;  Francotle,  I,  p.  45;  Hüllmann,  p.  253-259; 
j.’  '  ltll°dioruni  primordiis,  Leipzig,  1882.  —  >0  Bltimner,  Gewcrb.  That. 
Imam  '  °^C’b  C-  49;  Scliôffer,  De  Dell  insulae  rebus ,  U  fri.  Stud.  IX,  1889; 
s'",;,Pp38-4°:p.  260.  —  11  strab.  XIV,  1,  24;  Plut.  Lys.  3;  Kuhn,  p.  351. 
4(;  l'1.!;.  'lz-  v"  Kuhn,  p.  349.  —  13  Droysen,  II,  p.  717.  —  H  Francotte, 

ll1’aii"llmann,  P-  259,  1  42,  252.  —  1S  En  général,  voir  dans  Droysen,  l'appen- 
p.  635-777  :  Les  villes  fondées  par  Alexandre  et  ses  successeurs ; 


en  effet  un  caractère  mercantile  plus  marqué  que  les 
colonies  des  périodes  précédentes.  Tandis  que  celles-ci, 
composées  exclusivement  d’émigrants  d’une  meme  cite, 
avaient  un  caractère  politique  et  national,  celles-là,  qui 
groupent  des  citoyens  de  tous  les  pays  grecs  avec  des 
barbares,  ont  un  caractère  avant  tout  commercial  '‘t 
international.  Tandis  que  celles-ci  constituaient  de  petits 
États  indépendants,  celles-là,  bien  que  jouissant  de 
l’autonomie  municipale,  sont  soumises  à  1  autorité  a  un 
souverain lü. 

La  période  hellénistique  voit  se  réaliser  une  véritable 
lloraison  de  ces  villes17.  Philippe  en  crée  déjà  un  certain 
nombre 18 (Philippes,  au  pied  du  mont  Pangée,  Philippo- 
polis  sur  l’Hèbre,  etc.).  Alexandre,  suivant  cet  exemple,  ne 
fonde  pas  moins  de  soixante-dix  villes  à  lui  seul 1  '  ;  il  les 
place  comme  des  étapes  sur  les  voies  du  transit,  pour  ser¬ 
vir  de  points  d’appui  à  la  pénétration  économique  autant 
qu’à  la  pénétration  militaire20.  Celles  de  ces  villes  qui  ont 
eu  le  plus  brillant  avenir  commercial  (beaucoup  d  entre 
elles,  établies  dans  des  situations  remarquables,  sub¬ 
sistent  encore)  sont  les  suivantes  :  Apamée  près  de 
l’Oronle  (sur  la  route  de  la  Syrie  à  1  Euphrate)--, 
Alexandrie  d’Égypte,  le  plus  prospère  des  établissements 
fondés  par  Alexandre32;  Alexandrie  de  Margiane  (Merv  , 
dans  une  riche  oasis23;  Alexandrie  d'Asie  (Hérat),  à  la 
bifurcation  des  deux  routes  de  la  Drangiane  et  du 
Caboulistan 34  ;  Alexandrie  d'Arachosie  (Kandahar  ; 
Alexandrin  eschata  (Khodjend);  enfin  deux  autres  Alexan- 
dries  et  Pattala  (ces  trois  villes  établies  sur  l’Indus  pour 
ouvrir  ce  fleuve  au  commerce  cosmopolite  2".  Les  succes¬ 
seurs  d’Alexandre  suivent  la  même  politique.  En  Europe 
naissent  Thessalonique,  Cassandreia,  Demetrias,  Lysima- 
cheia26;  en  Bithynie,  Nicomédie 21  ;  en  Paphlagonie, 
Amastris  (le  marché  commun  des  Scythes  et  des  peuples 
du  Sud)28.  En  Syrie,  les  Séleucides  font  sortir  de  terre 
une  foule  de  villes,  qu’ils  nomment  Séleucie,  Apamée, 
Laodicée,  Antioche29.  Parmi  les  seize  villes  qui  portent 
ce  dernier  nom,  celle  qui  est  établie  sur  1  Oronte  prend 
un  essor  économique  remarquable,  et  devient  la  princi¬ 
pale  ville  d’Asie  Mineure30.  Après  elle,  on  peut  citer  la 
ville  de  Laodicée,  en  Carie,  l’une  des  cinq  villes  qui 
portent  ce  nom;  la  ville  de  Séleucie,  en  Babylonie  isur 
le  Tigre,  au  point  où  le  trafic  de  l'Euphrate  se  réunit  au 
courant  commercial  venant  de  la  mer31).  En  Afrique,  les 
Lagides  fondent  Bérénice,  Arsinoé,  Ptolémaïs  (en  Cyré¬ 
naïque),  Ptolémaïs  et  Arsinoé  (en  Égypte),  et  de  très 
nombreuses  colonies  sur  les  côtes  de  la  mer  Rouge, 
désormais  reliées  commercialement  à  la  vallée  du  Nil  J. 
Parmi  les  villes  nouvelles,  beaucoup  deviennent  de 
grandes  villes  au  sens  moderne  du  mot.  Antioche, 
Alexandrie  surtout  comptent  un  nombre  considérable 
d’habitants33.  Cette  dernière  ville,  grâce  aux  avantages 
d’une  situation  exceptionnelle34,  devient  le  premier  port 
et  le  premier  marché  de  la  Méditerranée,  et  le  foyer  d’un 

et  Tomaschek,  Zur  historischen  Topographie  von  Persien  ( Sitzungsber .  der 
Wiener  Akad.  1883,  p.  145-232).  —  '«  Mayr,  Bandelsgcsch.  p.  27.—  1"  Droy¬ 
sen,  111,  p.  31  cl  s.  —  18  Diod.  XVI,  71.  -  '»  Plut.  De  fortun.  Alex.  Il,  5. 

30  Droysen.  III,  p.  32,  n.  3.  —  21  Ibid.  II,  p.  667.  —  22  Arist.  Oecon.  Il,  33. 
—  23  Strab.  XI,  p.  516;  Droysen,  II,  p.  672.  —  24  Strab.  XV,  p.  7  23.  —  25  Droy¬ 
sen,  II,  p.  684-685.  —  20  Kuhn,  p.  3  1  6-335.  —  27  Liban.  Oral.  6.  —  28  Droysen, 
U,  p.  707.  —  29  Appian.  Syr.  57.  —  30  Joseph.  Bell.  lud.  III,  2,  4;  Procop.  Bell. 
P  ers.  I  17,  87,  12  cl  s.;  O.  Millier,  Antiquitates  Antiochcnae,  Gôtlingcn,  1839  ; 
Droysen,  II,  p.  729.—  31  Droysen,  II,  p.  744;  Hülimann,  p.  237  et  s.  —  32  Droy¬ 
sen  II,  p.  734-772-  —  33  Pour  l'évaluation  de  la  population  des  grandes  villes 
delà  période  hellénistique,  voir  Beloch,  Bevnlkeruny,  L.  c.  —  34  Strab.  XVII,  p. 
7  cl  s. 


$ 


mouvement  intellectuel  qui  rayonne  sur  le  monde 
entier'. 

À  peine  le  commerce  hellénistique  a-t-il  atteint  cette 
pleine  expansion  que  les  circonstances  politiques 
1  entraînent  vers  des  orientations  nouvelles.  Rome  ne 
tarde  pas  à  conquérir,  avec  le  monde  hellénique,  tout  le 
champ  d  expansion  ouvert  au  commerce  européen  et 
asiatique.  La  même  année  (146),  par  une  coïncidence 
frappante,  et  souvent  relevée  2,  Corinthe  et  Carthage  sont 
détruites  par  les  Romains;  la  Grèce  est  réduite  en  pro¬ 
vince  romaine.  Les  peuples  italiotes,  à  peine  sortis  de  la 
phase  de  l'économie  agricole  et  domestique,  vont  se 
trouver  jetés  brusquement  dans  le  courant  du  commerce 
mondial.  La  Grèce,  politiquement  subjuguée,  va  con¬ 
quérir  Rome  par  son  commerce.  Pour  être  moins  connue 
que  ses  conquêtes  artistiques  et  intellectuelles  sur  les 
Romains,  cette  conquête  économique  réalisée  par  le 
génie  hellénique  n'apparaît  pas  moins  certaine  à  qui 
étudie  de  près  le  commerce  qui  se  développe  dans 
l'empire  romain  3. 

Histoire  interne  du  commerce  grec  dans  la  période 
historique.  —  A.  Diverses  branches  du  commerce.  —  Les 
conditions  physiques  du  monde  grec  font  que  le  petit 
commerce,  le  commerce  intérieur,  le  commerce  terrestre, 
d’une  part;  le  grand  commerce,  le  commerce  extérieur  et 
le  commerce  maritime,  d’autre  part,  s’y  confondent  à  peu 
près.  Le  relief  tourmenté  de  la  Grèce  continentale  et  le 
morcellement  du  sol  entre  tant  de  promontoires  et  d’îles 
s'opposent  à  des  communications  intérieures  faciles.  Au 
contraire,  la  grande  richesse  des  articulations  côtières  du 
Péloponèse,  de  l'Asie  Mineure  et  des  îles,  avec  les 
échancrures  profondes  qui  servent  de  voies  d’accès,  fa¬ 
vorise  le  commerce  maritime.  Tout  le  grand  commerce 
(tout  le  commerce  extérieur)  prend  naturellement  la 
roule  de  mer  4.  S'il  emprunte  la  route  de  terre,  ce 
n'est  que  comme  une  voie  de  raccordement  avec  la 
route  maritime,  et  comme  un  moyen  d’éviter  certaines 
traversées  longues  et  périlleuses  (par  exemple  en  cou¬ 
pant  au  court  à  travers  un  isthme) 5. 

Le  petit  commerce  est  désigné  par  les  Grecs  du  nom 
de  xaTCYjXEÏa,  le  grand  commerce  du  nom  d’lp.7dpta,  6.  La 
x«7tTfiX£ta  est  essentiellement  le  commerce  terrestre  (col¬ 
portage  ;  trafic  des  marchés  ;  commerce  des  caravanes) 
[mercator].  L'è[j(.7ropta  est  le  commerce  maritime  [nego- 
tiator].  Celui-ci,  d’après  Aristote  7,  se  subdivise  lui- 
même  en  trois  grandes  branches  qu’il  nomme  vauxXYjpïa, 
*opTY|Yix  et  7ixpx'7Ta'ï';.  On  s'entend  mal  sur  le  sens  de  ces 
mots,  d'autant  plus  que  les  auteurs  grecs  eux-mêmes  ne 
les  emploient  pas  toujours  dans  leur  sens  précis  et  tech¬ 
nique.  Le  plus  général  est  vocjxX-qpïa.  Dans  un  sens  large, 
il  désigne  tout  le  commerce  maritime  et  vauxX-rjpo;  est 
synonyme  d’eg-Ttopoi;  à  peu  près  comme  dans  l’usage  cou¬ 
rant  de  la  langue  française,  le  terme  d 'armateur  s’ap-. 

1  Pauly- Wissowa,  Bealencycl.  v°  Alexandreia ,  I,  p.  1376  et  s.  ;  Lumbroso, 
L'Egilto  al.  tempo  dei  Greci  e  dei  Bomani ,  Rome,  1882  ;  Ilüllmann,  p.  217 
et  s.  —  2  Mayr,  Handelsgesch.  p.  30-31.  —  3  Goldschmidl,  i/niversalgesch. 
des  Bandelsrechts  ( Handbuch  des  Handelsrechts ,  3e  éd.  I,  Stutlgart,  1891), 
p.  64.  —  4  Hesiod.  Op.  et  d.  643  ;  Hermann-Blünmer,  p.  425.  —  5  Bérard, 
Les  Phéniciens  et  l'Odyssée ,  p.  68  et  s.  —  6  Hcrmaun-Blümner,  p.  419-421  ;-425- 
428;  I.  v.  Miiller,  Die  griech.  Privatalterth.  ( Handbuch  des  klass.  Alterth.  IV, 
1),  p.  252  ;  Schrader,  p.  74;  Büchsenschiitz,  p.  454  et  s.  —  ~  Arist.  Polit.  1,  11, 
p.  1258  B,  21.  —  8  Büchsenschiitz,  p.  456,  n.  1  ;  1  lermann-Blümner,  p.  428. 

—  9  Spanheim  in  Iulian.  p.  139.  —  10  p0U.  VII,  131  ;  Athen.  I,  p.  28 C;  Hcr.  II,  96. 

—  H  Ilermann-Blü mner ,  p.  429,  n.  8.  —  12  Büchsenschülz,  p.  456,  n.  I  ;  Becker- 
Goll,  Chai'ikles,  II,  p.  184;  Hermann-Blümuer,  p.  428;  Francotle,  1,  301. 


ivir.it 


plique  à  tout  entrepreneur  de  commerce 

11 11  s7  Ph,s  étroit;le  v#éxXijpoç  est  seulement  1T'  ** 

seur  de  navires  :  il  est  propriétaire  de  viU  f°“rH 
loue  à  ceux  qui  veulent  les  armer  et  les  ch  “  '« 

La  c  est  le  transport  de  marcha  «dise,  , 

cpopx-qyoç  reçoit  les  marchandises  d’autrui  au’i  Le 
moyennant  un  certain  prix  ferme,  a  remettre  en 
heu.  Pareil  transport  peut  emprunter  lavoir  I  ,  ' 

d'où  l'interprétation  parfois  proposée  de  ...J* ?"V 
sens  de  commerce  terrestre  (colportage)  »  u.K  “  k 

son  acception  usuelle,  se  dit  presque  exciiZ 

ment  du  transport  par  voie  de  mer  10.  e' 

De  nos  trois  expressions,  uapWi;  est  peut-être  la  nll 

énigmatique.  On  en  donne  deux  interprétations 
ment  inexactes.  Tantôt  on  en  fait  l’équivalent  de  x«X 
ce  qui  ne  se  conçoit  pas,  puisque  Aristote  présente  la  Ci 

COmme  une  Partie  de  l’âgudp.a  et  qu’il  oppose 
celle-ci  a  la  xaTrqXsïa 11  ;  tantôt  on  y  voit  le  fait  même 
d’acheter  et  de  vendre  les  marchandises »,  ce  qui  n’est  pas! 
sensiblement  plus  logique,  puisqu’à  ce  compte  la  Zi- 
ffxatôtç  pourrait  être  une  branche  de  la  xo^Xela  aussi  bien 
que  de  l’È^dpia.  Le  sens  vente  et  achat  ne  correspond 
pas  d’ailleurs  à  la  formation  du  mot  (uapi  et  hrnu  = 
placer  auprès).  Celui-ci  désigne  tout  acte  consistant  à 
placer  une  chose  (marchandise  ou  affaire)  entre  les 
mains  d’une  personne.  Cette  notion  vague  a  besoin  d'être 
précisée.  11  existe  au  moyen  âge  un  contrat  commercial 
très  usité  qui  se  définit  de  la  même  façon  et  dont  nous 
connaissons  assez  bien  la  sphère  d’application13.  C’est  la 
commande.  La  Trapâtrrxat;  grecque  se  présente  avec  les 
mêmes  caractères  que  la  commande  médiévale,  et  doit 
être  sensiblement  son  équivalent.  Par  exemple,  un  capi¬ 
taliste  remet  à  un  marchand  (à  un  capitaine  de  navire) 
un  certain  capital  (somme  d’argent,  denrées,  esclaves, etc.) 
pour  le  faire  valoir  et  l’employer  à'  des  affaires  (par 
exemple  pour  vendre  ces  denrées  ou  ces  esclaves  au  port 
d’arrivée),  et  il  est  entendu  que  le  marchand  participera 
aux  bénéfices  de  l’opération  et  que  le  capitaliste  partici¬ 
pera  à  ses  risques.  Par  la  participation  du  marchand  aux 
risques,  cette  opération  se  distingue  du  contrat  de 
transport,  où  les  risques  sont  pour  le  transporteur  seul. 
Telle  est  la  commande,  institution  très  souple  et  de 
caractère  hybride,  à  la  fois  mandat,  dépôt  et  société .  le 
prêta  la  grosse,  la  commandite,  la  commission  et  la 
consignation  ne  sont  que  des  variétés  de  la  commande. 
La  -jtxpxffTact;  parait  aussi  comprendre  toutes  ces  apphea 
lions,  et  se  distinguer  de  la  tfopr/iyéx  par  la  question  es 
risques.  Seul  ce  sens  large  embrasse  toutes  les  accep 
tions  juridiques,  si  diverses  parfois  et  si  conlr.idhb  ih- 
au  moins  en  apparence,  de  ce  mot  (uapâmaat;  1  '"l’ 
dans  le  sens  de  voyage  à  l'étranger 1  %  de  consignait 
de  représentation  en  justice'6,  etc.). 

B.  Organisation  du  commerce. 


—  Pour  que 


3  le  coffl- 


—  13  Goldsclimidt,  Universalgeschichte  des  Bandelsrechts  (  plc  Com- 

delsrechts ,  I,  1,  2»  éd.,  Stuttgart,  1891),  p.  255  et  s.;  Sil Wiirzburg. 
menda  in  ihrer  früliesten  Entwic/cetung  bis  zum  \UJ  1  1  rem ar(|ué  f)U® 

1884.  —  H  Hermann,  Privatalterth.  lre  éd.  §  45,  n.  a '  '((  ^  ^  p.  1306  B. 

TraçàtfTajiç  s'employait  parfois  pour  ®uy>i  ou  àitoSr,| mx  (Ai ist.  0 _nc|ua|i  que  ce  n101 
19;  cf.  Plat.  Leg.  IX,  p.  855  C,  et  Hesych.  v»  e  c  '  Deroostl'- 

désignait  peut-être  uue  forme  de  commandite,  comme  ce  e  BcJ).|ieli  Rist-  da 
LVI,  8,  p.  1285.  Voir  aussi  Hcrmann-Blümner,  p.  429,  n.  j  Ç  •  ^  ^  __  c 

droit  privé  de  la  République  athénienne ,  faiis,  1896,  ;,jà,  I 

signation  aux  mains  des  diétètes,  Poil.  VIII,  4-7 ’  ^  Thésaurus. 


signation 

Leg.  IX,  p.  855  C;  Bôckli-Frnnkcl,  I,  p 
Ttaçâoronnç. 


419. 


i;  Cou¬ 
plai. 


MER 


—  1757 


MER 


remplir  sa  fonction  distributrice  dans  les 
perce  PuisSft  r.n(i;.  d  doit  surmonter  deux  obstacles  : 
Eociétés  hu>m1aI  hommes;  2°  l'obstacle  de  l’espace  (et  du 
r  l’obstacle  le  premier,  il  faut  établir  tout  un 

lenlPS)'  "'i|,  règles  et  d’usages  destinés  à  assurer  la 
ensemble  d’échanges  :  ce  sont  les  institutions 

P»ix  dcs  nV!,"  p0llr  surmonter  le  second,  il  faut  inventer 
coininv010  ■  •  d’instruments  et  de  moyens  matériels 
an  eD  ^ppr0cher  à  travers  l’espace,  dans  un 
destin'  '  de  lemps,  les  hommes  et  les  richesses  :  ce  sont 
n)mnT méats  de  circulation.  On  étudiera  successive- 
p'nlles  institutions  elles  instruments  de  la  circulation 

commerciales  • .  -  A  l’origine  des  sociétés, 
i  Le  source  de  droit  est  la  communauté  de  sang  et  de 
11,  |1  n’y  a  que  des  relations  hostiles  entre  les  hommes 
nui  n’ont  pas  la  même  origine.  Tuer  ou  prendre  un 
étranger  n’est  point  un  acte  illicite,  c  est  un  acte  hono 
rable2  Dans  la  langue  grecque,  l’étranger,  le?évoÇ,  c’est, 
comme  le  prouve  la  dérivation,  celui  qui  tue  (xt efv«), 
c’est-à-dire  l’ennemi  3.  L’étranger  n’a  originairement 
aucun  droit  dans  la  cité  grecque  '.  Les  torts  qu’on  lui 
fait  n’entraînent  ni  vengeance  légale  ni  composition  : 
AriuTiToî  iwmv*«7IÎ>  dit  Homère8.  Or,  par  définition,  le 

commerce  supposel’établissement  de  relations  d’échanges 

entre  groupes  familiaux  étrangers  l’un  à  l’autre.  Il  est 
donc  nécessaire,  pour  que  ces  relations  puissent 
s'établir,  de  suspendre  ou  de  supprimer  l’hostilité  pre¬ 
mière  :  on  conclut  à  cet  effet,  expressément  ou  tacite¬ 
ment,  des  trêves  temporaires  (système  du  commerce 
muet  ou  commerce  par  dépôts  ;  trêve  des  marchés  6), 
puis  des  trêves  plus  durables,  de  véritables  paix  '.  Le 
droit  commercial  n’est  autre  chose  que  l’ensemble  des 
usages  réglant  ces  rapports  pacifiques,  ou  l’ensemble  des 
clauses  usuellement  admises  dans  les  conventions  de 
paix  tacites  ou  expresses.  C’est  donc  un  droit  i Interna¬ 
tional  el  conventionnel  \  il  s’oppose  par  là  au  droit  civil, 
purement  national  et  religieux,  qui  a  sa  base  dans  une 
communauté  de  sang  et  de  culte.  Le  commerce  grec 
n’échappe  pas  à  cette  loi  générale  du  développement  :  il 
S’appuie  effectivement  sur  des  institutions  de  paix. 
Certains  centres  consacrés  au  commerce  sont  lieux  de 
paix;  certaines  personnes  sont,  en  faveur  du  commerce 
quelles  exercent,  placées  sous  la  sauvegarde  de  conven¬ 
tions  de  paix. 

I  Les  centres  d’échanges,  par  cela  seul  qu’ils  doivent 
senir  de  rendez-vous  à  des  hommes  de  sangs  différents, 
oivenl  être  lieux  de  paix.  Le  marché,  centre  du  synœ- 
Clsme  p>ar  lequel  l’économie  urbaine  et  commerciale  se 
substitue  à  l’économie  familiale,  est  donc  un  lieu  de  paix 
P  acé  sous  la  sauvegarde  des  dieux  :  àyopà  (kwv  és-cfa  8. 
os  dieux  sont  Zeus9,  Athéné10,  Artémis"  et  surtout 
ormès  La  foire  (Tiav^yuotç),  centre  du  commerce  des 
verses  cités  grecques,  est  aussi  un  lieu  de  paix;  pendant 
^Ue  '  dure  règne  une  trêve  :  toutes  les  hostilités  sont 


^  ,  ' 1 1 1 0 ■  p.  53-58;  Cailleraer,  Des  institutions  commerciales  d'Athène 
itarkt-  i{„ 'f''  ^gisl.  de  Toulouse ,  XVII,  1865),  p.  261  et  s.  —  2  Koehnt 
fc't>chr.2,n,m,T.  Und  Handelsreclit  in  primitiven  Kulturverhaeltnisse 

—  3  Schrac/  "  ^^c^en<^e  fàchtswissenschaft,  XI,  1892,  p.  199)  ;  Huvclin,  p.  33É 
Eleclr.  uW  C‘L  llnn,Jj:ls9eschichte  und  Waarenkunde,  p.  4  et  s.  —  4  Euri[ 
-6  yu(clin  pPian-  Patient.  I,  277;  Quint.  Smyrn.  Il,  50.  -  5  U.  IX,  64! 
t,ufn  [Zeits' i  cl  s-  —  7  Kulischer,  Der  Handel  auf  primitiven  Kultw 

—  •  Hcr  y  ''6l,eerP&ychologie,  X,  p.  378  et  s.). —  *  Arist.  AcI.  I,  44 

Ittmnicr,  jan  ’  ~~  ’°  1>aus-  H,  18.  —  U  Soph.  Oed.  lyr.  161.  —  >2  Forsi 

ci tschr.  für  Alterthum,  1844,  p.  1665.  —  '3  Polyacu.  VIII,  2! 


suspendues13.  Une  paix  religieuse,  une  sorte  de  paix  de 
Dieu  ('TTtovôa'!  H,  Upopt7|vta  ou  ène/^etpia  1  ")serl  de  sauvegarde 
aux  visiteurs  de  la  foire.  Cette  paix,  qui  s  étend  bien  au 
delà  du  territoire  où  la  fête  a  lieu,  protège  les  biens  et 
la  personne  de  tous  ceux  qui  s’y  rendent,  même  à  travers 
un  pays  ennemi1®.  C’est  la  même  extension  de  la  paix 
qui  fleurira  au  moyen  âge  sous  le  nom  de  sauf-conduit 
(ou,  plus  brièvement,  conduit)  des  foires  '  ‘ . 

Certains  étrangers  sont  aussi,  en  faveur  du  commerce, 
soustraits  à  l’hostilité  générale  et  placés  sous  la  sauve¬ 
garde  de  conventions  de  paix,  qui  leur  assurent  certains 
droits,  en  les  assimilant  plus  ou  moins  complètement 
aux  nationaux.  La  religion  les  met  sous  la  protection 
des  dieux.  C’est  Hermès,  dieu  des  vents  et,  par  suite, 
dieu  des  voyageurs,  qui  devient,  en  Grèce,  le  dieu  pro¬ 
tecteur  des  marchands18.  Le  moyen  le  plus  simple 
d’assurer  à  un  étranger  les  droits  qui  découlent  de  la 
communauté  de  sang  et  de  culte,  c’est  de  1  accueillir  au 
sein  de  cette  communauté  (dans  la  famille,  au  foyer),  de 
l'associer  à  la  vie  familiale,  notamment  aux  repas.  On 
n’ignore  pas  1  importance  de  1  hospitalité  comme  moyen 
d’assurer  des  garanties  à  un  voyageur,  et,  spécialement, 
à  un  marchand  étranger  [hospitium].  L’hùte  (l’aubergiste) 
sert  à  l’étranger  de  patron  et  d’intermédiaire  dans  toutes 
ses  affaires  publiques  et  privées;  il  est  sa  caution,  son 
représentant  en  justice,  son  courtier  pour  les  transactions 
commerciales 19.  Celte  hospitalité  privée  tient  une  grande 
place  dans  les  poèmes  homériques80,  et  elle  joue  encore 
un  rôle  important  dans  les  temps  historiques".  Mais 
l'hospitalité  privée  n'est  qu'un  moyen  étroit,  et  par 
suite  exceptionnel,  d’assurer  des  relations  commerciales 
non  hostiles  entre  étrangers.  Elle  s’élargit,  et,  en  deve¬ 
nant  plus  compréhensive, se  transforme.  La  condition  des 
étrangers  domiciliés  dans  les  cités  grecques  metoikoi) 
n’est  qu’une  déformation  encore  reconnaissable  de 
la  condition  des  hôtes  privés.  Ainsi,  les  étrangers  domi¬ 
ciliés  à  Athènes  (commerçants  ou  artisans  pour  la 
plupart)  doivent,  d’après  certaines  dispositions  législa¬ 
tives  qui  ne  sont  peut-être  pas  antérieures  au  ivc  siècle, 
mais  qu'on  peut,  quoi  qu’on  ait  dit22,  rattacher  à  des 
usages  antérieurs21,  avoir  un  patron  (un  hôte,  irpoffTXTY,?), 
et  certains  textes  nous  présentent  le  prostate  comme 
s’occupant  des  affaires  publiques  et  privées  du  métèque 21 
et  comme  son  répondant  (èyy u7;tt(ç)23,  mais  on  a  dû  se 
passer  bientôt  de  son  intervention,  et  le  rôle  du  prostate 
parait  fort  restreint  au  ive  siècle.  Le  système  de  l’hospi¬ 
talité  s’élargit  encore  lorsque  les  liens  d’hospitalité  se 
nouent,  non  plus  entre  deux  particuliers,  mais  entre  une 
personne  morale  (cité,  temple,  corporation)  et  un  homme 
puissant  d’une  cité  étrangère  (irpôÇevoç)  [proxenia].  La 
proxénie  la  plus  importante  est  celle  des  cités.  A  la 
faveur  des  liens  qu’elle  crée,  la  cité  entre  dans  la  clien¬ 
tèle  de  son  hôte,  qui  sert  de  protecteur  à  ses  ressortis¬ 
sants  et  qui,  en  revanche,  a  accès  au  foyer  commun,  et 
reçoit  divers  droits  (droit  de  posséder  des  immeubles, 

—  14  EnovSa'i  •OXujiîii’ax*!,  Sch.  Aesch.  De  male  gesta  leg.  12.  —  15  Corp.  inscr.  gr. 

2654, 4474. _ 16  Tliuc.  V,  49  ;  VIII,  10;  Xen.  Uellen.  IV,  7,  2  ;  Strab.  11,3,  4;  VIII,  3, 

13;  Aesch.  De  male  gesta  leg.  133.  —  1"  Huvelin.  p.  360  et  s.  —  Schrader,  p.  67  et  s. 

_ 19  Par  exemple  chez  les  Somalis.  Haggenmacher,  Reise  im  Somalilande  (Peter- 

mann'i  Mittlieilungen,  suppl.  1872-73),  p.  36;  Munziuger,  Ostafrikanische  Htudien, 
p.  i2i  ;  Huvelin, p.  530.  —  26  Buchholz,  üomerische  Ilealien,  11,  1,  p.  171  ;  Egerer, 
Die  homerische  Gastfreundschaft,  l’rogr.  Salzburg,  1881.  —  SI  Curtius,  Die  Gast- 
freundschaft,  dans  Alterthum  und  Gegenwart,  I,  1875,  p.  203  et  s.  —  22  Clerc, 
Métèques,  p.  260  et  s.  —  23  Cf.  Schenkl,  De  metoecis  atticis[Wien.  Stud.  II,  1880), 
p.  179.  —  2V  Ilarpocr.  v°  'Aujottokhou  Sîxr,.  —  23  Bckker  Anecd.  graec.  I,  201,  II. 

221 


MER 


—  1758  — 


exemptions  d'impôts,  notamment  sur  les  importations  et 
exportations  de  marchandises1,  etc.),  droits  on  vertu 
desquels  il  est  plus  ou  moins  assimilé  aux  citoyens2. 
Cette  institution  de  la  proxénie  est  liée  aux  progrès 
mêmes  du  commerce  grec.  C’est  vers  la  fin  du  vu"  siècle, 
c'est-à-dire  au  temps  du  premier  essor  de  ce  commerce 
que  les  plus  anciens  monuments  de  proxénie  appa¬ 
raissent’.  Les  proxènes  jouent  le  rôle  d'agents  commer¬ 
ciaux,  surtout  dans  les  villes  ioniennes4.  Un  représen¬ 
tant  de  Samos  est  loué  pour  le  zèle  avec  lequel  il  a  secondé 
«  ceux  des  Samiens  qui  séjournent,  d'après  la  loi,  à 
Sidon,  pour  le  commerce5  ».  Orontas  d'Olbia,  proxène  de 
Byzance,  est  appelé  dans  un  décret  «  le  patron  de  ceux 
qui  naviguent  pour  le  commerce  6  ».  L’abondance  des 
décrets  de  proxénie  provenant  d’une  cité  déterminée  est 
en  raison  directe  de  sa  prospérité  commerciale.  La  série 
d'Athènes  est  particulièrement  riche  au  ve  et  au  iv“  siècle, 
tandis  que,  dans  les  autres  séries  épigraphiques  (Rhodes, 
Délos, Cos,  Alexandrie,  Delphes;  puisPergame,  Antioche, 
et  Cyrène),  les  documents  de  la  période  hellénistique 
l'emportent  de  beaucoup  par  le  nombre1.  Le  proxène 
sert  d'intermédiaire  entre  les  membres  de  la  cité  à 
laquelle  il  appartient  et  le  marchand  étranger  ;  il  est  son 
répondant  dans  les  affaires  publiques  et  privées8;  son 
assistance  est  requise  pour  que  l’étranger  puisse  agir  en 
.justice9,  il  lui  sert  au  besoin  de  caution  et  surtout  de 
courtier  (itpoi-eviqrqç)  ou  de  commissionnaire  (TtpoTrpaTwp)10. 

La  notion  d'hospitalité  peut  s’élargir  encore  lorsque 
deux  cités  concluent  des  conventions  réciproques  d’hos¬ 
pitalité  (foedus]  par  lesquelles,  notamment,  chacune 
d’elles  assure  aux  ressortissants  de  l’autre  les  moyens  de 
se  faire  rendre  justice  chez  elle  (aup-êo/a) 11 .  Ces  conven¬ 
tions  ne  s’appliquent  pas  seulement  aux  commerçants, 
mais  aussi  à  tous  les  sujets  des  états  contractants.  Mais 
des  conventions  visant  spécialement  la  paix  du  commerce 
peuvent  figurer  dans  un  traité  plus  général  de  paix  ou 
d’alliance12.  Quant  aux  traités  consacrés  exclusivement 
aux  rapports  commerciaux,  ils  sont  rares  et  n'apparais¬ 
sent  guère  avant  le  ive siècle.  Us  paraissent  d’ailleurs 
avoir  en  général  pour  but.  moins  de  créer  une  situation 
de  faveur  pour  les  branches  du  commerce  qui  en  sont 
l'objet,  que  de  servir  la  politique  annonaire  des  États  qui 
les  souscrivent13.  Il  arrive  enfin  qu’une  cité,  par  mesure 
législative  unilatérale,  déclare  recevoir  dans  son  hospi¬ 
talité  tous  les  étrangers  qui  prendront  part  à  certaines 
fêtes14;  ainsi  l’hospitalité  d’une  cité  pourra  se  joindre  à 
la  paix  ordinaire  des  foires  pour  rendre  l’accès  de  celles-ci 
plus  facile  aux  marchands  étrangers. 

Ce  n'est  pas  assez  que  d'assurer  aux  hommes  de  sangs 
différents  les  garanties  nécessaires  pour  pouvoir  nouer 
des  relations  d'échanges  non  hostiles.  Il  faut  encore  (et 
c'est  un  prolongement  naturel  de  l’idée  de  paix  du 
commerce)  assurer  la  régularité  et  la  loyauté  réciproque 

i  Monceaux.  Les  proxénies  grecques ,  Paris,  1886,  p.  36-37;  à  Athènes, 
p.  98  et  s.  —  î  Monceaux,  p.  3;  voir  aussi  Tissot,  Les  proxénies  grecques , 
Pijon,  1861. —  3  Monceaux,  p.  4.  —  ’+  Id.  p.  46.  —  Lorp.  inscr.  gr.  2256. 
--  6  Ibid.  2060;  Monceaux,  p.  33.  —  '  Monceaux,  p.  70,  308-310.  —  H  Id.  p.  16. 

—  9  Poil.  iVIII,  59;  Suid.  v°  r?ô$evo;.  —  10  Poil.  VII,  4;  Monceaux,  p.  108. 

—  Il  Harpocr.  v°  <rju6oXa;  Hüllmann.  Handelsgesch.  p.  193  et  s.  — 12  Strab.  VII, 
p.  310;  Büchsenschütz,  p.  516,  n.  2.  —  13  Exemples  concrets  dans  Corp.  inscr. 
att.  M,  546;  Dittenberger,  Syll.  2e  éd.  77  et  122  ;  Arist.  Jihet.  I,  4,  p.  1360  A,  14; 
Oecon.  II,  p.  1345  B,  25;  Polit.  III,  5,  p.  86.  Sur  les  traites  de  commerce,  voir 
Egger,  Études  historiques  sur  les  traités  publics  chez  les  Grecs  et  chez  les 
Romains ,  nouv.  éd.  Paris,  1866;  Mém.  hist.  sur  les  traités  publics  dans  l'antiquité 
Mém.  de  l'Acad.  des  Inscr.  et  belles-lettres.  XXIV,  1869);  Scala,  Die  Staatsver- 


mer 


ainsi  accom- 
aCCOrd  (exprès  ou 


des  relations  ainsi  nouées,  des  transactions  a 
plies.  C’est,  à  l’origine,  par  le  seul 
tacite)  des  volontés  des  intéressés  que  cetto  1 

est  d’avance  assurée .  Les  accords  de  volontés  s()ïh' 7' n'l  ilé 

considérés  comme  pleinement  libres,  puis,,  J  T 6Urs 
un  principe  essentiel  du  droit  grec,  lcs  convention?168 
ne  sont  pas  contraires  à  l’ordre  public'5  ont  f,  ,  qui 
entre  les  parties16.  Dans  la  civilisation  grecque?*  ' 
dans  toutes  les  civilisations,  le  droit  commercial"'1™0 
caractère  contractuel  nettement  marqué  à  l’origine  m,"”. 
les  conventions  expresses  ou  tacites  engendrent,  ,im.  |e? 
répétition,  des  usages,  qui  deviennent  plus  ’lard  ^ 
coutumes.  Les  usages  commerciaux  sont  des  pratiques 
sans  sanction  juridique  directe,  qui  sont  en  vigueur,  t? 
l’assentiment  général  des  marchands,  dans  l’exercice  du 
commerce.  Nous  connaissons  mal  les  usages  de  ce  genre 
qui  ont  cours  en  Grèce.  Nous  pouvons  cependant  en 
fournir  quelques  exemples.  Ainsi  nous  savons  que,  dans 
le  commerce  de  gros,  l'usage  était  de  faire  les  ventes  sur 
échantillon  (oeiyijccx.) 1 1  :  c'était  même  la  raison  d'être  de  ces 
locaux  d’exposition  qui  existaien  tau  Pirée  et  danslesports 
grecs18.  11  y  a  sans  doute  beaucoup  d’usages  analogues 
qui  ne  sont  pas  regardés  comme  obligatoires.  Mais  certains 
d’entre  eux  finissent  par  être  considérés  comme  tels  : 
Yopinio  necessitatis  qu’on  leur  attache  et  la  sanction  que 
Injustice  leur  accorde,  en  font  des  coutumes  proprement 
dites.  Leur  ensemble  ne  tarde  pas  à  constituer  un  véri¬ 
table  corps  de  droit  commercial  unitaire  et  international 
qui  peu  à  peu  se  forme  en  se  superposant  aux  multiples 
législations  nationales,  et  en  les  refoulant.  Pour  l’en¬ 
semble  de  la  Grèce,  ce  droit,  qu’on  ne  distingue  pas 
d’ailleurs  du  droit  civil,  est  mal  connu15.  Sans  doute 
c’est  une  coutume  non  écrite,  fixée  grâce  à  la  jurispru¬ 
dence  sur  certains  points,  et  flottante  sur  d  autres.  A 
cette  coutume  vient  s’ajouter  la  loi  :  1  État,  lorsqu  il  est 
assez  conscient  de  lui-même  pour  suivre  une  politique 
commerciale,  et  assez  fort  pour  pouvoir  imposer  son 
intervention,  entreprend  de  réglementer  les  relations 
commerciales  ou  quelques-unes  d  entre  elles.  P'  G  cer  | 
taines  dispositions  législatives  prises  pour  assurer  le  bon 
ordre  du  commerce,  qui  viennent  compléter  ou  modifier 
la  coutume.  Celles  d’entre  elles  qui  touchent  uniquement 
le  droit  privé  sont  rares. 

Nos  connaissances  sur  le  droit  commercial  grei  son  I 
limitées  à  certains  pays  et  à  certaines  branches  <  >’  u0‘ ’ 
Ainsi  nous  connaissons  la  coutume  maritime  " 
Rhodes.  On  sait  quel  rôle  prépondérant  a jou» 
dans  le  mouvement  commercial  de  l’époque  he  cni  • 
Les  anciennes  coutumes  des  ville3  maritimes  g  ^  J 

(sur  les  avaries,  le  jet  des  marchandises,  e  <  •  . 

doute  accueillies  devant  les  tribunaux  rl0t ‘ ’iebieBi 
fondirent20.  De  cette  élaboration  sortit  une  c  ^ 

adaptée  aux  besoins  de  la  navigation,  e  qui, 


__  it  AU»  P’,  P 


173  E 


traege  des  Alterth.  Leipzig,  1898;  Spock,  II,  P;  *«-*** 

(à  Délos)  ;  Hermann-Blümner,  p.  *03.  Voir  aussi  Monceaux,  p. 

met  1  15,  p.  1376  B.  —  16  ”0»*  &»  ï«e°<  "W  ■ 

Alken.  VI,  7  ;  Ucmosth.  XLVII,  77,  p.  I.®*;  ^  , , p. ,  10  ; Gol^ch.md 

Antiquitaeten ,  Rechtsalterthümer ,  *•  P*» 'Th* \  'chte,  XXI».  P-  »*•  * 

dans  Zeüschr.  der  Saviyny  Stiftung  fur  ^  *  ,>01I.  IX,  3*1  1 

309  et  s.  -  >7  Plut.  Demosth.  23.-  8  _  i!  GddscliniMb 

Polvb.  V,  88,  8;  Diod.  XIX,  45.  ,  c/  boni 

i ndelsrechts,  p.  54;  Voigl,  Dos  Jus  nature  »  lVlP;î5’ 


Hellen.  V,  1.  25;  Polyb.  v,  8»,  »;  Üiod.  XIX,  45. 
geschichte  des  Handelsrechts,  p.  54;  \oig  ,  "*  et  s.  oiol- 

uni  Jus  gentium  der  Borner.  Leipzig,  1856-75,  III,  P-  ^  peu  d’!»*** 
et  s.  242  et  s.  Le  traité  de  Théophraste  Iltfi  '  •  '  n  755;  p.  6*6,  "■ 
a;([ue-  _  20  Goldscbmidt,  p.  56  ;  cf.  V oigt,  ,  I  ■ 


—  1759  — 


MER 


MER 


raison 


eut  une  g 


grande 


diffusion  Dès  avant  le  temps 


cette 


;  coutume  avait  pénétré  tout  entière 


de  CiLL,r"|!,’liiunci'ce  maritime  romain2.  Elle  ne  cessa 

^  le  e 


dans 
jamais 
sources 


(py  restei 


■r  appliquée;  et  ce  sont  précisément  les 
aines  qui  nous  en  font  connaître  les  prin- 
,  dispositions.  Un  titre  du  Digeste  de  Justinien2 
cipalcs  y  ^  ]a  Iex  jihodia  de.  jactu  ;  en  outre,  nous 

6lit  C°Hnns'  une  compilation  byzantine  désignée  sous  le 
posseuoa  <pog,wv  vauTtX(î;  qui  remonte  au  vin»  siècle 

1,0111  t  f  ère  (peut-être  au  règne  de  Léon  l’Isaurien)4. 
den0  R,  droit  commercial  d’Athènes,  nous  sommes 
^-"exactement  renseignés,  et  nous  devons  nous  con- 
moini,'k'.  indications  assez  abondantes,  mais  fragmen¬ 
tes  éparses  dans  les  textes  épigraphiques  et  litté- 
V  (surtout  plaidoyers  d’Isocrate  ;  plaidoyers  de 
Maoslhène  ou  attribués  à  cet  orateur)  3.  Les  contrats 
commerciaux  sont  conclus  sans  formes  particulières  ; 
mais  on  rédige  ordinairement  (dans  l’intérêt  de  la 
preuve,  et  non,  quoi  qu’on  ait  dit6,  de  la  perfection  du 
contrat)  des  écrits  qui  en  relatent  la  conclusion  et  les 
conditions  (wYYP«Ÿ«f>  «ruv07,x«,  et,  plus  tard,  ZsipdÏPacpa)  7. 
L'es  écrits  sont  si  usités  dans  les  affaires  commerciales, 
que  les  étrangers  ne  sont  auLorisés,  au  iv  siècle,  à  se 
présenter  en  personne  devant  les  tribunaux  athéniens, 
en  matière  commerciale,  que  s’ils  invoquent  un  acte 
écrit8.  Il  est  admis  d’assez  bonne  heure  qu’on  peut  se 
substituer  un  tiers  (mandataire  ou  cessionnaire)  pour 
poursuivre  l’exécution  d  un  contrat  ",  pourvu  toutefois 
que  le  contrat  prévoie  cette  éventualité 10. D’où  il  est  per¬ 
mis  de  conclure  qu’il  peut  exister  des  litres  à  ordre  et 
au  porteur,  tout  au  moins  dans  la  période  hellénistique; 
mais  il  n’y  a  pas  de  preuve  directe  de  ce  fait".  En  tout 
cas  il  ne  peut  être  question  à  Athènes  de  véritables 
lettres  de  change  (xoXXuêumxà  aûp.?oXa) 12.  On  l’a  pour¬ 
tant  soutenu 13,  mais  il  est  démontré  aujourd’hui  que 
1  expression  xoAXuSt<T-rixi.  ffûp.êoXa  ne  s’appuie  sur  aucune 
autorité  ancienne  u.  Quant  aux  textes  qu’on  allègue 
pour  soutenir  l’existence  de  l’institution  elle-même  lb,  ils 
se  rapportent  aussi  bien  à  des  Litres  de  crédit  quel¬ 
conques,  par  exemple  à  des  reconnaissances  civiles  de 
dettes,  mais  ils  ne  démontrent  pas  l’existence  de  titres 
en  forme  de  lettres  missives,  portant  mandat  de  payer 
adressé  au  destinataire,  et  remises  à  un  tiers  qui  se 
trouve  par  là  même  nanti  d’un  recours  contre  le  signa¬ 
ture,  s’il  n’est  pas  payé  à  l’échéance.  Ces  caractères, 
9UI  SOnL  toute  question  d’endossement  mise  à  part,  les 
caractères  distinctifs  essentiels  de  la  lettre  de  change,  se 

— M’ardossus,  Collection  de  lois  maritimes,  Paris,  1828-1845,  1,  p.  60  et  s. 
, , J  ,usl-  X>V,  2,  fr.  2  pr.  §  3  et  fr.  9.-3  Ibid.  XIV,  2.-4  Zacharia  von 
^ngcnUial,  Geschichte  des  griechisch-rômischen  Redits,  2“  éd.  p.  292  et  s.  ; 
MU65/  "'  '°drction,  I,  p.  231  et  s.  —  S  Voir  surtout  Dareste,  Les  plaidoyers 
mi  T'aduits  en  français,  Paris,  1875.  — 6  Mitteis,  Reidisrecht 

moi  v  arec™  ùi  den  üstlichen  Provinzen  des  rômischen  Kaiserreichs,  Leipzig, 
1SJI-  n’en  Lit 


tendu  entrât  littéral  des 


ons  pas  ici  dans  l’examen  de  cette  question,  liée  à  l'élude  du  pré- 


Tliallu 


pérégrins  à  Rome.  Voit*  chirographum,  expe.nsii.atio. 


P.  894-  c  i  P:  107*  ~~  8  XXXII,  1,  p.  882.  -  9  Id.  XXXIlt,  8, 

P-  3(i3  e|J°  Zrilsclir.  der  Saviyny-Stiftung  für  Rechtsgeschichte,  X, 

Berlin  iss^  -  ~~  10  ^e‘er  Schoemann,  Der  attische  Prozess,  éd.  Lipsius, 

P  lin  P'  ,  <>t’  C^‘  Dareste,  Bull.  coït.  hell.  VIII,  375  et  s.  —  11  Thalheims, 

p-  iU7,  n.  2  _  4 •>  IV..  1 

De  Kouior  a  F  •  “8“enn®>  Thésaurus,  v“  xoUuS  ktxixô;.  —  ^9  En  ce  seus, 

1859^  |  ! SSa>  sur  les  trapézites  ou  banquiers  d'Athènes,  Paris, 

de  I’jIc  dt,  ’  ^a'demel'i  Ta  lettre  de  change  et  le  contrat  d'assurance  (Mém. 
Bernadakig  j/™’  *33-154;  Vidari,  La  lettera  di  cambio,  Florence,  1869; 

C*tane,  188G  °"[’>'  économistes,  1880;  Papa  d’Amico,  I  titoli  di  credito, 
Paris,  1803  "* ,!  et  s.  —  14  Egger,  dans  Mém.  d  hist.  ancienne  et  de  philologie, 

I  ■  *30  et  s.  —  15  par  exemple,  Isocr.  XVII,  ®5  et  s.  p.  365  E  ;  cf.  Lys. 


XIX, 


25, 


P.  154. 


délaj|s  sm!  |  ('  ltl  ùemosth.  XLV  (Apollodore  contre  Stepltanos)  donne  des 


°cation  du  fonds  de  banque  de  Pasion.  Goldsclunidt, 


5G. 


développent  seulement  dans  la  traite  du  moyen  âge  ;  ils 
sont  étrangers  au  droit  grec. 

Les  fonds  de  commerce  sont  traités  comme  des  uniles 
juridiques  ( universitates  iuris )  :  on  peut  les  aliéner 
et  les  louer  en  bloc  comme  tels  lc.  Il  existe  tout  un 
ensemble  de  coutumes  qui  régissent  les  aflaires  il  argent 
et  decrédit,  et,  parmi  celles-ci,  tout  parliculièremenl, 
le  prêt  à  la  grosse  aventure  (va-j-rt xôv  oxvüeraz  ou 
’éxocMTi;),  l’une  des  institutions  les  plus  importantes 
du  commerce  de  l’antiquité  nauticcm  foems  1  .  On 
appelle  ainsi  la  convention  par  laquelle  un  capitaliste 
prête  à  un  commercant  (spécialement  a  un  capitaine 
de  navire)  certains  capitaux  pour  faire  le  commerce, 
sous  la  condition  que  l’emprunteur  les  lui  rendra  avec 
de  gros  intérêts,  s'il  arrive  à  bon  port,  mais  sera 
libéré,  et  n’aura  rien  à  rendre,  s’il  fait  naufrage  1  \  Un 
titre  (<7t)YY?x9’0  vauxix-q)  est  rédigé  pour  fixer  les  condi¬ 
tions  du  contrat19.  Dans  l’usage,  le  navire  et  son  charge¬ 
ment  servent  de  garantie  au  remboursement  20.  Celte 
opération  de  crédit  constitue  une  affaire  aléatoire,  mais 
de  rapport  fructueux  quand  elle  réussit  ;  elle  permet 
d’effectuer  une  remise  d'argent  à  distance,  puisque  le 
marchand  doit  rembourser  le  capitaliste  au  port  d  arri¬ 
vée,  et  le  titre  constatant  le  prêt,  pouvant  être  cédé  à  un 
tiers,  sans  devenir  par  là  une  véritable  lettre  de  change, 
peut  en  remplir  au  moins  partiellement  le  rôle21. On 
s’est  plu  aussi  à  retrouver  dans  le  prêt  à  la  grosse  1  idée 
de  l’assurance  :  le  prêt  à  la  grosse  se  comportait,  dit-on, 
comme  une  assurance  pour  l’emprunteur,  qui  était  dis¬ 
pensé  de  toute  restitution  au  cas  de  naufrage. Mais  si 
l’élément  juridique  de  l’assurance  (risque  assumé  par 
autrui)  apparaît  en  effet  dans  le  prêt  à  la  grosse,  son  élé¬ 
ment  économique  (risque réparti  sur  un  grand  nombre  de 
têtes)  en  est  absent.  Il  ne  semble  pas,  quoi  qu'on  ait  voulu 
conclure  d’une  sorte  d’assurance  contre  la  fuite  des  es¬ 
claves,  que  nous  fait  connaître  Y Économique  attribuée  à 
Aristote22,  que  la  notion  actuelle  de  l’assurance  ait  été 
connue  des  Grecs2*.  Le  prêt  à  la  grosse  constitue  enfin 
une  espèce  de  société  en  commandite.  D  autres  formes  de 
sociétés  commerciales  (xoivumai),  plus  voisines  de  nos 
sociétés  en  nom  collectif,  sont  connues  des  Grecs  [socie- 
tas] 2V.  Elles  se  constituent  librement.  On  rencontre  des 
sociétés  temporaires  pour  des  entreprises  de  banque 
(par  exemple  à  Délos) 23,  ou  pour  des  entreprises  indus¬ 
trielles26;  il  faut  mentionner  aussi  ces  sociétés  de  crédit 
mutuel  gratuit  (’épxvot)  si  incomplètement  connues  au 
point  de  vue  juridique  [eranos]  *\  qui  jouissent  eu  jus- 

_ n  G.deVries,  De  foenoris  naulici  contractujure  attico,  Haarlem,  1842  ;  Franck, 

De  bodmeria,  Lübeck,  18o2;  Goldsclunidt,  Untersuchungen  zur  I.  HJ  §  I,  De 
VL  O.  (45,  I ),  Heidelberg,  V855,  et  Uni oersalgeschichte  des  Handelsrechts,  p.  55  ; 
llüllmann,  p.  169  ;  Dareste,  Du  prêt  à  la  grosse  chez  les  Athéniens,  Paris,  1867; 
Matthiass,  Das  foenus  nauticum  und  die  geschichtliche  Entwicklung  der  Bod- 
merei,  VVürzburg,  1881;  Sieveking,  Das  Seedarlehen  des  AUerthums,  Leipzig, 

1 803.  —  18  Salmasius,  De  modo  usurarnm,  Lcydc,  1639,  cil.  ix,  p.  378;  Wacbsmuth, 
Bel/en.  Altertumskunde,  2*  éd.  Il,  P-  184.  —  19  Dcmosth.  XXXV,  1,  p.  923;  Bekkcr, 
Anecd.  gr.  I,  p.  283,  9.  —  2#  Sieveking.  p.  19;  lierinann-Bliimner,  p.  459. 
—  21  Goldschmidt,  p.  334,  412  et  s.  —  22  Arist.  Oecon.  Il,  2,  34;  Bückh-Frankel,  I, 
p  (AJ  .  Egger,  Mém.  hist.  sur  les  traités  publics,  loc.  cit.  p.  39-40.  —23  Goldschmidt. 
p.  55,n.  20;  Ziebarth,  Das  griechische  Vereinswesen,  Leipzig,  1896,  p.  10-17  ;  cf. 
Caillemer,  Lettre  de  change  et  contrat  d’assurance,  loc.  cil.  —  24  Caillemcr,  Le 
contrat  de  société  à  Athènes  (Études  sur  les  antiquités  juridiques  d'Athènes), 
1872;  Brauts,  Les  sociétés  commerciales  ù  Athènes  (Rev.  de  l’inslr.  publique  en 
Belgique,  XXV,  1882),  p.  109  et  s.  :  Ziebarth,  p.  13-18  ;  Schnioller,  Die  Bandelsge- 
sellschaften  des  AUerthums  (Jahrbüch.  fùr  Gesetzgebung...  uouv.  sér.  XVI,  1892)  ; 
Beaucliet,  Bist.  du  dr.  privé  de  la  République  athénienne,  IV,  p.  340;  Francotte, 
IL  p.  199  et  s.  ;  de  Medio,  Contributo  alla  storia  del  contralto  di  societa  in  Roma, 
Messine,  1901,  p.  54-58.  —  23  Bull,  corr,  hell.  VI,  6  cl  s.  ;  Dcmosth.  XXXIV,  13. 
_  20  Corp.  inscr.  ait.  II,  573.  —  27  Zicbarlh,  p.  15. 


MER  —  1 7  60 

lice  pour  leurs  procès  (èpavixai  Sixac)  d'une  procédure  de 
faveur  1 . 

C'est  d’ailleurs  un  trait  commun  des  affaires  commer¬ 
ciales  que  d’être  soumises  à  des  règles  de  juridiction 
spéciales.  La  paix  du  commerce  a  besoin  de  sanctions. 

De  là  l’existence,  dans  la  plupart  des  civilisations,  de  ju¬ 
ridictions  spéciales  destinées  à  appliquer  ces  sanctions. 

Ces  juridictions  peuvent  être  de  deux  types  :  tantôt  ce 
sont  des  juridictions  contractuelles,  c’est-à-dire  que  les 
marchands  s’y  soumettent  par  leur  accession  à  une  cor¬ 
poration  déterminée,  et  que  les  autorités  chargées  de 
rendre  la  justice  sont  nommées  par  le  corps  des  mar¬ 
chands;  tantôt  ce  sont  des  juridictions  étatiques,  impo¬ 
sées  par  l’État,  qui  les  constitue,  à  tous  les  marchands. 

Le  premier  type  a  pu  être  connu  en  Grèce  ;  il  n’est  pas 
impossible  que  les  gildes  marchandes  connues  sous  le 
nom  d'éranes  ou  de  thiases  aient  exercé  une  juridiction 
disciplinaire  sur  leurs  membres2.  Mais  le  second  type 
l'a  emporté  de  beaucoup  :  les  juridictions  commerciales 
grecques  sont  des  juridictions  d’Ëtat,  et,  à  l’origine,  les 
juridictions  mêmes  de  droit  commun,  puisque  le  droit 
commercial  ne  se  sépare  pas  du  droit  civil.  Mais,  à 
partir  du  ve  siècle,  nous  constatons,  dans  l'organisation 
des  procès  dits  commerciaux  (èairopixat  Sixai),  des  carac¬ 
tères  qui  les  distinguent  des  autres.  Le  plaidoyer  contre 
Zénothémis,  attribué  à  Démosthène,  définit  ainsi  ces 
procès  3  :  «  Les  lois  donnent  une  action  en  justice  aux 
gens  de  mer  (vauxXr,poi)  et  aux  commerçants  (ejxitopoi)  pour 
expéditions  faites  d'Athènes  ou  sur  Athènes,  et  lorsqu’il 
\  a  contrat  par  écrit.  Elles  ajoutent  que  si  quelqu’un  veut 
plaider  hors  de  ces  cas,  son  action  n’est  pas  recevable.  » 

Il  ne  s’agit  donc  ici  que  des  affaires  concernant  le  grand 
commerce  maritime.  Nous  n'avons  pas  à  insister  sur  les 
particularités  de  leur  procédure  (notamment  sur  la  con¬ 
trainte  par  corps  qui  est  donnée  pour  arriver  à  l’exécu¬ 
tion,  contrairement  aux  principes  du  droit  commun)  4 
[emporikai  di k ai].  Ces  affaires  étaient  instruites  au 
Ve  siècle  par  des  magistrats  spéciaux,  les  Now-rooixai5,  qui 
paraissent  avoir  disparu  au  ive  siècle.  A  cette  époque, 
les  affaires  commerciales  furent  instruites  et  jugées  par 
les  thesmothètes  6.  Mais  il  parut  utile  de  leur  assurer 
une  procédure  particulièrement  rapide  :  la  plupart  des 
législations  ont  dù  accorder  cette  faveur  aux  affaires  com¬ 
merciales  \  et  Xénophon  faisait  déjà  remarquer  combien 
une  procédure  accélérée  servirait  les  intérêts  du  com¬ 
merce  8.  Aussi,  par  une  réforme  accomplie  entre  355  et 
342,  rangea-t-on  les  affaires  de  ce  genre  parmi  les 
affaires  mensuelles  (3{xai  eaa^voi),  c’est-à-dire  parmi  les 
affaires  sommaires  qui  doivent  être  jugées  dans  le  mois 
de  la  demande  9  [emmenoi  dirai].  Or  on  sait,  et  1  Aôiqvauov 
TCoXtTsfe  d’Aristote  l’a  confirmé10,  que  les  affaires  men- 


1  Arist.  Rep.  Ath.  52;  Van  Holst,  De  eranis  cjraecorum  imprimis  ex  jure 
Attico,  Leyde,  1832.  —  2  Cf.  Ziebarlh,  p.  174  et  s.  —  3  Demostli.  XXXII,  1  ; 
Dareste,  Plaidoyers  civils  de  Démosthène ,  I,  p.  279.  *  Demostli.  XXI, 

176,  p.  571;  XXXIII,  1,  p.  892;  XXXV,  4G,  p.  939;  LVI,  4,  p.  1284;  Meier 
et  Schoemann,  Der  attische  Prozess ,  éd.  Lipsius,  p.  903;  Caillemer,  Le  con¬ 
trat  de  prêt,  Paris,  1870,  p.  37;  Thalheim,  p.  134-135.  —  5  Corp ,  inscr.  att. 
29  ;  Suid.;  Harpocr.  v°  Nau-coSixai  ;  Bekker,  Anecd.  qraec.  p.  283,  3;  Meier- 
Schoemann,  p.  95;  cf.  Platner,  Der  Prozess  und  die  Klagen  bei  den  Attilccrn , 
Darmstadt,  1&24-25,  I,  p.  293;  Biiclisenscliütz,  p.  532;  Perrot,  Droit  public , 
p.  311-313;  Peslalozza,  p.  31.  —  6  Demostli.  XXXIII,  1;  XXXIV,  45;  Arist. 
'AOijvatwv  tco).ueî«,  éd.  Kenyon,  59.  —  1  Goldschmidt ,  p.  35,  n.  63;  Huvelin,  Foires 
et  marchés ,  p.  383  et  s.  —  8  Xcn.  De  redit .  III,  3.  —  9  Suid.  et  Ilarpocr.  v° 
",E|a{at)voi  Stxat;  Poil.  Vil,  101.  —  io  Ed.  Kenyon,  52.  —  H  Clerc,  Métèques,  p.  94- 
96*  Billeler,  Gesch.  des  Zinsfusscs  im  griechisch-rômischen  Alterthum  bis  auf 
Justinian,  Leipzig,  1898,  p.  27.  — 12  Hüllmann,  p.  155-159;  B6ckh-Frankel,  1, 


MER 


suelles  sont  instruites  par  les  introducteurs  (  ' 
Désormais  il  parait  donc,  malgré  certain  aïïwY£‘? 

entre  les  sources11,  que  les  affaires 


nes  c°ntradictions 


instruites  par  les  introducteurs,  et  iue^r!!Cla,leS  SOnt 
mothètes.  J  S  6Spar  '«thed 


La  paix  du  commerce  est  assurée  aussi 
tutions  de  police  spéciales,  compléments 
juridiction12.  Ces  institutions 


par  des  insti- 
nalurels  de  la 


. , ,  >  ,,  ,  comportent,  au  moins* 

Athènes  et  dans  les  principales  villes  commercante, 
assez  grand  nombre  de  magistrats.  Il  faut  citer  en"’ 
mière  ligne  les  inspecteurs  de  VEmporion^^J™' 
’Eiucopiou) 13,  qui  ont  la  police  du  commerce  maritime 
veillent  à  l’observation  des  prohibitions  d’importer  où 
d’exporter  qui  frappent  certaines  marchandises,  etcon-  | 
naissent  des  contraventions  à  ces  interdictions'14'  pujs  I 
les  agoranomes  [agoranomos]  15,  préposés  à  la  police  du 
petit  commerce  et  des  marchés,  qui  maintiennent  le  bon 
ordre  sur  la  place  publique16,  fixent  les  heures  et  les  I 
endroits  réservés  au  trafic,  contrôlent  l’usage  des  poids  I 
et  mesures  n,  veillent  à  ce  que  les  étrangers  ne  puissent  ' 
faire  le  commerce  sans  payer  les  redevances  qui  leur  < 
incombent  18,  et  punissent  d’amende  les  contre-  I 

venants19.  Il  existe  aussi  des  magistrats  plus  spécialisés,! 
dont  les  attributions  de  police  ne  s’étendent  qu’à  cer¬ 
taines  parties  du  commerce.  Tels  sont  les  métronomes 20  ! 
qui,  à  Athènes,  vérifient  les  poids  et  mesures  [metho- 
nomos]  et  qui,  peut-être,  ont  pour  subordonnés  tespro- 
métrètes,  peseurs  officiels,  qui  pèsent  le  blé  et  les  graines  I 
moyennantun  salaire 21 .  Tels  sont  encore  les  sitophylaques 
[sitopuylax],  préposés  à  l’approvisionnement  de  la  ville 
en  blé  et  en  farine,  et  chargés  de  faire  respecter  les  pres¬ 
criptions  législatives  sur  ce  point22. 

L’existence  de  ces  institutions  de  police,  comme  déjà 
l’existence  d’une  juridiction  commerciale  publique  nous 
sont  des  témoignages  de  l’intervention  active  de  1  État, 
tout  au  moins  à  partir  du  Ve  siècle 23,  dans  1  organisation 
du  commerce.  Il  existe  en  effet  une  véritable  politique 
commerciale  des  diverses  cités  grecques  et  nous  avons 
déjà  vu  comment  cette  politique  se  traduit  a  l  extérieur 
dans  les  rapports  de  ces  cités  entre  elles  ou  avec  les  dats 
étrangers.  Elle  se  traduit  aussi  sans  doute  dans  la  régle¬ 
mentation  interne  du  commerce;  mais  nous  n  avons  a 
renseignements  sur  ce  point  que  pour  un  1 1 1  ^  l>e 
nombre  de  cités  grecques,  principalement  poui  M  11 ne  ‘ 
L’intervention  de  l’État,  lorsqu’elle  devient .active,  pren 
conscience  d’elle-même.  Platon  -%  Aristote  ,X<n  1  ^ 

déclarent  unanimement  que,  puisque  h  comm 
nécessaire  à  la  vie  de  l’État,  il  faut,  bien  qm  1  ^ 

ait  une  politique  commerciale  et  cherche  a  an  1  ^ 

échanges  et  la  circulation.  Ce  ne  sont  pas 


vues 


très  éclairées  ni  très  favorables  au 


no  moi ;  Becker-Gôll, 


nufiiwi ,  — --■>  -  '  ,,  7  9  et  s.;  * 

ranomen  und  Astynomen,  l.cipzig,  1880;  Uuvei  ,  P-  __  n  Corp 

p.  140  et  s.  -  16  Plat.  Leg.  VIII,  4,  p.  849  A;  Poil.  *  ■  ^  9C8; 

.  ».  i-i  ii  k.  A.dcinnii  Acliarn.  > 


.  _  u  liücliseof 

p.  62.  —13  Suid.  v»  •Eni|MXY)ïa!;  Harpocr.  v»  ci  v»  Ayora- ; 

schütz,  p.  530.  —  13  ld.  p.  530  et  s.  ;  Pauly-VVissowa,  /  ife-„iSC/,c7.  H* 

Charikles,  II,  p.  209;  Haedcrh,  Frallcotli,  H, 

inscr ■ 

_  _  VesA 

aU.  III,  98.  -  «  AHsi.  Polit.  Il,  5;  Àrisloph  ^  inscr-  J; 

1406;  Xen.  Symp.  Il,  20;  Corp.  inter,  gr.  -*83  •  H79:  Ml.  '»*• 

.9  Le  Bas,  VVaddington  et  Foucarl,  \oij.  ^  ^  Büc|isc0schulz, 
Perrot,  Droit  public,  P- 33  _ 22  Harp°cr' 

p.  538.  —  21  Harpocr.  v»  Bekker,  Anera.  ÿr.  P  ^  |,  p. 

VO  Bekker,  Aneerf.  gr.  V-  300,  »  =  _  2t  Mayr, 

-23  Heeren,  Ideen ,  III,  p.  283;  Bocckh-Frankel,  b  P^  ^  £  __  26  h-isl  P°  J 
gesch.  p.  22-23.  -  23  Plat.  Leg.  XI I,  p.  918  ^  4,  p.  I380  ’  " 

VI,  5,  p.  210;  IV,  3,  fp.  119;  VII,  5,  p.  — 

—  21  Xen.  De  redit.  3,  4. 


suppl.  192  c 
Meier-Schômann,  p 


—  1701 


MER 


MER 


s  et  encore  moins,  qui  dirigent  Tacti- 

guidentcesau  commerciale.  Les  uns  comme 

vité  des  i'la.  ..  .  .ent  naturellement  aux  Iradilions  écono- 
,es  autres  obéi  ^  etces  lraditions  deviennent 

miques et in01  "  ^  jusqu'elles  surviventaux  causes  qui  les 
vite  des prejug  lgg  débuts  de  ia  période  historique, 

ont  fait  n.allr Maintes  qu’inspire  la  prétendue  influence 
ce  S°"!  ■!? du  commerce,  craintes  promptes  à  s’éveiller 
COrrl11""  npuüles  agriculteurs,  qui  sont  les  premiers 
.Via  politique  commerciale  :  ce  sont  elles  qui, 
m°b!  c  amènent  Solon  à  proscrire  le  commerce  de  la 
j  Athene  fermer  le  marché  aux  étrangers  1  ;  elles 

ParfullHJ".  ,  i  0cres  poussent  Zaleucus  à  interdire  les 
"t— Ls,  e.  à  ne  permets  que  les 
^hanees  effectués  directement  du  producteur  au  con- 
“  inr  par  «iro*^  2  [mercator].  De  pareilles 
Tdwes  ne  se  manifestent  guère,  à  partir  du  v‘  s.ecle, 
16  les  États  où  dominent  encore  les  formes  de 

-nomie  agricole  (Sparte,  la  Crèle).  Ceux-ci  s'efforcent, 
nal,  routine  conservatrice,  de  restreindre  les  relations 
commerciales  avec  l’extérieur  2  :  défenses  de  voyager  au 
Mors  S  mesures  prohibitives  à  l’encontre  des  etran¬ 
gers  (ÇevT,XcMn«) 5,  lois  somptuaires  6,  constituent  autant 
de  barrières  opposées  aux  relations  possibles  d  échanges. 
Ces  barrières  n’arrivent  sans  doute  pas  à  arrêter  tout 
mouvement  commercial,  mais  elles  contribuent  tout  au 


moins  à  singulièrement  le  limiter. 

Mais,  dans  la  plupart  des  États  maritimes,  la  politique 
commerciale  se  propose,  à  partir  du  Ve  siècle,  deux 
objectifs  :  assurer  le  ravitaillement  de  ces  États  ;  se  pro¬ 
curer  des  ressources  financières.  But  annonaire  et  but 


fiscal,  tels  sont  les  deux  buts  essentiels  de  l’intervention 
étatique  dans  le  commerce.  Si  la  régularité  et  la  loyauté 
du  commerce  se  trouvent  garanties  par  cette  intervention, 
c’est  indirectement  et  en  quelque  sorte  par  surcroît,  cette 
régularité  et  cette  loyauté  paraissant  de  nature  a  aug¬ 
menter  les  chances  de  ravitaillement  ou  d’enrichisse¬ 
ment  de  l’État.  Les  auteurs  ne  parlent  jamais  d’une  pro¬ 
tection  désintéressée  du  commerce.  Le  traité  des  Revenus 
attribué  à  Xénophon,  qui  nous  fournit  (signe  caracté¬ 
ristique  du  but  fiscal  poursuivi)  les  renseignements  les 
plus  détaillés  que  nous  possédions  sur  la  politique  com¬ 
merciale  d’Athènes  7,  indique,  à  vrai  dire,  parmi  les 
moyens  susceptibles  d’augmenter  le  commerce,  la  distri¬ 
bution  de  certaines  primes  aux  patrons  de  navires.  Mais 
c’est  là  un  trait  isolé.  Platon,  de  son  côté,  nous  dit  que, 
dans  la  cité  des  Lois ,  personne  ne  paiera  d’impôts  ni 
pour  les  exportations,  ni  pour  les  importations  8.  Mais  il 
ne  s'ensuit  pas  que,  pour  lui,  le  commerce  international 
doive  être  absolument  libre.  Platon  n’a  rien  d’un  libre- 


•‘changiste,  puisqu’il  ajoute  à  son  principe  des  prohibi¬ 
tions  absolues  pour  certaines  importations  et  certaines 
exportations  9.  Chez  les  philosophes  comme  dans  l’opinion 
courante,  le  point  de  vue  annonaire  et  le  point  de  vue 
fiscal  dominent  tous  les  autres.  Cela  explique  certaines 


_,Ap'cn-  Xv’  35,  p.  087;  Demosth.  LV1I,  31.  —  2  Heracl.  Polit.  20. 
X  ls  '1'  Le?'  X11’  D'  949  et  s.;  Arist.  Polit.  Vil,  5,  p.  227.  —  *  Isocr. 

'»•  A!  Rarpocr.  (Bckker),  p.  104,  28;  cf.  Plat.  Crit.  p.  52  B. 
P  53'i  r'C  ^  144>  30;  Aelian.  Var.  hist.  XIII,  15;  Büchsenschüti, 

-‘V  ™e-  p-  308‘  —  6  Par  exemple  [Plat.]  Eryxias,  p.  400  B. 
Us  'I?  *’  P'  702  el  s.  —  8  Plat.  Leg.  VIII,  p.  846  B.  —  9  Souchon, 

__I0  B'Il  '  co,|oniijues  dans  la  Grèce  antique,  Paris,  1808,  p.  100  et  s.  103. 
Ohjntl'  m"1'  P'  4  Ct  s'  40  el  s-  ~  11  Xen-  De  Bl‘P-  Ath-  2,  3  et  11.  —  ‘2  Demosth. 
1  10,  1  lut,  Demetr.  33;  Büchscnschütz,  p.  543.  —  *3  Plut.  Sol.  24. 


lacunes  législatives  en  apparence  surprenantes,  notam¬ 
ment  le  défaut  de  réglementation  du  taux  de  l'intérêt 
Il  faut  toujours  songer  à  ce  caractère  de  la  politique  com¬ 
merciale  grecque  lorsqu’on  doit  apprécier  telle  ou  telle 
intervention  en  apparence  désintéressée  (par  exemple, 
contrôle  de  l’État  sur  les  monnaies  et  sur  les  poids  et 
mesures). 

Le  ravitaillement  est  l’une  des  plus  grosses  préoccu¬ 
pations  de  beaucoup  de  villes  grecques,  dont  la  popu¬ 
lation,  trop  nombreuse  pour  un  sol  assez  maigre,  est  a 
la  merci  d’une  disette"  ou  d’un  blocus1'.  De  là  de  fre¬ 
quentes  prohibitions  d’exporter  les  denrées  usuelles.  A 
Athènes,  Solon  déjà  défend  d’exporter  aucun  produit  du 
sol,  exception  faite  pour  l’huile  seule11,  el  encore  pour 
celle-ci  des  mesures  son  t-elles  prises  d  assez  bonne  heure 1 
pour  qu’on  ne  puisse  exporter  que  1  excédent  de  la  re¬ 
colle  sur  les  besoins  de  la  population.  Plus  tard,  la  pro¬ 
hibition  de  Solon  est  levée  pour  la  plupart  des  denrées 
auxquelles  elle  s’applique.  Mais  elle  subsiste,  et  est 
même  aggravée,  pour  le  blé.  Non  seulement  il  est  interdit 
d’exporter  hors  de  l’Att ique  le  blé  national,  mais  encore 
on  ne  permet  pas  de  réexporter  plus  du  tiers  du  ble 
étranger  qui  a  pu  y  être  introduit15.  Des  dispositions 
sévères  sont  prises  pour  assurer  ces  prohibitions  :  défense 
de  conduire  du  blé  ailleurs  qu’à  l’Emporion 1G,  defense  de 
mettre  de  l’argent  dans  une  expédition  maritime  qui  ne 
devrait  pas  rapporter,  comme  fret  de  retour,  du  blé  ou 
des  denrées  à  Athènes17.  Des  prohibitions  d  exportation 
portant  sur  le  blé  existent  aussi  dans  d'autres  pays  :  en 
Égypte,  à  Selymbria,  etc. 18  ;  et  Athènes  a  sans  doute 
imposé  à  ses  alliés  sa  politique  prohibitive19.  Il  existe 
également  des  prohibitions  d  exporter  portant  sur 
d’autres  marchandises,  considérées  comme  particulière¬ 
ment  nécessaires  à  l’État.  Il  y  a  toute  une  liste  de  mar¬ 
chandises  prohibées,  (àTcdppïita)20,  liste  qui  s  allonge 
naturellement  en  temps  de  guerre.  Les  textes  citent 
notamment  les  bois  de  construction  (pour  les  vaisseaux), 
la  poix,  la  cire,  etc.21,  les  navires  et  les  armes22.  Selon 
Platon,  rien  de  ce  qui  est  nécessaire  au  pays  ne  doit  être 
exporté23. 

Si  la  politique  annonaire  entraîne,  comme  conséquence 
logique,  des  prohibitions  d’exportation,  elle  n’entraîne 
pas  de  prohibitions  d’importation.  Il  ne  parait  pas  qu’on 
ait  jamais  songé  en  Grèce  a  restreindre  les  importations 
pour  favoriser  la  production  nationale.  Les  prohibitions 
portant  sur  les  importations  que  l’on  rencontre  parfois 
ne  sont  que  des  mesures  hostiles  prises  contre  un  ennemi 
(formes  de  représailles  ou  de  blocus).  Telles  sont  par 
exemple,  à  Athènes,  les  prohibitions  temporaires  de  faire 
le  commerce  avec  Mégare24  ou  avec  la  Macédoine25. 
D’autres  prohibitions  d’importer,  de  caractère  plus  dou¬ 
teux,  doivent  sans  doute  être  interprétées  dans  le  même 
sens  :  par  exemple  l’interdiction  opposée  par  Égine  et 
Argos  à  l’importation  des  poteries  et  des  objets  destinés 
au  culte  provenant  d’Athènes  2“. 

_  K.  gci,ol.  sur  Pind.  Sein.  X,  04;  Corp.  inter,  ait.  III,  38  et  Boeckh-Frënkel,  I, 

ü-j  n,  e. _ 15  Schol.  sur  Demosth.  C.  l'imocr.  XXIV,  136;  Harpoer.  v° 

t^oç’oj;  Bekker,  Anecd.  gr.  p.  255,  24.  -  16  Demosth.  XXXIV,  37;  XXXV,  51  ; 
Boeckh-Frankcl,  I,  p.  107.  —  O  Demosth.  XXXV,  51.  —  18  Arist.  Oecon.  II,  p.  1348 
B  33  ;  p-  1352  A,  10.  —  )9  Biichsenschütz,  p.  560.  —  20  Bekker,  Anecd.  gr.  p.  434, 
5-  Sch.  Aristoph.  Han.  362.  —  21  Arisloph.  Eq.  278.  —  22  Demosth.  De  falsa  leg. 
XIX  286.  Sur  tous  ces  points,  voir  Boeckh-Fraukel,  1,  p.  67  ct  s.  ;  Biichsenschütz, 

p  551-552. _  21  Plat.  Leg.  VIII,  847.—  24  Time.  I,  139;  Plut.  Pcricl.  30. 

—  25  Thuc.  V,  83.  —  26  Herod.  V,  88  ;  llermann-Bliimner,  p,  424,  u.  i. 


MER 


MER 


—  1762 


La  politique  fiscale  entraîne  parfois  aussi  d’impor¬ 
tantes  restrictions  à  la  liberté  du  commerce.  En  première 
ligne  se  placent  les  monopoles  (govouioXia) 1  que  l’État  se 
réserve  pour  lui-même  ou  concède  à  des  particuliers. 
Cette  ressource  financière  est,  d’après  le  témoignage 
d'Aristote,  fréquemment  utilisée2,  quoique  toujours, 
semble-t-il,  à  titre  d’expédient  temporaire  et  excep¬ 
tionnel.  Aristote  nous  fait  connaître  le  projet  émis  à 
Athènes  par  Pythoclès  de  monopoliser  au  profit  de  l’État 
le  plomb  des  mines  du  Laurium3,  et  l’existence  d’une 
banque  de  change  privilégiée  concédée  à  un  fermier  par 
la  cité  de  Byzance4.  On  peut  peut-être  rapprocher  de 
cette  banque  l’énigmatique  o-qp.oaixTpa'TtsÇa  que  mentionne 
une  inscription  athénienne5,  et  à  laquelle  sont  versées 
les  amendes  prononcées  pour  falsification  de  poids  et 
mesures.  On  a  proposé  récemment  de  regarder  les  tim¬ 
bres  dont  sont  marquées  les  anses  de  certaines  grandes 
amphores  comme  des  poinçons  officiels  révélant  l’exis¬ 
tence  d’un  monopole  de  fabrication  aux  mains  de  l’État6. 
Plus  tard,  dans  l’Égypte  des  Ptolémées,  il  existe  des 
établissements  d’État  (banques,  filatures,  fabriques 
d’huile)  jouissant  de  véritables  monopoles.  Les  papyri 
et  les  ostraka  récemment  publiés  ont  iourni  sur  leur 
fonctionnement  des  renseignements  précieux  '.  Du  mo¬ 
nopole  on  ne  distingue  pas  l’accaparement,  dont  1  Ltat 
use  au  même  titre  que  les  particuliers.  Aristote  nous 
édifie  sur  la  spéculation  de  la  ville  de  Selymbria,  qui 
réalisa  un  jour  un  joli  bénéfice  en  accaparant  tout  le  blé 
disponible  sur  le  marché,  pour  le  revendre  a  haut  prix8. 

Mais  c’est  dans  le  système  des  impôts  indirects  et 
autres  redevances  qui  frappent  le  commerce  [portorium, 
telûs],  que  se  révèle  le  mieux  1  esprit  fiscal  qui  domine 
la  politique  des  États  grecs  et  spécialement  d’Athènes. 
Rien  dans  ce  système  n'indique  le  souci  de  développer 
telle  ou  telle  branche  du  commerce,  de  provoquer  ou 
d’empêcher  tel  ou  tel  mouvement  industriel.  Il  n’y  a  pas 
de  droits  protecteurs,  il  n’y  a  que  des  droits  fiscaux9. 
Aussi  a-t-on  remarqué  10  qu’il  n’existe  pas  de  trace  cer¬ 
taine  de  tarifs  où  les  diverses  marchandises  soient  taxées 
selon  des  proportions  différentes  :  le  principe  est  d’impo¬ 
ser  toute  marchandise,  quelle  qu’elle  soit,  pour  un  tant 
pour  cent  de  sa  valeur.  Tout  cela  varie  d’ailleurs  avec  les 
époques  et  les  États,  et  nous  ne  sommes  guère  renseignés 
qu’à  partir  du  ive  siècle  et  pour  Athènes.  Deux  sortes 
principales  d’impôts  frappent  le  commerce,  perçus  les 
uns  à  l’Emporion,  les  autres  à  l’Agora  (ont’  ê^icopfou  xai 
ayosa;)  :  les  premiers  sont  les  droits  de  douane,  les 
seconds,  les  droits  d  étalage  au  marché. 

Les  douanes"  sont  des  impôts  indirects  qui  frappent 
les  importations  et  les  exportations  de  marchandises. 
Peut-être  les  perçoit-on  sur  tous  les  points  d  accès  des 
États,  par  voie  de  terre  comme  par  voie  de  mer  ,  mais  le 
commerce  terrestre  est  si  peu  important  qu  il  est  à  peine 

l  Poil.  VII,  i;  Büchsenscliülz,  p.  547-548  ;  Francotle,  II,  p.  H3  et  s. 

—  2  Arist.  Polit.  I,  p.  1259  A,  20.  -  3  Arist.  Oecon.  Il,  p.  1353  A,  15.  —  4  Ibul. 
Il,  p.  1346  B,  25.  —  5  Corp.  inscr.  gr.  123,  I.  4,  28,  29;  Becker-Goell,  II,  p.  208. 

—  C  Keil,  Berliner  Philologische  Wochenschrift,  1896,  col.  1600;  Francotle,  II, 
p.  136-139.  —  7  Grenfell  et  MahalTy,  The  revenue  laivs  of  Ptolemy  Philadelph, 
Oxford,  1896  ;  Wilcken,  Griech.  Ostraka  aus  Aegypten  und  Nubien,  Berlin,  1899. 

—  8  Arist.  Oecon.  p.  1348  B,  33.  —  9  Souclion,  p.  100  et  s.  —  10  Biichsenschutz, 
p.  553.  -  U  ld.  p.  553-556;  Boeckh-Frankcl,  I,  p.  382-388  ;  Hermann-Blümncr, 
p.  424.  —  12  Büchsenschütz,  p.  556.  —13  Dicaearch.  (Millier),  11,  p.  256;  cf.  Dessau, 
Ber  Steuertarif  von  Palmyra  ( Hermes ,  XIX,  1884),  p.  486.  —  H  Waclismutli,  T.in 
aniiker  Seeplatz  (Jahrbücher  fur  Nationalûkonomie  und  Statistik,  XIII,  1886, 
p.  83)  pense  que  le  Pirée  était  port  franc,  et  que  le  cinquantième  n’était  perçu 


question,  dans  les  textes,  de  lignes  de  do  • 
routes  de  terre12.  Un  seul  tçxte  assez  vaTT  T  lc'S 
douaniers  qui  se  tiennent  à  Oropos,  sur  hV  .,  lle 
la  Béotie  et  de  l’Attique13.  Mais  l’impôt  est  lilli's'111! 16  de 
rement  perçu  dans  les  ports.  Au  Pirée"  et  dT  ".!lllnai- 
places15,  c’est  un  droit  ad  valorem  qui  porte'io  <n(i'UlreS 
cinquantième  (itEvr^xo ît^),  parce  qu’il  s’élève  Tl  ^ 
pour  cent  de  la  valeur  de  toutes  les  marcliam'l' "* 
importées  ou  exportées,  sans  distinguer  entre  ltTr'iT 
rentes  catégories  de  marchandises 16.  Plusieurs  ins,'  ’' 
tions  nous  fournissent  des  exemples  concrets  de  TT 
tion  de  cet  impôt  (sur  du  blé,  des  couleurs,  des  lainàTs' 
des  vases,  etc.)17.  En  d’autres  lieux,  la  quotité  du  droit 
est  différente.  Ainsi,  au  temps  de  la  guerre  du  |vi0 
ponèse,  Athènes  lève  un  droit  de  douane  de 
dans  les  ports  de  ses  alliés18.  Peut-êtr 

res  droits  accès 
Les  droits  de  douane  sont 


»  p.  100 
re,  à  côté  du  droit 

ordinaire  de  douane,  existe-t-il  d’autre 
soires,  qui  sont  mal  connus19. 

perçus,  sur  déclaration  explicite,  et  sous  un  contrôle 
sévère,  si  bien  que  les  livres  du  receveur  permettent  de 
se  faire  une  idée  exacte  du  mouvement  des  marchandises 
dans  une  place  donnée,  et  le  plaidoyer  contre  Phormion 
les  invoque  pour  évaluer  le  frêt  d’un  navire  sorti  du 
Pirée20.  Nous  avons  aussi  pu  utiliser  une  indication  que 
fournit  Andocide 21  sur  les  revenus  qu’Athènes  tirait, 
au  temps  de  la  guerre  du  Péloponèse,  du  cinquantième 
(trente  talents  par  an),  pour  nous  faire  une  idée  du  mou¬ 
vement  d’affaires  de  cette  place.  En  Macédoine,  d’après 
Aristote'22,  la  ferme  de  la  douane  rapporte  vingt  talents. 
La  douane  des  ports  de  la  Chersonèse  de  Thrace  vaut, 
en  temps  de  paix,  trois  cents  talents  23.  A  Rhodes,  la 
douane  rapporte,  avant  164,  un  million  de  drachmes  ;  la 
concurrence  grandissante  de  Délos  la  fait  tomber  à 
150000  drachmes  24.  A  côté  des  douanes,  impôts  d’entrée 
et  de  sortie,  il  existe,  au  moins  dans  certains  États 
(Corinthe  par  exemple) 2r’,  des  impôts  de  transit  (oiayüqix* 
xeXr,)26.  Nous  ignorons  leur  assiette  et  leur  mode  de 
perception. 

Le  petit  commerce  est  aussi  frappé  de  redevances,  qui  I 
sont  levées  dans  les  marchés.  A  Athènes,  cest  I  I 
tao;27,  perçu  par  l’agoranome,  et  pour  lequel  U  existe* 
un  tarif  spécial  (à.Yopavotxtxoç  vôgo;),  qui,  d  api  e  s  unea 
source  assez  suspecte,  serait  variable  selon  le  liaUllt 
marchandises28.  Il  parait  plus  probable  d  adun  Ui  1 
impôt,  d’ailleurs  mal  connu,  n’est  qu’un  droit  <  e  P  ,lC'’ 

droit  d’étalage29;  sinon,  on  s’expliquerait  ma  que  J  ^ 

ception  en  soit  confiée  à  un  préposé  a  a  P°  1(ç  >  •  g 

,4*  par  ailleurs  que  des  taxes 
compliquée  (Sevikbv  véXoç  et  *°pvixov  « '°0-  au)C 

outre  à  Athènes  une  sorte  de  droit  d  0C  !  Pvistenl  vrai- 
portes  (oiaituXtov) 30.  Les  impôts  de  marc  i  ,on 

semblablement,  non  seulement  à  Athènes,  n  . 
nombre  d’autres  places.  Il  y  en  a  dans  les  viles 

qu’à  la  limite  de  l'Emporion  du  côté  de  la  terre.  —  Demoslh.  XX" . 

sium  muneribus algue  eorumimmunitate,  ICQI'‘-’  ’  _n  Corp.  >nscr' 1,1  ’ 

29:  irivTzi*o<mûeiv  ;  Bekker,  Anecd.  gr.  *’•  19‘’  ’_  T|,uC.  VU,  28  •  Aul"'(|9°  . 

546,  814  nA  39.  Voir  aussi  Demosth.  XXI,  ■  _  20  Demoslh-  XXX  • 

(«„«,),  Xen.  Bell.  IV,  7, 8.-  >9  Corp.  insér  ait.  b  ^  0cc<m.  II,  P. 

_  21  Audoc.  De  myst.  133  ;  Boeckh- Frankel,  f.p.  »»  *•  ,S;  BüchsenscMj 

A,  16.  -  23  Demosth.  XXIII.  "«et  HT.- 

p.  553-554.  —23  strab.  VIII,  p-  378.  -  •  ’ p  Arist.  Oecon.  H,  l’-  ^ 

U,  p.  1346  A,  7.  -  27  Aristoph.  A  ch.  \96  ,93  BucliseiischilU.  P’ ^ 

2;  Xen.  De  redit.  IV,  49;  Boeckh-Frankel  I  p. - •  j9t._3o  Hes5cl..  v 
-  28  Sel,  Uiad.  XXI,  263.-29  Cf.  Boeckh-Frankel  I  R ^  ,  ..  éd.  P- 
Zenob.  I,  74;  Gilbert,  Handbuch  der  gnech.  ■ 


_  1703 


MER 


MER 


sali'' 


peut-être  à  Cos2, 


et  dans  certaines  foires 


[aininent  à  Andania 


(nota»11111'":  "  îue  nous  venons  de  faire  connaître,  il  con- 

AllX  Oindre  d’autres  que  nous  nous  bornons  à  men- 

ïientden  J0  ^  jg  caractère,  non  de  droits  frappant  le 

tionner,  <MI  1  11  geuiement  de  redevances  représentant  le 

^Ttviccs  rendus  :  U  s’agit  des  taxes  perçues 
salaire  de  senicts  —  •  •• 


de  locaux  affectés  par  l’État  à  1  usage  du 

:0'ninClC-  L>  de  la  circulation  commerciale.  -  Le 
m  La  rinprocher  les  uns  des  autres  les  hommes 
jommerced  '  Xmlixemeni  isolés  :  il  faut  organiser 
îlleS'"  'ns  au’i  permettent  de  surmonter  les  obstacles 
|CS.2S  que  la  nature  oppose  à  ces  rapprochements 
Ït  clés  tenant  aux  formes  du  relief,  au  climat;  d.s- 
el  do  les  surmonter  dans  des  conditions  de  temps, 
Incommodité  et  de  prix  de  revient  qui  assurent  desrap- 
Pocbements  rémunérateurs  et  réguliers.  Toute  1  orga¬ 
nisation  matérielle  du  commerce  dérive  de  ce  besoin.  11 
depuis  les  centres  de  production ,  et  jusqu  aux 
iébmclk  établir  des  moyens  de  distribution  (voies  et 
moyens  de  transport,  argent,  crédit,  poids  et  mesures) 
les  richesses.  On  passera  donc  rapidement  en  revue  les 
richesses  qui  sont  appelées  à  circuler  dans  le  commerce 
'marchandises),  leurs  centres  de  production  et  leurs 
débouchés  ;  enlin  les  moyens  de  circulation  et  de  distri¬ 
bution  de  ces  richesses.  Il  ne  saurait  être  question  de 
pousser  cette  revue  dans  le  détail  :  ce  serait  une  étude 
encyclopédique,  qui  doublerait  inutilement  un  très  grand 
nombre  d’articles  de  ce  dictionnaire.  Il  s’agit  seulement 
démarquer  la  place,  et  les  connexions  nécessaires  dans 
le  mouvement  commercial,  des  questions  qu  elle  soulève. 

i.  Les  marchandises  et  les  centres  de  production. 

Les  richesses  commerciales  sont  appelées  marchandises. 
Tous  les  biens  mobiliers  (et  ces  biens  seulement,  puis¬ 
qu'ils  sont  seuls  susceptibles  de  circuler)  peuvent  être, 
selon  les  circonstances,  considérés  comme  marchandises. 

Ce  sont  parfois  des  produits  naturels.  La  répartition  de 
leurs  centres  de  production  dépend  exclusivement  de  la 
constitution  du  sol,  des  conditions  de  son  relief  et  du 
climat.  11  y  a  aussi  des  produits  agricoles.  La  répartition 
de  leurs  centres  de  production  est  encore  étroitement 
liée  aux  facteurs  naturels  ;  mais,  puisque  le  travail  de 
1  homme  collabore  ici  avec  la  nature,  il  faut  déjà  tenir 
compte  des  conditions  de  l’activité  humaine.  R  y  a  enfin 
des  produits  industriels,  dont  la  production,  dépendante 
encore  de  la  nature  (qui  fournit  à  l’industr  e  ses  matières 
premières  et  parfois  les  forces  dont  elle  a  besoin),  dépend 
cependant  presque  autant  des  conditions  de  1  activité 

1  Demosth.  Ohjnth.  I,  22.  —  2  Voir  l'inscription  de  Cos.  Th.  Reinach, 
des  et.  gr.  V,  1891.  —  3  Corp.  inscr.  att.  Il,  602.  —  4  Sauppe,  Die 
ystmeninschri/t  von  Andania,  Goeltingue,  1860,  1.  102.  —  S  Xen.  /Je 
n' I,  17;  lu,  13;  Eupolis,  dans  Poil.  IX,  30;  Boeckh-FrHnkel,  I,  p.  388. 
~  ''  Pour  des  inventaires  plus  complets,  voir,  outre  Ath.  I,  27  D,  qui  énumère, 

!'  '' S  C°6tes,  les  spécialités  de  chaque  pays,  Hüllmann,  p.  15-62,  198- 
>  liiclisenscliütz,  Die  Hauptstaetten  des  Gewerbefleisscs  ira  Iclassischen 
Ucl,tl>m'  Leipzig’  18119  i  Bw'tz  und  Erweb ,  p.  208  et  s.  ;  Blümncr,  Die  gewer- 
He  a,lig  ke.it  der  Vôlkcr  des  Iclassischen  Alterthums,  Leipzig,  1860; 

(l  '"“'’n-Hliimner,  p.  25  et  s.  429  cl  s.  ;  Boeckh-Frankel,  I,  p.  60  ;  Schrader,  passim, 
__  1  lrls'’  Guiraud,  Propriété  foncière,  p.  401  et  s.;  Francottc,  1,  p.  51-160. 
Ge»cü  r?°°Uc’  11  P-  83-  —  8  Slrab.  X,  1.  0.  —  a  Francotte,  I,  p.  85;  Beck,  Die 
diwci*.  1  (  ^'sens  m  technischer  und  kulturgeschichtlicher  Bcziehung,  Brauns- 
I  —  ,(l fl'e  ' ‘f  ’  alz,  Aletallyewinnun (J  im  Alterthum  (Progr.  Stockerau,  1898). 
chenln  1  iV  ^  ' 19 '  11  Neumann  et  [’&vlsch.Phys ihalische  Géographie  von  Grie- 

IX,  p  "  ’  Br®s,au-  1883-  P-  236.  —  12  Herod.  111,  115;  Strab.  111,  2,  9.  —  «  Slrab. 
Herman"  ni*  P'  487'  ~  U  Plin-  XXXI>  7i  Strab.  V,  p.  342;  Hüllmann,  p.  35; 
"muer,  p.  12,  n.  3  ;  Boeckh-Frankel,  1.  p.  126.  —  16  Dio  Chrys.  XXXVI, 


humaine. C’est  donc  àla  lumière  desexplicationsque  four¬ 
niraient  la  géologie,  la  géographie  physique,  la  géogra¬ 
phie  botanique,  la  géographie  zoologique,  la  géographie 
humaine,  l’histoire  politique  et  l’histoire  sociale,  qu  il 
faudrait  examiner  les  indications  de  marchandises  et  de 
lieux  de  provenance  que  fournissent  les  textes  anciens. 
Cette  étude,  peut-être  prématurée  encore.,  ne  saurait  trou¬ 
ver  place  ici.  On  ne  saurait  non  plus  énumérer  toutes  les 
marchandises  citées  par  les  auteurs,  ni  même  le  plus 
grand  nombre  d’enlre  elles.  Comme  1  importance  coin 
merciale  de  ces  marchandises  est  très  inégale,  on  se  bor¬ 
nera  à  faire  connaître  les  principales  d  entre  elles  . 

Le  sous-sol  de  la  Grèce  est  médiocrement  riche  en 
minerais.  On  y  trouve  surtout  de  l’argent  et  du  hu' 
jARGENTUM,  ferrum,  aurum,  etc.  ;  metallaI.  L  argent  pro¬ 
vient  des  mines  du  Laurium  et  d’autres  mines  situées  en 
Chypre  et  dans  l’ile  de  Siphnos  7.  Le  fer  provient  sur¬ 
tout  de  l’Eubée  (près  de  Chalcis)  #,  et  de  Chypre  s.  On 
extrait  aussi  un  peu  de  cuivre,  de  plomb  et  d  or,  mais 
pas  assez  pour  alimenter  un  commerce  d’exportation  : 
aussi  doit-on  importer  en  Grèce  de  l’or  d’Asie"’,  du  cui¬ 
vre  d’Espagne  et  d’Italie11,  de  l’étain  de  Grande-Bretagne 
et  d’Espagne12.  Par  contre,  le  sous-sol  fournit  quelques 
pierres  précieuses  et  de  beaux  marbres13  marmorJ. 
Il  n’y  a  pas  de  sel  gemme  ;  le  sel  marin  provient  surtout 
de  Chypre,  de  Rhodes '*  et  de  la  mer  Noire13  [sal]. 
L’ambre  vient  des  régions  de  la  mer  Baltique,  et  est 
importé  d’abord  par  les  Phéniciens11’  [electrum]. 

Le  sol  grec  donne  en  abondance  certains  produits 
agricoles.  Mais  les  cultures  arbustives  y  prospèrent  plus 
que  les  autres.  Les  produits  qui  constituent  à  propre¬ 
ment  parler  des  marchandises,  et  qui  sont  objets  d’ex¬ 
portation,  sont,  en  première  ligne,  le  vin  et  l  huile;  en 
seconde  ligne,  les  figues,  les  amandes,  les  herbes  aro¬ 
matiques  et  médicinales.  Parmi  les  vins  [vinum],  les  plus 
renommés  sont  ceux  de  Cliios  ’  ,  de  Lesbos  et  de  Thasos. 
On  les  exporte  jusque  dans  le  Pont18,  en  Égypte  ,  etc. 
Parmi  les  huiles,  on  cite  celles  d  Attique,  de  Cyrène,  de 
Chypre’-0.  Les  meilleures  figues  proviennent  de  l’Altique, 
de  Rhodes,  de  Chypre,  de  Chios,  de  Chalcis  ,  les  meil¬ 
leures  amandes,  de  Chypre  et  de  Naxos22  ;  les  herbes  aro¬ 
matiques  et  médicinales,  du  mont  Hélicon23,  d  Anticyre 
(ellébore)  2É  de  Mégare33,  etc.  En  revanche,  un  très  grand 
nombre  de  produits  agricoles  doivent  êtreimportés.  Beau¬ 
coup  d’États  manquent  de  blé.  Athènes,  qui  importe  en 
plus  que  tous  les  autres îG,  le  fait  venir  surtout  du  Pont 
de  la  Sicile28  et  de  l’Egypte39.  On  demande  dubois  [ma- 
teriaJ  à  la  Macédoine30,  et  du  silphium  à  la  Cyrénaïque3' 
(fïg.  49251.  Le  papyrus  est  de  provenance  égyptienne32,  les 


p.  437  M;  Strab.  XI,  p.  506;  Helin,  Das  Salz,  2»  éd.  Berlin,  1001.  -  16  Hüllmann, 
p  «.J  Helbig,  Osservazioni  sopra  il  commcrcio  delV  ambra,  Rome,  1877; 
Hermanu-Blümner,  p.  436,  n.  2  (nombreuse  bibliographie  .  -  n  Thcop.  dans 
Athen  I,  20;  Strab.  XIV,  p.  645;  Aelian.  Var.  hist.  XII,  31  ;  Hüllmann,  p.  16-21  ; 
Boeckh-Frankel,  I,  p.  124  ;  Hermann-Blümner,  p.  229  cl  s.  -  18  Arist.  De  mirab. 
anse.  104;  Strab.  V,  p.  214;  Demosth.  XXXV,  10 et  18.  -  19  Herod.  Il,  77  ;  111,6; 
Slrab.  XVI,  p.  752.  —  20  Time.  I,  2;  Theophr.  Hist.  plant.  VIII,  8,  2;  Hüllmann, 

p.  2i. _ 21  Alhen.  XIV,  18,  p.  652  B;  111,  2,  p.  75;  Plin.  XIII,  7;  XV,  18.  —  22  Athen. 

Il  p.  52.  —  23  Paus.  IX,  28.  —  24  Theophr.  Hist.  plant.  IX,  9,  2  ;  10,  3.  —  23  Plin. 
XXV.  154.  —  !6  Demosth.  XVIII,  87;  Herod.  IV,  17  et  54.  —  2ï  Boeckh-Frankel, 

!  p.  07  et  s.  —  28  Theophr.  Hist.  plant.  VU!,  4,  4;  Time.  111,  86.  —  29  Scliol. 
Arisloph.  Vesp.  716;  Diod.  XIV,  79.  —  30  Time.  IV,  108;  Corp.  inscr.  att.  834  b, 
col.  1,  I.  66;  Boeckh-Frankel,  1,  126.  -  31  Her.  IV,  169;  Ariatoph.  Plut.  920;  Eq. 
800-891  ;  Theophr.  Hist.  plant.  IV,  3;  VI,  3.  La  fig.  4925  représente  la  coupe 
d'Arcésilas  au  Cab.  des  Médailles  de  Paris  ;  Dumont  et  Chaplain,  Céramiq.  I, 
p.  295;  Mommenti  Inst.  1,  pi.  xlyii  ;  Rayet-Collignon,  Céramiq.  grecq..  p.  81, 
fig.  43  ;  Babolon,  Le  Cab.  des  Antiques,  p'.  xu.  —  J2  Francottc,  I,  p.  137; 
BUchsenschiitz,  p.  435-436. 


MER 

parfums  (encens,  baume,  myrrlu 
épices',  de  prove¬ 
nance  orientale.  Le 
coton  est  peu  ré¬ 
pandu  en  Grèce,  et 
le  lin  n'y  est  cultivé 
que  tardivement  2. 

Des  produits  du  sol, 
il  faut  rapprocher 
ceux  des  animaux. 

La  Grèce  produit  et 
exporte  du  miel  (de 
l'Hymette  ou  de 
Chypre)  [nel]8  et  de 
la  laine  (de  l’Atti- 
que)  [lana]4.  En  re¬ 
vanche,  elle  importe 
des  peaux  du  Pont 
et  de  l’Afrique  5 
et  de  l’ivoire  de 
l'Inde6. 

Mais  ce  sontpeut- 
ètre  les  produits 
industriels  qui,  à 
partir  de  la  fin  du 
v*  siècle,  constituent 
les  marchandises 
les  plus  impor¬ 
tantes,  celles  qui 
sont  échangées  le 
plus  universelle- 


—  1764  —  MER 

cinnamome),  et  les  |  (fig.  4926)  8.  Dès  le  vie  siècle,  Athè 


ncs  «•  „ 
f, 08  P””  ïeipon 
lation  ,J 


elles 


pap- 


Fig.  4925.  —  Pesage  et  chargement  du  Silphium. 


™nne"1  f«qu'e, 
Ethiopie,  pat  rin_ 

termédiairedesPhé] 

niciens’0.  Les  f 
briques  de  Samos 
paraissent  jouir  éga¬ 
lement  d’une  cer- 
laine  renommée 
commerciale".  On 
échange  aussi  des 
produits  métallur¬ 
giques.  Ce  sont  d’a¬ 
bord  des  armes, 
dont  les  provenan¬ 
ces  varient  avec  les 
époques  (au  temps 
de  Pollux  l2,  on  cite 
les  cuirasses  d’A¬ 
thènes,  les  casqués 
de  Béotie,  les  heau¬ 
mes  et  les  couteaux 
de  Laconie,  les  bou¬ 
cliers  d’Argos,  les 
arcs  de  Crète,  les 
frondes  d’Acarna- 
nie,  les  javelots  d'É- 
tolie,  les  poignards 
de  Gaule,  les  lia- 


ment,  celles  qui  pénètrent  dans  les  pays  les  plus  loin¬ 
tains.  On  men¬ 


tionnera  d’a¬ 
bord  les  pote¬ 
ries.  Les  pote¬ 
ries  artistiques 
(sinon  les  pote¬ 
ries  ordinaires, 
dont  la  fabrica¬ 
tion  est  trop 
répandue  pour 
laisser  place  à 
une  grande  ex¬ 
portation  des 
produits1)  sont 
échangées  fort 
loin  de  leurs 
centres  de  pro¬ 
duction.  Les 
ateliers  de  Co¬ 
rinthe  en  ex¬ 
pédient  jusqu’en  Italie,  à  Carthage,  en  Crimée,  etc. 

1  Kallmann,  p.  102-106,  211;  Hernfann-Blümner,  p,  434-543.  —  2  Guiraud, 
Propriété  foncière ,  p.  501-5034  Hehn,  Kulturpflanzen  und  Bausthiere  in 
ihrem  Uebergang  ans  A  sien  nach  Griechenland  und  Italien ,  6e  éd.  pai 
Schrader,  Berlin,  1894.  —  3  Slrab.  IX,  613;  Paus.  I,  32,  1  ;  Aristoph.  Paz, 

—  4  Atlien.  Il,  p.  43  C;  V,  p.  219;  Bliimner,  Geioerbliche  Thaetigkeit ,  p.  62  et  s. , 
cf.  Burnley,  The  history  of  wool  and  woolcombing,  Londres,  1889.  -  -  :  Deroosth. 
XXXIV,  10,  p.  910;  Büchsenschütz,  Besitz  und  Erwerb ,  p.  423.  —  ®  Paus.  I,  12, 
4.  —  1  Francotte,  I,  p.  56,  —  8  Pottier,  Catalogue ,  11,  p.  420-421  ;  cf.  Pernice, 
Oie  korinthischen  Pinakes  ( Jalirb .  arch.  Inst.  XII,  1897,  9).  La  figure  est  prise 
dans  Duruy,  Hist.  des  Grecs,  II,  p.  431  ;  cf.  Bayet-Collignon,  Céramique,  p.  15,  fig.  6. 

_  9  Francotte,  I,  p.  67;  cf.  p.  73.  —  10  Périple  de  Scylaz  ( Geogr .  min.  I,  112). 

_  U  Bliimner,  Gewerbliche  Thaetigkeit,  p.  47,  —  12  Poil,  1,  149.  —  Herod.  IV, 


Fig.  4926.  —  Transport  de  poteries. 


ches  de  Thrace);  puis  des  ustensiles  (cratères  d’Argos  ", 
serrures  de  Laconie14,  etc.).  Mais,  si  les  exportations  | 
d’armes  chez  les  peuples  moins  civilisés  paraissent  a\oirl 
eu,  en  Grèce  comme  partout,  de  l’importance  (armesl 
grecques  en  Afrique)13,  les  exportations  d’autres  articles 
métallurgiques  sont  demeurées  assez  faibles  1  •  1 111  l'01  I 
sième  catégorie  de  produits  fabriqués  est  constitua  par  I 
les  tissus ,  qui  sont  l’objet  d’échanges  actifs.  Les  lainages 
et  les  tapis  viennent  surtout  de  Milet",  lesutunen  I 
communs  de  Mégare18,  les  manteaux  de  * 1  1 nc’  , 
Achaïe  l9.  Beaucoup  d’étoffes  sont  importées,  -a  °* 
lin  vient  d’Égypte,  de  Colchide20  ou  de  Tarent^  -  < 
Lydie  fournit  aux  Grecs  des  tissus  renommes  > 
étoffes  teintes  en  pourpre  sortent  des  ateliers  p 
ciens23.  Après  les  guerres  médiques,  et  sur  m'  lfâ 

les  conquêtes  d’Alexandre,  les  prodmts  ^  ex  «  ‘  t 
étoffes  d’Orient  pénètrent  en  Grèce  (soie  gà 

donnent  lieu  à  un  important  commerce  e >  ^ 

travers  l’Asie.  La  Grèce  ne  fabrique  pas  d  ^ 
elles  sont  d’origine  phénicienne  ou  egyp  ien  lgg 

Une  mention  spéciale  doit  être  reservi  , 
articles  d’importation,  pour  les  esclaves, 


pari 

l’une  desprinc1' 


38  n.  9;  Fr«#‘ 

159.  Al li  I  27  D.  —  14  Büchsenschütz,  Bauptstaetten,  p-  ^  __  n  Aris- 
cottè,  1,  p.  89  et  s.  -  «5  Herod.  IV,  180. ■  ^  P<*.’ 

toph.  Han.  542  et  Sch.  ;  Atlien.  XII,  519  B.  naetig ked,  P- 

,002;  Xen.  Mem.  11,7,  6.  -  1»  Blümner,  y  ,,39;  R-* 

Poil.  IV,  104.  -  28  Aristoph-  1  ^  (fl  soie, 

84-89.  __  24  Id,  p.  203-.Par.set,^  ^  H 

Paris,  1862;  Schrader,  p.  220  et  s.;  Vidal  de  la  B  Jg  Uead.  des 

commerce  de  la  soie  par  voie  de  mer  (Comp  p  208  ** 

et  Belles-Lettres ,  1897,  p.  5-°  et  ..  a.„j7  p  4,  H.15»  4  Pa,jsi 

p.  192  et  s.  -  **  Blümner,  Gewerbliehe  ^  Verrerie  °-nt'1ue' 

scliütz,  Bauptstaetten,  p-  °  rn  n<1, 

1879. 


-  20  Herod.  II,  105.  — 
p  45  —  23  Hüllmann,  p 


27  et  s. 


—  1765  — 


MER 


MER 


I  mdises  des  marchés  cl  des  foires  (Délos) 
pa'es  ma-'r 'viennent  surtout  des  bords  de  la  mer  Noire)' 
!?p8  articles  d’exportation,  pour  les  livres2. 
débouchés.  -  Les  courants  de  circulation  com- 
*'  ■  i ,  .  dirigent  vers  certains  débouchés  qui  servent 
'nCrCia  r,„dises  de  centres  de  pénétration  et  de  diffu- 
na"  '  ,  ulx  consommateurs.  Ces  débouchés  sont 
si°n  JTlou  temporaires.  Les  places  de  commerce 
perfflam  nles  sont  les  villes,  qui  offrent  aux  commerçants 
per(Tt  ,eur  emporion  et  leur  agora.  Le  port,  l’empo- 
kUI  Vvmra  comportent  toute  une  organisation  et  tout 
rl° Aiitillaee  pour  la  manutention,  la  conservation  et  la 
|  ,buùon  des  marchandises.  Celle  organisation  est 
u  diée  à  d’autres  places  [portus,  acora,  mercator, 
ociator]-  La  répartition  des  grandes  villes  commer- 
caotes  a  varié  avec  les  époques,  selon  les  directions 
muses  par  le  commerce  grec;  on  a  indiqué  plus  haut 
quelles  sont,  à  chaque  époque,  les  plus  importantes 
d'entre  elles.  Les  places  de  commerce  temporaires  sont 
te  foins,  c’est-à-dire  certains  rendez-vous  périodiques 
i  acheteurs  et  de  vendeurs,  qui  peuvent  exister  en  dehors 
de  toute  agglomération  permanente  U  On  en  rencontre 
dans  tous  lesmilieux  économiques  encore  .jeunes,  comme 
un  moyen  naturel  de  triompher  de  l’obstacle  que  l'espace 
le  temps  opposent  aux  rapports  entre  les  hommes  4. 
Les  foires  grecques  sont,  comme  celles  de  toutes  les 
livili salions  3,  liées  aux  grandes  fêtes  religieuses 
itïvrp/ûpeiç)  [panegyris] .  C’est  autour  des  temples,  à  la  fois 
iièges  de  congrès  politiques,  banques  et  sanctuaires,  que 
>  rassemblent  périodiquement,  grâce  aux  voies  sacrées, 
es  convois  de  marchands  et  les  cortèges  de  pèlerins. 
J’après  Diogène  Laërce  G,  les  panégyries  attirent  trois 
iortes  de  visiteurs  :  des  athlètes,  des  marchands,  et  sur- 
oul  des  badauds.  D’où  la  fameuse  comparaison  de 
’ythagore  entre  la  vie  et  une  foire  7.  Toutes  les  grandes 
êtes  grecques  ont  leurs  foires.  Les  plus  importantes  sont 
elles  d’Olympie  8,  de  Delphes  (à  l’occasion  des  réunions 
lu  conseil  amphiclyonique) 9,  de  Corinthe  (à  l’occasion 
les  jeux  isthmiques)10,  et  surtout  de  Délos.  La  foire  de 
'clos  existe  très  anciennement;  à  partir  de  l’époque 
lellénistique, et  surtout  sous  la  domination  romaine,  son 
tnportance  devient  universelle".  A  Athènes,  les  pané- 
fyries  des  Panathénées  attirent  beaucoup  de  marchands12, 
-es  plus  petites  cités,  les  colonies  les  plus  lointaines  ont 
les  foires  fréquentées.  A  Tithorea,  une  foire  se  tient  au 
•rintemps  et  à  l’automne,  à  l’époque  des  fêtes  d’Isis13  :  la 
■ille  '  -  -  -  .... 


marchand 
es  frontièi 


grecque  de  Komaria,  dans  le  Pont,  attire  pèleri 
aux  fêtes  de  la  déesse  assyrienne  Mylilla 


ins  et 


et 


H 


itières  sont  marquées  par  des  lisières  de  marchés 
E<p°pioti  àyopat)18.  L’organisation  de  ces  foires  ressemble 
ans  d°ule  à  celle  des  marchés  des  villes.  Il  y  existe  des 


agoranomes,  sur  le  compte  desquels  nous  possédons 
quelques  renseignements10. 

Comment  s’effectue  dans  ces  débouchés,  au  point  de 
vue  économique,  l’écoulement  des  marchandises  ?  Les 
conditions  d’écoulement  d’une  marchandise  varient,  sur 
un  point  donné,  selon  l’abondance  ou  la  rareté  de  cette 
marchandise  et  le  besoin  que  le  consommateur  en  a 
(offre  et  demande).  Il  y  a  parfois  de  bonnes  allaires,  mais 
parfois  aussi  des  méventes  ou  des  impossibilités  de 
vente17. 11  appartient  à  l’expérience  professionnelle  et  à 
l’intelligence  du  négociant  d’éviter,  s  il  le  peut,  les 
mécomptes  d’enlrcprises  portant  sur  des  objets  de 
défaite  difficile  (par  exemple  par  un  système  de  rensei¬ 
gnements  et  de  correspondance  avec  les  places  étran¬ 
gères,  système  qui  paraît  régulièrement  organisé  dans 
les  grandes  maisons  marchandes)1*.  Quelquefois  l’habileté 
des  marchands  devient  déloyale.  Les  auteurs  grecs  nous 
signalent  plus  d’une  spéculation  douteuse,  destinée  à 
provoquer  des  hausses  ou  des  baisses  factices  de  prix 
(par  exemple  en  répandant  de  fausses  nouvelles  1  )• 

3.  Moyens  et  voies  de  transport.  —  Entre  les  centres 
de  production  et  les  débouchés  s  établit  un  courant 
commercial,  grâce  à  un  outillage  important  et  complexe. 
Il  faut  transporter  matériellement  les  marchandises  et  les 
hommes,  et  pour  cela,  suivre  les  chemins  les  plus  sûrs, 
les  plus  commodes,  les  plus  avantageux  {voies  de  trans¬ 
port),  et  employer  certains  instruments  [moyens  de  trans¬ 
port).  Moyens  et  voies  de  transport  sont  étroitement  liés, 
et  doivent  être  étudiés  ensemble.  Il  y  a  lieu  de  distinguer 
les  transports  terrestres  et  les  transports  maritimes. 

Les  transports  terrestres  n’ont  qu’une  importance 
secondaire,  au  moins  dans  la  Grèce  continentale.  Les 
conditions  du  relief,  nous  le  savons20,  et  le  morcellement 
politique  du  sol  expliquent  suffisamment  le  défaut  de 
grandes  routes  [via]21.  Mais  tout  au  moins  existe-t-il  des 
chemins,  généralement  établis,  pour  faciliter  l’accès  des 
temples  et  des  fêtes,  par  les  soins 'des  corporations  et  des 
collèges  religieux22.  Une  voie  sacrée  va,  par  exemple, 
d’Athènes  à  Eleusis,  passe  par  l’emplacement  des  jeux 
isthmiques,  près  de  Corinthe,  et  probablement  traverse 
l’Arcadie  jusqu’à  Élis  et  Cyllène23.  Une  autre  conduit  à 
Marathon,  et,  de  là,  par  Tauagra,  jusqu’à  Thèbes  et  à 
Delphes24.  A  la  différence  des  routes  romaines,  ces  che¬ 
mins  ne  comportent  pas  une  chaussée  pleine  et  unie, 
mais  seulement  des  sillons  creusés  pour  les  roues;  il  y  a 
parfois  deux  séries  de  sillons23,  quelquefois  une  seule, 
avec  des  garages  de  place  en  place  pour  le  croisement  des 
voitures26.  Ces  chemins,  fréquentés  d’abord  par  les  pro¬ 
cessions  de  pèlerins,  sont  bientôt  suivis  aussi  par  les 
marchands27,  qui  y  font  passer  leurs  voitures  déchargé28. 
Ces  voitures  29n’ont  pas  sensiblement  progressé  depuis 


,j  1  ’  Av®?t™So>!air/.lXtîo7.  sive  de  nundinatione  servorum  apud  veteres,  Lcip- 
I|b|  ml,  Buchseaschütz,  Besitz  und  Erwerb,  p.  117  et  s.;  Hüllmann,  p.  57-62; 
I)  ^l  ""  *^mncr>  P*  84-85;  Burckhardt,  Slclavereiin  Griechenland  (Zukunft ,  VII, 
S,clavereiim  Altertume,  Dresde,  1898.  —  2  Xen.  Anab.  VII,  5,14; 
loiiu, .  '  *  inner’  P*  432  *  Boeckh- Frankel,  l,  p.  61.  —  3  Exemples  de  foires 

aj?// "  <lcb0rsde  toule  agglomération:  Strab.  VIII,  341  ;  IX,  394;  Arist.  Mirab. 
Hcrlih  \s\y'  ^  ^  a>  ^3^>  Curtius,  Pnyx  und  Keramei/cos  ( Gesamm .  Abhandl. 
iroii  ' i  '  *’  p'  343'-  ~  4  Sur  tous  ces  points,  Huvelin,  Essai  historique  sur  le 
_  6  | et  rfes  f^res,  Paris,  1897,  p.  00-79.  —  •>  Huvelin,  p.  37-47. 
XXV 1 1  U  vin8'1  'l  *"’  8;  c1'  Arrian.  Diss.  JZpiot.  Il,  14,  13;  Dio  Chrys.  Or. 
XI, «'  Sel  v  ~  1  Plat"  Rep-  Ix-  38-  —  8  T1,uc-  >b  G9.  113 ;  pind-  Olynth. 
®“®liscnscl!"|  '  8-  —  9  Zenob.  V,  3G  ;  Monceaux,  Proxénies ,  p.  271; 

~~ 10  Bai  lli  '1/  Res‘t:  îmd  Erwerb,  p.  475-476;  Herniann-Bliimner,  p.  427,  n.  2. 
lorine  tJ./  lsse"a^°  inauguralis  Corinthiorum  commercii  et  mercaturae  his- 
I  J  11  ens  particula,  Berlin,  1844,  p.  9.  —  U  Paus.  VIII,  33,  2;  Strab.  X,  5, 


—  12  Herod.  VI,  3.—  <3  Paus.  X,  32,  15.—  HSlrab.  XII,  3,  36.—  15  üemostb.  XXIII, 
37  et  39  ;  cf.  Poli.  IX,  8.  —  16  Inscr.  d'Andania,  Sauppc,  Die  Mysterieninschrift 
von  Andania,  Goettinguc,  1800.  ’Ayojotvono;  itavïiïéjtu;,  dans  Le  Bas,  Waddington 
et  Foucart,  III,  655;  Huvelin,  p.  76,  n.  1;  Francottc,  I,  p.  305.  —  17  Dcmoslh. 
XXXVI,  8  et  s.  —  1»  ld.  LVI,  8  et  s.;  Xen.  Oecon.  20,  27.  —  19  Lys.  XXII,  14; 
Bücbsonscbau,  p.  4G1-462.  —  20  Neumaun-Parlscli,  ch.  ii.  —  21  Belocli.  Griech. 
Gesch.  I,  p.  206.  —  22  Curtius,  Zur  Gesch.  des  Mregebaus  bei  den  Griech.  | Gesamm . 
Abhandl.).  p.  15  et  s.;  Herniann-Bliimner,  p.  480  cl  s.;  GoeU,  Die  Yerkehrswege 
im  Dienste  des  Welthandels ,  Stuttgart,  1888,  p.  248  et  s.;  BüchscnscbüU, 

p.  445  et  s.  23  Strab.  VIII,  p.  378;  Paus.  VIII,  5,  8.  —  2t  Voir  une  énumération, 

d  aprés  Pausanias,  des  principales  routes  terrestres  de  Grèce, 'dans' BiichsenschüU, 
p.  447  et  s.  Eu  Arcadie,  Fougères.  Alantinée,  Paris,  1898.  —  25  Eurip.  Electr.  775. 

_ of,  Curtius,  p.  19-21.  —  27  ld.  p.  51  et  s.  —  28  Dès  le  temps  d'Hésiode,  Op.  et  dies, 

692  et  s. _ 29  Ginzrot,  Die  Wagen  und  Euhricerke  der  Griechen  und  liümer, 

Munich,  1817  ;  Bcckcr-Gocll,  II,  p.  12-14. 

222 


ME  R 


1766  — 


MER 


les  temps  homériques.  Les  voitures  à  deux  roues  sont 
toujours  les  plus  employées.  Les  voitures  à  quatre  roues 
ne  se  multiplient  qu’après  les  guerres  médiques  '.  Mais, 
malgré  la  simplicité  et  la  robustesse  de  ces  voitures,  les 
chemins  sont  trop  peu  nombreux,  et,  à  côté  d'eux,  il  y  a 
trop  de  sentiers  à  peine  frayés  2  pour  qu’on  puisse 
régulièrement  utiliser  les  voitures  comme  moyens  de 
transport.  On  se  sert  surtout  de  bêtes  de  somme  (mulets 
et  ânes) 3.  Le  cheval  est  employé  pour  le  transport  des 
voyageurs,  mais  exceptionnellement  pour  celui  des 
marchandises4. 

C'est  seulement  hors  de  la  Grèce  continentale,  spécia¬ 
lement  en  Afrique,  dans  l’Europe  du  Nord,  en  Asie,  que 
les  voies  de  transport  terrestres  ont  une  réelle  impor¬ 
tance5.  Ces  voies  de  transport  ne  sont  pas  grecques  par 
leurs  origines.  Le  commerce  grec,  en  s’étendant  dans  un 
champ  nouveau,  a  utilisé  les  routes  frayées  par  ses 
devanciers.  Il  existe  en  Asie  de  grandes  routes  de  cara¬ 
vanes6  L’ancienne  route  royale  qui,  à  travers  la  Lydie, 
va  de  Sardes  à  Suse  et  à  Ptéria,  et  constitue  la  grande 
artère  des  échanges  entre  le  monde  grec  et  le  monde 
transtaurique  7  ;  les  routes  de  poste  de  l’empire  achémé- 
nide  qui  deviennent,  après  les  conquêtes  d’Alexandre, 
les  grandes  voies  commerciales  de  l’Asie  hellénisée  8, 
sont  des  pistes  de  caravanes9.  En  Afrique,  il  faut  citer 
les  voies  qui  unissent  l’Égypte  à  l’Arabie  et  aux  côtes 
de  la  mer  Rouge10,  et  celles  qui,  de  Cyrène,  conduisent, 
dans  la  direction  du  sud,  vers  Angila,  où  débouchent 
aussi  les  routes  des  caravanes  de  Lybie11.  Enfin,  vers  le 
nord  de  l’Europe,  le  commerce  grec  emploie,  comme  voies 
de  pénétration,  les  routes  de  caravanes  que  lui  ont 
tracées  les  Phéniciens  et  les  Étrusques.  Il  y  en  a  deux 
groupes,  qui  aboutissent  aux  côtes  de  la  mer  Baltique, 
celles  de  l’est,  en  partant  du  Pont-Euxin,  celles  de 
l’ouest,  en  partant  de  l’Italie  du  Nord  et  de  la  Gaule  et  en 
traversant  les  Alpes.  C’est  par  ces  routes  que  passent  les 
marchands  qui  vont  chercher  de  l’ambre  dans  les  pays 
du  Nord.  Leurs  directions,  que  font  connaître  assez 
incomplètement  les  auteurs  anciens,  peuvent  être  réta¬ 
blies,  sans  que  l’on  puisse  prétendre  à  une  certitude 
absolue,  à  l’aide  des  nombreux  fonds  archéologiques 
qui  en  marquent  les  principales  étapes  12.  La  route  des 
Phéniciens  est  celle  de  1  est.  Elle  part  d  Olbia  ,  à  1  em¬ 
bouchure  du  Boug,  suit  le  Dnieper,  le  Pripet,  la  lasolda, 
puis  le  Niémen,  jusqu’au  marché  de  Raumonium,  dont 
parle  Pline14,  et  à  la  Baltique.  Dès  le  v°  siècle,  les  Grecs 
suivent  cette  route,  et  arrivent  à  la  Setidavade  Ptolémée, 

1  Goelz  P  251  ;  cf.  Radet,  p.  107.  —  2  Curtius,  p.  67.  —  3  Van-,  De 
re  rust.  il,  6,  5;  Aesch.  II,  111,  p-  282;  Diod.  XI,  57;  Sch.  Pind.  Olymp. 
V,  6;  Schrader,  p.  21  et  s.  —  4  Hormann-Blüniner,  p.  481,  n.  0  et  7. 
—  5  Curtius,  Die  Griech.  in  der  Diaspora  ( Gesamm .  Abhandl.),  I,  p.  174 
et  s.  _  6  Vidal  de  la  Blache,  Les  voies  du  commerce  dans  la  géographie 
de  Ptolémée  ( C .  R.  de  l'Ac.  des  Jnscr.  et  Belles  Lettres ,  1896,  p.  456  et  suiv.). 
L’importance  historique  de  la  main-mise  par  les  Grecs  sur  ces  routes  est 
clairement  indiquée  par  lastrow,  Ueber  Welthandelsstrassen  in  der  Gesch.  des 
Abendlande* ,  Berlin,  1887,  p.  10-14.  —  7  Radet,  p.  23-41;  Goetz,  p.  165  et  s.; 
Hullmann,  p.  90  et  s.  -  8  Goetz,  p.  191  et  s.  -  9  Radet,  p.  101  et  s.  -  10  Goetz, 
p.  210  et  s.  ;  Bent,  The  ancient  trade  routes  across  Ethiopia  (Geogr.  Journal, 
1893,  p.  140-146).  —  11  Goelz,  p.  260-265.  —  12  Wiberg,  Der  Einfluss  der  klassis- 
clien  Vôlker  auf  den  Norden  dur  ch  den  Handelsverkehr  (tr.  Mestorf),  Hambourg, 
1867  ;  Schumacher,  Handels-  und  Kulturbesiehung  Südwestdeutschland  in  der 
vorrômischen  Aletallzeit,  1900;  Genthe,  Ueber  den  etruskischen  Tauschhande 
nach  dem  Norden,  Francfort,  1874;  Sadowski,  Die  Handelsstrassen  der  Griechen 
und  Rômer  an  die  Gestade  des  baltisclien  Meeres  (tr.  Kohn),  Iena,  1877;  JVliiller- 
Deecke,  Die  Etrusker,  p.  264-270;  Goetz,  p.  295  et  s.  —  i3  Herod.  IV,  17  et  s.; 
Slrab.  VII,  p.  306.  —  14  Plin.  IV,  94.  —  18  Sadowski,  p.  71-81.  —  10  Genthe,  p.  80. 

_  17  [J  p.  65-71;  Duhn,  Die  Benutzung  der  ALpenpüsse  im  Alterthum  (Neuf, 

Heidelberger  Jahrbücher,  H,  1892);  Hedinger,  Handelsstrassen  über  die  Alpen 


8.  Al 


sur  la  Netze,  dans  la  contrée  de  Schubin*3  \  r 
routes  du  commerce  ont  été  frayées  par  les  r°,UGSL’ le1 
lorsque  ceux-ci,  repoussés  des  mers  TvrrUn’11®® 
Adriatique  par  les  Grecs,  et  déchus  de  leur  nr"18  61 
maritime,  ont  créé  de  nouveaux  débouchés  I-  il 
pays  du  Nord16.  Us  franchissent  les  cols  des  AlJ?P 7 
et  Grand  Saint-Bernard;  Saint-Gothard  SnlL  ' 


Septimer,  Stelvio17  et  surtout  Brenner) 


18 


^  splügen,  ! 

le  Brenner  est  la  plus  fréquentée  et  la  plus  rémuné^  ! 
trice  ,  elle  aboutit  à  la  vallée  du  Danube.  Delà  les 
chands  étrusques  traversent  les  monts  de  Silésie  au  CJ 
qui  conduit  à  Glatz,  passent  à  Schweidnitz,  Liognitz 

Glogau  (sur  l’Oder)vSchrimm(surlaWartha), parviennent 

sur  la  Netze,  et  de  là  gagnent,  soit  les  bouches  du  Niémen 
par  Kulm,  soit  celles  de  la  Vistule,  par  Czernickau19.  Le 
commerce  grec,  soit  qu’il  vienne  de  la  mère-patrie  parla 
voie  d’Olbia,  soit  qu’il  vienne  des  établissements 
phocéens  de  Gaule20,  adopte  ces  routes  du  commerce 
étrusque,  comme  le  prouvent  les  objets  fabriqués  de 
provenance  grecque  qui  les  jalonnent.  Le  commerce 
romain  les  suivra  bientôt  à  son  tour. 

Malgré  l’importance  que  les  routes  et  les  transports 
terrestres  ont  ainsi  fini  par  prendre  (d’ailleurs  assez 
tardivement)  pour  le  commerce  grec,  la  voie  de  mer  elles 
transports  maritimes  tiennent  dans  ce  commerce  la  pre¬ 
mière  place.  L'instrument  essentiel  du  commerce  mari¬ 
time  est  le  navire  [navis].  Comme  à  l'époque  homérique, 
on  distingue  le  navire  de  commerce,  ou  vaisseau  rond 
(ffxpoYYuXov  7rXoîov  ou  ôAxa;) _1  du  navire  de  guerre  ou 
vaisseau  long  (goexpov  irXoïov) 22.  Le  second  est  mieux 
connu  que  le  premier  (bien  que  sa  construction  et  la 
disposition  de  ses  rangs  de  rames  soulèvent  encore  plus 
d’un  problème23).  Le  navire  de  commerce,  qui  est  trapu, 
court  et  peu  rapide,  voyage  de  préférence  à  la  voile,  bien 
qu’il  soit  aussi,  pour  parer  aux  dangers  du  calme  plat, 
pourvu  de  rames24.  Il  existe  plusieurs  types  de  bateaux 
de  commerce  (quelques-uns  d’origine  étrangèi<)>  quil 
portent  des  noms  techniques  (yaOXoç,  Paptç,  Asp-^oç,  etc.)  I 
Ils  sont  construits  dans  les  mêmes  centres  que  les  ":mresl 
de  guerre;  à  une  époque  récente,  les  chantiers  de  C  ÔPr®| 
sont  particulièrement  renommés  pour  la  construction  e  1 
navires  de  commerce  ( onerariae  naves )-°.  ' u  “J 

usuellement  leur  contenance  d  après  h  110111  . 
talents  qu’ils  peuvent  porter  :  on  cite  tel  na\m.  'lul  P 
charger  10000  talents  ((vau;  pptocpdfo;81  ou  J 

ce  qui  correspond  à  une  capacité  de  a  -  ' 

A  partir  de  la  période  hellénistique,  les  auteu  s  | 

las  1  —  1S  l’cnllicl 

in  vor-  und  frilhgeschichtlicher  Zeit  Aa  Marseillais  PyU.fas  à 

p.  71  et  s.  —  19  Sadowski,  p.  131  et  s.  -  Cf.  y  S  ^  MitteitWropa » 

la  recherche  du  pays  de  l’étain  et  de  l’ambre.  Brennei, ,a  negotMiom- 

den  Schriften  der  AUen,  Munich,  1877  ;  Masson,  De  Mas  U  ^ 
bus  ab  urbe  Massilia  condita  usque  ad  tempus  q  .  Theophr.  But. 

subegerunt,  Paris,  1897,  p.  48;  Goetz,  p.  291.  -  ’#  ^  "l’7' 

niant  V  7  2.  —  22  Bekkcr,  Anecd.  gr.  p.  279  :  i*««?  seewesen  des 

plant,  v,  /,  z.  .  ’  _  23  Boeckh,  Urkunden.über  das  AlletA 

yUov  81  tô  l|Mto?uov.  loll.  1,  8-,  -  '  grhUfsverh&ltnisse  dis  -  J 

attischen  Staats,  Berlin,  1840;  Graser ,  Ueber  die  S  ^  {pMologus,  1804). 
thums  ( Ausland ,  1863,  p.  657  et  s.);  De  veter um  ^  jVauli*  der  Al“ »| 
Cartault,  La  trière  athénienne,  Pans,  1881  *  |,  p.  J-« '  > 

Brème,  1886;  Goelz,  p.  253  et  s.;  Beloch  G, .ecA  1»;  • 

Franco  lie,  1,  p.  30-31;  Lübeck,  Das  ^  Î 

Hambourg,  1890-91;  Torr ,  Ancient  shi pi -,  -  25  Or-*  $ 

V,  22,  p.  132;  cf.  Plaul.  Bacch.  II,  3.  4  >  ’  |V  8  ü;  SUa'- 

vetcrumre  navali,  p.  55.  -  20  Amm.  Poil.  >'  l65’ 


3  .  6  8  4.  -  27  85  PCI.  h  88.  -  23 

Büchsenschütz  a  montré  (p.  421,  n.  2)  que  ces  «Pr  ffiille  homme»  »» 

lomme  ou  l'a  cru,  des  navires  capables  de  porter  ^  ^  p-  *,  et  »-  1 

mille  amphores;  cf.  Herod.  1,  19r,  c  , 


—  1707  — 


MER 


MER 


vires  de  commerce  de  dimensions  encore 
1  "d'érables.  Lucien  parle  d’un  vaisseau  qui  a 


lionnent  ^ 

Ph,S  C0-(  mllres°’de  long,  14  mètres  de  large,  et  plus 
environ  creuX  à  pendroit  le  plus  profond  *.  De 

del3„m  Embarcations,  sans  offrir  la  sécurité  de  nos 
Parel  eb  ,  e8  Sont  néanmoins  bien  supérieures  aux 
fircS  in°'  l’énoque  homérique.  Mais  les  traversées  ne 

nas  sensiblement  plus  hardies;  les  routes  de  mer 

»°“l.pa  J Vlp  moins  possible  des  côtes.  Ainsi  la  route 
H  ‘  rOuest  suit  le  rivage  de  la  Messénie  eide  l’Elide 
de  ..  .v.trée  du  golfe  de  Corinthe  la  route  qui  vient 
Æd'du  golfe  et  de  l’Isthme,  remonte  le  long  de  l’Épire, 
duf0  ,  r  jCyre  (ce  qui  explique  les  relations  entre 
e*'i  ^  pt  Corcvre),  gagne  les  côtes  d  Italie  et  de  Sicile  2. 

aliénés  et  eiorc/yic;,  &  »  ,  ,  .  . 

n  même  les  routes  du  Pont  sont  des  routes  de  cabotage  . 

I„  commerce  du  Pont  appartient  d’abord  aux  Milesiens, 
ce  qu’ils  peuvent  facilement  y  accéder  en  longeant  les 
rôles  d’Asie  Mineure.  Lorsque  les  Athéniens  se  substi¬ 
tuent  aux  Milésiens,  et  font  du  Pont  le  grenier  de 
’Attique,  leurs  vaisseaux  ne  se  hasardent  pas  à  couper 
,  ligne  droite  la  mer  Égée  ;  ils  suivent  l’Euripe  (ce  qui 
explique  l’importance,  pour  Athènes,  de  Chalcis  et 
d’Hisliaea)  et  longent  la  Macédoine  et  la  Thrace  3.  Pour 
traverser  la  mer  Égée,  on  quitte  le  moins  possible  l’abri 
des  iles.  Il  y  a  deux  routes  du  Pirée  vers  l’Asie  Mineure  : 
celle  du  nord  passe  par  Cliios  et  Lesbos  4  ;  celle  du  sud, 
par  les  Cyclades  (Délos,  Paros  et  Naxos)  et  par  Samos. 

Le  commerce  d’Athènes  avec  l’Égypte  et  la  Cyrénaïque 
emprunte  aussi  cette  voie.  11  passe  par  Rhodes,  Phaselis, 
dhypre,  et  côtoie  la  Phénicie  :  pendant  la  guerre  du 
Péloponèse,  c’est  près  de  Cnide  que  les  Lacédémoniens 
cherchent  à  intercepter  les  convois  de  blé  d  Égypte  à 
destination  d’Athènes  5.  Cependant  il  existe  une  autre 
route  d’Égypte  suivie  surtout,  semble-t-il,  en  temps  de 
guerre,  par  les  vaisseaux  péloponésiens  qui  veulent 
éviter  de  s’exposer  aux  attaques  des  Athéniens  ou  de 
leurs  alliés  :  ces  vaisseaux,  après  avoir  doublé  le  cap 
Malée,  relâché  à  Cythère  et  en  Crète  6,  font  voile  directe¬ 
ment  vers  l’Afrique  7. 

4.  Monnaie  et  crédit.  —  Les  moyens  de  transport 
matériels  ne  sont  pas  les  seuls  instruments  de  la  distri¬ 
bution  commerciale.  Une  circulation  active  et  régulière 
des  richesses  serait  impossible,  surtout  par  la  voie  de 
terre8,  s’il  n’existait  pas  des  marchandises  intermé¬ 
diaires,  de  maniement  facile,  pouvant  servir  de  substi- 
luls  d  toutes  les  autres  9.  Ces  marchandises  sont  la 
monnaie  et  le  crédit,  qui  se  ramènent,  en  dernière 
analyse,  à  des  instruments  de  transport  de  valeur  :  si,  au 
'■eu  d’emporter  avec  moi  le  pain  destiné  à  me  nourrir, 
J1'  u  emporte  que  la  pièce  de  monnaie  destinée  à  acheter 

p'mT  5‘  ~  2  Thuc'  '>  36’  3;  Xen'  HelL  VI-  2>  9:  Biichsenschülz 

Polyb.  IV,  47;  Biichsenschülz,  p.  425  et  s  On  ne  s'expliquerait 
lit  I'1  r°u^e  Bosphore  n’avait  pas  longé  les  cotes,  pourquoi  Xerxès 
sJh,'0''  llSt*lme  Bu  mont  Athos  ;  cf.  Prellcr,  Ueber  die  Bedeutung  des 
||  "jCn  ^eeres  fur  den  Handei  und  Verkehr ,  Dorpat,  1842.  —  4  Arr. 
-  7  \y-  i  2i  Büchsenschütz,  p.  430  et  s.  —  S  Thuc.  VIII,  35.  —  6  Id.  IV,  53. 

P*  /|f36.  —  8  Radet,  p.  155-156.  —  9  Nô|AtajJta  Çù|t6o^ov  TÎ;; 

^  Plat‘  Rep‘ 1T*  p‘ 371  B*  ~  10  ArisL  p°lit-  l"57  A’  30‘  “ 11  Babelon’ 
nJ!!!ne,8  .de  1,1  m°nnaie,  Paris,  1897;  Traité  des  monnaies  grecques  et 

'ômische 


feWain  —  "lunnaie,  raris,  1897;  Traité  des  monnaies  grecque. 

Métro™-  '  yiéor*e  et  doctrine,  Paris,  1902  ;  Hultsch,  Gricch.  und  rômi 
1878 •  Brin  p*"  <  B  Bcrbn’  *882  ;  F.  Lcnor niant,  La  monnaie  dans  l'antiquité ,  Pt 
^8n6rosçf>„lS' '^Pinz~ ’Mass-und  Gewichtswesen  in  Vorderasien  bis  au f  Alex  an 
Standard1'' c  1866  ’  B*Bgeway,  The  origin  of  metallic  currency  and  we ; 

80ecldi-Fr.ni!  a,m^r^^c’  *892;  Hermann- Blümner,  p.  445-452  ;  Hüllmanu,  p.  ! 
Ges  ch.  P-441»  690-695;  Beloch,  Griech.  Gesch.  I,  p.  212.  —  »2  Me 

l 'h-  ii  p.  150  ;  Radel,  p.  155  et  s.  —  13  Curlius,  Studicn  sur  Gc 


ce  pain,  cette  pièce  constitue  évidemment  un  instrument 
de  transport  de  valeur;  ou  si,  sans  me  dessaisir  même 
de  cette  pièce  de  monnaie,  j’obtiens  mon  pain  contre  une 
simple  promesse  de  le  payer  plus  tard,  le  crédit  dont  je 
jouis  et  qui,  basé  sur  ma  solvabilité  présumée,  constitue 
un  élément  actif  de  mon  patrimoine,  joue  bien  le  rôle 
d’un  instrument  de  transport  de  valeur. 

Nous  savons  comment  les  échanges  effectués  par  1  in¬ 
termédiaire  d’une  monnaie  se  substituent  en  (o-èce  aux 
échanges  opérés  par  troc  :  la  monnaie  se  développe  en 
même  temps  que  l’économie  commerciale.  Monnaie  et 
commerce,  comme  le  remarque  déjà  Aristote,  sont  deux 
phénomènes  concomitants10.  C’est  de  1  Orient  que  les 
premières  monnaies,  comme  tous  les  cléments  de  la  civi¬ 
lisation  commerciale,  parviennent  dans  le  monde  grec 
[nummus,  pecunia]  “.  Les  premières  monnaies  qui  s  intro¬ 
duisent  dans  les  colonies  d’Asie  Mineure  sont  celles  du 
royaume  de  Lydie12.  Dans  la  mère-patrie,  la  grande  cité 
commerçante  d’Égine  commence  à  frapper  des  monnaies 
dès  le  début  du  vnc  siècle;  après  elle,  ce  sont  les  villes 
de  l’Eubée,  Chalcis  et  Érétrie;  au  commencement  du 
vie  siècle,  Corinthe13.  Athènes  frappe  d’abord  des  mon¬ 
naies  au  poids  lourd  d’Égine,  puis,  après  Solon,  des 
monnaies  au  type  léger  de  l’Eubée1'.  Au  ve  siècle,  sa 
concurrence  grandissante  fait  fermer  les  ateliers  moné¬ 
taires  de  l’Eubée  (446)  et  d’Égine  (431);  la  drachme 
attique  devient  la  monnaie  commerciale  du  monde. 

A  partir  de  la  deuxième  moitié  du  vic  siècle,  mais 
surtout  dans  la  période  hellénistique,  l’essor  général  du 
commerce  développe  partout  la  frappe  des  monnaies. 

A  l’origine,  la  mère-patrie  frappe  presque  exclusivement 
de  la  monnaie  d’argent;  le  cuivre  n’apparait  que  comme 
monnaie  d’appoint15,  et  encore  tardivement16.  Les 
monnaies  d’or  sont  rares  jusqu’au  règne  de  Philippe1  . 

Le  développement  du  crédit  commercial  est  parallèle 
à  celui  de  la  monnaie.  Peut-être  les  principales  opéra¬ 
tions  decrédit,  originairement  inconnues  dépopulations 
purement  agricoles,  ont-elles  pénétré  dans  la  vie  écono¬ 
mique  grecque  par  la  voie  de  l’Orient,  où  la  plupart  d  entr  e 
elles  (prêt,  et  notamment  prêt  à  la  grosse)18  sont  dès 
longtemps  en  usage.  On  trouve  de  très  bonne  heure  de» 
banquiers  en  Lydie.  Nicolas  de  Damas  nous  raconte 
comment  le  banquier  Sadyatte  refusa,  vers  566,  du  crédit 
àCrésus13  .Quoi  qu’il  en  soit,  au  ve  et  surtout  au  ive  siècle, 
le  crédit  personnel,  malgré  la  prévention  générale  que 
les  philosophes  manifestent  contre  lui 20,  tonclionne  en 
Grèce  sous  ses  principales  formes  :  prêt  (et  notamment 
prêt  à  intérêt) 21 ,  dépôt  (et  notamment  dépôt  irrégulier)22, 
vente  à  crédit23. 

Les  commerçants  dont  les  aflaires  portent  sur  1  argent 

von  Korinth  (Gesamm.  Abhandl.)  I,  p.  (89  et  s.  -  H  Boeckh -Frankel,  1,  p.  23; 
Hermann-Büimner,  p.  4*6.  -  «  Boeckh-Frankel,  I,  p.  69t.  -  «  A  Athènes,  peu 
avant  la  guerre  du  Péloponèse,  Athcn.  XV,  p.  069  D;  Eckhct,  Doctrina  numo- 
rum.  I,  p.  XXX  et  s.  -  U  Hermann-Blümncr,  p.  449,  n.  2  ;  Boeckli-Frankel,  1,  p.  28-37. 
_  18  Lassen  Ueber  die  altindisclie  Handelsverfassung  ( Zeitschr .  der  morgen- 
laendischen  ' Geselhchaft),  XVI,  i862,  p.  427-438;  Oppert  et  Mènent,  Documents 
juridiques  de  l’Arabie  et  de  la  Chaldée,  Paris,  1877  ;  Revillout,  La  créance  et  le 
droit  commercial  de  l’antiquité ,  Paris,  1897  ;  Matthiass,  Das  naulicum  foenus, 

I  ct  s.  _  19  Nie.  de  Damas,  Fragm.  hist.  gr.  t.  III,  p.  397,  fr.  65.  Voir  aussi 
Aelian.  Var.  hist.  IV,  27.  —  Plat.  Leg.  XI,  p.  915  E;  Souchon,  p.  105. 
__  2i  Qaiilemer,  Le  contrat  de  prêt  à  Athènes  (Afém.  de  l’Acad.  de  Caen,  1870, 
p.  106-202)  ;  Tlialheini,  p.  90  cl  s.  —  22  Uemosth.  XXXVI,  20,  p.  950  ;  Isocr.  XVII, 
‘f  p.  358  B;  Caillemer,  Le  contrat  de  dépôt,  le  mandat  et  la  commission  à 
Athènes  (Mém.  de  l’Acad.  de  Caen,  1876,  p.  508-542  ;  Thalhcim,  p.  1 18.  —  23  Demoslli. 
XLI  8,  p.  1030;  Corp.  inscr.  Gr.  sept.  I,  3171,  1.  50;  Caillemer,  Le  contrat  de 
vente  à  Athènes  ( lier .  de  législation,  1870-71,  p.  031-671  ;  1873,  p.  5-41). 


MER 


1768 


MER 


«HTAPXCiKAVO; 


et  le  crédit  sont  les  banquiers  Le  commerce  de  banque 
comprend  trois  grandes  branches,  souvent  exercées 
concurremment  par  les  mêmes  hommes.  Ces  trois 
branches  sont:  le  change  manuel  des  monnaies,  qu’exer¬ 
cent  les  chaîtgeui's  (àç'(vacLi>.oiÇio(  ou  xoXXuêtsxai) 2;  l’avance 
de  capitaux,  qu’exercent  les  prêteurs  (Savsid-cai,  Toxurrat 
ou  y  privai) 3  ;  enfin  le  transport  d’argent  et  le  paiement 
pour  autrui,  qu’exercent  les  banquiers  proprement  dits 
(Tftt-rceÇtTa!)  [argentarius,  trapezites]  .  Le  change  des 
monnaies  est  particulièrement  utile  dans  la  Grèce 
ancienne  à  cause  de  la  grande  variété  des  types  moné¬ 
taires.  Le  change  n’est  d’ailleurs  qu’une  espèce  de  vente 
(vente  d’une  monnaie  contre  une  autre)'*.  Le  gain  du 
changeur  se  nomme  xataXXotY''i  »  êTtixaTaXXay vj  ou  xôXXuêoç 5. 
Le  changeur  fait  en  outre  métier  d’éprouver  et  de  peser 
les  monnaies6.  Le  préteur  avance  de  l’argent  à  ceux  qui 
en  ont  besoin  (particu¬ 
liers  ou  personnes  pu¬ 
bliques)1,  soit  sur  sim¬ 
ple  signature,  soit  plus 
ordinairement  sur  ga¬ 
ranties  (caution,  gage, 
hypothèque)  8.  Il  en 
retire  des  intérêts  éle¬ 
vés  :  au  v.e  et  au  ivc 
siècle,  la  banque  du 
temple  de  Délos  prête 
au  taux  de  10  p.  100 9. 

A  Athènes,  les  prêts 
commerciaux  ordinai¬ 
res  rapportent,  au  ive 
siècle,  de  12  à  18  p.  100; 
les  prêts  à  la  grosse  de 
22  à  33  p.  100 10.  Le 
trapézite  reçoit  des  dé¬ 
pôts  d’argent  en  compte  courant  de  clients  pour  le 
compte  desquels  il  effectue  des  paiements,  soit  en  argent 
comptant,  soit  au  moyen  de  virements  de  comptes 
(Siaypa®^) 11  sur  leurs  registres  (ÜTrogvYjfxïTa)12.  Grâce  aux 
correspondants  qu’ils  possèdent  sur  d’autres  places13, 
ils  peuvent  réaliser  des  paiements  a  distance  (trans¬ 
ports  d’argent)14. 

Les  plaidoyers  d’Isocrate  (Trapézitique) 13  et  de 
Démosthène  nous  fournissent  d’intéressants  détails  sur 
l’activité  des  banquiers  athéniens,  et,  notamment,  sur  la 
grande  banque  de  Pasion  et  de  Phormion10;  ils  nous 
font  apprécier  l’importance  de  leurs  affaires  et  l’étendue 

l  Salmasius,  De  foenore  trapezitico ,  Leyde,  1640;  Hüllmann,  p.  183-189; 
Becker- Goell,  1,  p.  93-117  {Die  Trapeziten)  ;  II,  p.  210;  Bocckh-Frankel,  I, 
p.  159  et  s.;  De  Koutorga,  Essai  historique  sur  les  trapezites  ou  banquiers 
d'Athènes,  Paris,  1859;  Bernadakis,  Les  banques  dans  l'antiquité  {Journal  des 
Économistes,  juin-août  1881) ;  Biichsensckütz,  p.  500  et  s.;  Hermann-Blünmer, 
p.  452  et  s.  ;  Cruchon,  Les  banques  dans  V antiquité,  Paris,  1879  ;  Perrot,  Le 
commerce  de  l'argent  et  le  crédit  à  Athènes  au  iv«  siècle  avant  notre  ère  {Mém. 
d'archéol.,  d'épigr.  et  d'histoire,  p.  337  et  s.)  ;  Beloch,  Griech.  Gesch.  I,  p.  347  et  s.  ; 
Pestalozza,  p.  47.  —  2  Poil.  VII,  170.  —  3  Demosth.  XXXIV,  50;  Hermann- 
Blümner,  p.  453.  — *  Isocr.  XVII,  40  ;  Becker-Goell,  II,  210.  —  6  Theophr.  Char. 
30;  Poil.  VII,  170;  III,  84;  Athen.  VI,  p.  225  B;  XI,  p.  503  A.  —  6  Theocr.  XII, 
36  et  s.;  Becker-Goell,  I,  p.  115,  n.  25.  —  7  Isocr.  XVII,  7  et  38  ;  Demosth.  LUI, 
9.  p.  1249;  Wachspiuth,  dans  Iihein.  Mus.  nouv.  sér.  XXIV,  1869,  p.  451  et  s. 
(Banque  de  Tauromenium).  —  8  Demosth.  XXXIII,  10,  p.  895  ;  Billeter,  Gesch.  des 
Z  in  s  fusses,  p.  18  et  s.  —  9  Billeter,  p.  9-10.  —  10  Ibid.  p.  20-41  ;  Boeckh-Frankel, 
I,  p.  156-175;  cf.  Meyer,  Gesch.  des  Alterth.  V,  p.  288.  —  n  Demosth.  LU,  4, 
p.  1236;  Harpocr.  v°  8i«Yjà4a»To;  ;  Cebes,  Tab.  31,4.  —  ,2  Demosth.  XLIX,  5, 
p.  1186;  LII,  4,  p.  1236;  Hermann-Blümner,  p.  454,  n.  6;  Büchsenschütz,  p.  504. 

_  13  Demosth.  L,  56.  —  14  Lys.  XIX,  25,  p.  154;  Isocr.  XVII,  35  et  s.  p.  365  E; 

Becker-Goell,  I,  p.  114,  n.  24.  —  13  Galle,  Deitraegc  zur  Erklaerung  des  Trape- 
zitikus  des  Isokrates  (Progr.  Ziltau,  1696).  —  16  Voir  surtout  Perrot,  L.  c. 


-G  en 

s  possé. 


A  E  JEk. 


Fig.  4927.  —  Pesage  de  marchandises. 


de  leur  crédit.  Nous  savons  par  exemple  n 
Pasion  mourant  voulut  mettre  en  règle  ses  '"ir  °rSque 
fortune  ne  s’élevait  pas  à  moins  de  60  talents  V"**’  sa 
immeubles  et  40  placés  dans  les  affaires11  ' 
dons  aussi  des  renseignements  sur  les  Vin, 
temples.  Ces  établissements,  en  Grèce  comme  S  ^ 
coup  d’autres  civilisations18,  sont  des  établis  ^  ^ 
financiers19,  et  reçoivent  des  dépôts  privés  ou  puîS 
Ainsi  le  trésor  d’Athènes  est  déposé  dans  un  IpIV 
d’Athéné21; celui  delaconfédération  maritimealhéni,,  ^ 
dans  le  temple  de  Délos 22  ;  Lysandre  dépose  autemïî’ 
Delphes  une  somme  qu’il  ne  peut  emporter  à  Sparte 21  ç  6| 
dépôts  et  les  riches  trésors  dus  à  la  piété  des  fidèles  •  1 
employés  en  prêts  fructueux  consentis  à  des  particuliers 
ou  à  des  États24  :  ainsi  la  banque  de  Delphes  prête  à  Cli  j 
thène  de  l'argent  pour  ses  entreprises  contre  les  tyrans25- 

la  banque  du  temple 
de  Délos  a  de  nombreux 
débiteurs  qui  lui  paient 
intérêt26.  Il  existe  de 
semblables  banques 
danslaplupartdessanc- 
tuaires  vénérés  (Del¬ 
phes,  Délos,  ÉphèstqSa- 
mos,etc.).  Lesproxènes: 
de  ces  temples  leur  ser¬ 
vent  de  correspondants 
dans  les  principales 
places  de  commerce  !\ 
o.  Poids  et  mesures. 
—  Pour  la  rép.ii'lilioa 
et  la  distribution  de  cer¬ 
taines  mardi, 'uidises 

(choses  fongib'es),  un 
système  de  poids  et  me¬ 
sures  est  nécessaire28  (fig.  4927)  [pondus,  mensura,  ubha]1 
Comme  la  monnaie  et  le  crédit,  les  poids  et  mesuies,  con  j 
nus  de  bonne  heure  en  Grèce,  etdontôn  rattacliol  <  u  inine 
au  roi  d’Argos  Phédon  29,  proviennent d  Orient  .  1  >on  L 
les  poids  et  mesures  babyloniens  qui,  pari  intoi  p  y 1  ,nr®  j 
des  Phéniciens,  ont  acquis  droit  de  cité  chez  b  s  1  ' 1  I 

Poids  etmonnaies  suivent  la  même  évolution.  Egun  ^-1^  ] 

l’Eubée,  imposent  leurs  poids  au  monde  égeen,  a  a  ^  , 

du  commerce.  Athènes,  qui  s’est  d  abord  si  •  ^ 

d’Égine32,  emploie  depuis  Solon  le  talent  euboupu- 
faitle  poids  du  commerce  mondial.  On relioux^  1^ 
et  les  mesures  d’Athènes  jusqu  en  Sicile  et 

—  n  Demosth.  XXXIV,  5.  —  18  Inde  moderne,  Andrée,  Geog.  ^  imm. 

p.  62;  Europe  occidentale,  pendant  la  période  franke,  In>  (Mélanges  Monod, 

nités  commerciales  accordées  aux  églises,  du  vu0  au  ix  s'-  p.  506-509Ï 

Paris,  1896).  —  19  Hermann-Blümner,  p.  456,  n.  7;  uc  1  al7.  —  22  Xen. 

—  20  Dio  Chrys.  XXXI,  54;  Thue.  VI,  20.  -  21  Boeckh-Frankel,  ,fl)  ,U. 

Dell.  VI,  4,  2.  -  23  Plut.  Lysand.  18.  —  24  Thuc.  I,  i  ■  ^  1887,  et  Bnll-  j 

—  26  Homolle,  Les  archives  de  l’intendance  saciée  a  '  ’  , ggo,  p.  389 ot  s'' 

de  corr.  hell.  VI,  1882,  p.  1  et  s.  ;  VIII,  1884,  p.  282  eU^;  MetTol»>J'sck 

XV,  1891,  p.  113  et  s.  -  27  Monceaux,  p.  271  e‘  <>■  AUertlmms  in  ‘hrem 

Untersuchungen  über  Gewichte ,  Mùnz fusse  uni  *  (  Hui tsch,  G^ieC^ 

Zusammenhange ,  Berlin,  1838  ;  Bocckh-Frânke  ,  ,  P*  *  33.445 5  Nissen,  ^'l,° 

rômische  Métrologie ,  Berlin,  1862;  Hermann-Blümner  ,  I  •  ^  ^  La  fig.  *•  - 

logie  { Bandbueh  de  rklassischen  Alterthumswissenscil  .  Millin,  ivm !■' 

représente  une  peinture  de  vase  autrefois  dans  a  c0  y0rlegel>laclter'  .. 

vases,  II,  61;  Klein,  Meistersignaturen,  p.  46;  «  Gesch.  des  kltcrt  '  .' 

pl.  v,  n»  1.  _  22  Her.  VI,  127;  Strab.  VIII,  P-  3o8  ;  Meye  ,  ™Mÿpro,cMf 
P.  543.  -  30  Poil.  IX,  76.  -  3i  Hermann-B'nmuer,  P.  p.weir.  / 

Bezeichnung  von  Mass  und  Zahl  m  ,  Sehrador,  P-  £ 

Vôlkerpsyllogie  und  Sprachuoissenschaft,  XII ;  P-  * -  «  JM"* 
s.  (notamment  p.  156  :  origine  sanscrite  du  mot  g 
Métrologie ,  p.  289  et  s. 


MER 


MER 


1709  — 


ierce  et  l’opinion  publique.-  On  “discuté, 
c>  le  comme*  ^  ,a  question  de  savoir  en  quelle 
et  on  discule  encl  V,.  ue  tenail  le  commerce  dans  l’an- 
I  iropin!°nLa  difficulté  provient,  d’une  part,  de  ce 
tienne  c,I'ece  .  "ments  que  nous  possédons  sont  assez 
que  les  ren  J  t>  de  Ce  qu’ils  sont  suspects  de 

disparates,  e  ment  p0pinion  moyenne  du  milieu 

pepas  relie  te  r  es  agriculteurs  méprisent  volontiers 

d’où  ilS S°nl  f  i  1  époque  des  origines,  la  Grèce,  pays 
!es  ^  ,  -Tmontrer  quelque  défiance  au  commerce 

agric°lc’  d°u  cette  défiance  subsiste  fort  longtemps, 
grandissant  ,  ^  demeurées  fidèles  à  l’économie 

0nleSil  ïsivirte3  Thèbes4,  Épidamne6,  etc.).  Mais  dans 
igriCul  enrichies  depuis  longtemps  par  le  commerce 
Athènes  à  partir  du  vP  siècle,  U  serait 


pai 


le  dédain  primitif  du  rural  pour  le 


S“'Cr.nl  puisse  survivre  dans  l'opinion  commune. 
Cependant,  s’il  faut  en  croire  les  témoignages  que  nous 


possédons,  qu 


ils  émanent  d’un  Platon,  d’un  Aristophane, 


Y  „  Yénonhon  ou  d’un  Aristote,  l’état  de  commerçant 
dl"i  '  l  être  tenu  en  médiocre  estime.  Pour  ces 
auteurs^ le  commerce  et  l’industrie  sont  les  deux  plaies 
J(  b  société.  Lorsque  Platon  construit  sa  cité  idéale,  il 
se  félicite  de  ce  que  son  futur  Etat  est  situe  a  quelque 
distance  de  la  mer,  car  il  aura  moins  de  relations  avec  le 
dehors  et  son  commerce  sera  forcément  moins  actif  b  : 
il  reconnaît,  à  vrai  dire,  qu’un  minimum  d’activité 
commerciale  est  nécessaire  7;  mais  encore  est-il  bon  que 
les  citoyens  soient  exclus  de  ce  trafic,  et  qu’on  le  laisse 
aux  métèques  et  aux  étrangers  8.  La  profession  de  mar¬ 
chand  n’est  «  ni  honnête  ni  honorable  :  ceux  qui  s  y 
livrent  ne  connaissent  aucune  mesure  dans  la  recherche 
du  gain.  Si  on  pouvait  former  le  corps  des  négociants, 
commercants,  etc.,  de  personnes  vertueuses,  ces  profes¬ 
sions  seraient  estimées  à  l’égal  d’une  mère  et  d’une 
nourrice  9  ».  De  son  côté,  Aristophane  ne  cesse  de 
railler  ceux  qui  travaillent  de  leurs  mains  dans  le 
commerce  et  l’industrie.  Tour  à  tour  il  s  attaque  à 
Eucrate,  le  marchand  d’étoupes  ;  à  Lysiclès,  le  marchand 
de  moutons;  à  Cléon,  le  marchand  de  cuirs;  à  Euripide, 
le  fils  de  la  marchande  de  légumes  10.  Aristote  eniin, 
prenant  les  choses  de  plus  haut,  condamne  en  bloc  la 
chrématis  tique,  qui  a  pour  but.  non  de  satisfaire  nos 
besoins,  mais  d’en  créer  de  factices,  et  le  commerce,  qui 
est  l’instrument  par  excellence  de  la  chrématistique 11 .  Il 
condamne  aussi  les  marchands,  artisans  et  mercenaires, 
dont  le  genre  de  vie  est  vil,  dont  les  occupations  n  ont 
rien  de  commun  avec  la  vertu12.  Comme  Platon,  il 
reconnaît  cependant  la  nécessité  du  commerce13,  mais  il 
en  interdit  l’exercice  aux  citoyens14.  Que  penser  de  ces 
opinions? 

A  vrai  dire,  les  préventions  qu’elles  reflètent  oi>t  une 
double  source  :  d’une  part,  c’est  le  mépris  de  l’activité 
intéressée,  et  de  la  lutte  pour  l’argent,  mépris  qui  se 
développe  assez  naturellement  cjiez  des  intellectuels, 


surtout  depuis  que  la  sophistique  a  établi  une  opposition 
entre  le  sophiste,  homme  du  travail  de  tète,  et  le  mar¬ 
chand  ou  Partisan,  hommes  du  travail  manuel1';  il  ne 
faut  pas  oublier  que  Platon  ou  Aristote  sont  des  repré¬ 
sentants  de  l’opinion  savante.  D’autre  part,  c  est  la  pré- 

vention politique.  Platon, Aristophane,  Aristote,  sontaussi 

des  représentants  de  l’opinion  aristocratique,  et  combat¬ 
tent  pour  leur  parti.  L’aristocratie  a  ses  bases  originaires 
dans  la  possession  du  sol  et  dans  l’agriculture,  comme  la 
démocratie  a  les  siennes  dans  la  possession  de  la  richesse 
mobilière  et  dans  le  commerce.  On  conçoit  facilement 
la  défaveur  que  nos  auteurs  attachent  au  commerce. 
Mais,  si  l’on  recherche  quelle  peut  être,  dans  1  opinion 
moyenne  et  courante,  la  situation  du  marchand,  nul 
doute  qu’elle  ne  soit  plus  relevée  qu’on  ne  le  croit  géné¬ 
ralement.  A  vrai  dire,  le  petit  marchand,  le  xxirr,Xoç  est 
considéré  d’ordinaire  comme  un  mince  personnage; 
mais  son  mauvais  renom  tient  à  ce  qu’il  est  pauvre,  et, 
par  surcroît,  peu  honnête  [mercator].  Cela  n’empêche 
pas,  d’ailleurs,  que  tel  marchand,  comme  ce  Cléon  qui 
vend  des  cuirs,  cet  Ilyperbolos  qui  vend  des  lampes,  ce 
Cléophon  qui  vend  des  luths,  ne  soient  les  favoris  de 
l’assemblée  du  peuple16.  Quant  au  grand  commerçant,  à 
l’éfjLTcopoç,  il  occupe  une  place  honorable  dans  la  société  : 
Chrysippe  plaidant  contre  Phormion  sait  bien  se  recom¬ 
mander  aux  juges  de  sa  qualité  de  gros  importateur17. 

Il  suffit  de  voir  en  quels  termes  Périclès  fait  l’apologie 
des  artisans  et  des  marchands  1 8  pour  être  convaincu  que 
l’opinion  moyenne  de  la  Grèce  commerçante  n'a  pas  été 
aussi  ingrate  qu’on  le  pense  envers  ces  marchands  à  qui 
elle  devait,  avec  su  prospérité  économique,  une  part  de 
sa  grandeur.  P.  Huvelin. 

Rome.  —  L’histoire  du  commerce  des  Romains  n’est 
pas  indépendante  de  leur  histoire  générale  ;  il  se  déve¬ 
loppe  a  mesure  que  leur  puissance  s  accroît,  et  s  étend 
avec  elle  sur  tout  le  monde  connu  des  anciens  ;  il  profite 
de  tous  les  succès  de  Rome  et  souffre  de  ses  malheurs. 

On  peut  donc  diviser  cette  histoire,  comme  celle  des 
Romains  elle-même,  en  quatre  périodes  :  la  première, 
contemporaine  des  débuts  de  la  ville  ;  la  seconde,  de  son 
expansion  en  dehors  de  1  Italie,  a  partir  des  guerres 
puniques  jusqu’à  l’Empire;  la  troisième,  toute  d  épa¬ 
nouissement,  est  l’époque  du  haut  Empire  ,  la  quatrième, 
de  décadence,  correspond  aux  derniers  siècles  de  la 
domination  romaine. 

1.  Depuis  la  fondation  de  Rome  jusqu'à  la  fin  de  la 
première  guerre  punique.  —  On  sait  fort  peu  de  chose 
du  commerce  de  Rome  pendant  la  période  primitive 
Les  vieux  Romains  étaient  essentiellement  guerriers  et 
agriculteurs  20;  quand  la  nécessité  de  défendre  la  patrie 
ou  d’eu  étendre  les  limites  ne  réclamait  pas  leur  bras,  ils 
se  donnaient  à  la  culture  de  leurs  terres,  pour  en  tirer 
tout  ce  dont  ils  avaient  besoin  pour  eux  et  pour  leur 
famille,  vêtements  et  nourriture  :  ils  ne  comprenaient  pas 
qu’un  agriculteur  eût  l’idée  d’acheter  ce  que  sa  propriété 


t)e  opificum  apud  vetercs  Graecos  conditione ,  1866,  I,  ch.  11; 
j'“5  8chmidt’  Univmalgesch.  des  Sandelsrcchts,  p.  57  ;  Clerc,  Métèques,  p.  225, 
0(1  s-,  Ed.  Meyer,  daus  les  Jahrb.  filr  JS ationalokonomie  und  Statistik,  1895, 
dfsj  91  *• ;  G^ch.  des  Alterth.  II,  p.  79  cl  s.  ;  Souclion,  Les  théories  économiques 
7,1  /  '  Grèce  anH1ue’  Paris,  1898,  p.  71  et  s.  ;  Francolte,  1,  p.  234  et  s.  ;  Guiraud, 
"(,0“  du  travail  dans  la  Grèce  ancienne  [Rev.  des  Deux  Mondes ,  l,r  févr. 
158  i  !  '  Slb  —  2  les  reproches  du  Phéacicn  Euryale  à  Ulysse,  Od.  VIII, 

3  Prancotle,  11,  p.  294  et  s.  —  4  Arist.  Polit.  111,  p.  1278  A,  25. 
ut-  (Juaest.  gr.  29.  -  c  pl0t.  Le  n.  IV,  p.  705  A;  Guiraud,  Propriété  fon¬ 


cière,  p.  586-  -  1  plat-  (*9-  XI,  p.  918  B;  Rep.  11,  p.  370  E.  —  8  Plat.  Leg.  XI. 

9»0  A  —  9  Plat.  Leg.  XI,  p.  918  B.  —  10  Francotle,  1,  p.  250.  —  H  Arist. 
Polît.  I,  p.  1256  cl  s.  -  ia  Ibid.  VII,  p.  1319  A,  25.  -  13  Ibid.  VII,  p.  1327  A,  25. 
_  u  y^Yef.  p.  1328  B,  1;  111,  p.  1278  A,  5.  —  ‘5  Francotte,  I,  p.  239-249;  en  sens 
contraire,  Meyer,  Loc.  cil.  p.  213  et  s.  —  16  Clerc,  Métèques,  p.  318  et  s. 
_  17  Demosth.  XXXIV,  38.  —  18  Plut.  Per.  19;  Thuc.  11,  40,  1,2.  —  19  Büchscns- 
chütî  Bemerkungen  ilbcr  die  rômisclie  Volkswirtschaft  der  Kûnigszeit.  —20  11. 
Blümner,  Die  geuierbliche  Thütigheit  der  Vôlker  des  ktassischen  Alterthums, 
p.  110  ;  Cuti,  Institutions  juridiques  des  Romains,  I,  p.  5 


ME  R 


—  1770  — 


peut  produire  *;  tout  autre  gain  que  les  revenus  de  la  terre 
leur  paraissait  indigne  d'un  homme  libre2.  Dans  ces 
conditions,  l’industrie  et  le  commerce  ne  pouvaient  être 
que  rudimentaires.  Mais  il  ne  se  pouvait  pas  non  plus 
qu  il  n’y  eût  pas  de  trafic  ;  et  la  preuve  en  est  que  Numa, 
suivant  la  tradition,  établit  huit  collèges  d'artisans3  ;  or 
l’industrie  suppose  le  commerce.  Et  ce  n’étaient  pas  les 
seuls  commerçants  qui  existassent  alors4.  11  est  certain 
également  que,  dès  cette  époque,  Rome  était  en  relation 
commerciale  avec  ses  voisins  et  même  avec  l’étranger  par 
ses  frontières  de  terre.  Les  textes  littéraires  et  épigra¬ 
phiques  nous  ont  conservé  le  souvenir  de  marchés 
réguliers,  dont  l’origine  paraît  fort  ancienne.  Tous  les 
neuf  jours  se  tenaient  des  nundinae  où  l’on  faisait  de 
nombreuses  affaires  ;  les  gens  de  la  campagne  affluaient 
alors  dans  la  capitale5.  A  certaines  dates  aussi  il  y  avait 
de  grandes  foires  ( mercatus )6.  D'abord  les  réunions 
solennelles  de  la  ligue  latine  [latini]  donnaient  lieu  non 
seulement  à  des  cérémonies  religieuses  et  à  des  fêtes, 
mais  encore  à  des  marchés  considérables,  au  temple  de 
Diane  près  du  mont  Aventin1;  tous  les  ans,  au  13  août  8, 
les  Latins  venus  à  Rome  en  profitaient  pour  faire  leurs 
emplettes.' Chaque  année  avait  lieu  une  grande  foire,  en 
Ëtrurie,  près  du  temple  de  Voltumna,  dans  le  pays  des 
Volsinii 9  ;  les  marchands  romains  la  fréquentaient.  On 
venait  surtout  en  foule,  à  date  fixe,  au  pied  du  mont 
Soracte,  dans  le  bois  sacré  de  la  déesse  Feronia10.  La 
masse  abrupte  de  la  montagne  offre  de  loin  un  but  bien 
reconnaissable  aux  voyageurs.  Elle  touche  à  la  fois  aux 
frontières  des  Étrusques  et  des  Sabins  ;  en  même  temps 
elle  est  d'un  accès  facile  à  qui  vient  du  Latium  ou  de 
l’Ombrie.  Les  Romains  s’y  rendaient  comme  leurs 
voisins  pour  faire  le  négoce  ;  les  transactions  donnaient 
fréquemment  naissance  à  des  démêlés  avec  les  Sabins11. 
On  y  trafiquait  principalement  des  choses  nécessaires  à 
la  vie  :  le  grain,  les  esclaves,  le  bétail,  les  métaux12  ;  la 
monnaie  d’échange  consistait  en  bœufs  ou  en  brebis,  le 
bœuf  valant  dix  brebis 13  ;  puis  on  prit  comme  matière  de 
paiement  le  cuivre  ( aes )  dont  on  avait  besoin  pour  les 
instruments  de  culture  et  pour  les  armes14.  «  Cet  usage 
partout  accepté,  dit  M.  Mommsen,  d’un  équivalent 
commun  des  échanges;  les  signes  de  la  numération,  de 
pure  invention  italienne;  enfin  le  système  duodécimal, 
tel  que  nous  le  verrons  en  vigueur  ;  tous  ces  faits  attestent, 
sans  qu’on  s’y  puisse  méprendre,  l’existence  et  l’activité 
d’un  marché  intérieur  qui  mettait  exclusivement  en 
contact  tous  les  peuples  de  la  Péninsule  *5.  » 

À  la  même  époque  le  commerce  maritime  de  Rome  était 
fort  peu  développé  16.  Qu’il  existât,  c’est  ce  que  démontre, 
à  défaut  d’autres  preuves,  la  fondation  du  port  d’Ostie  à 


1  Plin.  Hist.  nat.  X VIII,  40  ;  Varr.  De  re  rust.  Il,  4,  3.  —  2  Caton,  De  re  rust.  pr.  ; 
Colum.  I,  10;  Cic.  De  off.  I,  42,  I5i.  —  3  Plut.  Num.  17;  cf.  sur  la  question, 
Waltzing,  Étude  historique  sur  les  corporations  professionnelles ,  I,  p.  62  et  suiv. 

—  ^  Wezel,  De  opificio  opificibusque  apud  référés  Romanos ,  p.  25  et  suiv.  ; 
Waltzing,  Op.  cit.  p.  66.  —  6  Fest.  p.  173  a;  Varr.  dans  Non.  éd.  Muller,  C VIII, 
25;  Sen.  Ep.  LXXXVI,  12;  Plin.  Hist.  nat.  XXVIII,  5,  etc.;  cf.  Huvelin,  Essai  his¬ 
torique  sur  le  droit  des  marchés  et  des  foires ,  p.  84  et  suiv.  —  6  Mommsen,  Hist. 
rom.  (trad.  fr.),  I,  p.  262  et  suiv.  ;  Corp.  inscr.  lat.  1  (2e  édit.  p.  300);  cf.  Huvelin, 
Op.  cit.  p.  99  et  suiv.  —  7  Dionys.  IV,  25.  —  8  Corp.  inscr.  lat.  I  (2e  édit.),  p.  325. 

—  9  Liv.  IV,  23,  24.  — 10  Id.  I,  30;  Dionys.  III,  32;  Strab.  V,  2,  9.  -  H  Mommsen, 
Hist.  rom.  I,  p.  263.  —  12  Le  sel  ne  figurait  pas  parmi  les  objets  qu’exportait  le 
commerce  privé  des  Romains.  On  le  tirait  des  salines  d’Ostie,  exploitées  pour  le 
compte  de  1  État  dès  le  temps  de  Romulus  et  d’Ancus  (Dionys.  II,  55  ;  Plin.  Hist.  nat. 
XXXI,  7,  89);  il  suffisait  à  peine  aux  besoins  de  la  ville;  l’État  se  chargeait 
cependant,  en  vertu  des  traités,  d'en  faire  conduire  à  ses  frais  une  certaine  quantité 
chez  les  Sabins  par  la  via  Salaria  (Plin.  Loc  cit.’,  Varr.  De  re  rust.  I,  14;  III,  1 


MER 

l’embouchure  du  Tibre  attribuée  à  Anf.  .  , 
même  l’établissement  des  droits  de  dm!^ 
tendait  y  avoir  perçus  dès  le  temps  des  ï’°n  P* 
1  activité  commerciale  sur  mer  était  alors  en,,'  **  l0ule 
des  Etrusques  et  des  Carthaginois19  •  fi  lesina'ns 
de  place  sur  le  littoral  italique  pour  là  guère 

en  formation.  Elle  dirigea  ses  efforts  du  côté 
de  la  Sicile29;  on  en  a  trouvé  la  preuve  s,  T®"®1 

fa.t  que,  seuls  de  tous  les  Grecs  les  Siciliens  ont"5  * 
leurs  poids  et  leurs  monnaies  en 


rapport  exact  et 


mis 


nimplei 


avec  la  monnaie  elle  poids  du  cuivre  brut  de“uali(llc3 
■1  y  eut,  eu  outre,  échange  de  mots  entre  les  Sicilien'..; 

“  R“mams,  P»ur,  choses  du  comme,.? 

L  emploi  exclusif  de  la  forme  dorienne  dans  les  mntï 
grecs  latinisés  indique  aussi  que  les  Latins  ont  été  ,n 
relations  alors  avec  les  villes  chalcidiques  de  [J 
méridionale  comme  Naples  et  avec  les  Phocéens  de 
Marsala22.  Les  termes  «techniques  du  vocabulaire  com¬ 
mercial,  et  notamment  ceux  qui  désignent  les  principaux 
organes  du  commerce  maritime  [ancora,antena,  nausea 
prora,  nauclerus,  etc.)  furent  empruntés  par  les  Romains 
à  la  Grèce  23. 

Par  contre,  aucun  mot  de  langue  sémitique  n’ayant 
passé  dans  le  latin,  il  est  probable  qu’il  y  eut  fort  peu 
de  rapports  directs  entre  les  Orientaux  et  Rome.  Les  mar¬ 
chandises  d’Asie  qui  y  pénétraient  alors 24  y  arrivaient 
surtout  par  l’intermédiaire  du  commerce  grec  et  par  les  I 
traitants  italiens  qui  résidaient  à  l’étranger25. 

La  révolution  qui  substitua  la  République  à  la  Royauté  I 
et  les  complications  qui  s’ensuivirent,  la  lutte  engagée 
contre  les  peuples  voisins,  contre  les  Étrusques,  contre  I 
les  Gaulois,  absorbèrent  l’activité  des  Romains  et  les  cm-  I 
pêchèrent  de  tourner  leur  attention  vers  l’expansion 
commerciale.  Us  acceptèrent  à  cet  égard,  pour  avoir  les  1 
mains  libres  en  Italie,  un  rôle  très  effacé.  La  preuve  en  I 
est  dans  le  traité  de  commerce  conclu  avec  Carthage  en  I 
l’an  406-348 2e.  Rome  s’y  engageait  à  ne  pas  laisser  ses  | 
citoyens  naviguer,  sauf  les  cas  de  force  majeure,  le  long 
de  la  côte  africaine,  au  delà  du  cap  Bon  ;  en  revanche,  I 
elle  pouvait  faire  le  commerce  dans  toute  la  Sicile  cartha¬ 
ginoise.  De  leur  côté,  les  Carthaginois  avaient  la  franchis® 

du  commerce  avec  Rome  et  le  Latium,  à  condition  de  ne| 
pas  commettre  d’excès  contre  les  cités  d’Ardée,  cl  Anliuin, 
de  Circeies  et  de  Terracine.  Vers  la  même  époque  se  place! 
un  traité  passé  avec  Tarente,  par  lequel  les  Humains! 
renonçaientà  doubler  le  cap  Lacinienetà  pénétn'i  dansl 
le  bassin  oriental  de  la  Méditerranée21.  Mais  hui  P"  1 
tique  allait  tendre  dorénavant  à  leur  faire  abam  mum 
cette  humble  attitude.  Ils  colonisent  les  poiù  11  1  ^  j 

importants  de  la  côté  occidentale  :  Pyrgi,  PorL 

et  2).  —  m  Fe3t.  s.  v.  Peculatus;  Gell.  XI,  1  ;  Plut.  Popl ■  1 1  •  '  gr/ianis.  1 

-  «  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  43;  Varr.  L.  I.  V,  163;  uni 

financière ,  p.  3.  —  13  Hist.  rom.  1,  p.  264.  —  i6  Kemper,  e te  ^  fricgeM 

Seewesen  der  Rômer  von  den  âltesten  Zeiten  bis  zum  eis  t  }  65  — 

—  41  Liy.  I,  33;  Dionys.  III,  44.  —  1»  Mommsen,  Hist.  rom.  ,  P-  ‘  e(  sloria 

p.  193  et  suiv.  -  20  cf.  Pais,  Storia  delta  Sicilia  e  délia  magna ^  ^  ^ 
di  Roma ,  I  ;  Saalfeld,  Italograeca ,  I  :  Vom  aeltesten  1  ci  heu  ^  ^  gcj)rader,  j 
Rom.  —  2i  Mommsen,  Hist.  rom.  p.  271.  2-  Ibid.  P  "'"'  .  Waarcnk'111^’ 

guistich-historische  Untersuchungen  zur  Handelsgcschic  i  ^  Marquai 

p.  45-47;  cf.  Weise,  Die  griechischen  Wôrter  im  Latein.  lonlbeau*  du 

privée  (trad.  fr.),  II,  p.  H,  rappelle  que  l'on  a  trouvé  am  ^  __  25  llutiel- 
vm°  siècle  des  objets  phéniciens  ;  cf.  Ilelbig,  Das  homer.  P°  ^  ^  p0lyb.  Ht 
mann,  Einfluss  Plmniziens  auf  die  Kultur  des  Occiden  *•  ^  rannée  mW*  I 

Mommsen,  Rom.  Clironol.  p.  320.  Polybe  attribue  à  loi  ce  ^  ^  ^  ApP* 

de  l’expulsion  des  rois  et  de  la  fondation  de  la  Répub  îq»  > 

Samnit ,  7.  —  28  Liv.  XXXVI,  3. 


MER 


—  1771 


Anlin'" 


i  Terracine 


2,  Minturnes  3,  Simossa  4,  Paestum 


(|U  littoral  adriatique,  Castrum  novurn6,  Ari- 
P,|iS  Ce,JX  h  .iodes  8  ;  pourtant  ils  ne  sont  pas  encore 

juin un>  ■  151  '  -  - 1 - 4  1-’” 


w  ’  f  ,  1  l  1 

.  pour  briser  les  liens  qui  paralysent  leur 
aSSeZ  commerciale;  ils  vont  même  jusqu'à  renou- 


expanSIOnio  "carthaginois,  en  l’aggravant,  le  traité  passé 
«1er  avec  les  ‘  ...  a  ;ie  c<>  voient 


|  veler 
antérieur 


nt  a  •  cette  fois  (448-306),  ils  se  voient 
rcniem  >  ...  ... 


7ja  mer  Adriatique  ;  il  leur  est  interdit  d’entrer 


i  «cllire  de  “““  lès  sujets  de  Carthage  en  Afrique  et  en 
en  relations  ^  ^  restreints  à  Carthage  et  à  la  Sicile. 


Sarda‘St!e.! Ivaillen't  lentement  à  modifier  la  situation  ;  ils 

•  i  "Il  An  (I  a  n  (  In 


Mais  iR 


.  t  aPS  appuis  parmi  les  villes  grecques  dont  la 
cherC  lCU  n uelciue  importance  10  :  Marseille,  une  alliée 
manne  Jhp  oui  avait  secouru  Rome  de  son  argent 
dejàan("  jse'dela  ville  par  les  Gaulois 11  ;  les  Rhodiens12, 


après  la  pr 


représentants  de  la  politique  des  neutres  dans  le  monde 
fLnjnue-  Apollonie13,  la  puissante  cite  illynenne, 
enlin  Syracuse14.  On  sent  venir  le  jour  où  la  capitale  du 
Lum  sera  obligée,  par  la  force  même  des  évenemen  s, 
HVnlrer  en  lutte  avec  sa  rivale  maritime  et  commerciale. 

Deux  autres  causes  retardèrent  encore  le  développe¬ 
ment  du  commerce  romain  :  les  préjugés  hostiles  aux 
commercants  et  aux  industriels,  l’absence  d  une  classe 
moyenne  vivant  des  ressources  que;  procurent  ces  pro¬ 
fessions.  La  spéculation  des  capitalistes  se  portait  sur  le 
prêt  terrestre  [mutuum]  ou  maritime  [nauticum  foenus], 
sur  l’exploitation  à  ferme  des  impôts  [vectigalia],  sur 
les  entreprises  à  forfait  [redemptio].  Quelques  praticiens 
ou  riches  plébéiens  spéculaient  bien  aussi  sur  le  travail 
d’esclaves  mis  à  la  tète  d’une  boutique  [mercator]  ou 
d'un  navire  [navis],  ou  encore  prenaient  intérêt  dans,  le 
petit  commerce  tenté  par  un  affranchi  [societas].  Les 
affranchis,  de  leur  côté,  s’enrichissaient  et  formaient 
une  catégorie  de  plus  en  plus  nombreuse  ,  mais  leur 
inlluence  sociale  ne  correspondait  pas  a  leur  fortune.  La 
société  romaine  faisait  un  crime  à  ces  hommes  d  être 
d’origine  servile  et  leur  reprochait  la  nature  des  métiers 
qu’ils  exerçaient,  indignes  d’un  ingénu1'*;  elle  leur 
refusait  l’égalité  des  droits  politiques  [libertus,  liber- 
tinds].  Ainsi  l’extrême  concentration  des  richesses  et 
l’esclavage  s’opposaient  à  la  formation  d  une  classe 
moyenne  de  marchands  :  c’est,  au  reste,  ce  qui  nous 
explique  la  grande  infériorité  de  tout  le  commerce 
antique. 

Cette  période  vit  pourtant  s’accomplir  une  réforme  très 
importante  qui  devait  avoir  une  grande  influence  sur  les 
transactions  commerciales.  Depuis  les  décemvirs lb,  Rome 
possédait  une  monnaie  coulée  en  bronze  [as]  ;  mais  il 
s  en  fallait  que  l’as  eût  été  adopté  dans  toutes  les  villes 
italiennes:  partout  le  type  et  l’étalon  variaient17.  Dès  qùe 
I  ta  puissance  romaine  fut  solidement  établie  dans  la 
péninsule  en  485-269 18,  Rome  s’empressa  de  créer  un  type 
monétaire  commun  à  toute  l'Italie  et  de  centraliser  la 


Vell. 


Liv.  VIII,  4.  _  2  Vell.  I,  14.  —  3  Liv.  X,  21;  Vell.  1,  14. 

Xv.V  ‘  lbid--  6  Liv-  XXXVI,  3;  Corp.  inscr.  lat.  I,  1341.—  1  Liv.  Ep. 
22  ,  H‘  I’  U:  Eull'op.  II,  16.  —  »  Vell.  1,  14;  Liv.  XXX,  13.  —  2  Polyb.  111, 
v'i’v"3'  ~  10  Hist.  rom.  11,  p.  191.  —  H  Justin.  XLIII,  5,  9  ;  Diod. 

5’  -  12  Polyb.  XXX,  5.  —  13  Liv.  Ep.  XV.  —  >4  Diod.  XX1I1,  fr.  4. 
~  O'c.  De  off.  I,  42.  _  1G  Mommsen,  Hist.  de  la  monnaie  romaine  (trad. 
Oeach  ’l  Mar(luardt,  Organis.  financière ,  p.  5  et  6  ;  cf.  Samwer, 

P  ipr  *'  ^ teren  Tàmischen  AJünzwescns.  —  12  Mommsen,  Hist.  rom.  Il, 

Le c'ci°lî8î'  ~  18rJlin'  Hist-  nat.  XXXIII,  44;  Liv.  Ep.  XV.  —  19  Mommsen, 
tumlH  Oelot,  De  la  révolution  économique  et  monétaire  qui  eut  lieu  à  Rome 
_  j,]','1"  ^ècle  avant  l’ère  chrétienne  ;  Saalfeld,  Dur  Hellenismus  in  I.atium. 
Dur(]v  C  ®î;  cf.  111,  27;  Zonar.  Vlll,  17;  Mommsen,  Hist.  rom.  111,  p.  73; 
y’  ul-  des  Rom.  (éd.  in-4»),  I,  p.  471.  —  22  Polyb.  1,  79,  88  ;  Liv.  XXI,  1  ; 


fabrication  des  pièces.  L’unité  nouvelle  fut  le  denier 
[denarius]  d’argent  ;  les  monnaies  des  autres  cités  ne 
furent  plus  tolérées  que  pour  1  appoint1 

IL  De  la  première  guerre  punique  à  i  avènement  d' Au¬ 
guste.— La,  situation  changea  singulièrement  pour  Rome 
le  jour  où,  maîtresse  de  l’Italie,  elle  put,  par  une  suite 
de  succès,  étendre  sa  domination  sur  les  pays  voisins  . 
La  lutte  s’engagea  d’abord  avec  Carthage,  à  propos  de  la 
Sicile.  La  première  guerre  punique,  commencée  en 
490-264,  se  termina  en  513-241  par  un  traité  avan¬ 
tageux  pour  les  Romains21.  Le  vaincu  abandonnait 
entièrement  la  Sicile.  L’ île  devint  une  dépendance  de 
l’Italie,  et  le  commerce  romain  put  s’y  développer  sans 
obstacle.  Bientôt,  en  517-237,  à  la  suite  de  nouveaux 
succès,  Carthage  dut  pareillement  renoncer  à  la  Sar¬ 
daigne  et  laisser  prendre  la  Corse JJ.  En  525-229,  par 
la  répression  des  pirates  illyriens  de  Scodra,  les  Romains 
affermissaient  leur  domination  dans  l’Adriatique  et 
réunissaient  à  leur  symmachie  les  cités  grecques 
d’ Apollonie,  de  Corcyre  et  d’Epidamne23.  Huit  ans  plus 
tard  (523-221),  dans  une  expédition  en  Istrie  et  en 
Illyrie,  ils  achevaient  la  destruction  des  pirates  de  1  Adria¬ 
tique24.  La  seconde  guerre  punique,  qui  suivit  de  près 
(553-201),  fit  descendre  Carthage  au  rang  de  tribu¬ 
taire  et  de  simple  ville  de  commerce;  elle  assura  à  Rome 
la  domination  de  l’Espagne  et  de  tout  1  occident  de  la 
Méditerranée25. 

A  la  même  date  (555-199),  la  ville  grecque  de  Puteoli 
reçut  une  colonie26  et  devint  l’entrepôt  du  commerce  de 
luxe  avec  l’Asie  et  l’Égypte.  Les  relations  entre  Rome  et 
l’Orient  allaient  s’étendre.  Rhodes  et  les  villes  commer¬ 
cantes  de  la  côte  qui  faisaient  cause  commune  avec  elle, 
se  sentant  menacées  par  les  Macédoniens,  entreprirent 
de  défendre  l’Égypte  et  les  cités  grecques  contre  les 
attaques  d’Antiochus  et  de  Philippe  de  Macédoine.  Rome 
intervient  aussitôt;  la  lutte  se  termina  en  558-196  par 
l’abaissement  de  la  Macédoine  et  1  abandon  de  sa  (lotte  , 
de  son  côté  Antiochus,  vaincu  en  565-189,  est  relégué 
en  Syrie  ;  ses  éléphants  sont  pris  et  tous  ses  a  aisseaux 
brûlés28.  La  troisième  guerre  de  Macédoine  eut  pour 
résultat,  en  586-168,  la  conquête  de  ce  royaume  et  de 
l’Illyrie,  l’affaiblissement  de  la  Grèce,  celui  de  Pergame  et 
même  des  Rhodiens  qui,  à  la  suite  d  une  démarché 
inconsidérée,  se  virent  dépouillés  de  toutes  leurs  posses¬ 
sions  en  terre  ferme29.  Rome,  allant  plus  loin,  leur 
interdit  l’importation  des  sels  en  Macédoine  et  l'expor¬ 
tation  des  bois  de  ce  pays;  en  même  temps,  pour  les 
ruiner,  elle  créait  à  Délos  un  port  franc311.  En  vain 
demandent-ils  à  rentrer  dans  l’alliance  de  Rome;  on  ne 
le  leur  accorda  qu’en  590-164 31 . 

Ces  victoires  successives  et  la  disparition  de  tous  ses 
rivaux  donna  au  commerce  maritime  de  Rome  une  vive 
impulsion,  tandis  que  l’établissement  d’un  vaste  réseau 

Mommsen,  Loc.  cit.  p.  86  et  87  ;  Duruv,  Loc.  cil.  p.  478.  —  23  Polyb.  II,  9-11  ;  cf. 
Liv  XXIX,  12;  XL1V,  30;  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  97:  Duruy,  Loc.  cit.  p.  480. 
_  p0|yb.  III,  16-19  ;  Liv.  XXII,  33;  App.  lllyr.  7,  8;  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  108. 

_ 25  Polyb.  XV,  18;  Liv.  XXX,  36;  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  250  et  suiv.  ;  Duruy 

Loc.  cit.  p.  660.  -  28  Liv.  XXXII,  29;  XXXIV,  43;  Vell.  I,  15;  Strab.  V,  4, 

—  27  Polyb.  XVIII,  27  sq.  ;  Liv.  XXXIII,  30  sq.  ;  Plut.  Flamin.  10  ;  Mommsen,  Loc. 
cit.  p.  327;  Duruy,  Op.  cit.  II,  p.  34.  —  28  Polyb.  XXI,  13  sq.  ;  XXII,  26;  Liv. 
XXXVII,  45;  XXXVIII,  38;  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  361;  Duruy,  Loc.  cit.  p.  54. 
_  29  Polyb.  XXVIII,  9  sq.  ;  XXIX,  1  sq.;  Liv.  XL1V,  t  sq.  ;  XLV,  1,  etc.  ;  Mommsen, 
Op  cit  IV,  p.  27  et  suiv.  —  30  Polyb.  XXXI,  7,  10;  cf.  Homolle,  Les  Romains  à 
Délos  (Bull,  decorr.  hell.  VIII,  p.  92  et  suiv.);  article  dv.i.os  dans  la  Realencyclo- 
pâdie  de  l’auly  revue  par  Wissowa,  IV,  p.  2493  -  31  Saalfeld,  Ltalograeca,  II, 
Handel  und  Wandel  der  Rômer  unter  griechischen  Bceinflûssung. 


MER 


—  1772  — 


MER 


routier,  partant  de  la  capitale  comme  centre,  développait 
encore  son  commerce  de  terre  [via]  1.  Une  série  de 
bureaux  de  douane  sont  établis  sur  la  côte  italienne2; 
les  douanes  [portorium]  comptent  désormais  parmi  les 
sources  de  revenus  les  plus  importantes  de  la  République. 

Et  pourtant  le  commerce  n’était  pas  vu  d’un  bon  œil  à 
Rome;  on  continuait  à  le  considérer  comme  indigne 
d’un  ingénu.  Autrefois  les  sénateurs  et  les  chevaliers, 
pour  faire  valoir  leurs  capitaux,  prenaient  des  intérêts 
dans  les  entreprises  commerciales.  Mais,  dès  536-288  une 
lex  Claudia  portée  sur  la  rogation  de  C.  Flaminius 
défendit  aux  sénateurs  d’avoir  des  navires,  si  ce  n’est 
pour  le  transport  des  produits  de  leur  domaine  3.  Les 
entreprises  commerciales  furent  dès  lors  entre  les  mains 
des  chevaliers  ou  des  affranchis.  Ceux-ci  se  livraient 
d’habitude  en  grand  à  ces  opérations.  Les  chevaliers  se 
réservaient  l'usure  en  province  et  le  commerce  d’impor¬ 
tation;  on  leur  accordait,  pour  des  motifs  politiques,  un 
régime  privilégié  [équités].  C’est  eux  que  l’on  trouve  à 
cette  époque  dans  tous  les  pays  nouvellement  soumis  4, 
sous  le  nom  de  negotiatores  achetant  au  meilleur 
compte  possible  les  céréales,  ou  les  produits  spé¬ 
ciaux  comme  les  esclaves  ou  les  denrées  orientales  en 
Grèce,  à  Cyrène,  à  Marseille,  à  Carthage,  en  Syrie,  en 
Égypte,  les  amenant  à  Rome  et  les  y  vendant  au  poids  de 
l’or.  Ils  sont  à  la  tête  de  fortunes  considérables,  dirigent 
des  maisons  de  banque  et  prêtent  à  gros  intérêts  h 
Il  restait  une  dernière  concurrence  à  vaincre,  celle  des 
banquiers  et  des  spéculateurs  phéniciens  de  Carthage.  La 
chute  définitive  de  cette  ville  en  608-146  11  laissa 
désormais  le  champ  libre  de  ce  côté  aux  commerçants 
romains.  Bientôt  après,  la  Macédoine  et  la  Grèce  elle- 
même  étaient  réduites  en  provinces  1  ;  le  grand  centre 
commercial  de  Corinthe  disparaissait  en  146,  remplacé 
par  Délos,  l’héritière  de  Rhodes.  L’excellence  de  son  port 
et  son  heureuse  situation  à  mi-chemin  entre  l'Ilalie  et 
l’Asie,  faisaient  de  Délos  le  principal  entrepôt  et  le  prin¬ 
cipal  marché  de  la  Méditerranée  orientale.  Réduite 
jusqu’alors  à  un  rôle  économique  secondaire,  l’inter¬ 
vention  victorieuse  de  Rome  en  Orient  la  plaça  au  pre¬ 
mier  rang8. 

Désormais  la  monnaie  romaine  [moneta]  avait  cours 
légal  dans  tout  l’occident  de  la  Méditerranée;  en  Orient, 
les  transactions  se  réglaient  en  or,  métal  que  les  Romains 
n’avaient  pas  encore  monnayé9. 

Pendant  cette  période,  le  commerce  fut  peu  gêné  par 
la  réglementation;  le  droit  d  association  entre  les  com¬ 
merçants  resta  entièrement  libre10  jusqu’en  690-64, 
date"  où,  pour  des  motifs  politiques,  tous  les  collèges 
furent  dissous,  à  l’exception  de  quelques-uns11.  Clodius 
les  réorganisa  en  696 12  ;  mais  César  n  hésita  pas  à  les 
dissoudre  de  nouveau,  ne  conservant  que  les  corpora- 

Bergier,  H  ht.  des  grands  chemins  de  l'Empire  romain  ;  Berger,  Ueber  die 
Ueerstrassen  desrômischen  Reichs.  —  2  Liv.  XXXVi,7;  XL,  51.  3  Liv.  XXI,  03  , 

Cic.  Verr.  V,  18,  45.  —  *  Belot,  Hist.  des  chevaliers  romains,  II,  p.  153  et  suiv.  ; 
Ernesti,  De  negotiatoribus  dans  ses  Opuscula  philologica  et  critica ,  p.  1  et  suiv. 
—  5  p.  Muller,  Die  Geldmacht  im  alten  Rom  gegen  das  Ende  der  Republik-, 
Dcloume,  Les  manieurs  d’argent  à  Rome  jusqu'à  l’Empire.  6  App.  Pan.  VIII, 
Polyb.  XXXIX;  Diod.  XXXII;  Liv.  Ep.  51  ;  Mommsen,  Op.  cit.  IV,  p.  334  et  suiv.; 
Duruy,  Op.  cit.  II,  p.  139.  —  7  Polyb.  XXXVIII  et  XL;  Strab.  VIII,  6,  23;  Liv. 
Ep.  50.  —  52;  Paus.  VII,  16,  9  et  10;  Mommsen,  hoc.  cit.  p.  339;  Duruy,  Loc.  cit. 
P  146.  —  8  strab.  VIII,  6,  23;  Liv.  Ep.  52;  cf.  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  350,  et 
Homolle,  Bull,  de  corr.  hell.  VIII,  p.  97  et  suiv.  —  9  Mommsen,  Hist.  de  la  mon¬ 
naie  romaine,  II,  p.  117  ;  Marquardt,  Organis.  financière,  p.  28.  —  10  Waltzing, 
Étude  historique  sur  les  corporations  professionnelles,  I,  p.  78  et  suiv.  11  Ibid. 
p.  92;  Ascon.  In  Pis.  (éd.  Kiessling),  p.  6  et  7.  —  <2  Cic.  ad  Att.  III,  19,  4. 


TS 


tions  établies  de  toute  antiquité13.  R’lIn  .U||r  ,  j 

droits  de  douane  étaient  établis  à,  un  taux  assez "  ^f6,  '°S 
vingtième  ou  le  quarantième)  ils  frappaient  surl^Tf  t'6 
objets  deluxe  venus  de  l’Orient15.  Dans  les  pays  q,  L'3 
les  Romains  les  avaient  en  général  maintenus  et  affe^ 
cà  leurs  publicains 1fi,  mais  ils  avaient  soin  d'acid 
l’immunité  aux  Italiens  qui  commerçaient  dans  |,s  '  ''' 
breuses  contrées  relevant  de  la  République 11  *  "u'"* 
retrouvé,  en  maints  endroits  du  pourtour  de  la  Médite* 
ranée,  des  inscriptions  attestant  la  présence  de  ;  ' 
ciants  italiens,  Itali  ou  cives  romani  qui  negotim\ 
ou  qui  consistant^ ;  ils  étaient  organisés  en  collèges  poul 
faciliter  l’exercice  de  leur  profession  et  la  défense  de  leu 
intérêts ,a. 

En  général,  Rome  achetait  plus  qu’elle  ne  produisait  I 
Son  industrie  ne  travaillait  guère  en  grand;  mais  elle 
payait  en  argent  la  laine  et  les  esclaves  tirés  de  la  Gaule 
et  de  la  Germanie,  qui  lui  venaient  par  Ariminum  et  les 
marchés  du  nord  de  l’Italie  ;  les  produits  si  avancés 
de  l’art  sicilien,  orfèvrerie,  meubles,  broderies  ;  les  étoffes 
de  Malte  recherchées  par  les  femmes,  les  laines,  les 
tapisseries,  les  fers  ciselés,  les  gemmes  de  l’Asie  ;  enfin 
les  denrées  de  l’Égypte  20. 

Parmi  les  objets  de  première  nécessité  importés  en 
Italie,  il  faut  citer  principalement  le  blé.  Dès  celle  époque 
la  péninsule  ne  produisait  plus  assez  de  céréales  pour 
nourrir  sa  population;  il  fallait  faire  appel  aux  pays 
étrangers.  L’État  romain,  par  les  leges  frumentamà 
distribuait  à  bas  prix  ou  gratuitement  aux  citoyens 
pauvres  les  blés  de  Sicile,  d’Afrique  et  d’Égypte.  Le 
service  de  l’annone  devenait  une  institution  fondamen¬ 
tale  et  indispensable  de  la  République  [annonaj-1.  I 

En  même  temps,  les  objets  de  luxe  affluaient  dans  la 
capitale.  La  conquête  du  bassin  de  la  Méditerranée  ew 
l’exploitation  systématique  des  provinces  avaient  enrichi 
les  grandes  familles  de  l’aristocratie  sénatoriale  ou 
équestre  ;  l’antique  sévérité  des  mœurs  s’était  singu¬ 
lièrement  relâchée,  et  c’est  en  vain  qu’on  avait  essaye 
par  les  lois  somptuaires  d’arrêter  le  courant  irrésistible , 
qui  entraînait  la  société  romaine--.  Ces  h  ' 
veaux  des  classes  riches,  aussi  bien  que  es  1 

croissantes  des  classes  pauvres,  servaient  es  m  . 
du  commerce  et  des  négociants  et  confu  )uaiC11  | 

elles  à  faire  converger  vers  Rome  les  PriM  u<  | 

plus  différentes  des  pays  lointains.  Pondant 

III.  Les  deux  premiers  siècles  de  l'Lmpirr-  connu 
cette  période,  la  réunion  de  tout  le  mon  e  1  ^  ([ui 

sous  une  même  administration,  la  sccun  terri 

régnait  dans  les  diverses  parties  de  ’™P  rreS 

comme  sur  mer,  la  cessation  presque  absolue  g 


,  .  ajsées  les 

dans  les  provinces  soumises  rendirent  p  us 
communications  et  répandirent  partout  la  pio.l 

_  13  Suet.  Caes.  42;  cf.  Waltzing,  Op.  cit.  p.  «»•  ' 


.h 

,  ,3.  guet.  De  chu -r"'  I 

indirects  chez  les  Romains,  p.  80  et  suiv.  -  '-  *uc*-_  XXXYlII,  ""J 

1.  —  16  Cf.  Cagnat,  Impôts  indirects,  p.  83  et  sui  .  ^  „  Corp.  inscr.  ■  ’ 

inscr.  lat.  I,  204;  cf.  Mommsen,  Hist.  rom.  I  ,  P-  Ephem.  ép>ûr-  ’ 

2423  III  365,  444,  455,  531,  532,  800,5212,  0051;  VIH.  »-“■  **  p*.  Ü- 

34  *»■  V,  600,  006;  Corp.  inscr.  gr.  2286-2288;  Syriai 

inscription  parle  “T  TU** 

tur  Corp.  inscr.  Int.  X,  I/J7.  ^  ta^tihus‘  WftHnOŒ»  ej i 

Kornemann,  De  civibus  romanis  in  provins ™  Privatalterm^ 

les  corporations  professionnelles,  II,  P-  •  Realencyclop1" 111  )38i 

(avec  les  références).  —  2'  Cf.  article  annon  '  ür„anis.  financier1''  L 
evue  par  Wissowa,  I,  P-  ‘2316  ;  M-rt,uar ôi  Or ga  Ugibv •«* 

_  22  Baudrillart,  Hist.  du  luxe,  t.  II;  Houwng.  De  Rom 


MK  P, 


MEI! 


—  1773  — 


vr  d'AUguste  et  pendant  deux  siècles,  le 
partir  du  i'c‘«n  duStrie  en  profitèrent  et  prirent  un  essor 
loinmprcu  et 

juSqu’al()l'^  inC®"  ^  g0uvernement  multipliait  les  voies 
En  même  I.ion’  complétait  et  perfectionnait  le  réseau 
(jecommunic  »  République;  des  chemins  car- 

r  lloT  «"aient  à  Rome  les  paye  les  plus  reculés 

»ssai)ies  Uaux  transactions  commerciales  de 

l]’,!e  facilités  accrues  encore  par  l’établissement  d'un 
F*.  poste  [CURSUS  PUBLICUS]. 

produisait  peu  •  :  du  vin  de  l'huile,  d'excellent 
L  ■!  petite  quantité,  des  laines,  en  particulier 
b'u’  T'irentc  et  de  la  Cisalpine;  elle  manufacturait  le 
Sflcs  poteries,  et  quelques  autres  marchandises,  mais 
Vhil-ce  que  cela  pour  la  population  immense  qui 
•habitait9  II  fallait  donc  avoir  recours  à  1  importation  et 
Huait' Chercher  bien  loin  les  objets  nécessaires  a 
'existence  ou  aux  plaisirs  des  Italiens  *;  «  Rorne  recevait 
iuraaiiuc  de  la  Grèce,  de  l'Asie  Mineure,  de  1  Égypte,  de 
h-Numidie;  le  nard  des  Indes  et  celui  de  Syrie,  le  baume 
Je  Jéricho;  les  perles,  les  pierres  précieuses,  dont  1  usage 
devint  fréquent  sous  Auguste;  la  pourpre,  les  étoffes  de 
Cos  celles  d’Attale,  tissus  d’or;  1  ivoire,  1  ebene  d  Elhio 
pi(J 'le  cristal  de  l’Inde.  Sur  les  tables  on  servait  le  paon 
de  Samos,  la  grue  de  Mélos,  le  faisan  de  Colclnde,  la 
lamproie  de  Tartessus,  le  merlus  de  Pessinonte,  l’ellops 
de  Rhodes,  le  scarus  de  Cilicie,  la  pétoncle  de  Chios,  la 
pintade  et  la  poule  de  Numidie,  les  oies  de  la  Gaule,  dont 
on  faisait  grossir  le  foie  dans  le  lait  et  dans  le  mit  1, 
invention  qu’un  consulaire  et  un  chevalier  se  disputèrent, 
les  oies  de  Germanie,  dont  le  duvet  se  vendait  cinq 
deniers  la  livre,  l’aveline  de  Thasos,  les  dattes  d  Égypte, 
la  noisette  d’Espagne,  les  vins  de  tous  les  rivages  de  la 
Méditerranée,  l’huile  de  l’Afrique,  de  l’Espagne  et  de  la 
Grèce,  des  esclaves  de  toutes  les  régions.  Les  seules 
denrées  de  la  Sérique,  de  l’Inde  et  de  l’Arabie  coûtaient 
annuellement  à  l’Empire  vingt  et  un.  millions  3 .  »  Les 
relations  de  Rome  s’étendirent  jusqu’au  bout  du  monde. 
Des  communications  régulières  avec  l’Inde  et  Ceylan 
avaient  pu  s’établir  *;  des  marchands  d’Italie  fondaient 
des  comptoirs  à  la  côte  de  Malabar  et  à  Barygaza,  a 
l’extrémité  du  golfe  du  Cambaye  5  ;  ils  pénétraient  dans 
le  Baclriane,  au  cœur  de  l’Éthiopie  et  dans  les  oasis 
africaines  6. 

Pour  la  plupart  des  denrées  importées  en  Italie,  la  mer 
était  le  grand  chemin  des  transports.  Des  navires  de 
commerce  [navis]  la  sillonnaient  en  tous  sens,  avec  une 
rapidité  relativement  grande.  D’Ostie  à  Gadès  on  mettait 
sept  jours;  du  même  port  on  se  rendait  en  Gaule  Nar- 
bonnaiso  et  à  Fréjus  en  trois  jours,  dans  l’Espagne 
citérieure  et  à  Tarragone  en  quatre  jours  ;  la  traversée 
de  Pouzzoles  à  Alexandrie  demandait  neuf  jours  \  de 
r'ndes  à  Dyrrachium  un  jour  8,  de  Pouzzoles  à  Corinthe 
CllKI  jours  '.  En  général,  un  navire  aidé  d’un  vent  favo- 

V0j„|  Landeskvnde.  —  2  Marquardt,  Vieprivée,  II,  p.  33  et  suiv.  ; 

III  V  ■>.*! '*  tta^er^mery  P-  005  et  suiv.  ;  Friedl&nder,  Mœurs  romaines  ( trad.  fr.), 


!0,81’  privatalter . 

Hist  d  /  *  SU'V’’  Schiller,  Gesch.  der  rôm.  Kaiserzeit ,  I,  p.  419.  —  3  Duruy, 
tttut  <lr  P*  analysant  un  mémoire  de  Pastoret,  Mém .  de  Vins - 

2(1  ü  |  !‘cp,  \,  p.  ,g  et  suiv.;  cf.  le  tableau  plus  loin.  —  V  Clin.  Hist.  nat.  VI, 
ar*c  l'Asi  '  ''  .'nai"h  Les  relations  politiques  et  commerciales  de  l' Empire  romain 
1,,  blac||f,  !"  "  n!a^‘  pendant  les  cinq  premiers  siècles  de  1ère  chrétienne  ;  \  idal  de 
Hol  ■  renrf.  de.  des  inscr.  1890,  p.  456  et  suiv.  —  6Plin.  Hist.  nat.  VI,  34; 
«i„  |’x09.r‘  ’>  8;  Xcn-  Epi, es.  IV,  1.-7  Plin.  Hist.  nat.  XIX,  3  et  4.  -  *  App. 
~  11  Phit  !’  9  tl|lilost-  Vit.  Apoll.  vil,  17.  —  10  Arist.  Or.  XLVIlt,  p.  360. 

IIOSl'  °P-  cit-  VII,  17.  —  12  Veget.  V,  9;  cf.  Friedliinder,  L.  c.  p.  +21 

VI. 


rable  pouvait  parcourir  un  trajetdel  200stades(222kilom). 
par  vingt-quatre  heures10.  Sur  la  Méditerranée  souvent 
le  voyage  s’effectuait  de  nuit.  Ainsi,  en  partant  de  Pouz¬ 
zoles  le  soir  et  en  touchant  à  Antium  et  à  Gaète,  un  navire 
arrivait  le  troisième  jour  àOstie 11  [navigatio].  Par  contre, 
il  y  avait  toute  une  période  de  l'année  où  les  bateaux  ne 
se  risquaient  guère  à  naviguer,  entre  le  11  novembre  et 
le  5  mars  ( mare  clausum) 12  ;  la  navigation  et  par  suite  le 
commerce  d’importation  n  étaient  donc  actifs  que  pen¬ 
dant  le  printemps,  l’été  et  le  début  de  1  automne. 

Ce  commerce  maritime  était  doublé  d  un  trafic  de 
cabotage,  qui  assurait  les  relations  entre  la  côte  et 
l’intérieur  des  terres.  Il  en  était  ainsi  à  Rome  même,  ou 
les  navires  ne  pouvaient  arriver  qu’après  avoir  déposé  à 
Ostie  une  partie  de  leur  cargaison  qu  ils  confiaient  à  des 
chalands13,  à  cause  des  ensablements  du  littoral.  Cette 
situation  peu  favorable  subsista  même  après  la  création 
du  port  de  Trajan  ;  les  navires  y  abandonnaient  leur 
chargement  que  l’on  transbordait  sur  des  chalands, 
remorqués  par  des  attelages  de  bœufs1*  [caudicarii].  Les 
cités  commercantes  des  différentes  parties  de  1  Empire 
qui  n’étaient  pas  situées  au  bord  de  la  mer  étaient  obli¬ 
gées  d’avoir  recours  au  même  procédé  ;  le  Rhône  avec 
ses  bateliers  de  toute  sorte  [nautae]  était  la  grande  route 
commerciale  vers  les  cités  de  la  Provence  comme  Ai  b  s 
et  Nîmes,  et  celles,  plus  septentrionales,  de  \  ienne  et  de 
Lvonls.  Les  collèges  de  batellerie  fluviale  existent  par¬ 
tout  où  se  fait  quelque  trafic,  sur  la  Seine16  et  sur  la 
Durance”,  sur  le  Rétis  *\  sur  les  lacs  de  Cûme19  et  de 
Genève20,  sur  le  Rhin21,  sur  le  Maros  ■. 

Quand  on  n’avait  point  de  fleuve  à  sa  disposition,  on 
empruntait  les  voies  terrestres  et,  dans  les  pays  d’extrême 
Orient,  les  caravanes.  C’est  ainsi  que  les  marchandises 
débarquées  à  Bérénice  ou  à  Mvos-Hormos  parvenaient 
jusqu’à  Coptos23,  oû  que  celles  qui  arrivaient  de  l’extrême 
Sud  tunisien  se  rendaient  en  Maurétanie-*,  c  est  ainsi 
que  l’on  se  rendait  en  Éthiopie  et  jusque  dans  le  pays 
des  Troglodytes25. 

Les  besoins  du  gouvernement  firent  peser  sur  le  com¬ 
merce  des  contributions  inconnues  auparax'anl  ;  quel¬ 
ques-unes  d’entre  elles  gênèrent  sérieusement  les 
affaires  :  l’impôt  sur  les  ventes  à  l’encan  ( centesima  rerum 
venalium )  aboli  par  Caligula  et  rétabli  dans  la  suite-”  ; 
la  taxe  sur  la  vente  des  esclaves  {quinta  et  vicesima 
venalium  mancipiorum 27)  certains  droits  d’octroi  à 
Rome ,  une  patente  28  établie  sur  les  marchands  et  les 
ouvriers  [aurum  negotiatorium]  à  l’époque  de  Sévère 
Alexandre29,  sans  parler  de  la  douane  qui  continua  a 
être  exigée  à  l’époque  impériale  sur  toutes  les  Irontières 
des  provinces  [portoritjm].  11  est  xrai  que,  en  compensa¬ 
tion  de  ces  charges,  les  marchands  et  les  artisans  jouis¬ 
saient  de  certains  privilèges.  Le  plus  important  était  la 
facilité  de  se  constituer  en  collèges  et  par  là  d’obtenir 
certaines  immunités  de  charges  publiques  ou  muni- 

el  +22.  -  <3  Strab.  V,  3,  5;  Dio  Cass.  LX,  11,2;  Di  g.  XIV,  2,  +.  —  1+  Marquardt, 
Vie  privée,  p.  27;  Waltzing,  Étudesur  les  corporations  professionnelles.  II,  p.  73 
et  suiv.  —  15  Cf.  de  Boissieu,  Inscr.  de  Lyon,  p.  373  et  suiv.;  Allmer  et  Dissard, 
Inscr.  du  Musée  de  Lyon,  p.  +71  ;  Waltzing,  Op.  cit.  U,  p.  30  cl  suiv.  On  a  trouvé 
dans  ces  différentes  villes  des  preuves  de  leur  activité.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  XIII, 

_ 17  Ibid.  XII,  721,  731, 982. Ihid.  11,  1188,1  109,  1180,  1183.  -  19  Ibid. 

V  320  5  3  911.  —  20 Ibid.  XII,  2397.  —  21  Brambach,  939  cl  1068.—  22  Corp.  inscr 
lat.  III,'  1209.  —  23piin.  Hist.  nat.  VI,  102.  —2+  Corp.  inscr.  lat.  VU1,  +308. 
Héron  'de  Villcfosse,  Le  tarif  de  Zraia,  p.  22  et  suiv.  —23  Xcn.  Eplies.  IV,  1. 

_  26  Cf.  Cagnat,  Les  impôts  indirects,  p.  228.  —  27  Ibid.  p.  232.  28  Ibid. 

n  I  +7  et  suiv.  —  29  I.amprid.  Vit.  Alex.  24. 

223 


MER 


—  1744  — 


cipales  1  ;  nous  on  avons  parlé  à  l’article  mercator. 

Pour  favoriser  l’essor  du  commerce  à  l’intérieur,  le 
gouvernement  autorisait  l’établissement  de  foires  nou¬ 
velles  dans  certaines  villes  ( me  rca  tus ),  indépendamment 
des  marchés  hebdomadaires  (nundinae)*.  Il  fut  de  plus 
permis  à  des  particuliers  d'établir  des  foires  dans  leur 
domaine3.  Claude  lui-même  demanda  aux  consuls  de 
l’autoriser  à  le  faire4.  Les  textes  législatifs  aussi  bien 
que  les  inscriptions  nous  parlent  de  cet  usage5. 

Le  commerce  romain,  achetant  plus  qu’il  ne  produisait, 
entraînait  une  grande  exportation  du  numéraire  G.  Aussi 
les  empereurs  défendirent-ils  de  le  laisser  passer  chez  les 
barbares  et  de  le  fondre  en  lingots1. 

Quant  a  la  législation  commerciale 8,  les  négociants, 
en  outre  du  droit  commun,  étaient  régis  par  certains 
édits  prétoriens4  et  par  des  usages  empruntés  aux  lois 
rhodiennes  sur  le  jet  et  la  contribution  10  [lex  ruodia  de 
j acte,  p.  1173]:  Rhodiae  loges  navalium  eoinmerciorum 
sunt".  Ces  textes  décidaient  notamment  que,  lorsque  des 
marchandises  avaient  été  jetées  à  la  mer  pour  alléger  le 
navire  et  que  celui-ci*  avait  été  sauvé  du  naufrage'2,  le 
dommage  devait  être  supporté  en  commun  par  les  maîtres 
du  bâtiment  et  les  propriétaires  des  marchandises  qu’il 
contenait  [lex]  13. 

4°  Du  troisième  siècle  (le  l'Empire  jusqu'au  règne  de 
Justinien.  —  La  prospérité  matérielle  dont  avaient  joui 
Rome,  l’Italie  et  tout  le  monde  romain  pendantles premiers 
temps  de  l’Empire  ne  survécut  pas  à  l’époque  des  Anto- 
nins.  Depuis  longtemps  l’agriculture  italienne  était  rui¬ 
née  14  ;  quand  les  arrivages  d’Afrique  venaient  a  manquer, 
la  disette  se  faisait  sentir  ‘5.  Inversement,  la  multiplication 
inconsidérée  des  vignobles  en  Italie,  en  Gaule,  en  Asie 
Mineure,  avait  provoqué  de  graves  embarras,  et  la 
mévente  des  vins  ne  causait  pas  moins  de  dommages  que 
la  rareté  des  céréales  ;  Domitien  avait  cru  remédier  au 
mal  en  ordonnant  la  destruction  de  la  moitié  des  vignobles 
provinciaux  et  en  défendant  d  en  planter  dautifs  . 
L’industrie  ne  progressait  plus.  L’oisiveté  et  la  corrup¬ 
tion  de  la  plèbe,  le  luxe  immodéré  des  grands  étaient 
peu  favorables  au  travail  productif.  Le  commerce  subis¬ 
sait  le  contre-coup  de  cette  décadence  générale.  Le  despo¬ 
tisme  impérial  entravait  le  libre  développement  des  villes 
municipales  et  de  la  bourgeoisie  [municipium];  il  inquié¬ 
tait  les  fortunes  :  les  riches  étaient  sans  cesse  menacés 
par  les  mauvais  empereurs  11 .  Au  m*  siècle  recommen¬ 
cèrent  les  guerres  extérieures  et  les  révolutions  inté¬ 
rieures.  Elles  enlevaient  toute  sécurité  aux  commerçants 
et  nuisaient  à  la  fois  au  crédit,  aux  échanges,  à  la  con¬ 
sommation.  De  l’avènement  de  Décius  à  celui  de  Diode- 
tien,  249-284,  les  Barbares  pendant  trente-cinq  ans  rava¬ 
gèrent  l’Empire.  En  l’espace  de  quatre-vingts  années  on 
compta  vingt-quatre  empereurs,  dont  deux  seulement  ne 
périrent  pas  de  mort  violente,  et  quarante  tyrans. 

i  Waltzing,  Étude  sur  les  corporations  professionnelles,  II,  p-  393  et 
suiv.  —  2  Plin.  Ep.  V,  4;  cf.  Iluvelin,  Essai  historique  sur  le  droit  des 
marchés  et  des  foires,  p.  101.  —  3  Corp.  inscr.  lut.  VIII,  11451;  Wilmanns, 
Eph.  epigr.  11,  p.  271  el  suiv.  -  4  Suet.  Claud.  12.  -  «  Corp.  viser,  lut. 
III,  184,  1421  ;  VIII.  11451;  Dig.  L,  11,1  et  Cod.Just.  IV,  60.  _  C  p]m.  Hist. 
nat.  VI,  2S ;  XII,  41.  -  7  Cad.  Theod.  IX,  23,  1.  -  »  Carnazza,  Il  diritto 
commerciale  dei  Romani.  —  9  Dig.  XIV,  1,  3,  4,  5.  10  Pastoret,  Quelle 

a  été  l’influence  des  lois  maritimes  des  Rhodiens  sur  la  marine  des  frites 
et  des  Romains  11784),  p.  112  et  suiv.  —  11  Isid.  Or.  V,  1"-  —  12  pauL 
Sent.  II,  7,  1  à  5;  Dig.  XIV,  2,  2  pr.  —  13  Cf.  plus  haut,  p.  1173,  col.  1  et  2. 

_ 11  piin.  Hist.  nat.  XVIII,  7,  3.  —  15  Dio  Cass.  LV,  26  ;  Vell.  II,  HL  Suet. 

Au a.  16;  Claud.  18  ;  Ner.  45  ;  Tac.  Ann.  VI,  13  ;  XII,  43.  -  «  Suet.  Domit.  17; 
Stat  Si  v.  IV,  3,  1 1  ;  Euscb.  Chronol.  p.  160-161  ;  cf.  Gsell,  Essai  sur  le  régné  de 


ME  H 


L’œuvre  de  réorganisation  commencée  par  n*  I 

achevée  par  Constantin,  rétablit  l'ordre  t/p® n- 
publique.  Mais  les  désordres  antérieurs  avaient  - 
telles  ruines,  qu’une  crise  commerciale  très  "n  ^  ^ 
se  produisit  vers  l’an  300.  La  rareté  du  canihMDt6 
l’intérêt  à  un  taux  énorme;  toutes  les  denrées  r,,*' , 
services  atteignirent  une  excessive  cherté  \\^  °S 
reurs  Dioclétien,  Maximien,  Constance,  et  Galèr'^6" 
crurent  forcés  en  301  de  promulguer  un  édit  du  max;,  ' 
pour  fixer  provisoirement  le  prix  des  marchandises  et? 
travail18:  c’est  le  célèbre  Edictum  ad  provinciales  d\ 
pretiis  rerum  venalium.  On  a  retrouvé  plusieurs  fra» 
ments  du  texte  latin  et  du  texte  grec  de  ce  document  en] 
Égypte,  en  Asie  Mineure  et  en  Grèce,  provinces  où 
régnait  spécialement  Dioclétien.  Ils  ont  été  maintes  fois 
publiés  et  commentés  ia.  Dans  le  préambule  l’empereur 
déclare  que  la  cupidité  des  marchands  a  augmenté  le  ' 
prix  des  denrées,  jusqu’à  leur  faire  dépasser  huit  fois  la 
valeur  réelle  des  objets  vendus  ;  ces  excès  ont  été  cons¬ 
tatés  surtout  sur  les  routes  militaires,  et  ils  rendent 
impossible  l’approvisionnement  des  armées.  Aussi,  pour 
y  obvier,  le  prince  lîxe-t-il  des  prix  modérés  dont  le 
maximum  ne  devra  pas  être  excédé,  même  dans  les 
années  de  cherté,  sous  peine  de  mort  en  cas  d’infraction. 
Suit  le  tableau  régulateur  des  prix,  appropriés  à  la 
réforme  monétaire  que  Dioclétien  avait  opérée  en  298aù.| 
Voici  quelques-uns  de  ceux  que  fixe  le  tarif  pour  les 
denrées  destinées  à  l’alimentation.  Ils  sont  exprimés  en 
deniers,  le  dernier  valant  approximativement  pour  cette 
époque-  2  centimes  1/42'.  Un  rnodius  militant 
(17  litres  508)  de  blé,  de  farine  de  millet,  d’épeautrej 
mondé,  de  fèves  concassées,  de  lentilles,  de  pois  con-  I 
cassés  est  estimé  100  deniers;  d’orge,  de  seigle,  de  fève* 
ou  de  pois  non  concassés,  60;  demilletet  de  sorgho,  -A  I 
d’épeautre  non  mondé  et  d’avoine,  30.  Un  sextamm 
(0  litre  54)  de  vin  rustique,  8  deniers  ;  de  vin  du  Pieenuin 
ou  de  la  Sabine,  30  ;  de  Palerme  vieux,  34  ;  de  cervoise,  4; 
d’huile  d’olive  fine,  40.  Une  livre  romaine  (32/  gr-  ‘AJ 
de  chair  de  porc,  12  deniers  ;  de  bœuf  ou  de  chèvre,  8  ,  d* 
lard  et  de  foie  gras  de  porc,  16.  Cinq  artichauts  se  'jn- 
dront  10  deniers  :  quatre  œufs,  deux  me  ons,  e< 11 
taignes  ou  huit  dattes,  4  deniers,  etc.  L’édit  indique  au. 
le  prix  des  bois  (par  exemple,  pour  le  ch**»  , 

14  coudées  de  longueur  et  08  doigts  ''  ' :  *  ’ 

250  deniers),  des  vêtements,  des  chaussures, 

des  tapis,  des  chariots,  etc.  ée  | 

Les  services  salariés  sont  aussi  mention.».  - 
d’un  ouvrier  agricole,  d’un  fonta.mer,  dM  ^ 
d’égout,  25  deniers  ;  d’un  tailleur  de  pierr  ,  i30j 

sier,  d’un  charpentier,  d’un  forgeron,  <  1111  6Q;  j-un 

d’un  matelot,  d’un  mosaïste,  d’un  mar  ’  ’ '  j50.' 

peintre  en  bâtiment,  70;  d  un  pem  re  leS 

seront  payes  à  la  tacne, 


D’autres  ouvriers 


S.  Reinach,  Rev.  ardu  1901,  »,  P- 


350 


_  il  Suet. 
337. 


l'empereur  Domitien,  p.  153;  S.  Reinach,  ne,.  ^  pomaivs,  ••  P- 

Caliq  49  ;  cf.  Dureau  de  la  Malle,  Econome  ?°“9ue  303.  -  19  Nola'”' 

_  i»  Laclant.  De  morte  pe.rsecut.  Vil,  9;  IH.  P-  l52,'  ** 

ment  par  Le  Bas  et  Waddington,  InSCrfW^Jmaltfrq  des  Diœbti* »  ^ 
dernier  lieu  par  Mommsen  el  Blunmer,  I  er  .  ■  .  t  ■i  Aigira  f" 

gegehen  iJ erMutert  (1893).  Un  H---  "  ¥g, 

publié  dans  C  Ephemeris  archaiologikè,  1899  P-  141  de  ,,org,  Voir  ^“1 
donne  pour  la  première  fois  1  indication  u  P"  #,sf.  des  classa  »< 

et  de  l’ieduslrie  en  Franee  axant  UU),  1.  P  ,,,,,  DiocUtlen  ■  J 

et  la  situation  monétaire  de  IC  1 ^  ^  __  2i  Levasseur 


maximum  . .  .  , 

chische  und  rômische  Métrologie,  -e 

p.  113. 


MER 


MER 


1775  — 


.  1p9  fabricants  de  braies.  Les  maîtres  de  gym- 
toilieurs  et  ■  enfant  et  par  mois  50  deniers  ;  les 

niisli'l1"' rcc(:'  j  75  .  les  grammairiens  et  géomètres,  200; 

jjgîtresdceaicu  ^  ^  garcons  de  bain  par  baigneur,  2. 
lei  s°PhlS,Cf ’ d-'  p'iocléticn  échoua.  11  était  impossible 
ta  tenta11''  «  ,em  reur  méconnaissait  les  conditions 
qâ’ellc  " 111,1,1  échanges  commerciaux;  des  mesures 
Pssaires  V  nl  jamais  empêché  le  renchérissement, 
coercih^  ^  l’Empire  romain  montre  combien 
L’étend110  me  arbitraire  et  vaine  ;  Dioclétien  pré- 

cett;  ®fmLer  partout,  à  Rome,  à  Constantinople,  a 
tCn  ,  oP  en  Syrie,  en  Bretagne,  un  tarif  uniforme 
Alexa,m ‘  ‘ i’  des  denrées  et  des  services  ;  mais  il  devait  y 
P°U  Lssairement  des  différences  très  appréciables 
TT  les  diverses  contrées  ;  l’empereur  n’en  tenait  aucun 
stl°  n  semble  bien,  d’ailleurs,  que  la  valeur  des 
TT  et  des  services  ait  été  fixée  à  un  chiffre  inferieur  a 
Tiialité  '•  Personne  ne  voulant  plus  vendre,  la  disette 
fit  sentir  II  fallut  renoncer  à  cet  essai  malencontreux 
Te  réglementation,  qui  créait  la  famine  au  lieu  d’y  remé¬ 
dier,  et  rapporter  l’édit2. 

Plusieurs  documents,  d’époque  postérieure,  nous  ren¬ 
seignent  sur  'la  valeur  de  différentes  denrées  au  Bas- 
Empire.  Une  loi  du  code  Théodosien  estime  la  livre  de 
porc  a  6  folles,  soit  30  centimes  3.  En  367  une  constitu¬ 
tion  de  Valons  et  de  Valentinien  permet  aux  habitants  de 
la  Lucanie  et  du  Bruttium,  qui  payaient  l’impôt  en  nature, 
de  donner  une  amphore  de  vin  (26  litres)  à  la  place  de 
70  livres  de  chair  de  porc  ou  de  mouton  \  Ainsi  1  am¬ 
phore  de  vin  vallait  420  folles,  soit  21  francs,  ou  80  cen¬ 
times  le  litre,  ce  qui  est  un  prix  moyen  fort  élevé  pour 
ce  pays.  En  389  une  loi  de  Valentinien,  Théodose  et 
Arcadius  relative  à  la  conversion  en  argent  de  la  nouiii- 
ture  fournie  en  nature  aux  soldats  [annona  militarisé 
fixe  le  maximum  de  80  livres  de  lard,  80  livres  d  huile  cl 
12  modii  de  sel  au  taux  d  un  solidus ,  cest-à-diic 
15  fr.  20  s.  La  livre  d’huile  et  la  livre  de  lard  étaient 
donc  évaluées  chacune  à  19  centimes,  et  le  litre  de  sel  à 
15 centimes.  En  445  Valentinien  fait  remise  aux  habitants 
de  la  Maurétanie  ravagée  par  les  Vandales  des  sept  hui¬ 
tièmes  du  tribut;  pour  l’annone  à  fournir  en  objets  de 
première  nécessité  aux  soldats  en  marche,  il  estime  à  un 
solidus  le  prix  de  quarante  modii  de  far  ou  de  triticum, 
épeautre  ou  froment,  de  270  livres  de  viande  et  de 
200  sexlarii  de  vin 6. 

11  faut  remarquer  qu’à  l’époque  du  Bas-Empire  le 
numéraire  était  devenu  rare,  par  suite  de  l’épuisement 
ou  de  l’abandon  des  mines,  et  possédait  une  grande 
valeur  d’échange.  La  principale  monnaie  alors  usitée 
était  l 'aureus  ou  solidus ,  d’où  vient  l’expression  sou 
dor  On  en  taillait  72  sur  une  livre  d’or  8.  Constantin, 
d  est  vrai,  établit  une  autre  proportion  9,  mais  pour  un 
cas  tout  particulier:  il  avait  été  obligé  par  les  nécessités 
de  la  guerre  d’augmenter  la  valeur  courante  des  mon¬ 
naies  d’or  en  affaiblissant  leur  titre;  comme  on  payait 
I  ^  “«Pût  en  espèces  ou  en  lingots,  qui  étaient  fondus  avant 
I  être  portés  au  trésor,  il  déclara,  afin  d’éviter  les  fraudes 
|  des  collecteurs,  que  les  contribuables  donneraient 


—  3f  )  le  commentaive  de  Blumner,  Op.  cit.  p.  33  et  suiv.  —  2  Lactant,  L.  c. 

XIV,  4,  3.  -  I  Ibid.  XIV,  4,  4.  -  S  Ibid.  VIH,  4, 17.  -  «  Nov. 
Vil  h  ’  l8>  L  —  7  Marquardt,  Organis.  financière,  p.  30.  —  8  Cod.  Theod. 
’  XI1>  c>  13;  Cod.  Just.  X,  70,  5,  etc.  -  3  Cod.  Theod.  XII,  7,  1. 
1  "  13.  —  il  Marquardt,  Op.  cit.  p.  33.  —  12  JVov.  Valent.  III,  1 4,  1  : 


7  solidi  d’or  de  Constantin,  au  lieu  de  6,  pour  une  once, 
parce  que  ces  sept  pièces  fondues  ne  valaient  que  6  onces 
d’or  fin;  celui  qui  payait  en  lingots  devait  donner 
28  scrupules  par  once  au  lieu  de  24,  parce  que  28  scru¬ 
pules  d’or  en  lingot  ou  en  poudre  ne  laissaient  après  la 
fonte  et  l’affinage  que  24  scrupules  d’or  fin.  Cette  loi  de 
Constantin  n’a  donc  pas  trait  à  la  taille  de  la  monnaie 
d’or  et  l’on  aurait  tort  d’en  conclure,  comme  on  1  a  fait 
quelquefois,  que  sous  ce  règne  on  taillait  à  la  livre 
84  solidi  de  24  scrupules  chacun.  En  367,  sous  Valenti¬ 
nien,  la  livre  d’or  donnait  encore  72  solidi 10.  D  ailleurs, 
on  n’altéra  pas,  en  général,  à  cette  époque,  le  poids  ni  le 
titre  de  la  monnaie".  Valentinien  111  lui-même  en  443 
proclamait  ce  principe  :  l’intégrité  et  l’inviolabilité  du 
signe  favorisent  le  commerce  et  maintiennent  1  unifor¬ 
mité  du  prix  de  toutes  les  choses  vénales.  En  même  temps 
cet  empereur  fixait  la  valeur  du  nummus  de  cuivre, 

7 000  nummi  valant  un  solidus  d'or,  et  ordonnait  1  eta¬ 
blissement  de  poids  normaux  en  cuivre12.  Le  rapport  «le 
l’or  avec  les  autres  métaux  fut  déterminé  de  telle  sorte 
que  dans  les  payements  publics  une  livre  d  argent  valût 
5  solidi,  en  vertu  d’une  constitution  d’Arcadius  et  Hono- 
rius  de  397  13.  Ainsi  la  livre  d’or  valait  72  divisé  par  u 
soit  14,4  livres  d’argent.  Une  loi  d’Honorius  et  Théo¬ 
dose  en  422  prescrit  de  donner  4  solidi  pour  une  livre 
d’argent;  il  y  aurait  donc  eu  une  proportion  de  18  à  1 
entre  l’argent  et  l’or.  Mais  il  est  très  vraisemblable  que 
cette  constitution  se  rapporte  à  un  cas  particulier:  celui 
du  payement  fait  aux  duces  par  les  employés  nommés 
primipilares ,  sportulae  gratia ,  lorsque  ces  derniers 
préfèrent  s’acquitter  en  argent.  En  396,  une  loi  d’Arca¬ 
dius  et  Honorius  avait  fixé  à  un  solidus  la  valeur  de 
25  livres  de  cuivre13.  Justinien  la  réduisit  à  20  livres13. 

Par  suite  de  la  diminution  générale  de  la  masse  de 
numéraire,  Constantin  avait  interdit  aux  particuliers, 
en  356,  de  fondre  les  monnaies  ( conflare  pecunias)  et  de 
les  exporter  hors  de  l’Empire  ;  il  faisait  surveiller  les 
principaux  ports  et  les  stations  des  routes  commerciales 
de  l’Empire  par  des  officiales  pour  contrôler  1  exécution 
de  la  loi  ;  il  défendait  même  au  negotialor  de  transporter 
à  dos  d’animaux  plus  de  1000  folles  pour  ses  dépenses, 
sous  peine  d’exil  et  de  confiscation  ;  lâchât  et  la  \enle 
des  monnaies  étaient  prohibés  :  elles  doivent  servir  aux 
payements,  et  non  pas  constituer  une  marchandise  On 
sait  par  un  autre  texte  que,  pour  empêcher  la  sortie  des 
espèces,  le  cornes  sacrarum  largitionum  envoyait  des 
inspecteurs  [curiosi]  dans  les  ports  et  villes  frontières  1S. 

De  sévères  prohibitions  frappaient  le  commerce  aux 
frontières  de  l’Empire  :  défense  de  transporter  chez  les 
Barbares  du  vin,  de  l’huile,  du  liquamen  des  armes  de 
toute  nature20,  des  pierres  à  aiguiser,  du  sel21  et  surtout 
de  l’or22.  Afin  de  prévenir  rembarquement  de  ces  mar¬ 
chandises,  mercedes  illicitae ,  les  capitaines  de  navire 
(; naucleri )  étaient  tenus  de  déclarer  en  quelle  province 
ils  se  rendaient,  moyennant  quoi  une  constitution 
d’Honorius  et  de  Théodose  en  420  les  garantissait  de  tout 
dommage.  Un  acte  constatant  celte  déclaration  et  l’attes¬ 
tation  qu’ils  n’ont  subi  aucune  exaction  doit  être  dressé 


Aeouabilitas  enim  pretii  et  commodum  venditoris  et  omnium  rerum  renatium 
statuta  custodiet.  -  13  Cod.  Theod.  XIII,  2,  1.  -  14  Ibid.  VIII,  4,  27.  _  15  Ibid. 

2|(  2.  _  ,G  Cad.  Just.  X,  29,  1.  —  U  Cod.  Theod.  IX,  23,  1.  —  '3  Ibid.  VI, 

«(),’  io.'  —  13  Cod.  Just.  IV,  41,  I.  —  20  Ibid.  IV,  41,  2.  —  21  Dig.  XXXIX,  4,  11. 
_ 12  Cod.  Just.  IV,  63,  2. 


MER 


—  1 7  7 1  »  — 


devant  le  defensor  de  la  cité,  en  présence  du  prolector 
ou  ducianus ,  enregistré  au  greffe  de  la  ville  (apud  acta) 
et  une  copie  délivrée  au  mercator  ou  nauclerus1.  Une 
autre  loi  des  mêmes  empereurs  désigne  certains  lieux 
spéciaux  pour  les  échanges  avec  les  Perses,  ne  alieni 
regni,  quod  non  convertit ,  scrutentur  arcana  ;  on  fait 
exception  cependant  pour  les  marchands  qui  accompa¬ 
gnent  les  ambassadeurs  de  leur  pays2.  En  sens  inverse, 
on  défendait  l’importation  dans  l'Empire  de  la  soie,  si 
ce  n’est  par  l’intermédiaire  du  comte  du  commerce 
[comes  commerciorumJ  3,  sous  peine  d’exil  perpétuel  et  de 
confiscation  du  patrimoine1.  11  était  également  interdit 
de  vendre  ou  d  acheter  en  mer  ou  sur  le  rivage  les  denrées 
destinées  à  l’alimentation  de  la  capitale  [canon  frumen- 
tarius  l’rbis  romae]  3  et  les  blés  et  autres  produits  qui 
devaient  être  distribués  aux  troupes  [annüna  militaris]  g. 
L'État  ne  monopolisait  pas  seulement  l’exploitation  des 
mines  d'or  [metalla],  mais  encore  la  confection  et  la 
teinture  de  la  pourpre,  dont  l’usage  était  réservé  à  la 
famille  impériale  [monopolium]  7.  Les  fabriques  impé¬ 
riales  avaient  aussi  le  monopole  de  la  fourniture  des 
armes  de  guerre8.  Pour  le  transport  des  objets  fiscaux 
[fiscales  species),  il  existait  aussi  une  corporation  privi¬ 
légiée,  celle  des  bastagarii  9. 

Le  commerce  dans  les  deux  capitales  du  inonde 
romain,  Home  et  Constantinople,  était  soumis  sous  le 
Bas-Empire  à  un  régime  fâcheux  de  réglementation.  A 
mesure  que  se  précipitait  la  décadence  économique, 
l'État  multipliait  les  interventions  législatives  et  admi¬ 
nistratives.  Il  pourvoyait  directement  à  l’alimentation  des 
deux  capitales,  à  l'aide  de  l’impôt  en  nature  de  certaines 
provinces  et  des  prestations  imposées  à  certaines  corpo¬ 
rations  [annona  civica,  canon  KRUMENTARius] .  Les  collèges 
de  marchands  et  d'ouvriers  devenaient  de  véritables 
rouages  administratifs10.  Les  services  que  devaient  à  la 
ville  de  Rome,  par  exemple,  les  membres  des  corporations 
étaient  héréditaires  et  pesaient  sur  eux  comme  une 
charge  publique 1 1  ;  ils  leur  conféraient  en  revanche  des  pri¬ 
vilèges  honorifiques  12  [mercator].  Une  série  de  collèges, 
ayant  chacun  ses  attributions  nettement  déterminées  et 
son  tarif  spécial  prescrit  par  l’État,  approvisionnaient 
Home  en  blé,  en  vin,  en  huile13;  les  édits  du  préfet 
de  la  ville  fixaient  le  prix  de  la  viande  de  boucherie  u. 
Les  distributions  gratuites  imposaient  des  services  oné' 
reux,  rétribués  à  part.  Ce  système  de  réglementation  à 
outrance  et  de  distributions  multipliées  ruinait  les  pro¬ 
vinces  assujetties  aux  taxes,  et  corrompait  la  plèbe  des 
capitales  sans  leur  donner  l’abondance  que  leur  aurait 
procurée  la  liberté  commerciale13.  Seuls  le  commerce  des 
meubles  et  celui  des  objets  de  luxe  étaient  laissés  à  l'ini¬ 
tiative  privée.  Et  encore  la  jalousie  des  corporations  de 
marchands  de  Rome,  invidia  tabernariorurn,  obtenait- 
elle  parfois  l’expulsion  des  négociants  rivaux,  notamment 
des  Grecs.  Une  novelle  de  Valentinien  III  en  440  permit 
aux  marchands  grecs  de  s’établir  dans  la  ville,  mais  en 


MER 

menaçant  de  peines  sévères  ceux  qui  n’oh 
les  prix  fixés  par  l’autorité,  statuta  pretia 
avilie  tan  fiait  donc  certaines  marchandises1?’ 
les  constitutions  impériales  réglaient  les  vL  " 
sénateurs,  des  employés  [officiales)  des  os nls 
laissaient  diverses  restrictions  somptuaires  „  'T  etélâ' 
la  consommation11.  '1U1  Rniitaient 

Dans  les  provinces  comme  dans  les  c-mit  i 
ouvriers  des  villes  étaient  organisés  en  cornn  r  ’es 
quelques-unes  d’entre  elles  devaient  s’acauillo, ‘°n’  et 
toirement  et  héréditairement  de  services  publics •  ,  , 
le  cas  notamment  des  cenlonarii  et  des  dendrnl  ï 
[mercator].  Nul  ne  pouvait  abandonner  la  iJr!T  ■ 
laquelle  le  hasard  de  la  naissance  l’avait  enchaîné  ü  * 
jamais19.  ‘uur 


Le  commerce,  déjà  lésé  par  ces  restrictions  qui  entra 
valent  la  production,  avait  à  supporter  en  outre  la  ch  u  -' 
de  très  lourdes  contributions,  encore  accrues  depuis  les 
réformes  de  Dioclétien  et  de  Constantin.  Les  marchands 
devaient  être  immatriculés,  et  payer  d’après  leurs  béné¬ 
fices  une  taxe  annuelle  analogue  à  notre  droit  de  patente 
indépendamment  du  tribut  qu’ils  pouvaient  devoir 
comme  propriétaires  d’immeubles20  [chrysargïrum, 
lustralis  collatio]  ;  il  avait  succédé  à  l’ancien  aurum 
negotiatorium  ;  il  était  considérable  et  très  impopu¬ 
laire  ;  aussi  finit-on  par  ne  l’exiger  que  tous  les  cinq  ans, 
après  chaque  lustre.  Un  y  assujétissait  même  ceux  qui, 
sans  être  négociants,  exerçaient  en  fait  un  commerce  ou 
une  industrie  quelconque.  La  loi  n’admettait  qu’un  très 
petit  nombre  d’exemptions,  entre  autres  pour  les  labou¬ 
reurs  qui  vendaient  leur  récolte.  Cette  contribution,  qui 
soulevait  des  plaintes  nombreuses,  fut  abolie  seulement 
en  501  par  l’empereur  Anastase21;  le  Code  de  Justinien 
en  suppose  la  suppression22. 

Les  réquisitions  forcées  [pubiicae  comparât ioncs)  que 
les  troupes  de  passage  étaient  autorisées  à  faire  en  route, 
lorsque  manquaient  les  denrées  des  magasins  mili¬ 
taires23,  étaient  aussi  une  cause  d’embarras  et  de  ruine 
pour  le  commerce. 

Les  droits  de  douane  et  de  port  s’élevaient  à  8  p.lOOde 
la  valeur  vénale  des  objets;  il  était  perçu  par  les  publi- 
cains  ou  fermiers  généraux,  qui  visitaient  avec  rigueur 
marchandises  et  voyageurs  [portorium]  2t.  Tout  objet  uns 
en  vente  publique  était  soumis  à  une  taxe  de  moi c hé 
[vectigal  rerum  venalium]28.  Théodose  II  et  \ alenlinien 
avaient  même  établi,  par  une  constitution  dont  la  date 
est  inconnue,  une  taxe  d’une  silique  par  solidu s  pmb  1  - 1 
sur  le  prix  de  vente  de  tout  objet  mobilier  ou  h|in]°  ! 
lier26.  Pour  percevoir  cette  nouvelle  contribution,  <- 
instituait  des  employés  spéciaux  ;  il  ordonnait  au  è  ^ 
rati  des  provinces  ainsi  qu’aux  sénats  des  cil<  ^  1  '  ^ 

partout,  en  présence  des  gouverneurs,  les  joui  a 1 1 
où  pourraient  se  faire  les  marchés  et  ventes,  1 
choisissant  de  telle  sorte  que  la  perception  s }  '-1  ' 
plus  commodément  possible.  Cet  impôt  vexaient 


1  Cod.  Theod.  VII,  IG,  3;  Cod.  Just.  XII,  13,  1.  —  2  Cod.  Just.  IV,  G3, 
4.-3  Ibid.  IV,  40,  2.  —  4  Ibid.  IV,  G3,  6.  —  G  Ibid.  IV,  40,  3.  —  6  Ibid. 
IV,  40,  4.  —  1  Ibid.  XI,  8,  5;  XI,  11,  1.  —  8  Nov.  Just.  85.  —  9  Cod.  Theod. 
X,  20,  4  et  U.  —  10  Nov.  Valent.  III,  15  :  De  corporatis  urbis  Romae ;  Symm. 
Ep.  X,  34;  cf.  Waltzing,  Etude  sur  les  corporations  professionnelles ,  II, 
p.  19;  Levasseur,  Hist.  des  classes  ouvrières  et  de  l'industrie  en  France 
avant  1189,  I,  p.  74.  —  H  Cod.  Theod.  XIII,  5,  2  et  3,  19  et  20;  XIV,  3,  3 
et  4,  13  et  14,  21;  XIV,  4,  1  et  5,  7  et  8.  —  12  Symm.  L.  c .;  Cod.  Theod.  XIV, 
2;  Cod.  Just.  XI,  14.  —  13  Voir  la  liste  des  collèges  dressée  par  Waltzing,  Op.  cit. 


,  p.  1  et  suiv.  et  l'article  mercator.  —  Edictum  Api 
,  1771  ;  cf.  .Waltzing,  Op.  cit.  II,  p.  92-96  ;  III,  p.  21 1. 
blic  et  administratif  romain  du  ivB  au  v.®  siècle ,  p-  -fM 
17  Cod.  Theod.  XIV,  10  el  12;  Cod.  Just.  XI,  19.  - 
19  Cod.  Theod.  XII,  19,  I  el  2  ;  XIV,  7  ;  Nov.  Valent.  III, 
veri,  2  ;  Cod.  Just.  XI,  17;  cf.  Waltzing,  Op.  cit.  H,  P- 
).  cit.  I,  p.  49.  — 20  Cod.  Theod.  XII,  1,  72  ;  XIII,  1* 
st.  XI,  I.  —  23  Cod.  Theod.  XI,  15  ;  Cod.  Just.  X,  27. 
et  8.  —  25  Ditj.  L,  16,  17  ;  Cod.  Just.  XII,  +7,  1. 


•oniahi,  Corp ■ 

15  Cf.  SeiT.cn!,  ‘  ° 

_  10 Nor.  Valent.»’  • 

'  18  Cod.  Theod.  Vy- 
34;  Nov-  Major-  •  •  •  0 

,  .  i  c vasseur* 

298  Ct  n  'i-SCi 

Zonar.Xl'U- 

_ Cod.  JuS *• 1 

.  25  Nov.  Theod.,  V.  1 


MER 


—  1777  — 


MEK 


inactions  ne  put  se  maintenir,  car  Justinien 
gibieatix  1  *'n^‘n  Cocje  Une  constitution  de  Valens  et 
jnsère  uan^^  ^  ^  ge  le  Iliaintien  des  anciennes  foires 
Valentin'1'"  'R  met  aux  particuliers  d’en  ouvrir  de 

el  malClR'avec  l’autorisation  du  prince.  Cette  même  loi 
nonvecU'l  •  leg  marchands,  notamment  en  leur 

d!,  Itnendant  la  foire  le  payement  de  leurs  dettes 

particulieies  •  Qr  bliCj  comes  sacrarum  largi- 

ïû  minisiti c  ^  a 

.  ,vait  la  direction  du  commerce  dans  ses  attri- 
Deg  aggnts  répartis  dans  les  provinces,  sous  le 
J11'1"',1"  comites  commerciorum,  s’occupaient  des  achats 
T  le  compte  de  la  cour,  de  l’importation  de  la  soie, 

I  rec0uvrement  des  impôts  qui  frappaient  les  coud¬ 

ra  de  l’exécution  des  mesures  relatives  à  la  sor- 
lie  des  espèces,  etc3.  11  y  avait  en  outre  a  Rome  un 
comte  du  port,  comes  portus,  et  un  centenarius  ou  vica- 
rius  chargés  de  maintenir  l’ordre  et  de  protéger  le  com¬ 
merce  à  Ostie,  qui  était  le  port  de  Rome,  ainsi  que  de 
veiller  à  l’entretien  du  phare  qui  servait  de  fanal  aux 

vaisseaux  h  , 

Une  constitution  de  l’empereur  Zénon,  adressée  au 
préfet  du  prétoire  Constantin,  défendit  aux  particuliers  de 
monopoliser  une  denrée  ou  une  profession,  même  en 
vertu  d’une  concession  impériale  passée  ou  à  venir 
[monopolium]  ;  elle  interdit  également  toute  coalition 
[Ulicitis  habitis  conventionibus ),  entre  détenteurs  de 
marchandises,  pour  lixer  un  minimum  des  prix,  toute 
convention  de  ne  pas  achever  un  travail  commencé  par 
un  autre,  etc.6.  Les  peines  sévères  que  prononce  cet 
édil  prouvent  combien  de  pareils  pactes  étaient  fréquents 
à  Constantinople  6. 

En  compensation  de  toutes  les  charges  fiscales  imposées 
aux  commerçants  et  de  toutes  les  entraves  mises  à  leurs 
affaires,  les  empereurs  leur  avaient  accordé  la  dispense 
des  charges  municipales  et  du  service  militaire  [merca- 
tor].  Cela  ne  suffit  pas  à  tirer  le  commerce  de  sa  misère. 

II  périt  d’abord  en  Occident,  avant  l’Empire  même,  et 
s’amoindrit  aussi  en  Orient,  où  cependant  les  circon¬ 
stances  et  les  mœurs  lui  étaient  plus  favorables.  C’est  ce 
quiexplique  qu’on  ne  relève  dans  les  recueils  de  Justinien 
qu  un  très  petit  nombre  de  dispositions  le  concernant7. 

Principaux  articles  de  commerce.  —  Rome  était  le 
centre  de  tout  le  commerce  de  l’Empire,  le  point  où 
affluaient  les  objets  de  nécessité  et  surtout  de  luxe  que 
produisait  l’univers  entier.  Nous  ne  saurions  donner  ici 
une  liste  complète  des  produits  divers  qu’on  y  importait 
e  toutes  parts,  d’autant  plus  que  des  articles  spéciaux 
ont  été  consacrés  à  chacun  d’entre  eux  dans  ce  diction¬ 


naire;  il  suffira  de  réunir  en  un  tableau  les  plus  impor¬ 
tants8.  (Voir  page  1778.) 

Marchés  principaux  dans  les  provinces;  voies  com¬ 
merciales .—  L’activité  commerciale  de  chaque  province  se 
concentrait  en  certains  endroits  que  leur  situation  dési¬ 
gnait  plus  spécialement  ;  c’est  de  ces  marchés  divers  que 
les  produits  d’exportation  partaient  ensuite  pour  se 
rendre  en  Italie  soit  directement,  soit  par  des  comptoirs 
intermédiaires. 

Espagne.  —  L’Espagne  était  à  la  fois  un  pays  produc¬ 
teur  et  un  terrain  de  passage  pour  les  marchandises 
venues  par  l  Océan.  Celles-ci  arrivaient  à  Gadès8,  qui  se 
trouvait  à  la  limite  de  l’Atlantique  et  de  la  Méditerranée. 
De  là,  elles  continuaient  par  mer  jusqu  à  1  Italie,  ou  par 
terre  en  longeant  le  littoral.  Une  grande  voie,  la  via 
Augusta 10,  que  l’empereur  Auguste  fit  réparer  et  conti¬ 
nuer,  mettait  en  communication  la  côte  méridionale  de 
l’Espagne  et  le  nord  de  l’Italie  par  la  Gaule.  Elle  paitait 
de  l’embouchure  duBaetis,  dontelle  remontaitla  vallée11, 
se  dirigeait  parallèlement  au  rivage  à  travers  les  terres, 
détachant  des  rameaux  vers  Tarragone  elles  autres  ports 
de  la  côte  orientale,  franchissait  les  Pyrénées  au  col  de 
Puycerda,  puis,  sous  le  nom  de  voie  Domitienne  et  voie 
Aurélienne,  longeait  la  côte  méridionale  de  la  Gaule  pour 
pénétrer  en  Ligurie  par  le  chemin  de  la  Corniche.  Cette 
route  était  l’artère  principale  du  commerce  espagnol  et 
de  celui  de  la  Gaule  méridionale  avec  1  Italie 

Gaule.  —  Un  réseau  routier  très  bien  conçu  reliait 
pareillement  par  des  voies  commerciales  les  différentes 
parties  de  cette  province  entre  elles  et  avec  la  péninsule 
italique13.  Toutes  les  voies  du  sud  et  de  l’ouest  aboutis¬ 
saient  à  Bordeaux,  grande  place  de  commerce  sur 
l’Océan  u.  Une  route  menait  de  Bordeaux  à  la  Loire  et 
en  Belgique  par  Saintes,  Tours  et  Paris  ;  une  autre  con¬ 
duisait  à  Lyon;  une  troisième  rejoignait  l’Espagne  par 
Dax,  et  une  quatrième  par  Toulouse,  traversant  les 
Cévennes,  rejoignait  le  réseau  de  la  Gaule  Narbonnaise. 
Celles  de  l’est  avaient  leur  centre  à  Trêves,  qui  commu¬ 
niquait  ainsi  directement  avec  Lyon  d’une  part,  et  la 
Germanie  de  l’autre.  De  Lyon  partaient  toutes  les  voies 
du  centre  et  du  nord13  :  celle  de  la  Loire,  celle  de  la 
Seine,  celle  de  la  Manche  qui  gagnait  par  Reims  et 
Amiens  le  port  de  Boulogne  16  où  venaient  aboutir  les 
marchandises  de  la  Grande-Bretagne;  celles  de  Ger¬ 
manie,  celles  de  la  Suisse,  et  enfin  la  voie  qui  franchis¬ 
sait  les  Alpes  Grées  au  col  du  Petit  Saint-Bernard  et 
donnait  entrée  dans  la  Transpadane  et  dans  la  Cisalpine. 
La  situation  de  Lyon  au  cœur  du  réseau  routier  en  avait 
fait  la  place  de  commerce  la  plus  importante  de  la  Gaule  ”, 


V  f  -,IS<  1  '  —  2  Cassiod.  Var.  VI,  7.-3  JYotitia  dign.  éd. 

y'j  P  15  01  P-  152;  Cad.  Just.  I,  52,  1  ;  IV,  63,  4.  —  V  Notifia  dign. 

-Vwi  ■P’  Ui;  CaS8iod-  Var-  Vl1’  9-  23’  —  8  Cod-  JusL  lV>  *9.  *• 

2(<(o  /p* Op-  oit.  II,  p.  393.  _  7  Dig.  XIV,  1  (de  exercitoria  actione), 
XXII  ;  jactu),  3  (de  institoria  actione),  4  (de  tributoria  actione ); 

„or  nfl'  '  t°enore);  L,  1 1  (de  nundinis)  ;  Cod.  Just.  IV,  33  (de  nautico  foe- 

{^(i ,  '  11  nundinis  et  mercationibus),  6  (de  commerciis  et  mercatoribus)  ;  XI,  1 

milihui)  "  n l  ' 1  de  lollenda  luslralis  auri  collatione)  ;  XII,  35  (negotiatores  .ne 
n0lls  ' :n  simplifier  les  références  qui  eussent  été  interminables 

fywevldicl,  '  °I,IS.  Une  I'°*s  l'eue  toutes  aux  ouvrages  suivants  :  Blümucr,  Die 
P,e  Hau  u  /  ^rtflkcit  der  Vôlker  des  klassischen  Alterthums  ;  Bücliseuschülz, 
o'it/Av  /!(,  des  Geu'erb/leisses  im  klassischen  Altertlium  -,  Wiskcmann,  Die 
Mlcrn  dnn" I  ^>SC^a(t  und  das  von  Thünen'sche  Gesels  aus  den  alten  Schrifts- 
France  V  ''  p,.il8  e1,  Bu‘v-  I  Pastoret,  Mémoires  de  l’Institut  royal  de 
drr,  |()’  '  ‘ll  01  su'v>  î  t  n,  p.  125  et  suiv.  ;  Marquardt,  Vie  privée,  II  ;  Friedlau- 
Blache,  la  car(  ’"'neis  (lr-  Pr0>  III.  Voir  aussi  dans  V Atlas  général  do  Vidal  de  la 
tienne.  —  u  v |  ' 1  lal  économique  du  monde  ancicu  au  u*  siècle  de  l’ère  chré- 

III,  4,  4.  —  10  Ibid.  111,  4,  9.  Sur  les  routes  et  les  ports  de 


l'Espagne  à  l'époque  romaine,  voir  les  articles  de  Blasquez  daus  le  Hui.  de  la  Soc. 
geogr.  de  Madrid ,  t.  XXXII  et  sniv.  —  «  -46  Jano  unde  incipit  Bactica  ad  ocea- 
num  ( Corp .  inscr.  lat.  II,  4697  et  suiv.  ;  4920  et  suiv.  ;  4949  et  suiv.)  ;  cf.  Mommsen, 
Bist.  rom.  IX, p.  93.  -  12  Voir  fig.  396  el  C.  inscr.  lat.  XI,  3281-3284,  V Itinéraire  de 
Gadès  à  Borne,  gravé  sur  des  gobelets  d'argent  offerts  aux  dieux  par  des  voyageurs 
espagnols  et  retrouvés  à  Vicareilo  ;  les  distances  y  sont  indiquées  en  milles  romains. 
—  13  Desjardins,  Géogr.  de  la  Gaule  romaine,  IV,  p.  164  et  suiv.;  Pigeonneau, 
Hist.  du  commerce  de  la  France,  I,  p.  25  et  suiv.  ;  Jullian,  Gallia,  p.  130  j  Bloch, 
dans  VHist.  de  France  de  Lavisse,  I,  p.  427.  —  H  Strab.  IV,  2,  1  ;  cf.  Jullian,  Ins¬ 
cript.  de  Bordeaux.  —  13  Strab.  IV,  6,  11.  —  Pigeonneau,  Op.  cit.  p.  38;  Hai- 
gneré,  Études  d’histoire  et  de  bibliographie,  il»  4,  Portus  /tins  ;  Hamy,  Boulogne 
dans  l’antiquité  ;  Jullian,  Gallia,  p.  286.  Quand  les  marchands  bretons  ne  passaient 
pas  par  Boulogne,  ils  allaient  à  Rouen  ou  à  Nantes  pour  suivre  le  cours  de  la  Seine 
ou  de  la  Loire;  cf.  Pigeonneau,  Ibid.  p.  37  et  38.  —  17  Hirschfcld,  Lyon  in  der 
Bômerzeit;  AUmcr  ctDissard,  Trion  et  aussi  M  usée  de  Lyon, Inscr.  antiques-,  Bazin, 
Vienne  et  Lyon  gallo-romaines ,  p.  255  et  suiv.  ;  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  p.  248  et 
suiv.  ;  Bloch,  Bist.  de  France  de  Lavisse,  I,  p.  351  ;  Jullian,  Gallia,  p.  267  et  suiv. 
Pigeonneau,  Op.  cit.  p.  26. 


MER 


1778  — 


Cappadoce | 


OBJETS 

I)E 

CONSOMMATION. 

Tissus, 

ÉTOFFES, 

VÊTEMENTS. 

MATIÈRES 

P  R  E  M 1 ÈRES 
BRUTES 

OU  OUVRÉES. 

OBJETS 

DE  LUXE. 

Italie  . . .  .1 

Bestiaux  (Apulie. 
Brullium,  Cala¬ 
bre,  Campanie, 
elc.). 

Blés. 

Huiles  (de  Véna- 
fre,  de  Campa- 
ie). 

v’ins(Falerne, Mas¬ 
sique,  Cécube, 
etc.). 

Tissus  de  lin. 
Draps. 

Laines. 

Bois. 

Bijoux  (d’Étruric). 

Bronzes  (ld.  ). 

Chevaux. 

Parfums  (de  Cam- 
panie). 

Poteries. 

Soufre  (de  Na¬ 
ples). 

Safran  (de  Ta- 
rente). 

Sicile . |  Blé. 

Tissus. 

Cuirs. 

Chevaux. 

Malte .  » 

Cotonnades. 

» 

» 

Jardaigne.  1  Blé. 

» 

» 

» 

Espagne. .- 

(Artichauts  (de 

Cordoue). 

Blé. 

Jambons  (de  Gal- 
!  licie). 
iGarum. 

'Huîtres. 

Vins. 

Huile  (de  Merida). 
Miel. 

Toiles. 

Draps  et  tissus  de 
laine  fins  (de 
Cordoue,  de  Tur- 
détanie,  de  Lusi¬ 
tanie). 

Cire. 

Cuirs. 

Fers  et  aciers  (de 
Bilbilis,  de  To- 
lède,de  Turiaso). 
Cuivre. 

Étain. 

Argile. 

Minium. 

Chevaux. 

,  F' roulages. 

[  Huîtres  (de  Bor- 
1  deaux). 

Gaule  ....  Muria  (d’Antibes). 
1  Salaisons. 

Vins. 

Toiles  (des  Cardu- 
ques,  des  Bilu- 
riges,  des  Ku 
tènes,  etc.). 

Draps  (des  Atré- 
bates,  des  Fan- 
tons,  etc.), 

Cuirs. 

Cuivres  trempés. 

Bijoux. 

Poteries. 

Verreries. 

Chevaux. 

Bretagne . 

Blé. 

Huîtres. 

Jambons. 

Tissus. 

Cuirs. 

Métaux  (étain  et 
plomb). 

Chiens  (d’Écossc). 

Germanie. 

Tissus. 

Fers  ouvrés. 
Cuirs. 

Ambre. 

Plumes. 

Esclaves. 

Sangliers. 

[llyricum  . 

/Bestiaux. 

^ 11 ui  le. 

(Muria. 

fVius  (de  Dalma- 
tie). 

Tissus  (de  Spa 
lato,  d’Hlyrie,  de 
Noricum). 

Teintures  (de  Sa- 
lona). 

Peaux. 

Fers  et  aciers. 

Parfums. 

Esclaves. 

Thrace 
it  Scythie. 

Blé. 

Muria(de  Byzance) 
Vins. 

*ï» 

» 

Emeraudes. 

Blé  (de  Béotie). 

Huile(de  Sicyone). 

Miel  (de  l’Hy- 
melle,  des  Spo- 
rades). 

Vin  (Argos,  Si¬ 
cyone,  Cos, 
Chios,  Lesbos). 

Chaussures  (de 
Thcssalie). 

Étoffes  légères 

(byssus). 

Étoffes  brochées 
d’or. 

Tissus  (de  Lacé¬ 
démone). 

Airain  (de  Co¬ 
rinthe). 

Marbre  (Penlé- 
lique  ,  Paros  , 

Chios). 

Maroquins  (de  La¬ 
conie). 

Laines  (d’Attique, 
de  Mégare,  de 
Laconie). 

Blanc  de  céruse 
(de  Rhodes). 
Parfums  :  iris 
(de  Corinthe); 
myrrhe  (de  Béo- 

| 

\ 

tic). 

Pourpre  (de  La¬ 
conie). 

Chevaux. 

Asie  ^ 
Mineure.  ^ 

\ 

Figues  (de  Carie). 

Garum  (de  Clazo- 
mènes). 

Vins  (de  Lamp- 
saque,  de  Cv- 
zique,  de  Per- 
game,de  Smyrne, 
de  Clazomènes, 
etc.). 

Cotonnades. 

Etoffes  brochées. 

Tissus  divers. 

Bois  (du  mont  Ida). 
Cinabre  (d'E- 
phèse). 

Laine  (de  Milet  et 
de  Laodicée). 
Marbre. 

Parchemin  (de 

Pergamc). 

Corail. 

Encens. 

Esclaves. 

Gomme. 

Parfums. 

Pierres  pré- 
cieuses. 

Poteries  (de 
Tralles). 

^afran(duTmolus) 

(Fromages. 

Bithynie  .  '.Vin  (de  Nicomé- 
(  die). 

» 

>' 

P 

éCastoreum  (li- 

Pont . hUrr)- 

iMiel. 

(Salaisons. 

Tapis. 

Alun. 

lire. 

terres  pré¬ 
cieuses. 

Cermillou  (de  Si* 
nope). 

OMETS 
DE 

CONSOMMATION. 


Pisidie  . . .  j 


Lycie  et  (Jambons 


Cilicie 


Chypre . 


Vins. 

Figues  sèches. 


Colchide. . 


Parthie 


de. . . | 


Perse 


Assyrie. . .  ) 
Mésopotamie..! 


Syrie  et 
Phénicie. 


I  Damas). 

!  Vins  (de  Byblos, 


de  Sure 
Damas). 


\ 


/Vins  (de  Pélra). 


Arabie  , 


1 


Inde 


Chine  . . 


I  Blé. 

1  Lentilles. 

ISalai'Oiis. 

IVins. 


Égypte. 


Cuéoaïque . 


Afrique 


/Artichauts 
Carthage). 
[Blé. 
IDattes. 
IGarum  (de 
lis. 

llluilc. 


(de 


Lcp- 


TISSUS, 

ÉTOFFES, 

VÊTEMENTS. 

MATIÈRES 

PREMIÈRES 

brutes 

OU  OUVRÉES. 

"  4 

- - - 

Cuirs. 

'■aine  (de  Selgé). 

Tissus. 

Maroquins. 

» 

Cuirs. 

Toile  (de  Tarse) 

Souliersdefcutre 

Lia. 

Etoiles  brochées. 

Cuivre. 

RloflVs  de  lin. 

Fer(desClialybcs). 

Laine  (des  C0- 
raxes). 

» 

Maroquins  (rou¬ 
ges). 

Chaussures. 

Tissus. 

» 

Tissus  de  soie. 

Maroquins  (de  Ba- 
bylone). 

Tissus  de  lin. 
Tissus  riches. 
Étoffes  brochées 

Maroquins  (de 
Phénicie). 

Cèdre  (Bois  de). 

» 

» 

Colonnades. 

Fourrures. 

Soieries. 

Soie. 

Coton  uades. 

Toiles. 

Étoffes  brochées. 
Tapis. 

Amidou. 

Lin. 

» 

. 

Tissus  (de  lin). 

Cuir. 

!,aine. 

Lin. 
voire, 
d arbre, 
iponges. 

'ourpre  (de  Mc- 
ninx,  de  Mauré¬ 
tanie). 

Tuya  (de  Mauré¬ 
tanie). 

ODJETs 
bE  LU\E. 


Safran. 

Parfums 
Tarse). 

Pourpre. 

Parfums. 


Esclaves. 


(do 


Fauves. 


Parfums. 

Fauves. 


Bilumc  (de  Judée) 
Cèdre  (Huile  de), 
Encens. 
Esclaves. 
Parfums, 
Pourpre  (de  Tyr 
de  Sarapla). 
Pierres  pré 
cieuses. 

Verrerie  (de  Si 
don). 


Encens. 

Myrrhe. 

Épices. 

Pierres  pré 
cieuses. 

Cinnamc. 

Épices. 

Encens. 

Parfums. 

Myrrhe. 


cieuses. 


cieuses. 


Parfums  (»‘l 
pliium)- 


Bélcs 


snuvag1 


(éléphant, 

truclie , 
onagre). 


lion 


MER 


—  1779  — 


MER 


d'autant  plus  q>ie 


par  le  Rhône  elle  était  en  communi¬ 


cation 


directe  avec  la 


mer.  Venait  ensuite  la  ville  d’Arles, 


i  et  nœud  des  routes  terrestres  de  la  vallée 


nrf  mari  tune 

PÜ1  ■  mise  par  là  même  en  relation  immédiate  avec 
llll"|1'1  iiïtaüe  d’une  part,  d’autre  part  avec  la  Ligurie 
^ Domitienne  et  la  voie  Aurélienne,  avec  Lyon 
i  remontait  la  r i ve  gauche  du  Rhône  et  avec 


,ar  ia  voie 


la  route  qu 


P; 

K  iaine  par  la  voie  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
n  i  varies,  il  faut  encore  citer  comme  port  important 
la  Méditerranée,  Narbonne,  située  sur  un  bras  de 
l’Aude,  qui  avait  accès  au  Rhône  par  les  étangs2. 
Ces  moyens  de  communication  eussent  été  singulière¬ 
ment  améliorés  encore,  si  l’on  eût  réussi  à  les  doubler 

•u- des  canaux  destinés  à  réunir  l’une  à  l’autre  les  diffé¬ 
rentes  voies  fluviales.  Tels  qu’ils  étaient,  ils  ont  permis 
d’apporter  régulièrement  à  Rome  tous  les  produits  de  la 
Bretagne  (l’étain  en  première  ligne) 3,  de  la  Germanie 4  et 
des  trois  Gaules  5. 

Pays  Danubiens.  —  A  l’est,  l'Italie  était  en  communi¬ 
cation  avec  les  pays  Danubiens  par  Aquilée6,  où  conver¬ 
geaient  toutes  les  routes  venant  de  l’Illyricum7.  Par  le 
mont  Ocra*  le  point  le  plus  bas  des  Alpes  orientales,  on 
voitura.it  les  marchandises  d’Aquilée  à  Nauportus,  sur 
la  Laibach  d’où  elles  descendaient  jusqu'à  l’ister,  pour 
se  répandre  en  Pannonie  ou  chez  les  Taurisques8.  C’est 
parla  que  Rome  livrait  aux  Barbares  du  vin,  des  salai¬ 
sons,  de  l’huile,  par  là  que  lui  arrivaient  les  esclaves, 
les  bestiaux,  les  pelleteries,  le  fer  du  Norique  et  l’ambre 
des  bords  delà  Baltique 9. 

Bosphore.  —  Les  relations  avec  le  Bosphore  avaient 
une  certaine  importance.  Les  grands  entrepôts  de  ce 
côté  étaient  Tanaïs,  à  l’embouchure  du  Don,  et  les  deux 
villes  voisines  de  Panticapée  et  de  Phanagorie.  Tanaïs 
servait  d’emporium  commun  aux  nomades  de  l’Europe 
et  de  l’Asie,  et  aux  Grecs  du  Bosphore,  qui  traversaient 
le  Palus  Méotide  pour  s’y  rendre.  Les  premiers  y  appor¬ 
taient  des  esclaves  et  des  pelleteries,  les  seconds  des 
tissus  et  du  vin  qui  trouvaient  à  s’y  échanger  avanta¬ 
geusement10.  Panticapée  et  Phanagorie,  qui  n’étaient 
séparées  que  par  l’embouchure  du  Maeotis11,  se  complé¬ 
taient  l’une  l’autre;  les  denrées  provenant  du  Palus 
Méotide  et  des  pays  barbares  arrivaient  à  la  seconde 
GHe,  la  première  recevait  les  marchandises  venues  du 
Pont-Euxin12. 

(ii'cce.  —  Par  contre,  le  commerce  de  la  Grèce  était 
tien  déchu  de  son  ancienne  activité.  Depuis  que  Rhodes 
et  brios  avaient  cessé  d’être  les  étapes  commerciales 
enlre  1  Asie  et  l’Europe,  les  produits  de  l’Orient  se  diri¬ 
geaient  directement  vers  l’Italie  ;  cette,  révolution  avait 
P01  té  un  grand  préjudice  à  la  prospérité  des  affaires.  Il 
O  '0,iil  plus  guère  de  vitalité  que  dans  la  ville  de 
v^.l,ie  ;  ses  deux  ports,  tournés  l’un  vers  l’Asie,  l’autre 
IS‘  Italie,  lui  assuraient  une  situation  particulièrement 

^  Ce  ' 

p.  288  c/  ,."SC’ '  ^ ’  XII,  P-  83;  Bloch,  Op.  cit.  p.  338  ;  Jullian,  Op.  cit. 
I,  ,e/UlïV  Pigeonneau’  °P-  cit.  p.  35.  —  2  Diodor.  V,  38,5;  Slrab.  IV, 
Essai  sur'ri  "lSC’  '  t,lt'  Xl1’  P‘  521  I  Pigeonneau,  Op.  cil.  p.  34  ;  C.  Port, 

S  ;  cf  q  "Stoire  du  commerce  maritime  de  Narbonne ,  1854.  —  3  Strab.  IV,  2, 
h  ,Yi„e,  ''  !"SCI  ‘  ^H.  Sur  les  roules  romaines  do  Bretagne,  voir  Paley,  dans 
Schneider  Di  XLIV,  1898,  p.  840.  —  4  Pigeonneau,  Op.  cit.  p.  37;  cf. 

tm  deutschen  ri^en  ^,er  un<^  Elandelswege  der  Germanen  Borner  und  Franken 
textes  réunis  H  6  ®ur  le  commerce  en  Gaule  à  l'époque  romaine,  voir  les 

st  du  comi)  '  "mnicnU'S  par  Fagniez,  Documents  relatifs  à  l'histoire  de  l'industrie 
V,  1,8  çor  /"  1  >ance,  I,  p.  1-41  ;  cf.  Desjardins,  Op.  cit.  I,  p.  409.  —  6  Strab. 

I.  c. _ b  p,;,'  ,n°a''  lat '  !l1’  P-  83-  —  1  Strab.  IV,  6,  10;  VII,  5,  2.  —  8  Strab. 

rfer  G/-iec/ze,i  ^ na*‘  X  X  X  Y 1 1 ,  45  ;  cf.  J.  N.  v.  Sadowski,  Die  Handelsstrasscn 
'<d ItOmer  durch  das  Flussgebiet  der  Oder,  Weichsel,  des  Dniepr 


favorable  que  rien  ne  pouvait  ruiner13.  On  (avait  même 
projeté,  pour  abréger  le  voyage  de  la  mer  Égée  à  la  mer 
Ionienne,  de  percer  l’isthme  ;  César  en  avait  eu  l’idée; 
l’œuvre  fut  commencée  par  Caligula,  reprise  par  Néron 
et  finalement  laissée  en  suspens14.  On  dut  continuer, 
comme  par  le  passé,  à  transborder  les  marchandises  d'un 
rivage  à  l’autre. 

Asie  Mineure.  —  La  prospérité  de  l’Asie  Mineure  venait 
en  grande  partie  de  son  commerce  ;  celui-ci  vivait  surtout 
de  la  production  locale,  des  laines  et  des  étoffes  tissées 
d’Angora,  des  broderies  d'or  d’Attale,  des  draps  de 
Laodicée.  L’Asie  recevait  aussi  d’Orient,  en  transit, 
différents  articles,  entre  auLres  un  grand  nombre  d'es¬ 
claves  amenés  par  les  marchands  galales  15.  Cependant 
le  grand  mouvement  d’exportation  et  d'importation  ne 
passait  pas  par  là.  Le  premier  port  de  la  province  était 
Éphèse,  entrepôt  général  des  marchandises  d'Italie  et  de 
Grèce10.  Strabon  la  nomme  la  place  de  commerce  la  plus 
importante  de  toute  l’Asie  en  deçà  du  Taurus17,  malgré 
les  bas-fonds  qui  obstruaient  l’entrée  du  port18. 

Syrie.  —  La  Syrie  occupe,  avec  l’Égypte,  la  première 
place  dans  l’histoire  économique  de  l’empire  romain. 
Tout  d’abord  un  grand  nombre  d’industries  importantes 
pour  l’exportation  étaient  en  honneur  dans  le  pays,  telles 
que  celles  de  la  toile,  de  la  pourpre,  de  la  soie,  du  verre. 
Laodicia,  Byblus ,  Tyrus ,  Berytus  linteamen  omni  orbi 
terrarum  emittunt ,  dit  un  géographe  ancien19.  Tyr  est 
aussi  célèbre  par  sa  pourpre20,  que  certaines  villes  du 
voisinage  comme  Sarepta,  Césarée,  Néapolis  de  Pales¬ 
tine  et  Lydda  produisaient  également  sous  le  Bas-Empire; 
on  y  travaillait  en  outre,  ainsi  qu’à  Béryte,  la  soie 
brute21  ;  Sidon  était  surtout  renommée  par  ses  ver¬ 
reries  22.  Tout  cela  était  fort  recherché  en  Italie,  et  la 
plus  grande  activité  régnait  dans  les  ports  de  la  côte 
syrienne,  Tyr,  Sidon,  Laodicée,  Gaza23.  C’est  que,  non 
contents  de  vendre  leurs  marchandises  aux  étrangers  qui 
venaient  les  chercher,  les  Syriens  n’hésitaient  pas  à  les 
leur  porter  eux-mêmes; les  capitaines  de  vaisseaux  consti¬ 
tuaient  dans  le  pays  une  classe  puissante24,  et  il  n’est 
pas  de  ville  commerçante  de  l’Orient  ou  de  l’Occident  où 
l’on  ne  trouve  établis  des  Syriens,  «  à  Salonae  en  Dalma- 
tie,  à  Apulum  en  Dacie,  à  Malacca  eu  Espagne,  principa¬ 
lement  en  Gaule  et  en  Germanie,  par  exemple  à  Bordeaux, 
à  Lyon,  à  Paris,  à  Orléans,  à  Trêves23  ».  On  sait  que  dans 
ces  villes  ils  possédaient  des  comptoirs  (stationes)  qui 
avaient  à  la  fois  pour  but  de  faciliter  les  opérations  com¬ 
merciales  de  leurs  compatriotes  et  de  propager  le  culte 
des  divinités  syriennes  en  pays  étranger20. 

Mais  ce  qui  faisait  surtout  la  fortune  du  commerce 
syrien,  c’était  la  masse  des  marchandises  qui  se  diri¬ 
geaient  d'Orient  en  Occident  par  les  roules  de  l’Euphrate. 
Deux  itinéraires  différents  étaient  suivis  par  les  mar¬ 
chands  qui  allaient  chercher  par  terre  dans  l’extrême 

und  Niémen  ;  Ilelbig,  Osscrvacioni  sopra  il  commercio  dell’  ambra  (Acad,  dei 
Lincei,  scr.  III,  t.  1, 1877).  —  10  Slrab.  XI,  2,  4.  —  H  Ibid.  VII,  3,  18.  En  hiver  ce 
canal  était  gelé  et  les  chariots  le  traversaient  sur  la  glace.  —  12  Ibid.  XI,  2,  10  ;  cf. 
Preller,  Ueber  die  Dedeutung  des  scliwarzen  Mceres  für  den  Handel  und  Verkehr 
der  altcn  Welt,  dans  scs  Ausgewâhlte  Aussâtze,  p.  441.  —  13  Slrab.  VIII,  6,  20. 

—  14  Sucl.  Ner.  19  ;  Dio  Cass.  LXI1I,  16  ;  Pliu.  IV,  10.  —  15  Mommsen,  Hist.  rom. 
X,  p.  142,  d'après  Ammicn,  XXII,  7,  8,  et  Claudicn,  In  Eutrop.  I,  59.  —  16  Strab.  XII, 
8,  15.  —  u  Ibid.  XIV,  1,  24.  —  18  Cf.  Falkener,  Epliesus,  p.  126  et  suiv. 

—  19  Totius  orbis  descriptio,  dans  Kiese,  Geogr.  lat.  min.  p.  110,  3t.  —  20  Strab. 
XVI,  2,  23.  —  21  Procop.  Hist.  arc.  23,  éd.  Dindorf,  III,  140.  —  22  Ibid.  2,  25; 
Plin.  Hist.  nat.  XXXVI,  26.  —  23  Ibid.  XVI,  2,  9-31.  —  24  Corp.  inscr.  gr.  4736A. 

—  26  Mommsen,  Hist.  rom.  XI,  p.  30  c  suiv.  avec  les  notes.  —  26  Mommsen,  L.  c. 
p.  30,  note  2;  cf.  Canlarelli,  Bull,  comun.  1900,  p.  124  et  suiv. 


MER 


—  1780  — 


Orient  les  denrées  de  luxe  et  surtout  la  soie  fréquentées 
depuis  une  époque  fort  reculée,  ces  voies  étaient  encore 
utilisées  presque  exclusivement  au  icr  et  au  n°  siècle  de 
notre  ère  La  plus  septentrionale  partait  de  la  mer 
Noire,  suivait  le  Phase  jusqu’à  Sarapane,  gagnait  par 
terre  le  Cyrus,  descendait  ce  fleuve  jusqu’à  la  mer 
Caspienne  ;  après  l’avoir  traversée,  les  voyageurs 
remontaient  l’Oxus  jusqu’à  la  rivière  Icare  et  pénétraient 
enfin  dans  la  Bactriane  3.  Une  autre  route,  plus  au  sud, 
sortant  de  la  Mésopotamie,  se  dirigeait  vers  le  nord  pour 
éviter  le  désert  situé  entre  la  Perse  et  la  Médie,  passait 
par  Ecbatane,  Rhagae,  le  délilé  des  portes  Caspiennes,  et 
aboutissait  soit  à  Hécatompyle  (aujourd’hui  Damegan) 
dans  la  Parthie,  soit  dans  l’Asie  par  Alexandrie  (ïïérat), 
soit  dans  la  Drangiane  par  Prophtasie  (Zarang).  Au  delà, 
à  l’entrée  du  Caboul,  se  trouvait  Ortospana,  où  se  croi¬ 
saient  les  caravanes  venant  de  Bactres  (Balk)  et  celles  qui, 
traversant  le  fleuve  Choès,  venaient  de  l’Inde  par  Taxila  L 
Ces  deux  grandes  voies  commerciales  aboutissaient  dans 
une  région  où  se  concentrait  le  commerce  avec  la  Sérique. 
De  là  on  pouvait  entrer  en  relations  avec  l’extrême 
Orient.  La  première  étape  vers  l’Asie  centrale  était,  sui¬ 
vant  Ptolémée  3,  le  lieu  nommé  la  Tour  de  pierre,  qui  exis¬ 
terait  encore,  dit-on,  sous  le  nom  de  Chasotoun  6.  «  C’est 
la  que  convergeaient  toutes  les  caravanes  parties  de  la 
Bactriane  et.  de  l'Inde,  pour  les  pays  situés  au  delà  du 
désert  de  Cobi,  et  connus  sous  le  nom  général  de  Sérique. 
A  quelques  journées  de  la  Tour  de  pierre  était  une  station 
au  passage  des  monts  Imaüs  (le  Belour  actuel);  là  les 
caravanes  se  réunissaient  afin  de  se  prêter  un  secours 
réciproque  dans  la  traversée  du  désert  qu’infestaient  des 
tribus  nomades  et  rapaces.  En  sortant  de  ces  gorges,  elles 
entraient  dans  le  Kachgar  et  se  dirigeaient  à  travers  la 
petite  Boukharie,  en  visitant  Aksou  et  Khotan  (Casia  et 
Auxaxia  de  Ptolémée),  jusqu’à  Sera-Metropolis  (Kan- 
Tcheou),  dernière  étape  connue  de  cet  itinéraire7.  » 

De  toutes  façons,  pour  passer  des  régions  d’extrême 
Orient  sur  le  sol  romain,  il  était  nécessaire  de  traverser 
le  pays  des  Parthes  :  or  ceux-ci  faisaient  pour  eux-mêmes 
le  commerce  des  denrées  de  luxe,  surtout  de  la  soie,  et 
ils  avaient  tout  intérêt  à  empêcher  les  relations  immé¬ 
diates  entre  l'empire  romain  et  les  pays  orientaux  ; 
d’ailleurs  l’état  intérieur  très  troublé  du  royaume  parthe 
et  son  hostilité  permanente  contre  Rome  empêchaient 
l’établissement  de  relations  commerciales  courantes.  Pour 
remédier  à  cet  état  de  choses,  on  s’avisa  au  n°  siècle 
d’établir  des  communications  directes  avec  l’extrême 
Orient.  La  guerre  qui  avait  éclaté  en  1G2  avec  les  Parthes 
et  qui  dura  quatre  ans,  le  pillage  de  Séleucie  et  de  Cési- 
plion,  étapes  importantes  du  transit,  la  peste  qui  désola 

1  Montesquieu,  Esprit  des  lois ,  XXI,  1 G  ;  Pardessus,  Mémoire  sur  le  commerce  de 
la  soie  chez  les  Anciens  (, Mém .  de  l’Acad.  des  Inscr.  XV,  p.  1  )  ;  Pariset,  Uist.  de  la 
soie  ;  T.  Yosbida,  Entwickelung des Seidenhandels  von  Alterthum  bis  zum  Ausgang 
des  Miltclalters  ;  Vidal  de  la  Blaclie,  Comptes  rendus  de  /’ Acad,  des  Inscr.  1896,  p. 
474.  —  2  f)e  Guignes,  Réflexions  générales  sur  les  liaisons  cl  le  commerce  des 
Romains  avec  les  Tartares  et  les  Chinois  {Mém.  de  l' Acad.  roy.  des  Inscr.  XXXH, 
p.  355);  Reinaud,  Relations  politiques  et  commerciales  de  l’Empire  romain  avec 
l'Asie  orientale  pendant  les  cinq  premiers  siècles  du  christianisme  (extrait  du 
Journal  asiatique)  ;  Journal  of  royal  asiat.  Society  of  Great  Rritain ,  XIX,  p.  298  ; 
XX,  p.  2,  269;  Richthofen,  China,  I,  p.  5J2;  Hirt,  China  and  the  roman  Orient  ; 
Berlioux,  Bull,  de  la  Soc.  de  géogr.  de  Lyon ,  1898,  p.  5.  —  3  Strab.  XI,  7,  3; 
Plin.  Hist.  nat.  VI,  52.  —  4  Sur  celle  route,  cf.  Strab.  XI,  8,  9  ;  9,  1  ;  XV,  2,  8  ; 
Ritter,  Erdkunde ,  VIII,  p.  693.  —  5  ptol.  VI,  13.  —  6  Pariset,  Hist.  de  la 
soie ,  p.  104,  note  2.  —  7  Pariset,  Op.  cit.  p.  105.  —  8  Sur  cette  expédition  com¬ 
merciale,  que  les  auteurs  chinois  représentent  comme  une  ambassade,  voir  Vidal  de 
la  Blache,  Note  sur  l'origine  du  commerce  de  la  soie  par  voie  de  mer  ( Comptes 


MER 


ensuite  l’Asie,  obligèrent  à  prendre 
mesures.  Alors  les  négociants 


de 


_ ^  •  g  nouvelleg 

la  Blachc,  peut-être  aussi  les  maisons"1/'  de 
syriennes,  résolurent  d’aller  chercher  e  C°mmorc« 
mer  les  matières  premières  dont  ils  vivaient '"/S  par 
du  commerce  grec  se  risquèrent  pour 


les  délégUég 

jusqu’au  Tonkin'.  Ceux  qui  nevouldent  fois 

loin  S  fi  P.nntPntm’ûnl  1  r.  «  U  ^  i i 


loin  se  contentaient  d’acheter  les"  soieUes^r 'ïîUSSi 
elles  arrivaient,  aisément.  «  Il  existai!  *  1  '  lldeoù 
dentale  de  la  Chine  et  sur  les  confins  d/déserTdef 'h-' 
un  grand  marché  de  produits  chinois  demandé,  ,  ’ 
caravanes  de  l’Occident.  De  là,  les  marchandises E 
transportées  à  travers  la  petite  Boukharie  vers  la  « 
triane,  puis  voiturées  vers  Barygaza  ou  amenées  JT 
sur  le  Gange  9.  Une  fois  arrivées  dans  l’Inde,  Illcs/ 
trouvaient  dans  les  mêmes  conditions  que  les  marclm 
dises  indigènes.  Les  unes  et  les  autres  n’étaient  plus  dans 
intérieur  de  l’Inde  comme  dans  le  reste  de  l'Orient 
répandues  par  l’entremise  des  caravanes10,  parce  rmè 
les  routes  étaient  belles,  sûres  et  praticables  aux  chariots 
Les  pèlerinages  vers  les  villes  saintes  comme  Ozène 
(Oudjei  n)  etTazara  (l’ancien  Deoghir), citées  parle  Périple, 
devenaient  1  occasion  de  marchés  où  le  commerce  se  liait 
à  la  dévotion.  Ainsi  se  fondaient  des  entrepôts  dans 
certaines  villes  du  centre;  les  marchands  du  Guzerat et 
du  Malabar  venaient  s’y  approvisionner  des  produits 
recherchés  par  le  luxe  des  Occidentaux,  puis  retournaient 
en  trafiquer  dans  les  ports  que  fréquentaient  les  navires 
arabes  et  égyptiens.  Les  principaux  marchés  maritimes 


oii  se  débitaient  les  soieries  étaient,  au  dire  du  Périple , 
le  port  de  Minnagara  (Al-Mansoura),  situé  à  l’embou¬ 
chure  de  l’Indus,  et  celui  de  Barygaza  (Beroak)  situé 
dans  le  golfe  de  Cambaye  11 .  Il  faut  sans  doute  y  joindre 
le  port  de  Muziris  (Mangalore)  situé  dans  la  Limyrique12, 
et  l’une  des  échelles  les  plus  importantes  de  la  côte  de 
Malabar  au  Ier  siècle13.  » 

De  ces  différents  ports,  les  navires  qui  ne  se  dirigeaient 
pas  vers  l'Egypte  par  le  golfe  Arabique,  gagnaient  le 
golfe  Persique  au  fond  duquel  était  situé  l'emporium  de 
Charax  u,  à  l’embouchure  du  Tigre.  Douze  milles  plus 
haut  se  trouvait  la  ville  de  Forath,  sur  le  bord  du  Pasi- 
tigris  :  c’était  le  point  de  départ  des  caravanes 1,1  qui, 
traversant  la  Syrie,  se  rendaient  à  un  port  d’embarque¬ 
ment  de  la  Méditerranée.  Un  des  principaux  entrepôts del 
transit  était  Pétra,  capitale  des  Nabatéens et  Fie  de 
deux  routes,  l’une  qui  débouchait  sur  la  mer  a  mmi, 
l’autre  qui  remontait  vers  Palrnyre  1  Palmyre,  belle  etl 
grande  cité,  établie  à  mi-chemin  entre  la  vallce  de  1  lui 
phrate  et  la  Méditerranée,  occupe,  plus  encore  que  1 1  lia,j 
une  place  importante  dans  l’histoire  des  roules  n"nmer  | 

rendus  de  l' Acad,  des  Inscr.  1897,  p.  520  cl  suiv.).  —  11  Peripl.  ma‘  ■  n 

cct  ouvrage  voir  l’édition  récente  de  B.  Fabricius,  Dcr  Périples  <<s  fîrijthrêc 
Meeres  von  einem  Unhekannten ;  Reinaud,  Mémoire  sur  le  péi  iph  1  ■wiüiqut&t 

{Mém.  de  Y  Acad,  des  Inscr.  XXIV,  2, 225  et  suiv.).  -  10  Heeren,;/ ^ 
du  commerce  des  peuples  de  l'antiquité (trad.  fr.),  III,  P-  403  cl /Sn.n.  ■  ,rai,yi  des  alh'n 
dische  Alterthumskunde ,  III,  p.  82  ;  Bohlen,  Ueber  IJandel  uni  s<  ^  j0iigsbergt 
Indiens ,  dans  les  Histor.  litterar.  Abhandl.  der  deutsch  Gesi  ^  Hist.nti. 

I,  p.  102.  —  H  Peripl.  mar.  Eryth.  39.  —  12  Ibid.  49  et  6*.  avec  l'Inde 

VI,  104.  —  14  Pariset,  Op.  cit.  p.  114  et  suiv.  Sur  les  relations  t  ^  rjnl|)0r. 

sous  l’Empire,  voir  aussi  Mommsen,  Hist.  rom.  XI,  p-  -47  et  suiv.  ^  assurer  la 
lance  de  ce  port  elles  efforts  que  firent  toujours  les  Romains  po  ^  (g4; 
jouissance,  cf.  Saint-Martin,  Recherches  sur  la  Mésènc  et  lu  l  1  ^  r)Jéin.  de 

naud,  Sur  le  commencement  et  la  fin  de  la  Mésène  et  de  la  h  ^""  aC  ^  ^  gijr  je  conip* 
cad.  des  Inscr.  XXIV,  2,  p.  155  et  suiv.)  ;  Plin.  Hist.  nat.  •  ^ ^  p.flel 

loir  de  Charax,  cf.  de  Vogue  cl  Waddington,  Mél.  de  numls™pUf  j~sl  nat.  V I,  !**• 
suiv.  —  1°  Et.  Quatrcmère,  Mém.  sur  les  Nabatéens.  ^ 


MER 


-  1 781 


MER 


centre  de  cara- 
ince;  elle  a  servi 


in'' r  ,f,t  pendant  toute  la  durée  de  son  existence,  entre 
enl11*".’  ,  jes  parthes  *•  Non  seulement  elle  coramu- 


](i  ja  Syrie.  Elle  constituait  le  < 

cill,eS  "'.a;  considérable  de  la  provir 
vanes  i  . 

d’e  _  t 

IeS  l(  "i'i"'ivee  Pétra,  mais  elle  était  reliée  directement  au 
""r'persique.  La  route,  partant  des  comptoirs  de 
fhnx  et  de  Forath,  passait  par  Vologesia  sur  l’Eu- 
l'ni!  2  son  prolongement  gagnait  Damas  3,  et  de  là 
}U' n0rts’  de  la  côte,  Tyr  et  Sidon.  De  Palmyre  partaient 
f  intervalles  fixes  des  caravanes  dans  les  deux  sens. 
QY-hirnt  des  entreprises  commerciales  fortement  orga¬ 
nises  par  des  associations  puissantes  :  celles-ci  avaient 
■■/leur  tète  des  hommes  considérables  dans  la  cité, 
descendant  de  vieilles  familles,  très  riches,  et  dont 
quelques-uns  arrivaient  même  à  l’ordre  équestre  4. 
Tonies  les  roules  qui  aboutissaient  à  Palmyre  furent, 
au  u°  siècle,  gardées  par  une  suite  de  fortins  qui  les 
défendaient  contre  les  attaques  des  Arabes  et  assuraient 
les  communications  s.  L’activité  des  transactions  qui  s’y 
opéraient  nous  est  nettement  indiquée  par  le  tarif  d’octroi 
que  l’on  a  découvert  il  y  a  quelques  années  à  Palmyre  et 
qui  remonte  à  l’année  137  de  notre  ère  6. 

La  ville  de  Bostra,  située  à  mi-chemin  de  Palmyre  et  de 
Pétra,  servait,  elle  aussi,  de  centre  de  transit  pour  les 
marchandises  orientales  L  Sa  longue  rangée  de  boutiques 
de  pierre,  qui  subsiste  encore  au  milieu  des  solitudes, 
atteste  le  rôle  commercial  qu’elle  a  joué  autrefois.  Une 
route  y  conduisait  directement  du  golfe  Persique  par 
Ezrâk  et  Salchat.  Par  là,  comme  par  Pétra  et  Palmyre,  les 
marchandises  de  l’extrême  Orient  et  de  l’Inde  pouvaient 
parvenir  aux  ports  d’embarquement  de  la  côte. 

Slrabon  indique  encore  une  autre  voie  de  communi¬ 
cation  entre  la  Syrie  du  Nord  et  la  vallée  de  l’Euphrate  8. 
Elle  passait  par  Anthémusie  où  l’on  traversait  l’Euphrate, 
non  loin  de  Bambycé,  coupait  le  désert  des  Arabes  Scé- 
nites  dans  la  direction  de  la  frontière  babylonienne  et 
atteignait  la  ville  de  Scenae  qui  était  à  18  stades  de  Séleu- 
cie.  «  Dans  le  trajet,  dit  Strabon,  on  rencontre  des  hôtel¬ 
leries  tenues  par  des  chameliers  et  toujours  bien  pourvues 
deau.  1ms  Scénites  n’inquiètent  pas  les  marchands,  qui 
le  savent  et  qui  s’engagent  hardiment  dans  le  désert.  » 
Arabie.  —  L’Arabie  est  un  des  foyers  les  plus  anciens 
du  commerce  par  terre  comme  par  mer;  ses  productions  : 
encens,  pierres  précieuses,  gomme,  aloès,  séné,  myrrhe, 
Udees  de  toute  sorle,  ont  toujours  été  très  recherchées  9; 
cl  de  plus,  les  habitants  du  pays  possédaient  essentielle- 
uii  nt  le  tempérament  commerçant l0.  Par  des  routes  de 
eil(  i  suivies  de  toute  antiquité,  ils  amenaient  leurs  pro- 
,l  la  côte,  en  traversant  le  désert,  jusqu’aux 


comptoirs  du  golfe  Arabique,  Aelanaet  Leukê-Cornê,  d’où 
l’on  gagnait  les  entrepôts  de  Pétra etde  Gaza".  Pline  nous 
apprend  que  les  transports  de  la  côte  arabique  à  Gaza 
étaient  fort  dispendieux  à  cause  des  frais  de  route  de 
toute  sorle  qu’on  avait  à  solder  (droits  de  pâturage, 
eau,  caravansérails,  redevances  aux  prêtres  et  aux  scribes 
royaux,  gardes,  serviteurs,  etc.)  ‘2.  On  pouvait  employer 
aussi  le  transport  par  eau.  Il  suffisait  aux  caravanes  de 
gagner  Aden;  là  les  marchands  prenaient  la  mer  et 
remontaient  par  le  golfe  Arabique  jusqu’aux  ports  d’où 
elles  gagnaient  les  marchés  de  Syrie  ou  d’Égvpte  ,3. 

Un  autre  comptoir  non  moins  important  qu’Aden  et 
qui,  comme  lui,  servait  d’étape  pour  les  relations  entre 
l'Inde  et  l’Europe,  était  Mouza,  à  l’entrée  du  golfe 
Arabique14.  Les  habitants  de  cette  ville,  hardis  marins, 
poussaient  jusqu’à  Barygaza,  échangeant  les  produits  de 
la  Syrie  et  de  l’Italie  contre  les  denrées  orientales. 
L’encens,  en  particulier,  qui  se  cultivait  surtout  sur  la 
côte  méridionale  de  l’Arabie  et  jusqu’à  la  pointe  des 
Aromates,  était  apporté  par  les  marchands  de  Mouza  pour 
se  répandre  ensuite  dans  tout  te  monde  15. 

Egypte.  —  Mais  ce  n’est  pas  vers  la  Syrie  que  se  diri¬ 
geaient  la  plupart  des  marchandises  qui  entraient  dans 
le  golfe  Arabique  :  la  côte  égyptienne  leur  offrait  plus 
d’avantages  et  l’on  préférait  à  la  longue  route  de  terre 
vers  Pétra,  la  route  fluviale  plus  aisée  vers  Alexandrie. 
Sur  la  mer  Rouge iC,  deux  ports  surtout  s’offraient  au 
commerce11.  Le  premier,  Bérénice,  n’était  pas  loin 18 ;  les 
navires  y  déchargeaient  leur  cargaison  et  allaient 
mouiller  ailleurs;  aussi  les  marchands  abordaient-ils 
plutôt  à  celui  de  Myos-Hormos,  situé  plus  au  nord;  les 
auteurs  le  signalent  comme  le  premier  port  de  l’Égypte19; 
il  a  près  de  deux  lieues  d’étendue  et  est  fermé  du  côté 
de  la  pleine  mer  par  deux  grandes  îles  basses  et  par  un 
ilôt  beaucoup  plus  élevé.  Il  devint  à  l'époque  romaine 
le  rendez-vous  des  négociants  de  tous  les  pays20.  De 
Myos-Hormos  les  colis  étaient  chargés  à  dos  de  chameau 
et  portés  à  travers  le  désert  qui  sépare  la  mer  Rouge  du 
Nii  jusqu’à  Coplos21,  où  aboutissait  aussi  une  route  de 
caravane  venant  de  Bérénice22  :  la  ville  de  Coptos  était, 
au  dire  de  Pline,  indicarum  arabicarumque  mercium 
Nilo  proximum  emporium2* .  Le  même  auteur  nous 
apprend  que  le  chemin  était  divisé  par  des  caravansé¬ 
rails  munis  de  réserves  d’eau,  ce  que  confirment  et  le 
témoignage  d’autres  auteurs 24  et  une  inscription  trouvée 
à  Coptos  même2'.  Cet  entrepôt  était  à  six  ou  sept  jours 
de  marche  de  Myos-Hormos,  à  onze  jours  de  Bérénice  ;  il 
resta  pendant  toute  l’époque  impériale  le  nœud  des 
communications  entre  le  Nil  et  la  mer  Rouge.  Quant  au 


diL!!,"m''r°n’  °P'  CiL  X’  277‘  -  2  Plin-  /IisL  nat-  VI<  lis=  Wa< 
ticinann  '  _  î  cf.  Hoeren,  De  commerçais  urbis  Palmyr 

Politii'i, rT  "rbUm  dans  Comment.  Societ.  Goetling.  II  (1832), 
-.3  Kacluu  commerce  ^cs  peuples  de  l’antiquité ,  II,  p.  141  et  su 
-  6  \Va,'|  i"  *',Se  Syrien’  ,8S:!-  P-  23  et  suiv.  —  4  Waddington,  2600  el  sui 
Tiachonni  “’94,  --70,  2271, 2280,  2371  ;  cf.  Wetzstein,  Jleise  in  den  beid 

Voguii,  luscr"  lf’da"S.  Ia  Zeitschrift  fil’’  allgem.  Erkunde,  1859-1861.  —  6  1 
lin.  je  itil ’  mJr*’nwnnes  inédites  ;  un  tarif  sous  l'Empire  romain  ;  R.  Cagm 
l‘uhn\jra  ,,,  "':l’  '  P'  133  ;  Dossau,  Hernies ,  XIX,  p.  486  et  suiv.;  Lasarei 

Hitler,  Erdhn  T c^aeo^  Untersuchung.  —  7  Mommsen,  Hist.  rom.  XI,  p.  5 
S„i,_8s,a,'"xX''  01  Sll'v.;  Pauly-Wissowa,  Realencyclop.  Il,  p.  789 

;  sur  l,.s  ;  *’  —  9  Pauly-Wissowa,  Realencyclop.  II,  p.  334 

suiv. _ ]q  ^  a*'°ns  commerciales  de  l’Arabie  avec  les  pays  voisins,  Ibid.  337 

-Il  Strab.  XVI  XVI’  4’  22  Ct  23  ’  Plin-  Bist-  nat-  vl>  lti2;  Amrn.  XIV,  8, 
63.  ij  i-,  18  el  24  ;  Peripl.  mar.  Eryth.  19.  —  1-  Hist.  nut.  X 

tuent  tntfic,,  \  """  \  ^rDth.  26.  —  14  Pline  dit  de  ce  port  (Hist.  nat.  VI,  104 

fores,  niais  non  Petit,  nec  nisi  thuris  odorumque  arabicorum  merc 

ni  du  Périple  de  la  nier  Érythrée  (21)  nous  apprend  le  contrair 


l.a  prospérité  de  Mouza  est  donc  postérieure  à  Pline  et  remonte  à  la  lin  du  i'r  siècle 
(cf.  sur  la  date  du  Périple,  Geogr.  graec.  min.  éd.  Muller,  I,  p.  90,  168,  el  Glaser, 
Ausland ,  1891,  p.  45  et  suiv.).  —  13  Peripl.  mar.  Eryth.  16,  21  et  24;  cf.  Ptolem. 
VI,  77  et  Plin.  VI,  104.  — •  **>  Lieblcin,  Handel  und  Schiffahrt  auf  dem  rothen 
Afeere  im  Alterthumer.  —  >7  Peripl.  mar.  Eryth.  1.  —  18  Slrab.  XVII,  I,  45  ,  Plin. 
Hist.  nat.  VI,  103.  Sur  Bérénice,  cf.  Pauly-Wissowa,  Realencyclop.  III,  281. 
—  19  Slrab.  XVI,  4,  5  ;  Peripl.  L.  c.  ;  cf.  au  sujet  de  ce  port,  Wilkinson,  Journ.  of 
tlic  geogr.  Soc.  of  London,  11,  1832,  p.  50  ;  Rozière,  daus  la  Descr.  de  V Égypte,  VI, 
p.  346  et  Muller,  Geogr.  min.  I,  p.  167  (note)  ;  Lelronnc,  Rec.  des  inscr.  de  l’Égypte, 
I,  p.  176  et  suiv.  —  20  C’est  de  Bérénice  et  de  Myos-Hormos  que  partait,  au  i«r  siècle, 
le  négociant  anonyme  auteur  du  Périple  de  la  mer  Érythrée.  —  21  Sur  la  roule  de 
Bérénice  à  Coptos,  voir  Schwarz,  Eine  Welthandelsstrasse,  dans  les  Neue  Jahr- 
biiclter  für  Philologie,  l.  OXLV,  1893,  p.  635.  —  22  Slrab.  XVII,  1,  45.  —  23  plin. 
Hist.  nat.  I,  60  el  VI,  102;  cf.  Xcnoph.  E plies.  IV,  2;  Arist.  Or.  48,  p.  485,  éd. 
Dindorf.  —  24  ltin.  Anton,  p.  171.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  III,  6627  ;  cf.  p.  1210  et 
1211.  Hadrien  construisit,  à  son  tour,  une  route  (|ui  menait  d’Antinoupolis  à  Myos- 
Hormos  (Rev.  arch.  XXI,  1871,  p.  314);  mais  le  commerce  ne  semble  pas  s’y  être 
habitué  (Mommsen,  Hist.  rom.  XI,  p.  243,  note  t). 


“2-21 


MER 


—  1782  — 


canal  qui  unissait  celte  mer  au  fleuve  et  par  là  à  la 
Mediterranée,  œuvre  des  Pharaons  continuée  par  les 
1  tolemées1,  il  ne  joua,  semble-t-il,  qu’un  rôle  secondaire 
pendant  1  Empire;  on  préférait  descendre  le  Nil  jusqu'à 
Alexandrie2. 

C  est  par  l’Egypte  également  que  Rome  était  en  rela¬ 
tions  commerciales  avec  l’Éthiopie  3  et  le  royaume  des 
A xo umites.  Ceux-ci  fournissaient  aux  Occidentaux  des 
produits  rares  et  recherchés,  surtout  les  défenses  d’élé¬ 
phants  elles  cornes  de  rhinocéros*;  les  rois  du  pays 
axaient  établi  pour  la  facilité  des  communications  une 
route  directe  entre  leur  capitale  Axoum  et  la  frontière 
romaine  J,  ce  qui  n’excluait  pas  les  relations  par  mer  : 
le  port  du  royaume  était  Adule,  ou  Adulis,  dans  la  baie 
de  Massouah6.  Le  commerce  d’importation  et  de  transit 
était  donc  considérable  en  Égypte.  A  l’époque  des  Lagides, 
les  habitants  grecs  n’étaient  guère  que  les  intermédiaires 
entre  les  marchands  arabes  et  syriens  elle  monde  médi¬ 
terranéen  ;  toute  la  politique  des  Lagides  tendit  à 
conserver  ce  monopole  de  commission,  non  à  se  substi¬ 
tuer  aux  Arabes  pour  aller  chercher  les  denrées  dans  les 
pa\s  qui  les  produisaient  '.  Les  empereurs  eurent  des 
visées  plus  hautes.  Ils  arrivèrent  à  leur  but,  suivant 
M.  Mommsen  8,  «  non  point  en  interdisant  par  une  loi 
1  accès  des  ports  égyptiens  aux  bâtiments  arabes  et 
indiens,  mais  en  leur  imposant  des  droits  différentiels 
qui  leur  en  fermaient  réellement  l’entrée;  la  situation 
commerciale  ne  peut  avoir  été  aussi  subitement  modifiée 
que  par  un  acte  de  cette  sorte  accompli  en  faveur  des 
négociants  indigènes  ».  Comme  le  chiffre  des  affaires 
augmentait  en  même  temps,  on  chercha  un  moyen  de 
satisfaire  plus  pleinement  et  plus  vite  à  la  demande.  Ce 
tut  Hippalos  qui  trouva  la  solution,  au  temps  de  Néron, 
le  jour  où,  ayant  appris  à  utiliser  la  mousson,  il  osa 
quitter  le  voisinage  des  côtes,  en  sortant  du  golfe 
Arabique,  et  se  diriger  en  droite  ligne  vers  l’Inde  par  la 
pleine  mer  '.  Dès  lors  le  voyage  était  plus  court,  et  un 
navigateur  expérimenté,  habile  à  profiter  des  vents 
favorables,  était  à  peu  près  assuré  de  la  traversée.  Tel  est 
le  cas  du  négociant  anonyme  auquel  nous  sommes  rede¬ 
vables  du  Périple  de  la  mer  Érythrée.  «  Au  temps  des 
Ptolémées,  dit  Strabon,  on  ne  comptait  pas  vingt  vais¬ 
seaux  qui  osassent  s’avancer  dans  le  golfe  Arabique,  au 
point  de  s’élever  au  delà  des  passes  du  détroit;  aujour¬ 
d’hui  des  flottes  considérables  pénètrent  jusque  dans 
l’Inde  et  aux  extrémités  de  l’Éthiopie10.  » 

Les  marchands  d  Alexandrie  se  donnaient  rendez-vous 
au  solstice  d’été  à  J  uliopolis,  à  deux  milles  d’Alexandrie  ; 
ils  gagnaient  de  là  Coptos  et  la  mer  Rouge  et,  profitant 
du  vent  favorable,  partaient  pour  l’Inde;  ils  en  revenaient 
en  décembre  ou  au  commencement  de  janvier.  Le 
voyage  n’avait  pas  duré  sept  mois11. 


MER 


- o-  'iu  «  '-es  marcnandiaoo  „  •  . 

ton,  toutes  celles  que  produisait  *'<*„ 

1  “e  sera  m  difficile  de  se  faire  u„c -S  f  *►**».« 
du  commerce  d'Alexandrie.  Strabon  d  sad  , 
vdle  que  c  était  le  plus  grand  entrepôt  détint  * 
les  témoignages  que  l'on  possède  conn  *1*'" 

lification...  Alexandrie  polsédÏt  :;n™r,CU'^ 

abrite,  dont  les  abords  étaient  éclairé*  f  P°rt’  bien 
Phare,  œuvre  de  Sostrate  de  Cnide,  des  a.»i!T  Par  le 
quement,  de  nombreux  magasins  où  l’on  di  ^ 
marchandises.  La  ville  elle-même  compta  T'1  * 
quartiers  distincts  qu'habitaient  les  divers! IrlT’ 
population  cosmopolite  (Égyptiens  r,  *  sdesa 
Juifs,.  Des  routes  de  terre  dis llnaut  1 

I  intérieur  et  au  Nil  et  facilitaient  les  comnt „„î 
Siluee  au  croisement  des  principales  voies  commet  'iï' 
du  monde  antique,  Alexandrie  servait  d  interméd  1 
necessaire  entre  l'Occident  et  l'Orient  Elle  f 
nalie  par  la  mer  Méditerranée  ?«  bte  " 

décr  it  rrcl,andises  *  luxe  ‘lui  1»<  venaient 
llnde  par  la  mer  Ronge  (épices,  Lois  précien, 

parfums,  so, cries)  ou  de  l'Éthiopie  par  le  Nil  ' 
esclaves).  I,  Italie  consommait  sans  produire  et  attirait 
tout  à  elle,  sans  rien  envoyer  en  échange.  L'Égypte 
produisait  elle-même,  recevait  du  dehors,  expédiait  au 
loin.  Alexandrie,  son  principal  port,  était  un  centre 
économique  d’une  intense  activité,  la  capitale  commer¬ 
ciale  de  l’Empire;  comme  la  ville  de  Rome  sa  ca 
politique. 


Provinces  africaines.  —  Malgré  la  fertilité  du  sol,  les 
provinces  africaines  n’ont  jamais  occupé  dans  l’histoire 
économique  de  Rome  la  place  que  tenaient  l’Égypte  ou 
la  Syrie10.  C’étaient  bien  des  pays  producteurs,  surtout 
en  blé  et  en  huile,  —  on  sait  qu’ils  fournissaient  à  l’Italie 
les  deux  tiers  de  sa  consommation  annuelle  de  froment1', 
mais,  comme  entrepôts  de  marchandises  étrangères, 
ses  ports  ont  eu  relativement  peu  d’éclat.  Il  faut  faire  une 
exception  cependant  pour  ceux  des  Syrtes,  Tacape,  Oea 
et  Leptis  Magna.  Là  arrivaient  par  caravanes  les  denrées 
précieuses  de  l’intérieur  :  poudre  d’or,  ivoire,  ébène, 
bêtes  sauvages  et  esclaves  que  les  Garamantes  du  Fezzan 
venaient  vendre  ou  échanger  dans  ces  emporia n. 
Strabon  signale  Tacape  comme  un  grand  comptoir  de 
commerce  18  ;  le  port  de  Leptis  est  encore  visible  aujour¬ 
d’hui,  noyé  dans  le  sable19.  Par  ailleurs,  sans  en 
excepter  Carthage,  on  n’exportait  guère  que  des  produits 
agricoles  récoltés  en  sol  romain20.  Il  en  était  de  même 
pour  les  ports  de  Numidie  et  de  Maurétanie,  comme 
Rusicade21  ou  Caesarea22. 

Ports  de  commerce  d'Italie.  —  Partis  ainsi  des  diffé-  j 
rentes  provinces  de  l’Empire,  les  navires  de  commerce 
se  répandaient  de  tous  côtés  ;  le  plus  grand  nombre  se 


Mommsen,  Ibid.  p.  21 7  ;  Lumbroso,  L' Egitto  al  tempo  dei  Greci  e  dei  Roman 
p.  21  et  suiv.  2  Mommsen,  Ibid.  p.  243.  —  3  Bent,  The ancienl  traderoute  acro 
1.  thiopui.  dans  le  Geograpltical  Journal ,  août  1 893,  p.  1 40  ;  cl'.  Vivien  de  Sainl-Marti 
Le  nord  dei  Afrique  dar,  s  l' antiquité  grecque  et  romaine,  p.  159  et  suiv.  —  4  Perip 
mar.  Eryth.  4;  \idaldela  Blacbe,  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  friser.  1890,  p.  4) 
cl  suiv.  —  5  Mommsen,  Op.  cil.  p.  222;  Juv.  XI,  124.  —  G  Peripl.  L  c.  ;  Paul 
Wissowa,  Realencycl.  I,  p.  431.  -  7  Lumbroso,  Recherches  sur  Véconom.  poli 
de  l'Egypte  au  temps  des  Lagides ,  p.  139.  —  8  {Jist.  rom.  XI,  p.  245  et  la  not, 
-  9  PeriPL  mar ■  ErVth-  57.  —  10  Strab.  Il,  5,  12.  -  H  Plin.  Hist.  nat.  VI,  102  ( 
SU1V'  12  Lumbroso,  L  Egitto  dei  Greci  e  Romani ,  p.  125;  Simaika,  Essai  sur  l 
province  romaine  d'Égypte ,  p.  89.  On  évalue  à  39  000  kilomètres  carrés  la  superfici 
des  terres  cultivées  de  1  Égypte  à  l'époque  romaine,  alors  que  celte  superficie  de  no 
jours  ne  dépasse  pas  28  000  kilomètres  carrés.  L'Égypte  exportait  annuellement  ving 
millions  de  modii  de  blé,  soit  1  175  000  hectolitres  (Aurel.  \'icl. Ep.  I).  _  13Strab.  XVII 


1,13:  (xîyurrov  Èfjnuopiïov  a  !xou  ;x!  V't  ; .  —  14  Pauly-Wissowa,  Realencip  I ■  '  ^ 

suiv.  ;  Lumbroso,  Op.  eit.  p.  117  et  suiv.  —  Sur  le  commerce  de  I  1  ' 

Vivien  de  Saint-Martin,  Op.  cit.  ;  Tissot,  Géogr.  comparée  de  la  pioii>“  i  ^ 

d'Afrique,  t.  Il;  Toutain,  Les  cités  romaines  de  la  Tunisie,  p.  *44  cl  sl"  ;i,r,[is 

Cyrénaïque,  cf.  A.  Rainaud,  Quid  de  natura  et  fructibus  tyrenaieae.  ^  ^  ^ 

antigua  monumenta  cum  recentioribus  collata  nobis  tradideiint. 

-  •  „  ni  et  suiv.;  louiaii'i 

Dell.  Jud.  Il,  16,  4.  —  U  Pcrroud,  De  syrticis  emporns,  p.  1  ”cllirmer  Le 
Op.  cit.  p.  147.  Sur  le  commerce  saharien  dans  l’antiquité,  '«O  '  e„ 

Sahara,  p.  318-328.  —  18  Strab.  XVII,  3,  17.  —  i9  De  Malliuisieul*. 
Tripolitaine  (Nouv.  Archives  des  missions,  t.  X,  en  prépaialio'ii^ 

Mémo  res  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  VI*  série,  t.  X,  p.  ll  ’  ^  yj|[, 

lat.  VII  p.  2  et  s.).  —  20  Toutain,  Op.  cit.  p.  146.  21  ^orP’  "!*  je  ja  jolooi* 

p.  684.  On  y  a  trouvé  des  plombs  de  douane  et  une  dédicace  au  cu"  ^  |30. 

de  Pouzzles  (Ibid.  7959).  —  22  Cal,  Essai  sur  la  Maurétanie  eesari  " 


MER 


—  ] 783  — 


MER 


rls  l’Italie  et,  dans  Tltalie,  vers  la  capitale. 
dirigea11-’1’ ,ns  les  ports  italiens  les  plus  fréquentés  étaient 
AUSSI  (l  •  'voisinaient  Rome.  Aucun  n’était  plus  visité 

ceux  qui  IV 


que 


pouz/.< 
clioi> 

CamPsa";'manMs).  au  fond  d’un  golfe  bien  abrité,  ouvert 
^in'[S  ■  ‘in  gud,  aisément  accessible  par  conséquent  aux 
d" es  venus  de  Sicile  ou  d’Afrique,  d’Égypte  et  d’Asie. 
F1"1  débarquant,  on  évitait  les  dangers  de  la  navigation 
1  "om-  (1U  littoral  inhospitalier  du  Latium.  U  était  facile 
j  ,  I^uer  Rome  par  voie  de  terre.  La  principale  artère  de 
l’Italie  méridionale,  la  via  Àppia ,  passait  à  quelque 
distance  au  nord-est.  Deux  routes  partant  de  Pouzzoles 
allaient  la  rejoindre,  aboutissant  l’une  à  Capoue,  la  ville 
h,  plus  importante  de  l’intérieur,  l’autre  à  Sinuessa,  où  la 
m  Appia  abandonnait  le  bord  de  la  mer  qu’elle  suivait 
depuis  Formies,  pour  s'enfoncer  dans  les  terres  3.  La 
première,  via  Campana ,  n’est  pas  mentionnée  dans  les 
Itinéraires,  mais  Pline  l’Ancien  en  parle  4.  La  seconde, 
vui Domitiana ,  futconstruite  ou  restaurée  en  95 ap.  J.-C. 
par' l’empereur  Domitien  3  ;  elle  se  prolongeait  le 
long  du  sinus  Cumanus  jusqu’à  Naples.  —  Le  nom  de 
Pitleoli  apparaît  pour  la  première  fois  au  temps  de  la 
seconde  guerre  punique  6;  auparavant  cette  ville  s’appe¬ 
lait  Üicearchia  ;  c’était  une  colonie  de  Cumes  7. 

Pendant  toute  la  période  républicaine,  Rome  ne 
connut  pas  de  port  aussi  important  dans  son  voisinage. 
Lucilius  l’appelait  la  petite  Délos,  etFesl  us  nous  explique 
cette  expression  :  quod  Delos  aliquando  maximum 
imperium  fuerit  totius  orbis  8  terrarum  cui  successif 
deinde  Puteolanum.  Même  à  l’époque  postérieure,  alors 
queles  empereurs  avaient  ménagé  au  commerce  maritime 
des  débouchés  plus  voisins  de  la  capitale,  ainsi  que  nous 
allons  le  dire,  le  port  de  Pouzzoles  continua  à  être  le 
rendez-vous  des  navires  de  fous  les  pays  :  «  Dicearchei 
portas  et  littora  mundi  Hospita 9  ».  On  a  gardé  par  les 
auteurs  ou  par  les  inscriptions  des  traces  nombreuses 
de  ses  relations  avec  l’Espagne,  l’Afrique,  la  Syrie, 

1  %pte,  l’Asie  Mineure,  la  Grèce10.  Chaqueannée,  au 
commencement  de  la  belle  saison,  les  commerçants 
d Alexandrie  y  apportaient  les  produits  de  l’Inde  et  de 
lÊgypte;la  vue  des  premiers  navires  mettait  toute  la 
population  en  joie;  elle  accourait  sur  le  môle  pour 
découvrir,  parmi  les  innombrables  voiles  en  vue,  celles 
qui  appartenaient  aux  transports  égyptiens;  car  ceux-ci 
gardaient  au  sommet  de  leur  mâture  la  petite  voile 
nommée  supparum  que  les  bateaux  de  tous  les  autres 
Pa)s  devaient  replier  quand  ils  avaient  dépassé  Capri11. 


La  prospérité  commerciale  de  Pouzzoles  dura  aussi  long¬ 
temps  que  Rome  même  :  cette  localité  resta  le  véritable 
avant-port  de  la  capitale. 

Et  pourtant  il  y  avait  un  port  plus  rapproché,  celui 
d’Ostie12,  créé  par  Ancus  Marti  us,  à  l’embouchure  du 
Tibre;  mais  il  avait  l’inconvénient  de  s’ensabler  aisément 
et  d’être  par  là  difficilement  accessible  aux  gros  navires. 
Pour  remédier  àcet  inconvénient,  Claude  y  litcreuser  un 
nouveau  port  de  commerce  queTrajan  acheva  et  qui  prit 
le  nom  de  Portus  ( Portas  urbis,  Portas  A  ugusti)n  ;  il 
comprenait  un  bassin  extérieur,  œuvre  de  Claude,  et  un 
bassin  intérieur  adjacent,  datant  de  Trajan,  réunis  au 
Tibre  par  un  canal  ( fossa  Trajani).  Grâce  à  ces  travaux 
importants,  les  navires  de  gros  tonnage  purent  jusqu’au 
bas  temps  arriver  à  l’embouchure  même  du  Tibre,  d'où 
leurs  cargaisons,  chargées  sur  des  chalands,  remontaient 
le  canal  et  arrivaient  à  Rome14. 

L 'Emporium  était  le  port  commercial  de  Rome;  il 
se  trouvait  au  voisinage  de  la  porte  Trigemina  entre 
l’Aventin  et  le  fleuve;  créé13  sans  doute  dès  l’époque 
royale,  il  fut  définitivement  organisé  en  561-193  par  les 
édiles  M.  Aemilius  Lepidus  et  L.  Acmilius  Paulus  16  ;  il  y 
avait  là  des  entrepôts  pour  les  marchandises  de  toute 
sorte  qui  arrivaient  dans  la  ville  :  grains  destinés  à 
l’alimentation  du  peuple,  matériaux  pour  les  construc¬ 
tions,  pierres,  marbres,  bois,  etc.  Les  chalands  xœnaient 
s’amarrer  le  long  des  quais  construits  en  grand  appareil, 
auxquels  des  escaliers  donnaient  accès;  le  sol  AeV  Empo¬ 
rium  était  pavé;  des  portiques  et  des  hangars  l’enca¬ 
draient17.  On  avait  élevé  aux  environs,  dans  le  même 
quartier  de  Rome,  toute  une  série  de  magasins  où 
s’entassaient  les  denrées  débarquées  sur  la  rive  du  Tibre 
[horreum].  La  limite  de  l’octroi  de  Rome  était  en  aval  de 
Y  Emporium ,  et  toutes  les  marchandises  qui  remontaient 
le  fleuve,  sauf  celles  que  l’on  appelait  usuaria ,  payaient 
un  droit  d’entrée,  Vansarium  18.  On  a  retrouvé  de  nos 
jours  des  vestiges  importants  de  Y  Emporium,  et  l'on  a 
recueilli  sur  son  emplacement  des  marbres  précieux,  des 
amphores,  des  monnaies19. 

Quant  aux  autres  ports  de  l’Italie,  ils  avaient  moins 
d’importance  et  ne  desservaient  guère  que  la  région  même 
où  ils  s’ouvraient:  Gènes  était  le  centre  commercial  de  la 
Ligurie20;  Ancône,  de  l’Ombrie  et  du  Picenum21  ;  Naples, 
de  la  Campanie22  ;  Rhegium  lirait  son  importance  du  voi¬ 
sinage  de  la  Sicile23;  Tarente24  et  Brindes23,  de  la  proxi¬ 
mité  relative  de  la  Grèce  et  de  l’Asie.  Cette  dernière 
ville  était  surtout  fréquentée  par  les  voyageurs  venant 
d’Orient,  qui  y  débarquaient  pour  gagner  Rome  par  la 
voie  Appienne20.  1t.  Cagnat  et  M.  Besnier. 


Hél  / C';” rî* ’  "amPan‘eni  P-  114;  Corp.  inscr.  lat.  X,  p.  183;  Dubois, 
i««;  \  ,C  dC  R°me'  lm’  p'  66  et  suiv.  —  2  Strab.  V,  4,  6.  —  3  Corp. 
-S  ir  r  X’  .P'  58,  702'  705‘  —  4  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  11,  111. 
L.  c  ■  p  UVI1,  14 1  Slat-  Silv.  IV,  3.  —  OLiv.  XXIV,  7,  10.  —  7  Slrab. 
Ht, 5  GI*  J  s  p7' ’  f  aUS'  IV’  33,  12>  Vlll>  7-  3i  Polyb.  III,  91-4;  Plin.  Hist.  nat. 
v,j3’;  |,J ..  Fes,l;.p' ,22'  ~  9  stat-  III,  5,  74.  —  10  Strab.  XVII,  I,  7;  Diod. 
P*  183,  col  I-  r  lf  MI,  12;  Beloch,  Op.  cit.  p.  115;  Corp.  itiscr.  lat.  X, 

1975,  pic  .  j  ’  C  '  n°*  l55fi’  1578>  159i>  1624,  1634*,  1909,  1970,  1971,  1973,  1974, 
~~  *'  Sen  P ' --  rom'  4I®’  419,  420,  421;  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  7939,  79G0. 
cl.  Prcllôr  Pn  ~  12  Strab-  V-  3>  »!  Corp.  inscr.  lat.  XIV,  p.  I  ;  Dig.  XIV,  2,  4; 
l'iui  hist  Clan  n  ^  1  *'>er  ^ Verichtc  der  Süclis.  Geselsch.  der  Wissensch. 
t.  c.;  pea  //;'  lS'P  131  SU'V.  :  18  49,  p.5etsuiv.,  134  et  suiv.  —  13  Preller, 
Minto iressurl  '  ">ne  11,1  riaggio  ad  Ostia,  1802,  p.  31  et  suiv.  ;  Tcxier, 
1808 _  p  m  |  ^  )m  ts  antiques  sitars  à  l'embouchure  du  Tibre  ;  Lanciani.  Annali, 
Topo  gr.  der  Sia  //  '  '*  *  rocop‘  Ttell.  Goth.  I,  20.  —  1:1  Preller,  L.  c.  ;  O.  Richter, 

—  16  Liv.  XXXV  1  ^°m'  ^c*'  p'  133  >  Ilooao,  Lexique  de  topogr.  romaine,  p.  218. 

plonimsen dans  los  // '  ~  1,p'v'  XI.I,  27.  —  18  Epliem.  epiijr.  IV,  p.  270,  n"  787; 

ce.  der  Atc.  der  ~Wissensch.su  Leipzig,  1850,  p.  309  ;  Marquardt, 


Organ.  financière,  p.  353.  —  19  Xotiz.  d.  Scari,  IS80,  p.  22,  Bull,  cornu».  1880, 
p.  37.  —  20  Strab.  IV,  6,  1  ;  Corp.  inscr.  lat.  V,  p.  884.  —  21  Strab.  V,  4,  2;  Corp. 

inscr.  lat.  IX,  p.  572.  —  22  Bdoch,  Campanien,  p.  54  cl  suiv.;  Slrab.  V,  4,  7 ; 

Corp.  inscr.  lat.  X,  p.  170.  —  23  Strab.  VI,  1,6;  Corp.  inscr.  lat.  X,  p.  3.  —  2V  Slrab. 
VI,  3,  1  ;  Corp.  inscr.  lat.  IX.  p.  21.  —  23  Strab.  VI,  3,  7;  Corp.  inscr.  lat.  IX, 

p.  8  ;  cf.  n0'  00,  62.  —  26  Strab.  V,  3,  6;  VI,  3,  7  et  8;  Plin.  Hist.  nat.  111,  101  ; 

Tac.  .Ann.  III,  1;  Hor.  Sat.  I,  5;  Corp.  inscr.  lat.  IX,  L.  c .  —  Ruu.iographie. 
Nous  n'indiquerons  ici  q«e  les  ouvrages  généraux  les  plus  importants;  d'autres  ont 
été  cités  dans  les  noies.  A.  Histoire  du  commerce  in  général:  Les  principales  sont 
les  suivantes:  Anderson  (Ad.),  An  liistorical  and  clironologicat  déduction  of  the 
origin  of  commerce  from  the  carliest  accounls  to  the  présent  tinte,  1787-89  ; 
11.  Baudrillarl,  Histoire  du  luxe  privé  et  public,  depuis  l'antiquité  jusqu’à  nos  jours, 
Paris,  1878-1881  ;  Beckmann,  Beitràge  sur  Gescliichte  der  Erfindungcn....  1786- 
1805  ;  Beer  (A.),  Allgemeinc  Gesch.  des  Welthandels,  1860-1884  ;  J. -B.  Béraud,  Le 
commerce,  la  navigation,  les  arts  des  peuples  anciens  et  des  peuples  modernes , 
Paris,  1861  ;  Boccardo,  Af annale  di  storia  del  commercio,  de  U  industria  e  delta 
economica  politica ,  1858;  Büchele,  Gesch.  des  Welthandels ,  1867;  Cons,  Précis  de 
l’hist.du  commerce,  1896  ;  Duesbcrg,  Hist.  du  commerce,  de  la  géographie  et  de 


MER 


—  1784  — 


AIËRCLMRII.  Grèce.  —  La  condition  de  mercenaire 
ou  de  soldat  etranger  dont  on  paye  le  service  (giffOcoxot, 
fX'.<70o?dpO[,  TO  (XtaOocpOptXÔV,  iitfxoupot,  xb  Èmxoup-xdv,  Çévot,  xb 
>SVIX0'V»  ffxpaxiwxat)  suppose  une  organisation  sociale  et 
politique  particulières,  c’est-à-dire  que,  sur  ce  point, 
comme  sur  bien  d  autres,  il  y  a  un  rapport  étroit  entre 
la  constitution  politique  d’un  État  et  l’organisation  de 
ses  forces  militaires. 

La  société  homérique  ne  connaît  pas  le  mercenaire. 
Chaque  chef  de  peuple  va  à  la  guerre  entouré  des  hommes 
de  son  clan 1  ;  en  cas  de  danger  pressant,  on  fait  appel  aux 
peuples  auxquels  on  est  apparenté  par  la  race  ;  ceux-ci 
envoient,  comme  secours,  des  guerriers  qui  sont  dési¬ 
gnés  sous  le  nom  d’ÈTttxoupoi  ;  ce  nom  désigne  ici  non  des 
mercenaires,  mais  des  alliés  2  ;  l’entretien  de  ces  guer¬ 
riers  est  à  la  charge  du  peuple  qui  a  réclamé  leur 


secours 3 


Les  aristocraties,  qui  succédèrent  aux  monarchies  de 
l’époque  homérique,  ne  semblent  avoir  apporté  aucun 
changement  sur  ce  point*.  Il  en  fut  tout  autrement  des 
tyrannies  qui,  à  partir  de  la  tin  du  vme  siècle,  renver¬ 
saient  un  peu  partout  le  régime  aristocratique.  Pour  ces 
gouvernements,  qui  ne  s’étaient  établis  que  par  la  vio¬ 
lence  et  qui  ne  se  maintenaient  que  par  la  violence,  il  y 
avait  une  nécessité  absolue  de  s'appuyer  sur  des  soldats 
étrangers.  En  même  temps,  les  troubles,  qui  agitaient 
les  cités  grecques,  avaient  toujours  pour  conséquence  la 
proscription  d'une  partie  de  la  population.  Une  des  res- 


MER 

sources  du  Grec  exilé  est  le  métier  de 

bonne  heure  même,  ce  métier  devint  r  ?a"'f'Detrès 

tams  peuples  grecs  [exercitus,  p  8991  USWe  d«  cer- 

Écs  Canens  sont  les  premiers  des  Grecs  n  o 
qu.  se  sont  engagés  comme  mercenaires  r  •  Ephore5, 
militaire.  Hérodote  leur  attribue  l’im'n. .eUlltunerace 
du  casque  et  des  boucliers  à  pomnée»  A  ,  Cimier 
du  nom  de  Carien  le  synonyme  de  merê.  ‘  °que  fait 
•t*  •*»  ««*««.  «■'  '™uve  i:  >« 

lois  au  service  des  monarchies  orientales  °S  Cr6' 
Kreti-Pelli  des  rois  juifs  8-  Gveès  r  •'  '  <e  SOnt  les 

.10  la  Lydie  ont  de!  mereeS, 
partie  Cariens  9.  t  •  il  en  grande 

Parmi  les  tyrans  grecs,  Périandre,  tyran  do  cf 
avait  auprès  de  lui  des  doryphores  19  •  Polvcr-il  . 
Samos,  avait  un  corps  de  1100  arclS^^  f 
fieie  de  Stesagoras,  occupait  la  Chersonèse  avec  ’  0 
troupe  de  500  mercenaires  ».  On  connaît  la  ruSc 
Laïc  employa  pour  s'emparer  de  la  tyrannie  dan, 
Athènes  :  prétextant  des  attaques  contre  sa  personne  i 
demanda  a  ses  concitoyens  non  pas  dos  gardes  merce¬ 
naires  armés  de  la  lance,  mais  un  corps  de  citoyens  athé¬ 
niens  simplement  armés  de  massues13.  Ces  garanties 
lurent  insuffisantes  pour  sauvegarder  la  liberté  du 
Peuple.  Pisistrate  s’empara  de  l’Acropole  et  devint  le 
maître  d’Athènes.  Chassé  à  plusieurs  reprises,  il  réussit 
chaque  fois  à  reprendre  le  pouvoir.  Dans  la  dernière  ten¬ 
tative,  il  s’appuyait  sur  des  mercenaires  argiens  que  lui 


la  navigation  chez  tous  les  peuples,  1849;  Engelmann,  Gesch.  des  Handels,  18S1  ; 
Gibbins,  The  hist.  of  commerce  in  Europe,  1891;  Gülich,  Geschichtliche' Dars- 
tellung  des  Handels...  der  bedeutendsten  liandeltreibenden  Staaten  unserer 
Zeit,  1830-45;  Haushofer,  Abriss  der  Handelsgescliichte,  1893  ;  I)c  Joi-io,  Storia 
del  Commercio  e  délia  Navigazione  del  principio  del  mondo  sino  a  giorni  nostri, 
Xapoli,  1778-1783;  borner,  Lehrbuch  der  Handelsgescliichte,  1801;  Lafaurie, 
Gesch.  des  Handels  in  Beziehung  auf  politische  Oekonomie  und  ôffentliche  Ethik, 
1848  ;  Lètourneau,  L’évolution  du  commerce,  1897;  Lindsay,  History  ofmerchant 
shipping  and  ancient  commerce,  1874-76  ;  Marperger,  Hislorischer  Kaufmann, 
1708  ;  Mayr  (R.),  Lehrbuch  der  Handelsgeschichte  auf  Grundlage  der  Wirthschafts- 
und  Sozialgeschichte,  1894;  Nischwilz,  Handels  géographie  und  Handelsgeschichte, 
1843  ;  Noël,  Hist.  du  commerce  du  monde,  1891-94;  Peinemann  et  Bertram,  Hist. 
Untersuchung  des  Ursprungs  und  Wachsthums  der  Kaufmannschaft,  1739;  San- 
giorgio,  Il  commercio  del  mondo,  1898  ;  Risson  (Paul),  Hist.  sommaire  du  com¬ 
merce,  1902  ;  Scbeerer,  Allgemeine  Geschichte  des  Welthandets ,  2  vol.  1852-53  et 
trad.  fr.  sous  le  litre  :  Hist.  du  commerce  de  toutes  les  nations,  1857  ;  Stevenson, 
Historical  Sketch  of  the  Progress  of  Discovery,  navigation  and  commerce 
(vol.  XVIII  des  Travels  de  Kerr),  1824;  Ungewitter,  Geschichte  des  Handels,  der 
Industrie  und  Schiffahrt,  1851  ;  WolfT,  Abriss  der  Handelsgeschichte,  1901  ;  Veals, 
The  growth  and  vicissitudes  of  commerce,  1887  ;  P.  Huvelin,  Essai  historique  sur 
le  droit  des  marchés  et  des  foires,  Paris,  1897.  Les  meilleures  de  ces  histoires 
générales  sont  celles  de  Mayr  et  de  Beer.  B.  Histoire  du  commerce  dans  l’anti¬ 
quité  :  Huet,  Hist.  du  commerce  et  de  la  navigation  des  anciens,  3”  éd.  Paris- 
Bruxelles,  1727;  Heeren,  Ideen  Ober  die  Politik,  den  Verkchr  und  den  Handel 
der  vornehmsten  Voelker  der  allen  Welt,  1800;  et  trad.  fr.  sous  le  titre  De  la 
politique  et  du  commerce  des  anciens  peuples  de  l’antiquité,  Paris,  1830-44; 
Bencdict,  Versuch  einer  Geschichte  der  Schiffahrt  und  des  Handels  der  Alt  en,  1 806  ; 
Cilbart,  Lectures  on  the  history  and principles  of  ancient  commerce,  1847,  et  trad. 
fr.  sous  le  titre  Lectures  sur  l'histoire  et  les  principes  du  commerce  chez  les 
anciens,  Paris,  1856;  H.  Bliimner,  Die  gewerbliche  Tliütigkeit  der  Vôlker  des 
ldassischen  Alterthums,  Leipzig,  1869;  B.  Büchsenschütz,  Die  Hauptstâtten  des 
Gewerbefleisses  im  klassischen  Alterlhume,  Leipzig,  1869  ;  Damiani,  Saggio 
storicocritico  sut  commercio  d.  antichi,  1897;  W.  Drumann,  Die  Àrbeiter  und 
Communisten  in  Griechen/and  und  Boni,  Kônisgberg,  1860,  p.  277  et  s.  ; 
du  Mesnil-Marigny,  Hist.  de  l’économie  politique  des  anciens  peuples  de  l’Inde, 
de  VÉgyvte,  de  la  Judée  et  de  la  Grèce,  3  vol.  1876  ;  W.  Richlcr,  Handel  und 
Verkehr  der  wichtigsten  Vôlker  des  Alittelmeeres  im  Altertume,  Leipzig,  1880  ; 
Spcck,  Handelsgeschichte  des  Alterthums  (I,  1900,  Die  orientalischcn  Vôlker-,  II, 
1901,  Die  Gnechen)  ;  H.  Wiskemann,  Die  antike  Landuiirthschaft  und  das  von 
T/iünen  sche  Gesetz  mis  den  alten  Scliriftstellern  dargelegt,  Leipzig,  1859,  in-4” 
(2'  part.  p.  38  et  s.).  C.  Commerce  en  Grèce  et  dans  i.e  monde  grec  ;  O.  Jalin, 
Handwcrk  und  Handelsverkelir,  dans  les  Berichte  der  saechsischen  Gesellschaft , 
Leipzig,  1861,  p.  291 ,  1867,  p.  75;  1868,  p.  265;  Becker,  Charikles,  Bilder  altgrie- 
chischer  Sitte  zur  genaueren  Kenntniss  des  griechischen  Privatlebens,  éd.  par 
Goell,  Berlin,  1871-78;  Boeckli,  Die  Staathanshaltung  der  Athener,  3c  éd.  par 
Fraenkel,  Berlin,  1886;  Büclisenschiilz,  Besitz  und Erwepbim  griechischen  Alter- 


thum,  Halle,  1809;  Francotle,  L'industrie  dans  la  Grèce  ancienne,  Bruxelles, 
1900-1901;  Hermann,  Lehrbuch  der  griechischen  Antiquitaeten,  IV,  PrivataltiÆ 
thûmer,  éd.  par  Bliimner,  Fribourg  et  Tubingen,  1882,  §§  44  et  suiv.  ;  Hiillmann, 
Handelsgeschichte  der  Griechcn ,  Bonn,  1839  ;  Kasloridcs,  T 4  otxovo|ux& ’EMir.vu» 
dans  A0rv«iov,  1872,  p.  19  et  suiv.;  Pauly,  Bealencyclopaedic,  111,  p.  122-128, 
v,s  ’EAnDÇLa  et  ”E|iTtofo;,  ;  Perrot,  Le  commerce  des  céréales  en  Attique  {Rev.  his¬ 
torique,  IV,  1877),  p.  51  et  suiv.  ;  Le  commerce  de  l'argent  et  le  crédit  à  Athènes  I 
( Mém .  darch.  d'épigr.  et  d'hist.  Paris,  1875,  p.  337  et  suiv.);  Reynier,  fie 
l’économie  publique  et  rurale  des  Grecs,  Genève  et  Paris,  1825.  1).  Commerce 
a  Rome  et  dans  l’Empire  romain  :  Fr.  Mengotti,  Del  commercio  de’  Romani, 
délia  prima  guerra  punica  a  Costantino,  Padova,  1787  ;  Billion,  Disserter 
tion  sur  l’état  du  commerce  des  Domains,  Paris,  1788;  Pastorct,  Recherches 
et  observations  sur  le  commerce  et  le  luxe  des  Romains  et  sur  leurs  lois 
commerciales  et  somptuaires ,  1792-1804  ( Mémoires  de  F  Académie  des  inscr.  et 
belles-lettres,  III,  p.  285  et  s. ,  355  et  s.  ;  V,  p.  76  el  s.  ;  VII,  125  cl  s.)  1  Bureau  (le 
la  Malle,  Économie  politique  des  Domains,  Paris,  184(1,  (I,  p,  223  et  s.  ;  II, J 
p.  366  et  s.  391,  452);  Walter,  Geschichte  des  rom.  Redits,  3e  éd.  Bonn,  1860* 
2  vol.  (I,  p.  302,  307,  515,  553,  557,  562,  579,  5S9,  595)  ;  J.-E.  Reinauil,  Relations 
politiques  et  commerciales  de  l'Empire  romain  avec  l'Asie  centrale  pendant  lesm 
cinq  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne,  Paris,  1863  (extrait  du  Journal  asiii-l 
tique)-,  G.-A.  Saalfetd,  Italograeca,  11  (Handel  und  Wandel  der  Mrtutr  unler I 
griechischen  Deeinflüssung ),  Hanovre,  1882  ;  Em.  Belot,  De  la  révolution  t  eoito-B 
mique  et  monétaire  qui  eut  lieu  à  Rome  au  m°  siècle  avant  1ère  du  il"  me  r 
Paris,  1885  ;  M.  Voigt,  Privatalterthùmer  und  Kulturgeschichte  der  Rômer,  ans| 
le  Handbuch  d’iwau  Muller,  IV,  2,  p.  747-931,  Nordlingen,  lss ■ 

De  l’organisation  financière  chez  les  Romains,  trad.  fr.  Paris,  1  '  1  ^  ^ 

der,  Sittengeschichte  Roms,  6°  éd.,  Leipzig,  1888-1890,  t.  L  “G  ’ 

(trad.  fr.  Paris,  1865-1874,  4  vol.)  ;  Carnazza,  Il  diritlo  commet  i->-’  ‘  J 

mani,  Calane,  1891  ;  Deloume,  Les  manieurs  d’argent  à  Rome  j:  '  /  ^ .  ! 

Paris,  1892;  Marquardt,  La  rie  privée  des  Romains,  trad.  fi.  I  *"  D 

Vidal  de  la  Blaclic,  Les  voies  du  commerce  dans  la  Géographe  '  ^  ^  ^ 

(Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  inscr.  et  belles-lettres,  1896,  p.  ' 1,1 

carte  des  voies  commerciales.  (  ^  nppelés. 

MlillCËNAItlI.  1  Tous  les  hommes  valides  d'une  même  famille  ne  son  Fj ^ 
Exemple  d'un  tirage  au  sort,  H.  XXIV,  400;  exemptions  obtenues  en  .  ^  jjo. 
sents  au  roi,  Ibid.  XXIII,  297.  —  2  II.  R,  130-133;  1IL  |SS’  ’  J385  <», 

—  3  11.  XVII,  25.  —  4Xen.  Hieron,  tout  le  cl),  v;  Arist.  Polit.  HL _•  ’ ■  ^  c|iapitre, 

—  5  Fragm.  hist.  gr.  de  Didot,  t.  I,  p.  239,  fr.  23.  —  11  L  1  '  c  ’ .  ^  Wl) 

pour  les  rapports  d’origine  entre  Cariens  et  Crélois;  Ilelbig  (Bp°l  ^ 
conteste  aux  Cariens  ces  inventions.  —  7  K  aï  în  „  n, /jfi»!. 

—  8  Ane.  Test.  Samuel,  XXI  el  XXIII;  Chron.  1,  XI  avec  VI  et  *  j  Ja  ,ydieet 

dupeuplc  d’Israël,  t.  II,  p.  19  el  29.  —  9  Hcrod.  I,  7/,  2,  G.  0  J(J  jjerod.  V,  9-- 
le  monde  grec  au  temps  des  Mermnades,  p.  133,  135,  154,  -<  ■  _  131,501  , 

—  H  Ibid.  III,  39,  45.  —12  VI,  39;  de  même  Arcésilas  à  Cyrène,  j”  ^  gard# 
le  récit  d’Hérodote  ne  manque  pas  de  malice;  Aristote,  Ath.  \  polyefl, 
étaient  au  nombre  de  50,  d’après  Plutarque,  Solon,  30;  do  3,111,1  1 


MER 


1785  — 


MER 


6s  Lydamis1  et,  depuis,  les  Pisistratides 
avait  atne  '  J  d’eux,  dans  Athènes,  des  merce- 

e“renl  | ''^Thucydide  vante  la  discipline  2. 

"aireS  1  "  de  Sicile  paraissent  avoir  possédé  les 
Les  nombreuses  que  la  Grèce  ait  eues  à  cette 

arméeS  ?  moment  de  la  seconde  guerre  médique,  Gé- 
ép°que^‘  Ju  g  acusej  offrait  aux  Grecs,  s’ils  lui  don- 
lon’  n!" commandement,  de  conduire  à  leur  secours 
niuen  ,rrs  <90000  hoplites,  2000  cavaliers,  2000  archers, 
'snnd  frondeur  s  et  2000  hippodromoi  armés  à  la  légère  3. 
1°.  forces  équivalentes  sont  aussi  attribuées  à  Dion  *  et 

4  un  tyran  de  Léontium,  Thrasydée  \ 
f  ■  YpTe  -  Mais  c’est  surtout  en  Egypte  qu  il  importe 
I L’étudier  les  mercenaires  grecs  G;  nulle  part  leur  action 
■  tU(i  si  longue  ;  nulle  part  leur  rôle  n’a  été  si  împor- 
hnt  dans  le  développement  politique,  économique  et 
social  de  ce  pays.  Le  mercenariat  paraît  de  bonne  heure 
le  régime  ordinaire  de  l’armée  égyptienne.  La  classe  mi¬ 
litaire,  sous  les  Pharaons,  était  recrutée  un  peu  partout, 
chez  les  fellahs,  les  Bédouins,  les  nègres,  les  Nubiens, 
même  chez  les  prisonniers  de  guerre  ou  les  aventuriers 
venus  d’au  delà  des  mers.  Ce  ramassis  d’étrangers  com¬ 
posait  d’ordinaire  la  garde  du  roi  ou  de  ses  barons; 
c’était  le  noyau  permanent  autour  duquel  se  ralliaient, 
en  cas  de  guerre,  les  levées  de  troupes  indigènes.  Les 
^  premiers  Grecs  qui  semblent  avoir  formé  un  établisse¬ 
ment  stable  en  Égypte  sont  les  Milésiens,  qui,  dans  la 
seconde  moitié  du  vm'  siècle,  fondèrent  le 
teI/oç  entre  la  bouche  Bolbitine  et  la  bouche  Sébenny- 


tique 7. 

Au  milieu  des  guerres  et  des  troubles  qui  agitaient 
alors  l’Égypte,  ces  étrangers  ne  furent  pas  inquiétés;  ils 
s’acclimatèrent  peu  à  peu  dans  le  pays,  tolérés  tout  au 
plus,  méprisés  même  par  les  indigènes,  à  cause  de  la 
différence  de  langue  et  de  religion.  Avec  Psammétique 
(666-612),  la  situation  changea.  L’Égypte  se  trouvait  alors 
morcelée  en  un  assez  grand  nombre  de  petits  États8. 
Psammétique,  qui  n’était  qu’un  petit  roi  de  Sais,  parvint 
t  à  réduire  l’un  après  l’autre  tous  les  princes  ses  rivaux,  et 
à  reconstituer  à  son  profit  l’empire  des  Pharaons  dans 
toute  son  unité.  Ce  grand  résultat,  il  l’obtint  grâce  au 
concours  des  hoplites  grecs  qu’il  prit  à  sa  solde.  On  con¬ 
naît  le  récit  d’Hérodote.  L’oracle  avait  dit  à  Psam- 
métique,  détrôné  par  les  autres  rois,  que  la  vengeance 
viendrait  par  la  mer,  quand  apparaîtraient  les  hommes 
d airain.  Psammétique  n’avait  pas  grand  espoir  dans 
1  accomplissement  de  l’oracle,  quand  un  jour  la  tem- 
P'  te  jeta  sur  les  côtes  des  Cariens  et  des  Ioniens,  qui 
faisaient  la  piraterie;  ils  étaient  couverts  de  leur  ar- 
mure  d  hoplite  ;  un  Égyptien,  qui  n’avait  jamais  vu  de 
j  pareilles  armes,  alla  dire  à  Psammétique  que  des 
ommes  d  airain,  venus  de  la  mer,  pillaient  les  cam- 
!  Par,nes.  L  oracle  était  accompli.  Diodore  9  dit  que  Psam- 
■  nu  tique  connaissait  ces  soldats  ioniens  et  cariens,  grâce 
a sts  relations  avec  les  Grecs  du  Rempart  Milésien;  cette 
'^‘cation  semble  très  probable.  Le  récit  légendaire 
1  > 'idole  n’en  a  pas  moins  une  valeur  historique  ;  il 
Umi'h'e  quelle  impression  ces  hoplites  tout  bardés 
",  ces  «  hommes  de  bronze  »  produisirent  sur  les 


Égyptiens.  Ceux-ci  avaient  un  armement  notablement 
inférieur  :  pas  de  casque,  pas  de  cuirasse,  bouclier  petit 
et  peu  solide.  Quanta  l’hoplite 
grec  d’Asie,  tel  qu’il  apparaît 
au  vu"  siècle  sur  toutes  les 
côtes  orientales  de  la  .Méditer¬ 
ranée,  nous  pouvons  nous  en 
faire  une  idée  exacte  grâce  à 
une  statuette  qui  a  été  trouvée 
à  Cypre,  et  dans  laquelle  le 
sculpteur  a  très  soigneusement 
imité  toutes  les  pièces  de  l’ar¬ 
mure  qu’il  avait  sous  les  yeux. 

L’homme  est  enveloppé  comme 
d’une  carapacede  métal  solide, 
résistante  et  (agencée  néan¬ 
moins  de  manière  à  lui  laisser 
la  liberté  de  ses  mouvements 
(fig.  4928)  Le  casque  ne 
protège  pas  seulementle  crâne  ; 
il  est  muni  de  «  plusieurs 
pièces  destinées  à  protéger  le 
visage,  d'un  nasal  d’une  assez  forte  saillie,  et  de  deux 
garde-joues  ou  paragnathides,  comme  les  appelaient  les 
Grecs.  D’après  le  système  d’attaches  figuré  dans  la  pierre, 
ces  pièces  étaient  mobiles  et  s’ouvraient  par  des  charniè¬ 
res  verticales  à  la  manière  des  battants  de  porte.  Le  casque 
enveloppe  toute  la  nuque  ;  derrière,  il  est  même  recou¬ 
vert,  à  son  bord  inférieur,  par  le  bord  supérieur  de  la 
cuirasse.  Sur  le  devant,  celle-ci  ne  monte  pas  aussi  haut  ; 
elle  n’aurait  pu  le  faire  et  toucher  au  menton  sans  gêner 
les  mouvements  de  la  tète  et  du  cou.  La  cuirasse  se  ren¬ 
force,  sur  la  poitrine,  de  deux  épaulières,  de  deux  bandes 
de  bronze  que  rattache  l’une  à  l’autre  une  sorte  de  grande 
agrafe  en  forme  de  croissant.  De  la  ceinture,  un  étroit 
anneau,  pendent  les  lambrequins  d'une  espèce  de  jupon, 
en  lanières  de  cuir  peut-être  doublées  de  métal,  qui  ga¬ 
rantit  le  ventre  et  les  cuisses.  » 

Devenu  roi  de  toute  l’Égypte,  Psammétique  s'occupa 
d’assurer  son  indépendance  contre  l’étranger.  L'armée 
égyptienne  fut  partagée  en  trois  corps;  les  deux  pre¬ 
miers,  composés  de  troupes  indigènes,  furent  répartis  à 
l’ouest  et  au  sud,  pour  couvrir  les  frontières  de  la  Lybie 
et  de  l’Éthiopie.  Le  poste  le  plus  dangereux,  la  défense 
de  l’isthme,  par  où  arrivaient  les  envahisseurs  assy¬ 
riens,  fut  confié  aux  mercenaires  grecs.  «  Outre  la  solde 
convenue,  dit  Diodore  ia,  il  leur  donna  de  riches  présents 
et  leur  fixa  pour  résidence  un  emplacement  qui  porte  le 
nom  de  Stratopeda ,  puis  il  leur  fit  partager  au  sort  une 
grande  étendue  de  terrain,  un  peu  au-dessus  de  la 
branche  Pélusiaque  ».  D’après  Hérodote13,  les  cantonne¬ 
ments  des  Ioniens  étaient  séparés  de  ceux  des  Cariens 
par  le  Nil.  On  avait  voulu  sans  doute  prévenir  des 
conflits. 

Le  nom  de  Stratopeda  (les  Camps)  indique  bien  la 
nature  de  ces  établissements.  Les  camps  permanents  des 
Romains  peuvent  en  donner  une  idée  approchante.  Les 
soldats  occupaient  des  maisons  très  modestes.  Un  ch⬠
teau  fortifié,  résidence  du  général  et  des  principaux 


Fig.  4928.  —  Mercenaire  grec, 
vne  siècle. 


<  1,  Ci  . 

—  !  Uero  1  wn"  ételïwToi.  9  h  ÎTCtxoüçotfft  tê  Thuc.  VI,  53,  3. 

53 ;  cf.  cnc  ’  ' XI,  71-73.  —4  Corn.  Nep.  Dion.  5,  3. —  3  Diod.  XI, 
cc  <|ui  cour!'|C  T  lllrass'ljulo>  tyran  de  Syracuse,  Diod.  XI,  67.  —  6  Pour  tout 
1rs  mercenaires  grecs  en  Égypte  au  vu*  et  vi*  s.  voir  D.  Mallet,  Les 


premiers  établissements  des  Grecs  en  Égypte.  —  7  Stral).  XVII,  p.  801  ;  Et.  de 
Byzance,  v.  Naucratis  ;  Euscb.  Chron.  I,  p.  168.  — 8  C'est  la  dodécarchic  d'Héro¬ 
dote,  II,  147  et  151,  et  de  Diodore,  66  ;  Mallet,  36,  51.  —  9  1,  67,  —  10 II,  151  s<pj, 
_ il  Perrot  et  Chipiez,  Uist.  de  l'art,  111,  p.  495.  —  12  1, 67.  —  '3  II,  154. 


îuun. 


1786 


chefs  de  service,  dominait  l’ensemble.  Les  fouilles 
'  irigees  par  Flindcrs  Petrie,  en  1885  et  1886,  ont 
lait  connaître  l’emplacement  exact  et  la  disposition 
generale  d  un  de  ces  camps  de  mercenaires1.  11  porte 
aujonrd  hui  le  nom  de  Tell-Defenneh.  Il  est  situé  au 
milieu  du  territoire  qui  s’étend  entre  le  désert  et  le 
canal  de  Suez,  juste  au  bord  du  grand  chemin  que 
suivaient  les  caravanes  pour  passer  d'Égypte  en  Syrie 
Auprès  du  camp  s’était  formée  une  ville  qui  finit  par 
compter  20000  habitants  et  où  des  trafiquants  de  natio¬ 
nalités  très  diverses  vendaient  aux  mercenaires  des 
Anres,  des  armes,  des  objets  de  luxe  et  de  fantaisie,  et 
pourvoyaient  a  leurs  plaisirs.  On  a  trouvé  àDefenneh  un 
grand  nombre  de  vases,  présentant  des  particularités  de 
echnique  indiquant  l’existence  d’une  fabrique  spéciale, 
differente  de  celles  de  Cyrène  et  de  Naucratis.  Les  in¬ 
scriptions  découvertes  sont  aussi  très  nombreuses  ;  elles 
montrent  que  la  population  qui  vivait  dans  le  camp  et 
dans  la  ville  comprenait  des  Égyptiens  et  bon  nombre 
d  Asiatiques  venus  de  Syrie  et  de  Palestine  à  la  suite  des 
mercenaires.  Nous  trouverons  une  confirmation  de  ce 
fait  dans  l’inscription  d’Abu-Simbel.  Grâce  à  son  admi- 
.  rable  situation  sur  la  route  d’Asie,  cette  ville  des  merce¬ 
naires  dut  être  une  sorte  d'entrepôt  où  convergèrent  les 
marchandises  de  l'Orient  avant  de  se  disperser  sur  les 
rivages  de  la  Méditerranée.  Elle  fut  ainsi  un  des  points 
ou  s  opéra,  dès  le  vu"  et  le  vi*  siècle,  le  mélange  des  na¬ 
tions  de  races  diverses,  qu’amenaient  de  tous  côtés  les 
intérêts  de  leur  négoce  ;  et  elle  eut  son  heure  d’influence 
sur  la  civilisation  générale  à  ce  moment  décisif,  où  l’art 
grec  commençait  à  se  dégager  des  imitations  étrangères 
et  à  prendre  conscience  de  lui-même  2. 

Maître  d’une  armée  bien  organisée,  Psammélique 
essaya  de  faire  des  conquêtes,  et,  fidèle  à  la  constante 
politique  de  1  Égypte,  il  marcha  contre  la  Syrie  3.  Dans 
cette  expédition,  il  témoigna  une  telle  partialité  pour  les 
mercenaires  qu  au  retour  une  grande  partie  de  l’armée 
indigène  émigra  et  se  retira  en  Éthiopie  \  Il  la  poursui¬ 
vi  jusqu  à  Ëléphantine5.  Les  inscriptions  gravées  àAbu- 
Simbel  par  des  mercenaires  grecs  apprennent  que,  dans 
cette  expédition  en  Nubie,  l’armée  du  roi  Psammé- 
tique  comprenait  trois  divisions  :  la  première  était  sous 
les  ordres  de  Psammétique,  fils  de  Théoclès  :  c’était 
comme  l’indique  le  patronymique  6,  un  Grec  et  il  com¬ 
mandait  à  des  Grecs  ;  la  seconde  division,  composée 
de  soldats  qui  n’étaient  ni  Grecs  ni  Égyptiens  7,  avait 
pour  chef  un  Égyptien  appelé  Potasimpto  ;  enfin  la  troi¬ 
sième,  composée  de  soldats  égyptiens,  était  sous  les 
ordres  de  l’Ëgyptien  Amasis.  Cette  partie  de  l’inscription 
a  été  écrite  par  Archon,  fils  d’Amoibichos,  et  par  Pélé- 
cos,  fils  d’Oudamos.  Au-dessous,  d’autres  soldats  ont 
inscrit  leur  nom;  il  y  a  deux  Ioniens  :  Hélésibios  de 
leos,  Pabis  de  Colophon  ;  probablement  deux  Rhodiens 


mer 


^  Defenneh  ( Tahpanhes ),  Londres, 
4»,  1888  ,  Mallcl,  Op.  I.  p.  Si  et  s.  -  2  Mallet,  Op.  1.  p.  70.  Naturelle- 


„  ,  r,  r  ,  ,  1  1  **  D-  —  *  inanet,  up.  l.  p.  70.  Naturelle 

nalres  - eunnne  n*Sl’PaS  16  S6Ul  P0Ste  °“  Psammétilïue  ait  installé  ses  merce- 
7  4  P<?U  a,oucst>  à  Tc"  Nebeslieli  était  la  ville  de  Am  où  étaient 

rlténde  "trrenair  dC/JyPrC-  ~  3  V0ir  ,a  d‘SCUSsio"  dc  établir  la 

Trà  donn  à  ,  Kra  0D’  T  "  P'  77  S"f(-  ~  4  D’aprt.  Diodore,  Psammétique 
aurait  donné  aux  mercena.res  la  direction  des  affaires  militaires  pour  cette  expédition  • 

ùismiptions  grecques,  voir  Corp.  ^5126  ;^Roehîa0//wcr.^ÿr.—an!(iÿU48C^a 

A.  Xirchhoff,  Studi en  ;ur  Gesch.  des  gr.  Alp),  4.  éd.  p.  37:  Mallet  (Z  7 n  SV- 
pour  Je  reste  delà  bibliographie  cf  Cb  Mirtml  n  -,  ...  ’  1  , 

.  ,  0  p nie,  CI.  Ui.  Michel,  Recueil  rfmscr.  no  1315  Tousces 

gavants  pensent  que  ces  inscriptions  se  rannnvtnnt  a  d  ...  es 

1  puons  se  rapportent  p  Psammétique;  au  contraire,  Bergk- 


TélèPhe  d’ialysos  et  un  autre  dom. 

Nous  avons  donc  ici  encore  un  IoIT'  °Sl  Visible 
ce  mélangé  de  population  que  nous  avo8"^  qUl  altestj 
stratopeda  et  que  déjà  Hérodote  J 

1  armée  de  Psammétique8.  1  s,Sn<ilé  pQ|lr 

Les  successeurs  de  Psammétique  rem;, 
politique  envers  les  mercenaires.  Née’? « 
pie  e  pour  leur  dieu,  l’Apollon  des  11,  a 

en  lu.  faisan,  des  offrandes»,  exemple  o  *H 

tous  les  rois  suites.  Sous  Apriès,  une  3o  ,,  i,i|w 
par  des  ingénieurs  grecs  et  montée 
vainquit  les  Phéniciens,  alliés  des  rok  t?  “"** 
s’empara  de  Cypre  ".  Le  „om£  ™ 

grecs  4  la  solde  de  ce  roi  était  de  mm  T'm 
Hérodote “».  Il  voulut  soumettre  aussi  h  rV  ^ 
Contre  les  populations  grecques  de  ce  pays  Û“,U1 
vait  faire  marcher  ses  mercenaires  -  ,1,5  P”"’ 

r des  ,roupes 

désastre  et  furent  presque  entièrement  anéanties. 

G  te  défaite  causa  un  soulèvement  général  Am-ü 
marcha  contre  les  révoltés  avec  ses  mercenair»;  ST 
cette  fois,  la  discipline  et  la  science  militaire  durent 

Amasis”  *  '  f“l  Vaincu  et  par 

Le  nom  d’Apriès  resta  populaire  chez  les  Grecs»  On 
le  retrouve  à  Rhodes  sur  des  ary- 
balles  en  terre  vernissée,  extraits 
des  tombeaux  de  Camiros  u.  Ces 
vases,  que  l’on  a  crus  phéniciens, 
pourraient  bien  être  de  fabrication 
égyptienne.  Un  aryballe  du  Louvre 
(fig.  4929)  13,  fait  avec  la  terre  blan¬ 
che  que  1  on  nomme  communément 
faïence  égyptienne,  reproduit  exac¬ 
tement  le  type  du  visage  et  les  dé¬ 
tails  de  la  coiffure  du  mercenaire; 

1  artiste  y  a  gravé  le  cartouche  royal 
d  Apriès,  qui  en  fixe  la  signification  et  la  date.  Le  casque 
présente  une  forme  intermédiaire  entre  l'ancien ffulopis 
des  aryballes  peints  et  le  casque  à  fronton  des  arvballes 
grecs  façonnés  en  relief.  Il  a  les  paragnathides  à  char¬ 
nières,  mais  le  nasal  a  presque  entièrement  disparu,  et 
les  traits  verticaux  qui  ornent  le  couvre-nuquc  rap¬ 
pellent  les  rayures  du  klaft  ou  de  la  coiffure  d’étoffe  des 
rois  égyptiens 16 


Fig.  4920. 


Amasis  devait  le  trône  à  un  mouvi 

m  tional, 


rement  de  réaction 

contre  l’étranger:  il  dut  satisfaire  le  sentiment nati 
mais  les  rois  d’Égypte  avaient  trop  besoin  de  ces  étran- 

-rraiment 


gers  pour  prendre  contre  eux  des  mesures  v 

rigoureuses.  Amasis  se  contenta  de  les  changer  de  gar¬ 
nison  ;  on  les  transporta  de  la  branche  Pélusiaque,  ' 
l’extrême  est  du  Delta,  à  la  branche  Canopique,  al  exlicme 
ouest;  les  camps  des  Ioniens  et  des  Cariens,  les  sIm(0 


579  et  YViedemaun,  Iihein.  Mus.  XXXV.  p.  301,  U  , 

décident  pour  Fsanmffüq"' 

dans  1rs  Trans.  of 


Philologus,  XII,  p.  •nv  ul  vvnjueiiiauu,  ixncut.  xuuo. 

Studien ,  III,  p.  161;  Hicks,  M annal ,  et  Roelil,  L.  I.  se  «*««*««• —  i 
Certains  noms  sont  Cariens,  Saycc,  The  Carian  linguage  and  insc.  „L1|(juCs 

the  Soc.  of  Dibl.  Archaeology ,  t.  IX,  1887.  p.  112,  154;  Mallet,  Op-1- 
autres  appartiennent  à  une  langue  voisine  du  phénicien  et  de  1  hil>i<  "■  |()I.C(^nîctit 
semit.  I,  p.  128-137  ;  Mallet,  p.  92.  —  «  Le  nom  Psammétique  n'esl  |>a> 
égyptien  ;  il  peut  venir  de  Lybie  ;  le  neveu  de  Périandre  s  appelait  -  ^  ^  ,j:)llne 
Polit.  1315*,  20  ;  cf.  Mallet,  p.  81.  —  1  C’est  l’explication  que  Ma  r  dsn, 

du  mot  ItXXôyXburiroL.  D’autres  savants  pensent  qu’il  n’y  avait  que  dru*  ^  ^  ^  ^ 
l’armée,  les  Égyptiens  et  les  àïtWyXucririii.  —  8  Herod.  Il,  1,11  ’  *  ' - ’  ] | ,  |03. 

—  n  Herod.  Il,  101  ;  Diod.  I,  08.  — ^  ^  \'0jr  l’étude 


159.  —  10  Mallet,  p.  119.  _ 

—  13  Ilerod.  H,  161.  —  U  Perrot,  Hist 
deM.  lleuzey,  Gaz.  arch.  1880,  p.  145.- 


080.  -  : 


de  l’art,  III,  pl.  v,  p. 

- 10  Mallet,  Op.  I.  P- 1 23-1 2-4, U  al 


Ilcuxey. 


—  1787  — 


MER 


MER 


pi'1 


fl,rent  détruits;  la  ville  qui  s’était  formée  aux 
wa,  1111  \  du  coup<  c’est  à  Naucratis,  et  meme 


fut  ruinée 


|environS  .‘^autour  de  sa  personne,  qu’Amasis  cantonna 
îi Memp  ll^’^res  ns  occupèrent  des  quartiers  à  part;  ils 
l6S  mCI  nlricter  des  unions  avec  des  femmes  indigènes; 
Purenl  T.  nés  de  ces  mariages  servirent  à  recruter  la 
’f  ®"  des  interprètes,  et  adoptèrent  les  mœurs  du  pays  ; 

C  '  n  ninsi  longtemps  avant  les  Ptolémées,  une 
?  ioToè  dominait  l’élément  exotique.  Bientôt  les  mer- 
‘  ire8  jouirent  auprès  d’Amasis  de  la  faveur  dont  ils 
“lit  joui  auprès  de  ses  prédécesseurs;  leurs  anciens 
Vilèses  leur  furent  confirmés;  le  roi  alla  même  jusqu  à 
accorder  des  avantages  nombreux  aux  dépens  des 
L  les  égyptiens  *.  Naucratis  devint  un  centre  de  com¬ 
merce  très’  important;  c’était  un  port  franc,  une  ville 
libre  que  les  Grecs,  qui  s’y  étaient  fixés,  pouvaient 
administrer  à  leur  guise.  Quoique  la  branche  Pélusiaque 
soûle  fût  ouverte  aux  Grecs,  leur  influence  s’étendait  de 
plus  en  plus  en  Égypte.  Amasis  mourut  au  milieu  des 
préparatifs  qu’il  faisait  pour  repousser  l’attaque  immi¬ 
nente  des  Perses.  L’invasion  eut  lieu  sous  le  règne  de 
son  fils  Psammétique  III  ;  ce  fut  un  mercenaire,  Phanès 
d’Halicarnasse,  homme  de  bon  conseil  et  brave  soldat, 
dit  Hérodote  2,  qui  indiqua  à  Cambyse  le  moyen  de 
traverser  le  désert  pour  arriver  sur  les  bords  du  Nil. 

Avec  la  conquête  perse,  finit  la  première  période  de 
l’établissement  des  mercenaires  grecs  en  Égypte.  Ils 
avaient  été  appelés  dans  ce  pays  par  le  Pharaon  ;  on  les 
avait  distribués  dans  des  cantonnements  fixes,  d’abord  à 
l  est,  puis  à  l’ouest  du  Delta  ;  ils  avaient  le  libre  exercice 
de  leur  culte  et  jouissaient  de  certains  privilèges;  mais 
ils  étaient  soumis,  ainsi  que  les  marchands  qui  habi¬ 
taient  auprès  d’eux,  à  une  réglementation  assez  étroite. 
Des  unions  se  formèrent  entre  les  mercenaires  et  les 
femmes  du  pays,  et  de  ces  unions  sortit  cette  classe  des 
interprètes  qui  fut  bientôt  assez  nombreuse.  Mais,  malgré 
ces  unions,  les  mercenaires  ne  firent  point  partie  de  la 
nation,  qui  leur  donnait  une  hospitalité  plus  ou  moins 
volontaire  :  Naucratis,  après  la  destruction  des  strato- 
péda,  est  le  seul  port  où  les  étrangers  puissent  se  fixer; 
elle  doit  à  ce  privilège  une  fortune  rapide.  Cette  ville, 
ainsi  établie  dans  un  pays  comme  l’Égypte,  a  joué,  à  un 
moment  de  l’histoire,  un  rôle  important;  elle  a  été  un 
Irait  d’union  entre  la  Grèce  et  l’Afrique;  elle  a  eu  un  art, 
nne  industrie,  un  alphabet  qui  ont  subi  dans  une  certaine 
mesure  1  influence  égyptienne  ;  revenu  en  Grèce,  le  mer¬ 
cenaire,  le  marchand  qui  avait  vécu  en  Égypte  y  apportait 
u°fions  nouvelles  sur  les  hommes  et  sur  les  choses; 
^  disaient  connaître  û  la  Grèce  la  civilisation  égyptienne 
en  même  temps  qu’ils  faisaient  apprécier  par  l’Égypte  les 
Progrès  rapides  de  la  civilisation  hellénique. 

Ainsi ,  les  mercenaires  grecs  s’établirent  en  Égypte  au 
lllomi'ni  0ù  ge  proéiujsait  cette  grande  expansion  de  la 
^ac'  grecque  sur  presque  tous  les  bords  de  la  Méditer- 
Uu'm  a"  momen^  0Pl  ^es  colons  grecs  allaient  fonder 
tou  V  ''"es  1u*  devinrent  bientôt  si  florissantes  3.  Sur 
ts  Points  de  la  Méditerranée,  les  Grecs  trouvaient 
peuples  barbares  divisés,  ayant  à  peine  quelques 

1  Cf 

lieu*  (t'Imhiu  Mallet’  P' ***■  un  décret  d'Amasis  :  «  Qu’on  leur  donne  dos 
Prient  lcs  dans  les  ter,’ains  du  territoire  de  Saïs  !  Qu’ils  s'appro- 

"nif-ncu t  i,,  ’ O1  (’s.  bois  de  chauffage  (qu'on  donnait  aux  temples).  Qu’ils 

‘"ercenaiiYs  .**'UUX’  ~  2  III,  A;  voir  au  ch.  U,  la  vengeance  que  les 
Cidéles  à  Amasis,  tirèrent  de  Phanès.  —  3  Cyzique  en  720, 


commencements  de  civilisation  ;  souvent  même  ils  succé¬ 
daient  à  des  premiers  envahisseurs  qui  avaient  préparé 
le  terrain,  à  des  Phéniciens  ;  il  leur  fut  donc  facile  de 
fonder  dans  de  tels  endroits  des  établissements  considé¬ 
rables,  de  refouler  ou  de  soumettre  les  habitants  et 
même  d’helléniser  complètement  le  pays.  I!  en  fut  tout 
autrement  en  Égypte.  Là  les  Grecs  avaient  devant  eux 
un  pays  qui  était  centralisé,  qui  avait  conscience  de  son 
unité,  qui  possédait  une  religion,  une  dynastie  natio¬ 
nales,  qui  avait  su  créer  un  état  de  civilisation  très 
avancé.  On  comprend  qu’un  tel  pays  ait  résisté  a 
l’action  des  Grecs.  Ils  y  furent  toujours  considérés 
comme  des  inférieurs  ou  des  subalternes:  ils  étaient, 
à  la  solde  des  Pharaons.  A  côté  de  ces  soldats,  on  permit 
à  des  marchands  de  fonder  une  ville,  Naucratis;  mais  le 
reste  de  l’Égypte  leur  fut  fermé;  c’était  un  bloc  qui  ne 
voulut  pas  se  laisser  entamer. 

Grèce.  —  La  plupart  des  tyrannies  disparurent  de  la 
Grèce  vers  la  fin  du  vie  siècle.  Elles  furent  remplacées 
par  des  républiques,  dans  lesquelles  le  pouvoir  appar¬ 
tenait  aux  citoyens  ;  il  s’ensuivit  que  c’est  à  eux  que  fut 
confiée  la  défense  nationale.  Faire  partie  de  1  armée 
comme  hoplite  ou  comme  cavalier  était  un  devoir  et  un 
honneur.  Le  mercenaire  disparait  donc  pour  un  certain 
temps  des  armées  grecques  ;  il  n’en  est  pas  fait  mention 
dans  les  guerres  contre  les  Perses;  ou  plutôt,  c’est  dans 
l’armée  de  Xerxès  qu’on  signale  quelques  mercenaires 
grecs,  des  Arcadiens  dénués  de  tout,  dit  Hérodote  L 

Pendant  la  guerre  du  Péloponèse,  le  mercenaire  a 
reparu  dans  les  armées  grecques,  même  dans  les  armées 
Spartiates.  Il  y  en  avait,  comme  nous  le  verrons  plus 
loin,  dans  cette  armée  que  Brasidas  commandait  en 
Tlirace.  A  la  fin  de  la  guerre  aussi,  quand  le  roi 
Pausanias  attaqua  le  Pirée,  défendu  par  Thrasybule, 
Lysandre  commandait  l’aile  gauche  qui  était  composée 
de  mercenaires  5. 

Athènes.  —  Comme  toujours,  c’est  pour  Athènes  que 
nous  sommes  le  mieux  renseignés.  La  question  des 
mercenaires  est  importante,  non  pas  seulement  parce  que 
cet  élément  étranger,  une  fois  introduit  dans  l’organi¬ 
sation  militaire  d’Athènes,  y  a  pris  un  développement 
chaque  jour  plus  considérable  ;  elle  est  importante  aussi 
parce  qu’elle  nous  permet  de  voir  d’après  quel  modèle 
les  Athéniens  ont  compris  la  composition  de  leur  armée, 
et,  en  particulier,  comment  ils  ont  tenté  de  résoudre  ce 
problème  de  l’emploi  des  troupes  légères  qui  s’est 
imposé  à  tous  les  États  grecs  du  ve  et  du  iv°  siècle.  La 
question  des  mercenaires,  en  effet,  est  en  grande  partie 
la  question  de  l’emploi  des  troupes  légères,  au  moins 
durant  l’époque  qui  marque  le  point  culminant  de  la 
grandeur  d’Athènes. 

Pendant  les  guerres  médiques,  l’armée  athénienne, 
comme  toutes  les  armées  que  les  divers  peuples  grecs 
opposèrent  à  l’envahisseur,  comprenait  presque  exclusi¬ 
vement  6  un  corps  d’hoplites,  armés  de  la  lance  et  du 
bouclier.  On  signale  quelques  archers  à  Platées  \  un 
plus  grand  nombre  à  Salamine  8,  à  peine  quelques 
cavaliers  pour  le  service  d’ordonnance  9 .  Les  Perses  ont 

Byzance  cil  057,  Cume,  Syracuse  en  735,  Sybaris  en  721,  clc.  —  4  Herod.  VIII, 
2fi.  _  S  Xen.  Hcll.  Il,  A,  30.  —  6  A  Marathon,  il  n’y  a  ni  archers,  ni  cava¬ 

liers,  Herod.  VI,  ttî.  —  3  Herod.  IX.  22,  00.  —  s  Plutarque  ( Tliemist .  14) 
indique  quatre  archers  sur  chacun  des  1 80  vaisseaux  athéniens. —  9  Herod.  IX, 

54,  00. 


MER 


—  1788  — 


pour  arme  nationale  l'arc  1  ;  ils  possèdent  en  outre  une 
forte  cavalerie.  L’expérience  de  cette  guerre  montra  aux 

l.recs  que,  si  leur  phalange  d’hoplites  avait  sur  l’infan¬ 
terie  perse  une  supériorité  décidée,  cette  phalange  lourde 
et  massive  avait  besoin  d’être  protégée  contre  les  troupes 
légères  et  contre  la  cavalerie.  Dans  les  cinquante  ans  qui 
séparent  les  guerres  médiques  de  la  guerre  du  Pélo- 
ponèse,  les  Athéniens  se  sont  appliqués  à  donner  à  leur 
phalange  d’hoplites  l’appui  de  ces  troupes  légères  qui 
était  devenu  nécessaire. 

Quand  la  guerre  avec  Sparte  éclata,  l’armée  de  terre, 
comme  Périclès  l’expose  devant  les  Athéniens  2,  se 
.  trouve  ainsi  composée  : 

1.  Une  grosse  infanterie  de  29000  hoplites,  dont 
3000  métèques; 

2.  Un  corps  de  1000  cavaliers  ; 

3.  Un  corps  de  200  archers  à  cheval  ; 

•4.  Un  corps  de  1600  archers  à  pied. 

Tous  ces  corps,  à  l’exception  de  la  troupe  des  3  000  mé¬ 
tèques,  sont  exclusivement  composés  de  citoyens  athé¬ 
niens  3.  Parmi  les  1600  archers  à  pied  et  les  200  archers 
à  cheval,  il  n  y  a,  comme  on  l’a  cru  faussement  jusqu’ici, 
ni  esclave  ni  mercenaire.  C’est  là  l’armée  régulière’ 
prête  à  entrer  en  campagne  sur  l’ordre  des  autorités 
compétentes  [exercitus]. 

Il  faut  noter  que  des  deux  armes  de  jet  qui  figurent 
désormais  dans  1  armée  athénienne,  l’arc  et  le  javelot, 
c  est  la  première  qui  passe  pour  la  plus  efficace,  puis¬ 
qu’elle  est  donnée  à  des  troupes  à  cheval  et  à  des  troupes 
à  pied.  Le  javelot  [jaculum]  n’est  donné  qu’à  des  cavaliers  ; 
on  sait  qu’à  cette  époque  c’est  là  le  seul  moyen  d’action 
que  la  cavalerie  peut  avoir  contre  l’infanterie.  Cependant 
si  l’arc  [arcus]  est  considéré  comme  une  arme  redoutable, 
c  est  une  arme  méprisée.  Le  tir  de  l’arc  était  enseigné  aux 
éphèbes  ’,  mais  il  ne  figure  pas  à  Athènes  dans  les  con¬ 
cours  des  jeux  publics.  Il  y  a,  au  contraire,  des  prix 
pour  le  tir  du  javelot  à  cheval  ;  c’était  un  exercice  aimé 
des  jeunes  Athéniens  [heraia,  fig.  3752];  ils  savaient 
même  lancer  le  javelot  en  se  tenant  debout  sur  le 
cheval  5. 

Dès  le  début  des  hostilités,  l’insuffisance  de  cet  arme¬ 
ment  se  fitsentir.  La  guerre  avait  désormais  de  nouvelles 
exigences  ;  plus  que  jamais  la  phalange  des  hoplites 
avait  besoin  d’être  protégée  et  éclairée.  Comme  autrefois 
les  Athéniens  s’étaient  adressés  à  leurs  alliés  les  Thessa- 
liens,  pour  avoir  de  la  cavalerie,  ils  s’adressèrent  cette 
fois  encore  à  leurs  alliés  du  nord  de  la  Grèce  pour  avoir 
des  troupes  légères.  Sitalcès,  roi  des  Odryses,  fut  sollicité 
d’envoyer  une  armée  de  cavaliers  et  de  peltastes  G.  Cléon, 
allant  combattre  les  Spartiates  enfermés  dans  l’ile  de 
Sphactérie,  amena  avec  lui  des  hoplites  de  Lemnos  et 
d  Imbros  et  un  fort  contingent  d’archers  et  de  peltastes; 
au  moment  d’attaquer,  il  avait 800  archers  et 400 peltastes  ; 
ces  derniers  venaient  de  l’île  d’Ainos,  à  l’embouchure  de 
1  Ebre  ;  une  autre  arme  légère  est  signalée  aussi  dans 
son  armée,  des  frondeurs  ;  mais  leur  effectif  n’est  pas 
indiqué  '.  L’expédition  que  Nicias  et  Nicostratos  con- 

<  Eschyle  dans  les  Perses  oppose  souvent  l'arc  des  f'erscs  'au  Si»u  des 
Grecs,  v.  85,  147,  239,  etc.  -  2  Time.  II,  13.  -  3  La  démonstration 

e  ce  que  nous  avançons  ici  se  trouvera  dans  uu  article  qui  paraîtra 
au  Case.  1"  de  la  /ter.  de  philologie  de  1903.  —  4  Dans  les  insc.  épbébiques  le 
To-Jvaî  est  toujours  indiqué  parmi  les  professeurs  qui  reçoivent  un  éloge,  Corp. 
,nscr.  ait.  II,  465  1.  22  ;  407,  I.  53  ;  409,  I.  39  et  84  ;  le  plus'  souvent  le  est 

mcnlionné  après  I  4*ovr urrfc.  —  5  C’est  ainsi  que  faisait  le  fils  de  Thémislocle, 


MER 

duisirent  contre  Mendé,  en  4^3  rnm 

*  C00,archers  athénie”S.  4OOO  TI,racerll0(l0llo«J 
des  pelustes  fournis  par  1<,S  peu  ,  Trcc"“'ni  « 

un  moment  de  l’Atlique  et  regarde»  °  ''  S««« 

<1  autres  peuples  grees.  Le!  &*£"**•*** 
tr, on, pl.onl  d'une  expédition  athénienne  !!  *>* 
a  cote  des  hoplites,  un  corps  de  pcCi  ' 
venir  d’Olynthe  et  de  l’ile  de  oisi.'ilJ’  ?" lls  ""'Ml 
maïque  *.  A  Délion,  les  Thébains  !!  •  "  S°lrc  Th«- 
7000  hoplites,  plus  de  10000  tw  n  km 

500  peltastes-.  Après  la  victoire]  Hs’cîu^  L'"*'5  « 
encore  assez  de  troupes  légères  ils  fi,.-  i  navoil‘pas! 
Maliaque  des  acontistes  et  des  frondeurs  T"'  dU  8°1 
Brasidas  réunit  en  Thrace  en  424  avait  amée  que 
qui  révèle  chez  ce  général  une 
conditions  nouvelles  dans  lesquelles  devJC  f  •“ 
a  ors  la  guerre,  connaissance  qui  était  ,  1 
chez  un  Spartiate.  Celle  armée  comprenait  JL  re 
le  corps  de  peltastes  qni  étaiti,  *45, 

2000  hoplites,  plus  de  1800  Thraces  mercenaire/]  1 
cavaliers  et  des  peltastes  édoniens  en  grand  „„ml« 
enliii  1000  peltastes  myrcinicns  et  chalcidiens  C’estl 

»e  ces  peUastes 

Nous  arrivons  à  l'expédition  de  Sicile.  C’est  le  nias 
grand  cfforl  qu’Athènes  ait  encore  fait  dans  cette  guerre- 
en  même  temps,  à  cause  de  la  grandeur  même  de  l'entre] 
prise,  Thucydide  est  moins  avide  de  renseignements. 
Dans  l’assemblée  du  peuple  où  cette  expédition  fui 
décidée,  Nicias  avait  fait  observer  que  les  villes  sici¬ 
liennes  étaient  abondamment  fournies  d’hoplites,  I 
d  ai  chers  et  d  acontistes  ;  il  avait  demandé  que  le  corps  ] 
expéditionnaire,  à  côté  d’une  nombreuse  phalange 
d  hoplites  athéniens,  alliés  ou  mercenaires,  eût  beaucoup 
d  archers  athéniens  ou  crétois  et  beaucoup  de  frondeurs, 
La  nécessité  d’avoir  des  troupes  légères  s’imposait  d'au¬ 
tant  plus  qu’on  ne  pouvait  pas  songer  à  amener  si  loin  de 
la  cavalerie,  et  l’on  savait  que  les  Syracusains  en  avaient 
une  très  nombreuse12.  L’armée  que  les  généraux  athé¬ 
niens  amenèrent  en  Sicile  comprenait  5  100 hoplites,  dont 
1500  d’Athènes,  480  archers,  dont  80  de  Crète,  700  fron¬ 
deurs  rhodiens  et  120  tfuXof  de  Mégare13.  Rien  déplus 
instructif  pour  nous  quela  composition  de  cette  armée.  On 
en  est  encore  aux  anciens  errements  :  des  archers  et  des 
frondeurs  [funda].  Nicias  avait  signalé  la  présence  de 
nombreux  acontistes  dans  l’armée  syracusaine;  il  n  on 
réclame  pas  pour  l’armée  qu’il  commande;  il  ne  réclamé 
pas  non  plus  des  peltastes,  cette  troupe  légère  de  mercej 
naires,  que,  dès  le  début  des  hostilités,  nous  voyons  w 
souvent  à  côté  des  troupes  nationales,  et  qui  a  dejarendu 
bien  des  services.  Ainsi  donc  cetLe  fois  encore  1  armernt  n 
était  insuffisant.  Le  danger  s’aggrava  lorsque,  •s0USj 
l’impulsion  de  Gylippe,  les  Syracusains  eurent  pris 
l’offensive.  Dans  une  première  bataille,  ils  sont  '<"I1C11S’  I 
parce  que  Gylippe,  comme  il  l’avoue 

tirer  parti  de  ses  acontistes  et  de  sa  cax  alerie  ,^g 

un  second  engagement,  il  répare  sa  faute  et  les  Ail"  11 

Clèophante,  Platon,  A  tenon,  93  D  ;  Plut.  Thcmisl.  32.  h  'j"1] 
loph.  Acharn.  141.  — 7  TIiuc.  IV,  28  et  32.  —  s  Ibid.  P  »  **"  jl>os  dans  su» 

—  10  IV,  93.  —  il  V  C  et  10.  Cléon  lui  aussi  avait  des  mercenain 

’  i  '  Poilus,  I’"1  ■ 

armée;  il  s'était  adressé  à  Perdicas,  roi  de  Macédoine,  et  nombre  possible 

mantes:  il  avait  demandé  à  celui-ci  de  lui  envoyer  le  pins  ^  ^  jfrjj, 

de  Thraces  mercenaires,  V,  0,  2.  —  12  Tliuc.  \  \,  20,  3  ;  2-,  1  »  » 

VI,  43.  —  H  VII  5. 


i-même,  n  a  pas su 
mais,  dans 


4;  A  ris- 
»  ii, 

son 


MER 


—  1789  — 


MER 


.  i  Vicias,  lui  aussi2,  attribue  sa  défaite  au 
sont  vain(|‘,i^.ivalerie  et  d’acontistes.  Une  nouvelle  armée 
nian([uc  ‘ordres  de  DémoSthène  et  d’Eurymédon, 
part’  S0U'„ secours  à  la  première  qui  est  en  péril.  On 
P0"!/”  xhrace  un  corps  de  1300  peltastes3.  C’est  le 
rient  de  mercenaires  le  plus  nombreux  que  nous 
c0  °  ci  rnl te  énoque  dans  une  armée  athénienne  ;  leur 
"iïÜÏÏZl,  une  drachme  par  jour.  M„iS  les 
'  furent  mol  prises  et  cette  troupe  arriva  trop  tard 
“ 1  s'embarquer.  11  fallut  se  résoudre  à  prendre  des 

P  ij,  tes  Pour  la  première  fois  alors  nous  constatons  la 

Agence  de  mercenaires  de  cette  arme  dans  une  armée 
'athénienne.  Démosthène  en  fit  venir  d’Acarname  *  ;  en 
route,  il  en  prit  150  chez  les  Iapygiens,  300  à  Métaponte 6, 
300  à  Thurium.  Des  frondeurs  furent  engagés,  en  Acar- 
nanie surtout,  pays  qui  en  fournissait  d’excellents6.  _ 
Après  l’expédition  de  Sicile,  ni  les  acontistes,  m  les 
peltastes  ne  sont  plus  mentionnés  par  Thucydide  ;  l’his¬ 
torien  ne  prend  plus  la  peine  de  distinguer  les  diverses 
sortes  de  tj/eXoî  \  Dans  les  Helléniques  de  Xénophon,  il 
sera  question  une  fois  ou  deux  des  acontistes  dans 
T’armée  athénienne,  puis  ce  nom  disparaît8.  Nous  ver¬ 
rons,  au  contraire,  le  peltaste  prendre  une  importance  de 
jour  en  jour  plus  grande.  Pendant  la  guerre  du  Pélopo- 
nèse,  les  deux  armes  semblent  bien  distinctes  l’une  de 
l’autre;  la  manœuvre  essentielle  est  cependant  la  même, 
elle  consiste  dans  le  tir  du  javelot.  Ce  qui  distinguait  le 
peltaste,  c’est  qu’il  avait  le  petit  bouclier,  tt éXrq,  d’où  lui 
estvenuson  nom(fig.4930)9.  Peuàpeu  cependant, ces  diffé¬ 


rences  s’atténuent;  au  commencement  du  ive  siècle,  le  pel¬ 
taste  et  l’acontiste  ne  forment  plus  qu’une  seule  et  même 
arme  ;  c’est  ce  que  montre  nettement  cette  phrase  de  Xéno¬ 
phon  :  «  Presque  tous  les  Thessaliens  sont  acontistes,  aussi 
est-il  naturel  qu’ils  nous  soient  supérieursen  peltastes ,0.  » 
On  voit  quel  est  le  rôle  des  mercenaires  dans  l’armée 
athénienne  au  vc  siècle.  Ils  figurent  dans  tous  les  corps, 
soit  pour  renforcer  les  troupes  nationales,  soit  pour  con¬ 
stituer  à  eux  seuls  des  corps  de  troupes  qui  manquent. 
Avec  1  armée  nationale,  nous  trouvons  :  des  hoplites 
messëniens  avec  Démosthène  dans  sa  campagne  près  du 
golfe  d  Ambracie  11  ;  des  hoplites  de  Mantinée  et  d’autres 
villes  du  Péloponèse  dans  l’armée  de  Nicias,  en  Sicile12; 
es  hoplites  de  Thurii  dans  l’armée  de  secours  amenée 
par  Démosthène  13  ;  des  cavaliers  macédoniens  dans 
armée  athénienne  qui  fait  le  siège  de  Potidéeu;  des 
archers  dans  l’armée  que  Cléon  conduit  attaquer  Sphac- 
^nr  ,  et  dans  celle  que  Nicias  conduit  en  Sicile  ,6. 
dls  ces  hoplites,  ces  cavaliers  et  ces  archers  merce¬ 


naires  ne  forment  qu’un  appoint  assez  faible  à  côté  des 
contingents  fournis,  pour  les  mêmes  armes,  par  les 
Athéniens  et  par  leurs  alliés  ou  sujets.  Il  n’en  est  pas  de 
même  pour  les  troupes  légères.  Un  citoyen  athénien,  à 
moins  d’appartenir  à  la  dernière  classe,  nesert  que  comme 
hoplite  ou  comme  cavalier  ;  servir  dans  les  rangs  des 
archers  à  cheval  était  déshonorant  pour  un  cavalier17  ; 
nous  pouvons  être  sûrs  que  le  même  mépris  aurait  frappé 
l’hoplite  qui  se  serait  glissé  dans  les  rangs  des  archers 
à  pied.  Le  javelot  pour  le  fantassin  était  peut-être 
aussi  méprisé  que  l’arc;  il  était  en  tout  cas  consi¬ 
déré  comme  moins  efficace.  Au  contraire,  pour  les 
peuples  du  nord  de  la  Grèce,  qu’ils  fussent  grecs  ou 
barbares,  le  javelot  était  l’arme  nationale.  C’est  donc 
chez  eux  que  les  Athéniens  vont  recruter  leurs  acon¬ 
tistes  et  leurs  peltastes.  Nous  avons  pu  constater  la 
préférence  que  les  Athéniens  ont  donnée  aux  peltastes. 

Nous  avons  très  peu  de  renseignements  sur  la  façon 
dont  ces  mercenaires  étaient  enrôlés.  Il  fallait  naturel, 
lement  s’entendre  avec  les  autorités  du  pays;  on  pro¬ 
cédait  probablement  par  masses;  tel  pays  devait  four¬ 
nir  tout  un  corps  soit  d’acontistes,  soit  de  peltastes, 
soit  de  frondeurs.  Le  commandement  en  chef  de  ces 
mercenaires  était  donné,  au  moins  dans  certains  cas,  à 
un  Athénien  ,8. 

Il  nous  reste  à  parler  d’un  corps  de  mercenaires  dont 
l’existence  est  constatée  à  Athènes  pendant  la  seconde 
moitié  du  v°  siècle  et  pendant  le  ive.  Ces  mercenaires  se 
distinguent  de  tous  ceux  que  nous  venons  d’étudier,  par 
une  différence  essentielle.  C’est  une  troupe  permanente  : 
c’est  ainsi,  du  moins,  que  les  textes  qui  sont  en  notre 
possession  nous  permettent  de  les  considérer.  Nous  vou¬ 
lons  parler  des  peripoloi.  Jusqu’à  ces  dernières  années 
ce  nom  était  donné  aux  éphèbes.  Pendant  la  première 
année  de  leur  noviciat,  ils  étaient  instruits  au  maniement 
des  armes,  aux  formations  de  marche,  de  colonne,  etc. 
La  seconde  année,  ils  faisaient  un  service  en  campagne. 
Ils  parcouraient  l’Attique,  fournissaient  des  garnisons 
aux  forts  construits  sur  les  frontières.  Ce  sont  les 
éphèbes  de  seconde  année  qui  étaient  appelés  péripoles  19. 
Mais  ce  nom  n’était  pas  réservé  à  eux  seuls.  M.  Foucart20 
a  montré  qu’il  y  avait  un  corps  de  mercenaires  qui 
étaient  aussi  appelés  péripoles.  D’après  un  texte  épigra¬ 
phique  de  l’an  352,  les  péripolarques  sont  chargés  de 
faire  respecter  les  bornes  placées  sur  un  terrain  appar¬ 
tenant  aux  déesses  d’Éleusis21.  Un  autre  texte,  un  peu 
moins  ancien22,  nous  fait  connaître  que  le  péripolarque 
Smikythion,  apprenant  qu’Éleusis  est  menacée,  s’y  était 
porté  et  s’y  était  établi  avec  ses  mercenaires  (Aotêwv  toù? 
GTpamÔTaç),  en  même  temps  qu’il  demandait  à  Athènes 
des  secours  qu’on  s’empressa  de  lui  envoyer.  Smiky¬ 
thion  est  du  dème  de  Képhalé,  c’est  donc  un  citoyen 
athénien.  Une  autre  inscription  23  contient  une  décision 
par  laquelle  les  mercenaires,  (TTpaTtùjxat,  votent  une  cou¬ 
ronne  à  un  stratège  et  à  un  péripolarque  ;  les  deux  offi¬ 
ciers  sont  désignés  tous  les  deux  par  le  patronymique 
et  le  démotique,  ils  sont  donc  citoyens  athéniens.  M.  Fou- 


Jl'.tf  'tU’  C-  -  2  VII,  11,  2.  _  3  Vil,  27.  -  4  VII,  31,4.  -  b  VII,  33.- 
rpnccs  d,’.  ~  '  *'e  'lvre  VIH'  présente,  par  rapport  aux  autres  livres,  il 

roeutioTi  ■  C"m!los'I'on  e!  de  stylo  reconnues  depuis  longtemps.  —  8  Ac 
SlacUcU,"  S  IW'  rai  leS  soldats  de  Thrasybule,  II,  4,  12  ;  15,  23.  —  9  Peint, 
propose  a,.s’  <’mer  der  IIdlen-  pl.  38,  4.  —  iO  Bell.  VI,  1,  9  ;  Agésilas  (li 
“ronldm  P,r'.S  ^°1,r  *cs  *lnP'Hcs,  les  cavaliers,  les  peltastes  et  les  archers  ; 

S^1  C(nix  (i"'  sauront  le  mieux  la  gymnastique,  l'équitation,  le  tir 


lot,  le  tir  do  Parc.  —  '*  Time.  III,  107.  —  1*  VI,  22  ;  43,  2  ;  cf.  encore  tout  le  chap.  vu,  58. 
_  13  vil,  35.  —  n  1,  6t.  —  té  IV,  28.  -  «  VI,  43.  —  *7  Lysias,  XV,  6.  —  18  Thuc.  VU. 
-,  g  _  | .  —  19  Le  texte  le  plus  important  est  Escliinc,  De  fais.  leg.  107.  Nous  renverrons 
seulement  à  Gilbert,  Handb.  1,  349  et  à  P.  Girard,  L’Éduc.  ath.  p.  273.  —  20  Bull, 
de  corr.  hell.  XIII,  1899,  p.  265-206.  —  21  Dittcnbcrger,  789,  I.  20;  Michel,  074  ; 
Corp.  inscr.  att.  IV,  2,  n»  104  a.  —  22  Dittenbcrger,  526  ;  Michel,  149  ;  Corp. 
inscr.  att.  IV,  2,  n»  574  g.  —  23  Michel,  1257  ;  Corp.  inscr.  att.  IV,  2,  1219  4. 

225 


MER 


—  1790  — 


cari  a  montré  que  le  péripole  1  qui  a  tué  Phrynichos  âur 
l’agora  était  un  mercenaire  ainsi  que  plusieurs  de  ses 
complices,  Thrasybule  de  Calydon,  Apollodore  de  Mé- 
gare  -.Ou  peut  supposer,  d'après  le  nom  qui  fut  donné  à 
ce  corps, qu’il  avait  pour  mission  d’assurer  la  tranquillité 
dans  les  campagnes  et  la  surveillance  des  places  fortes. 
Ils  pouvaient  aussi  être  employés  dans  des  opérations 
militaires.  Le  stratège  Démosthène  en  avait  dans  son 
armée  quand  il  essaya  de  s’emparer  de  Mégare  en  424. 
Thucydide,  qui  rapporte  le  fait,  ajoute  qu’ils  étaient 
classés  parmi  les  -j/iXot;  c’étaient  donc  des  fantassins3. 
Peut-on  supposer  d’après  tous  ces  textes  qu’ils  ne  ser¬ 
vaient  guère  hors  de  l’Attique?  Tout  au  plus  les  em¬ 
ployait-on  dans  des  attaques  contre  les  pays  voisins. 
Nous  n’avons  aucun  ‘renseignement  sur  l’effectif  du 
corps.  A  quelle  époque  fut-il  organisé?  Peut-être  pendant 
la  guerre  du  Péloponèse,  après  l’occupation  de  Docélie, 
pour  tenir  tète  aux  incursions  des  Lacédémoniens  4. 

Nous  signalons  ici,  quoique  la  plupart  appartiennent 
au  me  ou  au  ne  siècle,  plusieurs  textes  épigraphiques,  qui 
se  rapportent,  les  premiers  à  ces  garnisons  des  places 
fortes  de  l'Attique,  les  autres  à  des  corps  de  mercenaires 
au  service  d’Athènes.  Il  n’y  est  plus  question  de  péri- 
poles.  Parmi  les  premiers  textes5,  nous  n’en  citerons 
qu’un  :  c’est  une  inscription  6  qui  nous  fait  connaître 
une  décision  par  laquelle  les  Athéniens  en  garnison  à 
Eleusis,  Panactos  et  Phylé  7,  décernent  un  éloge,  une 
couronne  d’or  et  une  statue  d'airain  à  Aristophane,  stra¬ 
tège  à  Éleusis.  Les  mercenaires  sont  ainsi  désignés  : 
ligne  21,  oi  sTfaTtoivai  oî  7taoi  tt;  ttoXsi  cTpaxsuogevoi  xai 
TETOcygévoi  ’EXeuatvt  ;  et  ligne  41,  oi  £evot  oE  p.svà  PvMcriou 
TE-tayjj.évot.  CeGnosias  est  un  Phocidien;  un  peu  plus  bas, 
il  est  désigné  comme  étant  le  chef,  TjyEpujiv,  des  merce¬ 
naires.  Il  est  dit  dans  le  décret  que,  pour  veiller  à  l’exé¬ 
cution  des  mesures  votées,  on  élira  cinq  Athéniens  delà 
garnison  d’Éleusis,  cinq  de  celle  de  Panactos,  un  de 
celle  de  Phylé.  Il  n’est  pas  fait  mention  de  délégués  à 
élire  pour  les  mercenaires.  Mais,  à  la  fin  de  l’inscription, 
les  noms  des  délégués  se  trouvent  indiqués:  il  y  a  les 
onze  délégués  athéniens  ;  vient  ensuite  la  liste  des  délé¬ 
gués  des  mercenaires;  en  tête,  le  chef  Gnosias,  puis 
vingt-deux  noms  propres  suivis  de  l’ethnique;  il  y  a 
quatre  Phocidiens,  quatre  Crétois,  trois  Macédoniens, 
deux  Argiens,  deux  Thessaliens,  etc.  Malheureusement 
l’inscription  est  mutilée  après  ces  vingt-deux  noms;  il 
semble  bien  qu’il  y  en  avait  encore  vingt-cinq,  ce  qui 
ferait  quarante-huit  noms  de  mercenaires,  y  compris  le 
nom  de  Gnosias.  Si  cette  explication  est  juste,  on  voit 
combien  les  mercenaires  étaient  plus  nombreux  que  les 
Athéniens.  Cette  inscription  doit  être  placée  entre  les 
années  289  et  287,  quand  Démétrius  était  encore  roi 
d’Athènes.  Une  autr<? inscription,  qui  est  de  l’an  282,  au 
moment  où  Démétrius  venait  de  mourir  prisonnier  de 
Séleucus,  contient  un  décret  honorifique  en  l’honneur  de 
Strombichos,  un  ancien  officier  de  Démétrius,  qui, 
avec  ses  mercenaires,  avait  aidé  les  Athéniens  à  recon¬ 
quérir  leur  liberté  8.  Pendant  la  guerre  Lamiaque, 

*  Il  s’appelait  ilernion,  d’après  Plutarque,  Alcib.  25.  --  2Tnuc.  VIII,  92» 
Lysias,  XIII,  71  ;  Corp.  inscr.  att.  I,  59.  —  3  Thuc.  IV,  G7,  2  et  C  ;  68,  4. 

—  4  L’état  d’él>auche  dans  lequel  est  resté  le  1.  VIII  de  Thucydide  expli¬ 
querait  pourquoi  la  création  de  ce  corps  n’a  pas  été  mentionnée  par  l’historien. 

—  à  II  y  en  a  deux  autres  :  Corp.  inscr.  att.  II,  1217;  Ditlenbergcr,  165;  c’est  une 
inscription  en  l  honneur  de  Démétrius  de  Phalères,  environ  de  l’an  318  av.  J.-C. 
Une  autre  inscription,  entre  les  années  220  et  216,  concerne  un  slratège,  Int  t 7tv 


MER 

Euphron  de  Sicyone,  chef  de  mercenaires  ■  • 
secouru  les  Athéniens  3  ;  en  229,  les  mer^  aUSsi 
paient  la  ville,  on  avait  de  la  peine  à  se  déi^^68  0ccu* 
une  inscription  nous  apprend  qu’Euryclès'T8?  d  eUX’ 
Céphère,  donna  de  l’argent  pour  les  faire  m,!;  «,e  de 
quons  enfin  delà  fin  du  iv  siècle,  un  catalogue  ni 
cenaires  ;  il  a  été  trouvé  sur  l’Acropole  Æ  ■ 
comprend  en  réalité  trois  listes  différentes  lpll0n 

une  colonne.  Certains  noms  ethniques  I’ 
chacune  des  trois  colonnes,  ainsi  le  nom  des  (w  r  ^ 

r'rr"ns  t  deux’ ainsi  *«  p«  c1 

les  Thebains.  A  partir  do  la  ligne  47  q  ’ 

cinquante  noms  d’individus  et  cinquante  noms'T 
peuples  ;  on  voit  combien  la  composition  de  ces  troun! 
mercenaires  était  variée  quant  à  la  nationalité  •  d 
cette  partie  de  la  liste,  tous  les  noms  sont  bien  grecs  \u 
contraire,  dans  la  première  partie,  dans  les  quarante 
sept  premières  lignes,  il  y  a  quarante-trois  noms  parmi 
lesquels  il  y  a  bon  nombre  de  noms  barbares,  ainsi  des 
noms  égyptiens:  Patoumas;  Patoumasès,  des  noms  qui 
semblent  scythes  :  Rosézis,  Doulézelinis,  Ivarsis, 
Driazis,  etc.  Il  est  regrettable  que  l’indication  relative  à 
l’ethnique  de  tous  ces  noms  ait  disparu. 

La  fin  de  la  guerre  du  Péloponèse  avail  été  si  longue, 
que  pour  beaucoup  de  Grecs,  le  service  militaire  était 
devenu  un  métier,  une  occupation.  La  paix  rétablie,  tous 
ces  soldats  se  trouvaient  désœuvrés  et  incapables  de 
gagner  leur  vie.  D’autre  part,  les  classes  sociales,  dans 
lesquelles  les  milices  civiques  étaient  recrutées,  avaient 
été  si  éprouvées  qu’elles  ne  sentaient  plus  que  la  fatigue 
et  le  dégoût  du  service.  En  même  temps,  le  métier  mili¬ 
taire  devenait  chaque  jour  plus. difficile.  «  Personne  12  ne 
pourra  devenir  un  excellent  joueur  de  dés  ou  d’osselets 
s’il  ne  s’applique  à  ce  jeu  dès  l’enfance,  et  il  suffira  de 
prendre  un  bouclier  ou  une  autre  arme  quelconque  pour 
devenir  du  jour  au  lendemain  un  bon  hoplite  !  »  Les 
milices  civiques,  qui  avaient  sauvé  la  Grèce  dans  la 
lutte  contre  les  Perses,  avaient  des  qualités  précieuses, 
l’esprit  de  sacrifice  et  le  dévouement  à  la  patrie;  mal¬ 
heureusement  la  guerre  avait  amené  une  recrudescence 
déplorable  des  discordes  civiles  ;  la  lutte  des  partis  prit 
un  caractère  de  fureur  et  de  férocité  qu’on  n’avait  pas 
vu  jusqu’alors  ;  le  sentiment  patriotique  en  reçut  une 
atteinte  profonde.  Enfin,  avec  le  développement  de  la 
démocratie,  l’esprit  d’indiscipline  devint  chaque  jour 
plus  fort  dans  les  armées;  les  chefs  ne  pouvaient  ma¬ 
nier  qu’avec  les  plus  grands  ménagements  ces  hommes 
qui,  de  retour  dans  la  cité,  pouvaient  devenir  leurs  accu 
sateurs  et  même  leurs  juges13. 

Ce  qui  prouve  que  l’ère  des  mercenaires  commence, 
c’est  l’apparition  du  chef  de  bande,  du condottiei  (  ■  us^ 
qu’ici  le  mercenaire  de  métier  agit  isolément,'  ne 
forme  pas  d’association,  de  bande.  Les  tyrans  qui  j^11^ 
parent  du  pouvoir  avec  l’aide  des  soldats,  tels  que  .IS 
trate,Denys,  Jason  de  Phères,  n’ont  rien  du  londoltc^ 
ce  sont  des  citoyens  qui  profitent  des  troubles  pu 


tentent  un  coup  de  force  et  régnent  sur 


Dittenberger,  246  ;  Michel,  609. 


r  leur  cité.  A  Prü' 


6  6’.  i.  att.  Il,  514 

entre  289  et 


av  en*  'EXeuffTvoç  .  ~ . —  —  ,  -  .  ...  _  n|aCC  C 

b ,  p.  154;  Dittenberger,  192;  Michel,  606.  Cette  inscrip  ion  s  j.ver9  textes. 
287.  —  7  Ces  trois  garnisons  sont  mentionnées  ensemble  <!&ns  c  ‘  ^  jyf  2, 
—  »  C.  i.  att.  II,  314;  Dittenberger,  198;  Michel,  127.  —  ’  ‘g.  Ditlen- 

-  ’  5  (374  d- 


p.  Ci,  n.  231  4;  Dittenberger,  163;  Michel,  ....  ^ 

berger,  233.  —  U  C.  i.  att.  II,  963;  Michel,  605.  -  12  t'lal-  iiep' 

—  '3  Cf.  nos  Cavaliers  Athéniens,  p.  441. 


MER 


—  1791 


MER 


|i0US  voyons  apparaître  le  guerrier  qui,  après  s’être 
SCnl  ""  renom  par  sa  bravoure,  son  habileté,  ses  lar- 
fal1  “  réunit  des  bandes  d’hommes  armés  dont  il  se  fait 
va  se  louer  à  tel  ou  tel  État,  ou  bien  fait  la  guerre 


je  chef, 


,mir  son  compte. 

•  jj-j:  ]\[ille.  —  Déjà,  à  la  fin  de  la  guerre,  Alcibiade, 

I,.  uni  d’Athènes,  s’étaitrendu  indépendant  entre  les  deux 


partis,  grâce  a 


des  troupes  de  mercenaires  qu’il  avait  réu- 


,  et  avec  lesquelles  il  occupait  plusieurs  points  fortifiés, 

f  la  guerre  aux  barbares  et  ramassant  beaucoup  de 
, lusses  *.  Les  satrapes  perses  de  l’Asie  Mineure  avaient 
'  lcur  solde  des  mercenaires  grecs  qui  n’avaient  aucun 
scrupule  à  se  battre  contre  les  Grecs  2.  Cyrus  le  Jeune 
eut  de  bonne  heure  des  mercenaires  grecs  autour  de 
lui  Lorsqu’il  fut  appelé  auprès  de  son  père  le  roi  Darius 
mourant,  il  amena  300  hoplites  grecs  qui  étaient  sous 
les  ordres  de  l’Arcadien  Xenias  et  qui  recevaient  une 
solde  magnifique  (I,  2, 2  et  18).  Quand,  de  retour  dans  son 
gouvernement,  il  résolut  de  détrôner  son  frère,  il  comprit 
qu’il  ne  pourrait  rien  s’il  ne  donnait  à  ses  troupes  perses 
l’appui  d'une  armée  grecque.  Il  s’était  déjà  mis  en  rapport 
avec  un  officier  lacédémonien  nommé  Cléarque,  qui,  après 
avoir  été  harmoste  à  Byzance,  avait  refusé  ouvertement 
d’obéir  aux  éphores  de  Sparte  et  avait  été  banni.  Cyrus 
lui  donna  10000  dariques,  et,  avec  cet  argent,  Cléarque 
réunit  une  troupe  de  soldats  qu’il  conduisit  en  Thrace 
vivre  de  pillage  et  de  rapines  jusqu'au  jour  où  Cyrus 
l’appela  en  Asie.  En  même  temps  que  Cléarque,  arri¬ 
vaient  à  Sardes  d'autres  chefs,  qui,  sur  l’ordre  de 
Cyrus,  avaient  eux  aussi  réuni  une  troupe  de  soldats. 
Voici  la  composition  de  l’armée,  telle  que  la  donne 
Xénophon  3  : 


Xéuias  l’Arcadieu . 

4000  hoplites. 

Proxèue  le  Béotien . 

1500  — 

500  tpiXof. 

Sophéuète  l’Arcadieu. . . . 

10(0  — 

Socrate  l’Àchéen . 

500  — 

Pasion  le  Mégarien . 

300  — 

300  — 

Ménou  le  Thessalien . 

1000  — 

500  — 

Cléarque  le  Lacédémonien . 

1000  — 

1  000  —  40  cavaliers. 

Sosis  le  Syracusaift . 

300  — 

Agias  le  Lacédémouien. . . 

1000  — 

10G00  hoplites. 

2  3004hXoL  40 cavaliers. 

Ce  qui  domine  dans  cette  armée,  ce  sont  les  Pélopo- 
nésiens  :  Arcadiens,  Achéens,  Lacédémoniens;  la  Grèce 
centrale  est  peu  représentée,  sauf  la  Béotie  ;  les  Athé¬ 
niens  sont  en  petit  nombre;  les  Thraces,  les  Rhodiens, 
les  Cretois  composent  les  troupes  légères. 

^  Cunaxales  effectifs  sont  restés  tels  que  nous  venons 
(le  les  indiquer;  en  sortant  du  pays  des  Carduques,  il 
n,Y  a  plus  que  8  000  hoplites  et  1800  <j/iAoi  *.  A  Héra- 
cico  ",  on  trouve  -4500  hoplites  arcadiens  et  achéens, 
ROO  hoplites  et  700  légers  avec  Chirisophe  ;  1700  hoplites 
c!  300  légers  aveeXénophon,  plus  40  cavaliers  :  total  8640. 

'  Chrysopolis,  d'après  Diodore  6,  ils  étaient  8  300.  Mais 
apies  R  campagne  de  Thrace,  les  soldats  qui  passent 
7'  '^Sle  à  Lampsaque7  ne  sont  plus  que  6000.  Enfin 
1111111  seulement  se  mirent  à  la  solde  de  Thibron  8. 
j,  *jGs  effectifs  des  neuf  régiments  qui  composent 
armée  présentent  des  différences  considérables;  mais 

Pliornô"  y  ^ ° ’  C°r>i.  Nep.  Alcib.  7.  —  2  Ainsi  Pliarnabaze  el  Tissa- 
&eur  M  Cn  2,  15;  de  môme  Mania,  reine  d’Éolio,  et  son  succcs- 

c*'as’  Jbid.  111,  1,  13-ig,  21.  —  3  Ces  chiffres  sont  donnés  dans  le  icr  et 


tous  ces  régiments  sont  organisés  de  la  même  façon9. 
L’unité  est  la  compagnie,  16/ ;oç,  qui  est  de  100  hommes  : 
le  lo/o;  est  divisé  en  deux  pentécostyes  (vj  7i£VT7)xoffTé;), 
chacune  de  50  hommes  ;  la  pentécostys  est  divisée  en 
deux  énomoties  (v;  èvcugoTia),  chacune  de  25  hommes. 
Ces  divisions  rendent  les  corps  très  mobiles  et  très  ma¬ 
niables. Cette  organisation  diffère  sensiblement  de  l’orga¬ 
nisation  des  armées  athénienne  et  Spartiate;  cependant 
la  plupart  de  ces  noms  se  retrouvent  dans  l’armée  « 
Spartiate. 

Chaque  soldat  doit  s’armer  et  s’équiper  à  ses  frais;  il 
doit  s’entretenir  avec  la  solde  qu’on  lui  donne.  Cette  solde 
avaitété  fixée  à  un  darique  par  mois.  C’était  une  monnaie 
d’or,  qui  avait  été  émise  par  Darius  Ier,  avec  l’effigie 
d’un  archer,  et  qui  valait  environ  20  drachmes  attiques 
(fig.  2292).  Cette  solde  était  complète  ;  elle  comprenait  à  la 
fois  les  subsistances  (afroç),  et  le  salaire  (gnjOôç).  A  Tarse, 
quandles  Grecs  comprennent  qu’on  les  mène  vers  la  haute 
Asie,  ils  refusent  d’avancer;  Cyrus  vient  à  bout  de  leur 
résistance  en  portant  la  solde  à  un  darique  et  demi.  Le 
lochage  recevait  le  double,  le  général  le  quadruple.  Après 
Cunaxa,  plus  de  solde.  A  Byzance,  les  Grecs  trouvent  à  se 
louer  à  Seuthès,  qui  leur  promet  un  statère  de  Cyzique 
par  homme  et  par  mois.  Cette  monnaie  en  usage  dans  les 
villes  d’Asie  Mineure  et  de  Thrace  valait  8  drachmes  de 
plus  que  le  darique. 

Nous  n’avons  pas  à  parler  ici  des  manœuvres  que  l'armée 
exécute  dans  les  marches  et  dans  les  batailles  [exercitus, 
p.  903].  Ce  sont  les  manœuvres  ordinaires  des  armées 
grecques  à  cette  époque.  11  faut  faire  une  exception  pour  la 
marche  en  colonnes  de  compagnie ,  Aôyoi  opQioi,  disposition 
qui  paraît  de  l’invention  de  Xénophon  ou  du  conseil  des 
généraux.  Quand  il  ne  s’agit  pas  d’une  bataille  rangée,  au 
lieu  de  se  mettre  en  ligne  de  bataille  (tpâXaY'),les  compa¬ 
gnies  se  placenta  la  gauche  les  unes  des  autres, chacune 
d’elles  étant  en  colonne  (les  énomoties  l’une  derrière 
l’autre)  et  un  certain  intervalle  est  entre  ces  petites 
colonnes.  C’est  toujours  ainsi  que  l’on  donne  l’assaut, 
quand  on  craignait  que  les  accidents  du  terrain  briseraient 
la  ligne  de  bataille  en  phalange.  Il  faut  aussi  parler  de  la 
manœuvre  que  les  Grecs  exécutèrent  à  Cunaxa,  lors¬ 
qu’ils  s’arrêtèrent  dans  leur  poursuite,  et  firent  demi- 
tour.  Dans  ce  mouvement  le  dernier  rang  ne  devint  pas  le 
premier  ;  au  contraire,  dans  chaque  énomotie,  le  dernier 
rang  fit  demi-tour,  le  rang  suivant  vint  se  placer  devant 
lui,  et  ainsi  de  suite  jusqu’au  premier.  Le  seul  change¬ 
ment  fut  que  l’aile  droite  était  à  gauche,  et  récipro¬ 
quement10. 

On  peut  admettre  que  l’armée  est  partie  de  Sardes  le 
6  mars  401  :  la  bataille  de  Cunaxa  serait  du  3  septembre  ; 
en  86  jours  de  marche  on  avait  fait  520  parasanges  ;  il  y 
avait  eu  96  jours  de  repos.  De  Cunaxa  à  Cotyora,  il  y  eut 
122  jours  de  marche,  pendant  lesquels  on  fit  environ 
620  parasanges,  et  151  jours  de  repos.  Cela  donne  un 
total  de  208  jours  de  marche,  de  247  jours  de  repos,  soit 
en  tout  environ  15  mois,  et  de  1140  parasanges.  Cette 
mesure  perse  équivaut  à  30  stades,  c’est-à-dire  5  km.  520. 
Les  Grecs  avaient  donc  fait  en  208  étapes  6292  km.  800, 
soit  une  moyenne  de  30  km.  252  par  journée  de  marche. 
C’est  surtout  de  Sardes  à  Cunaxa  que  les  étapes  furent 

te  II”  cliapilrç  du  livre  premier  ;  l'effectif  total  est  indiqué,  1,  2,  0.  —  t  Xen.  Anab. 
IV,  g,  15.  —  5  VI,  2,  te.  -  «  XIV,  31.  —  7  VII,  7,  33.  -  »  XV,  37.  -  9  Voir 
surtout  Anab.  IV,  8,  15.  —  10  Xen.  Anab.  I,  10,  6-9. 


MER 


—  1792 


MER 


longues.  Cyrus  était  pressé,  et  l’armée,  bien  fournie 
dans  un  pays  fertile,  s’avançait  rapidement.  Dans  les  mon¬ 
tagnes  de  l’Arménie,  la  marche  devint  très  difficile;  les 
attaques  de  l’ennemi  étaient  incessantes  ;  les  Grecs  mar¬ 
chèrent  quelquefois  plus  d'un  mois  sans  se  reposer. 

Il  faut  tenir  compte  aussi  des  impedimenta  que  traî¬ 
nait  cette  armée.  Outre  les  soldats,  elle  comprenait  un 
grand  nombre  de  serviteurs  ou  d’esclaves.  Chaque  hoplite 
avait  un  Ù7ra<77rt<rrrçç,  chargé  de  porter  le  bouclier  et 
quelques  autres  pièces  de  l’armure  ;  d’autres  esclaves  et 
de  nombreuses  bêtes  de  somme  portaient  les  ustensiles 
de  table  et  de  cuisine,  les  vêtements,  les  tentes  et  surtout 
le  butin.  A  chaque  razzia,  on  enlevait  le  plus  d’hommes 
que  l’on  pouvait  pour  en  faire  des  porteurs.  Les  cha¬ 
riots  paraissent  avoir  été  relativement  peu  nombreux. 
Tout  cela  formait  un  train  considérable.  On  le  désignait1 
SOUS  le  nom  de  xi  axsuir),  oy^oç,  dxpaxb;  cxsuooopixôç  ;  il 
avait  ses  chefs  particuliers,  STpaxoS  cFxeuoçoptxou  apyovTE;2. 
Il  comprenait  enfin  les  malades,  les  blessés,  des  enfants 
d’esclaves,  enfin  un  grand  nombre  de  femmes.  La  surveil¬ 
lance  et  la  protection  du  train  était  un  des  soucis  des 
chefs  et  encore  plus  peut-être  des  soldats.  Quelquefois 
ceux-ci,  pour  porter  secours  au  train  qu’ils  croient  me¬ 
nacé,  sont  allés  jusqu'à  agir  contre  les  ordres  donnés  3. 
Au  commencement  de  la  retraite,  après  Cunaxa,  les 
Grecs,  sur  la  proposition  de  Xénophon,  prirent  la  réso¬ 
lution  de  brûler  leurs  bagages  et  leurs  tentes  4  ;  la  même 
opération  se  fit  encore  dans  le  pays  des  Carduques5; 
malgré  cela,  l’o^Xoç  est  toujours  resté  considérable  et  n’a 
pas  peu  contribué  à  alourdir  la  marche  de  l’armée. 

Il  n’y  avait  pas  de  service  d’intendance  ;  l’armée  se 
nourrit  par  le  pillage  ;  souvent  on  traite  avec  les  popu¬ 
lations  qui  consentent  à  fournir  un  marché.  Le  service 
médical  est  rudimentaire.  Quand  les  blessés  sont  nom¬ 
breux,  on  fait  appel  à  ceux  des  chefs  ou  des  soldats  qui 
peuvent  avoir  quelque  connaissance  de  la  médecine  ; 
une  fois,  huit  médecins  sont  mentionnés  6.  Les  prêtres, 
les  devins  sont  assez  nombreux  ;  parmi  eux,  Silanos 
et  Aréxion  occupent  une  situation  aussi  importante  que 
les  chefs  supérieurs. 

Ces  troupes  sont  en  général  groupées  selon  la  nationa¬ 
lité  du  chef  qui  les  a  enrôlées.  Il  semble  que  l’enrôle¬ 
ment  ne  comprenait  pas  de  contrat.  En  tout  cas,  l’enga¬ 
gement  peut  toujours  être  rompu  ;  ainsi  2000  soldats 
quittent  Xénias  et  Pasion  pour  passer  à  Cléarque  7.  On 
quitte  un  chef,  on  revient  à  lui  selon  les  circonstances. 
Dans  les  moments  critiques,  un  grand  nombre  de  sol¬ 
dats  viennent  se  ranger  autour  de  Cléarque,  qui  est 
regardé  comme  le  guerrier  le  plus  ferme  et  le  plus 
habile  en  face  de  l’ennemi  ;  mais,  le  danger  passé,  les 
soldats  le  quittent  à  cause  de  sa  sévérité  et  passent 
sous  d'autres  chefs8. 

Ce  qui  manque  le  plus  à  cette  armée,  c’est  la  disci¬ 
pline.  Elle  dépend  de  la  personnalité  de  chaque  chef. 
Cléarque  9  sait  le  mieux  tenir  ses  hommes,  et  il  le  fait  en 
érigeant  la  sévérité  en  principe;  il  dit  que  le  soldat  doit 
craindre  son  chef  plus  que  l’ennemi.  Il  n’est  pas  aimé  de 
ses  hommes.  Il  est  d’ailleurs  obligé  de  les  ménager  ;  il 

l  Anab.  I,  3,  7  ,  III  4,  26  ;  VI,  5,  3.  —  2  De  Rep.  Lacaecl.  XIII,  4.  —  3  Anab.  IV, 
3,  30.  —  *  III,  2,  27-28;  3,  I.  —  5  IV,  i,  13;  on  donna  aussi  la  liberté  aux  pri¬ 
sonniers.  —  6  III,  4,  30.  —  7  1,  3,  7.  —  8  II,  6,  12.  —  9  II,  6,  1-15.  —  10  H, 
3,  11.  -  11  I,  5,  11-17.  —  12  V,  tout  le  cliap.  8.  —  13  III,  4,  47-40.  —  14  IV,  3,  30. 
—  15  V,  8,  9.  —  16  II,  3,  II;  III,  4,  49.  —  17  III,  1,  30-32.  Il  esl  vrai  que  ce 


doit  donner  l’exemple10.  Proxène  le  Thébain 
timide  ;  c’est  un  philosophe  égaré  au  milieu  de  " ,  U'°P 
dats.  Ménon  de  Thessalie  avait  tous  les  vices  de  f? 
rie  et  de  scélératesse  qu’on  reprochait  aux  hommes"] 
pays.  Cléarque  frappe  ses  soldats;  il  ne  peut  en 
autant  aux  soldats  de  Ménon  sans  provoquer  une 
volte 11  •  Xénophon,  accusé  d’avoir  frappé  des  sold  a  ' 
doit  s’expliquer12.  Les  actes  d’insubordination  sont  fré’ 
quents.  Les  soldats  n’admettent  pas  facilement  pour  leur  1 

chefs  des  privilèges,  même  les  plus  nécessaires13  L’ordr  I 

d'abandonner  des  bagages  n’est  jamais  bien  exécuté 
Des  soldats  quittent  même  leur  poste14.  Il  y  en  a  un 
qui,  chargé  de  garder  un  malade,  veut  l’enterrer  vivant 
pour  être  débarrassé  de  son  fardeau  1B.  Il  est  rarement 
fait  mention  de  punitions  ;  le  plus  souvent  elles  sont  dé¬ 
cidées  et  infligées  sur  place  par  les  soldats  eux-mêmes- 
elles  consistent  en  coups  de  poing,  coups  de  bâton16' 
Les  généraux  peuvent  dégrader  un  lochage  et  le  faire 
descendre  au  rôle  de  porteur  17. 

En  réalité,  loin  de  l’ennemi,  c’est  moins  une  armée 
qu’une  république,  une  démocratie  ambulante.  Les  sol¬ 
dats  font  et  défont  les  chefs;  ils  leur  demandent  des 
comptes,  ils  les  jugent,  les  condamnent18.  Tout  cela 
tient  à  la  composition  de  cette  armée.  C’est  la  première 
armée  de  mercenaires  grecs  qui  ait  été  réunie.  Xénophon 
a  bien  soin  de  marquer  ce  qui  la  distingue.  C’étaient  des 
jeunes  gens  de  bonne  famille  qui  avaient  quitté  leur 
père  et  leur  mère  ;  d’autres  même  leur  femme  et  leurs 
enfants19.  Une  autre  fois  il  dépeint  avec  complaisance  la 
bonne  tenue  de  cette  armée.  Les  Grecs  avaient  tous  des 
casques  d’airain,  des  tuniques  de  pourpre,  des  cnémides 
et  des  boucliers  brillants20.  Ce  n’étaient  pas  là  des  merce¬ 
naires  atfamés  et  obligés  de  se  vendre  pour  vivre.  Ils 
étaient  venus  par  esprit  d’aventure,  attirés  par  le 
grand  renom  de  Cyrus.  Jusqu’ici  le  mercenaire  est  sur¬ 
tout  un  |iXôç,  c’est-à-dire  qu’il  n’appartient  pas  aux 
classes  dans  les  mains  desquelles  est  la  direction  de  la 
cité;  le  plus  souvent  même  il  n’est  pas  grec  ou  c  est  un 
citoyen  de  ces  cités  du  Nord,  voisines  des  barbares  et  à 
moitié  barbares  elles-mêmes.  Cette  fois,  c  est  1  homme 
des  classes  dirigeantes  qui  s’enrôle21;  il  est  dans  lui¬ 
sance;  il  est  en  état  de  se  fournir  une  armure  complète, 
il  sert  comme  hoplite.  C’est  là  le  trait  le  plus  nouveau  et 
peut-être  le  plus  important  qui  distingue  cette  armée. 

Nous  nous  sommes  arrêté  sur  cette  partie  de  notre 
sujet  parce  que  cette  armée  des  Dix  Mille  est  la  plus  in 
téressante  des  armées  de  mercenaires  de  la  Grèce  ,  ces 
aussi  celle  que,  grâce  à  Xénophon,  nous  connaissons  le 
mieux.  Bien  des  traits  que  nous  venons  de  iele\ci  s' 
trouvent  dans  toutes  les  armées  de  mercenaires  et  nous 

aideront  à  les  comprendre.  .  ,  .. 

Il  nous  reste  à  dire  quel  fut  le  sort  de  ce  qui  r< -s 
de  cette  armée  des  Dix  Mille.  Nous  avons4  u  qu  i  sa  ^  ^ 
été  incorporés  dans  l’armée  Spartiate  par  Un  non  > 
réunion  se  fit  à  Pergame  en  399;  la  solde  c  a  _ 
darique  pour  le  soldat,  le  double  pour  le  lochage,  c  <l  ^ 
druple  pour  le  stratège.  Après  lui,  les  Cyriens,  <-  ^ 

on  les  appelait23,  passèrent  successivement  so 


__  ,8  V,  8>  ,- 

fut  reconnu  comme  étant  Lydien.  bien 

—  21  Le  corps  des  troupe,  légères  était ^ 

mposé  naturellement  ;  il  s’y  trouvait  des  Tliraccs  et  même  d  an  ^  ^ 

4.  _  22  Anab.  VII,  G,  t  ;  cf.  encore  8,  23-24;  Bell-  .  > 

:n.  Bell.  111,  2,  7. 


)chage  n’était  pas  Grec  ;  il 
-  19  VI,  4,  8.  —  20  I,  2,  16. 


MER 


—  1793  — 


MER 


et  d'Agésilas.  Ce  dernier  les 


de  Dercyllidas  1 

i,  quand  il  fut  rappelé  en  Europe,  au  mo- 

S 

ils 


ordres 

al11"  l, '  l  i  "uerre  de  Corinthe  ;  Agésilas  les  avait  placé 
|'.  commandement  d’Hérippidas2;  en  394,  il 
S°us  i  ô  h  bataille  de  Coronée3;  puis  l’histoire  cesse 

assistent  a  _ 

défaire  mention  deux.  . 

.  Peltaste.  —  Pendant  cette  meme  guerre  de  Corinthe, 

îomentoù  les  Dix  Mille  disparaissent  de  l’histoire,  se 
fU  mit  la  première  armée  de  mercenaires  qu’ait  vue  la 
Grèce  propre.  C’est  un  certain  Polystrate  qui  aurait  réuni 
ette  bande  à  Corinthe  même;  l’argent  lui  aurait  été  fourni 

Conon;  bientôt  Iphicrate  en  prit  le  commandement  4. 
fl  n’était  pas  seulement  un  des  plus  habiles  généraux 
d’Athènes  ;  il  fut  aussi  un  organisateur  et  un  réformateur 
[exercitus,  p.  900] .  Il  comprit  l’importance  que  devaient 
prendre  les  troupes  légères  sur  le  champ  de  bataille. 
[1  n’a  pas  créé  le  peltaste,  qui  existait  avant  lui  ;  mais 
jl  a  su  lui  attribuer  sa  vraie  valeur.  Il  lui  donne  un 
bouclier  échancré,  plus  petit  et  plus  léger,  la  ttéXtti 
(lig.  4930),  une  cuirasse  de  toile,  et,  pour  les  jambes, 
des  sortes  de  bottes  ou  de  guêtres  qu’on  appelait 
iphicratides  ;  mais,  en  revanche,  il  l’arme  d’une  épée 
et  d’un  javelot  beaucoup  plus  longs  ;  il  allège  les 
armes  défensives  pour  donner  plus  de  force  aux  armes 
offensives5.  Un  pareil  soldat  est  essentiellement  mobile; 
il  peut  faire  de  longues  marches,  opérer  de  brusques 
attaques  ou  se  dérober  subitement,  il  peut  profiter  des 
avantages  du  terrain;  avec  lui, un  général  peut  manœuvrer, 
chose  impossible  avec  l’hoplite  qui  ne  sait  que  charger 
en  ligne  et  sur  un  terrain  bien  uni.  Le  peltaste  d’Iphi- 
crate  est  un  mercenaire,  et  c’est  parce  qu’il  est  merce¬ 
naire6  qu’Iphicrate  peut  faire  de  lui  un  instrument  de 
combat  de  haute  valeur.  Les  Lacédémoniens,  qui  s’étaient 
d’abord  moqués  de  ce  nouveau  soldat,  durent  reconnaître, 
quand  Iphicrate  eut  détruit  une  division  de  leur  armée 
près  de  Corinthe7,  que  le  peltaste  du  général  athénien 
était  un  soldat  avec  lequel  il  fallait  compter.  Il  faut  dire 
cependant  que  c’est  surtout  Iphicrate  qui  a  su  tirer  parti 
de  l’œuvre  qu’il  avait  créée.  Les  grandes  batailles  de 
celte  époque  sont  toujours  décidées  par  la  phalange  des 
hoplites8. 

D’ailleurs,  depuis  les  Dix  Mille,  les  citoyens  aisés,  qui 
ont  reçu  une  éducation  complète,  ne  répugnent  plus  à 
s  enrôler.  Le  trait  particulier  que  nous  avions  signalé 
dans  les  mercenaires  de  Cyrus  devient  un  fait  général, 
bon  est  plus  le  seul,  c'est  aussi  l’hoplite  qui  est 
mercenaire.  En  même  temps,  les  progrès  qu’avait  faits 
lart  militaire  favorisaient  singulièrement  cette  transfor¬ 
mation  dans  les  armées.  Dans  un  des  passages  les  plus 
"Adressants  d’une  de  ses  Philippiques,  Démosthène 
compare  1  ancienne  guerre  du  temps  de  Nicias  avec  la 
Sntrre  telle  que  la  faisait  Philippe;  il  montre  les  Lacé- 
6 1  "ioniens  envahissant  l’Attique  à  la  belle  saison:  rava¬ 
lant  le  pays,  puis  se  reposant  pendant  l’hiver  ;  pour 

11  'Ppe,  au  contraire,  il  n’y  a  pas  de  saison,  il  fait  la 
hn 1  re  Gn  ^  °n  ^*ver  ’  ce  n  esh  Pas  seulement  la  pha- 
l'.  d'1  fin  il  met  en  mouvement,  mais  ses  <]nXof,  ses  cava- 

s’ ses  archers,  ses  mercenaires  qu’il  promène  de  tous 


Arislonh  pi'  2  ld'  1U’  4’  20-~  3  Id-  IV>  3>  15-17-  —  4  Dcm-  PkiliP-  ’*  24‘ 

lp hicr  Otf.  1 73 ,  scolie;  Harpocr,:  Sevtxbv  tv  KoçfvSo.—  3  Diod.  XV,  44;  Corn.  Nep 

^  ^  Ainsi  Xcn.  dit-il  tantôt  :  ot  xtpt  'Isixpàx t;v  pnrOosofoi,  Bell.  IV,  4,  9,  et 

iv’ s’ i3,— 1  neiL  iv’ 5’ ?et  s' ;  cf' aussi  iv’ 4’  ,7‘ 
-  lo  Cf  S*U  ce  Point  d'accord  avec  H.  Droysen,  Beerwesen,  p.  76. —  9  Philip.  III,  47. 
"le  autrcs,  Ibid,  1,  21,  25.  —  "  G’cst  pour  cela  que  Xénophon  vante  la 


côtés  :«  tout  a  changé9,  tout  s’est  perfectionné  dans  notre 
siècle,  mais  nulle  part  les  changements  et  les  progrès  n’ont 
été  aussi  considérables  que  dans  les  choses  de  la  guerre  ». 
C’était  le  régime  des  armées  permanentes  que  Philippe 
inaugurait.  Il  était  impossible  à  un  Athénien,  quand 
même  eût-il  été  animé  de  l’esprit  militaire  qui  enflam¬ 
mait  les  contemporains  de  Périclès,  de  suffire  aux  exi¬ 
gences  de  la  situation.  Démosthène  le  comprenait  bien  ; 
il  se  résignait  à  avoir  des  mercenaires  ;  il  aurait  voulu 
seulement  qu’à  côté  d’eux,  pour  les  surveiller  et  leur 
donner  l’exemple,  il  y  eût  un  contingent  assez  nombreux 
de  citoyens10. 

Les  mêmes  causes,  qui  ont  transformé  le  soldat  grec, 
ont  agi  aussi  sur  le  général.  Il  dépend  moins  de  ses 
hommes,  il  n’est  plus  leur  élu  ;  c’est  lui  qui  les  a  levés 
et  qui  les  paie  ;  il  a  prise  sur  eux  par  le  salaire  qu  il  leur 
donne;  il  reste  toujours  leur  supérieur;  il  n’a  pas  à 
craindre  de  devenir  un  jour  leur  justiciable  devant 
l’Assemblée  du  peuple.  Les  soldats  sont  assez  souvent 
de  basse  origine  ;  ils  sont  de  nationalité  différente  :  pas 
de  cohésion  entre  eux.  On  peut  donc  les  traiter  rudement 
dans  l’intérêt  du  service11.  Iphicrate,  comme  Cléarque  le 
chef  des  Dix  Mille,  érige  la  sévérité  en  système  :  il  ne 
craint  pas  de  tuer  sur  place  une  sentinelle  endormie. 
Il  pouvait  dompter  les  natures  les  plus  farouches,  en 
exigeant  beaucoup  de  ses  soldats  devant  l’ennemi  et 
ensuite  en  flattant  leurs  passions,  en  leur  permettant 
d’assouvir  leur  amour  des  plaisirs  et  des  jouissances.  Il 
disait  même  que  les  plus  avides  d’argent  et  de  plaisir 
étaient  ses  préférés  12. 

Tous  les  généraux,  à  cette  époque,  pratiquent  ce  sys¬ 
tème.  Ils  sont  plus  que  jamais  des  chefs  de  bande,  des 
condottieri.  A  ce  moment,  les  Athéniens  n’ont  plus  le 
tribut  des  alliés  ;  ils  ne  veulent  pas,  d’autre  part,  diminuer 
les  dépenses  pour  les  fêtes  publiques  ;  c'est  donc  sur  le 
budget  de  la  guerre  que  l’op  fait  des  économies.  La 
solde  des  troupes  est  mal  payée13.  Aussi  les  généraux 
sont-ils  obligés  de  pourvoir  comme  ils  peuvent  à  l’en¬ 
tretien  de  leurs  hommes;  ils  le  font  en  pillant  les 
ennemis  et  aussi  les  alliés  d’Athènes14.  Ils  deviennent 
ainsi  de  plus  en  plus  indépendants  de  la  république  ;  ils 
s’accordent  plus  d’initiative,  se  permettent  plus  d  arbi¬ 
traire.  Obligés  de  se  régler  sur  leurs  troupes,  ils  sont 
moins  dociles  aux  instructions  qu’ils  ont  reçues  des  pou¬ 
voirs  publics.  Les  Athéniens  se  font  très  bien  à  ce  sys¬ 
tème  qui  ménage  leur  bourse.  Timothée  comparait  axec 
complaisance  les  dépenses  que  coûtait  une  expédition  du 
temps  de  Périclès  avec  le  peu  d’argent  qu’il  demandait 
pour  ses  mercenaires15. 

En  même  temps,  jamais  les  aptitudes  militaires  de  la 
race  n’ont  été  si  justement  appréciées  ;  la  supériorité  des 
Grecs  est  reconnue  par  les  barbares  eux-mêmes,  qui  ne 
croient  plus  pouvoir  vaincre  sans  eux.  De  tous  les  côtés, 
en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique,  on  demande  des  merce¬ 
naires  grecs.  Des  racoleurs,  ?£voXoyot,  cuXXo yeT;,  par¬ 
courent  les  divers  pays,  offrant  une  forte  solde,  permet¬ 
tant  beaucoup  debutin.  Ils  devaient,  avant  de  commencer 
leurs  opérations,  avoir  la  permission  des  autorités  du 

discipline  des  mercenaires  ;  il  leur  trouve  plus  d'esprit  militaire  qu'aux  soldats 
citoyens  :  Bipparch.  IX,  4.  —  12  Plutarch.,  Galba,  1  :  Le  mercenaire  ®tXdx>.ouTo? 
et  oàr.Sovo;,  pour  satisfaire  ses  passions,  combattra  avec  plus  de  courage.  —  "  Dem. 
Philip.  I,  24,  45,  47  ;  Olynth.  II,  28,  etc.;  cf.  Grotc,  Bist.  gr.  XVII,  p.  30. 

_ H  Dcm.  Philip.  I,  24;  Isocr.  De  pac.,  44-16;  Diod.  XV,  95;  Plut.  Phocio,  11. 

—  15  Isocr.  Antid.  111. 


MEK 


1794 


MER 


pays  1  ;  parfois,  le  droit  de  lever  des  mercenaires  faisait 
l'objet  d'une  clause  dans  les  traités  conclus  entre  deux 
États2.  Ce  commerce,  en  prenant  de  l’extension,  se  déve¬ 
loppa  plus  particulièrement  sur  certains  points  de  la 
Grèce  d'abord  :  à  Corinthe  3,  au  cap  Ténare  *  ;  plus  tard, 
en  Asie,  dans  la  ville  d'Aspendos  sur  les  côtes  de  la 
Pamphylie  8. 

Sa  bande  formée,  le  général  entre  en  campagne.  Son 
plus  grand  souci,  comme  nous  l’avons  dit,  est  de  faire 
vivre  ses  hommes,  de  les  enrichir  et  de  s’enrichir,  et  il 
le  fait  en  pratiquant  ce  précepte  :  la  guerre  doit  nourrir 
la  guerre.  Il  vientrarement  dans  Athènes.  A  cette  époque, 
le  divorce  s’est  établi  entre  l'homme  de  guerre  et  l'homme 
de  tribune;  l’orateur  se  fait  une  popularité  facile  en 
attaquant  les  généraux,  en  leur  intentant  des  procès  où 
la  fortune  et  la  vie  sont  en  jeu6.  Aussi  les  généraux 
vivent-ils  loin  de  l’Attique,  loin  des  regards  et  des 
soupçons.  Grâce  à  leurs  mercenaires,  ils  se  font  des 
situations  de  princes  indépendants,  de  seigneurs  qui 
ne  relèvent  que  d’eux-mèmes.  Comme  autretois  Alci¬ 
biade,  ils  occupent  en  leur  nom  des  places  que  des 
princes  étrangers  leur  ont  données.  C’est  ainsi  que 
Timothée  est  maître  des  villes  de  Sestos  et  de  Crithote  7  ; 
Iphicrate,  de  la  ville  thrace  de  Drvs 8  ;  Charès  réside  à 
Sigée;  Chabrias  est  comme  chez  lui  en  Égypte  et  pour¬ 
suit  dans  ce  pays  une  politique  personnelle  9.  Des 
mariages  consolident  cette  situation  et  assurent  cette 
indépendance.  Les  rois  du  nord  de  la  Grèce  attachent  le 
plus  grand  prix  à  mettre  dans  leurs  intérêts  des 
Hellènes  influents.  Seuthès  avait  offert  sa  fille  à  Xéno- 
phon10.  Iphicrate  épouse  la  fille  de  Cothys,  roi  de 
Thrace;  Charidème,  la  sœur  de  Iversoblepte. 

Chabrias,  Iphicrate  et  Timothée  sont  encore  des 
Athéniens;  ils  essaient  de  maintenir  une  certaine  har¬ 
monie  entre  l’armée  et  la  cité  ;  ils  veulent  rendre  le  nou¬ 
veau  service  militaire  utile  à  l’État.  Cependant  déjà 
Chabrias  était  décrié  à  cause  de  la  facilité  de  ses  mœurs  u. 
Charès  le  fut  bien  davantage.  Celui-là,  c’est  le  condot¬ 
tieri  bien  bâti,  aux  larges  épaules12,  qui  ne  pense  qu’à 
piller  et  à  jouir  ;  son  vaisseau  était  toujours  rempli  de 
courtisanes  et  de  joueuses  de  flûte.  Il  est,  avec  tout  cela, 
aimé  du  peuple,  il  paie  largement  les  orateurs  ;  Démo- 
sthène  le  ménage13.  Avec  Charidème  nous  descendons 
encore  plus  bas1  A  II  n’est  pas  Athénien;  il  est  né  à 
Oréos  dans  l'Eubée;  il  a  débuté  en  servant,  comme  fron¬ 
deur,  dans  ces  troupes  légères  toujours  méprisées  ;  grâce 
à  la  protection  d’iphicrate,  il  parvient  aux  grades  élevés, 
se  fait  général,  s’attache  à  Kersoblepte  dont  il  devient 
ministre  et  dont  il  épouse  la  sœur;  il  sert  et  trahit  tour 
à  tour  les  Athéniens,  sachant  toujours  rentrer  en  grâces  ; 
après  Chéronée,  on  lui  confie  toutes  les  forces  de  la 
république15;  il  finit  par  aller  mourir  en  Perse,  sur 


l'ordre  de  Darius  qu’il  a  offensé  par  sa  franchie  ,  • 
l’armée  perse ,6.  '  ll  Juger 

Le  seul  fait  qu’il  y  a  des  soldats  de  métier  ren,l 
armées  permanentes  possibles;  il  en  exkm  ,i,-  es 

.  ,  •  .  ueja  a  colin 

epoque  plusieurs  qui  sont  très  importantes. 

Celle  de  Denys  l’Ancien  (401-367)  s’élève  à  120000  f 
tassins  et  12  000  cavaliers.  Cette  armée  comprenait'1"' 
noyau  très  fort  de  troupes  mercenaires,  autour  diurne* 
venaient  se  ranger  les  citoyens  en  cas  de  guerre  17  j  1  I 
de  Phères  (379-370)  avait  un  corps  de  6  000  mercenaires 
tels  qu’aucun  État  ne  pouvait  en  montrer  de  pareils  «  p0ur 
être  à  ma  solde,  disait-il,  il  faut  exécuter  les  mêmes  I 
exercices  que  moi.  »  Tous  les  jours,  il  faisait  lui-même 
manœuvrer  ces  soldats,  renvoyant  ceux  chez  qui  il  I 
remarquait  un  peu  de  mollesse,  donnant  une  solde 
double,  triple  ou  quadruple  à  ceux  qui  étaient  pleins 
d’ardeur  pour  les  fatigues  et  les  dangers  18.  A  cette  troupe 
permanente,  venaient  se  joindre,  à  l’occasion,  d’autres 
contingents,  de  sorte  qu’il  pouvait  mettre  sur  pied 
8000  cavaliers,  20000  hoplites  et  un  nombre  infini  de 
peltastcs  1!’.  Dans  la  guerre  Sacrée,  les  Phocidiens,  avec 
l’argent  du  temple  de  Delphes,  levèrent  une  armée  de 
mercenaires  de  20000  fantassins  et  de  300  cavaliers20, 
Les  secours,  que  les  Athéniens  envoyèrent  à  trois 
reprises  à  Olynthe,  comprenaient  2  000  hoplites  et 
450  cavaliers  athéniens,  et  de  6000  à  10  000  mercenaires. 
Pour  la  guerre  Lamiaque,les  Athéniens  arment  5 000  fan¬ 
tassins,  500  cavaliers  et  2  000  mercenaires21.  Peu  après 
cette  époque,  nous  trouvons  à  Athènes  un  «rxpaT-qybç  èiù 
toÙç  ijévoo;  ;  il  doit  veiller  à  la  bonne  tenue  des  merce¬ 
naires  et  à  leur  instruction  en  vue  d'un  service  aussi  utile 
que  possible22.  Les  mercenaires  sont  donc  alors  une 
partie  permanente  de  l’armée.  11  semble  cependant 
qu’encore,  vers  la  fin  du  ive  siècle,  ils  ne  forment  que  la 
moitié  et  même  le  tiers  des  effectifs  23 . 

Macédoine.  —  L’armée  macédonienne,  dès  l’origine, 
est  une  armée  nationale;  elle  l’est  encore  sous  Philippe 
et  sous  Alexandre.  La  noblesse  fournit  la  cavalerie  des 
hétaires;  la  bourgeoisie,  l’infanterie  des  pézétaires  [EXER- 
citus,  uetairoIj  ;  les  mercenaires  n’y  auront  pendant  long¬ 
temps  qu’un  rôle  très  secondaire.  Démosthènc parle  cepen-l 
dant  des  mercenaires  de  Philippe  et  il  les  montre  aussil 
redoutables  que  ses  pézétaires2*.  Nous  ne  pouvons  diiel 
dans  quelle  proportion  ces  mercenaires  entraient  dans 
l’armée  de  Philippe.  Nous  connaissons  mieux  l’armce 
d’Alexandre  [exercitus,  p.  907-908].  D’après  Diodou  , 
le  conquérant  aurait  amené  en  Asie  30000  fantassins  J 
parmi  lesquels  il  y  avait  6  000  mercenaires  et  4  u00  '  a'a"  j 
liers.  Nous  trouvons,  en  effet,  1  500  n«i0o?(5poi  «ftoiconties 
à  Andromaque,  à  Ménédème  et  à  Caranos,  ainsj  ^ 

60  cavaliers  hétaires  et  800  p.Kj6oç.ôpoi'ntiteï«P0111  * 11111 

Spitamène 26.  C’est  en  Égypte  qu’il  est  question  pour  la  pi  - 


1  Diod.  XIV,  44  ;  X. VIII,  61  ;  XIX,  60  :  'ApnyiôSr.jji'ï;  4aÇ;,>v  irapà  t.“v  EiraçTtaTtuv 
Uoufftav  çtvoXoyeTv  J  Polybe,  X\ ,  2o,  16  ;  XXII,  7.  —  2  Ainsi  dans  le  Imité 
entre  Hierapytna  et  Rhodes,  Cauer,  Delectus ,  181  ;  Michel,  Recueil,  n°  21,  1.  40 
et  78.  —  3  Harpocr.  E«vix8v  iv  Kofivî™;  Dem.  Philip.  I,  24;  Aristoph.  Plut.  173 
et  la  scolie  ;  Xcn.  Bell.  VI,  5,  H.  —  4  [Plut.],  Vit.  X  or.  Hyperid.  1; 
Diod.  XVII,  lit,  118;  XVIII,  9;  XX,  104.  —  8  P.-H.  Meyer,  Dns  Heerwesen  der 
Plol.  p.  7.  —  6  Iphicrate  accusé,  Timothée  accusé  et  condamné,  Pachès  se 
tuant  en  plein  tribunat.  —  7  Corn.  Nepos.  Timoth.  1  ;  Isocr.  Antid.  112.  —  8  Uar- 
pocralion,  AjtJs.  —  9  Theop.  fr.  1 17.  - — 10  Xen.  Anab.  VII,  2,  38.  —  H  Tlieop.  fr.  117  ; 
Corn.  Ncp.  Chabr.  3.  —  12  Aussi  Timothée  reprochait-il  aux  Athéniens  de  priser 
dans  ce  général  des  qualités  qui  n’étaient  précieuses  que  chez  un  porteur  de  bagages. 
—  13  Philip.  I,  24.  —  14  Nous  connaissons  Charidème,  surtout  par  le  dise,  de 
Dém.  contre  Aristocrate;  Théopompe,  fr.  155,  est  encore  plus  6évère  pour  lui  que 


mr  Charès  ;  sur  ce  personnage,  cf.  A.  Schacfer,  Demosth.  )6  o0jnt. 

420  ;  Curt.  Bist.  gr.  IV,  122,  243.  -  >3  Plut.  Phocion,  16.  ^ 

irt.  III,  2,  1019;  Diod.  XVII,  30.  Parmi  ccs  chefs  de  meu en.  avajt 

icore  citer  Athénodorc  :  il  était  Athénien;  Poerisadc,  roi  156? 

iousé  sa  sœur;  cf.  ce  que  disent  sur  lui  A.  o  ’  o  i|40  —  Diod* 

addington,  lnscr.  de  Grèce  et  d’Asie  Mineure ,  paît.  ’  j  19 ;  1 ,  8-9* 

,  5,6;  XIV,  43;  XVI,  9.  —  18  Xcn.  Bell.  VI,  1,47.  —  11  !  D„nosth. 

20  Diod.  XVI,  35;  Paus.  X,  2,5.  —  21  Diod.  XVIII,  H;  •  33[ .  Di’ttenberS 

I,  363  ;  H.  Droysen,  Heerwesen,  p.  78.  —  22 Corp.  inscr.  g>  -  >  ’  /,  p.  178. 

3;  Michel,  129;  Gilbert,  Handb.  I,  p.  258.  —  23  r0^  ’  le9  chiffre» 

24  Olynth.  Il,  17;  Philip.  III,  49,  58.  -  23  XVII,  9.  On  s  tfrn»»r 

ancés  par  Diodore  ont  été  vivement  contestés  par 

II,  2  30.  —  26  Arrien,  Anab.  IV,  3,  7. 


MER 


—  1795  — 


MER 


cou'11111 


,  f  js  de  ces  cavaliers  ;  ils  arrivent  d’Europe  et  sont 
ff'èr\ndés  par  Ménidas1  ;  ils  assisteront  a  la  bataille 

‘l|'k,ss>  pour  atteindre  Darius,  Alexandre  amène  avec 
dA'l  s  cavaliers  mercenaires  commandés  par  Erigyos  3. 
1U'  ?  ons  mentionné  un  corps  de  1  500  fantassins  mer- 
^  Qu’était-ce  que  ces  àp/atci  çév&t  qui  sont  rangés 
ce"al"  ,  Arhclles  4  ?  D’aDrès  la  place  au’ils 


coiule  ligne  à  Arbelles4  ?  D’après  la  place  qu’ 
rMi  ils  doivent  être  des  ^iXoî  :  il  en  est  de  même  duo 
^VOi  qui  à  Issus  sont  rangés  à  côté  des  archers 
^des^grianes  8.  Quant  à  ces  troupes  légères  barbares, 
et.  ont”  un  rôle  très  important  dans  les  guerres 
d’Alexandre,  archers,  Agrianes,  Thraces,  acontistes, 
hippacontistes,  archers  à  cheval,  nous  ne  pouvons  pas 
dire  si  c’étaient  là  des  mercenaires  ou  des  contingents 
fournis  par  les  peuples  alliés  ou  soumis.  Les  archers 
crétois,  qui  combattent  à  Issus,  étaient  sûrement  merce¬ 
naires®.  H  faut  remarquer  qu’Arrien  indique  très  rare¬ 
ment  les  effectifs  de  ces  corps  de  mercenaires  ;  il  ne  les 
mentionne  pas  toujours  dans  la  description  des  lignes 
de  bataille,  au  Granique,  à  Issus,  à  Arbelles.  11  semble 
ne  pas  attacher  beaucoup  d’intérêt  à  ces  troupes.  Dans 
l’armée  d’Alexandre,  le  mercenaire  a  encore  moins 
d’importance  que  dans  l’armée  de  Philippe. 

C’est  surtout  dans  l’armée  de  Darius  que  se  trouvent  des 
troupes  nombreuses  de  mercenaires  grecs.  Au  Granique, 
ils  forment  presque  touLe  l’infanterie  au  nombre  de 
20000;  il  faut  noter  qu’ils  sont  placés  sous  les  ordres 
d'un  prince  perse  nommé  Omarès.  Quand  la  cavalerie 
perse  eut  été  culbutée,  Alexandre  les  attaqua;  ce  fut  le 
moment  le  plus  rude  de  la  bataille  ;  ils  furent  tous 
massacrés,  à  l’exception  de  2  000  d’entre  eux,  qui  furent 
chargés  de  chaînes  et  transportés  en  Macédoine  pour  y 
travailler  dans  les  mines,  châtiment  qu’ils  auraient  mé¬ 
rité  en  combattant  contre  des  Grecs1.  Il  y  avait  dans  le 
nombre  des  Athéniens  qu’Alexandre  ne  délivra  qu’assez 
lard8.  A  Issus,  30000  mercenaires  grecs  furent  rangés 
en  face  de  la  phalange;  il  n’est  pas  dit  qu’ils  furent 
massacrés;  peut-être  se  retirèrent-ils  en  bon  ordre  9; 
une  partie  d’entre  eux,  au  nombre  de  8000,  se  réfugia 
en  Égypte10.  A  Arbelles  aussi,  il  y  avait  des  mercenaires 
grecs  dans  l’armée  de  Darius,  mais  nous  ne  savons 
pas  quel  en  était  le  nombre11.  De  retour  à  Babylone, 
Alexandre  préparait  une  réorganisation  de  son  armée; 
il  avait  reçu  des  mercenaires  de  Lycie  et  de  Carie12  ;  la 
mort  l’arrêta  au  milieu  de  ces  projets. 

La  événement  tel  que  la  conquête  de  l’Asie,  la  gloire 
(lont  s’étaient  couverts  tant  de  généraux  et  de  soldats, 
les  richesses  qu’ils  avaient  rapportées  ne-pouvaient  que 
développer  dans  de  grandes  proportions  l’esprit  d’aven- 
lUre  et  l’amour  du  gain.  Le  nombre  des  mercenaires  ne 
cesse  de  s’accroître.  Les  généraux,  qui  se  disputent 
1  empire  d’Alexandre,  ont  avec  eux  des  armées  qui  ne 
s°al  composées  qu’en  partie  des  anciens  soldats  du  con¬ 
férant.  Dans  toutes  les  contrées  de  la  Grèce  et  de  la 

acodoine,  ils  ont  des  racoleurs  chargés  d’enrôler  des 


soldat; 


tous 

ture 


s‘.  ces  pays  se  dépeuplent  13,  tant  sont  nombreux 


ceux  qui  veulent  prendre  leur  part  dans  cette  aven- 
ciui  a  donné  l’Asie  au  roi  de  Macédoine  ;  l’Asie 

men,  Anab.  111,5,  l._  2 Ibid.  III,  12,  4.  —  3111,  20,  I.  —  4111,  12,  2.  -3  11, 

-9  /  °  9.  3 - 7  I,  12,  8;  14,  4;  10,  2.  —  »  I,  29,6;  Quint.-Curt.  111,2,9. 

XV|||  na4,1I>8.S-  —  10  H,  13>  2. —  U  III,  11,7.  —  12  Vif,  23,  1.  —  13  Diod. 
Diod’12'  ~  14  ld.  XV11I,  01;  XIX,  19,  09,  82;  XX,  213.  —  13  Plut.  Eum.  17; 
-  li  p  40"43;  Po'yen.  IV,  0,  13.  —  10  Plut.  Dem.  45;  Pyrrhus,  il. 

Iul-  Dem.  49;  Polven,  IV,  9,  3.  —  18  H.  Droysen,  Heerwescn,  p.  133. 


elle-même  fournit  des  mercenaires  :  les  racoleurs 
d’Eumène  en  réunissent  des  troupes  considérables14. 
Ces  soldats  ne  s’attachent  à  aucune  cause  :  ils  servent 
le  chef  qui  les  paie  et  en  qui  ils  ont  confiance  ;  après  une 
bataille,  le  vainqueur  enrôle  dans  son  armée  ce  qui 
reste  de  l’armée  vaincue,  comme  dans  les  batailles  de 
l’Europe  au  xvme  siècle.  Rien  de  plus  facile  à  un  chef 
habile  et  peu  scrupuleux  que  de  débaucher  les  troupes 
de  son  adversaire.  Eumène,  trahi  plusieurs  fois  par  ses 
officiers,  est  livré  à  Antigone  par  ses  propres  troupes  lu. 
Démétrius,  une  première  fois,  est  abandonné  par  son 
armée  qui  passe  tout  entière  à  Pyrrhus16;  une  seconde 
fois,  Séleucus  lui  débauche  ses  soldats  au  moment  de 
livrer  bataille  17.  A  ce  moment  la  proportion  entre  mer¬ 
cenaires  et  troupes  nationales  est  en  faveur  des  pre¬ 
miers  ;  ils  forment  la  moitié,  souvent  les  deux  tiers  et 
plus  des  armées.  Dans  les  combats  en  Gabiène  et  Parai- 
tacène,  Antigone  a  8000  Macédoniens,  9  000  mercenaires, 

3  000  Lyciens  et  Pamphyliens,  8  000  de  ces  soldats 
appelés  7tavTo8a7toi  ;  Eumène  a  3  000  Argyraspides, 

3  000  vétérans,  6000  mercenaires,  5  000  soldats  de 
diverses  provenances  18. 

Peu  à  peu  cependant  le  chaos  se  débrouille  :  de 
grandes  monarchies,  l’Egypte,  la  Syrie,  la  Macédoine 
s’organisent.  Ces  États  présentent  un  trait  commun  :  ce 
sont  des  monarchies  militaires,  qui  s’appuient  sur  une 
armée  permanente  composée  de  soldats  grecs.  Celle  de 
ces  monarchies  que  nous  connaissons  la  mieux  est 
l’Égypte.  Nous  allons  examiner  ce  qu’était  le  mercenaire 
dans  l’armée  égyptienne,  et  nous  pouvons  supposer  que 
sa  situation  était  sensiblement  la  même  dans  les  armées 
des  autres  monarchies  qui  se  sont  formées  des  débris 
de  l’empire  d’Alexandre 13. 

Alexandre  avait  voulu  opérer  la  fusion  des  deux  popu¬ 
lations  de  son'  empire,  ne  faire  .qu’un  seul  peuple  des 
vainqueurs  et  des  vaincus,  des  Grecs  et  des  Asiatiques. 

La  politique  des  Ptolémées  fut  différente.  Ils  fondent  une 
monarchie  militaire  ;  l’organisation  de  l’Égypte  est 
l’organisation  d’une  armée,  et  d’une  armée  qui  n'est 
composée  que  de  Grecs. 

Les  forces  militaires  des  Ptolémées  comprennent  deux 
parties  :  une  armée  permanente,  aùvTay(aa  ;  une  armée 
territoriale,  £7riTxyga. 

L’armée  permanente  forme  deux  grandes  divisions  : 
les  MocxeSôveç  et  les  giffôoaiôpot. 

Les  Maxsoovs;  sont  la  partie  essentielle  de  l’armée 
permanente.  Ils  ne  sont  pas  tous  les  descendants  des 
soldats  venus  en  Égypte  avec  le  fils  de  Lagos.  Beaucoup 
ont  été  levés  en  Macédoine  après  la  conquête  ;  d’autres 
sont  nés  de  Macédoniens  avec  des  femmes  égyptiennes; 
il  y  a  aussi  des  soldats  qui  ne  sont  pas  Macédoniens, 
mais  Arcadiens,  Béotiens,  etc.  Les  Maxeoovs;  ne  forment 
donc  pas  une  unité  ethnique.  Il  est  nécessaire  de  con¬ 
naître  les  divers  corps  qui  constituaient  cette  armée.  Il 
y  avait  :  1°  to  xaX&ûpt.£v&v  :tapx  xofç  (3x<7iX£uaiv  àyYjg.a  ;  2°  ot 
7t£pl  ty)v  aùArjV  lii7t£tç;  3°  •»)  cpâXayç.  Il  était  de  la  politique 
des  Ptolémées  de  ne  pas  regarder  comme  des  merce-  * 
naires  étrangers,  tous  ces  soldats  grecs,  leurs  compa- 

Pour  la  composition  des  aimées  de  cette  époque,  voir  tout  le  cliap.  vu,  §  15 
intitulé  :  Die  Diadochen  und  Epigonen.  —  19  Les  études  sur  l’Égypte  ancienue 
ont  été  renouvelées  dans  ces  derniers  temps  par  les  récentes  découvertes;  nous 
.ne  citerons  que  les  deux  ouvrages  suivants  relatifs  à  l’armée  :  Paul-M.  Meyer,  Dus 
Heerwesen  der  PtolemSer  und  Itômer  in  Aegypten,  et  Schubart,  Quaesliones  de 
rebus  militnribus  quales  fuerint  in  regno  Lagidarum. 


—  1796  — 


MER 


MER 

triotes,  avec  lesquels  ils  étaient  venus  dans  le  pays  et 
l’avaient  conquis. 

Les  mercenaires  forment  une  troupe  d’appui  pour  les 
MaxsSovsî.  Sous  les  premiers  Ptolémées,  on  a  levé  aussi 
des  indigènes  ky/w ptot  ;  mais  après  la  bataille  de  Raphia, 
en  217,  on  cesse  d'avoh-  recours  à  eux.  Les  gicOocpopoi 
n’ont  pas  droit  de  cité  comme  les  MaxeSôvsç;  ce  sont 
des  Ijévoi.  Ils  viennent  de  tous  les  pays;  ils  ont  été 
enrôlés,  le  plus  souvent  à  Aspendos,  par  un  SjsvoXôyo;, 
qui  est  un  militaire,  qui  les  organise  et  en  forme  un  régi¬ 
ment  dont  il  prend  le  commandement  et  qui  porte  son 
nom.  Les  soldats  qui  ont  terminé  leur  service  actif  et  qui 
sont  devenus  clérouques,  gardent  encore  le  nom  de  leur 
ancien  chef  *.  L’effectif  de  ce  régiment  est  en  proportion 
de  l’argent  dont  disposait  l’officier  recruteur  et  de  la  solde 
qu'il  offrait  2.  Officiers  et  soldats  n'ont  qu’une  fidélité 
douteuse;  ils  passent  facilement  d’un  chef  à  un  autre, 
d’un  pays  à  un  autre,  selon  qu’ils  y  trouvent  leur 
avantage  3. 

Dans  la  grande  tcou-tt/^  des  Ptolemaia  de  l’an  275,  on  vit 
parader  57G00  fantassins,  23  210  cavaliers  4  ;  une  partie 
notable,  de  ces  troupes  était  composée  de  soldats  merce¬ 
naires.  Vers  la  fin  du  règne  du  second  Ptolémée,  1  armée 
compte  200000  fantassins,  40  000  cavaliers,  300  éléphants, 
et  une  flotte  de  1500  vaisseaux  de  guerre  et  de  2000  vais¬ 
seaux  de  transport  6;  dans  cette  armée,  les  mercenaires 
étaient  certainement  en  majorité.  Aussi  Théocrite  disait- 
il  :  «  De  tous  les  princes  qui  donnent  une  solde,  le  meil¬ 
leur  chef  pour  un  homme  libre  est  Ptolémée  c.  » 

Ces  mercenaires,  avons-nous  dit,  sont  de  nationalités 
différentes  7;  nous  trouvons  parmi  eux  des  Athéniens  s, 
des  Béotiens,  des  Phocidiens,  des  Spartiates 9,  des 
Âcliéens,  des  Thessaliens,  des  Thraces,  des  Illyriens,  des 
habitants  des  îles  Cos,  Théra,  des  Crétois,  des  Syracu- 
sains.  L’Asie  Mineure  a  fourni  aussi  de  nombreux  con¬ 
tingents  de  mercenaires;  il  y  en  a  de  Pamphylie,  de 
Pisidie,  de  Cappadoce,  de  Paphlagonie,  de  Lycie,  de 
Carie;  un  corps  de  4000  ravirai  ijévot  est  sous  les  ordres 
du  IjevoXtJyo;  ’AvTtyovoç  10  ;  il  y  a  enfin  des  Perses  qui  ne 
sont  pas  assimilés,  qui  ont  gardé  leurs  mœurs  et  leur 
nom*1. 

Les  mercenaires  composent  les  corps  de  troupes  sui¬ 
vants  sous  Ptolémée  Philopator  : 

1.  Oi  [xicOocpôpoi  Tts^o't  ^EXXtjveç,  sous  la  conduite  de 
l’Achéen  Phoxidas,  qui  passa  en  Égypte  avec  Cléomène, 
roi  de  Sparte;  effectif:  8000  hommes; 

2.  01  fjucQospôooi  iTVTretç,  qui  se  divisent  en  deux  corps  : 
1°  oé  âicô  'EXXotooç  xat  Ttav  xbxwv  p.t<70o'pbpo.>v  'nnzeu>v  7rXr;0o<;; 
2°  oi  KpŸ^xeç.  Le  premier  corps,  de  2000  cavaliers,  la  plu¬ 
part  Thessaliens,  est  sous  les  ordres  d’Echécrate  de 
Thessalie  ;  le  second  corps  était  de  1 000  hommes  ; 

3.  Des  peltastes,  au  nombre  de  2000,  sous  les  ordres 
de  Socrate  le  Béotien;  ce  corps  avait  été  formé  d’abord 
avec  les  argyraspides,  liypaspistes,  Macédoniens  ;  mais 
sous  Philopator,  il  n’était  plus  recruté  que  parmi  les 
mercenaires  12  ; 

4.  ©paxwv  xat  TaXaxüjv  oi  Trpoatpâxwç  £^t(ruvay_6évx£;  ;  u 

1  Ainsi  Papyr.  Levde  C  :  AiuiriTpîw  Lûktou  Kçyjti  tù>v  icoptc^ov  Eup^ou  TaxTojj.t<76w  , 
cf.  encore  Pap.  Brit.  1,  n.  17,  1.  37,  48.  —  2  Polyb.  XXXI,  26,  1  et  7  ;  Dio  Cass. 
XXXIX,  12,  2.  —  3  Polyb.  V,  40,  1;  63,  3  sqq.;  66,  5  ;  67,  9  sqq.  —  *  Callixène 
dans  Athénée,  V,  196-203;  Prott,  fi  hein.  Mus.  LUI,  461.  —  5  Appien,  Proem.  c. 
10;  S.  Jerome  sur  Daniel,  11,  5,  p.  704  c.  —  6  XIV,  56;  cf.  encore  XVII,  85-95. 

_ 7  Meyer,  Op.  I.  p.  9.  —  8  plusieurs  de  ces  Athéniens  étaient  venus  en  Égypte 

après  la  guerre  de  Chrémonide.  —  9  La  plupart  étaienl  venus  après  la  défaite 


o.  ©pqtxtov  xat  raXaxÛv  Ix  xûv  xaxot'xtov  ' 

gTttyôvtov.  C’étaient  des  clérouques,  au  nombre  **  ^ 
appelés  de  la  colonie  militaire  de  Fayum  ;  '  °  4ü00' 

6.  Enfin  des  Lybiens  avec  des  Macédoniens. 

L’effectif  total  de  l’armée  sous  Philonator 

était  de  28 700  MaxeSôveç,  21 000  mercenaires  253()ü"f'1S’ 

tiens  et  Lydiens.  A  partir  de  cette  date,  les  Éevniin* 
figurent  plus  dans  l’armée.  '  ns 


yp- 

ne 


Les  mercenaires  ne  sont  levés  qu’à  1' 


guerre  ;  la  paix  faite,  ils  sont  licenciés 


occasion  d’une 


s  et  vont  chercher 


fortune  ailleurs.  Un  certain  nombre  d’entre 
envoyés  dans  les  colonies  militaires  comme  clérou 


eux  sont 
ques; 
garnison  dans 


d’autres  restent  dans  l’armée  et  vont  tenir 
les  possessions  des  Pharaons  hors  de  l’Égypte.  Ce  dernie 
contingent  était  très  important  au  moment  de  la  gran-  I 
deur  de  l’empire,  quand  les  Ptolémées  étaient  les  maîtres 
de  la  Phénicie,  de  l’Arabie,  de  la  Lybie,  de  l’Éthiopie 
de  la  Lycie  et  des  Cyclades  u.  Le  poste  le  plus  important' 
celui  qui  était  le  mieux  gardé,  était  Cypre.  Il  faut  enfin 
mentionner  le  corps  de  mercenaires  envoyé  sur  les  côtes 
de  la  mer  Rouge  pour  la  chasse  aux  éléphants,  sous  les 
ordres  du  cxpax-^yoi;  etù  xà)V  G vj p av  1B. 

La  hiérarchie  de  cette  armée  était  ainsi  fixée  :  les 
stratèges  des  pays  étrangers,  le  premier  d’entre  eux 
était  le  gouverneur  de  Cypre;  après  eux,  les  chefs  des 
trois  corps  de  Macédoniens  et  des  six  corps  de  merce¬ 
naires;  enfin  les  ijsvoXo'yoi,  qui  étaient  les  chefs  des  corps 
de  mercenaires  qu’ils  avaient  enrôlés. 

A  côté  de  cette  armée  active,  il  y  avait  une  armée 
territoriale,  côvxxyp.a,  constituée  par  les  clérouques  ou 
soldats  établis,  après  leur  congé16,  dans  les  colonies 
militaires  ;  on  attribue  cette  institution  à  Ptolémée 
Philadelphie,  en  274. 

Sous  Épiphane,  204-180,  les  Égyptiens  se  révoltèrent 
contre  les  étrangers;  cette  révolte  fut  vaincue,  mais  | 
Épiphane  se  vit  obligé  d’accorder  quelques  satisfactions 
au  sentiment  national.  Pour  l’armée,  on  fit  disparaître  ces 
noms  trop  significatifs  de  Mxxsoôveç,  de  gicOocpopoi,  uni 
seul  nom,  celui  de  p.acy  tp.ot,  est  donné  aux  soldats  ,  lel 
système  des  colonies  militaires  est  maintenu,  onl 
remplace  seulement  le  nom  de  xXvipoOyot  par  celui  dej 
xâxotxot.  En  170,  sous  le  règne  de  Philométor,  un  nouveau  ] 
mouvement  de  réaction  nationale  se  produisit,  qui  un  I 
par  triompher  avec  Evergète  II.  Cette  fois  le  paili  uni  ce  ■ 
donien  est  vaincu  ;  l’armée  change  de  caractère,  e  e  es  I 
presque  exclusivement  composée  de  mercenaii es ,  p  u  ■ 
de  soldats  se  prétendant  les  descendants  dest  oinpa,-,i  I 
de  Ptolémée,  fils  de  Lagos,  et  réclamant  des  privilèges. 
Cette  armée  comprend  d’abord  les  gardes  e  coi)  ^ 
roi  sous  le  titre  de  oi  nxüAsp-a'.ou  xac  xmv  u-aV 
néoirai.  Ce  sont  les  successeurs  de  l’ancienne  g 
royale  et  des  èiuXexxoi  ;  ils  sont  recrutés  c  aim 
pays,  en  Égypte  aussi  ;  le  contingent  P^^naiitéS 
des  Ilépixat,  qui  est  formé  aussi  de  soldats  de 
différentes;  il  y  a  un  certain  nombre  de  Perses. 

A  côté  de  cette  garde  du  corps  sont  les  me^le  ^ 
on  les  appelle  quelquefois  p.i<70o<pôpoi,  mais  c 

d-Agi,  en  242  :  Plul.  Agit,  0, 16.  -  l°paus.  Î.7, 2  ;  Sch  a  Callnn^  ’"us  ,c  «• 

-  il  Meyer,  Op.  I.  p.  13.  -  12  Polyb.  V,  63,  2.  -  'Les  Galates^  ^  possession9 

dres  d’Alexandre  d’Oroanda  en  Pisidie.  —  U  Voir  ”“m  r  ...  Inscr,  llrit-  M"s'\ 

dans  Theocr.  XVII,  85-94.-  «  Slrab.  XVI,  4,  p.  770  J7*’  .0Illrairc,  les  cl*- 

Cnodri.  102;  acr.  gr.  51277.  -«  M.  Sehubart  considère,  •  sur  UeS  lots  do 
rouques  comme  des  soldais  en  activité  de  service,  qu  '  .  appelés  ltriXc*-®> 

terre  dont  la  propriété  reste  au  roi.  —  17  Les  gardes  u  c 


MER 


—  1797  — 


MER 


•  ’  tst  (nparifiTM.  Ils  sont  divisés  en  deux  grands 
US'U  les  mercenaires  de  la  Thébaïde,les  mercenaires 
LeS  premiers  sont  sous  les  ordres  du  <7toit7)yô? 
^'ehêaiSoç,  qui  est  quelquefois  qualifié  du  titre 
^T(i)?;’ii  a  sous  ses  ordres  le  stratège  du  nome, 

^ ^l'hébarque  ou  commandant  de  place  de  Thèbes, 

,,  - .  riaOûpsü)?.  Le  stratège  du  nome  a  sous  ses 

l’i?s  l’épi  s  ta  te  tou  IlaOuptTou  et  l’épistatexou  LUpt0-q8aç  ; 
01  jernier  est  aussi  appelé  Cntompxr^yoi;.  Dans  chaque 
fL  'onn  il  va  un  Ypauaxreûç  qui  paie  la  solde  et  s’occupe 
je  l’enrôlement  des  mercenaires,  d  accord  avec  I  hypo- 
Hratèye.  Les  pucSotpbpot reçoivent  des  od/nma,  qui  sont  une 
indemnité  pour  l’entretien  des  chevaux,  des  fftxwvtx, 
bablement  la  solde  et  des  distributions  de  blé. 

^Les  mercenaires  de  Cypre  ont  une  organisation  diffé¬ 
rente1  :  ici  le  particularisme  se  donne  pleine  carrière;  les 
soldats  se  groupent  par  nationalités.  Les  Litres  généraux 
de  ces  troupes  sont  :  «1  £v  t7|  vVjffw  xacnTÔ;/.£vai  Suvcqi.£iç, 
ffmttûTat  ?evoXoY7i0évT£ç  ;  sous  Eumène  II,  ces  troupes  se 
sont  organisées  en  communauté,  xo  xoivbv  xmv  èv  x7|  vVjffw 
tmîoiaévwv  ouvâaewv.  Bientôt  après,  chaque  nationalité 
forme  une  communauté;  nous  avons  le  xotvôv  des  Cili- 
ciens,  des  Lyciens,  des  Crétois,  des  Thraces.  Le  chef  de 
toutes  ces  troupes  s’appelle  toujours  ô  <jTpax-)r)Ybç  xÿ,ç  vvj<jou; 
après  lui  vient  le  Ypau-p-axêùî  xuiv  ouvxptswv. 

Cette  armée  de  mercenaires  est  indisciplinée  et  tur¬ 
bulente;  et,  comme  le  gouvernement  de  l’Égypte  est 
entre  des  mains  faibles,  que  l'influence  trop  grande  des 
femmes  y  rend  fréquentes  les  révolutions  de  palais, 
c'est  la  tyrannie  militaire  qui  est  le  régime  de  l’Égypte 
jusqu’à  la  conquête  romaine. 

Nous  avons  très  peu  de  renseignements  sur  l’armée 
des  Séleucides,  ainsi  que  sur  les  armées  des  autres 
princes  de  l’époque  hellénistique.  Pour  le  royaume  de 
Pergame,  il  nous  est  parvenu  quelques  textes  intéres¬ 
sants.  C'est  d’abord  une  inscription2  qui  contientun  arran¬ 
gement  conclu  entre  Eumène  Ier  et  les  chefs  des  merce¬ 
naires  insurgés  contre  lui  ;  la  date  semble  être  l’année  263 
av.  J.-C.  La  première  partie  de  ce  texte  énumère  les 
conditions  en  vertu  desquelles  l’accord  a  été  conclu  ;  il  y 
est  dit  que  le  prix  du  médimne  de  blé  est  fixé  à 
/idrachmes,même  prix  pour  lemétrète  de  vin;  les  soldats 
qui  ont  accompli  leur  temps  de  service  fixé  et  qui  ne 
sont  plus  en  activité,  doivent  toucher  l’ô^covtov  pour  le 
temps  écoulé;  les  orphelins  et  aussi  les  plus  proches 
parents  ont  droit  à  des  secours  ;  pour  le  service,  on  peut 
en  être  exempté  à  quarante-quatre  ans.  La  plus  longue 
Partie  de  l’inscription  est,  comme  dans  presque  toutes 
les  conventions  de  ce  genre,  consacrée  au  serment  que 
doivent  prêter  les  deux  partis.  D’un  côté  jurent  :  Para- 
m°nos,  les  chefs,  7]Ye! xo'veç,  et  les  soldats  qui  sont  sous 
leurs  ordres  à  Philétairie  et  à  Attalie  ;  Polylaos,  les  chefs 
qui  sont  sous  ses  ordres  et  les  soldats  qui  sont  à  Attalie  ; 
Ittinas,  l’hipparque,  ainsi  que  les  cavaliers  sous  ses 
°rdres ;  Oloichos  et  les  Tralles  3  sous  ses  ordres.  Dans 
ce  Renient,  les  mercenaires  font  de  longues  protesta- 
ll"nb  fidélité;  ils  n’abandonneront  jamais  Eumène; 


si  quelqu’un  leur  apporte  des  lettres  suspectes,  ils  le  sai¬ 
siront  et  apporteront  les  lettres  encore  scellées  à  Eumène 
et  ne  les  ouvriront  que  devant  lui.  Eumène  jure  de  son 
côté  de  rester  toujours  bien  disposé  pour  les  mercenaires, 
de  ne  rien  faire  contre  ceux  qui  ont  été  élus  par  la  com¬ 
munauté;  à  côté  des  noms  de  chefs  mentionnés  dans  le 
premier  serment,  il  s'en  trouve  d’autres  qui  appartiennent 
à  des  chefs  commandant  des  ap.i< r0ot.  On  voit  que  les 
mercenaires  ont  formé  un  xotvôv;  malheureusement 
l’inscription  ne  donne  aucun  renseignement  sur  cette 
question.  La  convention  et  les  serments  seront  gravés 
sur  quatre  stèles  qui  seront  déposées  dans  le  temple 
d’Athéna  à  Pergame,  à  Grynée4,  à  Délos  et  dans  1  Asclé- 
piéion  de  Mitylène. 

Un  document  plus  glorieux  rappelle  la  part  que  le  roi 
Eumène  prit  à  la  guerre  que  la  ligue  aehéenne  fit  contre 
le  tyran  de  Sparte,  Nabis.  Au  retour  d’une  seconde  expé¬ 
dition,  ce  roi  consacra  un  monument  à  Zeus  et  à 
Athéna  Nicéphore;  un  autre  monument  fut  élevé  par  ses 
mercenaires5. 

Nous  avons  quelques  renseignements  sur  l'armée  de 
la  ligue  aehéenne6.  Elle  était  formée  d’un  corps  d’élite 
permanent,  les  ÈTttXexxot,  de  troupes  mercenaires  et  de 
contingents  régionaux  levés  en  temps  de  guerre. 
L’armée  mercenaire  comptait  des  soldats  de  nationalités 
diverses  et  d’armements  variés;  elle  parait  avoir  été 
nombreuse  de  tout  temps.  Les  auxiliaires  étrangers 
étaient  parfois  levés  par  appel  du  stratège  et  organisés 
par  ses  soins;  les  dépenses  étaient  faites  par  le  trésor 
commun  7,  ou,  en  cas  de  besoin  pressant,  avec  les  res¬ 
sources  d’un  emprunt  demandé  aux  villes  8  ;  souvent  ils 
formaient  des  corps  déjà  constitués  avec  leurs  chefs 
nationaux.  Ainsi  le  Crétois  Télemnastos  avait  pris  part  à 
la  guerre  de  Nabis  avec  500  de  ses  compatriotes9.  Les 
straLèges  employaient  aussi  des  officiers  étrangers,  qui 
tenaient  quelquefois  un  très  haut  rang  dans  l’armée.  A 
l’époque  de  la  guerre  contre  Méchanidas,  Philopémen 
laissa  le  commandement  général  des  troupes  au  Crétois 
Didascalondas.  Ce  Crétois  fut  mis  à  la  tète  des  £7uX£xxc,t ,0. 
Au  moins,  dans  les  premiers  temps,  on  ne  put  avoir  le 
nombre  de  mercenaires  suffisant;  la  petite  confédération 
payait  mal  la  solde11,  et  les  gens  de  guerre  étaient  sûrs 
d’être  richement  payés  au  service  des  Ptolémées  ou  des 
Séleucides.  Les  corps  de  mercenaires  mentionnés  sont  : 
t'o  ç£vixdv,  les  Crétois,  les  Illyriens,  les  cavaliers  tarentins, 
les  Thraces12.  Philopémen  opéra  une  réforme  en  intro¬ 
duisant  dans  cette  armée  l’armement  crétois13;  c’est 
très  probablement  sur  les  troupes  mercenaires  de  ligne 
que  porta  la  réforme. 

Nous  avons  peut-être  un  monument  épigraphique  14 
de  cette  bataille  de  Mantinée,  où  Philopémen  tua  de  sa 
main  Méchanidas.  C’est  une  stèle  élevée  en  l’honneur  de 
leur  chef,  consacrée  aux  dieux  par  les  compagnons  du 
stratège  des  Achéens.  Il  y  a  d’abord  les  noms  des 
Achéens;  suivent  ensuite,  au-dessous  de  la  rubrique 
Ivp-iyrsç,  une  série  de  sept  noms  avec  le  patronymique  : 
mais  l’inscription  est  incomplète,  et  le  nombre  des 


1VJii,"  Sai1  1U  *  Cypre  il  y  gavait  encore  à  cette  époque  des  cités  helléniques 
luj  '  111  indépendance  et  leur  autonomie  communale,  le  droit  de  battre 
l'on  yj'e  ’  ^  ^  i*r°v*eu,  L'Hellénisme ,  III,  p.  61.  —  2  M.  Frankel,  Inschr. 
fcrit  /iamon'  13  (cC  t.  Il,  p.  507)  ;  Michel,  15.  —  3  Ce  nom  est  le  plus  souvent 
é'HiX;.  4  Ville  et  port  d'Éolie,  près  de  Myrina,  qui  avait  un  temple 
pj  ^  °n'  "010cl.  I,  149  ;  Hécatée  dans  Et.  de  Byz.  rpü*«a.  —  e  Frankel,  Altert.  von 
J  '°’i,  VIII,  t,  p  48,  n°  (j2  ;  Dittenb.  282.  Nous  aurons  à  signaler  plus  loin 

VI. 


un  traité  conclu  entre  Eumène  et  le  xmh*  1,7,7  KçjjtSv.  —  6  M.  Dubois, 
Les  ligues  élolienne  et  aehéenne,  p.  155.  — 7  Plut.  A  rat.  37.  —  8  Polyb. 
jV ,  60,  to.  —  9  ld.  XXXIII,  14,  6.  —  10  ld.  XVI,  37,  3.  —  11  Id.  IV,  60,  2. 
—  12  ld.  XI,  H,  4,  5;  Tit.  Liv.  XXXV,  29;  Pol.  XI,  14,  1;  XI,  12,  6.  —  13  Tit. 
Liv.  XLII,  55;  XXXVII,  20.  — 14  Cette  première  explication  est  due  à  M.  (J. 
Fougères,  qui  a  découvert  et  publié  l'inscription:  Bull,  de  corr.  hell.  XX,  1896, 
p.  136. 


226 


MER 


—  1798  — 


H 


Crétois  inscrits  était  certainement  plus  élevé.  Nous 
devons  ajouter  qu'il  n'est  pas  bien  établi  que  cette 
inscription  se  rapporte  à  la  bataille  de  Mantinée,  qui  eut 
lieu  en  207;  il  semble  plus  probable  1  qu'elle  concerne 
les  événements  de  l’année  11)2.  Quoi  qu’il  en  soit  de  celle 
question,  nous  avons  ici  la  preuve  de  la  présence  de 
Crétois  dans  le  contingent  que  les  habitants  de  Mantinée 
envoyaient  à  l’armée  de  la  ligue. 

Les  armées  de  Philippe  V,  roi  de  Macédoine,  d’An- 
liochus  III,  roi  de  Syrie,  de  Persée,  roi  de  Macédoine,  sont 
constituées  sur  le  modèle  ordinaire.  La  plus  forte  parait 
avoir  été  celle  de  Persée;  à  Pydna,  la  phalange  pro¬ 
duisit  d’abord  un  elïet  de  terreur  sur  Paul  Émile  et  sur 
les  Romains.  On  reprochait  à  Persée  de  s’ètre  privé,  par 
avarice,  de  secours  qui  auraient  pu  lui  être  précieux.  Les 
Basternes,  peuple  du  bas  Danube,  lui  avaient  envoyé, 
sur  sa  demande,  10000  cavaliers  et  10000  fantassins 
armés  à  la  légère  2;  ces  soldats  faisaient  l’admiration  de 
toute  l’armée  macédonienne  par  leur  force,  leur  grandeur 
et  leur  courage;  mais,  quand  les  chefs  de  ces  barbares 
eurent  fait  connaître  la  solde  qu’ils  réclamaient,  Persée, 
la  trouvant  beaucoup  trop  élevée,  se  moqua  d’eux  et  les 
renvoya. 

Des  rois  qui  résistèrent  à  Rome,  le  plus  redoutable  fut 
Mithridate  Eupator  le  Grand.  Avant  d’engager  la  lutle, 
il  avait  organisé  une  armée  capable  de  l’aider  a  réaliser 
ses  grands  projets3.  Les  premiers  rois  de  Pont  avaient 
composé  leurs  armées  presque  exclusivement  de  merce¬ 
naires,  Galates  d’abord  S  Grecs  ensuite  quand  la  Galatie 
fut  entrée  dans  la  clientèle  de  Rome  s.  Sous  Mithridate 
Evergète,  la  Crète,  qui  était  la  pépinière  et  l'école  des 
soldats  de  fortune,  fournit  les  mercenaires  des  rois  de 
Pont  G.  Mithridate  Eupator  leva  ses  premiers  soldats  en 
Grèce,  et  c’est  avec  6  000  hoplites  grecs  que  Diophante 
conquit  la  Crimée.  Mais  le  soldat  de  profession  se  fait 
de  plus  en  plus  rare  en  Grèce;  d  ailleurs,  Rome  fait 
obstacle  aux  enrôlements.  Les  victoires  de  Mithridate  lui 
donnèrent  les  recrues  des  peuples  du  Pont-Euxin, 
Scythes,  Sarmates,  Celtes,  Thraces  7.  Plusieurs  de  ces 
peuples  étaient  d  excellents  auxiliaires;  mais  leur  fidélité 
était  douteuse;  on  les  voit  quitter  Mithridate  et  passer 
aux  Romains,  puis  revenir  à  Mithridate8.  A  côté  de  ces 
troupes  mercenaires,  levées  pour  la  plupart  en  temps  de 
guerre  seulement,  Mithridate  essaya  de  créer  une  véri¬ 
table  armée  nationale  permanente;  cependant  la  force 
principale  de  son  infanterie,  la  phalange,  était  composée 
exclusivement  de  mercenaires  grecs  et  organisée  d’après 
le  modèle  de  la  phalange  macédonienne.  Le  reste  de 
l’infanterie,  soit  indigène,  soit  étrangère,  avait  proba¬ 
blement  gardé  l’armement  traditionnel  de  chacune  des 
nations  où  les  différents  corps  se  recrutaient.  Plutarque 
raconte  l’impression  étrange  et  terrifiante  que  le  spec¬ 
tacle  de  cette  armée  produisit  sur  les  Romains9. 

L’époque  hellénistique  a  été  l’âge  d  or  du  mercenariat. 
Dans  l’empire  des  Ptolémées,  des  Anliochus,  des 
Eumènes,  le  mercenaire  forme  à  lui  seul  presque  toute 
l’armée.  Ces  armées,  à  l’époque  des  diadoques,  étaient 
encore  très  fortes;  celle  que  Pyrrhus  conduisit  en  Italie 

*  Celle  explication  a  été  combattue  par  Ditlenberger,  Syll.  n°  274.  2  F  lut. 

Paul.  Em.  12;  ces  fantassins  portaient  l'ancien  nom  de  icaçaSâ-rat  ;  ils  étaient 
niôlés  à  la  cavalerie  dans  les  combats.  —  3  Tl» .  Reinach.  Mithrid.  Eupator,  p.  204. 
—  4  Fragm.  hist.  gr.  IV,  312;  Eus.  I,  251,  23,  éd.  Sclione.  —  R  Polyb.  fr.  20,  fi. 

_  6  Strab.  X,  4,  10.  —  7  Appian.  Mithrid.  09  et  15.  —  8  Dio  Cass.  XXXVI,  U. 

_ _ 9  plut.  Sylla ,  10.  —  10  XYlll,  1 , 2-3.  —  H  ’Açxâ$«;  pipoûjxevot,  disait  un  proverbe 


MER 

et  qui  vainquit  les  Romains  à  Héraclée,  avait  assu  -• 
quelques-unes  des  qualités  de  l’armée  macédoni"' 
temps  d’Alexandre.  Cependant  cette  victoire  mêm"n°,(1.u 
été  chèrement,  achetée,  et  l’expédition  se  termina  ,vUUVait 
défaite.  Pyrrhus  et  la  plupart  des  princes  grecs  de',",? 
époque  étaient  encore  des  hommes  de  guerre.  Mais  6  ■ 

à  peu,  dans  ces  monarchies  orientales,  le  roi  s'amolliT*!  1 
se  déprave  ;  l’armée  ne  sert  plus  qu’à  parader  dans  les 
fêtes  ;  elle  fait  illusion  par  son  luxe  et  ses  manières  t-  I 
geuses  aux  populations  asiatiques;  les  hommes  habiles  ] 
ne  se  trompent  pas  sur  sa  valeur  ;  on  connaît  le  juge-  I 
ment  de  Polybe  sur  le  soldat  romain  et  sur  le  soldat  I 
grec  de  son  époque  ;  l’historien  ne  fait  pas  à  ce  dernier 
l’honneur  de  croire  qu’il  était  un  digne  adversaire  de  la  1 
légion  ,0. 

La  faiblesse  de  ces  armées  venait  surtout  du  régime 
politique  de  ces  monarchies  asiatiques.  Le  mercenaire  a  I 
été  un  bon  soldat  quand  il  a  été  bien  commandé.  11 
avait  des  qualités  sérieuses  auxquelles  des  hommes  I 
comme  Xénophon  ont  rendu  justice  ;  en  tout  cas,  il  avait  I 
la  préparation  nécessaire.  Il  y  avait  en  Grèce  certains 
peuples  qui,  pendant  des  siècles,  n’ont  eu  d’autre  ’ 
industrie  que  la  guerre.  Dans  ces  pays,  il  existait  des  I 
traditions,  un  entraînement,  une  éducation  militaire.  I 
Nous  ne  voulons  pas  parler  des  Spartiates:  ils  ont  été,  I 
comme  on  l’a  dit,  les  plus  habiles  artistes  dans  l’art  de  1 
la  guerre  ;  mais  ils  n’en  ont  pas  fait  un  commerce.  La 
Carie,  la  Crète  et  l’Arcadie11  ont  été  les  vraies  pépi-  I 
nières  du  mercenariat.  Ces  pays  ne  parvinrent  pas  à  con¬ 
quérir  la  situation  politique  à  laquelle  il  semble  qu  ils 
avaient  droit.  Ce  métier  de  la  guerre,  pour  lequel  ils  j 
étaient  si  bien  préparés,  ils  ne  pouvaient  pas  l’exercer 
dans  leur  patrie  ;  ils  allaient  à  1  étranger. 

Crète.  —  De  ces  peuples,  les  plus  intelligents  étaient  I 
les  Crétois.  Leur  réputation,  comme  archers  surtout, 
était  reconnue  de  tous.  Ils  avaient  imaginé  un  armement  I 
qui  portait  leur  nom12.  A  partir  de  la  guerre  du  Pélo-  I 
ponèse  au  moins,  on  peut  signaler  leur  présence  dans  I 
presque  toutes  les  armées.  Souvent  des  Cretois  sont  I 
parvenus  dans  les  États  étrangers  à  des  situations  1 
importantes13.  Nous  possédons  sur  le  mercenariat  en 
Crète  plusieurs  textes  intéressants  de  l’époque  heUcnis- 1 
tique.  Le  plus  important  pour  nous  est  le  traité  d  a  iance  j 
conclu  entre  Rhodes  et  la  ville  crétoise  d  Hici apy tna  , 
vers  l’an  220  av.  J.-C.  Les  conditions  de  l’alliance  com¬ 
prennent  une  série  d’obligations  de  chacun  dis  ^ 
peuples  vis-à-vis  de  l’autre.  Les  obligations  t  es  1 
pytniens  sont  énumérées  les  premières,  nou®,  nf 
occuperons  naturellement  que  de  ce  qui  t°uc  _  . 

sujet.  On  règle  d’abord  la  question  des  suoi  ^ 
envoyer  en  cas  de  guerre;  ces  secours  ne -  son  P 
si  les  Rhodiens  ont  été  les  agresseurs  ou  s  ils  cou  ‘ 
un  peuple  allié  des  Hiérapytniens.  Dans  le  cas  coi  <•  ^ 
ceux-ci  doivent  envoyer  dans  un  délai  fixe  1111  aU 

deux  cents  hommes,  complètement  armes  ;  a  i  ]eg 

moins  de  ce  contingent  sera  composée  c  ci  o(jienS 
autres  seront  donc  des  mercenaires.  >  1  ei’  ^  xi 
ont  besoin  de  faire  une  levée  de  mercenaires 

»  218  ;  Suid- 

de  ceux  qui  faisaient  le  métier  de  mercenaires;  Bckkcr,  »<’  '  tijn d'un gucr- 

;  Cf.  Waddinglon,  Inzer.  d’Asie  Mineure,  n*  ««  ou  ■> „  Tit.  I,i* 
rier  qui  se  vante  d'avoir  tué  le  même  jour  sept  hoplites  a  ^  ^  37,  M 

XI.II,  55.-  13  Ainsi  Didascalondas,  officier  de  J  °P^ .  ( piques  sur  les  tral' 
_  H  Cauer,  Delectus,  181  ;  Michel,  21  ;  E.  Eggcr,  Etudes 
tés  publics  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains,  p.  297- 


MER 


1799 


MER 


a  réunir 


n  a' 
naires 


,  vpsiav  é'xwfft),  les  Iliérapytniens  garantiront 
^Wcurité  à  celle  opération  dans  leur  ville;  ils  la 
101111  nont  aussi  dans  le  pays  et  dans  les  îles  de  leur 
?al,in  ,  jis  aideront  de  toute  manière  les  Rhodiens 
■  les  mercenaires  ;  sous  aucun  pretexte,  ils 
orderont  personne  le  droit  de  lever  des  merce- 
"  ,  outre  les  Rhodicns  ;  sous  aucun  prétexte,  aucun 
■■..pvtnien  ne  fera  la  guerre  contre  les  Rhodiens,  ou  il 
K  .iccîhlp  des  mêmes  peines  que  s’il  faisait  la  guerre 
i  e  les  Iliérapytniens;  exception  sera  faite  pour 
eux  qui  auront  fait  la  guerre  avant  les  présentes  con¬ 
ventions.  Quant  aux  Rhodiens,  ils  s’engagent  à  leur 
tour  à  envoyer  des  secours  aux  Hiérapylniens  dans  les 
mêmes  conditions  ;  ces  secours  consisteront  en  ga- 
].reg.  aUcun  Rhodien  ne  fera  la  guerre  contre  les 
Iliérapytniens,  ou  il  sera  passible  des  mêmes  peines 
que  s'il  faisait  la  guerre  à  Rhodes;  si  les  Iliéra- 
tmiens  lèvent  des  mercenaires  en  Asie  pour  une 
guerre  particulière,  les  Rhodiens  feront  tout  leur  pos¬ 
sible  pour  que  cette  levée  arrive  en  toute  sûreté  à 
Hiérapytna;  sous  aucun  prétexte,  les  Rhodiens  n’aide¬ 
ront  personne  à  faire  une  levée  de  mercenaires  contre 


les  Hiérapytniens. 

Le  privilège  de  lever  des  mercenaires  se  trouve  donc 
mutuellement  garanti  par  les  deux  partis.  Il  faut 
remarquer  la  clause  qui  interdit  à  un  mercenaire  de 
servir  contre  sa  patrie.  C’était  là  un  des  articles  du  droit 
des  gens  à  cette  époque  ;  et  c’est  en  vertu  de  cette  règle 
qu’Alexandre  envoya  travailler  dans  les  mines  les  Grecs 
qui,  au  Granique,  servaient  dans  l’armée  perse  et  qui 
s’étaient  battus  contre  les  Macédoniens. 

Une  autre  inscription  plus  récente  1  nous  a  conservé 
le  texte  d’un  traité  conclu  entre  le  xotvov  tcov  Kp-qxüiv 
[cretarciia et  cretensium  respublica]  et  Eumène  II,  roi  de 
Pergame  (139-138)  ;  parmi  les  privilèges,  qui  sont 
accordés  au  roi,  est  mentionné  le  droit  de  lever  des  mer¬ 
cenaires,  ^voXoy-qiTÔxi.  Nous  connaissons  enfin  des  con¬ 
ventions  passées  entre  Eleuthernae,  ville  de  Crète,  et 
Antigone  Gonatas,  entre  Thèbes  et  Polyrrhénion,  con¬ 
ventions  dans  lesquelles  il  est  aussi  question  des  mer¬ 
cenaires  2.  Polybe  3  nous  apprend  que  cette  dernière 
ville  fournissait  des  archers  à  la  Macédoine  et  à  l’Àchaïe 


contre  la  ligue  éloliennc.  Nous  avons  vu  des  mercenaires 
Cretois  au  service  d’Athènes,  de  l’Égypte,  de  la  ligue 
achemine.  Les  Romains  eujt-mêmes  avaient  des  archers 
crétois  dans  leurs  armées  et  cela  dès  les  guerres 
Modiques,  comme  nous  le  verrons.  Contre  Persée,  le  con- 
Sul  P.  Licinius  en  avait  obtenu  du  gouvernement 
Cretois.  Le  Sénat  demanda  au  xotvbv  twv  Kp-qicbv  s’il  n’y 
avai t  pas  eu  plus  d’archers  crétois  dans  l’armée  de  Persée 
que  dans  l’armée  romaine.  Les  Crétois  ne  le  nièrent  pas  ; 
’k  furent  alors  mis  en  mesure  de  notifier  à  leurs  compa- 
ll  iotes  le  décret  du  Sénat,  ordonnant  que  les  Crétois 
l ‘Appelleraient  dans  le  plus  bref  délai  tous  les  soldats 
du  ils  avaient  dans  les  garnisons  de  Persée4. 

U  réputation  des  Crétois  était  mauvaise.  Pendant 
0ngtemps  ils  ont  pratiqué  la  piraterie  ;  comme  mercc- 
n-' n es,  ils  étaient  notés  comme  les  plus  à  craindre  :  tpta 


1  caior,  Delectus,  130.  —  2  Bull,  de  corr.  hell.  XIII,  1889,  p.  50,  09. 


3  IV,  53.  _  4 


LT''  enCOre  un  autrc  proverbe:  x,«|ti'Çhv  =  itùStrf*.,  Plut.  Paul.  Aem.  23; 
Hdl  Pal.  XI,  371.  —  6  Outre  les  textes  cités  plus  liaut,  cf.  Xcn. 

505  ’  -H-  '7  Hell.  II,  1,  t.  —  3  Ditlenberger,  210  et  211  ;  Michel,  503  et 

VU,  3,  p.  47  ju  ijvro  i  —  io  Michel,  166.  —  11  Nous  suivons  surtout 


Tit.  Liv.  XLIII,  7.  —  o  Suid.  Kàicita  SntXo 


xt)..;  il 


x7.7T7roc  xâxKTxa,  disait  un  proverbe  en  désignant  les  Cil i- 
ciens,  les  Cappadociens,  les  Crétois  ;i. 

Ceux-là  donc  sont  les  pires  entre  les  mauvais.  Le  mer¬ 
cenaire  est  partout  craint  et  détesté.  11  est  volontiers 
pillard,  parfois  tout  simplement  parce  que  l’occasion  lui 
semble  bonne  pour  piller.  Souvent  aussi  il  Je  fait  pour 
vivre.  11  a  de  la  peine  à  se  faire  payer  la  solde  qu’on  lui 
a  promise;  les  Athéniens  eux-mêmes,  nous  l’avons  dit, 
agissaient  ainsi  G.  Xénophon  raconte  que  des  merce¬ 
naires  privés  d’habits  et  de  nourriture  voulaient  attaquer 
et  piller  Chios  7.  Nous  avons  vu,  à  Athènes,  Euryclès 
donner  de  l’argent  pour  qu’on  puisse  se  débarrasser  des 
mercenaires  ;  le  même  fait  est  attesté  aussi  pour 
Érythrée  8.  Énée  le  tacticien  recommande  aux  villes  de 
ne  pas  laisser  entrer  dans  leurs  murs  les  mercenaires 
qu’elles  emploient  a.  Il  se  trouvait  cependant  parmi  ces 
chefs  de  bande  des  hommes  qui  avaient  des  sentiments 
d’humanité.  Le  Béotien  Zoilos,  commandant  la  garnison 
que  Démétrius  a  mise  à  Egostène,  ville  delà  Mégaride,  fut 
félicité  par  Mégare  pour  avoir  su  maintenir  la  discipline 
parmi  ses  mercenaires  ;  on  lui  vota  une  couronne  d’or, 
et  on  lui  décerna,  à  lui  et  à  ses  descendants,  le  titre  de 
citoyen  et  la  proédrie  dans  tous  les  concours  10. 

Rome  11 .  —  Jusqu’aux  guerres  Puniques,  l’armée 
romaine  se  composa  exclusivement  de  deux  sortes  de 
troupes  :  la  légion  et  les  alliés  italiens  (dilectus,  exercitus, 
legio].  A  cette  époque,  on  adjoignit  aux  légions  et  aux  sacii 
des  troupes  légères,  qui  servaient  en  qualité  d’alliés  ou 
moyennant  une  solde  12.  A  Trasimène,  il  y  avait,  dans 
l’armée  romaine,  600  archers  crétois13;  à  Cannes,  des 
archers  et  des  frondeurs  u.  Ce  sont  ces  troupes  mercenaires 
qu’on  appelait  auxilia  [auxilia]  pour  les  distinguer  des 
socii  italiens13.  On  n’a  signalé  aucun  rapport  entre  leur 
nombre  et  celui  de  la  légion.  Le  nombre  de  ces  auxiliaires 
s’accrut  à  un  tel  point  que,  pour  leur  donner  une  place  dans 
le  camp  romain,  on  dut  changer  la  disposition  primitive 
de  celui-ci.  Les  réformes  de  Marius  modifièrent  complète¬ 
ment  l’armée  romaine.  Les  classes  riches  parvinrent  à  se 
soustraire  au  service  militaire;  les  pauvres  y  virent,  au 
contraire,  un  métier  et  une  source  de  profits;  dès  ce 
moment,  l’armée  de  citoyens  cessa  d’exister;  il  n’y  eut 
plus  que  des  troupes  soudoyées;  vrais  mercenaires,  les 
soldats  n’étaient  pas  au  service  de  l’État,  mais  du  général 
qui  les  payait;  indifférents  aux  intérêts  de  la  patrie, 
ils  étaient  prêts  à  toutes  les  besognes,  pourvu  qu’ils 
pussent  compter  sur  la  solde  et  sur  le  butin  16.  Mais  ce 
changement  est  en  quelque  sorte  interne  ;  l’armée  reste 
toujours  composée  de  légionnaires,  d’alliés  et  de  merce¬ 
naires.  Après  la  guerre  sociale,  les  Italiens  deviennent 
citoyens  romains  ;  il  n’y  a  plus,  dès  ce  moment,  que  deux 
espèces  de  soldats,  les  Romains  et  les  auxiliaires. 

Les  réformes  d’Auguste  amenèrent  ici  aussi  des  chan¬ 
gements17.  Les  auxilia  sont  désormais  tous  les  corps, 
autres  que  les  légions,  qui  se  trouvent  dans  les  provinces, 
peu  importe  qu’ils  soient  composés  de  citoyens  romains 
ou  de  pérégrins.  Lorsque  Caracallaeut  donné  le  droit  de 
cité  à  tous  les  habitants  de  l’empire,  les  pérégrins  devin¬ 
rent  de  plus  en  plus  rares.  Si  l’on  excepte  un  certain 

J.  Marquardt,  De  l’organisation  militaire  chez  les  Romains,  p.  103.  —  12  Til.  Liv. 
XXII,  37,  7  ;  Zonar.  VIII,  16  ;  Polyb.  II,  7,  5.  —  13  Tit.  Liv.  XXIV,  30,  13  ;  ce  sout  les 
auxiliaires  mentionnés  par  Polybe,  III,  75,  7.  —  H  Tit.  Liv.  XXII  37,  8  et  13  ;  des 
Celtibériens  sont  mentionnés,  XXIV,  49,  8.  —  15  Varr.  De  ling.  lat.  V,  90  ;  Fest.  Ep. 
p.  17,  Millier;  Tit.  Liv.  XL,  31,  1.  —  16  Sali.  Jug.  86,  3;  App.  Bell.  civ.  V,  17; 
VV,  93;  Plut.  Lucul.  14,  17  ;  S  y  lia,  12.  —  17  Marquardt,  p.  183. 


MER 


—  1800  — 


MER 


nombre  de  mercenaires  barbares  dont  on  avait  loué  les 
services  dans  les  derniers  temps  de  l’empire,  les  auxilia 
finissent  par  n'être  composés  que  de  citoyens  romains. 
L'effectif  total  des  troupes  auxiliaires  n’est  donné  nulle 
part  ;  on  dit  qu’il  n’était  pas  inférieur  à  celui  des  légions 
et  qu'il  variait  suivant  les  circonstances  *. 

Dans  cette  catégorie  de  troupes  on  ne  peut  guère  com¬ 
prendre  les  vexilla  veteranorum,  détachement  de  lé¬ 
gionnaires  ayant  obtenu  leur  congé, déliés  de  leur  serment, 
mais  gardés  encore  quelque  temps  sous  la  main  de 
l'autorité.  Les  cohortes  civium  romanorum ,  composées 
d'Italiens  enrôlés  volontairement,  parce  que  le  service 
était  moins  pénible  dans  les  cohortes  que  dans  les 
légions  2,  furent  plus  tard  ouvertes  aux  pérégrins.  Il 
semble  que  les  mercenaires,  au  moins  jusqu'à  une  cer¬ 
taine  époque,  ont  dû  être  assez  nombreux  dans  les  cohortes 
auxiliariae :  quelques-unes  étaient  armées  à  la  romaine, 
d'autres  avaient  conservé  leurs  armes  nationales  et 
étaient  désignées  sous  les  noms  de  sagittarii  3,  scutati  4, 
contarii  5,  catafracti  6,  funditores  7  [catapuracti,  cli- 
peus,  contes,  funditor].  Tous  ces  auxiliaires  se  distinguent 
des  soldats  romains  par  un  trait  commun,  c’est  qu’ils 
étaient  armés  à  la  légère,  ce  qui  leur  aurait  fait  donner 
le  nom  de  cohortes  leves  8.  On  sait  que  l’infanterie 
[cohors]  était  organisée  en  cohortes  quingcnariae ,  de 
500  hommes  ou  cinq  centuries,  et  en  cohortes  miliariae , 
de  1000  hommes  ou  dix  centuries;  quand  elles  compre¬ 
naient  un  contingent  de  cavaliers,  elles  étaient  appelées 
equitatae  ou  equestres.  La  cavalerie  était  divisée  en  alae 
equitum  quingenariae  [ala]  de  16  turmes  ou  480  hommes, 
et  miliariae  de  24  turmes  ou  960  hommes. 

Si  ces  troupes  auxiliaires  ne  furent  plus,  au  bout  de 
quelque  temps,  composées  que  de  citoyens  romains,  il  y 
avait,  dans  la  garnison  de  Rome,  certains  corps  qui 
n’étaient  formés  que  de  mercenaires.  Cette  garnison  com¬ 
prenait  d'abord  des  troupes  dans  lesquelles  les  soldats 
étaient  des  citoyens  romains,  les  cohortes  praetorianae , 
les  cohortes  urbanae  et  les  cohortes  vigilum.  Mais  il  s’y 
trouvait  aussi  d’autres  corps  qui  étaient  composés  d’étran¬ 
gers  9.  Auguste  eut  une  garde  germaine,  les  Germani  ou 
Batavi10  [germani];  les  soldats  qui  en  faisaient  partie 
étaient  tirés  de  tribus  germaniques  sujettes  de  Rome. 
Suétone  qualifie  cette  garde  tantôt  de  numerus,  tantôt  de 
cohors  et  de  manus11.  Cependant  elle  ne  se  divisait  pas  en 
centuries  et  en  turmes.  Les  inscriptions  se  servent  tou¬ 
jours,  pour  la  désigner,  de  l’expression  collegium  Ger- 
manorum,  et  elles  nous  apprennent  qu’elle  se  divisait  en 
décuries  comme  les  collegia  et  les  familiae  servorum.  La 
garde  germaine  fut  dissoute  par  Galba12  et  elle  ne  parait 
pas  avoir  été  reconstituée  jusqu'au  règne  de  Trajan  ;  plus 
tard,  on  trouve,  sous  Caracalla,  une  garde  du  corps  à 
cheval  composée  de  Germains  et  de  Bataves. 

Le  corps  des  Germains  supprimé  par  Galba  fut  peut-être 
remplacé  immédiatement  par  une  nouvelle  garde,  dont  il 
est  fait  mention  depuis  Trajan,  les  équités  singulares 
Augusti  ou  imperatoris  [équités  singulares].  On  sait  quel 
est  ici  le  sens  de  singularis  ;  il  signifie  «  homme  choisi, 
homme  d’élite  ».  Parmi  les  singulares ,  nous  trouvons  des 

1  Dio  Cass.  LV,  24,  5  ;  Tac.  Ann.  IV,  5.-2  Vcget.  Il,  3.  —  3  Tac.  Ann.  II,  16  ; 
Corp.  inscr.  lat.  111,  600.  —  4  I)ipl.  XL1V;  Xot.  dignit.  Or.  XXXI,  59.  — SVegct. 
III,  17  ;  Dipl.  XXXIX,  XLIV.  —  6  Corp.  inscr.  lat.  III,  99;  Veget.  III,  17.  —  7  Tac. 
Ann.  XIII,  19.—  »  Jbid.  I,  51;  II,  52;  III,  39;  IV,  73;  XII,  35.—  9  Henzen,  Sugli 
Equitisingolari  degl.  imperatori  Romani  ;  C.  JuIIian,  Les  gardes  du  corps  des  prê¬ 
tai  ;rs  Césars  \  Bouché-Leclercq,  Manuel,  p.  323;  Marquardt,  p.  213. —  10  Sud.  Alla- 


Bessi,  des  Thraces,des  Rhètes,des Norici  des  1> 
des  Daces,  quelques  Bretons,  Dalmates,  Maurestt  s°ni°ns' 
on  prenait  donc  de  préférence  des  hommes  du  n  T*5 
avaient,  pour  la  plupart,  des  noms  romains  •  ’  1Is 

entrant  au  service,  ils  prennent  le  nom  de  l’è  ^  en 
régnant,  comme  les  affranchis  portent  les  mnJTT* 
maître.  La  durée  du  service  était  de  vingt-cina  0  ^ 
pour  toutes  les  troupes  auxiliaires.  On  les  recrut 
partie  parmi  les  soldats  des  auxilia.  ait  en 

D  après  la  place  qu’ils  occupaient  dans  le  canin 
peut  conclure  qu’ils  avaient  le  même  rang  que"  P’  °“ 


les 


pré¬ 


toriens.  Ils  formaient 
deux  corps  et  avaient  à 
Rome  deux  casernes,  les 
castra priora  et  les  castra 
nova  Severiana.  Comme 
les  prétoriens,  ils  n’aban¬ 
donnaient  leurs  quartiers 
que  pour  suivre  l’empe¬ 
reur;  ils  étaient  placés 
sous  les  ordres  du  prae- 
fectus  praetorio  et  cha¬ 
cune  de  leurs  divisions 
avait  à  sa  tête  un  tribun. 

Ils  sont  représentés  sur 
les  monuments  (fig. 

4931)13  avec  le  casque 
sans  panache,  le  bouclier 
ovale,  l’épée  .et  la  lance  ; 
ils  avaient  à  leur  service 
plusieurs  esclaves.  Il  semble  qu’ils  furent  supprimés  par 
Gallien  et  remplacés  par  les  protectores. 

Seplime-Sévère  augmenta  considérablement  la  gar¬ 
nison  de  Rome.  C’est  probablement  lui  qui  logea  sur  le 
Caelius,  dans  les  castra  peregrina ,  une  nouvelle  milice, 
celle  des  peregrini ,  distincte  des  équités  singulares  et 
commandée  par  un  princeps  peregrinorum.  Il  est  pro¬ 
bable  qu’ils  étaient  spécialement  employés  à  la  police  de 
la  ville.  Une  de  leurs  centuries,  sous  le  nom  déjà  connu 
de  frumentarii u,  était  chargée  de  la  police  de  sûreté. 

La  partie  de  l’armée  romaine  que  nous  connaissons  le 
mieux  est  celle  qui  gardait  l’Afrique,  à  l’ouest |j.  Elle 
était  divisée  en  trois  corps  d’après  les  provinces.  L  armée 
d’Afrique  et  de  Numidie  était  constituée  par  la  legio  III 
Augusta  et  treize  corps  auxiliaires  ;  sur  ces  treize  corps,  il  y 
avait  dix  cohortes  dont  six  avaient  un  effectif  mixte  de  fan¬ 
tassins  et  de  cavaliers.  De  tels  corps  étaient  nécessaires 
dans  ce  pays;  l’infanterie  formait  un  noyau  solide  pour 
résister;  la  cavalerie  fournissait  des  éclaireurs,  prcumai 
l’attaque  et  achevait  la  victoire.  Il  fallait  être  toujouis  en 
éveil  en  présence  d’adversaires  très  bien  monks,  qu 
apparaissaient  subitement  et  se  dérobaient  aussi  u  ^ 
Dans  les  deux  Maurétanies,  Césarienne  et  Tingitane, 
n’y  avait  que  des  troupes  auxiliaires.  Il  faut  notei  iu 
petit  nombre  d’ailes  ou  de  cohortes  qui  ont  ék  ^  .j 
dans  le  pays.  Au  premier  et  au  deuxième  SRL 
aurait  été  imprudent  de  lever  des  auxiliaiies 
régions  où  les  troupes  stationnaient;  ces  PaJs 

49;  Dio  Cass.  LVI,  23,  4.-  H  Calig.  43;  Galba,  12;  Aug.  *9.  ni.  60,61; 

—  <3  La  figure  est  tirée  de  la  Colonne  Trajane  ;  cf.  Froclinci ,  o  attaché 

voir  équités,  fig.  2746  à  2749.  —  14  Les  frumentarii  étaient  pu  éclaireurs  ou 
aux  légions  ;  c’était  sans  doute  les  ferentarii  du  temps  de  Caton,  s  ^  ,, 

fourriers  à  l’origine  ;  Hadrien  les  employa  pour  sa  police  sccrê  1  ^Àfrique, 

_ 15  Nous  n’avons  qu’à  renvoyer  à  R.  Cagnat,  L  armée  iomi 


MER 


—  1801  — 


MER 


ni,ore  complètement  pacifiés  ;  ils  n’étaient  pas 
P1^  C  à  la  civilisation  romaine.  Il  n’en  fut  plus 


enCOrt| h  suite;  dès  le  milieu  du  ne  siècle,  ces  troupes 
„insi  Oin!’ la  p  ’ 
biliaires  sont  recrutées  sur  place. 
ai1’,  Aidant  déjà,  dès  cette  époque,  les  barbares  ont 
1  .  îcé  à  devenir  plus  nombreux  dans  l’armée  romaine. 
con  ,ervent  d’abord  comme  mercenaires  ;  ils  finissent 
*|S  nar  envahir  les  légions  ;  Probus  en  incorpore 

ïlfili  &  r  L 

[g 000  parmi  les  légionnaires;  sous  Théodore,  ils  sont, 
les  légions,  plus  nombreux  que  les  Romains,  et 
Vurclius  Victor  pourra  dire  :  les  soldats,  j’allais  dire  les 
barbares1.  Il  serait  peu  intéressant  de  suivre  par  le 
/étail  cette  transformation  ;  il  nous  suffira  de  voir  ce 
était  devenue  l’armée  romaine  sous  Justinien,  au 
moment  où  commence  la  période  byzantine2. 

Il  y  a  un  noyau  permanent,  mais  il  est  peu  solide  ;  le 
gros  de  l’armée  est  formé  de  mercenaires;  ils  portent  le 
nom  de  fédérés  [foedus,  p.  1210];  ce  sont  ces  aventuriers 
barbares  qu’on  trouve  sur  toutes  les  frontières  de  l’em¬ 
pire  ;  il  y  a  des  Huns,  des  Gépides,  des  Hérules,  des 


Fig.  4932.  —  Cavaliers  Maures. 

Vandales,  des  Goths,  des  Slaves,  des  Perses  [auxilia, 
%•  671],  des  Arméniens-,  des  Arabes,  des  Maures 
(llg.  4932) 3.  Cette  armée  est  bien  organisée.  Le  fantassin 
fst  protégé  par  un  grand  bouclier,  le  casque,  la  cuirasse 
des  jambières  ;  toutes  ces  pièces  sont  en  métal  ;  comme 
armes  il  a  l’épée,  l’arc,  ainsi  que  la  pique  et  la  hache. 
La  cavalerie  est  pesammentéquipée  ;  l’homme  et  le  cheval 
SOnt  cuirassés;  ce  sont  les  cataphractaires  [catapurac- 
tuui,  fig.  1232]  que  pon  regarqe  comme  les  plus  redou¬ 
tables  des  soldats  de  l’empereur.  Il  est  aussi  question 
(  une  cavalerie  légère.  Malheureusement  cette  armée, 
c°mnie  toutes  les  armées  composées  de  mercenaires,  est 
]ndisciplinée  et  pillarde.  Le  fédéré  a  des  exigences 
niouies;  sous  prétexte  qu’il  n’est  pas  le  sujet  de  l’empe- 
j’iur,  il  prétend  être  affranchi  des  règles  de  la  discipline; 
1  discute  les  ordres  des  chefs,  il  les  méconnaît.  Enfin 
11  Patriotisme  n’anime  ces  barbares;  ils  ne  se  font 


aucun  scrupule  de  trahir;  deux  fois,  la  trahison  a  ouvert 
à  Totila  les  portes  de  Rome1  :  dans  une  bataille,  les 
mercenaires  Huns  se  rangent  à  l’écart,  attendant  que  la 
fortune  se  soit  décidée  pour  se  mettre  du  côté  du  vain¬ 
queur5.  Les  officiers,  qui  sont  aussi  des  barbares,  sont 
peut-être  pires  que  les  soldats  ;  car  ils  se  jalousent  et  ne 
cherchent  qu’à  se  nuire.  Malgré  ces  défauts,  cette  armée 
de  mercenaires  barbares,  quand  elle  est  commandée  par 
des  hommes  comme  Bélisaire  ou  Narsès,  constitue  une 
force  militaire  des  plus  redoutables. 

Nous  avons  étudié  le  mercenaire  à  toutes  les  époques 
de  la  vie  gréco-romaine.  Il  y  a  plusieurs  faits  généraux 
à  relever.  Le  plus  important  est  que  le  mercenariat  a 
surtout  fleuri  en  Grèce  ;  c’est  comme  un  fruit  que  le  sol 
a  produit  à  toutes  les  époques.  Cela  tient  à  la  nature 
même  de  l’esprit'grec  ;  il  aime  les  aventures  et  il  est 
avide  de  gain  ;  il  est  comme  le  marchand  de  YOdyssée, 
qui,  à  peine  revenu  d’un  long  voyage,  pense  à  partir 
pour  aller  encore  plus  loin  6.  Dès  que  l’Hellène  a  eu 
conscience  de  sa  valeur  comme  homme  de  guerre,  il  est 
parti  chercher  fortune  ;  on  le  trouve  dans  presque  toutes 
les  armées  des  rois  et  des  tyrans  d’Asie.  «  Tu  es  arrivé 
des  extrémités  de  la  terre,  rapportant  une  garde  d’épée 
en  ivoire,  incrustée  d’or  ;  car,  en  combattant  pour  les 
Babyloniens,  tu  as  accompli  une  grande  action,  tu  les 
as  sauvés  des  dangers  ;  tu  as  tué  un  guerrier  haut  de 
cinq  coudées  moins  une  main.  »  C’est  le  poète  Alcée 
qui  parle  ainsi  de  son  frère  Antiménidas,  qui  s’était 
engagé  dans  l’armée  du  roi  de  Ninive  Nabuchodonosor. 
Alcée  lui-même  avait  mené  une  vie  aventureuse  ;  il  avait 
été  chassé  de  sa  patrie  ;  il  s’était  battu  contre  les  Athé¬ 
niens,  et,  dans  cette  bataille,  il  avait  perdu  son  bouclier. 
Cette  vie  d’aventures  avec  ses  hasards,  ses  changements 
soudains  de  fortune,  tente  l’humeur  hardie  de  bien  des 
Grecs.  Le  type  des  mercenaires  de  cette  époque  est 
Archiloque,  ce  poète  que  l’antiquité  mettait  à  côté 
d’Homère.  «  Je  suis  un  serviteur  du  dieu  de  la  guerre 
Enyalios,  et  je  suis  habile  dans  le  don  aimable  des 
Muses.  »  Mais  voici  comment  il  entend  la  guerre  : 
«  Grâce  à  ma  lance,  à  moi  la  galette  qu’on  pétrit  ;  grâce 
à  ma  lance,  à  moi  le  vin  d’Ismaros  ;  grâce  à  ma  lance, 
je  le  bois  couché  sur  le  lit  du  festin.  »  Le  Crétois  Ilybrias 
avait,  lui  aussi,  composé  une  chanson  des  mercenaires  : 
«  J’ai  pour  richesse  une  grande  lance,  une  épée,  et  un 
bouclier  de  cuir  tout  velu,  rempart  de  mon  corps  ;  c’est 
par  lui  que  je  laboure,  que  je  moissonne;  c’est  par  lui 
que  je  foule  le  bon  vin  qui  sort  de  la  vigne;  c’est  par 
lui  que  j’ai  des  esclaves  qui  m’appellent  :  maître  ’.  » 
On  le  voit,  le  mercenaire  est  entré  de  bonne  heure  dans 
la  littérature;  il  y  est  entré,  il  faut  noter  le  fait,  au 
moment  où  fleurit  la  poésie  personnelle,  la  poésie 
lyrique.  Il  en  disparait  peu  après.  La  grande  époque 
de  la  Grèce,  le  ve  siècle,  marque  une  éclipse  du 
mercenariat.  Il  y  rentre  à  partir  du  ivc  siècle  ;  c’est 
le  beau  moment  du  mercenariat  qui  commence,  mais, 
cette  fois,  la  littérature  ne  lui  est  pas  favorable.  La 
comédie  8  saisit  le  mercenaire,  le  malmène  et  le  bafoue; 
c’est  un  faux  brave,  qui  a  toujours  des  exploits  terri¬ 
fiants  à  raconter,  et  qui,  au  fond,  n’est  qu’un  poltron; 


tout  le  r  S  3  ~~  2  Diehl,  Justinien  et  la  civilisation  byzantine  au  vi®  siècle , 
composii  a*1  ~  3  ®ur  ta  Colonne  Trajauo;  Froeliner,  Op.  I.,  pl.  86,87.  Voir  la 

cn  535  ('/î'0;1  tie  1  arn,én  de  Perse  (Procop.  Bel.  Pers.  244);  de  l'armée  d'Italie, 
Ù  «•  CotA.26),  en  551  (, Ibid. .  598,  599).—  4  Procop.  Bel.  Goth.  360-362,433. 


_  5  Bel.  Vend.  416,  420-421.  —  8  Odyss.  XIV,  199.  —  7  Bergk,  Fr.  lyr.  poet.  28. 

_ 8  Nous  renvoyons  simplement,  sur  celle  question,  à  Ch.  Benoît,  Essai  histo¬ 
rique  et  littéraire  sur  la  comédie  de  Ménandre,  p.  62,  et  G.  Denis,  La  comédie 
grecque,  t.  Il,  chap.  xvm  ;  cf.  outre  la  comédie,  Lucian.  Dial,  meretr,  12. 


'MER 


1802 


ses  amis,  ses  esclaves  se  jouent  de  lui  ;  les  courtisams 
le  bernent  et  le  rejettent,  quoiqu’il  soit  chargé  d’or. 
Cette  réaction  de  la  littérature  est  intéressante.  La 
poésie  qu’Archiloque,  Alcée  ont  trouvée  dans  cette  vie 
de  hasards,  s’est  évanouie.  A  Rome  la  poésie  d’une  telle 
existence  ne  fut  jamais  comprise.  A  aucun  moment,  sauf 
à  la  veille  des  invasions,  Rome  n'a  voulu  voir  dans  le 
mercenaire  qu’un  individu  qui  abuse  de  sa  force  pour  se 
mettre  au-dessus  de  la  règle  sociale.  Cela  suffisait.  Elle 
s’est  appliquée  à  le  contenir;  elle  l'a  enfermé  dans  une 
position  subalterne  d’où  il  n’est  jamais  sorti.  Il  y  a  peu  de 
points  où  se  montre  plus  clairement  la  différence  du  génie 
grec  et  du  génie  latin  ;  l’un  volontiers  coureur  d’aven¬ 
tures,  passionné  pour  la  liberté,  même  pour  cette  liberté 
qui  refuse  d’accepter  une  règle,  de  se  soumettre  à  une 
loi,  se  plaisant  partout  à  affirmer  sa  personnalité;  l’autre 
ayant  la  religion  de  la  loi,  le  sens  inné  de  Yimperium  et 
la  conviction  assurée  que  partout  l’individu  doit  se  sou¬ 
mettre  à  loi  et  à  la  la  règle  1 .  Albert  Martin. 

MERCURIALES  [mercurius,  p.  1817,  1820]. 

MERCURIUS.  —  I.  En  grec  'Eojjisi'x;  et  'EpfzÉxç  ou'Ep|2.É7j;, 
d’où  'Epu.5;  et  'Ep^ç1,  par  contraction,  et  'Epaxwv* (formes 
apparentées  à  la  racine  opu.-q,  désir  passionnel,  bientôt 
confondue  avec  celle  de  ïpixa/.s;3,  bornes  des  carrefours). 

1°  Originesde  la  personnalité  mythologique  d' Hermès 
en  Grèce.  —  L’idée  première  d’Hermès  serait-elle  celle 
d’un  dieu  infernal  comme  Pluton4?  Aucune  preuve 
décisive  ne  l’établit5.  Nous  aurons  à  constater  cependant 
que  ce  dieu  aux  multiples  aspects  a  été,  après  les  temps 
homériques,  envisagé  comme  en  rapport  avec  les 
choses  de  dessous  terre6.  D’autres  origines  très  diverses 
ont  été  proposées  par  les  modernes.  Par  exemple,  un 
certain  nombre  d’analogies,  souvent  verbales,  entre  le 
vent  et  Mercure  ont  fait  croire  à  Roscher7  que  le  dieu 
n’est  que  la  personnification  de  cette  force  naturelle;  le 
vent  semblait  venir  de  l’éther,  de  Zeus,  des  grottes  de 
montagnes,  comme  Hermès;  comme  lui  les  Boréades,  ou 
les  vents,  sont  la  rapidité  même,  ont  des  ailes,  emportent 


MER 


sèchent  les  champs,  tiennent  les  voyageur!  i  °U  des' 
dépendance,  etc.8  Mais  ces  rapports  ^ni  ,  S.leur 
nieusement  établis  entre  toutes  les  qualifiai °P1lngé‘ 
et  l’autre  terme  ;  ils  devraient  dériver  d’une  même  '  °  Un 
tion  primitive  d’Hermès,  ce  qui  n’est  pas.  Pour 
il  est  l’Obscur  et  semble  avoir  personnifié  tout' 
est  ténébreux  :  enfer  et  nuit,  nuages  et  pluie  Aprèv  ^ 
représenté  le  combat  journalier  des  ombres  conter 
rayons,  il  serait  devenu  le  dieu  qui  rafraîchit  et  fécond! 
et  aussi  le  vent  rapide.  Pour  d’autres1»,  il  est  un  ,li 
solaire  et  représente  l’Aurore.  A  d’autres  il  a  semblé  ne] 
sonnifier  les  crépuscules  matinal  et  vespéral11,  et  surtout 
le  second.  A  ce  titre  on  lui  a  assigné  des  origines 
hindoues.  Creuzer  et  Guigniaut12  l’avaient  assimilé  déjà 
à  Brahma.  Nareda  et  Bouddha.  Mais  l’école  linguistique 
l’a  surtout  identifié  avec  un  Sarameya  (=  ’Ep^taç)13 
dieu  crépusculaire,  voleur  des  vaches  d’Indra,  c’est-à-dire 
des  nuages.  Une  étude  plus  attentive  des  Védasuamontré 
que  les  deux  sarameyas  sont  des  chiens  de  Yama  et  ne 
sont  pas  les  voleurs  des  vaches  célestes  retrouvées  par 
leur  mère  Sarama15.  S’il  reste  une  analogie,  elle  est  fugi¬ 
tive,  si  bien  que  M.  Bérard  croit  le  dieu  plutôt  phénicien 
d’origine  16.  Les  navigateurs  de  cette  race,  ayant  pénétré 
jusqu’en  Arcadie,  y  auraient  laissé  aux  habitants  la 
notion  d’une  divinité  ternaire,  dont  le  troisième  terme, le 
dieu  fils,  était  lui-même  une  triade  ;  selon  l’empereur 
Julien,  Monimos,  qui  figure  dans  cette  trinité,  n’est 
autre  qu’Hermès17.  Tout  au  moins  les  manières  d’être  et 
attributs  du  dieu  phénicien  ont  pu  être  mêlés  par  les 
Arcadiens  avec  ceux  d’une  de  leurs  divinités.  D’autre 
part,  la  pierre  levée,  le  bétyle  ou  la  colonne  carrée,  qui 
souvent  en  Grèce  ne  fait  qu’un  avec  la  figure  d’Hermès, 
représente  chez  les  Phéniciens  l’envoyé  ou  fange 
d’Astartè,  do  Baal  ou  d’Élohim18. 

Ce  qui  est  vrai,  c’est  que,  comme  l’avaient  senti  déjà 
les  anciens19,  la  personnalité  mythique  d’Hermès  a  eu 
des  origines  multiples.  Une  d’entre  elles  est  déterminée 


i  Nous  n’avions  pas  ici  à  nous  occuper  de  Carthage.  Disons  seulement  que 
primitivement  l’armée  carthaginoise  était  une  armée  nationale;  c’est  seule¬ 
ment  vers  le  milieu  du  vi®  siècle  que  Magon  altéra  profondément  le  caractère  de  cette 
armée,  eu  y  introduisant  un  fort  contingent  de  mercenaires.  Cependant  pendant  long¬ 
temps  encore  les  citoyens  carthaginois  y  étaient  très  nombreux;  lors  de  l’invasion 
d’Agalhocle,  leur  nombre  s’élevait  à  40  000,  chiffre  bien  supérieur  à  celui  que  ce  même 
contingent  présenteraà  Zama.  Plutarque  ( Timol .  30)  dit,  à  propos  de  la  bataille  de 
Crimésos,  en  340,  que  les  Carthaginois  n’avaient  pas  encore  à  cette  époque  employé 
de  mercenaires  grecs.  Celte  affirmation  est  en  contradiction  avec  ce  que  dit  Dio- 
dorc  (XIII,  44  et  58)  qui  assure  qu’Hannibal,  lors  de  sa  grande  expédition  en  Sicile 
en  409,  avait  des  mercenaires  grecs  dans  son  armée  et  que  ces  mercenaires  furent 
les  seuls  à  témoigner  un  peu  de  pitié  lors  de  l’affreux  massacre  des  habitants  de  Sé- 
linonte.  Pour  l’armée  carthaginoise,  cf.  O.  Melzer,  Geschichte  der  Karthager , 
I,  192-297  ;  II,  114*144. —  Bibliographie.  W.  Rüslow  et  H.  Kochly,  Geschichte  des 
griechischen  Kriegswesen ,  Aarau,  1852,  p.  99  et  154  ;  Chevalier,  Entstehung  und  Be- 
deutung  des  griechischen  Sôldnerivesen ,  progr.  1858  et  1861  ;  Bohstedt,  U  cher  das 
gricchische  Sôldnerivesen,  Rendsburg,  1873;  Lorenz,  Griechische  Sôldnerivesen, 
prog.d’Eichstadt,  1877,  1880;  B.  Büchsenschütz,  Besitz  und Erwerb  im  griech.  Alter- 
thum ,  Halle,  1869,  p.  350;  II.  Droysen,  Heerwesen  und  Kriegführung  der  Griechen 
dans  le  Handbuch  de  K.  F.  Hermann,  Fribourg,  1889;  Ad.  Bauer, Die  Kriegsaltertiimer , 
dans  le  vol.  consacré  aux  Gricchische  Altertümer  dans  le  Handbuch  d’iwau  Muller, 
Nérdlingen,  2®  éd.  1893;  D.  Mallet,  Les  premiers  établissements  des  Grecs  en 
Égypte  au  vu®  et  au  vi*  siècle ,  Mémoires  publiés  par  les  membres  de  la  Mission 
archéol.  franc,  au  Caire,  t.  XII,  fasc.  1,  Paris,  1893;  G.  Droysen,  Histoire  de 
l'hellénisme ,  trad.  fr.  Paris,  1883;  J.  Paul  M.  Meyer,  Das  Heerwesen  der  Ptole- 
maer  und  Borner  in  Aegypten,  Leipzig,  1900;  Schubart,  Quaestiones  de  rebus 
militaribus  quales  fuerint  in  regno  Lagidarum,  progr.  Breslau,  1900  ;  J.  Marquardt, 
De  V organisation  militaire  chez  les  Romains ,  trad.  fr.  par  J.  Brissaud,  Paris, 
1891,  dans  le  Manuel  des  antiquités  romaines  de  Th.  Mommsen  et  J.  Marquardt; 
Herm.  Schiller,  Die  Kriegsaltcrtümer  dans  le  vol.  consacré  aux  Bômische  Alter¬ 
tümer  du  Handbuch  d’Iwan  Muller  ;  A.  Bouché-Leclcrcq,  Manuel  des  institutions 
romaines ,  Paris,  1886. 

JVIERCURIUS,  1  'EpjAttaç  dans  Homère  ;  Pape,  Wôrterbuch  der  Eigennamen ,  I, 


.  382-3.  Ciirlius,  Grundzüge ,  p.  317.  —  2  Hcsiod.  Fragm.  32  ap.  Slrali.  I,  p-  42 

-  3  Bérard,  Cultes  arcadiens,  p.  284;  Wclcker,  Griech.  Gôtterl.  I,  p.  342  ,  tmliard, 
ôtterl.  I,  p.  261,  n.l;  cf.  au  Ire  étymologie,  Creuzcr-Guigniaut,  Itelig.  delAntiq.  par . 

,  p.  692.  -  4Scliwenck,  Etym.  Myth.  Andeut.  p.  123  sq.  -  3  R  formait  cependant 
ne  triade  avec  moùtuv  et  Hj,  à  Athènes,  cf.  plus  loin.  —  6  Hesych.  s.  »•  Ip-Sjo? .  c  . 
rcuzer-Guigniaut.  Op.  I.  Il, part.  I ,  p.  327-9;part.  Il,  p.  684,n.2ctch.  '■>/ 

-  7  Cou,  Alythology  of  the  Aryan  ;  Rosclier,  üermes  der  y/indgott,  résume  an  ■ 

exikon,  I,  p.  1360-88,  suivi  dans  sa  2"  édition  par  Decharme,  Mylhol.  P-  "  I 
ni,  dans  la  première,  faisait  du  dieu  la  personnification  du  ci  opuscule.  I 

.  1,  pour  quelques  autres  conceptions  d  Hermès,  et  Bursian,  Ienaer  Litnnl  . 
août  1879.  —  8  Autres  ressemblances  indiquées  :  lèvent  siflle  conl",c  ]  _ 

me  de  la  syrinx  ;  les  songes,  les  âmes,  le  sommeil  viennent  du  uni 

:s  caprices  du  vent  déconcertent  comme  ceux  de  la  Fortune,  âj?c<rr cî >  '  ^ 

eux  des  vents  =  Siixiofo?  àprsicsov-tiiî  =  le  poursuiveur  (des  nuaBe.)  q  ajove 

iel  ;  le  vent  est  fort  comme  Hermès  ;  il  change  le  môme  jour  des  moi.  ,sonn;.  ] 

i  dieu;  primitivement  les  quatre  vents  étaient  confondus  en  une  u  | 
cation.  -  9  Gilbert,  Gôtterl.  p.  214-233;  cf.  II.  Weil,  Journ  des  ^ 

.  -282-5.  'Apyetïôvrvjç  =  le  dieu  qui  tue  la  lumière.  Mais  il  ses  iuoi  ^ 
uand  ses  hyposlascs  de  Nocturne  et  d’infernal  sont  devenues  t  <  c-  »  ,gesj  pina. 

AfSviî-  Lcs  ombres  et  la  lumière  concourant  à  un  mômeiésu  a  ,  brique» 

■ment  l’ami  d’Apollon.  Il  ne  préside  plus  qu  à  des  phénomène  ^  faeut, 

icnfaisanls  :  cf.  Max-Muller,  Nouv.  études ,  p.  547.  111  I  ®'*’ 1  Grundidst 

.  178-197,  et  Mém.  Soc.linguist.  Il,  p.  145-146.  — 11  Gbr.  c  i  ,s»  ^  292-3. 

es  H enn.es,  Erlangcn,  1877.  —  12  Creuzcr-Guigniaut.  Op.  t-  *’  n®  .  '  j,  317. 

-13  Max-Muller,  Op.  I.  p.  483-5.  —  14  Bergaigne,  La  religion  ’y^J MCOm?agnéei 

-  15  II  est  vrai  que  diverses  représentations  grecques  de  Mercure  s  A|exalidrie, 
’un  chien;  cf.  Hertz,  Catal.  ofantiquities,  n»453  ;Mionnet, 

629.  —  16  Bérard,  Orig.  des  cultes  arcad.  p.  265  et  chap.  ces  aven- 

autcur  déclare  lui-môme  qu’il  a  voulu  pousser  ici  jusqu  a  s  ^  a^0ji  IV,  P-  l5»' 
ureuses  une  hypothèse  qui  lui  paraît  juste.  11  i(j  q p  (.  p.  205. 

lonimos  r=  Adad  =  unusunus,  nom  assyrien  du  soleil,  Bcrara,  ^ 

-  18  Bérard,  Op.  I.  p.  281-3  ;  Berger,  Ange  d’Astartè,  p-  *  ■ 


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—  1803  — 


MER 


•litudc.  Contaminé  ou  non  d’un  culte  phénicien, 

.  nn  ,lînii  zinc  PAlnccrnc  il 1  A  r*pn in  1 


•ivec  lu,^t  un  très  ancien  dieu  des  Pélasges  d’Arcadie 

Sa  grotte  : 

.  piie  et  ce 

î'unorphoses  (flg.  4933).  Il  est  probable  qu’il  a  été  le 

>11.  uniqm 

était  la  seule  ressource,  il  était  donc  là, 
enrichisseur,  celui  par  qui  les  pâtres 


lll"UI  '  natale  est  sur  les  pentes  du  Cyllène2,  où  l’eau 
souvenir  local  le  suit  dans  toutes  ses 
(fig.  4933).  Il  est  probable  qu'il  a  été  le 
I  dieU)  unique  ou  suprême  \  du  plateau  arcadien. 

$  ,,  ,i 


Comme  l’élevage  y 

le  Swtwp  Éclwv v  1 


Fig.  4933.  —  Hermès  de  Cyllène. 


voyaient  leurs  troupeaux  pulluler  5.  Il  représentait  leur 
conception  vague  de  la  vigueur  génératrice,  le  phénomène 
divinise  de  lareproduction  animale  ( 6 p pc-q )  6.  Il  était  père 
ou  frère  de  Pan,  le  dieu-pâtre  qui  symbolise  comme  lui 
la  fécondation  universelle  Il  a  été  pâtre  lui-même,  et 
protecteur  fidèle  des  maîtres  de  grands  troupeaux8.  Il 
en  a  gardé,  même  après  les  métamorphoses  les  plus 
complètes,  le  nom  d  ’AypoT^p  et  Nôpuo;  (dieu  champêtre  et 
du  pâturage)  9.  Comme  le  Dionysos  originaire,  il  prend 
ses  ébats  avec  les  primitives  nymphes  des  fourrés  et  des 
eaux  vives,  qui  représentent  les  poussées  de  la  sève  ani¬ 
male  et  végétale10  [maenades].  Chez  Dionysos,  le  carac¬ 
tère  arborescent  (oevopîx-qç)  se  développera  presque  exclu¬ 
sivement,  mais  il  y  a  eu  un  temps  où  Hermès,  parfois  repré¬ 
senté  avec  une  gerbe  d’épis  ",  a  été  à  peu  près  semblable 
à  lui12.  Pendant  toute  une  période  les  simulacres  de  l’un 
et  1  autre  ont  été  à  peine  distincts13  ;  sans  le  caducée  du 
second,  on  les  eût  confondus;  tous  deux  personnifiaient 
la  luxuriance  féconde  de  la  nature  u.  L’hymne  homérique 
consacré  à  Hermès13  roule  tout  entier  sur  son  excessive 
passion  du  bétail  et,  à  l’origine  des  représentations  artis- 
Hques,  nous  le  trouvons  non  seulement  avec  l’aspect  d’un 


berger  (fig.  4934)'*,  mais  sous  la  forme  d’un  bouc  (dont 
il  use  dans  les  légendes  pour  assaillir  Pénélope) 1  '  ou  assis 
sur  un  bouc18.  Et  nous  aurons  à  étudier  une  série  de 
monuments  (voir  p.  1809),  où,  sans  que  cet  attribut 
s’explique  par  rien  d’autre19,  un  bouc,  un  veau,  une 
brebis  sont  placés  dans  ses  bras  ou  sur  ses  épaules. 
Enfin  ses  caractères  sont  aussi  mêlés  avec  ceux  d  Eros2", 
et  nous  savons  qu’aux  temps  très  anciens  il  était  figuré 
sou's  la  forme  significative  d'un  simple  phallus21.  Là  est 
l’origine  des  stèles  tétragoniques  spécialement  appelées 
des  hermès  [hermae]  qui  sont  restées  phalliques  et  même 
ityphalliques  comme  était  le  dieu  symbolisé  par  elles. 
Avant  qu’un  phallus  de  ce  genre  le  représentât  dans  le 
temple  même  de  Cyllène 22,  on  en  voyait  un  grand  nombre 
au  bord  des  routes,  aux  croisements  des  chemins23. 
Hérodote  nous  apprend  que  ce  sont  les  Pélasges  2*  qui  ont 
commencé  à  honorer  de  la  sorte  Hermès  évôoioç,  dieu  des 
routes,  secours  des  voyageurs,  et  peut-être  protecteur 
des  limites.  «  Il  ne  faut  pas,  dit  encore  un  pâtre  de  fhéo- 


crite,  offenser  Hermès,  celui  des  dieux  qui  s’irrite  le  plus 
si  on  repousse  le  voyageur  en  peine  de  savoir  sa  route  2\  » 
Ces  simulacres  indicateurs  des  sentiers  ont  été  souvent 
formés  simplement  d’amas,  coniques  de  pierres  appor¬ 
tées  une  à  une  par  les  passants  dévots  au  dieu  des 
voyageurs26.  L’Hermès  originaire  est  donc  à  la  fois  un 
principe  fécondateur  et  un  poteau  sacré  de  direction  dans 
les  sentiers.  11  est  bien  vrai  que  tous  les  renseignements 
là-dessus  datent  au  plus  tôt  des  temps  homériques;  mais 
le  fait  que  la  plupart  se  rapportent  à  l’Arcadie  les  recule 
très  loin  dans  le  passé.  On  sait  que,  par  une  fortune 
unique  dans  la  Hellade,  les  Pélasges  d'Arcadie  sont 
demeurés  à  l’abri  de  toute  invasion,  gardant  intacts 
leurs  cultes  et  leurs  coutumes27. 

2°  Hermès  dans  la  poésie  homérique.  —  Nous  ne 
savons  par  quel  travail  des  imaginations  le  dieu  arcadien, 


Hymn.  hom.  X\  II,  1-2  :  |ig$iovxtx  x«l  'AçxaStnjç  TtoXujtrjXo'j  ;  X\  III,  30-31  ;  Pind&r, 
%'»/>•  VI,  77-80;  Paus.  VIII,  3,  2;  17,  1  ;  36,  10  ;  Immcrwahr,  Vie  Kûlte 
Arcadien*,  p.  73.  _  2  Hom.  Od.  XXIV,  I  jEuslalli.  ad  11.  II,  003  ;  X,  018  ;  Virg. 

51;  Pind.  L.  I.  4.  Sur  la  pointure  de  vase,  fig.  4933,  il  est  nommé 
Alonmn.  d.  Inst.  IX,  pi.  55.  —  3  De  Witte,  Élite,  III,  p.  193  ;  Panofka, 
^•'e  lllacas,  p.  24;  Bérard,  Cultes  arcad.  p.  209.  —  4  Hom.  Od.  VIII,  335  ; 

12IS.  Le  berger  Elimée  distrait  pour  Hermès  et  les  Nymphes,  afin 
^accomplir  les  vieux  riles,  un  septième  de  la  hèle  (|u'il  offre  à  ses  hôtes  :  Hom. 

'  •'iR .  4.1a.  _  5  Hcsiod.  The  or/.  444-7.  —  G  G.  Curtius,  Grunz&ge,  500  ;  Gerhard, 
"•'cc/i.  Mytliol.  §  274;  Maury,  Belig.  de  la  Gr.  I,  p.  106  ;  Ottf.  Muller,  Littér.  gr. 

,  e brund),  |,  p.  27.  L'idée  a  persisté  en  prenant  une  expression  plus  philosophique  : 
(Oerl  t?£*u,<“v>  Eustath.  ad  Od.  XIV,  435;  cf.  Abhandl.  Berlin.  1848,  p.  209 
S('r.laril)  :  An’>ali,  H,  79  (Welcker).  —  1  Plat.  Cratyl.  p.  407-8  ;  Apoll.  III,  10,  2  ; 

l'’7,  v •  Ifavo;  ito/.i; ;  Hymn.  hom.  X VIII,  1  ;  Schol.  Theocr.  I,  3;  il  est 

ttl  )SS1  Eriape  ;  Kaibel,  Epigr.gr.  782,  3.  — -G  Hom.  11.  XIV,  489  :  4>op6àvToî 
'.M*oj.„  xTiiuiv  ommev.  —  9  Eurip.  El.  462;  Schol.  Sopli.  Philoct.  1459,  où  il 
IX  1  !"eC  ^*an  el  *es  Nymphes  ;  Arisloph.  Thesm.  977.  Il  est  Paus. 

%")>l  '  ~,0Hom.  11.  XVI,  180-5 ;  Hymn.  hom.  III,  262-6;  Kaibel,  Epigr.  813.  Les 
2eit  )  tlles-mèmes  sont  appelées  vôfuai,  pi)Xî4i;,  xafitoipiiçot,  etc.;  Arch. 

-Il  u-  XXXV111'  P-  9’>  I>iodor.  V,  48;  Schol.  Apoll.  I,  917  ;  Paus.  Il,  34,  2. 
“Iler-Wieseler,  Denhn.  II,  297,  298  ;  Arch.  Zeit.  IX,  p.  99.  —  12  Gerhard, 


Auserl.  Vas.  pi.  i,  xlii,  xi.viii,  i.v  ;  Etrusk.  und  Kamp.  Vasenb.  pLvui.  —  13  Id.,  Veber 
Hermenbilderauf  griech.  Vas.  (Abhandl. d.  Berl.  Akad.  1855). —  H  Paus.  11,31,10  : 
à  Trézène  on  l'appelait  «Xii-fio;,  qui  semble  signifier  «  efflorescent  ».  -—  15  Hymn. 
hom.  II,  v.  1-580.  —  'G  De  Wille,  Élite,  III,  pl.  lxxxiu  ;  Gerhard,  Auserl.  Vas.  pl.  ix, 
12  ;  Hymn.  hom.  XVIII,  32.  —  '7  Hérodote,  II,  145,  croit  que  cela  se  passait  huit  cents 
ans  avant  lui;  Lucian.  Dialog.  deor.  XXII,  2.  La  Pénélope  en  question  serait  Lacé- 
démonienne.  —  ,8  Paus.  II,  3,  4;  Arch.  Zeit.  1868,  pl.  ix;  Auserl.  Vas.  pl.  cccxxv 
Hertz,  Calai,  of  antiq.  n°  473-4.  — 19  Par  ex.  coupe  de  Sosias  :  Annali,  1830,  p.  232 
Monument i,  I,  24-5;  Gerhard,  Trinksch.  6-7;  Antike  Derikm.  I  (1886),  pl.  ix-x 
Rayct-Collignon,  Céramique,  p.  181.  Voir  plus  loin  fig.  4941.  —  20  Gerhard 
Golt.  Eros  ( Ahbandl .  d.  Berl.  Akad.  1848,  p.  269  sq.).  —  21  Pind.;  Hcrod.  II 
51-  Arisloph.  Lys.  1023,  1079;  Paus.  I,  27,  1;  Plut.  An  seni  sit  re.  28 
Arlcmid.  I,  45;  lmhoof-Blümner,  Griech.  Alünz.  IV,  48;  Lucian.  Jov.  trag.  42 
cf.  Cic.  De  nat.  deor.  L.  I .  ;  cf.  Jahrb.  des  deutsch.  Inst.  1892,  Anzeiger 

p  64-65. _ 22  Paus.  VI,  20,  5.  —  23  Arisloph.  Plut.  1159-60;  Anth.  App.  Planui 

254’  Paus.  II,  3,  4;  VII,  27,  1  ;  Baumcislcr,  Denhn.  III,  pl.  ni.  —  24  Hero< 

jhid.  _  25  Theocr.  XXV,  3-5.  —  26  Creuzer-Guiguiaut,  Hetigions.  I,  p.  852 

Welcker,  Griech.  Gôtterl.  Il,  p.  454;  Preller,  Gr.  Alyth.  1,  p.  401  ;  Pla 
Hipparch.  p.  228  H,  Anth.  Planud.  L.  c.  ;  Eustath.  ad  11.  XXIV,  333;  Philocl 
Fragm.-,  Slrab.  VIII,  343;  Suid.  Hesych.  s.  «.  —  27  Paus.  VIII,  1,  4;  Hellauicos,77 
Fragm.  hist.  gr.  I,  p.  51. 


MER 


1804  — 


plus  qu'à  demi  métamorphosé,  a  été  accueilli  parmi  les 
grands  dieux  de  l’Olympe  achéen.  11  est  possible  que, 
venus  d'autres  districts,  des  dieux  analogues  par  le  nom 
ou  par  les  attributions  se  soient  confusément  mêlés  à  lui. 
Les  Latins  savaient  1  qu’il  y  avait  eu  plusieurs  Hermès, 
deux  arcadicns,  un  béotien  et  un  cosmopolite,  sans 
parler  des  dieux  similaires  d'Égypte.  Hérodote  nous  en 
fait  soupçonner  un  en  Thrace  2.  Et  nous  voyons  qu’en 
Samothrace  un  de  ces  dieux  primitifs,  sortis  du  feu  et  de 
la  forge,  qu’on  nomme  génériquement  Cabires,  était  assi¬ 
milé  à  Hermès  3  [cabiri]  ou  portait  son  nom.  Peut-être 
l’Hermès  olympien  est-il  un  résumé  de  plusieurs  divi¬ 
nités  locales,  souillées  d’obscénité  primitive,  ou  de  fumée 
et  de  suie,  dont  aucune  n’avait  assez  d’importance  pour 
occuper  dans  l’assemblée  des  immortels  une  place  de 
premier  plan  L  De  fait,  il  nous  apparaît  comme  tils  de  Zeus, 
sans  domaine  divin  qui  lui  appartienne  en  propre,  doué 
de  surnoms  et  de  noms  que  le  poète  homérique  n’explique 
ni  peut-être  ne  comprend,  produits  obscurs  d’une  élabo¬ 
ration  antérieure  :  ’Eptouvio; s,  l’officieux,  le  secourable, 
AtixT&po;,  le  dieu  agissant  (de  oiotyw),  ’ApYEt(p°VTY)|L  celui  qui 
fait  preuve  de  rapidité6.  Peut-être  sont-ce  là  souvenirs 
du  dieu  utile,  bienfaisant  dans  les  étables1  elles  prairies 
comme  par  les  chemins  (ami  de  Polymélè,  du  Troyen 
Polymélos  \  dont  les  noms  indiquent  la  richesse  en 
moutons).  Quoi  qu’il  en  soit,  l’Hermès  de  ['Iliade  est 
un  dieu  vivace  et  ingénieux  8  (œpsvsç  itsoxaXtp.at),  alerte  et 
hardi  compagnon  9.  Dans  une  aventure  dont  la  conception 
est  très  antérieure  à  P  Iliade,  Arès  capturé  par  deux 
geôliers  était  très  mal  en  point  quand  Hermès  prévenu 
l’a  subtilement  dégagé  ,0.  Dans  le  chant  de  beaucoup  le 
plus  récent  du  poème  il  est,  sinon  messager  habituel  de 
Zeus,  du  moins  chargé  par  lui  de  veiller  à  la  sûreté,  à  la 
dignité  de  Priam.  Quand  le  vieux  roi  vient  seul  la  nuit  avec 
des  présents  à  la  tente  d’Achille  et  en  ramène  le  cadavre 
de  son  fils11,  Hermès,  sans  se  faire  connaître  d’abord, 
conduit  son  char  qu’il  rattelle  lui-même  pour  le  départ; 
il  endort  les  Grecs  qui  pourraient  s’opposer  à  sa  pénible 
démarche.  Son  plus  grand  plaisir  est  de  se  faire  le 
compagnon  des  humains,  de  deviner  les  vœux  de  ceux 
qui  lui  plaisent12.  Un  beau  sceptre  ouvré  par  Héphaistos 
lui  est  offert  par  Zeus;  en  dieu  ami  des  hommes,  il 
le  donne  à  Pélops13.  C’est  seulement  dans  l 'Odyssée 
qu’il  devient  proprement  coureur  et  messager  de  Zeus, 
tandis  qu’Iris  remplissait  cet  office  dans  l’ Iliade u.  11  est 
remarquable  que  d’un  poème  à  1  autre  son  rôle  s  étend 
et  celui  d’iris  diminue  jusqu’à  disparaître.  Son  inter¬ 
vention  auprès  des  mortels  est  de  plus  en  plus  provo¬ 
quée  par  les  autres  Olympiens.  C’est  pour  leur  compte 
qu’il  avertit  Égisthe  de  renoncer  àses  criminels  desseins16, 
détourne  Calypso  de  garder  plus  longtemps  Ulysse16,  pré¬ 
munit  ce  héros  contre  la  magie  de  Circé 1  ' ,  assiste  Héraclès 
combattant  Cerbère 18.  Telle  de  ses  missions  est  un  service 

1  Cic.  De  nat.  deor.  III,  22,  37,  50;  Scrv.  ad  Aen.  I,  300  ;  IV,  577. 

-  2  Herod.  V,  7;  Diog.  Laert.  Proem.  11.  —  3  Hcrod.  Ibid.  —  4  Bérard, 
Op.  I.  p.  358.  —  5  Hom.  IL.  XX,  34,  72  ;  XXIV,  3G0,  440;  Od.  XXIV,  10,  etc. 

—  6  Arislarch.  :  xa yeS;  >)  tç&vwç  à«o®atvô^.£vo;.  Cornutus,  Theol.  IG,  explique 

de  môme,  et  aussi  :  le  lumineux,  celui  qui  montre  la  clarté.  Cf.  Wclcker, 
Op.  L.  1,  p.  330.  Voir  plus  loin,  pour  la  fausse  explication  longtemps  accréditée  . 
meurtrier  d’Argos.  —  ~l  Hom.  JL.  XIV,  490-1.  Remarquez  que,  d  ailleurs,  Hermès 
est,  d’une  façon  générale,  du  côté  des  Grecs:  XX,  72.  —  3  Hom.  11.  XX,  35.  9  II 

n’est  pas  le  seul  dans  Y  Iliade.  Ainsi  XV,  220,  c’est  Apollon  que  Zeus  envoie  pour 
secourir  Hector.  —  10 Ibid.  V,  10  ;  cf.  Od.  XXIV,  24;  II.  XVI,  103.  Le  verbe  xlir.-tw 
employé  pour  désigner  son  acte  n'implique  pas  l’idée  de  vol;  cf.  éd.  Dîibner.  Il  n  est 
pas  question  d’Hermès  voleur  dans  Y  Iliade  ni  dans  Y  Odyssée.  —  11  Ibid.  XXIV, 
y.  333  à  346,  360,  469,  679  à  694.  —  12  Ibid.  XXIV  334-5.  -  13  Hom.  II.  XVI,  v.  103. 


MER 


obligé  dont  il  se  plaint  comme  étant  des nhm ,i  , 

Le  paSSo?20,  verge  magique  qui  endort  les 
éveille,  les  sandales  d’or  avec  lesquelles,  sans  av  ■  à  >• les 
il  parcourt  rapidement  le  ciel,  la  terre  et  i^'01' daiH 
ses  attributs  distinctifs.  D’ailleurs  ce  dieu  sm^i  ,S°nt 
généreux  a  pris  un  caractère  nouveau  d’habiletés  h»-? 
et  rusée.  Non  seulement  c’est  de  lui  que  tel  * 

apprécié  de  ses  maîtres  tiendra  ses  quahtés^in 
trieuses21,  mais  il  a  donné  au  grand  père  d’UlvsseT 
don  de  tromper  et  d’en  imposer  par  des  serments21  cVt 
lui  qui,  dans  la  poésie  hésiodique,  parfera  la  personna  I 
lité  de  Pandore  ébauchée  par  Héphaistos  et  Athéné,  en  là  I 
dotant  de  l’effronterie  naïve  et  du  mensonge  séducteur11 
Le  bienfaiteur  des  mortels  a  acquis  une  impudence  spi-1 
rituelle  qui,  révélée  par  sa  répartie  à  Apollon,  lors¬ 
qu’ils  voient  Arès  saisi  près  d’Aphrodite  dans  les  filets 
d’IIéphaistos,  met  tout  l’Olympe  en  gaieté21.  Trait  con¬ 
forme  du  reste  à  ce  que  nous  savons  de  ses  origines  natu¬ 
ralistes.  Agile  et  vigoureux,  il  est  donc  aussi  un  dieu 
plaisant,  à  la  langue  affilée.  D’autre  part,  est-il,  dès  le 
temps  de  ['Odyssée,  conducteur  des  âmes,  chargé  de 
mener  à  l’Hadès  les  victimes  d’Ulysse25?  Question 
qui  dépend  de  celle  de  savoir  si,  comme  Aristarque  l’a 
dit26,  le  début  du  chant  XXIV  n’a  pas  été  postérieure¬ 
ment  ajouté. 

3°  Hermès  des  temps  homériques  à  l'époque  des  tra- 
giques.  —  Ce  n’est  pas  dans  les  poèmes  homériques,  mais 
seulement  dans  la  théogonie  hésiodique,  qui  classe  et 
systématise  les  fonctions  divines,  qu’Hermès,  d’abord 
envoyé  extraordinaire  de  Zeus,  est  devenu  héraut  régu¬ 
lier  de  l’assemblée  des  dieux21,  et  comme  préposé  au 
protocole  olympien.  C’est  cette  seconde  physionomie  du 
dieu  que,  pendant  longtemps,  peintres  et  sculpteurs 
reproduiront  avec  une  prédilection  marquée.  Les  poètes  | 
l’envisageront  plutôt  comme  messager  et  le  doteront  de 
tous  les  dons  qui  conviennent  à  un  dieu  placé  près  des  j 
autres  dans  une  situation  secondaire,  auxiliaire  de  leursl 
diverses  puissances,  prêtant  à  des  services  accessoire^ 
une  activité  ingénieuse  et  empressée.  Même  Aristophane 
se  moquera  plus  tard,  avec  une  mauvaise  foi  plaisante, 
de  ces  aptitudes  et  fonctions  si  diverses  qui  s’entre¬ 
croisent  et  se  combinent,  sauf  à  se  contredire  p  a  i  f  o  i  s 
Le  lyrique  Alcée  a  métamorphosé  Hermès  en  échanson  | 
de  l’Olympe,  mais  n’a  été  suivi  que  par  Sappho  -  .  a 
fantaisie  poétique  paraît  avoir  varié  et  nuance  la  PeK 
nalité  d’Hermès  suivant  ses  caprices,  surtout  en  re 
temps  d’Hésiode  et  celui  d’Eschyle30.  Cette  1  " 1  ‘  _ 
très  manifeste  chez  ce  dernier,  qui  fait  du  dieu  e  F 
des  hérauts31,  puis  le  protecteur  d’Oreste  qu  Apo  m 
confie,  au  nom  de  Zeus,  père  des  suppliants,  pour 
le  malheureux  à  Athènes,  terme  de  sesdou  euis  *  ^ 

cependant,  dans  le  Prométhée ,  lui  a  donné  un  ^ 

caractère  tout  opposés33  :  coureur  et  vale  <-<■ 


38-42. 


__  )C  Ibid.  V, 


-  14  Ibid.  XV,  144,  158,  168,  172,  200.  -  16  Hom.  M  ,u,  l'ordre 


..  24-148.  —  17  Ibid.  X,  279  ;  cf.  Ibid.  331. 
d’Alhénè  :  Od.  XI,  62G.  —  19  Hom.  Od.  V,  99-104. 


.20  Ibid.  V,  47-9;  XXIV, 


_  23  Hesiod.  Op.  V 


67-8). 


loin. 


2)  Od. 
21  llesiod. 


—  21  Ibid.  y.  319-324.  —  22  Ibid.  XIX,  395-397. 

VIII,  335.  -23  Hom.  Od.  XXIV,  v.  1-14.  -  26  «•  f"  '^54., ,65;  P* 
Theog.  939;  Id.  Op.  80.-  28  Aristoph.  Ban.  •  A, 2eif.  1880, 

tus.  1159.  -  29  Aie.  Fragm.  8,  Bergk  (Atlien.  X,  p-  *-  )  -  ^  ,1e  Dé- 

p.  1  sq.  où  Conze  croit  reconnaître  dans  des  reliefs  ancien  ^  L'ode  dA'C^ 

méter.  Les  hérauts  servaient  d'ailleurs  d’écbansons  a  CUIS  n0  para'Ssc" 

est  imitée  par  Ilorat.  Carm.  I,  29.  -  30  Sophocle  n.  &  P  ^  ÀgaMt*i 
pas  avoir  comme  Eschyle  donné  de  rôle  a  Hc,'n,6s'  __  33  Aesch.  l'ro<n. 

485-6  :  T^ctdf-v,  »ÜÇ„*UV.  -  32  Aesch.  Eum.  89-91. 

941-1079. 


MER 


—  1805  — 


MER 


et  en  menaçant  le  Titan  vaincu,  il  reflète  les 
'nSUUL"nls  actuels  du  nouveau  tyran  de  l’Olympe 
SCnl ""lu  mière  générale,  les  poètes  semblent  l’avoir  tou- 
I)U"'  vu'  jeune  et  gracieux,  tel  qu’un  fils  de  prince,  à 
J^où  un  duvet  nouveau  voile  à  peine  les  joues  2. 

'T  n’est  plus  aux  poètes,  mais  à  la  sculpture  et  surtout 
'  ,'uture  qu’il  fauL  nous  adresser  pourvoir  se  dessiner 
du  héraut,  appariteur  des  Olympiens.  Les 
figures  noires  et  la  plastique  archaïque  nous 
'|W  ,,al  l’idée  de  cette  conception  artistique  d’Hermès, 
/n’arrive  pas  fréquemment  que  le  dieu  figure  pour  son 
mpte  propre  et  à  son  rang  parmi  les  autres  dieux  du 
ciel  Cependant  cela  se  rencontre  dès  le  vie  siècle  sur  le 
vase  Sophilos  et  le  vase  François.  Sur  le  premier  3,  il 
précède  Hestia,  Déméter,  Léto,  Poséidon,  Amphitrite  ; 
sur  le  second  4,  c’est  Iris  qui,  le  caducée  en  mains, 
amène  Pelée  à  Tliétis  ;  Hermès,  avec  Maia,  est  sur  le 
sixième  char,  précédé  de  cinq  autres  couples  divins  : 
Zeus-Héra,  Amphitrite- Poséidon,  etc.  On  peut  croire  qu’il 
est  le  compagnon  et  non  l’assistant  des  dieux  sur  d’autres 
vases  encore  et  peut-être  aussi  dans  la  frise  du  Parthénon 
où  Phidias  l’a  figuré  parmi  la  procession  des  divinités  5. 
Dans  ces  cas,  il  est  assez  souvent  près  d’ Athéné0.  D’une 
manière  générale,  c'est  avec  elle  (ainsi  qu’avec  Apollon) 
qu’il  est  le  plus  souvent  représenté,  soit  qu’il  assiste  à 
sa  naissance  (lig.  4933) 1  ou  qu’il  escorte  son  char  8,  ou 
que  tous  deux  soient  témoins  de  quelque  scène  divine  ou 
héroïque  (fîg.  4933,  4944).  Et,  comme  il  n’est  pas  de 
mythe  connu,  ni  de  scène  figurée  qui  les  unissent  en 
aucune  action  spéciale,  on  peut  croire  que  les  peintres 
les  ont  groupés  simplement  d’après  l’affinité  de  leur 
tempérament  intellectuel.  11  leur  aura  semblé  que  la 
patronne  et  l’amie  d’Ulysse  devait  aimer  la  société  d’Her¬ 
mès.  Sur  une  curieuse  amphore  attique  ils  marchent  tous 
deux  rapidement  sur  la  mer9.  Il  est  tout  à  fait  rare  qu’un 
rôle  proprement  personnel  soit  dévolu  à  Hermès,  bien 
qu’on  le  voie  combattant  les  Titans  10  avec  d’autres  dieux, 
tenant  au  cou  par  une  corde  une  des  têtes  de  Cerbère 
furieux11,  et,  plus  tard,  protégeant  Héra 12  contre  l’assaut 
de  quatre  Silènes.  Plus  tard  aussi  on  le  verra  très  fréquem¬ 
ment,  par  un  contre-sens  sur  le  mot  homérique  àoyEt- 
fovrq;,  terrasser  cet  Argus  'dont  les  yeux  multiples  sur¬ 
veillent  Io(fig.  508, 509) 1;l.  Mais  cette  scènene  se  rencontre 
guère  dès  les  vases  à  figures  noires.  Les  peintres  de  cette 
époque  ont  surtout  aimé  à  faire  d’Hermès  l’assistant  res¬ 
pectueux  de  scènes  où  Zeus  tient  la  foudre14  et  Apollon  la 
cithare16,  où  Dionysos  est  avec  Ariane,  où  soit  ces  dieux  10, 
s°it  Poséidon,  soit  Déméter  montent  en  char.  Il  est  alors, 
caducée  en  mains,  devant  les  chevaux  prêts  à  partir1  •  ou, 


si  la  place  manque,  sur  le  côté  derrière  eux.  Fréquem¬ 
ment  il  escorte  Dionysos18,  qui  souvent  a  déjà  autour 
de  lui  des  Ménades.  On  le  voit  avec  Hélios19,  avec 
Apollon  et  Artémis  tuant  Tityos  (fig.  2346).  Un  des 
services  qu’il  rend  le  plus  souvent,  c’est  de  mener,  sur 
l’ordre  de  Zeus2\  les  trois  déesses  au  jugement  de  Paris. 
Tantôt  il  les  précède  à  grands  pas,  tantôt  il  les  assiste 
devant  le  berger  de  l’Ida21,  qui  parfois  a  l’air  de  fuir 
devant  lui  avec  effroi. 

Quelques  monuments  nous  le  présentent  conduisant 
une  file  de  divinités  féminines,  par  exemple  un  ex-voto 
athénien  en  relief  du  vie  siècle,  où  les  Charités  s'avancent 
d’un  pas  dansant  derrière  lui  (fig.  36  50)  22.  Sur  un  curieux 
et  remarquable  bas-relief,  trouvé  dans  l’ile  de  Thasos 
(fig.  4933)23  et  qui  date  au  moins  du  premier  tiers  du 


ve  siècle, il  les  amène  à  Apollon.  Sur  des  peintures  de  vases 
ce  sont  des  Muses,  des  Heures  ou  des  Ménades24  dont  il 
mène  la  théorie.  Il  assiste  aux  exploits  des  héros  23  sans  y 
prendre  part  et  plutôt  pour  signifier  que  les  Olympiens, 
dont  il  est  délégué,  ont  les  regards  sur  eux.  Sur  différents 
vases,  dont  l’un  très  ancien,  il  est  présent  à  la  poursuite 
de  Troilos  par  Achille  et  à  leur  combat26.  Sur  un  vase 
ionien,  il  est  derrière  Thésée  combattant  le  Minotaure21, 
ailleurs  près  d’un  héros  qui  part28,  près  de  Perseus29,  etc. 
Mais  c’est  Héraclès  surtout  dont  il  contemple  les  travaux. 
Est-ce  parce  que  dès  les  temps  anciens  ils  étaient  adorés 


n  ailleurs  Hormis  assistera  à  la  délivrance  de  Promélliéc  par  Héraclès  dans  une 
1111  peinle  vers  le  mémo  temps  d'après  le  npon.  Xuo[aevoç  :  Arch.  Zeit.  1858,  pl.  exiv. 
~  1  liom-  n-  XXIV,  340-7;  Od.  X,  278-9.  —  3  Athenisch.  Mitth.  d.  Inst.  1889, 


1887 


■  *  w 


‘en.  Vorlegebl.  1888,  pl.  u.  —  5  Cf.  Bach,  Neue  Jahrb.  für  Phil. 
P- 433  sep  ;  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  p.  60,  fig.  30.  —  8  Olpè  d’Amasis  au 
ouvre,  Jlevue  arch.  1895,  p.  388  (Boîtier);  Gerhard,  Auserl.  Vas.  97,  119;  Pot- 
ÿW’  'as'  unt-  F,  223.  —  7  Monument i,  8,  pl.  xxiv  ;  9,  pl.  i.v  ;  Gerhard,  Auserl. 

i  l 8  Gerhard,  Auserl.  Vas.  136,  138,  139,  252;  Pottier,  Vas. ant.  F  316. 
pl  c  ''aider,  Cat.  des  vases  de  la  Bibl.  nat.  n»  220  ;  De  Wittc,  Élite  céram.  Il, 
Yl , ’  ^lails  Homère,  Hermès  seul  est  porté  sur  la  mer  par  ses  ittSiXa.  —  '8  Mon. 
I  '  P'  «n»;  Dumont-Pottier,  Céram.  p.  265.  —  U  Monum.  IX,  pl.  xlvi  ; 
fa-J'  .  IS'"'  P1  294  ;  Rayel-Collignon,  Céram.  fig.  77  (  Brit.  Mus.);  Jahrb.  d. 
lui’'1  1  ,nst‘  1S93’  P1,  P-  137-173.  —  12  De  Ridder,  Calai,  des  vases  de  la 
'V.  n°  209.  —  13  Klein,  Lieblingsnam.  p.  125  ;  Annali ,  1865,  p.  i-k  ;  Arch. 

«le  Km*7’  Pl‘  Êlite'  1H'  98'-  BM-  NaP ■  in-  P1'  1V  et  Blite  cér-  11,1  P-  200  ; 

P  Sh'j  h  °’  1  302'  ~  H  De  Ridder,  Up.l.  n»  229,  fig.  18  ;  cf.  Arch.  Zeit.  34, 
d,,  j,.  eim^s  cocher  de  Zeus  lançant  l’éclair.  —  45  Gerhard,  Auserl.  Vas.  15,  173  ; 
11  a',^Cutal.  231,  294;  Élite,  II,  25,  36  i,  39,  50,  78,  1  15,  etc.  —  10  Bottier, 


Vases  ant.  du  Louvre,  F,  56,  297;  cf.  Garduer,  Catal.  Cambridge,  n°  105‘,  129; 
Klein,  Lielil.  30  ;  Gerhard,  Auserl.  Vas.  pl.  x  (cf.  Élite,  III,  16),  40,  53.  —  17  Dans 
des  peintures  de  vases  très  nombreuses,  par  ex.  de  Witle,  Élite,  11,  50  ;  Gerhard, 
Auserl.  Vas.  20,  24;  Jahrb.  d.  deutsch.  Inst.  1892,  p.  61.  —  18  Bottier,  üp.  I.  F, 
121  ;  Klein,  Liebl.  p  68,  n»  62.  —  19  Élite,  II,  115.  —  20  Cyprin  ap.  Procl  .Chrestom. 
Excerpt.  (Hom.  Ilidot,  p.  581,  col.  B,  I.  6-10:  xati  nposvayi-,*  îs'  **E^;xou  tepî»; 
Tr.v  ïfovtcu).  —  21  Millingen,  Coll.  Coyhill,  pl.  xxxiv;  Gerhard,  Auserl.  Vas. 

pl.  clxxi,  CLXxu  ;  Arch.  Zeit.  1882,  p.  214;  Pottier,  Vas.  ant.  F,  13.  Hermès  est  par¬ 
fois  accompagné  d'un  chien,  sans  doute  celui  du  berger  Paris  mal  placé.  —  22 Bull, 
corr.  hell.  1889,  pl.  xiv.  Musée  de  l'Acropole.  Elles  sont  Dois  ;  la  dernière  lient  par 
la  main  un  adolescent  nu.  =  Arch.  Zeit.  1882,  pl.  xi.  —  23  En  1864  par  Miller, 
Rev.  arch.  1865,  II,  p.  438-44,  pl.  xxiv-xxv  ;  1866,  I,  p.  430  sq.  ;  Denkm.  und 
Forscliungen  (Michaelis),  1867,  p.  1-14  ;  Frohner,  Notice  de  la  sculpture  du  Louvre, 
p.  32-41;  Collignon,  Sculpt.  gr.  1,  p.  277.  —  24  Gerhard,  Auserl.  Vas.  pl.  xxxi. 
—  25  Jalm,  Miinch.  Vas.,  95,  317,  1020.  —  26  Wien.  Vorlegebl.  III,  pl.  i-vi  ;  Gerhard, 
Auserl.  Vas.  pl.  ccxxiu.  —  27  De  Ridder,  Catal.  n“  172,  p.  79.—  28  Bottier,  Vas. 
ant.  F,  19.  —  29  Gerhard,  Auserl.  Vas.  pl.  lxxxviii;  Abhundl.  Berlin,  1846, 
pl.  i. 

227 


MER 


—  1806 


l’un  et  l’autre  en  Arcadie  1  et  y  avaient  un  sanctuaire 
commun?  C’est  peut-être  simplement  parce  qu’Héraclès 
est  de  tous  les  héros  le  plus  souvent  représenté.  Parfois 
il  est  simplement  près  de  lui  avec  quelques  autres  dieux 
dont  Athéné  est  presque  toujours2,  escortant  le  char  de 
l’un  d'eux.  Avec  Athéné  il  lui  rend  visite  3;  il  marche 
devant  lui  en  jouant  de  la  cithare  *  ;  il  le  regarde  prendre 
une  douche  sous  une  fontaine  5,  le  présente  solennelle¬ 
ment  à  Poséidon  (fig.  49311) 6,  le  mène  chez  Hadès 1  ou  bien 
lui  fait  les  honneurs  de  l’Olympe,  où  le  char  d’Athéné8 
le  conduit,  et  assiste  à  son  apothéose  (fig.  3778  et  3779)  9. 
Enfin,  et  ce  sont  les  scènes  les  plus  fréquentes,  il  l’assiste 
de  sa  présence  lorsqu’il  emporte  les  Kercopes 10  ou  combat 
le  Centaure  "qui 
enlève  Déjanire, 

Pholcfls12,  le  san¬ 
glier  d’Éryrnan  - 
the  13 ,  le  lion  de 
Némée",  le  tau¬ 
reau  de  Crète15, 

Cerbère  16,Antée'\ 

Achélôos  1S,  etc. 

Un  motif  rare  à 
cette  époque  est 
celui  où  le  dieu 
porte,  à  travers 
les  airs,  le  hé- 
ros  encore  tout 
jeune  enfant  à 
Chiron  19  .  Nous 
avons  là  une  des 
premières  mises 
en  œuvre  d’une 
donnée  artistique 


—  MER 

barbe  en  pointe21.  Dans  la  plastique,  on  ]a  |„ 
exemple  en  même  temps  que  les  cheveux  relevé^  Par 
byle,  sur  le  bel  Hermès  du  vase  archaïsant  de  SosV 
Les  cheveux  fortement  massés  sont,  dans  les  li  n,  '10S'2' 
plus  archaïques,  réunis  en  une  natte"" 


Fig.  4936.  —  Hermès  introduit  Hercule  dans  l’Olympe. 


qui  sera  souvent  et  magnifiquement  traitée  :  Hermès, 
Tioij.Trôç,  conducteur  d’enfants-dieux  ou  de  petits  héros 
qu’il  porte  ou  transmet  à  ceux  ou  celles  qui  prendront  soin 
de  leur  jeune  âge.  Cette  tradition  est  connue  de  Sophocle 2Ü, 
car  son  Œdipe  a  pu  être  remis  nouveau-né  à  Hermès  par 
une  des  nymphes  héliconiennes  au  milieu  desquelles  il 
s’ébat.  Mais  les  monuments  montrent  qu’elle  est  très 
antérieure  à  lui. 

4°  Physionomie,  costume,  attributs  premiers  d'Her¬ 
mès.  Le  caducée.  —  Dans  toutes  ces  représentations  des 
premiers  âges,  sculptures  ou  peintures,  isolé  ou  groupé 
avec  d’autres  dieux  et  héros,  Hermès  a  sensiblement  le 
même  aspect  :  le  trait  commun  et  caractéristique  est  la 

I  pans.  VIII,  35,  2.-2  Klein,  Liebl.  p.  35,  45,  fig.  6,  50  ;  Gerhard  Auserl. 
Vas.  pl.  cxxxv,  exxx^;  Monum.  I,  pl.  xxvt.  —  3  Gerhard,  Auserl.  Vos. 
pl.  cxxxu-cxxxn. .  -  4  Mon.  IV,  pl.  x.  ;  Élite.  III,  pl.  i.xxxix.  -  5  Gerhard, 
Auserl.  Vas.  pl.  cxxxiv.  -  6  Bev.  arch.  XIII  (1889),  pl.  .v  (Potlicr).  -  7  Arch. 
Zeit.  1859,  pl.  exxv :  p.  34;  1880,  p.  74;  cf.  Potlicr,  Lécythes,  p.  41.  -  8  Potlier, 
Vases  ant.  du  Louvre,  F,  116,  294;  W'ien.  Vorlcgebl.  1890-1,  pl  iv,  1  ;  cf.  Rayet- 
Collignon,  Ce  ram.  pl.  8  (amphore  agonistique)  ;  Gerhard,  Etruslc.  Vasenb.  pl.xvm; 
Rayet-Collignon,  Ibid.  p.  126.  —  »  Potlicr,  Ibid.  F,  1 17  ;  Gerhard,  Auserl.  Vas. 
pl.  cvui.  —  10  Gerhard,  Ibid.  pl.  ex.  —  "  Mon.  VI-VII,  pl.  tvi.  —  42  Gerhard, 
Auserl.  Vas.  120.  —  43  Ibid.  pl.  xcvii,  xcvm.  —  14  Gerhard,  Auserl.  Vas.  93,  102, 
308;  Klein,  MeUtersign.  p.  44;  de  Ridder,  fatal,  n»  215.  —  F  Gardner,  Cambridge 
Calai.  99;  Gerhard,  Auserl.  Vas.  98.  —  16  Ibid.  129  ;  Arch.  Zeit.  1859,  pl.  exxv. 

—  17  Arch.  Zeit.  1878,  pl.  x;  Klein,  Meist.  p.  70  et  131  ;  Jahn,  Münch.  Vas.,  114. 

—  18  Arch.  Zeit.  1862,  pl.  clxvii;  Ibid.  1884,  pl.  vi;  1885,  pl.  v.  —  19  Arch.  Zeit. 
1876,  pl.  xvii,  p.  199;  Wernicke,  Liebl.  p.  10;  Jahn,  n»  611.  —  20  Soph.  Ued.  r 
1104. —  21  Muller- Wieseler,  Denkm.  I,  n°  42.  Un  beau  buste  du  British  Muséum , 
beaucoup  plus  tardif  (Combe,  Ane.  Marbles,  11,  19;  Baùmeistcr,  Denkm.  fig.  736), 
donne  bien  l’idée  d’ensemble  de  l'Hermès  plastique  des  premiers  temps.  On  veut  y 
voir  aussi  (Roscher)  un  Dionysos  indien,  ce  qui  confirmerait  la  ressemblance  origi¬ 
naire  des  deux  divinités.  —  22  Clarac,  Musée,  pl.  cxxvi,  exxx,  n“  117,  118;  Müller- 


ires  les 

plat  sur  la  nuque  en  rejetant  deux  boucles  ou  n,è  * 
devant  les  oreilles;  parfois  ils  sont  enserrés  d’une  lT  T 
letle21.  Le  plus  souvent,  comme  ancien  pâtre,  J,  j 
coiffé  de  la  xuvé-q,  haut  bonnet  en  feutre-  étant  ,i’.,;n  °h  I 
devenu  de  bonne  heure  un  dieu  vovaaeur  il  o  «  -, 

petase  aux  Larges  bords  préservateurs Sb.  11  semble  même  ! 
que  ces  deux  formes  soient  réunies  en  combinaisons  I 
singulières  où  la  coiffure  avec  un  fond  élevé  a  une  sort  I 

de  large  visière  qui 
avance,  forme  qui 
déconcerte  les  ] 
yeux  modernes  I 
(fig.  4949). Hermès  I 

a  ainsi  un  aspect 
d’homme  mûr, 
assez  rébarbatif28,  I 
auquel  il  ne  fau¬ 
drait  pas  se  mé-  I 
prendre.  C’est  par 
gaucherie  que  les 
peintres  lui  ont 
façonné  cette  coif¬ 
fure  à  formes  si 
variées  dans  l’é¬ 
trange.  11  n’y  a 
guère  qu’une  pein¬ 
ture  de  vase  figu¬ 
rant  le  dieu  im¬ 
berbe  (fig.  4943) 21 
avant  le  temps  des  figures  rouges,  et,  dans  cette  période 
même,  où  le  verra  encore  souvent  barbu.  Sauf  pour  les 
Ioniens  qui  paraissent  avoir  de  préférence  représenté  sans 
barbe  des  dieux  comme  Hermès  (fig.  49  3  7  )  28  et  des  héros 
comme  Hercule  (fig.  3760),  c’était,  avant  le  ve  siècle,  une 
convention  qu’aucun  dieu  ne  fût  représenté  imberbe. C  est 
pourquoi,  à  un  regard  sommaire,  les  artistes  paraissent  lui  | 
avoir  refusé  l’air  de  jeunesse  avec  lequel  1  entreraient 
les  poètes.  Mais,  à  le  bien  regarder,  non  seulement  sur 
le  relief  de  Thàsos,  mais  même  dans  les  peintures  noires 
et  archaïques,  le  dieu  a  la  maigreur,  la  tournuit  a  r  e 
et  dégagée  d’un  être  encore  jeune.  Un  chiton,  tiès  oine 
selon  l’usage  dans  les  temps  anciens,  enserre  scs  lom 

Wieseler,  Denkm.  II,  pl.  xi.vm,  602  ;  Overbcck,  Gesch.  d.  gncch.  j 

Frœlincr,  Notice  du  Louvre ,  n°  19.  —  23  Monument  i ,  M,  P  •  i/o,, -kabinet, 

l'Acropole  d'Athènes.  Cf.  Ovcrbeck,  Plastik,  1,44;  Fricdlün  ei 
n~  311-13;  cf.  Lncian.  Joe.  trag.  33,  d'après  qui  la  statue  d 'a servi 
érigée  à  Athènes  par  les  archontes,  avait  les  cheveux  altaci  'S.  ^  (pervanogIu)- 

de  modèle  pour  beaucoup  d'autres,  cf.  Arch.  Zeit.  vol.  X  ,1  au  Louvre, 

—  24  Par  ex.  sur  un  Hermès  de  marbre  imitant  un  lies  anci  ^ verbeCk,  Griech. 
Frœhner,  Notice,  n»  186;  Clarac,  Musée,  pl.  mi.xxxvi,  n«  2/2i.e; o '  '  ^  lype 

Plastik,  II,  p.  120.  -  23  On  trouve  aussi  sur  les  monnaies  1|CP^rosscs  perles  à  la 
ancien,  un  pétasc  dont  la  forme  haute  est  ronde  avec  un  rang  i  tre  (jg.  4937. 

base  de  la  rondeur  :  Friedlander-Sallet,  Berlin.  Mün*ka  me  ,  >  ^ouc  _  » 

L’effigie  imberbe  est  bien  celle  d’Hermès,  le  revers  poi  a"  j'ullc 

toutes  les  peintures  de  vases  précédemment  citées.  Four  a  i  c’  ^  )es  allires,  mais 
(Furtwangler,  Coll.  Sabouro/f,  pl.  l)  reproduit  le  style  de  oi  ^  Aliserl. 

le  profil  y  atteste  la  ressemblance  d’un  modèle  particulier.  ^  m6roe 

v«i.  pl.  ccxc.  Une  série  de  monnaies  d’Ainos  (en  llirace),  re|  Roscher ,  t 

.  i-  j:~..  imueioi  ,  • 


26  Voir 
ocnoclioé 


type  qui  date  du  début  du  ve  siècle,  représente  le  dieu 


p.  2398;  Greelc  coins,  Brit.  Muséum,  p 
fig.  4937.  —  28  Monnaie  d’Aenos,  en  Thrace 
coins,  1877,  p.  77  et  78  ;  Duruy,  Bist.  des  Grecs,  b  1>-  *° 


représente  le  dieu  mu  <  ,.l  notre 

,  p.  77-8;  Duruy,  ^‘f^ata'l.  M 
British  Muséum, 


MER 


—  1807  — 


MER 


,  |j,r  4933).  Un  manteau  à  longues  pointes  qui 
sV°lleS  comme  des  manches  ou  une  chlamyde  prirniti- 
t°inbe“  constellée  de  petits  dessins,  puis  plus  simple 
venlC".,(M  est  agrafée  sur  ses  épaules  2.  Une  seule  pein- 
(lig'  K  prie  présente  nu  3.  Il  est  toujours  chaussé  de 
turc  1101  ayec  un  ample  retroussis  antérieur  qu’on  a 

eu  tort  de  prendre 
pour  une  aile  sty¬ 
lisée  4  (voir  fig. 
2674;  cf.  fig.  4938). 

L’attribut  insé¬ 
parable  et  absolu¬ 
ment  personnel  du 
dieu  est  celui  qu’il 
lient  à  la  main  et  qui  a  été  successivement  appelé 
'ïSooî  et  xTipuxmov  en  grec,  virga  et  caduceum  en  la¬ 
tin  5.  Il  serait  d’ailleurs  inconcevable  qu’un  dieu  comme 
Hermès  n’eût  pas  une  verge  ou  un  bâton  de  main,  d’une  ou 
d’autre  forme.  D’abord  il  a  été  pâtre,  et,  quoique  aucun 
monument  connu  ne  le  présente  avec  le  XotytoSoXov  propre¬ 
ment  dit,  cependant  un  bâton  court  et  élargi  de  quelque 
manière  par  en  haut  convient  au  souvenir  de  cette 
ancienne  condition  (fig.  4934).  Dans  la  poésie  homé¬ 
rique  il  a  fion  pas  le  <rxr|7rrpGv  6  des  hérauts  et  des  rois, 
mais  toujours  la  baguette,  comme  la  magicienne  Circé7. 

Le  poète  se  la  figure  en  or8,  pour  en  caractériser  la 
vertu  surnaturelle  :  elle  endort,  éveille,  fait  rêver  les 
vivants9,  puis  charme,  attire  et  conduit  les  âmes  des 
morts10.  11  est  rare,  d’ailleurs,  que  les  peintres  qui  les 
premiers  ont  figuré  les  conceptions  homériques  l’aient 
représentée  comme  une  simple  verge  fine  et  lisse.  Bien 
que  cela  se  rencontre11  et  surtout  entre  les  mains  du 
Psychopompe,  comme  on  le  verra  plus  loin,  on  trouve 
beaucoup  plus  fréquemment  une  tige  compliquée  (à 
l’extrémité  que  la  main  ne  tient  pas)debifurcalionsrecour- 
bées  et  recroisées  sur  elles-mêmes, de  façons  assez  diverses 
(fig.  4933,  4936,  4943).  Soit  que  ces  complications  parais¬ 
sent  fournies  par  les  éléments  de  la  tige  même  ou  par  des 
pièces  surajoutées,  elles  semblent  être,  comme  l’appen¬ 
dice  stylisé  de  la  chaussure,  une  façon  figurée  de  signifier 
les  vertus  spéciales  de  ces  objets  ;  la  poésie  les  exprimait 
à  sa  manière  en  les  disant  faits  d’or.  La  forme  à  laquelle, 
après  tâtonnements,  on  s’est  arrêté  est  une  tige  surmontée 
d  un  8  ouvert  par  en  haut  ou  de  deux  cercles,  le  premier 
fermé,  le  second  ouvert12  (fig.  4938, 4941).  Les  pâtres  grecs 
ont  pu  trouver  naturellement  cette  forme  en  contournant 
des  scions  laissés  au  bout  d’une  branche.  Les  peintres  ont 
pu  de  leur  côté  l’observer  sur  des  objets  étrangers  que 

I  Monumenti,  IX,  pl.  lv;  Furtwangler,  Beschrvib.  Berlin.  170V,  Inscrip¬ 
tion  :  HEPMES  EIM1  KtJLELNIOS.  —  2  Parfois  une  nébride,  Gerhard,  Auserl. 
I,,s-Pl.  xvi  ;  Arch.  Zcit.  V,  pl.  n.  —  3  Gerhard,  Auserl.  Vas.  pl.  n —  1  Mon.  Piot, 
h  p.  64  sq.  (Ueinach).  —  5  Caduceum  est  une  altération  populaire  de  «ajùxnov, 
Bréal-Bailly,  Diction,  étym.  p.  29.  —  6  Hom.  11.  VII,  276.  —  7  Hom.  Od.  X,  319; 
et  comme  Athéné,  Ibid.  XIII,  429  ;  XVI,  172,  456  ;  Virg.  Aen.  VII,  190.  —  8  Ce  qui 
Peut-être  ne  signifie  guère  autre  chose  que  «  très  belle,  merveilleuse  »,  car  l'épithète 
«applique  à  Aphrodite  :  II.  III,  64  ;  Od.  VIII,  337  ;  Virg.  Aen.  X,  16;  cf.  Hor.  Carm. 

'  S’  0“  une  jeune  fille  est  aurea  ;  Od.  V,  87  ;  X,  277,  331  ;  XXIV,  3  ;  H\jmn.  hom. 
XS1X>  13;  Piud.  Pyth.  IV,  316(178)  ;  Horat.  Carm.  1, 10,  18-9.  —  9  Hom.  II.  XXIV, 
3,3 :  0d •  V,  47-8.  -  10  Hom.  Od.  XXIV,  5  ;  Virg.  Aen.  IV,  242-5.  —  »  Arch.  Zeit. 
,SSj.  pl.  v;  Gerhard,  Iitrusk.  Vasenb.  pl.  xiv,  1  ;  Furtwangler  {Berlin),  1835,  1895, 
ou  se  trouve  en  môme  temps  la  simple  baguette  et  le  caducée,  1923,  etc.  Autres  ex. 
’J1'  Munsterbcrg,  Arch.  Oesterr.  Mittheil.  1892,  p.  135,  fig.  1.—  >2 Cf.  Preller ,Griech. 
‘()  Jl,‘  h  P-  412,  n.  2;  Philologue,  I,  p.  312  sq.  —  13  Gaz.  arch.  1880,  p.  167. 

II  n-tiouve  la  môme  configuration  sur  un  bandeau  carthaginois,  Ibid.  1879,  p.  133  ; 
mnic  emblème  d’Iol  sur  des  pierres  votives,  des  monnaies  autonomes  de  Carthage, 

^  •  1876,  p.  127.  _  i4  Ann  Mus(!e  Quimet,  I,  p.  35,  Chabas,  Usage  des  bâtons  de 
"“«•-«Cm.  arch.  1880,  p.  127,  —16  Goblet  d’Alviella,  Migration  des  symboles, 


leur  signalaient  ou  leur  apportaient  des  voyageurs  tels 
que  les  Phéniciens.  Parmi  les  emblèmes  orientaux 
aujourd’hui  connus  qui  avaient  cette  forme  (mentionnée 
pour  la  première  fois  dans  l’Hymne  homérique  à  Hermès), 
signalons  l’enlacement,  au-dessus  d  un  pied  élargi,  de 
deux  rameaux  ou  cotylédons,  reste  et  réduction  de  1  arbre 
sacré  de  Phénicie13;  la  crosse  des  prêtres  hébreux  et 
égyptiens14;  le  pieu  à  bandelette15  ou  la  dégénérescence 
d’un  globe  ailé  sur  un  fût  conique16;  les  caducées  véri¬ 
tables  sur  une  stèle  d’Hadrumète  d’origine  punique  et 
ancienne17,  et  des  formes  analogues  sur  des  reliefs 
hittites  18  qu’ont  pu  connaître  des  Grecs  d’Asie  Mineure  13  ; 
enfin  les  masses  d’armes  stylisées  sur  des  cylindres  de 
Mésopotamie20.  Remarquons  qu  un  globe  surmonté  d  un 
croissant  définit  aussi  le  caducée  commun.  Or  c’était  là 
justement  le  symbole  ou  de  Baal  ou  plus  probablement 
de  l’Astartè  lunaire21.  Sans  qu’il  soit  besoin  d  imaginer 
une  affinité  originaire  des  deux  divinités22,  il  suffit  que 
des  Grecs  de  Cyrénaïque  ou  de  Samos  aient  fait  connaître 
à  leurs  compatriotes 
ces  dessins  semblables 
aux  complications  nais¬ 
santes  du  bâton  magi¬ 
que  d’Hermès,  pour  que 
ceux-ci,  tout  à  fait  in¬ 
différents  au  contre¬ 
sens  mythique,23  se  les 
soient  appropriés24.  Le 
caducée  ne  porte  pas 
en  lui  un  sens  spécial  ; 
il  prend  tous  ceux  dont 
la  personnalité  d’Her¬ 
mès  est  revêtue.  Ce  dieu 
devenant,  avec  Hésiode, 
un  héraut  des  dieux, 
son  attribut  devient 
celui  des  personnages 
divins23  OU  mortels  qui  Fig.  4938.  —  Hermès  en  héraut. 

remplissent  ces  fonc¬ 
tions.  Hérodote  et  Thucydide  nous  apprennent  que  les 
parlementaires  s’en  munissaient  dans  leurs  missions  -  . 
Sur  un  vase  du  v°  siècle,  Talthybios,  qui  mène  Briséis,  a 
un  caducée  d’une  forme  complétée  et  régularisée  ‘7.  C  est 
parce  que  les  peintres  ont  aimé  surtout  présentei  Heimès 
comme  héraut  et  maître  des  cérémonies  de  1  Olympe, 
qu’il  est  devenu  dieu-patron  de  la  corporation  -8  et  que 
le  caducée  nous  semble  en  être  l’insigne  -  Au  reste,  bien 
que  diverses  formes  divergentes  se  rencontrent  a  côté  de 

fig.  116.  —  17  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l’art,  III,  p.  403,  fig.  338-9.  —  18  ld. 
llid.  IV,  fig.  274  et  353.  —  19  Le  caducée  est  uu  des  hiéroglyphes  des  iuscriplions 
hittites  :  Mittheil.  d.  Vorderasiat.  Gesellsch.  1900,  pl.  xxm,  «  (Messerschmidt, 
Corp.  inscr.  hittiticarum).  -  20  Lajard,  Mithra,  pl.  xxxvm,  fig.  2.  -  21  Cf.  pl.  de 
Hoffmann,  Hermes  u.  Kerykeion.  —"22  C’est  pourtant  ce  que  fait  Hoffmann,  Op. 

I  qui  fait  d’Hermès  un  personnage  lunaire,  ce  que  tend  aussi  à  faire  Bérard,  Op. 

I.  Cf.  Berger,  L’Ange  d’Astartè,  p.  52-4.  -  «  Clermont-Ganneau,  Imagerie  phéni¬ 
cienne.  —  2V  Voir  Bérard,  Cultes  arcad.  p.  287  sqq.  où  sont  réunies  toutes  les  indi¬ 
cations  sur  les  monuments  phéniciens  de  toutes  époques  avec  le  caducée. 

_ 25  PanofUa,  Abhandl.  zu  Berlin,  1848,  pl.  ni;  Gerhard,  Auserl.  Vas.  82, 

8  3  22  1  222.  —  26  Hcrod.  IX,  10;  Thucyd.  1,  53;  Demos th.  U,  13.  Le 

caducée  à  la  main  d’un  envoyé  pacifique  supposait  qu'on  se  considérait  comme 
en  état  de  guerre,  cf.  Polyb.  111,  52,  3.  —  27  Monumenti,  VI,  19;  Baumeister, 
Denkm.  fig.  776;  cf.  Ann.  1858,  p.  352  (Brunn).  Le  cercle  d'en  haut  est  fermé, 
celui  de  dessous  maintenu  par  deux  diamètres.  Le  héraut,  costumé  comme  Hermès, 
ne  tient  pas  le  caducée  de  même.  —  28  Poilus,  IV,  91.  —  29  Ottf.  Millier,  Handb. 
g  385,  3  et  Creuzer-Guigniaut,  Religions,  II,  part.  2,  p.  687,  croient  que 
l  imitation  de  bandelettes  attachées  à  une  baguette  d’olivier  a  fourni  1;  dessin 
du  caducée* 


MER 


1808  — 


MIÏR 


la  plus  typique  \  on  ne  voit  pas  qu’il  y  ait  une  attri¬ 
bution  spéciale  de  l'une  ou  l’autre  forme  à  telle  ou  telle 
fonction.  Cependant,  quand  on  a  voulu  manifester  en 
Hermès  le  caractère  spécial  de  charmeur  du  sommeil 
et  de  la  mort,  il  est  arrivé  qu’outre  le  caducée  banalisé, 
on  lui  a  remis  en  plus,  dans  l’autre  main,  la  simple 
baguette  magique  2.  Quelquefois,  il  tient  une  fleur  de 
lotus11  et  des  bandelettes  pendent  de  son  caducée  en 
signe  de  supplication  (fig.  4938)  4.  Le  plus  souvent  il 
l’appuie  presque  sur  l'avant-bras,  l’extrémité  de  la  tige 
étant  entre  ses  doigts  et  l’entrelacement  supérieur  vers 
le  coude  ou  la  saignée  du  bras.  Mais  il  le  brandit  aussi 
comme  une  arme,  le  porte  sur  l’épaule,  le  tient  par  le 
milieu,  l'élève  horizontal  au-dessus  de  sa  tète5  ou  le 
plante  en  terre  devant  lui,  etc.  Parfois  le  caducée  est 
simplement  dans 
le  champ  près 
du  dieu  comme 
marque  d'iden¬ 
tité. 

Ce  qui  a  dû 
faire  la  prodi¬ 
gieuse  fortune  de 
cet  insigne,  c’est 
l’oubli  même  où 
on  était  de  son 
origine  et  le  mys¬ 
tère  de  sa  signi¬ 
fication.  De  là 
aussi  une  trans¬ 
formation  dont 

on  aperçoit  quelques  traces  dès  le  vc  siècle.  Le  croi¬ 
sement  des  parties  recourbées  devient  l’enlacement 
de  deux  serpents,  dont  les  queues  coïncident,  dont  les 
corps  décrivent  un  S,  dont  les  tètes  se  regardent G.  La 
métamorphose  a  pu  se  faire  par  simple  développement 
du  motif  ornemental.  Toutefois  il  est  probable  qu  une 
fois  encore  les  Grecs  ont  emprunté  un  emblème  oriental 
sans  en  approfondir  la  signification.  Sur  le  même  ban¬ 
deau  carthaginois  qui  nous  a  présenté  le  caducée 
classique,  un  serpent  se  tord  autour  d’un  cippe  '.  Ce 
reptile  était  le  symbole  spécial  du  dieu-fils  des  Phéni¬ 
ciens  8.  De  plus,  sur  un  objet  cbaldéen  datant  de  trente 
siècles  environ  avant  notre  ère,  on  trouve  deux  serpents 
enlacés  figurant  les  lignes  mêmes  du  caducée-type9.  Il 
est  probable  que  des  objets  ainsi  ornés  10  étant  parvenus 
dans  le  monde  grec,  les  artistes  en  ont  pris  1  idée  du 
caducée  serpentin,  qui  se  trouvait  du  reste  symboliser 
la  vie  et  l’action  infra-terrestre  du  dieu’1. 

5°  Autres  types  premiers  d'Hermès  :  A.  L'Enfant  au 
berceau.  —  S’il  est  un  dieu  avec  lequel  ait  librement  joué 

l  Pottier,  Vases  ant.  du  Louvre,  F,  19.—  2  Munsterberg,  L.  I.  ;  Preller-Robert, 
Myth.  1,  p.  401;  Verhandl.  der  Philologenversamml.  Géra,  1879,  p.  115;  cf.  Paus. 
X,  30, 3.  Labaguette  est  rare  sur  les  vases  du  v«  siècle  (voir  notre  fig.  4947).  On  ne  la 
trouve  plus  du  tout  dans  les  temps  romains.  —  3  Jahrh.  d.  d.  Inst.  1892,  p.  61.— 
l  Coupe  du  Louvre  ;  Klein,  Meistersignat.  p.  1 14;  Pottier,  Vases  du  Louvre,  p.  137, 
G  10.  —  5  De  Witte,  Hôtel  Lambert,  pl.  i,  p.  15.  —  «  Définition  du  : 

Schol.ad  Tliucyd.  1,  53  ;  une  glose  d'Hesyçhius  (s.  t>.)  semble  indiquer  que  Sophocle 
aurait  fait  allusion  à  celte  forme.  — ”  Gaz.  arc/l.  1879,  p.  133.  8  Bérard,  Op.  I.  p. 

293-4.  Unbas-reliefde  Baalbck  présenleun  aigl  tenant  un  caducée  dans  ses  serres  ; 
on  le  retrouve  aux  portes  du  temple  de  Boetocé.  Les  Syriens  adoraient  une  triade 
héliopolitaine  dont  un  des  termes  était  Hermès  ;  voir  Comptes  rendus  Acad.  Inscr. 
mars-avril  1901  (Perdrizet).  —  9  Sarzec-Heuzey,  Drcouv.  en  Chaldée,  pl.  xl|v, 
fig.  2  a,  p.  235.  —  10  Deux  serpents  enlacés  sont  estampés  sur  une  feuille  d  or  ornant 
un  couteau  de  silex  égyptien;  de  Morgan,  Rech.  sur  les  orig.  de  l'Égypte,  p.  115, 
fig.  136;  cf.  Macr.  I,  19;  Sanchoniat.  éd.  Orelli,  p.  44G.  —  1*  Guigniaut-Creuzer, 


l’imagination  amusée  des  Grecs,  c’est  le  serviul, le et  •  I 
Hermès.  Dès  avant  le  vf  siècle,  en  même  temps 
plaçaient  attentif  et  sérieux  près  des  grandes  "!', 
héroïques  et  divines,  pour  mieux  marquer  sa  p,.SeS  I 
passion  du  bétail  ils  en  faisaient  un  voleur  de  bœ"|" 
cela  les  menait  presque  aussitôt  à  lui  donner  les  lr '■ 
d’un  jeune  enfant  égoïste  et  espiègle.  Le  vol  des  bœ'ql 
était  en  ce  temps  un  des  griefs  que  se  donnaient  le 
volontiers  les  uns  aux  autres  les  maîtres  de  domaines* 
voisins.  Achille  en  parle  dans  Homère  comme  d’n 
chose  courante.  Dans  la  légende,  les  bœufs  d’ Hélios  sont  ! 
pris  par  les  compagnons  d’Ulysse 12,  par  Alcyoneus,  peut-  | 
être  par  Géryon,  à  qui,  en  tout  cas,  Héraclès  reprend  son  I 
troupeau  13. 

De  même  la  poésie  hésiodique  avait  déjà  chanté  le 

vol  des  bœufs 
d  Apollon  par 
Hermès  pâtre14. 
Une  ode  d’Al- 
cée 15  et  une  hy- 
drie  ionienne,  à 
peu  près  con- 
temporaines 
l’une  de  l’autre,  I 
ont  fait  du  pâtre 
voleur  un  tout 
petit  enfant,  si, 
comme  tout  le 
fait  croire,  c’est 
bien  le  petit  Her¬ 
mès  qui,  près 

d’une  grotte  couverte  de  broussailles,  où  cinq  bœufs 
en  raccourci  sont  cachés,  dort  sur  un  petit  lit,  pendant 
que  l’entourage  discute  avec  animation  le  fait  inexpli¬ 
qué  16  (fig.  4939). 

L’Hymne  homérique  II,  plus  récent,  selon  \oss  , 
que  l’ode  d’Alcée,  fait  aussi  d’Hermès-voleur  un  enfant 
nouveau-né  qui  saute  de  son  berceau  arcadien,  par  1 
vient  le  soir  même  en  Piérie,  à  1  étable  des  bot  u  s 
des  immortels,  en  emmène  cinquante  en  les  l.n  ant 
marcher  à  reculons,  et,  dérobant  lui-même  sa  propre 
trace,  arrive  au  matin  près  de  lAlphéc  où  i 
immole  deux,  non  pour  en  manger,  malgié  son  ir 
mais  pour  jouir  de  ce  sacrifice  qu  il  s  est  appi^ 
même.  Apollon,  après  une  enquête  assez  cliftici  t,  <  00  ^ 
le  voleur  qui  nie  effrontément  le  cas,  PU1S  elï  P 
devant  Zeus,  dans  l’Olympe,  où  le  coupable  renou^ 
ses  dénégations  et  ses  mensonges.  Zeus  en  soi 
en  être  dupe.  Il  ordonne  que  la  cachette  des  bœ  fe  »,t 
découverte  par  Hermès,  qui  obéit  et  se  reconci 
son  frère  18. 


Fig.  4939.  —  Rapt  des  bœufs  par  Hermès. 


unie  sy rniiele 

Religions,  II,  p.  687.  On  a  cherché  une  explication  des  ™  j en.  IV,  im¬ 
moral  :  des  belligérants  qui  s’entretiennent  et  s  accoi  Je  -  10;  Hecat. 

-  .2  Hou,  Od.  I,  8-9  ;  XII,  262-3  ;  329-365.  -  «  Apol lod  b' M  ^  ^  et 

Fragm.  343  ;  Gerh.  Auserl.  Vas.  J05-6  ;  cf.  Bréal,  i  e  ^  rien  n'indn|«e 

passim.  -  H  Cf.  Anton.  Liberal.  XXIll  ;  Onà. .  A  e  .  b  ^  pragm.  7  ;  cf- 

q u  Hermès- voleur  soit  un  enfant.  ,  J  aus*  1  “  1  ’  256  •  Voss,.  ^  v  ^ 

Porphyrio,  Ad  Hor.  Carm.  I,  10,  9  ;  Schol.  Hom.  Il  XV  ,  >  -  >  jV„orfi  Mémo. 

94,101  -  16  Pottier,  Vases  arcf.  E,  702  ;  Id.  Calai,  des  vasc,l\,  ^  fig.  ild 
rie  d.  Inst.  1865,  pl.  xv,  2.  Pour  des  monuments  p  us  ■  ’  /eü  )84l,  pl.  NS; 

Mus.  Gregor.  Il,  pl.  i.xxxm;  Élite  céram.  III,  p  •  >  192)  |c  croit  rédig'- 

_  17  Voss,  Myth.  Brief.X,  9,4;  Gcmoll,  éditeur  des  Hxj  •  ^  fist  postérieur 

entre  675  cl  620,  Baumeister  à  la  fin  du  vu'  siée  c.  o  comme  ' 

Terpandre,  inventeur  de  la  lyre  à  sept  cordes,  cou  te  tard.  cf.  lu  Pc  1 

nivSnlnv  qui  ne  sont  pas  anciens.  Il  a  dû  recevoir  es  ^  ad  Mercur. 

Ilvmne  à  Hermès,  XVII,  vraiment  ancien.  -  HVmn' 


MER 


1809  — 


MER 


H  y a 


l»ie 


en  d’autres  éléments  1  dans  ce  long  hymne, 


le  fond,  assez  tardif  quant  à  la  forme  (très 

i"lC"'n  ,'  sn us  laquelle  il  nous  est  parvenu.  Retenons-en, 

all""i  en  jet  oui  nous  0CCUPe>  l’allusion  à  l’opposition 
nom'  1(1  b  J  1  ■  ’  ’  -  J:--- 


qiif 


lîcilif  £IUC  * e  Pctit  tliscours  de  1,enfant  a  sa  mere 
déclarer  qu’il  n’entend  pas  vivre  à  l’écart  des 


.  ..,  rencontrée  chez  quelque  peuple  achéen  ce  dieu 

u'ui  venu,  frère  inférieur  et  désavoué  :  rien  de  plus 

sig»' 

Ma'a’dTr01ymPe,  dans  un  antre  obscur,  et  qu’il  aimerait 
J°u" 1  faire  chef  de  brigands 2 .  La  réconciliation  qui  suit, 
^Apollon,  fournit  d’autres  apports  à  la  légende  qui  se 
duplique  de  plus  en  plus  :  par  exemple  l’invention  de  la 
h'o  fabriquée  par  Hermès  avec  l’écaille  d’une  tortue  et 
le'dôn  qu’il  en  fait  libéralement  à  son  frère  pour  sceller 
leur  amitié3.  Apollon  lui  donne  en  échange  la  copropriété 


Fig.  4940.  —  Dispute  de  la  lyre. 


des  bœufs,  un  fouet,  et,  sans  aller  jusqu’à  lui  concéder 
son  don  prophétique,  lui  apprend  où  sont  de  vieilles 
sorcières  vierges,  les  Thries,  ses  initiatrices  dans  l’art 
divinatoire,  qui  enseigneront  à  Hermès  quelques  secrets 
futurs  grâce  auxquels  il  passera  pour  prophète  aux  yeux 
des  mortels*.  Le  poète  inconnu  de  cet  hymne  surchargé 
de  matière  a  voulu  régler  à  la  fois  la  question  de  la 
reconnaissance  ofticielle  d’Hermès,  enfant  clandestin  de 
Zeus  qu’Âpollon  fera  participer  aux  honneurs  de 
1  Olympe,  et  celle  de  l’invention  de  la  lyre  attribuée 
tantôt  à  l’un,  tantôt  à  l’autre  dieu  5.  Nous  recueillons 
vaguement  les  traditions  d’une  lutte  entre  les  deux  fils  de 

1  Par  exemple  la  crainte  d’Apollon,  môme  après  l'accord,  pour  ses  flèches  ; 
u,le  gaminerie  malséante  et  un  tour  de  magie  d'Hermès;  son  passage 
par  un  trou  de  serrure  ;  son  invention  de  la  cithare,  de  la  flûte,  etc.  Faut-il 
ï'oir  d'un  bout  à  l’autre  la  traduction  mythique  des  phénomènes  atmosphériques, 
lcs  bœufs  étant  les  jours  ou  les  semaines,  Hermès  la  puissance  des  ténèbres 
flni  les  dérobe?  C’est  l’interprétation  de  toute  l’école  linguistique  ;  cf.  Max  M ü lier , 
Aro«„.  études,  p.  547  ;  L.  Ménard,  Polythéisme  hell.  p.  41-45.  Mais  nous  avons 
affaire  ici  à  un  mythe  raffiné  par  la  fantaisie,  qui  ne  saurait  rendre  compte  par  ses 
ff^ails  de  ses  origines  naturelles.  —  2  ffymn.  hom.  Il,  v.  162-181.  —  3  Ibid.  Il, 
'1l,s  ad  Gn. —  4  Hymn.  v.  562  ;  cf.  éd.  Hermann  pour  le  texte.  Ces  Oplai,  dont  le  nom 
'  connu  d  autre  part  que  comme  celui  de  cailloux  servant  de  sorts,  sont  encore 
P°"r  nous  une  énigme.  Cf.  Hcsych.  s.  »;  Paus.  XXII,  2,  3  ;  Lobeck,  Aglanph.  Il, 
l4;  Bér»I’d,  Cultes  arcad.  p.  285.  —  6  Paus.  V,  14,  8,  parle  d'un  autel  commun 
de"’  frères  autrement  départagés  par  la  légende  :  Apollon  a  droit  à  la  lyre, 
n"""s  ®  'a  cithare  (sur  la  différence  des  deux  instruments  voir  l’article  i.viia).  Paus. 

’  ‘  ’  Élite ,  111,  pl.  Lxxxn,  90.  Hermès  prend,  au  milieu  de  Silènes,  les  allures 

*  '"CS  d'Apollon  lyricine  ;  Monument.  IV,  pl.  xi  ;  Millier- Wieseler,  Den/cm.  Ant. 
'""e'  11,  324;  cf.  A  rch.  Zeit.  1882,  pl.  xi.  —  6  Paus.  IX,  30,  t  ;  les  deux  frères 
/.  S'cu  T:eot  -tîjç  oeç  formaient  un  groupe  de  bronze  exécuté  par  Lysippe  et 
«  -nwtam.  _  7  xionum.  de  VInst.  I,  pl.  ix,  n»  2  ;  Élite  céram.  Il,  pl.  lii-u  ; 
“  ■ corr- hell,  1891,  p.  399  (Jamot).—  sCf.Preller,  p.  251,  A,  3;  Pausan.  V,  14,  8  ; 


Zcus  au  sujet  do  cet  instrument  ®,  lutte  décrite  surtout 
par  des  peintures  de  vase1  (fig.  4940)  mais  qui  faisait  aussi 
le  sujet  de  statues  aujourd’hui  perdues.  L’un  et  l'autre 
étaient  d’ailleurs  dieux  des  bergers,  donc  concurrents. 
L’hymne  est  une  décision  arbitrale  d’après  laquelle 
Apollon,  vrai  maître  des  troupeaux,  n  a  pas  inventé  la 
lyre,  mais  l’a  légitimement  obtenue  dans  un  fraternel 
règlement  de  comptes  8.  Le  caractère  de  dieu  malin  et 
rusé,  si  fortement  marqué  dans  cette  poésie,  a  certaine¬ 
ment  des  origines  anciennes  et  tient  sans  do  liteaux  mœurs 
mêmes  des  bergers  d’où  est  sortie  toute  la  fable  primitive 
d’Hermès9.  On  le  retrouve  dans  une  autre  aventure,  plus 
rare,  dont  l’antiquité  est  attestée  par  une  coupe  attique 
du  vic  siècle 10  :  c’est  le  rapt  du  chien  d'or  de  Zeus,  volé  par 
Pandareus  qui  va  le  cacher  chez  Tantale;  le  roi  des  dieux 
le  fait  chercher  en  tous  lieux  et  il  est  enfin  retrouvé  par 
les  deux  zélés  serviteurs  de  l’Olympe,  Hermès  et  Iris  “. 
Cette  curieuse  anecdote  nous  découvre  le  caractère  com¬ 
plexe  du  messager  officiel  des  dieux  :  capable  lui-meme 
de  toutes  les  fourberies,  il  saura  mieux  que  personne 
découvrir  celles  des  autres.  C’est  un  Ulysse  divinisé  qui 
peut,  suivant  les  circonstances,  tromper  tout  le  monde 
ou  rendre  les  plus  grands  services.  Ajoutons  que  le  type 
d’Hermès  enfant  ne  sera  pas  perdu  et  se  conservera 
longtemps  encore  dans  l’art 12. 

B.  Hermès  criophore.  —  Le  type  originaire  et  pastoral 
est  moins  souvent  mis  en  œuvre  par  l’art  archaïque  que 
celui  de  l’appariteur  des  dieux,  protecteur  des  héros;  on 
le  retrouve  néanmoins  dans  un  Hermès  àlasyrinx  qu  offre 
un  bronze  archaïque  13  et  il  donne  lieu,  aux  environs  des 
guerres  Médiques,  à  une  nouvelle  idée  artistique,  celle 
d’Hermès  criophore  ou  porte-bélier.  Nous  ignorons 
comment  Hermès  a  été,  en  490,  représenté  en  bronze  sur 
l’Agora”  d’Athènes.  Mais  nous  savons  qu’Onatas  l’avait 
sculpté  pour  le  compte  d’une  ville  d’Arcadie,  portant  un 
bélier  «  sous  l’aisselle  14  ».  Pausanias  nous  dit  de  plus  en 
quel  costume  :  bonnet  de  pâtre  en  pointe,  chiton  et  chla- 
inyde  13.  Il  est  naturel  que  l’idée  d’une  telle  représentation 
ait  été  proposée  aux  Arcadiens.  On  voyait  déjà  Hermès 
parmi  ses  moutons16  :  il  en  a  pris  un  négligemment  sous 
son  bras.  On  voit  les  Ménades  faire  de  même  avec  leurs 
animaux  familiers  [maenades].  D’ailleurs  on  plaçait,  avec 
un  sens  moins  réaliste,  il  est  vrai,  Hermès  sur  un  bouc 
ou  un  bélier11;  on  lui  faisait  porter  à  la  main  une  tète  de 
bélier  que  parfois  il  semblait  brandir  dans  sa  course18,  et 
les  coroplastes  du  vc  siècle  le  figuraient  debout,  posant 
tranquillement  sa  main  sur  la  tête  d’un  grand  bélier  placé 

IX,  17,  2;  Schol.  ad  Pind.  Ol.  V,  10  -,  Bull.  corr.  hell.  1877,  p.  88;  Corp.  inscr.  gr. 
3588  ;  Renan,  Él.  religieuses,  p.  42  :  «  La  lutte  d’Hermès  et  Apollon  est  celle  des 
vieilles  divinités  rustiques  de  l’Arcadie  contre  les  dieux  plus  nobles  des  conquérants  ; 
l’infériorité  des  races  vaincues  se  montre  dans  le  rang  subalterne  de  leurs  dieux 
admis  par  grâce  dans  l’Olympe  hellénique  ».  -  8  Sophocle  appelait  Hermès 
frngm.  927  (Athen,  IX,  469)  ;  l’aventure  du  vol  se  retrouve  ap.  Apollod.  III,  10,  2  ; 
Philostr.  lmag.  I,  26.  —  10  Pottier,  Vases  du  Louvre,  p.  20,  A,  478.  —  H  Voir 
l’explication  du  vase  du  Louvre  par  L.  D.  Barnett  dans  1  Hermès,  1898,  t.  XXXIII, 
p.438,  avec  les  textes  cités.  Cf.  Bull.  corr.  hell.  1898,  p.  586  (Perdrizet)  ;  Babelon, 
Guide,  p.  288-9.  —  12  Museo  Pio.Clem.  1,  pl.  v  ;  cf.  Clarac,  Musées,  pl.  dclv,  1505, 
1506  a,  1507-,  Id.  Calai.  284;  cf.  Frœhner,  Notice,  175;  A  rch.  Mitth.  ans  Oesterr. 
H,  pl.’v ;  Arch.  Zeit.  1885,  pl.  ix  ;  1877,  pl.  lxxv.  —  13  Babelou-Blanchct,  Bronzes 
de  la  Bi’bl.  nat.  n»  311.  —  UT*»  tî|  por/ilqi  :  Paus.  V,  27,  8.—  13 Collignon,  Op. 
M,  p.  285,  croit  retrouver  ce  type  sur  des  monnaies  d'Egine  :  Annali,  1879,  p.  t!2; 
Monument i,  IX,  pi.  vi,  0.—  *6 Cf.  suprà,  p.  1803;  il  était  sculpté  à  Corinthe  assis 
près  d'un  bélier  :  Paus.  Il,  3,  4.  —  H  Arch.  Zeit.  1808,  pl.  ix;  Monument i,  VI, 
pl  lxvu,  où  l’on  voit  la  fantaisie  des  artistes  souveraine  dans  la  conception  des  motifs  : 
c’est  pour  faire  pendant  que  Dionysos  est  sur  un  bouc,  Hermès  sur  un  bélier, 
Comptes  rendus  arch.  Pélersb.  1869,  p.  93,  etc.  ;  cf.  Boscher,  Lex.  I,  col.  2378. 
—  l«Babelon-Blanchet,  Op.  I.  n»  314,  bronze  très  ancien,  barbu  et  nu  (?;  ;  cf.  Veyries, 
Figures  criopliores,  p.  52,  pour  les  variantes,  de  diverses  époques,  de  ce  type. 


MER 


—  1810  — 


MER 


derrière  lui1.  On  croit  retrouver  l'imitation  d'Onatas 
dans  d'exquises  terres  cuites  de  Thespies  et  de  Tanagra 
qui  sont  du  même  temps  2.  A  la  vérité  le  bélier  y  est  tenu 
non  pas  ùnb  tv)  ga <r/i\rh  sous  l'aisselle,  mais  lv  àyxâXyp 

sur  l’avant-bras  d’IIermès.  Un 
peintre  de  vases  du  premier 
tiers  du  vc  siècle,  qui  a  associé 
Hermès  aux  autres  dieux  assis¬ 
tant  ii  une  scène  céleste,  lui  a 
mis  aussi  le  bélier  èv  àyxâXat;, 
devant  la  poitrine,  de  façon 
qu’il  en  a  les  deux  bras  char¬ 
gés  (fig.  4941)  3.  Ici  l’animal 
n’est  ni  la  victime  d’un  sacrifi¬ 
cateur,  ni  l’ouaille  d’un  berger. 
C’est,  en  surplus  du  caducée,  la 
marque  propre  du  dieu,  comme 
un  poisson  est  celle  d’Amphi- 
trite  ou  de  Poséidon. 

A  peu  près  à  la  même  épo¬ 
que,  Calamis  faisait  pour  la 
ville  béotienne  de  Tanagra  un 
Hermès  qui  portait  le  bélier 
«  sur  les  épaules  4  »,  comme  le 


Moschophore  d’Athènes  et  comme  de  nombreux  Silènes 
criophores5.  Il  est  difficile  de  dire  si  ce  type  est  d’impor¬ 
tation  étrangère.  Il  est  vrai  qu’on  le  trouve  sur  nombre 
pe  monuments  phé¬ 


donnée  par  le  bas-relief  d’un  „ulel  alu 
doute,  mais  archaïsant  (fig.  4949;  9  Q  '  aullf  sans 
luette  de  marbre  de  la  collection  Pembroke"  "û*  SU- 
est  barbu  sur  l'une  et  l'autre,  comme  '  “mês 
petit  bronze  très  ancien  11 .  On  conjectura  UU  aulre 

d’après  la  légende  de  l’éphèbe  coureur  JTæ'**' 
-  j.  —  .  ci  üaprès 


une  série  de  monnaies  ta- 
nagréennes  12 ,  que  Cala - 
çnis  l’avait  fait  imberbe  et 
jeune.  Et,  en  effet,  un  petit 
bronze  ancien  13  et  diverses 
terres  cuites  de  Tanagra 
l’offrent  sous  cet  aspect 14 ,  Il 
est  possible  que,  comme 
pour  Hercule  [hercules, 
p.  119],  le  courant  ionien  ait 
propagé  de  préférence  un 
type  d’Hermès  imberbe,  et 
nous  en  saisissons  une 
autre  preuve  sur  une  cu¬ 
rieuse  peinture  céramique, 
de  style  ionien,  où  figure 
Hermès  imberbe,  conduisant 
les  trois  déesses  devant  Paris 

(fig.  4943) 13.  Sous  ces  divers  aspects,  le  dieu  au  bélier 
sera  en  grande  faveur  pendant  deux  siècles  environ, 
mais  dès  le  111e  siècle  on  ne  verra  plus  guère  d’Her¬ 
mès  criophores  ori- 


niciens,  notamment 
en  Sardaigne 6 ,  et  la 
Béotie,  comme  peut- 
être  aussi  l’Arcadie, 
était  rattachée  par 
ses  origines  à  la 
civilisation  phéni¬ 
cienne.  Mais  le  type 
du  porte-brebis  est 
aussi  la  reproduc¬ 
tion  d’un  fait  com¬ 
mun  de  la  vie  des 
bergers  qui  s’offrait 
naturellement  aux 
artistes  grecs.  C’est 
ainsi  qu’à  Tanagra, 
le  plus  beau  des 


ginaux  ou,  si  on  en 


trouve  comme 


statuette  de  Da- 


Fig.  4943.  —  Les  trois  déesses  conduites  par  Hermès. 


éphèbes,  portant  une  brebis  sur  ses  épaules,  courait 
autour  des  murailles  de  la  ville  les  jours  de  fête  d’Her¬ 
mès,  pour  rappeler  que  le  dieu  lui-même  avait,  lors  d’une 
peste,  détourné  le  fléau,  en  portant  un  bélier  à  l’entour  des 


murs  7.  Avant  Calamis  même,  nous  trouvons  le  motif  sur 


une  coupe  de  la  fin  du  vie  siècle  qui  représente  Hermès 
courant,  les  épaules  chargées  du  bélier  8.  Quant  à  la 
statue  de  Calamis,  l’impression  peut  nous  en  être 


1  Terre  cuite  de  Tanagra,  Berlin,  7734;  Roscher,  Lcx.  I,  p.  2431;  Müller-Wie- 

scler,  Denkm.  II.  320.  —  2  Armait ,  1858,  pl.  O;  Monuments  Piot,  II,  pl.  xx, 

p.  165  (Bottier);  Jahrb.  des  deutsch.  Inst.  ( Anzeig .),  1895,  p.  22t;  cf.  ex-voto  de 
Thèbes,  Athen.  Mittheil.  1890,  p.  359.  —  3  Coupe  de  Sosias,  Antik.  Denkm.  I, 
pl.  ix  ;  Monumenti ,  I,  pl.  xxiv;  Gerhard,  Trinksch.  pl.  vi-vii.  —  4  Paus.  IX,  22,  1. 

—  î>  Pour  le  Moschophore,  voir  Collignon,  Sculpt.  gr.  I,  p.  215  et  fig.  102.  Pour 

les  Silènes,  Gaz.  arch.  1878,  pl.  vi;  Mus.  etrusc.  pl.  lxv,  fig.  1-2.  —  6  Veyries, 

Op.  I.  p.  16  ;  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  Vart ,  l.  iv,  p.  89,  fig.  88.  —  7  Paus.  IX,  22,  14. 

—  8  Klein,  Liebl.  p.  83;  Élite ,  III,  pl.  lxxxvii,  p.  253  ;  cf.  monnaies,  Monumenti, 
XI,  6,  6;  Berlin,  7983.  —  9  Collignon,  Op.  I.  I,  p.  401,  fig.  207;  Annali ,  1869, 
t.  XLI,  pl.  ik,  p.  253;  Overbeck,  Plastik ,  I,  p.  218-9,  fig.  53.  —  10  Michaelis, 
Ane.  Marb.  p.  102,  n">  144;  Clarac,  Musée,  pl.  dclviii,  n<>  1545  6;  Müller- 


mala16,  ils  se  ratta¬ 
chent  plus  encore  à 
une  formule  d’art 
nouvelle  qu’à  la 
conception  du  dieu 
des  moutons  et  des 
boucs. 

C.  Hermès  psy¬ 
chopompe  et  chlho- 
nien.  ■ —  Le  seul 
passage  des  poèmes 
vraiment  homéri¬ 
ques  où  Hermès 
conduise  les  âmes 
des  morts  dans  les  sombres  routes  étant  le  début  du 
chant  XXIVe  de  l 'Odyssée,  qui  paraît  à  tous  les  bons 
juges  depuis  Aristarque  un  appendice  très  P0S^lieU| 


déterminer  l’époque 
été  attri- 


au  poème17,  il  est  difficile  de 
où,  entre  Hésiode  et  Eschyle,  ce  caractère  a 
bué  au  dieu.  Comme  êptotivirjç,  il  prêtait  déjà  ^on  n^sis 
tance  aux  héros  tels  qu’Héraclès  qui  bravaient  ' 1  ^ 
cultés  d’une  descente  aux  enfers  ;  comme  ooit qc,  ^°!x 


de  la  DM.  nat 


75. 


Wicseler,  Denkm.  II,  324.  —  U  Babelon-Blanchel,  Bronzes 

n°  313  ;  Duruy-  Bist-  des  Gr-  LP-  m’Jahrb'  \  Mo  Zmenti,  p1-*1- 

—  12  Greek  coins  of  British  Mus.  Centr.  Gr.  p.  64,  p  .  >  w»  yj||f  1 887, 

6,  5;  Müller- Wieseler,  Denkm.  Il,  pl.  xx.x,  324;  Journ.  helL  s  Co||. 

pl.  i.xxiv,  10-12;  cf.  Jahrb.  f.  class.  Phil.  1887,  p.  *38.  rriiau  33!  ^aS‘ 

Sabouroff,  II,  pl.  cxlvi.  —  14  Coll.  Plot,  il*  349;  Frœhner,  o  __  (;cr|iardi 

arch.  1878,  p.  101  sq.;  cf.  Annali ,  1879,  p.  43,  146,  1880,  P  -  ^  ^  Scol.  ^ 

Auserl.  Vas.  III,pl.  clxx.  -  Bull.  corr.  hell.  1892,  p.  1 7 'u_Mfjl]endorf,  Hors. 
loc.\  Spolir,  Comment,  de  extrem.  Udyss.  part.,  Vvilamo"  ^  l’icrroa 

Untersuch.  6785  ;  II.  Weil,  Études  sur  tant.  gr.  p.  13  , 


Wilamowi 

cf.  Homer. 

ad  loc.  ;  Eustathe,  p.  195, 12,  croit  que  c'est  de  ce  passage  môme  d  Hon 


tirée  la  conception  du  dieu  psychopompo. 


MER 


MER 


—  1811 


•j  précédait  et  conduisait  ses  protégés  parles 

11  r  „„’;i  on  cnil  von  il  i\  Ipfi 


^'•"^’iprrestres  ;  il  est  naturel  qu’il  en  soit  venu  à  les 

chemins  ^ 
çscort 


chelT"n"  icci  nar  les  pentes  souterraines  qui  mènent  à 

-porter ,aUSb  F  .  1  „  ,  ,  .  _  _ .„i 


,1  qU’il  soit  enfin  le  conducteur  des  morts  . 


L'alliance 


du  mot 


.fjovio? 


avec 


les 


m°  -  .  2 

affectionnée 

les 


tra- 


par 

iques,  indique 
que  les  choses 

ont  Pu  s'en" 
chaîner  de  la 
sorte,  ht,  Par 
ailleurs,  repré¬ 
sentant  la  fécon¬ 
dité  terrestre, 
associé  à  Démé- 
ler  autrement 
dite  r-q,  la  Terre, 

Hermès  était 
prédestiné  à  de¬ 
venir  un  agent 
des  puissances 

d’en  bas.  Car,  dans  l’évolution  des  croyances  grecques, 
on  voit  les  dieux  de  la  Terre  et  des  productions  qui  en 
sortent  se  transformer  en  dieux  de  dessous  terre,  les 
chthoniens  en  catachthonieris.  Non  seulement  nous  sa¬ 
vons  qu’un  des 
dieux  de  Samo- 
thrace,  KaBfjüXoç 
ou  Kao-puïXoç  s, 
le  servant  des 
cérémonies  sa¬ 
crées,  était  con¬ 
sidéré  comme  le 
même  qu’Her- 
mès  [cabiri,  fi  g. 

902  et  907], 
mais  une  abon¬ 
dante  série  de 
reliefs  nous 
montre  à  côté 
de  la  Mère  des 
dieux,  Fï|  p)T7ip, 
an  petit  dieu  à 
caducée  jouant 
le  rôle  de  ser- 
vileur  \  A  la 
•  mérité,  le  texte 
!  et  les  monu- 
!  ments  qui  nous 
j  lurent  ces  renseignements  sont  du  vc  et  du  mc  siècle, 
ma's  ils  peuvent  se  référer  à  des  croyances  bien  anté- 
r|eures.  Dans  le  sanctuaire  des  Érinnyes  à  Athènes,  près 
de l’Aréopage,  se  trouvait,  avec  les  statues  de  Plulon  et 
I  ^  Gè,  celle  d’Hermès 


Fig.  4944.  —  Hermès  ramenant  Perséphone, 


d’Éleusis  nomme  les  dieux  auxquels  doivent  sacrifier  les 
initiés  des  mystères  :  I’?,  y  est  nommée  la  première,  Her¬ 
mès  le  second  6,  et  la  victime  prescrite  pour  lui  est  une 
chèvre.  11  est  encore  à  deux  reprises  réuni  en  une  même 

formule  de  prière 
avec  F-Tj  chez 
Eschyle  1  (où  la 
préocc  u  pation 
d’Hermès  appa- 
raîtplus  fréquem¬ 
ment  que  dans 
aucun  autre  poè¬ 
te,  peut-être  par¬ 
ce  qu’il  était  d’ɬ 
leusis  et  fervent 
initié  des  Mystè¬ 
res).  C’est  encore 
chez  Eschyle  que 
se  rencontre  pour 
la  première  fois 
l’épithète  y  ôôvtoç, 
infernal, qui  sera 
désormais  une 
des  plus  fré¬ 
quentes  désigna¬ 
tions  du  dieu.  Des  personnages  d’Aristophane  fausseront 
exprès  l’interprétation  d’un  passage  pour  lui  repro¬ 
cher  cette  innovation  8.  Eschyle  fait  même  du  dieu, 
par  extension  poétique,  non  seulement  le  conducteur 

et  le  guide , 
mais  le  roi  des 
morts9.  Le  che¬ 
min  parcouru 
est  grand  depuis 
le  XIe  chant  de 
F  Odyssée,  où 
Hermès  était 
nommé,  mais  ne 
jouait  aucun 
rôle.  Même  dans 
la  scène  de  la 
mort  des  préten¬ 
dants  il  semblait 
ne  conduire 
les  âmes  que 
comme  porteur 
d’une  baguette 
toujours  obéie 
d’enchanteur  ou 
d’endormeur  10, 
et  dans  l’Hymne 
à  Déméter,  en 
réclamant  Per- 


Fig.  4945.  —  Hermès  recevant  Erichthonios. 


Une  ancienne  inscription 

'  Collier,  Lécythes,  p.  40.  —  2  Acsch.  Choeph.  1-3,  105  et  124  rappro- 
llai'  Hei'maim  ;  Purs.  026,  030;  cf.  640  et  Aristoph.  Ban.  1120-50;  Soph. 
“3Î>  ou  le  poète  insiste  sur  l'alliance  de  mots;  Oed.  Col.  1548  où  Hermès 
;  Choeph.  728;  cf.  Sopli.  Electr.  Hl.  —  3  De  là,  peut-être,  le 
cs  camilU  romains  [camilu].  —  4  Série  d'ex-voto  eu  bas-relief  à  la  Mère 
'Onu,  où  Hermès  figure  avec  la  prochus  ou  le  caducée,  tantôt  piès 


cl* 


«l  dit 

noi"dcs  camilti 


séphone  à  Pluton,  en  conduisant  le  char  qui  la  ra¬ 
mène,  il  ne  faisait  encore  que  porter  un  message  et 
exécuter  les  ordres  deZeus11.  Le  sentiment  nouveau 
qui  apparaît  chez  Eschyle  est  rendu  par  une  pein¬ 
ture  de  vase,  déjà  du  beau  style,  où  le  dieu  préside  à 

de  la  déesse,  tantôt,  en  petit,  sur  l'un  des  montants  ;  Arcli.  Zeit.  1880, 
p.  1  sc|.  pl.  i-m  ;  1882,  p.  1  ;  Atlien.  Milth.  XI,  p.  193  ;  Xllt,  p.  202,  pl.  v;  XIV,  p.  191  ; 
XXI,  p.  278.  —  B  Fans.  1,  28,  6.  —  3  Atlien.  Mitth.  1899,  p.  254.  —  7  Aescli. 
Cers.  629  ;  Choeph.  124-7.  —  8  Aristoph.  Ban.  1144-5.  —  9  Aescli.  Pcrs.  L.  I.  ; 
Choeph.  020.  —  10  Hom.  Od.  XXIV,  v.  2-5.  —  H  Hymn.  hom.  IV  v.  332, 
380. 


—  1812  — 


la  montée  de  Perséphone  qui  sort  de  la  terre  1  (fig.  494-4), 
tandis  que  précédemment  on  le  voyait  seulement  servi¬ 
teur  près  de  son  char  ou  de  celui  de  Triptolème.  Sur  un 
vase  plus  tardif  encore  2  on  le  voit  tendre  les  mains  pour 
recevoir,  des  mains  d'une  déesse  chthonienne  à  demi 
remontée  des  régions  inférieures,  Erichthonios,  (ils  delà 
Terre  et  d’Héphaistos  (fig.  49451.  La  psychostasie  ou 
pesée  des  âmes  lui  est  confiée  par  Zeus  lui-même 
(fig.  4263).  Mais  on  n’est  pas  sûr  que  ce  soit  lui  à  qui  un 
peintre  de  figures  noires  a  ajouté  deux  grandes  ailes 
antérieures  pour  symboliser  son  pouvoir  sur  les  âmes 
dégagées  des  corps3. 

Au  v®  siècle,  les  artistes  semblent  avoir  choisi  deux 


moments  caractéristiques  du  rôle  joué  par  Hermès  sur 
les  routes  d’en  bas.  Tantôt  il  assiste  à  la  déposition  au 
tombeau,  prêt  à  emmener  Pâme.  C’est  ce  qu’on  voit  sur 
un  vase  où  il  est  barbu  à  l’ancienne  manière  4  et  sur  un 
autre  où,  imberbe  et  gracieux,  près  d’une  stèle  fleurie,  il 
regarde  les  génies  ailés  qui  donnent  des  soins  au  mort 
(fig.  2287).  D’autres  fois  il  est  au  point  d’arrivée,  près 
du  Styx,  et  montre  la  barque  et  le  nocher  au  défunt 
(fig.  4946)  5,  qu’il  prend  doucement  par  la  main  6.  Quel¬ 
quefois  il  fait  simplement  signe  à  l’dme  hésitante  de  se 
rassurer  et  de  venir  7.  Telles  sont  les  scènes  peintes  sur 
les  lécythes  d’Athènes  destinés  à  être  déposés  dans  les 
tombes  8.  Une  curieuse  et  rare  composition  le  montre 
rassemblant  les  Kères  qui  s’envolent  du  pithos  de  Pan¬ 
dore,  comme  des  etôwXa  funéraires  ;  outre  le  caducée,  il 
tient  sa  baguette  d’enchanteur  (fig.  4947)9.  Euripide  dans 
son  Alceste,  où  parait  avec  Apollon  le  génie  de  la  Mort  sous 
sa  forme  la  plus  menaçante,  n’a  pas  introduit  Hermès. 
Les  artistes,  au  contraire,  n’y  ont  pas  manqué,  dès  le 
vie  siècle  ,0.  A  la  fin  du  Ve  siècle  ils  lui  donneront  place 
aussi  très  naturellement  dans  la  représentation  d’Eu¬ 
rydice,  forcée  de  quitter  Orphée  après  la  faute  qui  la 

1  Baumeister,  Denkm  .  fig.  4G3  ;  Duruy,  Hist.  des  Gr.  I,  p.  774.  —  2  C.  rend, 
de  la  Comm.  arch.  de  Pétersb.  1859,  pl.  1;  Duruy,  Hist.  des  Gr.  Iï,  p.  65; 
Baumeister,  Denkm.  fig.  537.  Sur  un  autre  vase  aussi  du  ve  siècle,  Ath.  Mitth.  XXI, 
pl.  xu  (réduit  à  des  fragm.)  il  voit  Plouton  ravir  Perséphone.  —  3  De  Witte,  Elite 
céram.  III,  pl.  lxxv. —  ^Collignon,  Catal.  du  Mus.  d'At/i.  n“20l  ;  Robert,  Thanatos , 
p.  17,  Autres  exemples  de  fig.  barbues  ap.  Pottier,  Lécythes ,  p.  35,  127.  —  &  Pottier, 
Op.  I.  pl.  ni,  p.  31-5  ;  Slackelberg,  Gvaeber,  pl.  xlvii  ;  cf.  Bull.  corr.  hell.  1,  p.  42, 
n°  C  ;  Jahn,  Munch.  Vas.  n»  209.  Le  dieu  a  déjà  le  pétase  ailé,  rare  au  v*  siècle. 
—  6  Pottier,  Op.  I.  p.  108.  —  7  Dubois-Maisonneuve,  lntrod.  pl.xxiv,  p.  14;  Pottier, 
Op.  I.  p.  34.  —  8 Cf.  Stackelberg,  Gvaeber ,  pl.  xxxvm,  où  le  dieu  figure  seul.  —  9  Jour¬ 
nal  of  hell.  stud.,  1900,  p.  101,  fig.  1  (Harrison).  —  10  Pottier,  Vases  ant.  du  Louvre , 
F,  60,  pl.  i. xvi!i,  —  il  Wien.  Vorlegebl.  III ,  pl.  xu  ;  Collignon,  Sculpt.  gr.  Il,  p.  143, 
fi^  69.  Bouillon  11,  Jleliefs,  pl.  i;  Catal.  des  Marbres  ant.  du  Louvre ,  n°  854. 


MLR 


rend  à  lladès.  Le  Musée  de  Naples  et  le  Lom 
des  copies  romaines,  mais  exactes,  de  bas 
où  Eurydice  posant  encore  la  main  sm-  i- 'llefe  «xquis 
phée  est  prise  déjà  au  poignet  par  <1>auIe  d’0r- 
d’un  geste  délicat,  accomplit  indulgemml?"8  qui’ 
sion  nécessaire11.  Ainsi  peu  à  peu  les  artim 
les  poètes  auront  établi  le  type  d’Hermè  -  après  ] 
simple  instrument  d’une  volonté  supérieure  ma^é  PlUS  ‘ 
ment  consolateur,  réconciliant  les  mortels  avec  rT  I 
de  la  mort,  TrenjiOctvot-coç  comme  ce  philosonliP  1,  'K.Ce 
dont  parle  Diogène  Laerce12.  J  "mam 

Nous  retrouverons  plus  tard  dans  l’art  et  sauf  ri  I 
les  Romains  qui  ne  l’ont  pas  compris,  nous  Apercevons 
dans  les  documents  épigraphiques  cet  Hermès  des  morts  1 
U  ne  série  d’inscriptions  thessaliennes  dédient  des  ex  vol 
à  Hermès  chthonien13.  Une  inscription  grecque  de  Naples 
fait  allusion  à  sa  fonclion  en  l’appelant  envoyé  de  Perse 
phone  14.  Plutarque  le  regarde  spécialement  comme  agent 
de  Déméter  qui 
procure  les  morts 
rapides 15,  et  non  de 
sa  fille  qui  préside 
aux  fins  lentes. 

Quant  à  sa  fonction 
de  dieu  du  som¬ 
meil,  sans  appa¬ 
raître  au  premier 
plan,  elle  ne  sera 
jamais  oubliée.  Elle 
a  précédé  celle  de 
dieu  mortuaire  et 
contribué  à  faire 
penser  que  la  mort 
à  laquelle  il  mène 
les  hommes  a  la 
douceur  d’un  long 

Fig.  4947.  —  Hermès  et  les  Kères. 

repos  lu. 

6°  Hermès  à  l’époque  classique  (ve  et  i\e  siècles).  — 
Le  type  mythologique  d’Hermès  parait  avoir  été  en  très  I 
grande  faveur  dans  la  Grèce  à  partir  du  vi°  siècle.  Sesl 
images  sont  plus  multipliées  que  celles  d  aucun  aulrel 
dieu  (sauf  Athéné)  sur  les  vases  peints"  a  tigux esi 
noires.  Malgré  cette  multiplicité  qui  continue  dans  les 
peintures  rouges  de  style  sévère  et  de  beau  style,  P  per  I 
sonnage  divin  demeure  à  peu  près  fixé  dans  les  nu  ll|(,s 
rôles  et  mêlé  aux  mêmes  scènes,  mais  le  coslume, 
l’extérieur  de  l’Hermès  sévère  et  barbu  reçonent 
duellement  des  changements  notables18,  dus  à  un<  con  j 
ception  nouvelle  de  la  beauté  des  dieux.  La  ai  ^  ^ 
pointe  passe  dans  les  figures  rouges,  mais  e  <-  y  ^ 
moins  en  moins  fréquente  l9.  Nous  lavons^r 
aussi  sur  les  lécythes  blancs  classiques  •  • 

imberbe,  connu  dès  le  vie  siècle  et  sans  °u  1 

v  i  se  en  n®*  36,  38, 

—  12  Diog.  Lacrt.  Il,  86.  —  *3  Athen.  Mitth.  XI,  p.  “  ^  ^  cf  Sopli. 

—  U  Corp.  inscr.  gr.  u°  5816.  —  15  PluL  Mo}'’  *  ‘  ,a  bonnc  roule 

A  ].  v.  832  où  Hermès  est  à  la  fois  dieu  de  la  moi  ou  ,  •  ^  pris  au 

■rand  nombre  ue  suj 

'  «.«,  r-  «3  v  V 

du  Partliénon .  M»*  1  1 

l  mutilé  et  peu  significatif  ;  cf.  Neue  Jalirb.  lür  .  Hermès  est 

hcrcr  (Roscher,  lex.  I,  p.  2405)  cite  cinq  bas-reliefs  a.  _  MonumCnti, 

iberbc  sur  trois.  —  «  Exemples  du  type  barbu  sur  igu‘  ant.  G,  56, 

,0  ;  IV,  23  ;  VI- VII,  37  b  ;  IX,  32  ;  XI,  19  ;  Suppl.  24  ’  ^  p|  XI,  etc. 

.  xcv  ;  Furtwanglcr,  Coll.  Sabouroff ,  I,  pl-  xu  )  Arc  ’  .  dwix  0ù  le  type  1,81 

20  Sur  trois  lécythes  de  la  Descente  aux  Enfers,  i  en 
irbu,  cf.  Pottier,  Lécythes ,  p.  127-8. 


du  sommeil.  —  17  On  1  observe,  sur  un  gi 
sard,  dans  Y  Index  de  Reinacli,  Répertoire  des  »««* 
18  Phidias  l’a  déjà  fait  imberbe  dans  la  fnse 


M15K 


—  1813  — 


MEIi 


,i  est  adopté  généralement  comme  un  moyen 
d'orifî1'111  ’  ;ui  jjeu  l’aspect  jeune  sous  lequel  le 
dt’  '''u'i'  lcs  poètes.  La  coiffure,  qui  est  le  plus 
voya'"-1  .mpnt  le  pétase  du  voyageur  2,  suspendu  derrière 

ordinnuemejn  f 


la  nuque  quand  il  n’ombrage  pas  gracieusement  la 
lâlo,  est  souvent  pourvue  de  deux  ailettes.  La  chlamyde, 
plus  courte,  permet  déjà  de  suivre  les  mouvements  du 
corps,  plus  variés  et  mieux  marqués.  Les  chaussures, 


en  outre  de  leur  pièce  antérieure  (qui  finira  par  dispa- 
raitre),  ont  deux  petites  ailes  3  qui  deviennent  beaucoup 
moins  rares  que  dans  les  figures  noires.  De  ce  dieu 
najeun i  et  rayonnant  nous  avons  un  très  bel  exemple 
1  ans  un  Hermès  prenant  les  ordres  de  Zeus  sur  une  pein¬ 
ai!  du  milieu  du  vc  siècle  (fig.  4948),  et  dans  un  autre 


escorté  d'un  Silène,  que  nous  montre  une  amphore 
de  Berlin  à  figures  rouges  de  style  sévère  ’’  fig.  4949  . 
Sur  une  autre  peinture  où  il  est  barbu  et  où  il  a  encore 
affaire  aux  Silènes,  mais  pour  aider  Héraclès  à  défendre 
Iléra  de  leurs  insolences,  apparaît  un  caractère  qui  se 
développera  plus  tard:  c’est  par  la  persuasion  qu’il 
semble  tenter  d’écarter  les  assaillants:  il  a  un  geste 
bien  observé  de  beau  discoureur  5  (lig.  4950).  Aussi  bien 
divers  traits  caractéristiques,  que  ne  pouvait  guère 
révéler  l’art  proprement  dit  ni  la  poésie  sérieuse,  dessi¬ 
naient  depuis  quelque  temps  un  Hermès  plus  semblable 
à  l’enfant  voleur  qu’au  serviteur  des  dieux  et  protecteur 
des  héros.  Ulysse  dans  une  tragédie  0  se  recommande  à 
Hermès  artificieux,  ooXto;.  C’est  qu'en  l'un  comme  en 
l’autre,  les  Grecs  ont  ex¬ 
primé  une  des  parties  de 
leur  tempérament  national, 
la  fécondité  en  ressour¬ 
ces7,  l’esprit  pratique,  l’art 
de  bien  parler  pour  ses  in¬ 
térêts.  Est-ce  comme  ayant 
une  statue  sur  l’Agora  8  ou 
comme  représentant  les 
qualités  par  lesquelles  on 
y  fait  ses  affaires  qu’il  est 
àyopaïoç  9,  dieu  du  mar¬ 
ché?  Quoi  qu’il  en  soit,  il 
est  aussi  lp.7:oXaioç  10,  ache¬ 
teur  et  vendeur  ;  et  c’est 
justement  à  ces  traits  que 
les  Romains  vont  recon¬ 
naître  en  lui  leur  Mcrcu- 
rius.  Il  est  encore  aipocpaToç, 
ce  qui  peut  vouloir  dire  ou 
celui  qui  sait  se  retourner 
ou  celui  qui  est  près  des  gonds  (cTpocpetç)  de  la  porte  11 
et  qui  la  garde  contre  les  voleurs  mieux  que  personne 
Nous  avons  déjà  vu  qu’une  légende  courait  sur  le  chien 
en  or  volé  à  Zeus  et  qu’Hermès  est  chargé  de  retrouver 
comme  plus  apte  que  tout  autre  à  dépister  les  voleurs  1  '. 
Cet  ensemble  de  défauts  et  qualités  agréait  à  la  plupart 
des  Athéniens,  puisque  la  mutilation  des  Hermès 
phalliques  qui  peuplaient  leurs  rues  avait  le  caractère 
d’un  crime  d’État  u  et  qu’Aristophane  appelle  le  dieu 
crocptoTaToç,  c&tXavOpwjroç  très  savant  et  très  ami  des 
hommes,  tout  en-  lui  faisant  avouer  que  les  voleurs 
sont  ses  clients  1C.  Platon,  en  se  jouant,  expose  une 
conception  hardie  du  dieu  sophiste  qu'il  s’amuse  à 
transformer  en  théoricien  du  langage  1  .  Nous  voyons  là 
quelle  liberté  l’imagination  des  Grecs  prenait  avec  ce 
dieu.  Elle  ne  l’offensait  pas,  se  retrouvant  en  lui. 

D  ailleurs  elle  avu  aussi  en  Hermès  le  parfait  éphèbe 
formé  par  les  exercices  du  corps,  mince  et  musclé. 


un  canlhare  ;  Journal  of  hell.  stud.  1901,  pl.  1  ;  M  ien. 
p.  121-132,  pl.  in-iv,  donné  par  Wintcr  comme  d’Euphronios. 


//„  7  "lu:' "^or>  Afeisterw.  p.  234;  Monum.  Piot,  11,  p.  103,  pl.  xx  ;  Athen.  A/it- 
i'  '''  ''  '  3  (terres  cuites)  ;  Grcek  coins  Prit.  A/us.  Thr.  p.  77-8  ;  Duruy,  Hist. 

^  M  ■  f  P-  4o  (monnaie  d’Aenos).  —  2  Afonumenti.  IX,  17.  —  3  Par  ex.  Monu- 
S"l‘Pl-  H-  xxiv .  —  4  Gerhard,  Etruslc.  Vas.  pl.  vin,  p.  10;  le  dieu  tient 

”l,c  oenochoé  et 

■Wra/n/,. 

_  fi  IX,  pl.  XI.VI  ;  Rayet-Collignon,  Céramique,  p.  197,  (Ig.  ... 

'  l'l"-  Philoct.  v.  133.—  7  Cependant  l'épithète  propre  à  Ulysse,  itoVivpoinn, 
Pas  appliquée  à  Hermès  ni  dans  Y  Iliade  ni  dans  Y  Odyssée,  mais  seu- 
è/mn.  hom.  Il,  y.  13.  _  8  Schol.  ad  Aristoph.  Equit.  v.  297;  Paus. 
Crni,  ,cr;  Ar<th ■  Zeit.  t.  XXVI,  p.  73.  —  9  Aristoph.  Ibid.  En  celte  qualité 
,nl  consulte  comme  oracle  à  Pharae,  Diod.  I,  75,  94.  —  19  Aristoph. 

VI. 


Iles! 


t  15,  I  ; 


Acliarn.  810  ;  Plut.  1155.  —  H  Aristoph.  Plut.  1133  et  Scol.  qui  donnent  ces  deux 
sens;  Pliot.,  Hesych.  s.  v.  et  Poil.  VIII,  72,  le  comprennent  de  la  porte.  Voir  l’in- 
cription  de  Crète  sur  «nçoçaïoî  dans  le  Bull.  corr.  hell.  1900.  p.  52G  (Dragon' 

mis).  —  1 S  Schol.  ad  Aristoph.  Plut.  1 133,  lie!  à-oToozr,  ifty  «Wwv  xàtict.Xv.  \oirfig.l92. 

_ 13  Hernies,  1898,  p.  038  sq.  Voir  Pottier,  Vas.  ant.  du  Couvre,  A,  478,  pl.  xvn  ; 

cf.  ci-dessus,  p.  1809,  il.  10  et  11.  —  '4  Voir  L.  Curlius,  Hist.  grecque,  trad. 
franc,  de  Bouché-Leclorcq,  III,  p.  330  sq.  —  13  Aristoph.  Vax.  v.  393,  428. 

_ IG  Ibid.  402.  —  17  Platon,  dans  le  Cratyle,  p.  407-8,  réunit  les  caractères 

’èpurivÉu;,  *Xoi uxô;,  iitatnW;.  AyopairrixtU.  Dans  un  mythe  ( Protagor .  XII),  il  fait 
charger  Hermès  par  Zeus  d'apporter  aux  hommes  l'esprit  de  réserve  et  de  justice; 
mais  ce  11’est  là  qu'un  intermédiaire  quelconque.  Cf.  Ceg.  XII,  941  a.  —  18  A.  Dumonl, 
Éphébieatt.  Il,  inser.  49. 

228 


MER 


—  1814  — 


MER 


Depuis  Pindare1,  les  poètes  appelaient  ce  dieu  ày wvfoç 
et  IvaYwvioç  2,  apte  aux  luttes  et  aux  concours.  Comme 
dieu  de  la  vigueur  masculine  il  avait  eu  de  tout  temps, 
enfermé  dans  la  gaine  phallique,  sa  place  dans  les 
palestres  3  :  protecteur  des  athlètes  v,  il  est  devenu  un 
jeune  athlète  lui-même,  7raXat<TTpîrr,ç.  Les  sculpteurs  ont, 
les  premiers,  au  temps  de  Périclès,  mis  en  œuvre  cette 
conception  en  créant  un  Hermès  tout  à  fait  nu,  tel 
qu’était  l’éphèbe  dans  la  palestre  même,  dont  les  exercices 
modelaient  ses  formes  suivant  les  justes  proportions.  Si, 
comme  l’a  pensé  Curtius  5,  le  bronze  trouvé  près  d'Annecy 
reproduit  bien  les  lignes  générales  de  l'IIermès  nu  de 

Polyclète0,  nous  avons 
là  une  image  de  l'idéal 
qu’on  se  faisait  alors 
du  dieu  adolescent,  so¬ 
lide  et  résolu,  prêt  à 
l’action,  la  main  levée 
etentr’ouverte,  énergi¬ 
que  par  la  pose  comme 
par  les  lignes  bien  ar¬ 
rêtées  de  son  visage 
aux  méplats  maigres1. 
Un  demi-siècle  plus 
tard,  Praxitèle,  ayant 
à  faire  pour  Olympie 
un  Ilermès  8  qui  sym¬ 
bolise  l’alliance  éléo- 
arcadienne9,  emprunte 
le  motif  connu  (fig.  679 
à  681)  du  dieu  portant 
le  petit  Dionysos  aux 
Nymphes  qui  prennent 
soin  de  sa  jeunesse  10 
[maenades,  p.  1480].  11 
en  fait  aussi  un  jeune 
homme  nu,  mais  plus 
Fig.  4951.  —  Hermès  de  Praxitèle.  aimable  en  sa  non- 

chalance,  souriant  à 
la  faiblesse  et  à  l’enfance  qu’il  a  mission  de  pro¬ 
téger  (fig.  4951)  u.  On  sait  que  la  statue  même  a 
été  retrouvée  en  1877  à  sa  place 12.  Le  dieu  debout 
se  repose.  Il  a  jeté  sa  chlamyde  sur  un  tronc  d’ar¬ 
bre  où  il  est  accoudé,  ayant  l’enfant  assis  sur  son 
avant-bras  et  tenant  le  caducée.  Ses  regards  errent 
au  loin,  mais  son  autre  main  levée  tient  un  objet'1 
qui  attire  les  yeux  et  les  mains  avides  de  l'enfant. 
Il  est  remarquable  que  la  figure  la  plus  expressive 


1  Pind.  Olymp.  VI,  79;  Isthm.  1,60,(85)  ;  Schol.  ad  Pyth.  11,18  ;JVem.X,  53;  Acscli. 
Fragm.  384,  Nauck  ;  Kaibcl,  Ibid.  407,  7; 924,  I.  —  2  A  ce  titre  il  avait  un  autel  à 
Oljmpie,  Paus.  V,  14,9.  —  3  Cf.  Oltf.-Müller,  Handb.  §  380.  —  4  Simonid.  Fragm. 
18,  Bergk  ;  Kaibcl,  Epigr.  Ibid.  295  ;  cf.  Creuzcr-Guîgniant,  Religions,  II,  p.  693, 
n.  4,  qui  montre  que  les  autres  dieux  de  la  palestre  sont  Héraclès,  Athéné,  Eros, 
c’est-à-dire  les  plus  fréquemment  associés  à  Hermès  ;  Aesop.  139,  5;  Callim.  191. 
—  5  Arch.  Zeit.  1875,  p.  57;  cf.  Annali,  1878,  p.  27  (Micbaelis).  —  6  Plin.  Hist. 
nat.  XXXIV,  56.  Sur  les  statues  d'Hermès  sorties  de  l’école  de  Polyclète,  voir 
Furlwanglcr,  Afeisterwerke ,  p.  503  sq.  — -  7  A/onumenti ,  X,  50;  cf.  Gaz.  arch. 
I,  p.  114;  11,  p.  55,  pl.  xvni  ;  Bull,  antiq.  1883,  p.  279;  Collignon,  Sculpt.  gr.  I, 
p.  509,  fig.  260. —8  Paus.  V,  17,  3.-9  En  343  selon  Furlwanglcr,  Meisterw.  p.  529 
et  Collignon,  Sculpt.  gr.  Il,  p.  257,  qui  ne  reconnaissent  pas,  dans  le  style,  une 
œuvre  de  jeunesse.  Pour  l'avis  contraire,  cf.  Deutsche  Bundschau,  VIII,  1882,  p.  188 
(Brunn)  ;  Gaz.  arch.  1887,  p.  282;  Bevue  arch.  1880,  p.  I  (S.  Ileinach).  —  10  Voir 
suprà,  I,  p.  602-604.  —  U  Paus.  III,  18,  11.  Voir  Hcydemann,  Dionysos  Geburt. 
—  12  Voir  Treu,  Ucrm.cs  mit  Dionys.  Berl.  1878  ;  Galoux-Monceaux,  Bestauration 
d’Olympie,  p.  106;  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  pl.  v;  Baumeisler,  Denlcm.  fig.  1291, 
1292.  —  13  Sans  doule  une  grappe  de  raisin;  cf.  Hirschfeld,  Berlin.  Bundschau, 
V,  p.  318;  Duruy,  Hist.  des  Gr.  111,  p.  7t.  Une  réplique  médiocre,  mais  exacte, 


de  l'IIermès  hellénique  ‘soit  aussi  la  moins  y  i 
d’attributs.  Reproduite  avec  prédilection,  c’est  ell  ^ 
retrouve  avec  de  légers  changements  d’ans  l’ad.,1  '1U  °" 
semblable  à  un  athlète  auquel  Antinoüs  a  pl'(!i?Cent 
Lysippe,  dont  le  groupe  d’Hermès  et  Apoi1(|S°n 


nom 


malheureusement  été  perdu  pour  nous 


pouvait  varier 


encore,  renouveler  même  le  type  adolescent,  non  le  port 
à  un  plus  haut  degré  de  simplicité  et  de  perfcetio  J 


L’IIermès  qui  pose  son  pied  sur  une 


P'erre  pour  se 


Fig.  4952  —  Hermès  combattant. 


délasser  ou  attacher  sa  sandale10,  plus  sûrement  cel 
qui,  assis  sur  un  rocher,  paraît  sur  le  point  de  repartir 
après  un  instant  de  repos11,  sont  de  sa  création.  Seules 
quelques  répliques  nous  en  donnent  l’idée  approxima¬ 
tive  :  le  type  est  simplement  celui  du  messager  voyageur 
nu,  très  jeune  et  très  alerte. 

Les  peintres  ont  parcouru  les  mêmes  étapes.  Leurs 
Hermès  prodigués  dans  des  scènes  où  leur  présence 
est  faiblement  justifiée,  n’ont  plus  de  chiton;  leur  clila- 
myde,  agrafée  au 
cou,  ne  couvrant 
que  les  bras  ou 
les  épaules  ou  re¬ 
jetée  sur  un  seul 
bras  18,  les  dévêt 
presque  complè¬ 
tement;  sur  les 
peintures  à  plans 
étagés  de  la  fin 
du  vc  siècle,  l’atti¬ 
tude  du  pied  posé 
sur  une  élévation 
revient  très  fré¬ 
quemment  :  non 
seulement,  quand 
le  pied  n’est  pas 
nu,  les  sandales 
sont  ailées,,  mais 

des  ailes  sont  ajoutées  au  pétasé19  même  s’il  est  suspendu 
à  la  nuque.  Ces  artistes  sont  embarrassés  pour  trouver  des 
emplois  nouveaux  du  dieu  rajeuni.  Pourtant  ils  iti  lunt 
un  combattant  qui,  dans  le  grand  combat  des  dieux 

contre  les  géants,  ne  reste  pas  en  arrière  et  fait  mervei  el 
à  côté  de  ses  compagnons  de  guerre  (fig.  49o2)J  •  J 
C’est  plutôt  dans  les  très  belles  œuvres  de  sculpture  que 
l’on  trouve  le  type  nouveau  dans  son  véritable  cspi 1  'f1* 
a  quelque  chose  d’adouci  et  presque  de  romain  squt. 
exemple,  vers  le  second  tiers  du  iv'  siecle,  sut  une 
de  colonne  à  Éphèse  il  est  psychopompe  et  prend  Alt 

peinte  à  Pompéi,  donne  lieu  de  le  croire.  Mais  on  a  voulu  y  voir J»  bout6e 

el  Hcydemann),  un  sceptre  (Benndorf)  des  crotales  ou  cym  a  (  ^  p 

(BSUicher),  un  rhyton,  enfin  le  caducée  (Simili).  Cf.  Jour  n.  t  ^  ,v  ; 

Sur  une  réplique  en  bronze  qui  porte  aussi  la  giappe,  ev.  g6,  pl.  vi.  Sur 

des  Beaux-Arts,  1880,  p.  410.  Voir  de  plus,  Jahrb.  d.  Ins  '  '  0esterreicli ,  E 

l'ensemble  des  répliques,  voir  Benndorf,  Arch.  Epigr.  i  ■  ^  Benndorf,  p.  61 
p.  1-9,  pl.  i;  Wiener  Vorlegebl.,  A,pl.  xu  ;  l'estsc  rif  f  visconli  qui,  en  le 
sq.  (Poltier).  —  ‘4  Clarac,  Musées,  pl.  dci.xv,  n  ■->  ■  ^  reconnu  la  figure 

comparant  au  n»  1539  du  même  recueil  pourvu  du  caducc  ,j  ^  ^  groupo,  voir 
d’Hermès;  Müller- Wieseler,  Denlcm.  ant.  k.  II,  '  Anti k.  pU«". 

Jamot,  Bull.  corr.  hell.  1891,  p.  399  sq.  —  10  u  z0''’  uo  309 ;  BaunieistepJ 

p.  58  ;  Christodor.  Ecphr.  297.  -  n  Müllcr-Wieseler,  Denk  .  ,  ^  ^ 

Denlcm.  fig.  738;  Antich.  di  Ercolano,  VI,  pl.  xxix  ;  >  .‘Gcl.hard,  Au3*i 

„1  ,V1.  -  18  t or  cas  :  Élite,  II,  87  ;  III,  63;  2«  cas  :  Ibid.  I  ,  »  ’  __  1,0#lto 

Vue.  178  ;  3=  cas  :  Élite,  III,  5  ;  4»  cas  ;  Ibid.  II,  »,  88  « J  ’  au  Louvrc,  df»"H 
Mbnum.  Il,  16;  cf.  nos  fig.  4948,  4949.  -  20  A™Phore  (,e  ^iUomlc,lies  anciennes 
études  gr.  1875,  pl.  i.  Il  faut  remarquer  que  dans  J  S  yases  anM ■ 

Hermès  figurait  déjà  (voir  l’ampliore  ionienne  du  .ou  .  familicr. 

p.  C8,  E,  732).  Mais  le  rôle  de  combattant  no  lui  est  pas, 


pour 


MER 

lM  raInener  à  la  lumière  avec  un  sentiment  discrè- 


1815  — 


MER 


Fig.  4953.  —  Hermès  ramenant  Alceste. 

tementému,  une  altitude  qui  exprime  l’aspiration,  l’ascen¬ 
sion  vers  une  région 
meilleure  (fi g.  4953)  '  ; 
sur  un  vase  de  marbre 
sculpté  (fig.  4954)  il 
sépare  doucement  une 
morte,  Myrrhinè,  de 
sa  famille2.  Le  souve¬ 
nir  de  Praxitèle  est 
encore  direct  dans  une 
statue  de  défunt  hé- 
roïsé  trouvée  àAndros, 
qui  rappelle  le  porteur 
du  petit  Dionysos  ; 
l’expression  sérieuse 
du  visage  est  la  même, 
mais  le  léger  sourire 
qui  la  tempérait  a  na¬ 
turellement  disparu3. 
En  toutes  ces  occasions, 
le  serviteur  vivace  et 
ingénieux  des  vivants 
et  des  morts  est  devenu 
grave  et  méditatif.  C’est 
la  beauté  dont  l’ont 
empreint  les  sculp¬ 
teurs  qui  lui  a  communiqué  cette  dignité  intérieure 


Pig.  4954.  —  llcrmès  emmenant  une  morte. 


dont  il  lui  restera  toujours  quelque  chose.  Si  Alexan¬ 
dre  de  Macédoine  n’avait  pris  Hermès  au  sérieux,  il  n  au¬ 
rait  pas  aimé  à  se  présenter  comme  il  faisait  à  ses  amis, 
avec  la  chlamyde,  le  caducée,  les  ailes  figurées  aux  endro- 
mides  et  à  la  coiffure5. 

7°  Hermès  hellénistique  et  alexandrin.  —  Les  poètes 
ni  les  artistes,  à  partir  du  me' siècle,  ne  développeront 
guère  la  conception  mythologique  d’Hermès.  Le  travail 
spontané  de  l’imagination  populaire  ne  sera  pas  p  us 
fécond.  Pour  elle,  Hermès  en  est  venu  à  représenter  les 
menues  chances  de  la  vie  courante  6,  les  heureux  hasards, 
les  trouvailles  gratuites,  de  préférence  le  gain  ingénieu¬ 
sement  mérité1.  C’est  ce  que  nous  révèlent  surtout  des 
proverbes»  et  locutions  usuelles  où  figure  le  nom  du 
dieu8.  Il  est  l’occasion  inespérée,  avec  tout  ce  qu  elle  a 
pour  le  peuple  de  mystérieux  et  d’indéterminé.  Les 
esprits  philosophiques  et  cultivés  ne  négligeront  pas  cet 
élément  de  mystère.  Ce  sont  eux  qui  désormais  raison¬ 
neront  avec  raffinement  sur  la  nature  de  ce  dieu  si  mul¬ 
tiple.  Par  certains  éléments  mêlés  dans  sa  complexité 
elle  prêtait  à  être  ainsi  subtilisée,  intellectualisée.  Le 
dieu-pâtre  était  depuis  longtemps  chorège  des  Chantes  \ 
Muses 10  et  Nymphes11,  père  d’Ourania1-,  selon  les 
Pythagoriciens  père  de  Pythagore  13  qui  reçoit  de  lui  le 
don  de  mémoire  éternelle.  Il  était  assistant  des  sacrifices 

deSamothrace1'*,  sacrificateur  lui-même, héraut  du  culte10, 

faisant  aux  dieux  des  libations  pour  le  compte  des 
hommes16.  Ce  rôle  lui  est  échu  soit  comme  dieu  ser¬ 
viable,  intermédiaire  naturel  entre  les  mortels  et  les 
dieux  (fig.  163),  soit  parce  que  d’anciennes  images  le 
représentaient  traînant  un  bouc  ou  un  autre  animal17.  Le 
vase  de  Sosibios,  qui  est  des  derniers  temps  de  l’hellé¬ 
nisme,  mais  reproduit  d’anciens  modèles  déjà  archaisants, 
le  présente  dans  cette  fonction  sacrée  I8.  Par  suite,  on  l’a 
cru  inventeur  des  sacrifices  19,  intercesseur  des  hommes 
auprès  des  dieux,  possédant  les  secrets  des  rites  efficaces. 

D’un  autre  côté,  ayant  été  d’abord  comme  un  simple 
agent  d’un  service  funéraire,  puis  le  charmeur  de  la 
mort,  il  en  était  devenu  le  dispensateur  20  de  la 
récompense  aux  justes  ;  il  les  mène  désormais  aux  régions 
supérieures;  les  Érinnyes  se  chargent  des  autres.  Enfin 
on  l’a  vu  tantôt  éphèbe  accompli,  tantôt  beau  parleur, 
doué  du  geste  et  de  la  parole  décisive.  Un  léger  change¬ 
ment  dans  le  mouvement  du  bras,  dans  la  physionomie  en 
fera,  sans  même  déranger  son  attitude  générale,  l’orateur 
professionnel.  C’est  ce  que  montrera  la  statue  de 
Cléomène  ’21,  qui  reproduit  peut-être  un  type  antérieur 
d’Hermès  Xovioç22  et  y  adapte  adroitement  le  visage  de 


1  R*yet,  ilonum.  II,  pl.  l  ;  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  398;  Wood,  Discoveries  at 
i’Mesus,  p.  218  sq.  ;  Robert,  Thanatos,  p.  40  ;  Arch.  Zeit.  1872,  p.  72;  cf.  Clin. 
Uiü.  n  at.  30,  14,  03,  d'après  qui  ce  travail  pourrait  être  de  Scopas  ;  Hermès  y  a  le 
caducée.  —  -2  Gaz.  arch.  I,  pl.  vu,  p.  21  (Ravaisson);  Aihen.  Milth.  IV,  p.  183; 
Collignon,  Sculpt.  gr.  Il,  p.  372,  fig.  192.  La  figure  est  prise  dans  Duruy,  Hist.  des 
'°m'  lv>  P- 33.  -  3  Collignon,  Sculpt.  gr.  II,  fig.  201,  p.  3S3  ;  cf.  Cavvadias,  Calai. 
ju,  210,  241-2  ;  Alitth.  Aihen.  111,  p.  25,  101.  —  4  Voir  encore  l'Hermès  dit  du 
clvédère  et  une  belle  copie,  dite  statue  Lansdowne,  d'un  adolescent  nu  sauf  la  clila- 
■  ' sur  1  épaule  et.  le  bras  gauche,  procédant  manifestement  de  1  Hermès  tel  que 
')  slallllii'c  grecque  l'a  constitué  au  iv°  siècle,  Furtwangler,  Meisterw.  p.  504  ; 
irek-  Zei‘-  1874,  pl.  xxxvii-xxxvm.  —  »  Aihen.  XII,  53  (p.  537  c).  11  se  costumait 
l(  s0  aussi  en  Ammon,  en  Hercule  et  même  eu  Artémis.  Cf.  Gaz.  arch.  1870, 
P'  P1-  «u  (Koulez).  Une  statue  d’Alalanli  (Aulis)  de  l’Hermès  paleslrique  et  nu 
avoir  le  type  facial  d'Alexandre,  Bull.  Inst.  1800,  p.  lit;  Kékulé,  Antik% 
j1  ' l0erle-  Thés.  p.  118,  —  6  Toute  fortune  heureuse  était  appelée  Ippaia  Sic i; 
3'T“h'''  d6s  Le  temps  d’Eschyle,  Eum.  947;  Plat.  Phaed.  107  c.  —  7  Arisloph.  Pax> 
ct  schol. ;  cf.  Arch.  Zeit.  XXXIII,  p.  3;  XVIII,  p.  83.  —  8  Suid.  s.  v.  'lUîjjn; 

5-  ”•  'Eç:x*i?;  Pollux,  VI,  55;  Id.  s.  v.  Ippatov  ;  Thcophr.  Caract.  30. 
_  10  01r  suP>'à,  p.  1805  et  vol.  II,  p.  1065,  fig.  3650  ;  Cornutus,  Tlieolog.  Gr.  15-16. 
Ul>  même  temple  était  dédié  à  lui  et  aux  Muses,  Paus.  VIII,  32,  2  ;  cf.  Museo 


Florent.  I,  p.  343  ;  sa  mère  a  passé  pour  une  Muse  ;  cf.  Creuzer-Guigmant,  III, 
part.  1,  p.  186  ;  Eustath.  ad  Odyss.  XIV,  435.  —  U  De  nombreux  ex-voto  sont 
communs  à  Hermès  et  aux  Nymphes  :  Bull.  corr.  Iiell.  1881,  p.  349,  pl.  vu  ; 
Furtwangler,  Coll.  Sabouro/f,  pl.  xxvu-vm;  Athen.  Alitth.  1888,  p.  3o3;  1893' 
p.  212;  Jahrb.  des  deutsch.  Inst.  ( Anz .),  1890,  p.  87;  Journ.  of  hell.  stud.  Vil) 
p’  2i5,’  fig.  3.  _  12  Pausan.  VII,  1,4.—  l3Diog.  Laert.  Proem.  4.  —  H  Voir  supra, 
p.  1811,  il.  4.  Les  monuments  mentionnés  sont  du  iu«  siècle.  —  '3  Paus.  IX,  39,  7 
cf.  O.  Muller,  Handbuch,  §  387,  1  ;  Arch.  Zeit.  1865,  pl.  ccu  ;  Jahrb.  des  d.  Inst. 
1891,  p.  258,  discuté  par  Studuiczka,  Ibid.  p.  260  et  Kleiu,  Ibid.  1892,  p.  140-8. 
N’y  aurait-il  pas  là  encore  une  idée  de  ruse,  correspondant  bicu  au  caractère 
d'Hermès? —'6  De  Witte,  Élite  céram.  111,  73,76;  Arisloph.  Pax,  424,433 
et  schol.  Athen.  p.  660  ;  Diod.  V,  67,  2.  —  n  Babelon-Blanchet,  Bronzes  de 
la  Bibl.  Nat.  314.  —'8  Froelmcr,  Notice,  19;  Collignon,  Sculpt.  gr.  II, 
p.  647,  fig.  339;  Hauser,  Die  neu-atlischen  Reliefs,  p.  112.  —  19  Diog.  Laert. 
VIII  1,  31  (19)-  Hermès  y  est  tout  autre  chose  que  l'ancien  itopitatoî 
—  20  Tap.ia;,  Diod.  1,  16,  —  21  Rayct,  Alonum.  11,  pl.  i.xix;  Collignon,  Op.  I.  Il, 
fio-,  337  ;  Frochner,  Notice,  n°  184;  Clarac,  Catal.  712.  Une  tortue  est  sous  les 
plis  do  la  draperie  qui  tombe  du  bras  gauche.  —  22  Helbig-Toutain,  Guide,  11. 
n"  871,  p.  106  ;  Furtwangler,  Meisterw.  p.  86  Prcller,  Gricch.  Myth.  I, 
p.  339-12. 


Ml-K 


181 G  — 


quelque  Romain  précurseur  ou  émule  de  Cicéron.  D'appa¬ 
rentes  étymologies  préparaient  aussi  le  nouveau  travail 
des  esprits  chercheurs  sur  l’essence  d’IIermès.  Depuis 
Platon,  le  verbe  âpix^veûsiv1,  qui  désigne  l’interprétation 
de  la  pensée,  le  don  d’expression,  paraissait  apparenté 
au  nom  du  dieu.  Une  confusion  cherchée  et  voulue  avec 
un  des  dieux  égyptiens  fit  le  reste  ou  y  aida  beaucoup. 
Le  Thoth  à  tète  d’ibis,  honoré  à  Hermopolis,  mais  venu 
peut-être  de  Phénicie,  représentant  l’invention  de  l'al¬ 
phabet  et  la  mesure  du  temps,  était  depuis  longtemps 
connu  en  Grèce".  On  fut  de  plus  en  plus  frappé  des 

caractères  qui  lui  sont  communs 
avec  Hermès,  et,  quand  Alexan¬ 
drie  fut  fondée,  on  se  piutà  mêler 
leurs  attributs 3 .  Ce  dieu  de  l’in¬ 
géniosité  était  représenté  avec 
une  grande  plume  d’ibis  au-des¬ 
sus  du  front4.  Or,  sur  un  groupe 
en  bronze  d’Antioche  où  Hermès 
lutteur  terrasse  un  personnage 
inconnu,  entre  ses  deux  ailes, 
une  plume  est  fixée  au  ban¬ 
deau  dont  sa  tête  est  ceinte 
(fig.  4955)®. 

11  est  vrai  que  cet  appendice 
peut  tout  aussi  bien  être  une 
partie  de  fleur  de  lotus,  et  la 
question  a  été  curieusement  dis¬ 
cutée  0  par  les  archéologues.  11 
[•■ig.  4930.  -  Hermès  lutteur.  gufflti  p0Ur  établir  l’identification 

voulue  des  deux  divinités,  que  le 
même  attribut  caractéristique  soit  au  front  de  l’un  et  de 
l’autre.  C’est  le  cas,  puisqu’un  assez  grand  nombre  de 
bronzes  gréco-romains  le  prêtent  à  Hermès  et  que  même 
on  trouve  le  dieu  accompagné  d’un  ibis  \  Que  le  bronze 
d’Antioche  soit  du  temps  des  Séleucides8  ou  de  celui  des 
Antonins 9,  la  donnée  qu'il  nous  fournit  est  confirmée  par 
Diodore  de  Sicile,  qui  voit  en  Hermès  le  compatriote  et 
le  compagnon  apprécié  d'Osiris111.  Dès  lors  il  est  con¬ 
sidéré  non  plus  comme  un  dieu  simplement  bien  disant, 
mais  comme  le  bienfaiteur  intellectuel  de  l’humanité.  Il  a 
notamment  trouvé  pour  elle  :  1°  la  parole  articulée,  2°  le 
vocabulaire,  3°  l'écriture,  4°  l’astronomie,  5°  la  théorie 
de  la  gamme,  6°  le  culte  et  les  rites,  etc.  u,  en  un  mot 
toutes  les  méthodes  et  tous  les  arts,  à  l'exception  de  ce 
qui  sert  aux  besoins  usuels  et  à  la  vie  courante12.  Il  fut 
enfin  l'IIermès  Trismégiste.  A  côté  de  dieux  qui  repré¬ 
sentaient  la  toute-puissance,  la  Grèce  en  cherchait  un 
qui  fût  l’omniscience,  elle  l’avait  trouvé. 

Une  formule  unique  a  rassemblé  toutes  ces  notions  : 
on  a  dit  qu’Hermès  était  le  Aôyoç,  la  faculté  rai- 

I  Diod.  I,  162 ;  S.  Justin.  Apol.  I,  21  (Migne,  56).  —  2  Plat.  Pkaedr.  174  c. 

—  3  I-lut.  De  Isid.  et  Os.  3.-4  Ebers  cité  par  Furtwanglcr,  Donner  Jahrb.  103, 
p.  D.  En  Grèce,  celte  plume  désignait  les  Muses,  dont  nous  avons  vu  les  rapports 
avec  Hermès.  —  5  Dev.  arch.  XXXV,  pl.  xvm  ;  Jahrb.  d.  Inst.  1898,  p.  177. 

—  G  Voir  Donner  Jahrb.  107,  p.  45  (Furtwangler)  et  p.  48  (l.ocschckc)  ;  Forster, 

Jahrb.  L.  I.  et  Ibid.  1901,  p.  48-9  ;  Du  U.  corr.  hetl.  XXVI,  p.  231.  —  7  Furt¬ 
wangler,  Bonn.  Jahrb.  103.  Réciproquement  des  dieux  égyptiens,  comme  Anubis, 
empruntent  son  caducée  à  Hermès  ;  voir  fig.  340  du  Dicliounaire.  —  8  Forster, 
L.  I.  —  9  Joubin,  Dev.  arch.  L.  I. —  10  Diod.  I,  15.  —  H  Id.  1,  16.  —  12  Id. 
Ibid.  43.  Cf.  E.  Ménard,  Hermès  Trimégiste ,  Paris,  1866.  —  13  Cornutus,  Theolog. 
ch.  XVI.  —  14  S.  Justin.  Apol.  I,  22  (Migne,  57)  :  il  yîysvtivOat  ix  0eo  j  kÉyojwv  Aoyov 
0eoO,  xoïvov  tovto  ÉVrio  u|xTv  T0Ï5  tôv  * E 'ytrp  Xôyov  tov  0iû'j  aYÏ xXrtxov  7eyourTtv. 

_ 15  Fest.  p.  124;  Bréal-Bailly,  Dict.  étxym.  p.  190.  La  désinence  urivs  se  retrouve 

dans  des  noms  comme  Velurius.  Autres  formes  :  AJercuris  et  Mirqurios  qui  semble 
une  forme  hellénisée.  Cf.  p .  1818;  Corp.  inscr.lat.  1,  59,  1500;  VI,  518  ;  XII,  2  4  40; 


mer 


sonnable  départie  par  les  dieux  à  l’Homme  SPl,i 
cires  vive uts.  C’est  en  cela  ,,,,'11  esi 
et  la  est  son  seul  et  véritable  message  Non  Zei 
eût  oublié  les  fonctions  plus  vulgaires  qu'i>  .!? 
jusque-là.  Un  stoïcien  du  icr  siècle  les  Lml  ","P lcs 


le 


(au  nombre  de  dix-sept)  elles  interprète  to„i,s 
liquement 13  comme  des  manifestations  de  h  ? 
raisonnable.  Hermès  est  si  bien  l’incarnation  delan?  • 
universelle  que  les  chrétiens  ne  l’ont  pas  nié  ct  1,c"see 
'apologiste  saint  Justin  tentera  d'expliquer  ’rationnï 
ement  aux  païens  la  religion  nouvelle,  en  vni  Gr  i 
dira  :  «  Nous  appelons  Jésus-Christ  le  X6yoÇ  :  nous  lui  JJ 
quons  la  dénomination  que  vous  donnez  à  Hermès14  >, 

H  A  Rome  et  en  Italie .-Mercurius  est  un  nom  formé 
de  la  même  racine  que  merx  marchandise,  rnercet 
salaire,  mercari  trafiquer13.,  etc. 

1°  Origines.  Caractère  proprement  romain  du  dieu. 

—  Cette  étymologie  transparente  nous  livre  la  seule 
notion  claire  et  certaine  que  nous  ayons  de  la  première 
histoire  du  dieu  à  Rome  :  il  était  comme  Pecunia 
Aescularius ,  Argentinus le,  favorable  ou  contraire  au 
gain  des  marchands.  11  figure  dans  les  premières  listes 
que  nous  avons  des  douze  grands  dieux,  mais  nous 
savons  qu’il  était  absent  des  Indigitamenta  Est-jl 
néanmoins  de  création  romaine,  antérieur  à  tout  apport 
hellénique?  C’est  très  probable18,  élanldonnée  l’liabi-J 
tude  latine  de  faire  des  divinités  avec  des  noms  tirés] 
des  actes  les  plus  ordinaires  de  la  vie.  Mais  Rome  à 
l’origine  n'était  nullement  une  cité  commerçante  :  les 
progrès  du  dieu  ont  dû  attendre  ceux  du  négoce.  Au 
début  du  ve  siècle,  les  uns  et  les  autres  étaient  déjà  très 
avancés  au  témoignage  de  Tite-Live  :  la  Cité  inaugurait 
un  temple  de  Mercure;  les  deux  consuls  se  disputaient 
l’honneur  d’en  faire  la  dédicace  [dedicatio]  19,  et  de  donner 
des  statuts  à  l’association  des  marchands.  Le  Sénat  char¬ 
geait  d’avance  celui  qui  remplirait  ces  deux  offices  de  veiller  ; 

aussi  à  l’approvisionnement  de  Rome  en  blé  [annona)n\ 
Nous  voyons  que  vers  la  même  époque  cette  denrée 
manquait  et  qu’on  en  faisait,  pour  parer  à  la  disette,  de 
grosses  importations  d’Étrurie  et  du  sud  de  1  Italie.  Hj 
semble  donc  que  le  commerce  du  blé  soit  celui  qui  a 
donné  de  l’extension  à  la  confrérie  des  marchands  et 
développé  l’importance  de  leur  dieu21.  Les  Romains  ont 
pu  croire  que  les  conseils  des  livres  sibyllins  le  leur 
recommandaient.  Quant  à  l’influence  de  lÉtruiie,  qui  al 
donné  à  Rome  beaucoup  de  ses  institutions  religieuse, 
pour  ce  qui  concerne  les  tout  premiers  débuts  d  (  l  1  1  1  ’’ 
elle  est  possible22,  mais  non  pas  historiquement  P10inl 
Mercurius  a  pu  sortir  directement,  comme  un  11,1  0  j 
naturel,  d’une  racine  de  la  langue  parlée  par  h  s  I1  "l  ’ 
du  Latium  et  on  ne  voit  pas,  chez  les  anciens  Llm.  1  i 

Servius,  Ad  Aen.  VIH,  138  ct  Arnob.  III,  32,  donnent  r-itym0!0^1^^^  ï 
medicurrius  de  médius  ct  currere. —  tu  Cf.  Rosohcr,  Lexilcon  ,1 

—  HEnnius,  Ann.  fr.  15,  C,  v.  426;  Mart.  Cap.  I,  42;  Augus  .  J\wa ^arl„i  les 

Vai-r.  De  re  rust.  1,  14.  Mercure  figure  parmi  les  dieux  u>  a"  ’  ij,i  donne 
douze  dieux  ruraux  consentes  que  Varron  invoque.  établi  par  Evaudr*?- 

le  culte  de  Mercure  comme  aussi  ancien  que  celui  de  launits,  _  ^  ^  3,  {> ■ 
-19  T.  Liv.  11,  21,7;  24,  3;  27,  5;  Dion.  liai.  VII,  2;  » ’  avcc  Cérfl 

—  20  T.  Liv.  V,  13,  6;  XXII,  10,  9;  Dion.  Hal.  XII,  9.  Mercure  es  ]a  sl.c0„daj 

puis  avec  Neptune  dans  des  lectistcrnia  à  1  occasion  de  eu  ^  j,ull  ^  j,lé 
au  début  du  iv«  siècle  av.  J.-C.  On  le  voit  sur  des  monnaies  en  a 

(Babclon,  Monnaies,  11,  p.  2,  59;  Coins  Drit.  Mus.  D-  P- 3')  ^  navire  (v0,r. 

p.  57,  12;  Sicily.  p.  230,  10);  il  a  souvent  au  revers  un0  pr  f/ist.  de  1,1 

notre  fig.  4950)  ;  Babclon,  Ibid.,  Inlrod.  VH  et  passun.  ,  OcrbardS 

monn.  Il,  p.  229.  -  21  T.  Liv.  V,  13;  Dion.  Hal.  ex.  X  ■ 

U  cher  die  Gotthe.it.  d.  Etrusher,  p.  2. 


MER 


—  1817  — 


MEK 


(l  semblable  remontant  aux  premiers  temps,  bien 


commerce  ait  de  beaucoup  précédé  celui  des  Ro¬ 


de  d‘1' 

fiilC  1  o  u  .  , . .  . 

•  Mais  Ü  est  bien  certain  qu  ils  ont  eu  connaissance, 

ni'|l!.i’'  IUC  par  les  vases  peints  venus  d’Attique,  de 

, si  nonulaire  au  ve  siecle.  Au  courant  ou  a 

l’Herines  grec  r  i 

l  u  de  ce  siècle,  par  des  ep.7topoi,  importateurs  venant 
ils  ont  pu  apprendre  qu’entre  autres  attribu- 
•  Je  ce  dieu,  celle  d’èp.7roXatoç,  président  des  trafics, 
.•semblait  fort  à  la  notion  du  dieu  romain  de  la  vente 
\  de  l’achat.  C’est  eux  sans  doute  qui,  sans  adopter 
'Paiement  pour  eux-mêmes  cette  divinité  d’Athènes, 
en  ont  transmis  la  connaissance  à  leurs  voisins.  C’était 
donner  à  ceux-ci  une  révérence  plus  grande  du  dieu 
■ncdogue,  qui  leur  était  déjà  familier.  Quant  à  sa 
représentation  figurée,  il  est  incontestable  qu’elle 
passe,  par  l’intermédiaire  des  Étrusques,  de  Grèce  à 


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C’est  sur  les  monnaies  que  ce  type  emprunté 
s’osl  produit  d’abord,  comme  c’est  par  le  syndicat  des 
marchands  romains  que  le  culte  a  été  répandu  et  indéti- 


uiinent  propagé. 

Parmi  les  confréries  nombreuses  qui  s’occupaient 
spécialement  des  honneurs  à  rendre  à  un  dieu,  celle 
des  Mercuriales  était  des  plus  anciennes  et  on  suiL  leur 
trace  en  diverses  villes  très  avant  dans  les  temps  de 
l’Empire.  Celle  de  Rome  était  localisée  non  dans  la 
ville  primitive  des  quatre  tribus,  mais  aux  abords  du 
Pomérium.  Elle  y  constituait  un  de  ces  pagi  presque 
urbains  dont  la  nature  quelque  peu  énigmatique  a  été 
élucidée  par  Mommsen  2  [pagus].  Elle  s’était  attribué, 
près  de  la  porte  Capène,  une  source  dont  l’eau  était  con¬ 
sidérée  comme  lustrale3.  Avec  un  rameau  de  laurier  on 
en  aspergeait  les  articles  à  vendre  pour  leur  assurer, 
par  l’intercession  du  dieu,  des  chances  sérieuses  de  débit. 
Au  demeurant,  cette  confrérie  ne  différait  pas  essentiel- 


Fig.  4956.  —  Scxlans  à  l'effigie  de  Mercure. 


lement  des  collegia  adonnés  à  d’autres  cultes  [col- 
LEfiini,  mercator,  p.  1740  et  s.].  Les  mêmes  hommes 
huent  membres  ou  magistri  des  uns  et  des  autres  \ 
Cicéron  nous  apprend  que  les  Capitolini  et  les  Mer- 
^■nales  eurent  à  exclure  en  même  temps  un  même 
Personnage  qui  leur  parut  trop  peu  recommandable  3. 
J'1  COl|h‘érie  de  Rome  servit  de  modèle  à  des  collegia 
M'ici iriniium  qui  se  multiplièrent  dans  presque  toute 
Ualie  et  hors  d’Italie6. 


Quant  aux  monnaies,  Yaes  grave  du  milieu  du 
iv“  siècle  inaugure,  pour  nous,  l’effigie  de  Mercure. 
Antérieurement  à  cette  date,  le  caducée  s’est  présenté 
sur  Yaes  signatum  7,  sans  que  ceternblème,  qui  a  circulé 
de  tout  temps  parmi  les  peuples  antiques,  y  désignât 
nécessairement  notre  dieu.  Le  type  que  les  magistrats 
monétaires  empruntaient  à  la  Grèce  est  celui  que  la  pein¬ 
ture  y  représentait  à  la  même  date  :  un  visage  jeune  et 
imberbe  avec  un  pétase  à  bords  peu  développés,  muni  de 
deux  petites  ailes  (fig.  4956)  8;  au  revers  une  proue  de 
navire,  il  a  pu  pénétrer  à  Rome  par  le  port  d’Oslie  qui 
recevait  des  vaisseaux  de  la  Sicile  et  de  la  Grande  Grèce3, 
plus  probablement  par  les  Étrusques  dont  le  commerce 
avec  la  Grèce  propre  était  de  longue  date  très  actif. 

Les  artistes  d’Étrurie  ont  eu  une  prédilection  toujours 
croissante  pour  le  type  de  l’Hermès  grec  rajeuni  qu’ils 
copiaient  lourdement.  Quantité  de  miroirs  gravés  le 
reproduisent 10  avec  la  chlamyde  qui  découvre  les  formes, 
dans  toutes  les  attitudes  des  peintures  céramiques  grec¬ 
ques  à  plusieurs  plans,  c’est-à-dire  de  la  dernière  période. 
Quelquefois  il  est  accompagné  de  son  nom  Tanna",  où 
Ottfried  Millier  voit  la  transcription  de  'Ep^ç,  où  Gerhard 


hésite  à  reconnaître  soit  ce  mot,  soit  Terminus ,  que 
Deecke12  déclare  n’être  ni  latin  ni  grec,  mais  purement 
étrusque.  Mais  ces  monuments  ne  sont  pas  anciens  et 
ne  prouvent  pas  qu’Hermès  soit  devenu  une  des 
divinités  familières  de  l’Étrurie.  Les  artistes  étrusques 
paraissent  avoir  obéi,  en  multipliant  ses  images, 
à  leur  goût  pour  les  choses  d’art  venant  de  Grèce, 
plutôt  qu’à  une  pensée  religieuse,  soit  qu’ils  le  repré¬ 
sentent  ressuscitant  un  des  Cabires  morts  (lig.  915) 1  ', 
soit  qu’ils  empruntent  une  scène  où  il  est  psychopompe, 
avec  le  surnom  d'Aitasn,  ou  bien  où  il  apporte  dans  les 
balances  les  sorts  d’Achille  et  de  Memnon  (lig.  4937) u, 
ou  encore  où  il  présente  les  déesses  a  Paris  appelé 
Alixentrom  ;  sur  ce  dernier  monument  le  dieu  est  aussi 


i;  'ar|l'a>  Art  étrusque,  p.  612,  sur  l'emprunt  par  les  Étrusques  des  types  arlif- 
^50t!,,l'!Cl,Xde,aGrèce' —  2  Mommsen  ap.  Corp.  inscr.  lat.  I,  p.  159,  205,  0. 
n  1  ast-  v>  C73;  Jordan,  Topoyr.  11, 542,  378,  599  ;  Gilbert,  Stud.  rom.  11, 251, 
I  |y'  "'Jll,or'  Tvpoyr.  d.  Stadt  Rom,  2”  édit.  1901,  p.  343.  —  ’*  Borgliesi,  Œuvres, 
nr  les’  407  ;  Mom"*sen,  L.l.—i  Cic.  Ad  Quint.  11,  5,  3.  —  0  Voir  Waltzing,  Étude 
Prot'ess-  Indic.  —  7  Babelon,  Op.  I.,  Introd.  p.  4,  1,  p.  17-18  ;  Mardi i 
P •  187  101  '’  ^aes9rave,  pl.  vu,  3;  pl .  ni,  9. —  8  Mommsen, Bist.  de  la  monn.rom.  I, 
Sem|||()  s'Snalc  un  exemple  au  iv'  siècle  av.  J.-C.  à  Ardca  près  d'Ostic.  11  en  ras- 
d0„l)l  K  ,llllran laine  ayant  au  revers  Janus  imberbe,  Ibid.  p.  334.  Sur  ce  Janus 
'Sml  les  traits  de  Mercure,  cl.  notre  fig.  551.  —  9  Par  ex.  Babclou,  Op.  I.  1, 


p.  36  (v.  notre  fig.  4956),  46,  52,  60,  6V,  390  ;  11,  106,  183,  201,247,263,  270,  elc. 
monnaies  des  iv*  et  ni'  siècles.  Le  type  d’Élruric  ne  présente  aucune  différence  avec 
ceux  des  autres  régions  d’Italie.  Cf.  Il  rit.  Mus.  Coins,  1t.  1-16  avec  le  reste  du  vol. 
—  lo  Gerhard,  Elr.  Spiet/el,  vol.  l-W  passim.  Par  ex.  vol.  11,  pl.  cxxvu,  exxix,  exw, 
cxxxi,  clxv,  clxxii,  clxxxix,  cxcu,  cxcv,  ccxxx.  —  U  Gerhard,  Op.  I.  ;  Ibid.  11,  pl. 

I. xxiv,  LXXV,  cxxvu,  clviii,  cc,  cci.vii,  cccxxxu.  —  lîOtlfr.  Muller,  Etrusk.  2e  édit.  Il, 
p.  74,  mais  voir  note  de  Deecke,  Ad  l.  —  13  Gerhard,  Elr.  Spiegel,  pl.  i  vu.  —  P*  Ibid. 

II,  172.  Inscriptions  Utliuse  (Odysseus),  Ternsias,  Turmt  Aitas,  qui  semble  bien, 
comme  les  deux  précédents,  une  transcription  des  mots  grecs,  'Ep;xri;  'AiSr,;, 
malgré  l'avis  contraire  de  Deecke,  cf.  Ibid.  111.  p.  223. —  '3  Ibid-  II,  pl.  xxxv,  1. 


MER 


—  1818  — 


accompagné  de  son  nom  latin,  écrit  mirqvrios1.  Celte 
forme  altérée,  substituée  au  nom  plus  habituel,  semble 
Plutôt  prêtée  par  les  Latins  que  fournie  et  suggérée  à  ce 
peuple,  et  dénote  peut-être  un  travail  spécialement  fait  par 
un  étranger  pour  les  Romains.  L’art  de  l’Étrurie  a  sans 
doute  approprié  seulement  à  un  dieu  voisin,  qui  ne  sor¬ 
tait  pas  de  son  propre  Panthéon,  un  type  figuré  qui  a  fait 
fortune.  Quant  à  Tagès,  en  qui  on  a  cherché  à  voir  le  pro¬ 
totype  de  Mercure,  il  n  a  rien  de  commun  avec  lui  ;  il  est 
l’ancêtre  étrusque  des  haruspices  2.  La  tête  d’Hermès  grec 
des  monnaies  romaines  y  figure  quelquefois  accolée  avec 
celle  d’Héraclès  en  forme  de  Janus  bifrons  et  ces  Mer- 
cures  ù  double  tête  rentrent  dans  l’idée  primitive  de  Janus 
avec  lequel  ils  se  confondent  originairement 3.  Très  sou¬ 
vent  le  revers  porte  une  proue  de  navire  \  ce  qui  peut 
être  une  allusion  au  commerce  par  mer,  mais  n’est  pas 
du  tout  spécial  aux  pièces  à  effigie  de  Mercure. 

Avant  les  poètes  d  inspiration  alexandrine  ou  hellé¬ 
nique  du  Ier  siècle,  les  Romains,  tout  en  acceptant  le 
type  extérieur  importé  de  Grèce,  n’avaient  enrichi  d’au¬ 
cun  élément  étranger  leur  conception  du  dieu  commer¬ 
cial.  On  le  voit  aux  précautions  que  prend  Piaule,  avant 
de  présenter  dans  Y  Amphitryon  un  Mercure  tout  hellé¬ 
nistique.  Il  emploie  quatorze  vers  du  prologue  à  détailler 
la  conception  du  dieu  du  lucre  familière  à  son  public, 
pour  y  rattacher  habilement  l'idée  grecque  du  dieu  mes¬ 
sager,  laquelle  à  son  tour  amène  son  plaisant  message 
aux  auditeurs  \  Deux  vers  marquent  spécialement 
l’étonnementb  provoqué  par  l'aspect  nouveau  que  la 
pièce  va  donner  au  dieu  des  trafiquants  romains.  Ce 
peuple  pratique  avait  là  une  divinité  conforme  non  pas 
à  l’image  ennoblie  qu’il  prétendait  transmettre  à  la 
postérité  7,  mais  à  sa  ressemblance  réelle,  telle  qu’il  se 
l’avouait  à  lui-même  aux  moments  où  l’héroïsme  n’était 
pas  de  mise.  Mercure  est  le  dieu  de  ces  Romains  soigneux 
du  pécule  qui  élevaient  leurs  enfants  avec  des  leçons 
de  numération  commerciale  comme  celle  qu’IIorace  a 
décrite  8.  De  là  son  prodigieux  développement  dans  le 
monde  romain. 

2°  Culte  de  Mercure  à  Rome.  —  L’ancien  temple  dédié 
en  495 9  est  le  seul  sur  lequel  nous  ayons  des  rensei¬ 
gnements  précis.  A  défaut  des  deux  consuls  récusés  l’un 
et  l’autre  par  le  peuple,  un  centurion  primipilaire  remplit 
le  rôle  de  pontife  pour  cette  cérémonie19.  Ce  temple  était 
sur  les  dernières  pentes  de  l’Avenlin,  faisant  face  au  Circus 
maximus".  Il  était  circulaire,  comme  ceux  de  Yesta, 
si  c’est  bien  une  restauration  identique  de  ce  temple  que 
présente  une  monnaie  de  Marc-Aurèle  (fig.  4958) 12.  On  a 

1  Gerhard,  Ibid.  II,  182;  C. inscr.  lof.  I,  59;  Millin,  Galerie  myth.  CLI.  Ce  miroir 
peutvenirde  Préneslc,  où  se  sont  produites  les  mêmes  influences  qu’en  Étrurie;  ce 
type  du  dieu  convient  à  une  œuvre  faite  pour  des  Latins  par  un  artiste  de  culture 
grecque.  Il  est  remarquable  que  la  forme  en  question  est  la  même  qu’on  trouve  dans 
une  inscription  de  Délos  comme  traduction  latine  de  Hermès,  Bull.  corr.  hell.  I,  p.  285; 
Eph.  epigr.  IV,  7G  (sans  doute  prononciation  grecque  de  Mercurius).  —  2  Cic.  De 
divin.  II,  23,  30;  cf.  note  de  J.-V.  Leclerc,  Ibid.  vol.  XXXI,  p.  318.  —  3  Babelon, 
Monn.  delaRép.  II,  p.  400  ;  Lenormant,  A  oui',  gai.  mylhol.  p.  7.  —1  Babelon,  Alonn. 
de  la  Itép.  et  Mommsen,  Bist.  des  monn.  passim.  Voir  notre  fig.  4056.  —  0  Plaut. 
Amphitr.  vers  8-12,  enclavés  dans  les  autres,  pour  insérer  l’idée  du  dieu  messager 
dans  celle  du  dieu  marchand.  L.  Havet  (cum  discipulis  Ed.  Plauli  Amphitruo,  Paris, 
IS95,  p.  3)  déplace  ces  vers,  qui  gênent  en  effet,  si  on  n’en  voit  pas  l’intention. 
—  G  Ibid.  v.  116-117.  —  7  Cf.  Boissier,  Préface  à  l' Bist.  rom.  de  Michelet ,  dans 
la  Rev.  des  Deux  Mondes,  avril,  1898.  —  8  Hor.  Ad  Plson.  325-30.  —  9  Année  de 
la  mort  de  Tarquin,  259  de  Rome,  T.  Liv.  XXI,  7.  —  10  Ov.  Fast.  VI,  669  :  spec- 
tantià  Circum  ;  Apul.  VI,  8,  p.  395  :  rétro  metas  Murtias  ;  Baumeister,  Denkm.  art. 
homa,  p.  1495;  Jordan,  Topogr.  d.  Stadt  Rom,  II,  p.  529;  Eph.  epigr.  III,  6,  9  ;  C. 
iuscr.  lat.  I,  p.  393.  —  U  T.  Liv.  Il,  27.  —  12  Cohen,  Méd.  imp.  III,  p.  54.  —  13  Nar- 
dini,  Rom.  ant.  VII,  3,  mais  cf.  Hülsen,  Rôm.  Mitth.  1894,  p.  96.  —  U  Près  du 
temple  ou  d’un  des  passages  de  Janus,  Fest.  p.  161.  —  13  Fesl.  p.  297.  Plus 


MER 


encore  retrouvé  de  vagues  restes 13  D’au  U 
dont  nous  entrevoyons  l’existence  éhi,  sancLuaircs 
simples  chapelles.  Il  est  possible  que  ch  u,  ,  ?euUêtre  Jo 
marchande  ait  eu  la  sienne  où  le  dieu  Un  IJe“ 

particulier.  C  est  ainsi  qu’on 
l’appelait  malevolus  dans  un 
emplacement  14  où  il  se  trouvait 
tourner  le  dos  aux  boutiques-, 
sohrius  dans  un  autre  où  il  n’y 
avait  pas  de  tavernes  (à  moins 
que  ce  ne  fût  parce  que  là  on  lui 
offrait  des  libations  non  de  vin, 
mais  de  lait16).  La  consécration 
du  temple  de  l’Aventin  avait 
eu  lieu  aux  ides  de  mai  1G. 

C’est  en  raison  de  ce  fait  que  les  marchands  cél4 
braient  Mercure  à  cette  date  ”  C’est  peut-être  pour  1 
même  raison  que  l’on  s’avisa  de  le  faire  fils  de  Mau, 
qui  lui  créait  une  analogie  fortuite 
mais  frappante  avec  l’Hermès  grec 
[maia,  p.  1554].  Quoi  qu’il  en  soit, 
on  consacra  le  temple  à  Maia  et 
Mercure  qui,  dit-on,  avaient  déjà 
un  culte  commun  en  quelque  autre 
point  du  Latium18.  Mercure  a  été 
dès  l’origine  un  dieu  de  confrérie  : 
les  marchands  19,  les  revendeurs  20, 
les  changeurs21,  formèrent  sa  clien¬ 
tèle  première  qui  s’accrut  non  seu¬ 
lement  de  campagnards22  et  d’ar¬ 
tisans,  tels  que  les  pêcheurs23, 
mais,  comme  on  le  verra,  d’hommes 
appartenant  à  des  catégories  so¬ 
ciales  très  diverses24.  Des  dénomi¬ 
nations  symbolisant  des  pouvoirs 
très  étendus  lui  seront  attribuées, 

mais  Celles  de  LuCri  COnseriHltor  23,  Fig. 4959.  —Mercure  romain. 

potens ,  repertor 26,  Negotiator  ou 
Nundinator ,  dieu  du  marché21,  l’ont  été  avec  une  persis¬ 
tance  toute  particulière. 

3°  Art  et  littérature  :  association  de  caractères  hellé¬ 
niques  et  romains.  —  Les  artistes  qui  voulurent  repré¬ 
senter  en  pied  le  dieu  romain  du  lucre  n’empruntèrent 
pas  seulement,  comme  ceux  qui  avaient  travaillé  pour 
les  magistrats  monétaires,  le  type  hellénique  du  ivc  siècle, 
figure  imberbe  et  pétase  ailé.  Comme  marque  spéciale  du 
caractère  exprimé  par  le  nom  même  de  Mercurius,  ih 
mirent  à  la  main  un  sac  à  argent,  une  bourse  (fig- 


uuun  surnom 


■d  nous  lui  trouverons  le  surnom  tout  contraire  d  Epulo,  organisatcui  t  . 
rp.  iriser,  lat.  VI,  514,  9714  ;  Poinssot,  Bull.  d'Oran ,  1884,  p.  -  >  c  •  l  j0jj 

1212.  —  16  T.  Liv.  II,  21,  7;  Fest.  p.  148;  Ovid.  Fast.  v’  '  ’ 
d.  De  mens.  IV,  52;  Plut.  Quaest.  rom.  86;  cf.  Preller,  ,  ■ 

17  Fest.  p.  148  ;  Mart.  XII,  67.  Ovide,  Fast.  V,  103,  «“«S1™3  ^  p|ul_ 
rcure  qui  a  donné  au  mois  son  nom  en  1  honneur  de  ta  ™c  p  £0[ 
m.  19.  —  tx  Censorin.  De  die  natal.  22,  12;  cf.  Roschei,  c  ren(leri 
)4._i9  Plaut.  Op.  L;  Ov.  Fast.  V,  675;  guicumque  suas  prof  e  J 

rces-,  Corp.  inscr.  lat.  IX,  1707,  1710.  Cf.  notre  fig.  4961,  ™Fésc“  (fcJ 

uc  formant  une  pièce  d’un  ustensile  de  commerce  ,  C. ri°pace  Sat.  Il»  3» 

t.  de  la  Bibt.  nat.  pl.  xxxix.  —  20  Ephem.  epigr.  M»  3--  ..  °^jre'  des  achats 
26,  attribue  le  coynomen  Mercuriale  à  un  homme  qui  sai  153I| 

mtageux.  —  21  Corp.  inscr'.  lat.  ;  IX,  1707;  Mommsen,  R  y^  514-519» 
22  Ibid.  VI,  9483.  —  23  Ephem.  epigr.  L.  1  —  24  Corp.  inscr.  «  •  »  j 

plus  loin,  p.  1820.  —  23  Cf.  Hor.  Sat.  II,  6,  5  ;  Ibid.  3,  68.  Mercu 
nt  le  dieu  des  aubaines  comme  dans  Lucien  1  Hermès  «p  ’  XII,  3687 
cr.  lat.  V,  6594-6;  VI,  520  ;  Orelli-Henzen,  4329.  —  21  tor/l','“^‘de  ces  mois  est 
.■lii-Henzen,  1410,  mais  la  première  lettre  seule  de  lun  ou  ou  i  ^  II, 

hic.  Cf.  Brambach,  Corp.  inscr.  rhen.  1508,  et  Preller-  ou  an- 

ÎJQ'J  n  I  Qolirvl  nrl  Pn-ff  V  111. 


ILb.  *  ' 

,rc  v  est  sinip'0"; 
26  Col-p • 


MER 


—  1819  — 


MER 


,  I  l’aspect  romanisé  de  nombreuses  statues  du 

^  tS]  a  unes  où  il  est,  comme  en  Grèce,  nu  ou  ù 

dieu, 


pe 


une 


vêtu 


de  la  légère  chlamyde  (fig. 


les  autres 


ni’iiula  plus  ou  moins  ample  tombe  en  grands  plis 

ml  lil  a 

let  derrière  lui  2.  Souvent,  au  lieu  du  pétase  ailé, 

l.|l',1"|lX  petites  ailes  qui  sortent  de  la  chevelure  même  3. 

ÜVnoi’ppment  il  est  debout,  mais  on  le  trouve  assis4. 
Orciunu11  ,,  .  , 

,  , , q f o i s  il  élève  orgueilleusement  en  iair  le  sac 

jurent  qui  proclame  sa  qualité  de  Romain  et  d’enri¬ 


chisseur  K,  exprimée  d’ailleurs  non  moins  clairement 
par  son  association  avec  la  Fortune  sur  une  fresque  de 
Pompéi  (fig.  4960) 6. 

Il  est  arrivé  que  les  poètes,  eux  aussi,  dans  le  portrait 
qu’ils  traçaient  du  dieu,  réalisaient  une  sorte  de  com¬ 
promis  entre  la  conception  grecque  et  la  romaine.  Ainsi 
Horace  et  Ovide.  Le  premier,  qui  se  plaisait  à  esquisser 
d’après  les  lyriques  grecs  le  portrait  moral  d’Hermès  1 
en  y  glissant  quelques  traits  de  l’époque  alexandrine  8, 
s’adresse  aussi,  dans  les  satires,  au  lucrorum  conserva- 
tor 9  qu’il  s’amuse  à  prendre  pour  son  dieu  spécialement 
tutélaire.  Le  second  mêle  hardiment  tous  ces  différents 
caractères,  au  risque  de  les  faire  se  heurter  10.  Il  esquive, 
en  l’enclavant  dans  les  mots  où  il  évoque  le  dieu  inven¬ 
teur  de  la  lyre,  sa  fâcheuse  spécialité  de  voleur 11  comme 
s’il  en  était  gêné.  Les  Romains  prenaient  les  affaires 
d’argent  fort  au  sérieux,  et  ne  se  prêtaient  pas  comme 
les  Grecs  au  jeu  qui  eût  fait  du  dieu  des  gains  commer¬ 
ciaux  celui  du  vol. 

Quant  aux  artistes  de  Rome,  leur  propension  à  com¬ 
pliquer  de  plus  en  plus  la  représentation  des  dieux  a  fait 
due,  pour  caractériser  Mercure,  la  bourse  ne  leur  a  pas 
suffi  Ils  ont  recherché  pour  lui  des  attributs  grecs  sans 
rapport  avec  ses  attributions  romaines  ;  ils  lui  en  ont 
inventé  de  nouveaux.  Au  caducée  ils  ont  ajouté  une  paire 
fi  ailes  tantôt  au-dessus,  tantôt  au-dessous  des  deux  ser¬ 


pents  [agyieus,  lig.  41921.  Ce  symbole  n’a  pas  d’ailleurs, 
chez  les  Romains,  passé  de  l’art  dans  la  vie  pratique  :  les 
féciaux  qui  portaient  aux  peuples  la  paix  et  la  guerre 
n’ont  jamais  échangé  contre  le  caducée  les  brins  de 
verveine  et  les  sagmina  [fetialis].  Le  bouc  et  le  bélier 
grecs  (ainsi  que  le  veau  13  et  le  porc)  accompagnent 
souvent  la  représentation  de  Mercure,  non  pas  sans  doute 
qu’on  sût  la  tradition  de  ses  lointaines  origines,  mais 
parce  que  ces  animaux  étaient  communément  ses  vic¬ 
times14.  La  tortue  qu’il  a  souvent  à  la  main  ou  à  ses 
pieds  15  s’explique  par  la  légende  grecque  ci-dessus  rap¬ 
portée  (p.  1809)  et  cependant  est  plus  fréquente  dans  l’art 
romain  qu’elle  n’a  été  en  Grèce.  Le  coq16  est  tout  à  fait 
romain  et  d’époque  tardive.  On  n’a  pas  été  en  peine  pour 
l’expliquer  ingénieusement17,  mais  sans  doute  il  a  sim¬ 
plement  été  attribué  â  Mercure  par  la  piété  d’adorateurs 
qui  le  voyaient  à  d’autres  dieux.  Un  de  ces  coqs  joints  â 
Mercure  est  gigantesque,  un  autre  a  dans  le  bec  un  épi 
de  blé18.  Les  Romains  ont  aimé  à  multiplier  auprès  de 
Mercure  les  figures  d’animaux.  On  voit  encore  avec  lui 
un  sphinx  et  un  scorpion  qui  restent  inexpliqués.  A  sa 
main  se  trouvent  la  patère  13  ou  le  rameau  magique  20 
(retour  à  l’origine  du  caducée),  qui  sont  des  emprunts 


grecs.  La  corne  d’abondance  est  assez  rare,  étant  plutôt 
l’attribut  de  la  Fortune.  Presque  tous  ces  attributs  sont 
réunis  au  fronton  du  temple  de  Mercure  représenté  sur  une 
monnaie  déjà  citée  (fig.  4958) 21  et  autour  du  dieu,  sur  une 
assiette  d’argent  trouvée  en  Normandie,  mais  œuvre  d'un 
artiste  romain  ou  d’un  grec  d’Alexandrie  (fig.  4961)  22. 


Slaluette  de  bronze,  FurlwSngler  Meisterwerke ,  p.  427  (on  notera  le  torques 
°'lr  llu  cou)  ;  cf.  Clarac,  Musées,  n°*  1509-13,  1515-17,  1524, 1526-29  ;  1531;  Mus. 
Y|0I_'  'h  2  (Reinach,  Répertoire,  II,  p.  154,8)  ;  Itoux  et  Barré,  Herculanum, 
) '  "  (Reinach,  Ibid.  155,  5);  Louvre,  sans  n°  ( Id.  Ibid.  156,  3)  ;  Campana, 
163  (Id.  Ibid.  156,  0);  Roux  et  Barré,  VI,  49,  2  ;  50,  2  (Id.  Ibid. 
j,.’,1'  1,l®>  *)i  Louvre,  233  (Id.  Ibid.  159,  9)  ;  Muller-Wieseler,  Ant.  Denkm.  XXIX, 
lihii  |'  ^ ’  I?urI'v<'ngler,  Meisterw.  p.  113  (Id.  Ibid.  160,  4);  Babelon  et 
m*inp‘el’  /lr°n~es  de  la  Bibl-  NaL  n"  3 15-328,  330-333.  Ces  statuettes  sont  d'un 
)Uji|J  j10»  sauf  'lue  les  unes  ont  les  ailerons  dans  les  cheveux,  les  autres  au  pétase  ; 

icseler,  Ant.  Denkm.  Il,  330,  où  Mercure  remet  la  bourse  sur  les  genoux  do 
1Cij  Mabel  on,  Op.  I.  838  (Reinach,  Ibid.  1G4,  5);  Louvre,  229  (Id.  Ibid. 

jA  ;  mc°Uni,  III,  76,  pl.  vil  (Id.  Ibid.  165,  6);  Roux-Barré,  VI,  5  (Id.  Ibid.  165, 
'  •  «iclon,  Op.  I.  340-347.  —  3  Babelon,  Ibid,  n»1  317,  322-25,  333,  316.  —  4  Id. 
pl  n  '  0_/*  b  Clarac,  Ibid,  n08  1512,  1518.  —  6  Museo  Dorbonico ,  VI, 
'  ~  1  Hor.  Carm.  I,  10;  III,  11,  vers  1-2.  —  8  Id.  Ibid.  I,  10,  vers  2-3. 


—  9  Hor.  Sut.  II,  6,  vers  5,  13-15.  —  R*  Ovid.  Fast.  V,  663-692.  —  n  Id.  Ibid. 
vers  103,  691.  —  12  C’est  une  question  de  savoir  s’ils  l’ont  imaginée  ou  empruntée  à 
de  rares  représentations  grecques.  Ou  la  trouve  sur  une  tessère  grecque  d’un  greffier 
de  la  Biu4f„  Bull.  corr.  hell.  VIH,  pl.  i,  u,  p.  5.  Le  Turms  étrusque  ne  Va  pas. 
Furtwangler,  Berlin.  Phil.  Wochcnsclir.,  pense  que  Schrciber  a  tort  ( Alexandrin . 
Toreut.  I,  187)  do  la  rattacher  à  l'art  alexandrin.  Cf.  Schol.  ad  l'ers.  VI,  62  cl 
Roscher,  I,  p.  2426.  —  I3  Corp.inscr.  lat.  XII,  1316. —  14  Ibid.  VI,  512,  515,  1310; 
VIII,  8246  ;  XII,  3091  ;  Arnob.  7,  21  ;  cf.  Roscher,  Lexikon,  I,  col.  2397,  2399,  2401. 

_ 15  Reinach,  Répertoire,  p.  156,  3,  Louvre  ;  Corp.  inscr.  lat.  XII,  3090.  —  16  Corp. 

inscr.  lat.  XII,  3090,  4136,  5693,  13616;  Arch.  Zcit.  1847,  p.  10.  —  17  Mait. 
Cap.  II,  177.  —  18  Montfaucon,  Antiq.  expliquée,  vol.  I,  pl.  i.xxi,  5.  —  19  Corp. 
inscr.  lat.  XII,  1316;  Clarac,  Musées,  IV,  1519,  I),  E.  —  20  Montfaucon,  L.  I. 
pl.  i.xxn,  1;  i.xxiii,  6  ;  Eckhel,  Doctr.  mtmm.  IV,  p.  68;  cf.  Apul.  Mctam.  X,  30  ;  XL 

10. _ si  Cohen,  Monn.  imp.  111,  p.  54;  Eckhel,  Doctr. numm.  VII,  60. —  22  Jour»,  of 

hell.  stud.  1882,  pl.  xxn,  Bibl.  nat.  ;  cf.  Babelon,  Guide  au  cab.  des  Méd.  p.  344.5. 


mi:  r 


—  1820  — 


En  somme,  le  Mercure  romain  n’a  plus  le  fin  sourire 
de  son  prototype  grec,  ses  altitudes  sont  marquées 
pins  complaisamment,  son  équipement,  sa  parure,  les 
marques  de  sa  personnalité  ont  quelque  chose  de  plus 

compliqué.  Ce  caractère  est 
exagéré  encore  dans  les 
Mercures-panthées  où  on 
s'est  efforcé  de  fondre  en  sa 
nature  celle  d’un  ou  plusieurs 
dieux.  On  connaît  plusieurs 
Mercures- Apollon  \  et  un 
curieux  buste,  qui  a  été  un 
ex-voto  muni  de  tintinna¬ 
bula ,  est  encadré  non  seule¬ 
ment  par  des  cornes  d'abon¬ 
dance,  mais  par  des  figurines 
des  dieux  du  Capitole,  Ju¬ 
piter,  Junon  et  Minerve  (fig. 
4962) 2  ;  cet  ex-voto  est  une 
imitation  de  la  pièce  fondue 
en  forme  de  Mercure  par 
laquelle  les  marchands  du 
temps  de  l’Empire  tenaient 
leur  balance  suspendue  pour 
la  pesée  des  marchandises 
[libra] 

Mais,  d’autre  part,  souvent  aussi  les  artistes  romains, 
épris  de  simplicité  grecque,  se  sont  contentés  de  repro¬ 
duire  d’aussi  près  qu’ils  le  pouvaient,  malgré  le  progrès 
pes  temps,  les  Hermès  de  Polyclète,  de  Praxitèle,  de 
Scopas,  de  Lysippe,  etc.  3  De  même,  les  poètes- se  sont 
le  plus  souvent  attachés  à  la  conception  grecque  du  dieu 
qui  chez  eux  n’a  de  romain  que  le  nom.  Ainsi  fait  à  peu 
près  Horace  dans  l’ode  imitée  d'Alcée.  Il  se  plaît  à  évo¬ 
quer  la  figure  du  psychopompe  4  que  les  Latins  ne  se 
sont  jamais  appropriée  8.  Ainsi  fait  encore  Virgile  dans 
l'Enéide  quand  il  confie  à  Mercure  des  messages  pour  ses 
héros.  Par  une  inconsciente  préoccupation  de  couleur 
locale  grecque,  il  néglige  complètement  la  tradition  popu¬ 
laire  romaine  pour  laquelle  le  messager  est  avant  tout  un 
protecteur  du  commerce.  De  même  Properce,  Lucain,etc.° 
Plaute,  qui  dans  le  prologue  de  Y  Amphitryon  ébauchait 
un  compromis  entre  le  Mercure  romain  et  le  dieu  hellé¬ 
nique,  dessine  dans  la  pièce  même  une  caricature7  du 
messager  des  dieux,  mais  une  caricature  purement 
grecque. 

4°  Extension  des  attributions  et  du  culte  de  Mercure. 
—  La  Iradilion  populaire  elle-même  a  le  sentiment  de 


i  Babclon  et  Blancbet,  Bronzes  delà  Bill.  nos  35C-300  (n«3fil  :  Mercure,  Bacclius); 
cf.  Id.  Guide  aucab.  des  Méd.  p.  334*.  — 2  Babclon  el  Blancbet,  O.  c.  n°  303  ;  Guide , 
p.  ü20.—  3  Par  ex.  Millier-  Wiesclcr,  Op.  I.  11,311,  où  le  dieu  jeune  a  des  volumina 
aux  mains;  Id.  Ibid.  318  (Mercure  Ludovisi),  322,  333,  nu,  louchant  le  sein  d’une  déesse 
assise  ;  Bayet,  Monum.  ant.  Il,  pl.  lxix,  i.xx  (statue  de  Cléomène)  ;  Gaz.  aveh. 
1870,  p.  55;  Baumcistcr,  Op.  I.  738  ;  Antic/i.  d’Ercolano ,  VI,  29  et  Miiller-Wieseler, 
Op.  /.Il,  309  (bronze  assis  de  Naples),  etc.  D’autre  part  les  Romains  plaçaient  dans 
leurs  temples  des  Hermès  apportés  de  Grèce  :  Plin.  Hist.  nat.  XXXIV,  8,  89. 
—  4  Uor.  Carm.  I,  10,  vers  17-20.  —  o  Cf.  de  La  Ville  de  Mirmont,  Afyth.  dans 
Apollonius ,  p.  55G.  —  6  prop.  III,  30,  6;  Lucan.  IX,  v.  0G1.  —  7  Cf.  caricature 
peinte  ap.  Baumcistcr,  Op.  I.  pl.  supplémentaire,  t.  III.  —  9  Servius,  Ad  Aen.  IV, 842, 
çst  le  reflet  de  celte  tradition  vague,  mi-populaire,  mi-érudite.  —  9  Corp.  inscr. 
Uit.  IX,  3307,  testament  d’un  tribun  praefectus  fabrum,  quinquevir  ;  cf.  Mommsen, 
Inscr.  Neap.  198.  —  10  Avec  celui  de  la  Fortune.  Voir  la  pyramide  d’Igel  décrite  cj, 
pliquée  par  Goethe,  Campagne  in  Frankreich,  23  Aug.  Corp.  inscr.  lat.  VI,  514. 
--  Il  Cf.  Roschcr,  Lex.  II,  col.  2823.  Babclon,  Op.  I.  I,  p.  G0,  n°  44,  montre  le  type 
le  plus  ancien  que  nous  ayons  de  monnaies  à  tète  de  Mercure  dans  différentes 
villes  d'Italie.  —  12  C.  inscr.  lat.  XIV,  2878,  ancien  collège  de  marchands  à 
Pr(*neslc.  -  *3  Voir  plus  haut,  p.  1 8 1 G.  —  1'»  C.  i.  I.  X,  3822.  —  I5  Ibid.  IX 


MER 

'ampleur  de  la  conception 


^uiiLcpuon  grecque  ou  il 

dieu,  el  développe  la  sienne  jusqu’à  préi™  de 

pouvoirs  el  des  fondions  que  sa  nalure  AJ?*™** 


nature  commpMi.,!. 
rter  8.  D’abord  sa  clientèle  '  '  ne 
colley ium  des  Mercuriales  reçoit  des  membres  h  Le 

»  •  ^  n°noraires 


semblait  pas  comporter 
colley  ium  des  Mercuria 

qui  ne  font  nullement  profession  de 


une  13  1  ont  peu t- 
’ î  la  Sabine15  ! 


CATOB,  p.  1740].  Des  magütri  d'autres  “dèmaf  J*"- 
la, res  de  différentes  fondions,  des  tribuns  militai"!' 
des  personnages  consulaires  lui  prouvent  iem. 
naissance  par  des  autels.  Hors  d’Italie,  ce  sont  suZ 
les  légionnaires  qui  ont  propagé  son  culte  ■»  En  i 
même,  nous  le  voyons  répandu  dans  toutes  lès  réc-in 
de  la  péninsule11.  Le  Latium12  et  FÉtr»™  “ 
être  connu  avant  Rome.  La  Campanie 
le  Samnium 16,  l’Apulie17,  la  Lucanie13,  "  Calabre12 
et  même  l’angle  extrême  du  Bruttium20  ont,  suivi 
L’extension  de  ses  pouvoirs  nous  est  attestée  par  des 
ex-voto  où  il  est  appelé  Félix*1,  Custos,  Calestù 
Fa  ta  lis**,  Consentions,  Conservator*3,  Precum  mi¬ 
nuter™,  Sanctus,  Finitimus *\  Revenant  à  ses  origines, 
il  est  le  patron  des  voyageurs 26,  il  assure  leur  bon  retour! 
c’est  lui  qui  a  inventé  les  routes27.  Il  favorise  la  cons¬ 
truction  d’un  aqueduc28.  Pour  un  de  ses  fidèles,  imbu 
d’idées  grecques,  il  est  dieu  de  la  joie,  roi  des  festins20. 
Il  est  revêtu  enfin  de  fonctions  plus  sérieuses,  plus 
«  augustes  »,  et  cette  dernière  épithète  lui  est  attribuée30. 
Il  assure  le  salut  des  hommes  en  danger31  et  on  lui 
demande  celui  de  l’empereur32.  Il  est  le  génie  de  la  Paix 
et  de  la  Concorde33.  Il  amène  la  vicloire30 :  il  est  in- 
victus 3B.  Il  préside  aux  choses  de  l’État,  par  exemple  au 
cens.  Il  est  appelé  deus  aeternus 36  et  n’est  pas  beaucoup 
moins  révéré  que  les  divinités  du  Capitole,  si  bien  qu’à 
partir  de  l’époque  d’Auguste  il  a  un  caractère  de  gravité 
tout  nouveau.  Dans  la  célèbre  ode  politique  qu’llorace 
termine  en  cherchant  quel  dieu,  adroitement  invoqué, 
viendra  soutenir  la  République  penchant  vers  sa  ruine, 
après  VesLa,  Apollon,  Vénus  et  Mars37,  il  nomme  en 
dernier  Mercure.  Et,  ce  qui  surprend  encore  plus,  il  feint 
de  croire  que  c’est  ce  dieu  qui  s’est  fait  homme  sous  la 
figure  d’Octave,  pour  venger  César  et  sauver  les  Romains18. 1 
Fantaisie  de  poète  assurément,  mais  qu’autorisaient  cer-l 
tains  courants  d’idées  contemporains.  Outre  les  épi¬ 
thètes  politiques  de  Mercure  ci-dessus  mentionnées,  onl 
en  voit  un  indice  dans  le  fait  que  les  mêmes  hommes, I 
d’assez  basse  extraction  d’ailleurs,  figuraient  dans  u 
collège  des  Augustales  et  dans  celui  des  Mercui  uih  s 
comme  membres  ou  comme  magistri 19  et  que  nu  un  ,  a 
Nola  et  à  Pompéi  ces  deux  collèges  n’en  faisaient  qu  an, 

3307,  4773.  —  10  Ibid.  IX,  072,  070,  1707.  —  17  Ihtd.  ;  /Mrf.  | 

—  18  Ibid.  X,  205,  232,  3 10,  483,  8342 «.  —  ,a  Ibid.  IX,  23,  54-  ,  -  '•  |(|, 

X,  G.  -  21  Ibid.  VI,  n»  521.  -  22  Ibid.  IV,  812,  inscription  peinte.  ^  j 

398  ;  VIII,  51  ;  Orelli-Henzen,  1403  ;  Eckliel,  Doctnnanum.  \U,  <  ^  ,(W).  , 

imp.  V,  401.  —  24  Dans  une  inscription  d’un  Grec  :  Kaibel,  Epigu  01  ■  j  xil, 

nr.  5933;  C..  i.  I.  VI,  520.  —  23  Une  seule  fois  el  hors  d’Itaie,  •  •  ’  ^  ^  U 

—  20  Ibid.  III,  5190;  V,  4240  ;  VI,  3703;  VII,  271,  elc.  Il  est  i  H  Ibid. 

—  27  Ibid.  VII,  771  :  -vias  el  semilas  commentes  (est).  —  28  '  >u  ■  ’  ,  ‘  Louvrc,  , 

VI,  no  522  :  EPVLONI  MERCVRIO  EVPHROSYNO,  sur  un  autel  du  ^  ^  p  ,ÎU 
orné  d'une  (Iule  et  du  simpulum  à  libations;  Froebner,  dVoOce  i  c  ^  ij.i, etc. 

n°  202.  —  30  c.  i.  I.  IX,  3307.  —  3'  Ibid.  III,  1*35,  1508,  a,,- :  ,  J’  £{abc|0„,  ^ 

—  32  Ibid.  II,  180  ;  Ephem.  epirjr.  V,  1212.  -  33  0re11,^Ie^)CI’’Q3  g,  '  ’as0,  etc.  I 

Mann,  de  la  Ilêp.  I,  p.  352;  Cohen,  Monn.  imp.  I»  0,  30,  '  j_  p.  280,  j 

Ovid.  Fast.  V,  005;  Metam.  XIV,  291.  -31  Babclon, -  '■  JgB1,  n»  3313, 

400.  —  55  Mommsen,  Inscr.  Neap.  700,  4140.  —  •1(’  i  l(‘  *  ''  cst  ici  dans  la 

p.  543.-3-  Hor.  Carm.  I,  2,  v.  25-40.-  38  |d.  Ibid  v.  *!-«  •  accomplit  Pour 
pure  tradition  homérique.  Le  dieu  qu  il  invoque  cest  I  ^  p  £o9  ;  Moni|,,stn'  I 
ses  protégés  les  Lâches  les  plus  difficiles.  21  f  •  ^  ’ 


MER 


—  1821 


MER 


dont  1 


il'lice 


;  était  d’honorer  la  personne  d’Auguste  *.  Un 


autel  trouve 

niagister 


à  Rome  porte  la  dédicace  à  Mercure  du 
•  d’un  deces  collèges2.  Etenfin  des  statuettes,  qui 


ae3.  En  vertu  de  ce  précédent,  on  mêlera  encore 
lalité  du  dieu  à  celle  de  divers  autres  empe- 


i  ( name  des  illustrations  du  texte  d’Horace,  nous 
,ut(.nt l’empereur  Auguste  avec  les  attributs  romains 

de  Mercui’f 
la  personna 

\vec  le  progrès  des  temps  et  par  le  travail  des 
,jis  jqercüre  en  est  donc  venu  à  exprimer  le  ca- 
^clcre'du  peuple  romain  à  la  fois  sous  ses  deux  grandes 
j/c(ig  .  je  côté  égoïstement  pratique  et  le  côté  politique 
d autorité  et  d’habileté  gouvernementale. 

5°  Mercure  transalpin.  —  Les  provinces  paraissent, 


dès  le  Ier  siècle  avant  l’ère  chrétienne,  avoir  connu  et 
rapidement  adopté  cette  conception  religieuse.  Toutefois 
l’enthousiasme  ne  fut  pas  le  même  partout.  Si  les  traces 
d’un  culte  de  Mercure  sont  très  nombreuses  dans  la  région 
du  haut  Danube  et  du  Rhin,  dans  la  Narbonaise,  dans  la 
Gaule  centrale4,  elles  le  sont  moins  en  Espagne  et  en 
Afrique  et  elles  sont  fort  rares  dans  la  partie  orientale  de 
l’Empire6  qui,  au  reste,  avait  gardé  la  tradition  altérée 
mais  ininterrompue  d’IIermès.  Le  Mercure  italien  a 
circulé  surtout  au  delà  des  Alpes.  César  et  Tacite  le 
trouvent  l’un  chez  les  Gaulois,  l’autre  chez  les  Germains  °, 
constatations  qui  n’en  font  guère  qu’une,  si  on  songe 
que  Tacite  a  connu  surtout  les  parties  de  la  Germanie 
voisines  du  Rhin.  «  Ce  dieu,  disent-ils  l’un  et  l’autre,  est 
chez  ces  peuples  le  premier  en  importance.  »  Nul  doute 
que  Mercurius  n’y  soit  la  dénomination  nouvelle  et  la 
transformation  d’un  dieu  barbare  des  régions  gauloise 
et  germaine.  Mais  la  transfusion  était  chose  faite  et 
achevée  dès  l’époque  où  César  a  connu  la  Gaule,  au 
moins  pour  la  partie  qu’il  en  a  connue. 

Nous  avons  un  grand  nombre  de  noms  de  dieux 
gaulois  et  de  surnoms  de  Mercure  gallo-romains  entre 
lesquels  il  n’est  pas  aisé  de  reconnaître  l’ancien  Mercure, 
d’autant  que  cet  ancêtre  n’a  pas  été  nécessairement  le 
même  dans  toutes  les  civitates \  Sans  parler  de  Teutatès8, 
nous  pouvons  croire  que  Dumias,  Moccus  9,  Arcecius  10, 
Alaunus,  Cissonius,  Tourenus,  Atusmerios  11 ,  Arvernus, 
Visucius12,  etc. sont  des  surnoms  gallo-romains  du  dieu. 
D  autre  part,  Lucien  nous  fait  connaître  un  Ogmios,  dieu 
gaulois  fort  étrange,  vieillard  disgracieux  et  trapu,  élo¬ 
quent  et  savant,  et  l’étude  des  textes  gaéliques  a  révélé 
1  existence  d’un  dieu  Lug  dont  le  culte  aurait  été  fort 
répandu,  rien  qu’à  en  juger  par  le  nombre  de  noms  de 
lieux  qui  paraissent  formés  de  cette  racine 13 .  Or  il  faut  bien 
(lue  le  prédécesseur  de  Mercure  ait  été,  plus  ou  moins, 
un  dieu  panceltique  et  un  dieu  des  arts  pacifiques.  «  Les 
Gaulois  ne  seraient  pas  arrivés  à  la  conception  ou  à 


Collège  de  N0la  et  Pompéi. —  2  Rôm.  Mitth.  VIIII1893),  p.  222.  Monument  datant 
I  xii'1  ll  ,r  s*^c'e  av-  et  représentant  peut-être  Mercure  etMaia.  Cf.  C.  i.  I. 

.  M,  2221.  —  3  ReV'  arch.  1875,  pl.  xxxvi,  p.  133;  Duruy,  Hist.  des  Rom.  IV, 
—  ;  d  ’  ^aiac’ Musées,  V,  2473  ;  Babclon,  Guide  au cab.  des  méd.  p.  327,  no8  834-837. 
fum  des  monuments  et  souvenirs  de  Mercure  en  France  (notamment  dans  de 

d  reUï  noras  do  lieux)  dans  Rev.  arch.  XXXV,  p.  241  sq.  —  s  Roscher,  Lexi/c. 

H,  n,  9090  en 

Tacil  De  ~~  Caes*  DelL  fjalL  V1,  17  ;  cf'  BeVm  CelL  1V’  P‘  l4;  XI’  P'  224î 
humain  ^  ^erman%  D’après  lui,  ce  dieu  recevait  des  Germains  des  sacrifices 

civilisé  *  CC  *n^*<®ue  suPerposilion  à  un  dieu  primitif  et  sanguinaire  du  dieu 
1407  *  ^  ^e‘nach,  Rev.  celt.  XVIII,  1897,  p.  149.  —  #  Orclli-Henzcu, 

Poil0  n  C°rp.  inscr.  lat.  III,  n»  5768.  —  10  Espérandieu,  Épigraphie  du 
(hev  n\'ri  ' ^  11  -DwwmVw,  nom  sous  lequel  il  était  adoré  au  Puy-de-Dôme 


p- 332  ^ cclL  »• 420)- 


<2  Robert-Cagnat,  Epigra- 

grailj  —“'i  p.  59.  —  >3  On  croit  retrouver  le  nom  de  ce  Mercure  dans  un 

ainsi  Z,  i  ,C  d  aPPe"ations  géographiques  en  Gaule  ou  dans  les  pays  limitrophes, 

ten,„|„  /  unum<  Lu gi-solium  =  Luxeuil,  Lüg  en  Suisse,  Locarno,  et,  plus  près  du 
i  t  ni’VGrnp  |_ 

’  ,es  noms  de  la  Loire,  Liqer  et  du  Lignon  ;  cf.  P.  Monceaux,  Rev. 

vi. 


l'acceptation  d’une  divinité  générale  et  à  forme  de  Mer¬ 
cure,  si  leurs  croyances  nationales  ne  les  y  avaient  point 
prédisposés14.  »  Ces  exigences  se  trouvent  toutes  satis¬ 
faites  par  diverses  observations  sur  les  noms  et  types 
divers  ci-dessus  indiqués.  L’érudition  celtique  a  reconnu 
que  Visucius  vient  d’un  mot  qui  veut  dire  savant15  et 
n’est  pas  différent  d’Ogmios16.  D’autre  part,  le  batailleur 
Ogmios,  qui  devient  protecteur  de  la  paix,  se  laisse  iden¬ 
tifier  avec  Lug  qui  semble  bien  être  le  grand  dieu 
Arverne17.  Lug,  «  prince  aux  sciences  multiples  »,  a  com¬ 
mencé  par  combattre  et  vaincre  le  dieu  malfaisant  Cer- 
nunnos,  et  lui  arracher  sa  corne.  Il  lui  a  pris  sa  compagne 
Rosmerta18  et  l’afaite  sienne.  Puis  il  est  devenu  pacifique 
et,  du  temple  que  les  Arvernes  lui  ont  bâti  sur  le  Puy  de 
Dôme19,  il  a  rayonné  plus  ou  moins  dans  toutes  les 
directions  où  s’étendaient  la  race  celtique  20  et  vers 
quelques  rameaux  germaniques.  C’est  à  lui  (et  sans  doute 
aussi  à  quelques  dieux  locaux  qui  lui  ressemblaient)  que 
les  gens  venus  de  Rome  ont  aisément  fait  accepter  le  nom 
de  leur  Mercure 21 .  Une  autre  théorie,  hypothétique  comme 
la  précédente,  veut  que  Teutatès  lui-même,  dieu  d’Etat, 
dieu  de  la  vie  guerrière,  soit  devenu  le  dieu  apaisé  qui  se 
prêtait  à  l’identification  avec  le  porteur  du  caducée.  Il 
aurait  laissé  derrière  lui  une  hypostase,  une  dépouille 
divine  à  laquelle  convenait  le  nom  de  Mars  et  qui  l’a 
reçu22.  L’une  ou  l’autre  hypothèse  sont  vraisemblables 
dans  leur  ensemble.  Des  populations  qui  ont  passé  de 
l’expansion  guerrière  et  de  l’offensive  continuelle  à 
1’acc.eptation  des  civilisations  voisines  ont  dû  avoir  tou¬ 
jours  un  dieu  principal  façonné  à  leur  image,  sauvage 
d’abord  et  ensuite  humanisé,  soit  qu’il  y  ait  eu  transfor¬ 
mation  ou  subtitution  du  vainqueur  pacifique  au  farouche 
vaincu.  Le  texte  de  César  sur  le  Mercure  celte  est  remar¬ 
quable  en  ce  qu’il  énonce  seulement  en  troisième  lieu  la 
qualification  qui  convient  au  dieu  mercantile  de  Rome  : 
ad  quaestus  pecuniae  mercaturasque...  vis  maxima.  Il 
a  tout  d’abord  remarqué  dans  le  dieu  gaulois  «  un 
inventeur  de  tous  les  arts  et  un  créateur  des  voies  de 
communication  »23,  c’est-à-dire  la  conception  alexandrine 
et  hellénique.  Ce  n’est  pas  le  seul  indice  que  la  trans¬ 
formation  du  Lug  ou  du  Teutatès  adouci  a  dû  se  faire  pre¬ 
mièrement  par  des  influences  grecques24  et  égyptiennes 
plutôt  qu’italiennes.  S.  Reinach  a  montré  comment,  par 
la  mer,  par  la  Province  et  par  le  commerce,  dès  longtemps 
ces  influences  pénétraient  peu  à  peu25.  Le  type  figuré  qui 
provient  d’Alexandrie  (fig.  4955),  avec  la  plume  d’ibis 
ou  la  feuille  de  lotus,  nous  sera  offert  fort  exactement  par 
certaines  statuettes  dites  gallo-romaines  2C. 

Une  preuve  plus  frappante  encore  de  la  docilité  avec 
laquelle  les  Gaulois  ont  fini  par  accepter  sous  leur  aspect 

histor.  XXXVI,  L.  I.  —  >4  C.  Jullian,  Rev.  des  études  anciennes ,  Bordeaux,  1902, 
p.  219.  —  D’ Arbois  de  Jubainville,  Rev.  celt.  IV,  p.  U,  n.  5  :  Rev.  arch.  1873,  XXVI, 
p  94  .  «  Visucius  est  dérivé  de  la  racine  vid,  savoir.  Il  parait  un  synonyme  d'Ogmias, 
nom  de  l'éloquence.  Ogma  est,  d'après  la  légende  irlandaise,  inventeur  de  l'écriture. 
Le  sens  propre  du  mot  est  savant.  Zeuss  l'établit  par  le  gaélique  et  le  gallois.  » 
—  lii  Zeuss,  Grammatica  celtica,  p.  2.  —  n  Rev.  arch.  t.  XIII,  1866,  p.  411  et 
P.  Monceaux,  Ibid.  XXXVI,  p.  1-8.  Sur  cette  question  et  snr  tous  scs  alentours,  cf. 
Rev.  histor.  XXXV,  p.  223-262  ;  XXXVI,  p.  1-28,  241-278.  —  18  Bertrand,  Rev.  arch. 
1884,  pl.  ix-x.  —  19  Greg.  Turon.  Hist.  Franc.  1,  30  ;  cf.  Rev.  arch.  XXIX, 
p.  175,  325  ;  XXX,  p.  359  ;  Rev.  celt.  IV,  14  ;  Rev.  épigr.  du  Midi,  1891,  n"  61  ; 
C.  Rendus  de  l'Acad.  des  Inscr.  1902,  p.  471.  — 20  D’Arbois  de  Jubainville,  Cours 
de  litt.  celt.  Il,  p.  381  :  Desjardins,  Gaule  rom.  111,  p.  295;  Rev.  celt.  X,p.  238; 
XI,  p.  236  ;  Brambach,  Corp.  inscr.  rhen.  n°‘  256,  593,  1741,  2029.  —  21  Rev. 
celt.  IV,  15.  —  22  C.  Jullian,  Rev.  des  études  anciennes,  Bordeaux,  4*  série,  1902, 
p.  107-114,  217-221.  —  23  Caes,  t.  c.  —  2V  Atlienaeum,  16  juill.  1887.  —  25  s. 
Reinach,  Bronzes  figurés  de  Saint- Germain,  Introd.  p.  11-13.  —  26  Voir  p.  1822, 
noto  10,  el  Longpérier,  Bronzes  ant.  du  Louvre,  il"  223. 

229 


MER 


—  1822  — 


classique  les  dieux  des  civilisations  hellénisées  est 
fournie  par  l’autel  de  Reims  où,  de  chaque  côté  d’un  dieu 
barbare,  aux  formes  étranges,  accroupi  et  faisant  tomber 
des  graines  d’un  sac  qu'il  lient  contre  lui,  on  voit  deux 


Fig.  4983.  —  Dieu  gaulois  entre  Apollon  et  Mercure 


divinités  à  la  figure  régulière  et  douce  :  ce  sont  tout  à 
fait  les  types  gréco-romains  d’Apollon  à  gauche,  de 
Mercure  à  droite  (fig.  4903) 1  2. 

En  conséquence,  le  nom  romain  a  été  universellement 
imposé  au  dieu  gaulois  ;  c'est  à  celui-ci  qu’appartenaient 
plusieurs  des  épithètes  latines  qui  nous  ont  semblé  étendre 
les  pouvoirs  du  dieu  des  marchands.  Les  inscriptions  de 
ce  genre  sont  sorties  du  sol  par  centaines  en  France  et 
dans  la  région  rhénane.  Elles  attestent  de  très  nombreux 
sanctuaires  du  dieu  et  de  sa  parèdre  Rosmerta3,  sans 
doute  confondue  avec  Maia  [maia].  A  certains  d’entre  eux 
appartenaient  de  véritables  trésors  d’ex-voto  en  orfè- 

1  Cf.  Rev.  arch.  1879,  I,  pl.  xxxv,  un  menhir  où  est  sculptée  la  figure  d’Hermès- 
Mercurc.  —  2  Duruy,  Hist.  des  Rom.  IV,  p.  31  ;  cf.  Rev.  arch.  1880,  I,  p.  339, 
pi.  xi  ;  cf.  Robert  et  Cagnat,  Epigraphie  de  la  Moselle,  p.  fil.  —  3  Cf.  Robert  et 
Cagnat,  O.  I.  p.  05-88.  —  '*  Babelon,  Cab.  des  antiq.  p.54,  pl.  xiv,  xvu,  xxiv,  xxxvm» 
xi. i,  li.  Beaucoup  de  ces  ex-voto  viennenl  d’un  même  personnage  T.  Domitius  Tutus  : 
Chabouillet,  Catalogue,  ü 01-6;  Journ.  hell.  studAW,  1882,  pl.  xxn.  —  5  Sur  les 
fouilles  récentes  voy.  C.  r.  de  V Acad,  des  friser.  1902,  p.  409.  —  6Greg.  Turon. 
Z.  ;  Rev.  arch.  XXIX,  p.  175,  325;  XXX,  p.  359;  cf.  Jullian,  Rev.  histor.  1893, 
p.  322.  —  '  par  ex.  les  statues  de  Mercure  et  de  sa  compagne  (Rosmerta?)  de  Néris 
(Rev.  arch.  1880,  II,  p.  15)  ;  Reinach,  Réperl.  des  statues,  II,  p.  167,  no  7;  cf.  Ibid. 
n®  6  et  Bull,  du  Comité  des  travaux  arch.  1891,  pl.  xxv,  une  statue  en  pierre  du  Puy- 
de-Dôme  ;  Jahrb.  d.  Inst.  Anzciger,  1897,  p.  16,  un  Mercure  vêtu  d’un  loug  sarrau. 

—  8  Babelon-Blanchct,  Bronzes  de  la  Bibl.  nat.  n»  362  ;  Babelon,  Guide,  p.  334. 
La  filiation  avec  Mercure  est  indiquée  par  les  deux  ailerons  placés  sur  une  des  têtes 
et  par  la  bourse  tenue  dans  la  main.  Deux  têtes  sont  imberbes  et  deux  barbues.  Le 
caducée,  tenu  d’une  main,  a  disparu.  —  '9  S.  Reinach,  Musée  de  Saint-Germain, 
Bronzes,  50,  51,  52,  53  (type  barbu),  54,  59,  01,  02.  —  10  Jd.  Ibid.  n°48  ;  cf.  n°*  49, 
55,  56,  57,  58,  63.  —  H  Euripid.  Fragm.  Aleleagr.  p.  748,  Didot;  fr.  537, 
Nauck.  —  12  Reinach,  Ibid.  n°  67  ;  Rev.  arch.  1881,  II,  pl.  xvi,  p.  72  ;  1888, 
1,  pl.  i;  Journal  de  la  Société  d’arch.  lorraine ,  1889,  pl.  x.  —  13  S.  Reinach, 
Musée  de  Saint- Germain,  Bronzes,  p.  80,  n°  68;  cf.  Bullel.  monum.  1875,  p.  575; 
p.  18703,  38  ;  Rev.  arch.  1883,  II,  p.  388.  —  14  Plin.  Bist.  nat.  XXXIV,  45. 

—  Bibliographie.  (Ouvrages  généraux.)  Pauly’s  Real  Encyclopaedie ,  mercurius 
(Prellcr),  t.  IV,  p.  184-2  sq.  Stuttgart,  1846;  Creuzer-Guigniaut,  Religions  de 
l'Antiquité,  t.  Il,  part.  II,  ch.  v,  p.  671-693,  Paris,  1851;  Welcker,  Griech. 
Gôtterlehre ,  II,  p.  435,  Gôltingcn,  1860;  Max  Muller,  Lectures  on  the  science  of 
language,  Sec.  Sériés,  p.  402  sq.  London,  1864  ;  Cox,  Mythology  of  the  Arian 
nations,  II,  p.  232,  Lond.  1878;  Decharme,  Mythologie  de  la  Grèce,  p.  149-165, 

2e  éd.  Paris,  1885;  Preller-Robert,  Griech.  Mythologie ,  4e  éd.  p.  385-422, 


MER 

vrerie  artistique,  comme  celui  des  soixante  r 
argent  offerts  près  de  Rernay  en  Normandie'  en 

Canetonensis  \  dans  un  petit  temple  détruit?  TUrius 
du  ni8  siècle,  comme  l’a  été  le  grand  «mn  .  ecour» 
de  Dôme  -,  par  une  invasion  d’Alaman"  7  du  P»* 
statuettes  du  dieu  lui-même,  celles  qui  sont  e  •  aUX 
qui  perpétuent  le  souvenir  de  la  vieille  divin  il/'?0  61 
sous  sa  forme  rude  et  sauvage  *  sont  assez 
breuses.  Mais  le  nombre  considérable  et  qui  n°in' 
toujours,  des  bronzes  atteste  la  popularité  du  m“"°! 
gallo-roma.n.  Exceptionnellement,  ils  représentent  ™? 
rajeunissant  une  ligure  très  antique  du  dieu  cell 
exemple  qui  lui  attribuait  trois  ou  quatre  tète? 
(fig.  4964).  Même  ceux  dont  le  style  grossier  dénote? 
artisan  indigène,  représentent  le  type  romain  avec  h 
bourse  et  plusieurs  animaux  maladroitement  ri„UI,(N 
par  exemple  une  statuette  toute  réaliste  de  la 
rhénane  où  le  dieu,  figuré  d’ailleurs  à  la 
giecque,  a  les  proportions  faussées  et  une 
expression  idiote,  et  d’autres  où  il  est  nu 
aussi,  mais  barbu  9.  C’est  un  artiste  gaulois 
qui,  sans  traditions  et  sans  principes,  s'est 
attaqué  a  1  imitation  d’un  modèle  venu  du 
dehors.  Le  travail  soigné  de  quelques  autres 
bronzes  dénote  un  artiste  formé  dans  les  ate¬ 
liers  gréco-romains.  Parmi  ceux-ci, notons 
le  Mercure  de  Saint-Révérien,  qui  a  la  grande 
plume  ou  feuille  entre  les  deux  ailerons10, 
et  une  sandale  au  pied  gauche  seulement 
(vieille  coutume  que  les  Pélasgcs  Étoliens 
avaient  adoptée  pour  être  plus  vites  à  la 
course)11.  On  connaît  plusieurs  répliques 
de  ce  typp  égyptien.  Parmi  ces  bronzes 
il  en  est  qui  reproduisent  visiblement 
d’aussi  près  que  possible  le  type  de  Praxitèle12.  Dans 
les  figurines  grossières  comme  dans  celles  de  travail 
soigné,  à  côté  du  type  debout  qui  est  de  beaucoup  le  plus 
fréquent,  on  trouve  le  type  assis  13  (nu,  la  bourse  àla main, 
les  ailerons  sortant  des  cheveux)  qui  paraît  avoir  été  celui 
du  Mercure  colossal  sculpté  par  Zénodore  sous  Néron 
pour  le  grand  temple  panceltique  du  Puy  de  Dôme  u. 

Berlin,  1887;  Preller-Jordan,  Rom.  Mythologie ,  3'  AI.  p.  239-231,  Berlin,  1883; 
Ploix,  La  nature  des  dieux,  p.  170-211,  Paris,  1888;  V.  Bérard,  Ouy.  el 
cultes  arcadiens ,  p.  251-315,  Paris,  1891;  Roschcr's  Lexikon  der  ynec . 
und  rôm.  Mythologie,  art.  hermes  (Rosclicr  et  Chr.  Scherer),  I.  P-  J 
2132;  art.  maia  (R.  Peter),  II,  p.  2231-2210;  art.  mercurius  (St*l,d'"*’-  ’ 

p.  2802-2831,  Leipz.  1890-97;  O.  Gilbert,  Griech.  Gôtterlehre,  L  P-  - 
128-13 1 ,  Leipz.  1898.  —  (Dissertations  spéciales.)  Biilliger,  Die  vorgebl.  ■  t ■  <  ""•'M 
am  Merkuriusstabe,  dans  Amalthea,  I,  p.  101  sq.  Leipz.  18-n,*  "1.-  - 

Mercurii  mytholngia,  Paris,  1835;  Gerhard,  Uebcr  Bermenbi  el  a 
Abhandlungen,  II,  p.  120  sq.  Berlin,  1808;  Prellcr,  Der 
Philologue,  l,  p.  512-522;  Ploix,  Études  sur  /fermes ,  dans  les  .  <  »'  lg6(j 
Soc.  de  Linguistique,  11,  fasc.  2;  L.  Ménard,  Hermès  Tnmêgiste,  ,  ^ 

Mehlis,  Die  Grundidee  des  Hermes,  Erlangen,  1870-77  ;  Ros^el.’  |s8i. 

mndgott,  Leipz.  1878;  A  Scheffler,  De  Mercurio 

Hoffmann,  Hermes  und  heryleewn,  Maiburg,  ■  ^  ^  ;)0  j 848 ; 

OLfr.  Muller,  Handbnch  der  Archaeologie,  t.  H,  p-  287-291.,  0  de 

Müller-Wicseler,  Denkmâler  d.  ait.  Kunst,  pl.  xxvi"  xxi  ’  cirnmopr. , 

Wittc,  Monuments  relatifs  à  Hermès,  dans  \hhte  r. es  m  »  paris,  1880 ïj 

t.  III,  p.  191  sq.;  Collignon,  Mytholog.  figurée,  P-  1  et  Lcipxfc. 

Baumeister,  Denkm.  des  klass.  Altertums,  t.  I,  p.  "  <  |  p  30Ï  sq. ; 

1885;  S.  Reinach,  Répertoire  de  la  statuaire  grecq.e  J°  ‘  ’  MercÀ 

II,  p.  .19  sq.  Paris,  1897-98.  -  (Mercure  gaulois  )  Freudenbeg,  ^ 

und  Roswerta,  dans  Bonner  Jahrbücher ,  t.  LUI  0  Monumental,  l^6, 
Movvat,  Les  types  de  Mercure  en  Gaule,  dans  e  «  •  daDS  ia  Rem 
p.  338  sq.  ;  d’Arbois  de  Jubainville,  Le  Mercure  goM  Le  il iereufi 

archéol.  nouv.  série,  t.  XXVI,  1873,  H,  p.  95,  F»  Musée  de  Saint 

arverne,  dans  la  Revue  historiq.  1887  et  1888;  S.  Cl”a  ^86,  j 

Germain,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule ,  inlr°d.  p* 


-x-y 
Fig.  4904.  —  Mer¬ 
cure  gaulois. 

»  12 


MER 


—  1823  — 


MER 


online,  Mercure  est  devenu  en  Gaule  un  dieucom- 
'  "  I  parce  qu’il  l’était  à  Home,  mais  sa  conception 
|U"  „  /Unit  celle  d’un  dieu  savant  et  bienfaisant.  Elle 

1111  i  urique  peu  façonnée  par  des  influences  hellénis- 
V'V'rt  alexandrines  et,  même  dans  le  type  artistique 
romain  du  ior  siècle,  ces  influences  ont  laissé  cer- 
.  i,..,pps  Adrien  Legband. 

Unies  traces.  ,  ,,  .... 

IF  REND  A.  —  Nom  ancien  1  d  un  repas  ou  collation 

Romains  prenaient  dans  la  journée,  quand  le 
U’àvail  était  terminé.  Un  auteur  du  11e  siècle  ap-  J.C., 
pilpurnius2,  en  précise  l’heure,  qui  était  la  neuvième, 
ce  qui  correspond  pour  nous  environ  à  quaire  heures  de 
l’après-midi;  il  parle  des  ouvriers  des  champs  et 
témoigne  ainsi  que  la  coutume  n’avait  pas  changé  pour 
jc  son  temps.  Mais  à  la  ville  la  distribution  des 
heures  n’était  plus  la  même  :  vers  la  neuvième  commen¬ 
çait  déjà  le  diner,  la  coena  3,  et  le  mot  merenda  désignait 
alors  un  repas  léger  pris  à  une  heure  quelconque  *. 
Festus  en  fait  un  prandium,  c’est-à-dire  un  déjeuner, 
tout  en  le  plaçant  au  milieu  de  la  journée 3.  E.  Saglio. 

MERETRICES.  —  Nous  n’avons  pas  voulu  ici  faire 
l’histoire  des  courtisanes  dans  l’antiquité.  On  a  vu  plus 
haut  la  vie  des  femmes  libres  et  honnêtes,  de  la  jeune 


tille,  de  la  mère  de  famille  [educatio,  gynaeceum].  Notre 
tâche  est  de  présenter  la  contre-partie,  de  tracer  dans  une 
esquisse  rapide  la  physionomie  d’une  classe  féminine  qui, 
plus  encore  que  l’autre,  a  occupé  une  place  importante 
dans  l’histoire  des  mœurs  antiques,  etsur  laquelle,  en  tout 
cas,  nous  possédons  des  renseignements  plus  nombreux 

1.  Grèce.  —  En  grec,  deux  mots,  itdfv-q  et  éxaipa,  sont 
également  usités  pour  désigner  les  courtisanes.  Le  mot 
itôpvTj  signifie  une  prostituée.  Le  terme  éxcupa  est  un 
euphémisme,  inventé,  disait-on  par  les  Athéniens1,  et 
analogue  au  mot  arnica  des  Latins. 

De  toutes  les  villes  de  la  Grèce,  la  plus  renommée  pour 
le  nombre,  la  beauté  et  le  luxe  de  ses  courtisanes  était 
Corinthe2.  Grâce  à  sa  situation  sur  l’isthme,  entre  deux 
mers,  avec  ses  deux  ports  où  se  faisaient  la  rencontre  et 
l’échange  des  produits  de  l’Orient  et  de  l’Occident, 
l’opulente  Corinthe  (àtpveio;),  comme  l’appelaient  les 
poètes,  était  un  rendez-vous  ou,  du  moins,  un  lieu  de 
passage  pour  une  foule  d’étrangers3.  Beaucoup  de  ces 
étrangers,  marchands  et  navigateurs,  étaient  riches  et 
dépensaient  largement  ;  de  là  l’affluence  des  courtisanes, 
de  la  aussi  leurs  exigences.  Aristophane  fait  déjà  allu¬ 
sion  à  la  cherté  des  courtisanes  de  Corinthe  4,  et  on  con¬ 


fiait  le  proverbe:  où  TTXvcbç  àvopbi  éç  KdpivQov  esO  b 
iùoùç0.  La  plus  fameuse,  dont  la  réputation  a  éclipsé 
toutes  les  autres,  fut  Laïs.  Mais  ce  qu’il  importe  surtout 
de  signaler  comme  particulier  à  Corinthe,  c’est  l’exis- 
lcnce,  à  côté  des  courtisanes  ordinaires  et  profanes,  de 
co u r tisanes  sacrées  ou  hiérodules  :  le  temple  d’Aphrodite 
y  Possédait,  dit  Strabon,  plus  de  dix  mille  hétaïres,  qui 
'"aient  été  consacrées  à  la  déesse  par  ses  adorateurs, 
hommes  ou  femmes 6.  On  a  vu  ailleurs  [uieroduloIj  que  la 
Prostitution  sacrée  autour  de  certains  temples  était  une 
pi atique  fréquente  en  Orient,  surtout  en  Phénicie,  Syrie, 
Sle  Mineure.  En  revanche,  elle  est  fort  rare  en  Grèce,  et 


1  VDAé  1  ^'origine  du  nom  fut  de  bonne  heure  perdue.  Voir  les  étymologi 
“  Ul  cherche  Isidore,  Or.  XX,  2,  3  et  12.  —  2  Ecl.  V,  00.  —  3  Non.  p.  S 
Srar  I0nt'  M.  Caes.  IV,  0,  p.  00  Naber.  —  0  Paul.  Diac.  s.  v.  —  BiBuocnArn 
y  Conjectanea  ad  Varron.  De  re  rust.  p.  247,  éd.  St.  ;  Marquardt,  Manu 

màT  'leS  Timu  P-  315  de  latrad.fr. 

fiOUClis.  i  Atlien.  XIII,  572  A.  —  2  Zeuob.  V,  37.  —  3  Slrab.  VIII,  0,  S 


on  doit  l’y  considérer,  partout  où  on  la  rencontre,  comme 
une  importation  étrangère.  En  ce  qui  concerne  particu¬ 
lièrement  Corinthe,  cette  importation  peut  s’expliquer 
assez  facilement  par  l’intensité  des  rapports  commerciaux 
de  ce  marché  cosmopolite  avec  les  cités  de  l’Orient.  Il  est 
probable  qu’à  Corinthe,  comme  ailleurs,  les  produits  de 
la  prostitution  sacrée  venaient  s’ajouter  aux  revenus  du 
sanctuaire.  Les  textes  nous  montrent  les  courtisanes 
corinthiennes,  associées,  dans  les  circonstances  les  plus 
solennelles,  aux  actes  du  culte.  C’était  l’usage,  lorsque 
l’État  avait  des  vœux  à  adresser  à  Aphrodite  sur  quelque 
affaire  importante,  de  les  lui  faire  présenter  par  des 
courtisanes,  réunies  en  aussi  grand  nombre  que  pos¬ 
sible  ;  on  esLimait  sans  doute  que  nulle  intercession  ne 
pouvait  être  plus  agréable  à  la  déesse.  Les  vœux  une 
fois  accomplis,  les  courtisanes  étaient  également  admises 
au  sacrifice  d’action  de  grâces  7.  C’est  ce  qui  se  passa  en 
particulier  quand  les  Perses  envahirent  la  Grèce8;  ce 
furent  les  courtisanes  de  Corinthe  qui,  au  nom  de  tous 
les  Grecs,  implorèrent  d’Aphrodite  le  salut  commun.  Et, 
après  la  victoire,  les  Corinthienfs  consacrèrent  dans  le 
temple  un  tableau,  où  chacune  de  ces  femmes  était 
représentée,  accompagné  d’une  épigramme  de  Simonide 
qu’Athénée  nous  a  conservée.  Le  même  usage  était 
suivi  aussi  à  l’occasion  par  les  particuliers.  C’est  ainsi, 
par  exemple,  que  Xénophon  de  Corinthe,  vainqueur  à  la 
course  du  stade  et  au  pentathle9,  avait  promis  à  Aphro¬ 
dite  d’amener  à  son  temple  une  troupe  de  cent  courti¬ 
sanes.  11  tint  sa  promesse,  comme  nous  l’apprend  un 
curieux  fragment  du  scolion,  écrit  par  Pindare  pour  le 
repas  de  fête,  et  où  le  poète  appelle  ces  hétaïres  «  jeunes 
filles  hospitalières,  prêtresses  de  la  déesse  Peillio  dans 
l’opulente  Corinthe  10  ». 

Toutefois  les  courtisanes  d’Athènes  sont  les  plus 
célèbres  et  les  mieux  connues.  La  liaison  publique  de 
plusieurs  d’entre  elles  avec  des  hommes  politiques,  des 
artistes,  des  poètes,  des  philosophes,  les  a  associées  en 
quelque  mesure  à  la  renommée  de  leurs  amants  1 
D’autre  part,  la  légende  qui,  dès  la  basse  antiquité, 
mais  surtout  dans  les  temps  modernes,  s’est  formée 
autour  du  nom  d’Aspasie,  n’a  pas  peu  contribué  à 
donner  un  éclat  immérité  à  toute  la  corporation  12.  Se 
fondant  uniquement,  à  ce  qu’il  semble,  sur  un  passage 
d’Aristophane  mal  interprété13,  Athénée  avait  dit 
qu’  «  Aspasie  importa  dans  la  Grèce  une  foule  de  jeunes 
beautés,  et  que  la  Grèee  se  trouva  remplie  de  courti¬ 
sanes,  sorties  de  sa  maison14».  Brodant  sur  ce  thème, 
plusieurs  écrivains  modernes  ont  imaginé  qu’Aspasie 
avait  fondé  à  Athènes  une  véritable  école,  un  insti¬ 
tut  d’hétaïres.  L’un  d’eux  est  même  allé  jusqu’à  dire 
qu’Aspasie,  par  son  exemple  et  ses  leçons,  avait  élevé 
à  la  hauteur  d’un  art  libéral  la  profession  d’hétaïre, 
et  que,  comme  un  maître  de  la  peinture,  par  exemple, 
transmet  son  esprit  à  ses  disciples,  de  même  l’in¬ 
fluence  d’Aspasie  s’était  étendue  à  tontes  les  courti¬ 
sanes  d’Athènes13.  Ce  principe  posé,  on  a  libéralement 
attribué  à  celles-ci  toutes  les  qualités  éminentes  de  leur 
modèle  :  beauté,  esprit,  savoir  16.  Ce  sont  là  de  pures 

_  4  Arislopli.  Plut.  149  et  la  scolie.  —  5  Slrab.  L.  I.  —  6  Ibid.  —  7  Atlien. 

XIII  573  C.  —  8  Tbeopomp.  et  Tira.  cités  par  Alhen.  L.  I.  —  9  Piiul.  Olymp.  XIII. 

_  îo  Atlien.  XIII,  573  E.  —  U  Voir  p.  1825,  n.  4  à  8.  —  12  Cf.  Jacobs,  Verni. 

Schrift.  IV,  p.  337,  n.  4.  —  13  Acharn.  527.  —  14  XIII,  5G9  F.  —  15  Fr. 
Sclilcgcl,  Grtech.  und  Rnin.  I.  p.  2G3.  —  K>  Voir  par  exemple  Prcller,  art.  t  t  k  T  p  u  t 
dans  la  Realencxjcl.  de  Pauly. 


MER 


—  1824 


4 


imaginations,  auxquelles  l’élude  attentive  et  impartiale 
des  faits  inflige,  nous  le  verrons,  le  plus  complet 
démenti.  Itien  n'est  plus  faux,  par  exemple,  que  de 
prêter  aux  courtisanes  d’Athènes  une  puissance  de 
séduction  particulière,  due  à  leur  esprit  et  à  leur 
culture  En  réalité,  toute  leur  séduction  (il  suffit, 
pour  s’en  convaincre,  de  lire  dans  Xénophon  l’entretien 
de  Socrate  avec  la  courtisane  Théodota  2,  ou  les  Dialo¬ 
gues  des  courtisanes  de  Lucien)  se  réduisait  à  ces 
artifices  de  coquetterie  vulgaire,  communs  aux  filles 
galantes  de  tout  temps  et  de  tout  pays  3.  Leur  culture 
intellectuelle  était  à  peu  près  nulle  :  on  ne  peut  évidem¬ 
ment  donner  ce  nom  aux  arts  d’agrément,  danse,  chant, 
musique,  sous  le  couvert  desquels  un  grand  nombre 
de  courtisanes  voilaient  l’odieux  de  leur  métier  L  A 
la  vérité,  il  semble  bien  que  quelques  hétaïres  du 
ivc  siècle  aient  suivi,  accidentellement  et  par  mode,  les 
cours  des  philosophes  :  de  ce  nombre,  selon  Alciphron, 
était  Thaïs  5.  Mais  tout  à  fait  exceptionnel,  et  sans  doute 
unique,  est  le  cas  de  l’amie  et  disciple  d’Épicure, 
Léontion,  qui  avait  poussé  assez  avant  ses  éludes  de 
philosophie  pour  écrire  elle-même  un  traité  de  polé¬ 
mique  contre  Théophraste,  où  l’on  trouvait,  selon 
Cicéron,  une  grâce  d’atticisme  inconnue  à  Épicure  G. 
Enfin  la  réputation  d’esprit  des  hétaïres  athéniennes 
n’est  pas  plus  méritée  :  malheureusement  pour  elles, 
Athénée  nous  en  a  transmis  un  très  grand  nombre 
de  spécimens,  empruntés  principalement  à  Phrynè, 
Gnathaena,  Gnathaenion,  Lamia,  Mania  7.  Parmi  ces 
jeux  d’esprit  il  s’en  trouve  assurément  quelques-uns  de 
piquants,  mais  la  plupart  ne  sont  que  cynisme  et  ordure. 

Quoi  qu’il  en  soit,  le  renom  des  hétaïres  grecques  et 
surtout  athéniennes  a  été  cause  que,  dans  l’antiquité 
déjà,  un  certain  nombre  d’érudits  s’étaient  occupés  de 
réunir  les  éléments  de  leur  biographie  :  Athénée  cite  en 
ce  genre  les  compilations  d’Aristophane  de  Byzance  \ 
d’Apollodore  de  Caryste  0,  d’Ammonios t0,  d’Antiphane 
le  Jeune11,  de  Gorgias  d’Athènes12,  de  Callistratos13, 
intitulées  7t£pt  ÉTatpwv  ou  uept  tiuv  ’AO/jv-qacv  Éxatpiotov.  Le 
premier  de  ces  érudits  avait  réuni  cent  trente-cinq  noms, 
Apollodore  un  plus  grand  nombre,  et  Gorgias  davantage 
encore.  Un  autre  ouvrage  qui  contenait  certainement  sur 
le  même  sujet  nombre  de  détails  était  celui  d’Hérodicos 
Sur  les  personnages  tnis  en  scène  dans  la  comédie  (Ivw- 
p.ojooû[Aevot)  u.  Aucune  catégorie  de  personnes,  en  effet,  ne 
tient  plus  de  place  dans  la  comédie  que  les  hétaïres.  Déjà 
Aristophane  nomme,  en  passant,  les  plus  connues  de  son 
temps  :  Cynna15,  Salabaccho  16,  Cyrénè  n,  Nausimachè18, 
Laïs  *9,  et  on  voit  que  les  faits  et  gestes  de  ces  créatures 
étaient  dès  cette  époque  le  point  de  mire  de  tous  les 
regards20.  Mais  c’est  surtout  dans  la  comédie  nouvelle 
que  les  allusions  aux  courtisanes  abondent21.  Elles  y 
jouent  tout  naturellement  le  même  rôle  que  dans  la  vie 
réelle,  dont  ces  comédies  sont  l’image.  Dans  presque 
toutes  les  pièces  de  ce  temps  (nous  pouvons  encore  en 
juger  par  les  adaptations  latines  de  Plaute  et  de  Térence) 
la  courtisane  est  le  personnage  essentiel  autour 

l  Déjà  Alhen.  XIII,  583  F.  —  2  Mem.  III,  il.  —  3  Cf.  Jacobs,  Verm.  Schrift. 
IV,  p.  313.  —  '*  Voir  p.  1826.  —  5  1,  34  ;  Alhen.  XIII,  683  F.  —  6  Alhen.  XIII,  588  B  ; 
Cic.Z>e  nat.  deor.  1, 33  ;  cf.  Jacobs,  O.  I.  IV,  p.  356,  n.  18.  — 7  Àthen.  XIII,  passim- 
—  8  XIII,  567  A,  583  D.  -  9  XIII,  567  A,  586  A.  —  *0  XIII,  567  A.  —  H  XIII,  507 
A,  586  B  et  F,  587  B  ;  cf.  Harpocr.  s.  u.  N&wtov.  —12  XIII,  567  A,  583  D,  596  F.  —13X1  II, 
591  d  —  14  XIII,  586  A,  591  C  ;  cf.  Harpocr.  e.  v.  Sivuicq. —  15  Equit.  765. —  lfi  Ibid. 
et  Thesm.  804-5.—  *7  Thesm.  96;  Kan.  1327.—  18  Thesm.  804-805.  — 19  Plut.  179, 


MER 


duquel  gravite  l’intrigue.  Maintes  comédies 
taient  en  scène  une  courtisane  réelle  sou  ■  ^  mel' 

nom  :  par  exemple,  la  Thalatta  du’  poète  ?  r°pre 
Coryannô  de  Phérécratès,  VAnteia  d’F„  •  Dl0Cès’la 
Philyllios),  .a  Thaï,  ïa  ^ 

VOpora  d’Alexis,  la  CUptyira  d'Eaboulos»  “ 

d  autres31.  Entin,  dans  un  ouvrage  intitulé  Xco,.  t .  " 

alexandrin  Maclion  avait  colligé  et  versifié  '  "  ' 

d  anecdotes  et  traits  d'esprit,  “lus  ou 
tiques,  dont  la  tradition  faisait  honneur  aux  court 
sanes2L  C’est  de  tous  ces  écrits,  et  d’autres  encore  cur 
nous  ne  connaissons  plus,  qu’Athénée  a  tiré  la  eomni 
lation  très  riche,  mais  fort  peu  critique,  qui  forme  son 
treizième  livre.  Ce  livre  XIII  d’Athénée  est,  par  suite 
actuellement,  avec  les  comédies  grecques  de  piaule  e[ 
de  Térence,  la  principale  source  d’information  sur  notre 
sujet.  11  faut  y  joindre  les  Lettres  d’Alciphron,  celles  de 
son  imitateur  Aristénète,  et  les  Dialogues  des  courti¬ 
sanes  de  Lucien.  Dans  le  recueil  d’Alciphron  figurent 
nombre  de  lettres  d’amour,  adressées  à  des  courtisanes 
ou  par  des  courtisanes  ;  le  plus  souvent  elles  reprennent 
telle  ou  telle  scène  connue  des  comédies  de  Diphile,  de 
Ménandre,  de  Pliilémon  ;  d’aulres  développent  quelque 
incident  réel  de  la  vie  amoureuse  de  ces  poètes. 
Alciphron  avait  étudié  avec  beaucoup  de  soin  la  vie  épi¬ 
curienne  et  galante  du  iv°  siècle,  et  son  œuvre  nous  en 
rend  une  image  fidèle23.  Les  Lettres  d’ Aristénète  ont  le 
même  intérêt,  mais  à  un  degré  bien  moindre  :  car  il  n’a 
ni  l’information  précise,  ni  le  goût  de  vérité  de  son 
modèle.  Très  précieux  au  contraire  sont  les  Dialogues 
de  Lucien.  Ces  petits  tableaux  sont  d’une  vérité  criante; 
ici  la  comédie  nouvelle  n’a  guère  fourni  que  les  sujets  et 
le  cadre;  tout  le  reste  est  bien  le  fruit  d’une  observation 
personnelle  et  pénétrante  de  la  vie  quotidienne. 

La  fin  du  ve  siècle  inaugure  à  Athènes  le  règne  des 
courtisanes.  Il  se  produit  à  ce  moment  une  véritable  crise 
du  mariage.  Considéré  jusqu’alors  comme  un  devoir 
civique  et  le  fondement  même  de  la  société,  le  mariage 
est  désormais  ouvertement  attaqué.  La  comédie  de  ce 
temps,  interprète  de  l’opinion,  l’accable  de  ses  épi- 
grammes:  Athénée  nous  a  conservé,  à  ce  sujet,  plusieurs 
extraits  significatifs  d’Alexis,  Xénarque,  Philétaeros, 
Amphis,  Euboulos,  Aristophon,  Antiphane,  Ménandie 
Le  plus  net  peut-être  est  celui  où  Amphis,  compaiant 
l’amour  des  courtisanes  avec  l’état  de  mariage,  donne 
sans  hésiter  sa  préférence  au  premier  :  «  Lue  maihesse 
n’est-elle  pas  toujours  un  être  plus  aimable  q11  nne 
femme  légitime?  Assurément,  et  il  y  a  de  cela  une 1  -im  n- 
Si  déplaisante  que  soit  l’épouse,  la  loi  vous  obligé 
garder  chez  vous.  La  maîtresse,  au  contraire,  sait  '1  1 

iree  d’attentions,  et  que  sans 


ne  s’attache  un  amant  qu’à  fore- -  ^ 

cela  il  lui  faudra  en  chercher  un  autre-'.  »  Bien  ‘‘J1 
ristique  aussi  est  le  mot  que  Térence,  se  boman  ^  ^ 
doute  à  traduire  Ménandre,  a  mis  dans  la  ,011  ,Qn 
Micion  dans  les  Adelphes  :  «  Pour  moi,  cho^i 


pris 


femme28 


302 


iuiLiULi  Uciiis  les  t  .  : ornfljS 

regarde  généralement  comme  un  bonheur,  je  n  a  .  ^ 

Et  le  commentaire  qui  sui  <  1 


.—  20  J  tan.  1327;  Plut.  302.-  21  Ov.  Trist.  Il,  309  :  fabuU  jucundi 
amorc  Mcnandri.  —  22  Alhen.  XIII,  567  C.  23  I  ai  CXC^'P  ’ ^ niaia  du  iu6|nc  el 
(Alh.  XIV,  642  C),  l'Archistrata  d’Antiphane  (VII,  322  ),  de  Tinio^69 

une  pièce  du  même  nom  d'Alexis  (111,  127  B,  C  ;  XV,  690  .  ),  vent  cilèes  ]>ar 

(XIII,  501  D,  567  E),  etc.  —  21  Des  Chries  de  Maclion  son  je  la  MW- F’ 

Athénée,  par  exemple  XIII,  577  D  et  578  B.  —  Alf.  _Crolse  ’  __  V)  43, 

t.V,  p.  610-018  (2B  éd.).  -  26  Athen.  XIII,  558-9.  -  2<  o59  A. 


MER 


—  1825 


MER 


.  on  préférait  à  cette  époque  le  célibat:  c’était 
Pour<I”°>r  les  charges,  la  contrainte,  les  inquiétudes 
P0l"LÏ„«ffe  *.  L’état  des  mœurs  contemporaines  se 
dU] '^Sèment  dans  la  législation  idéale,  que  vers  le 
refU  i.unps  imagine  Platon  pour  régler  les  relations 
BU‘®L les  deux  sexes.  Après  avoir  proposé  d’abord  un 
enl1'  'texte  très  radical,  interdisant  aux  citoyens  tout 
preffiHi  ^ec  une  femme  autre  que  leur  légitime 

C0"1'!!r1  il  reconnaît  vite  qu’une  telle  loi  aurait  peu  de 
Tances  d’être  observée  et,  eu  égard  à  la  corruption  des 
cl  s  se  contente  d’une  formule  beaucoup  plus  indul- 
'Tite  qui  tolère  les  unions  illégitimes  à  la  seule  condi- 
fion  qu’elles  se  cachent  et  ne  causent  point  scandale  2. 
Une  pareille  concession,  faite  parun  législateur  théorique, 
démontre  la  gravité  du  mal.  Et,  de  fait,  nous  constatons 
tue  la  plupart  des  littérateurs  et  des  artistes  de  cette 
époque,  au  lieu  de  se  marier,  ont  vécu  dans  une  liaison 
plus  ou  moins  durable  avec  unecourtisane  3.  On  connaît 
les  relations  de  Praxitèle  avec  Phrynè  \  d’Aristippe 
avec  Laïs6,  de  Glycère  avec  Ménandre6,  de  Gnathaena 
avec  Diphile  \  de  Léontion  avecÉpicure  8,  etc.  Tous  ces 
personnages  sont,  d’instinct  ou  par  principe,  des  égoïstes 
et  des  voluptueux.  Chez  les  philosophes  cyrénaïques  et 
épicuriens  en  particulier,  la  répugnance  au  mariage  est 
une  application  de  la  morale  du  plaisir,  une  forme  de  leur 
renoncement  aux  charges  et  aux  devoirs  delà  vie  civique. 

Les  courtisanes  grecques  peuvent  se  répartir  en  plusieurs 


catégories.  La  dernière,  c’est-à-dire  la  plus  vile  et  la  plus 
dégradée,  est  celle  des  femmes  qui  vivaient  dans  les  lieux 
de  prostitution  officielle.  L’institution  de  ces  maisons 
remontait  à  Solon.  Dans  sa  pensée,  c’avait  été  une 
mesure  de  bon  ordre  et  de  moralité  publique,  destinée, 
tout  en  donnant  satisfaction  aux  appétits  de  la  jeunesse,  a 
garantir  les  honnêtes  femmes  d’outrages  trop  fréquents 9. 
Le  poète  Philémon,  à  qui  nous  devons  ce  renseignement, 
y  joint  d’autres  détails  :  «  Elles  se  tiennent  debout,  sans 
voiles;  pas  de  surprise  possible;  on  peut  tout  voir....  La 
porte  est  ouverte  :  une  obole  suffit,  entre.  Ici  pas  de 
façons,  pas  de  vain  bavardage,  pas  de  résistance.  Tout 
de  suite,  si  Ton  veut,  et  de  la  façon  qu’on  veut.  Dès  que 
lu  seras  dehors,  bonsoir  la  belle,  tu  n’as  plus  rien  a 
démêler  avec  elle10.  »  Le  prix  d’entrée  dans  ces  maisons 


était  naturellement  très  modique  :  une  obole  en  général n. 
Ces  établissements  s’appelaient  noivsïa  12,  oixvj  gava  1,1 , 
Epywx^pia u,  Ttaioiaxsïa u,  xaaaupEta IC.  La  situation  des 
femmes  qui  y  habitaient  était  désignée  par  la  formule 
E7t  otxr1p.aToç11  (parfois  è%’  Ipyourrr^i'ou  ls)  xaOŸprOat. 

Outre  ces  établissements  officiels,  il  y  en  avait  nombre 
<1  autres,  tenus  par  des  particuliers,  hommes  ou  femmes, 
étrangers,  métèques,  ou  affranchis  (itopvopooxoi 10).  Les 
femmes  entretenues  dans  ces  maisons  étaient  la  propriété 


du  patron.  La  plupart  sans  doute  étaient  d’origine  ser- 
'Ce,  et  avaient  été  destinées  dès  l’enfance  à  cet  infâme 


métier20.  Mais  un  certain  nombre,  nées  libres,  étaient 
tombées  dans  l’esclavage  par  suite  de  quelqu’un  de  ces. 
accidents  si  fréquents  dans  la  société  antique.  Ou  bien 
elles  avaient,  à  leur  naissance,  été  exposées  par  leurs 
,  parents,  sort  souvent  réservé  dans  les  familles  déjà  nom¬ 
breuses  aux  enfants  du  sexe  féminin21.  Ou  bien  elles 
avaient  été  ravies  à  leur  famille  par  un  esclave  fugitif, 
ou  par  des  pirates,  et  vendues  ensuite  à  un  prostitueur 22. 
Malgré  leur  communauté  d’infamie,  ces  femmes  étaient 
pour  la  plupart  d’un  ordre  plus  relevé,que  celles  qui 
peuplaient  les  maisons  officielles.  La  beauté  était  la  pre¬ 
mière  condition  de  leur  métier.  De  plus,  on  prenait 
souvent  soin  de  leur  apprendre  quelque  art,  la  danse,  le 
chant,  le  jeu  de  la  flûte  ou  de  la  cithare  20.  La  toilette 
aussi  ajoutait  à  leurs  charmes  :  «  Depuis  l’aurore,  dit 
l’une  d’elles,  nous  n’avons  eu  d’autre  occupation,  ma 
sœur  et  moi,  que  de  nous  laver,  de  nous  frotter,  de  nous 
essuyer,  de  nous  parer,  de  nous  polir  et  repolir,  de  nous 
farder,  de  nous  attifer  ;  et  nous  avions  encore  avec  nous, 
chacune,  deux  servantes  qui  nous  aidaient  dans  tous  ces 
soins  de  toilette  et  de  propreté,  sans  compter  deux 
hommes  que  nous  avons  lassés  à  nous  apporter  de 
l’eau24.  »  Toutefois  il  y  a  lieu,  ce  semble,  de  distinguer 
dans  ces  maisons  deux  classes  de  pensionnaires.  Les 
unes,  dont  nous  venons  de  parler,  vivaient,  selon  le  mot 
du  prostitueur  Ballio  chez  Plaute,  «  dans  l’élégance,  la 
mollesse,  la  volupté  »  (in  munditiis ,  mollitiis,  deli- 
ciisque 23),  recherchées  par  les  grands  personnages  26, 
gens  riches  de  la  ville21,  négociants  étrangers  de  pas¬ 
sage28,  militaires  en  congé  qui  revenaient  d’une  expé¬ 
dition  la  bourse  bien  garnie29.  Souvent  quelque  adora¬ 
teur,  voulant  s’assurer  la  jouissance  exclusive  d’une  de 
ces  femmes,  la  louait  au  leno  pour  une  durée  déterminée, 
moyennant  un  prix  convenu  :  dans  ce  cas  il  pouvait  à  son 
gré  emmener  avec  lui  sa  maîtresse,  ou  la  laisser  en  pen¬ 
sion  chez  le  leno.  Rien  de  plus  fréquent  dans  la  comédie 
que  ces  marchés  :  c’est  ainsi  que,  dans  YAsinaire  de 
Plaute,  la  lena  Cleaereta  reçoit  de  Diabolus,  lils  de  Glaucus, 
par  contrat  en  bonne  et  due  forme,  une  somme  de  vingt 
mines  d’argent,  sous  condition  que  la  courtisane  Philé- 
nium  appartiendra  à  Diabolus,  les  jours  et  les  nuits,  pen¬ 
dant  une  année  entière  (ut  secum  esset  nocles  et  dies  hune 
annum  totum 30).  La  comédie,  sur  ce  point,  n’était  que 
l’image  des  mœurs;  il  est  question,  en  ellet,  aussi  dans 
les  plaidoyers  attiques,  de  contrats  de  ce  genre  :  preuve 
qu’ils  étaient  fréquents  et  reconnus  par  la  loi31.  D’autres 
fois,  l’amant  ne  se  contentait  pas  de  louer  sa  maîtresse 
pour  une  certaine  durée,  il  l’achetait  d’une  façon  défini¬ 
tive.  Les  prix  d’achat  varient  entre  20,  30  et  40  mines.  La 
courtisane  devenait  alors  la  propriété  de  son  amant, 
mais  dans  la  plupart  des  cas  celui-ci  l'affranchissait32. 
C’était  là,  du  reste,  le  rêve  et  l’ambition  de  la  plupart  de 
ces  malheureuses  :  rencontrer  un  amant  assez  riche  et 


tas  libertés,  que  le  môme  Micion  laisse  à  son  fils  adoptif  Eschinc,  prouvent  assez 
'  l'  Iibal,  à  ses  yeux,  comporte  des  compensations,  —  2  Deg.  \  1U,  841  A-h. 
~  Fr.  Sclilegel,  Gricch.  und  Rom.  p.  261.  —  4  Paus.  I,  20,  1;  Allien.  XIII, 
A--  4  Atlien.  XII,  544  I);  XIII,  588  C,  589  B.  —  «Suid.  s.  ».  SUvavSjo?; 
jl|'|lllr-  *•>  3  et  4.  —  7  Allien.  XIII,  579  F,,  583  F.  —  8  O.  I.  588  B.  —  9  Atlien. 

’  369  Ü,  qui  cite  lc  3.  |;vrc  jes  KoXoïwviaxà  de  Nicandrc  et  les  Adelplies  de 
ôtai . .’  cf-  HarPOcr.  s.  ».  MvSnpo,  •Aî?i8;rr,.  —  «>  Athen.  L.  I.  Ces  paroles 
Uni  lloscs  vraisemblablement  dans  la  bouche  d'un  iîoovoSoitxôç  ;  cf.  une  dcscrip- 
Sti)  \°"^e  seni^table  dans  un  fragment  du  Pentattllos  de  Xénarque  (Ath.  XIII, 
Aiji  -  11  Athen.  XIII,  509  D;  Diog.  Lacet.  VI,  1,  4.  —  '2  Antiph. 
JJ;  i"0"*  14i  Aristoph.  Vesp.  1283  ;  Ran.  113.  —  13  Herod.  I,  121,  126. 
_  jy  .  mG  Adü.  A ’caer.  67.  —  13  Allien.  X,  437  F.  —  16  Aristoph.  Equit.  1282. 
'na,c^*  Adv.  Dem.  23.  On  dit  aussi  lu'  oly^ptaTi  xa0f;<j0e/.t  (Plat.  Cliarm 


103  B)  ou  tv  otxiipuTi  (lsae.  De  hered.  Philoct.  19).  —  18  [Dem.],  A  de.  Neaer.  67; 
Alcipltr.  111,  27.  —  19  [Dem.],  O.  I.  30;  Aescli.  Adn.  Timarch.  188;  Anlh.  Pal.  VU, 
403.  —  SO  [Dem.],  O.  I.  18.  —  21  Plaut.  Cislell.v.  168  sq.  ;  Poen.  83  sq.;  Pers. 
151  378,  518,  740.  Curcul.  631  ;  Terent.  Heautont.  62  sq.  —  *2  Plaut.  Itud.  40  . 
Ter.  Eunuch.  107.  —  2)  plaut.  Rud.  43;  Ter.  Phorm.  80;  Adelpli.  389;  voyez 
fig.  2600  et  49  67  —  2V  Plaut.  Poen.  217  sq.  —  25  Pseud  .194  sq.—  26  Ibid.  —  27  Pers. 

500  sq.  _  28  poen.  174,  597  sq.  634  sq.  ;  Menaech.  328;  Terent.  Hecyr.  195.  — 

2.i  Terent  Heautont.  363;  cf.  tous  les  personnages  de  soldat  fanfaron. — 30  Asin.  751 
sq.Dc  même  dans  les  Racchides  du  même  auteur  une  courtisane  s'engage  avec  un 
militaire  moyennant  20  mines  (v.  1 140).  —  31  [Dem.],  Adv.  Neaer.  26.  Le  contrat  dont 
il  s'agit  dans  ce  plaidoyer  a  ceci  de  particulier  que  la  courtisane  est  louée  conjointement 
par  deux  amants. —  32  Plaut.  Pseud.  75;  Poen.  102,  357  ;  Curent.  350;  Mostell.  21 1, 
622  ;  Rud.  45;  [Dem],  Adv.  Neaer.  29  -,  Adv.  Olymp.  53;  Atlien.  XIII,  590  D. 


MEK 


1826  — 


assez  épris,  pour  les  racheter  et  les  rendre  à  la  liberté. 
Mais  à  côté  de  ces  pensionnaires  privilégiées,  il  existait 
aussi  dans  les  maisons  des  7ropvoSocxot,  comme  dans  les 
uopvsta  officiels,  de  misérables  créatures  livrées  aux 
caprices  des  passants.  C’est  ce  que  prouvent  les  me¬ 
naces  qu'adresse  le  prostilueur  Bail io  à  quelques-unes 
de  ses  pensionnaires,  les  plus  élégantes  et  les  plus 
huppées  :  «  Faites  en  sorte  qu’aujourd’hui  les  cadeaux 
de  vos  amants  m’arrivent  en  abondance;  car,  si  je  ne 
recueille  en  cejour  la  moisson  d’une  année,  demain  je 
vous  prostitue  à  tout  venant  ( cras  prostituant  vos)  1 .  » 
Comme  on  le  voit  par  ces  paroles  mêmes,  il  n’y  avait 
point  toutefois  entre  ces  deux  catégories  de  femmes  de 
barrière  infranchissable  :  au  gré  du  patron,  et  selon  la 
mesure  de  leurs  succès,  elles  passaient  de  l’une  dans 
l’autre.  La  clientèle  de  ces  établissements  était,  comme 
de  juste,  très  considérable  et  fort  mêlée  :  «  Ici,  dit  un 
personnage  de  comédie,  on  rencontre  des  gens  de  tout 
acabit  :  on  s’y  croirait  sur  les  bords  de  l’Achéron.  Gens  à 
cheval  et  à  pied,  affranchis,  voleurs,  esclaves  en  fuite,... 
tout  ce  qui  a  figure  d’homme  et  de  quoi  payer  est  reçu 
ici  *.  »  Ce  qui  contribuait  encore  à  attirer  les  gens  dans 
ces  maisons,  c’est  qu’elles  étaient,  en  même  temps 'que 
des  lieux  de  débauche,  des  sortes  d’hôtelleries.  On  y 
servait  à. boire  et  à  manger  ( bibitur ,  eslur  quasi  in 
popina )  3.  Il  s’y  trouvait  même  des  salles  de  bains4. 
Dans  un  temps  où  les  auberges  étaient  rares,  c’était  là 
souvent  que  descendaient  les  étrangers  :  ils  y  trouvaient 
le  souper,  le  gîte  et  le  reste  5.  Les  gens  de  la  ville  s’y 
rendaient  également  en  parties  fines  11 .  Le  nombre  des 
chambres  y  était  considérable  :  ce  n’était  partout  que 
retraites  et  recoins  sombres  (in  lotis  aedibus  tenebrae , 
latebrae)1.  Naturellement  le  calme  ne  régnait  pas  tou¬ 
jours  à  l’intérieur,  ni  autour  de  ces  maisons.  Les  amou¬ 
reux  ne  se  contentaient  pas  seulement  de  charbonner  sur 
la  porte  ou  les  murs  l’éloge  de  leur  belle  8.  Souvent  aussi, 
quand  ils  avaient  à  se  plaindre  du  leno,  ils  faisaient 
tapage  devant  sa  porte  (occentare  ostium)  9.  Ils  se  por¬ 
taient  même,  à  l’occasion,  à  des  excès  plus  graves. Quand 
un  jeune  homme  désespérait  d’obtenir  du  leno  la  jeune 
fille  qu’il  aimait,  il  n’hésitait  pas  à  pénétrer  avec  effraction 
-  dans  l’établissement  :  soutenu  par  une  bande  de  cama¬ 
rades,  il  brisait  les  portes  ou  y  mettait  le  feu,  rouait  de 
coups  le  patron  et  ses  serviteurs,  et  enlevait  de  vive 
force,  et  sans  bourse  délier,  sa  maîtresse10.  Le  leno,  étant 
d’ordinaire  homme  libre,  aurait  pu  à  la  rigueur,  comme 
fait  le  Battaros  d’Hérondas  “,  réclamer  en  justice  répa¬ 
ration  de  ces  sévices  et  de  ces  dommages.  Mais  le  plus 
souvent  il  se  résignait  à  passer  ces  accidents  au  compte 
des  profits  et  pertes  de  sa  profession12.  C’était,  en  effet, 
une  profession  aussi  lucrative  que  déshonorante.  Les 
TCopvoSocxot  étaient  les  plus  méprisés  des  hommes  :  on  se 
diffamait,  rien  qu’en  leur  adressant  publiquement  la 
parole.  Êtres  sans  pudeur  et  sans  foi,  plus  répugnants 
que  les  victimes  qu’ils  exploitaient,  «  perdition  de  la 

1  Plant.  Pseud.  198  sq.  Un  peu  plus  bas  le  môme  personnage  s’adressant  eu  parti¬ 
culier  à  la  jeune  courtisane  Phoenicium  :  «  Cras...  iuvises  pergulam  »  (24 6)  ;pergula 
=  oî’xti^.a* —  2  Poen.  829  sq.  —  3  O.  Z.  659,  834.  —  4  Ibid.  C99  sq. —  5  Ibid.  174, 
597  sq.654  sq.  —  6  plaut.  Pers.  562.  —  7  Plaut.  Poen.  833-4. —  8  Plaut.  Alereat. 
402.  — 3  O.  I.  401  ;  Pars.  563. —  10  Herond.  Mim.  2;  Ter.  Adclp/x.  89sq. —  11  L.  I. 
—  12 Ter.  Addpfi.  207-8  :  «  Verum  cogito  id  quod  rcs  est  :  quando  eum  quaestum 
occcperis,  |  accipiunda  et  niussitanda  injuria  adolescenlium’sL  ».  —  I3  Plaut.  Ilud. 
1  2G,  317-8;  Ter.  Adclph.  189  :  «  Leno  sum,  faleor,  pernicics  communis  adolcscen- 
liuni  ».  —  14  J *lau t.  Pseud.  225  :  quibus  (lenonibus)  ut  scrviant  suus  cogit 


ME1 


v 

\ 


Fig.  4965.  —  Joueuses  de  llùle  et  de  crotales. 


■byu-nï.Sù 


cependant  étaient  forcés  de  les  ménager •*  \. 
le  vice  leur  formaient  même  une  cour  dMW?8'011011 
parmi  ces  amants,  qui,  dans  l'emportement  dehr  61 
les  maltraitaient  et  les  battaient,  plus  d’un  1,  d  Ureur’ 
cédemment  implorés  à  genoux  et  les  larmes 
Une  classe  particulière  et  très  nombreuse  T’ 
d  hétaïres  «tait  formée  par  les  danseuses  (ôP ? 
et  les  musiciennes,  joueuses  de  flûte  (aéWosQ  Vu 
de  harpe  et  de  sambuque  (xi0aP{<rrPt«  ’,U)  '  '  ’ 
aagêuxîcTfiou).  Tout  repas  de  fête,  en  Grèce,  setemhS’ 
comme  on  sait,  par  une  longue  buverie 


égayée  de  danses  et  de  musique  pour  lesquelles  la  pré¬ 
sence  de  ces  femmes  était  indispensable18.  Mais  à  ce 
métier  elles  joignaient  la  plupartdu  temps,  par  uneliaison 
naturelle,  celui  de  courtisanes.  C’est  dans  ce  double  emploi 
que  nous  les  montrent  la  comédie11  et  les  monuments 
figurés  (fig.  49G5)  18.  En  général,  ces  artistes  étaient  la 
propriété  il’un  maître  qui  les  avait  fait  instruire  et  qui 
les  louait  à  des  particuliers  et  touchait  leur  salaire 1  . ; 
D’autres  cependant  avaient  été  affranchies  et  conlinuaiei 
pour  leur  propre  compte  leur  double  métier-0.  A  un 
degré  plus  bas  il  nous  faut  ranger  encore  dans  la  meme 
classe  les  joueuses  de  crotales,  les  femmes  qui  dansaient 
nues  en  faisant  des  exercices  d’acrobates  Fceuniu^  i 


(fig.  49G6  ;  voy.  aussi  1324-4328),  etc. 

Reste  enfin  la  foule  des  courtisanes,  qui,  étant  de  con¬ 
dition  libre,  vivaient  seules  et  indépendantes.  C’etaien 
des  affranchies,  ou  des  étrangères,  beaucoup  phm  iaie 
ment  des  citoyennes.  Le  nombre  des  aflianclii»  s. 
livrant  à  ce  métier  était  surLout  considérable.  <ùinn 
aux  étrangères,  ce  qui  les  attirait  dans  les  'hits  i  Pa 
ticulièrement  à  Athènes,  c’étaient  les  facilites  p<> 
grandes  qu’offrait  la  ville  pour  l’exercice  de  hm  n 
et  aussi  l’espoir  de  profits  plus  grands.  QUI  ^ 

cependant  y  étaient  venues  avec  des  11  jeg 
honnêtes;  mais  la  misère,  1  isolement,  oecas 
avaient  nerdues  22.  Telle  est  1  histoire  d( 


’Andrienne 


.-P  1?. 

,  U  j.  pini .  Convd'-  1 

or.  —  15  Plaut.  Pers.  G51.  —  ,f’  Xcn.  Conviv.  ■,  >  plaut. 

otaq.  347  C.  —  «  Aristoph.  Nul).  99G;  Vesp.  13ol .  ’  ,es  0l,ondciili 

;  Pseud.  494,  541  ;  cf.  Atlicn.  XIII,  007  C.  —  c  .  ym.  -  1® 

1g.  4967  est  tirée  de  Millingen,  Vases  del  a  colt,  j7 ‘'0  '  p|aut_  Epid.  '»7': 
U.  meretr.  15,  2  ;  cf.  Aristoph.  Vesp.  13)‘  Sq]  ,  jne  mdna  <|»i  f»1’10' 

lus  jam  sum  libéra  quinquennium  »  (cf.  v.  1  '■  |  _  22  II  s a,,n 

Comptes  rendus  de  la  commiss.  archéol.,  18  •  l1’  '  d  courlisa'>cS 

^  ■  affrancliisscnienis 


liait  chaque  jour  par  suite  des  nombreux 


MER 


1827  — 


MER 


des  amant 


racontée  par  Térence  :  «  Il  y  a  trois  ans  une 
\ntlros  vint  s’établir  ici  dans  notre  voisinage, 
air  le  dénuement  et  l’indifférence  de  sa  famille. 
P011^1^  ;i  ]a  fleur  de  l’âge  et  dans  tout  l’éclat  de  sa 
1,11  Y  Dans  les  premiers  temps  elle  mena  sagement 
^ vie"  pauvre  et  paisible,  gagnant  son  pain  à  filer  et 
UllC  ulleï*  la  laine.  Mais  ensuite  se  présentèrent 
"  ''  jts,  un  d’abord,  puis  un  autre,  argent  en  main. 

La  nature  humaine  étant 
plus  portée  au  plaisir  qu’à 
la  peine,  elle  finit  par  ac¬ 
cepter  leurs  propositions 
et  faire  argent  de  ses  char¬ 
mes  *.  »  Relativement  peu 
nombreuses  au  contraire 
devaient  être  les  courti¬ 
sanes,  nées  de  père  et  mère 
citoyens.  En  tout  cas, 
celles-là  ne  se  recrutaient 
guère  que  dans  le  bas  peu¬ 
ple,  et  il  fallait  des  circons¬ 
tances  exceptionnelles,  le 
vice  ou  l’absolue  misère, 
pour  leur  faire  accepter 

Fig.  4960.  —  Femme  acrobate.  ^  ^  ^  mé_ 

lier.  H  y  a  à  ce  sujet  un  très  curieux  et  très  instructif 
dialogue  de  Lucien.  On  y  voit  une  mère,  restée  veuve  et 
sans  ressources,  qui  pousse  elle-même  à  la  galanterie  sa 
fdle :  «  Nous  n’avons  plus  d’autre  moyen  de  subsister, 
mon  enfant.  Depuis  deux  ans  que  ton  pauvre  père  est 
mort,  je  me  demande  comment  nous  avons  vécu,  tant 
qu’il  vivait,  nous  ne  manquions  de  rien  :  c’était  un  for¬ 
geron  dont  le  renom  était  bien  établi  au  Pirée....  Après 
sa  mort,  il  me  fallut  d’abord  vendre  ses  tenailles,  son 
enclume,  son  marteau  ;  j’en  trouvai  deux  mines  dont 
nous  vécûmes.  Ensuite  je  travaillai,  et  tantôt  poussant 
la  navette,  tantôt  tournant  le  fuseau,  je  me  procurai  a 
grand’peine  de  quoi  vivre.  Mais  je  t’élevais,  ma  fille, 
comme  notre  unique  espérance...  J’ai  pensé  qu’a  1  âge 


où  te  voilà  à  présent,  tu  pourrais  me  nourrir  et  te  pro¬ 
curer  à  toi-même  parures,  richesses,  robes  de  pourpre 
et  esclaves2.  »  La  jeune  fille  comprend,  pleure  quelque 
peu,  mais  se  résigne.  Voilà  un  petit  drame  intime, 
comme  il  a  dû  sans  doute  s’en  passer  maintes  fois  dans 
les  pauvres  ménages  athéniens.  Du  reste,  la  plupart  des 
jeunes  courtisanes  débutaient  sous  la  direction  d  une 
mère  expérimentée,  qui,  avant  que  l’àge  ne  la  mit  a  la 
retraite,  avait  exercé  le  même  métier  3.  D’ordinaire,  celle- 


ci  avait  longuement  préparé  sa  fille  à  sa  future  profes- 
si°n  \  Elle  avait  pris  soin  de  cultiver  sa  beauté,  et,  au 
besoin,  d’en  corriger  les  défauts  par  de  savants  artifices". 
Elle  n’avait  pas  manqué,  en  outre,  de  lui  faire  apprendre 
ces  arts  d’agrément,  danse,  chant,  musique,  qui  compo¬ 
saient  le  fonds  de  l’éducation  des  courtisanes  (fig.  2606) c. 
nrfois  même  elle  avait  poussé  le  raffinement  jusqu’à 
1  élever  dans  une  sagesse  et  une  décence  relatives  ( beneet 
P'iflice) ,  qui  devaient,  au  jour  du  sacrifice,  élever  singu¬ 


lièrement  le  prix  de  ses  faveurs7.  Quand  enfin  la  jeune 
fille  entrait  dans  la  carrière,  sa  mère  ne  la  quittait  pas. 
Femme  de  tête,  expérimentée  et  pratique,  c'est  elle 
d’abord  qui  guidait  la  débutante  dans  le  choix  d'un 
amant.  Chez  une  jeune  courtisane,  le  cœur  est  resté  sen¬ 
sible,  tout  prêta  s’enflammer  pour  quelque  jouvenceau 
de  jolie  figure,  mais  sans  fortune.  C  est  a  la  mère  qu  il 
appartenait  de  désigner  parmi  les  prétendants  le  pro¬ 
tecteur  sérieux,  riche,  dont  les  libéralités  feraient  régner 
dans  la  maison  l’abondanceetle  luxe  'fig.  4967)*.  C’est  elle 
ensuite  qui  tenait  lescomptes  de  la  maison,  traitant  avec 
les  galants  les  questions  délicates  de  paiement,  d’entretien , 
de  cadeaux9.  A  elle  encore  revenait  la  mission  pénible 


de'congédier  l’amant  ruiné,  dont  il  n’y  avait  plus  rien  a 
tirer  ;  elle  s’en  acquittait  impitoyablement l0.  En  revanche 
c’est  à  elle  aussi  que  l’amant  en  titre,  quand  il  avait  a  se 
plaindre  de  quelque  mauvais  procédé  de  sa  maîtresse, 
confiait  ses  doléances  :  elle  se  chargeait  de  chapitrer  la 
cruelle  et  de  la  ramener  à  de  meilleurs  sentiments  11 . 
Comme  on  le  voit,  ce  type  de  «  mère  de  courtisane  »  est 
de  tous  les  temps.  A  défaut  de  la  mère,  c  était  souvent 
une  servante  d'âge  mur,  ancienne  courtisane  elle-même, 
qui  en  remplissait  l’emploi,  tenant  la  maison,  et  recevant 
ou  éconduisant  les  amants12.  Parfois  même  une  vieille 
courtisane  se  procurait  un  enfant  d  emprunt  (généra- 
lement  un  enfant  exposé  par  sa  famille),  qu  elle  élexait 
pour  en  faire  une  hétaïre  et  assurer  par  ce  moyen  le 
pain  de  ses  vieux  jours 13. 

Très  divers  naturellement  étaient  les  lieux  et  les  occa¬ 
sions  où  l’on  rencontrait  à  Athènes  les  hétaïres.  Aris¬ 
tophane,  dans  l'Assemblée  des  femmes ,  nous  montre 
deux  femmes  aguichant  de  leur  fenêtre  les  passants  : 
«  Comment,  il  ne  vient  pas  d’hommes!  U  serait  bien 
temps  :  c’est  donc  pour  rien  que  me  voici  debout,  fardée 
de  céruse,  parée  d’une  robe  couleur  de  safran,  chantant 
par  désœuvrement  entre  mes  dents  et  faisant  des  grâces 
pour  attirer  quelque  passant  14  !  »  Bien  que  les  femmes 


"  —  2  Lue.  Dial,  meretr.  C,  l  stj.  ;  cf.  Haut.  Cistell.  42: 

eS°  liane  superbiae  causa  j  repuli  ad  moretricium  quacslum,  nisi 
r.  "C  csur'rcm  »,  dit  une  mère.  —  3  F.x.  Cleaereta,  mère  de  Philenium,  dans 
C\2m'"  lie  Plaille’  et  lcs  "'ères  do  Gymnasium  et  de  Silenium  dans  la 
r;:  !l v-  40  :  «  Et  t.g0  et  tua  mater,  ambae  |  meretrices  fuimus  ».  Cf.  Luc. 

"  ;  m'retr-  7-  -  4  Luc,  ().  I.  6,  1  fin.  —  li  Atlien.  XIII,  568  A-E  (fragm.  du 
c°niifjue  Amphis,  cité  plus  bas)  ;  Ter.  Eunuch.  313  sq.  —  «  Luc.  O.  I.  3,  2  ; 


cf.  Gerhard,  Antilce  Bildxrcrlcc ,  pi.  60.  —  '  Haut.  Cuicui.  526,  702;  Cistell. 
174,.g  _  8  piaut.  Asin.  503  sq.  ;  Luc.  Dial,  meretr.  7.  La  figure  est  tirée  d'une 
coupe  d’Eupbronios  ;  Klein,  Euphronios,  2'  édit.  p.  98.  —  9  Plant.  Asin.  153  sq.  ; 
Luc  O.  /.  7.  —  19  Haut.  L.  I.  ;  cf.  dans  le  Trueulentas  le  rôle  d'Astapliium,  vieille 
servante  qui  joue  auprès  de  Phrouésium  le  rôle  de  mère  (acte  I.  sc.  2).  —  H  Luc. 
Dial,  meretr.  3.  —  ,2  Plant.  Trucul.  99  sq.  ;  Mostell.  188  sq.  —  '3  plant. 
1  Cistell.  135  sq.  ;  168  sq.  —  >4  877  sq. 


MER 


1828 


MER 


dont  il  s’agit  ici  ne  soient  pas  des  prostituées  de  métier, 
il  n’est  pas  douteux  que  les  façons  que  leur  prête  le 
poète  ne  soient  empruntées  directement  aux  habitudes 


Fig.  4968.  —  Chaussure  de  courtisane. 


de  ces  créatures.  Mais  celles-ci  ne  se  bornaient  point 
d  ordinaire  à  attendre  ainsi  le  passage  des  clients.  Elles 
sortaient  et  se  montraient  librement  dans  la  rue,  ce  qui 
n  était  guère  permis  aux  honnêtes  femmes  1  ;  et  là  leurs 
allures,  certains  détails  de  leur  toilette  indiquaient  immé- 


d.atement  leur  métier  h  Elles  portaient  Dnp  „  . 
chaussures,  dont  les  clous  imprimaient  s„  U,"lple’  des 
invitation  amoureuse,  telle  que  àxoXoüO, (t\  So1  Une 

les  passants  savaient  à  qui  ils  avaient  affairMt; '"T1 
Parmi  les  différentes  façons  dont  les  soun'  ’8’  ? 

raient  leur  amour  à  la  beauté  qui  en  était  12  'JfCla' 
sont  à  peu  près  les  mêmes  de  tout  temns  ’  e  qm 
mérite  d’être  rappelée,  parce  qu’elle  est  n"'  S6ule 
mœurs  an  tiques,  c’est  le  jet  d’une  pomme,  g/oSoLv-T 
rencontrait  aussi  généralement  les  hétaïres  dans  u  '  i 
lieux  de  réunion,  dans  les  festins  »,  au  théâtre' 
temple  d’Aphrodite  \  leur  patronne,  envers  laquelle  du 
avaient  une  dévotion  particulière.  Enfin  certaines  avaie  t 
coutume  d’envoyer,  chaque  jour,  au  port,  quelque  sel 
viteur  de  confiance  pour  savoir  s’il  était  arrivé  quelque 
vaisseau  étranger,  en  aborder  le  propriétaire,  et,  s’il 


avait  lien,  le  leur  amener  3.  Ces  étrangers  étaient,  nous 
l’avons  vu,  la  plupart  du  temps  de  riches  commerçants, 
payant  largement.  Pour  beaucoup,  l’hospitalité  d’une 
hétaïre  tenait  lieu  d’hôtellerie. 

Les  clients  ordinaires  des  courtisanes  étaient  les  jeunes 
gens  riches 9  (fig.  496910).  Depuisl’âgeéphébiquejusqu’au 
mariage,  il  y  avait  dans  la  vie  de  presque  tout  Athénien 
riche  plusieurs  années  qui  appartenaient  à  la  dissipation 
et  au  désordre.  Certains  modernes  se  sont  fait  étran¬ 
gement  illusion  sur  la  nature  et  les  effets  de  ces 
liaisons.  Ils  se  sont  représenté  la  plupart  de  ces  courti¬ 
sanes  belles,  distinguées,  instruites,  tenant  salon  en 
quélque  sorte,  et,  dans  un  temps  où  les  rapports  de 
société  entre  hommes  et  honnêtes  femmes  étaient  à  peu 
près  nuis,  initiant  les  jeunes  gens  au  ton,  aux  manières 
et  aux  sentiments  du  monde.  Il  y  a  loin,  certes,  de  ces  cou¬ 
leurs  idéales  à  la  vérité  crue,  telle  que  nous  la  révèlent 

1  Cf.  O.  Navarre,  Utrum  mulier.  athen.  scaenic.  ludos  spectaverint  neene , 
p.  28  sq.  —  2  Voir  plus  bas  ce  qui  est  dit  de  leur  costume.  —  3  Voyez 
dans  Mèm.  de  la  Soc.  des  antiquaires  de  Fr.,  VIII,  1877,  p.  94,  le  commen¬ 
taire  de  M.  Heuzey  sur  le  vase,  en  forme  de  chaussure,  d’où  est  tirée  noire 
figure,  ainsi  que  le  texte  de  Clément  d’Alexandrie,  Paedag.  XI,  11.  —  4  Arisloph. 
Nub.  996;  Luc.  Dial,  meretr.  12,  1.  —  6  Luc.  Dial,  meretr.  3,  1;  Plaut. 
Mostell.  A.  II,  sc.  1.  —  6  0.  Navarre,  O.  I.  p.  18.  —  7  Athen.  XIII,  581  A. 


les  témoignages  contempoi’ains,  et  en  particulier  la 
comédie.  En  réalité,  rien  de  plus  vulgaire  que  la  vie 
menée  par  les  éphèbes  et  leurs  maîtresses.  Le  pro¬ 
gramme  en  était  à  peu  près  le  même  il  y  a  deux  mille  ans 
qu’aujourd’hui,  et  les  Latins  l’avaient  résumé  très  exac¬ 
tement  en  ce  seul  mot  :  pergraecari,  mener  la  vie  îles 
Grecs.  En  quoi  consistait  cette  vie,  c  est  ce  que  nous 
apprend,  dans  la  Mostellaria  de  Plaute,  un  honnête 
esclave:  «  Va,  dit-il  à  un  de  ses  compagnons,  penertis 
le  fils  de  notre  maître,  autrefois  si  sage  ;  buvez  ensembe 
les  jours  et  les  nuits,  menez  joyeuse  vi e(pergraeca»u>ii), 
achetez  des  courtisanes,  affranchissez-les,  entretenez  i  es 
parasites,  faites  bombance11.  »  Les  soupers,  telle  t  aI 
donc  la  grande  affaire.  Ils  se  donnaient  le  plus  "lM  ^ 
chez  la  courtisane12,  quelquefois  aussi  chez  1<  J 
homme  (mais  pour  cela  il  fallait  que  son  père  ^ll  ^ 

cédé,  ou  absent 13),  d’autres  fois  chez  un  traiteur 

—  8  Plaut.  Menaechm.  328  sq.  —  9  Comme  preuves,  U  suffit  dy envop^  ^ 
manière  générale  au  théâtre  de  Plaute  et  de  Térence  et  ans  ^si„née  Hiéroo 
tisanes  de  Lucien.  -  10  La  .fig.  4909  est  une  peinture  de  .coupe, 

C Wiener  Vorelegeblàtter,  C,  pl.  5).  Elle  représente  des  jeunes  gen  ^  ■ 

une  hétaïre  :  l’un  tient  une  bourse,  1  autre  une  fleur,  le  Lois  rper 

ronne.  —  H  21-23;  cf.  940-8.  —  12  tue.  Dial,  meretr.  !•', 

61.  —  13  Plaut.  Mostell.  9io.  -  «  Ter.  Eunuch.  530  sq, 


M  ER 


—  1829  — 


MER 


élaienl  des  pique-nique  (kno  <:u|j.6oX<ov  ou 


naireme"1  ci 
,  ,  --uo-'Soç  Bef-  ,  - 

t  soit  en  nature.  C’estainsi  que  dans  un  souper  chez 

afgtn  rtisane  Gnathaena  nous  voyons  le  poète  Diphile 
la  c°“Itir  p0ur  Sa  part,  «  deux  vases  de  vin  de  Chios, 
®PP°;  '  |(,  phasos,  des  parfums,  du  dessert,  un  chevreau, 
dof  bandelettes,’  du  poisson,  un  cuisinier,  et  une 


,'SoçSentveïv),où  chacun  fournissait  son  écot,  soiten 


Fig.  4970.  —  Courtisanes  au  banquet. 


joueuse  de  flûte  »,  tandis  qu’un  autre  convive,  beaucoup 
moins  libéral,  n’envoie  que  «  de  la  neige  et  du  poisson 
salé 1  ».  Chaque  convive  amenait  avec  lui  une  compagne, 
soit  sa  maîtresse  habituelle,  soit  une  courtisane  louée 
pour  la  circonstance  2.  Après  le  repas  on  buvait,  on 
jouait  au  cottabe  [kottabos]  ;  parfois  on  s’enivrait,  même 
les  femmes  3.  Sur  un  vase(fïg.  4970)  du  musée  de  Madrid4, 


one  femme  tend  la  coupe  à  une  autre  couchée  en  face 
celle  et  l’invite  à  la  vider  :  «  Bois  aussi  »,  (mVe  xai  cru)  ", 
d'f  l’inscription  qu’on  lit  au-dessus  de  cette  scène. 
Uoe  joueuse  de  flûte  ou  de  lyre  avait  été  convoquée,  et 
oox  sons  de  son  instrument  on  dansait  (fig.  4971)  ®.  Une 
û‘gle  tacite  de  ces  réunions,  c’était  que  toute  courtisane, 
®ème  celle  qui  n’était  louée  que  pour  la  soirée,  ne  devait 


1  Al|ien.  XIII,  579  E;  cf.  Xcnopb.  Mem.  III,  14,1.  —  2  Demosth.  Neaer. 
£.l356>  R;  Luc.  Dial,  meretr.  6,  3.  —  3  Luc.  L.l.  -  4  W.  Klein,  Gr.  Vasen  mit 
>e^mgsinschriften,  Leipz.  1898,  p.  82.  —  S  La  joueuse  de  flûte  ivre  sculptée 
1  *siPPe  était  célèbre,  Plin.  H.  nat .  XXXIV,  63.  —  6  Luc.  O.  LG,  3;  12,  1. 
^(j,n<?  SOuveat  représentée  sur  les  vases  peints.  Voy.  plus  haut,  fig.  4-967 .  La  fig. 

^  ‘cproduit  une  plaque  en  terre  cuite  du  Louvre  ;  Rayet,  Monum.  de  l  art  antique , 
PI  ~  1  Luc.  O.  I.  15,  2  et  3,  2.-8  Luc.  Ibid.  3,2.  -  *  Ibid.  15,  1-2. -1°  Chez 
(lca|,lle’  Llulémalium  dans  la  Mostcllaria  (voir  en  particulier  la  délicieuse  scène  3 
ac*c  b,  Silcnium  dans  la  Cistellaria ;  chez  Térence,  Autiphila  dans  I  Beau- 
ù',tmorouménos  ;  cf.  chez  Alciphr.  Bacchis  (I,  38).  -  >'  On  peut  citer  en  parli- 

VI. 


avoir  d’yeux,  de  sourires  et  d’attentions  que  pour  celui 
qui  la  payait  \  Mais  cette  règle  naturellement  n’était 
pas  toujours  observée.  Des  scènes  de  jalousie  éclataient, 
parfois  des  rixes  8.  Heureux  encore,  lorsque  quelque 
rival,  soutenu  par  une  bande  d’amis,  ne  pénétrait  pas 
de  force  dans  la  salle  du  banquet  pour  rouer  de  coups 
les  convives  9.  Telle  était  la  vie  que  menaient,  pendant 
plusieurs  années,  à  Athènes,  la  plupart  des  fils  de  famille. 

Le  théâtre  nous  présente  quelques  types  de  courtisanes 
affectueuses,  désintéressées,  fidèles  10  ;  et  on  peut  croire 
qu’il  est  en  cela  l’image  de  la  réalité".  On  conçoit,  par 
exemple,  que  plus  d’une  malheureuse,  tirée  par  son 
amant  de  l’esclavage  et  de  la  prostitution,  se  soit  fait, 
comme  la  Philématium  de  Plaute,  un  devoir  de  lui  garder 
une  inviolable  fidélité 12.  Le  même  attachement  a  du  aussi 
se  rencontrer  assez  souvent  chez  des  courtisanes  jeunes', 
que  le  métier  n’avait  pas  encore  complètement 
dépravées13.  Enfin  nous  avons  vu  que  maintes  courti¬ 
sanes  étaient  des  jeunes  tilles,  de  naissance  libre,  volees 
à  leurs  parents  :  celles-là  avaient  parfois  conserve  de 
leur  origine  et  de  leur  éducation  première  des  sentiments 
au-dessus  de  l’abjection  involontaire  où  elles  étaient 
tombées14.  Toutefois  ce  sont  là  sûrement  de  rares  excep¬ 
tions.  Tout  autre  est  le  type  ordinaire  de  la  courtisane. 
L’intérêt  est  son  unique  mobile  ;  l’amour  qu’elle  témoigne 
n’est  que  faux  semblant  et  mensonge;  elle  n’a  ni  cœur, 
ni  pudeur,  ni  bonne  foi13.  Voici,  du  reste,  la  théorie  du 
métier,  faite  par  une  lena  :  «  Ma  fille,  il  faut  taire  sem¬ 
blant  d’aimer;  car,  si  tu  aimais  tout  de  bon,  c’est  à  ton 
amant,  non  à  toi-même  que  tu  songerais10.  »  Ou  encore: 

«  Je  t’avertis  et  te  conseille  instamment  d’être  sans  pitié 
pour  les  hommes  :  il  faut  les  piller,  les  gruger,  les  rui¬ 
ner,  tout  autant  qu’on  en  rencontre17.»  Et  elles  ont,  pour 
caractériser  la  nature  de  leurs  rapports  avec  leurs 
amants,  nombre  de  comparaisons  des  plus  expressives. 
Tantôt  l’amoureux  est  un  poisson  qui  ne  vaut  que  dans 
sa  nouveauté  :  alors  il  est  bon  à  toutes  sauces.  1  lus  taid, 
quand  il  a  perdu  sa  fraîcheur,  il  n’est  plus  bon  qu’à 
jeter  1S.  D’autres  fois,  c’est  une  brebis  qu’il  faut  envoyer 
paître,  après  l’avoir  tondue  jusqu’à  la  peau19.  Ailleurs 
c’est  une  ville  ennemie,  où  il  est  de  bonne  guerre  de  ne 
laisser  debout  que  les  murs20.  Malheur  aux  jeunes  fous, 
sans  expérience,  qui  tombent  dans  leurs  filets.  Ces 
femmes  les  ruinent  jusqu’à  leur  dernier  sou.  Dans  le 
Truculentus  de  Plaute,  un  amant  fait  le  compte  de  toutes 
les  dépenses  forcées  qu’exige  l’entretien  d'une  maî¬ 
tresse21.  C’est  d’abord  une  pension  annuelle  ( merces 
annua).  Rien  de  plus  commun,  en  effet,  que  ces  contrats  à 
terme,  par  lesquels  la  courtisane  s’engageait,  moyennant 
un  prix  fixé,  à  n’appartenir  pendant  un  an  qu’à  son 
amant22.  Mais  à  cette  première  dépense  s’en  ajoutaient 
journellement  une  foule  d  autres.  C  est  1  amant  qui  poui- 
voit  à  l’entretien  de  la  maison,  à  la  table,  à  la  toilette, 
aux  parures  de  sa  maîtresse-’  .  Chaque  faxcui  est,  de  la 
part  de  celle-ci,  le  prétexte  d’une  nouvelle  demande,  ou 

culicr  la  célèbre  I.éaena,  maîtresse  d'Harmodios,  le  lyrannicidc,  qui,  mise  à  la  tor- 
lurc,  refusa  de  le  trahir  ;  Paus.  I,  23,  1  ;  Athen.  XIII,  590  F  ;  Plin.  Bist.  nat.  Vil, 
-, 3 .  XXXIV,  8.  —  12  Voir  plus  haut,  n.  33.  —  13  Es.  la  Pbilcniura  de  Plaute  dans 
ï'Asinaria,  act.  III,  sc.  1  ;  cf.  Luc.  Dial.  mer.  7.  —  14  Rien  de  plus  fréquent 
dans  les  comédies  de  Piaule  et  de  Térence.  —  16  Ménandre,  d'après  Plut.  Quom- 
adolesc.  poet.  audire  debeat,  19.  —  '6  Plaut.  Cistell.  98.  —  n  Ter.  Becyr.  63 
sq  ■  cf.  Plaut.  Asin.  180.  —  i8  Plaut.  Asm.  181  sq.  —  i*  Plant.  Dacchid.  1163 
s,|  _  20  Id.  Trucul.  166  sq.  Voir  encore  Asin.  218  sq.  la  comparaison  de  la  cour¬ 
tisane  avec  l'oiseleur  ;  Phaedr.  Fab.  IV,  i,  4;  Ovid.  A.  Am.  1,  89.  —2'  31  sq 
_  22  Plaut  Dacchid.  1140  ;  Lucian.  Dial,  meretr.  15,  2.  —  23  plaut.  Trucul.  31  sq. 

230 


—  1830 


MER 


MER 


directe  ou  déguisée.  «  La  belle  parle  adroitement  de 
vases  d'airain,  de  vins,  de  parfums,  de  provisions....  A 
peine  avez-vous  fait  un  cadeau  qu’on  se  prépare  à  vous 
en  demander  cent  autres.  C’est  un  bijou  qu'elle  a  perdu, 
une  robe  qu'elle  a  déchirée;  c’est  une  servante  qu’elle  a 
achetée,  un  vase  d’argent  ou  d’airain,  un  lit  somptueux, 
une  armoire  grecque,  ou  tout  autre  prétexte  à  dépenser. 
A  tout  cela  l’amant  est  obligé  de  pourvoir  l.  »  De  plus, 
comme  leurs  pareilles  de  tous  les  temps,  ces  femmes 
sont  molles,  paresseuses,  incapables  du  moindre  tra¬ 
vail  2  :  il  leur  faut,  par  suite,  toute  uné  troupe  d’esclaves 
des  deux  sexes  pour  les  servir  3.  Elles  aiment  le  luxe  et 
la  parure  :  aussi  exigent-elles  une  profusion  de  bijoux  et 
les  étofl'es.les  plus  chères  L  Pour  se  rendre  compte  du 
luxe  et  de  l’apparat  qu’étalaient  certaines  courtisanes, 
qu’on  lise  dans  Y Héautontimorouménos  de  Térence,  la 
scène  où  est  décrite  l’arrivée  de  Bacchis  :  celle-ci  traîne 
après  elle  une  suite  de  dix  servantes  chargées  de  ses 
toilettes  et  de  ses  bijoux  \  Ajoutez  enfin  que  ces  créa¬ 
tures  sont  prodigues,  qu’elles  dépensent  l’argent  avec  la 


même  facilité  qu’elles  le  gagnent":  c’est  ce  r,  \ 
symboliser  Plaute  dans  le  prologue  du  Tri  *  " 11  V°U'U 
il  personnifie  Misère  comme  fille  de  Débauche* h!  °Ù 
de  soutenir  longtemps  de  telles  prodigalités 
famille  étaient  vite  à  bout  de  ressources.  Alors  *  ^ 

recours  aux  expédients.  Demander  de  Parfont . ”  a'ait 

apres  un  certain  nombre  de  requêtes  de  ce  eon™  a  ’ 
fallait  plus  songer;  on  le  leur  escroquait  donc  par  rus,.’ 
et  cela  est  le  fond,  comme  on  sait,  de  presque  toulcsV 
comédies  attiques.  Les  mères  avaient  le  cœur  nt„e  -  LS 
Bible  ;  en  jouant  devant  elles  le  désespoir  et  en  les  mena¬ 
çant  d’aller  prendre  du  service  à  l’étranger,  on  avait 
chance  de  leur  soutirer  quelques  subsides  8.  En  cas  de 
refus,  c’était  du  moins  un  procédé  courant  que  de  leur 
dérober  parure  et  bijoux,  pour  en  faire  cadeau  à  la  cour¬ 
tisane  9.  A  défaut  de  tout  cela,  restait  encore,  comme 
ressource  suprême,  l’usurier.  Celui-ci,  quand  le  père 
était  riche  et  âgé,  ne  refusait  pas  de  faire  des  avances  à 
gros  intérêts10.  Enfin  venait  un  jour,  où,  à  bout  de 
ressources  et  d’expédients,  le  malheureux  ne  pouvait 


plus  rien  donner.  C’était  vainement  alors  qu’il  suppliait, 
qu’il  frappait  à  la  porte  de  la  cruelle,  qu’il  passait  la  nuit 
couché  sur  son  seuil  et  l’arrosait  de  ses  larmes  :  inexo¬ 
rablement  repoussé,  il  lui  fallait  faire  place  h  quelque 
autre  dupe11.  La  figure  4972,  tirée  d'une  peinture  de 
vase  du  ive  siècle,  représente  une  scène  de  ce  genre. 
On  y  voit  Héraclès,  couché  devant  la  porte  de  quelqu'une 
de  ses  nombreuses  maîtresses,  qui  refuse  de  lui  ouvrir  : 
du  haut  de  la  porte,  une  vieille  servante  arrose  l’amou¬ 
reux  d’un  pot  d’eau  12. 

L’opinion  publique  était  d’une  extrême  indulgence 
pour  ces  désordres  des  jeunes  gens.  Parmi  les  lieux 
communs  de  morale  vulgaire,  qu  on  invoquait  couram¬ 
ment  à  leur  excuse,  beaucoup  n’ont  pas  cessé  d  être 
encore  en  usage  :  «  Simples  écarts  de  jeunesse  :  il  faut 


1  riant.  O.  I.  33  sq.  53  sq.  —  2  Dans  un  iïagm.  de  1  Astraba  on  de  la  Cli- 
tellaria  (v  14-15,  éd.  Didot)  une  jeune  courtisane,  à  ce  qu'il  semble,  dit  : 
«  Pol  ad  cubiluram,  mater,  mage  sum  exercita  quam  ad  cursuram;  sum 
tardiuscula  n.—  3  Ter.  Eunuch.  165,  167,  135.  —  4  Lucian.  Dial,  meretr.  7,  2. 
_  B  245-6,  248,  451.  —  «  Plaut.  Trinum.  531  sq.  —  7  Lucian.  Dial,  meretr. 
7,  4  ;  12,  1.  —  8  Lucian.  O.  I.  12,  1  ;  Ter.  Heaulont.  993  sq.  ;  cf.  Plaut.  Trinum. 
575  sq.  697  sq.  ;  Ter.  Adelph.  276,  385.  —  9  Lucian.  L.  I.  ;  cf.  Plaut.  Alenaechm. 
130.  361,  505  sq.  ;  Asin.  885  sq.  929.  —  10  Cf.  les  personnages  du  Danista  dans 


que  jeunesse  se  passe13.  — Ce  sont  les  mœurs  du  temps  • 
qu’a-t-il  fait  que  ne  fassent  journellement  les  fils  de 
bonne  famille  11  ?  —  Il  en  a  toujours  été  ainsi .  les  pt  i 1  *  es 
plus  sévères  en  ont  fait  autrefois  autant1  .  Les  j< 1111  - 
gens  qu’on  tient  de  trop  près  font  en  cachette  beau  1 
plus  de  sottises  que  ceux  à  qui  on  laisse  la  htice  sur 
cou16.  — 11  convient  qu’avant  le  mariage  unjeuntmen 
ait  vécu  :  sinon  il  prendra  sa  revanche  apn  s 
somme,  tout  ce  que  l’opinion  demandait  a  mi  I 
homme,  c’était  de  ne  pas  faire  scandale  eL  < 
s’arrêter  à  temps18.  La  fin  ordinaire  de  ces  iaisuii  ■ 
le  voyons  en  effet  par  maints  exemples,  ct  1,111  our 
mariage  (noXuTâXavTOç  y^-P-05)’  arrangé  pm  les  pare  ^ 
leur  fils,  et  en  général  docilement  accepte  P»1  c  aü)._ 
Jamais  il  ne  serait  venu  à  l’esprit  dune 


_ _  j|  plaut.  Truc'il- 

lidicus  de  Piaule  el  du  Trapezila  dans  le  Curculio.  undSicil-  Vasen' 

2;  Aün.  A.  I,  sc.  3  ;  Luc.  O.  I.  14,  l.  -  >3  Beundorf,  Gnech.  un  ^  ^  ^ 
d,  pi.  44.  —  13  Ter.  Hecyr.  541-2;  Plant.  Motte  ■  •  MefCat.  tl!3. 

eud.  444;  Ter.  ffeaut.  958.  -  ^  Plaut.  Pseud.  I.J.  été  £«»'* 

17  Ter.  Adelph.  108.  «  444  sa.  :  «  Tant  que  cola  lu. 


niais 


S  Ter.  Andr.  444  sq.  :  «  ^  ,.flm0Ur,  »' 

s'agit  du  jeune  Pamphile)  et  que  l'âge  le  comporta.  ,  ^  |0rl  i>sa  ''f" 

crètement  et  en  homme  bien  élevé  et  qui  a  souci  '  1  I  ' 

ion  ».  —  19  Lucian.  Dial,  meretr.  2,  1  ;  7,  4. 


I 


MER 


—  1831 


MER 


i 


i'iino 


de  r 


le 


•étexte  ( 


efuser  sa  fille  à  un  jeune  homme,  sous 

,(|U’il  avait  mené  joyeuse  vie  *. 
cl‘les  personnes  qui  généralement  prenaient  au 


,  ces  amours,  c’étaient  les  pères  [patres  severi ) 


x-'  ' - 7  -  f 

qu’ils  reprochaient  à  leurs  fils,  c  était 
moins  l’immoralité  de  leur  conduite  que  leurs 
leurs  dettes,  et  les  suites  fâcheuses  de 
Il  arrivait  en  effet  que  des  jeunes  gens, 


pi 

Les  s 
trag>due 

A  la  vérité,  ce 
beaucoup 
folles  dépenses 

C6S  '’v^avec  une  hétaïre,  refusaient  le  riche  mariage 
ae°q!|in pour  eux  par  leurs  parents  3  ;  et  cette  résistance 
rTcoinine  on  sait,  le  sujet  de  mainte  pièce  de  Plaute. 
e>\cnt  même  les  courtisanes  obtenaient  d’un  amant 
f °in épris  la  promesse,  plus  ou  moins  sincère,  qu’il  ne 
11111  -nroii  nas  4  Quand  un  enfantvenait  ànaître  de  ces 

mours  illégitimes,  la  rupture,  comme  de  juste,  devenait 
a,  difficile  encore  5.  Aussi  était-ce  de  la  part  de  ces 
femmes  une  ruse  fréquente  que  de  simuler  une  gros¬ 
sesse  1 
posé 


au  besoin,  elles  se  procuraient  un  enfant  sup- 
.  Comme  de  nos  jours,  lorsqu’on  désespérait 
d’arracher  autrement  un  adolescent  à  quelque  passion 
indjo-ne,  on  l’expatriait  pour  un  temps,  soit  en  lui  faisant 
prendre  du  service  à  l’étranger,  soit  en  l’y  envoyant 
•faire  le  commerce  8.  A  l’inverse  des  pères,  beaucoup  de 
mères  de  famille  voyaient  d’un  œil  indulgent  ces  fre¬ 
daines;  quelques-unes  même  se  faisaient,  à  l’occasion, 
les  confidentes  et  les  complices  de  leurs  fils 
Chose  plus  étonnante  encore,  les  mœurs,  à  Athènes, 
toléraient  les  relations  des  hommes  mariés  avec  les  cour¬ 
tisanes.  Il  est  bien  vrai  qu’avec  le  mariage  cessaient 
ordinairement  ces  liaisons  publiques  et  affichées,  cette 
vie  de  plaisirs  qui  était,  durant  quelques  années,  celle  de 
la  plupart  des  jeunes  gens  riches  10.  Mais  on  peut  affirmer 
néanmoins  que  les  infidélités  conjugales  étaient  bien 
loin  d’ètre  une  exception  et  ne  causaient  nullement 
scandale11.  La  raison  principale  de  ce  faites!  dans  la  façon 
dont  se  concluaient  les  mariages  athéniens.  Souvent  les 
jeunes  époux  s’étaient  à  peine  vus  avant  leur  union. 
Celle-ci  avait  été  conclue  par  les  parents,  qui  ne  s  inquié¬ 
taient  guère  des  goûts  et  de  l’humeur  des  fiancés,  et  con¬ 
sidéraient  avant  tout  la  conformité  de  naissance  et  de 
fortune.  L’inclination  et  l’amour  n’avaient  par  suite 
presque  aucune  part  dans  ces  mariages  [matrimonium].  De 
là,  à  Athènes,  tant  de  ménages  mal  assortis,  et,  comme 
conséquence,  la  fréquence  des  divorces  et  des  adultères 
Delàaussi  l’indulgence  générale  (Je  l’opinion  à  1  égard  des 
maris  infidèles.  Rien  de  plus  significatif  à  cet  égard 
qu’un  passage  du  pseudo-Démosthènc  dans  le  plaidoyer 
Contre  Néaera 13.  Il  y  est  raconté  qu'un  jour  le  sophiste 
Lysias,  ayant  eu  l’idée  de  faire  initier  aux  mystères  sa 
maîtresse  Métaneira,  la  fit  venir  de  Corinthe,  que  tou¬ 
tefois  il  ne  la  reçut  pas  dans  sa  propre  maison,  par  égard 
pour  sa  femme  et  sa  vieille  mère  qui  y  habitaient, 
■unis  l’installa  avec  sa  suite  chez  Philostratos  de  Colone, 
Un  jeune  homme  de  ses  amis.  Ce  qu’il  y  a  de  plus  re¬ 


marquable  dans  ce  passage,  c'est  la  façon  dont  le  fait  est 
amené  et  raconté.  Aucun  mot  n’y  indique  la  réprobation 
de  l’orateur  pour  la  conduite  de  Lysias.  D’autre  part, 
il  ne  s’excuse  nullement  auprès  de  celui-ci  de  pénétrer 
dans  sa  vie  privée.  Qu’est-ce  à  dire,  sinon  qu  aux  yeux 
du  plaideur  comme  de  son  public  la  conduite  de  Lysias 
n’avait  rien  de  choquant,  ni  mêmed  anormal  !  C  est  aussi 
l’imprçssion  que  nous  retirons  de  la  comédie  attique, 
traduite  en  latin.  Là  non  plus  les  maris  coupables  ne 
manquent  pas,  et  presque  toujours  ils  trouvent,  pour 
couvrir  leurs  fredaines,  la  complicité  d  un  tiers,  homme 
marié,  lui  aussi.  Évidemment  de  tels  services,  entre 
hommes  mariés,  étaient  fréquents  :  c  était  un  prête  pour 
un  rendu.  Étant  donné  cet  état  de  1  opinion  publique,  on 
s’explique  fort  bien  qu’à  Athènes  1  adultère  du  mai  i 
n’entraînât  ipso  fado  pour  le  coupable  aucune  consé¬ 
quence  juridique.  C’est  là  un  point  sur  lequel  aujour¬ 
d’hui  presque  tous  les  historiens  du  droit  attique  sont 
d’accord14.  Plaute,  dans  le  Mercator 15,  a  formulé  en 
termes  précis  cette  inégalité  des  deux  sexes  devant  la  loi 
attique  :  «  Qu’un  mari  entretienne  secrètement  une 
courtisane,  si  sa  femme  vient  à  l’apprendre,  1  impunité 
ne  lui  en  est  pas  moins  assurée.  Qu’une  femme  quitte  en 
cachette  la  maison  conjugale,  le  mari  est  en  droit  de  lui 
intenter  une  action  ;  elle  est  répudiée.  La  loi  ne  devrait- 
elle  pas  être  égale  pour  le  mari  comme  pour  la  femme?  » 
Toutefois  cette  antithèse  n’est  pas  rigoureusement  exacte. 
S’il  paraît  bien  vrai  que  l’action  de  xixojsiç  [  kakoséôs 
grapuè]  pour  cause  d'adultère  du  mari  n'était  ouverte 
qu’aux  femmes  épiclères,  et  non  à  toutes  les  femmes  en 
général16,  il  y  a,  d’autre  part,  des  preuves  suffisantes  que 
celles-ci  n’étaient  point  absolument  désarmées.  A  condi- 
tionseulement  qu’ilrevêtît  certains  caractères  aggi  avants, 
inconduite  notoire,  abandon  (au  sens  juridique)  de 
l’épouse,  introduction  d’une  courtisane  dans  le  domicile 
conjugal,  l’adultère  du  mari  pouvait  donner  lieu,  de  la 
part  de  toute  femme,  épiclère  ou  non,  à  une  action  de 
divorce11  [divortium].  C’est  ainsi,  par  exemple,  qu'Alci- 
biade  ayant  introduit  dans  le  logis  conjugal  des  hétaïres 
de  naissance  libre  et  esclaves,  sa  femme,  la  vertueuse 
Ilipparétè,  quitta  la  maison  et  se  rendit  devant  1  archonte 
pour  lui  remettre  son  instance  en  séparation  1  .  Dans  la 
comédie  latine,  qui  reproduit  sans  doute  sur  ce  point  les 
mœurs  grecques,  nous  voyons  également  la  femme 
offensée  menacer  son  mari  de  le  quitter  et  d'aller  se 
retirer  chez  son  père  19,  ce  qui  était  apparemment  le 
prélude  ordinaire  d’une  action  de  divorce.  Toutefois 
l'opinion  publique  n’était  point  favorable,  cela  est  cer¬ 
tain,  aux  femmes  qui  prenaient  1  initiative  dune  sépa¬ 
ration  20  ;  et,  si  l’on  en  juge  par  la  comédie,  leurs  pères 
mêmes  ne  s’y  prêtaient  pas  volontiers-1. 

On  a  prétendu  souvent  que  la  loi  athénienne  imposait 
aux  hétaïres  un  costume  spécial,  qui  les  distinguait  des 
autres  femmes  M.  Le  seul  argument  direct  que  l’on 


1 1i:r-  -ffecyr.  536.  —  2  Paroles  de  Theuropides  dans  le  Trucul.v.  1138,  en 
Pardonnant  à  son  fils  :  «  Bibito,  facito  quod  lubet  ;  |  si  hoc  pudet,  fecisse 
sun’plum,  supplici  habco  satis».  —  3  Lucian.  Dial,  meretr.  2,  4;  7,  4.  —  4  Lu- 
Cla"-  0.  I.  4  j  rpcr  HeCyr'  60  sq.  —  3  Lucian.  Ibid.  —  “  Lucian.  O.  I. 

*•  —  7  Haut.  Trucul.  381  sq.  ;  Ter.  Andr.  514  sq.  —  8  Haut. 
dirent.  80  sq.;  Trinum.  677,  697  ;  Casin.  62;  Ter.  Adelph.  276  ;  Ueaut.  93  sq.  ; 
Luc-  0.  I.  12,  | .  _  9  Xcr.  Heaut.  993  :  maires  omnes  filiis  |  in  peccalo 
4<liulnces...  |  soient  esse;  cf.  Phorm.  1039.  —  16  Cf.  Jacobs,  Verm.  Sclirift.  IV, 
MU).  --  il  Becker-Gfill,  Clmrikl.  Il,  p.  86.  Particulièrement  typique  est  le  cas 
1  ÏPWle.  Quoique  marié,  il  fut  publiquement  l'amant  do  Phryné.  Bien  plus,  scion 
1  111  il  entretint  jusqu’à  Irois  maîtresses  à  la  fois  :  à  la  ville  Mjrrhinè, 


Piréc  Aristagora,  à  Eleusis  Phila  (Alh.  XIII,  590  C.-D.)  -  <2  Becker- 
11  O  Mil,  p.  337  sq.  —  i3  21.  —  U  Beaucliet,  Hist.  du  droit  de  la  rép.  ath. 

I  229  sq.  244,  381  sq.  ;  Meier-Schflmann-Lipsius,  Alt.  Proc.  1,  p.  353-4;  Bccker- 

II  " Clmrikl .  II,  p.  88  ;  G.  Glotz,  art.  kakoseos  graphe  du  présent  Dictionnaire. 
!5  7%  s,..  1  là  Beaucliet,  L.  I.  -  U  Becker-Goell,  L.  I.  -  '«  Andoc.  Adv.  Alcib. 
.  p;ut  Alcib.  8.  —  19  Plaut.  Menaech.  A.  V,  sc.  2  (v.  740  sq.).  —  2"  Eurid.  Med. 
à-7  •  o  ':  là?  «oÔ.«T,  àEaU«7a\  -fjvaduv  ;  cf.  Caillemer,  art.  d.vorticm  du  Dictionnaire, 

310.  -21  Plaut.  Menaech.  Ibid.  —22  Petit,  Leg.  allie,  p.  577;  Boettiger, 
/  Schrift.  III,  p-  44.  Même  opinion  encore,  exprimée  tout  récemment  par 
Blümncr  ap.  K.-F.  Hermann's  Lehrb.  der  gr.  Antiq.  IV  Bd,  Privatalterth., 

254-5. 


MER 


1832  — 


MER 


puisse  alléguer  en  ce  sens  est  un  texte  de  Suidas  :  vôfxoç 
’AO^vyis!  txç  érat'paî  àv0ivx  cpopeïv  1 .  Mais,  en  l’absence  de 
tout  autre  témoignage  ou  indice  confirmant  cette  asser¬ 
tion  3,  il  y  a  lieu  de  croire,  ou  bien  que  le  lexicographe 
a  commis  une  erreur,  ou  bien  qu’ici  le  mot  vôp.oç  n’a 
pas  le  sens  de  loi ,  mais,  comme  il  arrive  souvent, 
celui  de  coutume  3.  Ainsi  entendu,  le  texte  de  Suidas 
exprimerait  simplement  le  goût  bien  connu  des  courti¬ 
sanes  pour  les  étoffes  voyantes  L  Les  prétendues  ana¬ 
logies,  tirées  d’autres  législations  grecques,  ne  sont  pas 
plus  probantes.  Selon  Diodore  de  Sicile,  un  règlement 
édicté  par  Zaleucos  de  Locres  interdisait  «  à  toute 
femme  libre  de  porter  des  ornements  d’or  ou  des  vête¬ 
ments  richement  brodés,  à  moins  que  par  là  même  elle 
ne  se  déclarât  courtisane  publique  5  ».  Même  règlement 
à  Syracuse,  formulé  chez  Athénée  en  termes  à  peu  près 
identiques  6.  De  même  enfin  à  Lacédémone,  selon 
Clément  d’Alexandrie,  la  loi  défendait  aux  honnêtes 
femmes  l’usage  des  vêtements  brodés  et  des  ornements 
d’or  et  ne  le  permettait  qu’aux  courtisanes  \  Comme  on 
le  voit,  ces  trois  textes  sont  des  fragment^  de  lois  somp¬ 
tuaires,  réglant  uniquement  le  costume  des  matrones. 
Bien  loin  de  soumettre  à  un  costume  distinctif  les  cour¬ 
tisanes,  ils  ne  font  mention  de  celles-ci  qu’accidentel- 
lement  et  pour  les  exemples  des  obligations  spéciales 
imposées  aux  honnêtes  femmes.  Mais  le  meilleur  argu¬ 
ment  contre  la  loi  supposée  par  Suidas  est  encore  celui 
qu’a  fait  valoir  Becker  8.  Si  un  règlement  avait  contraint 
les  courtisanes  d’Athènes  à  porter  une  sorte  de  livrée 
d’infamie,  comment  expliquer  que  jamais,  même  dans 
les  procès  où  il  s’agit  précisément  de  décider  comme  dans 
le  procès  contre  Néaera,  si  une  femme  estou  non  hétaïre, 
cet  argument  si  simple  et  si  décisif  n’ait  été  produit  ? 

Il  reste  vrai  toutefois  qu’en  Grèce,  comme  de  nos 
jours,  on  distinguait  assez  aisément,  d’après  sa  mise, 
une  courtisane  d’une  femme  honnête.  De  tout  temps,  en 
effet,  ces  créatures  ont  recherché  l’éclat  des  bijoux,  et 
les  toilettes  voyantes  et  tapageuses.  «  Une  femme  sage  et 
belle,  dit  Lucien,  n’emploie  en  fait  de  bijoux  que  ce  qui 
peut  rehausser  sa  beauté  :  un  collier  mince  autour  de 
son  cou,  un  léger  anneau  à  son  doigt,  des  pendants 
d’oreille,  une  agrafe,  une  bandelette  pour  comprimer 
ses  cheveux  flottants,  tout  cela  servant  à  relever  ses 
charmes,  comme  la  pourpre  relève  un  vêtement.  Tout 
autrement  font  les  courtisanes,  surtout  les  laides:  il  leur 
faut  des  vêtements  tout  de  pourpre  ;  leur  cou  n’est  plus 
en  chair,  mais  en  or...  ;  elles  s'imaginent  que  leur  bras 
aura  plus  de  blancheur  si  l’or  lui  prête  son  éclat,  que  les 
défauts  de  leur  pied  disparaîtront  sous  une  sandale  d’or, 
et  que  leur  visage  même  sera  plus  aimable,  vu  au  milieu 
de  tout  cet  éclat  »  D’après  la  distinction,  très  nettement 
posée  ici  par  Lucien,  il  est  permis  de  rapporter  spéciale¬ 
ment  aux  cour  tisanes  un  autre  passage  du  même  écrivain  10, 
où  il  a  décrit  en  détail  tous  les  secrets  et  tous  les  raffine¬ 
ments  de  la  toilette  féminine.  Autour  de  leur  maîtresse, 
lorsqu’elle  sort  du  lit,  il  nous  montre  toute  une  armée  de 

1  Petit,  Leg .  attic.  p.  576.  L’adjcctif  àvOtvcîç  ou  àvOr.çô;  désigne  les  étoffes  à  dessins, 
à  fleurs,  ou  à  petits  carreaux  (Becker-Coell,  Cliarikl.  III,  p.  249).  —  2  Petit,  L.  I. 
allègue  encore,  il  est  vrai,  Artémidore,  II,  3,  et  Clément  d’Alexandrie,  Paed.  III,  2 
(t.  VIII,  p.  572  A,  Migne).  Mais  ces  deux  textes  atteslcntun  usage,  non  une  loi.  —  3  Bec- 
ker-Gôll,  Charikl.  II,  p.  103.  —  '*  Voir  plus  bas,  note  15.  —  5XII,  21  — 6  XII,  521  B; 
cf.  Eustalh.  Ad  lliad.  XIX,  282,  p.  1185.  —7  Paed.  II,  10  (t.  VIII.  p.  521  C,  Migne). 
—  8  0.  I.  II,  p.  104.  —  9  De  domo ,  7.  —  10  Amor.  39  sq.  ;  cf.  Plaut.  Mostell. 
247  sq.  —  11  Cf.  Athen.  XIII,  557  F.  —  12  Cf.  Lucian.  Dial ;  meretr.  11,  3;  12,  5  ; 


servantes,  rangées  comme  dans  une  procession  ,• 

ayant  chacune  en  main  un  des  mille  accessoires  nér  - 

à  la  toilette  d’une  élégante  :  bassins  d’argent  ■ 
miroirs,  autant  de  boîtes  et  de  petits  pots  que 
pharmacie,  remplis  de  toutes  sortes  de  comno'v  '‘ne 
poudres  ou  liquides  pour  éclaircir  le  visage  p0  .  ’ 

toyer  les  dents,  pour  noircir  les  sourcils1*  Mai" 
l’agencement  de  la  chevelure  qui  demande’ le 'plus  T 
soins  et  de  temps.  Il  y  a  des  préparations  merveilleuse^ 
grâce  auxquelles  on  teint  les  cheveux  comme  la  laine  12 
Aime-t-on  le  blond,  nuance  particulièrement  prisée  en 
Grèce?  A  l’aide  de  certains  onguents,  on  les  rendra 
aussi  dorés  que  le  soleil  en  son  midi.  Préfère-t-on  le 
brun?  Rien  de  plus  facile  également.  Ajoutez  à  cela  les 
parfums,  dont  les  plus  renommés  viennent  d’Arabie  et 
qui  font  de  chaque  chevelure  comme  un  bouquet13 -’les 
frisures  au  petit  fer 11  [coma];  les  chaussures  en  cuir  de 
plusieurs  couleurs,  si  étroites  qu’elles  pénètrent  dans  la 
chair.  Citons  encore  les  tissus  fabriqués  à  Cos,  à  Amor- 
gos  ou  à  Tarente  [coa,  amorgina],  si  fins  et  transparents, 
qu’on  voit  à  travers  tout  ce  qu’ils  sont  censés  cacher 15  • 
une  profusion  de  bijoux  est  répandue  sur  toute  la  per¬ 
sonne10  :  auxoreilles  des  pierres  de lamer  Rougequi  valent 
chacune  plusieurs  talents,  aux  poignets  et  aux  bras  des 
serpents  d’or,  autour  de  la  tête  une  couronne  étince¬ 
lante  de  pierreries  des  Indes,  au  cou  des  colliers  d’un 
prix  inestimable,  et  un  anneau  d’or  autour  des  chevilles, 
laissées  à  dessein  nues.  Enfin,  pour  parachever  cette 
beauté  mensongère,  le  fard  rend  aux  joues  fatiguées  et 
pâlies  les  couleurs  de  la  jeunesse  et  de  la  santé  n.  Au 
nombre  des  artifices  de  toilette,  employés  par  les  hétaïres, 
il  faut  mettre  encore  toute  une  série  de  moyens,  servant 
à  dissimuler,  atténuer,  parfois  tourner  en  agrément 
quelque  défaut  physique.  Un  poète  du  ivc  siècle,  Amphis, 
décrit  la  manière  dont  les  lenae  s’y  prenaient  pour 
façonner  et  transformer  physiquement  leurs  pension¬ 
naires  18.  Elles  les  prennent,  dit-il,  dès  leur  jeunesse,  et 
elles  les  métamorphosent  au  point  de  les  rendre  mécon¬ 
naissables.  L’une  est  trop  petite:  on  la  hausse,  au 
moyen  d’une  semelle  de  liège  introduite  dans  sa  chaus¬ 
sure  19.  Est-elle  trop  grande,  au  contraire:  on  lui  lait 
porter  des  escarpins  très  minces,  et  on  lui  enseigne  a 
renfoncer  la  tête  dans  les  épaules,  ce  qui  lui  été  un  pou 
de  sa  haute  taille,  etc.  Si  elle  a  de  jolies  dents,  on  a 
forcera  à  rire  pour  les  montrer.  Et,  si  elle  n  aiint  ]  a 
rire,  on  l’enferme  au  logis  toute  la  journée,  tenant  dtw 
entre  scs  dents  un  brin  de  myrte,  afin  que,  bon  giet  j 
gré,  elle  s’habitue  à  entr  ouvrir  la  bouche  .  Eu  n  1  .  ’ 
l’antiquité  n’a  ignoré  à  peu  près  aucun  des  ra  uien  » 
aucune  des  fraudes  de  la  toilette  féminine  mo 
Comme  contraste,  il  nous  faut  signaler  la  tenut,  [ 
négligée,  et  parfois  repoussante,  des  courbsane 
chez  elles  et  en  déshabillé.  Un  esclave  de  Ter  en  -  ^ 
a  introduit  son  jeune  maître  sous  un  déguisa me  ‘ 

la  maison  d’une  hétaïre,  se  flatte,  sans  trop  6  fauche.! 
de  l’avoir  par  ce  moyen  dégoûté  à  jamais  <  c 

lerruques.  —  13  Cf.  Aristopli.  Lysistr.  47;  P1*“ ^vmr  chë^I’lautc,  EfÜ- 

;  Alostell.  254.  —  >3  Aristoph.  Lysistr.  48,  ■  noms  1|1‘ 

.  ..  .  j: _ „  .«"-tes  de  tuniques.  , 

Eccli’t 


teinlure  et  perruques 

204,  une  interminable  énumération  des  diverses  sortes  de  1  ^  929,  1072. 

serres.  -26  Cf.  Ter.  Béant.  248-452-  *7  Aristoph.  Lysistr-  U,  ^  MJ. 

Xen.  Oeconom.  X,  2  et  7;  Athen.  XIII,  557  F  ;  Plaut.  Erucul.^  aTer.i’i„  .«* 

264.  -  1»  Athen.  XIII,  568  A-E—  <9  Cf.  Xen.  Oeconom.  X,  -, ^  d.unulIgegH| 
313  Sq.  — 21  Ajoutons  encore  l’épilation  qui,  chez  les  emme  ,  ^  ^  fiunuch-  830  8<*’ 1 
dans  l’antiquité  (Aristoph.  Lysistr.  141,  Lian.  4P  I 


MER 


—  1833  — 


MER 


(  uj  les  voit  dehors,  rien  de  plus  propre,  de  plus 
«1,’oUI.  'I'](,  plus  coquet.  Mais  c’est  chez  elles,  et  seules, 
les  voir;  quelle  goinfrerie,  quelle  saleté, 
<Illil  digère  !  Comme  elles  sont  affreuses,  voraces,  de 
tlUt'  '  eiles  dévorent  du  pain  noir  trempé  dans  du 
^ü:  la  veille.  C’est  le  salut  d’un  jeune  homme 

il0l!'de  connaître  tout  cela.  » 

4  nombre  des  revenus  de  l’État  athénien  figurait 
;  i„vfl  5iir  les  courtisanes  (Ttopvtxbv  téAoç  ‘),  que  le 
al  affermait  chaque  année,  par  le  ministère  des 
i  { 2  Pour  le  recouvrement  de  cette  taxe,  les  fer- 
W°e^aL’pvoTeXüivai  3)  avaient  à  faire  annuellement  le 
-censément  exact  de  tous  les  individus,  hommes  ou 
Pnimes,  se  livrant  à  la  prostitution  \  Probablement  il 
^  aune'  relation  à  établir  entre  cet  impôt  et  une  note 
de' Suidas  et  Zonaras,  selon  laquelle  le  salaire  des 
courtisanes  était  officiellement  fixé  par  les  agora- 
nomes  8.  La  plupart  des  savants  ont,  à  la  vérité, 
mis  en  doute  cette  dernière  affirmation,  et  Meier,  entre 
'autres,  a  même  essayé  d’en  corriger  le  texte  6.  Mais  ces 
savants  n’avaient  pas  alors  connaissance  d’un  fait,  que 
nous  trouvons  relaté  dans  la  République  des  Athéniens 
d’Aristote  et  qui  donne  au  texte  de  Suidas  et  de  Zonaras 
beaucoup  de  vraisemblance.  Il  y  est  dit  que  les  asty- 
nomes  ont  la  surveillance  des  joueuses  de  flûte,  de  lyre 
et  de  cithare,  qu’ils  veillent  à  ce  que  ces  femmes 
n’exigent  pas  un  salaire  supérieur  à  deux  drachmes,  et, 
au  cas  où  plusieurs  citoyens  se  disputent  la  même  musi¬ 
cienne,  tranchent  la  querelle  par  la  voie  du  sort  \  Ce 
précédent  établi,  il  n’y  a  plus’lieu  de  s’étonner  que  l’État 
intervint  aussi  dans  la  fixation  du  salaire  des  courti¬ 
sanes  8.  D’après  l’analogie  de  la  loi  romaine,  calquée 
sans  doute  sur  la  loi  grecque,  il  est  toutefois  probable 
que  le  tarif  dont  il  s'agit  était  purement  théorique  et 
uniquement  destiné  à  servir  de  base  au  itopvotbv 
tsXoç  9.  A  Rome,  en  effet,  chaque  prostituée,  dit  Sué¬ 
tone,  payait  au  fisc,  à  titre  d’impôt,  «  quantum  uno 
concubitu  mereret 10  ».  lien  était  vraisemblablement  de 
même  à  Athènes  :  les  prostituées  y  étaient  sans  doute 
réparties,  d’après  le  prix  présumé  de  leurs  faveurs,  en  un 
certain  nombre  de  classes,  qui  payaient,  chacune,  une 
taxe  égale,  ou,  du  moins,  proportionnée  à  ce  salaire. 
Mais  il  va  de  soi  que,  dans  la  pratique,  les  courtisanes 
athéniennes  restaient  libres  (on  ne  voit  pas,  du  reste, 
comment  l'État  aurait  pu  les  en  empêcher)  de  traiter  de 


1  Aescli.  Adn.  Timarch.  119  sq.  —  2  Ibid.  —  3  Poil.  VU,  202.  —  4  Dans 
le  plaidoyer  contre  Timarque,  l.  I.  Eschine  prévoit  que  Démoslliène  usera 
de  ccl  argument  pour  établir  que  Timarque  n’est  pas  un  prostitué  :  «  Quel 
besoin,  dira-t-il,  d'une  accusation  ?  11  suffit  de  produire  le  témoignage  du 
fermier  qui  a  perçu  des  mains  de  Timarque  l’impôt  ».  —  »  Suid.  a.  v.  Siàqpaji|i.a  . 
■co  jxtaOwjxa  *  SiÉyçocoov  oî  à^opavoyiot  otrov  ê'Set  )vapi.6âv£iv  ttjv  batçav  ïxàmrjv  ;  Zonar. 
s-v-  8iàïpwat  _  6  Boeckli,  Die  Stnatshaushalt.  der  Athen.  3e  éd.  ï,  p.  404-5  et 
e*er-Schoeniann,  Attisch.  Proc.  2°  éd.  I,  p.  103,  proposent  de  lire  xaTaSàXXetv  au 
'*cu  avec  cette  correction  il  s'agirait,  non  plus  d’un  salaire  officiel  des 

courtisanes,  mais  de  la  taxe  qu’elles  avaient  à  payer.  —  1  §  50.  —  8  Cf.  sur  ce 
Pesage  Th.  Reinach,  Rev.  des  et.  gr.  V  (1892),  p.  101 ,  n.  qui  fait  justement  remar- 
IUC1  'lue  ces  musiciennes  ajoutaient  généralement  à  leur  profession  avouée  celle  de 
““'■tisanes.  -  9  Bocckh,  L.  I.  —  10  Calig.  40.  —  H  Hesycli.  s.  v.  TçtavvoTrôovYi  ; 
c°  :  1X>  59'  —  '2  Just.  XXI,  5,  7.  A  vrai  dire,  ce  texte  établit  seulement  qu'à 
OI|'“tl'c  les  procès  contre  les  lenones  et  les  hétaïres  étaient  présidés  par  les  édiles. 
~  ■‘  Th-  Reinach,  O.  I.  p.  101-102.  Le  texte  de  l’inscription  est  donné  dans  la  Rev. 
(Met.  gr.  iv,  p.  337,  _  H  Voir  K  gehmidt,  Griech.  Personnam.  bei  Plaut,  dans 
njmes’  XXXVII  (1902),  p.  173-212  (l»r  article).  —  13  Voir  E.  Maass,  Zur 
I ; p”’nschr.  Von  Paros,  dans  les  Mitth.  d.  dèutsch.  arch.  Instit.  Athen.  XVIII 
P  '  *’  R--1  sq.,  réfuté  par  A.  Wilhelm,  Die  sogenannte  Uetaereninschr.  aus 
2gT°-’  dans  les  Mitth.  Atfl ■  XX111  (1898),  p.  419  sq.  —  16  Aristot.  U.  Athen ,  I, 
—  lV;  ~ 11  Art.  aspas.a  dans  la  Realencycl.  de  Pauly-Wissowa,  p.  1718. 

54ll  *scr-  ttr.att.  382  ;  Bail.  corr.  hell.  111,  326;  IV,  521;  Corp.  inscr.  att.  II, 
’-787;066,  U;  2542,  3543,  3544;  III,  2420;  Inscr.  Gr.  sept.  846;  Mitth. 


gré  à  gré  avec  leurs  clients".  La  taxe  sur  les  courtisanes 
paraît  avoir  existé  dans  la  plupart  des  cités  grecques  de 
quelque  importance.  Peut-être  était-elle  en  vigueur  à 
Corinthe12.  En  tout  cas  nous  la  trouvons  à  Cos.  Une' 
inscription,  qui  donne  la  liste  des  impôts  affermés 
dans  cette  île,  mentionne  dans  une  même  ferme,  et  à 
côté  des  impôts  sur  le  vin,  le  bois,  l’orge  et  les  loyers, 
une  taxe  sur  les  hétaïres  (éxatoat)  ’3. 

Il  y  aurait  une  curieuse  étude  à  faire  sur  les  noms 
propres  de  courtisanes  :  elle  n’a  été  qu’ébauchée  jus¬ 
qu’ici".  Quelques  résultats,  cependant,  paraissent  dès 
maintenant  bien  établis.  Il  est  certain,  par  exemple, 
que,  si  les  noms  caressants,  et  en  particulier  les  dimi¬ 
nutifs,  sont  très  fréquents  dans  le  monde  des  courtisanes, 
il  ne  manque  pas  toutefois  de  textes  épigraphiques  et 
littéraires  où  ces  noms  désignent  des  honnêtes  femmes, 
par  conséquent  ils  ne  sauraient  par  eux-mêmes  fournir 
aucun  renseignement  sur  la  condition  et  l’honorabilité 
des  personnes  qui  les  portent  15.  Cette  démonstration  a 
été  faite  en  particulier  au  sujet  du  nom  'AïTrcnria, 
où  M.  Wilamowitz-Môllendorf  18  avait  prétendu  trouver 
un  indice  certain  de  la  qualité  d’hétaïre  d’Aspasie  : 

M.  Judeich17  a  rassemblé  un  assez  .grand  nombre 
d’inscriptions,  où  ce  nom  appartient  à  des  femmes  de 
condition  honorable 1S.  Il  faut  d’ailleurs  distinguer  des 
appellations,  données  dès  la  naissance,  et  qui  ne  peuvent 
guère  trahir  la  condition  des  femmes  qui  les  portent, 
les  dénominations  imaginées  par  les  écrivains,  poètes 
comiques,  épistolographes  ou  auteurs  de  dialogues19; 
celles-ci  sont  au  contraire  souvent  parlantes ,  c’est-à- 
dire  qu’elles  contiennent  une  allusion  plus  ou  moins 
précise  à  la  profession.  De  ce  nombre  sont  la  plu¬ 
part  des  noms  de  courtisanes  qui  figurent  chez  Plaute 
et  Térence  et  que  ces  écrivains  ont  empruntés  à  leurs 
modèles  grecs20,  par  exemple  Philémation21,  Bacchis2-, 
Philaenion  23,  Erotion24,  Pasicompsa25,Glycerion26,  Philo- 
comasion 21,  Pardalisca  28,  Leaena2’,  et  d’autres 30  où  se 
cache  un  sous-entendu  grossier.  Avec  les  noms  réels  il 
ne  faut  pas  non  plus  confondre  les  noms  de  guerre  que 
s’attribuaient  parfois  les  courtisanes  ou  que  leur  donnaient 
leurs  amants  :  ainsi  la  célèbre  Phrynè  s’appelait  de  son  vrai 
nom  Mnésarétè 31 ,  et  celui  de  Mania,  maîtresse  de  Démé- 
trius  Poliorcète,  était  Mélitta32.  Enfin  rien  de  plus  fréquent 
que  les  surnoms  :  comme  de  nos  jours,  il  n  y  avait  pour 
ainsi  dire  pas  une  hétaïre  qui  n’eùt  le  sien.  Ces  sobri- 

Athen.  III,  81.  —  19  Plaute,  Térence,  Alciphron,  Aristénclc,  Lucien,  etc. 
—  20  K.  Schmidt,  O.  I.  —  21  Nom  d'hétaïre  dans  la  Mostellaria  de  Piaule,  chez 
Lucien,  Dial.  mer.  XI,  2,  et  Aristénète,  I,  14.  Toutefois  cc  nom  est  fréquent  dans  le 
Corp.  'inscr.  gr.  Voir  Pape,  Wôrterb.  der  griech.  Namen,  s.  v.  —  22  Nom  de 
deux  hétaïres  dans  les  liacchidcs  de  Plaute,  dune  hétaïre  dans  Y  Héautontimo- 
rouménos  et  dans  Y  Hdcyre ;  hétaïre  de  ce  nom  dans  Kock,  Comic.  atlic.  frag. 
11,  416;  hétaïre  de  Samos,  Athen.  XIII,  594  B,  C;  joueuse  de  flûte,  Id.  XIII,  595  A  ; 
hétaïre  de  Milet,  Plut.  Amat.  753  D.  -  23  plaut.  Asm.;  Luc.  Dial.  mer.  6,  1. 
L'étymologie  du  mot  est  donnéo  Asm.  517  :  satis  dicacula  esamatrix.  —  21  Hétaïre 
de  ce  nom  dans  les  Ménechmes  de  Plaute  et  chez  Diog.  Laert.  X,  7.  Mais  c'est 
aussi  un  nom  de  femme  honorable  dans  Corp.  inscr.  att.  Voir  Pape,  O.  I.  —  25  Dans 
le  Mercator  de  Plaute.  -  26  La  Glycère  de  Térence  (Andrienne)  avant  d'ôtre 
courtisane,  s’appelait  Pasibula.  Le  nom  de  Glycère  n'est  pas  cependant  exclusivement 
un  nom  d’hétaïre.  Voir  Pape,  O.  I.  -  27  Dans  le  Miles  gloriosus  de  Plaute. 
L'étymologie  est  fiU,  et  *«péÇ..v  =  faire  la  fête.  -  28  Com.  att.  fragm.  Kock,  I, 
515  :  xi;»  *«XoCr»iv  tv  «avaXSiSct.  —  29  Nom  fréquent,  surtout  chez  les 

hétaïres!  La  lionne  est  l'animal  sacré  d’Aphrodite  (Jacobi,  Fleckh.  Jahrb.  1873, 
p  366  sq.).  —  30  K.  Schmidt,  l.  I.  —  31  Ce  surnom  lui  avait  été  attribué,  dit  Plu¬ 
tarque,  à  cause  de  la  blancheur  de  son  teint  :  c'était  sans  doute  une  allusion  au 
préjugé  populaire,  selon  lequel  le  crapaud  (en  grec,  oçôyvi)  avait  la  propriété  de 
rendre  pâles  à  jamais,  les  personnes  qu’il  avait  touchées  ou  seulement  regardées  (Ath. 

XIII,  591  E  i  Plu*.  de  pyth- orac ■  401  A  ’  Ael-  an- XV11,  32  At,len-  X,ll> 

578  B  C.  Ce  nom  de  Mania  (piàvtn  =-  folie,  passion,  ou  avec  une  intention  méchante 
Mim*,'  féminin  do  Mdvns,  nom  d'esclave  phrygien)  lui  avait  été  donné  par  ses  amants. 


MER 


—  1834  — 


MER 


quels  stigmatisent  souvent  l’impudence  de  ces  femmes  : 
par  exemple,  celuide  K.uviu.'jia,  «  mouche  à  chien  »,  infligé 
à  la  courtisane  Nikion  De  même  Sinopè  avait  été  sur¬ 
nommée  A6u8o;,  ou  le  Gouffre  2,  Phrynè  3  ou  le 

Crible,  parce  qu'elle  criblait,  c’est-à-dire  laissait  à  sec  la 
bourse  de  ses  visiteurs,  Nico  Aï;  ou  la  Chèvre,  par  un 
calembour  qui  rappelait  qu’elle  avait  dévoré  le  patri¬ 
moine  de  son  amant  Thallos  \  Le  surnom  de  KÀowffiysXwç, 
donné  à  Phrynè,  était  une  allusion  aux  larmes  qui  sui¬ 
vaient  d’ordinaire  les  ruineuses  faveurs  de  cette  courti¬ 
sane  b.  D’autres  sobriquets  flétrissent  les  perfidies  des 
hétaïres  (Ilayi;,  le  Filet)  6,  le  mensonge  de  leurs  belles 
toilettes  (npo<7XTqviov,  décor  de  théâtre)  1,  ou  même  leurs 
habitudes  sordides  (<F9sip&7:üX-q)8.  Comme  on  le  voit,  la 
plupart  de  ces  épithètes  ont  une  signification  inju¬ 
rieuse.  11  semble  que  de  tout  temps  les  adorateurs  de 
ces  femmes  aient,  par  ces  insultes,  essayé  de  se  ven¬ 
ger  de  leur  esclavage,  de  leurs  humiliations,  parfois  de 
leur  ruine. 

La  renommée  de  plusieurs  courtisanes  grecques  s’est 
perpétuée  jusqu’à  nos  jours.  Aspasie,  Laïs,  Phrynè, 
Glycère,  ces  noms,  poétisés  par  la  légende,  évoquent 
aujourd'hui  encore  devant  nous  tous  les  prestiges  de 
la  séduction  et  de  la  beauté.  On  trouvera  dans  les  Ver- 
mischte  Schriften  de  F.  Jacobs  les  biographies  détaillées 
de  ces  femmes  :  noms  y  renvoyons  le  lecteur9.  En  ce  qui 
concerne  Aspasie,  quelques  mots  toutefois  sont  néces¬ 
saires  pour  définir  avec  exactitude,  sa  condition  sociale 
ainsi  que  la  nature  du  lien  qui  l’unissait  à  Périclès10. 
L’histoire,  ce  nous  semble,  a  accueilli  avec  trop  de  com¬ 
plaisance  sur  son  compte  les  médisances  des  comiques 
contemporains,  amplifiées  encore  et  aggravées  par  des 
écrivains  postérieurs,  dénués  de  critique  “.  Pour  juger 
avec  équité  Aspasie,  il  faut  aller  droit  aux  témoignages  de 
ceux  qui  Font  connue  personnellement,  ou  qui,  apparte- 
nantàla  génération  suivante,  ont  eu  du  moins  sur  elle  des 
renseignements  de  première  main.  Ces  témoignages,  à  la 
vérité,  sont  rares  et  brefs,  mais  ils  suffisent.  Dans  le 
Ménexènc  de  Platon,  Aspasie  nous  est  représentée  comme 
une  femme  supérieure,  et  par  son  esprit,  et  par  ses  con¬ 
naissances  en  rhétorique  et  en  politique12.  Mais  ceci  ne  se 
rapporte  qu’à  ses  qualités  intellectuelles.  Voici  deux 
autres  textes  qui,  en  outre,  jettent  quelque  jour  sur  ses 
mœurs.  Dans  un  dialogue  à  la  façon  de  Platon,  le  socra¬ 
tique  Eschine  avait  montré  Aspasie  s’entretenant  avec 
Xénophon  et  sa  femme  :  comme  conclusion,  elle  invitait 
les  jeunes  époux  à  travailler  tous  les  deux  à  leur  perfec¬ 
tionnement  moral13.  Dans  Y  Économique  de  Xénophon, 
Socrate  exposant  à  Critobule  le  rôle  et  les  devoirs  d  une 
femme  dans  le  ménage,  lui  propose  de  le  présenter  à 
Aspasie  «  qui  l’instruira  avec  bien  plus  de  compétence 
sur  ces  matières  u».  Ainsi  donc  les  seules  informations, 

1  Athen.  IV,  157  A.  —  2  Id.  XIII,  586  A.  —  3  Id.  XIII,  587  B,  588  E-F, 
591  C.  —  4  Id.  XIII,  582  E,  583  C.  —  S  Id.  XIII,  591  C.  —  6  Lucian, 
Dial,  meretr.  11,  2;  cf.  Alhen.  XIII,  567  F.  —  "•  Athen.  XIII,  587  B  :  surnom 
de  la  courtisane  Nannion.  —  8  Id.  XIII,  58C  A.  Littéralement  «  celle  qui  s'épouille  à 
sa  porte  »,  surnom  de  la  courtisane  Rhanostratè.  —  9  IV,  p.  379-554.  Voir  aussi 
l’article  laïs  dans  le  Dict.  hist.  et  crit.  de  Bayle.  —  10  Sur  Aspasie,  voir,  outre 
Jacobs,  Op.  I.  IV,  p.  379-39,  l’article  dn  même  dans  la  1 tealencyc.  de  Pauly,  et 
celui  de  Judeich  dans  la  nouvelle  édition  de  la  Realencyc.  par  Wissowa. 
—  11  Aristoph.  Acharn.  542  êq.  ;  Alhen.  XIII,  570  A  ;  XII,  533  D;  Harpocr.  s.  v. 
'Airr.xffia  ;  Plut.  Pericl.  13,  24. —  '2  235E. —  I3  Cic.  De  inv.  I,  31;  Quintil,  V,  11, 
27.  Chronologiquement,  ce  dialogue  n’a  pu  avoir  lieu,  Xénophon  étant  alors 
beaucoup  trop  jeune.  Mais,  du  moins,  il  nous  rend  fidèlement  l’image  morale 
qu’on  se  faisait  d’ Aspasie  dans  l’école  socratique.  —  14  III,  14.  Voir  encore  Mèm. 


dignes  d’entière  confiance,  sont  favorables  sarm 
lion  aucune  à  Aspasie.  Bien  supérieure  àla  -  !'eSlric' 
femmes  grecques  par  son  intelligence  et  sa  nî\i ^  d<* 
nous  y  apparaît  en  outre  l’égale  des  meilleuresT’  J 
honorabilité  reconnue,  par  le  respect  et  la  consid  ^  r°° 
dont  elle  est  entourée.  Nous  concluons  par  suii 
hésiter  qu’Aspasie:.  en  dépit  du  préjugé  courant 
pas  une  hétaïre.  Elle  ne  l’a  été,  ni  au  sens  moral  (ni 
venons  de  le  montrer),  ni  au  sens  juridique  qu’on  n,  i 
attacher  à  ce  mot.  Au  point  de  vue  juridique,  en  c(R 
on  distinguait,  à  Athènes,  de  l’épouse  légitime 
non  seulement  la  courtisane  (sTatoa),  niais  encore 
concubine  ou  pallaque  (TtaXXoooj)  *»!  Épouse  de  Périclès1 
Aspasie,  en  sa  qualité  d’étrangère,  ne  pouvait  Fètie’ 
mais  elle  était  très  probablement  sa  concubine.  Le  cou- 
cubinat  athénien,  on  l’a  vu  [concubinatus],  était  un 
mariage  d’ordre  inférieur,  à  la  vérité,  mais  reconnu  par 
la  loi.  La  condition  de  pallaque  où  Aspasie  resta  reléguée 
n’était  donc  pas  une  tare  ;  elle  ne  provenait  que  d’une 
incapacité  légale,  et  ne  pouvait  par  conséquent  rien  lui 
enlever  de  l’estime  et  du  respect  auxquels  ses  qualités 
personnelles  lui  donnaient  droit.  Et  ce  qui  prouve  bien, 
du  reste,  qu’il  en  était  ainsi,  c’est  le  fait,  rapporté  par 
Plutarque,  que  les  amis  de  Périclès,  lorsqu’ils  rendaient 
visite  à  Aspasie,  n’hésitaient  pas  à  amener  avec  eux 
leurs  femmes  16  :  ce  qu’ils  n’auraient  certainement  pas 
fait,  si  la  compagne  de  l’homme  d’État  avait  été  une 
hétaïre.  En  résumé  donc,  la  condition  sociale  d’ Aspasie 
peut  se  comparer  assez  exactement  à  ce  qu’on  appelle  de 
nos  jours  un  mariage  morganatique. 

Oubliées  aujourd’hui,  d’autres  courtisanes  furent 
célèbres  aussi  de  leur  temps  en  raison  de  la  puissance 
et  des  honneurs  qu’elles  obtinrent,  maîtresses  des 
princes  et  des  rois,  parfois  reines  elles-mêmes.  Ci¬ 
tons  entre  autres  Thargélie  de  Milet,  qui  eut,  au  dire 
de  Plutarque,  des  liaisons  avec  plusieurs  hommes  poli¬ 
tiques  de  la  Grèce  qu’elle  sut  gagner  aux  intérêts  du 
grand  roi,  et  qui  mourut  reine  de  Thessalie  1  ",  1  Alhé-I 
nienne  Thaïs,  d’abord  maîtresse  d'Alexandre,  qui  de-j 
vint  ensuite  épouse  de  Ptolémée,  et  reine  d  Égypù 
sa  compatriote  Lamia,  amie  de  Démétrios  Poliorcète1  , 
à  laquelle  la  servilité  des  Athéniens  éleva  un  autel, 
sous  l’invocation  d’Aphrodite  Lamia  0,  et  enfin  fou  e| 
la  série  des  courtisanes  dont  Ptolémée  Pliikub  l1 11  11 
le  jouet  :  Didymè,  Bilistichè,  Agathocléa,  Stratomke, 

Le  terme  ordinaire  pour  désigner ■  lu  «r 
tisane  en  latin  est  meretrix  ( mereo ,  je  gagne)  ■  i  ’  » 
une  femme  qui  gagne  sa  vie  en  se  Prostl  ua”  inS 
corpore  meret).  Dans  le  même  sens,  les  juns  es 
disaient  :  mulieres  quaestuariae ,  cor  pont  ciua  .  Je 
Le  mot  scortum  est  un  synonyme 


t  f  Athen. 

35.  _  13  [Dem.i,  Adv.  Neaer.  122.  —  13  Pericl.  Zi,  ®  ^  X[H,  609  A; 

_  17  Plut.  Pericl.  24;  Suid.  et  Ilesych.  s.  v.  Sw  *'  57GE;hi°d- 

ïvnuch.  7  ;  Philost.  Ep.  73,  3.  -  18  l'lut.  Alex^  3  ,  •  j  Bayle,  Vict. 

un  7«  _  19  Sur  lamia  voir  Jacobs,  Op.  L  v ,  |).  p0lémon. 

!«:«.  ......  -  »  AU..  VI,  ,53  A,  A*.  ***£&«  »  •* 

:r  exemple  de  ces  déifications  imprudentes,  qui,  P*1  .(ressei  la  cour- 

a,  avait  été  donné  par  Harpole  en  ^veur  e  ^  j;i  F,  577  A;  P|u  ' 
Pylhionikè  (Atb.  XIII,  595  c).  -  21  Alhen.  XI  ,  ■  jt  u,„.  bar- 

,r.  7B3  D-F:  Polyb.  XIV,  1 1  ;  XV,  25-26,  31-33.  B  h  lie  ^  „  n0„ 
achetée  sur  le  marché;  Ptolémée  1m  élev ‘  “tambourin,  «  ^ 

, Odite  Bilistichè.  Agalhocléon,  fille  d «ne  joueuse  d  d'une  nia.*® 

selon  le  mot  de  Plutarque,  le  diadème  royal  ».  MjrUon 


MER 


—  1835  — 


MER 


.  on  trouve  aussi  quelquefois  lupa  2.  L’épithète 
fflere" 1,1 .  nj  fa[t  allusion  au  costume  imposé  à  Rome  aux 
rflM"  îes  \  a  également  une  signification  générale 
C0"  nliaire',  par  le  mot  prostibulum  on  enlcnd  une 
A"  Située  de  la  classe  la  plus  vile  4.  Certains  noms 
Pr°nrlenaient  à  une  classe  particulière  de  courtisanes  : 


api* 


Enfin  nombre  de 


l 'carias 5,  ambubaiae  G,  bustuariae  \ 

111 "  désignant  ces  créatures,  étaient  de  l’invention  des 
®° S’  ueg  et  ne  se  rencontrent  que  chez  les  glossateurs  : 
^micùlae\  icraptaeÇ)  scrupedae  stritta- 

hilae^)"rmiraculae'2- 

I  Le  type  de  la  courlisane>  tel  due  nous  ravons  vu  se 
développer  en  Grèce,  n’apparut  que  très  tard  à  Rome. 
C’est  qu’il  suppose  une  civilisation  à  la  fois  raffinée  et 
corrompue  qui  cherche  la  volupté,  mais  y  mêle  le  souci 
de  l’élégance.  Or,  pendant  des  siècles,  les  mœurs  romaines 
restèrent  saines  et  grossières.  Le  lien  conjugal  était 
étroitement  respecté  ;  on  ne  connut  à.  peu  près  aucun 
cas  de  divorce  pendant  six  cents  ans13.  Ce  n’est  pas  que 
toutes  les  unions  de  ce  temps  fussent  assorties  :  le 
mariage  romain,  conclu  le  plus  souvent  par  les  parents, 
n’offrait  pas  toujours  des  garanties  d’affection  mutuelle  u. 
Trop  fréquemment,  cela  est  certain,  les  maris  malheu¬ 
reux  en  ménage  cherchaient  des  consolations  indignes 
auprès  des  esclaves,  toujours  très  nombreuses  dans  les 
maisons  riches13.  Ces  amours  ancillaires  amenaient 
souvent  des  querelles  conjugales  16  ;  mais,  du  moins,  ils 
ne  faisaient  pas  scandale.  Et  maintes  femmes  même 
fermaient  les  yeux  et  se  résignaient.  Ainsi  fit  en  parti¬ 
culier  Tertia,  épouse  de  Scipion  le  second  Africain, 
«ne' voulant  pas  déshonorer  le  nom  du  vainqueur  de 
l’univers  11  ».  Quant  aux  jeunes  gens,  la  sévérité  de 
l’éducation  domestique  et  l’autorité  paternelle  suffi¬ 
saient  sans  doute  à  les  garantir  des  graves  écarts.  Du 
reste,  autant  l’opinion  publique  eût  été  rigoureuse  pour 
une  liaison  folle  et  prolongée,  autant  elle  excusait  cer¬ 
taines  fréquentations  passagères,  regardées  comme  des 
nécessités  physiques.  Il  y  a  à  ce  sujet  un  mot  bien  carac¬ 
téristique  de  Caton  l’Ancien,  rapporté  par  Horace18: 
«  Voyant  un  jour  un  personnage  connu  sortir  d’un 
bouge:  Bravo  !  lui  dit-il  dans  sa  sagesse  divine,  c’est  là, 
dès  que  l’âpre  désir  leur  gonfle  les  veines,  que  doivent 
descendre  les  jeunes  gens,  au  lieu  de  s’en  prendre  aux 
épouses  d’autrui.  »  Le  satirique  arrête  là  malignement 
1  anecdote,  mais  le  scoliaste  nous  en  a  transmis  la  fin 
lui  seule  lui  donne  toute  sa  signification  morale la  : 


«  Caton,  ayant  vu  à  plusieurs  reprises  ledit  personnage 
sortir  du  même  lieu,  lui  dit  :  «  Ce  dont  je  t’ai  loué,  jeune 
«  homme,  c’était  de  venir  ici  à  l’occasion,  non  d’y  élire 
«  domicile.  »  Comme  on  le  voit,  les  seules  courtisanes  de 
ce  temps  étaient  les  misérables  filles  de  joie,  guettant  les 
passants  au  coin  des  rues  et  des  carrefours.  L’état 
d’esprit  que  révèle  ce  mot  de  Caton  est  évidemment  le 
même  que  celui  de  Solon  fondant  à  Athènes  le  premier 
7topveîov  ;  à  tous  les  deux,  la  prostitution  apparaît  comme 
un  moyen  de  salubrité  publique,  un  préservatif  de 
l’honneur  des  familles. 

Les  écrivains  latins  s’accordent  à  signaler  vers  la  fin 
de  la  seconde  guerre  Punique  les  débuts  d’une  transfor¬ 
mation  radicale  des  mœurs  romaines20.  A  l’école  des 
nations  qu’elle  a  vaincues,  Rome,  enrichie,  a  pris  le  goût 
des  arts,  du  luxe,  mais  aussi  du  libertinage.  Une  démo¬ 
ralisation,  qui  ne  fera  que  s’accroître  de  jour  en  jour 
jusqu’au  temps  de  l’Empire,  gagne  toutes  les  classes  de 
la  société,  mais  en  particulier  la  classe  supérieure. 
Celle-ci  se  forme  un  idéal  de  vie  facile  et  voluptueuse, 
la  vie  grecque,  comme  on  dit  (graecari)2' .  Dans  cette  vie 
l’amour  libre  et  les  courtisanes  tiennent  naturellement 
une  grande  place.  Toute  une  série  de  témoignages,  des 
deux  derniers  siècles  de  la  République  et  de  l’Empire, 
nous  montrent  combien  le  sentiment  public  a  changé  sur 
ce  point.  Comme  jadis  en  Grèce,  les  liaisons  des  jeunes 
gens  riches  avec  les  courtisanes  deviennent  chose  cou¬ 
rante  et  acceptée.  Nous  en  avons  un  exemple  de  l’an  184 
av.  J.-C.  dans  le  récit  de  Tite-Live,  relatif  aux  amours  du 
jeune  P.  Aebutius  avec  l’affranchie  Ilispala  :  «  liaison, 
dit  l’historien,  qui  n’avait  fait  tort  ni  à  la  fortune,  ni  à 
la  réputation  du  jeune  homme22  ».  Au  siècle  suivant, 
Cicéron,  pour  excuser  les  désordres  de  son  client  Caelius, 
s’écrie  23  :  «  Si  quelqu’un  prétend  interdire  à  la  jeunesse 
l’amour  même  des  courtisanes,  je  le  trouve  vraiment 
bien  sévère.  Il  faut  en  convenir,  tant  de  rigueur  est  en 
opposition  non  seulement  avec  la  licence  de  notre 
époque,  mais  encore  avec  les  usages  et  la  tolérance  de 
nos  ancêtres.  A  quelle  époque,  en  effet,  n’en  a-t-on  pas  fait 
autant?  A  quelle  époque  la  chose  a-t-elle  été  défendue? 
A  quelle  époque  ne  l’a-t-on  pas  permise  ?  »  Dans  ce 
témoignage  il  y  a  deux  parts  à  faire  :  s’il  prouve  bien 
qu’au  temps  de  Cicéron  les  meretricii  amores  n’étaient 
plus  imputés  à  crime  aux  jeunes  gens,  c’est  à  tort  et 
pour  les  besoins  de  sa  cause  que  l’orateur  affirme  qu’il 
en  a  toujours  été  ainsi.  Sous  l’Empire  la  conception  nou- 


1  Le  sens  premier  de  scortum  esl  «peau  ».  Même  métaphore  en  français 
Feslus,  p.  33[  Millier,  l’explique  :  quia  ut  pelliculae  subiguntur.  —  2  Celle 
métaphore  existe  aussi  en  grec,  où  nombre  de  courtisanes  portent  des  noms 
011  «ntre  ]a  racine  lu*  =  loup:  quia ,  ad  luparum  instar,  sunt  rapaces  (For- 
Cellinit  Les  noms  de  Lycon,  donné  chez  Plaute  à  un  usurier  dans  le  Curculio , 
cl  <•«  Lycus,  attribué  au  leno  du  Poennlus ,  recommandent  l’interprétation  de 
01c<-  mi.  -  3  v0jr  piug  j[)as^  p  1839,  n.  10.  —  4  Dans  le  même  sens  on  dit 
*USS'  proseila,  voir  p.  1836,  n.  11.  —  6  Voir  p.  18,37.  —  6  On  appelait  ainsi  une 
pr°i"^lle  cour tisanes  syriennes,  du  plus  bas  étage.  Voir  p.  1835,  n.  23.  —  7  Voir 
*’  n*  *-•  —  8  Le  mol  schoenum  (ou  schoenus)  signifie  roseau,  jonc.  Et  l'adjectif 
pour  C  <  rte  Veu^  dire,  Par  suite,  les  courtisanes  qui  se  servent  du  schoenum.  Mais 
arornT USa^  ^es  R°ma‘us,  dit  Freund  ( Dictionn .  lat.  s.  r.),  s’en  servaient  pour 
a  'ht  le  vin  ;  les  courtisanes  dépravées,  pour  un  usage  infâme.  Forcellini  (s.  i>.) 
p  3^lemot  d  une  façon  plus  satisfaisante,  d’après  les  sources  antiques,  Fest. 
Ü".7''e  /  U  er  ( ^c^loer^iculas  appellare  videtur  meretriculas  Plautus  propter  nsum 
[Ho  1  SC^0enî’  Qll°d  est  pessimi  generis ),  et  Varr.  De  ling.  lat.  7,  3  ad  fin. 

n\ culae,  ab  schoeno,  nugario  unguento).  Il  s’agirait  donc,  dans  celte  seconde 
55  jjl  .  ll'°U’  ^  un  Pai'fum  de  basse  qualité,  fait  avec  ce  jonc.  Plaute,  Poen.  I,  2, 
Mais  <?a*ernenL  en  parlant  de  courtisanes  du  plus  bas  étage  :  schoeno  delibutae. 
aussi  |IU'  lues‘uns  lisent  coeno.  —  9  Cette  lecture  n’est  pas  sûre  :  on  trouve 
3tg.  v  terattiae,  scratiae.  Terme  employé  par  Piaule,  ap.  Aul.  Gell.  III» 
Marcell.  169,  8  ;  Varr.  De  ling.  lat.  7,  3  ;  Fest.  p.  258  :  «  Scraptae  diceban- 


tur  nugatoriae  ac  despiciendae  mulieres ,  ut  ait  Vcrrius ,  ab  iis  quae  screa  iidem 
appellabant ,  id  est  quae  quis  exscreare  solet ,  quatenus  id  faciendo  se  pur  g  ar et  ». 

—  10  Terme  de  Plaute,  rapporté  par  Aulu-Gclle,  Nonius  et  Varron,  Ibid.  Freund 
traduit  :  «  qui  marchent  avec  peine,  peut-être  comme  «pointera,  qui  portent 
des  sabots,  qualification  des  femmes  de  mauvaises  mœurs  ».  Forcellini  explique  : 

«  JSomen  a  scrupus  et  pes,  quo  significatur  qui  aegre  incedit,  velut  quae  pedibus 
scrupos  calcans  difficile  ingreditur  et  distorto  corpore  ».  —  11  Lecture  peu  sûre. 

«  Stritare  abeo  qui  sistit  aegre  »,  dit  Varron,  L.  I.  Dans  Aulu-Gelle,  L.  I.  le  mot 
est  écrit  strictivilla  [stringof  villus)  =  celle  qui  s’épile.  De  même,  dans  Nonius,  L.  I. 

—  12  Ce  mot  signifie  une  horrible  femme,  un  monstre  de  laideur  :  Plaul.  ap.  Varr. 
L.  I.  ;  cf.  Fest.  p.  123,  Müller  :  «  Miracula  quae  nunc  digna  admiratione  dicimus, 
antiqui  in  rebus  turpibus  utebantur  ».  —  13  Aul.  Gell.  IV,  3,  1  ;  Tertul.  Apol.  6; 
cf.  J.  Marquardt,  La  vie  privée  des  Rom.  (dans  le  Man.  des  antiq.  rom.  par 
Th.  Mommsen  et  J.  Marquardt,  t.  XIV),  I,  p.  84,  trad.  Henry.  —  14  J.  Marquardt. 
O.  I.  I,  p.  38.  —  15  Augustin.  De  verb.  apost.  Serm.  153,  5;  Id.  Serm.  224,  3. 

—  16  Plaut.  Menaechm.  604  sq.  ;  Asin.  851  sq.  etc.  —  17  Val.  Max.  VI,  7,  1.  De 
même  Livie,  d’après  Suet.  Octav.  69-71.  —  18  Sat.  1,2,  31.  —  19  Schol.  ad  h.  I. 

—  20  Tit.  Liv.  XXXIX,  6,  7;  Plin.  Hist.  nat.  XVII,  244;  Val.  Max.  IX,  i,  3;  Juv. 
VI,  298-300;  Fest.  p.  285  6,  25,  Müller.  —  21  H  serait  plus  exact  de  dire 
la  vie  asiatique  ;  car  le  modèle  que  se  propose  la  société  de  ce  temps,  ce  n’est 
pas  Athènes,  mais  la  sensuelle  et  fastueuse  Asie.  —  22  Tit.  Liv.  XXXIX,  9. 

—  23  Pro  Cael.  XX,  48. 


MER 


1836  — 


MER 


velle  est  si  bien  entrée  dans  les  mœurs  qu’elle  paraît 
indiscutable.  Dans  une  de  ses  Controverses,  Sénèque  fait 
parler  ainsi  le  défenseur  d'un  jeune  homme  accusé  de 
mœurs  débauchées  :  «  JVihil  peccaverat  :  aniat  mere- 
tricem;  solet  fèeri;  adolescens  est;  exspecta ,  emenda- 
bitur,  ducet  uxorem  *.  »  C’est,  mot  pour  mot,  on  se  le 
rappelle,  la  morale  grecque  du  iv°  siècle  av.  J.-C.  Quant 
aux  hommes  mariés,  la  fidélité  au  lien  conjugal  devient 
vers  le  même  temps  un  mérite  tout  à  fait  exceptionnel  2. 
Qu’on  lise  dans  Cicéron,  par  exemple,  le  récit  des  rela¬ 
tions  publiques  d’un  Verrès  avec  les  courtisanes  Chéli- 
don  3  et  Tertia  4,  ou  celles  d’Antoine  avec  Cythéris  5. 
Enfin,  outre  les  jeunes  gens  et  les  maris,  il  faut  compter 
à  cette  époque,  parmi  les  clients  ordinaires  des  courti¬ 
sanes,  la  foule  chaque  jour  grandissante  des  célibataires 
obstinés  6.  Dès  la  fin  de  la  République  le  mal  est  tel 
qu’Auguste,  par  des  lois  spéciales  d'une  sévérité  draco¬ 
nienne,  essaye  en  vain  d’y  remédier1.  Cette  répugnance 
au  mariage  n’est  qu’un  symptôme,  l’une  des  formes  d'un 
mal  plus  général,  qui  est  l'égoïsme,  l’amour  de  la  tran¬ 
quillité,  la  peur  de  toute  charge  et  de  tout  souci.  Ce  qu’on 
recherche  dans  le  célibat,  c’est  une  vie  facile,  indépen¬ 
dante,  propice  aux  inclinations  changeantes.  Souvent, 
comme  ce  Largius  Macedo  dont  parle  Pline  le  Jeune,  le 
célibataire  riche  a  autour  de  lui  plusieurs  concubinae  8. 
Tout  au  moins  sa  vie,  comme  celle  d’Ilorace,  n’est,  jus¬ 
qu'aux  approches  de  la  vieillesse,  qu’une  succession  de 
brèves  et  frivoles  liaisons  avec  des  femmes  galantes  9. 

A  partir  de  cette  époque,  les  courtisanes  se  peuvent 
diviser,  à  peu  près  comme  en  Grèce,  en  deux  catégories 
principales,  entre  lesquelles  Nonius  Marcellus  fait  la 
distinction  suivante  :  «  Inter  meretricem  et  prostibulum 
hoc  interest  quod  meretrix  honestioris  loci  est  et 
quaestus.  Nam  meretrices  a  merendo  dictae  sunt,  quod 
copiam  sui  tantummodo  noclu  facerent;  prostibula , 
quod  ante  stabulum  stent  quaestus  diurni  et  nocturni 
causa  ,0.  »  Le  second  de  ces  termes  [prostibula)  désigne 
surtout  les  pensionnaires  des  maisons  de  prostitution. 
Leur  nom  venait  de  ce  qu’elles  se  tenaient  à  la  porte  de 
ces  maisons  ( stabula ),  le  jour  et  la  nuit,  attendant  et  pro¬ 
voquant  les  clients  11 .  On  a  exhumé  à  Pompéi  au  moins 
deux  lupanars.  Ils  se  composent  essentiellement,  chacun, 
d’un  vestibule  entouré  de  cellules.  Ces  cellules  très  étroites 
(elles  ne  mesurent  guère  que  2  mètres  carrés)  sont 
munies  d’un  lit  de  pierre,  que  l’on  recouvrait  sans  doute 
de  matelas  et  de  coussins.  Elles  sont  éclairées,  soit  par 
une  petite  lucarne  ouverte  sur  la  rue,  soit  par  une 
imposte  donnant  sur  le  vestibule  d’entrée.  Dans  ce  vesti¬ 
bule  siégeait  le  leno  ou  la  lena ,  dans  un  petit  réduit, 
abrité  par  une  cloison.  L’entrée  principale  de  1  établis¬ 
sement  présente  au-dessus  de  la  porte  un  emblème 
obscène12.  Ces  maisons  étaient  décorées  a  1  intérieur  de 
peintures  appropriées,  très  réalistes  13.  A  ces  renseigne- 

l  Controv.  II,  li,  10.  —  2  J.  Marquardt,  O.  I.  I,  p.  82.  —  3  Verr.  I,  40,  104; 
52,  137  sq.;  V,  13,34;  15,  38.—  4  Ibid.  III,  34,  78  ;  V,  12,  31;  16,40.—  s  Philipp. 

II,  24,  58  ;  Ad  AU.  X,  10,  5  ;  Plin.  Hist.  nat.  VIII,  16.  —  6  J.  Marquardt,  O.  I.  I, 
p.  86  sq.  —  7  O.  I.  p.  90  ( Loi  Papia  Poppaea,  762  de  Rome).  —  8  l’lin.  Ep.  111, 

14.  _ 9  Voir  p.  1839.  —  10  V,  8,  p.  423.  —  11  Le  mot  prosedae  a  le  môme  sens. 

Fest.  p.  226,  2,  Muller  :  «  Prosedas  meretrices  Plautus  appellat,  quae  ante  stabula 
sedeant  ;  caedem  et  proslibulae  ».  Peut-être  cette  différence  de  nom  tient-elle  à  ce  que 
les  unes  se  tenaient  debout,  les  autres  assises,  à  la  porte  des  lupanars;  cf.  Juven. 

III,  136.  —  12  p.  Gusman,  Pompéi ,  p.  259  sq.  Cet  emblème  qu’on  retrouve  placé 
en  maint  endroit  comme  un  préservatif  [àmulaetum,  fascindm]  n’est  pas  nécessaire¬ 
ment  l’enseigne  d’un  mauvais  lieu.  —  13  Helbig,  Wandf/emaelde  des  Campan. 
n°  1506,  p.  370-1.  Reproduction  de  quelques-unes  de  ces  peintures  dans  Roux, 


ments  les  textes  ajoutent  quelques  détails  com  u 
taires.  Chaque  prostituée  avait  dans  le  lumn,  1  m°n- 
distincte  [cella) 14  ;  sur  la  porte  était  un  écriteau  ï 
portant  le  nom  de  1  occupante13.  C’est  ainsi  que  .  '' 

dans  le  passage  fameux  où  il  dépeint  Messaline  T 
la  nuit,  sous  un  déguisement,  les  mauvais  lieux  de  lu' ^ 
nous  la  montre  entrant  dans  un  lupanar,  et  s’v 
donner  une  cellule  ( cellam  vacuam  atquè suam)  s'uh] 
porte  de  laquelle  on  écrit  le  nom  mensonger  de  Lycise-t  " 
Lorsqu’une  de  ces  femmes  avait  un  client,  elle  mettait 
semble-t-il,  au-dessous  de  son  nom  la  mention-  oceit 
patal\  Le  prix  se  payait  en  entrant13. 11  était  naturelle¬ 
ment  fort  modique  :  nous  trouvons  chez  les  auteurs  et 
dans  les  inscriptions  de  Pompéi  des  prix  divers,  allant 
d’un  as  à  un  denier,  c’est-à-dire  de  0  fr.  06  à  1  fr  07 
environ  l9.  Les  maisons  de  débauche,  à  Rome,  ne  s’ou¬ 
vraient  qu’à  la  neuvième  heure,  «  afin,  dit  un  scoliaste 
de  Perse,  que  les  exercices  du  matin  ne  fussent  pas  déser¬ 
tés  par  la  jeunesse20  ».  Tel  est  le  type  du  lupanar  [sta- 
,  bulum ,  prostibulum ),  où  un  groupe  de  femmes  vivaient 
en  commun  sous  les  ordres  d’un  leno  ou  d’une  lena  à 
qui  elles  appartenaient  à  Litre  d’esclaves  et  qui  touchait 
le  prix  de  leurs  amours  vénales. 

Outre  les  lupanars  proprement  dits,  on  rencontre 
encore  à  Pompéi,  dans  plusieurs  ruelles,  des  cellules 
isolées  ( cellae ),  s’ouvrant  au  rez-de-chaussée  de  certaines 
maisons  (avec  lesquelles  elles  ne  communiquent  pas, 
toutefois),  et  donnant  immédiatement  sur  la  rue.  Comme 
dans  les  cellae  du  lupanar,  une  couchette  de  pierre 
occupe  environ  la  moitié  de  la  superficie  de  la  pièce. 
Chacun  de  ces  taudis  appartenait  à  une  prostituée, 
vivant  seule,  et  qui  le  louait  au  propriétaire  de  Lunaison 


dont  il  fait  partie 21 . 

Au  même  usage  servaient  encore  les  chambres  placées  j 
sous  la  voûte  des  arcades  (fornices),  qui,  à  Rome,  entou¬ 
raient  certains  monuments,  le  Cirque,  le  Théâtre,  le  Stade 
[fornix,  p.  1264]  **.  Là  se  tenaient,  en  particulier,  ces  I 
Syriennes  et  ces  Orientales,  dont  parle  Juvénal,  paiéesl 
d’un  costume  étrange,  et  qui  exécutaient,^  au  son  des! 
cymbales  et  des  castagnettes,  des  danses  impudiques  . 

La  plupart  des  établissements  où,  dans  l’intérieur  I 
des  villes,  on  vendait  à  boire  ( thermopolia ,  cauponae , 
ganeae)  n’étaient  eux-mêmes  que  des  lupanars  I 
déguisés21».  «  Si  qua  cauponam  exercent,  dit  le  Diges  e, 
in  ea  corpora  quaestuaria  habeat,  ut  mullcu  " 
sub  praetextu  instrumenti  cauponii  prostitutx 
lieres  habere,  dicendum  hanc  quoque  lehae  aPP 
tione  contineri^ .  »  On  a  découvert  a  Pompéi  un  I 
cabarets:  les  peintures  qui  le  décorent  mon  ren  ^  | 

rement  que  c’était  en  même  temps  un  marnai  ^  I 
L’une  d’elles  représente  les  servantes  qui  Jouen  “  ,  1 

clients,  les  excitent  à  boire,  les  poursuivent,  es 

Uonlnno  de  ces  tavernes  est  ai  • 


cûnl  T  d  r»nr»n 


2^  ^3  —  1  v  Suct.l 

miL  et  Pompéi ,  t.  VIII  (Musée  secret),  pl.  i».  18’  1  pro  loi 

g.  41:  lupanar  in  Palalio  constituit  distinc  nsque  limina  cellae; 

tate  édite.  -  Mart.  XI,  45,  4  :  intrasf quot.es P  ^  _  ,c  Juv.  | 
Controv.  I,  2,  1  :  dcducta  es  in  lupanar,  tilulu  yam]  esse  sc. 

2,  sq.  -  U  Haut.  Asin.  760  :  in  foribus  senbat,  oeeupata»  )g  Juv  VI, 
il  n’est  pas  certain  qu’il  s'agisse  d  un  usage  ree  S  y  ,  reg.  A cfl?J 
_  .9  Mart.  II,  53,  7  ;  1,  t04,  10  -  1X’  ’p.  l38  sq.  -  29 

178  (cf.  art.  caüpona)  ;  Rhein.  Mus.  N.  F-  XV  (U  ^  ^  06;  Lampr« 

13  et  Schol.  ad  h.  I.  -  «  P.  Gusman,  L.L  Svet.  N».  -1’ 


p.  367. 


MER 


—  1887  — 


MER 


un  édit  de  l’empereur  Alexandre  Sévère  qui  | 
encore  P(a|i  |ti  ^  qù  une  esciave  aura  été  vendue,  sous 
pieSCI1  l'de  n’ètre  pas  livrée  à  la  prostitution,  elle  ne 
C(l11  ^  être  employée  comme  servante  d  auberge  . 
Pourra.t£lU  je  même  de  ces  hôtelleries,  si  nombreuses 
11  ®n  jes  grandes  routes  de  l’Italie,  où  les  voyageurs 
1,3  k"'uent  legiteella  nourriture.  On  a  reproduit  ailleurs 
lr0ll'M!N  \  fig.  1258]  un  relief  d’Aesernia2,  qui  représente 
^"  'ra-eur,  au  moment  du  départ,  tenant  par  la  bride 
Un 'mulet  et  réglant  son  compte  avec  son  hôtesse. 
in]  jjHllogue  gravé  au-dessus  du  sujet  nous  donne  tous 
I  délajs  je  ce  compte  :  à  côté  du  vin,  du  pain,  du 
mlmentarium  et  du  foin  pour  le  mulet  figure  l’article 
niivant  :  «  Pour  la  fille,  8  as  —  Nous  sommes  d’accord  >» 
Tpuellam  :  asses  oclo  —  Et  hoc  convenit).  Varron  nous 
apprend  à  ce  propos  que  les  propriétaires,  dont  les 
domaines  bordaient  les  grandes  routes,  installaient  sou- 
vent  le  long  du  chemin  des  tabernae  qu’ils  louaient  ou 
faisaient  gérer  par  leurs  esclaves3.  Et  il  est  bien  pro¬ 
bable  qee  c’est  à  ces  établissements  que  fait  aussi  allusion 
un  texte  d’Ulpien,  où  il  est  dit  que  «  in  multorum 
honestorum  virorum  praediis  lupanaria  exercentur  »*. 
Même  les  boulangeries  de  Rome  et  de  la  Campanie 
s’étaient,  de  bonne  heure,  transformées  en  cabarets 
(, cauponae )  et,  conséquemment,  en  lieux  de  prostitution  \ 
Plaute  dépeint  les  alicariae  mérétrices 6  comme  un 
gibier  d’esclaves,  qu’on  a  pour  deux  oboles. 

Outre  les  endroits  déjà  cités,  la  prostitution  s’étalait 
encore  à  llome  dans  les  bains  7  et  dans  maints  autres 
lieux.  Son  quartier  général  était  Subura  8;  c’était  un 
quartier  très  populeux,  habité  par  la  basse  classe,  où 
abondaient  les  cabaretiers,  les  revendeurs  de  toute 
espèce,  et  les  filles  publiques.  Le  vicus  Patricius  sur  le 
mont  Esquilin 9,  les  remparts  de  Rome  [ submoenium) i0 , 
les  temples11,  les  monuments  funèbres  mêmes12,  en  un  mot 
touslesréduits  retirés  et  sombres  abri  taientla  prostitution. 

Mais,  comme  en  Grèce,  il  y  avait  à  Rome,  au-dessus 
des  créatures  dont  il  vient  d’être  question,  une  classe 
très  nombreuse  de  femmes  galantes,  vivant  seules, 
ou  avec  leur  mère,  ou  sous  la  protection  d’un  mari  ordi¬ 
nairement  complaisant.  Presque  toutes  étaient  ou  des 
étrangères  ou  des  affranchies,  c’est-à-dire  de  ces  femmes 
«  in  (puis  stuprum  non  committitur  ».  Leur  mariage 
même,  quand  elles  étaient  mariées,  n’était  pas  reconnu 
par  la  loi  romaine  ;  par  suite,  il  n’exposait  point  leurs 
amants  aux  peines  sévères  portées  contre  l'adultère  ; 
mais,  en  revanche,  il  permettait  à  la  courtisane  d’élever 
le  prix  de  ses  faveurs.  Ovide,  dans  Y  Art  d'aimer ,  a  pris 
soin  d’énumérer  aux  galants  les  lieux  et  les  occasions  où 
Ion  a  le  plus  chance  de  rencontrer  les  belles.  Au  premier 
rangil  faut  mettre  le  théâtre,  ou  plutôL  les  trois  théâtres 
de  Pompée,  de  Marcellus  et  de  Balbus  :  l’affluence  aux 
jeux  était  énorme,  toutes  les  femmes  y  venaient,  éblouis¬ 
santes  de  parures,  «  moins  pour  voir  que  pour  être 
I  'ues‘3|>.  LeGrandCirque  n’était  pas  un  endroit  moins  favo¬ 
rable.  Ovide  nous  donne  un  spécimen  piquant  des  préve- 

Kj,  ''  —  -  Bull.  Napoleian.  vt,  pl.  1.  —  3  De  re  rust.  1,  2,  23. 

Plus  commun  que  ce  genre  de  spéculation.  Sur  la  voie  Appienne, 
l  ^.C'emPle>  a  y  avait  les  tabernae  Cacditiae  ;  Fest.  p.  43,  13,  Muller.  —  4  />/</.  V, 
Hist  ~  j'ocra1,  Hist.  eccl.  V,  18;  Fest.  7,  18,  Muller. —  6  Poen.  266.  —  1  Tac. 
Surlo-11’8.3’  — 8  M  art.  VI,  66  ;  XI,  61,  3;  78,  li;  Fers.  Sat.X,  32. 

H  ‘  ’  "lais°ns  de  prostitution  à  Rome,  voir  Gilbert,  Gcsch.  und  Topogr.  d.  Sladt 
,  ^"CLeipsig,  1890,  111,,,.  30t.  -  9  Mart.  X,  68.—  10  Id.I,  35,  6  ;  111,82;  XI,  6 1  ;  XII, 
aâ.  8^  1IIJUV‘ IX’  2i'26  ■>  Min-  Fel.  Oct.  p.  67;Tert.  Apol.  15  \  De  pud.  5.  -12  Mart.  I, 

’  ’ (bustunriamoccha  . —  >3  1  89  ;  III,  394.  — 11  1, 135  sq.  ;  111,  393  sq.  ; 

VI. 


nances  et  des  petits  soins  par  lesquels  un  galanL  s  y  insi¬ 
nue  dans  les  bonnes  grâces  d’un  sexe  frivole  u.  Un  autre 
endroit  très  fréquenté  aussi  des  courtisanes,  c’étaient 
les  Portiques,  en  particulier  ceux  de  Pompée,  d’Octuvie 
et  de  Livie.  Ces  galeries  couvertes,  où  l’on  trouvait  en 
été  l’ombre  et  la  fraîcheur,  étaient  le  rendez-vous  du 
beau  monde  des  deux  sexes.  A  côté  des  matrones  sévè¬ 
rement  drapées  dans  leur  stola,  et  escortées  de  gardiens 
et  de  suivantes  qui  les  isolaient  de  la  foule,  passaient 
des  courtisanes  connues,  autour  desquelles  s  empressait 
un  essaim  de  jeunes  élégants  1 ’.  Les  temples  aussi  étaien  t 
des  lieux  ordinaires  de  séduction,  surtout  ceux  qui 
étaient  fréquentés  par  les  femmes.  Ovide  nomme,  entie 
autres,  le  temple  de  Vénus,  patronne  des  courtisanes,  ou 
l’on  célébrait  selon  le  rite  syriaque  le  culte  d’Adoms  16 ; 
le  temple  d'Isis,  dont  les  prêtres  faisaient  à  l’occasion  le 
métier  d’entremetteurs17;  le  temple  de  Diane  Aricie, 
situé  tout  au  fond  d’une  forêt  sur  la  voie  Appienne  , 


Fig.  4973.  —  Scène  de  banquet  romain. 


enfin  le  sabbat  des  Juifs  19.  Du  reste,  au  témoignage  des 
écrivains  chrétiens20  et  même  païens21,  il  n'y  avait  pas 
de  sanctuaires,  de  bois  sacrés,  de  lieux  du  culte  qui  ne 
fussent  en  même  temps  un  asile  de  débauche  et  d'adul¬ 
tère.  Un  autre  endroit  propice  aux  intrigues  d'amours, 
c’étaient  les  festins22,  trop  souvent  accompagnés  de 
chansons  obscènes,  de  danses  voluptueuses,  de  parades 
impudiques23.  Les  femmes  honorables,  à  plus  forte 
raison  les  courtisanes,  assistaient  à  ces  orgies,  avec 
cette  circonstance  aggravante  qu’au  lieu  de  s’asseoir  à 
table,  selon  l’usage  ancien,  les  femmes,  depuis  le  com¬ 
mencement  de  l’Empire,  prirentl'habitude  de  s’y  étendre 
couchées,  au  milieu  des  hommes  (fig.  4973) 2U  Enfin  les 
plages  à  la  mode,  où  toute  la  Rome  élégante  se  trans- 

cf.  I,  219, sq.  —  15  1,  67,  69,  71,  492;  III,  387,  391.  —  >6  I,  75.  —  >7  I,  77;  III,  393; 
Joseph.  Antiq.jud. XVIII,  3, 4. —  >8  1,259. —  >9  1,  76.  —  20  Minut .  Fel.  Octao. p.  67; 
Tcrlul.  Apol.  15  \Dcpudic.  5.  On  peut  consulter  les  écrivains  chrétiens  sur  l’empire 
exercé  jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité  par  les  courtisanes  :  \  oir,  pour  Constantinople  et  An¬ 
tioche,  Jean  Chrysostome,  notamment  les  homélies  sur  iÉpitre  aux  Romains  —  2t  Juv. 
IX,  22-26.  —  22 1,  229  ;  Tac.  Gennan.  19.  —  23  Quint.  I,  2,  8  ;  Juv.  XI,  162.  —  24  Val 
Max.  Il,  1,  2.  Ce  n’est  guère  qu'à  leur  mise  qu’on  y  peut  reconnaître  des  courtisanes. 
La  ligure  4941  d'après  Gusman,  Op.  c.  p.  352.  Voir  encore  p.  351  et  Pitt.  d'Ercolano, 
1,  19. 


231 


ME  H 


—  1838  — 


portait  en  été,  étaient  des  lieux  de  plaisir  et  d’intrigue. 
La  plus  célèbre  de  ces  plages  était  Baies  ;  les  sources 
d’eaux  chaudes  qui  y  abondent  servaient  de  prétexte 
à  ces  déplacements.  Quelques  malades  qui  s’y  rendaient 
pour  se  guérir  justifiaient  une  foule  de  gens  bien  por¬ 
tants  qui  y  venaient  pour  s’amuser  '.  Ajoutons  enfin, 
d’un  mot,  avec  Ovide,  que  tous  les  lieux  publics,  le  bar¬ 
reau  lui-même,  quand  il  s’y  plaidait  quelque  cause  à 
scandale,  étaient  des  rendez-vous  de  galanterie  2. 

La  vie  que  menaient  les  jeunes  Romains  avec  les  cour¬ 
tisanes  est  exactement,  avec  plus  de  grossièreté  peut- 
être,  celle  que  nous  avons  déjà  décrite  en  parlant  des 
courtisanes  grecques  :  après  la  débauche,  les  festins  en 
sont  l’élément  essentiel  3.  A  Rome  la  passion  s’expri¬ 
mait,  semble-t-il,  avec  plus  de  naïveté  et  de  force  encore 
qu’en  Grèce.  Très  démonstratives  en  particulier  sont  les 
manifestations  des  amants  devant  la  demeure  de  leurs 
maîtresses.  La  porte  même,  comme  une  sorte  d’être 
animé,  était  tour  à  tour  l’objet  de  leurs  adorations  et  de 
leurs  insultes.  Ils  y  attachaient,  la  nuit,  des  couronnes  de 
roses,  en  jonchaient  le  seuil  de  fleurs,  le  couvraient  de 
baisers  4.  Dédaignés,  ils  passaient  parfois  la  nuit  cou¬ 
chés  sur  le  seuil,  sans  souci  de  la  pluie  et  de  la  bise, 
arrosant  la  pierre  de  leurs  larmes,  et  implorant  d’une 
voix  gémissante  la  cruelle  5.  D'autres  se  vengeaient  de 
ses  dédains  par  quelque  injure  à  son  adresse,  charbonnée 
sur  la  porte  ou  le  mur  6  ;  ou,  plus  violents,  insultaient  et 
maltraitaient  le  portier,  ébranlaient  les  portes  et  les 
fenêtres,  et  y  mettaient  le  feu  avec  des  torches  7.  Leur 
amour  était  violent,  sensuel,  jaloux  8.  Les  querelles 
étaient  fréquentes.  Emporté  par  la  fureur,  l’amant  ne  se 
bornait  pas  toujours  à  faire  pleurer  les  beaux  yeux  de 
sa  maîtresse  0  :  souvent  aussi  il  portait  contre  elle  une 
main  furieuse,  dérangeant  le  savant  artifice  de  sa  cheve¬ 
lure,  déchirant  sa  tunique,  lui  lacérant  les  joues  de  ses 
ongles10.  Ensuite  c’étaient  des  repentirs  et  des  remords 
du  brutal  qui  s’humiliait  et  implorait  son  pardon11. 
Comme  leurs  pareilles  d’Athènes,  ces  jeunes  femmes 
savaient  généralement  chanter,  danser,  jouer  de  la 
cithare12.  Quelques-unes  se  piquaient  même  de  littéra¬ 
ture  et  de  poésie  13,  mais  c’était,  au  témoignage  d’Ovide, 
une  science  toute  superficielle  et  d’apparence14.  En 
réalité  leur  principal  moyen  de  séduction  était,  comme 
de  juste,  la  toilette.  Ovide,  dans  Y  Art  d'aimer ,  en  a 
dévoilé  au  long  tous  les  secrets.  Pourpres  de  Tyr15, 
étoffes  transparentes  de  Cos  10,  vêtements  brochés  d’or17, 
étoffes  de  mille  nuances  différentes  18,  bijoux  la,  pierres 
des  Indes20,  mille  variétés  de  coiffure21,  teinture  pour 
les  cheveux22,  perruques23,  dentifrices24,  céruse  et 
carmin25,  noir  de  fumée  pour  les  sourcils  26,  épilation  2T, 
coussins  pour  remédier  à  la  difformité  des  épaules  2S,ban- 


*  Ovid.  Ars.  am.  1, 285  ;  Cic.  Pro  Coel.  15  ;  Hor.  Ep.  I,  2,83;  Prop.  1,11,1  sq.;  cf. 
Boissicr,  Cicér.  et  ses  amis,  p.  176-177. —  2  I,  79.  —  3  Hor.  Od.III,  15,  14-16  ;  Ov. 
Amor.  1,  4.  —  4  Or.  Amor.  I,  67;  Ars  am.  Il,  528  ;  Remed.  am.  32;  Tibul.  I, 
ï,  14;  Prop.  I,  16,  7  et  42.  —  S  Hor.  Od.  III,  10,  19-20;  Ov.  Amor.  I,  6,  18; 
9,  8  et  19;  Ars  am.  Il,  523,  527  ;  III,  581;  Rem.  am.  304,  508,  35;  Tibul.  I,  1, 
56:  2,93;  5,  67;  8,  76;  II,  1,  74;  3,  73;  4,  22;  Prop.  I,  16,  22  et  45.  Ces  plaintes  de 
l'amant,  repoussé  de  la  demeure  de  sa  maîtresse,  étaient  même  devenues  un  genre 
littéraire,  appelé  iïa7axXau(,t6uoov.  Ex.  :  Ov.  Amor.  I,  6;  Prop.  I,  16;  Catull.  LXV1I. 
—  6  Prop.  1,  10,  10.  —  7  Hor.  Od.  I,  25,  1  ;  III,  26,  7-8  ;  Ov.  Amor.  I,  6,  57  ;  9, 
20;  Ars  am.  III,  71,  567  ;  Rem.  am.  31;  Tribut.  I,  1,  74;  Prop.  I,  16,6.  —  «Catul. 
VIII,  18.  —  9  Tibul.  I,  10,  67;  II,  4,  37.  —  10  Hor.  Od.  I,  17,  20-28  ;  Ov.  Amor.  I, 
7,  2-3,  H,  40,  48,  50;  Ars  am.  II,  169,  171;  III,  568-570  ;  Tibul.  1,  10,  57-66; 
Prop.  II,  5,  21-23.  —  H  C’est  le  sujet  de  l’Élégie  7  du  livre  I  des  Amours  d  Ovide; 
cf.  Tibul.  I,  10,59-60;  II,  5,  102.  —  12  Hor.  Od.  I,  17,  18;  III,  9,  10;  Ep.  I,  14,25; 
Ov.  Ars  am.  II,  305;  III,  315,  319,  329,  349  \  Rem.  am.  333-33C;  Prop.  I,  2,  28;  II, 


MER 

deau  pour  comprimer  les  gorges  trop  rebondies»  , 
liste,  très  abrégée,  des  artifices  par  lesquels  c,,’V°'  i'lla 
paraient  leur  beauté  ou  en  dissimulaient  es  •  J*8,11'11?11168  I 
C’est  à  ce  monde  des  affranchies  et  des  dîi  ’ ,  U°nS‘  ! 
qu’appartenaient  ces  femmes  que  des  poètes  nnt^l 
et  immortalisées.  Seule,  ou  à  peu  près  S(,,  jUmwîsl 
exception  la  Lesbia  de  Catulle,  qui  était  une  fènim 
grand  monde.  En  revanche,  toutes  les  maîtresses  d  , 
Horace  dans  ses  odes  nous  apprend  le  nom,  ou  réel  1 
déguisé,  ou  du  moins  celles  d’entre  elles  qui’ne  sont  ,°U 
de  simples  «Iris  en  l’air  »,  étaient  des  courtisanes^ 
Outre  le  témoignage  des  scoliastes  31,  nous  avons  sur  ce 
point  la  déclaration  formelle  du  poète  lui-même  :  il  s’est 
fait,  dit-il,  une  règle  de  sagesse  et  de  sûreté,  de  s’inter¬ 
dire  tout  commerce  avec  des  femmes  mariées,  et  ne  veut 
aimer  que  des  courtisanes  32.  A  la  même  classe  appar¬ 
tiennent  la  Lycoris  de  Gallus,  la  Délia  de  Tibulle  ]a 
Cynthia  de  Properce.  Ces  noms  sont  supposés  :  Apulée 
nous  apprend  que  le  vrai  nom  de  Lycoris  était  Cylhéris 
celui  de  Délie  Plania,  celui  de  Cynthie  Hostia33.  Mais 
le  nom  fictif  reproduit  exactement,  comme  on  voit,  non 
seulement  le  nombre  de  syllabes,  mais  encore  la  mesure 
du  nom  réel.  C’était  là  un  artifice  à  peu  près  général  des 
élégiaques  romains  qui  leur  servait  à  dissimuler  au 
grand  public  la  personnalité  véritable  de  lafemme  aimée. 

Parmi  les  courtisanes  il  faut  compter  aussi  cependant 
un  certain  nombre  de  citoyennes.  Aux  termes  d’une  très 
ancienne  loi,  toute  femme  libre  qui  voulait  se  livrer  à 
la  prostitution  était  tenue  d’en  faire  préalablement  la 
déclaration  officielle  devant  les  édiles  ( professio  quaestus 
faciendi).  «Nos  ancêtres,  dità  propos  de  cette  loi  Tacite, 
avaient  estimé  que  l’aveu  public  de  leur  ignominie  était 
pour  ces  femmes  perdues  une  punition  suffisante  34.  » 


L’effet  de  la  déclaration  devant  les  édiles  était  de  sous¬ 
traire  les  femmes  qui  s’y  soumettaient  aux  peines  portées 
contre  Yadulterium  et  le  stuprum  35.  On  a  vu  dans  un 
article  précédent  [adulterium]  quelles  furent,  aux 
différentes  époques,  les  pénalités  admises  à  Rome  contre  , 
l’adultère,  et  comment  la  loi  Julia  (736  ou  737  de  Home) 
fit  passer  ce  délit,  jusqu’alors  abandonné  à  la  vengeance 
privée  et  aux  tribunaux  domestiques,  dans  le  domaine 
du  droit  pénal  public  36.  Nous  n’avons  pas  à  y  revenir 
ici.  Mais  à  propos  de  cette  loi,  il  est  à  remarquer  qu  1  e 
ne  s'applique  pas  seulement  à  l’adultère  proprement  dit, 
mais,  comme  l’indique  du  reste  son  titre  comp  et  ^ 
Julia  de  adulteriis  et  pudicitia ,  ou  de  adultéras  e 
stupro  37),  à  l’ensemble  des  délits  contre  les  ' 

prostitution,  par  suite,  y  est  comprise.  La  °‘ 
répartit  en  deux  catégories  bien  distinctes  es  e 
libres.  Elle  met  d’un  côté  les  femmes  honombles 
(matronae  honestae)  :  celles-là,  elle  les  suivei  i 


9;  3,  17-21.  —  13  Ov.  Ars  am.  »,  •  - —  ;  J3  lt_™ 

ïllae  :  cf.  ce  que  Properce  dit  de  sa  Cynthie,  II,  3 -  -  ’  ’  j  9  ’69.70; 


.  Il,  280  :  sunt  tamen  et  doctae,  r0I'SSj“' ^_UOv 


liOv. 

lie,  11,  3,31;  u,”.  *"’69"70. n,  3,57; 
,  l.  281  :  non  doctae  ...  sed  esse  volunl.  ij  Ib  "°7  ’  ,  09.  prop.  If  *' 

28  ;  IV,  2,  16  ;  Prop.  II,  3,  15.  —  16  II,  298  :  TibuLI  ’.  ‘  ,n”J.  20  111,  129; 

—  17  111,  131. 
but.  IV,  2,  18- 


i;Prop.  11,  3,  10.  . . "  ’  70.  _!0111,  '=•" 

I.  —  13  III,  171  sq.  -  !»  II,  299;  Tibul.  ,  .  ^3.  Tibul.  I, 

ul.  IV,  3,  18-19;  II,  4,  27;  Prop.  1,  2,  21.  —  21  ***’  ^  2t  jj,  [97.8.  —  2a 

43-44  ;  Plin.  Hist.  nat.  XV,  24.  -  23  III,  165,  A.  pljn.  Rist.  mt. 

-200,  241;  Tibul.  I,  8,  11  ;  Hor.  Ep.  12,  10-11.  -  26  Hf  ^  _  58 III, 


[VIII,  46;  XXX,  46;  Tertul.  De  cuit.  Z*™’/1’  ’ 

1  sq.  —  29  Ibid. 

,  94.  _  33  Apul.  Apol.  10.  —  34  Tac.  Ann.  II,  80. 


27  III,  1 94. 

-,  . . . .  ■  I  n  133  -  31  Ibid.  - 32  Satl 

30  Walkenaer,  Hist.  d'Horace,  I,  P- ^  33  :  femioae 

,  94.  —  33  Apul.  Apol.  10.  —  34  Tac.  Ann.  H, ,8- -  trona|i  exsolverent“r' 
osae,  ut  ad  evitandas  legum  poenas  juro  ac  igm  droit  et  < 1 

ociuium  profiteri  coeperant.  -  36  Voie  A  ;  E“  71  sq.  -  «  SriH 

tiq.  (U  délit  d'adult.  à  Rome  et  la  loi  Julia  de  <  P  le  Cocjc  (IX,  •)• 
,1  34,  lui  donne  le  premier  de  ces  litres;  le  second  figure 


MER 


1839  — 


MER 


règlements.  Contre  l 'adultéra  la  peine  était  la 
leurs  inSUiaTn,  avec  confiscation  de  sa  dot  et  du 

biens.  L 'adulter,  de  son  côté,  voyait  la 
lierS..l!  ses  biens  confisqués.  Mais  au  nombre  des 
nl°'1"  ni  honestae  sont  comprises  aussi  les  femmes 
!nalr0‘  ..  ■  toute  liaison,  entretenue  avec  une  de  ces 

n°n  nWr  constitue  un  stuprum ,  et  la  loi  Julia  punit  à 
fernweSi  ^  ga  compiice  *.  Dans  une  seconde  caté- 

lafolS.  ioi  rano-e  toutes  les  femmes  «  in  quas  stuprum 
g° Tcommütitur  2  »,  c'est-à-dire  qui  sont  considérées 
2  une  part  abandonnée  à  la  débauche  :  contre 
T®  ne  Sévit  pas,  ni  contre  ceux  à  qui  elles  vendent 
T  hveurs  Ce  sont  les  affranchies,  les  lenae,  les  filles 
publiques,  tant  qu’elles  exercent  leur  métier,  les  concu- 
l “  ,  et  même,  ce  qui  est  plus  remarquable,  les 

femmes  du  peüple  qui  pratiquent  un  commerce  [quae 
nublice  mercibus  vel  tabernis  exercendis  procurant  *), 

L  fiUeS  d’auberge  et  de  cabaret 5.  Qu’elles  fussent  ou 
n0n  mariées,  l’action  d 'adulterium  ou  de  stuprum 
n’était  pas  applicable  à  ces  créatures.  Ce  n’est  que  fort 
tard,  en  326  ap.  J.-C.,  qu’une  constitution  de  l’empereur 
Constantin  introduisit  sur  ce  point  une  atténuation  à  la 
loi  Julia.  Tandis  que  les  servantes  d’auberge,  en  raison 
de  l’indignité  de  leurs  mœurs  [vilitasvitae),  demeurèrent 
réputées  courtisanes,  la  patronne  ( domina  tabcrnae )  fut 
au  contraire  relevée  de  cette  infamie,  à  la  condition  tou¬ 
tefois  qu’elle  ne  servît  pas  elle-même  les  clients  6. 
Outre  Yadulterium  et  le  stuprum ,  la  loi  Julia  réprime 
aussi,  sous  le  nom  de  lenocinium ,  un  certain  nombre  de 
délits  connexes.  Est  punissable,  à  ce  titre,  d  abord  le 
mari,  qui,  ayant  surpris  sa  femme  en  flagrant  délit,  ne  la 
répudie  pas  ou  compose  à  prix  d’argent  avec  son  com¬ 
plice  ( si  retinet  uxorem  et  dimittit  adulterum )  7.  A 
plus  forte  raison  est  passible  des  mêmes  peines  le  mari 
qui  vit  delà  prostitution  de  sa  femme  [qui  quaestum  ex 
adulterio  uxoris  suae  fecerit )  8,  ou  qui  a  reçu  quelque 
chose  en  raison  de  l’adultère  commis  par  elle  [qui  de 
adulterio  uxoris  suae  quid  cepit) 9.  Les  maris  complai¬ 
sants  et  intéressés  n’étaient  pas  rares  à  cette  époque  : 
c’est  ce  que  nous  apprennent  maintes  allusions  des  écri¬ 
vains  ;  on  se  rappelle  en  particulier  les  vers  indignés 
de  Juvénal10.  Enfin,  sous  le  coup  de  la  même  loi  tom¬ 
baient  encore  les  entremetteurs  de  tout  genre,  non  seu¬ 
lement  ceux  qui  avaient  prêté  aux  coupables  une  aide 
matérielle,  par  exemple  en  leur  fournissant  un  local", 
mais  ceux-là  mêmes  qui  n’avaient  favorisé  le  délit  que 
de  leurs  conseils  12. 

L’impôt  sur  la  prostitution  [lenonum  vectigal  et  mere- 
tricum )  fut  introduit  à  Rome  par  Caligula.  Selon  Suétone, 
les  prostituées  devaient  y  payer  au  fisc  «  quantum  quaeque 
Uno  concubitu  mereret 13  ». 

Les  meretrices  portaient  à  Rome  un  costume  spécial, 
'lui empêchait  qu’on  ne  les  confondit  avec  les  matronaeli . 


•>  XLVllI,  5,  13(12);  Cod.  IX,  9,  18  et  20;  Paul.  Sent.  11,  20,  14.  —  2  Dig. 

;  h7, 1,§  I.  —  3  Dig.  XXI 11 , 2, 41,  42,  44.  —  4  Paul.  Sent.  11,  20,  11.  —  5  Cod. 
*’  9’  29'  ~  6  Ibid.  IX,  7,  1.  -  1  Dig.  XL VIII,  5,30  (29),  §  1  ;  Ibid.  2,  §  2. 
T.  Ibid.  30  (29),  §  3;  9(8),  §  1.  —  9  Ibid.  2,  §  2.  —  10  1,  55  sq.  ;  Apul.  Demag. 

>  Marquardt,  Vie  privée  des  Rom.  trad.  V.  Henry,  I,  p.  53;  Fcst.  p.  173;  Cic.  Ad 
}**•  VI1'  2L  Hor.  Od.  111,  0,  25.  —  H  Dig.  XLVUI,  5,  9  (8),  §  1  ;  10  (9),  §  1  ;  1 1 
jj’  §  1°  (#),  §2.-12  Ibid.  13  (12).  —  13  Suet.  Calig.  40.  -  '4  Becker- 

>  ja»us,  III,  p.  i00  8q  .  Lamprid,  Alex  Sev.  24;  Tertul.  de  fng.  13.  -  15  Cic. 
Stil  M  ^’ns'-  *6  252.  —  16  Ov.  Ara.  am.  II,  000;  I,  31.  —  17  Hor. 

Z.  ’ ?’ 98'  ~ 18  0v-  l-  l-  — 19  Schol.  Cruq.  ad  Hor.  Sai.  I,  2,  03  «  meretrices  pros- 
s°lebant  cum  togis  pullis  ».  —  20  L.  I.  —  21  IV,  10,  3.  —  22  I,  35,  8.  —  23  Non. 
«,  6 7*-1»  **  0v-  Ars  am •  *<  31  ;  Trist ■  II,  252;  Pont.  III,  3,  51;  Tibul.  I, 

3a  Scrv.  Ad  Aen.  VII,  403  :  crinales  vitlas,  quae  solarum  malronarum 


A  celles-ci  appartenaient  en  propre  la  slola  l  j,  c  est-à- 
dire  la  longue  robe,  serrée  à  la  taille  et  descendant 
jusqu’aux  pieds,  Yinstita  46 ,  large  bande  qui  ornait 
le  vêtement  précédent,  et  la  palla  17 ,  qu’on  jetait 
par-dessus  pour  sortir.  Les  prostituées  pour  exercer 
leur  métier  portaient  la  tunique  courte,  dépourvue 
d 'instita  18,  et  par-dessus  une  toge  pareille  à  celle  des 
hommes  qui  devait  être  de  couleur  sombre  .  Cette 
différence  de  costume  était  si  caractéristique  que  chez 
Ovide,  par  exemple,  le  mot  instita  signifie,  par  melons 
mie,  une  femme  honnête20,  qu’on  trouve  chez  Tibulle  le 
terme  toga  au  sens  de  courtisane  2t,  et  que  Martial,  par¬ 
lant  delà  pudeur  des  matrones,  dit  «  slolatqs  pudor  --  ». 
Toutefois  le  règlement  ne  parait  pas  avoir  été  applique 
aussi  strictement  dans  les  provinces  qu’à  Rome:  «  Une 
courtisane  avec  une  robe  longue?  disaitun  personnage  du 
poète  Afranius.  Elles  se  permettent  cela  hors  de  Rome 
[in  peregrino  loco ),  pour  se  faire  respecter  ».  H  va 
sans  dire  qu’il  leur  était  interdit  de  se  coiffer  avec  ces 
bandelettes  [vittae)n  qui  couvraient  et  maintenaient 
les  cheveux  des  femmes  mariées  [matrimonium,  p.  lboo, 
et  qui  les  distinguaient  même  des  jeunes  filles3'.  Mais 
ces  meretrices  avaient  l’art  de  mettre  de  la  coquetterie 
dans  leur  triste  costume  ;  elles  l’égayaient  de  couleurs 
[meretricii  colores)  que  ne  se  permettaient  pas  les  femmes 
honnêtes26;  elles  s’ornaient  de  bijoux,  et,  si  leurs  robes 
étaient  courtes,  à  leurs  chevilles  brillaient  des  anneaux 
d’or27.  Avec  le  temps,  toutes  les  distinctions  finirent  par 
s’effacer,  et  au  11e  siècle  ap.  J.-C.,  Tertullien  se  plaint 

qu’il  soit  impossible  de  discerner  à  la  mise  une  honnête 
femme  d’une  fille  de  mauvaise  vie28.  O.  Navarre. 

MERGAE.  —  Outil  à  l’usage  des  moissonneurs 1 .  C  était 
un  instrument  fourchu  que  l'ouvrier  poussait  en  avant 
sous  les  épis;  Festus  compare2  son  mouvement  à  celui 
d’un  oiseau  qui  plonge  pour  enlever  sa  proie  :  le 
moissonneur  saisissait  ainsi,  comme  il  aurait  pu  le  faire 
du  bras  gauche,  toute  une  gerbe  ( merges ,  manipulas )3. 
Mais  on  ne  saurait  dire,  d’après  les  passages  des  auteurs 
où  il  en  est  question,  si  l’outil  tranchait  les  épis  ou  s  il 
les  présentait  seulement  à  la  faucille,  tenue  de  la  main 
droite.  E.  Saglio. 

MERITAI  (M«pfr«).  -  Ce  mot  grec  signifie,  en  géné¬ 
ral,  ceux  qui  participent  à  quelque  chose,  ou  qui  se  sont 
partagé  quelque  chose  '.  Il  figure  avec  un  sens  particu¬ 
lier  dans  une  inscription  attique2  :  huit  personnages 
appelés  KuQ-fip’wv  oi  ^ephcti  consentent  a  un  Athénien  le 
bail  de  propriétés  foncières  situées  au  Pirée,  prennent  les 
engagements  nécessaires,  touchent  le  loyer,  sans  1  inter¬ 
vention  d’aucun  marchand.  Ces  personnages  sont-ils  des 
magistrats  du  dème  de  Kytheros?  ou  des  entrepreneurs 
qui  ont  pris  à  ferme  et  sous-louent  des  biens  de  ce 
dème 3  ?  ou  une  société  de  marchands 4  ?  ou  des  représen¬ 
tants  du  temple  du  héros Cythéros  au  Pirée6? ou  des  pro- 


erant  :  nam  meretricibus  non  dabautur.  -  26  Senec.  Nat.  quaest.  VII,  31 .  -  21  Hor. 

Ej>  ,  17  55  _ 23  De  cnit,  fendu.  12;  Apol.  16  ;  De  pall.  4.  -  Bibliographie. 

F  Jacobs’  Vermischt.  Schrift.  IV,  p.  312-554  (étude  générale  sur  les  courtisanes 
grecques, 'suivie  de  la  biographie  de  neuf  d'entre  elles)  ;  Becker,  CharMes,  3*  éd 
revue  par  Gocll,  l.  Il  ( Die  Hetaeren ),  p.  85-103  ;  Id.  Gallus ,  2*  éd.  revue  par  Gocll, 
t  111  ( Die  Buhlerinnen ),  p.  89-103,' Berlin,  1882.  _ 

'  MERGAE.  1  Colum.  II,  21;  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  72  (30);  Plant.  Poen.  \,  2, 
58;  cf.  Mongcz,  dans  les  Mém.  de  l'Institut ,  Cl.  de  littér.  anc.  111,  1818,  p.  3o. 
_  2  Paul.  Diac.  s.  v.  —  3  Serv.  ad  Georg.  II,  517  ;  cf.  ad  Aen.  X,  332. 

MERITAI  1  Poil.  8,  136;  Dem.  32,  25.  —  2  Corp.  inscr.  att.  2,  1058;  Ditten- 
berger  Sylloge  inscr.  graec.  2*  éd.  .P  834.  -  3  Haussoullier,  La  vie  municipale 
en  Attique,  p.  72-73.  -  4  Frankel,  Hermès,  18,  p.  314.  -  3  Kochler  ad  Corp. 
inscr .  att.  t  1058. 


MES 


—  1840  — 


MET 


priétaires  do  biens  indivis  appelés  Kuô-^pia 1  ?  C’est  le  der¬ 
nier  sens  qui  parait  le  plus  probable.  Cn..  Lécrivain. 

MESEGCYEMA  (Msffeyyu^ixa).  —  Dans  la  législation 
attique,  ce  mot  désigne  la  forme  de  dépôt  qui  correspond 
au  séquestre  moderne.  Effectuer  le  dépôt  se  dit:  jjLs<7EyYu“v 
ou  ÈTuoiaTtOîffOat 1  ;  convenir  du  dépôt,  p.s'7EyYux<70at  ou 
fjLE<7£YYuo°ff0ai2  ;  l’objet  déposé  se  nomme  xb  ;i.s<7eyyuwÛ£vi 
le  dépositaire  jj.e(7Éyyuoç  3.  Il  s’agit  donc  du  dépôt  d’une 
chose  litigieuse  qui  doit  être  remise  au  gagnant.  Ce 
séquestre  est  en  général  conventionnel;  les  deux  parties 
déposent  l’objet  litigieux  entre  les  mains  d’un  tiers  qui 
s’engage  à  le  rendre  à  la  partie  victorieuse4.  Le  droit 
attique  admettait-il  le  séquestre  judiciaire  pour  la  pro¬ 
tection  de  l’objet  litigieux?  Nous  ne  savons  pas  sile  texte 
de  Platon  qu’on  cite  à  ce  sujet  correspondait  à  une  ins¬ 
titution  réelle5.  Platon  veut  que,  si  l’objet  litigieux  n’a  pas 
été  inscrit  sur  les  inventaires  des  biens  des  parties,  il 
soit  remis  sous  séquestre  à  trois  des  magistrats  les  plus 
âgés  jusqu'au  jugement  qui  doit  avoir  lieu  dans  les  trois 
jours  ;  s’il  s’agit  d’un  animal,  le  perdant  doit  rembourser 
les  frais  de  nourriture. 

Nous  trouvons  une  application  spéciale  du  contrat  de 
séquestre  lorsqu’on  déposait  une  somme  entre  les  mains 
d'un  tiers,  à  titre  de  garantie,  pour  la  rémunération  de 
certains  services  futurs,  surtout  naturellement  de  services 
illégaux,  pour  le  payement  desquels  il  n’aurait  pu  y  avoir 
d'action  en  justice6.  Nous  avons  plusieurs  exemples  de 
cette  convention  plus  ou  moins  licite;  ainsi,  dans  un  dis¬ 
cours  de  Lysias  il  y  a  un  dépôt  de  trois  talents  qui  doit 
être  remis  aux  orateurs  s’ils  n’accusent  pas  ou  s’ils  sau¬ 
vent  le  déposant1.  On  promet  ainsi  des  subsides  à  des 
hommes  politiques  8.  Dans  un  discours  de  Démosthène9, 
une  des  parties  se  fait  ainsi  promettre  une  certaine 
somme  pour  refuser  le  serment  devant  le  tribunal. 

Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  les  actions  qui 
naissent  du  séquestre.  Il  est  probable  que  si  le  dépositaire 
refusait  de  restituer  la  chose,  il  y  avait  contre  lui  la  même 
action  que  contre  le  dépositaire  infidèle10.  Ou.  Lécrivain. 

MESIDIOSARCHON(Me<»3Loçàpx<«>v). — D’après  Aristote1, 
à  certaines  époques,  dans  des  villes  grecques  de  consti¬ 
tution  aristocratique,  les  nobles,  par  défiance  pour  le 
peuple,  auraient  confié  la  garde  de  la  ville  à  des  soldats 
et  à  un  médiateur  pris  pour  chef  apycov  (is<rt8toç,  et  celui-ci 
plus  d’une  fois  serait  devenu  leur  maître  ;  il  en  aurait 
été  ains.i  en  Thessalie  à  Larissa,  au  moment  du  gou¬ 
vernement  de  l’Aleuade  Simos2,  et  à  Abydos,  àl  époque 
du  pouvoir  des  sociétés  dites  hétairies.  Cn.  Lécrivain. 


MESOSTROPHONIAI  (Mc«ro«Po.<ovfcl  Wûa,) 

'ï  T  ooE  Afl  Cf  11  î  j>t  n  1  t  l’«  _ _ *  1  »  '  *  V  /  * 


de  Lesbos,  qui  était  l’occasion  d’un  st 


sacrifice  publie 
l1  •  Duruhach. 


t'èle 


META.  —  Nom  commun  h  toutes  sortes  d’obiet.  j  ! 
forme  conique,  à  base  plus  large  que  le  somme,  „ 
désigne  notamment  :  I-  une  borne,  et  paniculiè’J 
celle  des  courses  dans  un  cirque  [cmcus,p.  1190  et  s  • 

2»  une  des  parties  du  moulin  à  blé  [mola]  ;  3» 
taine  en  forme  de  borne  [fons,  p.  1235] 

METAGEITNIA  (Mst«Y6(tvi«).  -  Fê^e  en  l’honneur 
d’Apollon,  surnommé  M£TaTsèrvio;,  célébrée  à  Athènes 
pendant  le  second  mois  de  l’année  (août-septembre),  quj  i 
pour  cette  raison  portait  le  nom  de  Metageitnion 1  I 
Le  sens  précis  de.  l’épithète  Met«ye1tvioç  (de  ^  et  j 
YêÎtwv,  voisin)  appliquée  à  Apollon,  et  par  suite  l’ori¬ 
gine  et  la  signification  même  de  la  fête  des  Metageitnia 
sont  fort  obscurs.  Suivant  les  uns,  cette  fête  avait  été 
instituée  en  souvenir  de  la  transmigration  des  habi¬ 
tants  du  quartier  athénien  de  Melitè  dans  celui  de 
Diomeia2;  suivant  d’autres,  elle  commémorait  les  chan¬ 
gements  introduits  par  Thésée  dans  l’organisation  poli¬ 
tique  de  F  Attique3.  Cette  seconde  tradition  repose  sur 
une  confusion  entre  la  fête  des  Metageitnia  et  celle  des 
synoikia  ou  Metoikia  qui  se  célébrait  à  Athènes,  en 
souvenir  du  <ruvoixnr[i.<lç  de  Thésée,  le  seizième  jour  du 
premier  mois  de  l’année  (Ilécatombaion)1* .  L’une  el 
l’autre  de  ces  traditions  sont  d’ailleurs  contredites  par 
les  découvertes  récentes  de  l’épigraphie.  En  effet,  on 
trouve  un  mois  Metageitnion  dans  les  calendriers  de 
Délos,  de  Samos,  d’Éphèse,  de  Léros,  de  Priène,  et 
sous  la  forme  Petageitnios  ou  Pedageitnios  dans  ceux 
de  Côs,  de  Callatis,  de  Calchédôn,  de  Calymnos  et  de 
1  Rhodes8.  On  ne  saurait  donc  assigner  à  la  fête  des  Meta¬ 


geitnia  une  origine  purement  athénienne,  et  il  semble 
bien  qu’il  faille  plutôt  la  rattacher  d’une  façon  générale, 
à  Athènes  comme  ailleurs,  au  culte  d’Apollon  coloni¬ 
sateur  et  conducteur  de  peuples6.  D  après  une  autre 
hypothèse,  la  fête  se  rattacherait  aux  voyages  et  migra¬ 
tions  que  la  légende  attribue  à  Apollon  7.  On  a  également 
essayé,  mais  sans  fondement  suffisamment  sérieux,  e 
faire  des  Metageitnia  une  fête  cn  1  honneur  d  IR 

Nous  ne  connaissons  absolument  rien  de  la  1  a  e 
exacte  de  la  solennité,  ni  des  cérémonies  qui  . . 11 


pagnaient.  C.  Gaspar.  , 

METALLA  (MÉxocXAa),  mines  et  carrières.  —  Ç 
metallum ,  p.ÉxaXXov,  a  désigné  la  mine  chez  ^ 
chez  les  Romains,  et  par  extension  lacarnèie 


1  Diltenbergcr,  Z.  c. 

MESEGGYEMA.  *  Poil.  8,  28  ;  Harpocr.  Suid.  s.  v.  Iict$ta-ct6£<r0at.  2  Dcm.  o9, 
3.  —  3  Pial.  Leg.  H,  914  D;  Poil.  8,  28.  —  4  Bekkcr,  Aneccl.  1.  191,  14;  279,  13; 
Harpocr.  Suid.  L.  c.  ;  Harpocr.  s.  v.  pLE«yïu>ipa.  —  0  Leg.  U,  914  D.  0  Bckker, 
Anecd.  1,  279,  3;  Suid.  s.  v.  —  7  29,  6.  8  Plut.  Arat.  19  ;  Aeschin. 

3,  125. _ 9  39,  3.  Autres  exemples  :  Isocr.  13,  5  ;  12,  13.  Dans  un  texte  d  Anliphon, 

6,  50,  le  sens  des  mois  <n  pemyïur.iTàiir.oi  n  est  pas  clair.  10  Voir  Caillemei  ,  ai  t. 
depositom,  p.  104.  —  Bibliographie.  Platncr,  Der  Process  und  die  Klagen  bei  den 
Attikem,  Darmstadt,  1824-25,  II,  364;  Caillcmcr,  Le  contrat  de  dépôt  (Afém.  de 
l’Acad.  de  Caen,  1876,  p.  524);  Meier-Schfimann-Lipsius,  Der  attische  Process, 
Berlin,  1883-1887, 11,  p.  711-712  et  note  659;  Beauchcl,  Bist.  du  droit  privé  de  la 
Itépublique  athénienne,  Paris,  1897,  IV,  p.  337-340. 

MES1DIOS  ARCIION.  1  Pol.  5,  5,  9  (éd.  Didot).  —  2  Gilbert  ( Handbuch  der 
oriechischen  Staatsalterthümer,  II,  p.  11)  identifie  ce  Simos  avec  le  Simos  cité 
dans  Dcm.  18,  48,  et  Aleuade  d'après  Harpocr.  s.  h.  v. 

MESOSTROPHONIAI.  1  Hesych.  s.  v. 

METAGEITNIA.  1  Lysimacbides  ap.  Harpocr.  s.  v.  M ETayEtrvtwy ;  Suid.  s.  v. 

_ 2  Plut.  De  exil.  6  ;  cf.  C.  Wachsmutli,  Die  Stadt  A  then  im  Alterthum,  I,  p.  353  ; 

Atig.  Mommsen,  Deortologie,  p.  205.  —  3  Scliol.  Tliucyd.  Il,  15;  Pliotius,  s.  v. 
MiTajciTvniv  ;  cf.  Waclismulli,  Dp.  I.  I,  p.  45»,  n.  2.  —  4  Tliucvd.  Il,  15,  2;  Scliol. 


iloph.  Pax,  1019;  Plut.  Thés.  24;  cf.  Aug.  Mommsen,  Feste '  de- 1 '^  il)Ug 
Alterthum,  p.  35.  -  3  E.-F.  Bischolî,  Dr  fasUs  P-  ^ 

■pziger  Studien,  VH,  p.  313  et  s.)  ;  Preller-Hobert,  Gneci C  G  Bisc|lotr). 
;.  —  C  Cf.  Schoemann-Lipsius,  Griecli.  Altertli.  ,  P-  staltt  Athen 

r  C.  Robert,  Dermes,  XXI,  p.  107.  -  «  Aug.  Mommsen,  Leste  de, 

Aller tum,  p.  160.  ]es  poèmes  homériques, 

IETALLA.  1  Le  mot  hémcXXov  ne  se  trome  P  tenips  la  Grèce 

-  veut  pas  dire  qu'il  n'y  eût  pas  de  n est  cmpl„yé  pour  U 
îérique  ;  on  y  trouve  le  verbe  pETa/Aav,  cliercnc  .  .  ent  le  minerai  ou 

aiière  fois  par  Hérodote,  IV,  185.  MeteeXXeTov  'Signe  -  n'apparait  'l,,c 

u étal  brui.  SI.t«üc«  signifie  le  travail  des  mines  .  etu  »  (8|  Lcs  Romain» 

i  tard.:  Diod.  Sic.  V,  37.  Metallum  apparaît  dans  Lucrè  ,  •  ^  ^  métal  : 

souvent  usé  du  mot  fodina,  généralement  accomp  g  ,x  g,  3  : 

ifodina,  argentifodina.  Pour  le  sens  de  carrière,  onl  été  propos*» 

Lnda,;  ^eeXXee;  Slat.  5.7c.  .,5,  36.  Fius.eurs  %.  551,eslponr 

r  expliquer  l’origine  du  mot  |«-T«XXov  :Curtius,  >  «•  7^  jn(,;(|l,e  une  rac|n» 

fine  indogermanique;  Renan,  Dist.  lang.  ■  ml  •  i'une  el  l'autre  liyp°lllè®*’ 
(itique  (matai).  Scbrader,  Sprachvergl.  p.  232,  rejette  l  une  e  ^  p  5,  103- 
Blümner,  Technol.  d.  Gewerbe  und  Kunst,  HI,  P- 


MET 


—  1841 


MET 


même* 


c  hointûes. 


qui  extrayaient  le  minerai  des  amas  et 
s  qipliquaienL  aussi  à  le  traiter  pour  en  retirer  le 
•  'l'kiil’  Ie  mineur  et  le  métallurgiste  ne  faisaient 
111  ■  '  -TaXXeûç)  *•  L’art  des  mines  et  la  métallurgie  ont 
''"""une  commune  origine.  Nous  étudierons  successi- 
I'0ll  ,ni  •  1°  l'origine  de  l’art  des  mines  et  de  la  métal- 
Ve  •  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  ;  2°  la  répartition 
domines  et  carrières  dans  le  monde  gréco-romain  ; 
3»  l’exploitation  des  mines  et  des  carrières  ;  4°  le  régime 
légal  des  mines  et  des  carrières. 

P]  Origine  de  la  métallurgie.  —  Les  Grecs  et  les 
Romains,  dès  le  début  des  temps  historiques,  connais¬ 
saient  et  employaient  le  cuivre  et  le  bronze,  l’or  et 
l’argent,  le  plomb  et  le  fer.  Les  Grecs  n’ont  pas  eu  l’idée 
qu’à  une  époque  très  reculée  leurs  ancêtres  n’avaient 
pas  eu  le  métal  à  leur  service.  L’âge  de  pierre,  précé¬ 
dant  celui  des  métaux,  est  resté  pour  eux  lettre  morte2. 
Les  légendes  relatives  aux  héros  métallurges,  Dactyles, 
Cabires,  Telchines,  ne  contredisent  point  cette  manière 
devoir,  car  elles  n’ont  rapport  qu’à  la  métallurgie  du 
fer,  comme  nous  le  verrons  plus  loin.  Chez  les  Romains, 
Lucrèce3  est  le  seul  à  dire  que  les  hommes  ont  dû  tout 
d’abord  user  du  bois,  de  la  pierre  pour  fabriquer  leurs 
armes  et  leurs  outils.  Nous  ne  savons  pas  si,  en  parlant 
ainsi,  il  évoquait  des  légendes  populaires,  ou  s’il  imagi¬ 
nait  de  lui-même  les  stades  de  la  civilisation.  Grecs  et 
Romains,  en  effet,  avaient  reçu  le  précieux  héritage  des 
métaux  des  populations  qui  les  avaient  précédés  sur  le 
sol  hellénique  ou  latin.  Dans  les  pays  riverains  de  la  mer 
Égée,  les  peuples  de  culture  mycénienne,  dès  le  xvc  siècle 
avant  notre  ère,  avaient  à  leur  disposition  de  l’or,  de 
l’argent,  du  plomb,  du  cuivre,  du  bronze*.  A  une  époque 
plus  reculée  encore,  les  hommes  s’étaient  servis  de 
métaux.  Dans  les  couches  les  plus  profondes  de  la  colline 
d  Ilissarlik  (première  ville  de  Schliemann),  on  a  trouvé 
des  débris  d'objets  en  cuivre,  en  plomb,  en  argent,  mêlés 
à  des  outils  et  à  des  armes  de  pierre 5.  A  Théra  (Santorin), 
sous  les  cendres  d’une  éruption  que  l’on  place  vers  l’an 
-(J|)0,  on  a  découvert,  avec  divers  objets  en  pierre,  une 
scie  de  cuivre  et  des  anneaux  d’or G.  A  Chypre,  les  tombes 
des  temps  primitifs  ont  livré  des  objets  de  cuivre 7.  Ainsi 
1  est  certain  que  les  peuples  les  plus  anciens  dont  on 
aiL  reliouvé  les  traces  sur  les  bords  de  la  mer  Égée,  et 
qne  ' 011  daigne  aujourd’hui  sous  le  nom  d 'Égéens, 
n  honoraient  pas  l’usage  des  métaux. 
c  11  avons  pas  ici  à  entrer  dans  la  question  si 
°mp  exe  et  si  controversée  de  l’origine  des  métaux, 
esU^  *  * e  ^anS  S°n  ensemble.  Le  problème  qui  se  pose 
QS  6  bavo*r  S1  les  Égéens8  ont  inventé  par  eux-mêmes 
J  ?,nt  emPrunté  à  d’autres  civilisations  la  métallurgie 

d’envi'  'U  CU*vre’  brome.  Tout  d’abord,  il  convient 
'H-A'i  le  cas  de  chaque  métal  en  particulier,  parce 


que  rien  ne  prouve  que  l’histoire  du  cuivre  soit  la  même 
que  celle  de  l’or  ou  du  bronze. 

C’est  une  opinion  généralement  admise  9  de  dire  que 
l’or  a  été  le  premier  métal  que  l’homme  ait  pu  et  su  se 
procurer.  On  a  fait  remarquer  qu’il  est  le  plus  répandu 
de  tous  à  l’état  natif  et  se  présente  souvent  à  la  surface 
du  sol.  A  l’état  natif,  il  n’exige  pas  de  métallurgie  savante 
pour  être  utilisable  ;  à  la  surface  du  sol,  son  éclat  brillant 
attire  l’œil,  et  pour  le  recueillir  il  n’est  point  besoin  d’un 
travail  d’extraction.  Tel  se  présente  l’or  dans  les  alluvions 
aurifères.  «  Sur  les  terres  arrosées  d’eau  courante,  on 
voit  de  prime  abord  reluire  la  paillette  d’or  lu.  »  De  plus 
ses  qualités  physiques,  poids  et  malléabilité,  ont  dû 
retenir  aisément  l’attention  de  l’homme  peu  civilisé. 
Sous  le  marteau,  il  s’étale  et  se  ploie  sans  difficulté11  : 
lames  et  feuilles  d’or  ont  été  les  premières  parures  de 
métal.  Enfin,  il  apparaît  dans  les  fouilles  les  plus 
anciennes12.  Ce  seraiL  la  métallurgie  de  l’or,  a-t-on  dit, 
qui  aurait  ouvert  la  voie  à  celle  du  cuivre  13,  et  les  pre¬ 
miers  mineurs  auraient  été  des  orpailleurs.  Si  vraisem¬ 
blable  qu’elle  soit,  cette  opinion  n’est  qu’une  hypothèse, 
beaucoup  de  minerais,  par  leur  éclat,  leurs  couleurs, 
leur  poids,  peuvent  être  distingués  sans  difficulté,  même 
par  un  sauvage,  des  pierres  communes.  On  les  trouve 
aux  affleurements  des  gisements,  sur  les  pentes,  dans 
les  alluvions.  De  plus  il  est  très  rare,  en  Orient  au  moins, 
que  l’or  apparaisse  seul  parmi  les  débris  des  premières 
industries  humaines.  Mais  ce  qui  est  plus  important, 
c’est  que  ce  métal,  par  suite  de  ses  qualités,  a  pu  être 
connu  et  recueilli  par  des  peuples  différents,  en  des 
régions  fort  éloignées  les  unes  des  autres,  sans  inter¬ 
vention  d’un  peuple  initiateur1*.  La  chronologie  absolue 
de  l’or  fût-elle  même  exactement  établie,  il  ne  résulterait 
pas  nécessairement  d’une  succession  de  dates  qu’il  y  ait 
eu  transmission  de  découverte  d’un  pays  à  l’autre.  II  est 
fort  probable  que  l’or  a  été  trouvé  en  Asie  Mineure 
(Troade,  Phrygie,  Lydie),  en  Thrace,  en  Macédoine15,  à 
Siphnos  10  ;  est-il  nécessaire  de  lui  attribuer  une  origine 
unique,  orientale  par  exemple,  et  de  le  faire  venir  de 
l’Égypte  ou  de  la  Chaldée?  Tout  pays  de  provenance  peut 
être  considéré  comme  pays  de  découverte  pour  l’or,  plus 
que  pour  tout  autre  métal.  Les  Égéens  recevaient  l’or  de 
toutes  les  contrées  voisines  qui  en  possédaient,  et  si  l’or 
d’ Ilissarlik  provient  de  la  Troade  ou  de  la  Lydie  voisine, 
celui  de  Chypre  peut  venir  d’Égypte. 

La  même  conclusion  s'impose,  semble-t-il,  pour  le 
cuivre.  C’est  un  des  résultats  les  plus  intéressants  des 
recherches  archéologiques,  que  de  constater  que  le  cuivre 
a  joué  dans  les  sociétés  primitives  un  rôle  de  premier 
ordre.  L’or,  l’argent,  sont  restés  métaux  précieux  :  c'est 
avec  l’emploi  du  cuivre  dans  la  fabrication  des  armes, 
des  instruments  et  des  outils  que  s’est  ouverte  véritable- 


I1'  HL  -  î Pe°*  T"8  ?e,l*re,v*,iîtToir  Poil. VII,  97;  cf.  Ardaillon,  Mines  du  l.auric 
«0-453,  rapporte  Cl.CllipieZ’  fJisL  de  l’art>  VI>  P- 1 12.  Cependant  Escl.ylo,  Pro 
tami»  nj  ]e  p  .  '  t|U  fut  un  temps  où  les  hommes  ne  savaient  pas  employer 


brique  ni  le  Jjqj  -  - _ _ I _ _ 

fourmis,  sous  l  •  *'°"t  cons**‘u‘re  leurs  demeures,  et  où  ils  habitaient,  comme  t 
~  8 SclilicmanT'  7,  3  Lucr'  V’  1282’  —  4  Perrot,  Hist.  de  l'Art,  VI,  p.  951-9: 

ms,  p.  312-317.  — 0  Eouqué,  Santorin,  p.  105  et  1; 


'-lOlu  [  |  .  Jllos>  p. 

Voirpour  lVnurné'0'^01'’  da'1S  Zeitschrif‘  für  Ethnologie ,  1899,  XXXI,  p.  2  , 
tù1"1-'  1  ion  et  le  commentaire  de  ces  trouvailles  dans  le  monde  grec 


orienta)  •  nonl  _ _ 

foutf  and  Slcaii  l"'''  ^^,rono^°S,e  der  âltesten  Bronzezeit  in  Nora 
1011  toMiog  h!”?!6”’  Archiv  f“r  Anthropologie,  1898-1900,  XXV 
foulons pas ar(.C  UG  complète.  —  8  11  est  clair  que  par  ce  mot  d 'Égéens  n 
““  "W'ncar  JW.  ^  )erl  existence  d’une  unité  ethnique.  —  9  Fournet,  De  l'influt 
'  pl'0,-lrès  de  la  civilisation,  Lyon,  1801,  p.  112;  Hidgeway,  : 


origin  o(  metallic  currencg  and  weight  standards,  Cambridge,  1892,  p.  58; 
Berthelot,  Chimie  au  mogen  Age,  p.  359,  Paris,  1893;  cf.  S.  Reiuach,  Croissants 
d'or  irlandais  {Bev.  Celtique,  1900,  p.  100  sq.).  —  10  Strab.  111,  2,  8.  —  11  pijn 
XXXIII,  19.  —  12  Monlelius,  Op.  cit.  passim.  —  13  S.  Ueinach,  Op.  cit.  p.  168. 
—  il  M.  S.  Ueinach,  en  France,  s’est  le  premier  élevé  contre  les  théories  monogé- 
nistes,  en  faveur  ou  non  de  l'Orient,  qui  veulent  à  tout  prix  simplifier  le  problème 
des  origines  de  la  civilisation.  Voir  Bev.  archéol.,  Bev.  celtique,  Anthropologie, 
où  ce  savant  a  publié  de  très  nombreux  articles,  cités  plus  bas.  —  15  De  Thasos,  il 
est  dit  par  Hérodote  que  ce  sont  les  Phéniciens  qui  en  découvrirent  les  mines  d’or  : 
IMTo.Ua  àv.OTpov  (v.  47).  -  10  En  admettant  pour  le  mot  Siphnos  une  racine  sémitique 
(Bérard,  Topologie  et  toponymie  antiques,  Bev.  archéol.  1901,  I,  p.  221)  et  une 
colonisation  phénicienne,  on  ne  s’engage  pas  nécessairement  à  croire’  que  les  mines 
d’or  ne, furent  exploitées  dans  cette  île  qu’à  l’époque  phénicienne. 


MET 


—  1842  — 


MET 


ment  l’ère  de  la  métallurgie.  Il  y  a  eu  un  âge  du  cuivre 
pur  en  Chaldée  comme  en  Égypte,  à  Chypre  comme  en 
Troade,  dans  l'Italie  du  Nord  comme  en  Espagne,  en 
Gaule,  en  Bretagne  et  dans  les  pays  danubiens  *.  Cette 
remarquable  uniformité  des  débuts  de  la  métallurgie 
proprement  dite  dans  presque  toute  l’Europe,  en  Égypte 
et  dans  l’Asie  antérieure,  indique-t-elle  que  l’art  de  tra¬ 
vailler  le  cuivre  ait  pris  naissance  ici  plutôt  que  là?  On 
nous  assure  que  1’  «  origine  de  cet  art  doit  être  cherchée 
à  Chypre,  non  seulement  pour  les  pays  avoisinants,  mais 
même  pour  l’Europe  occidentale  et  septentrionale.  Les 
populations  néolithiques  ont  reçu  de  Chypre  les  premiers 
instruments  de  ce  métal  et  avec  eux  la  culture  chypriote 
de  l'âge  du  cuivre.  Ce  n’est  qu’après  coup  qu’elles  se  sont 
mises  à  rechercher  et  à  exploiter  le  précieux  métal  sur 
leur  propre  territoire  2  ».  On  est  parfois  moins  précis: 

«  La  découverte  du  cuivre  est  une  découverte  orientale: 
elle  a  été  faite  sans  doute  en  Asie  antérieure,  vers  le  Sud- 
Ouest,  dans  les  domaines  des  antiques  civilisations  de  la 
Babylonie  3.  »  En  vérité,  nul  ne  sait  par  qui  et  où  le  cuivre 
fut  inventé  ;  la  métallurgie  a  pu  prendre  naissance  partout 
où  il  existait  des  minerais  de  ce  métal,  et  dans  plusieurs 
pays,  d’une  manière  tout  à  fait  indépendante.  «  Les 
minerais  de  cuivre  purs  et  mélangés  sont  fort  répandus 
dans  le  monde  :  ils  attirent  l’attention  par  leurs  couleurs 
tranchées,  vertes,  jaunes,  noires  ou  bleues  ;  il  suffit  de 
les  chauffer  sans  grande  précaution,  avec  un  combus¬ 
tible  tel  que  le  bois  ou  le  charbon,  pour  voir  se  séparer 
le  métal  à  l’état  fondu  et  avec  son  éclat  caractéristique.... 
C’est  dans  les  cendres  des  foyers  mêlées  par  hasard  ou 
par  intention  avec  des  minerais  de  cuivre  ou  de  plomb, 
que  ces  métaux  ont  dû  être  découverts  tout  d’abord;  puis 
l’industrie  humaine  a  étudié  et  précisé  empiriquement 
les  conditions  exactes  de  leur  réduction  4.  »  Ainsi,  pour 
ce  qui  est  de  la  Méditerranée  orientale,  il  est  possible 
que  Chypre,  l’Égypte,  la  Chaldée,  aussi  bien  que  les  pays 
danubiens  5,  aient  été  des  pays  de  production  première, 
comme  ils  ont  été  des  centres  de  diffusion  et  d’exportation 
du  cuivre.  Dans  la  Méditerranée  occidentale,  l’Étrurie, 
l’Espagne,  la  Gaule  ont  les  mêmes  titres  à  revendiquer 
le  même  honneur.  Il  semble  que  certaines  légendes,  que 
nous  rapportent  quelques  auteurs  de  l’antiquité,  soient 
l’écho  d’une  tradition  en  harmonie  avec  cette  manière  de 
voir.  On  disait  que  les  métaux  auraient  été  aperçus  pour 
la  première  fois  pendant  l’incendie  des  forêts,  coulant 
en  ruisseaux  brûlants  6.  Comme  on  l’a  dit,  ce  récit  «  paraît 
avoir  été  imaginé,  en  raison  de  sa  conformité  avec  les 
faits  naturels  qui  ont  dû  conduire  les  hommes  à  la 
découverte  des  métaux  7  ». 

Le  bronze  (alliage  de  cuivre  et  d’étain)  n’apparaît 
qu  après  un  usage  plus  ou  moins  prolongé  du  cuivre 


1  Voir  les  faits  réunis  par  Montelius,  Op.cit.  p.  905  sq.  ;  cf.  Much,  Die  Kup  fer  zeit  in 
Europa ,  2e  éd.  Iéna,  1893;  J.  Hampel,  Neuere  Studien  über  die  Kupferzeit  [Zeitsch. 
fur  Ethnologie ,  1890,  fasc.  2).  Voir  aussi  Anthropologie,  1896,  p.  579-583  ;  Rev.  ar - 
chiot.  1897,  I,  p.  126- 127  ;  S.  Reinach  dans  Bev.  celtique,  1900,  p.  170.  —  2  Ohnc 
falsch-Richter,  dans  Anthropologie,  1899,  p.  708-712. —  3  Montelius,  Op.  cit.  p.  969. 

—  Berthelot,  Chimie  au  moyen  âge,  I,  p.  360-361.  —  &  Chalcis,  en  Eubée,  doit 
être  laissée  de  côté  :  voir  plus  loin,  II.  Gisements  métallifères.  —  6  Diod.  Sic.  V, 
35;Strab.  III,  2,9,  tous  deux  d’après  Posidonius  ;  cf.  Lucr.V,  1250-1260. —  7  Berthelot, 
Ibid.  p.  361.  —  ^Montelius,  Arch.  fur  Anthrop.  XXVI,  1899-1900,  p.  1-40;  459-511  ; 
905-1012;  cf.  Anthropol.  1901,  p.  609-623.  —  9  Montelius,  Ibid.  —  1°  Berthelot, 
Op.  cit.  p.  362-363  ;  Montelius,  Op.  cit.  p.  971;  cf.  Anthropol.  1897,  p.  693-694. 

—  il  Voir  les  témoignages  recueillis  par  G.  Bapst,  Comptes  rendus  Acad.  Inscrip¬ 
tions,  1886,  p.  247-255;  Chantre,  Jlech.  anthropol.  dans  le  Caucase,  I,  p.  81.  Les 
progrès  de  nos  connaissances  géologiques  dans  la  région  caucasienne  et  en  Arménie 
Russe  laissent  peu  d’espoir  pour  une  trouvaille  à  venir.  —  12  Strabon  XIV,  2,  10, 


pur  :  c’est  un  fait  constaté  partout  sur  les 


Méditerranée,  aussi  bien  que  dans 


bords  de 


On  a  tenté  d’établir  les  dates  de  l’appar 


Europe  centrale 8 


la 


*rition  du  bronze 


dans  ces  diverses  contrées  9.  Mais  il  n’y  a  nas  , 
les  pays  où  le  bronze  a  été  découvert,  à  tirer  ’  "UClant 


d’une  chronologie  relative  ou  absolue.  Le  bronze 


‘  d’argument 


tous  les  alliages  du  cuivre,  si  fréquents  dans' l’a’  C°mme 


était  susceptible  d’être  préparé  dans  tous  les  pays  m  ’ 
rencontrent  les  minerais  de  cuivre  et  d’étain  «  [  a  f.j'  ^ 
cation  du  bronze  n’est  pas  plus  difficile,  en  fait  que'Jll' 
du  cuivre  pur.  On  peut  la  réaliser  aisément  soit  ’en  I 
alliant  les  deux  métaux  purs  et  isolés  à  l'avance  comme  1 
le  font  d’ordinaire  les  modernes;  soit  en  mélangeant 
leurs  minerais  dans  des  proportions  convenables,  avant  I 
de  les  soumettre  à  l’action  réductrice  du  feu.  Ce  dernier  • 
procédé  a  dû  être  employé  de  préférence  par  les  popula¬ 
tions  primitives  l0.  » 

Mais  l’étain  est  rare,  et  particulièrement  dans  les 
contrées  qui  avoisinent  la  Méditerranée  orientale.  Dans 
les  montagnes  du  Caucase,  il  n’y  en  a  pas*1.  L’existence 
des  gisements  du  Khorassan,  en  dépit  d’un  texte  de 
Strabon  et  quoi  qu’on  en  ait  dit,  n’est  pas  encore  dé¬ 
montrée12.  Les  points  les  plus  rapprochés  de  la  Médi¬ 
terranée  orientale,  où  l’étain  ait  été  authentiquement 
rencontré,,  sont  l’Étrurie  et  l’ile  d’Elbe19;  encore  les 
gisements  très  pauvres  de  l’ile  d’Elbe  n’ont-ils  pas  été 
exploités  par  les  anciens  :  du  moins  rien  ne  l'indique11. 
On  sait  de  façon  certaine  que  l’étain  se  trouve  en  Espagne, 
en  Gaule,  en  Cornouailles  (îles  Cassitérides),  en  Saxe  et 
en  Bohême16.  Que  l’on  admette  ou  non  que  c’est  sur  un 
ou  plusieurs  de  ces  points  que  le  premier  alliage  de 
cuivre  et  d’étain  a  été  obtenu,  il  n’en  est  pas  moins  cer¬ 
tain  que  de  très  bonne  heure  le  bronze  a  été  connu  et 
employé  sur  les  bords  de  la  mer  Égée,  et  que  par  consé¬ 
quent  il  y  a  eu  transport  et  commerce  de  bronze  ou 
d’étain  entre  les  centres  métallifères  et  le  Levant,  (.est 
le  moment  de  constater  qu’un  autre  corps,  1  ambre, 
originaire  des  bords  de  la  Baltique,  est  parvenu  à; 
une  époque  extrêmement  ancienne  dans  les  conliéesl 
égéennes  et  en  Égypte.  On  en  trouve  les  perles  dans  des 
tombes  égyptiennes  des  premières  dynasties1  ,  «  s  il  nyl 
en  a  pas  trace  à  Troie,  il  se  trouve  déjà  à  Mycènes,  tan®| 
les  tombes  de  l’Acropole,  ainsi  qu  à  Ménidi,  en  piossesi 
perles  qui  ont  dû  faire  partie  de  colliers.  Dana  y® 
chimique  a  démontré  que  cet  ambre  était  de  am  re 
baltique  17  ».  On  a  déjà  fait  remarquer  qu’au  ve  stec^e  ^ 
commerce  de  l’étain  était  associé  à  celui  de  1  mun  1 
les  fouilles  archéologiques  prouvent  qu  il  en  e  a 
bien  des  siècles  avant  Hérodote.  Nous  sommes 
à  concevoir  l’existence  de  relations  commer  al| 
.paraissent  fort  éloignées,  plus  a 


ainsi 
amenés 
entre  contrées  qui  nous 


Archio  far  Anthrop-  ‘«Mjj 


parle  d’étain  dans  le  pays  des  Dranges  ;  cf.  Baer.  Anciens,  p-  -*“■ 

p.  265  ;  Bapst,  Op.  cit.  p.  248  ;  Berthelot,  Introd.  a  ta  Ch m  i  d  ^  ^  Ni  le. 

Chimie  au  moyen  âge,  I,  p.  364;  Bérard,  Bev.  a,ci,  c '  ’  pa’riSj  i#9i-1895),  m 
explorations  de  De  Morgan  (Mission  eeientifique en  ErgansungsW 

celles  de  Slahl  (Géologie  von  Persien,  Geog.  Mitth.  ne  nous  révildj  , 

n»  122,  1897),  ou  de  Radde  ( Nord- Khorassan ,  Un  ■  »°  -  ’  1(  n0  saurait  |'lus 

la  présence  de  gisements  d’étain  dans  les  montagnes 1  ?i,eidans  Anthro- 

êlrc  question  de  l’étain  de  Malacca  :  voir  S.  Reinach,  <-  Ues  minéraux  et 

pologie ,  1892,  p.  275-281.  -  *3  Fucl.s  et  de  Launay,  »  ^  métaUurgis  ça 

métallifères,  II,  p.  150.  -  14  Simonin,  Exploit,  de ^  série,  XIV,  H»». 
Toscane  pendant  V antiquité  et  le  moyen  âge  (Ami.  _  IG 

p.  557  sq.).  —  15  Voir  plus  loin, 


II.  Gisements  “^““^chipie*,  #•»*■  * 
Hist.  anc.  des  peuples  de  l’Orient,  \,  p-  Anthropologie  8893>  p‘  57°j 


l'art,  VI,  p.  947.  —  18  S.  Reinach,  Mirage  or 
llcrod.  111,  115. 


J 


MET 


1 843 


MET 


[  ’iècles  avant  l’ère  chrétienne  Elles  avaient  com- 
Vllli"  .  ,ii'.s  l’âge  dn  cuivre  pur  :  elles  se  multiplient  et 
"ii'iU'id  dès  le  début  de  l’âge  du  bronze  [mercatuiia]. 
* ^lu'cls  étaient  les  navigateurs  primitifs  de  cette  navi- 
:  tj0a  préhistorique?  Nombre  d’indices  tendent  à  faire 
«al!üU  ,,  (}e  très  bonne  heure,  sur  les  bords  de  l’Égée, 
\sh>  Mineure,  en  Grèce,  dans  les  îles,  il  s’était  établi 
? ■  I, titillations  offrant  une  réelle  unité  de  culture1.  Ce 
,  ,  crulemcnt  l’emploi  simultané  de  la  pierre  et  du 
cuivre  qui  caractérisé  cette  culture,  mais  encore  1  analo- 
'-des  formes  de  tombes,  la  ressemblance  des  armes 
et  des  outils,  celle  des  amulettes,  des  bijoux,  des  pote- 
r|cs  2  A  défaut  de  dénomination  plus  précise,  on  a  pro¬ 
posé  le  nom  d 'Égéens  pour  désigner  ces  premiers  habi¬ 
tants  de  l’Archipel,  qui  sans  doute  appartenaient  à  des 
races  différentes.  Ce  seraient  là  ces  mystérieux  peuples 
'd’au  delà  des  mers,  Iiaoui-nibou,  dont  parlent  les  mo¬ 
numents  égyptiens  3.  Aux  premiers  Égéens  succèdent 
les  Mycéniens  :  leurs  thalassocraties,  Ithodienne,  Phry¬ 
gienne,,  Crétoise  4,  développent  les  échanges,  multiplient 
les  connnunication's  et  les  rapports  de  peuple  à  peuple, 
p’autres  navigateurs,  Cariens  et  Phéniciens,  se  mêlent 
à  ces  marins  et  leurs  pirateries  amènent  une  répression 
sévère  5.  Il  est  difficile,  en  effet,  de  s’imaginer  que  les 
maîtres  d’ilios,  de  Tyrinthe  et  de  Mycènes,  de  Cnossos  et 
de  Phaistos,  aient  été  dépourvus  d’une  marine  puissante, 
et  que  toutes  ces  cités  aient  dépendu  uniquement  de 
marins  étrangers,  pour  se  procurer  les  produits  et  les 
matières  premières  nécessaires  à  leurs  industries. 

Aquelleépoqueles  Phéniciens  arrivèrent-ilsàune  situa¬ 
tion  prépondérante  dans  la  mer  Égée  ?  Pour  les  uns,  dès  le 
xvi' siècle  av.  J.-C.,  au  début  des  conquêtes  égyptiennes, 
ils  auraient  été  possesseurs  des  routes  de  la  mer  ;  dès  le 
xiv'  siècle,  ils  seraient  arrivés  sur  les  côtes  de  Sardaigne  G. 
Pour  d’autres,  et  cette  opinion  paraît  beaucoup  plus 
vraisemblable,  «  ce  serait  vers  les  environs  de  l’an  1000 
ou  un  peu  plus  tôt  que  se  serait  opérée  cette  substitution 
dune  thalassocratie  à  une  autre,  à  une  période  de  grands 
troubles  politiques  et  sociaux  1  ».  S’il  en  est  ainsi,  les 
Phéniciens  n’auraient  été  les  pourvoyeurs  en  métaux 
des  cités  mycéniennes  que  pendant  la  dernière  phase  de 
leur  civilisation.  Toujours  est-il  qu’à  l’époque  des  inva¬ 
sions  doriennes  et  pendant  quelques  siècles,  les  Phéni¬ 
ciens  occupent  beaucoup  d’iles  de  la  mer  Égée,  et  parmi 
ellesChypre,  riche  en  mines  de  cuivre,  Thasos  et  Siphnos 
aux  Ullnes  d  or.  Ils  apparaissent  alors  comme  les  maîtres 
11  commerce  des  métaux.  Leurs  voyages  en  Espagne  les 
'ootti.nL  en  possession  des  richesses  minières  si  considé- 
'  ef  ce  pays  ;  ils  vont  chercher  l’étain  au  fond  de 
,  ' 1  iotique  8,vers  l’embouchure  du  Rhône  9,  àGadès10, 

,  M  ds  s  aventurent  en  Gaule  d’abord,  en  Bretagne 
^suile,  xers  ces  mystérieuses  îles  Cassitérides,  d’oq 
.  ain  Ll1  ait  son  nom,  et  dont  d’autres  navigateurs  avaient 
pS(  '  0u*-e  connu  la  route  avant  eux11. 

Ul  "n  dire,  d’autre  part,  que  ce  soient  les  Phéniciens 


qui  aient  ouvert  et  exploité  les  premiers  les  gisements 
métallifères  du  monde  hellénique?  Nous  n’en  avons  ni 
preuves  ni  indices,  si  ce  n’est  peut-être  pour  Thasos, 
dont  les  mines,  au  dire  d’Hérodote  ,2,  furent  découvertes 
par  les  Phéniciens  (gÉTacXXoc  àveüpov).  11  est  au  contraire 
très  vraisemblable  qu’avant  l’ère  de  leur  suprématie 
commerciale  dans  la  mer  Égée,  les  populations  indigènes 
avaient  mis  en  exploitation  les  mines  d’or  du  mont  Pan- 
gée,  celles  de  la  Troade  et  de  la  Lydie,  comme  aussi 
celles  du  Laurion  et  de  Siphnos.  Pour  le  Laurion,  les 
trouvailles  de  Thoricos  13,  la  présence  en  plusieurs  points 
sur  les  gisements  de  belles  constructions  mycéniennes 
semblent  prouver  l’activité  directe  des  maîtres  du  pays  u, 
et  l’occupation  permanente  d’unecontrée,  qui  est  pourtant 
sans  ressources  agricoles  d’aucune  sorte.  Le  récit  de  Dio- 
dore,  touchant  le  commerce  des  métaux  des  Phéniciens  en 
Espagne,  tend  également  à  démontrer  qu’ils  n’eurent 
qu’à  échanger  leur  pacotille  contre  l’argent  que  les 
indigènes  avaient  déjà  en  leur  possession15  ;  ils  n’y 
apparaissent  point  comme  les  maîtres  en  métallurgie  des 
peuples  qu’ils  visitent. 

Pendant  très  longtemps,  le  fer  [ferrum]  n’a  aucune  place 
importante  dans  la  civilisation  des  peuples  de  la  mer  Égée. 
Ce  métal  ne  se  rencontre  àHissarlik  que  dans  les  couches  de 
la  troisième  ville,  contemporaine  de  Mycènes.  A  Mycènes 
«  il  n’apparaît  qu’à  la  fin  de  la  période  mycénienne  et  il 
semble  que  ce  ne  soit  alors  qu’un  métal  de  luxe  :  on  en 
fait  des  anneaux  qu’on  dépose  dans  les  lombes  avec  les 
anneaux  d’or16  ».  11  est  plus  abondant  dans  les  couches 
profondes  d’Olympie,  et  fréquent  enfin  dans  celles  du 
Dipylon.  Ce  retard  dans  l’emploi  du  fer  n’a  rien  qui 
puisse  étonner.  «  Si  les  minerais  ferrugineux  sont  par¬ 
tout  répandus,  l’extraction  du  métal  libre  est  une  opé¬ 
ration  difficile,  compliquée,  et  qui  n’a  pu  être  exécutée 
qu’à  une  époque  où  les  industries  et  la  science  pratique 
des  hommes  avaient  atteint  déjà  un  certain  degré  mar¬ 
qué  d  avancement 1  '.  »  Aussi  les  légendes  relatives  aux 
Dactyles,  aux  Cabires,  aux  Corybantes,  que  nous  ont 
transmises  les  auteurs  anciens,  ont-elles  trait  à  la  métal¬ 
lurgie  du  fer,  ce  qui  ne  veut  point  dire  à  son  invention  : 
il  était  naturel  que  l’habileté  des  ouvriers  fût  considérée 
comme  capi  tale  dans  le  travail  du  fer,  et  regardée  comme 
un  don  quasi  divin.  La  Grèce  n’est  pas  riche  en  minerais 
de  fer  de  bonne  qualité,  et  les  Cyclades  ne  le  sont  pas 
davantage.  Il  est  à  croire  que  pendant  longtemps  elle 
reçut  du  dehors  le  métal  dont  elle  avait  besoin.  Quels 
furent  les  importateurs  du  fer  chez  les  populations 
mycéniennes  et  helléniques?  Selon  les  uns,  ce  seraient  les 
Phéniciens;  selon  d’autres,  «  les  armes  de  fer  sont  l’ap¬ 
port  de  bandes  guerrières,  d’origine  celto-germanique, 
les  Achéens,  qui  établirent  leur  autorité  sur  les  Mycé¬ 
niens18  ».  Pour  d’autres  enfin,  c’est  avec  les  invasions 
doriennes  que  l’emploi  du  fer  aurait  commencé  à  se 
répandre  en  Grèce.  Il  est  difficile  de  se  prononcer. 
Remarquons  cependant  que  les  populations  qui,  vers  le 


flcuiliip  y  a"lcUrs  alll'ib»ent  à  la  môme  civilisation  une  aire  beaucoup  pl 


1  Cirtai 

duo.  Voir  AP.  j.  ~  . ~  . . . . .  . ——......p  t 

-  3  pWrol  c,vans>  d  après  S.  Reinach,  Anthropol.  189G,  p.  68G-G 

Mîtsq  3  « llipi°Z’  V1’  P'  471-«2;  E.  Meyer,  Gescli.  d.  Alterth. 

€  s ■  Reinach  Am*™’  °P~  ''  P'  391  Ct  nole  3'  —  4  Euseb-  Chron-  b  P-  2 


«os.  _  g  p  ' ’,0P ‘  1899,  p.  397-409.  —  G  Thucyd.  I,  4-8  :  Thalassocratie 

Mro pol.  MeyCr’  °P-  cit-  b  P-  230.  235;  II,  p.  142.  -  7  S.  Rcinac 

R.  p.  9g,  __  j  J  P’  j  Scymm.  Ch.  391-393  ;  cf.  Bérard,  Rev.  arch.  19C 

-»  Herod.  ni  '  m’  2’  Di°d‘  Sic’  V’  22  ct  38’  ~  16  Ezechiel,  XXVII,  1 

1  "0;  Strab.  111,  5-11  ;  cf.  S.  Reinach,  L'étain  celtiqi 


Anthropol.  1892,  p.  277-280;  Un  nouveau  texte  sur  l'origine  du  com¬ 
merce  de  l'étain,  Ibid.  1899,  p.  397-409.  —  12  Herod.  V,  47  _  13  Staïs 

’E?np.  ’Afx«uA.  1895,  p.  221-234.  —  H  Ardaillon,  Mines  du  Laurion  dans 
l'antiquité,  p.  127.  J’ai  soutenu  dans  ce  travail  l'hypothèse  d’une  occupation 
et  d’une  exploitation  phéniciennes  :  je  crois  aujourd’hui  être  allé  beau¬ 
coup  trop  loin,  et  sans  preuve  positive.  —  15  Diod.  Sic.  V,  35.  —  16  per 
rot  ct  Chipiez,  VI,  p.  953-954.  -  n  Berlhelot,  Chimie  'au  moyen  agi 
1,  p.  359.  —  18  Ridgewav,  d’après  S.  Âeinach,  Rev.  critique ,  1902  1,’ 
p.  173. 


MET 


—  1844 


\c  siècle,  descendirent  de  la  péninsule  des  Balkans  vers 
les  rivages  de  l’Égée,  devaient  apporter  avec  eux  la  cul¬ 
ture  de  la  période  hallstatienne  (premier  âge  du  fer,  vers 
le  v  siècle  av.  J.-C.),  développée  dans  les  pays  danubiens. 
D  autre  part,  il  est  à  constater  que  les  génies  métal- 
lurges  des  Grecs  sont  tous,  au  dire  des  auteurs  anciens, 
originaires  de  la  Phrygie.  Or  l’on  sait  que  de  très  bonne 
heure  la  Phrygie  fut  occupée  par  des  tribus  parties  de  la 
Thrace,  et  restées  en  rapport  avec  la  Tlirace  Ces  peuples 
possédaient  peut-être,  par  suite,  des  connaissances  mé¬ 
tallurgiques  touchant  le  fer,  plus  avancées  que  celles  des 
Mycéniens.  L  Arménie  et  le  Pontr  pays  des  Chalybes, 
furent  vers  les  mêmes  temps  envahis  par  des  bandes  de 
même  origine.  Ainsi  inductions  de  l’archéologie  et  textes 
anciens  s’accorderaient  aisément.  Car  il  ne  saurait  être 
tenu  compte  de  l’objecLion  que,  selon  des  auteurs  de 
1  antiquité,  la  Crète  fut  le  foyer  le  plus  important  de  la 
métallurgie  du  fer  :  pour  que  ce  fût  possible,  il  aurait 
fallu  à  la  Crète  des  gisements  de  fer  nombreux  et  de 
bonne  qualité.  De  récentes  études  démontrent  qu’elle 
n  en  possède  point.  Aussi  bien,  à  une  date  très  rappro¬ 
chée  de  celle  de  ces  invasions,  les  Phéniciens  ont  pu 
aller  chercher  sur  les  bords  du  Pont-Euxin,  dans  le 
Pont  habité  par  les  Chalybes  «  ouvriers  du  fer  »  2, 
comme  sur  les  côtes  de  la  mer  Ionienne,  un  métal  qui 
devait,  parles  progrès  de  sa  technique,  prendre  une  place 
de  plus  en  plus  grande  à  l’époque  historique  [ferrum]. 

Résumons  les  conclusions  qui  paraissent  le  plus  vrai¬ 
semblables  touchant  l’origine  de  la  métallurgie  et  de 
l’art  des  mines  dans  les  pays  helléniques  : 

1°  Il  est  impossible  de  dire  si  l’or,  d’une  manière 
absolue,  a  précédé  le  cuivre.  Ces  deux  métaux  apparais¬ 
sent  à  une  date  très  reculée,  dès  la  fin  de  la  période  néo¬ 
lithique.  Leur  métallurgie  a  eu  pour  pays  d’origine  les 
contrées  riches  en  gisements  métallifères,  qui  ont  été, 
chacune  dans  leur  sphère,  des  centres  de  diffusion.  Dès 
l’âge  du  cuivre  pur,  on  constate  l’existence  d’un  com- 
‘merce  qui  a  fourni  des  outils,  des  armes,  des  parures  à 
des  peuples  qui  n’avaient  pas  le  moyen  de  s’en  procurer 
autrement  que  par  échange. 

2°  Le  bronze  est  probablement  originaire  des  pays, 
beaucoup  moins  nombreux,  où  se  rencontrent  simulta¬ 
nément  les  minerais  de  cuivre  et  ceux  d'étain  (Europe 
occidentale).  De  très  bonne  heure  aussi,  bronze,  étain, 
ambre  sont  arrivés  dans  le  bassin  oriental  de  la  Méditer¬ 
ranée.  Dans  la  mer  Égée,  le  commerce  des  métaux  se 
développe  rapidement  et  est  le  fait  d’une  navigation  indi¬ 
gène.  Plusieurs  thalassocraties  se  sont  succédé  sans 
doute  avant  celle  des  Phéniciens. 

3°  Les  Phéniciens  ont  naturellement  hérité  de  ce  com¬ 
merce  des  métaux,  qu’ils  ont  répandus  partout  en  abon¬ 
dance,  à  mesure  que  les  gisements  exploités  devenaient 
plus  nombreux.  Ce  n’est  pas  cependant  que  l’ouverture 
des  mines,  dans  les  contrées  helléniques,  soit  posté¬ 
rieure  à  l’arrivée  des  Phéniciens. 

4°  Le  fer  est  le  dernier  venu  des  métaux  dans  les 
applications  industrielles.  Il  s’est  probablement  répandu 
en  Grèce  sous  la  double  influence  dépopulations  étran¬ 
gères  venues  du  Nord,  et  du  commerce  phénicien. 

1  Herod.  VI,  45 ;  VII,  73;  VIII,  138;  Xanlhos  ap.  Slrab.  XII,  8,  3;  XIV, 
5,  29;  cf.  E.  Meyer,  Gssch.  d.  Alterth.  I,  p.  299;  II,  p.  41.  —  2  Acsch. 
Prom.  133  et  714.  — 3  Montelius,  Arcft.  für  Anthrop.  1900,  XXVI,  p.  9G2-964. 
—  4  Helbig,  Die  Itciliktr  in  (Jer  Poebene,  Leipz.  1879,  p.  18 \  Epopée  homérique, 


~  MET 

En  Italie,  les  origines  et  les  progrès  de  I,  -, 
semblent  avoir  suivi  à  peu  près  la  même  é  T  Ullur8'l 
dans  les  pays  helléniques.  Tout  d’abord  H  ,Uon  'l«e 
pur  y  a  été  constaté.  Les  tombes  de  Hemedell  ,  CUivH 
Marco,  de  Santa  Cristfna  (province  de  Bresci-o’  7 
gnano  (province  de  Modène),  de  Monlesemw  SavU 
d’Ancône),  de  Sgurgola  au  sud-est  de  Ce  (  In H 
des  armes  et  des  outils  de  cuivre.  On  „  ’ ,  lvré 
lations  primitives  de  l’Italie  avaient  le  cuivre  'n"  P°f‘ 
position  dès  le  troisième  millénaire  avant  „otr 
Dans  les  villages  sur  pilotis  de  la  vallée  du  Pô  (Z  ' 
mares),  on  voit  apparaître  le  bronze,  mais  ri Z 
objets  tels  que  les  haches  et  les  pointes  de  lance  se  f?8 
saient  encore  en  pierre  L  Dans  les  tombes  à  po.rJl 
Bolonais  et  de  la  Toscane,  le  mobilier  se  compose  d 
bronzes,  de  morceaux  d’ambre,  parfois  de  quelque  biiou 
en  métal  précieux  L  Mais  les  auteurs  de  ces  sépultures 
étaient  encore  pauvres  en  métaux.  «  Ils  n’ont  presque 
pas  d’or,  ni  d’argent,  ni  de  fer.  Le  bronze  constitue  à  peu 
près  a  lui  seul  leur  fond  métallurgique.  En  bronze,  ils 
ont  quelques  vases,  des  pièces  d’armure  ou  d’équipement, 
des  armes  (haches,  épées,  couteaux,  tètes  de  lance)  et 
divers  accessoires  de  parure  ou  de  toilette  ;  en  fer,  ils  ont 
quelques  rares  épées  d’un  type  analogue  à  celui  des 
épées  de  bronze  R.  »  Puis,  dans  une  nouvelle  période,  le 
bronze  devient  de  plus  en  plus  abondant;  le  fer  se  mul¬ 
tiplie,  et  arrive  un  moment  où  il  remplace  le  bronze  dans 
la  fabrication  des  épées,  des  couteaux,  des  hachettes,  des 
mors  de  cheval  ;  en  bronze,  il  ne  reste  plus  guère  que  les 
objets  de  toilette  et  les  vases.  L’or  et  l’argent  sont  tou¬ 
jours  rares  7.  Tel  est  le  développement  de  la  métallurgie 
dans  les  plaines  du  Pô  et  au  nord  de  l’Apennin.  En  Tos¬ 
cane,  dans  les  tombes  à  fossa ,  en  Italie  centrale  et  dans 
le  Latium,  il  en  est  de  même  dans  cette  période  nou¬ 
velle  :  mais  ici,  d’une  façon  générale,  on  constate  la  pré¬ 
sence  d’une  masse  beaucoup  plus  considérable  de  bronze 
et  de  fer,  d’or  et  d’argent,  ce  qui  prouve  que  par  leurs 
propres  ressources  et  par  des  relations  commerciales 
plus  étendues,  les  habitants  de  ces  contrées  arrivaient  à 
se  procurer  une  quantité  plus  grande  de  métaux. 

Ainsi  l’ordre  d’apparition  des  métaux  est  le  même  en 
Italie  qu’en  Grèce.  Mais  ce  qui  est  caractéristique  en  Ita¬ 
lie,  c’est  que  le  fer  y  a  très  rapidement  pris  une  grande 
place.  «  Nous  y  trouvons  une  civilisation  du  premier  âge 
du  fer,  très  intense,  qui  remonte  au  xii®  et  auxmc  siècle: 
avant  notre  ère,  faisant  suite  à  une  très  courte  période 
où  le  cuivre  et  le  bronze  étaient  seuls  connus  »  Com 
ment  expliquer  ces  particularités,  abondance  p  us, 
grande  des  métaux  au  sud  de  l’Apennin,  appandon 
emploi  précoce  du  fer  dans  l’Italie  du  Nord  et  du  Centre! 
Les  causes  en  sont  multiples.  Tout  d  abord,  c  est  un 
capital  pour  l’histoire  de  la  métallurgie  en  bu  1 
l’existence  des  gisements  métallifères  de  la  . 

de  l’ile  d’Elbe.  Cette  région  produit  encore  aujouri 
le  fer,  le  cuivre,  l’étain,  le  plomb  argentifère, 
cure  9.  Des  restes  très  importants  de  travaux  <  < 
anciens  ont  été  relevés  dans  l’ile  d  Elbe,  et  SUI 
le  continent,  à  Campiglia,  à  Montieri,  à  Ma&sa  ^  flU 
à  Itocca  Tederighi,  à  Monte  Catini,  près  4°  h  ' 

p.  103.-  B  Martha,  Art  étrusque,  p.  37.  -  c  Ibid-  ] P"  58  J?  "go.  -  »  ^"rl,S 
sq.  -  8  A.  Bertrand  et  S.  Roinach,  Celtes  dans  lavalUc  dit  .P-  ^  p  149)  23*, 
et  de  Launay,  Traité  des  g  il  es  minéraux  et  métallifères,  ,  P- 
559,  697. 


MET 


—  ms  — 


MET 


)rd  de  Eucq,,es 


Bien  que  l’on  n’ait  pas  signalé  dans 
bronze,  il  y  a  cepen- 


"  nines  d’outils  de  pierre  ou  de 
I  ces  |r.,ie  raison  de  penser  que  la  première  exploita- 
?" (  (>s  gîtes  remonte  à  un  âge  très  reculé.  Un  texte 
ti0fl  '  ,'lil  que  dans  l’ile  d’Elbe  «  on  extrayait  jadis  le 
1,u"7  ivre  lequel  les  Étrusques  fabriquaient  tous  leurs 
Cl"  "  èi  qu’ensuite  on  n’en  trouva  plus.  Plus  tard,  on 
ol'!  on  retirer  du  fer  2  ».  En  effet,  on  a  découvert,  à 
■  de  ce  renseignement,  des  scories  de  cuivre  entre 
'^[o'Verrajo  et  Marciana  3.  Le  fait  même  que  les 
0  , ,  j’BU)e  s’attaquèrent  d’abord  aux  minerais  de 

1111111:11  ,  non  ^  ceux  de  fer  qui  constituent  la  véritable 

.•  -hesse  de  File,  indique,  semble-t-il,  qu  ils  ne  connais- 

•  a  ms  encore  la  valeur  de  ce  dernier  métal.  On  est 
sairni  pu»  '  ........ 

ind  amené  à  penser  que  cette  extraction  du  minerai 
cuivreux  date  au  moins  de  l’époque  du  bronze  (exclusif). 
N’est-il  pas  aussi  croyable  qu’à  peu  de  distance  de  l’ile, 
les  gîtes  de  cuivre  plus  riches  du  Campigliais  furent  éga¬ 
lement  découverts  et  travaillés  vers  le  même  temps? 
Plus  tard  les  Étrusques  développèrent  ces  travaux,  qui 
au  Ve  siècle  étaient  en  pleine  activité  4.  II  est  possible 
encore  que  les  filons  et  les  alluvions  d’étain  aient  été 
exploités  de  très  bonne  heure.  Aussi  est-il  naturel  d’attri- 
buerà  la  présence  de  ces  gisements  au  sud  de  l’Apennin 
la grande  quantité  de  bronze  découvert  dans  les  sépul¬ 


tures  de  l’Étrurie  et  de  l’Italie  centrale. 

Pour  le  fer,  il  en  est  de  même.  Les  masses  de  minerais 
si  facilement  exploitables  de  l’ile  d’Elbe,  leur  grande 
valeur  et  l’excellence  de  leur  qualité  expliquent  le  déve- 
loppementdelaproduction  du  fer  dans  les  mêmes  régions. 
Mais  avec  ce  que  nous  savons  des  difficultés  de  la  métal¬ 
lurgie  du  fer,  la  seule  présence  de  gîtes  abondants  ne 
suffit  pas  à  faire  comprendre  les  progrès  rapides  de 
l'emploi  de  ce  métal  au  nord  comme  au  sud  de  l’Apennin. 
Il  semble  qu'il  faille  faire  intervenir  une  autre  cause.  Il  y 
a  eu,  précisément  au  moment  où  commence  à  s’accuser 
cette  utilisation  étendue  du  fer,  des  mouvements  impor¬ 
tants  de  populations  dans  la  péninsule;  telle  est  du  moins 
la  conclusion  que  l’on  peut  tirer  des  transformations  du 
mode  d’ensevelissement,  du  passage  de  l’incinération  à 
1  inhumation.  Quelles  étaient  et  d’où  provenaient  les 


populations  apportant  avec  elles  ces  usages  nouveaux? 
Sans  vouloir  entrer  dans  un  débat  riche  en  discussions 
et  en  hypothèses  ïï,  si  l’on  constate  que  l'usage  du  fer 
devient  prédominant  vers  cette  époque,  n’est-on  pas  en 
droil  de  supposer  que  les  mêmes  populations  avaient  une 
Science  métallurgique  du  fer  plus  avancée,  et  qu’elles 
venaient,  comme  d’autres  indices  le  font  penser,  des  pays 
an  "b  ions ,  où  le  fer  fut  de  très  bonne  heure  habilement 
ra,\nillé?  C’est  avec  l’occupation  de  l’Italie  du  Nord 
e  (,e*dre  par  ces  peuples,  qu’aurait  commencé 
PXP‘oitation  active  des  mines  de  la  Toscane  et  de 
‘de  d’Elbe. 

atE  |S|  ^  m®me  A  un  aPPorI  do  l’étranger  que  l’on  peut 
mél  U<1  ay  mo‘ns  pour  une  part  l’accroissement  de 
x  Précieux  que  l’on  observe  dans  les  sépultures 


le. 

Simonin  i/-  ,  » 

1858,  XIV  1  •  >neS  6 *  des  Etrusques  dans  Annales  des  Mines 

Bonin "  On  P‘  337'587'  —  2  f’s.  Aristot.  Mir.  Ausc.  93,  p.  837.  —  3  Si 


Mines, 
Si- 

Cesob.  d  7/  P'  3l’7'  —  4  Martha,  Art  étrusque,  p  .  499.  —  SE.  Meyer, 
l’ethnoera  V  *’  .**1  p.  488-510  ;  bibliographie  de  ces  questions  complexes 
Us  Celles  wUC  de  l  ltalie.  Voir  aussi  Al.  Bertrand  et  S.  Rcinacli, 


U  I  “  »  VU  IAXIOOX  ill  ■  UV1  V.  UUU  VV  k/»  ItVIUUUIl, 

P.  vaMe  du  Pô  et  du  Danube  ;  Marllia,  L'art  étrusque, 


W.  I80fi>  „  ,^erer’  ®P.  C‘L  n,  p.  501-502.  —  7  S.  Keinach,  Anthro- 

Si >1 .  rom  |  ,  !'  >i“'  8  Marllia,  Art  étrusque,  p.  105  sq 

■  ‘i  193  sq.  - - 


VI. 


9  Mommsen, 

10  lies.  Op.  et  Dies,  120,  140,  157.  —  il  Grote,  Hist.of 


de  l’Italie  occidentale.  Pour  l’argent,  les  gisements  de 
plomb  argentifère  de  la  Toscane  ont  pu  en  fournir  une 
certaine  quantité.  Mais  c’est  à  un  commerce  avec  des 
centres  plus  productifs  d’or  et  d’argent  que  les  habitants 
de  l’Italie  ont  dû  demander  principalement  la  matière 
de  leurs  bijoux  et  de  leurs  parures.  S'il  est  vrai  que 
dès  le  xiic  siècle,  des  Étrusques  aient  fait  partie  de  ces 
peuples  de  la  mer  qui  allaient  exercer  leurs  pirateries 
sur  les  côtes  de  l’Égypte,  et  que  ce  soient  des  Étrusques 
qui  se  sont  établis  à  Lemnos  et  à  Imbros  fi,  on  pourrait 
voir  dans  ces  navigations  la  preuve  de  relations  très 
anciennes  entre  l’Italie  occidentale  et  le  bassin  de  la  mer 
Égée.  A  une  date  antérieure,  peut-être,  des  rapports 
s’étaient  établis  entre  les  cités  mycéniennes  de  la  Crète 
et  le  sud  de  l’Italie7.  Les  Grecs  arrivèrent  en  tout  cas 
de  bonne  heure  dans  les  parages  Italiques,  et  les  traces 
de  leur  influence  en  Italie  sont  trop  nombreuses  et  trop 
nettes  pour  qu’on  puisse  en  douter  8.  A  leur  tour  les 
Carthaginois  jouèrent  un  rôle  important  dans  le  commerce 
étrusque,  et  la  marine  étrusque  elle-même  put,  dès  le 
vuc  ou  le  vie  siècle,  alimenter  de  métaux  précieux 
l’industrie  des  peuples  italiens  9. 

On  voit  quelle  part  considérable  d’hypothèse  entre 
dans  l’étude  des  origines  de  l’art  des  mines  et  de  la  mé¬ 
tallurgie,  en  dépit  des  recherches  de  l'histoire  et  de  la 
philologie,  en  dépit  des  découvertes  de  l’archéologie.  11 
est  difficile  d’accorder  avec  ces  données  les  textes  antiques 
relatifs  aux  âges  des  métaux  et  aux  inventeurs  de  la 
métallurgie.  Le  poète  des  Œuvres  et  des  Jours  parle  d’un 
âge  d’or,  qui  aurait  été  suivi  d’un  âge  d’argent,  d’un 
âge  de  bronze,  d’un  âge  héroïque,  d’un  âge  du  fer10.  La 
mention  d’un  âge  héroïque,  intercalé  entre  deux  âges 
différents,  indique  assez  combien  les  données  du  poète 
sont  symboliques  et  sans  valeur  positive11.  Aratus, 
Ovide  12,  à  leur  tour,  dépeignent  les  mêmes  âges.  Seul 
Lucrèce  semble  indiquer  une  succession  réelle  et  concrète 
des  âges  de  pierre,  de  bronze,  de  fer:  mais  il  est  difficile 
de  dire  si  c’est  là  une  pure  invention  de  poète,  ou  s’il  a 
suivi  une  tradition13. 

Certains  écrivains  nous  ont  laissé  des  listes  d’inven¬ 
tions  et  le  nom  de  leurs  auteurs11.  Voici,  pour  les 
métaux,  les  principaux  renseignements  qu’ils  nous 
fournissent  : 

Or  :  inventé  au  mont  Pangée,  parCadmus  le  Phénicien 
ou  son  frère  Thasos  15  ;  par  Éaque,  fils  de  Jupiter,  en 
Panchaïe16;  par  Sol,  fils  d’Oceanus17. 

A rgent  :  inventé  par  Indus,  roi  de  Scyfhie18;  par 
Erichthonius  à  Athènes;  par  Éaque19. 

Cuivre  :  inventé  par  Cinyras,  fils  d'Agriopas,  à 
Chypre  20  ;  par  Ionos,  roi  de  Thessalie21;  métallurgie  du 
cuivre  attribuée  aux  Cyclopes,  aux  Dactyles 22,  aux 
Noropes  (. Norici)23 ,  àCadmus24,  à  Skythès  le  Lydien,  à 
Délas  le  Phrygiep  23. 

Fer:  inventé  par  Dactyles  Idéens  en  Phrygie26,  en 
Crète27,  à  Chypre28;  métallurgie  du  fer  attribuée  aux 
Cyclopes29,  aux  Noropes30. 

Grcece,  I,  p.  66.  —  <2  Arat .Phaen.  107;  Ov.  Met.  89-144;  cf.  Scrv.  Ad  Aen.  XII, 
87.  —  13  Lucr.  V,  1282  sq,  —  14  Voir  Kremmer,  De  catalogis  Heurematum, 
Leipzig,  1890.  —  15  Plin.  VII,  197;  Clem.  Alex.  Strom.  1,  74;  Hyg.  Fab. 
274.  —  16  Plin.  Vil,  197;  Hyg.  Fab.  274.  —  17  Pliu.  VII,  197.  —  18  Hyg.  Fab. 
274;  Cass.  Var.  IV,  34.  —  19  Pliu.  VII,  197.  —  20  ld.  VII,  195.  —  21  Cass.  Var. 
III,  31.  -  22  Plin.  Vil,  197.  —  23  Clem.  Alex.  Strom.  I,  74-76.  —  24  Hyg.  Fab. 
274.  —  26  Plin.  VII,  197.  -  26  Slrab.  X,  3  ,  22.  —  27  plin.  VU,  197;  Clem.  Alex. 
Strom.  74-76;  cf.  Strab.  XIV,  2,  7.  —  28  Ibid.  —  29  plin.  VU,  197.  —  30  Clem. 
Alex.  Strom.  74-76. 


23-2 


MET 


1840  — 


MET 


Plomb:  apporté  par  Midacritus  de  l'ile  Cassitéride1  ; 
par  le  roi  Midas  de  Phrygie2. 

Bronze  :  alliage  inventé  par  Skylhès  le  Lydien  ou  par 
Délas  de  Phrygie  s. 

Comme  on  le  voit,  l’accord  est  loin  d’être  parfait. 
Cependant  on  a  essayé  de  tirer  le  meilleur  parti  possible 
de  ces  textes.  Le  Phénicien  Cadmus  a  été  cité  par  tous 
les  partisans  d'une  civilisation  phénicienne,  qui  aurait 
tout  apporté  à  la  Grèce  4.  Cinyras  a  eu  la  même  fortune1. 
Midacritus  et  Midas  de  Phrygie  sont  invoqués  tour  à  tour 
à  l'appui  d’hypothèses  opposées6.  Si  ingénieuses  que 
soient  les  théories  proposées,  elles  reposent  sur  des 
bases  bien  fragiles  et  il  faudrait  avoir  les  écrits  authen¬ 
tiques  des  auteurs  classiques,  où  les  compilateurs  des 
èuo7]uaTa  ont  puisé  leurs  citations,  pour  pouvoir  en  tirer 


quelque  profit  réel.  On  est  obligé,  sur 


ces  (l '‘estions 


difliciles,  de  se  contenter  de  peu,  et  il  est  imi  "J. 
que,  sur  le  problème  des  origines  de  la  métaiw"1?* 
les  anciens,  l’avenir  nous  apporte  une  solution  délh  t % 
II.  Répartition  des  mines  et  carrières.  —  R  p  ve‘ 
!es  gîtes  métallifères  qui,  sur  les  territoires  de  PE  S°nt 
romain,  ont  échappé  aux  recherches  des  ancien.^1!" 6 
Grecs  et  les  Romains  en  ont  découvert  et  exploii,-,  ^ 
nombre  considérable,  et  nous  sommes  loin  de  V("n 
dresser  la  liste  complète  de  leurs  travaux  de 
Voici  les  groupes  principaux  de  ceux  qui  nous  SJ] 
connus,  soit  par  des  textes  antiques,  soit  par  des  obser¬ 
vations  faites  sur  le  terrain.  La  carte  ci-jointe  (fjg  .49741 
en  montre  la  répartition  géographique  d’ensemble.  1 
Europe.  —  Bretagne.  —  Les  richesses  minières  de  la 


Ch.Bonnesseur 


Fig.  4974. 


Bretagne,  si  l’on  fait  exception  de  l’étain,  ne  furent 
connues  qu’à  partir  du  Ier  siècle  avant  notre  ère.  C’est 
Jules  César  qui  en  fait  mention  le  premier.  Mais  elles  ne 
prirent  d’importance  pour  les  Romains  que  sous  l’Empire, 
à  partir  de  Claude  (43  ap.  J.  C.).  On  exploita  des  mines 
d’or  dans  le  sud  du  pays  de  Galles8  ;  des  mines  de  cuivre, 
dont  on  a  retrouvé  l’emplacement  dans  la  même  région  'J. 
Mais,  au  dire  de  César,  les  Bretons  se  servaient  aussi  de 
bronze  importé  de  l’étranger.  Les  mines  de  fer  10  ne 

1  Plin.  VU,  197.  —  2  Hyg.  Fab.  274;  Cass.  Var.  111,  31.  —  3  Clem.  Alex. 
Loc.  cit .  ;  Plin.  VU,  197.  —  4  Movers,  Die  Phônizier,  I,  p.  21;  E. 
Meyer,  Gesch.  d.  Alterth.  Il,  p.  150,  et  bien  d’autres.  —  8  V.  Bérard,  Phé¬ 
niciens  et  Odyssée ,  1,  p.  447.  —  6  s.  Reinach,  Un  nouv.  texte  sur  orig.  du  com¬ 
merce  de  l'étain ,  Anthrop.  1899,  p.  401  sq.  —  7  Blümner,  Technol.  IV,  p.  12-100, 
a  donné  un  tableau  des  gisements,  métal  par  métal  ;  c'est  le  travail  capital  en 
cette  matière.  —  8  Strab.  IV,  5,  2  ;  Tac.  Agric.  12.  Cf.  llübner,  dans  sou  corn- 


’urent  pas  délaissées.  La  production  principale  si 
ivoir  été  celle  du  plomb  et  de  l’argent".  P inedl  1  I 
e  plomb  était  si  abondant  en  Bretagne  qiu  a  . 
imiter  la  fabrication  12  ;  cela  donne  a  Pen^  '  '1  ç  \a 
ivant  la  conquête  définitive  d’Agricola  {‘  at  J 
'exploitation  des  mines  était  déjà  prospéré.  o 
nents  de  plomb  argentifère  se  trouvaient  dans  ■  h 
les  Briguâtes  (Cumberland  et  Norlhuiniti  '  .  ,3] 

à  sans  doute  qu’il  faut  placer  les  Metalla  Lutudensia 

2a0.  BMd.ogra-l 

nen taire  aux  inscriptions  du  Corp.  inscr.  lut.  MI,  11  .  j'or  en  Irlamlc  à 

iliie  :  Daubrée,  Rev.  arch.  1808,  I,  p.  300;  sur  XXI.  P- 

me  époque  antérieure,  voir  S.  Reinach,  Rev.  cc  "7‘  ’  _  10  Cacs.  Bt  J 

66-173.  -  9  Cacs.  Dell.  Gatl.  V,  12;cf.  Hhhncr,  P-  -  ^ .  Aethic.  «M 
rail.  V,  12;  Strab.  IV,  5,  2.  -  U  Strab.  IV,  3,  -  ,  Tac-  J  )2l4|  1213, 

1  2G.  -  12  Plin.  XXXIV,  164.  -  I3  Corp.  inscr.  lat ■  • 


MET 


—  1847  — 


MET 


l0  nom  est  conservé  sur  plusieurs  saumons  de 
“°"  ,  j  ’gtain  de  Bretagne 1  et  des  îles  Cassitérides  2 
P".|  (|ne  réputation  bien  plus  ancienne.  Hérodote  sait 
''  |vi;iin  provient  de  ces  îles  fameuses,  et  nous  avons 
1IK  ,  je  commerce  de  ce  métal  datait  d’une  époque  très 
||(,(.  |,.s  gisements  d’étain  de  la  Cornouailles  et  du 
nevonsliire  sont  repérés  3  et  l’on  y  a  trouvé  des  saumons 
jVl  iin  de  l’antiquité  4.  Sur  la  situation  des  îles  Cassi- 
térides  on  a  beaucoup  discuté.  On  les  reconnaît  de  pré¬ 
férence  dans  les  petites  îles  qui  bordent  le  littoral  rocheux 
je  la  Manche,  entre  le  cap  Land’s  End  et  Falmouth  5.  Au 
«siècle,  l’étain  s’embarquait  à  l'ile  de  Wight  (Ictis)  pour 


débarquer  en 


Gaule  et  aboutir  à  Marseille  ou  à  Narbonne 


Gaule.  — -  Le  groupe  des  mines  gauloises  a  été  très 
important  avant  comme  après  la  conquête  romaine.  Le 
témoignage  de  César  est  formel  :  il  dit  que  les  Bituriges, 
qui  ont  de  grandes  mines  de  fer,  connaissaient  fort  bien 
l’art  de  pratiquer  toute  espèce  de  galeries  7  ;  il  parle  à 
peu  près  dans  les  mêmes  termes  des  Aquitains  \  Des 
inscriptions  et  les  trouvailles  faites  dans  des  travaux 
anciens  prouvent  que  l’activité  minière  ne  se  ralentissait 
pas  sous  l’Empire.  Les  anciens  sont  unanimes  à  dire 
que  le  pays  des  Gaulois  était  riche  en  or,  au  moins  au 
temps  qui  a  précédé  la  conquête.  Alluvions  et  mines 
fournissaient  alors  une  grande  quanti  té  de  métal  précieux. 
11  est  naturel  que  les  gisements  aurifères  aient  été, 
comme  en  tous  pays,  les  premiers  épuisés,  de  telle  sorte 
qu’à  l’époque  romaine  la  production  en  était  réduite  à 
peu  de  chose.  Les  fleuves  et  rivières  avaient  leurs  orpail¬ 
leurs  8.  Il  y  avait  des  mines  d’or  en  exploitation  au  temps 
de  Strabon,  chez  les  Tectosages  et  chez  les  Tarbelli , 
ainsi  que  dans  les  Cévennes  ,0.  On  a  retrouvé  des  traces 
de  travaux  pour  l’extraction  de  l’or  dans  le  Limousin 
(Vaulry),  dans.  l’Oisans  (Auris) 11 .  Nous  ne  savons  pas  où 
pouvait  être  situé  le  rnetallum  Albucrarense ,  dont  parle 
Pline  l’Ancien,  et  qui  donnait  de  l’or  avec  une  faible 
quantité  d’argent12.  Pour  le  plomb  argentifère,  il  était 


extrait,  selon  Strabon,  des  mines  des  Ruteni  (llouergue) 
et  des  Gabali  (Gévaudan) 13.  On  a  en  effet  découvert  des 
mines  anciennes  de  galène  argentifère  dans  l’Aveyron, 
eux  environs  de  Villefranche,  et  dans  le  Tarn,  comme 
(bns  la  Lozère,  1  Ardèche  et  le  Gard.  Des  travaux  ana¬ 
logues  ont  été  relevés  dans  l’Hérault,  l’Ariège,  le  Puy-de- 
bôme,  les  Deux-Sèvres,  le  Cher,  la  Charente,  la  Loire,  la 
■avoie,  les  Hautes-Alpes,  la  Moselle  u.  Le  cuivre  était 
«ninu  en  Aquitaine16  ;  Pline  fait  mention  d’un  rnetallum 
ulluxiianum1*  dans  le  pays  des  Centrones  (Alpes),  et 
011  signale  une  officina  Aemiliana  17  près  de  Sarrelouis 


(Moselle).  Nous  ignorons  la  situation  du  rnetallum  Livia- 
num  in  O  al  lia 18  cité  par  Pline.  Des  exploitations  anti¬ 
ques  ont  été  vues  dans  de  nombreux  départements  : 
Ariège,  Aude,  Isère,  Gard,  Aveyron,  Cher,  Pyrénées- 
Orientales,  Haute-Savoie  et  Savoie19.  Les  auteurs  anciens 
n’ont  jamais  fait  allusion  à  la  présence  de  gisements 
d’étain  dans  la  Gaule  :  on  en  connaît  cependant  qui  ont 
été  exploités  dans  l’antiquité,  dans  la  Haute-Vienne  et 
l’Ailier,  dans  la  Creuse  et  dans  la  Dordogne,  dans  le  Mor¬ 
bihan  et  la  Loire-Inférieure*0.  Il  y  a  peut-être  lieu  de 
conclure  du  silence  des  textes  à  ce  sujet  qu’à  l'époque 
classique,  le  travail  y  avait  été  abandonné.  Le  fer  a  été 
un  des  métaux  les  plus  activement  exploités  en  Gaule. 
César  et  Strabon  en  signalent  des  exploitations  chez  les 
Bituriges  (Berri)  et  chez  les  Petrocorii  (Périgord)21. 
Effectivement  on  sait  que  dans  le  département  du  Cher, 
comme  dans  le  Périgord  et  dans  le  Rouergue,  il  y  avait  des 
travaux  de  mines,  où  de  nombreux  vestiges  romains  ont 
été  découverts22.  Des  inscriptions  nous  révèlent  l’exis¬ 
tence  d’exploitations  importantes  :  l’une  se  trouvait  sur  la 
rive  droite  du  Rhône  (. Ripae  dextrae)  ’23,  sans  doute  dans 
l’Ardèche  ou  le  Gard;  une  autre  du  me  siècle  était 
Memmia  Sosandris ,  et  son  centre  d’opérations  était  à 
Lyon 24.  C’était  dans  cette  ville  que  résidaient  le  procu- 
rator  et  les  comptables  des  mines  de  fer  26.  Dans  la 
Haute-Loire  et  dans  la  Côte-d’Or,  dans  le  Maine-et-Loire, 
la  Vendée,  la  Loire-Inférieure,  l’Indre,  les  Pyrénées- 
Orientales,  le  Var,  on  a  enregistré  les  signes  indubi¬ 
tables  des  travaux  romains'26. 

Espagne.  —  Les  anciens  sont  unanimes  à  vanter  les 
richesses  minières  de  toute  sorte  que  recelait  la  péninsule 
Ibérique27,  et  l’on  sait  que  c’est  là  que  la  légende,  aussi 
bien  qu’en  Gaule,  plaçait  le  site  de  ces  incendies  de  forêts 
qui  faisaient  couler  des  ruisseaux  d’argent28.  Le  Douro29 
et  le  Tage30,  ainsi  que  leurs  affluents,  étaient  renommés 
pour  leurs  alluvions  aurifères.  Le  métal  précieux  était 
obtenu  aussi  dans  les  mines  de  la  Galice 31 ,  des  Asturies32, 
de  la  Lusitanie  33,  de  la  Bétique34,  du  pays  des  Oretani 3S. 
Mais  ce  furent  surtout  le  plomb  argentifère  et  le  cuivre 
qui  firent  la  réputation  de  la  contrée,  exactement  comme 
aujourd’hui.  Là  et  ailleurs,  en  effet,  les  modernes  n’ont 
fait  que  reprendre  et  poursuivre  les  travaux  des  anciens. 
Le  plomb  argentifère  provenait  principalement  de  la 
zone  minéralisée  qui  traverse  l’Espagne  depuis  Cartha- 
gène  et  Alméria  jusqu’à  Iluelva,  en  passant  par  la  Sierra 
Morena.  C’est  là  que  se  trouvaient  les  mines  de  Cartha- 
gène36  et  de  Baebulo37,  de  Caslulo  ( Mons  Arggrus)  avec 
son  rnetallum  Samariense  et  son  rnetallum  Antonia- 


111  uT'  ld!\  GaH'  V’  12  ;  Slrab'  Hl>  2>  9  I  I)iod-  v-  -  2  Herod. 
159 ;  Pomp  jn  37’  3;  Strab-  “b  5>  11  ;  Di«d-  V,  38;  Plia.  XXXIV, 

P-  *12-127  ' /*  ,l1’  6'  ~  3  Puchs  el  de  Launay,  Cites  métallifères,  II, 

Sioloÿir'  i  llGbuel’’  CorP-  inscr.  lat.  VII,  1221  ;  cf.  Lyell,  Princ.  de 

huSiArcÀ/u  fr  a ’  Desiardins’  Géog.  Gaule  romaine,  I,  p.  427;  Monte¬ 
rai»  cel/i  ntl,roP-  xxvh  1900,  p.  981.  —  3  Article  essentiel  ;  S.  Reinacli, 
•11,2,9  J  <892,  p.  275  sq.).  -  6  Diod.  V,  22  ;  V,  38  ;  cf.  Strab. 

Auion.  Vos  uT’  DdL  GaU'  VI1’  22'  -  8  Ibid-  IH>  21.—  9  Diod.  V,  27; 
P-  4811  ;  Des'  T°’  ^  Ameilbon’  Mém-  de  Littér.  Acad.  Inscript.  1793,  XLVI, 
I1-  203-ïo 4  G<l'de  romaine ,  p.  427  sq.  ;  Daubrée,  Rev.  arch.  1881,  I, 

••‘d'esses  mét  „■  Slrab'  IJI’  2’  8  ;  'V-  b  <3  ;  IV,  2,  1  ;  cf.  Caes.  Bell.  GaH.  III,  21. 
hilin.xxxi'l  3.TeS  'leS  Tectosa§:es  :  Strab.  IV,  1,  13;  Dio  Cass.  Fragm.  93  ; 

.  i868( ,  ’  ;  Clc-  De  na-t.  deor.  III,  30  ;  Pomp.  Mêla,  II,  5.  —  n  Daubrée,  Rev. 
^0SWag,  L'ar  ,  jl  )’  (‘ar^a^laci  Or  f/aulois ,  Rev.  d’Anthrop.  IV,  1889,  p.  273; 
"P.ciLpVr  el  l°r'  p-  103  s‘l-  -  12  PUu-  XXXIII,  80;  cf.  Desjardins! 
"’i;cr,Tac  |„  n  |,eul  ••r®  Gaule  ou  Galice  dans  le  tente  de  Pline.  —  13 Slrab. IV, 
•-1»  2GU2G9  •  cf 1  n*1’ 19  ’  Daubrée,  Rev.  arch.  1881,  I,  p.  204- 

esjardins,  Gaule  romaine,  I,  p.  424-427.  —  15  Lacs.  Bell.  Gall. 


III,  21.  —  16  Plin.  XXXIV,  3;  cf.  Chabrand,  Anlhrop.  1894,  p.  208.  —  17  Daubrée, 
Rev.  arch.  1868,  I,  p.  304,  n.  1;  cf.  Desjardins,  Op.  cit.  p.  77,  n.  2;  p.  418  sq. 

—  13  Plin.  XXXIV,  3.  —  19  Daubrée,  Rev.  arch.  1881,  1,  p.  270-274.  —  20  ld.  Ibid. 
p.  274-284;  327-336;  cf.  de  Lauuay,  Anthrop.  1901,  p.  495-496.  Le  village  de  Pê¬ 
nes  tin,  à  l'embouchure  de  la  Vilaine  (Morbihan),  dans  le  pays  des  Vénètes,  est  indiqué 
comme  un  point  d'cmbarqnement  de  l'étain.  Daubrée,  Ibid.  p.  332;  S.  Reinach  An¬ 
throp.  1892,  p.  277.  —  21  Caes.  Bell.  Gall.  VII,  22  ;  Strab.  IV,  2,  2.  —  22  Daubrée, 
Op.  cit.  p. 336-352.  —  23  C.  fuser,  lat.  XII,  4398  ;  cf.  Desjardins,  Op.  cit.  p.  415. 

—  24  Desjardins,  Ibid.  p.  416  ;  cf.  C.  i.  I.  Vil,  3336.  —  25  De  Boissieu,  Inscr. 
ant.  de  Lyon,  p.  246  et  276;  cf.  Desjardins,  Op.  cit.  p.  416,  n.  2  —  26  Dau- 
bréc,  L.  c.  —  21  Strab.  III,  2,  8  ;  Diod.  V,  36;  Plin.  III,  30  ;  IV,  112;  Sil.  Ital. 
XV,  50;  Pomp.  Mêla,  II,  6.  —  28  Diod.  V,  35  ;  Ps.  Arist.  Mir.  Ausc.  88,  p.  1157; 
Posidonius  dans  Athen.  Deipn.  VI,  4.  —  29  Sil.  liai.  1,  2  3  4.  —  30  Catull.  XXIX,  19; 
Strab.  III,  3,  4;  Ovid.  Amor.  I,  15,  34;  Plin.  IV,  115;  XXXIII,  66.  —  31  Lucan. 

IV,  298  ;  Sil.  liai.  I,  231.  Richesses  du  pays  des  Arlabres  signalées  par  Strab.  III 
3,  5.  —  32  Plin.  XXXIII,  78.  —  33  Ibid.  -  34  Strab.  III,  2,  8.  Mines  de  Cotinae  : 
Strab.  III,  2,  2  ;  Sil.  Ital.  III,  401.  —  35  Strab.  III,  4,  2.  —  36  Polyb. '.XXXIV,  9,  8, 
41  =  Strab.  111,  2,  11  ;  C.  i.  I.  III,  62  47  (3  ,  4,  6).  —  37  Plin.  XXXIII,  97.’ 


MET 


—  1848  — 


MET 


num  1  ;  celles  aussi  de  Carteia  2,  d'Ilipa  et  de  Sisapon  3. 
En  Lusitanie  l,  dans  le  pays  des  Cantabres  à  Ovetum, 
dans  l'ile  de  Capraria  (Baléares)  %  il  y  avait  également 
des  gisements  exploités.  11  en  était  de  même  pour  le 
cuivre,  activement  extrait  des  mines  de  Cotinae  8  et  des 
Montes  Mariani  \  comme  de  celles  du  pays  de  Tar- 
tessos  (province  d'Huelva  et  Rio-Tinto).  La  Tarragonaise 
avait  entre  autres  son  metallum  A/bocolense  8  ;  la  Lusi¬ 
tanie,  son  metallum  Vipascense  9,  célèbre  par  le  texte  de 


loi  qu’on  y  a  découvert  en  1876.  Dans  un  grand  nombre 
de  provinces,  on  a  retrouvé  les  travaux  de  mines  de 
l’époque  carthaginoise  et  de  l’époque  romaine  :  leur 
étendue,  leur  importance  témoignent,  non  moins  que  les 
récits  des  anciens,  de  l’extraordinaire  activité  minière 
de  l’Espagne  antique10.  L’étain  y  attira  de  très  bonne 
heure  l’attention.  Le  pays  de  Tartessos  (Tharsis)  fut  dès 
une  époque  reculée  considéré  comme  un  lieu  de  prove¬ 
nance  de  ce  métal,  qui  y  était  apporté  soit  du  nord  de 
l’Espagne,  soit  delà  Gaule  et  de  l’Angleterre 11 .  On  le  ren¬ 
contrait  et  on  l’exploitait  aussi  dans  le  pays  des  Artabres, 
en  Galice,  en  Lusitanie12  et  dans  la  Tarragonaise  13,  soit 
sous  forme  d’alluvions,  soit  dans  les  liions.  Le  fer  n’était 
pas  inconnu  dans  la  péninsule.  Les  anciens  en  signalent 
la  présence  en  Bétique  (Turdétanie)  u,  en  Tarrago¬ 
naise16  (mines  de  Dianum18  et  au  nord  de  l’Èbre)  17, 
en  Cantabrie18.  Enfin,  c’était  à  Sisapon  (Almaden)  que 
se  trouvaient  les  seules  mines  de  mercure  (vif-argent) 
connues  des  anciens19,  car  celles  d’Idria  (Carniole)  n’ont 
été  découvertes  qu’au  moyen  âge,  en  1490 20.  Ces  res¬ 
sources  considérables  en  métaux  de  toute  espèce  furent 
l’objet  d’exploitation  dès  lage  préhistorique  et  au  temps 


des  Phéniciens.  Le  poète  homérique  en  a  s- 
entendu  parler  21.  Les  Carthaginois  ne  les  laisser  (1°Ute 
tomber  dans  l’oubli,  loin  delà;  et  quand  Diodo^r!  P3S 
toutes  les  mines  ont  été  ouvertes  par  la  cupidité , h,'  'IU6 
Lhaginois,  à  l’époque  où  ils  étaient  maîtres  de  I’IIhv' 
il  faut  comprendre  sans  doute  qu’ils  multiplié, ||"i’ 
nombre  des  centres  d’extraction.  Le  même  auieui'1.  6 
porte  que,  lorsque  les  Romains  eurent  fait  lu  conquè?~ 
du  pays  (ir  s.  av.  J.-C.),  cet  Eldorado  fut  envahi  p;u  uni 
multitude  d’Italiens,  qui  s’y  enrichirent:  il  y  eut  là 
de  ces  poussées  d’aventuriers  et  de  chercheurs,  analoe  I 
au  rush  qui  s’est  produit  de  notre  temps  vers  la  Cal  I 
fornie,  l’Australie  ou  l’Alaska.  A  l’époque  impériale  2 
l’activité  des  travaux  ne  se  ralentit  point:  nous  en  avons! 
la  preuve  dans  les  nombreux  lingots  estampillés  par  les  I 
procuratores  des  empereurs23  et  dans  les  monnaies 
recueillies  sur  place,  qui  vont  jusqu’à  Honorius. 

Italie.  —  L’Italie  était  beaucoup  moins  favorisée  que 
l’Espagne,  en  dépit  de  l’affirmation  contraire  de  Pline'24.  - 
En  effet,  en  dehors  de  la  région  toscane,  la  péninsule  n’a 
jamais  eu  de  richesses  minières  de  premier  ordre.  On 
recueillait  l’or  dans  les  alluvions  du  Pô23  et  dans  les  1 
mines  de  la  Doire  Baltée  (pays  des  Salasses)20:  encore 
ces  dernières  étaient-elles  en  décadence  au  temps  de 
Strabon.  Le  même  auteur  fait  mention  de  mines  d’or  qui 
auraient  été  anciennement  exploitées  par  lesÉrétriensdans 
l’ile  de  Prochyté  (Pythécuses,  dans  le  golfe  de  Cumes)21.! 
Le  Bruttium  aussi  aurait  eu  quelques  gisements  auri-  ' 
fères28.  Seule  la  Gaule  Transpadane  avait  des  alluvions  et 
des  mines  d’or  de  quelque  importance  ;  celles  de  Yerceil, 
jadis  très  prospères  29,  étaient  abandonnées  au  temps 
d’Auguste30;  mais  les  exploitations  des  environs  d’Aquilée,  •• 
chez  les  Taurisques  Noriques,  ouvertes  au  temps  de 
Polybe,  avaient  encore  au  1er  siècle  une  grande  activité31.! 
Le  groupe  des  mines  tyrrhéniennes  contenait  surtout  du 
cuivre,  du  plomb  argentifère,  du  fer:  il  comprenait  les! 
exploitations  du  continent  en  Étrurie,  et  celles  de  1  il® 
d’Elbe.  Très  nombreux  et  très  productifs  à  l’époque  des 
Étrusques,  les  travaux  en  Étrurie  ont  sans  doute  cessé! 
sous  la  République32  et  ne  furent  jamais  repris  parles 
Romains:  seuls  les  gisements  de  fer  de  l’ile  d  ElbeeUuenl 
exploités  au  début  de  l’Empire,  et  les  minerais  étaienj 
traités  à  Populonia33.  Les  anciens  font  encore  menfioj 
de  mines  de  cuivre  en  Campanie 3 ",  dans  le  kiultuina 
(mines  de  Temesa) 33,  dans  le  territoire  de  Bergamc  . 

L’ile  de  Sardaigne  avait,  elle  aussi,  attiré  te  (01  _ 

heure  les  Phéniciens,  puis  les  Carthaginois.  jl  1 1 
minier  d’Iglesias,  au  sud-ouest,  offre  des  gisunen^  ^ 
galène  argentifère  qui  ont  été  connus  des  a,icl®  ’. 
même  que  des  gîtes  de  fer.  L’une  des  vi  es  <- 
portait  le  nom  significatif  de  Metalla  e  ,  !lr0UVés 39 
celui  de  Plumhea.  Les  travaux  qu’on  y  a  re 


I  Strab.  III,  2,  11  ;  f'lin.  XXXIV,  165  ;  C.  i.  I.  3283,  C247  (2).  —  2  Liv. 

XXVIII,  3.  —  3  Strab.  III,  2,  2.  En  général,  voir  Diod.  V,  36-38. 

—  4  Plumbarii  de  Merobriga  :  Plin.  IV,  118.  —  6  pljn.  XXXIV,  158  et  164. 

—  G  Strab.  III,  2,  2,  8  et  9.  —  7  Plin.  XXXIV,  4;  C.  i.  I.  II,  1179.  —  8  Ibid. 
II,  2598.  —  9  Hjiii.  II,  5181  =  Ephem.  Epigr.  1877,  III,  p.  165.  —  10  Voir 
en  particulier  Gonzalvo  y  Tarin,  Peser.  provincia  de  Uuelva,  1888,  t.  111, 
p.  1-57,  dans  les  Memor.  Comision  del  mapa  geolog.  de  Espaiïa.  — n  Ezéchiel, 
XXVII,  12;  Scymn.  Ch.  164-166;  Steph.  Byz.  s.  V.  TajT r.nvrd;.  Cf.  Reinach,  Étain 
celtique,  Anthrop.  1892,  p.  275.  —  12  Strab.  III,  2,  9;  Diod.  V,  38  ;  Plin.  XXXIV, 
156.  _  13  plin.  IV,  112.  —  H  Strab.  III,  2,  8.  —  «  Plin.  IV,  112.  —  10  Strab.  III, 
4,  fl.  _  17  Calo  ap.  Gell.  II,  22,  29;  Liv.  XXXIV,  21.  —  1»  Plin.  XXXIV,  149. 

_  19  Id.  XXXIII,  99.  —  20  Fuchs  et  de  Launay,  Gîtes  métallifères ,  II,  p.  686. 

_  21  Th.  Reinach,  Bev.  celtique,  XV,  1894,  p  209-215.  —  22  Diod.  V,  38. 


,  si  Plin.  XXXIII,  78.  | 

23  C.  i.  I.  II,  956,  1179,  2598,  6247,  etc.  y  _ 28  CassiodJ 

26  Id.  XXXIII,  66.  —  20  Strab.  IV,  6,  7.  —  27  M,'a  ’  ’  ’  1899,  p.  138.  i 

r.  IX,  31,  p.  195;  cf.  Toutain,  Bail.  Soc.  Antxq.  de ■  1  y,  10  :  Slrab.j 
29  Plin.  XXXIII,  78.  —  30  strab.  V,  1,  12.  -  8énatus-con»iil 


Plin.  XXXIII,  78.  -  30  Strab.  V,  i,  i-  -  •>  ,  sélialuB-con!un‘ 

13.  -  32  Plin.  III,  188;  XXXIII,  78  : J  ,,  6  ;  Diod.  V,;  t’J 
défend  l'exploitation  des  mines  en  Italie.  —  33  '.  |  sl’  tfir.  A  use.  « 

:.  En.  X,  178;  Plin.  III,  81;  XXXIV,  U2  ;  c  .  •  _  u  pl;„.  XXXlV, 

37  B  26.  Voir  Simoniu,  Ann.  des  Mines ,  1858,  p-  •»  •  *  gtl>ab.  VI,  *»'/ 

.  />_  1  An  PU  ivre.  .  I.,  ri- 


20.  VOU  OUliOiiin,  -  .  _ 30  ■  I 

ïncore  peul-il  n'Être  question  que  de  fonderas  e  '  „  ,G5,  loue  l»  rl 

s.  Var.  IX,  31,  p.  .95.  -  30  P, in.  XXXIV  2. 

ssc  de  l’Italie  en  cuivre  :  peut-être  fait-d  allusio  B  ,Ult;i.  Ilin.  1,  ’  ’ 

_  „  Solin.  IV,  ,.  P.  5,  |  H  M»»;  „B.  I,  P.  >"• » 


Anfon.  80,  6.  -  39  Voir  de  Launay,  Ann. 


MET 


—  1849  — 


MET 


„nf>  ncriode  d’activité  qui  s’étendit  sous  l’Em- 
i,di,T.u“ "  ers  la  Un  du  IV  siècle-, 
r  -Danubiens.  —  La  Germanie  resta  en  dehors  du 
!  W'j'.U’tivité  des  Romains;  des  alluvions  aurifères 
C!ul'l,  bords  du  Rhin5,  des  mines  de  fer  dans  le  pays 
slir  ,  ini  3’  yoilà  tout  ce  que  nous  en  signalent  les 
deS-!  V  On' attribue  cependant  à  l’antiquité  quelques 
an<  "  destinés  à  l’extraction  de  minerai  de  cuivre  eL  de 
tr0'^V  e  )'on  a  découverts  dans  le  domaine  de  la 

pl",'v'ï  et  dans  le  massif  schisteux  rhénan. 

Sa"|  retour)  lorsque  Rome  eut  fait  la  conquête  succes- 
•  J' des  pays  Danubiens  depuis  le  Norique  jusqu’à  la 
jjnsie  et  à  la  Dacie,  il  se  développa  dans  ces  provinces 
activité  minière  remarquable,  que  nous  révèlent,  à 
défaut  de  textes  d’une  autre  nature,  les  inscriptions  et 
1^  monnaies.  Le  Norique  et  la  Dalmatie,  dès  le 
f  siècle,  étaient  connus  pour  leurs  richesses  en  or  5  et  en 
fer6.  Sous  les  empereurs,  voici  quelles  sont  les  mines 
que  nous  font  connaître  les  monuments  : 

brique.  —  1°  Mines  de  fer  sans  emplacement  déter¬ 
miné  :  Ferrari ae  Noric,ae\  Metalla  Norica 8  ; 

2»  Mines  de  Noreia  ( ferrariae ) 9  ; 

3» Mines  de  Virunum  ( ferrariae )10. 

Dalmatie .  —  1°  Aurariae  Delmaticae 11  ; 


2°  Anjentariae  Delmaticae  12  ; 

3°  Sans  dénomination  spéciale,  les  Metalla  Delma- 
tica i3,  les  Metalla  Ulpiana  Dalmatien  u. 

Pannonie.  —  1°  Argentariae  Pannoniae  13  ; 

2°  Ferrariae  de  Siscia  ’6  ; 


3°  Sans  dénomination  spéciale  :  Metallum  Ulpianum 
Pannonicum  n,  Metalla  Pannonica  18. 

Mæsie  et  Dardanie. —  1°  Metalla  Aeliana  Pincensia 19 
à  Pincum  (Gradiste)  ; 

2° Metalla  Aureliana^l près  Berza  Palenka)  ; 

3°  Metallum  Ulpianum 21  à  Ulpiana  (Lipljan); 

4“  Metallum  Dardanicum 22  ( aurariae )  à  Mous  Aureus 

(Slona). 

Dacie.  —  1°  Aurariae  d’ Àlburnus  major  23  ; 

2°  Aurariae  d’ Ampelum2i  ; 

3° Aurariae  d'Apulum 28 . 

Toutes  ces  mines,  et  il  est  clair  que  nous  ne  les  con¬ 
naissons  pas  toutes,  furent  exploitées  sous  l’Empire,  et 
en  particulier  sous  les  Antonins:  beaucoup  de  monnaies 
datent  du  11e  siècle.  On  ne  peut  douter  qu’au  111e  siècle, 
•industrie  minière  n’ait  été  encore  très  prospère  en 
Dalmatie2*.  Il  y  a  lieu  de  supposer  que  les  empereurs 
s  attachèrent  à  retirer  le  plus  longtemps  possible  de 
j'oaiix  revenus  de  ces  diverses  exploitations.  Un  acte  de 
38b  nous  fait  savoir  qu’il  y  avait  encore  des  procuratores 
,n,‘tallorurn  en  Dacie  méditerranéenne,  en  Mœsie-Dar- 
danie<  comme  en  Macédoine21. 

Péninsule  des  Balkans.  —  Avec  la  Macédoine  et  la 


Thrace,  nous  entrons  dans  le  domaine  des  gîtes  métalli¬ 
fères  helléniques,  dont  les  Grecs  avaient  en  général  tiré 
un  si  bon  parti,  qu’ils  n’y  laissèrent  q.ue  peu  de  chose  à 
glaner  aux  Romains.  Leur  richesse  principale  consis¬ 
tait  en  métaux  précieux.  La  Macédoine  avait  1  or  du 
mont  Bermion58  et  de  la  Piérie29  ;  elle  en  possédait  aussi 
dans  la  vallée  du  Strymon  et  jusqu’en  Pæonie  ".  La 
Thrace,  mieux  dotée  encore,  outre  les  alluvions  du  fleuve 
Ilebros  31,  avait  offert  aux  anciens  les  nombreux  filons 
aurifères  du  district  du  mont  Langée.  A  côté  des  exploi¬ 
tations  de  la  montagne  même  32,  il  y  avait  une  série  de 
centres  miniers  un  peu  plus  à  l’est  :  c’étaient  Daton  3, 


Crenides34  {Philip pi),  Asyla33,  Skapté-Hylé  :'6,  et  au  delà 
de  la  mer,  l’ile  de  Thasos  possédait  aussi  ses  filons  auri¬ 
fères  de  Kinyra  et  Aenyra  31 .  L’argent  ne  manquait  pas 
non  plus  dans  le  mont  Pangée38.  Cette  riche  région 
minière  avait  été  découverte  de  très  bonne  heure,  nous 
l'avons  vu,  et  avait  dû  alimenter  le  commerce  primitif  de 
la  mer  Égée  en  métaux  précieux.  Les  Phéniciens  l’avaient 
largement  mise  à  contribution,  et  après  eux  les  Grecs.  Au 
VIe  siècle  et  au  commencement  du  ve  siècle,  Thasos  tirait 
de  ses  mines  d’or  de  très  beaux  revenus.  Au  ive  siècle,  la 
Macédoine  et  la  Thrace  fournirent  de  très  grosses  res¬ 
sources  au  roi  Philippe  et  à  Alexandre  39.  Dès  leur  con¬ 
quête,  les  Romains  se  hâtèrent  de  se  mettre  à  l’ouvrage; 


Pk/lî*'  Tlie0d'  X’  l!  ' 6  et  9-  —  2  Athcn.  VI,  p.  233  d.  —  3  Tacit.  Germ.  43  ; 
XXXI  '  **’  'J-  ~  4  Blümnev,  Technol.  IV,  p.  67  el  91.  —  &  Strab.  V,  18;  Plin. 
53  j  ’  l,7;  S,al-  Silv.  IV,  7,  4;  Flor.  Il,  23.  —  6  Slrab.  V,  1,  8;  Tôt.  orb.  Desc. 
naios  "i ' r  ll’  ^ss.  Var.  III,  23.  —  7  C.  i.  I.  V,  810.  —  8  Six  mon- 

‘'low',1  m'nes  portent  cette  mention  :  nous  renvoyons  au  tableau  dressé  par 
jes  _  '  l,v'  nt«nism.  XII,  1894,  p.  412.  L'article  intitulé  Éclaircissements  sur 

—  9  ni!nes.  P-  373-413,  est  le  plus  complet  des  travaux  sur  la  malière. 

XXXIII '  '■  1  Ml’  503c-  —  10  Ibid.  III,  4788,  4809.  —  U  Ibkl.  III,  1997.  CL  Plin. 
132W  j”'  ~  12  Ib-  III,  0575,  7127,  12733,  12730.—  13  lb.  III,  12721,13239, 

-  H  u  °"ZC  monna'os  de  mines  avec  cette  mention  :  Mowat,  Op.  cit.  p.  412. 

de  mines  :  Mowat’ L- c-  —  18  c ■ 1 1-  l!l>  °573’ 7i27- 
^  mines  y y  ,  11  One  monnaie  de  mines  ;  Mowat,  L.  c.  —  Deux  monnaies 

"  .  —  19  Cinq  monnajes  je  n,ines  :  ibid.  —  20  Quatre  monnaies  de 


mines  :  Ibid.  — 21  Cinq  monnaies  de  mines  :  Ibid.  — 22  Vingt-quatre  monnaies  de 
mines  :  Ibid.  ;  cf.Plin.  XXXIII,  39.  —  23  C.  i.  I  111,941,  1297,  1307,  1311.  — 24 76irf. 
,312.  —  25  Ibid.  108  8.  —  26  Mommsen,  Bist.  Rom.  IX,  p.  259  (trad.  Cagnat-Toulain). 

_ 27  Cod.  Theod.  I,  32,  5.  —  28  Slrab.  XIV,  5  ,  28.  —  29  Ps.  Arist.  AJir.  Ausc.  47, 

p.  833  B,  18.  —  30  Herod.  I,  04;  Slrab.  VII,  Fragm.  34;  Ps.  Arist.  Al ir.  Anse.  45, 
p.  83315,  0.  —  31  Plin.  XXXIII,  66.  —  32  Herod.  VII,  112;  Arist.  Athen.  R.  15 
Slrab.  VII.  Fragm.  34;X1V,5,28. —  33  Herod.  IX, 73;  Strab.  Vil,  Fragm.  33  et  39. 

_  34  Strab.  VII,  Fragm.  34  ;  Diod.  XVI,  3  el  8  ;  Plin.  XXXVII,  57.  —  33  Appian. 

Bell.  civ.  IV,  100.  —  36  Herod.  VI,  46;  Tliucyd.  I,  100;  IV,  105;  Lucr.  VI,  810; 
Plut.  Cimon.  44  —  37  Herod.  VI,  46-57  ;  Strab.  X,  5,  7 ;  Pans.  X,  28  ;  cf.  G.  Perrot, 
Mém.  sur  Thasos,  p.  12.  —  33  Herod.  VII,  112;  Slrab.  Fragm.  34  ;  Liv.  XLV,  29  ; 
Just.  VIII,  3.  —  39  Strab.  VII,  Fragm.  34;  Diod.  XVI,  3  et  8  ;  Appian.  Bell.  civ.  IV, 
106  ;  Liv.  XXXIX,  24  ;  Plin.  XXXVII,  .17. 


MET 


—  1850  — 


MET 


s'ils  fermèrent  jusqu’en  158  av.  J.-C.  les  mines  d’or  et 
d’argent  ils  firent  du  moins  exploiter  le  fer  et  le  cuivre, 
et  les  métallo  Macédonien,  au  temps  de  Tite-Live  2, 
donnaient  d’abondants  produits.  En  Épire,  à  l’époque 
d’Auguste,  les  mines  d’argent  de  Damastion  avaient  leur 
importance  3.  Nous  n’avons  pas  de  raison  de  penser  qu’il 
y  eut  arrêt  dans  les  travaux  pendant  l’époque  impériale, 
et  nous  savons  qu’à  la  fin  du  iv°  siècle,  l’administration 
des  mines  fonctionnait  toujours  en  Macédoine  4. 

Grèce  et  (les  de  la  mer  Égée.  —  Les  gisements  de  la 
Grèce  et  des  Cyclades  furent  beaucoup  plus  vite  épuisés. 
Les  mines  d’or  et  d’argent  de  l  ile  de  Siphnos  avaient  eu 
au  vie  siècle  une  belle  période  de  prospérité 5,  mais  au 


ve  siècle  elles  étaient  à  peu  près  abandonnées,  soit  que 
les  Siphniens,  en  poursuivant  le  minerai,  aient  atteint  le 
niveau  de  la  mer,  soit  qu’il  y  ait  eu  affaissement  du  sol 
qui  amena  l’inondation  des  galeries  6.  Le  cuivre  avait 
fait  de  très  bonne  heure  la  réputation  de  l’Eubée  :  on 
l’exploitait  ainsi  que  le  fer,  dans  les  environs  de  Chalcis 
et  d’Aidipso,  mais  au  temps  où  vivait  Strabon,  ces 
gisements  étaient  vidés  7.  Les  mines  de  plomb  argen¬ 
tifère  les  plus  célèbres  de  la  Grèce  eurent  à  peu  près  la 
même  histoire  :  la  découverte  des  gîtes  de  l’Attique,  au 
Laurion,  eut  lieu  à  une  époque  reculée,  nous  l’avons 
déjà  dit,  et  pour  les  gens  du  ive  siècle,  l’origine  de  leur 
exploitation  se  perdait  dans  la  nuit  des  temps  8.  Les 
grands  amas  de  galène  argentifère  du  district  de 
Maronée  furent  attaqués  dès  le  début  du  vc  siècle,  sous 
l’archontat  de  Nicomédès  (484-483  av.  J.-C.)  9.  Après  plu¬ 
sieurs  siècles  de  travail  plus  ou  moins  actif,  les  gîtes 
s’appauvrirent  :  Strabon  nous  apprend  que  les  derniers 

l  Liv.  XLV,  18,  3  et  29,  11;  Cassiod.  Chron.  p.  616  (éd.  Mommsen). 
—  2  Liv.  X L II,  12,  9;  52,  12;  XLV,  40,  2.  —  3  Strab.  VII,  7,  8.  —4  Cod. 
Theod.  I,  32,  5.  —  5  Herod.  III,  57-58.  —  6  Paus.  X,  H,  2;  cf.  Ardail¬ 
lon,  Laurion,  p.  143;  Th.  Bent,  On  the  Gold  and  Silver  Mines  of  Si¬ 
phnos  { Journ .  hell.  stud.  VI,  1885,  p.  195  sq.).  — 7  Strab.  X,  1,  9;  Stepli. 
Byz.  s.  v.  Xa7»î;,  AtSfJ/oî;  Eust.  Ad  Dion.  Per.  764;  cf.  Plut.  Orac.  Def.  43 
On  a  dit  qu'il  n'y  avait  jamais  eu  de  gîtes  de  cuivre  exploités  en  Eubée,  en  dépit 
de  l’affirmation  des  anciens.  Le  témoignage  de  Strabon  est  si  net  qu’il  est  difficile 
de  n'y  pas  ajouter  foi.  Le  fait  que  l'on  n'a  pas  retrouvé  la  trace  des  mines  de  l'Eubée 
n'est  pas  une  preuve  suffisante.  A  Thasos,  il  est  impossible  de  retrouver  les  vestiges 
des  anciens  travaux.  Cf.  Bérard,  Phéniciens  et  Odyssée,  1,  p.  437.  —  8  Xenoph. 
De  vectig.  IV,  2.  —  9  Arist.  Athen.  D.  22;  cf.  Ilerod.  VII,  144;  Thucyd.  I, 
14.  —  )0  Strab.  IX,  1,  23.  —  lt  Plut.  Orac.  Def.  43;  Paus.  I,  1;  Pomp.  Mêla, 
II,  3.  —  1 2  Voir  Ardaillon,  Laurion,  p.  126-165.  —  <3  Bursian ,  Geog .  v. 
Griechenland,  I  et  II  passim.  —  14  Ardaillon,  Notes  inédites.  —  16  Strab.  XII,  1, 


mineurs  avaient  été  obligés,  pour  vivre 


refondre  les  scories  laissées  par  leursnré  61  de 

Plutarque  et  Pausanias  confirment  cette  ,u/?SSeur®|i 
médiahle  "  ni  mm  „„  _  ,  aeCadence  irrfti 


0n  dire  que  le 


i're-‘ 
Laurion 

v"  siècle  12 


médiable  “,  et  tout  au  plus  peut- 
ne  fut  pas  complètement  abandonné  avant  le 
Telles  sont  les  mines  que  nous  ont  signalées  les  q„i  1 
anciens.  En  outre,  on  aretrouvéles  vestiges  de  nombre 
travaux  antiques  en  plusieurs  localités.  Le  pininb  ' 
exploité  parles  Grecs  dans  les  îles  deSériphos  et  d’An'  \ 
le  cuivre  à  Sériphos  ;  le  fer  en  Laconie  (cap  TénaT'i 
cap  Malée),  en  Béotie,  à  Andros,  à  Céos,  à  Cythnos  à! 
Mélos,  Sériphos,  Siphnos,  Scyros,  Syra  et  Gyaros'l 
peut-être  aussi  en  Crète ‘A  Mais  nous  ne  savons  rien  dë 
précis  sur  l’importance  et  l’histoire  de  ces  exploitations  I 

Asie.  —  Asie  Mineure.  —  Les  provinces  du  nord-ouest' 
Mysie,  Troade  et  Lydie,  on  t  passé  par  les  mêmes  phases  que 
la  Grèce.  Après  avoir  longtemps  fourni  de  métaux  précieux 
Grecs  et  Asiatiques,  elles  virent  leurs  richesses  s’épuiser 
et  disparaître  vers  le  Ier  siècle  avant  l’ère  chrétienne.  Les 
mines  d’or  d’Astyra  1S,  d’Atarnée  16,  de  Crémaste  n,  de 
Lampsaque  ,8,  dont  quelques-unes  «  attestent  parla 
masse  de  leurs  déblais  et  la  profondeur  des  excavations 
l’importance  des  exploitations  anciennes  »,  ne  don¬ 
naient  plus,  au  temps  de  Strabon,  que  quelque  petit 
produit,  ou  étaient  entièrement  abandonnées  19.  11  en 
était  de  même  en  Lydie  des  alluvions  aurifères  du  fleuve 
Ilermos  et  du  Pactole  20,  des  mines  d’or  du  mont  Tmolos 
et  du  Sipylos  21,  qui,  après  avoir  fait  de  cette  contrée  un 
véritable  Eldorado 22,  avaient  été  réduites  à  rien.  Les  mé¬ 
taux  plus  communs  semblent  dans  ces  contrées  avoir  été 
l’objet  de  travaux  plus  durables.  Auier siècle,  on  extrayait 
du  plomb  des  gîtes  d’Ergastiria23  (entre  Pergame  et 
Cyzique),  du  cuivre  de  ceux  de  Cisthène  24  en  Mysie  et  de 
l’ile  de  Chalcitis 25  (îles  des  Princes),  du  fer  de  la  célèbre 
mine  d’Andeira  2G,  et  la  Bithynie27  en  produisait  aussi. 

Les  provinces  du  sud,  Cilicie  28  et  Chypre,  fournirent 
également  des  métaux,  tels  que  le  plomb,  le  fer,  le  cuivre. 
Ce  dernier  avait  fait  do  l’ile  de  Chypre  un  des  centres 
métallurgiques  les  plus  importants  de  l’antiquité.  Les 
fameuses  mines  de  Temesa  (Tamassos),  dAmalhos, 
Soli,  Tyrrhias,  du  cap  Krommyon,  de  Zephynon  \ 
eurent  pendant  toute  l’antiquité  une  réputation  si  bien 
établie,  que  les  Romains  donnèrent  au  métal  le  nom' 
même  de  l’ile30.  On  a  retrouvé  les  traces  des  anciens 
travaux  de  mines  sur  plusieurs  points,  et  suitou 
d’immenses  amas  de  scories,  provenant  dantiqms 
deries31.  A  côté  du  cuivre,  Pile  fournissait  en  .abondance 
toute  une  série  de  composés  cuivreux  .  Ln  euh  ^ 
auteurs  y  mentionnent  des  gisements  de  pl°mJ  a‘c' 
tifère33  et  de  fer34.  L’exploitation  minière  commen 
dans  Pile  à  une  époque  très  reculée,  et  se  prolongea  pc 

23.  D’après  Ilirscbfeld,  Geog.  Jahrbuch,  XIV,  p.  1",  CalJut  -,  834 A. 

mines  d’or  d'Astyra.  -  «  Strab.  XIV,  5,  28  ;  Ps.  Anst.  **. _  A  ^  '__),S(rab. 
23.  -  17  Xen.  Hell.  V,  8,  37.  -  1»  Thcoph.  Lap.  32  ;  Phn.  XI  .  -  p|jn  V)  HO; 

XIV.  5,  28.  -  20  Herod.  I,  93  ;  Strab.  XIII,  L  5!  At^“'  V’  P'J  23  Herod.  VII,  28; 

XXXIII,  66. —21  Herod.V,  49;  Strab.  XIII,  I,  23;  X  .  51  _ 25  Tlicoph. 

cf.  Strab.  L.  c.  —  23  Galcn.  Med.  IX,  3,  22.  —  -*  '-tra  '  $tepli.  ’5'  t’- 
Lap.  25  ;  Slepli.  Byz.  s.  v.  xa>tin.  —  20  Strab.  .  >  ’  C’i]icie  plin.  XXXIV, 

,..-27  ApoH.  Rb.  II,  141.  -  2*  Production  de  P^B«^ph.  25; 


*Ay$eiça. 


473;  Diosc.  V,  100.  —  29  Arist.  H  Ut.  nat.  IV,  19,  p-  "  '  _  30  mün'ucr, 

Strab.  III,  4, 15  ;  XIV,  6,  5  ;  Plin.  V,  89  ;  VU,  195  ;  Or*  ‘ Met.  ^  u(m.  de 

Technol.  IV,  p.  60.  —  31  Gaudry,  Géologie  de  l  île  -  _:<2Gaudry ,°P-Clt' 
la  Soc.  géologique  de  France,  2'  série,  VII,  1862,  p.  **■-'  ‘  34  glrab.  XIV,  - 

p.  249  sq.  -  33  Strab.  XIV,  6,  5  ;  Plin.  XXXIV  10  «**'»■  îW  et 

7;  Clem  Alex.  Strom.  I,  16,  75,  p.  362;  cf.  Landry,  Op. 

255. 


MET 


—  1851 


MET 


i(l  !a  durée  des  temps  classiques.  Sous  l’Empire, 
""l  vait  donné  les  mines  de  cuivre  à  ferme  au  roi 
moyennant  la  moitié  du  bénéfice.  Elles  furent 
lk’rU'1'l,,,<  plus  tard  pour  le  compte  des  empereurs  2. 

et  la  Palestine  étaient  beaucoup  moins  bien 
la  nature.  On  y  a  signalé  cependant  dans  l’an- 
ll0l'  lr  lies  mines  de  cuivre  et  de  fer,  soit  en  Phénicie 

e,.,\  3  dans  le  Liban  4,  soit  dans  la  Trachonitis  3 
iSarepia  L  . 

. . no).  St  St"'  d't“u'es  P0lnls  .•  . 

!  sommes  fort  mal  renseignes  sur  les  richesses 

n.s  des  provinces  du  nord-est  de  l’Asie  Mineure.  A 
K'deg  mines  de  fer  de  la  Cappadoce  \  des  mines  d’or 
l 'l’Arménie 8  (à  Sambana  en  Syspiritide),  il  y  avait 
dÜnsle  Pont  et  dans  la  Paphlagonie,  au  dire  des  anciens, 
un  centre  minier  et  métallurgique  fort  important.  C’étail 
le  pays  des  Chalybes  9,  spécialement  adonnés  au  travail 
du  fer l0.  Des  gîtes  d’argent  et  de  cuivre  y  étaient  égale- 
ment  exploités  **.  Plus  loin,  la  Colchide,  le  Caucase,  la 
Scvthie,  constituaient  de  même  un  groupe  de  contrées  qui 
avait  passé  pour  très  productif  en  métaux  précieux.  La 
Colchide  avait  encore  au  Ier  siècle  ses  mines  d’or,  d’argent, 
de  for13.  Les  torrents  du  pays  des  Soanes,  dans  le  Cau¬ 
case13,  roulaient  des  paillettes  d’or.  En  Scythie,  l’or 
était  aussi  très  abondant14,  et  en  outre  le  cuivre  se  ren¬ 
contrait  dans  le  pays  des  Massagètes  18. 


Enfin  le  commerce  faisait  affluer,  en  quantités  diffi¬ 
ciles  à  estimer,  des  métaux  qui  provenaient  de  régions 
beaucoup  plus  lointaines.  On  savait  que  le  fleuve  Oxus 
en  Bactriane  avait  des  alluvions  aurifères  16,  que  la 
Caramanie,  outre  les  mêmes  alluvions,  possédait  des 
mines  de  plomb  argentifère  et  de  cuivre  n.  L'or  en  pépite 
ou  en  poudre  se  trouvait  en  Arabie  chez  les  Debae18, 
chez  les  Nabatéens  19,  chez  les  Gerrhéens20.  Le  Sinaï 
avait  alimenté  l’Égypte  de  cuivre  depuis  les  premières 
dynasties  21.  Les  ports  de  la  Gédrosie22  exportaient  de 
for.  L'Inde  fournissait  de  l’or,  de  l’argent,  du  fer23.  Ce 
dernier  métal  venait  de  plus  loin  encore,  du  pays  des 
Sères 24.  Strabon  signale  de  l’étain  dans  la  Drangiane  2S. 

Afrique.  — L’Égypte  était  le  pays  le  plus  réputé  pour 
l'abondance  de  ses  mines  d’or.  Lesanciens  connaissaient 
1  existence  du  précieux  métal  dans  1  île  Méroé  26,  mais 
surtout  dans  les  montagnes  de  l’Etbaye  (désert  ara- 
bique)  - et  en  Éthiopie  28.  Le  fer  de  Méroé  et  de  Nubie 
est  également  mentionné29. 

Carthage,  de  très  bonne  heure,  avait  fait  le  commerce 
de  la  poudre  d’or  sur  la  côte  occidentale  d’Afrique30,  et 
il  est  très  vraisemblable  que  les  caravanes  en  apportaient 
aussi  de  1  intérieur  de  laLybie.  Lorsque  les  Romains  se 
d'rent  établis  en  Afrique,  ils  ne  laissèrent  pas  inex¬ 
ploitées  les  richesses  minières  (or,  plomb,  cuivre  et  fer) 
de  la  Numidie  et  de  l’Afrique  propre.  Les  textes  qui  font 
mention  de  leurs  travaux  sont  peu  nombreux31,  mais  les 


vestiges  de  leurs  exploitations  ont  été  signalés  en  plu¬ 
sieurs  points32. 

En  résumé,  les  anciens  ont  su  trouver  dans  la  partie 
du  monde  qu’ils  ont  connue,  la  plupart  des  gites  métal¬ 
lifères  de  quelque  importance  qui  s’y  rencontrent:  c  est 
de  là  qu’ils  ont  extrait  la  masse  énorme  de  métaux  que 
la  civilisation  grecque  et  romaine  a  consommée.  <>n 
remarquera  que  d’une  manière  générale  1  Orient  a  été 
plus  rapidement  épuisé  que  l’Occident,  soit  que  les 
gisements  y  aient  été  moins  abondants,  soit  que  1  exploi¬ 
tation  des  richesses  minérales  y  ail  commencé  plus  tôt. 
Les  Romains  ont  fait  principalement  appel  aux  mines 
des  provinces  de  l’Europe  occidentale  et  centrale 
(Espagne,  Rrelagne  et  Gaule,  pays  Danubiens).  C’est  sur¬ 
tout  pour  le  marbre  [marmor],  le  granit  et  le  porphyre 
qu’ils  se  sont  adressés  aux. pays  helléniques  [Voir  plus 
loin  Metalla ,  lapicidinae ]. 

Les  Grecs  et  les  Romains  ont  surtout  recherché  les 
métaux  précieux  ou  usuels  que  nous  venons  d’examiner. 
Mais  il  convient  de  signaler  un  certain  nombre  de  sub¬ 
stances  minérales  qu’ils  ont  également  employées  et 
qu’ils  extrayaient  de  la  terre. 

L’antimoine  a  été  connu  et  utilisé  dans  l’antiquité. 
L’analyse  d’un  fragment  de  vase  de  Tello  (Chaldée)  a 
montréque  ce  vase  était  en  antimoine  pur33.  Ona  retrouvé 
également  de  l’antimoine  dans  une  série  de  miroirs 
antiques,  où  ce  métal  était  allié  au  cuivre  etau  plomb  34, 
et  l’on  a  signalé  en  Asie  Mineure,  à  Tchinly-Kaya  (Lydie), 
une  «  importante  mine  d’antimoine  dont  les  plus  grandes 
galeries  remontent  à  l’époque  grecque 33  ».  Le  minerai  qui 
le  produisait  était  le  sulfure  d’antimoine  ou  stibine,  que 
lesanciens  appelaient  stimmi,  stibi,  alabastrum,  larba- 
son  36  :  Pline  explique  qu’il  convient,  en  le  brûlant,  de  le 
griller  avec  précaution  pour  ne  pas  le  changer  en  plomb. 
M.  Berthelot  a  fait  précisément  remarquer  que  «  le  gril¬ 
lage  ménagé  du  sulfure  d’antimoine,  surtout  en  présence 
du  charbon,  peutaisément  le  ramener  à  l’état  d’antimoine 
fusible  et  métallique,  substance  que  Pline  et  ses  contem¬ 
porains  confondaient,  au  même  titre  que  tous  les  mé¬ 
taux  noirs  et  fusibles,  avec  le  plomb37». 

Il  ne  semble  pas  que  le  zinc,  en  tant,  que  métal,  ait  été 
découvert  et  utilisé  par  les  Grecs  ou  par  les  Romains. 
Les  discussions  sur  ce  point,  en  l’absence  de  textes  suf¬ 
fisamment  explicites,  ne  sauraient  aboutir  à  une  solution 
certaine38.  En  tous  cas,  l’exploitation  des  minerais  de 
zinc,  tels  que  la  calamine  ou  la  blende  (carbonate  et  sul¬ 
fure  de  zinc),  n’a  jamais  été  tentée  dans  l’antiquité  :  au 
Laurion,  par  exemple,  les  abondants  gisements  de  ces 
minerais  sont  restés  vierges. 

Mais  de  leurs  mines  de  cuivre,  de  plomb,  de  fer,  les 
anciens  retiraient  de  nombreux  minerais  simples  ou 
mixtes  qu’ils  ne  distinguaient  que  très  imparfaitement 


25' VMI "!  ^ '^Vl,  4, 5.  —  2  Galen.  XIV,  p.  7  (éd.  Külin).  — 3  Mos.  XXXIII, 
__’fl  ’  '■  —  4  lîuseb.  Mart.  Palaest.  XIII,  I.—  3  Id.  Hist.  Ecoles.  VIII,  13,  5. 

O .  IiKimner,  Teclwol.  IV,  p.  70.  --  7  Plin.  XXXIV,  142.  —  3  Strab.  XI,  14, 
.;  .  Wh-  Pr°m.  133  et  714  ;  Eui’ip.  Aie.  980;  Xenopli.  Anab.  IV,  5,  34;  7,  15. 
date  y. "0|li'  V  5,  *■  —  11  Strab.  XII,  3,  10  et  23  ;  cf.  Tb.  Reinacb,  Mithri- 
MityiTUor'  p-  220  s'l-  -  12  Strab.  I,  2,  39;  Plin.  XXXIII,  52;  Appian.  Bell. 
XI,  s  o  ’r103'  —  l3Slrab-  XI,  2,  19.  —  *4  Ibid.  —  15  Herod.  I,  213;  Strab. 

lions' "  '■  rell'ouvé  dans  le  bassin  de  Donetz  les  vestiges  d'antiques  exploita- 

P- 8i)  _ il'1'.' 1 0  1  V01r  hd'au!1'0.  Rech.  anthropologiques  dans  le  Caucase,  1, 

9s.  _  |#  1  s’  Mir.  Ausc.  46,  p.  833  B,  13.  —  17  Strab.  XV,  2,  14  ;  Plin.  VI, 

4, 26.  __  20g“Ul'  05  !  üi<>d.  II,  50  ;  III,  44  et  47  ;  Strab.  XVI,  4,  18.  -  19  Strab.  XVI, 
f ,  '  4al11'  90  et  102  ;  Plin.  VI,  150.  —  21  Maspéro,  Hist.  anc.  des  peuples 

wlf,  j  i\  9  1^  p 

' 1  '  S(I-  i  de  Morgan,  Jleck.  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1,  p.  215  sq. 


—  22  Anon.  Per.  mar .  Erythr.  36.  —  23  Herod.  III,  102-106;  Anon.  Per.  mar. 
Erythr.  G  et  63;  Ctes.  dans  Pliot.  Bibl.  72,  p.  45-46  B;  Arrian.  Anab.  V,  3,  5  ; 
Diod.  Il,  36  ;  Plin.  VI,  67  ;  Curt.  IX,  8,  I.  —  24  Plin.  XXXIV,  145.  —  25  Strab.  XV, 
2,  10.  —  20  Id.  XVII,  2,  2;  Diod.  I,  33;  Plin.  XXXVII,  55;  Athen.  V,  p.  201  A. 

—  27  Agath.  Per.  mar.  Hubr.  20  =  Diod.  III,  Il  sq.  ;  cf.  Maspéro,  Op.  cit.,  I, 
p.  481  sq.  —  20  llcrod.  III,  114;  Plin.  VI,  189.  —  29  Slrab.  XVII,  2,  2;  Diod.  1, 
33.  _  30  Herod.  IV,  196.  —  31  Scvl.  Per.  III  ;  P  toi.  IV,  2,  17  ;  Tertull.  Apol.  XII  ; 
Cyprian.  Epist.  I.XXX,  parle  d'un  metallum  Siguense  (cuivre)  ;  Vict.  de  Vila, 
De  pers.  Vand.  V,  19.  —  32  Ch.  Tissol,  Géographie  comparée  de  la  prov.  rom. 
d'Afrique,  I,  p.  257-258.  —  33  Berthelot,  Alchimistes  grecs ,  Inlrod.  p.  223. 

—  34  P.  Gaudin,  Bull.  Soc.  Antiq.  de  France ,  1900,  p.  144-147;  Fuchs  et  de 
Launay,  Traité  des  gîtes  minéraux,  II,  p.  201.  —  33  Ibid.  —  36  plin.  XXX11I,  101  ; 
Diosc,  V,  99.  — 37  Berthelot,  Op.  cit.  p.  238.  —  38  Blümncr,  lechnol.  IV,  p.  91-97. 


MET 


—  \ 852  — 


MET 


les  uns  des  autres.  Les  plus  connus  étaient  la  cadmie 
(xaop.ta  Xt'Ooç,  cadmea *),  carbonate  de  cuivre  et  de  zinc; 
le  misy  et  le  sory 2,  sulfate  de  fer  renfermant  du  sulfate 
de  cuivre  et  résultant  de  la  décomposition  spontanée  des 
pyrites;  la  chrysocolle 3,  carbonate  de  cuivre  vert;  le 
cinabre  (xtwàêapi,  cinnabari),  qui  était  un  oxyde  de  mer¬ 
cure,  et  qui  provenait  des  mines  de  Sisapon  (Espagne), 
du  Laurion,  de  Colchide  et  de  Caramanie 4  ;  le  minium 
(iaiXtoç,  minium),  oxyde  de  plomb,  confondu  souvent 
avec  le  cinabre  ou  avec  l'ocre  5;  le  s  il  ou  ocre  (wjrpa,  s/7), 
oxyde  de  fer,  exploité  en  Attique,  à  Samos,  à  Scyros, 
en  Lydie,  en  Gaule  6,  etc. 

L’alun  ( alumen )  a  été  exploité  en  beaucoup  de  lieux 
par  les  Romains  ;  au  dire  de  Pline,  les  pays  qui  le  pro¬ 
duisaient  de  son  temps  étaient  l'Espagne,  l’Égypte,  l’Ar¬ 
ménie,  la  Macédoine,  le  Pont,  l’Afrique,  les  îles  de  Sar¬ 
daigne,  de  Mélos,  de  Lipari  et  de  Strongyle  (Stromboli)  \ 
Cette  substance  (sulfate  de  potasse  et  d’alumine)  se  ren¬ 
contre  sous  forme  de  veines  dans  des  roches  éruptives 
(trachytes),  et  servait  chez  les  anciens  comme  fondant  et 
purificateur  des  métaux8. 

On  prétend  enfin  que  les  Romains  n’ont  pas  ignoré 
l'usage  de  la  houille.  Des  amas  de  cendres  de  charbon  de 
terre  ont  été  signalés  en  Bretagne  sur  l’emplacement  de 
stations  romaines,  et  l'on  a  trouvé  dans  quelques-uns 
des  monnaies  romaines  (Lancashire,  Yorkshire,  environs 
de  Newcastle-upon-Tyne,  comté  de  Durham,  Shrop- 
shire,  etc.)9.  Quelques  auteurs  attribuent  aux  Romains 
des  travaux  de  mines  rencontrés  dans  une  couche  de 
houille  de  six  pieds,  un  peu  au  nord  de  Wigan  (Lan¬ 
cashire),  et  composés  d'une  série  d’excavations  polygo¬ 
nales,  communiquant  entre  elles  par  de  petites  galeries10. 
Si  ces  preuves  ne  paraissent  pas  décisives,  il  n’y  a  là 
cependant  rien  qui  puisse  nous  surprendre,  car  nous 
savons  que  l’exploitation  des  mines  en  Bretagne  fut  très 
active  au  temps  de  l’occupation  romaine.  D’autre  part, 
les  Grecs  de  leur  côté  connaissaient,  sinon  la  houille,  du 
moins  le  lignite,  cette  pierre  noire  qui  brûlait  comme  du 
charbon,  et  que  l’on  recueillait  en  Élide  et  en  Ligurie  1!. 

On  trouvera  à  l’article  marmor,  la  liste  des  carrières  de 
marbre,  et  à  l’article  lapis,  celle  des  carrières  de  roches 
éruptives  (granit,  porphyre,  basalte,  etc.)  exploitées  par 
les  Grecs  et  par  les  Romains. 

111.  Exploitation  des  mines  et  des  carrières;  traite¬ 
ment  des  minerais.  —  Instruments.  —  On  a  retrouvé  dans 
les  mines  antiques  un  assez  grand  nombre  d’instruments 
démineurs.  lisse  ramènent  tous  àquatre  types  principaux. 

Le  marteau  ou  masse  (TU7ttç12,  mal/eus)  a  tantôt  une 
tête  plate  et  une  pointe,  tantôt  deux  têtes  plates.  Il  sert 
à  frapper  sur  les  coins  et  pointerolles,  et  aussi  à  briser 
la  roche  ou  le  minerai  en  fragments  menus.  La 
figure  4978  représente  un  marteau  trouvé  dans  la  mine 
romaine  de  la  Baume  13,  près  Villefranche  (Aveyron)  : 
c’est  à  ce  modèle  que  ressemblent  les  marteaux  du  Lau- 

»  Slrab.  III,  4,  15;  Plin.  XXXIV,  100;  Diosc.  V,  84.  —  2  Plin.  XXXIV,  120, 
l2t;Diosc.V,  110  et  118. —  3  Theoph.  Lap.  26  et  39  ;  Ps.Arist.A7fV.  Ausc.  58, 

р.  834  B,  19;  Plin.  XXXIII,  86  sq.  ;  Vilruv.  VII,  9,  6.  —  4  Theoph.  Lap.  58; 
Plin.  XXXIII,  117.  —  5  Theoph.  Lap.  52;  Vilruv.  VII,  8;  Plin.  XXXIII,  118; 
on  exploitait  le  niXxos  à  Céos,  et  Athènes  se  réserva  longtemps  le  monopole  de 
la  vente.  Cf.  C.  inscr.  att.  II,  546  et  834  B.  —  6  Theoph.  Lap.  51  et  63  ;  Vitr. 
VII,  7  ;  Diosc.  V,  108  ;  Plin.  XXXIII,  158-159.  —  1  Plin.  XXXV,  184;  Diosc.  V, 
122.  Pour  I’ile  de  Mélos  et  les  anciens  travaux,  voir  Sauvage,  Ann.  des  Mines , 
1846,  X,  p.  86-87  etpl.  u.  —  8  Fuchs  et  de  Launay,  Op.  cit.  I,  p.  607  ;  Berthelot,  O. 

с.  p.  237.  Pour  tous  ces  corps,  voir  aussi  les  articles  spéciaux  du  Dictionnaire. 
—  9  E.  Hull,  Cdal  fields  of  Great  Brilain,  Londres,  1873,  p.  16-20.  —  10  E. 


mse 


,  ,  \  °  .  ic  utîssin  nnp 

trouvée  dans  le  gîte  de  Palmesalade.  (Gard)  h 
variait  entre  2  et  4  kilogrammes  et  demi  •  je  Jn  f°lds 

bois,  mince,  était  très  court.  En  Gaule  et  en  8en 

en  Étrurie19  et  en  Sardaigne”,  on  a  découverîT’ 
nombre  de  ces  instruments  [malleus],  t0n 

Le  coin  ou  pointerolle  (Sotç,  WF:Ç  18,  runeus)  ,.sl  1 


Fig.  4978. 


Fig.  4979. 

Marteaux  de  mineurs. 


Fig.  4980. 


Lige  ou  lame  assez  épaisse,  dont  une  extrémité  est  aigui¬ 
sée,  et  qui  fend  la  roche  sous  le  coup  du  marteau,  il" est j 
de  forme  arrondie  ou  prismatique.  Au  Laurion19,  en  I 
France20,  on  en  a  recueilli  de  nombreux  échantillons,  ainsi 
qu’en  Sardaigne21,  en  Espagne22  (Huelva,  Carthagène)! 

Le  pic  des  mineurs  avait  des  formes  diverses;  tantôt 
c’est  une  lame  plate  mais  épaisse,  pointue  en  un  bout, 
recourbée  de  l’autre  pour  s’emmancher  par  une  douille 


j>.  j \ 


Fig.  4981. 


Fig.  4982. 


Pics  de  mineurs. 


ronde  ;  tantôt  c’est  une  lame  droite,  emmanchée  en  som 
milieu.  Les  figures  4984  et  4982  représentent  deux  i n.^tiu 
ments  de  ce  type  rencontrés  dans  le  filon  de  la  ^,l  I 
drerie23  (ausutf  de  Villefranche,  Aveyron).  On  en  connai 
bien  d’autres  exemplaires  au  Laurion  (fig.  49S.>;  ,  en| 
Espagne25,  en  Sardaigne26,  en  France21.  j 

La  sape  est  une  pelle  à  manche  recourbé,  et  était  <  e  1 
tinée  à  ramasser  le  minerai  et  les  déblais  dans  1 
paniers  (fig.  4984) 28. 

j|5t 

lui!,  Ibid.  p.  17.  —  U  Theoph.  Lap.  16;  cf.  Blümuer,  Te^'10^  *„ j)  338, 

-  12  Diod.  III,  12,  5.  —  13  Daubrée,  Rev.  arch.  1881,  1,  P-  -  ■  )  p  318, 

Ig.  21  ;  p.  342,  fig.  27;  Ardaillon,  Laurion ,  p.  21.  -1*  a“  ^  jinthropi 
ig.  32. —  15  De  Launay,  Ann.  des  Mines,  1889,  P-  ^  °  ' ’  _)  i7  pe  Launafij 

892,  p.  404.  —  16  Simonin,  Ann.  des  Mines,  1858,  P- 563  *  ^  !(rdamon, 

’bid.  1892,  p.  519.  —  ISHesych.  s.  v.  «rfïi  Diod.  III,  12,  4.  1  350,  fig  35’ 

>.  22,  fig.  3.  —  20  Daubrée,  Rev.  arch.  1868,  I,  p.  298  -,  Ibid.  ’  ’  23  paubr® 

-  21  De  Launay,  Ann.  des  Mines,  1892,  p.  519.  Siicl,  •  22,  fig1’ 

lev.  arch,  1881.  p.  205,  fig.  2  ;  p.  206,  fig.  3.  -  24  Ardaillon  Lan,  ,  P e, 

-  25  Siret,  L.  c.  -  26  De  Launay,  L.  c.  -  "  '  22,  fig-5' 

teaupré,  Bull.  arch.  1901,  p.  204-207.  -  28  Ardaillon,  Laur  , 


MET 


—  1853  — 


MET 


I  Ls  outils  étaient  en  fer,  en  acier,  en  général  d’excel- 
I  M  ilité,  et  entamaient  les  roches  les  plus  dures,  sur 
■Quelles  on  reconnaît  souvent  leurs  traces  b  A  une 


Fig.  4983. 


Sapes  de  mineurs. 


époque  antérieure,  ils  avaient  été  faits  en  bronze  ou  en 
cuivre  2.  Dans  certains  gisements  exploités  très  ancien¬ 
nement,  on  a  même  retrouvé  des  outils  de  pierre  polie, 


Fig.  4985. 


Outils  de  pierre. 


l?r  exemple  en  Espagne  3,  en  Angleterre  4  et  ail¬ 
leurs  (fig.  4985  et  4986).  Mais  les  Grecs  et  les  Romains 
Be  semblent  pas  s’ètre  servis  d’une  autre  matière  que  le 
fer  pour  fabriquer  leurs  outils  de  mineur. 

I  Li  s  mineurs  usaient  de  lampes  à  huile  pour  s’éclairer 
ians  leurs  travaux  souterrains  :  ces  lampes,  quelquefois 
P  plomb,  étaient  le  plus  souvent  en  terre  cuite,  à  un  ou 
i  ^  lls''  urs  ^ecs  Dans  les  galeries  fréquentées,  on  mé- 
■  nageait  de  distance  en  distance  des  niches  destinées  à  les 
lie  ■  11  S  sacs  ou  paniers  (QuXaxoç,  <râXa?,  7r£pïoooç  ’) 
IleU^'  i '  ''O  °U  en  cu‘r  serva‘ent  a  transporter  le  minerai 
E  es^' i)lais-  Kahn  des  vases  à  eau,  à  huile,  de  formes  et 
jes  ‘''Iue  diverses,  ont  été  souvent  retrouvés  dans 
gUr  "  anliques  8.  L’attirail  du  mineur  est  représenté 
|  Plaq«ette  en  terre  cuite  de  Corinthe  9  (fig.  4987). 

I  Lieni  >eS  ^  ^U*ts'  —  Des  Grecs  et  les  Romains  exploi- 
m0Vi  !  ^lse,nents  métallifères  soit  à  ciel  ouvert,  soit  au 
[  travi i'i' |  .Pll’ts  et;  galeries.  Dans  le  premier  cas,  le 
h* il  conduit  comme  dans  une  carrière,  et  nous 


BCh  Tissot  Géo'  C,l  P’  211,  ’18  ’  de  LaullaV'  Ann ■  des  Mines ,  1889,  p.  434; 
B  Morgan,  On  “*  1“  Pr°V'  romaine  d'Afrique ,  I,  p.  258.  -  2  Berthelot,  dans 

B»er.  delà  m  ‘  '. P'“7  ’  cf’  Much'  Die  Kupferzeit,  p.  91.  —  3  Gonzalvo  y  Tarin, 
p.  233  VVTîn  Huelm'  p'  1‘37  et  pl-  -  4  J  -  Evans,  Stone  im- 
dans  le  C'a,  UanS  ll  S  mines  de  cuiv,'e  du  l,onelz  :  Chantre,  Rech.  an- 
t  esdefÊ  Case'  h  P-  !  dans  les  mines  du  Sinaï:  de  Morgan,  Rech.  sur 

I  fM-  9®-ïl,  p  P  222'  ~  6  Daubrée>  °P-  cit-  P-  207,  208,  <>;  p.  345, 

I48 1  Hesych.  ~S.  'f,36;  ArdaiMon  Laur'0’K  p.  22-23.  -  7  Pollua,  VII,  100;  X, 


f  ûaillu-,., 


iïev  .'  ;  Eliot.  s.  V.  OÙA«*05;  Arislopli.  Schol.  Plut.  08 

'C  '■  l868’  *>  P-  298;  Siret,  Anlhrup.  1892,  p.  404.  —  8 

»  1. 


cf. 
Daubrée, 


verrons  plus  loin  comment  ils  procédaient.  Dansle  second 
cas,  il  y  avait  travail  de  mine  proprement  dit. 

Les  galeries  (Cnvovopto;,  oiôjpuç,  3tx5u<7tç,  ôpûyp.xTa, 
ffupiyysç,  cuniculii0)  étaient  creusées  au  moyen  du  pic,  ou 
bien  du  marteau  et  de  la  pointerolle.  Elles  affectent  des 
formes  variées  :  leur  section  est  parfois  irrégulière,  le 
plus  souvent  rectangulaire  ou  carrée,  ou  trapézoïdale  11 . 
Au  Laurion,  leur  hauteur  va  deOm.GOàl  mètre;  leur  lar¬ 
geur  a  à  peu  près  les  mêmes  dimensions.  Il  en  était  de 
même  en  Espagne  et  en  Gaule12.  Cette  petitesse  ne  doit 
pas  nous  étonner;  elle  est  propre  aux  galeries  forées  en 
roche  stérile.  Si  elle  a  le  double  inconvénient  d’obliger  le 
mineur  à  s’agenouiller  ou  à  se  coucher,  et  de  s’opposer  à 
l’aérage  aisé  de  la  mine,  elle  avait  en  retour  l’avantage  de 
ne  demander  qu’un  minimum  de  travail,  et  d’éviter  les 
frais  de  boisage.  Dans  les  roches  stériles,  les  galeries  sont, 
en  général,  rectilignes  ;  dans  les  veines  et  les  filons,  elles 
suivent  exactement  les  allures  du  minerai,  montent  ou  des¬ 
cendent,  tournent  à  droite  ou  à  gauche,  et  peuvent  dans 
les  amas  minéralisés  acquérir  de  grandes  dimensions. 
Les  puits  (cppéaxa,  putei ,3)  ont  de  même  des  formes  et 
des  proportions  très  variables.  Au  Laurion,  ils  sont  tous 
à  section  rectangulaire  ou  carrée  et  leurs  côtés  ont  de 
1  m.  30  à  2  mètres  en  moyenne.  La  verticalité  en  est  remar¬ 
quable  ;  les  parements  en  sont  lisses;  de  loin  en  loin  les 
mineurs  de  l’Attique  taillaient  sur  les  parois  des  mortaises 
destinées  à  supporter  les  échelles  de  montée  et  de  des¬ 
cente.  A  côté  des  puits  verticaux,  dont  la  profondeur  peut 


Fig.  4937.  —  Mineurs  grecs. 


atteindre  120  mètres,  il  y  a  aussi  des  puits  en  tronçon 
reliés  par  des  galeries,  des  puits  inclinés  avec  gradins14. 
En  Espagne  15,  les  puits  romains  ont  à  peine  1  mètre  de 
diamètre  et  sont  ronds  ;  ils  descendent  à  plus  de 
100  mètres.  En  Sardaigne,  ils  sont  si  étroits  qu’on  a 
peine  à  y  pénétrer,  et  ils  ont  jusqu’à  150  mètres  de  pro¬ 
fondeur16.  En  France,  dans  la  mine  romaine  de  Saint- 
Laurent-le-Minier  (Gard),  les  puits  sont  ronds;  ils  ont 
1  m.  20  de  diamètre  et  portent  tous  dans  leurs  parois  des 

Rev.  arch.  1881,  I,  p.  205,  fig.  1;  p.  206,  fig.  4,  p.  349,  fig.  33.  —  9  Antike 
Denkmàler,  pl.  vin,  fig.  7  ;  Rayet-Collignon,  Hist.  céram.  gr.  p.  147  et  152. 
—  10  Xen.  De  Vict.  IV,  26;  Uiiiarch.  Fragm.  120;  Diod.  III,  12,  6;  Strab  III  » 
9  ;  V,  2,  6  ;  XIV,  5,  28  ;  Pollux,  VU,  98  ;  Plia.  XXXIII,  70  ;  XXXV,  174,  etc.  -’l  1  Voir 
dos  sections  de  galeries  à  l'article  cumcm.ua.  —  12  Daubrée,  Rev.  arch.  1881  I  p  Ul 
210,  263,  291  ;  de  Launay,  Ann.  des  Mines,  1889,  p.  433  ;  1892,  p.  518;  Ardailion’ 
Laurion,  p.  24;  Bleicher  et  Beaupré,  Bull.  arch.  1901,  p.  205.  _  13  Strab.  III,  2  8- 
Plin.  XXXIII,  66,  08  ;  Corp.  inscr.  lat.  Il,  2,  5181.  -  14  Ardailion,  Laurion' n.’ ±7- 
33.  -  15  De  Launay,  Ann.  des  Mines,  1889,  p.  433.  —  16  De  Launay,  Ibid  189* 
p.  517. 


233 


MET 


1854 


MET 


entailles  régulièrement  espacées  qui  servaient  évidem¬ 
ment  à  loger  les  pieds  et  les  mains  quand  on  montait  ou 
que  l'on  descendait.  Ces  entailles  sont  disposées  de  telle 
façon  que  l’ascension  y  est  relativement  commode1.  A 


Fig.  4989.  Fig.  4990. 

Puits  de  mines. 


Villefranche  (Aveyron),  on  a  trouvé  des  escaliers  incli¬ 
nés  à  marches  très  hautes  et  si  étroites  qu’on  pouvait  à 
peine  y  maintenir  son  pied  2.  Les  figures  4988,  4989, 
4990  donnent  les  coupes  et  le  plan  d’un  puits  à  encoches 
de  la  mine  de  Blatcouzel  (Gard) 3. 

Travaux  de  recherches. —  C’est  au  moyen  de  ces  puits 
et  de  ces  galeries  que  les  anciens  recherchaient  et  exploi¬ 
taient  les  gisements  métallifères  qu'ils  savaient  décou¬ 
vrir.  L'existence  de  ces  gîtes  leur  était  révélée  par  des 
indices  qu'une  longue  expérience  leur  avait  appris  à 
connaître.  Far  exemple,  Pline  4  nous  dit  que  les  minerais 
de  fer  se  décèlent  sans  difficulté  par  leur  couleur.  Or,  la 
teinte  rouge  des  oxydes  de  fer  dénote  la  présence,  non 
seulement  des  minerais  de  fer,  mais  encore  d’un  bon 
nombre  d’autres  minerais.  Au  Laurion,  la  galène  argen¬ 
tifère  est  accompagnée  de  pyrite  de  fer  qui  se  décompose 
rapidement  aux  affleurements.  En  Espagne,  les  aflleu- 
rements  des  pyrites  de  cuivre  sont  de  même  signalés  par 
un  chapeau  de  fer.  C’est  là  un  indice  extrêmement  fré¬ 
quent  des  gîtes  métallifères  5,  et  nul  doute  que  les 
anciens  ne  l’aient  parfaitement  connu.  Pour  s’en  con¬ 
vaincre,  il  suffit  de  voir  avec  quel  flair  les  Romains  ont 
su  repérer  dans  la  province  d’Huelva  (Espagne)  tous  les 
filons  de  cuivre  de  quelque  importance 6.  Il  suffisait 
ensuite  de  prélever  des  échantillons  et  de  s’assurer  de 
leur  teneur  en  métal  avant  de  commencer  les  travaux. 
«  Les  chercheurs  d’or,  rapporte  Pline,  commencent  par 
enlever  le  segutilum ,  c’est-à-dire  un  échantillon  ( indi - 
cium )  :  on  en  soumet  le  sable  au  lavage,  et  le  résidu  en 
indique  la  teneur  approximative.  »  Nul  doute  que,  pour 
les  autres  minerais,  méthode  semblable  ne  fût  suivie 
pour  apprécier  la  valeur  des  gisements  1  ■ 

Les  Grecs  et  les  Romains  ont  employé  deux  méthodes 


d’exploitation  :  l’exploitation  à  ciel  ouvert,  l’exploitation 
par  puits  et  galeries.  Il  est  difficile  de  dire  par  quelle 
évolution  passa  l’art  des  mines  à  ses  débuts.  Sans  doute 
les  premiers  travaux  de  mines  consistèrent  à  creuser  des 
tranchées,  des  cavités,  sans  plan  et  sans  régularité,  sur 
les  surfaces  où  filons  et  gîtes  apparaissent  à  fleur  de 


1  Daubrée,  Rev.  arch.  4881,  !,  p.  216.  —  2  Ibid.  p.  206.  —  3  Ibid. 
P  918.  —  4  Plin.  XXXIV,  142.  —  6  A.  von  Groddeck,  Traité  des  gîtes  métallif. 
(trad.  Kuis),  p.  105.  —  6  Gonzalvo  y  Tarin,  Descr.  de  la  provincia  di  Huelva , 
p.  263  sq.  —  7  XXXIII,  67.  —  8  Ardaillon,  Laurion,  p.  34.  —  9  Boule,  Comptes 
rendus  Acad.  Sciences,  nov.  1883  ;  Nature,  18  juin  1887  ;  Guide  du  Cantal,  p.  76- 
77;  cf.  de  Nadaillac,  Mœurs  et  monum.  des  peuples  préhistoriques,  Paris,  1888, 


sol  8.  Mais  galeries  et  puits  apparurent  de  très  h0  ] 
heure,  s’il  est  vrai  que  dès  la  période  riéolithifmM?  | 
hommes  savaient  les  creuser  en  Angleterre,  en  Bel  /’  *  * 
en  France  pour  extraire  les  silex  dont  ils  avaient  besoin'  •’  i 
Toujours  est-il  que  les  deux  modes  de  recherche  et 
d’attaque  furent  concurremment  employés  à  iyM)0  ,  ! 
historique,  chez  tous  les  peuples  de  l’antiquité.  I 

Au  premier  type  (excavation  à  ciel  ouvert)  se  rapportent  | 
de  nombreux  travaux  de  mines  du  Laurion,  de  l’Espagne  I 
de  l’Étrurie10.  Dans  le  massif  central  (Haute-Vienne  et! 
Lozère)  on  a  signalé  depuis  longtemps  beaucoup  de 
fouilles  de  surface,  qui  avaient  pour  objet  l’exploitation 
de  filons  stannifères.  A  Montebras  et  à  Millemilange 
(Creuse),  ces  fouilles,  dont  la  profondeur  maximum  est 
actuellement  de  8  à  20  mètres,  sont  ouvertes  dans  des 
schistes  ou  dans  des  granulites  décomposés.  Elles 
forment  des  séries  de  fosses  alignées  suivant  des  direc¬ 
tions  déterminées,  espacées  sur  des  longueurs  de  200  à 
500  mètres 
(fîg.  4991).  En 
faisant  ces 
trous,  les  mi¬ 
neurs  reje¬ 
taient  les  dé¬ 
blais  en  butte 
sur  les  côtés, 
et  mainte¬ 
naient  les  ta¬ 
lus  au  moyen 
de  placages 
en  pierre.  Le 
volume  de  ces 
déblais  est 
parfois  con¬ 
sidérable  11 . 

Les  alluvions 
aurifères 
étaient  tra¬ 
vaillées  selon 
le  même  pro¬ 
cédé  12.  En 


.  _>• 


Fie 


499 1 .  —  Milles  à  ciel  ouvert. 


romains  sur 


les 


Dacie,  on  retrouve  les  grands  travaux  î 
affleurements  des  filons  aurifères  (au  noid  e ■  d  ® _  ’ 
en  Transylvanie) 13.  Les  grands  gîtes  de  fei  de  i  e 
ont  été  également  exploités  à  ciel  ouvert  put 
ques  et  par  les  Romains,  comme  ils  le  sont  enco 
jourd’hui 14  ;  il  en  est  enfin  de  même  pour  un  1res  -  ' 

nombre  de  carrières.  •  trd 

L’emploi  de  la  galerie  et  du  puits  a  t  ®  .  ent 

général  dans  l’antiquité.  Lorsque  la  nature  ^  g  ^ 

et  les  dispositions  du  terrain  le  tant  du 

attaquaient  les  gîtes  au  moyen  d  une  gâter  f 
jour  et  poursuivant  le  minerai  aussi  oin^  pn  certains 
sible  (galerie à  l’affleurement).  niveaux,  de 

cas,  en  creuser  plusieurs  à.  d  dw0itation 

manière  à  constituer  une  série  d’étages  ft  u„e 

superposés.  Mais  dès  que  la  ga  o-auche  des 

certaine  distance,  et  lancé  à  droite  et  a  gau  ^  ^ 

p.  73.  _  10  Gonzalvo  y  Tarin,  Op.  cit.  p.  31,  33,  ^pë^en  Asttries  :  Sc^* 

1858,  p.  561  ;  voir  surtout  pour  mines  d  étain  de  c  H  ,9  sq.  _  il  DauM* 

Paillette,  Bull.  Soc.  géol.  France,  l8«M850,-j  ^  „  Rli„.  XXX  » 

Z.  c.  p.  274  sq.;  de  Launay,  Anthrop.  19C G,  p.  __  H  Simon»*.  L-  ■ 

67.  _  13  De  Launay,  Traité  des  gîtes  métalh /.  ,P- 

p.  503,  560. 


MET 


—  1855  — 


MET 


nchnngnts  multiples,  il  devenait  nécessaire  d’en 

l’aérage  et  l’on  forait  alors  un  puits  qui  venait 

^r'ocnupgr  en  profondeur.  Le  nombre  des  puits  augmen- 

mesure  que  la  galerie  s’allongeait.  Cette  disposi- 

.  m:ne  semble  avoir  été  adoptée  d’abord  à  une 
lion  ub  .  , .  ,  .  . 

les  mineurs  n  étaient  pas  encore  en  pleine 

de  leur  art  :  c’est  le  cas,  semble-t-il,  en 


époque  où 

possession 


Étrurie  1  et  à  Siphnos  dans  les  Cyclades  2.  Mais  il  n’est 
pas  douteux  qu’elle  fût  employée  de  tout  temps.  Au  Lau- 
rion,  les  travaux  partant  des  affleurements  sont  très 
nombreux,  et  il  n’y  a  pas  de  raison  de  penser  qu’ils 
soient  d’une  date  plus  ancienne  que  d’autres.  11  en  est  de 
même  en  Gaule.  La  figure  4992  représente  le  plan  d’une 
mine  romaine  d’Espagne,  qui  est  connue  aujourd’hui 


sous  le  nom  de  mine  de  Sotiel  Coronada  (au  S.  W.  de 
Rio  Tinto,  province  de  Huelva)  3.  On  y  voit  indiqué  le 
tracé  de  plusieurs  galeries  jalonnées  par  un  grand 
nombre  de  puits  antiques.  On  y  remarquera  que  les 


puits,  qui  ne  viennent  pas  recouper  une  galerie  d’affleu¬ 
rement,  sont  le  plus  souvent  accouplés  par  paire. 

Mais  Grecs  et  Romains  ont  su  retrouver  en  profondeur 
des  gisements  qui  n’apparaissaient  point  à  la  surface,  et 


1  emploi 
preuve 


clés  puits  de  sondage  ou  de  recherche  est  une 
manifeste  de  leur  habileté. 


fait  ™  ue  lt5ur  uamieie.  Il  suppose  en  effet  ce 

reinb"1  anc‘ens  s’étaient,  dans  une  certaine  mesure, 
r^..1  '0,nPte  des  allures  des  gîtes,  très  variables  d’une 
h  Jn  <'  1  autre.  L’observation  sagace  des  faits  leur  tint 


lieu,  et  souvent  avec  bonheur,  des  connaissances  géolo¬ 
giques  qu’ils  n’avaient  point.  Au  Laurion,  les  Athéniens 
avaient  certainement  reconnu  la  position  normale  qu’oc¬ 
cupait  la  galène  argentifère  (sulfure  de  plomb  et  d’argent) 
entre  les  couches  de  schistes  et  de  calcaires.  Bon  nombre 


'Si 


'•«onia,  £,.c 


570.  —  2  Bciil,  Journ.  Iiell.  stud.  VI,  1885.  p.  196-197. 


—  3  (ionzalvo  y  Taiiu,  Op.  cit.  p.  502-503,  pl.  xxx. 


MET 


1856  — 


MET 


de  puits  qui  partent  d'une  couche  supérieure,  la  tra¬ 
versent  de  part  en  part,  s’arrêtent  à  la  couche  suivante, 
donnent  accès  sur  des  tronçons  de  galeries  qui  finissent 
en  impasse,  ne  peuvent  être  considérés  que  comme  des 
sondages  qui  n’ont  pas  abouti  *.  Un  exemple  très  net  de 
ce  mode  de  recherche  nous  est  fourni  par  une  mine 
romaine  d’Espagne  (fig.  4993)  située  dans  la  province 
d'Huelva,  au  lieu  dit  Las  Cabezas  de  los  Pastos  2.  Plu¬ 
sieurs  affleurements  ferrugineux  apparaissent  à  la  sur¬ 
face  du  sol  :  ici  comme  dans  le  reste  de  la  province,  ils 
sont  l'indice  de  filons  de  pyrite  de  cuivre  qui  se  trouvent 
recouverts  par  ces  chapeaux  de  fer.  Les  mineurs  anciens 
ont  percé  chacun  d’eux  pour  reconnaître  en  profondeur 
la  présence  du  minerai  qui  les  attirait.  Puis,  comme 
dans  la  plupart  des  autres  gîtes  du  pays  la  pyrite  de 
cuivre  a  souterrainement  plus  de  développement  et  de 
continuité  qu’à  fleur  de  terre,  ils  ont  pensé  qu’il  en  était 
de  même  dans  le  coin  qu’ils  exploraient.  De  là,  ces  nom¬ 
breux  puits  jumeaux,  disposés  symétriquement  et  creu¬ 
sés  en  dehors  des  affleurements  ferrugineux.  Malheureu¬ 
sement  pour  eux,  l’allure  des  filons  était  ici  anormale  et 
ne  correspondait  point  à  ce  qu’ils  avaient  observé  ailleurs  : 
aussi  leurs  sondages  n’ont-ils  pas  eu  de  succès,  et  la  petite 
quantité  de  déblais  et  de  scories  qu’on  rencontre  sur  les 
lieux  prouve  que  l’exploitation  n  alla  pas  très  longtemps. 

Mais  dans  beaucoup  de  cas  plus  favorables,  l’effort 

sagace  des  anciens  était 
couronné  de  succès.  Sur  le 
plan  de  la  mine  étrusque 
représentée  par  la  figure 
-4994,  on  voit  avec  quelle 
précision  les  puits  jalon¬ 
nent  les  contours  d’un 
grand  filon  de  cuivre,  évi¬ 
tent  les  parties  stériles  et 
délimitent  exactement  les 
parties  dignes  d’être  tra¬ 
vaillées  3.  Le  plan  d’une 
mine  du  Laurion  manifeste 
encore  plus  clairement  la 
connaissance  très  réelle 
que  les  Athéniens  avaient 
de  la  nature  de  certains  gisements  de  ce  domaine  si 
habilement  exploité  4. 

Telles  sont  les  diverses  méthodes  employées  par  les 
Grecs  et  les  Romains  pour  découvrir  les  gîtes  métalli- 
-  fères,  et  ouvrir  de  nouvelles  mines.  C’est  ce  genre  de 
travaux  que  les  Grecs  désignaient  sous  le  nom  de 
xouvoTO|xtix,  xaivov  p.sTocXXov  3.  Lorsqu  ils  se  bornaient  au 
contraire  à  reprendre  une  exploitation  déjà  entamée,  ils 
désignaient  la  mine  par  le  terme  àvaaâ^gov  géxaXXov  6. 

Exploitation  et  Abatage.  —  A  la  recherche,  succé¬ 
dait  l’abatage  des  minerais.  Suivant  la  forme  infiniment 
variable  des  gîtes  métallifères,  les  anciens  employaient 
les  procédés  les  mieux  appropriés.  Lorsqu’ils  avaient 
reconnu  la  présence  d’un  puissant  amas  de  minerai,  ils 
établissaient  un  ou  plusieurs  étages  d’exploitation,  dont 
chacun  avait  son  réseau  de  galeries  et  comprenait  un 

b 

1  Ardaillon,  Laurion ,  p.  38-41.  —  2  Gonzalvo  y  Tarin,  Op.  cit.  p.  527-528,  pl. 
xjxvi.—  *  Simonin,  Ann.  des  Mines ,  1858,  p.  582,pl.ix,  fig.  1.  —  4  Ardaillon,  Op. 
cit.  p.  41-42,  pl.  n.  —  5  Xen.  De  vect.  IV,  27  sq.  ;  Hyper.  ProEuxen.  Col.  XLV 
(<^d.  Blass)  ;  Suid.  s.  v.  ’Ay^àoou  [xeTàVXou  Scxtj  ;  Corp.  inscr.  att.  H,  780,  G.  6  Ibid. 
II7  7^0, 78 1  *,  cff  Arist.  Rep.  Ath.  47.  —  7  Ardaillon,  O.c.  p.  46.  —  8  Simonin,  Ann. 


certain  nombre  de  chantiers.  On  trouve  de«  nv 
mines  a  deux  etages  au  Laurion  7;  chez  les  fq,.  6 
«  l’exploitation  prenait  quelquefois  une  réS"'*! 
presque  classique.  Divers  plans  ou  niveaux  comm  • 
quaient  entre  eux,  et  de  l’un  à  l’autre  des  ouvertur'' 
verticales  permettaient  de  sortir  le  minerai  jlis,  T** 
jour  8  ».  En  Espagne,  à  Rio  Tinto  (province  de  Hu'E 
les  grandes  excavations  modernes  ont  mis  à  jour  1,^ 
travaux  romains,  et  l’on  y  peut  distinguer,  comme  sur 
une  coupe  naturelle,  sept  ou  huit  étages  différents3  il 
est  vrai  que  ces  étages,  là  comme  dans  la  plupart  des 
mines  antiques,  ne  sont  pas  parfaitement  horizontaux 
parce  que  les  mineurs  portaient  à  bras  le  minerai  et 
n’avaient  pas  besoin  de  galeries  horizontales  de  roulage 
Dans  chaque  chantier,  l’abatage  des  masses  étendues 
de  minerai  se  pratiquait  généralement  chez  les  anciens 
par  le  procédé  que  l’on  désigne  sous  le  nom  de  grandes 
tailles  par  gradins  droits  l0.  Sur  le  front  du  massif  à 
débiter,  on  ménage  des  parallélipipèdes  de  dimensions 
variables,  que  l’on  abat  successivement  sur  toute  leur 
longueur  et  de  manière  à  donner  à  l’ensemble  du  chan¬ 
tier  la  disposition  en  gradins.  La  partie  haute  du  minerai 
est  abattue  par  un  premier  groupe  d’ouvriers,  qui  a 
derrière  lui,  à  des  niveaux  plus  bas  et  à  des  distances 
croissantes,  ceux  qui  ont  pour  tâche  d’attaquer  les  parties 
moyennes  et  inférieures  du  gîte. 

Cette  méthode  a  l’avantage  de  per¬ 
mettre  l’emploi  d’un  grand  nombre 
d’hommes  et  de  dépouiller  complè¬ 
tement  le  filon  ou  l’amas.  C’est  de 
la  sorte  quelesGrecs  et  les  Romains 
sont  parvenus  à  vider  des  cavités 
immenses.  Au  Laurion,  certaines 
d’entre  elles  devaient  contenir  plus 
de  100  000  mètres  cubes  de  mine¬ 
rai11.  En  Espagne,  aux  mines  de  Rio 
Tinto,  les  Romains  ont  laissé  des 
vides  qui  ont  50  mètres  de  lon¬ 
gueur,  sur  plus  de  30  mètres  de 
largeur,  avec  15  à  20  mètres  de  hau¬ 
teur12.  La  figure  4995  donne  le  plan 
de  cavités  faites  par  les  Étrusques 
dans  la  mine  de  Campiglia  (Toscane, 

(10  millimètres  =  80  mètres)  permet  déjuger  de 
portance  de  ces  travaux  i3.  On  voit  sur  la  ligm 
coupe  de  vastes  chambres  analogues  creusées  dans  ■ 
filon  Saint-Denis  aux  mines  de  Pontgibaud  (Puy-M 


l’échelle  du  dessin 
im-1 

On  voit  sur  la  figure  4996  la 


Dôme)11. 

Il  arrivait  souvent  que  la  teneur  du  minerai. 


dans  toute 


l'étendue  du  gîte,  n’était  pas  partout  la  même  :  le 
rai  par  place  est  riche  ou  pauvre.  D’autre  par  , 

vent 


silé  d’éviter  des  éboulements  là  même  où  1<  s 


oitc  u.  c  vitcu  .  couve 

doivent  devenir  très  considérables  s  imposai  ^ 

aux  mineurs.  Aussi,  pour  l’une  ou  1  autre  ®  C  ,,abatage 
les  voit-on  employer  fréquemment la  1  tiellement 
dite  par  piliers  et  galeries.  Elle  consis  e  e^  ^  minerai 
à  ménager  de  distance  en  distance  des  pin  s  cavitM 
qui,  massifs  et  trapus,  soutiennent  le  toi 


des  Mines,  1858,  p.  570  ;  voir 
sq.  —  10  Burat,  Tr 


570;  vo.r  pl.  vin,  fig-  *■  -  —  .  m£}ra»x 

i-aité  du  gisement  et  de  l  expt°  .v0  «  Tarin,  Ope 

Paris,  1859,  11,  p.  101.  -  fl  Ardaillon,  O.  c.  p.  139.  ^  ^  ^  inn  Uin  1 

p  321-322.  —  13  Simonin,  Ibid.  p.  568,  pl.  vin,  ’g- 
1892,  p.  442,  pl.  xix. 


_  9  Gonzalvo  y 


Tarin,  Op-  «<•  P\ 


•267  . 


utiles. 


,desM‘neS’ 1 


MET 


—  1857  — 


MET 


ilplir  en  atleinl  souvent  8  et  JO  mètres.  Il  va  sans 

I  9  {l cil*  I  v  Ol 

ci  le  minerai  était  de  bonne  teneur,  les  anciens 

dire  (|  ne»  1  j 

bornaient  à  laisser  en  place  le  nombre  de  piliers 
C  il  lement  indispensables,  et  les  taillaient  de  préférence 
j!  ies  parties  les  plus  pauvres  du  gisement.  Ce  sont 

- *-  N 


ces  piliers  que  les  anciens  désignaient  sous  le  nom  de 
pjoxpivsïî  ou  opgot,  foi'tiices1.  Les  Romains,  aussi  bien 
que  les  Grecs  au  Laurion  2  et  les  Étrusques  3,  ont  appli¬ 
qué  ce  système  dans  leurs  mines  d’Espagne  4  et  de 
Gaule.  La  figure  4997  représente  le  plan  d’une  grande 
galerie  des  mines  d’Alloue  (Charente),  exploitées  pour  la 


galène  argentifère  5  :  on  y  voit  le  dessin  des  piliers 
laissés  par  les  mineurs  pour  soutenir  le  toit  de  leur 
galerie;  ils  sont  ici  très  irrégulièrement  répartis  et  les 
dimensions  en  sont  très  variables. 

Mais  les  gîtes  se  présentent  fréquemment  sous  forme 
de  veines  minces  6  d’épaisseur  très  inégale  et  de  direction 
très  changeante.  Les  anciens  les  poursuivaient  dans  tous 
les  sens  par  des  galeries  étroites,  qui  vont  et  viennent  à 
droite  ou  à  gauche,  montent  et  descendent  au  gré  des 
mille  plissements  du  terrain  et  des  caprices  des  liions. 
On  a  alors  des  mines  à  plan  extrêmement  confus,  de  véri¬ 
tables  labyrinthes,  sans  étages  déterminés,  dont  les  cor¬ 
ridors  tortueux  (nXctyiaç  xx'c  <tx&Xixç  otaotjcretç)  prennent 
exactement  les  proportions  de  la  veine  minéralisée,  et 
changentàchaque  instant  de  grandeur  et  d’orientation  1 . 

Les  mineurs  antiques  ont  également  pratiqué  l’exploi¬ 
tation  par  remblais  et  par  éboulements.  Le  premier 
procédé  était  fréquemment  employé  au  Laurion,  en 
Espagne,  en  Gaule  8.  11  consistait,  dans  les  grands  amas 
attaqués  par  leur  partie  inférieure,  à  entasser  sous  les 
pieds  des  ouvriers  les  déblais  stériles,  de  manière  à 
surélever  progressivement  le  sol  et  à  leur  permettre 
d’atteindre  le  minerai  placé  au-dessus  de  leur  tête. 
Souvent  aussi,  dans  les  gîtes  minces  interstratifiés,  ces 


Fig.  4997.  —  Mine  avec  piliers  de  soutien. 


remblais  étaient  déposés  dans  les  galeries  abandonnées 
pour  soutenir  le  toit  de  la  mine.  Le  second  système 
nous  est  décrit  par  Pline  comme  l’un  des  moyens  usités 
dans  les  mines  d’or  d’Espagne  9,  et  les  exploitations 
conduites  de  la  sorte  portaient  le  nom  d 'arrugiae.  Les 
mineurs  creusaient  de  longues  galeries,  qu’ils  étayaient 
pardespiliers  laissés  déplacé  en  place (furnices).  Lorsque 
le  travail  était  suffisamment  avancé,  on  procédait  à 
1  abatage  des  piliers  en  commençant  par  les  plus  éloignés 
de  1  orifice  de  la  mine  ( ab  ultimo  caedunt ),  et  l’on  pro¬ 
voquait  ainsi  des  effondrements  successifs  dans  le  gise¬ 
ment.  \1  aide  de  plusieurs  étages  de  galeries,  on  pouvait 
ainsi  amener  l’effondrement  de  collines  entières.  11  restait 
ensuite  à  extraire  le  minerai  par  des  moyens  particuliers, 
(lue  nous  expliquerons  plus  loin.  En  résumé,  Grecs  et 
Itomains  avaient  imaginé  la  plupart  des  méthodes  dont 
ea  trouve  aujourd’hui  la  description  dans  les  traités 
f  1  M'Ioitation  des  mines,  et  il  est  curieux  de  constater 
*lue  les  différences,  que  l’on  pourrait  relever  entre  les 
an,iens  et  les  modernes,  sont  le  plus  souvent  peu 
'^portantes  ,0. 

gitans  tous  ces  travaux,  qu’il  s’agît  de  forer  un  puits, 
Cleuser  une  galerie,  d’abattre  du  minerai,  les  ouvriers 


antiques  se  servaient  de  la  pointerolle,  de  la  masse,  du 
pic.  Dans  les  roches  dures,  ils  essayaient  de  profiter  des 
cassures  naturelles  pour  y  enfoncer  la  pointe  de  leurs 
outils,  et  briser  l’obstacle  plus  facilement.  Le  front  de 
taille  était-il  compact  et  sans  lignes  de  délit,  ils  s’y 
prenaient  d’une  autre  manière  :  ils  pratiquaient  ce  qu’on 
appelle  des  rigoles  d'isolement,  c’est-à-dire  des  entailles 
horizontales  ou  verticales,  larges  et  profondes  de  10  à 
12  centimètres  ;  ces  rainures  faites,  il  était  aisé  de  faire 
tomber  à  coups  de  pointerolle  la  roche  qui  se  présentait 
alors  en  saillie.  Les  vestiges  de  ces  rigoles  se  voient 
encore  dans  beaucoup  de  galeries  inachevées  du  Laurion 1 1 . 
Lorsque  la  roche  avait  une  résistance  particulière,  comme 
les  filons  de  quartz  ou  certains  granits  par  exemple, 
les  anciens  usaient  de  moyens  plus  puissants  pour  en 
venir  à  bout.  Pline  nous  dit  que  les  Romains  en  Espagne 
attaquaient  les  fronts  de  taille  à  coup  de  béliers  armés  de 
150  livres  de  fer  (49  kilos  environ12).  Ils  employaient  égale¬ 
ment  le  feu.  On  sait  qu’en  chauffant  vivement  la  surface 
d'une  roche,  et  en  faisant  arriver  dessus,  brusquement, 
un  courant  d’eau  froide,  on  arrive  par  ce  refroidissement 
subit  à  provoquer  une  désagrégation  des  molécules.  Le 
marteau  et  le  pic  en  ont  ensuite  aisément  raison.  On  a 


Vf/  87  ;  Vil,  98  ;  Bekker,  Anecd.gr.,  I,  p.  205  ;  Pbot.  s.  v  Mi«o>;iveî;  ; 

Sj"f'  oraL  D/c.  34;  plin.  XXXIII,  70.  —  i  Ardaillon,  O.  c.  p.  54-55. 
Manè("""n'"’  °P-  cit-  P-  570.  —  4  Cf.  Plin.  XXXIII,  70  sq.  -  3  De  Cressac  et 
"“llimcli',.1”  CleS  ^*l>es'  *830,  I,  p.  174,  pl.  iv.  L'échelle  du  dessin  est  d'environ  1 
ou  ,  -1' jUr  *  mêtre'  Uaubrée,  lien.  arch.  1881,  I,  p.  207.  —  6  C’étaient  les 

Lucr,  V|  p  venae  :  Xen.  Vect.  1,5;  Diod.  11,30;  V,  37;  Hesych.  s.  i>.  ; 

V,  36, 5  A  d  ;.  GiC’  IVat'  de°r'  n’  60’  151  ’  Pün-XXXm,  68.  —  7  Diod.  III,  12,  5; 

ai  'on>  c.  p.  47  ;  cf.  de  Crcssac  et  Manës,  Ann.  des  Mines ,  1830,  I, 


pl.  v  ;  dessin  de  galeries  antiques;  Daubrée,  O.  c.  p.  263,  273-274.  —  8  Gonzalvo  y 
Tarin,  O.  c.  p.  41  ;  Ardaillou,  p.  45  ;  Daubrée,  L.  c.  —  9  pljn.  XXXIII,  70  sq. 
Les  anciens  distinguaient  ces  mines  proprement  dites  (Zfu<nüjuytT*,  aurifodinac ) 
des  lavages  d'alluvions  aurifères  (xçuiroicWffw)  :  Strab.  111,  2,  8-10;  Plin.  XXXIII. 
66.  —  10  Cf.  par  ex.  le  texle  de  Pline,  XXXUI,  70  sq.  avec  Durai,  Op.  cit.  Il,  p. 
96,  et  ce  que  nous  savons  des  mines  antiques  avec  la  description  des  mines 
d'Espagne  donnée  par  Pernollet,  Ann.  des  Mines,  1846,  IX,  p.  35  sq.  ;  1840,  X, 
p.  317,  333,  etc.  —  U  Ardaillon,  laurion,  p.  24-25.  —  12  Plin.  XXXIII,  71. 


MET 


—  1858  — 


MET 


trouvé  au  Laurion  des  traces  de  ce  procédé  1  ;  Diodore 
dit  qu'il  était  pratiqué  en  Égypte,  et  Pline  en  fait  mention 
à  propos  des  mines  d'Espagne  2.  Dans  un  grand  nombre 
de  mines  des  Gaules,  on  a  signalé  les  traces  évidentes  de 
l’abatage  par  le  feu  3.  Pline  ajoute  que  les  mineurs 
faisaient  aussi  usage  du  vinaigre  :  silices  igni  et  acelo 
rumpunt.  S'il  est  certain  que  le  vinaigre  attaque  les 
roches  calcaires,  et  que  les  anciens  savaient  profiter  de 
ces  réactions  chimiques  d’ailleurs  très  lentes,  c’était 
surtout  l'action  réfrigérante  du  liquide  versé  sur  la  pierre 
incandescente  qui  en  déterminait  la  désagrégation4. 

Les  Romains  avaient  enfin  imaginé  l’exploitation 
hydraulique  pour  extraire  l'or  aussi  bien  des  masses  dont 
ils  avaient  provoqué  l’éboulement  que  des  alluvions  auri¬ 
fères  (iLiggoç  -/pucrtTK,  arena  aurifera)  \  Pline  la  décrit 
avec  beaucoup  de  précision  6.  Il  s’agit  d’amener  sur  les 
amas  plus  ou  moins  meubles  que  l’on  a  préparés  des 
jets  d'eau  très  puissants,  dont  l’action  mécanique 
entraîne  pierres,  sables,  argiles  et  met  à  nu  les  pépites 
du  précieux  métal.  On  recueillait  l'eau  sur  des  points 
élevés  :  sur  le  sommet  des  montagnes,  on  creusait  des 
réservoirs  ( piscinae )  de  deux  cents  pieds  de  longueur  et 
de  largeur,  sur  dix  pieds  de  profondeur  (59  mètres  sur 
3  mètres),  qui  avaient  une  capacité  de  plus  de  10000  mètres 
cubes.  On  y  ménageait  cinq  trous  d’échappement,  de 
80  centimètres  carrés  de  section,  et  chaque  fois  que  le 
réservoir  était  plein,  on  faisait  sauter  les  bondes  ( excussis 
obturamentis),  et  le  torrent  d’eau  s’échappait  avec  force. 
Pour  l'amener  sur  les  lieux,  on  établissait  sur  de  très 
longues  distances  des  canaux  appelés  corrugia  ' .  Un 
point  capital  consistait  à  ménager  partout  à  l’eau  une 
pente  régulière  et  continue,  assez  rapide  pour  que  1  eau 
se  précipitât  plutôt  qu  elle  ne  coulât.  Il  fallait  aussi 
veiller  à  ce  que  l’eau  fût  pure  ;  pour  cela,  on  la  filtrait  en 
la  faisant  passer  à  travers  des  graviers,  sans  doute  avant 
de  l’admettre  dans  les  réservoirs.  Le  torrent  ainsi  conduit 
arrive  avec  une  force  telle  qu’il  déplace  les  blocs  de 
rochers  et  a  vite  fait  de  déblayer  les  amas  sur  lesquels  on 
le  dirige  à  volonté.  Mais  si  le  labeur  nécessaire  pour 
conduire  l’eau  aux  mines  d’or  est  considérable,  il  ne  l’est 
pas  moins,  lorsqu’il  s’agit  d’assurer  l’écoulement  de 
cette  eau,  avec  les  matières  solides  et  les  parcelles  d  or 
qu’elle  entraîne.  On  creusait  de  nouveaux  canaux  [agogae) 
qu’il  fallait  amener  jusqu’à  la  mer  ou  à  un  cours  d’eau  : 
de  distance  en  distance  on  les  barrait  avec  des  fascines 
d’ulex,  sorte  de  genêt  épineux  qui  ralentissait  le  courant 
et  retenait  les  paillettes  d'or.  On  reconnaîtra  aisément 
dans  ces  procédés  le  système  d’exploitation  hydraulique 
employé  de  nos  jours  en  Californie,  et  qui  a  fait  1  admi¬ 
ration  des  observateurs  par  la  puissance  des  effets  qu  elle 
peut  produire.  Les  expressions  de  Pline  n  ont  rien 
d'exagéré,  quand  il  dit  que  ce  sont  des  collines  entières 
que  les  mineurs  arrivent  araser  en  quelques  instants  8. 

Soutènement .  —  Dans  tous  les  travaux  de  mines,  les 
éboulements  sont  à  craindre,  elles  anciens  avaient  a  s  en 
préoccuper.  Ils  les  évitaient  d’abord  en  donnant  a  leuis 
galeries  et  à  leurs  puits  de  très  petites  sections.  Mais 

1  Ardaillon,  O.  c.  p.  48.  -  2  Diod.  III,  12  4;  Plin.  XXXUI,  71.  -  3  Daubrée, 
/lev.  arcli.  1881 , 1,  p.  207,  212,214, 267  ;  27 1 ,  cf.  Léger,  Travaux  publiés  au  temps  des 
Romains,  p.693.  —  4  Berthelot,  Chimie  au  moyen  Age,  I,  p.  370-380.  J  Herod. 
111.  102;  Poil.  III,  87;  VII,  97;  Plin.  IV,  H  5.  Le  minerai  aurifère  se  sedit  iné/jw,  ■(¥„ 
teîlus  àurosa  :  Plat.  Rep.  III,  p.  415  E;  Plin.  XXXIII,  67.  -6  Plin.  XXXIII,  74-77  ; 
cf  Strab.  III,  2,  8-0.  —  7  Des  restes  d'aqueducs  romains  destinés  à  cet  usage  sub¬ 
sistent  sur  plus  de  deux  lieues  à  Ablaneda,  près  Oviedo  (Asturies),  «  tous  trois  ad- 


dans  les  vastes  amas  minéralisés,  qu'ils  étaient  ■ 

vider,  il  fallait  d’autres  précautions.  Nous  —  <Un<'nés  à 


8  avons  vu 


qu'ils 


pare- 
r avaux  do,  ce 


s.f 

Fig.  4998.  —  Bois 
de  soutènement. 


ménageaient,  pour  soutenir  le  toitdes  cavités,  depuis* 
piliers  dans  les  parties  les  plus  pauvres  du’  minerlni8 
recouraient  encore  soit  à  des  muraillements  en 
sèche,  soit  à  un  véritable  boisage.  Le  premier  pS 
consistait  à  élever  avec  les  fragments  les  plus  gros  de 
déblais,  tantôt  des  piliers  qui  étayaient  le  toit  du  gi  J 
tantôt  des  murs  épais  qui  retenaient  en  place  les  ’ 
ments  des  filons.  On  voit  fréquemment  des  tr 
genre  dans  les  mines  antiques  9.  Le  se¬ 
cond  procédé  était  plus  coûteux  et  par 
suite  plus  rarement  employé.  On  a 
retrouvé  dans  des  galeries  du  Laurion 
des  fragments  de  bois  (fig.  4998)  qui 
ont  manifestement  servi  à  boiser  des 
passages  dangereux  10.  Deux  montants 
solides  s’ajustaient  en  queue  d’aronde 
avec  le  chapeau  ou  linteau  du  cadre.  Les 
pièces  ainsi  assemblées  étaient  calées 
dans  des  entailles  de  la  roche,  et  maintenaient  à  la  fois 
le  toit  et  les  parements  des  galeries.  On  peut  voir  la 
disposition  de  ces  cadres  de  bois  dans  une  galerie 
romaine  d’Espagne11  que  représente  la  figure  5000.  Des 
traces  de  boisage  ont  été  également  relevés  en  Ëtrurie, 
en  Gaule12.  Ce  sontles  piliers  de  bois  (ligneae columnae) 
dont  parle  Pline13. 

Aérage.  —  Il  est  clair  que  dans  les  mines  antiques, 
avec  leurs  puits  profonds,  avec  leurs  galeries  étroites  et 
tortueuses,  la  respiration  des  hommes,  la  fumée  cl  la 
chaleur  des  lampes,  l’abatage  par  le  feu,  les  poussières 
de  minerai  avaient  vite  fait  de  vicier  1  air  qui  pouvait  y  i 
pénétrer  par  les  orifices  de  la  surface  :  de  là  nécessite  d  un 
aérage  artificiel.  Pline  dit  que  lorsqu  on  creuse  un  puits, 
l’air  devient  malsain  par  le  seul  fait  de  la  profondeur,  etj 
qu’on  remédie  à  cet  inconvénient  par  une  ventilation  que 
l'on  produit  en  agitant  continuellement  des  linges u. 
Mais  nous  ignorons  les  dispositions  de  détail  pUsi  I,,U1S 
dans  ce  cas  par  les  anciens.  Au  Laurion,  ils  établissait  n 
dans  certains  puits  une  cloison  verticale  qui  les  "  lial 
en  deux  parties  égales  de  haut  en  bas;  la  cloison  e  ai 
percée  à  sa  partie  inférieure  :  de  la  sorte,  e  Pji 
dessinait  les  deux  branches  d’un  siphon,  dont  i  e 
facile  d’allonger  une  des  extrémités  par  une  c  îei 
supplémentaire15.  Pour  arriver  à  un  résu  ta  an/*  0  . 
on  forait  des  puits  jumeaux,  dont  la  paroi  nu  *  ^ 

était  percée  à  hauteur  convenable  de  trous  «  e 
nication  :  il  suffisait  d’allumer  un  feu  dans  un 
pour  déterminer  dans  celui-ci  une  ascension  ‘ 
et  dans  le  puits  voisin  un  appel  d’am  fr°'  • 
système,  assez  rare  au  Laurion,  que  les  1  us  ^ 

Romains  ont  suivi  de  préférence,  comme  on  c  |& 

ment  sur  les  plans  de  mines  dont  on.  ‘1^  on  egsayait 


C’est  ce 
et  les 


représentation.  Pour  l’ensemble  delà  mine, '  Afférents 
d’établir  les  puits  à  des  niveaux  sensl  en“  ne  sUffisait 
afin  d’obtenir  un  courant  d’air  naturel,  fc i  ce  c  anUiné 
point,  on  avait  recours  au  tirage  loice. 

mirablcmenl  tracés  et  souvent  taillés  dans  un  gramt  U  e*dl(l  g  cf_  la  description  de 
Bull.  Soc.  géol.  France,  1849-1850,2'  série,  ,  P-  •  des  Mines,  I8’"'  . 

Pline  avec  celle  de  Sauvage,  Exploit,  hydraulique  de  < .  Q  e.  p.  *U  :  J 

p.  1  —  9  Simonin,  Ann.  des  Mines,  1858,  Ann.  *  * 

Haillon,  Op.  cil.  p.  55.  -  «  Ardaillon,  O  c.  P-  «•  404.__  t2  Simon*,  ^ 

nés,  1846,  IX, p.  67-68  et  notesiSiret  AnrtiopJ  -  -P  0.  c.  P- 

p.  569.  -  13  Plin.  XXXUI,  68.  -  «  Id.  XXXI,  49. 


MET 


—  1859  — 


MET 


Les  roues  élévatoires  [machina]  étaient  encore  plus 
efficaces.  Les  figures  5000  et  5001  montrent  le  plan  et  la 
coupe  de  deux  paires  de  roues  trouvées  en  place  à 
Tliarsis  (province  d’ifuelva,  Espagne),  et  dans  la  même 
galerie  il  y  avait  encore  trois  autres  paires  7 .  Chacune 
d’elles  avait  4  m.  28  de  diamètre,  et  entre  chaque 
couple  une  différence  de  niveau  de  3  m.  20.  Aux  mines 
de  San  Domingo  (Portugal),  on  en  a  découvert  quatorze 
paires  qui  relevaient  l’eau  à  une  hauteur  totale  de 
44  mètres8.  On  voit  aux  figures  5002  et  5003  les  détails 
de  structure  et  de  montage  de  ces  roues.  Entièrement 
construites  en  bois,  elles  sont  du  second  type  de  tympa- 
num  décrit  par  Vitruve  9.  Les  auges  ou  godets  ( modioli ), 
au  nombre  de  vingt-deux,  sontplacées  sur  la  circonférence 
de  la  roue,  qui  tournait  (fig.  500-4)  dans  le  sens  des 
aiguilles  d’une  montre.  A  la  hauteur  du  tiers  supérieur, 
on  plaçait  un  caniveau  dans  lequel  chaque  godet  déver¬ 
sait  l’eau,  lorsqu’il  était  parvenu  au  haut  de  sa  course, 
par  suite  de  l’inclinaison  de  quelques  degrés  donnée  au 
plan  vertical  de  l’appareil.  Roues  et  vis  d’Archimède 
étaient  mus  à  la  main  par  des  ouvriers  qui  les  faisaient 
tourner  jour  et  nuit l0.  On  amenait  ainsi  les  eaux  des  étages 
inférieurs  dans  des  galeries  d'écoulement,  qui  par  une 
pente  bien  ménagée  les  conduisaient  au  dehors  de  la 
mine.  On  a  souvent  retrouvé  ces  galeries,  dont  quelques- 
unes  ont  une  très  grande  longueur". 

Triage  et  extraction.  —  Le  minerai  abattu  dans  les 

chantiers 
étaitrecueilli 
par  les  ou¬ 
vriers.  Avant 
d’être  trans¬ 
porté  à  la 
surface  ,  il 
était  soumis 
à  un  premier 
triage  ;  tous 
les  morceaux 
de  minerai 
trop  pauvre, 
les  débris  de 
roche  et  de 
gangue 
étaient  lais¬ 
sés  dans  la 
mine  pour 
divers  be¬ 
soins  de  l’ex- 
ploitation 
(remblayage, 
soutènement, 
aérage).  Le 
reste  ,  ra  - 
massé  dans 

des  paniers,  était  porté  au  dehors  de  la  mine  par  les 
galeries  et  les  puits.  L’extraction  se  faisait  soit  à  dos 
d’homme*2,  soit  au  moyen  de  légères  machines  éléva- 


|(|  du  puits  dont  l’orifice  était  à  la  plus  haute  alti- 
al1  '  .,[ | irai t  l’air  qui  pénétrait  par  les  puits  à  cote  plus 
tut*e’ * *  3  passe.  Au  moyen  de  portes  appelées  <Ja>ya- 
TT  ii  yiiycx1,  qu’on  laissait  ouvertes  ou  fermées, 
on  dirigeait  l’air  dans  le  circuit  voulu.  On 
avait  soin  de  boucher  avec  des  déblais  les 
galeries  inutiles2.  Mais  il  n’est  pas  [douteux 
qu’en  dépit  de  ces  dispositions  variées,  de  la 
multiplicité  des  puits,  l’aérage  des  mines  an¬ 
tiques  restait  très  défectueux,  et  les  auteurs 
l’affirment  à  maintes  reprises  3. 

Épuisement  des  eaux.  —  Les  mineurs 
avaient  encore  à  redouter  des  venues  d’eau 
qui  inondaient  leurs  travaux  :  si  elles  étaient 
peu  abondantes,  on  pouvait  les  épuiser  au 
moyen  de  vases  en  terre  cuite  qu’on  se  pas¬ 
sait  demain  en  main, comme  cela  se  pratique 
encore  de  nos  jours  en  Sicile,  ou  de  paniers 

en  sparte  goudronnés,  d’une  contenance  de 
100  à  150  litres,  comme  ceux  que  l’on  a  re¬ 
trouvés  à  Carthagène  Mais  il  y  avait  lieu 
souvent  d’employer  des  appareils  beaucoup 
plus  puissants,  et  l’on  a  découvert  dans  des 
mines  romaines  d’Espagne  des  machines 
Fig. 4999.— vis  d’épuisement  fort  ingénieuses  :  ce  sont  soit 
dA"1""1  jeg  vjg  d’Archimède  (xoyXia,  coc/itea),  soit  des 
roues  élévatoires  ( lympanum ,  rota).  La  vis  d’Archimède, 
que  repré¬ 
sente  la  fi¬ 
gure  4999,  a 
été  trouvée 
dans  la  pro- 
vinced’Huel- 
va,  aux  mi¬ 
nes  de  la  Co- 
ronada,  avec 
deux  autres 
semblables5. 

Elles  avaient 

3  m.  GO  de 

longueur  sur 

0  m.  48  de 
diamètre  in¬ 
térieur,  et  le 
conduit  spi- 
raloïde  par 
°ù  s’élevait 
'eau  avait 
0  m.  13  de 
largeur  et  de 
Profondeur  : 
elles  étaient 
^0nc  capa- 
blesde  débi- 

&6r  Une  assez  grande  quantité  d’eau.  Placés  les  uns 

essus  des  autres,  ces  trois  appareils  élevaient  l’eau 

|  111  hauteur  de  10  mètres  environ  [cochlea]  6. 


22.  2  g!'  !<jn'  -4  !  Anecd.  gr .  ;  Bekker,  I,  p.  307;  Etym.  Magn.  p.  819, 

Plut,  (’0m)  l0n'11’  c*  P-  570;  Ardaillon,  L.  c.  —  3  Xen.  Comm.  IM,  0,  12; 
fiev.  .  Nlc‘  Crass-  <  ;  Lucr.  VI,  808  ;  Lucan.  IV,  298.  —  «■  Daubrée, 
Ï  Tarin  o  ’  a<!  Launay,  Ann.  des  Mines ,  1899,  p.  22.  —  3  Gonzalvo 

®  (d'am,!  n  *'  ^  °*  P*'  11  >  CL  Siret,  Antlirop.  1892,  p.  404.  —  9  Strab.  III, 
’s  osl|Tonius)  ;  Diod.  I,  34  ;  V,  37  ;  Vitr.  X,  G  ;  cf.  Blümner,  Technol.  IV, 


p.  123  sq.  —  7  Gonzalvo  y  Tarin,  Op.  cil.  p.  331-333,  pi.  m-v.  —  8  Daubrée,  Rev. 
arc  h.  1868,  I,  p.  299.  L  une  de  ces  roues  figure  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers 
de  Paris.  -  9  Vitr.  X,  4,  3.  —10  Pliu.  XXXUI,  97.  -  11  Schulz  et  Paillette,  Bull. 
Soc.  gêol.  France ,  1849-1850,  p.  19;  Daubrée,  Bev.  arch.  18G8,  I,  p.  302:  1881, 
p.  216  ;  Gonzalvo  y  Tarin,  O.  c.  p.  267,  351,  393,  etc.  —  12  Diod.  III,  13;  Plin.’ 
XXXIII,  71  ;  Poil.  VU,  100  ;  X,  149. 


MET 


—  1860  — 


MET 


toires,  qui  faisaient  monter  et  descendre  des  bennes. 
On  peut  s'en  faire  une  idée  par  un  bas-relief  représen¬ 
tant  les  travaux  de  dessèchement  du  lac  Fucin1.  Le  pre¬ 
mier  moyen  était  certainement  le  plus  répandu.  Le 
second  n'est  pas  mentionné  par  les  textes,  mais  on  a 
relevé  des  indices 


sions  d’admiration  de  Posidonius,  de  Diodor 
Pline3.  '  011  tle 


Carrières ,  MéxaÀXa,  metalla fi,  Xaxojju'ai  1 

j  • _ n  "xt _  _  .  '  i  m 


i -  ,  XtOoTOUltKj  8 

lapicidinae 9.  —  Nous  avons  déjà  vu  mip  w  1  .’  ’ 

a  -.ni  -  ,  .  1  e  les  anciens 

donnaient  a  leurs  carrières  le  meme  nom  qu’’  \ 


certains  de  son  em¬ 
ploi  en  diverses  mi¬ 
nes2. 

Telles  sont  dans 
leurs  traits  es  sentis 
les  méthodes  d’ex  - 
ploitation  des  mines 
grecques  et  romai¬ 
nes.  Il  reste  à  dire 
que  l’ensemble  de  ces 
travaux  miniers  est 
très  considérable,  et 
quelques  chiffres  en 
donneront  une  idée. 
Au  Laurion,  les  Athé¬ 
niens  ont  foré  plus 
de  deux  mille  puits, 
et  l’on  y  connaît  en¬ 
viron  120  à  150  kilo¬ 
mètres  de  galeries 
anciennes.  En  Espa 


Fig.  5002.  FiS-  5003- 

Détails  de  la  machine  à  épuiser  l'eau. 


m>nes,  et  ils  avaientL 
raison.  En  effet,  ils  I 
exploitaient  le  mar-  I 
bre  et  le  calcaire,  le  ] 
granit,  le  porphyre  I 
ou  le  tuf,  en  suivant 
les  mêmes  méthodes  I 
que  dans  la  poursuite 
des  minerais  :  c’était 
soit  par  grandes  ex¬ 
cavations  à  ciel  ou-  ; 
vert,  soit  par  galeries 
et  piliers. 

Le  plus  bel  exem-  ! 
pie  que  l’on  puisse 
citer  de  carrières  à 
ciel  ouvert  est  celui 
des  carrières  du  mont 
Pentélique,  en  Atti- 
que.  Il  y  a  là,  étagées 
sur  le  flanc  sud-ouest 
de  la  montagne,  jus- 


gne,  dans  la  province  de  Huelva,  on  a  compté  aux  mines 
de  Larza,  huit  cents  puits  jumeaux,  d  une  profondeur 
de  20  à  100  mètres,  et  mesuré  une  galerie  de  1  800  mè¬ 
tres  de  longueur.  Aux  mines  de  Rio  linto,  les  treize  gale¬ 
ries  principales  ont  un 


qu’à  1  000  mètres  environ  d’altitude,  vingt-cinq  carrières 
antiques.  Ce  sont  de  grandes  excavations  entaillées  ver¬ 
ticalement  dans  les  bancs  de  marbre,  et  le  front  de  taille 
y  atteint  jusqu’à  30  mètres  de  hauteur.  Elles  s’ouvrent 

toutes  du  même  côté,  sur 


développement  total  de 
7  kilomètres  et  l’une 
d’elles  à  elle  seule  mesure 
plus  de  2  kilomètres  ;  il  y 
a  là  un  millier  de  puits3. 
C’est  par  millions  de  mè¬ 
tres  cubes  qu’il  faut  comp¬ 
ter  la  quantité  de  minerai 
que  les  Romains  ont  ex¬ 
traite  de  leurs  exploita¬ 
tions  dans  ce  groupe  mi¬ 
nier.  A  la  mine  de  Thar- 
sis,  on  estime,  d'après  le 
cube  des  scories  trouvées 
sur  le  terrain,  à  165  000 
mètres  cubes  de  cuivre 
pur  la  masse  de  métal 
obtenue  par  les  anciens. 
Une  exploitation  d’étain 
d’Asturie  dénote  un  cu¬ 
bage  de  plus  de  4  mil- 


^  j* 


la  route  dallée  ou  chemin  j 

de  glissage  qui  descendait 

vers  le  dème  Pentélé.  On 
estime  à  plus  de  100 000 
mètres  cubes  la  quantité 
de  marbre  extraite  de  ces 
belles  exploitations  10l 
Celles,  non  moins  célè¬ 
bres,  de  Carystos  en  Eu- 
bée,  de  Crocées  en  Laco¬ 
nie,  de  Syracuse  : 

Simittu  (Chemtou)  en  Tu¬ 
nisie,  de  Luna  en  Italie, 
de  Synnada  en  Phrygi®, 
du  Mons  Claudianus  en 
Égypte,  avaient  en  tou 
ou  en  partie  le  même  as-' 
pect  général.  Mais  > 
avait  aussi  des  carne 

souterraines,  de  venta 

mines  par  conséquent,  » 


lions  de  mètres  cubes  de  matières  extraites  .  Et  si  Ion 
songe  aux  centaines  de  gisements  exploités  par  les  Grecs 
et  par  les  Romains,  on  ne  s’étonnera  plus  des  expres- 


Fig.  500t.  —  Fonctionnement  de  la  roue  à  auges. 

Paros,  à  Gortyne,  à  Chemtou,  etc.  Dans  1  de  pan 

la  montaene  de  Marpessa,  s’ouvrent  es  0  g  de 

sont  les  entrées  des  exp 


l  Geffroy,  Rev.  arc/i.  1878,  2,  pl.  mi;  machina,  fig.  4750.  —  *  Daubrée,  L.  I.  et 
1881,  1,  p.  207,  210  ;  Ardaillon,  Laurion ,  p.  57.  —  3  Gonzalvo  y  Tarin,  O.  c.  p. 
267  sq.  ;  393-394.  —  4  Schulz  et  Paillette,  L.  c.  —  5  Posid.  ap.  Slrab.  III,  2,  9  ; 
Plin.  XXXill,  70;  Diod.  V,  36.  —  6  Strab.  IX,  t,  23  ;  Stat.  Silv.  1,5,36;  11,1, 
83.  —  7  plat.  Epist.  2,  p.  314E;  Slrab.  IV,  1,  6;  VIII,  5,  7,  etc.;  Athen.  1, 
p  6  F;  Anth.  Palat.  XI,  253  ;  2;  C.  mscr.  gr.  5033.  On  trouve  aussi  X«opîa  : 
Strab.  V,  3,  10  ;  X,  1 ,  6,  etc.  ;  C.  ».  gr.  2032,  2043.  -  »  Herod.  II,  8  et  124,  clc.  ; 
Xcn  Uell.  1,  2,  14;  Theop.  Lap.  6;  Ael.  Var.  Hisl.  XII,  44;  Paus.  1,  18,  9. 


et  des  Nymphes  :  ce 


I  aussi  :  Plaut.  1 

formes  lapidicidinae,  lapidicinac  se  rencon  ie  ^  g# 

,  I,  13,  23;  Plin.  III,  30;  XXXVI,  57;  Vite.  II,  7»  *  •  .  7ÎÎ; 

_ _  Innidariae  :  Plaut.  Poen.  817,  C  , 


—  9  Les 
Cic.  Div, 

encore  lautumiae ,  latomiae  lapidariae 


lius  et  de  Waclismulh  sur  Athènes. 


plaut.  Cepl-  !,ii’ 
On  trouve 

Cic.  Yerr. 

.817;  o«F“  '  Marmoli 

V,  57  ;  Liv.  XXVI,  27.-  1«  Ross,  Das  Pentelikon  bex^^h  allé  Theilejfl 
bruche ,  Kunstblatt,  1837,  n-  2-4  (Berlm);  Griech.  Marm»rstM\ 

Kônigreichs  Griechenland,  I,  p.  29  sq. ,  •  •  ]3-l4.  Ouvrage5  <  1 

Abhandl.  d.  Akad.  d.Wissenscliaften  zu  ^a(lt  Syrakus ,  P-  3i  sq' 


MET 


—  1801 


MET 


C’est  ici  que  l’on  coupait  le  marbre  Lychnitis, 
bancs  ont  de  2  à  4  mètres  de  puissance.  Ces 


inclinées  en  moyenne  de  30°  vers 
je  la  montagne.  Les  galeries,  qui  ont  leurs 
200  mètres  d’altitude,  les  poursuivent  en  pro- 


fcarbre  '• 
dont  les 
couches  sont 
l’intérieur^ 

0l  ll|'  ni  jusqu’à  140  ou  120  mètres  au-dessus  du  niveau 
1  '  |i((ir  gjjeg  s’élargissent  en  grandes  chambres,  dont 
^  [oil'cst  soutenu  par  des  piliers  taillés  dans  la  roche 
,  °'>  ^ur  ies  parois,  se  voient  encore  les  petites  niches 
nUvriers  plaçaient  les  lampes  qui  les  éclairaient 
°emluit  leur  travail 2.  Les  carrières  de  Gortyne  ont  un 
P  and  développement  [labyrintiius]  :  elles  s’ouvrent 
au  sommet  d’une  colline,  dont  les  bancs  plon- 


très  gr 

presque 


»entde  quelques  degrés  vers  l’intérieur.  Le  plan  en  est 
jrès  compliqué,  comme  on  peut  le  voir  par  le  relevé  de 
Sieber.  Chambres  et  galeries  sont  protégées  contre  les 
Roulements  par  de  larges  piliers  laissés  en  place  dans  le 
calcaire 3.  De  même,  les  carrières  de  Chemtou  se  com¬ 
posent  d’une  série  de  salles  et  de  galeries  creusées  dans 
le  massif  même  et  recevant  le  jour  par  des  ouvertures 
pratiquées  soit  dans  les  voûtes,  soit  dans  les  parois  4. 

Les  procédés  d’abatage  différaient  un  peu  de  ceux  que 
l’on  employait  dans  les  mines,  parce  qu’il  s’agissait 
d’obtenir  de  grands  blocs  de  pierre  au  lieu  de  menus 
fragments.  Dans  les  carrières  de  marbre  comme  dans 
celles  de  granit  ou  de  porphyre,  les  anciens  procédaient 
par  tailles  en  gradins,  et  ces  gradins  étaient  droits  ou 
inclinés  selon  la  position  naturelle  des  bancs.  Mais  dans 
les  marbres,  le  travail  était  plus  facile,  parce  que  cette 
roche  a  un  plan  de  stratification,  suivant  lequel  il  est  aisé 
de  fendre  les  bancs,  et  aussi  offre  souvent  des  lignes  de 
cassures  perpendiculaires  au  plan  de  stratification.  Aussi, 
lorsque  les  carriers  avaient  mis  à  nu  le  banc  qu’ils 
reconnaissaient  propre  à  fournir  de  beaux  blocs,  ils  iso¬ 
laient  le  morceau  qu’ils  voulaient  abattre  au  moyen  de 
trois  entailles.  L’une  est  parallèle  à  la  face  antérieure  du 
banc,  lesdeuxautres  limitentles  petits  côtés  dubloc.  Elles 
étaient  creusées  au  pic  ou  au  ciseau,  et  au  fond  de  ces 
rigoles,  un  certain  nombre  de  trous  étaient  préparés  pour 
recevoir  des  coins.  Puis  par  des  efforts  simultanés,  en 
agissant  sur  tous  les  coins  à  la  fois,  on  arrivait  à  déta¬ 
cher  les  trois  faces  adhérentes.  Dans  les  roches  éruptives, 
sans  stratification,  sans  cassures,  il  fallait  en  outre  creu¬ 
ser  une  rigole  selon  la  face  inférieure,  et  la  besogne  était 
beaucoup  plus  rude.  C’est  par  cette  méthode,  dite  mé¬ 
thode  à  la  trace,  dont  les  vestiges  évidents  se  montrent 
Pans  lfl  plupart  des  carrières  antiques,  que  les  Grecs  et 
les  Romains  parvenaient  à  extraire  les  immenses  pierres 
h  appareil  ou  les  monolithes  dont  on  admire  encore  les 
énormes  dimensions  3.  Quelquefois  ils  profitaient  de  la 
“oindre  résistance  des  roches  qui  supportaient  le  banc  à 
1  er  Pour  creuser  en  dessous  et  le  mettre  en  sur- 
J°mb;  be  détachement  des  blocs  était  par  là  même  faci- 
• 1  est  ce  que  l’on  observe  aux  carrières  de  Scyros6. 


Tous  les  voyageurs  ont  constaté  que  Jes  anciens  ne  se 
contentaient  pas  d’extraire  de  leurs  carrières  des  blocs 
bruts,  mais  qu’ils  préparaient  dans  l’abatage  la  forme 
générale  des  colonnes,  des  tambours  de  colonnes,  des 
chapiteaux,  voire  même  des  statues.  De  pareils  morceaux 
se  retrouvent  partout  abandonnés.  L’Apollon  colossal  de 
Naxos  git  encore  près  des  bancs  dont  il  fut  extrait  7.  Au 
Mons  Claudinnus ,  en  Égypte,  on  voit  une  colonne  de 
18  mètres  de  longueur,  avecun  diamètre  de  2  m.  00,  et 
d’autres  de  fi,  8  et  9  mètres  8.  Ainsi  à  l’extraction  des 
blocs  s’ajoutait  le  travail  de  dégrossissement.  Celui-ci  se 
faisait  non  seulement  au  ciseau  et  au  marteau,  mais 
encore  à  la  scie.  Cet  instrument  dut  être  employé  de 
bonne  heure  pour  couper  à  la  longueur  voulue  les  grands 
morceaux  de  marbre  et  plus  tard  on  s’en  servit  pour 
débiter  des  tablettes  qui  servaient  à  l’ornement  des 
murs.  La  scie  (XiOoirpfarr-q;  Trpiwv,  serra)  9  n’était  pas  une 
scie  à  dents,  car  celle-ci  ne  fut  jamais  employée  que 
pour  couper  des  roches  très  tendres  comme  les  tufs10. 
Pour  les  marbres  comme  pour  le  granit  et  le  porphyre,  la 
scie  était  une  lame  longue  et  fine,  qui,  selon  la  remarque 
de  Pline,  n’entamait  pas  par  elle-même  la  roche,  mais 
l’usait  par  le  frottement  incessant  des  grains  de  sable 
qu’elle  déplaçait  dans  la  rainure  à  chacun  de  ses  mou¬ 
vements  11  Dans  les  carrières  du  Felsberg,  on  en  a 
retrouvé  une  qui  avait  4  m.  oOde  longueur  et  4 millimètres 
d’épaisseur12.  Le  sable  préféré  était  le  sable  d’Éthiopie 
( arena  aethiopica );  celui  de  Naxos,  c’est-à-dire  l’émeri, 
avait  le  défaut  de  faire  une  tranche  trop  raboteuse,  de 
même  que  le  sable  de  Coptos  et  le  sable  indien13. 

L’enlèvement  et  le  transport  des  blocs  nécessitaient  des 
dispositions  que  les  anciens  savaient  prendre  avec  beau¬ 
coup  d’habileté.  Leurs  exploitations  étaient  générale¬ 
ment  établies  sur  le  flanc  d’escarpements.  Ils  ménageaient 
des  rampes  et  des  plans  inclinés,  dont  les  traces  sont 
visibles  en  beaucoup  d’endroits u.  On  a  retrouvé,  par 
exemple,  dans  des  carrières  de  Sardaigne,  des  colonnes 
de  granit  prêtes  à  rouler  sur  des  plans  inclinés  qui 
conduisaient  au  bord  de  la  mer,  retenues  par  des 
pieux  en  fer  profondément  fichés  dans  le  sol13.  Les 
blocs  étaient  déplacés  sur  des  rouleaux  de  bois,  sou¬ 
levés  par  des  machines  (piTjyocvr,  ÀiOaywyôç) IS,  retenus 
par  des  câbles  s’enroulant  autour  de  pieux  ou  de  piliers 
de  roches  laissés  en  place17,  placés  enfin  sur  des  chars 
spéciaux18  dont  les  roues  traçaient  à  la  longue  de  pro¬ 
fondes  ornières. 

Tels  sont  les  principaux  procédés  spéciaux  à  l’art 
d’exploiter  les  carrières  (XiOoupytx-q)  *9,  où  les  Grecs  et  les 
Romains  étaient  passés  maîtres.  Chacune  d’elles  consti¬ 
tuait  donc  un  organe  assez  compliqué  :  chez  les  Romains, 
chacune  comprenait  un  certain  nombre  de  chantiers  [ offi - 
cinae ),  qui  se  subdivisaient  eux-mêmes  en  sections  ( loci 
ou  brachia )  ;  les  officinae  avaient  un  nom  propre  qui  les 
distinguait  les  unes  des  autres;  les  brachia  avaient  un 


Itcri-  ^'^elreisen,  I,  p.  50  ;  Ficdler,  Op.  cit.  II,  p.  184  sq.;  Bruzza, 

P-  M8  sM  <k|"  marm*  9rezzi  (Ann.  d.  Inst,  di  corr.  arch.  1870,  XLII, 
P- 4SI  , 1  Lepsius,  Op.  cit.  p.  44;  cf.  Bursian,  Geogr.  von  Griechcnland,  II, 
jHcchiJi  '  'llmncri  Teclinol.  III,  p.  72:  Philippson,  Beitnige  zur  Kenntnis  der 
B0ni  7,lse/!«*  (Pet.  Mitth.  Ergheft ,  n«  134,  1901,  p.  09).  —  2  De  là  le 
Alhcn  V  (  U(  marbre  (Xugvt-rviç,  XtOo;)  :  Plin.  XXXVI,  ii  (d’après  Vairon); 

^btnàeh'  Hcsi'ch-  s-  v ■  Aujpuoç  ;  cf.  Bliimncr,  III,  p.  33.—  3  Sieber, 

II,  p.  y  s  11  ,llsel  Kreta,  I,  p.  510  ;  Hoecli,  Krcta,  1,  p.  447  sq.  :  Spratt,  Travels, 
Cri ;C|  |  ' '  '  *  r‘frot,  lie  de  Crète ,  p.  98;  Raulin,  Bcscr.  physique  de  Vile  de 
^6  L  !;,,/•  **  s“  —  4  Ch.  Tissot,  Géogr.  de  l'Afrique  romaine,  II,  p.  278. 
"lci  Descr.  de  l'Égypte,  III,  p.  442  (Paris,  1821);  Schweinfurth, 

VL 


Die  Steinbrüclie  am  Afons  Claudianus  ( Zeitsch .  Ges.  fur  Erdkunde  zu  Berlin, 
XXXII,  1897,  p.  1-22);  Fiedler-Lepsius,  L.  c.  ;  Ch.  Tissot,  Op.  cit.  I,  p.  266  ; 
Léger,  Trav.  publics  des  Bomains,  p.  704  sq.  ;  Blümner,  Technol.  111,  p.  74 
sq.  —  6  Ficdler,  Op.  cit.  il,  p.  74  sq.  ;  Bruzza,  Op.  cit.  p.  151  sq.  —  7  Ross, 
Inselreisen,  I,  p.  34  sq.  ;  Lepsius,  O.  c.  p.  52.  —  8  Schweinfurth,  Op.  cit. 
p.  16-19.  —  9  Poil.  X,  148.  —  10  Vitr.  Il,  7,  1  ;  Pliu.  XXXVI,  159.  —  n  Plin. 
XXXVI,  51  sq.  —  12  A.  v.  Cohausen  et  E.  Woerucr,  Boni.  Steinbrüche  auf 
dem  Felsberg  a.  d.  Bergstrasse,  Darmstadt,  1876,  p.  31,  fig.  11-16;  cf.  Forrcr, 
Anthrop.  1899,  p.  339.— 13  Plin.  L.  c.  —  14  Lepsius,  Op.  cit.  p.  1 3  ;  Schweinfurth! 
Op.  cit.  p.  20.  —  is  Léger,  Op.cit.  p.  704.  —  16  Poil.  X,  148.  —  17  Schweinfurth, 
L.  c.  —  13  Vitr.  X  5  sq.;  cf.  Bliimner,  III,  p.  129  sq.  —  19  Suid.  s.  v.  AtOou^ncj. 

234 


MET 


1 862  — 


numéro  d’ordre1.  Le  personnel,  nous  le  verrons  plus 
loin,  était  également  divisé  en  plusieurs  catégories. 

Traitement  métallurgique  des  minerais.  —  Il  nous 
reste  à  indiquer  brièvement,  car  nous  ne  savons  que  peu 
de  chose  sur  ce  sujet,  comment  les  anciens  traitaient 
les  divers  minerais  pour  en  extraire  le  métal  brut.  Les 
diverses  opérations  métallurgiques  se  faisaient  dans  des 
usines  ou  ateliers  (Ipyaimfipia,  of(icinae) 2  situés  géné¬ 
ralement  dans  le  voisinage  immédiat  des  mines,  comme 
le  prouvent  les  amas  de  scories  que  l’on  retrouve  partout 
sur  le  terrain  des  exploitations. 

Le  travail,  pour  tous  les  minerais,  se  divise  en  deux 
séries  d’opérations  :  d’une  part,  le  broyage  et  le  lavage  ; 
d  autre  part,  la  fusion.  Les  morceaux  de  minerai,  recueillis 
dans  la  mine,  sont  accompagnés  de  substances  étran¬ 
gères  qui  empêchent  de  les  porter  immédiatement  aux 
fouis  de  fusion.  Il  fallait  donc  leur  faire  subir  une  cer¬ 
taine  préparation.  On  y  parvient  d  abord  par  un  broyage 
approprié  à  chaque  nature  de  minerai  :  les  uns  étaient 
réduits  en  graviers,  les  autres  en  poudre  fine.  Un  lavage 
bien  conduit,  grâce  au  poids  différent  de  chaque  corps, 
permet  ensuite  de  chasser  les  matières  impures,  plus 
légères  que  les  parcelles  métalliques.  Telles  sont  les 
opérations  énumérées  par  les  textes  :  quod  effossum  est 
tunditur ,  molitur  in  farinam,  lavatur ,  uritur  3. 

Grecs  et  Romains  se  servaient  pour  le  broyage  des 

minerais  de  mortiers  et  de 
meules.  Les  mortiers  (àyysîa 
Xt'Giva,  oXfAoi  Ae'Gtvot)  *,  en  forme 
d’auges  ou  Me  dés  à  coudre, 
ont  des  parois  épaisses,  un 
fond  arrondi,  et  sont  taillés 
dans  des  roches  très  dures  8 
(fig.  5005  6).  Le  pilon  (üîrepoç) 
était  généralement  en  fer 

_ _  La  meule  (p.uÀoç,  mola)  res- 

Fig.  5003.  -  Mortier  à  broyage.  semble  aux  meules  à  farine 

retrouvées  à  Pompéi  :  elle  se 
compose  d’un  noyau  central  en  forme  de  tronc  de  cône, 
fixe,  autour  duquel  vient  tourner  à  distance  variable  un 
anneau  de  pierre,  mo¬ 
bile,  évasé  en  forme 
d’entonnoir.  Des  bar¬ 
res  (xoj7tat)  permet¬ 
taient  de  mettre  l’an¬ 
neau  en  mouvement  : 
le  frottement  de  l’an¬ 
neau  contre  le  noyau 
réduit  le  minerai  en 
poussière  de  la  gros¬ 
seur  voulue.  La  figure 
5006  reproduit  une 
meule  du  Laurion  8, 
et  la  figure  5007  repré¬ 
sente  le  fond  d’une 
meule  plus  petite  trou¬ 
vée  dans  une  mine  ro¬ 
maine  de  1  Aude  \  Ces  meules  étaient,  comme  les  mor- 

\  Monceaux,  Butl-  Soc.  Antigu.  France,  1900,  p.  325  sq.  (Bibliographie). 

—  Dcmostb.  XXXVII,  4  et  25  ;  Aeseh.  I,  101,  I21;Vitr.  VII,  8,  2;  Plin.  XXXIV, 

l2vv?,wü'  Strab'  2'  8;  Di0d-  ln-  12  :  «fat..»,  «vjltiv  ;  Plin. 

Theoph  Lap.  XIII,  58;  Diod.  III,  13.  —  5  Daubrée,  lieu.  arch. 
1881,  I,  p.  212.  —  d  Ardaillon,  Laurion,  p.6l.  —  7  Diod.  III,  13.  —  8  Ardaillon, 

Op.  cit.  p.  61-62.  —  9  Daubrée,  Op.  cit.  p.  271,  fig.  15.  —  10  [d.  Ibid.  p.  269, 


MET 

tiers,  taillées  dans  les  roches  les  nh.«  ,i 
vait  rencontrer,  granit,  tachyte  quarllT  <IUel’0n  pon- 
cesdeux  appareils,  le  minerai  étai  rédui u  "  Avec 

i  (y>  v  â  vdonté  à  la 


gner 
de 


grosseur  d’un  grain  de  millet  (xÉY/Pù- 
1  habitude  de  dési- 
sous  le  nom 
xey/pEibv  l’endroit 
où  l’on  manœuvrait 
pilons  et  mortiers 
et  par  suite  l’atelier 
tout  entier11.  Aga- 
tharchide  dit  que 
dans  les  mines  d’or 
d’Égypte  on  com¬ 
mençait  par  piler 
les  quartz  aurifères 
à  la  grosseur  d’un 
grain  de  vesce 
ôpdSou  t b  (zsysG o;)  et 


et  de 


«  était 


venue 


500C,  —  Meule  à  broyer. 


& 


J? -S. 

Fig.  50ü7.  —  Meule  romaine. 


Fig.  5008.  —  Laverie  du  Laurium. 


qu’on  les  pulvérisait  ensuite  à  la  meule  comme  une 
t  une  de  froment  (et;  <7£p.i8xXsoi;  Tp^ov) 12. 

Le  minerai  ainsi  préparé  passait  au  lavage 

wXw«“,  lav<*re“).  Les  appareils  de  lavage  ne  sont  biel 
connus  qu’au  Laurion,  où  l’on  a 
retrouvé  par  centaines  les  lave- 
lies  antiques  (xeyypeciv,  xocGotpto-- 
xViptov)  u.  La  figure’  5008  repré¬ 
sente  le  plan  et  les  coupes  d’un 
appareil  de  ce  genre18,  qui  se 
compose  d’un  réservoir,  d’une 
aire  inclinée,  d’un  circuit  de  ca¬ 
naux  et  de  bassins  de  décantation, 
et  d’une  aire  de  séchage.  Le  ré¬ 
servoir,  surélevé  au-dessus  de 
tout  le  reste,  laisse  échapper  par 
quelques  petits  orifices  l’eau  qui  vient  arroser  faire  in¬ 
clinée  ou  table  de  lavage,  sur  laquelle  on  a  préalable¬ 
ment  étendu  le  minerai  broyé.  L’eau  s’y  étale  et  se  jette 
dans  un  canal  en  entraînant  avec  elle  toutes  les  particules 
légères,  graviers,  sables,  etc.,  passe  ensuite  par  une  série 

de  bassins  pour  s’y  dé¬ 
canter,  avant  d’être  re¬ 
prise  et  rejetée  dans  le 
réservoir.  Dans  cette 
opération,  la  plus 
grande  partiedu  mine¬ 
rai  (parcelles  lourdes) 
demeure  sur  la  table 
de  lavage.  On  recueille 
d’ailleurs  -  les  boues 
qui  se  sont  déposées 
dans  les  canaux  et 
dans  les  bassins,  pour 
les  relaver  de  nou¬ 
veau  :  c’étaient  ces  . 
boues  que  les  Romains 
désignaient 

Pour  arriver  à  un  meillem 

Bekker,  AnecÀ 


Je 


nom  de  rutramina  11 


sous 

ir  résul 


271,  273,  etc.  —  U  Demoslh.  XXXVII,  28;  Harpocr.  s.  v.  K.yjcffa*.  -  ^  - 

gr.  p.  271  ;  Poil.  VII,  90.  —  12  Agatli.  Geog.  gracci  min.  Muller  ,  P-  -  ^ 
Diod.  III,  13  ;  cf.  Plin.  XXXIII,  69  ;  in  farinam  molitur.  —  13  ‘  l0Cjj)  ^  ^  ,|p 
Corp.  inscr.  lat.  11,2,  5181,  1.  48;  Plin.  L.  c.  -  H  Voir  textes i  t  e  ^  ^  J 
—  Ardaillon,  Laurion,  p.  63,  fig.  20.  — 16  C.  i.  I.  II,  -■  8I81,  '  p  u(i. 

lait  avecuno  espèce  de  pelle,  appelée  rutrum  :  Agricola,  De  i  e  nu  ta 


MET 


—  1863  — 


MET 


anCiens  passaient  au  crible  (™X a;,  xôaxivoç)  1 
Ut’  11  "  ■  tie  la  table  de  lavage  les  minerais  pilés  et 
11111,1  ""ri  renouvelaient  cinq  fois  l’opération  com- 
l,r0-’  j  g  laveries,  suivant  les  éfTets  que  les  métal- 
pkt0  '  s  "  voulaient  obtenir,  étaient  construites  sur  des 
lurg'^  .  è  variables  :  les  unes  ont  20  mètres  de 
■  rl  d’autres  de  4  à  5  mètres.  Le  réservoir,  les  orifices 
écoulement  y  sont  placés  plus  ou  moins  haut  au-dessus 


de  la  table  de  lavage,  dont  l’inclinaison  change  aussi  de 
l’une  à  l’autre.  On  remarque  que  dans  les  ateliers  du 
Laurion,  il  y  a  toujours  à  côté  l’une  de  1  autre  deux  ou 
trois  laveries  destinées  chacune  à  laver  un  minerai  de 
grosseur  différente.  Chaque  groupe  a  ses  citernes  où  1  on 
recueillait  l’eau  nécessaire  au  travail.  Laveries  et  citernes 
sont  de  préférence  installées  dans  les  vallées  et  dans  les 
ravins,  c’est-à-dire  sur  les  points  où  les  eaux  de  pluie  se 


Citerne  a  murs 


réunissent  naturellement;  de  là,  de  longues  fdes  d’ate¬ 
liers  qui  ont  plusieurs  centaines  de  mètres  de  développe¬ 
ment,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  figure  5009 3. 

En  Italie,  en  Sardaigne,  en  Espagne,  les  vestiges  de 
semblables  ateliers  sont  très  rares:  cela  tient  à  ce  qu  ils 
ont  été  depuis  des  siècles  recouverts  par  un  manteau 
(faillirions,  de  déblais,  de  scories,  que  les  ouvriers  lais¬ 
saient  sur  place  Les  anciens  avaient  imaginé  d’autres 
appareils.  Diodore  rapporte,  d’après  Agatharchide,  que 

G?  ^  ^  ^  H3  cr3- 

<  ■  •  ........  .  .  —  ^  ,r,z/cc.4-  _  ...  ;  ...  ......  ...........  »*'!> 

Fig.  5010.  — *  Table  à  lavage. 


tas  ouvriers  des  mines  d’Égypte  étendaient  le  minerai 
broyé  et  moulu  sur  des  planches  larges  et  un  peu  incli¬ 
nées,  qu'ils  y  faisaient  arriver  un  courant  d’eau  qui 
entraînait  les  matières  terreuses,  tandis  que  l’or  plus 
pesant  reste  B.  Ce  sont  là  de  véritables  tables  dormantes  : 
ta  figure  5010  représente  un  appareil  de  cette  espèce,  ren- 
conlré  dans  les  mines  antiques  de  Seix  (Ariège)  :  «  C’est 
nne  charpente  en  madriers  de  chêne  très  épais,  de  4  mètres 
de  longueur  sur  1  m.  10  de  largeur0.  » 

Le  minerai,  ainsi  enrichi  par  le  lavage,  était  ensuite 
tandu  pour  produire  le  métal  brut.  Pour  tous  les  métaux, 
^opérations  métallurgiques  étaient  àpeu  près  les  mêmes. 
n  Couvera  à  l’article  ferrum  de  nombreux  renseigne¬ 


J(  l’“11-  Vll>  97  ;  X,  149.—  2  Strab.  III,  2,  10.  —  3  Ardaillon,  Op.  cit.  p.  G8-74. 
il,,  |  im°nin’  ^ nn ■  des  Mines,  1858,  p.  573-575;  Daubrée,  Op.  cit.  p.  273,  333 
cj(  "a""ay.  Ann.  des  Mines,  1892,  p.  519.  —  5  Diod.  III,  14.  —  «  Daubrée,  Op. 
;  •p.2Gi)._'î  Herod.  I,  93  ;  III,  94,  etc.;  Strab.  III,  2,  8  ;  IV,  6,12;  Plin. XXXIII, 
I-c  mot  4-^naTa  désignait  aussi  des  lingots,  par  ex.  dans  l’inventaire  du 


ments  sur  la  métallurgie  du  fer.  Nous  signalerons  ici  les 
particularités  de  la  métallurgie  des  autres  métaux. 

L’or  natif,  trouvé  sous  forme  de  pépites  (7cxXat ,palagae, 
palaccirnae ,  ^-qYptava,  baluces )  \  n’était  pas  fondu.  Mais 
on  le  rencontrait  souvent  sous  forme  de  veines  et  de 
veinules  dans  le  quartz  et  d’autres  roches  ( aurum  cana- 
licium ,  canaliense ) 8.  Celui-là  avait  besoin  d’être  broyé, 
moulu,  lavé,  fondu.  On  le  fondait  même  deux  fois  (l’-j/eiv, 
à<pé(j/6tv,  coquere ,  conflare)  9.  La  première  fusion  était 
faite  au  feu  de  paille,  dans  un  four  dont  nous  ignorons 
les  dispositions10.  La  seconde  opération. était  une  cou¬ 
pellation,  exécutée  dans  des  creusets  de  terre,  dite  lasco- 
nium 11 ,  et  destinée  à  séparer  de  l'or  les  corps  étrangers 
qui  l’accompagnaient.  Dans  cette  fusion,  on  mêlait  à  1  or 
pour  le  purifier  du  plomb,  de  l’alun,  selon  un  procédé 
dont  Diodore  fait  mention  '2.  On  obtenait  ainsi  de  l’or  dit 
ypusiov  oëpuÇov,  a7tetp0ov,  àx'/jpaxov,  t lUt'Utn  obrusatuni , 
obrussa ,  c’est-à-dire  de  l’or  pur  et  sans  alliage13.  Les 
anciens  semblent  avoir  connu  également  le  traitement 
de  l’or  par  le  mercure,  ou  amalgamation.  Pline  le  décrit 
en  ces  termes  :  «  Toutes  les  matières  surnagent  dans  le 
mercure,  excepté  l’or  qui  est  le  seul  corps  qu’il  attire  à 
soi  ;  aussi  est-il  excellent  pour  l’isoler.  On  le  secoue  vive¬ 
ment  dans  des  vases  de  terre  avec  ce  métal,  et  il  en  rejette 
toutes  les  impuretés.  Pour  le  séparer  lui-même  de  l’or, 
on  le  verse  dans  des  sacs  de  peau  souple  :  le  mercure 
passe  à  travers  les  pores  du  cuir,  et  laisse  l’or  dans  toute 


trésor  sacré  de  Délos  :  Bull.  corr.  hell.  VI,  p.  38.  —  8  plin,  XXXIII,  68.  —  9  Strab. 
IV,  6,  12;  Virg.  Aen.  VIII,  624.  —  10  Strab.  III,  2,  8  ;  Plin.  XXXIII,  60  et  94. 
—  il  Plin.  Ibid.  69.  —  12  Diod.  14;  Plin.  XXXIII,  60;  XXXV,  183.  —  13  Herod.  1, 
50;  II,  44;  Thuc.  Il,  13  et  Schol .  ;  Poil.  VII,  97;  Plin.  L.  c.  ;  Suet.  Ner.  44;  cf. 
Blümncr,  IV,  p.  130  sq.  ;  Babçlon,  Traité  des  monnaies  r/r.  et  rom.  I,  p.  883  sq. 


MET  _ 

sa  pureté  »  Il  y  a  loin  de  ce  procédé  primitif  à  l’opé¬ 
ration  moderne  de  l’amalgamation,  mais  le  principe  était 
le  meme.  Les  anciens  ont  dû  l’employer  rarement,  étant 
donnée  la  rareté  relative  du  mercure  2. 

Le  plomb  argentifère  passait  par  deux  opérations.  La 
première  lusion  du  minerai  se  faisait  dans  des  fours 
(jfôavoç,  xotjttvoç,  fornax,  caminus)  3  dont  on  a  retrouvé 
des  vestiges  en  plus  d’un  endroit.  Au  Laurion,  c’étaient 
des  fours  à  manche  très  peu  élevés,  de  forme  ronde  et 
d’environ  un  mètre  de  diamètre  ;  ils  étaient  construits  avec 
des  roches  réfractaires  et  peu  fusibles,  micaschistes  et 
trachytes  4.  On  en  a  découvert  d’autres  de  type  analogue 
en  Angleterre,  en  France,  en  Sardaigne6.  En  Espagne, 
au  Rio  Tinto  (province  d’Huelva),  on  apercevait  au 
X'  ii  siècle  de  nombreuses  ruines  de  fours,  qui  pouvaient 
contenir  une  assez  forte  quantité  de  minerai 6.  Strabon 
nous  apprend  qu’on  leur  donnait  une  grande  élévation, 
pour  que  la  fumée,  qui  se  dégage  et  qui  de  sa  nature  est 
lourde  et  délétère,  se  puisse  dissiper  plus  aisément  '. 
Au  sortir  de  ces  fours,  on  retirait  le  plomb  d’œuvre  qui 
contenait  encore  l’argent.  La  coupellation  avait  pour 
objet  de  séparer  les  deux  métaux.  On  se  servait  pour 
cela  de  véritables  coupelles,  qui  absorbaient  l’oxyde  de 
plomb  (litharge)  et  laissaient  l’argent  libre  8.  La  litharge 
revivifiée,  passée  au  four  avec  du  charbon,  donnait  le 
plomb  marchand  (plumbum  nigrum)9. 

Les  minerais  de  cuivre  étaient  traités  de  la  même 


manière  que  la  galène  argentifère.  La  pyrite  était  fondue 
dans  des  fours  analogues  à  celui  que  représentent  les 


Fig.  5012.  —  Coupe  du  four. 


ligures  5011  et  5012  et  qui  a  été  retrouvé  en  Espagne,  aux 
mines  de  Tharsis10.  En  Élrurie,  on  rencontre  encore  çàet 
là,  sous  les  scories,  des  débris  de  pierres  réfractaires  .qui 
composaient  les  fourneaux1*.  Le  résultat  de  cette  première 
fonte  était  non  du  cuivre  pur,  mais  un  métal  contenant 


1864-  — 


MET 


qui  le  rendaient  cassant.  On  procédait  *  h 
lusion,  et  pour  rendre  la  coulée  plus  farill  Seconde 
minerai  du  plomb  métallique  en  prono, V-  11  mêlait  au 
La  métallurgie  de  l’étain  était  encore  ! T*  dC“'inies’ 
Pline  la  décrit  ainsi  :  «  Le  minerai  e  t  p  USv  SlraPlen. 
de  terre,  de  couleur  noire;...  les  minei  *  à  fleur 
et  calcinent  le  dépôt  dans  nn  fourneau  72 

suffit  de  le  réduire  par  une  calcination  avec  du  ch  n 
dans  le  four  le  plus  grossier  -harbon 

On  voit  que  toutes  ces  opérations  métall„rgiques  se 


ressemblaient  beaucoup  pour  tous  les  métaux.  Les  fours 
étaient  presque  toujours  construits  sur  l’un  des  types 
décrits  à  l’article  ferrum.  On  les  flanquait  de  tuyères  en 
terre  cuite  (fig.  5013) 1  \  pour  produire  par  une  ventilation 
artificielle  une  oxydation  dans  la  masse  en  fusion.  Le 
combustible  employé  pour  le  cuivre,  pour  le  fer,  pour  le 
plomb,  était  de  préférence  le  bois  de  pin,  si  commun  sur 
les  bords  de  la  Méditerranée16,  et  l’on  sait  que  les  forêts 
de  l’ile  de  Chypre  avaient  été  détruites  pour  les  besoins 
des  fonderies  de  cuivre  16.  En  Ëtrurie,  on  employait  le 
bois  de  chêne  ou  de  châtaignier  n.  Enfin  l’usage  des  fon¬ 
dants, c’est-à-dire  des  matières  propres  à  faciliter  la  fusion, 
était  répandu  partout,  àThasos,  au  Laurion,  en  Espagne18; 
nous  avons  cité  plusieurs  textes  qui  en  font  foi.  * 
Les  résultats  de  cette  métallurgie  étaient  excellents,  à 
en  juger  par  l’analyse  des  scories.  Mais  il  convient  de 
distinguer  ici  les  deux  opérations  de  fusion  qui  se  succé¬ 
daient,  car  les  anciens  n’apportaient  pas  à  l’une  et  à 
l’autre  le  même  soin  et  la  même  attention.  Pour  le  traite¬ 
ment  du  plomb  argentifère,  par  exemple,  on  remarque 
au  Laurion,  en  Sardaigne,  en  Espagne10,  que  les  scories 
retiennent  de  12  à  30  p.  100  de  plomb  métallique,  soit 
un  tiers  de  perte  dans  certains  cas.  Cela  tenait  sans  doute 
à  des  procédés  imparfaits,  à  une  fusion  incomplète,  à  un 
écumage  trop  hâtif  des  scories;  mais  il  est  légitime  de 
penser  que  les  métallurgistes  grecs  et  romains  agissaient 
ainsi  à  dessein.  En  effet,  les  opérations  de  coupellation 
étaient  conduites  avec  une  rare  habileté,  car  les  lingots  ■ 
de  plomb  ne  retiennent  guère  que  de  1  à  19  grammes 
d’argent  pour  100  kilogrammes  de  plomb,  soit  au  maxi¬ 
mum  vingt  cent-millièmes  de  perte.  Il  en  était  de  même 
pour  le  cuivre20.  Il  est  donc  naturel  de  croire  que  c  est 
plutôt  par  négligence  volontaire  que  par  manque  de 
savoir-faire  de  la  part  des  ouvriers,  que  les  produits  de 
la  première  fonte  étaient  aussi  défectueux.  La  Prtine 
pourrait  encore  en  être  dans  le  fait  que  les  mêmes 
métallurgistes,  lorsque  certains  gisements  sappmuMi* 


1  Pim.  XXXIII,  99  (trad.  Littré).  —  2  Blünmer,  Teclin.  IV,  p.  133.  —  3  lliad. 
XVIII,  470;  Iles.  Theor/.  803  ;  Strab.  III,  2,  10;  Diosc.  111,84;  Plin.  VI, 
119;  XXXIII,  63;  XXXV,  35  [caminus,  founax],  —  4  Cordella,  Laurion,  p.  98. 

6  Blümner,  I\,  p.  151-152;  de  Launay,  Ann.  des  Mines,  1892,  p.  520 
—  6De  Launay,  Ibid.  1889,  XVI.p.  151-152.  —7  Strab.  III,  2,  8  ;  cf.  Xen.  Comm.  III,’ 
6,  12  ;  Plin.  XXXIV,  167.  —  8  Strab.  m,  2,  i0 .  |,|in.  XXXIII,  98  ;  Ardaillon,  Op.  cit. 
p.  82;  de  Launay,  ’bid.  1889,  p.  152.—  9  Léger,  Op.  cit.  p.  C98  et  714  ;  Ardaillon. 


Ibid.  p.  92.  On  a  trouvé  près  d’Alméria  (Espagne)  cinquante-deux  foui  s  de  cou 
—  10  Gonzalvo  y  Tarin,  Descr.  de  la  prou.  di  /lue Ica,  p.  40,  pb  ^  ^ 

Op.  cit.  p.  574-575  ;  Léger,  Op.  cit.  p.  7 19,  et  Atlas,  pL  vin,  fig-  -  f,  p||n 

XXXIV,  95-96.  —  13  Id.  XXXIV.  57.  —  H  Daubréc,  Op.  cit.  p.  342,  fig-  38. 

XXXIII,  94.  —  16  Strab.  XIV,  6,  5.  —  17  Simonin,  Op.  cit.  p-  578.  ^ 

Ann.  des  Mines ,  1889,  p.  152;  Ardaillon,  Laurion ,  p.  79.  19  _al 

p.  80-81  ;  de  Launay,  Ibid.  1892,  p.  520.  —  20  Simonin,  Op.  cit.  p-  ’• 


MET 


—  1 


saient, 

scories 

cesse 


trouvaiei 


3ni  avantageux  de  traiter  à  nouveau  les 
,s  izyZl on,  ox<op(*,  scoria)  laissées  par  leurs  prédé- 
i  .  c’cst  ce  qui  arriva  au  Laurion. 

Les  différents  métaux  ob¬ 
tenus  à  la  sortie  des  fours 
étaient  coulés  en  lingots  ou 
saumons  ( forma ,  lateres ), 
pour  être  livrés  au  com¬ 
merce.  Ces  lingots  ont  été 
retrouvés  en  très  grand  nom- 


rig.  5014.  -  Lingot  de  1er. 


bre  dans  tous 


les  districts  miniers  exploités  par  les  an¬ 


ciens.  Il  y  en  a 


de  toutes  les  formes,  de  toutes  les  gran¬ 
deurs.  Les 
_ o-ss - - >  saumons  de 


< . 


t - 0-/3 - » 

fig.  5015.  —  Lingot  de  plomb. 


fer  (fig.5014)2, 
de  cuivre,  de 
plomb,  dՎ 
tain  étaient 
en  général 
plus  gros  que 
les  lingots  de 
métal  pré  - 
cieux,  or  et  argent.  Les  saumons  de  plomb  du  Laurion 
pesaient  environ  15  kilogrammes,  et  chaque  fabricant  y 

imprimait  sa  marque  particu¬ 
lière  (fig.  5015)  3.  Ceux  d’Es¬ 
pagne  variaient  de  poids  au  gré 
des  fabricants  :  un  saumon  de 
Cartulo  pèse  24  livres  1/4  d'Es¬ 
pagne;  des  saumons  de  Car- 
thagène  pèsent  72  livres.  Les 
uns  portent  une  simple  mar¬ 
que  :  caducée,  cygne,  dauphin, 
gouvernail;  d’autres  portent  en 
outre  des  inscriptions  4.  En  Bretagne,  on  a  trouvé  entre 
autres  un  saumon  de  127  livres  5.  Les  saumons  de  cuivre 

sont  plus  rares.  On 
en  a  rencontré  en 
Sardaigne  (fig.  5016), 
en  Espagne,  en  Bre¬ 
tagne,  en  Ëtrurie6; 
ils  portaient  égale¬ 
ment  des  signes  va¬ 
riés.  On  ne  connaît  qu’un  petit  nombre  de  saumons  d’é¬ 
tain  :  on  en  a  découvert  en  Cornouailles,  et  la  figure  5017 


Fig.  5017.  —  Lingot  d'étain. 


865  —  MET 

montre  que,  selon  l’indication  des  anciens,  on  leur  don¬ 
nait  une  forme  propre  à  en  faciliter  le  transport  à  dos 
de  cheval7. 

Les  lingots  de  métaux  précieux,  plus  petits,  se  pré¬ 
sentent  en  général  sous 
forme  de  barres  apla¬ 
ties  au  marteau.  La 
figure  5018  représente 
un  lingot  d’argent  du 
Musée  de  Hanovre  ;  son 
poids  est  de  299  gram¬ 
mes  environ,  et  sa  lon¬ 
gueur  de  11  centimè¬ 
tres.  «  Sur  la  face  an¬ 
térieure,  quatre  estam¬ 
pilles  :  l’une  représente 
la  déesse  Rome,  entou¬ 
rée  de  la  légende  Urbs 
Borna  ;  la  seconde  figure 
trois  bustes  impériaux 
dontune  impératrice.... 

La  troisième  porte 
cand.  ( candidum  ar- 
gentum )  ;  la  quatrième 

Paul.  (. Paulus  ou  Paulinus )  8.  »  Une  monnaie  de  Da- 
mastium  porte  comme  type  de  revers  «  un  lingot  qua¬ 
drilatère  d’argent  muni  d’une  courroie  pour  être  trans¬ 
porté  à  la  main  9  »  (fig.  5019);  on  peut  en  rapprocher  la 
forme  de  celle  du  saumon  de  cuivre  reproduit  plus  haut 
(fig.  5016).  On  en  a  découvert  avec  ou  sans 
estampilles  un  peu  partout,  en  Égypte,  en 
Hanovre,  en  Angleterre'0. 

Les  lingots  d’or  ont  aussi  la  forme  de 
barres.  La  figure  5020  représente  un  lin¬ 
got  trouvé  à  Sirmium,  avec  quatorze  au¬ 
tres,  qui  pesaient  de  248  à  500  grammes. 

«  On  y  lit  à  gauche  :  Quirillus  et  Dionisus  Sir(mienses) 
sig(navenail)  ;  à  droite  :  Lucianus  Obr(gsum)  I  {primas) 
sig(navit) 11 .  Empreintes  de  trois  bustes  impériaux  diadè¬ 
mes,  avec  les  lettres  DDD  NNN  [Dominorum  nostrorum ), 
qui  sont  les  bustes  de  Gratien,  Valentinien  II  et  Valens. 
Empreinte  d’une  femme  assise,  tourelée,  la  Fortune, 
avec  Sir(mium)  en  exergue,  et  dans  le  champ  le  mono¬ 
gramme  du  Christ12.  » 

Personnel.  —  Chez  les  Grecs,  tous  les  ouvriers  occu- 


Fig.  5018.  —  Lingot  d'argent. 


Fig.  5019. 
Lingot  muni  d'une 
courroie. 


Fig.  5020.  —  Lingot  d'or  avec  estampilles. 


Pfs  dans  les  mines  portaient  le  nom  de  gsraXXsïç13.  A 
l'bh  de  cette  dénomination  générale,  il  y  avait  des  appel- 
1  '°ns  de  sens  plus  limité,  qui  désignaient  diverses 
ca  égories  d’ouvriers.  Le  mineur  proprement  dit  s’appe- 


ol'lu'^Y  1X,.1,23;  A,'ist-  Meteor.  IV,  6,  p.  383  B;  Poil.  VII,  99;  Plin.  XXXIII,  G9 
Ttchn’ol  iv  ' ’  e)c'  lrouve  aussi  xtSSoî ,  tçù;,  recrementum.  Cf.  Blümncr, 
(]g  ,..  '  '  !’•  Il®- — 2  Voir  feruum,  forma,  i.ateres. —  3  Ardaillon,  Op.  cit.  p.  118, 

l'i'scr'  ~  \  CorP-ins°r.  lat.  II,  3280  a;  3439;  6247;  cf.  Egger,  C.  rendus  Acad. 
V||  '>  P-  277;  Ephem.  Epigr.  VIII,  1898,  p.  480.  —  5  C.  i.  I. 

|)  |  Hübner,  Hbein.  Mus.  1857,  XII,  p.  347  sq.  ;  Corp.  inscr.  lat.  VII, 

hislur  saumons  d®  plomb  de  la  Gaule,  voir  Abbé  Cochet,  Seine-Inférieure 

"h-  p.  401  (Paris,  1806).  — 6  Perrot  et  Chipier,  Hist.  de  l'art ,  IV,  p.  99, 


lait  :  geTaXXsuT^ç  ou  StopÛTxwv  ;  les  porteurs  étaient  des 
SuXaxotpôpot  ;  les  fondeurs  étaient  les  xtSowvsç,  ou  xtSotoXoî1 1. 
Au-dessus  des  ouvriers,  il  y  avait  des  gardiens  (tpûXaxei;)  u, 
qui  stimulaient  les  ouvriers  paresseux,  prévenaient 

fig.  97,  d'après  Pais,  Bull.  arch.  Sardo ,  1884,  p.  149.  —  7  Diod.  V,  38  ;  cf.  Hübner, 
C.  i.  I.  Vil,  p.  220.  —  8  Babclon,  Op.  cit.  I,  p.  886-887,  fig.  16.  —  9  Ibid. 
p.  877,  fig.  13.  —  *0  C.  i.  I.  VII,  1196-1198.  —  11  Voir  plus  haut,  p.  1863,  pour  le 
sens  du  mot  obryzum.  —  12  Babelon,  Op.  cit.  p.  882-884  tBibliographie).  —  13  Plat. 
Leg.  III,  p.  678  D  ;  Poil.  VII,  97  ;  Harpocr.  s.  v.  MiWMuùç.  —  14  Poil .  VII,  99  ;  Ilar- 
pocr.  L.  c.  ;  Comic.  ait.  Fragm.  II,  p.  53  (éd.  Kock)  ;  Slrab.  IX,  2,  18;  Corp.  inscr. 
att.  Il,  3,  3260  6;  Hesych.  s.  v.  0uXaxo*ôpoi  ;  Pliot.  s.  v.  Ki68»vt;.  —  15  Posid.  ap. 
Allicn.  VI,  p.  272  e;  Diod.  III,  12,  3. 


MET 


—  1866  — 


émeutes  et  désertions.  Les  chefs  d’ateliers  étaient  appe¬ 
lés  £7rtaTàTat  ou  liurpoTtoi  1  :  c’est  tantôt  un  maître  mineur, 
qui  conduisait  les  recherches,  l’abatage,  l’extraction, 
b  tov  At'Qov  oiaxpivwv  ts/vit^ç  2  ;  tantôt  un  maître  fondeur, 
qui  préside  au  lavage  et  règle  la  marche  des  fours  :  c’est 
l’7)Ysp.wv  tou  èpYaemrjptou  ou  Tàp£txap.tveurrçç3.. 

Liiez  les  Romains,  les  ouvriers  des  mines  s’appelaien 
en  général  metallici \  metallarii-.  La  loi  du  Metallum 
Vipascense  nous  apprend  qu’il  y  avait  parmi  eux  des 
scaurarii  et  des  /latores.  Le  scaurarius  est  en  principe 
celui  qui  traite  les  seoriae ,  les  scories,  qui  d’après  la 
définition  de  Pline  sont  les  impuretés  à  rejeter  du  four 
dans  tout  travail  de  fusion.  Mais  il  est  clair  que  dans  le 
texte  de  l’inscription,  le  mot  est  pris  dans  un  sens  plus 
général;  le  scaurarius  est  celui  qui  est  chargé  des 
diverses  opérations  du  triage,  du  broyage,  du  lavage,  de 
la  fonte  :  il  traite  le  minerai  proprement  dit  ( scauriae ), 
le  menu  ( pulverem  ex  scaureis ),  les  boues  ou  résidus  de 
lavage  { rutramina ).  Les  / latores  sont  spécialement  char¬ 
gés  de  la  seconde  fonte  ou  coupellation6. 

Dans  les  carrières,  le  personnel  technique  se  compo¬ 
sait  d’abord  de  la  foule  des  ouvriers  qui  portaient  le 
nom  de  Xa.Top.ot  1  ou  XiOoToptot 8  C’étaient  les  artifices 
metallarii  ou  quadratorii,  les  lapicidinarii ,  les  servi 
a  lapiciclinis  des  Romains9.  11  y  avait  parmi  eux  des 
hommes  spécialement  chargés  du  déplacement  et  du 
transport  des  blocs  :  c’étaient  les  XtOayo oyot,  les  XtOouXxot  10 
des  scieurs  (icpiarof11,  sectores  serrarii,  serrarii  Au¬ 
guste  12).  Au-dessus  d’eux,  se  trouvent  divers  employés  : 
1°  1  ETnTpoTroç  XotToutwv,  OU  1  èpj£TzinTbtTy]i;  tou  Xaxop.too  13,  qui 
avait  pour  fonction  (sab  cura )  de  surveiller  soit  une 
carrière,  soit  un  chantier u.  Plus  tard  ils  portèrent  le 
nom  de  philosophie.  D’autres  étaient  désignés  pour 
diriger  la  taille  des  blocs  ( caesura ) 16  ;  2°  les  ingénieurs 
chargés  du  service  des  machines  de  transport  (àpytxéxTwv, 
àpyÎTsxToç,  machinarius) 17  ;  3°  les  agents  qui  acceptaient 
ou  refusaient  les  blocs  {probatores) i8. 

Le  personnel  des  mines  et  des  carrières  appartenait 
essentiellement  au  monde  servile,  chez  les  Grecs  comme 
chez  les  Romains.  En  Attique,  les  ouvriers  étaient  des 
esclaves,  et  les  épistates  étaient  de  même  condition  19. 
Ces  esclaves  étaient  soit  la  propriété  des  concessionnaires 
des  mines,  soit  celle  de  particuliers  qui  les  louaient  à  un 
concessionnaire.  Ce  n’est  pas  qu’il  n’y  ait  eu  au  Laurion 
des  hommes  libres  qui  travaillaient  de  leurs  propres 
mains  dans  leurs  concessions,  mais  on  ne  trouve  dans 
aucun  texte  trace  de  salariés20.  Chez  les  Romains,  à  côté 
des  esclaves,  on  employait  des  ouvriers  libres  et  embau¬ 
chés  ( mercenarii )21  par  des  entrepreneurs,  ou  bien  des 
condamnés22,  voire  même  des  soldats23.  Pendant  les 

1  Xen.  Oecon.  VII,  183  ;  XXI,  9;  Arist.  Oecon.  I,  5;  Poil.  VII,  83;  Galena. 
XIV,  p.  7  (éd.  Kiibn)  :  C.  i.  gr.  111,  4713.  —  2  Diod.  III,  12,  5.-3  Aescb. 

I,  7  ;  cf.  Milth.  Arch.  Inst.  At/ien,  1894,  p.  243.  —  4  Plin.  XXXIV,  137  ;  IH g. 
XL VIII,  19,  8,  8  ;  Ibid.  36.  —  6  Cod.  Theod.  X,  19,  15  ;  Cod.  Just.  XI,  7,  7.  —  6  C. 
i.  ait.  II,  2,  5181,  1.  46-48;  55-36.  Comment,  de  Hübner,  bibliographie.  —  7  Mot 
très  fréquent  dans  les  inscriptions  grecques;  Poil.  VII,  118  ;  Ilesych.  s.  v. 
l.aTop.05.  On  trouve  aussi  Wùnot  :  Eust.  Ad  lliad.  II,  319,  p.  230,  3.  —  8  Xen. 
Cyr.  III,  2,  11;  Poil.  L.  c.  On  rencontre  encore  c-*).r(çoupyot,  :  C.  i. 

gr.  III,  4528  é,  4705  i,  4716  d.  ■ —  9  Corp.  inscr.  lat.  II,  2,  5181  ;  Orelli,  2964, 
3246.  —  10  c.  i.  att.  1.  312,  331;  IV,  1,  297  a.  —  U  Theoph.  ap.  5;  Gloss. 
Philox.  p.  116,  Labb.  :  Xt6o*?taTr;ç.  —  12  C.  i.  I.  I,  1108  ;  II,  1131  ;  cf.  Bruzza, 
p.  129.  —  13 Ephem.  epigr.M,  p.  61, n»  160;Lebas,  Inscr.  111,  n»  209 1 .  —  14  Corp. 
inscr.  lat.  VIII.  14566,  14571-14577;  Bruzza,  n°  221;  cf.  Monceaux,  Bull.  Soc. 
antiq.  de  Irance ,  1900,  p.  327.  —  15  Passio  Sanctorum  IV  coronntorum.  éd. 
Wattenbach,  dans  Büdinger ,  Untersuch.  sur  Jlôm.  Kaisergesch. ,  1870,  p.  324. Voir 
Benndorf.  Ibid.  p.  343.  —  16  C,  i.  I.  VIII,  14586,  14588;  Ibid.  III,  7029,  7031  sq.; 


MET 

persécutions,  les  chrétiens  furent  en. 
travail  forcé  dans  les  „lilles  ou 
Le  nombre  des  ouvriers  dans  ces  e\.  i  -,  EmplI,e'2‘ 
extrêmement  considérable.  Au  Laurion  4^°““  était 
Pendes,  il  y  avait  au  moins  20000  mH,!’  °P°que  d« 
les  mines»*.  D’après  Polybe,  il  y  avail  £*£*»*« 


romain,  il  n’y  ait 
chiffres  ne 


aux  mines  de  Carthagène  26  Ce  sont  ,  '  ^^ves 

clés  textes.  Mais  il  „’L  pas 
Unie  des  mines  et  carrières  du  monde  roma? 
eu  des  centaines  de  milliers  d’ouvriers.  Ces 
sont  pas  pour  nous  étonner,  puisque  l’nK 
machines  nécessitait  l’emploi  exclusif  du  f 
1  homme.  IJltls  Je 

Le  travail  dans  les  mines  était  organisé  fie  la  • 
manière  chez  les  Grecs  el  chez  les  Romains  ■  n 
retait  ni  jour  ni  nuit.  C’est  du  moins  ce  ni, Vu  ' 
Diodore  et  Pline  pour  les  mines  d’Égypte  el  d’Èspagn" 
et  il  n  y  a  pas  de  raison  de  penser  qu’ailleurs  il  en  fût 
autrement27.  A  la  lumière  des  lampes,  les  équipes  se 
succédaient,  et  c  est  la  durée  des  lampes  qui  fixait  celle 
des  veilles  28.  On  peut  conclure  d’autres  indices  encore 
qu  au  Laurion  les  esclaves  travaillaient  dix  heures  de 
suite  avant  d’être  relevés.  Il  est  certain  que  le  labeur 
était  rude,  et  les  auteurs  nous  font  des  tableaux  lamen¬ 
tables  de  l’existence  des  ouvriers29.  Ils  étaient  forcés  de 
ramper  à  genoux  ou  à  plat  ventre  dans  beaucoup  de 
galeries,  où  l’air  irrespirable,  la  chaleur  accablante 
avaient  vite  raison  des  plus  robustes.  Les  coups  et  la  mise 
aux  fers”0  étaient  fort  usités  pour  réprimer  la  mauvaise 
volonté  des  uns,  ou  vaincre  la  paresse  des  autres.  En 
dépit  des  précautions  prises,  de  la  sévérité  des  gardes- 
chiourmes  ou  des  soldats  préposés31,  des  désertions  en 
masse,  des  révoltes  se  produisaient  de  temps  en  temps, 
comme  celles  dont  los  textes  font  mention  pour  les 
esclaves  du  Laurion  32.  Dans  les  carrières,  le  sort  des 
esclaves  et  des  condamnés  n’était  guère  plus  enviable: 
sous  l’Empire,  des  postes  militaires,  commandés  par  des 
officiers,  surveillaient  les  travailleurs  33.  Au  Mons  Clau- 
dianus,  il  y  avait  un  fort,  où  tenaient  garnison  un  cen¬ 
turion  et  ses  hommes  3L 

Nous  avons  un  petit  nombre  de  monuments  figurés 
qui  représentent  des  scènes  de  travail  dans  des  mines  ou 
des  carrières.  Une  plaque  votive  trouvée  à  Corinthe 
(fig.  5021)  montre  l’ouvrier  à  moitié  nu  frappant  dune 
espèce  de  hache  le  front  de  taille  qui  se  dresse 
devant  lui  et  la  veine  de  minerai35.  On  a  déjà  vu: 
sur  une  plaque  semblable  (fig.  -1987)  des  ouvriers 
travaillant  dans  la  mine  3C.  On  rencontre  des  scènesj 
analogues  sur  un  bas-relief  de  Linarès  (Espagne  i  , 
sur  une  intaille  de  la  collection  de  Luynes  au  Cabinet  des 


18  11  n  172.  193 J j 

cf.  Monceaux,  Op.  cit.  p.  327  et  329.  —  47  Bruzza,  p.  131  sq,  1  '  j  ' 

Monceaux,  L.  c.  —  19  Demoslh.  XXXVII,  4-5;  Xen.  Mem.  III-  -■  '  "  ^ 

16;  Andoc.  I,  38;  C.  i.  att.  1104,  f!22,  1123.  Au  litre  d’esclaves, les  nr‘s”'”"|<  V|I) 
guerre  travaillent  dans  les  carrières  :  Tl 
20-32.  —  20  Dem.  XLII,  20  ;  Xen.  Vect.  i  v,  zz  ;  mcuj.... 

2,  5181,  1.  49.  —  22  Diod.  III,  12  sq.  ;  Jos.  Bel.  Jud.  VI,  9,  ï-Al'ls^  ^ 

(èd.  Dindorf).  -  23  Tac.  Ann.  XI,  20  ;  C.  i.  gr.  III,  «16  d;  -  -  J  ’  gg_ 
77,  78  ;  Passio  Sanct.  IV  Coron,  (éd.  Wattenbach).  Ardai  loin  -o  -q 


101. 


20  Polyb.  XXIV,9  =Strab.  III,  2,  10.  -  -, .  Aella„. 

et 97.  —  28  Plin,  L.  c.  —  29  Diod.  III,  II-I3  ;  V,  38  ;  Tbeoph.  Up.  ■ 

Hist.  car.  XII,  44;  Plut.  Comp.  Nie.  Crass.  i.  -  30  Diod.  III,  ’  pÆ 
Op.  cit.  p.  94.  -  31  Diod.  L.  c.  -  32  Thuc.  VU,  27;  Atbeu.  VI,  P—  'umbcrtJ 
Or.  V,  9.  —33  Marquardt,  Manuel  Ant.  Bom.  -X,  p-  «•  l  ‘  c[(iu/li(int„, 
—  31  C.  i.  I.  III,  25  ;  Schweinfurtb,  Die  S tein bruche  am  Mon  aC(fa,n. 
p.  3  sq.  —  3b  Gaz.  arch.  1880,  p.  105.  —  36  Raye!  et  Collignon,  «  ^  ^  |5j.| 

gr.  p.  147  et  152.  —  37  Daubrée.  Bev.  arch.  1882,  X^IH-  P-  1  '  ' 


_  27  Diod.  V  8;  f’iin. 


MET 


18(17 


MET 


ll(,s  i  sur  une  miniature  du  Virgile  du  Vatican  2. 
111111,1  IlÉCIME  légal  des  mines  et  des  carrières.  — 
Le  régime  légal  des  mines  et  des  carrières 
* . I„s  |^tats  grecs  est  fort  peu  connu.  11  n’y  a  guère 


(|Ue  pour  les  mines  de  l’Attique  que  nous  possédions 
quelques  données  détaillées,  et  encore  controversées. 

La  question  de  la  propriété  des  mines  et  des  carrières 
esl  la  première  qui  se  pose.  En  principe,  chez  les  Grecs, 
la  propriété  d’un  terrain  entraînait  aussi  bien  la  posses¬ 
sion  du  dessous  que  celle  du  dessus,  et  «  il  fallait  une 
disposition  formelle  pour  qu’il  en  fût  autrement.  Dans 
les  contrats  de  bail,  il  n’est  pas  rare  qu’un  propriétaire 
accorde  à  son  fermier  l’autorisation  de  faire  des  fouilles, 
d’exploiter  les  carrières  et  les  gisements,  de  creuser  des 
conduits  souterrains.  C’est  donc  qu’il  avait  qualité  lui- 
même  pour  exécuter  tous  ces  travaux  3  ».  A  Héraclée, 
par  exemple,  dans  la  location  des  terrains  sacrés  de 
Dionysos,  le  contrat  stipule  formellement  que  le  preneur 
«  n’ouvrira  point  et  ne  laissera  point  ouvrir  de  carrières 
dans  le  terrain  sacré4  ».  De  même  dans  une  inscription 
d’Éphèse,  on  lit  que  la  cité  se  réserve  le  droit,  sur  un 
terrain  mis  en  location,  d’ouvrir  une  carrière,  s’il  est 
nécessaire,  pour  la  construction  d’un  rempart5. 

Par  suite,  conformément  à  cette  règle  générale,  il  est 
légitime  de  penser  que  les  carrières,  chez  les  Grecs,  pou¬ 
vaient  appartenir  en  toute  propriété  aux  particuliers 
aussi  bien  qu’aux  cités.  Il  convient  d’ajouter  que  nous 
n  avons,  ni  pour  ni  contre,  aucune  preuve  formelle.  Des 
indices  seulement  semblent  confirmer  cette  manière  de 
voir.  Dans  un  certain  nombre  d’inscriptions,  on  relève 
des  paiements  effectués  à  des  Xa-rogot  pour  des  four¬ 
rures  de  pierres  6.  A  Delphes,  les  naopes  versent 
lme  première  somme  pour  l’extraction  de  la  pierre, 
une  seconde  pour  le  transport  par  mer  de  Léchaeon 
a  Kirrha,  une  troisième  pour  le  transport  de  Kirrha 
sanctuaire.  Dans  les  comptes  de  construction  de 
Asclépeion  à  Épidaure,  on  paie  des  carriers  pour  la 
1  des  pierres  et  pour  leur  transport 7.  On  a  pensé  que 
PU|^qu  il  ne  s’agissait  ici  que  de  taille  (TÉgvetv)  et  d’ex- 
ïRction,  c  est  que  le  prix  de  la  pierre  elle-même  n’était 
P0|nt  compris  dans  le  versement,  et  que  par  consé- 
n.  °carrier  avait  extrait  la  pierre  d’une  carrière  qui 
11  '  aPpartenait  point.  Cette  hypothèse  est  confirmée 

^  ï^übolù 11  Tvnit  '  1 

p,  381  r  aUe  1 es  monna^s,  I,  p.  702.  —  2  Voir  dans  le  Dictionnaire,  I, 

i  U  JJ.  'l'ti-t  O  r,  a  a 

-  i  jnsr)y  \  Cuiraud,  La  propriété  foncière  en  Grèce,  p.  17  4-175. 

h$t  u  '  1 111  "tiques,  X II,  I,  1.  137-138.  —  6  Benndorf,  dans  Mittlieil.  arch. 

'  »» ipm  ifton 

->  6  B0Urr,  1  P*  Wilamowitz,  dans  Hermès,  1890,  XXXIV,  p.  200. 

tfÉnW.,  ,8Uet’  DuU-  corr.  hell.  1898,  XXII,  p.  314.  -  1  Cavvadias,  Fouilles 
93.  _  9  u  -+1>  L  5,  G,  15,  etc.  —  «  Bourguet,  Ibid.  XX,  189G,  p.  199,  1.  14, 

; ancotte,  L’industrie  dans  la  Grèce  ancienne ,  il,  p.  178  sq. 


par  ce  fait  qu’à  Delphes,  par  exemple,  les  XxToaot  sont 
Corinthiens,  Argiens,  Béotiens,  et  que  ces  derniers  ne 
pouvaient  posséder  de  carrières  sur  le  territoire  de 
Corinthe,  où  ils  prennent  leurs  pierres8.  Ainsi  les  ouvriers 
ou  entrepreneurs,  qui  travaillaient  pour  le  compte  du 
temple  de  Delphes  ou  d’Épidaure,  et  qui  fournissaient  du 
tuf  de  Corinthe,  étaient  autorisés  à  l’extraire  d’une  car¬ 
rière  appartenant  au  domaine  public  de  Corinthe9.  Des 
indications  semblables  ressortent  d’inscriptions  attiques 
relatives  à  des  constructions  d’Eleusis  10,  ou  d’inscriptions 
de  Milet".  Il  était  naturel  que  pour  la  construction  de 
grands  monuments,  les  cités  n’aient  pas  songé  à  s’ap¬ 
provisionner  ailleurs  que  dans  les  carrières  qui  leur 
appartenaient  en  propre  12,  et  elles  se  bornaient  à  payer 
le  travail  des  ouvriers  qui  en  extrayaient  les  blocs  de 
marbre  Cependant,  on  voit  quelquefois  sur  les  comptes 
apparaître  le  prix  des  pierres  elles-mêmes.  11  est  à  croire, 
dans  ce  cas,  que  ces  carriers  étaient  possesseurs  de 
carrières,  dont  les  produits  avaient  été  demandés  ou 
agréés  par  les  architectes13.  Mais  il  va  sans  dire  que  les 
édifices  privés  étaient  construits  avec  des  matériaux 
achetés  à  des  carrières  appartenant  à  des  particuliers.  En 
résumé,  cités  et  citoyens  avaient  leurs  carrières.  Les 
villes,  quand  elles  avaient  besoin  de  pierres,  les  faisaient 
extraire  par  des  Xa-rôgot  qu’elles  payaient  pour  la  taille 
et  pour  le  transport.  Nous  n’avons  aucun  indice  qu’elles 
aient  affermé  des  carrières,  comme  Athènes  ses  mines14. 

Sur  les  mines  grecques,  en  général,  exception  faite 
pour  celles  de  l’Attique,  nous  sommes  fort  mal  docu¬ 
mentés.  Nous  savons  qu’au  vic  siècle,  le  tyran  Pisistrate 
possédait  en  Thrace,  sur  les  bords  du  Strymon  et  au 
mont  Pangée,  des  mines  d’or  dont  il  tirait  de  grands 
revenus15  :  à  quel  titre  et  comment  en  était-il  proprié¬ 
taire,  nous  l’ignorons.  A  Thasos,  au  début  du  ve  siècle, 
les  mines  d’or  de  Skapté-Ilvlé  sur  le  continent  rappor¬ 
taient  à  la  République  80  talents  (472000  francs)  par  an, 
et  celles  de  l’ile  même  un  peu  moins.  Mais  le  produit 
total  en  était  assez  considérable  pour  que  les  Thasiens 
aient  été  exempts  de  l’impôt  sur  les  produits  de  la  terre  16. 
De  même,  à  Siphnos,  au  vie  siècle,  les  mines  d’or  et  d’ar¬ 
gent  donnaient  un  très  gros  bénéfice,  qui  chaque  année 
était  partagé  entre  les  citoyens  n.  Faut-il  conclure  de  là 
que  les  mines,  à  Thasos  et  à  Siphnos,  faisaient  partie  du 
domaine  public?  Ce  serait  aller  trop  loin.  Tout  au  plus 
pouvons-nous  induire  de  ces  textes  que  les  deux  cités 
prélevaient  une  redevance  sur  le  produit  des  mines,  et 
que  c’est  cette  redevance  qui  dans  un  cas  était  partagée, 
dans  l’autre  était  consacrée  aux  dépenses  de  l’État.  Mais 
quel  était  le  mode  de  perception  et  la  valeur  de  cet  impôt, 
c’est  ce  qu’il  est  impossible  de  dire.  Lorsque  Athènes  se  fut 
emparée  de  Thasos,  de  ses  territoires,  de  ses  gisements 
aurifères,  il  n’est  pas  douteux  que  les  Athéniens  n’aient 
tiré  des  ressources  de  ces  mines,  mais  dans  quelles 
conditions,  nul  ne  le  sait18.  Thucydide  nous  apprend 
qu’il  avait  des  mines  d’or  en  Thrace19:  d’où  lui  ve¬ 
naient-elles,  d’un  héritage,  d’un  mariage?  l’historien  ne 
le  dit  point20. 

(Bruxelles,  1901).  —  40  C.  ?.  att.  IV,  1054  c,  1054  g.  —  Il  B.  Haussoullier, 
Rev.  de  Philol.  1898,  p.  41  sq.  —  12  Xen.  Hell .  I,  2,  14.  —  13  Comptes 
d’Eleusis,  C.  i.  att.  V  ;  Comptes  d’Epidaure  :  Cavvadias,  Fouilles  d' Épi¬ 
daure,  L.  c.  —  1*  Cf.  Boeckh,  Staatsh.  d.  Ath.  1,  380  (éd.  Fracukcl), 

—  15  Hevod.  I,  64;  Arist.  Ath.  Resp.  15;  cf.  Thuc.  VI,  54.  —  16  Herod. 
XI,  40.  —  11  ld.  III,  57.  —  18  Boeckh,  Op.  cit.  p.  381.  —  19  Thuc.  IV,  150. 

—  20  Boeckh,  L.  c. 


MET 


Pour  les  mines  de  l’Allique,  fort  heureusement,  les 
renseignements  sont  plus  abondants,  au  moins  pour  le 
ivc  siècle.  Un  passage  d’Aristote  et  quelques  inscriptions 
prouvent  que  les  mines  faisaient,  en  principe,  partie  du 
domaine  public.  L’un  dit,  en  effet,  que  les  polètes,  qui 
font  toutes  les  adjudications  de  l’État,  vendent  et  garan¬ 
tissent  les  mines,  aussi  bien  celles  qui  sont  en  exploita¬ 
tion  et  vendues  pour  trois  ans,  que  celles  qui  sont  concé¬ 
dées  et  vendues  pour  dix  ans  '.  Les  autres  sont  précisé¬ 
ment  des  fragments  des  tables  des  polètes,  portant 
mention  du  nom  et  de  la  qualité  des  psxaÀXa  :  ce  sont  les 
S'.aypatpat,  c’est-à-dire  des  actes  d’enregistrement  2.  Ces 
inscriptions  datent  de  la  seconde  moitié  du  ive  siècle.  Il 
semble  donc  établi  par  ces  documents  que  les  mines  du 
Laurion  constituent  une  propriété  perpétuelle  et  inces¬ 
sible  de  l’État.  Les  termes  de  vente  et  d’achat  employés 
par  Aristote  n’en  impliquent  pas  l’aliénation  définitive, 
puisque  les  concessions  reviennent  à  l’État  après  un  laps 
de  temps  déterminé  ;  d’autre  part,  quoi  qu’on  en  ait 
dit  ■1,  on  ne  relève  nulle  part  l’indice  que  ces  lots  de 
mines  pussent  être  vendus  ou  légués  en  héritage. 

Cependant  deux  difficultés  se  présentent.  On  a  pré¬ 
tendu  que  l’État  athénien  ne  possédait  en  propre  qu’un 
district  minier  délimité,  en  dehors  duquel  les  citoyens 
pouvaient  être  les  vrais  propriétaires  de  mines  particu¬ 
lières  L  Cette  opinion  s’appuie  sur  un  texte  d’Hypéride5, 
où  il  est  dit  qu’on  avait  dénoncé  Épicratès  de  Pallène, 
comme  coupable  d’avoir  dépassé  les  limites  de  sa  con¬ 
cession  (èvrbç  tûv  gÉxpojv  TÉp/eiv),  et  que  le  tribunal  avait 
reconnu  qu’il  n’en  était  rien,  que  la  mine  d’Épicratès  était 
bien  la  sienne  (’Éyvwaav  ïotov  eivou  xb  géxaXXov)  :  en  consé¬ 
quence,  les  juges  l’avaient  confirmé  dans  la  jouissance 
de  ses  droits  pour  le  temps  qui  lui  restait.  Si  la  mine  avait 
été  la  propriété  personnelle  d’Épicratès,  on  ne  voit  pas 
pourquoi  les  juges  confirmeraient  Épicratès  dans  des 
droits  qui  lui  auraient  appartenu  en  principe.  En  outre, 
ni  dans  Xénophon,  qui  au  chapitre  iv  des  Revenus  parle 
longuement  des  mines  du  Laurion,  ni  dans  Aristote,  nous 
ne  voyons  poindre  une  distinction  entre  des  mines  pu¬ 
bliques  et  des  mines  privées6.  Quant  à  faire  intervenir 
dans  le  débat  un  autre  texte  de  Démosthène  concernant 
la  vente  d’un  atelier  (èpyaffxvjptov) 7  et  à  confondre  mine 
et  atelier,  c’est  vouloir  compliquer  la  question  8  sans 
aucune  raison  sérieuse,  et  nier  une  distinction  très  nette 
dans  tous  les  auteurs9. 

Un  autre  point  de  controverse  résulte  d’une  difficulté 
de  lecture  du  texte  de  la  IloXtxEi'oc  :  Aristote  dit  que  les 
géxaXXa  àvaaâ^tga  sont  loués  pour  trois  ans,  et  que  les 
xatvoxofjuott  sont  loués  pour  dix  ans  l0.  Les  premiers  édi¬ 
teurs  du  texte  Ont  lu  :  e!ç  Y  ext]  7rE7rpaa£va,  OU  s tç  àst 

l  Arisl.  Athen.  Resp.  47;  trad.  de  P.  Foucart  dans  Revue  de  Philol.  XIX, 
p.  251.  —  2  C.  i.  att.  II,  780,  780  6;  IV,  2,  782  b  ;  II,  781,  782,  783. 
Cf.  commentaire  de  Hansen,  De  mctallis  atticis ,  Hambourg,  1885. —  3  Boeckh,  Ueber 
die  Laurischen  Silberbergwerke  in  Attica ,  dans  les  Abhandl.  d.  Berliner  Ahad. 
1815,  p.  85-140;  Gesamm.  Klein.  Schriften ,  VI,  p.  1  sq.,  1 11—1 12;  Staatsh. 
d.  Ath.  I,  p.  378  ;  cf.  Ardaillon,  Laurion ,  p.  170  sq.  —  4  Lipsius,  dans 
Y  Attisehe  Process  de  Meier  et  Schoemann,  p.  1020-1023  ;  dans  les  Griech. 
Alterthümer  de  Schoemann  (4e  edit.).  I,  p.  487  ;  l’opinion  de  Lipsius  a  été  adoptée 
par  Busolt,  Die  Griech.  Staats-und  Rechtsaltertümer  (2°  éd.),  p.  296  ( Handb . 
d.  klass.  Altertums  Wissenschaft  d’Iwan  vou  Muller);  par  Francottc,  Industrie 
de  la  Grèce  anc.  II,  p.  183.  —  5  Hyper.  Pro  Euxcn.  col.  XL IV  et  XLV  (éd.  Blass). 
—  6  Ardaillon,  Ibid.  p.  172-173.  —  7  Demosth.  XXXVII,  22.  —  8  Francotte,  Op. 
cit.  p.  185.  —  9  Boeckh  et  Rangabé  ne  sont  jamais  tombés  dans  cette  erreur: 
Boeckh,  Laur.  Silb.  p.  121  ;  Rangabé,  Laurion  (dans  les  Mém.  prés,  par  divers 
savants  à  i  Acad,  lnscr.  et  Belles-Lettres ,  1874,  lre  série,  VIII,  p.  297-3  46),  p.  315; 
cf.  Ardaillon,  L.  c .  —  10  Voir  plus  haut  la  valeur  de  cette  distinction.  —  H  Arist. 
Ath.  Resp.  47  :  tl'  v  ervj,  éd.  Kenyon  ;  s!;  éd.  van  Leeuwen.  —  12  Blass,  2e  éd.  ; 


1868 


MET 


que  la 
cefie  notion 


TTE7rpa|j.eva11  ;  d  autres  ont  lu  e’l;  {  gT~  .2  .y  , 
nière  lecture,  il  y  aurait  bien  xi  eiç  y  gT'  8  unc  der- 
se  dissimuler  que,  si  tel  est  le  texte  d’ Arist  -  T  ^  Pas 
contradiction  avec  les  renseignements  ^  ’* est  etl 
dons  par  ailleurs14.  Au  contraire,  s’il  Jsl  n°US  possé' 
durée  des  mines  xaivoxopuai  est  de  dix  ans 
s’accorde  avec  tout  ce  que  nous  savons1».  ’ 

Les  mines  sont  la  propriété  de  l’État,  et  cela  Pn 
d  un  droit  régalien,  puisque  cette  propriété  ne  VCrUl 
que  le  tréfonds  et  n'entraîne  pas  celle  de  la  surfa”*? 
respondante  du  sol.  Dans  les  ,„e  „„uspo 

dons  on  voit  tndtquer  la  propriété  de  surface  (Ï8„°  oP 
le  lot  de  mine  se  trouve  situé  •*.  Au  contraire,  les  'us  2 
et  ateliers  où  se  traitaient  les  minerais  (âpyowxVjptoc)  étaient 
propriétés  privées,  vendues  et  achetées  sans  intervention 
de  l'État17,  et  la  possession  n’en  est  aucunement  liée  à 
celle  du  sous-sol.  Comment  et  quand  l’État  athénien 
a-t-il  établi  son  droit  souverain  sur  le  tréfonds,  c’est  ce 
qu’il  est  impossible  de  dire.  Il  est  peu  probable’ qu’il  ait 
été  à  l’origine  propriétaire  de  la  surface,  et  qu’il  s’en  soit 
dessaisi,  pour  ne  garder  que  le  dessous.  Tout  ce  que  nous 
savons,  c’est  que  très  vraisemblablement  dès  le  début  du 
ve  siècle  le  fait  est  accompli,  puisque  le  Trésor,  avant  la 
bataille  de  Salaminc,  avait  trouvé  dans  les  revenus  du 
Laurion  d’abondantes  ressources18. 


Les  particuliers,  qui  voulaient  louer  des  lots  de  mines 
avaient  le  choix  entre  deux  classes  de  concessions  : 
mines  à  ouvrir  (xaivoxogiat)  ;  mines  déjà  ouvertes  et  précé¬ 
demment  exploitées  (àvaax^iga  gÉxxXXa).  Chaque  conces¬ 
sion  avait  un  nom  particulier,  des  limites  exactes,  dont 
le  bornage  est  défini  dans  l’acte  de  concession  l9.  Il  yen 
avait  de  grandes  et  de  petites,  et  par  suite  il  était  pos¬ 
sible  à  de  petits  personnages,  comme  le  charcutier 
d’Aristophane20,  d’en  louer  à  leur  convenance,  comme 
il  était  permis  à  de  riches  capitalistes  de  trouver  dans 
des  exploitations  étendues  l’emploi  de  leur  fortune  2I. 
Aussi  la  liste  des  citoyens  qui  avaient  des  intérêts  au 
Laurion  présente-t-elle  des  noms  qui  appartenaient  à 
toutes  les  classes  de  la  société  athénienne  :  Nicias,  Cal- 
lias  et  Ilipponicos  22,  Antimachôs,  fils  du  banquier 
Archestratos  23,  et  d’autres  encore  sont  parmi  les  plus 
connus.  Au  contraire,  un  individu,  dont  il  est  question 
dans  un  plaidoyer  de  Démosthène  2\  travaille  dans  sa  mine 
et  de  ses  propres  mains  ;  un  autre  n’a  qu  un  esclave  J 
L’État  accordait  non  seulement  aux  citoyens,  mais 
encore  aux  métèques  isotèles  le  droit  de  louer  des  con¬ 
cessions  26.  Nous  savons  qu’un  certain  Sosias  de  llnua 
payait  à  Nicias  mille  oboles  par  jour  pour  la  location  e 
mille  esclaves  qu  i  travaillaient  dans  sa  mine  au  l.uu 
rion  21.  Ainsi,  de  même  qu’ils  devenaient  a  Alleu 


Foucart,  Revue  de  Philol.  1895,  p.  250.  —  13  Ed.  Willcken.  14 
Euxen.  col.  XLIV  (Blass);  Dinarque,  cité  par  Dcnys  d  HaUcanw  ^ 

l’auteur  d’un  discours  ptTaWixô;  contre  Micythos  :  Dion.  liai.  ^US  —  _  j a  c. 

13)  ;  cf.  Hansen,  De  met.  ait.  p.  7.  -  >5  Ardaillon,  O.  cit.  P-  ‘  ,  Sunjum, 

i.  att.  Il,  780,  1.  17-18;  782,  1.  18-9;  cf.  une  inscription  di  .  C  i. 

où  il  est  question  d’un  don  de  terrain  pour  la  construction  (  _  n  i. 

att.  IV,  2,  572  c,  et  Mitth.  arch.  Inst.  Athen.  1894,  p-  -  1’  22.  Diod. 

att.  Il,  1122,  1  123.  —  i»  Herod.  VII,  144;  Thuc.  I,  14;  A”st’  io  Harp'.  Suit). 
XI,  41  ;  Plut.  Them.  4;  cf.  Ardaillon,  O.  c.  p.  137  et  175-1'  •  3g  {[;iass).| 

Zon.  a.  n.  A,«Tf«rt.  -  20  Aristoph.  Eq.  361;  cf’  "  4  .’P|ul.  A7r.  ii 
—  2t  Hyper.  Pro  Euxen.  XIJV-XLV  (Blass).  —  Xcn.  ec  >  __  gt  Dcmostlnl 

Andoc.  I,  130.  —23  C.  i.att.  II,  7826, 1.  8  ;  cf.  Hansen,  Op.cit.  |2;  IV,  «il 

XLII,  20.  —  25  Andoc.  I,  38  ;  Aristoph.  Equit.  361.  —  2b  Xen.  •  ^  ^  _  Rallgabé, 
cf.  Clerc,  Les  métèques  athéniens,  p.  211  ;  Boeckh,  Laui  ■  jggg,  p.  2*0; 

Laurion ,  p.  16.  —27  Xcn.  Vect.  IV,  14;  cf.  BOrard,  Bu  ■  lon  ,ain  Aïolas  O® 
Th.  Reinach,  Rev.  des  études  gr.  1889,  p.  94,  au  sujp 
Paphlagonie,  jxexaXXeuTq;  du  Laurion. 


MET 


—  1 809  — 


MET 


unis,  armateurs  ou  artisans1,  les  étrangers 


C '""lient  aussi  se  lancer  dans  l’industrie  minière. 
I’""''  s  et  métèques  pouvaient  s’associer  pour  exploiter 


un  lot  de  mines.  Nous  connaissons  au 


Citoyens 
Pn  commun 

,  siècie  la  compagnie  d’Hypéride,  Eschylide  et  du  (ils 
'!  | |j,.aiocrate  2,  celle  de  Philippe  et  Nausiclès,  celle 
de  Pallène  et  Cie  3.  Il  semble  que  dans  ces 

d^piuai^ 


sociétés, 


Pun  des  membres  fût  considéré  comme  prin- 


.  J  conCessionnaire  et  répondit  pour  les  autres4. 

*  Sur  la  question  de  la  redevance  payée  par  les  conces- 
ionnaires.au  Trésor  public,  plusieurs  hypothèses  ont  été 
soutenues.  Boeckh  et  avec  lui  Rangabé  considèrent  que  les 
lotsde mines  étaient  soumis  à  une  redevance  proportion¬ 
nelle;  mais  Boeckh  pense  qu’il  y  avait  en  plus  pour  chaque 
concessionnaire  une  taxe  fixe  à  acquitter;  Rangabé  est  sur 
ce  second  point  d’un  avis  contraire  s.  Les  oiotypacpat  por¬ 
tent  mention  d’une  somme  d’argent 0  :  ce  serait  la  taxe 
tixe.  De  plus,  Suidas  7  dit  ceci  :  «  Ceux  qui  exploitaient 
les  mines  d’argent,  lorsqu’ils  voulaient  en  entamer 
une  nouvelle,  en  faisaient  la  déclaration  aux  fonction¬ 
naires  chargés  de  ce  soin  par  le  peuple,  et  ils  prenaient 
inscription.  Ils  payaient  au  fisc  la  vingt-quatrième  partie 
du  métal  retiré  8.  »  Voilà  la  redevance  proportionnelle. 
On  se  demande,  à  prendre  à  la  lettre  le  texte  du  gram¬ 
mairien,  si  ce  dernier  impôt  était  prélevé  sur  le  produit 
brut  ou  sur  le  produit  net  de  la  mine.  Dans  les  deux  cas, 
si  l’État  ne  voulait  pas  être  frustré  et  volé,  il  devait  insti¬ 
tuer  un  contrôle  rigoureux  et  permanent;  or,  il  n’en  est 
jamais  question  dans  aucun  auteur.  D’autre  part,  si  l’État 
prélève  vraiment  la  vingt-quatrième  partie  du  revenu  des 
concessionnaires,  nous  nous  heurtons  à  de  très  graves 
objections  d’ordre  matériel.  En  48-4,  le  revenu  des  mines 
est  de  100  talents  pour  le  Trésor  public  ;  cela  supposerait 
un  gain  total  pour  les  entrepreneurs  de  2  400  talents,  soit 
62000  kilogrammes  d’argent  extraits  de  31  500  tonnes  de 
plomb  d’œuvre:  c’est  pour  une  année  une  production  abso¬ 
lument  invraisemblable  pour  le  Laurion9.  Enfin  certains 
passages  de  Dérnosthène  n’ont  plus  de  sens  dans  cette 
hypothèse  *°.  Aussi  une  autre  hypothèse  a-t-elle  été  pro¬ 
posée,  qui  consiste  à  voir  dans  les  sommes  portées  sur  les 
SiocypoKpon  le  montant  des  fermages  annuels  que  les  con¬ 
cessionnaires  s’engageaient  à  payer.  Ce  fermage  est  la 
vingt-quatrième  partie  du  produit  probable  de  la  mine 
concédée,  ou  en  d’autres  termes  de  la  valeur  légale  de  la 
mme,  valeur  qui  pouvait  être  aisément  fixée  à  l’avance 
pour  les  lots  déjà  exploités,  et  aussi  pour  les  lots  vierges 
éc  toute  fouille11.  Dès  lors  s’expliquent  l’intérêt  que  les 
Athéniens  portaient  à  l’ouverture  de  nouvelles  mines12, 
interdiction  que  la  loi  opposait  à  la  démolition  des 
piliers  de  minerai  (opgoi)13,  le  nombre  des  dénonciations 
oiûn  les  entrepreneurs  de  xatvoTogiat14. 

Il  est  probable  que  si  les  choses  se  passaient  de  la  sorte, 
lots  de  mines  étaient  mis  en  adjudication.  Nous 
saxons  qu  un  certain  Moiroclès  fut  condamné  à  l’instiga- 
1011  ('  Éschine  pour  avoir  extorqué  20  drachmes  à 


chaque  concessionnaire  :  c’étaitsans  doute  un  polèle  l3.  Le 
montant  du  fermage  à  payer  était  inscrit  sur  l’acte  de  con¬ 
cession.  La  perception  en  était  confiée  à  des  fermiers  ;  mais 
le  chiffre  de  cet  impôt  était  assez  élevé  pour  qu’il  fût  néces¬ 
saire  d’en  diviser  la  ferme  en  plusieurs  morceaux,  dits 
à7tovof*xt l6,  et  les  versements  étaient  faits  à  la  neuvième 
prytanie,  pendant  laquelle  l’État  recueillait  la  majeure 
partie  de  ses  recettes17.  Ces  revenus  n’avaient  pas  de 
destination  particulière.  En  484,  ils  furent  consacrés  à  la 
construction  d’une  flotte  de  guerre,  sur  la  demande  de 
Thémistocle  18. 

En  dehors  de  cette  redevance,  les  concessionnaires  du 
Laurion  n’échappaient  point  à  l’eisphora  ni  aux  liturgies. 
Nicias,  dont  la  fortune  consistait  principalement  dans  les 
gros  bénéfices  qu’il  tirait  du  Laurion,  a  payé  l'eisphora 1  *. 
De  même  à  l’époque  de  Dérnosthène,  un  citoyen  qui  a 
fait  sa  fortune  dans  les  mines,  déclare  qu'il  est  sur  la 
liste  des  Trois  cents20.  D’autre  part,  Dérnosthène  dit  que 
lorsqu’il  y  avait  lieu  de  faire  un  échange  de  fortune  entre 
deux  citoyens  (àvri'8o<riç)  on  n’avait  pas  à  tenir  compte, 
dans  l’estimation  des  biens,  des  intérêts  de  chacun  dans 
les  travaux  des  mines,  attendu  que  les  lois  les  exemptent 
de  tout  impôt  (osa  oi  voptoi  àxsX-q  Treitoir^xzaiv)21 .  Comment 
concilier  ces  renseignements  contradictoires?  On  a  émis 
l’hypothèse  quel’àTEÀeta  ne  s’appliquait  qu’au  capital  que 
le  concessionnaire  engageait  dans  son  exploitation,  et  que 
le  reste  de  sa  fortune,  provint-elle  des  revenus  successifs 
qu’il  lirait  de  sa  mine,  n’était  pas  exempt  des  charges 
extraordinaires22.  Mais  il  n’y  a  aucun  indice  qui  permette 
de  voir  en  cette  question  la  vérité. 

Les  droits  de  l’État  et  des  concessionnaires  étaient 
garantis  par  les  polètes  et  par  la  loi.  Les  mines  étaient 
d'abord  protégées,  comme  le  reste  des  domaines  publics, 
contre  les  empiétements  ou  l’exploitation  illégale.  Tout 
citoyen  pouvait  dénoncer  quiconque  exploitait  une  con¬ 
cession  non  inscrite  sur  les  tables  des  polètes,  et  lui 
intenter  une  action  en  justice  :  c’était  l’i-ypâ^ou  p.exiXXou 
Six?) 23.  Si  le  prévenu  était  condamné,  il  devait  payer  une 
amende  égale  au  prix  ou  au  double  du  prix  de  la  mine. 
Au  contraire,  si  le  délateur  était  convaincu  de  fausseté 
et  n’obtenait  pas  le  cinquième  des  suffrages,  il  était  privé 
de  ses  droits  civiques24.  Si  un  concessionnaire  n’acquit¬ 
tait  pas  sa  redevance,  il  voyait  sa  dette  envers  le  Trésor 
doublée 2 3,  et  était  déclaré  à-cigo?  j  usqu’à  paiement  complet. 

Les  conflits  qui  pouvaient  s’élever  entre  les  conces¬ 
sionnaires  étaient  réglés  par  la  loi  des  mines,  dite  b  jaetocà- 
h xoç  vôpoç 26.  Cette  loi  permettait  d’intenter  une  action 
pour  troubles  apportés  à  la  jouissance  d’une  concession, 
dans  le  cas  où  un  individu  était  dépossédé  de  ses  chan¬ 
tiers  par  un  autre,  qu’il  s’agit  d’ailleurs  d’une  mine  ou 
d’un  atelier  ;  laisser  la  fumée  envahir  les  galeries,  s’intro¬ 
duire  à  main  armée  ou  pratiquer  indûment  des  fouilles 
dans  l’étendue  d’une  concession,  voilà  encore  des  faits 
prévus  par  la  loi  27.  Ce  dernier  délit  (t 6  £ittxaxaT£g.veiv  tûv 
jjixpwv  àvTÔç)  28  était  très  fréquent.  Nous  connaissons 


C,t ■  P-  390  sq-  —  2  C._  i.  ait.  I,  782,  1.  12-14.  -  3  Hyper.  L.  c. 
civils  d  j)1/'  ’  HïPer-  c •  ;  Demoslh.  XL1I,  3  ;  cf.  R.  Dareste,  Plaidoyers 

Silb  f\y!n05thène’  ‘-P-  l93>  n.  4;  Ardaillon,  O.  c.  p.  186-187.-  5  Boeckh,  Laur. 
d Mtl  "  SfP  ’  ^‘e  Staatsh.  d.  Ath.  1,  p.  377  sq.  et,  d’après  lui,  Busolt,  Lipsius, 
an ■  ||  laucotte,  Op.  dt.  II,  p.  192  sq.  ;  Rangabé,  Laurion ,  p.  16  sq.  —  SC.  i. 

—  8  qra(|  ’  ’  1_  el  IP  J  781,  1,  8  ;  782,  1.  6.  —  7  Suid.  s.  V.  ’Aypâçpou  |*eïâVAou  Stxïi- 

-  10  Deil,  '  Laurion ,  p.  18-19.  —  9  Ardaillon,  O.  c.  p.  190-191. 

cf,  fi,  |,  .  ^XXYll,  22;  ef.  Ardaillon,  Ibid.  —  U  Ardaillon,  O.  c.  p.  191  sq.  ; 

"arli,  y/rr.  i/es  études  gr.  1898,  p.  424.  —  12  Xcn.  Yect.  IV,  passim  ; 


Dem.  XL1I,  passim;  Hyper.  Pro  Euxen.  XLV.  —  H  VU.  dec.  Oral.  Lyc.  34. 

—  n  Hyper.  L.  c.  —  1“  Demos th.  XIX,  293.  —  16  Harpoer.  s.  v.  ’Anovonv  Cf. 
Boeckh,  Laur.  Silb.  p.  121  ;  Rangabé,  Op.  cit.  p.  19.  —  17  Arist.  Ath.  Pesp.  47. 

—  1»  Herod.  VII,  144;  Arist.  Op.  cit.  22;  Plut.  Themist.  4.  —  19  Plut.  Nie.  3  ; 
Lys.  XV111,  7.  —  90  Demoslh.  XL11,  3,  20,  23,  etc.  —  21  Demosth.  XLH,  18. 

—  22  Ardaillon,  Op.  cit.  p.  199;  cf.  Thumser,  üe  civium  Athenicnsium  muneribus, 

p,  131  S(J.  —  ^  Suid.  S.  V.  A>oàçou  Stxiq.  —  24  Hyper.  Pro  Euxen.  XLHI- 

XL1V.  —  2o  Demosth.  XXXVII,  22  ;  cf.  XLH,  3  et  32.  —  26  Id.  XXXVII,  Argum.  et 
33-35.  —  27  Id.  XXX\ II,  25-28  et  33.  —  28  Id.  Ibid.  36,  38  ;  Hyper  Pro  Euxen.  XL1V. 

235 


MET 


—  1870  — 


MET 


deux  plaidoyers  écrits  pour  des  procès  de  cette  nature 
Il  y  en  avait  encore  un  autre,  que  Démosthène  n’énu¬ 
mère  pas  parmi  les  titres  de  la  loi.  C’était  le  crime  qui 
consistait  à  abattre  les  piliers  de  minerai  soutenant  le 
toit  des  exploitations.  Lycurgue  lit  condamner  un  certain 
Diphilos,  qui  s’était  enrichi  de  cette  manière2.  Enfin  la 
loi  prévoyait  les  conflits  d’intérêt  qui  pouvaient  s’élever 
entre  des  concessionnaires  associés3. 

Telles  étaient  les  matières  des  otxai  gexaAXixaî 4.  Ces 
actions  étaient  instruites  par  les  archontes  Thesmo- 
thètes 6  et  ces  magistrats  en  saisissaient  un  tribunal 
particulier,  le  gsraXXixbv  BtxaTx-rjGtov  6.  Il  est  probable  que 
les  causes  devaientêtre  entendues  et  jugées  dans  le  délai 
d  un  mois  7.  Les  pénalités  qui  frappaient  les  coupables 
étaient  variables.  Pour  les  trois  premiers  délits  prévus 
par  la  loi,  on  peut  croire  que  le  plaignant  avait  recours 
à  diverses  actions,  en  particulier  à  la  Stxr,  êl;ouX-y|<; 8.  La 
violation  des  limites  et  la  destruction  des  piliers  de 
soutènement  lésaient  les  intérêts  de  l’État  et  ceux  des 
concessionnaires  :  aussi  le  châtiment  de  ces  méfaits 
était-il  plus  rigoureux.  Le  premier  était  poursuivi  par 
une  action  publique  (<pâ<uç) 9  et  le  second  était  puni  par 
la  peine  de  mort  et  la  confiscation  des  biens10.  Ainsi, 
les  mines,  à  Athènes,  sauf  sur  les  points  que  nous 
venons  d’énumérer,  ne  faisaient  point  l’objet  d’une  légis¬ 
lation  particulière  :  ni  pour  leur  adjudication,  ni  pour 
le  mode  de  fermage,  ni  pour  les  garanties  générales  de 
l’État,  elles  n’étaient  administrées  d’une  autre  manière 
que  les  autres  domaines  publics  de  la  République.  On 
s’était  borné  à  prendre,  dans  une  loi  spéciale,  des  me¬ 
sures  de  protection  ne  pouvant  s’appliquer  qu’à  des  cas 
particuliers,  qu’il  était  difficile  aux  autres  lois  de  prévoir. 

Régime  légal  des  mines  et  carrières  chez  les  Romains. 

—  A  mesure  que  Rome  étendit  sa  domination  sur  les 
pays  riverains  de  la  Méditerranée,  l’État  romain  devint 
naturellement  maître  d’un  nombre  de  plus  en  plus  grand 
de  mines  et  de  carrières,  soit  qu’elles  eussent  appartenu 
à  des  rois,  soit  qu’elles  aient  fait  partie  de  territoires 
conquis  par  la  force  des  armes  :  les  mines  et  les  carrières 
constituèrent  par  leur  annexion,  comme  les  champs,  les 
forêts  et  les  pâturages,  l’ ager  publiais'1 .  Une  foule  de 
gisements  miniers,  par  droit  de  conquête,  tombèrent 
ainsi,  sous  la  République,  dans  le  domaine  public,  en 
Espagne,  en  Gaule,  en  Italie,  en  Jllyrie,  en  Macédoine, 
en  Asie,  en  Afrique.  Une  première  conséquence  de  ces 
multiples  acquisitions,  fut  qu’un  sénatus-consulte  interdit 
dans  l’Italie  l’exploitation  des  gîtes  métallifères  *2,  nous 
ne  savons  à  quelle  époque  précise,  ni  pour  quelles  rai¬ 
sons;  mais  il  est  vraisemblable  de  supposer  que  cette 
mesure  date  d’une  époque  où  Rome  pouvait  déjà  trouver 
dans  les  provinces  la  masse  de  métaux  précieux  ou 
usuels  dont  elle  avait  besoin.  D’autre  part,  l’État  se  trouva 
si  bien  pourvu,  qu’il  ne  crut  pas  nécessaire  de  conserver 
pour  lui  la  propriété  de  toutes  les  mines,  et  qu’il  en 
céda  un  grand  nombre  à  des  particuliers. 

C’est  ce  que  nous  constatons  en  Espagne.  Strabon, 

l  Hyper,  lb.  ;  Dinarch.  Fragm.  78,  p.  452  (éd.  Didot).  —  2  Vit.  dec. 
ürat.  Lyc.  34.  —  3  Demoslh.  XXXVII,  38.  —  4  Ibid.  2  ;  Arist.  Ath. 
Resp.  52;  cf.  Meier-Schoemann,  Att.Process ,  p.  634  sq.  (éd.  Lipsius).  —  &  Dem. 
L.  c.  ;  Arist.  lb.  59;  Poil.  VIII,  88.  —  6  Dem.  Ibid,  et  33.  —  7  Id.  ;  Arist. 
L.  c.  cf.  emmekoi  dirai.  —  3  Poil.  VII  :  59  ;  Harpocr.  s.  v.  ’E^oûXr,;  Stxyj  ; 
Schol.  Demosth.  dans  Bull,  corr.hell.  I,  p.  14;  voy.  exoulè.  —  9  Bekker,  Anecd. 
gr.  I,  p.  315;  Schol.  Demosth.  (éd.  Didot),  p.  736.  Harpocr.  s.  v.  4>â?iç.  —  10  Vit. 
dec.orat.  Lyc.  34.  —  il  Marquardt,  Organ.  financ.  chez  les  Romains ,  p.  310. 

—  12  plin.  III,  138.  —  I3p0lyb.  XXXIV,  fr.  9  ;  cf.  Strab.  II,  2,  10.111  en  est  probable- 


d  apres  Polybe,  dit  que  les  mines  de  Carthaeènn 
toutes  les  autres  mines  de  plomb  argentifère  de 
cessèrent  d’appartenir  à  l’État  nom-  «...  1  ,bér>e, 

particuliers  13  ;  les  mines  d’ 
propriétés  de  l’État.  Un  passage  de  Diodow 


Pour  passer  aux  mains  des 
pour  la  plupart,  restèrent 

renseignement.  Lorsque  les  Romains  eurent^ 

Par  11  ne  tourbe 


l’Ibérie,  les  mines  furent  envahies 
d’Italiens  cupides  qui  se  sont  beaucoup  enrichis'4  p 
certains  cas,  le  Sénat  laissa  aux  indigènes  la  dosspcÛ'  ” 
île  mines  de  fer  et  de  cuivre  :  cela  arriva  en  Macédoinèu 
Ainsi,  sous  la  République,  en  vertu  d’une  décision 
formelle,  les  citoyens  romains  et  les  sujets  provinciaux 
peuvent  se  trouver  propriétaires  déminés  et  de  carrières 
Les  mines  d’or  des  environs  d’Aquilée  appartinrent 
longtemps  aux  Taurisques  Noriques'6.  Crassus  avait  de 
nombreuses  mines  d’argent  en  Espagne  ».  Quelques-unes 
de  ces  propriétés  privées  subsistèrent  même  jusqu’au 
premier  siècle  de  l’Empire,  témoin  ce  riche  S.  Marins 
mis  à  mort  par  Tibère,  et  dont  les  mines  d’or  et  d’argent 
situées  en  Espagne,  furent  confisquées  par  l’empereur  ">] 
Cependant  l’État  ne  se  démunit  point  complètement.  Il 
garda  pour  lui  la  plupart  des  mines  d’or,  par  exemple 
celles  de  Yerceil,  dans  la  Gaule  Transpadane  celles  de 
Macédoine,  qui  furent  affermées  en  159 2".  11  s’était 
réservé  le  monopole  des  exploitations  de  minium  ou  de 
cinabre  de  Sisapon  en  Bétique21,  et  aussi  quelques  mines 
de  plomb  argentifère  ( Samariense  metalliim ,  Antonia- 
num  metallum )  dans  la  même  province22. 

Les  mines  de  l’État  étaient  affermées  tous  les  cinq  ans 
à  des  publicains  par  le  soin  des  censeurs.  On  a  fait 
remarquer  avec  raison  qu’il  ne  s’agissait  point,  en  matière 
de  mines,  de  la  ferme  d’une  simple  redevance  à  lever 
sur  des  entrepreneurs  quelconques,  mais  bien  de  la 
concession  de  l’exploitation  même23.  Strabon  dit  que  les 
publicains  avaient  pris  à  l’entreprise  les  mines  d’or  du 
pays  des  Salasses  (xoïc  S-qgofftojvaiç  xoï?  épyoXaêvîoaffi  xa 
ypuo-Eta) 24.  Ils  étaient  alors  conductores  metallorum. Cela 
signifie-t-il  que  les  publicains  faisaient  travailler  pour 
leur  propre  compte  des  ouvriers  qui  extrayaient  et 
traitaient  le  minerai,  ou  qu’ils  percevaient  les  rede¬ 
vances  de  personnes  qui  sous  leur  contrôle  faisaient  office 
de  mineurs  ou  de  métallurgistes?  L’expression  de  Strabon 
est  si  nette  qu’il  est  difficile  de  rejeter  la  première  manièie 
de  voir28.  Il  n’est  pas  douteux  que  sous  1  Empiie,  le 
second  système  ait  été  employé  :  nous  le  savons  par 
la  Lex  metalli  Vipascensis.  Toujours  est-il  que  ^  a 
République,  les  censeurs  conservent  la  haute  main  hU1 
l’flvniminimn  •  c  est  ce  ci Gi  îessoi  t 


de  Yerceil 


les  conditions  de  l’exploilation  :  c’est  ce  qui 

fait  qu’ils  interdirent  aux  publicains  des  mines 

etdupays  des  Salasses  d’employer  dansleursti  avaux  i  u 
de  5000  hommes  26.  Ces  conductores  metallorum  son 
général  associés  :  c’est  le  cas  de  ceux  qui  avaient  a  e 
les  mines  de  cinabre  de  Sisapon  2l.  Ils  paient  a.  -  ^ 
redevances  annuelles,  dont  le  taux  nous  est  inc 
nous  savons  cependant  qu’en  Espagne  T^cs)  et 

nianum  avait  été  loué  400  000  sesterces  ( 

i  xr  _  1®  LiV.  j 

.  „  ,  .  YYY1V  91  _  14  Diod.  V,  3o. 

ment  de  même  pour  les  mines  de  fer  :  Liv.  aaai  ,  •  Ann.  VI,  19:  cl* 

XLV,  18.  -  16  Strab.  IV,  6,  12.  -  17  Plut-  c rass •  2;  “  ' r.ebiéte  der  rôm. 

C.  i.  I.  II,  3280  a  et  6247.  Voir  Hirschfeld,  Vntersuch.au!  strab.  |V,  C.7- 

Verwaltungsgesch.  Berlin,  1876,  I,  p.  73.  '9  et  52  ;  XLV.  40.  j 

—  20  Cassiod.  Chron.  (éd.  Mommsen),  p.  610  ;  cf.  *'•  ’  .  w  X,  396*- 

—  21  plin.  XXXIII,  118  ;  Vitr.  VII,  9,  4;  Cic.  Ph.il.  H,  •  24Slrab.  lV,«-7j  I 

■  23  Marquardt,  Org.  fin.  p.  311,  ,  p0|vb.  V1- 

_  20  Plin.  XXXIII,  /8;  «b  ■ 


—  22  Plin.  XXXIV,  1 65. 

—  25  Hirschfeld,  Op.  cit. 

17,  2.  —  27  Plin.  XXXIII,  118 


P'  Voir  la  noie  26  de  la  page  1870. 


MET 


—  1871 


Ham  Samariense  avait  passé  (le  45000  deniers 
le'"(, (MK)  deniers  (3900Ü  francs  à  175000  francs) 
à  'U  fini  est  des  mines  privées  sous  la  République, 
liaient  évidemment  exploitées  au  gre  de  leurs  pro- 
c"l> 'ii'i,s  qUj  acquittaient  des  redevances  importantes, 
^'ful'le  cas  en  Espagne  à  partir  de  Caton  2  :  les  mines  de 
^  t  d’argent  rapportèrent  des  revenus  considérables  au 
f".'  .  en  fut  de  même  en  Macédoine,  bien  que  les 
.  'ns  aient  songé  à  réduire  de  moitié  le  montant  des 
^devances  que  les  propriétaires  payaient  aux  rois3, 
yous  ignorons  complètement  la  valeur  de  ces  ressources. 

g  ou  s  l’Empire,  les  mines  et  carrières  changent  à  la  fois 
de' maîtres  et  de  mode  d’administration.  On  vit  de  bonne 
heure  «  s’opérer  un  mouvement  continu  de  concentration 
lre  ieg  mains  des  empereurs4  ».  TouL  d’abord,  ils 
rirent  pour  eux,  à  la  place  des  censeurs, l’administration 
des  biens  du  domaine  public  et  en  eurent  la  disposition. 
D’autre  part,  les  confiscations,  les  achats,  les  successions 
firent  passer  la  plupart  des  mines,  autrefois  possessions 
articulières,  entre  leurs  mains  5.  Les  unes  sont  pour  le 
fi  sais,  les  autres  pour  le  domaine  privé  du  prince.  C’est 
ainsi  que  les  mines  d’or  des  environs  d’Aquilée  furent 
enlevées  aux  TaurisquesNoriques  ;  c’est  ainsi  que  Tibère 


P1 


confisqua  celles  de  S.  Marins6.  Aussi  constatons- nous  que 
dès  le  icr  siècle,  toutes  les  mines,  toutes  les  carrières 
sont  exploitées  pour  le  compte  de  l’empereur,  sauf  de 
très  rares  exceptions1.  Elles  sont  administrées  par  des 
procuratores,  k'KixçoTzoï,  choisis  parmi  les  affranchis  ou 
parmi  les  esclaves  impériaux. 

On  a  établi  qu’il  n’y  avait  pas  pour  les  mines  et  les 
carrières  d’administration  centrale  à  Rome,  dépendant 
d’un procurator  metallorum  qui  aurait  eu  la  gestion  de 
toutes  les  affaires  minières8.  11  ne  parait  pas  non  plus 
vraisemblable  qu'il  y  ait  eu  un  procurator  chargé  des 
mines  d’une  province9.  Ce  n’est  que  beaucoup  plus  tard 
qu’il  est  fait  mention  dans  la  Notitia  dignitatum  d’un 
cornes  metallorum  per  Illyricum l0.  Mais  les  procura¬ 
tores  pouvaient  gérer  dans  une  province  entière  et  même 
dans  deux  provinces  des  mines  d’une  même  espèce.  Nous 
connaissons  par  exemple  des  procuratores  aurariarum 
Dacicarum  ferrariarum i2,  et  un  procurator  argenta- 
riarum  Pannoniarum  et  Dalmatiarum'3.  On  a  dans  le 
même  sens  un  procurator  Augusti  novarum  Lapicae- 
dinarum  Aurelianarum  en  Numidie,  un  procurator 
Marmorum  novorum...  etc.14  Ces  fonctionnaires,  néces¬ 
sairement  très  nombreux  dans  toute  l’étendue  de  l’Empire, 
devaient  relever  tous  du  procurator  patrimonii1* . 

Les  procuratores  ont  sous  leurs  ordres  toute  une  série 
d  employés,  mentionnés  par  les  inscriptions  :  1°  un  sub- 
procurator 16  ;  2°  un  secrétaire,  comment ariensis 11  ;  3n  un 
comptable,  tabular  tus  ’8,  ex  ratione 19  ;  4°  un  caissier, 


1  Clin.  XXXIV,  165;  cf.  Dietrich,  Beitr.  zur  Kenntniss  des  rôm.  Staatspâchter- 
Uipz,  1877,  p,  23.  Le  texle  de  Fline  ne  permet  pas  de  déterminer  la  dale 
ccs  redevances.  —  2  Liv.  XXXIV,  21 .  —  3  Liv.  XLII,  12  et  52;  XJ.V,  29  cl 
1  J.  Flacli,  La  table  de  bronze  d' Aljustrel  ( Nouv .  Ile v.  hisl.  du  droit  français 
|y  | l("'!lcr,  1878,  II,  p.  274).  —  B  0io  Cass.  LU,  28  (éd.  Boissevain).  —  B  Strab. 

’  ’  Cac.  Ann.  VI,  19.  — 7  Des  carrières  de  marbre  du  Pentélique  étaient  la 
H?*  **  ^Crode  Atlicus  :  Pans.  I,  19,  7  ;  VI,  21,2;  X,  32,  1  ;  Bruzza,  lscrizioni, 
d'„.  *  ^‘Seste  (XXVII,  9,  3)  considère  comme  propriétés  privées  les  mines 
u|Jn‘.  et  1  empereur  Valentinien,  en  365,  concède  aux  particuliers,  moyennant 
Cf  °  ,cllcvance>  Ie  droit  de  rechercher  les  mines  d'or  :  Cod.  Theod.  X,  19,  12. 

r,Uardt’  °P-  cit-  P-  3-7  :  Hirschfeld,  Op.  cit.  p.  73.  -  8  Hirschfeld,  p.  87. 
Lisd  mmSen’  Ephem.  epigr.  III,  p.  187,  pense  qu'il  a  pu  exister  un  procurator 
lent  '  °U  ln<''IIH’  flispaniae.  ïlübner,  Marquardt,  Plach  sont  d’un  avis  diffé- 


to  v,  .em'  EP'Vr-  HI,  p.  171  ;  Org.  financ.  p.  331;  Flacli,  Op.  cit.  p.  647 
'Jtitla  d<gnit.  Or.  p.  42.  —  11  C. 


5030  ;  V 


i.  lat.  III,  1297.  —  12  lb.  3953,  4788,  4809, 


’  81(,‘  13  lb.  m,  6575  ;  cf.  Hirschfeld,  O.  cit.  p.  86;  Marquardt,  O. 


MET 

arcarius 20,  un  intendant,  dispensator  ou  villicus 21 .  Il 
est  probable  que  ce  bureau  n  existait  au  complet  que 
dans  les  centres  miniers  très  importants. 

Les  procuratores ,  préposés  à  l’administration  et  a  la 
surveillance  des  mines  et  carrières,  pouvaient  diriger 
eux-mêmes  l’exploitation,  ou  l’affermer  à  un  ou  a  plusieurs 
publicains  ( conductores ,  p.iaOwTat).  La  l.ex  metalli  I  ipas- 
censis 22  nous  fait  connaître  l’organisation  d’une  mine 
affermée,  dans  quelques-uns  de  ses  détails,  et  cependant 
sur  des  points  essentiels  nous  sommes  réduits  à  ne 
pouvoir  proposer  que  des  hypothèses.  Tout  d  abord  il 
serait  important  de  savoir  si  c'est  à  des  individus  isoles 
ou  à  des  groupes  de  fermiers  distincts  les  uns  des  autres 
ou  à  une  même  société  que  sont  loués  les  différents 
monopoles  dont  il  est  question  dans  le  texte21.  On  peut 
penser  que  la  loi  ne  s’opposait,  par  elle-même,  ni  a  1  une 
ni  à  l’autre  de  ces  combinaisons.  Si  le  procurator 
trouvait  preneur  pour  le  tout  ou  pour  partie  de  l’exploi¬ 
tation  du  metal/um ,  la  loi  ne  lui  défendait  pas  d  accorder 
la  ferme  à  un  ou  plusieurs  conductores.  Mais  il  offrait  à 
ferme  toute  une  série  de  monopoles  distincts  les  uns  des 
autres.  Pour  ce  qui  est  des  gisements  métalliques,  il 
affermait  séparément  les  puits,  et  je  suppose  que  par  là 
il  faut  entendre  toull’ensemble  de  l’abatage  et  de  l’extrac¬ 
tion  des  minerais,  et  les  travaux  métallurgiques  de 
surface.  Le  premier  lot  est  mentionné  par  le  titre  Usur- 
pationes  puteorum  sive  pittaciarum^  ;  le  second  par  le 
titre  Scripturae  scaurariorum  et  testariorum-* .  Nous 
constatons  que  les  fermiers  ne  dirigent  par  eux-mêmes 
ni  les  travaux  de  la  mine  ni  ceux  des  ateliers  métallur¬ 
giques  :  ce  sont  des  entrepreneurs  qui  occupent  puits  et 
galeries;  ce  sont  des  entrepreneurs  qui  manipulent  et 
fondent  les  minerais;  ce  sont  des  entrepreneurs  qui  en 
importent  du  dehors  pour  leur  faire  subir  la  préparation 
nécessaire,  et  ces  diverses  personnes  doivent  déclarer  au 
conductor  dans  les  trois  jours  ou  dans  les  deux  jours  le 
nombre  d’esclaves  et  d’ouvriers  salariés  qu'elles  emploient, 
et  payer  les  redevances  fixées26.  De  même,  c’est  le  pro- 
curator  lui-même  qui  met  les  puits  en  vente,  qu’il  faille 
entendre  par  ces  mots  puteos  vendel  l’ouverture  de 
nouvelles  exploitations  ou  la  reprise  de  chantiers  aban¬ 
donnés21.  Mais  l’acheteur  dans  ce  cas  paiera  un  centième 
du  prix  de  la  vente  (faite  aux  enchères)  d’abord  au 
conductor  des  travaux  de  mine,  ensuite  au  crieur  public 
ou  plutôt  au  conductor  de  la  criée28.  Il  n'est  pas  douteux 
que  la  loi,  dans  la  partie  du  texte  qui  nous  manque, 
n’ait  prévu  et  mentionné  les  règles  de  l'exploitation. 

En  outre,  nous  voyons  que  dans  le  metallum  Vipas- 
cense  le  fisc  mettait  également  en  location  les  métiers 
que  l’agglomération  même  des  fonctionnaires,  des 
soldats,  des  entrepreneurs,  des  ouvriers,  des  esclaves  sur 

p.  331  ;  Flach,  O.  c.  p.  647. —  U  C.  i.  I.  VIII,  14551-14552,  14688  sq.  ;  Bruzza, 
p.  188,  D°  224,  etc.  — 15  Marquardt,  Op.  cit.  p.  331.  —  16  C.  i.  I.  III,  1088.  —  17  lb. 
1997.  —  18  76.  III,  t-297,  1313  ;  VI,  8484,  8485.  — 19  Ibid.  VIII,  14560-14563  ;  Toutain, 
Mélanges  de  l'École  de  Rome,  XIII,  1893,  p.  433  sq.  u0®  15  et  26,  etc.;  cf.  Mor.- 
ceaux,  Op.  cit.  —  20  C.  i.  I.  III,  3953.  —  21  Ibid.  III,  1997;  13239-13240.  Ccs 
employés  étaient  cerlainement  aussi  des  affranchis  ou  des  esclaves  impériaux  : 
C.i.  I.  II,  -,  5181,  I.  23.  —  22  lb.  Nous  la  désignerons  par  Lex  met.  Vip. 
—  23  Hübner,  Ephepigr.  III,  p.  174,  croit  à  l’existence  d'une  seule  société  ;  Flach 
est  pour  l'opinion  opposée  :  Op.  cit.  p.  279.  —  24  Lex.  met.  Vip.  I.  58-60.  —  25  lb. 

1 . 46-56.  —  26  Lee  met .  vip.  L.c.  —  27  four  l'explication  du  mol  pittaciarum,  deux 
hypothèses  :  l  une,  de  Mommsen,  consiste  à  dire  que  ce  mot  désigne  un  droit  de 
transcription-  do  la  tablette  ( pittaciuni )  qui  marquait  la  prise  de  possession  d'un 
puits  :  voir  Ephem.  epigr.  III,  p.  186  ;  l'autre,  de  Willmanns  (Zeitsch.  f.  Bergrecht, 
XIX,  2,  p.  16),  selon  laquelle  1  e pittacium  est  une  attestation  du  droit  de  l'acheteur  : 
tant  que  celui-ci  u  a  pas  pris  possession  lu  puits,  il  paie  une  taxe  fixe  ( pittaciarum ). 
Cf.  ïlübner  dans  Corp.  inscr.  lat.  Il,  2,  p.  800.  —  2»  Lex  met.  Vip.  1.  3,  15-16. 


MET 


—  1872  — 


MET 


le  territoire  minier  pouvait  faire  vivre.  C’était  la  mine 
qu’était  dû  le  groupement  de  la  population  :  il  paraissait 
juste  que  les  professions  qui  venaient  servir  cette  popu¬ 
lation  payassent  une  redevance  au  fisc.  Il  faut  de  plus 
considérer  que  la  ferme  de  ces  monopoles,  dont  l’admi¬ 
nistration  était  contrôlée  d’une  façon  permanente  par  le 
procurator ,  assurait  à  tout  le  monde  la  jouissance  des 
objets  ou  des  services  indispensables,  faute  de  quoi 
1  exploitation  des  mines  dans  un  pays  difficile  pouvait 
être  rendue  impossible  '.  Plus  tard,  en  effet,  au  ive  et 
au  vc  siècle,  le  gouvernement  impérial  fut  obligé  de 
retenir  par  la  force  les  familles  d’ouvriers  libres  occupés 
aux  mines,  et  l’on  peut  croire  qu’une  des  causes  de  ce 
manque  de  bras  était  précisément  la  difficulté  des  condi¬ 
tions  d’existence  sur  les  terrains  miniers  -.  Aussi 
voyons-nous  dans  le  metallum  Vipascence  le  privilège 
de  bains  gratuits  accordé  aux  affranchis  et  aux  esclaves 
de  César  employés  par  le  procurator ,  de  même  qu’aux 
soldats  h  Ainsi  la  préoccupation  du  législateur  est  de 
surveiller  les  conductores ,  tout  en  assurant  le  paiement 
des  redevances,  qui  leur  étaient  dues,  pour  provoquer 
une  prospérité  croissante  de  l’exploitation  et  par  suite 
1  augmentation  des  bénéfices  du  fisc. 

Le  metallum  Vipascense  n’était  pas  le  seul  affermé 
de  la  sorte.  Les  metalla  Antonianum  et  Samariense  de 
la  Bétique  l’étaient,  également  \  comme  les  mines  de 
cinabre  de  Sisapon  5,  comme  les  mines  de  fer  de  la  Nar- 
bonnaise  6,  du  Norique  7,  comme  les  carrières  de 
porphyre  d’Ëgypte8,  et  bien  d’autres  encore.  Il  serait 
intéressant  de  connaître  pour  quelques-unes  de  ces  mines 
ou  carrières  le  montant  des  revenus  qu’en  tirait  le  fisc  ou 
le  patrimoine  privé  des  empereurs;  malheureusement 
nous  n’avons  point  de  données  sur  ce  point9. 

Dans  d’autres  cas,  le  procurator  dirigeait  lui-même 
l’exploitation  des  mines  et  des  carrières  ;  c’est  de  lui  que 


dépendait  alors  le  personnel  technique  dom 
parlé  précédemment.  11  en  était  ains’i  prind^* 
pour  les  carrières,  par  exemple  en  Nunûdh  HGnt 
Coloma  Numidica  Simithu{ Chemtou)19  ,,,  a..;’  „ans  la 


a  Tralles  et  à  Synnada",  e»  Grèce  à  Carvslos"  7“ 
plusieurs  endroits  encore.  Faut-il  voir  dans pp 
les  grandes  carrières  appartenaient  non  au  //,  J!  ^ 
au  patrimonium  Caesaris ,  la  raison  d’être  de’  “T’ 
exploitation  directe t  par  les  procuratores,  sans 
ti°n  de  fermiers  ?  Il  est  permis  de  le  nensP,.  „  • 
constate  que  les  mines  d’or  de  la  Dacie  de  là  r?"  ?" 
de  la  Dalmatie13,  qui  étaient  propriétés  de  l'empereuro  ’ 
de  membres  de  la  famille  impériale  »,  étaient  de  même 
dirigées  par  les  procuratores ,  sans  qu’on  voie  paraître 
dans  les  inscriptions  qui  les  concernent  le  nom  des  con  ' 
ductores.  On  voit  même  à  plusieurs  reprises  des  officiers" 
tribuns,  centurions,  décurions  chargés  en  personne  dé 
la  direction  de  1  exploitation  de  certaines  carrières18 
Ainsi  il  semble  que  le  système  qui  consistait  à  afîermei 
les  mines  fût  réservé  à  celles  qui  relevaient  du  fiscus 
c’étaient  des  mines  d’argent, de  cuivre,  defer  ;  au  contraire 
les  mines  dont  les  revenus  tombaient  dans  la  caisse  par 
ticulière  de  l’empereur,  et  spécialement  les  mines  d’or 
étaient  exploitées  directement  par  les  procuratores  ;  il  er 
était  de  même  pour  les  carrières  les  plus  importantes. 


Les  pénalités  qui  frappaient  les  fautes  des  employés 
de  l’administration  des  mines  sous  l’Empire,  nous  sont 
inconnues,  et  il  est  à  croire  que  l’empereur,  sous 
l'approbation  duquel  étaient  passés  les  fermages  et  dont 
relevaient  tous  les  procuratores ,  était  le  seul  juge  des 
peines  à  infliger.  La  Lex  metalli  Vipascensis  ne  contient 
que  des  prescriptions  touchant  les  amendes  à  payer  par 
les  entrepreneurs  ou  par  les  particuliers  aux  conductores , 
quand  ils  lèsent  un  monopole,  ou  par  les  conductores  au 
procurator  quand  ils  n’accomplissent  pas  toutes  les 


1  J.  Flacli,  Op.  cit.  p.  278-279,  fait  ressortir  ce  point  avec  force.  Cf.  Caillemer, 
Bev.  critique,  1860,  I,  p.  185.  —  2  Cod.  Theod.  X,  19,  5,  0,  7,  15  ;  ilirschfeld,  Op. 
cit.  p.  90  ;  Flacli,  L.  c.  —  3  Lex  met.  Vip.  I.  23-94.  —  4  Plin.  XXXI V,  165.  —  5  Plin. 
XXXIII,  118  ;  C.  i.  I.  VI,  9634;  X,  3964.  —  6  C.  i.  I.  XII,  4398.  —  ^  1b.  III,  4788, 
4809,  5036;  V,  810.  —  8  C.  i.  gr.  V,  4713;  cf.  Hirsclifeld,  Op.  cit.  p.  82.  —  9  Une 
allusion  de  la  Lex  met.  Vip.  1.  34,  laisse  supposer  qu’il  y  avait  une  loi  spéciale  pour 
les  mines  de  fer  ( ex  lege  f errariarum) .  Cf.  C.  i.  I.  111,  2,  5181,  p.  794. 

Mommsen  a  émis  l'opinion  d’après  la  ligne  59  (e  lege  metallis  dicta)  qu’il 

y  avait  une  loi  générale  sur  les  mines,  dont  les  autres  ne  faisaient  que 
compléter  les  prescriptions  :  Eph.  epigr.  III,  p.  187  ;  Hübner  n'est  pas  de  cet 
avis  :  1b.  p.  185.  —  10  Résumé  de  ce  que  nous  savons  sur  ce  point,  dans 

Monceaux,  Op.  cit.  p.  324  sq.—  U  Ephem.  epigr.  V,  p. 61,  n°  160  ;  Ramsav,  Mélanges 

de  l'Ecole  de  Home,  1882,  p.  294;  Monceaux,  Op.  cit.  p.  328  sq.  —  12  Bruzza,  Op. 
cit.  p.  172,  n°  1.  —  13  C.  i.  I.  III,  213,  1297,  1307,  1311,  1313,  6575,  7127. 
—  14  Brandis,  dans  Pauly-Wissow  a,  Heal-Encycl.  IV,  2,  p.  1973,  à  l'art,  dacia, 
suppose  d'après  l'inscription  1307  [C.  i.  I.  III)  que  les  mines  d’or  étaient  la  propriété 
de  Lucilia,  femme  de  Lucius  Verus.  —  13  C.  i.  I.  III,  25  et  75  ;  C.  i.  gr.  4713  ;  cf. 
Bruzza,  Op.  cit.  n°  237.  —  Bibliographie.  Sur  les  mines  de  l’antiquité  en 
général  :  Agricola,  De  re  metallica,  Bâle,  1757;  Carvophilus,  De  antiquis  auri, 
argenti,  aeris,  ferri plumbique  fodinis  opusculum,  Vienne,  1757  ;  Savot,  Recherches 
sur  la  métallurgie  des  anciens,  Paris,  1779;  Reitemeier,  Gcscliichte  des  Bergbaus 
und  Hüttenwesens  bei  den  alten  Vôlkern,  Goetling.  1785;  Chassot  de  Florencourt, 
Ueber  die  Bergwerke  der  A  lien,  Goetting.  1785  ;  Ameitlion,  Sur  la  métallurgie  des 
anciens  cl  l'exploitation  des  mines  d'or  (Mém.  de  littérature  de  l'Acad.  lnscr.  et 
Belles-Lettres,  XLVI,  1793,  p.  477  sq.);  Launay,  Die  Minérale  der  Alten,  Prague, 
1799  ;  Sabatier  (J.  et  L.),  Production  de  l'or,  de  l'argent  et  du  cuivre  chez  les  an¬ 
ciens,  Saint-Pétersb.  1850  ;  Zippe,  Geschichte  der  Metalle,  Vienne,  1857  ;  Rossignol, 
Les  métaux  dans  l’antiquité,  Paris,  1863  ;  A.  Léger,  Les  travaux  publics,  les  mines 
et  la  métallurgie  au  temps  des  Romains,  Paris,  1875  ;  Franlz,  Bas  Gold  im  Alter- 
thume  ( Berg -  und  Hüttcnmünnische  Zeitung,  1880,  XXXIX,  p.  5  sq.)  ;  Bas  Silber 
im-A  Iterthume,  Jbid.  p.  173  ;  Blet  und  Zinn  im  Allerthume,  Ibid.  p.  365  ;  Hoffmann, 
Bas  Blei  bei  den  Vôlkern  des  Alterthums,  Berlin,  1885  ;  Bliimner,  Technologie  und 
Terminologie  der  Gewerbe  und  Künste,  IV,  Leipzig,  1886.  [Voir  la  bibliographie,  art. 
ferrim.)  -  Mines  grecques  en  général  :  Bursian,  Géographie  der  Griechen- 
land,  Leipzig,  1862-1868;  Neumann  et  Partsch,  Physikal.  Géographie  von  Grie- 
chenland,  Breslau,  1885;  Boeckh,  Staatshaushaltung  der  Athener  (éd.  Fraenkel), 
Berlin,  1886;  Guiraud,  La  main-d'œuvre  industrielle  dans  l'ancienne  Grèce  [Bibl. 


’.e  la  Faculté  des  Lettres  de  l’ Université  de  Paris,  XII),  Paris,  1900;  Francotle, 
,’ industrie  dans  la  Grèce  ancienne  (Bibl.  Faculté  Philosophie  et  Lettres  de 
'Université  de  Liège,  Vil  el  VIII),  Bruxelles,  1900-1901.  —  Mines  du  Laurion  : 
loeckh,  Ueber  die  Lauriscltcn  Silber  g  wer-ke  in  Attica  ( Abhandl .  d.  Berlincr 
\kad.  d.  T Viss.  1815,  p.  85)  ;  réédité  dans  les  Gesamm.  kl.  Schri/ten ,  VI,  p.  1  sq.j 
lordella,  Le  Laurion,  Marseille,  1869;  Baugabé,  Du  Laurion  (Mém. présentés  par 
’ivers  savants  à  l'Acad.  des  lnscr.  et  Belles- Lettres,  lre  série,  16/4,  b  'III, 

‘  partie,  p.  297-346)  ;  Hansen,  De  metallis  allicis ,  Hambourg,  1885;  J. -J.  Bimlcr, 
’.aurion,  die  attischen  Bergwerke  im  Alterthum ,  Laibacli,  1895  ;  Ardaillou,  Mines 
!«  Laurion  dans  l'antiquité,  Paris,  1897  ;  de  Launay,  Les  mines  du  Laurion  dans 
antiquité  (Annales  des  Mines ,  1899).  —  Siphnos  ;  Bout,  On  the  Gobi  and  si  h  n 
I Lines  of  Siphnos  (Journ.  of  hellenic  Studies,  VII,  1885,  p.  195).  Cbypie  ■ 
i.  Gaudry,  Géologie  de  Vile  de  Chypre  (Mém.  de  la  Soc.  géologirp 
France,  III,  Paris).  —  Mines  romaines  en  général  :  Hirschfctl,  l  a  er-l 
uch.  aus  dem  Gebiete  der  rom.  Verwaltungsgeschichte,  I,  l1-  -  1 

èrqwerke  ;  Binder,  Die  Bergwerke  im  rômischen  Staatshaushaltung,  »*' 
Hübner,  Rômisch.  Bergwerksverwaltung  (Deutsche 
Hirst,  On  the  mining  operations  of  the  ancien t  Homans 
Journal,  X  L 1 1 ,  n»  165);  Marquardt,  Organis.  financière  _ 
...  317  (trad.  Vigié),  Paris,  ,888.  -  Italie-Sardaigne  :  S, mom. 

t,1  l’exploitation  des  mines  et  de  la  métallurgie  en  Toscane  pt  axai  i  ^ 

le  moyen  âge  (Annales  des  Mines,  1858,  p.  657)  ;  de  Launay,  ,s  ne  .  Bet|ie; 
i  strie  minière  en  Sardaigne  (Ann.  des  Mines,  1892,  p.  51 1).  .s^?ap0|0(j  Com- 

ommentatio  de  antiquae  Hispaniae  re  metallica,  Goeltingue,  Pcrnollet, 

entatio  de  metalli  fodinis  antiquis  Hispaniae,  Goettinguc,  .  ^  ^  ^ 
’ines  et  fonderies  du  midi  de  l'Espagne  (Annales  des  '  çmnieM, 

253)  ;  Roesinger,  Ueber  den  Gold  und  Silberreichtbum  <  o  1877.  ]||t 

diwcidnitz,  1858;  Hübner,  Lex  metalli  Vipascensis  (Ephem.  V9- 
, 65)  ;  J.  Flacli,  La  table  de  bronze  d’Aljustrel  (Nouv.  Ilrvun  is  ^  Vipas- 

étranger,  1878,  H,  p.  269  et  645);  Hübner,  Commentaire  a  »  _|yo  y  Ta,.iu, 
nsis,  Corp .  inscr.  lat.  II,  2,  5181  (bibiiographie  spéciale] \,^  {Memjgapa 
escripcion  fisica,  geologica  y  minera  de  la  prov incia  i cuivre dans 
•ol.  di  Espan a),  II,  Madrid,  1888.;  de  Launay,  Mém.  sur  Ivio  «  . 
région  d'Huelva  (Annales  des  Mines,  1889,  p.  427).  ^  an  Qaule  (i?eu.  ai-cA- 

storique  sur  l’exploitation  des  mines  métalliques  tans  ^  la  Gaide 

,  XVII,  p.  298-313;  1881,  XL1,  p.  201,  261,  327);  Desjar  ms,  •  ■  Rmischt 
l,p.  409-430,  Paris,  1876,  —  Grande-Bretagne  . 


1880  ; 
11,  p.  196) 
laeological 
omains,  p. 


naine 


—  1873  — 


MET 


MET 


.  ju  cahier  des  charges;  il  n’y  est  point  fait 
con,  "|"|  ,.omme  dans  la  loi  des  mines  d’Athènes,  de 
^"'""•vltcignant  ceux  qui  commettent  des  délits  dans 
f  "'ioiUition  même  des  mines.  E.  Ardaillon. 

U  npine  des  mines  ( darnnatio  ad  metalla ), 
pour  la 

•  ei-nVITUS  POENAE. 

v0"rTA,X,KAI  DIKAI  [metalla  p.  1869,  1870]. 

'  fT'YTOR  [CASTRORUM  metator,  metatum]. 

'\fTATUM.  —  On  appelait  ainsi  ',  chez  les  Romains, 
,J.uf<re  au  logement  imposée  aux  propriétaires,  au 
Mules  militaires,  et  de  certains  employés  civils.  Elle 
'"."  niait  sans  doute  de  l’ancienne  coutume,  déjà  en 
Mcur  sous  la  République,  d’obliger  les  villes  alliées  ou 
vlpelu,s  à  recevoir  les  envoyés  du  Sénat,  les  gouverneurs 
Mur  escorte,  et  même  de  leur  fournir  des  moyens  de 
transport  [corses  publicus,  provincia].  Dès  les  premiers 
,  g  ae  l’Empire,  on  trouve  dans  les  textes  du  Digeste  - 
la  meuve  que  la  charge  de  loger  les  troupes  est  imposée 
aux  possessores  de  chaque  cité  à  tour  de  rôle,  comme 
attachée  à  la  propriété  ( muiius  patrimonii)  ;  on  l’appelle 
aussi mimas  hospitis  in  domo  recipiendi3  ou  ÈTu<ri:a0p.t'av. 

Elle  s'appliquait  au  profit  des  magistrats  romains, aux  gou¬ 
verneurs  ( praetores ,  judices ),  à  leur  escorte  (' comitatus ), 
enfin  aux  soldats  en  marche5,  et  même  aux  auxiliaires 
barbares,  foederati  ou  autres,  faisant  partie  de  l’armée. 
Dans  certains  cas  une  portion  de  fruits  devait  même 


être  prestée  par  les  propriétaires  ob  transitum  exer- 
citus6.  Les  anciens  ouvrages  des  agrimensores  ou 
gromatici  mentionnent  aussi  la  charge  de  fournir 
l’impôt  en  nature  ( annona  publica ),  soit  à  la  troupe 
[milili  praetereunti),  soit  aux  compagnons  du  gouver¬ 
neur,  du  magistrat  ou  du  prince  (comitatui)'’ .  Des 
constitutions  déterminent  les  cas  où  les  cités  doivent 
l’annone  aux  présidents  et  aux  intendants  et  à  leurs 
bêtes  de  somme 8  ;  le  tout  sans  préjudice  des  réquisitions 
extraordinaires  [comparatio  publica]  9.  11  ne  faut  pas 
confondre  cette  charge  réelle  du  logement  pesant  sur  les 
possesseurs  avec  la  charge  personnelle  des  xenupa- 
rochi lü  des  municipes,  c’est-à-dire  la  surveillance  des 
maisons  municipales  destinées  aux  hôtes  de  la  cité, 
hospitalium  domorum  cura".  Ceux  qui  faisaient  usage 
de  la  poste  publique,  en  vertu  d’un  permis  du  prince 
[evectio,  cursus  publicus],  n’avaient  pas  droit  à  la  nour¬ 
riture  dans  les  gîtes  (rnansiones) ,  à  moins  que  le  diplôme 
(tracloriae)  indiquant  l'itinéraire  ne  leur  concédât  le 
viatique  [ viaticum ),  dont  il  déterminait  l’étendue  avec 


le  nom  du  titulaire12.  Il  était  interdit  du  reste  aux 
voyageurs  ou  fonctionnaires  de  distinction  de  s  installer 
dans  les  palais  impériaux  qui  se  trouvaient  dans  un 
grand  nombre  de  cités13,  sauf  exception  pour  les  gou¬ 
verneurs  dans  les  villes  éloignées  des  routes  qui  ne 
possèdent  pas  de  prétoires  (praetoria) 1 1  ;  on  défend 
aussi  aux  tribuns  des  légions  et  aux.  comtes  d  exiger 
l’usage  gratuit  des  bains  des  ciLés 1  °. 

Les  constitutions  impériales  défendaient  aux  soldats 
des  troupes  de  passage  d’exiger  des  provinciaux  autre 
chose  que  le  logement.  Une  lettre  d’Aurélien  ad  vicarium 
suum  interdit  notamment  aux  soldats  de  réclamer  de 
l’huile,  du  sel  et  du  bois,  et  leur  prescrit  de  se  contenter 
del’annone  fournie  par  l’État16  et  de  se  conduire  décem¬ 
ment  dans  leurs  quartiers  :  in  hospitiis  caste  se  agant. 
Constance  et  Constant,  en  340,  renouvellent  cette  prohi¬ 
bition  dans  une  constitution  adressée  aux  provinciaux, 
et  en  342,  dans  un  rescritau  préfet  du  prétoire  Léontius1  '. 
Les  abus  se  perpétuaient,  car  \alentinien,  lhéodose  et 
Arcadius,  en  393,  défendent  encore  de  demander  rien,  à 
titre  d’aliments  ( salgami  nomine),  ni  huile,  ni  bois,  ni 
literie18,  llonorius  et  Théodose  appliquent  la  même  règle 
en  416  à  quiconque  a  droit  au  logement19. 

Le  logement  était  dû  à  une  série  d’officiers  civils, 
d’abord  à  l’empereur  et  à  sa  suite,  comitatui 20,  et  cela 
sans  aucune  exemption,  puis  aux  gouverneurs  de  pro¬ 
vince,  judices21.  Le  magister  officiorum  [officia]  avait 
sous  ses  ordres  le  corps  des  metatores  ou  mensores 22  (ou 
maréchaux  de  logis),  commandés  par  un  primicerius  ;  ils 
étaient  chargés  de  marquer  les  logements,  en  indiquant 
sur  la  porte  de  la  maison  le  nom  du  destinataire  ;  il  était 
interdit  d’effacer  ces  marques  sous  peine  de  faux  **.  Les 
particuliers  n’étaient  d’ailleurs  tenus  que  de  mettre  le 
tiers  de  leur  maison  àla  dispositiondes  hôtes  ( hospites)r\ 
et  la  moitié  pour  un  personnage  de  la  classe  des  illustres, 
non  compris  les  boutiques  destinées  au  commerce 
Certaines  maisons,  exemptes  pour  la  moitié  ou  les  deux 
tiers,  ne  fournissaient  que  le  tiers  du  surplus.  Les 
ayants  droit  ne  pouvaient  convertir  en  argent  la  charge 
du  logement;  la  vente  de  l’exemption  était  une  fraude 
connue  sous  le  nom  cYepidemeticum  et  frappée  d’exil  et 
de  confiscation26.  La  franchise  du  metatum  était  accordée 
à  certains  dignitaires  pour  une  ou  plusieurs  de  leurs 
maisons2',  suivant  lpur  rang,  aux  médecins  ( archiatri ) 
du  palais  de  l’empereur  et  à  ceux  de  la  capitale,  aux 
professeurs  de  belles  lettres  et  de  peinture28,  aux  maisons 


bleigruben  in  Britannica  (Rhein.  Muséum  fur  PhiXologie,  XII,  1857,  p.  340  sq.)  ; 
Cort ■  inscr.  lut.  VII,  p.  220  (bibliographie  spéciale).  —  Carrières  en  général  : 
Borghcsi  ci  Ilcnzen,  Annali,  1843,  p.  333-346  ;  Bruzza,  Iscrizioni  dei  marmi  grezzi 
Amali,  XL11, 1870,  p.  100-204)  ;  de  Rossi,  Dei  cristiani  condannati  aile  cave  dei 
"larm>  ( Bvllet .  di  archelog.  -crût.  1808,  p.  17;  1879,  p.  52).  —  Afrique: 
Héron  de  Villefosse,  Jlev.  arcli.  1882,  XLIII,  p.  293;  Cagnat,  Explorations  en 
ïttniaie, â*  rapporl,  Paris,  1884.  p.  101  ;  Nouvelles  explorations  en  Tunisie,  Paris, 
18S7>  ]>■  97  ;  Toutain,  Mél.  de  l'École  de  Borne,  XIII,  1893,  p.  433;  Monceaux, 
ioc'  des  Antiquaires  de  France,  1900,  p.  323.  —  Grèce  :  Ross,  Insclreisen, 

■  R'Itgarl,  1840-1852;  Fiedler,  Ileise  durch  aile  Theile  des  Kônigreichs  Griechen- 
"nrf’  Leipzig,  1841;  Lepsius,  Griech.  Marmorstudien  ( Abhandl .  d.  Akad.  d. 
^sensch.  zu  Berlin,  1890),  Berlin,  1891.  —  Égypte  :  La  Rosière,  Descript. 
j  L'/ÿpfe,  III,  p.  424,  Paris,  1821  ;  Letronne,  Recueil  des  Inscriptions,  I,  p.  15S  ; 

‘"emfurih,  Die  Steinbrüche  am  Mons  Claudianus  in  der  osll.  Wüste 
J./ypU’ns  (Zeitsch.  d.  Gesellschaft  fiir  lirdkunde  zu  Berlin,  1897,  XXXII,  p.  1). 

,  Sle  Hamsay,  Mil,  de  l'École  de  Rome,  1882,  II,  p 
E  ]v',es  Antiq.  de  France,  1900,  p.  323. 

1870  °y"er’  JtÔm"  Ste'nbrüche  auf  dem  Felsba  g  a.  d.  Bergstrasse,  Darmstadt, 
,.  "ll  cn  °nlre  la  bibliographie  des  articles  i.aims,  MAnxion. 

Cer„  '  Vll  M'  '  Cod‘  VII,  8,  De  metatis;  Cod.  Just.  XII,  41;  voir  Uaupp, 

dm  U  Anaie^un9«n,  IIP  Abschnitt,  Lieferungs  undEinquartierungswesen  bei 
m'  Ar'neen  in  den  letz.  ahrhund.  des  occid.  Kaiserreichs,  et  Ve  Abschnitt, 


291  ;  Monceaux,  Bull. 
—  Germanie  :  A.  von  Cohausen, 


Breslau,  1844.  —  2  Dig.  De  mimer.  L,  4,  fr.  6,  §5  5  et  15  ;  fr.  18,  §§  21 ,  22,  25. 

—  3  Dig.  L,  b,  De  vacat.  et  exc.  fr.  11.  —  4Cic.  Ad  Att.  XIII,  52,  2;  Polyb.  XV,  24, 

2,  3:  Hesych.  s.  h.  v.  —  5  Kuhn,  Die  staedt.  und  bilrg.  Verfass.  p.  61. 

—  0  Dig.  De  usuf.  VII,  1,  fr.  27,  §3.-7  Sic.  Flacc.  De  cond.  agr.  p.  165,  éd. 
Lachmann.  —  »  Cod.  Theod.  VIII,  5,  3,  De  cars  u  publico.  —  9  Serrigny,  O.  I.  I, 
n„  410.  —  10  Dig.  L,  4,  De  mimer,  fr.  18,  §  10.  —  U  Cod.  Theod.  XI,  16,  c.  15. 
De  extraord.  sive  sordid.  XI,  16.  —  12  Ibid.  VIII,  6,  De  tractoriis  et  stativis,  1 
el  2.  _  13  Ibid.  VII,  10,  1 ,  Ne  quis  in  palatio  maneal.  —  *4  Ibid.  eod.  titul. 

—  15  Ibid.  VII,  11,  Ne  comit.  et  trib.  lavacra  praest.-.l  et  2.  —  >6  Vopisc. 
Aurel.  7;  Godefroid,  Paratitl.  ad  Cod.  Theod h  VII,  1;  De  re  mil.  p.  251  el  s.; 
Gaupp,  German.  Ansiedlung.  p.  85-93.  —  U  Cod.  Theod.  VII,  9,  c.  1  et  2,  10,  De 
salgamo  hospit.  non  praeb.;  Cod.  Just.  XII,  42.  —  18  Cod.  Th.  VU,  9,  3. 

—  19  Ibid.  VII,  9,  4.  — -b  Ibid.  VII,  8,  8,  14;  Cod.  Just.  XII,  41,  4,  De 
metatis  ;  Serrigny,  Droit  publ.  rom.  I,  nos  120  à  130.  —  21  Cod.  Th.  VU,  8,  6,  61  ; 
C.  Just.  XII,  41,  3.  —  22  Cod.  Th.  VI,  34,  1,  De  mensor.  ibique,  Godefroid. 

_ 23  Cod.  Th.  Vil,  8,  4,  5  ;  C.  Just.  XII,  41,  1,  2,  De  metatis.  —  Ce  fut  peut-être 

l'origine  du  système  adopté  par  les  anciens  foederati  bourguignons  et  wisigolhs, quand 
ils  imposèrent  à  leurs  hôtes  gaulois  le  partage  de  leurs  terres.  Voir  Gaupp,  Op.  cit. 
sect.  V;  Léotard,  Condit.  des  barbares,  p.  100,  Paris,  1873.  —  25  Cod.  Th.  VU,  8,  5- 
13, 16;  C.  Just.  XII,  41,2.  —  28  Cod.  Just.  XII,  41,  12,  De  mêlât.  ;  Serrigny,  Op.  cit, 
n««  429-430.  —  27  Cod.  Just.  XII,  41,  10;  C.  Th.  VU,  8,  15,  16.  —  28  C.  Just.  XII,  41. 
8  ;  C.  Th}  Xlll  3,  16,  18,  De  medicis;  C.  Theod.  XIII,  5,  4,  De  excus.  arlific. 


MET 


—  \ 874  — 


MET 


des  employés  des  fabriques  impériales  {fabriccnses) 
Justinien,  par  sa  Novelle  130  rendue  en  5  43,  réglementa  à 
nouveau  la  matière  du  logement  militaire.  G.  Humbert. 

METAXA,  MATAXA  ((Asxa^a),  lil,  corde,  écheveau.  — 
Ce  mot  se  rencontre  anciennement  sous  la  forme  malaxa  : 
désignant  premièrement  la  corde  à  laquelle  est  suspendu 
un  plomb  de  somj,e 1  ;  deuxièmement,  le  lien  qui  assemble 
un  faisceau  destiné  à  faire  des  lattes  de  couverture;  selon 
d’autres,  ce  faisceau  même,  dont  les  brins  sont  rangés 
sous  le  lien  comme  ceux  d’un  écheveau  2. 

On  ne  trouve  plus  ensuite  que  la  forme  metaxa  au  Bas- 
Empire;  c  est  alors  le  nom  de  la  soie  grège  en  écheveau 
ou,  comme  on  dit  encore,  en  tnatasse  [serica],  E.  S. 

METAXAR1US.  —  Ouvrier  qui  travaille  la  soie  grège 
ou  metaxa'. 

METEOROLOGIA.  —  Les  modernes  comprennent 
d’ordinaire  sous  le  nom  de  météorologie  l'étude  de  tous 
les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  1  atmosphère. 
Les  anciens  attribuaient  généralement  un  domaine  plus 
vaste  à  la  météorologie.  Aristote  a  fait  entrer  dans  le 
traité  en  quatre  livres  qui  porte  le  titre  de  MeTewpXoytxà, 
l’explication  de  tous  les  phénomènes  où  figure  l’un  des 
quatre  éléments,  la  terre  (minéraux),  le  feu,  l’air  (gaz) 
et  l’eau  (liquides).  Toutefois,  Pollux'  restreint  considé¬ 
rablement  ce  domaine  et  le  circonscrit  dans  un  canton  de 
l’astronomie. 

Nous  allons  passer  rapidement  en  revue  les  principaux 
points  de  la  science  météorologique,  savoir  la  question 
de  la  foudre ,  celles  des  aurores  boréales ,  des  étoiles 
filantes ,  des  aérolithes,  de  Y  arc-en-ciel  El  des  marées. 

En  ce  qui  concerne  la  foudre,  qui  a  été  le  sujet  d’un 
article  spécial  [fulmenJ,  nous  n’en  dirons  que  peu 
de  mots,  à  titre  de  complément.  La  philosophie  hésita 
quelquefois  à  chercher  la  signification  de  la  foudre. 
Socrate,  cité  par  Xénophon 2,  désapprouve  cette  recherche  ; 
l’école  pythagoricienne  s’en  abstient  ;  mais  tous  les  phi¬ 
losophes  naturalistes  ont  tenté  d’expliquer  ce  phéno¬ 
mène.  Suivant  la  plupart,  au  premier  rang  desquels  se 
rencontre  Aristote  3,  la  foudre  est  un  souflle  (Ttvsujjix, 
spiritus ),  qui  s’enflamme  dans  les  nuages  au  moment  de 
l’éclair  ou,  en  d’autres  termes,  un  jet  de  gaz  enflammé1. 

Une  autre  école,  représentée  par  Démocrite,  Épicure, 
Lucrèce  et  Galien,  voulait  que  la  foudre  préexistât  dans 
les  nuages  avant  d’y  apparaitre  et. qu’elle  fûL  constituée 
par  la  réunion  des  germes  ignés  répandus  partout, 
notamment  dans  les  nuages,  et  par  leur  éruption  brus¬ 
quement  effectuée.  Toutefois,  Épicure  et  Lucrèce,  son 
fidèle  représentant,  admettent  toute  autre  explication, 
pourvu  qu’elle  puisse  concorder  avec  la  théorie  des 
atomes,  fondement  de  leur  doctrine  scientifique. 

Anaxagore,  cité  par  Aristote  et  Sénèque,  supposait  que 
le  feu  de  la  foudre  s’était  formé  dans  l’éther,  région 
supérieure  à  celle  des  nuées;  Empédocle  avait  proposé 
une  hypothèse  analogue.  L’astronome  Cl.  Ptolémée,  au 
iC  siècle  de  notre  ère,  et  son  commentateur  Proclus,  au 


V°  S1^cle>  attribuaient  aux  planètes  une  influence  dm 
nante  sur  la  foudre;  mais  on  trouve  déjà  uno  Prn“' 
cette  opinion  dans  l’explication  de  Sénèque  •Ce  <le 

dant  "c  P“rail  P»s  admettre  c,ue  la  régie,;  Tl.  Cep';n' 
gique  soit  très  élevée.  8  nuteorolo- 


U1  v  U  DCo 


i.  ont  ete  remplacées  nar  h 
notions  vraiment  scientifiques  que  dans  ,  P  dos 

moitié  du  xviip  siècle  et,  comme  l’a  dit  Th  H  v,eCOlule 
sur  ce  chapitre  «  Descartes  en  savait  moins  que  Sé!*1"  S 
c  f  ‘ -7  ,ls  ;'a™ient,  pas  plus  le  premier  que  L 
«  le  fil  conducteur  préparé  par  Otto  de  Guericke  w  n 
Hawkesby,  Dufay,  Wilcke,  OEpinus,  Richniann  Jfv 
bard,  Nollet,  etc.,  et  achevé  par  Franklin  »  ’ 

Parmi  les  phénomènes  que  les  anciens  rapprochaient 
de  la  foudre,  nous  citerons  la  trombe  incendiaire  o, 
prester  (irp-^o),  qui  joue  un  grand  rôle  dans  lamvthn- 
logie  philosophique  des  néopythagoriciens6  ;  le  typhon 
(*cucpcjjv)  ou  trombe  ordinaire,  et  l’ouragan  {intmlJ 
L  antiquité  figurée  nous  a  conservé  sous  plusieurs 
formes  la  représentation  de  la  foudre  [fulmen].  L’étude 
de  ces  types  permet  de  constater  que  les  Grecs,  les 
Romains  et  les  Étrusques  ont  une  façon  commune  de 
représenter  la  foudre. 

On  a  essayé  de  démontrer  que  les  anciens  avaient 
connu  et  pratiqué  des  procédés  pour  attirer  ou  plutôt 
pour  produire  la  foudre  à  volonté.  L’on  a  même  avancé 
qu  ils  avaient  eu  des  espècesde  paratonnerres.  M.  Th. -H. 
Martin  a  fait  justice  de  ces  vaines  tentatives,  et  sur  cette 


question,  comme  sur  toute  la  météorologie  antique,  nous 
conclurons  avec  lui  :  «  A  chacun  sa  part  légitime,  mais 
unique  ;  aux  anciens  le  mérite  d’avoir  fait  les  premiers 
pas  dans  le  chemin  de  la  science  de  l’électricité  atmo¬ 


sphérique,  au  milieu  de  beaucoup  de  difficultés  et  de 
préjugés,  avec  les  tâtonnements  de  l’inexpérience,  avec 
les  incertitudes  d’une  méthode  non  formée  et  avec  la 
hâte  de  conclure  d’après  des  données  insuffisantes  ;  à 
eux  l’honneur  de  s’être  avancés  cependant  assez  loin 
dans  cette  science  pour  n’y  avoir  été  dépassés  que  depuis 
le  milieu  du  siècle  dernier.  Aux  modernes,  depuis  cette 
époque,  le  mérite  de  s’être  avancés  beaucoup  plus  loin  et 
plus  sûrement  que  les  anciens  en  profitant  des  recherches, 
des  vues  et  des  fautes  mêmes  de  leurs  devanciers,  mais 
surtout  en  pratiquant  avec  plus  de  fidélité  et  de  persévé¬ 
rance  la  méthode  d’observation  et  d’induction,  et  surtout 
la  méthode  d’expérimentation  à  l’aide  d’instruments7.  » 
Feu  Saint-Elme 8  ;  feu  d'Hélène.  —  Les  anciens 
avaient  remarqué  la  lueur  brillante  qui  se  produit  quel¬ 
quefois  la  nuit  à  l’extrémité  du  mât  des  navires  ou  plus 
généralement  de  toute  espèce  de  pointe  métallique  ou 
autre,  et  qui  a  reçu  le  nom  de  feu  Saint-Elme.  Ce  phéno¬ 
mène  n’a  pas  de  nom  particulier  dans  l’antiquité,  mais 
les  marins  voyaient  dans  son  apparition  l’intervention 
de  leurs  divins  protecteurs,  les  Dioscures,  qu’il  ne  faut 
pas  confondre  ici  avec  la  constellation  de  même  nom  ou 
des  Gémeaux.  Les  armées  romaines  et  même  grecques 


1  Cod.  Theod.  VII,  8,  8,  De  melatis.  —  Bibliographie.  J.  Godefroid,  Comin.  ad 
Cod.  Theod.  \  II,  p.  256-261,  éd.  Hitler.  Leipzig,  1755;  Walter,  Gesch.  d.  rom. 
Bechls.  éd.  Bonn,  1860,  n»  418  ;  Serrigny,  Droit  public  romain ,  I,  u°‘  425  et  s.  Paris, 
180-,  Kuhn,  Die  stüdt.  und  àürgerl.  Verfassung  des  rôm.  Reichs,  I,  p.  49,  61, 

65  et  s.  Leipz.  1865  ;  Bouchard,  Étude  sur  l’administr.  des  finances  de  L'Empire 
rom.  dans  tes  derniers  temps  de  son  existence,  1871,  p.  316;  Willems,  Droit 
public  romain,  5'  éd .  p.  642. 

MLTAXA,  MATAXA.  1  Lucil.  ap.  Fest.  s.  v.  Rodus,  et  ap.  Isid.  Or.  XIX,  4,  10. 

—  2  Vitruv.  VII,  3,  2,  avec  les  comment,  de  Philander,  Budée,  Turnèbe,  etc.  ;  cl. 
Baldi,  De  verb,  Vilruv.  signif.  p.  104;  Du  Cange,  Gloss  med.  latin,  s.  v.  Malaxa.  I 


METAXARIUS.  1  Cod.  Just.  VIII,  14,  27.  - 

METEOROLOGIA.  1  Onom.  IV,  20.  —  2  Memor.  IV,  §  8.  -  3  Meteor.  , 

—  4  Th. -H.  Martin,  La  foudre,  p.  245.  —  6  La  foudre,  p.  131-  —  6  ^anl 
IIeçi  twï  itpiûxmv  4p/ùlv,  t.  II,  p.  125,  Éd.  Ruelle.  "  /oïd  , 

—  8  Th.-H.  Martin  a  établi  (La  foudre,  p.  299)  l'étymologie  de  cetlc  ^ 

feu  Saint-Elme  (en  allemand  Elmsfeuer,  eu  italien  fuoco  di  santé  ^^.se 

Ermo)  où  l’on  a  prétendu  voir  feu  d'Hermès,  par  suite  dune 
purement  gratuite.  Elmo  est  une  abréviation  populaire  d  Erasmo.  l-al”  marjn5 
évéque  et  martyr  syrien  du  in*  siècle,  fut  pris  pour  patron  par 
italiens. 


MET 


—  1875  — 


MET 


ex 


aussi  (les  exemples  d’aigrettes  lumineuses 
0111  f0'"  'u1i  les  fers  de  lances  et  que  l’on  nommait  étoiles, 
surinoi1  |‘ulreiigion  r0maine  en  tirait  des  augures,  auspi- 
slell,"‘.' minibus  \  mais  ce  genre  de  phénomène  n’est 
rl(l  U,  uS  sans  réserve  par  la  critique  moderne  2. 
paS  aC  "t  an  feu  d’Hélène,  espèce  de  météore  qui  se  rap- 
QTl,eaucoup  du  bolide,  il  est  souvent  confondu  chez 
pr°l  "  -ii  ns  avec  le  feu  des  Dioscures  ;  seulement  son 
leSanC'v,  narfois  jusqu’à  brûler  ou  submerger  les 
•(,PS3  C’est  la  foudre  en  globe. 

Aurore  boréale.  -  Pour  soupçonner  les  rapports  qui 
A  (int.re  les  phénomènes  de  l’aimant  et  les  aurores 
lb  '  ''  leg  Grecs  et  les  Romains  auraient  eu  besoin, 
b0rt'"Tue  l’a  remarqué  Th.-H.  Martin  *,  de  plusieurs 
'Innaissances  qui  leur  ont  fait  défaut,  notamment  la 
,rité  des  aimants,  la  direction  de  l’aiguille  aimantée, 
P°;)larité  magnétique  du  globe  terrestre,  l’agitation 
.  primée  par  les  aurores  boréales  à  l’aiguille  de  la  bous- 
‘  |t,  |a  direction  constante  des  arcs  de  l’aurore  boréale 
d ar  rapport  au  méridien  magnétique,  et  les  phénomènes 
lumineux  produits  par  l’électricité  dans  l’air  très  raréfié 
d’un  récipient  où  l’on  a  fait  le  vide.  De  plus,  «  les  aurores 
boréales  un  peu  intenses  sont  rares  en  Grèce  et  en  Italie 
et  devaient  l'être  dans  l’antiquité  ».  Aristote3  consacre  un 
cour!  passage  à  ces  météores,  et  parle  de  diverses  appa¬ 
ritions  observées  pendant  les  nuits  sereines, ressemblant 
à  des  gouffres  béants,  x<*< rga-ra,  à  des  trous,  poOuvoi,  à  des 
taches  de  couleur  sanguinolente,  alp-axwo^  xp^ga-ra.  Il 
attribue  la  cause  de  ces  phénomènes  à  une  colora¬ 
tion  de  l’air  produite  sans  combustion  par  la  réfraction 
(wxkmï)  de  la  lumière  à  travers  un  milieu  plus  ou 
moins  dense.  Quant  à  la  cause  de  cette  lumière  nocturne, 
il  ne  la  donne  pas  et  ne  pouvait  la  trouver,  ignorant, 
ainsi  rpie  toute  l’antiquité,  la  constitution  magnétique 
du  globe  terrestre  et  l’orientation  de  1  aiguille  aimantée. 

Sénèque  semble  avoir  voulu  parler  G  des  aurores 
boréales,  plutôt  d’après  les  écrits  des  Grecs  que  d  après 
ses  propres  observations.  Il  suppose  que  les  goufïres 
(chasmata)  et  les  trous  ( bothynae )  sont  des  profondeurs 
lumineuses  entrevues  comme  par  une  ouverture  des 
parois  du  ciel.  Pline  l’Ancien  7,  Tite-Live  8,  Sénèque  9, 
Tacite10,  n’ajoutent  rien  à  la  description  d  Aristote;  ils 
mentionnent  seulement  quelques  phénomènes  dont 
l’observation  a  été  recueillie  soit  en  Italie,  soit  dans  les 
expéditions  des  armées  romaines.  Dion  Cassius  est  le 
seul  auteur,  chez  les  anciens,  qui  relate  une  apparition 
boréale  comme  s’étant  produite  au  nord  :  «  Un  feu  sou¬ 
dain  fut  vu  pendant  la  nuit,  dans  1  air,  vers  le  nord ,  et 
si  grand  qu’il  semblait  aux  uns  que  la  ville  entière,  a 


d  autres  que  le  ciel  même  brûlait*1.  »  Plutarque12  rap¬ 
porte  que  dans  la  mer  située  au  nord-ouest  de  1  ile  de 
Bretagne  se  trouvent  d’autres  îles  dans  lesquelles,  pen¬ 
dant  trente  jours  consécutifs,  le  soleil  ne  reste  pas  plus 
dune  heure  par  jour  au-dessous  de  1  horizon.  Il  y  a  lieu 
de  voir  dans  les  détails  positifs  de  cette  description, 
entremêlée  de  merveilleux,  les  brillantes  aurores  boréales 
belles  qu’en  présentent  les  régions  polaires. 

Étoiles  filantes.  —  Aristote13  prétend  qu’elles  se  pro- 

1  Oie.  Divin.  Il,  3G.  —  2  Voir  Th.-H.  Martin,  La  foudre,  p.  229. 
"  3  Plin.  Hist.  nat.  Il,  37,  10t.  —  1  Op.  I.  p.  85.  —  3  Meteor.  I,  §  5. 
'  6  (-'“«est.  nat.  I,  13.  -  ^  Hist.  nat.  Il,  §§  20,  33,  57.  -  8  III,  5  et 
_G  XXXI,  13  ;  XXXII,  9;  XLllI,  15.  -  U.  c.  -  «  German.  §  45. 
I  1  1**0  Cass.  LXXV,  §  4.  —  12  De  iis  quae  in  luna  vid.  20.  —  13  Meteor. 

6-l|.  _  h  Quaest  naL  1;  n.  _  lü  Recherches  sur  les  météores 


(luisent  à  peu  de  distance  de  la  terre,  et  que  leur  dii  ac¬ 
tion  a  lieu  en  diagonale.  Il  en  attribue  la  cause  a  la 
double  évaporation,  l’une  humide,  l’autre  sous  forme 
d’air  ou  de  gaz,  qui  se  produit  sous  1  influence  du  soleil, 
et  qui,  arrivée  à  une  certaine  hauteur  dans  1  atmo¬ 
sphère,  s’enflammerait  par  suite  de  la  rapidité  de  son 
mouvement.  La  croyance  populaire  en  faisait  des  astres, 
skiera.  Sénèque  paraît  admettre11  que  ces  météores 
annoncent  une  tempête.  Cette  explication  n  a  pas,  évidem¬ 
ment,  une  bien  grande  valeur,  mais  il  faut  reconnaître 
que  la  science  moderne  serait  fort  en  peine  de  la  rem¬ 
placer  avec  une  parfaite  certitude.  Coulvier-Gravier,  après 
avoir  passé  plus  de  cinquante  années  de  son  existence  a 
observer  ces  météores,  à  étudier  les  lois  qui  les  régis¬ 
sent,  est  mort  avec  la  conviction  qu’il  les  avait  trou¬ 
vées15,  mais  sans  vouloir  affirmer  qu’il  connaissait  les 
éléments  qui  composent  les  étoiles  filantes.  Son  gendre 
et  continuateur,  Chapelas-Coulvier,  qui  poursuivait  les 
mêmes  études,  a  gardé  la  même  réserve. 

Aérolithes.  —  Les  auteurs  anciens  ont  relaté  plusieurs 
observations  de  pierres  de  foudre  (xspaôvtov,  xepauviVrg, 
ceraunia),  tombées  à  la  suite  de  brillants  éclairs  et  d  un 
violent  coup  de  tonnerre.  Th.-H.  Martin  a  reproduit 
presque  tous  ces  témoignages  en  les  illustrant  de  son 
appréciation  critique 16,  d  où  il  ressort  que  les  Grecs  et  les 
Romains  auraient  connu  les  aérolithes  proprement  dits, 
lesquels  avaient  fait  admettre  dans  les  croyances  popu¬ 
laires  la  pensée  que  la  foudre  était  presque  toujours  accom¬ 
pagnée  de  pierres  ou  de  soufre  [argoi  liteoi,  baetxlia  . 
Chez  les  Romains,  l’usage  était  d’enfouir  les  pierres  ou  les 
objets  frappés  par  la  foudre  afin  de  lui  ôter  son  action. 
Cette  pratique  rentrait  dans  les  attributions  des  aruspices, 
qui  prenaient  alors  le  nom  de  fulguratores  [fulmen]. 

Au  111e  siècle  de  notre  ère,  le  grammairien  Nonius  Mar- 
cellus  11  distingue  dans  la  foudre  le  trait,  telum  (péXoç, 
péXegvoç,  ’Éyx0?))  fl111  est  lancé,  et  le  feu  qui  constitue 
l’éclair.  De  cette  expression  figurée  est  venu  le  terme  de 
bélemnites,  fossiles  en  forme  de  fer  de  lance  axec  les¬ 
quels  on  a  souvent  confondu  les  aérolithes. 

Arc-en-ciel ,  ifiç,  arcus  pluvius.  —  Aristote  a  donné 
une  description  très  détaillée  de  1  arc-en-ciel  18 .  11 

cherche  à  démontrer  que  l’iris  ne  peut  être  une  circon¬ 
férence  entière,  ni  même  comprendre  plus  d’une  demi- 
circonférence.  Mais  sa  démonstration,  traduite  axec  un 
grand  soin  par  Barthélemy  Saint-Hilaire,  parut  au  savant 
traducteur  empreinte  d’une  obscurité  qu’il  a  proclamée 
à  plusieurs  reprises.  Un  commentateur  byzantin  du 
xive  siècle,  Georges  Pachymère,  a  résolu  quelques-unes 
des  difficultés  signalées  par  Barthélemy  Saint-Hilaire, 
dans  un  chapitre  de  sa  paraphrase  aristotélique  l9,  œuvre 
inédite.  Il  est  intéressant  de  mettre  en  parallèle  les  deux 
passages  où  Aristote  traite  de  l'arc-en-ciel  avec  l'explica¬ 
tion  moderne  du  phénomène  contenue  dans  le  Cours 
complet  de  météorologie  de  L.-F.  Kaemtz,  traduit  par 
Ch.  Martins  (1843),  pages  440  et  suivantes.  Chez  les 
Romains,  Pline  a  consacré  quelques  lignes  seulement  à 
y  arcus  caelestis-0.  Il  cite  Aristote,  pour  le  contredire, 
lorsque  celui-ci  affirme  que  l’arc-en-ciel  apparaît  la 

et  sur  les  lois  qui  les  régissent,  Paris,  1802.  —  16  La  foudre,  p.  175  et 
suiv  _  n  L.  X,  c.  33.  —  18  Meteor.  III,  5,  p.  37  Bekker.  —  >9  C.-E.  Ruelle, 
Deux  morceaux  inédits  de  Georges  Pachymère  sur  l’arc-en-ciel  ( Annuaire  de 
l’Assoc.  pour  l’encouragement  des  études  grecques,  année  1873).  Voir  aussi 
Ch.  Thurot,  Oliserv.  ci  itiques  sur  les  Meteorologica  d’Aristote  (Rev.  arcli.  1809 
et  1870).  —  20  Hist.  nat.  U,  00;  XXIV,  09. 


MET 


—  1876  — 


nuit;  mais  il  ne  nous  semble  pas  l’avoir  bien  compris  l. 

Marées.  —  Les  anciens,  y  compris  Aristote  lui-même2, 
n’ont  pas  expliqué  le  phénomène  des  marées,  particulier 
aux  mers  occidentales  et  produit,  comme  on  sait,  parles 
positions  respectives  de  la  terre  et  de  la  lune  par  rap¬ 
port  au  soleil.  Toutefois  Strabon,  en  plusieurs  endroits 
de  sa  Géographie ,  décrit  le  mouvement  de  llux  et  de 
reflux  de  l’Atlantique  et  lui  donne  tour  à  tour  les  noms 
de  Tt^-rjaYi,  -TtX'q jxjxvj ,  ttXyj pt.pLupi'ç,  TrXVjfjipujpa,  mais  surtout 
celui  d  ifj.7rco<7u;  ou  âfrjtamç,  altération  probable  du  mot 
aanxcodi?  pour  àv:x7mo<7iç  qui  exprime  parfaitement  le  jeu 
des  tlots  retombant  sans  cesse  les  uns  sur  les  autres. 
Toutefois  7tXY|ix[j.upt(;  désigne  plus  particulièrement  le  flux 
et  apurwaii;  le  reflux. 

Chez  les  Romains,  la  marée  est  sommairement  décrite 
par  Pline  3,  qui  l’appelle  aestûs  reciprocatio,  mais  aucune 
explication  scientifique  de  ce  phénomène  n’a  été  tentée. 
On  sait  la  stupéfaction  qu’il  causa  aux  soldats  qui  com¬ 
posaient  l’armée  d’Alexandre,  lorsqu’ils  arrivèrent  sur 
les  bords  de  l’océan  Indien,  à  Cilluta4.  Ch.  Em.  Ruelle. 

METOIKOI  (M  ÉTotxoi).  —  Aucun  des  lexicographes 
anciens  ne  nous  donne  une  définition  satisfaisante  de 
ce  que  les  Grecs  entendaient  par  le  mot  de  métèque. 
La  meilleure  est  celle  d’Aristophane  de  Byzance1, 
d’après  lequel  il  fallait,  pour  être  métèque,  trois  condi¬ 
tions  :  avoir  fixé  définitivement  son  domicile  dans  une 
ville,  y  être  depuis  un  temps  déterminé,  et  y  contribuer 
à  certaines  charges  publiques.  Parmi  ces  charges,  ce 
sont  les  charges  financières  qui  ont  particulièrement 
frappé  les  autres  lexicographes  2,  comme  étant  ce  qui 
distinguait  le  mieux,  à  première  vue,  le  métèque  du' 
citoyen.  C’est  donc  par  là  qu’il  convient  de  commencer 
l’étude  de  la  condition  juridique  des  métèques.  C’est 
pour  Athènes  seulement  que  nous  avons  des  renseigne¬ 
ments  suffisants,  mais  on  verra  que  la  condition  des 
métèques  dans  les  autres  cités  grecques  ne  parait  pas 
avoir  différé  sensiblement  de  ce  qu’elle  était  à  Athènes. 

En  fait  d’impôts  ordinaires,  il  suffira  de  dire  que 
toutes  les  charges  ordinaires  des  citoyens  pesaient  aussi 
sur  les  métèques3.  Mais  en  plus,  les  métèques  étaient 
soumis  à  la  taxe  des  ijsvixâ,  taxe  imposée  à  tous  les 
étrangers  qui  voulaient  vendre  sur  l’agora  d’Athènes4. 
Quant  à  la  taxe  du  triobole  dont  parlent  encore  les 
lexicographes,  elle  ne  frappait  que  les  affranchis,  au 
moment  où,  par  le  fait  même  de  leur  affranchissement, 
ils  entraient  dans  la  classe  des  métèques  :  c’était,  non 
un  véritable  impôt,  mais  un  droit  d’inscription,  attes¬ 
tant  la  condition  libre  de  l’inscrit.  Enfin  les  métèques 
étaient  assujettis  à  un  impôt  spécial,  qui  était  comme  la 
marque  même  de  leur  condition,  le  gsToi'xt&v.  C’était  ce 
que  nous  appelons  un  impôt  direct  personnel,  ou 
capitation.  Le  taux  en  était  uniformément  fixé  à 
12  drachmes  par  an  pour  les  hommes,  et  à  6  pour  les 
femmes,  et  seulement  pour  les  femmes  qui  n’avaient  ni 


1  Ap.  Aristot.  Meteor.  III,  2,  p.  372  a.  —  2  Meteor.  II,  8.  —  3  Hist.  nat.  IX, 
c.  8.  —  V  Aman.  Exped.  Alex,  vi,  18  ;  Quint.  Curt.  ix,  919,  11.  —  Bibliographi  . 
Aristotelis  Meteor  ologicorum  lib.  IV,  éd.  d’ideler,  Berlin,  1834-1836;  Aristote, 
Météorologie ,  Traité  du  ciel ,  trad.  et  comment,  perpétuel  de  M.  Barthélemy 
St-Hilaire,  Paris,  1856  et  1866;  Ideler,  Meteorologia  veterum  Graecorum  et 
Iiomanorum ,  Berlin,  1832  ;  Coulvier-Gravier  et  Saigey,  Introduction  à  l'histoire 
des  étoiles  filantes ,  1840  ;  Th. -II.  Martin,  La  foudre ,  l’électricité  et  le  magnétisme 
chez  les  anciens,  Paris,  1866. 

METOIKOI.  l  Edit.  INauck,  fr.  38.  —  2  Harpocr.  Suid.  Hesych.  s.  v.  MItoixoi; 
Bekker,  Anecd.  I,  281,  19  ;  Ammon.  s.  v.  ’I<roTe>.qç  xcu  jaét otxo;  ;  Poil.  III,  55;  Schol. 
Plat.  Hep.  156,  29;  Leg.  418,  14;  Schol.  Aristoph.  Eq.  350;  Pas,  363. 


MET 

mari  ni  fils  majeur3.  Le  metoikion  est  d 
comme  l’ont  remarqué  les  lexicographes  h  bien’ 
distingue  essentiellement  les  métèques  dTT* qui 
puisque  l’impôt  personnel  était  à  Athènes  cl,  ye“S’ 
nue  pour  les  citoyens,  dont  les  biens' seu U  T'*' 
la  personne,  pouvaient  être  imposés6  1,.  ’  .  11011 

n’était  pas  perçu  directement  par  l’État  m nV!? 
des  «XfflvouL  Tout  métèque  qui  n’acquittait  ZT  î 
impôt  encourait  la  perte  de  la  liberté6.  C’est  pai?d  J 
les  pôle  tes  que  comparaissait  le  métèque  accusé  i 
vsXûvou  avaient  le  droit  de  le  faire  comparaître.’  q„ÏÏ 
a  la  forme  que  revêtait  la  procédure,  on  a  supposé  3 
tort  une  *pbç  ttcoAt^  qui  ne  résulte  nul 

d’une  correction  de  texte  erronée3  :  il  ne  pouvait  y  avoir! 
aucun  point  de  droit  à  débattre,  mais  simplement  pour! 
chaque  espèce,  une  question  de  fait  à  trancher  \\ 
semble  y  avoir  disproportion  entre  la  modicité  de  cet 
impôt  et  la  sévérité  de  la  peine  qui  frappait  ceux  qui  s’v 
dérobaient  :  c’est  que  tout  métèque  en  défaut  pour  le 
paiement  du  metoikion  était  par  là  même  suspect  de 
vouloir  usurper  le  droit  de  cité. 

Pour  les  impôts  extraordinaires,  les  métèques  y| 
étaient  soumis  comme  les  citoyens;  mais  ils  formaient 
une  catégorie  à  part  de  contribuables.  Pour  Yeisphora 
d’abord  [eispuora],  il  faut  admettre  que  les  biens  meubles: 
des  métèques  servaient  de  base  à  l’impôt,  puisque,  sauf 
exception,  ils  ne  pouvaient  posséder  de  biens-fonds.  A 
part  cela,  les  métèques  étaient  soumis  aux  eisphorai 
comme  les  citoyens10,  et,  après  l’archontat  de  Nausi- 
nicos,  ils  furent  comme  eux  répartis  en  symmories11. 
On  a  beaucoup  discuté  sur  la  question  de  savoir  quel 
était  le  taux  fixé  pour  les  eisphorai  des  métèques;  ils 
contribuent,  dit  Démosthène,  pour  un  sixième,  to  êxrov 
pipoç12.  Il  est  inadmissible  qu’il  s’agisse  du  sixième  de 
leurs  biens,  sans  aucune  distinction  de  fortune  entre 
eux;  ce  serait  inconciliable  avec  le  système  des  symmo¬ 
ries.  Il  ne  peut  donc  s’agir  que  de  la  sixième  partie  de 
chaque  eisphora,  et  c’est  bien  ainsi  qu’une  inscription 
de  découverte  récente  montre  la  chose13.  Les  «  dix 
talents  »  dont  parlent  plusieurs  inscriptions  du  ive  siècle  u| 
paraissent  bien  se  référer  à  ces  eisphorai  des  métèques,! 
et  n’être  que  leur  part  dans  les  contributions  extraor¬ 
dinaires  nécessitées  par  la  construction  de  1  arsenal  de| 
Philon  et  des  loges  pour  les  trières.  j 

Enfin,  au  ive  siècle,  les  contribuables  soumis  a  lcis- 
phora  s’acquittaient  généralement  de  cet  impôt  au 
moyen  d’une  liturgie  spéciale,  la  proeisphora,  .enxeiluq 
de  laquelle  un  certain  nombre  d’entre  eux  deviitn 
faire  l’avance  et  la  levée  de  cet  impôt  pour  1  État  sous 
leur  propre  responsabilité.  Ce  système  a  fonclionn 
aussi  bien  pour  les  métèques  que  pour  les  citoyens 

En  dehors  des  contributions  proprement  dites,  noua 
avons  de  nombreux  exemples  de  dons  volontaiies 


la  cité  par  des  métèques  pour  parer  a 


des  besoins  publics 


—  3  Thumser,  De  eivium  Athen.  muneribus,  passim.  —  *  j™jnse  est  absolue 
les  métèques  n’y  sont  pas  formellement  mentionnés,  mais  a^  ^  ^  XXII.  5*. 
pour  tous  les  non-citoyens.  —  »  Cf.  les  lexicographes,  -•  c fs. 

—  1  Ps.  Plut.  Vit.  Lycurg.  1 6  ;  cf.  Plut.  Ftamimn .,  12.  contra,  Schcnkl, 

Dem.  XXV,  57.—  9  Meier-Schoemann,  Der  attisclie  Proeess ,  .  ^  ^  g6;  LySt 

De  metoecis  atticis ,  184.  —  10  Suid.  s.  v.  ’E*wvX  j  c-  *"s*'  ' j,  p0ll.  Vil  ! 
XII,  20;  Dem.  XXII,  54,  58;  Is.  V,  37;  cf.  C.  i.  ait.  »,  ^  >  «* 

144;  .  ipx-  1900,  P-  91  et  suiv-  ’  '•  25  1  0  ’p.  01  et  sniv.l 

imtmxikSv  ffuppofîiiv.  —  12  Dem.  XXII,  61.  —  13  nTje/sfurfien  Mer  atli,c,ieM 
1.  19  :  «ÎTaÊçeiv  Si  xal  toù;  pxToixous  -rt  ïktov  *  al  |j’  jjq  .  I 

Stuatsrecht  und  Urkundenwesen ,  p.  32.  —  13  C.  i.  att.  ,  • 


MET 


—  1877 


MET 


vuS  ou  pour  lesquels  les  ressources  régulières 
'"''Xr'insufnsantes  (epidosis)1. 

1,1,1  obligations  militaires  des  métèques  sont  mal 
1  II  est  certain,  d’abord,  qu’ils  n’étaient  point 
COn",U(lans  lephébie  2.  Par  contre,  il  semble  bien  que 

^'  Tmnases  publics  leur  fussent  ouverts  3,  sans  d’ail- 

les  tA  -  ■  * 

leurs  'P1 


aucun  d’eux  leur  fût  spécialement  réservé. 


A  la  guerre, 


ils  servent  comme  hoplites  pendant  la 


suer 


ju  Péloponnèse  et  jusqu’à  la  bataille  de  Chéro- 
H  va  de  soi  que  seuls  servaient  ainsi  ceux  qui  pou- 
n"  s’armer  à  leurs  frais;  les  autres  servaient  dans 

des 


va 


légère  et  recrutaient  aussi  le  corps 

•  5 


aient 

l’infanterie 

archers  à  pied,  To^xat  owW 
pans  toutes  les  circonstances  où  l’on  voit  figurer  les 
métèques  à  la  guerre,  il  est  à  remarquer  qu’ils  jouent  le 
,  ||(1  , i’armée  territoriale,  consacrée  exclusivement  à  la 
défense  de  l’Attique.  Deux  fois  seulement  on  les  voit 
faire  campagne  au  dehors,  et  il  ne  s’agit  que  de  courtes 
expéditions,  et  tout  près  des  frontières  de  l’Attique.  Il 
semble  donc,  à  défaut  de  renseignements  précis  sur  ce 
point,  que  le  système  de  levées  et  les  divisions  établies 
pour  les  troupes  composées  de  citoyens  ne  pussent  leur 
être  appliquées  [exercitus,  dilectus],  et  que,  toutes  les 
fois  que  l’on  avait  besoin  des  hoplites  métèques,  on  les 
levait  en  masse,  sans  distinction  de  classes.  La  confection 
des  rôles  pour  le  service  militaire,  xaxiXoyot,  reposant  en 
dernière  analyse  sur  le  registre  général  des  citoyens 
dressé  et  conservé  dans  chaque  dème,  Xr^tapytxôv 
Ypap.pmov,  il  ne  pouvait  en  être  autrement  pour  les 
métèques,  et  c’est  par  dèmes  qu’ils  devaient  être  enrô- 
lés [démos].  Une  fois  à  l’armée,  les  bataillons  de  métèques 
formaient  des  unités  tactiques  particulières,  en  dehors 
des  dixxodUi'ç  de  citoyens.  Par  contre,  le  corps  des  cava¬ 
liers  athéniens  est  toujours  resté  fermé  aux  métèques  c, 
les  cavaliers  athéniens  n’étant  pas  seulement  un  corps 
militaire,  mais  une  véritable  classe  sociale  privilégiée, 
ayant  un  rôle  religieux  fort  important  et  même  parfois 
un  rôle  politique  [équités]. 

En  somme,  les  Athéniens  n’ont  fait  qu’un  emploi  très 
modéré  des  métèques  pour  leurs  armées  de  terre  :  par 
contre, ils  ont  largement  recruté  parmi  eux  les  équipages 
de  leurs  flottes.  «  Si,  dit  l’auteur  de  la  République  des 
Athéniens,  nous  avons  accordé  la  même  liberté  de 
parole  aux  métèques  qu’aux  citoyens,  c’est  que  la  ville  a 
besoin  de  métèques,  et  pour  les  métiers  de  tout  genre, 
d  pour  la  marine  7 .  »  Et  en  effet,  dans  la  guerre  du 
Péloponnèse,  les  matelots  métèques  ont  joué  un  grand 
rôle  :  Périclès  dit  que  citoyens  et  métèques  suffiront, 
mtime  si  tous  les  matelots  mercenaires  désertent,  pour 
tenir  tête  aux  ennemis  8  ;  et  la  flotte  de  cent  navires 
TUU  dans  la  quatrième  année  de  la  guerre,  fîtunedémons- 
hatiou  sur  les  côtes  du  Péloponnèse,  était  montée  par 
Athéniens  des  deux  dernières  classes  et  par  des 
»  ^tèques  9.  Au  iv°  siècle,  nous  savons  par  Démos- 
ll  ne‘"  qu’en  cas  d’alerte  on  commençait  par  embarquer 
es  métèques,  et  ensuite  seulement  les  citoyens.  C’est  en 
'Mite  de  rameurs  que  servaient  les  métèques  sur  les 
avec  les  thètes  et  les  mercenaires  recrutés  à 
aux  esclaves,  ils  n’étaient  appelés, 


trières, 

'étranger.  Quant 


contrairement  à  ce  qu’a  cru  Boeckh  “,  que  dans  les  cir¬ 
constances  exceptionnelles,  par  exemple  lors  de  la  bataille 
des  Arginuses12.  Dans  la  première  flotte  de  Sicile,  qui 
comprenait  cent  trières  athéniennes,  les  thètes  avaient 
fourni  sept  cents  épibates  :  il  est  impossible  qu  ils  aient 
pu  fournir  encore  à  eux  seuls  les  dix-sept  mille  matelots 
que  devaient  porter  ces  cent  trières.  C’est  donc  les 
métèques  qui,  au  Ve  siècle  déjà,  formaient  le  gros  des 
matelots,  comme  au  temps  de  Démosthène.  Les  officiers 
mariniers,  nommés,  non  par  l’État,  mais  par  les  trié- 
rarques,  paraissent  avoir  été  recrutés  indifféremment 
parmi  les  citoyens  et  les  métèques.  Quant  à  la  triérarchie, 
qui,  si  elle  était  une  lourde  charge,  était  en  même  temps 
une  fonction  entraînant  un  commandement,  tout  porte  à 
croire  qu’elle  ne  portait  pas  sur  les  métèques;  peut-être 
seulement,  dans  des  cas  extraordinaires,  confia-t-on, 
dans  les  symmories  triérarchiques,  les  fonctions  d’épi- 
mélètes  à  des  métèques  :  c’est  ce  que  semble  prouver  une 
inscription  du  temps  de  la  guerre  lamiaque  13. 

Au  point  de  vue  du  droit  civil,  la  loi  athénienne  recon¬ 
naissait  et  protégeait  la  famille  et  la  propriété  des  métè¬ 
ques  comme  celles  des  citoyens  eux-mêmes  :  «  Le  polé- 
marque  instruit.. .  les  envois  en  possession  de  successions 
et  de  filles  épiclères  en  faveur  des  métèques  ;  et  généra¬ 
lement  toutes  les  actions  qui  relèveraient  de  l’archonte, 
s’il  s’agissait  de  citoyens,  compétent  au  polémarque 
lorsqu’il  s’agit  de  métèques  u.  »  Il  faut  cependant  ici  faire 
une  restriction  :  la  propriété  des  métèques  ne  pouvait 
être  qu’une  propriété  mobilière,  et,  pas  plus  que  les 
étrangers,  ils  ne  jouissaient  de  nyx-r^s'.;  [egktésiSj. 

Quantàla  question  de  savoir  s’il  pourrait  ou  non  y  avoir 
mariage  légal  entre  citoyens  et  métèques,  question  à 
laquelle  on  a  répondu  en  général,  j  usqu’à  présent, par  la  né¬ 
gative,  elle  est  en  réalité  fort  obscure  ;  et  peut-être  y  a-t-il 
lieu,  comme  le  veut  M.  Beauchet  [matrimonilm,  p.  1643  ,  de 
la  résoudre  au  contraire  par  l’affirmative  ;  c’est  d’ailleurs 
l’impression  que  donnent  les  comédies  de  Térence. 

Les, actions  civiles  intentées  à  ou  par  des  métèques  ne 
différaient  de  celles  entre  citoyens  que  par  la  forme,  en 
ce  sens  que  le  magistrat  chargé  d’instruire  l’affaire  et 
de  l’introduire  devant  le  tribunal  n’était  pas  le  même 
dans  les  deux  cas.  Plusieurs  magistrats  se  partagent  en 
effet  la  juridiction  sur  les  citoyens  :  pour  les  métèques, 
c’est  un  magistrat  unique,  le  polémarque  [polémarcuos]. 

«  Relèvent  du  polémarque,  dit  la  Constitution  des  Athé¬ 
niens 1S,  toutes  les  affaires  privées  (ofxat  ’toiai)  concernant 
les  métèques,  les  isotèles  et  les  proxènes.  Il  fait  de  ces 
affaires  dix  lots  qu’il  répartit  entre  les  dix  tribus;  les 
juges  de  chaque  tribu  les  remettent  aux  arbitres  publics.  ■> 
En  cas  d’appel  des  sentences  des  arbitres,  le  polé¬ 
marque  présidait  le  tribunal  d’héliastes  qui  décidait. 
Mais  de  plus,  le  polémarque  instruisait  toujours  en  per¬ 
sonne  certaines  actions  :  d’abord  les  deux  actions  spé¬ 
ciales  dites  à7toffiaiTiou  et  iirpouTacrou,  puis  toutes  celles 
que  l’archonte  instruirait  s’il  s’agissait  d'un  citoyen  :  il 
n’y  a  donc,  pour  connaître  ces  dernières,  qu’à  se 
reporter  au  passage  où  Aristote  énumère  les  actions 
qu’instruit  l'archonte 16.  Seulement  il  faut  faire  une 
distinction  :  l’archonte  est  chargé  des  affaires  publiques 


I  Pg  r\ 

Î08  Ç0|  cra-  XXXIV,  39;  Dem.  XLV,  85  ;  C.  i.  att.  II,  187,  334,  380,  413;  II,  2, 
lp  .  ,C'  "S  ’  —  2  Dinarch.  Frag.  58.  —  3  Aescliin.  II,  138;  cf.  Dionys.  De 

Xc„:  y  ’  43ï>  2  R-  —  4  Time.  II,  13  (et  Diod.  XII,  40);  II,  31;  IV,  90; 
cl'  2i  3;  Lyc.  C.  Leocrat.  IG.  -  S  C.  i.  att.  I,  44G.  —  G  Xen. 

VI. 


Vect.  II,  5;  Hipparch.  IX,  G.  —  7  [Xen.]  Athen.  Itesp.  I,  13.  —  8  Time. 
1,  143.  —  9  Thuc.  III,  16.  —  10  I,  13.  —  11  Boeckli-Friinkel,  I,  329. 

—  12  Time.  VI,  43.  —  13  C.  i.  att.  II,  270.  —  H  Athen.  polit.  57. 

—  13  §  57.  —  «  §  55. 


236 


MET 


—  1878  — 


et  privées,  le  polémarque  des  actions  privées  seulement. 
Une  seule  action  publique  relevait  du  polémarque  :  la 
ypacp7]  «npocxaffiou.  Les  quelques  discours  qui  nous  sont 
parvenus  relatifs  à  des  procès  intéressant  des  métèques 
confirment  ces  données  d’Aristote  1 . 

Pour  les  affaires  commerciales  [emporikai  dirai]  nous 
possédons  cinq  plaidoyers  où  il  est  question  de  métèques -, 
et  de  tous  il  résulte  qu’en  fait  d’affaires  commerciales  les 
métèques,  au  lieu  de  relever  de  la  juridiction  spéciale 
du  polémarque,  étaient  soumis  au  droit  commun.  11  en 
était  de  même  pour  la  juridiction  criminelle  :  toutes  les 
actions  criminelles,  rentrant  dans  la  catégorie  des 
actions  publiques,  relevaient  des  mêmes  magistrats  pour 
les  métèques  que  pour  les  citoyens  3.  Mais  la  loi,  qui 
distinguait,  pour  les  citoyens,  deux  espèces  de  meurtre, 
prémédité  et  involontaire,  ne  faisait  pas  cette  distinction 
pour  les  métèques.  Et  en  même  temps,  elle  n’assimilait 
jamais  le  meurtre  d’un  métèque  qu’au  meurtre  involon¬ 
taire  commis  sur  un  citoyen  :  le  meurtrier  était  déféré  au 
Palladion  et  non  à  l’Aréopage,  c’est-à-dire  qu’il  ne  pou¬ 
vait  être  condamné  à  mort,  mais  seulement  à  l’exil  A  Donc, 
si  la  loi  protégeait  la  vie  des  métèques,  elle  ne  l’estimait 
pas  cependant  à  la  même  valeur  que  celle  des  citoyens. 
Par  contré,  il  y  avait  égalité  devantles  peines  prononcées 
pour  les  attentats  à  la  pudeur  commis  avec  violence, 
quelle  que  fût  la  condition  juridique  de  la  victime  B. 

Nous  manquons  de  renseignements  sur  la  procédure 
suivie  dans  les  affaires  criminelles  où  se  trouvaient 
impliqués  des  métèques.  Cependant  nous  voyons  qu’ils 
pouvaient  être  admis,  au  criminel  comme  au  civil,  à 
fournir  caution  G.  Il  semble  qu’on  ait  pu  les  soumettre  à 
la  torture,  mais  qu’on  l’ait  fait  bien  rarement  ‘. 

Beaucoup  de  métèques  étant  d’origine  non  hellénique, 
il  a  fallu  leur  assurer  le  libre  exercice  de  leurs  cultes  8. 
Nous  savons,  par  le  célèbre  décret  relatif  aux  étrangers 
originaires  de  Kition,  comment  on  procédait  en  ce  cas  a. 
Les  sociétés  pour  l’exercice  de  ces  cultes,  formées  libre¬ 
ment  en  tant  qu’associations  [tiiiasos],  avaient  besoin, 
comme  introduisant  un  culte  étranger,  de  l’autorisation 
du  conseil  et  du  peuple;  d’autant  plus  qu’il  leur  fallait 
acquérir  un  terrain  pour  y  élever  un  temple.  Il  est  évident 
que,  si  tous  les  étrangers  de  passage  profitaient  de  ces  tem¬ 
ples,  ce  n’était  qu’à  des  associations  stables,  c’est-à-dire 
formées  de  métèques,  que  l’on  accordait  cette  autorisation. 
Sur  ce  point  Athènes  s'est  montrée  fort  libérale,  et  le 
Pirée  a  vu  s’élever  plusieurs  de  ces  temples,  qui  contri¬ 
buaient  à  fixer  en  Attique  nombre  d’hommes  originaires 
d’Égypte,  de  Syrie  ou  d’Asie  Mineure  [meilichios]  10. 

Exclus,  cela  va  sans  dire,  des  sacerdoces,  les  métèques 
participaient  aux  cérémonies  les  plus  importantes  des 
cultes  de  la  cité.  Un  décret  du  dème  de  Scambonides 
antérieur  à  455,  stipule  que,  lors  du  sacrifice  en  1  hon¬ 
neur  du  héros  Léon,  chaque  démote  et  chaque  métèque 
du  dème  recevront  une  part  de  viande  de  la  valeur  de 
deux  oboles.  Une  autre  inscription,  qui  remonte  aux 
dernières  années  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  indique 

1  Aesch.  I,  158;  Ps.  Déni.  LIX,  66;  XXXV,  51  ;  I.IX,  16;  Dcm.  45,  3,  l.ys. 
XXXIII;  Isocr.  XVII,  12.  —  2  Ps.  Dcm.  XXXII,  XXXIII,  XXXIV,  XXXV,  LVI. 

—  3  Athen.  polit.  57  ;  43.  —  4  Dcm.  XXIII,  45;  Bekker,  Anecd.  II,  194,  H. 

—  8  Dem.  XXI,  47;  Aescli.  I,  16.—  6  Antiph.  V,  17.  —7  Lys.  III,  33; 
XVII,  25,  27.  —  »  Lys.  XIII,  54,—  9  C.  i.  att.  II,  168;  P.  Foueart. 
Des  assoc.  relig.  chez  les  Grecs,  p.  128  et  187.  —  1»  Pour  l’énumération  de 
ces  cultes  en  Attique,  du  ve  au  ni'  siècle,  voir  P.  Foueart,  Op.  I.  et  Clerc,  Les 
Métèques  athéniens,  p.  127-146.  Quant  au  prétendu  culte  de  Zeus  Meloikios, 


MET 

non  moins  nettement  la  participation  des  môU 
fête  des  uépuaisteia,  où  l’on  devait  donner  aux  3?!  4  lil 
trois  bœufs12.  Il  semble  d’ailleurs  qu’ils  fussenu  ^ 
autrement  que  les  citoyens,  qui  recevaient  individu!? 
ment  leur  part,  tandis  qu’eux  la  recevaient  en  bloc  ü 
que  fût  leur  nombre.  De  plus,  cet  exemple  de  p{lPljP- 
tion  des  métèques  au  repas  qui  suivait  le  sacrifice  ?? 
être  unique:  les  Iléphaestia  étaient  une  fête  doli'/" 
récente  ;  et  dans  les  fêtes  vraiment  antiques,  comme  1? 
Panathénées,  il  n’en  était  pas  de  même:  les  métèqUe& 
Prenaient  bien  part  à  ces  fêtes,  mais  non  aux  sacrifices 
Tous  les  lexicographes  disent  que  les  métèques  prenaient! 
Part  à  la  procession  des  grandes  Panathénées  j>ANA_ 
thenaea]  :  ils  n’ont  d’ailleurs  pas  compris  le  rôle  qu’ils 
y  jouaient,  etontvu  à  tort  une  humiliation  là  où  il  y  avait 
au  contraire  un  privilège13.  Dans  le  cortège,  des  métèques 
en  tunique  de  pourpre  portaient  des  hydries  ou  des 


f-  C  )tL  4/  '.  ^ 

'•  ■  M$  u4fer...-xtk 


y 


Fig.  5022.  —  Les  Métèques  dans  les  Panathénées. 

iassins  (axaep-q)  pour  le  sacrifice,  et  leurs  femmes  et 
eurs  filles  portaient,  les  unes  des  parasols,  les  autres 
es  hydries  (fig.  5022)  Les  lexicographes  et  Élien15 
e  sont  figuré  que  ces  parasols  devaient  protéger  contre 
ardeur  du  soleil  les  femmes  des  citoyens,  tandis  qu’il  ne 
'agit  que  d’un  rite  religieux;  le  rôle  donné  aux  hommes 
scaphéphorie)  paraît  même  avoir  constitué  une  liturgie16. 
;n  réalité,  le  seul  fait  que  les  métèques  étaient  admis  aux 
’anathénées  suffirait  pour  prouver  que  les  métèques  li¬ 
aient  partie  de  la  cité  athénienne.  Les  métèques  figuraient 
ncore  à  la  procession  des  Bendidies  [bendideia  :  maib  la 
itoyens  et  métèques  formaient  deux  pompes  distinctes  . 

Pour  ce  qui  est  des  jeux  ou  concours,  autre  partie 
issentielle  de  toute  fête  religieuse  chez  les  Grecs,  i 
emble,  bien  qu’on  ne  puisse  l’affirmer  d’une  açon 
msitive,  que  les  métèques  y  prenaient  paît,  soi  tou  ^  , 

encours  d’un  caractère  collectif,  comme  ceux- de  euavopia 
it  de  ZÙ oirXioc  [EQUITES]  b  ces  concours  étant  de  cara<j 
ssentiellement  militaire,  les  Athéniens  axaiem  i 
,  y  faire  figurer,  et  par  conséquent,  a  faire  e\uc  ^ 
nétèques;  de  sorte  qu’il  est  bien  Probable  q  des 
mtaillons  d’étrangers  dont  il  est  question  aux 

heseia  sont  formés  de  métèques  i8.  3  dra- 

Les  plus  importants  concours  étaient  es  c  '  ciale1 

natiques,  pour  lesquels  fonctionnait  une  1  11  & 

,  |  gj.q  il  ;  a 

jmniun  à  tous  les  métèques,  dontj  parle  Boeckli,  ^Pj  d’un  culte  pM'1* 
ne  méprise:  les  métèques  n’avaient  pas  beso.n  a  Atl-èn^  ^  ^  .  at, 

ulier,  la  cité  les  admettant  à  ses  eu  es  Harpocr.  P|,oL 

■f,  1,  p.  4.  -  12  C.  i.  ait.  IV,  2,  35  b.  -  «  ^  V  De  D>f 

lies?cl‘’  *•  ;•  »ekkcrl  Pagure  a’  été  gravée 

.  75,  éd.  Valckenaer;  Vorlog.  ;  Poil.  III,  •’  ■ 
holographie.  —  n>  Var.  hist.  VI,  L 
lep.  1, 1.  —  18  C.  i.  att.  Il,  444-448. 


16  Bekker,  Anecd ■  I,  -80’  L 


MET 


—  1879  — 


MET 


,||()l.(^ie  [cuoregia|.  Pour  une  fête  seulement  les 
la.|'|  ies  y  étaient  soumis,  ou,  si  l’on  veut,  y  avaient 
puisqu’une  liturgie  est,  en  même  temps  qu’une 
un  honneur  et  presque  une  magistrature  :  c’était 
lu'l'uc  des  Lénéennes  [dionysia,  p.  239]  Nous  n’avons 
pu'lleurs  aucun  renseignement  sur  la  façon  dont  fonc- 
lionna.it  cette chorégie  ;  on  peut,  de  là  même,  inférer  que 
l,'s  choses  se  passaient  comme  pour  celle  des  citoyens. 

pour  achever  de  caractériser  la  situation  des  métèques 
|.llH  la  cité,  il  faut  ajouter  que,  exclus  naturellement  de 
tous  les  droits  et  de  toutes  les  fonctions  politiques,  ils 
'  aient  du  moins  remplir  certaines  fonctions,  comme 
celles  d’arbitre  privé  [diaitètai],  ainsi  que  le  montre  le 
discours  contre  Phormion  2,  et  même  celles  d’ambassa¬ 
deur  :  Lysias  et  Xénocrate  furent  chargés,  l’un  en  393, 
auprès  de  Denys  de  Syracuse,  l’autre  en  322,  auprès 
d’Vntipater,  d’une  véritable  mission  diplomatique  3. 
lien  était,  enfin,  de  certains  avantages  matériels  assu¬ 
rés  aux  citoyens  comme  des  charges  publiques:  les  mé¬ 
tèques',  d’une  façon  générale,  en  étaient  exclus;  ainsi  ils 
ne  prenaient  part  ni  aux  clérouehies,  ni  aux  distributions 
de  blé.  Mais  on  voit  des  métèques  médecins  publics  \ 
fermiers  des  impôts  B,  et  même  hérauts  du  conseil  et  du 
peuple  G.  On  en  voit  souvent  aussi  figurer  comme  entre¬ 
preneurs,  même  pour  les  travaux  faits  au  compte  de  la 
cité,  sous  la  seule  condition  qu’ils  fournissent  la  caution 


d’un  citoyen  7. 

Nous  n’avons  pas  de  documents  établissant  de  façon 
positive  que  les  métèques  athéniens,  se  trouvant  à 
l’étranger,  fussent  reçus  par  les  proxènes  d’Athènes; 
mais  nous  savons  que,  d’une  manière  générale,  elle 
veillait  sur  eux  et  sur  leurs  intérêts.  Une  ambassade  va 
réclamer  au  tyran  d’Héraclée  du  Pont  les  objets  que  ses 
sujets  ont  dérobés  à  un  métèque  8.  Et  deux  inscriptions 
bien  connues  montrent  que  parfois  Athènes  s’occupa 
même  de  ses  métèques  dans  les  autres  cités,  où  elle  leur 
faisait  assurer  certains  droits  particuliers.  Ainsi  àChalcis^ 
après  la  soumission  de  l’Eubée  par  Périclès  en  445, 
les  métèques  athéniens  fixés  un  certain  temps  pour 
leurs  affaires  à  Chalcis  furent  soustraits  à  tout  impôt 
envers  cette  ville  9.  A  Corésia,  dans  l’ile  de  Céos,  il  y  a 
des  métèques  qui  paient  l’impôt,  et  d’autres  qui  en 
sont  dispensés10  :  ceux-ci  sont  des  protégés  athéniens 
pour  qui  Athènes  impose  cette  condition,  de  même  qu’elle 
miposa  à  la  même  cité,  et  vers  le  même  temps,  l’obliga- 
h°n  de  lui  réserver  le  monopole  du  commerce  de  l’ocre 
rouge".  Enfin,  fait  plus  significatif  peut-être  encore,  un 
decret  du  peuple  de  322  montre  le  peuple  athénien  de¬ 
mandant  aux  dieux  leur  protection,  non  seulement  pour 
los  citoyens,  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  mais  pour  les 
'dangers  fixés  dans  le  pays,  c’est-à-dire  les  métèques12. 

^Ux  métèques  qui  lui  avaient  rendu  des  services, 
-Mlunies  accordait  diverses  récompenses,  les  unes  d’ordre 
I)ni ornent  honorifique,  éloges  et  couronne  13,  qui 
Paraissent  d’ailleurs  avoir  été  assez  rares,  les  autres 
^ 01  die  positif.  C’était  d’abord  le  droit  de  propriété,  ou 
|.r°l1  acquérir  en  Attique  une  terre  ou  une  maison,  ou 

1111  1  autre  à  la  fois14.  C’était  ensuite  l’atélie,  ou 


exemption,  partielle  ou  totale,  des  impôts  qui  pesaient 
sur  les  métèques  [atéleia  ,  soit  du  meloikion  1  ’,  soit  des 
liturgies soit  même  de  Veisp/ioran ;  cette  dernière 
exemption  est  d’autant  plus  remarquable  que,  Démos- 
thène  l’affirme  formellement,  elle  n’existait  pas  pour 
les  citoyens  [eishiora]. 

D’autres  privilèges  accordés  à  des  métèques  avaient 
pour  résultat  de  les  élever  au-dessus  de  leur  classe,  et  de 
les  faire  passer  dans  une  autre.  Le  droit  de  cité  était 
la  récompense  suprême,  fort  rarement  accordée  à  Athènes. 
On  le  voit  conféré  dans  des  circonstances  exception¬ 
nelles,  par  exemple  aux  métèques  qui  s’armèrent  et  per¬ 
mirent  ainsi  d’équiper  la  Hotte  qui  vainquit  aux  Argi- 
nuses18,  et  à  ceux  qui  prirent  les  armes  après  la  défaite 
de  Chéronée  19.  Comme  mesure  individuelle,  nous  ne  con¬ 
naissons  que  l’exemple  du  médecin  Evénor20,  des  deux 
banquiers  célèbres  Pasion  et  Phormion21,  du  grand 
marchand  de  salaisons  Chaeréphilos  et  de  ses  trois  (ils2-, 
et  de  deux  banquiers  encore,  Epigénès  et  Conon  2:i. 

En  général,  on  n’accordait  le  droit  de  cité  qu  à  des 
métèques  qui  avaient  déjà  reçu  un  privilège  moins  im¬ 
portant,  quoique  fort  recherché  cependant,  la  proxénie 
[proxenia].  Au  premier  abord,  il  semble  étrange  qu  on  ait 
pu  conférer  la  proxénie  à  des  étrangers  résidant  à 
Athènes,  puisqu’elle  n’était  pas  seulement  un  honneur, 
mais  une  fonction.  Et  en  effet,  on  paraît  ne  l’avoir  décer¬ 
née  à  des  métèques  qu’assez  tard,  lorsqu’on  s’était 
habitué  à  la  considérer  surtout  comme  un  honneur  21. 
Les  exemples  en  sont  d’ailleurs  fort  rares:  nous  n’en 
connaissons  pas  plus  de  trois  certains2':  cela  se  com¬ 
prend,  la  proxénie  donnée  à  un  étranger  lui  conférant 
autant  de  charges  que  d’honneurs,  tandis  qu’aux 
métèques  elle  ne  conférait  que  des  privilèges. 

Au-dessous  des  proxènes  et  au-dessus  des  simples 
métèques  était  la  classe  des  Isotèles,  pour  laquelle  nous 
nous  bornerons  à  renvoyer  à  l’article  isoteleia.  On  voit 
par  tout  ce  qui  précède  que  les  métèques  avaient  dans  la 
cité  une  place  nettement  déterminée,  et  que  les  plus 
méritants  d’entre  eux  pouvaient  par  degrés  s'élever 
jusqu’au  rang  de  citoyen.  Aussi  serait-il  bien  surprenant 
que,  dans  la  vie  de  tous  les  jours,  ils  eussent  été  mal 
vus  des  citoyens  et  mal  traités  par  eux.  C’est  ce  qu’ont 
pourtant  affirmé  quelques  auteurs  modernes,  en  se  fon¬ 
dant  sur  des  textes  mal  compris  :  il  y  a  là  une  méprise 
analogue  à  celle  que  l’on  a  commise  à  propos  de  leur 
rôle  aux  Panathénées.  Le  seul  de  ces  textes  qui  ait  de 
l’importance  est  un  passage  de  Xénophon  où  il  parle  de 
certaines  choses  qui  semblent  frapper  les  métèques  d’une 
sorte  de  déshonneur  sans  aucun  avantage  pour  la  cité  26. 
Mais  si  l’on  se  reporte  à  un  autre  passage  du  même 
ouvrage27,  on  voit  qu’il  n’a  en  vue  que  la  défense  faite 
aux  métèques  de  posséder  des  biens-fonds  en  Attique  et 
d’entrer  dans  la  classe  des  Cavaliers.  En  fait,  non  seule¬ 
ment  les  métèques  ne  se  distinguaient  en  rien,  dans  la 
vie  de  tous  les  jours,  des  citoyens  28  ;  non  seulement  il 
était  défendu  de  les  fi'apper29,  mais  ils  jouissaient,  comme 
les  citoyens  eux-mêmes,  de  la  liberté  pleine  et  entière 
de  parole,  de  ce  que  l’auteur  de  la  République  des 


cio,,’  ,]°  ^‘opfc.  Plut.  53.  -2  Ps.  Dem.  XXXIV,  18.  —  3  Lys.  XIX,  19  ;  Plut.  Pho- 
-l’c  ;  V'  i'att-  b  Add-  «o«-256  6.-5  plut.  A  Ici  b.  5.—  «C.  ».  oU.II,  73. 

-  J  h  O,  col.  1, 1.  47-48  ;  c,  col. 2,1.  18-19.  —  iAthen.  Mitlh.  VIII, 211. 

-  lj  .j,  "ll"  b  -  27  a.  —  10  Dittenb.  Sylloge  2,  n»  522.  —  UC.  /.  ait.  II,  510. 

■  f|'t-  &?7..  1891,  92.  —  13  C.  i.  ait.  11,  Add  nov.  250  b.  —  H  C.  i.  att.  1  59. 


-  15 C.  i.  att.  11,27,  121, 222,  224.—  10  Dem.  XX,  18.  —17  C.  i.  att.  II,  86.  —  18  Dioil. 
XIII,  97.  —1»  Lyc.  C.  Leocrat.  il.  —  20  C.  i.  ait.  II,  187.  —  2t  Dem.  XI.V,  34  ; 
Ps.  Dem.  L1X,  2.  —  22  Dinarch.  I,  43.  —  23  Ibid.  —  21  P.  Monceaux,  Les  Proré¬ 
nies  grecques,  299  et  suiv.  —  *0  Athcn.  Mitth.  VIII,  211;  C.  i.  att.  II,  186,  380. 

—  20  Xcn.  Vectiy.  II,  2,-27  Jbid.  II,  5.—  28  [Xen.]  Athen.  Itesp.  I,  10.  —  59  Ibid. 


MET 


1880  — 


athéniens  appelle  n<n,Yopfe.  Tout  ce  que  l’on  exigeait 

dws  métè?ues’ nous  dil  Lysias,  c’est  qu’ils  se  montrassent 
convenables  envers  les  citoyens,  xoapioo;  \  Et  Aristo¬ 
phane  nous  dépeint,  sous  une  forme  pittoresque,  la  vé¬ 
ritable  situation  des  métèques  vis-à-vis  des  citoyens,  en 
les  appelant  le  son  de  ceux-ci  :  il  fait  allusion'au  pain 
mêle  de  farine  et  de  son  que  l’on  mangeait  à  Athènes 
et,  par  conséquent,  veut  dire  que  citoyens  et  métèques 
sont  si  intimement  mêlés  qu’ils  ne  font  qu’un  ». 

On  a  longtemps  admis  sans  discussion  que  les  métèques 
'  ntJ  [a,saienl  Pas  Parlie  dt'S  dèmes.  Il  .est  pourtant  impos¬ 
sible,  o  priori ,  qu’une  population  aussi  nombreuse  et 
aussi  stable  ait  pu  vivre  en  dehors  de  tous  les  cadres  de 
la  cité.  En  fait,  les  relations  des  métèques  avec  les  diffé¬ 
rentes  administrations  de  la  cité,  telles  que  nous  venons 
de  les  décrire,  ne  peuvent  s’expliquer  que  si  entre  elle  et 
euxjl  y  a  un  intermédiaire,  qui  ne  peut  être  que  le 
deme .  pour  1  établissement  de  leurs  taxes,  la  levée  de 
leur  contingent  militaire,  leur  participation  aux  cultes 
publics,  il  fallait  qu’il  y  eût  quelque  part  une  liste  offi¬ 
cielle  des  métèques.  Les  lexicographes  et  scoliastes  font 
allusion  à  ces  listes,  sans  dire  où  on  les  conservait  ». 
Mais  la  façon  même  dont  on  désigne  les  métèques  sur  les 
actes  officiels  suffit  pour  nous  l’apprendre.  Dans  les 
inscriptions,  en  effet,  les  métèques  sont  toujours  désignés 
par  leur  nom  suivi  du  nom  d’un  dème  précédé  de  iv  : 
Teuxpoç  Iv  KuSa9r,vat(j)  oixôiv.  Ce  ne  peut  être  une  simple 
indication  de  domicile,  puisqu’il  s’agit  précisément 
d  hommes  qui  ne  pouvaient  être  propriétaires.  De  plus, 
cette  formule  n  est  jamais  employée,  pour  désigner  des 
métèques,  que  dans  des  documents  officiels  4  :  c’est  donc 
la  constatation  d  un  état  légal,  et  la  preuve  que  les  listes 
des  métèques  étaient  dressées  par  dèmes,  c’est-à-dire 
qu'ils  faisaient  partie  des  dèmes. 

Nous  ne  savons  rien  sur  la  façon  dont  se  faisait 
l'inscription  sur  le  registre  des  métèques  6.  La  question 
la  plus  importante  serait  de  savoir  si  cette  inscription 
était  facultative  ou  obligatoire.  Deux  textes  permettent 
de  la  résoudre  .  la  définition  du  métèque  donnée  par 
Aristophane  de  Byzance  et  le  décret  du  peuple  athénien 
relatif  aux  Sidoniens  et  à  leur  roi  Straton.  «  Le  mé¬ 
tèque,  dit  Aristophane  B,  est  celui  qui  vient  de  l’étranger 
habiter  la  ville,  en  payant  une  contribution  pour  certains 
besoins  de  la  cité.  Pendant  un  certain  nombre  de 
jours,  il  est  appelé  étranger  de  passage  (mxpsTtfôTigoç), 
et  jouit  de  l’immunité;  s’il  dépasse  le  temps  fixé,  il 
devient  métèque  et  est  soumis  à  l’impôt.  »  Si  l’on  rap¬ 
proche  de  ce  texte  une  inscription  locrienne  qui  fixe  à 
un  mois  le  temps  au  bout  duquel  l’étranger  devait  cesser 
d  etre  un  étranger  proprement  dit,  pour  être  soumis  à 
la  justice  locale  7,  on  sera  convaincu  qu’il  y  avait,  à 
Athènes  et  partout,  un  délai  légal,  passé  lequel  les  étran¬ 
gers  étaient  inscrits  d’office  Sur  la  liste  des  métèques,  et 
que  ce  délai  devait  être  assez  court.  Et  précisément 
la  faveur  accordée  aux  sujets  du  roi  Straton  consistait  en 
ceci,  que  les  négociants  sidoniens  venus  à  Athènes  pour 


MET 


l  Acharn.  v.  502  et  suiv.  ;  pour  le  vrai  sens  de  ce  passage,  cf.  Müller-StrUbing, 
Aristophanes  und  die  histor.  Kritik ,  p.  012  et  suiv.  —  2  Acharn.  502  sq.  ;  cf.  Miiller- 
Strübing,  l.  c.  —  3  Poil,  ni,  57;  SchoI.  Arislopb.  Au.  v.  1669;  Iian.v.  416. 
—  4  Ce  sont  les  comptes  des  polètes  (C.  i.  ait.  I,  277,  1.  14),  les  comptes  des 
épistales  des  constructions  publiques  (Ibid.  I,  321,  324;  II,  2,  829,  834,  etc.), 
les  inventaires  des  trésoriers  d'Athéna  (Ibid.  H,  2,  652  b,  I.  18  ;  660,  1. 
47,  etc.),  les  inventaires  des  épimélctes  des  arsenaux  (Ibid.  II,  2,  811  c,  1.  39). 
i  Ces  registres,  à  Pergamc,  s  appellent  àaoyçaœaî  (Frankel,  Ins.  von  Per- 


.q"'ils  le 


affaires  pourraient  ,  rester  autant  „  , 

sans  etre  enrôlés  d'office  dans  la  classe  dè  . ™ 

Sur  la  situation  des  métèques  dans  ,  meli'1“«  • 

"  aïons  O'»»**  renseignements  en  dÜ  *""•  »™s 

que  nous  fournit  le  décret  du  dème  de  if  *  «W» 
nous  avons  vu  qu'ils  étaient  admis  à  C„  T  Mcs’  oi 

..  ..  .  1,1,15  cultes,  M 


même  ans  sacrifices  et  à  la  distribution  de  ■ 

.  i-  de  viundes 


en  étaient  la  suite,  que  ceux  que  non.  '‘u"ues  fl»i 
decret  des  Eleusiniens  en  faveur  du  méSLT"'  » 
qui  avait,  lors  de  la  fête  des  Dionvsies  1  “Msias. 
frais  deux  choeurs,  l'un  d'hommes,  Vautre  dvT  *  “* 
lui  conféra,  outre  des  éloges  et  une  ™  '"ll5:™ 

pour  lui  et  ses  descendants,  la ZZ TT/01'  * 
l.’atélie  dont  il  s'agit  ne  peut  être  „„c  celle  J  "ia'e 
butions  levées  pour  subvenir  aux  frais  des  f,u  “",n' 

11"!'':  £  “étèc!ues  donc  soumis  à  tatet 


charges  des  démoles,  mais,  comme  eux 


prenaient  part 


aux  fetes  et  pouvaient  y  jouer  un  rôle  actif.  Paisanl 
partie  des  demes  les  métèques  faisaient  forcément  parti! 
des  tribus  En  effet,  le  polémarque  faisaitdes  procès  des 
meteques  dix  lots  qu  il  répartissait  entre  les  dix  tribus  " 
et  d  ailleurs  on  sait  que  la  chorégie  s'acquiltailpar  tribu] 
8  il  faut  en  croire  les  lexicographes  et  les  scoliastes 
les  meteques,  dans  toutes  leurs  relations  avec  la  cité’ 
auraient  eu  besoin  d’être  assistés  d’un  intermédiaire’ 
leur  prostate".  En  fait,  les  textes  les  plus  anciens  sur 
ce  sujet  ne  remontent  qu’au  iv°  siècle  et  n’apprennent 
rien  sur  ce  prostate,  si  ce  n’est  que  tout  métèque  devait 


en  avoir  un13,  sans  quoi  il  s’exposait  à  une  action 


en 


aprostasie,  yp a<p*i  àirpoaTettrtou  14.  A  part  cela,  il  est  im 
possible  de  saisir  la  moindre  trace  de  l’activité  du 
prostate,  qu  il  s’agisse  des  affaires  privées  des  métèques 
ou  de  leurs  aflaires  publiques.  Des  savants  modernes, 
pour  expliquer  cette  apparente  contradiction,  ont  sup¬ 
posé  que  l’obligation  du  prostate,  rigoureuse  dans  les 
temps  anciens,  avait  fini  par  tomber  en  désuétude15. 
Cela  ne  peut  être,  puisque  ce  sont  justement  les  auteurs 
relativement  récents  qui  en  parlent  seuls.  D’autres 
pensent  que  l’intervention  du  prostate  était  de  pure 
forme,  et  ne  servait  qu’à  présenter  le  métèque  devant 
les  tribunaux  ou  les  magistrats,  après  quoi  il  agissait 
personnellement l6.  C’eût  été  une  formalité  inutile,  le 
polémarque  étant  déjà  cet  intermédiaire  entre  les  organes 
de  la  cité  et  les  métèques.  En  réalité,  c’est  de  l’obligation 
pour  tout  métèque  d’être  inscrit  sur  le  registre  d’un  dème 
que  découle  l’obligation  d’avoir  un  prostate,  et  le  rôle  de 
celui-ci  se  bornait  précisément  à  l’accomplissement  de 
cette  formalité  :  le  protaste  était  le  citoyen  d’un  dème 
qui  présentait  à  ce  dème  le  nouveau  métèque  etle  faisait 
inscrire  sur  ses  registres,  après  quoi  ses  fonctions  ces¬ 
saient,  et  le  métèque  était  en  possession  de  tous  ses 
droits.  Il  n’y  avait  donc  rien  de  commun  entre  le  prostate 
ou  patron  du  métèque  et  celui  de  l’affranchi,  quoique  le 
même  mot  désignât  l’un  et  l’autre  :  l’affranchi  avait  enveis 
le  sien  diverses  obligations,  le  métèque  n’en  avait  aucune. 
De  là  vient  aussi  que,  tandis  que  les  plus  favorises  <  es 


gamon,  249). —  6  Aristoph.  Byz.  éd.  Natick,  fr.  38 

8  C.  i.  att.  11,86.  —  9  'Es Y|g.  àPX.  1889,  71.—  10  Haussouliicr,  L 


i 

7  Inscr.  gr.  antiqutss.  i.  — - 
Le  dème  d' Eleusis 

il  Arist.  Athen.  Polit.  SS.  —  ®u‘^' 


S.  V.  *Aicfr° 


{Ann.  Fac.  Lettres  de  Bordeaux ,  VU,  232). 

S.  V.  Nîjxeiv  irpooràTVjv,  et  S.  V.  ' Aicpoorairtou 

Scliol.  Dem 
III,  I  ;  Dem 

VIII,  53.  —  i*lJoll.  VIII,  35;  Arisiot.  Atnen.  troi u.ov,  ~ - - 

—  IB  Schenkl,  De  metoecis  atticis ,  199.  —  16  Thumscr,  Info  suc  / 


i I 


V  TÏOOCTTWTTiy,  x.1/  O.  u.  nftuuumw.vi,  - - 1  »  -  •  .  .  i  /’,//( 

m.  C.  Aristogil.  I,  788,  5  ;  Bckker,  Anecd.  I,  201,  H-  —  ,s0C 

n.  XXV,  58;  Ps.  Dem.  LIX,  37  ;  Hyper.  Orat.  att.U,3SS,Prag.  -  ■  * 

-14  Poil.  VIII,  35;  Aristot.  Athen.  Polit.  58;  Bekker,  Anec  .  ,  ^ 

. .  _  . .  rr, _ _  rrniersuehunaen, 


Sboj;  cf.  Harpocr.  ...  -  —P 

_  13  Arislo 1. 1 0,a- 
r,  :  Isocr. 
24. 
sq. 


MET 


—  1881 


MET 


étrangers. 


les  proxènes,  n’ont  accès  direct  devant  le  tri- 


elle 

proxé 

Ain 

compte 


[P(ln  polémarque  qu’en  vertu  d’une  clause  spéciale 
'iri  i-cl  leur  conférant  la  proxénie,  TtpoaoSo?  7cpbç  xov 
^  i  les  métèques  ont  ce  droit,  parce  qu’ils  ont 

^■^•ésentés  régulièrement  une  fois  pour  toutes  à  la  cité. 
tl|(  .l(jcun  des  décrets  rendus  en  faveur  de  métèques  ne 
'(,onfère-t-il  la  7tpô<7ooo<;,  et  même  cette  clause  est- 
*  "!  .^ente  dans  les  décrets  qui  leur  confèrent  la 
nie,  comme  inutile. 

.  iilgj  compris,  le  rôle  du  prostate  permet  de  se  rendre 
i  de  la  vraie  nature  de  l’action  dite  aprostasiou 
ni\  pile  ne  pouvait  être  intentée  qu’au  métèque  qui 
n'avait  pas  de  prostate,  c’est-à-dire  qui  avait  négligé  de 
se  faire  inscrire  sur  la  liste  des  métèques.  Convaincu, 
le  métèque  était  puni,  d’après  Suidas,  de  la  peine  de  la 
confiscation  2,  qui  ne  doit  avoir  été,  comme  d’habitude, 
qu’une  peine  accessoire,  la  peine  principale  étant  la  vente 
comme  esclave  3.  Et  la  sévérité  de  cette  peine  s’explique 
de  [a  même  façon  que  pour  celle  qui  frappait  le  métèque 
qui  ne  payait  pas  le  metoikion  :  l’un  et  l’autre  étaient 
soupçonnés  de  vouloir  se  dérober  aux  devoirs  de  leur 
condition  légale,  en  se  faisant  passer  pour  citoyens. 

Nous  n’avons  parlé  jusqu’à  présent  que  des  métèques 
proprement  dits,  c’est-à-dire  des  étrangers  d’origine  libre, 
venus  librement  en  Attique.  Il  faut  ajouter  que  la  classe 
des  métèques  ne  comprenait  pas  que  cet  élément,  mais, 
dans  une  proportion  que  nous  ne  pouvons  déterminer,  un 
élément  d’origine  servile,  à  savoir  les  affranchis.  Il  suffit, 
pour  le  prouver,  de  citer  le  passage  où  Harpocration  dit 
qu’ils  payaient  le  metoikion  4  :  ce  qui  veut  dire  que,  tout 
en  dépendant  de  leur  patron,  ils  avaient  aussi  des  rela¬ 
tions  directes  avec  la  cité.  Il  n’y  avait  donc,  au  point  de 
vue  du  droit  public,  aucune  différence  entre  affranchis  et 
métèques.  Mais  l’affranchi  avait  des  obligations  privées 
que  n’avait  pas  le  métèque,  et,  à  tout  affranchi  qui  cher¬ 
chait  à  les  éluder,  son  patron  pouvait  intenter  une  action 
en  apostasie  [apostasiou  dire  et  apéleutheroi]  5.  C’est 
à  des  actions  ds  cette  nature  que  se  rapporte  toute  une 
catégorie  d’inscriptions  longtemps  demeurées  énigma¬ 
tiques,  les  Catalogues  des  phiales  d’argent  offertes  par 
les  affranchis  6.  Il  s’y  agit,  dans  les  unes,  d’affranchis  à 
qui  leurs  patrons  avaient  intenté  une  action  en  apostasie 
d  qui  avaient  gagné  leur  procès,  dans  les  autres, 
d affranchis  qui  l’avaient  perdu.  Le  gain  d’un  procès  de 
ce  genre,  pour  un  affranchi,  avait  pour  résultat  de  le  déli¬ 
vrer  de  tout  lien  de  patronage,  et  de  ne  plus  lui  laisser 
que  des  obligations  envers  l’État. 

Telle  nous  apparaît,  à  partir  du  v»  siècle,  la  con- 
dition  des  métèques  à  Athènes.  Il  est  possible  de 
re|racer,  dans  ses  traits  principaux,  l’histoire  de  la  for- 
mation  et  du  développement  de  cette  classe  d’hommes, 
e'  de  se  rendre  compte  de  la  politique  suivie  à  cet  égard 
pm  Athènes.  La  plupart  des  hommes  d’État  d’Athènes,  en 
^  e  '  '"h  eu  sur  la  conduite  à  tenir  vis-à-vis  des  métèques 
es  "'des  très  nettes,  et  les  théoriciens  eux-mêmes, 
Wniii".  Platon  et  Xënophon,  n’ont  pas  manqué  d’exposer 
1  Urst  comme  sur  une  chose  fort  importante  pour  la 
latun,  qui,  dans  sa  République  idéale,  n’admet 

fier  ....  f1'  mi.  —  2  s.  u.  *w).ïjTY]î. 

nttische  Procesi  foi  i  c  J  ■ 

su>’  les  ’  —  4  l'.  Metiu 

■■•••  ffranch|s  à  Alhèncs  en 


ap 


ditione 
*1»  920  A 
pitre 


3  Mcier-SchÔmann-Lipsius, 
—  5  Sur  cette  action,  et 
jénéral,  cf.  G.  Foucart,  De  libertorum  con- 
Ullen-  1890.  —  0  C.  i.  att.  Il,  768-776;  IV,  768-772.  -7  Leg. 
7  8  XI,  915  B,  et  850  AC.  —  9  Xen.  Vecl.  tout  le  cha- 

!Hlr  'a  question  île  savoir  si  les  mœurs  à  Athènes  étaient  favorables 


point  d’étrangers,  admet  tacitement,  dans  les  Lois,  la 
présence  des  métèques  \  Seulement,  outre  qu’il  veut 
les  confiner  dans  les  métiers  inférieurs,  indignes  des 
citoyens,  et  les  empêcher  de  devenir  riches,  il  les  expulse 
au  bout  de  vingt  ans 8  :  c’est  dire  qu’il  rend  leur  présence 
dans  la  cité  impossible.  Ils  sont  pour  lui  comme  un  mal 
inévitable,  qu’il  tâche  de  réduire  au  minimum  possible. 
En  cela,  Platon  n’est  que  le  représentant  du  parti  aristo¬ 
cratique,  qui  voulait  fermer  la  cité  aux  étrangers,  comme 
le  faisaient  les  Spartiates.  Xénophon  au  contraire, 
écrivant  au  lendemain  des  désastres  de  la  Guerre  sociale, 
ne  voit  pas  de  meilleur  moyen  de  relèvement  pour 
Athènes  que  le  développement  de  laclassedes  métèques  9. 
Et  pour  cela  il  propose  qu’on  leur  donne  le  droit  de  pos¬ 
séder  des  maisons  et  qu’on  les  admette  dans  le  corps  des 
Cavaliers.  Quoique  aucune  de  ces  réformes  n’ait  été  réali¬ 
sée,  il  est  visible  que  les  idées  de  Xénophon  sur  ce  sujet 
étaient  les  idées  de  ceux  qui  voulaient  relever  la  puissance 
d’Athènes  en  développant  son  commerce  et  son  industrie, 
comme  l’avaient  fait  autrefois  les  chefs  du  parti  démo¬ 
cratique,  avec  qui  il  se  trouve  d’accord  sur  ce  point. 

C’est,  en  effet,  la  politique  qu’ont  suivie  tous  les  hommes 
d’État  athéniens,  depuis  Solon  jusqu’au  temps  de 
Démosthène  et  même  au  delà.  D’abord,  il  est  certain  que 
la  douceur  de  mœurs  et  le  caractère  hospitalier  propres 
aux  Athéniens  ont  dû,  dès  le  début,  assurer  aux  étrangers 
une  situation  meilleure  à  Athènes  que  partout  ailleurs. 
Et  de  plus,  tandis  que  beaucoup  de  cités  méprisaient  le 
travail  manuel  et  le  laissaient  presque  exclusivement  aux 
esclaves  et  aux  étrangers,  de  bonne  heure  les  Athéniens 
s’y  livrèrent  :  ils  ne  purent  donc  mépriser  les  étrangers 
qui  à  leurs  côtés  exerçaient  les  mêmes  métiers,ü.  Enlin 
une  troisième  cause  a  agi  plus  activement  encore  sur  le 
développement  de  la  classe  des  métèques,  à  savoir  la  trans¬ 
formation  de  la  constitution  dans  le  sens  démocratique. 

On  ne  peut  se  représenter  la  situation  des  métèques 
aux  temps  très  anciens,  dans  la  cité  aristocratique,  que 
comme  résultant  de  rapports  tout  personnels  entre 
l’étranger  et  un  des  citoyens,  dont  il  est  comme  le  client. 
Mais,  dès  le  temps  de  Solon,  on  constate  que  les  étrangers 
affluent  en  Attique,  attirés  par  la  sécurité  dont  ils  y 
jouissaient11.  Nous  ne  connaissons  pourtant  aucune 
mesure  positive  prise  par  lui  en  faveur  des  métèques  12  ; 
mais  ses  réformes  dans  leur  ensemble,  réformes  qui 
faisaient  prévaloir  la  fortune  sur  la  naissance,  étaient  de 
nature  à  relever  leur  condition,  comme  celle  des  citoyens 
de  basse  naissance  qui  arriveraient  à  la  fortune.  Puis, 
sous  Pisistratc,  le  grand  développement  des  travaux 
d’utilité  publique,  qui  exigea  beaucoup  d’ouvriers,  du  t 
attirer,  comme  plus  tard  les  grands  travaux  de  Périclès, 
beaucoup  d’étrangers.  La  preuve  en  est  dans  la  révision 
des  listes  civiques  qui  eut  lieu  après  l’expulsion  des 
tyrans,  et  qui  permit  de  constater  que  beaucoup  avaient 
usurpé  le  droit  de  cité  :  qui  pouvait  l’avoir  fait,  sinon 
des  étrangers  domiciliés  depuis  longtemps  déjà  en  Attique 
et  y  vivant  de  la  vie  des  citoyens 18 ? 

C’est  à  partir  de  Clisthène  que  les  métèques  nous 
apparaissent  comme  ayant  dans  la  cité  leur  place  marquée 

ou  hostiles  au  travail  manuel,  question  qui  a  donné  lieu  à  des  malentendus,  voir 
l’article  artifices;  cf.  Brants,  De  la  condition  du  travailleur  libre  dans  l'industrie 
athénienne  (Dev.  de  l'instruct.  publ .  belge ,  XXXVI,  p.  100  et  suiv.);  Clerc,  Métèques 
athéniens,  p.  320  et  suiv.  ;  P. Guiraud,  La  main-d’œuvre  industrielle,  p.  37  et  suiv. 
—  H  Plut.  Sol.  22.  —  12  L’assertion  de  Plutarque,  Sol.  24,  est  une  méprise,  sans  quoi 
la  réforme  de  Clisthène  n’aurait  pas  eu  de  raison  d'être.  —  13  Arist.  Ath.  Pol.  13. 


( 


MET 


—  1 882  — 


H  leur  droit  bien  défini.  Une  de  ses  réformes  consista, 
à  n’en  pas  douter,  adonner  le  droit  de  cité  à  une  partie  des 
métèques;  ce  qui  prouve  une  fois  de  plus  que  cette  classe 
d  hommes  avait  déjà  pris  une  grande  importance1.  Et 
pour  les  autres,  il  faut  bien  admettre,  quoique  les  auteurs 
ne  le  disent  pas  formellement,  qu’il  prit  toute  une  série 
de  mesures  qui  seules  peuvent  expliquer  ce  que  nous 
savons  de  la  condition  légale  des  métèques  au  ve  siècle, 
et  que  l'on  ne  peut  rapporter  à  aucun  autre  que  lui.  De 
lui  doit  dater  1  inscription  régulière  de  chaque  métèque 
sur  les  registres  d’un  dème,  c’est-à-dire  la  régularisation 
tle  ses  rapports  avec  la  cité,  substitués  aux  anciens  rap¬ 
ports  personnels  avec  un  citoyen.  C’est  alors  que  le  choix 
d  un  prostate  devint  une  simple  formalité,  et  que  le  nom 
dumétèque  futrégulièrementsuivi,  dansles  actes  officiels, 
du  nom  de  son  dème.  Si  l’on  admet,  avec  Fustel  de  Coulan¬ 
ges,  que  la  principale  réforme  de  Solon  eut  pour  but  et  pour 
résultat  de  délivrer  les  thètes  de  toute  obligation  person¬ 
nelle  envers  un  patron  seul  propriétaire  de  la  terre,  pour 
ne  plus  leui  laisser  de  devoirs  qu  envers  la  cité  attica 
respublica],  on  peut  se  représenter  la  réforme  de  Clisthène 
comme  ayant  eu  le  même  résultat  pour  les  métèques, 
autorisés  désormais  à  avoir  des  relations  avec  l’État  sans 
l'intermédiaire  d’un  citoyen,  sauf  au  début  etune  fois  pour 
toutes.  Les  hommes  politiques  du  vc  siècle  ont  tous  suivi 
vis-à-vis  des  métèques  la  même  politique  que  Clisthène, et, 
en  favorisant  le  développement  de  cette  classe  d’hommes, 

1  ont  par  là  même  attachée  au  régime  nouveau,  la  démo¬ 
cratie.  On  a  remarqué  avec  raison2  que  ni  la  création  de 
la  flotte  de  guerre  par  Thémistocle,  ni  l’exploitation  des 
mines  du  Laurion,  ni  le  développement  de  la  peinture 
sur  vases  à  figures  rouges,  ne  s’expliquent  sans  la  parti¬ 
cipation  de  plus  en  plus  grande  des  métèques  à  la  vie  de 
la  cité.  La  création  du  Pirée  surtout,  qu’il  fallait  peupler 
de  marins  et  d’artisans  de  toute  sorte,  amena  forcément 
Thémistocle  à  toute  une  série  de  mesures  auxquelles 
parait  se  rapporter  un  passage  de  Diodore  3  :  Thémistocle, 
dit-il,  aurait  proposé  de  donner  l’atélie  aux  métèques  et 
artisans,  de  façon  à  peupler  vite  la  nouvelle  ville  et  à  y 
assurer  l’exercice  de  tous  les  métiers  utiles.  Sous  Périclès, 
le  célèbre  décret  de  451,  qui  stipulait  que  seuls  joui¬ 
raient  des  droits  civiques  les  fils  de  père  et  de  mère 
{Doyens4,  montre  le  rapide  développement  pris  par 
l’élément  étranger,  et  montre  bien  aussi  la  vraie  politique 
des  Athéniens  sur  ce  point  :  favoriser  l’élément  étranger, 
mais  à  condition  qu’il  demeurât  dans  les  cadres  qu’on 
lui  avait  assignés.  11  est  certain  d’ailleurs  que  les  grandes 
constructions  d  Athènes  ne  purent  que  l’augmenter,  et 
le  traité  avec  Chalcis  dont  nous  avons  parlé  prouve  que 
la  sollicitude  de  Périclès  s’étendait,  pour  les  métèques 
athéniens,  même  en  dehors  des  frontières  de  l’Attique. 
Le  développement  de  la  classe  des  métèques  a  donc 
coïncidé  avec  celui  du  régime  démocratique  :  c’est  dans 
l'intérêt  de  ce  qui  faisait  le  fondement  de  ce  régime,  à 
savoir  la  marine  de  guerre,  la  marine  de  commerce  et 
1  industrie,  que  les  Athéniens  ont  appelé  à  eux  et  retenu 
par  tous  les  moyens  l’élément  étranger,  auquel  ils  ont 
fait  dans  leur  cité  une  place  suffisante. 

Après  la  guerre  du  Péloponnèse  et  la  chute  d’Athènes, 
le  gouvernement  oligarchique  inaugura  contre  les 

Ariht.  I  ol.  III,  I,  10  :  K7Et<j(>évrjç...  kô/Aou?  izuli-aum  çévouç  xetl  So-jXouç 
pcTo.xou;,  c  est-à-dire  des  étrangers  d'origine  libre  et  d’origine  servile;  et  Ath. 


MET 


neteques  une  véritable  persécution  :  Athèno 
a  1  empire  maritime,  n’avait  plus  besoin  h  reno«Çant 
par  conséquent,  du  concours  des  étrl  marine-  ni, 
métèques  se  rangèrent-ils  du  côté  de  ^rv  les 
aider  a  restaurer  le  régime  démocratique  ®  P°Ur 
fit  promettre  l’isotélieà  ceux  d’entre  eux  uni 
les  armes,  et  un  fragment  de  décret  rend,  Pf?draH 
sur  la  proposition  d’Archinos,  nous’  montré ^S“BeDl 
recompense  donnée  à  des  métècmes  n„i  .  et  celle 
à  Fh*  et  »  Munychie  ». 

dans  le  courant  du  ive  siècle  et  h  «fin,  î  ,•  etrangers 
en  faveur  de  certains 

Corésia  dont  nous  avons  parlé  prouvent  quT'Cta ** 
années  avant  la  Guerre  sociale,  les  métènae’s  S  * 
dans  les  préoccupations  des  hommes  d’Etat  I- 
place  qu’au  temps  de  Périclès.  Par  contre,  ce, le 
fut,  en  cela  comme  en  tontes  choses,  un  véritable  d!aS 
pour  Athènes,  isocrate  déclare,  l’année  même  où  elle  pr 
hn,  que  les  meteques  ont  disparu  •;  et  c’est  alors  L 
Aenophon  veu t  les  ramener  par  toute  une  série  de  mesure 
que  nous  avons  indiquées.  Ces  idées  de  Xénophon 
Lycurgue,  après  Chéronée,  essaya  d’en  mettre  en  praliaue 
quelques-unes  :  c’est  lui  qui  fit  rendre  le  décret  accordai 
aux  marchands  de  Kition  l’autorisation  d’élever  un  temple 
au  Pirée,  lui  encore  qui  lit  récompenser  Eudémos  de 
Platées  pour  avoir  contribué  aux  frais  de  la  guerre  et  de 
la  construction  du  théâtre  et  du  stade  7. 

Tantqu’Athènes  et  le  Pirée  gardèrent  quelque  indépen¬ 
dance,  et  surtout,  quelque  importance  commerciale,  les 
Athéniens  usèrent  vis-à-vis  des  étrangers  domiciliés  chez 
eux  de  la  même  politique.  Après  la  guerre  Lamiaque, 
on  exempta  du  nietoikion  les  Thessaliens  réfugiés  à 
Athènes  8,  et  on  récompensa  deux  métèques  qui  avaient 
rendu  des  services  dans  cette  guerre  9.  Plus  lard  encore, 
au  temps  de  la  guerre  de  Chrémonide,  puis  d’Aratos,  des 
métèques  participent  à  des  epidoseis 10.  Enfin,  cin¬ 
quante  ans  encore  avant  la  réduction  de  la  Grèce  en 
province  romaine,  un  décret  récompense  un  métèque 
pour  la  part  qu’il  a  prise  à  la  guerre  contre  Philippe  V 
de  Macédoine11.  A  partir  de  ce  moment,  il  n’est  plus 
question  à  Athènes  de  métèques;  il  n’y  a  plus  rien  de 
commun  entre  eux  et  les  nombreux  étrangers  qui,  à 
l’époque  romaine,  habitent  Athènes  pour  leur  instruction 
ou  leur  plaisir.  On  peut  dire,  au  résumé,  qu’Athènes, 
tant  qu’elle  a  été  une  cité  indépendante,  a  eu  et  suivi  avec 
une  singulière  persévérance  vis-à-vis  des  métèques  une 
politique  bien  définie. 

On  a  souvent  essayé  de  calculer  le  nombre  des  métèques, 
comme  celui  des  citoyens,  à  Athènes.  On  ne  peut  arriver 
à  un  résultat  satisfaisant  en  fait  de  nombres  absolus,  oj 
le  peut  au  contraire  jusqu’à  un  certain  point,  si  1  on  ■ 
se  contente  de  chiffres  comparés.  Pour  le  vc  siècle, 
nous  avons  un  document  d’importance  capitale,  lenu  I 
mération  des  forces  militaires  d’Athènes  au  d<  but  I 
de  la  guerre  du  Péloponnèse,  d’après  Thucydide  ■  ,eS  I 
forces  comprenaient,  en  fait  d’hoplites,  13  000  hoinmesj 

plus  16  000  autres  formant  la  réserve,  et  composes) 

de  vingt  ans 


de  tous 


Pol.  ïl 


•  Toy;  veciTCoÀÎTaç.  -  Wilamovvitz-Moellendorf,  Untersuchunyen ,  p.  248. 


d’une  part,  des  citoyens  au-dessous 
et  au-dessus  de  soixante,  et,  d’autre  part, 
ceux  des  métèques  qui  servaient  comme  |0P 1 

Y  VIH  ->4  _  8  ^  Ul,  I 

—  3  XI,  43.  —  4  Arist.  Athen.  Pol.  26.  —  «  Athen.  Mitth.  -  ■  __  |0C^ 

II,  176.  —  »  Ibid.  II,  222.  —  9  Art-»»»  à?Z-  IS8'’ 

-  H  Ibid.  II,  413,  —  l?  II,  13,  7  ;  cf.  Il,  31. 


21. 
i.  a 


-  7  C.  i.  a 
II,  334,  380. 


MET 


—  1883  — 


MET 


distinguer,  dans  ce  dernier  contingent,  les  mé- 
pour  l  'L  citoyens,  il  n’y  a  qu’une  méthode  possible  : 
lèT"  ^  )rendre  pour  point  de  départ  le  chiffre  13000  re- 
C<- 'entant  le  total  des  hoplites  citoyens,  et,  au  moyen 
^'•'données  modernes  sur  la  durée  moyenne  de  la  vie 
^  .lUic  de  reconstituer  le  total  de  chacune  de  ces  trente 
1111111  '  ,'t  le  chiffre  des  naissances  annuelles.  Or,  d’après 

lli"  hMcs  de  mortalité,  13  000  hommes  de  vingt  à  cin- 
n<\HU  ans  supposent  1003  éphèbes  de  dix-huit  à  vingt 
3240  hommes  de  cinquante  à  soixante  ans  et  un 
l'obi  de”" naissances  annuelles  de  800.  Il  reste  donc  pour 
]°s  hoplites  métèques  un  total  de  11  750,  et  un  total  de 
naissances  annuelles  de  545.  Quant  à  la  force  relative 
dis  contingents  autres  que  les  hoplites,  infanterie  légère 
et  équipages  de  la  Hotte,  il  est  impossible  de  la  déter- 
mjner  mais  il  est  évident  que  les  métèques  de  ces  deux 
catégories  étaient  plus  nombreux  que  les  hoplites.  Si 
l’on  admet  qu’il  faut  doubler  le  nombre  des  hoplites 
métèques  pour  avoir  le  total  de  la  population  métèque 
en  hommes  faits,  et  si  l’on  multiplie  ce  chiffre  par  quatre, 
proportion  généralement  admise  pour  le  rapport  entre 
les  hommes  en  état  de  porter  les  armes  et  le  reste  de  la 
population,  on  obtient  un  chiffre  de  près  de  100  000  âmes 
pour  l’ensemble  de  la  population  métèque  au  moment  de 
la  guerre  du  Péloponnèse.  Comme  il  est  généralement 
admis  que  les  citoyens  étaient  alors  au  nombre  de 
120 üüO  ',  les  métèques  auraient  été  vis-à-vis  des 
citoyens  dans  la  proportion  de  4  à  5.  Et  ce  n’est 
que  par  l’hypothèse  d’une  très  nombreuse  popula¬ 
tion  que  l’on  peut,  en  effet,  s’expliquer  et  la  double 
expédition  de  Sicile  et  la  longue  résistance  d’Athènes 
dans  la  dernière  partie  de  la  guerre.  Il  faut  ensuite 
descendre  jusqu’à  l’année  309,  sous  le  gouvernement  de 
Démétrios  de  Phalère,  pour  trouver  un  autre  chiffre  pré¬ 
cis,  provenant  du  recensement  officiel  faiL  cette  année-là, 
qui  montra  qu’il  y  avait  en  Attique  21000  citoyens  et 
10000  métèques  2,  c'est-à-dire  que  les  citoyens  avaient 
diminué  de  près  d’un  tiers,  et  les  métèques  de  plus  delà 
moitié.  Les  inscriptions  funéraires  ne  peuvent  servir  à 
contrôler  ces  données  des  auteurs,  parce  qu’on  ne  peut 
distinguer  celles  des  métèques  de  celles  des  étrangers  ou 
même  des  esclaves  ;  et  d’ailleurs  celles  du  v°  siècle,  c’est- 
à-dire  de  l’époque  la  plus  importante,  sont  trop  peu 
nombreuses.  Par  contre,  ces  inscriptions  peuvent  servir 
n  nous  renseigner  sur  l’origine  des  métèques.  Dans  le 
second  volume  du  Corpus  Attique ,  sur  un  total  de 
MCJ  inscriptions  émanant  d’étrangers,  78  seulement 
portent  des  noms  barbares,  de  vingt  contrées  différentes  ; 
les  lr-l  autres  émanent  de  Grecs,  de  cent  quatre-vingt- 
flnq  cdés  différentes.  C’est  dire  que  les  métèques,  à 
Athènes, étaient  des  provenances  les  plus  diverses,  mais, 
en  grande  majorité,  d’origine  hellénique. 

Cette  population  métèque  parait  s’ètre  très  inégale¬ 
ment  répartie  entre  les  différents  dèmes  de  l’Attique. 

_ 'ente  et  un  dèmes  seulement  sont  représentés  dans  les 
nseriptions  ;  et  là-dessus  les  dèmes  urbains  l’emportent 
f.|ll  JIMUCOuP)  Mélité  et  le  Pirée  venant  en  tête.  Seul,  en 
lalif  '6  ^mes  ruraLlx>  Alopécé  parait  avoir  eu  une  popu- 
1111  métèque  nombreuse  :  or  c’était  un  des  plus  rap- 

-  3  SyMs  histor-  Zeitschrift,  XLVIII,  40.  —  î  Athcu.  VI,  272  B. 

,|  j  r-  EP'st ■  graeci,  p.  83;  cf.  C.  i.  a.  II,  2,  773.  —  4  C.  i.  a.  1,321, 
etP  17  j  K  l’  S  i  elc';  P-  Guiraud,  Main-d'œuvre  industrielle ,  p.  1 60  et  suiv. 
*007  ,,|  j,  et  Lys.  XII,  19;  Dem.  XXXVI,  11.  —  6  Scol.  Aristoph.  Vesp. 

a ye t-Col lignon ,  Hist.  de  la  céramique  grecque.  205;  K.  Bottier,  Rev. 


proehés  de  la  ville,  un  dème  suburbain.  Sur  un  total  de 
240  métèques  dont  le  dème  est  connu,  459  habitaient  la 
ville  et  le  Pirée,  les  87  autres  se  répartissant  entre  vingt- 
six  dèmes  différents.  Cela  s’explique  par  la  nature  des 
professions  exercées  par  la  plupart  d’entre  eux. 

Tout  d’abord,  dans  cet  élément  étranger  se  recrutaient, 
comme  dans  toutes  les  grandes  villes,  les  professions 
douteuses  ou  inavouables  :  sycophantes,  joueuses  de 
llûte  et  de  cithare,  et,  d’une  façon  générale,  les  courti¬ 
sanes  3.  Quant  au  gros  de  la  population  métèque,  c  est 
àl’industrie,  surtout  aux  diverses  industriesdu  bâtiment, 
qu’elle  se  livrait.  Dans  les  comptes  de  constructions  du 
vu  et  du  ive  siècle,  sur  un  total  de  130  entrepreneurs  ou 
simples  ouvriers,  figurent  seulement  50  citoyens  contre 
80  métèques  L  Ce  sont  des  entrepreneurs  de  maçon¬ 
nerie,  de  décoration,  de  démolition  et  de  transport  des 
matériaux, etc.,  desfabricantsetfournisseursde  matériaux 
de  foute  sorte,  pierre,  tuiles,  cordes,  outils,  etc.,  enfin  des 
artisans  de  tous  les  métiers,  maçons,  menuisiers,  serru¬ 
riers,  et  aussi  des  ornemanistes,  sculpteurs,  doreurs  et 
peintres  décorateurs.  Les  industries  métallurgiques  y 
sont  aussi  représentées  par  des  fondeurs  en  plomb,  en 
cuivre  et  en  or;  des  fabricants  d’objets  en  fer,  et  des 
fabricants  d’armes,  notamment  de  boucliers,  industrie 
qui  paraît  avoir  été  des  plus  florissantes  et  qu’exercèrent 
le  père  de  Lysias  et  le  fameux  banquier  Pasion  5. 

L’industrie  céramique  paraît  en  grande  partie  avoir 
été  entre  les  mains  des  métèques  :  «  Fabriquer  des 
lampes,  dit  Andocide,  c’est  faire  œuvre  d’étranger  et  de 
barbare  6.  »  Et  outre  ces  peintres  de  vases  et  les  sculp¬ 
teurs  de  l’Erechtheion,  les  inscriptions  nous  font  con¬ 
naître  deux  toreules  métèques,  dont  l’un,  le  célèbre 
Mys,  était  isotèle  7.  Tandis  que  l’agriculture  a  peu  de 
représentants,  la  petite  industrie  fournit  beaucoup  de 
noms,  corroyeurs,  cordonniers,  boulangers,  cuisiniers, 
foulons,  tisserands,  coiffeurs,  portefaix,  etc.  Les  femmes 
exercent  aussi  de  nombreux  métiers,  couturières,  tis¬ 
seuses  de  laine,  et,  surtout,  nourrices. 

Les  négociants  paraissent  avoir  été  plus  nombreux 
encore  que  les  industriels.  Ce  sont,  soit  des  marchands  au 
détail  ou  revendeurs,  scxirriXot,  dont  quelques-uns  tenaient 
des  spécialités,  étoupe,  encens,  sésame,  soit  des  mar¬ 
chands  en  gros,  faisant  le  commerce  par  mer,  le  commerce 
d’importation,  ’ÉgTcopot  [mercator,  negociator].  Le  com¬ 
merce  des  céréales  surtout  était  en  grande  partie  entre 
leurs  mains  8.  Enfin  le  plus  fructueux  de  tous  les  com¬ 
merces,  le  commerce  de  l’argent,  était  aussi  pratiqué  par 
eux,  et  les  principaux  banquiers,  ou  trapézites,  que  nous 
connaissons,  sont  des  métèques,  notamment  Pasion  et 
Phormion9  [trapezitai].  Outre  ces  banquiers,  d’autres,  des 
capitalistes,  faisaient  valoir  leurs  capitaux  en  les  prêtant, 
surtout  à  la  grosse  aventure10.  En  un  mot,  les  métèques 
occupaient  dans  le  monde  des  affaires,  à  tous  les  degrés, 
une  situation  prépondérante,  et  c’est  en  grande  partie 
grâce  à  eux  qu’ Athènes  et  le  Pirée  ont  dù  d’être  la  pre¬ 
mière  place  de  commerce  et  le  centre  financier  du  monde 
grec.  Il  résulte  de  cela  que,  contrairement  à  l’opinion  de 
Boeckh  M,  s’il  y  avait  beaucoup  de  métèques  pauvres,  il 
y  en  avait  aussi  beaucoup  de  riches.  Outre  les  noms  de 

arc  II.  1889,  I,  35.  —  7  C .  i.  a.  Il,  2,  add.  741.  —  3  0.  Perrot,  Le  commerce  des 
céréales  en  Attique  au  iv*  siècle  avant  notre  ère  (Rev.  histor.  IV,  p.  1  et 
suiv.).  —  9  G.  Perrot,  Le  commerce  de  l'argent  et  le  crédit  à  Athènes  au 
iv«  siècle  avant  notre  ère  (Mêm.  d’archéol.,  d'êpigraphie  et  d'histoire ,  p.  337 
et  suiv.).  —  *9  Dem.  XXXtV,  50.  —  Il  Op.  I.  1,025. 


MET 


1884  — 


grands  négociants  ou  de  particuliers  qui  ont  argement 
contribué  aux  eisphorai  et  aux  epidoseis ,  nous  voyons 
des  mctèques  posséder  des  esclaves  et  des  affranchis,  et 
1  un  des  poètes  de  la  comédie  nouvelle,  Philippidès,  se 
plaint  de  l'insolence  des  riches  parvenus  métèques  '  Et 
la  persécution  dont  ils  furent  l’objet  sous  les  Trente 
montre  bien  qu  il  y  avait  là  une  source  de  richesses  bien 
connue  de  tous  les  Athéniens. 

Dans  ce  que  nous  appelons  les  professions  libé¬ 
ra  es,  leur  place  n’est,  guère  moins  considérable.  Parmi 
les  savants,  les  médecins  Événor  et  Phidias  2,  l’archi¬ 
tecte  du  Pirée,  Hippodamos  de  Milet  3,  l’astronome 

îaeinos,  le  maître  de  Méton  4,  ont  été  des  métèques. 
Aous  ne  savons  pas  d’une  façon  précise  si  les  nombreux 
poètes  et  les  nombreux  philosophes  qui  ont  vécu  à 
Athènes  y  étaient  comptés  comme  tels,  bien  que  ce  soit 
très  probable  :  mais  nous  le  savons  positivement  pour 
trois  des  orateurs  du  iv«  siècle,  Dinarque,  Isée  et  Lysias5. 

Favorisés  par  le  gouvernement  démocratique,  les  mé¬ 
tèques,  quoique  soucieux  avant  tout  delà  paix  intérieure 
et  extérieure  nécessaire  àleur  commerce  et  à  leur  indus¬ 
trie  6,  ont  eu,  en  général,  une  préférence  marquée  poul¬ 
ie  régime  auquel  ils  devaient  leur  prospérité,  et  ils  l’ont 
montré  lors  de  la  chute  des  Trente  et  du  rétablissement 
du  gouvernement  populaire.  Avant  même  cette  époque, 
on  voit  des  métèques  jouer  un  rôle,  fort  obscur  à  là 
M-rité,  dans  d  autres  affaires  d’un  caractère  politique 
Dans  les  ténébreuses  affaires  des  Mystères  et  des  Ilermoco- 
pides,  plusieurs  métèques,  notamment  Teucros  et  Képhi- 
sodoros,  figurent  comme  amis  et  compagnons  habituels 
d  Alcibiade  7,  et  il  semble  que  ce  dernier  ait  fait  entrer 
dans  l’espèce  d’hétairie  analogue  aux  hétairies  aristo¬ 
cratiques  qu  il  avait  formée,  non  seulement  des  citoyens, 
mais  des  étrangers  dévoués  à  sa  fortune.  En  411  encore! 
on  voit  des  métèques  jouer  un  rôle  équivoque  sous  les 
Quatre-Cents,  lors  de  l’assassinat  de  Phrynichos  :  les 
auteurs  ou  prétendus  tels  de  cet  assassinat,  qui  furent 
recompensés  une  fois  la  démocratie  rétablie,  étaient  tous 
des  métèques  8.  Sous  le  gouvernement  des  Trente  enfin, 
et  lors  de  la  restauration  du  régime  démocratique,  ce  ne 
sont  plus  des  individus  isolés,  c’est  la  classe  entière  des 
mctèques  qui  prit  une  part  active  aux  luttes  politiques,  et, 
très  nettement,  pour  le  parti  démocratique.  Déjà,  lors  de 
la  prétendue  conspiration  dans  laquelle  les  oligarques 
impliquèrent,  pour  les  perdre,  les  chefs  du  parti  démo¬ 
cratique  modéré,  des  métèques  furent  saisis  et  mis  à 
mort  9.  Lne  fois  les  Trente  au  pouvoir,  ils  exercèrent 
contre  tous  les  métèques  une  persécution  systématique 
qui,  du  reste,  contribua  plus  que  tout  à  amener  la  rup¬ 
ture  entre  Critias  et  Théramène.  Pison  et  Théognis 
tirent  décider  que  chacun  des  Trente  s’emparerait  de  la 
personne  d’un  métèque,  le  mettrait  à  mort  et  confisque¬ 
rait  ses  biens.  Xénophon  et  Lysias  disent  que  c’était 
surtout  pour  se  procurer  de  l’argent10.  Mais  en  fait, 
parmi  ceux  qui  furent  arrêtés,  figuraient  deux  pauvres! 

v/  A  !’  277  ;  les  Catalo,Jues  phiales  d'argent,  pas  sim  ;  Athen. 

«  •  a  “  2  C'  1  “•  "■  I86'  187  !  lhid -  ».  Add.  nov.  256  b.  -  3  Schol 
Aristoph.  Equit  327.  _  4  Theophr.  De  sign.  tempes t.  4.  _  3  Voir  G.  Perrot,' 
éloquence  politique  et  judiciaire  à  Athènes.  -  6  Aristophane  no  manque 
eSp  ,olgUrer  parmi  CCUX  ‘‘ue  7ryeée  appelle  à  la  rescousse  pour 
,  v  u“’  297)'“  7  And,’C■,'  277.  —  8  Thuc. 

_  9  f  vm  5’  Ü  C’  K  “■  '■  59 1  cf'  Rôbl-  L'J°™  [Hermes,  XI,  378). 

Il  3  40  1’  m  T,  Xen'  Ihllen'  3’  21  ;  Lys-  Xl11’  C’  7‘  -  11  X™-  Bell. 

''  ~  bu:  2j'  -  13  Athen.  A/itth.  XXIII,  24,  n«  3.  -  H  XXXI, 

-9,  el.  Il,  00.  -  lo  Plut.  Arat.  36,  38,  45.  -  IC  Le  Uas-Foucart,  Mégaride  et 


MET 


et  la  mesure,  due  en  réalité  à  Critia* 
autre  portée  :  elle  achevait  l’œuvre  ™  1  Une  bien 

démolition  des  remparts  et  la  destructT11^'1^6  Par  la 
c  esl-;\-dire  l’anéa„tiSSement  de ZI  t Z  '*  < 

force  de  la  démocratie,  empire  extérieuï  fail  h 

mer  ce  et  industrie.  Le  résultat  de 
qu  avait  prévu  Théramène  »  •  les  JT  f Ures  ht  ce 

ennemis  irréconciliables  du  nouveau  rTo  ‘V'n,'ent  des 
ceux  qui  le  purent  s’enfuirent,  comme  f  '  l°Us 
début,  la  petite  armée  de  Thrasvbule  ySlaS'  Dès  le 
ses  rangs.  11  leur  promit  l’isotélie-  Pi  ^  ^ns 
tenue  :  un  fragment  de  décret  dû  pràbablem^Tf fUt 
nos  en  fait  foi 13.  Et  plus  tard,  Lysias  put  c\7  *  Chi' 

métèques  cet  éloge,  que  dons  ces  circonstatesT  *" 
lis  avaient  fait  tout  leur  devoir  u.  glaves- 

En  dehors  d’Athènes,  nous  constatons  l’existence  h 
meteques  dans  7!  cités,  réparties  dans  toutes  les  conT  ' 
de  la  Grece  indifféremment.  Les  traits  généraux  a  ” .  8 
tilution  y  apparaissent  partout  à  peu  près  les  ■ 
et  il  suffira  de  signaler  quelques  particularités  Sj 

1  va  de  soi  qu  il  n  y  avait  pas  de  métèques,  du 
a  1  époque  classique,  en  Laconie,  où  l’institution  des 

T  T'  I,r<Scisémenl  de  les  empêcher 

tabln .  1  ar  contre,  en  Arcadie,  notamment  a  Man- 
inee  e  à  Tegee,  les  métèques  tiennent  une  place  J 

ante  A  Mantinee,  en  227,  Aratos  leur  donne  le  droit  d, 

cite  L  A  Tegee,  les  métèques,  au  siècle  avant  notre 
ere,  sont  répartis  entre  les  tribus,  comme  les  citoyens 
eux-mêmes,  et  prennent  part  aux  jeux  publics  u  ;  il  est 
vrai  que  ces  tribus  ont  un  caractère  territorial  et  res¬ 
semblent  aux  dèmes  athéniens A  Argos,  les  neSüjrvm 
que  deux  fragments  d  inscriptions  montrent  répartis  en 
symmories  sont  certainement  des  métèques 1S.  A  Mégare, 
les  métèques  paient  le  metoikion ,  ont  un  prostate  et 
peuvenL  recevoir  l’isotélie  19. 

Dans  la  Grèce  centrale,  la  plupart  des  villes  de  la 
Beotie  ont  des  métèques  (pixoïxot  ou  7càpotxoi)  et  des 
isotèles  20  :  le  texte  le  plus  intéressant  est  celui  qui  nous 
montre  une  femme  affranchie,  qui,  aux  termes  de  l’acte 
d  affranchissement,  se  choisira  le  patron  qu’elle  voudra, 
c  est-a-dire  entrera  dans  la  classe  des  métèques21. 

En  Phocide,  les  métèques,  xafotxot  ou  aüvotxot, 
paraissent  avoir  été  très  nombreux  à  Delphes  :  ils  y 
payaient  des  impôts  et  y  étaient  soumis  à  des  liturgies,  I 
notamment  à  la  chorégie,  à  moins  d’atélie,  et  n’y  jouis¬ 
saient  pas  de  l’egktésis22.  En  Locride,  dans  les  petites  ’ 
cités  maritimes  de  Chalion  et  d’OEanthéa,  les  métèques  - 
occupaient,  dès  les  ve  siècle,  une  place  assez  importante 
pour  que,  dans  une  convention  entre  ces  deux  villes,  un 
paragraphe  les  concernât  spécialement  ;  il  y  est  dit  que 
tout  métèque  originaire  de  l’une  des  deux  cités  contrac-  . 
tantes  sera  jugé,  en  cas  de  litige,  non  par  le  tribunal 
des  xénodiques,  réservé  pour  les  étrangers  proprement 
dits,  mais  par  les  tribunaux  ordinaires  de  la  cité,  mais 
qu’il  ne  pourra  le  faire  que  par  l’intermédiaire  de  son  I 

Pélop.  338  b.  —  i7  Gilbert,  Handbuch ,  II,  127.  —  l*  Inscr.  gr.  antiq.  35,  «ï  | 
niSàf  omoi  est  la  transcription  dorienne  de  pénuxot  {iztHù  =  |aet4).  —  t9Dem.  XXI\>  ■  I 
Lyc.  C.  Leocrat.  21;  Corp.  inscr.  gr.  sept.  20.  —  20  Acroephiae ,  C.  ir'scr'^'  1 
sept.  2712  ;  Baliarte ,  Ibid.  2848  ;  2849  ;  Orchomène,  Ibid.  21  ;  Oropos,  bys.  ’  I 
9,  et  C.  inscr.  gr.  sept.  237  à  401,  4258,  4260  à  4268;  Platées ,  Ibid.  10  |  fl 
Tanagra,  Jbid.  504  à  509,  510  à  536;  Thèbes,  Diod.  XVII,  U,  2;  C.  inser.  gr^  ■ 
sept.  2409;  Thespies,  Ibid.  1862,  1726;  Thisbé,  Ibid.  2223-2224.  -  21  H>u  ■ 
Dittenberger,  Hermès,  XXI,  633’;  cf.  Bull.  corr.  bell.  XIX,  161,  où  lu»  llül  j 
même  formule,  i  Orchomène.  —  22  Dittenberger,  Sylloge s,  485;  Bull.  cou. 

V,  402  ;  Vil,  417. 


MET 


MET 


—  188;>  — 


Pr 


oxène. 


Il  n'y  avait  donc  pas  dans  ces  villes  de  magis- 


i  malogue  au  polémarque  d’Athènes.  De  plus,  pour 
11,1  ,(|jr  être  réputé  métèque,  il  faut  résider  depuis  plus 
Phi  mois1.  En  Ëtolie,  les  métèques  apparaissent  nom- 
ir(,n\  au  )i°  siècle2;  ils  peuvent  jouir  d’un  privilège 
-■lé  ÊiriTig-*»  qui  paraît  analogue  à  l’isotélie  3.  A  Tlier- 
'  '  on  voit  une  affranchie  devenir,  en  vertu  de  l’acte 


,  ^'affranchissement,  xaxà  xoùç  AixwXwv  vdgou;  txûxsÀ-Ti 


m"U. 
mémo 

;  ■;vT6taov 4  :  ce  qui  veut  dire  que,  l’isolëlie  étant  chose 
d’ordre  public  et  non  privé,  l’esclave  avait  obtenu  en 
même  temps  de  son  maître  la  liberté,  et  de  la  cité 
l’isotélie,  ce  que  l’acte  d’affranchissement  rappelle. 

Pour  la  Grèce  du  Nord,  il  faut  citer,  en  Thessalie, 
[misa  :  un  curieux  document  nous  y  montre  le  roi  de 
Macédoine  Philippe  V  ordonnant,  sous  forme  de  conseil, 
aux  Lariséens  de  conférer  le  droit  de  cité  à  tous  ceux  de 
leurs  métèques  qui  sont  d’origine  hellénique,  parce  que 
leur  ville  a  besoin  d’un  plus  grand  nombre  de  citoyens. 
Les  Lariséens  ayant  obéi  d’abord,  puis  étant  revenus  sur 
celle  mesure,  Philippe  leur  enjoint  de  se  conformer  à 
ses  ordres,  et  fait  valoir  à  l’appui  de  sa  demande  la 
façon  d'agir  de  Rome,  très  supérieure,  dit-il,  à  celle  des 
Grecs  :  Rome  admet  au  droit  de  cité  même  les  esclaves 
affranchis,  quelle  que  soit  leur  origine,  et  c’est  ainsi  que 
les  Romains  augmentent  la  population  de  leur  cité  et 
qu’ils  peuvent  fonder  des  colonies  3.  Dans  une  autre 
cité  thessalienne,  Pythion,  il  y  a  une  magistrature  spé¬ 
ciale,  celle  des  xénodoques,  chargés  de  veiller  sur  les 
affranchis  et  les  métèques  proprement  dits0. 

En  lllyrie,  Epidamne,  à  l’inverse  de  sa  voisine  Apollo- 
nie,  qui  pratique  les  xénélasies,  laisse  les  étrangers 


elle, 

i 


soit  en  passant,  è7ttS7ip.£ïv,  soit 


s’établir  chez 

demeure,  (aexoixeîv  1 .  En  Thrace,  à  Byzance,  les  métèques 
tiennent  au  ivc  siècle  une  place  fort  importante  :  la  ville, 
ayant  besoin  d’argent,  non  seulement  leur  emprunte  sur 
hypothèque,  fait  anormal,  puisque  les  métèques,  ne 
pouvant  posséder  de  biens-fonds,  ne  pouvaient  pas  non 
plus  prendre  hypothèque;  mais  ne  pouvant  ensuite  se 
libérer,  elle  leur  laisse  les  terres  hypothéquées,  contre 
abandon  d’un  tiers  de  l’argent  avancé  par  eux  8.  Les 
métèques  de  Byzance  formaient  donc  une.  classe  opulente, 
grâce  au  commerce  évidemment.  Nombreux  et  riches,  ils 
y  constituaient  des  thiases  et  leur  faisaient  reconnaître 
par  la  cité  le  droit  de  posséder  des  biens-fonds9. 

Les  cités  insulaires,  cela  va  de  soi,  ont  renfermé  une 
nombreuse  population  métèque.  A  Égine,  dans  un 
ounhai  livré  en  388,  les  Ëginètes  perdent  150  hommes, 
p  us  Pi  K)  étrangers,  métèques  et  matelots10.  Démos- 
trim  nous  fait  connaître  un  de  ces  métèques  Ëginètes, 
mnpis,  le  plus  riche  armateur  de  toute  la  Grèce,  qu’on 
cm» inpta  du  metoikion,  sans  toutefois  lui  donner  le 
"Ml  '*e  c'té“.  Nous  avons  déjà  parlé  de  la  condition 
inle  faite  à  Corésia,  dans  l’ile  de  Céos,  à  certains 
m' toques,  ceux  que  protégeait  Athènes  lors  de  la 
^  "'T  confédération  maritime.  Il  esta  remarquer  que 
*  ""'^Rues,  privilégiés  au  point  de  vue  de  l’impôt, 
a  étaient  pas  admis  aux  repas  publics  donnés 
"osion  de  certaines  fêtes,  faveur  que  la  cité  réser- 

XI.HI  322.  —  2  Le  Bas-Waddington,  Asie  Mineure ,  85;  Arch.  Zeit. 

Syli0l/I,  corr;  hel1-  V.  372,  373. -3  Bull.  corr.  hell.  VII,  410.  -  4  Diltenberger, 


mrjlll  Q  *  Ath.en.MUth.  VII,  04;  cf.  Hennés,  XVII,  477.  -  6  Heuzey, 

8  l's  >JrPe  et  lAcarna»>e,  ins.  n»  4,  et  p.  32.  —  7  Aelian.  Hist.  var.  XIII,  G. 

Il  II”'  vIISt0t'  Oec°nom.  Il,  2,  3.  —  9  Ibid.  —  10  Xen.  Hellen.  V,  I,  12 
\ vin  c> ■  <  , ,  . 

^  ~  Dillenberger,  Sylloge 2,  n°  522.  —  *3  Bull.  corr.  hell. 


vait  à  ceux  qui  contribuaient  à  ses  dépenses12.  A  Délos, 
étrangers  de  passage  et  étrangers  domiciliés  ont  afflué 
de  bonne  heure;  mais  c’est  surtout  après  la  décadence 
d’Athènes  et  du  Pirée  qu’ils  y  ont  pris  une  grande 
importance.  Les  inscriptions  nous  montrent  que,  pour 
les  jeux,  tandis  que  les  citoyens  se  réservent  la  chorégie 
pour  les  Apollonia,  ils  la  partagent,  pour  les  Dionysia, 
avec  les  métèques13,  sans  doute  parce  que  c’est  un  culte 
moins  exclusivement  délien.  On  les  admet  également  aux 
adjudications  pour  les  travaux  du  temple14,  et  ils 
peuvent  prendre  en  location  les  maisons  sacrées,  à 
condition  d’avoir  pour  caution  un  citoyen1".  Parmi  ces 
métèques,  commerçants  pour  la  plupart,  la  colonie  la 
plus  importante  était  la  eolonie  égyptienne,  qui  avait, 
importé  avec  elle  ses  dieux  elles  y  adorait  en  toute  sécu¬ 
rité10.  Les  Phéniciens  de  Syrie  et  de  Chypre  étaient 
nombreux  aussi,  et  célébraient  leur  culle  dans  la  même 
enceinte  que  celui  d’Isis11.  Dans  la  petite  cité  d’Arcésiné, 
dans  File  d’Amorgos,  on  voit  au  n*  siècle  les  métèques, 
lors  d’emprunts  faits  par  la  ville,  servir  de  cautions 
comme  les  citoyens  eux-mêmes  :  les  prêteurs  ont  hypo¬ 
thèque  non  seulement  sur  les  biens  de  la  cité,  mais  sili¬ 
ceux  des  citoyens  et  sur  ceux  des  métèques 1S.  Il  ne  s’agit 
d’ailleurs,  pour  ces  derniers,  que  de  navires  el  de  car¬ 
gaisons  ;  mais  cette  solidarité  montre  en  eux  de  véritables 
membres  de  la  cité. 

C’est  à  Rhodes  que  les  métèques  ont  joué  le  plus 
grand  rôle,  au  moins  à  partir  du  ive  siècle.  A  la  fin  de 
ce  siècle,  les  étrangers  y  sont  assez  nombreux  pour 
fournir  contre  Démétrios  Poliorcète  1  000  combattants, 
contre  6000  fournis  par  les  citoyens19.  Parmi  ces 
métèques  rhodiens,  il  y  en  a  qui  sont  désignés  par 
l’expression  olç  i  kmôau.itt.  oéooxai20,  qui  paraissent  être 
analogues  aux  isotèles  :  souvent,  en  effet,  leurs  lils 
obtiennent  le  droit  de  cité  21 .  Il  faut  encore  signaler 
l’existence  de  cinq  magistrats  spéciaux,  les  litifi.eXT|xai 
tiov  tjsvcov ,  quoique  nous  ne  puissions  discerner  s'ils 
avaient  charge  des  métèques  ou  seulement  des  étrangers 
proprement  dits  22  [epimélètai,  p.  676].  Mais  ce  sont 
les  inscriptions  des  possessions  rhodiennes  qui  four¬ 
nissent  les  renseignements  les  plus  intéressants.  A 
Brykonte,  dans  File  de  Carpathos,  les  métèques  appa¬ 
raissent  comme  faisant  partie  des  xxotvxi,  qui  sont  des 
divisions  territoriales,  analogues  sans  doute  aux  dèmes 
de  l’Attique.  Ces  petites  communautés  ont  leurs  assem¬ 
blées,  qui  rendent  des  décrets,  et  leurs  magistrats  :  or 
les  métèques  peuvent  arriver  aces  charges23.  À  fortiori 
participaient-ils,  comme  à  Délos,  aux  chorégies 21.  Tous 
ces  documents  nous  montrent  dans  ces  métèques  rho¬ 
diens  des  négociants,  riches  pour  la  plupart,  et  usant  de 
leur  fortune  pour  fonder  et  entretenir  des  associations 
religieuses23.  D'autres  exerçaient  des  professions  libé¬ 
rales  ;  les  artistes  métèques  ont  certainement  tenu  une 
place  fort  importante  dans  l’école  de  sculpture  qui  a 
fleuri  à  Rhodes  au  11e  siècle  avant  notre  ère.  En  somme, 
la  place  faite  aux  métèques  dans  les  xxoïvxt,  l’octroi  de 
l’épidamia,  bien  plus  fréquente  que  l’isotélie  à  Athènes, 
l’octroi  du  droit  de  cité  qui  en  était  souvent  la,  consé- 

VII,  104  et  suiv.  —  U  Ibid.  XIV,  393,  1.  44-82.  —  13  Ibid.  1.  IG-24;  XIV,  437.  n.  2. 

l'i  1b.  VI,  295  sq.  ;  XIII,  240.  u  Ib.  VI,  4.0  sq.  — 18  Uareste-Haussoullier- 
Reinach,  Inscr.  jurid.  gr.  XV  A  el  B.  —  19  Diod.  XX,  84,  2.  —  20  c.  inscr.  gr. 
insul.  317,  157.  —  21  Jbid.  40,  43,  87.  —  22  /*.  49.  _  23  /h.  1033,  157;  DuU. 
corr.  hell.  X,  201.  —  24  C.  inscr.  gr.  insul.  702,  283  —  2,  Jbid.  127,  el  Foueart, 
Assoc.  religieuses ,  p.  1 10  et  suiv. 

237 


MET 


1880  — 


quence,  tout  cela  révèle  la  politique  suivie  par  Rhodes, 
comme  autrefois  par  Athènes.  Les  raisons  en  sont  les 
mêmes  de  part  et  d’autre  :  la  nécessité,  pour  une  cité 
devenue  maritime  et  commerçante,  de  faire  aux  étran¬ 
gers  une  place  suffisante.  Rhodes  semble  même  être  allée 
plus  loin  qu’Athènès  dans  cette  voie,  profitant  peut-être 
de  son  exemple.  Et  c’est  au  moment  où  le  port  de  Rhodes 
remplace  pour  le  monde  grec  celui  du  Pirée  que  les 
métèques  y  prennent  une  grande  importance  '. 

En  Asie  Mineure,  les  métèques  des  diverses  cités 
jouent  un  rôle  important  lors  du  soulèvement  et  de  la 
guerre  de  Mithridate.  On  voit  partout  les  deux  partis 
chercher  a  les  gagner  en  leur  promettant  le  droit  de  cité  2. 

A  Chalcédoine,  il  y  a  parmi  eux  de  riches  négociants 
dont  1  intervention  est  fort  utile  à  la  ville  dans  un  besoin 
pressant  d  argent 3.  A  Abydos,  ils  forment  une  classe  de 
capitalistes  dont  la  cité  ne  peut  non  plus  se  passer,  et 
sont  les  banquiers  ordinaires  des  cultivateurs  4.  Pergame 
nous  fournit  un  détail  intéressant,  la  mention  formelle 
des  listes  ou  registres  sur  lesquels  étaient  inscrits  les 
métèques,  at  tcov  7tapotxwv  a7ioypacpat s.  A  Téos,  le  droit 
d  asile  du  temple  de  Dionysos  protège  aussi  bien  les  mé¬ 
tèques  que  les  citoyens  6.  A  Éphèse,  la  population  étran¬ 
gère  comprend  cinq  catégories  de  personnes  :  les  esclaves 
publics,  les  affranchis,  les  esclaves  du  temple,  les 
métèques  et  les  isotèles,  qui  viennent  en  tête  7.  A  Milet, 
on  a  retrouvé  un  fragment  d’une  de  ces  à7toyfa<paî  dont 
parle  une  inscription  de  Pergame  8.  A  lasos,  des  listes  de 
contributions  volontaires  pour  les  fêtes  de  Dionysos, 
datées  du  11e  siècle,  nous  montrent  les  citoyens  versant 
généralement  200  drachmes,  et  les  métèques  100.  Le 
total  des  citoyens  s’y  élève  à  107,  celui  des  métèques 
a  45,  soit  près  de  la  moitié  9.  Ces  contributions  sont 
d’ailleurs  de  véritables  chorégies,  et  le  titre  de  chorège 
est  donné  aussi  bien  aux  métèques  qu’aux  citoyens. 
A  Syllion,  à  l’époque  romaine,  les  métèques  ont  part, 
après  les  citoyens,  aux  libéralités  d’une  grande  famille 
du  pays,  et  il  semble  qu’ils  soient  répartis,  comme  à 
Tégée,  dans  les  tribus10. 

En  Cyrénaïque,  lors  de  la  guerre  entre  Rome  et 
Mithridate,  la  population  se  répartit  en  quatre  classes, 
dont  les  métèques  forment  la  troisième,  et  une  catégorie 
spéciale  d’étrangers,  les  Juifs,  la  quatrième 11 .  En  Sicile 
enfin,  quoique  aucun  texte  ne  mentionne  formellement 
des  métèques,  il  est  certain  qu'ils  jouèrent  un  rôle 
important  lors  de  la  révolution  qui  remplaça  l’oligarchie 
des  gamores  par  la  tyrannie  12. 

On  voit  qu’en  somme  les  traits  généraux  de  l’institu¬ 
tion  sont  à  peu  près  les  mêmes  partout.  Partout  les 
métèques  sont  inscrits  sur  des  registres  spéciaux,  par 
l’intermédiaire  d'un  prostate,  et  ils  le  sont  d’office  au 
bout  d'un  certain  temps;  ils  sont  soumis  à  une  taxe  spé¬ 
ciale  et  à  certaines  liturgies,  et  peuvent  en  être  dispen¬ 
sés  par  faveur.  Ils  sont  admis  à  certains  des  cultes  de  la 

1  Bases  de  statues  avec  signatures  de  métèques,  C.  viser.  %gr.  insul.  40,  42, 
43,  124,  812.  —  2  App.  De.  bell.  Mithrid.  48.  —  3  ps.  Arist.  Oeconom.  11,  2, 
*0.  —  '*  Jbid.  II,  2,  18.  —  °  Frankel,  Insch.  von  Pergamon,  240.  —  6  Le 
Bas-Waddiugton,  Asie  Mineure,  61,  64,  66,  85.  —  "  Jbid.  136  a.  —  8  Haus- 
soullier,  Rev.  de  pliilol.  XXXII,  80  et  suiv.  —  9  Le  Bas-VVaddington,  Asie 
Mineure,  252  à  238.  —  lu  Bull.  corr.  hell.  XIII,  486  et  suiv.  —  H  Joseph.  Antiq. 
iud.  XIV,  72  ;  il  manque  dans  le  tente  un  mot  après  sirtufti  ;  ce  ne  peut  être  que 
çùX«t,  ou,  peut-être,  viSUi;.  —  12  Holm,  Gcsch.  Siciliens  im  Altherthum,  I, 
144  et  suiv.  —  Bibliographie.  G.  de  Sainte-Croix,  Mémoire  sur  les  métèques  ou 
étrangers  domiciliés  à  Athènes  (Mém.  Acad.  Inscr.  1808,  XLVIII,  p.  176-207); 
Boeckh-Frünkel,  Die  Slaatshaushaltung  der  Athener,  1886  ;  H.-M.  Bruijn  de  Neve 


MET 


de,  ce  qu.  les  différencie  absolument  des  éir 
ds  trouvent  place  dans  les  cadres  de  la  cité  i  ^  el 
cadres  ne  sont  plus  exclusivement  les  vioiii  ®queces 
génétiques.  Si  l’institution  offre  partout  T,  ‘  1V,Si°ns 
caractères,  c’est  qu’apparemment  elle  rénon  /  u  mi‘mes 
aux  mêmes  besoins.  La  question  d’origine  Z 
rien  à  voir  là,  puisque  sur  G9  dont  nous  onn-  “’a 

l’origine,  16  sont  ioniennes, 23  éoliennes  et  30 

Quant  à  la  forme  de  gouvernement,  il  est  cert-  "  nnes’ 
d'une  façon  générale,  les  gouvernements  démocntiiT’ 
ont  été  plus  favorables  aux  métèques  que  les  eotl!qUeS 
ments  aristocraties;  raais  „  a\n  £  ^ 

que,  sur  les  32  cités  dont  nous  connaissons  la  consthu 
tion,  les  cites  aristocratiques  sont  à  peu  près  ■  • 

nombreuses  que  les  cités  démocratiques  (14  contre  m' 
La  vraie  cause  de  la  formation  et  du  développement  de 
a  classe  des  métèques  dans  les  cités  grecques  relève 
bien  moins  de  la  politique  que  de  l’économie  politique, 
En  grande  majorité  négociants  et  industriels,  les  métèques 
ont  suppléé  à  l’insufrisance  des  citoyens,  et  fait  ce  que 
ceux-ci  ne  pouvaient  pas  faire  :  ils  ont  ainsi,  jusqu’à  un 
certain  point,  joué  le  rôle  de  cette  classe  moyenne  dont 
les  anciens  ne  pouvaient  se  passer  plus  que  nous,  et  qui 
chez  les  Romains  était  représentée  par  les  affranchis. 
Là  où  le  commerce  et  l’industrie  ne  se  développèrent 
pas,  ils  furent  inutiles,  et  l’on  n’eut  ni  à  les  attirer  ni  à 
les  retenir.  Dans  les  centres  industriels  et  commerciaux 
au  contraire,  ils  affluèrent,  et  il  fallut  bien  finir  par 
régler  leur  situation.  Et  en  effet,  sur  nos  soixante  et  onze 


villes,  quarante  et  une  sont  des  ports  de  mer,  et  les 
autres,  comme  Mantinée,  Argos,  Thèbes,  Cyrène,  etc., 
des  cités  importantes  et  populeuses,  centres  non  seule¬ 
ment  politiques,  mais  économiques  de  toute  une  région. 

A  ce  point  de  vue,  l’exemple  d’Apollonie  et  d’Épidamne 
est  des  plus  significatifs.  Si,  de  ces  deux  villes,  voisines 
et  de  la  même  origine,  doriennes  l’une  et  l’autre,  l’une, 
Épidamne,  a  bien  accueilli  les  étrangers,  tandis  que 
l’autre,  Apollonie,  ne  voulait  pas  les  laisser  s’établir  à 
demeure,  c’est  que  la  seconde,  bien  qu’assez  florissante, 
n’a  jamais  été  un  centre  d’échanges  international,  ce 
qu’a  été  Épidamne,  intermédiaire  entre  la  Grèce  et 
l’Italie.  Et  c’est  à  Athènes  d’abord  et  au  Pirée,  puis  à 
Délos  et  à  Rhodes,  c’est-à-dire  dans  les  ports  les  plus 
importants  de  la  Grèce  que  les  métèques  onL  tenu  la 
place  la  plus  considérable.  M.  Clerc. 

METOPA  (MsxÔTrq).  Métope.  —  I.  Panneau  compris 
entre  les  triglyphes  dans  la  frise  de  l’ordre  dorique.  L  ori¬ 
gine  de  la  métope  a  été  soumise  aux  mêmes  discussions 
que  celles  de  l’ordre  dont  elle  fait  partie.  Vitruve,  faisant 
dériver  les  formes  de  l’architecture  en  pierre  de  celles 
de  l’architecture  en  bois,  considère  la  métope  connue 
étant  originairement  la  maçonnerie  servant  à  combler  < 
vide  qui  se  trouvait  exister  entre  deux  poutres  du  P  ^ 
fond  de  l’entablement.  Pour  dissimuler  1  extrémité 


oll,  Disputatio  literaria  de  peregrinorum  apud  Athenicnses  . 
ordrechl,  1839;  H.  Schenkl,  De  metoecis  atticis  (  Wiener  Stu  te",  ’  .  3 

161-225);  V.  Thumser,  (Jntersuchungen  über  die  attischen  Me  a  cen  ^  ^  . 

tudien,  VII,  1885,  p.  45-68);  C.  Welsing,  De  inquilinorum  et  peregr ,n0  ika 

thenienses  judiciis,  Munster,  1887;  U.  von  Wilamowilz-Moe  en  , \uchier 

m  Metoeken  (Sennes,  XX II,  1887,  p,  107-128  et  211-259);  Gilbert,  t4 

■iech.  S taatsalterthümer 2,  1893,  p.  195-202;  Busolt,  Gnech.  AU*  ^  (fer  ' 
suiv.,  137  et  suiv.  ( Sandbuch  hvan  Millier)  ;  Hermann-Thumser,  18M} 

■iech;  Staatsaltertli.,  1892,  p.  419-426;  M.  Clerc,  Les  métèques  ai  ^  ^ 

.  Clerc,  De  la  condition  des  étrangers  domiciliés  dans  esn 
•ecques  ( Revue  des  Universités  du  Midi,  et  tirage  à  part,  18  ) 


MET 


—  1887 


MET 


fpPS  mli  était  d’un  effet  peu  gracieux,  on  y  clouait 

ces  pouue=  i  , .  „  i  .  •  .  , _ n — 


anchette  cannelée,  en  forme  de  triglyphe  que  l’on 


""l'  v'éL  de  cire  bleue1.  On  voit  que  le  mot  métope 
el"  ", jiîe  pas,  selon  Vitruve,  l’idée  d’un  vide,  mais  l’idée 
'V'  , j , . ; n ,  puisqu’il  ne  fait  nulle  mention  d’un  temps 
llU|"M[il  intervalle  aurait  été  laissé  libre.  Ladéfinition  est 
°U  iiieurs  conforme  au  sens  le  plus  vraisemblable  du 


mot  métope, 


«  entre  les  ouvertures»2,  qui  ne  peut  désigner 
plein.  Mais  entre  quelles  ouvertures?  Les  Grecs, 
(.J  j|  appellent  oizxi  les  trous  ménagés  dans  une  maçon- 


gui 

il,  appe 
nerie  pour  y 


faire  entrer  les  bouts  des  poutres,  ce  que 
les  architectes  latins  appellent  columbaria 3.  L’intervalle 
coinpiTs  entre  deux  ouai  s’appelle  donc  très  justement 
mft0pe.  À  cela,  on  a  objecté  qu’un  état  aussi  transitoire 
,g  ja  construction  n’avait  vraisemblablement  pas  pu 
servir  à  fixer  la  nomenclature  de  l’ordre  D’autre  part, 
Vitruve,  après  avoir  imposé  la  théorie  que  nous  venons 


d'indiquer,  ajoute  :  «  /ta  divisiones  hgnorum  teetae  tri- 
glgphorum  dispositionc  intertignium  et  opatn  habere  in 
doricis  operibus  coeperünl  ".  »  Les  mots  intertignium  et 
o pu  semblent  à  première  vue  de  signification  identique 
et  ne  désigner  qu’un  seul  et  même  objet.  Ilittorf 6  en  a 
donné  une  explication  ingénieuse  et  quelque  peu  subtile  . 
il  ne  faut  pas,  dit-il,  entendre  ici  par  wrq  une  ouver¬ 
ture  de  part  en  part.  Lorsqu’on  plaçait  les  poutres  du 
plafond  de  l’entablement,  elles  dépassaient  le  mur  ou  i<i 
poutre  formant  architrave.  11  était  nécessaire  d  en  couper 
l’extrémité  saillante.  Mais  comme  on  y  adaptait  une 
plaque  de  bois  sculptée,  le  Lriglyphe,  il  fallait  ménager 
à  cet  ornement  l’espace  en  retrait  nécessaire  pour  qu  il 
trouvât  sa  place  sans  déborder  sur  le  nu  du  mur.  Cette 
cavité  est  précisément  une  Il  n’y  a  pas  contradiction, 
ajoute  Ilittorf,  avec  cet  autre  passage’,  qui  précède  de 
quelques  lignes  celui  que  nous  venons  de  citer  :  «  I uni 


B 

A 

Fig.  5028.  —  Dispositions  dos  métopes. 

A,  (rates,  poutres;  B,  ligna,  solives;  C,  intertignium,  eulrevous;  C’,  métope;  D,  opa,  cubilia,  cavité;  E,  briques  et  planches;  F,  triglyphes  et  planches  encastrés 
dans  Topa;  G,  lriglyphe  en  pierre. 


projecturas  tignorum  quantum  eminebant,  ad  lineam 
et perpcndiculum  parietum praesecuerunt  »,  car  il  suffit 
de  remarquer  que  ces  mots  font  allusion  à  une  époque 
antérieure,  où  la  section  rustique  de  la  partie  saillante 
nechoquait  pas  des  yeux  encore  inexpérimentés.  En  con¬ 
séquence,  on  n’avait  pas  besoin  d’aménager  cette  section 
d  une  manière  particulière  pour  y  recevoir  des  triglyphes 
qui  l’auraient  cachée.  Plus  tard,  au  contraire,  on  pratique 
la  section  assez  en  dedans  pour  que  le  triglyphe  puisse 
y  trouver  place.  Ainsi  se  trouve  expliquée  l’opposition 
des  mots  intertignium  et  opa.  Le  premier  désigne  bien 
1  emplacement  de  la  métope,  le  second  signifie,  mais 
considéré  à  deux  époques  différentes,  l’espace  ménagé 
P°ur  introduire  la  tête  saillante  de  la  solive  et  la  cavité 
laissée  par  la  section  de  celle-ci  pour  insérer  le  triglyphe. 
Le  dernier  passage  cité  fait  allusion  au  temps  où  le  mot 
'  lait  pris  dans  le  premier  sens.  Métope  est  donc  syno- 

m,Topa,  i  vitruv.  IV,  II,  2.-2  M.  Perrot  remarque  que  l'usage  u’esl  pas 
c  °J0U,'S  informe  à  la  logique  et  à  la  réalité  des  choses,  et  il  propose,  à  titre  do 
tern  '  IIIC’  conSKlérer  le  mot  (lE-tom;  comme  un  simple  doublet  de  ptiwitov,  front , 
'le  mvenl  employé  métaphoriquement  en  architecture  pour  désigner  une  lace 
cf-  Choisy,  Études  sur  l’arck.  grecque  ;  I,  l'Arsenal  du  Virée,  Marché 
J'!  Mention  des  travaux  de  l'Arsenal  de  Zéa  au  Tirée,  1.  23  du  lexte  épigraphique. 

_ 3  Y  1 1  ^  ’  '*•  —  '*  f’errot  et  Chipiez,  Hist.  de  l’art,  t.  VII,  p  479. 

fie  5'UUV-  "L  ”■  —  6  Hittorf,  Antiqu.  inéd.  de  l’Atlique,  d  où  est  tiré  la 

'  '  p.  40,  „.  l.  _  7  Vitr.  Ibid.  -  8  Euripide,  Iphig.  Taur.  v.  113-114  semble 


nyme  d’ intertignium  fit  Vitruve  est  partout  conséquent 
avec  lui-même  (fig.  5023) 8. 

Dans  l’architecture  en  pierre,  triglyphes  et  métopes  ne 
sont  plus  qu’un  simple  motif  de  décoration  (fig.  5021) 
rappelant,  mais  avec  une  grande  liberté  dans  leur  emploi, 
les  nécessités  de  l’entablement  en  bois.  En  efiet,  si  1  on 
examine  la  structure  interne  de  l’entablement  de  pierre, 
on  voit  que  métopes  et  triglyphes  ne  sont  qu’une  façade 
derrière  laquelle  s’élève  parallèlement  une  seconde  paroi, 
un  mur,  qui  comme  la  frise  supporte  en  partie  le  poids  de 
la  corniche  et  du  fronton  10. 

La  métope  est  généralement  un  simple  bloc  de  pierre 
entre  les  triglyphes.  Mais  parfois  aussi,  comme  on  le  voit 
àSélinonte11  et  ailleurs,  la  métope  n’est  qu’une  épaisse 
plaque  de  marbre  garnie  de  saillies  latérales  qui  s’insèrent 
à  gauche  et  à  droite  dans  des  feuillures  pratiquées  à  cet 
effet  dans  les  flancs  des  triglyphes.  Cette  disposition  était 

avoir  connu  des  vieux  temples  où  un  vide  exislait  entre  les  triglyphes;  Or. 
v.  1371-1372  ;  Semper,  Dcr  Styl,  II,  40G  ;  Winckclmann,  Observ.  sur  l’ar¬ 
chitecture  des  anciens,  t.  III,  p.  47  ;  Beulé,  Hist.  de  l'art  grec  av.  Périclès, 
p.  21-22,  et  les  objections  de  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'art,  VU. 
p.  480,  n.  3  ;  p.  481.  —  9  Durai,  Consecutive  und  polychrome  Details  der 
griech.  Baukunst,  1880,  pl.  n;  Perrot  et  Chipiez,  t.  VI,  p.  127,  fig.  316. 
Pour  la  filiation  avec  l'époque  mycénienne,  cf.  Ibid,  et  Lecliat,  Le  Temple  grec. 
p.  48,  Paris,  1902.  —  10  Perrot  el  Chipiez,  t.  VII,  pl.  xxu,  fig.  3.  —  n  Perrot 
et  Chipiez,  pl.  xxxm,  10. 


MET 


adoptée  surtout  pour  les  métopes  sculptées.  Elles  étaient 
ainsi  plus  légères  et  d’un  maniement  plus  facile  pour  la 
mise  en  place,  et  les  figures  couraient  moins  de  risque. 


l'ig.  5024.  —  Métopes  et  triglyphes. 


Par  exception,  un  seul  bloc  pouvait  supporter  à  la  fois  un 
triglyphe  et  une  métope1. 

Nous  n’aborderons  pas  ici  la  question  de  la  réparti¬ 
tion  des  métopes  et  des  triglyphes  le  long  de  la  frise. 
Problème  auquel  les  architectes  ont  trouvé  des  solutions 
variées. 

Les  métopes,  àl’exception  des  dernières,  devaientêtre 
aussi  hautes  que  larges  2.  Cependant,  dans  des  temples 


très  anciens,  comme  celui  de  Poséidon  à  Paestum,  on 
trouve  la  forme  barlongue  3.  Cela  s’explique  parce  que 
dans  la  charpente  en  bois,  les  intervalles  entre  les  extré¬ 
mités  des  poutres  ne  pouvaient  manquer  d’avoir  plus  de 
largeur  que  de  hauteur  (fîg.  5023).  Il  en  est  de  même 
dans  la  frise  d’albâtre  de  Tirynthe,  dont  la  disposition 
annonce  la  frise  de  l’ordre  dorique 


1 888  — 


MET 


•  m  antis  comme  dans  U.«  i 

la  fnse  du  naos  ne  porte  de  tnglvp|los  K'Msl.vl<'s, 

que  sur  les  laces  antérieure  et  postérieur."  meloP«s 

disposition  des  poutres  primitives  5  C’<  ^  SUlvant  U 

et  en  quelque  sorte  par  une  fanhkio  ^  excePli°n| 
l’architecte,  que  cette  frise  se 

comme  dans  le  trésor  de  Sicyone,  à  Olympie?1'' c6tés 
est  pas  de  meme  du  portique.  La  frkp  S  .  .  ’  11  11  en 
long  des  quatre  côtés  du  ptérorna 7  '  ruPete  tout  au 

Le  triglyphe  et  la  métope  sont ‘une  des 
tiques  essentielles  de  l’ordre  dorique.  Iles  i  L  f  m' 
danf,  et  par  exception,  que  cette  frise  fût  empl^yéeT”' 
des  monuments  d’ordre  ionique.  Le  petit  TV  * 
d’f mr*M*  »  Sélinonte,  À  offre  un  èxemï h® 
colonnes  vonts’ammeissant, comme  dans  l'ordre  dorii.!’ 
mais  elles  ont  une  base  et  une  volute,  selon  le  ,2 
ionique.  Les  cannelures  se  rapprochent  du  dorique  ainsi 
que  1  entablement,  dont  la  frise  porte  des  trigIy„he 
des  motopes  coloriés8.  ’  '  ,s  e 

Les  métopes  offraient  au  sculpteur  une  succession  de 
champs  circonscrits  et  bien  en  vue  qui  devaient  tenter  le 
ciseau.  Et  en  effet,  de  bonne  heure,  comme  le  montrent 
les  motopes  les  plus  archaïques  de  Sélinonte  (fîg  509 p 
on  les  sculpta.  Mais  il  s’en  faut  de  beaucoup  queues 
temples  a  métopes  sculptées  aient  été  les  plus  nombreux 
Très  souvent  on  se  contentait  de  les  peindre  en  rouge’  ' 
tandis  que  les  triglyphes  l’étaient  en  bleu.  Sans 
doute  aussi  y  traça-L-on  des  figures  et  des  ornements, 
mais  rien  ne  subsiste  de  cette  décoration  s.  Quant 
aux  métopes  sculptées,  il  n’y  eut  dans  leur  réparti¬ 
tion  aucune  règle  fixe.  Tantôt  il  n’y  eut  de  sculp¬ 
tures  que  sous  le  portique,  à  la  frise  du  naos  et  à  celle 
de  1  opisthodome  10  ;  tantôt  la  frise  extérieure  est  sculp¬ 
tée  sur  les  deux  faces  antérieure  et  postérieure 11  ;  ou 
bien  quelques  métopes  sont,  en  outre,  sculptées  en 
retour  sur  les  frises  latérales,  mais  ne  les  remplissent 


pas  ;  enfin,  tout  le  pourtour  du  ptérorna  peut  être 
sculpté,  comme  au  Parthénon,  mais  c’est  le  seul  exemple 
que  l’on  connaisse12. 

IL  —  Dans  l’ordre  ionique,  on  appelait  aussi  gerÔTr/i, 
la  coupure  des  denticules  13.  André  Baudrillart. 

METRAGYRTAE  (MTjTpayépTai).  —  Agyrtes,  prêtres 
mendiants  de  la  Mère  des  dieux  [cybèle,  agyrtae,  gallus, 
p.  1-456].  Le  culte  phrygien,  dont  ils  étaient  les  ministres, 
après  s’être  répandu  dans  l’Asie  Mineure,  fût  introduit  à 
Athènes  vers  l’an  430 av.  J.-C.,  à  Rome  en 204.  Malgré  le 
mépris  dont  ils  étaient  généralement  l’objet,  ils  exercèrent 
leurs  pratiques  jusqu’à  la  fin  de  l’antiquité.  E.  S. 

METRETA  (Mexpr^ç).  —  Principale  mesure  pour  les 
liquides  dans  le  système  attique  des  poids  et  mesures 
créé  par  Solon  '.lia  pour  subdivisions  :  le  youç,  douzième, 
l  vjpuy ooç,  vingt-quatrième,  la  xoxuXr,,  cent  quarante- 
quatrième,  rvjgixoxûXtov,  deux  cent  quatre-vingt-huitième, 
l’oijuêai pov,  cinq  cent  soixante-seizième,  et  le  xéaOoç,  Luit 
cent  soixante-quatrième  du  metreta.  Il  vaut  environ 


I  Ainsi  au  Métroon  d'Olympie.  —  2  Vitruv.  IV,  3  ;  Canina,  Arch.  antica,  t.  VIII, 
p.  223,  224,  pl.  XXIII,  xxvi,  LXYH,  f.  2,  p.  104;  cf.  Perrot,  I.  Vil,  p.  434  et  pl.  xxx. 

-  3  Pprrot  et  Chipiez,  l.  Vil,  fig.  205.  -  4  Ibid.  fig.  207;  cf.  t.  VI,  ch.  vin,  fig.  309, 
310,  313,  316.  —  3  Sélinonte,  temples  1),  U,  S;  temple  de  Zeus  à  Olympie.  Voir  aussi 
ANTAF;  7  Doerpfeld,  Olympia,  Baudenkmdler,  Tafelband,  I,  pl.  xxvm;  Perrot 
et  Chipiez,  t.  VII,  pl.  Xx.  —  7  Sélinonte,  temples  K,  S;  le  Parthénon,  etc. 

8  Hittorf  et  Zanlli.  Arch.  de  la  Sicile,  lemple  d’Empédocle.  —  9  Perrot  et 
Chipiez,  I.  Vil,  p.  486.  —  10  Sélinonte,  lemple  S;  temple  de  Zeus  à  Ohmpie. 

-  n  Sélinonle,  temples  C  el  S.  -  12  Perrot  cl  Chipiez,  t.  VU,  p)  486, 


—  U  Vitruv,  III,  3.  —  Bibliographie.  C.  Normand,  Nouveau  parallèle  de v  oi  J 
d’architecture,  1819;  Hitlorf,  Antiquités  inédites  du  l  Attique,  183- . 
L’Architectura  antica,  1844;  Ch.  Blanc,  Grammaire  des  arts  du  i/i x.' i»  -,ant|, 
Chipiez,  Histoire  critique  des  origines  des  ordres  grecs,  1S7G,  llillm 
Architecture  antique  de  ta  Sicile,  1870  ;  Bcnndorf,  Die  Afetopen  von  Si  ^  ^ 
Labrouste,  Temples  de  Paestum,  in-fol.  1877  ;  Doerpfcld,  Olympia ,  h''-1-,  dans 
Dau/cunst  der  Griechen,  2»  éd.  1893  ;  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de 
l’antiquité,  I.  VI  et  VII. 

METRETA.  t  Arislot.  Alh.pol.  10, 


M  ET 


—  1889  — 


MIC 


iStfi  plus  tard,  dans  le  nouveau  système  qui 
38  '''  juji,  en  Grèce  vers  le  m°  siècle  av.  .I.-C.,  le  metreta 
s'n1""  jron  39  Ut.  30.  Comme  nouvelles  subdivisions 
V * 11  0 r-yiu-t/.00*’  et  la  xotûV/],  il  y  a  l’v)gtva,  qui  vaut 
Cl11"  ..ihps  et  le  çérr tt,ç,  qui  vaut  neuf  cyathes  ou 
buv  cotyles-  Ch.  Lécrivain. 

*\ll  TliOlVO.VlOI  (  M  et  po  v  o  [xo  t  ) .  —  Magistrats  athéniens, 
lV  lient  la  surveillance  des  poids  et  des  mesures  et 
l'aient  à  ce  point  de  vue  les  opérations  des  mar- 
l""  ','is1  A  l’époque  d’Aristote  il  y  en  avait  dix,  tirés 
clu,;irli  cinq  pour  la  ville,  cinq  pour  le  Pirée.  Ils  avaient 
n'iibablement  comme  aides  les  TrpogsxpTprat2.  Ils  figurent 


—  ,  v  ,  «s  ,  ,  v 

ut-être  SOUS  le  nom  de  ap^ovxsç  stzi  ttjv  or^omw  TpaTveQav 
une  loi  de  la  fin  du  icr  siècle  av.  J.-C.,  où  ces  per¬ 
çages  paraissent  être  chargés  concurremment  avec  le 
Si'-nat  «le  réprimer  les  fraudes  en  matière  de  poids  et 
mesures  et  où  il  est  enjoint  à  tous  les  marchands  de  ne  se 
servir  que  de  poids  et  mesures  contrôlés 3.  Cri.  Lécrivain. 

UMTHOOI  THEOI  (M-qxpwot  ôeotj.  —  Xénophon  nomme 
,jeux  fois  les  g-qxpwoi  9soi  ou  dieux  maternels,  en  même 
temps  que  les  uaxpwoi  Qsot  ou  dieux  paternels1.  Ils  sont 
encore  mentionnés  sur  une  inscription,  trouvée  près 
d’Athènes,  à  Képhisia,  qui  porte  ces  simples  mots  : 
Mrxséwv  0swv 2 .  Malgré  l’extrême  rareté  des  documents, 
on'  ne  saurait  mettre  en  doute  l’existence  d’un  culte 
rendu  à  ces  dieux  maternels,  au  moins  en  Attique.  L’un 


des  passages  de  Xénophon  est,  à  ce  point  de  vue,  fort 
important.  Après  le  combat  livré  par  Thrasybule  aux 
Trente  Tyrans  et  qui  se  termina  par  leur  défaite,  Cléo- 
crilos,  le  héraut  des  mystes,  prêcha  la  réconciliation  de 
tous  les  Athéniens,  au  nom  des  dieux  paternels  et  mater- 
nels,  des  liens  de  parenté,  de  mariage,  d’amitié  qui 
existaient  entre  les  adversaires3.  L’invocation  aux  (ho! 
a»]Toipoi  est  ici  placée  par  l’auteur  dans  la  bouche  d  un 
personnage  religieux.  D’autre  part,  l’inscription  de 
Képhisia  prouve  que  dans  la  pratique  on  rendait  à  ces 
dieux  maternels  un  culte  spécial,  distinct  de  celui  des 
dieux  paternels. 

Celle  constatation  pose  un  problème  intéressant  et  assez 
grave.  S’il  y  avait  chez  les  Athéniens  des  Oeo!  g^xoffioi,  que 
l’on  honorait  et  que  l’on  invoquait,  c’est  donc  que 
l'épouse,  la  mère  de  famille,  n’avait  pas,  comme  on  l’a 
cm  pendant  longtemps,  abandonné  pour  jamais  les  dieux 
pelle  révérait  avant  son  mariage.  Énée,  raconte  Xéno- 


phon ,  après  avoir  sauvé  tou;  TOXTpioou;  xai  g-rjTpiooui ; 
•h™;,  sauva  son  père.  Suivant  toute  apparence,  Xéno- 
phon  ne  fait  ici  qu’attribuer  à  Énée  les  dieux  domestiques 
des  Athé  nions  de  son  temps;  or  ces  dieux  domestiques 
appartiennent  à  deux  séries,  forment  deux  groupes,  le 
troupe  paternel  et  le  groupe  maternel.  Il  y  a  donc  lieu 
de  ne  pas  accepter  sans  réserve  les  conclusions  absolues 
(lue  Fustel  de  Coulanges  a  formulées  sur  la  situation  reli¬ 


gieuse  de  la  femme  grecque  :  «  Qu’elle  n  espère  pas  res¬ 
ter  fidèle  au  dieu  de  son  enfance  en  honorant  le  dieu  de 
son  nouvel  époux  :  car  dans  cette  religion  c’est  un  prin¬ 
cipe  immuable  qu’une  même  personne  ne  peut  pas  invo¬ 
quer  deux  foyers  ni  deux  séries  d’ancêtres —  On  ne  peut 
appartenir  ni  à  deux  familles  ni  à  deux  religions  domes¬ 
tiques  :  la  femme  est  tout  entière  dans  la  famille  et  dans 
la  religion  de  son  mari —  Son  fils  n’a  rien  de  commun 
avec  la  famille  où  elle  est  née  “.  »  Déjà  M.  L.  Beauchet 
a  montré,  dans  son  livre  sur  le  Droit  privé  de  la  Répu¬ 
blique  athénienne qu’il  convenait  d’atténuer  la  rigueur 
de  cette  théorie;  mais,  parmi  ses  arguments,  ne  figure 
pas  la  mention  des  g^rptyot  Qeof.  L’existence  de  ces  dieux 
maternels  donne  une  force  de  plus  à  l’opinion  de 
M.  Beauchet.  J.  Toutain. 

METUS.  —  Expression  technique  du  droit  romain 
pour  désigner  la  contrainte  morale  appliquée  à  une  per¬ 
sonne,  afin  de  lui  faire  faire  un  certain  acte,  en  la  mena¬ 
çant  d’un  mal  imminent.  Cicéron1  la  définit  :  opinio 
impendentis  mali ,  quod  intolerabile  esse  videalur  ;  et 
Ulpien-:  instantis  vel  futuri  periculi  causa  mentis  tre- 
pidationem.  Elle  doit  être  de  nature  à  faire  impression 
sur  un  homme  raisonnable,  non  quemlibet  timorem ,  sed 
majoris  mali3.  Gaius  va  même  plus  loin  et  veut  metum 
non  vani  hominis ,  sed  qui  merito  et  in  hominem  cons- 
tantissimum  codât 4. 

L.  Octavius,  préteur  en  79  av.  J.-C.,  introduisit  l’action 
Quod.  metus  causa  et  probablement  aussi  l’exception, 
qui  fut  conçue  en  ces  termes  :  Si  in  ea  re  nihil  metus 
causa  factum  est6.  Quant  à  l’action,  qui  fut  nommée 
Octaviana  formula6 ,  les  termes  de  l’édit  qui  1  introdui¬ 
sirent  étaient  ceux-ci  :  quod  vi  metusve  causa  gestum 
erit  ratum  non  habebo.  On  supprima  plus  tard  comme 
superflue  la  mention  de  la  violence1.  L’exception  s’appli¬ 
quait  en  général  aux  promesses,  l’action  aux  actes  con¬ 
sommés.  Lorsque  le  condamné  ue  restituait  pas  de  bon 
gré  et  sur  l’ordre  du  juge,  il  était  condamné  au  qua¬ 
druple8.  On  poursuivait  aussi  les  héritiers  et  les  tiers, 
mais  seulement  jusqu’à  concurrence  de  ce  dont  ils 
s’étaient  enrichis.  L’action  Quod  metus  causa  était  per¬ 
sonnelle  et  arbitraire9;  celui  qui  avait  aliéné  par  suite  de 
violence  pouvait  aussi  obtenir  une  restitutio  in  integrum 
ou  une  action  prétorienne  réelle  ou  fictive10.  Enfin  s’il 
avait  gardé  la  possession  de  la  chose  aliénée  metu,  il 
pouvait  se  protéger  par  l’exception  de  dol  ou  l’exception 
metus ;  cette  dernière  était  préférable  en  ce  qu’elle  pou¬ 
vait  être  opposée  à  toute  personne  même  étrangère  à  la 
violence.  Celui  qui  avait  perdu  la  possession  par  violence, 
était  maître  de  recourir  à  une  interdiction.  F.  Baudry. 

MICATIO  *.  —  Jeu  usité  encore  aujourd’hui  en  Italie 
sous  le  nom  de  morra  (la  mourre ).  Deux  joueurs,  placés 
face  à  face,  lèvent  les  doigts  de  la  main  droite  ( micare 


1  0 api’ès  Diippfcld  [Mittheil.  d.  deutsch.  arch.  Instit.  in  Athen.  VU,  Beitrdge 
'lfl  ,lnMten  Métrologie,  I),  le  pied  attique  aurait  exactement  0  m.  2953  :  il  en  résul- 
lr|nl  pour  le  metreta  une  valeur  de  38  lit.  79.  Les  amphores  panalhénaïques  ont 
1111  (ontenu  moyen  de  39  litres.  — Bibliographie.  Bôckh,  Metrologische  flntersu- 
'  "U"i  ilfter  Gewichte,  Milnzfiisse  und  M  nasse  des  AUertums,  Berlin,  1838; 
'  b  Ortcch.  und  rômische  Métrologie ,  2°  éd.  Berl.  1882  ;  Nisscn,  Griech.  und 

‘^''O'ologie  (Miilicr's  Handbuch  der  klass.  AUertums  Wissenschaft,  1886, 

1 11-  '3i.S  7 1 1  V) . 

s;'II1r«NOMO,.  i  Aristot.  Atli.  pol.  51,  2;  Harpocr.  Suid.  Phol.  s.  h.  v. ;  Lex. 
1  ■  '  - ^  Harpocr.  Suid.  s.  h.  v.;  Lex.  Seg.  290,  34.  —  3  Corp.  inscr.  ait. 


’  l7li 


§  I-  1-7  ;  §2,  1.  7-18. 


île 


"CTliooi  TlliiOi.  i  Xen.  Hellen.  Il, 

’■  —  8  Xen.  Hellen.  loc.  rit. 

"'langes,  /.a  cité  antique,  p.  42,  47,  58-59. 


§  21  ;  Ci/n.  I,  15.  —  2  Corp.  inscr.  att. 
a  Xen.  Cyn.  loc.  cit.  —  ■’  Fustel 
_  6  T.  I,  p.  227,  301,  etc. 


METUS.  1  Tusc.  111,  4,  7.  —  2  L.  1,  Quod  met.  caus.  IV,  Dig.  2.  —  3  L.  5,  eod. 

_ 4  L.  6,  eod.  —  8  L.  4,  §  33,  De  dol.  mal.  et  metus  exceptions ,  XLIV,  D.  4. 

—  0  Cic.  In  Verr.  III,  63.  —  7  L.  I,  Quod  met.  caus.  D.  IV,  2.  —  8  IV,  Inst. 
Just.  6,  §§  25,  27.  —  9  4,  Inst.  Just.  IV,  6,  27.  —  10  Paul.  Hcc.  sent.  1,  7,  §  4; 
LIp.  fr.  9,  §§  3  et  6;  Dig.  Quod  met.  IV,  2.  —  Bibliographie.  Schilling,  Lehrbucli 
für  Instit.  Leipzig,  1834-46,  11,  p.  2GI,  427  et  s.  ;  Bôcking,  Pandekt.  Leipzig,  1853, 
p.  292  et  s.;  RudorfT,  in  Zeitschrift  für  Gesch.  Rechtswiss.  XII,  p.  131-170; 
Rudorff,  Rôm.  Rechtsgesch.  Leipz.  1853-9,  II,  p.  126,  153,  note  39,  170  et  364,  109; 
De  Fresquet,  Traité  élémentaire  de  droit  romain,  Paris,  1855,  p.  346  et  suiv.; 
Ortolan,  Explic.  hist.  des  Inst.  G*  éd.  Paris,  1858,  11!,  n»’  2131-2134,  2260; 
Du  Caurroy,  Inst,  expliquées,  8S  éd.  Paris,  l85l,II,n°‘  1  197,  1243,  1244,1323, 
1334. 

MICATIO.  1  Loexve  et  Goelz,  Corp.  gloss,  lat.  Il,  p.  339,  2;  493,  12;  519,  35  : 
541,  5;  553,  39;  587,  35;  cl'.  111,  436,  25  ;  485,  39  et  59. 


1890  — 


(figitis),  en  variant  a  chaque  coup  le  nombre  de  ceux 
qu  ils  laissent  baissés  ;  ils  doivent  en  même  temps 
énoncer  à  haute  voix  le  nombre  total  des  doigts  levés  par 
I  un  et  par  l’autre  ;  celui  qui  tombe  juste  a  gagné.  Pour 
que  le  jeu  soit  loyal  il  faut  que  le  geste  et  la  parolesoient 
absolument  simultanés  et  les  coups  doivent  se  succéder 
ayec  une  extrême  rapidité,  de  manière  que  les  joueurs 
n’aient  pas  le  temps  de  faire  mentalement  la  somme. 

Les  Égyptiens  ont  pratiqué  ce  jeu  dès  la  plus  haute 


antiquité'  et  il  est  représenté  sur  des  monuments  grecs 
de  bonne  époque  (fig.  5026  2  et  5027  3).  On  peut  donc 
s  étonner  qu’il  n’en  soit  pas  question  dans  la  littérature 
des  Grecs  avant  la  fin  de  l’Empire  4  et  que  nous  ignorions 
même  le  nom  par  lequel  ils  le  désignaient  :  Aaygoç 
xÀTipoç  Sia  oaxxuXwv 6  paraissent  être  des  équivalents,  plutôt 
que  des  expressions  usuelles  et  précises.  La  morra  est 

encore  représentée 
sur  un  des  beaux 
stucs  de  la  Farnésine 
à  Rome  (fig.  5828)  \ 
Il  est  probable  que 
les  joueurs,  comme 
ils  le  font  encore 
aujourd’hui  ,  mar¬ 
quaient  les  points  en 
levant  successive  - 
ment  les  doigts  de  la  main  gauche  à  chaque  coup 
gagné.  Mais  on  ne  peut  déterminer  avec  certitude  à  quoi 
servait  la  longue  baguette  représentée  sur  nos  monu¬ 
ments.  Les  uns  pensent  qu’elle  maintenait  les  distances 
entre  les  deux  adversaires,  empêchant  les  mains  gauches 
d’intervenir  dans  l’animation  de  la  partie8:  les  autres, 


MID 


ies  nointc  • 

tirait-on  à  soi  en  proportion  des  points  ‘  P.eut'êlre  la 
sorte  qu’à  la  lin  elle  passait  tout  entière  dSt’  de  lelle 
quom-  ;  ou  bien  elle  séparait  les  doi-to  T  ?"  ,ain- 
gauche,  chaque  doigt  changeant  de  côté  i  *  main 
gagné.  Mais  ce  ne  sont  là  que  des  hypothèsJT  P°inl 

Quoique  le  hasard  ait  la  plus 
morra  cependant  i.  n'est  pas  * 

exerce  d  augmenter  ses  chances  par  un  calcul  res 
bilités,  en  se  réglant,  pour  deviner  Æ 
l’adversaire,  sur  les  coups  précédents.  Surtout T’  ^ 
pas  impossible  de  tricher;  chacun  des  deux  “ Mt 
a  les  yeux  fixés  sur  la  main  droite  de  fadvprs  .Ueur] 
ne  doit  pas  la  perdre  de  vue;  mais  pour  peu  uueî'ui’  ' 
lion  de  l’adversaire  se  lasse  ou  qu’il  ne  ftj  £ 
clair,  un  joueur  de  mauvaise  foi  peut  modifier  sut  „ 
t, cernent  le  nombre  des  doigts  qu’il  a  levés  cl  le  meZ 
apres  coup,  en  rapport  avec  le  total  annoncé.  A  [(0!„ 
on  disait,  pour  caractériser  un  homme  d’une  scrupuleus! 
probité,  qu  avec  lui  on  pouvait  «  jouer  à  la  morra  dan! 
les  ténèbres  ».  Ce  proverbe,  que  Cicéron  déclarait  «  USé 

par  1  âge  9  »,  montre  à  quel  point  le  jeu  était  antique  et 
populaire  chez  les  Romains. 

Quelquefois,  lorsque  deux  personnes  étaient  en  litige, 


Fig.  5028. 


elles  convenaient  de  trancher  la  question  douteuse  par 
une  partie  de  morra,  comme  aujourd’hui  on  (ire  à  la 
courte  paille,  ou  à  pile  ou  face.  Ce  procédé  était  même 
usité  dans  les  achats  et  les  ventes,  lorsqu’on  ne  pouvait  se 
mettre  d’accord  autrement10.  Une  inscription  du  îv'siècle 
nous  a  conservé  un  édit  du  préfet  de  Rome  qui  en  interdit 
la  pratique  sur  les  marchés  publics11.  G.  Laéaye. 

MIDAS.  —  L’histoire  de  Midas,  roi  ou  dieu  des  Phry¬ 
giens,  des  Eriges  et  d’autres  peuples  du  nord  de  l’Asie 
Mineure  et  de  l’Europe  orientale,  n’appartient  à  la  Grèce 
que  par  les  fables  qui  y  eurent  cours  tardivement  sur  la 
capture  de  Silène  et  ses  suites  et  sur  le  jugement  de 
Midas  dans  la  querelle  d’Apollon  et  de  Marsyas1.  Nous 
renvoyons  au  mot  sileni.  E.  S. 


1  Voir  les  figures  reproduites  par  Falkener,  Games  ancient  and  orien¬ 
tal,  1892,  p.  103-107.  —  2  Vase  peint  du  Musée  de  Munich,  805;  Du¬ 
bois-Maisonneuve,  lntrod.  à  l’étude  des  vases  peints,  1817,  p.  xuv;  Panofka, 
Bilder  anl.  Lebens,  \,  9;  Arch.  Zeit.  1860,  p.  84,  pl.  cxxxix  ;  1872,  p.  151, 
pl.  lvi,  2.-3  Vase  de  la  collection  Lambert  à  Paris;  f’anorka,  Arch.  Zeit. 
1848,  p  246  ;  0.  Jahn,  Annali  dell’  Islit.  di  Borna,  1866,  p.  326,  lav.  d’agg. 
U;  Arch.  Zeit.  1872,  p.  151,  pl.  lvi,  3;  de  Witle,  Coll,  de  i Hôtel  Lam¬ 
bert,  pl.  xxv.  Voir  encore  un  vase  de  Ruvo  à  Naples,  Arch.  Zeit.  1872, 
pl.  lvi,  i  ;  S.  Reinach,  Répert.  d.  vas.  I,  p.  412  ;  0.  Jahn,  Annali,  l.  c.  cite  un 
quatrième  monument  (tav.  d’agg.  V),  à  tort,  suivant  Heydemaun,  Arch.  Zeit.  1872, 
p.  lo3.  Deux  autres,  publiés  par  Perdrizct,  the  Game  of  morra,  dans  Journ.  of  hell. 
stud.  XM1I  (1898),  p.  129,  sont  d’une  interprétation  douteuse;  Bliimner  dans  le 
Jahrsber.  d.  class.  Alterth.  Wissensch.  de  Gurlitt  et  Kroll,  t.  CX  (1901),  p.  110. 
Sur  une  tessère  de  jeu  (Cabinet  de  France),  est  gravé  le  mot  mora;  Lenormant, 
Trésor  de  mimistn.  III,  Iconogr.  rom.  pl.  x,  4;  Cohen,  Aléd.  imp.  VI,  pl.  xx,  6, 
p.  541,  6  ;  Heydemann,  Arch.  Zeit.  XXIX,  1872,  p.  154,  note  15.  Mais 


comme  l’a  bien  vu  Becq  de  Fouquières,  Jeux  des  anciens  2,  1873,  p.  ü'> 
le  mol  mora  n’est  jamais  pris  dans  ce  sens,  et  le  jeu  représenté  au-dessous 
est  un  jeu  de  table,  un  jeu  do  dés  ou  de  latroncules.  —  4  Nonn.  Dionys.  XXX  > 
77  ;  cf.  Varr.  ap.  Non.  Marc.  p.  347.  —  6  Corp.  gloss,  lai.  II,  L.  c.  -  11  1  c'”' 

Hephaest.  V.  1  ;  Boulez,  Bull,  de  l’Acad.  de  Bruxelles,  VII,  P-  ■  ® 

S« xtüAwv  ÈitàXXotïiî  dans  Aristot.  De  insomn.  2,  p.  460  a,  20,  s  applique  à  olJ 
autre  chose.  —  7  Collignon,  Gazette  arch.  1885,  p.  87.  —  8  Aujourd  hui  h 
tient  la  main  gauche  derrière  son  dos.  —  6  Cic.  De  off.  III,  l-b  ''  >  c  ] 

90;  De  div.  Il,  41,  85;  De  fin.  II,  14,  52;  Calpurn.  Bel.  II,  20; 

Front.  Epist.  ad  AL.  Caes.  I,  4;  Augustin.  De  trimt.  Vin,  •  cri0ss 
Oct.  13.  De  là  surtout  vient  la  traduction  Xay.ixo?  et  xlrjpo;  dans  h  ^  ^ 
lat.  I.  c.  —  H  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1770.  —  Bidliooraphik.  Voir 
ludus  et  particulièrement  O.  Jahn,  Giocatrici  a  morra,  dans  ^(<  ,’  I 

dell’  Istit.  arch.  1866,  p.  326-329;  Heydemaun,  Dus  AJorraspiel,  Arc  i. 

XXIX,  1872,  p.  151.  ,  oie. 

MIDAS.  i  Voir  Kühncrt,  art.  midas,  dans  Boscher,  Lexik.  dci  -  !l  1  J 


MIL 


—  1891 


MIL 


UUDNSE  (MiVap-faiov).  —  Nom  d’une  monnaie 
>,||  l‘  |  antine  introduite  sous  le  règne  de  Constan- 
d’argen  ^ juteuse  pesait  4  gr.  55U  et  valait  la  millième 

ll1'  .  lo  iivre  d’or  ou  —  du  solidus2.  A  dater  du 

partie  de  la  14 

I  ,  iuiien  l’Apostat,  cette  monnaie  ne  fut  plus 
règnl'  '  _  diune  manière  tout  à  fait  exceptionnelle3, 

^"is  1 1 éraclius  on  attribua  le  nom  de  miliarense  à  une 

*fp  .pargent  pesante  gr.  820  et  valant  L  du  solidus*.' 

F.  Lenormant. 

iiILIARIUM  [milliarium]. 

Mil  1TI A.  Service  militaire,  métier  de  soldat.  —  A  Rome 
*  citoyens  étaient  en  principe  tenus  au  service  mili- 
eS,(1.  pétait  à  la  fois  un  droit  et  un  devoir.  Le  fait 
tt  prouvé  pour  la  cité  primitive1,  comme  pour  la  cité 
atricio-plébéienne  postérieure.  Servius  Tullius  fit  de 
cette  obligation  une  corrélation  du  droit  de  cité2;  il 
astreignit  au  service  les  cinq  classes  du  cens  3,  les  pro¬ 
bes  restant  en  dehors  de  l’armée  \  Cette  obligation 
commençait  à  partir  de  la  dix-septième  année3  et  finis¬ 
sait il  la  quarante-cinquième  0  [dilectus,  exercitus].  On 
n’y  échappait  que  lorsque  l’on  possédait  des  cas  de  dis¬ 
pense  bien  définis  ( vacatio  militiaë)  \  lorsqu’on  était 
employé,  pour  le  compte  de  l’État,  dans  une  situation 
incompatible  avec  le  métier  militaire  (prêtres7,  magis¬ 
trats  et  leurs  employés  pendant  la  durée  de  leurs  fonc¬ 
tions3,  fournisseurs  de  l’armée,  tant  que  subsiste  leur 
contrat9),  ou  encore  lorsque  l’on  était  noté  d’infamie  par 
les  censeurs10.  Les  choses  ne  changèrent,  à  cet  égaid, 
que  vers  l’époque  de  Marius;  l’obligation  du  service 
militaire  s’étendit  dès  lors  à  tous,  sans  distinction  de 
fortune  et  de  classes  11 .  C’est  la  règle  pour  l’époque  impé¬ 
riale,  où  légalement  le  service  continue  à  être  obliga¬ 
toire  pour  tous  12,  bien  qu’en  fait  on  ne  fit  plus  guère 
appel  qu’à  des  volontaires  [dilectus]. 

Le  mot  militia  est  souvent  accompagné  d’épithètes 
qui  en  précisent  le  sens.  On  distingue  d’abord  la  militia 
légitima',  on  l’oppose  aux  levées  en  masse  [tumultus]  faites 
dans  des  époques  de  troubles  et  qui  ne  créent  que  des 
armées  temporaires  [evocatus].  Servius  fait  nettement  la 
distinction13  :  «  Légitima  erat  militia  eorum  qui  singuli 
jurabant  pro  republica  esse  facturas  nee  discedebant 
nisi  completis  stipendiis,  id  est  militiae  temporibus.  » 
Pour  désigner  le  service  extraordinaire  on  employait 
l’expression  militia  tumultuaria  u. 

fin  oppose  également  sous  l’Empire  la  militia  eques- 
tris  à  la  militia  caligala.  De  la  première  il  sera  question 
spécialement  plus  bas  :  c’est  le  service  d’officier  à  partir 
^  grade  de  primipile.  Celui  qui  y  prétend  se  nomme 

MILIARENSE.  I  Epiplian.  De  pond,  te  mens.  2;  Cosm.  Indicopl.  XI,  p.  388, 
W.  Moulfaucon.  —  2  Gloss,  nom.  dans  Olto,  Thés.  t.  III,  p.  764;  cf.  Mommsen, 

des  Itôm.  Mûnzwesens,  p.  790.  —  3  Mommsen,  p.  787.  —  4  Gloss,  nom. 
*■  *.  cf.  Mommsen,  p.  792,  n.  174. 

MILITIA.  1  Uionys.  Hal.  II,  35;  Mommsen,  Droit  public  rom.  V,  1,  p.  114. 
~î  Ibid.  p.  27t.  _  3  Liv  42.  _  4  Liv.  I,  43,  8  ;  Dionys.  IV,  18  ;  Gell.  XVI,  10, 
11 —  8 Uell.  x,  28.  —  6  Ibid.  ;  Dionys.  IV,  6  ;  Censorin.  14  ;  Liv.  XLIII,  14;  Polyb. 
V|,  19.  _  7  Dionys.  IV,  62;  Cic.  Acad.  pr.  II,  38,  121  ;  Lex  col.  Genet.  c.  66. 

3  toi.  Genet.  c.  62  ;  cf.  Mommsen,  l.  c.  p.  274,  n.  4.  —  9  Liv.  XXIII,  49,  2. 
~  111  Mommsen,  L.  c.  p.  284.  —  n  Sali.  Jug.  86  ;  Plut.  Mar.  9  ,  Val.  Max.  II,  3, 
1;Flor-  L  36,  13;  Gell.  XVI,  10.  —  12  Dig.  XLIX,  6,  4,  §  10.  -  ™  Ad  Aen. 
lll’  i-  -ll  Gell.  XVI,  10,  11.  —  13  Cod.  Theod.  VIII,  4,  22  :  post  militiam 
P  wincialis  officii  vel  certe  adlutc  militons  ;  4,  8  :  in  proconsulum...  officiis 
sl,Pnüa  merentibus  ;  4,  26  :  e  grege  cohortalinorum...  stipendiis  fuerit 
(^»¥us,  clc.  —  IC  JYovel.  Major.  VII,  §  14  (éd.  Iliinel)  ;  Lact.  De  morte  persec. 
:  Amm-  Marc.  XXVI,  6,  5  ;  Symmacli.  Ep.  X,  43.  —  n  Cod.  Theod.  VIII,  4,  14  ; 

Jost.  X||,  58<  7  _  18  (j0li  Theod.  VIII,  4,  Paratitlon;  Pseud.  Ascon.  in 


petilor  militiae  (sous-entendu  equestris).  La  carrière  du 
soldat  et  des  officiers  inférieurs  jusqu’au  grade  de  cen¬ 
turion  porte  le  nom  de  militia  calig  ata,  la  e  ali  g  a  étanL, 
comme  on  le  sait,  la  chaussure  du  soldat  [caliga]. 


A  l’époque  post-constantiniebne,  par  suite  des  chan¬ 
gements  apportés  dans  les  institutions,  le  mot  militia 
reçoit  une  plus  grande  extension  ;  il  désigne  non  plus 
seulement  le  service  militaire,  mais  aussi  la  carrière 
administrative  parcourue  par  certains  civils.  On  sait,  en 
effet,  qu’à  cette  date  les  employés  qui  peuplaient  les 
bureaux  des  fonctionnaires  impériaux  [officium]  étaient 


constitués  militairement  ;  ils  formaient  une  milice  orga¬ 
nisée  à  l’image  de  l’armée;  on  disait  d’eux  qu  ils  servaient 
[militant) 15;  on  les  désignait  sous  le  nom  de  milites 10  ; 
ils  portaient  le  cingulum  militiae  [cingulum]  n,  insigne 
des  soldats,  etles  principaux  d’entre  eux  avaient  des  titres 
empruntés  aux  grades  militaires  ( principes ,  cornicularii, 
primipilares )18;  à  la  fin  de  leur  service  ils  recevaient 
V  lion  esta  missio,  comme  les  soldats  véritables  19,  et  on 
leur  appliquait  pareillement  la  qualification  de  vete- 
rani 20.  Le  mot  militia  s'appliquait  donc  aussi  bien  à 
eux  qu’aux  autres  ;  mais  tandis  que  le  service  dans  les 
troupes  et,  par  extension,  les  troupes  elles-mêmes  ( mili - 
tares  numeri )  constituaient  la  militia  armata  ■*,  ou, 
lorsqu’il  s’agissait  des  légions,  la  militia  legionaria ”,  le 
service  dans  les  bureaux  était  la  militia  civilis.  Si  l’on 
voulait  désigner  les  auxiliaires  des  fonctionnaires  de  la 
cour,  on  disait  militia  palatina 23  ;  le  terme  militia  cohor- 
talis,  cohortalina,  s’appliquai  taux  cohortales  des  gouver¬ 
neurs24,  celui  de  militia  scholaris  à  ceux  qui  composaient 
les  scholae  [scuola]25.  J1  suffit  de  marquer  ici  l’assimilation 
apparente  de  leurs  emplois  avec  la  carrière  militaire 2G. 

Ces  «  milices  »  durèrent  aussi  longtemps  que  l'Em¬ 
pire  ;  les  empereurs  leur  accordèrent  un  certain  nombre 
de  privilèges  jusqu’au  jour  où  ils  leur  octroyèrent  le 
bénéfice  de  l’hérédité  et  même  de  la  vénalité.  R.  Cagnat. 

MILITIA  EQUESTRIS,  MILITIAE  EQUESTRES.  — 
Par  l’expression  militia  equestris  on  désignait,  a 
l’époque  impériale,  la  situation  d’officier  de  cavalerie,  par 
opposition  à  celle  du  soldat,  pour  qui  les  années  de 
service  s’appelaient  stipendia  equestria1.  Et  comme 
l'officier  était  appelé  à  passer  successivement  par  diffé¬ 
rents  postes,  ces  postes  prenaient  le  nom  de  militiae 
équestres.  Ils  étaient  au  moins  au  nombre  de  trois  :  ce 
sont,  dans  l’ordre  hiérarchique,  le  commandement  avec 
le  titre  de  préfet  d’une  cohorte  auxiliaire  (ou  même  d’un 
détachement  auxiliaire)  qui,  dans  une  inscription  du 
temps  de  Commode,  est  appelée  militia  prima--,  le  tri- 
bunat,  soit  d’une  légion,  soit  d’une  cohorte  3,  mentionné 
dans  un  texte  épigraphique  avec  le  qualificatif  de  militia 


Act.  Il  in  Vcrr.  I,  p.  179  (éd.  Orelli)  :  haec  enim  nomina  de  legionaria  militia 
sumpta  sunt.  —  Cod.  Theod.  VIH,  4,  I;  7,  8  ;  iVov.  Valent.  III,  21,  §  1. 
_  20  Cod.  Theod.  VIII,  5,  46;  XVI,  5,  6i.  —  21  Jbid.  VII,  1,  5,  C;  13,  10; 
20  10-  VIII,  7,  12;  Not.  Dign.  Or.  XXXIX,  37;  XL,  4t.  Les  fantassins 
formaient  la  militia  pedestris,  les  cavaliers  la  militia  equestris  ;  d'où  le 
titre  de  magister  utriusque  militiae.  —  22  Cod.  Just.  XI,  67,  3  ;  XII,  34,  4. 
—  23  Cod.  Theod.  VI,  27,  3.  —  2‘  Ibid.  VIII,  4,  Paratitlon;  cf.  XVI,  5, 
65,  §  4;  Not.  Dign.  Or.  XLIII,  13.  —  25  Cod.  Theod.  XII,  1,  38.  —  20  Cf. 
E.  Duval,  Des  milices  sous  le  Bas-Empire  (dans  la  Revue  générale  du  droit, 
1877,  p.  43  sq.,  140  sq.). 

MILITIA  EQUESTRIS.  1  Corp.  inter,  lut.  XII,  2602  :  cornicularius  Corneli 
Gallicani  leg(ali)  Aug(usti )  equestribus  stipendie.  —  2  Ibid.  XIV,  2947  :  quem 
imp.  Caes.  agentem  aetatis  annum  XII II  militia  prima  praefecturae  equitum 
Rrauconum  quingenariae  exornare  dignatus  est  ;  cf.-  sur  la  nature  de  cette  troupe, 
Pauly-Wissowa,  Realcncgclop.  I,  col.  1234.  —  3  Tribunal  légionnaire  :  C.  i.  I.  VI, 
9990  ;  IXj  4753;  XI,  709  ;  tribunal  de  cohorte  :  IX,  5357,  5835;  X,  3847;  XI,  709; 
Notizie  d.scavi,  1887,  p.  330. 


MIL 


—  1892  — 


MIL 


secundo, 1  ;  enfin  le  commandement  d’une  aile  de  cava¬ 
lerie  A  ces  postes  s'ajoutaient,  suivant  M.  Mommsen3, 
probablement  la  préfecture  d’une  légion,  et  peut-être 
d  autres  encore.  Certains  auteurs  sont  même  d’avis  qu’à 
partir  de  Septime  Sévère  le  primipilat  formait  une  qua¬ 
trième  militia  equestris *;  mais  M.  Mommsen  a  com¬ 
battu  cette  opinion 5,  en  faisant  observer  que  si  la  gestion 
du  primipilat  conduit  fréquemment,  à  cette  date,  au  rang 
de  chevalier,  il  ne  peut  être  considéré  comme  une  fonc¬ 
tion  donnée  en  vertu  du  titre  de  chevalier. 

Cn  efiet,  dès  le  début  de  1  empire,  les  grades  d’officiers 
de  cavalerie  n  étaient  pas  réservés  à  ceux  qui,  de  nais¬ 
sance,  appartenaient  a  1  ordre  équestre  ;  on  y  admettait 
d  anciens  centurions  et  surtout  des  primipilaires  °.  A 
mesure  que  les  empereurs  sentirent  davantage  le  besoin 
de  s  appuyer  sur  les  classes  inférieures,  une  part  plus 
grande  fut  faite  à  ces  vétérans  éprouvés  dans  la  collation 
des  postes  militaires  équestres.  C’est  alors  que  fut  éta¬ 
blie  1  institution  des  «  aspirants  à  la  milice  »,  militiae 
petitores 7,  destinée  à  recruter  parmi  les  prétoriens 
surtout  5  les  futurs  détenteurs  des  militiae  équestres. 

Comme  chef  suprême  de  l’armée,  l’empereur  a  le  droit 
exclusil  de  nommer  aux  militiae  equestres  [imperator], 
et  les  intéressés  indiquent  quelquefois  dans  Les  inscrip¬ 
tions  qu’ils  tiennent  de  lui  leur  pouvoir  9.  Il  est  secondé 
dans  ces  nominations  par  le  secrétaire  de  son  cabinet 
[ab  epistulis)  qui  lui  présente,  suivant  les  expressions 
de  Stace 10,  les  chevaliers  apLes  à  commander  une  cohorte 
{quis  valeal  praecepisse  cohorti),  une  légion  comme 
tribun  ( quem  deeeat  clavi  praestantior  ordo  tribuni )  ou 
une  aile,  de  cavalerie  (quisnam  frénigerae  signum  dore 
dignior  alae )  11 .  Il  n’existait  légalement  nulle  limite 
d  âge  qui  restreignit  le  choix  impérial.  De  même  qu’on 
trouve  des  chevaliers  honorés  de  Vequus  publicus  à 
six12  ans,  à  douze13,  à  treize14,  à  quatorze15,  on  voit 
Commode  concéder  la  prima  militia  à  un  enfant  de 
quatorze  ans  *\  tandis  que  les  auteurs  félicitent  l’empereur 
Hadrien  de  n’avoir  nommé  tribun  militaire  aucun  jeune 
homme  imberbe17.  Les  intérêts  de  l’armée  étaient  la  seule 
considération  qui  pût  corriger  l’arbitraire  impérial. 

De  même,  quoiqu’il  y  eût  entre  les  différentes  milices 
une  gradation,  le  prince  ne  s’astreignait  pas  cà  la  suivre 
étroitement.  Suétone  rapporte  que  Claude  fit  à  cet  égard 
un  règlement18  :  Equestres  militias  ita  ordinavit  ut 
post  cohortem  alam ,  post  alam  tribunatum  legionis 
daret.  Mais  les  inscriptions  connues  de  cette  époque 
contredisent  cette  assertion  19.  Comme,  d’autre  part,  on 
ne  peut  soupçonner  d’erreur  un  écrivain  qui  avait  appar¬ 
tenu  à  l’administration  impériale,  il  faut  penser  que  la 
mesure  de  Claude  fut  appliquée  pendant  fort  peu  de 
temps20.  Un  examen  attentif  des  textes  épigraphiques 
nous  montre  dans  les  éléments  de  la  carrière  des  officiers 
de  cavalerie  une  grande  variété.  Assurément  les  exem¬ 
ples  de  la  gradation  régulière  sont  très  nombreux21,  mais 


Propertianus, procurateur  de  Vitellius  ua'  ^ex’  Causi|ls 
milices,  préfecture  de  cohorte  et  tribun .,n  a?  quedeux 
du  temps  de  Trajan,  C.  Minicius  Italus  lui  2?“aireS*; 
cohortes  auxiliaires  (F.  Gallor.,  /  Breuco ,  ‘  et  de  lro's 
avant  d’obtenir  le  tribunal  légionnaire  et  h  -l^i’ 
dune  aile  ».  !..  Domitius  Regains,  secrétai, -Me T  !T' 
Caesar  (an.  137)  commanda  pareillement  deux-  T  i 
au  début  de  sa  carrière24.  Ti.  Claudius  Secimdin  h°HeS 
Antomn  le  Pieux,  ancien  primipile,  fut  successif  **** 
mis  à  la  tête  d’une  cohorte  de  vigiles  ' emeiü 

urbaine  et  d’une  cohorte  prétorienne  25  •’ de  n,°  C°h°rlè 
Passeus  Rufus,  préfet  du  prétoire  de  Marc-AurèK? 
autre  préfet  du  prétoire  de  Commode,  L.  Julius  Voirll  i» 
bratus  Julianus,  après  avoir  commandé  une  rnhn 
comme  préfet  et  une  autre  comme  tribun,  fut  ! 
«leux  préfectures  d’ailes27.  L.  Petronius  Taurus  Volu 
sianus,  consul  en  261,  géra  trois  tribunats  légionnaire! 
ayant  de  devenir  tribun  d’une  cohorte  de  vigiles,  M 
d  une  cohorte  urbaine,  puis  successivement  de  deux 
cohortes  prétoriennes28.  De  toute  façon,  cependant,  dans 
les  textes  antérieurs  à  Septime  Sévère  et  malgré  la  répé¬ 
tition  de  certaines  fonctions  analogues,  on  peut  recon¬ 
naître  généralement  les  trois  échelons  qui  constituaient 
le  service  et  qui  lui  avaient  fait  donner  le  nom  de  im 
militiae 29  (al  y’  orpaTEiai) . 


La  durée  de  chaque  commandement  n’avait,  d’ailleurs, 
rien  de  fixe  ;  on  ne  comptait  pas  par  années  de  service,' 
les  officiers  étant  relevés  de  leur  poste  parla  volonté  im¬ 
périale  seule  30,et.  il  se  pouvait  que  le  prince  laissât  dans 
la  même  situation,  durant  plusieurs  années  de  suite,  le 
même  officier.  Ainsi,  deux  tribuns  légionnaires  d’ordre 
équestre,  T.  Aufidius  Balbus  et  T.  Aufidius  Spinther,  ont 
servi,  le  premier  dans  la  légion  xxii°  d’Égypte  pendant 
neuf  ans,  le  second  dans  la  légion  iv°  d’Espagne  pendant 
cinq  ans  31 .  En  somme,  le  temps  de  service  était  fixé  en 
principe,  du  moins  comme  maximum,  par  le  nombre  de 
militiae  exigé,  mais,  en  fait,  chacune  de  ces  militia 6f 
ayant  une  durée  indéterminée,  tout  dépendait  du  bon 
vouloir  de  l’empereur.  Ce  temps  achevé,  les  officiers 
libérés  prenaient  le  titre  qui  figure  sur  les  inscriptions,, 
de  omnibus  equestribus  militiis  functus 32  ou,  par  abré¬ 
viation,  de  a  militiis33,  ou,  en  faisant  mention  de  leur 
nombre,  a  tribus  militiis 3i,  qui  se  change  à  l’époque  de 
Septime  Sévère  en  a  quatuor  militiis  36. 

Il  semble  bien,  en  effet,  qu’il  faille  attribuer  à  cet  em¬ 
pereur  la  réforme  qui  porta  de  Lrois  à  quatre  le  chiffre 
des  milices  équestres,  ce  qui  correspond,  comme  le  lait 
remarquer  M.  Mommsen,  à  une  augmentation  du  nombrel 
d’années  de  services  des  simples  soldats  36.  La  difficulté 
est  de  savoir  au  juste  ce  qu’il  faut  entendre  par  celte I 
quatrième  milice.  Est-ce  une  fonction  nouvelle  qui ,  jus- 1 
qu’alors,  n’était  point  considérée  comme  attribuée  au* 
chevaliers  et  qui  devint  alors  partie  intégrante  et  neces  I 


1  Ibid.  VI,  2131  :  pro  conlatis  in  se  beneficiis....  socundae  militiae  Aemilius 
Pardalas  trib.  coli.  I  Aquitanicae...  ornatus.  —  2  Par  c*.  C.  i.  I.  VIII,  2394,  2395, 
9990  ;  IX,  4753;  X,  3847  ;  XI,  709.  —  3  Droit  public  rom.  VI,  2,  p.  loi.  —  4  Renier, 
Alél.  dépiyr.  p.  239  sq.  ;  Hirschfeld,  Verwaltungs-gesch.  I,  p.  249.  —  3  Op.  cil. 
p.  156,  n.  Ï.~S  c.  i.  I.  II,  2424;  V,  534,  807,  7003;  VI,  1599,  1026,  1030;  X,  1202, 
4862,  4872,  5829.  —  7  Cf.  Mommsen,  Bull.  1868,  p.  144  sq.  —  8  C.  i.  I. 
VI,  2485,  2488,  3548,  3549.  —  9  Ibid.  II,  3852;  III,  335  ;  X,  0309  ;  XIV, 
2947.  —  10  Si  lu.  V,  1,  94  sq.‘—  il  Cf.  aussi  Dio,  LXXVIII,  13.  —  12  Vita  Marci, 
4.  —13  c.  i.  1.  X,  7285.  —  IV  Ibid.  III,  4490.  —  13  /*.  VI,  1590.  —  16  Ib. 
XIV.  2947.  —  17  Vita  Hadr.  10.  —  18  Cland.  25.  —  19  C.  i.  gr.  3991.  -,  20  ||jrs_ 
cfifeld,  Verwaltungsgesch.  p.  247.  —  21  C.  i.  I.  III,  5213,  5214,  5216;  VI, 


1625  4;  VIII,  9990  ;  IX,  4753,  5357  ;  X,  3847;  XI,  709.  —  22  Corp.  mser. ,  « 

5,  28.  —  23  Ib.  V,  875.  —  24  Ib.  VI,  1007.  —  20  lb.  V,  1339.  —  26  lb  ’  "  [ 

—  27  J\rot.  d.  scavi,  1887,  p.  530.  —  28  C.  i.  I.  VI,  1599.  Autres  cvc'"1'  A 
III,  5211  sq.  ;  IX,  1835,  183(1  -  29  C.  i.  I.  VIH,  2399,  9327  ;  Bull  de  corr.^  ^ 
II,  p.  523.  —  30  Mommsen,  Droit  pub.  rom.  VI,  2,  p.  158.  —  11  1  ■  ’• 

—  32  /4.  1198;  Plin.  Ep.X II,  25;  Suet.  Vita  Plinii.  —  33  Ib-  ’  7 

3494  sq.  ;  VIII,  2248,  2757,  2772,  5276,  7001,  900Î,  9018,  9023,  9045,  e  c.  ^  ^ 
4861  ;  en  grec  :  b-l  rrçccTtiSv  ImcixSv  (Waddinglon,  1179),  «no  ”  ^  ^ 
4499).  —  34  El)  grec  :  4*3  toi, ïiTuüjyiîlv  (Corp.  inscr.  gr.  3484  «)■  . 

Ibid.  VIII,  2732  (an.  211-2,2)  J  VI,  1624  (an.  247-248).  -  38  Mommsen,  Op.  ■ 
p.  156. 


MIL 


—  1893  — 


MIL 


leur  carrière  ?  C’est  l’avis  de  ceux  qui  ont  consi- 
saire  1  )rimipilatet  même  le  centurionat  comme  consti- 
^rc  “J"  rcmier  degré  de  la  milice  équestre  Mais 
Iuanl  '  scn  g’est  élevé  contre  celte  interprétation1 2.  11 
M'  'n  l’obligation  pour  les  officiers  d’occuper  quatre 
adm s  successifs  au  lieu  de  trois  ;  seulement  il  voit  dans 
p0S'l' bernent  une  augmentation,  non  dans  le  nombre  des 
: ce  c  Constitutifs  de  la  carrière  équestre,  mais  dans  celui 
fÜnclions  qu’on  leur  imposait  de  remplir  avant  de  leur 
dCS  "w  l’accès  aux  charges  civiles  et  lucratives  réser- 

I  accorcici  c  . 

.  s  aux  chevaliers. 

'  Cctle  organisation  dura  jusqu’au  milieu  du  me  siècle; 

rs  disparaît  le  tribunal  légionnaire,  mentionné  pour 
I  lornière  fois,  dans  l’état  actuel  de  nos  connaissances, 
aUl(UUps  de  l’empereur  Philippe  3.  Avec  Dioclétien 
^mniença  une  réglementation  toute  différente  pour 
Obtention  des  grades  d’officiers,  sur  laquelle,  d’ail- 
leurs  on  est  imparfaitement  renseigné  4.  li.  Cagnat. 

1  jiilITIAB  MUNICIPALES.  —  L’armée  régulière,  chez 
les  Romains,  a  toujours  été  employée,  comme  il 
convient,  à  combattre  les  ennemis  du  dehors  et  à 
défendre  contre  eux  les  frontières  de  l’Empire;  la  police 
locale  ne  fut  jamais  son  affaire.  Il  était  pourtant  néces¬ 
saire,  pour,  maintenir  la  sécurité  des  routes  ou  la  tran¬ 
ses  villes,  qu’il  existât  un  service  de  gendar¬ 


merie  quelconque  ;  et  l’on  peut,  en  effet,  saisir  la  trace 
d’une  police  de  sûreté  dans  les  documents  littéraires  ou 
épigraphiques;  mais  on  voit,  en  même  temps,  par  leur 
pauvreté  et  leur  rareté  même,  que  cette  police  n’était 
pas  solidement  organisée.  11  faut,  bien  entendu,  laisser 
de  côté  la  ville  de  Rome,  où,  la  sécurité  de  l’État  se  con¬ 


fondant  avec  celle  de  la  cité,  des  troupes  spéciales 
étaient  officiellement  entretenues.  Mais,  en  dehors  de 
Rome,  pour  l’Italie  aussi  bien  que  pour  les  provinces, 
on  ne  constate  aucune  uniformité.  Là  où  l’empereur 
avait  un  intérêt  direct  à  exercer  la  surveillance,  dans  les 
grands  ports  comme  Ostie1 *,  Pouzzoles2,  Brindes3,  dans 
les  grandes  villes  comme  Carthage 4  ou  Lyon”,  Renvoyait 
des  détachements  empruntés  aux  cohortes  de  Rome  ; 
ailleurs,  c’est-à-dire  presque  partout,  il  abandonnait  aux 
villes  le  soin  d’assurer  l’ordre,  soit  dans  leurs  murs, 
soit  aux  environs.  Celles-ci  procédaient  comme  elles 
pouvaient,  souvent  en  conservant  à  cet  égard  les  insti¬ 
tutions  qu’elles  possédaient  avant  la  conquête  romaine. 
C’est  pour  cela  que  l’Orient,  qui  vivait,  sur  les  traditions 
des  Ptolémées  et  des  Diadoques,  nous  offre  un  système 
policier  beaucoup)  plus  complet  que  l’Occident.  Il  suit 
aussi  de  là  qu’on  ne  saurait,  à  cause  de  cette  diversité, 


faire  rentrer  les  différentes  milices  municipales  connues 
dans  un  cadre  systématique;  il  faut  procéder  par  région 
et  indiquer  ce  que  l’on  sait,  pour  chacune  d’elles. 

1°  Égypte.  —  A  l’époque  des  Ptolémées,  l’Égypte 
possédait  déjà  une  gendarmerie  répandue  dans  tout  le 
pays  en  vue  d’assurer  la  paix  et  d’aider  à  la  levée  des 
impôts.  Les  soldats  se  nomment  auXaxïxai  et  le  chef  de 
la  gendarmerie  àpyi^uXaxtT-q;0.  Alexandrie  était  dotee, 
de  son  côté,  d’une  police  spéciale  :  pour  maintenir 
l’ordre,  des  <j7ca6Y,<p<>poi 7  ;  pour  surveiller  les  accidents 
nocturnes,  le  vuxxeptvbç  svp  a  rqyôç  avec  ses  subordonnes, 
les  vuxxôcpuXaxeç  irTpaxeuogevoi 8.  Sous  les  Romains,  1  orga¬ 
nisation  fut  encore  perfectionnée,  semble-t-il.  Un  papyrus 
delà  Bibliothèque  nationale  de  Paris9  nous  a  conservé  la 
liste  des  gens  de  police  d’un  village  :  sîp^votpéXaxeç 10,  eut 
1%  eîpv jv-qç11,  etpTjvapjrat 12  avec  leurs  hommes  (tpûXaxeç) 13, 
àpyivuxTotpéXaxE;  14  avec  leurs  cpûXaxsç1'3,  àpytcpÔAa;16  avec 
des  (pûÀaxe;17,  TrsoiotpuXaxêç 18,  opeoopuXaxeç  booti19.  Tous  por¬ 
tent  des  noms  égyptiens;  leur  âge  étant  indiqué  sur  le 
papyrus,  on  voit  qu’ils  sont  relativement  jeunes  (entre 
vingt  et  trente-cinq  ans),  à  l’exception  de  deux  Remar¬ 
ques  qui  ont,  l’un  soixante-cinq  ans,  l’autre  quatre- 
vingts  ans,  ce  qui  permet  de  croire  que  leurs  fonctions 
n’avaient  rien  d’actif.  En  outre,  on  mettait  à  contribu¬ 
tion,  pour  aider  les  gens  de  police  dans  la  recherche20 
ou  la  capture  des  malfaiteurs,  l’initiative  privée21.  Les 
particuliers  désignés  par  l’autorité  supérieure  étaient 
tenus,  sous  peine  de  châtiments  sévères,  de  faire  le  mé¬ 
tier  de  gendarmes  quand  ils  en  recevaient  l’ordre22.  Les 
papyrus  leur  donnent  alors  le  nom  de  Xr^ro-niaaraï. 

2°  Provinces  asiatiques™ .  —  Dans  les  provinces  asia¬ 
tiques,  surtout  en  Asie  Mineure,  les  municipalités  semblent 
aussi  avoir  possédé  une  police  assez  bien  réglée,  dont  elles 
tenaient  certainement  la  tradition  des  temps  antérieurs  à 
la  domination  romaine24.  Nous  constatons  dans  diffé¬ 
rentes  villes  l’existence  de  chefs  de  gendarmerie  dési¬ 
gnés  par  divers  noms26  :  itapaçûXaxeî,  commandant  des 
irapacpuXaxtTxt,  à  Alastos _l',  à  Tralles  -7,  à  Jotapa  de 
Cilicie28,  à  Magnésie  du  Méandre29,  à  Acalissos30,  à 
Aphrodisias31,  à  Ariassos32,  à  Ephèse 33,  à  Kadyanda34, 
à  Kolossae35,  à  Sebastopolis36,  etc.;  ütoit r^o!  lui  ywpaç,  à 
Aphrodisias37,  Alabanda38,  Tralles39,  Stratonicée 40, 
Rhodes41  (au  nombre  de  deux)42;  ffTpavr^oi  lut  rwv 
birXcov 43 ,  éirixàoitXa 44 ,  iiù  xoùç  ÔTtXeixaç 43,  surtout  à  Smyrne. 

Pour  la  surveillance  des  villes  pendant  la  nuit  et 
aussi  pour  le  service  des  incendies  existaient  des 
voxTOffxparriYot,  dont  le  titre  revient  fréquemment  dans 
les  textes  épigraphiques46.  On  sait,  d’autre  part,  que  la 


1  Ücnior,  Mèl.  d'épigr.  L.  c.  ;  Hirsclifeld,  Verwaltungsgesch.  p.  249.  —  2  Op. 

c,7<  P-  09,  n.  2  ;  cf.  Domaszcwski  (noie  supplémentaire  dans  Marquardt,  Organis. 
*"’t  P-  fit).  —  3  C.  i.  I.  X,  7940.  —  4  Cf.  Mommsen,  Rennes,  XXIV,  p.  208  si[. 
-  Oibuociiapiiib.  L.  Renier,  Mélanges  d'épigraphie,  p.  203  sq.;  Henzen, 
d.  Inst.  arch.  1850,  p.  91  sq.  ;  Annali,  1873,  p.  135  sq.  ;  Hirschfeld, 

eMmuchmgen  aufdem  Gebiete  der  rôm.  Verwaltungsgeschichte ,  I,  p.  247  sq.  ; 
Mommsen,  Droit  public  romain,  VI,  2,  p.  149  sq. 

IHUTIAE  MUNICIPALES.  1  Suet.  Claud.  25  ;  Nolizie  d.  Scavi,  1889,  p.  37  sq.; 

,îs(p;  Eph.  epigr.  VII,  p.  304  sq.  —  2  Suet.  L.  c.  —  2  Corp.  inscr.  lat.  IX,  01  ; 

lipschfeld,  Sitzungsber.  der  A/cad.  zu  Berlin ,  p.  15,  n.  67.  —  4  Mommsen,  Eph. 

Ij!1®''-  V,  p.  119  sq.  ;  R.  Cagnat,  Armée  d’Afrique,  p.  203.  —  6  Mommsen,  L.  c.-, 

irschfeld,  C.  inscr.  lat.  XIII,  p.  250.  —  B  Lumbroso,  Recherche  sur  l'économie 
I>»kique  de  l'Egypte  sous  les  Lagides,  p.  249  sq.  —  7  Philo,  In  Flac.  10.  —  8  Ibid. 

9  Hirschfeld,  L.  I.  1892,  p.  817  sq.  ;  cf.  Mommsen,  Strafrecht,  p.  307,  n.  1. 

’houx  noms  dans  une  colonne  du  papyrus,  un  dans  l’autre.  —  n  Trois  noms. 

~  12  Deux  noms.  —  13  Huit  noms.  —  14  Deux  noms  d’un  côté,  un  de  l’autre. 

1  Quatre  noms.  —  10  Un  nom.  —  17  Trois  noms  — 18  Quatre  noms.  —  19  Un 

(")  nom  subsiste.  —  20  Rerlin.  griecli.  Urkunden,  I,  325.  —  2*  Cf.  un  Uto-ràTYiç 

‘  !,”‘î  llans  un  papyrus  (Grcnfcl  et  Hunt,  The  Oxyr.  pap.  n.  04).  —  22  N.  Hohlwein, 

VL 


Note  sur  la  police  égyptienne  de  l'époque  romaine  ( Musée  belge,  1902,  p.  159  sq.). 

_  23  Cf.  ls.  Lévy,  Rev.  des  études  gr.  1899,  p.  283.  —  24  M.  Hirschfeld,  L.  c. 

p  gtn^  n  H3,  rappelle  qu’àl'époquedes  Attalidcs  Pergame  possédait  des  TiaçasuT.axr-cm 
avec  des  qui  sont  une  gendarmerie  locale  (Frankel,  Die  Inschriften  von 

Pergamon,  I,  p.  171  sq.).  —  23  Hirschfeld,  L.  c.  p.  23  sq  ;  Licbenam,  Stddteverwalt. 

P  357  Sq.  _  26  C.  inscr.  gr.  4300.  —  27  Athen.  Mittheil.  VIII,  p.  329.  —  28  C.  i. 
gr.  4413.  —  29  Konloleon,  Inscr.  d’Asie  Mineure,  p.  40,  n*  90.  —  30  Journ.  of 
hell.  stud.  XV,  p.  117.  —  91  Bull,  de  corr.  hell.  X,  p.  54.  —  32  Ibid.  XVI,  p.  432. 

—  33  Ancient  greek  inscr.  in  the  British  Muséum,  111,  579  a.  —  34  Bull, 

de  corr.  hell.  X,  p.  54.  —  35  Le  Ras-WaddiDgton,  1093  b.  —  36  Bull, 
de  corr.  hell.  IX,  p.  3  40.  —  37  Le  Bas-Waddington,  1004,  1611.  —  38  Bull,  de 
corr.  hell.  V,  p.  180.  —  39  Constant.  Syllog.  18S0-1881,  p.  53. 

_  40  Bull,  de  corr.  hell.  XV,  p.  423.  —  41  Ath.  Mittheil.  Il,  p.  224. 

—  42  Henzen,  Annali,  1852,  p.  118  sq.  —  43  C.  i.  gr.  3102,  3189,  3193,  3201. 

_ U  Ibul.  191,  192,  195.  —  45  Ibid.  186,  189,  396,  477,  478,  480,  2155.  Cf. 

aussi  Moutreïov,  1884-1885,  p.  S5.  —  46  Cagnat,  De  municipal,  militiis,  p.  14; 
Hirschfeld,  L.  c,  p.  808  ;  Tralles  (C.  i.  gr.  2930);  Carura  (Ibid.  3948);  Sébasto- 
polis  (Sterret,  An  epigr.  journey,  p.  27);  Laodicée  (Ath.  Mittheil.  1891,  p.  145); 
Dig.  L,  4,  18,  12. 


238 


MIL 


—  1891 


MIL 


protection  des  territoires  ressortissant  des  grandes  villes 
était  confiée  à  des  personnages  assez  importants  nommés 
irénarques,  dont  il  a  été  question  dans  un  article 
spécial  [irenarcha]. 

3°  Occident.  —  Le  service  de  police  municipale  était 
beaucoup  moins  développé  dans  la  partie  occidentale  de 
l'empire.  Il  est  rare  que  l’on  puisse  tirer  des  textes 
quelque  mention  précise  à  cet  égard.  A  Nîmes,  cepen¬ 
dant,  un  certain  nombre  d'inscriptions  mentionnent  un 
praefectus  vigilum  et  armorum  *,  qui  doit  être  une 
imitation  de  ce  qui  existait  à  Alexandrie,  magistrat 
municipal,  nommé  soit  par  ses  concitoyens,  comme  le 
pense  Ilirschfeld  -,  soit  par  le  gouverneur,  comme  le 
voulait  Ilerzog  3,  et  inférieur  en  rang  aux  duumvirs. 
Dans  d’autres  villes  de  Gaule  apparaissent  des  statores , 
que  certains  regardent  comme  des  gens  de  police  4  ; 
ailleurs  des  praefecti  arcendis  latrociniis  6  ;  ailleurs 
des  hastiferi  dont  on  peut  avancer  qu’ils  ont  été  uti¬ 
lisés  comme  troupes  municipales  [hastiferi]. 

Là  où  il  n’existait  pas  de  milices  permanentes,  il 
pouvait  s’en  créer  de  temporaires  en  cas  de  danger.  Un 
paragraphe  de  la  lex  coloniae  Juliae  Genelivae  6 
édicte  que,  quand  le  conseil  des  décurions  aura  décrété 
qu’il  y  a  lieu  d’armer  les  cdlons  et  les  incolae  finium 
tuendorum  causa,  le  duumvir  en  prendra  le  comman¬ 
dement  avec  les  pouvoirs  du  tribunus  tnilitum  populi 
romani ,  et  nous  trouvons  de  cet  usage  un  exemple, 
pour  une  période  antérieure,  il  est  vrai,  à  l’empire 
romain,  dans  une  inscription  de  Kustendjé.  On  y  voit  le 
conseil  municipal  nommer  deux  capitaines1  qui  auront 
à  lever  une  troupe  de  quarante  hommes  chargés  de 
monter  la  garde  aux  portes  de  la  ville  et  de  veiller  la 
nuit  pour  éviter  toute  surprise  8.  Dans  les  villes  qui 
possédaient  des  collèges  de  juvenes,  ceux-ci,  déjà 
organisés  solidement  et  habitués  aux  exercices  cor¬ 
porels,  pouvaient  aussi  être  mobilisés  rapidement  et 
formaient,  au  besoin,  une  milice  capable  de  faire  face  à 
un  péril  pressant  9. 

Cette  jeunesse  sueta  armis  et  more  militiae  exer- 
citata,  suivant  l’expression  de  Tacite10,  constituait 
même  dans  les  contrées  soumises,  mais  encore  incom¬ 
plètement  organisées,  un  puissant  auxiliaire  à  la  domi¬ 
nation  de  Rome  :  c’étaient  les  jeunes  gens  aussi  bien 
que  les  hommes  d’âge  plus  mûr  qui  composaient  les 
garnisons  locales,  placées  aux  avant-postes  de  l’armée 
romaine,  ailes  et  cohortes  irrégulières  désignées  sous 
le  nom  de  Gésates11  ou  sous  celui  de  levis  armatura  12. 

Il  y  avait  pourtant  entre  ces  milices  et  celles  dont  il  a 
été  question  antérieurement  une  différence  importante 
et  caractéristique  :  si  les  chefs  de  ces  troupes  étaient 


des  hommes  du  pays  commeles  soldats 13  lc 
en  chcf’  9ui  était  en  même  temps  gouverneur^n^ 
du  territoire,  appartenait  à  l’armée  romaine  -  il  , 
parmi  les  officiers  en  activité,  généralement  narm',"8 
anciens  primipiles14.  Cette  organisation  ne  dun  S 
d’ailleurs,  plus  tard  que  le  premier  siècle-  lus 
francs  perdirent  alors  tout  caractère  municipal  et  r'  T 
rattachés  directement  à  l’armée  impériale18.  UFent 

Par  tout  ce  qui  précède  on  voit,  ainsi  que  nous  l’avo 
déjà  dit,  que  l’Empire  romain  n’a  jamais  couru/ dans 
l’organisation  des  milices  municipales,  aucune’ régi 
fixe  et  uniforme.  Certaines  contrées  et  non  des  moins 
importantes  paraissent  même,  dans  l’état  actuel  de  nos 
connaissances,  en  avoir  été  complètement  privées  II 
fallait  bien  pourtant  trouver  un  moyen  d’assurer  partout 
une  police  locale  suffisante  pour  maintenir  l’ordre  jour¬ 
nalier,  pour  arrêter  les  voleurs  et  les  meurtriers,  pour 
garder  les  prisonniers.  Là  où  l’on  ne  trouve  pas  trace 
d’autres  institutions,  on  doit  admettre  que  l’on  avait 
recours  en  pareil  cas  à  ce  que  les  auteurs  appellent 
ministeria  pub l ica ir’,  ministeria  municipalia,  c’est-à- 
dire  à  des  esclaves  publics  de  la  cité;  on  peut  même 
dire  que,  dans  la  plupart  des  villes17,  quel  que  fût 
d’ailleurs  le  nom  du  chef  de  la  police,  que  ce  personnage 
fût  distinct  des  autres  magistrats  municipaux  et  portât 
un  titre  spécial  ou  que  sa  mission  particulière  fût  confiée 
au  duumvir  ou  à  l’édile  en  fonctions,  les  gens  de 
police  n’étaient  autres  que  des  esclaves  publics18. 

Pour  l’extinction  des  incendies,  on  pouvait  pareil¬ 
lement  se  servir  de  leur  ministère;  mais  on  faisait  appel 
surtout  à  des  corporations  professionnelles  :  charpen¬ 
tiers,  maçons,  ouvriers  de  bâtiment  [fabri],  dont  l’orga¬ 
nisation  en  corps  de  troupes  avec  des  optio, principales, 
vexillarii ,  praefectus ,  dont  la  division  en  centuries  et 
en  décuries  ont  déjà  été  signalées  plus  d’une  fois19.  Des 
textes  tout  à  fait  précis20  nous  font  nettement  voir  que 
beaucoup  de  villes  ne  connaissaient  pas  d’autres  pompiers 
que  les  membres  de  ces  associations,  et  cela  aussi  bien 
en  Orient  qu’en  Occident21.  Certains  détails  nous  en 
instruisent  non  moins  clairement.  A  Vérone  le  collegiud 
fabrorum  possédait  un  curator  instrumenti  Veronae- 
sium 22,  préposé,  sans  doute,  aux  pompes  et  aux  outils 
nécessaires  à  l’extinction  des  incendies.  A  Aquilée,  parmi 
les  fabri,  on  nous  signale  un  dolabrarius  c’est-à-dire 
un  homme  spécialement  exercé  au  maniement  de  la 
dolabra  en  vue  de  combattre  le  feu-3.  Il  n  est  pas  jusqu  à 
la  réunion  fréquente  des  centonarii  et  des  fabri  dans  la 
même  association  qui  ne  vienne  à  1  appui  de  ce6  cou 
clusions24  :  les  centons,  sortes  de  couvertures  de  laine 
peu  combustibles,  étant  employés  fréquemment  parles 


l  Cagnat,  Op.  cit.  p.  7  sq.;  Ilirschfeld,  L.  c.  p.  875  et  Gall.  Stud.  III  ( Sitzunys - 
ber.  der  Wiener  Akad.  1884,  p.  239  sq.).  —  2  Ibid.  p.  241.  —  3  Gallia  Narbo- 
nensis ,  p.  284.  —  4  C.  i.  I.  XII,  3309  (à  Nîmes);  1920  (à  Vienne);  Hirschfeld, 
Op.  cit.  p.  241.  —  o  C.  i.  I.  XIII,  5010  (à  Noviodunum)  ;  cf.  un  texte  analogue 
(Brambach,  736)  et  la  remarque  d’Hirschfeld  ( Sitzungsber .  zu  Berlin ,  p.  875, 
n.  153).  —  6  C.  i.  I.  II,  5439,  GUI.  C’est  sur  ce  passage  que  se  sont  fondés,  pour 
appuyer  leur  thèse,  tous  ceux  qui  ont  fait  des  tribuni  militum  a  populo  des  capitaines 
de  milices  locales  (cf.  Cagnat,  De  municip.  militiis ,  p.  41  sq.).  On  sait  que  cette 
opinion  n’a  reçu  l’approbation  ni  de  M.  Mommsen  {Droit  public  romain,  IV,  p.  283, 
n.  6),  ni  de  M.  Ilirschfeld  (Op.  cit.  p.  875,  n.  150).  —  7  Ann.  epigr.  1890,  5  4. 

—  8  Cf.  Ovid.  Trist.  IV,  1,  73  sq.  Nunc  senior  gladioque  latus,  scutoque  sinis- 
tram ,  Canitiem  galeae  subjicioque  meam.  —  9  Sur  ces  collèges,  outre  l’article 
juvenes  de  ce  Dictionnaire,  voir  Waltzing,  Études  sur  les  corporations  profess. 
chez  les  Romains ,  I,  p.  47,  IV,  p.  216  ;  Demoulin,  Musée  belge,  p.  1 14  sq.  ;  200  sq.  : 
Rostovtsew  et  Prou,  Catalogue  des  plombs  de  la  Bibliothèque  nationale ,  p.  96  sq. 

—  10  Tac.  Hist.  I,  68;  111,5.  —  il  Waltzing,  Les  Gésates  (Bull,  de  l'Acad.  roy . 


P.  m  -  »  f-  <•  JJ.  “Z, 

r.:;  i  «rtr  il  i»  ^  txrr 

utôt  conservés  à  ces  troupes  quand  elles  passèren  orresp .  ] 

régulière.  -  .4  C.  f.  J.  IX.  3044;  V,  1838;  98.j 

,Vcsd.  Zeitsch.  1898,  p.  81  sq.;  Waltzing,  Musée  1  >  §6;  Apul. 

Mommsen,  Eph.  epigr.  IV,  p.  519,  n.  1.  —  1  l9'  ’  ’  Etang  A 

,  p.  177.  _  1T  Dig.  IV,  6,  10.  -  »  VoirDrSk  x  30  ef’  Cagnl 

3  ;  Act.  Apost.  V,  20;  Apul.  Metam.  p.  174  ;  Pim.  P-  p  ,7Î. 

t .  p.  84  et  L.  Halkin,  Les  esclaves  publics  che .  ;  t.  H- 

ssiC.  1.  I.  Il,  2011.  -19  Cf.  P.  933  et  *  M  du 
’lm-  Epist.  X,  33,  34.  -  2]  R.  Cagnat  Op.  cU.  P-  ■  Wa|uing,  Corp. 
n,  111  t Sitzungsber .  der  IVien.  Akad.  ’  f  Sur  |a  nature  des 

P-  204.  -  22  C.  i.  I.  V,  3387.  -  23  Ibid.  908  0p.  cil. 

•s  de  centonarii,  ci.  Hirschfeld,  Op  cit.  p. 

,  n.  4. 


MIL 


1895  — 


•  .rsIcENTo].  Ailleurs  les  centonarii  faisaient  partie 
P^P'  ne  collège  que  les  dolabrarii  et  que  les  scalarii 
dU  "Tse  conçoit  très  aisément  si  ces  trois  sortes  d’ou- 
C® qU1  étaient  incorporés  dans  la  même  compagnie  mili- 
vrl6T  Qn  admet  aussi  généralement  que  les  dendrophores 
la'"  iiSSaient  parfois  le  même  office.  R.  Cagnat. 

'Tll  lTUM  POENAE.  —  Toute  discipline  militaire  en- 
'  (,\les  punitions  et  des  récompenses.  Il  est  question 
^celles-ci  dans  différents  articles  [beneficium,  diploma, 

dC  UIILITARIA,EMERITUS,  PUALERAE,  PRAEMIA,  etc.]  ;  On  réu- 

"  ’Tu  i  tout  ce  quiatraitaux  châtiments  réservés  au  soldat. 
"T  Mommsen1  a  fort  bien  indiqué  la  différence  de  prin- 
.  T  ,jui  existait  entre  les  peines  encourues  par  les  civils  et 
C'LS  qui  pouvaient  frapper  les  militaires.  Tandis  que  les 
Tmières  étaient  basées  sur  un  élément  moral  fondement 
de  tout  droit  pénal  dans  une  société  civilisée,  le  législateur 
militaire  a  à  tenir  compte  avant  tout  des  nécessités  de  la 
guerre  et  de  la  victoire.  De  là  des  punitions  qui  parais¬ 
sent  à  première  vue  disproportionnées  avec  les  fautes. 

Modestin,  au  Digeste2,  a  donné  un  classement  des 
peines  militaires  qu’il  n’y  a  qu’à  adopter  :  Poenae 
\nilitum,  dit-il,  hujusmodi  surit  :  castigatio ,  pecuniaria 
multa .  munerum  indictio,  müitiae  mutatio ,  gradus 
dejcctio ,  ignominiosa  missio  ;  il  y  faut  ajouter  dans  cer¬ 
tains  cas  la  peine  de  mort  et  rarement  des  tortures. 

1»  Castigatio.  —  Par  ce  mot,  il  faut  entendre  un  châti¬ 
ment  corporel.  Le  plus  habituel  était  la  bastonnade 
[fustuarium  supplicium );  il  était  très  commun  dans 
l'armée  romaine,  ainsi  que  le  prouve  la  présence  entre  les 
mains  des  centurions,  comme  signe  de  commandement, 
d’un  cep  de  vigne  [legio,  p.  1071].  On  se  servait  encore 
de  cet  instrument  de  répression  :  témoin  ce  centurion 
que  les  légionnaires  de  Pannonie  avaient  plaisamment 
appelé  «  Cedo  alteram  »  parce  que,  ayant  cassé  son  bâton 
sur  le  dos  d’un  soldat,  il  en  avait  redemandé  un  autre, 
qui  eut  le  même  sort,  et  encore  un  troisième3.  Sans 
parler  des  coups  isolés,  portés  par  un  officier  à  un 
subordonné  pour  appuyer  un  ordre  ou  réprimer  une 
insolence4,  la  bastonnade  était  üne  punition  solennelle¬ 
ment  infligée,  parfois  comme  prélude  d  une  exécution 
capitale6,  à  un  ou  plusieurs  soldats,  voire  même  à  des 
officiers6,  pour  des  fautes  contre  la  discipline  ou  contre 
l’honneur  militaire.  Nous  la  trouvons  spécifiée  par  les 
auteurs  dans  les  cas  particuliers  suivants  :  négligence 
pendant  les  rondes  de  nuit  et  dans  la  visite  des  grand  - 


gardes1;  abandon  de  son  poste  de  combat8;  abandon  de 
son  rang  pendant  la  marche  et  pillage  des  maisons  et  des 
champs  que  l’armée  traversait9;  rébellion  contre  les 
chefs10;  meurtre  commis  dans  le  camp11;  vol12; 
attentat  à  la  pudeur  13  ;  récidive  lors  de  la  troisième 
punition  pour  la  même  faute 14  ;  perte  ou  aliénation  de  ses 
armes18.  Polybe  nous  apprend  comment  la  bastonnade 
s«  donnait  de  son  temps 16  :  Le  conseil  des  tribuns,  dit-il, 


1  Corp.  inscr.  lat.  5446.  —  2  Rodbcrtus,  Zur  Gescli.  der  rôm.  Tributsteuer,  p.  421 
M2i  Hirschfcld,  L.  c.  p.  248.  —  Bibliographie.  Delamarc,  Traité  sur  la  police , 
hns,  1722;  Naudet,  Mémoire  sur  la  police  chez  les  Romains  ( Mém .  de  l’Acad. 
h*  Sc.  morales  et  polit.,  t.  V  et  VI)  ;  R.  Cagnat,  De  municipalibus  et  provin- 
militiis  in  imperio  romano,  Lutet.,  1880  ;  G.  Hirschfeld,  Die  Sicherheits - 
poii-ei  C'a  rôm.  Kaiserreich  ( Sitzungsber .  der  Ahad.  su  Berlin,  1891,  p.  845  sq.; 
‘S92,  p.  815  Sq.  ;  1893,  p.  411  gqAjTli.  Mommsen,  Rôm.  Strafrecht,  Leipzig,  1899, 
P.  305  sq. 

M,UTUM  F015NAE.  l  Strafrecht,  p.  30  et  31.  —  2  Dig.  XLIX,  16,  3,  §  1. 
j~  ]  Tac-  Ann.  I,  23.  —  4  Dig.  XLIX,  16,  13,  §4.-3  Polyb.  VI,  35;  Tac.  Ann. 
'  "  •  'eU.  Il,  18.  —  6  Yell.  II,  7,  8  ( magister  equitum)  ;  Liv.  XXIX,  9,  4  (tribuns 
Uaires)  ;  cf.  Vell.  Ibid.  4.  —  7  Polyb.  VI,  36  sq.  —  0  Cic.  Phil.  III,  6,  14;  Liv. 


MIL 

se  réunit;  on  juge  le  coupable  et,  s'il  est  condamné,  il 
reçoit  la  bastonnade  ;  «  un  tribun  prend  un  bâton  et  ne  fait 
que  toucher  le  condamné;  mais,  ensuite,  tous  les  légion 
naires  le  frappent  à  grands  coups  et  le  plus  souxent  il 
succombe  au  milieu  des  troupes  rassemblées  ». 

La  bastonnade  était  réservée  aux  citoyens  romains, 
les  pérégrins  étant  frappés  de  verges  :  Si  Romanus  esset 
vitibus ,  si  extraneus  virgis  cecidit ,  dit  Tite-Live  . 

M.  Mommsen  croit  même  que  le  châtiment  par  les  verges 
fut  emprunté  par  les  Romains  à  l’armée  macédonienne1  ; 
on  comprend  qu’il  n’ait  jamais  été  étendu  à  ceux  qui, 
par  leur  condition  civile,  avaient  droit,  même  coupables, 
à  un  traitement  honorable.  Cette  distinction  subsistait 
encore  à  l’époque  impériale  :  pro  qualitate  loci ,  aut 
fustibus  subjiciebatur  aut  virgis". 

On  rencontre  dans  les  textes  la  mention  d’autres  puni¬ 
tions  corporelles  infligées  aux  soldats.  La  principale  est 
la  prison.  Non  seulement  les  auteurs  nous  parlent  dans 
plus  d’un  cas  de  prisons20,  mais  on  connaît,  par  les 
inscriptions,  plusieurs  sous-officiers  ou  soldats  qui 
étaient  chargés  de  les  surveiller  ou  de  les  administrer  : 
carcerarius21 ,  a  gens  curam  carceris 22,  optio  carceris  -, 
a  commentariis  custodiarurn 2i.  On  peut  citer  encore 
la  privation  de  nourriture  (au  lieu  de  froment  le  soldat 
puni  ne  reçoit  que  de  l’orge,  comme  une  bête  de 
somme25)  et  ce  singulier  châtiment  qu’Aulu-Gelle  repré¬ 
sente  comme  anciennement  appliqué  dans  1  armée,  parmi 
les  peines  infamantes,  la  saignée26. 

2°  Pecuniaria  multa.  —  Elle  pouvait  frapper  pareille¬ 
ment  les  soldats  et  les  officiers.  Elle  se  prélevait  soit  par 
retenue  d’une  partie  ou  même  par  suppression  de  la 
totalité  de  la  solde  2\  soit  par  versement  direct.  Les 
exemples  ne  sont  pas  rares  :  «  Imperator  noster,  dit 
Aulu-Gelle  citant  Caton28,  si  guis  extra  ordinem  depu- 
gnaturn  ivit,  ei  mulctam  facit.  »  Frontin  raconte  qu'une 
légion  dont  les  Liguriens  avaient  tué  le  général,  fut 
privée  de  solde  pendant  un  semestre-1,  à  alère  Maxime, 
à  propos  d’une  autre  qui  avait  laissé  tuer  le  consul,  nous 
apprend  que  le  Sénat  décréta  :  uti  ea  legio  infrequens 
referretur,  c’est-à-dire  qu’on  ne  lui  payât  pas  sa  solde 
C’estce  qu’on  appelait  :  aes  resignare  militi 31 .  De  même 
on  lit  dans  le  Code  Théodosien  que  si  un  soldat  quitte  le 
service  par  congé  irrégulièrement  accordé,  per  singulos 
milites  tribuni  et  praepositi  quina  porulo  auri  fisco 
inférant32. 

3°  Munerum  indictio.  —  Punition  qui  consistait  à 
infliger  à  l’officier  ou  au  soldat  coupable  des  corvées 
indignes  de  lui,  ou  à  lui  imposer  un  service  particulière¬ 
ment  pénible.  Tel  est  le  cas  de  ces  soldats  dont  parle 
Polybe33  qui,  ayant  abandonné  leur  poste,  étaient 
condamnés  à  camper  en  dehors  du  camp,  exposés  aux 
surprises,  et  à  qui  l’on  ne  faisait  grâce  que  lorsqu'ils 
avaient  rapporté  chacun  les  dépouilles  de  deux  ennemis34; 

V,  6,  14;  Tac.  Ann.  III,  21;  Vell.  II,  7,  8.  —  9  Liv.  Epit.  57;  Vit.  Alex.  51;  Dig. 
XLIX,  16,  3,  §  16.  —  10  Tac.  Ann.  I,  21  ;  III,  21.  —  U  Bell.  Hisp.  27.  —  12  Polyb. 

VI,  37.  13  Ici.  —  lHd.  —  13  Dig.  XLIX,  16,  14,  §1.-16  Ibid.  —  17  Epist.  57; 

Mommsen,  Strafrecht,  p.  32.  —  l»  Eph.  epigr.  VII,  p.  465.  —  '9  Vit.  Alexand.  51  ; 
cf.  Eph.  epigr.  VII,  p.  458.  —  2°  Par  exempte  Tac.  Ann.  1,21.  —  21  Corp.  inscr.  lat. 
III,  10  493;  VI,  1057,  1.  4;  1058,  1.  7.  —  22  Ibid.  111,  433,  3112.  —  23  Ibid.  VI,  531, 
2406;  IX,  1617;  Ann.  epigr.  1894,  33.  —  24  Ibid.  XI,  19.  —  25  Polyb.  VI,  38,  3; 
Frontin.  Strab.  IV,  I,  25,  37;  Suet.  Aug.  24;  Dion.  XLIX,  38,  4;  Veget.  I,  13. 

_ 26  Aul.  Gell.  X,  11.  —  27  Fest.  Epit.  p.  69  M  ;  Non.  p.  532  M  ;  Liv.  XL,  41  ;  Val. 

Max.  II,  7,  15.  —  28  Aul.  Getl.  XI,  1,  6.  —  29  Frontin.  Strat.  II,  1.  — 30  Val.  Max. 
II,  7,  15.  —  31  Frontin.  Strat.  IV,  1  ;  Fest.  p.  285,  s.  v.  Resignatum  aes. 
—  32  Cod.  Theod.  VII,  1,  2.  —  33  Polyb.  VI,  38.  —  34  Val  Max.  II,  7,  5. 


MIL 


—  1896  — 


ou  de  ceux  que  l’on  obligeait  à  rester  debout  tout  le  jour 
devant  le  prétoire,  parfois  en  tunique  et  sans  ceinture, 
une  toise  ou  une  motte  de  terre  à  la  main  1  ;  ou  de  ce 
préfet  de  cavalerie  qui,  ayant  livré  ses  armes,  fut  tenu 
de  demeurer  pieds  nus,  en  tunique  également  et  sans 
ceinture,  un  jour  entier,  dans  les  principia  2  du  camp. 
Nous  voyons  de  même  des  officiers  ou  des  soldats 
envoyés,  par  punition,  dans  des  garnisons  pénibles  ou 
désagréables 3  ;  et  tout  un  corps  de  cavalerie,  privé  de 
ses  étendards,  réduit  à  faire  route  à  pied  et  sans  armes, 
au  milieu  des  bagages,  des  valets  d'armée  et  des  captifs  4. 

1°  Militiae  mutatio.  —  Mesure  prise  fréquemment  pour 
punir  différentes  fautes  :  qui  agmen  excessif  ex  causa  B, 
qui  in  pace  deseruit ,  quand  c’est  un  fantassin  6  ;  per 
vinum  aut  lasciviam  lapsis ,  alors  que,  s’ils  avaient  été  à 
jeun,  ces  soldats  auraient  dû  subir  des  peines  beaucoup 
plus  fortes7;  irreverens  miles. ..qui  centurioni  casligare 
se  volent  i  restiterit...  si  vitem  tenuit  8,  tandis  que  s’il 
brisait  le  cep  de  vigne  du  centurion  il  encourait  la  peine 
de  mort.  Cette  militiae  mutatio  consistait  à  être  versé 
dans  un.  corps  de  troupe  considéré  comiiie  inférieur  à 
celui  où  l’on  servait  9  :  un  cavalier  devient  fantassin10, 
un  fantassin  légionnaire  est  incrit  dans  une  troupe  dite 
levisarmalura11 ,  dans  un  corps  de  frondeurs  auxiliaires12. 
Nous  trouvons  un  exemple  remarquable  du  fait  sur  un 
papyrus  récemment  publié13;  parmi  les  décurions  d’une 
cohorte  de  Lusitaniens  on  lit  le  nom  d’un  officier  qui,  on 
ne  sait  pour  quelle  cause,  fut  rejectus  ab  ala  II  Thracum 
ad  virgam  cohortis1* ;  il  n’avait  pas  été  dégradé,  mais 
avait  été  déplacé  :  il  avait  quitté  une  aile  de  cavalerie 
pour  une  cohorte  auxiliaire,  corps  inférieur  en  dignité. 

5°  Gradus  dejectio.  —  C’est  la  dégradation,  punition 
qui,  la  chose  est  évidente,  ne  s’applique  pas  aux  simples 
soldats,  mais  seulement  aux  officiers.  Tel  fut  le  cas,  par 
exemple,  de  P.  Aurelius  Pecuniola  que  C.  Cotta  avait 
chargé  du  commandement  en  son  absence,  au  siège  de 
Lipari  ;  il  laissa  presque  jarendre  le  camp  et  brûler 
Yagger ;  Cotta  le  fit  battre  de  verges  et  le  condamna  à 
servir  comme  simple  fantassin  15.  De  même,  Tibère  cassa 
un  légat  légionnaire  parce  qu’il  avait  envoyé  quelques 
soldats  chasser  pour  garnir  sa  table.  Les  principales 
étaient  eux  aussi  exposés,  en  cas  de  faute,  à  la  gradus 
dejectio  1G.  On  lit  dans  le  règlement  du  collège  des  corni- 
cines  de  Lambèse  11  :  item,  quid  abomi(namur )  si  q(ui) 
locu(m )  su[um)  amis(erit). 

6°  Ignominiosa  missio.  —  Expulsion  de  l’armée  avec 
une  note  infamante  ;  c’est  ce  que  le  Digeste  appelle  mi- 
litia  rejici 18,  le  Code  théodosien  cingulo  solviiÿ  ou  ma- 
tricula  eximi20.  Ailleurs,  il  est  question  de  soldats  que 
le  général  ignominiae  causa  ab  excrcitu  decedere 
jubet 21 .  Un  terme  à  peu  près  synonyme  qui  supposait  la 
note  infamante  et  la  dégradation  était  le  mot  exaucto- 
hatio.  Pouvaient  être  frappés  de  la  sorte,  pour  des  fautes 
très  graves,  cela  va  de  soi,  des  officiers  ou  des  soldats, 

l  Suet.  Au(j.  24.  —  2  Val.  Max.  II,  7, 9.  —  3  Liv.  XXllJ,  25;  XXV,  5  ;  XL,  41 .  -  Uram. 
Marc.  XXVI,  1.  —  B  Dig.  XLIX,  IC,  3,  §  16.  —  6  Ibid.  5,  §  3.  Ibid.  0,  §  7. 

—  8  Ibid.  13,  §  4.  —  9  Cf.  Schneider,  De  cens.  hast.  p.  43.  —  10  Frontin.  Strat. 
IV,  1,  18;  Val.  Max.  Il,  7,  O  -,  Ibid.  15;  Amm.  XXIV,  5;  XXIX,  5.  —  H  Frontin. 
L.  I.  On  croit  qu’il  s’agit  ici  de  triaires  ou  de  liaslats  versés  parmi  les  vélites. 

—  12  Val.  Max.  II,  7,  9  et  15.  —  13  Eph.  epigr.  VII,  p.  455  sq.  —  '4  Cf.  Godcfroid 
ad  Cod.  Theod.  VII,  I,  10.  —  13  Val.  Max.  II,  7,  4.  —  15  Suet.  Tib.  19.  —  17  Corp. 
inscr.  lut.  VIII,  2557  ;  cf.  Dig.  XLIX,  16,  3,  §  5  (graüu  militiae  dejicitur).  —  18  Di  g . 
XLIX,  16,  3,  §  18;  6,  §  5.  —  19  Cod.  Theod.  XVI,  8,  27.  —  20  Ibid.  XII,  12,  2; 
Vil,  18,  16.  —  21  I.ex  Jul.  munie.  121.  —  22  Val.  Max.  II,  7,  3.  —  23  Bell.  Afr. 
54.  —  24  Dig.  XLIX,  16,  3,  §  21.  —  2S  Mommsen,  Il  es  geslae,  p.  69.  —  26  Dio, 


MIL 


ue 


- -  US  tlll  I  OT*C  |n  „ 

0.  Fabius  avait  perdu  une  place;  sou  beau-pi™ î"  . 
et  lui  ordonna  de  quitter  la  province  22  p  .  chassa 
un  centurion  de  l’armée  de  César  ayant  fomenté 
cipline,  celui-ci  les  condamna  en  ces  termes  •  J  md'S' 
causa  ab  exercitu  meo  te  removeo,  hodicque'erT^ 
abesse  et  quantum  pote  proficisci  jubeo 23  si  i  ,  C0 
ment  était  mérité  par  toute  une  légion  son  „  v  ChâU' 
rayé  des  cadres  de  l’armée  [lecioI  ^  •  tel’  r,,i  i  m  oLait 
troupes  qui  furent  englobées  dans  le  d’ésastre  deVarv  ï 
de  la  légion  IIP  Galliea,  dont  le  légat  se  sonlo  ’’ 
Ëlagabal iB,  de  la  légion  .IF  Augus^pp^d 
temps  ti  la  suite  de  la  révolte  de  Capellien27  En  y  •  i 
cas,  on  le  sait,  le  nom  de  la  légion  était  martelé  sur  ion, 
les  monuments  où  il  figurait  et  les  soldats  étaient  ou  ren¬ 
voyés  dans  leurs  foyers  ou  versés  dans  d’autres  régi 
ments  :  il  y  avait  alors  à  la  fois  exauctoratio  pour  la 
légion  et  militiae  mutatio  pour  les  hommes.  Le  premier 
traitement  fut  infligé  par  Sévère  Alexandre  à  une  légion 
révoltée  à  Antioche28;  le  seconda  la  IIIe  Galliea  dont 
plusieurs  soldats  figurèrent  ultérieurement  dans  les 
cadres  de  la  légion  IIP  Augusta  29. 

i  I  eine  de  mort.  Le  châtiment  le  plus  sévère  était 
la  peine  de  mort.  Originairement,  le  droit  de  la  prononcer 
appartenait  au  chef  d’armée.  Vers  l’an  646  =  108,  à  la 
suite  d’une  lex  Porcia 30,  le  général  perdit  le  pouvoir  de 


faire  exécuter  un  citoyen,  tout  en  gardant  celui  de  con¬ 
damner  à  mort  un  Latin31.  Mais  les  choses  changèrent  de 
nouveau  sous  l’Empire.  Le  Digeste  énumère  tous  les  cas 
où  la  peine  de  mort  devait  être  édictée  :  A.  Abandon  du 
poste  :  Is  qui  exploratione  emanet ,  hostibus  insistentibus 
aut  qui  a  fossato  recedit 32  ;  qui  excubias  palati  dese- 
ruerit 33  /  qui  in  acie  prior  fugam  cepit ,  speclantibus  ini- 
litibus,  propter  exempfum3' ;  qui  volens  transfugere 
apprehensus  est3*  ;  qui  in  bello  deseruit33.  B.  Désobéis¬ 
sance  :  In  bello  qui  rem  a  duce  prohibitam  fecit  aut 
mandata  non  servavit  etiam  si  res  bene  gesserit31  ;  si 
vallum  quis  transcendai  aut  muro  castra  ingrediatur 38. 
C.  Fautes  graves  dans  le  service  :  Qui  in  bello  arma 
amisit  vel  abalienavit 39  ;  si  alienavil  loricam,  scutum, 
galeam,  gladiumia.B.  Insubordination:  Qui  sedilionerit 
atrocern  militum  concitavit 1 1  ;  qui  manus  intulit  prac- 
posito*2;  qui  centurioni  castigare  se  volenti...  vitem 
ex  industriel  f régit 43  ;  qui  carcere  effraclo  fugerit  '  ; 
contumacia  omnis  adversus  ducem  vel  praesidem  "I 
E.  Trahison  :  Qui praepositum  suumprotegerenoluerunt, 
vel  deseruerunt  eo  occiso 46  ;  exploratores  qui  sécréta 
nunliaverunt  hostibus*’1.  Cette  punition  capitale  était 
parfois  accompagnée  de  tortures,  mais  seulement  dans 
des  temps  troublés  ou  dans  des  circonstances  particuliè 
rement  graves48.  On  pourrait  en  citer  cependant  plus 
d’un  exemple  :  Q.  Fabius  Maximus  faisant  coupai  es 
mains  des  déserteurs  49  ;  Aurélien  punissant  un  soldat  quj 
avait  commis  un  adultère  avec  la  femme  de  son  hôte,  e 


,7.-27  R.  Gagnai,  Armée  d’Afrique,  p.  IGG  stI-  _!>  1  'Ul  '  ... rnrrecht 
C.  inscr.  lat.  VIII,  p.  1074;  cf.  III,  208.  -  30  Cf.  Morn.nscn,  ^^ 
note  3  et  plus  haut  à  l’article  lex,  col.  1160.  31  Sali.  l^’  j^lll,  3 

16,  3,  §  4;  cf.  Joseph,  Bell.  Jud.  V,  3;  Suet.  Aug.  Il,  ac’  ^  __%lb 

lex.  51.  —  33  Dig.  XLIX,  10,  6,  §  10  —  34/6.  6,  §  3.  —3bJb.  ,  S  •_nmg 
cf.  Cod.  Theod.  VII,  18,  4,  et  Mommsen,  Rom.  Strafrecnt.p.  ’  _  , ,  /A 
16,  3,  §15.-33  lb.  3,  §17.  -39 /6.  3,  §13. -40 /A.  14,^ j  • 

,  -  42  lb.  6,  §  1.  -  43  lb.  13,  §  4.  -  44  lb.  §  5.  -  W6  6,  S  ,  ^ 

rb.  3,  §  21.  -  4-  76.  6,  §4.  -  48  Le  Digeste  d‘tjie«  ^  ^  ([ 

ne  doivent  pas  être  torturés  (XLIX,  16,  3,  § 


MIL 


—  1897  - 


MIL 


rniier,  comme  il  était  impossible  de  frapper  tous  ceux 
posaient  on  avait  recours  à  la  décimation.  Le 


le  com 


attacher  par  la  tête  et  les  pieds  à  deux  arbres, 

Ie  [a'sani  re(iressant  l’écartèlent  1  ;  Constantin  décrétant, 

qui::;;'|lie  le  fait  d’avoir  quitté  son  poste  sur  le  limes 

e"  r’vùir  permis  ainsi  à  l’ennemi  de  pénétrer  sur  le  ter- 

e*  '  !!  ,'oinain  doit  être  puni  du  supplice  de  la  flamme  2. 

rit0"1'  .  ol  ips  tortures  étaient  réservées  aux  déserteurs  3. 
fn  gcncrab  .  ,, 

7i  1m  faute  était  celle  non  d’un  homme  mais  d  un  corps 

tout 

qU|i  lin  rassemblait  les  soldats  et  faisait  comparaître  devant 
["iies  coupables  qu’il  accablait  de  reproches,  puis  il  tirait 
"  mi  parmi  eux  un  certain  nombre  de  noms,  de  telle 
Cde  qu’un  sur  dix  fût  compris  dans  le  nombre  de  ceux 
S°r  je  hasard  désignait  *.  Ceux-ci  étaient  envoyés  au  sup- 
'’ljce.  Le  procédé  était  en  usage  à  l’époque  républicaine  ; 
?i  en  est  question  non  seulement  dans  Polybe,  mais  dans 
Tite-Live  8  et  dans  Denys  d’Halicarnasse  6  ;  ce  dernier 
ajoute  qu’il  est  pour  les  Romains  itdxpio;  xôXaenç.  Il  fut 
encorc  employé  par  César7,  Domitius  Calvinus  *,  An¬ 
toine  0  et  Octave i0.  _  , 

Les  punitions  journalières  étaient  prononcées  par  les 
'sous-officiers  et  officiers  compétents,  en  particulier  par 
les  centurions  11  ;  celles  qui  atteignaient  une  certaine 
importance  n’étaient  édictées  que  par  les  officiers  supé¬ 
rieurs,  tribuns  ou  généraux.  Ainsi  les  tribuns  avaient 
autorité  pour  infliger  la  bastonnade12,  les  corvées,  les 
retenues  sur  la  solde  ou  la  nourriture  13 * * *.  Seuls,  les  géné¬ 
raux  en  chef  sous  la  République1*,  sous  l’Empire  l’empe¬ 
reur  ou  celui  à  qui  il  en  délègue  le  pouvoir,  peuvent 
décréter  la  peine  capitale 111  ou  le  renvoi  de  l’armée  1C.  Les 
délits  commis  par  les  officiers  étaient  également  justi¬ 
ciables  du  général  en  chef  ou  de  l’empereur17.  R.  Cagnat. 

MILLENA  [CAPITATIO  TERRENA,  p.  899]. 

MILLIÀRIUM1.  SfijAetov 2.  —  I.  Borne  milliaire. 

Sauf  en  Attique,  où  des  hermès  marquaient  à  mi-chemin 
la  distance  d’Athènes  aux  différents  dèmes  [uermae, 


p.  131  ,  les  Grecs  n’ont  jamais  songé,  avant  la  conquête 
romaine,  à  indiquer  les  distances  le  long  des  roules 
par  des  bornes  et  des  inscriptions  ;  Strabon  lui-même 
a  remarqué  à  quel  point  leur  système  de  routes  était 
inférieur  à  celui  des  Romains3.  On  a  quelquefois 
prétendu,  d’après  un  texte  de  Plutarque,  que  l’idée  de 
jalonner  les  grandes  voies  publiques  par  des  milliaires 
remontait  à  C.  Gracchus  *.  Mais  Polybe  raconte  que  de 
son  temps  déjà  on  avait  appliqué  cette  utile  mesure  a  la 
via  Domitia,  récemment  ouverte  entre  les  Pyrénées  et 


les  bords  du  Rhône 5.  Ce  témoignage  n’estpeut-être  pas  de 
beaucoup  antérieur  au  tribunat  de  C.  Gracchus  h.  Cepen¬ 
dant  celui-ci  ne  fit  sans  doute  que  consacrer  par  d<  s 
dispositions  légales  une  invention  plus  ancienne  ,  un 
milliaire  qui  nous  est  parvenu s  porte  le  nom  de 
P.  Popillius,  consul  en  131  av.  J.-C.  (fig.  3029)  ;  il  était 
le  quatre-vingt-unième  sur  une  route  qui  allait  <1 
Ri  mini  à  Aquilée  9.  A  partir  d’Auguste  la  mesure  se 
généralisa  et  l’on  prit  soin  d’indiquer  régulièrement 
chaque  distance  d’un  mille  (1481  m.30)  sur  1  immense 
réseau  des  grandes  routes  de  l’empire.  De  là  1  habitude 
d’évaluer  les  distances  d’après  le  chiffre  des  bornes  et 
de  dire  ad  lapidem primum,  secundum...  etc.  Il  n  est 
guère  d’empereur  sous  lequel  on  n’ait  construit  ou  répare 


quelque  tronçon  de  route  et  rappelé  ce  travail  par  des 
inscriptions  gravées  sur  les  milliaires;  les  plus  récents 
ont  été  mis  en  place  à  la  fin  du  iv°  siècle  ou  dans  les  pre¬ 
mières  années  du  ve  11 .  Nous  en  connaissons  un  nombre 
considérable  ;  rien  qu’en  Italie  on  en  a  relevé  plus  de  cinq 
cents.  Tous  ont  été  catalogués  et  classés  par  régions  dans 
le  Corpus  inscriptionum  latinavum1  ~ .  Bien  souvent, 
retrouvés  à  la  place  même  où  ils  avaient  été  dressés,  ils 
nous  fournissent  des  indices  certains  sur  le  tracé  des 
voies  romaines.  Les  chifires  et  les  noms  de  villes  qu  ils 
portent  gravés  à  leur  surface  nous  sont  d  un  grand 
secours  pour  l’identification  des  lieux.  Les  inscriptions 
des  milliaires  nous  renseignent  sur  les  titres  impériaux, 
si  importants  pour  la  chronologie  ;  elles  nous  font 
connaître  quelquefois  aussi  des  noms  de  magistrats  et 
nous  permettent  de  suivre  l’histoire  des  grands  travaux 
publics  exécutés  sous  l’empire. 


7  J  ita  Aurel.  6.  Vopiscus  fait  remarquer  que  c’est  là  un  acte  isolé  :  solus  otv- 
n'ltn 1  Militent  ... puilivit ,  etc.  —  2  Cod.  Theod.  VII,  1,1.  —  3  Val.  Max.  II,  7,  1 1,  13; 
%XLIX,  lf>,  3,  §  10;  cf.  Ibid.  5,  §  3,  et  13,  §  6  (déportation).  —  4  Polyb.  VI, 

38> 2.  -  6  Liv.  Il,  59,  11.-6  Dion.  IX,  50.  —  7  Dio,  XLI,  35.  —  8  Id.  XLVII1, 

9  ld.  XLIX,  27;  Frontin.  Strat.  IV,  1,  37.  —  1«  Dio,  XLIX,  38;  Suet. 
%  24.  _  il  Pli,,,  fjist'  nat .  XIV,  19.  —  12  Polyb.  VI,  37.  —  13  Ibid.  38; 
t".  XXV111,  24;  Veget.  II,  7.  —  14  Polyb.  VI,  39  ;  cf.  Geppert,  De  tribunis  mili- 
lm‘<  P-  47  sq.  —  18  Dion.  XI,  43  ;  Dio,  XLI,  35  ;  Suct.  Aug.  24.—  1 6  Lex  Jul.  mun. 

Val.  Max.  II,  7,  3;  Bel.  Afr.  54;  Dio,  LI1,  22;  Frontin.  Strat.  IV, 

1 37 ;  Suet.  Aug.  24;  Vita  Alexatulri ,  53,  54.  Sur  cette  compétence  du  général  eu 
( "  c7*  Mommsen,  Droit  public  romain ,  VII,  p.  320  ;  V,  p.  127.  —  1  7  Val.  Max.  Il, 

•  4;  Suet.  Tib.  19;  Flor.  I,  18,  17;  Mommsen,  Droit  public  romain ,  V,  p.  253. 
~  BiBLiouRiPHiE.  Marquardt,  Organisation  militaire,  p.  320  sq.  ;  Mommsen,  Itüm. 
Slr«frecht,  p.  30  S(|.  ;  j.  Bouquié,  De  la  justice  et  de  la  discipline  dans  les  armées 
"Home  et  au  moyen  âge,  Bruxelles- Paris,  1884,  p.  104  sq.  (cbap.  v  :  Pénalités 
élitaires). 

i  On  trouve  aussi  milicirium  :  Cic.  Ad  AU.  VIII,  5  ;  Suet.  Ner. 

8;  F,,°ntm.  Aqu.  3  et  6  ;  Amm.  Marc.  XXI,  5,  9  et  9,  C;  Huschke,  Jurisprud. 
""‘Winian.  fragm.  Vatic.  147';  C.  i.  I.  III,  202,  205  ;  5715,  5717,  5723,  5735, 

j“l,;VIII,  10021,  10025,  10387,  10388,  10392,  10394,  10397,  10401,  10465,  I040S, 

01  ’oitiarius  (lapis)  :  C.  i.  I.  1,  551  ;  Agrim.  I,  343,  10.  —  2  Polyb.  III,  39, 

^"l  C.  Graccli.  7;  Herodian.  Il,  14;  VIII,  4.  —  3  Strab.  V,  3,  8,  p.  235.  Il 


prétend  qu'il  y  avait  des  bornes  indiquant  les  distances  dans  1  Inde,  XV,  I,  >0, 

p  708.  —  4  Plut.  L.  c.  —  6  Polyb.  i.  c.  —  6  Polybe  est  mort  vers  129-127  et 

la  date  où  il  a  donné  l'édition  définitive  de  son  ouvrage  est  controversée. 
Plusieurs  savants  ont  cru  le  passage  interpolé;  il  est  considéré  comme  authen¬ 
tique  par  Mommsen  et  Hirschfcld,  C.  i.  I.  V,  p.  885,  XII,  p.  066;  mais  on 

pourrait  y  voir  la  trace  d’un  remaniement  opéré  par  l'auteur  lui-même.  —  7  Les 

passages  de  Tit.  Liv.  H,  11,  7;  III,  6,  7  et  69,  8  ;  V,  4,  12;  Flor.  Il,  6; 
Justin.  XXII,  6,  9,  sont  de  simples  anachronismes  de  ces  historiens.  Mais 
personne  jusqu’ici  n'a  remarqué  que  miliarium  dans  Caton,  B.  rust.  20,  22  et  135, 
suppose  nécessairement  l’usage  des  bornes  milliaires  sur  les  routes  avant 
l’an  149  où  Caton  est  mort,  et  même  il  ne  pouvait  pas  être  nouveau  à  celle 

claie. _ 8  Les  milliaires  du  Corp.  inscr.  lat.  I,  535,  536,  537  (an  186),  540  (an  1 17) 

mentionnent  des  personnages  d’une  époque  antérieure  ;  mais  leurs  inscriptions 
semblent  accuser  une  main  plus  récente.  —  9  C.  i.  I.  I,  5a0  ;  Ritschl,  Priscae 
lutinitatis  monum.  epigraph.  1862,  pl.  liv  a. —  10  Tit.  Liv.  ;  Flor.;  Justin.  L.  c.  ; 
Varr.  B.  rust.  IIL  2  ;  Plin.  Bist.  nat.  XXX1I1,  159  ;  Quintil.  IV,  5,  22;  Plin.  Epist. 
X,  24;  Tac.  Ann.  XV,  60  ;  Bist.  U,  24,  45  ;  IV,  U  ;  Amm.  Marc.  XIX,  8,  5  ;  XXXI, 
3,  5  ;  Corp.  jur .,  Justin.  Instit.  I,  25,  16  ;  Rutil.  Num.  II,  8  ;  cf.  Mari.  VII,  31  ;  Sid. 
Apol't.  Carm.  XXIV,  0  —  H  Ainsi  C.  i.  I.  III,  572,  573  ;  V,  8058  ;  F.  Berger,  p.  17. 

_  12  On  y  donne  aussi  la  bibliographie  la  plus  complète  de  chaque  monument,  ce 

qui  nous  dispense  d’indiquer  ici  des  travaux  de  détail,  cependant  utiles  pour  une 
étude  approfondie  du  sujet. 


MIL 


—  1898  — 


MIL 


Les  Romains  sc  sont  servis,  pour  établir  leur  bornes 
milliaires,  des  matériaux  qu  ils  trouvaient  sur  les  lieux 
mêmes  :  pierre  calcaire,  marbre  ou  granit1.  Les  formes 


mfavcponTip 

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(  uxoïtfë/^jice 

4 - - ^ 

Fig.  5030.  —  Milliaire  d’Auguste. 


sont  assez  variables;  la  plus  ordinaire  est  celle  d’une 
colonne,  qui  peut  atteindre  environ  3  mètres  de  hauteur 
et  2  mètres  de  circonférence,  quoique  la  grande  majorité 

soit  de  dimensions  inférieures2.  Il 
y  a  toujours  intérêt  à  signaler  les 
autres  formes  quand  elles  se  ren¬ 
contrent;  ainsi,  en  étudiant  la 
Via  Domitia  entre  Nimes  et  Nar¬ 
bonne,  on  a  reconnu  que  les 
milliaires  y  variaient  de  forme 
suivant  leur  date  3;  ceux  d’Au¬ 
guste  sont  des  colonnes  entière¬ 
ment  cylindriques  (fîg.  5030)  *, 
ceux  de  Tibère  des  piliers  qua- 
drangulaires  (fig.  5031)  8  ;  sur 
ceux  de  Claude  l’inscription  est 
enfermée  dans  un  encadrement 
(fig.  5032) 6.  Un  milliaire  d’Anto- 
nin  ayant  appartenu  à  la  voie  d’Aps 
à  Uzès  se  termine  à  l’extrémité 
inférieure  par  une  base  carrée  7. 
Ces  différences  de  formes  ne  peu¬ 
vent  servir  d’indices  chronologi¬ 
ques  que  dans  les  limites  de  la 
région  où  on  les  a  observées;  mais  sous  cette  réserve 
elles  peuvent  fournir  des  points  de  comparaison  utiles 
pour  dater  des  milliaires  mutilés  et  on  ne  doit  point  les 

l  Voir  les  exemples  rassemblés  par  F.  Berger,  p.  10.  _  2  F.  Berger, 

p.  9;  Desjardins,  Géogr.  de  la  Gaule  romaine,  IV,  p.  175.  _  3  Les  do¬ 

cuments  de  Desjardins,  L.  c.  sont  empruntés  à  Aurès,  Monographie  des  bornes 
milliaires  du  département  du  Gard,  Nimes,  1877.  —  4  Desjardins,  p.  175  = 
C.  i.  I.  XII,  5630.  —  5  Desjardins,  p.  177  =  C.  i.  1. 5649.  —  6  Desjardins,  p.  178  = 
C.  i.  I.  5646.  —  7  Aurès,  pl.  ix,  1  =  C.  i.  I.  5583.  -  8  Quelques  savants  ont 
fait  honneur  de  cette  réforme  à  C.  Gracchus  et  ont  cherché  ainsi  à  mettre  d'accord 
riut.  C.  Gracch.  7  et  Polyb.  III,  39,  8.  Mais  leur  opinion  offre  peu  de  vraisemblance 
Müiarium  dans  Cat.  R.  rust.  20,  22  et  135,  suppose  la  forme  de  la  colonne  déjà 
connue.  Le  soi-disant  milliaire  de  la  Via  Appia,  donné  comme  exemple  par  Rich, 
Diet.  des  antiqu.  s.  v.  et  par  Duruy,  Hist.  des  Rom.  I,  p.  151,  est  une  restauration 
de  Camna,  qui  parait  composée  de  morceaux  différents  ;  l'original  conservé  au  Capi¬ 
tole  ne  peut  être  étudié  de  près  et  la  provenance  en  est  douteuse  :  C.  i.  I.  X,  6812 
6813.  —  9  C.  i.  I.  III,  199-201,  207-209,  346,  1699,  3705,  6123;  et.  I,  551  ;  Berger 
1.  p  23.  10  Dig.  XLIII,  8,  21  à  23  ;  Sic.  Flacc.  De  cond.  irgr.  p.  146.  _ U  C.  i.  I. 


Fig.  5032.  —  Milliaire  de 
Claude. 


négliger.  Il  est  probable  qu’à  l’origine  h™, 
paseucore  en  usage;  c’est  ce-  que  semble  TV 
milliaire  de  Popillius  (fig.  5029),  pierre  „hi  d'qUer  le 
ment  taillée  en  pointe  dans  le  bas  no,,,!  I  ’  ^rossière- 
terre.  On  aura  peu  à  peu  substitué  des  colon  Cn 
milliaires  primitifs  sur  les  voies  oui  •  GS  à  ces 
publique  *.  Exceptionnellement  on  a  qi.eùquefois ^ 
a  meme  sur  des  parois  de  rochers,  le  Ions  d’  S'x 
les  indications  que  nous  sommes  habitués  à  i™  '‘°Ule’ 
les  bornes  milliaires  9.  '  ouversur 

Les  voies  romaines  se  divisaient  en  deux  grandes  ont  J 
gor.es  :  les  routes  impériales,  dites  aussi  co^sula  es  t 
prétoriennes  (viae  consultées,  praetoriae,  T 

bhes  et  entretenues  principalement  aux  frais  de  l’Lht 
second  lieu  les  viae  communales  et  vicinales,- routes 
établies  et  entretenues  principalement  aux  frais  des  villes 
[via]  .  Les  milliaires  que  nous  possédons  peuvent  prove 
n,r  des  secondes  aussi  bien  que  des  premières  ;  car  nous 
savons  par  les  inscriptions  gravées  sur  quelques-uns  que 
les  municipalités  avaient  soin  d’en  faire  établir  sur  leurs 
réseaux  :  respublica  miliaria  constituit 11  ;  mais  il  p0u- 
vait  arriver  que  sur  leur  demande  l’empereur  leur  fournît 
unesubvention  et  en  pareil  cas  le  milliaire  était  érigera 
auctoritate  imperatoris ,  ce  qui  n’indique  point  du  tout 
que  la  route  fût  classée  au  nombre  des  routes  impéJ 
riales1-.  Il  ne  faut  pas  oublier  aussi  que  les  voies 
romaines  à  l’origine  ont  été  établies  en  grande  partie 
pour  les  besoins  des  armées;  celles  qui  dépendent  de 
1  État  sont  par  excellence  des  viae  militares  l3,  et  ce  sont 
souvent  les  légions  qui  en  ont  exécuté  les  travaux14.  Les 
milliaires  permettaient  aux  chefs  de  troupes  de  calculer 
sûrement  les  étapes  et  les  guidaient  dans  leurs  opéra¬ 
tions1’'.  La  Narbonnaise  était  à  peine  conquise  que  déjà 
les  Romains  bordaient  de  milliaires  la  via  Domitia  à 
partir  de  Narbonne ,B;  d’où  l’on  peut  conclure  avec  cer¬ 
titude  qu’un  bon  nombre  de  ces  monuments  étaient 
l’œuvre  des  soldats. 

En  Italie,  les  distances  étaient  comptées  à  partir  de 
Rome.  En  l’an  29  av.  J.-C.,  lorsque  Auguste  eut  fait 
dresser  avec  l’aide  d’A grippa  la  carte  du  monde  romain, 
on  éleva  au  forum  un  milliaire  initial,  qui  reçut  le  nom 
de  milliaire  d’or  ( milliarium  aureutn )17.  Il  était  situé  à 
l’extrémité  du  forum,  entre  les  Rostres  et  le  temple  de 
Saturne18.  On  en  a  même  retrouvé  un  vestige  :  c’est  une 
base  en  marbre  cylindrique  qui  mesure  quatre  pieds  et 
demi  de  diamètre;  au-dessus  devait  s’élever  une  colonne 
revêtue  de  bronze  doré,  d’où  le  nom  du  monument  l9.| 
Cependant  les  distances,  à  proprement  parler,  n  étaient 
pas  comptées  à  partir  de  ce  point,  mais  seulement  a  partir 
des  portes  du  mur  de  Servius,  où  aboutissaient  les 
grandes  voies  de  l’Italie,  de  telle  sorte  que  l’intérieur  de  la 

VIII,  10322,  10327,  10340,  10341,  10360  ;  F.  Berger,  p.  15,  18.  Cependant  ce  nest 
pas  une  règle,  C.  i.  I.  V,  931.  —  12  Voir  les  observations  préliminaires  de  Mommsen, 
sur  la  série  des  milliaires  dans  le  C.  i.  I.  V,  p.  933  et  VIII,  p.  859.  —  13  Cie.  a 
prov.  consul.  II,  4;  Ad  Att.  III,  19  ;  Tit.  Liv.  XXXVI,  15;  Isid.  Orig.  XV,  1  ,  ■  j 
—  14  C’est  l'idée  qui  a  inspiré  particulièrement  les  recherches  de  l'  -  ] :i  j 
Heerstrasse  d.  rom.  Reiches  ;  voir  son  fascicule,  I,  p.  3  et  7.  1 '  011  P  u  ^ 

T.-L.  Flor.Just,  Tacit.  Amm.  Marc.  A.  c.  et  Tac.  Ann.  I,  45;  Hist.  ^ X ,  > 

Marc.  XVI,  I,  8  ;  XVII,  4,  14;  XVIII,  6,  22;  XXI,  9,  6  ;  XXIV,  t,  3;  XXV,  5,  c  < 

0  ;  XXIX,  4,  0  ;  F.  Berger,  II,  p.  19.-16  Polyb.  III,  39,  8.  -  ”  Ulin.  StsC  na 
06;  Tac.  Hist.  I,  27;  Suet.  Otho,  6;  Plut.  Galb.  24;  Dio  Cass.  LIV,  8;  "  ' 

urb.  et  De  regionib.  reg.  VIII.  —  18  Voir  fohum,  p.  1299,  col.  2  et  p.  1-83,  c  ^  ^ 
plan  ;  Lanciani,  Forma  Urbis,  pl.  —  19  De  Rossi,  Le  plante  di  Roma  «  j □  J . 
secolo  XVI,  p.  25-34;  Dessau,  Bull,  deli  Istit.  arch.  di  Roma,  1884,  p  — 
Jordan,  Ann.  de  II’  Istit.  1883,  p.  57;  Lanciani,  Bull,  d.  commiss.  ai(  '■ 

Roma,  1892,  p.  95.  La  restauration  de  Canina(  Via  Appia,  p.  264),  est  de  poi 


MIL 


1891)  — 


n’était  pas  compris  dans  le  calcul.  Il  est  probable 
caP1'1  '  |lSCription  gravée  sur  le  milliaire  indiquait  les 


lllU  stations  de  chaque  route,  et  en  regard  le 
P1''1"1' des  milles  qui  les  séparaient  de  l’enceinte  de 
clli,1‘ panS  les  provinces,  les  milles  étaient  comptés, 
Roul'  j  roUtes  communales,  depuis  la  cité  qui  en  avait 
SUI  lerf  frais  jusqu’à  l’extrémité  de  son  territoire;  sur 
falL  ro u tes  impériales,  à  partir  de  la  capitale  de  la 


pI’ll' 'si  arrivé,  surtout  à  partir  du  me  siècle,  qu’au  lieu 
Imiter  de  nouvelles  bornes,  quand  on  réparait  une 
C  ou  faisait  servir  les  anciennes,  en  bouchant  avec  du 
Ineiit  les  inscriptions  en  l’honneur  des  empereurs  pré¬ 
cédents  et  en  gravant  par-dessus  une  autre  inscription3. 
En  Orient,  les  inscriptions  des  milliaires  sont  souvent 
bilingues  ;  sur  les  uns  le  texte  est  latin,  mais  à  côté  du 
chiffre  latin  exprimant  le  nombre  des  milles  on  a  gravé 
le  chiffre  grec  correspondant4;  sur  les  autres  le  texte 
latin  est  tout  entier  traduit  en  grec  5.  Il  s’en  faut  de 
beaucoup  que  toutes  les  inscriptions  des  milliaires  soient 
rédigées  suivant  un  formulaire  unique;  les  renseigne¬ 
ments  qu’elles  contiennent  sont  très  variables  et  elles 
diffèrent  quelquefois  dans  leur  teneur  le  long  de  la 
même  voie  et  sur  un  court  espace  de  terrain,  ce  qui 
tient  surtout  à  ce  qu’elles  datent  d’époques  différentes. 
Voici  les  résultats  des  observations  faites  sur  l’ensemble 
de  ces  documents  par  les  épigraphistes  : 

lu  La  distance  peut  ne  pas  être  exprimée  du  tout 
(fig.  503U  et  5032),  ou  bien  l’être  par  un  chiffre  (fîg.  5029, 
5031),  ou  encore  par  un  chiffre  précédé  des  sigles  M.  P. 
)  [milliapassuum).  Généralement  cette  indication  se  trouve 
à  la  lin  ;  en  Italie,  le  milliaire  porte  quelquefois  deux 


chiffres,  le  premier  compté  à  partir  d’une  cité  voisine 
qui  n’est  pas  nommée,  le  second  à  partir  de  Rome  G. 
Sur  certains  milliaires  on  a  gravé  le  nom  de  la  ville  qui 
a  servi  de  point  de  départ  :  a  Sitifi,a  Caesarea  \  et 
même  on  a  noté  le  point  extrême  où  aboutit  la  route  : 
a  Baete  ad  Oceanum  8.  Plus  rares  sont  les  milliaires  qui 
donnent  la  distance  par  rapport  à  plusieurs  villes  diffé¬ 
rentes  9.  Dans  les  trois  Gaules  et  dans  les  deux  pro¬ 
vinces  de  Germanie,  la  distance  est  exprimée  non  seu¬ 
lement  en  milles,  mais  en  lieues  gauloises  (l  ou  leugae)  10, 
mesure  qui  valait  un  mille  et  demi,  soit,  d’après  l’esti¬ 
mation  la  plus  vraisemblable,  2  kilom.  22211. 

2°  L’inscription  mentionne,  sous  la  République,  les 
noms  et  les  titres  d’un  magistrat  supérieur  (fig.  5029), 
sous  l’Empire  ceux  du  prince  (fig.  5030,  5032)  12.  S’ils  sont 
au  nominatif,  la  route  dépend  de  l’État  ;  au  datif,  d’une  cité  ; 
1  ablatif  marque  simplement  une  date1'3.  Sur  les  roules 
de  1  État,  le  nom  de  l’empereur  est  quelquefois  suivi 
Jun  verbe:  fecit,  stravit,  munivit ,  refecit  (fig.  5031, 
a032),  etc. ,  ou  même  d’un  membre  de  phrase  qui  précise 
la  nature  du  travail,  en  rappelle  le  but  et  les  difficultés; 
ainsi  011  lit  sur  un  milliaire  de  Tibère:  Viam  Claudiam, 


ty-  L,  16,  154.  Discussion  el  explication  de  Plin.  Hist.  nat.  111,  GG,  dans 
lO1"'1111'’  L'c-  ~  2  Mommsen  ad  C.  i.  I.  VIII,  p.  859.  -  3  C.  i.  I.  111  ;  10624, 
-o,  lou t.s ;  milliaire  de  Paris,  Desjardins,  Géogr.  de  la  Gaule  rom.  IV,  p.  188. 
Z*  L ■  '■  l-  M,  205,  312,  347,  4G4,  572,  712.  —  G  Ibid.  218,  34G,  470,  471,  479, 

*80, 4R2  lao  .  ’  ’  ’  ’  ' 

Isa)  '  63'  ~  G  Amsi  c ■  *• 1 ■  IU>  3703 ;  IX>  0072  ;  x> 6854  ;  Not ■  d-  Scavi’ 

«01  P|  lG°'  ~  7  C-  *’•  1 ■  VIII,  10337, 10451  ;  F.  Berger,  p.  14.  —  8  C.  i.  I.  Il,  4097, 

t'i,,.;  "’  3705 ;  VIII,  10047,  10083.  —  9  Ibid.  I,  551;  VIII,  10118;  milliaire  de 
NaH  j ^jardins,  Q  i  ^  \y  p  26.  —  10  Index  du  C.  i.  I.  XIII.  Une  inscr.  en 
P.MU!aiS::maiS  Clle  a  été  d,?P,acée’  Ibid-  XII>  5318-  —  11  Gesjardins,  O.  L,  IV, 
P  ^  iddon.  A  poil.  Carm.  XXIV,  6.  — -  13  Mommsen  dans  le  C.  i.  I.  VIII, 

J  •-  H  Ibid,  v,  8003  ;  F.  Berger,  p.  14.  —  13  C.  i.  I.  X,  3202.  —  16  Ibid.  VIII, 


MIM 

quant  Drusus puler,  Alpibus  bello  patefactis ,  derexse- 
rat,  munit  a  /lamine  Pado  ad  /lumen  Danuvium1’. 

3°  On  connaît  des  milliaires  où  est  mentionné,  après 
l’empereur,  le  gouverneur  de  la  province  qui  a  eu  la 
direction  et  la  surveillance  des  travaux,  et  qui  a  inauguré 
la  route  :  Commodus  restituil ,  curante  el  dedicante 
L.Junio  Ilup.no  Proculiano,  leg{ato )  pr(o) pr(aetore)  ; 
ou  bien  la  légion  qui  a  exécuté  la  tâche  :  Hadrianus 
viam  stravit  per  leg[ionem )  HI  Aug(ustam)16 . 

4°  Sur  les  milliaires  des  routes  communales  la  cité 
dont  elles  dépendent  met  quelquefois  son  nom  ;  ainsi 
en  Afrique  :  Respub  lica) gent\is)  Suburbur(ensium)  vins 
exauslas  restituit  ac  novis  munitionibus  dilatavil 17 . 

5°  Enfin  on  rencontre  aussi  des  bornes  qui  indiquent 
avec  quel  argent  ont  été  couvertes  les  dépenses,  par 
exemple  si  l’empereur  a  ajouté  une  subvention  à  la 
somme  fournie  par  les  propriétaires  voisins  :  adjectis 
sestertiis  XI  XTVTI  ad  sestertia  DLXlX  C  quae  posses- 
sores  agrorum  contulerunt 18. 

II.  —  Chaudière  haute  et  étroite,  dont  la  forme  cylin¬ 
drique  rappelait  celle  d’une  borne  milliaire  ;  on  s  en 
servait  pour  faire  chauffer  l’eau  dans  les  salles  de  bains 
[balneum,  p.  660,  fig.  765] 19. 

III.  —  Colonne  de  même  forme,  qui  faisait  partie  d  un 
moulin  à  olives  [trapetum].  Georges  Lafaye. 

M1LLUS1  ou  MELLUM2  [collare]. 

MIMALLOXES  [maenades]. 

MIMUS.  Mïgoç.  —  I.  Grèce.  —  Le  terme  de  gigot;  a  trois 
acceptions  :  il  désigne  l’acteur,  homme  ou  femme,  qui 
produit  une  imitation  ;  l’imitation  elle-même  ;  enfin  un 
genre  voisin  de  la  comédie,  et  dont  le  premier  représen¬ 
tant  est,  pour  nous,  Sophron  de  Syracuse.  Au  plus  bas 
degré  parmi  les  acteurs-mimes  peuvent  être  placés  ces 
baladins  dont  les  imitations  vocales  (chevaux  hennissants, 
taureaux  mugissants,  bruit  des  torrents  et  de  la  mer, 
grondement  du  tonnerre1,  etc.)  étaient  très  en  faveur 
auprès  du  public.  Le  mime  est  quelquefois  aussi  un  dan¬ 
seur  :  le  terme  dopy/jer/j?  s’applique  a  lui  ;  et  cette  iden¬ 
tification  est  naturelle,  car,  ainsi  qu’on  l’a  justement 
montré2,  la  séparation  que  notre  art  orehestique  met 
entre  la  mimique  et  la  danse  n’existe  pas  chez  les  Grecs 
au  même  degré  :  bien  que  les  monuments  figurés  nous 
montrent  «  des  pas  de  danse...  qui  paraissent,  comme 
les  nôtres,  entièrement  dépourvus  de  sens  mimétique3  », 
le  danseur  grec  est  le  plus  souvent  un  mime  :  l’objet  de 
son  art  est  l’imitation  individuelle  ou  l’imitation  en 
masse  [saltatio].  Un  certain  nombre  de  danses4  sont 
des  imitations  d’animaux,  de  personnages  typiques  ou  de 
scènes  plaisantes.  Le  poptpaagoç  est  défini  par  Pollux  : 
iravroBantov  Çdiwv  gtp.7|<n;,  etles  danses  appelées  Xéwv, 
TXaû?,  àXa>7 rrj£,  yépavoç,  n’en  sont,  sans  doute,  que  des 
formes  particulières  ;  à  la  catégorie  des  danses  typiques 
se  rattachent  l’àyYeXixTq,  où  l’on  reproduisait  la  gesticula¬ 
tion  et  les  attitudes  des  messagers,  et  la  danse  laco- 

10048,  10081  ;  Berger,  p.  15.  —  H  C.  i.  I.  VIII,  10335.  —  18  IX,  6072,  6075.  Voir 
encore  Ibid.  VIII,  10322,  10327.  —  19  Aux  références  de  la  note  202  dans  cet  article 
ajoutez  Sen.  Qu.  nat.  III,  24  ;  Paul.  Sent.  III,  6,  65.  -  Bibliographie.  N.  Bergier,  His¬ 
toire  des  grands  chemins  de  l'empire  romain,  1622,  Bruxelles,  liv.  IV,  cliap.  xxxix 
à  xlu  ;  F.  Berger,  Ueber  die  Heerstrassen  des  rôm.  Reiches,  II,  Die  Meilensteine, 
progr.  d.  Luisenstüdt-Gewerbeschule,  Berlin,  1883  ;  Cagnat,  Cours  d  épigraphie 
latine,  3«  édit.  (1898),  p.  244. 

M1I.I.US  ou  MELLUM.  1  Scip.  Aeinil.  ap.  Fest.  p.  151,  Millier.  —  2  Varr.  R.  rust 
Il  9,  15.  Sur  ces  mots,  voir  Sclineider,  Ad  h.  I. 

MIMUS.  I  Plat.  Rep.  39G  B.  —  2  M.  Emmanuel,  Essai  sur  torchestique  grecque, 
p.  43-44.  —  3  Ibid.  p.  328-9.  —  4  Alliacn.  629  E  ;  Pollux,  IV,  103-104. 


« 


—  1900  — 


MIM 


MIM 

nienne  des  uTtoyÜTuovsç1  ;  parmi  les  danses  qui  sont  pro¬ 
prement  des  scènes  comiques,  on  peut  mentionner  la 
xXwTTEi'a  et  la  xXou-r)  tcùv  ÊcüXwv  xpsiüv  :  celle-ci  était  spécia¬ 
lement  appelée  mimétique--,  la  xXuireîa  était  peut-être 
une  scène  à  un  seul  personnage,  la  mimique  du  voleur 
pouvant  marquer  d’une  manière  assez  claire  l’interven¬ 
tion  du  volé3  ;  une  danse  d’un  autre  caractère,  la  xapitata 
des  Ænianes  et  des  Magnètes  *,  était  un  mime  à  deux 
personnages  :  un  laboureur  sème  son  champ  en  se 
retournant  fréquemment,  comme  un  homme  qui  a  peur: 
un  brigand  survient,  et  une  lutte  s’engage  dont  les  bœufs 
et  la  charrue  sont  l’enjeu.  D’un  genre  analogue  est  la 
scène  des  amours  de  Bacchus  et  d’Ariadne,  qui  termine 
le  Banquet  de  Xénophon  :  la  physionomie  et  les  gestes 
des  acteurs  donnentune  impressionde  réalité  saisissante, 
mais  il  n’est  pas  fait  usage  de  la  parole  5  [pantomimus]. 

Parallèlement  à  ces  danses  mimétiques  où  une  action 
suivie  et  complète  est  représentée  par  simple  gesticula¬ 
tion,  se  développe  un  autre  genre  de  mime,  plus  voisin 
de  la  comédie  :  il  ne  se  borne  pas  à  l’imitation  des  gestes 
typiques,  il  représente  aussi  par  la  parole  ou  par  le 
chant  des  scènes  bouffonnes  et  des  parodies.  Ce  mime, 
qui  est,  par  excellence,  le  divertissement  populaire,  n’a 
pas  un  développement  rectiligne  :  nous  le  verrons  plus 
loin  naître  spontanément  dans  des  fêtes  dionysiaques, 
mais  oh  en  voit  d’autre  part  une  espèce  profane,  dont  on 
peut  chercher  l'origine  dans  les  parades  des  0aup.axo7roiot. 
Le  jongleur  n’a  pas  de  plus  sûr  moyen  que  la  mimique 
pour  retenir  ou  attirer  les  passants  [balatro,  cinaedus]  : 
il  imitera,  par  exemple,  des  bruits  ou  des  animaux  et 
pourra  même  contrefaire  quelque  personnage  ridicule, 
parmi  les  gens  qui  font  cercle  autour  de  lui  G.  Nous 
voyons  d’ailleurs  que  les  mots  OaugaxoTtoioi,  fjLtg.ot, 
vjOoXôyo!,  sont  constamment  rapprochés  Athénée  8  nous 
montre  une  sorte  d’ascension  de  jongleur  à  mime  :  un 
0xu[i.oTO7roioç  appelé  Nymphodoros  devint  presque  aussi 
célèbre  que  Cléon,  le  plus  renommé  des  mimes  italiotes. 
Le  crieur  public  Ischomachos  eut  une  carrière  analogue  : 
il  produisit  d'abord  ses  imitations  dans  la  rue  (èv 
xûxXoi;),  puis,  ayant  acquis  de  la  renommée,  il  joua  des 
mimes  dans  des  théâtres  forains  (év  Oaugaciv). 

Le  mime,  sous  ses  formes  multiples,  fut  de  tout  temps 
très  populaire  en  Grèce  et  dans  l’Italie  méridionale. 
Nombreux  furent  ces  p.tp.oi  ysXotwv  dont  s’entourait  Phi¬ 
lippe  de  Macédoine  9,  et  les  charges  mimiques  avaient 
sans  doute  une  assez  large  place  dans  le  répertoire  de  ce 
collège  des  Soixante  (oi  süijxovxa)  qui  se  réunissait  au 
temple  d’Héraklès  à  Dioméies10.  Athénée11  énumère  lon¬ 
guement  des  bouffons  italiotes  qui  n’imitaient  pas  seu¬ 
lement  les  lutteurs  et  les  pugilistes,  les  chanteurs  de 
dithyrambes  et  les  citharèdes  :  certains  d’entre  eux 
jouaient  de  véritables  mimes  (...  KuxXw7ra  sîenjyaye  xsps- 
xîÇovxa,  xoù  vauayôv  ’OSuauea  xepExtÇovxa).  Mais  ces  témoi- 

1  Poli.  IV,  104.  —  2  Ibid.  IV,  105,  à  moins  que  l'on  n’écrive  avec  0.  Millier  Seix»)- 
>ivti*y,v.  —  3  Cf.  Ph.-E.  Legrand,  Rev.  des  études  anc.  I.  IV,  n°  1,  janvier-mars,  1002, 
p.  17  du  tirage  à  part.  —  4  Xen.  Anab.  VI,  1,8.  —  5  Nous  croyons,  en  effet,  avec 
Pli.-E.  Legrand  (O.  I.  p.  10)  que.le  verbe  ï(xouov  est  employé  par  hyperbole,  et  signifie 
ici  :  «  ils  croyaient  entendre  ».  Cf.  Lucian.  %tç\  in.  302  :  Axoùw,  âvSfwnt,  5  hoisïç 
x.  t.  I.  (il  s’agit  aussi  d’un  danseur-mime).  —  0  C’est  ce  qui  ressort  d’un  passage 
de  Diodore,  relatif  au  tyran  Agathoclès  (XX,  63).  —  7  Cf.  Reich,  Rie  dltesten 
berufsmüssigen  Darsteller  des  griech.-ital.  Mimus,  p.  17-19.  —  8  p.  19  F 
et  452  F;  cf.  Bull.  corr.  hell.  1883,  p.  110,  n»!  5-8  (Hauvelte).  —  9  Domosth.  01. 

Il,  19.  —  10  Athen.  614  D-E.  —  H  P.  19  F-20  A.  —  12  Ibid.  XIV,  p.  621  D,  d'après 
Sosibios.  Cf.  Suidas  s.  v.  —  13  Cf.  Plut.  Apophth.  lac.  212  F,  et  Agesil.  21,  où  le 
mot  se  lit  StixTi^ixTa;.  —  44  C’est  à  tort  que  Fiihr  (de  Mimis  Graecorum,  p.  36)  croit 
trouver  chez  Athénée  l’affirmation  contraire  :  rien  de  pareil  ne  peut  être  tiré  de 


gnages  sont  relatifs  à  des  faits  qui,  le  m,,  • 

sont  pas  antérieurs  au  me  siècle,  ou  à  la  tin  d  S°"Ven|’  ne 

Pouvons-nous  remonter  à  des  origines  ni T- aV'J"(l 

Un  témoignage  relatif  à  d’anciennes  ,  ‘  °llUaine^ 
mimiques,  et  dont  l’intérêt  serait  beaucoun  ni  0ns 
si  les  compilateurs  avaient  eu  plus  de  souci  j  "f  8rand 
nologie,  est  celui  qui  concerne  les  Dikélistn»?1**' 
farces  sont,  nous  dit-on,  «  une  forme  ancienne  a  T® 
comique  »,  d’une  simplicité  toute  Spartiate  On  •  ',GU 
sentait  notamment  le  médecin  étranger  qui  donn  '  repré' 
sultalion  dans  un  langage  et  avec  un  accent  barLT,T 
personnage  de  la  MavSpayop^^  d’Alexis  reprend™ 
thème  comique  en  montrant  qu’un  médecin  ne  ** 
pour  grand  clerc  auprès  du  peuple,  que  s’il  vient  de' 1^ 
et  écorche  le  grec.  Ce  nom  de  Dikélistes  paraît  être  toli 
simplement  l’appellation  lacédémonienne  des  mimes  *»• 
la  même  espèce  de  bouffons  porte,  en  certains  endroits’ 
le  nom  d’cwxoxàSSaXot,  ù  cause  du  caractère  improvisé  dé 
leurs  scènes  comiques.  Ces  acteurs  paraissaient  couron¬ 
nés  de  lierre,  et  débitaient  de  longues  tirades.  Les  Phal] 
lophores  de  Sicyone  semblent  donner  mêmes  divertisse¬ 
ments  que  les  Dikélistes.  Ils  n’ont  pas  de  masque,  mais] 
ils  se  couvrent  le  visage  avec  du  serpolet  et  des  feuilles 
d’acanthe,  ils  ont  une  épaisse  couronne,  faite  de  lierre  et 
de  violettes,  et  portent  une  sorte  de  pelisse  (xoumx-^)  : 
ils  s’avancent,  en  marchant  d’un  pas  rythmé,  les  uns 
par  l’entrée  ordinaire  du  chœur,  les  autres  par  les  portes 
centrales,  et  entonnent  en  l’honneur  de  Bacchus  un  chant 
«  qui  ne  convient  pas  aux  jeunes  filles  »  ;  puis,  ils  rom¬ 
pent  les  rangs  et  se  mettent  à  railler  qui  bon  leur  semble. 
Enfin  ils  jouent  une  scène  dramatique,  car  c’est  ainsi 
qu’il  faut  vraisemblablement  expliquer  l’expression 
’ÉTipaxxGv.  Relevons  un  détail  dans  cette  description  d’Alhé-  • 
née  :  les  Phallophores  ne  portent  pas  de  masque,  et  tel 
semble  avoir  été  l’usage  constant  pour  les  acteurs- 
mimes  14.  Cette  tradition  nous  explique,  mieux  que  les 
raisons  d’art  invoquées  par  Heydemann  l5,  l’absence  de 
masque  chez  certains  Phlyaques  [phlyakes]. 

Les  mimes  de  Sophron,  moins  proches  des  danses 
mimétiques  qu’on  ne  l’a  quelquefois  admis  1G,  étaient 
des  tableaux  de  mœurs,  des  scènes  fort  simples  où 
paraissaient  des  dieux,  et  surtout  des  gens  de  la  classe) 
populaire  ( les  Ravaudeuses ,  le  Pécheur  de  thons ,  le 
Pêcheur  et  le  Paysan,  les  Sorcières ,  etc.),  dont  l’auteur 
syracusain  excellait  à  copier  la  désinvolture,  le  langage 
semé  de  proverbes,  les  plaisanteries  grossières1  •  Ces 
mimes  étaient  certainement  dialogués 18  ;  une  distinction 
ancienne,  rappelée  par  Suidas,  et  qui  ne  date  peut-être 
que  du  grammairien  Apollodore  d’Athènes  (n°  siècle 
av.  J.-C.),  les  divisait  en  p.?p.ot  àvopeïoi  et  pigot  yuvouxeiot. I 
faut  entendre  par  là  ou  bien  que  les  mimes,  suivant  leur 
catégorie,  représentaient  exclusivement  des  hommes  ou 
des  femmes,  ou  bien  que  les  rôles  étaient  inégalemen 


620  E  ;  elle  témoignage  de  Cléarque  de  Soles  sur  Cléon  le  pInaiAo;  (Allie >» 
rapproche  les  mimes  italiques  des  mimes  grecs  comme  se  jouant  eux  ai 
découvert.  Cf.  Ph.-E.  Legrand,  O.  I.  p.  23,  note.  -  «  Die  J 

bemalten  Vasen.  Jahrb.  d.  d.  arch.  Inst.  I,  1886,  p.  262.  10  l  '*  n.J^.(  ja  jerrcurj 

croit,  par  exemple,  retrouver  la  danse  appelée  wnyuyiia,  où  1  oii  m  ^  gher.  ' 

dans  un  mime  dont  le  litre  itouSixôt;  donné  par  le  Sc  m  .  ^  ^crrelir  fies 

179,  est  maintenant  restitué  :  ncaSix»  x<n®u;eïî  '■  *1  es^  douteux  ^  :n(|tUlé l'A;;é*'Qî 
deux  amants  fût  mise  sous  les  yeux  du  spectateur.  Le  n'n'lC  une  aven- 

dérivait-il  de  la  danse  appelée  àyye). ixij ’?  H  semble  que  ce  lu  ^  d'J^sloî.  . 

turc  d'Hécaté,  compagne  de  Koré,  et  qui  portait  à  Sy>acusc  flermesl 

Cf.  E.  Ilaulcr,  Zur  Gesch.  des  griech.  Mimus,  p.  41-43;  '  .j"’.lzcSj  ’  Ghil. 

XXXIV,  p.  206-209.  —  47  Demetr.  De  elocut.  128.  —  48  (,  .  te 
1006. 


MIM 


—  1901  — 


MIM 


un  protagoniste,  homme  ou  femme,  concentrant 
^'^presque  tout  l’intérêt.  Enfin  ces  mimes,  dont  le 


[U  — 

(i  (,st  ]e  dorien  populaire,  étaient  écrits  en  prose 


ÜUU '1(v  Lescoliastedesaint  Grégoire  de  Nazianze 1  nous 
^ll""  effet,  que  Sophron  empruntait  des  poètes  les 
dlt’  l'^g  rythmiques,  mais  qu’il  les  combinait  libre- 
i16"1'  sans  tenir  compte  des  lois  ordinaires  et  des 


ment,  « 


Encore  aujourd’hui  notre  oreille 


iJSs  d’affinité  2 
ref  clans  ies  fragments  de  véritables  cadences:  un 

salS|'r|1<K  agencement  de  brèves  et  de  longues  donne  à  la 


phrase 


une  harmonie  qui  ressemble  au  nombre  oratoire. 
Nous  savons  que  le  mime  fut  cultivé  après  Sophron 

, \,  u  fils  Xénarque.  Mais  ce  dernier  nous  est  à  peu 
paf, inconnu  :  il  est  mentionné  par  Aristote  3,  et  Sui- 
H*  nous  dit  qu’il  railla  les  Rhégiens  pour  leur  lâcheté, 

,  rordre  de  Denys  le  Tyran.  Si  ce  ne  fut  pas  un  cas 
iininue,  on  serait  fondé  à  penser  que  Xénarque,  en  tour- 
nànt  le' mime  à  la  satire  politique,  fit  déchoir  un  genre 
dont  le  plus  grand  mérite  avait  été,  chez  Sophron,  la 
fidélité.  11  est  assez  naturel,  il  est  vrai,  qu’un  genre 
comique  en  faveur  auprès  du  public  ne  restât  pas  étranger 
à  la  politique,  dans  un  temps  où  la  tragédie  elle-même 
ne  g’en  désintéressait  pas.  A  l’époque  alexandrine  le 
mime  retrouvera,  naturellement,  son  indifférence  à 
l’égard  des  affaires  :  il  fera  quelquefois  l’éloge  des  princes 
ou” de  quelque  illustre  personnage,  mais  son  unique 
préoccupation  sera  l’étude  des  mœurs. 

Au  m°  siècle  av.  J.-C.,  tandis  que  des  poètes  alexan¬ 
drins  écrivent  des  mimes  littéraires,  la  Grande-Grèce 
garde  encore  une  forme  populaire  du  genre  dans  les 
divertissements  des  Phlijaques.  Le  Phlyaque  est  proche 
parent  du  mime  :  d’après  Athénée  s,  ses  farces  sont  du 
même  genre  que  celles  des  Dikélistes,  et  les  peintures  de 
vases  où  Jahn  et  Heydemann  croient  avec  raison  retrou¬ 
ver  leurs  scènes  bouffonnes  nous  représentent  de  véri¬ 
tables  mimes  [pulyakes]. 

Le  papyrus  publié  par  M.  Kenyon  en  1891,  et  qui 
contenait  sept  poèmes  complets  d’IIérondas,  nous  a  très 
heureusement  fait  connaître  des  mimes  réalistes  traités 
par  l’art  alexandrin.  11  parait  établi  "  qu’Ilérondas,  dont 
les  poèmes  sont  écrits  en  choliambes,  dans  un  dialecte 
ionien  mélangé  de  formes  doriennes  et  attiques,  et  sous 
l’inspiration  d’Hipponax,  est  contemporain  de  Ptolémée 
Philadelphe.  Il  a  donc  écrit  des  mimes  avant  Tliéocrite. 
Les  Mimiambes ,  qui  sont  des  études  de  caractères  et  de 
,  types,  nous  montrent  la  vie  des  anciens  dans  scs  détails 
!  familiers,  et  même  dans  ses  postscenia.  Nous  n’avons 
pas  à  étudier  ici  ce  que  Diels  appelle  justement  leur 
«réalisme raffiné  ».  Ce  qui  nous  intéresse,  c’est  de  savoir 
s’ils  étaient  joués,  et  dans  quelles  conditions.  La  question 
|  se  résout  plus  facilement  pour  les  mimes  de  Tliéocrite  ‘, 
qui  sont  certainement  «  livresques  »  :  à  la  rigueur, 
l’idylle  XIV  pouvait  être  jouée,  mais  les  autres  ne 
Paraissent  pas  s’y  prêter. 

f-n  est-il  autrement  des  Mimiambes ,  et  quelle  sorte 
|  dexécution  pouvaient-ils  recevoir?  La  plupart  des  cri- 
bques  pensent  qu’ils  n’étaient  pas  joués,  car  il  n’eût 
guère  valu  la  peine  d’installer  un  décor  pour  une  pièce 


de  cent  vers,  et  tel  mime,  par  exemple  les  ’AsxXtjtuw 
àvaTiOstcat,  se  fût  mal  accommodé  de  décors  ou  d’acces¬ 
soires  grossiers;  en  ce  qui  regarde  la  distribution  dis 
rôles,  il  est  peu  vraisemblable  que  dans  le  mime  VII  on 
employât  sept  acteurs  pour  cent  vingt-neuf  vers;  enfin, 
l’action  aurait  eu  peine  quelquefois  à  suivre  le  texte,  et 
certains  mimes  auraient  paru  tronqués  8.  Il  nous  paraît, 
en  effet,  qu’une  exécution  dramatique  des  Mimiambes  ne 
pouvait  être  qu’une  fantaisie  de  lettré  :  un  public  choisi 
eût  été  d’imagination  complaisante,  et,  volontiers,  eût 
excusé  certains  vides  (par  exemple  I,  79  et  suiv.),  ou 
des  morceaux  (par  exemple  II)  brusquement  découpés 
dans  la  réalité.  Mais  si  les  Mimiambes  ont  paru  devant 
un  plus  grand  public,  il  est  vraisemblable  dadmettie 
qu’ils  étaient  récités  par  un  acteur  unique  qui,  très 
habile  à  contrefaire  sa  voix,  à  gesticuler,  à  marquer  à 
propos  des  temps  d’arrêt,  rendait  présents  aux  yeux 
des  spectateurs  tous  les  personnages  du  petit  drame. 
M.  Crusius  admet  que  les  Mimiambes  étaient  vraiment 
joués  (entendons  :  avec  autant  d’acteurs  que  de  rôles) :n  : 
il  montre  notamment  que  le  style  d’Hérondas  a  un 
caractère  agonistique ;  que  certains  tours"  semblent 
réclamer  le  geste  pour  être  compris;  que  l’énumération 
des  chaussures  dans  le  septième  mime  produit  l’effet 
«  d’un  extrait  du  Lexique  de  Pollux  »,  s  il  n  est  enlevé 
prestissimo.  Mais  ces  observations,  fort  justes,  peuvent 
être  également  invoquées  dans  l’hypothèse  d’un  seul  réci¬ 
tant  et  dans  celle  de  plusieurs  acteurs.  La  découverte  d  un 
j-elief  d’argile  en  forme  de  lampe,  où  sont  représentés 
trois  personnages  comiques  (fig.  5033),  confirme,  selon 
M.  Crusius,  ce  qu’il  était  seulement  permis  de  présumer. 
Ce  relief  porte  l’inscription  suivante  :  MIMOAQrOI 
HTnO0H2l2  G1KTPA-  Ces  mots,  d’une  orthographe 
incorrecte,  nous  apprennent  donc  que  les  trois  person¬ 
nages  du  relief  étaient  des  acteurs  de  mimes  en  prose 
(l_ufj<.oXoYoi),  qui  figuraient  dans  une  û-koOsgk;  ayant  pour 
titre  'Exupot.  D’après  Watzinger12,  nous  avons  là  trois 
types  bien  connus  :  l’esclave,  le  père  et  le  fils.  D  autre 
part,  un  passage  de  Plutarque13  nous  renseigne  sur  le 
genre  de  pièces  dont  il  est  ici  question  :  les  mimes,  dit-il, 
comprennent  deux  catégories  :  les  uTrodsceu;  et  les  Tiaiyvioc. 
Ces  derniers  sont  pleins  de  grossières  bouffonneries  ; 
les  u7to0 £<7£iç  ont  une  action  dramatique  plus  étendue,  et 
leur  mise  en  scène  est  assez  compliquée  pour  qu’il  soit 
difficile  de  les  jouer  dans  un  banquet.  Était-il  question, 
dans  ce  passage,  d’une  époque  récente  ou  relativement 
ancienne,  c’est  ce  qu’on  ignorait  avant  la  découverte  de 
notre  groupe.  Mais  Watzinger  pense  qu’il  faut  le  dater, 
au  plus  tard,  de  la  fin  du  me  siècle  av.  J.-C.  "  ;  il  est 
donc  à  peu  près  contemporain  d’Hérondas,  et  nous 
voyons  qu’à  cette  époque  des  mimes  étaient  représentés. 

Malgré  l’intérêt  que  présente  le  relief  des  trois  {j.ig.oXôvot, 
on  ne  peut  prétendre  que  sa  découverte  nous  apporte 
une  certitude  en  ce  qui  regarde  les  Mimiambes  d’Héron¬ 
das.  Dans  quelle  catégorie  doit-on  ranger  ces  saynètes? 
Reitzenstein  en  fait  des  wxrfvia  :  il  paraît  plus  juste  de  les 
rapporter  à  la  catégorie  des  CncoOscéi;,  mais  encore  faut-il 
prendre  ce  terme  dans  le  sens  très  général  d 'action 


1 1  1  haut  d'exhortation  à  une  vierge.  —  2  Traduction  de  M.  Maurice  Croisel,  Hist. 
e  hlitt.gr.  III,  p.  449,  note.  —  3  Poet.  I,  p.  1417  b.  —  4  S.  v.  'Pufivouç  xoù; 
...  ,J;'  6 1’.  Cil  F.  —  6  Voirsurlout  Mecister,  Abhandl.  der  sâchs.  Gesellsch.  der 

***■  XIII,  n°  7,  Leipz.  1893,  p.  735  sq.  —7  ld.  Il,  XIV,  XV.  —  8  Ces  observations 
onl,leM.  l’Ii.-E.  Legrand.  L’article  cité  contient  un  examen  détaillé  de  la  question. 

VI. 


_  9  Hevtling,  Quaestiones  mimicae,  Argenlorati,  1899.  —  '0  Voir  la  préface  de  sa 

traduction,  et  l'article  :  Oie  Anagnostilcoi.  Festschrift  Tlicodor  Gomperz.  1902, 
p.  381  sq.  —  11  V,  1  ;  VI,  23.  —  12  Mittheil.  d.  d.  arch.  Inst,  in  Athen.  1901, 
p.  1  sq.  —  13  Quaest.  eonv.  Vil,  8,  4,  p.  712  E.  —  14  Cf.  Herzog,  Philologus,  1903, 
p.  35,  qui  le  croit  bien  que  trouvé  à  Athènes,  l’œuvre  d'un  Alexandrin. 

239 


M1M 


—  1902  — 


comique ,  et  supposer  que  ces  pièces,  autrefois  d’assez 
courte  haleine,  prirent,  à  l’époque  impériale,  trop  d’éten¬ 
due  pour  être  jouées  chez  des  particuliers,  dans  des  fes¬ 
tins.  Car  c’était  là  surtout  la  destination  des  Mimiarnbes , 
selon  M.  Crusius,  et  l'on  s’expliquerait  ainsi,  d'après  lui, 
qu'ils  comportent  un  appareil  scénique  généralement 


ja  i  ol  o  a  ai  ro  i 
h  YnooHC  ic 
E  I  K  V  P  A 

Fig.  5033.  —  Acteurs  d’un  mime  grec. 

simple,  et  qu’ils  aient  pour  lieu  de  scène  un  endroit  clos. 
Mais  cette  opinion  demeure  toujours  à  l’état  d’hypothèse. 

S’il  ne  résout  pas  la  question  de  l’exécution  des 
Mimiarnbes ,  le  relief  décrit  par  Watzinger  nous  est  un 
précieux  document  pour  l’histoire  du  mime  grec.  Les 
personnages  qu’il  représente  n’ont  pas  de  masque,  ce 
qui  paraît  être  une  règle  générale  dans  le  mime.  L’esclave 
est  sans  barbe,  ventru,  chauve,  ses  oreilles  sont  déme¬ 
surées;  il  est  vêtu  d’un  chiton  court,  serré  sous  la  poi¬ 
trine;  le  personnage  de  droite  (le -père),  également  chauve 
et  sans  barbe,  porte  un  manteau  qui  couvre  l’épaule 
gauche  et  le  bas  du  corps  ;  à  gauche,  le  jeune  homme, 
dont  les  cheveux  forment  des  mèches  séparées,  est  vêtu 
d’un  chiton  et  d’un  manteau  :  il  tient  dans  la  main 
gauche  un  rouleau.  L’expression  de  ces  trois  person¬ 
nages  est  typique  :  la  lippe  de  l’esclave  est  maussade  et 
inquiète;  le  père  a  l’air  irrité;  la  physionomie  du  fils 
exprime  l’intérêt  et  l’attente.  La  figure  du  père  rappelle 
les  traits  des  masques  comiques;  l’esclave  ressemble  aux 
grotesques  de  l’époque  Alexandrine,  distincts  des  acteurs 
comiques  [histrio]  ;  crâne  chauve,  lippe  grimaçante,  nez 
crochu,  petits  yeux  allongés,  oreilles  énormes  et  pareilles 
à  deux  anses,  tous  ces  traits  caractéristiques  sont  com¬ 
muns  à  notre  personnage  et  à  ces  grotesques.  On  en  peut 
conclure  avec  vraisemblance  que  plus  d’une  figurine  de 
cette  classe  doit  nous  représenter  assez  exactement  des 
personnages  de  mimes  (fig.  5034) '.  Nous  y  voyons,  en 
effet,  des  hommes  et  des  femmes  du  peuple,  des  bate¬ 
leurs,  des  esclaves,  des  paysans,  des  marchands  et  des 
soldats.  Le  relief  des  trois  mimologues  nous  montre 
d’autre  part  l’influence  de  la  comédie  nouvelle  sur  le 
mime  :  les  intrigues  où  figurent  les  trois  personnages- 
types  de  la  comédie  de  Diphile,  d’Apollodore,  de  Phi- 

i  Nécropole  de  Myrina ,  pl.  xlvii,  p.  483  sq.  —  2  p.  19  F-20  A.  —  3  Reich, 
O.  I.  p.  24.  —  4  Aves,  1394  sq.  —  B  Caract.  27.  —  6  B  hein.  Mus.  XXX,  p.  74. 


Fig.  5034.  —  Mime  grec. 


M1M 

lémon  et  de  Ménandre  étaient  réduites  aux  nro,  .• 
d’une  û*<58s<nç,  ce  qui  justifie  bien  l’observation TlT 
tarque  rappelée  précédemment.  lu' 

A  côté  des  mimes  en  prose  dont  les  acteurs  porte*. , 
nom  de  Fp.oX<5Yot,  XoY4|m|ioi,  ï)0oXôYoi,  |boXÔ70l,  nous  t™  ** 
vons  mentionnées  diverses  formes 
de  mimes  lyriques  que  jouaient  et 
chantaient  les  pigaiSot,  pigauXoi, 
tXapcooot,  lAaywoot,  XutncoSoi,  atjjuooot. 

Athénée  2  nous  parle  de  deux 
célèbres  acteurs-mimes,  qui  fai¬ 
saient  des  imitations  de  citha- 
rèdes  et  de  chanteurs  de  dithy¬ 
rambes.  Ce  qu’étaient  les  parodies 
de  ce  dernier  genre  nous  est  très 
bien  représenté  3  par  les  vers 
grotesquement  emphatiques  et 
vides  du  poète  dithyrambique  Ci- 
nésias,  chez  Aristophane  L  Quant 
à  l’origine  du  plus  grand  nombre 
de  ces  mimes,  on  peut  la  chercher, 
avec  Reich,  dans  la  musique  et 
les  chants  dont  les  0aupaxo7ioioi  ac¬ 
compagnaient  leurs  parades  et 
leurs  tours  d’adresse  :  Théo¬ 
phraste  5  nous  parle  du  vieux  sot  qui  reste  chez  les  bate¬ 
leurs  pendant  trois  représentations  consécutives  «  pour 
apprendre  les  airs  qu’on  y  chante  ».  Hiller  6  attribue 
notamment  cette  origine  à  la  magodie  :  les  magodes 
seraient  d’anciens  bateleurs  n’ayant  gardé  de  leurs  «  pro¬ 
ductions  »  que  les  danses  et  les  chants  obscènes.  D’une 
manière  analogue,  les  x.vaiSot,  qui  sont  primitivement 
des  danseurs  et  des  pantomimes  \  accompagnent  plus 
tard  leurs  danses  de  chansons  lascives  8.  Strabon  ,J 
mentionne  d’ailleurs  comme  xiva'.ooXdyoi,  avec  Sotadès  et 
Alexandre  l’Étolien  (dont  les  vers  sont  simplement  ré¬ 
cités),  deux  auteurs  de  mimes  chantés,  Simos  et  Lysis. 

Sur  les  genres  que  représentent  ces  deux  derniers 
poètes,  Athénée  nous  renseigne  en  plusieurs  passages10, 
dont  le  texte,  malheureusement,  est  gâté  ou  ne  nous 
éclaircit  qu’à  demi.  Nous  y  voyons  que  Y hilarodie  avait 
un  caractère  sérieux  et  se  rapprochait  en  quelque  façojB 
delà  tragédie  :  la  magodie  se  rattachait  au  genre  comique, 
et  il  arriva  souvent  que  les  magodes  empruntèrent  des 
arguments  de  comédie  pour  les  accommoder  à  leur  genre 
particulier.  Vhilarode  portait  un  vêtement  d’homme,  d| 
couleur  blanche,  des  xp7|Ttt8sç  (il  avait  anciennement  t  es 
Û7roS7;p.aTa)  et  une  couronne  d’or;  un  joueur  (ou  uj| 
joueuse)  d’instrument  à  cordes  l’accompagnait,  1  n,j 
dansait  point  de  danse  efféminée.  Le  magode ■  p°r 
le  costume  féminin  et  tenait  des  tambourins  • 1  ^ 

baies  ;  ses  danses  étaient  désordonnées  .  d  repiese 
tantôt  une  femme  débauchée,  tantôt  un  homm<  o  ^ 
rejoint  sa  belle  dans  une  partie  joyeuse.  Le  not 
magodie ,  d’après  Athénée,  rappellerait  ai  111 1  p  J 
Crusius  11  l’explique  par  l’instrument  aPP®lc J4  J  et 
(harpe  ou  flûte),  dont  il  est  disserté  chez  •' 

dérive  le  mot  de  p.ay  <ao^  wo  ç  Aristoclès: 

Hilarodes  et  simodes  sont  identifies  R  célèbre 
Simos  de  Magnésie  aurait  été,  en  effet,  e  gra¬ 

des  auteurs  d 'hilarodies.  Il  faut  donc  Pen; 

,p  ...  ^  ,0  P.  620  D-021  Of 

—  1  Cf.  Nonius,  p.  5.  —  8  Cf.  Petron.  23.  —  P- 
.—  U  Philol.  LUI,  543.  —  «  P.  634  C. 


048. 


MIM 


—  1903  — 


MIM 


|ii|inajt,  une  extension  singulière  au  mot  xtvatSo- 
'  ne  faisait  pas  une  distinction  suffisante  entre 
'*  je  sirnos  et  celui  de  Lysis.  Aristoclès  identifie 


les  magodes  et  les  lysiodes.  mais  si  les 
chantaient  ces  deux  sortes  de  mimes  étaient 


bon 

le  genr< 

paiement 

P0^  nous  voyons  qu’ Aristoclès  ne  tient  pas  compte 
liaU  jjflërence  faite  par  Aristoxène  entre  les  gay^Sot  et 
'■ nl'  Cette  différence  paraît  avoir  été  dans  le  cos- 

les  U5'|<'(,  lexte  de  la  définition  d’ Aristoxène  est  malheu- 
ll"ne>i'nent  altéré  :  ce  qui  paraît  en  ressortir,  c’est  que  des 
rel'acs  constamment  vêtus  en  hommes  pouvaient  chanter 
h'^rôles  de  femmes,  et  inversement2.  A  l’époque  d’Aris- 
ies  magodes  et  les  lysiodes ,  chantant  les  mêmes 
°èmèS  et,  ne  se  distinguant  plus  par  le  costume,  se 
P^nfondirent  naturellement.  Si  tous  parurent  en  femmes, 
C°  fl|l  sans  doute  pour  que  leur  costume  répondît 
niiinix  au  caractère  de  leurs  chants  et  de  leurs  danses. 

l'Alexandrian  erotic  fragment  (plainte  d  une  amante 
délaissée)  publié  par  M.  B.  Grenfell  3,  sans  doute  du 
n°  sièclc.av.  J.-C.,  est  tenu  avec  raison  par  Crusius  4  et 
Wilamowitz  5  pour  une  hilarodie.  Au  même  genre  doit 
être  rattachée  la  singulière  lamentation  sur  la  mort  d’un 
coq  de  combat,  publiée  par  Grenfell  et  Ilunt B.  La  décou¬ 
verte  de  ces  poèmes  avait  ressuscité  pour  nous  le  genre 
de  l’hilarodie  :  un  ostrakon  rapporté  d’Égypte  par 
M,  Th.  Reinach  1  nous  fait  connaître,  selon  toute  vrai¬ 
semblance,  un  fragment  de  magodie  :  quatorze  lignes 
mutilées  d’un  dialogue  entre  un  buveur  amoureux  et  un 
ami  qui  cherche  à  le  calmer  8. 

Ces  mimes  lyriques,  mieux  connus,  jettent  un  jour 
nouveau  sur  deux  questions  importantes  :  l’origine  des 
Cantica  de  la  comédie  romaine  [comoema,  canticem],  et  les 
rapports  du  mime  romain  avec  le  mime  grec.  Pour  les 
Cantica ,  la  comédie  de  Ménandre  et  de  Philémon  ne 


fournissait  aucun  modèle  à  Plaute  et  a  Térence,  et,  même 
en  admettant  une  imitation  de  la  comédie  ancienne,  les 
parties  lyriques  des  pièces  de  Plaute  restaient  insuffisam¬ 
ment  expliquées.  Ces  mimes  de  l’époque  hellénistique 
nous  donnent  précisément  l’intermédiaire  qui  nous 
manquait.  Il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  collaboration 
du  musicien,  dont  la  (j-EXciYpa^toc  et  la  puOgoypacpîa  prove¬ 
naient  certainement  d’une  source  alexandrine,  et  dont  la 
technique  devait  exercer  une  certaine  influence  sur  la 
composition  même  du  texte  9.  Les  mimes  lyriques  des 
Simos  et  des  Lysis  étaient  d’autant  plus  propres  à  servir 
de  modèles  aux  comiques  latins  qu’ils  y  trouvaient  avec 
une  intéressante  éthopée,  des  rythmes  variés,  el  un  style 
lui  faisait  un  mélange  assez  ambigu  de  réalisme  et  de 
poésie.  Nous  nous  représentons  aussi  de  façon  moins 
'’uguece  qu’étaient  ces  mimes  romains  chantés  et  dansés 
de  l’époque  antérieure  à  Labérius.  Les  relations  de  Rome 
avec  l’Égypte  et  avec  Tarentc,  la  ville  des  Phlyaques 
(prise  en  272),  nous  expliquent  les  origines  grecques  du 
®ime  romain.  G.  Dalmeyda. 

9.  Rome.  —  Mimus,  en  latin  comme  gïpto;  en  grec, 
désigne  à  la  fois  le  personnage  qui  représente  une  cer- 
la'ne  action  en  public  et  l’action  elle-même  qui  est  repré¬ 


sentée,  la  pièce  el  l’acteur.  Le  mot  grec  d  ou  il  est  lire,  el 
qui  signifie  imitation  (gip-oç,  à.it o  toO  p-igs-cOat),  est  trop 
général  pour  définir  un  genre  particulier,  puisque  Aris¬ 
tote  prétend  que  l  imitation  est  le  principe  de  toute  la 
poésie.  Les  grammairiens  latins,  en  l’appliquant  spé¬ 
cialement  au  mime,  ont  cru  devoir  le  restreindre  et  le 
préciser.  «  Le  mime,  disent-ils,  est  1  imitation  des  actions 
vulgaires  et  des  personnages  grossiers  ’°.  »  Cette  imitation 
est  susceptible  de  prendre  des  caractères  différents  sui¬ 
vant  le  milieu  où  elle  se  produit,  sur  les  places  publiques, 
dans  les  maisons  particulières  ou  au  théâtre.  De  la  trois 
sortes  de  mimes,  qu’il  convient  d’étudier  à  part. 

La  première  ne  nous  arrêtera  pas  longtemps.  On  sait 
que  les  villes  anciennes  devaient  être  plus  animées  que 
celles  d’aujourd’hui,  les  habitants  n'étant  guère  accoutu¬ 
més  à  rester  chez  eux.  Les  rues  et  les  places,  qu  ils  fré¬ 
quentaient  très  volontiers,  leur  offraient  les  spectacles  les 
plus  amusants  :  à  Rome,  parmi  les  baladins  et  les  char¬ 
latans  de  toute  espèce,  qu’on  appelait  circulatores ,  parce 
qu’on  faisait  cercle  autour  d’eux,  les  faiseurs  de  tours 
(praestigiatores),  les  diseurs  de  bonne  aventure  ( divini ), 
devant  lesquels  s’arrêtait  Horace11,  les  gens  montés  sur 
des  échasses  ( grallatores ),  dont  Plaute  fait  mention 
les  danseurs  de  corde  ( petauristae ,  funambuli ),  pour 
lesquels  on  délaissa  YHécyre  de  Térence13,  ceux  qui  exé¬ 
cutaient  ces  danses  sur  place  ( staticuli )  dont  parle 
Caton  14  et  qui  sans  doute  consistaient  plus  en  gestes  des 
bras  qu’en  mouvements  des  pieds,  ceux  enfin  dont  1  in¬ 
dustrie  consistait  à  se  dire  mutuellement  des  injures 
( opprobria  rustica ),  ou  à  interpeller  les  passants,  diver¬ 
tissement  qui  a  toujours  fait  la  joie  des  Romains,  il  devait 
s’en  trouver  qui  représentaient  des  mimes  proprement 
dits.  Ceux-là  égayaient  la  foule  en  imitant  soit  divers 
animaux,  soit  les  artisans  qui  exerçaient  des  métiers 
vulgaires,  les  muletiers,  les  cordonniers,  les  charlatans, 
les  cuisiniers,  etc.  Quelques-uns  s’élevaient  jusqu’à  des 
professions  plus  distinguées,  comme  celui  qui  se  vante, 
dans  son  épitaphe,  «  d’avoir  été  le  premier  à  imiter  les 
avocats  13  »  ;  il  s’appelle  lui-même  l’amuseur  de  Tibère, 
Caesaris  lusor,  ce  qui  ne  devait  pas  être  un  métier  facile. 
De  ces  mimes  de  la  rue,  on  comprend  qu’il  ne  soit  rien 
resté  et  que  nous  ayons  peu  de  chose  à  en  dire. 

Nous  sommes  un  peu  mieux  renseignés  sur  ceux  qui 
se  produisaient  dans  les  maisons  des  particuliers.  Nous 
savons  que  Sylla  se  plaisait  à  fréquenter  Tes  comédiens 
grecs  et  romains.  A  certaines  heures,  il  donnait  congé 
aux  affaires  sérieuses,  il  admettait  à  sa  table  des  bouffons, 
parmi  lesquels  l’archimime  Sorix,  et  faisait  assaut  de 
plaisanteries  avec  eux16.  On  dit  même  que,  pour  leur 
témoigner  sa  reconnaissance,  il  leur  distribua  des  terres 
qui  appartenaient  au  domaine  public  Auguste,  au  mi¬ 
lieu  de  ses  repas,  écoutait  des  musiciens  et  des  histrions; 
il  y  admettait  des  baladins,  qu’il  prenait  parmi  ceux  de  la 
rue  et  du  grand  cirque;  mais  il  aimait  surtout  les  mimes 
qu’on  appelait  aretalogi ,  qui  excellaient  à  raconter  des 
histoires  extraordinaires18.  Ce  goût  pour  les  mimes  a 
persisté  chez  les  empereurs  jusqu’à  la  fin.  Aurélien  les 


Allien.  p,  620  jî_  —  2  Voir  l’ingénieuse  conjecture  de  Ph.-E.  Le- 
5Vrt-**P.«.  3  v0*-  ilaPyrus  grecs  (Oxford,  1896).  —  ’*  Phi- 

USe  V'*  '  -•  —  6  Nachricliten  der  k.  Ges.  d.  Wiss.  su  Gôttingen, 

Ion/.  ^  ff'  N-  liasse).  —  6  Oxyrinchus  papyr.  1899,  p.  39.  —  1  Mé- 
.  ,  '  ^  er,’of,  p.  291.  —  8  Cf.  le  thème  dont  parle  Athénée,  621  C  :  SvSça  |is6.jovia 

«Ït  y  ~  1 

80v  .-ttja^tvojjLEvov  tî)v  f vyjv .  - —  9  Cf.  Crusius,  Art,  cité,  p.  3si. 


—  10  Evanthius,  De  trar/.  et  coin.:  A  diuturna  imitatione  vilium  rerum  et  leviumper- 
sonarum  (je  crois  qu'il  faut  remplacer  diuturna  par  diurna,  en  entendant  ce  mot 
dans  le  sens  de  ce  qui  se  fait  tous  les  jours).  —  H  Sat.  1,6,  1 14.  — 12  Pren.  III,  1,  27, 

—  13  Bec.  1"  prol.  4,  2'  prol.  26.  —  UMacrob.  Sat.  III,  14,  9;  Plaut.  Pers.  V,  2, 
43,  —  16  Corp.  inscr.  lat.  VI,  4886.  —  16  Plut.  Sytl.  36.  —  U  Athen.  VI,  261. 

—  18  Suet.  Aug.  74;  Juven.XV,  16  :  mendax  aretalogus. 


—  1004  — 


MIM 


MIM 

aimait  avec  passion  1  et  Carin  en  avait  rempli  le  Pala¬ 
tin  *.  On  les  introduisit  dans  les  fêtes  de  famille  jusqu’il 
la  fin  de  l’antiquité 3. 11  est  naturel  de  croire  que  les  succès 
que  les  pièces  de  ce  genre  obtenaient  chez  les  princes  et 
dans  la  haute  société  donnèrent  l’idée  de  former  des 
artistes  pour  les  représenter.  Horace  parle  d’une  école, 
qui  était  dirigée  par  un  musicien  de  talent,  Tigellius  Iler- 
mogène,  et  parmi  les  élèves  qui  écoutaient  ses  leçons, 
il  place  des  mimes  11  n’y  a  guère  de  doute  que  les 
mimiambes  que  Cn.  Matiusa  composés  vers  l’époque  de 
César  ne  fussent  aussi  destinés  à  paraître  dans  les  exhi¬ 
bitions  du  grand  monde.  Comme  les  mimes  d’Hérondas, 
ils  sont  écrits  en  cholïambes  ou  scazons,  sorte  d’iambe 
trimètre  dont  le  dernier  pied  est  un  spondée,  qui  ne 
parait  pas  être  un  vers  de  comédie,  et  les  quelques  frag¬ 
ments  qui  nous  restent  de  ces  pièces  paraissent  se  ratta¬ 
cher  à  la  poésie  élégiaque  plus  qu’à  la  poésie  comique  5. 

Mais  c’est  principalement  au  théâtre  que  le  mime  a 
pris  de  l’importance;  c’est  là  qu’il  nous  faut  surtout  le 
suivre.  Il  est  question  de  lui  dès  l’époque  de  Sylla6,  et  il 
est  probable  qu’il  remonte  beaucoup  plus  haut  et  qu’il 
est  presque  aussi  ancien  que  les  jeux  scéniques.  Les 
acteurs  de  mimes  remplissaient  au  théâtre  des  fonctions 
différentes.  On  nous  les  montre,  dans  les  premiers  temps, 
se  produisant  dans  l’orchestre  et  exécutant  leurs  jeux  de 
plain-pied  avec  les  derniers  rangs  des  spectateurs  (in 
piano  orchestrât f).  On  prétend  que  c’est  ce  qui  leur  avait 
fait  donner  le  nom  de  planipedes ;  mais  il  est  plus  vrai¬ 
semblable  qu’on  ne  les  avait  appelés  ainsi  que  parce 
qu’ils  n’étaient  pas  chaussés  de  socques  et  de  brode¬ 
quins,  comme  les  acteurs  de  comédies  et  de  tragédies1. 
Peut-être  les  exercices  de  ces  mimes  étaient-ils  destinés  à 
faire  prendre  patience  au  public,  avant  que  le  véritable 
spectacle  commençât  8.  Le  plus  souvent  ils  montaient 
sur  la  scène,  mais  seulement  sur  la  partie  antérieure  du 
proscenium ,  qui  était  séparée  du  reste  par  un  rideau 
particulier,  qu’on  appelait  siparium ,  on  mimicum  vé¬ 
lum  9.  On  suppose  qu’ils  amusaient  la  foule  dans  l’inter¬ 
valle  des  actes  ou  des  pièces,  ce  qui  était  aussi  le  rôle  du 
tibicen  10.  Nous  savons  enfin  qu’à  une  certaine  époque 
les  mimes  furent  chargés  de  clore  les  représentations 
scéniques.  Un  scoliaste  de  Juvénal  nous  dit  que  c’était 
l’usage,  chez  les  anciens,  d’introduire,  à  la  fin  du  spec¬ 
tacle,  un  bouffon  «  qui  devait  sécher  les  larmes  que  la 
tragédie  avait  fait  couler  ».  Ce  bouffon  s’appelait  exodia- 
rius,  et  les  pièces  qu’il  jouait  portaient  le  nom  d'exo- 
dia ll.  Ces  exodia  furent  d’abord  introduits  dans  les  Atel- 
lanes  [atellanes]  ;  mais  Cicéron  nous  dit  que,  de 
son  temps,  l’Atellane,  qui  probablement  avait  cessé  de 
plaire,  fut  remplacée  par  le  mime  12.  C’est  la  preuve  de  la 
vogue  que  le  mime  obtenait  en  ce  moment. 

Quant  à  nous  rendre  compte  exactement  de  ce  que  les 
mimes  devaient  être  à  cette  époque,  nous  avons  peine  à  y 
parvenir,  non  seulement  parce  qu’il  n’en  reste  rien,  mais 
parce  que  les  renseignements  qu’on  nous  donne  sur  eux 
sont  très  confus.  On  a  vu  plus  haut  qu’il  s’était  produit, 
dans  la  littérature  grecque,  toute  une  floraison  de  genres 
nouveaux  issus  de  la  comédie,  et  qui  essayaient  de  la 

1  Hist.  Aug.  Aurel.  50.  —  2  Jfj .  Carin  us ,  16.  —  3  Chrysostom.  t.  III, 
P*  196*  197.  —  *  Hor.  Sat.  I,  2,  2;  10,  91.  —  5  C’élait  bien  aussi  pour  la  lec¬ 
ture  et  les  salons  que  \ergilius  Romanus,  sous  Trajan,  écrivait  ses  mimïanibes 
que  Pline  trouve  «  très  éloquents  ».  Plin.  Ep.  VI,  21.  —  G  Ad.  Herenn.  Il, 
13;  cf.  Mommsen,  Berichte  d.  süchs.  Gesellsch.  Philol.  Classe,  1854,  p.  159. 
—  7  Suet.  De  vir.  ill.  p.  14;  Diomcd.  III,  487  ;  Ed.  Duméril,  Hist.  de  la  Comédie , 


rajeunir.  Ce  qui  en  reste  (et  ce  n’est  Kuèrel  lv 
qu’au  fond  ils  ne  différaient  pas  beaucoup 
autres,  et  que,  par  des  routes  un  peu  diverses  il  ■  f  ^ 
au  même  but.  Les  Romains  s’étaient  sans' doute  fai?1 
r.sés  avec  eux  dès  la  prise  de  Tarente  ;  quand  leurs  i 
lions  devinrent  plus  fréquentes  avec  la  Grèce  et 

vers  la  fin  de  la  République,  lorsqu’ils  intervinrent 

directement  dans  les  affaires  de  l’Éevnfe  ne 
i'  •  us  e ure ni 

1  occasion  de  les  mieux  connaître  et  la  pensée  d’en  p 

fiter.  Cicéron  semble  bien  indiquer  qu’ils  ne  manquèrent 
pas  de  puiser  à  ces  sources  nouvelles  quand  il  dit  e 
parlant  d’Alexandrie,  que  c’est  de  là  que  viennent’  les 
sujets  des  mimes13.  Il  se  peut  donc  que,  sous  le  nom 
général  de  mimes,  les  Romains  aient  réuni  les  emprunts 
faits  à  des  genres  différents,  et  cpie  de  là  soient  venues 
certaines  confusions  qui  nous  surprennent.  Dans  cer¬ 
tains  cas,  il  semble  que  les  mimes  soient  exécutés  par 
un  seul  artiste,  et  dans  d’autres  par  plusieurs,  et  que 
tantôt  le  chant,  tantôt  la  danse  y  dominent  :  c’est  ce  qui 
sans  doute  arrivait  quelquefois.  Sans  doute  aussi  les 
imitations,  qui  avaient  donné  au  mime  l’occasion  de 
naître  et  d’où  il  tirait  son  nom,  n’étaient  pas  négligées 
et  elles  ont  dû  persister  jusqu’à  la  fin.  L 'Anthologie 
contient  l’épitaphe  du  mime  Vitalis,  qui  raconte  que  son 
art  lui  a  donné  la  gloire  et  la  fortune.  «  J’imitais,  dit-il, 
si  parfaitement  les  traits,  les  gestes,  les  paroles  des 
gens,  que  celui  dont  je  reproduisais  l’image  était  épou¬ 
vanté  de  voir  que  j’étais  lui  beaucoup  plus  qu’il  ne 
l’était  lui-même  u.  »  Mais  le  plus  souvent  les  mimes 
devaient  être  de  petites  scènes  de  mœurs,  amusantes  et 
légères  ;  par  exemple  le  tableau  d’un  pauvre  diable 
devenu  subitement  riche,  et  qui  se  livre  à  toute  sorte 
d’excès15,  ou  celui  d’un  homme  tombé  en  léthargie, 
qui,  se  réveillant  tout  d’un  coup,  tombe  à  coups  de 
poing  sur  le  médecin  qui  le  soigne  16.  Les  quelques  frag¬ 
ments  qui  nous  restent  de  ces  pièces  nous  paraissent 
assez  médiocres  ;  ce  sont  des  naïvetés  ou  des  sottises  qui 
amusaient  le  public  :  un  niais  qui  demande  du  vin  aux 
nymphes  ou  de  l’eau  à  Bacchus  11  ;  un  autre  qui  fait 
cette  réflexion  :  «  L’imbécile  !  quand  il  commençait  à 
être  riche,  il  s'est  laissé  mourir  18  »,  ou  ce  bout  de  dia¬ 
logue  :  «  C’est  sa  femme.  —  On  le  voit  bien,  elle  lui  res¬ 
semble  19.  »  Cependant  Cicéron  parle  d’un  de  ces  mimes, 
qui  s’appelait  7'utor,  et  qui  lui  semble  tout  a  tait  plai¬ 
sant,  oppide  ridiculus 20. 

Il  faut  remarquer  que  Cicéron,  qui  en  fait  1  éloge,  n  e 
nomme  pas  l’auteur  ;  et  c’est  ce  qui  arrive  aussi  pour 
autres  mimes  de  cette  période  primitive.  Les  auteurs 
n’en  sont  nulle  part  désignés  par  leur  nom  partie ulier, 
on  se  contente  de  les  appeler  d’une  manière  gemmule  m 
mographi.  C’est  que  leur  travail  n’était  pas  sembla  »  e  a 
celui  des  poètes  qui  composaient  des  tragédies  ou  ees 
comédies.  Il  est  probable  qu’ils  ne  se  donnait  ni  pu. 
peine  d’écrire  d’un  bout  à  l’autre  leurs  petites  ph  1 1  >  ^ 
même  d’en  arrêter  toutes  les  parties  et  dm  fixa 
détail;  ils  se  bornaient  vraisemblablement  a  en  tiacer^ 
gros  le  dessin,  à  imaginer  quelques  situations 
miques,  à  mettre  aux  prises  d’une  manière  un  pa 

anc.  Il,  append.  p.  383.  —  8  Cic.  Adfbm.  VII,  1 .  — 9  Donat.  fle  com°^  actric0  est 
Pseud.  1,5.  Est-cc  à  cause  de  ces  intermèdes  confiés  aux  mimes,  ^  ^  ^75. 
appelée  (Plin.  Hist.  nat.  VU,  48)  mima  emboliaria  .  —  ^  Burman,  IV,  20; 

—  12  Cic.  Ad  fam.  IX,  14.  —  13  Cic.  Pro  Habir.  post.  12.  —  *  J‘n  ’  De  c„. 
Riesa,  ,10  683.  -  13  Cic.  Phil.  II,  27.  -  «î  Hor.  Sut.  II,  3,  30.  cl.  j 

Dei,  IV,  22.  —  18  Cic.  De  orat.  II,  67.  —  l»  Id.  lb\d.  —  -  Cic- 


en 

les 


eo- 

nou- 


MIM 


—  1905  — 


MIM 


(l,.s  personnages  que  le  public  connaissait  et  qu’il 
j  V  rCVOir.  Suétone  raconte  qu’un  grammairien,  qui 

il""  "l  très  célèbre,  avait  commencé  par  s’occuper  des 
devl";  du  théâtre,  et  «  qu’il  aidait  les  mimographes  1  », 
Ch°Stn  ne  se  comprendrait  guère  si  les  mimographes 
|  Cl3  -nt  des  écrivains  comme  Plaute  ou  Accius,  qui  en 
[  él“ll!"al  composent leurs  ouvrages  tout  seuls  et  y  mettent 
de  leur  personnalité.  Mais  le  mime  étant  une 
I  10  C!|!e'un  peu  indécise  et  flottante,  qui  à  chaque  repré- 
ffl'l'ilion  se  renouvelle,  au  moins  dans  quelques  détails, 
se“  ‘n  raccourcit  ou  qu’on  allonge  sans  cesse,  on 
qU  en(j  que  l’auteur  ait  besoin  d’avoir  des  gens 
[  f01”ur  (je  lui  qui  lui  viennent  en  aide  pour  ce  travail 
P  manoeuvre,  qui  lui  fournissent,  quand  il  en  manque, 
jes  idées,  des  bons  mots,  des  jeux  de  scène.  Un  passage 
J’.  curièux  de  Cicéron  nous  montre  à  quel  point 
certaines  parties,  dans  les  mimes,  étaient  abandonnées 
à  l’inspiration  du  moment,  et  que,  si  l’inspiration  venait 
.  I  inanq„er,  par  exemple  à  la  fin  de  la  pièce  (ceux  qui 
ont  joué  des  charades  savent  bien  que  le  plus  difficile 
est  de  finir),  on  avait  recours,  pour  se  tirer  d’affaire,  à 
des  procédés  très  primitifs.  Répondant  à  une  accusation 
qui  lui  paraît  peu  solide  et  mal  conduite,  Cicéron  dit 
qu’elle  n’a  ni  plan,  ni  suite  (quam  est  sine  argumento!)  : 

■  «  Ce  n'est  pas  le  dénoûment  d’une  comédie,  mais 
d’un  mime.  Là,  quand  on  ne  sait  comment  terminer 
la  pièce,  un  acteur  s’échappe  des  mains  qui  le  tiennent, 
se  met  à  courir,  les  musiciens  font  du  bruit,  et  la 
toile  se  lève2..  » 

A  l’époque  même  où  Cicéron  s’exprimait  ainsi,  il  se 
produisait  dans  le  mime  le  même  changement  qui  s’était 
produit  dans  l’Atellane  quelques  années  auparavant  :  on 
essayait  d’en  faire  un  genre  littéraire.  C’est  très  proba¬ 
blement  Laberius  qui  fut  l’auteur  de  cette  innovation,  du 
moins  n’en  trouve-t-on  pas  de  trace  avant  lui.  Decimus 
Laberius,  qui  vivait  sous  César,  était  un  chevalier  romain, 
homme  d’esprit  et  de  lettres,  qui  voulut  élever  le  mime, 
malgré  ses  origines  et  ses  habitudes  populaires,  à  la  hau¬ 
teur  de  la  comédie.  Quoiqu’il  n’ait  peut-être  pas  tout  à 
fait  renoncé  au  mime  improvisé,  tel  qu  il  existait  avant 
lui,  puisqu’on  nous  dit  qu’il  consentit  à  lutter  de  verve 
et  d  invention  sur  la  scène  avec  P.  Syrus  3  ,  les  titres  et 
les  fragments  qui  nous  restent  de  quarante-deux  de  ses 
pièces  montrent  que,  par  les  sujets  qu’il  traitait  de  pré¬ 
férence  et  par  sa  versification  (trimètre  ïambique),  il 
cherchait  à  se  rapprocher  de  la  togata  et  même  des  pal- 
liatae.  De  son  rival,  P.  Publilius  Syrus,  nous  n  avons 
que  très  peu  de  titres  de  pièces  ;  mais  nous  possédons  un 
recueil  de  sentences  qu’on  prétend  tirées  de  ses  ouvrages, 
ce  qui  n’est  pas  impossible,  car  nous  savons  par  Sénèque 
que  les  mimes  contenaient  beaucoup  de  belles  joensées, 
et  qu’on  trouve  souvent,  surtout  chez  P.  Syrus,  quand  il 
ne  se  croit  pas  obligé  de  faire  rire  les  gens  des  derniers 
gradins,  des  vers  dignes  d’être  prononcés  par  des  acteurs 
chaussés  du  cothurne  *  . 

Lour  l’époque  qui  suit,  et  jusqu’à  la  fin  de  1  Empire, 
nfJus  avons  peu  de  noms  d’auteurs  de  mimes  :  on  en  cite 

1  Gramm.  18.  _ 2  pro  Cae.l.  27.  On  sait  que,  chez  les  Romains,  contrai- 

lcment  à  ce  qui  se  passe  chez  nous,  la  toile  se  levait  à  la  fin  des  pièces  et  se 
haissail  au  commencement.  —  3  Macrob.  Sat.  Il,  7,  9.  —  4  Sen.  De  tranq. 
mimb  H,  8.  Voir  aussi  Ep.  8,  9.- 3  Ovid.  Trist.  Il,  497.  -  6  Schol.  Juven.  VI, 
4i'  ~  1  Suet.  Calig.  57.  —  8  Mart.  Spect.  7,  4.  -  9  Tertull.  Adv.  Valent.  14. 
-I0  Dig.  XXXVUlj  1,  26,  §  1  ;  C.  i.  I.  I.  I.  et  UI,  6113;  XIV,  2408,  2988,  etc. 
trouve  aussi  l'expression  magister  mimUriorum,  Orelli,  Imcr.  1631. 


trois  ou  quatre  tout  au  plus,  Lentulus,  Ilostilius, 
Marullus,  dont  on  ne  nous  dit  que  le  nom,  et  Catullus, 
qui  est  un  peu  mieux  connu;  c’est  bien  peu  pour  un 
temps  aussi  long,  où  les  mimes  n  ont  pas  cessé  délie 
représentés  avec  succès.  Celte  absence  de  noms  d  auteurs 
laisse  penser  qu’on  est  alors  revenu  à  la  méthode  de 
ces  mimographi  de  l’époque  précédente,  dont  l’œuvre 
ne  consistait  guère  qu’en  une  sorte  d  esquisse  ou  dt 
canevas  qu’on  modifiait  sans  cesse,  et  qui  n  avait  rien 
de  tout  à  fait  personnel  ;  ce  qui  explique  qu’on  ne  se  soit 
plus  souvenu  du  premier  auteur. 

Les  mimes  de  ce  temps  n’avaient  pas  de  scrupule  a 
représenter  au  naturel  la  vie  de  famille  à  Rome.  C  était  un 
sujet  que  la  comédie  primitive,  celle  de  Piaule  et  de 
Térence,  n’avait  jms  osé  directement  aborder.  La  togata  y 
mit  moins  de  réserve;  le  mime  paraît  n  avoir  gardé  à  ce 
sujet  aucune  retenue  :  il  n’hésita  pas  à  mettre  sur  la  scène 
ces  trois  personnages  qui  ne  l’ont  plus  guère  quittée,  le 
mari,  la  femme  et  l’amant.  On  y  voyait,  nous  dit  Ovide,  la 
femme  et  l’amant  qui  s’entendent  pour  duper  le  mari , 
l’amant  y  estélégant  et  bien  vêtu,  lafemme  fort  adroite,  le 
mari  représenté  comme  un  sot  :  «  et  toutes  les  fois  qu  on  le 
trompe  avec  quelque  ruse  nouvelle,  les  applaudissements 
éclatent 5  ».  Juvénal  fait  allusion  à  une  de  ces  pièces  où, 
le  mari  survenant  mal  à  propos,  au  milieu  d  un  entretien 
galant,  l’amant  n’a  que  le  temps  de  se  blottir  dans  un 
coffre  6.  Le  plus  connu  de  ces  mimes,  celui  qui  paraît 
avoir  obtenu  le  plus  long  succès,  c’est  le  Laureolus  de 
Catullus.  On  y  représentait  un  chef  de  voleurs  aux  prises 
avec  la  justice  ;  l’intérêt  y  naissait  sans  doute  de  la  diffi¬ 
culté  de  saisir  Laureolus,  de  l’habileté  avec  laquelle  il 
parvenait  à  s’échapper  dans  les  situations  les  plus  cri¬ 
tiques  et  sautait  même  par-dessus  la  croix  au  moment 
où  on  l’y  attachait.  Cependant  force  restait  à  la  loi,  et  la 
pièce  se  terminait,  en  manière  de  drame,  par  le  sup¬ 
plice  de  l’habile  voleur.  Le  Laureolus  fut  représenté 
vers  la  fin  du  règne  de  Caligula,  et  Suétone  dit  que  l’on 
considéra  comme  un  présage  de  mort  pour  ce  prince  le 
sang  que,  dans  cette  pièce,  les  acteurs  répandaient  sur  la 
scène  7.  A  l’époque  de  Domitien,  on  imagina  de  le 
rendre  plus  attrayant  au  peuple  en  substituant,  au 
dernier  moment,  au  comédien  chargé  du  principal 
rôle,  un  esclave  que  l’on  crucifiait  véritablement  8 . 
Le  Laureolus  se  maintint  longtemps  au  théâtre,  et 
Tertullien  en  parle  comme  d’une  pièce  qui  se  jouait 
encore  de  son  temps9. 

11  y  avait  dans  la  troupe  {grex)  que  recrutait  et  diri¬ 
geait  un  archimimus  ou  une  archimima'0  des  emplois 
de  différentes  classes;  on  rencontre  la  mention  de 
deuxièmes,  de  troisièmes,  de  quatrièmes  rôles11;  dans 
beaucoup  de  pièces,  comme  dans  le  Laureolus ,  les 
acteurs  devaient  être  très  nombreux12.  Ils  étaient  loués 
pour  une  ou  plusieurs  représentations,  ou  avaient  un 
engagement  perpétuel  avec  un  salaire  quotidien  :  on  les 
appelait  alors  diurni 13. 

Malgré  les  éloges  que  leur  accorde  Sénèque,  les  mimes 
devaient  former,  en  général,  un  spectacle  très  grossier. 

_  U  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10103,  101 18  ;  X,  814  ;  XIV,  4198  ;  Suet.  Calig.  57  : 
«  plures  secundarum  ».  —12  Les  mimes  s’unissaient  aussi  en  sociétés  [collegibm,  so- 
dalitxs]  ayant  comme  celles  des  autres  professions  un  caractère  religieux  ou  fuuc- 
raire,  C.  i.  I.  VI,  10109  ;  XIV,  2408.  Pour  les  mimi  parasiti  Apollinis,  voir  Mar- 
quardt,  Saatsverwalt.  III2,  p.  501,  n.  3;  538,  n.  5;  Mommsen,  Alittheil.  d.  Inst. 
2883,  p.  76  sq.  —  13  Mommsen  ad  C.  i.  I.  VI,  10106;  Hernies ,  III,  461;  Eph 
epigr.  1,  283  ;  V,  216. 


MIM 


—  1906  — 


MIM 


Fig.  5035.  —  Mime 
romain. 


Les  acteurs  ne  s’attaquaient  pas  seulement  de  bons  mots  ; 
ils  y  ajoutaient  des  coups  de  poing  et  des  coups  de  pied. 
Un  des  plus  importants  personnages  était  une  sorte  de 
Jocrisse  (. stupidus ),  avec  des  cheveux  ras,  dont  tout  le 
rôle  consistait  à  recevoir  des  coups  et  à  répondre  des 
sottises.  Lorsque  l’archimime  Latinus  frappait  le  pauvre 
Panniculus,  le  souffre-douleur  de  la  troupe,  d’un  de  ces 
soufflets  qui  s’entendaient  par  tout  le  théâtre  ',  il 
s'élevait  de  partout  un  de  ces  rires  bruyants  qu’on 
appelait  mimicus  risus.  A  son  geste, 
à  sa  tête  rasée,  on  reconnaîtra  un  per¬ 
sonnage  de  ce  genre  dans  un  petit 
bronze  de  la  Bibliothèque  nationale 
(fig.  5035)  Son  costume  n’est  pas  celui 
qui,  d’après  certains  auteurs,  serait 
caractéristique  du  mime  :  il  ne  porte 
ni  le  centunculus  3,  vêtement  rapiécé 
[cento],  peut-être  de  morceaux  de 
différentes  couleurs,  comme  celui  de 
l’Arlequin  de  la  comédie  italienne,  ni 
le  manteau  carré  primitif  ( ricinium ), 
conservé  par  tradition  On  a  sans 
doute  un  exemple  de  ce  dernier  vête¬ 
ment  dans  un  autre  bronze  (fig.  5036) 
connu  dans  les  collections  auxquelles 
il  a  appartenu  sous  le  nom  de 
«  l’Acteur  »  B.  Ce  lourdaud  qui  saute  les 
pieds  nus  est  un  véritable  planipes.  11  se  peut  que  pour 
certains  rôles  le  costume  fût  invariable  6,  comme  il  l’est 
pour  Arlequin  et  Polichinelle  chez  les  modernes  ;  mais 
d'autres  acteurs  jouaient  avec  celui  de  la  vie  habituelle, 
même  en  toge  7.  C’est  un  de  ceux-là  que  représente 

la  ligure  5035,  le  stupidus 
ou  le  parasitus,  qui  ne  man¬ 
quait,  nous  dit-on  8,  presque 
jamais  à  côté  de  l’acteur  prin¬ 
cipal  :  il  était  sa  doublure 
comique  et  faisait  rire  en 
copiant  ses  gestes  et  en  par¬ 
lant  comme  lui  ®. 

Le  mime  était  très  souvent 
aussi  un  spectacle  fort  obscène. 
On  sait  que  dans  les  flo- 
ralia,  où  l’on  représentait  des 
mimes,  des  filles  publiques 
paraissaient  sur  le  théâtre  et 
qu’elles  étaient  tenues,  sur 
l’ordre  des  spectateurs,  de  se 
dévêtir  et  de  jouer  toutes 
nues.  Un  jour  qu’ils  n’osaient 
pas  le  demander,  parce  que 
Caton  était  présent,  Favonius,  son  ami,  l’en  avertit,  et 
Caton  sortit  du  théâtre  pour  ne  pas  gêner  les  plaisirs 
du  peuple  10.  Héliogabale  ordonna  que,  dans  les  pièces 
où  il  était  question  d’un  adultère,  tout  se  passât  sous 
les  yeux  du  public  ”,  et  les  renseignements  que  nous 


1  Mart.  II,  72,  3.-2  Caylus,  Rec.  d'antiq.  IV,  pi.  xcii  ;  Babelon  et  Blauchct, 
Catal.  des  bronzes  de  la  Bibl.  nat.  u.  97C.  — 3  Apul.  Apolog.  p.  382  Elm.  Le  cen¬ 
tunculus  est  peut-être  représenté  dans  une  peinture  étrusque  décrite  par  Brizio, 
Tomb.  dipint.  di  Corneto,  Rome,  1874,  p.  6.  — 4  Fest.s.  v.  Recinium  :  «  Recinium 
omne  yestimenlum  quadratura...  unde  reciniati  mimi  planipedes  ».  —  S  Catal.  de  la 
collect.  B.  Fillon,  1882,  n.  1  ;  Frœhner,  Coll.  Dutuit,  1897,  n.  32,  pl.  33.  —6  Le  phal¬ 
lus  du  phlyaque  grec  fut  jusqu'à  la  fin  l'attribut  de  certains  rôles,  Schol.  Juv.  VI, 
66  ;  Arnob.  Adv.  gent.  VII,  33  ;  August.  Civ.  Bei,  VI,  7.  —  7  Cyprian.  De  spect.  6. 


‘Wurm 


Mime  romain. 


donnent  les  Pères  de  l’Église  montrent 
ponctuellement  obéi.  Il  n’y  a  pas  de  doute  ful 
grossièretés  et  ces  indécences  n’aient beaucoun en?-  ^ 
au  succès  qu’obtint  le  mime  sous  l’Ernpip,  ;  .flbuô 
la  foule  peu  distinguée  et  cosmopolite  oui  i-S  <le 
les  théâtres  de  Rome.  plissait 

Il  lui  fut  très  utile  aussi  de  n’avoir  pas  confié  à  de. 
hommes  les  rôles  de  femme,  comme  faisaient  h  m  , 
et  la  tragédie  :  l’absence  de  masque  rendait  chez  lui  n" 
substitution  très  difficile  ;  il  fut  donc,  pendant  longtem, 
le  seul  genre  de  spectacle  où  les  femmes  seproduisai  » 
Quelques-unes  d’entre  elles  y  gagnèrent  une  belle  rénn 
tation  et  de  grandes  fortunes.  Il  est  question  dans 
Cicéron,  d’Arbuscula,  dont  il  dit  à  son  ami  Atticus  a  •) 
lui  en  demandait  des  nouvelles,  qu’elle  a  eu  beaucoup  d] 
succès,  valde  placuit ,2.  11  est  vrai  qu’une  autre  fois  elle 
fut  sifflée  par  la  populace  ;  mais  elle  ne  parait  pas  en 
avoir  été  fort  émue  et  se  contenta  de  répondre:  «  p 
me  suffit  d’être  applaudie  par  les  chevaliers  l3.  ,,  Celle 
dont  il  est  le  plus  souvent  question  dans  les  écri¬ 
vains  de  ce  temps,  c’est  la  belle  affranchie  du  riche 
Volumnius,  qu’on  surnommait  Eutrapelus  à  cause 
de  sa  magnificence.  Il  la  faisait  assister  aux  repas  qu’il 
offrait  aux  plus  grands  personnages,  à  côté  d’Atticus  et 
de  Cicéron  u.  Au  théâtre,  elle  était  connue  sous  le  nom  de 
Cythéris.  Elle  devint  la  maîtresse  d’Antoine,  avec  lequel 
elle  traversa  1  Italie  dans  une  litière  découverte,  au  grand 
ébahissement  des  populations,  tandis  qu’à  côté  d’elle 
une  autre  litière  portait  la  femme  légitime  .d’Antoine,  la 
complaisante  Fulvia16.  Plus  tard,  Cornélius  Gallus 
en  devint  très  amoureux,  mais  elle  le  quitta  pour 
suivre,  dit-on,  un  officier  qui  partait  pour  la  Germanie, 
et  c’est  pour  consoler  l’amant  délaissé  que  Virgile 
composa  sa  dixième  églogue.  Ce  n’était  pas  seulement 
à  Rome  qu’on  voyait  les  jeunes  gens  s’éprendre  des 
comédiennes,  et,  selon  le  mot  d’IIorace,  leur  faire 
présent  des  terres  et  des  maisons  de  leurs  aïeux  10  ;  il  en 
était  de  même  dans  le  reste  de  l’Italie  et  dans  la  pro¬ 
vince.  Comme  on  reprochait  à  un  client  de  Cicéron 
d’avoir,  dans  sa  jeunesse  un  peu  légère,  enlevé  une 
petite  comédienne  ( mimulam )  à  Atina,  il  ne  s’en  émeut 
guère  :  «  C’est  une  vieille  habitude,  répond-il,  et,  quand 
il  s’agit  de  gens  de  théâtre,  c’est  presque  un  droit, 
dans  les  petites  villes  17.  » 

Mais  ce  qui  certainement  a  le  plus  contribué  au  succès 
du  mime,  c’est  qu’il  s’occupait  des  choses  actuelles,  qu  il 
touchait  aux  événements  et  aux  hommes,  qu’on  y  retrou¬ 
vait  un  écho  des  discussions  et  probablement  aussi  des 
scandales  du  moment.  Par  là  il  fut  plus  vivant  que  tous 
les  autres  genres  de  spectacles  et,  parmi  les  jeux  .su- 
niques,  fut  à  peu  près  le  seul  qui  conserva  jusqu  a  la  lin 
la  faveur  du  public.  Les  Romains  avaient  pris  de  grandes 
précautions  pour  empêcher  le  théâtre  de  s  ingénu  dans 
la  politique,  comme  il  l’avait  fait  en  Grèce.  Dès  le  de  bu  , 
pour  réprimer  ce  qu’IIorace  appelle  «  la  liberté  le ■scen  j 
nine  18,  ils  lui  avaient  appliqué  dans  sa  rigueur  la  I"1 1  es 

—  8  Fest.s.  v.  Salva  res  ;  C.  i.  I.  VI,  1063,  1064,  où  sont  nommés  avec! 
le  stupidus  et  le  scurra.  —  0  Hor.  Ep.  I,  18,  14  :  «  partes  minuin.  iaÇ  ^  ^  ya|_. 
das  »;  cf.  pour  le  sens  de  ces  mois,  Cic.  Brui.  243  ;  Scnec.  De  ira,  1  ,  .  , 


Max.  Il,  10,  8;  Lacl 


3  uu  cca  I11VI3,  \ji\j.  «•**<•  -  *  -  I -  ««centre  dG 

•  'j-.f  •  D„‘C  "«  »» 

S.  Augustin,  Civ.  D.  II,  26,  on  jouait  sur  un  théâtre  spécial.  -  .  ld. 

25.  —  12 Cic.  Ad  fam.  IX,  26.  —  )a  Cic.  Ad  Att.  IV,  15.  Sur  la  mnne  philippl 
Pro  Rose.  com.  48.  —  14  Horat.  Sat.  1,11,  35. —  15  Cic.  Ail.  Att ■  ,  , , 

II,  24.  —  16  Hor.  Sat.  1,  2,  55.'—  n  Cic.  Pro  Plane. 


[2.  —  18  EP'  1* 


14. 


MIN 


—  1907 


MIN 


Tables,  qui  condamnait  à  mourir  sous  le  fouet 
''r'ini  qui  aurait  composé  contre  quelqu’un  des  vers  mé- 
“  a]llst  ».  Cettemenace  n’empêcha  pas  que,  dès  l’époque 
l'  sVlla  des  auteurs  attaquèrent  sur  la  scène  Accius  et 
"nilius:  le  juge  condamna  celui  qui  avait  attaqué 
*jUC  „„  .  l’autre  fut  absous,  probablement  parce  que 

^\  (  c  i  *  *  ?  ••  *  ,  i 

liiciljuS  était  poète  satirique  et  qu  on  avait  quelque 
lnHl  delui  rendre  ce  qu’il  faisait  aux  autres  2.  Quelques 
■muées  plus  tard,  Cicéron,  plaisantant  son  ami  Trebatius, 
ai  est  allé  trouver  César  en  Gaule  et  qui  va  peut-être 
le  suivre  en  Bretagne,  lui  fait  craindre  que  Laberius  ne 
le  mette  dans  une  de  ses  pièces  :  «  Ce  serait  un  bon  per¬ 
sonnage  de  mime  qu’un  jurisconsulte  qui  exercerait  son 
L  chez  les  Bretons3.  »  Après  la  mort  de  César,  quand 
Cicéron,  inquiet  sur  les  dispositions  du  peuple,  errait 
autour  de  Borne,  ne  sachant  pas  s’il  devait  y  rentrer  ou 
s’embarquer  pour  la  Grèce,  il  écrivait  à  Atticus  :  «  Faites- 
moi  savoir  ce  qui  se  dit  au  théâtre;  rapportez-moi  les 
bons  mots  des  mimes  \  »  Ainsi,  dans  cette  crise  terrible, 
les  auteurs  des  mimes  osent  parler,  et  les  gens  sérieux 
s’informent  de  ce  qu’ils  disent  pour  connaître  l’opinion 
publique.  Ils  ne  sont  pas  muets  non  plus  pendant 
l’Empire  :  sous  Marc-Aurèle,  ils  plaisantent  des  amants 
de  Fausline3  ;  ils  se  moquent  de  la  sottise  de  Maximin  G  ; 


ils  prennent  part  avec  passion  dans  la  lutte  contre  les 
chrétiens.  Ce  n’est  pas  qu’ils  soient  très  respectueux  à 
l’égard  de  la  religion  officielle  :  comme  l’ancienne  comédie 
d’Athènes,  ils  se  moquaient  librement  d’Hercule  tou¬ 
jours  affamé,  faisaient  fouetter  sur  la  scène  la  chaste 
Diane  et  fabriquaient  un  testament  burlesque  à  Jupiter  7. 
Mais  le  christianisme  est  l’ennemi  des  représentations 
théâtrales  et  détourne  les  fidèles  d’y  assister,  et 
d’ailleurs  le  mime,  qui  cherche  avant  tout  le  succès,  a 
soin  de  se  mettre  toujours  du  côté  des  passions  popu¬ 
laires.  Les  actes  du  martyre  de  saint  Genest  peuvent  nous 
donner  quelque  idée  de  ce  qu’étaient  ces  pièces  com¬ 
posées  contre  les  chrétiens  8.  Ils  contiennent  une  analyse 
de  celle  que  jouait  l’acteur  Genest  quand  il  fut  touché  de 
la  grâce  et  se  convertit  .  Ces  indécentes  parodies  des  rites 
de  la  religion  nouvelle,  ces  railleries  cruelles  du  martyre 
égayées  de  plates  bouffonneries,  nous  montrent  à  quel 
degré  le  mime  était  tombé  à  l’époque  de  Dioclétien.  11 
n’y  avait  plus  chez  lui,  dit  Lydus,  aucun  vestige  d’art 
(tsyvixiv  ’éyousoe  oùSév)  9,  et  il  ne  se  souciait  plus  que  de 
faire  rire  la  foule.  C’est  sous  cette  forme  grossière  qu’il 
conserva  sa  popularité  jusqu’à  la  fin  de  l’Empire  10. 

Gaston  Boissier. 

MINA  (gva).  —  Une  des  principales  divisions  du  système 
pondéral  chez  les  peuples  sémitiques  et  chez  les  Grecs. 


Le  nom  de  la  mine  est  d’origine  sémitique;  les  docu¬ 
ments  cunéiformes  assyriens  l’appellent  Mana  ;  la  Bible, 
ainsi  que  les  textes  épigraphiques  phéniciens  et 
puniques,  et  ce  mot  est  passé  en  grec  avec  sa  transcrip¬ 
tion  littérale. 

Les  textes  cunéiformes  et  les  nombreux  monuments 
pondéraux  en  bronze,  en  pierre  et  en  terre  cuite,  retrou¬ 
vés  dans  les  ruines  de  la  Chaldée  et  de  1  Assyrie,  ont 
permis  d’établir  d’une  manière  indiscutable,  quelque 
étrange  que  le  fait  puisse  paraître  a  priori ,  que  les 
Chaldéo-Assyriens  faisaient  usage  simultanément  de 
deux  systèmes  de  poids,  qui  étaient  exactement  le  double 
l’un  de  l’autre,  et  dans  chacun  desquels  on  trouve,  comme 
unités  essentielles  :  le  talent ,  qui  est  la  mesure  fonda¬ 
mentale;  la  mine ,  qui  est  la  00e  partie  du  talent  ;  le  sicle, 
qui  est  la  60e  partie  de  la  mine.  La  base  de  ces  systèmes 
est,  comme  on  le  voit,  la  division  sexagésimale.  Les  deux 
séries  parallèles  sont,  l’une  et  l’autre,  désignées  dans  les 
textes  cunéiformes  sous  les  noms  de  «  poids  du  roi  »  ou 
«  poids  du  pays  »  Pour  les  distinguer,  les  métrologues 
modernes  leur  donnent  les  appellations  de  série  forte  et 
de  série  faible 2. 

En  combinant  les  données  des  textes  avec  les  poids 
effectifs  des  nombreux  monuments  pondéraux  chaldéo- 
assyriens  conservés  dans  nos  musées,  en  particulier  au 
Louvre  et  au  Musée  britannique,  on  a  reconstitué  de  la 
manière  suivante,  approximative,  les  poids  théoriques 
des  étalons  des  deux  séries  : 


Série  forte  : 

Talent  (bilat)  =  CO  raines  ou  un  sarde  sicles  (3600).  G0  552  grammes. 


Mine  (mana)  =60  sieles  (ou  1  /60e  du  talent)....  1009sr,20 
Sicle  ( seqel )  =1/60°  de  mine .  16&r,82 


Série  faible  : 

Talent  (bilat)  =  60  sicles  ou  un  sar  de  sicles  (3600)  30276  grammes. 


Mine  (mana)  =60  sicles  (ou  1/60“  du  talent) .  504sr,60 

Sicle  (seqel)  =  1  /60e  de  mine .  8sr,41 


C’est  de  ces  deux  systèmes  que  dérivent  les  poids 
usités  dans  tout  le  commerce  asiatique,  chez  les  Héthéens, 
les  Juifs,  les  Phéniciens,  les  Lydiens.  Le  commerce 
maritime  des  Phéniciens  et  le  commerce  par  caravanes 
des  Lydiens  introduisirent  les  deux  systèmes  pondéraux 
de  l’Orient  chez  les  Grecs  qui  les  appliquèrent,  avec  des 
modifications  locales  très  nombreuses,  à  la  taille  de  leurs 
propres  étalons  pondéraux  et  de  leurs  monnaies. 

Comme  dans  les  systèmes  asiatiques,  la  mine  de  tous 
les  systèmes  grecs  est  la  GO’  partie  du  talent,  ce  qui 


1  Cic.  De  rep.  IV,  12.  —  2  Ad  Herenn.  1,  14;  11,  13.  —  3  Cio.  Ad 

l«m.  VH,  11.  _  4  Ad  Att.  XIV,  3.  —  8  Hist.  Aug.  M.  Anton,  phil.  29. 
- ld.  Maxim.').  —  7  Tertull.  Apol.  XIV.  —  3  Bolland.  25  .1  utj .  —  9  Lydus, 
’Wgist.  i,  40.  —  10  Sur  la  condition  des  mimes  au  Bas-Empire,  atlachés  par 
naissance  même  à  leur  métier  réputé  infâme,  sous  l'autorité  du  tribunus 
um  ou  de  magistrats  municipaux,  voir  Cod.  Theod.  XV,  7  et  les  com- 


leur 


1 ’ohiptat 


""-'il.  de  Godefroid  ;  Cassiod.  Var.  VII,  10;  sur  l’opulence,  la  popularité  et 
'  'os  donneurs  obtenus  néanmoins  par  quelques-uns,  Io.  Clirys.  VII, 
I*  XI,  p.  609,  éd.  Mon  [faucon.  —  Bibliographie.  Outre  les  ouvrages  indi- 
I1" s  dans  le  texte  pour  la  partie  grecque  voir  N.  Calliachius,  De  ludis  scenicis 
I  ef  pantomimorum,  Patav.  1713  et  dans  le  Thésaurus  de  Sallengre, 

’  P-  '33  sq.  ;  O.  Ferrarius,  De  pantom.  et  mimis,  Ibid.  p.  733;  Ziegler,  De 
'  /tomanorum,  Gfitling.  1788;  Miiller,  Comment,  de  genio ,  moribus  et  luxu 
^  1  Tlirodosiani,  Ilafn,  1797,  p.  91  sq.  ;  Magnin,  Les  origines  du  théâtre  mo- 
,  rir'si  1838,  réimpr.  1868,  p.  337  sq.  ;  O.  Jahn,  Prolegom.  ad  Persium, 
q  |W"  P'  lxxxiv  ;  Wilzscltel,  art.  mimus  dans  Pauly,  Realencycl.  t.  V,  1848; 

du'lm  r°m  ^‘mus’  Sitzberichte  der  Wien.  Akad.  XII,  1834,  p.  237  sq.  ;  Ed. 

"t  Hist.de  la  comédie  ancienne,  Paris,  1869,  t.  Il,  p.  123,  313  et  appendice, 


p.  381;  Friedlânder,  Darstetl.  d.  Sittengeschichte  Roms,  t.  Il,  c.  3;  II.  Reicli, 
Der  Mimus,  1"  part.  Berlin,  1903. 

MINA.  <  Sur  les  poids  chaldéo-assyricns,  voir  :  J.  Oppert,  dans  Mommsen,  Hist. 
de  la  monn.  rom.  trad.  Blacas,  t.  I,  p.  401  ;  Brandis,  Das  Münz-Mass  und  Gewichts- 
wesen  in  Vorderasien,  p.  44  à  52  et  596  sq.;  G.  Smitb,  On  assyrian  weights  and • 
measures,  dans  la  Zeit.  fur  aegypt.  Sprache,  187Î,  p.  110;  E.  Schrader,  Die 
Eeilinsçhriften  und  das  alte  Testament,  p.  53;  J.  Oppert,  L’étalon  des  mesures 
assyriennes,  dans  le  Journal  asiatique,  1874,  t.  IV,  p.  469  ;  Fr.  Hultsch,  Griech. 
und  rôm.'Metrologie'p.'iOô  ;  Aurès,  dans  la  Revue  d’assyriologie,  t.  I,  p.  12  (1884). 
On  trouvera  l’énumération  sommaire  de  tous  ces  poids  dans  :  Michel  Soutzo, 
Étalons  pondéraux  primitifs,  Bucarest,  1884,  p.  6;  Bortolotti,  Del  primitivo 
cubito  Egizio,  t.  Il,  p.  216  à  223.  —  2  Aurès  a  voulu  contester  l’existence  de  la 
double  série  pondérale  des  Chaldéo-Assyriens,  mais  son  raisonnement  mathématique 
ne  saurait  prévaloir  contre  l’évidence  des  faits,  puisqu’on  a  fort  souvent,  par  exemple, 
la  mention  une  mine,  à  la  fois  sur  des  poids  de  1009  grammes  et  sur  des  poids  de 
504  grammes  contemporains.  A.  Aurès,  Essai  sur  le  système  métrique  assyrien, 
VII'  fasc.  1888,  p.  17  du  Recueil  de  travaux  relatifs  à  la  philologie  et  à 
l’ archéologie  égyptiennes  et  assyriennes. 


MIN 


—  1908  — 


MIN 


achève  de  démontrer  son  origine  orientale1.  Seulement, 
la  mine  grecque  est  divisée  non  plus  en  60  sicles,  mais 
en  100  drachmes,  et  la  drachme  en  6  oboles.  De  sorte  que 
les  quatre  unités  essentielles  des  systèmes  pondéraux 
helléniques  sont  les  suivantes  : 


Talent  (=  CO  mines  ou  6  000  drachmes.). 

Mine  (=  1  /60e  du  talent  ou  100  drachmes). 

Drachme  (=  1  /100e  de  la  mine). 

Obole  (  =  1/6°  de  la  drachme). 

Le  talent  valut  toujours  6000  drachmes,  quel  que  fût 
le  poids  de  la  drachme,  dans  tous  les  systèmes;  la  mine 
fut  toujours  le  l/60e  du  talent  et  elle  comprit  partout 
100  drachmes  [drachma],  Le  statère  était,  en  principe,  la 
double  drachme  ou  didrachme  et  équivalait,  par  consé¬ 
quent,  à  1  /50e  de  la  mine  2;  par  analogie,  on  a  aussi  appli¬ 
qué  le  nom  de  statère  à  la  double  mine:  nous  en  donnons 
des  exemples  ci-après. 

L’étude  des  différents  systèmes  pondéraux  des  Grecs 
est  extrêmement  ardue,  d’abord  parce  que  ces  systèmes 
présentaient  des  variations  de  province  à  province,  et 
même  de  ville  à  ville,  comme  les  systèmes  de  la  taille 
des  monnaies;  puis,  parce  que  dans  la  même  ville,  ils 
furent  réformés,  modifiés  à  travers  les  âges;  enfin,  les 
monuments' pondéraux  qui  peuvent  servir  de  base  à 
cette  reconstitution  nous  sont  parvenus  en  nombre 
insuffisant,  quoique  dans  une  abondance  relative  ;  ils 
sont,  d’ordinaire,  d’un  classement  géographique  et  chro¬ 
nologique  incertain,  et  surtout,  comme  la  plupart  d’entre 
eux  sont  en  plomb,  leur  état  de  conservation  est  souvent 
défectueux,  de  sorte  qu’ils  ont  perdu  une  partie,  diffici¬ 
lement  appréciable  avec  exactitude,  de  leur  valeur  pon¬ 
dérale  primitive.  Les  savants  qui  se  sont  avisés  de 
prendre  rigoureusement  ces  monuments  pour  base 
unique  d’une  reconstitution  mathématique  des  systèmes 
pondéraux  des  Grecs,  ont  dû  se  résoudre  à  choisir  des 
moyennes  aléatoires  ou  à  établir  presque  autant  de  sys¬ 
tèmes  qu’il  nous  est  parvenu  de  monuments3.  Par 
surcroît,  les  sources  littéraires  antiques  sont  loin  d’être 
d’accord  les  unes  avec  les  autres  et  ne  nous  fournissent 
guère  que  les  calculs  théoriques  des  métrologues  alexan¬ 
drins4.  Sous  ces  réserves  nous  allons  résumerles  données 
les  plus  certaines,  d’après  les  travaux  récents. 

Les  plus  anciens  systèmes  grecs  que  l’on  puisse  étudier 
par  les  textes,  les  monnaies  et  les  monuments,  sont  le 
système  éginète  et  le  système  euboïque  qui  ont  été,  dès 
l’origine  la  plus  lointaine,  l’un  et  l’autre  et  concurrem¬ 
ment,  usités  sur  le  marché  d’Athènes.  Dans  le  système 
éginète,  tel  que  nous  le  trouvons  constitué  ou  réformé 
par  Phidon,  roi  d’Argos,  vers  le  milieu  du  vu®  siècle 
avant  notre  ère,  la  mine  pèse  637  grammes;  le  talent  est 
de  38  kil.  220  grammes;  le  statère,  de  12  gr.  75;  la 
drachme,  de  6  gr.  37.  Tels  sont  les  poids  que  nous  four¬ 


nit  l’étude  des  monnaies  primitives  d’Éeine  , 
tortue8.  Dans  le  système  euboïque  primitif,  calcu hï  ^  U 
les  plus  anciennes  monnaies  de  l’Eubée  et 
la  drachme  était  de  8  gr.  73  ;  le  statère  de  17 
la  mine,  de  873  gr.  ;  le  talent  de  52  kil  380  .  8r'  46; 

Mais  si  l’on  ne  peut  douter  que  les  poids  moS'* 
fussent  usités  dans  le  commerce  des  marchandise 
non  moins  sûr  que  l’usage  introduisit,  sur  le  marché 
poids  différents  de  ceux  qui  furent  appliqués  à  h  t 
des  monnaies,  et  ces  poids  du  commerce  son'  diversif 
suivant  des  usages  locaux  difficiles,  aujourd’hui  l 
déterminer.  Rien  qu’à  Athènes,  Bœckh\  Schillbach  »  et 
Fr.  Hultsch  3  ont  été  amenés  par  des  calculs  mathéma 
tiques  et  l’étude  des  monuments  à  constater  l’existence 
simultanée  de  sept  systèmes  dont  nous  nous  conten¬ 
terons,  à  titre  d’indication,  de  donner  l’énumération' 
1°  le  système  solonien,  avec  une  mine  de  436  gr.  qq- 
2°  le  système  dérivé  de  l’ancienne  mine  éginète  du  com¬ 
merce,  avec  une  mine  de  602  gr.  60;  3e  l’ancien  système 
éginète,  avec  une  mine  dont  le  poids  normal  originaire 
était  de  672  grammes  et  qui,  postérieurement  à  la 


réforme  de  Solon,  fut  étalonnée  à  655  grammes;  4°  la 
mine  faible  phénicienne,  dont  le  poids  était  de  373  gram¬ 
mes;  5°  la  mine  faible  babylonienne  de  504  grammes  et 
aussi  la  mine  forte  du  même  système  montant  à 
1008  grammes;  6°  la  mine  babylonienne  d’argent  qui 
sous  ses  deux  formes,  faible  et  forte,  était  de  560  gram¬ 
mes  et  de  1120  grammes  ;  7°  la  mine  babylonienne  pour 
l’or  dont  les  deux  étalons,  faible  et  fort,  étaient  de 
420  grammes  et  de  840  grammes  *°. 

Mais,  comme  si  cette  complication  ne  suffisait  pas,  ces 
mêmes  savants  nous  démontrent  que  chacun  de  ces  sys¬ 
tèmes  subit  des  changements  dans  la  suite  des  âges; 
c’est  seulement,  en  effet,  avec  cette  hypothèse  qu’on  peut 
expliquer  l’extrême  variation  des  poids  effectifs  des  mo¬ 
numents  pondéraux  qui  nous  sont  parvenus.  Les  efforts 
qu’on  a  tentés  pour  rattacher  ces  monuments  à  chacun 
des  systèmes  précités  ont  abouti  à  des  résultats  tellement 
dissemblables,  suivant  lesauteurs,  qu’on  doiten  conclure 
que,  dans  la  majorité  des  cas,  ce  classement  est  impos¬ 
sible  ou  arbitraire.  Pourtant,  lorsqu’on  peut  a  peu  près 
dater  les  monuments,  on  arrive  à  débrouiller  cette  appa¬ 
rente  confusion.  Par  exemple,  dans  le  précieux  catalogue 
qu’il  a  dressé  de  tous  les  poids  grecs  connus  de  lui, 
M.  Pernice  décrit,  en  premier  lieu,  les  poids  athéniens, 
recueillis  dans  les  fouilles  récentes  de  1  Acropole,  cl  sine 


ment  antérieurs  à  l’incendie  des  Perses  en  aSO.  11}  a  une 
demi-mine  de  bronze,  du  VIe  siècle,  avec  les  insci  iptions  .1 
fcuru  Upov  et  S  Y)  gofftov  ’AOvpm'cov.  C’est  donc  un  étalon 
officiel;  il  pèse  426  gr.  63,  ce  qui  donne  pour  la  mine 
853  gr.  26  “.  Un  autre  poids  est  un  8ex«<rrwT)pov  e 
177  gr.  52,  ce  qui  donne  une  mine  de  887  gr.  60 On  peu^ 
admettre,  sans  trop  forcer  les  chiffres,  que  la  moyenne 


l  Cf.  entre  autres  restitutions  théoriques,  celle  de  C.-F.  Lehmann,  Pas  altbabylon. 
Mass-  und  Gewichtssystem  als  Grundlage  der  antiken  Gewiclits,  JUiinz-  und  Mass- 
systeme  (Aclesdu  Vil /'  Congrèsintern.  des  Orientalistes,  tenu  en  t889à  Stockholm 
et  à  Christiania),  Leide,  1893  ;  et  celle  de  Friedrich  Hultsch,  Die  Gewichte  des  Alter- 
thums  nachihrem  Zusammenhange  (extr.  du  t.  XVIII  des  Ahhandl.  d.  philol.  hist. 
Classe  der  Sachs.  Gesellschaft  der  Wissensch.),  p.  8,  Leipzig,  1898.  L’évaluation 
théorique  des  poidsvariequelquepeu  suivant  lesauteurs. —  2  F.  Hultsch,  Gr.  und  rOm. 
Metrol.)  12e  éd.  1882),  p.  132.  —  3  Voirà  ce  sujet  :  EL  Michon,  dans  les  Mém.  de  la 
Soc.nat.  des  Antiq.  de  France,  6e  sér.  1. 1,  1890,  p.  28  ;  A.  de  Longpérier,  Œuvres 
publiées  par  G.  Schlumberger,  t.  II,  p.  218;  M.  Soutzo,  Op.  cit.  p.  18.  —  4  Les 
sources  antiques  principales,  sur  les  systèmes  pondéraux  des  Grecs,  sont  :  Pollux, 
dans  son  Onomasticon  ;  l’Anonyme  d’Alexandrie,  mg  -eaXâvcw»  ;  Diodore,  Ihg 


;  l’auteur  inconnu  du  poème  De  pondenbus,  et  dans 

d’auteurs  grecs  et  latins  des  bas  temps.  Ces  souices  ^  feubner, 
Fr.  Hultsch,  Metrologicorum  scriptorum  reliquiae,  -  v0  •  e  1  .  prnish 

1864  et  1866.  —  6  Barclay  V.  Head,  Calai,  ol  Grec  co'”  Op.cit.p-1'> 
Muséum,  Attica,  Megaris,  Aegina,  p.  126.-6  Barcl®*  ,  Metrolog.  Vntè- 
Id.  Calai,  etc.  Central  Grcece,  p.  MO  et  136.  -  Boec .’  cf Ï-L  L"- 

suchungen  über  Gewichte ,  etc.  des  Alterthums,  CI  _  g’  ^  Schillbach,  De 

Œuvres  choisies,  publiées  par  E.  Fagnan,  t.  V,  p-  *•  , gg  ;  \A.  BerÛ 

ponderibus  aliquot  anliquis,  dans  les  Annah  dell  «  >  “  ’  Métrologie, 

'«-*4  p'-r-  <m.  -  *  rr  ,  S*,  p-  * 

p.  138  sq.  (S-  édit.  1882).  -  «  Ench  Pern.ee,  Gnech. 

—  n  Ibid.  p.  61.  —  12  Ibid.  p.  82. 


MIN 


MIN 


—  1909  — 


laqu( 


1]e  ge  rattachent  ces  deux  poids,  est  la  mine  de  873  gr . 


que 


nous  a  re 


évélée  l’étude  des  monnaies,  et  nous  allons 


•  .(ater  que  telle  fut,  en  effet,  lamine  euboïque  de  Solon. 
c0-  .'(-,slllte  d’un  passage  de  1  ’AÔTqvafwv  TroXi-reta  d’Aristote, 
li"||(.,  par  m.  Hill  *,  que  la  drachme  euboïque,  dans  la 
eîfPrme  de  Solon,  avait  un  poids  double  de  celui  qu’elle 
"  "u  temps  d’Aristote,  et  que  le  statère  ou  didrachme 
cul  poids  de  la  pièce  qu’on  appela  plus  tard  le  tétra- 
'  '  .  llie  Ainsi,  le  nom  de  drachme  fut  donné  à  la  pièce 
'  73,  et  le  nom  de  didrachme  ou  statère  fut  donné, 

l]CiVsnie  système  de  Solon,  à  la  pièce  de  17  gr.  46.  U 
Ensuit  donc  que  lamine  solonienne  pesait  873  grammes. 
Si?Nous  savons,  d’autre  part,  que  la  mine  qui  circulait 
ini  Soion  sur  le  marché  athénien  ne  contenait  que 
-^pièces  de  8  gr.  73.  C’était  donc  une  mine  éginétique 
JH137  gr.  29,  et  l’on  voit  que  ce  poids  est  celui  que  nous 
0ni  donné  les  plus  anciennes  monnaies  éginètes  au  type 
de  la  tortue.  Nous  pouvons  ainsi  conclure  en  toute  certi¬ 
tude  'de  ce  qui  précède,  que  le  poids  de  la  mine  phido- 
nienne  était  de  637  grammes  ;  celui  de  la  mine  euboïque 

solonienne,  de  873  grammes. 

Mais  on  créa  plus  tard,  sinon  en  même  temps,  sous 
l'influence  des  usages  importés  d’Orient,  la  petite  mine 
solonienne,  c’est-à-dire  la  mine  de  436  gr.  50,  qui  était 
la  moitié  de  la  précédente  et  qu’au  temps  d’Aristote  on 
désignait  ordinairement  sous  le  nom  de  mine  attique  2 


En  outre, 


la  réforme  de  Solon  ne  fit  pas  disparaître 

à  Athènes  la  mine 
éginète,  qui  resta 
en  usage  sur  le 
marché,  en  con¬ 
currence  avec  les 
deux  mines  eu- 
boïques  officielles 
et  avec  celles  qui 
venaient  d’Orient. 
On  la  désigna 
sous  le  nom  de 
[j.va  ÊfAirofnx7|.  D’a¬ 
près  un  décret  du 
peuple  athénien 
du  commence¬ 
ment  du  iiu  siècle  avant  notre  ère  3,  cette  mine  du  com- 


Fig.  5037.  —  Tiers  de  mine  attique  (grandeur  réelle). 


merce  valait  138  drachmes  d’argent  de  poids  euboïco- 
attique,  ce  qui  donne  pour  la  mine  éginétique  seule¬ 
ment  (138x4,36)  601  gr.  68  A  C’est  sans  doute  parce  que 
cette  mine  finit  par  s’altérer  graduellement,  qu’on  fut 
obligé,  pour  éviter  les  réclamations  des  acheteurs,  de 
placer  sur  la  balance  un  surpoids  (joTr/j)  au  sujet  duquel 
le  décret  que  nous  venons  de  citer  fournit  quelques  ren¬ 
seignements 5.  Cette  £o7 ïij  passée  dans  l’usage  finit  par 
amener  la  formation  d’une  nouvelle  mine  du  commerce, 
de  654  gr.  90,  c’est-à;dire  de  la  valeur  de  150  drachmes 
Ce  fut  la  (xva  àyopaia;  on  a  remarqué  que  son 


poids  est  juste  le  double  du  poids  de  la  livre  romaine 
(327  gr.  45) 6. 

Comment  faire  rentrer  dans  tous  ces  systèmes  les 
monuments  pondéraux  de  l’Attique  qui  nous  sont  par¬ 
venus,  la  plupart  plus  ou  moins  détériorés,  et  de  date 
incertaine?  Quelques  exemples  choisis  parmi  les  mieux 
conservés  suffiront  à  démontrer  l’inextricable  confusion 
où  ils  nous  plongent.  Deux  doubles  mines,  au  type  de 
la  tête  de  bœuf,  avec  l’inscription  AIMNOYN,  pèsent  res¬ 
pectivement  1  559  grammes  et  1  310  gr.  25,  ce  qui  fournit 
deux  mines  d’environ  779  grammes  et  665  grammes  . 
D’autres  doubles  mines,  au  type  de  l’osselet,  avec  1  ins¬ 
cription  ITATHP,  ont  des  poids  qui  s’échelonnent  depuis 
1  422  gr.  50  jusqu’à  883  gr.  02,  ce  qui  donne  des  mines 
var  ian  t  par  échelons  i  n  i  n  terrompus  de  7 1 1  à  441  grammes 8 . 
Des  tiers  de  mine  au  type  de  l’amphore  (fig.  503/)  se 
rattachent  à  des  mines  qui  varient  de  1  013  gr.  82  à 
850  grammes  et  au-dessous  9.  Les  poids  très  nombreux 
au  type  de  la  tortue  fournissent  une  mine  qui  varie  de 
1  058  gr.  64  à  750  grammes  environ  l0.  Les  poids  au  type 
du  dauphin,  non  moins  nombreux,  donnent  une  mine 
assez  fixe  de  479  gr.  51  à  450  grammes  environ  1 1 .  Les 
poids  au  type  du  croissant  se  rattachent  à  une  mine  qui 
flotte  entre  530  gr.  80  et  400  grammes  ,2.  Un  poids  du 
Musée  britannique  qui  porte  en  légende  p.vï  ayocfaix), 
avec  le  type  du  dauphin,  pèse  646  gr.  70 l3. 

D’autres  poids  élèvent  la  même  mine  jusqu’à  741  gram¬ 
mes  tandis  qu’il  en  est  qui  paraissent  l’abaisser  à 
632  gr.  64.  Dans  les  autres  parties  du  monde  hellénique, 
on  constate  des  usages  locaux  analogues  à  ceux  de 
l’Attique,  qui  prouvent  que 
les  systèmes  pondéraux  des 
anciens  étaient,  en  défini¬ 
tive,  aussi  diversifiés  que 
les  systèmes  français  avant 
la  Révolution.  Des  poids  au 
type  du  bouclier  béotien 
fournissent  une  mine  de 
886  grammes u.  Des  poids 
de  Chios  au  type  du  sphinx 
assis  sur  une  amphore  (fig. 

5038)  se  rapportent  à  une 
mine  que  A.  de  Longpérier 
fixe  à  562  grammes  environ  l5.  Des  poids  de  Cyzique  au 
type  du  thon  fournissent  une  mine  un  peu  plus  forte, 
de  596  grammes1'1.  Un  tiers  de  mine  de  Téos  pesant 
284  gr.  20  donne  une  mine  de  852  gr.  60;  mais  un  sixième 
de  mine  de  la  même  ville  pesant  156  gr.  80  se  rapporte 
à  une  mine  de  940  gr.  80  n.  Des  poids  de  l’ile  de  Naxos 
donnent  une  mine  presque  semblable  iS. 

Une  mine  d’Antiochus  IV  Épiphane  au  type  de  la 
Victoire  (fig.  5039),  avec  la  légende  MNA  BAIlAEfil 
ANTIOXOY  0EOY  Eni<t>ANOYI,  Pèse  519  grammes ,M. 
Une  mine  d’Antiochus  X  Eusèbe  porte,  au  droit  :  BA- 


Fig.  5038.  —  Poids  de  Chios 
d’une  mine. 


^  •  Hill,  Solon'  s  re for  m  and  the  attic  standard ,  dans  le  Num .  Chro- 
"'*(  p.  284;  cf.  J. -P.  Six,  Num.  Chronicle ,  1895,  p.  177;  Kidgeivay, 

) 1  I  édition  de  l’'A0r,',a!iüv  IIoliTïîa  de  Sandys,  p.  40  ;  Nissen,  lïhein.  Mus. 

h  P*  1.  —  2  Le  poids  de  436  gr.  50  est  déjà  celui  que  Letronne  (Op.  cit.)  recon- 
aiSSa'*‘  a  mine  attique.  Les  monuments  pondéraux  donnent  des  poids  effectifs 
urient  depuis  479  gr.  51  jusqu’au-dessous  de  300  grammes;  Pernice,  Op. 
V*  ScH  —  3  Boeckli,  Corp.  inscr.  gr.  n®  123;  C.  i.  gr.  ait.  II,  476 
('di  n*C*tum  de  mensuris  et  ponderibus )  ;  Pernice,  Op.  cit.  p.  57  ;  B.  Head, 

Attica ,  introd.  p.  xv.  —  4  Des  monuments  pondéraux  donnent  à  cette  mine 

environ  Hen 

—  f  J  grammes  ;  Pernice,  Op.  cit.  p.  167.  —  °  Hullsch,  Met  roi.  p.  135. 
Jl,ist>  dans  les  Sitzungsber.  d.  Miinch.  Akad.  1862,  t.  I,  p.  68;  Pernice,  Op. 

vu 


cit.  p.  54  et  83,  n“  2  (double  mine  du  poids  de  1301  gr.  55).  —  1  Hullsch,  Met  roi. 
p.  142  ;  M.  Soutzo,  Op.  cit.  p.  21  ;  Pernice,  Op.  cit.  p.  41  et  1G5.  —  8  Pernice,  p.  84. 

—  9  Ibid.  p.  85  à  90  ;  la  fig.  5037  d’après  la  pl.  I,  des  Annali,  1865.  —  1°  Pernice, 
p.  100  à  117.  —  H  Ibid.  p.  117  sq.  —  12  Ibid.  p.  126  sq.  —  13  Ibid.  p.  164,  n»  598. 

—  14  Ibid.  p.  116;  M.  Soutzo,  Op.  cit.  p.  60.  —  n  A.  de  Longpérier,  dans  les 
Annali  d.  Istituto,  1847,  p.  333  ;  Œuvres,  1. 11,  p.  199  ;  Le  Bas,  Voyage  archéolog. 
pl.  evi  ;  E.  Babelon  et  Blauchet,  Catal.  des  bronzes  antiques  de  la  Bibl.  nat. 
p.  677,  n"  2240;  Et.  Miction,  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France ,  1890, 
p.  2.  —  16  A.  de  Longpérier,  Œuvres ,  t.  II,  p.  204.  —  17  Ibid.  p.  218.  —  '8  Hullsch, 
Op.  cit.  p  5G1.  —  '9  Cabiuet  de  France,  E.  Babelon  et  Blauchet,  Op.  cit.  p.  679, 
il0  2245. 


240 


MIN 


—  1910  — 


MIN 


IIAEHI  ANTIOXOY  EYIEBOYI  (J)IA0nAT0P02  et 

le  type  de  l'ancre  ;  au  revers  :  ETOYZ  Kl  ATOPANO- 
MOYNTOI  AIONYIIOY  MNA(ran220desSéleucides  = 
92  av.  J. -G.);  ce  poids  pèse  614  gr.  40  *.  Une  mine  d’An¬ 
tioche  de  Syrie,  avec  ANTIOXÉIA  MNA,  pèse  498  gram¬ 
mes  2.  Une  autre  mine  de  la  même  ville  jfig.  5040), 
malheureusement  mutilée,  a,  sur  une  face,  un  éléphant 
et  la  légende  :  AfOPANOMOYNT FIN  ANTIOXOY  KAI 


nOnAIOY  ANTIOXEON  THI  MHTPOTTOAEm  KAI 
IEPA2  KAI  AIYAOY  KAI  AYTONOMOY-  Sur  la  face 
opposée,  un  autre  éléphant  et  la  légende  :  AfOPA- 


NOMOYNTHN  flOflAIOY  KAI  ANTIOXOY-  ETOY2 


EBAOMOY-  AHM02IA  MNA-  Ce  poids  en  plomb  pèse 

1069  grammes  ;  c’est 
donc  une  mine  forte 
babylonienne  U 
L’ère  à  laquelle  se 
rapporte  l’an  7  n’est 
pas  déterminée. 
Un  TExaptov  qui 
pèse  267  gr.  80  se 
rapporte  à  une 
mine  syrienne  de 
1  071  gr.  20;  il  a  été 
trouvé  à  Berytus 

Fig.  5039.  —  Mine  d'Antiochus  IV  Épiphane.  (Beyrouth)  et  porte 

pour  type  un  dau¬ 
phin  autour  d’un  trident,  avec  l’inscription  :  LAIPMZ 
AIONY2IOY  ATOPANO  (’ExoG;  AIP  g.T|Vb;  èêoôgou, 
A'.ovufftou  àyopavogouvToç).  Si  Ion  a  affaire  à  l’ère  des 
Séleucides,  ce  poids  de  l’an  161  serait  de  loi  av.  J.-C.  4. 
Il  serait  superflu  de  citer  d’autres  exemples  pour 


Fig.  5040.  —  Mine  d'Antioche  de  Syrie. 


montrer  qu’il  existait  en  Syrie,  comme  dans  l’ancien 
empire  chaldéo-assyricn,  deux  systèmes  pondéraux, 

l  E.  Michon,  Z.  c.  p.  il.  —  2  M.  Soutzo,  L.  c.  p.  01.  —  3  Au  Cabinet  de 
France;  A.  de  Longpérier,  Annali ,  1847  ;  Monumcnti ,  pi.  xi.v,  il  =  Œuvres,  t.  II, 
p.  211;  E.  Babelon  et  Blanchet,  Op.  cit.  p.  080,  n°  224G.  — 4  Ibid,  p.  C83, 
h’  2250.  — -  5  sur  ces  différentes  mines,  voir  les  Metrol.  Scriptor.  de  ilullsch, 
Index,  s.  v.  M»S;  Hullsch,  Gr.  und  rôm.  Métrologie,  p.  072. 

MIXERVA.  l  Meisterhans,  Grumm.  d.  attisch.  Inschr.  p.  24.  —  2  Le  Bas- 
Foucart,  Inscr.  du  Pélop.  352  d;  Corp.  inscr.  gr.  P.  index.  Forme  corinthienne 
'Aûavatîa  {Corp.  inscr.  gr.  P.  268),  laconienne  'Ao-iysc  (Aristopb.  Lysist.  980,  1300; 
cf.  Brugmann,  Griech.  Gram.  p.  49'. —  3  Bruchmann,  Epith.  deor.  p.  II  sq.  ; 
Pape-Benseler,  Wôrt.  d.  Eigennam,  s.  v.  I ]  '/>./. oc:  ;  Roscher,  L  exile,  s.  v.  pau.as. 
—  4  Herod.  II,  59;  Plat.  Tim.  21  E.  Voir  textes  dans  Jablouski,  Pantli.  Egypt.  I, 
3,  p.  53-80;  Mallet,  Culte,  de  Neit  à  Sais ,  Paris,  1888,  p.  42  et  239;  Roscher, 
Lexik.  art.  nit,  4  p.42  (inscriptions).  Wilkinson,  au  contraire,  interprète  le  nom  do 


l’un  double  de  l’autre,  fournissant  une  mil 
peut  évaluer  à  1070  grammes  et  une  mine 
d’environ  535  grammes. 

Les  métrologues  de  l’époque  romaine  coin 
core  cinq  mines  différentes  :  1»  la  mine  de  1<;  0np 
1 1/3  livre  romaine  ;  c’est  la  mine  attique  pesant  m  ^  °U 
2°  la  mine  de  18  onces  ou  11/2 


,  gf-  50; 

livre  romaine  nesmt 
491  gr.  20  ;  on  appelait  cette  mine  „vï.  30’,.^  ?  ' 

de  20  onces  ou  1  2/3  livre  romaine,  pesant  545  o/JT 
4°  la  mine  d«  24  onces  ou  2  livres  romaines,  l’ancienne 
[4v3  àyopata,  pesant  654  gr  90;  5°  la  mine  de  26  onces  ou 
2  1/6  livres  romaines,  pesant  709  gr.  50  :i.  E  H  , 
MUYI5RVA.  ’AQ-qva.  I.  Nom  :  formes  et  étymologie^ 
Dans  les  poèmes  homériques  prévalent  les  formes  ’aq-v 
’AÔTjvatïi,  TlaXXàç  ’AG-qv-q,  IlaXXàç  ’AO^vatr,.  Les  inscrip¬ 
tions  attiques  antérieures  cà  Euclide  donnent  ’Aô-^ata  et 
’A0r,vat7|  (forme  ionienne),  qui  se  réduisent  ensuite  en 
’A0Y]vaa  et  ’AG-qvrq,  d’où  la  forme  contracte  ’AO^va1.  En 
dorien  et  en  éolien  :  ’AGocvdca'.  (Alcée),  ’AQivx  (Pindare) 
’AGavoda  (arcadien,  argien,  corinthien),  usitée  dès  le 
iv°  siècle  et  dominante  à  dater  du  milieu  du  ive  siècle2 
IlxXXâç  est  une  épithète  poétique  très  ancienne,  qui 
accompagne  dans  Homère  et  dans  Hésiode  le  nom 
d’Athéna3.  Ce  n’est  que  chez  les  lyriques  (Pindare)  qu’elle 
apparaît  isolément,  comme  le  nom  propre  de  la  divinité. 

Comme  presque  tous  les  noms  des  grandes  divinités 
helléniques,  celui  d’Athéna  reste  énigmatique.  Aucune 
interprétation  vraiment  satisfaisante  n’a  encore  été  trou¬ 
vée.  Celles  des  anciens  sont,  comme  toujours,  les  moins 
plausibles  :  Hérodote4  a  le  premier  identifié  Athéna  avec 
Neith  ou  Nit,  la  déesse  égyptienne  de  Sais;  les  auteurs 
postérieurs  ont  justifié  cette  identification  par  toutes 
sortes  de  légendes,  telles  que  l’origine  égyptienne  de 
Cécrops.  De  même  l’assimilation  d’Athéna  avec  l’Anaïtis 
ou  Anâhita  persane  dérive  d’un  passage  assez  peu  expli¬ 
cite  de  Plutarque  5.  Les  étymologies  sanscrites  tirées  du 
mot  énigmatique  Ahanâ,  peut-être  épithète  védique  de 
l’aurore6,  ou  de  vadh ,  frapper1,  sont  fantaisistes.  Peut- 
être  celles  qui  dérivent  Athéna  de  dhanus ,  convexité8, 
ou  de  adh,  colline  9  sont-elles  plus  spécieuses?  Les 
étymologies  grecques  ne  valent  guère  mieux  :  citons 
’AOvjvr,  =  ’AvO-qv-q  de  avOoç  (Athènes  =  Florence  ?)  10  ; 
’AÔ7jV7|  =  TiOvjvv),  la  mère  nourricière  (de  0iw,  GyiXûç)11- 
Il  semble,  en  tout  cas,  que  le  nom  de  la  déesse  et  celui 
de  la  ville  soient  étroitement  liés  ;  l’un  dérive  de  l’autre12; 
mais  la  question  de  priorité  entre  les  deux  n  est  pas 
tranchée.  Une  hypothèse  séduisante  h  première  vue  lait 
d’ ’A0Tjvata  une  épithète  dérivée  du  nom  de  la  ville  :  Athéna 
serait  alors  Y  Athénienne1* .  Mais  la  forme  simple  A°0V/1 
paraissant  être  la  plus  ancienne,  les  rôles  doivent  p  u  0 

être  intervertis:  c’est  Athéna  qui  a  donné  son  nom 

ville  d’Athènes,  où  son  culte  n’est  pas  d’ailleurs  e  p  u 
ancien  :  la  forme  ’AO-ijvca  peut  être  soit  un  pim  ie  ,  soi 

,  ,  u  1  1* ,  il  n  260  ‘  cf.  Mallet,  O.  I» 

Neit  (NH0)  comme  un  anagramme  d’Athéna  {Herod.  iv.  ,  I  •  g  ^  Muller, 

p.  237).  —  B  Artax.  3;  cf.  Hoffmann,  Act.  pers.  Martyr,  p.  •  343] 

Essays,  II,  101  ;  V.  Henry,  Minerve  dans  V Inde  [. Mmerva  (roui  ,  ,  ^  ^ véda. 
constate  que  ce  mot,  encore  inexpliqué,  n  est  employé  qu  1  intensif,  comme 

-  7  Roscher,  Nektar  u.  Ambrosia,  p.  105.  -  »  p.  H. 

dans  à-Stksi;  (Crasbergcr,  Griech.  Ortsnam.  p.  )■  j  ^  ^n^crmann,  Curtius 
rapproche  ’AO^vac  des  noms  cariens  E>WiJvai  et  Eût«v>|.  °  251. 

Stud.  IX,  p.  252.  —  40  Loheck,  Rhem.  300;  G.  Cm-lius,  »ju  -•  jj  ^  Angern)ann 

—  n  Rückert,  Dienst  d.  Athéna,  7  ;  Gerhardt,  ^  ’  dérivés  du  même 

(Jahrb.  f.  Philol.  1887,  p.  0)  croit  que  les  deux  Xâcs'.igjficrait  .  ,a  ville  des 
thème  adh,  se  sont  constitués  îndépendammen  ,  ^  Gesch.d.  AlterthA 

collines ,  et  Athéna  la  déesse  des  hauts  lieux. 

II,  p.  115. 


MIN 


—  1911 


MIN 


... ,  C’est  seulement  plus  tard  que  le  nom  propre  de 
|oC:'"  1  l.jrait  été  identifié,  sous  forme  d’épithète,  avec 

i..  déesse  aman 

. .  de  sa  ville  préférée. 

'  ,lllt  Pallas,  on  en  reste  aux  étymologies  anciennes: 
^""dpucMto,  brandir,  désignerait  la  déesse  qui  bran- 

dit  la  lance  ", 
un  i>refè‘re  au- 


jour 


d’hui 


la 

dérivation  de 
j^ne 

fille,  rappro¬ 
chée  de  l’épi¬ 
thète  wapfiévoç. 

11.  Carac¬ 
tère  PRIMITIF  . 
légende  de  i  a 
naissance.  — 
La  figure  d’A- 
thénaest  assez 
complexe. 
Dans  ses  traits 


Fig.  5041.  —  Naissance  d'Athéna. 


généraux. 


elle 


dans  Pindare11,  dans  Apollodore12.  Les  hymnes  homé¬ 
riques  ne  connaissent  pas  de  mère  à  Athéna.  Ils  la  iont 
naître  tout  armée  de  la  tète  de  Zeus,  sans  l’intervention 
d’un  tiers  ;  à  peine  née,  la  jeune  déesse  pousse  un  cri 
dont  les  échos  ébranlent  le  ciel  et  la  terre.  La  Théogonie 

ne  fait  pas  al¬ 
lusion  à  l’in¬ 
ter  ve  n  t  i  o  n 
d’un  secours 
pour  la  déli¬ 
vrance  de 
Zeus,  mais 
elle  attribue 
comme  mère  à 
Athéna  la 
déesseMélis13, 
que  Zeus  au¬ 
rait  avalée  , 
alors  qu’elle 
était  encore 
grosse  d’A  - 
théna,  afin  de 


parait  issue  du  fonds  commun  de  la  mythologie  hel¬ 
lénique.  Mais,  par  son  contact  avec  les  religions 
locales,  sa  figure  s’est  enrichie  de  détails  qui  lui  ont 
donné  un  aspect  composite.  Nous  essayerons  de  suivre, 
dans  la  mesure  du  possible,  l’évolution  historique  de  la 
personnalité  et  du  culte  d’Athéna. 

Dans  la  hiérarchie  des  dieux  homériques,  Athéna 
vient  iromé- 
dialement 
après  Zeus  , 
avant  Apol¬ 
lon.  Elle  est  la 
fille  favorite 
de  Zeus,  qui 
l’a  enfantée 
lui-même  3  ; 
elle  est  pour 
son  père 
comme  un  au¬ 
tre  lui-même.  Ainsi  que  Zeus,  elle  manie  l’égide,  le 
terrible  bouclier  armé  du  Gorgoneion  [aegis]  et  qui  ré¬ 
siste  à  la  foudre  elle-même  4.  Dans  l’épopée,  la  déesse 
joue  le  rôle  de  protectrice  de  ses  guerriers  favoris,  Dio¬ 
mède,  Ulysse,  Achille,  Agamemnon.  Elle  fait  jaillir  du 
feu  de  la  tête  et  des  épaules  de  Diomède  s,  entoure 
Achille  de  flammes  6,  fait  retentir  le  tonnerre  en  l’hon- 
ocur  d’Agamemnon  7  ;  elle-même  se  cache  dans  un 
nuage  de  feu  8.  Elle  a  le  regard  clair,  yXauxûiuç  ;  elle 
ost  TpiTûyÉvs'.a,  née  près  du  fleuve  Triton.  Ces  traits  sont 
complétés  par  les  récits  ultérieurs  de  la  naissance 
d  Athéna  dans  les  hymnes  homériques9,  dans  Hésiode  10, 

1  Goberger,  Griecli.  Ortsnam.  p.  147  ;  cf.  le  nom  'AOîjvat,  ville  de  la  mer 
°*re>  dans  Arrien.  Peripl.  6.  —  2  Plat.  Cratyl.  p.  406  D;  Apollon.  Soph. 
^  ^  //owj.  p.  1 2G,  29  ;  Etym.  Magn .  649,  53  sq.  ;  Pliot.  Lex.  s.  v.  TlaV/.à;;  Euslalh. 
p.  1742.  Keller  (Lat.  Volksetym.  p.  228)  propose  une  autre  étymologie 
'e  ion  ne  ;  pallat ,  sauver,  rapprochée  du  rôle  des  Palladia;  cf.  Amer.  Journ. 
P>d:  X111>  1892,  p.  233.  —  3  H.  V,  875,  880.  —  4  11..  II,  440  ;  V,  738  ;  XXI,  400. 

" 11 ■  v’7-  —6  II.  XVIII,  203.  —  7  XI.  45.  —  8  IV,  74;  V,  745;  VIII,  389. 
9(1(1  ,l0m •  *n  Apoll.  Pijth.  129  sq.  ;  Hymn.  28.  —  10  Hesiod.  Theog.  880- 

a  lflterpolalion),  924-926  ;  cf.  Stesich,fr.  02,  et  extrait  d'une  Théogonie  de  Chrysippe 
,Pj  J.alen-  De  Uippocr.  et  Plat.  dogm.  III,  8.  —  U  Pind.  Ol.  VII,  35.  -  12  Apollod. 

C’  - 1  h  Apoll.  Rhod.  Argon.  IV,  1310  sq.  et  Schol.  —  13  D’après  Mousaios  (Scliol. 
(loi!  '"  *  • '•  ®i  Xinkel)  et  Philodemos  (iteçi  e0teô.  59)  ce  fut  Palamaou  qui 
,J  Zeus;  la  légende  laconienne  faisait  intervenir  Hermès,  d’autres  Prométhée 


Fig.  5042.  —  Naissance  d’Athéna. 


prévenir  la  naissance  d’un  fils  qui  le  détrônerait.  Tou¬ 
tefois,  ce  dernier  passage,  interpolé,  parait  n  être  qu  une 
adaptation  apocryphe  du  mythe  de  Kronos  14  avalant  ses 
enfants. 

La  figure  5041,  empruntée  à  un  vase  de  Vulci  repré¬ 
sente  ’AOevxta  sortant  tout  armée  de  la  tète  de  Zeus,  assis 
sur  un  trône,  en  face  d’Ilithye  ( ’HéXeftua),  derrière  qui  se 

tiennent  Hé¬ 
raclès  et  Arès 
(ces  deux  der¬ 
niers  très  res¬ 
taurés)  ;  der¬ 
rière  Zeus  , 
Apollon  joue 
de  la  cithare, 
suivi  de  Poséi¬ 
don  et  d’Héra  ; 
h  gauche  Hé- 
phaistos  s’en¬ 
fuit  effrayé.  Sur  cette  figure,  comme  sur  d’autres  analo¬ 
gues  et  plus  anciennes  16,  la  déesse  sort  du  crâne  de  son 
père.  L’art  classique,  trouvant  cette  représentation  peu 
esthétique,  parce  qu’elle  obligeait  l’artiste  à  donner  à  la 
déesse  des  dimensions  trop  exiguës,  préféra  reproduire 
la  scène  au  moment  suivant,  quand  Athéna  a  mis  pied  à 
terre  et  marche  à  la  victoire.  Tel  était,  sans  doute,  le  parti 
adopté  par  Phidias  pour  la  composition  du  fronton  Est  du 
Parthénon.  La  figure  5042  reproduit  un  bas-relief  du 
iv°  siècle  av.  J.-C.,  connu  sous  le  nom  de  Putéal  de 
Madrid  17 ;  on  y  reconnaît  une  imitation  de  l’œuvre  de 
Phidias  :  derrière  Zeus,  Héphaistos  (ou  Prométhée)  se 

(Eurip.  Ion.  452)  et  surtout  Héphaistos  [vulcxsus];  Pind.  Ol.  VII,  35.  88S-9. 

—  14  Meyer,  De  compos.  Theog.  Hesiod.  Bcrl.  1887,  p.  SS.  Variantes  postérieures 
de  la  légende  :  Athéna,  Pille  de  Poséidon  cl  du  lac  Tritonis  en  Libye  (Herod. 
IV,  180)  ;  fille  du  géant  Pallas  et  de  la  nymphe  arcadienne  Koryphé  (Cic.  De 
nat.  deor.  III,  59  ;  Lycopbr.  355);  fille  d’Hépliaistos  (Clem.  Alex.  Protr.  Il, 
28),  sans  doute  pour  expliquer  l'épithète  Athéna  Hephaistia.  Sur  les  mythes  et 
monuments  figurés  relatifs  à  la  naissance  d'Athéna  :  Rob.  Schneider,  Die  Geburt 
der  Athéna,  Vienne,  1880,  et  S.  Reinach,  Dec.  et.  gr.  XIV,  1901,  p.  130. 

—  15  Monuni.  111,  pl.  xliv  (Reinacli,  Rêpert.  des  vases,  1,  p.  115-116).  —  16  Voir 
Gerhard,  A userles.  Vas.  I,  1-6;  de  Witte  et  Lenormant,  Élite  céramogr.  I,  54-66; 
S.  Reinach,  O.  I.  II,  p.  20-21.  —  17  Schneider,  O.  I.  pl.  i,  1;  Baumeister,  Denk- 
mâler,  1,  fig.  172  ;  Amelung,  Basis  d.  Praxiteles,  p.  13;  cf.  Winckelmann,  Mon. 
ined.  II. 


—  1912  — 


MIN 


MIN 

retire  avec  sa  double  hache  ;  Athéna,  couronnée  par  Nike, 
s’éloigne  d’une  allure  rapide;  sa  main  droite  tenait  sans 
doute  la  lance.  A  droite,  le  groupe  des  Trois  Parques. 

De  ces  traits,  combinés  avec  les  légendes  locales  des 
luttes  d’Athéna  contre  les  Géants  et  la  Gorgone  [ci- 
gantes,  gorgona],  quelques  mythologues,  Lauer  ', 
Schwartz  2,  Roscher  3,  ont  voulu  déduire  le  caractère 
primitivement  naturiste  de  la  déesse  :  Athéna  aurait  été 
d’abord  une  déesse  de  l’orage,  des  nuages,  du  tonnerre  et 
de  l’éclair  qui  jaillit  au  faite  du  ciel4.  Welcker  s,  Preller6 
l’interprètent  comme  la  souveraine  de  l’éther  tantôt  clair 
et  serein,  tantôt  tumultueux,  de  qui  relèvent  le  soleil,  la 
lune,  les  eaux,  la  fécondité  de  la  terre,  aussi  symbole  de 
la  sérénité  intellectuelle  et  morale,  de  la  pensée,  du  tra¬ 
vail.  Mais  toutes  ces  interprétations  ont  un  caractère  plus 
spéculatif  et  théorique  que  réel  :  ni  dans  la  légende  ni 
dans  le  culte  Athéna  ne  préside  directement  aux  phéno¬ 
mènes  atmosphériques.  Si  l’Athéna  hellénique,  comme 
la  Valkyrie  germanique,  a  pour  berceau  le  nuage  ora¬ 
geux  d’où  jaillit  l’éclair,  cette  conception  s’est  assez  vite 
obscurcie  dans  l’imagination  des  Hellènes.  Aucune  des 
épithètes  de  la  déesse  n’a  perpétué  le  souvenir  précis  des 
antécédents  qu’on  lui  attribue.  On  ne  saurait  donc,  sans 
forcer  les  données  de  la  légende,  comme  l’a  fait  Ros¬ 
cher  7,  parler  des  attributions  effectives  d’Athéna  comme 
déesse  de  l’orage  et  de  l’éclair,  mais  seulement  constater 
que  les  détails  de  sa  naissance  ne  s’expliquent  qu’en 
référence  aux  phénomènes  dont  on  lui  confère  arbitrai¬ 
rement  la  direction  ou  la  personnification.  En  réalité, 
ces  phénomènes  sont  pour  elle  un  cadre  accessoire  dont 
l’a  entourée  l’imagination  poétique,  plutôt  que  son  en¬ 
tité  personnelle  ou  la  manifestation  propre  de  son  acti¬ 
vité.  Toute  cette  météorologie  a  pour  point  de  départ 
l’adoration  très  ancienne  et  quasi  fétichiste  des  Palladio, 
pierres  censées  tombées  du  ciel  et  où  l’on  croyait  ren¬ 
fermé  le  pouvoir  protecteur  qui  rendait  les  villes  invio¬ 
lables.  A  ces  talismans  fournis  par  la  nature,  se  substi¬ 
tuèrent,  sous  le  même  nom  de  Palladia ,  des  Sjôavx 
anthropomorphiques,  personnifications  de  la  ville  armée 
et  sauvegardes  de  sa  puissance  militaire.  • 

Le  caractère  sacré  de  ces  bétyles  leur  venait  de  l’ori- 

l  Lauer,  Syst.  d.  griech.  Myth.  p.  320.  sq.  —  2  Urspr.  d.  Myth.  I8G0, 
p.  83  sq.;  cf.  Benfey,  Nachr.  d.  Gesell.  d.  Wissensch.  Gôtting.  1868,  et  Myrian- 
theus.  Augsburg,  allg.  Zeit.  18T5,  p.  2270.  —  3  Gorg.  1879,  p.  30  sq.  ; 
Nektar  u.  Ambrosia,  1883,  p.  93;  Lexik.  d.  Myth.  I,  p.  675.  -  4  V.  Henry 
(Z.  I.  t.  I,  1902,  p.  314  sq.)  retrouve  le  prototype  indo-européen  de  cette  Athéna 
météorologique  dans  la  déesse  védique  Vâk,  la  voix,  le  bruit  du  tonnerre  «  qui 
se  répand  à  travers  les  mondes  »,  et  qui  «  enfante  son  père  sur  sa  tête  »  ;  cf.  Rig- 
Véda,  X,  125  ;  A  tharva-  Véda,  IV,  30.  —  »  Gr.  Gôtterlehre,  1857,  I,  p.  303.  —  6  Gr. 
Myth.  p.  186.  Voir  la  discussion  de  Lang,  Mythes,  cultes  et  relig.  (trad.  Marillier), 
p.  546  sq.  —  7  Lorsqu'il  interprète  par  exemple  [Lexik.  s.  v.  Athéna ,  p.  678) 
comme  une  déesse  du  tonnerre  l'Athéna  Salpinx  d’Argos,  sous  prétexte  qu’Homère 
compare  au  tonnerre  le  son  de  la  trompette  (II.  XXI,  388)  et  aussi  Athéna  Khaliuitis, 
qui  apprend  à  Bellérophon  à  brider  Pégase,  sous  prétexte  que  Pégase  est  le  sym¬ 
bole  du  tonnerre.  —  8  C'est  à  tort  que  Dümmler  (Pauly,  Realencycl.  s.  c.  Athéna) 
classe  dans  cette  catégorie  la  pierre  d'Acarnanie  avec  l’inscription  'A0«v5;  Acô;,  et  la 
pierre  de  Mantinée  Aiï;  »£f».uvô.Le  génitif  indique  bien  que  ce  sont,  non  des  bétyles, 
mais  des  bornes  d’enclos  sacrés  (Foueart,  Inscr.  du  Pélop.  352  a;  Bohl,  lnscr.  gr. 
ant.  101).  Lorsque  la  pierre  est  considérée  comme  l'image  de  la  divinité,  le  nom  de 
celle-ci  est  au  nominatif;  cf.  ’AOocvai»  sur  une  pierre  pyramidale  de  Mantinée  (Fou¬ 
cart,  Inscr.  du  Pélop.  352  d)  et  ■'Aptsptî  (Fougères,  Mantinée,  p.  539;  cf.  Paus. 
VIII,  35,  6  et  48,  6).  —  9  C’est  une  question  fort  obscure  que  celle  de  la  priorité  de 
la  conception  d’une  source  Trito,  placée  dans  le  ciel,  par  rapport  à  celle  d  un 
fleuve  terrestre,  du  nom  de  Triton,  comme  on  en  trouve  plusieurs  dans  les  légendes 
locales  de  la  naissance  d’Athéna.  Nous  inclinons  à  croire  à  la  priorité  historique 
d’un  Triton  terrestre,  celui  près  duquel  se  trouvait  le  sanctuaire  primitif  de  l’Athéna 
Itonia  de  Thessalie  (voir  plus  loin);  le  nom  de  Triton  suivit  dans  son  expansion  le 
culte  de  la  déesse,  en  Béotie  (Paus.  V l 11 ,  2G,  6-7),  en  Arcadie  à  Phénéos  (Ibid. 
VIII,  14,  4),  en  Libye  (Herod,  IV,  180),  où  le  culte  d’Athéna  associée  à  Poséidon  ne 
peut  provenir  que  d’une  assimilation  de  divinités  indigènes  avec  le  couple  hellénique, 


gine  céleste  qu’on  leur  attribuait  à  tous  [,ÎAEty 
qu’elle  n’était  réelle  que  pour  quelques-uns  On  1  ill°'’S 
sidérait  comme  des  débris  de  foudre,  tombés  h"' 
violemment  déchiré  par  l’éclair,  au  milieu  des  êZ  T 
tonnerre.  Les  premiers  Palladia  anthropomornhin 
bénéficièrent  du  même  honneur  ;  on  vit  on  !°S 
images  d  une  vierge  sortie  tout  armée  du  faîte  du  i 
entr’ouvert,  brandissant  un  bouclier  étincelant  et  D0,î! 
sant  un  cri  de  guerre.  La  conception  anthropomorphicmë 
du  ciel  lui-même  donna  naissance  au  mythe  d’Ath 
sortie  de  la  tête  de  Zeus,  près  de  la  source  Trito  (de 
TiTfcuo,  percer),  c’est-à-dire  du  nuage  entr’ouvert  d’où 
s’échappe  la  pluie  d’orage  9.  L’égide  (de  àW,  briller!  ■« 
est  le  symbole  de  l’éclair,  dont  on  fit  une  peau  de  chèvre 
(aVç)  décorée  du  Gorgoneion.  De  là  les  épithètes  primi¬ 
tives  d’Athéna,  ôfipptpoTTâxpr),  yXauxwTtiç  (au  regard  étince¬ 
lant),  yopywTrtç  (au  regard  de  Gorgone)11,  o'uSIp^;12,  etc. 

III.  Attributions  :  1 0  Attributions  po/iades.  —  Beau¬ 
coup  plus  consistant  et  plus  fondamental  que  le  pré¬ 
tendu  rôle  météorologique,  dont  Welcker  et  Roscher  ont 
voulu  faire  dériver  tous  les  autres  caractères  de  la  déesse 
apparaît  son  rôle  de  divinité  poliade,  protectrice  des 
acropoles  et  gardienne  des  villes.  Là  les  réalités  du  culte 
le  plus  ancien  s’accordent  avec  les  données  de  la  légende. 
Elle  est  bien  la  conception  originale  et  primitive  de  la 
déesse,  celle  qui  a  donné  naissance  à  toutes  les  autres  et 
dont  l’extension  en  sens  divers  explique  le  mieux  les 
différents  aspects  de  cette  figure. 

Athéna,  gardienne  des  villes,  habite  des  temples  géné¬ 
ralement  situés  sur  les  parties  les  plus  fortes,  au  point 
de  vue  défensif,  du  territoire,  soit  sur  l’acropole  et  dans 
la  citadelle  de  la  ville,  soit  sur  une  hauteur  ayant  une 
importance  stratégique.  La  plus  ancienne  mention  d’un 
culte  de  ce  genre  se  trouve  dans  Y  Iliade.  La  protectrice 
de  Troie  habite  sur  l’acropole  un  temple  fermé,  desservi 
par  une  prêtresse.  Sur  l'invitation  d’Hector,  les  matrones 
de  Troie  vont  déposer  sur  ses  genoux  un  péplos  et  lui 
promettre  un  sacrifice  de  douze  génisses  si  elle  met 
Diomède  hors  d’état  de  nuire  13.  Cette  description, proba¬ 
blement  inspirée  des  détails  du  culte  athénien,  semble 
avoir  été  introduite  dans  le  poème  au  moment  de  la 

assimila  lion  peut-être  opérée  par  les  colons  grecs.ilc  la  Cyrénaïque.  Quand  le  celle 
d’Athéna  fut  devenu  panhellénique,  le  fleuve  qui  l'avait  vue  naître  fut  transporté 
dans  la  région  céleste  d’où  provenaient  les  Palladia  primitifs  et  converti  en  source. 
Bergk  (Kl.  Schriften,  II,  641)  considère  la  source  Trito  et  la  hesio  ique 

comme  une  source  (ou  une  rivière)  et  une  cime  idéales  où  l'imagination  localisai  e 
séjour  des  dieux.  La  glose  antique  rapportée  par  Hésychius  (tjî™  -  «««M)  « 
évidemment  dérivée  de  la  légende.  —  10  Dans  Homère,  1  égide  de  eus  t 
est  un  bouclier  d’or  qui  brille,  œuvre  d’Hépbaistos  (Stengel.  Jahrb.  /•  P  ■ 
1882,  p.  518,  et  1885,  p.  80).  La  transformation  de  ce  bouclier  en  . 

de  peau  de  chèvre,  telle  que  les  plus  anciennes  représentations  4 

figurent,  est  peut-être  le  produit  d’un  jeu  de  mot  sur  le  thème  *tE’  a 
celui  qui  se  fit  aussi  sur  le  thème  à  propos  de  pi  lc  '  I  “ 

Les  hypothèses  de  M.  Mayer  (Roscher,  Lexik.  II.  p.  *524)  su™  paiDuinn  ^ 
(Pauly,  p.  1990)  sont  très  aventureuses.  D  apres  eux,  le  mo  y  . 
attribue  d’ordinaire  une  origine  sémitique,  se  rattacherait  au  cr  ois  d 

peau  de  chèvre  [bastvua,  p.  645].  On  se  serait  figuré  que  les  béty  «  tombaie^  . 
ciel  enveloppés  dans  une  peau  de  chèvre,  symbole  des  “ui*»es  °  Qn  de 
l’assimilation  des  nuages  à  une  toison  peut  être  admise,  c  es  a  i  rli„0fiiWMî 

à  une  peau  de  brebis  qu’on  a  dû  penser  tout  d  aboul  (cf.  Zeu,  î ^  ^  au 

et  les  infulae  de  Yomphalos  delphique).  On  pourrait  ega  enien  ^ 

lieu  de  dériver  d’une  confusion  verbale  sur  les  thèmes  prum  '  jm0I,djauiel 
les  concepts  de  chèvre  et  de  chouette  sont  au  contraire  dose  e  hallteurs.  dont 

réalistes  du  culte  de  Zeus  et  d’Athéna.  Ces  deuxdivim  1  »  ia  ,  anfractuosités  sob! 

les  escarpements  ne  sont  accessibles  qu’aux  chèvres,  e  on  gt  Michaelis, 

hantées  par  les  hiboux  (à  Athènes,  1  acropole  s  appelle  ’ ’  .  fou()rc,  d’où 

Arx  Ath.  p.  42  et  65).  Ces  sommets  sont  de  préférence  rapp  .  ux<  _  U  Corp. 
le  mélange  entre  les  concepts  animaliers  et  les  concep  QG9--80,  286- 

inscr.  gr,  6280  b.  -  12  Paus.  Il,  24,  S.  -  '3  H.  H 
311. 


MIN 


—  1913 


MIN 


recension 


ordonnée  par  Pisistrate  h' Iliade  ne  men- 


)|u,  j,ag  le  véritable  Palladion  troyen,  qui  représentait 

I  "jéesse  en  armes  et  debout  :  la  légende  du  Palladion, 
'  ie  se  rapportant  à  un  culte  certainement  très 
j(1|1)  n’apparaît  que  dans  les  Homérides,  d’abord  dans 
\liiou  Persis  d’Arktinos  2.  La  statue  était  un  présent  de 
/eus à Dardanos  ;  elle  passait  pour  être  tombée  du  ciel  3; 

I  el|e  était  enfermée  dans  l’adyton  du  temple,  tandis  qu’une 
réplique  était  exposée  dans  une  partie  ouverte  au  public  : 
ce  serait  cette  réplique  que  les  guerriers  grecs  auraient 
enlevée,  tandis  que  le  Palladion  authentique  aurait  été 
emporté  par  Énée  en  Italie  \  Les  bagues  et  intailles  de 
Crète  et  de  Mycènes  attestent  la  très  haute  antiquité  du 
culte  des  Palladia  5.  Ce  n’est  pas  ici  le  lieu  de  rechercher 
dans  quelle  mesure  ce  culte  primitif  est  indépendant 
de  celui  d’Athéna  proprement  dite.  Dans  Y  Iliade,  l’iden- 
tilication  est  déjà  faite;  elle  est  localisée  à  Troie,  dont 
le  Palladion  parait  avoir  été  entouré  d’une  vénération 
superstitieuse.  Plusieurs  Palladia  des  villes  grecques  qui 
se  donnaient  comme  originaires  de  l’Acropole  de  Troie, 
étaient  aussi  des  représentations  d’Athéna,  tels  l’Athéna 
JijuSépxï^  d’Argos  G,  le  Palladion  du  Phalère  7,  très  pro¬ 
bablement  plus  anciens  que  le  Palladion  troyen,  avec  qui 
on  cherchait  à  les  identifier  par  des  artifices  delégende  afin 
derehausser  leur  prestige.  On  attribuait  aussi  une  origine 
céleste  au  vieux  xoanon  de  l’Athéna  Polias  d’Athènes  *, 
probablement  la  statue  assise  et  sans  armes  9  qui  inspira 
la  description  de  l’Athéna  troyenne  dans  Y  Iliade. 

Athéna,  gardienne  des  acropoles,  est  appelée  lpu<ji'7roXtç 10 
ànsY Iliade  ;  elle  est  la  7roXtxç,  7toXtxTiç,  7roXtouy_o;  à  Athè¬ 
nes11  (le  sens  primitif  de  7rôXiç  ou  ttxo'Xiç  étant  celui  d'acro¬ 
pole'-),  à  Larissa 4 3,  Argos 14,  Chios 13,  Erythrae  lli,Priène 1T, 
Lindos  de  Rhodes  (de  là  àGéla  et  Agrigente18),  àTrézène19, 
Tégée20,  Sparte  2l,  Mégalopolis 22,  Amorgos  23,  Cos  24,  etc. 
Comme  protectrice  des  remparts,  elle  présidait  à  la  con¬ 
servation  des  tours  (l7rt7typyïTi;)  à  Abdère  2S,  des  portes  et 
des  clefs  (71-jXaïxtç  et  xXetooay_oç)  à  Athènes  26.  Installée  en 
Béotie  sur  le  mont  Tilphossion,  elle  personnifie  la  force 
défensive  de  cette  hauteur  ;  elle  s’y  identifie  avec  la  divinité 
locale Alalcoménia,  «  celle  qui  repousse27  »,  sous  le  nom 
d  Athéna  ’AXaXxogevYjt; 28  ;  en  Arcadie,  elle  s’identifie  avec 
ladéesse  indigène  de  l’asile,  Aléa,  et  devient  Athéna  ’AXéot, 


«  la  tutélaire  »,  à  Manlinée29,  Tégée30,  delà  à  Sparte31. 

Déesse  des  acropoles,  Athéna  est  aussi,  par  une  tran¬ 
sition  naturelle,  déesse  des  autres  rochers,  hauts  lieux  et 
promontoires,  qui,  s’ils  ne  sont  pas  tous  fortifiés,  servent 
souvent  de  guettes  pour  la  surveillance  du  territoire.  Elle 
a  un  sanctuaire  au  sommet  du  Pentélique32  ;  elle  s’appelle 
’A/.pta  à  Argos33,  K  p  xv  a  t'a  à  Ëlatée34,  Souvta;38  sur  le  cap 
Sounion,  Kopu^axt'a  au  promontoire  Koryphasion,  HxX- 
puovt-a  36  sur  le  cap  Salmonion  de  Crète,  ’ApxxuvOtxç  sur 
l’Arakynthos  de  Béotie37,  BoptSuXeta  sur  le  mont  Bom- 
bylion  en  Béotie  38,  Zxtsxç  sur  les  falaises  de  Salamine  39, 
llaXX-qvt'ç  sur  la  hauteur  qui  domine  la  route  d’Athènes  à 
Marathon40,  At'Ôuta  (la  Mouette)  sur  un  rocher  de  la  côte 
de  Mégare44.  Peut-être  aussi  l’épithète  "Oyyx  ou  "Oyxx 
rentre-t-elle  dans  le  même  ordre  d’idées  (de  oy/.o?  ?),  ainsi 
que  celle  d  ’Axptxta,  à  Krisa42. 

2°  Attributions  guerrières.  --  La  déesse  des  acropoles 
revêt  forcément  un  aspect  guerrier.  Athéna  Polias  s’iden¬ 
tifie  de  bonne  heure  avec  la  divinité  figurée  par  les  Pal¬ 
ladia  armés;  Athéna  est,  essentiellement,  la  déesse  de  la 
guerre,  coiffée  du  casque,  vêtue  de  l’égide,  couverte  du 
bouclier  et  pointant  de  la  lance.  Les  épithètes  les  plus 
nombreuses  se  rapportent  à  son  rôle  guerrier.  Il  serait 
superflu  d’énumérer  toutes  celles  que  les  poètes  ont 
inventées  et  que  les  textes  épigraphiques  nous  ont  con¬ 
servées43.  Comme  npop-xyo;,  elle  est  celle  qui  combat  au 
premier  rang,  à  Athènes,  en  Thessalie  et  ailleurs 44  ;  comme 
Ntxv),  celle  qui  donne  la  victoire,  à  /Athènes,  à  Mégare45; 
comme  "Apsta,  la  compagne  d’Arès46,  à  Athènes  et  à  Pla¬ 
tées  ;  même  comme  £iprtvocpôpoç 47,  elle  reste  guerrière, 
puisque  c’est  elle  qui  met  fin  aux  combats.  Dans  Homère, 
elle  est  l’indomptable  (àxpuxoovri48)  ;  elle  est  la  vigoureuse 
(xOevix;49).  Elle  préside,  en  qualité  de  Çwcrx7]pi'a,  à  l’équi¬ 
pement  guerrier50,  aux  engins  de  guerre  comme  ptaya- 
vfxtç  ou  [j.a^avt’ç 34 ,  au  dressage  et  au  harnachement  du 
cheval  comme  oxpxcri7t7roç 52  et  yaXivïxu;53,  à  l’élevage  du 
cheval  de  guerre  comme  butta S4,  attribution  qu’elle  par¬ 
tage  avec  Poséidon  Hippios.  C’est  elle  qui  avait  appris 
aux  Cyrénéens  et  aux  Barcéens  à  élever  et  à  atteler  les 
chevaux65,  et  qui  avait  donné  à  Érechthée  le  premier 
char  de  guerre  s6.  Elle-même,  dans  Y  Iliade,  monte  sur  le 
char  de  ses  guerriers  favoris,  et  plusieurs  monuments  la 


Sur  le  type  de  l'Atliéna  assise,  voir  plus  bas.  —  2  Dion.  Haï.  Anl. 
">»'■  I,  69  (Kinkel,  Ep.  gr.  fr.  p.  50,  t).  —  3  Apollod.  3,  143;  Scliol. 

"*'J 11  ‘  v'  Dictys  Crel.  ap.  Seplim.  V,  5.  —  4-  Roscher,  Lexik.  s. 

!.'  P“lkdio»-  Voir  plus  bas.  -  6  Chavannes,  De  Palladii  raptu.  —  6  paus. 
J1’  CorP-  inscr.  gr.  P.  1074.  —  7  Paus.  I,  28,  0-8.  —  8  Paus.  1. 
!!  V oir  plus  loin  (Pernice,  Jahrb.  d.  Jnstii.  1895,  p.  105).  —  10  //.  VI, 
(Jl  ~  "  Paus-  h  27>  1;  Corp.  inscr.  ait.  I,  188;  II,  112,  593,  et  les 
j,  y  r  ™ls  11:1,18  1  Appendix  epigrapliica  de  Iabn  et  Michaelis,  Arx  Athenarum, 
an„!|  1  A  Atbènesi  'a  déesse  s'installe  sur  l'acropole  occupée  par  Cécrops  et 
>opia  (St.  Byz.  s.  a.).  Il  semble  plausible  de  reconnaître  en  Cécrops  uu 

. "catlon  primitive  et  masculine  de  la  hauteur  (*E-xofo*-s  =  xoçoîtaTo;,  de 

®He  il " K  Un  re^ou4j'en]eid,  comme  dans  xExpûfoùo;).  Athéna  est  donnée  comme 

àlaio.  '  ^4C'  deor.  111,  59;  Lycophr.  355)  et  Cécrops  est  assimilé  à 

Rumen  °vi-r  l'(anaos  (F’ans.  I,  2,  6;  Apollod.  III,  14;  Aristopb.  Au.  123;  Acschyl. 
localités  0  •  ,C  ITlêmc’  1  Érecblheus  atlique  équivaudrait  au  Triton  des  autres 
6'cau  e  ^écl|irer,  =  ■trrpàw.),  c'est-à-dire  à  une  personnification  du  cours 

-  u'c",  absorbéePar  Poséidon.  —  12  Tliucyd.  Il,  15;  V,  18,  57;  Paus.  I,  26,  7. 
Herod.  1°  tro'  DiaL  Insckr-  '*  343'  “  14  (Callim.  V,  53).  -  16  noTi.oïpî, 

fiimi  p'  |  !■'  PaUS'  V’  3’  9'  —  47  CorP ■  inscr-  Qr-  2904.  —  18  Boeckh,  Explic 
elle  temnln  ~  19  PaUB'  3°’  6'  -  20  (PauS-  VIH,  47>  15)-  Sur 

(Rôhl  /»,  ,.V°il  ^us^°*n-  21  Elle  est  aussi  ^aXxcotxoç  (Paus.  III,  17,  2)  et ’Ao-otuo^o; 

^ittenber  ^  94b  —  22  Paus-  VIH,  31,  9.  —  23  Corp.  inscr.  gr.  2263  c; 

■-ASLÿ  T’  SylL  éd-)>  4'2.  —21  Dittenberger,  616,  619.  —  23  Hesych.  s.  v. 

(Arist  Irl",  C  nSSiandr ■  35C>  ct  Tzelzès,  Ad  l.  ;  Scliol.  Aescbyl.  Sept.  1 71  ;  KXEiSoffZo5. 
t'notiinr  *  ”  4 1  k2) .  27  Ce  nom  est  une  épithèle  is.-ent.  s,  0eoç),  comme  ’AOijvala. 

Ie  "om  di.  Pn  Seia‘l  dont  le  locatif  (non  le  pluriel)  ’Akakeoatvai  a  donné 

'■‘liage.  -  28  U.  IV,  8;  Slrab.  IX,  2,  36;  St.  Byz.  a.  u.  ’AkakxoptvEov  ;  cf. 


Fougères,  Mantinêe,  p.  271  sq.  —  29  paus.  VIII,  9,  6.  Inscriptions  dans  Fougères, 
Mantinée,  p.  526.  —  30  Voir  plus  loiu.  —  31  Voir  plus  bas.  —  32  Voir  plus  bas. 
—  33  Hesych.  s.  v.  —  3V  Voir  plus  bas.  —35  paus.  I,  1,  t.  —  36  Corp.  inscr.  gr. 
25  55.  —  37  St.  Byz.  s.  v.  —  38  Lycophr.  Cass.  786;  Tzetz.  —  39  Herod.  VI II ,  94; 
Plut.  Sol.  9;  Lolling,  Ath.  ilitth.  1,  p.  131;  cf.  Robert,  Hermès ,  1885,  p.  349. 
■ — l11  Herod.  I,  62;  Eurip.  Heracl.  849,  1031;  Amelesagor.  ap.  Antig.  Karyst.  12: 
Corp.  inscr.  att.  I,  222,  224,  273.  —  41  paus.  I,  5,  3  ;  41,  6  ;  Lycophr.  359  ;  cf.  Maas. 
De  Lenaeo.  p.  14.  +2  \  oir  plus  loiu.  Ax'.'.n  7,  de  ■  ocris  (Gruppe,  Gr. 

Myth.  p.  182).  —  43  Voir  les  Index  des  Corpus  ct  Bruchmann,  Epitheta  deorum. 

44  Corp.inscr.gr.  1068  ou  nÇoj/àZo?!.a  (Paus.  11,  34,8);  cf.  Athéna  Anchemachos 
à  Agrigente  (Rôm.  Mitth.  X,  1895,  p.  236-239).—  45  paus.  1,42,  4  ;  Eurip.  Ion.  1529. 
Voir  vicToniA.  —  46  paus.  I,  28,  5;  IX,  4,  l  ;  Plut.  Arist.  20  ;  Corp.  inscr.  gr.  3137  ; 
Cornut.  Nat.  Deor.  20.  —47  Corp.  inscr.  gr.  6833.  —  ’>8  II.  II,  1.57,  etc.  —  49  paus! 

II,  30,  6.  —  B0  A  Thèbes  (Paus.  IX,  17,3;  Hesych.  W<mij«).  —  Bi  A  Cos  (Dittenber- 

ger,  Sijll.  617)  et  à  Mégalopolis  (Paus.  VIII,  36,  5).  Pausanias  interprète  l'épithète  au 
sens  abstrait  :  celle  qui  préside  à  toutes  les  inventions  humaines.  M.  Bérard  (Orig. 
des  cultes  arcad.  p.  151)  allègue  une  origine  sémitique  :  Mokkanat,  deèsse  du  camp 
[cf.  Aphrodite  Machanitis  (Paus.  VIII,  31,  6),  Zeus  Méchaueus  (Paus.  II,  22,  2; 
Corp.  inscr.  gr.  sept.  548)].  Une  légende  attribuait  à  Athéna  la  coustruction  du 
cheval  de  Troie  ( Od .  VIII,  493  ;  11.  XV,  7,  1  ;  cf.  peintures  de  vases  :  Annali,  1880, 
pl.  k;  Gerhard,  Anti/c.  Vas.  III,  229).  —  82  Schol.  Arist.  iVuê.  .967.  —  53  a 
Corinthe  (Paus.  II,  4,  1,  5;  Pind.  Ol.  XIII,  15).  Elle  apprend  à  Bellérophon  à 
brider  Pégase.  -  54  A  Colone  (Paus.  I,  30,  4;  Pind.  Ol.  XIII,  79;  Soph.  Oed.  col. 
1071),  à  Acharnes  (Paus.  1,  31,  0),  à  Manthyrée  d’Arcadie  (Paus.  VIII,  47,  1),  à 
Olympie  (Paus.  V,  15,  6).  -  55  Soph.  El.  727;  Mnaseas,  Libye,  fr.  40  (Hesych. 
s.  «.);  St.  Byz.  s.  v.  —  56  Schol.  Arist.  Panath.  III,  62;  cf.  Humn  hom 

III,  12  sq.  ‘ 


I 


—  191 i  — 


MIN 


MIN 

figurent  dans  cette  attitude.  En  Arcadie,  on  lui  attribuait 
même  l'invention  du  quadrige1. 

De  là,  par  une  attribution  connexe,  on  lui  prête  l'in¬ 
vention  de  la  charrue  et  de  l’attelage  du  bœuf,  en  qualité 
de  Poatpjjua,  jüoéosta2,  Ta’jpoTtoÀoç 3,  àypùpa  (agriculteur)4. 

Comme  ffiXiriyü,  à  Argos,  elle  est  la  déesse  de  la  trom¬ 
pette  guerrière  \  On  lui  attribue  aussi,  à  Athènes,  l’in¬ 
vention  de  la  danse  en  armes  ou  pyrrique,  qu’elle  aurait 
été  la  première  à  danser  pour  célébrer  sa  victoire  sur  les 
Géants  ou  qu’elle  aurait  apprise  des  Dioscures6. 

Elle  est  aussi,  par  extension,  la  déesse  de  la  guerre 
navale  :  on  lui  doit  l’invention  du  navire  de  guerre  ;  elle 
a  enseigné  à  Danaos  ou  à  Argos  la  construction  et  l’équi¬ 
pement  de  la  première  pentéconlore  aux  Phéaciens  la 
construction  de  leurs  navires  rapides  8.  Comme  la  déesse 
Harmonia,  elle  préside  à  l'assemblage  des  pièces  du 
navire;  elle  chérit  Harmonidès,  constructeur  de  la  Hotte 
troyenne.  Les  navires  emportent  leur  Palladion9.  En  qua¬ 
lité  d' ’AvsjAWTt;,  à  Mothone10, elle  octroie  lèvent  favorable 
à  la  navigation  ;  à  Lindos,  de  Rhodes,  son  culte  est  un 
culte  de  marins.  A  Athènes,  la  procession  du  navire  sacré 
et  des  régates  font  partie  du  programme  des  Pana¬ 
thénées. 

3°  Attributions  industrielles  et  commerciales.  —  La 
fabrication  des  armures  et  des  armes  offensives  ressortit 
naturellement  à  la  déesse  de  la  guerre.  De  là  ses  rapports 
étroits,  à  Athènes,  avec  Iléphaistos,  le  dieu  des  forgerons, 
et  aussi  avec  Prométhée11,  rapports  qui  s’expliquent  très 
simplement  sans  qu’il  soit  nécessaire  de  faire  intervenir 
la  prétendue  identité  de  leur  nature  ignée.  Athéna  pré¬ 
side  aux  arts  mécaniques,  comme  patronne  des  armuriers, 
puis  par  extension  de  tous  les  artisans  du  bronze  et  des 
autres  métaux,  si  bien  que  ces  attributions  finissent  par 
se  confondre  avec  celles  qu’elle  a  d’autre  part,  en  qualité 
de  Poliade,  comme  protectrice  des  arts  de  la  paix  (voir 
plus  bas)  et  de  l'industrie  en  général,  —  de  même  que  le 
patronage  du  cheval  de  guerre  finit  par  lui  conférer  le 
département  de  l’agriculture,’  —  comme  la  sauvegarde 
de  la  marine  militaire  l’entraina  à  la  protection  des 
marines  de  commerce,  de  la  navigation  et  du  commerce 
en  général,  —  comme,  enfin,  la  surveillance  des  citadelles 
et  la  garde  de  la  cité  primitive  devait,  par  un  processus 
en  quelque  sorte  fatal,  étendre  sa  compétence  au  gou¬ 
vernement  de  la  cité  tout  entière,  aux  institutions  civiles 

i  Cic.  De  nat.  deor.  I IF,  23.  —  2  Tzetz.  Lycophr.  520;  St.  Byz.  s.  v. 
Boû^Eta ;  Serv.  Ad  Aen.  IV,  402;  Eust.  Ad  II.  XVI,  571.  —  3  Schol.  Arist.  Lysist. 
44-8  ;  Suid.  s.  v.  —  4  Hesych.  s.  v.  Le  charron,  qui  fabrique  la  charrue,  est  appelé 
serviteur  d'Athéna  :  ’AOtivaîiiç  (Hesiod.  Op.  d .  430).  L’invention  du  char  par 

Athéna  dérive  de  la  légende  d’Erichthonios  (Eratost.  Catast.  13,  p.  98;  Germanie 
57  ;  Avien.  409;  Varr.  ap.  Philarg.  Geor.  III,  113;  Serv.  Ad  Geor.  I,  205;  Virg. 
Geor.  III,  113;  Aristid.  1,19,  22,  170  et  Schol.  III,  62.  Monuments:  Welcker,  Anli/c. 
Denkm.  I,  144-  sq.).  L’invention  de  la  charrue  se  rattache  à  la  légende  de  Bouzygès 
(Aristid.  I,  p.  20;  Liban.  Progxjm.  Parad.  IV,  p.  952;  Serv.  Ad  Aen.  IV,  402). 

—  5  Paus.  11,21,  3.  —  6  Schol.  Pind.  Pyth.  II,  127  ;  Dcn.  liai.  VII,  72;  Plat.  Leg. 
796  B  :1a  danse  en  armes  faisait  partie  du  programme  des  Panathénées.  — 7  Apollod. 
I,  9,  16  ;  II,  1,  4;  Mann.  Par.  Ep.  9.  Voir  argonautae,  fig.  504.  —  8  Od.  VII,  108. 

—  9  11.  V,  60;  XV,  410;  Max.  Tyr.  Diss.  XXXVII;  Amm.  Marc.  XXII,  8  ;  Val.  Flacc. 

I,  93;  II,  287;  Claud.  Bel.  rhet.  15  ;  Tertull.  Spect.  8;  Phaedr.  IV,  6,  9;  Aristid. 
Oral,  in  Min.  1, 23, 26;  Schol.  Aristoph.  Acharn.  546. —  10  paus.  IV,  35,  5;  Aristid. 
p.  19;  Lycophr.  359  et  Schol.  —  H  Od.  VI,  233;  Soph.  Oed.  Col.  55  et  Schol.  ;  Plat. 
Leg.  XI,  p.  9zl  et  Critias,  109  c;  cf.  Solon,  fr.  XII,  49  ;  IL.  VI,  232;  Paus.  I,  14,  5. 
Il  y  avait  une  Athéna  Héphaisteia  à  Athènes  (Hesych.  s.  v.  et  Corp.  inscr. 

att.  Il,  114)  etune  Athéna  Telchinia  à  Teumessos  en  Béotie  (Paus.  IX,  19,  1),  que  l'on 
interprète  comme  une  déesse  de  l'enchantement,  équivalent  de  l'AO,  paer/avia,  mais 
qui,  originairement,  devait  être  une  déesse  des  forgerons  introduite  en  Béotie  par  l'in¬ 
termédiaire  de  Chalcis.  —  12  Façyàva  sur  une  dédicace  de  Delphes  (Perdrizet,  Mêl. 
Perrot ,  1903,  p.  259),  ou  ’OpyàvY),  d’après  des  inscriptions  d’Athènes  et  de  Délos 
[Bail.  corr.  hell.  1884,  p.  22)  qui  est  une  épithète  plus  noble  dérivant  de  opyavov. 

—  13  Paus.  I,  24,  3.  —  14  Plat.  Leg.  XI,  p.  921  ;  Procl.  Ad  Tim.  p.  52;  Soph.  fr. 


aussi  bien  qu’à  la  défense  militaire  à  h  v 

raie  et  intellectuelle  de  la  cité.  '  lrecll0n  mo- 

Comine  manufacturière,  Athéna  recevait  i„ 
d’ ’Epyàv-,! 12,  c’est-à-dire  ouvrière ,  qui  lui  aurnhViT010 
Pour  la  première  fois  à  Athènes  »  A  ce  lU  tét?.doitaé 
la  protectrice  des  artisans  salariés  et  genwl* 
manuels  (èpyâ 8«ç,  t<*tov.ç,  S^toupyoî,  ^ 

cette  qualité,  elle  participe  à  la  fête'  athénienL  rf" 
chalkeia  ls,  appelées  aussi  athenaia,  fête  mixte  7 
tant  de  la  fusion  du  culte  d’Héphaistos  dans  la  ville  W 
avec  le  culte  aristocratique  de  la  déesse  poliade.  C’étv! 
une  fête  populaire,  d’où  son  surnom  de  •7d.v871u.oc 16  •  Pu 
ava.t  lieu  le  30  (29)  pyanepsion  (novembre).  On  0ffr 
a  la  déesse  dans  des  corbeilles  des  pains  de  froment  n 
offrandes  modestes  représentant  la  dîme  du  salaire18’ 
Un  bas-relief  du  Musée  de  l’Acropole  nous  montre  un 
artisan,  graveur  ou  bijoutier,  déposant  ainsi  dans  la 
main  d’Athéna  Ergané  l’iirap y/,  de  son  travail  (fig.  §043  u\ 
A  partir  de  la  fête,  com¬ 
mençait  le  travail  du  pé- 
plos  sacré20. 

Manufacturière  du  bronze 
industriel,  Athéna  Ergané 
préside  au  travail  du  bronze 
d’art  et  de  tous  les  objets 
d’art  fabriqués  de  main 
d’homme.  Elle  protège  l’ar¬ 
tiste  Lroyen  Harmonidès, 
qui  savait  ouvrer  toutes 
sortes  d’objets  bien  agen¬ 
cés  21 .  Tous  les  métiers 
'  relèvent  d’elle  :  orfèvre- 
ciselure,  sculpture, 


rie 


Fia 


5043.  —  Alliéna  Erganc  recevant  la 
(lime  d’un  artisan. 


architecture,  charpen¬ 
terie,  carrosserie,  pein¬ 
ture  à  l’encaustique,  poterie,  cordonnerie,  etc.  23. 

Comme  divinité  féminine,  elle  dirige  notamment  les 
travaux  de  la  femme,  où  elle  excelle24.  C’est  là  une  de 
ses  attributions  les  plus  anciennes  et  les  plus  impor¬ 
tantes.  Les  œuvres  d’Athéna  (’épya  ’A07]vat7)ç)  sont  le  lot 
des  femmes  à  la  fois  laborieuses  et  sages,  dont  Pénélope 
et  Arété  sont  les  types  accomplis23.  Athéna  est  donc  la 
patronne  des  fileuses  et  tisseuses  26.  Elle-même  donne 
l’exemple  aux  mortelles.  Elle  a  tissé  et  brodé  de  ses 

705;  cf.  St-Éloi,  cité  par  Tliiers,  Traité  des  superstitions,  t,  I,  p.  13,  17/7,  cl 
Perdrizet,  Mélanges  Perrot,  p.  259,  n.  2.  —  Harpocr.  et  Suid.  s.  r.\  Poil. 
VII,  105;  Eust.  in  11.  II,  552;  Étym.  Magn.  p.  343,  1  ;  A.  Mommsen,  Peste  d. 
Stadt  Athen.  p.  342-344.  —  18  D'après  Suidas,  L.  c.  la  fête,  commune 

à  l’origine  à  toutes  les  classes  populaires,  aurait  été  à  la  longue  cin  en  i 
la  classe  ouvrière.  —  ^  Soph.  fr.  705;  Hesych.  p.  968,  Corp.  insu.  ■ 

2,  954.  —  18  Et  non  un  symbole  agricole.  Solon  I fr.  XII,  49)  disait  que  ‘‘(J  ()))'( 

d’Athéna  et  d'Hépbaistos  assuraient  la  subsistance  de  louvrier.  —  er  ’ 

Mélanges  Perrot,  p.  26t  (Sur  les  offrandes  déposées  dans  la  ^ 

dieux,  on  peut  rapprocher  le  passage  d'Aristophane,  Av.  518)  et  Je  lônc, 
pl.  xix,  83.  On  a  trouvé  à  l’Acropole  plusieurs  dédicaces  d  artisans  )vels  . 
poliers,  charpentiers,  tanneurs,  constructeurs  do  bateaux,  bouan0ciL)  a 
L  sac  de  480  par  les  Perses  (Perdrizet,  O.  I.  p.  202,  n.  G).  -  ».**»»•  f  T'  p,^ 
XeXxtT*.  -  2.  II.  V,  60.-23  Od.  VI,  233;  XX.lt,  .59.  - 
De  forum.  99;  Qu.  sympos.  III,  6,  i-  Praec.  de  ger ’  M  ct 
p.  18  (Dindorf);  Ovid.  Fast.  III,  815;  Oppian.  Habeut.  -1--3,  J  tue 

Phot.  ».  ».  A  Olympie,  les  phaidryntes  charges  de  1  allMi  le 

de  Zens  par  Phidias  lui  sacrifient  (Paus.  V,  14,  5;  cf.  5oln-  ’  raraj(,ue, 

petit  poème  K4|iivo 5  $  KEpoc|ieïç,  Hom.  épigr.  14.  Dans  1  Hép  aïs  ic  potier  : 

il  y  avait  une  statue  d’Athéna  (Paus.  I,  14,  5).  Athéna  dans  un  atelier  «P  ^ 

FiGi.iNUM  opus,  fig.  3041.  Offrandes  de  potiers  à  Athéna.  -  rC  _  23  IL  IX» 

Bull,  de  corr.  hell.  1884,  p.  547.  -  2t  Hymn.  hom  In  Ven. .  -■ -  boljl|UC 

390  ;  Od.  11,  116;  VII,  1 10  ;  XX,  72  ;  Hesiod.  Op.  d.  03  sq.  -  mstjère  les 

(Mannhardt,  Schwartz,  Lauer,  Roscher,  etc.)  a  fait  intervenir  eu  etc. 

ziz„„„i„».v„,»s  ■  assimilation  des  flocons  de  lame  arc 


xme  m o  1 1 


MIN 


—  1915  — 


MIN 


5044.  --  Alliéna  Ergané 
en  Filandière. 


•  •  son  péplos  merveilleux  1  et  le  voile  d’Héra  2.  Elle 
'"confectionné  et  orné  des  vêtements  pour  ses  héros 
\oris  p0lU'  lIerCL1^e-  a  instruit  dans  les  travaux  de 

lingerie  les  femmes  phéa- 
ciennes  3  et  les  fdles  de 
Pandaros  \  D’après  un 
conte  de  la  Lydie,  pays  des 
riches  tissus,  Arachné, 
pour  avoir  voulu  rivaliser 
d’adresse  avec  elle,  avait 
été  métamorphosée  en 

araignée  5.  Un  proverbe 
qui  courait  les  ateliers 

féminins  disait  :  «  Jouer 
des  doigts  avec  l’aide 

d’Athéna6.  »  Comme  filan¬ 
dière,  Athéna  Ergané  re¬ 
çoit  les  épithètes  titjvTtiç, 
TzavôÎTiç 1 .  Elle  a  pour  attri¬ 
buts  la  quenouille  (vjXaxctTr,) 
et  le  fuseau  (atpaxToç)  avec 
lesquels  elle  est  souvent 
figurée 8  (fig.  5044),  et  qui  sont  un  de  ses  présents, 
et  aussi  la  corbeille  (xâXaQoç)  (fig.  5045);  pour  vêtement 
le  péplos,  offrande  rituelle  que  lui  consacrent  ses  adora¬ 
trices5  à  Athènes  [voir  arriiéphoria,  panatuenaia,  peplus], 
ou  le  ehiton  ;  pour  coiffure,  le  polos  ou  la  stéphané,  à 
qui  s’ajoute  parfois  le  voile,  au  lieu  du  casque  guerrier 10, 
avec  le  Gorgoneion  caractéristique  (fig.  5046)". 

Elle  a  pour  emblème  la  chouette  vigilante  avec  laquelle 

elle  s’identifie  aussi  bien 
comme  Ergané  12  (fig.  5044) 
que  comme  Polias,  ou  le 
coq,  l’oiseau  guerrier  et 
matinal  dont  le  chant  est 
le  signal  de  la  reprise 
du  travail  quotidien  13. 

Il  s’ensuit  que  la  toilette 
et  la  parure  féminine 
rentrent  aussi  dans  les 
attributions  de  la  déesse14. 

4°  Attributions  agri¬ 
coles.  —  La  divinité  tuté¬ 
laire  de  la  cité  veille  sur 
toutes  les  sources  de  la  richesse  publique.  L’agri- 
fullure  est  de  son  ressort,  aussi  bien  que  l’industrie. 

‘ ous  avons  vu  que  l’élevage  du  cheval  de  guerre  et 
11  lj,"uf  se  trouve  sous  son  patronage.  En  Attique,  étant 

-'/n  V3*:  VHI’  385-  -  2  11  XtV>  178-  -  3  0d ■  Vtl-  l»8-  -  4  Od.  XX,  72. 
Zcnol/v  9 h.  «  ***  IV’  ~  6  ^  X«*«  «"*. 

57.  -  8  V  ’’  ’  M,llcr)-,-  •  Leon.  Anth.  Pal.  VI,  289;  Aelian.  Nat.  an.  VI, 

®«epw  ".auîi  V11’  S’  9  (Lryüirées)  ;  Apollod.  III,  12,  3,  4  (Ilion)  ;  Wclcker,  Gr.  i 
«PMUilT’v  P’  301  Sf|' 1  Roscher’  Lexik-  s'  ”■  Athe»e,  p.  G99.  La  figure  5044 
Uèl  Per")  jas'rc]lef  rupeslre  de  l’Acropole  de  Philippes,  en  Macédoine  (Perdrizet, 
debout  Ji  *'  f*"'  l'ePrésenlc  Athéna  Filaudière  coiffée  du  polos  et  du  voile, 

pwco”  Ti  'T  Cl'0UeUes’  ct  tenantla  quenouille  et  le  fuseau;  au-dessous  la 
«créa  ALI, t  ,  are  :  AeSia  A‘hena  ex  votum  fccit,  c'est-à-dire  Aegia  a  con- 
feproduit  na  (Albcna’  coP'e  du  daÜf  grec  ’ASr.væ).  La  fig.  5045  ( Ibid.  p.  2G4,  n“  4) 
du  temple  d"  °!?llum  en  terrc  cuite’  de  Tarente;  cf.  les  représentations  de  la  frise 
lcrres  ça,,"  '  'UCIVe  dans  le  forum  de  Nerva  (A/on.  dell.  Inst.  X,  pl.  xi.i)  et  les 
P1-  vu.  __G9  L°tlVes  de  '  Acropole  d’Athènes,  Journ.  of  hell.  slud.  1897,  p.  309, 

<ie  Bcotie  (H  'C°Ct’’  XXVI11’  *•  ~  10  Cf-  lcs  bustes  de  terre  cuite  de  Locride  et 
hsei9-  im™*’  FigUrines'  P1-  XIÏ>  n°  3)  et  les  statuettes  d’Athènes  (Arcli. 
//..■Pea-I  ’  r'  l4aj  Gerhard,  Akad.  Abhandl.  pl.  xxu;  Stackelberg,  Grâber  d. 
"«lirai  d'Aii  ''  "’  '°lr  rlus  bas>  5053).  —  U  Terre  cuite  d’Assos,  au  Musée 
VlUî3.-  i3  p  (Pu,'drizel-  MéL-  Perrot’  P-  2Gfi)-  -  12  Antipat.  Anth.  Pal. 

ausamas  (VI,  20,  3)  commente  une  statue  d'Athéna,  à  Olympie,  dont 


Fig.  5045.  —  Athéna  Ergané 
sous  la  forme  d’une  chouette. 


Fig.  5046.  —  Athéna  Ergané 
voilée. 


la  divinité  de  l'aristocratie  foncière,  elle  préside  à  lu  cul¬ 
ture  et  s’identifie  avec  la  déesse  de  la  végétal  ion,  sous 
les  espèces  d’une  autre  Déméter.  L’olivier,  qui  représente 
la  culture  la  plus  lucrative  en  Attique,  est  placé  sous  sa 
protection  ;  elle  possède  ses  oliviers  sacrés  (g optât)  dans 
la  plaine  el  sur  l’Acropole  ,:i.  La  légende  et  le  culte  la 
mettent  en  rapports  étroits  avec  les  personnifications  de 
la  nature  locale  et  de  l’agriculture  en  Attique,  avec  érecu- 
theus-érichtxionios,  les  CÉCROPIDES  et  les  héros  agricoles 
Boutés  et  Bouzygès.  Érichthonios  est  une  transposition 
du  nom  d’Érechtheus,  sans  être 
toutefois  le  même  personnage  16  : 
il  personnifie  dans  le  mythe  attique 
la  glane  de  blé  confiée  au  sol  et  que 
la  rosée  (Pandrose,  Hersé)  doivent 
entretenir  au  sein  de  la  terre  et  ne 
faire  paraître  au  jour  qu’au  moment 
prescrit  (mythe  des  cécropides). 

En  Attique,  il  est  remarquable 
que  les  fêtes  de  la  déesse  cor¬ 
respondent  aux  épisodes  principaux 
de  la  vie  agricole  [Voir  arruephoria, 
kallynteria,  oscuophoria,  panathe- 
naia,  plynteria,  prociiaristeria]  ”. 

A  ce  caractère  d’Athéna  se  rap¬ 
portent  les  épithètes  de  Kicsa-'x  à 
Epidaure18,  de  Ku7taçt(7ffta  en  Laco¬ 
nie  *9,  de  KoXoxxdta,  déesse  de  la 
fève,  à  Sicyone20;  de  Kty|<7i<x,  déesse 
des  biens  de  la  terre,  figurée  avec  des 
épis  dans  les  mains21.  Dans  le  même 
ordre  d’idées,  Athéna  est  invoquée  dans  ses  relations  avec 
les  cours  d  eau.  Outre  ses  rapports  avec  les  fleuves  ou  lacs 
Tritons  auprès  desquels  on  localisait  sa  naissance  en 
Béotie22,  en  Arcadie23,  en  Crète  24  et  en  Libye25,  elle  est 
adorée  en  qualité  d”A<jia,  déesse  des  marais26,  et  de 
NeSouuia 2",  près  du  Nédon,  en  Laconie  et  Messénie, 
de  Aaptaata 28,  près  du  Larisos  d’Ëlide,  de  ruyaiv) 2H,  près 
du  lac  Gygès,  en  Lydie.  C’est  aussi  en  qualité  de  déesse 
de  la  nature  et  de  nourricière  qu’elle  entretient  la  jeunesse 
(xoupoxpdcppç  et  TTxtSoTpdœoç) 30  et  prend  soin  de  la  santé  des 

hommes,  comme 'YYt£[a31,Sokstpa32,ô<j56xA[xrTiç33,  ÔTmXsTiç34, 

àXsçi'xaxo;35,  aTtorpoTtasa,  Ittiuxotto? 36.  Sa  compétence  plus 
spécialement  médicale  résulte  aussi  de  l’emploi  de  l’huile 
en  médecine  et  des  attributions  scientifiques  qui  font  d’elle 
la  patronne  des  médecins  i  telle  1  Athéna  Ttxtcovtx  d  Athènes 
etd  Oropos1  ' ,  et  la  Miner  va  rnedica  desRomains38[HYGiEiA] . 

5°  Attributions  virginales ,  purificatrices  et  mater- 

lc  casque  était  surmonté  d’un  coq  (cf.  Plut.  Qu.symp.  III,  G,  p.  G34).  —  14  Hesiod. 
Theog.  573  ;  Op.  et  d.  72.  Le  culte  d’Athéna  Ergané  est  attesté  à  Athènes  (Paus.  1, 
24,  3,  etinscr.  Corp.  viser,  att.  index),  Olympie  (Paus.  V,  14,  5),  Sparte  (III,  17,  4)[ 
Mégalopolis  (VIII,  32,  4),  Thespies  (IX,  2G,  8),  Samos  (Suid.  el  Hesycli.  s.  v. 
’Eçvàvj,  ou  ’EP~à-r,;  ;  Hesycli.  s.  D.),  Délos  (o’çyivr;,  Bull.  corr.  hell.  1884,  p.  22), 
Delphes  (Faf?iv«,  Mil.  Perrot,  p.  239),  Cyzique,  qui  se  vantait  d’avoir  reçu 
d’AUiéna  l’aptitude  aux  arls  parce  quelle  lui  avait  élevé  le  premier  temple  (Anth 
Pal.  VI,  342.;  Bull.  corr.  hell.  1882,  p.  613).  —  15  Herod.  V,  82;  VIII,  55;  Soph. 
Oed.  Col.  G95;  Schol.  Arist.  Nub.  1005;  Suid.  s.  v.  copiât  (cf.  Harrison.  Clàs.  Itev. 
IX.  1895,  p.  89).  Sur  Athéna  et  l’olivier  à  Rhodes,  Anth.  Pal.  XV,  11.  _  IG  \'0jr 
plus  haut,  p.  1913,  n.  11.  —  17  Apollod.  III,  14,  1  ;  Hygin.  1G4.  —  18  paus  ||  o9  ; 

-  19  Ibid.  III,  22,  9.  -  20  Alhen.  III,  72.  -  21  Hippocr.  De  insomn.  /,  p~ 3’78' 

-  22  Strab.  IX,  413;  Paus.  IX,  33,  5;  Schol  .II.  IV,  8.  -  23  A  Aliphéra,  Paus! 
VIII,  26,  4.  —  24  Diod.  V,  70,  72.  —  25  Herod.  IV,  180.  —  2G  paus.  RI  2  4  7 

-  27  strab.  VIH,  3G0.  -  28  paus.  VII,  17,  5.  _  29  Eustalh.  In  H.  p.’  3~G6  3 

-  30  Soph.  Oed.  Col.  693.  -  31  paus.  I,  23,  5;  31,  3.  —  32  Au  Pirée  Lyc  In 

Leocr.  G  ;  Diog.  Laert.  V,  16.-  33  Plul.Aj/c.  11,2.-34  pans.  III,  18,  2.’ -  33Aris- 
tid.  In  Min.  p.  26.  ’Axotço, nia  à  Érylhrées  avec  Zeus  (Dittenber-er 

Syll.  600).  -  3 G  Sol.  fr.  III,  3,  Bergk.  -  37  pans.  [_  2>  +  :U)  f  _  38  Voi[.  p,us 


MIN 


—  1916  — 


MIN 


nelles.  —  La  déesse  poliade,  la  guerrière  indomptable 
(x8âu.rroç  Osai  àxpuTwvT])  est  naturellement  inviolable  et 
vierge,  Trapôévoç 2,  servie  par  des  vierges  dans  son  Par- 
thénon  3.  Elle  est  la  fdle,  xopîoc,  à  Kleitor4,  xoc-qci'a,  eu 
Crète  5.  Les  monnaies  attiques  à  son  effigie  s’appelaient 
xopai  G.  Le  nom  primitif  de  la  rivière  thessalienne  et  béo¬ 
tienne,  le  Kouarios,  se  changeàcause  d’elle  en  KopaXto;  \ 
Elle  reçoit  des  poètes  les  épithètes  d'aiSonq,  «puyôXsxTpoç, 
aXexxpoç 8,  et  se  présente  vêtue  au  jugement  de  Paris  9. 
Tirésias  perd  la  vue  pour  avoir  voulu  la  contempler  au 
bain 10  ;  c'est  en  vain  qu’Héphaistos  tenta  de  la  posséder  11 . 
Les  rares  légendes  qui  lui  attribuent  des  enfants  sont  des 
adaptations  récentes  de  mythes  divers12.  En  plusieurs 
endroits,  sa  statue  est  l’objet  d’un  rite  purificateur  qui 
lui  impose  un  bain  dans  une  rivière  sacrée13.  Aussi  est- 
elle  la  Pure  (\Ayvx)14,  la  Purificatrice  (xaOâpaioi;)  *3.  Les 
rites  de  la  divinité  libyenne  du  lac  Tritonis,  que  les 
colons  minyens  identifièrent  avec  Athéna,  mettaient  sous 
sa  sauvegarde  la  virginité  des  filles  du  pays  l6.  Athéna  ne 
connaît  pas  les  faiblesses  de  son  sexe;  elle  soutient 
plutôt  le  droit  masculin  contre  l’égarement  des  femmes 
et  défend  l’honneur  du  foyer  conjugal.  Eschyle  lui  fait 
dire  à  la  fin  des  Euménides 17  :  «  Je  n’ai  point  eu  de 
mère  pour  me  mettre  au  monde.  Mon  cœur  toujours, 
jusqu’à  l’hymen  du  moins,  est  tout  acquis  à  l’homme  : 
certes,  je  suis  ici  du  côté  du  père.  Peu  doit  me  toucher 
dès  lors  la  mort  d’une  femme  qui  avait  tué  l’époux,  gar¬ 
dien  du  foyer.  »  Comme  TraiSoxpo^oç,  elle  étend  sa  protec¬ 
tion  sur  les  enfants.  Sa  sollicitude  quasi  maternelle  pour 
le  petit  Érichthonios  est  un  exemple  pour  les  mères18. 
Aussi,  a  Élis,  les  femmes  l’adoraient-elles  sous  l’invoca¬ 
tion  de  Mt)tyip19.  A  Athènes,  elle  tient  dans  sa  main  la 
grenade,  symbole  de  la  fécondité20.  Sa  prêtresse  portait 
l’égide  sacrée  chez  les  jeunes  mariés21.  Enfin,  elle-même 
assiste  Léto  dans  ses  couches  à  Délos22. 

G0  Attributions  politiques  et  pacifiques.  —  Athéna  est  la 
déesse  du  bon  gouvernement  et  la  protectrice  du  droit. 
La  divinité  poliade  inspire  les  conseils  de  l’État,  les 
assemblées,  les  tribunaux  et  veille  sur  les  institutions  de 
la  cité  en  temps  de  paix.  Son  rôle  s’identifie  parfois  avec 
celui  de  Déméter  Thesmophoros  ou  de  Thémis.  Dans 
Ylliade ,  elle  intervient  auprès  des  héros  pour  les  con¬ 
seiller;  elle  se  fait  l’arbitre  de  leurs  querelles  et  leur  sug¬ 
gère  une  attitude  conciliante23.  Dans  l 'Odyssée,  il  y  a 
harmonie  complète  entre  le  caractère  de  la  déesse  et 
celui  de  son  héros  favori,  qui  a  taillé  son  lit  conjugal  dans 

l  Sopli.  Ajax,  450.  —  2  Bymn.  hom.  IX,  3.  —  3  Voir  plus  loin. 

_  4  Paus.  VIII,  21,3.  — 5  St.  Byz.  s.  v.  Koçtov.  —  6  Plat.  Leg.  706  B; 

Poil.  IX,  75.  — 7  Alcae.  ap.  Strab.  IX,  411;  Callim.  Lav.  Pall.  63;  Schol. 
Apoll.  Rhod.  I,  531.  —  8  Bruclimann,  Epith.  cleor.  —  9  Callim.  Op.  I. 

_  10  Voir  plus  loin.  —  U  Voir  plus  loin.  —  12  Apollon  Palroos,  fils  d'Athéna  et 

d’Héphaistos  (Clem.  Alex.  Cohort.  p.  8  ;  Cic.  Nat.  deor.  111,  22,  23;  Lyd.  De  mens. 
54;  Harpocr.  s.  v.  ’A-.  r.ax s.).  L  union  ou  fooç  yàjzoç  d  Héphaistos  et  d  Alliéna  au 
milieu  de  l'orage  (Hygiu.  Fab.  166;  Eratosth.  Cat.  13)  d’où  serait  issu  Érichlho- 
nios  ou  Lyclinos.  Tzetzès,  Lyk.  111,  rapporte  qu’Athéna,  dite  Béloniké,  était  une 
princesse  altique,  fille  de  Brontaios,  unie  à  Héphaistos  dont  elle  eut  Érichthonios. 

—  13  Voir  plus  bas.  —  H  Schol.  Arist.  Nub.  967.  —  18  Acsch.  Eumen.  578;  Arist. 
In  Min.  —  16  Herod.  IV,  180.  —  17  V.  736-740,  trad.  Mazon.  —  13  On  mettait  aux 
enfanls,  en  souvenir  d’Érichthonios,  des  bracelets  en  forme  de  serpent  (Eurip.  Ion. 
25,  1427).  —  19  Paus.  V,  3,  2.  —  20  Harpocr.  s.  v.  Nî»i|.  —  2iSuid.  s.  v.  aiyiç. 

—  2-2  Hyper.  Del.  fr.  70  (Blass,  Aristid.  I,  p.  21,  157  et  Schol.).  —  23  II.  |,  207  sq. 
Déesse  de  la  Concorde,  elle  s'associe  comme  'OiaoW;  à  Zens  Homolôios  en  Béolie. 
Schol.  Lycophr.  520.  —  24  Od.  XXIII,  190.  —  23  Callim.  L.  Pall.  52.  —  26  Schol. 
Arist.  Av.  515;  Corp.  inscr.  gr.  477.  —  27  Sur  une  gemme,  Leake,  Morea,  II,  80. 

—  28  Pind.  Olymp.  VII.71.  C'est  par  elle  et  Zeus  Boulaios,  que  les  Bouleutes  athéniens 
prêtent  serment  à  leur  entrée  au  Bouleutérion,  où  les  deux  divinités  ont  un  hiéron 
(Antiph.  Dechor.  45,  p.  146  ;  Corp.  inscr.  att.  111,272,  C83).  —  29  A  Sparte  (Paus.  111, 
13,  6).  —  30  Sparte  (Paus.  III,  1 1,  9).  —  3!  a.  Oftu;  (Corp.  inscr.  ait.  III,  323). 


«ouver- 


un  tronc  de  vieil  olivier24.  Comme  directrice  du 
nement,  Athéna  reçoit  les  noms  de  p«<x{Xet#  ’  ; 
àyTjffteoXtç21;  comme  conseillère  des  pouvoir!* 
ceux  de  pouXcua28,  à^odXtx 29,  àyopaîa30;  comme  Lr-n’.'r  1CS’ 
du  droit  (Oljxtç)31,  de  l’hospitalité  (Ç,vfc) 32  des  s  u,  i  'enne 
(*P"afc)«  des  tribunaux  criminels 
asiles  où  se  réfugient  les  meurtriers  en  attendu  t  il 
résultat  des  transactions  avec  la  famille  de  h  .'!!•  ° 
(Athéna  ’AXÉx) 3S.  C’est  pourquoi  elle  admet  auprès  d’efil 
les  divinités  de  la  Poursuite  et  delà  Vengeance, les  Pr  \ 
dèques36,  les  Euménides  ou  Arai31. C’est  elle  qui  fonde 'Ji 
Athènes  l’Aréopage 38  et  préside  le  tribunal  ètù  IlaXXaS.'.o 38 
Elle  interprète  le  droit  criminel  dans  le  sens  le' plus  I 
humain  et  le  plus  philosophique,  et  proportionne  le  ch⬠
timent  à  la  responsabilité.  Elle  répudie  les  violences  san¬ 
guinaires  du  droit  archaïque,  la  vendetta  et  la  foi  <ju 
talion.  Le  légendaire  ’Aû-qvSç  entraîna  l’acquitte¬ 

ment  d’Oreste40.  Les  figures  491,  492,  493  [areopagus] 
représentent  Athéna  déposant  son  vote  dans  l’urne. 

Comme  cnraOuta,  Athéna  surveillait  la  justesse  des  poids 
et  mesures41.  Elle  présidait  aussi,  comme  montai*  à 
Athènes42,  comme  àTcaxoupta  à  Trézène43,  peut-être  aussi 
comme  lirnTopyrriç 44  à  Abdère,  aux  subdivisions  inté¬ 
rieures  du  corps  des  citoyens.  On  la  voit  enfin  invoquée 
comme  déesse  fédérale  par  des  groupes  d’États  et  de 
grandes  ligues  :  comme  ’Itwvïx,  elle  préside  aux  Parnbœo- 
ties  de  Coronée43  ;  comme  riavayat;46  et  ’AgaptVqelle  est 
à  la  tête  de  la  Ligue  achéenne. 

7°  Attributions  intellectuelles .  —  Athéna  est  la  déesse 
de  la  raison,  de  la  pensée,  du  savoir.  Toutes  les  qualités 
morales  et  intellectuelles  qu’implique  la  protection  d’une 
grande  cité  sont  réunies  en  elle.  Déjà  la  divinité  pru¬ 
dente  de  l’ Odyssée  personnifie  la  pensée  réfléchie,  la  cppd- 
vTjtrtç,  la  Ttoôvotoc,  la  [ATjTtç.  En  intelligence,  elle  égale  son 
pière  et  surpasse  les  autres  dieux,  autant  qu’Ulysse  sur¬ 
passe  les  autres  hommes48.  Elle  estla  rcoXûêouXoç 49  et  la 
7roôvo'.a  60  :  nous  avons  parlé  de  la  légende  qui  lui  donne 
pour  mère  Métis  :  «  Nous  attribuons  à  Athéna,  dit  Aris¬ 
tote,  la  science  et  l’art51.  »  En  effet,  des  arts  mécaniques  I 
sa  compétence  s’étend  à  tous  les  arts  en  général,  à  la  lit-l 
térature,  à  la  philosophie,  à  toutes  les  manifestations  de 
la  pensée.  Elle  est  comme  une  Muse  encyclopédique. 
Musicienne  (lyxéXaSoç52,  àiqSùjv  33,  pog^uXta  l4,  ffâXitty,  ^  )t 
d’après  la  légende  béotienne38,  elle  invente  la  flûte, 
qu’elle  enseigne  à  Apollon  et  dont  elle  accompagne  a 
danse  pyrrhique51.  Cependant  la  légende  athénienne,  au 

-  32  Sparte,  avec  Zeus  Xénies  (Paus.  I.I,  11,  8).  -  33  A  Delphes  A.  -*«£. dontle 

sanctuaire,  situé  à  l’entrée  du  téménos  d'Apollon,  a  été  dégagé  par  e  ^  J3  c), 

de  l’École  française  d’Athènes  (voir  plus  bas).  34  ’Aïttluoivo;  a  par  e  1  31  ’Ac,ch 

-  33  Voir  plus  loin.  -  36  Au  Tilphossion  de  Béolie.  Vo.r  Pusba3’  J 

Eumen.  745  sq.  _  38  Sur  l’Aréopage,  colline  des  ”Ajat,  vo.r 

Athen.  I,  428.  _  39  Suid.  ’E.t  n.XX.J.Vi  Tkes.  7;  Corp.  ms  ■  «  * 

-  40  Aesch.  Eumen.  745  sq.  ;  Eurip.  Elect.  12Go;  Jph.  Tauu  ■  p 

_  41  Hesych.  s.  v.  „«»*..  -  42  Avec  Zeus  Phr.lr.os,  Plat.  Euthy  .  P  ^ 

-  43  Paus.  H,  33,  t.  -  44  Hesych.  a.  «.  Ahdêre  était  une  colonie  de  ^ ^ 

population  était  divisée  eu  itûjyot  (Corp.  inscr.  gr.  >’  __  4S  Od.  XIH> 

-  46  Paus.  VII,  20  ,  2.  -47  Le  Bas-Foucart,  Inscr  du  Pélop.  M  5fl, 

297.  —  4J  II.  V ,  260  ;  XVIII,  311  ;  Hesiod.  Theog.  896  np  Alhéna  Pronoia  à 

1,  17,  55),  à  Prasiao  (Bekkcr,  Anecd.  299).  La  mention  fusion  avec  l’Athéna 
Delphes  par  certains  textes  littéraires  repose  sur  un  IV  (VII),  1341  L 

«?»»««  (Demosth.  XXV,  34;  Paus.  X,8,6;  Suid.  s.  v .  .  ‘  _1  52  Hesych.  s.  v. 

21  ;  cf.  Plat.  Cratyl.  407  A  ;  Paus.  V’III,  36,  5  (Alh.  Mêcbamt.s).^  ^  ^  ^ 

-  53  En  Pamphylie,  Hesych.  s.  v.;  cf.  la  Minerva  musica  ^  Voir  pIus  haut. 

XXXIV,  8,  19.  -  34  Lycophr.  786;  Schol.  et  Hesyc  .  s-  »•  ^  A  Gell. 

_  36  Pind.  Pyth.  XII,  6-12  et  Schol.  Nonn.  XX1\,  36.  ,je  mus.  1136  c; 

Noct.  att.  XV,  17  ;  Athen.  XIV,  616  e.  -  51  Connu.  t .  -  ,  96  „ .  Aristid. 

Athen.  IV,  184  f;  Schol.  Pind.  Pyth.  II,  «7  i  cf.  Plat.  Leg. 

I.  24. 


MIN 


—  1917  — 


MIN 


siècle,  était  toute  différente.  Par  haine  des  Béotiens, 
■uuateurs  de  flûte,  les  Athéniens  racontaient  qu’Athéna 
'était  dégoûtée  de  cet  instrument,  parce  qu’il  altérait  sa 

beauté,  et  l’avait  re¬ 
jeté  avec  colère  aux 
pieds  du  satyre  Mar- 
syas  l.  Un  groupe  cé¬ 
lèbre  de  Myron,  con¬ 
sacré  sur  l’Acropole  2 , 
représentait  cet  épi¬ 
sode,  dont  les  bas-re¬ 
liefs,  monnaies  et 
vases  peints  se  sont 
inspirés  3. 

L’activité  intellec¬ 
tuelle  d’Athènes  s’est 
personnifiée  dans  la 
déesse  sculptée  par 
Phidias. La  figure 5047 
représente  Athéna 
écrivant  sur  un  dipty¬ 
que  ouvert,  et  portant 
à  ses  lèvres  le  stv- 

*J 

let*.  A  l’époque  hellénistique,  notamment  à  Pergame, 
Athéna  est  devenue  la  protectrice  des  poètes  et  de  tous 
les  savants.  Elle  se  mêle  aux  Muses  ;  son  effigie  préside 
dans  les  Bibliothèques  à  toutes  les  formes  du  travail 

intellectuel  3. 

On  attribuait  aussi  à  Athéna  la  science  des  enchante¬ 
ments  et  la  connaissance  de  l’avenir  G. 

Conclusion.  —  En  résumé,  la  Pallas-Athéna  classique 
paraît  résulter  de  la  combinaison  de  deux  divinités  très 
antiques  préposées  à  la  sauvegarde  des  cités  primitives  : 
la  Pallas,  personnification  des  hommes  d’armes,  repré¬ 
sentée  par  les  anciens  Palladia  debout  et  armée,  et 
l’Athéna  Polias,  personnification  de  l’acropole  fortifiée, 
où  résidait  la  noblesse  militaire,  et  figurée  sous  les  traits 
d’une  déesse  assise  couverte  de  l’égide.  Les  rapports  de 
cette  déesse  avec  les  cours  d'eau  qui  l’ont  fait  qualifier  de 
Tritogéneia,  et  avec  le  Poséidon  Érechtheus,  dieu  des 
eaux  terrestres,  s’expliquent  par  le  fait  qu’aucune  acro¬ 
pole  n’était  habitable  sans  la  proximité  d’une  source  ou 
dune  rivière  ;  ces  rapports  sont  symbolisés  en  plusieurs 
endroits  par  le  bain  sacré  de  l’effigie  divine  dans  la 


rivière  voisine1.  Une  fois  opérée  la  fusion  entre  les  per¬ 
sonnifications  de  la  citadelle  et  de  ses  défenseurs,  Pallas 
Athéna  devint  la  patronne  (SécrTroiva)  de  la  cité  et  de  son 
territoire,  la  déesse  (tj  0 eô«)  8.  C’est  à  Athènes  que  sa 
figure  s’est  le  mieux  développée.  Elle  y  est  devenue  la 
personnification  idéale  de  Loute  la  cité.  Ses  attributions 
se  sonL  identifiées  avec  l’activité  de  la  ville.  Leur  multi¬ 
plicité  est  à  l’image  de  l’organisme  complexe  que  la 
déesse  avait  mission  de  protéger.  Elle  y  est  comme  un 
premier  ministre  réunissant  sous  sa  compétence  tous  les 
départements  de  l’État  :  conception  essentiellement  réa¬ 
liste,  et  qui  atteste  à  quel  point  certains  dieux  grecs  sont 
créatures  et  reflets  de  l’humanité9. 

IV.  Principaux  lieux  du  culte.  —  Thessalie.  —  L’un 
des  cultes  les  plus  anciens  d’Athéna  était  celui  des  Éoliens 
delà  Thessaliotide  et  delà  Phthiotide  ;  son  principal  sanc¬ 
tuaire  se  trouvait  près  de  la  ville  d'I- 
ton  ou  Itonos,  en  Phthiotide,  sur  les 
bords  de  la  rivière  Kouiçto;10  ou  Kou- 
pàXto;11,  non  loin  du  temple  de  Poséi¬ 
don  Kouérios  et  de  la  ville  de  Coro- 
née.  La  déesse  portait  le  nom  d'Itonia 
ou  Itonis,  et  aurait  été  une  déesse 
agricole,  une  crt T&a.dp&ç.  si  l’on  accepte 
l’assimilation  ’Itwv  =ffixu>v  donnée  par  Étienne  de  By¬ 
zance12.  Athéna  Itonia  portait  aussi  le  surnom  de 
Poûôeta13.  Elle  était  pour  les 
quasi  fédérale  qui  les  assis¬ 
tait  pendant  leurs  expéditions 
(fîg.  5048  et  5049]  u. 

Béotie.  —  Le  culte  d’Athéna 
Itonia  est  aussi  un  des  plus 
vieux  et  des  plus  importants 
de  la  Béotie.  A  en  croire  Stra- 
bon15,  suivi  non  sans  raison 
par  la  plupart  des  érudits 
modernes,  il  y  aurait  été  importé  par  les  Béotiens  de 
la  Phthiotide,  chassés  de  Thessalie  par  l’invasion  thes- 
salienne  après  la  guerre  de  Troie.  On  retrouve,  en  effet, 
en  Béotie  la  ville  deCoronée,  le  fleuve  Kouarios  ou  Kora- 
lios16  et  le  temple  d’Athéna  Itonia17.  D’après  Gruppe,  ces 
rapports  devraient  être  intervertis  :  c’est  le  sanctuaire 
béotien,  d’origine  cadméenne  lui-même,  qui  aurait  été 
le  métropolitain.  L’épithète  d’Itonia  serait  phénicienne, 


Fig.  5048.  —  Alliéna  Itonia. 
sur  une  monnaie  de  Co- 
ronée  (Thessalie). 


Thessaliens  une  divinité 


Fig.  5049.  —  Athéna  Itonia  sur  une 
monnaie  de  la  confédération  thes- 
salienne. 


1  Pol,  IV  (VII),  1340  a,  30;  Flut.  De  cohib .  ira.  456  sq.  ;  Hygin 

Fab ■  163 !  l'ropert.  111,  30,  17;  Alyth.  vat :  I,  125;  11,  115;  III,  10,  7;  Fulgent.  III, 
9;Eurip.  1085;  fferacl.  1,  40,  80  ;  Apollod.  I,  4,  2;  Schol.  Plat.  Symp.  215  B; 
Weslcrmann,  Myth.  gr.  Append.  47,  1,2;  Tzelz.  Chil.  I,  15  ;  Ovid.  Fast.  VI,  690  ; 
a  aipli.  48.  fous  ces  témoignages  varient  sur  les  circonstances  et  le  théâtre  de  cet 
épisode.  -2  Plin.  fiist.  nat.  XXXIV,  57  ;  Paus.  1,  24,  I.  —  3  Beulé,  Atonn.  d'Ath. 
Jl  '°>iSybel,  Athéna  u.  Alarsyas,  Marburg,  1879;  Hirschfeld,  Athen.  u.  Mar- 
*!/«*,  1872;  Fougères,  Bull,  de  corr.  hell.  XII,  1888,  p.  110  et  112.  Bibliographie 
,/ '  ,-)vcl'beck,  Gr.  Plastilc.  I,  208,  et  Roscher,  Lexik.  s.  v.  Alarsyas,  p.  2448. 
°!  ShEtil  el  tibia.  —  4  Lenormant  et  de  Wilte,  Élite  céram.  I,  pl.  i.xxvu. 
I  219-  Statue  d’Athéna,  réplique  de  l’Athéna  de  Phidias,  trouvée 

la  Kran(le  salle  de  la  Bibliothèque  de  Porgaine,  Conze,  Sitsungsb.  d.  Berl. 
! :"'1,  * 260.  —  6  a.  Bà«avc{  (Nie.  Dam.  p.  309);  v Or/mV  à  Teumessos  de 
,a;VUpiè9  ^  iulerprétation  de  Pausanias  (IX,  19,  1),  déesse  de  la  magie;  ernii'a 
I  .  '  I  hémios)  à  Érythrécs  (Diltcnbergcr,  Sylt .2,  G00),  c’est-à-dire  la  Réuéla- 

Alliéna  Tritogéneia  avec  un  casque  orné  de  crabes,  Lenormant,  Gaz. 
^Ur  *e  *>a'n  *a  dallas  au  Phalèro,  voir  Corp  inscr.  att.  Il, 
~  8  l’i  1'  ^  7 1  Cette  cérémonie  semble  différente  de  celle  des  Plyntéries. 

706  B  ;  ^  xap’  Kôpr]  vat  Afaxocva  ;  cf.  Diuarch.  C.  Déni. 

_  a  j>l<n'0lV  ’A9'|V®  **>l  Ztï  SSxeç.  Corp.  inscr.  att.  I,  31,  1.  24  et  32,  I.  34,  etc. 
COm  *  ",ls  Pour  mémoire  l’interprétation  totémique  d’Athéna,  considérée 
'  1 11  dan  des  boucs  (Robertson  Smith,  art.  sacrifice  dans  1  ’Encycl. 

29  p"!"™’  7  10  Slrab-  IX,  5,  I  4,  p.  435.  —  H  Strab.  IX,  5,  17,  p.  438  ;  cf.  IX,  2, 
d"  leniplè  Giann°P°ulos  {Bull.  corr.  hell.  XVI,  1892,  p.  473-478)  situe  les  restes 


s,n  une  bulle  voisine  du  Xérias  (Kouralios),  près  du  village  moderne  de 

Vf. 


Karatzatagli.  Il  y  avait  en  Hestiæotidc  un  autre  Kouralios,  affluent  du  Pénée,  et 
qui  passait  près  de  la  ville  de  Pélinnæon.  Le  leste  de  Strabou  (IX,  5.  17,  p.  438) 
présente  une  lacune.  Voir  à  ce  sujet  Bursian,  Geoyr.  v.  Griech.  I,  p.  52;  Jahrb. 
f.  Philol.  LXXIX,  p.  234;  Georgiadès,  ©caaaVa,  p.  56.  O.  Muller  a  supposé  à  tort 
l’existence  d’un  troisième  temple  d’Athéna  Itonia  en  Thessaliotide,  près  de  Kiérion 
et  d’un  quatrième  enlre  Larissa  et  Phères  ( Dorier .  Anhang.).  Mais  la  Larissa  visée 
par  Pausanias  (I,  13,  2)  est  Larissa  Crémaslé  et  non  Larissa  de  Pélasgiolide.  Donc 
le  temple  en  question  n’est  autre  que  celui  dltonos.  Mention  des  mois  Kouralios  et 
Itonios  sur  des  inscriptions  de  Pyrasos  et  d  ltonos  :  Bull.  corr.  hell.  XV,  p.  5G3 
et  568.  —  12  S.  v.  ’l-niv.  Diimmler  ( Athéna ,  dans  Tauly-Wissoiva,  Beal-encycl.  112, 
p.  1947)  préfère  avec  raison  !te»v  =  saussaie.  — '3  Lycophr.  Alex.  359  et  Schol. 
Eustath.  In  11.  XVI,  571,  p.  1076  R  et  St.  Byz.  s.  v.  —  14  Paus.  X,  1,  10,  où  sou 
nom  est  donné  comme  mot  d’ordre  pendant  la  guerre  contre  les  Phocéens.  Sur 
l’Acropole  de  Larissa,  culte  d’Athéna  Polias,  Cauer,  Del.ï,  409  ;  Uollilz-Bechlel 
Dial,  inschr.  1,  345.  La  figure  5048  reproduit  une  monnaie  d’argent,  de  Coronée 
avec  la  tête  d’Athéna  Itonia  coiffée  d’un  casque  à  triple  aigrette;  la  figure  5049  une 
monnaie  d’argent  de  la  Confédération  Ihessalienne  avec  la  tête  laurée  d’Apollon  et 
Athéna  Itonia.  —  15  Strab.  IX,  2,  29,  p.  411.  —  16  Aie.  ap.  Strab.  L.  c.  ;  Callim. 
V,  64.  —  17  D’après  Paus.  IX,  34,  1,  le  temple  se  trouvait  entre  Coronée  et 
Alalcoménai,  après  qu’on  avait  traversé  le  Phalaros  en  descendant  du  mont 
Laphystion  (cf.  Plut.  Ages.  19).  Cet  emplacement  correspond  au  site  actuel  de 
Mamoura,  sur  les  bords  de  l’ancien  Copaïs  (Foucart,  Bull.  corr.  hell.  IX,  1885, 
p.  427)  où  plusieurs  décrets  de  la  Confédération  out  été  découverts  (Corp.  inscr. 
gr.  sept.  2859-2869;  'cf.  3426).  ’a6.  dans  Keil,  Syll.  inscr.  beot., 

p.  IIS. 

241 


MIN 


-  1918  — 


MIN 


el  signifierait  /'impérissable,  pour  désigner  l’esprit  qui 
survit  à  la  mort  et  révèle  au  croyant  les  secrets  de 
l’enfer  1 .  D’après  une  indication,  peut-être  fautive,  de 
Strabon,  une  légende  mystique  rapprochait  en  Béotie 
Athéna  Itonia  et  Iladès  2,  tandis  que  c’est  Arès,  d’après 
les  inscriptions,  et  Zeus,  d'après  Pausanias  3,  qui  s’asso¬ 
ciaient  à  la  déesse.  De  Béotie,  suivant  Gruppe,  le  culte 
d'Athéna  Itonia  se  serait  propagé  de  bonne  heure  dans 
les  colonies  béotiennes,  en  Épire,  en  Thessalie,  en  Thrace, 
en  Lydie,  à  Amorgos,  à  Athènes  4.  En  tout  cas,  c’est 
auprès  du  sanctuaire  de  Coronée  que  les  Béotiens  célé¬ 
braient,  vers  le  mois  d’octobre  3,  la  fête  fédérale  des 
Pambœotia  6.  La  déesse  belliqueuse  (TtoXsgoBdx&i;)  7,  pro¬ 
tectrice  de  la  Ligue  8,  recevait  des  tro¬ 
phées  après  la  victoire  (fig.  5050)  9.  On 
lui  consacrait  aussi  des  statues 10 *.  De 
plus,  la  légende  officielle  faisait  d’itonos 
un  filsd’Amphictyon  De  l’amphictyonie 

Fig. 5050. _ Athéna  primitive  naquit  la  Confédération  béo- 

itonia  sur  une  tienne  [boeoticum  foedus,  KOiNON].Le  sanc¬ 
tuaire  était  probablement  aussi  un  asile 
amphictyonique. 

Athéna  Itonia  absorba  probablement  un 
ancien  culte  local,  celui  d’Iodama,  sans  doute  personni¬ 
fication  de  quelque  vieux  Palladion  en  forme  de  bétyle, 
dont  la  présence  était  expliquée  plus  tardpar  une  légende  : 
Iodama,  prêtresse  d’Athéna,  ayant  pénétré  la  nuit  dans  le 
sanctuaire,  villa  déesse  et  fut  pétrifiée  à  1  aspect  du  Gor- 
gonéion  fixé  à  son  chiton.  De  ce  culte  primitif  subsista 
l’usage  de  faire  allumer  par  une  prêtresse  un  feu  quoti¬ 
dien  sur  l'autel  d’Iodama,  en  prononçant  trois  fois  la 
formule  rituelle  :  «  Iodama  vit  et  demande  du  feu  »12.  Le 
cas  d’Iodama  présente  beaucoup  d’analogie  avec  celui 
d’Hyakinthos  à  Âmyclées  [hyakinthia]  et  de  Lvcaon  au 


sur  une 
monnaie  de  la 
confédération  béo¬ 
tienne. 


Lycée  [lykaia].  Iodama  semble  bien  être  la  divinité  abori¬ 
gène  supplantée  par  Athéna  Itonia13 * *. 

Non  loin  de  là,  à  mi-chemin  entre  Coronée  et  Ilaliarte, 
se  trouvait  un  autre  sanctuaire  d’Athéna,  peut-être  plus 
ancien  encore,  l’ Alalkotnénion,  situé  au  pied  du  mont 
Tilphossion,  près  de  la  source  Tilphossa,  et  sur  les  bords 
de  la  rivière  Triton,  affluent  du  lac  Copaïs.  La  légende  de 
la  naissance  d’Athéna  était  localisée  à  cet  endroit  Une 


autre  légende,  conforme  à  celle  des  Palladix 
que  le  xoanon  en  ivoire  de  la  déesse  élail"  tonT*01^1 
ciel 16.  On  disait,  aussi  que  Tirésias,  dont  le  tombé"  "  •  ^ 
proche16,  était  devenu  aveugle  pour  avoir  apn','' 'T 
déesse  au  bain  n,  légende  qui  semble  attester  l’usaKe'r  & 
bain  rituel  de  l’idole  dans  les  eaux  du  Triton18  am  t"" 
Portait  l’épithète  d’ ’AXaXxcpsvTjtç  «  celle  qui  repoussé"1 
Il  y  a  lieu  de  croire  que,  à  l’origine,  la  déesse  n’éfïl 

autre,  sous  le  nom  d’Alalcoménia,  que  la  personnification! 

même  du  mont  Tilphossion20,  considéré  comme  une  f0P 
teresse  naturelle  commandant  la  route  d’Orchomène  l\ 
Thèbes*1.  Il  y  avait  aussi  sur  la  pente  du  Tilphossion  un 
sanctuaire  à  ciel  ouvert  des  Praxidiques22  (dont  une! 
appelée  Alalcoménia)23,  de  même  qu’à  Athènes  les  Eumé¬ 
nides  s’installèrent  sur  l’Aréopage,  rocher  attenant  à 
l'Acropole25-.  Alalcoménia,  personnification  locale  de  la 
forteresse  du  Tilphossion,  puis  Praxidique,  se  combina 
avec  Athéna  sous  le  nom  d’Athéna  Alalcoménéis,  et 
imposa  à  cette  déesse  une  part  de  sa  personnalité  de  Jus- 
ticière.  Le  sanctuaire  d’Athéna  Alalcoménéis  était  un 
asile  inviolable23.  Les  Minyens  de  Béotie  transportèrent 
le  culte  d’Alalcoménia  en  Arcadie26,  et  celui  d’Athéna,  née 
du  Triton,  en  Libye  27. 

A  Thèbes,  le  culte  d’Athéna  Onka  (’'Oyxa28,  ’OyxatTj29* 
"Oyya30)  était  lié  à  la  légende  de  Cadmos. D’après  Eschyle31, 
le  sanctuaire  était  voisin  d’une  porte  de  la  ville,  proba¬ 
blement  la  porte  ogygienne32.  C’est  là  que  Cadmos  aurait 
sacri fié  à  Athéna  la  vache  qui  l’avait  guidé 33 .  D’après  Pau¬ 
sanias,  la  déesse  possédait,  en  un  endroit  non  déterminé, 
un  autel  et  une  statue  en  plein  air35.  Les  auteurs  anciens35 
s’accordent  à  attribuer  à  Onga  ou  Onka  une  étymologie 
phénicienne  ;  mais  les  savants  modernes,  qui  les  ont 
suivis36,  n’ont  pas  encore  pu  la  découvrir  31.  Athéna  était 
encore  adorée  à  Thèbes  sous  le  nom  de  Çaxrrqfia  !8. 

Attique.  —  L’Attique  subit  très  anciennement  l’in¬ 
fluence  mythologique  de  la  Béotie  et  de  1  Eubée 3  .  Si  1  on 
ne  peut  affirmer  que  le  culte  d’Athéna  ait  été  introduit 
en  Attique  par  l’intermédiaire  de  la  Béotie,  il  est  avéré? 
que  les  légendes  des  deux  pays  se  combinèrent  de  bonne 
heure40.  Dans  certains  dèmes  altiques,  le  culte  de  la 
déesse  était  très  ancien  et,  semble-t-il,  indépendant 
celui  de  la  capitale  :  au  sommet  du  Pentélique  ,  et  t  ans 


l  Cf.  en  Crète  Itonos,  Itané.  Gruppe,  Griech.  Myth.  p.  77.  —  2  Foucart  (Bull 
corr.  hell.  IX,  1885,  p.  432)  propose  de  corriger  'AïSik  en  "Aç^ç,  d'après  les  inscrip¬ 
tions  agonistiques  des  Pambœotia.  — 3  IX,  34,  1.  4  Bull.  corr.  hell.  Mil, 

1884,  p.  450;  XV,  1891,  p.  590;  Corp.  inscr.  att.  I,  210,  12.  —  5  Latiscliew, 
Festzeit  d.  Pamboeotien,  Ath.  Mitth.  VIII,  1882,  p.  31-39.  —  c  Strab.  et  Paus. 
L.  c.\  Plut.  Am.  narr.  4.-7  Alcée,  Fr,  9.  —  8  A  l'époque  impériale,  du  moins, 
c'est  le  *«vov  qui  désigne  la  prêtresse  (Corp.  inscr.  gr.  sept.  3426).  —  9  Polyaen. 
VU,  73.  I,a  figure  5050  reproduit  un  bronze  de  la  Confédération  béotienne  : 
Atliéna  Itonia  en  Niké  armée  de  la  foudre.  —  10  Liv.  XXX\  I,  20,  3.  11  Paus. 

[X  34  j  _  12  Paus.  IX,  34,  i.  — 13  Ce  que  confirme  une  autre  version  rap¬ 

portée  par  Tzetzès,  Lyk.  355  et  1200  :  Iodama,  fille  d’itonos  ou  sœur  d’Atliéna, 
engage  avec  celle-ci  un  combat  singulier  où  elle  est  tuée  par  Athéna  ;  cf. 
Étym.  magn.  ’Ixcvîs,  et  flead.  Hist.  num.  292  R  (monnaies  de  Coronée).  —  14  Strab. 
IX,  413;  Paus.  IX,  33,  5;  Schol.  11.  IV,  8.  —  ^  Aristid.  Panath.  p.  320. 

—  16  Paus.  IX.  33,  1.  —  17  Pherecyd.  ap.  Apollod.  III,  70;  Callim.  V,  57-130. 

—  18  Rückert,  Dienst  d.  Athen.  p.  64;  cf.  Plut.  De  Daedal.  fr.  4;  Paus.  IX,  3,  2-3. 

—  19  II.  IV,  8.  —  20  Autochtonie  d'Alalcoméneus,  Paus.  IX,  33,  5  ;  Plut.  De  daed. 

6  ;  cf.  fragments  lyriques  dans  Bergk,  Poet.  lyr.  fr .  adesp.  83,  3,  et  Schol.  Eurip. 

Plioen.  159.  —  21  Fougères,  AJantinée,  p.  271.  Le  Tilphossion  s  identifie  avec  la 

butte  aujourd'hui  appelée  Pétra.  —  22  Strab.  et  Paus.  L.  c.  -  33  Suid.  et  Phot. 

s.  ».  —  24  Voir  plus  haut.  —  23  Strab.  IX,  2,  36.  Sur  le  site,  Leake, 

North.  Greece,  II,  p.  235.  —  2«  Paus.  VIII,  12,  4;  cf.  Érinys  Tilphossa  en  Arcadie, 

Bérard,  Cultes  arcad.  p.  140  ;  Gruppe,  Griecli.  Myth.  p.  200  ;  Fougères,  Alantinee, 

P  271  sq.  —  27  Herod.  IV,  180.  —  28  Aescli.  Sept.  164,  487,  501  ;  Euphor.  Fr.  22; 

Antim.  Fr.  33;  Anal.  Alex.  p.  57.  —  29  Nonn.  Dion.  V,  15;  44,  39;  45,  69. 

_  30  paus.  IX,  12,  2;  Hesycli.  s.  v.  —  3i  Sept.  486,  601.  —  32  Hesych.  L.  c.  ;  cf. 

Fabricius,  Tlieben.  p.  28;  Frazer,  Paus.  V,  p.  49  ;  Bethe,  Theban.  Heldenlied.  85; 


el,  Phil.  Jahresb.  suppl.  XI,  1880,  p.  690.  33  Schol.  Ac^ch.  ’  p  J 

.  Eurip.  Phen.  1062  ;  Apollod.  II.,  4,  1.  Il  y  aurait  eu  ,U  Le 

i  (Schol.  Pind.  Ol.  11,48;  Tzetzès,  Schol.  Lycophr  °  qvrvanoglu] 

sentation  du  sacrifice  de  Cadmus  sur  un  vase  pc  d 1  ^  doraptcrlc 

.  Zeit.  1865,  p.  68-70,  pl.  cxcix,  3).  Athéna  conseï  e  fr>  8;Cf. 

n  elles  Spartes  (Eurip.  Phen.  061;  Hellamc.  ap.  Sf |a  Iierre  avec 
Theban.  Heldenlied.  p.  161,  36).  Athéna  donnant  a  C  J 

lie  il  doit  tuer  le  dragon,  sur  une  coupe  attique  d^  *  c.;Schol( 

.  Ges.  d.  Wiss.  1875,  pl.  m).  -  34  Paus.  IX,  12  S.  10M;Sf.  Byz. 

Ol.  II,  44;  Schol.  Acsch.  Sept.  473;  Schol.  Eui  p-  Syriis  f-  295i 

•Oyxarou.  -  3«  Movers,  Phoen.  p.  642-650 ;  Selden,  e  J Bérard, 
y,  Hist.  desrelig.  I,  p.  97;  Lewy,  Semit.  e ’  J"1896s  ,p.  394.  Rappro- 

’s  arcad.  p.  140;  Ph.  Berger,  Rev.  des  Deitx  .  on  ,  The|’usa  eù  Arcadie 
entsavec  l'Onkéion,  l’Onchos  et  l'Apollon  Oncliéa  a  l[l()ka  de  Chypre 

,.  VIII,  24,  4  sq.;  Immcrwahr.  Fuite  Arkad.  p.  h  ^  p.  200).; 

mann,  Griech.  Dial.  I,  p.  56,  n»  100;  Gruppe,  ./  1(  t9*;  Rückert, 

Étymologies  grecques  h*°'A0-  Mu  ®T’  '  ,  Ambrosia,  P-  9‘H 

if  d.  Athen.  p.  70),  (Boscher  Nektar  undA ^  ^  ,38j 

rochement  avec  ’Oy/.r,(zr°ç  (Wilamowitz-  6  cm  o  >  pag01.a  de  Thèbes, 

Paus.  IX,  17,  3.  Mention  de  deux  temples  de  a  ^  Lycophr.  520) 

.  Oed.  r.  20.  Le  culte  béotien  d’Athéna  P»«9t““  'sso9  original 

pas  localisé.  Sur  le  culte  d’Athéna  Telchinia  a  ^  de  de  Cécrop| 
is,  voir  plus  haut.  -  33  Gruppe,  Gr  Myth.  P-  q  cn  Attique  (A«« '• 
otie  (Str.  IX,  2,  18,  p.  407  ;  Paus.  IX,  33  I)  of  __  „  paus.  |,  Si,  ■ 
ist.gr.  1, 10.2,  14;  Phi.och  .Ibid.  385,  8  i  f  a“  J*  ^  jans  le  mythe  de  lAu- 
ia,  considérée  comme  déesse  des  collines  c  e  d’Hépliaistos. 

nos  qu'elle  aurait  laissé  tomber  en  fuyant  la  poursuite 


1919  — 


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de  Pallène,  par  exemple  Il  était,  d’ailleurs, 
"  |u  slir  tout  le  territoire,  comme  l’attestent  la 
i  ,in  svnœcisme  religieux  et  politique  attribué  à 

Thésée  et  le  nom  meme  d  Athènes  2. 

iléesse  guerrière  des  Palladia  prit  possession  de 
Mcropole  appelée  Cécropia  ;  elle  s’y  identifia  avec  la  divi 
1  V ïoliade,  protectrice  de  l’olivier,  et  qui  avait  pour  sym- 
111 1  ,  la  chouette,  l’oiseau  vigilant  qui  niche  dans  les 
"•lins  des  rochers  et  des  vieux  remparts.  Elle  déposséda 


la  personnification  indigène  de  l’Acropole,  Kékrops  1 
[cecrops,  cecropides];  à  la  fois  comme  déesse  de  la  cita¬ 
delle  et  comme  protectrice  de  l’olivier,  elle  devait  entrer 
en  relations  avec  le  dieu  des  eaux  locales,  ehechthees. 
absorbé  lui-même  plus  tard  par  le  Poséidon  venu  d  Eleusis 
ou  de  Calaurie.  La  légende  racontait  de  différentes  façons 
la  fameuse  dispute  entre  Poséidon  et  Athéna.  Tous  deux 
prétendaient  à  la  possession  de  l’Attique  ;  pour  affirmer 
leurs  droits  respectifs,  Poséidon,  d’un  coup  de  trident, 


Fig.  5051.  —  Dispute  d  Athéna  et  de  Poséidon. 


fit  jaillir  une  source  d’eau  salée  au  sommet  du  rocher,  et 
Athéna,  plantant  sa  lance,  fit  pousser  un  olivier4.  Cet 
épisode,  sujet  du  fronton  Est  du  Parthénon  B,  est  repré¬ 
senté  par  la  figure  5051,  d’après  une  hydrie  à  reliefs  de 
Kertcli,  du  ivc-mc  siècle,  qui  semble  inspirée  de  la  partie 
centrale  de  la  composition  de  Phidias  6  [Cf.  neptunus]. 

L’association  d’IIéphaistos  à  Athéna  1  s’explique,  à 
Athènes,  par  des  raisons  plutôt  politiques  que  mythiques. 
Le  culte  d’Héphaistos  transmis  à  Athènes  par  la  voie  de 
Chalcis  8,  était  particulier  à  la  classe  des  artisans,  habi¬ 
tants  de  la  basse  ville.  Les  progrès  de  cette  classe  et  de 
la  démocratie  amenèrent  une  fusion  avec  le  culte  eupa- 
tridique  de  la  haute  ville  :  la  fête  des  chalkeia  fut  le 
symbole  de  cette  fusion,  La  légende  fut  remaniée  dans 
le  même  sens.  Peut-être  faut-il  chercher  dans  le  mythe 
delà  poursuite  d’Athéna  par  Héphaistos  eide  son  dénoue¬ 
ment  aussi  répugnant  que  ridicule  9,  une  intention  sati- 
ri(Iue  'La  mythologie,  qui  est  en  grande  partie  le  pro- 

^  lluod.  I,  f,2;  Eui'ip.  Beracl.  8 4-9,  1031.  —  2  II  est  vrai  que  certains 
.  '«existes  considèrent ’A8ijvai  non  comme  un  pluriel  primitif,  mais  comme 
au  s'ngulier  (Grasberger,  Griech.  Ortsnam.  p.  147).  —  3  Le  sens  attri- 
ls  i  "s  au  nom  de  Kékrops  est  confirmé  par  la  parenté  du  héros, 

j  "  M"icesseur  d”AüTaîoç,  et  à  qui  succède  Kçavdoç.  (Apollod.  III,  14,  11  ;  Paus.  I, 
lanliil  |  *  J'P°dod'  ai,  177  ;  Hygin.  f.  164.  Tantôt  c’est  Cécrops,  tantôt  Zeus, 
H  |  assemolée  des  dieux  qui  sont  donnés  comme  juges  de  la  querelle  ;  cf.  Suid. 
lull  '  v]  Aii;  Aiô;  Oàxoï.  D’après  le  Schol.  d’Euripide,  Hipp.  974,  la 

Stenl,aC'8erait  produite  eulre  Arès  ct  Athéna.  —  6  Pans.  I,  24,  4.  —  B  D’après 
[i0scjj  "’  J  omptes  rendus,  1872,  pl.  i.  A  droite  Cécrops  et  Amphilrite  (?),  derrière 
tourn S  dauPhins  et  le  cheval  qui  symbolisent  la  source;  eu  haut  Niké 
scèuc ,  Uls  Athéna,  à  gauche  Dionysos-Iacchos  ct  en  haut  Pandrose  (?).  Même 
1„,  pl S  x*  ln  relief  <Je  Sm5'nic>  A</(.  Mit  h.  1882,  pl.  i;  cf.  de  Witte,  Élite  céram. 
f’ele,  '"’XXXVI  a  ;  Monum.  gr.  IV,  187G,  13-22,  et  la  discussion  entre  Robert  et 
48-58 '  XVI>  1881’  G°-87l  XV11.  1882,  P-  124-133  ;  Atli.  Mith.  VII,  1882, 
Üutnisin  Ul'  V,  1883,  42-51.  Monnaies  d'Athènes,  Imhoof-Blumer  ct  Gardner, 
comment.  on  Pausan.  AA.  II,  14,  13.  —  1  Autel  d’Hépliaistos  à 


duit  d’une  ère  sacerdotale  et  aristocratique,  n’est  pas 
indulgente  pour  le  dieu  plébéien  qu’elle  bafoue  à  plaisir. 

A  Athéna  Polias  s’associait  aussi,  sur  l’Acropole,  Zeus 
Polieus  [dipoleia]  10  et  Zeus  Herkeios  11 . 

Le  plateau  de  l’Acropole  était  tout  entier  consacré  à 
Athéna  [acropolis].  Primitivement,  le  sanctuaire  de  la 
déesse  s’identifiait  avec  le  palais  d'Érechthée,  c’est-à-dire 
que  le  temple  d’Athéna  Polias  et  celui  d’Érechthée- 
Poseidon  ne  faisaient  qu’un  12.  Dans  ce  téménosdes  deux 
divinités  eruvvaot13,  situé  au  nord  du  plateau,  on  mon¬ 
trait  les  signes  (gaoTupta)  qu'elles  avaient  produits  comme 
leurs  titres  de  propriété  sur  ce  terrain  sacré  :  la  OaXassa 
’Eps/ôt-qç  u,  les  marques  du  trident  dé  Poséidon  dans  le 
roc  15  et  le  premier  olivier  16. 

Quelques  restes  du  palais  d’Érechthée,  c’est-à-dire  du 
double  temple  primitif  d’Athéna  et  d'Érechthée,  ont  été 
retrouvés  sous  les  substructions  de  l’Hécatompédon  et 
de  l’Érechtheion  ultérieurs11.  Ces  restes  répondent  au 

l’Érechtheion  (Paus.  I,  20,  5).  Peut-être,  comme  le  suppose  Gruppe  (Gr.  Myth.  p.  27), 
l'union  des  deux  cultes  a-t-elle  eu  lieu  après  que  les  nouveaux  citoyens  eurent 
obtenu  le  droit  de  mariage  avec  les  anciens  ylw,.  —  8  Schol.  ap.  Euslalh.  B.  350  : 
Plut.  Thés.  27;  Gruppe,  Gr.  Myth.  p.  18  et  28.  —  9  Harpocr.  s.  u.  Aùto^ove;  ;  cf. 
Ilavafl^vata  ;Eurip.  /on.  268,  fr.  925;  Apollod.  II,  14,  6;  Schol.  11.  B.  547;  Hygin. 
Astr.  Il,  13;  Fab.  166  ;  Serv.  Ad  Georg.  111,  113;  Callim.  Hekale.  —  10  Inscr. 
Lolling,  AeItîov,  VI,  1890,  p.  143;  Steugel,  Berm.  XXV1I1,  1893,  p.  489-500  ;  Paus, 
I,  24,  4.  Au  Piree,  culte  d’Athéna  Sôteira  et  Zeus  Sôler  (Paus.  I,  1,  3;  Slrab.  IX 
1,  15,  p.  395;  Corp.  inscr.  ait.  111,281).  —  11  Philoch.  Fragm.  hist.  gr.  I, 
408,  146,  ap.  Dion.  liai.  Dein.  3.  —  12  11.  R,  547  sq.  ;  Od.  Vil,  81  ;  Acscli.  Eumen. 
855.  —  13  Inscr.  gr.  sept,  insul.  1389,  II,  30;  Plut.  Qu.  symp.  9,  6;  Herod.  VIII, 
55;  Apollod.  111,  196;  V,  82.  —  H  Herod.  VIII,  55;  Paus.  I,  24,  3;  20,  5;  Apollod; 
III,  178.  —  13  Paus.  1,  20,5;  Slrab.  IX,  p.  396.  —  16  -a™,  HeSycli’ 

a.  Paus.  I,  27,  i  ;  Dion.  Hal.  XIV,  2;  Hyg.  Fab.  104.  Voir  les  textes 
dans  iahn  ct  Michaelis,  Arx  Athen.  (1901),  p.  71.  —  17  Michaelis,  Jahrb. 
d.  k.  Instit.  1902.  p.  3;  cf.  Iahn  et  Michaelis,  Arx  Athen.  3,  tab.  1(1,  22 
23. 


MIN 


—  1920  — 


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Tîuxtvô;  oôjxoç  ’Epe/0T,o;  de  V Odyssée,  au  7mov  vt,oc;  de 
l'Iliade,  à  l'’Epey0éoç  v^ôç  d’Hérodote  1  et  à  l’àp/aîoç  vsw; 
des  textes  et  des  inscriptions  2.  Là  se  trouvait  l’àp/aïov 
ayaX[j.a,  ’éSoç  ou  £ôavov  d'Athéna  Polias,  en  bois  d’olivier, 
qu’on  attribuait  à  Érichlhonios  3,  et  qui  joua  un  rôle 
pendant  la  conjuration  de  Cylon,  vers  632  *.  Le  vieux 
sanctuaire  était  devenu  insuffisant,  par  suite  de  l’ex¬ 
tension  du  culte  d’Athéna  Polias  et  de  la  fête  des  Pana¬ 
thénées  au  vi°  siècle  5.  Dans  la  première  moitié  du 
vie  siècle,  vers  560,  sous  Pisistrate,  fut  construit  à  quelques 
mètres  au  sud  un  nouveau  temple  en  tuf  in  antis,  àdouble 
cella,  et  dont  les  frontons  en  pierre  tendre  peinte  repré¬ 
sentaient  à  l'ouest  le  combat  d’Hercule  contre  Triton 
devant  le  monstre  Typhon  c,  et  à  l’est  Athéna  et  Zeus 
entre  deux  serpents,  sculptures  découvertes  en  1882 
et  1886.  C'est  l'édifice  désigné  sous  le  nom  d  Hécatom- 
pédon  7,  à  cause  de  sa  longueur  qui  était  en  tout  de 
105  3/4  pieds  éginétiques  sur  41  de  large  (34  m.  70  sur 
13  m.  45)  s.  Cet  édifice,  devenu  lui-même  trop  petit,  fut 
agrandi  par  l'adjonction  d’une  colonnade  dorique  exté¬ 
rieure  qui  le  convertit  en  temple  périptère,  dans  les 
dernières  années  du  vie  siècle,  à  la  fin  de  la  domination 
des  Pisistratides  ou  dans  les  premières  années  de  la 
démocratie9.  Ces  deux  édifices,  l’àpyaïo;  veak  et  P'Exa- 
Topt-TtsSov  du  vie  siècle,  furent  pillés  et  incendiés  par  les 
Perses  en  480  l0,  et  partiellement  restaurés  ;  l’Hécatom- 
pédon,  privé  de  son  portique  11  et  réduit  à  la  double  cella 
primitive,  subsista  jusqu’en  406,  année  où  il  fut  défini¬ 
tivement  détruit  par  un  incendie  12.  Mais  ces  restaurations 
n’étaient  que  provisoires,  destinées  à  assurer  la  conti¬ 
nuité  du  culte  en  attendant  l’achèvement  des  construc¬ 
tions  nouvelles  dont  le  projet  fut  ébauché  dès  la  recon¬ 
stitution  de  la  puissance  athénienne.  Un  premier  projet 
de  construction  d'un  llécatompédon  nouveau  et  plus 
vaste  sur  un  stéréobate  artificiel  aménagé  au  sud  de 
l'Hécatompédon  de  Pisistrate,  fut  en  partie  exécuté  entre 
479  et  467  13,  puis  interrompu.  Périclès  fit  reprendre  les 


travaux  sur  un  plan  nouveau  ;  la  consln.Hi 
thénon  d’Ictinos  commença  en  447'*.  En  ,1  ‘  fn  du  Par- 
place  la  statue  chryséléphantine  d’Athén-,’  ',L11.niae en 
Phidias  [Voir  plus  bas].  En  435,  le  gros  1  °  las  Par 

miné,  l’opisthodome  employé  à  la  conservation  Tl  ^ 
public  :  dès  434,  commencent  les  inventaires  des  t  ésol 
déposés  dans  les  autres  parties  de  l’édifice  p  * 
Hécatompédos  Néos  et  Parthénon  13  Les  f™\  IOn°0s’ 
eu  tels  sous  la  direction  de  Phidias.  représentaTi  f6' 
la  naissance  d’Athéna,  à  l’ouest  la  dispute  d’Athéné? 
Posetdon  -  Le  nom  traditionnel  deParthéno,,..  pas*î 
1  ed,  ,ce  a  la  deesse,  parfois  désignée  sous  le  nom  d’Atw! 
Par  henos  ep.thètequi  n'était  pas  une  épithète  de  culte” 

1  Athéna  de  Phidias  étant  une  Athéna  Polias  Quant  ’ 

1  ocpxato;  vsok,  ou  temple  double  d’Érechthée  et  d’Athén  J 
il  fut  reédifié  en  marbre  après  la  paix  de  Nicias,  de  420 
a  447 l9.  Interrompue  par  la  guerre  de  Sicile,’ reprise 
en  409 20,  la  construction  fut  terminée  vers  408.  L’incendie 
qui  consuma  en  406  l’ancien  llécatompédon  voisin  lui 
causa  quelques  dommages  qui  furent  réparés  en  395  21 
L’édifice  comprenait  une  double  cella,  l’une  à  l’est,  con¬ 
sacrée  à  Athéna  Polias,  et  renfermant  l’àp/aîov  iya),^22 
de  la  déesse  et  le  candélabre  de  Kallimachos23  ;  l’autre  à 
l’ouest,  consacrée  à  Poseidon-Érechthée,  d’où  le  nom 
traditionnel  d’Érechtheion  donné  à  l’édifice  tout  entier  n, 
que  les  inscriptions  attiques  désignent  sous  le  nom  de 
o  vsoiç  ô  àp^atoç  ty|Ç  ’A9'/]vaç  T-fjç  üoXtxSoç 2S,  ou  simplement 
b  vswç  ttjç  rioÀtâSoç26.  Le  téménos  d’Érechthée  renfermait 
les  autels  d’Érechthée,  de  Boutés  et  d’Héphaistos 27  ;  une 
citerne  représentant  la  0-/Xoc7Cf«  ’  Epsy  0-q  tç,  avec  un  puits28; 
un  portique  adjacent,  au  nord,  abritait  l’empreinte  du 
trident  de  Poséidon 29  et  les  trous  qu’il  avait  creusés  dans 
le  roc  30.  Contigus  à  l’Érechtheion,  du  côté  ouest,  étaient 
le  Cécropion  et  le  Pandroscion .  avec  l’olivier  sacré31. 

Il  y  avait  aussi,  sur  l’Acropole,  d’autres  statues,  autels 
et  sanctuaires  d’Athéna  :  statues  d’Athéna  Hygieia,  l’une 
consacrée  probablement  après  la  peste  de  430 32  et  exé- 


1  Voir  p.  1919,  note  ii. —  2  Schol.  Aristoph.  Lys.  273  ;  Slrab.  IX,  p.  396  ;  Corp. 
inscr.  ait.  I,  93,  C.  ;  323  ;  II,  650,  672,758,751  ;  II,  464,733  ;  IV,  1,  J  c,  25-20  (Ditlenber- 
ger,  Syll.%,  646;  ;  cf.  lalin  el  Michaelis,  Arx  Athen.  p.  65  et  66. —  3  Apollod.  111,189. 

_  4  Herod.  V,  71;  Tliuc.  I,  126;  Plut.  Sol.  12.  La  fondation  du  sanctuaire  était 

attribuée  àÉrichtbonios  (Eratosth.  ap.  Hygin.  Astr.  2,  13).  C'était  un  adyton  inter¬ 
dit  aux  üoriens  (Herod.  V,  72).  —  “  Vers  566/5,  sous  l'archonte  Hippocleidcs, 
furent  institués  les  concours  panathénaïques  (Pberecyd.  ap.  Marcel!.  Vit.  Tluic.  3). 

_  6  Léchât,  Au  Musée  de  l’Acrop.  d’Ath.  1903,  p.  145;  Wiegand  el  Schradcr, 

Arch.  Anzeio.  1899,  p.  135;  1901,  p.  100;  Micliaelis,  Jahrb.  d.  k.  Inst.  1902,  p.  5. 
Sur  les  frontons  eux-mômes,  voir  Léchât,  Op.  I.  p.  36  sq.  —  7  ’EgaTo^eSov  ou 
ixct-cop-sSoi;  veo'î,  Corp.  inscr.  att.  IV,  1,  19;  Hesych.  s.  v.  *Ex'i-.ô;,-£So;  vin;;  cf. 
Michaelis,  Jahrb.  1902,  p.  3.  Cet  édifice  répond  au  puye cçov  d’Hérodote  (VIII,  53  ; 
V,  '77)  et  au  icaXouô;  t»;;  ’ASx.vï;  vul;  de  Xénophon,  Hell.  1,  6,  1.  Le  terme 
d’IIécatompédon  fut  transféré  ensuite  au  Parthénon  (voir  plus  bas).  —  8  Voir  les 
plans  et  restaurations  par  Dôrpfeld  dans  Atli.  Mith.  1886,  p.  337,  et  Antik.  Denkm. 
1,  1  ;  lahn  el  Michaelis,  Arx  Athen.  pl.  îv  et  v,  et  Jahrb.  1902,  p.  2.  —  9  Michaelis, 
Jahrb.  1902,  p.  4  et  5,  avec  une  figure  de  Wiegand  montrant  le  rapport  entre  les 
deux  états  successifs  de  l’édifice;  cf.  lalin  et  Michaelis,  Arx  Athen.  pl.  îv.  Les 
frontons  agrandis  reçurent  de  nouvelles  sculplurcs  en  marbre,  représentant  une 
Gigantomachic  (Studnizka,  Ath.  Mith.  1886,  p.  185  ;  Schradcr,  Ibid.  1897,  p.  59  sq.  ; 
Furlwangler,  Meisterw.  p.  158).  Sur  les  fragments  architectoniques,  voir  Wiegand, 
Arch.  Anzeig.  1899,  p.  135  ;  1901,  p.  100,  et  Antik.  Denkm.  I,  50;  cf.  Brückner, 
Ath.  Mith.  1890, p.  124  ;  Michaelis,  A  Itattische  Kunst.  p.  16.  Un  travail  d’ensemble  de 
Wiegand  et  Schradcr  sur  les  édifices  de  l’Acropole  antérieurs  au  v'  siècle  et  sur  les 
sculptures  qui  les  décoraient  doit  paraîlre  prochainement  (Léchât,  Au  Musée  de  l'Acr. 
p.  144).  C’est  probablement  sous  les  galeries  de  ce  périptère  qu’étaient  exposées  les 
statues  votives  d'ancien  style,  en  marbre  rehaussé  de  peinture  [elles  représentent  des 
jeunes  femmes  (nop-xi),  non  des  Alliénas],  trouvées  dans  les  déblais  de  l'Acropole  (Voir 
l.echat,  Ibid.  p.  147  sq.).  —  10  Herod.  VIII,  51-54.  —  U  Les  débris  en  furent  employés 
dans  la  construction  du  mur  nord  de  l'Acropole  (Curtius,  Stadtgesch.  v  on  Athen, 
p.  125,  126,  147  ;  lahn  el  Michaelis,  Arx  Athen.  pl.  xiv-xv). —  12Xen.  Hetlen.  I,  6,  1. 
—  13  Epil.  hist.  att.  ( Papxjr .  argentor.  Cor.  84),  éd;  Keil,  p.  78  sq.  et  116  sq. 
Les  tambours  des  colonnes  encore  non  cannelés  furent  employés  à  la  construction 
du  mur  de  Cimon  conlinué  par  Périclès  (lahn  et  Michaelis,  Arx  Ath.  pl.  xv,  fig.  4). 


dans  de  ce  Proto-Parthénon  par  Dôrpfeld,  Athen.  Mitth.  1892,  p.  158  sq.  (lalm 
t  Michaelis,  Ara  Ath.  pl.  vin,  1).  Le  trésor  de  la  Confédération  attico-déliennc, 
ransporté  sur  l’Acropole  en  450,  dut  être  déposé  dans  la  partie  occidentale  de 
ancien  llécatompédon  ( Epit .  hist.  attic.  Papyr.  argentor.  Keil,  p.  116  sq-'. 
-U  Foucart,  Bull.  corr.  hell.  XIII,  1889,  p.  176;  Keil,  Papyr.  argentor.  p.  108; 
lichaelis,  Jahrb.  1902,  p.  12.  —  15  Ussing,  Parf/iennn,  1849  ;  Michaelis,  Der  Par- 
lienon  ;  Magne,  Le  Parthénon.  Plans  dans  Dôrpfeld,  Ath.  Mitth.  1881,  pl.  xn, 

.  283;  lahn  et  Michaelis,  Arx  Ath.  pl.  ix-xm.  Sur  les  noms  des  diverses  parties, 
oir  les  textes  :  Ibid.  p.  53  sq.  L’Hécatompédos  Néos  était  la  cella  proprement  dite, 
vcc  la  statue  de  Phidias;  le  Parthénon  renfermait  les  jarres  contenant  les 
éserves  en  numéraire;  l’opisthodome  servait  à  la  comptabilité  et  à  la  1 1 1 ification 
u  trésor  par  les  commissaires  (xa^at)  nommés  à  cct  effet  (Michaelis,  Jahib.  j 
nst.  1902,  p.  24  sq.).  —  ™  Michaelis,  Parthénon  ;  Petersen,  Kunst  d.  Phci  tas* 

-  17  Lapièce  ainsi  désignée  le  fut  sans  doute  àl  instar  d  un  compartiment  de  I  u  ^ 

lécatompédon,  où  se  tenaient  les  Errhéphores.  Schol.  Demosth  13,  1^  ’ 

1,  10;  X,  34,  8.  —18  11  paraît  sur  une  dédicace  privée  du  v'  s.  accompagna» 
ne  œuvre  de  Critios  et  de  Nésiotès.  C.  i.  att.  I,  374;  cf.  I,  51.  Aiistop^  ^ 
70;  Phidippid.  ap.  Plut.  Demetr.  26;  Schol.  Aristid.  III,  P-  637  D >;  Greg.  • 
W  I,  2,  10,  864.  -.9  Michaelis,  Ath.  Mitth.  1889,  p.  363, 

Jeisterwerke,  p.  1 92  sq.  — 20  Sur  la  proposition  d  Epigénès,  sous  a  _ ^  y 

architecte  Pliiloclès.  Corp.  inscr.  att.  I,  60,  282,  321,  322,  324,  ^  ^ 

tell.  I,  6,  1  ;  Corp.  inscr.  ait.  II,  829;  Michaelis,  Jahrb.  1902,  p.  -  •  .,h 

nscr.  att.  I,  322.  _  »  Pans.  I,  26,  6;  Slrab.  IX,  396  ;  lahn  et  M.chaehs 

.  69.  —  24  Pans.  I,  26,  4;  lalin  et  Michaelis,  Arx  Ath.  p.  65.  J  '  h 
tt.  II,  464;  cf.  Strah.  IX,  p.  396.  —  20  Corp.  inscr.  att.  IV,  I  i  j  'g  4; 

-  27  Pans.  I,  26,  4.  -  23  Apollod.  III,  178.  -  29  T,..f«n 

trab.  9,  396;  Nilsson.  Journ.  hell.  stud.  XXI,  1901,  p.  •  pr!.rhtheion> 
ahrb.  1902,  p.  19  et  82;  Peters.  IKd.  P-  62;  cf.  f’erSuss°"’  “s  Michac-lis,  le 
880;  lalin  et  Michaelis,  Arx  Athen.  pl.  xx-xxix.  —  ■”  iota.  f  322 

ortique  dit  des  Caryatides  (vj  icpovraff i;  toi  Kexpoiuy»  ^  |902,  p- 

.  5 G  ot  83)  servait  seulement  à  couvrir  un  escalier  d  enlree  (  a  n  -  ^ans 

iur  l’olivier  sacré,  Herod.  VIII,  55;  Paus.  I,  27,  -,  ct  cs  yjst.  nat. 

ihn  et  Michaelis,  Arx  Athen.  p.  71.  32  Plut.  Perte  . 

:xil,  17,  20. 


MIN 


—  1021 


MIN 


!  ,  |,ar  Pyrrhos  1  [iiygieia,  p.  3241;  slatue  colossale 
^''bronze  d’Athéna  Polias,  vulgairemant  appelée  Pro- 


tnach°s 

lindia  : 


et  exécutée  par  Phidias;  une  Athéna  dite 
et  une  autre  dite  Lemnia,  œuvre  de  Phidias, 
,  ]es  clérouques  de  Lemnos  4.  Le  petit  temple 

n  le  rit 

„e  connu  sous  le  nom  de  temple  de  la  Victoire 
"  .i[ip  (qait,  en  réalité,  un  temple  d’Athéna  Nike3, 
onstriiit  par  Callicratès,  architecte  entrepreneur 
lu  Parthénon,  d’après  un  décret  du  milieu  du 

ve  siècle 6. 

Ou  a  cru  longtemps,  d’après  Pausanias7,  à  l’existence, 
.  l’Acropole,  d’un  téménos  d’Athéna  Ergané.  Il  est 
reconnu  aujourd’hui  que  ce  téménôs  n’a  jamais  existé. 
gn  somme,  c’est  surtout  comme  Polias,  Iiygieia  et  Niké 
qu’Athéna  était  adorée  sur  l’Acropole. 

l  u  tribunal  criminel  Itù  riaXAxoùo  qui  siégeait  au  sud 
de  l’Acropole  8,  atteste  la  présence,  dans  la  basse  ville, 
d’un  culte  très  ancien  que  les  chroniques  attiques  fai¬ 
saient  remonter  à  l’introduction  du  Palladion  troyen  9, 
et  qui  était  héréditaire  dans  la  famille  des  Bouzygides ,0. 
'Nous  avons  cité  en  leur  place  les  légendes  attiques 
d’Athéna.  Pour  les  détails  du  culte  et  des  fêtes,  nous 
renvoyons  le  lecteur  aux  articles  spéciaux  déjà  signalés. 

Mégaride.  —  Sur  l’acropole  de  Mégare,  Athéna  avait 
trois  temples,  comme  Polias ,  Niké  et  Aiantis  u.  Ce 
dernier  culLe  et  celui  d’Athéna  Aithyia  12  sont  en  rapport 
avec  ceux  d’Ajax  et  d’Athéna  Skiras  à  Salamine,  qui 
dépendait  primitivement  de  Mégare13. 

Phocide.  —  En  Phocide,  Athéna  était  adorée  à  Delphes 
comme  rioovatV4  et  comme  fxpyâvx  (Ergané) 1B,  à  Daulis l0, 
àÉlatéecomme  Kpxvata  n.  En  Locride,  Amphissa possédait 
un  Palladion  rapporté,  disait-on,  de  Troie18. 

Péloponnèse.  —  Dans  le  Péloponnèse,  en  Argolide,  à 
Trézè.ne,  le  culte  d’Athéna  Polias  ou  Sthénias  et  de 
Poséidon  Basileus  et  la  légende  d’une  querelle  des  deux 
divinités  pour  la  possession  du  territoire  19,  ainsi  que 
le  culte  d’Athéna  Apatouria ,  à  qui  les  jeunes  filles  con¬ 
sacraient  leur  ceinture  avant  de  se  marier  20,  sont  des 


emprunts  faits  àl’Attique.  A  Hermione,  elle  voisinait  avec 
Poséidon  et  s’appelait  IIpoii.â/opp.a  21  ;  à  Épidaure,  on  la 
connaissait  comme  Kenraia22,  Polias  23,  KaXXt'epyo;  (Erga¬ 
né)21,  ikot/Eto-  (qui  range  les  troupes)23,  ’Ap/^yÉT-.?  2fl  ; 
comme  'Yyûtx  27,  elle  se  trouvait  en  rapport  avec  les 
dieux  guérisseurs  ;  on  l’invoquaitencore  comme  ’Avpoçuç 
( Promachos )28,  Ifypala29,  Oxyderka 30 ;  à  Argos,  comme 
SxX7tiy; 31 ,  ITavia  32  (ou  Kairaveia?)33,  ’0l;u8epxr1ç 34,  Axpta  3o). 
On  célébrait  le  rite  du  bain  sacré  du  Palladion  d’Athéna 
Oxyderka30  et  du  bouclier  de  Diomède  dans  l’Inachos;  les 


hommes  en  étaient  exclus.  Citons,  à  Lerne,  Athéna  Xxîtiç  3  ' . 
A  Corinthe,  Athéna  XaXivt-riç  est  en  rapport  avec  Belléro- 
phon  38,  et  l’énigmatique  Athéna  'EXXwti;  ou  'EXXwxta30 
avec  l’Europe  crétoise,  et  peut-être  quelque  divinité  sé¬ 
mitique  [hellotia]  40. 

En  Arcadie41,  Athéna  Aléa  occupe  une  place  impor¬ 
tante  à  Aléa42,  Mantinée43,  Tégée44,  d’où  elle  passa  en 
Laconie  par  Thérapné  ls.  Le  temple  de  Tégée,  dont  la 
fondation  était  attribuée  à  Aléos 4li,  semble  avoir  supplanté 
Je  sanctuaire  primitif  d’Aléa  et  être  devenu  le  centre 
d’une  amphictyonie,  avec  hiéromnémons,  trésor  amphic- 
tyonique  et  panégyrie  régionale  47.  La  fête  des  aleaia  se 
célébrait  à  Tégée  dans  un  stade  voisin  du  temple;  on  a 
voulu  l’identifier  avec  les  halotu  =  uellotia.  Le  sanc¬ 
tuaire  donna  asile  à  d’illustres  fugitifs  de  Sparte  et 
d’ Argos48.  Le  double  sens  du  mot  àXéoc  (refuge,  chaleur) 
permit  d’attribuer  aussi  à  l’ancienne  déesse  arcadienne 
de  l’Asile,  Aléa,  absorbée  par  Athéna,  un  caractère 
solaire49.  On  en  lit  aussi  une  déesse  de  l’accouchement. 
Elle  absorba,  à  ce  double  titre,  une  autre  divinité  locale, 
qui  devint  son  hyposlase  avec  le  titre  de  prêtresse,  Augé, 
mère  de  Télèphe,  désignée  sous  le  nom  caractéristique 
de  Auyq  èv  yovxscv  50.  L’ancien  temple,  brûlé  en  393,  fut 
reconstruit  en  marbre  et  décoré  de  sculptures  par  Scopas  : 
c’était  un  des  plus  beaux  du  Péloponnèse31.  L’idole, 
œuvre  d’Endoios,  sauvée  de  l’incendie,  fut  trans¬ 
portée  à  Rome  par  Auguste,  et  remplacée  par  un  xoa- 
non  d’Athéna  Hippia,  enlevé  au  bourg  des  Manthyréens, 


1  Pans.  I,  23,  4;  Corp.  inscr.  att.  II,  163;  IV,  p.  154;  lalin  et  Micliaelis, 
0. 1.  p.  47,  pl.  xwvm,  2,  1  ;  cf.  Bohn  et  Wolters,  Ath.  Mitth.  1880,  p.  331  ;  1891, 
p.  136.  —  2  Paus.  I,  28,  2;  lalin  et  Micliaelis,  O.  I.  p.  76;  Schol.  Hem.  XXII,  13; 
Furhvhnglcr,  Meisterw.  p.  46  sq.  —  3  Cedrenus.  Hist.  comp.  I,  p.  565;  Constant. 
KM.  [Rev.  des  ét.  gr.  1896,  p.  41,  n.  153|;  lalin  et  Micliaelis,  O.  I.  p.  77. 

—  1  Paus.  1,  28,  2;  lalin  et  Micliaelis,  Ibid.  p.  78,  pl.  xxxvu,  11.  Sur  la  reconsti¬ 

tution  Ho  Furtwiingler,  voir  plus  bas.  —  8  Paus.  I,  22,  4;  V,  26,  6;  111,  15,  7; 
Harpoor.  N!x»j  ’Aîr.vi  ;  Demoslli.  XXIV,  121  ;  Corp.  inscr.  att.  IV2,  198  c  et  371  é; 
à  lu  ;  111,  059.  —  0  1897,  pl.  xi.  Les  sculptures  de  la  balustrade 

sont  postérieures.  —  '  1,  24,  3  ;  Diirpfcld,  Ath.  Afith.  XIX,  1889,  p.  304.  Robert 
[Semés ,  XXII,  p.  135)  soutient  que,  pour  les  Athéniens,  Athéna  Ergané  s’identifie 
9,oc  Athéna  Polias.  Dédicaces  à  Athéna  Ergané  ou  Ergoponos  :  C.  i.  att.  Il, 
t'tLt,  1428,  etc.;  III,  217,  1330;  IV,  373  ;  lalin  et  Micliaelis,  Arx  Athen.  p.  123. 

—  nul.  Thés.  27.  — 9  Kleidemos,  fr.  12  et  Phanodemos,  fr.  12  ap.  Suid.  s.  v. 
‘sUaoin, ;  cf.  Paus.  I,  28,  8;  Pherccyd.  fr.  101.  —  10  0.  Millier,  Eumen.  p.  155  ; 

"l't'ci1,  Att.  Geneal.  p.  145.  —  n  Paus.  I,  42,  3,  4;  Collitz,  Dial.  Inschr.  3001. 
,  *"  '  IUS'  t  5,  3  ;  41,  6  ;  cf.  Bérard,  Des  Plié  nie.  et  l’Odyss.  I,  p.  235.  —  13  Gruppe, 
''  ^ylh.  P-  137.  —  14  Acsch.  Eum.  21  (na'Uà;  njovam)  ;  Herod.  I,  92  ;  Acschin. 
,  Cte^Ph-  108  ;  Ilesych.  et  Harpocr.  s.  v.  ;  Plut.  Praec.  Ger.  reip.  p.  825  B; 
u  Im,  Anpdot.  Delph.  inscr.  43  et  45.  Le  sanctuaire  a  été  récemment  déblayé  par 
,Uinçaise  d’Athènes (Homolle,  Bev.  de  l’art  anc.  et  modem.  190 1 ,  11,  p.  361). 

1  confusion  a  remplacé  dans  certains  auteurs  itoovaia  par  rpdvota  :  Paus.  X,  8,  4; 

fiemoslh.  "  -  -  vus 


54  :  Bekki 


1  Aristog.  A.  p.  780;  Pliot.  s.  v.  ;  Diod.  Sic.  XI,  14;  cf.  Macrob.  I,  17, 
or,  Anecdot.  299  ;  Aristid.  I,  p.  23  et  26.  —  16  Perdrizet,  Mil.  Peirot, 
jj,,  , 1,1  (’aus'  X,  A,  9;  A.  Polias,  Collitz,  Dial.  Insclir.  1523.  - —  17  Paus.  X, 
Dinl  ai'S’  Platée,  ^  ville  et  te  temple  d’ Athéna Jiranaia  ;  cf.  à  Stiris,  Collitz, 
Il  '(n  ,nsc^r'  *B39.  —  18  Schol.  Tzetz.  Lycophr.  1 141  ;  Paus.  X,  38,  5.  —  19  Paus. 
8  in '  ^  ^  De  Sacr.  Troezen.  —  20  Pans.  II,  32,  1  ;  33, 1.  —  21  II,  34, 

29,  1.  —  23  Corp.  inscr.  gr.  P.  1013.  —  24  Ibid.  1064,  1072. 
hid’  l073-  —  20  Ibid.  1071.  —  27  Petersen,  Athen.  Mitth.  XI,  p.  309  ;  Corp. 
1071  ^  ~  28  Corp.  inscr.  gr.  P.  1611.  —  29  Ibid.  1075.  —  30  Ibid. 

!l  Paus.  II,  21,  3.  —  32  11,  22,  10.  —  33  Variante  des  mss.  —  34  Paus. 


Il,  24,  2 


3l  II,  24, 3; Hesych. s.  u.  ;  Clem.  Alex.  Protr.  39  P.  —  36  Callim.  (Schol.), 


Lav.  Pall.  1  ;  Paus.  II,  23,  5.  Le  tombeau  de  la  Gorgoue  était  sur  l'agora  d'Argos(  Paus. 
Il,  21,  5).  —  37  Paus.  II,  36,  8.  —  38  Id.  II,  4,  1,  5.  —  39  Etym.  Magn.  p.  332,  40, 
42  ;  Schol.  Pind.  01.  XIII,  56  ;  Athen.  678  a,  b\  Farnell.  Cuits  of  the  greek  States, 
1,  p.  276.  —  40  Balhgen.  Beitr.  z.  sentit.  Beligionsgesch.  p.  59.  Sur  l'Athéna  Hellolis 
et  l’Hellotion  d’Épacria,  en  Attique,  voir  .4m.  Journ.  X,  18-95,  210  -211.  —  41  Voir 
Immerwahr,  Iiulte  Arkad.  —  42  Paus.  VIII,  23,  1.  —  43  Ibid.  VIH,  9,  C.  Tribu 
’EW/.Éa  (Foucart,  Inscr.  du  Pélop.  352  p).  C’est  à  tort  que  Keil  a  supposé,  à 
Mantinée,  l’existence  d'un  dème  appelé  Aléa  [Nadir,  d.  Ges.  d.  Wiss.  Gôtting. 
1895,  p.  359);  cf.  Fougères,  Mantinée,  p.  287  sq.  Inscription  du  v*  siècle  relative  à 
une  affaire  d’biérosylie  dans  le  sanctuaire  d'AIéa,  et  à  une  juridiction  de  la  déesse 
(*  0so<),  Ibid.  p.  523  sq.  Près  de  Mantinée,  source  d’Alalcoménia  (Paus.  VIH,  12,  7). 
Athéna  entre  Hébé  et  liera,  par  Praxitèle  (VIII,  9,  13),  réminiscence  des  cullcs 
argiens.  Pyramide  volivc  représentant  la  déesse  :  Foucart,  Inscr.  du  Pélop.  352  d. 
Athéna  sur  les  monnaies  :  Gardner,  Catal.  of  greek  coins,  Pelop.  pi.  xxxv,  1,  2, 

4,  5,  6.  A  Mantinée,  Athéna  Aléa  est,  avec  Poséidon  Hippios,  la  principale  divinité. 
—  44  Paus.  VIII,  45,  3-4;  46,  t  ;  47,  1,  3,  4.  —  46  Xen.  Bell.  VI,  5,  27;  Paus.  III, 
19,  7.  —  46  Herod.  I,  66  ;  IX,  70  ;  Paus.  VIH,  4,  8.  —  47  Règlement  religieux  de  la 
fin  du  v”  siècle,  Bérard,  Bull.  corr.  hell.  XIII,  p.  281  sq.  ;  Meister.  Ber.  d.  sâclts. 
Ges.  d.  Wiss.  1889,  p.  71;  Fougères,  Mantinée,  p.  292.  —  48  Paus.  Il,  17,  7;  111. 

5,  6,  7,  9  ;  Plut.  Lys.  30.  —  49  Herod.  ap.  St.  Byz.  a.  v.  ’Alia  ;  Etym.  Magn.  ’AXia  ; 
O.  Millier,  Kl.  Schr.  H,  177;  Klausen,  Aeneas  u.  d.  Penat.  I,  p.  369,  n.  610; 
Immerwahr.  Iiulte  Arkad.  p.  62;  Fougères,  Mantinée ,  p.  290.  Sur  les  ai.eaia, 
Frankel,  Inschrf.  u.  Pergam.  156;  Corp.  inscr.  gr.  P.  1136.  —  50  Paus.  VIII,  47, 
4;  48,  7.  Le  sacerdoce  d’Athéna  Aléa,  d’apres  Pausanias.  devait  être  confié  à  une 
vierge.  Toutefois  mention  d’un  prêtre  éponyme  dans  quelques  inscriptions  (Foucart, 
Inscr.  du  Pélop.  p.  185).  Parmi  les  objets  dédiés  à  la  déesse,  Pausanias  mentionne 
un  lit  d’Athéna  (pour  quelque  cérémonie  analogue  au  lectisternium,  Rückert,  Dienst 
d.  Ath.  151),  un  péplos  offert  par  la  reine  de  Chypre  Laodicée  (VIII,  5,  3),  et  les 
entraves  qui  avaient  servi  à  enchaîner  des  prisonniers  Spartiates  (voir  helotia). 
Tribu  ’AOaviatt;  (VIH,  53,  6)  ou  ’A9ecvaiàTir,.ou  officiellement  tu’  ’Aôavaîav  (Foucart, 
Inscr.  du  Pélop.  338  4;  cf.  Corp.  inscr.  gr.  1513  ;  Collitz,  1247).  — -  51  Paus. 
VIH,  47,  t  ;  Milchhôfer  et  Dfirpfeld,  Ath.  Mitth.  V,  52;  VIII,  274.  Récemment  fouillé 
par  l’École  française  d  Athènes,  il  a  livré  de  nouveaux  fragments  des  frontons. 


MIN 


—  1922  — 


et  entouré  par  Scopas  d’un  Asclépios  et  d'une  Hygie  *. 

Il  y  avait  aussi  à  Tégée  un  temple  d’Athéna  Poliatis  2 
ou  fx<7<7tu6 yoç  \  Il  ne  s’ouvrait  qu’une  fois  par  an.  Il  ren¬ 
fermait  l”spu[xa,  talisman  de  la  ville  :  c’était  un  cheveu 
de  la  Gorgone,  otlert  par  la  déesse  à  Képheus  ;  cette 
légende  paraît  être  d’origine  argienne  4. 

Athéna  Soteira  était  associée  à  Poseidon-Ulysse  à 
Aléa  °.  A  Teuthis  une  légende  locale  avait  fait  représenter 
la  déesse  avec  une  blessure  à  la  cuisse,  enveloppée  d’une 
bande  de  pourpre  6.  A  Kleitor,  une  autre  légende  faisait 
d’Athéna  Koria  une  fille  de  Zeus  et  de  Koryphé  7 .  A  Phé- 
néos,  le  culte  d’Athéna  Tritonia  était  associé  à  celui  de 
Poseidon-Ulysse  8  ;  à  Aliphéra  une  légende  locale  faisait 
naître  Athéna  de  Zeus  Léchéatès,  près  d’une  source 
Tritonis  9.  A  Mégalopolis,  on  adorait  Athéna  Poliatis, 
Ergané  et  Machanitis  *°. 

En  Laconie",  à  Sparte,  on  adorait  Athéna  Agoraia 
avec  Zeus  Agoraios  l2,  Kéleutheia 
en  rapport  avec  Ulysse  13  (au  Té- 
nare  avec  Poséidon  u),  Axiopoi- 
nos  1S,  Amboulia  l6,  Poliachos  et 
Khalkiœkos  (fi g.  5052),  cette  der¬ 
nière  dans  un  temple  très  ancien  et 
très  vénéré’7,  Ergané ,  Ophtalmitis 
ou  Optiletis.  (Voir  plus  haut).  Le 
sens  de  l’épithète  d’Athéna  SuXXavix, 
mentionnée  dans  la  Rhétra  de  Ly¬ 
curgue,  avec  Zeus  Syllanios,  n’est  pas  fixé18. 

En  Messénie,  le  culte  d’Athéna  n’est  ni  très  ancien  ni 
très  important19,  non  plus  qu’en  Élide 20 .  En  Achaïe, 
outre  l'Athéna  ilavayaiç,  déesse  fédérale  à  Patras21,  il 
faut  citer  les  cultes  d’Athéna  Triteia 22,  et  la  légende  de 
Triton,  à  Triteia,  et  celui  de  Pallène  où  était  localisée 
une  légende  de  la  Gigantomachie  23. 

Iles.  —  La  Crète  possédait  sa  légende  locale  de  la  nais¬ 
sance  d’Athéna,  à  Thenæ,  près  Cnossos  **,  au  bord  d’une 
rivière  Triton  25.  Nous  avons  déjà  parlé  du  culte  d’Athéna 
à  Lindos,  à  Pihodes,  où  on  lui  attribuait  une  origine 
égyptienne 26  ou  phénicienne27.  Athéna  aurait  appris 

1  Paus.  VIII,  46,  47,  1.  —  2  Ibid.  VIII,  47,  5.  —  3  Corp.  inscr.  gr.  1520; 
Rôlil,  Inscr.  gr.  ant.  90.  —  4  Paus.  VIII,  47,  5.-6  Id.  VIII,  44,  4.  A  Pallanlion, 
la  légende  romaine  mit  en  rapport  Athéna  avec  Pallas,  le  héros  éponyme  de 
Pallanlion.  Dion.  Mal.  I,  33,  68.  —  6  Paus.  VIII,  28,  5;  Clem.  Alex.  Protr.  p.  31. 

—  7  Paus.  VIII,  21,  3.  —  8  Ibid.  VIII,  14,  4.  —  9  Ibid.  VIII,  26,  6;  Polyb. 
IV,  78.  —  10  Paus.  VIH,  26,  5.  Tribu  itavaSavoua  (Loring,  Gardner,  etc.  Excavat.  at 
Aleqalop.  p.  124).  —  il  Voir  les  textes  dans  Sam  Wide,  Lakon.  Kulte,  p.  48-62. 

—  12  Paus.  III,  11,  9.  —  13  111,  12,  4.  C’est-à-dire  protectrice  des  voyageurs  (cf. 
Artémis  'Hye;j.dvrt  ;  Hermès,  ôSaïo;).  —  14  III,  12,  5.  —  16  III,  15,  6.  —  16  III,  13,  6. 

—  17  III,  17,  2.  L’épithète  se  rapporte  aux  revêtements  de  bronze  des  murs  du 
temple,  genre  d’ornementation  achéenne  reconnaissable  dans  les  ruines  du  palais 
de  Tirynlhe.  La  fig.  5052  représente  A.  Khalkiœkos  d’après  un  bronze  de  Sparte, 
du  temps  de  Galiien.  —  18  Plut.  Lyc.  6.  Dans  le  reste  de  la  Laconie,  on 
trouve  :  Athéna  Pareia ,  sur  la  route  d’Arcadie  (Paus.  III,  20,  8);  Athéna  Kypa- 
rissia  à  Asopos  (III,  22,  9);  Athéna  Asia  à  Las'(IlI,  24,  7);  Athéna  Hippolaitis  à 
Hippolas  (III,  25,  9).  —  19  Athéna  NeSoum'a,  sur  le  Nédon,  près  de  Pherae  (Strab. 
360)  [cf.  à  Céos,  Strab.  360,  487].  A  Coronê,  Athéna  était  figurée  avec  une  corneille 
(Paus.  IV,  34,  5,  6);  à  Molhone,  Athéna  Anémôtis  (Paus.  IV,  35,  8);  Koryphasia 
au  Korvphasion  (IV,  36,  2);  Kyparissia  à  Kyparissia  (IV,  36,  7).  —  20  Athéna 

(Paus.  V,  3,  2);  à  Elis,  statue  chryséléphantine  d’Athéna  par  Phidias  d’après 
Pausanias  (VI,  26,  3),  par  Colotès  d’après  Plin.  ( Hist .  nat.  XXXV,  54)  ;  Athéna  Kydu- 
nia  à  Pbrixa  (VI,  21,  6);  à  Olympic,  Athéna  At;ïti;  (Paus.  V,  14,  4)  et  Athéna 
Ergané ,  à  qui  sacrifient  les  phaidrynles  (Paus.  V,  14,  5);  Athéna  Hippia  à  côté 
d’Arès  Hippios  (V,  15,  6)  ;  Athéna  Narkaia  (V,  16,  7),  associée  à  Dionysos  pomme 
déesse  de  la  vigne  qui  produit  l’ivresse  (sans  doute  une  ancienne  divinité  locale 
absorbée).  — •  21  Paus.  VII,  20,  2.  —  22  Paus.  VII,  22,  8,  9;  cf.  Farnell,  Cuits  of 
greek  States,  p.  26  9.  —  23  VU,  27,  2;  cf.  l’anecdote  racontée  par  Plutarque  [Arat. 
32)  qui  doit  être  probablement  transférée  de  l’idole  d’Artcmis  à  celle  d’Athéna. 

—  24  Callim.  Hymn.  I,  43.  —  25  Diod.  V,  72;  cf.  Scliol.  Pind.  Ol.  VIL  66.  Autres 
cultes  d’Athéna  en  Crète  :  à  Cnossos  (Paus.  IX,  40,  3;  ;  Athéna  Polias  et  Oléria  à 
Hierapvtna  et  Priansos  (Corp.  inscr.  gr.  2555  et  2o56  ;  St.  Byz.  s.  v.  "nkepo;) 
Athéna  Salmonia  ou  Minois  (Apoll.  Rhod.  Argon.  IV,  1691);  Athéna  Iiorésia  à 


Fig.  5052.  —  Athéna 
Khalkiœkos. 


MIN 

aux  Héliades  et  aux  Telchines  le  travail  i 
Dans  les  îles,  signalons  Athéna  Itonia  et  au  • ,1Hnze28' 

àAmorgos29  avec  fêtes  des  ii’ONiA,  Athéna  )/„,/,  '***  Polla* 

Athéna  Ergatü  4»  Samoa»*, 

Asie.  Mineure ■  -  E"  le  culte  d-AthénaeS  ::”’ 
répandu.  Nous  avons  cité  l’Athéna  d’Érythræ  31  S’  * 

aussi  Athéna  Polioukhos  àChios35et  à  Phocéê  3  °nS 

Assesia  à  Milel  ;  à  T«os,  il  y  avait  un  collège  i  p 
Ihénaïstes  37  ;  Priènc38,  Ephèse  39,  Cyzique '■>  ih p 
nasse  11  avaient  des  sanctuaires  d’Athéna,  et  cel  "T 
Cyzique  passait  pour  être  le  plus  ancien. 

Dans  quelle  mesure  le  culte  d’Athéna  en  Troade  t  1 
que  le  font  connaître  les  poèmes  homériques,  est-il  ind  ! 
gène  ou  bien  un  reflet  des  cultes  analogues  de  la  Grèce! 
propre  ?  Nous  avons  déjà  remarqué  que  la  cérémonie  de 
l’offrande  du  péplos  à  la  déesse  paraît  être  une  réminis 
cence  du  culte  athénien,  introduite  dans  le  poème  par  les 
recenseurs  du  temps  de  Pisistrate.  Il  est  possible  qu’il  y 
ait  eu  à  Troie  un  vieux  culte  palladien,  assimilé  par  les 
Grecs  au  culte  de  leur  Athéna*2.  Il  est  souvent  arrivé 
aux  Grecs  de  convertir  ainsi  en  divinités  helléniques 
certains  dieux  barbares  équivalents.  La  tradition  épique 
servit  de  base  au  culte  de  la  Nouvelle-Ilion,  où  furent 
instituées  des  Panathénées  43  (Voir  plus  loin). 

L’Athéna  d’Halicarnasse44  et  celle  de  Laodicée  de 
Syrie45  sont  des  déesses  barbares  hellénisées.  De  même 
1  Athéna  Magarsis  de  Cilicie.  A  Pergame,  Athéna  Polias 
et  Niképhoros,  associée  à  la  Gigantomachie,  prit  une 
grande  placé  dans  le  culte,  et  suscita  tout  un  ensemble 
de  constructions  et  de  sculptures  qui  compte  parmi  les 
plus  importantes  créations  de  l’époque  hellénistique  u. 

Grande  Grèce,  etc.  —  Dans  la  Grande  Grèce,  plusieurs 
sanctuaires  d’Athéna  se  reconnaissaient  pour  fondateurs 
des  héros  de  la  guerre  de  Troie  :  Ulysse  à  Capri  ", 
Diomède  à  Lucéria48,  Philoctète  à  Métaponte  (Athéna 
Eilenia ) 49. 

En  Égypte,  l’assimilation  d’Athéna  à  la  déesse  Nit  est 
attestée  par  des  papyrus,  des  dédicaces  et  des  monnaies  "°. 
V.  Légendes.  —  Nous  avons  signalé  au  passage  les  » 

Korion  (St.  Byz.  s.  v.  Kdçtov)  ;  Athéna  Poliouchos  à  Dréros  (Caucr,  SyllA,  121). 
—  26  Herod.  II,  182;  Marm.  Par.  16;  Apollod.  Il,  1,  10;  cf.  Callim.  Fr.  10a; 
Diod.  V,  58,  et  Pind.  Ol.  VII,  39-40.  —  27  Diod.  V,  58.  —  28  Pind.  Ol.  Vil,  aO; 
Diod.  V,  55.  Sur  Athéna  Telchinia,  Nie.  Dam.  Fragm.  hist.  gr.  III,  349;  Kuckert, 
Dienst  d.  Athen.  162;  Paus.  IX,  19,  1.  C’est  de  Lindos  qu'est  originaire  le  culte 
d’Athéna  à  Kamarina  et  Agrigcnte  en  Sicile  (Polyb.  IX,  27;  Polyen.  VI,  >1  .  1  • 
XIII,  90).  Cultes  d’Athéna  Polias  à  Idalion  (Collitz,  I,  60-62;  Corp.  inscr.  gr.  mM  I 
et  à  Soloi,  Ibid.  Plut.  Quaest.  gr.  3).  —29  Corp.  inscr.  gr.  2263  c  ;  Bull.corr.  e  .  j 
XV,  582.  -  30  Dittenberger,  Syli.2,  617,  21.  -  31  Hesych.  s.  v.  -  32  Bull.  coi  . 
hell.  1892,  p.  143,  27.  -  33  Paus.VII,  5,  9.  -  34  Herod.  I,  160.  -  35  Herod.  1,  j 
Xen.  Hell.  I,  3,  i  ;  Paus.  II,  31,  6  ;  Bull.  corr.  hell  b  WJ  Pj  84’  Herod. 

d’Athéna  passa  dans  la  colonie  phocéenne  de  Marseille  (Just.  ALiii,  ,  )■ 

I,  19;  St.  Byz.  s.  ».  W,™*.  -37  Corp.  inscr.  gr.  3073.  La  div.s.on  de  a  pepu^ 
lation  de  Téos  en  r.jtjyn  a  pu  donner  naissance  dans  la  colonie  lêienno  .  ^ 

culte  d’Athéna  Epipyrgilis,  Hesycli.  s.  v.  —  38  Le  temple  a  et  i ^Bj)uer^  „r.  j 
fouilles  récentes  des  Allemands  ( Jahrb .  Anzeig.  189/,  p.  180,  en  g.  1 882, J 

29  04,.  -  39  Strab.  XIV,  634.  -  40  Anth.  Pal.  VI  3«i  LUoi 

p.  613.  —41  Dittenberger,  5ÿ».2,  11.  — 42  Herod.  VII,  r  ■  V,  93  ; 

p.  680;  Corp.  inscr.  gr.  3599  et  3601.  Sur  l’Alhénaion  de  V-  ^  ()ans 
Alcae.  fr.  32  (Bergk).  Légendes  postérieures  sur  Athéna,  Arn0b. 

Apollod.  III,  12,  3;  Cic.  De  nat.  deor.  III,  59;  Clem.  Alex,  ro  P n3; 
IV,  14,  16;  Eust.  Ad  II.  VI,  »b  02;  Tretz.  ad  Lycopbr.  3o5.  humaines. 

VIII,  104;  Strab.  IX,  611.  -  45  On  lui  sacrifiait  d  abord I  des  w  AUer. 

Porphyr.  De  abst.  II,  56.  Athéna  Magarsis  (Appieq,  Anab.  ,  .  P.  Col|ig]10n et 
thûm.  von  Pergamon,  II,  1885;  Corp.  inscr.  gr.  3553,  o  J  ■  >  fiétique 

Pontremoli,  Pergame.  —  47  Strab.  I,  22;  V,  2  w  ,  c^-  1  ILn  Eltsviz-  Voir 

(Strab.  111,  157).  -  48  Strab.  VI,  284.  —  49  Etym.  Magn.  -  ’  '  dc  Siria, 

Farnell.  Cuits,  p.  276;  Lycopbr.  250.  Sur  le  Palladion  aux  ye  ^  (  jcophr.  978; 
près  Métaponte,  Arist.  Mirab.  ausc.  106;  Strab.  VI,  u  01i  Greek  PapJr*'  I 

Athéna  Polias  à  Herakleia  (Inscr.  gr.  it.  645,  22j.  Musée  uré co-romain 

p.  104,  110  lit,  T.  643  sq.;  Botti,  Notice  des  monuments  eu 
d'Alexandrie ,  1883,  p.  168,  n»  2504;  Rosclier,  Lexicon,  er  ■.■su. 


I 


MIN 


—  1923  — 


MIN 


s  importantes  légendes  du  cycle  d’Athéna,  à  propos 

P1'  , „;nPc  épithètes  ou  de  certains  cultes  locaux  de  la 

,|e  c.erW1Hes 


déesse. 


Pour  les  autres,  il  nous  suffira  de  renvoyer  le 


lecteur  aux 


articles  où  il  en  trouvera  le  résumé,  avec  les 


férences  aux  textes.  Les  rapports  d’Athéna  avec  Zens, 

H  eirticipation  à  la  révolte  des  dieux  contre  son  père 

*,,1  signalés  aux  articles  aegis  et  Jupiter  ;  sa  lutte 

\nlir  les  Géants  à  l'article  gigantes  ;  ses  rapports  avec 

i  rm.crnne  et  les  Euménides  aux  articles  furiae,  gor- 
laù°roul  . 

médusa,  praxidikai.  Un  reviendra  sur  ses  relations 

’veC  péphaistos  et  Poséidon  aux  articles  vulcanus  et 

nepti’NUS.  De  même,  les  articles  consacrés  à  chacun  des 

liéros  bellerophon,  ericutonios,  hercules,  orestes,  pal- 

s  perseus,  Ulysses,  etc.,  nous  dispensent  d’insister  ici 

sur  tous  ces  détails  de  la  légende. 


VI.  Représentations  artistiques.  —  Les  représentations 
d’Athéna  se  répartissent  en  deux  principales  classes  : 
l'Athéna  guerrière  et  l’ Athéna  pacifique.  Il  est  difficile  de 
spécifier  quel  est  la  plus  ancienne  des  deux  ;  enfin,  un 
Ivpe  mixte  est  résulté  de  leur  combinaison. 

■  p  Type  assis.  —  Nous  avons  vu  que  la  plus  ancienne 
mention  d’une  statue  d’Athéna,  celle  de  l’Athéna  Polias 
d’Ilion,  décrite  dans  Y  Iliade  ',  se  référait  à  une  statue 
assise,  probablement  conçue  à  l’instar  de  l’Athéna  Polias 
d’Athènes.  C’est  au  vi°  siècle  que  ce  type  parait  s’être 
constitué.  Il  personnifie  la  déesse  dans  ses  rapports  avec 
le  sol  où  elle  est  installée  et  dans  ses  attributions  paci¬ 
fiques  Pausanias2  signale  sur  l’Acropole  d’Athènes,  en 

avant  de  l’Érechtheion,  une 
statue  d’Athéna  assise,  œuvre, 
dit-il,  d’Endoios,  sculpteur  né  à 
Athènes,  élève  et  compagnon  de 
Dédale  en  Crète.  La  statue  avait 
été  consacrée  par  Callias.  Le 
même  Endoios  avait  exécuté 
pour  Érythræ  une  statue  d’A¬ 
théna  Polias-Ergané,  en  bois, 
représentant  la  déesse  assise, 
couronnée  du  polos,  et  tenant 
un  fuseau  et  une  quenouille3  ; 
pour  Tégée,  une  Athéna  Aléa 
Fi.  1(1. Athéna  <i  Endoios.  toute  en  ivoire  qui  fut  enlevée 

par  Auguste4.  On  peut  recon- 
naitre  1  Athéna  assise  d’Endoios  dans  une  statue  en 


marbre  fort  mutilée  du  Musée  de  l’Acropole  d’Athènes 
lüg-  5053)  6.  La  déesse  est  figurée  assise  sur  un  trône, 
a  P°*  lui  ne  couverte  de  l’égide  et  du  Gorgoneion  °. 
(jl  Çpede  1  Athéna  assise  était  assez  répandu  dans  les 
colonies  ioniennes  d’Asie:  Strabon  le  signale  notamment 


.li'i  j)  U’  90  302  ’  ^  SU'ab-  XIÜ’  P’  C01-  2  Pa“S-  b  26>  4-  V0il'  la 

,  "  rlc  ce  lexle  par  11.  Léchât,  Au  Musée  de  l'Acrop.  d' Athènes, 

WrihM'P  ^  deS  ét  gr-  V’  ,892’  P’  385-402:  VI,  1893,  p.  23-33.  L’ac- 
,  V  ‘  .nd°ios  se  placerait  entre  520  et  475;  la  statue  aurait  été  exécutée 
.  I),1'1’  ct  le  donateur  serait  Callias,  fils  d’Hipponicos.  —3  Paus.  VII,  5,9. 
pi  (i  46,  1  et  4.  — 6  N°  625  ;  cf.  Le  Bas-Reinach,  Monum.  figurés,  p.  41, 

•in ulnrr  '  min-Bruckmanu,  Denkm.  [il.  cxlv;  lahn,  De  antiquiss.  Minenae 
(Le  B  |  '  atl‘c‘s’  P'-  i,  n,  ni.  —  CA  rapprocher  de  cette  figure  le  n“  620 

(0*'™“acl1’  0  1  P-  3.  G  Léchât,  O.  I.  p.  439,  fig.  46),  le  n°'OI8  (Léchât, 
Bue  le  i,“  i-  ^0  BUL  peut-être  aussi,  sont  des  Athénas,  niais  plus  anciennes 
archéolo  -  XIII,  p.  601.  Il  y  en  avait  aussi  à  Rome  (Ibid.).  —  8  Les 

tortwa/r*  S°nt  PartaS<!a  ^  06  Suiel-  'oir  Ialm’  b  i  Gerhard,  Ak.  Abh.  I,  p.  255. 
assise •  i),)1  (boscher,  Lexikon ,  art.  athénè,  p.  689)  se  prononce  pour  une  statue 
r®préscnl mCC'  aU  <  0n ' r;l ii('-  reconnaît  ce  xoanon  dans  l'idole  rigide  et  debout 
107.  p|  m  S.U1  uue  métopc  du  Parthénon  ( Jahrb .  d.  arch.  fnstit .  X,  1895,  p.  93- 
taf.2  •  s'/  ’  f'i  Michaélis>  fier  Parthénon,  n»»  17-21).  -9  Panofka,  Berl.  Terrakot. 
Zeit.  'i8ÿ*C  °  Griïb.  d.  Hell.  laf.  57  ;  Gerhard,  G  es.  Abliandl.  pi.  xxu  ;  Arch. 

!'■  363;  Iahn,  De  antiqu.  Minenae  simulacris  atticis ,  pi.  i;  lahn  et 


à  Chios,  à  Phocée,  dans  la  colonie  phocéenne  de  Mar¬ 
seille7.  Peut-êlre  l'ancien  'ôxvov  de  la  déesse,  en  bois 
d’olivier,  appartenait-il  à  ce  type  8?  En  tout  cas,  de 
nombreuses  statuettes  votives  en  terre  cuite  0  provenant 
de  l’Acropole  d’Athènes  et  de'tombeaux  attiques  et  quel¬ 
ques  plaques  votives  en  terre  cuite10  représentent  la 
déesse  sans  autres  attributs  que  le  polos,  l’égide  et  le 
Gorgoneion.  C’est  là  le  type  général  de  la  divinité  fémi¬ 
nine  protectrice,  de  la  «  Dame  »  du  pays;  plusieurs  de 
ces  statuettes  pouvaient  représenter  différentes  déesses 
au  gré  de  l’artiste  ;  elles  ne  recevaient  leur  caractère 
spécial  que  par  l’addition  après  coup 
de  certains  attributs  significatifs.  La 
figure  5054  reproduit  une  de  ces 
Athénas  assises  provenant  de  l’Acro¬ 
pole  d’Athènes11.  De  ce  type  pri¬ 
mitif,  librement  interprété,  dérive 
la  jolie  figure  d’Athéna,  représentée, 
sur  une  métope  du  temple  d’Olym- 
pie,  assise  sur  un  rocher,  dans  une 
attitude  pleine  d’abandon  et  avec  un 
costume  agreste  qui  font  plutôt 
ressembler  1a.  déesse  à  quelque 
nymphe  arcadienne  12. 

Si  ce  type  assis  et  sans  armes 
n’était  pas  celui  du  xoanon  attribué 
à  Érichthonios,  il  était  très  proba¬ 
blement  représenté  sur  l’Acropole  par  quelque  idole  ar¬ 
chaïque,  vénérée  concurremment  avec  le  type  du  Palla- 
dion  debout  et  armé.  De  la  fusion  de  ces  deuxttypes, 
résulta  un  type  mixte,  où  la  déesse  était  figurée  assise, 
mais  pourvue  d’attributs  guerriers.  On  a  voulu  recon¬ 
naître  en  ce  dernier  la  représentation  primitive  d’Athéna 
Niké,  figurée,  d’après  Iléliodore13,  par  un  ;ôavov  tenant 
une  grenade  dans,  la  main  droite  et  le  casque  dans  la 
main  gauche.  Calamis  en  avait  fait  une  copie  offerte  à 
Olympie  par  les  Mantinéens ’b  La  figure  5055,  em¬ 
pruntée  à  une  hydrie  à  figures  noires  13  du  vie  siècle, 
représente  la  déesse  assise  en  costume  ionien,  sans 
égide,  tête  nue,  tenant  son  casque  de  la  main  gauche 
et  une  patère  de  la  main  droite,  devant  un  autel  ionique 
et  un  temple  dorique,  près  desquels  se  tient  le  bœuf 
du  sacrifice. 

2°  Type  debout  :  A.  Palladia.  —  Le  type  le  plus  ancien 
de  l’idole  debout  et  armée  est  représenté  par  les  Palladia 
mycéniens  ou  crétois,  dont  les  bagues,  gemmes  et  pein¬ 
tures  de  Mycènes,  de  Vaphio,  de  Cnossos  et  des  îles  pré¬ 
sentent  de  nombreux  spécimens,  analogues  à  celui  que 
reproduit  la  figure  5056  d’après  le  chaton  d’une  bague  en 

Michaélis,  Arx  Athen.  pl.  xxxvi  (où  l'identification  de  plusieurs  des  statuettes  avec 
des  Athénas  est  contestable);  Arch.  Anzeig.  1893,  p.  140  sq.  —  10  Hutton,  Journ. 
Iiell.  stud.  XII,  1897,  p.  306-318,  pi.  vu-vin.  Quelques-unes  des  figures  féminines 
assises  de  ces  plaques  sont  évidemment  des  représentations  d'Athéna  Polias,  recon¬ 
naissables  à  ses  attributs.  Mais  les  autres  (femmes  assises  coiffées  du  cécryphale), 
identifiées  par  miss  Hutton  avec  Athéna  Ergané,  semblent  plutôt  représenter  Peitho 
ou  Aphrodite  (Pottier,  Bull.  corr.  hell.XW,  1897,  p.  497-509,  pl.xu).  —  il  Jahrb. 
d.  arch.  lnstit.  Arch.  Anzeig.  1893,  p.  240  sq.  16;  lahn  et  Michaélis,  Arx  Athen. 
pl.  xxxvi,  7.  —  12  Le  morceau  est  au  Musée  du  Louvre  (Clarac,  Mus.  de  sculpt. 
195  bis,  n»  211  B;.  La  métope  complète  représentait  Hercule  apportant  à  la  déesse 
les  oiseaux  de  Stymphale.  -  13  Ap.  Ilarpocr.  s.  v.  ’aûi^î  Nixr;  ;  cf.  Benndorf 
Cultbild  d.  Athéna  Nike,  Wien.  1879.  Furlwhngler  signale  ce  type  sur  une 
oenochoé  inédite  d’Altenburghausen  (Roscher,  Lexikon,  p.  089)  :  la  déesse  a  le 
casque  en  tète  et  la  grenade  dans  la  main  gauche  cf.  les  Minerves  assises  dans 
Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pl.  cdlxviu  (882),  cdi.xxiv  (891  et  892).  —  14  pans.  V,  26 
6.  -  13  Gerhard,  Auserl.  Vas.  242,  1,  2;  cf.  Reinach,  Répert.  des  vases,  II, 
p.  122,5;  Ialm,  Op.  I.  pl.  i,  1;  lahn  ct  Michaélis,  Arx  Athen.  pl.  xxxvn 
fig.  5. 


MIN 


—  1924  — 


MIN 


Fig.  5055.  —  Sacrifice  à  Alhéna. 


considérés 


or  trouvée  à  Mycènes1.  C’est  une  figuré  de  sexe  indéter¬ 
miné,  armée  de  la  lance  et  du  bouclier  double  orbiculaire. 

Ce  type  est  une  sorte  de  trophée  anthropomorphique, 
peu  à  peu  converti  en 
xoanon  vêtu  d’un  chi- 
lon  ou  d'un  péplos, 
armé  du  casque,  de  la 
lance  et  du  bouclier. 

Une  curieuse  peinture 
sur  tablette  de  chaux, 
trouvée  à  Mycènes, 
malheureusement  trop 
mutilée  pour  être  ici 
reproduite,  représente 
un  de  ces  Palladia- 
trophées,  à  côté  d’un 
autel,  entre  deux  dames 
vêtues  de  la  robe  my¬ 
cénienne  à  volants,  qui 
lui  apportent  des  of¬ 
frandes  2.  Mais  la  fi¬ 
gure  5057,  empruntée  à 
un  vase  â  figures  rouges 
de  Mégare,  représente  un  de  ces  trophées, 
comme  une  image  de  la  déesse  qui  a  donné  la  victoire 
(Athéna  Nike)  et  à  qui  l’on  offre  un  sacrifice  ;i. 

Diverses  divinités,  telles  que  Zeus,  l’Apollon  Amy- 

cléen  \  l’Aphrodite  de 
Sparte 8 ,  Artémis, Héra,  etc., 
furent  adorées  primitive¬ 
ment  sous  cette  forme  du 
xoanon  armé.  Mais  à  la 
longue  ce  type  d'idole  de¬ 
vint  plus  spécialement  l’ef- 
ligie  de  la  Vierge  guerrière 
{Pal las,  Nike),  de  bonne 
heure  identifiée  à  l’Athéna 
des  acropoles  ou  Athéna 
Pallas  Athéna  ou  d’Athéna 
Niké.  Le  Palladion  du  type  mycénien  n’est  pas  connu  des 
poèmes  homériques,  puisque,  nous  l’avons  vu,  la  statue, 
assise  d’Athéna  Polias  à  Ilion,  d’après  1  Iliade,  semble 
n’être  qu’une  réplique  imaginaire  d’une  Athéna  Polias 
attique  du  temps  de  Pisistrate.  Mais  il  était,  semble-t-il, 
assez  répandu  dans  les  acropoles  préhistoriques  de  la 
Grèce  achéenne  ;  la  légende,  telle  qu’elle  était  fixée 
dans  les  poèmes  post-homériques  sur  la  prise  de  Troie, 
transporta  aussi  ce  type  sur  l’acropole  d  Ilion,  dont  le 
Palladion,  conçu  comme  un  xoanon  debout  et  armé,  fut 
donné  comme  le  prototype  imaginaire  des  Palladia 
répandus  dans  toute  la  Grèce.  La  Nouvelle-Ilion  fut  une 
création  artificielle  d’origine  littéraire,  le  symbole  et  le 
produit  du  folk-lore.  Elle  bénéficia  naturellement  de 
tout  ce  travail  de  l’imagination  poétique  et  des  légendes 

1  C’est  la  petite  figure  que  l’on  aperçoit  à  gauche,  au-dessus  des  têtes. 
Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'art ,  VI,  fig.  425;  Schliemann,  Mycènes ,  p.  437- 
442;  cf.  Furtwangler,  Anti/ce  Genimen .  Il,  p.  9,  n->  20;  111,  p.  38;  Gardner,  Journ. 
hell.  stud.  XIII,  1893,  p.  21;  Evaus,  Ibid.  XXI,  1901,  p,  107,  170,  174;  Milani, 
Studi  e  materiali  di  arch .  e  namism.  1,  p.  91;  Roscher,  Lexik.  s.  v.  Palladion 
(Sieveking).  —  2  ’Ezr^i.  bojv.ol.  1387,  pl.  x;  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  l’art,  VI, 
fig.  440.  —  3  Iahn,  De  antiqu.  Minerv.  simul.  pl.  ni,  2.  —  4  Paus.  111,  19,  2; 
Head,  Hist.  num.  p.  364.  - —  3  Paus.  III.  15,  10.  —  6  Apollod.  III,  12,  3;  Eustath. 
ap.  11.  VI,  627.  —  7  De  Ridder,  Bronzes  d’ Athènes,  II,  790;  bronze  de  Cirra,  en 
Phocide,  au  Musée  du  Louvre  [Rev.  arch.  1896,  II,  pl.  ix).  Voir  S.  Reinach,  Répart, 
delà  statuaire,  II.  p.  283,5;  284,  5  ;  286,  1 ,  3  ;  287,  2,  3  ;  cf.  sur  un  vase  peint, 
Arch.  Anzeig.  1896,  p.  33.  —  8  Voir  Chavanncs.  De  Palladii  raptu.  Monnaies 


Ergané  à  la  quenouille  6.  Des 


locales,  et  reçut  son  Palladion  constitué  de  toutes  ” 

combinaison  fantaisiste  du  xoanon  armé  et  d/rü!?0®8’ 

i  Alliéna 

monuments  assez  nom 
1;reux  et  assez  concor¬ 
dants  nous  permettent 
de  reconstituer  l’évo¬ 
lution  du  type  archaï-  . 
que  du  Palladion  post¬ 
mycénien  dans  les  villes 

grecques.  La  déesse 
était  représentée  de¬ 
bout,  sur  une  base 
une  stèle  ou  une  co¬ 
lonne  parfois  assez  éle¬ 
vée  (prolongement  du 
poteau  du  trophée  pri¬ 
mitif),  les  jambes  em¬ 
prisonnées  comme  en 
une  gaine  dans  les  plis 
d’un  cliilon  dorien  ou 
ionien,  la  tète  coiffée 
du  casque  corinthien, 
ou  du  polos  en  forme 
de  calathos,  le  bouclier  levé  par  l’avant-bras  gauche, 
la  poitrine  couverte  de  l’égide,  le  bras  droit  tenant 
la  lance  obliquement  de  haut  en  bas,  les  pointes  du 
péplos  retombant  symétriquement  des  deux  bras. 
Quelques  statuettes  en  bronze  de  l’Acropole  d’Athènes  et 
d’autres  pays  nous  montrent  la  forme  authentiquement 
archaïque  de  ce  type  7.  L’art  hellénistique,  la  sculpture 
archaïsanle,  ainsi  que  les  gemmes,  les  monnaies  et  les 


Fig.  505 G. 


—  Palladion  mycénien. 


Polias,  sous  le  nom  de 


Fig.  5057.  —  Palladion  eu  forme  de  trophée. 

vases  peints  représentant  l’enlèvement  du  1 
troyen  3,  ont  fréquemment  reproduit  ce  type  av(  c  ou 

sortes  de  variantes.  ,  ,  p 

Notre  figure  5058  reproduit  une  monnaie  do1' 
game  9,  dont  il  est  intéressant  de  rapprocher  a 
statue  archaïsanle  récemment  découveile  <t  . 

ainsi  que  le  type  du  Palladion  de  Né°-  10n 
une  monnaie  agrandie  de  cette  ville  ]&- 

d’Argos;  P.  Gardner,  Types,  pl.  vu.,  35,  40;  monnaie  dejparte^ 

Athéna  Khatkiœkos  (fig.  5052)  ;  Imhoof-Gardner,  A  umisir .  ]Jontmènti,  VI. 

Gennnae  cael.  pl.  xx.x  et  xxxv;  -es  pe.nts^  ,|);  reljef 

\jahrb.  d.arch-Instit. 


gemmes  :  Stosch, 

22  ;  Millin.  Peintures  de  vases,  I,  25  (S.  Reinach, 
de  Mélos  :  Iahn,  De  antiqu.  Minerv.  simul.  pl.  i",  7,  3 
III,  p.  40 


;  cf.  une  gemme,  Roscher,  Lexikon,  s.  v.  xxx.x,  3. 

le  verre  antique,  de  Florence,  Furtwangler,  Ant  pl.  IV, 

—  10  Rev.  de  l’art  ancien  et  mod.  1902,  11,  P-  31  >  °‘  '  stmu2.  pl.  HL  '3 

p.  43;  Arch.  Anzeig.  1902.-  11  D’après  Iahn,  De  antiqu.  -  ’  fj>  fUstica, 

La  figure  5060  est  tirée  d’une  plaque  du  Louvre,  Campa  ,  -  ’  tw8ngier,  Mas- 
I,  4;  cf.  un  fragment  de  plaque  semblable  du  Musée  e 
terpieces,  p.  202;  Roscher,  Lexikon  s.  v.  Palladion.  p.  ■  J  ■ 


1330,  fig-  5-  et 


MIN 


—  1925  — 


MIN 


Nous 
tant  un 


rU  rapprochons  une  plaque  décorative,  représen- 


paiiadion  entouré  de  deux  hiérodules  portant 


coiffure  en  osier  entrelacé  (fig.  5060);  on 
retrouve  dans  cette  dernière  composition 
comme  un  lointain  souvenir  de  la  plaque 
mycénienne  signalée  plus  haut  '. 

B  .Promachos. —  Un  premier  progrès 
consista  à  donner  au  Palladion  enfermé 
dans  sa  gaine  une  allure  plus  libre,  en 
séparant  les  jambes,  de  façon  à  repro¬ 
duire  l’attitude  réelle  du  guerrier  qui 
combat.  Ainsi  se  créa  le  type  de 
l’Athéna.  Promachos,  représenté  par  le  vase  de  Berlin 
reproduit  (fig.  5061)  2,  par  des  bronzes  archaïques  de 


Fig.  5058.  -  Palla- 
dion,  U’aprcs  une 
monnaie  de  Per- 
gaine. 


l’Acropole  d’Athènes  (fig.  50(32)  et 
d’autres  endroits  3,  par  les  figures 
des  amphores  panathénaïques  4  et 
par  quelques  statues  du  genre  de 
l’Athéna  d’Herculanum  (fig.  5063)  % 
et  le  torse  de  l’Athéna  archaïstique 
de  Dresde  6.  De  l’Athéna  Promachos 
dérivent  aussi  les  représentations 
de  la  déesse  en  lutte  contre  les 
Géants  et  terrassant  Encelade  1  (voir 
aegis,  fig.  142).  On  retrouve  des 
variantes  du  même  type  dans  la 
figure  centrale  d’un  fronton  d’Égine 
(fig.  5064)  8,  où  le  mouvement  du 
bras  droit  et  la  direction  de  la  lance 
ne  sont  plus  offensifs,  et  dans  l’A¬ 
théna  plantant  sa  lance  dans  le  sol 
de  l’Acropole,  pour  en  faire  jaillir 
l’olivier,  attitude  vulgarisée  par  le  fronton  occidental  de 


J~s 

5039.  —  Palladion 

de  Néo-Ilion. 


Fig.  5060.  —  Danse  autour  d’un  Palladion. 

I  Acropole,  autant  qu’on  en  peut  juger  par  le  vase  de 

lerre  cuile  du  Louvre;  cf.  hieroduli,  p.  174,  n.  9.  —  2  Gerhard,  Etrusk.  u. 
' u"pan .  \asenb.  pl.  n;  Duruy,  Hist.  des  Grecs ,  I,  p.  467.  —  3  De  Ridder, 
des  bromes  d'Ath.  789  sq.  ;  S.  Reinach,  Répert.  de  la  stat.,  II,  p.  283-287. 
Slô'ualer  particulièrement  les  bronzes  d'Athènes  (’Eo.  1887,  pl.  vit  et 

x'  Ce  dernier  reproduit  par  la  ligure  5062),  l’admirable  bronze  de  Chantilly 
-Reinach,  Répert.  Il,  p.  283,  1;  Heuzey,  Mon.  Piot ,  IV,  1897,  p.  5-14, 
"■  ^  le  bronze  de  Krissa  (Palladion  d'Athéna  à  Cirra,  dans  Rev.  arch. 
pl  Y  ISfl<’2’  85-90).  —  4  Voir  amphoka,  fig.  282.  —  B  Clarac,  Musée  de  sculpt. 

1  ■  848.  Sur  l'égide  remplaçant  le  bouclier,  voir  aegis;  cf.  la  statue  de 
to°"'resi>  Clarac,  471,  897.  -  G  Jb.  pl.  460,  855.  -  7  Groupe  en  marbre  du  fron- 
I  ancien  Hécalompédon,  reconstitué  par  Studniczka,  Ath.  Mitlh.  XXI,  1896 

VI. 


Kertch  reproduit  plus  haut.  11  est  même  probable  que  la 
légende  de  ce  coup  de  lance  a  été  suggérée  par  1  atti¬ 
tude  familière  aux  vieux  Balladia  pointant  avec  leur 
lance  de  haut  en  bas. 

L’attitude  de  la  Promachos  est  celle  de  l’hoplite  de 


première  ligne  qui,  sans  sortir  du  rang  et  ferme  sur  ses 
jambes  écartées,  jette  sa  lance  en  avant,  en  se  proté¬ 
geant  du  bouclier  levé  pour  la  parade  (parfois  remplacé 
pour  Athéna  par  l’égide).  Mais  cette  altitude  se  convertit 
en  un  mouvement  de  marche  impétueuse  dans  les  repré¬ 
sentations  d’Athéna,  qui,  à  peine  sortie  de  la  tète 
de  Jupiter,  entraîne  les  guerriers  au  combat  (Athéna 
’AysXata,  Sxparta)  en  poussant  le 
cri  de  guerre.  Telle  était  proba¬ 
blement  l’allure  de  la  déesse, 
assez  semblable  à  une  Iris  ou 
à  une  Niké,  dans  le  fronton 
oriental  du  Parthénon  dont  le 
putéal  de  Madrid,  reproduit  plus 
haut,  nous  donne  une  réplique 9  ; 
plusieurs  statues,  statuettes 10 
et  figures  de  monnaies  attiques  11 
dérivent  visiblement  de  cet  ori¬ 
ginal  (fig.  5065).  Ce  type  trouve 
son  expression  la  plus  vigou¬ 
reuse  dans  le  morceau  de  la 
frise  de  Per  game  représentant 
Athéna  en  lutte  contre  les  Géants 
[gigantes,  fig.  3564]  12. 

C.  Athéna  idéalisée. —  L’évo¬ 
lution  plastique  qui  avait  éman¬ 
cipé,  par  une  série  de  mouve¬ 
ments  progressifs,  le  Palladium  primitif  de  sa  raideur 
hiératique,  produisit,  parallèlement  à  ces  figures  offen¬ 
sives  de  l’Athéna  Promachos  et  de  l’Athéna  conductrice 
des  guerriers,  un  type  de  la  déesse  debout  et  armée, 
mais  reposée  et  comme  détendue  dans  une  attitude 
pacifique.  Athéna  Ergané  réagit  sur  la  Pallas  guerrière 

pl.  in  ;  Schrader,  Ibid.  XXII,  1897,  p.  59-112,  pl.  m-v  ;  S.  Reinacli,  Répert.  11,  p.  800, 
6.  H.  Léchât  (Rev.  des  et.  gr.  XI,  1898,  p.  185)  suppose  que  ce  groupe  peut  être) 
attribué  à  Boupalos ;  cf.  groupe  du  Musée  Kircher  (Reinach,  Répert.  11,  p.  297,  5). 
—  8  D'après  le  moulage  de  l’Ecole  des  Beaux-Arts.  —  9  Six,  Jahrb.  IX,  1894,  p.  83-87  ; 
Furtwangler  Meisterw.  p.  243.—  10  Voir  Clarac,  pl.  402  A,  858  A;  463,  865  ;  474.  B, 
697  A;  S.  Reinach,  Répert.  Il,  p.  287  et  28S;  799,  4.  —  Il  Imhoof-Blumer  et  Garduer, 
Num.  comm.  on  Pans.  pl.  z,  8,  13  ;  lahn  et  Michaelis,  Arx  Athen.  pl.  xxxv,  12  et  13. 
La  figure  5065  reproduit  une  monnaie  du  temps  de  Commode.  Athéna  lient  de  la  main 
droite  un  rameau  de  1  olivier,  en  qualité  d  e!çt,vo©ôçoç  ;  cf.  Reinach,  Répert.  des  vases. 
I,  1  ;  et  une  Athéna  de  la  frise  du  trésor  de  Cnide  à  Delphes,  debout  à  côté  d’une  autre 
Athéna  qui  relève  des  blessés  (moulage  au  Louvre).  —  12  Collignon,  Pergam.  pl.  x. 

242 


Fig.  5062.  —  Athéna  Pro¬ 
machos. 


MIN 


—  1926  — 


MIN 


Fig.  5063. 


-  Minerve  d’Hereu- 
lanum. 


en  la  dépouillant,  sinon  de  ses  armes,  du  moins  de  ses 

allures  combatives.  Plusieurs 
classes  sont  à  distinguer 
dans  cette  lignée. 

Dans  la  première,  la  déesse, 
dont  le  bras  droit  à  demi 
levé  a  déjà,  sur  la  figure 
d'Égine,  cessé  de  pointer  d’un 
geste  menaçant,  convertit 
définitivement  cette  attitude 
en  repos  :  le  bras  est  ^tou¬ 
jours  levé,  mais  pour  s’ap¬ 
puyer  sur  une  lance  inactive, 
dont  la  pointe  est  tournée  en 
l’air;  quant  à  la  position  du 
liras  gauche,  elle  divise  cette 
lignée  en  deux  classes,  sui¬ 
vant  que  le  bras  encore  à 
demi  levé  et  replié  soutient  le  bouclier  à  mi-corps’, 

ou  que,  presque  complète¬ 
ment  abaissé,  il  s’appuie  sur 
le  bouclier  pacifiquement  dé¬ 
posé  à  terre.  C’est  ainsi  que 
se  sont  changés  en  une  pose 
de  repos  majestueux  et  pai¬ 
sible  le  bras  levé  des  Palladia 
et  la  direction  plongeante  de 
leur  lance.  Ce  type  devait  être 
représenté  sur  l’Acropole  par 
quelque  original  célèbre,  peut- 
être  par  la  colossale  statue 
d’airain,  consacrée  après  les 
guerres  médiques  et  attribuée 
à  Phidias 2.  Un  texte,  d’ailleurs 
assez  suspect,  de  scoliaste 
désigne  cette  statue  comme 
unenpôpayoç 3.  Mais  les  détails 
que  donne  Pausanias  indiquent  que  la  pointe  de  la 

lance,  visible  de  loin, 
devait  être  dressée  vers  le 
ciel.  C’est  elle  que  repré¬ 
sentent,  semble-t-il,  avec 
quelques  variantes,  plu¬ 
sieurs  monnaies  attiques 
en  bronze K  ;  elle  serait 
le  prototype  d’une  nom¬ 
breuse  lignée  d'imitations 
et  d’adaptations  posté¬ 
rieures  plus  ou  moins 
libres5  :  telle,  l’Athéna  de 
qui  nous  montre  une  inter- 


Cassel,  [aegis,  fig.  144] 


1  S.  Reinach,  Rèpert.  II,  274,  10;  273,  1  ;  276,  2,  3,  5,  6  ;  277,  5,  8,  9  ; 
290,  5;  Clarac,  319,  846;  321,  863  ;  459,  856;  461,  857-861  ;  462  D,  858, 
842  c;  463,  865;  465,  877;  466,  873;  469,  887,  889,  886;  472,  898  c.  Il  faut 
évidemment  tenir  compte  de  la  fantaisie  des  restaurateurs  dans  la  restitution  et  la 
position  des  attributs.  Mais  une  monnaie  d’Athènes  reproduit  exactement  cette  al¬ 
titude  (Imhoof  et  Gardner,  Num.  comm.  pl.z,  1);  cf.  sarcophage,  Monumenti ,  VI,  18. 

—  5  Paus.  1,  28,  2;  Demoslh.  XIX,  272.  Voiries  autres  textes  dans  Iahn  et  Michaelis, 
Arx  Atli.  p.  76.  —  3  Schol.  Demosth.  XXII,  13;  Corp.  inscr.  att.  III,  638. 

—  4  Lange,  Arch.  Zeit.  1881,  p.  197;  Furtwangler,  Meisteric.  p.  45  sq.  ;  Imhoof 
Blumer  et  Gardner,  Num.  comm.  on  Paus.  pl.  z,  1-7  ;  Sybel,  Ath.  Mitth.  V,  p.  102, 
pl.  v;  Farnell  {Cuits  of  greek  States,  I,  p.  357  sq.)  propose  de  reconnaître  en 
celle  statue  une  Athéna  K7.eiSoï/oî  (Plin.  XXXIV,  54).  Voir  Imhoof  et  Gardner, 
pl.  z,  18  ;  cf.  le  bas-relief  attique  symbolisant  l'alliance  avec  Corcyre  (375  av.  J.-C.) 
(Bull.  corr.  hell.  1878,  pl.  xi,  xu),  où  le  bouclier  et  la  lance  devaient  être  rendus 
en  peinture;  cf.  aussi  une  gemme  (Farnell,  Cuits,  XVIII  6)  et  un  camée  (Gaz.  arch. 


Fig.  5066.  —  Alhéna  de  la  collection 
Hope. 


spécimens  remarquables. 


version  des  attributs  et  des  gestes  des  do  , 

Les  artistes  furent  conduits  à  supprimer  1  *  T  ‘'as' 
pour  alléger  la  figure  d’un  (  Douclier 

attribut  encombrant,  moins 
nécessaire  à  une  déesse 
pacifique.  Le  bras  gauche 
devenu  libre  fit  le  geste 
familier  à  nombre  d’idoles 
archaïques  :  il  tendit  la 
main  vide  ou  garnie  d’une 
patère  pour  recevoir  une 
offrande  7  ;  la  représen¬ 
tation  de  l’offrande  reçue 
se  convertit  en  représen¬ 
tation  d’attribut,  grenade, 
chouette,  Victoire,  etc.  La 
lance  passa  du  bras  droit 
au  bras  gauche,  et  in¬ 
versement  l’offrande.  De 
ce  type,  représenté  par 
de  nombreuses  statues  et 
statuettes  8,  l’Athéna  en 
bronze  de  Portici 9  et  celles 
de  la  collection  Ilope 
(fig.  5066)  10  sont  des 

De  légères  modifications  dans  le  mouvement  du  bras 
gauche  (dont  beaucoup 
sans  doute  attribuables  aux 
restaurateurs  modernes) 
donnent  à  la  déesse  un 
geste  oratoire,  qui  semble 
la  transformer  en  àyopaïa 
ou  en  pouXatx.  A  ce  type 
appartiennent  la  Minerve, 
coiffée  d’un  xuve-zj,  de  la 
villa  Albani  ”,  la  Pallas  de 
Velletri  (fig.  5067) 12  et  de 
nombreuses  répliques  qui, 
sous  des  costumes  divers, 
reproduisent  la  même  atti¬ 
tude  13 . 

Un  autre  type  résulte 
d’une  variante  de  ce  mou¬ 
vement  :  celui  de  la  déesse 
représentée  avec  un  bras 
sur  la  hanche,  soit  nu, 
soit  enveloppé  dans  les 
plis  de  l’himalion.  Ce 

geste  peut  aussi  être  une  adaptation  du  geste 
quelques  figures  archaïques  où  Athéna  relevait  e  s0*\ 
bras  libre  les  plis  de  sa  robe  **.  Un  petit  bas-rehel 

1886,  pl.  m,  1).  Plusieurs  auteurs  ont  voulu  rattacher  à  ce  (\pe  le  319 

...  iv„in.i«.  1,..).  -  ■  f«  ci"“- 

869;  321,  870;  457,  845;  459,  849;  461,  862,  etc.  ;  Reinach,  Rèpe  .  -  P  _  ^ 

10  ;  276,  7,  8;  277,  1,  10  ;  278,  4,  5;  279,  5,  6,  7.  —  6  Clara®’  '  g.  ReinacU, 

les  offrandes  déposées  clans  la  main  des  statues  :  Aristop  1.  l-  459,850; 

Bépert.  Il,  p.  274,  3;  275,  7;  278,  7;  279,  9;  280  28.  et  282  Clarac,  ^  ( 
462.  888  6;  470,  895;  473,  899  A.  -  9  Farnell,  Cuits  on  9  A/J 

pi.  xx, v  a;  Lange,  Ath.  Mith.  1882,  pl.  ...  -  ’»  Clarac,  459,  80O ,  Je  ^  , 
Plot,  III,  1896,  pl.  11;  cf.  Furtwangler,  Meisterw.  p  ■  "  ’  cf_  )a  Pallas 

—  il  Clarac.  Musée  de  sculpt.  p.  472,  898  b.  —  1  u  •  "  ’  ,.  pûma,  X£V, 

colossale  de  la  place  Sciarra,  trouvée  en  1897,  Bull.  d.  comn  ■  462  c, 

.897,  pl.  xv-xv,.  -  »  Cf.  Clarac.  Ibid.  p.  320,  878,  852;  458  8M  A,  ^  ^ 
902  ;  462  D,  842  ;  cf.  le  geste  du  vase  d  Amastns,  Lenorman  ^  Rcinac|1-  Rèpert.  H, 

—  14  Bronze  d’Athènes  (de  Iliddcr,  Bronzes,  H,  > 

283,  6). 


MIN 


\  _  1927  — 

\\cropole  1  représente  ainsi  la  déesse  dans  une  altitude 
msive,  devant  un  pilier  qui  supportait  peut-être  la  ciste 
\  reposait  le  petit  Érichthonios.  De  nombreuses  statues2, 
lêle  desquelles  se  place  la  belle  statue  Campana5, 
id'hui  à  Saint-Pétersbourg,  et  qui  semble  dériver 


MIN 


inal  du  ive  siècle  \  de  style  praxitélien,  se  rap- 


aiijourd 
•  d’un  oi’ig 
portent  à  ce  type. 

V  De  l’attitude  primitive  du  bras  demi-relevé,  qui  tenait 
le  bouclier,  dérive  aussi  le  type  quasi  maternel  d’Athéna, 
tenant  dans  un  pli  de  son  vêtement  le  petit  Ërichthonios 
représenté  sous  sa  forme  humaine  ou  sous  la  forme  d’un 
serpent.  La  déesse  le  contemple 
avec  une  expression  de  douceur 
et  de  sollicilude,  le  bras  droit 
s’appuie  sur  la  lance  :  ce  type 
paraît  avoir  été  popularisé  par 
le  groupe  en  bronze,  attribué 
à  Alcamène,  d’Athéna  Hephaistia 
et  d’Héphaistos,  dans  le  temple 
de  ce  dernier  s.  On  reconnaît 
des  répliques  de  l’Athéna 
Héphaistia  dans  la  Minerve  à 
la  ciste  du  musée  du  Louvre  6, 
dans  une  statue  de  Cherchell 7, 
dans  l’Athéna  Glienicke 8,  etc. 

Plusieurs  autres  attitudes  de 
l’Athéna  pacifique,  toujours  dé¬ 
rivées  des  précédentes,  sont 
encore  à  signaler  : 

1°  Celle  de  la  déesse  coiffée 
d’un  bandeau,  tenant  son  casque  d’une  main,  l’autre 
bras  s’appuyant,  soit  sur  la  lance,  soit  sur  la  hanche. 
Telle  serait  l’attitude  d’un  petit  bronze  de  l’Acropole 
d'Athènes 9  ;  telle  est  celle  d’Athéna,  sur  un  bas- 
relief  d’Ëpidaure,  où  la  déesse  présente  son  casque 
à  un  autre  dieu,  probablement  Asklépios  10,  et  sur 
un  bas-relief  de  la  collection  Lansdowne  Telle  aurait 
été,  d’après  M.  Furtwangler,  l’attitude  de  l’Athéna 
Lemnia  de  Phidias,  dont  il  a  proposé,  avec  une  statue 
de  Dresde  et  une  tête  de  Bologne,  une  restitution  très 
discutable 12  ; 

2°  Athéna,  en  qualité  de  Suggayoç,  donnant  la 
main,  sur  des  en-têtes  de  décrets  attiques,  à  des  per¬ 
sonnifications  de  peuples  amis  d’Athènes  13,  ou,  en 


Leel'at,  Mon.  Piot,  III,  1996,  pl.  i;  cf.  camée  du  Cabinet  des  médailles, 
labouîliet,  Catal.  n»  36j  Gaz.  arch.  pl.  m,  1  ;  Babelon,  Cab.  des  antiq.  p.  79-81, 
I1  •  s*\i ,  l.echat,  Rev.  des  ét.  gr.  X,  1897,  p.  350.  A  rapprocher  de  ce  mo- 
u|"«"1,  p0ur  1  expression  de  la  tête,  la  belle  statue  du  Louvre,  dite  Minerva 
F™ir“  (Clarac,  Musée,  320,  871  ;  Farnell,  Cuits ,  pl.  xvn)  ;  cf.  vase  peint  : 
I  ein.i,  h,  /tépert.  des  vases,  I,  3,  et  de  celui-ci  pour  le  costume  et  l'attitude, 
laille  représentant  Atbéna  et  Poséidon  :  imhoof  et  Gardner,  Num .  comm. 
P'Z,U-  ~ 2  Clarac.  462  A,  824  a;  4G2  B,  888  c;  462  F,  848  c  ;  464,  867; 


Fig.  5068.  —  Parthénos 
(du  Varvakeion). 


466,  872 . 


«7,  879  ;  470,  894,  896;  471,  900,  898;  473,  899  c;  474  a,  899  e; 


j'  Iieinach,  /tépert.  II,  275,  9;  277,  2,  4,  6  ;  278,  6  ;  279,  8;  284,  2,  4, 
(;87’K'  J89’  *>  29°,  0;  292,  9;  cf.  une  statuette  de  l’Acropole  (’E®>-,p.  in. 
_  ]  '  VU1)  et  une  peinture  de  vase  (Peters.  Rom  Mitth.  XII,  1897,  p.  318-322). 
Ré  ter  ®as,s  des  Praxiteles  aus  Mantineia,  p.  18,  4;  S.  Reinach, 

flré  /  L  cF  Athéna  de  Florence  (Amelung,  O.  I.  p.  16,  2).  —  4  peut- 

(Pam  lvr'°UPe  d  ^ara’  Athéna,  Hébé  sculpté  par  Praxitèle  pour  Mantinée? 
furhe  3  Paus.  I,  14,  5;  Corp.  inscr.  att.  I,  318  sq.  Sur  ce  groupe, 

pl  J.  !  '  er’  Meisterw.  p.  119  sq.;  Reisch,  Wien.  Jahresheft,  I,  1898,  p.  53-93, 
,f<«",  \lxellbeie’  RÔm'  Mitlh-  Xlv'  1 S99,  p.  114-118,  pl.  VI  ;  Gardner,  Journ.  hell. 
1899  ’  h-  P*-  U  Léchât,  Rev.  des  ét.  gr.  VIII,  1895,  p.  420  ;  XII, 

pl  xu 11  1  '-  _  °  ■,am°b  A/on.  grecs,  H,  n0!  21-22,  1893-1894,  p.  17  sq. 

Ï8(  5  .  o  '  Reisch.  O.  I.  ;  cf.  Clarac,  462  c,  888  e;  Reinach,  Répcrt.  Il,  278,  3  ; 
"  9  l  oi  ICI’  '3as"re*'c^  d'Épidaure.  —  8  Müller-Wieseler,  Denkm.  II,  198  a. 

a  1*  niai,  '  "SI  ^eul<  Plaques  soudées,  '£:.  &çy.  1887,  4.  Restauré  avec  le  casque 
lalm  et  Michaclis,  Arx  Athen.  pl.  xxxvn,  3.  — 10  Héphaistos,  d'après 


Fig.  5069.  —  Athéna  Parthénos 
(Pallas  Lenormant). 


qualité  de  BouÀaia,  ù  la  personnification  de  la  Boulé  u 
[boulé,  fig.  872]; 

3°  Athéna  votant  à  l’Aréopage  et  s’apprêtant  à  déposer 
la  fève  dans  l’urne  15,  en  faveur  d’Oresle. 

La  célèbre  statue  chryséléphantine  d’Athéna,  dite  Par¬ 
thénos,  exécutée  par  Phidias  et  installée  au  Parthénon 
en  438,  est  une  adaptation  du  type  de  l’Athéna  à  l'offrande 
et  de  la  grande  Athéna  de  bronze  :  le  bras  gauche, 
allongé  le  long  du  corps,  repose 
sur  le  bouclier  posé  à  terre  ; 
l’avant-bras  droit  soutient,  en 
guise  d’offrande,  une  statue  en 
or  de  Niké  portant  une  cou¬ 
ronne;  la  lance  est  reportée  à 
gauche,  appuyée  sur  l’épaule  de 
la  déesse  ;  le  serpent  Érich- 
thonios  s’enroule  dans  l’orbe 
du  bouclier  ;  une  stèle  soutient 
la  main  droite  portant  la  Niké  ,8. 

Le  colosse  mesurait  26  coudées, 
au  dire  de  Pline  (environ  12 
mètres  sans  le  piédestal),  et  la 
Niké  à  elle  seule  était  haute- de 
4  coudées  (1  m.  80)  Le  poids 
de  l’or  employé  était  de  40  talents 
(environ  4  millions  de  francs),  divisés  en  pièces  qu’on 
pouvait  détacher  pour  en  vérifier  le  poids.  Le  vête¬ 
ment,  une  longue  tunique  talaire,  et  l’armure  étaient 
en  or  ;  les  parties  nues,  en  ivoire  plaqué  sur  une 
armature  de  bois,  le  Gorgoneion  en  ivoire;  les  yeux  en 
pierreries.  Le  casque  était  chargé  d’ornements  :  un 
sphinx  au  milieu  flanqué  de  griffons;  la  surface  exté¬ 
rieure  du  bouclier,  dont  le  centre  était 
orné  d’une  tète  de  Méduse  en  argent 
doré,  était  décoré  de  bas-reliefs  repré¬ 
sentant  un  combat  d’Athéniens  et 
d’Amazones 18.  Sur  la  surface  interne 
du  bouclier,  était  figurée  une  Giganto- 
machie  ;  sur  la  tranche  de  la  semelle  des  Fi 
sandales  était  figuré  un  combat  de  Cen¬ 
taures  et  de  Lapithes,  et  sur  les  faces 
du  piédestal,  la  naissance  de  Pandore 19.  Quelques 
monuments,  complétés  par  les  représentations  des 
monnaies  attiques,  permettent  de  reconstituer  dans 


Furtwnngler,  Münch.  Sitgungsber.  1897,  I,  p.  289-292.  —  il  Farnell,  Culls-pl.  xvi  : 
la  déesse,  debout,  auprès  de  sou  bouclier  posé  à  terre,  devant  une  stèle  surmontée 
d'une  chouette  et  au  pied  de  laquelle  s'enroule  le  serpent  Érichthonios,  tient  son 
casque  du  bras  droit,  le  bras  gauche  appuyé  sur  la  hanche.  Le  style  et  la  draperie 
sont  dans  la  manière  de  la  frise  du  Parthénon.  —  12  Meisterw.  p.  4-36,  pl.  i,  n, 
xxxu  ;  Rev.  arch.  1896,  I,  p.  1-5  ;  München.  Sitzungsber.  I.  c.  Restauration  com¬ 
plète  de  la  figure,  lalm  et  Michaclis,  Arx  Ath.  XXXVII,  11.  Contre  la  théorie  de 
Furtwangler,  voir  Jamot,  Mon.  grecs,  II,  p.  17-39;  Rev.  arch.  1895 
II,  p.  32;  Weruicke,  Arch.  Anzeig.  1898,  p.  177;  Reisch.  Wien.  Jahresheft, 
I,  1898,  p.  65,  3.  —  13  Atkt.  àç^aio)..  1688,  p.  124  (alliance  avec  Samos,  en  403-4(12)  ; 
cf.  Bull.  corr.  I.  187?;  pl.  xi,  xu  (alliance  avec  Corcyre,  en  375);  Arch.  Zeit. 
1877.  pl.  xv,  1,  2  (alliance  avec  l’Arcadie  et  l'Élide,  en  362);  Schfine,  Gr. 
Bel.  n»  48  (alliance  avec  Néapolis  de  Thrace  ou  de  Pallène,  personnifiée 
par  la  déesse  Parthénos);  n»  50,  Athéna  et  Méthone  (cf.  n»  62).  —  H  Schône 
Gr.  Rel.  94;  cf.  n»*  81,  85  :  Athéna  couronnant  un  athlète  et  une  jeune 
prêtresse.  —  15  Reinach,  Répcrt.  II,  275,  3  [Bronze  de  Mandeure  (Mont¬ 
béliard)  :  Gaz.  des  Beaux-Arts,  1896,  II,  p.  321]  ;  cf.  areopagus,  fig.  491-493 
-  16  Paus.  1,  24,5;  Plin.  XXXVI,  18;  Plut.  Pericl.  13  et  les  autres  textes 
réunis  dans  lalm  et  Michaclis,  Arx  Athen.  p.  55-60  et  Michaelis,  Parthénon. 
p.  268.  —  17  Essai  de  calcul  des  proportions,  par  miss  Perrv,  Amer  Journ 
XI,  1896,  p.  335-346.  -  18  Plut.  Per.  31;  Arch.  Zeit.  1865,  pl.  excv,  (bouclier 
Strangford)  ;  cf.  fragment  de  bouclier  du  Vatican  (Michaelis,  Partlien.  pi.  x,  35)  et 
les  reliefs  du  bouclier  de  la  Pallas  Lenormant  (voir  plus  bas).  —  19  Cf.  frise  de 
Pergame,  Jahrb.  V,  H4. 


5070. 


Athéna 


Parthénos  sur  une 
monnaie  d'Athènes. 


—  1928  — 


MIN 


MIN 

son  ensemble  et  dans  certains  détails  l’œuvre  de  Phidias'. 
Signalons,  parmi  ces  répliques  pour  la  plupart  d’époque 

romaine,  l’Athéna  trouvée  au  Var- 
vakeion,  reproduite  par  la  figure 
5068  2,  et  l’Athéna  Lenormant 
(fig.  5069).  La  figure  5070  repro¬ 
duit  une  monnaie  d’Athènes  du 
ne  siècle  av.  J.-C.3.  L’expression 
de  la  tête  et  l’ornementation  du 
casque  nous  sont  connues  par  de 
nombreux  monuments,  tètes  iso¬ 
lées  4  (fig.  5071),  gemmes  5  (fig. 
5072),  monnaies  G,  médaillons 
d’or  (fig.  5073)  ou  de  terre  cuite  1 
dont  les  témoignages  varient  entre 
eux. 

En  dehors  de  tous  ces  types  dé¬ 
fi*.  5071.  -  Tête  d’Athéna  rivéS  dU  Originel,  Signa- 

Parthénos.  Ions  l’Athéna  voilée,  qui  est  évi¬ 

demment  en  rapport  avec  les 
rites  des  plynteria  8  ;  l’Athéna  ailée,  qui  résulte  d’une 
fusion  avec  le  type  de  Niké  9,  l’Athéna  en  char  ou  mon¬ 
tant  en  char,  type  inspiré  par  les  concours  de  chars 
des  Panathénées,  et  qui  se  réfère  à  l’épithète  d’Athéna 
llippia  10. 

Nous  ne  saurions  relever  ici  les  variantes  du  type 
d’Athéna  sous  le  rapport  du  cos¬ 
tume,  de  la  forme  du  casque,  de 
l’expression,  etc.  L’art  s’est  efforcé 
de  dégager  la  figure  idéale  de  la 
déesse  de  son  appareil  guerrier, 
pour  mettre  en  pleine  valeur  la 
régularité  de  ses  traits  et  la  no¬ 
blesse  de  son  visage  calme  et 
arrondi  11 .  Le  casque,  sauf  de 
rares  exceptions  12,  n’a  pas  de 
garde-joues  ou  les  a  relevées, 
comme  dans  l’Athéna  du  Yarvakeion  ;  le  casque  rond 
à  aigrette  ou  casque  attique  avec  ou  sans  frontal, 
moins  massif,  et  qui  allonge  moins  la  tète,  est  longtemps 
préféré  au  casque  corinthien  ou  aulopis  [Voir  galea, 
fig.  3446,  3449,  3407,  3434  et  3435]. 

VIL  La  Minerve  italique.  —  La  déesse  qui,  en 
Italie,  correspond  à  l’Athéna  hellénique  est  Minerva, 
ou  plus  exactement,  Mener  va  13,  avec  les  variantes 
étrusques  Menrva,  Menrfa ,  Meneruva ,  Menarva  1  \ 
Le  nom,  dont  l’étymologie  a  été  souvent  discutée 


Fig-  5072.  —  Gomme 
d’Aspasios. 


i  Voir  en  général  Farnell,  Cuits ,  l,  p.  360  ;  Lange,  Ath.  Alitt/i.  VI,  p.  56  sq.  ; 
Gôtt.  gel.  An;.  1883,  10;  Th.  Schreiber,  Sachs.  Abh.  VIII,  54  sq.  ;  Arch.  Zeit. 
1883,  103  sq.  277.  ■ —  ~  Brunn-Bruckmann,  39-40  ;  Collignon,  Hist.  de  la  scutpt. 
tjT.  I,  fig.  273;  cf.  une  réplique  semblable  :  Athen.  Mith.  XXI,  1896, 
p.  365-286,  pl.  viu-ix  et  la  «  Minerve  au  collier  »  du  Louvre,  Clarac,  Musée,  319, 
816.  Monnaies  d’Athènes:  Iinhoof  et  Gardner,  Numism.  Comment,  pl.  v,  18-25. 
Tessère  en  plomb  :  Zeitschr.  f.  Num.  X,  p.  152  —  3  Imhoof  et  Gardner,  O.  I.  pl.  v, 
20;  Duruy,  Hist.  des  Grecs ,  II,  p.  362.  —  4  Pollak,  Wien.  Jahresh.  IV,  1901, 
p.  144-150,  pl.  iv  ;  Michon,  Mon.  Piot,  VU,  1900,  p.  153-173,  pl.  xv  (fig.  5071  :  tête  du 
Musée  du  Louvre).  Tête  de  Berlin,  Antike  Denkm.  188G,  pl.  ni.  —  6  Gemme  d’As- 
pasios,  Jahrb.  d.  le.  Instit.  pl.  x,  10  (fig.  5072).  —  »  Imhoof  et  Gardner,  O.  I. 
pl.  y,  23-25.  —  7  Médaillons  de  Panlicapée,  Athen.  Mitth.  1883,  pl.  xv,  1,  2, 
Jahrb.  d.  le.  Inst.  III,  pl.  xxiv  b  (fig.  5073  ;  médaillon  en  or  de  Koul-Oba.  Kon- 
dakof,  Tolstoï,  Reiuach,  Antiq.  de  la  Russie,  fig.  207  ;  Antiq.  du  Bosph.  cimmérien , 
éd.  Reinach,  p.  63).  —  8  Clarac,  457,  903  ;  Xen.  Hell.  I,  4  ;  Farnell,  Cuits,  p.  328. 
—  9  Arch.  Zeit.  1851,  pl.  xxvu  ;  Annal.  1872,  pl.  n,  224e;  Imhoof-Blumer,  Flü- 
■gelgestalten  der  Athene  u.  Nike  (Num.  Zeitschr.  Huber.  III,  1871,  p.  5;  Bau- 
drillart,  Représentations  de  la  Victoire  ;  Savignoni,  Rôm.  Mitth.  XII,  1897,  p.  307- 
217,  pl.  XII  ;  Reinach,  Répertoire,  II,  297,  2,  3;  800,  5;  Polticr.  Vases  ant.  du  Louvre, 
pl.  87 ,  fjg.  380.).  Athéna  ailée  sur  un  char  traîné  par  quatre  chevaux  ailés,  du 


semble  pouvoir  e 
e"  8rec  latjn 


L  origine  du 


pas  au  fonds 


Fig.  5073.  -  Médaillon  en  or  de 
Koul-Oba. 


par  les  grammairiens  latins  15 
rattaché  à  la  racine  manas, 
mens  l6. 

1°  La  Minerve  falisque  et  étrusque. 
culte  de  Minerve  est  obscure.  11  n’appartient 
primitif  de  la  religion  ro¬ 
maine,  car  le  nom  de  la 
déesse  manque  dans  le 
rituel  le  plus  ancien.  Mi¬ 
nerve  est  entrée  à  Rome, 
comme  membre  de  cette 
triade  gréco-étrusque  Ju- 
piter-Juno-Minerve,  formée 
à  l’imitation  de  la  triade 
hellénique  Zeus-Héra-Athé- 
na  florissante  à  Delphes13 
et  qui  était  installée  sur  le 
Quirinal,  le  Capitolium  vê¬ 
tus,  avant  la  fondation  du  temple  de  Jupiter  Capitolin18. 
Varron  attribuait  à  ce  culte  une  origine  sabine19,  parce 
qu’il  y  avait  dans  la  ville  d’Orvinium  en  Sabine  un  vieux 
sanctuaire  de  Minerva20.  Mais  il  ne  semble  pas  que,  pas 
plus  en  Sabine  que  dans  le  Latium,  le  culte  de  Minerva 
soit  très  ancien21,  de  même  que  les  sanctuaires  de 
Minerve  dans  l'Italie  méridionale 
dont  la  fondation  était  attribuée  à 
Ulysse  et  qui  sont  d’importation 
grecque  22.  Minerve  Lient  plus  de 
place  dans  la  religion  et  dans  l’art 
étrusques.  Là,  de  bonne  heure, 
s’est  faite  l’assimilation  entre 
l’Athéna  hellénique  et  la  Minerva 
italique.  Dans  les  représentations 
des  mythes  grecs  sur  des  miroirs 
ou  des  cistes  gravés,  la  déesse 
grecque  est  constamment  dési¬ 
gnée  par  la  légende  Menerva.  ■»«  1 - -  — - 

pruntée  à  une  pierre  gravée  très  ancienne,  représente  la 
Minerve  étrusque  avec  une  égide  en  forme  de  manteau 
long  [aegis]  23  et  la  fig.  5075  une  Minerva-Fortuna  ailee, 
tenant  la  chouette  sur  une  main,  avec  une  égide  portant 
le  symbole  de  la  lune  en  guise  de  Gorgoneion,  un  crois¬ 
sant  et  deux  étoiles24.  Certains  érudits  ont  considère 
l’Ëtrurie  comme  le  berceau  du  culte  de  Minerva2!,.| 
Mais  l’origine  italique  du  nom  n’est  pas  favorable  al 
cette  théorie.  Une  tradition  romaine  faisait  dériver 
le  culte  de  Minerva  de  la  ville  de  Faléries-Ü,  où  i  esl 

i  il  v  Vr 1 1 1  1894»t£ 

fronlon  ouest  du  trésor  des  Siphniens,  à  Delphes,  Bull.  cou  .  yus_  ' 

p.  190.  —  lOMüller-Wieseler,  Denkm.  II,  240,  240  a  ;  Schone,  i  •  •  peints  :  J 

Barbon.  VIII,  pl.  xiv  ;  Imhoof  et  Garduer,  Num.  Comment.  AA—  ■  ^  Je 

Reinach,  Répertoire  des  vases,  1,  98;  130,90.  —  11  °‘r  LS  Mmzen,-.- 

Hcuzey,  Mon.  Piot,  IV,  1897,  p.  8.  Cf.  Lermann,  Athenatypen  auf  g  ■  ^ 

1900,  Munich.-  12  Rôm.  Mitth.  XII,  1897,  pl.  xn.—  13  Corp.  mser.  a  .  .  ^  ■ 

3081,  etc.  —U  Corsscn,  Sprache  d.  Etrusk.  I,  370.  — lo  Ç01’”"0'  a*’’  —  3[ . 

Cic.  Oe  n«*.  «fcor.  II,  67  ;  Firm.  Mat.  Err.  prof.  rel.  XVI  ,  3; 
p.  205.  - 16  Curlius,  Grundzùge,  p.  312  ;  Vamcek.  Etym.^  oi ei  U  an,  J  j 

(Stud.z.  griech.  Myth.  U,  p.  119)  propose  :  ^  De  lin(/.  lat.  U.  158.1 

c’est-à-dire  «  die Mutter  Erdc  ».  —  ”  Pans.  X,  5,  1.  .  je  Minerve* 

—  19  Ibid.  V,  74.  —  20  Dion.  Halic.  Ant.  R.  I,  14.  —  '  ^  9;  glrab.  V, 

Terracine,  en  588-166  av.  J.-C.  cité  par  Obsequ.  12.  —  --  j^'j  94.V,  3,  I6S-Î 
247  ;  VI,  281;  Senec.  Epist.  77.  2;  Stat.  Silv.  II,  2,  -  >  ’  Ci.  ClaH^B 

—  23  Millin,  Pierres  gravées,  pl.  xm  ;  Wieseler,  Denkm.  II,  P  ■  XX|  "  __  2i,  gronzs- 

457,  847,  une  Minerve  étrusque  de  Vienne,  conforme  au  Ù'pe  c  a[  ^  ^  p  294,  j 

du  Museo  gregoriano  d’après  Gerhard,  Gottheit.  d.  Et)  us  jr»  part,  pl-  ■)• 

pl.  xxxvn,  t  ;  autre  semblable,  Koehl,  Ges.  Schrift.  22;  ’  .  j0Idan,  ICrm-t 

L  20  Mülîer-Deeke,  Etrusker,  II,  46  sq .  -  26  Ovid.  Fast.  III,  843  sq. , 

IV,  243  sq.;  Preller-Jordan,  Rôm.  Myth.  I,  292,  2. 


Fig.  5074. —  Minerve  étrusque. 1 


La  figure  5074,  em- 


MIN 


—  1929  — 


MIN 


! .  ir  des  inscriptions  archaïques  Ce  serait  donc 
&[W>  '  |||e  des  Falisques  que  les  Étrusques,  puis  les  Ro- 
^  'auraient  reçu  Minerve,  déjà  peut-être  associée  en 
nia'tlh’ 1  triade  avec  Jupiter  et 

Junon  2. 

2°  La  Minerve  ro¬ 
maine. —  Après  la  prise 
de  Faléries  en  513-241, 
la  Minerve  falisque  fut 
installée  à  Rome  dans 
une  chapelle  ou  Miner- 
vium  au  pied  du  mont 
Cœlius  3,  sous  le  nom 
de  Minerva  Capta 
Mais  il  existait  déjà  à 
Rome  un  plus  ancien 
sanctuaire  de  Minerve, 
celui  de  l’Aventin  5, 
dont  l’anniversaire  de 
consécration  (19  mars) 
coïncidaitavec  la  grande 
fête  de  Mars,  les  quinquatrus  c,  qui  devinrent  une  fête 
de  Minerve7,  sinon  dans  le  culte  officiel,  tout  au  moins 
dans  la  pratique  populaire. 

Comme  la  Minerve  romaine  est  essentiellement  la  pro¬ 
tectrice  du  commerce  et  de  l’industrie  8,  la  fête  des  quin- 
quatrus  réunissait  toutes  les  corporations  d’artisans 
reconnues  par  l’État  9.  Ovide  ,0  énumère  les  foulons, 
teinturiers,  cordonniers,  charpentiers,  médecins,  cise¬ 
leurs,  peintres,  sculpteurs,  trompettes.  Mais  il  y  avait 
d'autres  collèges  participant  au  culte  de  Minerve  :  le 
droit  d’offrande  et  l’accès  au  sanctuaire  équivalaient, 
pour  une  corporation,  à  la  reconnaissance  officielle11. 
C’était  aussi  jours  de  fête  pour  les  écoles,  dont  les  élèves 
offraient  à  leurs  maîtres  un  cadeau,  le  Minerval 12  ou 
Minervale  mutins. 

C’est  probablement  l’analogie  de  la  Minerve  romaine 
avec  l’Athéna  Ergané  des  Grecs  qui  a  produit  l’identifica¬ 
tion  de  Minerve  avec  Athéna.  Peu  à  peu,  les  attributions 
multiples  delà  déesse  hellénique,  comme  divinité  poliade, 
guerrière,  politique,  se  sont  ajoutées  au  caractère  pri¬ 
mitif  plus  spécial  et  plus  restreint  de  la  déesse  italique, 
mais  cela  plutôt  dans  la  mythologie  des  lettrés  que  dans 


le  culte  populaire.  C’est  ainsi  que  la  Minerve  de  la  triade 
du  vieux  Capitole,  en  s’hellénisant,  prend  le  caractère  de 
divinité  poliade  ( custos  urbis)u  ou  Minerva  custos'1. 
Auguste  élève  un  temple  à  Minerva  Chalcidica,  le  C/tal- 
cidicurn 16  voisin  delà  curie  julienne,  et  Romitien  en 
consacra  un  second  dans  le  Champ  de  Mars16  et  deux 
autres  temples  de  Minerve,  l’un  près  du  temple  des 
Dioscures  17  au  nord-est  du  Palatin,  1  autre  en  HO  sur 
le  Forum  transitorium  qui  fut  achevé  par  Nerva  1  ne 
partie  très  mutilée  de  la  frise  de  ce  temple  subsiste 
en  place19;  elle  représente  Minerve,  tout  à  fait  hellé¬ 
nisée,  présidant  aux  divers  métiers.  C’est  aussi  sous 
l’influence  grecque,  et  par  analogie  avec  l’Athéna  Pallas 
et  l’Athéna  Niké,  que  Minerve  s’identifie  avec  nerio,  la 
compagne  de  Mars  dans  la  vieille  religion  romaine,  et 
avec  bellona20,  et  entre  dans  une  triade  avec  mars  et 
lua,  divinités  quitus  spolia  hoslium  dicare  jus  fasque 
est2'.  C’est  aussi  comme  Athéna  Niké  que  l’honora 
Cn.  Pompée  par  la  fondation  d’un  temple  de  manibiis22. 
Le  culte  de  Minerva  Medica  peut  s’expliquer  par  la  par¬ 
ticipation,  aux  fêtes  des  quinquatrus,  de  la  corporation 
des  médecins  dont  Minerve  est  la  patronne23  :  il  y  avait 
un  temple  de  Minerva  Medica  sur  l’Esquilin2*  et,  aux 
environs  de  Plaisance,  un  temple  fameux  de  Minerva 
Memor  ou  Minerva  Medica  Cabardiacensis  23 .  C’est  par 
assimilation  avec  Athéna  Ergané  que  Minerve  est  quali¬ 
fiée  par  les  auteurs  récents  de  dea  lanificii 26,  alors  que, 
dans  la  littérature  antérieure,  elle  reste  étrangère  au 
travail  féminin27.  Minerve  parut  pour  la  première  fois  au 
grand  lectisternium  de  537-217  av.  J.-C.,  associée  à 
Neptune  àl’instar  du  couple  hellénique  Athéna-Poseidon28. 
Elle  prit  dès  lors  place  dans  le  panthéon  des  douze  dieux 
gréco-romains29.  C’est  vers  la  fin  de  la  République  que 
se  répandit  la  légende  du  Palladium  qui  figurait  dans  le 
temple  de  Vesta  parmi  les  pignora  imperii 30  et  que  l’on 
identifiait  avec  le  Palladium  de  Troie,  censément  rapporté 
à  Rome  par  l’ancêtre  de  la  gens  Nautia,  adoratrice  de 
Minerve31.  xMais  c’est  seulement  sous  Commode  que  la 
présence  du  Palladium  fut  officiellement  constatée32. 
Toutefois,  il  n’est  pas  impossible  qu’il  y  ait  eu  dès  une 
haute  antiquité  une  idole  armée  conservée  avec  les 
ancilia.  Nous  possédons  une  représentation  du  Palla¬ 
dium  romain  (fig.  5076)  sur  une  base  de  Sorrente,  du 


1  Corp.  inscr.  lat.  XI,  3078-3081;  cf.  Deeke,  Ealisker,  p.  89.  —  2  Corp. 
inscr.  lat.  XI,  3078.  —  3  Varr.  De  ling .  lat.  V,  47;  Ovid.  Fast.  III,  835. 
Sur  le  site,  voir  Hom.  Topogr.  —  4  Ovid.  Fast.  843.  —  5  Voir  Homo, 

Topogr.  rom.  p.  607.  —  6  Verr.  Flacc.  ap.  Fest.  p.  257  ;  Gilbert,  Topogr.  II, 
-33;  Jordan,  Eph.  epigr.  I,  238  et  Fasti  Praen.  La  date  est  faussement  indiquée 
dans  les  Fasti  Esquilini  et  Amiternini  et  dans  Ovide,  Fast.  VI,  728  (19  juin). 
W-  Aust,  De  aedib.  sacris ,  p.  42  sq.  Cette  seconde  date  coïncide  probablement  avec 
1  anniversaire  de  la  restauration  du  temple  par  Auguste  ( Monum .  Ancyr.  IV,  6; 
^ issowa,  Anal.  rom.  topogr.  p.  15).  —  7  Corp.  inscr.  lat.  t2,  p.  280  et  312.  Tout 
mois  de  Mars  fut  consacré  àMinerve.  —  8  Ovid.  Fast.  III,  821  ;  Lact.  Inst.  I,  18, 
•’  -  inscr.  lat.  III,  3136.  —  9  Fast.  Praen.  :  artificum  dies  (19  mars);  Liebe- 
n,am ’  fibm.  Vereinwes.  p.  3.  Cf.  les  proverbes  ;  Omnis  A/inervae  homo ,  invita 
Hneroa  (Otto,  Sprichwôrt.  d.  Rom.  p.224).  — 10  Fast.  III,  821  sq.  —  H  Tel  fut  le 
pour  les  scribae  et  histriones  en  547-207  (Fest.  p.  333;  cf.  Liv.  XXVII,  37  ;  5  et 
“  !  hels,  Sibyll.  Blâtt.  p.  90,  3),  ce  qui  équivalait  à  la  reconnaissance  du  collegium 
I  Hlnrum  ;  ce  fut  une  façon  de  récompenser  les  services  rendus  à  la  religion  nationale 
k  poète  LiviusAndonicus,  auteur  d’un  hymne  sacré  (Jahn,  Ber.  d.stichs.  Gesellsch. 
Hi.jlSS‘  P’  SCI-)*  ^ur  ^es  f°l^ons  :  Novius,  Eragm.  95  ap.  Non.  508;  Plin. 
j  n&t.  XXXV,  143.  Sur  les  médecins  :  Varr.  Sut.  AJen.  Quinquatrus;  Norden, 
J-  /.  philol.  Suppl.  XIX,  397.  Sur  la  participation  du  collegium  tibicinum  aux 
'  "7 vatrus  minusculae  le  13  juin  (ce  n’est  pas  une  l’ôte  de  Minerve)  :  Corp. 

lat.  VI,  240,  1054,  2191,  3696,  3877,  3877a;  Varr.  De  ling.  lat.  VI,  17;  Fest. 
691  .T  °Vid'  FasL  VI>  693-  —  12  Varr-  De  re  ru5t ■  ni.  2.  18;  Plaut.  Mil.  glor. 
£'iù/  ,ldUd  ^ 6  1®  !  Hieronym.  In  Eph.  VI,  4  ;  Macr.  Sat.  I,  12,  7  ;  cf.  Hor. 

^  à  -i  197  ;  Juven.  X,  115;  Symm,  Epist,  V,  85,  —  13  Gic .  De  domo ,  144;  cf, 


De  leg.  II,  42;  Epist.  XII,  25,  I  ;  Plut.  Cic.  31  ;  Dio  Cass.  XXXVIII,  17,  5;  XLV,  17, 

3.  —  14  Corp.  inscr.  lat.  VI,  529.  —  13  Dio  Cass.  LI,  22  ;  Mon.  Ancyr.  IV,  1  ; 
Mommsen,  Des  gest.  d.  Ang.  p.  79;  cf.  Val.  Max.  I,  17,  1.  —  16  Notit.  reg.  9. 
Mommsen,  Chron.  minora ,  I,  146;  cf.  Quintil.  X,  1,  91  ;  Suet.  Dom.  15;  Dio  Cass; 
LXVII,  1,  2;  16,  1.  Mart.  VI,  10,  9  ;  VIII,  1,  4;  IX,  3,  10,  etc.,  parlent  de  la  dévotion 
particulière  de  Domilien  pour  la  déesse  dont  il  se  prétendait  le  fds  (Pl)ilostr.  Vit. 
Apol.  VI,  24).  —  n  Mommsen,  Chron.  min.  I,  146  ;  Curios.  reg.  8  ;  Ephem.  epigr. 
V,p.  656;  Henzen,  Actg.fr.  Arc.  p.  55;  Martial.  IV,  53,  1.  —  18  Martial.  I,  2,  8;  Aur. 
Vict.  Caes.  XII,  2  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  953  ;  cf.  Homo,  Top.  p.  606  ;  Jordan,  Top. 

I,  2,  p.  449.  — 19  Mon.  d.  lnstit.  X,  40-41  a  ;  cf.  Blümner,  Ann.  d.  Inst.  1877,  p.  5  sq.  ; 
Petersen,  Rom.  Mitth.  IV,  88.  —  20  Lyd.  De  mens.  IV,  42  ;  Augusl.  Civ.  dei.  VI, 
10;  Varr.  Sat.  men.  506.  —  21  Liv.  XLV,  33,  2  ;  cf.  Ovid.  East.  111,  681  sq.  ;  Porpliyr. 
ad  Horat.  Epist.  II,  2,  209.  —  22  Plin.  Hist.  nat.  VU  97.  —  23  Cic.  De  div.  Il,  123. 
11  ne  semble  pas  nécessaire  d'invoquer  ici  l'iDfluence  de  l'Athéna  Hygieia.  Cf.  Bruch- 
manu,  De  Apolline  et  graec.  Minerva  deis  medicis,  Brcslau,  1885,  p.  75.  —  24  Notit. 
reg.  5;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  10133  ;  Bail.  arch.  comm.  XV,  1887,  p.  154  sq.,  107  ; 
XVI,  1888,  125  sq.  —  25  Corp.  inscr.  lat.  XI,  1292-1310  ;  Bull.  d.  Inst.  1807,  p.  219, 
237.  —  26  Scrv.  Ad  Aen.  V,  284  ;  VU,  805  ;  Tertull.  De  pall.  3  ;  Arnob.  111,  21  ;  V, 
45.  —  27  Ovid.  Fast.  815  sq.  De  même  c'est  sous  l'inlluence  des  idées  attiques  que 
Varron  attribue  à  Minerve  la  protection  des  oliviers  [De  rerust.  1, 1, 6).  —  28  Liv.  XXI 1, 
10,  9.  —  29  Ennius,  Ann.  fr.  679  ;  Apul.  De  deo  Socr.  II,  p.  7,  2.  —  30  Cic. 
Pro  Scauro,  47  ;  Philippica ,  XI,  10,  24.  —  31  Marquardl,  Staatsverw.  III, 
351;  Preller,  DOm.  Myth.  I,  p.  298  sq.  ;  Wissowa,  Herm.  XXII,  p.  43;  Cha- 
vannes,  De  Palladii  raptu,  p.  64;  Preuner,  Hestia-  Vesta,  p.  423,  —  32  Herodian. 
I,  14,  4. 


MIN 


—  1930  — 


temps  d’Auguste  Une  monnaie  de  Galba  représente 
Yesta  tenant  le  Palladium2. 

Le  culte  de  la  Minerve  romaine  apparait  répandu  dans 
tout  l’Empire,  et,  comme  dans  la  capitale,  surtout  pra¬ 
tiqué  par  les  corporations  d’artisans  et  de  commerçants. 
Les  inscriptions  signalent  ce  culte  à  Barium  \  Corlone  \ 
dans  la  région  de  Plaisance  B,  à  Brixia  s,  Vérone  \  etc. 


Les  dédicaces  de  collèges  sont  nombreuses  8  ;  les  musi¬ 
ciens  de  toutes  sortes  la  reconnaissent  comme  leur  pa¬ 
tronne  9,  ainsi  que  les  scribes  et  instructeurs  militaires  l0. 
En  plusieurs  endroits,  elle  s’associe  ou  s’identifie  avec 
des  divinités  indigènes  ( Minerva  Berecynthia,  à  Béné- 
vent)11,  en  Gaule  avec  la  déesse  régionale  du  commerce 
et  de  l’industrie12;  en  Bretagne,  avec  la  déesse  des 
sources  thermales  de  Bath  ou  Aquae  Sulis13  (Dea  Sul 
Minerva ) 14  ;  de  même,  à  Nîmes16,  avec  Mercure16,  Nep¬ 
tune,  Fortuna  n,  etc. 

Les  interprétations  savantes  du  caractère  de  Minerve 
comme  déesse  de  l’Éclair 18,  summum  aetheris  cacumen 19, 
ou  comme  lima20,  ou  comme  memoria 21,  ou  sapientia 22, 
tentées  parles  érudits  latins,  ne  sont  qu’une  exégèse  pos¬ 
térieure  des  caractères  combinés  de  l’Athéna  grecque  et 
de  la  Minerve  romaine.  G.  Fougères 

MINISTERIALES  DOMINE  —  Ce  mot  désigne  au  Bas- 
Empire  les  fonctionnaires  du  palais  ( castrensiani )  spé¬ 
cialement  chargés  du  service  de  la  table  impériale1.  Ils 
avaient  succédé  aux  esclaves  et  aux  affranchis  qui  avaient 
eu  ces  attributions  pendantle  Haut-Empire2  [castrenses]. 
Ils  relevaient  du  vir  spectabilis  castrensis3 .  Une  loi  les 
exempte  des  obligations  municipales  au  bout  de  quinze 
ans  de  service4.  G.  Lécrivain. 

l  Rôm.  Mitth.  1889,  pl.  x  e,  1894,  p.  131;  Petersen,  Ara  pacis  Augustae.  1902, 
p.  70.  — 2  Cohen,  Med.  imp.  1,  p.  245,  n°  243  ;  cf.  Preuner,  Hestia-Vesta,  p.  326. 

_ 3  Corp.  inscr.  lat.  IX,  307.  —  4  Ibid..  XI,  1906.  —  6  Voir  plus  haut.  — 6  Corp. 

inscr.  lat.  V,  4273-4282.  —  7  Ibid.  3270-3277.  —  8  Ibid.  VII,  1035;  V,  801;  VI, 
268;  I,  1046;  XIV,  44;  IX,  3148;  III,  4498  ;  VII,  11.  —  9  III,  suppl.  10997  ;  VI,  524; 
Brambach,  Corp.  inscr.  rhen.  1738.  —  1°  Domaszenski,  Westd.  Zeitschr.  XIV,  29  sq. 

_ il  Corp.  inscr.  lat.  IX,  1538-1542.  —  <2  Caes.  Bell.  Gall.  VI,  17,  2.  —  13  Solin. 

XXII,  10.  —  U-  Corp.  inscr.  lat.  VII,  39,  42,  43;  XII,  2974.  —  lô  Ihm,  Jahrb.  d. 
Vereins  von  Allerth.  im  Rheinl.  LX XXII 1 ,  1887,  p.  81  sq.  —  16  Samter,  Rôm  Mitth. 
X,  1895,  p.  93.  —  U  Corp.  inscr.  lat.  VI,  527;  IX,  4674;  XIV,  2867  ;  Corp.  inscr. 

rhen.  975,  993. _ 18  Serv.  Ad  Aen.  I,  42  ;  XI,  259.  —  19  Varr.  ap.  Macr.  Sat.  III, 

4,  8  ;  Serv.  Ad  Aen.  II,  296.  —  20  Opinion  attribuée  à  Aristote  par  Arnobe,  Adv. 
gent.  III,  31  ;  cf.  Plut.  De  fig.  Lun.  p.  938  b.  —  21  Arnob.  III,  31  ;  August.  Civ.  dei,  VII, 
16. —  22  Paul.  p.  123.  On  attribuait  aussi  à  Minerve  l'invention  des  nombres  mys  iques 
cinq  et  sept  (Serv.  Ad  Georg.  1,  277  ;  Chalcid.  ad  Plat.  Tim.  36,  p.  102  ;  Liv.  VII,  3,  7). 

_ Bibliographie.  I.  Athéna  :  0.  Muller,  Alinervae  Poliadis  sacra,  Gôtt.  1820  ; 

Allg.  Encycl.  III,  10,  1838;  Kleine  Schrift.  II,  p.  134  sq.  ;  Rückert,  Dienst  der 
Athene  nach  seinen  ôrtl.  Verhâltn.  Hildburgh,  1829  ;  G.  Herrmann,  De  graeca 
Alinerva,  Leipz.  1837  ;  Opusc.  VII,  p.  260  sq.  ;  Creuzer  et  Guigniaut,  Relig.  de 
lantig.  t.  U,  1849;  Lauer,  System  der  griech.  Mythol.  p.  311  sq.  1853  ;  Gerhard, 
Griech.  Mythol.  I,  p.  224  sq.  1854;  Ueber  d.  Minervenidole  Athens  (Kl.  Schrift. 
1.  p.  229)  ;  Welcker,  Griech.  Gôtterlchre,  I,  p.  298  sq.  ;  II,  p.  778  sq.  1857  ;  O.  Jalin, 
De  antiquiss.  Minervae  simulacris  atticis ,  Bonn,  1868  ;  Voigt,  Beitr,  z.  Myth.  d  . 


MIN 


MlNOR.  -  I.  Mineurs  de  vingt-cinq  an ,  r 
moderne,  le  mineur  est  celui  qui  en  ni  -n  ,  droik 
blesse  de  l’âge,  est  considéré  comme  incanàhl  ,'  r  *a  h[' 
ses  droits  civils.  La  majorité  est  fixée  par  là  w  à  eXercer 
à  vingt  et  un  ans  accomplis.  «  A  cet  âge  dit  p  ,a"Çaise 
du  Code  civil,  on  est  capable  de  tous  les  actesd^  M 
civile,  sauf  la  restriction  portée  au  titre  d„  m,  vie 
Rien  de  pareil  à  Rome,  aux  premiers  siècles  îy?'  * 
la  capacité  juridique  n’appartient  qu’au  citn™  rd 
Pmulim  :  le  (ils  de  famille,  quel  que  soit  s0„  Z""' 
incapable  ;  la  femme  est  en  tutelle  perpétuelle  IV  , 
paterfamilias  devient  capable  d’exercer  ses  dr<  h  p 
le  moment  de  la  puberté,  c’est-à-dire  lorsqu’il  est  1  , 
risé  à  revêtir  la  toge  virile,  vers  l’âge  de  dix-sept  1°' 
Protégé  jusque-là  par  son  tuteur,  il  est  désormais  J1 
sumé  avoir  la  force  et  l’aptitude  nécessaires  pour  a<L1 
mstrer  ses  biens,  défendre  ses  intérêts  ou  faire  valoir! 
ses  droits  en  justice. 


Cet  état  du  droit  se  conçoit  aisément  chez  un  peuple 
d’agriculteurs,  alors  que  les  rapports  d’affaires  sont  très 
limités  :  il  n’existe  qu’un  très  petit  nombre  d’actes  juri¬ 
diques  et  ils  exigent  soit  la  présence  de  témoins  solennels 
(mancipation,  nexum ,  libération  par  l’airain  et  la 
balance)  [mancipatio,  nexum,  liberatio],  ou  du  magistrat 
[in  jure  cessio).  Ce  sont  là  des  garanties  suffisantes  pour 
que  tout  se  passe  correctement.  Il  en  fut  autrement 
lorsque  le  commerce  se  développa,  et  que  l’on  sanctionna 
des  formes  d’actes  plus  simples  comme  celles  de  la 
stipulation  ou  de  Yexpensilatio ,  ou  même  des  actes  sans 
formes,  comme  le  prêt  ( mutuurn )'.  Ces  actes  qui  peuvent 
se  conclure  sans  témoins  étaient  dangereux  pour  les 
personnes  qui  n’étaient  pas  en  état  d’apprécier  les  con¬ 
séquences  d’une  formule  captieuse.  Les  usuriers  les 
employèrent  plus  d’une  fois  pour  circonvenir  les  jeunes 
Romains,  maîtres  de  leur  fortune.  La  loi  dut  intervenir 
pour  réprimer  les  abus  et  protéger  les  jeunes  gens  contre 
leur  inexpérience  :  ce  fut  la  loi  Plaetoria,  rendue  vers 
l’an  563  [lex  plaetoria,  t.  III,  p.  1158].  Elle  fixa  à  vingt- 
cinq  ans  la  limite  de  sa  protection;  Plaute  l’appelle  lex 
quinavicenaria 2.  On  distingua  dès  lors  les  mineurs  et 
les  majeurs  de  vingt-cinq  ans.  Le  mineur  est  le  chef  de 
famille  pubère  qui  n’a  pas  encore  vingt-cinq  ans  révolus. 
L’âge  ( aetas  légitima)  se  calcule  de  momento  ad  momen- 
tum 3,  et  non,  comme  d’ordinaire,  de  die  ad  dieux.  La 
jurisprudence  classique,  qui  a  établi  les  règles  sur  le 


.res  u.  d.  Athéna  (Leipz.  Stud.  IV,  1881,  p.  239  sq.)  ;  Kral,  Ueber  die  urspr. 
tedeutung  der  Gôttin  Athéna,  Listy  filol.  X,  p.  1-17,  1883  (cf.  Philo!.  " ™  ■ 
883,  p.  973-975;  Rev.  des  Rev.  1884,  p.  164);  Decharme,  Myth.  de  la  Grèce,  P  3  J 
relier  u.  Robert,  Griech.  Myth.  1887,  I,  p.  184  sq.  ;  Harrisson  and  Verrait,  Myt  io  2 
.  Monuments  of  anc.  Athens,  1890;  Chavanncs,  De  Palladii  raptu,  1891  ,  , 

•ults  of  the  greelc  States,  1896,  I,  p.  289  sq.  ;  A.  Mommsen,  Peste  der  ■  a ^ 
then,  1898  ;  Wernicke,  Antike Denkmàler  zur  griech.  Gôtterlchre,  1899  '  "T]  ’ 
’.riech.  Mythol.  1897-1902;  Roscher,  Lexi/con  d.  Myth.  articles  athlm  °-c]^ 
urtwangler),  palladion  (W Orner,  Sieveking)  ;  Pauly-Wissowa,  Rialencyc  ^ 
thena  (Dümniler).  Bibliographies  spéciales  par  Preuner,  Back  et  l"PPe> 
ahresbericht  de  Bursian,  t.  XXV,  LXVI,  LXXXV,  CIL  -  II.  Minerva.  kon‘,  9V 

***«*  '»*'■»  «>  »  a-  *.  «...  v.. ,. 

fôm.  Mythol.  I,  p.  289  sq.  ;  Warde  Fonder,  Roman  festivals,  ■  .  Roscher, 

.  Rômer,  1899  ;  Wissowa,  Relig.  u.  Cultus  d.  Rômer,  190-,  P- 
.exik.  d.  Mythol.  art.  minerva  (Wissowa).  4  35-  Coripp- 

MINISTERIALES  DOMINE  1  Cod.  Theod.  8,  7,  5;  6,  32,  *  »  »  ’  '  '  Q 

,  84,  137  ;  3,  2.3.  -  2  V.  Alex.  41,3;  V.  Marc.  17,6.  -  8 
.  XIV,  p.  57  (éd.  Bdcking).  —  4  Cod.  Theod.  8,  7,  5.  —  Bibi.iocrami  ■  ^ 

.d  Cod.  Theod.  8,  7,  1  et  6,  32,  1  ;  Bôcking,  Notitià  digmtatum,  ,  P^  |a  |oi 
MINOR.  I  Le  prêt  et  la  stipulation  figuraient  au  nombre  des  ac  pseud.  1, 3,  68. 
laetoria.  Plaut.  Pseud.  I,  3,  68;  Suet.  ap.  Priscianuin.  a  Zeitschrift 

-  3  Ulp.  1 1  ad  Ed.  Dig.  IV,  4,  3,  3  ;  cf.  sur  l’aefas  légitima.  Bras 
’er  Savigny-Stiftung,  Rôm.  Abth.  1901,  XXII,  p.  PL5- 


MIN 


—  1931  — 


MIN 


d’une 

de  l’Empire, 


I  n|  des  délais,  n’a  pas  cru  pouvoir  réduire  même 
ca  i  |l0Ure  le  temps  fixé  par  la  loi  Plaetoria.  Au  Ier  siècle 
on  était  moins  rigoureux  ;  d’après  un 
•ms  latin  trouvé  en  Égypte  on  discutait  au  temps 
p'plaude  la  question  de  savoir  si  l’on  devait  inscrire 
les  listes  des  cinq  décuries  de  juges  les  mineurs  de 
S,UI«ï-cinq  ans.  Dans  une  Oratio  adressée  au  Sénat, 
l'Einpereur  le  permet,  mais  il  défend  de  donner  un 
mineur  pour  récupérateur  avant  l’âge  de  vingt-quatre 
Il  est,  dit-il,  conforme  à  l’équité  de  réserver  le  soin 
de  juger  les  causes  de  liberté  et  de  servitude  aux  citoyens 
uj  p0ur  agir  eux-mêmes  en  justice,  n’ont  pas  besoin 
du  secours  de  la  loi  Plaetoria.  Le  mineur  n’était  donc 
plus  protégé  dès  qu’il  atteignait  l’âge  de  vingt-quatre 
ans  C’est  l’application  de  la  règle  :  annus  coeptus  pro 


pleno  habetur. 

Le  mode  de  protection  organisé  par  la  loi  Plaetoria  est 
tout  différent  de  celui  du  droit  moderne.  Le  mineur  de 
vingt-cinq  ans  reste  capable,  mais  la  loi  édicte  des  péna¬ 
lités  contre  ceux  qui  abusent  de  son  inexpérience  [cir- 
cumscriptor,  t.  1,  p.  1186]. 

Le  délit,  prévu  par  la  loi  Plaetoria,  est  désigné  par  le 
mot  circumscriptio'1.  11  comprend  d’abord  les  actes 
dolosifs  commis  au  préjudice  du  mineur.  Cicéron  fait 
remarquer  que  le  clol  n’était  puni  par  la  loi  romaine  que 
dans  des  cas  exceptionnels,  comme  le  fit  la  loi  Plaetoria 
en  faveur  des  mineurs  de  vingt-cinq  ans;  le  préteur 
généralisa  ces  exceptions  en  créant  l’action  de  dol.  Mais 
le  mot  circumscriptio  est  plus  large  que  le  mot  dol  :  il 
s’applique  à  des  actes  permis  entre  majeurs  parce  qu’ils 
ne  contiennent  pas  un  dol  caractérisé.  C’est  ainsi  que 
dans  la  vente  et  dans  le  louage  il  est  permis  de  se  cir¬ 
convenir  mutuellement3. 

Les  pénalités  édictées  par  la  loi  Plaetoria  ne  sont  pas 
connues  :  il  est  vraisemblable  qu’  elles  étaient  pécu¬ 
niaires  et  assez  fortes  pour  qu’on  en  redoutât  l’applica¬ 
tion.  La  condamnation  entraînait  comme  peine  acces¬ 
soire  l'infamie  prétorienne4  et,  depuis  la  loi  municipale 
de  J.  César,  l’exclusion  du  décurionat5.  Divers  textes 
font  allusion  aux  poursuites  autorisées  par  la  loi  ;  mais 
la  nature  de  l’action  ne  peut  être  définie  avec  certitude. 
D'après  Cicéron,  la  loi  Plaetoria  donne  lieu  à  un  judicium 
publicumrei privatae 6,ce  qui  semble  indiquer  uneaction 
criminelle  exceptionnellement  autorisée  dans  une  affaire 
qui  concerne  un  intérêt  privé.  Mais,  d’après  un  papyrus 
d Égypte  récemment  découvert,  l’action  de  la  loi 
Plaetoria  est  une  action  noxale,  donc  une  action  privée, 
servant  à  réprimer  un  délit7.  11  est  possible  que  les  deux 
actions  se  confondent  et  que  la  loi  Plaetoria  ait  créé  une 
action  populaire  que  tout  citoyen  pouvait  intenter  si  le 


mineur  négligeait  de  demander  la  répression  du  délit 
dont  il  avait  été  victime  8.  Cependant  certains  auteurs 
pensent  que  la  circumscriptio  donnait  lieu  à  une  double 
poursuite,  l’une  intentée  par  le  mineur,  c  est  1  action 
privée;  l’autre,  par  tout  citoyen,  c’est  1  action  publique  9. 
La  première  seule  est  noxale10;  elle  doit  être  exercée  par 
le  mineur  au  plus  tard  dans  l’année  qui  suit  sa  majorité  1 1 
[noxalis  actio]. 

D’après  le  biographe  de  Marc-Aurèle,  Capitolin,  la  loi 
Plaetoria  contenait  une  autre  disposition  :  elle  autorisait 
le  préteur  à  nommer  au  mineur  un  curateur  pour  des 
causes  déterminées,  faiblesse  d’esprit  ou  démence.  Ce 
curateur  devait  avoir  pour  mission  d’administrer  les 
biens  du  mineur  :  c’est  la  fonction  normale  des  curateurs. 
On  a  soutenu  que  le  curateur  était  chargé  de  conseiller 
le  mineur,  de  lui  donner  son  consentement  toutes  les 
fois  qu’il  avait  une  affaire  à  conclure.  Mais  il  n’y  a  pas 
d’exemple  de  curateurs  spéciaux  sous  la  République. 
Puis  la  création  d’un  acte  non  formel,  comme  le  consen¬ 
sus ,  ne  convient  pas  au  temps  de  la  loi  Plaetoria  :  c’est 
le  droit  classique  qui  a  réagi  contre  le  formalisme  et  qui 
a  consacré  la  validité  des  actes  non  solennels 12.  Le 
consensus  du  curateur  n'apparaît  qu’au  111e  siècle. 

La  protection  accordée  aux  mineurs  a  été  élargie  par 
le  droit  prétorien  :  il  a  créé  à  leur  profit  une  exception 
pour  les  dispenser,  lorsqu'ils  ont  été  circonvenus,  d  exé¬ 
cuter  leurs  engagements  {excep  tiolegis  Plaetoriae)n;  puis 
il  a  promis  de  les  restituer  en  entier  contre  tout  acte  qui 
leur  est  préjudiciable14.  Le  préteur  n’exige  plus  dans  ce 
dernier  cas  qu’il  y  ait  circumscriptio'* ,  il  suffit  que  le 
mineur  ait  agi  par  inexpérience  ,r’,  qu’il  n’ait  pas  d'autre 
voie  de  recours17,  qu’il  ait  subi  une  lésion.  Cette  lésion 
doit  avoir  une  certaine  importance18  :  de  minimis  non 
curât  praetor.  Elle  peut  consister  en  un  manque  d'acqué¬ 
rir  (répudiation  d’une  hérédité),  aussi  bien  qu’en  un 
appauvrissement19.  La  demande  en  restitution  doit  être 
formée  dans  le  délai  d’un  an  utile  20.  Sous  Constantin,  le 
délai  fut  porté  à  trois  ans,  quatre  ans  ou  cinq  ans,  suivant 
les  régions21.  Justinien  a  supprimé  ces  distinctions  et 
fixé  le  délai  uniformément  à  quatre  années  continues22 
[restitl’tio  in  integrum]. 

L'in  integrum  restitutio  était  un  mode  de  protection 
très  efficace,  mais  les  tiers,  menacés  pendant  un  an  de 
voir  rescinder  l’acte  conclu  avec  le  mineur,  préféraient 
s’abstenir  de  traiter  avec  lui.  Marc-Aurèle  jugea  utile  de 
généraliser  l’usage  des  curateurs  :  il  autorisa  les  magis¬ 
trats  à  nommer  un  curateur  à  tout  mineur  qui  en  ferait 
la  demande;  aucune  justification  ne  fut  exigée23.  Ce 
curateur  est  un  curateur  honoraire24;  ses  pouvoirs  sont 
moins  étendus  que  ceux  des  curateurs  légitimes  :  il  ne 


eOyptische  Urkunden  aus  den  Museen  zu  Berlin,  G.  V.  I,  611  ;  cf.  Mitteis, 
XXXII,  639  ;  R.  Dareste,  Nouv.  Rev.  liist.  de  droit ,  1898,  t.  XXII,  p.  687. 

1  je.  Deo/f.  III,  —  3  Cf.  Édouard  Cn<[,  lnstit .  j  ur .  des  Romains,  t.  II,  p.50,n.7. 

j  acl>on  delà  loi  Plaetoria  était  famosa;  elle  est  citée  dans  la  loi  municipale  de 
1  '  i:  i  côté  d  autres  actions  qui,  d’après  Gaius  (IV,  182),  ont  ce  caractère.  —  3  Cap. 
et  11'  * 1  6  Cie.  Z>e  naZ.  rfeor.  111,30.  —1  Papyrus  de  Vienne  (Rainer),  éd.  PfafT 

,/,.  j  "  ;lln’  Fraymentum  de  formula  Fabiana,  1888,  p.  5  ;  Girard,  Nouv.  Rev.  liist. 
lle  i'011'  *800’  P'  —  8  R.  von  lliering,  Geist  des  rôm.  Rechts,  Irad.  de 

dis”  '  "aCle,  P'  117'  Voigt,  Rôm.  Rechtsgesch.  t.  I,  p.  746,  u.  12,  fait 

lcs'  ” r  lo  1ue  1®  loi  municipale  de  J.  César  range  l’action  de  la  loi  Plaetoria  parmi 
pubRCl'0nS  Prlv®es  au  début  du  chap.  vin,  tandis  qu’elle  énumère  les  actions 
"K"  s  à  la  fin  du  chapitre;  2“  que  le  nom  d’aclion  publique  est  donné  à  une 
cf  /'  P°Pu'ajre  fpostulatio  suspecti)  par  Ulpien  (35  ad  Ed.  Rig.  XXVI,  10,  1,6; 
19(i|  ,S<  *  l-cncl  ( Essai  de  reconstitution  de  l'édit  perpétuel,  trad.  Peltier, 

atec’ |,  '  D  P-  90)  paraît  aussi  identifier  le  judicium  publicum  dont  parle  Cicéron 
acllon  infamante  mentionnée  dans  la  loi  de  J.  César.  —  9  Karlowa,  Rôm. 


Rechtsgesch.  t.  Il,  p.  307  ;  Girard,  Manuel,  p.  227,  n.  I.  —  10  D’après  les  auteurs 
cités  à  la  note  précédente,  l’action  privée  serait  une  action  en  répétition.  Mais  on  ne 
voit  pas  comment  une  action  en  répétition  aurait  un  caractère  pénal.  Les  actions  de 
cette  espèce  sont  fondées  ex  aequo  et  bono-,  cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  Il,  p.  495, 
n.  2.  —  u  Ulp.  13  ad  Ed.  Rig.  IV,  4,  19  :  Post  annum  vicesimum  quinque  habebit 
legitxmum  tempus.  On  observait  pour  la  concession  de  l’in  integrum  restitutio  le 
délai  fixé  par  la  loi.  —  12  Cf.  Édouard  Cuq,  Institutions,  t.  II,  p.  52,  n.  8.  —  13  Paul. 
3  ad  Plaut.  Rig.  XLIV,  1,  7,  t.  —  14  Ulp.  11  ad  Ed.  Rig.  IV,  4,  t,  1  ;  7  pr.  ;  cf. 
Édouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  II,  p.  719.  —  18  Diocl.  Cod.  Just.  11,  21,  5  pr.  —  16  Ulp. 
Rig.  IV,  4,  11,  4  et  5.  —  «  Ulp.  eod.  16  pr.  —  18  Paul.  1  Sent.  Diy.  IV,  4,  24, 1. 

—  19  Ulp.  L.  c.  7,  6  et  9.  —  20  Just.  Cod.  Il,  52,  7  pr.  ;  cf.  Alex.  Sev.  Ibid.  3. 

—  21  Cod.  Theod.  II,  16,  2.  —  22  Cod.  Just.  II,  57,  7.  Sur  la  distinction  des  délais 

utiles  et  des  délais  continus,  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  II,  p.  703,  n.  6  ;  p.  875,  n.  3. 

—  23  Capitol.  Vita  Marci  Anton.  10.  —  24  Au  u"  siècle,  si  le  père  nomme  à 

sou  fils  un  curateur  testamentaire,  ce  curateur  doit  être  confirmé  par  le  magistrat 
sans  enquête.  Papin.  5  Respons.  Rig.  XXVI,  3,  G. 


—  1932  — 


MIN 


MIN 

peut  aliéner  sans  la  volonté  du  mineur;  il  n’est  pas 
vice  domini.  La  présence  d’un  curateur  était  pour  les 
tiers  une  garantie1  :  la  restitution  en  entier  n’était  pos¬ 
sible  que  si  le  curateur  avait  mal  administré  2. 

Les  empereurs  du  m°  siècle  allèrent  plus  loin:  pour 
rassurer  les  tiers,  ils  leur  permirent  de  forcer  le  mineur 
à  demander  un  curateur  pour  certaines  affaires  :  pour 
recevoir  un  paiement  ou  un  compte  de  tutelle,  pour 
défendre  à  un  procès  s.  Dans  ce  dernier  cas,  le  rôle  du 
curateur  consiste  à  conseiller  le  mineur:  ici  apparaît  pour 
la  première  fois,  d’une  manière  certaine,  le  consensus 
curaloris  * .  L’obligation  d'obtenir  le  co/ise/isus  d’uncura- 
teur  a  été  étendue  aux  mineurs  qui  veulentagir  en  justice  5. 

Les  mineurs  sont  dès  lors  considérés  comme  inca¬ 
pables  de  soutenir  un  procès.  Leur  situation  ressemble, 
à  cet  égard,  à  celle  des  pupilles  en  tutelle  ;  le  consensus  du 
curateur  produit  le  même  effet  que  Vauctoritas  du  tuteur. 
L’assimilation  de  la  curatelle  à  la  tutelle  a  été  admise 
dans  le  cas  même  où  le  mineur  a  un  curateur  permanent  : 
celui-ci  peut  à  son  choix,  comme  le  tuteur,  plaider  au 
nom  du  mineur  ou  le  faire  plaider  avec  son  consen¬ 
tement  6.  L'incapacité  partielle  des  mineurs  fut  bientôt 
étendue  :  les  mineurs  pourvus  d’un  curateur  ne  peuvent 
rendre  leur  condition  pire  sans  le  consentement  de  leur 
curateur  ;  leur  situation  est,  sous  ce  rapport,  analogue  à 
celle  des  pupilles  en  tutelle1. 

Appliquée  indistinctement  à  tous  les  mineurs  pourvus 
d’un  curateur,  cette  règle  eût  été  excessive  ;  on  admit  un 
tempérament  :  les  mineurs  de  vingt-cinq  ans  peuvent 
être  relevés  de  leur  incapacité  partielle  par  la  faveur  du 
prince  ;  on  leur  accorde  la  venia  aetatis  8.  Grâce  à  ce 
bénéfice,  ils  sont  traités  comme  des  majeurs  :  ils  n’ont 
plus  le  droit  de  demander  l 'in  integrum  restitutio  et 
peuvent  conclure  tous  actes  juridiques  sans  le  consen¬ 
tement  de  leur  curateur.  La  concession  de  ce  bénéfice  a 
été  réglementée  par  Constantin;  elle  est  subordonnée  à 
deux  conditions  :  l’âge  de  vingt  ans  pour  les  hommes, 
dix-huit  ans  pour  les  femmes  ;  la  justification  devant  le 
magistrat  de  l’honorabilité  du  mineur  et  de  son  aptitude 
à  gérer  ses  biens9.  D’autre  part,  l’effet  de  la  venia  aetatis 
subit  une  restriction  :  le  mineur  reste  soumis,  pour 
l’aliénation  des  fonds  ruraux  et,  depuis  Justinien,  pour 
la  constitution  d’une  hypothèque,  à  l’obligation  d’obtenir 
un  décret  du  magistrat10.  En  cas  de  contravention,  la 
nullité  de  l’acte  peut  être  demandée  pendant  cinq  ans 
pour  les  actes  à  titre  onéreux,  pendant  dix  ans  pour  les 
actes  à  titre  gratuit  entre  présents;  le  délai  est  porté  à 
vingt  ans  entre  absents  11 . 

IL  Mineurs  de  dix-sept,  vingt ,  trente  ou  soixante 
ans.  —  Indépendamment  des  mineurs  de  vingt-cinq 
ans,  la  loi  romaine  s’est  occupée  des  mineurs  de  dix-sept 

1  Paul.  9  Resp.  Dig.  XXVI,  7,  46  pr.  —  2  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  II, 
25,  2.  —  3  Anl.  Carac.  Cod.  Just.  V,  31,  1  ;  UIp.  35  ad  Ed.  Dig.  XXVI, 

6,  1,  3.  —  4  Le  consensus  du  curateur  est  mentionné  dans  un  texte 

du  il'  siècle  (Cels.  Dig.  XXIII,  3,  60),  mais  ce  texte  est  interpolé.  Voir 
les  preuves  dans  Édouard  Cuq,  Institutions ,  t.  II,  p.  169,  n.  6.  —  8  Diocl. 
Cod.  Just.  III,  6,  2.  —  6  Ulp.  Dig.  XXVI,  7,  1,4.  —  ^  Paul.  1  Sent.  Dig.  XXVI, 

7,  24,  I  ;  Modest.  4,  de  praescr.  Dig.  XLV,  1,  101.  —  8  Sev.  et  Anton.  Carac.  ap. 
Ulp.  Dig.  IV,  4,  3  pr.  —  9  Constantin.  Cod.  Just.  II,  44,  2.  —  10  Just.  Cod.  II,  44, 
3.  —  Il  Ibid.  4.  —  12  Inst.  I,  6,  7.  —  13  Nov.  CXIX,  cap.  2.  —  lt  Gaius,  I,  73. 

—  13  Ulp.  Reg.  XVI.  —  16  Ulp.  26  ad  Sab.  Dig.  I,  7,  15,  3.  —  n  Gaius,  I,  106;  cf. 
Inst.  I,  11,4.  —  18  Dio  Cass.  LU,  20.  —  19  Ulp.  11  ad.  Ed.  Dig.  L.  4,  8. 

—  20  Corp.  inscr.  lat.  I,  198,  I.  89.  —  21  Cf.  Mommsen,  Rom.  Staatsrecht,  trad. 
t.  II,  p.  233.  —  22  Hadrian,  ap.  Paul.  2  Decret.  Dig.  XXXVI,  1,  76,  1.-  23  Cf. 
d  une  part  Ulp.  Dig.  L,  4,  8  et  d’autre  part  Dig.  IV,  4,  3,  3  ;  Marc  Aurèle  et  Cara- 
calla,  cités  par  Paul.  toc.  cit.  —  2i  Loi  Julia  judiciaria,  ap.  Callistr.  1  Ed.  monit 
Dig.  IV,  8,  41  ;  Sueton.  Aug.  32.  Le  texte  d’Ulpieu  (2  Disput.  Dig.  X L 1 1 ,  1,  57), 


a„s,  de  vingt  ans  de  trente  ans,  de  soixante  a„s  e, , 
frappés  d  incapacités  diverses.  el  les  a 

Laloi  Aelia  Sentia  de  l’an  737  défend  au  maih 
de  vingt  ans,  d’affranchir  un  de  ses  esclaves 
risation  d’un  conseil  institué  à  cet  effet  [le\  "  h  aUto' 
t.  III,  P;  1127],  Cette  règle  a  été  modifiée  parJusTn^’  ! 
d  a  abaisse  a  chx-sept  ans12,  puis  à  quatorze  ans18  lT  : 
à  partir  duquel  le  maître  peut  librement  affran  r .  3 
esclaves  par  testament.  '  11  “r  ses 

La  même  loi  Aelia  Sentia  défend  d’affranchir  1WW  ! 
mineur  de  trente  ans  [t.  III,  p.  1128],  sinon  il  n’a  a„W 
liberté  de  fait:  mais- “  elle  lui  facilite  l’accès  de  la  cité 
romaine  lorsqu’il  se  marie  et  qu’il  a  un  enfant  d’un  an 
Tant  que  l’enfant  est  minor  anniculo ,  son  père  n’est  pas 
admis  à  invoquer  le  bienfait  de  la  loi  (causae  probatio) 

Les  lois  caducaires  exemptent  des  déchéances  infligées  * 
aux  c.oelibes,  les  hommes  mineurs  de  vingt-cinq  ans  ouma- 
jeursde  soixante,  les  femmes  mineures  de  vingt  ans  ou  ma¬ 
jeures  de  cinquante.  Ils  ont  la  solidi  capacitas 16,  mais  non 
le  droit  de  profiter  des  parts  caduques  [caducariaeleges]. 

D’après  une  règle  établie  par  la  jurisprudence  ponti¬ 
ficale,  les  mineurs  de  soixante  ans  ne  peuvent  adroger 
un  enfant16.  Au  temps  des  Antonins,  on  discutait  la 
question  de  savoir  si  un  minor  natu  pouvait  adopter  ou 
adroger  un  majeur;  elle  a  été  résolue  négativement  au 
milieu  du  me  siècle  11  [adoptio,  t.  I,  p.  79,  n.  49  à  52],  ■ 

III.  Les  mineurs  en  droit  public.  —  A  l’exemple  du 
droit  privé,  le  droit  public  romain  a  fixé  à  vingt-cinq 
ans  l’âge  minimum  requis  pour  avoir  accès  aux  magis¬ 
tratures  sénatoriales  ordinaires,  spécialement  à  la  ques¬ 
ture  18.  Cette  règle,  introduite  par  Auguste,  fut  étendue 
aux  magistratures  municipales  19.  Sous  la  République  et 
encore  au  temps  de  J.  César20,  l’âge  minimum  était  celui 
de  trente  ans  [annales  leges,  t.  I,  p.  273],  et  en  principe 
les  trente  années  devaient  être  révolues21.  Sous  l’empire 
au  contraire,  l’année  commencée  est  réputée  accom¬ 
plie  22,  et  cette  faveur  a  été  maintenue  en  droit  public 
même  à  l’époque  où  elle  a  été  écartée  en  droit  privé-3. 

Auguste  modifia  également  l’âge  requis  pour  être 
inscrit  sur  les  listes  déjugés.  Il  abaissa  à  vingt  ans 
l’âge  d'abord  fixé  à  trente  ans  28  ;  mais  on  ne  put  être 
forcé  de  remplir  les  fonctions  de  juge  avant  vingt-cinq 
ans  :  celui  qui  avait  témérairement  accepté  la  mission  de 
juger  une  affaire,  pouvait,  suivant  l’opinion  générale, 
demander  à  en  être  déchargé  26 . 

L’âge  est  parfois  une  cause  de  dispense  de  1  impôt 
personnel  ( tributum  capitis).  En  Syrie,  sont  exempts 
les  majeurs  de  soixante-cinq  ans,  les  hommes  mineurs 
de  quatorze  ans  et  les  femmes  mineures  de  douze  ans. 
L’âge  s’apprécie  à  l’époque  de  la  déclaration  au  cuis 

Edouard  Cuq- 

.  ,  i  ?  ,  nc  Mitteis,  H hpïiiCS 

qui  parle  d'un  juge  mineur  de  dix-huit  ans,  parait  îuterpo  e  ,  •  |1271. 

XXXII,  643,  t.  -  25  Loi  Acilia  repetund.  1.  13  [le*  ac.ua  U 
—  26  Callistr.  loc.  cit.  —27  Ulp.  2  de  cens,  Dig.  L.  la,  3  P1-  ^  Laetoria, 

Breitspecker,  De.  origine  curatelae  minoris,  1764  ;  Hoepfner,  e  g  ^  gfilens, 
1778;  Nijkerk,  De  praecipuis  modis  prospiciendi  minonbus ,  -  >  3'30;  Van 

De  lege  Laetoria ,  1828;  Savigny,  Vermischte  Schriften,  j-  ^eji’schrift 

Hall,  Bijdragen  tôt  regtsgelecrdheid.  1835,  t.  IX,  p-  1  •  u[c  vrimto 

"  "5-  Costa,  R  avrw  i 

■  Bullettino  deli'  *w“ 


fur  Rechtsgeschichte,  1878,  t.  XIII,  p.  311;  Emilio 

Ronxano  nette  comedie  di  Plauto,  189  ,  §§  40  et  41,  -----  r  F  mlication 

p.  72;  J.-E.  Labbé,  Appendice  alExp^  ^ 


historique  des  Instituts  de  Justinien,  d  Ortolan,  1-  Œ  ]  ’  j^ÿm  Rechts- 

Accarias,  Précis  de  droit  romain,  1891,  t.  I,  p.  443,  Moiilz  ®.\,  jgga,  t.  II, 
geschichte,  1892,  t.  I,  p.  744  et  802  ;  Karlowa,  Rôm.  Rechtsgesc  i  ^  ^  Co8lJ 
p.  305;  Girard,  Manuel  élémentaire  de  droit  romain,  190  -  P'  V institution* 
Corso  di  storiadel  diritto  roma.no ,  1901,  1. 1,  p.  338  ,  Edouar  b 
juridiques  des  Romains ,  1902,  t.  I,  p.  566;  t.  Il,  p-  157  et 


MIN 


1933  — 


MIN 


,0S  [nAEDALUS,  MINOTAURUS,  THESEUS]. 

'  voTAÜRUS  (Mtvcixaupoî).  —  A  la  requête  de  Minos, 
,iilait  se  prévaloir  auprès  des  Crétois  de  la  faveur 
?ul.  poseidon  avait  fait  surgir  des  Ilots  un  taureau 
'•'  "  exceptionnelle  beauté,  à  condition  que  l’animal 

1 11111  ensuite  offert  en  sacrilice.  Mais  le  roi  ne  résista 

lui  serait  ^ 

pas  au  désir  de  le 

conserver  parmi  ses 
troupeaux,  et  lui 

substitua  une  autre 
victime.  Pour  punir 
ce  parjure,  Posei- 
(lon  rendit  furieux 
i,.  taureau  divin  et 
inspira  à  Pasiphaé, 


l'épouse 


de  Minos, 


.JT.  «T- 


ime  passion  mons¬ 
trueuse  pour  lui  : 

Je  ces  amours  na 
qpit  le  Minotaure, 
à  tète  de  taureau, 
au  corps  humain. 

Saisi  d’horreur  à  sa 
vue,  Minos  le  relé- 
guadans  le  Labyrin¬ 
the.  Plus  tard,  ayant 
réduit  Athènes  à  sa 
merci,  il  imposa  à 
la  cité  un  tribut 

annuel  de  sept  jeunes  gens  et  de  sept  jeunes  filles  qu’il 
jetait  en  pâture  au  Minotaure,  jusqu’au  jour  où  Thésée, 
qui  faisait  partie,  comme  victime  volontaire,  du  second 
ou  du  troisième  convoi,  tua  le  monstre  d’un  coup  d’épée 

ou  de  massue 

La  fable  dont  nous  nous  bornons  à  esquisser  ici  les 
traits  essentiels,  paraît  être,  sous  cette  forme  qui  a  pré¬ 
valu,  l’œuvre  de  la  tradition  athénienne  opérant,  dans 
un  esprit  d’hostilité  contre  Minos,  sur  des  souvenirs  de 
l’histoire  Cretoise2.  On  sait  aujourd’hui,  depuis  les 
remarquables  découvertes  deM.  Evans  à  Cnossos,  que  ces 
vieux  mythes,  si  singuliers  et  si  longtemps  inexpliqués, 
ont  leur  point  de  départ  dans  des  réalités  historiques 
désormais  bien  constatées.  Le  mystérieux  Labyrinthe 
[labyrinthus]  parait  n’être  pas  autre  chose  que  le  palais 
de  Minos  récemment  exhumé  ;  il  tire  son  nom  du  nom 
carien  de  la  hache,  Xaêpuç,  dont  l’emblème  se  retrouve  si 
souvent  dans  les  ruines3;  que  si  on  l’a  conçu  plus  tard 
comme  un  édifice  tortueux  et  souterrain,  c’est  vraisem¬ 
blablement  par  une  confusion  qui  s’est  faite  dans  la  suite 
avec  le  labyrinthe  égyptien  du  lac  MœrisL  Quant  au 
Minotaure  lui-même,  c’est,  entre  plusieurs  autres,  une 
forme  particulière  des  légendes  qui  se  sont  greffées  sur 
f ancien  culte  du  taureau,  si  familier  à  tout  l’Orient 

MINOTAURUS.  1  Pherecyd.  in  Scliol.  Od.  XI,  320;  Isocr.  Hel.  27  ;  Plat.  Phaed. 
L Apollod.  lu,  1,  4;  15,  g.  Callim.  Hymn.  in  Del.  310  el  Scliol.;  Paus.  I,  21,  2: 

9;  U>  31,  1  ;  Diod.  IV,  77  ;  Virg.  Aen.  VI,  21  sq.  ;  Catull.  LXIV,  75  sq.  ;  Hyg. 
„ub‘  3S. -10,  42;  Ov.  Met.  VIII,  152  ;  «f.  0.  Millier,  Die  Dorier,  1,  p.  211  sq.  ; 
Ocpliani,  DerKampf  zwischen  Theseus  und  Minotaurus,  Leipzig,  1842;  Wernickc, 
lie>sagen  der  Griec/ien ,  Verhandl.  der  40.  Philol.-Versamml.  1889,  p.  280  sq. 
"T"  H&1-  Min.  12  et  IG;  Plut.  Thés.  10;cf.  Stephani,  Op.  cit.  p.  28.  —3  Evans, 
°urn-  °f  hell.  stud.  XXI,  1901,  p.  109  sq.  ;  cf.  contra,  Rouse,  Ibid.  p.  209  sq. 

Collier,  Dec.  de  Paris,  1902, 1,  p.  832.  —  5  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  l'art,  VI, 
[•  822,  832,  852,  933.  —  6  Rev.  de  Paris,  toc.  cit.  M.  Pottier  rapproche  encore 

"'.'Oie  du  géant  d’airain,  Talos,  qui  étouffe  dans  ses  liras  les  étrangers  jetés  sur  le 
I  '  ’C  Crète,  variante  et  déformation  du  Minotaure;  les  offrandes  d’ enfants 
s  *a'les  an  Molocli  de  la  Bible,  au  Saturne  des  Carthaginois.  —  7  Cf.  pour  ces 

VI 


Fig.  5077.  —  Naissance  du  Minotaure. 


et  à  la  civilisation  mycénienne  ’.  On  a  rappelé  fort  a 
propos  que  Phalaris,  tyran  d  Agrigente,  jetait  des  vic¬ 
times  humaines  dans  les  flancs  rougis  au  leu  d  un 
taureau  d’airain  :  il  n’est  pas  difficile  de  supposer  qu  un 
supplice  analogue  a  pu  exister  dans  quelque  ville  du 
monde  ancien,  et  que  la  légende  athénienne,  systémati¬ 
quement  hostile  a 
Minos,  s’est  empa¬ 
rée  de  ce  trait  pour 
composer  le  Mino¬ 
taure  fl.  Cette  expli¬ 
cation,  très  simple 
et  très  plausible, 
dispense  de  rappe¬ 
ler  les  autres  essais 
d’interprétation  qui 
ont  été  tentés  de  la 
même  fable  ’. 

Le  type  du  Mino¬ 
taure  n’a  pas  varié 
dans  les  nombreu¬ 
ses  représentations 
qu’il  a  fournies  à 
l’art  antique.  Con¬ 
formément  aux  in¬ 
dications  des  my- 
thographes  8,  il  est 
toujours  constitué 
par  le  corps  d’un 
homme  et  la  tête  du  taureau9.  C’est  ainsi  qu  il  figure 
sur  beaucoup  de  monnaies  crétoises,  en  particulier  de 
Cnossos  (fi g.  5078) 10  ;  dans  beaucoup  d’exemplaires 
lient  de  la  main  droite  ou  des  deux 
mains  un  disque  ou  un  globe,  que 
l’on  interprète  soit  comme  un  disque 
ou  un  globe  de  planète,  soit  comme 
une  pierre  que  le  monstre  aurait 
saisie  danssalutte  contre  Thésée.  On 
voit  aussi  une  allusion  à  un  ancien 
culte  stellaire  dans  la  série  de  petits 
cercles  qui  encadrent  le  haut  de 
quelques-unes  de  ces  monnaies 11 .  On  rappelle  à  ce  propos 
que  le  Minotaure  porte  lui-même  dans  quelques  récits 
le  nom  d’Astérion  ou  d’Astérios  l2,  et  enfin  que,  sur 
quelques  vases  peints,  il  a  le  corps  constellé  d  une  multi¬ 
tude  de  petits  points,  formant  comme  un  semis  d’astres13. 

Dans  la  légende  du  Minotaure,  c’est  surtout  l’épisode 
de  sa  lutte  contre  Thésée  qui  a  inspiré  les  artistes 
[theseus],  ce  motif  revient  assez  souvent  dans  la  pein¬ 
ture  céramique,  et  notamment  sur  les  vases  à  figures 
noires  :  d’ordinaire,  Thésée  maintient  par  une  corne  le 
monstre  agenouillé  ou  debout  et  le  perce  de  son  épée 
(fig.  5079);  ou  bien  il  se  dirige  contre  lui,  l’arme  à  la 

différentes  exégèses,  la  bibliographie  de  Helbig,  arl,  Minotauros,  dans  le  Lexikon 
de  Roscher.  —  8  Apollod.  111,  1,  4;  Cat.  LXIV,  111;  Ov.  Her.  X,  102  et  107; 
Diod.  IV,  77;  Hvg.  Fab.  40;  Palaeph.  Il;  App.  Karr.  55;  Tzetz.  Ad  Lyc.  653; 
Luc.  Ver.  Hist.  11,  44.  —  9  On  cite  une  gemme,  d’origine  évidemment  récente, 
oh  il  est  représenté  sous  l'aspect  d’un  Centaure  dans  le  Labyrinthe  :  Mus.  Flor.  II, 

35,  {.  _  10  Head,  Hist.  num.  p.  383  et  389  ;  Drit.  Mus.  Cat.  of  greele  coins, 

Crete,  pl.  vi,  32;  Num.  chron.  1884,  pl.  i,  11;  Svoronos,  Num.  de  ta  Crète 
ancienne.  —  11  Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Minotauros,  3008,  Gg.  4--  Friedlaender 
et  Sallet,  Berlin.  Miinzkabinet,  n.  40;  Baumeister,  Denkm.  p.  936,  fig.  101  i 

_ 12  Apoll.  et  Diod.  L.  c.  ;  cf.  Roscher,  Lexik.  s.  v.  Asterios.  —  Gerhard, 

Auserl.  Vasenb.  160  =  Mus.  Greg.  II,  57  ;  Helbig,  Guide,  II,  p.  307,  n.  80;  Rei- 
nach,  Rép.  des  vases  peints,  II  1,  n.  10;  Baumeister,  Denkm.  p.  1789  sq., 
fig.  1873  sq.  —  U  Gazette  arcli.  1S84.  pl.  I. 


il 


Fig.  5078.  —  Monnaie 
de  Crèle. 


243 


MIN 


—  1934  — 


MIS 


main,  prêt  à  le  frapper  *.  La  ligure  4313  le  montre  traî¬ 
nant  le  corps  du  monstre  hors  du  labyrinthe.  Ce  motif  se 
retrouve  sur  une  plaque  d’or  archaïque  de  Corinthe  2  et 
sur  une  cuirasse  de  bronze  provenant  d’Olympie3.  Le 


Fig.  5079.  —  Ariane,  Thésée  et  le  Minolaure. 


combat  est  aussi  le  sujet  d’une  métope  mutilée  du  Ihé- 
seion  i  et  d’une  mosaïque  romaine  trouvée  en  Suisse, 
près  de  l'ancien  Ascupicum  b.  11  est  traité  encore,  mais 
comme  un  corps  à  corps  sans  arme,  dans  des  bronzes 
conservés  au  Musée  de  Berlin  6  et  au  Louvre  1 .  Plusieurs 
.torses  de  Minolaure  en  marbre,  dans  différents  Musées, 
proviennent  de  groupes  analogues  en  ronde  bosse8. 

Les  autres  motifs  empruntés  à  la  même  fable  sont  assez 
rares.  Deux  statuettes  de  bronze,  trouvées  en  Crète  et  à 
Olympie,  et  ayant  servi  d’ornements  à  des  trépieds, 
iigurent  le  Minotaure  debout  9.  Une  urne  étrusque  repré¬ 
sente  (fig.  5077)  la  naissance  du  monstre  sous  la  forme 
d’un  enfant  à  tête  taurine10.  Un  relief  de  marbre  a  pour 
sujet  le  Minotaure  conduisant  par  la  main,  à  l’autel, 
sept  jeunes  filles,  ses  victimes  ".  Sur  quelques  peintures 
murales  de  la  Campanie,  il  gît,  abattu  aux  pieds  de  1  hésée 
vainqueur,  qui  est  salué  et  embrassé  par  les  jeunes  gens 
qu’il  a  délivrés12.  F.  Durrbach. 

MINUTIO  CAP1TIS  [caputj. 

MISS  ILIA.  —  Les  cadeaux,  de  nature  et  de  valeur  très 
diverses,  qu’en  certaines  circonstances  solennelles  de  la 
vie  romaine,  spécialement  à  l’occasion  des  jeux  du 
cirque,  du  théâtre  et  de  l’amphithéâtre,  les  personnages 
qui  présidaient  la  fête  répandaient  ou  faisaient  répandre 
parmi  le  public,  s’appelaient  d  ordinaire  missilia ,  quel¬ 
quefois  sparsio.  Au  propre,  ce  dernier  substantif  signifiait 
l’action  de  les  répandre.  Les  missilia  étaient  donc  une 
des  multiples  formes  de  la  largitio.  Mais  cette  espèce 


l  Gcrliard,  Etr.u.  camp.  Xascnb.  pl.  xxm  =  Roselier,  s.  v.  Alinotauros,  3006, 
fig.  \  :  Museo  italiano,  RI,  1890,  pl.  m  =  Roscher,  3007,  fig.  3;  /leu.  de  l’art 
ancien  et  moderne,  IX,  1901,  p.  3,  fig.  1;  el  Reinach,  Bép.  des  vases  peints,  l, 
5i9  (cf.  530,  3;  53Î,  2);  l>e  Ridder,  Vas.  peints  de  la  Bibliolh.  nat.  n.  1/2 
cl  209.  Pour  les  autres  vases,  presque  tous  à  figures  noires,  d  suffira  do  ren¬ 
voyer  à  Reinach,  Rép.  I,  147,  3;  484,  1;  488,  11  ;  494,  3;  509,  5  ;  11,  82,  1  ;  117,  1  ; 
118,  4;  119,  2;  153,  3  ;  183,  4  ;  255,  2;  271,  1;  285,  2;  302,  2;  cf.  encore  Collignon 
et  Couve,  Calai,  des  vases  peints  d’Athènes,  il»5  742,  7G0,  828,  etc.;  (  atul. 
Pourtalès,  213  et  227  ;  Gaz.  arch.  1875,  pl.  xxi.  —  2  Arch.  Zeit.  1884,  pl.  vm,  3, 
et  p.  100  sq.;  Roscher,  L.  I.  3007,  fig.  2.-3  Olympia,  IV  ( Bronzen ),  pl.  v.,  et 
Text.  p.  10,  n.  30.  —  4  Overheck,  Griecli.  Plastile,  14,  p.  459;  Roscher,  L.  I. 
3009  fl°-  5;  B.  Sauer,  Dus  soyen.  Theseion,  p.  158  sq.  elpt.  v,  4.  —  0  Mittheil. 
d  Antiq.  Gesellsch.  in  Zurich,  XVI,  pl.  xxix.  -  »  Conze,  3il»  Winckel- 
mannsprogr.  pl.  Roscher,  L.  I.  3009,  fig.  0;  Baumcister,  Denkmaeler, 
1790  sq.  fig.  1875;  Reinach,  Rép.  de  la  stat.  II,  510,  i.  -  1  Reinach,  Ibid. 
510,  4.  -  s  Athènes  :  Arch.  Zeit.  18GG.  pl.  cevm,  4  =  Reinach,  L.  I.  093,  2; 
Vatican  :  Braun,  Zwôlf  Reliefs,  vignette  du  n-  5  =  Monumenti  Antichi,  VII, 
pl.  xui  ;  Ilelbig,  180  et  Reiuach,  Ibid.  093,  0;  Musée  des  Thermes  :  Monument i 
antichi,  VU,  pl.  x-xu  —  Reinach,  Ibid.  094,  3  ;  cf.  510,  2;  Sarcophage  h  Cologne  : 
Jahrbücher  d.  Altcrtumsfr.  im  Rheinl.  Ilcft  VII,  pl.  ni;  Jahn,  Arch.  Beitr. 
p  270.  —  9  Purgold,  Annali,  1885,  p.  105-187  et  pl.  b,  1  =  Reinach,  Ibid. 
093,  5;  Olympia,  IV,  Text,  p.  87  sq.  n.  010.  —  10  Kôrlc,  HisL  u.  phil. 
Aufsàtze  z.  Ehr.  von  E.  Curtius,  p.  199-,  Roscher,  art.  cité,  3005  sq.  fig.  3. 
Voy.  aussi  la  peinture  de  vase,  Gaz.  arch.  1879,  pl.  3,  p.  33,  plusieurs  fois 
interprétée  comme  Pasiphaé  avec  le  pelil  Minolaure.  -  U  Millin,  Gai,  Myth.  LXX, 


différait  essentiellement  de  toutes  les  autre*  r™* 

l  'UNGIARIPji 

DONAT1VUM,  EPULUM,  sportula,  etc.]  en  ce  que  celle  : 
allaient  par  portions  déterminées  à  des  personnes 
gnées,  tandis  qu’aucune  partie  des  missilia  n’étaiu^' 
destinée  à  aucun  individu  de  la  foule  à  laquelle  la  mass  | 
était  offerte1.  Les  missilia  étaient  en  droit  res  derelictae 
et  chacun  devenait  d’emblée  propriétaire  de  tout  re , 
avait  la  chance  d’en  recueillir2. 


qu  il 


L’usage  de  répandre  des  présents  aux  réjouissances 
publiques  se  rencontre,  au  moins  à  l’état  rudimentaire  ' 
chez  les  Romains  de  l’époque  républicaine  et  même  chez 
les  Grecs  avant  la  conquête.  Lorsqu’au  Ier  siècle  de  notre 
ère  l’agonothète  Épaminondas  d’Acraephiae,  entre  autres 
largesses  prodiguées  aux  spectateurs  de  ses  jeux,  répan¬ 
dit  de  magnifiques  cadeaux,  [7té][xp.afà  [te]  £7rorr,cev 
jjLsydcXa  xoù  7toXux£)dri 3,  on  peut  dire  qu’il  ne  fit  que  suivre 
la  mode  romaine  ;  le  mot  îtéagaTa  n'a  évidemment  pas  ici 
son  sens  ordinaire  de  pâtisseries  ;  il  dérive  de  non 
de  7r £7ttco ,  et  traduit  le  latin  missilia’1'.  Mais  plusieurs 
passages  d’Aristophane5  nous  apprennent  que,  de  son 
temps,  souvent  les  poètes  faisaient  jeter  à  l’assistance, 
pour  se  la  rendre  plus  sympathique,  des  friandises 
(■cpay/ju-ocra,  TpcoyâXta),  telles  que  figues,  noix,  grains  d’orge 
grillés.  Peut-être  faut-il  voir  dans  cette  coutume  la  survi¬ 
vance  de  quelque  vieux  rite  ;  mais  peut-être  aussi  faut-il 
en  expliquer  plus  simplement  l’origine  :  en  voyant  beau¬ 
coup  de  spectateurs,  pour  tromper  leur  faim  ou  compli¬ 
quer  leur  plaisir,  grignoter  de  ces  choses  et  d’autres 
pareilles  (TpayTiptaxfÇetv) 6  apportées  avec  eu^  l’idée  serait 
venue  aux  poètes  de  les  leur  offrir.  En  dehors  de  toute 
influence  hellénique,  comme  aussi  de  toute  intention 
religieuse,  la  même  cause  a  pu  produire  à  Rome  le  même 
effet.  Voulant  flatter  la  gourmandise  grossière  du  plébéien 
«  acheteur  de  noix  et  de  pois  chiches  torréfiés  »,  les 
présidents  des  jeux  se  seraient  avisés  de  lui  procurer 
gratis  ces  menus  aliments.  La  coutume  remonte,  a  coup 
sûr,  très  haut.  Si  l’on  adopte  pour  un  passage  mutilé  de 
Festus8,  citant  Sinnius  Capito9,  la  restitution  spécieuse 
de  Scaliger,  l’origine  d’une  locution  proverbiale,  par 
conséquent  ancienne,  y  est  expliquée  par  1  usage  de  jetu 
au  public,  pendant  les  Cerealia ,  des  noix  entre  autres 
présents.  Le  témoignage  des  scoliasles  d  Horace'  et  u 
Perse11  montre  qu’ils  jugent  la  coutume  fort  ancienne 
Le  texte  d'Horace  :  «  In  cicere  alque  faba  bona  tu  H 


i.  —  12  Mus.  Borb.  X,  50;  Baumcister,  p.  1792,  fig.  18'»;  0  Jl-’  | 

mu.  n.  1213,  1215;  Arch.  Zeit.  1873,  pl.  lxvii.  .  „,ur0 

I11SS1LIA.  1  Par  exemple,  la  différence  spécifique  est  net  craon  ^  ,g  . 
sparsio  des  missilia  et  la  divisio  des  sport alae  en  nature  dan ,  .  ^ 
arsit  et  missilia  variarumrerum  et  panama  cumobsomo u  „7i2  76.  La 

7,5, 1.-3  Corp.  inser.  gr.  1025,  55  =  Corp-inscr.  G, ^ 
litulion  ne  paraît  pas  douteuse.  -  Si  les  au  cm  ^  ^  pûl 

lient  connu  ce  texte,  ils  n'auraient  sans  doute  pas  me  cou  g62>  y,  )ir  aussi 

nais  dériver  de  -*  VeV.  58  ;  Plut.  797  ;  Nub.  ^burg  B. 

seolies.  Cf.  Alb.  Muller,  Lehrb.  d.  gneeh.  Bul‘n°'ial  /g, 9.  Le  public 

16,  p.  303.  -  0  Arislot.  Eth.  Nicom.  X  I.  -  « fricti  ciceris  et 

,11c  représentation  dramatique  est  partagé  ici  en  1  eu.  ^ ®  p  177,  ^  q  Miillev  : 
cis  emptor  s'oppose  k  quibus  est  equus  et  pater  et  res.  ^  vjlliniu3  +  aig»i- 
cces  mitti  in  Cerialibus  Capito  Sinnius  solitum  esse  d  ^  ^  essctj  plane 

ire  missilia  Cerealibus  111  circo  mitti,  r,uo’  ra  0mnia  alia  missdia 

urans  a  parte  tôt  uni  designare ,  quia  adeo  di  ig  ^  1  _  eg  en  ilaiif|i,es  pro 

le  flamma  cuin  sunt  u stac,  quae  spaiguntiu  nt  ^  jg  pEmpiro;  cf 

•nnent  de  la  restitution.  -  2  Grammairien  du  comm  i  ^  /L  rulll 

uffel-Schwabe,  Gcsch.  d.  rôm.  Lit.  I5,  §  -  (P-  y  177.  pour  lui  l'usag 

H.  il  l2  p-  340.  —  ,u  Ad  Sat.  II,  3,  182.  *  mn;a  seminasupe 

lit  une  valeur  rituelle  :  «  ...  q^“do  terrae  ludos  eoleban^^^  ^  [)e  m6me  Paul 
p ulum  spargebaut,  ut  tcllus  veluli  v.sceral.bus  usilées  Jans  les  noces 

rc.  p.  172  (0.  Millier)  k  propos  des  V0"1®"*  fi>|  auspichnn  »• 

...  ul.  novae  nuplac  inlranti  donuim  no\  i  ni 
el  1er- Jordan,  Jiôm.  Myth.  IP,  ]>•  ^  8fI* 


MIS 


m;;  — 


MIS 


Hicininù 
que  si 


à  un  auditeur  fictif,  édile  ou  préteur)  per- 
lupin*  talus  ut  in  circo  spatiere  »,  pourrait 
(t,,sll"<  (|rC  allSsi  bien  que  d’une  sparsio  rnissilium ,  d’une 
SCn/l//o Mais  tlans  ccpli  de  PersG  :  K  Cicer  ingéré 
lixanti  populo ,  nostra  ul  Floralia  possint  aprici 
^ ■  lisse  senes  »,  le  mot  riæanti  ne  se  conçoit  bien 
i  ies  parts  ne  sont  pas  faites  d’avance,  s’il  s’agit 
•  1 sparsio  et  non  d’une  divisio 2.  Il  est  manifeste  que 
l-  n'n'sioa  d’Horace,  librement  imitée  par  Perse,  ne  se 
d  "  nnc  a  une  coutume  nouvelle  alors,  c’est-à-dire 
‘ ies  premières  années  de  1  epoque  impériale.  Si  nous 
'Sidérons  l’ensemble  des  témoignages,  nous  devons 
"l"l|(dre  qu’elle  n’était  point  particulière  à  certaines 
Qerectlia  et  Floralia ,  mais  s’étendait  à  tous  les 
x3  Lapremière  sparsio  rnissilium  que  nous  puissions 
Ihler  est  celle  d’Agrippa  pendant  l’édilité  qu’il  exerça  étant 
déjà  consulaire,  en  721  de  Rome  =  33  av.  J.-C.  Elle  est  aussi 
n  ce  „.enre  le  premier  exemple  d’une  variété  somptueuse 
qui  contraste  avec  la  simplicité  monotone  de  la  coutume 
primitive.  A  la  fin  de  ces  jeux  mémorables,  Agrippa 
répandit  du  haut  du  cirque  parmi  le  public  des  bons  au 
porteur  valables  pour  de  l’argent  monnayé,  des  aliments 
et  d’autres  objets4.  En  38,  à  la  auite  de  jeux  gymniques, 
CaJigala  fit,  en  bons  aussi,  une  riche  sparsio  5. 
Suétone  en  mentionne  une  autre  du  même  prince, 
laquelle  semble  avoir  été,  avec  une  epulalio,V accessoire 
de  jeux  scéniques  et  se  composait  d’objets  divers:  sparsil 
I  d  missilia  variarum  rerum6.  Flavius  Josèphe  ‘  nous 
apprend  que  le  jour  où  Gaius  fut  assassiné,  troisième 
et  dernière  journée  des  jeux  célébrés  au  Palatin  en 
mémoire  d’Auguste,  le  spectacle  (scénique)  avait  été 
précédé  d’une  sparsio  qui  consistait  en  une  grande  quan¬ 
tité  de  fruits  et  d’oiseaux  rares.  Par  les  deux  auteurs 
nous  savons  que,  quelque  temps  auparavant,  du  haut  de 
la  basilique  Julienne,  le  même  empereur  avait  plusieurs 
fois  jeté  à  la  foule  une  somme  considérable  en  pièces 
d’or  et  d’argent 8.  Aux  jeux  que  Néron  célébra  après 
l’assassinat  d’Agrippine,  il  jetait  à  profusion  des  tessères 
valables  pour  toute  sorte  de  mets  coûteux  et  d  objets 
précieux  ;  à  ceux  qu’il  donna  pro  aeternitate  imper ii 
et  qu’il  présida  e  proscenii  fastigio ,  tous  les  jours  furent 
semés  parmi  le  public  des  cadeaux  très  variés,  sparsa 
populo  missilia  omnium  rerum ,  un  millier  par  |our 
d’oiseaux  de  toutes  les  espèces,  des  vivres  divers  en 
abondance,  des  tessères  frumentaires,  des  vêtements,  de 
l’orfèvrerie  et  de  l’argenterie,  des  pierres  précieuses  et 
dos  perles,  des  tableaux,  des  esclaves,  des  bêtes  de 
somme,  des  animaux  sauvages  apprivoisés,  à  la  fin  des 
navires,  des  maisons  de  rapport,  des  domaines  ruraux9. 
Lorsque  Titus,  en  80,  inaugura  ses  thermes  et  le  Colisée, 
au  cours  des  spectacles  qui  durèrent  cent  jours,  il 
répandit  sur  les  assistants  des  tessères  valables  pour 
des  comestibles,  pour  des  vêtements,  de  l’argenterie,  de 
l’orfèvrerie,  des  chevaux,  des  bêtes  de  somme,  des  têtes 


de  bétail,  des  esclaves '“.Domitien,  après  avoir,  le  premier 
jour  du  sacrum  septimontiale ,  offert  aux  spectateurs 
une  epulatio  distribuée  en  panaria  et  sporlellac,  le 
lendemain  «  omne  genus  rerum  missilia  sparsil  »,  et, 
comme  les  cadeaux  étaient  tombés  en  majeure  partie  sur 
les  gradins  de  la  plèbe,  il  ordonna  une  sparsio  supplé¬ 
mentaire  de  cinquante  tessères  par  cuneus  de  senateuis 
et  de  chevaliers11.  St) us  le  môme  prince,  à  la  fête  des 
calendes  de  décembre  90,  le  spectacle  fut  précédé  <1  une 
copieuse  sparsio  de  fruits,  gâteaux  et  autres  friandises, 
et  d’un  epulum\  il  fut  suivi  d’une  nouvelle  sparsio  non 
moins  abondante,  mais  celle-ci  d  oiseaux  exotiques  . 
Aux  jeux  d’Arruntius  Stella  pour  le  triomphe  sarmatique 
de  Domitien,  en  93,  il  y  eut  chaque  jour  riche  sparsio , 
les  missilia  furent  tantôt  des  lasciva  nomismata ,  c  est-à- 
dire  sans  doute  des  jetons  à  figures  obscènes  donnant 
accès  gratuit  dans  les  lieux  de  débauche,  tantôt  des 
tessères  valables  soit  pour  les  fauves  qui  avaient  parti 
sur  l’arène,  soit  pour  du  gibier  à  plumes1'.  Hadrien, 
en  119,  pendant  les  fêtes  de  son  anniversaire,  lit  des 
sparsiones  par  tessères  au  théâtre  et  au  cirque,  les  unes 
pour  les  hommes,  les  autres  pour  les  femmes  u.  Elagabal, 
monté  sur  de  hautes  tribunes  construites  exprès,  jetait  à 
la  foule  des  coupes  d’or  et  d’argent,  des  vêtements,  du 
linge,  des  animaux  domestiques  et  sauvages15.  Les  docu¬ 
ments  épigraphiques  attestent  que  1  usage  des  missilia 
n’existait  pas  seulement  dans  la  capitale.  Dan%  maintes 
villes  d’Italie  ou  de  province  quelque  riche  notable  offre 
à  ses  concitoyens  des  sparsiones 10  ou  des  ludos  cum 
missilibus 17 .  En  général,  la  nature  de  ces  missilia  n'est 
pas  spécifiée.  Cependant  nous  apprenons  qu’un  person¬ 
nage  de  Bénévent  répandit  des  tessères  valables  pour  de 
l’or,  de  l’argent,  de  l’airain,  du  linge  et  d’autres  objets' s. 
Deux  inscriptions  de  Ferentinum  mentionnent  entre 
autres  largesses  (distributions  d  argent,  de  gâteaux,  de 
vin  doux)  des  sparsiones  de  noix,  dont  l’une  de  trente 
boisseaux,  à  l’intention  des  enfants,  le  tout  pour  com¬ 
mémorer  chaque  année  la  naissance  du  donateur19.  Il  y 
a  tout  lieu  de  croire  que  ces  sparsiones  de  noix,  à  la 
mode  antique,  restèrent  longtemps  en  honneur  dans  les 
fêtes  de  famille,  surtout  dans  les  mariages20.  Dans  les 
solennités  publiques  les  missilia  étaient  une  largesse 
normale21,  et  les  exemples  précis  que  nous  avons  pu 
citer  ne  doivent  évidemment  être  regardés  que  comme 
des  cas  remarquables  de  la  pratique  courante.  Quoique 
nous  ayons  très  peu  de  ces  exemples  précis  pour  toute  la 
période  postérieure  au  milieu  du  111e  siècle22,  nous  sommes 
sûrs  que  la  coutume  se  maintint,  en  Occident  et  en 
Orient,  jusqu’à  la  fin  des  temps  antiques. 

Les  sparsiones  des  empereurs  furent  en  général  les 
plus  mémorables  par  la  quantité  ou  la  qualité  des  cadeaux. 
Mais  il  n’est  pas  douteux  que  les  magistrats  qui,  aux 
divers  moments  de  l’époque  impériale,  participèrent  à  la 
cura  ludorum ,23  questeurs,  édiles,  préteurs,  consuls,  en 


1  Opinion  de  Marquardt,  Manuel  d.  ant.  rom.  irad.  IV.  XIII,  265,  n.  4. 

11 interprète  de  ni  âme  le  texte  do  Perse.  Voir  aussi  Friedliindcr,  Sittengesch. 
'  '  p.  285.  —  2  Voir  le  commentaire  d’O.  Jalin,  p.  208.  —  3  Sans  parler 
'  solennité  de  la  vie  privée,  comme  les  noces  ;  cf.  le  texte  déjà  cité  de 
(“u1,  lliac-  et  Virg.  Bue.  8,  30  :  Sparge,  marite,  nuces.  Le  cas  de  l’excen- 
r"ll,c  Tudilanus,  «  qui  cum  palla  et  cothurnis  nummos  populo  de  rostris 
8!>'>rgere  soldat  »  (Oie.  Phil.  3,  6,  16)  ne  prouve  pas  qu’un  tel  usage  ait  existé 
D’Époque  républicaine.  —  4  Dio.  Cass.  49,  43.  —  5  Id.  59,  9.-6  Calig. 
)•  —  1  Ant.  Jud.  19,  1,  13.  —  8  Jos.  Ant.  Jud.  19,  l,  11;  Suel.  Calig. 

-  9  Suet.  Ner.  il.  Cp.  Dio  Cass.  61,  18.  —  10  Dio.  Cass.  60,  25.  —  U  Suel. 
m-  i-  —  12  Stat.  S(ic _  _  )3  Mart.  8,  78  (avec  le  commentaire  de 


Friedlander).  Peut-être  possédons-nous  encore  quelques  échantillons  de  ces 
lasciva  nomismata-,  voir  Eckliel,  Doct.  num.  8,  315.  —  14  Dio.  Cass.  69,  8. 

_ lb  Hcrod.  5,  6,  9  sq.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  9,  1655  ;  10,  5849,  5853.  —  17  Ibid.  8, 

6947-8,  6996  (en  210),  7095-8, 7122-3,  7137,7900,  7963,  7984,  etc.  Un  autre  personnage 
(Ibid.  895)  olTre,  en  239,  une  statue  in  compensations  rnissilium.  En  général  les  jeux 
sont  scéniques.  —  18  Ibid.  9,  1635.  —  19  Ibid.  10.  5853,  5819.  —  20  Paul.  Diac. 
L.  c.  ;  Virg.  L.  c.  —  21  Scn.  Ep.  74,  6  sq.  —  22  Amm.  Marc.  27,  3,  6  (Lampadicus 
préteur;  il  est  probable,  mais  non  certain,  qu’il  s’agit  d’une  sparsio  rnissilium)  ; 
Ma!  al  a,  13,  p.  322,  Didot  (Constantin);  Coripp.  De  laud.Just.  4,  9  sq.  (Justin  le  jeune). 

|  _  23  Nov.  105.  Allusion  à  ces  largesses  et  autres  dépenses  du  consulat,  dans  Hist. 

Aug.  Aurel.  15  :  Factum  est  enim  ut  iam  diviliarum  sit,  uon  Uominum  consulalus. 


MIS 


—  1936  — 


MIS 


faisaient  normalement,  eux  aussi,  à  l'occasion  de  leurs 
jeux.  Les  textes,  cités  plus  haut,  d’Horace  et  de  Perse, 
prouvent  qu’en  ceci  la  tradition  de  l’époque  républicaine 
ne  s’était  point  perdue  aux  premiers  temps  de  l’Empire. 
Un  passage  altéré  de  Dion  Cassius1  nous  permet  encore 
de  deviner  qu'il  en  fut  de  même  pour  les  préteurs  au 
moins  jusqu’au  début  du  ni0  siècle.  Nous  savons  positi¬ 
vement  que  les  consuls  ont  fait  dés  sparsiones  jusqu’à 
la  fin,  non  pourtant  sans  que  l’usage  ait  eu  à  subir 
quelques  interruptions  2.  Les  particuliers  avaient-ils,  en 
dehors  des  solennités  privées,  le  même  droit?  Probable¬ 
ment  non,  du  moins  dans  la  capitale.  Lorsque  Arruntius 
Stella  fêta  par  ses  jeux  avec  missilia  le  triomphe  de  Domi- 
tien,  il  était  sans  doute  préteur  3.  Hors  de  la  capitale,  les 
riches  particuliers  pouvaient  employer  ce  moyen  de  con¬ 
quérir  une  popularité  qui,  étant  toute  locale,  ne  portait 
pas  ombrage  au  maître  Cependant,  c’étaient  naturelle¬ 
ment  les  dignitaires  municipaux,  édiles,  tresviri,  quin¬ 
quennales ,  etc.,  qui  avaient  surtout  l’occasion  d’en  user. 
Notre  énumération  démontre,  d’autre  part,  qu’à  Rome  ou 
en  province  la  sparsio  missilium  ne  fut  presque  toujours 
que  l’accessoire  d’une  fête.  On  la  trouve  souvent  associée 
avecVepulum,  largesse  analogue  aux  missilia  de  l’époque 
primitive,  renforcement,  ou  dédoublement  des  cadeaux 
alimentaires  motivé  par  la  prolongation  du  spectacle  8. 
Comme  de  tout  temps  les  empereurs  avaient  fait  quel¬ 
quefois  des  sparsiones  indépendantes  (Caligula,  Ela- 
gabal),  dans  la  basse  époque  les  consuls  en  faisaient,  non 
seulement  à  l’occasion  des  jeux,  mais  aussi  à  de  certains 
jours  solennels  de  leur  charge,  pendant  leurs  procès - 
siones 6.  Enfin,  notre  revue  des  sparsiones  célèbres  nous 
a  permis  de  constater  que  si  la  variété  des  cadeaux 
répandus  fut  en  somme  très  grande,  parfois  les  missilia 
ne  consistèrent  qu’en  aliments,  et  le  plus  souvent  il  y  eut 
parmi  les  missilia  des  aliments.  Ainsi  1  usage  amplifié, 
transformé,  gardait  néanmoins  sa  marque  originelle. 

Tant  que  les  missilia  n’avaient  consisté  qu’en  de  gros¬ 
sières  friandises,  on  avait  offert  directement  au  public 
l’objet  lui-même,  et  cette  procédure  fut  souvent  encore 
employée  à  l’époque  impériale  pour  les  cadeaux  de 
bouche,  malgré  le  dommage  que  les  mets  plus  délicats, 
usités  alors,  risquaient  d’en  éprouver.  Mais  souvent 
aussi  l’objet  fut  remplacé  par  une  tessère  représentative. 
Quels  que  fussent  les  cadeaux,  le  souci  d’en  éviter  la 
détérioration  ou  la  destruction  totale  recommandait  ce 
système  1  ;  la  nature  de  certains  l’imposait  absolument. 
L’emploi  des  bons  au  porteur  est  attesté  pour  plusieurs 
sparsiones ,  en  commençant  par  celle  d’ Agrippa;  pour 
d’autres  cas,  il  est  probable  ou  sûr  que  nos  auteurs,  en 
parlant  du  jet  des  cadeaux  eux-mêmes,  se  sont  exprimés 
au  figuré.  Ainsi  Néron,  quoique  semble  en  dire  Suétone, 
n’a  évidemment  pas  jeté  à  la  foule  des  navires,  des  mai¬ 
sons  et  des  champs.  Les  tessères  de  Titus,  d’après  Dion, 
étaient  de  petites  boules  de  bois  portant  un  signe,  crtpai- 
pi '%  ï-iXtva  tuxox  <rûp.6oXo V  ’É/ovtx,  celles  de  Néron,  (rcpatpta 

1  78,  22.  Est  interdit,  cil  217,  x'o  SwtSlSoffîal  xiva  lv  xv.ï;  x.~v  nxjaxr.-piv  xSv 
eàvu  ôîatç,  iOÿjv  xîïiv  xîj  *î>/. w',ça  X I X  VJ |i.Év(uv  (lacune  après  ce  mot).  \  oir  le  commen¬ 
taire  de  Boisscvain.  —  2  Cod.  Just.  12,  3,  2;  iVoB.  105,  pr.  —  3  Prosop. 
imp.  rom,  1,  p.  147.  —  4  Le  titulaire  de  Corp.  inscr.  lat.  8,  79G0,  est  un 
simple  particulier.  —  ■>  Mommsen  et  Marquardt,  Man.  des  ant.  rom.  13,  p.  2G3  sq.  ; 
Friedlander,  Sittengesch.  23,  p.  285.  —  6  Noo.  1  U  ».  —  7  Sen.  Ep.  74,  7  : 
(Juorum  alia  inter  diripienlium  manus  scissa  sunt...;  Mart.  8,  78,  Il  sq.  : 
Nunc  implerc  sinus  securos  gaudet  et  aljscns  sortilur  dominos,  ne  laceretur,  avis. 
_ 8  Celles  d’Hadrien,  tryatjîa,  —  9  Henzen,  Ann.  d.  Inst,  di  corr.  arch.  1848  5, 


jjttxpa 

que 


soi 


t  yeypap.|ASva  wç  exa'jxx  ë/ovxa  8.  Mais  il 
4UC  matière  et  la  forme  n’ont  nas  innin  '  '  <e  ,,,Jl 
memes.  Nous  possédons  un  assez  grand  c  les 
tessères  (fig.  8080,  8081  et  3082)  3  "  "’e  clc 

que  l’on  peut  avec  vraisemblance 
regarder  comme  ayant  servi  à  cet 
usage  ou  à  l’usage  analogue  des 
loteries  dont  nous  dirons  un  mot 
toutàl’heure.  Elles  sont  en  métal, 
en  os  ou  en  terre  cuite;  les  unes  Fi,,  5 
reproduisent  la  forme  de  l’objet, 
les  autres  en  portent  simplement  la  figure.  Les  ob  eti 
signifiés  sont  très  divers  :  un  lion,  un  cheval,  un  lièvre 
une  tête  de  bélier,  une  oie  déplumée,  un  poisson,  une 
noix,  un  demi-melon,  etc.  Avec  le  signe  de  l’objet  il  y  l 


souvent  un  chiffre  qui 
indique  sans  doute  pour 
combien  d’unités  le  bon 
était  valable. 

Il  va  de  soi  que  la 
sparsio  n’était  pas  tou¬ 
jours  faite  par  le  dona¬ 
teur  lui-même  ou  par  le  donateur  seul  ;  Dion  parle 
d’agents,  probablement  esclaves  dispensateurs,  qui  exécu¬ 
tèrent  celle  de  Titus10. 

Le  jet  à  la*nain  fut  na¬ 
turellement  le  procédé 
primitif,  qui  demeura 
jusqu’au  bout  en  usage 
pour  certaines  catégo¬ 
ries  de  missilia  faciles  Fis-  508-- 

à  lancer  de  la  sorte,  par 

exemple  les  pièces  de  monnaie  et  les  tessères.  A  un 
moment  donné  on  imagina  un  appareil  qui  s’appelait 
Une  a  et  dont  l’existence  nous  est  révélée  par  deux 
témoins  contemporains  de  Domitien.  «  L’opulente  linea 
ne  cesse  de  fonctionner,  dit  Martial11,  et  il  en  tombe 
sur  le  peuple  un  butin  abondant.  »  Et  Slace1-  :  «  Les 
friandises  pleuvaicnt  de  la  linea.  »  Qu  était-ce  au  juste 
que  cet  appareil?  Il  faut  avouer  que  nous  1  ignorons. 
M.  Friedlander 13  affirme  qu’il  s’agit  d’une  cordelette 
tendue  à  laquelle  étaient  attachés  des  cadeaux  que  lonj 
pouvait  happer  au  bond.  Or  les  textes  contredisent  son 
affirmation.  Dans  celui  de  Martial  nous  ne  saurions 
prendre  ncc  linea  clives  cessât  et  et  in  populum  mulia\ 
rapina  cadit  pour  l’expression  de  deux  choses  distincte., 
d’une  part  la  linea  fonctionnant,  d’autre  part  la  sparsio 
ordinaire.  Car,  d’après  Stace,  c’est  une  pluie  de  cadeaux 
qui  tombe  de  la  linea,  et  il  insiste  longuement  sur  ceue 
image:  Bellaria  linea  pluebant.  Hune  roi  cm  L,nij 
profudit  eurus.  Quidquid...  largis  gratuitum  ta  * 
rapinis...  Non  tantis  Hgas  inserena  ntmbis  < 
obruit  autsoluta  Plias,  qualis  per  cune0*  ue"l\,)Ua 
nos  plebem  grandine  contudit  serena.  uca 
Iuppiter  per  orbem  et  latis  pluvias  minelur  agr  s, 

XX,  p.  283  sq.  ;  Mon.  dell’  Inst.  4,  tav.  j2  sq.  ;  Hêltjia,  llal  '  Jllclangesl 
A.  Blanchet,  Ile v.  arch.  m»  s.  XIV,  1889,  p.  i  :i  s'l-  ’  ‘  sq-  et  pl. 

d'archêol.  et  d’hist.  publ.  par  l'École  franc,  de  Home ,  •  ’  ilMV£ï 

—  10  EsKijîa...  tççc'uxtt...  '4  &?ixà<rovxà5  x.va<  £  “  «V*  ”u?  '  ’voil,  [J.  57,  10- 
*«î  /.«SxTv  xo  Itu^yçw'vov.  Pour  le  sens  du  T  ^né P,  19004.  Bellarut  est 

-  1>  S,  78,  7  sq.  -  *3  Silo.  1,  0,  9,  éd.  A'^^loU  (Jeubner,  ^  ^ 

une  coiTcclion  ancienne;  les  mss.  ont  oe  aria.  cerlains  mss.  (d aunes- 

pas  latin.  Quant  à  la  leçon  linea,  elle  est  attestée  p<  ^  ^  ^  à  Martial,  l-  c- 
ohrea)  et  confirmée  par  le  rapprochement  avec  Mar  ia  . 


MIS 


—  1937  — 


MIS 


au 
cadeaux 


.  joVis  ht  ferantur  imbres1.  Cette  pluie,  cette 
(,(1^e  grêle  s’accordent  très  bien  avec  in  populum 
r°ï’1' ’  raplna  cadit  (mots  de  Martial  auxquels  corres- 
1111  |(1|l|  de  façon  frappante  les  mots  de  Stace  largis 
P°  in  g  uni  cadit  rapinis)  et  pas  du  tout  avec  le  fonction- 
il1  ^  l’appareil  auquel  a  songé  M.  Friedltinder. 
"  que,  si  son  explication,  qui  est  fausse,  était  juste, 

I  lin  pu  aurait  été  l’instrument,  non  de  la  sparsio,  mais 
largesse  analogue,  la  complétant  ou  la  remplaçant, 
'comme  le  firent  la  direptio  et  la  loterie. 

\ngnste,  ayant  assisté  aux  exercices  des  éphèbes  de 
Caprée,  leur  lit  servir  en  sa  présence  un  epulum  et  «  per¬ 
mit  nu  mieux  exigea,  dit  Suétone,  qu’ils  se  livrassent 
badinage  et  pillassent  des  aliments  et  d’autres 
».  Non  content  de  sa  sparsio  en  bons  au  por- 
[eul.  Agrippa  exposa  au  milieu  du  cirque  une  masse  de 
denrées  que  le  public  fut  invité  à  mettre  au  pillage  3. 
Aux  jeux  de  Néron  pour  l’éternité  de  l’empire,  où  il  y 
enl  des  sparsiones  pour  les  spectateurs,  il  y  eutaussi  une 
direptio  pour  les  acteurs  :  après  la  représentation  de 
17 ncendium  d’Afranius,  le  mobilier  de  la  maison  en 
flammes  fut  abandonné  aux  comédiens  4.  Le  futur  empe¬ 
reur  Gordien  Ier,  étant  édile5,  et  après  lui  l’empereur 
Probus  6  plantèrent  dans  le  cirque  une  forêt  artificielle 
qu’ils  remplirent  de  bêtes  et  d’oiseaux;  puis  la  foule, 
lâchée  sur  le  bosquet,  fit  la  chasse  à  son  gré  et  à  son 
profit.  Dans  la  direptio ,  non  plus  que  dans  la  sparsio,  il 
n’yaaucune  part  faite  d’avance  pour  personne,  à  chacun 
appartient  ce  que  lui  procurent  sa  force,  son  adresse  et 
la  faveur  du  hasard.  La  différence  n’est  que  dans  la 
manière  d’offrir  les  cadeaux  :  au  lieu  d’être  sparsa ,  ils 
sont  in  medio  posita.  La  direptio  nous  apparait  comme 
une  variété  relativement  récente  de  la  sparsio. 

De  même  la  loterie  présente  le  caractère  spécifique  des 
missilia.  La  ressemblance  est  frappante  surtout  entre  elle 
dhsparsio  en  tessères.  Mais  dans  ce  cas  même,  outre  la 
différence  des  procédés  de  distribution,  le  tirage  et  le  jet, 
il  y  a  celle-ci  que  le  hasard  seul  fait  les  parts  d’une  loterie. 
C’est  Elagabal  qui  passe  pour  avoir  introduit  ce  mode 
de  largesse  dans  les  jeux  publics.  Ses  billets  gagnaient 
des  lots  de  valeur  très  inégale  :  dix  ours,  dix  loirs,  dix 
laitues,  cent  écus  d’or,  une  livre  de  viande  de  bœuf,  des 


chiens  morts.  La  même  fantaisie  extravagante  présidait 
à  scs  loteries  de  table  où  les  convives  tiraient  des  billets 
écrits  sur  des  coquilles  et  valables  pour  dix  chameaux 
011  dix  mouches,  dix  livres  d’or  ou  de  plomb,  dix 
autruches  ou  dix  œufs  de  poule  7.  Au  reste  l’usage  des 
sortes  conviv  aies  n’était  pas  de  son  invention:  les  pitta- 
wiqui  circulent  dans  une  coupe  au  festin  de  Trimalcion 
assignent  à  chaque  invité  des  apophoreta  à  surprises, 
ne  sont  pas  autre  chose  8.  La  direptio  et  la  loterie 
appartenant  à  la  même  espèce  que  la  sparsio ,  il  ne  serait 
Pas  surprenant  que  le  mot  missilia ,  qui  signifie  au  propre 
des  cadeaux  je  tés,  en  fût  venu  par  dérivation  à  signifier  des 
cadeaux  offerts.  Du  moins  Suétone  appelle-t-il  missilia 
unr‘  partie  dés  objets  livrés  par  Auguste  à  la  direptio. 

C  usage  des  sparsiones  avait  pour  les  donateurs  deux 
avantages,  l’un  plus  ou  moins  durable,  l’autre  momen- 

'  c’ 3 3  Suct.  Aùq.  98. —  3  Dio.  Cass.  49,  43.  —  4  Suet.  Ner.  11. 
iiune  *  u(l-  Gord,  très ,  3  :  Hacc  autem  omnia  populo  rapienda  concessit  dio 
ycn  1S'  ai|od  sextum  edebat  (le  C'  mots  de  son  (Milité).  —  8  Ibid.  Prob.  19  : 
mains  i"  ”  *D  C'rco  araP'*ss‘mam  dédit  (à  l'occasion  de  son  triomphe  sur  les  Ger- 
ra_  .|C  'cs  Blcmmyi),  ila  ut  populus  cuncla  diriperet...  Immissideindc  populares  ; 

1  puisque  quod  voluit.  —  7  Ibid.  Heliog.  ï*.  —  8  Pclron.  Sat.  56.  —  9  Hor. 


tané  :  elles  servaient,  comme  la  largitio  sous  toutes  ses 
formes,  à  leur  concilier  la  faveur  populaire  1  et  ils  y 
cherchaient  un  amusement.  Gaïus,  le  jour  où  il  périt, 
s’était  fort  égayé,  dit-on lu,  à  voir  la  foule  piller  ses 
missilia.  Soyons  assurés  que  ce  genre  de  plaisir,  il  ne  le 
goûta  pas  seulement  ce  jour-là  et  ne  fut  pas  seul  a  le 
goûter.  En  ces  circonstances,  le  public  romain,  à  qui  l’on 
offrait  tant  de  spectacles,  était  lui-même  un  spectacle. 
Sénèque,  qui  l’a  vu  plus  d’une  fois  contre  son  gré,  nous 
en  a  laissé  une  description  saisissante"  où  il  a  noté  le 
paroxysme  des  convoitises,  l’impatience  fiévreuse  de 
l’attente,  les  regards  fascinés  et  les  vêlements  déployés, 
puis  la  rapacité  violente  et  l’égarement  des  pillards, 
l’incertitude  des  yeux  et  des  pas,  les  mains  brutales  qui 
s’arrachent  les  objets  et  les  mettent  en  morceaux,  les 
déceptions,  les  bousculades,  les  coups.  Aux  pieds  d’Ela- 
gabal  beaucoup  de  gens  périrent  écrasés  ou  s’enferrèrent 
sur  les  armes  des  soldats  de  l’escorte12.  Parfois  c’étaient 
des  batailles  sanglantes  où  sévissaient  les  pierres,  les 
bâtons  et  même  les  glaives13.  Aussi  les  personnes  les 
plus  sages  s’esquivaient-elles  prudemment,  dès  qu’appa¬ 
raissaient  les  missilia ,  sachant  que  dans  ces  mêlées  on 
risquait  de  payer  cher  un  maigre  profit11. 

Le  droit  de  bénéficier  des  sparsiones,  comme  celui 
d’assister  aux  jeux  publics,  n’appartenait  régulièrement 
qu’aux  gens  de  condition  libre.  Mais,  autorisées  ou 
tolérées,  la  règle  souffrait  bien  des  exceptions.  Non  seu¬ 
lement  Caligula  avait  admis  les  esclaves  à  ses  jeux  du 
Palatin,  mais  il  avait  voulu  qu’ils  pussent  s’asseoir  à 
n’importe  quelle  place13.  Quinlilius  Priscus  de  Feren- 
tinum  stipula  qu’à  ses  sparsiones  annuelles  de  noix 
participeraient  les  pueri  plebeii  sine  distinctione  liber- 
tatisiei.  A  une  fête  de  Domilien,  la  sparsio  du  matin  et 
l 'epulum  ne  furent  que  pour  le  public  normal,  mais  un 
élément  nouveau  pénétra  dans  le  cirque  au  moment  de 
la  sparsio  du  soir  :  les  histrions,  les  musiciennes,  les 
courtisanes,  les  marchands  de  soufre  commun  11 .  Les 
sparsiones  avaient  leurs  professionnels  qui  opéraient 
par  bandes,  mais  ne  versaient  pas  toujours  loyalement 
leur  butin  à  la  masse  de  l’association18.  Les  spécula¬ 
teurs,  qui  achetaient,  pour  un  prix  fait  d’avance,  à  ceux 
qui  se  jetaient  dans  la  bagarre  tout  ce  qu’ils  auraient  la 
chance  d’attraper19,  devaient  aussi  avoir  du  mal  à  se 
garder  contre  la  duperie.  Ces  habitués,  plus  adroits  et 
plus  brutaux  que  les  autres,  avaient  facilement  la  meil¬ 
leure  part.  Du  reste,  même  pour  les  plus  favorisés  d'entre 
eux,  le  profit  n’était  pas  durable;  ils  dépensaient  leur 
gain  aux  cabarets,  ne  rapportaient  rien  chez  eux;  bien 
plus,  ils  escomptaient  le  bénéfice  des  sparsiones  à  venir 
et  s’endettaient20.  L’abus  des  missilia  avait  un  autre 
inconvénient  que  cette  influence  corruptrice  sur  les 
basses  classes  de  la  société  :  la  dépense,  onéreuse  même 
pour  le  fisc  impérial,  devenait  ruineuse  pour  les  citoyens 
à  qui  elle  incombait21.  L’autorité  souveraine  intervint 
plus  d’une  fois  afin  de  remédier  au  mal.  En  *217  furent 
supprimées  les  largesses  des  préteurs,  sauf  à  la  fête  des 
Floralia 22 .  Martien  défendit  aux  consuls  les  sparsiones 
en  espèces.  Quelques  autres  princes,  nous  ne  savons 

L.  c.  :  Laïus  ul  iu  circo  spalierc  ;  Pcrs.  L.  c.  :  Nostra  ut  Floralia  possint  aprici 
meminisse  senes.  —  10  Jos.  Ant.  Jud.  19,  1,  13.  —  11  Ep.  74,  6  sq.  ;  cf.  Pers.  L.  c.  : 
rixanti  populo;  Stat.  Silv.  1,  6,  66:  sparsio  quos  agit  tumultus.  —  12  Herod.  L.  c. 

—  13  JVov.  105,  ch.  u.  —  U  Sen.  L.  c.  7.  —  13  Jos.  Ibid.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  X, 
5853.  —  u  Slat.  Ibid.  67  sq.  —  18  Sen.  Ibid.  —  19  Dig.  18,  1,  8,  I.  —  *0  Son.  Ibid. 

—  21  Hist.  Auy.  Aurel.  L.  c.  —  22  Dio.  Cass.  78,  22. 


MIS 


—  1938 


MIS 


lesquels,  leur  défendirent  toute  sorte  de  sparsiones  11 
faut  croire  que  ces  prescriptions  sévères  ne  tardèrent  pas 
à  tomber  en  désuétude,  puisque  Justinien  crut  devoir 
édicter  une  nouvelle  réglementation.  Moins  absolu  que 
certains  de  ses  prédécesseurs,  il  n’interdisait  pas  les  lar¬ 
gesses  aux  consuls,  sans  leur  en  faire  d’ailleurs  une  obliga¬ 
tion.  Mais  il  fixait,  d’une  part,  le  nombre  des  processiones 
consulaires  et,  conséquemment,  celui  des  sparsiones ,  à 
sept;  d’autre  part,  la  valeur  des  pièces  d’argent  qui  pour¬ 
raient  être  jetées  dans  ces  sparsiones ,  le  jet  des  pièces  d’or 
étant  réservé  à  l’empereur2.  Philippe  Fabia. 

MISSIO.  —  Libération  du  service  militaire.  On  recon¬ 
naissait  trois  sortes  de  libérations  1  :  Missionum  gene¬ 
rales  caitsae  sunt  1res,  dit  Marcien  :  honesta ,  causaria , 
ignominiosa  ;  honesta  est  quaetempore  militiae  impleto 
datar;  causaria  quum  guis  vitio  animi  vel  corporis 
minus  idoneus  militiae  renunt iatur  :  ignominiosa  causa 
est  quum  quis  propter  delictum  sacramento  soluitur. 
Ulpien  s’exprime  à  peu  près  de  même2  :  Multa  généra 
sunt  missionum.  Est  honesta  quae  emeritis  stipendiis 
vel  ante  ab  imperatore  indulgetur.  Est  causaria  quae 
propter  valeludinem  laboribus  militiae  solvit.  Est 
ignominiosa.... 

De  cette  dernière,  il  a  été  question  à  l’article  militum 
poenae. 

La  missio  causaria,  c'est  la  réforme,  quand,  au  cours 
du  service,  on  devenait  infirme  par  suite  de  maladies  ou 
de  blessures;  c’est  aussi  la  dispense  quand,  au  moment 
de  l’enrôlement,  on  est  reconnu  impropre  à  l’état  militaire 
[dilectus].  Les  soldats  réformés  étaient  dits  causarii.  Ils 
n’avaient  pas  droit  aux  mêmes  avantages  que  ceux  qui 
avaient  accompli  tout  leur  temps,  et  quelque  faveur 
qu’on  leur  accordât,  ce  n’était  jamais  pour  les  égaler  aux 
autres  3.  On  ne  les  appelait  ou  rappelait  au  service  que 
dans  des  occasions  tout  à  fait  exceptionnelles1. 

La  missio  honesta,  comme  le  dit  Ulpien,  ne  suppose 
pas  absolument  l’accomplissement  du  temps  réglemen¬ 
taire;  dans  certains  cas,  en  récompense  de  services  excep¬ 
tionnels,  le  soldat  pouvait  être  libéré  :  dans  un  diplôme 
militaire  de  Vespasien  5,  on  cite  des  soldats  qui  ante  eme- 
rita  stipendia  eo  quod  se  in  expeditione  be/li  fortiter 
industrieque  gesserant  exauctorati  sunt.  En  général, 
pourtant,  on  ne  l’accordait  qu’après  le  temps  de  service 
légal  accompli  [diploma,  stipendium],  et  souvent  même, 
surtout  au  ier  siècle  de  notre  ère,  on  gardait  les  soldats 
sous  les  drapeaux  plus  longtemps  que  de  raison  6.  Même 
lorsqu’elle  était  octroyée  au  jour  réglementaire,  elle  ne 
libérait  pas  immédiatement  le  soldat  :  on  pouvait  être 
retenu  encore  à  l’armée,  tout  en  étant  missus  \  Les 
difficultés  pécuniaires  au  milieu  desquelles  se  trouvait 
l’empereur  l’obligeaient  ainsi  à  retarder  parfois  le 
paiement  de  la  retraite  aux  vétérans. 

M.  Mommsen  a  noté8,  d’ailleurs,  que,  en  règle  géné¬ 
rale,  du  moins  au  iic  siècle,  la  missio  s’accordait  aux  envi¬ 
rons  du  1er  janvier,  tandis  que  V exauctoratio  ne  partait 
que  du  1er  mars,  début  de  l’année  militaire  ancienne. 

i  Cod.  Just.  12,  3,  2;  Nov.  10 5,  pr.  —  2  Nov.  Ibid.  ch.  i  cl  n.  Cette  loi  est  tic 
53G.  Mesures  analogues  relatives  aux  sport ulae ,  Cod.  Theod.  15,  9.  —  Bibliographie. 
R(cin),  art.  missilia,  dans  Pauly,  lteal-EncycL.  5,  85  sq.  (court,  mais  substantiel 
article  contenant  la  liste  des  travaux  antérieurs);  Friedüindcr,  Darstellungen  aïs 
der  Sittengeschichte  lioms ,  113,  p.  275  sq.  ;  ld.  dans  Marquardt,  Manuel  des  antiç. 
rom.:  Le  culte ,  t.  Il,  p.  264  de  la  trad.  fr. 

MISSIO.  l  Dig.  XLIX,  16,  13,  §  3.  -  2  Ibid.  III,  2,  2.  —  3  Cod.  Theod.  VII, 
20.  4:  Cod.  Just.  V,  63,  1.  Un  libéré  ex  causa  se  nomme  non  pas  missus,  mais 


A  l’époque  républicaine,  le  service  ccss-.ii 
avait  atteint  l'âge  fixé;  on  était  alors  rayé  t J?nd  °U 
seurs  des  rôles  de  l’armée  active  ».  Sous  pp  ■  Cen" 
congé  était  concédé  par  l’empereur,  chef  Sll^"P1Pe’  lo 
troupes  :  il  donnait  lieu  aune  constitution  nnn.v'T  ^ 
pouvait  comprendre  soit  tous  les  soldats  libéral  h ?' 
corps  d’armée,  soit  une  partie  seulement  d’entre  c.  *“ 

V honesta  missio  entraînait  des  avantages  pécuni-  ' 
ou  autres,  dont  il  est  question  ailleurs  [diplom a  m,  U°S 
MILITIAE].  R.  CaGNAT.  L  OMA,PRAEMla 

MISSIO  IS  POSSESSIONEM.  -  L’envoi  en  possession 
est  1  autorisation  donnée  par  le  magistrat  de  prendre 
possession  des  biens  d’autrui.  Cette  autorisation  était 
donnée  anciennement  dans  deux  séries  d’hypothèses  • 

1°  lorsqu’une  personne  était  appelée  par  le  préteur  à  une 
succession  1  ;  2“  pour  sauvegarder  les  droits  de  certains 
créanciers  ou  de  certaines  personnes  qui,  d’après  le  droit 
civil,  avaient  vocation  à  une  hérédité.  Sous  l’Empire,  ces  1 
deux  applications  de  la  missio  in  possessionem  ont  reçu  un 
caractère  distinct  :  dans  le  premier  cas,  l’envoi  en  posses- 1 
sion  crée  un  droit  nouveau;  dans  le  second,  il  garantit 
un  droit  préexistant.  Dès  lors,  la  terminologie  fut  modi¬ 
fiée  :  l’expression  in  possessionem  imMm>fiitréservéepoin- 
le  second  cas  ;  dans  le  premier,  il  ne  s’agit  plus  d’envoyer 
en  possession,  mais  de  bonorum  possessionem  dure 2.  I 
Les  missiones  in  possessionem  du  premier  groupe  ont 
été  précédemment  indiquées  [bonorum  possessio]  ;  on  ne 
s'occupera  ici  que  des  missiones  du  second  groupe. 

L’envoi  en  possession  a  presque  toujours  pour  objet 
un  patrimoine.  Dans  deux  cas  cependant,  il  est  restreint 
à  une  chose  déterminée  :  1°  lorsque  la  personne  contre 
laquelle  on  exerce  une  action  en  revendication  est  absente 
ou  ne  défend  pas  au  procès,  le  magistrat  permet  au  pro¬ 
priétaire  de  s’emparer  de  la  chose  qu’il  revendique3; 
2°  lorsqu’une  maison  menace  de  s’écrouler  sur  le  fonds 
voisin  et  que  le  propriétaire  refuse  de  faire  les  répara¬ 
tions  nécessaires  ou  de  garantir  le  voisin  contre  le  dooil  I 
mage  éventuel,  le  préteur  rend  un  décret  pour  autoriser  le 
voisin  à  prendre  possession  de  la  maison  [damnum  infec¬ 
tum].  A  partees  deux  exceptions,  la  missio  in  possessionem 
est  une  missio  in  bona.  C’est  une  mesure  conservatoire 
dont  on  va  indiquer  les  applications,  les  effets,  la  sanction. 

1.  Applications  de  l’envoi  en  possession*  —  a-  Envoi  en 
possession  accordé  aux  créanciers.  —  1°  Contre  un  debi¬ 
teur  insolvable  L  L’envoi  en  possession  est  ici,  engéneial, 
le  préliminaire  de  la  vente  en  masse  des  biens  de  1  insol¬ 
vable  [bonorum  emptio,  t.  I,  p.  734].  Ces  biens  sont,  saisis 
par  les  créanciers  en  attendant  qu’ils  soient  vendus  aux 
enchères  à  leur  profit. 

2°  Contre  un  héritier  suspect  qui  ne  fournit  pas  ,  ,IU 
tion.  On  considère  comme  suspect  celui  dont  la  so  vd  1  1 
lité  est  douteuse.  Le  préteur  peut,  sur  la  demain  e  ej 
créanciers  du  défunt,  le  forcer  à  fournir  des  eau  nj 
pour  garantir  le  paiement  des  dettes  de  la  sl"  1 1  ^ 

En  cas  de  refus  de  l’héritier,  le  préteur  enverra  les  cm  - 
ciers  en  possession  des  biens  héréditaires  • 

missicius  ( Corp .  inscr.  lat.  III,  2037).  -  *  Liv.  VI,  6.  -  6C“?'/  l'.fflîJ 
Dipl.  VIII.  —  6  Suet.  Tib.  48.  —  7  Tac.  Ann.  I,  17.  —  8  Corp.  vis  ,.  ■  ^  ^  2023 .j 

—  9  Mommsen.  Droit  public  romain ,  IV,  p.  89.  1  Corp.  ^  yn  yerr.  1,48, 

MISSIO  IN  POSSESSIONEM.  1  Val.  Max.  VII,  7,  3  cl  t,  1C’  ’  parCelsus 
i -23.  -  2  Ulp.  I  Jîeg.,  Dig.  II,  1,  I.  —  3  Celte  reslriclion  a  e  P  ^ accordor 
(ap.  Ulp.  59  ad  Ed„  Dig.  XI  II,  4,  7  19).  ^guHèremeuUe  préte^  ^  ^  ^  ^  , 
une  missio  in  bona.  —  Gains,  111,  78.  —  M.  i  ’  P 
XMI.5,31  pr.,  §  3. 


MIS 


—  1939  — 


MIS 


P1 


eve 


partie 


3»  Contre  le  débiteur  mort  sans  laisser  d’héritier1.  Un 
in  préteur,  qui  existait  au  temps  de  Cicéron,  permet 
créanciers  de  se  faire  envoyer  en  possession  des 
" X  ,1,1  défunt  et  de  les  faire  vendre  pour  obtenir  le 

1,1(1  llb  11^* 

jciiK'nt  total  ou  partiel  de  ce  qui  leur  est  dû.  Cet  édit  a 
à  l'usucapion  à  titre  d’héritier  [usucapio]  une 
,  je  sa  raison  d’être  :  anciennement,  il  avait  paru 
(Vcssaire  que  le  défunt  eût  un  héritier  pour  permettre 
créanciers  de  faire  valoir  leurs  droits 2.  C’était 
l’époque  où  les  obligations  portaient  sur  la  personne 
plutôt  que  sur  les  biens  du  débiteur3. 

10  Contre  le  débiteur  qui,  cité  en  justice,  a  donné  un 
cindex  et  ne  comparait  pas  au  jour  fixé  par  le  magis- 
Inl  Lorsque  le  préteur,  saisi  d’une  demande  en  justice, 
Cn  renvoie  l’examen  à  une  audience  ultérieure,  il  a  soin 
de  faire  promettre  au  défendeur  de  se  tenir  à  sa  dispo¬ 
sition  à  une  date  déterminée  [vadimonium].  Cette  promesse 
doit  être  garantie  par  un  vindex  ou  par  des  cautions 
( fidejussio  certo  die  sisti) l.  A  défaut  de  comparution,  le 
préteur  rend  un  décret  pour  inviter  le  vindex  à  exhiber 
le  défendeur  ou  à  soutenir  le  procès  à  sa  place.  Si  cet 
ordre  n’est  pas  obéi,  le  préteur  envoie  le  demandeur  en 
possession  des  biens  du  défendeur  ü. 

5°  Contre  la  personne  que  l’on  veut  poursuivre  en  jus¬ 
tice,  mais  qui  est  absente  de  Romeetn’est  pas  défendue  6. 
Les  jugements  par  défaut  n’étant  pas  admis  sous  la  Répu¬ 
blique  ni  sous  le  haut  Empire  7,  le  procès  ne  peut  s’en¬ 
gager  lorsque  le  défendeur  est  absent  et  que  personne  ne 
se  présente  en  son  nom  [in  jus  vocatio].  11  a  paru  au  pré¬ 
teur  que  les  intérêts  du  demandeur  ne  pouvaient  rester  en 
souffrance  et  qu’il  y  avaiL  lieu  de  lui  accorder  à  titre  conser¬ 
vatoire  la  possession  des  biens  du  défendeur.  Exception 
est  faite  pour  le  cas  où  le  défendeur  est  un  pupille  ou  un 
citoyen  absent  pour  le  service  de  l’État8  [absens,  p.  11]. 
Mais  le  droit  commun  est  appliqué  au  captif3. 

6°  Contre  le  défendeur  qui  se  cache  frauduleusement10. 
L’envoi  en  possession  a  ici  pour  but  principal  d’exercer 
une  pression  sur  le  défendeur  qui  essaie  de  se  soustraire 
au  procès  en  se  cachant.  La  citation  en  justice  est,  vis-à- 
vis  de  lui,  impossible,  et  dès  lors,  le  procès  ne  peut  s’en¬ 
gager  :  on  espère  vaincre  sa  résistance  en  envoyant  le 
demandeur  en  possession  de  ses  biens.  Cette  missio  in 
bona  sera,  s’il  y  a  lieu,  suivie  de  la  vente  en  masse  des 
biens  du  défendeur  11 . 


Contre  le  pupille  qui  a  contracté  une  obligation  et 
«est  pas  défendu.  Le  mot  contrat  est  pris  ici  dans  un 
sens  large  :  il  s’applique  au  pupille  qui  a  accepté  une 
hérédité12  ou  qui  s’est  immiscé  dans  une  hérédité  ;  c’est 
comme  s’il  s’était  obligé  envers  les  créanciers  de  la  succes¬ 
ion  et  les  légataires  13.  L’édit  s’applique  également  aux 
contrats  conclus  par  le  tuteur  du  pupille  ou  par  son 
esclave  chargé  de  l’administration  d’un  pécule u.  Mais  le 
prêteur  ne  doit  accorder  l’envoi  en  possession  que  si  per¬ 
sonne  ne  se  présente  pour  défendre  au  procès,  au  nom  du 
pupille.  11  est  même  de  son  devoir  d’inviter  les  parents  ou 
chics, les  amis  ou  les  affranchis  du  pupille  à  prendre  en 


mains  sa  défense.  En  cas  de  refus  ou  d’abstention, 
il  enverra  les  créanciers  en  possession  jusqu’à  ce  que  le 
pupille  devienne  pubère15  ou  trouve  un  défenseur10. 

8°  Contre  le  défendeur  condamné  qui  n'a  pas  exécuté 
le  jugement  dans  le  délai  de  trente  jours  qui  lui  est 
imparti  par  la  loi  et  par  l’édit  [judicatum,  p.  643 j1 7 . 
L’envoi  en  possession  est  ici  le  préliminaire  de  la  vente 
des  biens  du  judicalns 18  [bonorum  emptio].  On  assimile 
au  judicatus  le  débiteur  d’une  somme  d’argent  déter¬ 
minée  qui  a  reconnu  sa  dette  en  présence  du  magis¬ 
trat  [in  jure  confessio,  p.  744].  L’aveu  judiciaire  équi¬ 
vaut  au  jugement 19.  On  traite  comme  un  in  jure  confes - 
sus  le  débiteur  d’une  somme  d’argent  déterminée  qui  ne 
défend  pas  au  procès  comme  il  le  doit  («fi  oportet )  c’est- 
à-dire  qui  ne  se  conforme  pasaux  prescriptions  du  magis¬ 
trat, par  exemple, pour  les  sponsiones,  cautions,  etc.  L’envoi 
en  possession  est  pareillement  admis,  mais  seulement 
comme  moyen  de  contrainte,  à  l'égard  du  débiteur  tenu 
d’uneaction  incerti ,  lorsqu’il  a  fait  un  aveu  judiciaire  ou 
n’a  pas  défendu  au  procès  comme  il  le  doit21  [actio,  p.  34]. 

9°  Contre  le  débiteur  qui  a  subi  une  capitis  demi¬ 
nutio.  La  clause  de  l’édit  qui  promet  l’envoi  en  posses¬ 
sion  en  cas  de  capitis  déminât io  maxima  ou  media , 
existait  au  temps  de  Cicéron32.  La  capitis  deminutio 
entraînant  une  sorte  de  mort  civile,  le  préteur  applique 
ici  une  règle  analogue  à  celle  qu’il  a  édictée  pour  le  cas 
où  le  débiteur  est  décédé  sans  héritier.  Si  le  débiteur  a 
subi  une  capitis  deminutio  minium  à  la  suite  d’une  adro- 
gation  ou  d’un  mariage  cum  manu,  le  préteur  restitue  aux 
créanciers,  à  titre  d’actions  utiles,  les  actions  que  la 
capitis  deminutio  leur  a  fait  perdre.  Ces  actions  sont  don¬ 
nées  contre  l’adrogeant  ou  le  mari  ;  s’ils  refusent  d’y 
défendre,  une  clause  spéciale  de  l’édit  promet  l’envoi 
en  possession  des  biens  de  l'adrogé  ou  de  la  femme 
mariée  pour  les  dettes  contractées  avant  l’adrogation  ou 
la  conventio  in  manum 23. 

b.  Envoi  en  possession  accordé  aux  légataires.  — 
1°  Le  légataire  à  terme  ou  conditionnel  est  autorisé  par 
l’édit  à  exiger  de  l’héritier  une  caution  pour  garantir  le 
paiement  du  legs  [legatum,  p.  1043].  En  cas  de  refus, 
le  préteur  envoie  le  légataire  en  possession  des  biens 
héréditaires  ou  de  la  part  du  grevé24.  La  jurisprudence 
a  étendu  cette  clause  de  l’édit  au  cas  où  le  legs  est  mis  à 
la  charge  d'un  autre  que  l’héritier  25. 

2°  D’après  un  rescrit  d’Antonin  Caracalla,  tout  léga¬ 
taire  dont  la  créance  est  exigible  peut,  à  défaut  de  paie¬ 
ment,  demander  l’envoi  en  possession  des  biens  person¬ 
nels  du  grevé  20  :  c’est  la  missio  Antoniniana. 

c.  Envoi  en  possession  accordé  aux  veuves.  —  Depuis 
le  règne  de  Vespasien27,  les  veuves  peuvent  se  faire 
envoyer  en  possession  des  biens  de  leurs  maris  pour  sau¬ 
vegarder  leur  droit  à  la  restitution  de  la  dot28.  C'est  l’un 
des  moyens  imaginés  par  la  jurisprudence  pour  garantir 
l'exécution  de  l’obligation  qui  incombe  au  mari  ou  à  ses 
héritiers  de  restituer  la  dot  après  la  dissolution  du  ma¬ 
riage  [dos,  p.  390]. 


]’'■  7,  0  Quinct.  10,  00.  —  2  Gaius,  II,  55.  —  3  Cf.  Édouard  Cuq,  Instit. 
'  des  Rom ■  L  h  P-  331.  —  4  Gains,  IV,  184..—  5  Ulp.  5  ad  Ed.,  Dig.  XLII, 
’  ~  6  Cjc-  Pro  Quinet.  19,  60.  — i  Voir  pour  l’innovalion  introduite 

(ic  J  Edouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  II,  p.  87G,  n.  7.  —  8  Loi  municipale 

_  ,'0l  iSar’  ’•  116  ;  Paul-  57  ad  Ed.  Dig.  XLII,  4,  6,  1.  —  9  Paul.  Eod.  Ht.  6,  2. 
Un  Z'"'  Pl'°  <j‘ünct ■  ,9>  °°-  —  11  Gaius>  nl>  78  î  IV-  33-  —  12  Juüan.  ap. 
L’o,i  Xl  lL  h  3  pr.  —  13  Ulp.  50  ad  Ed.  Dig.  XLII,  4,  3,  3;  Paul.  58  ad  Ed. 
11  Plp.  Eod.  Ut.  3,  §  I  et  2.  —  15  Ibid.  5  pr.,  g  1-2.  —  m  Sur  le  sens  de 


l’expression  recta  defendi ,  voir  Ulp.  Eod.  lit.  5,  §  3.  —  n  Cf.  Édouard  Cuq,  Ins¬ 
titutions,  t.  II,  p.  705,  n.  4.  —  18  Gaius,  III,  78.  —  19  Loi  Ilubria,  c.  21  ;  Paul. 
50  ad  Ed.  Dig.  XLII,  2,  1  ;  Ulp.  5  De  omn.  trib.,  eod.  lit.  G  pr.  —  20  Loi  Ilubria, 
c.  21.  —  21  Ibid.  c.  22  ;  Ulp.  L.  c.  G,  §  l.  —  22  Cic.  Pro  Quinct.  19,  00.  —  23  Gaius, 
III,  84.  —  2v  Ulp.  52  ad  Ed.  Dig.  XXXVI,  4,  5  pr.,  g  1-30;  Cod.  Just.  VI,  54. 
—  23  Ulp.  Eod.  lit.  5,  g  28-29.  —  20  Anton,  ap.  Ulp.  Eod.  lit.  5,  g  IG.  —  27  Pegas. 
ap.  Ulp.  10  ad  Ed.  Dig.  VI,  1,9.  —  28  Marcell.  lib.  sing.  Itesp.  Dig.  XLVI, 
3  18. 


MIS 


—  1940  — 


MIS 


d.  Envoi  en  possession  accordé  à  certaines  personnes 
appelées  à  une  hérédité.  —  1°  D’après  l’édit  Carbonien, 
l’impubère  sui  juris  dont  la  filiation  est  contestée  peut, 
après  enquête',  obtenir  sur  la  demande  de  son  tuteur 
l'envoi  en  possession  provisoire  des  biens  de  son  père 
décédé  *.  Si  l’intérêt  de  l’enfant  le  commande  2,  le 
procès  sera  différé  jusqu'à  ce  qu’il  ait  atteint  l’àge  de  la 
puberté.  Mais  pour  sauvegarder  les  droits  éventuels  de 
la  partie  adverse,  le  préteur  exige  qu’on  lui  fournisse 
une  satisdation,  sinon  on  l’enverra  en  possession  des 
biens  du  défunt,  concurremment  avec  le  pupille  3.  Il  n’y 
a  pas  à  distinguer, pour  l’application  de  l’édit  Carbonien, 
si  le  père  de  l’impubère  a  fait  ou  non  un  testament  4. 

2°  D’après  un  édit  d’Hadrien,  l’héritier,  qui  produit 
un  testament  régulier  en  la  forme,  peut  être  autorisé  à 
prendre  immédiatement  possession  des  choses  corporelles 
héréditaires,  pourvu  qu'il  fasse  sa  demande  dans  l’année 
de  l’ouverture  du  testament  6.  Cette  faveur  accordée  à 
l’héritier  institué  a  été  introduite  dans  l’intérêt  du  fisc  : 
elle  est  surtout  appréciable  lorsque  le  droit  de  l’héritier 
institué  est  contesté0.  On  a  voulu  faciliter  le  recouvre¬ 
ment  de  l’impôt  du  vingtième  sur  les  successions  [lex 
julia,  de  vicesima  hereditatium ,  p.  1150,  n.  2]  :  le  fisc, 
grâce  à  cet  édit,  ne  souffrira  pas  du  retard  apporté  par 
la  justice  à  la  solution  du  litige.  L’application  de  l’édit 
souleva  des  difficultés  en  raison  du  délai  très  bref  accordé 
à  l’héritier  pour  former  sa  demande.  Justinien  a  sup¬ 
primé  cette  restriction  et  permis  à  l’héritier  de  réclamer 
la  possession  des  biens  qui  appartenaient  au  testateur  à 
son  décès,  pourvu  qu’ils  n’aient  pas  été  légitimement 
acquis  par  un  tiers  ou  qu’on  ne  puisse  lui  opposer  la 
prescription  extinctive  de  trente  ans1. 

3°  En  vertu  d’un  rescrit  d’Antonin  le  Pieux,  le  de¬ 
mandeur  en  pétition  d’hérédité  peut  se  faire  envoyer  en 
possession  des  biens  héréditaires  lorsque  le  défendeur 
ne  se  tient  pas  à  sa  disposition  pour  que  le  procès  suive 
son  cours  8. 

4°  L’envoi  en  possession  est  accordé,  d’après  l’édit  du 
préteur  qui  existait  au  temps  de  Cicéron8,  non  plus  à 
l’héritier,  mais  à  une  personne  qui  se  présente  dans  son 
intérêt  :  tel  est  le  cas  de  la  mère  d’un  enfant  simplement 
concu  10.  La  missio  in  jjossessionem  offre  ici  une  double 
utilité  :  elle  sert  d’abord  à  sauvegarder  les  droits  éven¬ 
tuels  de  l’enfant  à  la  succession  paternelle  ;  elle  a  ensuite 
pour  but  d’assurer  à  la  mère  pendant  sa  grossesse  des 
moyens  d’existence".  Deux  conditions  sont  requises 
pour  obtenir  l’envoi  en  possession  ventris  nomine  : 
1°  que  l’enfant  n’ait  pas  été  exhérédé  ;  2°  qu’il  doive  avoir 
la  qualité  d’héritier  sien  au  cas  où  il  naîtrait  vivant12. 
La  jurisprudence  a  étendu  la  clause  de  l’édit  au  cas  d’un 
posthume  externe  institué  par  le  testateur  ;  mais  la  mère 
n’obtiendra  l’envoi  en  possession  que  si  elle  n’a  pas  de 
quoi  subvenir  à  ses  besoins  13.  Dans  tous  les  cas  il  est 
d'usage  de  confier  la  garde  des  biens  à  un  curateur  dont 
lamère  demande  la  nomination  aux  magistrats  du  peuple 
romain  ".  Ce  curateur  est  en  même  temps  chargé  de  four- 

l  Ulp.  41  ad  Ed.  Di  g.  XXXVII,  1 0,  1  pr.  —  2  Voir  un  rescrit  d’Hadrien,  ap. 
Ulp.  Eod.  tit.  3,  §  5.  —  3  Ulp.  Eod.  1,  §  t.  —  *  Ulp  Eod.  3  pr.  —  &  Paul.  Sent. 
111,  5, 18.  —  C  Sev.  Cod.  Just.  VI,  33,  1.  —  1  Ibid.  VI,  33,  3.  —  8  Ap.  Ulp.  59  ad 
Ed.  Dig.  XL1I,  4,  7,  19.  —  9  Cf.  la  décision  de  son  contemporain  Servius  Sulpicius 
dans  Ulp.  41  ad  Ed.  Dig.  XXXVII,  9,  1,  24.  —10  Ulp.  5  Disp.  Dig.  XL,  4,  13,  3. 

—  U  Ulp.  41  ad  Ed.  Dig.  XXXVII,  9,  1,  g  2,  10  et  15.  —  12  Gaius,  14  ad  Ed.  prov. 
Dig.  XXXVII,  9,  5  pr.  -  13  Ulp.  Eod.  tit.  6.  —  14  Ibid.  1,  §  17,  18,  22,  23. 

—  15  Ibid.  1 ,  §  19.  —  1°  Papin.  15  Quaest.  Dig.  XXXVIT,  3,  1  ;  Ulp.  13  ad  Sab.  Dig. 
XXXVIII,  17,  2,  g  1 1  et  13;  Cod.  Just.  V,  70,  7.  Les  Sabinicns  accordaient  la  bono- 


mr  à  la  mère  ce  qu’il  juge  nécessaire  pour  son  entrer  .  I 

5»  Les  jurisconsultes  de  l’école  Proculienne  oiTr  •' 
admettre  une  règle  analogue  à  la  précédente  en 
de  l’héritier  qui  est  en  état  de  démence  :  son  ,.ur  , 
est  autorisé  à  demander  l’envoi  en  possession  „  *  e.Ur 

de  la  succession  10. 

Quelques-unes  de  ces  applications  de  la  missio  ■■  I 
possessionem  ont  été  supprimées  par  Justinien  et  rem  J 
placées  par  une  sûreté  plus  énergique,  une  hypothèque! 
légale  [hypotueca,  p.  362,  n.  35;  p.  363,  n.  3]  n  1  ■ 

IL  Effets  de  la  «  missio  in  possessionem  ». _ .  ■  | 

en  possession,  dont  il  vient  d’être  parlé,  ne  confère  pas  I 
la  propriété,  ni  même  l’in  bonis  comme  cela  a  lien  en  I 
cas  de  bonorum  possessio  :  il  donne  seulement  la  facnllé 
de  détenir  les  biens  et  de  les  garder  temporairement'8 
Le  fidéicommissaire  à  titre  particulier  peut  user  de  cette 
faculté,  même  à  l’encontre  d’un  tiers  acquéreur  de  mau¬ 
vaise  foi  19.  Exceptionnellement,  l’envoyé  en  posses¬ 
sion  jouit  du  droit  de  percevoir  les  fruits,  à  charge  d’en 
imputer  la  valeur  sur  ce  qui  lui  est  dû  :  tel  est  le  cas 
du  légataire  dont  la  créance  est  exigible  s’il  n’est  pas 
payé  dans  les  six  mois 20  ;  tel  est  aussi  le  cas  de  la  veuve, 
tant  qu’elle  n’a  pas  obtenu  la  restitution  de  sa  dot21  ;  1 
du  demandeur  en  pétition  d’hérédité,  lorsque  le  posses¬ 
seur  de  l’hérédité  oppose  une  résistance  opiniâtre;  mais 
ici  l’attribution  des  fruits  au  demandeur  constitue  une 
sorte  de  pénalité  civile  pour  le  défendeur22. 

III.  Magistrats  compétents  pour  accorder  la  «missio in. 
possessionem  ».  —  Malgré  ses  effets  limités,  l’envoi  en  pos¬ 
session  n’en  est  pas  moins  une  grave  atteinte  portée  à  la 
propriété  d’autrui.  Aussi  le  droit  de  l’accorder  est-il 
réservé  aux  magistrats  investis  de  Y imperium  mixM 
tum  23 .  Il  n’appartient  pas  aux  magistrats  municipaux 
qui  ne  peuvent  l’exercer  que  par  voie  de  délégation-4! 
[jl'RISDICTIO,  p.  728]. 

IV.  Sanction  du  droit  résultant  de  la  «missio  in  pos¬ 
sessionem  ».  —  Le  droit  conféré  par  le  decret  du  magistrat  I 
est  sanctionné  par  une  action  in  factum.  Le  préteur 
défend  de  faire  violence  à  celui  qui  a  été  régulièrement 
envoyé  en  possession,  sous  peine  d’être  poursuivi  ej 
réparation  du  préjudice  causé26.  Peu  importe  que  loi* 
s’oppose  à  l’entrée  en  possession,  ou  qu’on  expulse  celui! 
qui  a  déjà  pris  possession  des  biens26.  H  n’est  pas  memej 
nécessaire  qu’on  ait  eu  recours  à  la  violence  '  ' 
suffit21.  Les  dommages-intérêts  se  calculent  en  enan  I 
compte  de  l’intérêt  que  pouvait  avoii  h  dt  man  ' 
être  en  possession28.  L’exercice  de  cette  action  onijl 
lieu,  au  profit  du  défendeur,  à  un  conlrarium  judiciw  , 
si  la  demande  formée  contre  lui  est  reconnue  mal  fondée, 
aura  le  droitd’exiger  du  plaideur  téméraire  uneindei 
égale  au  cinquième  de  la  somme  qu  on  ui  i  ec  a 

La  sanction  établie  par  l’édit  est  mapp  ma  >  e  1 

l’envoi  en  possession  a  porté  par  erreur  sur  u  , 

qui  n’appartenait  pas  au  débiteur  :  on  ne  saui 

1  opposition  de  celui  qui  se  dit  P-p"  U  Son 
qui  affirme  qu’elle  n’est  pas  au  debiteur  . 

rum  possessio  d’une  manière  définitive.  —  11  r’aul-  64  “f .  s ca evola,  9  R<'sl>- 
-  .8  Cic.  Pro  Quinet.  27,  84.  -  19  Paul.  Sent.  IV  h ^  „  Marcell. 

7  —  20  Anton,  ap.  Ulp.  52  ad  Ed.  Dig.  2  -  *  .  n  «n  —  23  LIlp* 


MIS 


MIS 


,  «o-ïilpment  inapplicable  dans  les  cas  ou  1  envoi  en 
est  <  .  ,  , 

^session  a  été  accordée  sans  cause,  si  par  exemple  le 

'îi'uit  du  missus  in  possessionem  est  inexistant  ou  sus- 
trpüble  d’être  paralysé  par  une  exception  *. 

I  action  créée  par  le  préteur  est  une  action  pénale  ; 
Ue  egt  transmissible  activement,  mais  non  passive¬ 
ment-  elle  ne  se  donne  contre  les  héritiers  du  délinquant 
(  i:e  dans  la  mesure  de  leur  enrichissement  2.  L’action 
(luit  être  exercée  dans  le  délai  d’un  an  ;  par  exception, 
celle  qui  est  donnée  au  légataire  est  perpétuelle  3. 
Certains  envoyés  en  possession  sont  également  pro- 
par  un  interdit  :  tels  sont  les  légataires  \  les  fidéi¬ 
commissaires 6,  ia  mère  envoyée  en  possession  ventris 

nomine  6.  Plus  favorisés  encore  sont  les  fidéicommis¬ 
saires  [fidei  commissum],  qui  peuvent  être  protégés  par  la 
force  publique  7.  Edouard  Cuq. 

jlISSORIUM.  —  Ce  mot,  employé  parfois  en  archéologie 
pour  désigner  un  plat  creux,  en  argent  ou  autre  matière 
précieuse1,  appartient  à  la  langue  de  la  basse  latinité2  et 
ne  se  trouve  pas  dans  les  auteurs  de  bonne  époque  :  il 
n’a  aucun  droit  à  prendre  la  place  de  catinum,  discus  ou 
canx  qui  sont  les  vrais  termes  par  lesquels  les  Latins 
désignaient  ce  genre  de  vaisselle  [voy.  aussi  mazonomon, 
pin ax] •  Peut-être  lui-même  est-il  une  corruption  de 
jiensorium3,  qui  a  eu  le  même  sens.  E.  P. 

MISTHODOTÈS.  —  Mot  qui  signifie  payeur1.  Polybe2 
appelle  ai  nsi  le  fonctionnaire, sorte  de  questeur, qui  accom¬ 
pagnait  à  l’armée  romaine  les  contingents  des  alliés  ita¬ 
liens,  des  socii,  et  qui  leur  payait  leur  solde.  Ch.  Lêcrivain. 

MISTIIÔSÉÔS  DIKÊ.  —  11  semble  que,  comme  l’in¬ 
dique  son  nom,  la  otxTj  g'.^oSaeco;  ou  pu<70oü  ait  dù  être  une 
action  instituée  au  profit  du  bailleur  pour  lui  permettre 
de  poursuivre  d’une  manière  générale  l’exécution  de 
toutes  les  obligations  imposées  au  preneur  par  le  contrat 
de  louage.  Cette  action  aurait  ainsi  joué,  dans  le  droit 
altique,  le  même  rôle  que  Yactio  locati  dans  le  droit 
romain1.  Mais  cette  opinion  ne  repose  sur  aucune  preuve 
et,  à  notre  avis,  il  n’y  avait  en  matière  de  louage  que  des 
actions  spéciales  à  certaines  obligations  du  preneur, 
abstraction  faite  d’ailleurs  des  actions  que  nous  avons 
signalées  [locatio],  mais  dont  l’application  est  possible 
dans  tous  les  contrats  en  général2.  Que  si  l’on  admet  une 
action  générale  nommée  uutOo'ig-eoj;  SiVq  en  matière  de 
locatio  rei,  on  doit  décider  égalementque,  dans  la  locatio 
operis,  c’est  par  une  action  gtsOuKrew;  que  doivent  se 
régler  les  contestations  survenues,  dans  le  contrat  d’en¬ 
treprise,  entre  le  maître  et  l’entrepreneur3. 

En  tout  cas,  en  matière  de  louage  de  services,  locatio 
operarum ,  contrat  qui,  dans  le  droit  attique,  avait  le 


1941  — 

caractère  d’un  véritable  louage,  alors  même  que  celui  qui 
promettait  ses  services  exerçait  une  profession  libérale, 
les  salaires  des  professeurs  spécialement,  salaires  qui 
étaient  quelquefois  considérables,  pouvaient  être  récla¬ 
més  par  une  action  puuôoti  ou  pLtaâoiffewç.  Ainsi  Diogène 
Laërce*  nous  dit  que  Protagoras  fut  obligé  de  plaider 
contre  un  de  ses  disciples  qui  lui  refusait  son  salaire  (tov 
gi<T0dv),  et  l’historien  nous  a  résumé,  d’après  le  plaidoyer 
de  Protagoras  (Si'xyj  iuràp  pcSoCS)  qui  existait  encore  à  son 
époque,  les  arguments  invoqués  par  le  sophiste  contre 
son  adversaire6. 

En  cas  de  location  générale  des  biens  du  mineur,  c’est- 
à-dire  de  p-iffOwa:;  otxou,  le  pupille  pourrait,  d’après  cer¬ 
tains  auteurs  6,  agir  contre  le  locataire  après  sa  majorité 
par  la  [A!(ï0id<tswç  oîxv).  Mais  nous  croyons  plutôt  que 
l’inexécution  par  le  locataire  des  obligations  qu’entraîne 
à  sa  charge  le  contrat  de  bail,  est  assurée  par  les  actions 
ordinaires  naissant  de  ce  contrat,  notamment  par  l’evoi- 
xigd  St'xTf| 7.  L.  Beauchet. 

MISTIIOSIS  OIKOU.  —  Le  tuteur,  au  lieu  d’admi¬ 
nistrer  directement  le  patrimoine  du  mineur,  suivant  les 
règles  exposées  ailleurs  [epitroposJ,  peut  le  louer  en  bloc. 
Cette  location  en  bloc  du  patrimoine  pupillaire,  c’est  ce 
que  l’on  nomme,  dans  le  droit  attique,  la  jJu'ffOfüct;  otxou  ; 
on  dit  du  tuteur  qui  procède  à  cette  location  u;<70o3v  tôv 
oïxov,  du  locataire  p-ia^GOo-Oau  tôv  olxov  et  de  l’otxoç  lui- 
même  ég's 9ü>0Tq.  L’olx&ç  du  pupille  que  le  tuteur  loue 
ainsi,  c’est  le  patrimoine  tout  entier  du  mineur,  et  non 
pas  seulement,  comme  on  pourrait  le  croire,  les  maisons 
que  l’on  désigne  alors  plus  spécialement  parle  mot  ocxîa. 
L’olxo;  peut  même  ne  comprendre  aucun  immeuble,  mais 
seulement  de  l’argent  comptant1. 

Le  tuteur  ne  peut  pas  procéder  de  sa  propre  autorité 
à  la  [At'aOüxnç  oî'xou;  la  loi  lui  prescrit,  dans  l’intérêt  du 
pupille,  l’observation  de  certaines  formalités.  D’une  ma¬ 
nière  générale,  la  location  des  biens  du  pupille  se  fait  pu¬ 
bliquement  et  sous  la  surveillance  de  l’archonte,  comme 
pour  la  location  des  biens  de  l’État  ou  des  domaines 
sacrés.  Toutefois,  tandis  que  pour  cette  dernière  on  grave 
ordinairement  sur  la  pierre  ou  sur  le  bronze  les  clauses 
du  contrat,  on  juge  inutile  de  donner  une  pareille  publicité 
aux  contrats  de  louage  concernant  les  biens  des  pupilles 2. 

Le  tuteur,  ne  pouvant  pas  traiter  de  gré  à  gré  avec  le 
fermier,  doit  s’adresser  à  l’archonte  et  lui  présenter  une 
requête  tendant  à  ce  que  ce  magistrat  fasse  procéder  à 
la  location  aux  enchères  publiques3.  Le  tuteur,  en  pré¬ 
sentant  ainsi  sa  requête  à  l’archonte,  doit  lui  remettre 
en  même  temps  un  état  détaillé  ou  inventaire  (àiroypaœVj) 
de  la  fortune  du  pupille4.  Cet  inventaire  est  d’ailleurs 


1  Wp-  Dig.  Md.  !,§  5.  _  2  Cf.  Édouard  Cuq,  Instit.  jurid.  t.  II,  p.  405,  n.  3.  —  3  Ulp. 
XLIIl,  4,  1,  8.  _  4  Ulp.  52  ad  Ed.  Dig.  XXXVI,  4,  5,  27.  L’interdit  était  un 
uitcrdit  utile  dans  le  cas  de  la  missio  Antoniniana.  lllp.  68  ad  Ed.  Dig.,  eod.  tit. 
'.  '  1  ~~  6  Cet  interdit  avait  également  le  caractère  d'un  interdit  utile.  Ulp.  Eod. 
^  ’  6  Ulp.  68  ad  Ed.  Dig.  XXXVI,  4,  3,  2.  La  mère  peut  opter  entre  les 

(  ('e  procédure  :  l’action  in  factum  et  l’interdit.  Cet  interdit  est  à  la  fois 

1  1  " l'iloiro  et  reslilutoire  :  il  en  était  sans  doute  de  même  du  précédent.  —  7  Ulp. 

:i(i  Ul.  Dig.  XLUI,  4,  3  pr.  ;  cf.  Édouard  Cuq,  Op.  cil.  t.  II,  p.  725,  n.  3.  — Bibj.io- 
Iiachofen,  Das  rômische  Pfandrecht,  1847,  p.  281  ;  Dernburg,  bas  Pfand- 
:t  "nch  dm  Grundsützen  des  heutigen  rômischen  Rcchts,  1860-1864,  t.  Ier,  p.  400; 
^  ‘'édit.  t.  I",  §  270;  Keller,  Der  rômische  Civilprozess,  traduction 

'  1  P-  356;  Hcllimaim  Hollweg,  Dcr  Civilprozess  des  gemcinen  Rcchts 

To^klC^tlicher  Entw'clcelu.ng,  1864,  t.  II,  §  114  et  159;  Mayuz,  Cours  de  droit 
jjgj  *  éd.  1876,  t.  Itr,  p.  592  ;  Morilz  Voigt,  Rômische  Rcchtsgeschichte,  t.  I,r, 
p  7-ij*1  iJ’  Edouard  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  des  Romains,  1902,  t.  Il, 


183  1  Voir  Gaz.  arcli.  1886,  pi.  xxi,  p.  180  (Piol)  ;  cf.  Ibid.  1879,  p.  53  ; 

!'•  (de  Longpéricr).  —  2  Du  Cange,  Gloss,  med.  et  inf.  lat.  s.  v.  On 

VI. 


écrit  aussi  Alissurium.  On  le  trouve  traduit  en  grec  par  le  mot  niv»^plov  dans 

le  titre  donné  à  une  épigramme  de  l’ Anthol.  Pal.  IX,  816,  éd.  Didot.  3  On 

dit  aussi  Messorium ;  Isid.  20,  4  :  «  Messorium  vocatur  a  mensa...  quasi  men- 
sorium  » . 

MISTHODOTÈS.  1  Tlieocr.  14,  59  ;  Xen.  Anab.  1,  3,  9.  —  2  6,  21,  5. 
MISTIIÔSÉÔS  DIKÈ.  l  Voir  en  ce  sens,  Meier  et  Schômann,  Atlische  Process, 
1”  éd.  p.  533.  —  2  Voir  Beauchet,  Le  droit  privé  de  la  Républ.  athén.  t.  IV,  p.  194. 

—  3  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  Attische  Process,  p.  731.  —  4  IX,  §§  55-56 

—  6  Cf.  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  732  ;  Caillemer,  Le  contrat  de  louage,  p.  33  sq.  ; 
Beauchet,  t.  IV,  p.  224.  —  6  Meier  et  Schômann,  L.  c.  p.  532;  Caillemer,  L.  c.  p.  20. 

—  7  Lipsius  sur  Meier  et  Schômann,  p.  717,  n.  710;  Schulthcss,  Vormundsclwft 
nach  attischem  Recht,  p.  195;  Beauchet,  II,  p.  257. 

MISTIIOSIS  OIKOU.  1  Isae.  De  Alen.  her.  §§  9,  24,  28.  _ 2  Jb.  §§  9,  24  «8 

Cf.  sur  la  terminologie  en  cette  matière  ;  Van  den  Es,  De  jure  famUiarum  ’apud 
Athenienses,  p.  175  et  179;  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  Der  attische  Process 
p.  303;  Scliulthess,  Vormundschaft  nach  attischem  Recht,  p.  139;  Hermann- 
Thalheim,  Rechtsalterth.  p.  91,  n.  4.  —  3  Isae.  De  Phil.  her.  §§  36  sq.  —  4  1,1. 
De  Bagn.  her.  §  34. 


244 


MIS 


MIS 


—  1912 


quelquefois  assez  incomplet  et  l’on  y  dissimule  certains 
biens  en  vue  de  frauder  le  fisc,  notamment  pour  payer 
des  eiffcpopat  moins  fortes1. 

L’archonte,  saisi  de  la  demande  d'amodiation,  lui  fait 
donner  une  certaine  publicité,  c’est-à-dire  fait  proclamer 
par  un  héraut,  en  présence  des  héliastes,  que  l'on  va 
louer  les  biens  d’un  mineur.  11  procède  ensuite  à  l’adju¬ 
dication  en  présence  des  héliastes,  qui  interviennent  ici 
non  seulement  comme  témoins,  mais  encore  pour  con¬ 
trôler  l’opération  et  pour  statuer  immédiatement  sur  les 
incidents  qui  pourraient  s’élever  à  cette  occasion  2.  Bien 
que  l’adjudication  soit  le  fait  de  l’archonte  lui-même  et 
non  celui  du  tribunal,  l  intervention  de  ce  dernier  cons¬ 
titue  une  formalité  essentielle  à  la  validité  de  l’adjudi¬ 
cation.  Elle  peut,  du  reste,  présenter  une  grande  utilité 
et  empêcher  des  illégalités  de  se  commettre3. 

L’adjudication  peut  avoir  lieu  non  seulement,  comme 
on  l’a  prétendu  *,  au  commencement  de  l’année,  dans  le 
mois  d’Hécatonbéon,  mais  à  toute  époque  de  l’année  s\ 
Les  textes  allégués  en  sens  contraire  6  ne  sont  nullement 
décisifs.  Nous  possédons  très  peu  de  renseignements  sur 
la  manière  dont  s’opère  l’adjudication.  Elle  se  fait  vrai¬ 
semblablement  au  plus  offrant,  et  pour  cela  on  tient 
compte  non  seulement  du  prix,  mais  encore  des  garan¬ 
ties  que  présente  l’adjudicataire,  par  exemple  de  la  soli¬ 
dité  du  gage  qu’il  affecte  en  paiement  des  fermages  ‘. 

Plusieurs  personnes  peuvent  se  rendre  conjointement 
locataires  des  biens  d’un  pupille  8.  Il  est  difficile  d'ail¬ 
leurs  de  savoir  comment  l'on  procédait  en  cas  de  plura¬ 
lité  de  locataires,  et  de  décider  si  on  louait  en  bloc  tout 
le  patrimoine  à  un  seul  individu,  sauf  à  celui-ci  à  par¬ 
tager  avec  d'autres  le  bénéfice  de  son  contrat,  ou  si,  au 
contraire,  on  procédait  à  plusieurs  adjudications  par¬ 
tielles  et  distinctes  9.  Lorsque  les  biens  du  pupille  sont 
ainsi  adjugés  à  plusieurs  personnes,  il  n’y  a  point  de 
solidarité  entre  les  divers  locataires10. 

Le  tuteur  qui  a  provoqué  l’adjudication  peut  lui-même 
se  rendre  locataire  11 .  On  ne  voit  pas  d’ailleurs  pourquoi 
le  tuteur  serait  incapable  de  se  porter  adjudicataire  ; 
l'intérêt  du  pupille  est  doublement  sauvegardé,  d’une 
part,  au  moyen  des  hypothèques  ou  autres  sûretés  que 
le  tuteur,  de  même  que  tout  autre  locataire,  doit  fournir  ; 
d’autre  part,  grâce  à  l’intervention  de  l’archonte  et  du 
tribunal12.  Au  surplus,  si  le  tuteur  peut  se  mettre  sur 
les  rangs,  il  n’a  aucun  privilège  sur  ses  concurrents. 

Il  est  moins  facile  de  saisir  l’intérêt  que  le  tuteur  pou¬ 
vait  avoir  à  transformer  ainsi  sa  qualité  de  tuteur  en 
celle  de  locataire.  En  effet,  le  locataire  était  tenu  de 
fournir  des  sûretés  que  l’on  n’exigeaiL  pas  du  tuteur. 
D’autre  part,  le  tuteur  ne  devait  compte  que  des  fruits 
ou  revenus  par  lui  perçus,  tandis  que  le  locataire  était 
tenu  de  payer  dans  tous  les  cas  une  redevance  fixe  et 
périodique.  Cependant  ce  n’est  pas  une  raison  de  croire 
que,  comme  on  l’a  enseigné13,  le  tuteur  ne  se  rendait 
adjudicataire  que  dans  un  but  frauduleux,  pour  louer  à 

1  Van  den  Es,  p.  181  ;  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  382  ;  Hermann- 
Thalheim,  p.  16,  n.  1;  Schulthess,  p.  142;  Lécrivain,  p.  730;  Beauchet,  His¬ 
toire  du  droit  privé  de  la  Ite'p.  athénienne ,  t.  Il,  p.  140.  2  (sac.  De 

Phil.  her.  §37.-3  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  362  ;  Ilermann-Thalheim, 
p.  16,  n.  1;  Schulthess,  p.  144;  Lécrivain,  p.  730  ;  Beauchet,  t.  II,  p.  241. 
—  4  platner,  Process ,  t.  II,  p.  283.  —  5  Van  den  Es,  p.  183,  n.  1  ;  Caiilemer, 
Louage ,  p.  22;  Beauchet,  t.  II,  p.  242.  —  6  Aristoph.  Ecoles,  v.  753;  Isae. 
De  Phil.  her.  §  37.  —7  Schulthess,  p.  146,  n.  1;  Lécrivain,  p.  730  ;  Beauchet, 
t.  II,  p.  243.  —  8  Isae.  De  Phil.  her.  §36;  De  Men.  her.  §§  9,  27,  28  et  34. 
_  9  Cf.  Van  den  Es,  p.  183;  Caiilemer,  p.  23;  Hermann-Thalheim,  p-  16,  noie  1; 


vil  prix  et  affecter  à  son  profit  personnel  une  paru,, 
revenus  de  l’enfant.  Le  tuteur  pouvait  avoir  dès  '  *  °S  I 
légitimes  pour  se  porter  adjudicataire.  D’abord  en^r^  ’ 
si  le  père  du  pupille  avait  prescrit  par  son  tesla  !  ’ 
l’amodiation  des  biens  de  son  enfant  on  n»  "  d,ment  j 
pourquoi  on  aurait  privé  le  tuteur  du  droit  de  se  po,!le 
adjudicataire.  De  plus,  le  tuteur,  qui  n’était  point  rému* 
néré  dans  sa  gestion,  pouvait  se  porter  adjudicatairè 
pour  se  ménager  une  rémunération,  tout  en  ne  voulant  I 
pas  confier  à  un  étranger  l’administration.  Si,  èar 
exemple,  les  biens  du  mineur  rapportaient  en  fait 
8  p.  100,  le  tuteur,  en  se  portant  adjudicataire  à  7  p.  lôo 
pouvait  avoir  1  p.  100  de  bénéfice  comme  dédomma¬ 
gement  de  ses  peines11. 

Il  est  possible  de  n’affermer  qu’une  partie  de  la  fortune 
du  mineur.  En  certains  cas  la  location  partielle  est  plus 
avantageuse  pour  le  mineur  ou  même,  en  fait,  la  seule  pos¬ 
sible.  On  ne  voit  point  alors  pourquoi  on  l’écarteraitcomme 

illégale,  car  les  textes,  loin  de  s’y  opposer,  semblent 
plutôt  admettre  la  possibilité  d’une  location  partielle  13. 

La  location  des  biens  du  pupille  se  faisant  par  voie 
d’adjudication  aux  enchères,  il  en  résulte  nécessaire¬ 
ment  que  le  prix  de  location  n’est  pas  une  quotité  fixe, 
et  qu’il  peut  varier  suivant  les  cas  et  le  résultat  des 
enchères.  Nous  ne  voyons  nulle  part  dans  les  textes  d’ar¬ 
gument  décisif  d’où  l’on  puisse  conclure  que  la  giirOwoi; 
o’ôcoo  ait  été  réglée  d’une  manière  précise  par  la  loi  et 
que  celle-ci  ait  été  jusqu’à  fixer  le  taux  d’après  lequel  la 
location  devait  avoir  lieu.  L’existence  d’un  taux  légal 
pour  la  location  des  biens  du  pupille  rendrait  sans  objet 
toute  la  procédure  d’adjudication,  car  on  ne  peut  sou¬ 
tenir  sérieusement  que  cette  procédure  ait  été  imposée 
uniquement  pour  apprécier  la  valeur  respective  des 
garanties  fournies  par  les  locataires16.  On  ne  peut,  au 
surplus,  avoir  qu’une  idée  assez  approximative  du  taux 
ordinaire  de  la  location  des  biens  de  mineurs,  car,  d  une 
part,  il  est  assez  difficile  de  fixer  le  taux  habituel  de  la 
location  des  maisons  et  des  fonds  de  terre  et,  d  autre 


part,  l’intérêt  de  l’argent  variait  considérablement, 
depuis  10  pour  100  et  jusqu’à  36  et  même  48  pour  100. 
La  location  du  patrimoine  du  mineur,  qui  comprenait  à 
la  fois  ordinairement  des  immeubles  et  de  l’argent, 
devait  se  faire  sur  un  taux  moyen.  On  peut,  en  consé¬ 
quence,  considérer  le  chiffre  de  12  pour  100  comme  le 
taux  habituel  de  la  location  du  patrimoine  du  mineur 
envisagé  dans  son  ensemble.  Il  ne  parait  pas  adim.  i 
a  priori  que  les  biens  des  mineurs  se  soient  loués  ordi¬ 
nairement  à  un  taux  supérieur  à  celui  des  autres  ova¬ 
tions,  car  le  locataire  des  biens  d’un  nuneui  e  ai 
spécialement  de  fournir  des  garanties  hypothécaires 
autres  pour  le  paiement  de  ses  loyers.  Il  n  y  a  l’;l* 
de  croire,  d’autre  part,  que  l’intervention  de  archonte 
ait  suffi  pour  procurer  au  mineur  des  con  1  ‘  l7_ 

avantageuses  que  celles  faites  à  un  bai  eur  01  leg 
fi„oni  à  l’énnmip,  à  laauelle  devaient  être  P> .' 


"  ■  p  731  , 

Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  363;  Schulthess,  p.  J ll8’  ^  ftcr  §  36. 
Beauchet,  t.  II,  p.  243.  -  1°  Beauchet,  L.  c.  -  ^  ,  .  Vgn  deu  Es, 

_  12  Schômann  sur  Isée,  p.  341  ;  Hermann-Thalheim,  P-  >  ?3)  .  Beauchet, 

p.  18;  Caiilemer,  p.  24;  Schulthess,  p.  147,  n.  t  ;  ^cJ‘'Cai;ien.  -  <  r.  n.  î 4- 


.  13  Caiilemer,  L-  c •  P- 

v.  ..,  r. -  ,  _  )5  Isae  De  Dicaeog.  I 

-  H  SchuKhess,  p.  146,  n.  1  ;  Beauchel,  t.  Il,  p.  -4S-  .  Wain,  p.  731  !  B»"’ 

§  Il  ;  cf.  Beauchet,  t.  II,  p.  246.  -  «  Schulthess,  p.  1*9.  n  347  ;  Contra 
manu,  'jahrb.  f.  klass.  Philol.  1877,  p.  609  sq  I  Beauchet, _L  ,  P-  - 
Westermann,  Zeitsch.  f.  d.  Alterthumsw.  III,  ‘S*3’  P’ 
p.  152  sq.  ;  Beauchet,  t.  H,  P-  249. 


t.  Il,  p.  244;  Contra,  Platner,  Process,  t.  H,  P-  ^  _  De  Dicaeog.  hsr. 


17  Schulthc95’ 


MIS 


—  1943  — 


MIS 


loyers 


ou  fermages  des  biens  du  mineur,  il  est  assez 


diftïcile  de  s’en  faire  une  idée,  attendu  que  l’on  ne  peut 
(.,re  ge  fixer  sur  l’époque  du  paiement  des  loyers  en 
If1, lierai'  Une  assez  grande  latitude  devait  être  laissée 
f  la  convention  des  parties.  Le  prix  de  la  location  peut, 
,,,i  conséquence,  être  payable  à  des  intervalles  périodi- 
eg  chaque  année,  ou  tous  les  six  mois,  ou  même  à  des 
intervalles  plus  rapprochés,  mais  non  inférieurs  à  un 
0jg>  Une  autre  combinaison  peut  aussi  avoir  lieu, 
d’après  laquelle  le  locataire  ne  paie  tous  ses  loyers  qu’en 
une  seule  fois,  à  l’époque  où  son  bail  prend  fin  et  où  il 
restitue  au  mineur  devenu  majeur  le  capital  même  qu’il 
•i  affermé  Ce  dernier  mode  ne  peut  toutefois  qu’être 
exceptionnel,  car  il  est  naturel  que  les  loyers  soient 
remis,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  échéance,  entre  les 
mains  du  tuteur,  afin  que  celui-ci  puisse  subvenir  aux 
dépenses  nécessitées  par  l’éducation  du  pupille  2. 

Pendant  la  durée  de  son  bail,  le  locataire  se  trouve 
dans  une  situation  juridique  supérieure  à  celle  d’un 
simple  détenteur,  et  il  devient  en  quelque  sorte  le  repré¬ 
sentant  du  mineur,  aux  lieu  et  place  du  tuteur,  rela¬ 
tivement  aux  biens  qu’il  a  pris  en  location.  C’est  lui  qui, 
en  conséquence,  a  le  droit  d’exercer  les  actions  du  mi¬ 
neur  concernant  ces  biens  3.  L’exercice  de  ces  actions 
paraît  être  non  seulement  un  droit,  mais  encore  un 
devoir  pour  le  locataire,  de  même  que  c’en  serait  un  pour 
le  tuteur  à  qui  le  locataire  se  trouve  substitué  L 
En  ce  qui  concerne  les  impositions  qui  grèvent  la 
chose  louée,  une  clause  spéciale  du  contrat  devait 
ici,  comme  dans  les  autres  baux,  régler  les  obligations 
des  parties  à  cet  égard.  Il  est  probable  que,  dans  le 
silence  du  contrat,  les  impôts  devaient  être  payés  par 
le  mineur  bailleur  B. 

La  bonne  administration  et  la  restitution  des  biens  du 
pupille  par  le  locataire  sont  garanties  par  des  sûretés 
spéciales  que  celui-ci  doit  fournir.  Ces  sûretés  sont  ordi¬ 
nairement  des  sûretés  foncières,  des  hypothèques,  et 
celles-ci  sont  la  plus  solide  des  garanties.  Mais  ce  n’est 
point,  comme  on  l’a  prétendu  6,  la  seule  garantie  que  le 
locataire  puisse  fournir  au  mineur,  et  nous  croyons  que, 
comme  cela  a  lieu  pour  toutes  les  locations  consenties 
par  l’État  ou  par  les  temples  7,  le  locataire  peut,  à  défaut 
(1  immeubles  sur  lesquels  il  puisse  constituer  hypothèque, 
offrir  des  cautions,  à  condition  que  l’archonte  estime 
cette  garantie  suffisante  8.  La  sûreté  foncière  fournie  par 
le  locataire  se  nomme  à7toTip.7]p.ot.  Des  experts,  nommés 
MtoTipiTcff,  sont,  en  conséquence,  désignés  par  l’archonte 
afin  de  procéder  à  la  visite  et  à  l’estimation  des  fonds 
(lue  le  locataire  propose  comme  garantie  et  de  déclarer  si, 

'1  après  leur  évaluation,  le  gage  offert  suffit  pour  protéger 
le  mineur  contre  l’éventualité  d’une  mauvaise  gestion9. 

L  «wm'pjna  consiste  en  un  immeuble10  [apotimèma]. 

Le  locataire  des  biens  du  mineur  peut,  au  lieu  de 
constituer  une  hypothèque  proprement  dite  sur  un  de 
Sl‘s  immeubles,  arriver  au  même  résultat  au  moyen  d’une 
oute  à  réméré,  7rpï(riç  lut  Xua-et.  Mais  c’est  là  un  procédé 
exceptionnel11,  que  le  mineur  n’a  pas  d’ailleurs  lieu  de 


critiquer,  car  il  lui  fournit  une  sécurité  encore  plus 
grande  que  l’hypothèque. 

Les  textes  ne  précisent  point  la  valeur  du  gage  hypo¬ 
thécaire  que  le  locataire  doit  fournir  au  pupille.  Nous 
croyons  toutefois  qu’il  n’est  pas  nécessaire  que  ce  gage 
soit  égal  à  la  valeur  en  capital  des  biens  loués,  et  qu  il 
garantit  seulement  le  paiement  des  loyers  et  fermages. 
Les  textes,  en  effet,  semblent  bien  restreindre  l’hypo¬ 
thèque  à  la  garantie  des  fermages12,  et  cela  paraît  aussi 
plus  équitable,  car  le  mineur  demeure  propriétaire  des 
corps  certains  affermés 13.  Ce  n’est  point  à  dire  cependant 
que  le  gage  hypothécaire  ne  doive  jamais  être  supérieur 
au  montant  des  fermages  éventuels.  Tout  dépend,  à  notre 
avis,  des  circonstances.  Si  la  location  comprend  des 
objets  mobiliers  ou  des  immeubles  susceptibles  d’être 
facilement  détériorés  par  le  locataire,  l’archonte,  souve¬ 
rain  appréciateur  des  faits,  peut  exiger  du  locataire  un 
à7toTip.Y||j.a  d’une  valeur  plus  considérable. 

Le  droit  attique,  malgré  la  faveur  dont  il  entoure  la 
créance  du  pupille  contre  le  locataire  <le  ses  biens,  n’a 
point  toutefois  dérogé  à  la  règle  générale  qui  soumet 
toutes  les  hypothèques  à  la  condition  de  la  publicité.  En 
conséquence,  des  opot,  c’est-à-dire  des  enseignes  ou 
bornes  doivent  être  placées  sur  les  biens  hypothéqués 
par  le  locataire,  afin  de  révéler  aux  tiers  l’existence  d’un 
droit  réel  au  profit  du  mineur.  L’établissement  de  ces 
opot,  simplement  facultatif  lors  des  constitutions  ordi¬ 
naires  d’hypothèques,  est  obligatoire  lors  de  la  puaôcocic; 
otxou14.  Plusieurs  de  ces  opot  nous  sont  parvenus13. 

Outre  la  garantie  résultant  de  l’hypothèque,  et  qui  se 
réalise  par  la  saisie  du  gage  fourni  par  le  locataire,  le 
pupille  est  encore  protégé  contre  celui-ci  par  des  actions 
personnelles.  On  a  enseigné  à  cet  égard  que  le  pupille 
pourrait  agir  contre  le  locataire  d’abord,  pendant  sa 
minorité,  par  la  xaxcoosw;  YPa?ù  eU  après  sa  majorité, 
par  la  p.t<70ul<Tewç  Six-rj16.  Mais,  abstraction  faite  des  cas  où 
elle  constituerait  une  véritable  xâxüxriç,  l’inexécution  par 
le  locataire  des  obligations  qu’entraîne  à  sa  charge  le 
contrat  de  bail  ne  nous  paraît  être  assurée  que  par  les 
actions  ordinaires  naissant  de  ce  contrat,  notamment 
par  l’êvotxi'ou  Six-/] 17  [enoikiou  dikè].  Ces  actions  nous 
semblent  pleinement  suffire  à  la  garantie  des  droits  du 
mineur  et,  pour  la  même  raison,  nous  rejetons  la  possi¬ 
bilité  d’une  oc'xY]  contre  le  fermier  négligent18. 

Lors  de  la  majorité  du  pupille,  le  locataire  est  tenu  de 
restituer  les  biens  qu’il  a  affermés  et  de  justifier  du 
paiement  des  fermages.  Cette  restitution  se  fait  direc¬ 
tement  au  mineur,  sans  que  le  tuteur  ait  à  intervenir, 
car  la  location  l’a  rendu  désormais  tout  à  fait  étranger 
à  ces  biens 19. 

On  pourrait  croire  que  la  location  ayant  eu  lieu  publi¬ 
quement  devant  l’archonte,  la  présence  de  ce  magistrat 
est  également  nécessaire  pour  la  remise  des  biens  affer¬ 
més.  Rien  cependant  n’autorise  une  semblable  conclu¬ 
sion  20.  Tout  au  plus  pourrait-on  admettre  que  la  resti¬ 
tution  devait  avoir  lieu  publiquement  à  l’agora21.  Sans 
doute  il  était  prudent,  pour  le  locataire  comme  pour  le 


—  3  |Cni  ^  Aphob.  I,  §  59.  —  2  Schullhess,  p.  156;  Beaucliet,  t.  II,  p.  250. 
I  ||  sa'  '  &agn.  her.  §  34.  —  4  Meier,  Schumann  et  Lipsius,  p.  363;  Beaucliet, 
p  |!  j’'  2",1‘  B  Schullhess,  p.  167  ;  Beaucliet,  t.  II,  p.  251.  — 6  Schullhess, 
l  |  "  '  Lécrivain,  p.  731.  —  7  Cf.  Dareste,  Haussoullier  et  Reinach,  lnscr.  jurid. 
Athr'  '  ,SfI'  ~  8  Caillcmer,  Louage ,  p.  25;  Beauchet,  t.  II,  p.  252.  —  9  Aristot. 

C  ^  ’  ^a,'P0Cral-  s-  ».  ’AuoTifnitat.  —  *0  Isae.  De  Men.  her.  §  28  ;  De 
§  3o.  —  il  Sç^cuoX.  1883,  p.  147.  —  *2  Harpocr.  L.  c,  ;  Isae.  De 


Dicaeog.  her.  §11;  Dem.  C.  Spud.  §5.-13  Beauchet,  t.  II,  p.  254;  Contra, 
Schullhess,  p.  166.  —  14  Meier,  Schomauu  et  Lipsius,  p.  693;  Schullhess,  p.  1G1. 
—  15  Corp.  inscr.  att.  II,  n«»  1106,  1107,  1114,  1135,  1153  ;  Dareste,  Haussoullier  et 
Reinach,  p.  128  sq.  —  10  Meier  et  Schumann,  Att.  Process,  1”  éd.  p.  532  ;  Caille- 
mer,  L.  c.  p.  26.  —  17  Lipsius  sur  Meier  et  Schumann,  p.  727,  n.  710;  Schullhess, 
p.  195,  n.  et  P-  213  ;  Beauchet,  t.  II,  p.  257.  —  18  Schullhess,  p.  239,  n.  1.  —  19  Isae! 
De  Alen.  her.  §  29  .  20  Van  den  Es,  p.  190,  —  21  Platner,  Process ,  t.  II,  p.  283. 


—  1944  — 


MIT 


MIT 

tuteur,  de  ne  restituer  qu’en  présence  de  témoins  les 
sommes  dont  ils  étaient  débiteurs.  Mais  nous  ne  croyons 
pas  que  le  fermier  fût  obligé,  pour  être  valablement  dé¬ 
chargé,  de  le  faire  dans  l’agora  ou  dans  un  autre  lieu 
public  *.  L.  Beauchet. 

MITHRA.  —  Origine  et  histoire  de  son  culte.  — 
Mithra  est  une  divinité  aryaque,  dont  le  culte  remonte 
;\  l’époque  où  les  ancêtres  des  Perses  et  des  Hindous 
étaient  encore  réunis,  car  il  est  nommé  à  la  fois  dans  les 
Védas  et  l’Avesta1.  Suivant  une  hypothèse  récente,  son 
origine  première  devrait  être  cherchée  en  Babylonie  2, 
mais  s’il  a  été  emprunté  par  les  Iraniens  à  leurs  voisins 
sémites,  cette  adoption  se  place  à  l’époque  préhistorique, 
et  il  est  certain  que  les  Perses  ont  adoré  Mithra  dès  avant 
la  fondation  de  leur  empire.  Dansl’Avesta,  il  est  le  dieu  de 
la  lumière  céleste  et  il  est  devenu  au  moral  celui  de  la  vérité. 
C’estlui  qu’on  invoque  dans  les  serments  3.  Il  est  l’adver¬ 
saire  toujours  vigilant  des  esprits  du  mal,  qui  vivent  dans 
les  ténèbres,  et  le  protecteur  puissant  de  ses  serviteurs. 
Les  grands  rois  le  considéraient  comme  leur  génie  tuté¬ 
laire,  celui  qui  leur  donnait  la  victoire  sur  leurs  ennemis: 
il  est  nommé  dans  les  inscriptions  des  Artaxerxès  à  côté 
d’Ahura-Mazda4,  La  noblesse  perse  l’honorait  avec  ferveur, 
comme  le  prouve  une  foule  de  noms  théophores  dérivés 
de  celui  du  dieu.  La  grande  fête  des  Mithrakana  était 
célébrée  dans  toute  l’Asie  antérieure,  elle  est  mentionnée 
même  dans  les  auteurs  etdansles  inscriptions  grecques  ’. 

Dès  l’époque  des  Achéménides  le  culte  de  Mithra  fut 
introduit  à  Babylone,  où  il  se  transforma  sous  1  influence 
de  l’astrolatrie  chaldéenne  ;  puis,  remontant  la  vallée  de 
l’Euphrate,  il  se  répandit  en  Asie  Mineure.  En  Arménie, 
le  mazdéisme  devint  presque  une  religion  nationale. 
La  Cappadoce  et  le  Pont,  où  d’ailleurs  l’aristocratie  fon¬ 
cière  était  iranienne,  furent  parsemés  de  colonies  de 
mages  (p-xyouiroitot  ou  nupatOot),  dont  Strabon  put  observer 
les  pratiques6,  et  qui  devaient  rester  Fidèles  à  leurs  tra¬ 
ditions  sacrées  jusqu’à  l'invasion  musulmane  '.  Peut- 
être  même  ces  communautés  essaimèrent-elles  jusqu  en 
Galatîe  et  en  Phrygie 8. 

Après  la  mort  d’Alexandre,  la  Commagène,  la  Cappa¬ 
doce,  le  Pont,  l’Arménie  furent  gouvernés  par  des 
dynasties  qui  se  prétendaient  issues  des  Achéménides  et 
qui  continuèrent  à  pratiquer  le  mazdéisme.  La  fréquence 
du  nom  de  Mithradate  dans  plusieurs  de  ces  maisons 
prouve  qu’elles  avaient,  comme  leurs  ancêtres  supposés, 
une  dévotion  spéciale  pour  Mithra.  La  célèbre  inscription 9 
d’Antiochus  de  Commagène  (69-34  av.  J  .-C.),  qui  faisait 

remonter  son  lignage  jusqu’à  Darius,  fils  d  Hystape,d  une 
part  et  jusqu’à  Séleucus  de  l’autre,  institue  un  culte  et 
des  fêtes  en  l’honneur  de  Zeus-Oromasdès  ( A  hui  a - 
mazda ),  d’Apollon-Mithra  et  d’Hercule-Artagnès  (  Vere- 
tliraghna)  qui  devront  être  honorés,  dit  Anliochus,  «  sui¬ 
vant  l’antique  tradition  des  Perses  et  des  Grecs,  racine 
bienheureuse  de  ma  race  »,  et  il  s  est  fait  représenter  soi 
les  bas-reliefs  du  temple  en  face  de  Mithra,  qui  lui  tend 
la  main  en  signe  d’alliance  (fig.  5083) 10. 

C’est  certainement  durant  la  période  hellénistique  que 


1  Sclmllhess,  p.  187;  Van  den  Es,  p.  191:  Beauchet,!.  II,  p.  268. 

MITIIRA.  l  Sur  le  Mithra  iranien,  cf.  Windischmann,  Mithra  (Abhandl.  deutsch. 
Morg.  G  es  élis  ch.),  1857  ;  Spiegel,  Eran.  Alterthamsk.  t.  Il,  77  sq.  et  les  notes 
de  Darmesteter  à  sa  traduction  de  l’A  vesta.  —  2  Oldenberg,  Religion  des  \  eda , 
1894,  p.  185  sq.  —  2  Xenoph.  Cÿrop.Vll,  5  §  53  ;  Plut.  VitaArtax.  4.  —  4  Wcissbach 
et  Bang,  Rie  Altpersischen  Keilinschriften,  1893,  p.  44-40.  —  ü  Strah.  XI, 
14.  §  9,  P-  530  C;  cf.  Ctesias  ap.  Allien.  Deip.  X,  45,  p.  434  IJ;  Inscr.  d  Amo- 


le  mithriacisme  se  constitua  :  au  moment  où  il 

dans  l’empire  romain  c’était  une  religion  dé  ' <.Pandit 

dont  la  liturgie  et  le  dogme  étaient  fixés  Nn„!  ailulte’  \ 
_ _ ii _  nous  connais¬ 


sons  malheureuse¬ 
ment  si  peu  l’histoire 
morale  de  cette  épo¬ 
que.  qu’il  est  fort 
difficile  de  démêler 
les  influences  qui  ont 
concouru  à  la  forma¬ 
tion  de  cette  secte 
nouvelle  du  maz¬ 
déisme.  On  peut  ce¬ 
pendant  considérer 
comme  certain  que 
les  mystères  de  Mi¬ 
thra  ne  sont  pas, 
comme  on  l’a  cru, 
une  altération  du  zo¬ 
roastrisme  avestique, 
tel  qu’il  était  professé 
par  le  clergé  sassa- 
nide.  Ils  dérivent  de 
l’ancienne  religion 
naturaliste  des  tri¬ 


Fig.  5083.  —  Mithra  et  Autiochus  (bas-relief 
du  Nemroud-Dagh). 


bus  iraniennes,  et  ils  ont  conservé  à  certains  égards  un 
caractère  plus  primitif  que  l’Avesta.  Seulement  ils  furent 
soumis  d’abord,  nous  l’avons  dit,  à  l’action  des  doctrines 
chaldéennes,  auxquelles  ils  empruntèrent  l’adoration  des 
astres  divinisés.  Plus  tard  ils  se  combinèrent  en  Asie  Mi¬ 
neure  avec  certains  cultes  indigènes  :  Mithra  fut  assimilé 
à  Attis  et  à  Mên,  sans  perdre  toutefois  son  individualité.  | 
Enfin,  ils  subirent  l’ascendant  de  l’hellénisme  vainqueur:  j 
les  divinités  mazdéennes  furent  identifiées  aux  habitants 
de  l’Olympe,  dont  elles  prirent  les  noms  et  l’apparence.  J 
L’art  grec  prêta  aux  héros  barbares  le  charme  et  la 
noblesse  de  ses  créations.  Le  groupe  pathétique  de  Mithra 
tauroctone,  qui  était  régulièrement  placé  dans  l’abside 
des  temples,  fut  probablement  composé  par  un  sculpteur 
de  l’école  de  Pergame,  à  l’imitation  de  la  Victoire  sacri¬ 
fiant  qui  ornait  la  balustrade  du  temple  d’Athéna  Nike 
sur  l’Acropole11.  La  philosophie,  principalement  le  stoï¬ 
cisme,  contribua  aussi  à  transformer  sinon  la  forme,  du  I 
moins  l’esprit  de  la  théologie  mazdéenne.  Elle  aida  a 
coordonner  en  système  les  traditions  sacrées,  et  surtout 
elle  fournit  des  explications  symboliques  de  croyances  et 
d’usages  héréditaires,  dont  le  sens  n  était  plus  tompiu 
Un  vieux  mythe,  que  chantaient  les  mages  à  propos  t  u 
quadrige  du  dieu  suprême,  est  raconté  par  Dion  uy  , 
sostome  parce  qu’il  était  devenu  une  allégorie  c  e  d  C 
mologie  stoïcienne  12.  Cependant  il  est  peu  pto  u  >  e 
le  mithriacisme  ait  pris  la  forme  de  «  mystères  »  par 
tation  de  ceux  des  Grecs.  Les  mages  furent  touj ou  ^ 
caste  exclusive,  et  il  est  vraisemblable  que  les  «p} 
établis  au  milieu  des  populations  d’Asie  Mineure  n  ac» 
dèrent  jamais  aux  étrangers  la  participation  a 
monies  sinon  après  une  initiation  piéa  jj 

6  Strab.  XV,  3,  13. 


„  .  ,  __  6  Strab.  "> 

ion,  Rev.  des  ét.  gr.  II,  p.  18  [lire  «t,  E  iphanim 

,  733  C  ;  cf.  XI,  512C;  XII,  559  C.  -  1  Basil-  {[  M;  ef.  mes 

III,  p.  394,  éd.  1730)  ;  Epiphan.  Adv.  haeres.  III,  >  ^  ^  ,  .  p  232,  n.  <■ 


non 

P 
(III 


—  9  Michel,  Rec.  inscr.  gr 
_  11  Cf.  Textes  et  Mon.  t.  I, 
§  39  sq. 


705  _  10  Textes  et 

'  281  sq.,  207.  -  *2  Dio  Chrys 


Textes  et  Mon.  t.  I,  p.  9  sq.  -  8  e<  \j0n.^  V  r-''88’ fi^’ ! 

Or.  XXX' h 


MIT 


—  1945  — 


MIT 


ljn  fait  très  remarquable,  c’est  que  ces  mystères  pér¬ 
it]  u  es  ne  recrutèrent  presque  pas  d’adeptes  dans  le 
'  on(je  hellénique.  C’est  àpeine  si  l’on  trouve  des  preuves 
ludivcs  qu’ils  aient  été  pratiqués  dans  certains  ports 
comme  le  Pirée,  Aradus,  Sidon  *,  Alexandrie  2  et  à 
Memphis  où  ne  Parv'nrent  sans  doute  que  sous 
I  l'mpire  3,  et  l’onomatologie  grecque  ne  fournit  aucun 
nom  théophore  dérivé  de  celui  de  Mithra. 

I_’n  pâlie,  le  dieu  aurait  été  adoré  d’abord,  au  dire  de 
Plutarque  4,  par  les  pirates  ciliciens,  que  Pompée  y  avait 
transportés.  Ce  renseignement  semble  mériter  créance. 
La  république  des  pirates,  qui  s’était  accrue  de  fugitifs 
venus  de  tout  l’Orient,  aura  appris  des  anciens  soldais 
je  Mithridate  qu’elle  avait  accueillis  \  à  pratiquer  leur 
culte  iranien.  Certainement  la  ville  de  Tarse  grave  encore 

sur  ses  monnaies  impériales 
le  groupe  du  Mithra  tauroc- 
tone  (fig.  5084)  G.  Seulement 
les  sectateurs  de  la  divinité 
mazdéenne,  confondus  avec 
ceux  des  autres  dieux  étran¬ 
gers,  paraissent  avoir  vécu 
dans  une  obscurité  profonde 
jusqu’à  la  fin  du  Ier  siècle  de 
notre  ère.  C’est  alors  que  les 
écrivains  (Plutarque,  Stace  7) 
commencent  à  s'occuper  de  la 
secte  nouvelle  et  c’est  de  celte  époque  que  datent  aussi 
ses  plus  anciens  monuments  8.  Presque  simultanément 
elle  apparaît  dans  les  provinces  du  nord.  Elle  fut  trans¬ 
portée  à  Carnuntum  dès  le  règne  de  Vespasien,  et  vers  148, 
un  centurion  mithriaste  consacra  une  dédicace  en  Germa¬ 
nie  \  11  suffira  d’indiquer  ici  d’une  façon  générale  par 
quels  moyens  la  religion  nouvelle  s’est  propagée  et  dans 
quels  pays  elle  s’est  répandue,  sans  prétendre  citer  les 
centaines  d’inscriptions  et  de  monuments  qui  attestent 
sa  diffusion  dans  les  provinces  de  l’empire. 

Le  principal  agent  de  sa  propagation  fut  certainement 
1  armée,  et  l’on  peut  affirmer  que  le  mithriacisme  resta 
toujours  avant  tout  un  culte  militaire.  Les  Asiatiques, 
qui  fournissaient,  même  en  Europe,  une  partie  du  contin¬ 
gent  des  légions  et  surtout  des  auxilia,  introduisirent 
les  mystères  orientaux  dans  les  camps  et  les  forteresses 
de  la  frontière  où  ils  ne  tardèrent  pas  à  attirer  une  foule 
de  prosélytes.  Notamment  les  cohortes  et  les  alae  de 
Commagéniens 10  semblent  avoir  eu  une  part  considé- 
uMe  dans  cette  propagande.  De  plus,  les  vétérans,  qui 
après  vingt  ou  vingt-cinq  ans  de  service  se  retiraient  dans 
(." 1  ,s  l°yers  ou  bien  allaient  s’établir  dans  quelque  grande 
I'  de  1  empire,  jouèrent  aussi  efficacement  le  rôle 
.  ''l"dres  Depuis  les  rivages  de  la  mer  Noire  jusqu’aux 
montagnes  de  1  Écosse,  tout  le  long  de  l’ancienne  limite 
1  "îpire,  les  monuments  mithriaques  abondent.  La 

ap  Suiil  *  Lt  *nscr'  2*5  !  mon'  2-4.  —  2 Socr.  III,  2  ;  Sozom.  V,  7  ;  cf.  Damascius 
_  s  .  ‘  “•  -  3  Textes  et  Mon.  mon.  285.  —  4  Plut.  Vit.  Pomp.  24. 

Hill  c'"*?'  Mühr:  G3,  92  ’  cf-  Th-  Reinach>  Mithr.  Eupator,  307,  313.  —  0  D’après 
7  \ COmS  ,n  the  Lycaonia  Isauria,  1900,  p.  213,  n»  258. 

C6;  Dial  T  ^  ^ C  I S  e*  O S ’  C’  '  ^ace>  Theb.  I,  717  sq.  ;  cf.  Justin.  Mart.  Apü. 
Corp.  inscr  ,njph'r  ,0,  72 ’  —  8  Dédicace  bilingue  d'un  affranchi  des  Flaviens, 
Prétoire  e  i  f  ’32‘  Dédicaces  d’un  esclave  de  T.  Cl.  Liviauus,  préfet  du 
du  i'i.(r,||.  i  inscr.  lat.  718  =  30  818.  Une  prétendue  inscription  datant 

Cf.j  nfranuv  est  fausse  ( CorP ■  inscr.  lat.  V,  5,  *968).  -  9  Pour  Carnuntum 
s.  ",  Ala  I  Ger,nanie'  CorP- inscr.  rhen.  423.-10  Cf.  Pauly-VVissowa,  Realene. 
507  s(|  *239  et  Cohors.  IV,  273.  —  il  Cf.  inscr.  48,  82,  129,  130,  151,  471, 

cxles  et  Mon.  inscr.  225-231  ;  mon.  124-135;  cf.  suppl.  —  13  Textes  et 


Mésie  semble  avoir  reçu  le  culte  étranger  directement 
des  recrues  levées  en  Asie,  que  l’administration  militaire 
y  transportait12,  et  c’est  sans  doute  des  bords  du  Danube 
qu’il  se  répandit  dans  le  nord  de  la  Thrace ,  notamment 
dans  la  vallée  de  l’IIèbre  13.  De  l’autre  côté  du  fleuve,  il 
prospéra  rapidement  en  Dacie,  qui  après  la  conquête 
(107  av.  J.-C.)  fut  repeuplée  à  l’aide  de  colons  amenés 
«  ex  loto  orhe  Romano  »  (Eutrope,  VIII,  0).  Apulum  et 
Sarmizégétusa,  chefs-lieux  de  la  province,  ont  fourni  une 
quantité  d’ex-voto  et  de  statues,  et  dans  toute  la  vallée 
du  Maros,  le  long  de  l’ancienne  voie  romaine,  une  foule  de 
monuments  ont  été  exhumés  n.  En  Pannonie ,  toutes  les 
villes  fortes  échelonnées  le  long  du  Danube  et  même  les 
cités  de  l’intérieur  comptèrent  des  fidèles  du  dieu  perse  : 
ils  étaient  surtout  nombreux  à  Aquincum,  où  l’on  a 
retrouvé  cinq  mithréums  16,  et  à  Carnuntum,  où  la  legio 
XV  Apollinaris  importa  le  culte  asiatique  dès  l'année 
71  ap.  J.-C.,  quand  elle  fut  transportée  par  Vespasien  en 
Pannonie,  après  avoir  combattu  huit  ans  en  Orient.  C’est 
aussi  dans  cette  ville  que  Dioclétien  et  les  princes  associés 
à  l’empire  restaurèrent  encore  un  mithréum  en  307  ap. 
J.-C.1'  Dans  la  vallée  du  Danube  supérieur,  les  trou¬ 
vailles  sont  plus  clairsemées18.  Elles  se  multiplient  au 
contraire  en  Germanie ,  dans  les  Chainps-Décumaleset  tout 
le  long  du  Rhin  depuis  Raurica,  près  de  Bâle,  jusqu’à 
Vetera  (Xanten)  au  nord  de  Cologne19.  L'Allemagne  est 
le  pays  où  l’on  a  mis  au  jour  le  plus  grand  nombre  de 
mithréums  et  les  bas-reliefs  les  plus  vastes  et  les  plus 
complets.  Les  environs  de  Francfort  surtout  ont  été 
merveilleusement  féconds  en  découvertes.  On  a  déblayé 
trois  temples  importants  dans  le  village  de  Ileddernheim 
( civitas  Taunensium ),  trois  autres  existaient  à  Friedberg 
dans  la  Hesse,  un  à  Gross-Krotzenburg,  près  de  Hanau, 
un  à  Ober-Florstadt,  et  un  à  AViesbaden 2C.  D'autres 
furent  établis  près  des  routes  qui  menaient  de  la  fron¬ 
tière  rhénane  vers  l'intérieur  de  la  Gaule ,  notamment  à 
Schwarzerden,  entre  Metz  et  Mayence,  et  à  Sarrebourg  21, 
et  les  marins  orientaux  introduisirent  le  culte  étranger 
à  Boulogne  (Gesoriacum),  le  port  d’attache  de  la  classis 
Britannica  !2. 

En  Bretagne  même  il  s’était  implanté  non  seulement 
dans  les  capitales  commerciales  et  militaires  de  la  pro¬ 
vince,  à  Londres  et  à  York  ( Eburacum )23,  et  dans  les 
places  fortes  qui  surveillaient  le  pays  de  Galles  2i,  mais 
aussi  dans  la  plupart  des  «  stations  »  échelonnées  le  long 
du  Valium  d’Hadrien  is.  En  Espagne  on  ne  le  rencontre 
guère  que  dans  la  région  du  nord-ouest28,  où  une  légion 
lut  longtemps  maintenue  pour  contenir  les  montagnards 
des  Asturies  et  de  la  Galice.  Enfin,  en  Afrique ,  il  ne  flo- 
rissaitpas  seulementà  Lambèse,  où  campait  la  mc  légion, 
mais  encore  dans  les  postes  qui  gardaient  les  défilés  de 
l’Aurès  ou  jalonnaient  la  lisière  du  Sahara27. 

Dans  les  provinces  inermes ,  l’action  de  l'armée  n'a  pu 

Mon.  inscr.  221,221  a;  mon.  122-123.—  li  Inscr.  232-308  ;  mon.  13G-212.  — 16  Inscr. 
320-384;  mon.  212-231.  —  16  I,lsCr.  323  sq.  ;  mou.  213-218;  Kuzsiuski,  Jahresl,. 
Oesterr.  Tnst.  1899,  Beibl.p.56  sq. —  17  Inscr.  367  sq.  ;  mon.  225  sq.  ;  cf.  p.491  sq. 
—  Inscr.  416,  419  sq.  —  19  Inscr.  423-470;  mon.  240-266.  —  20  Heddernheim , 
mon.  231-253  ;  Friedberg,  mon.  248-249  ;  cf.  Wcstd.  Zeitschr.  1897,  Korrpbl.  p.  22G 
Gross-Krotzenburg,  mon.  247  ;  Ober-Florstadt,  mon.  250  ;  Wiesbaden,  Mitt.  Ver. 
far  Nassau.  Altertumskunde ,  1902,  p.  14  sq.  —  21  Mon.  258  273  fer  —  22  Mon 
274,  274  bis.  -  23  Mon.  267,  270-271.  -  U  Chester,  mon.  268-9;  Caerleon,  inscr! 
472.  —  25  Mon.  272,  273  ;  inscr.  475  sq.  —  26  Inscr.  513,  514,  522.  —  27  Lambèse, 
inscr.  526  sq.  ;  Mascula,  inscr.  525  ;  Diana,  inscr.  529  ;  El.  Galiara,  inscr.  542  ;  Sidi- 
Okba,  inscr.  535  ;  Timziouïn,  mon.  282;  Aïn  Tckria.  inscr.  541  ;  cf.  à  Sétif  mou 
283. 


MIT 


1946  — 


MIT 


s’exercer  qu’indirectement,  par  l’intermédiaire  des  vété¬ 
rans  (voir  pins  haut)  ou  des  officiers  devenus  administra¬ 
teurs,  mais  le  mithriacisme  s’est  servi  ici  d’autres  mis¬ 
sionnaires.  On  sait  que  depuis  le  début  de  l’Empire  il  se 
produisit  en  Occident  une  vériable  diaspora  syrienne 
parallèle  à  celle  des  Juifs.  Les  traficants  de  Syrie  fon¬ 
dèrent  des  comptoirs  dans  une  foule  de  villes  commer¬ 
ciales,  non  seulement  sur  la  côte,  mais  fort  loin  dans 
l’intérieur  des  terres.  De  plus  les  mangones  se  fournis¬ 
saient  d’esclaves  surtout  dans  les  provinces  asiatiques, 


notamment  en  Cappadoce,  et  les  guerres  incessv 
la  frontière  de  l’Euphrate  et  en  particulier  les  eon,'^^ 
de  Trajan  amenèrent  sur  les  marchés  d'Europe  un,!"' 
titude  de  captifs.  Ces  esclaves  étaient  surtout  nomi,"?1’ 
dans  les  ports,  où  on  les  importait  sans  grands  iy U* 
mais,  adjugés  à  l’encan,  ils  étaient  souvent  dispersés'^’ 
loin,  dans  les  villes  et  dans  les  campagnes.  Ici  ilsTult’l 
vaient  les  latifundia  des  grands  propriétaires,  \h  [U 
étaient  au  service  de  l’administration  municipale  cm  d* 
riches  particuliers.  Dans  certaines  contrées,  ils  p.'né 


Cetera  CHAMPS 

vn  DÉCUMATES 

^urnomagus  — _ 

TCOLONIA 

BR°n7\jSe™ied  .. 

- . ' 

mogontiacîImA  A  i  f\  %  A 
ÿ-V  t  '■  L«\gieW  Gr'  \j 

ijr  ^u9-  ’r|V®ror,J[A  wLopoduVjm 

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r>  i  Bfesigheimj^  fWurrhaiM*  'v 

y  J  /  Mbacï®*™»"-  ^2 

q  Pons-SaravC  Sumelocenna^  ..  yr 
nrgBntopStunv 


Fi».  5085.  —  Carte  des  monuments  mitliriaques. 


traient  surtout  comme  auxiliaires  des  agents  de  l'empe¬ 
reur,  fonctionnaires  du  fisc  ou  intendants  des  domaines. 
Ailleurs,  les  sociétés  de  publicains,  qui  exploitaient  les 
mines  ou  percevaient  les  droits  de  douane,  amenaient  un 
personnel  nombreux  de  condition  ou  d  origine  servile. 
Ainsi,  d’une  part,  le  trafic  du  Levant,  concentré  entre  les 
mains  des  Syriens,  de  l’autre,  l’esclavage  sous  ses 
diverses  formes,  favorisèrent  l’expansion  du  mithria¬ 
cisme  dans  tout  le  bassin  occidental  de  la  Méditerranée. 

11  se  répandit  surtout  sur  la  côte  d’Italie,  à  Pouzzoles, 
à  Naples,  à  Antium  et  particulièrement  à  Ostie,  où  quatre 
ou  cinq  mithraea  au  moins  existaient  au  np  siècle  ,  puis 
en  Étrurie,  à  Grosseto  et  à  Pise  *.  De  très  bonne  heure, 
il  pénétra  dans  l’intérieur  delà  péninsule,  non  seulement 
dans  le  Latium  et  en  Campanie,  mais  dans  les  montagnes 
du  centre,  depuis  la  Calabre  jusqu’aux  Alpes,  notamment 
à  Spolète  et  à  Sentinum  2.  Une  inscription  de  Nersae  au 

1  Pouzzoles,  inscr.  202;  Ischia,  inscr.  148;  Capri,  mou.  95;  Naples, 
mon.  93,  94,  suppl.  94  bis  ;  Ostie,  mon.  79-85,  295-6  ;  inscr.  131-142; 
194-5;  Antium,  inscr.  147;  mon.  87;  Rusellae,  mon.  99;  Pise,  mon.  100. 
_  2  (user.  152  sq.  ;  mon.  96  sq.  —  3  Corp.  inscr.  lat.  IX,  4109-4110 


îur  de  l’Apennin,  datée  de  l’année  1  pai  D'  ib-L1  ^  Lin 
ithréum  vetuslate  collapsum  3.  En  Sicile,  on 
thra  établi  à  Syracuse  et  à  Païenne  %  sur  a  a 
Afrique,  à  Tripoli V  Carthage,  Rusicade,  Icosiu», 
isarée,  d’où  il  gagna  même  certaines  villes  de  1 
ïur  comme  Cirta  »,  sur  le  littoral  d’Espagne  a  Malaxa 
à  Tarragone  \  En  Gaule ,  il  suivit  a  Rhôn6) 

commerce  maritime,  et  remonta  la  4 a  ee 
*«»  Genève.  Près  de  .a  e ^^3 

ixtantio  (non  loin  de  Montpellier)  et  Aix  e"  ,_Andéol, 
iis  le  long  du  grand  fieuve  à  Arles,  B(JuJ'.®'k  1  ftvec  rÂsie 
aison,  Vienne  et  Lyon,  dont  les  «la  ^  christja. 
ineure  sont  bien  connues  pai  un  amont 

sme,  en  outre,  à  La  Bâtie  près  e  a  ^  Lucey, 
;  Lyon,  on  constate  sa  présence,  dune  P  de 

•ès  de  Belley,  à  Vieu-en-val-Romey  ^ ,  üne 
tutre  à  Besançon  et  à  Mandeure  sur 

„  119m  _  .  Clermont  Ganncau,  Compte,^ 

no  152-153).  —  4  Mon.  119-121.  ^  003  srr.  — 

ad.  Inscr.,  20  mars  1903.  -  6  Inscr.  525  sq 
519.  -  »  Inscr.  492  sq.;  mon.  276  sq. 

4  sq.;  mon.  275. 


mon 

9  Textes  et  mon 


„  __  i  Inscr.  1 

282  sq.  -  1 

.  t.  1,  P-  267’  I 


MIT 


—  1917  — 


MIT 


série 

de  la 
traire 


,  jninterror 


npue  de  sanctuaires  reliait  ainsi  les  bords 


Poîa  en  Istrie  avaient  accueilli  le  culte  asia- 
qui  devint  surtout  puissant  à  Aquilée  2,  dont 
ance  commerciale  égalait  alors  celle  de  Trieste 


■diterranée  aux  camps  de  la  Germanie.  Au  con- 
lanS  l’ouest  de  la  Gaule  on  n’a  relevé  presque 

. . vestige  du  culte  persique.  Dans  Y  Adriatique ,  les 

îlUI  "l'p-s  de  la  côte  dalmate  [Epidaurum,  Narona  (?), 
'lu,.  lader,  Senia]  et  les  îles  voisines  (Arba,  Bratlia), 

ainsi  <lue 
tique 
l’impor 

urd’hui.  Par  ces  portes,  il  s’introduisit  en  Dalmatie, 

' '  mm  expansion  resta  cependant  toujours  médiocre  3, 
,[  dans  la  Pannonie  et  le  Norique  méridionaux,  où  sa 
r(, ypérité  fut  au  contraire  très  grande  \  notamment  à 
Virunum  s.  Les 
provinces  da¬ 
nubiennes  ont 
ainsi  reçu  la  re¬ 
ligion  nouvelle 
par  une  double 
voie  :  d’une 
part,  elle  se  ré¬ 
pandit  le  long 
du  Danube  par 
les  garnisons , 
de  l’autre,  dans 
les  cités  du  midi 
et  jusque  dans 
les  vallées  des 
Alpes  par  l’in¬ 
termédiaire  des 
esclaves  et  des 
fonctionnaires. 

Les  causes 
concurrentes  de 
la  propagation 
des  mystères 
s’entremêlent  et 
se  confondent  et 
il  est  difficile, 
sinon  impossi¬ 
ble,  de  détermi¬ 
ner  pour  chaque  région  celle  qui  exerça  la  principale 
influence.  Mais  certainement  nulle  part  ils  ne  trouvaient 
réunies  autant  qu’à  Rome  toutes  les  conditions  favora¬ 
bles  a  leur  succès.  Les  Orientaux,  marchands  ou  esclaves, 
y  habitaient  en  foule,  des  troupes  nombreuses  y  tenaient 
garnison,  et  les  vétérans  venaient  s’y  lixer  en  grand 
nombre.  Le  succès  qu’y  obtint  le  culte  persique  est  attesté 
par  plus  de  soixante-quinze  morceaux  de  sculpture,  une 
centaine  d’inscriptions  et  une  série  de  temples  et  de 
chapelles  situés  dans  tous  les  quartiers  de  la  ville  et  de 
sa  banlieue  6.  Le  plus  fameux  de  ces  mithraea  est  celui 
C1UI  subsistait  encore  au  milieu  du  xvie  siècle  dans  une 
g'ollë  du  Capitole  et  dont  a  été  tiré  le  grand  bas-relief 
'èse  actuellement  au  Louvre  (fig.  5086). 


Fie.  5086.  —  Bas-relief 


Cet 


exposé  de  la  propagation  du  mithriacisme  montre 


que,  comme  le  christianisme,  il  a  fait  ses  premières  con¬ 
quêtes  dans  les  classes  populaires,  où  il  s’est  répandu 
avec  une  rapidité  extrême.  Mais  par  une  évolution  natu¬ 
relle,  ses  adeptes  s’élevant  dans  l'échelle  sociale,  on 
devait  bientôt  compter  parmi  eux  des  affranchis  opu¬ 
lents  et  des  fonctionnaires  publics  des  municipes  et  de 
l’État.  Au  il0  siècle,  il  attire  déjà  l’attention  des  philo¬ 
sophes  et  des  littérateurs  7,  et  est  combattu  par  les  apo¬ 
logistes  8  comme  un  ennemi  redoutable.  Mais  la  vogue 
du  mithriacisme  dans  le  monde  officiel  date  surtout  du 
moment  où  il  conquit  la  faveur  déclarée  des  empereurs  : 
à  la  fin  du  nc  siècle,  Commode  se  fil  recevoir  au  nombre 
des  initiés  et  participa  à  leurs  cérémonies  secrètes  9,  et 

la  découverte  de 
nombreuses  dé¬ 
dicaces  pour  le 
salut  de  ce 
prince  ou  datant 
de  son  règne 
nous  montre 
quel  retentisse¬ 
ment  eut  cette 
conversion  .  A 
partir  de  cette 
époque,  on 
trouve ,  parmi 
les  fidèles  qui 
dédient  des  of¬ 
frandes  à  Mi- 
thra,  les  plus 
hauts  fonc¬ 
tionnaires  de 
l’empire ,  com¬ 
mandants  de 
légions,  gouver¬ 
neurs  de  pro¬ 
vinces,  préfets 
etclarissiines10. 
La  bienveil- 

Borghèse  (Musée  du  Louvre).  lance  des  SOUVe- 

rains  à  l’égard 

du  dieu  étranger  ne  se  démentit  pas  après  la  chute  des 
Anlonins  11 .  Une  inscription  du  temps  des  Sévères  men¬ 
tionne  un  sacerdos  invicti Mithrae  domus  augustanaeu , 
c’est-à-dire  un  chapelain  du  palais.  En  l’année  307,  Dio¬ 
clétien  Galère  et  Licinius  réunis  à  Carnuntum  restau¬ 
rèrent  un  temple  de  Milhra  «  fautor  imperii  sui13  »  et 
Julien  l’Apostat  eut  une  dévotion  particulière  pour  ce 
dieu  tutélaire,  dont  il  célébrait  les  mystères  dans  son 
palais  de  Constantinople  u. 

La  prédilection  que  les  empereurs  témoignèrent  à 
cette  religion  étrangère,  eut  sans  doute  pour  cause  ses 
doctrines  sur  le  pouvoir  divin  des  rois,  doctrines  qui  leur 
apportaient  une  justification  théologique  de  leur  despo¬ 
tisme.  Suivant  les  croyances  mazdéennes,  les  souverains 
légitimes  régnent  par  la  volonté  du  dieu  suprême  et  ils 


Bo,<  l  5<L,  mon.  232  si],  et  suppl.;  cf.  Patscl),  Wissensch.  Mitt.  ans 
_  Vll>  1900,  p.  128  Bq.  —  2  Inscr.  165-177;  205-207;  mon.  116-7. 
Jij  __',011'  bis  ;  inscr.  353,  3Ua-313a;  cf.  Patsch,  L.  c.  VI,  1898,  p.  34 

1,ou-  220  sq.  232;  inscr.  349  sq.,  400,  410  sq.,  419.  —  5  Inscr.  401 
C.0"'  (cf.  fig.  5091).  —  6  Mon.  6  à  78,  291  iis-294  et  suppl.  p.  479-485; 
'"Km  '  a‘  Pressé  ( Textes  et  Mon.  I,  353)  la  liste  des  mitliraea,  région  par 
por  ~  1  Uels.  ap.  Origen.,  Contr.  Cels.  I,  9  ;  VI,  21  ;  Pallas  et  Eubulus  ap. 

'■De  antr.  Nymph.  c.  5,  6,  15,  48,  24  ;  De  abstin.  11,  56  ;  IV,  16  ;  Lucian. 


Deor.  conc.  p.  9;  Jup.  trag.  c.  8,  13  ;  cf.  Menipp.  G  ;  Justin.  Mari.  Apol.  I,  66; 
Dial,  cum  Tryph.  70,  78;  Terlull.  De  bapt.  5;  De  corona,  15;  Adv.  Marc.  1,  13  ; 
De  pracscr.  haeret.  40.  —  8  Lamprid.  Comm.  9.  —  9  Inscr.  6,  28,  31,  34,  51, 
64,  81,  137,  154,  249,  463,  541.  —  10  Cf.  Textes  et  Mon.  t.  II,  index,  p.  537, 
538.  —  n  Cf.  Textes  et  Mon.  I,  p.  281.  —  12  Corp.  inscr.  lat.  VI,  2271  |=  35). 
—  13  Ibid.  III,  4413  (=  inscr.  367);  cf.  mon.  227  (t.  II,  p.  491).  —  14  Jui.  Or. 
IV,  155  B;  Conviv.  336  C;  Himerius,  Or.  VU,  init.  ;  cf.  Allard,  Julien  V Apostat, 
t.  Il,  p.  219  sq. 


1 948 


MIT 


MIT 

sont  éclairés  par  une  grâce  spéciale,  le  1/varenô  qui  leur 
assure  la  victoire  sur  leurs  ennemis  :  ce  Ilvarenô,  qui 
était  censé  accordé  par  Mithra,  devint  à  Rome  la  Forluna 
Augusti ,  pour  laquelle  les  Césars  avaient  une  dévotion 
superstitieuse.  De  plus,  les  théories  astrologiques  ensei¬ 
gnaient  que  les  princes  reçoivent  en  naissant  du  Soleil, 
c'est-à-dire  de  Mithra,  les  vertus  du  souverain,  et  étaient 
appelés  par  lui  à  régner.  Aussi  l'empereur  deus  et  domi¬ 
nas  natus  a-t-il  généralement  été  regardé,  à  la  fin  du 
paganisme,  comme  le  représentant  du  dieu  solaire  sur  la 
terre.  Le  monarque  «  plus,  felix,  invictus  »,  était  le 
favori  de  la  Fortune  et  le  simulacre  humain  du  Sol  in¬ 
victus ;  il  considérait  celui-ci  comme  son  protecteur  per¬ 
sonnel  et  son  compagnon  ( conservator ,  cornes)  L 

Organisation  du  culte.  —  Un  culte  auquel  les  empe¬ 
reurs  témoignèrent  une  faveur  aussi  constante  dut  être 
de  bonne  heure  reconnu  par  l’État,  mais  nous  n'avons 
malheureusement  aucun  renseignement  direct  sur  la 
condition  juridique  des  collèges  de  mithriastes  ( cultores 
Solis  invicti  Mithrae 2).  Peut-être  se  constituèrent-ils 
en  associations  funéraires  pour  jouir  des  privilèges 
accordés  à  ce  genre  de  corporation  3.  Il  semble  cependant 
qu’ils  aient  eu  recours  à  un  autre  moyen  de  se  faire  auto¬ 
riser  en  s’associant  de  quelque  façon  aux  adorateurs  de 
Cybèle,  qui  sous  le  nom  de  Mater  Magna  avait  été 
depuis  longtemps  adoptée  par  le  peuple  romain,  et  qu’ils 
aient  participé  à  la  protection  officielle  dont  jouissait  le 
clergé  de  la  déesse  phrygienne  4.  Certainement  aucun 
indice  ne  permet  de  supposer  que  les  sectateurs  de 
Mithra  aient  jamais  eu,  comme  ceux  d’Isis,  à  souffrir  de 
persécutions.  Il  semble  que  leurs  sodalicia  aient  possédé 
une  existence  juridique  et  joui  du  droit  de  propriété. 
Pour  gérer  leurs  affaires,  ils  élisaient  des  fonctionnaires, 
dont  les  titres  sont  les  mêmes  que  ceux  usités  dans  les 
autres  confréries.  Us  étaient  dirigés  par  un  conseil  de 
décurions3,  dont  les  dix  premiers  ( decem  primi)  6 
avaient  certaines  prérogatives.  Ils  avaient  leurs  magis- 
tri  1  ou  présidents  élus  chaque  année,  leurs  curatores  8 
qui  avaient  des  attributions  financières,  leurs  defen- 
sores  9  chargés  de  servir  leur  cause  devant  la  justice  ou 
auprès  des  administrations,  enfin  des  patronii0  dont 
ils  attendaient  une  protection  puissante  et  des  secours 
pécuniaires.  Car  l’État  ne  leur  accordant  point  de  dota¬ 
tion  et  les  caisses  municipales  ne  leur  donnant  que  des 
subventions  extraordinaires11,  ils  devaient  compter,  pour 
couvrir  les  frais  du  culte,  sur  la  générosité  privée  au 
moins  autant  que  sur  les  cotisations  régulières  des 
affiliés.  La  plupart  des  mithréums  ont  été  construits  in 
solo  privato  12  et  ornes  grâce  aux  dons  des  dévots.  Les 
dimensions  restreintes  de  ces  chapelles  prouvent  que  les 
collèges  de  mithriastes  n’ont  jamais  compté  qu’un  petit 
nombre  de  membres  ;  on  peut  l’évaluer  a  une  centaine 
d’initiés  au  plus  13  —  les  Album  sacratorum  dont  nous 

l  Ces  théories  politico-religieuses  sont  exposées  plus  en  détail,  Textes  et  Mon.  1, 
p.  282  sq.  -  2  Corp.  inscr.  lat.  XI,  5737  (=  137).  -  3  Textes  et  Mon.  t.  I,  p.  328. 
n.  8:  cf.  Waltzing,  Corporations  profession,  chez  les  Romains,  1,  p.  141  sq. 
—  4  Textes  et  Mon.  t.  I,  280  et  p.  333  ;  cf.  plus  bas.  —  5  Inscr.  47,  240,  2d7, 
_  6  Inscr.  56.  —  7  Inscr.  18,  24,  27,  47,48  bis,  560;  cf.  Waltzing,  Op.  cit.  I,  406. 

_ 8  Inscr.  560.  _ 0  Inscr.  27.  —  1°  Inscr.  157.  —  U  Loco  dato  decreto  decurionum 

à  Milan,  inscr.  191  ;  cf.  190.  —  12  Inscr.  564  ;  cf.  426,  534.  Le  milhréum  de  Wiesbaden 
(cf.  supra,  n.  28)  a  été  élevé  permittente  Varonio  Lupulo  in  suo.  13  Textes  et 
Mon.h  328. -  14  Inscr.  1*0,157.  —  15  Textes  etMon.  I,  p.  65.  —  «  Ibid.  I,  p.  329 

_ n  Porphyr.  De  antr.  Nymph.  Le  tombeau  d'une  lionne  llea)  a  été  découvert 

récemment  à  Tripoli;  cf.  Clermonl-Ganneau,  C.-rend.  Acad,  des  Inscr.  20  mars 
1903.  _  18  Inscr.  15,  55  sq.,  320.  —  1»  Hieron.  Epist.  107  ad  Laetam.  J  ai  réuni 


avons  conservé  des  fragments  sont  malhe 
incomplets14.  Lorsque  la  confrérie  se  dévolu  t'U.Soinent 
mesure,  elle  se  scindait  et  l’on  construisait01*1^11  °Ulr*  * 
spelaeum.  Ainsi  s’explique  le  nombre  co^d/Ti" ** 
ces  sanctuaires  existant  dans  des  villes  même  dp6  dc  î 
ordre  (au  moins  trois  à  Heddernheim,  cinq  T K°nd 

cum,  etc.13).  C’étaient  de  petits  conventicules  où  ..  ■.T""' 
l’intimité  d’une  grande  famille  et  dont  la  vie  inhh^j 
paraît  avoir  exercé  une  singulière  attraction  Tf'’ !  ; 
cependant  se  souvenir,  en  évaluant  le  chiffre  des  sect  1 
leurs  du  dieu  perse,  que  les  femmes,  semble-t-il,  étaient 
exclues  de  la  participation  aux  mystères16  0i  ' 
vaient  se  faire  recevoir  que  dans  ceux  de  la  Magna  Mater 
alliée  à  Mithra.  Ce  fut  du  moins  le  cas  en  Occident  n  ’ 
tout  ou  la  liturgie  romaine  était  en  usage.  En  Orient  aûi 
contraire,  et  jusqu’à  Tripoli  de  Barbarie  (Oea),  les  femmes  I 
pouvaient  recevoir  certains  degrés  d’initiation,  comme 
dans  la  cité,  elles  prenaient  part  dans  une  certaine  I 
mesure  aux  affaires  publiques11. 

Les  mvstes  {sacrati)1*  portaient  des  titres  sacrés 
qu’il  ne  faut  pas  confondre  avec  ceux  des  administra-  1 
leurs,  membres  de  conseils  de  fabrique  chargés  des  inté¬ 
rêts  temporels  du  culte.  Un  texte  de  saint  Jérôme,  con¬ 
firmé  par  une  série  d’inscriptions,  nous  apprend  qu’il  y  I 
avait  sept  degrés  d’initiation 19  et  que  le  néophyte  por¬ 
tait  successivement  les  noms  de  Corax( Kôpa£),  Crgphius 
(Kpôîptoç),  Miles  (SxpaTimTTjç?),  Léo  (A éwv),  Perses  (nép<rr,ç),  : 
Heliodromus  ('HXioopôgoç),  et  Pater  (IIax7|p),  D'autres  i 
noms  comme  celui  d’aigles  (àe-rôç)  et  d’éperviers  (isp».;}  1 
ont  pu  être  usités  dans  les  communautés  orientales20.! 
Les  membres  de  chacun  des  grades  revêtaient  dans  les  I 
cérémonies  sacrées  un  déguisement  approprié  au  titre 
qu’on  leur  décernait  et  on  les  voit  représentés  de  la  sorte  | 
sur  un  bas-relief 21  (fi  g.  5087).  «  Alix  sicut  ares  al  as  per-  j 
culiunt  vocem  coracis  imitantes ,  alii  leonum  morefre- 
munt  »,  dit  un  chrétien  du  ive  siècle22.  Ces  mascarades  j 
sacrées,  que  l’on  retrouve  dans  certains  mystères  grecs,! 
sont  une  survivance  d’usages  primitifs  qui  remontent  au 
temps  où  l’on  se  représentait  la  divinité  elle-même  sous 
une  forme  animale,  et  qui  n’ont  pas  disparu  de  nos  jours  .1 

Dans  cette  hiérarchie  sacrée  on  établissait  encore  une! 
autre  distinction  24  :  les  initiés  des  trois  premiers  grades,  \ 
semblables  aux  catéchumènes,  portaient  le  nom  de  ] 
Servants  (ÛTr/ipexouvxeç)  et  n’étaient  point  admis  a<  «  1  11  w 
les  mystères;  seuls  ceux  qui  avaient  reçu  les  Ao/ihtffll 
devenaient  Participants  (p-exs/ovre;)  ;  enfin,  à  la  te  le  ie®| 
fidèles  qui  se  donnaient  le  nom  de  Frères  (/loin \i  ,  ij 
étaient  placés  les  Pères  auxquels  appartenait  a  mn  c 
tion  générale  du  culte.  Le  Pater 
patratus  parait  avoir  été  le  chef  spiri 
communautés  d’une  cité21’. 

Pour  passer  d’un  degré  au  suivant,  i  fa  lait 
mettre  à  certaines  épreuves  sur  lesquelles  ( 

tous  les  textes  relatifs  aux  sept  grades,  Textes  et  iIonA'  ’  é  dans  un»  ins- 
Un  *„«*,  sans  doute  un  rn.lhn.que, nom  ^  ^  t  ,08j 

criplion  encore  inédite  du  Pont.  -  »  Cf.  Dielench^ Bon m  ^  ^ 

p.  37.-21  Bas-relief  découvert  à  Konjica,  Textes  et  Mo  .  ,1  (  p  31o;  cf. 

August.  Quaest.  vet.  et  novi  Test.  CXIV.  —  w Moderne  Vôlkerkunde, 

S.  Reinach,  Revue  rose,  1900,  p.  436,  et  Achelis,  __  23  Cf.  Texte» 

Sluttgard,  1896,  p.  436  sq.  -  24  Porphyr.  De  ca„.«mu  M 

et  Mon.  t.  II,  index,  p.  535,  col.  1.  L  expression  v(  30758  ;  cf  ans51 

usitée  parmi  les  fidèles  de  Jupiter  Dolichénus,  Corp.ru  ■  ■  ,902,  P- 

Textes  et  Mon.  I,  p.  318,  n.  4.  -  20  Cf.  ^ 

C'est  probablement  le  même  dignitaire  que  Tertull  { 
summus  pontifex. 


Patrum  ou  Pater 
rituel  de  toutes  les 


MÎT 


—  1949  — 


MIT 


,l(>siastiques  nous  ont  transmis  des  détails  curieux  : 
*" Mi-Ibis  on  bandait  les  yeux  du  néophyte,  on  lui  attachait 
î(,s  mains  avec  des  boyaux  de  poulets,  puis  on  le  faisait 
•uitcr  au-dessus  d'une  fosse  remplie  d’eau,  ensuite  un 
libérateur  »  venait  couper  ces  liens  étranges1.  Au 
inyste  promu  au  rang  de  miles  on  présentait  une  cou- 
ne  interposito  yladio ,  il  la  repoussait  de  la  main,  el 
désormais  il  renonçait  à  en  porter  jamais,  car  elle  appar¬ 
tenait  à  Milhra,  le  dieu  invincible2.  En  d’autres  circons¬ 
tances,  le  fidèle  prenait  part  à  un  meurtre  simulé  qui, 
à  l’origine,  avait  peut-être  été  réel3.  Mais  ces  cérémo¬ 
nies  étaient  devenues  en  Occident  plus  effrayantes  que 
redoutables,  et  l’on  y  éprouvait  le  courage  moral,  l’àuà- 
Ona,  de  l’initié,  plutôt  que  son  endurance  physique.  Les 
supplices  fantastiques  et  les  macérations  impraticables 
rapportés  par  des  auteurs  peu  dignes  de  créance4  doi¬ 
vent  être  relégués  au  rang  des  fables  aussi  bien  que  les 
prétendus  sacrifices  humains,  qui  auraient  été  perpétrés 
dans  les  cryptes  sacrées  8. 

Tertullien  6  emploie  pour  les  cérémonies  d’initiation 
le  nom  de  sacramenturn,  emprunté  au  langage  militaire, 
et  il  rapproche  certaines  de  ces  cérémonies  des  sacre¬ 
ments  chrétiens.  Les  mithriastes  avaient  une  sorte  de 
baptême,  ablution  ou  immersion  destinée  à  effacer  les 
souillures  morales  7.  Ils  administraient  au  miles  une 
espèce  de  confirmation,  mais  le  «  sceau  »  qu’on  apposait 
sur  le  front  n’était  pas  une  onction  mais  plutôt  une 
marque  gravée  au  fer  ardent8.  Les  Lions  et  les  Perses 
se  purifiaient  à  l’aide  de  miel,  dont  les  premiers  s’endui¬ 
saient  la  langue  9,  sans  doute  parce  que,  nourriture  des 
bienheureux,  il  était  censé  donner  l’immortalité10.  Confor¬ 
mément  aux  traditions  mazdéennes,  on  consacrait  du 
pain  et  de  l’eau,  auquel  on  mêlait  le  vin,  substitut  du 
Haoma  avestique,  et  le  breuvage  sacré  passait  pour  pro¬ 
duire  des  effets  surnaturels11.  Ce  banquet  mystique,  que 
les  apologistes  rapprochent  de  la  communion  chré- 


Fig.  508 ; .  —  Bas-relief  de  Konjica.  Corbeau,  Perse,  Soldat  el  Lion  assislant  au 
banquet  sacré. 


tienne12,  est  représenté  sur  un  curieux  bas-relief  décou- 
vert  ei1  Bosnie  (fi g.  5087). 

Quelque  remarquables  que  soient  ces  cérémonies, 
n°us  ne  pouvons  apprécier  que  très  imparfaitement  le 


rituel  mithriaque.  Des  livres  liturgiques  qui  ont  cerlaine- 
ment  été  en  usage,  nous  n’avons  rien  conservé  sinon  un 
vers  grec  emprunté  à  un  hymne  sacré13,  et  les  formules 
en  langue  inconnue  qui  sont  gravées  sur  certains  monu¬ 
ments,  telles  quele  Narna  Sebesioàu  bas-relief  Borghèse 1  ', 
restentpour  nous  lettre  close.  Il  n’est  pas  douteux  cepen¬ 
dant  que  le  mithriacisme  fût  resté,  ou  du  moins  prétendit 
être  resté  fidèle  aux  rites  perses,  dont  on  faisait  remonter 
l’origine  à  Zoroastre1'. 

La  connaissance  de  ces  rites  était  fidèlement  conservée 
par  un  clergé,  dont  les  premiers  fondateurs  avaient  cer- 
tainementété  des  mages  orientaux.  Cet  ordo  sacerdotum  ,c 
était  distinct  de  toutes  les  catégories  d’initiés,  mais  nous 
ignorons  complètement  comment  il  était  recruté  et  orga¬ 
nisé  :  nous  voyons  seulement  que  le  sacerdos  ou  unlistes 
peut,  mais  ne  doit  pas  nécessairement,  faire  partie  des 
Pères11.  Tertullien  parle  encore  de  virgines  et  de  conti¬ 
nentes,  ce  qui  semble  impliquer  l’existence  d'une  sorte 
de  monachisme  mithriaque  '8. 

Le  rôle  de  ce  clergé  était  plus  considérable  que  dans 
les  anciens  temples  gréco-romains.  C’était  lui  qui  devait, 
de  concert  avec  les  Pères,  administrer  les  sacrements,  et 
présider  aux  dédicaces19.  Il  devait  aussi  réciter  les  prières 
traditionnelles,  par  exemple,  en  l’honneur  des  Planètes 
le  jour  qui  leur  était  consacré 20,  et  accomplir  les  sacrifices, 
dont  le  caractère  parait  avoir  été  très  variable21.  Tou¬ 
tefois,  c’est  à  tort  qu’on  a  prétendu  raLtacher  le  tauro- 
bole  [taurobolil’m]  au  culte  de  Mithra.  En  Occident, 
cette  immolation  n’a  été  pratiquée  qu’en  l’honneur  de  la 
Magna  Mater ,  mais  elle  a  probablement  été  empruntée  par 
les  Romains  aux  temples  de  Cappadcoit,  où  son  caractère 
s’était  modifié  sous  l’action  des  croyances  mazdéennes22. 

Nous  sommes  on  ne  peut  plus  mal  renseignés  sur  les 
fêtes  célébrées  par  les  fidèles  du  dieu  perse.  On  n’entend 
jamais  parler  en  Occident  des  Mithrakana  {supra, 
p.  1944),  mais  peut-être  avaient-ils  été  transportés  au 
25  décembre,  date  à  laquelle  le  Natalis  invicti,  la 
renaissance  du  Soleil,  était  commémorée,  avant  que 
les  chrétiens  la  choisissent  pour  la  Noël 23. 

Toutes  ces  cérémonies  occultes,  sur  lesquelles  les  Parti¬ 
cipants  s'obligeaient  à  garder  le  secret,  étaient  célébrées 
dans  des  temples  souterrains,  merveilleusement  propres 
à  produire  une  impression  mystique.  Suivant  la  légende, 
Zoroastre  avait  le  premier  consacré  à  Mithra  dans  les 
montagnes  de  la  Perse  un  antre  «  fleuri  et  arrosé  de 
sources24  »,  et  la  tradition  imposait  aux  mithriastes 
l’obligation  d’établir  leurs  sanctuaires  dans  des  grottes, 
et  de  préférence  dans  celles  où  jaillissait  une  source  25. 
A  défaut  d’une  véritable  caverne,  ils  aimaient  au  moins 
à  bâtir  leurs  temples  au  milieu  des  rochers  ou  sur  le  flanc 
de  collines  escarpées.  Même  dans  les  villes  ou  dans  les 
plaines  où  toute  excavation  rupestre  faisait  défaut,  les 
mithréums  furent  toujours  des  cryptes  souterraines, 
auxquelles  on  appliquait  indifféremment  les  noms  de 
spelaeum,specus ,  spelunca,  antrum,  ou  les  appellations 


I  1  ■  August.  L.  c.  (n.  69).  —  2  Tertull.  De  corona,  15;  cf.  Textes  et  Mon. 
jj  '  ~  3  Lampi'id .  Comm.  c.  9;  cf.  Textes  et  Mon.  I,  322.  —  4  Grog. 
^  ,1U/.  Adv,  lui,  i,  7Qi  g9j  et  3tirtout  Nonnus  le  mythographe  et  les  auteurs 
!!“"tin8  fiui  le  copient,  cf.  Textes  et  Mon.  1. 1,  p.  30.  —  5  Textes  et  Mon.  t.  I, 
W.  S  '  0  Tertull.  De  corona,  15;  Adv.  Marc.  I,  13.  —  7  Id.  De  praescr. 

40  !  bapt.  c.  5.  —  8  Id.  L.  c.  ;  cf.  Textes  et  Mon.  1,  p.  319.  —  9  Por- 
19(1-'  l>e  antro  Nymph.  40.  —  10  Cf.  L'sener,  Milch  und  Bonig  ( Bermes ,  LV1I, 
cf  |v  ''  '  "  Sfl'h  —  11  Textes  et  Mon.  t.  I,  p.  320.  —  12  Justin.  Mart.  Apol.  I,  63 ; 
'"IL  !..  c.  —  13  l  inn ic.  Mat.  De  err.  prof.  Tel.  c.  4;  cf.  Textes  et  Mon.  1, 


p.  313.  —  14  Textes  et  Mon.  1,  314,  n.  2.  Nama  est  sans  doute  le  mot  ersan 
«  hommage  ».—  15  Firmic.  Mat.  L.c.  :  Vos  qui  dicitis  rite  sacra  fieri  magoruif 
ritu  persico.  Cf.  Textes  cl  Mon.  L.  c.  —  16  Corp.  inscr.  lat.  VI  2151  18). 

—  n  Textes  et  Mon.  t.  I,  p.  523.  —  18  Tertull.  De  praescr.  haeret.  40.  —  19  Textes 
et  Mon.  t.  1,  p.  324.  —  20  On  pourra  se  faire  une  idée  de  ce  qu'étaient  ces  invoca¬ 
tions  par  les  Documents  pour  Vét.  de  la  Beligion  des  Barraniens  de  llozy  (publiés 
par  lie  Goeje,  Actes  du  Congrès  orient.  Lcyde  1883),  p.  283  sq.  —  21  Textes  et  Mon. 
1,  325.  —  22  Cf.  Berne  hist.  et  litt.  relig.  I.  VI,  1901,  p.  97  sq.  —  23  Textes  et 
Mon.  I,  p.  325,  p.  342.  —  24  Porph.  De  antro  Nymph.  5.  —  25  Textes  et  Mon.  I,  55. 


MIT 


—  1950  — 


MIT 


plus  générales  de  templum ,  aedes,  sacrorium  On  a 
retrouvé  un  nombre  considérable  de  ces  édifices,  el  l’on 
peut  se  rendre  un  compte  exact  de  leur  disposition  tradi¬ 
tionnelle,  qui 
se  répète  par¬ 
tout  presque 
sans  variation 
(fi g.  5088)  ’2. 

Sur  la  voie 
publique  se 
dressait  une 

façade  formée  d’une  colonnade  surmontée  d’un  fronton 
{portions).  En  franchissant  le  seuil,  on  pénétrait  d’abord 
dans  une  salle  ouverte  par  devant  et  située  au-dessus  du 
sol,  le  ptmnaos  (A).  Ce  pronaos  était  fermé  au  fond  par  une 
porte,  qui  donnait  ordinairement  accès  dans  une  seconde 


salle  plus  petite,  sans  doute  Vapparatorium  o„  • 

(B,  C).  Dans  cette  sacristie,  ou  parfois  directementT'6 
le  pronaos,  donnait  un  escalier  par  lequel  on  dcsn  '  p 

dans  le  sanc¬ 


tuaire 


pl'O- 


Fig.  5088.  —  Coupe  d’un  mithréum  de  Heddernlicim 


prennent  dit 
la  crypta. 
Celle  crypte, 

1  fia  on  regar¬ 
dait  comme 

du  monde  %  devait  elre  cintree  pour  muter  le  firmament  1 
Lorsqu’on  ne  pouvait  construire  une  voûte  de  maçonnerie 
on  en  donnait  l’illusion  par  un  plafond  cintré  formé  de  vo- 
lards  entrelacés  et  enduits  de  plâtre  (fig.  5089) 4.  En  péné 
trant  dans  la  crypte,  on  se  trouvait  d’abord  sur  une  sorte  de 


Fig.  5089.  —  Restauration  d’un  mithréum  de  Carnunlum. 


palier  occupant  toute  la  largeur  de  la  salle  (D)  :  au  delà, 
celle-ci  se  divisait  en  trois  parties,  un  couloir  central  d’une 
largeur  moyenne  de  2  m.  50,  qui  était  le  chœur  réservé  aux 
officiants  (F),  et  deux  bancs  de  maçonnerie  qui  s’étendent  le 
long  des  murs  latéraux  (E)  et  dont  la  surface  supérieui  e, 
large  d’environ  1  m.  50,  était  inclinée  ;  c  est  là  que  s  age¬ 
nouillaient  les  assistants.  Au  fond  du  temple, on  ménageait 
d’ordinaire  une  abside  surélevée  [absidata,  exedra  G) . 
c’est  là  que  se  dressait  régulièrement  le  groupe  hiéra¬ 
tique  du  Mithra  tauroctone,  qui  était  accompagné  parfois 
d’autres  images  sacrées  et  devant  lequel  étaient  placés 
les  autels  où  brûlait  le  feu  sacré  3.  Une  petite  excavation 
cimentée  servait  à  recueillir  le  sang  des  victimes  dont 
les  restes  calcinés  étaient  jetés  dans  des  fosses  profondes 
en  dehors  du  temple.  D’autres  récipients  devaient  con¬ 
tenir  l’eau  bénite6.  A  Ostie,  une  échelle  mystique,  des¬ 
sinée  dans  la  mosaïque  du  pavement,  rappelait  les  sept 
sphères  superposées  des  planètes  et  marquait  les  stations 
où  le  prêtre  s’arrêtait  pour  les  invoquer7.  La  disposition 
des  lieux  ne  nous  révèle  malheureusement  que  fort  impar¬ 
faitement  quelles  cérémonies  on  accomplissait  dans  les 
spelaea.  Nous  pouvons  du  moins  imaginer  1  impression 
que  devait  faire  sur  le  néophyte  l’aspect  du  sanctuaire, 


l  M.  Gcorg  Wolff  a  démontré  que  toutes  ces  désignations  étaient  synonymes  et 
qu’il  ne  fallait  pas  distinguer  plusieurs  espèces  de  sanctuaires  mithriaques  ;  cf.  Tcxt_e* 
et  Mon  I  57  sq.  Le  terme  propre  est  spetaeum.  —  2  Textes  et  Mon.  t.  Il,  p.  '  . 
I.  207.  1  3  Porph .  L.  c.  -  4  Textes  et  Mon.  t.  Il,  p.  49:1,  fig.  430.  -  5  Cf.  sur 


tcoré  de  mosaïques,  de  peintures  ou  de  stucs  brillants  ,  j 
lairé  uniquement  par  des  lampes  rangées  autour  du  I 
teeur  qui  jetaient  une  vive  clarté  sur  les  images  des  1 
eux  et  les  officiants  9,  et  où  des  jeux  de  lumière  habile- 1 
ent  ménagés  favorisaient  les  mystifications  des  thau- 
aturges  10. 

La  doctrine  des  mystères.  —  Les  auteurs  anciens  ne  I 
dus  fournissent,  sur  les  doctrines  enseignées  dans  les 
itères,  que  des  renseignements  fort  incomplets  et  sou 
înt  suspects.  Les  inscriptions  ne  sont  pas  plus  exp  1 
tes  :  on  n’a  découvert  jusqu’ici  que  fort  peu  de  scu  P 
ires  qui  soient  accompagnées  de  légendes  explicatives, 
’est  l’étude  comparée  des  monuments  figures  qui  p  ^ 
mie  de  retrouver  les  croyances  dont  ils  bob i 
ion,  et  toute  recherche  sur  la  théologie  mit  u  1  J 
Lirtout  un  commentaire  archéologique  des  î  P  _ 
ons  sacrées11.  Nous  ne  pouvons  qu’esquisser 
•aits  les  contours  d’un  système  doctrinal,  d o 
'ailleurs  restent  souvent  incertains.  n0US 

L’histoire  des  origines  du  milhriacisme,  sa  tro¬ 
uvons  résumée  plus  haut,  nous  indique ^ogè nés. 
dgie  était  formée  d’un  mélangé  e i  og  ique,  et 

u  fond,  certainement,  elle  était  d  orie 

6  Cf  Textes  et  M011,  ^  ^*1 

plan  des  mitliréums,  Textes  et  Mon.  I,  P-  58  s(h  -  j  3ÎÎ.  -  «  Ibid,  j 
-  7  Mon.  84  d.  -  8  Textes  et  Mon.  I,  P-  «  ■  Texles  et  Mon- 1-  ; 

.  8 1  et  323,  n.  2.  -  H  C’est  ce  que  j’ai  essayé  de  fan  e  ^  ^  ..^nce  ,o. 

.  70-220,  auxquels  je  suis  obligé  de  renvoyei  po  •  P 


—  1  95 1 


MIT 


MIT 


llv,.Ps  sacrés  du  parsisme  nous  ont  transmis  une 
J.' nie  t|e  conceptions  empruntées  à  la  vieille  religion  de 
l'Jrlll  d  qui  s’étaient  conservées,  parfois  sous  une  forme 
„,ii  différente,  dans  le  culte  propagé  en  Occident.  Les 
l'ii'  iiN  auxquels  les  artistes  ont  prêté  l’aspect  des  divinités 
(Vo’r0maines,  sont  en  réalité,  sauf  quelques  emprunts 
aux  cultes  d’Asie  Mineure,  ceux  du  mazdéisme.  Seu- 
cclui-ci  s’était  combiné  en  Banylonie  avec  la  reli- 
m  indigène,  et  dans  la  doctrine  mithriaque  des  élé - 
niontschaldéens  sesuperposentaux  traditions  iraniennes  : 
(les  théories  astrologiques  se  sont  ajoutées  partout  aux 
fables  naturalistes  des  anciens  Perses.  Les  prêtres  se  sont 
élu  à  attribuer  aux  images  de  leur  culte  des  sens  multi¬ 
ples  qu’ils  dévoilaient  successivement  aux  initiés,  et  le 
symbolisme  sidéral  paraît  avoir  été  seul  communiqué  à 
la  foule  des  fidèles  ;  la  connaissance  des  doctrines  maz- 
déennes,  qui  font  la  valeur  du  mithriacisme,  étant 
réservée  à  une  élite. 

Les  mages  d’Asie  Mineure,  qui  sont  les  ancêtres  du 
clergé  mithriaque,  appartenaient  à  la  secte  «  zervaniste  », 
dont  le  berceau  semble  être  la  Babylonie1.  En  d’autres 
termes,  ils  plaçaient  à  la  tète  de  la  hiérarchie  divine  et  à 
l’origine  des  choses,  le  Temps  Infini  (Zervan-Akarana), 
auquel  on  donnait  parfois  le  nom  d’A '(osv-Saeculum  ou 
celui  de  Kpôvoç-Saturnus,  regardé 
comme  synonyme  de  Xpôvoç.  On  le  re¬ 
présentait  sous  la  forme  d’un  monstre 
humain, àtê te delion,  le  corpsentouré 
d’un  serpent,  qui  fait  allusion  au  cours 
sinueux  du  soleil  sur  l’écliptique 
rappelé  ailleurs  par  les  figures  du 
zodiaque.  Il  est  ailé  pour  marquer  la 
rapidité  de  sa  fuite  ;  il  tient  le  sceptre 
et  le  foudre,  comme  divinité  souve¬ 
raine,  ou  les  clefs  qui  ouvrent  les  deux 
portes  du  ciel  (fig.  5090)  ;  on  surcharge 
ses  statues  d’attributs  divers  pour 
marquer  qu’il  réunit  virtuellement  en 
lui  la  puissance  de  tous  les  dieux, 
et  conformément  aux  doctrines  chal- 
déennes,  on  l’identifiait  au  Destin 3. 

Les  traditions  mithriaques  semblent 
avoir  expliqué  l’origine  du  monde 
par  une  série  de  générations  succes¬ 
sives  :  le  premier  principe  procréait  le  Ciel  et  la  Terre, 
qui  enfantaient  l’Océan,  et  on  les  adorait  aussi  sous  les 
noms  de  Jupiter,  Junon  et  Neptune.  C’était  la  triade  su¬ 
prême  du  panthéon  mithriaque  :  lorsqu’on  considérait 
inclus  au  point  de  vue  astrologique,  on  l’assimilait  par¬ 
fois,  comme  Ivronos,  au  Destin,  qui  détermine  les  révolu- 
fions  des  sphères  célestes3.  Lorsqu’on  voyait  en  lui  une 
personnification  du  firmament,  on  se  le  représentait 
comme  porté  sur  les  épaules  d’un  héros  semblable  à 
l’Atlas  grec4;  lorsqu’on  l’assimilait  à  Zeus  ( optimus 
Waxirnus  Caelus  aeternus  Jupiter)  s,  on  pensait  qu’il 
avait  succédé  à  son  père  dans  le  gouvernement  du  monde  : 
les  bas-reliefs  nous  montrent  Kronos  remettant  à  son  fils 
le  foudre  insigne  de  son  pouvoir6. 

I  1  l;f.  Textes  et  Mon.  I,  10  sq.  —  2  Statue  inédite  de  la  collection  de  Clerq.  Nous 
C’ons  1  obligeante  autorisation  de  Madame  de  Clercq  de  pouvoir  reproduire  ce 
wieux  monument  et  celui  que  reproduit  la  fig.  5092,  d'après  des  photographies.  Cl'. 
ex  cs  et  Mon.  I,  p.  74  sq.,  294.  L'inlerprétation  de  ces  figures  comme  divinités  du 

II  mps  est  due  à  Zoëga,  Abhandl.  187  sq.  On  en  connaît  aujourd’hui  vingt-six,  y 
compris  celle  qui  est  publiée  Rev.  arch.  1902,  pl.  i.  Elles  diffèrent  beaucoup  entre 


i’ig.  5090.  —  Kronos 
mithriaque  trouvé  à  Sidon. 


Toutes  les  autres  divinités  paraissent  (-Ire  issues  de 
l’union  de  Jupiter  et  de  Junon  :  on  les  voit  sur  les  monu¬ 
ments  réunis  en  assemblée  dans  1  Olympe  autour  de  leur 
père  et  maître,  qui  trône  au  centre  du  groupe  ‘.  Ils  y  ont 
l’aspect  des  dieux  gréco-romains,  mais  en  réalité,  les 
fidèles  adoraient  en  eux,  sous  des  noms  d  emprunt, 
l’escorte  barbare  qui  avait  suivi  Mithra  dans  ses  migra¬ 


tions.  Hercule  est  Arlagnès  (Verethraghna);  \  uleain,  ALar, 
le  génie  du  feu;  Bacchus,  le  Haoma  personnifié8,  etc. 
Seulement,  nous  ne  saisissons  que  fort  imparfaitement 
la  personnalité  de  tous  ces  génies  secondaires  dont 
il  est  inutile  de  don¬ 
ner  ici  une  énuméra¬ 
tion  complète. 

Ils  résident  tous 
avec  Jupiter  dans 
l’éternelle  clarté  de 
l’empyrée ,  auquel 
s’oppose  un  royaume 
ténébreux,  situé  dans 
les  profondeurs  de  la 
terre.  Ici,  Ahriman 
( Arimanius )  9  règne 
avec  Hécate  sur  la 
foule  des  démons.  Ces 
monstres  ont  tenté 
aux  origines  du 
monde  de  monter  à 
l’assaut  du  ciel,  mais, 
foudroyés  par  Jupi¬ 
ter,  ils  ont  été  préci¬ 
pités  dans  les  enfers  : 
cette  gigantomacliie 
est  souvent  représen¬ 
tée  sur  les  monu¬ 
ments  mithriaques 
(fig.  5091) 10.  Mais  ces 
puissances  infernales 
n’étaient  point  ré¬ 
duites  à  l’impuis¬ 
sance,  et  les  initiés 
leurs  offraient  des 
sacrifices  pour  dé¬ 
tourner  leur  colère 
ou  même  les  asservir  Fig' . 5091  '  7  Gig^iomachie  Océ.»  couché 

uaissance  de  Mithra  (Bas-reliet  de  Virununi). 

à  leurs  desseins 11 . 


Comme  les  démons,  les  dieux  exerçaient  une  influence 
sur  le  monde,  et  ils  causaient  ses  transformations.  Le 
mithriacisme  avait  hérité  des  anciens  Perses,  l’adoration 
du  Feu,del’Eau,delaTerreetdesVents  ou  de  l’Air12, mais 
systématisant  ce  vieux  culte  naturaliste,  il  honorait  en 
eux  les  quatre  éléments,  dont  la  transmutation  perpétuelle 
provoque  tous  les  phénomènes  physiques  :  un  groupe 
souvent  reproduit  et  composé  d’un  lion,  d’un  cratère  et 
d’un  serpent  symbolisait  la  lutte  du  feu,  de  l'eau  et  de 
la  terre  qui  s’entre-dévorent  constamment 13 .  L’action  des 
théories  philosophiques  est  ici  indubitable  :  un  mythe 
étrange,  où  les  quatre  chevaux  qui  traînent  le  char  du 


elles. —  3  Textes  et  Mon.  I,  p.  8G.  —  4  Ibid.  p.  90.  —  5  Inscr.  59  ( Corp .  iriser,  lat. 
VI,  82);  cf.  Herod.  I,  131,  xûxXov  tou  oûpayatf  A  foc  xaXIovtt;.  —  6  Textes  et  Mon.  1, 
p.  156,  295.  —  1  Ibid.  I,  p.  129,295.  —  8  Cf.  Ibid.  p.  142  sq.  —  9  laser.  27,  323,  324 
(deo  Arimanio)  ;  cf.  Cagnat,  Année  epigr.  1900,  a0  204.  —  10  Textes  et  Mon.  t.  1, 139 
sq.,  296.  —  1 1  Ibid.  1, 1 57  sq.  —  12  Herod.  I,  131:  8jou<ii  $è  fjXtui  xa\  atXr,vfl  xa\ xai  nupî 
xat  û'SotTi  xai  àvé|i.oi(n  ;  ei.Textes  et  Mon.  1, 103  sq.  — 13  Textes  et  Mon.  1, 99  sq.,  297  sq. 


MIT 


11)52  — 


MIT 


dieu  suprême  sont  les  emblèmes  des  quatre  éléments,  est 
devenu  une  allégorie  des  doctrines  stoïciennes  sur  le 
cataclysme  et  l’ÈxTtûpwfft;  universels1. 

A  côté  des  éléments,  la  théologie  des  mystères  regar¬ 
dait  les  astres  comme  des  puissances  divines.  Le  Soleil 
et  la  Lune  étaient  déjà  adorés  par  les  Perses,  et  les  mi- 
thriastes,  qui  sc  les  figuraient  encore  parcourant  le  ciel 


Fig.  3092.  —  Milhra  tauroclone  entouré  (tes  signes  du  Zodiai|iie  el  des  busles  des 
Saisons  (Bas-relief  de  Sidon). 

l’un  sur  un  quadrige,  l’autre  sur  un  char  attelé  de  deux  | 
taureaux  blancs  2,  avaient  cependant  complètement  | 


transformé  la  vieille  conception  mazdéenne  Ou  1 
geait  parmi  les  sept  Planètes,  qui  présidaient  ;Ul'x*'1Un'  I 
de  la  semaine  et  qui  étaient  l’objet  d’un  culte  tout  s  ''°lU'S 
Avec  elles  on  divinisait  les  douze  signes  du  Zod^1^' 
et  même  les  Mois  et  les  Saisons,  dont  ils  marou'Tî6 
succession3  (fig.  5092).  Les  autres  étoiles  et  constellé 
tions,  même  les  deux  hémisphères  célestes,  assimilés  ■  d~ 
Dioscures4,  étaient  aussi  déifiés.  Toute  cette  astrolatr* 
avait  été  empruntée  parles  mages  aux  Chaldéens  et  avec 
elle  s’était  introduite  dans  les  mystères  la  doctrine  du  hta  I 
lisme,  l’idée  d’une  nécessité  qui  dépend  du  mouvement  des 
cieux  et  qui  gouverne  les  hommes  et  les  choses.  La  difîu-  i 
sion  de  l’astrologie  a  certainement  été  favorisée  sous 
l’Empire  par  celle  du  mithriacisme  (nous  avons  con¬ 
servé  l’épitaphe  d’un  «  sacerdos  dei  Solis  invicti  Mithrae 
studiosus  astrologiae  »  5)  et  ses  doctrines  sur  le  pouvoir 
des  démons  permettaient  de  justifier  toutes  les  pratiques 
occultes  et  toutes  les  superstitions  G. 

Des  explications  astronomiques  furent  imaginées  dès 
l’antiquité,  piour  les  représentations  où  apparaît  Milhra 
devenu  un  dieu  solaire,  et  notamment  pour  l’image  hiéra¬ 
tique  de  Mithra  tauroctone.  Ainsi  on  plaçaitdes  deux  côtés 
de  celle-ci  deux  porte-flambeaux  ou  dadophores,  auxquels 
on  donnai tles  noms  énigmatiques  de  Cautes  et  Caulopatèf 
et  qui  étaient  regardés  comme  identiques  au  dieu  immo¬ 
lant  le  taureau.  Ce  triple  Mithra  (TpuAiatoç  MiOpaç)8  était 
considéré  comme  un  symbole  du  soleil  du  matin,  de  midi  et 


5093.  —  Millira  lauroclone  avec  une  série  de  scènes  des  légendes  sacrées  (Bas-relief  de  Neucnl 


du  soir,  ou  encore  du  soleil  du  printemps,  de  1  été  et  de 
l’automne.  Mais  ces  interprétations  sidérales  sont  mani¬ 
festement  adventices  et  récentes.  Les  scènes  diverses,  qui 

l  Dion.  Chrys.  Or.  XXXVI,  §  39  sq.  ;  cf.  Textes  et  Mon.  1,  298.  —  Cf.  Textes 
et  Mon.  1,  121  sq.  —  3  Sur  les  planètes,  cf.  Ibid.  1, 1 12  sq.  ;  les  signes  du  zodiaque, 
Jbid.  109  sq.  ;  les  mois  cl  les  saisons,  Ibid.  92;  cf.  p.  300  sq.  Coll,  de  Clcrcq,  voy. 


se  suivent  dans  un  ordre  régulier  Sur  nos '  Mithra 

présentent  en  réalité  des  épisodes  de  la  e  5093°)1 

1  du  taureau 


inscr-  lat- 


dontl’acte suprême  est  l’immolatiom 

,  ,  _  s  Corp-  1» 

p.  1953,  n.  2.  -i  Textes  et  Mon.  1,  p.  85,  HL  ■ '■  407  sq.  —  8  Ps.  üeny 
V,  5893  (=  192).  -  8  Textes  et  Mon.  h  300  sq.  •  ’  243,  pl-  ï- 

Aréop.  Épitre,  VU.  -  9  Bas-rclicf  de  Ncueuhe.m,  Textes 


—  1 953  — 


MIT 


\mlc  le  plus  fréquemment  reproduit  de  cette 
, c’est  la  naissance  du  dieu  (lig.  5091).  Des  textes 
'^'hreux  nous  rapportent  que  Mithra  était  né  d’un 
n01" !...  il  est  le  Os oç  sx  TtéTpaç  et  cette  Petra  genitrix 2 
^Ïadorée  dans  ses  temples.  Ce  mythe  figure  sans  doute 
^•'nitivement  la  lumière  jaillissant  du  ciel,  conçu  comme 
P"""()ûte  solide  3.  Mais  la  fable  s’était  emparée  de  cette 
!"!  1(rntion  miraculeuse  et,  comme  le  montrent  les  monu- 
cnn;;  011  racontait  que  le  dieu,  déjà  armé  d’un  couteau, 
une  torche  et  coiffé  de  son  bonnet  phrygien,  était 
lt'n'.uI,  je  jjord  d’un  fleuve,  et  des  pasteurs,  cachés  dans 
r  montagne,  avaient  observé  sa  venue  au  monde  et  lui 
avaient  apporté  des  offrandes  —  une  adoration  des  ber¬ 
gers  mithriaque  4.  .  . 

yous  ne  pouvons  passer  ici  en  revue  toute  la  sérié  des 

tableaux  qui  illustrent  la  légende  fort  incertaine  du  dieu  : 
on  ie  voit  successivement  couper  les  feuilles  d’un  arbre 
pour  se  vêtir3  et  ses  fruits  pour  s’en  nourrir,  tirer  de 
Tare  contre  un  rocher  dont  jaillit  une  source  vive  (c’est 
le  soleil  dont  les  rayons  percent  le  nuage  dont  s  échappe 
la  pluie) 6,  et  il  figure  dans  d’autres  scènes  encore.  Il 
suffira  de  rappeler  que  les  deux  légendes  principales  sont 
celles  de  Mithra  et  de  Sol  et  celle  de  Mithra  et  du  taureau. 

Lu  première  ne  peut  être  qu’imparfaitement  recons¬ 
tituée.  On  voit  seulement  que  Mithra,  en  couronnant  Sol, 
lui  donne  une  sorte  d’investiture  et  que  les  deux  divi¬ 
nités  concluent  alors  une  alliance  solennelle  h  C  est  avec 
le  Soleil  et  d’autres  compagnons  de  ses  travaux  que 
Mithra,  à  la  fin  de  sa  mission  terrestre,  célébrait  un 
festin,  qui  était  commémoré  par  le  banquet  sacré  des 
mystères,  de  même  que  chez  les  chrétiens  la  dernière  Cène 
l’était  par  la  communion  8.  Ensuite  Mithra  était  emporté 
sur  le  quadrige  de  son  compagnon,  par-dessus  1  Océan, 
vers  les  sphères  célestes,  c’était  l’ascension  mithriaque  . 

Le  contenu  de  la  seconde  fable  est  plus  étrange  et  elle 
;  s’explique  seulement  par  l’importance  que  le  mazdéisme 
attribue  au  taureau,  le  premier  des  êtres  vivants  créés 
par  Ahura-Mazda,  et  qui  est  une  conséquence  de  la  valeur 
qu’avaitcet  animal  pour  un  peuple  de  pasteurs.  Mithra  par¬ 
venait.  d’abord  à  dompter  la  bête  sauvage  et  il  1  entraînait 
dans  son  antre  en  la  tirant  par  les  pattes  de  derrière,  un 
mythe  analogue  à  ceux  d’ilercule  et  de  Cacus  qui  avait  lait 
donner  au  dieu  perse  le  nom  de  (üouxAÔ7ro<;  6sdç 10  (fig.  5094), 
lacté  lui-même  portant  celui  de  Transitus  11 .  La  con¬ 
clusion  de  ce  drame  était  la  mort  du  taureau,  qui  est  le 
sujet  le  plus  fréquemment  reproduit  sur  nos  monuments. 
Mithra  recevait  du  Soleil,  par  l’intermédiaire  du  corbeau, 
messager  de  celui-ci 12,  l’ordre  de  tuer  son  prisonnier. 
Remplissant  malgré  lui  la  mission  que  le  ciel  lui  imposait, 
Mithra  perçait  de  son  large  couteau  le  flanc  de  sa  victime, 
et  du  corps  de  celle-ci  naissaient  toutes  les  espèces  de 
'égélaux.  C’est  cette  floraison  merveilleuse  que  les  artistes 
ont  rappelée  discrètement  en  terminant  la  queue  du  tau¬ 
reau  mourant  par  une  touffe  d’épis  13.  Le  scorpion  et  le 

1  Just.  Mari.  Dial.  c.  Tryph.  70;  Gommod.  Instr.  I,  13;  Ps.-Plut.  De  /lue. 

Pirmic.  Mal.  De  err.  prof.  rel.  c.  20;  Hier.  Adr.  Jovinian.  I,  7.  —  2  Inscr. 
1S3,  3ii,  etc.;  cf.  Textes  et  Alon.  t.  II,  index,  p.  533  a,  et  Gurlilt,  Jahresh. 
arcl‘-  Ist.  Wien.  Il,  1899  ;  Bciblalt,  p.  92  sq.  une  dédicace  Naturae  dei,  c’esl- 
a-dire n  la  naissance  du  dieu  {—'Corp.  inscr.  lat.  III,  Suppl.  14354,  29).  •  3  Maio- 

uica,  Mitliras’  Felsengeburt  (Arc  h.  epigr.  MU  h.  aus  Oester.  Il),  p.  331  sq. 
'  1  Textes  et  Mon.  t.  I,  p.  159  sq.  -  5  Ibid.  p.  103  sq.  —  6  Ibid.  p.  104  sq. 
~  1  Ibid.  p.  172  sq.  —  8  Ibid.  p.  174  sq.  —  9  Ibid.  p.  170  sq.  —  10  Porphyr. 
De  an‘ro  Nyrnph.  18;  cf.  Firmic.  Mat.  De  err.  prof.  rel.  c.  4;  Commod.  Instr.  I, 
'  '  ■  I  crtebatque  boves  alicnos  semper  in  antris  sicut  et  Cacus  Vutcani  filius  ille. 
3094  d'apres  le  Bull,  covwi.  di  Borna ,  I,  p.  275  —  Textes  et  Mon.  t.  Il  u°  87, 


MIT 

serpent,  émissaires  d’Ahriman,  s’efforcèrent  de  dévorer  les 

testicules  et  de  boire  le  sang  du  moribond.  Néanmoins, 
le  sperme  de  celui-ci  devait  produire  toutes  les  races 


d’animaux  u,  et  son  âme,  gardée  par  le  chien,  fidèle  com¬ 
pagnon  de  Mithra,  devait  plus  tard  être  divinisée  et 
devenir  la  gardienne  des  troupeaux  ,3.  C’est  donc  une 
représentation  de  la  création  mazdéenne  que  le  groupe 
du  Mithra  tauroctone,  placé  régulièrement  dans  l’abside 
des  cryptes  sacrées  lfi. 

Mithra  était,  par  le  meurtre  du  taureau  sacré,  devenu 
le  créateur,  mais  là  ne  se  bornait  pas  son  rôle.  Remonté 
au  ciel,  le  dieu  «  invincible  »  ( deus  invictus ,  7.vixt,toç)  17 
était  le  protecteur  tout-puissant18  de  ses  fidèles  dans  la 
lutte  incessante  qu’ils  avaient  à  soutenir  contre  les  puis¬ 
sances  du  mal.  Il  les  aidait,  comme  chez  les  anciens 
Perses,  à  respecter  la  vérité,  à  pratiquer  la  justice  et  à 
conserver  cette  pureté  vers  laquelle  l’existence  du  myste 
devait  tendre,  en  combattant  sans  cesse  tous  les  instincts 
pervers  19,  Après  la  mort,  il  avait  pour  mission  de  con¬ 
duire  les  âmes  de  ses  serviteurs  jusqu’au  séjour  des 
bienheureux20.  Suivant  une  théorie,  où  des  éléments 
perses  et  chaldéens  étaient  combinés21,  les  âmes,  en 
s’abaissant  vers  la  terre,  traversaient  les  sphères  des 
planètes  et  recevaient  de  chacune  quelques-unes  de  leurs 
qualités  ;  en  remontant  au  ciel,  elles  se  dépouillaient, 
comme  de  vêtements,  des  penchants  et  des  facultés  qu’elles 
avaient  reçues  des  sept  astres,  pour  pénétrer  comme 
pure  essence  dans  le  séjour  lumineux  du  dieu  suprême  22. 

Toutefois  les  corps  eux-mêmes  devaient  participer  à  la 
félicité  éternelle  réservée  aux  justes.  A  la  fin  des  temps, 
Mithra  devait  de  nouveau  sacrifier  un  taureau  divin,  sem¬ 
blable  au  taureau  créateur,  pour  donner  l’immortalité 
aux  hommes.  Les  anciens  Perses  croyaient  déjà  à  la 
résurrection  des  morts,  et  cette  doctrine  avait  passé  dans 

_  Il  c.  i.  I.  III,  Suppl.  14354.  27  ;  cf.  Textes  et  Mon.  170  sq.  305.  —  12  Textes 

et  Mon.  172-173.  —  13  Ibid.  p.  186  sq.  —  14  Ibid.  p.  190  sq.  —  >5  Ibid.  p.  197  ; 

cf  305.  _  10  Ibid.  p.  198  sq.  —  O  Cf.  Ibid.  t.  II,  p.  532  sq.  Le  surnom  perse  de 

Nabarses  parait  avoir  le  même  sens  ;  Textes  et  Mon.  I,  p.  208,  u.  6.  —  18  Omni- 
potens,  Corp.  inscr.  lat.  X,  1479  (=  148).  —  19  Cf.  Textes  et  Mon.  I,  309,  où  j’ai 
essayé  de  résumer  le  peu  que  nous  savons  de  la  morale  mithriaque.  — -  20  Julien, 
Convie,  p.  336  C  :  Ijvixa  âv  IvtUvSë  èutiévat  Sév,  Tr ;  àiaôîjç  IXn L 3 ;  V|js[xôva  ôeàv 

(sc.  MÎOçav)  iù[iÉvîj  xafllimts  ireauta.  —  21  Cf.  Textes  et  Mon.  I,  p.  37  sq.  Celle 
doctrine  a  été  récemment  étudiée  en  détail  par  M.  Bousset,  Die  Himmelsreise 
der  Seele  ( Archiv .  für  Beliyionswiss.  t.  IV),  1901,  p.  160  sq.  —  22  Textes  el 
Mon.  t.  1,  p.  309. 


MIT 


—  1934  — 


lesmystèresmilhriaques  L’espérance  d’une  immortalité 
glorieuse  réservée  aux  initiés  a  certainement  exercé  sur 
eux  un  grand  attrait,  et  contribué  à  la  diffusion  des  mys¬ 
tères.  Ceux-ci  ont  aussi  dû  leur  succès  à  la  valeur  de  leur 
morale,  qui  favorisait  1  action  et  où  l’on  trouvait  dans  les 
luttes  de  la  vie  un  soutien  efficace.  La  conformité  de 
leurs  doctrines  avec  la  science  et  la  philosophie  du  temps  a 
pu  séduire  les  esprits  cultivés,  tandis  que  le  caractère  très 
primitif  a  certains  égards  d’un  culte  qui  divinisait  toute 
la  nature  avait  fortement  prise  sur  les  âmes  populaires  2. 

La  lutte  contre  le  christianisme.  —  La  religion  mi- 
thriaque  n’eut  rien  de  l’intolérance  du  mazdéisme  sassa- 
nide.  Elle  adopta  dans  les  diverses  provinces  les  dieux 
qui  y  étaient  honorés,  en  les  faisant  rentrer  dans  son 
système  doctrinal.  Elle  resta  toujours  en  relations  intimes 
avec  le  culte  commagénien  de  Jupiter  Dolichénus,  et  fit 
probablement  alliance  avec  celui  de  la  Mater  Magna ,  qui 
introduisit  dans  sa  liturgie  la  cérémonie  du  taurobole  (cf. 
p.  1948-9) 3.  Sous  l’influence  du  syncrétisme,  qui  régnait 
au  me  siècle,  on  inclina  même  avoir  dans  Mithra,  assimilé 
à  Sol  inv ictus,  le  dieu  unique  qui  est  adoré  sous  des  noms 
multiples  suivant  que  l’on  considère  ses  aspects  divers. 
Ce  panthéisme  solaire  était  soutenu  par  les  empereurs, 
dont  il  favorisait  la  politique  (p.  1947),  et  il  faillit  sous 
Aurélien  devenir  la  religion  officielle  de  l’État  romain  4. 

Les  mystères  persiques  devaient  donc  fatalement  entrer 
en  lutte  avec  l’Église  chrétienne,  qui  condamnait  le  poly¬ 
théisme  et  niait  la  divinité  des  empereurs.  La  rivalité 
entre  les  deux  religions  fut  d’autant  plus  vive  que  leurs 
caractères  étaient  plus  semblables,  et  l’on  peut  dire  que 
le  mazdéisme,  dont  le  culte  mithriaqne  est  une  forme, 
fut,  avant  l’Islam,  l’adversaire  le  plus  redoutable  que  le 
christianisme  ait  rencontré.  Nous  n’avons  pas  à  insister 
ici  sur  les  similitudes,  signalées  par  les  apologistes  eux- 
mêmes  5,  qui  existaient  entre  les  dogmes  et  les  rites 
chrétiens  et  mithriaques,  ni  surtout  à  trancher  la  question 
de  savoir  s’il  y  a  eu  imitation  et  de  quel  côté.  Beaucoup 
d’analogies  s’expliquent  par  l’origine  orientale  commune 
des  deux  cultes,  et  il  n’y  a  guère  que  le  domaine  de  l’art 
où  l’on  puisse  constater  avec  certitude  les  emprunts 
faits  par  l’Église  à  ses  prédécesseurs  païens6. 

Si  l’on  considère  la  quantité  de  monuments  que  le 
mithriacisme  nous  a  laissés,  on  peut  se  demander  si,  à 
l’époque  des  Sévères,  ses  fidèles  n’étaient  pas  plus  nom¬ 
breux  que  les  chrétiens.  Mais  les  premières  invasions  des 
barbares,  notamment  la  perte  de  la  Dacie  (275  ap.  J.-C.) 


i  Tertull.  De  praescr.  haeret,  40  :  imaginent  resurrectionis  inducit  ;  cf.  Textes 
et  Mon.  I,  p.  187  sq.,  311.  —  2  Textes  et  Mon.  p.  371.  —  3  Sur  tout  ceci,  cf. 
Ibid.  I,  p.  330  sq.  —  4  Cf.  Ibid.  p.  336  sq.  —  5  Iust.  Mart.  Dial,  cum  Tryph.  70, 
78;  Apol.  I,  66;  Tertull.  De  corona ,  15;  De  praescr.  haeret.  40.  —  6  Cf.  Textes 
et  Mon.  I,  339.  Un  point  spécial  a  été  discuté  récemment  par  M.  Jean  Réville, 
Études  publiées  en  hommage  à  la  Faculté  de  Montauban ,  1901,  p.  339  sq.  et 
M.  A.  Dieterich,  Zcitschr.  f.  Neutest.  Wissensch.  1902,  p.  190  :  Les  traditions 
chrétiennes  relatives  à  la  naissance  de  Jésus  seraient  influencées  par  la  légende 
mithriaqne.  —  7  Cf.  Textes  et  Mon.  1,  p.  344  sq.  —  8  Meurtre  du  patriarche 
Georges;  Socr.  Ilist.  eccl.  III,  2;  Sozom.  V,  7.  —  a  Textes  et  Mon.  I,  347  sq. 
Découverte  du  squelette  d'un  prêtre  exécuté  et  enterré  dans  le  milhréum  de 
Sarrebourg;  cf.  Textes  et  Mon.  t.  II,  p.  519.  —  10  Hier,  Epist.  CV1I  ad 
Laetam  ;  cf.  Prudent.  Contra  Sgmmach.  I,  501  sq.  —  U  Corp.  inscr.  lat.  Vf,  749- 
754  (=  inscr.  7,  21;  cf.  147).  —  12  Carmen  contra  paganos  ( Anthol .  latina ,  éd. 
Riese,  I,  p.  20),  v.  46  sq.  ;  cf.  Textes  et  Mon.  II,  p.  52.  Deslruction  d'un  mithréum 
à  Alexandrie  en  391,  Socr.  V,  16,  mais  cf.  Textes  et  Mon.  1,  362  note.  —  *3  La 
dernière  inscription  datée  est  de  l'année  387  ap.  J.-C.  Une  prétendue  dédicace  de 
Lan  391  est  fausse,  Corp.  inscr.  lat.  VI,  736  =  30  823.  —  U  Textes  et  Mon.  I,  348. 
—  13  Ibid.  I,  p.  44  sq.  349  sq.  —  Bibliographie.  Cet  article  résume  brièvement  mes 
Textes  et  Monuments  figurés  relatifs  aux  mystères  de  Mithra,  2  vol.  Bruxelles, 
1896-1889.  On  y  trouvera,  t.  I,  p.  21  sq.  une  bibliographie  critique  des  ouvrages 
antérieurs  sur  le  mithriacisme,  parmi  lesquels  T  Introduction  de  Lajard  (1847), 


MIT 


el  celle  des  Champs  Décumates  portèrentun 


ci  une  religion  qui  était  répandue  C°UP  '<‘rril,le 

va  bientôt 


La  conversion  de  Constantin  lui  7nl7vT  ***  IV°nlières- 


que  les 


empereurs  lui  avaient  jusaue-h  T  1  a,Ppui 
des  lors  elle  déclina  rapidement1.  Même  |'CC°.r'  e  et 
amenée  par  la  conversion  de  Julien,  adente  réaCt‘°n 
mystères  (p.  1947),  ne  rendit  à  ceux-’ci  ! XI  S  ** 
ephemère.  Les  troubles  sanglants  qui  avaient  „  Ce 
règne  de  l’Apostat 6  servirent  de  prétexte  à !“ 
sai lies,  et  les  ruines  des  mithréums  attestent  h 
de  la  persécution  ».  En  377,  le  préfet  Gracchus,  „„ 
sa, ni  Jerome  •»,  specum  Mithvae  et  omnia  ponml 
simulacra...  subvertit,  f  régit,  excussit  et  his  „,T- 
obsidibus  datis ,  impetravit  baptismum  Christi.  t0Ui  ! 
fois,  malgré  les  édits  des  empereurs  interdisant  l’exer 
cce  Public  de  l’idolâtrie,  l’aristocratie  romaine  restait 
fidèle  au  culte  de  ses  ancêtres  :  à  la  fin  du  ive  siècle  uni 
grand  seigneur  releva  à  ses  frais,  près  de  la  voie  Flàmi 


nienne,  une  crypte  construite  par  son  aïeul 


et  en  393, 


sous  le  gouvernement  d’Eugène,  le  préfet  du  prétoire 
célébra  encore  officiellement  les  mystères12.  Mais  après 
la  victoire  de  Théodose  sur  l’usurpateur  (394),  on  n’entend 
plus  parler  d’eux  à  Rome13.  Ils  se  conservèrent  plus 
longtemps  dans  certains  districts  reculés  des  provinces 
latines  et  surtout  dans  celles  d’Orient u.  Mais  leur  ruine 
était  irrémédiable.  Seulement  les  conceptions  qu’ils 
avaient  répandues  dans  l’empire  ne  devaient  pas  dispa¬ 
raître  avec  eux.  Ils  avaient  préparé  les  esprits  à  accueillir 
le  manichéisme,  qui,  à  certains  égards,  doitêlre  considéré 
comme  l’héritier  et  le  continuateur  du  mithriacisme13. 

Franz  Ce  mont. 

MITRA  (gérpa)  L  —  Longue  bande  d’étoffe,  de  cuir  ou 
de  métal,  qui  pouvait,  suivant  les  cas,  servir  de  ceinture 
ou  de  bandeau  pour  les  cheveux. 

I.  —  On  trouvera  au  mot  cingulum  la  mention  des  cas 
où  la  p-tTpa  ne  diffère  pas  de  la  simple  Çü>vr),  qu’elle  soit 
employée  au  costume  des  athlètes  2,  ou  que,  le  plus  sou¬ 
vent,  elle  serve  à  la  parure  féminine,  pour  serrer  la  taille3 
ou  soutenir  les  seins4.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ces 
acceptions  usuelles.  Nous  nous  bornerons  à  étudier  le 
sens  particulier  du  mot  à  l’époque  homérique  et  le  mode 
spécial  d’armement  auquel  il  paraît  s’appliquer.  Ilelbig 5  i 
et,  après  lui,  Reichel 6  ont  élucidé,  d’une  manière  qui 
paraît  définitive,  les  difficultés  du  texte  homérique.  Nous 
ne  ferons  guère,  comme  on  l’a  fait  avant  nous1,  que 
résumer  leurs  conclusions. 


.sic  recueil  de  dessins,  mérite  une  mention  spéciale.  Je  me  bornciai  ici  à  h  ^ 
liste  des  publications  parues  depuis  1899  :  I.  Nouvelles  découvrîtes  .  nu  ’ 
ermont-Ganneau,  Comptes  rendus  Acad.  Inscr.  mars  1903  ;  Rome  (Bron/.i  s  au 
useum,  Catalogue  de  Walters,  1899,  n“»  904,  1017,  1018;  bas-reliefs  a  5  0  1  .  . 

uttgart,  Cumont,  lier.  arch.  1902,  I,  p.  1  sq.);  Mésie  supérieur!  1  '  ' 

ihresh.  Oester.  Instit.  IV,  1901,  Beiblatt,  p.  75  sq.  ;  Dalmatie  (Spaalo 
itsch,  Wissensch.  Mitt.  ans  Bosnien,  IV,  1900,  129  ;  (Konjica),  /  • 

34  sq.  ;  (Arupium),  Patsch,  Die  Lika  in  rômischer  Zeit ,  Pannonu.  1 

irlitt,  Jahresh.  Oesterr.  Instit.  II,  1899,  p.  89  sq.;  (Agram),  S.,  uinui- 
ire,  11,  477,  n.  5  ;  (Aquincum),  Kuzsinski,  Jahrcsliefte  Oest.  Instit.  ^  ^ 

54  sq.  ;  Germanie  (Zazenhausen),  Sixt,  Fundberichte  aus  Schuaie  ,  ^ ^  ^ 

41  ;  (  Wiesbaden),  Ritlcrling,  Mitt.  Ver.  f.  Nassauischc  Altei  lums  i ‘  ^rt;n|eS 
17  sq.  —  IL  Études:  Wissowa,  Religion  der  Borner,  190-,  P-  ajouter 

Jean  Réville  et  A.  Dieterich  signalés  ci-dessus,  n.  6.  foui  ce  eu  ^ 
i  récent  article  des  Donner  Jahrbücher,  Hefl  108-9,  Bonn,  l®®->  P"  ^  1302.  1 
1  résumé  de  mes  recherches  sous  le  titre  Les  Mystères  de  J  ll 
1  annonce  un  travail  d’Alb.  Dieterich  sur  la  liturgie  mithriaqne  (  ^  j5t  il. 

MITRA.  1  Eust.  p.  453,  44;  Etym.  Magn.  s.  v.  et  Hesycli.  —  p.  368, 

3  Apoll.  Rh.  I,  287;  Call.  Jov.  21.-4  Call.  Ep.  40,  4.  -  la  gestion 

ad.  Trawinski  ;  Mém.  Acad.  Inscr.  XXXV,  2°  part.  p.  ^  1897, 

jcénienne).  — 6  Hom.  Waffen,  2e  éd.  p.  73,  p.9l  sq. 

109-183,  pi.  x-xi  (Perdrizet). 


MIT 


MIT 


—  I 955  — 


J  c  2 


livre 


Il  régulte  de  l’examen  attentif  du  IV® 1  et  du  Ve 
de [7/ifl^ que  fAtTP7i  étaitportée  directement  sur  la  peau 
et  aiitour  des  parties  molles  du  ventre,  qu’elle  protégeait, 
lille  pouvait  être  employée  seule  et  former  alors  l’unique 
défense  du  guerrier,  comme  ce  paraît  être  le  cas  pour 
^■ès,  attaqué  et  blessé  par  Diomède.  Elle  pouvait  aussi 
s'ajouter  à  d’autres  pièces  d’armure  qui  la  recouvraient, 
telles  que  la  Lunique,  Oojp-^;,  et  une  ceinture  extérieure, 
çwfftVjp,  destinée  à  maintenir  le  Stop-^.  Quelque  singulière 
que  puisse  nous  paraître  cette  conception  d’une  lame, 
même  épaisse  et  assez  haute,  considérée  comme  l’unique 
sauvegarde  et  la  seule  protection  des  combattants,  il 
n’est  pas  à  douter  qu’elle  ne  soit  exacte,  car  d’assez  nom¬ 
breux  monuments  figurés  permettent  de  nous  en  faire 
ime  idée  assez  précise.  Sur  des  monuments  mycéniens  3, 
tels  que  les  coupes  de  Vapliio,  le  pagne,  formé  d’une 
mince  et  longue  bande  d’étoffe  plusieurs  fois  enroulée 
autour  de  la  taille,  n’est  autre  chose  qu’une  purp-q  :  si  les 
bords  en  pendent  devant  les  parties,  ce  n’est  poinL  par 
pudeur,  mais  parce  qu’une  Çoàv/j  de  toile  s’assujettissait 
autrement  qu’une  bande  de  cuir4. 

Les  fouilles  de  Delphes5  et  d’Olympie®  ont  mis  à  jour 
un  assez  grand  nombre  de  statuettes  de  bronze,  de  style 
primitif,  qui  nous  montrent  comment 
était  formée  cette  puTpa.  Il  est  à  re¬ 
marquer  que  ces  idoles,  bien  que  les 
armes  n’en  aient  pas  été  conservées, 
représentaient  à  n’en  pas  douter  des 
guerriers  :  le  plus  souvent,  la  tête  en 
est  casquée  ;  la  main  droite,  levée  à  la 
hauteur  du  visage,  devait  brandir  la 
lance,  et  la  gauche,  baissée  à  la  taille, 
près  de  la  ceinture,  tenait  sans  doute 
le  bouclier.  Il  s’agit  donc  d’un  emploi 
tout  pareil  à  celui  dont  il  est  question 
dans  les  poèmes  homériques,  et  la 
ceinture  que  portent  ces  guerriers  est 
et  ne  peut  être  que  la  purpa.  Celle-ci, 
qu’elle  soit  en  relief  comme  à  Olympie, 
ou  représentée  en  creux  comme  à 
Delphes,  est  presque  toujours  à  bandes 
ou  bourrelets  étagés.  Les  renflements 
sont  de  nature  et  de  forme  très  varia¬ 
bles.  Sur  l’un  de  ces  monuments 
(lîg.  5095) 7 ,  six  côtes  superposées 
se  succèdent  au-dessus  des  hanches.  Ailleurs8,  trois  ban¬ 
deaux  en  saillie  alternent  avec  deux  lames  rentrantes,  et 
detuin  de  ces  bandeaux,  au  lieu  d’être  plat  ou  simplement 
"'nlle,  est  formé  d’une  série  de  moulures  et  de  listels 
'  tagés.  Enfin,  la  ceinture  peut  être  simple  et  à  fermeture 
nn  diane  (fig.  5096) 9,  mais  les  bords  supérieur  et  inférieur, 
:"nM  Ltue  la  jointure,  sont  en  légère  saillie  sur  le  fond  : 
s«igit  évidemment  ici  d’une  armature  de  métal  qui  était 

lVÂn  ~  1  i  A 


tig.  5095.  —  La  mit  va 
ceinturon. 


fixée 


•sur  la  lame  de  cuir  et  qui  en  consolidait  les  atta- 


j[re  "(  ~  2  V.  856-859.  —  3  Une  terre  cuite  primitive  de  Troie  (peut- 

serre  ^  |  représente  une  femme  nue,  assise,  qu’une  ceinture  double 

^  4  toille ,  sans  doute  pour  comprimer  l’abdomen  (Hcernes,  Urgeschichte 

Iiorn  ™  KUnS*'  33,  p.  180).  Le  cas  est  tout  différent  de  celui  de  la 
féraiiiino  V  '  **le  Iteul  rapprocher  de  l’idole  troyenne,  la  statuette  sans  doute 
-4.)"/./  Urassempuy,  Rev.  anthropol.  1895,  pl.  vu,  1,  p.  147-8  (Piette). 
~  6  Furl  >UC^’  P-  ^  Bull.  corr.  hell.  1897,  p.  109-183,  passim. 

^gnient  d  aeD^er'  t.  IV,  Die  Bronzer/,  pl.  iv  et  xvi.  Voir  aussi  un 

swployée  1  ' aS<!  m>cénie"  cn  relief  publié  par  M.  Ma*.  Mover,  qui  montre  la  nÎTf>i 
pWsomi  '  anneau  qui  serre  la  taille  est  évidemment  ici  fait  de  métal  et  le 

5°e  11  a  Pas  d  autre  arme  défensive.  —  7  Bull.  corr.  hell.  1897,  p.  173, 


Fig.  5090. 


elles.  Cette  dernière  statuette  est  pour  nous  d’un  intérêt 
particulier,  parce  qu’elle  est  plus  récente  que  les  précé¬ 
dentes.  Peut-être  n’est-elle  pas 
antérieure  au  début  du  vi®  siècle. 

C’est  la  preuve  que  l’emploi  de  la 
giApa,  qui  commença  dès  lapériode 
mycénienne,  dura  pendant  toute 
l’époque  archaïque.  Pollux,  sur 
la  métope  du  trésor  des  Sicyo- 
niens  découverte  à  Delphes,  la 
porte  encore  sous  la  chlamyde. 

Un  torse  d’Apollon  archaïque 
trouvé  par  M.  Doublet  à  Délos  a  la 
taille  serrée  par  une  ceinture  ana¬ 
logue  ,0.  Enlin,  l’Apollon  colossal 
offert  par  les  Naxiens 11  paraît  bien 
avoir  eu  lapuxpa.  L’usagedoitavoir 
duré,  avec  des  intermittences,  jus¬ 
que  vers  l’an  500 12  avant  notre 
ère.  Il  est  singulier  qu’aucune 
ftixpx  complète  ne  soit  venue 

jusqu’à  nous,  car  il  n’est  pas  douteux  que  la  plupart 
étaient  de  métal.  Homère  le  dit  formellement 13  et  les 
lexicographes  sont  très  nets  sur  ce  point I4.  L’un  même 
nous  apprend  que  la  ceinture  était  parfois  faite  de  mailles, 
àXutjtoürr/] 13.  Les  deux  garnitures  de  bronze,  découvertes 
à  Mycènes  et  signalées  par  M.  Perdrizet’6,  paraissent  bien 
provenir  de  jjuTpat,  mais  ce  sont  les  seuls  documents  con¬ 
nus  ;  la  plupart  des  ceintures  devaient  être  de  cuir,  ou 
même  d’étoffes  épaisses  et  superposées.  M.  Furtwængler  a 
publié  un  bronze  acquis  récemment  parle  Musée  de  Berlin, 
où  il  a  proposé  de  reconnaître 
la  giTpa  1 7,  mais  la  ceinture  y 
est  extérieure  et  le  tablier  qui 
termine  en  bas  la  cuirasse  ne 
paraît  pas  posée  sur  une  Çtovv) 
intérieure. 

If.  —  La  gtTpa  servait  aussi  à 
serrer  et  fixer  la  chevelure  ’8. 

L’usage  est  ici  général,  commun 
aux  hommes  et  aux  femmes,  et 
ne  se  bornant  pas  à  la  période 
archaïque.  Les  inventaires  de 
temples,  celui  en  particulier  de 
la  Héra  samienne,  mentionnent 
des  gtxpai 19.  Elles  apparaissent 
fréquemment  sur  les  représen¬ 
tations  de  Dèmèter  et  de  Kora, 
que  celles-ci  soient  archaïques 
(fig.  1322)  2Ü,  ou  relativement  récentes  21 .  Mais  elles 
n’étaient  pas  spécialement  réservées  aux  déesses,  ni 
même  aux  femmes.  Les  athlètes  vainqueurs  en  sont 
couronnés22;  parmi  les  dieux,  c’est  le  plus  efféminé, 
Dionysos,  qui  porte  le  plus  volontiers  et  le  plus  souvent 

fig.  4.-8  Ibid.  p.  173,  fig.  5.-9  Ibid.  pl.  x.  —  10  Ibid.  fig.  6,  p.  176.  —  11  Ibid. 
fig.  7-8,  p.  178-9.  12  On  trouve  dans  l'Italie  méridionale  quelques  exemples  pos* 

lêrieurs  de  guerriers  portant  uniquement  une  sorte  de  nixça;  cf.  le  cratère  Passeri, 

Pict.  Etrusc.  in  vasculis,  256  ( Jahrbuch ,  1899,  p.  47,  fig.  3).  _  13  Iliad.  v.  187, 

216,  707.  —  14  Hesycb.  s.  v.  -  13  Etym.  Magn.  s.  v.  -  IG  Bull.  corr.  hell.  1897, 
p.  181.  -  n  Arch.  Anzeiger,  1894,  p.  120-1,  33,  fig.  19.  -  18  Hesycb.  Etym.  Magn’. 
s.  v.  ;  Eust.  p.  454,  15;  p.  1068,  24  ;  p.  1659,  10.  —  19  C.  Curtius,  Insch.  z.  Gesch. 
v.  Samos ,  p.  10,  17-20  ;  cf.  Bull.  corr.  hell.  1885,  p.  90.  —  20  Heuzey,  Mon.  grecs , 
1S73,  pl.  U.  1  Bull.  coït.  hell.  1882,  pl.  vi.  —  22  Oerhard,  Auserl.  Vasenb.  IV, 
pl.  cclxxiv,  p.  48.  Cf.  le  Diadumènc  de  Polyclète,  Luc.  Philops.  19  (Overbeck) 
Schriftquellen ,  p.  162,  900). 


Fig 


5097.  —  La  mitra  en 
bandelette. 


—  1956  — 


MIT 


MIT 

la  [AiTpa  *,  soit  seule  (flg.  5097)  2,  soit  passée  sur  une 
guirlande  de  lierre  (vov.  fig.  700,  712,  71H,  2181);  on  la 
voit  aussi  attachée  à  son  thyrse  (flg.  680,  684,  692,  700, 
4975).  Le  bandeau  passait  pour  conjurer  les  effets  de 
l'ivresse  3  :  les  personnages  du  thiase  dionysiaque  ont 
souvent  celte  coiffure,  ainsi  que  les  buveurs  dans  les 
scènes  de  banquets  (fig.  1429,  1982,  1983). 

Sur  ces  monuments,  le  dessin  des  têtes  est  souvent 
assez  net  pour  nous  permettre  de  bien  apercevoir  la 
forme  et  la  nature  de  la  bandelette.  C’est  un  ruban  de 
laine  ou  d’autre  étoile,  assez  large  et  relativement  long. 
Des  deux  bouts  carrés  ou  plus  généralement  arrondis 
partent  des  cordelettes,  de  nombre  4  et  de  dimensions 
variables,  et  qui  pouvaient  servir,  en  les  nouant,  à  fixer 
la  gtTpa,  quand  celle-ci  était  trop  épaisse  pour  se  prêter 
à  former  un  nœud  :  la  bandelette,  même  repliée  sur 
elle-même  et  assujettie  comme  un  pagne,  eût  couru  risque 
de  glisser  sur  les  cheveux.  Des  motifs  de  dessin  et  de 
couleur  variés  r>,  tissés  ou  brodés,  ornaient  le  diadème  : 
ce  sont  des  chevrons 6,  des  points  ou  cercles  juxtaposés  7, 
d’étroits  lisérés  sur  les  bords8.  Un  certain  nombre  de 
représentations  de  vases  permettent  de  se  rendre  un 

compte  exact  de  la  manière 
dont  on  ceignait  la  gt-rpa.  Je 
citerai  en  premier  lieu  une 
hydrie  du  Musée  de  Naples9 
où  Orithye  est  poursuivie  au 
moment  où  elle  mettait  une 
étroite  gnrpa  (fig.  5098)  :  la 
main  gauche,  levée  à  la  hau¬ 
teur  de  la  nuque,  tient  lâches 
et  plusieurs  fois  repliés  les 
deux  bouts  du  ruban  qui 
déjà  est  passé  sur  les  che¬ 
veux.  La  main  droite  allait  sans  doute  aider  la  gauche  à 
faire  un  nœud,  peut-être,  à  en  juger  par  la  longueur  de 

la  bandelette,  après  lui  avoir  fait 
faire  un  second  tour  autour  de 
la  tête.  Il  y  avait  sans  doute, 
pour  que  la  coiffure  fût  bien  en 
place,  des  règles  précises  à  ob¬ 
server,  et  la  longueur  des  pans 
de  la  pur pa  n’était  pas  chose  in¬ 
différente.  Sur  un  fragment  d’hy- 
drie10,  on  voit  (fig.  5099)  une 
femme  saisissant  avec  les  dents, 
tout  près  du  bout, l’une  des  extré¬ 
mités  delagî'xpaqui  estpasséesur 
le  haut  de  la  tête  ;  l’autre  extrémité,  qui  pend  à  gauche,  est 
tenue,  et,  semble-t-il,  tirée  par  les  deux  mains:  celles-ci 
paraissent  chercher  le  point  précis  où  l’étoffe  doit  être 
repliée  et  où  commence  le  premier  tour  de  tête.  Une  hydrie 
de  la  Bibliothèque  nationale  11  n’est  pas  sans  analogie  avec 


1  II  est  appelé  piTçr^ojo;,  cf.  Diod.  Sic.  IV,  4,  4;  Strab.  XV,  p.  1038.  Pour  les 
représentations,  voir  Millin,  Peint,  de  vases,  1,  7;  II,  63;  Pottier-Reinacli, 
Myrina, pl. vu,  1,  p.  302;  Inghirami,  Vas.  fittili,  III,  pl.  cclxvii;  Arch.  Zeit.  1860, 
pi.  xvi  ;  Stackelberg,  Græbcr  d.  Hellen.  pl.  xl  =  Furtwaengler-Reicliliold,  Gr. 
Vasenmalerei,  pl.  xxix.  —  2  Millingen,  Peint,  de  vases,  pl.  lu.  —  3  Diod. 
L.  I.  —  4  Trois  le  plus  souvent,  mais  il  peut  y  en  avoir  deux  (Inghirami, 
Vas.  fittili,  2,  pl.  cviii),  quatre  (Ibid.  2,  pl.  exu)  ou  même  sept  (Ibid.  2,  pl.  clxxxi). 
—  3  Plin.  Bist.  nat.  XXXV,  35  (9)  :  «  mitris  versicoloribus  ».  —  6  Areli. 
Zeit.  1882,  pl.  v  (loutrophore  du  SounioD)  ;  Comptes  rendus  de  la  commiss. 
arch.  de  Saint-Pétersb.  1874,  pl.  vu,  1.  —  7  Inghirami,  Vas.  fittili,  2, 
pl.  cviii.  —  8  Ibid.  4,  pl.  cccxvi.  —  9  Ileal  Mus.  Borb.  V,  pl.  xxxv.  —  111  Arch. 
Zeit.  1881,  pl.  xvi,  p.  281  (W.  Gebhard).  —  n  A.  De  Ridder,  Calai.  Vas.  Bibl. 


os  cas  ( 


a  précédente.  La  (West  déjà  passée  une  foi,  „  , 
la  tete:  les  deux  extrémités,  tenues  chacuno  " °Ur  de 
mam,  pendent  à  droite  età  gauche  ;  elles  vont  *,  ^  Une 
avoir  été  préalablement  étirées,  relevée,  ei  e.re’  après 
tivement  sur  les  cheveux.  Dans  certain 
le  second  pan  re¬ 
passe  exactement 
sur  le  premier. 

L’étoffe  alors  ne 
formait  pas  tout  à 
fait  deux  tours. 

Entre  les  extrémi¬ 
tés  demi-circulai¬ 
res,  il  restait  un 
vide  qui  était  rem¬ 
pli  par  les  corde¬ 
lettes  que  nous 
avons  vues  plus 
haut  :  sur  une 
peinture  de  l’Er¬ 
mitage13,  ces  ficel¬ 
les  ,  tordues  en¬ 
semble,  apparais-  Fj  5100 

sent  clairement  ; 

elles  servaient  à  fixer  solidement  la  grrpoc,  qu’elles  ten¬ 
daient  et  serraient  autour  de  la  tête. 


La  [x,ér pa  classique,  d’un  usage  général,  est  devenue  le 
diadème,  insigne  de  la  souveraineté  [diademaj.  On  a  vu 
(fig.  2337),  sur  une  monnaie  figurant  le  Grand  Roi,  que  la 
tiare,  enveloppant  la  tète  et  quelquefois  munie  d’une  men¬ 
tonnière,  était,  autour  du  front,  fixée  par  une  gGpa.  Celle-ci, 
partie  du  tout,  a  fini,  comme  il  arrive  souvent,  par  dési¬ 
gner  la  tiare  asiatique  14  ou  même  le  bandeau  royal13. 

Le  mot  mitra  et  son  diminutif  mitella  se  rencontrent 
chez  les  auteurs  latins  :  le  plus  souvent  il  est  question 
de  la  tiare  ou  mitre  orientale  et  ils  en  font  mention  comme 
d’une  pièce  caractéristique  du  costume  des  Barbares  et 
de  leurs  mœurs  efféminées18.  Les  femmes  de  vie  facile 
s’en  paraient  volontiers  17.  La  mitra  ne  fit  jamais,  à  Rome, 
partie  du  costume  masculin,  mais  le  simple  bandeau  de 
tête  y  était  porté  par  les  femmes,  et  le  nom  grec  mitra 
paraît  être  entré  d’assez  bonne  heure  dans  1  usage  a  la 
place  ou  à  côté  des  anciens  noms  latins  vitta  et  fascia  ou 
fasciolaie  ;  il  ne  cessa  jamais  d’être  employé  avec  cette 
signification  19. 

III.  —  Mitra  est  aussi,  dans  le  langage  médical,  un  ban¬ 
dage  ou  une  écharpe  qui  soutient  un  membre  malade  . 

IV.  —  C’est  encore  un  câble  dont  on  entourait  en  cer¬ 
tains  cas  la  coque  d’un  navire21  [navis].  A.  De  Ridpeb . 

MITTENDARIUS.  —  Nom  de  fonctionnaires  qui  li¬ 
raient  au  Bas-Empire  dans  Yofjficium  du  cornes  rei  yv/ 
vatae 1  et  du  cornes  sacrorum  largilionum  •  Dans  et 
second  service,  ils  étaient  soit  centenarii ,  soit  ihat 


it.  447,  fig.  76;  voir  aussi  Benndorf,  Griech.  und  Sied.  Vas.  IL  P 
_  12  De  Ridder,  L.  I.  357,  p.  258-260;  cf.  Monuments  P  tôt,  v _  ,  >1 
.  ii— in  ;  Gerhard,  Trinkschal.  u.  Gefüsse,  pl.  cl  Gct».  ai  ci.  4 
■  13  Stephani,  Comptes  rendus  de  Saint-Pétersbourg,  I87i,  p*  v  1 
135;  Athen.  p.  138  *  p.  535  c,  p.  536  a.  -  «  Call.  Del  166  --  W 
r,  216  et  Serv.  ad.  h.  I.  ;  cf.  IX,  616  ;  Prop.  IV,  7,  62  ;  Senec ..Oed.  ,  ( 
it.  VI,  32,  19;  Isid.  Orig.  XIX,  31,  4.  -  «  Juv.  L.  l.\  Virg.  P<  ^ 

,  29,  15;  Juven.  III,  66.  —  18  Varr.  I.ing.  lat.  V,  129^  ,1C'  ® „  .  yill, 
ig.  XXXIV,  2,  23,  §  2.  —  19  Tertull.  De  virg.  vel.  Vi.  —  - 
•  21  Tert.  Carm.  de  Jona  in  Niniva,  42  ;  Isid.  Or.  XIX,  4,  6.  ^ 

MITTENDARIUS.  1  Cod.  Theod.  6,  30,  2  (379).  —  2  n  ■ 
i,  23. 


xux, 
1900, 
six. 
lier. 
A  en. 
Hist. 
Prop. 

;  Ülp. 
10,  3.  ~ 

8,0, 


MNA 


—  1937  — 


MOD 


narir,  ils  faisaient  d’abord  partie  du  scrinium  canonum, 
plus  tard  ils  constituèrent  un  scrinium  spécial1;  leur 
principal0  fonction  consistait  à  aller  lever  les  impôts 
dans  les  provinces. 

Ce  nom  pouvait  aussi  désigner  les  fonctionnaires  qui 
allaient  en  province  avec  une  mission  spéciale  de  l’em¬ 
pereur2.  Cn.  Lêcrivain. 

IMVAMONES,  MNEMONES.  —  D’après  Aristote1,  les 
fonctionnaires  chargés  dans  les  villes  grecques  d’enre- 
gislrer  les  contrats  privés,  les  jugements,  les  plaintes 
civiles  et  criminelles  portaient  les  noms  de  UpopV^ove;, 
avrÎpvEç,  E7rt(7TccToct  et  autres  noms  du  même  genre  ;  dans 
quelques  villes,  ils  étaient  répartis  en  plusieurs  collèges, 
dans  d’autres  ils  n’en  formaient  qu’un  seul.  Primitive¬ 
ment,  les  temples  servaient  de  dépôts  d’archives  :  c’est 
ce  qui  explique  l’assimilation  établie  par  Aristote  entre 
lesinnémons  etles  hiéromnémons  [hieromnemones,  p.  173], 
A  l’époque  historique,  les  greffiers,  qui  répondent  en 
partie  à  la  définition  d’Aristote,  portent  plutôt  soit  le 
nom  générique  de  ypaggaTer;,  soit  des  noms  spéciaux 
tels  que  ypagfxaToiptjÀaxe;'2,  S7]g.o<rio<jôAaxe;  3,  TeOpofpôXaxe; 4, 
pijTpoffluXaxEç 6.  Cependant,  ils  sont  encore  désignés  par  le 
mot  p.vqp.&vEç  (dor.  gvâgovsç) 6  dans  plusieurs  inscriptions. 
Sur  une  inscription  de  Iasos  7  relative  à  la  vente  de  biens 
confisqués,  les  mnémons,  au  nombre  tantôt  de  trois, 
tantôt  de  cinq,  tantôt  de  deux,  collaborent  à  la  vente 
avec  les  autorités  civiles  et  religieuses,  et  on  peut  admettre 
par  suite  qu’à  Iasos  les  ventes  n’étaient  définitives 
qu’après  l’inscription  sur  les  tables  des  mnémons.  Dans 
une  loi,  malheureusement  très  obscure,  d’IIalicarnasse 
et  de  Salmacis,  qui  règle  les  contestations  et  les  revendi¬ 
cations  au  sujet  des  propriétés  foncières,  sous  la  tyrannie 
de  Lygdamis  II,  sans  doute  peu  avant  454-453  av.  J.-C. 8, 
il  y  a  deux  mnémons  annuels,  dans  chacune  de  ces 
villes;  c  est  à  eux  que  la  loi  paraît  adressée  ;  ils  parais¬ 
sent  être  chargés  d’inscrire  les  mutations  de  propriétés 
foncières  et  dans  les  procès' leurs  dires  lient  les  juges  9. 

A  Corcyre,  dans  un  arbitrage  entre  deux  villes,  le  mné- 
moh  parait  être  le  président  des  trois  arbitres  plutôt  que 
le  greffier10.  A  Mégare,  à  la  fin  d’un  décret  de  l’époque 
îomaine  en  faveur  d’un  Mégarien,  il  y  a  la  mention  du 
mnemon  11 .  Le  mnémon  est  cité  plusieurs  fois  dans  la 
grande  loi  de  Gortyne  en  Crète12  :  c’est  le  juge  et  le 
1,11  non  qui,  s  ils  sont  encore  vivants  et  en  possession 
1'  ni  s  droits  politiques,  attestent  l’existence  d’une  con¬ 
damnation  ;  le  mari  qui  a  divorcé  doit  faire  ses  réclama- 
timis  pécuniaires  quatre  jours  à  l’avance  au  juge  et  au 
Ini"  inon  >^e  mnémon  corrobore  par  son  serment  la  durée 
11,11  instance  :  le  mnémon  est  donc  à  Gortyne  une  sorte 
^"actionnaire,  attaché  à  un  tribunal,  qui  suit  les  actes 
' e  la  procédure,  se  les  rappelle  et  dont  les  dires  consti- 
i(  "l  des  preuves,  comme  à  Halicarnasse.  Ce  même  texte 
m"lllre  a  Gortyne  l’existence  d’un  mnémon  auprès  du 


cosme  des  étrangers  et  une  autre  inscription  y  mentionne 
le  mnémon  du  collège  des  Cosmes  13.  Dans  tous  ces  cas, 
qu’on  utilise  leur  mémoire  ou  leurs  écrits,  les  mnémons 
ont  le  rôle  de  greffiers  [grammateis].  Un  mnémon  parait 
avoir  un  caractère  religieux  sur  une  inscription  d'Acrae 
en  Sicile  14.  Les  mots  composés  désignent  des  magistrats 
d’un  caractère  tantôt  politique,  tantôt  sacerdotal ,5.  Cnide 
a  eu  un  sénat  aristocratique  de  soixante  membres  nommés 
à  vie,  les  âg.vijp.ove;  Dans  l’Acarnanie,  le  7rfop.vàjxojv  et 
les  Tuu.upop.vap.ove;  sont  des  magistrats  fédéraux  éponymes 
et  on  a  conjecturé  qu’ils  jouaient  le  même  rôle  que  les 
proèdres  et  leur  chef  dans  le  sénat  d’Athènes,  et  que  par 
suite  les  simples  sénateurs  fédéraux  se  seraient  appelés 
mnémons1'.  A  Stymphale,  il  y  a  un  upop.vâp.0 jv  parmi  les 
magistrats  éponymes18;  à  Cherso  néSOS,  des  <Jup.gvxpt.ove; 
sont  chargés  de  faire  une  proclamation  publique  19. 

Ch.  Lccrivajn. 

MNEMOSYJVÉ  lmusae]. 

MODIOLUS.  —  Ce  diminutif  de  modius  est  le  nom  de 
divers  objets  dont  la  forme  rappelle  celle  d’un  boisseau  : 
le  moyeu  d’une  roue  [rotaJ;  l’essieu  d’un  pressoir  [tra- 
petum];  un  gobelet1;  les  seaux  ou  caisses  d’une  roue 
hydraulique  [macuina,  p.  1467]  ;  le  cylindre  où  se  meut  le 
piston  dune  pompe  foulante  [sipho];  une  boîte  faisant 
partie  de  la  catapulte  [tormenta];  la  couronne  d’un 
trépan  2  [cuirurgia,  p.  1111]. 

MODIUS  (  'Exisüç,  p.doco;).  —  I.  Mesure  de  capacité  pour 
les  solides  chez  les  Romains.  Le  modius  équivalait  au 
tiers  du  quadrantal  ou  amphore ,  unité  de  capacité  pour 
les  liquides,  et  dont  le  volume  était  d’un  pied  carré1.  Le 
modius  contenait  donc  8  lit.  754.  Il  avait  six  sous-mul¬ 
tiples,  c’est-à-dire  qu’il  valait 

2  semodii  (7]gîexTov), 

16  sextarii 2, 

32  heminae , 

64  quart arii , 

128  acetabula, 

192  cyathi. 

On  voit  que  les  mesures  inférieures  au  semodius  pour 
les  solides  ont  la  même  valeur  et  portent  les  mêmes 
noms  que  les  mesures  pour  les  liquides. 

Le  modius  égalait  la  sixième  partie  du  médimne  grec. 

Il  servait  principalement  à  mesurer  le  blé  après  qu’il 
avait  été  battu,  et  il  en  contenait  6  kgr.  503 3. 

Par  comparaison  avec  les  mesures  modernes,  on  obtient  : 

Modius  =  8I,754 
Semimodius  =  4*,377 
Sextarius  =  O1, 547 
Hemina  =  O1, 274 
Quartarius  =  O1, 137 
Acetabulum  =  O1, 068  4 

On  trouve  la  dénomination  de  modius  italiens,  rraXtxô; 


Ad  r  J^L  i2’  23’  7  G84)-  —  2  Cassiod.  Var.  4,  47.  —  Bibliographie.  Godefro 
■  7heod-  e,  30,  2,  7,  8,  9  (éd.  Rilter,  Leipzig,  1737). 

173  (a  TrNES’  MNEM0NES  1  PoL  7-  8-  1321  b,  34.  -  2  Bull,  de  corr.  hell. 
'hiaesl  °S  3  DlUenberger,  Syll.  inscr.  gr.  2«  éd.  4G8,  20  (à  Dymc).  —  1  P] 
8  (en  Réolie)-  -  5  Suid.  s.  h.  v.  -  0  Plut.  Sympos.  prooem.  où 
co rr./iei/  ’y  **  leS  Dorieus  de  Sicile,  le  président  d'un  banquet.  —  7  Bull. 
Haussoull '  ’  u881’  P'  493  :  DUtenberger>  1 ■  c ■  110  «0,  1-  32,  35,  41,  45.  —  8  Dares 
fciWioerJv’  ‘<Cmach’  Jnscr •  J'urid-  Or ■  I,  n»  1  ;  Dittenbergcr,  L.  c.  n«  10  (avec 
"  l»  O  u  "l  dU  ’  Reinacb’  Rev ■  des  ét-  gr.  1898,  p.  336.  —  9  L.  10,  14,  ‘ 
Haussniilp11  e,I'ger’  L '  c •  110  453>  ••  10.  —  U  hxscr.gr.  sept.  1,  iS.  —  12  Dares 
X''\  c  67‘_  emaCh’  L'  c'  XVH-X1X,  p.  431  ;  c.  XI,  §  56  ;  XV,  §  73  ;  XIX  B,  § 
'•  ^  Comparetti,  Le  legge  di  Gortyna ,  n»  135,  I.  5.  -  14  Corp.  inst 


gr.  5431  ;  Inscr.  gr.  Sicil.  204.  —  13  F.  Lalyschew,  La  constitution  de  Clierso- 
nesos,  Bull,  de  corr.  hell.  1885,  p.  296-298.  —  16  Plut.  Quaest.  gr.  4.  —  17  Ditten- 
berger,  L.  c.  482.  —  18  Bull,  de  corr.  hell.  1883,  p.  489.  —  19  Diltenberger,  L.  c. 
no  326,  1.  48.  Latyschew  ( L .  c.)  a  conjecturé  que  leur  véritable  litre  était 
iîuvieço[AvàjAov«î,  membres  d'un  collège  qui  aurait  eu  pour  président  un  liieromné- 
nom.  Un  fragment  de  Némée  cite  des  mnémons  (Bull,  de  corr.  hell.  1885,  p.  353, 
frag.  7),  mais  on  ne  voit  pas  si  c'est  la  forme  simple  ou  composée 
MODIOLUS.  )  Dig.  XXXIV,  2,  36.  —  2  Cels.  VIII,  3. 

MODIUS.  l  Fest  s.  u.  Quadrantal-,  Prise.  Carm.  de  poxxd.  et  mens.  v.  65. 
-  2  Ibid.  V.  65-66;  lsid.  Or.  lib.  XVI,  26,  13.  -  3  D'après  le  plébiscite  de 
P.  et  M.  Silanus  conservé  par  Festus,  s.  u.  Publica pondéra,  le  modius  doit  conte¬ 
nir  un  poids  de  16  livres  de  vin.  —  4  Wex,  Métro!.  Irad.  Monet,  p.  34. 

246 


MOI) 


1958  — 


MOI) 


jxootoç 1 ,  qui  n  est  autre  chose  que  le  modius  romain 
opposé  à  des  mesures  provinciales  de  même  nom  et  de 
capacité  semblable  ou  différente 2,  et  de  même,  kastrensis 
tnodius  qui  est  une  mesure  de  deux  modii  — 17,51  litres3. 

Pratiquement,  on  fabriquait 
des  récipients  qui  contenaient 
un  nombre  déterminé  de  modii , 
par  exemple  trois  ou  dix4.  Ces 
récipients  sont  assez  souvent 
figurés  sur  les  monuments  et 
ont  ordinairement  la  forme  d’un 
cône  tronqué  plus  ou  moins 
allongé  en  hauteur,  comme 
celui  qui  est  placé  sur  un  grand  bronze  de  Néron5,  à  côté 
de  la  personnification  de  Yannona  (fig.  324;  voy.  encore 
fig.  2072,  4017)  ;  ou,  au  contraire,  large  et  peu  élevé, 
tel  qu'on  le  voit  (fig.  5101)  sur  une  des  faces  d’un  autel 
dédié  à  la  Fortune  6.  C’est  un  boisseau  fait  de  douves 
assemblées  au  moyen  de  cercles  et  de  chevilles  ou  de 
clous;  son  fond  est  posé  sur  trois  pieds;  il  est  quel¬ 
quefois  muni  d’anses. 

II.  —  Le  trou  ou  la  douille  où  était  fixé  le  mât  d’un 
vaisseau1.  André  Baudrillart. 

MODUS.  —  Ce  mot,  dans  la  terminologie  juridique, 
est  pris,  tantôt  au  sens  propre,  pour  désigner  la  mesure 
d’un  champ,  la  hauteur  d’une  maison,  l’importance  d’une 
somme  d’argent’,  d’une  dot2,  d'un  patrimoine3,  d’une 
obligation  alimentaire  4;  tantôt  au  sens  figuré,  pour 
indiquer  la  gravité  d’une  faute,  d’un  délit5,  ou  bien  une 
limite  légale,  conventionnelle  ou  testamentaire  à  la 
portée  d’un  droit  ou  d’un  acte  juridique.  Au  Bas-Empire, 
le  modus  a  reçu  un  sens  spécial  et  technique  :  c’est  une 
charge  imposée  à  un  donataire  ou  à  un  légataire. 

I.  —  Le  modus,  considéré  comme  mesure  de  surface  ou 
de  hauteur,  présente  en  divers  cas  un  intérêt  juridique  : 

1°  Controversia  de  modo.  —  Les  contestations  rela¬ 
tives  à  la  contenance  d’un  fonds  de  terre  sont  de  trois 
sortes  :  a.  Les  unes  s’élèvent  à  l'occasion  d’une  assi¬ 
gnation,  lorsqu’un  colon  a  reçu  un  lot  qui  n’a  pas 
l’étendue  à  laquelle  il  a  droit  ( modus  assignation^ )  \ 
La  question  est  soumise  à  des  arbitres  :  ils  mesurent  à 
nouveau  les  lots  voisins,  et  retirent  aux  uns  ce  qu’ils  ont 
de  trop  pour  compléter  ce  qui  manque  aux  autres  8.  La 
contestation  est  facile  à  résoudre  lorsque  la  situation  du 
fonds,  sa  nature,  sa  contenance,  sont  portées  sur  le  plan 
cadastral  avec  le  nom  de  l’ayant  droit9.  Mais  il  arrive 
souvent  qu’au  bout  d'un  certain  temps  l’étendue  du 
fonds  a  été  modifiée  par  des  ventes,  par  des  partages 


I  Isid.  fp.  J  G  ;  Hullscli,  II,  120.  —  2  Hultsch,  Gr.  u ntl  rom.  Metrol.  p.  628. 

—  3  Mommsen,  Berichte  d.  süchs  Gesellsch.  d.  Wissensch.  1851,  p.  98  sq.  ;  Hultsch, 
Metrol.  p.  629.  —  4  Plaut.  Menechm.  Prol.  14;  Colum.  De  re  rust.  XII,  50,  8. 
Corbulae  trimodiae,  decemmodiae.  —  S  Cohen,  Monn.  impériales ,  I,pl.  xn,  Néron,  84. 

—  6  Doni,  Inscr.  ant.  VII,  2,  1  =  Orelli,  n.  1747.  —  7  Pallad.  Or.  XIX,  2,  9. 

—  Bibliographie.  Fr.  Hultsch,  Metrologicorum  scriptorum  reliquiae ,  Leipz.  1864 
et  1866  ;  Id.  Griech.  und  rom.  Métrologie ,  Berlin,  1882,  2°  éd.  ;  Wex,  Irad.  par 
Monet,  Métrologie  grecque  et  romaine,  Paris,  1887. 

MODUS.  1  Ulp.  5  De  omn.  tribun.,  Dig.  II,  15,  8,  10.  —  2  Cels.  11  Dig.,  Dig. 
XXIII,  3,  60.  Les  contestations  relatives  au  montant  de  la  dot  donnaient  lieu  en 
certains  cas  au  fraejudicium  quanta  dos  sit  ;  cf.  Édouard  Cuq,  Institutions  juri¬ 
diques  des  Romains ,  t.  II,  p.  738,  n.  1.  —  3  Paul.  De  sec.  tab .,  Dig.  XXX,  126  pr. 

—  4  Valens.  1  fideic.  Dig.  XXXIV,  1,  22  ;  Ulp.  Dig.  II,  15,  8,  17.  —  5  Ulp.  I  Opin. 
Dig.  XXXVII,  15,  1  pr  ;  Rescr.  Hadr.  ap.  Callistr.  5  De  cognit.,  Dig.  XL VIII,  3, 
12  pr.  —  6  Frontin.  1  De  controv.  p.  13,7  (éd.  Lachmann)  :  De  modo  controversia 
est  in  agro  adsignato.  Agitur  enim  de  antiquorum  nominum  defensione.  Il  s’agit 
de  P assignatio  viritana  qui  est  désignée  dans  le  Liber  coloniarum  (p.  238,  5  et  18; 
p.  239,  2  et  12)  par  l’expression  ager  in  nominibus  assignatus.  Les  citoyens  rece¬ 
vaient  le  lot  de  terres  auquel  ils  avaient  droit  en  faisant  inscrire  leurs  nomssurles 


entre  héritiers,  ou  par  usucapion10.  Il  fau|  (>n 


compte  des  droits  acquis  à  des  tiers. 
de  modo  peut  également  s’élever 
de  terre”  qui  a  fait  l'objet  d’une 


b .  La 


ce  cas  tenir 

c°nlroVenia 


Pvenfe°oluaUtreeSpè^ 
lorsqu’on  a  garanti  la  contenant  soinln|U"f°Uage  ’ 
genre  de  culture*2.  Le  vendeur  ou  le  locateur  10 

sable  de  la  contenance  portée  sur  la  cautio  rédilïT*' 
du  contrat.  La  vérification  de  la  contenance  est  i  S 
un  rnensor  [t.  Ier,  p.  166;  t.  V,  p.  240].  A  moins  de  1 
vention  contraire,  on  ne  compte  pas  les  chemins  riv 
de  la  mer,  lieux  publics  ou  sacrés  attenant  à  la  pronSr 

Vend"elf3  ’  °,n  “e  COmPte  P,as  no"  Pi***  l’accroissement 

usultant  de  1  alluvion  qui  s  est  produite  après  la  vente” 
Lorsque  deux  fonds  séparés  ont  été  vendus  pour  un  seul 
prix,  le  défaut  de  contenance  de  " 
penser  avec  l’excédent  de  l’autn 


un  ne  peut  se 


c°m-  j 

re  '»  S1  cependant  il  u'v  a 
pas  préjudice  pour  l’acheteur,  certains  jurisconsultes 
étaient  d’avis  d’accorder  au  vendeur  l’exception  de  dol  »•  ! 
—  c.  Il  y  a  encore  controversia  de  modo,  lorsque  les 
agents  du  fisc  prétendent  que  la  déclaration  au  cens  ] 
faite  par  le  possesseur  d’une  terre,  est  trop  faible17;  où 
lorsqu’un  contribuable  soutient  qu’il  est  imposé  pour 
une  terre  d’une  surface  plus  grande  que  celle  qu’il 
possède18. 

2°  Action  si  rnensor  falsum  modum  dixerit.  —  Le 
rnensor,  qui  est  convaincu  d’avoir  sciemment  déclaré  une 
fausse  mesure,  est  passible  d’une  action  pénale  créée  par 
le  Préteur19.  Cette  action,  qui  peut  donner  lieu  à  un 
abandon  noxal 20  lorsque  le  rnensor  est  un  fils  de  famille,  1 
ne  peut  être  exercée  contre  les  héritiers  de  l’auteur  du 
délit  :  elle  est  intransmissible  passivement21.  Elle  n’est  i 
donnée  contre  le  rnensor  que  si  la  partie  lésée  n’a  pas  j 
de  recours  efficace  contre  son  co-contractant,  soit  par  une 
condictio 21 ,  soit  par  l’action  contractuelle23,  ou  bien1 
encore  lorsque  le  co-contractant  n’est  pas  solvable24.! 
L’action  si  rnensor  falsum  modum  dixerit  a  été  étendue 
par  la  jurisprudence  :  1°  au  cas  où  l’on  a  mesuré  autre 
chose  qu’un  fonds  de  terre  (construction,  blé,  vin)20; 
2°  au  cas  où  la  fausse  déclaration  émane  d’un  autre  qu’un 
rnensor,  par  exemple,  d’un  architecte26. 

3°  Action  de  modo  agri.  —  Le  vendeur  qui  trompe 
l’acheteur  d’un  fonds  de  terre  sur  la  contenance  est  pas¬ 
sible  d’une  action  pénale  de  modo  agri21,  qui,  à  la  diffé¬ 
rence  de  la  précédente,  est  une  action  civile  et  entraîna 
une  condamnation  au  double 28  par  application  de  la  règle 
établie  par  la  loi  des  Douze  Tables  contre  le  vendeur 
qui  ne  se  conforme  pas  à  ses  déclarations'1.  L  estima 
tion  du  préjudice  est  faite  par  le  juge.  L'action  de  modM 

registres  publics;  cf.  la  loi  agraire  cle  643, 1.7.  —  1  Sic.  Flacc.  De  co/uhciM  ^./  ^ 
p.  158,  8  (éd.  Lachmann).  —  8  Modcst.  Il  Pandect.  Dig.  X,  ,  • 

Controv.  p.  46,  9-19.  -  10  Ibid.  p.  45,  13-16.  -  ”  Front.  I  Controv.  P-  . 

ceteris  a,, ris  de  modo  fit  controversia,  quotiens  promissiom  modus  n  q 
cf.  Jul.  Vict.  Ars  rhet.  III,  5.  —  12  Hygin.  De  gener.  controv.  p.  ''emkre 
Lachmann)  :  Soient  vero  modum  quidam  in  locatiombus  agroru  tantum,.\ 

atque  ita  cavere  :  fundum  ilium,  jugera  tôt,  in  singuhs  juge'  ‘  UJÊ 

Item  quidam  vendentes  ementesque  agros  soliti  sunt  mo  1,1,1  i  •  21  ad 

cf.  Paul.  5  ad  Sab.  Dig.  XIX,  1,  4,  §  1.-»  Paul.  Bob !..  ^XV  ^  ub.  a[, 
Ed.  Dig.  XVIII,  I,  51.  -  HPapin.  7  Quaest.  Dig.  XXI,  -,  6  >  5  Delimit.constiM 
Paul.  2  Quaest.  Dig.  XIX,  1,42.  -16  Paul.  Loc.  cit.  1  W  ■  ^  ad  Ed.  Zliï 
18  Front,  2  De  controv.  p.  46,  21  ;  47,  I.  ^  ^  ^  3)  g  5| 


p.  205,  17. 


XI,  6,  1  pr.  §  1  ;  3,  §  1.  -  20  Ibid.  3,  §  6.  -  «  ^  ^Pompon.  Loc.  cit 

—  22  Ibid.  5,  §  1.  —  23  Ibid.  3,  §  3  ;  Ulp.  Eod.  tit.  5,  §  ■  x,  6_  7,  §  3. 

3,  §§  2  et  3.  -  25  Ibid.  3,  §  6.  -  26  Ibid.  7,  g  2;  Sev.  ap.  «JM  ^  __  ,s  Pau|. 

—  27  Paul.  Sent.  I,  19,  1  ;  cf.  Lab.  ap.  Paul.  2  Quae5t;iZ>]f  ' ‘tl .  ju|j’all.  7  Dig-, 


Sent.  II,  17,  4;  cf.  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  XIX,  1,  34’  ™’  2’  U. 
XIX,  1,  22;  XVIII,  6,  H  ;  Paul.  21  ad  Ed.  Dig.  XVIII,  5,  1  .  • 
111,  16;  cf.  Éd.  Cuq,  1ns tit.  jurid.  t.  1,  p.  606,  n.  6. 


.  29  Cic.  Oc  o/l 


Mon 


—  1959  — 


MDD 


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■  i’Ap  maintenue  dans  l’édit  du  Préteur,  mais  on 

'/  il  #  ' 

ni  exercer  à  la  place  l’action  contractuelle  ex  empto  1 . 
P  .„  i)C  modo  aedificiorum.  —  La  hauteur  d’une  cons- 
I  irUction  dépend  en  général  de  la  volonté  du  propriétaire  ; 
!  ]ie  peut  cependant  être  limitée  :  1°  par  la  concession 
1  ,une  gervitude  altius  non  to/lendi  qui  assure  au  voisin 
I  l'air  et  le  jour  qui  lui  sont  nécessaires2  ;2°  par  les  édits 
impériaux  qui,  dans  l’intérêt  public,  ont  réglementé  la 
police  des  constructions  3. 

Il  __  Le  modus,  considéré  comme  une  restriction  à 
l’exercice  d’un  droit,  peut  résulter  de  la  loi,  d’une  déci¬ 
sion  judiciaire,  d’un  contrat  ou  d’un  testament. 

1»  Restrictions  légales.  —  Des  restrictions  ont  été 
J  portées  par  la  loi  à  la  liberté  de  donner,  de  léguer,  de 
stipuler  des  intérêts,  ainsi  qu’à  l’exercice  de  la  juridic¬ 
tion  :  a .  Donations.  La  loi  Cincia,  de  l’an  de  Rome  550, 
a  fixé  le  taux  qu’une  donation  ne  peut  dépasser  ( modus 
legitimus),  à  moins  qu’elle  ne  soit  faite  à  une  personne 
exceptée  [lex  cincia,  t.  Y,  p.  1135,  n.  2]  ;  ce  taux  est 
inconnu.  —  l>.  Legs.  Le  taux  maximum  des  valeurs  que 
l’on  peut  léguer  à  une  même  personne  ( modus  legato- 
rum)  a  été  fixé  à  1000  as  par  la  loi  Furia  testamen- 
taria  [lex  furia,  t.  Y,  p.  1144,  n.  29].  Cette  règle  a  été 
modifiée  l’an  585  de  Rome,  par  la  loi  Voconia,  qui 
défend  ;t  un  légataire  de  recueillir  une  part  supérieure  à 
celle  de  l’héritier  [lex  voconia,  t.  V,  p.  1167,  n.  26].  Enfin 
la  loi  Falcidie  de  714  permet  aux  testateurs  de  disposer, 
sous  forme  de  legs,  des  trois  quarts  de  leur  succession 
( modus  legis  Falcidiae )  [lex  falcidia,  t.  V,  p.  1143].  — 
r.  Intérêts.  Le  taux  des  intérêts  ( modus  usurarum  lici- 
tus)  a  été  pareillement  limité  par  la  loi.  Fixé  d’abord  à 
lOpour  100  (ou  8  1/3  pour  100  suivant  certains  auteurs) 
par  la  loi  des  Douze  Tables,  il  a  été  élevé  à  12  pour  100 
.vers  la  fin  de  la  République.  Sous  Justinien,  il  n’est 
plus  en  général  que  de  6  pour  100  en  matière  civile, 

8  pour  100  en  matière  commerciale  1  [usurae].  —  d.  Ju¬ 
ridiction.  L’exercice  de  la  juridiction  est  soumis  par  la 
loi  à  certaines  restrictions.  Les  magistrats  municipaux 
nesontcompétents  que  jusqu’à  un  certain  chiffre  ( modus 
jurisdictionis) 5,  variable  suivant  les  cités.  Lorsque  la 
valeur  du  litige  dépasse  le  taux  fixé  par  la  loi,  le  procès 
doit  être  porté  devant  les  magistrats  du  peuple  romain 
[jurisdictio,  t.  V,  p.  729,  n.  13  et  14]. 

-  Restriction  judiciaire.  —  Le  juge,  qui  défère  au 
demandeur  le  serment  estimatoire  (juramentum  in 
htern),  peut  limiter  à  un  certain  chiffre  ( modum  juriju- 
rando  statuer e )6,  la  faculté  de  fixer  lui-même  le  mon¬ 
tant  de  la  condamnation  [jusjurandum,  t.  V,  p.  774-775]. 

•'  Restriction  conventionnelle.  —  a.  Le  créancier,  qui 
stipule  deux  choses  sous  une  alternative,  n’a  droit  qu’à 
un  des  objets  qui  sera  déterminé  par  lui-même  ou  par 
1  pi  omettant,  suivant  que  le  choix  a  été  réservé  à  l’un  ou 
d  loutre  des  contractants.  Cette  réserve  constitue  le 
lni"l"s  obligationis1 .  —  b.  On  peut  également,  en 
1  e<  <‘\ ant  un  fîdéjusseur,  limiter  la  durée  de  son  engage¬ 
ant,  convenir  par  exemple  qu’il  ne  sera  tenu  que  sa 

Cul,'/"1’  5  3d  Sïb'  ùi3'  XIX’  6  2  Pr-  —  2  Paul-  48  ad  Ed-  Dig.  VIII,  2,  31  ;  cf.  Éd. 

xxxixT jurid' r'- 272  et  273'  —  3  Tac’  Ann'  XV’  43  ;  u|p-  52  ad  Ed-  Dia- 

[y  ’  ’  L  §  1  ‘  ■  —  ’<■  Cf.  Éd.  Cuq,  Instit.jurid.  t.  II,  p.  387  et  844.  —  6  Gaius,  1  ad 
*’  11  pr'  ~  6  ülp-  3B  ad  Ed-  Dig.  XII,  3,  4,  §  2.  —  7  Paul.  74 
P"!  [  ![ ' '  '  XLIV,  7,  44  pr.  §  3.  —  8  Gaius,  3  De  verb.  oblig.,  Dig.  XL VI, 

ï!Pi",'.  7  Quaest-  Did ■  VIH.  1 ,  4,  §§  1  et  2  ;  Ulp.  17  ad  Ed.  Dig.  VIII,  5,  0, 

Car; 


ac  r  t6'  b‘arac’  ap'  Paul-  Impérial,  sent.,  Dig.  XXVIII,  5,  93.  —  n  Auton. 
Just.  VI,  45,  1.  —  12  Gaius,  2  de  Lcg.  ad  Ed.  praet.  Dig.  XXXV,  1,  17, 


vie  durant.  C’est  un  modus  fidejussionis  \  Grâce  à  cette 
clause,  la  charge  de  l’obligation  du  fidéjusseur  ne  passera 
pas  à  ses  héritiers.  —  c .  On  peut  enfin  restreindre  l’exer¬ 
cice  d’un  droit  de  servitude,  convenir  par  exemple  qu’on 
ne  pourra  user  d’un  droit  de  puisage  qu’à  certains  jours 
ou  à  certaines  heures.  C’est  un  modus  servitutis 9. 

4°  Restriction  testamentaire.  —  a.  Dans  les  testaments, 
le  modus  est  parfois  le  motif  qui  a  déterminé  le  testateur 
à  faire  une  disposition  :  il  n’a  aucune  valeur  juridique. 
La  disposition  reste  efficace,  alors  même  que  le  testateur 
se  serait  trompé  :  falsus  modus  non  solet  obesse  10.  — 
b.  Parfois  le  modus  équivaut  à  une  condition  11  :  c’est  une 
restriction  à  la  libéralité  faite  par  le  testateur.  —  c.  La 
restriction  peut  aussi  consister  à  imposer  au  bénéficiaire 
une  charge,  telle  que  l’érection  d’un  monument  funéraire 
ou  une  prestation  au  profit  d’un  tiers.  Cette  dernière 
acception  du  modus ,  dont  on  trouve  quelques  exemples 
sous  le  Haut-Empire  i2,  a  reçu  au  Bas-Empire  une  valeur 
technique13  :1a  donation  ou  le  legs  sub  modo  est  une 
libéralité  grevée  d’une  charge. 

III.  —  Le  modus ,  considéré  comme  une  charge  imposée 
au  bénéficiaire  d’une  libéralité,  est  usité  dans  les  dona¬ 
tions  et  dans  les  legs  u. 

1°  Donation  sub  modo.  —  La  donation  sub  modo  est 
une  libéralité  faite  à  une  personne,  mais  à  charge  d’effec¬ 
tuer  une  prestation  au  profit  d’un  tiers.  Il  y  a  là  deux 
gratifiés,  mais  le  second  ne  profite  de  la  donation  que 
par  l’intermédiaire  du  premier.  De  là  une  différence 
dans  leur  situation  juridique  :  si  la  donation  a  eu  lieu 
par  voie  de  promesse,  le  donataire  a  un  recours  contre  le 
donateur  pour  en  obtenir  la  réalisation  ;  au  contraire,  le 
bénéficiaire  de  la  charge  n’a  jamais  de  recours  contre  le 
grevé,  parce  qu’il  n’a  pas  été  partie  à  la  convention  ;  il 
est  en  effet  de  principe  que  les  conventions  ne  sauraient 
profiter  aux  tiers  15.  Mais  le  donateur  ne  peut-il  pas  forcer 
le  donataire  à  se  conformer  à  sa  volonté  ?  Il  doit  pour 
cela  joindre  à  la  donation  une  clause  pénale  16  [poena], 

A  défaut  de  ceLte  précaution,  on  considéra  pendant  long¬ 
temps  la  volonté  exprimée  par  le  donateur  comme  un 
simple  désir  dont  la  réalisation  était  laissée  à  l’apprécia¬ 
tion  du  donataire  17.  En  cas  d’inexécution,  le  donateur 
n’était  pas  recevable  à  se  plaindre,  à  moins  qu’il  n’eût 
fait  de  son  désir  une  condition  de  la  donation18.  Au 
ine  siècle  de  notre  ère,  la  règle  fut  modifiée  :  a.  la  dona¬ 
tion  fut  toujours  réputée  faite  en  vue  d’obtenir  l’exécu¬ 
tion  de  la  charge;  par  suite,  en  cas  d’inexécution,  le 
donateur  eut  le  droit  de  répéter  ce  qu'il  avait  donné. 
Cette  action  en  répétition  n’était  d’ailleurs  qu’une  action 
personnelle,  une  condictio1'*  ;  b.  le  donateur  eut  le  droit 
de  forcer  le  donataire  à  exécuter  la  charge.  La  convention 
intervenue  entre  eux  fut  traitée  comme  un  contrat 
innommé  et  sanctionnée  par  l’action  praescriptis  ver- 
bis 20  ;  c.  on  permit  au  bénéficiaire  d’exercer  une  action 
utile  contre  le  donataire21. 

2°  Legs  sub  modo.  —  a.  Comme  en  matière  de  donation, 
le  modus  n’est  obligatoire  dans  les  legs  que  si  le  testateur 

§  4  ;  Ulp.  40  ad  Ed.  Dig.  XXXVII,  5,  3,  §  5.  —  13  Voir  la  rubrique  du  liv.  VIII,  lit.  54 
au  Code  de  Justinien  :  De  donationjbus  quae  sub  modo.  —  14  Cf.  Éd.  Cuq.  Instit. 
jurid.  t.  II,  p.  669  et  684.  —  13  Ibid.  t.  II,  p.  331,  n.  4.  —  16  Ibid.  t.  Il,  p.  560. 
—  17  Nerat.  ap.  Ulp.  32  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  t,  13,  2  ;  Papin.  17  Quaest.  Dig.  XXXV, 

1,  71  pr.  —  18  Julian.  60  Dig.  Dig.  XXXIX,  5,  2,  §  7.  —  19  Alex.  Sev.  Cod.  Just. 
IV,  6,  2.  O11  accorde  exceptionnellement  une  action  en  revendication  utile  lorsque 
le  donataire  est  chargé  de  servir  une  pension  alimentaire.  Val.  Gall.  Cod.  Just.. 
eod.  3.  —  20  Diocl.  Cod.  Just.  IV,  64,  6  et  8  ;  VIII,  53,  9.  —  21  Ibid.  VIII,  54,  3] 


MOL 


en  a  fait  une  condition  de  sa  libéralité1.  Le  droit  au  legs  est 
subordonné  à  l’exécution  du  modus.  Il  y  a  de  nombreux 
exemples  de  celte  manière  de  disposer  sub  modo.  —  b.  Le 
testateur  peut  aussi  rendre  indirectement  obligatoire 
le  modus  en  imposant  la  charge  sous  peine  d’amende2 
[multa].  Cette  amende  était  établie  au  profit  d’une  per¬ 
sonne  juridique  (peuple  romain,  cité,  collège,  temple), 
pour  éviter  l'application  de  la  règle  du  droit  privé  qui 
annule  les  stipulations  pour  autrui.  Dans  tout  autre  cas, 
le  modus  était  sans  valeur  juridique.  L’autorité  publique 
n’intervenait  pour  en  assurer  l’exécution  que  dans  des  cas 
exceptionnels,  par  exemple,  pour  obliger  l’héritier  à 
élever  un  monument  funéraire  au  testateur3.  Si  le  béné¬ 
ficiaire  du  modus  ne  peut  agir  en  justice  contre  le  léga¬ 
taire,  sa  situation  est  cependant  meilleure  que  dans  le  cas 
de  donation.  Il  est  du  devoir  du  magistrat  de  prendre  les 
mesures  nécessaires  pour  que  la  volonté  du  testateur 
soit  obéie.  Le  testament  romain  a  toujours  conservé 
quelque  chose  du  caractère  législatif  qu’il  avait  à  l’ori¬ 
gine  :  c'est  pour  cela  que  le  magistrat  doit  en  favoriser 
l’exécution  par  les  moyens  dont  il  dispose  :  a.  il  invitera 
le  légataire  à  promettre  sous  caution  d’exécuter  le  modus, 
sinon  il  lui  refusera  l’action  en  délivrance  du  legs  *,  ou 
il  permettra  à  l’héritier  d’écarter  cette  action  par  une 
exception  de  dol s  ;  b.  il  usera  de  moyens  de  coercition  : 
il  infligera  au  légataire  une  amende  ou  prescrira  une 
pignoris  capio  6  [multa,  pignus].  Édouard  Cuq. 

MOLA  ([auXt],  |auXo;),  meule  de  moulin.  —  Il  n’est  pas 
douteux  que  les  populations  primitives  de  la  Grèce  et  de 
l’Italie  n’ont  connu  pendant  de  longs  siècles  d’autre 
moyen  pour  broyer  le  grain  que  de  l’écraser  entre  deux 
pierres  plates  ou  arrondies  1  ;  elles  se  servirent  plus  tard 

du  mortier  et  du  pi¬ 
lon  [mortarium],  que 
les  monumentsmon- 
trent  encore  en  usage 
aux  beaux  temps  de 
la  Grèce .  Mais  alors  il 
existait  depuis  long¬ 
temps  des  moulins. 

Le  moulin  antique 
consistait  essentiel¬ 
lement  en  deux  par¬ 
ties,  l’une  fixe  et 
l’autre  mobile.  La 
partie  fixe,  appelée  meta  2  (p.ûX-q) 3  en  raison  de  sa  forme, 
était  un  cône  de  pierre  faisant  corps  avec  une  base  ronde 
et  pesante,  creusée  ou  non  à  l’entour  en  forme  de  gout¬ 
tière.  La  partie  mobile  ( catillus  \  ovoçB,  8 voç  àXérqç6,  ovoç 

l  Julian.  G2  Dig.,  Dig.  XXVIII,  5,  38,  §  1  ;  Gaius,  2  De  leg.,  Dig.  XXXV,  1,  17,  3. 

—  2  Corp.  inscr.  lat.  II,  4514  ;  XI,  1430.  —  3  Papin.  6  Quaest.  Dig.  V,  3,  50,  §  1  : 
Quamvis  enim  stricto  jure  nulla  teneantur  actione  heredes  ad  monumentum 
faciendum,  tamen  principali  vel  ponlificali  auctoritate  compelluntur  ad  obse- 
quium  supremae  voluntatis.  —  4Trebat.  ap.  Javol.,  2  Poster.  Lab.,  Dig.  XXXV,  1, 
40,  5.-8  Julian.  62  Dig.,  Dig.  XL,  5,  48.  —  6  Scaev.  3  Resp.  Dig.  XXXIV,  2, 
38,  2.  —  Bibliographie.  Rudorff,  Gromatische  Institutionen  dans  Die  Schiften 
der  rômischcn  Feldmesser,  1852,  t.  Il;  Lcnel,  Arcliiv  für  civilistische  Praxis, 
l.  LXX1X,  p.  75;  Pernice,  Labeo,  t.  III,  1892,  p.  12;  Dernburg,  Pandekten,  7'  éd. 
I.  II,  §§  107  et  108  ;  t.  III,  §  84;  Éd.  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  des  Domains, 
1902,  t.  II,  p.  609  et  684. 

MOLA.  l  Pour  les  appareils  de  broyage  chez  les  peuples  primilifs,  voy.  les  faits 
réunis  par  Lindet,  Rev.  archtol.  1899,  t.  II,  p.  413  cl  s.  — 2  Dig.  XXXIII,  7.  18,  5: 
Est  autem  meta  inferior  pars  molae,  catillus  superior.  Ammien  Marc.  X\II,  4, 
25,  fait  allusion  à  la  meta  comme  si  elle  était  la  partie  mobile  de  la  meule.  C  est 
une  erreur  évidente.  —  3  Mû).»}  xb  xà-cw  tou  jau^ou,  xb  yàç  àvo»  ovoç  Xéye xat,  Suid.; 
cf.  Ilesych.  Phot.  Poil.  112;  Aristoph.  Vesp.  648.  —  4  Dig.  Loc.cit.  —  o  Suid.  etc. 

—  6  Xen.  An.  1,  55.  —  7  Aristot.  Probl.  35,  3.  D'après  ce  passage,  la  partie  infé- 


—  19G0  —  MOL 

ÉTTtfxûXiov  a)  était  faite  de  deux 


Fig.  5102.  — Moulin  romain. 


àXÉTMV 

d’entonnoirs  opposés 
blier 


cavités  en  forme 


l’un  à  l’autre  à  la  facon  fl, 
La  partie  inférieure  s’emboîtait  sur  ]a  d 


sa- 


grain  versé  dans  la  partie  supérieure  élain,!*^’ et  le 
‘  "  -  dU  1)1  °ye  parle 


frottement  entre  le  catillus  et  la  meta.  Celle 
être  creusée,  comme  on  le  verra,  de  sillon, 
dirigeant  la  farine  qui  était  recueillie  dans 


'C1  Pouvait  1 
allons  obliqUes  I 

creusé  autour  de  la  base  sur  laquelle  les  mluW.!?1 
posées.  Tous  ces  détails  sont  clairement  visible*  . 
la  figure  5102,  qui  représente  un  moulin  trouvé?! 
sud  de  Philippeville9;  d’autres  semblables  ont  été  ^ 
contrés  en  Algérie10  et  ailleurs.  Il  en  existe  à  P0i2  I 
dans  plusieurs  maisons  (voir  fig.  1056)  ;  celles  de  la  nia'  I 
son  d’un  boulanger,  décrit  Mazois,  qui  assistait  à  ladé-l 
couverte,  avaient  tous  leurs  ferrements,  permettant  de! 
se  rendre  compte  du  mécanisme  de  la  meule.  «  La  meule 
mobile  était  garnie,  dit-il,  à  son  étranglement  interne 
d’une  espèce  de  moyeu  en  fer  qui  tournait  sur  un  pivot 
scellé  dans  la  meule  fixe.  Le  grain  passait  dans  quatre 
trous  ménagés  dans  le  moyeu,  et  cette  armature  se  rat-1 
tachait  par  des  liens  de  fer  aux  bras  à  l’aide  desquels  on 
mettait  le  moulin  en  mouvement 1 1 .  »  On  reconnaît,  dans  la 
figure  5102,  des  oreilles  carrées  à  ouverture  rectangulaire]  j 
ménagées  à  la  partie  étroite  du  catillus  ;  elles  étaient  des¬ 
tinées  à  recevoir  des  barres  de  bois  (xXdnuxi12)  qui  ser¬ 
vaient  à  le  faire  mouvoir,  soit  à  force  de  bras,  soit  par  la 
traction  animale.  Les  œillets  percés  sur  les  côtés  devaient 
recevoir  des  chevilles  qui  maintenaient  les  barres  u. 

On  distinguait  plusieurs  sortes  de  moulins  :  le  moulin 
à  bras  {mola  tru- 


satilis 1 
18 


( mola 
\  manua- 


lis  I0,  manuana' 
versatilis  n,  yst po- 
p.iîXYj 1 8,  y  stpop-uXwv19) 
était  petit,  relative¬ 
ment  léger.  Celui-ci 
a  dû  être  de  bonne 
heure  en  usage20. Il 


Moulin  à  bras. 

/ait  dans  les 


Fig.  5103. 

était  au  besoin  transportable  ;  on  s  en  sen 
armées21  ;  plusieurs  que  l’on  peut  voir  dans  les  l,l,istes 
furent,  à  ce  que  l’on  suppose,  employés  par  des  légion¬ 
naires  romains.  Celui  que  représente  la  figure  olü.3  cow 
servé  au  Musée  de  Nantes,  est  en  grès  vert22  :  on  faisait 
tourner  la  meule  à  l’aide  d’une  tige  servant  <  <  P"1^  ’ 

dans  un  récipient  muni  d’une  ouverture  en  me,  pat 

'écouler.  Des  moulins  à  bras  ont  été 
Suisse,  ou  d’autres  pays, 
des  vestiges  d’habitations 
entièrement  à  ceux  de 


la  farine  pouvait  s 
rencontrés  en  France,  en 
presque  partout  où  subsistent 
antiques23.  Ils  ne  ressemblent  pas 


Reinacl), 


rieure  de  la  meule.  —  8  Deuter.  XXIV,  6.  9  A  )l  '[^jwtrand,  ConstantiueÆ 

arch.  du  comité  des  travaux  hist.  1893,  p.  149,  P  '  ’  .  rom.  d’Afriq^<]< 

XXVIII,  1893,  p.  359. -  10  Tissot,  Géographe  de  la  p  XVI1I.X1X. - '2 ScMj 
p.  313  sq.  -  n  Mazois,  Ruines  de  Pompéi,  t.  H,  P-  ",  Carnavalet  à  T'aris  1 

in  Theocr.  IV,  58.  -  13  On  en  peut  voir  de  semblabbîs  ^  to,  etc.  ] 

et  au  Musée  d’Amiens.  —  14  Aul.  Gell.  3,  3,  f.  e  au  -  ,  0.  Chr.  n. 

—  15  Calp.  Ec.  3,  85.  —  16  Dig.  33,  7,  26:  Hieron.  j  19  D;osc.  V,  103- J 
_  17  Plin.  Hist.  nat.  36,  29,  1.  -  'a  Xen.  Cyr  ,  ’  jions  préhistoriques  dej 

_  20  Des  meules  en  lave  ont  été  trouvées  dans  les  const  9^  ^  Les  pre. 

Santoriu,  Fouqué,  Santorin  et  ses  éruptions  Pa^  naJ.  XXXVI,  13.  9  PJj 
mières  en  Italie  auraient  été  faites,  selon.  Pline  (  t.  ^  JH,  10, 10;  W-1 
avec  la  pierre  volcanique  de  Volsime.  -  «  Xen.  A.  ^ Jarchéol.  ie^W I 
Liv.  XXVIII,  45  ;  Plut.  Auton.  45.  —  22  Catal.  r Ouest,  1843,  p- 3  ’ 

époque  rom.  n.  98,  dans  les  Hém.  de  la  Soc.  des  an  iq^  Caumont,  O1* 

d  autres  sont  faites  en  lave  du  Ganta  plus  lég  e-  £.  <■  P-  ' 

d’antiquités,  II,  p.  217;  Helbig,  AnnaU  d  InsL  «8*.  ^  xV,  p.  54  :  la  figur  £ 
et  s.  ;  J.  Keller,  Mittheil.  d.  antiq.  GeseUsch.  n  Z  Aéra*  G  P'  1 

Urée  de  la  pl.  ,,  n.  18.  Voir  pour  l'Orient  Tournent,  Voyag 


MOL 


—  1 90 1 


MOL 


lige  i 

l’enflée 


Fi».  5104.  —  Moulin  à  liras. 


.j  nj  à  celui  d’Afrique  dont  il  a  été  parlé  plus  haut, 
.  |  j  gont  construits  d’après  le  même  principe:  les 
m  "S|  s  sont  aplaties,  et  le  catillus  a  une  cavité  peu  pro- 
'!"  ]a  meta  une  convexité  peu  saillante.  Dans  l’exemple 
"  ",Mi  par  la  figure  5104,  on  remarquera  au  centre  une 
^'traversant  les  deux  pierres.  Cette  lige  était  souvent 
à  sa  base,  de  façon  que  son  diamètre  à  son  point 
de  scellement  fût  supérieur  à 
celui  de  la  traverse,  et  que  les 
deux  meules  fussent  écartées 
l’une  de  l’autre'  ;  près  de  cet 
axe  on  voit  les  ouvertures 
pratiquées  pour  le  passage  du 
grain.  Deux  barres  droites, 
plantées  dans  des  anneaux  sur 
deux  points  opposés  du  ca¬ 
tillus ,  servaient  à  le  mettre  en 
mouvement.  Une  seule  per¬ 
sonne  y  pouvait  suffire  quand 
le  moulin  était  de  très  petites 
dimensions;  il  en  fallait  deux 
s’il  était  plus  grand.  Cette  opé¬ 
ration  se  faisait  alors,  non  pas 
en  tirant  sur  les  barres  trans¬ 
versales,  mais  en  les  poussant, 
comme  on  peut  le  voir  (fig.  5105)  sur  un  sarcophage  du 
Musée  de  Latran ,  qui  reproduit  tou  tes  les  opérations  néces¬ 
saires  à  la  production  du  pain,  depuis  le  labourage  jusqu’à 

la  cuisson  2. 

L’opération  pé¬ 
nible  de  la  mou¬ 
ture  était,  chez 
les  Grecs  primi¬ 
tifs,  confiée  aux 
femmes  :  cin¬ 
quante  chez  Al- 
cinoüs  3,  douze 
danslepalaisd’U- 
lysse  4  y  étaient 
employées.  Il  en 
fut  longtemps  ainsi s.  Les  Égyptiens,  les  Juifs  faisaient 
de  même  6.  Ces  femmes  étaient  généralement  des 
esclaves.  Toutefois,  des  hommes  de  condition  libre,  on  en 
cite  dans  une  haute  situation,  se  seraient  livrés  à  ce 
labeur,  soit  par  simplicité,  soit  à  titre  d’exercice  corporel. 

*  Épunénide,  lit-on  dans  Plutarque  7,  fait  sagement  de  ne 
pas  travailler  à  moudre  et  à  pétrir  comme  fait  Pittacus. 

J  ai  moi-même  entendu  dans  l’ile  de  Lesbos  une  esclave 
Grangère  qui  chantait  en  tournant  le  moulin  :  «  Moulez, 

"  meules,  moulez,  car  Pittacus,  le  roi  de  la  grande  Mity- 

*  lène,  se  plaît  aussi  à  moudre.  »  Il  semble  qu’à  Rome 
c,,lte  tâche  ait  été  plutôt  réservée  à  des  esclaves  du  sexe 
masculin.  De  pauvres  gens  louaient  aussi  leurs  bras  pour 
Cf  travail.  On  sait  que  Plaute  tournait  la  meule  et  com- 
P°sail  ses  comédies  dans  les  intervalles  de  repos  8.  En 
la'SOn  de  l’effort  exigé  et  du  caractère  abrutissant  d’un 

labeur,  envoyer  les  esclaves  au  moulin  était  parfois 

|.  ç L  L  l •  p.  30.  —  2  Jalii),  dans  Gerhard,  Arch.  Zeit.  1861,  n»  148,  pl.  cxlvui, 
Od  vYr U CC ' ’  ^l<s-  Lat.  lav.  32;  Benndorf  et  Schône,  Mus.  Lat.  n.  488.  —  3  Hoin. 

P  Un  r'1  ^  Ibid..  XX,  105.  —  3  Plut.  Symp.  XLV ;  Brunck,  Analect.  gr.  t.  II, 

i^’  ‘P,rJr ■  Antip.  et  Jacobs,  Anthol.  gr.  II,  p.  105,  n»  39.  —  6  Exod.  XI,  v. 
—  9  î/1  1  ’  —  7  Pmi.  Loc.  cit.  —  *  Aul.  Gell.  111,  3;  Uieron.  Loc.  cil. 

|,  Igj61'  ^n<^r-  b  3,  25-26.  —  10  Plaut.  Pers.  21-22;  Pseud.  522  ;  Apul.  Met.  IX, 

11  Sulp.  Sev.  Hist.  eccl.  I,  52.  —  12  Apul.  Loc.  cit.  —  13  Cat.  1t.  rust. 


ÇZ 

•y 


Fig.  5105.  —  Moulin  à  bras. 


un  châtiment9.  Ils  travaillaient  quelquefois  enchaînés 
On  employait  aussi  des  criminels,  les  yeux  crevas  La 
condition  de  tous  était  des  plus  misérables12. 

Les  moulins  à  traction  animale  étaient  également  très 
employés.  On  faisait  usage  d’ânes  13  ou  de  chevaux14, 
d’où  les  noms  de  mola  asinaria'*,  mola  jumentaria 16, 
par  opposition  aux  moulins  à  bras  dont  nous  avons  énu¬ 
méré  les  dénominations.  Ces  moulins  étaient  de  dimen¬ 
sions  plus  considérables,  et  garnis  d’une  lourde  arma¬ 
ture  en  bois,  comme  on  peut  le  voir  d’après  les  bas-reliefs 
assez  nombreux  qui  les  représentent17.  L’animal  était  attelé 
par  des  chaînes  à  cette  armature,  et  le  collier  spécial  qu’il 
portait  était  appelé  molile  '8.  Pour  le  cheval  comme  prmr 
l’homme,  cette  besogne  était  considérée  comme  la  plus 
dégradante 19.  Pour  éviter  qu’ils  ne  fussent  étourdis  par  la 
continuité  de  leur  marche  circulaire,  on  leur  bandait  les 
yeux  avec  des  œillères  de  cuir,  comme  le  dit  Apulée20  et 
comme  on  le  voit  fidèlement  indiqué  (fig.  5106)  sur  un 
sarcophage  du  Vatican  21.  On  remarque  au-dessus  du  ca- 


Fig.  5106.  —  Moulin  à  traction  animale. 


tillus  une  boîte  conique  qui  doit  être  un  engraineur,  fermé 
par  une  soupape  que  l’on  soulevait  à  l’aide  d’une  corde. 

Le  moulin  à  eau  ( mola  aquciria ,  hydromula  22,  hydra- 
letes  23 ,  ùopaAér/iç 24)  était  fort  employé  aussi  dans  l’anti¬ 
quité.  Le  plus  ancien  dont  il  soit  fait  mention  est  celui 
qui  existait  dans  le  palais  de  Mithridate,  roi  de  Pont25. 
Une  épigramme  attribuée  à  Antipater  de  Thessalonique, 
qui  vivait  au  icr  siècle,  semble  indiquer  qu’ils  ne  se 
répandirent  que  lentement,  tout  au  moins  en  Asie  Mineure. 
Il  célèbre  en  ces  termes  ce  qu’évidemment  il  considère 
comme  une  invention  nouvelle  :  «  Ne  mettez  plus  la  main 
au  moulin,  ô  femmes  qui  tournez  la  meule.  Dormez  long¬ 
temps,  quoique  le  chant  du  coq  annonce  l’aurore,  car 
Cérès  a  chargé  les  nymphes  du  travail  qui  occupait  vos 
bras.  Celles-ci  s’élancent  sur  la  sommité  d’une  roue, 
font  tourner  son  axe,  qui,  au  moyen  de  rayons  mobiles, 
met  en  mouvement  la  pesanteur  de  quatre  meules  con¬ 
caves26.  »  Toutefois,  à  la  même  époque,  les  moulins  à  eau 

XI,  4;  Ov.  Fast.  VI,  318.  —  14  Juv.  Sat.  VIII,  66.  —  13  Cat.  P.  rust.  X,  4; 
XI,  4.  —  16  Dig.  XXXIII,  7,  26.  —  17  Jahn,  Berichte  der  scichs.  Gesellsch., 
1861,  p.  340-348,  pi.  xi,  xu.  —  18  Cat.  R.  rust.  XI,  4.  —  19  Juv.  Sat.  VIII, 
v.  66.  —  20  Apul.  Met.  IX,  p.  184.  —  21  Jabn,  Loc.  cit.  pl.  xu,  2  ;  Pislolesi,  Vatic. 

descr.  IV,  46.  —  22  Vitruv.  X,  5  ;  Pallad.  I,  42.  —  23  Vitruv.  11.  _ 21  Strab.  XII, 

3,  30.  —  25  Id.  —  26  Brunck,  Anal.  gr.  t.  H,  p.  119;  Jacobs,  Anthol.  gr.  II,  p  105, 
n°  39. 


étaient,  au  témoignage  de  Pline,  universellement  répan¬ 
dus  en  Italie  et  Vilruve  en  donne  la  description  sans 
faire  entendre  le  moins  du  monde  que  ce  mécanisme  fût 
nouveau  ou  peu  connu.  Après  avoir  décrit  diverses 
machines  mises  en  mouvement  au  moyen  de  l’eau,  il 
ajoute  :  «  Les  moulins  à  eau,  que  le  même  mécanisme 
met  en  mouvement,  sont  faits  de  la  même  manière,  avec 
cette  différence  pourtant,  que  l’extrémité  de  l’essieu 
traverse  un  rouet,  qui,  posé  à  plomb,  perpendiculaire¬ 
ment,  tourne  avec  la  roue.  Auprès  du  rouet  s’en  trouve 
un  autre  plus  petit,  dentelé  aussi  et  placé  horizontalement; 
au  milieu  de  ce  petit  rouet  s’élève  un  essieu  à  l’extrémité 
supérieure  duquel  se  trouve  un  fer  en  forme  de  hache 
qui  l’affermit  dans  la  meule.  Ainsi  les  alichons  du  grand 
rouet  qui  termine  l’essieu  et  la  roue,  s’engrenant  avec 
ceux  du  petit  qui  est  placé  horizontalement,  font  tourner 
la  roue  au-dessus  de  laquelle  est  suspendue  la  trémie  qui 
laisse  tomber  le  blé  eulre  les  meules,  où  il  est  converti 
en  farine  par  le  même  mouvement  de  rotation2.  »  Palla- 
dius,  au  ive  siècle,  recommande  l’usage  des  moulins  à 
eau  pour  économiser  l’effort  des  hommes  et  des  ani¬ 
maux  3.  Ausone  nous  apprend  qu’ils  étaient  connus  jus¬ 
qu’aux  extrémités  de  l’Empire  4. 

Les  moulins  à  eau  paraissent  avoir  été  nombreux  à 
Rome.  Bien  que  le  forum  pistorium  fût  de  l’autre  côté 
du  Tibre,  le  centre  de  la  fabrication  du  pain  était  la 
région  du  Janicule.  Un  arrêté  de  Dynamius,  préfet  de  la 
ville  en  490,  prescrit  l’établissement  de  balances  publiques 
pour  prévenir  les  fraudes  reprochées  aux  meuniers  de 
cette  région  et  d’ailleurs  ( taux  in  Janiculo  quam  per 
diversa)  5.  L’eau  était  fournie  par  les  aqueducs,  et  au 
Janicule  en  particulier,  celle  qui  mettait  en  mouvement 
les  moulins  de  la  pistrina  venait  de  la  prise  d’eau  qui, 
tirée  des  environs  du  lacus  Sabatinus ,  remontait  la 
pente  de  cette  colline  pour  redescendre  sur  l’autre  ver¬ 
sant.  Les  riverains  ne  se  faisaient  pas  faute  de  détourner 
irrégulièrement  l’eau  des  aqueducs  pour  leurs  usages 
particuliers.  Cet  abus  fut  plusieurs  fois  réprimé,  et  en 
particulier  par  Théodoric6. 

Lors  du  siège  de  Rome  par  les  Goths  en  536,  les 
aqueducs  étant  coupés,  les  moulins  se  trouvèrent  dans 
l’impossibilité  de  fonctionner.  Pour  y  suppléer,  Bélisaire 
établit  sur  le  Tibre  des  bateaux-moulins ,  actionnés  par 
le  courant  du  fleuve,  et  qui  demeurèrent  en  usage'. 

C’est  alors  qu’apparaissent  les  mots  molitores ,  molen- 
darii,  meuniers,  qui  semblent  désigner  les  gérants  de  ces 


n’étaient  point  séparées.  ‘  )0ulangerie 

La  pierre  dont  on  faisait  une  meule  devail  ‘i 
et  à  gros  grains,  pour  avoir  plus  de  prise  u. 

Cette  double  condition  était  plus  nécessaire  ‘encore  ^  *' 
les  moulins  à  huile,  l’olive  étant  plus  grossp  P°  P°ur 

résistante10.  On  se  servait  souvent  de  pierres  mm  P  US 
venant  du  Vésuve".  P^rres  ponces  pro. 

P°ur  les  olives,  Columelle  recommande  l’usaee  a  ! 
meules  de  préférence  à  d’autres  engins,  parce  Von 
pouvait  les  remonter  ou  les  baisser  suivant  la  quantité 
d’olives  qu’on  aurait  à  mettre  dessous,  pour  éviter  de 
briser  les  noyaux  qui  gâteraient  le  goût  de  l’huile.  Il  ne 
dit  pas  par  quel  procédé12. 

Le  jour  de  la  fête  de  Vesta,  que  célébraient  les  bou¬ 
langers,  au  mois  de  juin,  la  meule  était  couronnée  de 
fleurs,  et  les  ànesses  du  moulin  portaient  des  colliers  de 
pain  et  des  guirlandes  de  violettes  [vestalia]13. 

11  existait  aussi  de  petits  moulins  en  buis  pour  le 
poivre  [buxea  mola)  u. 

Mola  salsa  (xptô'rj  ir£cppaYp.évT|).  —  Grains  de  blé  torré¬ 
fiés  et  broyés  à  la  meule  que  l’on  offrait  dans  les  sacri¬ 
fices  ou  que  l’on  jetait  avec  le  sel  sur  les  entrailles  des 
victimes13.  André  Baudrillart. 


MOLEIA  (MwXsioc).  —  Fête  arcadienne  commémorative 
du  duel  mythique  d’Aréïthoos  et  de  Lycurgue,  fils  d’Aléos 
et  roi  de  Tégée1.  Dans  ce  combat  singulier,  Aréïthoos, 
surnommé  le  Korynète ,  parce  qu’il  avait  pour  arme  une 
massue  ferrée,  fut  surpris  par  son  adversaire  dans  un 
chemin  étroit  (<rreivcü7raj  âv  ôScp) 2  et  tué  d’un  coup  de  lance. 
En  souvenir  de  ce  combat  (poXo;),  le  lieu  reçut  le  nom  de 
MwXuyiov3.  C’est  là  sans  doute  qu’était  célébrée  la  fête  des 
Moleia.  Ce  lieu  et  cette  fête  doivent  être  localisés  sur  le 
territoire  de  Mantinée,  à  l’endroit  où  Pausanias  signale 
une  route  très  resserrée  et  un  tumulus  que  les  gens  du 
pays  désignaient  sous  le  nom  de  tombeau  d’ Aréïthoos  \ 
La  légende  mantinéenne  du  duel  d’Aréïthoos  et  de 
Lycurgue  semble  être  une  adaptation  locale  de  mythes 
béotiens  importés  en  Arcadie.  En  effet,  le  héros  Aréïthoos 
était  un  héros  minyen,  originaire  de  la  ville  béotienne 
d’Arné3,  où  il  apparaît  comme  une  hypostase  de  1  Arès 
béotien  6.  Or,  en  Arcadie,  l’Arès  béotien  s  identifie  avec 
le  dieu  indigène  Poséidon  Ilippios,  père  du  cheval  de 
guerre  Aréion 7,  et  dont  la  naissance  était  localisée  auprès 
de  la  source  Arné,  voisine  de  Mantinée8.  Il  en  résulte 
qu’en  Arcadie  Aréïthoos  s’est  lui-même  transformé  en 


i  PI  in.  Hist.  nat.  XVIII,  23,  Major  pars  ltaliae  rtudo  utitur  pilo,  rôtis 
etiam  quas  aqua  verset  obiter  et  far  violât.  —  2  Vitruv.  X,  5.  —  3  Pallad. 
Loc.  cit.  —  4  Auson.  Mos.  361.  —  3  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1711;  Prud.  C.  Sym. 
Il,  950;  Procop.  Del.  Gai.  1,9;  cf.  Becker,  Topogr.  p.  706.  —  6  Cod.  Theod.  XIV, 
13,4;  Cassiod.  Var.  XXXI,  2,  lettre  de  Théodose  au  Sénat  romain.  —  7  Procop. 
Del.  Gai.  1,  96-97.  —  8  Dig.  XXXIII,  7,  12.  -  9  Ov.  Fast.  VI,  470;  De  med.  fac. 

58.  _  10  Varr.  II.  rust.  I,  55,  moine  oteariae  duro  et  aspero  lapide.  —  H  Ov. 

De  med.  fac.  72;  Fast.  VI,  318.  — 12  Col.  II.  rust.  XII,  52,  6;  Pallad.  XII,  17,  1. 
—  13  Ov.  Fast.  VI,  v.  303,  310,  469.  —  14  Petron.  Frag.  trag.  74  (Burman)  :  «  Mola 
buxea  piper  trivil  — 15  Virg.  Ecl.  VIII,  82;  Cic.  De  divin.  II,  16;Mart.  Epigr. 
7,  54;  Tibul.  I,  5,  14;  Senec.  Thyest.  688;  Plin.  Hist.  nat.  XVIII,  2,  2;  Val.  Max. 
Il,  5,  5.  —  Bibliographie.  Gfitzius,  De  pistrinis  veterum ,  Cvgneae,  1730;  Bliimner, 
Technologie,  t.  I,  p.  1-88;  Beckmann,  Deitrâge  sur  Gesch.  der  Erfindungen,  II, 
p.  3;  Mongez,  Mém.  de  l'Institut,  nouv.  sér.  III,  1818,  p.  441  sip  ;  Mazois,  Raines 
de  Pompéi,  t.  Il,  p.  57-59,  pl.  xvm,  xix;  Grivaud  de  la  Vincelle,  Arts  et  métiers 
des  anciens  ;  Overbeck,  Pompei,  4e  éd.  p.  384-393  ;  O.  Jahn,  dans  Gerhard, 
Denkmâler  und  Forschungcn ,  1861,  n°  148.  pi.  cxlwii,  1,  et  Derichte  der  sàchs. 
Gesellschaft  der  Wiss.  1861,  p.  340-348  ;  Annali  dell'  Inst.  X,  p.  231  sq.  et  Mon. 
dell’  Inst.  II,  58;  Marquardt,  Vie  privée  (trad.  fr.)  II,  43-45;  Lindet,  Origines  du 
moulin  à  grains,  Rev.  archéol.  1899,  t.  Il,  p.  413  et  1900,  t.  I,  p.  17  ;  Id.  Dali,  de 
la  Soc.  d'encouragement  pour  l’industrie  nat.  août  1900. 

MOLEIA.  1  Schol.  Apoll.  IUiod.  I,  164,  p.  313,  30,  éd.  Keil  (cf.  Fragm.  hist.  gr. 


,  p.  336)  :  uyETcti  MAI.  UfT*i  i «pi  ’Apiimv, 

;t,v  [«v]trt£v  ’EçeuDakc'wva .  M5ko<  Si  H|  H-àpi-  La  mention  d  Ereuthahon,  , 

versaire  de  Lycurgue,  est  évidemment  une  méprise  du  scoliaste.  an  _ 
unérique  du  combat  (11.  VII,  132-156),  il  est  dit  que  l'armure  dAr  J -le 
jrynète,  qu'il  tenait  d'Arès,  avait  été  donnée  par  Lycurgue  a  ..^1 
•euthalion,  sou  écuyer,  lequel  en  fut  à  son  tour  déporn^  ^  |+3; 
la  suite  d’un  combat  singulier  sur  les  bords  du  Jardanos.  ■  v’5jus, 

.  Pans.  VIII,  4,  7.  -  3  Hesyeli.  s.v.  L'ordre  alphabétique,  ridGntl(ica-| 

manderait  plutôt  l’orthographe  —  '*  Paus.  \  >  _  ;  '  1  .  .  TOir 

»  *>  «u.  •*-  ™  '•  --'c?  rïtîlïï.< — 

mgères,  Mantinée ,  p.  108  et  la  carte.  •  »  1  j  h 'h  f  kl. 

re  de  Ménesthios,  dont  la  résidence  était  à  Arné.  Wenlze  mantinéenne; 

91,  p.  385)  croit  à  tort  que  les  termes  d’Homère  désignen  ^  ^  ^  armur» 

Ue-ci  n’est  pas  une  ville,  mais  une  simple  source.  --  1  n'anrès  Phérécyde 

Arès  (II.  VII,  146)  ;  son  nom  est  un  composé  de  celui  d  Ar  s.  V  ^  g7)j  qlIi 
SyroB  (ap.  Schol.  Hom.  II.  VII,  9  ;  Eragm.  hist.  gr.  b  P-  .  )a  ,ête 
lalait  la  légende  arcadienne,  Aréïthoos  aurait  e"vaUl  dans  l'Ar- 

armée  béotienne.  Cetle  théorie  dune  immigia  ion  _  nll’0n  rencontre 

‘  ,  béotiens  qu 


lie  centrale  est  confirmée  par  les  nombreux  souvenirs 
îs  la  mythologie  et  la  toponymie 
209  sq.) 

11.  8. 


nombreux  souvenirs  neouc^  u»  ^ 

de  cette  partie  de  1  Arcadie  (  ou 

Paus.  — 


7  Paus.  VIII,  25,  5;  Antim.  Fr.  28,  ap 


MON 


—  1963  — 


MON 


hvposts 


Iage  Je  Poséidon  Hippios,  dieu  des  sources  et  eaux 


qui  entretiennent  la  végétation  et  favorisent 


terrestres 

,.|(,v.,:re  du  cheval  de  guerre.  Il  tient  donc  de  ce  dieu  et 
^Antécédents  béotiens  un  caractère  à  la  fois  silveslre 
crrier.  A  Mantinée,  le  Korynète  personnifie  le  bois 
je  Aliènes  appelé  Pélagos ,  dans  lequel  Poséidon  Hippios 
srdait  un  abaton  très  ancien  et  très  vénéré  Ce  bois, 
rétréci  par  les  promontoires  rocheux  qui  étranglent  la 
I  ;ne  mantinéenne,  a  donné  naissance  au  mythe  de  la 
Vnvwiwç  oooç,  où  était  localisé  le  combat  du  Korynète, 
héros  posidonien  et  chthonien,  et  de  Lycurgue,  béros 
solaire,  hypostase  de  Zeus  Lykaios  —  Lykaon  2.  Ce  mythe 
était  un  symbole  de  la  lutte  entre  l’élément  posidonien  et 
l’élément  solaire,  entre  l’élément  humide  et  l’élément  sec, 
entre  la  terre  cultivable  et  le  sol  aride,  dont  les  légendes 
des  plaines  fermées  de  l’Arcadie  nous  offrent  plusieurs 
variantes  3.  L’épopée  fixa  ce  mythe  naturiste  sous  la 
forme  d’un  récit  de  bataille.  L’étymologie  du  nom  d’Aréï- 
thoos,  les  démêlés  séculaires  de  Tégée  et  de  Mantinée 
contribuèrent  à  déformer  dans  ce  sens  le  caractère  primi¬ 
tivement  rural  de  la  fête  des  Moleia  *.  La  locution  homé¬ 


rique  p.wXo;  wAp7jo;  qui  désigne  ce  combat  5,  la  personni¬ 
fication  du  combat  en  MêoXoç,  fils  d’Arès  6,  autorisent  à 
penser  que  lé  nom  de  cette  solennité  finit  par  prendre, 
chez  les  Mantinéens,  une  signification  surtout  guerrière 


et  nationale7.  G.  Fougères. 

MOLOCHEVA  (MoXdy  ivot).  — La  fibre  delamauve  (Malva 
silvestris  Linn.)  a  été  employée  à  faire  de  fins  tissus.  Ils 
paraissent  avoir  été  importés  de  l’Inde1;  il  n’est  pas  prouvé 
que  l'on  en  ait  fabriqué  en  Grèce,  mais  ils  furent  sans 
doute  connus  des  Grecs,  comme  ils  le  furent  des  Romains2. 
Plaute  mentionne  des  molochinarii 3.  E.  Saglio. 

MONARCHOS.  —  Titre  du  magistrat  éponyme  de  File 
de  Cos  F  On  ne  le  trouve  que  dans  ce  pays.  11  figure  dans 
des  inscriptions  de  Calymna,  du  temps  où  cette  ville  était 
sous  la  dépendance  de  Cos  2.  Le  monarchos  (govapyo?)  a 
dît  être,  à  l’époque  primitive,  le  principal  magistrat  de 
Cos;  à  l’époque  historique,  il  paraît  encore  avoir  des 
fondions  religieuses,  reste  de  ses  anciennes  attribu¬ 
tions3.  Ch.  Lécrivain. 

MONETA.  —  L’étude  des  signes  d’échange  métal¬ 
liques  de  la  valeur  des  choses,  chez  les  anciens,  constitue 
l’objet  d’une  branche  spéciale  de  la  science  des  anti¬ 
quités,  désignée  depuis  le  xvie  siècle,  où  l’on  a  com¬ 
mencé  à  s’en  occuper,  sous  le  nom  de  Numismatique. 

1°  Noms  génériques  de  la  monnaie  dans  l’antiquité. 
—  Les.  principales  de  ces  appellations  sont,  chez  les 
Grecs,  àpydpcov,  ^prqxaTa,  vopuaga,  et  chez  les  Romains, 
aes)  pecunia,  moneta,  nummus  et  nomisma.  ’Apyûpiov 


dérive  d'àoyupoç,  «  argent  »,  comme  ypvfftov  et  yxXxtov, 
désignations  spéciales  des  monnaies  d’or  et  de  bronze, 
de  zp offôç  etyaXxôî,  et  ce  nom  s’était  de  fort  bonne  heure 
appliqué  à  toute  espèce  de  monnaie,  parce  que  la  masse 
principale  de  la  circulation  métallique  chez  les  Grecs 
consistait  en  argent,  de  même  que  chez  les  Romains  on 
continuait  à  dire  aes ,  dans  un  sens  générique,  alors  que 
l’on  frappait  de  l’or,  de  l'argent  et  du  bronze,  en  souve¬ 
nir  du  temps  où  la  République  ne  connaissait  que  le 
monnayage  du  bronze  [as].  L’expression  de  ypr^cczx 
indiquait  simplement  la  monnaie  comme  la  représenta¬ 
tion  de  la  valeur  des  choses;  pecunia  se  rapporte  à  la 
même  origine,  et  dérive  de  pecus ,  «  le  bétail  »  ;  chez 
tous  les  peuples  primitifs,  avant  l’adoption  du  signe 
métallique,  le  bétail  a  servi  et  sert  encore  d’étalon  à  la 
valeur  des  échanges  [pecunia].  Noji.iffg.-x  vient  de  vég.w  et 
de  vôp.o;,  comme  le  démontre  ce  passage  d’Aristote  1  : 
«  La  monnaie  est  devenue  un  objet  d’échange  ;  aussi 
l’appelle-t-on  vogioga,  son  existence  étant,  non  le  produit 
de  la  nature,  mais  l’œuvre  de  la  loi  (vôpoç),  ce  qui  fait 
qu’il  dépend  de  nous  de  la  modifier  ou  de  la  décrier.  » 
Au  lieu  de  vogidg-x,  les  Doriens  disaient  voùg.g.oç,  mot  qui 
sort  incontestablement  de  la  même  origine,  et  ce  mot, 
transmis  aux  Latins,  avec  l’usage  même  de  la  monnaie, 
parles  colonies  grecques  de  la  Sicile  et  de  l’Italie  méridio¬ 
nale,  y  produisit  les  expressions  nummus  ou  numus. 
Nummus  désignait  la  monnaie  courante,  tandis  que 
nomisma ,  reproduction  du  terme  grec  le  plus  usité,  dont 
les  poètes  se  servirent  d’abord  seuls  à  Rome,  s’appli¬ 
quait  aux  pièces  an¬ 
ciennes  ou  de  coin 
étrangerqu’on  rassem¬ 
blait  à  titre  de  collec¬ 
tion  précieuse.  On  en 
a  la  preuve  par  un 

passage  d’Ulpien  2  :  Fig.  5I07.  —  Junon  Moneta. 

«  Dans  les  cas  de 

legs  d'or  ou  d’argent  monnayé,  il  faut  que  les  objets 
soient  désignés  d’une  manière  expresse,  par  exemple 
que  le  testateur  dise  si  ce  sont  des  philippes ,  des 
nomismata  (c’est-à-dire des  médailles),  etc.,  qu’il  entend 
léguer.  »  Un  autre  jurisconsulte  romain,  Paul 3,  mentionne 
les  nomismata  antiques  d’or  ou  d’argent  don  ton  se  servait 
en  guise  de  bijoux,  usage  qui  s'est  conservé  parmi  les 
femmes  de  l’Orient.  Quant  à  moneta ,  l’origine  de  cette 
expression  vient  de  ce  que,  primitivement  à  Rome, 
l’atelier  de  fabrication  des  monnaies  fut  établi  sur  le 
Capitole,  dans  les  dépendances  du  temple  de  Junon 
Moneta  4,  Junon  «  l’avertisseuse  »,  élevé  sur  l’emplace- 


1 1  aus.  VIII,  10.  —  2  Wilamovvilz,  Homer.  Untersuch.  p.  285.  Un  aulre  Koryncle,  le 
"■'garni  Périphétès,  adversaire  de  Thésée,  est  donné  comme  filssoitdc  Poséidon,  soit 
'feNyclimos,  l'antithèse  de  Lycaon.  —  3  Cf.  le  niyllie  mautinéen  d'Æpylas,  symbole 
<*c  “""dagne,  aveuglé  par  la  source  de  Poséidon  Hippios  (Paus.  Vlü,  10,  2),  et  le 
l',e  hlgéatc  de  la  lutte  de  Sképhros  et  de  Leimon  {Ibid.  VIII,  48,  4).  —  4  Jl . 
11  -  ;  cf.  Schol.  Apoll.  Rhod.  I,  164;  Hesych.  s.  v.  pùXov  et  pS).o<_ 

I  ""gères,  O.  I.  p,  259.  Peut-être  doit-on  rattacher  à  cette  fête  certaines  tra- 
lll0ns  mantinéennes  relatives  à  la  danse  armée  ;  Gruppe,  Griecll.  Mxjth.  1,  p.  199  ; 
""gères,  0.  I.  p.  349.  _  6  Apollod.  I,  7,  7  ;  cf.  les  moles  Martis  dans  A.  Gel!. 
4  ’  23  (22).  1.  -  7  11  est  à  remarquer  que  la  victoire  du  héros  tégéate  est  pré- 
SU|I"-  comme  un  résultat  de  la  ruse  et  de  la  surprise  (vôv  Awoopy^  Ë’nsçvt  80A01,  oûri 
yi,  II.  Vil,  142).  Les  textes  ultérieurs  (Schol.  Hom.  11.  Vil,  9;  Schol.  Apoll. 
p]0'  ' '  parlent  d'embuscade  (î.oy.o»  xaS'ac*;,  ;  cf.  les  termes  de 

^  "as  (Mil,  4,  7)  :  567üi  xal  oO  aùv  -roi  Sixaito  xtefvaç.  Cette  insistance  è  présen- 
S0US  un  jour  défavorable  la  victoire  de  l'ennemi  est  certainement  un  Irai!  de 


11  ^'gcnde 


I  ^  mantinéenne,  la  revanche  de  l'amour-propre  national  contre  la  sincérité 
"  du  mythe  naturiste,  interprète  fidèle  des  conditions  réelles  de  la  nature 


locale 


'IU1  assuraient  l’avantage  à  Tégée  sur  sa  voisine.  C'est  ainsi  que  le  mythe, 


primitivement  symbole  d'une  antinomie  naturelle,  est  devenu  le  symbole  des  que¬ 
relles  de  ville  à  ville  et  des  haines  de  race.  Aussi  comporte-t-il  une  double  inter¬ 
prétation. 

MOLOCI1INA.  •  Arr.  Per.  mar.  Erythr.  §§  7,  48  et  49  :  poko/iva,  ap.Sdvi;  n»Ac- 
jrivat.  —  2  Caccil.  ap  Non.  p.  548,  1  4;  Novius,  Ib.  p.  539,  20,  et  540,  23;  Isid.  Or. 
XIX,  22,  12  :  «  Molochinia  quae  malvarum  staminé  conficitur,  quant  alii  molocinum, 
alii  malvellam  vocant  ».  —  3  Aul.  514.  —  Bibliographie.  Yales,  Tcxtrinum  anti¬ 
quorum ,  Londres,  1843,  p.  296  sq.  ;  H.  Blümner,  Technologie  d.  Gewcrbe  und 
Künste  bei  Griech.  und  Rômer.,  1,  p.  189. 

MONARCHOS.  l  Ditlenberger,  Syll.  inscript,  graec.  2Ȏd.  n05  598,  1.  1,  13,  16  - 
369,  1.  5;  614;  616,  1.  4;  735,  1.  1.—  2  /bid.  865,  1.  I,  6;  866,  1.  t  ;  867,  1.  1  ;  868', 
1.  1,  4,  8,  17,  20;  869,  1.  1,  9;  Palon  et  Hicks,  Inscript.  Cos,  p.  352.  —  3  R  offre 
un  sacrifice  à  Esculape,  à  l’Isthme  ( Annuaire  de  l’Association  pour  l'encou¬ 
ragement  des  études  grecques,  1875,  p.  321,  n>  11).  La  fête  des  Movoçyfou  à 
Calymna  avait  sans  doute  quelque  rapport  avec  les  Monarchoi  (Ditlenberger, 
L.  c.  864). 

MONETA.  1  Et  hic.  V,  5.  —  2  Dig.  XXXIV,  2,  27.  —  3  Dig.  Vil,  1,28.  -  4  Tit. 
Liv.  VI,  20  ;  Suid.  s.  t’.  Mov»;x«. 


MON 


—  1964  — 


MON 


ment  de  la  maison  de  Manlius,  à  l’endroit  d’où  il  avait 
entendu  les  Gaulois  monter  à  l’assaut  du  Capitole  Un 
denier  d’argent  de  la  famille  Carisia  représente  (fig.5107) 
la  tète  de  Junon  Moneta,  avec  son  nom  moneta,  et  au 
revers  les  instruments  du  monnayage  2. 

2°  Origine  et  propagation  de  l'nsage  de  la  monnaie. 

—  Lorsque  des  relations  d’échanges  un  peu  suivies 
commencèrent  à  s’établir  entre  les  différents  peuples 
dont  la  famille  humaine  avait  couvert  les  territoires  du 
monde  ancien,  les  qualités  propres  des  métaux  précieux, 
leur  densité  et  leur  solidité,  les  firent  au  bout  de  peu  de 
temps  adopter  comme  instruments  communs  des  tran¬ 
sactions,  comme  le  moyen  d’échanges  le  plus  commode 
et  le  plus  sûr.  Mais  on  s’en  servit,  pendant  bien  des 
siècles,  purement  et  simplement  comme  de  toute  autre 
marchandise,  c’est-à-dire  en  les  pesant  à  chaque  fois  et 
en  les  conservant,  soit  en  lingots  irréguliers,  soit  sous 
forme  de  bijoux  ou  d’ustensiles.  De  grands  et  florissants 
empires,  comme  ceux  de  l’Égypte,  de  la  Chaldée  et  de 
l’Assyrie 3,  ont  traversé  des  milliers  d’années  d’exis¬ 
tence  dans  la  richesse  et  la  prospérité,  avec  des  relations 
commerciales  aussi  étendues  qu’ont  jamais  pu  l'être  • 
celles  d’aucun  peuple  de  l’antiquité,  en  se  servant  cons¬ 
tamment  de's  métaux  précieux  dans  les  affaires  de 
négoce,  mais  en  ignorant  absolument  l'usage  de  la 
monnaie.  Les  habitants  de  ces  empires  se  servaient,  dans 
leurs  échanges,  de  lingots  de  métal  irréguliers  comme 
forme  et  comme  poids,  sans  marque  qui  en  assurât  la 
valeur  au  nom  d  une  autorité  publique,  et  l’on  pesait  ces 
lingots  à  chaque  transaction.  La  monnaie  proprement 
dite,  avec  un  poids  et  une  forme  déterminés,  et  une 
empreinte  qui  en  garantit  officiellement  la  valeur,  est 
une  invention  des  Grecs. 

Les  Grecs  ont  prétendu  que  l’invention  de  la  monnaie 
eut  lieu  à  Égine  et  qu’elle  était  due  à  Phidon,  roi  d’Argos, 
qui  vivait  dans  le  milieu  du  vne  siècle  av.  J.-C.  4. 
Nous  ne  connaissons,  en  effet,  aucune  monnaie  que  l’on 
puisse  faire  remonter  au  delà  du  vne  siècle  avant  notre 
ère  ;  les  plus  anciennes  que  l’on  possède  sont  de  la  Grèce 
propre,  des  cités  grecques  de  l'Asie  Mineure  ou  de  cer¬ 
tains  Etats  de  cette  dernière  contrée  qui  de  très  bonne 
heure  furent  pénétrés  par  l'influence  hellénique.  Les 
Lydiens  seuls  pouvaient,  avec  des  titres  d'une  sérieuse 
valeur,  disputer  aux  Éginètes  l’honneur  de  l’invention 
de  la  monnaie,  et  c’est  ce  qu’ils  faisaient  effectivement s. 
Cependant,  si  la  monnaie,  en  Asie  Mineure,  a  été  certai¬ 
nement  fabriquée  longtemps  avant  Crésus,  il  ne  paraît 
pas  que  cet  usage  puisse  être  considéré  comme  ayant 
existé  à  Sardes  dès  l’avènement  de  la  dynastie  royale 
dont  le  chef  fut  Gygès.  D’ailleurs,  quelques  indices  mani¬ 
festes  d’une  très  haute  antiquité  que  portent  en  elles- 
mêmes  les  pièces  d’électrum  des  villes  de  la  côte  d  Asie 
Mineure  soumises  aux  rois  de  Lydie,  pièces  antérieures 
aux  émissions  de  Crésus,  l’aspect,  la  nature  du  travail, 
l'irrégularité  du  lingot,  qui  a  encore  la  forme  allongée 
désignée  par  les  Grecs  sous  le  nom  d’oSeXiaxoi;,  révèlent 


l  Tit.  Liv.  VU,  28  ;  Ovid.  Fast.  VI,  183.  —  2  Cohen,  Descr.  gén.  des 
méd.  consul,  pl.  x,  Carisia ,  n°  7.  [E.  Babelou,  AJonn.  de  la  Républ.  rom. 
I.  I,  p.  314;  et  Traité  des  monrt.  gr.  et  rom.  t.  I,  p.  901.]  3  De  Long- 

périer.  Les  Assyriens  ont-ils  fait  usage  de  monnaies  ?  dans  la  Rev. 
numism.  1863,  p.  180-185.  [E.  Babelon,  Les  orig.  de  la  monn.  p.  55  sq.] 

_ 4  Strab.  VIII,  p.  549;  Alarm.  Par  1.  45  et  46;  Pollux,  IX,  83  ;  Etym.  magn. 

s.  v.  ’OSeXtV/o;  ;  Isidor.  Orig. XV I,  24;  cf.  Ottfr.  Millier,  Aeginetica ,  p.  57.  [Sur  la  date 
probable  de  phidon,  V.  Th.  Reinach,  L’hist.  par  les  monn.  p.  35;  Svoronos,  Rev. 


comme  encore  plus  antiques  certaines  monnaie-  r 

d’Égine,  dont  nous  donnons  un  échantillon  j8  6nt 

uuns  la 


figure  5108.  Or,  la  tradition  qui  fait  de  l’Ai-i 
l’inventeur  de  la  monnaie,  place  à  Égine  son  '.“Tl 
atelier  de  fabrication.  Nous  adoptons  donc  la  tradi? 
plus  généralement  répandue  parmi  les  Greo'-'  '°n  la 
gine  helienique 
de  la  monnaie  G. 

Il  nous  parait 
ressortir  de  la 
comparaison  des 
dates  et  des  mo¬ 
numents  numismatiques  eux-mêmes,  que  cet  usage  in 
venté  par  un  roi  d’Argos  et  pratiqué  pour  la  première’ fois 
par  ses  ordres  dans  l’atelier  d’Égine,  passabientôt  de  Grèce 

dans  les  villes  de  la  côte  d’Ionie  incorporées  à  l’empire  de 

Lydie  à  une  époque  où  les  souverains  de  ce  dernier  pays 
subissaient,  dans  une  très  large  mesure,  l’influence 
grecque  ;  que  si  Égine  frappa  les  premières  monnaies 
d’argent,  les  villes  d’Ionie  soumises  aux  rois  de  Lydie 
frappèrent,  à  une  époque  presque  contemporaine,  les 
premières  monnaies  d’électrum,  et  plus  tard,  sous  Cré¬ 
sus,  Sardes  vit  naître  les  premières  monnaies  d’or  pur. 
C’est  des  rois  lydiens ,  qu’ils  venaienL  de  détrôner, 
que  les  Perses  Achéménides  prirent  le  modèle  de  leurs 
dariques  [daricus],  dont  l’emploi  ne  se  propagea  que 
fort  lentement  dans  les  provinces  intérieures  de 
l’empire  et  paraît  avoir  été  d’abord  confiné  aux  régions 
qui  entretenaient  avec  les  Grecs  des  rapports  journaliers. 
Les  Phéniciens  et  l’Égypte  n’eurent  pas  de  monnaies 
avant  la  domination  des  Perses  Achéménides7. 

En  Italie,  ce  fut  aussi  l'influence  des  Grecs  et  de  leurs 
nombreux  établissements,  qui  fit  connaître  et  adopter 
par  les  peuples  indigènes  l’emploi  du  signe  monétaire 
dans  leurs  opérations  de  négoce.  Les  Romains  puisèrent 
cet  usage  à  la  source  que  nous  indiquons.  Quant  aux 
Étrusques,  la  monnaie  d’argent  ne  commença  chez  eux 
que  peu  après  leur  collision  avec  la  flotte  syracusaine, 
sous  Hiéron  1er  ;  leur  monnaie  de  bronze,  probablement 
postérieure,  fut  une  imitation  de  celle  des  Romains,  qui 
déjà,  dans  la  fabrication  de  l’«es  grave ,  avaient  imité 
les  modèles  qui  leur  étaient  fournis  par  les  art istesl 
grecs  [as].  [La  tradition  romaine  attribuait  l’inventionj 
de  Yaes  grave  au  roi  Servius  Tullius 


Les  colonies  grecques  portèrent  jusqu  au 


fond  de  la 


mer  Noire  l’usage  de  la  monnaie ,  mais  il  ne  paraît  pas 
s’être  jamais  beaucoup  généralisé  parmi  les  PeaP  esj 
barbares  de  la  contrée. 

Les  Carthaginois  commencèrent  seulement  à  avon  une 
monnaie  lorsqu’ils  se  trouvèrent  en  contact  a\ei 
Grecs  de  la  Sicile.  L’Espagne,  la  Gaule  connurent 
monnaie  par  les  colonies  grecques  et,  paimi  h  s  Gu 
de  la  Gaule  proprement  dite  et  de  la  Pannonie,  ^ 
monétaire  ne  se  développa  cju  après  leui  exPt 
Grèce,  sous  Antigone  Gonatas.  , 

A  l’orient  et  au  sud  de  l’Asie,  dans  la  Bac  m  j 

du  iy  83  ’  Euslatü. 

numism.  1902,  p.  339.]  -  &  Herodot.  1,  94;  Xen.  ap.  To  .  ,  p  e,  et 

Dionys.  Perieg.  v.  840.  —  e  Mommsen,  Gesch.  des  roem.  ;  eucore  Barclay 
Rawliuson,  Uerodotus,  p.  683-690  sont  de  l'avis  contraire.  .  ism.  orieA 

V.  Head,  The  comage  of  Lydia  and  Persia,  dans  The  tn  «"»  ■  p  2od 

tal.  Lond.  1877  ;  ld.  Hist.  numorum,  Oxford,  1877  ;  [E.  Ba  e  on,  ^  ^  ,pUn  ffist! 
—  1  E.  Babelon,  Les  Perses  Achéménides.  Introd.  P-  LV  “j"  .  detrol.  2‘  éd 
nat.  XXXU1,  43;  XVIli,  12;  Cassiod.  Var.  Vil,  22  ;  c  . 
p.  524;  E.  Babelon,  Les  orig.  p.  189. J 


MON 


—  1965  — 


MON 


l’Inde,  les  conquêtes  d’Alexandre  portèrenl,  avec  là 
''iHsation  grecque,  l’usage  de  la  monnaie;,  nulle  trace 
cn  seInblable  procédé  ne  se  révèle  dans  ces  pays  avant 
,  des  Grecs,  et  les  monnaies  nationales  se  ratta- 

'arriver 

!|(  nl  j)ar  des  signes  incontestables  aux  modèles  que  les 
■listes  grecs  avaient  laissés.  La  monarchie  des  Séleu- 
cides  et  son  influence  propagèrent  l’art  monétaire  dans 
p Characène,  dans  une  portion  de  l’Arabie  et  dans  tout 
des  Parthes.  Les  Sassanides,  qui  succédèrent  à 


entèrent  à  leur  tour  leur  monnaie  sur  celles 


fempire 
ces  derniers 

jL.s  Parthes.  Les  Hébreux,  du  temps  des  Asmonéens, 
subirent  l’impulsion  commune,  tout  en  accommodant 
les  types  à  leurs  préceptes  religieux;  ils  avaient  peut- 
clre  du  reste,  commencé  à  frapper  des  monnaies  à 
l’imitation  de  leurs  voisins  de  Phénicie,  sous  la  domina¬ 


tion  des  derniers  rois  Achéménides. 

L’inlluence  romaine  étendit  l’usage  de  la  monnaie  à 
des  pays  où  les  Grecs  ne  l’avaient  pas  propagé  et  prépara 
de  cette  manière  le  monnayage  des  peuples  modernes. 

3°  Matières  monnayées  par  les  anciens.  —  Dans 
l'antiquité,  comme  de  nos  jours ,  les  trois  métaux 
adoptés  parLout,  d’un  commun  accord,  comme  instru¬ 
ment  principal  des  échanges  et  signe  représentatif  de  la 
valeur  des  denrées,  étaient  l’or,  l’argent  et  le  cuivre. 
Aussi  les  magistrats  monétaires  étaient-ils,  à  Rome, 
désignés  par  le  titre  de  triumvir  auro ,  argento ,  aere  1 
jlanilo,  feriundo ,  titre  indiqué  constamment  sur  les 
monnaies  et  dans  les  inscriptions  par  les  abréviations 
II1V1R.A.A.A.F.F.  2.  De  là  aussi  le  type  des  trois  Mon¬ 
naies,  personnifiées  par  trois  femmes,  tenant  chacune  la 
corne  d’abondance  d’une  main  et  une  balance  de  l’autre, 

chacune  ayant  à  ses  pieds  un 
monceau  de  métal,  type  qui  avec 
la  légende  tnoneta  ou  aequitas 
Augusti  (fl g.  5109)  se  reproduit 
sous  presque  tous  les  empe¬ 
reurs  romains,  à  partir  du  règne 
de  Commode  3.  L’argent,  plus 
répandu  que  l’or  et  formant  la 
masse  principale  de  la  circula¬ 
tion  monétaire  dans  le  monde 
antique,  moins  encombrant  que 
I  le  bronze  et  pouvant  représenter  une  plus  grande 
I  valeur  sous  un  volume  et  un  poids  beaucoup  moins 
I  considérables,  était  chez  les  Grecs,  comme  chez  la  plupart 
I  des  peuples  modernes,  le  véritable  étalon  monétaire. 

Le  rapport  de  la  valeur  de  l’or  à  celle  de  l’argent  était, 
I  dans  l’empire  des  Perses,  de  13  à  1 4,  et  dans  le  monde 
§rec>  il  semble  avoir  principalement  flotté  entre  12,50 
I  d  1,  proportion  qui  était  admise  dans  l’Égypte  des 
I  Lagides  !>,  dans  la  Syrie  des  Séleucides,  et  en  général 
dans  toute  l’Asie  après  Alexandre,  12  à  1  6  et  10  à  1  L 
I  Lotte  dernière  proportion  paraît  avoir  été  la  plus  habi- 
Icolle  dans  la  Grèce  proprement  dite  8.  Par  excep- 


Fig.  5100. 

Les  Trois  Monnaies. 


lion,  au  Rosphore  Cimmérien,  le  grand  marché  de 
l’or  apporté  des  mines  de  l’Oural,  ce  métal  n’y  valait 
que  sept  fois  le  prix  de  l’argent,  ainsi  qu'il  résulte  ega¬ 
lement  du  poids  des  statères  de  Panticapée,  compares 
aux  pièces  d’argent  de  la  même  ville  9,  et  du  chiflre  de 
28  drachmes  attiques  [dkachma],  donné  par  Démosthène'0 
pour  le  cours  du  cyzicène  de  10  gr.  000  d’or  au  Bosphor. 
[cyziceni].  Quant  à  la  relation  de  la  valeur  du  cuivre 
à  l’argent,  elle  était  très  variable  dans  le  monde  hellé¬ 
nique  ;  ainsi,  tandis  qu’en  Sicile  l’argent  valait 
250  fois  ou  même  314  fois  son  poids  de  cuivre  11  litra, 
dans  l’Égypte  des  Ptolémées  l’argent  était  au  cuivre 
:  :  GO  :  1  ce  qui,  avec  le  rapport  entre  l’or  et  1  argent 
tel  que  nous  venons  de  l’indiquer,  mettait  la  valeur  de 
l’or  en  regard  de  celle  du  cuivre  :  :  750  :  1  ,3.  Il  est 
presque  impossible  de  déterminer  la  proportion  exacte 
de  la  valeur  de  l’argent  et  du  cuivre  dans  la  plupart  des 
contrées  helléniques  ;  cependant,  la  proportion  soixan¬ 
tième  parait  avoir  été  la  plus  habituelle14.  Au  reste, 
comme  la  monnaie  de  cuivre,  qui  ne  commença  à 
être  usitée  qu’assez  longtemps  après  les  deux  autres, 
comme  la  monnaie  de  cuivre  n’était  employée  chez 
les  Grecs  qu’en  qualité  de  monnaie  d’appoint,  on  atta¬ 
chait  une  importance  minime  à  la  coupe  et  au  poids  de 
cette  monnaie,  et  presque  nulle  part  sa  valeur  réelle  ne 
correspondait  à  sa  valeur  nominale. 

Liiez  les  Romains,  dès  que  l'introduction  du  mon¬ 
nayage  de  l’argent,  cinq  ans  avant  la  première  guerre 
punique  I3,  eut  fait  abandonner  l’babitude,  incommode 
pour  les  usages  de  la  vie  et  pour  le  commerce,  de  se 
servir  exclusivement  de  cuivre  circulant  pour  la  valeur 
de  son  poids  réel,  l’argent  devint,  comme  chez  les  Grecs, 
le  véritable  étalon  monétaire.  Au  commencement  du 
ve  siècle  de  Rome  et  antérieurement,  la  proportion 
moyenne  de  la  valeur  commerciale  de  l'or  à  l’argent 
était  en  Italie  :  :  12  :  1  ou  :  :  11,91  :  1  16.  Mais  à  Rome 
même,  dans  le  courant  du  ve  siècle,  il  en  était  autrement. 
Les  monnaies  d’or  frappées  à  Capoue  pour  le  compte  des 
Romains,  avant  que  ceux-ci  n’eussent  commencé  à 
monnayer  eux-mêmes  argent  et  or  [denarius],  portent 
des  marques  numérales  qui  indiquent  le  nombre  d'as 
pour  lesquels  elles  circulaient  à  Rome  et  dans  le  terri¬ 
toire  romain  n.  Il  en  résulte  qu’elles  avaient  été  frappées 
sur  le  pied  d’une  valeur  de  l’or  par  rapport  au  cuivre 
:  :  1 800  :  1  ;  l’argent  valant  encore  à  ce  moment  à  Rome 
250  fois  son  poids  de  cuivre,  nous  tirons  de  là  une  pro¬ 
portion  :  :  7,20  :  1  entre  l’or  et  l’argent 18.  L'écart  entre 
les  deux  métaux  est  presque  aussi  faible  qu’à  Panticapée, 
moindre  que  partout  ailleurs  dans  le  monde  antique  ;  si 
donc  l’argent  était  encore  à  cette  époque  peu  commun 
dans  cette  cité  reine,  l’or  n’y  était  pas  beaucoup  plus 
rare.  Au  commencement  du  vc  siècle  de  Rome,  la  quan¬ 
tité  d’or  qui  se  trouvait  dans  la  circulation  commerciale 
de  la  ville  était  assez  abondante  déjà  pour  que  l'on  pùt 


]  1  Uc.  Epist.  ad  fam.  VII,  18;  De  leg.  III,  ut,  7.  —  2  Eckhel,  Doctr. 

ret'  (•  V,  p.  61,  Mommsen,  Op.  I.  p.  366  ;  [E.  Babelon,  Traité 
I  Tr-  et  rom.  t.  I,  p.  847],  —  3  Voir  Rasclie,  Lexicon  rei  nummariae, 

>  P-  794  sq.  ;  [Froehner,  Les  médaillons  de  l’Empire  rom.  Introd.  p.  xiv, 
q  32  ’  Babel°n,  Traité,  l.  I,  p.  974].  —  4  Herod.  III,  95;  cf.  Vasquez 
e^J1’  ^,SS(U  sur  les  systèmes  métr.  et  monét.  des  anc.  peuples,  t.  I,  p.  299 
(fin,  °m"’sen>  n.  b  P-  22-24.  —  6  Lctronne,  Récompense  promise,  annonce  con- 
ÿ.  '  'l"ns  un  papyrus  grec,  p.  U  et  13  ;  Mommsen,  O.  I.  p.  43.  —  6  Plat. 
,X^  231-  D;  cf.  Vasquez  Queipo,  t.  I,  p.  171.  —  7  Menand  ap.  Poil, 

p  ^  XXII,  15,  8;  Tit.  Liv.  XXXV1I1,  11;  cf.  Ch.  Lenormant,  dans 

formant,  Monn.  des  Lagides,  p.  123-140.  —  8  Bocckli,  Staatshauskalt 

VI. 


d.  Athen.  2'  éd.  I  1,  p.  42.  [Th.  Reiuacli,  L'hist.  par  les  monn.  p.  41  ;  Rev.  numism. 
1902,  p.  06.]  —  B  Ch.  Lenormant,  Op.  I.  p.  133.  —  10  Pro  Phorm.  p.  914,  éd. 
Reiske.  —  n  Mommsen,  O.  I.  p.  80.  [Th.  Reinach,  Op.  cit.  p.  77.]  —  12  Lctronne, 
Récompense  promise,  p.  11.  —  13  Mommsen,  O.  /.  p.  43.  [Les  comptes  renfermés 
dans  les  papyrus  et  les  ostraca  récemment  découverts  et  publiés,  témoignent  de  la 
grande  variabilité  de  cès  rapports  eu  Egyple,  sous  les  Lagides  et  à  l’époque  romaine  ; 
U.  Wilcken,  Griech.  Ostralca  aus  Aegypten,  t.  I,  p.  718  ;  Grenfell  and  Hunt,  The 
Oxyrhynchus  papyri ,  Londres,  1899,  passim .]  —  14  Plin.  [List.  nat.  XXI,  34. 
—  15  Plin.  XXXIII,  3,  44;  Tit.  Liv.  Epit.  XV;  cf.  Mommsen,  O.  I.  p.  300. 
■ —  16  Id.  p.  402.  —  17  Id.  p.  214  sq.  —  18  F.  Lenormant,  Essai  sur  l’organ. 
polit,  et  écon.  de  la  monn.  dans  l’ant.  p.  122. 

247 


MON 


—  1966  — 


établir  sur  l’affranchissement  des  esclaves  un  droit  de 
5  p.  100,  qui  se  payait  en  or  [aurum  vicesimarium]  Le 
produit  de  ce  droit  formait  dans  le  trésor  une  réserve 
pour  les  besoins  les  plus  urgents,  réserve  qui  mon¬ 
tait  pendant  la  première  guerre  punique  à  4  000  livres 
pesant 2. 

Les  conquêtes  de  Tarenle  et  de  l’Illyrie,  la  sujétion 
d  une  partie  de  la  Sicile  eurent  pour  résultat  d’augmenter 
énormément  la  proportion  de  l’argent  dans  la  masse 
circulante  à  Rome,  tandis  que  la  proportion  de  l’or 
restait  environ  la  même.  11  en  résulta  que  le  premier  or 
monnayé  à  Rome  même,  en  vertu  de  la  loi  Flaminia,  le 
fut  sur  le  pied  d’un  rapport  de  17,143  à  1  entre  l’or  et 
l’argent  \  Abaissé  subitement  au  commencement  du 
viie  siècle  de  Rome,  par  suite  de  la  découverte  des  mines 
du  Norique  4,  le  même  rapport  était  de  11  19/21  à  1  au 
temps  de  la  dictature  de  Sylla5.  Il  se  maintint  ainsi  sous 
Jules  César  6,  pour  les  espèces  monnayées,  car  la 
grande  quantité  d’or  en  lingots,  rapportée  par  César  de 
sa  guerre  des  Gaules,  fit  un  moment  tomber  d’une  telle 
façon  le  prix  de  l’or,  qu’il  ne  valait  plus  que  8,93  fois 
son  poids  d’argent7.  Auguste  fixa  la  proportion  moné¬ 
taire  de  l’argent  au  taux  :  :  11,91  :  1  8,  lequel  devint 
:  :  10,31  :  1  sous  Néron  et  :  :  9,375  :  1  sous  Trajan9. 
A  partir  du  règne  de  Seplime  Sévère,  l’altération  extra¬ 
ordinaire  qu’éprouva  le  titre  des  monnaies  d’argent, 
tandis  que  celui  de  l’or  restait  le  même  [aureus],  détrui¬ 
sit  cette  proportion,  fit  disparaître  en  grande  partie  la 
masse  d’or  en  circulation  dans  l’empire  romain  et  dut 
amener  un  très  grand  écart  entre  les  deux  métaux.  Nous 
manquons  de  documents  pour  apprécier  jusqu’où  alla 
cet  écart  vers  les  règnes  de  Valérien  et  de  Gallien,  sous 
lesquels  eut  lieu  la  plus  grande  altération  des  monnaies 
d’argent  ;  mais  sous  Dioclétien  et  Constantin,  époque  où 
l’on  recommença  à  frapper  de  l’argent  assez  pur,  il  était 
de  13  8/9  à  1  10  [solidus].  Il  ne  s’arrêta  pas  à  ce  point,  car 
sous  Julien,  l’or  s’échangeait  contre  14,4  fois  son  poids 
en  argent".  Un  rescrit  de  Théodose  le  Jeune,  de  l’an  422, 
prouve  que,  sous  cet  empereur,  la  relation  de  valeur  de 
l’or  à  l’argent  était  :  :  18  :  1  ,2.  Nous  remarquerons 
cependant  que  ce  dernier  écart,  qui  était  énorme,  ne  fut 
que  temporaire,  car  un  siècle  après,  sous  Justinien,  la 
proportion  des  deux  métaux  redevint  quinzième  13. 

Le  rapport  du  bronze  à  l'argent  éprouva,  sous  la  Répu¬ 
blique  romaine,  des  variations  très  considérables. 
Lorsque  le  monnayage  de  l’argent  fut  introduit  à  Rome, 
le  denier,  qui  valait  alors  10  as  ",  pesait  1/72  de  livre  " 
[denarius].  Or,  à  cette  époque,  l’as  avait  été  déjà  réduit 
à  ne  plus  avoir  comme  poids  que  le  tiers  de  la  livre  de 
cuivre  16  [as].  Le  rapport  du  bronze  à  l’argent  était  donc 
de  1  à  240,  écart  déjà  plus  faible  que  celui  qui  avait 
existé  au  temps  de  la  fixation  de  17/s  libralis,  deux 
siècles  auparavant  :  :  1  :  250  17,  pareil  au  rapport  primitif 

i  Tit.  Liv.  vil,  IC,  7  ;  XXVII,  10,  1 1.  —  2  Id.  XXVII,  10, 11  ;  Mommsen,  p.  401. 

—  3  Plin.  Hist.  nat.  XXXI11,  3,  47;  voir  Mommsen,  p.  405.  —  4  Strab.  IV,  6,  12. 

—  3  Mommsen,  p.  402.  —  6  Id.p.  407.—  7  Suel.  Caes.  54.-8  Mommsen,  p.  760. 

—  9  Id.  p.  767.  —  10  Id.  p.  833.  —  H  Amm.  Marc.  XX,  4,  18.  —  12  Cod. 
Tlieod.  VU!,  4,  27.  —  13  Lctronne,  Considér.  sur  l'éveil,  des  monn.  p.  111  ; 
Mommsen,  p.  833.  —  14  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  3,  44;  Fest.  Excerpt. 
p.  98  et  347  ;  Apul.  ap.  Prise,  lnstit.  VI,  12,  66  ;  Volus.  Maec.  46.  —  1»  Rorghesi, 
Osservazioni  numismatiche.  décade  17,  dans  le  Giornale  arcadico,  t.  LXXX1V, 
p.  9;  Mommsen,  O.  I.  p.  297;  Hultscli,  Griech.  und  rôm.  Métrologie ,  p.  202; 
F.  Lenormant,  Essai  sur  l'org.  de  la  monn.  dans  l'ant.  p.  123.  —  Mommsen, 
p.  348;  Fr.  Lenormant,  Org.  de  la  monn.  p.  117.  —  17  Mommsen,  p.  196-207. 

_ _ 18  Id.  p.  80  ;  F.  Lenormant,  Org.  de  la  monn.  p.  90.  —  10  Varr  De  re  rust.  I. 


MON 

des  deux  métaux  à  Syracuse  et  à  Tarente  18  r 
prouve  combien  encore,  au  me  siècle  avant  UTR^'  11 
l’argent  était  rare  et  le  bronze  abondant  à  R0  n°U’e  èl'e> 
toute  l’Italie  centrale  et  septentrionale  I  M  "'f  6t  dans 
deux  métaux  allèrent  d’ailleurs  en  se  ranJ  "T  des 
rapidement.  Vers  la  fin  de  la  première  guerr dT  ^ 
le  poids  de  l’as  ayant  été  abaissé  au  sixième  de  1 '' r"qUe’ 
comme  le  poids  du  denier  d’argent  avait  été  en ‘LT’ 
temps  réduiU  1/84  de  la  livre  taux  auquel  il  de”,”' 
depuis  lors  definitivement  fixé,  nous  devons  en  cône 
que  l’écart  des  deux  métaux  n’était  plus  que  de  1  à 
En  217  av.  J.-C.,  dans  un  moment  de  grande  détresse 
lorsque  Ilannibal  était  le  plus  menaçant,  on  décida  m 
la  loi  Flaminia,  la  réduction  du  taux  de  toutes  les  mon¬ 
naies21.  Le  poids  de  l’as  fut  établi  à  une  once,  c’est  à  I 
dire  au  douzième  de  la  livre,  et  en  même  temps  on 
réglait  que  le  denier,  dont  le  poids  demeurait  le  même 
vaudrait  désormais  16  as  au  lieu  de  10.  Ces  dispositions 
de  la  loi  Flaminia  prouvent,  au  moment  où  elle  fut 
rendue,  une  proportion  de  1  à  112  entre  l’argent  et  le 
bronze.  On  se  rapprochait  ainsi  par  degrés  de  l’état  où 
se  trouvaient  les  choses  en  Grèce,  c'est-à-dire  de  la  pro¬ 
portion  soixantième.  La  distance  qui  restait  fut  franchie 
en  cent  vingt-huit  ans,  car  la  loi  Papiria,  rendue  vers 
89  avant  notre  ère,  ayant  réduit  encore  l’as  de  moitié22, 
fixa  le  rapport  des  deux  métaux  de  1  à  56  23  [denarius]. 

La  réforme  monétaire  d’Auguste  [aureus],  établissant, 
à  côté  du  denier  d’argent  de  1/84  à  la  livre  et  de  l’aureus 
de  1/40  à  la  livre,  des  serterces  et  des  dupondü  de  lai¬ 
ton  pesant  1  once  et  1/2  once,  puis  des  as  de  cuivre 
rouge,  sans  alliage,  pesant  1/3  once24,  constate  entre  les 
différents  métaux  les  rapports  suivants25  : 


Or. 

1 


Argent. 

11,91 

I 


Laiton. 

333,33 

23 

I 


Cuivre. 

GGG,GG 

50 

n 


Sous  Néron 26,  les  poids  respectifs  des  différentes 
monnaies  établissent  les  valeurs  : 


Or. 

1 


Argent. 

10,31 

I 


Laiton. 
SGG, GG 
35,55 

1 


Cuivre. 

733,33 

71,11 


Enfin,  sous  Trajan  nous  constatons1 


Or. 

1 


Argent. 

9,375 

1 


Laiton. 

375 

40 

1 


Cuivre. 

750 

80 

o 


La  valeur  monélaire  du  laiton,  constamment  doubh  e 
celle  du  cuivre  pur,  est  d’accord  avec  ce  que  1 1711  sai 
d’ailleurs  sur  le  prix  attaché  à  ce  métal  artificit  1 
chalcum].  Aussi  trouvait-on  un  avantage  dans  la  la  11 

10,  2;  Verr.  Flacc.  ap.  Paul.  p.  98;  Plin.  XXXIII,  3,  '°"  M°  990.— 

p.  29L  -  20  P,in.  XXXIII,  3,  132  ;  Cel,  V,  17,  I  ;  cf.  “  ’^’^pti, 
21  Plin.  XXXIII,  3,  45;  Fest.  p.  347;  cf.  Mommsen, ,  p.  '  pvaL  des 

XXXIII,  3,  45  ;  voir  Mommsen,  p..  384  et  418.  -  Cavedoni, 

monn.  p.  18.  -  24  Borghesi,  dans  la  Numismatica  >  »7  s(|. 

p.  111-136;  Mommsen,  O.  I.  p.  763;  F.  Lenormant,  rg.  e iadeua  moneta 
-  25  Mommsen,  O.  L  p.  766.  [Eltore  Gabriel,  Contnbuto  a  J(  1893);le 

romana,  p.  2  (Extr.  de»  Atti  d.  Accad.  di  archeol.  di  Napoli,  ■  ■  dJnsla  Retw 

même,  Rivista  ital  di  numisth.  t.  X,  1897,  p.  309  sq.]  '  /  Dg  'aedi/ic.  I,  2  i 

numism.  1898,  p.  660  srp  -  27  Mommsen,  p.  167.  -  vli,  24  et  25  ; 

Diocl.  Edict.  de  prêt.  rer.  v en.  (dans  le  l.  III  du  orp.  ms  .  Gaj,rjcj,  O.  G 
H.  Willers,  Num.  Zeitschrift ,  devienne,  t.XXXIV,  1902,  p. 


MON 


—  1967  — 


MON 


que  l 


de  (lupondii  de  laiton  fourrés  *,  avec  une  âme 

de  fer  ou  de  laiton. 

\  partir  de  Septime  Sévère,  dans  toute  la  grande  crise 
les  monnaies  pendant  le  mc  siècle  [aureus],  il  est  impos- 
llilede  suivre  également  avec  certitude  les  fluctuations, 
,  i  durent  être  considérables  et  nombreuses,  dans  la 
aleur  respective  des  métaux,  particulièrement  dans  le 

p0rt  du  cuivre  et  du  laiton  àd’argent.  Ce  que  l’on  sait 
seulement  de  positif,  c’est  que  la  monnaie  de  cuivre 
resta  jusqu’à  un  certain  point  étrangère  aux  crises  de 
l’argent,  parce  que  la  fabrication  s’en  trouvait  confiée  à 
d’autres  mains  [voir  plus  loin,  p.  1970]  ;  ensuite, 
altération  continue  de  l’argent  finit  par  donner  au 
a  et  au  cuivre  un  prix  qui  leur  faisait  presque  jouer 
le  rôle  d’une  monnaie  émise  à  sa  valeur  métallique.  Et 
cutle  valeur  commerciale  était  alors  pour  le  laiton 
1/60  de  celle  du  même  poids  d'argent,  et  pour  le  cuivre 
i/p20  -,  Le  rapport  monétaire  du  cuivre  aux  autres 
métaux  était  certainement,  comme  dans  les  espèces  des 
Lagides,  basé  sur  une  valeur  conventionnelle  donnée  à 
la  monnaie  d’appoint  et  bien  plus  forte  que  la  valeur 
commerciale  du  cuivre,  depuis  qu’on  avait  établi  la  pro¬ 
portion  soixantième  entre  ce  métal  et  le  cuivre  dans  le 
numéraire  officiellement  monnayé.  Quand,  au  me  siècle, 
par  suite  de  l'altération  de  l’argent,  la  monnaie  de  cuivre 
eut  recommencé  à  passer  pour  sa  valeur  intrinsèque, 
tandis  que  la  prétendue  monnaie  d’argent,  en  réalité  de 
billon,  puis  de  cuivre  saucé,  n’était  plus  qu’un  numé¬ 
raire  conventionnel,  une  sorte  d’assignat  décrié,  ce  fut  la 
première  qu’on  enfouit  dans  les  moments  de  danger, 
plutôt  que  la  seconde 3. 

Quant  au  rôle  des  trois  métaux  comme  régulateurs  du 
système  monétaire,  on  peut  le  résumer  en  quelques  mots. 
Les  Grecs  adoptèrent  dès  le  début  et  gardèrent  cons¬ 
tamment  l’étalon  d’argent  [dracuma].  En  Asie  Mineure, 
dansles  débuts  du  monnayage,  ce  fut  l’or  et  l’électrumqui 
jouèrent  le  rôle  d’étalon  ;  mais  dans  cette  contrée  même 
on  revint  bientôt  aux  mêmes  données  que  dans  les 
autres  pays  helléniques.  Chez  les  Romains  et  chez  les 
Italiotes,  jusqu’au  consulat  de  A.  Ogulnius  et  C.  Fabius 
(185  de  Rome,  269  av.  J.  C.),  l’étalon  fut  de  cuivre  [as]  ; 
à  dater  de  ce  moment  jusqu’à  la  fin  de  la  République 
on  adopta  l’étalon  d’argent  [denarius],  et  enfin  sous 
1  Empire  l’étalon  d’or  [aureus]. 

Après  avoir  parlé  du  rapport  des  métaux,  il  faut  aussi 
dire  quelques  mots  de  leurs  alliages  habituels  et  de  leur 
pins  ou  moins  grande  pureté  suivant  les  pays  et  les 
Roques.  En  général,  dans  tout  le  monde  hellénique,  la 
monnaie  d’or  et  d’argent  se  montre  à  nous  avec  un  litre 
1(,marquablement  pur.  Presque  partout  l’or  y  est  sans 
alliage,,  l’analyse  y  révèle  à  peine  3  centièmes  de  matières 
étrangères  4;  c’est  la  plus  grande  pureté  à  laquelle  on 
Pul  atteindre  avec  les  procédés  d’affinage  dont  disposaient 
es  anciens.  L’argent  aussi  n’est  généralement  uni  à 
duciln  alliage,  ou  quand  on  en  constate  un,  il  se  main¬ 


tient  dans  des  proportions  peu  considérables,  bien  infe¬ 
rieures  à  celles  qu’ont  admises  les  peuples  modernes.  On 
ne  trouve  guère  d’altération  sérieuse  du  titre  des  pièces 
d’argent  que  dans  les  espèces  royales  des  Achéménides, 
pendant  la  période  de  décadence  de  l’Empire  perse. 

Cependant  certaines  séries  de  monnaies,  très  nettement 
déterminées  et  appartenant  toujours  à  l’Asie  Mineure, 
tranchent  sur  le  reste  du  monnayage  grec,  en  ce  qu’elles 
sont  fabriquées,  non  plus  en  or  pur,  mais  avec  un  métal 
extrêmement  pâle,  d’aspect  particulier,  lequel  est  un  or 
allié  dans  des  proportions, énormes  d’argent  et  même  de 
cuivre.  C’est  ce  que  les  numismates  ont  pris  l’habitude 
d’appeler,  avec  juste  raisonnes  monnaies  d’électrum.  Les 
anciens  avaient  reconnu  que  certains  minerais  d’or  sont 
naturellement  alliés  d’argent3,  dans  une  proportion  qui 
va  quelquefois  jusqu’à  38,74  pour  100  G  ;  le  métal  qu’on 
tirait  des  lavages  du  Pactole  parait  avoir  été  dans  ce 
cas  1 .  Dès  l’âge  homérique  8  les  Grecs  distinguaient  ces 
alliages  naturels  de  l’or  pur  comme  un  métal  particulier, 
ayant  une  valeur  propre  et  désigné  sous  le  nom  d’ELEC- 
trum  ;  ils  l’employaient  à  part  ou  bien  ils  l’affinaient 
pour  en  extraire  l’or.  Plus  tard,  ils  se  mirent  à  fabriquer 
de  l’électrum  artificiel9,  à  l’imitation  de  celui  que  la 
nature  avait  donné,  en  alliant  à  l’or  20  pour  100  10, 
23  pour  100  11  et  jusqu’à  30  pour  100  d’argent18.  11  est 
évident  que  dans  les  premiers  temps  du  monnayage  de 
l’Asie  Mineure,  lorsqu’en  Lydie 13  etdans  certaines  cités  de 
l’Ionie  11  on  frappait  simultanément  des  pièces  d’or  pur  et 
des  monnaies  d’or  allié  d’argent  c’est-à-dire  d’élec¬ 
trum,  soit  naturel,  soit  artificiel,  c’était  en  considérant 
ces  deux  métaux  comme  distincts  et  ayant  des  valeurs 
monétaires  qui  ne  se  confondaient  pas.  M.  Brandis13  a 
essayé  d’établir,  par  des  arguments  très  ingénieux,  que 
le  rapport  de  valeur  courante  entre  l’électrum  et  l’or, 
dans  ces  émissions  primitives  de  l’Asie  Mineure,  était 
:  :  3  :  4,  ce  qui  suppose  que  l’on  admettait  comme  pro¬ 
portion  normale  de  l’alliage  naturel  de  23  à  30  pour  100. 
Plus  tard,  après  une  assez  longue  interruption,  dans  l’in¬ 
tervalle  entre  la  guerre  du  Péloponèse  et  Philippe  de 
Macédoine,  nous  voyons  reprendre  dans  certaines  cités 
de  l’Asie  Mineure,  principalement  àCyzique  et  à  Phocée, 
des  émissions  extrêmement  abondantes  de  statères  et 
d’hectés  d’électrum  16  [cyziceni,  puocaïdes].  Ces  deux  cités 
profitaient  ainsi,  pour  une  opération  fort  lucrative  mais 
peu  loyale,  de  ce  qu’à  ce  moment  leurs  négociants 
s’étaient  assurés  du  monopole  du  marché  de  l’or  à  Panti- 
capée,  et  de  ce  qu’aucune  autre  ville  grecque  à  la  même 
époque  ne  fabriquait  de  monnaie  d’or,  si  ce  n’est  Lam- 
psaque,oùon  frappait  quelques  rares  statèresde  métal  pur. 

Où  nous  avons  encore  une  vraie  fabrication  de  mon¬ 
naie  d’électrum,  frappée  avec  intention  en  même  temps 
que  de  la  monnaie  d’or  pur,  avec  une  valeur  différente  et 
conforme  aux  proportions  de  l’alliage,  dans  des  temps 
bien  postérieurs  à  ceux  des  anciennes  émissions  de 
l’Asie  Mineure,  c’est  dans  le  monnayage  des  Romains  en 


1  Eckliel,  Doclr.  num. 
'  200;  La  Si 


t.  I,  p.  CXVI  ;  Neumann,  Pop.  et  reg.  num.  vet . 


l“.  lien. 

Won,,,  ; 


aussaye,  Numism.  de  la  Gaule  Narbonnaise,  p-  156.  [M.  Sor- 
numism.  1898,  p.  231.]  —  2  Mommsen,  p.  769.  —  3  kl.  Hist.  de  la 


les  n  ’>om'  llaa-  franc,  t.  III,  p.  111-139,  joignant  an  texte  de  l'auteur  allemand 
fias  1/  *  ae  ^‘fte.  —  1  Letronne,  Éval.  des  monn.  p.  108;  Brandis, 

L  «3  "n~  ‘'^ass"  und  Gewichtswesen  in  Vorderasien,  p.  244.  —  3  pijn.  XXXIII, 
maiit  /(  Rammelsberg,  Handbuch  der  Mineralchemie,  p.  8;  cf.  Cli.  Lenor- 
IV  73  ev'  numism-  1856,  p.  96.  —  7  Sophocl.  Antig.  1037.  —  8  Odyss. 
dans  |cs  ^ ’  ’  ^'  ai>  296;  voir  Bultmann,  Ueber  das  Elektron , 

Méni.  de  l'Acad.  de  Berlin  pour  1818.  [W.  Ilelbig,  L’épopée  homé¬ 


rique,  Irad.  Traxvinski,  p.  131.]  —  9  Paus.  V.  12,  6  ;  Euslatli.  ad  Dionys.  Perieges. 

V.  293  ;  Hcsych.  Phot.  et  Suid.  s.  v.  Voir  Brandis,  Das  Miinz-  Mass-  und  Gewichts- 
wesen  in  Vorderasien,  p.  165  sq.  —  10  Plin.  XXXIII,  4,  23.  —  il  Serv.  ad 
Aen.  VIII,  402;  Isid.  Orig.  XVI,  24.  —  12  Stein,  sur  Herod.  III,  115  ;  Brandis, 
üp.  cit.  p.  167.  —  13  Id.  p.  386  sq.  —  14  Id.  p.  388,  393,  395,  396,  401.  —15  P.  167. 
—  16  Ch.  Lenormant,  Ile r.  numism.  1856,  p.  89  ;  Brandis,  p.  259.  [K.  B.  Hoffmann, 
Num.  Zcit.  de  Vienne,  1884,  p.  33;  Greenwcll,  The  electrum  coinage  of  Cyzicus, 
p.  15;  B.  Head,  Jonia  [Calai,  of  yreelc  Coins),  Introd.  p.  XXVI;  le  même,  dans 
Num.  citron.  1887,  p.  298;  Fr.  Hullsch,  Zeit.  für  Num.  t.  XI,  1884,  p.  161; 

W.  Ridgcway,  Num.  citron.  1895,  p.  104;  E.  Babclon,  Traité,  I,  p.  356.] 


MON 


1968  — 


MON 


Campanie,  avant  qu'on  n’eût  encore  commencé  à  frap¬ 
per  la  monnaie  d'argent  à  Rome  même  [as].  On  y  a  des 
pièces  d'or  de  6,  4  et  3  scrupules  et  des  pièces  d’électrum 
à  la  proportion  de  20  pour  100  d’alliage,  lesquelles 
pèsent  2  1/2  scrupules,  mais  circulaient  certainement 
pour  une  valeur  de  2  scrupules  d'or 
Klaproth,  Gœbel,  Phillips  ont  analysé  des  pièces  de 
bronze  d’Alexandre,  des  Ptolémées,  d’Athènes,  d’Olbia 
sur  le  Pont-Euxin  et  d’IIiéron,  roi  de  Syracuse2.  Ils  y 
ont  trouvé  des  proportions  variables,  mais  toujours  très 
fortes,  d’étain  alliées  au  cuivre  ;  dans  les  bronzes  des 
Ptolémées,  elles  vont  jusqu’à  16  pour  100.  Jamais  le 
plomb  n’entre  dans  la  composition  du  bronze  monnayé 
des  temps  purement  grecs;  il  ne  commence  à  s’y  mon¬ 
trer  que  sous  l’influence  prépondérante  des  Romains, 
dans  des  pièces  de  Philippe  Y  de  Macédoine,  des  Ma- 
mertins  de  Sicile,  de  Centuripae  et  de  Syracuse.  En  effet, 
l’idée  de  mêler  au  bronze  du  plomb,  et  cela  dans  une 
proportion  plus  forte  que  l’étain,  paraît  avoir  été  une 
invention  propre  aux  Romains3,  et  depuis  la  première 
fabrication  de  l'aes  grave  jusqu’après  la  mort  de  César, 
leurs  monnaies' de  ce  métal  offrent  toujours  la  même 
composition.  L’alliage  en  contient  5  à  8  pour  100  d’étain 
et  16  à  29  pour  100  de  plomb  \  Quant  à  l’argent  de  la 
République,  il  est  toujours  d’un  titre  excellent,  qui  varie 
de  0  gr.  993  à  0  gr.  965  suivant  Darcet  5,  de  0  gr.  998  à 
0  gr.  902  suivant  Thompson  et  Fabbroni  G.  L’altération 
des  monnaies  à  cette  époque,  qui  fut  souvent  considé¬ 
rable,  ne  consistaitpas  à  augmenter  l’alliage  de  l’argent, 
mais  à  mêler  à  toutes  les  émissions  monétaires  un  cer¬ 
tain  nombre  de  pièces  fourrées.  Il  n’y  a  que  dans  de  rares 
exceptions,  à  l’époque  des  guerres  civiles,  par  exemple 
dans  les  deniers  légionnaires  de  Marc-Antoine,  que  l’on 
constate  un  abaissement  sérieux  du  titre  des  monnaies 
d’argent.  Quant  à  l'or  républicain,  aux  différents  moments 
où  l’on  en  a  frappé,  il  est  toujours  parfaitement  pur.  Une 
loi  de  Sylla  défendait  d’introduire  un  alliage  dans  l’or, 
même  dans  celui  qui  restait  dans  le  commerce  à  l’état  de 
lingots  7. 

Dans  la  réforme  monétaire  d’Auguste  [aureus],  l’or 
était  au  tiLre  de  0  gr.  998  de  fin  8  et  la  loi  Julia  sur  le 
péculat  faisait  de  son  altération  un  crime  d’État0  ;  l’ar¬ 
gent  n’admet  également  que  1  ou  2  pour  100  au  plus 
d’alliage10,  le  laiton  des  sesterces  et  des  dupondii  se 
compose  de  4/5  de  cuivre  et  de  1/5  de  zinc,  sans  aucun 
mélange  d’étain  ni  de  plomb,  en  même  temps  que  le 
cuivre  des  as  est  absolument  pur"  ;  la  loi  Julia  défen¬ 
dait  même  d’une  manière  absolue  d’introduire  aucun 
alliage  dans  ces  dernières  pièces12. 

L’or  impérial  demeure  jusqu'à  Vespasien  d’une  excel¬ 
lente  qualité  comme  métal,  sans  que  son  titre  descende 
au-dessous  de  0  gr.  991  de  fin13.  Mais  après  Vespasien, 
l’analyse  ne  fournit  plus  que  0,938*'%  etle  titre  s’abaisse 
encore  notablement  vers  le  temps  de  Septime  Sévère. 
Pourtant  il  reste  encore  remarquablement  bon,  par 


comparaison  avec  celui  des  autres  métaux 
plus  fort  de  la  grande  crise  monétaire  du  aU 

dant  ce  temps,  chez  les  rois  du  Bosphore 
seuls  de  leurs  vassaux  auxquels  les  emnercm.*  ’  ®S 
permis  de  faire  de  la  monnaie  d’or,  le  métal  f  GUSSent 
bon  dans  le  début,  n’est  déjà  plus,  en  200  de’not"  ^ 
qu’un  électrum  très  fortement  mêlé  d’argent  rv  ^  ' 
après,  le  titre  tombe  tellement  bas  que  nl°l 

d’Alexandre  Sévère,  ces  prétendues  pièces  d’or  ^ 
même  pas  la  valeur  d’une  pièce  d’argent  de  bon  alops 
En  265  on  n’y  trouve  plus  que  1,33  pour  100  d’or  mm  ' 
15,94  d’argent  et  82,73  de  cuivre;  en  267  c’est  une  pièce 
simplement  dorée,  dont  l’analyse  donne  17,28  d'argent! 
82,07  de  cuivre  et  0,65  d’étain  ;  à  partir  de  268,  il  n’".’ 
même  plus  d’argent,  mais  seulement  du  cuivre  doré  ^ 

Nous  renverrons  le  lecteur  à  l’article  aureus  pour  ce 
qui  est  du  titre  des  monnaies  d’argent,  de  l’Empire  et  de 
l’altération  prodigieusement  rapide  de  leur  titre.  On  y 
trouvera  une  série  d’analyses  qui  permettent  de  suivre 
l’augmentation  de  la  proportion  de  l’alliage  à  partir  du 
règne  de  Néron,  jusqu’au  moment  où,  dans  le  cours  du 
me  siècle,  la  monnaie  qui  avait  été  d’abord  d’argent 
n’est  plus  qu’un  billon,  lequel  ne  contient  quelquefois 
que  2  pour  100  d’argent,  contre  82  de  cuivre  et  16  de 
plomb  et  d’étain,  et  même  un  simple  cuivre,  de  mauvaise 
qualité,  saucé  d’argent.  A  partir  du  règne  de  Dioclétien, 
quand  on  recommença  à  faire  de  la  monnaie  d’argent, 
elle  fut  de  bonne  qualité  comme  métal. 

Dès  le  temps  de  Tibère,  l’administration  impériale 
avait  fait  frapper,  au  lieu  d’argent,  dans  l’atelier  moné¬ 
taire  d’Alexandrie  et  pour  l’usage  spécial  de  la  province 
d’Égypte,  des  pièces  debillon,  combinées  de  telle  manière 
qu’avec  le  poids  de  quatre  deniers  romains  (qualifiés 
alors  à  Alexandrie  de  drachmes) 10  elles  eussent  comme 
valeur  1/25  de  Yaureus  n.  C’est  là  ce  que  les  numismates 
onL  pris  l’habiLude  d’appeler  le  potin  d’Alexandrie,  dési¬ 


gnation  inexacte  et  qu’il  faut  remplacer  par  celle  de 
billon ;  carie  nom  de  potin  suppose  un  alliage  où  le 
plomb  entrerait  pour  une  forte  part,  et  on  n  en  trouve 
que  des  traces  presque  insensibles  dans  les  pièces  im¬ 
périales  d’Alexandrie.  Celles-ci  ont  d  abord  contenu 
1/5  d’argent,  titre  parfaitement  loyal,  et  qui  faisait  cor¬ 
respondre  très  exactement  leur  valeur  intrinsèque  avec 
leur  valeur  de  circulation.  Mais  plus  tard,  dans  le 
IIIe  siècle,  elles  descendent  jusqu’à  ne  plus  donner  a 
l’analyse  que  1,81  d’argent,  91,38  de  cuivre,  2,89  de  zinc, 
3,85  d’étain  et  des  vestiges  de  plomb'8.  Il  n’y  a  de  potin 
proprement  dit  que  dans  le  monnayage  de  *1 u<  1  * 11 
tribus  gauloises,  aux  derniers  temps  de  leur  'nL  LPen^ 
dance;  et  ces  monnaies  de  potin  de  la  Gaule  son  < 

jours  coulées,  prodigieusement  grossières,  ol  i an 
leur  fabrication  tous  les  indices  de  circonstances 

pénurie  et  de  nécessité  pressante.  , 

Les  prescriptions  d’Auguste  pour  le  maintien  0 
taines  qualités  de  métal  dans  la  monnaie  e  e 


l  Mommsen,  p.  213;  E.  Lenormant,  Organ.  de  la  monn.  p.  121.  t  Sabatier, 
Production  de  l'or ,  de  l'argent  et  du  cuivre  chez  les  anc.  (Saint-Pélersb.  1850), 
p.  2;  Mommsen,  O.  I.  p.  762.  -  3  Id.  Ibid.  p.  762.  —  4  Pliilipps,  London 

Chem.  soc.  Journ.  t.  IV,  p .  265  sq.  ;  Woehler,  Ann.  der.  Chem.  t.  LXXXI, 

p.  206  sq.  ;  Goebel,  Ueber  den  Einfluss  der  Chemie  auf  die  Ermitte.lung 
der  Voelker,  p.  29;  Mommsen,  p.  191.  —  5  Lclronne,  Év al.  des  monn. 
p,  84,  —  G  Scbiassi,  Monete  di  Kadriano,  p.  33;  voir  Mommsen,  p.  385. 
_  7  Dig.  XLVIII,  10,  9.  —  8  Eetronne,  O.  I.  p.  84.  —  9  Dig.  XLVUl,  13,  1. 

_  10  Akcrinan,  Catal.  of  roman  coins  I.  1  p.  XIV  sq.  ;  Mommsen,  p.  756. 


.  rv  n  «65  SCI  •  Woehler,  Ann. 
Il  Phillips,  London  Chem.  soc.  Journ.  t.  >v<  P-  J2  D|V  XLVIII,  13,  <• 

r  Chemie,  l.  LXXXI,  p.  206  sq.  ;  Mommsen,  p.  763  sq.  -  /)ISCJ 


der  Chemie,  t.  LXXXI,  p.  206  sq.  ;  Mommsen,  p.  ■  V.  des  Insc, 

13  Letronne,  Éval.  des  monn.  p.  84;  Mongez,  l  m-  '  17  et  41 

nouv.  sér.  t.  IX,  p.  203  ;  Dureau  de  La  Malle,  Econ.  po  ■ 

—  IV  Id.  Ibid.  1. 1,  p.  17  ;  F.  Lenormant,  Orig.  de  la  monn.  p-  ■  __  )e  Anonyni 

Musée  du  grince  Kotchoubty,  t.  II,  p-  4,0  stP  ’  Mommsen,!  rfi».  sav ■  à 

Alcxandr.,  dans  Vincent,  Recherches  sur  Héron  :  ven  ^  Sabalier, 

..  .  ,  ,  r  i  c  iv  n  oio  __  17  Mommsen,  p-  <— 

l  Acad.  des  Inscr.  sér.  1,  t.  IV,  p. 

O.  I.  p.  79. 


MON 


—  1969  — 


MON 


cl  pour  l’interdiction  de  tout  alliage  d’étain  on 
’p  ne  furent  pas  observées  plus  exactement  que 
par  lesquelles  il  avait  cru  mettre  l’or  et  l’argent  à 
(  |,i'i  des  altérations.  On  trouvera  dans  l’article  aureus 
*|'JicurS  analyses  de  monnaies  de  bronze  du  111e  siècle, 
r  j‘(,n  font  connaître  la  composition. 

1  Outre  l’or,  l’argent  et  le  bronze,  qui  constituaient  la 
lt,  monnaie  réelle,  ayant  une  valeur  propre  comme 
b  r|iandise,  les  peuples  anciens  marquèrent  aussi  quel- 
iiefois  des  empreintes  monétaires  sur  d’autres  matières 
métalliques  et  même  non  métalliques.  Les  espèces  de 
culte  nature  étaient  alors  de  simples  monnaies  d’appoint, 
des  monnaies  de  compte  à  valeur  purement  convention¬ 
nelle  représentant  de  très  petites  sommes  facilement 
échangeables  contre  de  l’argent,  et  pour  la  représenta¬ 
tion  desquelles  il  n’était  pas  nécessaire  que  le  signe  eût 
un  prix  comme  marchandise  en  rapport  avec  la  valeur 
nominale  qu’on  y  assignait. 

C’est  ainsi  que  plus  d’un  auteur  mentionne  des  mon¬ 
naies  de  plomb  1  et  qu’à  côté  de  nombreuses  pièces  de 
plomb  antiques  semblables  à  des  monnaies,  avec  les¬ 
quelles  on  les  a  souvent  confondues,  mais  qui  ne  sont 
que  des  tessères  [tesserae],  il  est  parvenu  jusqu’à  nous 
quelques  monnaies  véritables  de  ce  métal,  portant  ins¬ 


crite  l’indication  de  leur  valeur  2.  On  connaît  trois  séries 
principales  de  ces  plombs  monétaires,  qui  jouaient  le 
rôle  de  véritables  assignats  dont  la  circulation  devait 
être,  bien  évidemment,  toute  locale.  L’une  a  été  fabri¬ 
quée  en  Égypte,  sous  la  domination  des  empereurs  et, 
suivant  toutes  les  apparences,  dans  le  ne  ou  le  me  siècle 
de  notre  ère  3.  Le  type  constant  y  est,  sur  le  droit,  la 
ligure  du  dieu  Nil  ;  le  type  du  revers,  toujours  mytholo¬ 
gique,  varie,  sans  doute  suivant  les  villes  où  ces  espèces 
ont  été  émises.  Mais  la  majeure  partie  des  pièces  ont  été 
émises  à  Memphis,  dont  elles  portent  le  nom,  MGM^IC  ; 
celles-ci  ont  toujours  au  revers  le  bœuf  Apis,  seul  ou 
accompagné  de  la  déesse  Isis.  La  seconde  série  a  eu  la 
Gaule  romaine  pour  patrie,  vers  la  fin  du  1er  siècle  ou  le 
cours  du  ne.  Elle  offre  constamment  d’un  côté  l’image 
de  Mercure  tenant  le  caducée  et  la  bourse,  tandis  que  le 
nom  du  lieu  d’émission  est  sur  l’autre  face,  accompa¬ 
gnant  le  plus  souvent  un  rameau  4.  Ces  plombs  moné¬ 


taires  de  la  Gaule  paraissent  avoir  été  destinés  à  circuler 
exclusivement  dans  les  localités  mêmes  dont  ils  portent  le 
nom.  Aussi  celui  qui  a  la  légende  alisiens  a  été  trouvé 
dans  les  ruines  mêmes  d’Alise,  celui  qui  a  perte  à 
Perlhes  auprès  de  Vitry-le-François,  enfin  les  différents 
plombs  ou  on  lit  mediol  dans  la  ville  antique  du  Mont- 


Berny,  près  de  Compiègne,  laquelle  paraît  s’être  appelée 
Mediolanum.  Enfin  l'on  trouve  en  très  grande  abondance 
dos  pièces  de  plomb  des  rois  de  Numidie,  aux  mêmes 
types  exactement  que  leurs  pièces  de  cuivre  5  et  ayant 
eu  certainement  un  cours  de  monnaies.  Il  est  probable 
(Il|e  parmi  les  plombs  antiques  il  en  est  encore  un  assez 


1  1  Kink,  De  veteris  numismatis,  potentia  et  quali  taie,  p.  34.  —  2  Long- 
numism.  1861,  p.  407,  pl.  xvm,  n»  1 .  —  3  JJ.  Ibid.  p.  407- 
tardent,  Collect.  Giovanni  di  Demetrio ,  Egypte  ancienne,  Domina 
j(,  P*  333-335.  —  4  Longpéricr,  L.  I.  18GI,  p.  253-256  ;  1867,  p.  1-8; 

1  ^fiucoupi,  ftev.  numism.  1862,  p.  167-170.  —  o  Garrucci,  Rev.  Numism. 

P*  ^12-416  ;  L.  Muller,  Nurn.  de  Varie.  Afrique ,  t.  III,  p.  19  et  31. 
^  °*r  Garrucci,  Rev.  num.  1862,  p.  402-425  ;  E.  Babelon,  Traité ,  t.  I,  p.  371, 
(j,  ~~  VII,  106.  —  8  Cf.  Plut.  Lycurg.  p.  44.  [U.  kcihlcr,  dans  les  Mittheil. 

y  "  s’  1  ^  H»  1882,  p.  377  ;  A.  Engel,  Rev.  numism.  1885,  p.  13,  n.  23  ;  Babelon, 
J^té>  L  !.  P-  374.]  —  9  Oeconom.  II,  2.  —  10  L,  c.  —  ü  X,  79.  -  12  X,  48. 
ongpérier,  Rev.  num.  1861,  p.  412  sq.  ;  Feuardent,  Op.  L  p.  334  et  336  ;  Babc- 


grand  nombre  que  l'on  devra  ranger  aussi  plus  tard  dans 
la  classe  de  ceux  qui  onL  servi  de  monnaies6. 

D’autres  matières  ont  servi  à  faire  des  monnaies  fidu¬ 
ciaires  analogues,  des  espèces  d’assignats  de  confiance 
ou  de  nécessité,  émis  pour  une  valeur  nominale  sans 
rapport  avec  leur  valeur  réelle  de  métal.  Follux  '  men¬ 
tionne  des  monnaies  de  fer  chez  les  Lacédémoniens  s 
et  les  habitants  de  Byzance,  et  Aristote9  un  monnayage 
du  même  genre  à  Clazomène  dans  une  circonstance 
de  détresse  toute  particulière.  Aristote10  et  Pollux' ‘disent 
aussi  que  Denys,  tyran  de  Syracuse,  frappa  de  1  étain 
pour  la  circulation  commerciale  dans  ses  États,  et  le 
Digeste12  mentionne  également  des  monnaies  d’étain, 
mais  celte  fois  à  titre  de  fausse  monnaie.  De  très  rares 
monuments  numismaliques  de  fer  ou  d’étain  ont  été  pré¬ 
servés  jusqu’à  nous,  et  cela  ne  doit  pas  surprendre,  à 
'  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  ces  deux  métaux  se 
détruisent  par  l’oxydation  dans  le  sein  même  de  la  terre. 
En  revanche,  nous  possédons  des  preuves  irréfragables 
de  l’usage  de  monnaies  de  terre  émaillée  et  de  verre  en 
Égypte  dès  le  temps  des  Lagides  et  du  Haut-Empire13, 
usage  qui  se  conserva  dans  le  même  pays  sous  les  Byzan¬ 
tins  u,  puis  sous  les  Arabes  15.  C’est  principalement  sous 
les  khalifes  Fatimites  que  l’Égypte  vit  fabriquer  le  plus 
grand  nombre  de  ces  assignats  de  verre,  portant  1  indi¬ 
cation  d’une  valeur  de  monnaie.  Les  Arabes  de  Sicile  en 
firent  aussi,  à  l’imitation  de  ceux  d’Égypte16. 

Quant  aux  monnaies  de  cuir  que  Sénèque17  et  Isidore 
de  Séville18  signalent  chez  les  Carthaginois,  aux  mon¬ 
naies  de  bois  dont  se  seraient  servis  les  premiers 
Romains,  d’après  Cédrénus,  elles  doivent  être  probable¬ 
ment  reléguées  dans  le  domaine  des  fables  19,  comme  la 
monnaie  romaine  de  terre  cuite  mentionnée  par  Suidas 20. 
Il  est  cependant  possible  que  ces  diverses  indications  se 
rapportent  encore  à  des  espèces  d’assignats  momenta¬ 
nément  en  usage.  On  trouve  fréquemment  à  Athènes  des 
moulages  en  terre  cuite  de  monnaies  d’argent  ou  d'or  de 
différentes  contrées,  qui  n’ont  pas  dû  servir  de  monnaies, 
mais  de  tessères21.  Une  riche  collection  de  ces  singu¬ 
lières  reproductions  de  monnaies  en  terre  cuite  est  au 
Musée  d’Athènes.  On  peut  aussi  conjecturer  que  ces 
pseudo-monnaies  de  terre  cuite,  moulées  sur  des  espèces 
existantes,  ont  dû  avoir  une  circulation  fiduciaire,  mais 
d’un  caractère  tout  privé,  comme  celle  des  billets  de 
crédit  dont  la  loi  autorise  dans  certains  pays  l’émission 
par  des  institutions  particulières. 

4°  Procédés  de  fabrication  de  monnaies  chez  les 
anciens.  —  Deux  procédés  peuvent  être  employés  pour 
la  fabrication  de  la, monnaie  :  couler  le  métal  en  fusion 
dans  des  moules  composés  de  deux  pièces  en  pierre  ou 
en  terre  cuite  [forma,  p.  1247];  les  énormes  dimensions 
des  pièces  de  bronze  de  Rome  et  de  l’Italie  primitive 
[as]  n’eussent  pas  permis  l’emploi  d'un  autre  procédé; 
ou  frapper  entre  deux  coins  de  métal  gravés  une  len- 

lon,  Traité,  t,  I,  p.  377.  —  14  Longpérier,  L.  I.  p.  413.  —  13  Assemani,  Mus.  cuf. 
Nan.  ï°  part.  p.  121,  pl.  vm;  Adler,  Mus.  cuf.  Bory.  Velitr.  p.  77,  pl.  vi,  n**  57 
sij.  ;  01.  Gerh.  Tychsoo,  Introd.  ad  rem  num.  Moham.  p.  149,  pl.  ni,  «•  38  ; 
l)c  Sacy,  Magasin  encyclopéd.  t.  111,  p.  59  ;  Pielraszewsky,  Num.  Moham. 
p.  97  ;  Sawaskiewicz,  Le  génie  de  l'Orient  commenté  par  les  mon.  monét. 
pl.  96;  pl.  i,  n»s  5-10  ;  Froehn,  llecens.  num.  mohamm.  Acad.  Petrop.  p.  621  ; 
Mus.  Munterianum.  part.  III,  p.  160  ;  Edw.  Thomas,  Numism.  chron.  1872, 
|  p.  199  sq.  —  16  Torremuzza,  Ant.  inscris,  di  Palermo,  p.  410.  —  17  De  benef. 
V,  14.  —  13  Orly.  XVI,  17.  —  19  Voir  Eckhel,  Docir.  num.  1. 1,  p.  XX.  —  20  s,  y. 
à<T<râ? tsv.  —  21  G.  Fougères,  Mantinêe ,  p.  530-534;  Babelon,  Traité,  t.  I, 
|  p.  377. 


MOX 


Hg.  ol  10.  —  Coin 
"  monétaire. 


Fig.  5111.  —  Coin  monétaire  de  Tibère. 


1  '0lr  MonScz’  Mém.  de  l'Acad.  des  Inscr.  nouv.  sér.  t.  IX,  p.  202.  [Babelon 
Traité,  t.  I,p.  897.  -  2  Mongez ,  Ibid.  p.  201.  -  3  Ch.  Lenormant,  Encycl.  duxn' 

siècle,  art.  Numismatique  ;  Babelon  et  Blancliet,  Catal.  des  bronzes  de  la  Bibl.  nat. 
p.  730  et  s.  i  fil  est  au  Musée  de  Sofia,  Babelon  /Traité,  p.  903],  —  5  Mongez,  Mém  de 
VAcad.  des  Inscr. nouv.  sér.  t.  IX,  p.  207.  [E.  Babelon, Traité, 1. 1,  p.  905  ;  Déchelette, 


—  1970  — 

hile  île  métal  solide.  Pour  ce  dernier  procédé,  qui  était 
e  p  us  généralement  usité,  les  anciens  ne  possédaient 
pas  le  moyen  puissant  du  balancier  qu’ont  inventé  les 
modernes.  Ils  frappaient  leurs  monnaies  au  marteau, 
moyen  plus  lent  et  plus  imparfait  qui  donnait  souvent 
teu  a  des  accidents  de  fabrication,  car  il  fallait  plusieurs 
coups  de  marteau  successifs  pour  obtenir  le  résultat  que 
Ion  atteint  maintenant  avec  un  seul 
coup  de  balancier.  Sur  le  denier  d’ar¬ 
gent  de  T.  Carisius  dont  nous  avons 
déjà  parlé  (fig.  5107),  représentant  les 
instruments  dont  se  servaient  les  mon- 
nayeurs  romains,  on  reconnaît  le  coin- 
matrice  qui  portaiten  creux  l’empreinte 
destinée  à  être  reproduite  en  relief  sur 
la  monnaie,  Y  enclume  sur  laquelle  on  plaçait  les  coins 
pour  les  frapper,  le  marteau ,  enfin  la  pince  ou  tenaille 
qui  servait  à  placer  la  lentille  de  métal  appelée  flan  entre 
les  deux  coins  et  à  la  retenir  latéralement,  afin  qu’elle  ne 
glissât  pas  durant  les  opérations  de  la  frappe.  La  fabrica¬ 
tion  des  monnaies  frappées  de  l’antiquité  par  le  moyen 
exclusif  du  marteau  est  encore  attestée  par  un  passage 
de  saint  Jérôme,  dans  la  vie  de  saint  Paul  Her-mite,  à 
propos  d  un  atelier  de  faux-monnayeurs  dont  le  saint 
trouva  les  instruments  abandonnés  dans  le  désert  '. 

Le  tlan  des  monnaies  antiques,  moulé  sous  la  forme 
la  plus  approchée  de  celle  que  la  pièce  devait  avoir, 
était  chauflé  au  rouge  et  frappé  avec  les  coins  froids  2. 

La  pince,  représentée  sur  le  denier  de  T.  Carisius,  servait 
à  placer  entre  les  deux  coins  le  flan  échauffé. 

On  possède  un  certain  nombre  de  coins  romains,  du 
i  1  et  du  nr  siècle  de  notre  ère.  La  plupart  sont  d’acier 

trempé,  entourés 
d’une  espèce  de 
virole  et  encas¬ 
trés  dans  un  man¬ 
chon  de  bronze 
ou  de  fer  3.  Celui 
qu’on  voit  (fig. 

5110),  qui  pré¬ 
sente  le  droit 

d  une  monnaie  d  Auguste,  a  été  trouvé  dans  les  mines  d’un 
castrum  delaMoesieL  Mais  il  en  est  aussi  qui  sont  entiè¬ 
rement  en  bronze  b  comme  celui  que  reproduit  la  figure 
al  1 1  à  la  tète  de  Tibère  6  ;  et  la  multiplicité  extraordinaire 
et  constante  decoinsque  tousles  savants  ont  signaléedans 
la  numismatique  grecque,  dans  une  seule  émission  de 
la  même  ville  et  de  la  même  année,  semble  prouver  que 
les  Grecs  n’employaient  pas  la  trempe  pour  leurs  coins 
monétaires  et  qu’ils  se  servaient  uniquement  d’un  métal 
doux,  qui  s’usait  avec  une  grande  rapidité  dans  les  opé¬ 
rations  de  la  frappe.  Pour  l’époque  hellénique,  on  con¬ 
naît  seulement  un  coin  monétaire  de  Philippe  de  Macé¬ 
doine  père  d’Alexandre  (fig.  5112),  et  un  autre  de  Béré¬ 
nice  II,  qui  soient  parvenus  jusqu  a  nous  \  On  a  décou¬ 
vert  à  la  montagne  de  Corent  (Puy-de-Dôme)  le  coin  d’une 
monnaie  d’or  des  Arvernes,  lequel  est  en  fer  doux  8.  Or 
les  Gaulois  copiaient  dans  leur  monnayage  les  procédés 


MON 


os 


des  Grecs.  Il  est  facile,  du  reste  i 
monnaies  grecques  et,  sur  les  niée  J  C°nsUUor  sut 
Constantin,  que  leurs  coins,  soit  en  ^ 

soit  meme  en  acier,  étaient  général^  !  Gn  br°n*e 
d  assez  mauvaise  qualité,  car  on  voit  danTl  ^  mélal 
meda.lles  des  inégalités  et  des  soufflnrp°  ChamP  des 

coins  »ertainement  à  des  imPerfections  des 

Ceux-ci,  on  ne  saurait  s’y  méprendre  elles 
;nd.ces  les  plus  caractéristiques  en  donnent 
a  certitude,  ont  été,  depuis  les  premi  ? 

emps  du  monnayage  jusqu’au  v°  siècle  de 

ere  chrétienne,  gravés  au  louret,  par  lepro 
cede  dont  usent  encore  aujourd’hui  les  La 
veurs  en  pierres  fines1»  [Gemmae,  fig.  3483] 

Dans  le  v*  siècle,  et  peut-être  même  un  peu 
avant  sous  la  domination  des  princes  de  la 
famille  de  Constantin,  les  procédés  chan¬ 
gèrent.  A  partir  de  ce  moment  les  pièces  ont 
ete  frappées,  comme  le  sonl  les  monnaies 
actuelles,  à  froid,  avec  des  coins  d’acier 
ainsi  qu’on  le  reconnaît  à  la  densité  et  à  la  dureté  du 
métal,  dont  la  pureté  n’a  point  été  altérée,  mais  que  J 
percussion  a  durci  en  l’écrouissant.  En  même  temps  à  h 
nature  et  a  l’aspect  du  travail,  on  reconnaît  que  la 
gravure  au  burin  a  remplacé  la  gravure  au  touret 
pour  la  préparation  des  coins11.  Le  Cabinet  des  médailles 
de  Pans  possédé  en  original  une  paire  de  coins  des  débuts 
de  cette  nouvelle  phase  de  la  fabrication  monétaire 
(fig.  5143);  ce  sont  ceux  d’un  solidus  de  l’empereur 


■  5112. 


f*ig.  o  113.  —  Coiu  monétaire  de  Constant  Ier. 


Constant  I01' 12.  Ils  sont  en  acier,  gravés  au  burin,  et  réunis 
par  deux  branches  en  fer  à  cheval  s’ouvrant  au  moyen 
d’une  charnière. 

Au  reste,  ce  n’est  que  des  monnaies  elles-mêmes  que 
l’on  peut  tirer  des  inductions  sur  les  procédés  de  la 
fabrication  primitive.  Pour  les  pièces  qui  offrent  d’un 
côté  un  type  en  relief,  et  de  l’autre  un  carré  creux  plus 
ou  moins  profond,  on  a  longtemps  supposé  que  ce  carré 
représente  une  partie  saillante  sur  laquelle  on  fixait 
d’abord  la  lentille  de  métal  pour  l’empêcher  de  glisser 
sous  le  marteau.  Un  examen  plus  attentif  a  fait  recon¬ 
naître  que  le  carré  creux  est  en  réalité  l’empreinte  faite 
par  le  trousseau  ou  coin  mobile,  et  non  point  par 
clume  ou  coin  dormant.  Le  type  en  relief  est  l’empre 
fournie  par  l’enclume,  et  c’est  pour  cela  que  ce  côté  dej 
la  pièce  est  toujours  bombé  ;  le  champ  de  la  matrice  elai  ' 


l’en- 

re  in  te 


Rev.archéol.  1903, 1,  p.  235. J  —  G  Au  Cabiuet  de  France,  Babelon  et  Blanchet,  ''X ^ 
des  bronzes,  2398.  —  7  Babelon,  p.  906-907.  Le  coin  de  Philippe  est  au  Min 
Sofia.  —  3  Peghoux,  Monn.  des  Arvernes,  p.  29  et  38  —  9  Mongez,  M 
l'Acad.  des  Inscr.  nouv.  sér.  t.  IX,  p.  204.  —  10  Ibid.  p.  203  sq.  —  11  tbid.  P’  - 
—  12  Millin,  Magasin  encycl.  juin  1811.  [Babelon,  Op.cit.  I,  p.  941  j 


MON 


—  1971 


MON 


,iH\ave,  ce  qui  suffisait  à  assurer  la  stabilité  du  fian  sous 
]C  refoulement  du  trousseau  chassé  d’aplomb  à  coups  de 
marteau  et  donnant  une  empreinte  concave  ou  un  carré 

creux*  • 

[;l  monnaie  parvenue  à  un  certain  degré  de  perfection 
I  sUppose  deux  coins'malrices>  enlre  lesquels  on  fixe  le 
flan  métallique  destiné  à  recevoir  les  empreintes.  Pour 
faciliter  la  gravure  des  matrices,  y  poussait-on  un  poin¬ 
çon,  comme  dans  les  temps  modernes,  sauf  à  retoucher 
aU  muret  l’empreinte  du  poinçon?  La  multiplicité  des 
coins  dans  toutes  les  émissions  antiques  rend  ceci 
très  probable,  et  l’on  ne  saurait  guère  expliquer  autre¬ 
ment  la  rapidité  avec  laquelle  on  les  exécutait.  Mongez2 
croit  même  avoir  retrouvé  expérimentalement  le  procédé 
précis  employé  par  les  anciens.  «  Deux  sculpteurs,  dit-il, 
ébauchent  en  même  temps,  séparément,  et  finissent  en 
cire,  l’un  la  tête,  l’autre  le  type  du  revers  :  les  lettres 
sont  formées  très  vite  avec  des  poinçons  d’un  usage 
habituel.  On  monte  ensuite  ces  deux  cires  ;  puis  on  coule 
de  l’argent  dans  les  deux  moules  réunis,  ce  qui  produit 
desmédailles.  Tout  ce  travail  peut  être  terminé  en  moins 
de  vingt-quatre  heures.  Quant  à  la  frappe  des  monnaies, 

'  elle  pouvait  aussi  être  très  prompte,  en  estampant  les 
coins,  comme  je  l’ai  fait  moi-même,  c’est-à-dire  en  pla¬ 
çant  la  médaille  que  l’on  peut  appeler  le  prototype,  en 
la  plaçant,  dis-je,  froide  entre  les  coins  de  bronze  chauffés 
au  rouge,  et  en  frappant  sur  tout  l’appareil  avec  un  fort 
marteau.  Ainsi  l’on  a  pu,  dans  l’espace  de  trente-six 
heures,  et  fabriquer  des  moules  de  médailles,  et  frapper 
des  milliers  de  médailles,  en  estampant  des  coins  de 
bronze,  et  en  monnayant  des  flans  chauffés  au  rouge.  »  1 
L’emploi  de  poinçons  mobiles  pour  les  lettres  des  légendes 
monétaires,  au  moins  chez  les  Romains,  est  attesté  par 
les  lettres  renversées,  les  transpositions  et  tous  les  acci¬ 
dents  de  même  nature,  fréquents  dans  la  numismatique 
impériale,  surtout  aux  époques  où  le  monnayage  pré¬ 
sente  un  caractère  particulier  de  hâte  3. 

Dans  tous  les  cas,  la  monnaie  qui  porte  au  droit  un 
type  en  relief  et  au  revers  un  carré  creux  suppose  la 
combinaison,  non  de  deux  matrices  ensemble,  mais  d’une 
matrice  et  d’un  poinçon,  surtout  à  partir  du  moment  où 
Ion  a  tracé  des  figures,  soit  en  creux,  soit  en  relief,  au 
fond  du  carré.  A  plus  forte  raison  en  a-t-il  été  ainsi  pour 
la  fabrication  des  pièces  incuses,  c’est-à-dire  de  celles 
1ui’  montrant  d’un  côté  le  type  en  relief,  comme  à 
j ordinaire,  reproduisent  le  même  type  en  creux  sur 
autre  face  [incusi  nummi].  C’est  par  ce  procédé  qu’a  été 
exécutée  une  série  considérable  de  monnaies,  qui 
témoignent  de  l’existence  d’une  combinaison  commer¬ 
ciale,  entre  les  principales  villes  de  la  Grande-Grèce, 
epuis  une  époque  très  reculée  jusqu’aux  environs 
u  '  siècle  av.  J.-C.  4.  Pour  se  rendre  exactement 
compte  de  la  fabrication  de  ces  pièces,  il  faut  admettre 
(’1U  011  obtenait  le  revers  avec  le  poinçon  même  qui 
|Oait  servi  à  enfoncer  la  matrice  destinée  à  la  frappe 
I  n  |,ut.  Quelquefois,  pour  marquer  l’alliance  particu- 
'm(  de  deux  villes,  ou  même  simplement  pour  rappro- 
(  ' 1  ^eux  types  mythologiques,  le  creux  du  revers,  quoi- 
C(  '  1  “produisant  en  concavité  les  masses  de  la  surface 
n'(  \e,  offrait  le  dessin  d’un  objet  tout  différent.  Telle 

—  3  —  2  Mêm.  de  V Acad,  des  Inscr.  n.  sér.  t,  IX,  p.  208. 

^  "***  ’  ®a*je'on>  t)p.  cit.  I,  921.  — 4-  De  Luynes,  JVouv.  annales  de 
Ulch.  1. 1, p.  372-447. —  5  Traité, p.  932.  —  G  Mionnet,  Descript. 


Fig.  5113.  —  Monnaie  de  Methvmna. 


est  une  pièce  de  Tarente  (fig.  5114)  sur  laquelle  on  voit 
d’un  côté  Apollon  Ilyacinthien  tenant  la  lyre  et  la  (leur 
de  son  nom,  de  l’autre  le  type  ordinaire  du  héros  Taras 
monté  sur  un  dauphin.  Ces  variantes  donnent  à  sup¬ 
poser  qu’après  avoir  enfoncé  le  poinçon  dans  la  matrice, 
on  en  soumettait  la  superficie  à  un  nouveau  travail, 
destiné  à  rem¬ 
placer  le  pre¬ 
mier  sujet  par  un 
autre.  Il  va  sans 
dire,  d’ailleurs, 
que  des  flans  ser¬ 
rés  ainsi  entre 

une  matrice  et  un  Fig.  olli.  —  Monnaie  incuse  de  Tarenle. 

poinçon  devaient 

se  réduire  à  une  feuille  plate,  et  que,  pour  arriver  au 
poids  légal  de  la  monnaie,  il  fallait  retrouver  en  étendue 
ce  qu’on  perdait  en  épaisseur.  Lorsque  le  carré  creux 
a  été  remplacé  plus  tard  par  un  type  développé,  par 
exemple  sur  la  monnaie  d’argent  de  Methymna  (fig.  5115) 
qui  porte  au  droit  un  sanglier  et  au  revers  la  tète 
d’Athéna  en  relief  remplissant  le  carré  creux  bordé 
d’un  grénetis,  le  type  n’a  pu  être  produit  que  par 
le  trousseau  :  ici  le  poinçon  carré  ne  couvrant  pas  toute 
la  surface  du  flan  a 
projeté  à  la  frappe 
des  bourrelets  tout 
autour 

Il  se  rencontre  aussi 
quelquefois  des  mon¬ 
naies  incuses  par  acci¬ 
dent.  Ce  sont  des 
deniers  de  la  Répu¬ 
blique  romaine  ou  de  l’empire  sans  revers,  et  avec  la  tète 
se  reproduisant  en  creux  du  côté  opposé  à  la  face  en 
relief.  C’est  ce  qui  arrive  encore  aujourd’hui  sous  l’action 
du  balancier,  lorsque  l’ouvrier  monnayeur  a  oublié 
entre  les  deux  coins  une  pièce  .déjà  frappée  et  sur  cette 
pièce  empile  un  nouveau  flan. 

Il  a  été  parlé  ailleurs  des  bracteates  qui  présentent  une 
affinité  étroite  avec  les  incuses  |bracteati1. 

Une  singularité  qui  n’est  pas  non  plus  sans  rapport  avec 
les  pièces  incuses  est  celle  que  présentent  (fig.  511G)  les 
monnaies  d’ar¬ 
gent  frappées  à 
Populonia,  ville 
d’Étrurie,  dans 
le  Ve  siècle  avant 
l’ère  chrétien¬ 
ne  °.  Ces  pièces 
n’ont  pas  de  re¬ 
vers,  mais  la 

face  postérieure  est  plane  et  n  offre  la  trace  d’aucune 
cavité.  Avec  le  temps,  on  prit  l’habitude  d’y  placer  quel¬ 
ques  caractères,  ce  qui  les  rapprocha  des  monnaies 
grecques,  sans  pourtant  qu’une  parité  complète  s’éta¬ 
blit  jamais  entre  les  deux  faces  de  la  lentille  métallique. 
On  trouve  aussi  des  pièces  à  revers  lisse,  sans  type,  à 
Salamine  de  Chypre  et  dans  l’ile  de  Céos  7. 

Il  y  eut  encore,  dans  la  fabrication  de  la  monnaie  frap¬ 
pe  méd.ant.  t.  I,  p.  101;  Suppl,  t.  I,  p.  199-202.  —  7  Babelon,  Les  Perses 
Achéménides  p.  83:  Wrotli,  Crete  and  Aegean  islands  ( Catal .  du  Prit.  Mus.) 
pl.  xxi,  21  ;  xxii,  7. 


Fig.  5  H  G.  —  Monnaie  sans  revers  de  Populonia. 


MON 


—  1 972  — 

pée,  chez  les  anciens,  d’autres  particularités  dont  il  est 
souvent  assez  difficile  de  s’expliquer  complètement  la 
cause,  et  qui,  dans  tous  les  cas,  révèlent  un  grand  per¬ 
fectionnement  de  procédés.  Les  grosses  pièces  de  bronze 
qui  portent  le  nom  de  Ptolémée  ont  les  bords  régulièrement 
tailles  en  biseau.  D’autres  monnaies  plus  petites,  du  même 
métal,  frappées  sous  la  domination  des  Séleucides,  et 

un  certain  nombre  de 


l  ig.  5117.  —  Monnaie  à  Lords  dentelés. 


deniers  d’argent  ro¬ 
mains  du  temps  de  la 
République  (fîg.  5117), 
se  distinguent  par  leurs 
bords  découpés  en 
dents  de  scie.  Tacite  1 
semble  au  premier 
abord  justifier  ceux  qui  expliquent  cet  usage  par  l’in¬ 
tention  d’indiquer  que  la  pièce  était  complète  et 
qu  on  n  avait  rien  soustrait  à  son  poids  au  moyen  de  la 
Ime-  kn  eflet,  1  inégalité  des  bords,  pour  les  lentilles 
même  les  plus  parfaites,  était  une  tentation  perpétuelle 
offerte  aux  rogneurs  de  monnaies,  tandis  qu’un  coup  de 
lime  donné  sur  une  dent  de  scie  devait  être  facilement 
\  isible.  Mais,  d  un  autre  côté,  comment  disposer  en 
dents  de  scie  les  bords  de  la  pièce,  ce  qui  ne  pouvait  se 
faire  qu’après  la  frappe,  sans  retrancher  du  poids  de  la 
lentille  métallique,  et  comment  s’assurer  d’avance  que  le 
prélèvement  serait  fait  avec  une  rigoureuse  exactitude  ? 
Bailleurs,  si  cette  explication  peut  parfaitement  se  rap¬ 
porter  aux  deniers  d’argent  serrait  de  la  République 
romaine,  elle  est  inadmissible  pour  les  nummi  serrati  des 
Séleucides,  qui  sont  tous  des  monnaies  de  bronze,  des¬ 
tinées,  comme  nous  lavons  déjà  dit,  à  servir  d’appoint 
it  poui  lesquelles  on  n  a  jamais  attaché  une  grande  im¬ 
portance  à  la  rigoureuse  exactitude  du  poids.  Il  y  a  là  un 
problème  dont  on  ne  saurait,  dans  l’état  présent  de  la 
science,  rendre  une  raison  bien  satisfaisante2. 

D  autres  pièces  de  bronze,  du  même  pays  et  du  même 
âge  que  ces  nummi  serrati ,  et  aussi  des  pièces  de  la  série 
égyptienne  des  Lagides,  oflrent  sur  leurs  deux  faces,  au 
centre,  une  petite  cavité  circulaire  qu’on  a  expliquée  à  peu 
près  de  la  même  manière  que  les  carrés  creux ,  c’est-à-dire 
comme  le  vestige  d’un  procédé  employé  pour  fixer  la 
monnaie  entre  les  coins,  en  l’absence  de  la  virole,  au 
moyen  d  une  pointe  saillante  dans  la  concavité  du  coin- 
matrice,  laquelle,  au  premier  coup  de  marleau,  entrait 
assez  profondément  dans  le  flan  soumis  à  la  frappe  mo¬ 
nétaire.  Mais  cette  explicat  ion  n’est  guère  vraisemblable, 
car  ce  fragile  pivot  au  centre  du  coin  se  fût  cassé  au  pre¬ 
mier  coup  de  marteau  ;  on  constate  souvent  qu’il  défigure 
le  type  monétaire  ou  bien  qu’il  ne  se  trouve  pas  dans 
1  axe  du  coin.  Cela  ne  peut  s’expliquer  techniquement 
que  par  le  découpage  préalable  des  flans  monétaires  à 
1  aide  d  un  tour  à  pivot;  la  monnaie  a  tout  simplement 
conservé,  après  la  frappe,  les  traces  de  ce  pivot3.] 

L  expression  de  monnaies  fourrées ,  dont  nous  avons 
eu  déjà  1  occasion  de  nous  servir  plusieurs  fois  dans  le 
cours  de  cet  article,  désigne  des  pièces  qui  offrent  une 
.âme  de  fer  ou  de  cuivre,  quelquefois  même  de  plomb, 

l  German.  5.-2  [E.  Babelon,  Traité,  t.  I,  p.  619;  H.  Willers,  Num. 
Zeit.  de  Vienne,  t.  XXXI,  1899,  p.  329.  -  3  E.  Babelon,  Op.  cil.  p.  942.] 

—  *  Mém.  de  VAcad.  des  inscr.  n.  sér.  I.  IX,  p.  212.  [E.  Babelon,  Op.  cil. 
p.  033.]  Eekhel,  ùoetr.  num.,  l.  1,  p.  ,,1\  :  A  Lerman,  Catal.  of  roman 

coins,  I.  I,  p.  xn  sq.;  Bruçkner,  Merkwürdigkeiten  der  Landschaft  Basel, 


MON 

double  d'une  feuille  d'o,-  ou  d'argent  (■ . 
fourrées  n  étaient  pas,  comme  on  l'a  „  , 

1  œuvre  des  faux-monnayeurs  ;  les  ™„!  lon«l"»P.s, 
faisaient  frapper  dans  leurs"t;iiTrs8:r^ments 
calcul  economique  ou  dans  des  circonstanr,  à  fau* 
santé  nécessité.  Elles  sont,  en  général  .  ?  6  pres' 

fabriquées,  et  l’idée  seule  de  leur  exérnV  " S  iabilement 
bien  les  anciens  savaient  ,  l0n  montre  coin- 


CAL 

es  anciens  savaient  surmonter  dédire  nT 
nelles  dans  l'industrie  monétaire.  Au  restr'1'  ™  ™llé' 
remarqué  Hougez',  la  fabrication  des  monnaie,?"1' 
n  eta.t  possible  qu"en  frappant  à  chaud,  comme  T  , 
les  Grecs  et  les  Romains.  me  laisaient 

Le  procédé  du  coulage  des  monnaies  n’a  été  n  > 
exception,  très  justifiée  pour  Vaes  grave  des  Itali^  ^ 
des  Romains,  qu’on  n’aurait  pu  frapper  cm’avo  1  ^ 
lanciers  les  plus  puissants  et  non  avec  le 
connu  des  anciens  ;  exception  qui  peut  dénoter  ’aus 
1  inexpérience  ou  la  précipitation,  comme  pour  certaines 

onnaies  gauloises,  pour  le  potin  impérial  de  l’atelier 
.  Alexandri®i  et  pour  une  grande  partie  du  billon  du 
temps  de  Septime-Sévère  et  de  ses  successeurs.  On 
remarquera  que,  dans  ces  deux  derniers  cas,  l’abaisse 
ment  prodigieux  du  titre  de  la  monnaie  coïncide  avec  la 
neg  igence  de  la  fabrication.  C’est,  à  proprement  parler 
de  la  fausse  monnaie ,  et  c’est  pourquoi,  à  propos  des 
moules  de  terre  cuite  propres  à  couler  des  deniers  de 
billon  du  temps  des  princes  du  moyen  Empire,  on  a 
agité  la  question  de  savoir  si  c’étaient  des  vestiges  de 
1  art  coupable  des  faux-monnayeurs,  ou  si  le  gouver¬ 
nement  lui-même,  tout  en  s’épargnant  les  frais  de  fabri¬ 
cation,  n  aurait  pas  voulu  imposer  aux  peuples  des  ! 
monnaies  d’un  titre  inférieur  à  la  valeur  officiellement 
déclarée.  Comme  cette  sorte  d’entreprise  est  une  de 
celles  où  les  mauvais  gouvernements  ont  cherché  avec  I 
le  plus  d  obstination  dans  tous  les  temps  un  remède  à 
leurs  embarras  financiers,  on  doit  s’abstenir  de  mettre  1 
toutes  les  altérations  de  monnaies,  et  parmi  elles,  la 
substitution  des  espèces  coulées  aux  pièces  frappées,  sur 
le  compte  des  faussaires  de  profession.  L’altération  I 
et  l’on  peut  même  dire  la  falsification  du  titre  des  | 
monnaies  d’argent,  remplacées  par  du  billon  ou  du  | 
cuivre  saucé,  après  Septime-Sévère,  était  un  fait  officiel 
et  légal  [aureus];  or  la  substitution  ordinaire  d’un  pro-  I 
cédé  de  fonte  à  celui  de  la  frappe  vers  le  même  temps  ne  I 
peut  guère  en  être  séparé. 

La  fabrication  grossière  et  économique  de  la  monnaie  I 
impériale  par  le  moyen  de  la  fonte  a  été  certainement  I 
aussi  un  fait  officiel,  mais  exclusivement  propre  aux  ate-  J 
liers  des  provinces.  C’est  en  France,  en  Angleterre  et  en 
Suisse,  en  Afrique,  en  Égypte  qu’on  a  trouvé  un  grand  I 
nombre  de  moules  monétaires  du  mc  siècle  \  jamais  en  I 
Italie  6;  ce  qui  prouve  décidément  que  ces  moules  n  ap-  I 
partenaient  pas  à  des  faux-monnayeurs.  On  en  a  princi-  I 
paiement  rencontré  beaucoup  dans  un  certain  quartier  I 
de  Lyon  7,  où  l’on  sait  qu’il  y  avait  une  Monnaie  impé  I 
riale  8.  Il  a  été  dressé  une  liste  de  tout  ce  que  1  on  1 011  I 
naît  de  monnaies  impériales  coulées  en  Gaule  •  o  ■ 
tard,  au  ive  siècle,  nous  voyons  la  substitution  de  a  I 

ir  ko  pi  i95-  NuM-  1 

p.  282C  ;  Rev.  numism.  1837,  p.  176;  Numism.  journ.  1. 11,  P-  J  _  \|0mmsen,  I 
chron.  t.  I,  p.  ICI.  —  6  Eekhel,  L.  c.  ;  Rev.  numism.  J  8  42^  °numim\  I 
Gesch.  d.  rôm.  Münzwes.  p.  748  ;  Babelon,  Op.  cit.  p.  955.  o8p  fl 

1837,  p.  105  sq.  —  «Slrab.  IV,  3,  2;  voir  Boissieu,  Inscript,  ant.  de  >J°  > 

—  9  Rev.  num.  1854,  p.  107  sq. 


MON 


—  1973  — 


MON 


nte  à  la  frappe  interdite  par  des  lois  de  326  ap.  J.-C.  ', 

d°e  356  3  et  de  371 3. 

pour  en  revenir  à  la  monnaie  frappée,  la  monnaie  nor- 
le  et  habituelle  des  Grecs  et  des  Romains,  il  est  bon 
de  reinarquer  que  l’infériorité  de  l’art  monétaire  moderne 
comparé  à  celui  de  l’antiquité,  ne  tient  qu’à  la  différence 
des  procédés  employés  *.  On  cherche  avant  tout,  dans  la 
monnaie  moderne,  que  le  flan  qui  reçoit  les  empreintes 
constitue  un  disque  d’une  régularité  parfaite,  aplati  éga¬ 
lement  sur  toutes  les  parties  de  ses  deux  faces,  de  telle 
manière  que  les  pièces  puissent  facilement  se  réunir  et 
se  conserver  en  piles.  C’est,  en  effet,  une  grande  com¬ 
modité  pour  la  conservation  de  l’argent  et  une  sérieuse 


>  garantie  contre  des  soustractions,  car  il  suffit  d’un 
coup  d’œil  pour  s’assurer  qu’une  pile  de  monnaies  n’a  pas 
diminué  de  hauteur,  sans  qu’il  soit  nécessaire  décompter 
pièce  à  pièce  ou  de  recourir  à  la  balance.  En  outre  le 
numéraire  moderne,  avec  ses  bords  mathématiquement 
réguliers  et  son  épaisseur  partout  égale,  ne  permet  pas 
de  diminuer  le  poids  du  métal  par  le  limage,  opération 
qui  s’exécutait  avec  la  plus  grande  facilité  sur  les  mon¬ 
naies  antiques  et  dont  il  n’était  possible  de  s’apercevoir 
qu’en  pesant  les  pièces.  Il  y  a  donc  eu  des  raisons  déci¬ 
sives  et  de  véritable  utilité  pour  adopter  et  conserver 
cette  forme  dans  le  numéraire  destiné  à  la  circulation, 
bien  quelle  soit  fort  défavorable  à  l’art,  en  obligeant  le 
graveur  à  donner  aux  types  un  relief  trop  affaibli.  Tout 
autre  est  l’aspect  des  monnaies  antiques  avec  leur  belle 
forme  lenticulaire  renflée  au  centre  et  amincie  aux  bords. 
La  saillie  du  flan  ajoute  à  la  valeur  de  la  partie  centrale 
du  type,  sur  laquelle  le  graveur  a  voulu  appeler  avant 
tout  le  regard,  tandis  que  le  champ  va  graduellement  en 
s’effaçant  vers  les  extrémités  et  n’a  plus  ainsi  cette  im¬ 
portance,  qui  dans  nos  médailles  modernes  «écrase  le 
type.  C’est  surtout  dans  les  têtes  décorant  le  côté  prin¬ 
cipal  des  monnaies  que  la  supériorité  de  la  forme  len¬ 
ticulaire  est  frappante;  on  y  gagne  une  variété  dans  les 
plans,  une  fermeté  et  une  puissance  dans  le  modelé,  une 
finesse  dans  les  contours,  fuyants  et  arrêtés  tout  à  la 
fois  comme  les  donne  la  nature,  que  l’on  ne  parviendrait 
pas  a  atteindre  avec  le  système  moderne  ;  le  type  moné¬ 
taire  arrive  à  égaler  les  plus  belles  œuvres  de  la  sculp¬ 
ture.  La  monnaie  antique  était  frappée  au  marteau; 
les  monnaies  et  les  médailles  modernes  ont  été  frappées 
pai  des  moyens  mécaniques  d’une  grande  puissance, 

J  abord  avec  le  balancier,  puis  de  nos  jours  avec  le  bélier 
hydraulique.  L’emploi  de  ces  machines  a  produit  une 
économie  importante  et  une  augmentation  considérable 
e  l ‘ipidité  dans  la  fabrication;  mais  l’art  y  a  perdu. 

-1  marteau,  frappant  moins  rudement  que  le  balancier 
011  ‘1‘  lJ(9ier  hydraulique,  n’écrasait  pas  le  flan  de  la 
m' ine  manière  et  permettait  ainsi  d’éviter  la  dureté  et  la 
j51  clmi  esse  de  contours,  qui  est  inconnue  à  la  numisma- 
Hlu<  de  1  antiquité.  Le  marteau,  manié  par  un  ouvrier 
1,1  "  o,  était  d’ailleurs  un  instrument  aussi  obéissant  à  la 
r|.'  nll‘  fIue  le  ciseau  du  sculpteur  :  le  monétaire  pouvait 
y1  ^a  force  de  son  coup  comme  il  l’entendait,  de 
111  Ie  a  faire  porter  inégalement  la  principale  vigueur 


23,  i'"’1  T0e°d.  IX,  21,  3  ;  Cod.  Justin.  IX,  21,  2.—  2  Cod.  Theod.  IX, 
Arta  t  XVU  *'  —  4  Voir  F.  Lenormant,  Gazette  des  Beaux- 

p,  3  '  ’  PÉ  257-200.  —  6  F.  Lenormant,  La  monnaie  dans  l'ant.  t,  II, 

nnt.t  |  Monnaies  de  la  ville  de  Philippes  :  Mionnel,  Descript.  de  méd 
dei'Àth-  P  ^  Ct  480  J  SuPPL  L  nl’  P-  100  et  101  ]  p-  Lambros,  Bull,  archéol. 

franÇais,  1855,  p.  10.  —  7  Voir  Waddinglon,  Mélanges  de  num. 


de  la  frappe  sur  les  différents  points  de  la  surface  du 
flan  et  à  donner  plus  de  saillie  et  plus  de  valeur  à  cer¬ 
taines  parties  du  type. 

5°  Nature  du  droit  de  monnayage  dans  V antiquité  r>. 
—  Dans  l’antiquité  comme  dans  les  temps  modernes,  le 
droit  de  battre  monnaie  était  généralement  un  attribut 
exclusif  de  la  souveraineté.  Chez  les  Grecs,  avant  l’époque 
d’Alexandre,  ce  principe  ne  soutire  aucune  dérogation. 
Là  où  la  constitution  était  républicaine,  on  lit  sur  la  mon¬ 
naie  le  nom  du  peuple  ou  de  la  ville  par  l’autorité  de  qui 
elle  était  frappée,  accompagné  quelquefois,  dans  cer¬ 
taines  cités,  du  nom  ou  du  symbole  du  magistrat  préposé 
au  monnayage,  qui  ajoutait  ainsi  sa  garantie  person¬ 
nelle  de  fonctionnaire  à  la  garantie  officielle  de  l’État.  Là 
où  la  constitution  était  monarchique,  comme  en  Macé¬ 
doine,  le  nom  royal  estinscrit  sur  les monumenlsnumis- 
matiques,  et  dans  les  territoires  soumis  à  l’autorité  du 
souverain  nous  ne  rencontrons  aucune  pièce  portant  le 
nom  d’une  ville.  Seul  parmi  les  rois  grecs  de  cette  période, 
Philippe  de  Macédoine,  parmi  les  nombreux  privilèges 
qu’il  accorda,  pour  la  faire  rapidement  prospérer,  à  la 
ville  fondée  par  lui  sous  son  propre  nom  au  pied  du 
mont  Pangée,  comprit  le  droit  d’émission  monétaire 
autonome0,  tandis  qu’il  l’enlevait  à  toutes  les  villes  grec¬ 
ques,  jusqu’alors  indépendantes,  qu’il  conquérait  succes¬ 
sivement  le  long  des  côtes  de  ses  États. 

A  la  même  époque  cependant,  dans  le  vaste  empire  des 
rois  de  Perse,  dont  la  constitution  sur  un  grand  nombre 
de  points  avait  quelque  chose  de  féodal,  le  droit  de 
monnayage  avait  un  autre  caractère7.  Les  savants  qui 
jusqu’à  ces  derniers  temps  avaient  admis  que  dans  l’em¬ 
pire  des  Achéménides  le  droit  monétaire  appartenait  au 
seul  souverain,  avaient  été  conduits  à  cette  conclusion  par 
une  interprétation  exagérée  du  passage  d’Hérodote  8 
relatif  à  Aryandès,  satrape  d’Égypte  sous  Darius  Ier.  Il 
n’y  est  pas  dit,  en  effet,  qu’Aryandès  fut  puni  par  le 
Grand  Roi  pour  avoir  battu  monnaie,  mais  que  la  jalousie 
de  Darius  ayant  été  excitée  contre  ce  satrape  parce  qu’il 
frappait  une  monnaie  d’argent  meilleure  que  la  sienne, 
il  prétexta  d’un  projet  de  révolte  pour  le  faire  périr. 

Dans  les  États  du  Grand  Roi,  le  droit  de  monnayage 
était  essentiellement  un  droit  municipal,  un  droit  propre 
à  chaque  cité,  quelque  petite  qu’elle  fût,  et  par  consé¬ 
quent  les  monnaies  frappées  dans  chaque  ville  étaient 
marquées  de  types  particuliers,  et  signées  du  nom  d’un 
magistrat  responsable.  Il  est  facile  de  nommer  des 
villes  importantes  qui  ont  fait  frapper  des  monnaies 
autonomes  pendant  une  longue  suite  d’années,  sans 
s’être  jamais  soustraites  au  joug  persan  9.  Il  suffira  de 
citer  Tarse,  Sidé,  Aspendus  et  les  villes  lyciennes,  dont 
la  numismatique  continue  sans  interruption  depuis  le 
commencement  du  ve  siècle,  jusqu’à  la  chute  de  la  mo¬ 
narchie  persane 10.  Si  la  ville  ou  la  province  étaient 
soumises  au  pouvoir  d’un  seul  homme,  alors  les  mon¬ 
naies  devaient  porter  son  nom,  puisqu’elles  étaient 
émises  sous  sa  responsabilité. 

Non  seulement  les  villes  émettaient  des  monnaies  à 
côté  du  monnayage  officiel  et  général  de  l’Empire,  dont 

t.  I,  p.  3  sq.  ;  Brandis,  Bas  Miinz-  Mass-  und  Gewiclitswesen  in  Yorderasien  219- 
213.  [E.  Babelon,  Perses  Achém.  Introd.  p.  XXL]  —  8  [V,  166.  -  9  Voir  les  des¬ 
criptions  de  médailles  qui  terminent  l'ouvrage  de  Brandis.  —  10  Sur  ces  dernières 
monnaies,  voir  Fellows,  Coins  of  ancient  Lijcia ,  Londres,  1855  ;  Hill,  Catal.  of 
the  greek  coins  of  Lycia,  Pampliilia  and  Pisidia  in  the  British  Muséum  Lond 
1897. 

248 


MON 


—  1974  — 


MON 


les  pièces,  émises  au  nom  et  sous  la  garantie  du  gouver¬ 
nement  royal,  portaient  la  figure  du  souverain;  mais 
aussi  les  satrapes,  soit  héréditaires,  soit  nommés  direc¬ 
tement  par  le  pouvoir,  bien  que  lieutenants  immédiats 
du  roi,  en  frappaient,  les  signaient  de  leur  nom,  pla¬ 
çaient  même  leur  effigie1..  Pharnabaze  a  laissé  des  mon¬ 
naies  frappées  dans  deux  portions  très  différentes  de 
l'Asie  Mineure  :  à  Lampsaque  d’abord,  ou  plutôt  à 
Cyzique,  villes  situées  dans  sa  satrapie;  ensuite  à  Tarse, 
où  il  fut  envoyé  pour  organiser  la  flotte  perse  et  conférer 
avec  Conon  en  398  avant  notre  ère 2.  L’exemple  de 
Pharnabaze  est  important,  parce  que  pendant  sa  longue 
carrière  ce  satrape  garda  une  fidélité  inébranlable  envers 
son  souverain,  et  ne  fuL  jamais  en  révolte,  ni  ouverte  ni 
secrète  contre  lui.  Nous  avons  aussi  des  monnaies  au  nom 
de  Tiribaze,  et  des  pièces  frappées  par  Datame,  partie  à 
Sinope  3  et  partie  à  Tarse  *.  Les  dynastes  héréditaires  de 
Carie,  depuis  Hécatomnus  jusqu’à  Othontopatès,  ont  tous 
battu  monnaie,  et  il  en  est  de  même  des  dynastes  des  villes 
de  la  Phénicie  et  de  Cypre,  ainsi  que  de  beaucoup  d’autres 
princes  du  même  genre  \  Il  est  même  parvenu  jusqu’à 
nous  un  exemplaire  des  pièces  frappées  au  nom  du  grand 

Thémistocle  dans  la 
ville  de  Magnésie,  dont 
le  domaine  utile  lui 
avait  été  concédé  par 
Artaxerxe,  lorsque, 
proscrit  par  les  Athé¬ 
niens,  il  s’était  réfugié 
à  sa  cour fi. 

Après  qu’Alexandre 
eut  fondé  son  empire  sur  les  débris  de  la  monarchie  des 
Perses,  une  combinaison  s’établit  danslemonnayage  entre 
le  principe  du  droit  exclusif  delà  souveraineté  et  le  prin¬ 
cipe  du  droit  municipal.  "Sous  le  fils  de  Philippe  1  et  sous 
ses  successeurs,  rois  de  Thrace 8,  de  Macédoine,  d’Égypte 9 
et  de  Syrie,  toute  la  monnaie  frappée  dans  l’étendue  d’un 
État  monarchique  porta  les  types  et  le  nom  du  roi,  mais 
en  même  temps  les  autorités  municipales  des  différentes 
villes  où  les  pièces  monétaires  étaient  fabriquées  y  don¬ 
naient  une  garantie  particulière  en  marquant  dans  le 
champ  le  symbole  ou  le  nom  de  la  ville.  Ce  n’était  pas 
une  simple  marque  de  l’atelier  de  fabrication,  comme 
on  en  inscrivit  sur  les  monnaies  impériales  romaines  à 
dater  du  règne  de  Dioclétien  et  comme  on  en  trouve  sur 
les  monnaies  de  tous  les  peuples  modernes;  il  y  avait  là 
l'indication  d’une  part  positive  prise  par  la  ville  et  ses 
autorités  dans  l’émission  des  espèces  monnayées.  En 
effet,  dans  cet  état  de  choses,  plusieurs  villes  soumises 
au  même  roi  pouvaient,  avec  une  autonomie  presque 
complète,  conclure  entre  elles  des  conventions  moné¬ 
taires  et  commerciales,  qui  s’indiquaient  par  la  réunion 
des  symboles  de  ces  villes  sur  les  monnaies  au  nom 
royal.  Quels  étaient  au  juste  lanature  et  l’objet  de  ces  con¬ 
ventions,  de  ces  alliances  de  villes  soumises  à  une  même 
autorité,  c’est  ce  que  l’état  de  la  science  ne  permet  pas 

l  Voir  Brandis,  p.  23G.  [E.  Babclon,  L.  c.]  —  2  De  Luynes,  Numism ., 
des  satrap.  p.  4-10.  [Babelon,  Op.  cit.  Introd.  p.  xxxiv.]  —  3  Waddington,  Mélanges 
de  numism.  t.  I,  p.  82.  —  '*  Ibid.  p.  65-70;  Babelon,  L.  c.  —  8  Waddinglon, 
Op.  cit.  p.  xxi  sq.  —  6  Thucyd.  I,  138;  Plut.  Them.  29;  Alhen,  I,  p.  29.  [Babelon, 
Op.  cit.  p.  55. J  —  7  Voir  Miiller,  Numism.  d' Alexandre  le  Grand ,  Copenhague, 
1855.  —  8  ld.  Die  Alünzen  der  Thracischen  Kônigs  Lysimachus,  Copenh.,  1856. 

_ y  Fr.  Lenormant,  Essai  sur  le  classement  des  monn .  d’argent  des  Lagides, 

Blois,  1855.  —  10  Autonomes  grecques  de  Tyr  ;  Mionnet,  t.  V,  p.  409-427  ;  Suppl. 


Fig.  5118.  —  Monnaie  de  Thémistocle 
à  Magnésie. 


de  dire,  mais  l’existence  ne  saurait  en  être 

En  même  temps  la  fabrication  de  monnaie’  C°nlestée’  ' 
autonomes  continuait  dans  toutes  les  villes  ^  PUrement 
conservé  leur  liberté  et  leur  indépendance  de'!!'  aVai®nt. 
ment.  Les  rois  accordaient  même  ce  droit  ,lS°''Verne' 
des  cités  soumises  à  leur  domination  qu’ils  vo'T'-d 
favoriser  d’une  manière  toute  particulière  Ain^V?1 
Sidon  11  et  Tarse 12  battirent  une  monnaie  auto  nome  n'!’ 
dant  toute  la  durée  delà  domination  des  Séleucides  F 
Macédoine,  Cassandre  lorsqu’il  fonda  la  ville  d’ITn 
lis13  et  Antipater,  fils  de  ce  prince,  quand  il  bâtit  Eurv  l 
dicée  u,  leur  concédèrent  un  semblable  privilège  Ou-inî 
à  l’Asie  Mineure,  la  politique  habile  des  rois  de  Per  i 
game,  qui  consistait  à  flatter  la  vanité  des  villes 
soumises  a  leur  sceptre  en  leur  laissant  les  apparences! 
de  la  liberté  et  de  Tindépendance  dans  la  forme  exté¬ 
rieure,  fit  que  la  plupart  des  villes  de  cette  contrée 
usant  de  leur  antique  droit  municipal,  possédèrent  un 
monnayage  autonome  tant  que  régnèrent  les  descendants 
de  Philétère,  tout  comme  elles  l’avaient  possédé  sous  la 
suzeraineté  des  rois  de  la  race  de  Cyrus.  La  plupart  des 
beaux  tétradrachmes  d’argentdes  villes  de  l’Asie  Mineure 
doivent  être  attribués  au  temps  de  la  domination  des 
rois  de  Pergame.  Il  semble,  du  reste,  qu’Alexandre  et  ses 
premiers  successeurs  avaient  déjà  traité  ces  cités  d’une 
manière  exceptionnelle  et  leur  avaient  permis,  dans  une 
certaine  mesure,  un  monnayage  autonome15. 

Arrive  la  conquête  des  Romains.  Ceux-ci,  sous  la 
République,  accordent  par  des  concessions  spéciales  à 
un  certain  nombre  de  villes,  dans  les  provinces  qu’ils 
acquièrent  par  la  force  des  armes  ou  qui  se  donnent 
spontanément  à  eux,  le  droit  de  monnayage  en  leur  per¬ 
mettant  une  assez  grande  latitude  d’autonomie  munici¬ 
pale.  Le  «plus  souvent  cette  permission  ne  s’applique 
qu’au  monnayage  du  bronze  et  le  gouvernement  romain 
se  réserve  le  droit  exclusif  de  frapper  la  monnaie  d  or  et 
d’argent  qui  circulera  dans  tous  les  États  de  la  Répu¬ 
blique.  Cependant  quelques  cités,  particulièrement  favo¬ 
risées  à  cause  de  leur  gloire  et  de  leur  importance,  con¬ 
servent  encore  le  droit  d’émettre  de  la  monnaie  d  argent. 
Ainsi,  pour  ne  citer  qu’un  petit  nombre  d  exemples, 
Athènes16,  Tyr  et  Sidon  continuent  sous  la  suzeraineté 
des  Romains  à  frapper  leurs  tétradrachmes.  Le  ‘hoit 
monétaire,  s’étendant  alors  jusqu’à  1  argent,  est  aussil 
concédé  à  quelques  provinces,  où,  au-dessous  du  pi° 
consul,  on  a  permis  l’existence  d’un  gouvernement  un  i 
gène  et  local  commun  à  toute  la  province  sous  le  nom  de 
ffdvoSoç,  xotvbv  ou  convenais  [koinon].  La  monnaie  pur ;o 
alors,  soitun  type  uniforme  dans  quelque  ville  qu  1  *  ^ 
frappée,  soit  le  nom  du  peuple  de  la  province  (hg-  1  y'' 
C’est  de  cette  manière  que  la  province  d  Asie  (  0l'll'l|' 
émettre  après  sa  soumission  aux  Romains  les  me  ai  oi n 
d’argent  cistophores  [cistophori]  qu’elle  avait  comme  J 
à  frapper  sous  l’autorité  des  rois  de  Pergame,  e  ï 
Macédoine  voit  fabriquer  sous  le  régime  des  proeo  ^ 
entre  la  défaite  de* Philippe  Andriscus  et  <>\ 


...  ,  I  v  d  367-380  ;  Sitpp1' 

p.  29G-303.  —  n  Autonomes  de  Sidon  :  Mionne  ,  .  >  ■  ^  L„ynes, 

p.  263-271.  —  12  Autonomes  de  Tarse  sous  les  (  i  305;] 

?s  satrap.  p.  59-61.  —  «  Monnaies  d'Uranopolis  :  ’  m,  p.  78. 

111  p  174.  —  44  Monnaies  d’Eurydicée  :  Mionne  ,  •  __  )6  Mom- 

ôir  Brandis,  Üas  Mùnz-  Mass-  und  Gewichtswesen  p.  -  ^  cessa  lors 

».  I.  p.  G92)  pense  que  l'émission  des  tétradrac  une  maintint 

se  de  la  ville  par  Sylla.  On  peut  cependant  conjecturer  qu  elle 

Auguste. 


MON 


—  1975  — 


MON 


d'Auguste,  les  nombreuses  pièces  de  bronze  et  les  rares 
pièces  d’argent  à  la  légende  MAKEAONON  dont  quel¬ 
ques-unes  portent  les  noms  des  questeurs  romains*. 

Il  y  a  même  plus.  Quelquefois  le  gouvernement  do 
Rome,  en  vertu  de  circonstances  locales  et  particulière¬ 
ment  pour  tirer  profit  des  produits  de  mines  en  les 
faisant  monnayer  sur  place  et  répandre  dans  le  commerce 
sous  forme  d’espèces  circulantes,  le  gouvernement  de 
Rome  parait  avoir  non  seulement  permis,  mais  prescrit 
à  des  peuples  soumis,  jouissant  encore,  du  reste,  d’une 
demi-autonomie,  le  monnayage  de  l’argent  sur  une  grande 
échelle.  Ainsi,  tandis  que  les  Carthaginois  avaient  inter¬ 
dit  à  l’Espagne  la  fabrication  d’une  monnaie  d’argent 
locale  pendant  tout  le  temps  qu’y  dura  leur  suprématie, 
les  Romains  favorisèrent  et  développèrent  celte  fabrica¬ 
tion  sur  le  pied  du  denier  de  84  à  la  livre  [denarius]  dans 
presque  toutes  les  cités  espagnoles,  depuis  la  première 
conquête  jusqu’au  temps  de  la  guerre  de  Numance, 
époque  où  la  concession  du  droit  monétaire  paraît  avoir 
été  uniformément  révoquée  pour  la  province  entière  2 
[argentum  oscense].  De  même,  dans  la  Macédoine  divisée 
en  quatre  confédérations  sous  l’autorité  romaine,  de  la 
bataille  de  Pydna  (168  av.  J.-C.)  à  la  révolte  d’Andriscus 
(146  av.  J.-C.),  quand  le  Sénat  eut  ordonné,  en  596  de 
Rome  (158  av.  J.-C.j,  de  rouvrir  les  mines  d’argent  de 
celle  contrée  3,  on  accorda  à  la  province  dans  laquelle 
les  mines  étaient  situées  le  privilège  d’émettre  des  pièces 
d’argent;  on  l’y  invita  même  de  telle  façon  que  cette  pro¬ 
vince  fabriqua  des  tétradrachmes  dans  une  proportion 
tout  à  fait  extraordinaire  pour  le  peu  de  temps,  huit  ans 
seulement,  qu’elle  y  fut  admise4. 

On  peut  dire,  du  reste,  qu’à  part  quelques  bien  rares 
exceptions,  la  concession  du  droit  monétaire  n’avait  lieu 
que  pour  les  peuples  et  les  cités  qualifiés  d’ «  alliés  », 
cesl-à-dire  libres  de  droit,  s’ils  étaient  soumis  de  fait,  et 
par  conséquent  possédant  chez  eux  une  souveraineté 
nominale,  qu’on  rendait,  du  reste,  illusoire  dans  la 
[réalité.  C  est  à  ce  titre  que  la  ligue  macédonienne,  celle 
des  villes  de  la  province  d’Asie  ou  celle  des  cités  espa¬ 
gnoles  jusqu’à  la  guerre  de  Numance,  que  des  cités 
comme  Syracuse,  Marseille,  Nemausus,  Dyrrhachium, 
Apollon! e  d  Illyrie,  ALhènes  et  Rhodes,  battaient  mon¬ 
naie,  et  cela,  semble-t-il  même,  par  suite  du  droit  de 
[  leur  position  légale,  plutôt  qu’en  vertu  d’une  autorisation 
I  particulière.  A  plus  forte  raison  en  était-il  de  même  des 
l.fiU  qui  gardaient  a  leur  tète  des  rois  vassaux  de  Rome  ; 

|  ceux-ci  jouissaient  de  la  plénitude  du  droit  monétaire 
|  Pour  l’argent  et  le  bronze,  comme  nous  l’attestent  les 
S(’nes  des  cl‘efs  gaulois  entre  César  et  Auguste,  et  celles 
mis  de  Numidie,  de  Mauritanie  et  de  Cappadoce. 

I  1  ms  jamais  le  droit  de  monnayage  ainsi  conservé  par 
1  s  peuples,  les  cités  ou  les  princes  soumis  à  Rome  ne 
pai.iit  s  être  étendu  jusqu’à  l’or.  La  République  se  réser- 
1  Al  lusivement  la  fabrication  de  la  monnaie  de  ce 
!  Ja,'lal,  sans  la  permettre^  ses  vassaux.  Si  des  pièces  d’or 
1,1  omises  dans  les  provinces,  ce  fut  par  des  généraux 
I  Sïj|'mées.r0rnairies,  comme  T.  Quinctius  Flamininus  ou 
[  '  d>  agissant  au  nom  de  la  souveraineté  de  Rome  s. 


“V-  !’  P-  452434;  SuPPL  *•  "h  P-  1-5-  -2  De  Sa.ilcy,  Monn. 
.auto„0,  es  ,  lEsPa,Jne'  P-  12  ;  Mommsen,  p.  669  sq.  ;  Pclgado,  Medullas 
*.  -«***■*,  1.  III,  pl.  clvii,  1;  Babelon,  Traité ,  t.  I,  p.  558.  —  3  Cas- 
aunism  v~  4  E>octr-  vel-  t-  U,  P-  63;  Borghesi,  Osserv. 

Ulmi  ’  XVI>  *-4;  Mommsen,  p.  691.  -  6  M.  p.  089.  -  6  Boulé,  liev. 

863’  P-  1 76-179.  [B.  Hcad,  Attica  ( Catal .  du  Brit.  Mus.)  Introd. 


Quand  Mithridate  s’empara  momentanément  d’Athènes, 
soumise  de  fait  aux  Romains  depuis  soixante  ans,  mais 
jouissant  encore  d’une  liberté  nominale  qui  se  marquait 
par  la  continuation  de  la  frappe  de  ses  tétradrachmes 
d’argent,  il  fit  aussitôt  monnayer  dans  cette  ville,  comme 
pour  proclamer  d’une  manière  éclatante  la  rupture  des 
liens  avec  Rome,  un  statère  d’or  aux  types  d’Athènes, 
sur  lequel  son  nom  figurait  à  côté  de  celui  de  la  cité  ®. 
C’est  seulement  à  l’époque  des  guerres  civiles  que  nous 
constatons  deux  uniques  exceptions,  deux  concessions 
de  monnayage  d’or  à  des  princes  vassaux  de  Rome,  et 
elles  sont  une  des  expressions  les  plus  significatives 
du  désordre  de  ces  temps.  Peu  avant  la  bataille  de 
Philippes  (42  av.  J.-C.),  Brutus,  pour  récompenser  Coson, 
prince  de  Thrace,  d’avoir  ouvert  ses  trésors  au  parti  répu¬ 
blicain  et  ainsi  causé  sa  propre  perte,  lui  accorda  l’au¬ 
torisation  de  frapper  des  monnaies  d’or,  sur  lesquelles 
on  lit  son  nom  écrit  en  entier  en  lettres  grecques,  à  côté 
du  monogramme  en  caractères  latins  indiquant  le  nom 
du  général  romain  1 .  Un  peu  plus  tard,  Marc-Antoine 
permit  à  Amyntas,  roi  de  Galatie,  de  frapper  dans  l’atelier 
de  Sidé  de  Pamphylie  des  tétradrachmes  d’argent8. 

Sous  l’Empire  romain,  tandis  que  dans  les  provinces 
de  l’Occident  le  gouvernement  impérial  se  réservait  le 
monopole  de  la  fabrication  de  la  monnaie,  dans  les  pro¬ 
vinces  helléniques' et  occidentales  il  n’y  eut  pour  ainsi 
dire  pas  une  ville  de  quelque  importance,  même  fort 
secondaire,  qui  ne  jouit  de  la  permission  d’émettre  des 
pièces  monétaires  à  son  nom.  Seulement,  beaucoup  plus 
encore  que  sous  la  République,  cette  permission  fut  res¬ 
treinte  au  monnayage  du  bronze.  Quelques  cités  de 
premier  ordre,  comme  Alexandrie  d’Égypte  \  Antioche 
de  Syrie10,  Césarée  de  Cappadoce",  Ephèse  et  Tarse  *2, 
eurent  seules  le  privilège  de  frapper  de  l’argent,  mais 
cela  à  la  condition  formelle  de  l’émettre  au  nom  et  à  la 
tète  de  l’empereur  régnant.  Le  conventus  de  la  province 
d’Asie  jouit  aussi  du  même  droit  depuis  Auguste  jusqu’à 
Hadrien,  et  fabriqua,  sans  y  mettre  du  reste  aucune 
marque  d’autonomie,  des  médaillons  d’argent,  d’un 
poids  différent  de  celui  des  monnaies  du  même  métal  qui 
circulaient  dans  le  reste  de  l’Empire,  médaillons  qui 
forment  comme  la  continuation  de  la  série  des  cisto- 
phores  *3.  Mais  ce  sont  là,  dansla  réalité,  moins  des  mon¬ 
naies  à  demi  autonomes  que  des  monnaies  directement 
impériales,  destinées  à  la  circulation  d’une  province 
déterminée,  d’après  un  étalon  local.  Aussi  les  pièces 
d  Alexandrie,  par  exemple,  n’ont-elles  aucunement  le 
nom  de  la  cité  ou  de  la  province  d’Égypte.  Quant  aux 
villes  qui  étaient  admises  à  monnayer  le  bronze  en  leur 
propre  nom,  pour  que  cette  concession  d’autonomie  ne  fût 
pas  trop  étendue  et  trop  significative  et  pour  marquer 
manifestement  leur  sujétion  à  l’autorité  impériale,  on 
leur  imposa  presque  à  toutes  de  ne  fabriquer  leurs  mon¬ 
naies  qu’en  y  mettant  sur  la  face  principale  l’effigie  et  le 
nom  du  souverain  ou  d’un  membre  de  sa  famille  et  le 
nom  de  la  ville  seulement  au  revers.  Bien  peu  de  cités 
durent,  comme  Athènes,  au  prestige  qui  s’attachait  à 
leur  nom  une  apparence  d’autonomie  plus  complète  et 


'  r- - >  .uwuiiiiacii,  p.  O'Jd.  -  o  I 

LrS’nr>  *  f P-  253  Sq’  1  Mo“-  P-  709.  [B-  Head,  B  Ut.  nu, 

P.587;  U.U,  Lycxa,  Pamphyha,  Pisidia  (Catal.  du  Brit.  Mas.)  Introd.  p.  LXxx„ 

~  7r  MD0m™sen’  '■  723.-10 Ibid.  p.  715.  —  Il  Jhid.  p  7U.  _  „  ^ 

~  13  ;°,rPmder’  Ueber  rf'e  Cûtophoren  und  Mer  die  kaiserlichen  Silbermedâi 
Ions  der  rom.  Provins  Asia,  Berlin,  1856. 


MON 


1976  — 


MON 


le  privilège  d’émettre,  en  plein  temps  de  l’Empire,  un 
monnayage  purement  autonome,  ne  portant  que  leur 
nom  et  leurs  types,  sans  mention  du  prince  qui  régnait 
à  Rome  et  qui  les  tenait  réellement  dans  sa  main. 

A  mesure  que  l’on  avance  dans  la  durée  de  l’Empire, 
on  voit  le  privilège  monétaire  des  villes  grecques  dimi¬ 
nuer,  devenir  illusoire  et  purement  honorifique,  se  res¬ 
treindre  aux  occasions  de  la  célébration  de  ces  jeux 
solennels  qui  tenaient  une  si  grande  place  dans  la  vie 
du  monde  hellénique,  sous  la  domination  romaine.  Sous 
Aurélien  enfin,  la  fabrication  de  cette  série  que  les 
numismates  désignent  sous  le  nom  d’  «  impériales 
grecques  »  cesse  complètement  *.  Sans  qu’aucun  écri¬ 
vain  de  l’antiquité  mentionne  ce  fait,  nous  voyons  par 
les  monuments  monétaires  eux-mêmes,  qu’à  ce  moment 
toutes  les  permissions  de  monnayage  accordées  à  des 
cités  cessèrent  et  qu’il  n’y  eut  plus  dès  lors  dans  tout 
l’Empire  que  la  monnaie  officielle  et  uniforme,  frappée 
par  le  gouvernement  et  sous  sa  garantie,  au  nom  et  à  l’effi¬ 
gie  de  l'empereur.  Ce  fut  là  un  des  points  principaux 
des  réformes  monétaires  dont  Aurélien  s’occupa  spécia¬ 
lement  [aureus].  Alexandrie  seule  garda  quelque  temps 
encore  sa  fabrication  monétaire  distincte,  qui  lui  fut 
définitivement  enlevée  à  la  fin  du  règne  de  Dioclétien  2. 

En  même  temps  que  les  villes  grecques  auxquelles 
on  accordait  une  sorte  de  liberté  nominale,  les  colo¬ 
nies  romaines,  au  début  du  temps  des  empereurs, 
reçurent  presque  toutes  le  droit  démettre,  sous  la 
garantie  de  leurs  magistrats  municipaux,  des  monnaies 
de  cuivre  du  même  système  que  la  monnaie  générale  de 
l’Empire,  avec  la  tète  et  le  nom  du  souverain,  et  au 
revers  le  nom  de  la  colonie  3.  C’était  une  dérogation 
absolue  aux  anciens  principes.  Sous  la  République,  la 
règle  invariable  du  droit  public  en  matière  monétaire 
avait  été  celle-ci.  Les  colonies  de  citoyens  et  les  villes 
dont  les  habitants  avaient  été  admis  au  droit  de  cité 
complet,  se  trouvant  complètement  absorbées  dans  le 
peuple  romain,  n’avaient  plus  aucun  droit  de  souve¬ 
raineté  locale  ",  par  suite,  elles  ne  battaient  pas  monnaie 
et  faisaient  usage  des  espèces  officielles  du  gouverne¬ 
ment  romain  4.  Les  colonies  de  droit  latin,  placées  sur 
le  même  pied  que  les  villes  alliées,  jouissaient,  en 
revanche,  du  droit  monétaire,  sous  le  contrôle  de  l’auto¬ 
rité  suzeraine  de  Rome.  M.  Mommsen  a  établi  d’une 
manière  décisive  5  que,  jusqu’en  486  de  Rome  (268  av. 
1.-C.),  c’est-à-dire  jusqu’au  moment  où  commença  le 
monnayage  de  l’argent  dans  la  cité  reine,  le  droit 
monétaire  des  colonies  latines  fut  sans  restriction, 
s’appliquant  à  l’argent  comme  au  bronze.  Mais  à  dater 
de  486  on  le  restreignit,  pour  assurer  un  cours  plus 
étendu  à  la  monnaie  d’argent  de  Rome  même  fi.  Le 
monnayage  de  l  argent  fut  interdit  à  toutes  les  colonies, 
comme  aux  cités  alliées.  Peu  après,  vers  490  (264  av.  J  .-C.), 
Rome  se  réserva  d’une  manière  exclusive  la  fabrication 
des  monnaies  pour  toute  1  Italie  centrale.  En  même 
temps,  le  système  de  l’as  fut  imposé  aux  portions  du 
midi  de  la  Péninsule  qui  avaient  eu  jusque-là  de  la 
monnaie  d’argent  et  employé  d’autres  systèmes  moné- 

i  Eckliel,  t.  IV,  p.  500;  t.  VII,  p.  475;  Mommsen,  p.  728;  F.  Lcnor- 
mant,  Organ.  de  la  monn.  dans  L'ant.  p.  25.  —  2  Eutrop.  IX,  23  :  voir  Eckhel, 
t.  VIII,  p.  41  ;  Mommsen,  p.  728  ;  Feuardent,  Collect.  Giovanni  di  Demetrio, 
Eyyple  ancienne,  Domination  romaine,  p.  285  sq.  ;  G.  Daltari,  Numi  Augg. 
Alexandrini  catalogo,  p.  398.  —  3  Voir  Vaillant,  Numismata  aerea  impera- 
torum  in  coloniis  percussa,  Faris,  1695  ;  Eckliel,  t.  IV  p.  404-501.  —  '*  Mom- 


taires.  Enfin,  l’on  enjoignit  aux  alliés  qui  cons...  • 
encore  un  certain  droit  de  monnayage  et  aux 
latines  qui  fabriquaient  encore  des  espèces  'VT*  J 
comme  Bénévent,  Æsernia.,  Brundisium,  Copia  1 

et  Pæstum,  de  donner  à  leurs  monnaies  un  poids  i'T 
rieur  à  celles  de  Rome  ;  ainsi,  l’on  frappa  dans  ces\üu' 
des  as  semonciaux  un  siècle  avant  qu’à  Rome  l’as  ’  '■* 
cessé  d’avoir  le  poids  d’une  once.  Plus  tard  encore  Tl 
interdit  l’émission  des  as  dans  les  colonies  latines  et  1 
ne  permit  plus  d’y  frapper  que  des  petites  monnaies  1 
divisionnaires.  Cet  état  de  choses  dura  jusqu’à  la  Guerre 
sociale  et  aux  lois  Julia  et  Plautia-Papiria  (90  et  HO 
av.  J.-C.),  qui  admirent  tous  les  Italiens  au  droit  de  cité 
romaine.  La  conséquence  de  ces  lois  fut  de  supprimer 
définitivement  tout  monnayage  local  en  Italie  et  d’y 
substituer  l’emploi  exclusif  des  espèces  de  Rome,  en 
vertu  du  principe  de  droit  public  que  nous  signalions 
tout  à  l’heure.  C’est  ainsi  qu’avec  la  fin  de  la  Guerre 
sociale  s’était  terminé  tout  monnayage  des  colonies 
aussi  bien  que  des  villes  alliées  d’Italie.  Et  quant  aux 
colonies  situées  en  dehors  du  territoire  italien,  comme 
elles  avaient  été  fondées  seulement' à  l’époque  de  la  plus 
grande  restriction  du  droit  monétaire  des  colonies 
latines  de  l’Italie  même, et  comme,  d’ailleurs,  elles  étaient 
pour  la  plupart  colonies  de  citoyens,  elles  n’avaient 
jamais  eu  de  monnayage  avant  l’époque  impériale. 

Le  changement  d’usages  et  de  principes  est  absolu  sous 
Auguste.  Des  colonies  dont  les  habitants  jouissaient  de 
la  plénitude  des  droits  de  citoyens,  comme  Corinthe  et 
Sinope,  des  municipes,  comme  Gadès,  battent  monnaie.! 
Déjà,  vers  l’époque  du  triumvirat,  les  nouvelles  colonies 
de  droit  latin  fondées  en  Gaule,  Nemausus  \  Cabellio  8, 
Lugdunum  9,  avaient  été  momentanément  admises  à  la 
plénitude  du  droit  monétaire  pour  l’argent  et  pour  le 
cuivre.  Sous  Auguste,  le  monnayage  est  général  dans 
toutes  les  colonies,  mais  seulement  pour  le  cuivre  ;  celles 
de  l’Italie  sont  cependant  exceptées  de  la  règle  et  ne 
fabriquent  pas  de  monnaies,  sauf  Pæstum,  investie!  à  ce 
sujet  d’un  privilège  spécial  par  l’autorité  du  Sénat, 
ce  qu’elle  relate  en  inscrivant  sur  ses  pièces  PAE[sb] 
S  ignatum  Senatus  C  onsulto  ou  De  S  enatus  S  entendu 
Le  droit  nouveau  de  monnayage  des  colonies  exlraj 
italiennes  à  partir  d’Auguste  n’était  plus,  comme  ce  ui 
des  colonies  latines  d’autrefois,  1  apanage  dune  soine 
raineté  restreinte,  c’était  une  concession,  un  Pr'"  8 
spécialement  accordé  par  le  souverain.  Aussi  bon  nom 
bre  de  monnaies  coloniales  mentionnent-elles  1  autoris. 
tion  particulière  en  vertu  de  laquelle  la  fabi  ication  <  ‘ 
lieu  Sous  Auguste,  l’autorisation  devait  être  déniant  J 
à  l’empereur  lui-même,  LanL  pour  les  piounces  J 
riales  que  pour  les  provinces  soumises  à  a  J»1'  _ 
du  Sénat,  d’où  les  légendes  telles  que  :  '■  ‘  J 

CAESARIS  AVG usti,  et,  sur  une  ‘ '  ’ 

INDULGENT!  AE  AVG  usti  MONETA  IMPETRAT  •  ■  ,  J 
cession  alors  était  accordée  une  fois  pour  tou .  .  ^ 

pour  cela  qu’on  lil  tERMissu  D‘VI  Æ  de  Tibère, 
pièces  coloniales  espagnoles  portant  b  .  m]velleS  aux 
Sous  celui-ci,  les  autorisations  monétaires 


msen,  p.  331  sq.  -  5  Ici.  p.  308-317.  -  «  M-P; ■  _ 

IVumism.  de  la  Gaule  Narbonnaise ,  p.  133.  _ ^  Eckhel,  t-  h  P-  ^ 


_  i  La  Saussay®, 
__  a  Eckliel,  t-  V’ 


p.  38;  Bompois,  Rev.  numism.  1868,  p.  77  sq.  p.  338.  [üarn'MOJ 

p.  144;  Cavedoni,  Bull.  arch.  Napol.  L  ».  P-  118  >  497;  Mommsen 

Le  monde  delV  Italia  antica,  p.  179. J  -  »  Eckhel,  t.  1  ,  I 

).  727. 


MON 


—  1 077  — 


MON 


i(lg  liaient  accordées  par  le  gouverneur  de  chaque 
f"  "  ince  pour  le  temps  de  son  gouvernement,  d’où  les 
'"r'iulcs  comme  PERM/ssu  PROCOn-SwG's,  et  devaient 
*tg( '.onnuvelées  par  son  successeur.  Plus  tard,  ces  per- 
Usions  ne  sont  plus  guère  mentionnées;  «  d  semble, 
"'nrirque  M.  Mommsen,  que,  depuis  qu’elles  n’étaient 
,|iie  temporaires  et  du  ressort  du  gouverneur,  elles 
'o confondirent  petit  à  petit  avec  la  surveillance  générale 
^  j(,  c0ntrôle  supérieur  que  les  gouverneurs  avaient  tou- 
.  exercés  sur  le  monnayage  des  villes  et  des  États 
nominalement  libres  sous  la  suzeraineté  de  Rome  ». 
Ce  n’est  que  sur  les  monnaies  de  Corinthe  du  temps  de 
Domitien  qu’on  lit  encore  PERMmw  IMP eratoris,  parce 
la  viiie  reçut  de  nouveau  de  Domitien  le  droit  de 
monnayage  que  Vespasien  lui  avait  enlevé 
\près  Auguste,  la  fabrication  des  monnaies,  dont  il 
avait  si  largement  octroyé  la  permission  aux  colonies, 
cesse  dans  celles  du  midi  de  la  Gaule,  comme  Nemausus 
et  Vienne,  en  Sicile  et  en  Afrique,  à  l’exception  de  la 
seule  ville  de  Babba,  qui  frappa  la  monnaie  coloniale 
jusque  sous  Galba  2.  Les  émissions  des  colonies  de 
l’Espagne  ne  dépassent  pas  le  règne  de  Caligula.  Lugdu- 
num,  après  avoir  frappé  au  commencement  du  règne 
d’Auguste  des  monnaies  de  cuivre  avec  son  nom  de 
COPIA  \  voit  sortir  de  ses  ateliers,  jusqu’à  l’avènement 


de  Néron,  les  bronzes  de  tout  module,  au  revers  de 
l’autel  de  Rome  et  d’Auguste  *,  où  la  ville  n’est  plus 
mentionnée,  monnaies  qui  semblent  plutôt  provinciales 
que  coloniales.  Elles  durent  en  effet  être  émises  pour 
circuler  dans  presque  toute  la  Gaule,  bien  que  les  nom¬ 
breuses  contremarques,  qui  s’y  voient  apposées  et  sont 


les  mêmes  que  sur  les  coloniales  de  Nemausus  3,  prou¬ 
vent  qu’elles  n’avaient  pas  le  caractère  de  monnaie 
impériale  à  cours  forcé  [incusa  signa].  En  Orient,  le  droit 
monétaire  accordé  aux  colonies  se  prolonge  autant  que 
le  même  droit  accordé  aux  villes  grecques  et  cesse  de 
même  au  règne  d’Aurélien. 

11  nous  reste,  pour  terminer  cette  étude  sur  le  droit 
monétaire  dans  l’antiquité,  à  porter  maintenant  nos 
regards  sur  la  série  romaine  proprement  dite.  Là,  nous 
allons  trouver  le  droit  de  monnayage  constamment 
attribué,  sous  la  République  et  sous  l’Empire,  à  la  sou¬ 
veraineté.  Pendant  toute  la  durée  des  temps  républi¬ 
cains,  c’est  au  nom  de  l’État  et  sous  sa  garantie  officielle 
que  sont  battues  les  monnaies.  Les  plus  anciennes  ne 
portent  que  des  types  religieux  assez  uniformes  et  le 
nom  de  la  ville,  ROMA.  Plus  tard,  on  permet  aux  magis¬ 
trats  monétaires  d’inscrire  leurs  noms  sur  les  espèces 
métalliques,  comme  dans  les  villes  grecques,  et  de 
joindre  ainsi  leur  garantie  personnelle  à  la  garantie  de 
1  État.  Et  quand  la  monnaie  a  été  frappée,  dans  des  cir¬ 
constances  exceptionnelles,  par  d’autres  que  les  magis¬ 
trats  ordinairement  et  régulièrement  chargés  de  ce  soin, 
par  d’autres  que  les  triumvirs  monétaires,  on  a  toujours 
'a  précaution  d’indiquer  l’origine  de  la  dérogation  aux 
habitudes,  en  vertu  d’un  décret  du  Sénat 6  [monetarii]. 
^vec  la  corruption  du  gouvernement  républicain,  une 
Nouvelle  licence  est  accordée  aux  monétaires  1  :  c’est  de 


'arier  à  l’infini  les  types,  en  faisant  retracer  sur  la  mon¬ 


naie  des  sujets  relatifs  à  l’histoire  ou  à  la  dévotion  pai  li- 
culière  de  leurs  familles  et  d’y  introduire  1  effigie  des 
hommes  illustres  de  ces  familles.  Malgré  cette  licence, 
c’est  toujours  à  l’État  qu’appartient  le  droit  monétaire  . 
Le  signe  caractéristique  depuis  Alexandre  de  la  posses¬ 
sion  du  monnayage  par  un  seul  homme,  le  droit  dy 
faire  représenter  ses  traits,  est  refusé  a  tous  les  citoyens, 
quelque  puissants  qu’ils  soient.  Sylla  lui-même,  dans  ses 
années  de  pouvoir  absolu  et  sans  contrôle,  n  ose  pas 
l’usurper.  César,  le  premier,  en  saisissant  la  puissance 
souveraine,  prend  possession  de  la  monnaie  et,  comme 
maître  exclusif  du  droit  de  la  frapper,  y  fait  reproduire 
son  effigie.  S’il  agit  ainsi,  du  reste,  c’est  parce  que,  jusque 
dans  Rome  même,  il  se  met  à  exercer  le  droit  monétaire 
à  titre  d 'imperator,  dans  toute  la  plénitude  avec  laquelle 
les  lois  de  la  République  l’avaient  laissé  exercer  jus¬ 
qu’alors  par  les  généraux  à  la  tète  d’une  armée  en  cam¬ 
pagne  [castiienses  nummi].  En  effet,  l’exemple  du  statère 
d’or  de  T.  Quinctius  Flamininus  prouve  que  les  impe- 
ratores,  dans  les  émissions  de  monnaies  qu’ils  faisaient 
frapper  en  territoire  étranger  pour  les  besoins  de  leurs 
soldats ,  n’étaient  pas  considérés  comme  coupables 
envers  la  République  s’ils  y  faisaient  représenter  leur 
effigie.  Cette  origine  légale  de  l’apparition  de  la  tète  de 
César  sur  les  monnaies  explique  comment,  après  sa 
mort,  son  exemple  fut  suivi,  non  seulement  par  les 
triumvirs,  mais  par  ceux-là  mêmes  qui  se  donnaient  pour 
les  restaurateurs  et  les  derniers  défenseurs  de  la  Répu¬ 
blique,  par  Brutus  et  par  Sextus  Pompée.  Leurs  pièces 
d’or  et  d’argent  étaient  des  monnaies  militaires,  émises 
en  même  temps  que  les  monnaies  sénatoriales,  lesquelles 
n’avaient  pas  d’effigie  d’homme  vivant  8.  Pendant  le 
règne  d’Auguste,  le  droit  d’effigie  sur  les  monnaies  pro¬ 
vinciales  appartenait  aux  proconsuls  d’Asie  et  d’Afrique 0 
et  quelquefois  aussi  jusque  sous  le  règne  de  Claude10. 

Une  fois  l’empire  constitué,  le  droit  de  placer  son 
effigie  sur  les  espèces  monétaires  devint,  sauf  les 
exceptions  que  nous  venons  de  signaler  et  qui  cessa 
bientôt,  un  des  premiers  et  des  plus  essentiels  attributs 
du  pouvoir  impérial.  Aussi  voyons-nous  les  souverains 
montrer  sur  ce  sujet  une  excessive  jalousie.  On  accuse 
auprès  de  Commode  Perennis,  préfet  du  prétoire,  d'aspi¬ 
rer  à  l’Empire.  Commode  refuse  d’abord  de  croire  à 
cette  délation,  mais  est  convaincu,  quand  on  lui  apporte 
des  essais  de  monnaies  avec  la  tête  de  ce  personnage  11 . 
Sous  Elagabale,  Yalerius  Paetus,  ayant  fait  frapper  des 
pièces  de  plaisir  en  or  où  ses  traits  étaient  retracés,  est 
condamné  à  mort,  comme  ayant  usurpé  un  droit  souve¬ 
rain,  bien  qu’il  prouve  avoir  destiné  ces  pièces  à  com¬ 
poser  simplement  des  bijoux  pour  ses  maîtresses  12.  Dès 
que  les  légions  ont  proclamé  un  empereur,  son  premier 
soin,  pour  constater  sa  prise  de  possession  de  l’autorité, 
est  de  faire  battre  monnaie  à  son  nom.  Tacite  13  nous 
montre  Vespasien,  acclamé  par  l’armée  de  Syrie,  s’em¬ 
pressant  de  faire  immédiatement  frapper  de  l’or  et  de 
l’argent  à  Antioche.  Lampride  11  dit  qu’aussitôt  après 
que  Macrin  eut  accepté  le  pouvoir,  on  battit  monnaie 
dans  Antioche  au  nom  de  Diaduménien,  pour  montrer 
que  son  père  l’associait  à  l’Empire.  Quand  Septime- 


(  1  •■ckhcl,  l.  R,  p  243,  t.  IV,  p.  497.  —  2  L.  Millier,  Numism.  de  l’anc.  Afrique, 
N,  p.  172.  _  3  Eckhel,  1. 1,  p.  73.  —  4  ld.  t.  VI,  p.  134  sq.  ;  Duclialais,  Descript.  des 
üauloises  de  la  Bill,  royale ,  p.  141  ;  [H.  de  La  Tour,  Allas  de  monn.  gauloises , 
1  'MI,  n»  4069  sq.]  —  6  F,  Arlaud,  Discours  sur  les  méd.  d’Auguste  et  de  Tibère  au 


revers  de  l'autel  de  Lyon,  Lyon,  1820.  —  6  Voir  Mommsen,  p.  37 1 .  —  7  Miounet,  Sup¬ 
pl.  t.  III, p.  200;  F.  Lenormanl,  Bel',  numism.  1852,  p.  197.  —  8  Mommsen,  p.  741. 
—  9  Itcv.  numism.  1807,  p.  102-126.  —  10  E.  Babclon,  B ev.  numism.  1887,  p.  109. 
— 11  Ilerodian.  I,  9.  —  12  Dio  Cass.  LXXIX,  4.  —  13  Bist.  Il,  82. —  14  Diadumenian. 


MON 


—  1978  — 


MON 


Sévère  eut  accepté  l'association  de  son  rival  Albin, 
Hérodien  1  a  soin  de  nous  apprendre  que,  pour  mon¬ 
trer  à  celui-ci  combien  il  avait  agi  sérieusement  et  de 
bonne  foi,  il  lit  fabriquer  à  Rome  des  monnaies  au  nom 
d’Albin.  Vopiscus  2  se  sert  des  monuments  numisma- 
tiques  pour  prouver  qu’en  Égypte  Firmus  a  été  réelle¬ 
ment  empereur  et  non  pas  chef  de  brigands,  comme 
quelques-uns  l’avaient  prétendu.  Enfin,  Ammien  Marcel¬ 
lin  3  nous  raconte  que  les  partisans  de  Procope,  un 
moment  rival  de  Valons,  entraînèrent  l’Illyrie  dans  sa 
cause  en  faisant  circuler,  pour  prouver  qu’il  était  vérita¬ 
blement  souverain,  des  monnaies  à  son  effigie.  Si,  après 
les  auteurs,  nous  consultons  le  témoignage  des  monnaies 
antiques  elles-mêmes,  nous  y  voyons  que  tous  les  pré¬ 
tendants  à  l’empire,  même  ceux  dont  les  entreprises 
furent  les  plus  éphémères,  firent  au  moment  de  leur 
proclamation  des  émissions  numismatiques,  et  que  nous 
possédons  encore  des  monnaies  d’un  certain  nombre  de 
ces  prétendants  dont  les  noms  sont  à  peine  cités  par  les 
historiens,  tels  que  Saturninus  4  et  Domitianus  5,  au 
temps  des  Trente  Tyrans. 

Si  toute  la  monnaie  portait  désormais  l'effigie  de  l'em¬ 
pereur,  Auguste,  dans  sa  politique  de  respect  extérieur 
pour  les  formes  de  l'ancien  gouvernement  républicain, 
qu'il  faisait  cadrer  avec  l’établissement  du  pouvoir 
absolu,  ne  s’était  pas  emparé  d’une  manière  exclusive  du 
droit  monétaire.  11  en  fit  deux  parts;  à  l’empereur,  il 
attribua  l’émission  de  la  monnaie  d’or  et  d’argent,  qui 
prit  dès  lors  le  nom  de  monetci  auraria ,  argentaria 
Caesaris,  que  l’on  voit  dans  quelques  inscriptions  6  ;  au 
Sénat  il  laissa,  comme  une  ombre  de  son  ancienne  auto¬ 
rité  sur  cette  matière,  la  décision  et  la  réglementation  du 
monnayage  du  cuivre7.  Le  partage  semble,  d’après  les 
monuments  numismatiques  eux-mêmes,  avoir  été  établi 
pour  la  première  fois  en  739  de  Rome  (13  av.  J. -G.)8, 
moment  où  l’on  reprit  à  Rome  la  fabrication  de  la  mon¬ 
naie  de  cuivre,  abandonnée  depuis  assez  longtemps  dans 
les  ateliers  urbains9.  Mais  ce  fut  seulement  en  l’an  11  de 
l’ère  chrétienne  que  fut  réglée  définitivement  la  forme 
du  monnayage  sénatorial  à  l’effigie  de  l’empereur  1U. 

La  division  du  droit  monétaire  en  deux  parts  fut 
longtemps  respectée.  C’est  à  cause  de  cela  que  toutes  les 
monnaies  de  cuivre  romaines  portent  les  lettres  SC,  ini¬ 
tiales  des  mots  Senatus  consulto ,  et  que  de  certains 
empereurs  qui,  comme  Othon  et  Pescennius  Niger,  ne 
furent  pas  reconnus  par  le  Sénat,  il  existe  des  pièces 
d’or  et  d’argent,  et  point  de  cuivre11.  Une  seule  fois, 
semble-t-il,  Néron  essaya  d’usurper  le  droit  sénatorial, 
mais  sa  tentative  n’eut  pas  de  suite12.  «  Le  Sénat,  dit 
très  justement  M.  Mommsen13,  tirait  un  double  avantage 
de  cet  état  de  choses  :  d’abord  il  y  trouvait  un  profit 
matériel  assez  considérable,  puis  il  conservait  le  droit 
d’interdire  à  l’empereur  d’émettre  de  la  monnaie  d  une 
valeur  fictive... Cette  habile  précaution  de  placer  l’émission 
du  numéraire  de  valeur  nominale  sous  le  contrôle  de  la 
publicité  et  de  la  sauvegarde  du  Sénat  peut  être  compa¬ 
rée  à  ce  qui  se  voit  de  nos  jours,  quand  les  gouverne¬ 
ments  ont  recours  à  la  sanction  de  1  opinion  et  au  con¬ 
trôle  des  grands  corps  de  l’État,  lorsqu’il  s’agit  d  émettre 


)  ][  15.  _  2  Firm.  2.-3  XXVI.  —  4  [Babelon,  Rev.  num.  1896,  p.  133.  —3  Al- 
lotte  de  la  Fuye,  Rev.  numism.  1901,  p.  319.]  —  6  Entre  autres  Gruter,  p.  LXX1V,  n°  I. 

_ 7  Eckhel,  t.  Il,  p.  LXXIil  sq.  —  8  Mommsen,  p.  744.  —  9  Id.  p.  742.  10  Eckhel, 

*  t  VI,  p-  US;  Mommsen,  p.  744.  —  H  Eckhel,  t.  I,  p.  lxxui.  —  *2  Id.  t.  A  I,  p-  384. 


des  valeurs  en  papier.  Le  but  que  l’on  se  pro 
parfaitement  atteint,  car  la  dépréciation  ,h>  |!|">S1Ul  ful 
romaine  ne  vint  pas  du  cuivre,  mais  de  l’argent  r”.?nnaie 
et  cependant  on  peut  dire  que  le  numéraire  en 
aurait  dû  être  la  partie  faible  de  la  monnaie  roin''^ 
puisque  ce  métal  n’avait  depuis  longtemps'  plUs  |'UUne’ 
valeur  fictive,  et  que  cependant  on  s’en  IUune 

pour  payer  des  sommes  considérables.  » 

Il  y  avait  dans  les  différentes  parties  de  l’Empire  u 
certain  nombre  d’ateliers  pour  la  monnaie  d’or  et  d'^ 
gentde  l’empereur;  Strabon14en  signale  un  à  Lugdu' 
num.  On  fabriquait  aussi  quelquefois  cette  monnaie  dans 
les  camps,  pour  le  service  des  armées  [oastrenses  nummi] 
En  revanche,  la  monnaie  de  cuivre  sénatoriale  destinée 
à  la  circulation  des  provinces  d’Occident  se  frappait  toute 
exclusivement  à  Rome  même  15.  Il  y  avait  seulement  un 
second  atelier  sénatorial  à  Antioche,  pour  l’Orient,  et  les 
produits  de  cet  atelier,  très  caractérisés  par  leur  aspect 
et  par  leur  fabrique,  portent  aussi  les  lettres  SC 10. 

Si  l’empereur  s’était  réservé  la  fabrication  de  l’argent 
et  de  l’or,  c’est  à  la  monnaie  d’or  qu’était  particulière¬ 
ment  réservée  l’idée  d’un  privilège  impérial  supérieur  et 
décisif.  Comme  nous  l’avons  déjà  dit,  les  empereurs 
autorisèrent  sur  quelques  points  un  monnayage  provin¬ 
cial  d’argent,  à  demi  autonome  ;  ils  laissèrent  assez 
facilement  les  rois  vassaux  battre  des  espèces  d’argent, 
et  ne  chicanèrent  jamais  non  plus  à  ce  sujet  les  souve¬ 
rains  des  royautés  indépendantes  situées  en  dehors  des 
limites  de  l’Empire.  Mais  pour  la  monnaie  d’or,  ils  ne 
tolérèrent  son  émission  par  aucun  prince  vassal;  seuls 
les  rois  du  Bosphore  Cimmérien 17  furent  autorisés  à 
frapper  de  la  monnaie  d’électrum  à  cause  des  conditions 
économiques  particulières  du  pays,  où  la  circulation  se 
composait  exclusivement  d’électrum  et  de  cuivre18,  sans 
argent.  Encore  l’effigie  des  empereurs  dut  être  placée  sur 
les  espèces  d’or  en  même  temps  que  celle  du  roi,  de  ma¬ 
nière  à  en  faire  une  monnaie  impériale  autant  que  royale. 

Il  y  a  plus  :  en  Orient  comme  en  Occident,  la  supré¬ 
matie  de  l’Empire  était  si  généralement  reconnue  que 
pendant  plusieurs  siècles  les  États  plus  ou  moins  indé¬ 
pendants  qui  l’avoisinaient  n’essayèrent  pas  d  empiéter 
sur  le  privilège  impérial  en  fabriquant  de  la  monnaie 
d’or.  Les  Parthes  eux-mêmes,  sous  les  Arsacides,  n  cu¬ 
rent  point  de  monnaie  de  ce  métal  ;  les  Sassanides  en 
fabriquèrent  en  petite  quantité  au  moment  de  leur  avè¬ 
nement  et  continuèrent  à  le  faire  avec  des  interruptions 
fréquentes  et  prolongées.  La  cour  de  Byzance  ne  i  |U. 
jamais  formellement  ce  droit  au  roi  de  Perse  .  t.ui 
explique  la  rareté  des  pièces  d’or  des  Sassanides,  qui  n° 
semblent  avoir  été  émises  qu’aux  époques  où  ces  P1"1"^ 
obtenaient  des  succès  signalés  dans  leur  Jutte  ion  ^ 
l’Empire.  Justinien  Rhinotmète  (de  670  à  711)  1<M|^ 
encore  la  guerre  aux  Arabes,  parce  qu’ils  avaient  pu  y  J- 
tribut  en  pièces  d’or  marquées  d’un  nouveau  U  P'  ‘ui* '  ! 
et  non  en  pièces  à  l’effigie  impériale  Des  peup  ( 
éloignés  de  l’action  directe  des  armes  romal“^  jnS 
les  Homérites  de  l’Arabie  méridionale  et  les  ^ 
d’Axoum  pouvaient  seuls  alors  fabriquer  de  la  nw 
d’or  paisiblement  et  sans  être  inquiétés  '  • 


agi.  jtlôMom- 

—  13  P  746.—  n  IV,  3,  2  ;  cf.  de  Boissieu,  Inscript,  ont.  de  Lyon,  P-  ^  ^  p  598  ; 
nsen,  p.  747.-  16  Eckhel,!.  III,  p.  282-302,  Mommsen,  p.  71 8--  ^  ^ 
Babelon,  Traité ,  I,  p.  358.  -  «  Corp.  inscr.  gr.  n»  2058  A.  p.  206.] 

33.  _  20  Zonar.  XIV,  22.  —  21  [Edm.  Droum,  Rev.  archéol., 


MON 


1979  — 


MON 


,  [,^s  Galli^n,  en  même  temps  que  cesse  le  monnayage 

I  villes  grecques  et  des  colonies  latines  d’Orient,  les 
I !|'(rt>s  SC  disparaissent  des  pièces  de  bronze  de  coin 

ajDi  Dans  le  silence  des  historiens,  qui  nous  ont 
oül  transmis  si  peu  de  renseignements  sur  cette  période, 
doit  en  conclure  avec  toute  vraisemblance  qu’Aurélien 
mjl  la  main  pour  l’autorité  impériale  sur  la  totalité  du 

de  monnayage.  Ce  fut  sans  doute  à  la  suite  de  la 
révolLe  des  monnayeurs  *,  qui  fut  le  point  de  départ  de 
g  réformes  dans  le  numéraire  [aureus].  Sous  Tacite  et 
Florien,  il  y  eut  un  retour  momentané  aux  anciennes 
pratiques,  et  les  lettres  SC  reparurent  sur  la  monnaie 
je  enivre  2,  ou  elles  avaient  cessé  de  figurer.  Mais 
depuis  lors  on  ne  les  revoit  plus  jamais. 

Lorsque  Dioclétien  reconstitua  l’Empire  et  fortifia 
d’une  manière  encore  plus  complète  que  ses  prédéces¬ 
seurs  le  système  de  centralisation  qui  y  présidait,  il  n’eut 
garde  d’abandonner  à  personne  le  droit  important 
qu’Aurélien  avait  ainsi  placé  tout  entier  au  pouvoir  du 
souverain.  La  révolution  considérable  qu’avait  opérée  ce 
dernier  prince  dans  l'organisation  du  système  de  mon¬ 
nayage  de  l’Empire  demeurait  incomplète  tant  qu’on 
n’avait  pas  organisé  un  autre  système.  Cette  œuvre,  les 
troubles  qui  avaient  désolé  le  monde  romain  n’auraient 
pas  permis  de  l’entreprendre  ;  Dioclétien  la  réalisa.  De¬ 
puis  longtemps  déjà  l’or  et  l’argent  impériaux  circulaient 
dans  tout  l’Empire  ;  mais  il  n’en  était  pas  de  même  pour 
le  bronze.  La  monnaie  d’appoint,  en  cuivre  ou  en  tout 
autre  métal,  ne  se  transporte  pas  à  de  grandes  distances  : 
elle  circule  seulement  là  où  elle  a  été  frappée  et  dans 
un  rayon  restreint  aux  alentours.  Aussi,  jusqu’au  règne 
d’Aurélien,  nous  en  avons  la  preuve  par  la  rareté  exces¬ 
sive  des  découvertes  de  bronzes  de  coin  romain  dans  les 
contrées  helléniques  ;  la  masse  du  cuivre  circulant  comme 
monnaie  d’appoint  dans  l’orient  de  l’Empire  était  exclu¬ 
sivement  composée  de  monnaies  frappées  par  les  villes 
grecques.  Entre  Aurélien  et  Dioclétien  on  avait  cessé  de 
frapper  de  ces  monnaies,  mais  comme  la  fabrication  des 
monnaies  officielles  impériales  n’avait  pas  été  implantée 
en  Orient,  la  masse  du  cuivre  dans  la  circulation  de  cette 
moitié  du  monde  soumis  à  Rome  était  restée  la  même, 
composée  des  pièces  anciennement  émises.  Dioclétien, 
voulant  qu’il  n’y  eût  plus  qu’une  seule  monnaie  ayant 
cours  dans  l’Empire,  aussi  bien  pour  le  bronze  que  pour 
lor  et  l’argent,  celle  de  l’empereur,  dut,  pour  atteindre 
un  tel  résultat,  beaucoup  multiplier  les  officines  de  fabri¬ 
cation  de  ces  monnaies  dans  les  provinces.  Mais  en  mul- 
bpliant  ces  ateliers  il  fallut,  pour  arriver  à  un  contrôle 
régulier  de  comptabilité  dans  la  fabrication,  distinguer 

1  \opUc.  Aurel.  38;  Aurel.  Vict.  35;  Eutrop.  IX,  14;  Suid.  â.  U.  Mov>)-ràptoi. 
—  -  Ramus,  Cat.  num.  vet.  Mus.  reg.  Dan.  n°s  35  et  36;  Cobeu,  Mèd.  imper. 
l- V  p.  215,  219  cl  220  (lr*  éd.).  —  3  Sabatier,  Production  de  l’or ,  de  l’argent 
du  cuivre  chez  les  anciens,  Saint-Pétersbourg,  1850,  p.  108-174;  De  Longpérier, 
'  nu,nism.  1866,  p.  156-164;  E.  Babelon,  Traité,  I,  p.  967  sq.  —  4  Borghesi, 
"!/.  de  Unst.  archêol.  1835,  p.  1  sq.  ;  Ann.  de  l'inst.  archéol.  t.  X,  p.  61  sq. 

■  Ul  les  ateliers  de  l’Empire  romain  à  parlir  de  Gallien,  voir  surtout  :  Th.  Rhode, 
"  -1  lùnzen  Aurel,  etc.  1881;  R.  Mowat,  Rev.  nximism.  1897;  0.  Voelter, 
„U"1’  de  Vienne,  t.  XXXI,  1899;  Marti,  Riv.  ital.  di  num.  1889  et  Num. 
lis'  1  Hettner,  Westdeut.  Zeit.  fur  Gesch.  und  Kunst,  Trêves, 

II  '  '  *  VII;  et  surtout  pour  la  période  constantiuienne  les  beaux  travaux  de 
I  LVl  03  ^ai-r*ce  disséminés  dans  les  Mém.  de  la  Soc.  des  Anliq.  de  France, 
Y  ^  dans  les  principales  revues  numismatiques  de  l’Europe  à  partir  de  1899. 
der  r  r6sumé  dans  Babelon,  Traité,  p.  967  sq.]  —  3  Friedliinder,  Die  Münzen 

andalen,  Berlin,  1849;  Sabatier,  Descript.  qén.  des  monn.  byzantines, 
’  “  Voir  Ch.  Lenormant,  Lettres  à  AI.  de  Saulcy  sur  les  plus  anciens 

nte'r  "um>sm •  de  la  série  mérovingienne,  Paris,  1854;  [M.  Prou,  Catal.  des  monn. 
"  '  ^  Bibl.  nat.  Inlrod.J.  —  7  Monnaies  d’argent  et  de  bronze  des  Ostrogotbs. 


au  moyen  de  marques  particulières  les  émissions  des 
différents  ateliers.  C’est  ainsi  que  s’introduisit  l'usage, 
continué  par  tous  les  successeurs  de  Dioclétien  en  Orient 
et  en  Occident,  d’indiquer  sur  les  monnaies,  au  moyen 
des  initiales  de  leurs  noms,  les  lieux  où  elles  étaient 
fabriquées,  tandis  qu’avant  cet  empereur,  à  bien  peu 
d’exceptions  près,  on  n’avait  jamais  inscrit  de  semblables 
indications  sur  la  monnaie  romaine  3.  Les  marques 
d’ateliers  monétaires  provinciaux  sont,  en  effet,  extrême¬ 
ment  rares  avant  Dioclétien,  et  on  n’en  connaît  pas  une 
seule  sur  des  pièces  antérieures  à  Gallien  L 

Le  système  du  monnayage  concentré  entre  les  mains 
de  l’autorité  suprême  se  maintint  tel  qu’il  avait  été  établi 
par  Dioclétien,  jusqu’au  moment  où  les  rois  des  barbares 
qui  avaient  envahi  l’empire  s’arrogèrent,  sur  la  monnaie 
frappée  dans  leurs  Etats,  le  droit  que  les  empereurs 
s’étaient  réservé  à  eux  seuls.  Ce  ne  fut  pas,  du  reste, 
d’une  manière  uniforme  qu’ils  se  mirent  en  possession 
de  ce  droit.  Tandis  que  les  Vandales  d’Afrique,  immédia¬ 
tement  après  la  constitution  de  leur  monarchie,  com¬ 
mencèrent  à  battre  monnaie  à  leur  propre  nom,  comme 
des  princes  entièrement  indépendants  3,  les  rois  des 
Francs,  des  Burgundes,  des  Gotlis  d'Italie  et  des  AA  isi- 
goths  de  l’Espagne  et  de  l’Aquitaine,  pour  lesquels  le 
prestige  de  l’autorité  impériale  était  beaucoup  plus  grand, 
et  qui  gardaient  dans  la  forme  vis-à-vis  des  souverains 
régnant  à  Byzance  les  liens  d’un  vasselage  nominal, 
n’osèrent  pas  du  premier  coup  consommer  celte  usurpa¬ 
tion.  Nous  avons  les  monnaies  d’or  de  Théodoric,  de 
Sigismond,  de  Gondebaud,  etc.0  Ce  sont  toutes  des 
pièces  au  nom  et  à  l’effigie  des  empereurs,  semblables  à 
celles  que  l’on  frappait  à  Constantinople  ;  seulement  le 
monogramme  contenant  les  lettres  du  nom  du  roi  bar¬ 
bare  s’y  glisse  subrepticement  dans  le  champ  du  revers, 
ou  bien  les  légendes  y  sont  altérées  intentionnellement 
pour  contenir  des  noms  de  villes  ou  de  princes.  L'an¬ 
cienne  idée  du  privilège  impérial  spécialement  attaché  à 
la  fabrication  des  espèces  d’or  se  maintenait  encore 
entière,  car  quelques-uns  des  rois  ostrogoths  et  bur¬ 
gundes,  tandis  qu’ils  n’osaient  pas  usurper  ce  métal, 
frappèrent  de  petites  pièces  d’argent  et  de  bronze  d'un 
caractère  plus  indépendant,  quoique  toujours  avec  la 
mention  de  l’empereur7.  Mais  le  premier  roi  de  l'Occi¬ 
dent  qui  osa  ouvertement  prendre  possession  du  droit 
monétaire  complet,  et  émettre  des  espèces  d’or  frappées 
à  son  propre  nom,  fut  Théodebert,  roi  d’Austrasie,  après 
ses  victoires  en  Italie  et  la  reconnaissance  par  Justinien 
de  ses  acquisitions  territoriales  dans  la  Provence  8. 
L’exemple  de  Théodebert  fut  bientôt  suivi  par  d’autres  ; 

Sabatier,  Descr.  gén.  des  monn.  byzantines,  p.  194-211.  —  8  procop.  De  bell. 
goth.  III,  33  ;  voir  Rev.  numism.  1841,  p.  100  ;  [Prou,  Op.  cit.  p.  9],  —  Bibliogra¬ 
phe.  —  J.  C.  Rasche,  Lexicon  univ.  rei  numariae  vet.  Leipzig,  1785-1884;  Eckhel, 
Doctrina  numor.  vet.  Vienne,  1792-98;  Fr.  Lenormant,  La  monnaie  dans 
l’antiquité,  Paris,  1878-79  ;  Th.  Mommsen,  H ist.  de  la  monn.  romaine,  trad.  par  le 
duc  de  Blacas,  Paris,  1865-75;  T.-E.  Mionnel,  Descript.  de  médailles  antiques 
grecques  et  romaines,  Paris,  1806  à  1813;  Supplément,  Paris,  1819  à  1839  ; 
11.  Cohen,  Descript.  générale  des  jnonnaies  frappées  sous  l’empire  romain,  1880- 
92;  E.  Babelon,  Monn.  de  la  Bépubl.  romaine,  1885-86;  Id.  Traité  des  mon¬ 
naies  grecques  et  romaines,  t.  I,  1901  ;  Barclay  V.  Ilead,  Historia  numorum, 
Oxford,  1887  ;  G. -F.  Hill,  A.  Handbook  of  greelc  and  roman  coins,  Londres,  1899  ; 
British  Muséum,  Catalogue  of  greek  coins  in  the  British  Muséum,  by  R.  S.  Poolc, 
B.  Head,  P.  Gardner,  W.  Wroth,  G.  Hill  (25  vol.  parus)  ;  P.  Gardner,  The  types  of 
greek  coins,  Cambridge,  1882  ;  F.  lmhoof-Blumcr,  Monnaies  grecques,  Paris,  1883; 
ld.  Griechische  Münzen,  Munich,  1890  ;  Id.  Kleinasiatische  Münzen,  Vienne,  1901  ; 
B.  Pick,  Dacien  und  Moesien  ( Die  antiken  Münzen  Nord-Griechenlands ), 
Berlin,  1898;  G.  Macdonald,  Catal.  of  greelc  coins  in  the  Hunlerian  collection 
University  of  Glascou',  l.  1  et  11,  Glascow,  1899-1901  ;  Al.  Heiss,  Monn.  antiq. 


MON 


1980 


MON 


toute  trace  monétaire  de  la  suprématie  impériale  dis¬ 
parut  dans  les  royaumes  germaniques  de  l’Occident,  et 
de  celte  manière  s’inaugura  le  monnayage  des  peuples 
modernes.  Aussi  est-ce  à  l’usurpation  de  Théodebert 
que  nous  arrêterons  notre  coup  d’œil  sur  la  nature  et 
l’histoire  du  droit  de  battre  monnaie  dans  les  temps 
antiques.  F.  Lenormant.  [E.  Babelon]. 

MOIVETA  FALSA.  Fausse  monnaie.  —  A  Athènes  les 
faux-monnayeurs  étaient  poursuivis  en  vertu  d’une 
action  publique  appelée  vop.tap.otTo<;  ota^Qopaç  ypacp/|  ;  ceux 
qui  étaient  convaincus  de  ce  crime  étaient  punis  de  mort 
et  il  parait  en  avoir  été  de  même  dans  les  autres  cités 
grecques1.  A  Rome,  ce  crime  ne  dut  pas  rester  impuni 
pendant  la  République.  Sous  la  dictature  de  Sylla,  il  fut 
l’objet  spécial  de  la  loi  Cornelia  nummaria ,  qui  paraît 
n’avoir  été  qu’un  chapitre  de  la  loi  Cornelia  de  falsis , 
portée  par  le  dictateur  en  673  de  Rome  *.  Elle  frappait  de 
Yaquae  et  ignis  interdictio  et  de  confiscation  générale 
quiconque  avait  fabriqué  ou  altéré  des  pièces  de  mon¬ 
naie  d’or  ou  d’argent,  en  les  raclant  ou  en  les  lavant  avec 
des  liqueurs  mordantes,  ou  avait  vendu  ou  acheté  sciem¬ 
ment  des  monnaies  de  plomb  ou  d’étain3.  Il  paraît  que 
d’autres  délits  analogues  furent  soumis  à  la  pénalité  de 
cette  loi,  par  des  sénatus-consultes  ou  des  constitutions 
impériales  postérieures.  Ainsi,  sous  Néron  et  sous  Ves- 
pasien,  on  punissait  les  argentarii  et  les  marchands 
qui  refusaient  la  monnaie  de  bon  aloi4.  Du  temps  de 
Paul3,  on  leur  appliquait  la  peine  des  faux-monnayeurs. 
Mais  à  cette  époque,  l'usage  s’était  introduit  de  réprimer 
extra  ordinem  le  crime  de  fausse  monnaie,  ce  qui  lais¬ 
sait  au  juge  une  certaine  latitude.  Les  peines  indiquées 
par  le  jurisconsulte  ne  semblent  pas  s’accorder  avec 
celles  qu’énonce  Ulpien3,  parce  que  celui-ci  n’a  parlé 
sans  doute  que  des  personnes  humiliores.  En  combinant 
ces  textes,  on  arrive  à  dire  que  les  honesliores  étaient 
déportés  dans  une  île  ;  les  hommes  libres,  de  basse  con¬ 
dition,  condamnés  aux  mines  ou  livrés  aux  bêtes;  les 
esclaves  crucifiés.  La  première  de  ces  peines  était  réser¬ 
vée,  comme  moins  grave,  à  certains  cas.  Ainsi  le  fait  de 
rogner  ou  fabriquer  des  écus  d’or  était  plus  grave  que 
celui  d’altérer  la  composition  de  la  monnaie  d’or,  ou  de 
fabriquer  celle  d’argent.  En  effet,  il  n’est  guère  possible 
à  d’autres  qu'aux  ouvriers  de  l’atelier  officiel,  ou  qu'à 
celui  qui  fournit  les  lingots,  aliquid  in  aurum  vitii 
addere ;  la  fabrication  de  la  monnaie  d'argent  offre  éga¬ 
lement  moins  de  danger7.  On  trouve  au  Code  Théodosien8 
trois  titres  consacrés  au  crime  de  fausse  monnaie.  Le 
second  s’occupe  spécialement  de  ceux  qui  circumcidunt 
solidi  circulum,  ou  qui  font  passer  sciemment  dans  le 
commerce  des  pièces  altérées,  ou  refusent  une  monnaie 

de  l'Espagne ,  Paris,  1870;  Ant.  Delgado,  Medallas  autonom.  de  Espaüa ,  Séville, 
1871-76;  E.  Muret,  Catal.  des  monn.  gauloises  de  la  Bibl.  nat.,  Paris,  1889; 
H.  de  La  Tour,  Atlas  de  monn.  gauloises ,  Paris,  1892  ;  R.  Garrucci,  Le  monete  dell’ 
Italia  antica,  Rome,  1885;  H.  Dressel,  Berlin.  Muséum,  Catal.  Italia,  1. 111,  part.  1, 
Berlin,  1894  ;  Arllmr-J.  Evans,  Syracusan  Médaillons  and  their  engravers, 
Londres,  1890  ;  G.-F.  Hill,  Coins  of  ancient  Sicily,  Wesminster  1903;  Ludwig 
Miiller,  Numism.  d' Alexandre  le  Grand,  Copenhague,  1855  ;  E.  Beulé,  Monnaies 
d'Athènes,  Paris,  1858  ;  Svoronos,  Numism.  de  la  Crète  ancienne ,  Mâcon,  1890  ; 

E.  Babelon,  Les  Perses  Achèménides ,  satrapes  et  dynastes  tributaires,  Cypre  et 
Phénicie ,  Paris,  1893  ;  Id.  Les  rois  de  Syrie ,  Paris,  1890;  le  même,  Invent, 
de  la  coll.  Waddington  (Asie  Mineure),  Paris,  1898  ;  E.  de  Saulcy,  Numism.  de  la 
Terre  Sainte ,  Paris,  1874;  Fr.  Madden,  Coins  of  the  Jews,  Londres,  1881; 

F.  Feuardenl,  Numism.  Égypte  ancienne,  Paris,  1870-73  ;  G.  Dattari,  Numi  Augg. 
Alexandrini ,  Le  Caire,  1901;  Ludwig  Miiller,  Numism.  de  lanc.  Afrique , 
Copenhague,  1860-1862  :  Supplêm.  1874  ;  W.  Froehner,  Les  médaillons  de  l'Empire 
romain ,  Paris,  1878  ;  J.  Sabatier,  Les  monnaies  byzantines,  Paris,  1862. 

MONETA  FALÇA.  1  Demoslh.  C.  Leptin.  §  167  ;  C .  Timocrat.  §  212.  —  9  Cicer. 


portant  l’effigie  du  prince.  Constantin  punil  ces 
de  mort,  même  par  les  flammes, 


J.-C. 


au  gré  du 


crimes 


ugc  (317  E 


;  -  q* 

).  Cependant  le  même  empereur,  en  319 
nonca  que  la  déportation  et  la  confiscation  conlT'  1 
faux-monnayeurs  décurions  outils  de  déçut-',  .  S| 
mines  contre  les  plébéiens,  et  la  croix  conLy  I 
esclaves9.  En  321,  il  dispensâtes  accusateurs  des  pd  ] 
de  la  calomnie  et  refusa  le  droit  d’appel  à  l’accusé  1 
frappa  de  confiscation  la  maison  dans  laquelle  on  aviittl 
l’insu  du  propriétaire,  fabriqué  lafausse monnaie ;  en 326  1 
il  renouvela  les  prohibitions  précédentes11.  Ou,*l, 
restrictions  furent  toutefois  introduites  à  la  rigueurde  ' 
la  pénalité  contre  le  maître  de  la  maison  qui  avait  servi! 
d’atelier12.  Ces  constitutions  remaniées  par  Justinien 
n’en  forment  plus  qu’une  seule  dans  son  code 13 .  Bien  plus 
il  attribue  à  Constantin  une  constitution  rendue  en  743 
par  Constantius,  et  qui  inflige  la  peine  du  feu  aux  faux- 
monnayeurs14.  Enfin  Valentinien,  Théodose  et  Arcadius 
les  assimilèrent  aux  criminels  de  lèse-majesté,en389ls  et 
s’interdirent  le  droit  de  les  gracier,  en  39310.  G.  Humbert 

MONETARII.  —  Nous  réunirons  sous  ce  titre  les 
notions  qui  se  rapportent  aux  officiers  monétaires,  ainsi 
qu’aux  ouvriers  et  artistes  de  cette  fabrication. 

On  ne  sait  rien  de  positif  sur  les  magistrats  qui  étaient 
chargés  de  surveiller  et  de  diriger  la  fabrication  des  mon¬ 
naies  dans  les  villes  grecques  au  temps  de  leur  indépen¬ 
dance.  C’est  à  peine  si  l’étude  attentive  des  monuments 
numismatiques  fournit  à  ce  sujet  quelques  observations. 

A  Athènes,  les  tétradrachmes  de  la  seconde  série  (à 
partir  de  220  av.  J.-C.  environ)  montrent  constamment 
les  noms  de  trois  personnages  qui  interviennent  pour 
donner  leur  garantie  à  la  monnaie  L  Les  deux  premiers 
sont  des  magistrats  annuels;  le  nom  du  troisième  change 
douze  fois  pendant  l’année  de  fonctions  des  deux  pre¬ 
miers  officiers  ;  sa  charge  avait  donc  la  durée  d’une  pry- 
tanie  [pRVTANEiAj.Mais  les  pièces  ne  portent  que  les  noms 
propres  de  ces  magistrats  et  jamais  l’indication  de  leur 
qualité.  Les  inscriptions  attiques,  si  riches  pourtant  en 
documents  sur  la  constitution  de  la  cite,  ne  contiennent 
non  plus  aucune  donnée  sur  la  nature  des  officiers 
monétaires.  11  faut  donc  se  borner  là-dessus  à  de  pures 
conjectures  plus  ou  moins  vraisemblables. 

Beulé  a  pensé  que  le  premier  nom,  inscrit  avant  tous 
les  autres  sur  les  tétradrachmes  d  Athènes,  devait  '  fie 
celui  du  magistrat  politique,  préposé  à  la  monnaie,  exer¬ 
çant  une  haute  direction,  responsable  plutôt  que  compe¬ 
tent.  S’il  y  a  une  place  d'honneur  sur  les  monnaies,  ces 
celle-là,  car  on  la  trouve  occupée  quelquefois  pin  1  ^ 
personnages  considérables,  par  le  roi  Mithridate-, J"1 
Antiochus  IV  de  Syrie,  avant  qu’il  fût  roi 3,  PaI  -  " 

1  n  Verr.  act.  Il,  42;  Ileinec.  Antiq.  rom.  Syntagm.  IV,  18 ’  ’l,^] 

Dig.  De  leg.  Cornet,  défais.  XLVI1I,  40  ’JnsL  ' '  ’  18’  ôf  PauL  Sent.receM 
Laboulaye,  Essai  sur  les  lois  crin,,  p.  264  Pans,  ««.  -  ■  CL  Pa  ^  ;j  __ 
y  95  1-1.9,  19  Dig.  h.  tit.  —  4  Aman.  Commentai,  de  p  ct 

«1.  -•  L.  1,  Cod.  Theod.  11,11.  -  1.  »■  «*■  T  ”  VJ,  Od.  '*■ 

1  4  h.  tit.  _  13  IX,  24.  —  14  Cf.  1.  5,  Lod.  Theod.  IX,  .  ,  Quaesti 

_  15  L.  9,  Cod.  Theod.  h.  tit.  -  «  L.  10,  cod.  -  BiBUOGRAran .  ^  no812, 

de  jure  crim.  Marburg,  1842,  p.  223,224;  1857-59,  II,  § 

3*  édit  Bonn.,  1860;  Rudorff,  Rôm.  Rechtsgeschichte,  P  ^  677,  779, 

p.  387  sci.  ;  Rein,  Das  criminal  Recht  der  Romer,  elPzlS’  ’  2o6  9q,  Taris, 

786  sq.  ;  F.  Lenormant,  La  monnaie  dans  l’antiqm  e,  ’ 


1879. 


Les  monnaies  d'Athènes,  P-  109  ^es  monn, 
E.  Babelon,  Traite  . 


MONETARII.  1  Voir  Beulé, 

1  ttica  Catal.  du  Rrit.  Mus.,  Introd.  p.  xxxvm  et  28  ;  Bautl"  ’  ?  ReV,  numism. 

.  ,  „  .  ,  n  CCI  9  Ko., IA  Tes  monn.  d’Athènes,  p-  *>'  > 
tr.  et  rom.  t.  1,  p 


.863,  p.  176-179. 


838J.  —  2  Beulé,  Les  monn. 
—  3  Beulé,  O.  c.,  p.  206. 


MON 


—  1981 


MON 


,an  d’Athènes1,  par  Apellicon  son  complice2,  par  un 
unrnonius3,  un  Thémistocle 4,  descendants  des  plus 
'llustres  familles,  par  le  roi  de  Cappadoce  Ariarathe  Phi- 
lopator  qui  séjourna  à  Athènes  vers  158,  par  les  procon- 
|g  romains  Q.  Cœcilius  Metellus  et  L.  Mummius6.  Mais 
je  (jUei  magistrat  le  nom  est-il  inscrit  à  cette  place?  On 
serait  tenté  de  penser,  avec  Beulé,  à  ce  grand  adminis¬ 
trateur  des  finances  publiques  que  l’on  appelait  tantôt 
at'aç  TŸ| ;  xoivri?  ■KÇOGOOOU  et  tantôt  O  S7TC  SlOtXYj<7£t  6 
et  dont  les  fonctions  furent  remplies  par  Aristide,  par 
l’orateur  Lycurgue,  par  Ilabron  son  fils  et  par  Aphobétos 
frère  d’Eschine.  Cependant,  avant  la  guerre  lamiaque  et 
1rs  révolutions  qui  en  furent  la  conséquence  dans  la 
constitution  athénienne,  les  fonctions  d’administrateur 
suprême  des  finances  avaient  une  durée  de  quatre  ans, 
ei  d’un  autre  côté  les  indications  numismatiques  ne  per¬ 
mettent  pas  d’admettre  que  le  premier  magistrat  moné¬ 
taire  occupât  son  poste  plus  d’une  année.  Si  c’était  le 
magistrat  È7Ù  Btotxvjffet  que  l’on  devait  reconnaître  en 
lui,  il  faudrait  que  dans  les  siècles  de  la  décadence  athé¬ 
nienne  son  office,  de  quadrennal,  fût  devenu  annuel,  ce 
qui  n’a,  du  reste,  rien  d’inadmissible.  Il  est  pourtant 
possible  qu’en  dehors  de  cas  exceptionnels  ce  fût  un 
magistrat  d’un  ordre  moins  relevé,  dont  l’office  se  serait 
borné  exclusivement  à  la  surveillance  et  à  la  direction  de 
la  Monnaie.  Albert  Dumont  7  a  très  ingénieusement 
reconnu  le  premier  magistrat  d’un  des  groupes  de  tétra- 
drachmes  athéniens,  Aropos  8,  dans  le  personnage  du 
même  nom  qui  figure  sur  une  inscription  attique9comme 
trésorier  d’une  confrérie  d’éranistes.  Il  était  tout  naturel 
qu’ayant  été  dans  l’association  l’un  des  officiers  de 
linances  de  la  république,  on  en  eût  fait  le  trésorier. 

Le  second  nom  a  paru  à  Beulé  être  celui  du  directeur 
spécial  de  la  Monnaie  (àpYupoxo7reïov),  du  citoyen  qui  la  pre¬ 
nait  peut-être  chaque  année  à  entreprise,  ou  plutôt  qui 
était  désigné  pour  cette  liturgie  [leitourgia].  Ce  qui 
serait  de  nature  à  faire  penser  que  c’était  une  liturgie, 
une  fonction  imposée,  c’est  l’annuité.  Du  reste,  quand 
Démosthène  tenait  à  honneur  d’être  commissaire  pour 
l’achat  des  grains,  il  n’y  avait  pas  moins  d’honneur  à 
être  commissaire  pour  la  fabrication  des  monnaies. 

Telle  est  encore,  en  ce  qui  concerne  les  deux  premiers 
noms  des  magistrats  monétaires  d’Athènes,  l’opinion  de 
M.  Barclay  Y.  llead,  dans  le  Catalogue  des  monnaies 
d’Athènes,  du  Musée  Britannique.  Récemment,  M.  Th. 
Reinach  s’est  efforcé  d’établir  que  les  deux  premiers 
noms  des  monnaies  d’Athènes  étaient  le  stratège  des 
(innés  (<jTpa.T7]Y ètù  07tAa)  et  le  stratège  des  prépa¬ 
ratifs,  c’est-à-dire  des  finances  (<rrpaT7]Yi>s  Itû  ty,v 
TOpaaxeu-qv) 10.  Les  quelques  exemples  que  cite  M.  Rei- 
nach  à  l’appui  de  sa  théorie  ne  permettent  pas  de  la 
généraliser  d’une  manière  absolue.  En  la  combattant, 
Erich  Premier  a  cité  des  cas  positifs  où  il  ne  saurait 
(‘h’e  question  de  ces  deux  .stratèges11.  M.  Kirchner  a 
démontré  par  d’autres  arguments  que  les  identifications 
de  stratèges  proposées  par  M.  Reinach  ne  sont  pas  sûres12. 


Néanmoins,  il  paraît  certain*  que  les  deux  premiers 
noms  sur  les  monnaies  d’Athènes  sont  ceux  de  per¬ 
sonnages  appartenant  à  des  familles  illustres,  souvent 
même  apparentés  l’un  à  l’autre,  dont  les  fonctions  dans 
la  République  étaient  variables  et  de  tout  ordre  au  mo¬ 
ment  où  on  leur  donna  le  droit  de  signer  les  monnaies, 
honoris  causa.  C’est  là  ce  qui  explique  la  présence  sur 
les  monnaies  athéniennes  de  personnages  étrangers  ou 
même  de  rois.] 

Quant  au  troisième  magistrat,  qui  changeait  à  cha¬ 
que  prytanie,  nous  trouvons,  dans  1  organisation  du 
gouvernement  d’Athènes,  plusieurs  fonctionnaires  dont 
l’office  avait  exactement  cette  durée  et  qui  pou¬ 
vaient  avoir  dans  leurs  attributions  la  charge  de  s  oc¬ 
cuper  des  monnaies.  Tels  sont  les  métronomes  ou  sur¬ 
veillants  des  mesures  [metronomos],  les  apodecles  ou 
receveurs  publics  [apodektai],  enfin  les  âp/ovxe;  tou 
àpYuotou  que  mentionne  une  inscription  atlique13.  Ces 
derniers  officiers"  étaient,  d’après  1  inscription  même 
qui  en  parle,  plusieurs  à  remplir  leurs  fonctions  dans 
une  même  année,  circonstance  qui  empêche  absolu¬ 
ment  de  reconnaître,  avec  Cavedoni u,  un  ap/iov  tgü 
apyoptou  dans  le  magistrat  nommé  le  premier  sur  les 
tétradrachmes  athéniens. 

Dans  la  plupart  des  cités  de  l’Asie  Mineure,  au  temps 
des  successeurs  d’Alexandre,  c’était  aux  prytanes 
qu’appartenait  la  direction  du  monnayage  [prytaneiaj. 
Une  célèbre  pièce  d’or  de  Smyrne,  frappée  à  cette 
époque,  porte  la  légende  IMYPNAIflN  TTPYTANEIZ, 
et  les  tétradrachmes  d’argent  de  cette  ville  portent  un 
monogramme  qui  contient  les  éléments  du  nom  des 
prytanes16.  Sur  les  cistophores  frappés  à  Pergame  on 
lit  aussi  la  mention  des  mêmes  magistrats  dans  un 
monogramme  composé  des  lettres  TTPYT  16. 

A  Naples,  Ch.  Lenormant  et  de  Witte”  ont  reconnu 
dans  le  XAPIAEfïZ  mentionné  sur  plusieurs  monnaies  18 
le  Charilaüs  qui,  étant  premier  magistrat  de  la  ville,  la 
livra  aux  Romains19.  On  doit  conclure  de  ce  rapproche¬ 
ment  presque  incontestable  qu’à  Naples  le  nom  inscrit 
sur  la  monnaie  était  celui  du  principal  magistrat, 
appelé  démarque 20. 

Corcyre  avait  un  gouvernement  calqué  sur  celui  de 
Corinthe21,  sa  métropole.  Le  pouvoir  suprême  apparte¬ 
nait  à  cinq  prytanes  annuels,  dont  le  premier  était  épo¬ 
nyme,  c’est-à-dire  donnait  son  nom  à  l’année  pendant 
laquelle  il  exerçait  ses  fonctions22.  Or,  il  résulte  de  la 
comparaison  des  monnaies  et  des  inscriptions  de  Cor¬ 
cyre,  que  c’est  le  prytane  éponyme  qui  est  mentionné 
sur  les  espèces  monétaires  de  cette  ville  quand  on  y 
trouve  un  nom  de  magistrat23. 

A  Rhodes,  il  semble  que  les  magistrats  qui  signent  les 
monnaies  de  la  ville,  et  dont  plusieurs  ont  aussi  leurs 
noms  inscrits  sur  les  tétradrachmes  d’Alexandre  le  Grand 
à  la  marque  de  l’atelier  de  Rhodes24,  doivent  être  consi¬ 
dérés  comme  des  prêtres  d’Hélios.  C’était,  en  effet,  à  ce 
pontife  annuel  qu’appartenait  l’éponymie23,  et  c’est  par 


I  Beulé,  p.  216.  _  2  Ibid.  p.  211.  —  3  Ibid.  p.  194.  —  A  Ibid.  p.  305.—  8  [B. 

I  ]’a<R  ^atal.  Attica,  Introd.  p.  lui].  —  6  Boeckli,  Staatshauslialtung  der  Athen. 
Iv'  R  c*,aP-  VI.  —  1  Essai  sur  la  chronologie  des  archontes  athéniens ,  p.  118. 

Beulé,  O.  p.  222.  —  9  Rhangabé,  Antiq.  helléniques ,  t.  H,  n°  811  ; 
àp^aioX.  n°  861.  —  10  [Th.  Reinach,  L'hist.  par  les  monn.  p.  111. 

II  Bons  le  Rhein.  Mus.  t.  XL1X,  1894,  p.  376.  —  12  Kirchner,  Zeit.  fur  Num. 
1  P.  ”1].  —  13  Boeckli,  Corp.  inscr.  gr.  no  82.  —  * ’+ Alemoric  di  religione, 

"'de  et  littéral  ura ,  Modéne,  t.  V,  p.  344.  —  15  Eckhel,  Doctr.  num.  cet  A.  III, 

VI. 


p.  537-539  ;  [B.  Head,  Bist.  numor.  p.  509],  —  1®  Pinder,  Ueber  die  Cistophoren , 
p.  544.  —  17  Elite  des  monum.  céramogr.  t,  I.  Introd.  p.  xlvii,  et  Rev.  numism. 
1844,  p.  251  ;  de  Wilte,  Etude  sur  les  vases  peints,  p.  103.  —  18  Mionnet,  Suppl.  1. 1. 
p.  242,  no  300,  et  p.  243,  n»  302.  —  19  Tit.  Liv.  VIII,  25.  —  20  Franz,  Corp.  inscr. 
gr.  t.  III,  p.  717.  —  21  Paus.  IV,  4,  4.  —  22  Franz,  Corp.  inscr.  gr.  I.  II,  p.  23. 
—  23  F.  Lenormant,  fier,  numism.  1866,  p.  150-155  ;  [Brif. Mus.  Catal.  Thessaly  to 
Aetolia,  Introd.  p.  l],  —  2t  Millier,  Numism.  d' Alexandre,  p.  260  ;  de  Witte,  Rev. 
numism.  1864,  p.  1)4.  —  25  Foucart,  Inscr.  inédites  de  l'ile  de  Rhodes,  Paris. 

249 


MON 


MON 


—  11)82  — 


les  noms  des  prêtres  d’IIélios  que  sont  datées  tes  anses 
d'amphores  rhodiennes  *. 

Le  monnayage  des  villes  grecques  sous  les  empereurs 
romains,  dans  les  longues  légendes  inscrites  alors  sur 
le  revers  des  pièces,  fournit  un  plus  grand  nombre  de 
renseignements  que  celui  de  l’époque  pleinement  auto¬ 
nome  sur  les  autorités  qui  y  présidaient.  Nous  voyons 
par  les  monuments  numismatiques  de  cette  série  que  la 
surveillance  monétaire  n’était  pas  attribuée  uniformé¬ 
ment  dans  toutes  les  villes  au  même  magistrat.  Dans 
un  grand  nombre  de  cités  de  Lydie  et  de  Phrygie, 
à  Cliios  et  à  Mélos,  c’était  l’archonte  2  ;  en  Ionie,  en 
Éolie,  en  Mysie,  à  Lesbos,  le  stratège3  ;  à  Rhodes,  le 
Ttxgia;  ou  questeur  à  Attuda,  à  Cymé,  le  prytane  dans 
plusieurs  villes  d’Ionie,  de  Lydie  et  de  Phrygie,  le 
Ypot[jL[jiaiT£Ùç  ou  secrétaire  public6-,  a  Lacédémone  enfin, 
l’un  des  éphores  7.  Il  importe  de  ne  pas  confondre  les 
mentions  de  ces  fonctionnaires  avec  d’autres  mentions  de 
magistrats  qui  se  rencontrent  fréquemment  sur  les 
pièces  de  la  même  époque  et  de  la  même  série  et  qui  y 
figurent  à  titre  de  notation  de  date  pour  l’émission  moné¬ 
taire.  C’est  ainsi  qu’un  assez  grand  nombre  de  bronzes 
des  villes  d’Asie  portent  le  nom  d’un  des  hauts  fonction¬ 
naires  de  l’ordre  sacerdotal,  en  exercice  au  moment  où 
fut  frappée  la  monnaie,  de  l'Asiarque,  du  grand  prêtre 
(àpxupeùç),  du  stéphanéphore,  de  l’hiéromnémon,  de 
l’agonothète,  etc.  ;  c’est  ainsi  que,  sur  beaucoup  de  pièces 
du  même  pays,  on  lit  le  nom  du  proconsul  précédé  des 
mots  ETTI  AN0TTTATOT ,  «  sous  le  proconsulat  de  N. 

Les  cistophores,  assez  multipliés,  qui  offrent  des  noms 
de  proconsuls  en  latin  portent  tous,  en  même  temps,  en 
grec  le  nom  du  magistrat  local  spécialement  chargé  du 

soin  de  la  monnaie8. 

Dans  les  colonies  romaines  qui  jouissaient  du  droit  de 
monnayage,  c’étaient  les  autorités  municipales  qui  y  pré 
sidaient  ;  mais  il  n’y  avait  pas  non  plus  de  règle  fixe  pour 
la  détermination  du  magistrat  qui  avait  cet  office  impor¬ 
tant  dans  ses  attributions.  En  interrogeant  les  monnaies 
elles-mêmes,  nous  y  voyons  la  garantie  donnée  tantôt 
par  les  duurnvirs 9,  tantôt  par  les  quatuorvirs l0,  tantôt 
par  Y  édile1',  tantôt  par  les  décurions'2. 

Ni  les  auteurs,  ni  les  monuments  ne  fournissent  aucun 
renseignement  sur  la  condition  des  ouvriers  monétaires 
dans  le  monde  hellénique,  soit  aux  beaux  temps,  soit 
sous  la  domination  romaine.  C’est  seulement  par  conjec¬ 
ture,  et  d’après  l’analogie  de  la  condition  des  ouvriers 
employés  dans  les  mines  et  dans  les  travaux  de  1  admi¬ 
nistration  des  mesures  publiques,  qu’on  les  considère 
assez  généralement  comme  ayant  appartenu  à  la  classe 
servile  et  ayant  été  pris  parmi  les  esclaves  publics. 

En  revanche,  depuis  la  belle  étude  que  Raoul  Rochette 
a  consacrée  à  ce  sujet*3,  nous  savons  avec  certitude  que 
ceux  qui  gravaient  ces  admirables  coins  des  médailles 
grecques  étaient  de  véritables  artistes,  tenus  pour  tels  et 
assez  considérés  pour  qu’on  leur  permit  quelquefois 
d’inscrire  leur  nom  à  côté  de  celui  du  magistrat  respon¬ 
sable,  quoique  dans  une  place  moins  saillante.  Il  semble 
que  ces  artistes  exerçaient  le  métier  de  graveurs  sui 


pierres  fines  en  même  temps  que  celui  de  gPavpu 
médailles11.  Les  érudits  ont  déjà  relevé  les 


.  .  ,  - -  n°ms  d’une 

quinzaine  de  ces  graveurs  sur  les  monnaies  de  la  Sini 


Monnaies  signées  par  Cii: 


Fig.  5120. 


de  quatorze  sur  celles  des  villes  de  la  Grande  Grèce,  de 
trois  sur  celles  de  Cydonia  de  Crète,  enfin  de  quelques 


autres  à  Érétrie  d’Eubée,  à 
Samos,  à  Clazomène.  Tous 
appartiennent  à  la  plus  belle 
époque  de  l’art.  Les  plus 
habiles  de  ceux  dont  on  pos¬ 
sède  les  œuvres  signées 
sont  Cimon  (fig.  5119,  5120) 


et  Événète  (fig.  5121),  au- 


Fig.  5122.  —  Monnaie 
signée  par  Euclide. 


teurs  des  merveilleux  mé 
daillons  d'argent  de  Syra¬ 
cuse,  Euclide  qui  travailla 
également  pour  Syracuse 
(fig.  5122),  et  Théodote,  dont  les  œuvres  se  rencontrent 
dans  la  série  de  Clazomène  (fig.  5123).  Quelquefois  deux 
artistes  s’associaient  pour  graver  en 
commun  une  même  monnaie,  1  un 
exécutant  le  droit  et  l’autre  le  revers  ; 
ainsi  nous  possédons  des  pièces  de 
Syracuse  où  ont  travaillé  en  commun 
Eumène  et  Euclide  ou  bien  Événète  et 
Eumène,  et  des  pièces  de  Catane, 
œuvres  de  la  collaboration  d  Apollo- 
nios  et  de  Choirion.  Quand  un  graveur  de  monnaies  avait 
acquis  une  certaine  réputation  d’habileté  et  devaient,  la 
sphère  de  son  activité  d  artiste  ne  se 
restreignait  pas  à  la  cité  qu’il  habi¬ 
tait,  et  de  nombreuses  villes  se  dis¬ 
putaient  l’avantage  de  lui  voir  gra¬ 
ver  les  coins  destinés  à  la  frappe  de 
leurs  espèces  métalliques.  C’est 
ainsi  que  les  monuments  numisma¬ 
tiques  nous  font  voir  Événète  tra¬ 
vaillant  pour  Syracuse  et  pour  Ca-  .  .  ti  D0 

tane  ;  Parménide  pour  Syracuse  et  pour  Naples  ,  Ai  JP 
pour  Tarente,  Héraclée  de  Lucanie  et  Métaponte  Apolb 
nios  pour  Métaponte  et  pour  Catane,  etc.  Leu 
était  donc  la  même  que  celle  de  tous  les  au 
dans  la  société  grecque,  libre  et  honorée  •  ^ 

Pour  ce  qui  est  de  Rome,  nous  possédons  les  l  ^ 
les  plus  abondantes  et  les  plus  positives  s 
degrés  de  l’organisation  du  monnayage 


pjo-,  5123.  -  Monnaie 
signée  par  Théodole.  1 


l  Stoddart,  Transactions  of  the  royal  Soc.  of  Lite  rature,  2'  série,  t.  111  et  IV  , 
Franz  préfacedu  t.  111  du  Corp.inscr.gr A.  Dumont,  Inscr.  céram.de  Grèce, Paris, 
187j.L2Voir  Eckhel,  Doctr.  num.  t.  IV,  p.  192.  — 3  Ibid.  p.  193.  —  Mbid.  p.  202. 
_  5  Ibid,  p  200.  —  3  Ibid.  p.  194.  —  1  llnd.  p.  199.  —  8  Pinder,  U.  I.  p.  507-571 . 

_ 9 Eckhel,  t.  IV,  p.  474.  — 1074.  p.  480.  — n  Jb.  p.  481 .  — 12/4.  p.  482.  -  13  lettre 

à  AJ.  le  duc  de  Luynes  sur  les  graveurs  des  monn.  gr.  Paris,  1831.  —  1  JacoOs, 


141  ; 
des 


Münchner  Uenkschrift.puH.  V,p.  9  ;  Meyer,  Gesch.  de  ^  |es  graveurs  grecs  < 
Welcker,  Kunstblatt,  1827, n«  84,  p.  334.-15  Voir  enco  ’  ?A  von  Sallet, 

monnaies,  F.  Lenormant,  Gaz.  des  Beaux-Arts,  . ,  „ cad,  Coinage 


imnniaico,  i  .  ~ — - -  4fl7l  . 

Künsllerinschriften  aufgriech.  AJünzen  Berlin  871  , «  ,  .  der  SW» 

cuse,  Londres,  .874,  p.  ,9  ;  Rudolf  Weil,  Dut  Londres,  .«4 

MUnzen,  Berlin,  1884;  Arthur  J.  Evans,  Syracusan 


MON 


—  1985  — 


MON 


archaïques  représentant  des  déesses  nues  1 .  Enfin,  il 
convient  de  noter  qu’aucun  tombeau  royal  intact  n’a  été 
ouvert  en  Chaldée,  jusqu’à  présent  :  sans  doute  les  bijoux 
n'v  auraient  point  manqué. 

D’ailleurs,  une  mode  analogue  persiste  en  Assyrie,  où 
jcS  |l0mmes  portent  habituellement  de  lourds  bracelets 
ol  des  boucles  d’oreilles  (fig.  3994),  mais  point  de  colliers. 
Seuls,  les  rois  sont  parfois  décorés  d’emblèmes  sus¬ 
pendus  au  cou  par  des  chaînettes  2.  Les  femmes  et  les 
eunuques  3  portent  de  simples  colliers  de  perles  rondes 
et  lenticulaires  ;  les  génies,  mêmes  barbus,  et  les 
monstres  suivent  la  mode  des  femmes  \  On  a  recueilli 
bon  nombre  de  ces  colliers,  dans  le  palais  de  Sargon  et 
àKouyoundjik  (VII1«  siècle),  dont  un  seul  en  or,  les  autres 
composés  de  pierres  précieuses  5. 

On  peut  remarquer  la  même  différence  des  sexes  sur 
les  monuments  phéniciens  :  les  sarcophages  féminins 
sont  seuls  ornés  de  colliers  f>. 

II.  Grèce.  —  1.  Époques  mycénienne  ».  —  La  civilisa¬ 
tion  dite  «  mycénienne  »,  éclose  et  développée  dans  les 
cours  somptueuses  des  tyrans  de  Crète  et  de  l’Argolide, 
devait  nécessairement  produire  une  floraison  extraordi¬ 
naire  de  l’orfèvrerie  ;  les  trésors,  dont  la  salle  mycé¬ 
nienne  du  Musée  d’Athènes  regorge,  en  témoignent. 

Dans  les  procédés  techniques,  dans  la  richesse  et  le 
mode  d’emploi  des  bijoux  funéraires,  dans  leurs  formes 
mêmes,  l’orfèvrerie  «  mycénienne  »  offre  tant  de  rapports 
avec  l’Égypte,  qu’il  serait  difficile  d’exclure  une 
influence,  probablement  réciproque,  influence  prou¬ 
vée,  d’ailleurs,  par  les  relations  suivies  entre  les  deux 


Fig.  5125.  —  Détail  de  collier  mycénien. 


pays7.  Aussi  les  colliers  «  mycéniens  »  montrent-ils  une 
richesse  et  une  variété  bien  différentes  de  la  simplicité 
monotone  des  bijoux  chaldéens,  dont  se  rapprochent 
encore  les  colliers  recueillis  à  Troie  8.  Les  tombeaux  de 
Mycènes  nous  ont  montré  les  princes  et  les  princesses 
couverts  de  bijoux,  comme  ensevelis  sous  un  flot  d’or. 

Comme  en  Égypte,  les  colliers  n’étaient  point  réservés 
aux  femmes.  Sur  les  fresques  de  Cnossos,  les  hommes 
portent  également  ces  grands  colliers  à  un  ou  plusieurs 
rangs  9,  dont  bon  nombre  sont  sortis  des  tombeaux  «mycé¬ 
niens»  ,0.  Nous  en  avons  d’or,  d’ivoire,  de  pâte  de  verre 

1  Far  exemple  Heuzey,  Figurines  en  terre  cuite,  pl.  11  ;  de  Sarzcc,  Découv. 
e“  Chaldée,  pl.  xxxix,  5.  —  2  Par  exemple  Samas-vul  (va'  siècle)  sur  la  stèle 
célèbre,  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  l'art,  II,  620  ;  cf.  763  ;  Lavard,  Mon.  of  Nin.  1,  82  ; 
If  V;  collier  simple,  I,  5,  12. —  3  Layard,  Mon.  of  Nin.  1,5,  12,  93  ;  cf.  lescaptifs 
étrangers,  I,  40-41.  —  4  Perrot-Chipiez,  II,  701  ;  Assyrian  Sculptures,  IX,  XXV; 
l  avard,  L.  c.  1,5,  7  (très riche),  7  a,  25,  34-38,  92.  —  3  Kouyoundjik  :  Perrot-Chipiez, 
11,705;  Nimroud  :  Longpérier,  Musée  Napoléon,  111,  pl.  vu  ;  Palais  de  Sargon  :  Pcrrot- 
Chipiez,  II,  702.  —  6  Perrot-Chipiez,  III,  184.  Exemple  de  collier  trouvé  à  Carthage 
dans  P.  Delattre,  Tombeaux  de  la  Nécropole  de  Douimès,  1897,  p.  16.  —  7  Objets 
cSyptiens  trouvés  en  Crète  et  à  Mycènes,  influence  «  mycénienne  »  dans  la  peinture 
égyptienne,  vases  «  mycéniens  »  trouvés  en  Égypte,  etc.  — ■  8  Idole  féminine  de 
plomb,  avec  un  collier  à  cinq  rangs,  Schliemann,  Ilios,  380  (éd.  franc,  p.  580  et  620). 
Colliers  de  perles  minuscules  d'or,  disposées  en  rangs  multiples  par  des  traverses 
Perforées,  Ibid.  514-5.  Perles  ornées  de  pointillé,  Ibid.  548.  Collier  de  quadruples 
spirales,  Ibid.  546,  semblable  à  Schliemann,  Mykenae,  226.  —  9  Evans,  dans 
Annual  of  brit.  school,  VII,  1901,  p.  17,  fig.  6.  —  10  Mycènes  ;  Schliemann, 


souvent  plaquée  d'une  mince  feuille  d  or,  selon  la  richesse 
du  mort  ou  la  piété  des  parents.  Ce  sont,  en  général,  de 
petites  plaques  ajustées  de  façon  à  former  un  collier,  ou 
plutôt  un  bandeau  ininterrompu  où  les  mêmes  motifs 
se  répètent  :  rosaces  et  volutes,  feuilles  et  fleurs, 
étoiles  formées  de  quatre  feuilles  de  lierre,  animaux 
stylisés,  coquilles,  poulpes,  poissons  volants,  aigles, 
papillons,  etc.  La  figure  humaine  y  apparaît  rarement  ". 

Très  à  la  mode  sont  les  chaînes  de  fleurs  de  lis  dimi¬ 
nuant  de  grandeur  des  deux  côtés,  dont  une  fresque  de 
Cnossos  nous  enseigne  la  disposition  12.  Assez  fréquentes 
aussi,  les  traces  d’émaux  multicolores,  qui  remplissaient 
les  creux  des  rosaces  et  des  fleurons,  les  ventouses  des 
poulpes.  Nous  reproduisons  ici  un  échantillon  choisi 
dans  le  Musée  d’Athènes  (fig.  5125) 1,1 .  Ces  petites 


pièces  ajustées,  ces  incrustations  polychromes,  rappel¬ 
lent  les  mosaïques  de  faïence,  d’ivoire  et  de  crista', 


fréquentes  tant  à  Tirynthe  11  et  à  Mycènes  16  qu’en 
Crète  16  et  en  Égypte17,  où  les  artistes  «  mycéniens  » 

Mykenae,  123,  213,  364.  Moules  de  bijoux,  Ibid.  121-2;  ’Eoyiji.  ijyaiok.  1888 
pl.  vm-ix;  1887,  pl.  xm  ;  1897,  pl.  vu;  Spala  :  Bull.  corr.  hell.  1878,  pl.  xv.  xvi; 
Menidi:  Bas  Kuppelijrab,  pl.  îv;  lalysos  :  Mylc.  Vas.  pl.  a-c.  —  U  'E»r,n.  ijyaioX. 
1887,  pl.  xm  ;  1888,  pl.  vin;  sphinx,  Ibid,  pl  ix  ;  Démons,  Journ.  hell.  stud.  XXI, 
117;  Murray,  Excav.  in  Cyprus,  p.  19,  fig.  36-37.  Un  exemplaire  excellent  au 
Louvre,  d'autres  à  Delphes  (fouilles  de  l'École  française),  et  dans  la  coll.  Augusto 
Castellani  à  Rome  (Chypre);  cf.  Furtxvaengler,  Mimch.  Sitz.-Ber.  1899. 

_  12  Evans,  British  School  Annual,  1901,  17;  Revue  de  l'art  anc.  et  mod. 

XII,  190?,  89.  —  '3  D’après  des  photographies  et  avec  l'obligeante  autori¬ 
sation  du  Conservateur,  M.  Tsounlas.  —  14  Frise  d'albâtre,  Perrot-Chipiez,  VI, 
pl.  xiii  ;  Schliemann,  Tiryns,  pl.  iv;  cf.  les  ornements  peints,  Ibid.  pl.  vi-xii. 

_  15  Fragments  recueillis  dans  la  tombe  nr.  4,  et  appartenant  probablement 

à  un  échiquier  semblable  à  celui  do  Cnossos.  Schliemann,  Mykenae,  278. 
—  16  Échiquier  de  Cnossos,  Annual  brit.  school  1901,  79;  faïences  à  incrus¬ 
tation  de  Phaistos,  Mon.  ant.  d.  Line.  XII,  94;  mosaïque  de  Cnossos,  Ann.  brit. 
school,  1902,  p.  15,  21.  —  U  Grébaut  et  Maspéro,  Musée  égyptien,  pl.  x. 


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—  1986  — 


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qui  décorèrent  le  palais  de  Tell-Amarna  semblent  les 
avoir  importées.  Créés  pour  une  autre  technique,  ces 
ornements  ont  trouvé  dans  les  colliers  leur  application  la 
plus  somptueuse. 


Cependant,  à  côté  de  ces  bijoux  compliqués  , 
simples  perles  de  métal  ou  de  pierres  fines  reit  î 
fréquentes.  Un  morceau  de  bas-relief  en  stuc'  troin 
Cnossos  *  nous  montre  deux  doigts  d’homme  tenant  un 


Vers  la  fin  de  l’époque 


Fig.  5129.  —  Femme  chypriote 
avec  ses  colliers. 


collier  de  perles  d’or,  avec,  au  milieu,  deux  petites  têtes 
de  nègre  qui  rappellent  de  nouveau  les  relations  des 
Crétois  avec  l'Égypte. 

mycénienne  »,  la  Grèce  conti¬ 
nentale  a  fourni  encore  une 
trouvaille  importante,  le  tré¬ 
sor  d’Égine,  publié  par  M.  A. 
Evans  2  :  on  y  voit  des  col¬ 
liers  de  perles  à  plusieurs 
rangs,  d’or,  d’améthystes  et 
de  cornalines,  enrichis  de 
pendeloques  compliquées  dont 
les  chaînettes  et  les  figures 
rappellentles  types  archaïques 
des  bijoux  de  Troie  (fig.  5126), 
tout  en  annonçant  l’avène¬ 
ment  prochain  de  l’art  géomé¬ 
trique.  En  effet,  ce  trésor  mar¬ 
que  le  déclin  de  l’orfèvrerie 
«  mycénienne  »,  succombant 
à  cet  art  primitif  du  Nord,  dont  les  traces  ont  survécu 
très  longtemps  dans  les  pays  balkaniques  3. 

Comment  ces 
grands  colliers  se 
portaient  et  se 
fixaient  dans  l’a¬ 
justement  fémi¬ 
nin,  c’est  ce  que 
l’on  comprend 
bien  au  moyen 
des  terres  cuites, 
tant  «  mycénien¬ 
nes  »  que  géomé¬ 
triques,  que  nous 
ont  révélées  les 
fouilles  de  My- 
cènes,  de  Tirynthe 
et  d’Argos. Comme 
en  Égypte,  le  col¬ 
lier,  formé  souvent  d’une  double  ou  triple  rangée  de 
pendeloques,  couvre  comme  un  pectoral  une  grande  partie 
du  buste  (fig.  5127)  4.  Les  chaînettes  ne  passent  pas  par 

*  Grâce  à  l’obligeance  amicale  de  M.  Evans,  j’ai  pu  examiner  sur  place 
et  à  loisir  toutes  les  trouvailles,  encore  inédites,  de  ces  fouilles  merveil¬ 
leuses.  —  2  Journ.  hell.  stud.  XIII,  195  sq.  —  3  Cf.  par  exemple  la 
statuette  au  collier  du  Musée  de  Belgrade,  Hoernes,  Urgesch.  d.  Kunst ,  pl.  iv , 
Perrot-Chipiez,  flist.  de  l'art,  VII,  188.  -  4  Idole  de  terre  cuite,  trouvée 
à  l'Héraion  d’Argos;  Hadaczek,  Oesterr.  Jahreshefte,  1902,  p.  209,  fig.  Gl. 
-  S  Scbliemann,  Tirynthe,  fig.  87-89,  159,  pl.  xxv  c;  Perrot-Chipiez,  VI,  fig.  344- 
345;  Ch.  Waldstein,  The  Argive  Heracum,  p.  44-47,  fig.  17,  18,  20,  21,  et  surtout 


derrière  et  ne  sont  pas  visibles  dans  le  dos  :  elles  sont 
fixées  sur  chaque  épaule,  par  devant,  à  de  grandes 
fibules  qui  servaient  en  même  temps  d’agrafes  pour 
retenir  le  chiton  sur  les  épaules,  et  qui  reproduisent  des 
types  connus  par  les  fouilles  d’Olympie  surtout8. 

2.  Chypre.  —  C’est  surtout  dans  cette  île,  exposée  à 
toutes  les  influences,  que  la  bijouterie  «  mycénienne  » 
se  fondant  avec  des  courants  égyptiens  et  orientaux 
reçoit  un  développement  spécial  et  curieux.  Les  fouilles 
récentes  du  British  Muséum  en  ont  fourni  une  moisson 
abondante,  où  l’on  remarque  l’influence  égyptienne  la 
plus  prononcée,  à  côté  de  bijoux  purement  «  mycé¬ 
niens  ».  Un  grand  collier  à  pendeloques  de  fleurs  de 
lotus,  incrustées  de  pâtes  multicolores  6,  rappelle  les 
cloisonnés  égyptiens  ;  un  collier  plus  simple  7  pourrait 
être  confondu  avec  des  bijoux  égyptiens,  si  les  petits 
boucliers  d’or  n’en  dénotaient  l’origine  «  mycénienne  » 
(fig.  5128)  8.  C’est  de  cette  orfèvrerie  mixte,  qu’on  peut 
attribuer  à  la  fin  de  l’époque  «  mycénienne  »  (xir-xe  siè¬ 
cles),  que  dériveront  les  bijoux  lourds  et  disgracieux,  les 
multiples  colliers  et  les  chaînes  chargées  d’amulettes, 
qui  couvrent  le  cou  et  la  poitrine  des  statues  chypriotes, 

représentant  des 
femmes  ou  des 

déesses, à  l’époque 
dite  gréco-phéni¬ 
cienne  (ixc-vii"  siè¬ 
cles)  11 .  Notre  li¬ 
gure  5129 10  mon¬ 
tre  la  disposition 
particulière  de  la 


parure 


serrant 


Fig.  5130.  —  Collier  du  Trésor  de  Curium. 


étroitementlecou, 

à  la  façon  des  bi¬ 
joux  modernes  ap¬ 
pelés  «  colliers  de 
chien  ».  En  géné¬ 
ral,  dans  ces  fi¬ 
gures,  l’ornemen¬ 
tation  suit  une  règle  constante,  évidemment  fixée  par 
les  coutumes  religieuses  :  collier  à  pl«8ie»« ^ 
et  à  médaillon  central,  serrant  le  cou,  bulle  su.  p 

l’article  instructif  de  M.  Hadaczek  dans  les 

—  G  Murray,  Excavations  in  Cyprus,  pl.  v.  _  8  çf  Gaz.  arch. 

xiv,  et  le  collier  égyptien  du  Louvre,  Perrot-Chipiez,  1,  =>•  ,  LXXX„  et  xc; 

1883,  pl.  lvi  ;  Cesnola,  Descriptive  Atlas  of  cjpiio  c  ■  ^  Helizey,  Les 
11,  pl.  ci.xxxvii ;  Olin.  Richter,  Kxjpros,  pl.  xr,  xmx-liu,  .  ^  ^  Non)breux 
figurines  antiques,  pl.  ix;  Murray,  Excar.  in  yPrus%  LonclrcSj  de  Berlin, 
exemplaires  dans  les  Musées  de  Paris,  de  Vienne,  _  ^  ^  ^  3. 

—  9  Murray,  Op.  I  pl-  vi  (604)  i  cf-  P1'  vl"> 


MON 


—  1987  — 


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.  une  chaîne  entre  les  seins  et  rappelant  encore  les 
li  gu  ri  nés  chaldéennes. 

jVt.  Cesnola  a  déterré  de  semblables  colliers  d’or  à 
Curium1-  D'autres  colliers  plus  récents,  du  même  trésor 
Je  Curium  (fig.  5130) 2,  dénotent  déjà  la  prépondérance  de 
l’art  ionien  le  plus  pur,  dans  leurs  pendeloques  élégantes, 
amphores,  glands,  Ileurs  de  lotus,  têtes  de  Méduse  :  la 
tradition  archaïque  et  barbare  en  disparaît  complètement. 

i luant  aux  hommes  chypriotes,  ils  semblent  n’avoir 
porté  de  colliers  qu’en  endossant  le  costume  égyptien  3. 
Comme  le  reste  du  costume,  les  colliers  de  ces  statues 
gardent  le  type  égyptien  pur. 

3.  Ionie ,  Rhodes,  Sicile.  —  Cependant  des  îles  de  la 
mer  Égée  les  traditions  «  mycéniennes  »  passèrent  dans 
l’orfèvrerie  archaïque  de  l’Ionie,  presque  sans  subir 
l’influence  étrangère.  Rhodes,  féconde  aussi  en  trou¬ 
vailles  purement  «  mycéniennes  »,  nous  a  fourni  les 
meilleurs  exemples  de  cette  transition  de  style,  dont 
chaque  fouille  exécutée  dans  les  nécropoles  archaïques 
Je  l’Ionie  apportera  de  nouvelles  preuves. 

Lesbijouxde  Camiros  (Rhodes)sont  surtout  admirables 
par  la  linesse  du  travail,  par  le  grènetis  délicat  des 


Fig.  5131.  —  Collier  rhodicn. 


meilleures  pièces,  qui  avaient  été  portées  par  les  vivants 
avant  d’être  déposées  dans  les  tombeaux  :  ce  sont  de 
solides  et  authentiques  parures,  tandis  que  les  bijoux 
purement  funéraires  ne  sont  qu’estampés  dans  une 
mince  feuille  d’or  à  bas  alliage.  Dans  cette  série  nom¬ 
breuse,  que  les  vases  trouvés  dans  les  mêmes  tombeaux 
permettent  d’attribuer  à  la  seconde  moitié  du  vne  siècle, 
on  remarque  surtout  des  plaques  rectangulaires  4 
(fig.  5131),  qui  formaient  des  colliers  semblables  aux 


plaquettes  «  mycéniennes  »  que  nous  venons  d’étudier 
Cependant,  les  types  estampés  sur  les  plaques  de  Rhodes 
sont  purement  ioniens  :  ce  sont  d'abord  un  centaure  à 
avant-train  humain  *  et  l'Artémis  dite  persique  c,  qui 
se  répètent  avec  des  variantes  insignifiantes.  L’on  trouve 
encore  des  femmes  drapées,  parfois  ailées,  une  déesse 
à  corps  d’abeille  7,  des  têtes  imberbes  8,  des  sphinx  9, 
des  rangées  de  perles  cannelées  portant,  comme  pende¬ 
loque  centrale,  soit  des  tètes  de  taureau  ou  de  lion  10, 
soit  des  plaquettes  rondes  à  dessins  géométriques 11 ,  soit 
encore  de  grandes  rosaces  décorées  de  granulés  très 
fins,  de  petits  masques  et  de  tètes  d’animaux  appliqués. 
Enfin,  deux  pendeloques  plus  compliquées,  trouvées  à 
Camiros  par  Salzmann  et  entrées  au  Louvre12  (fig.  930), 
vrais  chefs-d’œuvre  de  la  toreutique  ionienne,  rivalisent, 
par  la  finesse  exquise  du  travail  (du  grènetis  surtout), 
avec  les  bijoux  étrusques  les  plus  délicats. 

Dans  les  orfèvreries  lydiennes  du  Louvre13,  le  même 
art  apparaît,  mais  plus  grossier  et  provincial;  ces 
bijoux,  dont  la  plupart  servaient  de  pendants  de  col¬ 
lier,  décèlent  l’influence  prépondérante  de  l'orfèvrerie 
ionienne  des  îles,  non  point  sa  dépendance  de  l'Asie. 

C’est  encore  à  des  traditions  ioniennes  que  nous 
devons  sans  doute 
l’abondance  de  bi¬ 
joux  que  nous  re¬ 
marquons  sur  cer¬ 
taines  terres  cuites 
de  Sicile  :  les  col¬ 
liers  y  figurent  sous 
l’aspect  de  plusieurs 
rangées  de  pende¬ 
loques  qui  s’éta¬ 
gent  sur  la  poitrine 
des  déesses  (fig. 

3132)  14.0n  y  recon¬ 
naît  encore  le  sou¬ 
venir  de  ces  grands 
«  pectoraux  »,  que 
nous  signalions  plus  haut  dans  les  idoles  de  Mycènes  et 
d’Argos  (fig.  5127). 

4.  Grèce  continentale.  —  Dans  la  Grèce  continentale, 
l’invasion  dorienne  ramena  un  âge  de  simplicité  barbare. 
L’art  géométrique  est  très  pauvre  en  bijoux  et  les 
colliers  font  presque  entièrement  défaut15;  cependant, 
les  témoignages  de  l’épopée  nous  enseignent  que  si  les 
hommes  s’étaient  désaccoutumés  de  ces  bijoux,  les 
femmes  des  grandes  maisons  en  portaient  toujours 

Plusieurs  opp.ot  font  partie  de  la  parure  nuptiale 


1  Cf.  Cesnola,  Cyprus,  p.  312,  avec  les  statues,  Ibid.  p.  141  ;  la  statuette 
(1  A  star  té,  p.  275;  l’oenochoé  à  tête  de  femme,  p.  401.  —  2  Cesnola,  Cyprus , 
PtxiH-xxv;  cf.  Olin.  Richter,  Kypros,  pl.  xxxiu,  lxvh  ;  Perrot-Chipiez,  III,  819, 
829  (cf.  notes  36,  37);  Myres,  Cat.  of  the  Cyprus  Mus.  131  sq.  —  3  Telles  les 
statues  d’Alhiénau,  Perrot-Chipiez,  III,  531-533  (Cesnola,  Cyprus,  129-131). 
~  1  Salzmann,  Nécrop.  de  Camiros,  I  (entrées  au  Louvre).  Série  très  riche  du 
hrilish  Muséum.  Autres  séries  semblables  aux  Musées  de  Berlin  (Milani,  Studi  e 
foateriali,  I,  194)  ct  de  Boston  ( Report  of  the  Trustées,  XXIV,  1900,  102  sq.).  Un 
M  exemplaire  à  Oxford  ( Report ,  1899).  —  3  Supra,  fig.  1285,  p.  1011  ;  Fontenay, 
Bijoux  une.  et  mod.  p.  144.  —  6  Supra,  fig.  935,  p.  789  ;  Rev.  arch.  VI,  1862,  264. 
~~  1  Journ.  hell.  stud.  XV,  I  ;  Milani,  Studi  e  Materiali,  I,  209.  —  8  Arch.  Zeit. 
*884,  pl.  |Xj  J 1-12  (Délos).  —  9  Exemplaires  inédits  du  British  Muséum. 

0  autres  pendants  à  tête  de  lion  ou  de  taureau,  au  Cabinet  des  Médailles 

t"  s  2857  ter,  2878  bis,  ter-,  trois  belles  pièces  de  la  coll.  de  Luynes),  au 

Musée  de  Bologne  (coll.  Palagi).  —  10  Arch.  Zeit.  1884,  pl.  ix,  6-8  ;  cf.  7. 

r°i)<!clles,  dont  le  décor  est  incisé  ou  granulé,  se  rapprochent  de  très 
l’tés,  lant  de  certains  bijoux  de  Chypre  (Perrot-Chipiez,  111,  829,  trésor  de 


Curium,  Musée  de  Ncxv- York),  que  des  pendeloques  étrusques,  n.  72-73.  —  H  Par 
exemple  Fontenay,  Bijoux  anc.  et  mod.  p.  151.  La  plus  belle  série  sa 
trouve  au  Cabinet  des  Médailles  (n0*  2858  ter,  2881,  3004,  deux  exemplaires 
très  beaux  de  la  coll.  de  Luynes)  ;  d'autres  aux  Musées  de  Boston  (Report 
of  the  Trustées,  1899,  105),  de  Munich,  de  Bologne  (coll.  Palagi),  du  Louvre 
(superbe  pièce  de  la  coll.  Tyskiewicz),  dans  la  Coll.  Nélidoxo  (pl.  xm, 
cccxi).  —  12  D’après  la  Rev.  arch.  VIII,  1863,  pl.  i,  qui  est  encore  la  meilleure 
reproduction  ;  Fontenay,  Les  bijoux  anc.  et  mod.  p.  95-G.  —  13  Dumont, 
Bull.  corr.  hell.  1879,  pl.  îv-v;  Froehner,  Coll.  Hoffmann  (1886),  pl.  xx; 
Perrot-Chipiez,  V,  295  sq.  ;  cf.  le  collier  iycicn,  Coll.  Tyskiewicz,  pl.  xxxvti. 

_  14  R.  Kekulé,  Die  Terracotten  von  Sicilien,  1884,  p.  12,  fig.  14,  15; 

p.  17-18,  fig.  21  à  25;  pl.  n,  fig.  1;  cf.  P.  Delattre,  Nécropole  Punique,  voisine  de 
Ste-Monique,  1898,  p.  15,  fig.  29.  —  13  Par  exemple  quelques  figurines  de  femmes 
en  terre  cuite,  Heuzey,  Fig.  en  terre  c.  pl.  xvii  (Louvre)  ;  Arch.  Anz.  1902, 
III  (Dresde).  —  16  11  faut  remarquer,  d’ailleurs,  que  l’épopée  évoque  les  an¬ 
ciens  temps  h(."OÏques,  et  garde  un  reflet  de  la  somptuosité  des  cours  «  mycé¬ 


niennes  ». 


MON 


—  1988  — 


MON 


d'Aphrodite  1  ;  les  princesses  et  les  nymphes  avaient  des 
colliers  d'or  et  d’électron2.  L’opp-o;  d’Ériphyle  joue  un 
rôle  prépondérant  dans  le  mythe  d’Amphiaraos.  Cepen¬ 
dant,  ce  même  opp-oç  n'est  qu’un  long  collier  de  grosses 
boules,  assez  simple  et  même  grossier,  sur  une  kélébè 
corinthienne  â,  qui  n’est  pas  beaucoup  plus  récente  que 
cette  partie  de  l’épopée  4.  Au  début  du  vi°  siècle,  on 
avait  gardé  la  simplicité  de  l’époque  géométrique. 

Les  figures  de  femmes  drapées,  si  nombreuses  au 
vic  siècle,  les  Kôpat  de  l’Acropole,  les  caryatides  del- 
phiques,  les  figurines  de  bronze,  tout  en  portant  en 
général  diadème,  bracelets  et  boucles  d’oreilles  5,  man¬ 
quent  le  plus  souvent  de  colliers.  Il  ne  faudrait  pourtant 
pas  exagérer  les  conclusions  à  déduire  de  ce  fait,  car,  en 
plastique,  on  sait  que  les  bijoux  étaient  souvent  figurés 
par  des  pièces  rapportées  ou  par  de  simples  traits  de 
couleur,  aujourd’hui  disparus.  C’est  ce  que  M.  Léchât  a 
noté  en  particulier  pour  les  statues  archaïques  de 
l’Acropole  ;  parfois  le  collier  est  taillé  en  plein  marbre  et 
composé  de  fines  perles  juxtaposées  ou  de  petites  pende¬ 
loques  espacées  ;  ailleurs  il  était  rapporté  en  bronze,  ou 
indiqué  par  une  ligne  de  couleur  6.  Les  bulles  attachées 
au  cou  par  des  chaînettes,  qu’on  remarque  sur  certaines 
statues  et  statuettes  archaïques  viriles  \  sont  plutôt  des 
amulettes  que  des  colliers.  On  les  retrouve  au  cou  des 
enfants  et  des  hétaïres 8.  Même  absence  à  peu  près 
complète  de  colliers  dans  les  peintures  de  vases,  tant 
corinthiennes  et  chalcidiennes  qu’attiques,  sur  les 
stèles  archaïques,  dans  les  tombeaux  du  vi-v®  siècle. 
Les  héroïnes,  les  jeunes  épouses,  les  déesses  parées  pour 
les  réunions  olympiques  9  ou  pour  le  jugement  de  Paris 
ne  portentpoint  d'hormoi 10  ;  ces  bijoux  manquent  encore 
aux  sculptures  d'Egine  et  de  l'Olympie,  du  Parthénon 
et  du  temple  de  Niké,  aux  caryatides  de  l’Érechthéion. 

Réserve  faite  des  lacunes  dues  à  la  disparition  de  la 
peinture  ou  des  pièces  rapportées  (lacunes  qui  ne  valent 
pas  pour  les  vases  peints),  on  peut  conclure  que  le  collier 
était  devenu  d’un  usage  moins  fréquent,  en  Grèce,  au 
vic  et  dans  la  première  moitié  du  ve  siècle.  On  se  rendra 
bien  compte  de  la  même  transformation,  dans  le  sens 
de  la  simplicité,  en  comparant,  en  Sicile  ou  en  Grèce,  la 
série  des  terres  cuites  appartenant  au  commencement  du 
vie  siècle  ou  se  rapprochant  au  contraire  du  ve  Les 
colliers  s’y  font  tout  à  fait  rares. 

Cependant,  les  inventaires  du  Parthénon  nous  appren¬ 
nent  que  la  déesse  possédait,  dès  434,  un  opp.o;  àvôspwv 
et  d'autres  ornements  dorés,  qui  servaient  probablement 
de  pendeloques  à  un  collier  12  ;  plusieurs  opp.ot  ypusoï 


oixAiOoi  (d’or  et  de  pierreries),  sont  cités  dans  les  in  M  ' 
taires  de  la  première  moitié  du  ive  'siècle 13  | ,,  v"' 
toires  en  or  de  l’Hécatompédon  portaient,  elles  nus"'' 
des  colliers  u.  Les  colliers  ioniens  et  étrusques 
posés  souvent  de  fleurs  de  lotus  et  ornés  de  wiub' 
loques  ia,  peuvent  nous  donner  une  idée  de  ce  qu’tRaît 
la  parure  de  la  Parthénos,  inspirée  sans  doute  de  tradi 
lions  ioniennes.  On  constate  d’ailleurs  la  présence  de 
collier  à  pendeloques  sur  la  pierre  signée  d’Aspasios 
(fig.  3523)  et  sur  le  médaillon  de  Koul-Oba  (fïg.  347m  „ 
C’est  que,  dans  cette  seconde  moitié  du  ve  siècle  la 
mode  changeait,  sous  l’influence  de  l’Ionie,  où  les 


Fig.  5133.  —  Collier  grec  de  Crimée. 


bijoux  n’avaient  point  perdu  leur  vogue.  Les  colliers 
reparaissent  plus  nombreux  à  Athènes,  sur  les  vases 
à  figures  rouges  du  beau  style  n. 

5.  Époque  hellénistique.  —  Mais  c’est  le  ive  siècle 
surtout  qui  ramènera  la  mode  des  oppot.  Encore  fleurit- 
elle  surtout  en  pays  ionien,  soit  en  Asie  Mineure, 
soit  en  Égypte,  en  Grande-Grèce  et  surtout  en  Crimée. 
Les  artisans  athéniens  suivent  le  goût  de  leurs  clients. 
Cependant,  les  colliers  sont  encore  très  modestes  sur  les 
vases  atliques  du  ive  siècle  18,  comme  sur  ceux  de  la 
Grande-Grèce  et  surtout  de  la  Pouille,  inspirés  par  des 
modèles  attiques.  Les  simples  rangées  de  perles,  parfois 
enrichies  de  pendeloques,  s’y  répètent  à  1  infini  (fig.  105, 
862,  905,  3736,  3737,  4389,  etc.)  19.  En  Asie  Mineure, 
les  plaques  estampées  de  l’orfèvrerie  «  rhodienne  » 
survivent,  décorées  maintenant  de  têtes  de  style  libre  -  . 
On  remarquera  encore,  à  cette  epoque,  le  type  non 
veau  des  colliers  composés  de  grands  cylindres  21.  En 
Égypte,  à  côté  des  motifs  grecs,  nous  trouvons  un  q  n- 
crétisme  curieux,  se  combinant  avec  1  ancienne  |lJ  1 
tion  artistique  du  pays  22 . 


i  Hymn.  liom.  VI,  10;  IV,  88,  164.  -2  II.  XVIII,  401;  Od.  XV,  460;  XVIII,  295; 
Hesiod.  Op.  74;  Helbig,  Hom.  Epos  2,  268.  —  3  Wiener  Vorlegebl.  1889,  10.  La 
faute  de  cette  grossièreté  n’est  point  à  1  inhabileté  del  artiste,  qui  savait  parfaitement 
rendre  ce  qu’il  voulait.  Un  vase  attique  à  figures  noires  (Overbeck,  Bilder.  d.  theb. 
u.  troisch.  Heldenkr.  102)  montre  un  collier  un  peu  plus  riche.  —  4  Ud.  XI,  326; 

XV,  247.  _  5  Cf.  inaures.  —  6  Lecbat,  Au  Musée  de  l’Acropole  d'Athènes 

1903,  p.  212-213.  —  7  Colosse  des  Naxiens  à  Délos,  qui  montre  les  trous  dune 
ceinture  et  d’un  collier  de  bulles;  statuette  de  bronze  trouvée  à  Delphes,  Perdrizet, 
Bull.  corr.  hell.  1896,  G03;  cf.  l'Apollon  de  Ferrare.au  Cabinet  des  Médailles,  p.  47, 
Babelon-Blanchet,  Bronzes  de  la  Bibl.  nat.  n°  101,  —  8  psykter  d  Euphronios, 
Wien.  Vorlegebl.  V,  2;  cf.  les  statuettes  chypriotes  d’enfants,  Atlas  of  the  Cesnola 
Collection,  I,  132  ;  11,  36;  la  cymbalistria  laconienne.  ’Esrip.  4oy_.  1892,  pl.  i.  —  9  Sur 
le  vase  François,  une  des  Hores  semble  porter  un  collier  épinglé  à  la  poitrine  ;  mais 
c’est  peut-être  un  ornement  brodé  du  cliiton.  Voir  Furtwaengler-Reichhold,  Griech. 
Vasenmal.  pl.  i.  —  )0  Quelques  rares  exceptions  sur  des  vases  à  figures  rouges  de 
style  sévère,  comme  chez  Over-beck ,Kunstmyth.  Atlas,  1, 6  ;  Wien.  Vorlegebl.  1890-1, 
1 1, 2  c,  ou  Furtwaengler-Reichhold,  Griech.  Vasenmal.  16,  ne  font  que  confirmer 
la  règle.  —  li  Voir  par  exemple  les  terres  cuites  publiées  par  Kékulé,  Terracott.  v. 
Sicilien,  pl.  xvii-xvm,  xxu-xxv,  etc.;  cf.  Hcuzey,  Les  pyur.  ont.  du  Louvre,  pl.  xi- 


289. 
Parthénon  ; 


.  —  12  "Iitiro?,  uçM,  youidi;  î?°*“v A  5°  '  u  Tbid.  IV, 

1-166,  170-173.  —  «  Corp.  inscr.  att.  II,  645,  6do,  o  • 

77,  n«  331  e  ;  II,  642,  652,  660,  677  ;  Foucart,  Bull.  corr.  hell  XII, 

16  On  y  retrouve  tous  les  types  cités  dans  les  lll'ulla'1(_  g.  pontenay, 
par  exemple  le  superbe  collier  de  Milo \C«b.des  lcs’bij0UX’  étrusques, 

faux  anc.  et  mod.  150  ;  le  collier  du  Louvre,  lbu  .  p.  >  acb  Antiq¬ 

ues.  _  ts  Voir  Furtwaengler,  A  né.  Gemm.  H,  10  ;  K-dakof-Remac.;,  ^ 

laBussie  mérid.  p.  233;  Athen.  Mitlh.  1883,  P  •  xv-  h  Carlsruhe,  Ibid. 

Meidias,  Furtwaengler-Reichhold,  L.  c.  8-9;  autie  sem  ’  ®  ,  n  __  is  Hydric 

;  vase  de  Talos,  Ibid.  35;  pinax  d’Eleusis,  ’E?.  4fX;  1JU  ’  ’  ,.  |iydric 

reliefs  de  Cumes,  à  Pétcrsbourg,  Compte  rendu  de  c.  p-^  ^  ^  ^  co|ljer 

lychrome  d’Alexandrie,  Furtwaengler-Reichhold,  Z.  c.  ,e  ’  Les  bijoux, 

chaînettes  du  Cabinet  des  Médailles,  provenant  d  Atll«"esJ  ^  d-p:iaia,  du 

1),  ou  les  colliers  crétois,  Coll.  Gotuchôw ,  pl.  xi,  -  •  ,  vil,  8-I-- 

-i„»  siècle,  à  tètes  d’Athéna,  d’Hélios  et  de  Méduse,  Arch  et  •  ^  éphèbe 

î  beau  collier  à  chaînettes  et  pendants  estampés  (têtes  1 .  ’  décoré,  dans  la 

enouillé),  au  Louvre  (n»  179).-*'  Très  bel  exemplaire,  r  ll  Tyskiewicz, 

M.  Gotuchôw, p\.  vu,  36.-22  Arch.An.eig.  190!,  ' P-  »»• 
.  xi.  A  remarquer  les  petits  crocodiles  du  colliei  pu  >  11  P 


MON 


—  1989  — 


MON 


Mais  c'est  la  Crimée  surtout  qui  nous  a  légué  d’admi- 
rables  et  riches  parures,  plus  conformes,  dans  leur 
abondance,  aux  goûts  barbares  des  princes  scythes  qu’à 
]a  fine  mesure  hellénique.  Nous  ne  pouvons  qu’indiquer 
ici  ces  trésors  de  l’Ermitage,  où  les  colliers  à  rangs 
multiples,  à  chaînettes  entre-croisées,  à  pendeloques 
gracieuses  et  variées,  tiennent  une  place  importante 
(lig.  5133)  ‘.  Les  hommes  semblent  avoir  porté  des 
torques  richement  décorés.  C’est  en  Crimée  que  la 
tresse  de  fils  d’or(fig.  1245)  apparaît  pour  la  première 
fois,  dans  la  sphère  d'influence  de  l’orfèvrerie  grecque, 
en  un  exemple  daté  du  commencement  du  ve  siècle  2. 
On  en  trouve  aussi  de  beaux  exemples  dans  les  types  les 
plus  récents  (ve-ivc  siècle)  du  trésor  de  Curium  à  Chypre 
(lig.  5134)  3.  Plus  tard,  au  ive  siècle,  on  introduira  lar¬ 


gement  l’usage  des  pierres  fines,  cornalines,  émeraudes, 
calcédoines,  améthystes,  etc.  Ces  colliers  se  rapprochent 
d’un  côté  des  œuvres  étrusques  du  ve-ive  siècle,  inspirées 
comme  eux  de  l’art  ionien  4,  de  l’autre  côté  des  bijoux 
hellénistiques  d’Asie  et  d’Égypte  3. 

111.  L’Étrurie.  —  Pendant  que  les  bijoux  devenaient 
de  plus  en  plus  modestes  dans  la  Grèce  archaïque,  les 
Étrusques  au  contraire  y  portaient  le  luxe  à  un  degré 
inconnu  depuis  l’époque  «  mycénienne  ».  C’est  la  tradi¬ 
tion,  sinon  de  cette  civilisation,  du  moins  d’une  autre 
congénère  qui  refleurit  en  Étrurie.  11  sera  permis,  dans 
cette  esquisse  rapide,  de  négliger  les  pauvres  bijoux  des 
tombes  plus  primitives  à  puits,  ombriennes  plutôt 
qu’étrusques  6.  Les  grands  tombeaux  à  chambre  ou  à 
coupole,  du  vne  siècle,  contenaient  des  trésors  somp¬ 
tueux  d’une  finesse  incomparable ,  sous  lesquels  les 
morts  disparaissaient,  comme  les  princes  de  Mycènes.  Il 
suffit  de  nommer  la  célèbre  Tomba  Regulini  Galassi  de 
Cervetri  7,  le  Tumulo  délia  Pietrera  à  Vetulonia  \  les 
tombeaux  de  Vulci  et  de  Canino,  qui  ont  fourni  les 
admirables  bijoux  du  Musée  du  Louvre  et  de  l’Antiqua- 
rium  de  Munich  9.  Cependant,  les  femmes  seules  étaient 
richement  parées  10,  elles  se  couvraient  d’une  masse 
éclatante  de  diadèmes,  de  bracelets,  de  boucles  et  de 
colliers.  Ces  derniers  se  composent  le  plus  souvent  de 
simples  perles  à  facettes  ou  cannelées,  rondes,  allongées, 


profdées  à  double  tronc  de  cône.  Assez  fréquentes  son 
les  pendeloques  à  tête  ou  à  figure  humaine  (fig.  5135)  ", 
les  bulles  estampées  et  granulées,  semblables  aux  bijoux 
chypriotes  t2,  les  médaillons  incrustés  d’ambre,  suspen¬ 
dus  parfois  à  des  chaînes  tressées  de  fils  d'or  1  '.  On  trouve 
souvent,  à  Vetulonia  surtout,  de  petits  flacons  à  par¬ 


fums,  suspendus  aux  colliers  ",  ou  même  d’énormes 
alabastra  d’argent,  qui  couvraient  la  poitrine  comme  un 
pectoral 

OuLre  ces  colliers  précieux,  on  mettait  avec  les  morts 
une  quantité  extraordinaire  de  perles  et  de  pendeloques 
en  ambre  et  en  verre,  des  formes  les  plus  variées  ;  les 
fosses  de  quelques  tombeaux  «  a  circolo  »  de  Vetulonia 
en  étaient  comme  tapissées.  On  ne  se  bornait  pas  aux 
types  simples  :  un  collier  d’ambre  de  Vetulonia  1G, 
énorme,  reproduit  des  poissons,  des  singes  et  des 
femmes  nues  ;  on  imitait,  en  ambre  ou  en  cornaline 
(fig.  313),  les  scarabées  égyptiens  ou  égyptisants,  dont 
un  grand  nombre  est  sorti  des  mêmes  tombeaux.  Une 
dame  de  Tarquinii  portait  au  cou  une  centaine  de  petites 
figurines  égyptiennes  en  faïence  verte  ".  Un  collier  de 
l’Antiquarium  de  Munich  est  composé  de  petites  idoles 
et  de  scarabées  taillés  en  figurines,  et  montés  en 
argent.  Il  est  inutile  de  multiplier  les  exemples. 
Un  buste  de  Vulci,  très  archaïque  (fig.  2820) 18,  et 
les  statues  funéraires  de  Vetulonia  1U,  confirment  ce 
luxe  de  bijoux,  qui  semblent  de  facture  indigène,  et 
dénotent  l’apogée  d’un  art  longuement  et  patiemment 
développé. 

Au  vie  siècle,  cet  art  est  encore  très  florissant;  il  pro¬ 
duit  de  beaux  colliers  à  chaînettes  et  breloques  multi- 


*  Voir  surtout  les  Comptes  rendus  de  V Acad,  imper,  de  St.-Pétersbourg,  1865, 
pf  »  (d'où  est  prise  notre  figure);  1880,  1;  1881,  2;  1882,  2,  5;  Antigu 
du  Bosphore  cimm.  pl.  îx-xn  ;  Kondakof-Tolstoï-Reinach,  Antiq.  de  la  Russie 
tnérid.  p.  03.  —  2  C.  rendu,  1800,  pl.  iv,  0  (p.  88),  datée  par  la  pierre  gravée 
(Furtwaengler,  Ant.  Gemm.  VIII,  52).  —  3  Collier  à  tresse  de  Curium  (Cesnola, 
l-Vprus,  pl.  xxv)  semblable  à  celui  de  Milo,  Fontenay,  L.  c.  p.  130.  —  1  Par  exemple, 
Bosphore  cimm.  pl.  xii,  3;  xu  a,  4;  Compte  rendu ,  1869,  pl.  i,  14,  15;  cl.  les  colliers 
Hétois,  Coll.  Gotuchôw,  pl.  x,  72;  xi,  82,  91,  et,  à  l'autre  bout  du  monde  antique, 
des  bijoux  sardes  comme  Coll.  Tyskiewicz,  pl.  xxxvm.  —  8  Cf.  par  exemple  Bos¬ 
phore  cimm.  IX,  3  ;  X,  1,  12;  XI,  1,  2,  7;  C.  rendu,  1880,  pl.  i,  5-0;  1881,  11,  2-3; 
IS82-3,  II,  5;  Kondakof-Reinach,  L.  c.  p.  58,  avec  des  colliers  égyptiens  tels  que 
Anh.Anzeig.  1901,  210  ;  Burlington  Club  catalogue,  1895,  pl.  xxvi,  29  ;  Schreiber, 
Alexandrin.  Toreutik,  p.  304.  Les  bijoux  hellénistiques  d'Asie  sont  encore  assez 
•  ares;  S.  E.  M.  Néüdow,  ambassadeur  de  Russie  à  Rome,  en  a  réuni  une  collection 
admirable  :  catalogue  Richement  illustré  par  Pollak,  Klassisch-Antike  Gold- 
^hmiede- Arbeiten,  etc.  Leipzig,  1903;  les  colliers,  pl.  xm-xvi,  n0'  311-398.  Au 
Musée  du  Caire,  de  très  beaux  colliers;  cf.  Arch.  Anzeig.  1901,  210.  —  6  Parmi 
•'as  assemblages  les  plus  disparates  de  perles  et  de  pendeloques  eu  verre,  en  ambre, 

VI. 


en  os,  on  trouve  quelques  rares  pendants  ou  bulles  d'or.  Voir,  pour  ces  colliers 
barbares,  Ghirardini,  Not.  d.  scavi,  1882,  196;  Karo,  Studi  e  materiali,  11, 
125,  140.  —  7  Helbig-Reisch,  Führer,  112,  344  sq.  ;  Mus.  etr.  Gregor.  I,  1  sq. 

—  8  Karo,  Studi  e  materiali,  I,  272;  II,  107,  126  sq.  ;  Amelung,  Florent.  Führer, 
17G  sq.;  Milani,  Museo  copogr.  d.  Etrur.  —  9  Christ,  Führer  d.  d.  Antiqu. 
1901,  p.  36-38;  Karo,  O.  I.  II,  109  sq.  130  sq.  —  10  Les  bulles  que  portent  des 
hommes  et  surtout  des  enfants  (Martha,  Art  étrusq.  314-547;  Jlicali,  Mon.  in. 
50,  3;  E  truste.  Spieg.  83,  etc.)  sont  des  amulettes  plutôt  que  des  colliers; 
cf.  p.  1988,  note  7.  —  H  Musée  du  Louvre,  Roger  Milès,  La  bijouterie, 
p.  81,  fig.  84.  —  12  Cf.  notes  2,  9,  10,  p.  1987,  et  les  exemples  rhodiens, 
note  10,  ibid.  —  13  Le  plus  bel  exemplaire,  de  la  tombe  Regulini-Galassi,  Mus. 
Gregor.  1,  64,  67  ;  Karo,  L.  c.  II,  139  ;  cf.  le  beau  collier  du  Cabinet  des  Médailles, 
dans  la  coll.  de  Luynes  (Gazette  archéol.  1879,  pl.  u,  plus  récent).  —  14  Karo, 
L.  c.  Il,  132  (cf.  130-1);  cf.  le  collier  de  Curium,  Cesnola,  Cyprus,  pl.  xxiv. 

—  15  Karo,  L.  c.  H,  133.  Ces  derniers  n’ont  pu  servir  que  de  parure  funéraire. 

—  16  Falclii,  Vetulonia,  pl.  vu.  —  n  Not.  d.  scavi,  1896,  18,  —  18  Journ.  hell. 
stud.  1894,  222,  pl.  .vin;  Micali,  Mon.  in.  G,  2.  —  19  Karo,  Studi  e  Materiali, 
I,  274-5  ;  11,  126,  pl.  lu. 


250 


MON 


—  1990  — 


MON 


pliées1,  dont  le  style  et  les  types  accusent  déjà  une  forte 
influence  ionienne  2,  qui  ne  fera  désormais  que  s'accen¬ 
tuer.  Mais  la  prédominance  ionienne  était  plutôt  défa¬ 
vorable  à  l’orfèvrerie  étrusque,  qui,  depuis  l’époque 
archaïque  (viie-vi°  siècle),  n’a  pas  progressé.  On  perd 
peu  à  peu  la  finesse  merveilleuse  du  grènetis  et  du  fili¬ 
grane,  c’est  une  décadence  lente,  mais  continue,  qui 
commence  au  Ve  siècle,  et  aboutit  aux  produits  grossiers 
de  l'orfèvrerie  étrusco-romaine. 

Cependant,  le  Ve  et  le  ive  siècle  ont  encore  donné 
quelques  beaux  colliers,  souvent  enrichis  de  scarabées 
(flg.  5136) 3  ou  de  grosses  bulles  à  reliefs  repoussés. 


Fig.  5136.  —  Collier  de  scarabées. 


(flg.  2778,  4234;  cf.  192  et  3772);  c’est,  serhbl 
souvenir  de  la  mode  grecque  archaïque  et  en  partie  Y 

ionienne  des  colliers  d’amulettes  ,0.  U Uer 


dont  les  sujets  sont  presque  tous  empruntés  à  la  mytho¬ 
logie  grecque  L  Aux  anciens  types  ioniens,  Tritons  et 
Sirènes,  tètes  de  Méduse  ou  de  lion,  on  substitue  des 
coquilles,  des  amphores,  des  glands,  des  masques  de  style 
libre,  etc.  On  introduit  les  pierres  fines,  inconnues  jus¬ 
qu’alors,  surtout  les  émeraudes.  De  nombreux  monu¬ 
ments  figurés  (flg.  300,  302)  nous  enseignent  la  façon 
dont  on  portait  ces  colliers  :  les  femmes  couchées  sur 
les  sarcophages  et  les  urnes  funéraires,  du  ive  au 
ne  siècle,  ont  très  rarement  le  cou  nu  (fig.  1246)  ; 
à  remarquer  le  collier 
d’or  de  la  belle  dame 
assise  sur  un  sarco¬ 
phage  de  Città  délia 
Pieve3,  qui  remonte 
encore  au  Ve  siècle. 

Les  figures  des  urnes 
de  Volterra  c,  la  belle 
Larthia  Seianti  de 
Clusium  7,  nous  mon¬ 
trent  la  même  combi¬ 
naison  de  colliers  ser¬ 
rant  le  cou ,  et  de 

chaînettes  à  bulles  pendant  entre  les  seins  [catena],  que 
nous  avons  remarquée  sur  les  monuments  gréco-phéni¬ 
ciens  de  Chypre.  D’autre  part,  le  collier  de  Proserpine, 
sur  une ‘fresque  d’Orvieto  8,  rappelle  de  près  celui  du 
célèbre  buste  d’Elché  \  exemple,  lui  aussi,  de  l’art  grec 
greffé  sur  des  traditions  orientales.  Ces  bijoux  nous 
permettent  de  démêler  les  fds  délicats  qui  relient,  à 
travers  les  siècles,  l’Orient  et  ses  colonies  d’Occident. 

Il  est  curieux  de  remarquer  que  les  Étrusques  donnent 
parfois  des  colliers  même  aux  personnages  masculins; 

1  Exemplaire  inédil  de  l’Antiquarium  de  Munich,  orné  d  une  défense  de  sanglier 
montée  en  or.  Pour  la  défense  de  sanglier  montée  en  breloque,  cf.  Kondakof-Reinach, 
L.  c.  277,  et  de  Morgan,  Fouilles  à  Dahchour ,  pl.  xxn,  20  (griffes  <le  lion). 
—  2  Cf.  par  exemple  la  belle  tète  d’Achélous,  Marlha,  Art  étr.  pl.  i,  H  (supra, 
fig.  960,  p.  793),  avec  des  bronzes  ioniens,  ou  le  collier,  Ibid.  573,  avec  des  bijoux  de 
Chypre  et  de  Crimée.  Voir  aussi  Fontenay,  Bijoux  anc.  et  mod.  158  (Louvre);  Mon. 
d.  Inst.  1854,  24;  Coll.  Gotuchôw,  VII,  pl.  vu,  35.  —  3  Cf.  Martha,  Art  étr.  pl.  i,  4, 
et  p.  575.  —  4  Par  exemple,  Martha,  L.  c.  572  ;  Micali,  Mon.  in.  26,3  ;  51 , 4.  Un  exem¬ 
plaire  superbe  au  Cabinet  des  Médailles  (2783).  —  6  Martha,  Art  étr.  339  ;  Milani, 


Fig.  5138.  —  Collier  romain  avec  médaillons 


Fig.  5137.  —  Collier  de  Pompéi. 

IV.  Rome.  —  Il  n’y  a  guère,  en  orfèvrerie,  de  style 
romain  proprement  dit  :  la  Grande-Grèce  et  l’Étrurie  y 
ont  contribué  à  parts 'égales.  Il  n’est  point  surprenant 
que  les  colliers  de  Pompéi  (fig.  5137)  11  reproduisent 
exactement  des  types  connus  en  Crimée  comme  en  Égypte  : 
c’est  là  une  xo-.v-i)  grecque,  comme  celle  du  langage,  dont 
l’uniformité  est  favorisée  par  la  domination  romaine. 
D’autre  part,  les  rares  bijoux  de  l’époque  romaine  trouvés 

dans  le  Latium  et  dans 
l’Italie  du  Nord  ne  se 
distinguent  guère  des 
modèles  étrusques  du 
me-iie  siècle  av.  J.-C. 12. 
On  y  remarque  sou¬ 
vent  la  bulla,  ornement 
distinctif  des  jeunes 
Romains  (fig.  2075, 
2607,  2835),  ou  une 
série  d'amulettes  et  de 
crepundia  (fig.  310, 
311,  313).  Quant  au 
type  du  torques ,  il  forme  une  catégorie  à  part  [torques]. 
Ce  n’est  qu’au  temps  du  Bas-Empire  qu’on  rencontre  un 
nouveau  type  de  collier,  formé  de  médailles  d  or  montées 
en  médaillons.  La  plus  importante  trouvaille  de  ce  genre 
a  été  faite  en  Transylvanie  ;  elle  se  compose  de  médailles 
de  Constantin  et  de  sa  famille  13  et  d’un  long  collier  a 
chaînettes  chargées  d’une  foule  d’emblèmes  des  arts  e 

métiers14,  exemple  caractéristique  du  mauvais  e011  ’ 

cette  époque.  Ces  colliers  peu  gracieux  se  maintienne 
jusqu’à  la  fin  du  monde  ancien.  On  substitue  souve 

Mus.  topoç/r.  d.  Etr.  63.  —  6  Martha,  L.  c.  40,  199  ;  Urne  éti  usche ,  ,  Yonestabile, 
d.  Inst,  xi,  1  ;  Milani,  L.  c.  8,  iii-ii*  siècle.  -  »  Tomba  dei  Sette  Oamrn^  ^  baut 
Pitt.  Mur.  XI  =  Martha,  L.  c.  443.  —  9  Mon.  Piot .  IV,  pl.  x"‘'x‘v-  2g .  UIi  Arti 

la  note  7,  p.  1*«S.  —  «  Par  exemple,  Niccolini,  Case  e  mon.  >  ■  o/h/j.  ^ 
e  Mestieri,  7;  I,  Casa  Poêla ,  Frag.  3.  D’autre  part,  les  bulles,  p^peji^ 

gener.  42,  sont  absolument  semblables  aux  bulles  étrusques ,  c  .  (environsde 

023,  fig.  319.  —  12  Par  ex.,  Arnelh,  Gold-u.  Silbermon.  ».  U  ’  ’ien  Constantin, 

Vérone);  Bull,  comun.  1889,  pl.  vm  (Rome,  m*  siècle).  -  •  _ u  AnieU)i l.e.G, U 
Valeils,  Valentinien  I  et  II,  Gratien  :  Arnelh,  L.  c.  G,  XV-X 


MON 


—  1991  — 


MON 


t|es  camées  1  et  des  pierres  gravées  aux  médailles 
^lig.  r>138) 2;  de  telles  parures  furent  encore  portées  par 
des  princesses  tant  byzantines  que  carolingiennes  3. 

Mais  l’art  franc  et  lombard  n'a  point  enrichi  cette  classe 
bijoux.  C’est  pour  les  hommes,  pour  les  guerriers, 
que  travaillaient  ces  orfèvres  ;  on  négligea  dès  lors  les 
colliers  pour  les  fibules,  les  broches  et  les  boucles, 
serties  de  gemmes  et  d'émaux.  Les  colliers,  rassemblés 
d’éléments  et  de  matériaux  disparates  4,  rappellent  les 
parures  barbares  des  tombes  ombriennes  à  puits.  La 
tradition  classique  se  brise  et  disparait  s.  G.  Karo. 

MONOBOLON.  —  Un  des  cinq  jeux  qui  restèrent 
autorisés  par  Justinien  lors  de  la  réglementation  qui 
eut  pour  but  de  prévenir  l’abus  des  paris’.  Celui-ci,  à 
ce  qu’il  semble,  é'ait  une  course  2  terminée  par  un  saut, 
mais  on  ne  saurait  dire  ce  qui  le  distinguait,  sinon  qu’on 
ne  s’aidait  pas  d’une  perche  comme  dans  le  contomono- 
bolon.  E.  S. 

MONOMACHIA.  —  Le  combat  singulier  fleurit  sur¬ 
tout  aux  époques  héroïques.  Les  batailles  qu’IIomère 
décrit  devant  Troie  ne  sont,  en  réalité,  qu’une  série  de 
combats  singuliers.  Les  princes,  les  avaxte;,  attirent  seuls 
l’attention  du  poète.  Les  héros  ne  se  mesurent  qu’avec 
des  héros  :  leurs  coups  n’atteignent  que  des  guerriers 
distingués  aussi  par  leur  naissance,  et  dont  presque  tou¬ 
jours  la  généalogie  est  indiquée  avec  soin  ;  la  foule  ano¬ 
nyme  est  à  peine  mentionnée  Les  batailles  de  Y  Iliade 
ne  sont  conçues  que  comme  une  suite  de  p-ovogaytai,  et 
c’est  à  cette  idée  que  correspond  la  formule  fréquente  au 
début  des  descriptions  de  mêlées  :  ’ÉvOa  o’àvTjp  eXev  avopx 2. 

Cesmonomachies  sont  nombreuses.  On  peut  les  classer 
d’après  certains  caractères  particuliers.  D’abord  les  mono- 
machies  livrées  au  milieu  des  mêlées  :  il  y  en  a  deux  que 
le  poète  raconte  avec  de  grands  détails  à  cause  de  l’impor¬ 
tance  des  héros  qui  sont  en  présence.  Dans  ces  deux  com¬ 
bats,  Patrocle  est  aux  prises  tour  à  tour  avec  Sarpédon 
et  avec  Hector.  Sarpédon3,  à  la  vue  du  massacre  que 
Patrocle  fait  des  Troyens,  s’avance  pour  arrêter  le  vain¬ 
queur.  Les  deux  guerriers  se  sont  reconnus  ;  ils  s’élan¬ 
cent  de  leurs  chars  et  marchent  l’un  vers  l’autre.  Patrocle 
lance  le  premier  son  javelot  et  tue  Thrasymèle,  l’écuyer 
de  Sarpédon  ;  ce  dernier  n’atteint  de  son  trait  qu’un  des 
chevaux  d’Achille,  Pédaseples  combattants  lancent  un 
second  trait,  Sarpédon  manque  son  adversaire  qui  le 
frappe  d’un  coup  mortel  au  bas  de  la  poitrine.  Le  combat 
entre  Hector  et  Patrocle  1  présente  quelques  différences 
dont  la  plus  importante  est  l’intervention  d’une  divinité 
en  faveur  d’un  des  deux  guerriers.  Cette  intervention, 
qui  se  produit  presque  constamment  dans  les  combats 
homériques,  ne  peut,  à  nos  yeux,  que  diminuer  la  gloire 
du  vainqueur.  Le  poète  n’en  jugeait  pas  ainsi  ;  pour  lui,  la 

1  Un  (ici  exemple  à  Vienne,  Arnetli,  Ant.  Cameen  v.  Wien.  XXI,  8.-2  AuCabinet 
(lcs  antiques  ;  Roger  Miles,  La  bijouterie ,  p.  121,  fig.  123.. —  3  La  plus  belle  parure 
de  ce  genre,  déterrée  près  de  Mayence,  appartient  à  la  collection  Ileyl  à  Worms.  Elle 
a  été  exposée  à  Dusseldorf  en  1902.  Voir  Cat.  off.  de  l' Expos,  n"5  806-7  ;  cf.  Babclon, 
Grai\  en  pierres  fines ,  172,  210  sq.  ;  Schneider,  Album  d.  Antik.  Wien,  pl.  xux-i.. 
~~  ’  Voir  Vcnturi,  Storia  d.  Arte  liai.  11,  42-3  (Cividale),  50,  61,  G2,  65,  67 
Aocera  Umlira),  63  (Castel  Trosino)  ;  bibliographie  complète,  Ibid.  p.  65;  Mon. 
°’d.  d.  Line.  XII,  pl.  vi,  vu,  xi,  xiu,  xiv  (Castel  Trosino).  —  5  Cf.  tes  articles  cae- 
wtuiu,  coLLAnE,  amuletum  et  aussi  ar  mile  a,  bulla,  catena,  inaures,  ce  dernier 
aUicle  surtout,  parce  que  les  boucles  d'oreille  ont  une  histoire  analogue  aux  col- 
lit>rs  ;  richesse  extraordinaire,  formes  variées,  souvent  surchargées  d'ornements,  en 
l 'rient,  goût  simple  et  sévère  dans  la  Grèce  continentale,  avant  le  iv*  siècle.  En  fait 

bibliographie  générale  on  ne  peut  guère  citer  que  les  livres  de  Fontenay,  Les 
N0!<®  anciens  et  modernes,  Farjs,  1887,  et  de  Roger  Milès,  La  bijouterie,  Paris, 
lvlb  Pour  le  détail,  voir  encore  Arnelh,  Gold-und  Silbcrmonumente  des  kais. 


grandeur  du  héros  éclatait  d’autant  plus  qu'il  était  l’objet 
de  telles  faveurs  de  la  part  de  la  divinité.  Cependant, 
dans  le  combat  entre  Hector  et  Patrocle,  il  est  difficile 
de  croire  que  le  poète  n’a  pas  voulu  rabaisser  le  vain¬ 
queur.  Il  ne  lui  prête  pas  le  beau  dévouement  de  Sarpé¬ 
don,  s’élançant  le  premier  contre  un  adversaire  redou¬ 
table,  pour  défendre  ses  compagnons.  Il  faut  qu’Apollon, 
sous  les  traits  d’un  vieillard  troyen,  gourmande  Hector, 
l’accuse  même  de  lâcheté  et  le  pousse  ainsi  au  combat. 
Le  rôle  du  dieu  ne  s’arrête  pas  là.  Quand  les  deux  héros 
sont  aux  prises,  Apollon  livre  à  Hector  son  adversaire 
non  seulement  désarmé,  dépouillé  de  son  casque,  de  son 
bouclier,  de  sa  cuirasse,  mais  encore  tout  étourdi  et 
tombé  en  défaillance  par  un  grand  coup  dont  le  dieu  le 
frappe,  au  milieu  du  dos,  de  sa  robuste  main.  Rien  de 
moins  glorieux  que  cet  exploit  d’Hector. 

Dans  le  duel  entre  Achille  et  Hector3,  se  produit 
encore  l'intervention  de  la  divinité;  mais,  cette  fois,  le 
poète  n’a  pas  l’intention  de  diminuer  Achille  ;  il  veut, 
au  contraire,  le  grandir  en  montrant  combien  il  est  favo¬ 
risé  par  les  dieux.  Apollon  abandonne  Hector  ;  Athéné  va 
auprès  d’Achille,  l’encourage;  elle  va  ensuite  auprès 
d’Hector,  en  se  déguisant  sous  la  figure  de  Déiphobe,  et 
elle  lui  tend  un  vrai  guet-apens.  Enfin  les  deux  adver¬ 
saires  sont  en  présence:  ils  lancent  tour  à  tour  leur  trait 
l’un  contre  l’autre  et  se  manquent;  ils  se  trouvent  donc 
désarmés  tous  les  deux  ;  mais  Athéné  court  ramasser  la 
lance  d’Achille  et  la  lui  rapporte;  le  héros  la  lance  une 
seconde  fois  contre  Hector,  il  le  touche  et  le  tue. 

Dans  le  récit  des  deux  combats,  le  poète  met  les  com¬ 
battants  aux  prises  dès  qu’ils  s'aperçoivent  ;  ils  ne  per¬ 
dent  pas  le  temps  à  ces  provocations,  ces  insultes  et  ces 
menaces  qui  sont  un  des  traits  ordinaires  du  combat 
homérique.  Le  plus  souvent,  en  effet,  chacun  des  deux 
adversaires  rabaisse  le  courage  de  son  ennemi  ;  ils 
exaltent  leur  propre  valeur,  ils  vantent  les  héros  dont  ils 
descendent6.  Si,  par  hasard,  ils  se  trouvent  en  présence 
d’un  guerrier  qui  leur  est  inconnu,  ils  s’arrêtent,  ils 
veulent  savoir  qui  il  est.  Ainsi  Diomède  en  présence  de 
Glaucos1  :  il  veut  connaître  l’adversaire  qui  est  devant 
lui  et,  quand  les  deux  héros  reconnaissent  qu’ils  sont 
liés  par  les  liens  d’une  ancienne  hospitalité,  ils  renoncent 
à  combattre;  par  un  nouvel  échange  de  présents,  ' ils 
renouvellent  le  pacte  d’amitié  conclu  par  leurs  aïeux. 

C'est  ainsi  que,  dans  nos  épopées  du  moyen  âge,  les 
deux  champions,  eux  aussi,  se  menacent  et  s'insultent 
avant  de  combattre  ;  presque  toujours  ils  se  provoquent  ; 
le  défi  par  cartel,  lancé  par  un  guerrier  et  accepté  par  un 
adversaire,  fait  de  bonne  heure  partie  de  ce  qu’on  appelle 
le  code  du  duel.  Le  plus  important  de  ces  combats  dans 
Y  Iliade  est  celui  d’Hector  contre  Ajax3.  Hector  a  su  par 

Antiken-Cabinets,  les  Comptes  rendus  de  L'Académie  de  Pétersbourg,  et,  outre  les 
livres  cités  plus  haut,  quelques  catalogues  de  collections  privées,  surtout  les  somp¬ 
tueux  catalogues  de  la  Collection  Gotuchow,  par  Froehner  (1897)  et  de  la  Collection 
JYélidow,  par  Pollak  (1903).  La  loreutique  est  le  plus  négligé  des  domaines 
archéologiques,  et  celui  où  le  manque  d'un  bon  manuel  est  le  plus  sensible. 

MONOltOLON.  1  Cod.  Just.  III,  43,  3.  —  2  Apô;xo;,  dit  lialsamon  ad  Phot. 
Nomocanon,  Bâle,  1561. 

MONOMAC1IIA.  1  II.  II,  4G0  ;  IV,  275-282,  297;  XI,  G i-Go  ;  XIII,  131-133;  XVI, 
213-217.  M.  Paul  Girard  le  considère  comme  l'élément  primordial  et  fondamental 

de  l’Epopée  (Revue  des  Etudes  grecq.  XV,  1902,  p.  229-287).  _ 2  XV,  326;  XVI 

306  ;  V,  37.  —  3  XVI,  419-507.  —  4  XVI,  712-867.  -  6  XXII,  1-304;  cf.  sur  ce 
combat  de  Cnes  remarques  de  M.  G.  Boissicr,  Nouv.  promenades  archéol.  p.  368. 
—  G  Combat  de  Pandaros  et  d'Enée  contre  Slhénélos  et  Diomède,  V,  277  ;  de 
Sarpédon  contre  Tlé  polémos,  V,  627  ;  de  Déipbobc  et  d’Enée  contre  ldoménéc, 
X 111,  466;  d’Achille  et  d’Enée,  XX,  177.  —  7  VI,  119-236.  —  8  VU,  44-312, 


MON 


—  1092  — 


MON 


son  frère,  le  devin  Hélënos,  que  l’heure  de  son  trépas 
n’est  pas  encore  arrivée;  rassure  par  cette  prédiction,  il 
défie  les  Grecs,  il  provoque  les  plus  braves  ;  une  seule 
condition  est  indiquée  dans  le  cartel  :  le  vainqueur 
remettra  le  cadavre  du  vaincu  à  ses  amis,  pour  qu’ils  lui 
rendent  les  derniers  honneurs.  Longtemps  les  Grecs 
hésitent  à  affronter  un  adversaire  tel  qu’Hector  ;  enfin,  sur 
les  pressantes  objurgations  de  Ménélas  et  de  Nestor,  neuf 
guerriers  s’offrent  pour  combattre  ;  le  sort  désigne  Ajax  : 
la  lutte  commence,  et,  après  plusieurs  engagements  dans 
lesquels  les  deux  adversaires  montrent  la  plus  grande  force 
et  la  plus  grande  bravoure,  les  hérauts  s’avancent  des 
deux  côtés  et  les  séparent  :  ils  sont  tous  les  deux  égale¬ 
ment  chers  à  Zeus,  également  braves;  d’ailleurs  la  nuit 
arrive,  les  deux  adversaires  se  séparent  après  s’ètre  fait 
mutuellement  de  riches  présents. 

Toutes  les  monomachies  que  nous  avons  décrites  jus¬ 
qu’ici  n'ont,  en  réalité,  d’autre  objet,  dans  l’esprit  du  poète, 
que  de  faire  éclater  la  gloire  du  héros.  De  pareils  com¬ 
bats  peuvent  avoir  assurément  un  résultât  pratique  :  si 
les  deux  chefs  de  chaque  armée,  si  les  deux  plus  braves 
guerriers  qui',  des  deux  côtés,  sont  le  centre  de  la  résis¬ 
tance,  en  viennent  aux  mains,  Ja  mort  de  l’un  des  deux 
peut  amener  la  défaite  de  son  parti.  Mais  il  peut  ne  pas 
en  être  ainsi:  ce  résultat  n’est  acquis  que  si  les  deux 
adversaires  sont  eux-mêmes  la  cause  du  conflit  qui  arme 
les  deux  peuples  l’un  contre  l’autre.  Dans  un  pareil  cas, 
l’idée  de  faire  décider  la  querelle  par  un  combat  singulier 
était  la  plus  naturelle  :  elle  a  dû  s’imposer  tout  d’abord  à 
l’esprit  des  hommes.  C’était  là  une  des  premières  mani¬ 
festations  d’un  droit  des  gens,  le  désir  de  réduire  les  maux 
de  la  guerre  et  d’éviter  une  effusion  de  sang  inutile.  Tel 
est  dans  Y  Iliade  le  duel  entre  Paris  et  Ménélas  *.  Le  poète 
le  décrit  dans  les  plus  grands  détails.  Rien  n’y  manque  : 
d’abord  la  provocation  ;  elle  est  faite  par  Hector  au  nom 
de  Paris.  Ce  dernier  fait  proposer  à  Ménélas  un  combat 
singulier  pour  vider  leur  querelle  :  le  vainqueur  obtien¬ 
dra  Hélène  et  ses  trésors;  les  deux  peuples  feront  la 
paix  et  deviendront  amis.  Ménélas  accepte.  Le  cartel  ainsi 
lancé  et  relevé,  il  y  a  à  faire  une  convention  par  laquelle 
les  deux  peuples  s’engageront  à  se  soumettre  à  l’arrêt  du 
destin,  tel  que  l’issue  du  combat  le  révélera.  Cette  con¬ 
vention  donne  lieu  à  une  cérémonie  religieuse,  à  un 
sacrifice  et  à  un  serment  solennel  prêté  par  Agamemnon 
et  par  Priam.  Les  deux  peuples  sont  rangés  en  face  l’un 
de  l’autre,  séparés  seulement  par  l’espace  qui  doit  servir 
de  lice  aux  combattants.  On  tire  au  sort  pour  décider 
qui  des  deux  guerriers  aura  l’avantage  de  lancer  le  pre¬ 
mier  son  javelot.  Le  sort  favorise  Paris  ;  le  combat  s’en¬ 
gage  et  se  termine  par  la  défaite  de  l’amant  d’Hélène,  qui 
est  sauvé  par  Aphrodite.  Cette  défaite  est  suivie,  d’un 
acte  de  déloyauté  commis  par  les  Troyens  :  la  guerre 
continue  à  sévir  entre  les  deux  peuples. 

Si  de  l’épopée  nous  passons  à  la  légende,  nous  trou¬ 
vons  la  monomachie  surtout  sous  cette  dernière  forme. 
Elle  a  presque  toujours  un  résultat  pratique,  un  but  poli¬ 
tique  ;  une  guerre  entre  deux  peuples  est  ordinairement 
terminée  par  un  duel  entre  les  deux  chefs,  et  le  sort  de 
ce  combat  décide  du  sort  des  deux  peuples.  C’est  ainsi 
que  sont  figurées  et  racontées  les  invasions,  les  change¬ 
ments  de  dynastie.  On  sait  que  la  légende  avait  trans- 

i  111  38-372.  —  2  Ephor.  lï.  13  de  Muller,  Frag.  hist.  gr.  t.  1  :  latt&ri 

«VTtW°‘  ?j<rav  ai  Suvàpeiç,  e!«  povop«xtav  itçoeMeïv  *ax à  É'9o?  4-ti  naXatbv  Tolv 


formé  l’invasion  dorienne  en  un  événement  mrf  1 
atténuant  ainsi  son  caractère  brutal  :  elle  attribuait  ■  ’ 
envahisseurs  un  droit  sur  le  sol  qu’ils  avaient  pris"  de  ' 
force.  C’était  à  la  fois  et  justifier  le  vainqueur  et  consolé 
le  vaincu.  La  monomachie  était  un  moyen  tout  ind; 
pour  ce  double  objet.  On  racontait  que  les  Iléraclides  con-  I 
doits  par  Hyllos,  fils  d’Héraclès,  se  présentèrent  une  pre¬ 
mière  fois  à  l’isthme  pour  prendre  possession  du  Pélopon¬ 
nèse  ;  ils  trouvèrent,  rangée  en  bataille  pour  lesrepousser 
l’armée  des  Achéens  et  des  Ioniens;  mais  le  conflit  put 
être  décidé  par  un  combat  singulier.  Hyllos  provoque 
le  plus  brave  soldat  de  l’armée  ennemie.  Échémos  roi 
des  Tégéates,  accepte  le  défi.  On  convient,  sous  la  foi  de 
serments  solennels,  que  si  Hyllos  est  vainqueur,  les 
Iléraclides  seront  rétablis  çlans  le  Péloponnèse;  s’il  est 
vaincu,  ils  s’engagent  à  renoncer  à  leurs  prétentions 
pendant  cent  ans.  Hyllos  est  tué,  les  Héraclides  se  reti¬ 
rent.  Les  cent  ans  écoulés,  ils  reviennent,  cette  fois  en 
traversant  la  mer  de  Corinthe,  conduits  par  l’Étolien 
Oxylos.  Pendant  que  les  Héraclides  s’emparaient  d’Argos, 
de  Sparte  et  de  Messène,  les  Étoliens  marchaient  contre 
l’Élide  :  les  Épéiens  allèrent  à  leur  rencontre.  Les  deux 
armées  étaient  d’égale  force  :  on  décida  de  s’en  remettre 
à  deux  champions  qui  combattraient  pour  les  deux  partis, 
car  c’était  là  un  ancien  usage  des  Grecs2.  L’Épéien  Deg-  ■ 
ménos  se  fiait  dans  la  longue  portée  de  son  arc;  mais 
l’Ètolien  Pyrechmès  avait  une  fronde,  arme  jusqu’alors 
inconnue  en  Grèce  et  qui  portait  plus  loin  que  l’arc;  il 
tua  son  adversaire  et  assura  ainsi  la  victoire  à  Oxylos  et 
aux  Étoliens. 

Les  légendes  relatives  à  Athènes  nous  présentent  des 
faits  analogues  :  c’est  ainsi  que  l’établissement  de  la 
dynastie  des  Nélides  de  Pylos  était  dû,  à  ce  qu’on  racon¬ 
tait,  à  la  victoire  que  Mélanthos  remporta  sur  le  roi  béo¬ 
tien  Xanthos.  Ce  dernier  avait  provoqué  le  roi  athénien 
Thymétès,  qui  déclina  le  cartel.  Xanthos  releva  le  défi 
et  vainquit  le  Béotien  par  un  adroit  stratagème  3. 

Ces  combats  légendaires  étaient  considérés,  par  les 
Grecs  du  vc  siècle  et  des  siècles  suivants,  comme  des 
faits  historiques  parfaitement  certains.  Ces  souvenirs 
sont  rappelés  à  chaque  instant  par  les  peuples  dont  ils  ] 
constituent  le  patrimoine  moral;  ils  sont  pour  eux  de 
vrais  titres  de  noblesse  ;  dans  les  relations  internatio¬ 
nales,  on  les  invoque  pour  justifier  des  prétentions  ;  1  s 
constituent  des  droits  qu’on  n’oublie  jamais  de  rappeler. 
Sur  le  champ  de  bataille  de  Platées*,  les  Tégéates I 
demandent  à  occuper  un  poste  d’honneur  de  pu  h  ien(je 

aux  Athéniens;  et,  pour  justifier  leurs  prétentions,  Us 

allèguent  la  victoire  remportée  jadis  par  Hyllos,  le  eu  j 

des  Héraclides.  ,  ■  jp 

A  l’époque  héroïque  etlégendaire  succède  une  pt 

où  la  certitude  des  faits  et  la  réalité  des  mt  m  1 
dégagent  déjà  et  s’accusent  ;  l’histoire  commence,  encore 
mêlée,  il  est  vrai,  àla  légende.  La  préoccupation ,  d adoM 
les  rigueurs  de  la  guerre,  l’existence  d’un  droit  d  8 
s’affirment  plus  nettement.  Dans  ce  monde  <  P 
peuples  de  même  race,  de  petites  cités  v01®in®®\icipant 
la  même  langue,  ayant  les  mêmes  mœurb,  ^ 

aux  mêmes  fêtes,  unies  par  des  liens  o  ou  t  jeS 

a  cherché  de  bonne  heure  à  résoudre  Pacl  sanglants 
différends  qui  peuvent  faire  naître  des  co 

‘  •EUV.vn.v.  -  3  Ibid.  fr.  25;  Slrab.  IX,  p.  002;  Polyb.  I,  19’  -  4  Hc,°d'  ‘X’  '6’ 
Paus.  I,  44,  11;  VIH,  5,  3;  53,  10. 


MON 


1993  — 


MON 


(,|  quelquefois  des  haines  inexpiables.  La  monomachie, 
considérée  comme  une  sorte  de  jugement  de  Dieu,  de- 
lent  un  article  du  droit  des  gens.  En  même  temps  une 
mire  pratique,  à  qui  étaient  réservées  de  longues  desti¬ 
nées  et  qui  devait  avoir  une  importance  considérable  sur 
le  développement  politique  et  moral  du  monde  grec,  l'ar¬ 
bitrage,  apparaît  à  côté  de  la  monomachie,  parfois  se 
combine  avec  elle  pour  amener  la  fin  des  querelles. 

L'exemple  le  plus  ancien  que  nous  ayons  d'une  mono- 
machie  présentant  un  caractère  sérieux  de  réalité,  est 
le  combat  singulier  par  lequel,  Athènes  et  Mytilène  déci¬ 
dèrent  dérégler  le  litige  relatif  à  la  possession  de  Sigée*. 
Les  deux  champions  étaientl’Athénien  Phrynon,  illustre 
par  une  victoire  olympique,  et  Pittacos,  tyran  de  Myti¬ 
lène.  Le  récit  de  ce  combat  présente  quelques  particu¬ 
larités  un  peu  étranges  qui  ontparu  suspectes  à  quelques 
critiques  2.  On  racontait  que  Pittacos  avait  mis  un  filet 
sous  son  bouclier,  qu’il  l’avait  lancé  sur  son  adversaire, 
l’enveloppant  et  pouvant  ainsi  le  tuer  facilement  ’.  Cette 
monomachie  n’eut  pas  le  résultat  qu’on  avait  espéré.  La 
lutte  continua  entre  Athènes  et  Mytilène;  enfin  les  deux 
villes  résolurent  de  soumettre  leur  différend  à  un  arbitre 
qui  fut  Périandre,  tyran  de  Samos.  Périandre  trancha  le 
débat  en  prononçant  Yuti  possidetis'* . 

11  serait  encore  plus  difficile  de  contester  la  réalité  de 
la  monomachie  par  laquelle  les  Spartiates  et  les  Argiens 
résolurent, <en  546,  de  régler  le  litige  relatif  à  la  possession 
de  la  Thyréatide,  partie  septentrionale  de  la  Cynurie.  Mais 
cette  fois  la  monomachie  se  présente  à  nous  sous  une 
forme  nouvelle8:  on  résolut  de  choisir,  dans  les  deux 
armées  prêtes  à  combattre,  un  nombre  égal  de  guer¬ 
riers,  qui  en  viendraient  aux  mains  pour  décider  la 
querelle  :  le  peuple  dont  les  champions  seraient  vain¬ 
queurs  aurait  cause  gagnée  et  entrerait  en  possession  de 
l'objet  du  litige.  Ainsi,  ce  n’est  plus  la  querelle  de  deux 
hommes,  chefs  ou  rois,  qui  est  considérée  comme  la 
cause  de  la  guerre  entre  deux  peuples;  ce  sont  des  rai¬ 
sons  d’ordre  politique,  d’ordre  économique  qui  les 
arment  l’un  contre  l’autre.  Comme  on  veut  éviter  1  effu¬ 
sion  du  sang,  on  en  appelle  à  un  jugement  par  les  armes, 
et  il  suffit  de  mettre  de  part  et  d’autre  en  présence  un 
nombre  égal  de  combattants  ;  mais,  comme  personne 
n'est  personnellement  responsable  du  conflit,  chaque  cité 
choisit  librement  ceux  à  qui  elle  confie  la  défense  de  ses 
droits. 

C’est  en  vertu  d’un  arrangement  de  ce  genre  que  les 
Argiens  et  les  Spartiates  choisirent,  chacun  de  son  côté, 
300  guerriers  ;  ensuite  les  deux  armées  se  retirèrent  pour 
laisser  le  champ  libre  aux  combattants.  Ces  deux  troupes 
délite  déployèrent  tant  de  bravoure  que  trois  hommes 
seulement  survécurent,  deux  du  côté  des  Argiens,  un  du 
côté  des  Spartiates.  La  nuit  étant  venue,  les  deux 
Argiens,  se  supposant  vainqueurs,  coururent  à  Argos 
annoncer  leur  victoire  ;  pendant  ce  temps,  le  Spartiate 
dépouilla  les  cadavres  ennemis,  porta  leurs  armes  dans 
le  camp  Spartiate,  puis  il  se  mit  à  son  poste  sur  le  lieu 

1  Slrab.  p.  5119-600;  Diog.  Laert.  I,  7,  4  ;  Polyacn.  I,  25;  Suid.  s.  v.  ^irtaxiç. 
Hérodote,  V,  95,  mentionne  la  guerre  entre  Athènes  et  Mytilène,  et  1  arbitrage  de 
I  ''riaudre  ;  il  ne  dit  rien  de  la  monomachie.  Nous  renvoyons  à  J.  Tdpller  ;  dans  les 
Qmestioncs  Pisistrateae,  II,  De  Sigeo  (p.  45,  des  Beitr.  zur  Griech.  Altert.  1886), 
I auteur  se  montrait  assez  sceptique  sur  la  réalité  de  la  monomachie  :  il  la  défend, 
au  contraire,  par  de  très  sérieux  arguments,  en  1894,  dans  un  article  du  Rhein. 
A/«s.  (t.  XL1X,  p.  225)  intitulé  Zur  Chronologie  der  aelteren  grieclu  Geschichte, 
N>  Die  Kacmpfe  der  Athener  in  der  Aeolis  (p.  234  des  Beitràge).  —  2  Bcloch, 


du  combat.  Le  lendemain,  chacune  des  deux  armées 
réclama  la  victoire;  on  ne  put  s’entendre;  on  en  vint  a 
une  bataille  générale  et  les  Argiens  lurent  battus. 

,Ce  combat,  raconté  en  détail  par  Hérodote  6,  a  été 
rappelé  par  Thucydide  7,  mais  dans  des  circonstances 
qui  font  bien  voir  le  changement  d’opinion  qui  s  était 
opéré  dans  l’esprit  public  à  propos  des  combats  singu¬ 
liers.  En  420,  les  deux  mêmes  villes  d’Argos  et  de  Sparte 
étaient  sur  le  point  d’en  venir  aux  mains  encore  une  fois 
à  propos  de  la  Cynurie  ;  les  Argiens  demandèrent  à  sou¬ 
mettre  l’affaire  à  un  arbitrage;  sur  le  refus  des  Lacédé¬ 
moniens,  ils  firent  la  proposition  suivante  :  «  On  con¬ 
clurait  une  trêve  de  cinquante  ans,  pendant  la  durée  de 
laquelle  chacun  des  deux  peuples  aurait  le  droit,  sauf  le 
cas  de  peste  ou  de  guerre  à  Lacédémone  et  à  Argos,  de 
provoquer  l’autre  peuple  à  un  combat  tel  qu  il  avait  eu 
lieu  autrefois  quand  les  deux  partis  s’étaient  attribué  la 
victoire.  »  Les  Lacédémoniens  regardèrent  cette  proposi¬ 
tion  comme  une  pure  démence;  mais  comme  ils  avaient 
alors  grand  intérêt  à  ménager  les  Argiens,  ils  acceptèrent 
et  le  traité  fut  conclu  à  ces  conditions. 

Ce  témoignage  de  Thucydide,  en  même  temps  qu  il  • 
confirme  l’existence  de  la  monomachie  en  1  an  546,  nous 
révèle  aussi,  comme  nous  l’avons  dit,  combien  le  senti¬ 
ment  public  avait  changé  sur  cette  question.  Certaiae- 
ment,  dans  l’époque  légendaire  et  dans  l’époque  homé¬ 
rique,  la  monomachie  a  pu  être  considérée  comme  un 
moyen  très  simple  de  régler  les  différends  ;  elle  pouvait 
même  présenter  une  certaine  apparence  de  justice,  quand 
les  deux  adversaires  qui  étaient  la  cause  d’un  conflit 
entre  deux  peuples  proposaient  de  vider  leur  querelle  en 
champ  clos,  comme  par  exemple  Paris  et  Ménélas  devant 
Troie.  Il  est  infiniment  probable,  il  est  même  certain  que 
la  monomachie,  conçue  comme  moyen  d’éviter  une  trop 
grande  effusion  de  sang,  a  été  pratiquée  8.  Cependant, 
déjà  dans  le  combat  entre  les  deux  rivaux  qui  se  dispu¬ 
tent  Hélène,  des  actes  de  déloyauté  sont  commis,  et  la 
guerre  recommence  avec  plus  de  fureur  entre  les  deux 
peuples.  Nous  avons  vu  que  le  duel  entre  Phrynon  et 
Pittacos,  que  le  combat  entre  les  300  Spartiates  et  les 
300  Argiens  n’avaient  pas  abouti  à  la  paix.  Bien  sou¬ 
vent  le  vaincu  pour  pallier  sa  défaite  n’a  pas  craint 
de  recourir  à  la  mauvaise  foi.  On  peut  croire  que  c’est 
là  une  des  raisons  qui,  de  bonne  heure,  ont  dù  discré¬ 
diter 'ce  jugement  par  les  armes.  Il  y  a  eu  aussi  une 
autre  raison  plus  sérieuse  et  plus  profonde.  A  mesure 
que  les  États  se  constituent,  que  l’esprit  public  se  forme, 
on  sent  que  le  hasard  d’une  rencontre,  où  sont  engagés 
seulement  quelques  hommes,  ne  peut  décider  du  sort  des- 
États.  Un  pareil  procédé  ne  tarde  pas  à  paraître  comme 
un  reste  de  barbarie.  Quand  du  sort  d'une  guerre  dépend 
l’existence  même  de  la  cité,  il  est  nécessaire  que  la  cité 
mette  dans  cet  enjeu  tout  ce  qu’elle  possède  de  force  et 
de  ressources.  Pendant  les  guerres  Médiques,  Mardo- 
nius,au  moment  d’engager  la  bataille  de  Platées,  proposa 
aux  Spartiates  de  régler  le  conflit  par  une  monomachie 

i 

Griech.  Gesch.  p.  472,  Busolt.  —  3  Sur  une  pierre  gravée  représentant  Phrynon, 
voir  Winckelmann,  Mon.  In.  Il,  p.  223  ;  Visconli,  Iconog.  gr.  1,  c.  2,  §  6  ;  Ci  a- 
bouillet,  Rev.  arch.  VIII,  p.  412;  Welcker,  Ant.  Dcnkm.  II,  p.  333;  J.  TôpfTcr, 
Beitr.  zur  Griech.  Altert.  p.  73.  —  4  Curt.  Hist.  gr.  I,  p.  446.  —  5  Nous  ne 
voulons  pas  dire  qu’il  n'y  ait  pas  eu  des  exemples  de  ce  genre  de  monomachie  dans 
la  période  antérieure:  ainsi  le  combat  des  Horaces  et  des  Curiaccs.  —  6  I,  82  ;  Paus. 

11,  38,  5;  Grote,  Hist.  gr.  IV,  lt;  Curt.  Hist.gr.  I,  470;  II,  291.  Cf.  Glotz,  Rev.  des 
Etud.  grecq.  XV,  1902,  p.  463.  —  7  V,  4t.  —  8  Voir  à  ce  sujet  Grote,  IV,  12.  • 


/ 


M<  >N 


109i  — 


MON 


dans  laquelle  seraient  engagés  le  même  nombre  de 
Perses  et  de  Lacédémoniens;  cette  proposition  ne  fut 
pas  jugée  digne  d'une  réponse1.  En  440  les  Lacédémo¬ 
niens,  ne  pouvant  refuser,  en  principe,  une  proposition 
de  ce  genre,  la  taxaient  de  folie.  La  tactique  dorienne, 
qui  prévaut  à  partir  du  vnc  siècle  au  plus  tard,  est  démo¬ 
cratique  en  ce  sens  que  la  victoire  est  l’œuvre  de  tous  ; 
la  monomachie,  au  contraire,  a  toujours  un  caractère 
aristocratique.  Conçue  comme  jugement  par  les  armes, 
elle  appartient  à  l’époque  légendaire,  héroïque,  féodale; 
elle  décline  et  meurt  dès  que  commence  l’histoire  ;  au 
ve  siècle,  elle  n’est  plus  guère  qu’un  souvenir.  L’institu¬ 
tion  des  concours  a  pu  contribuer  à  conserver  quelques 
restes  de  vie  à  ce  procédé  des  anciens  âges;  l’origine 
mythique  de  certains  de  ces  jeux  remontait  à  une  mono¬ 
machie  ayant  pour  objet  la  possession  d’une  femme,  par 
exemple  la  course  de  Pélops  et  d’Oenomaos.  Il  est  inté¬ 
ressant  d'observer  que,  à  part  le  combat  fratricide  entre 
Étéocle  et  Polvnice  2,  la  poésie  a  cessé,  au  vc  siècle,  de 
s’intéresser  à  ce  genre  de  combat.  Le  grand  écrivain 
militaire  de  cette  époque,  Xénophon,  n’a  pas  décrit  un 
•  seul  combat  singulier. 

La  légende  romaine  connaît  la  monomachie  décidant 
du  sort  des  empires.  Le  combat  des  Iloraces  et  des 
Coriaces  3  est  un  modèle  achevé  du  genre.  L’histoire 
romaine  n'en  connaît  plus  d’exemple.  L’esprit  pratique 
des  Romains  était  aussi  éloigné  que  possible  de  cette 
façon  de  concevoir  la  guerre.  Est-il  nécessaire  de  rappeler 
l'extravagance  d’Antoine  envoyant  un  cartel  de  défi  à 
Octave  après  Àctium4? 

Les  monomachies,  engagées  dans  le  hasard  des 
batailles,  sont  un  fait  trop  naturel,  étantdonnéelamanière 
de  combattre  des  anciens,  pour  qu’elles  n’aient  pas  été 
fréquentes  dans  l’époque  historique.  Les  grands  capi¬ 
taines  comme  Alexandre,  Hannibal,  devaient  payer  de 
leur  personne,  en  même  temps  qu'ils  dirigeaient  le  com¬ 
bat.  Quelques-unes  de  ces  monomachies  doivent  être 
signalées.  Le  frère  du  poète  Alcée,  Antiménidas,  un  de 
ces  mercenaires  grecs  qui  s'enrôlaient  au  service  des 
monarchies  orientales,  avait  tué  en  duel  un  adversaire 
d’une  grandeur  démesurée  et  avait  reçu  en  récompense 
du  prince  babylonien  une  épée  dont  la  poignée  était 
ornée  d’or  et  d’ivoire5.  Cléon,  le  démagogue  athénien, 
fut  tué  à  Amphipolis  en  combattant  contre  un  peltaste 
myrcinien 6.  Lamachos,  le  stratège,  dans  un  combat 
devant  Syracuse,  se  trouva  isolé  de  ses  hoplites  et 
entouré  par  la  cavalerie  syracusaine;  un  de  ces  cavaliers, 
renommé  par  sa  bravoure,  Callicratès,  le  provoqua  au 
combat.  Lamachos  fut  blessé  le  premier  ;  mais  en  tom¬ 
bant,  il  frappa  son  ennemi,  et  tous  les  deux  moururent 
de  leurs  blessures  7. 

L'époque  macédonienne  et  hellénistique  voits’opérer  une 
grande  transformation  dans  l’art  de  la  guerre  :  les  soldats 
de  métier,  les  mercenaires  constituent  désormais  la  force 
des  armées  ;  ils  sont  commandés  par  des  condottieri  qui, 
pour  arriver  à  cette  situation,  ont  dû  se  distinguer  par 


des  actions  d’éclat.  Le  plus  renommé  est  Pyrrhus 
cependant  fut  regardé  comme  le  meilleur  tacticien^! 
l’époque  et  qu’Hannibal  admirait.  Plutarque  a  raconté 
avec  détail  son  combat  singulier  avec  le  général  de  Démé- 
trius,  Pantauchos8. 

L’histoire  militaire  des  Romains  rapporte  aussi  un 
grand  nombre  de  monomachies  au  milieu  d’une  bataille 
11  faut  rappeler  ici  l’institution  des  dépouilles  opimes  ; 
ces  spolia  opima 9  sont  les  armes  enlevées  par  le  général 
romain  au  général  ennemi  qu’il  a  tué  lui -même  ;  elles 
étaient  consacrées  dans  let  temple  de  Jupiter  Férétrien. 
On  sait  que  trois  chefs  romains  seuls  obtinrent  cet  hon¬ 
neur  :  Romulus 10,  Cornélius 11  Cossus  et  C.  Claudius  Mar 
cftllus.  Si  le  premier  de  ces  personnages  est  légendaire 
les  deux  autres  sont  historiques  ;  le  combat  de  Marcellus 
contre  Viridomar,  roi  des  Insubres,  était  célèbre;  c’est 
après  un  défi  du  chef  barbare  et  en  présence  des  deux 
armées  immobiles  que  le  combat  s’engagea;  Viridomar 
fut  tué  12.  Il  y  avait  des  spolia  secunda  et  des  spolia 
tertia,  selon  que  c’était  un  officier  ou  un  simple  soldat 
qui  avait  tué  le  général  ennemi  [spolia].  Albert  Martin, 

MONOPODIUM.  —  Table  à  un  seul  pied  [mensa, 
p.  1741]. 

MONSTRUM.  —  Au  sens  étymologique,  le  mot  mons- 
trum ,  qui,  par  monstrare,  dérive  de  monere1 ,  signifie 
«  avertissement  ».  Dans  l’application  usuelle,  il  désigne 
un  phénomène  étrange,  contre  nature,  dont  la  singula¬ 
rité  même  constitue  un  avertissement  surnaturel,  sus¬ 
ceptible  d’être  interprété  par  la  divination. 

Comme  instruments  de  divination,  les  monstra  ren¬ 
trent  dans  la  catégorie  indéfiniment  extensible  des 
phénomènes  insolites,  qui  excitent  l’étonnement  ( mira - 
cula),  et  que  l'on  suppose  destinés  à  faire  pressentir 
( portenta ),  à  montrer  ( ostenta ),  ou,  d’une  façon  générale, 
à  révéler  ( prodigia )  l’intention  des  dieux.  Entre  ces 
divers  termes,  tantôt  spécifiés,  tantôt  interchangeables 
et  substitués  les  uns  aux  autres,  les  érudits  anciens  et 
modernes  n’ont  pu  établir  que  des  distinctions  arbi¬ 
traires.  Elles  seront  examinées  sous  la  rubrique  prodi- 
gium,  ce  terme  étant  le  plus  général  et  le  plus  com¬ 
munément  employé.  A.  Bouché-Leclerq. 

MONTANI.  —  L’histoire  des  montani  se  confond 
avec  celle  des  origines  de  Rome.  La  Rome  la  plus 
ancienne,  la  Borna  quadrala ,  située  sur  le  Palatin,  se 
divisait  en  trois  districts  appelés  montes ,  le  Palatium, 
la  Velia,  le  Cermalus.  Plus  tard  la  seconde  Rome,  plus 
étendue  que  la  première,  comprit  sept  hauteurs,  montes, 
c’est-à-dire,  outre  les  trois  précédentes,  les  trois  hau¬ 
teurs  qui  constituaient  l’Esquilin,  le  Cispius,  1  Oppius, 
le  Fagutal  et  le  district  de  la  Subura,  le  pagus  Sucu- 
sanus  *.  Cette  nouvelle  ville  célébrait  le  11  décembre  a 
fête  des  Sept  Monts,  le  septimontium  2.  Les  habitants  de 
chaque  nions,  les  montani,  formaient  une  s°3r^e  .* 
communauté  qui  avait  sa  fête  annuelle  distincte 
fin  de  la  République,  les  montes  et  les  pagi  compre 
naient  toute  la  population  de  Rome,  c  est-à-dire,  ou 


I  Uerod.  IX,  48.  —  2  Voir  surtout  le  Beau  récit  des  Phéniciennes  d'Eu- 
r.pide,  1219  sq.  —  9  Tit.  I.iv.  I,  24  sq.  On  racontait  de  deux  villes  d'Arcadie, 
Tégéc  et  Pliénéos,  un  coml  at  livré  dans  des  conditions  tout  à  fait  sem- 
Idaljlcs.  SUjbae,  Anth.  VXXXIX,  32.  —  4  riut.  Ant.  75.  —  “  Voir  mer- 
cenarii,  p.  4801.  — G  lime.  V,  10,  9.  — 7  Thuc.  VI,  101;  Plut.  Nieias,  18. 
—  8  Plut.  Pyrrhus ,  7.  —  9  Marquardt,  De  l'organisation  militaire  chez 
les  Romains,  p.  330  de  la  trad.  franc.  ;  Bouclié-Leclerq,  Manuel  des  inst.  ro- 
muines.  p.  291.  —  19  Tit.  Liv.  I,  10;  Plut.  Romul.  16;  Corp.  inscr.  lat.  I,  p. 


19-20  •  Plut  Romul-  10. 


.  li  Plut- 


3;  Proçcrt.  V,  10,  7.  • —  H  Tit.  Liv.  IV, 
arcell.  7. 

MONSTRUM.  1  Cf.  M.  Bréal,  Dict.  étym.  latin,  s.  v.  Moneo.  |cs 

MONTANI.  1  Festus.  p.  348;  Varr.  De  ling.  lat.  5,  41.  ?"  “  ^ L Monto.mS 
119  ''auteurs  de  l'Esquilm  formaient  aussi  dans  ^.°  , ,  ber  t  féîesc  ^  A  ^  uni 
nt  il  est  question  ap.  Corp.  inscr.  lat.  6,  1,  38-d  (  •  plut. 

, Po0raphie  der  Stadt  Rom,  I,  p.  169-170).  -  2  Varr.  De  Ung.  U*.  6,  1 

uiest.  rom.  69.  —  3  Fcstus,  p.  348. 


MON 


—  1995 


MON 


les  collines  déjà  mentionnées,  le  Quirinal,  l’Avenlin,  le 
Capitole  et  peut-être  le  Janicule  et  d’autres  petites  loca¬ 
lités  voisines  des  murailles  Quelle  était  l’organisation 
Je  chaque  groupe  de  montani  ?  Il  se  peut  qu’elle  ait  été 
analogue  à  celle  des  pagi  ruraux.  Malheureusement 
nous  avons  fort  peu  de  renseignements.  On  sait  seule¬ 
ment  que  les  montani  se  réunissaient  en  assemblée, 
qu’ils  obéissaient  dans  les  luttes  politiques  à  des  chefs2, 
qu’ils  avaient  une  caisse  pour  les  besoins  du  culte,  un 
magister  et  un  flamen  comme  magistrats  religieux,  un 
sanctuaire  en  plein  air,  un  sacellum  3.  C’étaient  proba¬ 
blement  les  montani  qui  répartissaient  l’eau  dans  leur 
quartier  entre  les  maisons  des  citoyens4.  Les  montes  et 
les  pagi  disparurent  au  moment  de  la  division  de 
Rome  en  quatorze  régions  par  Auguste;  mais  la  fête  du 
Septimontium  était  encore  célébrée  à  l’époque  de  Tertul- 
lien.  Cu.  Lécrivain. 

MONTES  DIVINE  —  Une  des  premières  conceptions 
religieuses  des  peuples  primitifs,  qui  se  retrouve  chez  les 
races  les  plus  diverses,  consista  à  regarder  les  sommets 
des  hautes  montagnes  comme  le  siège  habituel  de  la 
divinité.  De  là,  dans  le  naturalisme  inconscient  des  pre¬ 
miers  âges,  on  fut  conduit  rapidement  à  considérer  la 
montagne  où  réside  le  dieu  comme  son  image  sensible  et 
bientôt  à  l’adorer  comme  le  dieu  lui-même.  Telle  est 
l’origine  du  culte  de  certaines  montagnes  remarquables 
par  leur  dimension  et  par  leur  forme,  qu’on  retrouve  au 
début  de  l’existence  de  presque  tous  les  peuples,  et  dont 
il  se  maintint  des  vestiges  jusqu’au  milieu  de  la  civi¬ 
lisation  la  plus  avancée  dans  l’antiquité  païenne. 

C'est  chez  les  peuples  sémitiques  que  l’adoration  des 
montagnes  conserve  le  plus  de  développement  et  le  plus 
d’importance  aux  temps  de  la  grande  civilisation1.  Là 
nous  voyons  en  Palestine,  en  Phénicie  et  en  Syrie,  rendre 
un  culte  à  toutes  les  montagnes  considérables  par  leur 
masse  :  le  Casius  voisin  de  l’Oronte2  et  celui  de  la  fron¬ 
tière  d’Égypte3,  le  Liban4,  l’Anti-Liban  5,  l’Hermon6,  à 
cpii  son  caractère  divin  valait  le  nom  de  Baal-Hermon  ', 
le  Thabor 8,  le  Carmel 9,  le  biblique  Phenuel  de  la  Pérée  10 
et  son  homonyme  le  ©eoti  Trpdaomov  de  la  côte  de  Phéni¬ 
cie11.  Toutes  sont  autant  de  dieux.  Les  Sarrasins 
du  \T  siècle  de  notre  ère  adoraient  encore  le  mont 
Horeb12,  auquel  les  Hébreux  de  l’époque  des  rois  attri¬ 
buaient  un  caractère  sacré13  et  dans  lequel  ils  voyaient 
un  des  trônes  de  Jéhovah.  Le  dieu  arabe  et  nabatéen 
dusares  s’identifiait  lui-même  avec  le  mont  Schera14, 

1  Conjecture  de  Mommsen,  Le  droit  public  romain,  VI,  1,  p.  128. 
—  2  Cic.  De  domo,  28,  74;  Quint.  Cic.  De  pet.  Cons.  8,  30.  —  3  «  AJag- 
( ùtrei )  et  flamin(es)  montan{orum)  montis  Oppi  de  pequnia  mont(anorum) 
montis  Oppi  sacellum  claudend(um)  et  arbores  sernndas  coeraverunt  «  (Bull.  d. 
commiss.  arck.  munie.  1887,  p.  156).  Mommsen  (L.  c.  p.  128)  croit  que  ce 
sacellum  du  mons  Oppius  était  le  sacellum  Jovis  fagutalis  cité  par  Varron  (De 
Hng.  lat.  5,  152).  Y  avait-il  un  ou  plusieurs  magistri  et  /lamines  ?  Il  est  probable 
(lue  l'inscription  sc  réfère  aux  fonctionnaires  de  plusieurs  années  successives  et 
f|u  il  n‘y  avait  chaque  année  qu’un  magister  et  qu’un  flamen.  —  4  Festus.  s.  v.  Si/us, 
!>■  340.  Mommsen  (L.  c.  p.  129,  n.  1)  voit  un  groupe  de  montani  dans  cc  con- 
legium  aquae  dont  on  a  les  statuts  de  la  fin  du  dernier  siècle  av.  J.-C.  (Corp. 
'user.  lat.  6,  10298);  Waltzing  ( Corpor .  professionnelles,  1,  p.  371)  y  voit  plutôt 
i;i  collège  de  foulons.  —  Bibliographie.  Gilbert,  Geschichte  und  Topogra- 
pltie  der  Stadt  Rom,  Leipzig,  1883,  I,  p.  161-244;  Mommsen,  Le  droit  public 
romain,  trad.  Girard,  Paris,  1889,  VI,  1,  p.  126-130  ;  Waltzing,  Étude  historique 
sur  les  corporations  professionnelles  chez  les  Domains,  Louvain,  1895,  I, 
W,  100. 

MONTES  DIVINI.  1  Movers,  Die  Phoenizier,  t.  1,  p.  667-671  ;  F.  Lenormaut, 
Lettres  assyriologiques,  t.  II,  p.  300.  —  2  Sanclioniatli.  p.  10,  éd.  Orclli  ;  Ammian. 
Marcel!.  XXII,  13;  Sparlian.  Hadr.  14;  Julian.  Misopog.  p.  301;  voir  Movers, 
®P-  dt.  p.  668  sq.  ;  De  Vogué,  Syrie  centrale,  Inscript,  sémitiques,  p.  104. 
~~  3  strab.  XVI,  p.  700  ;  Plin.  Hist.  nat.  V,  12,  14  ;  Acliill.  Tat.  III,  fi.  -  4  San- 


d’où  il  tirait  son  nom,  et  devenait  ainsi  un  dieu-mon¬ 
tagne  13.  Le  mont  Arafah,  auprès  de  La  Mecque,  est  une 
ancienne  montagne  divine  10.  Il  est  à  remarquer  que 
toutes  ces  montagnes  divinisées  des  pays  syro-palesti- 
niens  sont  des  pics  isolés  qui  affectent  plus  ou  moins 
régulièrement  la  forme  du  cône.  C’est  qu’en  effet  dans  la 
religion  de  ces  contrées  le  culte  du  dieu-montagne  se 
liait  d’une  manière  étroite  à  celui  de  la  pierre  conique, 
aérolithe  ou  façonnée  demain  d’homme  \ baetylia],  qui 
était  comme  le  diminutif  de  la  montagne17.  Le  nom 
d’ELAGABALUs,  le  dieu  adoré  dans  la  pierre  noire  d’Émèse, 
signifie  «  le  dieu-montagne  » 'S-.  Casils  ou  Qaçiou ,  en 
même  temps  qu’un  dieu-montagne,  est  par  excellence  le 
dieu-pierre,  le  dieu-aérolithe  ;  à  Séleucie,  au  pied  du  mont 
Casius,  on  l’adorait  sous  la  figure  d’une  pierre  conique, 
d'origine  céleste,  et  on  l’assimilait  à  Zeus  Keraunios. 

Nous  trouvons  la  même  association  d’idées  dans  le 
culte  principal  de  la  Cappadoce,  pays  où  l’élément  sémi¬ 
tique  entrait  pour  une  part  considérable  dans  la  popu¬ 
lation19.  Le  grand  dieu  des  Cappadociens,  celui  par 
lequel  ils  juraient  dans  leurs  serments  solennels,  était  le 
mont  Argée  20,  dominant  la  capitale  du  pays,  la  ville  de 
Mazaca,  plus  tard  Césarée.  C’était  une  montagne  d’une 
très  grande  élévation,  au  sommet  couvert  de  neiges  éter¬ 
nelles  ;  sur  ses  flancs  inférieurs,  dans  une  étendue  de 
plusieurs  stades,  on  voyait  fréquemment  des  flammes 
s’échapper  du  sol21.  Le  mont  Argée  est  le  type  presque 
exclusif  des  monnaies  frappées  à  Césarée  de  Cappadoce22. 
Quelquefois  un  aigle  est  posé  sur  son  sommet(fig.  5139)23, 
ou  bien  une24,  trois23  ou  six  étoiles28,  ou  bien  encore  le 
soleil  et  la  lune  se  voient  au-dessus 27 .  Plus  souvent  on  dis¬ 
tingue  debout  sur  le  sommet  un  person¬ 
nage  nu,  appuyé  sur  un  sceptre  et  tenant 
de  la  main  gauche  une  patère  ou  un 
globe  28  ;  c’est  le  dieu  de  la  montagne,  un 
dieu  solaire,  qui  dans  ce  cas  ressemble 
surtout  à  un  Jupiter,  mais  qui  dans 
d’autres  est  remplacé  par  Apollon,  assis 
sur  l’Argée  29.  L’existence  d’un  Zeus 
Argaeus,  parallèle  au  Zeus  Casius,  est 
formellement  attestée  par  les  monnaies  où  il  est  figuré 
debout,  portant  sur  sa  main  le  mont  Argée30  (fig.  5140).  Mais 
ce  dieu  ne  se  distingue  pas  personnellement  de  la  mon¬ 
tagne,  qui  n’est  point  seulement  le  siège  de  sa  gloire,  mais 
lui-même.  C’est  pour  cela  que  sur  son  sommet  on  place 
fréquemment  une  couronne,  comme  sur  la  tête  des  dieux31 . 

ebonialh.  p.  10;  Etym.  Alagn.  s.  v.  Ai’Sctvoq.  —  3  Sanction.  /..  c.  —  *>  Eusob. 
Onom.  s.  v.  ;  S.  Hilar.  Comment,  in  Psalm.  133  ;  Lib.  Henocli,  VU.  —  7  Jud.  11!, 
3;  I  Chron.  X,  23.  —  8  Sanchon.  p.  10;  voir  Ewald,  Abhandl.  über  die 
phoeni/c.  Ansichten  von  der  Weltschoepfung,  p.  43;  Bunsen,  Aegyptens  Stelle, 
t.  V,  p.  287  sq.  ;  Renan,  Atém.  de  V Acad,  des  inscr.  nouv.  sér.  t.  XXIII,  2*  pari, 
p.  202.  C’est  d’après  le  Thabor  que  les  navigateurs  phéniciens  avaient  donné  le  nom 
d’ Atabyrion  ou  Tabyrion  au  plus  haut  sommet  de  File  de  Rhodes,  sur  lequel  on 
adorait  Zeus  Atabyrios  :  Appian.  XII,  27.  —  9  Tacit.  Histor.  11,78;  Suet.  Vesp. 
5;  Zamblich.  Vit.  Pythag.  3;  voir  Movers,  Phoeniz.  t.  1,  p.  070.  —  10  Genes. 
XXXII,  32;  Jud.  VIII,  8.  —  fl  Strab.  XVI,  p.  754.  —  12  Antonin.  Mart.  J  tin.  38. 

—  13  I  Deg.  XIX,  8.  —  14  Steph  Byz.  s  v.  Aojaa jVj.  —  13  De  Vogiié,  O.  I.  p.  120  sq. 

—  10  F.  Lenormant.  Lettres  assyr.  t.  II,  p.  305  sq.  —  17  De  Vogué,  L.  c. 

—  18  Movers,  O.  I.  t.  I,  p.  669  sq.;  De  Vogué,  L.  c.  —  1<J  Hecat.  ap.  Sleph. 
Byz.  s.  V.  TtifU  et  XaSari*  ;  Strab.  XII,  p.  542  ;  Scymn.  v.  917  ;  Q.  Curt.  Alex.  VI, 
4,  17;  Ptolem.  V,  0,  2  et  9  ;  Procop.  Bell.  pers.  I,  17;  Scliol.  ad  Apoil.  Rliod. 
U,  v.  940.  —  20  Max.  Tyr.  Dissert.  VIII,  8.  —  21  Strab.  XII.  p.  538.  —  22  Eckliel, 
Doctr.  num.  1. 111,  p.  189  ;  Mionnet,  Descr.  de  mêd.  ant.  t.  IV,  p.  408-437.  — 23  Ibid. 
n°!  6  et  7.  —  24  Ibid.  n»>  72,  74,  91,  92,  107,  117,  119,  120,  129,  130,  141,  146,  147, 
153,  155,  156.  —  23  Ibid,  n»»  47  et  50.  —  26  lbui.  n°  184.  —  27  Ibid,  n"  189 

—  28  Ibid,  n»»  9,  10,  17,  22,  30,  33,  37,  38,  54,  57,  59,  60,  61,  04,  73,  75,  81,  84 

—  29  Ibid.  nos  148-150.  —  30  Ibid.  n“  178  ;  Suppl,  t.  VII,  pl.  xill,  n»  4.  —  31  Ibid. 

28,  31,  45,  03,  00,  179,  198,  215. 


MON 


—  1 99G  — 


MON 


«  Le  mont  Argée  était  certainement,  aux  yeux  des 
habitants  de  Césarée,  comme  une  immense  pierre 
conique;  des  idées  superstitieuses  devaient  en  consé¬ 
quence  s’attacher  à  la  forme  générale  de  cette  montagne 
divinisée  et  ù  ses  détails  principaux  1 .  »  C’est  pour 
cela  que  dans  les  types  monétaires  on  exagère  inten¬ 
tionnellement  la  forme  de  cône  de  la  montagne,  et 
qu  en  même  temps  on  symbolise  la  région  ignée  dont 
parle  Strabon,  par  une  grotte  ouverte  dans  ses  tlancs  et 
d’où  jaillissent  presque  toujours  des  flammes.  Sur  l’image 
de  la  montagne  conique  de  la  Cappadoce,  cet  antre  occupe 
la  même  place  que  l’empreinte  à  laquelle  on  attachait 
une  signification  emblématique  sur  la  pierre  d’Émèse 
[baetylia,  elagabalus].  En  voyant  la  forme  si  carac¬ 
térisée  que  les  graveurs  monétaires  ont  quelquefois 
donnée  à  l’entrée  de  la  grotte  2,  il  est  difficile  de  ne  pas 
admettre  qu’on  y  attachait  la  même  idée  de  symbo¬ 
lisme1.  Au  reste,  il  est  évident  que  la  représentation  du 
mont  Argée  sur  les  monnaies  de  Césarée  est  avant  tout 
conventionnelle  et  symbolique.  Cette  représentation  est 
quelquefois  posée  sur  une  trapeza  4  ou  sur  un  autel  5, 

comme  une  image  divine,  ou 
bien  placée  dans  un  temple6. 
On  doit  en  conclure’'  que 
Césarée  possédait  un  temple 
dédié  au  mont  Argée,  dont 
la  situation  au  pied  même 
de  la  montagne  est  déter¬ 
minée  par  plusieurs  mé¬ 
dailles8;  que  dans  ce  tem¬ 
ple  l’idole  était  une  image 
Fig.  5iio.  —  Zcus  Argacus.  de  l’Argée  même,  réduite  et 

rapprochée  autant  que  pos¬ 
sible  des  pierres  coniques  ;  enfin  que  c’est  cette  image 
qui  a  été  copiée  par  les  graveurs  monétaires.  Nous 
comprenons  ainsi  comment  Maxime  de  Tyr9  dit  que 
l’ Argée  était  non  seulement  une  montagne  et  un  dieu, 
mais  aussi  une  statue,  ayaXga. 

On  adorait  encore  en  Cappadoce  le  mont  Omanus10, 
identifié  au  dieu  Omanus,  parèdre  de  la  déesse  11  Anaitis, 
personnage  apporté  de  la  Perse  ou  de  la  Médie  et  dans 
lequel  il  faut  reconnaître  le  Vohûmanô  des  livres 
zends12.  Les  montagnes  sont  invoquées  à  plusieurs 
reprises  dans  ces  livres  n,  mais  non  dans  les  parties  les 
plus  anciennes  u.  C’est  le  magisme  qui  exerça  son  action 
sur  la  religion  de  la  Cappadoce 1 5,  dans  les  derniers  temps 
de  l’Empire  perse10.  En  Médie,  le  mont  Bagistan  recevait 
un  culte  d’adoration  comme  un  dieu  17. 

«  Les  dieux  identifiés  aux  montagnes  sur  la  cime  des¬ 
quelles  on  leur  rendait  un  culte  »  ont  été  signalés  par 
M.  Maury18  comme  un  des  traits  caractéristiques  de  la 

i  Ch.  Lenormant,  Rev.  numism.  1843,  p.  274.  —  2  Mionnel,  n°!  61  et  71. 

—  3  Ch.  Lenormant,  L.  c.  —  4  Mionnet,  n"*  70,  96,  138,  166.  —  5  Ibid.  n°«  80, 
93,  98-102,  110,  114,  131,  135,  130,  140,  143,  154,  158,  167,  108,  171,  172, 
174,  181,  204,  205,  209,  213.  —  S  Ibid,  n»'  103,  105,  116,  164,  185,  188,  201. 

- —  7  Ch.  Lenormant,  L.  C.  p.  277.  —  8  Mionnet,  n01  160-163,  165,  169,  170. 

—  9  Dissert.  VIII.  8.  —  10  Strab.  XI,  p.  521.—  U  Ibid.  XI,  p.  511;  XV,  p. 
733.  —  12  E.  Burnouf,  Sur  les  mois  cappadociens,  dans  le  Journ.  des 
savants,  1837,  p.  330.  —  13  Yaçna,  I,  41  ;  III,  55;  LXX,  50;  Vispered,  III,  22. 

—  14  Trad.  Langlois,  t.  III,  p.  84.  —  '5  II.  Rawlinson,  Journ.  of  the  royal 
A siat ic  Society,  t.  XV,  p.  247  sq.  ;  George  Rawlinson,  p.  426-431  du  t.  1"  de  sa 
traduction  auglaise  d'Hérodote;  The  fine  great  monarchies  of  ancient  eastern 
World,  2®  édit.  t.  III,  p.  322-355;  F.  Lenormant,  La  magie  chez  leb  Chaldéens, 
p.  193-213.  —  10  Maury,  Hisl.  des  religions  de  la  Grèce,  t.  III,  p.  185.  —  17  Diod. 
Sic.  Il,  13.  —  18  L.  c.  —  19  strab.  X,  p.  469;  cf.  XII,  p.  567.  -  20  Maury,  L.  C. 
p,  81.  —  21  Strab.  X,  p.  469  ;  Paus.  V,  13,  4;  Aristid.  De  Smyrn.  polit,  p.  2237,  éd 
Dindor  ;  Sacr.  Serm.  III,  p.  499,  Ibid.-,  Ulpian.  De  regul.  lit.  3,  De  herecl.  —  22  Paus. 


religion  phrygienne,  si  étroitement  apparentée  ", 
la  Syrie  et  de  la  Phénicie.  Si,  conformément  à  R 


à  celle  de 

que  de  Strabon19,  Cybèle  est  la  plusVi-,^'^ 
nommée  d’après  des  montagnes,  Dindymine  S/Z 
Ideenne  [cybele],  ce  n’est  pas  seulement  parce  uuV  ,  : 
rend  un  culte  sur  les  sommets,  c’est  parce  que  l  ’" 
tagne  couverte  de  forêts  est  regardée  comme  son  ima?' 
parce  qu’elle  est  elle-même  la  montagne29  com™  n 
est  la  pierre  [baetylia,  cybele],  car  nous  retrouvons'; ! 

1  assimilation  de  la  divinité-montagne  et  de  h 
Pierre.  Aussi,  sur  le  Sipyle,  où  est  Lun  des  sièl  w 
plus  antiques  de  son  culte21,  est-ce  un  des  rochers 
mêmes  de  la  montagne  qui  a  été  grossièrement  sculpté  en 
son  image22;  et  cette  sculpture,  œuvre  des  indigènes  à  ■ 
une  époque  extrêmement  reculée,  subsiste  encore  de 
nos  jours23.  Mais  la  conception  de  la  divinité-mon¬ 
tagne  est  surtout  marquée  dans  les  versions  du  mythe 
d’ATYS,  étrangères  à  toute  empreinte  hellénique,  que 
donnent  Arnobe 24  et  Pausanias23.  Jupiter  féconde  le 
rocher  du  mont  Agdos,  d’où  naît  l’androgyne  Agdestis. 
Mais  cette  montagne  n’est  autre  que  Cybèle  elle-même 
le  récit  d’Arnobe  l’indique  clairement,  et  c’est  pour  cela 
qu’elle  reçoit,  elle  aussi,  quelquefois  le  nom  d 'Agdestis™. 
L’androgyne  Agdestis,  né  du  rocher  du  mont  Agdos  et 
qui  semble  une  nouvelle  forme  de  Cybèle  21,  munie  cette 
fois  des  attributs  des  deux  sexes,  est  lui-même  un  dieu- 
montagne28,  qui  produit  le  dieu  solaire  Atys.  C’est  ainsi 
que  dans  les  mystères  mithriaques,  Mithra  naissait  de  la 
pierre  ou  de  la  montagne  [mithra’.  Le  célèbre  proverbe 
cboivsv  opoç,  £ixa  p.üv  à7tÉT£X£v,  «  la  montagne  était  en 
travail,  elle  accoucha  d’un  rat29  »,  est  né  d’une  moquerie 
des  Grecs  sur  le  mythe  des  indigènes  de  l’Asie  Mineure30, 
où  la  divinité-montagne,  qu’elle  fût  Cybèle  ou  Agdestis, 
donnait  la  naissance  au  dieu  solaire,  dont  le  rat  était 
dans  plusieurs  endroits  de  celte  contrée  le  symbole,  à 
l’Apollon  Sminlhien31. 

En  dehors  de  ces  données  générales,  les  exemples 
déterminés  de  monts  adorés  comme  des  dieux  abondent 
dans  la  religion  de  l’Asie  Mineure  encore  à  1  époque 
romaine.  En  Lydie  on  rend  un  culte  au  mont  Carios, 
dont  la  légende  mythique  fait  un  fils  de  Zeus  Carios  H 
en  est  de  même  du  Tmolus,  que  le  mythe  qualifie  de  iiis 
d’Arès33,  époux  de  Ploutoou  d’Omphale,  père  de  Tantale,  j 
juge  de  la  dispute  musicale  entre  Apollon  et  Marsyas  u.l 
La  tête  du  dieu  Tmolus,  accompagnée  de  son  nom,  se 
montre  sur  les  monnaies  des  villes  lydiennes  de  Tmolus3  ' 
et  de  Sardes 36  ;  sur  ces  dernières  il  est  en  tout  semblable 
à  un  Bacchus  barbu  (fig.  5141),  couronné  de  pampres,  à  : 
cause  de  la  richesse  de  la  montagne  en  vignes,  ce  t  re 
dans  l’antiquité31.  Les  monnaies  d  Éphèse  û  la  b  n'0ll^e 
rreiflN  e4>eClflN  18  font  voir,  assissur  le  mont  P'-ion  , 

III,  22,  4.  —  23  Stewart,  Descript.  of  some  ancient  monuments  still  exist'n9  ™ 
Lydia  and  Phryyia,  Londres,  1842;  Texier,  Asie  Mineure '  •  *  j3'  ’ 
archéol.  nouv.  sér.  t.  XIII,  p.  435  sq  ;  Perrot-Chipiez,  Bist.  de  lArt,  ,  1 
fig.  365.  -  24  Ad»,  gent.  V,  5.  -  26  VII,  17,  5.  -  26  Strab.  X  p.  Mj  .J 

Ilesych.  s.  ».  "A TS.,rï.î.  -  27  F.  Lenormant,  Monographie  de  la  \oie  ■ 
sinienne,  t.  I,  p.  500  sq.  ;  Maury,  O.  I.  t.  111,  p.  98.  —  2S  Pans.  I,  4,  ,  '°‘  ^ . 

t.  III,  p.  90.  —  29  Gregor.  Cypr.  IV,  5;  Diog.  VIII,  75;  Mieh.  P®3^  •  )  (]n01.. 

Arscn.  Yiolar.  485;  Athen.  XIV,  p.  616;  Horat.  Ars.poct.  v.  13L  ^  ^  ^  d;eu 
niant  et  De  Wiltc,  Élite  des  monurn.  céramogr.  t.  II,  P-  3a7-  "  excerpt. 

voir  De  Wiltc,  Rev.  numism.  1858,  p.  1-51.  —  32  Nicol.  Daroasc.  ^  ^  j. 

p.  116,  éd.  Orelli.  —  33  Pseudo-Plutarch.  De  flumin.  VU,  5.  —  ^  3P3°Eckhe|]  t.  III, 
Schol.  ad  Euripid.  Orest.  v.  5;  Ovid.  Metam.  XI,  v.  'j7-  ,13.  Mionnet, 

p.  123  Mionnel,  t.  IV,  177,  n»*  1019  et  1020.  -  3«  Eckhel,  [•  ’  P.  ’v[  v.  (5. 

t.  IV,  p.  118',  110  65  9.  —  37  Plin.  Bist.  nat.  V,  29,  30;  Ovid.  e  ,  kgl 
_  38  Mionnet,  Suppl,  t.  VI,  p.  141,  n-  4.3  ;  Ch.  Lenormant  Nouv.  gai. 
pl.  vin,  no  12.  -  39  Pans.  VII,  5,  5;  Plin.  Bist.  nat.  V,  29,  31. 


MON 


—  1907  — 


MON 


Fig.  5141. 
Le  Tmolus. 


aU  pied  duquel  est  couché  le  fleuve  Caystre,  un  Zeus 
peion1,  représenté  en  véritable  Jupiter  Pluvius,  versant 
]a  pluie  d’une  main  et  tenant  le  foudre  de  l'autre 
(fjg.  5142).  C’est  le  dieu  de  la  montagne,  identifié  à 
Jupiter,  comme  ceux  du  Casius  et  de 
1  Argée  ;  la  montagne  dont  le  sommet 
attire  et  groupe  les  nuages,  qui  re¬ 
tombent  ensuite  en  pltiie,  est  elle-même 
Zeus  «  assembleur  des  nuées  », 

v£cp£Xy]Y£p£V7jç 

L’étroite  parenté  de  la  religion  de  la 
Thrace  avec  celles  de  l’Asie  Mineure  est 
attestée  par  Strabon  3  et  prouvée  par 
une  multitude  de  faits  [sabaziusJ.  Nous 
ne  devons  donc  pas  être  surpris  de  retrouver  dans  cette 
contrée  l’adoration  des  montagnes.  Que  les  monts  Haemus 
et  Khodope  aient  été  primitivement  adorés  comme  les 
deux  divinités  principales  des  populations  qui  vivaient 

dans  leur  voisinage,  c’est  ce 
qu’atteste  le  mythe  helléni¬ 
que  où  Haemus  et  fthodope 
sont  changés  en  montagnes 
pour  s’être  dits  Jupiter  et 
Junon  \  Le  dieu  de  l’Hae- 
mus,  assis  sur  sa  montagne, 
est  représenté  sur  les  mon¬ 
naies  de  Nicopolis  de  Mœsie  6 
(fig.  5143)  et  la  nymphe 

Fig,  5)42.  Zeus  sur  le  mont  Peion.  Rhodope,  dont  OU  fait  aussi 

une  des  compagnes  de  Pro¬ 
serpine  lors  de  son  enlèvement,  sur  celles  de  Philippopolis 
deThrace6,  également  assise  sur  sa  montagne  (fig. 5144). 

Le  culte  des  montagnes  était  très  répandu  dans  les 
temps  primitifs  des  Pélasges  de  la  Grèce;  on  a  même  déjà 


Fig.  5143.  —  Le  dieu  de  l’Haemus. 


Fig.  5144.  —  La  nymphe  Rhodope. 


remarqué  que  c’était  une  des  particularités  les  plus  ori¬ 
ginal*»  de  leur  religion  par  rapport  à  celle  des  Aryas  vé- 
"ques\  Les  montagnes  ont  leur  place  dans  la  Théo- 
mu  d’Hésiode8  comme  dans  la  cosmogonie  de 
anchoniathon  9,  non  seulement  à  titre  de  créations 

HlvCtSLTm8n‘’  °n  1  P-  59-  ~2  Homer-  Jliad-  A<  511  ;  4.  V.  30 
J  4  n)  ’  etPasslm<  Oornut.  De  nat.  deo.  9;  Tim.  1.-3  Strab.  X,  p.  470  s 

Vi  v  7 7°  J  UtT'  ,De  flum'  XI’  3;  Serv'  ad  Aen ■  L  v>  321  :  0vid-  Meta 

n«  |  Sq,’ lepl>'  Byz'  s ’  v'  ATe0^  —  6  Rev-  numism.  i§43,  pl. 

-  ’  M  ion  net,  t.  1,  p.  4IG,  n°  342;  Rev.  numism.  1843,  pl  m  no 

V  '•  !»»•  -  «  U.V.  .  «.  p.  ,e,  M.  0„, 

sq  ■  SH  yV  D>sse,t ■  V,U’  *•  —  11  Creuzer,  Symbolik,  3«  édit.  t.  Il,  p.  5 
Prellep  7*“^’  MythoL  Andeutungen,  p.  49;  Ch.  Lenormant,  L.  I.  „  9 
'H  A  ’l  «“*?■  Real-Enc^lopaedie  de  Pauly,  t.  IV,  p.  588;  Griech.  Mythe 
nu'ut  '  t  ,  ,  ' l,-  ’  P‘  92  ;  °erhard,  Griech.  Mythol.  §  202.  -  12  Ch.  Leno 

-151  ’j  t,el'liar,l>  L-  l-  —  13  Hesych.  s.  v.  K apouo,-.  —  <4  paus.  IX,  1 
Pans.  la°  ,  ;  1  ;  Di0nys'  Halic'  Ant ■  rom-  L  13-  ~  16  Apollod.  III,  10,’ 

III  v  «’  ’  ‘À  lN  7  ;  20’  2  :  Scho1-  EuriPid-  Orest.  v.  015  ;  Schol.  Pind.  Olym 
,! 'P0"0d-  L  *•  10 1  ct ■  Paaa-  X,  12,  4.  -18  Apollod.  III,  10, 
et  300Thes°Cr-  /dyL  v-  I”  =  Eaus.  V,  5,  6  ;  IX,  3,  5  ;  Virg.  A  en.  I,  v.  V 
3,  5.  -  2lT‘  ,,  à  L  ’  HeSyCh-  et  -OpoSefivàS^.  -  20  paus  1 

p.  17  M  ,P°  ■  ,0d-  Ary-  '•  55°-  -  22  Vire-  Met.  VI,  V.  50.  -  23  Pto,.  Hep 

oulez.  —  24  Steph.  Byz.  a.  v.  —  24  Alcim  et  Demetr.  Calet.  aj 


physiques,  mais  comme  personnifications  religieuses 
des  premiers  âges.  Les  sommets  de  l’Olympe  et  de  l’Ida 
ont  été  d’abord  adorés  comme  des  images  de  Zeus'0  ; 
ainsi  le  dieu  dont  la  résidence  la  plus  habituelle  est  tou¬ 
jours  placée  sur  la  cime  des  monts"  [ jtjpiter]  a  été  con¬ 
fondu  primitivement  par  les  Pélasges  avec  ces  monts12, 
comme  nous  venons  de  le  voir  également  en  Asie 
Mineure.  Comme  Kapoudç,  en  Béolie,  il  reste  encore  le 
sommet  lui-même,  xxpa 13.  L’anthropomorphisme  des 
Grecs  a  fait  ensuite  de  toutes  les  anciennes  montagnes 
adorées  d  abord  comme  divines  des  personnages  mytho¬ 
logiques  à  physionomie  humaine.  Cithéron  se  présente 
dans  la  légende  béotienne  comme  un  roi  de  Platées, 
environné  d’honneurs  héroïques  et  presque  divins  1;. 
Cyllène  '%  Taygète10,  Ida'7  sont  des  Nymphes,  et  Tay- 
gète  dans  d  autres  récits  une  des  Pléiades18.  Une 
classe  spéciale  de  Nymphes,  les  Oreades  ou  Orestides 19, 
président  aux  montagnes  et  les  personnifient  [nymphae]. 
On  leur  donne  quelquefois  des  noms  divers  suivant  telle 
ou  telle  montagne  déterminée  ;  c’est  ainsi  que  nous  trou¬ 
vons  les  Cithaeronides 20,  les  Peliades 21 ,  les  Dictaeae 22, 
d  après  le  Cithéron,  le  Pélion  et  le  Dicté.  D’autres  fois  la 
legende  mythologique  fait  de  l’ancien  dieu  de  la  mon¬ 
tagne  un  personnage  de  la  famille  des  Géants,  foudroyé 
par  Jupiter  et  enseveli  sous  la  masse  montueuse,  comme 
Olympus  3,  Athos-*  et  Ætna2%  le  même  qu’Encélade  20  ; 
mais  il  est  à  remarquer  que  toujours  on  voit  corres¬ 
pondre  à  ces  mêmes  montagnes  un  surnom  de  Zeus, 
Olympius,  Athoüs 21 ,  Ætnaeus28,  qui  l’y  fait  résider  et  qui 
peut  être  aussi  considéré  comme  un  souvenir  de  sa  vic¬ 
toire  sur  le  Géant23.  Quelquefois  la  personnification  de 
la  montagne  a  un  autre  rôle  mythologique  que  celui  des 
Géants  ;  ainsi  Olympus  est  donné  plus  souvent  comme  le 
nourricier  de  Zeus30;  mais  ilest  aussi  Zeus  en  personne 
dans  les  traditions  créâmes,  puisque  le  même  tombeau 
dix  in,  conservé  dans  la  Crète,  pouvait  être  montré  indif 
féremmentpour  celui  de  Zeus  ou  pour  celui  d’Olympus  31 . 

Parmi  les  personnifications  grecques  des  montagnes, 
descendues  à  un  ordre  inférieur  dans  la  mythologie  des 
temps  classiques,  il  faut  encore  citer  Atlas,  la  montagne 
qui  unit  le  ciel  à  la  terre,  que  le  progrès  des  connais¬ 
sances  géographiques  des  Grecs  fit  toujours  reculer 
davantage  vers  l’Occident 32  [atlas].  F.  Lenormant. 

MONUMENT  (JM ,  Mr,p.a,  p.vv]p.s?ov.  —  En  général,  tout 
ce  qui  est  destiné  à  perpétuer  la  mémoire  d’une  personne 
ou  d’une  chose1.  Ce  nom  s’applique  à  un  édifice  quel¬ 
conque  :  temple,  portique,  stèle,  particulièrement  à  un 
monument  funéraire  [sepulcrum]  ;  et  aussi  aux  images 
et  autres  dons  commémoratifs  qui  pouvaient  y  être 


t»  .  ...  ,  _  ’  ’  “T&***-  *  —  *°AppolIod.  I,  6,  2  • 

Ho.al.  Orf.  Il,  4,  v.  50;  Paus  VIII,  47,  I  ;  voir  Panofka,  Cabinet  Pourtalès.  p.  65^ 

L  h  l  \trl  ’  I  *  ’  T”1'  " ’  285’  “  28Pind‘  °L  V».  v.  102  ;  Schol. 

:.  p  -,7  Ch.  Lenormant,  Nom.  gai.  myth.  p.  59.  -  30  Diod.  Sic.  III  73 

-  Ptol.  Heph.  L  e.  —  32  Preller,  Gr.  Mythol.  B,  3,  2.  édit.  t.  I,  p  ’44l' 
[Les  personnifications  des  accidents  topographiques  dans  la  mythologie  gréco  romaine 
on,  été  objet  durant  ces  dernières  années,  de  quelques  travL  a^LCls  q“t 
ou  ajoute  aux  faits  consacrés  par  Lenormant  dans  cet  article  ou  remis  on  r 
les  résulta, s  de  ses  recherches.  Comme  la  conclusion  en  est’  plutôt  négative  en  ce 
qui  concerne  les  Montagnes  divinisées,  nous  nous  bornons  à  y  renvoyer  •  V  A  C  ,• 
ber,  Naturpersonnification  in  der  Poesie  und  Kami  der  Allen  (Leinzi'e  YS7 
jurait  du  XIII-  vol  Suppl,  des  Jahrbücher  fur  Klassische  Philologie,  p.  30’l  sq  )  ■ 
Wieseler  Enuge  Bemerkungen  über  die  Darslellung  der  Berggottheiten  in  der 

Th  :  H""8  'CS  Nachrichten  A'.  GeselUC, 

aer  wissetischfattti) ,  et  1  article  très  documenté  de  Steudino-  / 

tionen,  dans  Ausführliches  Lexikon  der  gr.  undroem.  Mythol  t  II  p  ^oTla^" 

nT™™1  ' c"' ,p  "«"■  -■  ». p.  m «t  é L. 


251 


MGR 


—  1998  — 


MGR 


déposés1.  Il  signifie  même  un  objet  servant  de  signe  de 
reconnaissance  [voir  crepundia].  E.  S. 

MORA  (Mopx).  —  Corps  de  troupes  de  l’armée  Spar¬ 
tiate,  ffûvTayjJiâ  xi  Aaxcovixôv,  disent  les  grammairiens1. 
Ce  mot  de  la  langue  militaire  des  Spartiates  paraît,  à 
Sparte  même,  de  date  relativement  récente.  L’armée 
Spartiate,  qui  gagne  la  bataille  de  Mantinée  en  418,  est 
encore  divisée  en  loches,  pentécostyes  et  énomoties2.  Ce 
sont  les  mêmes  divisions  que  nous  trouvons  dans  l’armée 
des  Dix-Mille,  celle  qui  présente  le  plus  de  points  de  res¬ 
semblance  avec  l'armée  Spartiate 3  ;  la  gopa  y  est  inconnue  : 
en  tout  cas,  Xénophon  ne  la  mentionne  pas  une  seule 
fois  dans  YAnabase.  11  faut  remarquer  que  cette  armée 
est  constituée  au  commencement  de  l’an  401  et  que 
Xénophon  en  raconte  l’histoire  jusqu’aux  premiers  mois 
de  l’an  399.  Or,  nous  avons  la  preuve  que,  déjà  en  403,  la 
division  en  mores  avait  été  introduite  dans  l’armée  Spar¬ 
tiate.  En  effet,  Xénophon  raconte  que  le  roi  de  Sparte 
Pausanias,  au  moment  de  la  prise  d’armes  de  Thrasybule 
contre  les  Trente,  tenta  une  attaque  sur  le  Pirée,  à  la 
tète  d’une  division  de  son  armée  comprenant  deux  mores 
lacédémoniennes  et  trois  tribus  ou  escadrons  de  cavaliers 
athéniens.  Un  premier  engagement  a  lieu;  Pausanias  se 
trouve  bientôt  en  face  de  toutes  les  troupes  de  Thra¬ 
sybule  ;  il  est  obligé  de  se  retirer,  et  perd  quelques 
hommes,  entre  autres  les  deux  polémarques  qui  com¬ 
mandaient  les  deux  mores  ;  mais  il  appelle  à  lui  toute 
l’armée  lacédémonienne,  recommence  l’attaque,  est  vain¬ 
queur  et  tue  130  hommes  à  l’ennemi  L 

On  peut  voir  par  ce  récit  que  la  more  est  un  corps  de 
troupes  relativement  considérable.  Même  en  admettant 
que  les  trois  tribus  de  cavaliers  athéniens  ne  soient  pas, 
vu  la  situation  politique  d’Athènes,  à  l’effectif  complet  de 
100  cavaliers  par  tribu,  en  admettant  aussi  qu’en  cette 
circonstance,  et  pour  des  raisons  particulières,  la  propor¬ 
tion  entre  hoplites  et  cavaliers  soit  supérieure,  en  faveur 
des  cavaliers,  à  ce  qui  était  la  moyenne  ordinaire  dans  les 
armées  grecques,  c’est-à-dire  1  cavalier  pour  10  hoplites, 
il  n’en  faut  pas  moins  reconnaître  que  le  seul  fait  de  voir 
au  moins  200  cavaliers  et  peut-être  300  accompagner 
deux  mores,  indique  pour  ces  deux  derniers  corps  un 
effectif  total  qui  devait  dépasser  un  millier  d’hommes. 

Xénophon 5  expose  ainsi  l’organisation  de  l’armée 
Spartiate,  en  la  faisant  remonter  à  Lycurgue  :  Oüxw  ye  ixy,v 
TtapsaxsuaffgÉvcüv  p.otpaç  p.èv  oieTXev  s;  xat  ÎTi7tea>v  xai 


G7tAtTCOV  •  éxasTY,  Bè  Tôv  ^X.xtxôv  «  %t  popôv  7toUgapyov 
>^ayooÇ  000  -  ,  TcevxYixovx^paç  Bxx«l>,  svcogoTo^ou,  èxx'a^ 

Quelques  savants  ont  interprété  la  partie  de  ce  te* 
relative  à  Lycurgue  en  supposant  que  l’organisation 
militaire  de  Sparte  était  restée  sans  changement  une  foi.- 
qu’elle  eut  été  établie  vers  le  vme  siècle  8.  Nous  somme8 
cependant  plutôt  porté  à  admettre  que  la  more  n’est  paî 
une  institution  âhcienne.  Aux  preuves  que  nous  avons 
déjà  données,  on  peut  ajouter  un  texte  d’Hésychius 
disant  que  la  more  a  succédé  au  loche3. 


Nous  croyons  donc  que  la  more  est  une  institution  qui 
date  de  la  guerre  du  Péloponèse,  et  très  probablement 
de  la  dernière  période  de  cette  guerre,  puisque  Thucy¬ 
dide,  en  racontant  la  bataille  de  Mantinée  qui  fut  livrée 
en  418,  ne  mentionne  que  la  division  en  loches.  D’après 
la  nouvelle  organisation,  l’armée  Spartiate  se  trouve 
ainsi  constituée  :  6  mores,  comprenant  chacune  2  loches 10 
8  pentécostyes,  16  énomoties  ;  le  chef  de  la  more  porte  le 
titre  de  polémarque  ;  il  a  sous  ses  ordres  2  lochages, 
8  pentécostarques,  16  énomotarques. 

Il  semble  qu’à  l’époque  des  guerres  médiques,  les 
Spartiates  et  les  périèques  n’étaient  pas  incorporés  dans 
les  mêmes  loches11.  Il  n’en  est  plus  ainsi  pendant  la 
guerre  du  Péloponèse  ;  tous  les  Lacédémoniens  libres 
servent  ensemble  dans  les  mêmes  corps12.  Tout  indique 
que  le  même  système  fut  appliqué  à  la  more;  nous 
n’avons  aucun  exemple  qui  nous  montre  Spartiates  et 
périèques  isolés  les  uns  des  autres13. 

La  plupart  des  noms  de  loches  qui  nous  sont  connus 
sont  des  noms  de  localités,  de  dèmes  u,  ce  qui  permet  de 
supposer  une  relation  entre  la  division  militaire  et  la 
division  administrative.  Pour  la  more,  il  semble  qu’il  en 
fut  autrement  :  nous  ne  connaissons  aucun  nom  de  more. 
On  peut  conclure  d’un  passage  de  Xénophon15  que  les 
membres  d’une  même  famille  n’étaient  pas  enrôlés 
ensemble  dans  la  même  more  ;  d’après  un  autre  passage i6, 
les  habitants  d’Amyclées  étaient  répartis  dans  tous  les 
corps  de  l’armée  lacédémonienne11.  Quant  à  ce  chiffre  G 
des  mores,  puisqu’elles  ne  correspondent  pas  à  une  divi 
sion  territoriale  ou  administrative,  il  est  difficile  de  les 
rattacher  aux  trois  tribus  doriennes,  qui  servaient  de 
base  à  la  division  de  la  population  lacédémonienne,  et  de 
supposer  que  chacune  de  ces  trois  tribus  aurait  fourni 
deux  mores18.  Peut-on  supposer  que  l’énomotie,  c  est-a- 
dire  la  plus  faible  division  de  la  more,  était,  à  1  exemple 


1  Caes.  Bell.  ciu.  II,  21. 

MORA.  1  Bekker,  Anecd.  I,  p.  279  :  EuvrayiEâ  ti  AaxwvixXv  l;  oxTaxoo-îwv  i;  Evvaxoaiwv 
àvSfSv  amtrtii  •  »i  ovon«  ho/o’j  Tivdj.  Harpocration  est  plus  explicite;  cf.  Mojav 
A»ino<T0£vr,;  4>i).iiehixoTç  (XIII,  22  ou  p.  172,  26).  EuxTà^axà  xiva  Aaxtuvixfc  oSa» 

xaktTtai  '  SteOiExTai  St  heçi  toùtwv  ’ Açi<rroTÉi.7|?  I»  T»)  AaxEÎai|i<mov  iroXiTEia  •  <pn)cr'i  Sè 
Etat  nopai  iüVop.aap.Évai,  xat  Si^pTjvTai  eîç  xàç  pôça;  AaxE8ai|Mviot  TcàvTEÇ.  11  cite 
ensuite  le  passage  de  la  Bép.  des  Lac .,  XI,  4,  de  Xénophon.  Photius,  s.  v.  (xôça, 
indique  le  chiffre  de  500  ou  de  1000;  1  ’Etym.  Magn.  les  chiffres  500,  700  cl  30; 
ce  dernier  chiffre  doit  être  corrigé  :  A  au  lieu  de  A,  1000  au  lieu  de  30.  — 2Thucyd. 
V,  08.  —  3  La  seule  différence,  c'est  que  dans  l'armée  des  Dix-Mille  le  loche  n'est 
qu’une  compagnie  de  100  hommes  et  même  de  70,  au  lieu  d’être  un  régiment  ou  un 
bataillon.  —  4  Bell.  II,  4,  31-34.  —  5  Lac.  resp.  XI,  4.  —  0  Les  mss.  de  Xénophon 
donnent  la  leçon  noAmxSv,  qui  est  acceptée  par  H.  Droysen,  Gricc/i.  Kriegsalt. 
p.  70,  n.  4  ;  ce  savant  suppose  que  Xénophon  oppose  les  corps  composés  de  citoyens 
aux  corps  formés  de  mercenaires.  Mais  Stobée  donne  la  leçon  ôhAitwv,  d  où  1  on 
fait  facilement  èizl rnxSv,  mot  qui  semble  nécessaire,  s’opposant  à  titits'viv  ;  cette  leçon 
est  acceptée  par  Schômann,  Griech.  Altert.  I,  p.  289;  par  Thumser,  Staatsaltert. 
p.  195,  1  ;  par  Bauer,  Die  Kriegsalt.  p.  313,  n.  2;  par  Gilbert,  Handb.  p.  79,  n.  2  ; 
par  Stephen,  De  Spart,  re  militari,  p.  8.  —  7  Les  mss.  de  Xénophon  et  de  Stobée 
donnent  TÉTTafa;  ;  on  suppose,  en  général,  qu’il  y  a  eu  confusion  entre  le  chiffre  5  et 
le  mot  Sùo.  En  effet,  nous  trouvons  dans  Xénophon  deux  passages  très  nets  qui 
prouvent  que  les  loches  étaient  au  nombre  de  douze  :  Bell.  VII,  4,  20  et  VU,  5,  10  : 
v.7v  Xôvcov  XùSexk  Jvti.iv  o!  Tft?î.  —  8  Explication  acceplée  par  Trieber,  Forschungen 


Spart.  Verfassungsgesch.  p.  4  sq.  ;  Bergk,  Poet.  lyr.  gr.  II,  21  de  la  a  éd., 
ver,  Die  Kriegsalt.  p.  312  ;  Busolt,  Griech.  Gesch.  p.  534.  -  9  Mdfa •>£>, «va  • 

HÉp»!  TVÜ  «TTçaToJ  n  T«xy|xa.  flaçà  Tàp  AaxE8ai|»ovioi;  oi  Itjty  J*0?“  *U*‘Î.  “ 

av.  Les  mss.  donnent  &î  içaxçftoxoi  ;  la  correction  est  de  M.  *-C  îmi  , 
laine  et  elle  est  adoptée  par  tous  les  critiques.  —  10 Nous  renvoyons  a  a 
lessus.  Des  auteurs  modernes,  H.  Droysen  (. ffeerwesen ,  p.  70,  n.  es 
:  n’accepte  pas  la  correction  8<io  pour  vlTTaja;  au  passage  de  .  cnop  ion. 
t  de  ce  passage  que  chacune  des  six  mores  avait  quatre  loches,  ce  qui  i 
gt-qualre  loches  pour  toute  l’armée  ;  mais  le  désastre  de  L  euctres  fit  d .fi¬ 
es  dans  les  rangs  des  citoyens  de  Lacédémone,  qu  on  lut  o  igt  6  assage9de 
itiéle  nombre  des  loches;  cette  réduction  serait  attestée  par  lesdem  p  g 
a.  Bell.  VII,  4,  20,  et  Vil,  5,  10.  1'  Herod.  IX,  10  et  29.  -  «  Tous.es  hophte 

ermés  dans  l’île  de  Sphactérie  servent  dans  les  mêmes  corps,  m  •  >  > 

:s  le  passage  d’Aristote  cité  note  I,  on  voit  que  tous  les  Lacédél"  |  é. 

artis  dans.essixmores.-l3  Stephen,  Op.  laud.  p.  13>  “T’wiS  .H- 
nonienne  était  organisée  en  mores,  quand  elle  comprenai  es  ^  gpar- 

■ièques  ;  qu’elle  était  organisée  en  loches,  quand  elle  necompre  Thumser, 

les.  _  14  Rüstow  und  KOchly,  Gesch.  des  gr.  Knegsw.  p.  >  ’  ’  gg  n  2; 

latsaltert.  p.  165,  n.  2;  Gilbert,  Handb.  p.  76,  n.  3:  ■  J-0^  1V)  g,  u. 

soit,  Griech .  Gesch.  I,  p.  533.  .  .  He  .  ,  >  ,  question 

17  Stephen,  Op.  laud.  p.  14,  n.  21,  suppose  Mu  1  n  _ 18  Steplion, 

n  dème,  mais  d’une  gens  d’Amycléens  ;  ce  n'est  guère  probable. 

14;  Schômann,  Gr.  Alt.  I,  289. 


MOR 


—  1999  — 


MOR 


des  syssities,  recrutée  par  le  libre  choix  des  membres1 
qui  constituaient  cette  unité?  Le  nom  de  l’énomotie 
indique  une  association  qui,  primitivement  du  moins, 
était  scellée  par  un  serment1.  Les  énomoties  étaient-elles 
rattachées  aux  pentécostyes,  celles-ci  aux  loches,  les 
loches  à  la  more  d’après  une  règle  fixe,  ou  bien  les  rois 
et  les  polémarques  disposaient-ils  ces  diverses  unités 
dans  la  more  comme  ils  l’entendaient?  Nous  admettrions 
plutôt  la  première  explication. 

Quel  était  l’effectif  de  la  more?  D’après  les  lexico¬ 
graphes2,  il  aurait  été  de  500,  de  800,  de  1000.  Plutarque3 
rapporte  qu’Ephore  attribuait  500  hommes  à  la  more, 
Callisthène  700,  et  d’autres  écrivains,  en  particulier 
Polybe,  900.  En  donnant  à  la  pentécostye  le  chiffre 
d’hommes  qu’indique  ce  nom,  c’est-à-dire  50,  on  aurait, 
d’après  le  passage  déjà  cité  de  Xénophon  4,  pour  le  loche 
200  hommes,  pour  la  more  400.  Mais  nous  savons  que 
ces  chiffres  ne  correspondaient  pas  à  la  réalité,  et  c’est 
là  ce  qui  explique  les  divergences.  En  effet,  on  n’appelait 
pas  toujours  le  même  nombre  de  classes  ;  tantôt  c’étaient 
les  hommes  de  vingt  à  trente  ans  qui  étaient  convoqués, 
tantôt  les  hommes  de  vingt  à  trente-cinq,  tantôt  comme 
lors  de  la  bataille  de  Mantinée5,  c’était  une  levée  en 
masse.  Ce  qui  restait  fixe  probablement  dans  cette  orga¬ 
nisation,  c’est  le  nombre  des  diverses  unités  :  chaque 
more  comprend  toujours  2  loches,  8  pentécostyes, 
16  énomoties;  mais  l’effectif  de  chacune  de  ces  unités 
était  plus  ou  moins  élevé  selon  qu’on  avait  appelé  un 
nombre  plus  ou  moins  grand  de  classes.  Ainsi,  à  la 
bataille  de  Leuctres,  l’armée  Spartiate  comprenait  quatre 
mores 11  :  on  avait  pris  toutes  les  classes  jusqu’à  cinquante- 
cinq  ans;  l’énomotie  était  sur  trois  files  de  12  hommes, 
soit  36  hommes  par  énomotie 7,  ce  qui  donne  72  hommes 
par  pentécostye  et  576  hommes  par  more,  soit  pour 
les  quatre  mores,  2304  hommes  ;  sur  ce  nombre,  il  y  avait 
700  Spartiates.  Les  pertes  furent  énormes  :  Xénophon, 
toujours  favorable  à  Lacédémone,  les  porte  à  1000  hommes 
dont  400  Spartiates  8.  L'effectif  de  la  more  qu’Iphicrate 
détruisit  au  célèbre  combat  du  Léchaion,  était  encore 
plus  élevé  :  il  était  environ  de  600  hommes9;  enfin,  à  la 
bataille  de  Corinthe10,  en  394,  les  Lacédémoniens  mirent 
en  ligne  6000  hommes,  ce  qui  donne  pour  chaque  more 
1000  combattants.  On  doit  donc  admettre  que  l’effectif 
de  la  more  et  des  subdivisions  qui  la  constituaient  était 
en  rapport  direct  avec  le  nombre  des  classes  qui  étaient 
appelées.  On  comprend  alors  pourquoi  les  témoignages 
qui  nous  sont  parvenus  sur  ce  point  de  la  question  pré¬ 
sentent  de  si  nombreuses  différences. 

ôous  savons  par  Thucydide  11  que  les  Lacédémoniens 
n  organisèrent  une  cavalerie  qu’en  424.  Cette  cavalerie 
ne  comprenait  que  400  hommes.  Elle  prend  part  à  la 
bataille  de  Mantinée12.  Une  more  de  cavaliers  est  men- 
Üonnée  la  première  fois 1 3  en  396,  à  la  bataille  de  Némée  ; 


1  Magn.  ’E  voqioTta  *  xàî;tç  Ttç  OToax.w ctXT]  icapà  AaxeSatuiovtocç  *  s’çr.xai  Si  àitb 

"*  '*Ayjvai  %’jtoùç  jxv)  Xeticeiv  tyjv  xà$iv  ;  Hesycll.  ’Evwjxoxia  *  Stà  açaytaç  IviÔjaotoç  ; 
•  encore  Suidas.  —  2  Nous  avons  déjà  indiqué  ces  ch i (Très,  noie  1,  p.  1998. 
~  3  Pelopid.,  17.  —  4  Lac.  resp.  XI,  4.  —  5  Time.  V,  04  et  68.  —  6  Bell.  VI,  I,  1. 
P'id.  \  1,  4,  12.  —  8  Pausanias,  IX,  13,  4,  dit  que  le  nombre  des  tués  fut  de  plus 
1 111111  :  Oiodorc,  XV,  56,  le  porte  à  4000  ;  Denys  d’Hal.  (Antiq.  rom  II,  17)  rapporte 
1 1  1 '00  Spartiates  périrent.  On  peut  admettre  que  les  chiffres  de  Xénophon  sont 
peu  au-dessous  de  la  vérité.  —  9  Xcn.  F/cll.  IV,  5,  12.  —  <0  Ibid.  IV,  2,  10. 
~  “  lv>  3Î>.  —  12  Thuc.  V,  67,  2.  —  13  Xen.  Bell.  III,  3,  10.  —  H  Ibid.  IV,  2,  16. 

—  16  Lycurg.  23.  L’attribution  à  Lycurgue  de  la  création  des  oulamoi 
1  j'ient  de  Pbilostéphanos;  elle  peut  être  fausse,  mais  le  renseignement  n’en  a 
(  ni01ns  de  la  valeur.  H.  Droysen  rejette  ce  témoignage  de  Pbilostéphanos, 
'  '■  P-  71,  n.  1.  —  HXeD.  üell.  IV,  4,  10;  5,  12.  —  18  Ibid.  IV,  5,  11-12. 


en  394,  clic  comprend  environ  6(X)  hommes14.  Nous 
avons  vu,  par  le  texte  de  la  République  des  Lacédémo- 
niensn,  qu’il  y  avait. six  mores  de  cavaliers  correspondant 
aux  six  mores  d’hoplites;  il  en  résulte  que  la  more  de 
cavalerie  était  de  400  hommes.  Ceci  concorderait  avec  un 
renseignement  que  nous  trouvons  dans  Plutarque  !6, 
d’après  lequel  la  division  inférieure  à  la  more,  Voulamos , 
était  de  50  hommes;  il  y  aurait  eu  deux  oulamoi  par  more. 
Mais  est-ce  Lycurgue  qui  a  institué  les  deux  oulamoi ? 
Quoi  qu’il  en  soit  de  cette  question,  il  reste  établi  qu'à 
chaque  more  d’hoplites  correspondait,  comme  nous 
l’avons  vu,  une  more  de  cavaliers.  Or  le  corps  de  cava¬ 
lerie  créé  parles  Lacédémoniens  en  424  était  de  400  hom¬ 
mes  ;  comme  ce  chiffre  de  400  n’est  pas  divisible  par  6, 
nous  pourrions  trouver  là  une  preuve  nouvelle  pour  ad¬ 
mettre  que  la  division  en  mores  n’etait  pas  encore,  en  424, 
introduite  dans  l’armée;  c’est  là  une  confirmation  de 
ce  que  nous  avons  dit,  au  début  de  cet  article,  que  cette 
institution  date  seulement  de  la  fin  de  la  guerre  du  Pélo- 
ponèse.  Chaque  more  de  cavaliers  était  commandée  par 
un  hipparmoste 11 .  Cet  officier  était  sous  les  ordres  du 
chef  de  la  more  d’hoplites,  le  polémarque  1S.  La  cavalerie 
lacédémonienne  a  été  longtemps  mauvaise  :  le  mode  de 
recrutement  était  très  défectueux  ;  on  ne  mettait  dans 
cette  cavalerie  que  les  hommes  trop  faibles  pour  servir 
comme  hoplites  l9.  On  vit  même  un  jour  un  hipparmoste 
faire  descendre  ses  hommes  de  cheval  et  leur  ordonner 
de  charger  comme  hoplites20.  Xénophon  rapporte  que 
plus  tard  on  forma  cette  cavalerie  avec  des  mercenaires, 
et  que  cette  réforme  donna  de  bons  résultats  21.  Il  semble 
que  l’organisation  de  la  cavalerie  ne  fut  pas  changée  à 
cette  occasion  et  que  la  division  en  mores  fut  conservée  ; 
en  tout  cas,  Xénophon  ne  dit  pas  que  rien  ait  été  changé 
sous  ce  rapport.  Albert  Martin. 

Mora.  —  Ce  mot  a  reçu,  dans  la  langue  du  droit  romain, 
une  double  acception 22.  Dans  un  sens  large,  il  désigne  le 
retard  apporté  par  un  débiteur  à  l’exécution  de  son  obliga¬ 
tion.  Dans  un  sens  étroit,  il  désigne  un  retard  coupable  et 
s  applique  aussi  bien  au  créancier  qui  refuse  de  recevoir 
le  paiement,  qu’au  débiteur  qui  n’acquitte  pas  sa  dette 
à  1  échéance.  Cette  seconde  acception,  plus  récente  que 
la  première,  a  seule  une  valeur  technique  ;  on  l’exprime 
en  français  en  disant  que  le  créancier  ou  le  débiteur  est 
en  demeure  (Code  civ.,  art.  1139). 

I.  —  Dans  l’ancien  droit  romain,  le  retard  mis  par  le 
débiteur  à  accomplir  son  obligation  ne  produisait  par- 
lui-même  aucun  effet  particulier.  Le  créancier  non  payé 
à  l’échéance  usait  des  moyens  de  contrainte  ordinaires 
pour  obtenir  la  prestation  promise.  Ces  moyens  étaient 
en  général  suffisants,  sauf  lorsque  la  chose  due  était  un 
corps  certain.  Si  cette  chose  venait  à  périr  par  cas  fortuit, 
le  créancier  ne  pouvait  plus  la  réclamer  ;  le  débiteur 
échappait  à  la  peine  de  sa  négligence  ;  il  était  libéré  par 

—  19  VI,  A  10-11.  -  20  iv,  4,  10.-  2!  Bipparch.  IX,  4.  _  B.bl.ograph.e, 
Rustow  et  Kôchly,  Geschichte  des  griechischen  Kriegswesen,  Aarau,  1852,  p.  90 
sq.;  Slein,  Bas  Kriegswesen  der  Spartgner,  Progr.  de  Konilz,  1863;  Trieber 
Forschungen  zur  Spartanischen  Verfassungsgeschichte,  1871  ;  Henr.  Stephen, 

De  Spartanorum  re  militari,  Diss.  inaug.  Gryphiswald,  1881;  G. -F.  Schômann 
Gricch.  Alterthümer,  4« éd.  par  J.-l).  Lipsius,  1897,  p.  284;  K. -F.  Hermann,  Lehr- 
buch  der  griecli.  Antiquilüten,  Bd.  I,  Staatsalterth&mer ,  0e  éd.  par  V.  Thumser 
1889,  p.  191;  Même  manuel,  t.  II,  2*  partie,  Die  Gricch.  Kriegsalterthümer,  par 
H .  Droysen,  1889,  p.  65;  G.  Gilbert,  Bandbuch  der  griech.  StaatsalterlhUmer, 

2«  éd.  1893,  p.  /5;  Ad.  Bauer,  Die  Kriegsalterthümer,  t.  IV,  1"  partie  du  Manuel 
d’hvan  Muller,  1893,  p.  311  ;  G.  Busolt,  Griech.  Geschichte ,  I,  2-  éd.  1893,  p.  534. 

—  23  Paul .  37  ad  Ed.  Zbj.XXU,  1,  24  pr.  :  Si  quis  solutioni  quidem  moram  fecit , 
judicium  autem  accipere  paratus  fuit,  non  eidetur  fecisse  moram. 


MOU 


—  2000  — 


MOU 


le  fait  du  hasard.  Los  risques  étaient  pour  le  créancier. 

La  jurisprudence  se  préoccupa  de  bonne  heure  d’écarter 
ce  résultat  :  elle  admit  la  survivance  de  l’obligation  (per- 
petuatio  obfigatioriis),  malgré  la  perte  fortuite  del'objet1. 
Dès  lors,  la  mora  produit  un  effet  juridique  :  elle  met  les 
risques  à  la  charge  du  débiteur. 

Cette  règle,  d'abord  appliquée  sans  distinction,  fut 
atténuée  lorsque  la  loi  consacra  des  contrats  de  bonne 
foi.  Il  parut  excessif  de  traiter  comme  un  débiteur  tenu 
d'une  action  de  droit  strict  celui  qui  a  pu  compter  sur 
la  complaisance  du  créancier.  L’application  de  la  règle 
aux  débiteurs  tenus  d’une  action  de  bonne  foi  fut  subor¬ 
donnée  à  certaines  conditions  destinées  à  les  avertir  que 
le  créancier  entendait  être  payé  2  et  refusait  d’accorder 
un  plus  long  délai  :  le  créancier  doit,  après  l’échéance, 
adresser  au  débiteur  une  sommation  ( interpellatio )3  en 
présence  de  témoins4  ;  si  le  débiteur  est  absent,  le  créan¬ 
cier  doit  faire  constater  devant  témoins  sa  volonté  d’être 
payé.  A  dater  de  cette  sommation,  le  débiteur  qui  s’abs¬ 
tient  de  payer  n’est  plus  seulement  en  retard  :  il  est  en 
demeure  et  doit  subir  les  conséquences  de  sa  faute.  On 
admet  toutefois  des  causes  d’excuse,  par  exemple,  lorsque 
le  débiteur  est  en  captivité  ou  absent  pour  le  service  de 
l’État  ;  dans  ce  cas,  la  mora  est  inculpata* .  De  même,  le 
débiteur  cesse  d’être  responsable  s'il  prouve  que  la 
chose  eût  péri  également  si  elle  avait  été  livrée  au 
créancier6,  ou  s’il  fait  au  créancier  des  offres  réelles1. 
Dans  ce  dernier  cas,  il  y  a purgatio  morae 8. 

IL  —  Cette  première  innovation  fut  suivie  de  deux 
autres9.  Il  a  paru  contraire  à  labonne  foi  de  n’accorder  au 
créancier  aucune  réparation  pour  le  préjudice  que  lui 
cause  le  défaut  de  paiement  après  sommation.  La  juris¬ 
prudence  a  attribué  à  la  mora  un  nouvel  effet  :  le  débi¬ 
teur  en  demeure  doit  payer  des  intérêts  moratoires 
[usura]  lorsque  sa  dette  a  pour  objet  une  somme  d’ar¬ 
gent10.  Dans  tout  autre  cas,  il  est  tenu  de  payer  des 
dommages-intérêts  moratoires  dont  le  montant  est  fixé 
par  le  juge  d’après  l’intérêt  du  demandeur11  :  si,  par 
exemple,  la  chose  a  diminué  de  valeur12,  si  le  débiteur  a 
perçu  les  fruits  13,  on  tiendra  compte  au  créancier  du  pré¬ 
judice  qu’il  a  éprouvé.  Cette  innovation  ne  s’applique  pas 
aux  débiteurs  tenus  d’une  action  de  droit  strict.  On  a 
pourtant  admis  qu’ils  doivent  compte  des  fruits  depuis 
que  le  procès  est  engagé  14  ;  on  a,  d’autre  part,  assimilé 
aux  débiteurs  tenus  d’une  action  de  bonne  foi  les  per¬ 


sonnes  grevées  d’un  legs  sinendi  modo 
commis18;  et,  depuis  Justinien,  de  toute 
[fideicommissum,  p.  1115]. 


0,1  d'un  fidéi- 
esPùce  de  legs 


III—  La  jurisprudence  ne  s’est  pas  contentée  de  déte,- 
miner  les  effets  de  la  demeure  du  débiteur  •  elle  a  pr¬ 
ie  cas  où  l’inexécution  de  l’obligation  proviendrait  dn 
fait  du  créancier10.  Le  créancier,  qui,  sans  une  juste 
cause,  refuse  de  recevoir  le  paiement  qui  lui  est  offert  au 
lieu  et  au  temps  convenus  ”,  est  en  faute18,  et  cette  faute 
entraîne  des  conséquences  juridiques.  Le  débiteur  est 
libéré  si  la  chose  périt  par  cas  fortuit,  alors  même  que  ce 
serait  une  somme  d’argent  mise  de  côté  pour  effectuer  le 
paiement19.  S’il  est  lui-même  en  demeure,  sa  demeure 
est  purgée20  {purgatio  morae) 21.  Il  a  le  droit  de  se  faire 
indemniser  des  dépenses  faites  pour  la  conservation  de 
la  chose  22,  mais  il  n’est  pas  tenu  de  la  garder  indéfini¬ 
ment  à  la  disposition  du  créancier  :  s’il  doit  une  somme 
d’argent,  il  peut,  après  une  sommation  adressée  au 
créancier,  la  déposer  en  lieu  sur23,  et  dès  lors,  il  n’est 
plus  tenu  des  intérêts  24  ;  s’il  doit  un  corps  certain  ou  des 
denrées,  il  fera  vendre  l’objet  dû  et  offrira  le  prix  au  créan¬ 
cier25.  Dans  tous  les  cas  où  il  garde  la  chose,  il  ne  répond 
que  de  son  dol  ou  de  sa  faute  lourde20. 

IV.  —  Dans  quelques  cas  exceptionnels,  la  loi  attribue 
un  effet  juridique  au  retard  mis  par  un  débiteur  à 
acquitter  sa  dette  :  aucune  sommation  n’est  exigée.  La 
mora  a  lieu  ici  ex  re  et  non  ex  persona.  Elle  oblige  le 
débiteur  à  payer  des  intérêts  [usura].  Cette  obligation 
est  imposée  aux  débiteurs  du  fisc27  ou  des  mineurs  de 
vingt-cinq  ans  28,  aux  administrateurs  des  biens  d’au¬ 
trui  20,  aux  acheteurs  à  dater  du  jour  où  on  leur  a  livre 
l’objet  de  la  vente30.  On  a  prétendu  qu'il  y  avait  demeure 
sans  sommation  en  cas  de  dette  à  terme  :  mais  la  règle 
die  s  interpellât  pro  homine ,  formulée  par  les  glossa- 
teurs,  repose  sur  une  fausse  interprétation  d'un  texte  de 
Papinien 31 .  Les  Romains  n’ont  admis  qu'une  seule  excep¬ 
tion  à  la  règle  générale,  en  cas  de  vol  ou  de  dépossession 
par  la  violence  32  :  semper  enim  rnoram  fur  faceve 
videtur  33 .  Édouard  Cuq. 


MORRIJS  SONTICUS.  —  Les  grammairiens  et  les 
jurisconsultes  romains  désignaient  ainsi  toute  maladie 
assez  grave  pour  fournir  une  excuse  légale1.  Il  n  était 
pas  nécessaire  qu’elle  fût  perpétuelle,  comme  1  indiquent 
à  tort  plusieurs  textes2.  D’après  la  loi  des  Douze  Tables 
et  la  législation  postérieure3,  le  morbus  soutiens ,  soit 


i  Paul.  17  ad  Plaut.  Dig.  XLV,  2,  91,  3  :  Quod  veteres constituerunt  :  quotiens  culpa 
intervenit  debitoris,  perpetuari  obligationem...  —  2  Paul.  Sent.  III,  8,  4  :  Mora 
autem  fieri  videtur  cum  postulanti  non  datur.  —  3  Marc.  4  Reg.  Dig.  XXII,  1,  32. 

_ 4  Ulp.  28  ad  Sab.  Dig.  XVIII,  6,  1,  3.  —  5  Lab.  ap.  Pompon.  3  ex  Plaut.  Dig. 

XXII,  2,  2;  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XXII,  1,  23,  1.  —  6  papin.  11  Resp.  Dig.  XXII, 
i,  95  \ .  —  7  Sab.  Cass.  ap.  Gaium  9  ad  Ed.  prov.  Dig.  XVI,  3,  14,  1;  Ulp.  22  ad 
Sab.  Dig.  XXX,  47,  6.  —  8  Cels.  Julian,  ap.  Paul.  17  ad  Plaut.  Dig.  XLV,  1,  91,  3. 

—  9  La  demeure  est  également  purgée  lorsque  le  créancier  y  consent,  par  exemple 
lorsqu'il  entre  en  arrangement  avec  le  débiteur,  lorsqu’il  se  fait  donner  une  caution 
ou  fait  une  novation;  cf.  Venul.  3  stip.  Dig.  XLVI,  1,  31.  —  10  Uermog.  2  jur.  Ep. 
Dig.  XVII I,  6,  19;  Ulp.  31  ad  Ed.  Dig.  XVII,  1,  10,  3.  —  n  Paul.  33  ad  Ed.  Dig. 
XIX,  1,  21,  3.  —  12  Pompon.  9  ad  Sab.  Dig.  XIX,  1,  3,  3.  —  13  Papin.  9  Quaest. 
Dig.  XVI,  3,  24.  —  14  Sab.  Cass.  ap.  Paul.  6  ad  Plaut.  Dig.  XXII,  1,  33,  7. 

_  13  Gaius,  II,  280.  —  10  Pompon.  1  4  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  3,  9.  —  17  Marcel!.  20 

Dig.,  Dig.  XLVI,  3,  72  pr.  —  18  Africain  (8  Quaest.  Dig.  XVII,  1,  37)  caractérise  la 
demeure  du  créancier  aussi  bien  que  celle  du  débiteur  par  le  mot  frustratio. 

—  19  Marcell.  Loc.  cit.  — 20  pompon.  31  ad  Q.  Mue.  Dig.  XVIII,  6,  17;  Paul.  37 
ad  Ed.  Dig.  XXIV,  3,  26.  —  21  Paul.  24  ad  Ed.  Dig.  XLV,  1,  73,  2;  Marcell.  ap. 
Ulp.,  Disput.  Dig.  XLVI,  2,  14  pr.  ;  Ulp.  46  ad  Sab.  Eod.  8  pr.  —  22  S.  Aelius,  Liv. 
Drusus,  Cels.  8  Dig.,  Dig.  XVIII,  1,  38,  1.  —  23  Ulp.  in  Marcell.  8  Dig.,  Dig.  XXVI, 
7,  28,  1;  Diocl.  Cod.  Just.  IV,  32,  19  pr.  —  24  Marcell.  Dig.  XXVI,  7,  28,  1. 

—  23  Ulp.  28  ad  Sab.  Dig.  XVIII,  6, 1,  3;  cf.  Alfen.Var.  3  Dig.  ad  Paul.  ep.  Eod.  tit.  12. 

—  20  Pompon,  31  ad  Q.  Mue.  Dig.  XVIII.  6,  17. —  27  Paul.  De  usuris,  Ztij.  XXII,  1, 


§  5-6.-  28  Paul.  14  Resp.  Dig.  XXXI,  87,  I.-  29Gaius,  4  ad  ed.  prov.  Dig.  IV, 
27,  I  ;  Scaev.  Il  Dig.,  Dig.  XXVI,  7,  58,  1;  Papin.  ap.  Ulp.  31  ad  Ed.  Dig.  AVI  - 

10,  3.  -30  Ulp.  32  ad  Ed.  Dig.  XIX,  1,  13,  20.-31  u  Resp.  Dig.  XXII,  1,  9,  ;  c  • 
,r  cette  règlecélèbre,  Édouard  Cuq,  Instit.  jurid.des  Domains ,  l.  U,  P-  "•  ' 

•  32  Ulp.  69  ad  Ed.  Dig.  XLIII,  16,  1,  35.  -  33  Veteres  ap.  Tryphon.  15  Uispu  -, 
iq .  XIII,  1,  20.  A  un  autre  point  de  vue,  le  voleur  est  ]dus  sévèremen  rai 
fun  débiteur  ordinaire  ;  il  est  condamné  à  la  plus  haute  valeur  c  a  cio  . 
Ip.  27  ad  Ed.  Dig.  XIII,  1,  8.  1.  -  Bibuoghaph*.  Madai,  Die  Lebn 
i n  der  Mora  1837  ;  Wolff,  Zur  Lehre  von  der  Mora,  18*1  ;  Fr  ’ 

ie  Lehre  von  der  Mora  (. Beitrüge  zum  Obligationenrecht ,  '  '  [ 

niep,  /lie  Mora  des  Schuldners,  .871;  Kohlcr,  Annahme 

rzug  ( Iherings  Jahrbücher ,  t.  XVII);  Maynz,  Cours  de  droit 

176,  t.  Il,  p.  13;  Schey,  Begriff  und  Wesen  der 

rtolan  et  J.-E.  Labbé,  Explication  historique  des  Instituts  d  J 

,éd.  t.  .11,  p.  363  ;  Schin id l-Scharff ,  Mora  accipiend,  Dbnvsc lie 

ccarias,  Précis  de  droit  romain,  1891,  t.  Il,  P-  59  -  nechtsqeschichte, 

echtsgeschichte,  t.  If,  1893,  p.  810;  Moritz  Yoigt,  Dormsche  B  JJ Bomains, 

11,  1899,  p.  118;  Édouard  Cuq,  Les  Institutions  J  un  iq  i  <- 

II,  1902,  p.  569.  ..  .  pi,iiox.  Gloss. 

MORDUS  SONTICUS.  1  Sonticus  vient  de  sons  (Festus,  p  >  ^  ,  60;  5, 
10,  23.  -  2  Dig.  21,  1,  65,  §  1  ;  Paul.  Diac.  Disons,  p.  11 1-  J  fenetiv. 

46;  2,  11,  S,  g  3;  Cic.  Phil.  1,  11,  28  ;  Ad  Alt.  12,  13,  2  i  Le*  colon.  Jul. 

XC X  (Corp.  inscr.  lat.  2  suppl.  5439). 


MOR 


—2001  — 


.MOR 


chez  une  des  parties,  soit  chez  le  juge,  entraînait  obliga¬ 
toirement  la  remise  des  procès,  même  de  ceux  qui  étaient 
portés  devant  les  comices  populaires  Il  constituait 
aussi  une  excuse  valable  pour  le  soldat  qui  ne  se  rendait 
pas  à  l’appel  2.  Ch.  Lécrivain. 

MORES,  MOS.  —  Le  mot  mos ,  ordinairement  employé 
au  pluriel,  reçoit,  dans  la  langue  juridique,  deux  accep¬ 
tions  principales  :  il  désigne  tantôt  la  conduite  d’une 
personne,  tantôt  la  coutume,  le  droit  coutumier. 

I.  —  La  première  acception  est  usitée  soit  en  droi  t  public, 
soit  en  droit  privé.  Les  censeurs  sont  chargés  de  mores 
populi  regere  [censok,  p.  995].  Le  tuteur  moribus 
pupilli  praeponituri  ;  il  fixe  le  salaire  des  précepteurs 
d’après  le  rang  social  du  pupille,  envoie  aux  parents  les 
cadeaux  d’usage,  etc.  Le  prodigue  qui  devient  raison¬ 
nable  (sanos  mores  recipit )  cesse  d’être  en  curatelle2. 
Le  Préteur  protège  les  mores  de  l’esclave3:  celui 
qui  par  dol  corrompt  l’esclave  d’autrui  encourt  l’action 
de  servo  corrupto  qui  entraîne  une  condamnation 
au  double  4  [servus]. 

Les  mores  ont  une  importance  particulière  dans  les 
rapports  entre  époux.  La  mauvaise  conduite  de  l’un  des 
conjoints  peut  donner  lieu  au  divorce  [divortium,  t.  III, 
p.  323]  et  à  l’application  de  certaines  déchéances  lors  de 
la  restitution  de  la  dot  [dos,  t.  III,  p.  396].  Ces  déchéances 
sont  plus  ou  moins  rigoureuses  suivant  que  l’inconduite 
est  grave  ( mores  graviores  ou  majores )  ou  légère  ( mores 
leviores  ou  minores)  :  le  mari  perd  deux  ans  ou  un  an  de 
revenu;  la  femme  perd  un  sixième  ou  un  huitième  de 
capital.  C’est  la  retentio  propter  mores.  L’inconduite 
n’est  grave  que  dans  le  cas  d’adultère5. 

Aux  derniers  siècles  de  la  République,  l’inconduite 
delà  femme  peut  donner  lieu  à  une  action  spéciale  ( judi - 
cium  de  moribus6).  Cette  action  a  pour  but  défaire  cons¬ 
tater  judiciairement  la  faute  commise  et  de  faire  con¬ 
damner  la  femme  à  être  privée  de  sa  dot  en  tout  ou  en 
partie  suivant  les  règles  établies  pour  l’action  reiuxoriae1 . 
Sous  l’Empire,  le  mari  dut  opter  entre  l’accusation  crimi¬ 
nelle  organisée  par  la  loi  Julia  de  adulleriis  et  l’action 
de  moribus.  Celle-ci  n’eut  désormais  d’autre  objet  que 
de  permettre  au  mari  de  garder  une  partie  de  la  dot. 
La  coercif. io  morum  8  devint  si  bien  étrangère  à  cette 
action  que  le  mari  ne  pouvait  se  désister  de  l’action  cri¬ 
minelle  pour  s’en  tenir  à  l’action  de  moribus 9. 

d-  —  Mos  ou  mores  désigne  fréquemment  soit  la  cou¬ 
tume  considérée  comme  source  du  droit  ( jus  quod  dicitur 
moribus  constitution ) 10,  soit  le  droit  qui  en  résulte11  et 
fpii  est  observé  à  l’égal  de  la  loi  ( pro  loge  custoditur). 
Lest  un  synonyme  du  mot  consuetudo 12  qui  s’emploie 
egalement  dans  les  deux  sens  :  il  y  a  un  consuetudine 

1  Uv.  38,  52,  38.  —  2  Gell.  10,  4. 

MORES,  MOS.  l  Paul.  38  ad  Ed.  Dig.  XXVI,  7,  12,  3.  —  2  Ulp.  1  ad  Sab.  Di  y. 
XXVIb  10.  1  pi\  -  3  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  IX,  2,  23,  5.-4  Ulp.  23  acf  Ed.  Dit/. 

XI’  3>  1  pr.  -  s  Ulp.  Reg.  VI,  12,  13.  —  o  A.  Gell.  X,  23.-7  Cf.  Éd.  Cuq, lnstit. 
Mi'l.  des  Romains,  t.  Il,  p.  101,  n.  3.  -  8  Paul.  7  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  3,  15,  1. 

~  “l'apin.  De  adult.,  Dig.  XLV1II,  5,  11,  3.  —  10  Jul.  94  Dig.  Dig.  I,  3,  32,  1. 

1  Caius,  I,  l  :  Populi  qui  legibus  et  moribus  reguntur.  —  12  On  emploie  aussi 
I1'"  (ois  usus  ( longaevus )  :  Constantin.  Cod.  Just.  VIII,  13,  2;  vetustissima  juris 
0,jsenantia  :  Pompon.  Eucliii-.  Dig.  I,  2,  2,  24.  —  13  Cic.  Ad  Heren.  II,  13,  10  ; 

/  lnv-  If  56,  162.  —  14  Ulp.  1  De  off.  procons.,  Dig.  1,  3,  33.  —  15  Modest»  0 
;l:sP  Dig.  XXVI,  7,  32,  6  ;  Cic.  De  rep.  II,  38,  64;  De  off.  I,  41,  148.  —  16  Macrob. 
nt-  Ul,  3  :  Mos  ergo  praecessit,  et  cultus  moris  secutus  est  quod  est  consue- 
tudo  -  Varr.  ap.  Serv.  A  en.  Vil,  001.  —  n  Ulp.  2,  20,  24  ad  Sab.  Dig.  XXVI11,  1, 
XXXH,  75;  XXX,  50,  3.  —  18  Lab.  ap.  Ulp.  29  ad  Ed.  Dig.  XV,  3,  3,  3; 

]  :i«  .  15  Dig.  Dig.  XXXIII,  8,  23,  1.  -  19  Lab.  ap.  Ulp.  53  ad  Ed.  Dig.  XXXIX, 

’  1,  23  •  Vetustatem  legxs  vicem  tenere.  —  20  Traj.  ap.  Plin.  Ep.  X,  115;  Paul. 


jus  13,  et  la  consuetudo...  pro  lege  observari  solet  14  jus, 
p.  735].  Parfois  cependant  on  distingue  ces  deux 
mots  comme  dans  l’expression  mos  et  consuetudo  lr\  Mos 
désigne  ici  l’usage  défait16.  Cette  acception  non  tech¬ 
nique  se  rencontre  assez  souvent. 

Le  mot  consuetudo  s’emploie  aussi  isolément  pour 
désigner  un  usage  de  fait,  notamment  dans  l’expression 
consuetudo patrisfamilias  ou  domini.  Cet  usage  présente 
parfois  un  intérêt  juridique  soit  pour  l’interprétation 
d’un  testament11,  soit  pour  régler  les  rapports  entre  un 
maître  et  ses  esclaves  18,  ou  entre  propriétaires  voisins  'L 
De  même  la  consuetudo  domus  ou  praedii  tient  lieu  de 
convention  pour  fixer  les  redevances  à  payer  par  les 
colons  au  propriétaire  d’un  fonds  ou  aux  fermiers  géné¬ 
raux  [locatio,  p.  1290,  n.  6  et  7]. 

§  1er.  Formation  de  la  coutume.  —  Deux  conditions 
sont  nécessaires  :  1°  l’usage  longtemps  répété  d’une  règle 
faite  pour  un  cas  déterminé  [usus  inveleratus ;  vêtus , 
longa ,  perpétua  consuetudo )20;  2°  l’approbation  tacite 
du  peuple21.  A  défaut  de  cette  condition,  l’usage  ne  sau¬ 
rait  fonder  le  droit22.  Il  n’est  pas  nécessaire  de  prouver 
que  tous  les  citoyens  sont  d’accord  pour  admettre  la 
règle  ;  on  ne  considère  que  le  sentiment  de  l’ensemble23. 
Les  jurisconsultes  modernes  ont  précisé  cette  condition, 
en  disant  qu’elle  implique  le  sentiment  d’une  nécessité 
juridique  [opinio  juris  seu  necessitutis) 24. 

La  coutume  constitue  un  jus  incertum  ;  il  n’est  pas 
toujours  facile  d’en  constater  l’existence.  Les  textes  n'in¬ 
diquent  pas  avec  précision  comment  cette  difficulté  était 
résolue25.  Les  uns  conseillent  d’examiner  si  tous  les  inté¬ 
ressés  procèdent  d’une  manière  uniforme  depuis  un 
temps  immémorial 26  ;  d’autres,  de  rechercher  s’il  y  a  des 
précédents,  par  exemple,  un  jugement  rendu  après  débat 
contradictoire21.  Justinien  prescrit  de  faire  comparaître 
les  personnes  compétentes  et  de  recueillir  leurs  témoi¬ 
gnages  sous  la  foi  du  serment28.  Lorsqu’elle  est  certaine, 
la  coutume  doit,  comme  la  loi,  être  appliquée  d’office 
par  le  juge  23 . 

§  2.  Diverses  sortes  de  coutumes.  —  1.  Mores  majorum. 

—  On  désigne  sous  ce  nom  les  plus  anciennes  coutumes 
de  Home30.  Elles  se  rapportent  principalement,  dit  Fes- 
tus,  à  la  religion  et  aux  cérémonies31.  A  une  époque  où 
le  droit  était  considéré  comme  un  précepte  divin  et  avait 
pour  sanction  des  peines  religieuses,  la  religion  n’avait 
pas  seulement  trait  au  culte  :  des  institutions  comme  la 
famille  et  le  mariage  sont  encore,  dans  la  période  histo¬ 
rique,  régies  à  certains  égards  par  la  coutume  des 
ancêtres,  par  exemple  pour  les  empêchements  à  mariage 
entre  parents32.  La  contravention  à  celte  coutume  n’avait 
pas  de  sanction  sous  la  République  :  c’était  un  acte  con- 

9  ad  Ed.  Dig.  III,  4,  6  pr.;  Diocl.  Cod.  Just.  XI,  42,  1  ;  Constantin.  Cod.  Just. 
VIII,  53,  2;  Lco,  Cod.  Just.  I,  14,  11.  —  21  Jul.  94  Dig.  Dig.  I,  3,  32,  I  :  Tacitus 
consensus  omnium  ;  liermog.  1  jur.  epit.  Eod.  35  :  Tacita  civium  conventio. 

—  22  Ulp.  57  ad  Ed.  Dig.  XL  VII,  10,  13,  7  ;  Usurpatum...  tametsi  nullo  jure. 

—  23  Varro  morem  esse  dicit  in  judicio  animi  (Macr.  Rat.  3,  8,  3)  ;  Quint.  Inst, 
orat.  V,  10,  13  :  Quae  persuasione  etiamsi  non  omnium  hominum,  ejus  tamen 

civitatis  aut  gentis  in  qua  res  agitur,  in  mores  recepta  sunt. _ 24  Cf.  Cic.  Ad 

Heren.  II,  19  :  Consuetudine  jus  est,  quod  sine  lege  aeque,  ac  si  legitimum  sit, 
usitatum  est.  —  25  Pompon.,  Enckir.,  Dig.  I,  2,  2,  3.  —  2G  Ale*.  Sev.  Cod.  Just'. 
VIII,  10,  3;  Lco,  Eod.  I,  14,  11.  —  27  Ulp.  4  De  off.  procons.  Dig.  1,  3,  34. 

—  28  Nov.  106.  —  29  Inst.  IV,  17  pr.  ;  M.  Aur.  Ver.  ap.  Callistr.  Dig.  XXII,  5,  3 
6;  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  VIII,  53,  1.  -  30  Cic.  De  leg.  II,  10,  23  :  In  more  majo¬ 
rum,  qui  tum  ut  lex  valebat.—  M  Fest.s.o.  Mos.  —  32  Paul.  6  ad  Plaut.  Dig.  XXIII, 

2,  39,  1  ,  Liv.  XX,  frg.  ( Hernies ,  1870,  p.  372  ;  adversus  veterem  morem). 
Cet  empêchement  a  été  étendu  aux  affranchis  :  Pompon.  5  ad  Sab  Di  a 
XXIII,  2,  8.  ' 


MOR 


2002  — 


MOR 


traire  au  fas,  un  scelus1.  Les  textes  attribuent  également 
aux  mores  majorum  l’incapacité  des  femmes  et  des  es¬ 
claves  de  remplir  un  officium  civile ,  comme  la  fonction 
déjugé2,  le  droit  de  déléguer  la  juridiction  [jurisdictio, 
p.  729,  n.  5].  C’est  aussi  sans  doute  la  coutume  des 
ancêtres  qui  a  prescrit  l’interdiction  des  prodigues  anté¬ 
rieurement  à  la  loi  des  Douze  Tables 3,  et  qui  a  déterminé 
la  forme  des  actes  juridiques  per  aes  et  libram.  —  On  a 
conjecturé  que  ces  coutumes  résultent  bien  moins  de  la 
volonté  du  peuple  que  d’une  sorte  d'instinct,  d’intuition 
populaire  du  droit  :  la  coutume  serait  un  mode  de  forma¬ 
tion  du  droit  qui  ne  conviendrait  qu’à  l’enfance  des 
sociétés4.  D’autres  ont  prétendu  que  l’instinct  est  im¬ 
puissant  à  produire  la  coutume,  et  que  l’intervention  de 
la  jurisprudence  est  nécessaire  pour  discerner  parmi  les 
usages  populaires  ceux  qui  peuvent  être  transformés  en 
règles  de  droit5.  Ce  sont  là  des  hypothèses  :  en  réalité, 
on  ne  sait  rien  sur  le  mode  d’établissement  des  mores 
majoHim.  —  On  a  également  prétendu  que  la  coutume 
fut,  aux  premiers  siècles  de  Rome,  le  mode  exclusif  de 
formation  du  droit6.  Mais  les  doutes  émis  sur  l’exis¬ 
tence  des  lois  royales,  doutes  indiqués  p.  1173,  sont 
aujourd’hui  singulièrement  atténués  :  grâce  à  un  ingé¬ 
nieux  rapprochement  entre  un  passage  du  Digeste  que 
Mommsen  avait  à  tort  corrigé  ‘  et  quelques  passages  de 
Cicéron  8,  M.  Otto  Ilirschfeld  a  établi  que  les  lois  royales 
furent  connues  des  Romains  du  temps  de  l’Empire,  non 
pas  seulement  par  le  commentaire  de  Granius  Flaccus, 
mais  aussi  par  un  recueil  bien  plus  ancien,  désigné  sous 
le  nom  de  Monumenta  et  composé  à  la  fin  du  vie  siècle 
de  Rome  par  le  jurisconsulte  Manilius9. 

2.  Mos  civitatis.  —  Aux  derniers  siècles  de  la  Répu¬ 
blique,  la  coutume  a  consacré  un  grand  nombre  d’usages 
qui  s’étaient  introduits  dans  la  pratique  des  honnêtes 
gens.  Ces  usages  ( boni  mores)  ont  trait  les  uns  au  droit 
privé,  les  autres  au  droit  public. 

En  droit  privé,  beaucoup  d’usages,  établis  d’abord  par 
la  pratique  des  arbitres  {boni  viri  arbitria ),  ont  acquis 
force  obligatoire  en  matière  de  vente,  louage,  société, 
mandat,  tutelle10,  restitution  de  la  dot  en  cas  de  divorce, 
puis  en  cas  de  prédécès  du  mari,  gestion  d’affaires, 
fiducie,  gage,  dépôt,  commodat.  Tous  ces  usages  sont 
sanctionnés  par  des  actions  de  bonne  foi J 1  ;  c’est  la  cou¬ 
tume  qui  leur  a  donné  une  valeur  juridique  [jus, 
p.  739]:  Cicéron  dit  que  les  actions  qui  en  assurent  l’ob¬ 
servation  sont  des  judicia  sine  lege  12.  La  règle  est  restée 
vraie  même  à  l’époque  ultérieure  pour  les  usages  qui  se 
sont  introduits  postérieurement 13. 

La  prohibition  des  donations  entre  époux  est  due  éga¬ 
lement  à  la  coutume14.  Elle  parait  avoir  son  point  de 


départ  dans  la  pratique  des  arbitres  chargés  de  si 
sur  la  restitution  de  la  dot  en  cas  de  divorce ls.  On  atu  i^1' 
de  même  à  la  coutume  la  responsabilité  solidaire  inm  T 
aux  banquiers  associés  lorsque  l’un  d’eux  s’est  emrw 
Par  expensilatio 16  [argentarius,  p.  408],  la  dedurr 
quae  moribus  fit  dont  parle  Cicéron  ».  C’est  aussi  s 
doute  à  la  coutume  qu’il  faut  attribuer,  bien  quc 
textes  ne  le  disent  pas  expressément,  l’hypothèque  du 
bailleur  sur  les  meubles  du  locataire  [uypotufpa 
p.  362,  n.  16] 18,  les  modes  naturels  d’extinction  des  obli’ 
gâtions  [liberatio,  p.  1193,  n.  10-13],  certains  effets 
attribués  à  la  parenté  naturelle19  (limitation  de  l’empê¬ 
chement  à  mariage20  et  du  jus  osculi 21)  au  sixième 
degré  en  ligne  collatérale  ;  fixation  de  la  durée  du  deuil 
[funus,  p.  1401,  n.  21  et  suiv.];  l’obligation  pour  le 
mari,  dans  le  mariage  sine  manu ,  de  pourvoir  à  l’en¬ 
tretien  de  sa  femme  suivant  son  rang  social 22. 

En  droit  public,  bon  nombre  de  règles  sont  dues  à  la 
coutume  :  l’i naliénabili té  des  choses  hors  du  commerce20 
la  pignoris  ccipio  accordée  aux  militaires24,  l’action 
privée  contre  les  prévaricateurs23,  le  droit  pour  les  ma¬ 
gistrats  romains  de  nommer  un  juge26,  pour  les  gouver¬ 
neurs  de  province  d’interdire  Yadvocatioi\ de  condamner 
à  la  relégation  28. 

Au  Bas-Empire,  Justinien  a  décidé  que  les  coutumes 
locales  de  Rome  et  de  Constantinople  auraient  force  de 
loi  générale  29. 

3.  Mos  résultant  de  l’interprétation  des  Prudents.  — 
Les  règles,  admises  sous  l’infiuence  des  Prudents,  peu¬ 
vent,  aussi  bien  que  celles  qui  résultent  des  boni  mores , 
être  consacrées  par  la  coutume.  Elles  sont  l’une  des 
sources  du  mos  civitatis ,  bien  qu’elles  ne  puisent  pas 
directement  leur  force  obligatoire  dans  l’approbation  tacite 
du  peuple.  C’est  l’accord  des  jurisconsultes  à  la  suite  des 
discussions  du  forum  ( disputatio  fori) 30  qui  fait  de  la 
règle  proposée  une  sententia  recepta  31.  Cet  accord  est 
exprimé  par  les  mots  :  placet,  receptum  est ,  eo  jure  uti- 
mur  [jus,  p.  737] 32.  Sous  l’Empire,  les  réponses  des 
empereurs  en  forme  de  rescrits  sont  devenues,  en  certains 
cas,  comme  les  réponses  des  Prudents  et  sous  la  même 
condition,  le  point  de  départ  de  règles  coutumières33. 
A  titre  d’exemples  de  coutumes  établies  sous  l’influence 
des  Prudents,  on  peut  citer  celles  du  testament  per  aes 
et  libram  [testamentum],  du  bénéfice  de  cession  d  ac¬ 
tions  [intercessio,  p.  554] 34,  des  donations  à  cause 
de  mort  entre  époux  35.  Il  en  est  de  même  de  1  incapacité 
du  pupille  de  s’obliger  sans  Y auctoritas  du  tuteur,  inca¬ 
pacité  établie,  dit  Ulpien,  more  nostrcie civitatis  "’ .  Certes, 
la  tutelle  des  pupilles  est  une  très  ancienne  institution 
consacrée  par  les  mores  majorum ,  mais  1  incapacité  spe- 


1  Cic.  Pro  Cluent.  3;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  213,  h.  2.  —  2  Paul.  17  ad 
I  ('  Dig.  V,  1,  12,  2.  —  3  Ulp.  1  ad  Sab.  Dig.  XXVII,  10,  1  pr.  —  4  Cf.  Puclita, 
I  Gewohnheitsrecht  ;  Savigny,  System  des  lieutigen  rflm.  Itechts,  t.  I,  p.  34. 

—  6  Ed.  Lambert,  Études  de  droit  commun  législatif ,  lre  sér.  t.  I,  p.  802. 

—  6  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  1901,  p.  15.  —  1  Pompon.  Enchir.  Dig. 
I,  2,  2,  39.  Après  le  mot  monumenta,  Mommsen  a  mis  en  note  :  Deleatur.  —  8  De 
Repub.  II,  14;  V,  2,  3.  —  9  Die  Monumenta  des  Manilius  und  das  Jus  Papiria- 
num  ( Sitzungsberichte  der  k.  Preuss.  Akademie  der  Wissenscliaften,  1903). 

—  10  Julien  et  Ulpien  attribuent  l'obligation  pour  le  tuteur  d'agir  de  bonne  foi  à 
une  forma  antiquitus  constituta  (Dig.  XXVI,  7,  5,  7).  Ulpien  déclare  que  le  tuteur 
condamné  en  vertu  de  l'action  de  t u telle,  encourt  l'infamie  more  civitatis  (Dig.  L, 
16,  42).  — -  H  Cf.  Éd.  Cuq,  lnstit.  jurid.  t.  I,  p.  089.  —  12  Cic.  De  off.  111,  15. 

—  13  Ulpien  dit  encore  au  ni*  siècle  :  Ea  enim  quae  sunt  moris  et  consuetudinis 
in  bonae  fidei  judiciis  debent  venire  (I  ad  ed.  aed.  Dig.  XXI,  1,  31,  20).  —  14  Cf. 
Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  II,  p.  689,  n.  3.  —  13  Ulpien,  dans  ses  Regulae,  s’en  occupe  à 
propos  des  retentiones.  Au  Digeslc,  le  litre  des  donations  entre  épous  est  placé  entre 


?s  titres  defando  dotali  et  de  divortiis.  —  *c  Cic.  Ad  Heren.  Il,  U- 
Vo  Caec.  32;  Pro  Tull.  20;  cf.  Saleilles,  Nouv.  Rev.  hist.  de  droi  ,  ■  -< 

.  XVI,  p.  245.  —  18  Cf.  Morilz  Voigt,  Das  jus  naturale,  aequurn  et  bonum  un 
us  gentium  der  Rômer,  1875,  t.  III,  p.  1168;  Pernic e,  Zeitschrift  dei  g 
itiftung,  1899,  p.  129.  —  <9  Tit.  Liv.  XX,  frg.  Hernies,  1870,  p.  373.—  / 

p.  Atlien., Deipn.  X,  11,  p.  440;  cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  213,  n-1;  ' 

.  Il,  p.  96,  n.  1.  —  22  Paul.  33  ad  Ed.  Dig.  XV11I,  I,  34,  1.  —  a*"s’  ’  v 

-  25  Macer.  1  De  publ.jud.,  Dig.  XLVII,  15,  3  pr.  -  20  Paul.  17  ad  Ed.  fl-  ■ 

,12,1.-27  Ulp.  10  De  off.  procons.  Dig.  XLVI1I,  19,  9  pr. 

iLVIlI,  22,  -,  17.  —  29  Const.  Deo  auctore,  §  10.  —  30  Pompon.  "c ,x 
,2,  2,  5.1  31  Ulp.  31  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  1,  7,  8;  32  ad  Ed.  D  *  ™ 
,11,8;  Papin.  6  Quaest.  Dig.  XXII,  1,2.-  32  Paul.  18  Resp.  Dig.  ,  j  ^ 
ifric.  8  Quaest.  Dig.  XVII,  1,  34  pr.  ;  Ulp.  46  ad  Sab.  Dig.  U,  I3,  '  s40. 

:d.  Cuq,  lnstit.  jurid.  I.  II,  p.  293.  -  34  Ibid  ’^x,  2, 

-  35  Ulp.  32  ad  Sab.  Dig.  XXIV,  I,  9,  2.  -  36  Ulp.  7  ad  Sab.  D  g. 

pr. 


MOR 


2003  — 


MOR 


ciale  dont  parle  Ulpien  n’a  pu  être  admise  qu’à  l’époque 
relativement  récente  où  la  notion  d’obligation  s’est  dé¬ 
gagée  de  la  notion  de  propriété  :  de  l’incapacité  d’aliéner 
on  a  conclu  à  l’incapacité  de  s’obliger  sans  Yauctoritas 
du  tuteur.  Pareillement  les  effets  des  successions 
consacrées  par  la  coutume  en  cas  d’adrogation  ou 
je  manus,  paraissent  avoir  été  déterminés  par  l’accord 
des  Prudents1. 

4.  Mos  praetorius.  —  L’usage  du  Préteur  est  indiqué 
dans  divers  textes  comme  le  fondement  d’une  coutume. 
Telle  est  la  coutume  d’évaluer  la  condamnation  encourue 
en  cas  d’injure,  suivant  le  rang  social  de  la  victime  2  ; 
telle  est  aussi  la  coutume  de  donner  un  tuteur  spécial  à 
la  femme  ou  au  pupille  qui  veut  exercer  une  action  de 
la  loi  ou  un  judicium  legitimum  contre  son  tuteur  3. 
Beaucoup  d’autres  coutumes  se  sont  formées  de  la  même 
manière  :  le  droit  réel  d’hypothèque,  par  exemple,  a  pour 
fondement  l’usage  du  Préteur  de  concéder  une  action 
réelle  au  créancier  [hypotheca,  p.  360].  De  même  le 
droit  de  succession  des  cognats  a  pour  fondement  la 
bonorum  possessio  promise  par  l’Édit  L 

o.  Pratique  judiciaire.  —  La  pratique  judiciaire  est 
présentée  comme  une  source  du  droit  indépendante  dans 
les  écrits  des  rhéteurs5.  Cette  assertion  n’a  aucune 
valeur,  car  on  en  dit  autant  des  conventions.  Les  rhéteurs 
confondent  les  modes  de  formation  des  rapports  de  droit 
avec  les  sources  du  droit.  Cependant  un  rescrit  de 
Septime-Sévère  rapproche  de  la  coutume  Yauctoritas 
rerum  perpetuo  similiter  judicatarum  pour  la  solution 
des  difficultés  que  soulève  le  texte  d’une  loi6.  Mais  ce 
document  unique  ne  saurait  prévaloir  contre  les  autres 
textes  qui  présentent  la  pratique  judiciaire  comme  une 
des  sources  de  la  coutume1,  en  ayant  soin  de  refuser 
toute  valeur  aux  jugements  mal  rendus  même  par  les 
préfets  du  prétoire  8.  —  Comme  exemple  d’une  coutume 
provenant  de  la  pratique  judiciaire,  on  peut  citer  celle 
de  la  substitution  pupillaire  telle  qu’elle  existe  à  l’époque 
classique  [substitutio]  9.  L’usage  qui  permet  au  père  de 
famille  de  faire  par  avance  le  testament  de  son  fils  impu¬ 
bère,  c’est-à-dire  de  tester  pour  autrui,  a  son  origine 
dans  la  pratique  du  tribunal  des  centumwirs.  Au  temps 
de  Cicéron,  on  discutait  encore  devant  ce  tribunal  la 
question  de  savoir  à  qui  l’on  devait  attribuer  les  biens 
acquis  au  fils  après  la  mort  du  père  :  aux  agnats  à  titre 
de  succession  ab  intestat ,  ou  au  substitué  pupillaire  à 
titre  d’accessoire  de  l’hérédité  paternelle  ?  Un  autre 
exemple  d’une  coutume  ayant  la  même  origine  est  celle 
qui,  au  cours  du  second  siècle  de  notre  ère,  a  fixé  la 
quotité  de  la  quarte  légitime  ,ü. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  droit  coutumier 
fondé  sur  la  pratique  judiciaire,  le  mos  judiciorum  dont 
‘lest  parfois  question  au  Code  de  Justinien"  et  qui 
désigne  simplement  les  voies  ordinaires  de  la  procédure, 
b  empereur  invite  le  requérant  à  faire  valoir  son  droit 
more  judiciorum  ou  more  solito.  C’est  dans  un  sens 

Uaius,  III,  82  :  Successiones  quae...  eo  jure  quod  consensu  recep- 
!'™est,  introductae  sunt.  —  2  paul.  v,  4,  8.  —3  Ulp.  XI,  2  et  24.  —  4  Cf. 
0d,Cu(I>  jurid.  t.  U,  p.  611.  —  6  Cic.  Top.  5.  -  G  Ap.  Callistr.  1 

•■Jiaest.  Dig.  I,  3,  38.  —  7  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  VIII,  53,  1.  —8  Inst.  Eod. 

n  J43’  13‘  ~  9  Cu(l’  cit •  l-  [b  P-  596-  —  10  lb'd.  t.  II,  p.  608, 

lu  "  et  3‘  —  11  Anton.  Carac.  Cod.  Just.  IV,  19,  2;  Alex.  Sev.  Eod.  II,  12, 

—  i3°-d.’  **•  —  12  Just.  Cod.  Just.  IV,  1,  12,  5;  Inst.  IV,  11,6. 

u  '  l  lp-  9  De  °ïï ■  proc.  Diy..  XLVII,  11,  9.  —  14  M.  Aur.  et  Ver.  ap.  Callistr.  4, 

9 "  Cjgnit-  m9-  XXII,  3,  3,  6.  —16  Valent.  II,  Cod.  Theod.  XII,  1,  107.  —  16  Paul. 

11  Eu.  Dig.  III,  4,  c  pr.  —  17  Ulp.  1  ad  Ed.  praet.  Dig.  L,  t,  25.  —  18  Hcrmog. 


analogue  que  l’on  invoque  Y observantia  judicialis ,  1 
coltidianus  judiciorum  usus  pour  la  manière  de  prêter 
serment  ou  de  fournir  les  cautions  de  procédure*2.  Tout 
autre  est  le  caractère  de  la  règle  suivie  pour  fixer  les 
honoraires  des  avocats  :  on  doit,  dit  Ulpien,  tenir 
compte  non  seulement  du  talent  de  l’avocat,  de  l’impor¬ 
tance  du  procès,  mais  aussi  de  la  consuetudo  fort  et  ju- 
dicii  où  l’on  a  plaidé  [iionoharium,  p.  242,  n.  7].  11  s’agit 
d’un  usage  local. 

6.  Mos  provinciae.  —  La  force  obligatoire  des  coutumes 
provinciales  est  admise  dans  l’Empire  romain  à  titre 
exceptionnel:  pour  la  punition  de  certains  crimes 
comme  le  scopelismos  en  Arabie13;  pour  la  faculté 
d’évoquer  des  témoins  appartenant  à  une  autre  cité". 
Une  coutume  provinciale  ne  saurait  modifier  le  droit 
général  de  l’Empire,  par  exemple  la  règle  d’après 
laquelle  l’habitant  d’un  municipe  suit  Yorigo  de  son 
père  13. 

7.  Mos  municipii,  loci.  —  Les  coutumes  municipales 
ont  force  obligatoire  en  matière  de  petilio  honorum  *6, 
de  responsabilité  solidaire  des  administrateurs  des 
cités1';  pour  la  détermination  des  munera  personalia  18, 
pour  la  dispense  de  reconstruire  les  édifices  tombés  en 
ruine19.  On  désigne  parfois  ces  coutumes  sous  le  nom 
de  mos  ou  consuetudo  loci  20,  bien  que  le  mot  locus  n’ait 
pas  toujours  un  sens  aussi  précis21. 

8.  Mos  regionis.  —  L’expression  ?nos  regionis  désigne 
souvent  un  simple  usage,  dont  le  juge  est  autorisé  à 
tenir  compte  pour  combler  certaines  lacunes  de  la  loi 22 
ou  pour  résoudre  certaines  questions  de  fait  soulevées 
par  l’interprétation  d’un  acte  juridique 23.  Parfois 
cependant  elle  désigne  le  droit  coutumier  régional,  et  on 
1  invoque  pour  limiter  la  liberté  de  contracter 2i.  Le  mot 
regio  indique  en  général  une  étendue  de  pays  indéter¬ 
minée. 

9.  Mos  gentis.  —  Les  anciennes  familles  romaines 
avaient  chacune  des  coutumes  qui  leur  étaient  particu¬ 
lières  2o:  à  ce  point  de  vue  la  gens  formait  un  petit  État 
dans  1  État.  La  famille  Cornelia,  par  exemple,  n’avait 
jamais  admis  la  sépulture  par  incinération  avant  Sylla 
[funus,  p.  1397,  n.  17].  Dans  la  famille  Quinctia, 
les  femmes  ne  portaient  pas  d’ornements  en  or.  D’autres 
coutumes  étaient  communes  à  toutes  les  gentes ,  comme 
celle  qui  exclut  la  sépulture  par  incinération  des  enfants 
qui  n’ont  pas  de  dents  [funus,  p.  1397,  n.  18]. 

10.  Mores  peregrinorum  [peregrinus]. 

§  3.  Force  obligatoire  de  la  coutume.  —  La  force 
obligatoire  de  la  coutume  n’a  jamais  été  mise  en  doute 
ni  dans  1  ancien  droit  ni  au  Bas-Empire26;  mais  ce  n’est 
qu’à  une  époque  récente  que  les  Romains  ont  cherché  à 
la  justifier.  Considérant  la  loi  votée  dans  les  comices 
comme  le  mode  normal  de  formation  du  droit,  ils  ont  dit 
que  la  coutume  a  même  force  que  la  loi  parce  qu’elle  a 
pour  fondement  le  consentement  tacite  du  peuple.  Cette 
idée,  exprimée  par  les  rhéteurs  de  la  fin  de  la  Répu- 


-  t»  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  VIII,  10,  3.  -  20  Paui.  Dig.  lü)  ^  ÿa,er  gal| 

Cod.  Just.  VI,  33,  2.  —  21  paul.  |  ac|  Ej.  j)ig  j2.  2.  —  22  Ulp  43  ad  Sa|, 

Dig.  L,  16,  34;  Papin.  2  Quaest.  Dig.  XXII,  I,  1  pr.  -  23  Maman.  7  Inst.  Dig'. 
XXXIII,  65,  7.  —  24  M.  Aur.  et  Ver.  ap.  Papir.  Just.,  t  Constit.  Dig  XVIII  I  71  • 
Gains,  10  ad  ed.  prov.  Dig.  XXI,  2,  6;  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  IV,  65,  8  ;  Just.  Eod. 
IV,  32  26,  2.  —  2o  Pim.  IJist.  nat.  VII,  16,  72;  VII,  54,  187;  XXXIII,  2,  21;  Varr. 
ap.  Plin.  XIX,  1,  8;  Tac.  Ann.  XII,  25  (mos  gentis  Claudine)-,  Suet.  Claud.  39. 

—  2ti  Zen.  Cod.  Just.  XII,  29,  3  pr.  Julien  fait  une  réserve  pour  le  cas  où  la  cou- 
lunic  serait  contraire  à  1  intérêt  public,  Cod.  Theod.  V,  12, 1 


/ 


MOR 


—  2004  — 


MOR 


blique  \  apparaît  dans  les  écrits  des  jurisconsultes  à 
l’époque  même  où  le  peuple  a  cessé  en  fait  de  participer 
au  pouvoir  législatif  2.  Il  semble  qu’on  ait  voulu  calmer 
les  susceptibilités  de  certains  esprits  qui  voyaient  avec 
regret  disparaître  ce  vestige  de  l’antique  souveraineté 
populaire.  On  va  même  jusqu’à  dire  que  c’est  un  mode  de 
formation  du  droit  supérieur  à  la  loi  3,  car  il  n’est  pas 
sujet  à  varier  suivant  les  circonstances  ou  les  hasards 
de  la  politique.  D'ailleurs  à  Rome,  où  la  confection  de  la 
loi  exigeait  la  coopération  du  peuple  et  d’un  magistrat, 
on  dut  admettre  aisément  la  force  obligatoire  d’une 
règle  sur  laquelle  les  jurisconsultes  s’étaient  mis  d’accord 
et  qu’une  longue  pratique  avait  consacrée. 

On  a,  il  est  vrai,  conjecturé  que  le  rôle  du  magistrat 
dans  cette  confection  delà  loi  était,  aux  yeux  du  peuple, 
subordonné  et  secondaire,  et  l’on  a  cru  en  trouver  la 
preuve  dans  la  rareté  des  monnaies  romaines  portant 
des  légendes  qui  rappellent  le  souvenir  de  l’auteur  d’un 
projet  de  loi.  Les  descendants  du  magistrat  qui  a  donné 
son  nom  à  une  loi  n’auraient  pas  manqué,  dit-on,  de  s’en 
faire  un  titre  à  la  reconnaissance  de  leurs  concitoyens  4. 
La  raison  de.  cette  abstention  nous  paraît  bien  plus 
simple:  c’est  que  les  lois,  inspirées  le  plus  souvent  par 
des  raisons  politiques,  ne  trouvaient  pas  toujours 
auprès  de  la  postérité  la  même  faveur  qu’auprès  des 
contemporains.  Toutes  les  monnaies  qui  ont  conservé  le 
souvenir  de  certaines  lois  visent  des  dispositions  pré¬ 
sentant  un  intérêt  général  et  permanent  :  telles  sont  les 
lois  Porcia  sur  l’appel  au  peuple,  la  loi  Cornelia  qui 
institua  les  jeux  de  la  Victoire,  les  lois  tabellaires,  la  loi 
Papiria  semiunciaria  votée  àl  occasion  de  la  concession 
du  droit  de  cité  aux  Italiens  [lex,  p.  1132,  1139, 
1137,  1161]. 

La  coutume,  comme  la  loi,  n’a  force  obligatoire  que 
dans  de  certaines  limites  :  pour  déterminer  sa  sphère 
d’application,  il  faut  tenir  compte  de  la  raison  qui  l’a 
motivée5.  La  coutume  qui  aurait  pour  point  de  départ 
un  fait  erroné  ne  pourrait,  en  principe,  fonder  un  droit, 
quelle  qu’en  soit  l’ancienneté.  Dans  une  lettre  adressée 
aux  habitants  de  Tyra  qui  réclamaient  le  maintien  d’un 
privilège  dont  ils  ne  pouvaient  prouver  la  concession, 
Septime-Sévère  et  Caracalla  déclarent  que  me  facile , 
f/uae  per  errorem  aut  licentiam  usurpata  sunt ,  prae- 
scriptione  temporis  confirmentur 6.  Mais  une  coutume 
qui  reposerait  sur  une  ratio  juris  inexacte  n  en  aurait 
pas  moins  force  obligatoire:  on  devrait  seulement  s’abs¬ 
tenir  de  l’étendre  par  voie  d’analogie7. 

En  matière  civile,  la  coutume,  comme  la  loi,  s’applique 
aux  seuls  citoyens  romains.  Mais  en  vertu  du  principe 
de  la  réciprocité  internationale,  les  Romains  ont  parfois 

l  gencc.  De  benef.  V,  21;  cf.  Paul.  7  ad  Sab.  Dig.  I,  3,  36.—  2Cic.  De  inv.  11,22, 
67  ;  Part.  orat.  37,  133;  Varr.  ap.  Serv.  Aen.  VII,  601.  —  3  Jul.  94  Dig.,  Dig.  1,  3,32, 
1  ; cf.Hermog.  1  jur.  epist.  Eod.  35.—  *  E.  Costa,  Bull.dell'  Istit.  di  diritto  Rom. 

1903,  t.  XV.  _ 3  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  V 11 1 ,  52,  1  ;  cf.  Cîc.  L.  c.  ;  Terlull.  De 

corona,  4.  —  6  Corp .  inscr.  lat.  III,  781.  —  7  Paul.  51  ad  Ed.  Dig.  I,  3,  14;  Cels, 
fl3  Dig  Eod.  39.  Le  sens  de  ce  dernier  texte  est  controversé  (cf.  Zitelmanue, 
Archiv  f.  d.  civil.  Praxis,  LXVI,  311).  Non  moins  controversé  est  le  sens  d. 
Constantin,  Cod.  Just.  VIII,  53,  2;  Puclila,  Das  Gewohnheitsrecht,  I,  119;  Savi- 
gny,  System ,  I,  424;  V.  Scialoja,  Archivio  giuridico,  t.  XXIV,  p.  420.  —  »  Loi 
Anton ia  de  Termessibus  de  68-3  {Corp.  inscr.  lat.  I,  204);  cf.  le  sénatus-consulle 
de  674  (Corp.  inscr.  gr.  2222).  —  9  Jul.  Dig.  1,  3,  32  pr.  —  Paul.  4  ad  Plaut. 
Eod.  23;  1  Quaest.  Eod.  37  ;  Callistr.  I  Quaest.  Eod.  38.  —  U  A.  Gel!.  II,  24,  11. 

—  12  Inst.  IV,  4,  7.  -  13  Ulp.  18  ad  Ed.  Dig.  IX,  2,  27,  4.  —  »  A.  Gell.  XX,  10,  9. 

—  13  Just.  Cod.  IV,  32,  26;  cf.  Ulp.  Dig.  XXII,  1,  pr.  —  l»  Cod.  Just.  VIII,  53,  2. 

—  il  Inst.  1,2,  11  ;  Nov.  89,  c.  I  i. —  18  Cod.  Just.  VI,  51,  1,  1 .  —  iSAppian. 

Dell.  civ.  I,  54. _ 20Tit.  Liv.  XXVII,  8,  6.  —  Bibliographie.  Puchta,  Das  Gewohn- 

heitsrecht,  1828-1837;  Von  Savigny,  System  des  heutigen  rômischen  Redits,  1840, 


inséré  dans  leurs  traités  d’alliance  8  une  clause  sf 
que  la  coutume  romaine  serait  applicable  aux  étran 
établis  à  Rome  et  que  la  coutume  étrangère 
querait  aux  Romains  établis  à  l’étranger.  ' 

§  A.  Rôle  clc  la  coutume.  —  La  coutume  sert  à  Com 
1*1  é ter  ou  à  interpréter  la  loi.  En  général,  on  invoquera 
coutume  dans  les  cas  qui  n’ont  pas  été  réglés  par  la  loi  » 

De  même  lorsqu’il  y  a  incertitude  sur  l’interprétation 
d’une  loi,  on  doit  s’en  tenir  au  sens  que  la  coutume  a 
déterminé  *°. 

La  coutume  peut  également  abroger  la  loi  [LEX 
p.  1123,  n.8].  Il  y  a  de  nombreux  exemples  de  lois  tombées 
en  désuétude;  on  citera  seulement  les  lois  somptuaires 11 
le  second  chapitre  de  la  loi  Aquilia12,  les  dispositions  de 
la  loi  des  Douze  Tables  sur  la  peine  de  l’injure  sur  la 
manus  consertio  qui  se  fait  hors  la  présence  du  magis¬ 
trat  et  non  in  jure  13.  Pour  avoir  cette  efficacité,  la  cou¬ 
tume  doit  être  générale  :  une  coutume  locale  ou  régio¬ 
nale  ne  peut  abroger  une  loi  générale14.  Au  Bas-Empire 
il  semble  que  Constantin  ait  été  plus  loin  :  il  refuse  à  la 
coutume  le  pouvoir  d’abroger  la  loi l5.  A  cette  époque,  la 
loi,  résultant  de  la  volonté  de  l’empereur,  ne  saurait 
être  écartée  par  la  volonté  contraire  du  peuple.  Mais  cette 
conception  n’a  pas  prévalu.  Justinien  attribue  à  la  cou¬ 
tume  le  pouvoir  d’abroger  la  loi16,  et  il  applique  cette 
règle  à  une  loi  de  Constantin  11  aussi  bien  qu’aux  lois 
caducaires  18. 

En  droit  public,  l’effet  de  la  coutume  est  moins  radical. 
Si,  par  suite  d’une  longue  tolérance,  une  loi  n’est  plus 
appliquée,  on  ne  doit  pas  la  tenir  pour  abrogée.  Un 
magistrat  peut  essayer  de  la  faire  revivre:  sa  tentative 
pourra  être  considérée  comme  inopportune,  mais  non 
comme  illégale.  Lorsque  le  préteur  Asellio  accueillit 
une  action  en  vertu  d’une  loi  tombée  en  désuétude,  les 
usuriers  n’eurent  d’autre  ressource  que  de  faire  tuer  le 
magistrat 19.  Un  siècle  plus  tôt,  un  conflit  analogue  s’était 
dénoué  par  un  moyen  moins  violent:  C.  Valerius  Flaccus 
inauguré  flamine  de  Jupiter,  réclama  le  droit  d  entrei 
au  Sénat,  droit  tombé  en  désuétude  depuis  longues 
années  ;  le  préteur  Licinius  lui  opposa  la  coutume  nou¬ 
velle  qui  refusait  aux  (lamines  l’entrée  au  Sénat.  Il  fallut 
l’intervention  des  tribuns  pour  triompher  de  la  résis¬ 
tance  du  magistrat-0.  Édouard  Cuq. 

MOR I AI  (Mopèxt).  —  Oliviers  qui  étaient,  à  Athènes, 
consacrés  à  Minerve  et  placés  sous  la  protection  particu¬ 
lière  des  lois.  Ils  provenaient  tous,  disait-on,  de  la  même 
souche,  c’est-à-dire  de  l’arbre  toujours  vivant  sur  l’Acro¬ 
pole1  que  la  déesse  avait  fait  sortir  du  sol  lors  de  sa 
dispute  avec  Neptune  pour  la  possession  de  1  Atlique 
[minerva,  p.  1919].  Douze  rejetons  avaient  été  plantes 

t.  I,  §7;  Beseler,  Volksrecht  und  Juriste, irecht,  1843;  J.-E.  Kimtze, j^Edicl 
mos  civitatis  als  Receptionscanal  des  jus  gentium  neben  c  em  put  01 1  ^  ^  ^ 

(Krit.  Vierteljahrschrift  fiir  Gesetsyebung  und  RechtSjWe^^J'  ab'er  dus 
p.  503)  ;  Adicker,  Die  Lelire  von  Rechtsquellen  un  m> ’  L 

Gewohnheitsrecht,  1872;  Maynz,  Cours  de  droit  034 .  Zilelmann, 

p.75,  241,  303;  Dahn ’  Çesammelte  kleine  Schrÿen  i  ,  • 

Archiv  fur  civilistische  Praxis,  1883,  t.  LXVI  p.  a  >  f  Dog. 

Itechtsgeschichte,  1885,  t.  I,  P.U8;  Rümelin  Ihenngs  «hr  üd  t 
matik,  1889,  t.  XV,  P.  153;  Siegfried  Brie,  Die  droit 

heitsrecht,  1899;  Fr.  Gény,  Méthode  d  interpré ta  ion  stiftung  für 

privé  positif,  1899;  A.  Pernice,  Zeitschrift  de,  J  J  J  ^  Cuq, 

Itechtsgeschichte,  R.-A.  1899,  t.  XX,  p.  156;  1901  L  XX  , ,  P-,  ^  p  ,7 

Les  Institutions  juridiques  des  Romains,  1891-190-,  •  •  ’t  1  185; 

et  777,  n.  2;  Morilz  Voigt,  Rômische  Reclitsgeschichte, 

l.  Il,  p.  151  ;  t.  III,  p.  77.  iaxi;  Eust.  ad 

MOIUAI.  1  Cic.  De  leg.  I,  1,  2;  Eurip.  Ion.  1433,  Hesyc  . 

Od.  I,  p.  1383. 


MOR 


—  200o  — 


M(  )R 


<  1  ans  les  jardins  de  l’Académie  [academia],  près  du  temple 
d’Athéna  où  était  aussi  un  autel  de  Zeus  Kaxai6âT7)î, 
surnommé  Mo'pto;  comme  protecteur  des  moriai 1  ;  et  de 
ceux-ci  d’autres  étaient  issus  en  grand  nombre,  répandus 
dans  toute  la  plaine  d’Athènes  (ïteBtov),  même  dans  les 
propriétés  privées,  où  ils  continuaient  à  appartenir  à  la 
déesse2.  Leurs  fruits  étaient  récoltés  pour  le  compte  de  la 
cité,  l’huile  en  était  donnée  en  prix  aux  vainqueurs  des 
Panathénées  [panathenaea].  Les  moriai  étaient  placés 
sous  la  surveillance  de  l’Aréopage  et  des  archontes3,  qui 
les  faisaient  visiter  chaque  mois  par  des  É77t(i.EXir)xxt,  chaque 
année  par  des  èjttyvoojjtovs;4.  Si  quelqu’un  était  coupable 
de  la  perte  d’un  de  ces  arbres,  même  vieux  et  ne  pouvant 
plus  porter  de  fruits  (c-qxbç) s,  il  était  poursuivi  pour 
impiété  [asebeia]  devant  l’Aréopage  et  condamné  au  ban¬ 
nissement  et  à  la  confiscation  de  ses  biens6.  E.  Saglio. 

MORIO.  —  L’étymologie  du  mot  semble  être  le  grec 
jjuopo;,  imbécile,  fou.  «  Les  gens  d’une  sottise  telle  qu’ils 
ne  diffèrent  guère  des  bêtes,  dit  saint 
Augustin,  nous  les  appelons  communé¬ 
ment  moriones  *.  »  On  appliquait  spé¬ 
cialement  ce  terme  à  certains  esclaves, 
que  les  grandes  familles  de  Rome  entre¬ 
tenaient  pour  se  divertir  de  leur  stupi¬ 
dité2.  On  sait  de  quelle  faveur  ont  joui, 
à  partir  des  derniers  temps  de  la  répu¬ 
blique,  dans  la  haute  société  romaine, 
sensuelle  et  blasée,  les  bouffons,  les 
fous,  les  avortons,  les  nains  (. scurrae , 
cinaedi ,  failli ,  nani,  etc.),  et  d’une 
façon  générale  les  monstres  ( prodigia)3. 
On  les  achetait  à  grand  prix,  et  il  y  avait 
même  à  Rome  un  marché  spécial  de  ces 
horreurs4.  Les  traits  distinctifs  du  morio  semblent  avoir 
été,  d’une  part,  la  sottise,  et,  d’autre  part,  certaines 
difformités  physiques  que  Martial  résume  en  ces  ter¬ 
mes  :  acuto  capite ,  auribus  longis,  quae  sic  moventur 
ut  soient  asellorumK  A  ce  signalement  répondent  exac¬ 
tement  plusieurs  bronzes  grotesques.  Celui  qui  est  ici 
reproduit  (fig.  5145)  porte  dérisoirement  par-dessus  la 
toge  la  bulle  des  fils  de  famille  [bulla]  et  les  tablettes 
d'un  écolier6.  O.  Navarre. 


Fig.  5145.  —  Morio. 


MORS,  LETUM,  ORCUS.  ©âvoert,;.  —  L’idée  de  la 
mort  tient  une  place  trop  importante  dans  les  préoccupa¬ 
tions  de  la  vie  pour  n’en  pas  prendre  une  très  grande 
dans  celles  de  la  religion,  de  l’art  et  de  la  littérature.  Ce 
n’est  pas  ici  le  lieu  d’apprécier  quelle  fut,  chez  les  anciens, 
son  expression  philosophique  et  morale1  ;  il  nous  suffira 
d’en  définir  les  aspects  archéologiques  et  religieux. 


Les  Grecs  ont  représenté  la  puissance  mystérieuse  qui 
anéantit  l’être  humain,  tantôt  par  la  personnalité  de 
certains  grands  dieux  qui  se  sont  imposés  aux  imagina¬ 
tions  comme  particulièrement  redoutables,  tantôt  par  des 
daemones  subordonnés,  qui  sont  des  ministres  de  mort 
dans  des  conditions  déterminées;  et  enfin  ils  lont 
ramenée  à  une  personnification  unique  qui  finit  par 
l’absorber  à  peu  près  tout  entière.  Au  premier  rang  des 
divinités  létifères  sont,  chez  Homère,  Apollon  et  Artémis, 
peut-être  en  raison  des  influences  morbides  quel  opinion 
prêtait  au  soleil  et  à  la  lune  dont  ils  incarnent  la 
puissance2.  Sur  les  champs  de  bataille  de  Troie,  Apollon 
remplit  un  rôle  d’exécuteur  majestueux  et  terrible  1 . 
Ilécube  se  lamentant  sur  le  corps  d’Hector  s’en  prend  de 
sa  mort  aux  flèches  du  dieu4;  Ylliade  s’ouvre  sur  le 
tableau  du  massacre  qui,  pour  venger  le  prêtre  Chrysès, 
frappe  les  animaux  et  les  guerriers.  Apollon  est  de  même 
l’auteur  delà  mort  de  Patrocle,  comme  chez  les  Cycliques 
il  est  celui  de  la  mort  de  Néoptolème  et  de  Méléagre, 
ailleurs  le  destructeur  des  Niobides  et  de  MarpessaD.  Dans 
Y Odyssée,  les  prétendants  sont  immolés  par  Ulysse  un 
jour  où  l’on  fête  sa  divinité.  Artémis  remplit  un  rôle 
identique  par  rapport  aux  femmes  et  Pénélope  désespérée 
réclame  la  mort  de  sa  main6. 

Mais  peu  à  peu  le  couple  des  enfants  de  Latone  se 
dégage  des  significations  meurtrières  ;  Iladès  et  Persé- 
plionè  s’y  substituent,  moins  cependant  comme  les 
auteurs  de  la  mort  des  humains  que  comme  les  souve¬ 
rains  de  l’empire  où  cette  mort  les  fait  descendre1. 
Iladès  devient  identique  à  la  mort  personnifiée,  et  Persé- 
phonè  est  représentée  comme  menant  le  chœur  des 
Erinnyes,  divinités  funèbres.  Elle  a  pour  arme  la  tête  de 
Méduse  dont  l’aspect  pétrifie,  et  le  tombeau  est  appelé 
parle  poète  son  thalamos*  ;  on  vénérait  une  Perséphonè 
AÉ7tTuviç  ( atténuons ),  qui  personnifiait  la  lente  décompo¬ 
sition  des  corps  par  la  mort9.  Si  ces  deux  groupes  de 
divinités  sont  plus  spécialement  considérés  comme  léti¬ 
fères ,  beaucoup  d’autres,  dans  la  légende  des  combats 
qui  ont  donné  le  pouvoir  aux  Olympiens  et  dans  celles 
qui  les  opposent  aux  hommes  sur  la  terre,  sont  douées 
de  la  puissance  de  tuer  :  ainsi  Zeus,  Athéna,  Arès,  etc., 
uniquement  parce  que  le  droit  de  mort  est  considéré 
comme  un  élément  intégral  du  pouvoir  suprême. 

Le  plus  souvent  les  grands  dieux  délèguent  l’exercice 
funeste  de  ce  pouvoir  à  des  daemones  7tpÔT:oAot  [daemon]  io, 
qui  sont,  les  uns  l’expression  des  horreurs  de  la  mêlée 
et  du  massacre  sur  le  champ  de  bataille,  les  autres  des 
ministres  de  mort  à  titre  de  vengeurs  et  de  justiciers 
divins11.  Ces  derniers,  avec  le  progrès  des  idées  philo- 


1  Scliol.  Aristopli.  Nul).  1001  ;  Phot.  Moçiai  Ikaïai;  Scliol.  ad  Soph.  Oed.  Col.  701 
et  705.  —  2  Lys.  De  olca,  p.  110,  22.  Voir  tout  le  discours.  —  3  Lys.  110,  17. 
On  appelait  celui  qui  s’en  occupait  plus  spécialement  «  1  archonte  de  1  huile  », 
Ilesych.  s.  u.’ApyO.a;.  —  «  Lys.  110,  29;  Bekker,  Anecd.  p.  228.  —  5’Suid.  s.  v. 
ixoçîai;  Bekker,  Anecd.  p.  183,  0.  Voir  aussi  l’explication  de  Bôtlicher,  Baum/cult . 
der  Hellen.  p.  433.  —  6  Dans  le  discours  de  Lysias,  §3,1  accusé  dit  qu  il  s  agit 
pour  lui  de  la  perte  de  sa  patrie  et  de  scs  biens,  il  n’est  pas  question  de  la  mort, 
comme  on  l’a  dit  à  tort.  —  Bibliographie.  O.  Muller,  Minervae  Poliadis  sacra ,  in 
Pleine  Schrift.  1,  p.  119;  Boeckh,  Staatshaushalt.  d.  Athener,  I,  p.  414;  Loeber, 
Die  Heiliglccit  des  Oelbaums  in  Altika,  Stade,  1857. 

MORIO.  1  Ep.  20.  —  2  Mart.  VIII,  13;  XII,  94;  XIV,  210;  Plin.  Jun.  Ep.  IX,  17. 

—  3  CasauboiTad  Suet.  Octav.  83;  Boettiger,  Sabina,  trad.  fr.  p.  255,  n.  20. 

—  4  Quintil.  [Declamat.],  298;  Inst.  orat.  II,  5;  Long.  Subi.  44,  5.  —  5  VI,  39. 

—  ®  Anticli.  ■  d’Ercolano  Bronzi,  t.  Il,  pl.  xcu;  cf.  Mittheil.  d.  antiq.  Gcssclls- 
chuft  in  Zurich,  XVI,  pl.  xvu,  G.  On  peut  voir  aussi  dans  quelques-uns  de  ces 
grotesques  des  acteurs  de  mimes  ou  d’atcllanes  [atellAnaf  fabulae,  fig.  597  ;  mimus, 
l'g.  5033], 

mors,  l  Voir  A.  de  Ridder,  De  l’idée  de  la  mort  en  Grèce  à  l’époque  classique, 

VI. 


Paris,  1896;  cf.  Naegelsbach,  Homerische  Theoloyie,  7»  part.  p.  350  sq.  (2e  éd.)  ; 
du  infime,  Nachhomerische  Théologie,  7»  part.  p.  405  sq.  et  l’opuscule  de  la  comtesse 
Gaelani-Lovatelli,  Thanatos,  Rome,  1888,  extrait  des  Atti  delta  r.  Accad.  ilei 
Lincei,  série  IV,  vol.  3.  —  2  Macrob.  Sat.  I,  17,  II  et  Welckcr,  Griech.  Goetter- 
lehre,  I,  540,  interprétant  le  terme  de  <jku>6kiiT°n  — 3  lliad.  I,  43  sq.  ;  V,  433  ;  XV, 
355;  XXI,  435.  —  4  Ibid.  XXIV,  757;  cf.  Od.  III,  279;  Vil,  04;  XV,  409;  XVII,  251, 
494.  —  5  Ibid.  XVI,  789;  Paus.  X,  31,  2;  cf.  Preller,  Griech.  Myth.  I,  p.  219; 
O.  Jalm,  Archaeol.  Aufsaetce,  p.  46  sq.;  A.  Maury,  Du  personnage  de  la  Mort 
et  de  ses  représentations  dans  V antiquité ,  Rev.  arch.  1847-18,  p.  305,  737,  785. 
—  o  lliad..  VI,  205;  voir  Eustat.  ad  II.  XXIV,  757;  Od.  XX,  80.  —  7  Plut.  De  t 
apud  Delph.  21,  et  les  citations  d’Euripide,  Suppl.  975,  de  Slésichore  (fragm.  50); 
n.  IX,  457.  —  8  U.  IX,  569;  Od.  XL,  635  ;  Pind.  Ol.  XIV,  20.  Le  nom  de 
Perséphonè  était  expliqué  par  nsçOco  et  oovos  comme  celui  d’Apollon  par  ; 

Plat.  Crat.  p.  405,  b.  —  3 Lycopbr.  Alex.  49;  cf.  Hor.  Od.  I,  28,  20;  II,  13,  21; 
Virg.  Aen.  IV,  698,  etc.  —  19  Voir  daemon,  p.  1 1  etpassi»!.  —  n  Ibid.  p.  17  ;  Hes. 
Theog.  211  sq.;  Scut.  Herc.  154  sq.  191-196;  II.  I,  228;  III,  454;  XII,  326;  cf. 
sur  ces  divinités,  Maury,  Op.  cit.  p.  737  sq.  ;  et  l’art,  kêk,  p.  818  sq.  Sur  la  ques¬ 
tion  générale,  Preller,  Op.  cit.  I,  p.  691. 


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MOU 


—  2006  — 


MOR 


sophiques  et  sous  l’inOuence  des  mystères,  se  trans¬ 
forment  en  génies  de  l’expiation;  les  divinités  qui  tuent 
pour  châtier  deviennent  celles  qui  purifient  pour  récon¬ 
cilier.  D’autres  figures  daemouiques,  comme  les  Harpyes 
et  les  Sirènes,  ont  une  signification  spéciale  résultant 
des  conditions  où  s'exerce  leur  puissance  meurtrière 

[llARPYIA,  KERES,  SIRENES]. 

Chez  Homère  déjà,  et  chez  Hésiode,  la  puissance  qui 
tue  est  ramenée  à  l'unité  dans  une  personnification 
synthétique,  Thanatos,  fils  de  la  Nuit  et  de  l’Érèbe,  frère 
d’IIypnos,  auquel  il  ressemble1.  Lorsque  Palrocle  a 
tué  Sarpédon,  les  deux  génies  transportent  son  corps  en 
Lycie,  sa  patrie,  pour  qu’il  y  trouve  un  tombeau.  Dans  la 
7 héogonie,  la  Nuit  enfante  les  Moirae  funestes,  la 
sombre  Kèr,  Thanatos  avec  Hypnos  et  la  foule  des 
Songes2;  ailleurs  la  Nuit  est  représentée  tenant  dans  ses 
bras  les  deux  frères,  Ilypnos  et  Thanatos  3,  tous  deux 
redoutables  et  amis  des  ténèbres,  l’un  donnant  aux 
hommes  le  repos  bienfaisant;  l’autre,  au  cœur  de  fer,  à 
l'âme  impitoyable,  qui  les  saisit  au  passage  et  se  fait 
détester,  même  des  dieux  immortels4.  Lorsque,  dans  la 
poésie  subséquente,  s’élabore  la  topographie  des  régions 
infernales,  tous  deux  prennent  place  aux  côtés  d’IIadès 
et  de  Perséphonè  6  ;  Thanatos  finit  par  se  confondre  avec 
le  roi  même  des  Enfers  dont  il  prend  à  son  compte 
l’action  létifère,  Iladès  restant  avant  tout  le  Zeus  souter¬ 
rain  dont  Thanatos  peuple  l’empire  6. 

C’est  dans  la  tragédie  grecque  que  l'image  de  la  Mort 
personnifiée  prend  son  expression  plastique. Chez  Homère, 
Thanatos  est  simplement  caractérisé  par  la  constatation, 
soit  de  son  pouvoir  étendu  à  toutes  choses,  ôjaoïoç,  soit 
de  son  rôle  odieux  et  sinistre1.  De  même,  chez  les  tra¬ 
giques,  son  naturel  farouche,  sauvage,  indomptable, 
prête  à  des  épithètes  variées;  Eschyle,  dans  un  fragment 
de  Niobé ,  tragédie  où  s'est  déchaînée  sa  puissance 
meurtrière,  l’appelle  le  seul  d’entre  les  dieux  qui  dédaigne 
les  offrandes,  repousse  les  sacrifices  et  les  libations, 
n’admet  ni  autels,  ni  chants,  ni  supplications  et  reste 
sourd  aux  prières  8.  Cependant,  jusque-là,  Thanatos 
n’est  guère  qu’une  abstraction  divinisée;  nous  le  voyons 
apparaître  comme  une  personnalité  définie  dans  la 
tragédie  d 'Alceste.  Drapé  d'un  manteau  noir  et  armé 
d’un  glaive9,  il  y  vient  réclamer  l’héroïne,  la  disputant 
d’abord  à  Apollon,  dieu  de  la  lumière,  puis  luttant 
contre  Héraclès  qui  l’a  guetté  au  bord  de  la  tombe,  alors 
que,  en  train  de  s’abreuver  du  sang  de  sa  victime,  il  va 
l’emmener  au  sombre  séjour. 

1  11.  XIV,  231;  XVI,  45+  ;  cf.  Prellcr,  O.  I.  072,  682.  -  2  Theog. 

74G  sq.  ;  212.  —  3  Pans.  V,  18,  1.  —  4  Cf.  Eurip.  Aie.  62.  —  »  Eu- 

rip.  Or.  174;  cf.  Pinel.  Pyth.  f,  5-12;  Alcm.  Fragm.  60;  Pans.  II,  10,  2; 

31,  5;  Anthol.  gr.  de  Jacobs,  111,  p.  20G,  et  I,  p.  464.  —  6  Voir  Maury,  Op. 

cit.  p.  787.  Celte  identité  de  Thanatos  et  d’Hadès  frappe  surtout  dans  le  vers 
200  de  1  Alceste  I  vgxûwv  è;  kjA%v  -jiï  xuavoygffi  pXlïctuv  ircgjtoxbç  'A&yjç. 

—  7  Elle  est  appelée  Tavr4Xey^ç,  que  l’on  a  longtemps  expliqué  par  :  qui  couche 
tout  du  long,  et  qui  signifie  en  réalité  :  qui  cause  un  grand  deuil ;  II.  VIII, 
70,  etc.  ;  Su/rEAey-qç,  St><TT)-/-qç,  Oujiooaïo'Tq;*  iropoépeo;  (rougic  de  sang)  (voir  les 
lexiques).  Pour  ôaofo;,  voir  Od.  XXIV,  543,  et  les  commentateurs;  cf.  en  latin 
communis ,  Sil.  liai.  XIII,  529,  etc.  qui  se  retrouve  dans  une  inscription  grecque, 
Kaibcl,  Epigr.  404,  1.  —  8  Eustath.  p.  744,  3,  et  Fragm.  Aesch.  Schiitz,  147.  Les 
péilhèles  ordinaires  sont  o-Tjyvôç,  ayptoç,  <rx).Y|pbç,  àjAEt/.ixTo;.  à^7|/.a<TT9ç,  etc. —  3  Init. 
25  sq.  ;  Ibid.  843,  1140.  Il  prend  possession  d'Alceste  en  coupant  avec  l’épée  une 
des  boucles  de  sa  chevelure,  comme  on  marquait  au  front  en  leur  coupant  quelques 
poils,  les  victimes  pour  le  sacrifice,  Ibid.  74;  cf.  Virg.  Aen.  IV,  G98  ;  Stat.  Silv.  II, 
1,  147,  et  Hesycli.  x«Tâpqa«r6ai.  Le  péplos  noir  d'Euripide  (Aie.  843)  se  change  en 
ailes  noires  ailleurs  (Kaibcl,  Epigr.  graeca ,  89);  cf.  llor.  Sat.  I,  58  :  Mors  atris 
circumvolat  alis.  —  10  24  sq.  Les  expressions  de  xoipavoç  t«7»v  SaijAÔvoiv,  de  Saqxôvwv 
Toj  xuphü  (Ibid.  1140)  sont  particulièrement  intéressantes.  Le  titre  de  »W;awv  est 
très  fréquemment  donné  à  Thanalos  dans  les  inscriptions.  Voir  Kaibel,  Epigr. 


On  ne  saurait  affirmer  que  cette  peinture  saisissant 
où  Thanatos  est  appelé  «  prêtre  des  morts  et  prince  d 
daemons  »  1U  soit  la  première  de  son  genre  dans  la  fiit? 
rature  des  Grecs".  Mais  il  n’est  pas  douteux  qu’elle  a  été 
suggérée  au  poète  par  des  œuvres  d’art  religieux  aj 
avant  lui  ou  autour  de  lui,  étaient  inspirées  d’Homère  et 
d’Hésiode.  Dans  une  des  figures  de  la  ciste  des  Argo¬ 
nautes  du  Musée  Kircher12,  plusieurs  archéologues  ont, 
reconnu  Thanatos  attendant  le  moment  d’enlever  sa 
victime13;  et  sur  le  coffret  de  Cvpsélos  on  le  voyait 
porté  sur  les  bras  de  la  Nuit  avec  Hypnos  son  frère,  tous 
deux  sous  les  traits  de  jeunes  garçons  endormis;  l’un 
était  noir,  l’autre  blanc  u,  pour  tout  le  reste  semblables, 
et  leurs  pieds  étaient  croisés  l’un  sur  l’autre,  dans  une 
attitude  qui,  pour  les  représentations  de  la  Mort,  va 
devenir  en  quelque  sorte  rituelle15.  Nous  savons,  d’autre 
part,  que  Thanatos  possédait  une  statue  à  Sparte16.  Mais 
s’il  est  impossible  de  déterminer  dans  quelle  mesure 
Euripide  fut  redevable,  pour  la  peinture  du  dieu,  à  ses 
prédécesseurs  en  art  et  en  poésie,  on  peut  affirmer  qu’il 
a  fortement  influé,  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains 
sur  la  figuration  plastique  et  poétique  de  la  Mort. 
M.  Cari  Robert  a  reconnu  la  scène  d'Alceste  sur  la  mieux 
conservée  des  bases  de  colon¬ 
nes  sculptées  qui  subsistent  du 
temple  d’Éphèse11.  Le  groupe 
se  compose  de  trois  figures  : 

Alceste  au  centre,  Hermès 
Psychopompe  à  droite,  Thana¬ 
tos  à  gauche  18.  Ce  dieu  est 
représenté  (fig.  5146)  sous  les 
traits  d’un  jeune  homme  nu, 
à  l’expression  mélancolique, 
aux  ailes  puissantes,  avec,  le 
long  de  la  cuisse  gauche,  l’épée 
dans  son  fourreau.  La  scène 
est  aux  enfers  ;  en  retour,  à 
droite,  dans  une  partie  forte¬ 
ment  mutilée,  est  le  groupe 
d’IIadès  et  de  Perséphonè  ;  à 
la  gauche  de  Thanatos  se  trouvait  Héraclès  assis  et 
attendant  le  moment  d’emmener  Alceste;  le  geste  de 
Thanatos  la  lui  livre  et  Hermès  va  la  ramener  sur 
la  terre,  avec  l’agrément  du  couple  infernal.  Les  re¬ 
présentations  de  Thanatos  sont  fréquentes  sur  les 
lécythes  funéraires  d’Athènes19;  en  compagnied  Hypnos 
il  procède  à  l'ensevelissement  des  morts,  hommes  ou 

204,  3  ;  334,  10;  256,  I  ;  345,  4  ;  509,  3  ;  551,  5;  644,1,  etc.  —  *'  Tour  la  discussion  sur 
ce  poinl,  voir  E.  Bottier,  Etude  sur  les  lécythes  blancs,  p.  28  sq.  1- Mus.  Kir  ht  zy 
aerea,  Rome,  1763,  tab.  I  ;  Muller-Wieseler,  Denkm.  d.  ait.  Kunst ,  I,  n.  309  ,  Gnins 
lcd,  Die  Fikoroniske  Cista,  Cophenhag.  1847;  E.  Braun,  Die  Ficoronische  Cista, 
Leipz.  1849.  Voir  argonautae,  fig.  505.  —  13  Miillcr-Wicseler,  L.  I ■  ;  Guigniaut,  Aouv. 
galerie  mylhol.  pl.  ci.xxt,  n.  644;  Braun,  0.1.\  voir  contra:  l’anofka,  Bcric  it.  » 
Akad.  d.  Wissensch.  zu  Berlin ,  mars  1851  ;  O.  Jabn,  Die  Ficoron.  Cista,  Loipz.  f^  -> 
p.  13.  _  14  c.  Robert  ( Thanatos ,  p.  20)  et  E.  Bottier  (Étude,  p.  31)  pcnsentqueji 
couleur  noire  désignait  Hypnos,  et  non  Thanalos.  —  Paus.  \ ,  18,  I  ,  cl.  a 
sion  du  oi£irtfa(<.|*£vou;  toùî  itofia;  chez  G.  E.  Lcssing,  Wie  die  Alten  den  lot  gc 
det,  éd.  Lacbm.  (3”),  t.  VIII,  p.  14  sq.  et  surtout  chez  Preller,  Gncch.  J'y  <•  > 
p.  692,  n.  3.  -  16  Paus.  III,  18,1; cf.  Plut.  Agis,  9;  cf.R.  Rochette, Ores*.  P-  -  - 
pl.  xi,;  Eicoroni,  Gemm.  rar.  tab.  VIII,  n»  C;  Winckclmann,  Cabinet  te 
130.  —  17  G.  Robert,  Thanatos,  Bcrliner  Winckclmanns  programm,  p.  •  0 
du  mémo,  Bild  und  Lied,  p.  105  sq. ,  Collignon,  Alyth.  fig.  p-  -84.  ’ 1,1 1 
1865,  tab.  i.xv;  Rayet,  Alonum.  II,  pl.  i.;  Collignon,  /Est.  de  la  scu  p  ■  / 

II,  p.389;  Baumeister,  Denlcmaelcr,  I,  p.  281.  —  19  Tiscbbein,  lfi  -  <  ^  yvillc, 

Alyth.  CXX,  459;  R.  Rochette,  Alonum.  inêd.  p.  219,  n.  5  et  pl.  *r.,  1  ’ 

Annal,  de  l’instit.  arch.  V,  p.  314;  Dumont  et  Chaplairi,  Le  s ci  ^  Qp.  cil- 
Grèce  propre,  1"  part.  Vases  peints  pl.  xxvu-xxviii  [daf.mox];  0  el  ’ 
pl.  u;  Baumeister,  III.  p.  1729;  E.  Bottier,  Étude  sur  les  lécythes,  p. 


Fig.  5140.  —  Thanalos. 


MOR 


2007  — 


MOR 


femmes.  Les  artistes  s’y  inspirent  de  la  seène  de  Y  Iliade 
ou  les  deux  daemones  emportent  le  corps  de  Sarpédon. 
On  s’en  rend  compte  lorsque  l’on  compare,  avec  les 
lécythes  en  question,  le  cratère  de  Caere  qui  représente 
l’enlèvement  de  Sarpédon1  et  où  rien  ne  distingue  Tha- 
natos  d’IIypnos  que  le  nom  placé  au-dessus  de  la  tète  de  ce 
dernier.  Tous  deux  sont  ailés,  imberbes  et  d’aspect  juvé¬ 
nile;  Ilypnos,  accroupi,  est  en  train  de  soulever  le  héros 
par  la  tête,  alors  que  Thanatos,  déjà  debout,  l’a  saisi  à 
la  hauteur  des  genoux.  Sur  les  lécyLhes  blancs,  Thanatos 
est  ailé  et  barbu;  ses  cheveux  sont  en  désordre;  il  arrive 
même  que  son  corps  est  couvert  de  mouchetures  qui  figu¬ 
rent  des  touffes  de  plumes  ou  de  poils,  marquant  encore 
son  caractère  sauvage  (fig.  5147)  2.  Généralement,  bien 
qu’on  rencontre  (voir 
lig.  2287)  la  disposition 
contraire,  Thanatos  est 
aux  pieds  et  Ilypnos  à 
la  tête  du  mort,  qu’ils 
déposent  auprès  d’une 
stèle  3.  La  différence 
d'aspect  est  devenue 
usuelle,  ainsi  qu’en  té¬ 
moigne  un  texte  con- 
temporain  de  Platon  4. 

Mais,  pas  plus  que  dans 
la  représentation  de 
Charon  [charon],  l’art 
grec  n’a  cherché  à 
donner  à  la  Mort  un 
rôle  terrifiant;  comme 
oujours,  il  a  gardé 


Fig.  5147.  —  Thanatos  et  Ilypnos. 


une  mesure 
Lessing,  dans  une  monographie 


pleine  de  goût, 
célèbre  datée  de 
1769  5,  a  prouvé  par  de  nombreux  exemples  (la  liste  s’en 
est  beaucoup  enrichie  depuis  lors)  que,  dans  l’art  gréco- 
romain,  la  Mort  personnifiée  est  représentée  tantôt  par 
un  génie  juvénile  à  l’expression  grave,  au  regard 
attristé,  à  l’attitude  abandonnée  que  caractérisent  les 
jambes  croisées,  tantôt  aussi  par  des  génies  aux  traits 
d  enfant,  que  les  artistes  entourent  d’attributs  et  qui  sont, 
ou  endormis  isolément  (fig.  2193),  ou  formés  par  groupes, 
livrés  à  des  occupations,  à  des  jeux  divers.  Le  génie  juvé¬ 
nile  figuré  sur  les  tombes  et  les  sarcophages  a  lui-même 
pour  attribut  distinctif  un  flambeau  renversé  (fig.  2192, 
2193) 6.  On  retrouve  Thanatos  sur  les  tombes  qu’a  citées 
Lessing  et  notamment  sur  celle  dont  la  reproduction  est  au 
frontispice  de  sa  dissertation 1.  Ce  que  les  conclusions  qu’il 
en  tire  ont  de  trop  absolu  a  été  rectifié  par  Ilerder  dans 


un  opuscule  où  sont  étudiés  les  symboles  de  la  destruc¬ 
tion  violente,  si  fréquents  sur  les  sarcophages8.  Il  reste, 
après  les  recherches  de  l’un  et  de  l’autre,  que  si  jamais 
le  squelette  n’a  servi  aux  anciens  pour  figurer  la  Mort 
divinisée,  l’art  gréco-romain  n’en  a  pas  moins  fait  une 
part  importante  au  sentiment  d'horreur  que  l’action 
brutale  de  la  mort  inspire  aux  hommes  9  [larvae]. 

En  ce  qui  concerne  les  représentations  de  la  Mort  par 
des  enfants  appelés  Amours10,  on  les  peut  ramener,  dans 
l’ordre  des  temps,  au  sarcophage  découvert  à  Sparte  et 
au  sarcophage  de  Patras,  sur  lesquels  des  enfants  sont 
groupés  dans  des  scènes  animées  qui,  par  elles-mêmes, 
ne  suggèrent  aucune  idée  funèbre,  si  ce  n’est  que  la 
figure  placée  au  centre  du  dernier  tient  un  flambeau 

renversé11.  Ces  scènes 
et  ces  représentations 
de  la  Mort  par  des  figu¬ 
res  d’Ëros  conviennent 
à  des  sépultures  d’en¬ 
fants  ;  on  les  rencontre 
fréquemment  sur  des 
tombes  romaines12.  Ici 
l’Ëros  est  représenté 
debout,  une  jambe  de¬ 
vant  l’autre,  la  tête  in¬ 
clinée  sur  la  torche 
retournée;  ailleurs,  il 
est  couché  et  endormi 
(fig.  5148).  Nous  rap¬ 
pellerons  le  groupe 
qui  le  montre  (fig.  2194) 
étendu  sur  une  peau  de  lion,  tenant  dans  sa  main  la 
massue  d’Hçrcule,  tandis  que  vers  lui  se  glisse  un  lézard; 
l’image  éveille  l’idée  du  silence  profond13. 

Chez  les  Étrusques,  la  Mort  revêt  le  plus  souvent  la 
forme  de  génies  tourmenteurs  et  en  particulier  celle  du 
Charon  au  nez  crochu,  aux  oreilles  pointues,  armé  d’un 
marteau  [charon,  etrusci,  fig.  1359, 1360, 2773,2774, 2824]. 

Les  Romains  ont  personnifié  la  Mort  dans  une  divinité 
des  Indicjitamenta ,  Morta  ou  Mors  que  certains  met¬ 
taient  au  nombre  des  Parques  14  ;  plus  tard,  avec  une  fré¬ 
quence  qui  indique  une  superstition  d’ordre  populaire, 
dans  la  figure  d'Orcus  qui  correspond  à  la  fois  au  Tha¬ 
natos  etàl’Hadès  des  Grecs  et  qui  semble  avoir  emprunté 
des  traits  au  Charon  des  Étrusques13.  A  côté  de  Alors ,  on 
trouve  aussi  une  personnification  de  fatum,  de  caractère 
surtout  littéraire,  qui  joue  vis-à-vis  de  Mors  le  rôle 
que  la  Itère  remplit  par  rapport  à  Thanatos  16  [keres]. 


1  Monum.  Inst.  VI,  21;  cf.  Raumeislcr,  I,  p.  727,  fig.  781,  et  II,  p.  922;  Gerhard 
Ant-  Vasenb.  1,221;  Monum.  Inst.  VI,  1,  21  -Bull.  Inst.  1864,  175,  et  Arch.  Zeit. 
18  ‘  h  P-  Ravaisson  [Monuments  grecs  relatifs  à  Achille ,  pl.  n,  p.  13)  a  voulu  y 
vou'  Acliille  lui-même  emporté  par  le  Sommeil  et  la  Mort.  —  2  C.  Robert,  Thanatos, 
l'b  u;  et  voir  daemon,  fig.  2287,  etc.  ;  Miiller-Wieselcr,  Denkm.  d.  ait.  Kunst,  II,  878. 
—  3  Ou  peut  rappeler  ce  vers  d'une  Atellane,  cité  par  Sueton.  Ner.  39  :  Orcus  vobis 
ducit  pedes.  —  4  Euclid.  Megar.  ap.  Stob.  Flor.  VI,  05.  —  3  Réimprimée  avec 
1rs  illustrations  de  l'édit,  originale  dans  l'édit,  des  œuvres  complètes,  par 
Uchmaim,  t.  VIII,  init.  L'opuscule  a  un  caractère  polémique  et  justifie  les  affir¬ 
mations  esthétiques  développées  dans  le  Laocoon  (même  éd.  t.  IX,  p.  77)  contre 
klotz,  qui  voulait  que  les  anciens  eussent  représenté  la  mort  personnifiée  par  le 
squelette  et  autres  figures  macabres.  —  6  Collignon,  fJist.  de  la  sculpt.  grecque, 
0,  p.  668  ;  cf.  Gerhard,  Ventre  Proserpina,  p.  49;  K.  Rochette,  Mon.  inid.  p.  218  ; 
Welcker,  Das  Akadem.  Kunstmuseum,  2e  éd.  p.  29;  cf.  Ibid.  p.  53-70;  Pottier  et 
Keinach,  Nécropole  de  Myrina,  p.  385,  386,  d'où  est  tirée  la  fig.  5148.  On  pourrait 
Oter  aussi  le  groupe  connu  de  Sanlo  lldefonso  (Baumeisler,  t.  RI,  p.  1731,  fig.  1811) 
au  Musée  de  Madrid,  si  les  attributs  n'y  étaient  pas  des  restaurations  :  voir  Hübuer, 
bie  ant.  Bildwerke  in  Madrid ,  p.  73.  —  7  D'après  Bellori,  Admiranda  Roman. 
l’ô  —  8  Œuvres  complètes,  l.  XI,  p.  449  et  l'art,  niotis,  Realencycl.  do 


Pauly,  t.  V,  p.  171.  —  9  Voir  Julius  Lessing,  De  Mortis  apud  veteres  figura.  Diss 
Bonn,  1866.  —  10  Sur  ce  genre  de  figures  dans  des  tombes  grecques,  E.  Pottier  et 
S.  Reinach,  La  Nécropole  de  Myrina,  pl.  xxvn,  p.  150,  151,  384.  —  11  Arch.  Zeit. 
1880,  lab.  xiv;  1872,  tab.  lix;  Baumeisler,  III,  p.  1552,  1553.  —  12  Voir  Gerhard, 
Ueber  dus  Gott  Eros  in  Abhandlung .  Il,  notes  118,  119;  Müller-Wieseler,  Denkm. 
Il,  601,  662.  —  13  Henndorf-Schone,  Later.  Mas.  n.  82;  Garucci,  Mus.  Laler. 
tav.  xl,  1  ;  Baumeisler,  1,  p.  504;  cf.  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pl.  044,  644  A  et  B  , 
et  l'art,  ccpido,  p.  1010,  fig.  2192  et  93.  La  fig.  5148  tirée  de  Pottier  et  Reinach, 
Nécropole  de  Myrina,  p.  385,  386,  reproduit  une  terre  cuite  plus  ancienne  que  ces 
marbres.  —  14  Aul.  Gell.  III,  16,  11,  et  Tert.  Ad  nat.  2,  15.  Voir  cependant  à  ce 
sujet,  Preller-Jordan,  Roem.  Myth.  II, p.  193  et  Part,  indriitamenta  de  R.  Peler, 
ap.  Roscher,  Lexik.  U,  p.  184,  et  III,  p.3218.  —  15  Sur  Orcus,  voir  A.  Maury,  Op. 
cit.  p.  786  sq.  Macrobe,  Sat.  V,  19,  parlant  do  la  tragédie  d'Alceste,  dit  :  lu  hac 
fabula  in  scenam  Orcus  inducitur  gladium  gestans.  Pour  les  ressemblances  de  l'Or- 
cus  des  Latins  avec  le  Charon  des  Étrusques,  cf.  Maury,  p.  791.  —  16  Virg.  Acn. 
VI,  277.  Les  personnifications  de  Mors  et  de  Letum  chez  les  poètes  latins  (voir  les 
Lexiques)  sont  de  caractère  purement  littéraire.  Letus  existe  à  litre  de  personni¬ 
fication  sur  une  inscription  (C.  inscr.  lat.  VI,  1907,  v.  20)  de  forme  métrique  : 
Mortis  acerbus  eripuit  Letus,  où  Letus  Mortis  équivaut  à  Sat[Jtwv  ôavàxou. 


MOU 


—  2008 


MOR 


Mors,  avec  des  épithètes  et  des  vocables  qui  témoignent 
en  faveur  d’une  personnification  mythique,  est  très  fré¬ 
quente  sur  les  inscriptions  tombales1;  mais  on  ne 
saurait  affirmer  qu’elle  ait  jamais  été  l’objet  d’un  culte 
chez  les  Latins,  qu’on  lui  ait  élevé  des  autels  ou  des 
sanctuaires.  Orcus  a  une  réalité  plus  vivante;  il  en  est 
sans  doute  redevable  à  son  genre  qui  a  permis  de  l’assi¬ 
miler  au  Thanatos 
des  Grecs.  Sou¬ 
vent  il  est  em¬ 
ployé  par  les  poè¬ 
tes  latins  de  la 
première  pé¬ 


riode 


on 


le 


rencontre  dans 
les  fragments  de 
Naevius,  d’En- 
nius,  dans  les  co¬ 
médies  de  Plaute 
et  de  Térence, 
plus  tard,  mais 
moins  fréquem¬ 
ment,  chez  les  poètes  du  règne  d’Auguste3.  C’est  une 
figure  à  la  fois  macabre  et  plaisante,  avec  laquelle  l’ima¬ 
gination  populaire  semble  avoir  pris  des  libertés  comme 
elle  en  prenait  au  moyen  âge  avec  le  diable  4.  On  appelait 
Orcini  les  sénateurs  créés  par  le  testament  plus  ou  moins 
apocryphe  de  César0  ;  Orcinus ,  1  affranchi  qui  était  rede¬ 
vable  de  sa  liberté  aux  dernières  volontés  du  maître b  ; 
et  c’est  sans  doute  par  moquerie  qu’on  parlait  des  noces 
d’Orcus  et  de  Gérés,  qu’une  interprétation  téméraire  de 
Servius  aurait  voulu  replacer  dans  le  calendrier  de 
Rome".  En  somme,  aucune  des  personnifications  de  la 
Mort  chez  les  Romains  ne  correspond  à  l'idée  de  divinité; 
et  les  hommages  qu’on  lui  rend  sur  les  tombes  sont  une 
des  formes  de  la  piété  pour  les  morts,  non  un  acte 
d’adoration  rituelle  :  il  semble  bien  que  chez  les  Grecs  il 
en  ait  été  de  même8.  J. -A.  Hild. 

MORTARIUM,  pila  ’.  ’OXgoç,  ïyoT),  iyStç  2.  Mortier.  — 
Avant  l’invention  du  moulin  broyant  le  grain  entre  deux 
pierres  [mola],  on  le  concassait  dans  un  mortier  à  l’aide 
d’un  pilon  (Ütteoo;,  pilum )3.  Des  peintures  égyptiennes  4 
montrent  des  ouvriers  occupés  à  piler  le  blé  dans  des  mor¬ 
tiers  profonds  qui  s’évasent  par  le  haut,  à  l’aide  de  longs 
pilons.  Le  mortier  et  le  pilon  des  Grecs  et  des  Romains 
ne  différaient  pas  de  ceux-là.  On  en  trouve  de  semblables 
figurés  sur  des  monuments  des  beaux  temps  de  l’art. 
Telle  est  une  peinture  de  vase 5  qui  en  précise  la  forme 
et  en  fait  comprendre  le  maniement  (fig.  5149).  On  y  voit 

1  Voir  les  Carmina  latina  epigraphica,  de  Buecheler,  l.eipz.  1896-97,  et  R. 
Peler,  ap.  Roscher,  Op.  cit.  II,  p.  3219.  Pour  les  épithètes  variées  que  les  poètes 
donnent  à  Mors  et  à  Orcus  en  les  personnifiant,  cf.  J.-B.  Carter,  Epitheta  Dcorum, 
etc.  (Leipz.  1902),  p.  72, 79.  —  2  Nacv.  ap.  Gell.  I,  24,  2  (Orcino...  tkesauro  ;  cf.  Mor- 
tis  thesauri ,  Enn.  Fragm  Iphig.  14,  éd.  Vaiilen)  ;  Enn.  ap.  Scrv.  Acn.  I,  81  et\arr. 
Ling.  lat.  VII,  C;  Plaut.  Asin.  G06  ;  Capt.  283  ;  Bacch.  368,  etc.;  Ter.  Hecyr.  852; 
Caccilius,  ap.  Cic.  De  fin.  II,  7,  23,  etc.;  Lucil.  ap.  Lacl.  Inst.  Div.  V,  14,  3; 
Lucr.  1,  115;  V,  996,  etc.  —  3  Virg.  Georg.  I,  277  ;  Aen.  Il,  398  ;  VI,  273  ;  Ilor.  Od. 
Il;  324,  Tih.,  111,3,  38  ;  Grat.  Falisc.347  :  Stat  Fatum  supra,  totumque  avidissimus 
Orcus  pascitur  et  nigris  orbe  ni  circumvolat  cilis ,  etc.  — -  '*  Ainsi  chez  Petron. 
Sat.  34,  46,  62,  et  Apul.  Met.  III,  9  ;  IV,  7  ;  VI,  8  ;  cf.  Varr.  It.  rust.  I,  4,  3  ;  Colum. 

I,  3,  2. —  6  Suet.  Aug.  35;  Plut.  Ant.  15,  qui  traduit  par  yapuvÎTa;.  —  6  lnstit. 

II,  24,  2;  Ulp.  Il,  8  ;  Cod.  Just.  1, 18,  8,  etc.  —  7  Serv.  Georg.  I,  344  :  Quae  Orci 
nuptiae  dicebantur;  cf.  Plaut.  Aul.  354,  et  pour  Orcus  en  général,  R.  Peter,  chez 
Roscher,  Op.  cit.  111,  p.  940  sq.  —  8  Voir  cependant  Braun,  Troische  Aliscellen , 

III,  p.  191,  qui  voit,  à  l’encontre  de  Robert,  Op.  cit.,  dans  l'usage  que  les  artistes 
et  les  poètes  font  de  Thanatos  et  de  son  similaire  latin,  les  traces  d’un  véritable 
culte  populaire  de  la  Mort.  Pour  la  Grèce  et  le  fondement  populaire  de  la  croyance 


Fig.  5149.  —  Mortier  à  grain. 


le  mortier  posé  sur  une  base  conique  (ûtpdXgtov) c.  Deux 
femmes  tiennent  des  pilons  à  l’endroit  où  ils  soûl  amincis 
pour  donner  une  prise  plus  facile  et  frappent  en  mesure 
Une  terre  cuite  du  Musée  de  Berlin1  représente  une 
femme  debout,  armée  d’un  pilon  droit,  au-dessus  d’un 
mortier  posé  à  terre  qui  atteint  à  la  hauteur  de  ses 
genoux;  il  n’est  pas  hémisphérique  comme  celui  de  la 
figure,  mais  presque  cylin¬ 
drique  et  va  en  s’évasant 
un  peu  vers  son  bord  supé¬ 
rieur.  Le  pilage  du  grain 
était  anciennement,  en  Grèce 
et  en  Italie 8,  l’occupation 
des  femmes,  comme  il  l’est 
encore  chez  beaucoup  de 
peuples  restés  à  un  état  pri¬ 
mitif  [pistor]  9.  Hésiode  re¬ 
commande  de  creuser  le  mor¬ 
tier  dans  un  tronc  de  trois 
pieds,  le  pilon  aura  trois 
coudées  ;  il  faut  encore,  d’a¬ 
près  le  poète,  avoir  un  autre 
bois  de  sept  pieds,  qu’il 

appelle  otljiov,  et  dont  la  destination  a  été  ingénieusement 
expliquée  par  le  rapprochement  d’appareils  modernes  10 
où  une  poutre  est  emmanchée  dans  le  pilon  qu’elle 
actionne  :  quand  on  pèse  sur  son  extrémité  libre,  elle 
se  soulève  et  le  pilon  retombe  de  tout  son  poids  dans 
le  mortier. 

Si  l’on  a  fait  de  tout  temps  des  mortiers  et  des  pilons 
de  bois11,  très  an¬ 
ciennement  aussi 
on  en  fit  de 
pierres  choisies 
parmi  les  plus 
dures.  Sclilie  - 
mann  a  trouvé 
dans  les  ruines 
de  Troie 12,  à  côté 
de  pierres  ser¬ 
vant  à  broyer,  un 
mortier  en  ba¬ 
salte  et  des  pilons  de  pierre 
(fig.  5150). 

Après  l’invention  du  moulin,  le  mortier,  avec  des 
dimensions  plus  réduites,  resta  indispensable  pour  une 
foule  d’usages,  domestiques 13.  Caton  le  mentionne  plu¬ 
sieurs  fois  sous  les  noms  de  mortarium  ou  de  pila  .  A  h 
gile,  dans  le  petit  poème  intitulé  Moretum,  décrit  en  délai 

à  Thanatos  confondu  avec  Hadès,  cf.  E.  Potlicr,  Étude  sut  les  It.cylhes,  |  .  \  ■ 

MORTARIUM.  1  Cat.  It.  rust.  14,  2;  Scrv.  Ad  Aen.  I,  177;  Ov,d.  In  Ib  5 71. 
_  2  Schol.  in  Hesiod.  Op.  et  dies,  423;  Herod.  I,  200;  Ilippocr.  63o,  34;  So  , 
Damocr.  (Gai.  13,  904).  -  3  Virg.  Aen  1,  179;  Serv.  Ad #  ,) 

Mon.  civ.  n°  57  ;  Wilkinson,  Manners  and  custoins,  >  P*  5  ’  ’  ,  fr 

-•«*—.  «*»*.».  ». 

lleydcmann,  Bull.  d.  Inst.  1867,  p.  135;  Aicli.  An»eig.  ,  vylll  10  23. 

114;  Hesych.  a.  u.  -  7  N»  7081.  -  8  Scrv.  L  l.  ;  PU».  »*«'■  f  J. 

-9  Iles.  L.  I.-  10  Lindet,  Les  orig.  du  moulin  a  grain.  (Lxli.  a 
1899,  P-  10);  Id.  Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  d’Êncoura,.Jo^  cst 

Paris,  1900,  p.  14.  L'auteur  cite  une  gravure  du  xvu  site  ,._Wind-Boss- ■ 

exactement  représenté  (Jac.  et  Oct.  de  Strada,  Abris  s  a  la  uw  Nure0)b. 

und  Uandmühler,  Francf.  1618,  et  Backler,  Theatrum  machinai  o(]  .  cf. 

1061)  et  l'exemple  de  ce  qui  se  fait  encore  en  Corée,  en  C  une  e  gchlic- 

Polyb.  I,  22.  -  Il  Iles.  L.  L;  Schol.  Aristoph.  Vesp.  258  ;  !  I*.  XV  lu.  ^  ^ 

mann,  Iliad,  trad.  Egger,  p.  295  ;  Perrot  cl  Chipiez,  ffist.  de  J  »  ^ 

—  13  Non.  p.  543,  22  :  «  Mortarium  in  quo  teruntur  q 

—  H  Cat.  B.  rust.  14,  74,  75,  7G  ;  cf.  Plaut.  Aul.  I,  2,  17- 


Fig.  5150.  —  Mortier  et  pilou. 


calcaire  et  de  granit 


Mon 


—  2009 


.MOU 


l'usage  du  mortier  et  du  pilon  dans  la  cuisine  populaire. 
Le  paysan  qui  prépare  le  gâteau  appelé  moretum  tient  le 
pilon  ( pistillum )  d’une  seule  main  et  l’agite  réguliô- 
rement  suivant  la  courbe  du  mortier1. 

Pans  une  peinture  d’un  tombeau  étrusque2  où  sont 
représentés  les  apprêts  d’un  re¬ 
pas,  un  serviteur,  debout  auprès 
d’un  mortier  posé  sur  un  trépied, 
tient  de  chaque  main  une  mo¬ 
lette  dont  il  se  sert  pour  broyer 
(fig.  5151).  Le  mortier,  circulaire, 
est  pourvu  d’un  bec.  On  possède 
encore  des  mortiers  antiques  de 
cette  forme,  ayant  un  bec  plus 
ou  moins  allongé,  quelques-uns 
accompagnés  d’un  pistillum 
ayant  la  forme  d’un  doigt  replié 
(fig.  5152) 3. 


On  faisait  des  mortiers  en  ma¬ 
tières  très  diverses,  et  on  ajoutait  une  grande  importance 
au  choix  de  cette  matière,  suivant  la  destination  de 
l’objet,  surtout  pour  préparer  les  couleurs  et  les  médi¬ 
caments.  «  Les  auteurs,  écrit  Pline  l’Ancien,  se  sont 
occupés  des  pierres  propres  à  faire  des  mortiers,  sans 
se  borner  même  aux  morLiers  dans  lesquels  on  pile  les 
substances  médicales  ou  les  cou¬ 
leurs.  Pour  cet  usage,  ils  ont  mis 
au  premier  rang  la  pierre  été- 
sienne  ;  au  second,  la  pierre  thé- 
baïque  que  nous  nommons  pyr- 
rhopœcile *,  et  que  quelques-uns 
appellent  psaronium  ;  au  troisième 
rang,  la  pierre  chrysite,  qui  tient  de 
la  pierre  chalazienne;  mais  les  mé¬ 
decins  préfèrent  la  pierre  basanite  ; 
en  effet,  cette  pierre  ne  rend  rien. 
Quant  aux  pierres  qui  rendent  un  suc,  on  les  regarde 
comme  bonnes  pour  les  compositions  ophtalmi¬ 
ques,  etc. 5  » 


Fig.  5152. —  Mortier  à  bec 
et  molette. 


On  employait  dans  l’industrie  des  mortiers  de  bronze  °, 
île  plomb7,  par  exemple,  pour  tirer  du  minium  de 
deuxième  qualité  l’hydrargyre,  qui  pouvait  tenir  lieu  de 

vif-argent 8. 

Mortarium  est  aussi  le  nom  de  l’auget  [cf.  ascia, 
dg-  563]  dont  les  maçons  se  servaient  pour  mêler  la 
diaux  et  le  sable,  et  on  le  donnait  encore  au  produit 
même  de  cette  opération9  que  nous  appelons  le  mortier; 
les  mêmes  ouvriers  l’employaient  pour  préparer  le  plâtre 


fin  dont  on  crépissait  les  maisons10;  les  peintres  déco¬ 
rateurs  pour  certaines  couleurs11. 

Le  petit  mortier  portatif  dans  lequel  les  médecins, 
particulièrement  les  oculistes,  trituraient  des  collyres  et 
d’autres  substances  médicinales,  était  appelé  coticula. 

Par  analogie,  on  donnait  le  nom  de  mortarium  au 
bassin  du  pressoir  à  raisin12  et  au  bassin  creusé  au  pied 
d’un  arbre  pour  recueillir  l’eau  u.  André  Baudrillart. 

MOUSEIA  (MouasTa,  Moutnja1).  —  Fête  qui  était  la  forme 
la  plus  solennelle  du  culte  rendu  par  les  Thespiens  aux 
Muses  héliconiades.  Elle  revenait  tous  les  cinq  ans2. 
Tandis  que  les  Erotidia  étaient  célébrés  à  Thespies 
même3,  les  jeux  en  l’honneur  des  Muses  avaient  lieu 
à  quelques  kilomètres  de  la  ville,  dans  le  bois  sacré  de 
l’IIélicon  (aXao;),  appelé  aussi  le  Mouseion  (t b  êv  'EÀ-.xwvt 
Mouasfov)4.  Bien  que  ni  les  auteurs  ni  les  textes  épigra¬ 
phiques  ne  fassent  mention  d’un  théâtre  dans  le  bois 
sacré  de  l’Hélicon,  il  est  permis  de  supposer  que  le 
théâtre6,  dont  les  fouilles  entreprises  par  l’École  fran¬ 
çaise  d’Athènes  ont  dégagé  la  scène  sur  les  premières 
pentes  de  la  montagne,  a  dû  servir  aux  Jeux  des  Muses. 

11  est  probable  que  la  fondation  première  des  Mouseia 
remonte  à  une  époque  très  ancienne.  Cependant  nous  ne 
trouvons  pas  sur  eux  de  témoignage  certain  avant  le  milieu 
du  uic  siècle  av.  J.-C.6.  A  cette  date  correspond  un  décret 
rendu  par  le  Kotvov  des  artistes  de  l’Isthme  et  de  Némée, 
ratifiant  la  réorganisation  des  Mouseia ,  proposée  par  la 
ville  de  Thespies  et  la  Confédération  béotienne7.  Les 
inscriptions  trouvées  à  Thespies  permettent  de  reconsti¬ 
tuer  dans  ses  grandes  lignes  l’histoire  des  Mouseia 
depuis  la  seconde  moitié  du  iiic  siècle  av.  J.-C.  jusqu’au 
ni0  siècle  de  notre  ère8.  Les  Mouseia  sont  des  concours  : 
on  n’inscrit  sur  les  catalogues  que  les  noms  des  artistes 
vainqueurs.  Il  n’y  a  pas  de  prix  en  argent  :  les  vain¬ 
queurs  reçoivent  en  récompense  une  couronne9.  Les 
fêtes  s’ouvrent  par  un  sacrifice  solennel  qu’offrent  aux 
Muses  les  Thespiens  et  les  délégués  des  compagnies 
d’artistes10.  A  l’époque  qui  suit  le  décret  de  réorganisa¬ 
tion  des  jeux,  les  Mouseia  sont  célébrés  au  nom  à  la  fois 
de  la  ville  de  Thespies  et  de  la  Confédération  béotienne  : 
l’archonte  fédéral  figure  en  tète  des  catalogues,  à  côté  de 
l'archonte  thespien.  Les  magistrats  qui  président  aux 
jeux  sont,  outre  les  archontes,  l’agonothète  et  le  prêtre 
des  Muses,  qui  sont  des  Thespiens,  puis  le  prêtre  des 
artistes,  enfin  leixupcpôpoç  et  le  ypagpLaxcéi; 11 .  Les  Mouseia  se, 
composent  alors  exclusivement  de  concours  musicaux  et 
poétiques12.  Au  début  de  cette  période,  ces  concours  sont 
au  nombre  de  cinq  :  poésie  épique,  flûte,  flûte  et  chant 


1  Virg .Aloret.  90  sq.  ;  cf.  Colmn.  II.  rust.  XII,  50,  59.  —2  Coneslabile  cl  Golini, 
!  'Hure  scoperte  presso  Orvieto,  Flor.  1865,  pl.  v.  —  3  Roach  Smith,  Antiq.  of 
hichborough,  p.  62-64;  Archaeologia  de  Londres,  t.  XXIV,  pl.  xuv.  —  4  p] j n . 
Bist-  nat-  XXXVI,  13.  —  s  Pli,,,  yist.  nat.  trad.  Littré,  XXXVI,  43.  —  6  Ibid. 
XXXIII,  4t.  —  7  Ibid.  XXXIV,  50.  -  8  Ibid.  XXXIII,  41.  -  9  Vitruv.  VII,  12, 
1 III,  7.  to  Plin.  Jlist.  nat.  XXXVI,  55.  —  n  Vitruv.  VII,  10,  atramentum. 
~  12  Cat.  II.  rust.  22.  —  13  Pallad.  8,  1. 

-'I0E8EIA.  I  Plut.  Amat.  1;  Pans.  IX,  31,  3;  Allicn.  XIV,  p.  029  a.  Inscrip- 
llons:  Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  311  sq.,  n"!  2,  10,  12,  16,  18;  XXI,  p.  509.  Voir 
Silr  les  Mouffeïa,  Preuss,  (Juaestiones  ûoeoticae,  1879,  p.  35-30;  Rciscli,  De  musi- 
C's  Graecorum  certaminibus,  1885,  p.  57,  106,  129;  Dcitcrs,  üeber  die  Verehntng 
'^'Musen  bei  dm  Griechen,  Bonn,  1808,  p.  28;  P.  Jamot,  Bull,  de  corr.  hell. 

Ix-  P-  31 1  sq.  et  Rev.  des  ét.  gr.  1902,  p.  353  sq.  ;  G.  Colin,  Bull,  de  corr.  hell. 

'  '  ’P-  sq.  ;  Frazcr,  Pausanias's  ilescr.  of  Greece,  vol.  V,  p.  156.  —  2  p|u[. 

1 1  Bull.  de  corr.  hell..  XIX,  p.  328,  n»  4,  1.  12  :  El5  tüv  ««t*  tttvTvexriçi'Sa 
J'-Aoù[j»eïov  à  y  ,5  va  xaï;  'EXixoJvîaaiv  [.Mojùaai?...  —  3  Bull,  de  COÏT.  hell.  XIX, 
—  ’*  Ibid.  XIX,  p.  312  sq.  ;  Plut.  Amat.  II,  1-4;  Pans.  IX,  31,  3;  Philoslr. 
'•  Apoll.  IV,  24,  I.  —  5  Bull,  de  corr.  hell.  XV,  p.  659.  —  6  Voir  sur  la  dale  de 


la  réorganisation  des  Mouseia ,  Jamot,  Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  340  sq.  et  lier 
des  ét.  gr.  1902,  p.  353  sq.;  Holleaux,  Rev.  des  ét.  gr.  1897,  p.  4  4  sq.  et  1900, 
p.  187  sq.  Grâce  à  M.  Ilolleaux,  qui  a  établi  sur  des  raisonnements  extrêmement 
plausibles  la  chronologie  des  archontes  béotiens,  en  particulier  celle  de  l'archonte 
fédéral  Lykinos  et  de  l'archonte  thespien  Philon,  nommés  en  tête  d'une  liste  de 
vainqueurs  aux  Mouseia  (Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  332,  n»  61,  on  peut  consi¬ 
dérer  comme  acquis  que  celte  liste  doit  être  placée  entre  les  années  215  et  203. 
D'autre  part  (voy.  les  raisons,  exposées  dans  la  Rev.  des  ét.  gr.  1902,  p.  355,  cette 
inscription,  la  plus  ancienne  de  la  série,  doit  être  postérieure  de  plusieurs  penla- 
étéries  au  Décret  des  Artistes  de  l'Isthme  et  de  Némée  réorganisant  les  Mouseia. 
—  7  Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  313  sq.,  n»  1.  —  8  Ibid.  XIX,  p.  361  sq.  —  9  Le 
Décret  des  Artistes  de  l'Isthme  et  de  Némée  (Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  313, 
n°  1)  qualifie  les  jeux  d'iy.îvtç  <rcE-ra.ïT«i;  ils  sont  aussi  'vomitioi  (Ibid.  XIX,  p.  322, 
n»  2).  Voir  sur  les  iyJivsî  crtEiavïTaiOu  suXXïvaéopposés  aux  àçyu  jT-tai  ou  9EpaTtxtE| 

Poli.  III,  153;  Hcsych.  s.  o.çuXMvat.et  l'art,  cehtaxuna  ;  sur  le  sens  du  mot  laouûOtot, 
Ilaussoullier,  Bull,  de  corr.  hell.  V,  p.  311.  —  lo  Rull.  de  corr.  hell.  XIX,  p.  313 
sq.  no  1,  col.  2,  1.  21  ;  p.  322  sq.  n»  2,  col.  a,  1.  7  ;  p.  327,  n»  3,  1,  14.  —  11  Ibid. 
XIX,  p.  361  sq.  —  12  0ept),ixbî  ày.r,v  (Ibid.  XIX,  p.  313  sq.  inscr.  u»s  1,  2,  3,  0,  8). 


MOU 


—  2010 


MUL 


alternés,  cithare, chant  avec  accompagnement  de  cithare1. 
On  ne  s’en  tint  pas  longtemps  à  ce  programme  restreint  : 
peu  d’années  après,  nous  trouvons  la  mention  d’au 
moins  deux  exercices  nouveaux,  celui  des  chanteurs 
( foc]/ coiôôç)  et  un  autre  dont  le  nom  manque;  entin,  on 
décerne  un  prix  général  (smvtxtov)  à  celui  sans  doute  qui 
a  paru  supérieur,  non  seulement  à  ses  concurrents  dans 
un  exercice  particulier,  mais  aussi  à  tous  les  artistes  cou¬ 
ronnés2.  Vers  le  milieu  du  n°  siècle,  on  procède  à  une 
nouvelle  réforme  des  jeux3.  La  ligue  béotienne  n’existe 
plus  :  les  jeux  sont  célébrés  seulement  au  nom  de  la 
ville  de  Thespies.  Le  concours  n’est  plus  thymélique  : 
le  programme  comprend  des  exercices  dramatiques  qui 
s’ajoutent,  avec  d’autres,  aux  cinq  àywvsç  de  l’organisation 
primitive  :  prosodion  (nonr|v7|ç  upocoofou),  trompette 
(ccxA7rtGT7;ç) ,  hérauts  (xîjpu^),  chant  (pa^coSo?),  drame  saty- 
rique  (7tot7iT7iç  caTÛpwv),  tragédie  (TrotV)xr|;  xatVTp;  Tpaywotaç), 
comédie  (tioiyjTTjç  xouvTj;  xtogiüoi'aç),  acteurs  jouant  dans 
une  tragédie  ancienne  (ûiroxpiTrg  lîaÀataç  TpaywSta;), 
acteurs  jouant  dans  une  comédie  ancienne  (uTcoxpir/jç 
r.xla.iy.ç  xtopupSiaç),  acteurs  jouant  dans  une  tragédie 
nouvelle  (ÛTtoxptx^ç  xatv^ç  Tpaycpocaç),  acteurs  jouant  dans 
une  comédie  nouvelle  (Û7roxptT7)ç  xaivîjç  xwgcpotac;)4.  Cette 
nouvelle  organisation  resta  en  vigueur  probablement 
jusqu’à  la  fin  du  1er  siècle.  Entre  le  milieu  du  Ier  siècle 
avant  l’ère  chrétienne  et  la  seconde  moitié  du  11e  siècle 
après,  les  documents  font  défaut.  Est-ce  un  simple  effet 
du  hasard?  Il  ne  faut  vraisemblablement  pas  en  conclure 
que  les  Mouseia  fussent  tombés  en  désuétude  pendant 
cette  longue  période.  Les  mots  dont  se  sert  Plutarque3 
montrent  qu’à  l’époque  des  Flaviens  les  jeux'  se  célé¬ 
braient  dans  l’Hélicon  avec  la  même  solennité  que  par 
le  passé.  Il  est  possible  cependant  que  la  tradition  ait 
subi  une  éclipse  plus  ou  moins  longue  et  ait  été  ensuite 
restaurée,  pour  reprendre  tout  son  éclat  à  l’époque  des 
Antonins.  Ce  qui  est  certain,  c’est  que  les  Mouseia  sont 
très  florissants  pendant  la  seconde  moitié  du  11e  siècle 
ap.  J.-C.  6.  On  note  alors  quelques  additions  curieuses 
à  la  liste  des  concours  :  le  panégyrique  des  Muses  et  celui 
de  l’empereur,  un  poème  épique  sur  les  Muses  et  un 
poème  épique  sur  l’empereur.  Vers  la  première  moitié 
du  me  siècle,  nous  remarquons  un  appauvrissement 
significatif  du  programme  7.  C’est  la  décadence  des 
Mouseia.  Les  concours  de  poésie  lyrique  et  épique  ont 
disparu  :  il  n’est  plus  même  question  de  l’éloge  de 
l’empereur.  Quant  aux  exercices  dramatiques,  si  nom¬ 
breux  auparavant,  ils  sontréduils,  faute  de  poètes,  au  strict 
minimum,  concours  d’acteurs  tragiques  et  comiques. 

L’institution  des  Mouseia,  dont  la  durée  a  été  fort 
longue,  a  joui  d’une  grande  renommée.  Au  moment  delà 
première  réforme  des  jeux,  les  Thespiens  et  la  compagnie 
de  l’Isthme  et  de  Némée  envoient  dés  ambassadeurs  à 
toutes  les  cités  grecques  8.  Les  princes  étrangers  s’y  inté¬ 


ressent2.  Les  jeux  portent  le  titre  dWéfW  et  s’égale, 
ainsi  à  des  jeux  qui  comptent  parmi  les  plus  célèbres  i 
la  Grèce10.  Les  catalogues  agonistiques  qui  nous  ontér 
conservés  prouvent  que  les  artistes  venaient  à  Thesci^ 
de  toutes  les  parties  du  monde  grec11,  p.  jAM  ^  S 

MUCIA.  —  Fête  annuelle  célébrée  en  Asie  Mineure  en 
l’honneur  de  O.  Mucius  Scaevola  qui,  l’an  654  de  Rome 
(101  av.  J.-C.),  avait  administré  cette  province  en  qu  i 
lité  de  préteur  \  avec  une  sagesse  et  un  désintéres¬ 
sement  dont  les  habitants  de  la  province  voulurent  per 
pétuer  la  mémoire.  Cette  fête  fut  respectée  encore  par 
Mithridate 2.  Hunziker. 

MUCINIUM  [  SUD  A  R IU  m]  . 

MUIiNDA  (grnvSa).  —  Jeu  grec,  qui  semble  identique  à 
notre  jeu  de  colin-maillard.  Son  nom  vient  de  ce  que  le 
patient  devait  fermer  les  yeux  (gûetv).  Pollux  le  décrit 
ainsi1  :  «  Un  des  joueurs,  fermant  les  yeux,  crie  «  Gare 
à  vous  !  »  et  les  autres  s’enfuient  ;  celui  qu’il  prend  est 
obligé  de  fermer  les  yeux  à  son  tour.  »  Cette  description, 
si  simple  qu’elle  soit,  soulève  cependant  plus  d’une  diffi¬ 
culté.  D’abord  nous  ne  voyons  pas  bien  en  quoi  la  Muinda 


se  distingue  de  la  Mouche  d'airain  [chalké  muia]2. 
Ensuite  nous  savons  par  Pollux  qu’il  y  avait  plusieurs 
manières  d’y  jouer.  Il  ajoute  en  effet:  2°  «  ou  bien  un 
des  joueurs  ferme  les  yeux,  les  autres  se  cachent  et  il  les 
cherche  jusqu’à  ce  qu’il  les  ait  pris  ».  Mais  les  cherchait- 
il  les  yeux  fermés  ?  C’est  vraisemblable  ;  sinon  il  n’y 
aurait  aucune  différence  entre  la  Muinda  et  le  jeu  de 
cache-cache  [apodidraskinda]  ;  3°  «  ou  bien  encore  un 
des  joueurs  ferme  les  yeux  et  quand  il  en  a  touché  ou 
désigné  un  autre,  il  doit  deviner  et  dire  son  nom,  jusqu’à 
ce  qu’il  tombe  juste  ».  Ceci  est  plus  clair,  quoique  la 
rédaction  du  texte  grec  ait  donné  lieu  à  des  soupçons 


justifiés3.  Georges  Lafaye. 

MULCTRA,  MULCTRALE  (’AgoXyeûç,  àgôXytov)1.  — 
Vase  à  traire  le  lait2.  C’était  sans  doute  une  sorte  de  ter¬ 


rine  ou  de  jatte;  on  n’en  connaît  pas  exactement  la  forme. 
Par  métonymie,  le  même  mot  désignait  le  lait  lui-même 
et  le  lait  caillé3.  On  disait  aussi  mulctrum *  et  mulctra- 
rium 3.  E.  P. 

MULIO.  ’Opsoxogoç,  TjgiovTjyô;.  Muletier.  —  La  profession 
de  muletier,  aussi  ancienne  que  les  mulets  [mulus],  devint 
lucrative  surtout  à  l’époque  romaine,  lorsque  des  relations 
plus  faciles  s’établirent  entre  les  peuples  et  que  le  goût 
des  voyages  se  répandit.  P.  Ventidius  Bassus,  consul  en 
43  av.  J.-C.,  passait  pour  avoir  été  autrefois  entrepreneur 
de  transports  publics  et  même  muletier  dans  la  Gaule 
cisalpine,  sa  patrie;  Virgile  a  raillé  agréablement  les 
travaux  de  son  humble  jeunesse  ;  nous  le  voyons  courir 
de  relai  en  relai  entre  Brescia,  Mantoue  et  Crémone, 
déposer  les  bagages  le  long  des  routes  boueuses,  et  cou¬ 
per  avec  des  ciseaux  la  crinière  de  ses  mulets1.  Ces  mo 
destes  travailleurs  qui  fournissaient  de  liés  longues 


1  ’Eiîiov  itotY) Tqç,  auXv)T ctù Ain 1 ; ,  xiOaçiUTTqs,  xiOaçwt&o;  (Ibid.  XIX,  p.  314,11°  1, 
et  p.  332,  n°  6).  —  2  Ibid.  XIX,  p.  333,  n°  7.  Sur  mot  iirtvuetov,  cf.  Foucart, 
De  collcgiis  scenicorum  artiflcum  apud  Graecos ,  p.  99.  — 3  Bull,  de  corr.  hell. 
XIX,  p.  328  sq.  ii«  4:  réponse  d’un  prince  étranger  à  une  ambassade  des  Thespiens 
au  sujet  des  Mouseia.  —  4  Ibid.  XIX,  p.  335  sq.  nos  10-14;  XXI,  p.  569  (G.  Colin). 
Sur  le  sens  des  mots  uicoxçitïj;  itaXaiaç  et  xatvyjç  TpafwSia;  ou  xb>|A'p$ta{;  cf.  Fou- 
cart,  Op.  I.  p.  71-72,  et  Bull,  de  corr.  hell.  IX,  p.  410.  —  6  <ï>iXotcjji,wç  itàvu  xa' 
XajAicpSç  ( Amat .  1).  —  6  Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  340  sq.  n°*  15-17  :  ils  portent 
alors  le  nom  de  Tpaïav^a  ’ASptav^a  EeSaarîîa  MoutxeTa  (û°  16).  —  1  Ibid.  p.  345, 
n°  18.  —  3  nçb;  toùç  a  ont  où;  "£  Activa;  (Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  315,  n°  1). 
—  9  Ibid.  XIX,  p.  328,  n°  4.  — 10  Ibid.  XIX,  p.  322,  n°2. —  H  Ibid.  XIX,  p.  365  sq. 

AILJCIA.  1  Tit.  Liv.  Ep.  70;  Diod.  XXXVI,  p.  610;  Cic.  Ad  AU.  V,  17,  5;  Ascon 


Hic.  Divin,  p.  122;  In  Verr.  Il,  p.  210  Orelli.  -2  Cic.  fn  Verr.  Il> 
[U1NDA .  1  Poil.  IX,  J 13.  —2  Quoiqu’il  n'y  ait  aucun  rapport  entre  i*™. 

1  Cf.  Ilesych.  s.  ».  ;  Etym.  Magn.  s.  v.  SçawTc’ vS*  ;  Thcognost.  ap.  «  ’ 

p.  1353.  —  Bibliographie.  Voir  celle  de  ludus,  el  parlicu  i  rcmei  >  ^ 

si ehung  und  Unterricht  im  Klassischen  Alterthum,  I,  G  urz  jo  b< 

2  ;  Becq  de  Eouquières,  Les  jeux  des  anciens,  1873,  p.  84. 

tULCTRA,  MULCTRALE.  1  Theocr.  VIII,  87;  XXV,  10 /"^Polum  VII 
.  -  2  Virg.  Georg.  III,  177;  Eclog.  III,  30;  cf.  Scrv.  Ad  h.  I  -  Jo  «£■ 

-  4  Hop.  EPod.  XVI,  49.  _  «  Variante  d ernulctralia  » L 
177.  Quelques  manuscrits  donnent  aussi  mulgana. 
jurd’hui  écartée;  voir  l’édition  de  Virgile  par  Benoist,  Ad.  I. 

IULIO.  1  Virg.  Catal.  8. 


MUL 


—  2011 


MUL 


courses  en  changeant  leurs  hôtes  aux  stations,  ces 
mulioties  perpetuavii  *,  mis  à  la  disposition  du  public 
par  des  entrepreneurs,  avaient  des  confrères  plus  heu¬ 
reux  :  c’étaient  les  muletiers  qui  faisaient  partie  de  la 
domesticité  des  grandes  maisons  2.  Il  y  en  avait  naturel¬ 
lement  chez  les  empereurs  dans  le  service  a  jumentis 
[jumenta]  ;  Néron  habillait  les  siens  avec  une  prodigalité 
qui  fut  remarquée  3.  Les  muletiers,  chargés  de  conduire 
les  équipages  des  armées,  étaient  compris  parmi  les 
valets  désignés  sous  le  nom  de  calones  i. 

Ledit  de  Dioclétien  fixe  le  salaire  maximum  d’un 
muletier  à  25  deniers  (O  fr.  60)  par  jour  avec  la  nour- 
rilure  en  plus  .  Par  le  même  document  nous  connaissons 
aussi  le  pi  ix  des  grosses  chaussures  dites  caligae  tnulio- 
nicae  sive  rusticae  [caliga]  et  du  fouet  indispensable  à 
la  profession,  le  flagellum  rnulionîcum  [flacellum]  6. 

Les  muletiers,  dans  certaines  villes  traversées  par  de 
grandes  routes  très  fréquentées,  formaient  des  corpora¬ 
tions.  Celle  de  Pompéi  était  assez  puissante  pour  inter¬ 
venir  dans  les  élections  et  patronner  des  candidats  aux 
fondions  municipales7.  Georges  Lafaye. 

MULLEUS  [calceus]. 

ULLOiVlLDlCUS,  dit  aussi  medicus  veterinarius 1 ,  en 
grec  tTTTriaxpoç,  'nzitcncnpdç  -,  l7X7rcjL>totTpdç  3,  nrjrtxoç  taxpôç  i.  — 

1  mnino  1  indiquent  ces  formes,  l’art  du  vétérinaire  con¬ 
sistait  essentiellement  à  soigner  les  animaux  de  trait,  de 
bât  ou  de  selle,  chevaux  et  mules;  les  soins  médicaux 
qu  exigeaient  les  autres  animaux  domestiques  rentraient 
plutôt  dans  les  connaissances  générales  des  agronomes. 
Toutefois,  en  principe,  la  médecine  vétérinaire  embrasse 
tout  le  règne  animal  en  dehors  de  l’homme  :  sicut  ani- 
maliapost  hominem,  Un  ars  veterinaria post  medicinam 
secunda  est,  dit  Yégèce  au  début  de  son  traité.  Mulorne- 
dicina  est  synonyme  d 'ars  veterinaria ,  en  grec 

iTmiarpixot. 


Nous  ne  nous  occuperons  pas  ici  du  développement  de 
1  art  vétérinaire  dans  l’antiquité  ;  il  suffît  de  dire  que  si, 
lu  comme  en  médecine,  le  charlatanisme  et  l’empirisme 
grossier  eurent  et  gardèrent  de  nombreux  adeptes,  si  la 
thaumaturgie  des  Asclépieïa  ne  fut  pas  dédaignée3,  les 
vétérinaires,  surtout  depuis  l’époque  alexandrine, 
acquirent  des  connaissances  théoriques  et  pratiques 
très  sérieuses,  à  tel  point  que  ceux  d’aujourd’hui  peuvent 
se  croire,  à  bien  des  égards,  leurs  continuateurs6.  Les 
O'tcrinaires  latins,  dont  le  plus  remarquable  est  P.  Fla- 

,vlus  Vegetius  Renatus7,  ont  surtout  traduit  et  compilé 
les  auteurs  grecs. 


V  côté  des  vétérinaires  civils,  qui  paraissent  avoir  été 
a  ordinaire  des  affranchis8,  et  dont  la  profession  se  trans¬ 
mettait  quelquefois  de  père  en  fils  9,  il  y  avait  des  vétéri¬ 
naires  affectés  aux  corps  de  troupe,  dont  la  condition 

lHl"'s  est-très  peu  connue.  Les  animaux  blessés  ou 

malades  étaient  soignés  dans  un  local  particulier  du 
camp,  dit  veterinarium10.  Il  est  aussi  question  d’un 

a'.  Paul^fn’,1'  -  2  P,aut  AnluL  *’  27’  — 3  Suet.  Ner.  30;  Vesp. 
J*  r?  T'  fi’  72  ;  hi,J-  XXX111-  7-  12’  §  9;  Corp.  inscr.  lut.  VI,  7409. 
19  Blr!3’  De  DfL  ■  GalL  VH’  45  :  Fl'on,•  4-  5.  -  6  Edict.  Dioclet.  VII, 

Mulelicî-o H6*1  '  ,6  IX’  5  X’  18-  —:Co,'P-  inscr-  lat.  IV,  97,  113,  134. 

V,  7S37  nomi',es  ]ln,l-  I".  )05;i7  (bas-relief  représentant  une  roue  et  un  fouet! , 

niulols  •  u  aS.r°  i°  ni  P  mutetler  devant  un  chariot  à  quatre  roues  attelé  de  deux 
,  Musée  de  Turin)  ;  VI,  9046;  XII,  2462  c. 

-  ' /éJME®*CUS-  1  CorP-  inscr- 4at-  V,  2183.  _  2  Corp.  inscr.  gr.  1933. 
toire  d’un"  ,  ,  Lclronll(,’  1,ec-  'b  >73-  ~  3  Aclian.  Nat.  anim.  XI,  31,  his- 

«Ics  Vélé"  a"f|"cl  SéraPis  "ndit  l’usage  de  l’œil  droit.  -  G  |.0UP  llne  Iislc 

maires  connus  et  de  leurs  œuvres,  voir  Fabricius,  Biblioth.  graec.  t.  VI, 


\elei  inaire  impérial,  Kato-apo?  tir7rtarp<l<,  attaché  sans 
doute  aux  écuries  de  Pempereur  n. 

Les  vétérinaires  sont  énumérés,  au  Digeste,  parmi 
les  artisans  exemptés  des  munera  graviora  par  le  fait 
même  de  la  profession  qu’ils  exercent 12. 

L’édit  du  maximum  de  Dioclétien  fixait  les  salaires 
des  vétérinaires  pour  la  tonsure  (xâpOpa),  l’entretien  des 
pieds  {aptatura  pedurn,  ivuyiffgôç),  la  saignée  ( deplctura , 
aTroTtX-qsojiTtç,  cf.  agaso,  fig.  172),  le  nettoyage  delà  tête,  des 
yeux,  des  narines,  etc.  ( purgatura  capitis,  xâOapu-ç)  ,3. 
Le  prix  de  chaque  opération  est  fixé  par  unité  d’animal 
traité;  le  vétérinaire  ne  travaille  pas  à  la  journée,  mais 
<x  la  tâche  (six  deniers  pour  les  deux  premières  opéra¬ 
tions,  vingt  pour  les  deux  autres). 

L 'aptatura  pedurn  constituait  naturellement  la  prin¬ 
cipale  préoccupation  du  mulomedicus ,  car  le  pied  est  à 
la  fois  la  partie  la  plus  délicate  des  équidés  et  celle  dont 
le  bon  état  est  le  plus  indispensable  à  leur  emploi14. 
Les  anciens,  qui  ne  connaissaient  pas  la  ferrure  à  clous, 
veillaient  avec  un  soin  particulier  à  l’hygiène  des  sabots' 
sans  cesse  menacés  par  l’humidité  des  écuries,  par  l’as- 


Fig.  5153. —  Vétérinaire. 


périté  des  routes  et  par  les  déformations  pathologiques 
de  la  corne.  On  appréciait  chez  le  cheval  l’épaisseur  et  la 
durete  de  1  ongle;  on  voulait  que  le  sabot  du  coursier 
résonnât  sur  le  sol  comme  une  cymbale  ( sonipes , 
yaÀxoTrou;)  .  Les  écuries  devaient  être  bien  sèches  et 
pourvues  d’un  sol  qui  ne  fût  ni  trop  raboteux  ni  trop 
lisse"'.  Malgré  les  précautions  prises,  l’usage  des 
onguents  et  des  frictions  avec  du  vin17,  les  maladies  de 
la  corne  étaient  très  fréquentes,  par  suite  surtout  de  l’état 
des  routes  ;  les  chevaux  destinés  au  cirque  en  souffraient 
aussi  ( ungulae  allritae ,  detritae ,  subtritae)'\  et  les 
animaux  de  bât,  mulets  ou  ânes,  tombaient  boiteux  par 
usure  des  sabots16.  La  cavalerie  d’Alexandre,  en  Asie, 
perdit  ainsi  un  grand  nombre  de  ses  chevaux20. 

On  conseillait  de  rafraîchir  l'ongle  en  le  coupant21  ; 
cela  était  surtout  nécessaire  chez  les  chevaux  dont  là 
corne- trop  allongée  détruisait  l’aplomb22.  Cette  opération 
rentrait  dans  X aptatura  pedurn,  dont  il  est  question  dans 
1  Édit  de  Dioclétien.  L’outil  en  bronze  à  lame  de  fer  dont 


on  se  servait  a  cet  effet,  le  boutoir,  ferra  mention  conci- 


p.  494  (1.  VIII,  p.  9,  éd.  Harles.  ;  Panly,  Iieal-Encycl.  art.  hipf.atiuca,  p  135*  et 
Krnmbaclier,  Gesch.  der  bys.  Litt.  2*  éd.  p.  263.  _  7  Touffel,  Gesch.  der  ht  lin 
éd.  !..  Schwabc,  t.  Il,  p.  1103.  -  8  Un  affranchi  medicus  veterinarius ,  Corp 
ln*cr  lat ■  V  2183.  -  9  Corp.  inscr.  gr.  1953  ;  O0.X,?„v*s 

o  Hygin.  De  mun.  castr.  4.  U  Marquardt,  Itôm.  Staatsverwalt.  II,  p  557  Le  ren 
voi  qu’il  donne (Ephem.  arch.  11,692)  paraît  inexact.  —  12 Dig.  L,  6  6  -  13  Edict 
Diocl.  éd.  Mommsen  et  Bliimner,  VII,  20.  -  H  G.  Robert,  lier,  'arch  1870  II  '  »7 
-  18  Hom.  n.  VIII,  41  ;  Pind .Pyth.  IV,  226(4.«.5/a,s,V;);  Colnm.  /?.  rust '  VI  »9 
Xen.  nEp.  'I™.  1.  -  IG  Xen.  Uîp.  4;  WP/.  I  ;  Colnm.  /t.  rust  I  73  •’  IV 
30.  _  1/  Veget.  Afulomed.  I,  56;  II,  58.-18  /Airf.  R,  55.  _  ,0  Ap„|  A,,  U,, 
4.  -  20  Diod.  XVII,  14.  _  21  Veget.  Mulomed.  I,  56.  -  22  Apul  4/ef.  lX  ll 


MUL 


—  2012  — 


MUL 


sorium,  crp.t X-r, ,  «rgiÀtov,  était  aussi  employé  dans  diverses 
opérations  do  chirurgie  vétérinaire  comme  la  desso- 
lure *.  Ch.  Robert  a  décrit  et  figuré  des  instruments 
qu’il  considérait  comme  des  boutoirs  et  dont  le  plus 
intéressant  est  conservé  au  musée  de  Grenoble  :  le 
miilomedicus  est  au  moment  de  panser  le  pied  du 
cheval  Stratilatès  (fig.  5153) 2.  Sur  un  autre  objet 
de  la  même  série,  à  Naplés3,  un  homme  soutient 
de  la  main  gauche  la  jambe  d'un  cheval  et  dirige  de 
la  main  droite  un  outil  contre  le  sabot  de  l’animal 
(fig.  5154) L 

Pour  préserver  les  pieds  des  animaux  dans  les  terrains 


Fig.  5154.  —  Bouloir  de  vétérinaire. 


fangeux  ou  rocailleux,  on  les  chaussait  de  sandales 
[soleae)  qui  étaient  tantôt  en  métal,  tantôt  en  sparte  ou 
jonc  d’Espagne.  Les  Grecs  appelaient  ces  sandales 
ÛTroovi grra 5,  tWou  Ô7toSrjgaxa 6.  U  est  question,  dès  le 
ivc  siècle  av.  J.-C.,  de  chaussures  en  cuir,  xapSaxtvai,  à 
l'aide  desquelles  on  préservait  les  pieds  des  chameaux 
qui  suivaient  les  armées  7.  C’est  avec  des  xapêaxtvai  de  ce 
genre  que  les  soldats  de  l’expédition  des  Dix  Mille 
remplacèrent  les  souliers  qui  leur  manquaient8.  Dans 
YAnabase,  Xénophon  raconte  qu’en  traversant  une 
région  montagneuse  et  couverte  de  neige,  on  attacha 
de  petits  sacs,  souda,  auLour  des  pieds  des  bêtes  de 
somme,  afin  d’empêcher  qu’elles  n’enfonçassent  jusqu’au 
ventre9.  Catulle  parle  d’une  mule  qui  laisse  sa  sole 
(ferream  so/eam)  dans  un  marécage10.  Poppée,  la  femme 
de  Néron,  fit  chausser  ( induere )  ses  mules  de  sandales 
d'or  11  ;  celles  de  Néron  avaient  des  sandales  d’argent 12. 
Suétone,  dans  sa  Vie  de  Vespnsien ,  parle  d’un  muletier 
qui  s’était  arrêté  pour  chausser  les  mules  de  l’attelage 
impérial13.  Cette  histoire  montre  que  l’opération  consis¬ 
tant  à  chausser  ( calceare )  les  mules  pouvait  s'effectuer 
en  chemin  et  sans  l’intervention  d’un  spécialiste,  ce  qui 
serait  inadmissible  s’il  s’agissait  d’une  ferrure  à  clous. 
D’autre  part,  il  en  ressort  que  les  sandales  n’étaient 
attachées  aux  pieds  des  animaux  qu’à  certains  moments, 
lorsque  la  route  devenait  mauvaise,  et  qu’elles  n’étaient 
pas  uniquement  destinées  à  protéger  des  pieds  malades, 
car  Vespasien  ne  se  fût  pas  mis  en  route  avec  un  attelage 
de  bêtes  avariées1*. 


Il  n  en  est  pas  moins  certain,  par  le  témoignage  iL 
vétérinaires  anciens,  que  la  soiea  de  sparte  ou  de W, 
était  en  usage  pour  préserver  les  sabots  atteints  1 
fissures  ou  d  autres  maladies.  On  l’attachait  avec 
lacets  ou  des  cordelettes  (, lemnisci ,  fasciolaeV 8  p"! 
traiter  le  piétin  des  bœufs,  Columelle  conseille  de  revêt; 
le  pied  d’une  solea  spartea  ",  chaussure  encore  employée 
par  les  paysans  espagnols.  Le  même  conseil  est  donné 
par  Palladius  qui,  dans  un  autre  passage,  montre  que  la 
sandale  de  rebut,  vêtus  spartea  qua  animalia  calceantur 
était  considérée  comme  prophylactique,  au  même  titre 
que  les  fers  des  chevaux  de  nos  jours11. 

Les  archéologues  modernes  appellent  hipposandales 18 
certains  objets  en  fer  affectant  la  forme  de  chaussures 
ouvertes,  pourvues  latéralement  de  deux  rebords  et,  à  la 
partie  postérieure,  d’une  tige  surmontée  d’un  crochet  ou 
d’un  anneau.  On  a  proposé  le  nom  de  busandale  pour 
des  objets  analogues,  mais  plus  petits,  qui  auraient 
servi  à  garantir  les  pieds  des  bœufs,  comme  les  hippo¬ 
sandales  protégeaient  ceux  des  chevaux  et  des  mulets. 

Ces  armatures  métalliques,  qu’on  a  parfois  considérées 
comme  des  sabots  de  voiture,  des  étriers,  des  entraves, 
des  supports  de  lampe,  etc. 19,  se  sont  rencontrées  en 
grand  nombre  en  France,  en  Belgique,  en  Suisse  et  dans 
l’Allemagne  occidentale  ;  on  en  trouve  aussi  en  Angle¬ 
terre,  mais  elles  sont  rares  ou  font  défaut  en  Italie  et 
dans  les  provinces  orientales  de  l’Empire.  Elles  semblent 
être  particulièrement  fréquentes  dans  les  endroits  autre¬ 


fois  occupés  par  les  légions,  comme  les  camps  de  Saal- 
burg,  de  Heddernheim  et  de  Dalheim.  Notre  figure  5157, 
d’après  un  dessin  de  M.  Bonsor,  en  réunit  les  principaux 
types  et  indique  la  manière  dont  l’hipposandale  peut 
avoir  été  attaché  au  sabot20.  Nous  reproduisons  a  part 
(fig.  5155,  5156)  un  modèle  insolite  découvert  à  Verlillum 
(Côte-d’Or),  dont  la  partie  centrale  est  évidée  et  dont  les 
branches  sont  fixées  à  l’arrière  par  deux  gros  rivets 
Un  des  derniers  auteurs  qui  ait  traité  la  question, 
M.  L.  Jacobi22,  repousse  l’opinion  de  MM.  Lindenschmil, 
Cohausen,  etc.,  qui  croyaient  les  hipposandales  réservés 
aux  sabots  des  bêles  malades.  Us  sont,  pour  cela,  beau¬ 
coup  trop  nombreux;  à  Dalheim  comme  à  Saalburg,  on 


1  Ch .  Robert,  Rev.  arch.  187G,  II,  p.  ,32;  Vegel.  Alulomed.  II,  50. 

—  2  Ibid.  p.  12.  —  3  Ibid.  p.  19.  —  ’*  Fragments  d'outils  analogues  dans  le 
recueil  de  Caylus  (IV,  84)  et  au  Musée  de  Bar-le-Duc  (Rev.  arch.  1870,  11’ 
p.  22).  —  »  Arr.  Epict.  Diss.  IV,  1,  80.  —  6  Artemid.  Oneir.  IV,  30 

—  7  Arist.  Hist.  anim.  Il,  2.  —  8  Xen.  Anab.  IV,  3,  li.  —  9  Ibid.  IV,  5,  30. 

—  10  Calull.  XVII,  20.  —  11  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  140.  —  12  Sue!.'  Ner.  30. 
En  10S3,  en  Italie,  il  est  encore  question  de  chevaux  de  luxe  munis  de  chaussures 
d'argent  (P.  Nicard,  Mém.  de  la  soc.  des  Antiq.  1800,  p.  130).  —  13  Suet.  Vesp. 
23.  — 14  Blümner,  ap.  Mommsen,  Edict.  Diocl.  p.  110.  —  13  Colum.  VI,  12;Galcn. 
De  alim.  I,  9;  Veget.  Mulomed.  I,  20.  —  lu  Colum.  Ibid.  —  n  Pallad.  I,  24,  2. 

—  18  Bu.ll.  des  cumm.  belges ,  18G9,  p.  287;  Bull,  monum.  1808,  p.  129;  Congrès 
archéol.  1875,  p.  97  ;  Inst,  de  Luxembourg ,  1852,  1850,  1875  ;  Journ.  Brit.  Assoc. 


54,  p.  251;  Lindensclimit,  Alterth.  I,  12,  5;  IV,  28;  Rev.  arch.  U'O.P-  1  ’ 

75,  1,  p.  140;  1870,  II,  p.  28;  1900,  I,  p.  290.  -  19  Fleming.  Horse-s j1"8* 
wse-shocing ,  Londres,  1869;  Quicherat,  Rev.  arch.  1  F*  *  '  '  ?ay ^ 

mit  plus  tard  (pie  les  hipposandales  tenaient  lieu  de  ferrures  (Rev.  n$  * 

73,  l.  VI,  p.  255).  I.e  général  Pitt  Hivers  y  a  vu  d'abord  les  armatures  .nféueur^ 
s  brancards  de  traîneaux,  puis  des  snowshoes  ( Excav .  in  Cianboinc  ’  um, 

I,  p.  77-79).  —  29  Rev.  arch.  1900,  I,  p.  290.  Légende:  1,  2,  3,  lln“9  _  ,, 

couvert  à  Londres;  4,  8,  mont  Bcrny  (Oise);  9,  >oie  romaine  ^ 

arne);  10,  11,  Jura;  12,  13,  Alise-Sainte-Rciuc  (le  n®  13  est  un 


iu  par  le  personnage  gravé  fig.  5159;  15,  Carmona  (Espagne). 


- °  «  Y  „  ■  t  \r  /ioQK\  _  22  I,.  Jacobi,  Dût 

la  Soc.  archéol.  du  Chatillonnais,  t.  V  (ib»o). 

emerkastell  Saalburg ,  Hambourg,  1S97,  p.  ^>27. 


MUI 


—  2013 


M(J  F. 


(M1  a  trouvé  une  dizaine  ;  j’en  ai  vu  aussi  toute  une  série, 
provenant  de  Heddernheim,  au  musée  de  Francfort-sur- 
le-Mein.  On  a  découvert  en  Suisse  «  un  sabot  ayant  fait 
partie  d’une  garniture  complète  dont  furent  trouvés 
chaussés  les  quatre  pieds  d’un  même  animal  enseveli 


Fig.  5157.  —  Hipposantla'cs. 


sous  les  ruines  d’un  établissement  romain  à  Granges, 
dans  le  canton  de  Vaud1  »;  je  connais  également  un 
sabot  de  cheval,  encore  engagé  dans  un  hipposandale, 
découvert  dans  la  forêt  de  Compiègne.  Assurément,  les 
animaux,  dont  les  pieds  étaient  pourvus  de  ces  lourdes 
armatures,  ne  pouvaient  pas  courir;  mais  une  expérience 

faite  au  quartier  de  cavalerie  de 
Saint-Germain  prouve  qu’ils  pou¬ 
vaient  parfaitement  marcher.  Je 
crois  que  les  hipposandales  des 
archéologues  sont  bien  les  soleae 
métalliques  des  auteurs  romains 
et  que  l’usage  en  était  dicté  tantôt 
par  la  condition  du  terrain  à  par¬ 
courir,  tantôt  par  celle  du  sabot 
de  l’animal  qui  devait  être  em¬ 
ployé  sur  ce  terrain.  Un  curieux 
bas-relief  du  musée  de  Nancy 
(fig.  5158)  montre  un  personnage 
debout,  vétérinaire  ou  palefrenier, 
qui  porte  suspendu  à  la  main 
gauche  un  objet  analogue  ou 
identique  à  ceux  que  nous  appelons  des  hipposandales2. 

Si  nous  admettons  donc  que  dans  des  pays  humides 
et  rocailleux  les  pieds  des  bêtes  de  somme  ont  été  parfois 
pourvus  de  chaussures,  nous  croyons  que  certains 
archéologues3  ont  eu  tort  d’attribuer  aux  Grecs  et  aux 
bornai  ns  la  connaissance  de  la  ferrure  à  clous.  Les 
arguments  invoqués  par  eux  sont  tous  faciles  à  réfuter. 
Ainsi  l’on  allègue  certaines  expressions  poétiques 
d  Homère  et  de  Pindare  relatives  aux  sabots  d'airain  des 
chevaux4,  alors  qu’il  n’y  a  là  que  des  métaphores  suggé¬ 
rées  par  le  bruit  que  font  les  sabots  en  frappant  le  sol  ; 
si  Eustathe  a  compris  qu’IIomère  faisait  allusion  à  des 
Urs  à  clous8,  c’est  qu’à  l’époque  d’Eustathe  la  ferrure  était 


en  usage,  comme  elle  l’était  déjà  peut  être  dès  le  temps 
de  Tryphiodore,  au  vic  siècle6.  En  second  lieu,  on  cite 
des  monuments  romains  où  des  chevaux  sont  pourvus  de 
fers  à  clous;  mais  ceux  qu’on  met  en  avant  sont  faux,  ou 
ont  été  arbitrairement  restaurés1.  Enfin,  et  cela  est  plus 
sérieux,  on  énumère  de  nombreuses  découvertes,  toutes 
faites  dans  la  partie  occidentale  de  l’Empire,  où  des  fers 
à  clous  se  sont  trouvés  en  contact  avec  des  objets 
romains  de  basse  époque  et  —  détail  à  noter  —  avec 
des  hipposandales8.  Il  est,  en  effet,  possible  que  le 
passage  de  la  chaussure  à  la  ferrure,  par  la  substitution 
des  clous  aux  courroies  comme  moyen  d’attache,  se  soit 
effectué  dans  l’est  de  la  Gaule  vers  le  ive  siècle  de  l’Em¬ 
pire;  mais  on  ne  peut  dire  que  la  preuve  en  soit  faite.  Le 
silence  des  auteurs  anciens,  Xénophon,  Aristote,  Polybe, 
Pollux,  ainsi  que  celui  de  tous  les  agronomes  et  vétéri¬ 
naires,  exclut  absolu¬ 
ment  l’hypothèse  de  l’u¬ 
sage  des  fers  à  clous  à 
l’époque  classique.  Tous 
ces  auteurs,  qui  se  sont 
occupés  des  soins  à 
donner  aux  chevaux  et 
à  leur  équipement,  n’au¬ 
raient  pas  manqué  de 
parler  des  fers  s’ils 
avaient  été  usités,  à  leur 
époque,  même  par  les 
peuples  barbares  limitrophes  du  monde  gréco-romain9. 
Aussi  ne  faut-il  recevoir  qu’avec  scepticisme  l’annonce  de 
la  découverte  de  ferrures  de  chevaux  dans  une  tombe 
étrusque  de  Corneto10;  si  ces  quatre  objets  de  bronze 
ont  véritablement  appartenu  à  un  cheval,  on  peut  y  voir 
des  espèces  de  sandales  plutôt  que  des  fers  (fig.  5159). 

Même  à  l’époque  mérovingienne,  l’emploi  des  fers  à 
clous  est  loin  d’être  avéré".  Nous  ne  possédons  aucun 
témoignage  écrit  antérieur  au  xne  siècle  sur  la  ferrure 
des  chevaux  en  Allemagne;  les  fers  à  cheval  manquent 
dans  les  nécropoles  allemaniques,  franques,  burgondes 
el  visigothiques.  Dans  la  littérature  anglaise,  la  plus 
ancienne  mention  d’un  fer  à  cheval  est  de  1387.  Un  mot 
comme  hors-scoh  aurait  pu  fort  bien  exister  en  anglo- 
saxon;  mais  il  n'existe  pas.  C’est  encore  à  Byzance  que 
l’on  trouve  les  plus  anciennes  mentions  des  fers  à  clous, 
7t£OtXot  ffsXrjva!*  atoijoEx  gsri  xapcpùov  aù-rwv,  dans  la  Tac¬ 
tique  militaire  de  l’empereur  Léon  VI  (ixe  siècle); 
les  ssÀTjVxta  faisaient  partie  de  l’équipement  des  chevaux 
qui  devaient  être  fournis  aux  écuyers  de  l’empereur12. 
Nous  avons  déjà  vu  qu’Eustathe,  au  xue  siècle,  est  si 
familier  avec  l’usage  des  fers  à  clous  qu’il  veut  y  décou¬ 
vrir  une  allusion  dans  Homère. 

En  somme,  les  anciens  ont  quelquefois  chaussé  leurs 
chevaux;  ils  ne  paraissent  pas  les  avoir  jamais  ferrés. 
L’emploi  des  chevaux  dans  des  pays  difficiles,  surtout  en 
Occident,  a  donné  naissance  à  un  type  de  chaussure 
métallique  mobile,  l’hipposandale,  qui  s’attachait  avec 
des  courroies;  plus  tard  l’idée  est  venue,  dans  les  mêmes 


1  Quicherat,  art.  cité,  p.  251.  —  2  fb.,  S.  Reinacli,  Guide  illustré  du  Musée  de 
S oint-Germain ,  p.  95,  fig.  72  ;  I lev.  des  soc.  sac.  1873,  VI,  p.  254.  —  3  Troyon, 
Bunsleüen,  Quiqucrcz,  Caslan,  etc.  —  4  Voir  noie  15,  p.  2011.  Virgile  parle  de  même 
'Inné  aeripes  cerva  {Aen.  VI,  803).  —  l>  Enstalh.  Ad  11.  XI,  152  :  Xéyti  tSl 
rs*V#ï«  -ri  !,:)>  t-u;  r. o A  t,:1v  V--W. .  —  G  Trypliiod.  ’IXîoj  SA u<rt(,  8G.  Ce  vers 
P(ut  d'ailleurs  s’expliquer  dans  l'hypothèse  de  sandales.  —  7  Exemples  cités  par 
Nicard,  Mém.  de  la  soc.\ies  Antiq.  18G6,  p.  117  sq.  —  s  Floues!,  Art.  cité 

VL 


(à  Vertillum).  —  9  11  n’est  pas  non  plus  question  de  fers  à  clous  dans  les  descrip¬ 
tions  des  forges  de  campagne,  et  il  n’est  jamais  fait  mention  de  maréchaux-ferrants 
(Bouley,  art.  ferrure  du  Dict.  pratique  de  médecine,  de  chirurgie  et  d’hygiène 
vétérinaires).  —  10  Amer.  Journ.  of  archaeol.  1902,  p.  398.  —  Il  On  révoque  en 
doute  la  découverte  d'un  fer  à  clous  dans  la  tombe  de  Cliildéric  à  Tournai  (Monl- 
faucon,  Monuments  delà  monarchie  française,  t.  II,  p.  16,  pl.  vi).  —  12  Léo, 
Tact.  V,  4  Const.  Porphyr.  Cerem.  4G0. 


“253 


MIL 


—  201  i 


MUL 


régions,  de  substituer  le  clou  à  l'attache  et  il  en  est  résulté 
l’usage  de  la  ferrure  qui,  aujourd’hui  encore,  est  loin 
d’être  admise  dans  tous  les  pays  où  l’on  emploie  des  ani¬ 
maux  de  trait  ou  de  selle1.  Salomon  Reinach. 

MULTA.  —  Pour  la  Grèce,  voir  epibolé. 

Chez  les  Romains,  l’amende  proprement  pénale1  a  été 
désignée  surtout  par  les  deux  mots  inulta  et  poena.  Le 
mot  milita,  dont  la  racine  est  douteuse,  mais  qui  parait 
contenir  l'idée  de  multiplication  ( multus ) 2,  s’est  appli¬ 
qué  d'abord  à  la  plus  ancienne  amende,  à  l’amende  de 
coercition  des  magistrats3;  puis  il  a  été  appliqué  suc¬ 
cessivement  aux  amendes  prononcées  dans  les  comices, 
sur  la  proposition  des  magistrats,  et  aux  autres  espèces 
d'amendes  h  L’amende  qui  équivalait  à  une  composition, 
facultative  au  début,  obligatoire  dès  l'époque  de- la  loi 
des  Douze  Tables  pour  la  plupart  des  délits  privés,  s’ap¬ 
pelait  primitivement  damnuni 3  ;  mais  ce  mot  fut  sup¬ 
planté  de  bonne  heure  par  le  mot,  d’origine  grecque, 
poena  ;  dans  les  Douze  Tables6  la  composition  fixe  poul¬ 
ies  injures  corporelles  s’appelle  déjà  poenae  ;  le  mot 
poena  finit  par  désigner 1,  dans  les  délits  publics  et  pri¬ 
vés,  toutes  les  peines,  pécuniaires  et  autres,  quoique 
beaucoup  de  textes  opposent  encore  la  multa  à  la  poena , 
pour  distinguer  les  amendes  des  autres  peines8. 

On  trouve  donc  l’amende  dans  le  droit  pénal  public  et 
privé,  presque  toujours  comme  peine  principale,  rare¬ 
ment  comme  peine  accessoire,  si  ce  n'est  en  certains  cas 
et  surtout  au  Bas-Empire.  Elle  est  exprimée  au  début  en 
bétail3,  plus  tard  en  numéraire,  quelquefois,  au  Bas- 
Empire,  en  têtes  d’esclaves10.  Mais  on  peut  assimiler  à 
une  amende  la  confiscation  d'une  partie  de  la  fortune, 
par  exemple  d’un  fonds  de  terre.  En  laissant  de  côté  le 
Sacramentum,  on  peut  distinguer  quatre  formes  princi¬ 
pales  d’amendes  :  l’amende  de  coercition,  l’amende  popu¬ 
laire,  c’est-à-dire  infligée  parles  magistrats  et  soumise 
à  l'appel  devant  les  comices,  l’amende  légale  fixe, 
l’amende  arbitrale  variable;  et  trois  formes  accessoires, 
les  amendes  testamentaire,  contractuelle  et  sépulcrale. 

I.  Amende  de  coercition11.  —  Elle  fut  d’abord  employée 
par  les  magistrats  patriciens,  sans  limitation  ;  puis  il  y 
eut  une  limitation,  sans  doute  avant  la  loi  des  Douze 
Tables,  mais  à  une  date  que  nous  ne  pouvons  fixer  ;  la 

l  Voir,  sur  la  question  de  la  ferrure,  Annalen  des  Vereins  fur  nassaaische 
Altertli.  1888  ;  Archaeol.  XLV  (1880),  p.  402;  Bonn.  Jahrb.  LXXX1V,  p.  28; 
Bonstelien,  Antiq.  suisses,  suppl.  p.  15;  Bull,  monum.  1881,  p.  771;  Corr. 
Blatt.  der  anthrop.  Ges.  1889,  p.  0;  1893,  p.  55;  Jacobi,  Saalburg,  p.  529  et 
passim;  Matériaux,  t.  XIX,  p.  541  ;  Mém.  de  la  soc.  des  antiq.  1806,  p.  64-114; 
Jtev.  d' anthrop.  t.  VI,  p-  377  ;  Bev.  arcli.  1857,  p.  59G  ;  1872,  I,  p.  19.3;  1870,  II, 
p.  27;  1903,  I,  p.  284;  Bev.  soc.  sac.  1869  (X),  p.  376;  1873  (VI),  p.  250;  Ver  h. 
berl.  Ges.  für  Elhnol.  t.  XIV,  p.  105;  t.  XV III,  p.  317;  t.  XX,  p.  34;  t.  XXIV, 
p.  269  ;  Proceei.  of  the  soc.  of  antiq.  of  Cambridge,  1903,  p.  249;  Mém.  de  la 
comm.  des  antiq.  de  la  Côte-d’Or,  VIII,  p.  173  ;  IX,  p.  307  ;  art.  equus  du  Dict. 

p  &02.  _  Bibliographie.  Outre  les  ouvrages  et  articles  cités  plus  haut,  voir 

A.  Baransky,  Die  Thiermedicin  im  Alterthum,  in  Oesterr.  Vierteljalireschrift  für 
wissenschaftliche  Veterinürkunde,  Vienne,  1885;  Eiclibaum,  Grundriss  der 
Geschichte  der  Thierheilkunde,  Berlin,  1885. 

MULTA.  1  Nous  laissons  de  côté  les  amendes  contractuelles  des  particuliers. 
Multa  n'a  jamais  signifié  ce  genre  d'amendes.  —  2  Varr.  De  l.  I.  5,  177.  D  après 
Mommsen,  Strafrecht,  p.  50,  n.  2,  il  faut  peut-être  ajouter  à  multa  le  mot  dictio 
ou  coercitio .  —  3  Varr.  L.  c.\  Plaut.  Capt.  494;  Jtud.  prol.  20;  Lcx  Alalac.  c.  6 
[Corp.  inscr.  lut.  2,  1903-04).  —  4  Lcx  luci  Spolet.  (Bruns,  Fontes ,  5e  éd.  p.  2410) 
Lex  Tudert.  (Corp.  inscr.  lat.  11,  4032;  Cic.  Verr.  1,  00,  155,  150;  Pro  Clu.  35, 
90;  37,  163;  39,  91  -,  Pro  Caec.  30,98;  Brut.  34,  131;  Ad  Hcrenn.  1,  11,20;  De 
rep.  2,  35,  00);  Lex  Tarent.  2,  14  (Bull,  deli  Islit.  di  diritlo  rom.  1890,  p.  7)  ; 
Lex.  Col.  Jul.  Genet.  (C.  inscr.  lat.  2  suppl.  5439,  c.  81).  —  5  De  dure.  Damnas 
ou  damnatus  signifiait  «  condamné  à  donner  ».  —  0  8,  4.  —  7  Dès  l'époque  de  Caton 
(Gell.  6,  3,  37).  —  8  Cic.  De  leg.  3,  3,  G;  Ad  Alt.  3,  23,  3;  Lex  Geneliv.  c.  96, 
Lex  Tudert.  I.  8.  —  9  Plin.  Uist.  nat.  33,  3.  —  10  Cod  Tlieod.  4,  8,  5,  §§  1  et  8; 
Cod.  Just.  0,  I,  4.  —  U  Sur  la  coercition,  voir  magistratus,  p.  1528-1529. 
_ 1»  plut.  Popl.  1 1,  où  il  y  a  cinq  boeufs  au  lieu  de  trente.  —  13  Fesl.  s.  ».  Pecula- 


légende  la  place  tantôt  au  début  de  la  République  « 
tantôt  à  la  loi  Menenia  Sextia  de  452  av.  J  -C  >3  |an  ’ 
à  la  loi  Aternia  Tarpeia  de  454  u.  Dès  lors  les  magisfolu 
ne  pouvaient  pas  demander  en  un  même  jour  plus 
de  deux  moutons,  et  de  trente  bœufs15.  Le  plus  x*tU 
tarif  s’appliquait-il,  comme  le  dit  Festus,  aux  petits 
délits16,  ou,  comme  le  veut  Mommsen17,  aux  citoyens 
pauvres?  On  ne  peut  se  prononcer  sur  ce  point  ‘  Les 
amendes  prononcées  le  même  jour  contre  une  même 
personne  se  confondaient.  La  légende  attribue  la  trans¬ 
formation  de  l’amende  de  bétail  en  amende  d’argent  à 
une  loi  .Iulia  Papiria,  de  430 18,  postérieure  de  vingt  ans 
à  la  loi  des  Douze  Tables  qui  cependant,  dans  la  rédac¬ 
tion  que  nous  avons,  ne  connaissent  déjà  plus  que  des 
amendes  d’argent.  Le  mouton  fut  estimé  à  10  as  et  le 


bœuf  à  100;  la  multa  minima  fut  donc  de  10  as  la 
multa  suprema  ou  maxima  de  3  020  as  ou  sesterces 19  ■ 
mais  jusque  sous  l’Empire  on  employait  encore  la  vieille 
formule  20.  Nous  ne  savons  pas  s’il  y  eut  la  même  limite 
dans  le  droit  municipal.  Les  magistrats  patriciens,  auto¬ 
risés  à  infliger  la  multa  suprema  sans  appel  au  peuple, 
étaient  ceux  qui  avaient  la  juridiction,  c’est-à  dire,  selon 
la  légende,  le  roi  et  les  decemvlr i  legibus  scribundis , 
puis  les  consuls,  les  censeurs  et  les  préteurs21,  à  l’armée 
et  en  dehors  de  Rome  les  proconsuls  et  les  propréteurs 
revêtus  de  Y  imperium,  et  les  tribuns  militaires22.  On 
accorda  aussi  le  droit  d’amende,  sans  doute  illimité, 
mais  avec  appel  au  peuple,  au  grand  pontife23  et.au  rex 
sacrorum2!> .  Les  commissaires  agraires  l’eurent  égale¬ 
ment,  nous  ne  savons  dans  quelle  mesure,  mais  proba¬ 
blement  aussi  avec  appel  au  peuple23.  Il  fut  accordé  de 
même  à  certains  fonctionnaires  créés  postérieurement, 
ainsi  aux  curatores  aquarum 26,  mais  pas  aux  procura¬ 
teurs  impériaux27.  Les  magistrats  municipaux  l’ont  eu, 
sauf  ceux  d’origine  postérieure,  tels  que  le  defensor 
civitatis  et  le  curât  or  reipublicae 28.  Les  magistrats 
plébéiens,  tribuns,  édiles  de  la  plèbe,  et  par  assimilation 
édiles  curules,  ont  dû  aussi  avoir  l’amende  de  coerci¬ 
tion29:  sous  l’Empire  on  trouve  des  tarifs  spéciaux  poul¬ 
ies  tribuns  et  les  édiles30;  sous  la  République,  les  édiles 
ont  peut-être  pu,  même  sans  invoquer  de  loi  pénale  spé¬ 
ciale,  infliger  de  grosses  amendes  sous  la  réserve  de 


:ns,p.  237.  —14  Dionys.  10,  50  ;  Gell.  H,  1.  Cicéron  (De  rep.  2,  3,  5)  parait  plutôt 
issigner  à  celle  dernière  loi  la  transformation  du  sacramentum  pour  lequel  1rs 
imendes  de  500  et  de  50  as  auraient  remplacé  les  tètes  de  bétail.  —  lj  'air-  aP' 
ïell.  11,  1  ;  Fest.  s.  ».  Maximum  multam,  p.  144;  s.  ».  Ovibus,  p.  202,  s.  ».  Pccu 
lat  us,  p.  213,  237.  Ce  sont  les  pecora  multaticia  (Fesl.  p.  102)  qu  ou  emm  ne 
avertere,  adigere)  pour  les  réunir  aux  troupeaux  publies  ou  les  vendre  (  ic.  « 
•en.  2  3,  5;  Gell.  Il,  1,  2).  —  Ilusclike  ( Die  Multa  und  dus  Sacramentu  ) 

;roit,  d'après  Gell  (11,  I,  4),  que  le  pclit  tarif  s’appliquait  surtout  au  refus  do  yr 

i  une  citation,  qui  est,  en  effet,  un  cas  fréquent  d'amende  (Dig.  2,  .»,  -,  »  '  ’ 

4,  1,  §  3  ;  Cod.  Theod.  2,  18,  2).  —  n  L.  c.  p.  50.  —  l»  Cic.  De  rep.  .  3  •  ' 

4,  30,  3.  Autre  opinion  dans  Dionys.  9,  27.  —  19  C  est  peut-étie  c.  e  1 

nfligée  à  un  juré  pour  une  conlravenlion  dans  la  lcx  Aciha  rePe  “a  une 

;es  multam  suprema, n  debeant  »  (C  •*  'Dererust.  2,  1,9. 

imende  du  môme  genre  dans  I  lin.  Ep.  5,  ».  5  |0; 

-  21  Liv.  3,  55  ;  43,  16;  Cic.  De  leg.  3,  3  -,  De  rep.  2,  3,  5;  Gell •  1  G  . _  -  ■> 
fesl.  a.  ».  Censionem  ;  Plut.  Cam.  2;  Cal.  Fragm.  p.  49  (c  ■  op  ■  ’  de 

13,  28;  Dig.  25,  4,  1,  §  2-3;  11,  5,  I,  §  4;  3,  5,  2,  §  1  ;  4,  8  32,  J  ^ 
Plutarque  (Devitios.  pud.  15)  ne  prouve  pas  que  les  queslcms  i  ^  P  3  lfl;  ^ 
amendes.  -  »  Polyb.  6,  37;  Plut.  Cal.  min.  37;  D, g.  I, ■  ®  ’  j.’w,42; 

4,  2;  50,  16,  131.  —  23  Dionys.  2,  73;  Cie.  P  lui.  Il,  8,  ,  1  •  >  J  35’  cieéron 

Epit.  47.  —  24  Macrob  Sut.  I,  46,  9;  Fest.  p.  224,  s.  ».  >aeci  •  ^ 

se  plaint  que  les  décemvirs  aient,  d'après  la  loi  agraire  «  ’  _  2i  Cod. 

nrovocatione  (De  leg.  agr.  2,  13,  33).  -1'  Iiontin.  ^  certains 

51,  !,  3|  »,  »,  ,  ;  -  Bas- Empira  !..  Ç,  „  «. 

ilélils  (JVor.  Valent.  IM.  ■  t.  i  '  -  0  •  ,,  3, g,  8; 

List.  1,  54,3;  Sic.  Place.  De  cond.  agr.  I  el  ».  •_  3Q  Tan  AMl 

C.  ,.  I.  I,  003,  181,  p.  33.-  29  D'après  Dionys.  10,50. 

13,  28. 


MUL 


—  2015  — 


MUL 


l  appel  au  peuple  1 .  Sous  l’Empire,  le  droit  des  magistrats 
d’infliger  des  amendes  de  coercition  a  été  naturellement 
de  plus  en  plus  restreint  par  l’établissement  des  amendes 
lixes;  elles  n’entraînent  pas  l’infamie  et  ne  doivent  pas 
dépasser  une  certaine  limite,  sous  peine  de  nullité2;  il 
v  a  des  tarifs  différents  selon  le  rang  des  fonctionnaires 3  ; 
au  Bas-Empire,  il  est  de  50  livres  d’or  pour  les  préfets  du 
prétoire  et  probablement  pour  tous  les  fonctionnaires 
illustres  4 .  Une  loi  d’Arcadius  et  d’IIonorius  5  fixe  les 
tarifs  suivants  :  pour  lés  simples  gouverneurs  deux  onces 
d’or;  pour  les  gouverneurs  spectabiles ,  trois;  pour  les 
proconsuls,  le  comte  d'Orient,  le  préfet  d’Égypte  et  les 
vicaires,  six;  ces  magistrats  ne  peuvent  infliger  plus  de 
trois  fois  cette  amende-  à  la  même  personne  pour  le 
même  fait  en  un  an,  sous  peine  de  rembourser  le  double 
au  condamné  et  le  simple  au  fisc.  On  trouve  en  outre 
d’autres  amendes  spéciales;  ainsi  les  négligences  des 
exsecutores  litium  sont  punies  d’amendes  qui  varient 
selon  le  rang  des  magistrats6.  On  peut  assimiler  aux 
amendes  de  coercition  les  amendes  employées  par  les 
chefs  militaires  contre  leurs  subordonnés1. 

L’amende  de  coercition  est  applicable  aux  femmes, 
mais  non  aux  mineurs  pour  qui  elle  est  remplacée  par  le 
fouet8.  Elle  suppose,  pour  être  valable,  une  désobéis¬ 
sance  intentionnelle 9.  Pour  la  procédure,  sous  la  Répu¬ 
blique,  la  multae  dictio  doit  en  général  avoir  lieu 
publiquement,  en  présence  du  délinquant,  sauf  dans  les 
cas  de  contumace  et  de  mépris  d’une  citation;  elle  peut 
être  prononcée  immédiatement  contre  une  faute  com¬ 
mise;  pour  obtenir  un  acte,  le  magistrat  peut  élever 
l’amende  plusieurs  fois  jusqu’à  ce  qu’il  ait  atteint  le 
maximum.  Il  peut  y  avoir  intercession  10.  Sous  l’Empire, 
il  peut  y  avoir  pendant  quatre  mois  appel  des  amendes 
des  tribuns  aux  consuls  et  au  Sénat".  Un  juré  appelle 
au  Sénat  d’une  amende  que  lui  a  infligée  le  préteur  qui 
préside  le  jury  des  repetundae'-.  Il  y  a  appel  au  procon¬ 
sul  de  l’amende  du  légat13,  et  au  sénat  municipal  des 
amendes  des  magistrats  municipaux". 

II.  Amende  populaire.  —  Sauf  pour  la  coercition,  le 
droit  pénal  primitif  ne  paraît  pas  avoir  connu  l’amende 15  ; 
tous  les  procès  publics  étaient  capitaux.  La  tradition 
légendaire  fait  cependant  infliger  de  grosses  amendes 
par  les  tribuns  de  la  plèbe  dès  leur  création,  soit  devant 
les  centuries,,  soit  devant  le  concile  de  la  plèbe  16.  La  loi 
des  Douze  Tables  donna,  sous  la  réserve  de  l’appel  au 
peuple,  les  procès  capitaux  aux  centuries,  les  amendes 
des  tribuns  et  des  édiles  de  la  plèbe  aux  conciles  plé¬ 
béiens,  les  amendes  des  édiles  curules  et  des  grands 

'Mommsen  le  conclutde  Gcll.  10,6.  —  ^  Dig.  50,  16, 244  ;  Cod.  Just.  1,54,  1  ;  7, 
Ci,  5.  —  3  Dig.  2,  5,  2,  §  1.  —  4  Cod.  Just.  1,  51,  4.  —  5  Ibid.  I,  54,  0.  —  6  Ibid. 
L  2,  3.  —  7  Dig.  49,  10,  3,  §  1.  —  8  Ibid.  25,  4,  1,  §  3;  Plin.  Hist.  nat.  9,  23, 
39.  —  9  Dig.  2,  5,  2,  §  1  ;  Lex  Alalac.  c.  66.  —  '0  Liv.  9,  16  ;  37,  51  ;  40,  42  ;  42, 
L  43,  10;  Gell.  11,  1,  6-7;  14,  7,  10;  Dig.  50,  IG,  244.  —  H  Tac.  Ann.  13,  28. 
—  12  Plin.  Ep.  5,  9.  —  13  Dig.  49,  3,  2  ;  cf.  1,  18,  G,  §  4.  C’esl  à  ce  point  de  vue 
<|ue  Paul  distingue  la  multa  de  la  poena  (Dig.  50,  16,  244).  —  U  Lex  Alalac.  c.  66. 
~  13  Denys  seul  (5,  19)  cite  l’amende  comme  peine  soumise  primitivement  à  l'appel 
au  peuple.  —  IG  Cic.  Pro  Sest.  30,  65;  Dedom.  32,  86;  Liv.  2,  35;  3,  12-14;  3,  31  ; 
D'onvs.  6,  90;  10,  48.  —  17  2000  as  (Liv.  2,  52).  —  18  Liv;  43,  8,  9;  Dio  Cass.  47, 
'*•  —  19  Liv.  3,  31  ;  4,  41  ;  5,  11,  12;  Dionys.  10,  48,  49.  —  20  Liv.  3,  31  ;  4,  44; 

3;  Dionys.  10,  49;  Val.  Max.  5,  3,  3.  —  21  Gell.  10,  G.  —22  Liv.  37,  58. 

22  Schol.  Dob.  in.Clod.  p.  337.  —  21  Liv.  25,  4;  Plut.  Cat.  mai.  19.  —  20  Liv. 
8.  38  ;  Dionys.  16,  18;  Plut.  Cam.  39.  —  20  Dionys.  13,  5.  —  27  Cic.  De  leg.  3,  3, 
6;  De  dom.  17,  45;  22,  58;  Gcll.  6,  19;.Plaul.  Capt.  494;  Suet.  Tib.  3  ;  Pro  Dabir. 
3>  8;  Lex  Dant.  (Corp.  inscr.  lat.  I,  197).  —  28  Lex  Silia  de  ponderibus  (Fest. 
P-  246) ;  Lex  Tudert.  (C.  inscr.  lat.  U,  4032);  Corp.  inscr.  lat.  p.  556,  no  1502 
(avec  la  restitution  de  Mommsen).  —  29  Liv.  10,  23,  11;  10,  31,  9;  10,  33,  9 ;  24, 
l6<  19;  27,  6,  19;  30,  39,  8  ;  31,  50,  2';  33,  25,  3;  34,  53,  4;  35,  10,  12;  38,  35,  5; 


pontifes  aux  comices  par  tribus  patricio-plébéiens.  Pour 
l’élude  de  ces  procès  et  de  ces  amendes  nous  renvoyons 
à  l’article  judicia  puislica  (p.  647-050).  Ajoutons  seulement 
ici  que  le  magistrat  a  plein  pouvoir  pour  fixer  le  chiflre 
de  l’amende.  Il  peut  descendre  au-dessous  des  3020  as 
de  l’amende  de  coercition17,  ou  aller  jusqu  à  une  somme 
énorme,  un  million  d’as18.  Le  taux  varie  selon  le  crime, 
le  rang  de  l’accusé,  la  passion  de  l’accusateur;  il  grossit 
avec  la  richesse  publique;  on  trouve  les  chiffres  de 
1000019, 1500020,  25 000 21 , 100000”,  120000 23 ,  200 OOO", 
500  000 25  as.  Les  très  grosses  amendes  ont  naturellement 
pour  but  d’obliger  l’accusé  à  s’exiler26.  Le  magistrat  peut 
faire  adjuger  l’amende  a  l’État  ( mullam  inrogure) 2  ‘ ,  ou 
l’attribuer  à  un  temple  (in  sacrum  judicare)2*  ;  c’est  cette 
seconde  attribution  qui  explique  les  nombreuses  cons¬ 
tructions  sacrées  faites  par  les  édiles  ex pecunia  multa- 
ticia ,  ex  acre  ou  argento  multaticio 29 .  Plusieurs  lois 
pénales  autorisent  le  magistrat  à  proposer  contre  le  délin¬ 
quant  une  amende  dont  il  fixe  lui-même  le  taux  et  qui  est 
sans  doute  alors  soumise  à  l’appel  au  peuple30.  Quelque¬ 
fois  il  a  le  choix  entre  cette  sorte  d'amende  et  l’amende 
fixe31.  Quelquefois  on  lui  fixe  le  maximum  qu'il  doit 
demander,  à  savoir  la  moitié32  ou  mille  sesterces  au- 
dessous  de  la  moitié  de  la  fortune  du  délinquant  33. 

III.  Amende  légale  fixe.  —  Les  amendes  légales  fixes 
sont  une  très  ancienne  institution,  puisqu'elles  sont  la 
base  de  la  procédure  du  sacramentum ,  et  elles  ont  passé 
de  bonne  heure  dans  le  droit  pénal  privé,  puisqu'il  y  a 
dans  les  Douze  Tables3'1  des  amendes  de  3Ü0  ou  de  150  as 
pour  coups  et  blessures,  selon  que  la  victime  est  un 
homme  libre  ou  un  esclave,  de  25  as  pour  injure,  dégât 
à  un  arbre.  A  l’époque  historique,  au  moins  jusqu’à 
l’Empire,  elles  sont  relativement  en  petit  nombre.  Ainsi, 
pour  le  délit  privé  d’injures,  elles  ont  été  remplacées  de 
bonne  heure  dans  presque  tous  les  cas  par  des  amendes 
variables;  contre  le  plagium  que  la  loi  F’abia  frappait 
d’une  amende  de  50000  sesterces36,  il  y  eut  plus  tard36 
la  relégation  et  la  confiscation  de  la  moitié  des  biens 
pour  les  honest tores,  l’envoi  aux  mines  ou  la  mort  pour 
les  humiliores 3;. 

L’amende  fixe  repose  toujours  sur  une  loi  spéciale; 
dans  le  sacramentum  où  il  y  a  le  dépôt  des  enjeux, 
l’exécution  est  en  quelque  sorte  anticipée;  ailleurs 
l’amende  est  une  dette  conditionnelle38.  La  réclamation 
est  indiquée  par  les  verbes  petere  ( petitio 39,  petitio 
persecutio,  actio  petitio  persccutio )‘°,  ou  exigere'*1  ;  le 
paiement  par  les  mots  dare,  dato ,  remplacés  le  plus  sou¬ 
vent  par  la  formule  dare  damnas  esto  12  qui  est  une 

Plin.  Hist.  nat.  33,  1,  0.  —  30  Lex  Tudert.  L.  c.;  Lex  Dant.  L.  c.  1.  12;  Lex 
Luccr.  (C.  i.  I.  9,  782);  l'appel  est  indiqué  dans  la  loi  du  temple  de  Furfo  pour 
l’amende  de  l’édile  (Ibid.  9,  3515).  —  31  Lex  Dant.;  Lex  Lacer.  L.  c.  —  32  Lex 
Silia.  L.  c.  —  33  Lex  Dant.  L.  c.  ;  Gell.  6,  3,  37  ;  Front.  Ad  Anton.  1,  5,  p.  103 
(éd.  Naber)  :  «  mille  minus  dimidio  ».  —  31  8,  3,  4,  11.  —  35  Coll.  leg.  rom.  et  mos. 
14,  3,  5;  Paul.  Sent.  1 ,  6  A,  2  ;  5,  6,  1 4,  où  les  mois  poena  nummaria  sont  impro¬ 
pres.  —  30  Depuis  Caracalla,  d’après  Mommsen.  —  37  Coll.  leg.  rom.  et  mos.  14,  2, 
2,  3;  Dig.  48,  15,  1,  §  7;  Cod.  Just.  9,  20,  7.  —  38  Le  plus  ancien  exemple  est 
dans  la  Lex  luci  Spoletini  (Bruns,  Fontes,  5'  éd.  p.  241)  :  multae  sunto.  —  39  Lex 
Tarentin.  L.  c.  1.  35  ;  Lex  Julia  mun.  1.  95  100,  105-1 10,  125-130,  140-145  (C.  i.  I. 
I,  206);  Cic .  Drut.  34,  131  ;  Verr.  I,  60,  155;  Ad  Herenn.  1,  11,  20;  Pro  Clu.  33, 
91  ;  Dig.  47,  21,  3  pr.  —  40  Lex.  Col.  Jul.  Genet.  L.  c.  c.  92,  93,  104,  126,  128, 
129,  130,  131,  132;  Lex  Salp.  et  Malac.  c.  26,  58,  G2,  65,  G7  (Corp.  inscr.  lat.  2, 
1963-1964).  Ulpien  ne  réussit  pas  à  distinguer  les  trois  mots  (Dig.  50,  16,  178). 
—  41  Lex  Spolet .  ;  Lex  Dant.  L.  c.  —  42  Elle  apparaît  d’abord  dans  un  fragment  de 
Caton  (Gell.  6,  3,  37)  et  dans  la  loi  agraire  de  1 1 1  av.  J.-C.  (C.  i.  I.  1,  n»  200,  1. 
112),  puis  dans  la  loi  de  Bantia,  dans  la  lex  Julia  municipalis ,  daus  les  lois  de 
Salpensa  et  de  Malaca;  cf.  Gai,  2,  201;  Ulp.  Deg.  24,  4;  Dig.  50,  16,  178  , 

i 3- 


MUL 


—  2016  — 


MUL 


tautologie1.  11  n’y  a  pas  de  nom  spécial  qui  distingue 
l'amende  fixe  de  l'amende  populaire.  Au  début,  elle  a  été 
portée  devant  le  tribunal  populaire2;  plus  tard,  devant 
le  préteur  et  un  jury  de  récupérateurs3,  et  aussi,  sous 
l’Empire,  devant  les  magistrats  jugeant  directement  par 
cognitio.  Il  n'y  a  pas  d’exemple  certain  devant  les  quaes- 
tioncs.  Cette  amende  peut  être  réclamée  au  nom  de  l’État, 
soit  par  un  citoyen  quelconque  ’%  soit  par  un  magistrat; 
dans  ce  second  cas  la  loi  lui  laisse  souvent  le  choix 
entre  la  levée  d’une  amende  arbitraire  sous  la  réserve 
de  la  ratification  par  les  comices  ou  la  levée  de  l'amende 
légale"’.'  Elle  ne  comporte  pas  l’infamie,  mais  elle  est 
quelquefois  assez  forte  pour  aboutir  nécessairement  à  la 
vente  des  biens  et  par  suite  à  l’infamie6.  Elle  peut  être 
une  somme  fixe  ou  une  quote-part  de  la  fortune 
[coinfiscatio]  .  L’Empire  et  surtout  le  Bas-Empire  ont 
appliqué  l’amende  à  beaucoup  de  délits  nouveaux.  Voici 
les  principales  applications  connues  : 

1°  Meurtre  involontaire.  —  2  000  ou  5000  sesterces 
selon  les  cas1. 

2°  Vis  publica. —  Pour  les  cas  les  moins  graves,  confis¬ 
cation  du  tiers  des  biens  et  infamie  plus  tard  avec  la 
relégation8. 

3°  Faux.  —  D'après  la  le. x  Cornelia ,  sous  l'Empire,  dans 
les  cas  les  moins  graves,  confiscation  de  la  moitié  des 
biens  et  relégation  à  temps9;  5000  sesterces  contre 
celui  qui  ouvre  un  testament  sans  observer  les  forma¬ 
lités  légales l0. 

4°  Plagium. —  50 000 sesterces, au  début,  d’après  la  /ex 
Fabia  1 1  ;  20  solidi ,  au  Bas-Empire,  contre  le  recel  de 
l'esclave  fugitif;  12  solidi,  avec  restitution  de  l’esclave  et 
d'un  autre  si  le  fugitif  appartient  à  une  ville12. 

5°  Injuria.  — 5000sesterces  (50  aurci )  pour  Incitation 
en  justice  du  patron  par  l'affranchi,  le  fouet  s'il  est 
pauvre  ;  au  Bas-Empire,  20  000  nummi  contre  le  proprié¬ 
taire  d’un  esclave  qui  a  insulté  un  médecin,  grammai¬ 
rien  ou  professeur13. 

6°  Délits  contre  les  bonnes  mœurs ,  actes  d'immora¬ 
lité.  —  Contre  la  pédérastie,  en  vertu  d’une  lex  Scantinia 
d’époque  inconnue,  10  000  sesterces  contre  le  séducteur 
et  peut-être  aussi  contre  la  victime;  plus  tard  et  au  Bas- 
Empire,  mort  contre  le  séducteur,  confiscation  de  la 
moitié  des  biens  et  puis  la  mort  contre  la  victime11. 
Contre  l’adultère  et  le  stuprum ,  amende  de  la  moitié  de 
la  fortune  contre  les  hommes  et  les  femmes  non  mariées  ; 
amende  du  tiers  de  la  fortune  et  de  la  moitié  de  la  dot 
contre  les  femmes  mariées  13. 

7°  Dommages  et  atteintes  aux  propriétés  publiques 
et  aux  droits  de  l’État.  —  Dans  les  lois  agraires, 
10  000  sesterces  contre  les  infractions  à  la  loi  Licinia  16  ; 
5  000  et  4  000  sesterces  pour  les  atteintes  aux  chemins 
et  aux  bornes,  dans  la  lex  Mamilia  (ou  Julia  de  59 

i  Cf.  note  5,  p.  2014.  —  2  Cic.  Brut.  34,  131;  InVerr.  1,  00,  153;  Pro  Clu.  32. 

—  3  Cic.  Verr.  1,  60,  155;  3,  28,  69  ;  Lex  Bant.  L.  c.;  C.  i.  lat.  10,  4842,  1.  64-67  (loi 
sur  l’aqueduc  de  Vcnafrum).  —  4  Cic.  Brut.  34,  131  ( lex  Aquilia);  Lex  Alamilia 
( Grom .  v et.  i,  263);  Frontin.  De  aq.  127,  où  l'accusateur  a  la  moitié  de  l’amende. 

—  5  Lex  Bant.  L.  c.  c.  2;  Lex  luci  Lucer.  L.  c.  L’alternative  qu’il  y  a  entre  la 
peine  de  mort  et  l’amende  d'un  million  de  sesterces  contre  celui  qui  négligerait  le 
culte  de  César  est  une  mesure  d’une  époque  révolutionnaire  (Dio  Cass.  47,  18). 

—  6  Dio  Cass.  L.  c.  ;  Cic.  Verr.  1,  60,  155,  156;  Pro  Clu.  33.  —  7  Dig.  9,  3,  1  pr.  ; 
21,  1,  42;  Inst.  4,  5, 1.  —  8  Paul.  Sent.  5,  2G,  3;  Dig.  48,  2,  12,  4;  48,  7,  1  pr.  8; 
Cod.  Just.  9,  12,  2.  —  9  Paul.  Sent.  5,  25,  8;  Dig.  48,  10,  21.  —  10  Paul.  Sent. 
4,  6,  2.  —  H  Voir  note  35,  p.  2015.  —  12  Paul.  Sent,  i,  6  A,  2;  Fragm.  de  jure  fisc. 
9;  Cod  Just.  6,  1,  4,  5.  -  13  Dig.  2,  4,  12,24,  25;  Cod.  Theod.  13,  3,  1,  §  1. 

_ 14  Cic.  Ad  fam.  8,  12,  14;  Suet.  Dom.  8;  Seu.  Controv.  4  praef.  1  ;  Quinlil.  4, 

2,  69;  4,  7,  42;  Paul.  5,  4,  14;  Collât,  leg.  rom.  et  mos.  5,  4,  2;  Cod.  Theod.  9, 
7,  3.  —  .15  Paul.  Sent.  2,  26,  14;  Instit.  4,  18,  4.  —  16  Liv.  7,  16,  9;  Gelt.  6,  3, 


av.  J  -  C.) 1  ;  dans  la  loi  de  la  Colonia  Julia  Genetim 
1000  sesterces  pour  les  mêmes  délits  et  100  S(,sle 

Par  an  et  par  arpent  contre  les  magistrats  qui  onUuué 
des  biens-fonds  municipaux  pour  plus  de  cinq  ans1»-  \ 
partir  d’IIadrien,  pour  les  atteintes  aux  limites  il  J! 
contre  les  honestiores  la  relégation  temporaire  et  pb,s 
lard,  en  outre,  la  confiscation  du  tiers  des  biens  D  ins 
des  règlements  sur  les  aqueducs  il  y  a  10000  sesterces 
pour  chaque  infraction  et  confiscation  des  terres  arrosées 
illégalement;  100000  sesterces  pour  les  dégâts  causés 
aux  aqueducs,  contre  le  maître  et  l’esclave  d’après  la  1er 
Quinctia  de  9  av.  J.-C19  ;  10  000  sesterces  pour  chaque 
contravention  dans  la  loi  de  l’aqueduc  de  Venafrum20- 
au  Bas-Empire,  confiscation  des  terres,  des  propriétaires 
riverains  qui  ne  nettoient  pas  les  aqueducs  ou  qui 
détournent  l’eau;  amende  de  5  livres  d’or  pour  détour¬ 
nement  de  l’eau21.  Au  Bas-Empire,  20  ou  50  livres 
d’or  contre  quiconque  obtient  illégalement  des  terres 
publiques22;  20  livres  d’or  contre  ceux  qui  se  logent 
sans  titre  dans  les  palais  impériaux;  3  ou  5  livres  d’or 
ou  confiscation  du  tiers  des  biens  contre  les  recéleurs 
d’esclaves  du  fisc  ou  de  soldats23;  20  livres  d’or  contre 
ceux  qui  ne  dénoncent  pas  les  soldats  déserteurs; 
5  et  10  livres  d’or  contre  la  violation  des  règlements 
relatifs  au  logement  des  soldats21;  10  livres  d’argent  ou 
1  livre  d’or  pour  usurpation  de  la  poste  impériale23; 
confiscation  de  la  moitié  du  patrimoine  ou  olivres  d’or 
contre  le  recel  de  curiales;  6  livres  d’or  contre  l’emploi 
comme  gladiateurs  de  soldats  ou  de  palalini;  50000  ses¬ 
terces  contre  la  destruction  des  affiches  publiques20. 

8°  Dommages  et  atteintes  aux  propriétés  sacrées.  — 
Les  règlements  des  temples21  prévoient  en  pareil  cas 
différentes  amendes  :  à  Spolète  un  sacrifice  et  300  as,  à 
Aoste  un  denier,  à  Lucera  une  amende  que  tout  citoyen 
pouvait  réclamer  par  manus  injectio  pro  judicato 28. 

9°  Dommages  et  atteintes  à  la  propriété  privée.  — 
La  loi  Aquilia  parait  avoir  comporté  des  amendes  fixes29. 
On  connaît  l’amende  de  2  000  ou  de  5000  sesterces  pour 
le  meurtre  involontaire  causé  par  des  bêtes  sauvages 
qu’entretient  le  délinquant  ou  par  le  jet  d’un  objet;  celle 
de  1000  sesterces  contre  la  négligence  du  propriétaire 
qui  risque  de  blesser  les  passants  par  la  chute  d’objets  ". 
Au  Bas-Empire,  celui  qui  a  fait  affranchir  l’esclave  d  un 
autre  doit  deux  esclaves  au  propriétaire  et  trois  au  fisc; 
le  recel  du  colon  d’autrui  est  puni  de  G  onces  ou  dune 
livre  d’or  selon  les  cas31. 

10°  Fraudes  et  illégalités  en  matière  d  impôts. 

Au  Bas-Empire,  on  punit  de  100  livres  d’or  la  dispense 
illégale  du  logement  des  soldats,  de  10  le  refus  de  foui  nii 
des  conscrits,  d'une  grave  amende  l’achat  par  les  cm  iules 
de  codicilles  honoraires  de  fonctions  publiques,  de  u 
confiscation  le  sel  obtenu  contre  les  règlements  • 


7  ;  Appian.  Le.  7,  8.  —  17  Grom. net.  1,  p.  263  ;  Dig.  47,  21,  3.  —  »  ex  en 
..  c.  104,  82;  Collât,  leg .  rom.  et  mos.  13,  3;  Paul.  Sent.  5,  22,  2.  —  < 

le  aq.  97,  127,  129.  —  20  Corp.  inscr.  lat.  10,  4842.  —  2'  Cod  Théo  .  ■><  -,  >  ’ 
,  41  -  29  Ibid.  2,  23,  1  ;  JVor.  Theod.  H,  lit.  5,  2,  g  1.  -  23  Cod  Theod  7  , 

;  10,  20,' 9;  7,  1,  15;  7,  18,  1.  -  25  Ibid.  7,  1,  17;  7,  8,  7-10.  -  f  ^ 

9,  63.  -  26  Ibid.  12,  1,  6,  179,  §  3;  15,  12,  2  ;  Dig.  2,  I,  7  pr. ,  I  au  •  ■  J  ^ 

3.  —  27  11  y  en  avait  beaucoup  d’analogues  dans  le  droit  grec  (c  .  <  '  «'  ’  ’  L 

’.  i.  att.  2,  841  ;  C.  i.  gr.  2214  c).  -  2»  Lex  luci  Spolet.  L.  c.  ;  lex  lm  Luc» . 

.;  C.  i.  I.  12  ,  2426.  -  29  Cic.  Brut.  34,131.  Une  inscription  - 

462)  interdit  le  passage  sur  une  terre  sous  peine  d  une  amené  ,.392. 

-  .0  Dig.  9,  3,  lpr.\  I5,§8;2I,1,42;  Instit.  4, 5,  1 .  21  Cod.  Theod.  ,  «;l  ^ 

-  32  Aon.  Theod.  H,  lit.  26,  1,  §  7;  Nov.  Valent.  |H.  »  •  jormes  les 

'h.  6,  22,  2;  Cod.  Just.  4,  61,  12.  Verres  menaçait  A  arac  ^3. 

icilicns  qui  ne  se  laissaient  pas  dépouiller  par  le  fermiei  e  es  iml  0 

8,  69). 


MUL 


MUE 


—  2017  — 


U»  Délits  électoraux.  —  Contre  la  brigue  ( ambitus ), 
la  lex  Calpurnia  de  G7  av.  J.-C.  portait  une  amende  tixe, 
outre  l’expulsion  du  Sénat  et  l'interdiction  des  candida- 
I ares 1  ;  la  loi  do  Genetiva2  interdit  les  cadeaux  et  les 
repas  publics  pour  les  élections  municipales,  à  peine 
j'une  amende  de  5  000  sesterces;  elle  est  portée  à 
10 000  sesterces  par  un  sénatus-consulte  qui  réprime  la 
lui -ue  en  général  pour  les  magistratures  et  les  sacer¬ 
doces  municipaux3. 

12°  Délits  d’ordre  judiciaire.  —  Le  senatus-consultum 
furpilianum  portait  une  amende  de  5  livres  d'or  contre 
la  iergiversatio  ;  au  Bas-Empire,  il  y  a  la  confiscation  du 
quart  du  patrimoine  et  l’infamie  contre  l’accusateur  qui 
ne  continue  pas  la  poursuite  dans  l’année,  et  différentes 
amendes  contre  la  violation  de  certaines  règles  de  l’appel 
et  contre  l’appel  dilatoire4. 

13°  Violation  de  devoirs  civiques ,  de  lois  particu¬ 
lières,  corruption ,  empiétements  sur  les  droits  de  V Etat. 
—  Amende  de  taux  inconnu  contre  les  citoyens  qui  refu¬ 
saient  d’aller  dans  une  colonie  latine3,  contre  les  tribuns 
du  peuple  qui  exerçaient  l'intercession  malgré  la  lex 
Cornelia  de  81  av.  J.-C.  6  ;  amende  contre  les  magistrats 
qui  refusaient  de  jurer  obéissance  à  une  loi 1  ;  amendes  de 
P) 000  sesterces  dans  les  lois  municipales  de  Salpensa  et  de 
Malaca,  pour  obliger  les  magistrats  élus  à  prêter  serment 
dans  les  cinq  jours,  pour  garantir  la  tenue  des  comices3. 
D’après  la  lexJulia  municipalis  \  amende  de  50000  ses¬ 
terces  contre  les  mineurs  etles  indignes  qui  se  présentent 
aux  élections,  et  contre  les  magistrats  qui  les  proclament, 
contre  ceux  qui  siègent  illégalement  au  Sénat,  contre 
l’usurpation  du  litre  et  des  droits  de  décurion  ;  amende 
de  50000  sesterces  pour  chaque  boisseau  de  blé  distribué 
par  un  magistrat  à  des  personnes  non  inscrites  sur  les 
listes.  D'après  la  loi  de  Genetiva10,  amendes  de  20000, 
de  10  000,  de  5  000  sesterces  pour  obliger  les  magistrats 
et  les  décurions  à  obéir  au  Sénat  en  général,  en  parti¬ 
culier  pour  tout  ce  qui  concerne  les  fêtes  et  les  jeux  ;  de 
10000  sesterces  contre  le  citoyen  qui  ne  remplit  pas  sa 
legatio  ;  de  20000  sesterces  contre  les  magistrats  qui 
acceptent  des  cadeaux  des  fermiers  des  impôts  et  des 
terres  publiques,  contre  quiconque  s’oppose  illégalement 
à  la  main-mise  sur  le  débiteur  de  la  ville;  de  5000,  de 
10000  ou  de  100000  sesterces,  selon  les  cas,  contre  les 
propositions  illégales  de  patrons  ou  d’hôtes  publics11. 
D’après  la  loi  de  Tarente,  amende  annuelle  de  5  000  ses¬ 
terces  contre  le  décurion  qui  ne  possède  pas  dans  la  ville 
une  maison  ayant  1500  tuiles  au  moins.  Amende  de 
100 aurei  avec  l’infamie  contre  l’établissement  illégal  d’un 
nouvel  impôt12,  contre  toute  tentative  de  corruption  d’un 
juge13.  Au  Bas-Empire,  amende  de  50000  boisseaux  de 
blé  et  augmentation  de  la  moitié  de  la  dépense  contre  les 
jeunes  sénateurs  qui  ne  viennent  pas  donner  leurs  jeux 
à  Rome 14  ;  amendes  contre  le  patronage  illégal,  le  patro- 
cinium  :  le  protecteur  paie  25  livres  d’or  par  fonds, 

1  Schol.  Bob.  in  Cio.  Pro  Sull.  p.  3G1  ;  Ascon.  in  Cornel.  p.  68;  Dio 
Cass  30,  21.  —  2  L.  c.  c.  132.  —  3  Dig.  48,  14,  1,  §§  1  cl  3.  —  4  Ibid.  47,  15,  3; 
Cod.  Th.  9,  36,  1;  11,  30,  2,  3,  5,  10,26,  30,  36;  Cod.  Just.  7,  65,4-5.  —  5  Cic. 
Pro  Caec.  33,  98.  —  0  Cic.  Verr.  1,  60,  155.  —  7  20  talents  outre  l’expulsion  du 
Sénat,  par  la  loi  Apuleia  de  100  av.  J.-C.  (Appian.  Bel.  cio.  1,  29)  ;  grosse  amende 
par  la  loi  agraire  de  César  (Plut.  Cat.  min.  32).  —  *  L.  c.  c.  26  et  58.  —  9  Ibid. 
b  89-97,  98-107,  108-125,  90,  107,  125,  140,  17-19;  cf.  Petron.  Sat.  44;  Plin.  Ep. 
1,  19.  —  10  L,.  c.  c.  129,  128,  120,  92,  93,  61,  97,  130,  131.  —  O  Pour  ce  dernier 
délit,  dans  la  loi  de  Malaca  (c.  01)  l'amende  est  de  10000  sesterces.  —  12  Dig.  48, 
14>  §§  1  et  3.  —  13  Ibid.  48,  14,  §4.-14  Cod.  Th.  6,  4,  13,  20.  —  '0  Ibid.  11, 
-S  2-5  ;  12,  1,  149.  —  l«  Dig.  48,  12,  2,  §  2;  Cod.  Th.  14,  5,  4;  14, 


5  livres  par  tête  de  curiale  ou  de  collegial  us  ;  le  protège 
paie  80  livres  d’or,  puis  subit  la  confiscation  de  sa  terre  . 

\\"  Délits  relatifs  à  l'approvisionnement  de  Itome,  à 
l’annona.  -  Amende  de  20  aurei  (2000  sesterces)  d’après 
la  lexJulia  de  annoua,  de  50  livres  d  or  au  Bas-Empire 
contre  les  coalitions  des  marchands  et  les  accaparements, 
de  5  livres  conlre  des  manœuvres  analogues  ;  confiscation 
d’une  maison  contre  le  sénateur  complice  de  la  fraude  de 
son  esclave  pour  la  distribution  du  pain  gratuit1’. 

15°  Violation  de  règlements  de  police,  de  voirie.  — 

Il  est  question,  en  général,  d’amendes  infligées  par  les 
édiles  municipaux1'.  La  loi  de  Genetiva 13  interdit  sous 
peine  de  confiscation  du  sol  l’établissement  dans  la  ville 
d  i  briqueteries  produisant  par  jour  plus  de  300  tuiles. 
Une  loi  de  Mylasa,  qui  réserve  le  monopole  du  change  de 
la  monnaie  aux  banquiers  publics,  punit  les  contreve- 
nants  soit  delà  confiscation  des  sommes  échangées,  soit 
d’une  amende  de  850  deniers19.  Les  règlements  sur  les 
constructions  de  maisons  dans  les  villes  comportent  des 
amendes  de  10  livres  d’or  et  même  la  confiscation  des 
fonds  20.  Il  y  a  une  amende  de  40  aurei  contre  ceux  qui 
ensevelissent  des  corps  dans  l’intérieur  de  Home  et  conlre 
les  magistrats  qui  le  tolèrent,  plus  tard  la  confiscation 
de  la  moitié  du  patrimoine21;  dans  la  loi  de  Genetiva, 
une  amende  de  8000  sesterces  pour  interdire  de  bniler 
des  corps  dans  la  ville  et  dans  un  périmètre  de  500  pas  22  ; 
au  Bas-Empire,  une  amende  de  3  livres  d'or  contre  les 
maîtres,  de  50  contre  les  corporations  qui  laissent  leurs 
esclaves  ou  leurs  membres  prendre  part  à  des  troubles 
religieux23;  des  amendes  de  5,  de  10  livres  d’or  pour 
violation  des  règlements  des  corporations 24 . 

16°  Délits  religieux.  —  Au  Bas-Empire,  contre  les 
actes  de  paganisme  et  contre  la  complicité  ou  la  négli¬ 
gence  des  magistrats  en  cette  matière,  on  trouve  des 
amendes  de  4,  5,  6,  10,  15,  25,  30  et  50  livres  d’or25. 

17°  Délits  des  fonctionnaires  de  tous  oi'dres  :  déso¬ 
béissance  aux  lois,  négligence  de  leurs  devoirs.  En 
cette  matière,  le  droit  grec  classique  fournit  de  nom¬ 
breux  exemples  d’amendes  [épibolè]26.  On  vient  d’en  voir 
quelques-uns  dans  le  droit  romain,  surtout  dans  le  droit 
municipal.  Dans  la  loi  de  Bantia  _l  il  v  a  une  amende  fixe 
contre  le  magistrat  pour  désobéissance  a  la  loi.  La  loi  de 
Mylasa  punit  d’une  amende  de  300  deniers  la  négligence 
des  magistrats28.  Mais  c’est  surtout  au  Bas-Empire  que 
ces  amendes  se  sont  multipliées  pour  punir  la  violation 
des  lois  et  des  règlements  par  les  magistrats,  leurs  négli¬ 
gences,  leur  mauvaise  volonté  à  faire  appliquer  les  lois, 
à  réprimer  les  abus,  leurs  exactions  pécuniaires,  leur 
connivence  et  leur  complicité  dans  des  délits  de  toutes 
sortes.  Elles  frappent  tantôt  les  fonctionnaires  seuls, 
tantôt  leurs  bureaux  seuls,  tantôt  tous  les  deux  à  la  fois, 
tantôt  avec  le  même  tarif,  tantôt  avec  un  tarif  double 
contre  les  bureaux  ;  dans  les  bureaux  elles  frappent  tantôt 
quelques-uns  seulement  des  officiales,  tantôt  tous,  tantôt 

17,  6;  Cod.  Just.  4,  59,  1.  —  *7  Sens  probable  de  Dig.  43,  10. —  13  l.  c. 
C-  76.  —  19  Bull,  de  corr.  hell.  20,  1896,  p.  523  (épo  ,ue  de  Seplime-Sévère). 

_  20  Cod.  Just.  8,  10,  11-12;  Aov.  Just.  63,  1.  —  21  Dig.  47,  12,  3,  §  5  ;  Cod. 

Th.  9,  17,  6  ;  cf.  le  s.-c.  sur  le  pagus  Montanus  [Coup,  inscr.  lat.  6,  3823). 

_ 22  L.  c.  c.  73-74.  —  ‘33  Cod.  Th.  10,  4,  5.  —  2V  A'ou.  Just.  64,  2  ;  Cod.  Th.  13, 

6)  3B)  §  i.  —  2S  Cod  Th.  45,  10,  10-12;  16,  5,  21,  30,  40,  46,  52,  54,  65;  16,  6. 

_  26  Voir  Lécrivain,  Peines  et  stipulations  du  double  et  de  l'hémiolion  dans 

le  droit  grec  [Mém.  de  V Acad,  des  sciences  de  Toulouse,  9'  sèr.  VII,  1895). 
Voir  aussi  Dig.  50,  9,  6.  —  27  L.  c.  1.  11-12.  A  Dig.  11,  4,  3,  il  y  a  une  amende 
de  10  000  sesterces  contre  les  magistrats  municipaux  qui  ne  collaborent  pas  à  la 
recherche  des  esclaves  fugitifs.  —  28  Bull,  de  corr.  hell.  20,  896,  p.  253. 


MUL 


—  2018  — 


MUL 


les  coupables  seuls,  tantôt  seulement  les  chefs.  Elles  sont 
généralement  comprises  entre  5  et  30  livres  d’or,  des¬ 
cendent  parfois  au-dessous  d’une  livre,  dépassent  rare¬ 
ment  100  livres  Elles  sont  presque  toujours  exprimées 
en  livres  d’or  Elles  vont  quelquefois  jusqu’à  la  confis¬ 
cation  partielle  ou  totale3. 

18°  Délits  divers.  —  On  a  des  amendes  de  10  livres 
d’or  contre  le  fonctionnaire  qui  épouse  une  femme  malgré 
elle  dans  son  district,  de  6  onces  d’or  contre  la  vente 
d’hommes  libres  aux  barbares  4,  du  tiers  de  la  fortune 
contre  les  parents  qui  laissent  entrer  leur  fille  dans  les 
ordres  avant  l’âge,  de  10  livres  contre  l’archidiacre  qui 
consacre  un  prêtre  malgré  lui5;  du  tiers  de  la  fortune 
contre  celui  qui  obtient  un  rescrit  contraire  à  la  loi,  de 
10  livres  contre  les  entraves  mises  au  droit  de  location0', 
de  50  livres  contre  celui  qui  saisit  le  cadavre  d’un  débi¬ 
teur,  de  100  livres  d’or  contre  celui  qui  entretient  des 
soldats  particuliers7,  de  100000  sesterces,  plus  la  con¬ 
fiscation  de  l’héritage,  contre  les  héritiers  qui  n’ont  pas 
dénoncé  la  mort  suspecte  du  défunt8;  la  confiscation  du 
domaine  sur  lequel  on  a  mis  un  litulus 9;  une  amende 
de  50  sesterces  pour  la  violation  de  l’édit  d’Auguste  sur 
l’achat  des  terres  litigieuses  10. 

On  trouve  aussi  les  amendes  fixes  dans  les  collèges 
religieux  et  civils  et  dans  les  corporations11.  Elles  sont 
établies  par  le  statut  ou  par  un  décret  spécial,  pronon¬ 
cées  par  l’assemblée  générale  ou  le  président  et  punissent 
les  fautes,  les  négligences  des  membres  et  surtout  des 
fonctionnaires12.  Dans  la  lex  metalli  Vipascencis  d’Es¬ 
pagne,  le  procurateur  peut  infliger  des  amendes  au  fer¬ 
mier  jusqu’à  200  sesterces,  et  le  fermier  punit  aussi  les 
contraventions  de  diverses  amendes,  doublées  en  cas  de 
non-paiement  au  bout  d’un  certain  temps13. 

IV.  Amende  arbitrale  variable.  —  Elle  peut  être  pro¬ 
noncée  non  pas  devant  les  comices,  mais  dans  les  procès 
privés  et  dans  les  quaestiones,  plus  tard  dans  les  procès 
que  les  magistrats  impériaux  jugent  eux-mêmes  par 
cognitio.  Dans  les  délits  privés  (vol  et  damnum ),  et  devant 
les  quaestiones  pour  péculat,  repetundae ,  le  tribunal, 
après  avoir  établi  le  délit,  en  fait  l’estimation,  quanti  ea 
res  estu.  L’estimation  peut  correspondre  à  la  valeur 
actuelle  du  litige  ou  à  la  plus  grande  valeur  qu’il  a  eue, 
à  un  certain  moment,  dans  l’année  par  exemple,  d’après 
la  loi  Aquilia  13.  Elle  peut  en  outre  être  augmentée  d’une 
amende  fixe15.  Quand  le  délit,  par  exemple  l’injure,  ne 


1 

L- 

sle 

des  principaux  tcxlcs  : 

Cod.  Th 

.  6 

4, 

13, 

22  • 

0 

10, 

1  ; 

6. 

18 

1  ; 

6, 

23, 

1;  6,  26,  5;  6,  27, 

5;  6,  28,  1 

;  6, 

35, 

9; 

h 

1,  18 

;  7 

4, 

30, 

32, 

36 

;  7 

7,  3;  7.  8,  5;  7,  10, 

1  ;  8,  5, 

38, 

40, 

57, 

58, 

59,  60 

s 

I, 

14, 

10, 

8 

8 

4;  8,  il,  1,  4;  9,  17, 

2,  6;  9, 

40 

15; 

9, 

42, 

l 

;  io, 

20, 

13; 

10, 

1*. 

11 

;  10,  29,  §  4;  10,  30,  5  ;  1 

,  7,  20; 

H, 

16, 

20; 

U, 

21, 

4; 

1 1 

30, 

2», 

25, 

29 

31 

34,  48,  58,  59  ;  H,  36,  10 

13,  16; 

12,  1 

,  85, 

181 

,  192; 

12,  5, 

22  * 

1 2 

U, 

2  • 

12, 

12, 

7;  13,  6,  30,  38;  14,  3,  22 

;  1 4,  10, 

1,  § 

3;  11 

,  15 

, 

1 5 

-,  3 

1 5 

11 

2  • 
* , 

18, 

2 

34, 

39;  Cod.  Just.  1,  4,  15;  1 

,  O, 

,  31 

3; 

1,  40 

,  6; 

U 

51,  1 

i  ;  J 

55 

•  9 
,  , 

13, 

25 

0 

“» 

16,  2;  3,  1,  13,  §  8  ;  4,  59,  1  ;  9,  1 

2,  10  ;  10 

,  28 

2  • 

12 

30, 

i,  §§«, 

18; 

12, 

38 

18 

;  Nov.  Valent.  111,  lit.  6, 

1 .  §  3  ;  3, 

L§ 

5  ;  Nov . 

Maj 

or 

H, 

;  £ 

i, 

Si; 

Nov. 

Theod.  Il,  24,  1,  S§  3-4;  5,  3, 

3  1  ;  Nov 

Just.  15 

,6; 

56, 

; 

60,  2 

§§ 

1-2 

62, 

Fpilog.  et  63,  1  ;  64,  2  ;  113,  1,  §  1 

114  pr.; 

128 

3,  1 

2,  17,  21 

; 

34,  9 

.  — 

2  Aussi 

en  nummi  sous  Constantin  (Cod.  Th.  13,  3,  1);  t'amende  est  de  deux  esclaves  ap. 
Cod.  Just.  6,  1,  5.  —  3  Cod.  Th.  10,  8,  5;  Cod.  Jast.  1,  4,  15;  9,  12,  10. 

—  4  Cod.  Th.  3,  11,  I  ;  Non.  Valent.  111,  lit.  32,  1,  §  1.  —  5  Nov.  Major. 
6,  1,  §2;  11,  1.  —  6  Cod.  Just.  1,  16,  1  ;  4,  65,  32.  —  ^  Ibid.  9,  19,  6;  9,  12,  10. 

—  3  Paul.  Sent.  3,  5,  10.  —  9  Cod.  Just.  2,  16,  I.  —  10  Fragm.  de  jur.  fisc.  8. 

—  il  Voir  lluschke,  L.  c.  p.  289-302;  Wallzing,  Corporations  professionnel!'  s 
chez  les  Romains,  Louvain,  1895,  I,  p.  465-467.  —  12  Cic.  Ad  Alt.  12,  13,4;  14,  1  ; 
15,  1  ;  18,  55  (collège  des  Augures);  Corp.  inscr.  lat.  6,  10  234,  I.  19-22  (collège 
d'Esculape  et  d  tlygie);  14,  2112,  1.  26-39  (collège  des  cultores  de  Diane  et  d’Anli- 
noiis)  ;  8,  14683  ( curia  d  une  ville  d' Afrique)  ;  6,  10  298  ( collegium  aquae  de  Rome 
où  le  magister  a  la  niultae  dictio  avec  des  récupérateurs);  11,  1436;  Tables 
Eugibincs,  V  b,  1-7,  p.  59,  éd.  Bréal  (corporation  attidienne)  ;  Mittheil.  d.  deutsch. 


,  ..  .  -i  —  vm.xiuiiueur  réclama 

une  somme  que  le  préteur  inscrit  dans  la  formule  •  af 

dans  la  procédure  de  la  loi  Camélia. ,  les  jurés  n’ont  üuù 
le  choix  entre  la  condamnation  et  l’absolution  17  •  m 
dans  la  procédure  ordinaire  autorisée  depuis  Sentia 'S 
Sévère,  les  récupérateurs  peuvent  descendre  au-dessoT 
de  l’estimation  proposée,  mais  acceptent  généralement 
celle  qu’a  fixée  le  préteur18.  En  règle  générale,  pour  lCs 
délits  privés,  soit  en  tout  temps  pour  le  vol,  soit  dan  • 
d’autres  délits  pour  des  raisons  spéciales  telles  que 
négation  malintentionnée19,  ilyala  restitution  au  double 
in  duplum 20.  La  peine  va  souvent  jusqu’au  quadruple 
(vol  public,  usure),  mais  le  dépasse  rarement21.  Voici  les 
principales  applications  de  l’amende  variable  : 

1°  1  is  privât  a.  L  action  vi  bonorum  raptorum 

comporte  le  remboursement  au  quadruple  dans  l’année 
au  simple  après  l’année22. 

2°  Délits  commis  pendant  une  calamité  publique  cl 
assimilés  au  brigandage.  —  Ils  comportent  l’amende  du 
quadruple;  commis  pendant  des  troubles,  l’amende  du 
double  23. 


3°  Levée,  illégale  d’impôts.  —  On  a  le  quadruple,  avec 
une  peine  extraordinaire  ;  mais  les  simples  atteintes  à 
la  propriété  commises  par  les  fermiers  des  impôts  ou 
leurs  agents  amènent  la  restitution  au  double,  s’il  v  a 
poursuite,  au  simple  après  l’année24. 

-4°  Repetundae.  —  Depuis  Caius  Gracchus  il  y  a  la  res¬ 
titution  au  double 25  ;  mais  Auguste  la  porte  au  quadruple 
pour  la  violation  de  la.  loi  sur  les  honoraires  des  avocats26; 
depuis  lors,  et  surtout  au  Bas-Empire,  il  y  a,  en  cette 
matière,  contre  les  fonctionnaires  une  foule  d’amendes 
du  quadruple  ou  du  double  27.  Septime-Sévère  punit  de 
l’amende  du  quadruple  les  magistrats  pour  achats  faits 
illégalement  dans  leur  ressort28.  On  trouve  aussi  le  qua¬ 
druple  contre  la  corruption  des  fonctionnaires29. 

5°  Péculat.  —  A  côté  du  procès  public  il  y  a  la  procé¬ 
dure  de  remboursement,  généralement  au  quadruple  30, 
quelquefois,  surtout  au  Bas-Empire,  au  double31.  Les 
fonctionnaires  ne  doivent  quelquefois  que  le  simple  rem¬ 
boursement  en  cas  de  négligence,  de  mauvais  emploi  des 
deniers  publics32. 

6°  Vol.  — -  Contre  le  furtum  nec  manifestum,  les  Douze 
Tables  33  ont  la  peine  du  double  qui  s’est  maintenue; 
contre  la  plupart  des  autres  formes  de  vol,  le  droit  pré¬ 
torien  a  la  peine  du  quadruple  34. 


arch.  Instit.  in  Rom.  1892,  p.  287-304  (collège  des  ivoiriers  et  ébénistes  de  Rome). 

—  13  c.  in.  I.  2  suppl.  5181,  1.  30-55.  —  U  Cic.  Verr.  1,  38,  95  ;  Pro 

Rabir.  Posth.  4,  8  ;  13,  37  ;  Pro  Mur.  20,  42;  Dig.  9,  2,  25,  §  2;  25,  2,  22  pr.  ;- 

Lex  Salpens.  et  Malac.  62,  07;  Valer.  Prob.  Xotae  juris  (éd.  Keil,  Gramm.  lat. 
4,  p.  274;  ;  Q.  E.  R.  E.  (quanti  ea  res  erit).  —  13  Dig.  9,  2,  2;  Gai.  3,  210.  —  ">  Lex 
Genetiv.  L.  c.  61  ;  Front.  De  aq.  129.  —  17  Dig.  47,  10,  7,  §  1  ;  3/,  5  1  ,  3,  3,  *->  '• 

—  !»  Ibid.  47,  10,  37,  §  1  ;  Gai.  3,  224.  —  <9  Gaius  cite  ici  (4,  9,  171)  les  actions  : 

judicati,  depensi,  damni,  injuriae ,  legatorum  per  damnationem  relictorum ,  cl. 
Dig.  9,  2,  2,  §  1.  —  20  Dans  la  loi  de  Malaca  (c.  07)  il  y  a  «  tantum  cl  alterum 
tantum  ».  —  21  La  multiplication  par  huit  dans  l'Édit  de  Verrès  était  illégale  (t  ic. 
Verr.  3,  10,  26).  —  22  Cic.  Pro  Tull.  7,  41  ;  Dig.  4,  2,  14,  §  1,  10.  §  1;  Gal'  ' 

209;  Instit.  4,  6,  25;  Cod.  Just.  3,  41,  4.  —  23  Paul.  Sent.  5,  3,  1-2;  Dig.  39,  s 

9,  §  5  ;  47,  9,  1  pr.  -  24  Dig.  39,  4,  1  pr.  5,  §  1,  9,  §  5.  -  23  Lex  Acilm,  L  c 

I.  59.-  20  Di0  Cass.  54,  18.  -  27  Cod.  Theod.  8,  H,  2-3;  11,  16,  7-8;  II,  14,  *• 

II, 7,  16,  20;  12,  6,  18;  13,  il,  8;  Cod.  Just.  12,  23,  2  ;  Nov.  Just.  9,  1  i  -*’  * 
161,  1  ;  Nov.  Theod.  II,  24,  1,  §§  1-4.  On  trouve  le  quintuple  ad  Cod.  Just.  ,  ^ 
4,  §  4.  Dans  l’édit  de  Tibère  Alexandre,  préfet  d'Égvpte,  de  1,8 

(C.  inscr.  gr.  4957,  1.  54),  le  chiffre  de  l'amende  a  disparu.  8  Dig.  ’ 

—  29  Cod.  Just.  9,  27,  0;  1,  24,  1.  —  30  Lex  Tarent.  L.  c.  I.  I;  Paul-  ‘  c”  '  ’ 

Dig.  48,  13,  8,  §  1,  13;  48,  2,  20;  Fragm.  de  jur.  fisc.  18, 

24,  1  ;  14,  15,  5,  6.  —  31  Lex  Malac.  L.  c.  c.  67  ;  Fragm.  de  jur.  ( 

Theod.  14,  15,  5-6;  14,  16,  1-3;  12,  6,  2.  —  32  Ibid.  13,  9,  6;  H,  ■*.  '  ’  _3tG’ai’ 
27  (avec  une  amende  de  10  livres  d’or)  ;  15,  1,31.  —  33  8,  10  ,  Gai.  3, 

3,  189;  Paul.  Sent.  2,  31,  14;  Dig.  48,  13,  6.  §2. 


20;  Cod.  Th.  1®. 

Cod. 


MUL 


—  2019  — 


MUL 


7ü  Atteintes  à  la  propriété  ( damnum  injuria).  — 
la  lex  Aquilia  ordonne  la  réparation  an  simple,  au 
double  s’il  y  a  négation1.  Signalons  quelques  cas  parti¬ 
culiers-  Pour  les  dégâts  aux  arbres  fruitiers  il  y  a  dans 
les  Douze  Tables  une  amende  de  25  as  par  arbre,  dans  le 
droit  prétorien  la  réparation  au  double  2  ;  la  corruption 
d'une  personne  non  libre  ou  d’un  fils  de  famille,  la  prise 
en  gage  des  enfants  par  le  créancier,  les  dégâts  occa¬ 
sionnés  par  des  animaux  dangereux,  ou  par  un  calom¬ 
niateur  qui  a  fait  mettre  des  esclaves  à  la  lorLure,  les 
atteintes  à  une  propriété  publique  3. 

8°  Usure.  —  Jusqu’au  vic  siècle  de  Rome,  la  peine  est 
le  quadruple  des  intérêts  levés  illégalement4;  plus  tard, 
la  loi  Marcia  établit  la  répétition  au  simple  et  il  paraît  en 
être  encore  ainsi  sous  l’Empire;  une  loi  d’Arcadius  et 
de  Théodose5  qui  établit  le  quadruple  ne  figure  pas  au 
Code  de  Justinien. 

9°  Violation  de  règlements  de  police 6  et  de  voirie.  — 
Dans  les  lois  de  Tarente,  de  Genetiva  et  de  Malaca,  le 
propriétaire -qui  vend  une  maison  pour  démolition  en 
paie  la  valeur  à  la  ville  7  ;  à  Rome  et  dans  l'Italie,  d’après 
un  sénatus-consulte,  le  contrat  est  annulé  et  l’acheteur 
paie  à  l'État  le  double  du  prix  d’achat8.  Dans  la  lexJulia 
municipalis 9 * *,  si  le  riverain  n’a  pas  payé  dans  les  trente 
jours  à  l’entrepreneur  les  frais  d’entretien  de  la  route, 
la  dette  est  augmentée  de  moitié. 

10°  Délits  divers.  —  Il  y  a  le  remboursement  au 
double  contre  l’usurpation  de  terres  publiques  lü,  contre 
l’envahissement  illégal  de  terres  d’autrui  ou  de  terres 
litigieuses  ",  contre  le  non-paiement  des  impôts  grâce 
au  patrocinium  12  ;  au  quadruple  contre  la  calumnia'3, 
contre  la  rupture  des  fiançailles  où  des  arrhes  ont  été 
versées,  contre  le  retard  dans  le  versement  de  Yannona 
à  Rome  ",  contre  le  retard  dans  le  paiement  des  impôts", 
contre  l’usurpation  d’immunités16;  au  simple  contre  le 
tuteur  pour  les  pertes  que  sa  négligence  a  fait  subir  au 
pupille17;  la  confiscation  du  domaine  des  décurions  qui 
habitent  à  la  campagne  et  non  à  la  ville  18  ;  la  perte  de 
leur  créance  contre  les  créanciers  qui  s'appuient  en 
justice  sur  le  patronage  d’hommes  puissants  19  ;  la  perte 
du  cinquième  du  litige  pour  l’inobservation  de  règlements 
judiciaires20. 

V.  Amende  testamentaire21.  —  C’est  l’amende  dont, 
en  vertu  d’une  sorte  de  droit  pénal  domestique,  le  tes¬ 
tateur  menace  son  héritier,  légataire  ou  tout  autre  béné- 

1  Gai.  4,  9,  171  ;  Dig.  9,  2,  2,  §  I,  23,  §10.-2  Lex  XII  Tab.  8,  Il  ;  Dig.  47, 
7,  1,  7.  —  3  Dig.  H,  3,  1  pr.  14,  §  I  ;  21,  1,  40-42  ;  Nov.  J List.  134,  7  ;  Cod.  Just. 
9,  40,0;  Frontin.  De  aq.  129.  —  4  Cat .De  re  rust.Z  a-,  Fést.  Ep.  p.  259; 
Ut.  35,  41  ;  Schol.  ad  Verr.  die.  7,  24,  p.  110;  Plant.  Capt.  3,  I,  32;  Gai. 
4,  23.  —  b  Cod.  Th.  2,  33,  2.  —  6  La  peine  du  quadruple  indiquée  par  Schol. 
Verr.  div.  7,  24,  p.  110,  contre  les  jeux  de  hasard  n'esl  pas  prouvée.  — 1  Lex 
Tarent.  L.  c.  1.  32-38;  Lex  Genetiv.  75;  Malac.  62.  —  8  C.  in.  I.  12, 
1401;  Dig.  18,  1,52;  39,  2,  48  (l'acheteur  a  recours  contre  le  vendeur  pour 
le  simple).  —9  L.c.  1.  35-45.  —  10  Cod.  Th.  9,  42,  19;  10,  2,  10.  —  U  Ibid. 
2,  26,  2 ;  iVoo.  Valent.  III,  8,  1,  §  2.  —12  Coi.  Th.  Il,  24,  4.  —  13  Dig. 
3,0,  l  pr.  (au  simple  après  un  an).  —  14  Cod.  Theod.  3,  6,  1  et  10,  §  1  ;  11,  I, 
18.  —  15  Ibid.  Il,  1,  27  ;lc  simple  conlre  les  pauvres);  cf.  Cic.  Verr.  3,  29,  70. 

-  10  Cod.  Th.  11,  42,  4.  —  17 Ibid.  3,  30,  5.  —  18  Ibid.  12,  18,  2.  —  19  Cod.  Just. 

2.  14,  2;  2,  15,  l.  —  20  Cod.  Th.  2,  18,  3.  —  21  Voir  Huschkc,  L  c.  p.  303; 

Mg.  35,  1,  G  pr.  —  22  Bruns,  L.  c.  p.  297  (testament  du  Lingon)  ;  Orelli,  4076; 

C-  in.  I.  0,  9620.  —  23  llor.  Sat.  2,  3,  84-87.  —  24  2,  8,  2;  2,  9,  25. 

—  A  d  fam.  5,  20,  3-5  dans  un  contrat  de  louage  de  terre  ou  de  fermage  d'impôt 

entre  l'État  et  un  particulier.  —  20  49,  H,  |  pr.  I,  inscription  d'Hêracléc  que  cile 

encore  Huschkc  [Corp.  inscr.  gr.  3,p.  700,  I,  1.  60-103)  lie  renferme  que  du  droit 

SI'CC.  —  27  Voir  sur  celte  question  :  Husclike,  L.  c.  p.  315-343  ;  Zicbarth,  Hernies , 

:i0>  157  ;  Hirschfeld,  Ueber  die  griechischen  Grabschriften ,  un:  le  lie  Geldstrafen 

nnordnen  ( Kônigsberger  Sludicn,  I,  83-144)  ;  VVamser,  De  jure  seputcrali  Roma- 

noi'um  quid  tiluli  doceant,  Diss.  inaug.  Giessen,  1887;  Treuber,  Wesen  der  Grà- 


(iciaire,  au  cas  où  il  n’exécuterait  pas  les  dispositions  de 
son  testament,  surtout  relativement  aux  honneurs 
funèbres,  au  soin  de  sa  mémoire.  Elle  peut  consister  en 
une  somme  d’argent22,  en  une  autre  dépense,  par 
exemple  en  une  distribution  publique23.  Dans  des  textes 
des  Verrines  2i,  elle  comporte  la  perte  de  tout  1  héritage 
qui  passe  au  temple  de  Vénus. 

VI.  Amende  contractuelle.  — Cette  amende,  au  profitde 
l’État,  parait  avoir  été  très  rare.  Il  en  est  peut-être  ques- 
î i on  dans  une  lettre  de  Cicéron  25  et  dans  un  texte  du 
Digeste  26 . 

VII.  Amende  sépulcrale27.  —  Pour  protéger  les  tom¬ 
beaux  contre  la  destruction,  les  dégâts,  la  transfor¬ 
mation  en  habitation  privée,  l’ensevelissement  de  per¬ 
sonnes  autres  que  celles  que  le  fondateur  avait  autorisé 
à  y  ensevelir,  contre  l’achat,  la  vente,  et  autres  actes 
analogues28,  il  y  eut,  sans  doute  de  bonne  heure,  une 
action  privée,  ouverte  soit  aux  intéressés,  soit  à  tout 
citoyen,  et  comportant  une  amende  de  20000  sesterces 
qui  revenait  au  plaignant  et  qui  pouvait  être  élevée  s’il 
était  un  intéressé  29.  Mais  les  amendes  sépulcrales  n'appa¬ 
raissent  pas  avant  le  milieu  du  ne  siècle  ap.  J.-C. 
Elles  paraissent  être  venues  de  l’Orient,  car  on  les 
trouve  dansla Carie  et  la  Lycie  dès  le  me  siècleav.  J.-C.  “. 
Elles  sont  très  nombreuses  dans  l’Orient,  l’Italie  et  à 
Rome  ;  on  n’en  trouve  aucune  trace  dans  1  Espagne,  la 
Gaule,  la  Bretagne  32,  presque  aucune  dans  l'Afrique. 
Elles  ne  se  réfèrent  pas  à  une  loi  ;  quelques  inscriptions 
d’Orient  indiquent  vaguement  des  règlements  impé¬ 
riaux 311  ;  le  fondement-juridique  a  peut-être  été  un  séna¬ 
tus-consulte,  valable  pour  l'Italie,  puis  appliqué  peu  à 
peu  dans  les  provinces.  Le  fondateur  d’un  tombeau 
édicte  donc,  pour  le  protéger,  une  amende  qui  n’exclut 
pas  d’ailleurs  l’amende  prétorienne.  11  l’a  vraisembla¬ 
blement  dénoncée  au  préalable  à  l’autorité  compétente, 
probablement,  à  Rome,  aux  pontifes31,  ailleurs  aux 
magistrats  locaux,  car  dans  l'Asie  Mineure  le  dépôt  de 
l’acte  aux  archives,  peut-être  obligatoire35,  joue  un  rôle 
essentiel.  Le  chiffre  de  l’amende  est  très  variable  ;  en 
Italie  elle  dépasse  rarement  100000  sesterces  ;  en  pro¬ 
vince,  5000  deniers  36.  A  Rome,  elle  va  soit  à  la  caisse  des 
pontifes  (ou  des  Vestales),  soit  à  la  caisse  de  l'État,  à 
Yaerarium,  et  aux  pontifes37,  soit  quelquefois  à  d’autres 
destinataires  38  ;  en  dehors  de  Rome,  elle  va  généralement 
soit  à  Yaerarium  39,  soit  au  trésor  de  la  ville40,  soit  aux 

berbiïssen  Ly/ciens,  Gymnas-Progr.  Tubingen,  1888;  Merkel,  Ueber  die  sog.  Sepul- 
cral-Multen ,  Festgabe...  fur  lhering ,  Leipzig,  1802,  p.  70-134;  Mommsen, 
Strafrecht ,  p.  812-821  et  Zcitscli.  d.  Savigny-Stift.  Rom.  Abth.  10,  203;  Liehe- 
nam,  StwHeverwaltnng ,  p.  37-54  où  il  y  a  la  liste  complète  des  inscriptions. 

—  28  Paul.  Sent.  1,  21,8,  12;  1,  25,  5-8;  1,26,  6-9 ;  Dig.  47,  12,  3  pr.  §  6;  Corp. 

inscr.  lat.  6,  7788,  24  799;  10,  3334;  et  des  milliers  d’inscriptions. 

—  29  Dig.  47,  12,  3  pr.  6,  8,  10.  —  30  Les  plus  anciennes  connues  sont  de 
167  (C.  in.  I.  10,  6706  :  Anlium)  et  de  169  (Ath.  Mitth.  6,  371  :  Philadel¬ 
phia  de  Lydie).  —  31  C.  in.  gr.  4300  d,  4293,  4303  c,  4293.  —  32  Sauf  plus 
lard  :  C.  in.  I.  7,  922.  —  33  C.  in.  gr.  2834,  2850  c ,  4300;  Huit,  de  corr.  hell. 
1881,  p.  345.  —  34  Mommsen  le  conjecture  d’après  plusieurs  inscriptions  :  Corp. 
inscr.  lat.  6,  10  812,  14  413,  10  675,  29  909.  —  33  Ou  peut  le  conjecturer  d’après 
Corp.  inscr.  gr.  2829,  3282,  4247  ;  Lanckoronski,  Die  Stüdte  Pamphyliens 
und  Pisidiens ,  2,  173.  —  3G  Mommsen  croit  que  dans  des  sommes  plus  élevées, 
200000  sesterces  à  Ostia  (C.  in.  I.  14,  1 153),  300 000  deniers  à  Pola,  1  200000 
deniers  à  Rome  (C.  in.  I.  5,  121,  4057),  il  s’agit  du  denier  de  l’époque  posté¬ 
rieure,  comme  dans  les  cas  cités  dans  Renan,  Mission  en  Phénicie ,  p.  235, 
Arch.  epigr.  Mittheil.  ans.  Oesterr.  7,  173,  et  Ath.  Mittheil.  6  ,  259.  —  37  C. 
in.  I.  6,  8518,  10219,  10848,  13618,  13822.  —  38  Ibid.  6,  17  301  (la  statio  castrensis )  ; 
7458,  8750  (le  collegium  cocorum).  —  39  R  est  indiqué  expressément  ap.  Bull,  de 
corr.  hell.  1882,  p.  518;  C.  in.  gr.  2814,  3335;  Le  Bas-Wadd.  25;  en  Orient  on 
indique  souvout  à  tort  le  fiscus.  —  40  En  Orient  le  destinataire  est  le  peuple,  le 
sénat  ou  la  gérousic. 


MUL 


—  2020 


MUL 


deux,  quelquefois  à  des  associations,  à  des  temples,  à 
l’Église  chrétienne*.  Eu  dehors  de  Rome,  toute  per¬ 
sonne  peut  intenter  l’accusation,  devant  les  magistrats 
municipaux  qui  sont  sans  doute  chargés  aussi  de  lever 
l’amende2.  Il  y  a  souvent  une  prime,  de  quotité  variable, 
la  moitié,  le  quart,  le  tiers,  pour  le  délateur3.  En  Asie, 
l'amende  laisse  subsister  à  côté  d’elle  la  poursuite  cri¬ 
minelle  pour  Tuaêwpuyt'a4,  dont  la  peine  est  variable 
selon  les  cas,  quelquefois  capitale  8.  Après  Constantin, 
à  côté  de  peines  graves,  telles  que  la  déportation,  la  relé¬ 
gation,  l’envoi  aux  mines,  la  mort6,  il  y  a  encore  une 
amende  de  20  livres  d’or  ’. 

VIII.  Levée  de  l’amende.  —  Sous  la  République,  elle 
appartient  au  magistrat  qui  a  dirigé  la  poursuite  :  pré¬ 
teur,  président  de  la  quaestio 8,  tribun 9,  magistrats 
municipaux10.  Il  en  est  encore  ainsi  sous  l’Empire,  au 
moins  jusqu’à  l’époque  de  Marc-Aurèle,  sauf  quelques 
exceptions,  en  particulier  sous  le  règne  de  Claude  qui 
étend  sur  ce  point  la  compétence  des  procurateurs  impé¬ 
riaux11.  En  général,  le  condamné  doit  fournir  des  cau¬ 
tions,  praedes  et  praedia 12  ;  autrement,  au  début  il 
peut  être  emprisonné  à  perpétuité  13  ;  à  la  fin  de  la  Répu¬ 
blique,  on  n’emploie  plus  l’emprisonnement;  sous  l’Em¬ 
pire,  toutes  les  formes  de  coercition,  emprisonnement, 
prise  de  gage,  amende,  peuvent  être  employées  contre 
les  débiteurs  du  fisc  14  ;  mais  régulièrement,  en  l’absence 
de  cautions,  il  y  a  saisie  et  vente  aux  enchères  des 
biens  15.  Dans  beaucoup  de  cas,  ainsi  pour  les  repe- 
tundne  i6,  l’État  répartit  ensuite  l’argent  entre  les 
créanciers.  Il  n’est  pas  préféré  aux  créanciers  chirogra¬ 
phaires  n.  Primitivement  le  produit  des  amendes  allait 
sans  doute  aux  temples,  comme  le  produit  des  confisca¬ 
tions  ;  mais  à  l’époque  historique  il  revient  à  l’État,  sauf 
quand  il  est  employé  par  exception,  comme  nous  l’avons 
vu18  à  Rome  et  dans  les  villes  de  province19,  à  des 
dépenses  religieuses.  Sous  l’Empire,  il  tombe  réguliè¬ 
rement,  sauf  exceptions,  dans  Y aerarium ,  au  moins 
jusqu’à  l’époque  de  Marc-Aurèle,  comme  les  confis¬ 
cations  20  ;  à  partir  de  Septime-Sévère,  c’est  le  fisc  qui  le 
recueille,  et  dès  lors  la  vente  des  biens  appartient  aux 
procurateurs  impériaux  21.  Cn.  Liîcrivain. 

MULUS.  Il  (JUOVOÇ.  Mulet.  —  Au  temps  d’Homère,  l’éle¬ 
vage  du  mulet  était  fort  en  honneur  chez  les  Énètes, 
peuplade  qui  habitait  la  Paphlagonie,  sur  la  rive  asia¬ 
tique  du  Pont-Euxin  *.  Le  même  poète  parle  des  mulets 
que  les  Mysiens  avaient  donnés  à  Priam  et  qu’il  attelait  à 

i  C.  in.  1.  3,217,  1 42501 .  —  2  Ibid.  5,  8305;  C.  in.  gr.  4293;  Ath.  Mit- 
theil.  9,  203.  —  3  C.  in.  I.  5,  952;  3,  G84;  14,  160,  850;  19,  6700;  C.  in. 
yr.  42  47  ,  3915;  Lanckoronski,  L.  c.  2,  2IG,  147 ;  Rev.  arch.  1875,  30,  p.  51. 
_4  C.  in.  gr.  2824,  3260,  3092,  3694,  4207,  4224  d,  4253,  4441.  —  B  Dig.  47, 
12,  3,  §  7,  il.  —  «  Cod.  Theod.  9,  17,  1;  Paul.  Sent.  I,  21,  4,  5,  12;  Nov. 
Valent.  III,  lit.  22,  3-5.  -  7  Cod.  Th.  9,  17,  2.  —  8  Lex  Acil.  L.  c.  57.  — 
9  Gel!.  G,  19.  —  10  Lex  Malac.  L.  c.  c.  00.  —  U  Tac.  Ann.  12,  00;  Sucl. 
Claud.  12.  —  Textes  sur  l’amende  populaire  :  Dionys.  7,  17;  Val.  Max. 
4,  4,  7;  Gell.  0,  19,  2,  5.—  13  Gell.  0,  19;  Liv.  38,  00  (affaire  de  L.  Scipio). 

—  H  Dig.  48,  13,  9,  §  0.  —  15  Liv.  3,  57;  38,  00;  Dionys.  10,  42;  Lex 
Haut.  L.  c.  1.  11;  Lex  Acil.  1.  58;  Cic.  Verr.  I,  00,  150;  Pro  Rabir. 
Posth.  4,  8,  13,  37;  Tac.  tJisl.  1,  20,  90;  Gai.  4,  140.  —  «  Lex  Acil.  07,  59. 

—  17  Dig.  49,  14,  17;  Cod.  Just.  10,  7,  l.  un.  —  18  Voir  notes  28,  29,  p.  2015. 

—  19  Lex  Tarent.  L.  c.  1.  30;  Lex  GeneCiv.  c.  05;  C.  in  l.  8,  972,  973;  12,  1377. 

—  20  J.cs  textes  rpic  cite  Mommsen  ( L .  c.  p.  1026)  s'appliquent  essentiellement 
aux  confiscations  (Sucl.  Ang.  41;  Vit.  ffadr.  7,  7;  V.  Marc.  24,  9;  lac. 
Ann.  4,  20;  0,  2;  6,  19;  Hist.  1,  05;  Plin.  Paneg.  55).  —21  Cod.  Just.  2,  37, 
2;  3,  20,  1,  3,  4,  5;  10,  8,  1-2;  Dig.  48,  l,  G;  Frajrn.  de  jur.  fisc.  8-9.  —  Bi¬ 
bliographie.  Brissonius,  Lex  Aternia  Tarpeia,  Select.  Antiquit.  I,  3  ;  l 'la— 
Iner,  Quaestiones  historicae  de  criminum  jure  antiquo  romano,  1830,  p.  40- 
59;  Walter,  Geschichte  des  rôm.  Redits,  3e  6d.,  Bonn,  1860.  n"*  401,  820,  831, 
848;  Zumpl,  Dus  Criminal  Recht  der  rôm.  Republik,  I,  Berlin  1805;  Uusclike, 


son  char2.  Une  tradition  ancienne  prétendait  même  a  I 
les  Mysiens  avaient  eu  les  premiers  l’idée  d’accou  .D 
l'âne  et  la  jument3.  Jusque  sous  l’Empire,  les  muleiT 
Galatie  étaient  fort  recherchées  et  passaient  pour  des 
animaux  de  luxe4.  Quelques  auteurs  affirment  qu’en - 
Elide  l’accouplement  de  l’âne  et  de  la  jument  restait  sté- 
rile;  les  Éliens  conduisaient  leurs  juments,  au  moment 
de  la  saillie,  sur  le  territoire  des  peuples  voisins,  et  les 
ramenaient  pleines  chez  eux.  Les  uns  ont  cherché  la 
cause  de  ce  fait  étrange  dans  le  climat,  les  autres  dans 
une  malédiction  mystérieuse5,  llehn  suppose  qu’une 
vieille  coutume  fondée  sur  des  idées  religieuses,  dont  la 
trace  se  retrouve  ailleurs  \  interdisait  l’accouplement  de 
l’âne  et  de  la  jument  comme  contraire  à  la  nature  ;  là  où 
elles  s’étaient  localisées,  il  fallait  faire  appel  aux  éleveurs 
du  dehors  pour  se  procurer  des  mulets,  et  c’est  peut-être 
ce  qui  explique  que  l’élevage  de  ces  animaux  ait  pris  une 
extension  particulière  dans  certaines  provinces  asia¬ 
tiques7.  On  les  employa  aussi  de  très  bonne  heure  dans 
la  Grèce  propre.  Chez  Homère  il  est  question  d’un  riche 
propriétaire  d’Ithaque,  Noémon,  dont  les  douze  cavales, 
parquées  en  Élide,  avaient  mis  bas  des  mulets8. 

Le  mulet  s’accommodant  très  bien  du  séjour  des  mon¬ 
tagnes  (8 poç),  à  cause  de  ses  qualités  naturelles,  avaitrecu 
des  Grecs  le  nom  d’ôfeuç,  aussi  ancien  que  celui  d\u.tov&; 
et  communément  usité  9.  Tandis  qu’ÿgtovo;  et  mulus 
étaient  réservés  pour  le  mulet,  produit  de  l’âne  et  de  la 
jument,  on  appelait  ytwoç  ( hinnus  10  et  burdus,  burdo  H) 
le  bardot,  produit  du  cheval  et  de  l’ânesse.  Les  natura¬ 
listes  anciens  décrivent  ces  animaux  en  détail  12  et  les 
auteurs  de  traités  sur  l’agriculture  enseignent  quels 
soins  il  convient  de  leur  donner13.  Quelques-uns  ont 
expliqué  à  leur  manière  pourquoi  le  mulet  est  stérile14  ; 
on  racontait  cependant  que  cette  loi  naturelle  avait  subi 
quelquefois  des  exceptions  ;  les  historiens  eux-mêmes  ont 
noté  des  exemples  de  mules  qui  auraient  mis  bas,  comme 
des  prodiges  annonçant  les  pires  calamités  llj.  Mais  on  di¬ 
sait  couramment,  en  guise  de  proverbe  :  «  Quand  les  mules 
mettront  bas  »,  pour  désigner  une  chose  impossible  ’6. 

Toujours  apprécié  dans  les  pays  chauds,  où  il  vit 
mieux,  le  mulet  rendait  aux  anciens  des  services  très 
variés.  Le  paysan  l’attelait  à  sa  charrue  pour  labourer  la 
terre  17  et  l’employait  à  tous  les  travaux  rustiques 
(fig.  5160)  *8.  Dans  les  armées  on  lui  faisait  porter  les  ba¬ 
gages  ;  Darius  en  campagne  emmenait  à  l'arrière-garde 
six  cents  mulets  et  trois  cents  chameaux,  sur  lesquels  on 


Die  Multa  und  das  Sacramentum,  Leipzig,  1874;  Mommsen,  Rümisches 

Strafrecht,  Leipzig,  1899.  ,  -i, 

MULUS.  1  II om.  II.  Il,  852  :  Ï9£v  pvoî  àrfo«j<U.v.  On  a  applique  ^ 

à  l’hémione  sauvage.  Il  vaut  mieux  les  entendre,  comme  I  ont  lait  es 
mules  paissant  en  liberté,  qui  n'ont  pas  été  dressées.  \.  Ht  lin,  P 

Hausthiere  (1894)  p.  503,  n.  41.  -  2  Hom.  II.  XXIV,  277,  323  ;  c  .  XVII,  J- 
XXIII,  114,  205,  045.  -  3  Anacr.  Fragm.  34,  Bergk.  “  |u.  ap 

dicit.  2.  Mulet-,  de  Cappado :e  :  Ps.  Arist.  De  rmrab.  ausc.  69  (  )>  ’v 

Plin.  Hist.  nat.  VIII,  173,  -5  Herod.  IV,  30  ;  Plut  OnaesLg^  5S.  ^  ^ 
5,  2.  —  C  Bibl.  Ezceh.  27,  14.  —  7  Hehn,  p.  132.  -  Hom.  Od.  ,  f  2 

II.  I,  50;  XXIII,  111;  Hcsiod.  Op.  794;  Aristoph.  Ran.  29U  ;  '  Jiecrf.  J,  320 

p.  I  405  i,  24  ;  Hist.anim.  VI,  24  ;  Orion.  Etym.  p.  1 12, 20;  nu '"‘M"  ’  *  g  .  Co]um 
Ilesych.  s.  v.  -  10  Arist.  Hist.  anim.  VI,  24,  p.  702  ;  \arr.  .  >  «  ^  (jor  0cf.J[ 
VI,  37;  Ilcsych.  s.  v.  v.'vvn;  et  p.  400.  -  H  Isid.  Ong.  X II,  ,  ■  ■  VJ24  plin 

27,  5  ;  Kpod.  IV,  I  4;  Ulpian.  L,  49,  De  leg.  3  -  -3  An.l.J«  ■ «»’ '  L.  , 

Hist.  nat.  VIII,  69.  -  ‘3  Mago,  Cassius  Dionysius  dU  l  I  ^  ^ 

Varr.  R.  rust.  Il,  8;  Colum.  VI,  37.  -  «  KmpcdocL,  Dcmoc  •  P-^  ^ 
anim.  gener.  II,  8.  -  «  Herod.  III,  151-155  ;  Arist.  Hist.  xm  23; 

Mago,  Cass.  Dionys.  ap.  Colum.  L  c.  ;  Varr.  De  >  •  rus  *  ’  16  guet.  Galb.  7* 

XXXVII,  3;  Jul.  Obsequ.  I2i;  Plut,  Placit.  plulos.  ,  *•  g2  Varr.  R 

Juven.  XIII,  00.  —  U  Hom.  Od.  VIII,  12o.  —  18  om ’  cf  amphora,  p-  249 
rust.  L.  c.\  Tlieogn.  990.  La  figure  est  tirée  d  un  vase  du  Lo 


MUL 


—  2021 


MUN 


avait  chargé  son  trésor1.  Celui  d’Alexandre,  après  la 
conquête  de  la  Perse,  fut  confié  à  un  convoi  qui  ne  com¬ 
prenait  pas  moins  de  trente  mille  mulets  2.  11  y  en  avait 
aussi  régulièrement,  chez  les  Romains,  dans  le  train  des 
équipages  militaires  [impedimenta,  (ig.  3982]  pour  porter 


Fig.  5160.  —  Attelage  de  mulets. 


les  armes  des  soldats,  pour  traîner  les  provisions,  les 
outils,  les  machines,  etc.  3.  On  connaît  le  soin  tout  par¬ 
ticulier  que  Marins  prenait  des  siens,  au  siège  de  Nu- 
mance  ;  Scipion,  son  général,  lui  en  faisait  souvent 
compliment,  de  sorte  que  «  quand  on  voulait  louer  iro¬ 
niquement  un  homme  assidu,  infatigable  et  grand  tra¬ 
vailleur,  on  l’appelait  mulet  de  Marius  »4.  On  se  servait 
beaucoup  des  mulets  daûs  les  voyages  [caupo,  fig.  1258] 
et  il  y  en  avait  généralement  dans  les  relais  à  la  disposi¬ 
tion  des  particuliers5.  A  l’origine,  le  Sénat  en  fournissait 
aux  magistrats  qui  s’en  allaientloin  de  Rome  remplir  une 
charge  ou  une  mission  au  nom  de  l’État  ;  plus  tard  ils  en 
trouvèrent  le  long  de  leur  route  lorsque  le  service  des 
postes  publiques  eut  été  organisé  par  les  empereurs  [cur¬ 
sus  publicus]  c.  Le  long  des  canaux  et  des  rivières  des 
mulets  tiraient,  sur  les  chemins  de  halage,  les  bateaux 
chargés  de  voyageurs  ou  de  marchandises  7.  En  un  mot, 
on  les  soumettait  à  tous  les  travaux  pénibles,  qui  exigent 

beaucoup  de  force  et  de  pa¬ 
tience.  Mais  il  ne  faut  pas  ou¬ 
blier  que  le  mulet  de  bonne  sou¬ 
che,  bien  nourri  et  bien  traité, 
peut  être  un  animal  de  luxe,  et 
qu’en  Orient  comme  dans  l’Eu¬ 
rope  méridionale  il  a  toujours 
fait  partie  des  écuries  les  plus 
riches  et  les  mieux  montées  :  on 
se  plaît  même  à  le  couvrir  de 
harnais  somptueux,  aussi  bien 
que  les  chevaux  de  prix,  pour  mettre  en  valeur  ses  formes 
nerveuses.  Yarron  recommande  aux  éleveurs  de  déve¬ 
lopper  dans  leurs  mulets  l’élégance  des  formes  «  ut 
oculos  aspectu  delectare  queant  » 8.  Un  bel  attelage  de 
nuli  rhedarii 0  était  un  des  signes  extérieurs  de  la 
fortune.  Chez  les  Romains,  les  grands  seigneurs  firent 
quelquefois  des  folies  pour  ces  animaux  :  Néron  avaitdes 
mules  chaussées  d’argent10;  celles  dePoppée,  sa  femme, 

1  Q.  Curt.  III,  3,  24;  Ilclbig,  Wandgem.  il"’  1557,  1607.  — 2  S’il  n'y  a  pas 
llans  ce  chifTi-e  une  exagération  de  Q.  Curt.  VIII,  7,  11,  ou  de  l'ora'eur  qu'il  fait 
parler.  —  3  Caes.  Bell.  Gall.  VII,  45  ;  T.  Liv.  VII,  14  ;  X,  40  ;  Frolilieh,  Kriegs- 
"esen  Caesars,  I,  p.  88.  —  4  plut.  Mar.  13.  —  3  Hom.  II.  XXIV,  150,  181,  189, 
i66>  ~n,  324,  350,  362,  442,  471,  576,  690,  697,702  ;  Od.  VI,  37,  68,  73,  82,  88,  111, 
233>  317  ;  VII,  2.  6;  Plaut.  Aulul.  III,  5,  21  ;  Varr.  B.  rust.  III,  17;  Hor.  Sat.  I,  6, 
'04;  Mari.  VIII,  61  ;  IX,  23  ;  XI,  79;  XIV,  197  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXXV,  37.  -  G  Tit. 
[ir.  XLII,  1  ;  Suet.  Aug.  36  ;  Lamprid.  Alex.  Sev.  12.  —  7  Hor.  Sat.  1,5,  11-14; 
''Irab.  V,  3.  Autres  travaux  :  Pliaedr.  II,  8  ;  Senec.  Epist.  123  ;  Suet.  Jul.  31  ;  Midi 
cUtellarii:  Plaut.  Most.  111,2,  93.  —  8  Varr.  R.  rust.  Il,  8,  5.  -  9  Ibid.  III,  17  ; 
Senec.  Epist.  87  ;  Ulpian.  L,  38,  §  8  ;  Auson.  Epist.  8,  14  ;  Cf.  Hom.  Od.  XV,  84. 
~~  10  Suet.  JVer.  30.  —  U  Dio  Cass.  LXH,  28  ;  Plin.  Hist.  nat.  XXXHI,  49.  —  12  Juv. 
'U-  178-181  ;  Mari.  III,  62.  Mulets  célèbres  :  Arist.  Hist.  anim.  VI,  24;  Plin.  Hist. 
''a'f  4IU,  59  ;  Plut.  De  solert.  anim.  13  et  16  ;  Cat.  maj.  5.  —  13  Cohen,  Monn. 
xrnP‘  b  ph  vm,  camarA,  fig.  1045  ;  carpentum,  fig.  1194  ;  C1UCIJS,  fig.  1527.  —  14  Cohen, 
c- Pb  xv  et  VU  p.  80;  Eckhel,  Doctr.  numm.  V.  p.  345-349;  VI,  p.  1  47-152  ; 

VI. 


5161.  —  Char  attelé  de  mules. 


étaient  chaussées  d’or  .MULOMEDicus,  p.  2012]  11 .  Juvénal 
affirme  que  certains  personnages  opulents  se  faisaient 
construire  d’immenses  portiques,  où  ils  pouvaient  se 
promener  en  voiture  par  les  temps  de  pluie,  sans  exposer 
à  la  crotte  les  sabots  de  leurs  mules12.  La  figure  .>101 
représente,  d’après  une  monnaie,  le  char  funèbre,  attelé 
de  deux  mules,  qui,  en  l’an  37,  porta  dans  la  procession 
du  cirque  les  cendres  d’Agrippine,  mère  de  Caligula1"; 
le  même  honneur,  comme  on  le  voit  par  d’autres  pièces, 
fut  souvent  accordé  aux  femmes  de  la  maison  impériale; 
quelques-unes  l’obtinrent  même  de  leur  vivant  Dans  la 
ville,  le  carpentum  mulare  était  un  privilège  des  ma¬ 
trones,  soumis  à  certaines  restrictions  par  les  lois  et 
règlements  [carpentum]16.  Pour  suffire  aux  besoins 
d’une  si  brillante  clientèle,  il  fallait  que  les  éléveurs 
pussent  amener  sur  le  marché  des  bêtes  de  choix  ;  aussi 
les  ânes  qui  servaient  à  la  reproduction  étaient-ils  en¬ 
tourés  de  beaucoup  de  soins  ;  les  étalons,  que  l’on 
entretenait  principalement  en  Arcadie  et  sur  le  territoire 
de  Réate,  se  vendaient  fort  cher  [asinus]  10. 

11  y  avait  des  prix  spéciaux,  dans  certains  jeux  publics, 
pour  les  attelages  de  mulets  ;  le  char  appelé 
semble  leur  avoir  été  particulièrement  réservé17;  des 
courses  d'àn-Tp/at,  traînées  par  des  mules,  furent  ins¬ 
tituées  à  Olympie  dans  la  70e  Olympiade  (500-497  av. 
J.-C.)18.  Pindare  a  chanté  deux  Siciliens  qui  y  rempor¬ 
tèrent  des  couronnes19.  Il  est  vrai  qu’on  les  supprima 
quelques  années  plus  tard  «  parce  que  ce  n’était  pas  un 
assez  beau  spectacle  »,  sans  doute  à  cause  de  la  forme  et 
de  la  lourdeur  du  char  [hippodromos,  p.  200]  20 .  Les  Ro¬ 
mains  associaient  les  mulets,  comme  les  chevaux  et  les 
ânes,  aux  fêtes  qu’ils  célébraient  de  toute  antiquité  en 
l'honneur  du  dieu  Consus,  protecteur  de  l’agriculture. 
Aux  Gonsualia  du  21  août,  les  mulets  étaient  ornés  de 
fleurs 21  ;  le  15  décembre,  il  y  avait  dans  le  grand  cirque  des 
courses  de  chars  attelés  de  mulets,  «  parce  que  ces  animaux 
passaient  pour  avoir  formé  les  premiers  attelages  »22. 

Le  mulet,  comme  l’âne,  et  pour  les  mêmes  raisons, 
était  consacré  à  Racchus  et  figurait  au  nombre  de  ses 
attributs  [baccuus,  p.  621].  Au  lieu  du  cheval,  on  prêtait 
quelquefois  le  mulet  ou  la  mule  comme  monture  à  Sé- 
léné,  divinité  de  la  Lune;  on  racontait  à  ce  sujet,  dit 
Pausanias,  une  fable  trop  sotte  pour  être  rapportée  [luna, 
p.  1388] îi.  La  véritable  raison  paraît  avoir  été  tout  sim¬ 
plement  que  la  mule  était  la  monture  ordinaire  des 
femmes24.  Georges  Lafaye. 

MUNDUS.  —  Ce  terme,  qui  parait  avoir  été  introduit 
dans  la  langue  latine,  à  titre  de  substantif,  comme  une 
traduction  du  xougo ;  des  Grecs1,  désigne  chez  Caton 
l’Ancien,  qui  l’emploie  pour  la  première  fois,  une  fosse 
creusée  à  Rome2,  sans  doute  suivant  le  rite  étrusque 

Marquardt-Mau,  Privatleb.  d.  Rom.  p.  735;  Marquardt,  Staatsverw.  III, 
p.  510.  —  15  Lamprid.  Heliog.  4,  4.  — 16  Varr.  Il,  8;  Slrab.  V,  3.  Mulets 
remarquables  dans  les  Baléares:  Diod.  V,  17.  —  17  Hom.  II.  XXIV,  324, 
578,  590,  71  1  ;  Od.  V,  75  ;  VI,  72,  252  ;  Pind.  Pgth.  IV,  94  ;  Cf.  Scliol.  ad  Pind. 
Ol.  V,  6,  p.  119.  —  13  Paus.  V,  9,  1-2;  Scliol.  ad  Pind.  Ol.  VI,  p.  129,  Boeckli. 
— 19  pind.  OL  V  et  VI. —  20  Paus.  L.  c.  ;  Krause,  Gymnastik  und  Agonistik 
der  Hellcnen,  I,  p.  569,  n.  8  et  9.  —  21  Dionys.  liai.  I,  33;  Plut.  Quaest.  rom. 
48;  Paul.  p.  14S,  midis.  —  22  Fest.  p.  148,  Miiller.  —  23  Paus.  V,  11,  8;  Nonn. 
Dionys.  VII,  24,  4.  —  21  Tertull.  Ad  uxor.  II,  5.  —  Bibliographie.  Scheffer,  De 
re  vehiculari  veterum  (1671),  I,  cap.  8;  Ginzrot,  Die  Wagen  und  Fahrwerke  d. 
Gr.  u.  R.  (1817),  II,  p.  482;  Magerslaedt,  tlilder  aus.  der  rom.  Landwirthschaft 
(1860),  II,  p.  169;  Hehn,  Kulturp/lanzen  und  Hamthiere,  6*  édit,  (i 894),  p.  131 
et  563. 

MUNDUS.  1  Bréal  et  Bailly,  Dict.  Etgm.  lat.  p.  205.  —  2  Sqi>  1q  situation  du 
Mundus ,  voir  Gilbert,  Gesch.  und  Topogr.  d.  Stadt.  Rom,  I,  p.  99;  O.  Richlcr, 
Topogr.  d.  Stadt  Boni,  p.  35  et  148. 


254 


MUN 


—  2022  — 


MUN 


qui  présidait  à  la  fondation  des  villes1.  Les  Romains  y 
voyaient  comme  une  image  réduite  de  l’univers;  ils  y 
jetaient,  lors  de  cette  fondation,  les  prémices  du  sol  et, 
en  cas  de  colonisation,  une  poignée  de  terre  emportée 
de  la  mère  patrie.  D’une  façon  spéciale,  le  mundus  éta¬ 
blissait  le  contact  du  règne  des  vivants  avec  celui  des 
morts,  ce  qui  l’avait  fait  consacrer  à  Dis  Pater  et  à  Pro¬ 
serpine2.  Les  calendriers  nous  apprennent  que  cette 
fosse  s’ouvrait  trois  fois  par  an,  le  24  août,  le  15  octobre 
et  le  8  novembre,  sans  doute  afin  que  les  Mânes  pussent 
entrer  en  communication  avec  les  vivants.  La  partie 
inférieure  était  fermée  par  le  lapis  Manalis  (Y.  ce  mot, 
p.  1562  et  Mânes,  p.  1577).  J. -A.  IIild. 

MUNDUS  MUL1EBUIS.  —  Les  Romains  comprenaient 
sous  ce  nom  l’ensemble  des  objets  dont  les  femmes  fai¬ 
saient  usage  pour  leur  toilette.  Quelques  auteurs1  en  ont 
étendu  la  signification  à  tout  ce  qui  appartient  au  vête¬ 
ment  et  à  la  parure  ;  mais  son  acception  propre  est  plus 
restreinte  et  les  jurisconsultes2  distinguent  avec  soin  ce 
qui  sert  à  l’entretien  du  corps,  ustensiles,  vases,  miroirs, 
parfums,  attirail  du  bain,  qui  constituent  le  mandas ,  et 
mettent  à  part  les  bijoux,  rubans,  coiffures  et  tout  ce  qui 
n’est  fait  que  pour  l’ornement  ( ornamenta ).  E.  Saglio. 

MUNICIPIUM.  —  Le  mot  municipium ,  comme  les 
termes  municeps,  municipalis ,  a  eu,  dans  l’antiquité, 
au  moins  dans  les  derniers  siècles  de  l’Empire,  deux 
acceptions  différentes.  11  a  été  employé,  tantôt  dans  un 
sens  très  général  pour  désigner  toute  ville  de  consti¬ 
tution  romaine  en  Italie  et  dans  les  provinces,  par  oppo¬ 
sition  à  Rome  1  ;  tantôt,  dans  un  sens  précis,  pour  dési¬ 
gner,  soit  une  condition  de  droit  public,  soit  plus 
fréquemment  une  catégorie  spéciale  de  villes  italiques  et 
provinciales.  Nous  l’étudierons  seulement  dans  ce  dernier 
sens,  le  seul  qui  ait  vraiment  une  valeur  historique. 

L’étymologie  grammaticale  du  mot  municipium  n’est 
pas  douteuse.  Il  dérive  de  municeps  comme  principium 
dérive  de  princeps\  or,  municeps  e  st  équivalent  à:  is  qui 
munia  ( munera )  capit.  Mais  quelle  est  la  vraie  significa¬ 
tion  de  l’expression  :  munera  capere"!  Les  anciens  eux- 
mêmes  ne  semblent  pas  avoir  été  d’accord  sur  ce  point  : 
d’après  Festus2  et  Varron3,  munera  capere  doit  êLre 
considéré  comme  synonyme  de  munus  fungi ,  s’acquitter 
d’un  devoir  public;  Festus,  qui  nous  apprend  qu’à 
l’origine  les  municipes  n’étaient  pointa  Rome  électeurs 
ni  éligibles,  emploie  même  le  mot  munus  dans  le  sens 
restreint  qu’il  a  quand  il  s’oppose  au  terme  honos ’;  de 
même  Ulpien,  au  Digeste *.  Aulu-Gelle,  au  contraire, 
paraît  confondre  précisément  ces  deux  termes  opposés, 
munus  et  honos,  lorsqu’il  essaie  de  caractériser  les 
municipes ,  en  rappelant  qu’ils  sont  muneris  tantum 
cum  populo  romano  lionorarii  participes 5.  Plusieurs 
savants  modernes  ont  proposé  un  autre  sens  ;  d’après 
eux,  munera  capere  signifie  recevoir  des  présents ,  et  les 
municipes  éLaient  des  personnes  qui  avaient  reçu,  comme 
présent  du  peuple  romain,  le  droit  de  cité  romaine  partiel 
ou  complet.  L’idée  contenue  dans  les  mots  municeps , 


municipium ,  ainsi  expliqués,  devrait  être  rattachée 
jus  hospitii ,  les  premiers  municipes  ayant  été  des  hôtT 
du  peuple  romain.  Marquardt6,  NVillems1  Roueh 
Leclercq8  signalent  cette  explication9.  Puisque  le  sens 
originel  de  municeps ,  municipium  est  ainsi  controversé*5 
d  serait  fort  imprudent  de  vouloir  expliquer  ce  que 
c’était  qu’un  municipe,  en  se  fondant  exclusivement  sur 
l’étymologie  du  mot. 

Ce  n’est  pas  là,  d’ailleurs,  la  seule  difficulté  du 
problème.  Le  terme  municipium  a  été  employé  pour 
caractériser  soit  une  condition  de  droit  public,  soit  une 
certaine  catégorie  de  villes  dès  l’époque  de  la  République 
et  pendant  tout  le  Haut-Empire.  Dans  le  texte  de  Festus 
il  s’applique  à  des  groupes  d’Italiens  et  à  des  villes 
italiques  dont  l’agrégation  à  la  cité  romaine  date  du  ive  et 
du  mc  siècle  avant  J.-C.10.  Dans  la  Lex  Julia  munici¬ 
palis",  il  désigne  encore  exclusivement  des  cités  ita¬ 
liques;  mais  les  relations  des  cités  italiques  avec  Rome 
avaient  été  profondément  modifiées  depuis  la  Guerre 
sociale  de  90-88.  Enfin,  sous  l’Empire,  le  nom  de  muni¬ 
cipium  est  porté  à  la  fois  par  des  cités  italiques  et  par 
des  villes  provinciales;  dans  Aulu-Gelle12,  dans  les  lois 
de  Salpensa  et  de  Malaca13,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  documents  épigraphiques  u,  c’est  à  des  cités  provin¬ 
ciales  que  le  terme  s’applique.  Puisque  les  réalités  con¬ 
crètes  désignées  par  le  mot  municipium  sont  d’époques 
aussi  différentes,  on  s’expose  à  beaucoup  de  confusion 
si  l’on  ne  distingue  pas  ces  époques.  C’est  pour  avoir 
négligé  cette  précaution  nécessaire  que  beaucoup  d’éru¬ 
dits  ont  cru  voir  d’insolubles  contradictions  entre  les 
documents,  pourtant  peu  nombreux,  que  l’antiquité  nous 
a  laissés  sur  ce  sujet.  Ces  contradictions  s’évanouissent  si 
l’on  veut  bien  se  rappeler  que  les  définitions  de  Festus  se 
rapportent  au  ive  et  au  rnc  siècle  avant  J.-C.,  que  la  Lex 
Julia  municipalis  est  postérieure  à  la  Guerre  sociale, 
que  le  texte  d’Aulu  -Gelle  et  les  documents  épigraphiques 
datent  de  l’Empire  et  concernent  tantôt  des  villes  d’Italie, 
tantôt  des  cités  provinciales.  11  nous  paraît  indispen¬ 
sable,  conformément  à  ces  observations,  de  diviser 
l’étude  des  municipia  en  trois  parties  distinctes.  Nous 
examinerons  successivement  :  1°  ce  qu’il  faut  entendre 
par  municipia  avant  la  Guerre  sociale;  2°  quelle  lut  la 
condition  et  l’organisation  des  municipia  d  Italie  après 
la  Guerre  sociale,  pendant  les  dernières  années  de  la 
République  et  sous  l’Empire;  3°  quelle  fut  la  condition 
et  l’organisation  des  municipia  provinciaux. 

§  1.  Les  municipia  avant  ta  Guerre  sociale.  -  1 

n’avons,  pour  cette  période,  aucun  document  contem¬ 
porain.  Les  seuls  renseignements  précis,  dont  nous 
pouvons  faire  usage,  nous  sont  fournis  par  les  défini¬ 
tions  célèbres  que  Festus  a  données,  suivant  toute  appa¬ 
rence  d’après  Varron,  des  mots  municeps  et  munici¬ 
pium,  et  par  quelques  passages  de  Tite-Live,  de  Denys 
d’Halicarnasse,  de  Velleius  Paterculus.  Le  texte  londa- 
menlal  est  la  définition  du  municipium  par  Festus  . 

Municipium  id  genus  hominum  dicitur,  qui  cum 


1  Varr.  Ling.  lat.  V,  143;  I'iin.  Hist.  nat.  XXXI,  1;  Fest.  p.  142,  154;  Ep. 
128;  Plut.  Rom.  10;  Quaest.  Rom.  10,  3;  Scrv.  Aen.  III,  131;  Macr.  I,  10,  17. 

_  2  Ov.  Fast.  IV,  821  ;  cf.  Preller,  Roem.  Myth.  p.  450  cl  Mucllcr-Deeke,  Die 

Elrusker,  II,  p.  98  sq.  184. 

MUNDUS  MUUIIîBRIS.  1  Tit.  Liv.  XXXIV,  7  :  Apul.  Met.  Il,  9,  p.  118. 

_  2  Dig.  XXXII,  100,  De  le  g.  ;  Ibid.  XXXIV,  2,  25,  De  aur.  arg.  mundo ;  Cf. 

Varr.  Ling.  lat.  V,  129  ;  Tertul.  De  habitu  mul.  4. 

MUNICIPIUM. 1  J.  Marquardt,  Organ.  de  l'emp.  romain  (Marquardtct  Mommsen, 


Manuel  des  antiq.  rom.  trad.  franc,  t.  VIII),  I.  I,  P-  I73'170  ;  °'  Karl f  De 
Rechtsgescli.  I,  p.  578.-  2  Fest.  De  ver  b.  signif.  s.v.  Municipium.  ■  Qr_ 

ling.  lat.  V,  179,  s.  u.  Munus.  -  4  Liv.  L,  t.  I,  I.  1.  -  5  Att.SM,  ( 

gan.  de  l’emp.  rom.  1,  p.  35-30.  -  7  Willems,  Le  droit  publie  romain ,  P-  -J 


—  8  Bouché-Leclercq,  Manuel  des  Ins  tit.  rom.  p.  1 75  sef . 


_ 9  C.f.  0.  KarJowa,  Itôm- 


Rechtsgescli.  p.  288. 


10  Fest.  Loc 


_  cil.  —  Il  Corp.  inscr.  lat.  L  20(5 


Fontes  juris  Rom.  antiq.  o'  éd.  p.  101  sq 
inscr.  lat.  II,  1903,  1904;  Bruns 


14  R'oc.  Att.  XVI,  13- 


Bruns, 


o  _  13  Corp • 


,^p,13SSq.-3^--toPf 


MUN 


—  2023  — 


MUN 


llomavn  venissent,  neque  cives  Romani  essent,  parti¬ 
cipes  tamen  fuerunt  omnium  rerum  ad  munus  fun- 
gendum  una  cum  Romanis  civibus,  praeterquam  de 
suffragio  ferendo  aut  magistratu  capiendo ,  sicut 
fuerunt  Fundani,  Formiani,  Cumani,  Accrrani.  Lanu- 
vini,  Tusculani,  qui  post  ahquot  annos  cives  Romani 
effect i  sunt.  Alio  modo ,  cum  id  genus  hominum  defi- 
nitur ,  quorum  civitas  universa  in  civitatem  Romanam 
venit ,  ut  Aricini,  Caerites,  Anagnini.  Tertio ,  cum  id 
genus  hominum  definitur,  qui  ad  civitatem  Romanam 
itavenerunt,  ut  municipia  essent  sua  fou,  suivant  une 
correction  généralement  adoptée,  municipes  essent  suae) 
cujusque  civitatiset  coloniae,ut  Tiburtes,  Praenestini, 
Pisam,  Urvinates (ou.  Arpinates),  Nolani,  Bononienses, 
Placent ini,  Nepcsini,  Sutrini,  Locrenses1. 

Il  faut  remarquer  tout  d  abord  que  le  mot  municipium 
est  employé  ici,  non  dans  le  sens  concret  de  cité  ou 
commune,  mais  dans  le  sens  abstrait  de  condition  de 
droit  public.  Il  désigne  évidemment  la  condition  parti¬ 
culière  dans  laquelle  se  trouvent,  par  rapport  au  droit  de 
cité  romaipe,  trois  catégories  nommément  indiquées 
d’habitants  de  l'Italie. 

La  première  catégorie  se  compose  d’individus,  origi¬ 
naires  de  villes  italiques,  qui  sont  venus  s’installer,  élire 
domicile  à  Rome,  sans  être  citoyens  romains  ;  qui  ne 
sont  cependant  pas  traités  en  étrangers;  qui  sont  assi¬ 
milés  aux  citoyens  romains  pour  tout  ce  qui  est  des 
munera  publics,  mais  auxquels  n’ont  été  accordés  ni 
1  électorat  ni  1  éligibilité,  c’est-à-dire  qui  ne  peuvent  pas 
voter  dans  les  comices,  soit  électoraux,  soit  législatifs,  ni 
être  candidats  à  aucune  magistrature  publique.  Nous 
dirions  aujourd’hui  que  de  telles  personnes  ont  obtenu 
une  naturalisation  incomplète.  Ces  demi-citoyens,  comme 
les  appelle  Mommsen2,  servaient  dans  les  légions 
romaines,  et  non,  comme  les  alliés  ( socii ,  foederati),  dans 
les  corps  auxiliaires;  ils  payaient  le  tributum  dans  les 
mêmes  conditions  que  les  citoyens  romains  proprement 
•lits.  La  première  de  ces  obligations  est  formellement 
indiquée  dans  l’une  des  deux  définitions  que  Festus 
donne  du  mot  municeps  :  item  municipes  erant  qui  ex 
ahis  civitatibus  Romain  venissent,  quibus  non  licebat 
magistratum  capere,  sed  tantum  muneris  partent,  ut 
fuerunt  Cumani,  Acerrani,  Atellani,  qui  aeque  (ou  et) 
cives  Romani  erant  et  in  legione  merebant,  sed  digni- 
tates  non  capiebant3.  Si  l’on  se  rappelle  quelle  était, 
•lans  le  droit  des  gens  primitif,  la  défiance  que  chaque 
cité  éprouvait  contre  les  étrangers,  on  verra  dans  cette 
condition,  accordée  par  le  peuple  romain  à  certains 
Italiens,  un  véritable  privilège,  presque  équivalent  au 
droit  de  cité  lui-même.  Ce  privilège  fut  donné,  si  nous 
111  croyons  Festus,  aux  personnes  originaires  de  Fundi, 
lormies,  Cumes,  Acerra,  Lanuvium,  Tusculum,  Atella, 
qui  venaient  fixer  leur  séjour  à  Rome.  Ce  fut  d’ailleurs 
pour  toutes  ces  villes  un  acheminement  à  l’acquisition  du 
droit  de  cité  complet  :  post  aliquot  annos,  cives  Romani 
' sunt,  dit  Festus  ;  et,  pour  plusieurs  de  ces  villes, 
pour  Lundi,  Formies,  Acerra,  Lanuvium,  Tusculum, 
assertion  de  Festus  est  confirmée  par  divers  passages 
de  Tite-Live\  de  Denys  d’IIalicarnasse  s,  de  Velleius 

()  '  Fesl-  De  verb.  signif.  s.  v.  Municipium,  éd.  0.  Müller,  p.  127;  Bruns, 

/’■  cit.  p.  341.  —  2  Mommsen,  Le  droit  public  romain  (Marquardt  et  Mom- 
m'cn’  Manuel  des  antiq.  rom.  trad.  franc.),  t.  VI,  2,  p.  182  sq.  —  3  Fost. 

'•  Municeps,  éd.  0.  Müller,  p.  131;  Bruns,  Op.  cit.  p.  341.  —  4  Liv.  VIII, 


Paterculus c.  La  condition  de  municeps  nous  apparaît 
donc  ici,  d’une  part  comme  intermédiaire  entre  celle  de 
peregrinus  ou  hostis  et  celle  de  dois  proprement  dit; 
d’autre  part,  comme  nettement  diffère  nie  de  la  condition 
de  socius  ou  foederatus.  Mommsen  suppose  que  l’origine 
de  cette  condition  doit  être  cherchée  dans  les  relations 
qui  existaient  entre  Rome  et  les  villes  latines  avant  338  ; 
il  croit  même  que  le  mot  municipium  désigna  primiti¬ 
vement  la  cité  de  droit  latin  «  en  communauté  foncière  et 
par  conséquent  en  communauté  d’impôts  avec  Rome7  ». 
G  est  là  une  hypothèse  pure  et  simple,  qui  ne  se  justifie 
par  aucun  texte,  et  que  nous  ne  pouvons  admettre,  parce 
que  dès  le  début  il  y  a  eu,  nous  semble-t-il,  incompati¬ 
bilité  entre  la  condition  de  municeps  et  celle  de  socius. 
Le  municeps  faisait  partie  de  la  cité  romaine,  le  socius 
n  en  faisait  point  partie.  Or,  jusqu’en  338  la  plupart  des 
Latins  furent  socii  du  peuple  romain.  Seuls,  les  habitants 
de  Tusculum  avaient  reçu  la  civitas  avant  cette  époque8. 
Ce  fut  après  cette  date  seulement  que  de  nombreux 
Latins  entrèrent  dans  la  cité  romaine;  la  condition  des 
diverses  villes  latines  fut  déterminée  par  des  lois;  aux 
unes  fut  concédée  précisément  la  condition  de  droit 
qu  exprime  le  mot  municipium]  d’autres  furent  moins 
bien  traitées  et  restèrent  sujettes  de  Rome. 

La  seconde  catégorie,  à  laquelle  Festus  applique  la 
qualification  de  municipium ,  comprend  les  Italiens  dont 
la  cité  tout  entière,  en  bloc,  a  été  incorporée  à  la  cité 
romaine;  il  mentionne  comme  exemplesles  villes  d’Aricie, 
de  Caere,  d  Anagnia.  C’est  dans  la  même  catégorie  que 
furent  sans  doute  rangées  les  villes  de  Lanuvium,  Fundi, 
Formies,  etc.,  lorsque  la  civitas  leur  eut  été  accordée. 


Dans  la  première  phrase  du  texte  de  Festus,  le  terme 
municipium  désigne  une  condition  individuelle,  un 
privilège  personnel;  ici,  au  contraire,  il  a  un  sens 
collectif  ;  la  condition  de  droit,  appelée  municipium,  est 
conférée  non  à  tels  ou  tels  individus,  mais  à  une  collec¬ 
tivité,  à  une  cité  ;  ainsi  s’explique  que  le  mot  ait  été 
employé  pour  désigner  une  catégorie  de  villes,  qu’Aricie, 
Caere,  Anagnia,  aient  été  appelées  des  municipia.  Les 
citoyens  de  telles  villes  étaient  cives  Roman  i  ;  ils  servaient 
dans  les  légions  et  payaient  le  tributum ,  comme  les 
citoyens  romains  d’origine.  Sur  ce  point,  aucun  doute 


n  est  possible.  Mais  possédaient-ils  l’électorat  et  l’éligibi¬ 
lité,  et  les  villes  ainsi  amenées  à  la  cité  romaine  cessaient- 
elles  d’avoir  leurs  magistrats  municipaux?  Il  nous  parait 
impossible  de  donner  à  cette  question  une  réponse 
unique  et  générale,  line  telle  réponse  serait  d’ailleurs  en 
contradiction  avec  la  politique  même  du  Sénat  romain. 
Lorsqu  en  338,  après  la  révolte  des  Latins,  il  fut  urgent 
de  fixer  la  situation  nouvelle  des  cités  qui  avaient  rompu 
leur  alliance  avec  Rome  et  avaient  pris  les  armes  contre 
elle,  le  Sénat  refusa  de  promulguer  une  seule  et  même 
loi,  applicable  à  toutes  les  villes  :  relatum  de  singulis 
decrelumque ,  dit  Tite-Live3.  Parmi  les  villes  sur  le  sort 
desquelles  il  fut  alors  statué,  les  unes  reçurent  la  civitas 
sans  îestriction ,  telles  furent,  par  exemple,  Lanuvium, 
Aricia,  Nomentum,  Pedum,  dont  les  habitants  furent 
inscrits  dans  de  nouvelles  tribus  romaines10;  pour  Tus¬ 
culum,  la  question  reste  controversée.  D'après  Walter11, 


14.  —  6  Dion.  Hal.  XIV,  G.  —  6  Vcll  Pat  I  1 1  i  m  , 

VI.  a_,  „  ïeu'  ral-  u-  —  1  Mommsen,  Le  droit 

publ.  rom.  VI,  4,  p.  201  sq.  ;  2,  p.  443-445.  _  8  Liv.  VI,  26,  33.  -  9  Id.  VIII  44. 
—  In  Id.  VIII,  17;  Walter,  Gcsch.  des  rom.  Lîechts,  3e  éd.  I,  p.  128. il  Op  cit 


MUN 


—  2024  — 


les  Tusculani  auraient  continué  d’être,  comme  aupara¬ 
vant,  cives  sine  suffragio  ;  pourtant  Denys  d’Balicar- 
nasse  affirme,  en  termes  malheureusement  trop  vagues, 
qu’ils  furent  complètement  assimilés  aux  Romains' 
7tavTü>v  gETaBovTsç  iüv  toïç  Pcogafotç  [/.ettiv1.  Vers  la  même 
époque,  le  Sénat  romain  concéda  la  civitas  sine  suffragio 
à  plusieurs  cités  du  pays  des  Volsques  et  de  la  Campanie  : 
Capoue,  l  undi,  Formies,  Cuines,  Suessula  2.  Pour 
luindi,  formies  et  Cumes,  que  Festus  nomme  dans  sa 
première  catégorie,  il  faut  entendre  que  Rome  étendit 
alors  à  tous  les  citoyens  de  ces  villes  le  privilège  qui 
jusqu’alors  n’était  accordé  qu’à  ceux  d’entre  eux  qui 
venaient  s’établir  à  Rome.  Il  y  eut  donc,  dès  la  fin  du 
i' e  s'f’de  avant  J.-C.,  des  municipia  civium  Romanorum 
cum  suffragio ,  et  des  municipia  civium  Romanorum 
sine  suffragio .  Il  ne  faut  pas  d’ailleurs  s’exagérer  l’im- 
poi  tance  de  ce  droit  de  suffrage.  Il  ne  pouvait  s’exercer 
qu’à  Rome,  dans  les  comices.  11  n’aurait  donc  pas  eu  de 
valeur  pratique  pour  l’immense  majorité  des  habitants 
de  villes  comme  Capoue  et  Cumes,  qui  étaient  fort  éloi¬ 
gnées  de  Rome.  11  est  même  probable  que  la  plupart  des 
citoyens  d’Aricie,  de  Nomentum,  de  Lanuvium  venaient 
rarement  à  Rome  voler  dans  les  comices.  Si  en  droit  le 
jus  suffragii  fut  concédé  à  plusieurs  cités,  en  fait  il 
resta  le  plus  souvent  le  monopole  des  cives  Romani 
domiciliés  à  Rome  même. 

Quant  à  1  administration  des  municipia,  la  question 
qui  se  pose  est  de  savoir  si  les  villes  italiques,  qui 
leçurent  ce  titre,  continuèrent  ou  non  à  former  une  res 
publica ,  une  commune,  à  garder  leurs  magistrats.  Ici 
encore  le  problème  est  complexe  et  ne  saurait  comporter 
une  solution  générale.  D’une  part,  en  effet,  puisque  la 
condition  de  chaque  municipe  était  réglée  par  une  déci¬ 
sion  spéciale  du  Sénat  ou  du  peuple  romain,  il  n’y  a 
point  lieu  de  croire  que  toutes  ces  décisions  fussent  iden¬ 
tiques  en  ce  qui  concerne  l’administration  des  muni- 
cipes  ;  d  autre  part,  il  arriva  plusieurs  fois  que  des  muni- 
cipes,  pour  avoir  manqué  aux  devoirs  que  leur  imposait 
leur  admission  dans  la  cité  romaine,  pour  avoir,  par 
exemple,  fait  cause  commune  avec  des  ennemis  du  peuple 
romain  ou  avec  des  sujets  rebelles,  furent  privés  de 
l'autonomie  administrative  qui  leur  avait  été  d’abord 
accordée.  Ce  châtiment  fut  infligé  à  Anagnia  et  à  d’autres 
municipes  du  pays  des  Berniques,  en  306  3;  il  le  fut  à 
plusieurs  villes  campaniennes,  et  principalement  à 
Capoue,  pendant  la  seconde  guerre  punique.  Les  rensei¬ 
gnements  que  Tite-Live  nous  donne  sur  le  cas  de 
Capoue  sont  tout  à  fait  précis  :  ceterum  hahitari  tantum 
tanguam  urbem  Capuam  frequentarique  plaçait  : 
corpus  nullutn  civitatis  nec  senalum  nec  plebis  conci- 
lium  nec  magistratus  esse:  sine  consilio  publico,  sine 
imperio  multitudinem.  nullius  rei  inter  se  sociam,  ad 
consensum  inhabilem  fore  :  praefectum  ad  jura 
reddenda  ab  Roma  quotannis  missuros  L  Les  villes, 
ainsi  privées  de  tout  organe  municipal,  de  leur  assemblée 
du  peuple,  de  leur  sénat,  de  leurs  magistrats,  étaient 
administrées  par  des  praefecti,  délégués  soit  du  peuple 
romain  lui-même,  soR  du  préteur;  elles  prenaient  alors 
le  nom  d  e  praefecturae.  Les  habitants  des  praefecturae 
ne  perdaient  pas  leur  qualité  de  cives  Romani  ;  ils 

1  Dion.  liai.  XIV,  6.-2  Liv.  VIII,  14;  Vell.  Pal.  I,  14.  —  3  Liv.  IX, 

42,  43;  cf.  Walter,  Op.  cil.  p.  141-142.  -  4  Liv.  XXVI,  16  ;  XXXI,  29;  cf.  Cic.  Oc 
lege  agraria,  II,  32,  88;  33,  89.  _  B  Liv.  XXXVIII,  28;  cf.  Walt.  Op.  cit. 


MUN 


tnbutum,  h  êlrc  portés  s„r  les  listes  du  cens  • 
demeurant,  au  point  de  vue  de  leur  statut  'b 

dans  la  coud, t, on  de  droit  que  Festus  déliait  p""t 
terme  mumcipium ,  mais  la  collectivité  qu’ils  fonîvm  > 
cessait  d’avoir,  au  point  de  vue  adminLïif “  t 
propre  et  indépendante;  elle  était  dès  lors  assujetti, 
peuple  et  au  Sénat  romain6.  au 

U  serait,  à  nos  yeux,  tout  à  fait  imprudent  de  vouloir 
attribuer  une  seule  et  même  condition  à  toutes  les  villes 
qui  peuvent  rentrer  dans  la  seconde  catégorie  mentionné 
par  Festus.  Avant  la  lex  Julia  de  90,  les  municipes 
italiques  étaient,  suivant  toute  apparence,  de  conditions 
varices  :  ceux-ci  possédaient  la  civitas  cum  suffraqio 
ceux-là  la  civitas  sine  suffragio  ;  les  uns  formaient  une 
res  publica,  avec  assemblée  du  peuple,  sénat  et  magistrats  •' 
ceux-là,  au  contraire,  étaient  administrés  par  des  prae¬ 
fecti  romains.  Ajoutons  d’ailleurs  que  ces  municipia 
pouvaient  passer,  et  que  plusieurs  d’entre  eux,  nous  le 
savons  formellement,  passèrent  en  fait,  d’une  condition 
a  l  autre  :  Fundi  et  Formies,  qui  avaient  reçu  en  316  la 
civitas  sine  suffragio-,  Arpinum,  qui  l’avait  reçue  en  303, 
furent  dotés  en  188  de  la  civitas  complète1;  nous  avons 
vu  plus  haut  qu’Anagnia,  Capoue,  d’autres  villes  encore 
du  pays  des  Berniques  et  de  la  Campanie,  perdirent  leur 
autonomie  administrative  pour  devenir  des  praefecturae. 
Le  seul  caractère  commande  tous  ces  municipia,  celui 
qui  les  distingue  des  autres  villes,  c’est  que  tous  leurs 
habitants  ont  été  admis  en  bloc  dans  la  cité  romaine, 
jusqu’au  jus  suffragii  exclusivement.  Cette  condition 
est  bien  celle  qu’exprime  la  définition  de  Festus  :  quorum 
civitas  universa  in  civitatem  Romanam  venit.  Les  faits 


démontrent  que  cette  agrégation  à  la  cité  romaine  pou¬ 
vait  être  réalisée  sous  plusieurs  formes  diverses. 

La  troisième  catégorie,  mentionnée  par  Festus,  est  celle 
des  Italiens  qui  ad  civitatem  Romanam  ita  vénérant, 
ut  municipes  (municipia)  essent  suae  (sua)  eu  jusque 
civitatis  et  coloniae,  ut  Tiburtes,  Praenestini,  Pisani, 
Urbinates,  Nolani ,  Rononienses,  Placent ini,  Nepesini, 
Sutrini,  Locrenses.  Ici.  comme  dans  la  première  caté¬ 
gorie  de  Festus,  il  s’agit  de  personnes,  d’individus,  non 
de  cités  tout  entières.  Walter  se  trompe  lorsqu’il  affirme 


que  cette  définition  de  Festus  ne  trouve  son  application 
qu’après  la  Guerre  sociale  *.  A  cette  époque,  ce  n’étaient 
pas  seulement  les  citoyens  de  Tibur,  de  Préneste,  de 
Bononia,  de  Placentia,  qui  se  trouvaient  dans  cette 
condition;  c’étaient  tous  les  Italiens  en  général,  sauf 
exceptions  particulières.  Le  mot  municipium,  nous 
apprend  Festus  dans  ce  passage,  désigne  la  condition  des 
individus  qui  ont  acquis  la  civitas  romana  sans  cepen¬ 
dant  rompre  les  liens  civils  et  politiques  qui  les  rattachent 
à  leur  patrie  d’origine,  que  cette  patrie  soit  une  ville 
restée  extérieure  à  la  cité  romaine  ( civitas )  ou  qu  elle 
soit  une  colonie  latine  :  les  colonies  nommées  ici  per 
Festus,  Bononia,  Placentia,  Nepete,  Sutrium,  sont  en 
effet  des  colonies  latines.  Essayons  de  nous  représenter 
avec  précision  quelle  était  la  condition  de  cette  troisième 
catégorie  de  municipes.  Avant  la  Guerre  sociale,  les! 
habitants  de  Tibur,  de  Préneste,  de  Locres  n  étaient 
point  des  citoyens  romains;  ils  étaient  alliés  du  peuple  ; 


p.  313-314.  —  G  Fest.  De  verb.  signif.  s.  v.  Praefectura.  —  1  Liv.  -  ' 

Vcll.  Pat.  I,  H;  Liv.  XXXVIII,  36.  —  8  Op.  cit.  p.  312,  n.  7  (in  fine);  p- 
n.  îl. 


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—  2025  — 


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romain,  socii,  f oederali  ;  leurs  relations  avec  les  Romains 
et  leur  condition  politique  étaient  déterminées  par  les 
termes  des  foedera  que  Rome  avait  signés  avec  leurs  cités 
respectives  [foedus,  p.  1210].  Quant  aux  citoyens  des 
colonies  latines,  ne  possédant  que  le  droit  iatin,  ils 
n’étaient  pas  citoyens  romains.  Or,  nous  savons  que  Tibur, 
Préneste,  Rononia,  Placentia,  etc.,  ne  devinrent  pas  des 
municipia,  au  sens  concret  du  mot,  avant  la  Guerre 
sociale.  Mais  le  droit  de  cité  romaine  put  être  concédé 
individuellement  à  tels  ou  tels  de  leurs  habitants;  ces 
habitants  acquirent  alors  tous  les  avantages  attachés  au 
titre  de  civis  Romanus  ;  ils  ne  furent  plus  désormais  des 
socii,  ni  des  Latini.  Pourtant  ils  restèrent  membres  de  la 
commune,  civitas  ou  colonia ,  dont  ils  faisaient  aupara¬ 
vant  partie  ,  ils  continuèrent  d’y  exercer  leurs  droits.  Telle 
était  la  condition  des  magistrats  des  colonies  latines,  qui 
acquéraient  la  civitas  romana  par  le  seul  fait  d’avoir 
exercé  une  magistrature  dans  leur  ville.  A  notre  avis,  la 
définition  de  Festus  ne  peut  s’entendre  que  des  anciens 
socii  ou  Latini  qui  continuaientà  résider  dans  leur  patrie 
d  origine  :  car  s  ils  avaient  transporté  leur  domicile  à 
Rome,  après  avoir  reçu  la  civitas,  on  ne  voit  pas  bien  com¬ 
ment  ils  auraient  pu  demeurer  municipes  suac  cujusque 
civil atis  vel  coloniae.  Si  notre  opinion  est  juste,  la  troi¬ 
sième  catégorie  de  Festus  est  en  quelque  sorte  symétrique 
de  la  première  :  d’une  part,  étaient  municipes  à  Rome 
les  citoyens  de  certaines  villes  italiques  qui  venaient  s'ins¬ 
taller  à  Rome  et  qui  se  trouvaient  assimilés  incomplète¬ 
ment  aux  citoyens  romains  d’origine  ;  d’autre  part  étaient 
municipes  dans  certaines  villes  italiques  et  dans  plu¬ 
sieurs  colonies  latines  des  individus,  originaires  de  ces 
villes  et  de  ces  colonies,  qui  avaient  reçu,  à  titre  de  privi¬ 
lège,  le  droit  de  cité  romaine,  mais  qui  n’avaient  pas 
transporté  leur  domicile  à  Rome.  Les  premiers  étaient, 
par  exemple,  cives  Formiani,  Fundani,  Cumani,  etc., 
municipes  Romani-,  les  seconds  cives  Romani,  muni¬ 
cipes  Tiburtini,  Praenestini,  Rononienses,  etc. 

Les  trois  définitions  que  Festus  donne  du  mot  muni- 
cipium  correspondent  ainsi  à  trois  catégories  distinctes 
de  municipes.  La  première  de  ces  catégories  disparut 
probablement  d’assez  bonne  heure  :  les  villes  italiques, 
dont  les  citoyens  pouvaient,  en  élisant  domicile  à  Rome, 
acquérir  la  civitas  incomplète  dont  il  a  été  question  plus 
daut,  ne  tardèrent  pas  à  devenir,  par  une  concession 
collective,  des  municipia  civium  Romanorum.  La  troi¬ 
sième  catégorie,  au  moins  en  ce  qui  concerne  l’Italie, 
perdit  sa  raison  d’être  après  la  Guerre  sociale,  puisque 
tous  les  citoyens  des  villes  italiques  acquirent  alors  le 
droit  de  cité  complet.  Il  n’en  fut  pas  de  même  de  la 
seconde  catégorie.  Pendant  les  derniers  temps  de  la 
République  et  sous  l’Empire,  le  droit  de  cité  romaine 
bit  souvent  concédé  à  des  villes  provinciales,  consi¬ 
dérées  comme  des  êtres  collectifs.  Ce  fut  probablement 
a  ce^e  époque  que  le  mot  municipium  perdit  peu 
1  peu  le  sens  abstrait  qu’il  a  dans  la  définition 
d(‘  festus,  et  qu’il  prit  presque  exclusivement  le  sens 
concret  de  :  oppidum  civium  Romanorum ,  ville  dont  les 
'  doyens  possèdent  le  droit  de  cité  romaine. 


Aous  avons  essayé  d’expliquer  avec  précision,  en  nous 
servant  de  quelques  exemples  historiques  attestés  par 
ite-Live,  Denys  d’Halicarnasse,  Velleius  Paterculus,  la 


triple  définition  de  Festus.  Nous  pensons  que  celte  triple 
définition  est  claire  et  juste;  il  ne  faut  pas  oublier,  en  effet, 
lorsqu’on  étudie  un  problème  historique,  que  l’un  des 
éléments  essentiels  de  l’histoire  est  le  temps.  La  notion 
du  municipium  s’est  développée,  modifiée  pendant  plu¬ 
sieurs  siècles.  Depuis  la  condition  du  citoyen  de  Fundi, 
de  Formies,  de  Cumes  qui  venait  s'installer  à  Rome 
et  à  qui  les  Romains  accordaient  un  droit  de  cité 
incomplet  jusqu’à  celle  qu’obtinrent  tous  les  Italiens 
après  la  Guerre  sociale,  le  terme  municipes  a  servi  à 
désigner  plusieurs  catégories  de  personnes.  Il  nous  a 
paru  nécessaire  de  distinguer  nettement  ces  catégories. 
Cela  fait,  le  texte  de  Festus  ne  nous  a  point  semblé 
confus.  Nous  ne  pensons  pas,  comme  M.  Mommsen, 
qu’il  ait  été  bouleversé,  interpolé  à  plaisir '.  En  tout  cas 
nous  croyons  plus  conforme  à  la  vraie  méthode  histo¬ 
rique  d’accepter  ce  texte,  tel  qu’il  a  été  établi  par  les 
meilleures  récensions,  comme  document  et  base  de  dis¬ 
cussion,  que  de  le  remanier  au  profit  de  théories  sans 
doute  ingénieuses,  mais  essentiellement  hypothétiques. 

La  concession  du  titre  de  municipes  a  été,  avant  la 
Guerre  sociale,  l’un  des  procédés  mis  en  œuvre  par  le 
peuple  et  le  Sénat  romain  pour  étendre,  sinon  le  terri¬ 
toire  matériel,  du  moins  l’influence  et  l’autorité  politique 
de  la  cité  romaine.  Quel  était  le  vrai  sens  de  cette  con¬ 
cession  ?  Est-il  possible  d’assimiler,  comme  Zoeller,  les 
municipes  de  l’une  ou  l’autre  catégorie  à  des  dediticii, 
et  d’affirmer  que  la  concession  du  titre  de  municeps  ait 
été  comme  une  peine  imposée  par  Rome  à  des  peuples 
vaincus2?  Ici  encore  apparaît  le  danger  en  pareille 
matière  des  conclusions  trop  générales.  Il  est  certain  que 
plusieurs  villes  italiques  furent  admises  dans  la  cité 
romaine  après  avoir  été  vaincues;  et  l’on  peut  se 
demander  si  Rome  n’agit  pas  ainsi  pour  mieux  tenir 
sous  sa  domination  les  habitants  de  ces  villes.  Il  n’en 
est  pas  moins  vrai  qu’une  fois  dotés  du  droit  de  cité  soit 
complet,  soit  incomplet,  les  vaincus  de  la  veille  devenaient 
partie  intégrante  du  peuple  romain,  non  comme  des 
sujets  soumis  à  une  domination  arbitraire,  mais  comme 
de  véritables  citoyens.  Rien  n’est  plus  significatif  à  ce 
point  de  vue  que  la  promulgation  de  la  lex  Plautia 
Papiria  de  89.  Les  Italiens  furent  vaincus  dans  la  Guerre 
sociale  :  dira-t-on  que  le  droit  de  cité,  qui  leur  fut  alors 
concédé,  leur  fut  infligé  comme  un  châtiment,  au  nom 
des  droits  du  vainqueur  sur  le  vaincu  ?  Lorsqu’en  338, 
après  la  Guerre  latine,  le  Sénat  accorda  la  civitas  aux 
Lanuvini,  Nomenlani,  Pedani,  Aricini ,  il  est  vraisem¬ 
blable  qu’il  obéit  à  la  même  inspiration,  et  qu’il  voulut 
rattacher  définitivement  aux  destinées  de  Rome  les  cités 
du  Latium  les  plus  voisines  de  la  ville. 

D’autre  part  nous  savons,  par  des  textes  précis,  que 
le  droit  de  cité  fut  concédé  dans  d’autres  circonstances 
et  pour  d’autres  raisons.  En  cette  même  année  338,  la 
civitas  sine  suffraçqio  fut  accordée  a  Capoue,  parce  que 
les  équités  Campani  avaient  refusé  de  faire  cause  com¬ 
mune  avec  les  Latins  rebelles;  à  Fundi  et  à  Formies, 
parce  que  ces  deux  villes  avaient  toujours  fourni  un  libre 
passage  sur  leur  territoire  aux  légions  romaines  3.  Il 
tsl  impossible  de  contester  qu  il  s  agisse  là  d’une  récom¬ 
pense,  d'un  témoignage  de  gratitude.  Tel  fut  aussi  le 
cas,  du  moins  à  l’origine,  pour  Caere  :  d'après  Strabon 


1  Mommsen,  Le  droit  public  rom.  VI,  I,  p.  2G1  sq.  —  2  Zoeller,  De  civitate 


in  suffragio  et  municipia  Romanorum,  Heidelberg,  18GG.  —  3  Liv.  VIII,  14, 


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—  2026  — 


et  Aulu-GeUe  les  Caerites  reçurent  la  civitas  sine 
suffragio ,  parce  que,  lors  de  la  prise  de  Rome  par  les 
f-aulois,  ils  avaient  offert  un  asile  aux  Vestales  et  aux 
vases  sacrés  du  culte  romain.  Il  est  vrai  que,  pour  un 
citoyen  romain,  l’inscription  sur  les  Tabulae  Caeritum 
était  une  sorte  de  déchéance  :  on  en  a  conclu  que  le  droit 
de  cité,  dont  jouissaient  les  Caerites ,  ne  pouvait  pas  être 
un  privilège.  Ce  n’est  là  qu’un  sophisme.  Pour  les 
citoyens  de  Caere,  la  concession  du  droit  de  cité  romaine, 
même  sans  le  jus  suffragii ,  dans  les  conditions  où  cette 
concession  fut  faite,  était  un  avantage  et  un  honneur; 
pour  un  citoyen  romain,  au  contraire,  être  assimilé  à  un 
habitant  de  Caere,  être  inscrit  sur  la  même  liste  que  lui, 
c  était  vraiment  une  déchéance,  puisque  désormais  il 
était  privé  du  droit  de  voter  dans  les  comices  et  du  droit 
d  être  élu  aux  magistratures.  L’argument  qu’on  a  voulu 
tuer  des  Tabulae  Caeritum  ne  porte  nullement,  si  l’on  veut 
démontrer  que  la  concession  de  la  civitas  sine  suffragio 

Par  R°me  était  un  acte  de  politique  arbitraire  et  tyran¬ 
nique. 

Enfin,  certains  indices  permettent  même  de  croire  que 
la  concession  du  droit  de  cité  romaine  a  pu  être  stipulée 

—  dans  un  traité,  dans  un  foedus.  Cicéron  applique  à  la 
ville  d  Aricie  les  épithètes  suivantes  :  vetuslate  antiquis- 
simum,  jure  foederatum,  propinquitate  paene  fini- 
timum,  splendore  municipium  honestissimum 2.  Capena 
est  appelée  dans  deux  inscriptions  :  Municipium  Capena- 
tium  î- oederatorum,  Municipium  Capena  foederatum3. 
Si,  dans  la  terminologie  romaine,  une  civitas  foederata 
est  une  cité  dont  les  relations  avec  Rome  ont  été  réglées 
par  un  foedus,  il  est  légitime  d’interpréter  dans  un 
sens  analogue  l’expression  municipium  foederatum 
appliquée  aux  deux  villes  d’Aricie  et  de  Capena.  Celte 
interprétation  nous  semble  d’ailleurs  confirmée  par 
deux  formules  employées,  1  une  dans  le  Fragmenlum 
Atestinum  de  la  lex  Rubria ,  l’autre  dans  la  lex  Julia 
municipal is ^  On  lit  en  effet  dans  le  premier  de  ces 
documents  :  Quoius  rei  in  quoque  municipio  colonia 
praefectura  quoiusque  Ifviri  ejusve,  qui  ibei  lege 
foedere  pl(ebi)ve  sc[ito )  s(enatus)ve  c(onsulto)  insti- 
tutove  jure  dicunclo  praefuit...  D’autre  part,  la  lex 
Julia  municîpalis ,  dans  les  deux  paragraphes  qui  énu¬ 
mèrent  les  conditions  auxquelles  les  citoyens  des  muni¬ 
cipes,  colonies,  préfectures,  etc.,  devront  satisfaire  pour 
pouvoir  exercer  une  magistrature  municipale,  renferme 
la  formule  suivante  :  autei  vocatio  rei  militaris  legibus 
pl{ebei)ve  sc(itis)  exve  foidere  erit  \  Il  est  évident 
qu’aucun  foedus  ne  pouvait  intervenir  entre  l’État  romain 
et  les  colonies  ;  les  colonies  étaient  fondées  par  des  lois 
ou  des  plébiscites;  il  est  peu  vraisemblable  que  l’orga¬ 
nisation  d’une  ville  italique  en  praefectura  fût  la  consé¬ 
quence  d  un  foedus.  Dans  les  deux  formules  que  nous 
citons  ici,  l’expression  foedere ,  ex  foedere ,  s’applique 
aux  municipes  ;  elle  nous  indique  qu’il  y  avait  des 
municipes  italiques  dont  la  condition  et  l’organisation 
avaient  été  fixées  par  un  foedus. 

Il  n’y  eut  donc  pas  moins  de  variété,  semble-t-il,  dans 
les  origines  que  dans  la  condition  des  municipes  italiques. 
Le  caractère  commun  de  tous  les  êtres  individuels  ou 

l  Strab.  V,  2,  §  3;  Aul.  Gell.  Noc.  AU.  XVI,  13.  —  2  Cic.  Philipp.  111,6. 

—  3  Corp.  inscr.  lat.  XI,  3932,  3936.  —  4  Bruns,  Fontes,  a'  éd.  p.  100.  —  SJbiil. 
p.  106,  1.  93;  p.  107,  I.  103.  —  G  Cic.  Pro  Balb.  8,  21  ;  Appian.  De  bel.  civ.  49. 

—  7  Cic.  Pro  Arch.  4,  7 ;  Ad  fam.  XIII,  33;  Vcll.  Pat.  II,  16,  20.  —  8  Appian. 


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collectifs,  qui  ont  porté  avant  la  Guerre  sochlP  i 
de  municeps,  municipes,  municipio  c’est  V  res 
posséder  d’origine  la  civi'as  romafa,  l’en  avoir  été  d  T 
à  un  moment  quelconque  de  leur  existcnrp-  1  0les 
de  n’avoir  pas  rompu  tou!  lien  avee  le  passé 
caractère  apparaîtra  mieux,  lorsque  nous  ,’.,;  a  "  "cr 
condition  des  municipes  italiques  après  h  Ci  "  "  '°ns  la 
et  des  municipes  provinciaux  souKpÆ"" 

*  2.  Les municipia  italiques  après  la  Guerre  sociate 
-  La  condition  d  un  très  grand  nombre  de  villes 
bennes  fut  modifiée  à  la  suite  de  la  Guerre  soc  de 
années  90-88  av.  J„C.  La  loi  Julia  de  90  conféra  dthn  h 
le  droit  de  cité  romaine  à  tous  les  socii  et  Latin)  J* 
manifesteraient  le  désir  d’être  admis  dans  la  cité  romaine1 
est-a-dire  a  toutes  les  villes  qui  n’avaient  pas  pris  part 
a  la  révolte  ou  qui,  s’étant  révoltées,  feraient  immédia¬ 
tement  leur  soumission";  l’année  suivante,  en  89  h 
ci  Plautia  Papiria  conféra  ce  même  droit  à  tous 'les 
habitants  des  civitates  foederatae,  pourvu  1»  qu’ils  eus¬ 
sent  leur  domicile  en  Italie  au  moment  du  vote  de  la  loi  • 
;°  qu  ils  flssent  Ieur  déclaration  devant  le  préteur  dans 
les  soixante  jours  qui  suivraient  la  promulgation  de  la 
loi1.  Enfin,  lorsque  les  dernières  rébellions  furent 
domptées,  le  droit  de  cité  fut  accordé  à  tous  les  Italiens 
sans  distinction,  même  à  ceux  qui  étaient  restés  en 
armes  jusqu’au  bout8.  Il  est  tout  à  fait  probable  que  la 
même  condition  fut  accordée  en  même  temps  à  la  partie 
cispadane  de  la  Gaule  Cisalpine9;  quant  aux  habitants 
de  laTranspadane,  ils  reçurent  en  89,  par  la  lex  Pompeia , 
le  droit  latin10.  Ainsi,  à  cette  date,  tous  les  Italiens  qui 
résidaient  au  sud  du  Po  devinrent  des  citoyens  romains. 
Rome  voulut  d’abord  n’inscrire  ces  nouveaux  citoyens 
que  dans  huit  tribus,  tandis  que  les  anciens  citoyens 
demeuraient  répartis  dans  vingt-sept  tribus,  ce  qui 
leur  assurait  dans  les  comices  une  écrasante  majorité”. 
Cette  situation  humiliante  pour  les  nouveaux  citoyens  ne 
dura  pas  longtemps.  En  88  le  tribun  S.  Sulpicius  Rufus 
fit  voter  un  plébiscite  qui  ordonnait  la  répartition  des 
nouveaux  citoyens  dans  les  trente-cinq  tribus 12  ;  abrogée 
d’abord  sous  la  pression  de  Sylla,  cette  loi  fut  bientôt 
après  remise  en  vigueur  (84) l3.  A  partir  de  cette  date,  on 
peut  dire  que  la  cité  romaine  se  confondit  avec  toute 
l’Italie,  sauf  la  Gaule  Transpadane.  Moins  d’un  demi- 
siècle  plus  tard,  cette  différence  même  fut  effacée, 
lorscju’en  l’année  49  César  eut  conféré  le  droit  de  cité 
aux  habitants  de  la  Gaule  Transpadane14. 

Cette  série  démesures,  qui  progressivement  étendirent 
des  Alpes  à  la  mer  Ionienne,  et  delà  mer  Tyrrhénienne  à 
l’Adriatique,  le  droit  de  cité  romaine,  eurent  pour  effet 
de  transformer  en  municipes  les  cités  jusqu’alors  clas¬ 
sées  comme  civitates  foederatae  et  les  colonies  latines. 

Il  ne  peut  y  avoir  de  doute  sur  ce  point.  Puisqu’on  efiet 
les  habitants  de  ces  civitates  et  de  ces  colonies  reçurent 
tous  le  droit  de  cité,  les  communautés  urbaines  quils 
formaient  rentrèrent  dans  la  catégorie  de  municipes 
ainsi  définie  par  Festus  :  quorum  civitas  universa  in  . 
civitatem  Romanam  venit.  Mais,  s’il  n’y  eut  plus  dès  j 
lors  en  Italie  de  socii  ni  de  Latini ,  partant  plus  de  civi-  I 
tâtes  foederatae  ni  de  colonies  latines,  il  y  demeura  des 

De  bel.  civ.  I,  53,  68.  —  9  Waller,  Op.  cit.  I,  p-  391,  u.  29.  10  f  *'**■ 

III,  24.  —  11  Vcll.  Pat.  II,  20;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  49,  53,  64;  Waller,  .p •  •  1 

I,  p.  389,  n.  1J.  —  12  Liv.  Ep.  77;  Appian.  De  bel.  civ.  I,  55,  56.  —  1  ppl® 

De  bel.  civ.  I,  59,  64-67;  Liv.  Ep.  84;  Vell.  Pat.  II,  20.  —  u  Dio  Cass,  >  •  I 


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colonies  romaines  (coloniae  civium  Homanorum )  et  des 
préfectures  ( praefecturae ).  En  efTet,  la  condition  des 
cives  qui  résidaient  dans  les  colonies  romaines  et  de 
ceux  qui  habitaient  les  praefecturae  ne  fut  en  rien 
atteinte  par.  les  diverses  lois  que  nous  avons  énumérées 
plus  haut,  lexJulia  de  90,  /ex  Plautia  Papiria  de  89 
/ex  S ulpicia  de  88-84,  /ex  Julia  de  49.  Et  de  fait  les 
documents  mentionnent  pendant  les  dernières  années  de 
la  République  des  municipia,  des  co/oniae,  des  prae- 
fecturae  italiques.  Cette  distinction  est  constante  dans  la 
/ex  Jîubna,  dans  le  Fragmentum  Atestinum ,  dans  la 
/ex  Julia  municipalis.  Après  90,  le  terme  municipium 
en  ce  qui  concerne  l'Italie,  servit  donc  à  désigner  l’une 
des  trois  categories  de  villes  qui  existaient  dans  la  pénin¬ 
sule. 

Ouelle  fut,  à  partir  de  cette  époque,  la  condition  des 
municipes  d’Italie  ?  Plusieurs  documents,  malheureuse¬ 
ment  mutilés  et  incomplets,  nous  permettent  d’en  fixer 
les  traits  caractéristiques.  Ces  documents  sont  de  deux 
espèces:  l’un,  le  fragment  de  la  lex  municipii  Taren- 
tnu  ',  appartient  à  la  classe  des  loges  municipales  qui 
déterminaient  l’organisation  respective  des  diverses 
cites;  les  autres,  en  particulier  la  lex  Rubria 2,  le  Frag- 
mentum  Atestinum  \  surtout  la  lexJulia  municipalis * 
étaient  vraisemblablement  des  lois  générales,  qui  édic¬ 
taient  certaines  règles  communes,  également  applicables 
a  toutes  les  cités  italiques.  Essayons,  à  l’aide  de  ces  do¬ 
cuments,  de  déterminer  la  condition  des  municipes  itali¬ 
ques  a  la  fin  de  la  République  et  sous  l’Empire. 

Quatre  éléments  distincts  sont  ici  à  considérer  :  le  sta¬ 
tut  personnel  des  citoyens,  le  droit  en  vigueur  dans  les 
lumtes  du  mumcipe,  la  condition  du  sol  et  l’organisa¬ 
tion  administrative. 

Il  est  évident,  sans  même  que  nous  ayons  besoin  d’y 
insister,  que  tous  les  citoyens  des  municipes  italiques 
étaient  cives  Romani.  Ils  l’étaient,  au  sens  le  plus  large 
,  m°L  lls  Possédaientl e  jus  suffragii,  et  s’ils  quittaient 
laur  mumcipe  pour  s’installer  à  Rome,  ils  pouvaient 
arriver  aux  honneurs.  La  civitas  sine  suffragio  n’exis- 
i  P  us  en  Italie.  Mais  pour  l’immense  majorité  des 
Italiens,  ce  double  droit  était  moins  pratique  que  théo¬ 
rique.  Le  jus  suffragii  ne  pouvait  être  exercé  que  dans 
es  comices  à  Rome  ;  lorsqu’ils  voùlaientjouir  pleinement 
V'  eurs  prérogatives,  les  citoyens  des  municipes  italiques 
'levaient  se  rendre  à  Rome.  «  Il  arrivait  que  dans  les 
allai  res  importantes,  ils  fussent  expressément  convoqués 
I»ai  ellres  des  consuls  et  sur  un  décret  du  Sénat.  Cela  se 
h  par  exemple  avant  le  vote  qui  devait  rappeler  Cicéron 
6X1  ;  el  Cicéron  nous  apprend  qu’il  vint  à  Rome 
une  quantité  de  gens  incroyable,  l’Italie  presque  entière. 

1  lien  ant  les  villes  les  plus  éloignées  ne  devaient  guère 
j  ™  rePrésentées  aux  comices,  et,  pendant  les  luttes 
-‘es,  1  Italie  se  déshabitua  vite  des  assemblées  du 
ïamp  de  Mars  6.  »  Jusqu’à  l’époque  d’Auguste,  cette 
Uatl0n  olait  commune  aux  municipes  et  aux  colonies. 

■  “guste  voulut  donner  un  privilège,  sinon  à  tous  les 
’H'ns  des  colonies,  du  moins  à  leurs  décurions.  «  Si 
ns  en  croyons  Suétone,  il  accorda  aux  décurions  des 
'  "‘nés  italiennes  le  droit  de  voter  pour  l’élection  des 

llrn"' di  diri“°  roma™>  1896.  P-  7-22.  -  2  Corp.  inscr.  lat.  I  205- 
p.  24  sc,  °blS,  ’  Vn  95 .Sq'  ~  3  NotU-  de9-  Scavi<  I8S°.  P-  213;  Hermès,’  188g 
P.  101  s(.  cT'l  u-  ÇÜ',V'  l00-‘01--4  CorP-  inscr.lat.  I,  206;  Bruns,  Op.  cit. 
e.  Jullian,  Les  transformations  politiques  de  C Italie,  p.  33 


2027  — 

[  magistrats  urbains  sans  se  rendre  à  Rome:  les  tablettes, 
ou  étaient  inscrits  les  votes,  y  étaient  envoyées  cache¬ 
tées,  pour  être  ouvertes  seulement  le  jour  des  comices6.  »> 
Ce  privilège  ne  paraît  pas  avoir  été  concédé  aux  décu¬ 
rions  des  municipes.  Mais  cette  infériorité  des  municipes 
ne  fut  pas  de  longue  durée.  Lorsque  Tibère  eut  transféré 
des  comices  au  Sénat  le  droit  d’élire  les  magistrats  de 
Rome,  le  jus  suffragii  de  tous  les  cives  Romani  fut  par 
à  même  aboli.  On  peut  donc  affirmer,  en  ce  qui  concerne 
les  municipes,  que  le  jus  suffragii  leur  fut  accordé  en 
droit  jusqu’à  la  réforme  de  Tibère,  mais  que  même 
avant  cette  réforme  ce  droit  fut  très  rarement  exercé. 
Après  la  réforme,  il  n’exista  plus. 

La  question  du  droit  en  vigueur  dans  les  municipes 
italiques  est  beaucoup  plus  délicate.  Les  documents 
d  ailleurs  font  presque  entièrement  défaut.  Est-il  vrai, 
comme  l’affirment  en  général  et  les  historiens  et  les  ju- 
îistes,  que,  dans  les  municipes  comme  dans  les  autres 
villes  de  l’Italie,  «  le  vieux  droit  privé  des  villes  confédé¬ 
rées  fit  place  au  droit  romain  ■  »,  ?  II  y  a  là  sans  doute 
une  déduction  logique,  qui  paraît  inattaquable.  Puisque 
es  habitants  des  municipes  devinrent  pleinement  et  sans 
restriction  des  cives  Romani,  cette  extension  de  la  civitas 
semble  avoir  entraîné  forcément  l’extensidYi  du  droit 
romain  dans  tous  les  municipes.  Et  pourtant  cette  déduc¬ 
tion  se  heurte  à  un  obstacle;  il  est  bien  difficile  de  la 
mettre  d’accord  avec  l’existence  des  municipia  fundana, 
existence  qui  nous  est  formellement  attestée  par  le  der¬ 
nier  paragraphe  delà  lexJulia  municipalis *.  Qu’était-ce 
qu  un  municipium  fundanum ?  Le  mot  fundanum 
'  rive  évidemment  du  mot  fundus ,  dont  Aulu-Gelle  a 
exphqué  le  sens  dans  un  passage  connu  :  «  Municipes 
suni  cives  Romani  ex  municipiis,  legibus  suis  et  suo 
jure  utentes,  muneris  tantum  cum  populo  Romano 
honorant  participes,...  nullis aliis necessitatibus  negue 
ulla  popuh  Romani  lege  adstricti,  nisi  in  quant  po¬ 
pulus  corum  fundus  factus  est9.  » 

D’après  ce  passage,  il  faut  entendre  par  populus 
(mumcipum)  fundus  in  legem,  tout  municipe  dans  l'in¬ 
térieur  duquel  devenait  applicable  tout  ou  partie  du  droit 
romain  Les  municipia  fundana,  mentionnés  par  la 
lexJulia  municipalis,  étaient  par  conséquent  les  muni¬ 
cipes  italiques  qui  chez  eux  substituaient,  totalement  ou 
partiellement,  le  droit  romain  à  leur  ancien  droit  parti¬ 
culier.  Les  termes  de  la  lex  Julia  nous  permettent  de 
comprendre  comment  s’accomplissait  la  substitution- 
«  Quel  lege  pl(ebei)ve  sc(ito)  permissus  est  fuit,  utei 
legesin  municipia  fundano  municipibusve  eius  muni - 
cipi  daret,  set  quid  is  post  h(anc)  l(egem)  r{ogatam) 
™Jo  anno  proxumo  qu°  h[anc)  l[egem)  populus  ju- 
sent,  ad  cas  leges  [addiderit,  commuta verit,  conre  rerit] 
municipes  fundanos  item  teneto ,  utei  oporteret,  sei  eue 
res  ab  eo  tum  quant  prima  ni  leges  eis  municipibus  lege 
Pl(ebei)ve  sc(ito)  dédit,  ad  eus  leges  additae  commit- 
tatae  conrectae  essent  ;  neve  guis  intercedito,  neveguid 
facito,  quo  minus  ea  rata  sint,  quove minus  municipes 
fundanos  teneant  eisque  optemperetur .  »  LorsquCn 
mumcipe  voulait  renoncer  à  son  ancien  droit  et  adopter 
dioit  romain,  ,1  recourait  sans  doute  aux  lumières  de 

romain,  VI,  2,  p.  197.  -  «l!  UM-iaT iVoc'  Att  "xV^TrT 

Cicéron  donne  de  la  lexJulia  de  90-  J„r ,  i  '■  ■  ’  13  ’  cf' la  défin,tlon  que 


MUN 


—  2028  — 


quelque  personnage  romain  versé  en  la  matière.  Ce  per¬ 
sonnage  devait  obtenir,  par  une  loi  ou  un  plébiscite, 
l’autorisation  de  répondre  à  l'appel  du  municipe  :  l’ex¬ 
pression  permissus  est  fuit  doit  en  effet  s’entendre,  non 
d  une  mission  officielle  confiée  de  droit  par  le  peuple 
lomain,  comme  était  par  exemple  celle  des  légat i  char¬ 
gés  d  organiser  les  provinces  nouvellement  soumises  ou 
encore  celle  des  triumviri ,  quinqueviri ,  septernviri ,  etc., 
colon iae  deducendae ,  mais  d’une  autorisation  accordée 
Par  1°  peuple  à  qui  lui  adressait  une  demande.  Cette 
autorisation  obtenue,  ce  personnage  dabat  loges  in  mu- 
nicipio  fundano  municipibusve  élus  municipi  :  il 
établissait  le  droit  nouveau  qui  devait  désormais  être  en 
vigueur  dans  les  limites  du  municipe.  Il  s’agit  bien  ici 
du  droit  et  non  de  l’organisation  administrative  :  le  plu- 
i  ici  leges,  quand  il  s  agit,  comme  dans  le  texte  que  nous 
étudions,  d  un  seul  municipium ,  ne  peut  pas  signifier 
la  le x  municipii  ;  il  désigne  l’ensemble  des  lois  que  les 
magistrats  de  ce  municipe  devaient  désormais  appliquer 
dans  leurs  tribunaux.  Puisque  les  municipia ,  qui  se  trou¬ 
vaient  dans  cette  situation,  portaient  le  nom  spécial  de 
municipia  fundana,  et  puisqu’un  paragraphe  particulier 
leur  est  consacré  dans  la  lex  Julia  municipalis ,  c’est 
donc  qu’ils  formaient  une  catégorie  à  part;  que  tous  les 
municipesne  présentaient  pas  le  même  caractère,  et 
qu’il  y  en  avait  qui  préféraient  conserver  leur  ancien 
droit.  C’est  là  d’ailleurs  ce  que  l’empereur  Hadrien  dit 
formellement  au  Sénat,  d’après  Aulu-Gelle,  lorsqu'il 
s’étonna  quod  et  ipsi  Italicenses  et  quaedam  item  alia 
municipia  antiqua,  in  quibus  Uticenses  nominal,  cum 
suis  moribus  legibusque  uti  posseixt ,  in  jus  coloniarum 
mutari  gestiverint  *.  En  cette  occasion,  Hadrien  parlait 
surtout  de  municipes  provinciaux;  mais  il  en  rapprocha 
immédiatement  le  cas  de  la  ville  italique  de  Préneste, 
dont  nous  nous  occuperons  plus  loin  ;  et,  d’autre  part,  la 
mention  de  municipia  fundana  dans  la  lex  Julia  muni¬ 
cipalis  justifie  à  nos  yeux  l’application  aux  municipes 
italiques  des  paroles  d’Hadrien. 

Il  ne  nous  paraît  donc  pas  exact  de  dire,  comme  Mom¬ 
msen,  que  l’existence  d’un  droit  propre  est  incompatible 
avec  la  condition  de  municipe,  ni,  comme  Marquardt, 
que  le  vieux  droit  privé  des  villes  confédérées  fit  place  au 
droit  romain.  Il  nous  semble  même  que  le  maintien  de 
ce  vieux  droit  est  historiquement  plus  vraisemblable 
pour  un  grand  nombre  de  municipes  italiques,  poul¬ 
ies  anciennes  colonies  grecques  de  l’Italie  méridionale, 
par  exemple.  Pouvons-nous  admettre  qu’à  Naples,  où 
sous  l’Empire  existaient  encore  des  traces  si  nombreuses 
d'institutions  grecques2,  le  droit  romain  ait  été  tout 
d’un  coup  et  forcément  substitué  au  droit  antérieur  ?  Il 
va  de  soi  que  l’ancien  droit  ne  put  être  conservé  que 
dans  les  limites  mêmes  de  la  juridiction  municipale,  dans 
les  procès  et  contestations  que  jugeaient  les  magistrats 
municipaux. Devant  les  tribunaux  des  magistrats  romains, 
seul  le  droit  romain  était  en  vigueur.  Ici  l’on  peut  nous 
faire  une  objection  :  le  même  personnage  pouvait-il  donc 
être  jugé  dans  certains  cas  d’après  le  droit  romain,  dans 
d’autres  cas  d’après  un  droit  différent?  Certes,  répondrons- 
nous.  Ce  même  personnage  n’appartenait-il  pas  à  deux 
communautés  différentes,  la  communauté  restreinte  que 
formait  le  municipe  dont  il  était  citoyen,  et  la  commu- 

«  Gell.  Noe.  Att.  XVI,  13.  —  2  Corp.  inscr.  lat.  X,  1478  1489,  1491,  1492  ; 
Inscriptiones  graecae  ad  rcs  Jloman.  pertinent.  I,  n.  430,  442  —  S  C.  Jullian, 


MUN 

beaucoup  plus  vasle  que  constituai 
de  tous  les  cves  Romani!  D'autre  part  en  „  r  “ 
administrative,  n’étaildl  pas  à  la  fois  soumis  ™ 

fats  de  son  municipe  et,  pour  ce  qui 
magistrat  suprême  de  l’Etat  romain,  i  l’empereur»' p“ 
lait,  sans  doute,  le  droit  romain  se  substitua  de  plus  en 
plus  aux  anciens  droits  locaux  ;  mais  ce  fut  là  une  à™!  , 
ion  historique,  et  non  la  conséquence  inéluctable  de  la 

d'Zho  '0n  e"  mUmC'peS  d°  la  PluP»rt  des  villes 

La  condition  du  sol  dans  les  municipes  italiques  ne 
peut  donner  lieu  à  aucune  contestation.  Tous  les  habi¬ 
tants  de  l’Italie  possédaient,  sur  les  terres  qui  leur  appar 
tenaient,  le  dominium  ex  jure  Quiritium  ;  ils  en  étaient 
les  maîtres  légitimes  et  souverains.  L’État  n’avait  aucun 
droit  sur  elles.  Le  sol  italique  était  franc  d’impôt  Ce 
n  était  pas  là  une  condition  particulière  aux  municipes- 
il  en  était  de  même  dans  toutes  les  cités  italiques,  qu’elles 
fussent  des  coloniae,  des  praefecturae ,  ou  des  munici¬ 
pia  3. 

Quant  a  1  administration  des  municipes  italiques,  s’il 
est  vrai  qu’elle  fut  déterminée  dans  l’ensemble  par  cer¬ 
taines  règles  générales,  communes  d’ailleurs  aux  muni¬ 
cipia,  aux  coloniae,  aux  praefecturae ,  il  serait  pour¬ 
tant  inexact  d’en  conclure  qu’elle  fût  uniforme.  La  lex 
Julia  municipalis  nous  fait  connaître  quelques-unes  de 
ces  règles  générales  4  ;  mais,  d’autre  part,  nous  savons 
que  l’organisation  de  chaque  municipe  était  fixée  dans  le 
détail  par  une  lex  spéciale,  lex  municipii,  municipalis. 
La  lex  municipii  Tarentini  renferme  par  exemple,  en 
ce  qui  concerne  les  conditions  d’aptitude  exigées  des 
candidats  aux  fonctions  municipales,  plusieurs  stipula¬ 
tions  particulières  qui  ne  figurent  pas  dans  la  lex  Julia 
municipalis5 .  Il  faut  néanmoins  reconnaître  qu’en 
thèse  générale,  les  pouvoirs  publics  d’un  municipe  ita¬ 
lique  se  composaient  ;  1°  des  comices  ( cornitia )  ;  2°  d’un 
sénat  ou  assemblée  des  décurions  ( senatus ,  decuriones, 
conscripti )  ;  3°  de  magistrats.  Il  ne  semble  pas  qu’il  y 
ait  eu  de  différence  appréciable,  pour  ce  qui  est  des 
comices  et  de  l’assemblée  des  décurions,  entre  les  muni¬ 
cipes  et  les  colonies  [comitia,  decuriones,  senatus  munici- 
i’ALis].  En  ce  qui  concerne  les  magistrats,  on  a  d’abord 
cru  que  les  municipes  étaient  administrés  par  un  collège 
de  quatre  fonctio'nnaires,  dont  deux  s’appelaient  qua- 
tuorviri  jure  dicundo ,  et  deux  quoiuorviri  aedi/es,  tan¬ 
dis  que  dans  les  colonies  ces  magistrats  formaient  deux 
collèges  distincts,  celui  des  duoviri  jure  dicundo  et  j 
celui  des  duoviri  aedi/es.  Mais  aujourd’hui  l’on  est 
d’accord  pour  reconnaître  que  cette  différence,  d’ailleurs 
toute  superficielle,  n’existait  pas.  Il  semble  qu’il  n  y  ait 
pas  eu,  sur  ce  point  spécial,  de  règle  fixe.  En  général, 
les  municipes  étaient  administrés  par  deux  magistrats, 
duoviri  ou  quatuorviri,  qui  tousles  quatre  ans  opéraient 
le  recensement  de  tous  les  habitants  de  la  commune, 
par  deux  édiles  et  un  questeur.  Dans  certains  cas  spé 
ciaux,  l’administration  était  confiée  à  un  praefeclus  juie 
dicundo  ;  la  gestion  financière  pouvait  être,  sous  1  Lin 
pire,  déléguée  à  un  curator  civitatis.  Enfin,  dans  cei 
tains  municipes,  les  documents  nous  rév 


èlcnt  l’existence 


de  magistratures  particulières  [magistratus  municipale 

p.  1542-1543]. 

83-193.  -  »  Cf.  l’art-  M4G,9‘ 


Les  Lransform.  polit,  de  V Italie ,  p.  70 
TRATUS  MUNICIPALES,  p.  1541-154-2. 


-  4  L. 


MUN 


2029  — 


MUN 


lelle  fui,  clans  scs  grandes  lignes,  la  condition  des 
municipes  italiques  après  la  Guerre  sociale.  Les  citoyens 
des  villes  d  Italie,  qui  portaient  le  titre  de  municipia , 
étaient  cives  Romani ,  ils  avaient  le  jus  suffvagii  ;  jus* 
qu  1  cfoi me  de  Tibère,  en  14  ap.  J.-C.,  ils  ne  pouvaient 
exercer  ce  choit  que  dans  les  comices  à  Rome;  après 
cette  redonne,  ce  droit  fut  annulé.  Le  droit  en  usage 
dans  les  limites  du  municipe  n’était  pas  forcément  le 
droit  i  omain ,  mais  il  est  vraisemblable  que  peu  à  peu  la 
plupart  des  municipes  1  adoptèrent  et  devinrent  des 
municipia  fundana.  Le  sol  était  de  condition  italique, 
c  est-à-diie  exempt  d  impôt  et  susceptible  de  propriété 
quiri taire.  Quant  à  1  administration  municipale,  si  les 
grandes  lignes  en  étaient  à  peu  près  les  mêmes  dans 
tous  les  municipes,  elle  variait,  par  les  détails  d'un 
municipe  à  1  autre.  Les  municipes  italiques  présentaient 
donc  un  double  caractère  :  d’une  part,  puisque  leurs 
citoyens  étaient  cives  Romani ,  puisque  leur  sol  était 
susceptible  de  propriété  quiritaire  et  exempt  d’impôt, 
ils  avaient  été  complètement  assimilés  cà  Rome  ;  mais 
dautie  paît,  puisque  le  droit  romain  ne  leur  avait  pas 
été  imposé,  puisque  leur  organisation  administrative, 
n’avait  pas  été  modelée  dans  tous  ses  détails  et  sans  res¬ 
triction  sur  l’organisation  administrative  de  la  cité 
romaine,  puisque  même  les  diverses  leges  municipio- 
nun,  quoique  leges  datae  par  le  peuple  romain,  compor¬ 
taient,  une  certaine  variété,  c’est  que  Rome  n’avait  pas 
obligé  les  municipes  italiques  à  faire  table  rase  du 
passé  :  suivant  la  forte  expression  d’Aulu-Gelle,  veniunt 
i'i  frinsecus  in  civitatem  et  suis  radicibus  nituntur  1 . 
c’est  ee  dernier  caractère  qui  leur  donnait  une  place 
éminente  parmi  les  cités  d’Italie,  qui  leur  assurait  dans 
la  péninsule  le  premier  rang,  avant  les  colonies  et  les 
préfectures. 

11  y  avait,  en  effet,  dans  le  passé  même  des  colonies 
et  dans  l’organisation  des  préfectures,  des  éléments  qui 
rappelaient  la  victoire  de  Rome,  la  défaite  et  la  sujétion 
de  la  cité  italique.  Dans  toute  colonie  italique,  le  nom 
même  de  colonie  rappelait  que  tout  ou  partie  du  terri¬ 
toire  municipal,  jadis  indépendant,  avait  été  saisi  par  le 
peuple  romain  et  distribué  par  lui  à  des  colons  ;  que  les 
anciens  habitants  de  la  ville,  lorsqu’il  leur  avait  été  pos¬ 
sible  ou  permis  de  demeurer  sur  place,  s’étaient  trouvés, 
vis-à-vis  de  ces  nouveaux  occupants,  dans  une  situation 
mut  a  fait  subordonnée  et  humiliante.  Quant  aux  prae- 
fecturae ,  elles  étaient  administrées,  non  par  des  duum- 
virs  ou  quatuorvirs,  mais  par  un  praefectus  ;  ce  prae- 
/eefus  n’était  point,  comme  les  magistrats  municipaux 
ordinaires,  élu  par  ses  administrés  ;  c’était  un  délégué  des 
pouvoirs  publics  de  Rome;  il  personnifiait,  en  quelque 
manière,  la  suprématie  romaine  [colonia,  praefectura], 
n  n>  avait  rien  de  pareil  dans  les  municipes.  Leur 
'uitoire  n  avait  pas  été  mutilé,  ni  confisqué;  leurs 
magistrats  étaient  élus.  Rien  ne  rappelait,  ni  dans  leur 
condition  générale,  ni  dans  leur  organisation  adminis- 
rahve,  qu’ils  eussent  été  rattachés  de  force  à  la  cité 
'  ornai ne  ;  bien  plus,  par  certains  traits  de  leur  condition, 

Par  certains  détails  de  leur  organisation,  le  souvenir  de 
cur  antique  indépendance  était  maintenu. 


J  A“'  XVl.’  I3‘  Clc' pro planc' 8-  ~ 3  Cic-  1,1  Catil •  •'b  2-  3; 

IX  vVn"7  '  CorlK  ulscr-  lat-  lx>  *671.  —  '*  Corp.  inscr.  lat.  IX,  36-27.  —  6 
|X’  ■  ■  ~  3  All"a  :  l,nrJ-  X’  50fih  5oe"  ;  Oeale  :  Suet.  Vesp.  1  ;  Corp.  inscr. 
’  '  ~  nC°rp-  inscr.  lat.  IX,  3384.  —  8  c.  Jullian,  Op.  cil.  p.  35. 9  x 


Il  semble  y  avoir  eu,  pendant  les  dernières  années  de 
la  République  et  sous  l’Empire,  fort  peu  de  praefectu- 
rae\  nous  connaissons  Atina2,  Reale3,  Aveia  Veslina*, 
Peltuinum  Vestinum  0  ;  encore  convient-il  de  remarquer 
qu  Atina  et  Reate,  praefecturae  à  l’époque  de  Cicéron, 
furent  plus  tard  des  municipes6  ;  que  Peltuinum  est  aussi 
appelé  municipium  dans  une  inscription  de  l’époque 
impériale1. 

C’est  surtout  de  la  colonie  que  le  municipe  se  distin¬ 
guait.  Cette  distinction  fut  encore  accentuée,  au  profit 
des  municipes,  par  la  politique  de  Sylla,  des  triumvirs  et 
d’Auguste  à  l’égard  des  villes  italiques.  On  sait  com¬ 
ment  les  uns  et  les  autres  agirent  à  la  fois  pour  récom¬ 
penser  après  la  victoire  leurs  soldats  et  leurs  vétérans  et 
pour  punir  les  villes  d  Italie  qui  avaient  pris  parti  contre 
eux.  Le  territoire  de  ces  villes  fut  confisqué  en  tout  ou 
en  partie,  puis  distribué  aux  soldats  et  vétérans.  Les 
cités  italiques,  auxquelles  ce  sort  fut  infligé,  perdirent 
leur  qualité  de  municipes  et  devinrent  des  colonies.  11 
n’est  point  douteux  que  cette  transformation  fût  pour 
elles  un  châtiment  et,  dans  une  certaine  mesure,  une 
déchéance.  Au  nom  de  colonia  se  rattachait  le  souvenir, 
qui  fut  longtemps  cuisant,  d’une  spoliation  des  terres, 
parfois  même  d’une  proscription  ou  d’une  expulsion  en 
masse  des  personnes.  Il  ne  nous  appartient  pas  d’indi¬ 
quer  ici  quelle  fut  la  condition  et  1  organisation  de  ces 
colonies  militaires  :  on  trouvera  le  sujet  traité  à  l’article 
colonia.  Mais  il  nous  paraît  difficile  d’admettre  l’opinion 
exprimée  par  M.  C.  Jullian  sur  la  situation  respective  des 
municipes  et  des  colonies  :  d’après  notre  savant  col¬ 
lègue,  «  dès  que  le  municipe  a  été  constitué,  il  est  devenu 
un  objet  de  mépris  pour  ses  habitants  eux-mêmes....  Il 
n  a  pas  suffi  aux  gens  des  municipes  que  leur  patrie  fût 
contenue  dans  la  grande  patrie  romaine;  ils  ont  voulu 
que  1  une  et  l’autre  se  confondissent,  ils  ont  demandé 
que  leur  ville  reçût  le  titre  de  colonie,  qu’elle  devint 
ainsi  l’image  même  de  Rome.  De  là  naquit  l’idée  que  la 
colonie  était  supérieure  au  municipe 8  ».  M.  Jullian 
invoque  ici,  pour  soutenir  sa  thèse,  le  passage  déjà 
cité  d  Aulu-Gelle 9,  plusieurs  textes  des  Gromatici  veleres 
et  les  listes  de  Pline  l’Ancien  10.  Or  tous  ces  documents 
se  rapportent  à  des  cités  provinciales,  et  il  est,  à  nos 
yeux,  indispensable  d’établir  une  distinction  des  plus 
nettes  entre  les  villes  provinciales  et  les  villes  italiques. 

D  autre  part,  en  ce  qui  concerne  les  villes  italiques 
elles-mêmes,  nous  croyons  qu’il  ne  faut  pas  mêler  les 
époques.  Pendant  les  dernières  années  de  la  République, 
bien  loin  de  demander  spontanément  leur  transforma¬ 
tion  en  colonies,  ce  fut  pour  les  municipes  un  mal, 
pour  quelques-uns  d’entre  eux  même,  une  véritable  cata¬ 
strophe,  de  subir  cette  transformation.  Les  colonies  de 
Sylla,  des  triumvirs,  d’Octave,  ne  furent  point  sollicitées 
par  les  municipes  sur  le  territoire  desquels  elles  furent 
fondées.  Plus  tard,  au  iic  et  au  me  siècle  de  l’Empire, 
plusieurs  municipes  italiques  devinrent  des  colonies: 
parexemple  Formies*1,  Canusium12,  Ricina13,  Perusia'1 
Verona13,  Tridentum16,  Mediolanum 11 ,  mais  nous  ne 
connaissons  pour  aucune  de  ces  villes  les  circonstances 
ni  les  conditions  dans  lesquelles  cette  transformation 


oy.  p.  2027.  -  10  Jullian,  Ibid.  n.  5,  6,  7,  8.  _  11  C.  inscr.  lat.  X  6079  -  12  tbid 

‘Vf?/  ,X’  5842’  57“-  -  xi,  1930.  -  Z Pli.  But 

nat.  III,  19  ,  Tac.  Hist.  III,  8  ;  Corp.  inscr.  lat.  V,  3329.  —  16  Corp  inscr  lat  V 
5036,  5050.  n  Tac.  Hist.  I,  70  ;  Corp.  inscr.  lat.  V,  p.  634  ’ 


MUN 


—  2030  — 


01,1  .'‘eu’  et  **  est  impossible  d’affirmer  qu’elle  ait  été 
sollicitée  par  les  municipes. 

Il  est  au  contraire  fort  significatif  de  constater  que 
plusieurs  des  municipes,  réduits  à  l’état  de  colonies  par 

I  '  a;  Ies  triumvirs,  Octave,  redevinrent  plus  tard  des 
municipes,  et  gardèrent  cette  condition  pendant  l’Em¬ 
pire.  En  effet,  dans  le  Liber  coloniarum ,  plusieurs  villes 
italiques  sont  indiquées  comme  des  colonies,  et  le  titre 
quelles  portent  dans  les  inscriptions  est  celui  de  rnuni- 
cipium.  Il  n’y  a  pas  forcément  contradiction  entre  les 
deux  séries  de  documents.  La  plupart  des  textes  épigra- 
plnques  datent  de  la  fin  du  icr  ou  du  iie  siècle  de  l’Empire, 
tandis  que  les  listes  du  Liber  coloniarum  se  réfèrent  sur¬ 
tout  à  la  fin  de  la  République  et  au  icr  siècle  ap.  J.  C. 

II  est  tout  à  fait  vraisemblable  de  conclure  que  les 
villes  italiques  qui  sont  dans  ce  cas,  par  exemple  His- 
tonium  ',  Aesernia  2,  Saepinum  3,  Comum  ‘,  redevin¬ 
rent  municipes  après  avoir  subi  pendant  un  temps 
plus  ou  moins  long  la  condition  de  colonies.  L’histoire 
de  Préneste  éclaire  cette  question  d’une  vive  lumière. 
Hadrien,  dans  le  discours  qu’il  tint  au  Sénat  à  propos 
delà  requête  des  gens  d’Italica,  qui  demandaient  que 
leur  ville  obtint  le  titre  de  colonie,  raconta  que  Pré¬ 
neste,  colonie  avant  Tibère  et  pendant  une  partie  du 
règne  de  cet  empereur,  demanda  instamment  à  redevenir 
municipe,  et  que  Tibère  le  lui  accorda  par  reconnais¬ 
sance,  parce  qu  il  avait  été  guéri  sous  les  murs  de  Pré¬ 
neste  d  une  très  grave  maladie  :  Praenestinos  autem 
refert  maximo  opéré  a  Tiberio  impercitore  pelisse  oras- 
seque ,  ut  ex  colonia  in  municipii  statuni  redigerentur, 
idque  illis  Tiberium  pro  ferenda  gratia  tribuisse ,  quod 
in  eorum  finibus  sub  ipso  oppido  ex  capitali  morbo 
t evaluisset  ■ .  Nous  savons,  d’autre  part,  que  Préneste, 
restée  civilas  foedercita  jusqu’à  la  Guerre  sociale  et 
devenue  municipium  seulement  alors,  avait  été  punie 
par  Sylla,  qui  lui  avait  envoyé  une  colonie6.  Ainsi, 
après  cent  ans,  les  Prénestins  regrettaient  leur  condition 
de  municipe;  Tibère  fit  droit  à  leur  requête  par  recon¬ 
naissance  ;  c’est  donc  que  le  rétablissement  du  muni¬ 
cipe  était  pour  Préneste  un  sérieux  avantage.  Et,  en.eflet, 

c  était  en  quelque  manière  l’abolition,  l’oubli  du  traite¬ 
ment  rigoureux  que  Sylla  lui  avait  infligé.  M.  C.  Jullian 
affirme  que  Préneste  fut  seule  à  agir  ainsi  ;  cette  excep¬ 
tion,  d’après  lui,  peut  s’expliquer  par  l’hostilité  des 
Latins,  et  de  Préneste  en  particulier,  contre  Rome1. 
En  réalité,  nous  avons  vu  que  d’autres  cités  italiques 
devinrent  de  colonies  municipes;  si  nous  ne  pouvons 
pas,  faute  de  documents,  affirmer  qu’elles  demandèrent 
ceLte  transformation,  M.  C.  Jullian  n’est  point  fondé  de 
son  côté  à  affirmer  que  Préneste  fût  seule  dans  son  cas, 
ni  à  invoquer,  pour  expliquer  le  fait,  des  considérations 
exceptionnelles. 

Il  reste  acquis  pour  nous  qu’au  moins  pendant  les  der¬ 
nières  années  de  la  République  et  au  début  de  l’Empire, 
les  municipes  occupèrent  le  premier  rang  parmi  les  cités 
iLaliques.  Il  ne  semble  pas  que  leur  histoire  sous  l’Em¬ 
pire  ait  eu  un  caractère  particulier.  Rien  ne  distingua  les 
municipes,  en  tant  que  municipes,  des  colonies  lors  des 


MUN 


réformes  diverses  par  lesquelles,  sous  les  . 
pms  pendant  le  nr  siècle,  enfin  sous  Dinrtéi  °nins- 

J?.nli”’  ™  P»  »  Peu  assimni  a~nCt  ^ 

décadence  de  la  vie  municipale  ne  préscule  „  ',U 

de  traits  particuliers  dans  les  municipes  Celle  ?  P  “S 
lustorique  fut  en  effet  déterminée,  non  pas  1"  “U"n 
t,on  spéciale  des  municipes,  mais  par  un  ensemble  d' 
causes  extérieures  aux  municipes  eux-mêmes  oï 
agirent  aussi  bien  sur  les  autres  villes  de  l’Itolie  IU1 
§  3.  Les  municipia  provinciaux.  —  La  condom  , 
ctés  provinciales  fut  plus  variée  encore  que  celle  de" 
Mlles  italiques  Si  les  inscriptions  ne  donnent  aux  villes 
de  1  empire  que  1  un  ou  l’autre  des  trois  titres  de  colonia 
municipium  civilas,  nous  savons  par  d’autres  do  u 
ments  que  dans  chacune  de  ces  catégories  principales' 
il  y  avait  des  subdivisions  :  par  exemple,  coloniae  ordi’ 
naires  et  coloniae  juris  italici ;  civitates  stipendiariae 
civitates  immunes ,  civitates  libcrae ,  civitates  liberae  et 
immunes.  Il  en  était  de  même  des  municipia ,  connue 
nous  le  verrons  plus  loin.  Il  est  naturel  de  croire  que 
cette  variété  dans  la  nomenclature  correspondait  à  des 
différences  réelles  dans  la  condition  des  villes  provin¬ 
ciales.  Pourtant  plusieurs  historiens,  n’ayant  pas  réussi 
a  établir  une  distinction  très  nette  entre  les  munici¬ 
pia  et  les  coloniae  provinciales  de  l’empire  romain, 
ont  fini  par  conclure  que  cette  distinction  n’avait  pas 
existé,  et  qu  il  n  y  avait  eu  qu’une  différence  purement 
nominale  entre  les  colonies  et  les  municipes  de  l’empire9. 

A  notre  avis,  ce  n  est  pas  résoudre  le  problème  que  de  le 
supprimer,  surtout  quand  on  le  supprime  à  l’aide  d’une 
affirmation  que  contredisent  de  nombreux  documents. 
En  effet,  Pline  l’Ancien,  qui  a  certainement  eu  recours  à 
des  documents  officiels  pour  établir  ses  listes  de  villes 
provinciales,  distingue  toujours  nettement  les  coloniae 
des  municipia ,  qu’il  appelle  tantôt  municipia  10,  tantôt 
oppida  civium  Romanorum  H, ( oppida )  Latinorum  vete- 
rum 12 ,  Latio  antiquitus  donalai3,  etc.  Aulu-Gelle 
insiste  avec  force  sur  la  distinction  des  coloniae  et  des 
municipia  ;  il  essaie  d’expliquer  en  quoi  consiste  la  diffé¬ 
rence  des  deux  catégories  de  cités  u.  Enfin  les  inscrip¬ 
tions  nous  apprennent  que  jamais  à  la  même  époque  la 
même  ville  n’a  porté  indifféremment  le  nom  de  munici¬ 
pium  ou  celui  de  colonia ;  en  règle  générale,  il  fallait 
une  décision  impériale  pour  changer  le  litre  de  muni¬ 
cipium  contre  celu  de  colonia.  Écartant  les  théories 
modernes,  pour  nous  en  tenir  aux  seuls  documents 
antiques,  nous  estimons  qu’il  y  avait  une  réelle  diffé¬ 
rence  de  condition  entre  les  coloniae  et  les  municipia , 
et  nous  voulons  essayer  de  déterminer  quelle  était  lacon- 
dilion  propre  des  municipia  provinciaux  dans  l’empire 
romain.  Ici,  comme  plus  haut  pour  les  municipes  ita¬ 
liques,  nous  examinerons  successivement  quels  étaient 
dans  les  villes  appelées  municipia  :  1°  le  statut  person¬ 
nel  des  habitants;  2°  le  droit  en  vigueur  dans  les  limites  i 
de  la  cité;  3°  la  condition  du  sol  ;  4“  l’organisation  admi-  : 
nistrative. 

Le  statut  personnel  des  habitants  n’était  pas  le  même 
dans  tous  les  municipes.  Il  y  avait,  d’une  part,  les  J 


1  Lib.  colon,  p.  260;  Corp.  inscr.  lat.  IX,  2827,  2855,  2SG0.  —  1  Lib.  colon. 
p.  233,  260;  Corp.  inscr.  lut.  IX,  2646,  2049,  2655,  2678.  —  3  Lib.  colon,  p.  237; 
Corp.  inscr.  lat.  IX,  2140,  2451,  2452,  2457,  2458,  2475,  2533,  2565.  —  4Strab.  V,’ 
1,  §  G;  Cic.  Ad  fam.  XIII,  35;  Ad  Alt.  V,  11;  Suet.  Cacs.  28;  Plin.  Bp.  II,  1, 
8;  V,  15,  1  ;  Corp.  inscr.  lat.  V,  5267.  -  5  Gell.  Noc.  Att.  XVI,  13.  _  G  Appian. 


De  bel.  cic.  I,  G5  ;  Flor.  Il,  9,  27.  —  1  C.  Jullian,  Op.  cit.  p.  35,  5.  -  8  En  Par¬ 
ticulier  par  Pline,  Uisl.  nat.  liv.  III-VI  ;  cf.  Dig.  üv.  l,  lit.  15, 1.  1-  —  1  ^ 

dans  Bermes,  XXVII,  p.  112;  Liebenam,  Stüdteverwalt.  in  rom.  Aaisui.  P- 
—  m  ffist.  nat.  III,  3  (Bualica).  —  U  Ibid.  III,  4  (Ilispania  cilcrior)  ;  V,  1  (A  ne.), 
III,  26  (Dalmatia).  —  12  Ibid.  —  <3  Ibid.  III,  3.  -  U  Noc.  Alt.  XVI,  1  • 


MUN 


—  203 1  — 


MUN 


municipia  civium  I iomanorum ,  c’est-à-dire  les  muni- 
cipes  dont  les  citoyens  avaient  reçu  en  bloc  le  droit  de 
cite  romaine,  étaient  cives  Romani  ;  d’autre  part,  les 
municipia  latina ,  c  est-à-dire  les  municipes  dont  les 
citoyens  avaient  reçu  le  droit  latin,  soit  sous  la  forme 
primitive  et  restreinte,  minus  Latium ,  soit  sous  une 
forme  plus  étendue  et  qui  semble  moins  ancienne,  le 
majus  Latium.  Que  dans  un  certain  nombre  de  muni¬ 
cipes  Provinciaux  les  citoyens  fussent  cives  Romani ,  cela 
ressort  des  textes  de  Pline  l’Ancien  et  d’Aulu-Gelle  :  le 
premier  emploie  tantôt  l’expression  municipia ,  tantôt 
1  expression  oppida  civium  Romanorum  pour  désigner 
les  mêmes  catégories  de  cités  dans  les  diverses  pro¬ 
vinces  ,  quant  à  Aulu-Gelle,  il  définit  les  municipes  des 
cives  Romani  ex  municipiis.il  n’y  a  d’ailleurs,  parmi  les 
savants  modernes,  aucune  contestation  sur  ce  point. 

Mais  tous  les  municipes  provinciaux  sous  l’Empire 
n’étaient  pas  des  oppida  civium  Romanorum.  Les 
célèbres  labiés  de  Salpensa  et  de  Malaca  1  nous  ont 
appris  que  dans  quelques  municipes  au  moins,  les 
citoyens  ne  possédaient  que  le  droit  latin  ;  ils  pouvaient 
acquérir  la  civilas  romana  par  la  gestion  des  fonctions 
municipales.  Malgré  les  objections  formulées  par 
Zumpt-,  la  démonstration  que  Mommsen  a  donnée  de 
ce  fait  doit  être  considérée  comme  irréfutable3.  Une  in¬ 
scription,  découverte  il  y  a  deux  ans  seulement  dans  les 
ruines  d  une  petite  ville  africaine,  Gighthis,  a  prouvé, 
d  autre  part,  que  les  municipes  pouvaient  posséder  soit 
le  minus  Latium ,  soit  le  majus  Latium  b  Il  convient 
donc  de  distinguer,  au  point  de  vue  du  statut  personnel 
des  habitants,  troi^catégories  de  municipes  provinciaux  : 
les  municipes  dont  tous  les  citoyens  possèdent  la  civitas 
romana  ;  les  municipes  auxquels  a  été  concédé  le  majus 
Latium  ;  les  municipes  enfin  qui  n’ont  été  dotés  que  du 
minus  Latium.  Essayons  de  préciser  ce  qu’il  faut 
entendre  par  chacun  de  ces  termes. 

Quels  étaient  les  droits  et  les  avantages  que  comportait 
pour  les  citoyens  des  municipia  civium  Romanorum 
leur  titre  de  cives  Romani  ?  Il  ne  peut  plus  être  question 
du  jus  suffragii ,  puisqu’à  Rome  depuis  Tibère  les 
comices  n’existaient  plus.  Les  cives  romani  des  municipes 
étaient  inscrits  dans  une  tribu  romaine;  ils  servaient 
dans  les  légions  et  non  dans  les  troupes  auxiliaires;  ils 
n’étaient  pas  soumis  à  l’arbitraire  des  proconsuls  ou  des 
légats  chargés  d’administrer  les  provinces  ;  ils  ne  payaient 
point,  comme  les  pérégrins,  cet  impôt  personnel  qui  était 
le  signe  de  la  sujétion.  En  un  mot,  ils  n’étaient  plus  des 
étrangers  soumis  à  la  domination  romaine;  tout  caractère 
pérégrin  disparaissait  de  leur  statut  personnel.  Mais  le 
titre  de  civis  Romanus  leurconférait-il  le  droit  de  parvenir 
aux  magistratures  romaines,  aux  fonctions  de  questeurs, 
d  édiles,  de  préteurs,  de  consuls,  de  propréteurs,  de  pro¬ 
consuls  romains?  Pouvaient-ils  légalement  devenir  séna¬ 
teurs  romains?  La  question  a  été  étudiée  par  Zumpt,  à 
propos  du  fameux  discours  de  Claude5.  11  nous  parait 
difficile  d’admettre  que  la  civitas  romana  des  provinciaux 
1 11 1  restreinte  que  celle,  par  exemple,  des  Italiens, 
bailleurs  d’innombrables  documents  prouvent  que  pen¬ 
dant  1  Empire  ce  furent  les  provinciaux,  et  en  particulier 
Us  cives  Romani  ex  municipiis ,  suivant  l’expression 

1  Voir  la  bibliographie  sur  ces  documents  dans  Marquardt,  Organ.  de  l’emp. 
romain,  I,  p.  28,  n.  1  (infine)  ;  cf.  Corp.  inscr.  lat.  Il,  1963, 1964  ;  Bruns,  Fontes 3, 
p.  136  sq.  —  2  Zumpt,  Stud.  /loin.  p.  269-322.  —  3  Mommsen,  Die  Stadrechte  der 


d  Aulu-Gelle,  qui  fournirent  au  monde  romain  la  plupart 
et  les  meilleurs  de  ses  sénateurs,  de  ses  magistrats, 
même  quelques  empereurs,  tels  que  Trajan,  Antonin  le 
Pieux,  Septime-Sévère.  Ce  qui  est  vrai,  c’est  qu’à  la  fin 
de  la  République  et  au  début  de  l’Empire,  les  vieilles 
familles  romaines  protestèrent  contre  la  politique  de 
César  et  de  ses  successeurs,  contre  l’entrée  au  Sénat  des 
provinciaux,  contre  leur  accession  aux  magistratures  de 
la  cité  romaine.  Mais  cette  protestation  fut  vaine.  Histo¬ 
riquement,  les  provinciaux  dotés  de  la  civitas  jouèrent 
un  rôle  de  plus  en  plus  considérable  dans  le  gouverne¬ 
ment  et  l’administration  du  monde  romain  ;  ils  entrèrent 
en  foule  dans  l’ordre  sénatorial;  ceux  d’entre  eux  qui 
faisaient  partie  de  l’ordre  équestre,  furent  parmi  les 
meilleurs  collaborateurs  du  pouvoir  impérial.  Les  cives 
Romani  des  municipes  se  trouvaient  donc,  en  somme, 
complètement  assimilés,  quant  à  leur  statut  personnel, 
aux  cives  Romani  de  Rome  même  et  de  l’Italie. 

Les  citoyens  des  municipes  qui  possédaient  le  majus 
Latium  n’étaient  pas  citoyens  romains  ;  mais  ils  le  deve¬ 
naient  de  droit  lorsqu'ils  entraient  dans  le  sénat  de  leur 
municipe.  Les  citoyens  des  municipes  qui  possédaient  le 
minus  Latium  n’étaient  pas  non  plus  cives  Romani ; 
il  ne  leur  suffisait  pas  d’être  décurions  de  leur  municipe 
pour  acquérir  le  titre  de  citoyens  romains;  ils  n’obte¬ 
naient  ce  titre  que  par  la  gestion  des  magistratures  muni¬ 
cipales,  et  au  sortir  de  ces  magistratures  [latini,  p.  979] . 

Il  est  probable  que  le  majus  Latium  est  de  création  assez 
récente.  Il  ne  paraît  pas  antérieur  aun°  siècle  de  l’Empire. 
On  a  cru  que  cette  condition  nouvelle  avait  été  instituée 
«  a  une  époque  où  la  décadence  du  régime  municipal 
obligeait  déjà  les  empereurs  à  attirer  dans  les  villes 
latines  de  nouveaux  candidats  au  décurionat  par  un 
nouveau  privilège  »  [latini,  toc.  cit.].  L’inscription 
lécemment  découverte  à  Gighthis,  en  Afrique,  prouve 
qu’il  ne  faut  pas  accepter  sans  réserve  cette  hypothèse. 
Ce  document  nous  apprend  qu’une  statue  fut  élevée  dans 
ce  municipe  à  M.  Servilius  Draco  Albucianus,  duumvir 
et  /lumen perpetuus,quod,  super  multa  in  remp\ublicam\ 
mérita  et  amplissimum  munificentiae  studium ,  léga¬ 
tion  em  urbicam  graluitam  ad  lati[üm]  majus  petendum 
duplicem  susceperit ,  tandem\jque\  féliciter  renuntia- 
verit.  Si  ce  personnage  dut  se  rendre  deux  fois  de 
Gighthis  à  Rome  afin  d’obtenir  pour  son  municipe  le 
majus  Latium ,  c’est  que  les  empereurs  n’étaient  pas 
prodigues  de  cette  faveur.  Les  municipes  étaient  très 
désireux  de  1  obtenir.  En  effet,  le  majus  Latium  ouvrait 
à  beaucoup  plus  de  provinciaux  que  le  minus  Latium 
la  carrière  des  grands  honneurs  publics.  Puisque  seuls 
les  cives  Romani  pouvaient,  sous  les  conditions  de  cens 
bien  connues,  aspirer  à  entrer  dans  l’ordre  équestre  et 
dans  1  ordre  sénatorial,  il  en  résultait  que  seuls  ils  pou¬ 
vaient  ambitionner  les  fonctions  et  les  magistratures 
d  empire.  Il  faut  d  ailleurs  ajouter  que,  d’après  la  loi  de 
Salpensa,  le  titre  de  civis  Romanus  n’était  pas  concédé 
seulement  à  l’individu  qui  gérait  une  magistrature  muni¬ 
cipale,  mais  à  toute  sa  famille,  ascendants  et  descendants  : 
cum  parent ibus  conjugibusque  ac  liberis ,  qui  legitimis 
nuptiis  quaesiti  in  potestatem  parent ium  fuerint ,  item 
nepotibus  ac  neptibus  filii  natis  natabus ,  quiquaeque  in 


latein.  Gem.  Salpensa  und  Malaca,  1855.  -  4  Bull.  arch.  du  Comité  des  trav 
histor.  1902,  p.  127;  R.  Cagnat.  I,  C.  H.  de  V Académie  des  Inscriptions,  190â‘ 
p.  37  el  SUIT.  O  stud.  nom.  p.  325-380  (De  propagatione  civitatis  Romanae). 


M  UN 


—  2032  — 


Intestate  parent  ium  fuerint'.  Il  n’est  pas  interdit  de 
rro.re  qu’il  en  fut  de  même  lorsque,  par  la  concession 
du  majus  Latium ,  le  même  privilège  fut  accordé,  non 
P  us  seulement  aux  magistrats  municipaux  sortis  de 
charge,  mais  à  tous  les  décurions. 

Donc,  en  ce  qui  concerne  le  statut  personnel,  les 
municipes  provinciaux  doivent  être  divisés  en  trois 
categories  :  1°  les  municipia  civium  Romanorum ,  dans 
esquels  tous  les  citoyens  du  municipe  jouissaient  de  la 
ClVltas  romana  !  2°  les  municipia  qui  possédaient  le 
majus  Latium ,  dans  lesquels  la  civitas  romana  appar¬ 
tenait  à  tous  les  décurions,  à  leurs  ascendants  et  descen¬ 
dants  ;  3°  les  municipia  dotés  seulement  du  minus 
Latium ,  dans  lesquels  la  civitas  romana  n’était  attribuée 
qu  aux  magistrats  municipaux  sortis  de  charge,  à  leurs 
ascendants  et  descendants. 

Quel  était  le  droit  en  vigueur  dans  les  municipes 
provinciaux  ?  Pour  répondre  à  cette  question 2,  nous 
disposons  d’un  document  précieux,  authentique  et  diffi¬ 
cilement  réfutable,  quoi  que  pensent  et  quoi  qu’aient 
écrit  sur  ce  point  maints  érudits,  historiens  ou  juristes. 
Ce  document  est  le  passage  souvent  cité  d’Aulu-Gelle, 
-Aoc.  Attic.,  X\  I,  13.  Ce  qu’il  importe  surtout  de  mettre 
en  lumière,  à  propos  de  cette  page,  c’est  que  la  phrase 
essentielle,  celle  qui  nous  renseigne  sur  le  droit  en 
vigueur  dans  les  municipes  provinciaux,  renferme  non 
pas  une  opinion  d’Aulu-Gelle,  mais  une  affirmation 
publique  del’empereur  Hadrien  : ...  divus  Hadrianus,  in 
oratione  quam  de  Italicensibus ,  unde  ipse  ortus  fuit , 
in  senatu  habuit ,  peritissime  disseruit  mirarique  se 
ostendit  quod  et  ipsi  Italicenses,  et  quaedarn  item  alia 
municipia  antiqua ,  in  quibus  Uticenses  nominal,  cum 
sus  moribus  legibusque  UTi  possENT,  in  jus  coloniarum 
mutari  gestiverint.  Si  respectueux  que  nous  soyons  des 
opinions  émises  par  nos  prédécesseurs  et  nos  maîtres, 
nous  avons  encore  plus  de  confiance,  quand  il  s’agit 
d'institutions  romaines,  dans  la  parole  de  l’empereur 
Hadrien.  Or,  Hadrien  établit  ici  entre  les  municipes  et 
les  colonies  de  l’époque  impériale  une  opposition  for¬ 
melle.  Les  municipes,  dit-il,  peuvent  suis  moribus  legi¬ 
busque  uti.  Que  faut-il  entendre  ici  par  mores  legesque  ? 

C  est  Gaius  qui  nous  donne  la  réponse  dans  la  phrase  : 
«Omnes populi  qui  legibus  et  moribus  reguntur,  partim 
suo  proprio ,  partim  commuai  omnium  hominum  jure 
utuntur3.  »  Les  loges  moresque  de  chaque  peuple,  de 
chaque  cité,  constituent  son  droit,  son  jw.  Les  mores 
legesque  des  municipes  différaient  du  jus  coloniarum. 
Or,  1  a  jus  coloniarum  était  le  droit  romain,  comme  Aulu- 
Gelle  l’affirme  au  même  endroit  :  jura  institutaque 
omnia  populi  Romani,  non  sui  arbitrii  habent.  Il  faut 
donc  conclure  que  ce  n’était  pas  forcément  le  droit 
romain  qui,  dans  l’intérieur  des  municipes,  réglait  les 
relations  civiles  et  sociales  des  citoyens  entre  eux.  Le 
commentaire  qu’Aulu-Gelle  donne  des  paroles  prononcées 
par  Hadrien  devant  le  Sénat  n’est  que  le  développement 
de  cette  idée  fondamentale  :  «  Municipes  ergo  sunt  cives 
Romani  ex  municipiis,  legibus  suis  et  suo  jure 
u tentes,. . .  nulla  populi  Romani  lege  adstricti,  nisi  in 
quam  populus  eorum  fundus  factus  est  » .  Dans  lesmuni- 

1  h  2  Sur  ce  point,  voir  Ed.  Beaudouin,  La  colonisation 

romaine  dans  l'Afrique  du  Nord  [Rev.  yen.  du  droit ,  aun.  1896,  p.  200- 
202);  J.  loulain,  Ltudes  sur  Vorganis.  municip.  du  Haut-Empire  ( Mé¬ 
langes  de  l'École  française  de  Rome,  aun  1890,  p.  321  et  suiv.).  —  3  Dig 


MUN 

cipes  provinciaux,  le  droit  romain  n 


'était 


pas  nécessai¬ 


rement  appliqué  ;  il  pouvait  l’être  partiellement  t 
es  municipes  qui  avaient  accepté  spontanément  èn 
telle  loi  romaine;  mais  il  n’y  avait  là  aucune „bÏÏL°“ 
U  qui  est  vrai  historiquement,  c’est  que  dans  bef 
de  provinces  le  vieux  droit  coutumier  local  fut  ‘CüllP 

"Ub!:é'  deïi,nl  «t  rresqu:  ^  £ 

tand.s  que  le  droit  romain,  droit  écrit  sans  c 
expliqué,  commenté,  éclairé,  devint  au  contraire  d 
usage  de  plus  en  plus  général.  1.  en  résul I "  e 
municipes  désirerent'de  plus  en  plus  substituer  le  dl0 
romam  a  leur  droit  propre;  sans  doute  ils  pouvaient  le 
c  me  sans  cesser  d  etre  municipes  ;  mais  en  même  temps 

plupart  d  entre  eux,  dans  les  provinces,  ambitionnaient 
par  orgueil  le  titre  de  colonie,  qui  effaçait  jusqu’au  SOu 
vemr  de  leur  perégrinité  passée.  La  situation,  pour  eux 

d’Italie. PaS  ^  ^  qUG  P°Ur  Ies  municipes 

Le  fragment  conservé  de  la  lex  Salpensana ,  loin 
d  etre  en  opposition  avec  les  conclusions  que  nous  tirons 
r  u  passage  d  Aulu-Gelle,  nous  fournit  bien  plutôt  des 
arguments  en  leur  faveur.  Il  renferme  sur  plusieurs 
points  des  dispositions  différentes  de  celles  qu'édictait 
le  droit  romain.  Ces  divergences  avaient  même  inspiré  à 
Laboulaye  de  sérieux  soupçons  sur  l’authenticité  du 
document4.  Tous  les  érudits  sont  aujourd’hui  d’accord 
pour  croire  à  l’authenticité  de  la  lex.  Il  en  faut  donc 
conclure  qu  il  y  avait  dans  le  municipium  Flavium 
Salpensanum,  et  qu’il  pouvait  y  avoir  dans  les  autres 
municipes,  des  mores  legesque  qui  n’étaient  point  calqués 
sut  le  jus  civile  de  Home.  Aussi  bien  I  on  n’a  opposé, 
soit  au  passage  même  d’Aulu-Gelle,  soit  à  l’opinion  que 
nous  soutenons  plus  haut,  que  des  affirmations  comme 
celles-ci  :  «  La  cité  de  citoyens  n’a  pas  de  droit  propre 
différent  de  celui  de  l’empire B.  —  Il  est  tout  à  fait 
certain  que  les  habitants  des  municipes,  étant  des 
citoyens  romains,  ne  sauraient  comme  tels  avoir  un 
autre  droit  que  le  droit  romain0.  »  Mommsen  a  même 
écrit  qu’Aulu-Gelle  avaitcommis  «  une  bévue  inexcusable, 
même  chez  un  jurisconsulte 7  ».  Le  savant  historien  alle¬ 
mand  ne  s’est  pas  aperçu  que  c’était  en  réalité  à  l’empe¬ 
reur  Hadrien  que  s’adressait  son  reproche.  Aucun  texte, 
aucun  document  précis  de  l’époque  impériale  n’a  été 
produit  à  l’appui  de  ces  affirmations.  On  nous  permettra, 
dans  ces  conditions,  de  ne  pas  nous  incliner  devant 
elles. 

La  condition  du  sol,  pour  les  municipes  provinciaux, 
était  différente  de  ce  qu’elle  était  dans  les  municipes 
d’Italie.  Le  sol  provincial  était,  par  définition,  soumis  à 
l'impôt  foncier  et  non  susceptible  de  propriété  quiri- 
taire,  qu’il  fût  ou  non  en  la  possession  d’un  civis 
Romanus.  Le  statut  personnel  du  possesseur  ne  modifiait 
pas  la  condition  de  la  terre  possédée.  En  principe,  le  sol 
des  municipes  provinciaux  restait  sol  provincial  (ager 
provincialis)  ;  les  citoyens  des  municipes,  affranchis  de 
l’impôt  personnel,  payaient  pour  leurs  terres  la  contri¬ 
bution  foncière  ( vecligal ,  stipendium,  tributum)',  ils  en 
avaient  non  le  dominium,  mais  seulement  la possessio. 
Les  documents,  jusqu’ici  connus,  ne  mentionnent  point 


I,  1,  9.  —  4  Éd.  Laboulayo,  Les  tables  de  bronze  de  Alalaga  et  de  a 
pensa,  Paris,  1856.  —  B  Mommsen,  Le  droit  public  romain,  VI,  2,  p-  *  ■ 
—  6  Ed.  Beaudouin,  Loc.  cit.  —  7  Le  droit  public  romain ,  V 1,  -,  P*  ’ 
n.  3. 


MUN 


—  2033  — 


MUN 


(|(,  municipium  immune ;  nulle  part  non  plus  il  n’est  dit 
que  le  jus  italicum  ait  été  concédé  à  un  municipe  pro¬ 
vincial.  Rien  en  droit  ne  s’oppose  à  ce  que  de  tels  privi¬ 
lèges  aient  pu  être  accordés  à  desmunicipes  provinciaux; 
niais  en  fait  nous  n'en  connaissons  pas  encore  d’exemple. 
Remarquons  seulement  que  les  Gromatici  distinguent, 
à  propos  des  colonies  provinciales,  les  agri  colonici 
stipendiarii,  les  agri  colonici  immunes ,  les  agri  colonici 
juris  I ta/ici',  tandis  qu'ils  ne  font  point  la  même 
distinction  en  ce  qui  concerne  les  municipes.  Il  est 
vraisemblable  que  les  territoires  desmunicipes  n’obtin¬ 
rent  ni  Vimmunitas,  ni  le  jus  italicum.  La  condition 
normale  du  sol  y  était  d’èlre  provincial  et  non  susceptible 
de  propriété  quiri taire. 

Quant  à  l’organisation  administrative,  elle  semble 
avoir  été  plus  uniforme  dans  les  municipes  provinciaux 
que  dans  les  municipes  d'Italie.  Sauf  rares  exceptions, 
les  pouvoirs  publics  sont  au  nombre  de  trois  :  1°  l’assem¬ 
blée  des  citoyens,  le  populus  ;  2°  le  sénat  municipal, 
senatus  municipalis,  curia ,  decuriones  ;  3°  les  magistrats, 
duumviri  jure  dicundo,  duumviri  quinquennales , 
praefectùsoxi  praefecti  jure  dicundo,  aedil.es,  quaestor. 
L’assemblée  des  citoyens,  le  sénat  municipal,  les  magis¬ 
trats  se  retrouvent  dans  les  cités  provinciales  qui  por- 
laient  le  litre  de  colonies.  Ni  les  uns  ni  les  autres  ne 
semblent  avoir  eu,  dans  les  municipes,  de  caractère 
administratif  ni  de  vicissitudes  historiques  particulières. 
On  les  trouvera  étudiés  aux  articles  :  populus,  senatus 

Ml’NICIPALIS,  DECURIONES,  MAGISTRATUS  MUNICIPALES.  La 
seule  question  spéciale  qui  puisse  se  poser,  sur  ce 
terrain,  à  propos  des  municipes  provinciaux,  est  celle  de 
savoir  dans  quelle  mesure  l'action  du  gouverneur  de  la 
province,  proconsul,  légat  ou  procurateur,  s'exercait  sur 
leur  administration.  Les  décisions  prises  par  les  pou¬ 
voirs  publics  des  municipes,  dans  les  limites  de  leur 
compétence,  devaient-elles  être  soumises  à  l’approbation 
du  gouverneur?  Les  documents  ne  nous  fournissent  sur 
ce  point  aucune  réponse  directe  ni  décisive.  Plusieurs 
municipes  africains  portent,  il  est  vrai,  l’épithète  liberum  ; 
par  exemple  Thugga  2,  Thubursicum  Bure3,  Aulodes  4. 
Nous  avons  proposé  autrefois  de  voir  dans  l’adjectif 
liberum ,  qui  accompagne  sur  plusieurs  inscriptions  le 
nom  de  ces  municipes,  un  dérivé  du  nom  du  dieu  Liber, 
comme  c’est  le  cas  pour  l’épithète  frugiferum  appliquée 
au  municipium  Thignica".  Mais  nous  reconnaissons 
que  cette  hypothèse  est  téméraire  et  fragile.  Il  semble 
donc  y  avoir  eu  des  municipia  libéra ,  bien  que  Pline  ni 
aucun  autre  auteur  ne  signale  une  telle  condition.  S’il  en 
est  ainsi,  la  libertas  était  pour  les  municipes  provinciaux 
un  privilège.  La  plupart  d’entre  eux  ne  portent  pas 
1  épithète  liberum.  En  quoi  consistait  cette  libertas ? 
Peut-être  faut-il  l’expliquer  par  la  formule  qu’employè¬ 
rent  les  gens  d’Apamée,  en  Bithynie,  lorsque  Pline  le 

*  Grom.  vet.  éd.  Lachmann,  p.  35-30.  —  2  Corp.  inscr .  fat.  VIII,  1484. 
—  3  Ibid .  1427,  1439.  —  Ibid.  14355.  —  3  J.  Toutain,  Les  cités  romaines  de 
la  Tunisie ,  p.  328,  n.  1.  —  6  plin.  Ep.  X.  —  7  J.  Toutain,  Les  cités  romaines, 
p.  329-330  ;  Etudes  sur  Torganis.  municip.  du  Haut-Empire  ( Mélanges  de 
licole  française  de  ltome ,  ann.  1898).  — Bibliographie.  Une  bibliographie  1res 
abondante  sur  le  sujet  se  trouve  dans  Marquardt,  Organisation  de  l  Empire 
romain,  I,  p.  28,  n.  1.  D’une  manière  générale,  la  question  du  municipium  a  été 
étudiée  par  presque  tous  les  savants  qui  se  sont  occupés  des  institutions  romaines, 
depuis  Niebuhr.  Nous  citerons  en  particulier  :  Rubino,  Ueber  die  Bedeutung  der 
Ausdrücke  Municipium  und  Municeps  in  der  Zeiten  der  rômischen  Republik 
Zeitschrift  fur  A  Iterthumswissenschaft ,  1844  et  1847);  Rein,  Dissertatio  de  Roma- 
"orum  municip  iis ,  Eisenach,  1847  ;  Zumpt,  Comment  ationes  epigraphicae ,  Berlin, 
*850;  Studia  Romana,  Berlin,  1859;  Mommsen,  Die  Stadrechte  der  lateinischen 


Jeune  voulut  vérifier  leur  budget  municipal  :  rempu- 
blicarn  arbitrio  suo  administrare 8.  Dans  ce  cas,  les 
gouverneurs  des  provinces  n’avaient  pas  le  droit  de 
contrôler  l’administration  des  magistrats  municipaux. 
Les  municipes  provinciaux,  dotés  du  privilège  de  la 
libertas,  se  trouvaient  alors,  au  point  de  vue  adminis¬ 
tratif,  dans  la  même  situation  que  les  municipes  d'Italie, 
puisqu’il  n’y  avait  en  Italie  aucun  gouverneur.  La  ques¬ 
tion,  faute  de  documents  précis,  reste  encore  obscure. 

Les  municipes  provinciaux,  sous  l’Empire,  étaient  donc 
de  types  variés.  Ceux-ci  possédaient  la  civitas  romana  ; 
ceux-là  le  majus  Latium  ou  le  minus  Latium  -,  les  uns 
restaient  fidèles  à  leur  vieux  droit  propre,  les  autres 
adoptaient  totalement  ou  partiellement  le  droit  romain; 
il  y  avait  peut-être  des  municipia  libéra,  et  il  y  en  avait 
qui  n’avaient  pas  reçu  la  libertas.  Il  est  vraisemblable  que 
leur  sol  était,  en  règle  générale,  ager  provincialisme  qui 
distinguait  surtout  les  municipia  des  villes  provinciales 
appelées  civitates,  c’était  le  statut  personnel  des  citoyens. 
Ce  qui  les  distinguait  des  colonies,  c’était,  à  notre  avis, 
d’une  part  le  droit  en  vigueur  dans  les  limites  de  la 
juridiction  municipale,  d’autre  part  la  situation  adminis¬ 
trative.  Nous  pensons  en  effet  que  dans  les  colonies,  le 
droit  était  forcément  le  droit  romain,  et  que  les  colonies 
jouissaient  de  la  libertas,  non  point  à  titre  exceptionnel 
et  par  privilège,  mais  en  raison  même  de  leur  condition 
de  colonies7.  Ces  différences  nous  permettent  de 
comprendre  pourquoi  les  civitates  demandaient  à  devenir 
des  municipia  et  remerciaient  chaleureusement  les 
empereurs  qui  leur  accordaientcette  condition;  pourquoi, 
d’autre  part,  les  municipia  sollicitaient  le  titre  de 
colonia.  Dans  les  provinces,  comme  le  dit  Aulu  Gelle,  les 
colonicie  passaient  pour  être  effigies  parvae,  simulacra 
quaedam  populi  Romani<,  il  n’y  avait  rien  en  elles  qui 
ne  parût  d’origine  romaine.  Dans  les  municipia,  au 
contraire,  maintes  choses  rappelaient  le  temps  où  le 
municipium  avait  été  une  civitas,  c’est-à-dire  une  ville 
pérégrine,  assujettie,  stipendiaire.  Le  passage  de  la 
condition  de  municipium  à  celle  de  colonia  effaçait  tous 
ces  souvenirs  que  les  provinciaux  trouvaient  humiliants 
pour  leur  vanité.  En  Italie,  au  contraire,  c’était  le  titre 
de  colonia  qui  rappelait  les  heures  tristes  du  passé.  Aussi 
les  colonies  d’Italie  voulaient-elles,  comme  Préneste, 
redevenir  municipia ,  tandis  que  les  municipes  provin¬ 
ciaux,  comme  I  Lai  ica  et  Utique,  sollicitaient  le  titre  de 
colonies. 

Conclusion.  —  Le  mot  municipium,  municipia,  a  été 
employé  dans  plusieurs  sens  ;  il  a  désigné,  sous  la  Répu¬ 
blique  et  sous  l’Empire,  des  réalités  historiques  relative¬ 
ment  différentes  les  unes  des  autres.  Nous  nous  sommes 
efforcé  de  les  distinguer  nettement,  en  les  classant  à  la 
fois  par  époques  et  dans  chaque  époque  par  catégories. 
Nous  ne  nous  flattons  pas  d’avoir  trouvé  la  solution  des 

Gemeinden  von  Salpcnsa  und  Malaca  ( Abhand! .  der  sâchsischen  Geseltschaft  der 
Wissenschaften,  1855)  ;  Ed.  Laboulaye,  Les  Tables  de  Sa/pensa  et  de  Malaga, 
Paris,  1856;  Giraud,  Les  Tables  de  Salpensa  et  de  Malaga,  Paris,  1856;  La  Lex 
MalacitoCna,  Paris,  1858;  F.  Walter,  Geschichte  des  rômischen  Ilechts,  3' éd. 
Bonn,  1860;  Dubois,  Essai  sur  tes  municipes  dans  le  droit  romain,  Paris,  1862; 
Kuhn,  Die  stüdtisclie  und  bürgerliclie  Verfassung  des  rômischen  Lteichs,  Leipzig, 
1864-1865;  Houdoy,  Le  droit  municipal,  Paris,  1876;  L.  Grévy,  Des  municipes  en 
droit  romain,  Versailles,  1878  ;  Mispoulet,  Les  institutions  politiques  des  Domains, - 
Paris,  1882-1883;  Madvig,  L’État  romain,  trad.  franc.  Paris,  1882-1884;  P.  Willems, 
.Le  droit  public  romain,  Louvain,  1883;  O.  Karlowa,  Dômisclie  Bechtsgeschichte, 
Leipzig,  1885  ;  Bouche-Leclercq,  Manuel  des  Institutions  romaines,  Paris,  1886; 
Marquardt  et  Mommsen,  Manuel  des  antiquités  romaines,  trad.  franc,  t.  VI  et  VIII, 
Paris;  Liebeuam,  Stüdteverwaltung  im  rômischen  Kaiserreiche,  Leipzig,  1900. 


MIN 


—  2034  — 


prob  emes  de  détail,  fort  complexes,  qui  se  posent  à  pro¬ 
pos  des  munie, p, a  ;  nous  avons  seulement  voulu  écarter 
dans  la  mesure  du  possible,  les  théories  a  pr  oTeXs 
deduct.ons  exclusivement  logiques,  qui  à  notre  avis  sont 
dangereuses  en  histoire.  Nous  nous  en  sommes  tenu 
aux  documents  antiques.  De  toutes  les  observations  que 
nous  a  suggérées  l’étude  de  ces  documents,  il  ressort 
qu  abstraction  faite  des  variétés  de  détail  que  nous 
aMDns  signalées,  une  double  idée  fondamentale,  essen- 

phnn  ^  r°UVe  t0l'J0UrS  contenue  dans  le  mot  munici- 

A-  Les  personnes  dont  la  condition  est  exprimée  par 
le  mot  municipium  (sens  abstrait)  ou  qui  appartiennent 
<  une  communauté  urbaine  désignée  par  le  même  mot 
lunicipium  (sens  concret),  sont  entrées,  soit  elles- 
memes,  soit  tels  ou  tels  de  leurs  ascendants,  dans  la  cité 

dehors 6  ^  aCC6SSi0n  ;  elIes  X  ont  été  introduites  du 

B-  U  reste  dans  leur  condition,  dans  leur  situation, 
soit  cmle,  soit  juridique,  soit  administrative,  quelque 
chose  qui  rappelle  leur  origine.  Leur  passé  n’a  pas  tota¬ 
lement  disparu.  Cette  survivance  du  passé  se  manifeste 
sous  plusieurs  formes  diverses.  C’est,  par  exemple, 

J  9°’  la  Pnvat.on  du  jus  suffrayii ;  c’est  la  persis¬ 
tance  plus  ou  moins  prolongée  d’un  droit  non  romain- 
c  est  le  fait  d’être,  en  même  temps  que  civis  Itomanus ’ 
citoyen  d  une  communauté  urbaine,  distincte  de  Rome 
meme  II  n’est  pas  jusqu’à  l’emploi  du  mot  municipium 
sous  1  Empire  pour  désigner  des  villes  dotées  seulement 
du  Latium  majus  ou  du  Latium  minus  qui  ne  mette  en 
lumière  ce  second  caractère  fondamental  des  municipia. 

a  (  i  erence  des  coloniae ,  qui  réellement  ou  par  une 
fiction  juridique  émanaient  de  Rome  même,  les  muni- 
cipes  tenaient  encore  par  leurs  racines  à  leur  passé  loin¬ 
tain  .  suis  radicibus  nitebantur. 

Cette  conception,  à  double  face,  du  municipium  est 
tout  à  fait  originale  dans  l’antiquité.  Rome  seule  l’a  eue. 
La  Grèce  ne  semble  pas  l’avoir  connue.  Elle  n’avait  ima¬ 
giné,  entre  la  condition  de  civis  complet  et  celle  d’étran¬ 
ger,  que  cet  étranger  d’ailleurs  fût  un  ami  ou  un  ennemi, 
que  le  lien  tout  personnel  d’hospitalité  [uospitium,  proxe- 
ma].  Ni  Athènes  ni  Sparte  n’ont  pu  fonder  un  véritable 
Ltat.  Rome  est  parvenue,  après  des  tâtonnements,  à  élar- 
gii  la  notion  d  abord  étroite,  exclusive  même,  de  la  cité. 
Elle  a  eu  1  intuition  d’un  Etat,  qui  ne  se  confondît  pas 
avec  la  cité,  qui  fût  composé  d’un  agrégat  de  commu¬ 
nautés  urbaines  subordonnées  sans  doute  à  la  cité  victo¬ 
rieuse,  mais  vivant  néanmoins  d’une  vie  propre.  Le 
terme  municipium ,  malgré  la  variété  des  conditions  et 
des  villes  qu  il  a  servi  à  désigner,  exprime  précisément 
ccltc  conception.  J.  Toutain. 

MüNITIO,  Tsiyo7rotîa,  7tup^oTrou'a.  —  Fortification,  art 
de  construire  les  forteresses. 

I.  Principes.  L  art  de  la  fortification  a  pour  but  de 
préserver  un  espace  déterminé  de  l’invasion  subite  d’un 
ennemi  et  de  donner  aux  défenseurs  les  moyens  de  com¬ 
battre  cet  ennemi  avec  avantage.  Les  fortifications  ont 
été  diverses  suivant  les  temps  et  les  lieux  ;  elles  dépen¬ 
dent  en  effet  de  la  nature  du  site  à  défendre,  des  maté¬ 
riaux  et  du  temps  dont  le  défenseur  peut  disposer,  enfin 
des  armes  dont  on  peut  se  servir  et  des  engins  que  l’on  a. 


MÜMTIO 

i. xxiii  ;  Schliemann 


1  Paus.  Il,  25  ;  Blouet,  Expédition  scientifique  de  Morde,  III,  pl.  lxxii, 
nann,  Tirynthe,  1883,  pl.  m;  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'Art,  VI, 


M'UN 

t  Crain,dre-  Périodes  grec,,,,»  , , 

es  seules  don.  nous  ayons  à  „„„s  „ccllj  “  f 

es  engins,  soi.  de  l’attaque,  soit  de  ]•,  Z.l'  armes  «t 

beaucoup  varié;  aussi  les  disposition  1Se’ n’01>l  pas 

forteresses  sont-elles  restées  senslUementT^'1®  ** 

basées  sur  les  trois  principes  suivants  p  L  ”**»  « 

ceinte  doil  etre  assez  haut  pour  no  pouvoir  -il  f'"1’  d  eB' 

escaladé  et  assez  épais  pour  résister  e  r0  facilement 

laque  ;  2"  le  tracé,  quand  H  liïï  D *  >*• 
commandé  par  la  forme  du  sol  (ce  '  Pe™usem«"t 
aur  les  plateaux  escarpés,  les  meiïeure  T 
défensives),  doil  être  tel  que  le  pied  d,  '  posiUons 
surveillé  et  battu  par  lesTét^s ffT"' 

d  abriter  le  côté  droit  du  défpnaei  /  aut  Relier 

bouclier)  et  de  forcer  l’agresseur  de  prtsTnterreSr"  '' 
coups  de  la  défense.  te  ce  cote  aux 

IL  Traités  techniques.  —  R  ne  nont5 

petit  nombre  d’écrits  didactiques  relatifs  à  la  for  i  r  ^ 

Ce  sont,  par  ordre  d’importance  •  °  1Cat,0n- 

ordre  de  date  :  1°  le  livre  Y  de  VF  /  me.me  temps  par 
de  Philon  v  ^Encyclopédie  mécanique 

ae  i  hifon  de  Byzance  (11°  siècle  av.  J.-C.)  ■  2°  Ie 
pitre  v  du  livre  r  ci*  rin  m  •,  ,  7,  /  ?  g  li  et- 

(,-  siècle  av  J  r  t  é  I  *>  Vilruv. 

1  biecie  av.  J. -U),  3°  les  chapitres  ix  à  xu  de* 

yiques  de  V Anonyme  de  Byzance  (v* siècle  ap.  J.-C  )  j’en* 

ai  publie  la  traduction  française  dans  un  ouvrage  intitulé 

oliorcetique  des  Grecs  (Paris,  1872),  complété  en  -1881 

par  une  autre  publication  ayant  pour  titre  :  PrùicZ 

de  la  fortification  antique.  On  trouvera  encore  quelques 

passages  intéressants  relatifs  à  la  fortification  dans  les  | 

écrits  d  Æneas,  Frontin,  Ælien,  Polyen,  Végèce,  Procope 

et  1  empereur  Léon.  1 

III.  Histoire.  —  La  Grèce  est  couverte  de  montagnes  \ 
peu  elevees  dont  les  ramifications  divisent  le  sol  en  une  \ 
ouïe  de  plateaux  nettement  délimités  qui  formaient  aux 
omps  dits  héroïques,  c’est-à-dire  jusque  vers  le  xiT  siècle  ' 
avant  notre  ère,  autant  de  petits  Etats  séparés  gouvernés  1 
pai  des  lois.  Ceux-ci  avaient  établi  leur  demeure  sur 
des  mamelons  et  dans  des  positions  centrales  de  manière  - 
a  pouvoir  surveiller  leurs  domaines  et  épier  l’arrivée  de  ! 
1  ennemi  ;  ils  avaient  fortifié  non  seulement  cette  posi¬ 
tion,  mais  encore  les  accès  du  territoire  par  des  murailles 
munies  de  portes  qu’on  tenait  ouvertes  ou  fermées  sui¬ 
vant  qu  on  était  en  paix  ou  en  guerre  avec  son  voisin. 

C  est  ainsi  que  le  défilé  mystique  entre  Athènes  et  Eleusis,  I 
le  défilé  entre  la  ville  moderne  de  Keratea  et  Sunium,  ! 
le  passage  entre  la  montagne  et  la  mer  pour  aller  j 
d  Eleusis  à  Mégare,  plusieurs  défilés  dans  File  de  Sala- 
mine,  1  isthme  de  Corinthe  dans  toute  sa  largeur,  le  défilé  i 
des  Thermopyles,  etc.,  étaient  fermés  par  des  murs 
cyclopeens  dont  on  voit  encore  les  restes.  A  cette  époque 
le  tracé  des  forteresses  proprement  dites  est  simplement 
déterminé  par  la  condition  d’occuper  le  plateau  qui  cou¬ 
ronne  le  mamelon  [acropolis]  ;  les  murs  très  épais  et 
composés  de  blocs  énormes  simplement  entassés  les  uns 
sur  les  autres  se  défendent  par  leur  masse,  et  l’issue  de 
la  lutte  dépend  du  plus  ou  moins  de  succès  des  sorties 
des  défenseurs.  Ces  sorties  paraissent  être  favorisées  par 
des  galeries  couvertes  qu’on  trouve  ménagées  dans 
l’épaisseur  du  rempart,  comme  à  Tirynthe  1  et  à  Sardes 
Dans  ces  conditions,  le  flanquement  latéral  avait  peu 
d’importance  et  il  n’était  assuré  que  quand  la  nature  des 

p.  2GI  stj.  —  2  Trémeaux,  Voy.  archéol.  en  Grèce  et  en  Asie  Mineure,  Sardes,  j 

pl.  I. 


MUN 


—  2035  — 


MUN 


lieux  permettait  d  établir  en  saillie  sur  l’enceinte  de 
solides  contreforts  comme  dans  la  fameuse  porte  des 
lions  à  Mycènes'.  Par  contre,  on  avait  toujours  soin  de 
tracer  les  routes  conduisant  aux  portes  de  telle  manière 
que  les  assaillants  fussent  obligés,  pendant  un  certain 
temps,  de*  présenter  aux  défenseurs  le  côté  droit  non 
protégé  parle  bouclier  (Tirynthe,  Mycènes)2.  Les  plus 
anciennes  forteresses  sont  simplement  traversées  par  un 
mur  intérieur  formant  retranchement  (Tirynthe).  Plus  tard 
on  construisit  à  1  intérieur  une  citadelle  indépendante 
contenant  le  palais  du  roi  (Mycènes) 3. 

Entre  l’époque  de  la  guerre  de  Troie  (xne  siècle)  et  les 
guerres  médiques  (ve  siècle),  les  villes  de  la  Grèce 
s’agrandissent  peu  à  peu.  Quand  un  faubourg  devient 
assez  important,  on  l’entoure  de  murailles,  de  telle  sorte 
que  les  cités  finissent  par  être  formées  d’une  agrégation 
de  quartiers  dont  chacun  est  fortifié  séparément;  l’an¬ 
cienne  enceinte  reste  comme  citadelle  principale  et 
prend  le  nom  d 'Acropole.  Les  villes  nouvelles  s’établissent 
souvent  sur  des  isthmes,  pour  faciliter  leur  commerce  ma¬ 
ritime  et  së  protéger  à  moins  de  frais  contre  leurs  voisins. 
La  disposition  particulière  des  côtes  de  la  Grèce  et  les 
mœurs  de  leurs  habitants  avaient  en  effet  donné  nais¬ 
sance  cà  un  mode  d  attaque  spécial  dont  la  connaissance 
permet  d’expliquer  beaucoup  de  ruines  antiques4. 
I.  assaillant,  longeant  les  côtes,  débarquait  sur  un  pro¬ 
montoire  ou  une  presqu'île  et  se  fortifiait  du  côté  du 
continent  par  une  coupure  et  une  muraille  à  travers 
lesquelles  il  ménageait  une  ou  plusieurs  sorties5;  grâce 
a  ce  repaire,  il  pouvait  presque  impunément  ravager  les 
villages  voisins.  Un  spécimen  très  curieux  au  point  de 
vue  théorique  de  ce  genre  de  fortifications  a  été  signalé 
par  M.  Texier  6  à  quelques  kilomètres  d’Iassos  en  Troade. 
Il  y  a  la,  tout  près  du  rivage,  une  longue  muraille  tracée  en 
crémaillère7,  dont  les  faces  ont  une  trentaine  de  mètres 
de  long  et  les  flancs  1  m.  80,  c’est-à-dire  juste  l’espace 
nécessaire  pour  une  poterne  de  sortie  et  le  créneau  ser- 


Fig.  5JG2.  —  Tracé  en  crémaillère  près  d’Iassos. 

vant  à  sa  défense  ;  cette  muraille  est  en  outre  flanquée 
de  tours  demi-circulaires  distantes  d’environ  100  mètres 
et  faisant  une  saillie  de  près  de  11  mètres.  L’absence 
totale  de  ruines  entre  cette  construction  et  la  mer  ne 
laisse  aucun  doute  sur  sa  destination  (llg.  5162). 

Ici  apparaît  l'emploi  régulier  des  tours  [turris]  que 
nous  retrouvons  à  Megara  Hyblæa  en  Sicile8,  à  Aléa  en 
Arcadie  (fig.  5163) 9,  forteresse  des  plus  intéressantes, 
parce  que,  d’une  part,  sa  construction  en  beaux  blocs 
polygonaux  indique  sa  grande  antiquité  et  que,  d’autre 
part,  elle  nous  donne  un  exemple  des  forteresses  trian- 

1  l’aus.  Il,  16  ;  cf,  Blouel,  III,  pl.  lxv  ;  Scliliemann,  Mycènes,  1879,  pl.  m  ;  Perrot 
Ohipieï,  VI,  p.  309  sq.  —  2  Perrot,  Ibid.  VI,  p.  276.  —  3  Ibid.  p.  659, 
pl  vm<  1X>  x-  —  4  TImcyd.  I,  10;  Paus.  VIII,  45;  Strab.  VIII,  etc.  -  5  Thucyd! 
O  ■  3,  45,  etc.  —  6  Description  de  l'Asie  Mineure,  t.  III,  pl.  cxi.vn  à  cxi.Ix.  La 
G-  5102  est  empruntée  à  Texier,  L.  c.  La  crémaillère  est  ici  tracée  do  manière 
J  faciliter  des  sorties  en  permettant  à  celui  qui  sort  de  conserver,  aussi  longtemps 
il  le  jugera  utile,  le  côté  gauclic  protégé  par  le  bouclier  du  côté  de  l'ennemi; 
’  !■  I  L  25.  —  7  Pliilon  (I,  37)  recommande  ce  tracé  pour  les  camps.  —  8  Orsiu 
avallarî,  Megara  Hyblæa,  Monum.  d.  Accad.  dei  Liucei,  I,  1889,  p.  689  sq.  ; 


gu  lai  res,  des  courtines  courbes  et  des  tours  avec  saillants 
tournés  vers  l’ennemi,  dont  Philon  indique  l’emploi  l0. 


Fig.  5163.  —  Aléa  en  Arcadie. 


Non  moins  intéressante  est  la  forteresse  de  Gortys11 
(fig.  5164)  qui  nous  montre  de  belles  tours  rondes  aux  sail¬ 
lants,  des  tours  carrées  espacées  de  35  à  40  mètres,  une 
courtine  en  crémaillère  disposée  de  manière  à  faire  frapper 
par  les  flancs  de  l’ouvrage  le  côté  droit  de  l’assaillant,  et 


Fig.  5164.  —  Forteresse  de  Gortys. 

enfin  une  porte  précédée  d’un  tambour  intérieur  qui 
augmentait  la  difficulté  de  l’entrée.  Les  murs  de  Gortys, 
conservés  par  endroits  jusqu’à  la  hauteur  de  5  mètres,  pré¬ 
sentent  1  appareil  polygonal  régulier;  ils  ont  une  épais¬ 
seur  variant  de  2  à  3  mètres  ;  ils  sont  formés  de  gros 
blocs  ayant  souvent  de  6  à  7  mètres  de  long  sur  4  à 
°  fie  haut,  dont  la  face  extérieure  est  presque  brute, 
mais  donL  les  côtés  sont  travaillés  de  telle  sorte  que  leurs 

I  errot,  Hist.  de  l  art,  \  III,  p.  5.-9  Rangabé,  Souvenirs  d'une  excursion  d'Athènes 
en  Arcadie  ( Mém .  Acad.  Inscript.,  I»  sér.  1857,  t.  V,  1"  part.).  La  fig.  5163  est 
tirée  de  ce  travail;  elle  est  reproduite  dans  mon  livre,  Princ.  de  la  fort.  p.  58, 
fig.  21.  M.  Rangabé  attribue  aux  murs  d’Aléa  une  hauteur  de  15  mètres.  Ces 
chiffres  ont  été  rectifiés  par  M.  Fougères  (supplément  au  Guide  Joanne  de  Grèce, 
-1902,  appendice,  n"  25).  Actuellement  la  hauteur  est  de  3  ou  4  mètres  et,  dans  les 
parties  les  mieux  conservées,  de  5  mètres;  l’épaisseur  moyenne,  de  3  m.  50. 
—  I"  Fini.  I,  2,  33,  55.  —  u  La  figure  5161  d’après  les  Princ.  de  la  fort.  p.  73, 
fig.  29;  Rangabé,  L.  c.  ;  Blouet,  111,  pl.  xxxi  ;  cf.  Paus.  VIII,  48. 


M  UN 


—  2036  — 


sadhes  s’adaptent  avec  la  plus  grande  exactitude  aux 
angles  rentrants. 

La  fondation  de  l’empire  des  Perses  par  Cyrus  et  les 
expéditions  des  grandes  puissances  orientales  contre  la 
brece  provoquèrent  une  recrudescence  de  fortifications 
sur  le  sol  de  l’Hellade.  Les  habitants  des  côtes,  qui  avaient 
primitivement  établi  leurs  villes  à  une  certaine  distance 
de  la  mer  par  crainte  des  pirates  et  dont  les  ports  étaient 
ainsi  sans  défenses,  entourèrent  ceux-ci  de  remparts  et 
es  relièrent  aux  villes  par  de  longs  murs  (cxéÀTj,  les 
jambes)  à  peu  près  parallèles,  entre  lesquels  les  commu¬ 
nications  se  faisaient  en  sûreté.  C’est  au  milieu  du 

siècle  que  furent  construits  ceux  de  Mégare 1  et 
d  Athènes  -.  Lépréum  3,  Mantinée  4  et  Messène  e, 
elevees  toutes  trois  dans  le  courant  du  ive  siècle,1 
nous  offrent  des  spécimens  de  la  fortification  hellénique 
a  sa  plus  belle  époque.  Citons  aussi  les  ruines  de 
la  forteresse  de  Loryma  en  Asie  Mineure6. 

Mantinée,  bâtie  en  plaine,  a  la  forme  circulaire  qui 


MUN 

ainsi  à  sa  défense  ».  Les  ingénieurs  se  sont  nh,  , 
es  dispositions  des  portes  (fi, g.  5166] »  pour  \  , Varier 

le  passage  aux  ennemis.  On  a  déjà  vu  dlsP"ter 

une  disposition  fondée  sur  le  même  princinèT  (  ASTRl,M’ 
du  camp  romain,  d’après  Hygin.  ’  aux  entrées 


renferme,  pour  une  même  longueur  de  la  ligne  envelop¬ 
pante,  la  surface  la  plus  considérable  (fig.  3163)  \  Le 
cours  d’eau  qui  traversait  auparavant  la  ville  fut  détourné 
de  manière  à  baigner  le  pied  des  remparts  et  contribuer 


Fig.  5166.  —  Diverses  portes  de  Mantinée. 

A  Messene"’  nous  signalerons  particulièrement  le  beau 
type  de  tours  carrées  dont  la  plate-forme  supérieure  est 
munie  de  créneaux  et  inclinée  du  dehors  au  dedans  de 
manière  à  abriter  les  défenseurs  contre  le  tir  plongeant 
de  l’ennemi  [tormentum].  Le  rempart,  qui  subsiste  encore 
presque  complètement,  suit  les  crêtes  que  présente  le 
terrain;  il  est  massif,  d’une  épaisseur  d’environ  2  m.  50  et 
haut  seulement  de  4  m.  50  depuis  le  pied  du  mur  jusqu’au 
sommet  des  créneaux.  Cette  médiocre  hauteur  avait 
certainement  pour  but  de  permettre  aux  défenseurs  de 
se  servir  contre  1  assaillant  d’une  lance  analogue  à  celle 
que  les  Romains  employaient  à  la  défense  des  retranche¬ 
ment  des  camps  et  qu’ils  appelaient  pilum  murale11. 

A  Lépréum  le  rempart,  au  lieu  d’être  massif,  se  com¬ 
pose  de  deux  murs  épais  de  0  m.  GO  et  distants  de  3  m.  10, 
de  telle  sorte  que  son  épaisseur  est  de  4  m.  30.  Des  murs 
transversaux  de  0m.  60  d’épaisseur  et  également  distants 
de  3  m.  10  divisent  l’intérieur  du  rempart  en  une  série 
de  petites  chambres  carrées  ayant  probablement  servi 
d’habitation  à  la  garnison.  C’est  la  trace  la  plus  ancienne 
qu’on  trouve  de  cette  disposition  qui  sera  plus  tard 
appliquée  fréquemment.  Un  des  côtés  de  la  forteresse 
présente  le  tracé  en  crémaillère. 

L’espacement  des  tours  est  très  variable  :  de  12  mètres 
seulement  à  Phigalie  ,3,  il  est  de  25  mètres  à  Aléa  et  à 
Mantinée  et  va  parfois  jusqu’à  100  mètres  à  Messène  u.  1 

Les  fossés  n’existaient  point  habituellement  dans  les 
forteresses  de  cette  période  en  Grèce,  par  la  raison  que 
les  villes  étaient  généralement  établies  sur  des  mamelons 
rocheux  et  que  les  remparts  étaient  construits  non  avec 
de  la  terre  comme  les  retranchements  des  camps,  mais 
avec  de  solides  pierres  capables  de  résister  aux  machines 
d’attaque  alors  connues.  L’emploi  du  fossé  s’imposa  avec 
le  perfectionnement  des  machines  au  ne  siècle  avant  notie 
ère15.  Mais  alors  la  Grèce,  déchirée  par  des  factions,  ^ 


1  Thuc.  I,  103;  I\,  66.  —  2  ld.  \f  1 07  ;  II,  13;  Allen,  Karten  von  Attika. 
—  a  Blouet,  I,  pl.  li;  Boulan,  Mém.  sur  la  Triphylie  ;  Paus.  V,  5.  —  4  W.  Gell, 
Probestiicke  von  Stüdt.  der  alten  Griech.  Munich,  1831  ;  voir  surtout  la  thèse  de 
(i.  Fougères  sur  Mantinée ,  1898.  —  5  Blouet,  1,  pl.  xxxii,  xxxix  à  xlvi  ;  Paus.  IV, 
31  ;  cf.  de  Rochas,  Princ.  de  la  fort.  ant.  pl.  i.  —  6  Benndorf  et  Nicmann, 
lieisen  in  Ly/cien ,  1888,  p.  23,  pl.  ix  et  x.  —  7  Fougères,  Mantinée  et  l'Arcadie , 
p.  136  sq.  et  pl.  vm.  —  8  Ibid.  p.  139.  —  9  Ibid.  p.  153  sq.  ;  cf.  Princ.  de  la 


fort.  ant.  p.  80,  fig.  33  [k  39.  Les  flèches  indiquent  la  direction  de  I  assadlaid 
protégé  à  gauche  par  le  bouclier.  —  1®  Blouet,  1,  pl.  xxxix  sq.  ae» 

Gall.  V,  40;  Q.  Curt.  VIII,  38.  —  12  Blouet,  I,  pl.  m.  —  13  ld-  *>  P  ' 

—  14  Id.  L.  c.  —  16  On  admet  généralement  que  les  meilleurs  frondeurs,  sc  5«  ^ 
de  balles  de  plomb,  atteignaient  à  100  pas,  que  les  projectiles  ^ 
n’arrivaient  qu’à  60  ou  70  pas,  et  enfin  que  les  javelots  avaicnl 
de  30  à  40  pas. 


MUN 


MIJN 


—  2037  — 


n  était  plus  assez  puissante  pour  élever  des  places 
importantes,  et  c’est  d’abord  chez  les  Carthaginois,  puis 
cliez  les  Byzantins  que  nous  voyons  apparaître  un  nou¬ 
veau  système  de  fortifications  basé  sur  la  nécessité  de 


Fig.  5167.  —  Enceinle  de  Constantinople. 


mettre  le  mur  de  l’enceinte  intérieure  autant  que  possible 
a  1  abri  des  coups  des  énormes  engins  de  l’assaillant. 

Philon  préconise  pour  cela  l’emploi  de  trois  fossés  1 
permettant  d’élever  quatre  enceintes  concentriques  se 
dominant  les  unes  sur  l’autre  et  ayant  pour  effet  de 
reporter  l'établissement  des  batteries  de  siège  assez  loin 
pour  que  les  projectiles  ne  pussent  faire  brèche  à  la 
muraille  principale.  Ce  système  parait  avoir  été  appliqué 
a  Rhodes  et  à  Padoue  qui  auraient  conservé,  dit-on,  jus- 
iju  au  xv  siècle  des  traces  des  trois  fossés  concentriques. 
Telles  seraient  encore  les  enceintes  de  Carthage 2  et 
les  x  i lies  voisines,  Thapsus,  Thysdrus  et  Adrumète  3. 
11  nous  reste  à  Constantinople  (fîg.  5167)  4  et  à  Nicée 
hg.  5168,  51  /0)!'  des  enceintes presque*semblables  etbien 


Fig.  5168.  —  Coupe  des  rcmparls  de  Nicée. 


1  onservées,  mais  à  trois  enceintes  seulement  (en  cornp- 
lant  pour  une  enceinte  le  chemin  couvert  extérieur);  les 
coupes  et  plans  ci-joints  en  donnent  une  idée  suffisante. 
Construites  toutes  deux  au  ivc  siècle  de  notre  ère,  elles 
sont  basées  sur  le  même  principe  :  la  protection  du  mur 
principal  (tec/oç,  murus)  par  un  ou  plusieurs  avant- 
murs  (TrpoTsfyifffia,  antimurale ).  A  Constantinople  comme 
1  Nicée,  les  tours  de  l’avant-mur  sont  élevées  au  milieu 
'les  courtines  du  mur  principal  (tîg.  5169,  5170).  Les 
1  misés  rapportèrent  en  Europe  ce  genre  de  fortification  à 
'louble  enceinte,  dont  l’une  prit  le  nom  de  braye  et  l’autre 
llt‘  fausse  braye.  L’enceinte  de  Nicée  est  circulaire  avec 
'1(1  grands  côtés  en  ligne  droite,  en  ligue  brisée  vers  le 
SU<1)  à  cause  de  la  nature  du  sol  ;  les  côtés,  plus  courts. 
M)nt  disposés  de  manière  à  donner  des  flancs  (fig.  5170). 


En  Italie,  on  n’a  généralement  employé  qu’un  fossé,  et 
un  fossé  peu  profond  destiné  seulement  à  fournir  les 
terres  destinées  à  remplir  jusqu'à  une  certaine  hauteur 
1  intervalle  laissé  entre  les  deux  murs  qui  formaient  les 
revêtements  intérieur  et  extérieur  du  rempart6.  Ce 
soubassement  robuste  devait  sup¬ 
porter  l’efiort  du  bélier  ;  au-dessus 
se  trouvait  soit  simplement  le 
terre-plein  avec  un  mur  crénelé, 
soit  un  premier  étage  de  voûtes 
séparées  par  des  pieds-droits 
perpendiculaires  à  la  direction  du 
mur,  et  supportant  un  second  étage  Fig- 5169-  —  coupe  d’une  tour 
à  ciel  ouvert  et  formant  terre- 
plein  crénelé7.  A  Pompéi,  où 

on  Louve  la  première  disposition,  le  mur  intérieur  se 
continue  au-dessus  du  terre-plein  comme  le  mur  exté¬ 
rieur,  mais  il  s'élève  plus  haut;  comme  il  est  également 
crénelé,  il  peut  servir  de  retranchement  intérieur  à  l’aide 


d  un  plancher  mobile  qu’onétablit  à  hauteur  des  créneaux 
du  côté  de  la  ville8.  Le  parapet  du  mur  extérieur  pré¬ 
sente  une  disposition  ingénieuse  :  il  est  complété  par 
une  série  de  petits  murs  en  retour  formant  traverse  et 
garantissant  le  côté  droit  du  défenseur  non  protégé 
par  le  bouclier9.  On  a  un  très  bel  exemple  de  courtines 
avec  voûtes  dans  l’enceinte  d’Aurélien,  à  Rome,  dont  les 
fig.  5171  et  5172  10  donnent  la  coupe  ainsi  que  le  plan  au 
niveau  du  rez-de-chaussée  des  voûtes  et  au-dessus  du 
terre-plein  supérieur.  A  Rome  comme  à  Pompéi,  le  flan¬ 
quement  est  obtenu  par  des  tours  carrées,  à  cheval  sur 


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Fig.  5171.  -  Enceinte  d’Aurélien.  Plan  d’une  courtine  et  de  deux  tours  montrant 
la  galerie  couverte  inférieure  et  la  galerie  couverte  supérieure. 


le  rempart  pour  localiser  les  irruptions  de  l’ennemi  sur 
les  courtines,  et  surélevées  d’un  étage  pour  dominer 
les  engins  de  l’attaque. 


Fini.  I,  45  gq.  —  2  Graux,  iYote  sur  les  fortifications  de  Carthage.  —  3  Dau.x, 
cherches  sur  l'origine  et  l' emplacement  des  Emporia  phéniciens  dans  le  Zeu- 
JIS  ^  Rysacium.  —  4  A.  de  Rochas,  Princ.  de  la  fort.  ant.  p.  70,  fig.  28  et 
n.  —  o  Texier,  Voy.  archéol.  en  Asie  Mineure ;  cf.  Princ.  de  la  fort  ant  p  84- 

VI. 


.  f.g'  f  '  *’  5;  Vegel’  IV’  -  7  Phil°"-  q«i  indique  celte  disposition 

(I,  15),  dit  que  ce  système  a  été  appliqué  à  Rhodes.  -  8  Mazois,  Haines  dePom- 

Pe'\  p,P  ‘  *î  \\  R°ChaS’  PrinC'  de  la  f°rl ■  ant-  P>-  Ibid.  pl.  m. 
"  ’  ’  +’  0  Rochas,  Princ.  de  la  fort.  ant.  pl.  in,  p.  93. 

256 


MUN 


—  2038  — 


MIJN 


Quelquefois,  comme  à  Aoste1  fortifiée  au  i*' siècle  de 
notre  ère,  les  Romains  se  sont  bornés  àreproduire  le  mode 
de  fortification  de  leurs  camps,  conservant  la  forme 
rectangulaire  et  remplaçant  le  vallum  en  terre  par  un 
mur  en  maçonnerie  soutenu  M 'intérieur  par  d’importants 


Fig.  5172.  —  Enceinte  d’Aurélien,  coupe  de  la  courtine. 


contreforts  et  coupé  de  distance  en  distance  par  des  tours 
de  même  hauteur.  Il  est  très  probable  qu’au  moment  d’un 
siège,  ces  contreforts  auraient  servi  de  support  à  un 
tablier  de  bois  mobile  élargissant  le  terre-plein  et  que 
les  tours  eussent  été  surélevées  sur  les  points  d’attaque 
par  des  échafaudages.  Albert  de  Rochas. 

MUJVUS.  —  I.  Définitions.  —  Le  mot  munus  (d’abord 
moenus ),  racine  des  mots  municeps ,  municipium  1 , 
munir  e,  miniums,  co/mnunis ,  paraît  avoir  signifié  pri¬ 
mitivement  une  corvée2.  Plus  tard  il  désigne  à  Rome  les 
charges  publiques3  :  corvées,  impôts  directs,  fonctions 
de  jurés,  de  tuteurs,  de  curateurs,  et  même  théorique¬ 
ment  les  magistratures  ( honores )  et  le  service  militaire 
( militia ).  Les  jurisconsultes  y  voient,  par  opposition  au 
don  uni,  un  acte  fait  par  contrainte  légale  ou  morale4. 
Dans  1  Ltat  romain,  dont  un  des  traits  caractéristiques 
est  le  petit  nombre  d’employés  payés,  le  citoyen  a  l’obli¬ 
gation  de  consacrer  une  partie  de  son  temps  et  de  sa 
fortune  a  l’intérêt  public  ( muneribus  fungi ,  munus 
f ncere)  \  Mais  c’est  en  dehors  de  Rome,  dans  le  régime 
municipal,  que  les  munera  ont  eu  le  plus  d’importance, 
et  c’est  ce  qui  explique  les  prescriptions  minutieuses  des 
empereurs  à  ce  sujet6.  Les  munera  comprennent  les 


prestations  exigées  soit  par  les  villes  «mi 
romain,  en  laissant  cependant  de  côté'  Ipq  PtU*  1  État, 
impôts,  et  ils  correspondent  dans  une  certain*"01^11* 
aux  liturgies  grecques  [leitourgia]  \  Théori ni  ^ 

sont  opposés  aux  magistratures  8  ~  111(11 1  ils 


obligatoires  et  ne  confèrent  pas  la’quafiUô'lT  qU'ils  SOnt 
mais  cette  diOerence  est  allée 
plus  jusqu  à  disparaître  presque  entièrement au T” 
Empire,  et  d  ailleurs,  même  au  début  h-ç  •  •  dS~ 

munem,  c’est-à-dire  les  fonctions  des  divers  curaT" 
ont  été  considérés  comme  des  honneurs  •  UrS’ 
figurent  sur  les  inscriptions,  dau^Tc^  “ÏÏf 
la  gestion  des  magistratures.  ’  nme 

IL  Généralités.  -  Les  munera  devaient  être  exercés 
en  personne  et,  sauf  de  rares  exceptions,  ne  pouvait 
généralement  pas  etre  remplacés  par  une  contribution 
pécuniaire  lu.  Ils  étaient  régulièrement  conférés  chacun 
par  un  decret  spécial  de  la  curie;  un  simple  édit  des 
magistrats  municipaux  ne  suffisait  pas11,  sauf  pour  le 
mandat  des  syndikoi  que  les  duumvirs  étaient  autorisés 
a  nommer  pour  chaque  procès,  pour  le  curator  kalen- 
daru  que  choisissait  le  gouverneur12,  et  pour  certaines 
charges,  dites  extraordinaires,  que  les  magistrats  impé¬ 
riaux  pouvaient  imposer,  habituellement  avec  l’autorisa¬ 
tion  de  l’empereur  **.  En  principe,  les  décrets  de  la  curie 
n  avaient  pas  besoin  d’être  ratifiés  par  le  gouverneur 
quoiqu’il  pût  les  contrôler14.  Deux  principes  généraux 
réglaient  la  collation  des  munera  :  l’aptitude  quant  à 
1  âge  et  à  la  fortune,  l’égale  répartition  des  charges15.  Il 
n  y  avait  plus  naturellement  ici  les  mêmes  causes  d’indi¬ 


gnité  que  pour  les  magistratures;  les  infâmes  étaient 
exclus  seulement  des  charges  personnelles  16.  En  Occi¬ 
dent,  les  femmes  ne  supportaient  que  les  charges  patri¬ 
moniales  1  '  et,  par  exception,  quelques  charges  person¬ 
nelles,  sauf  quand  elles  avaient  cinq  enfants18;  en 
Orient,  elles  pouvaient  gérer  les  liturgies  de  toutes  sortes. 
Il  ne  devait  y  avoir  ni  cumul,  ni  itération  des  charges, 
sauf  en  cas  de  nécessité;  elles  ne  devaient  pas  être 
imposées  successivement  au  père  et  au  fils19  :  la  gestion 
d  une  magistrature  dispensait  d’un  munus ,  mais  on 
pouvait  déférer  un  honor  à  celui  qui  avait  déjà  un 
munus'10.  Le  citoyen,  chargé  d’un  munus ,  avait  la  res¬ 
source  de  présenter  un  citoyen  plus  apte  que  lui  pour 
remplir  l’office  :  c’était  la  nominatio  potioris11 .  C’était 
par  voie  d’appel  devant  le  gouverneur  qu’on  invoquait 
les  excuses  ou  qu’on  se  pourvoyait  contre  une  nomina¬ 
tion  illégale;  le  mode  et  les  délais  d’appel  étaient  les 
mêmes  que  pour  les  magistratures22.  L’appelant  qui 
avait  gain  de  cause  pouvait  obtenir  une  indemnité  de 
celui  qui  l’avait  présenté  injustement,  à  dessein  ;  sinon, 


l  Promis,  Antich.  di  Aosta,  Turin,  1862  ;  de  Rochas,  O.  I.  p.  63-65,  pl.  n. 
Bibliographie.  A.  de  Rochas,  Principes  de  la  fortification  antique,  1881; 
Uroysen,  Die  griech.  Kriegsalterthümer  dans  Hermann,  Lehrbuch  der  griech. 
Antiquitüten,  II,  p.  237  sq.  ;  Id.art.  befestigung,  dans  la  Real- E ucyçlop .  de  Pauly- 
Wissowa;  Perrot,  fJist.  de  l’art  :  outre  les  passages  cités,  voir  t.  VIII,  p.  1  sq. 

MUNUS.  I  Varr.  De  ling.  lat.  5,  179;  Dig.  50,  1,  «  municipes  muneris  parti¬ 

cipes  »;  Isid.  Orig.  9,  21.  —  2  U’0ù  moenia,  travaux  de  corvée.  Voir  Curlius, 
Griech.  Etgm.  5e  éd.  p.  324;  Mommsen,  Le  droit  public  romain  (trad.  Girard), 
VI,  1,  p.  253,  n.  1.  —  3  Fest.  s.  ».  Munus,  p.  157;  cf.  Dig.  50.  4,  1,§  1;  50,  16, 
18-  +  Dig.  50,  16,  18  et  214.  La  plupart  des  obligations  pécuniaires  des  magis¬ 

trats,  jeux,  libéralités  de  tout  genre,  s'appellent  aussi  munera  [gladiator,  ludi]. 

•>  Dig.  50,  4,  1,  §  1  ;  37,  §  1 .  D  où  le  mot  munificenlia  des  inscriptions.  —  6  Dig. 
50,  titres  4,  5,  C,  7  ;  Cod.  Theod.  6,  35;  7,  20;  8,  4;  H,  16;  12,  1  ;  13,  3;  14,  3-4; 
16,  2,  40  ;  Cod.  Just.  10,  40-70;  Arcadius  Charisius  avait  écrit  un  Liber  singularis 
de  muneribus  civilibus  (Dig.  50,  4,  18).  —  7  Le  mot  grec  correspondant  est 
XsiToupyiai  avec  ses  différents  dérivés;  on  trouve  aussi  îiu)jE<r!ac  {Corp.  inscr.  yr. 


3490-1);  hipiWi  {Bull,  de  corr.  hell.  9,  299;  U,  101).  On  trouve  sou¬ 

vent  munera  et  onera  :  Corp.  inscr.  lat.  2,  5232,  4514;  10,  1805;  11,  3939;  14, 
2466,  2868,  3014.  —  8  Dig.  50,  4,  14;  50,  16,  214,  239,  §3.-9  Mais  les  munera, 
au  sens  large,  comprennent  aussi  les  honores  {Dig.  50,  4,  9).  —  1(1  Dig.  50,  4,  16, 
Coi.  Just.  10,  47,  9.  —  H  Cod.  Just.  10,  31,  2;  Lex  col.  Jul.  Genet.c.  92  (C. 
in.  lat.  2,  suppl.  54391.  -  12  Dig.  3,  4,  6,  §  1  ;  50,  8,  9,  §  7.  —  '3  Ibid.  50,  5, 
0,  8,  §  3;  50,  16,  214.  —  H  Ibid.  50,  4,  3,  §  15;  Cod.  Just.  10,  66,  1.  —  15  Dig. 
50,2,7;  50,4,  3,  §  15  ;  14,  §3;  Cod.  Just.  10,  31,  45;  60,  41,  1.  Plusieurs  citoyens 
pouvaient  être  associés  pour  une  charge  [Cod.  Just.  11,  37,  U.  —  16  Cod.  Just.  , 
31,  2;  10,  57,  1.  —  17  Ibid.  10,  41,  5-7;  10,  42,  9  ;  10,  64,  1;  Dig.  50,  I,  38,  §  3; 
50, 4, 3,  g  3,  8.  —  18  Cod.  Just.  10,  52,  5.  —  19  Dig.  50,  4,  14,  §§  1  et  6,  I6ÔÔ>^ 
Cod.  Just.  10,  41,  1  ;  Cic.  In  Verr.  3,  1,  25,  65.  —  20  Dig.  50,  4,  10. 


Just.  10,  05,  l.  Comparez,  en  Grèce,  l’usage  de  I'antidosis. 


21  Cod. 
—  22  lb.  7,  62,  H; 

Dig.  49,  4,  I,  §  2-3.  D'après  le  sénalus-consulte  dltalica  (cf.  Mommsen,  /Tp/i^w 
epiyr.  7,  p.  38  sq.  et  C.  in.  lat.  2,  suppl.  6278),  les  sacerdotes  provinciaux  se  poui 
voient  devant  l’empereur  et  i!  en  est  encore  ainsi  au  Bas-Empire  (Liban.  Ep. 


MUN 


—  2030  — 


MUN 


il  était  tenu  envers  la  ville  de  tous  dommages1.  C’était 
le  gouverneur  qui  intervenait  pour  contraindre  les 
citoyens  à  gérer  la  charge,  soit  par  la  saisie  des  biens 
pour  le  compte  de  la  ville,  soit  par  l’emprisonnement2, 
et  poui  déjouer  les  traudes  telles  que  la  cession  de  biens 
faite  par  le  père  à  son  fils,  la  fuite3,  l’émigration  dans 
une  autre  cité4.  Les  charges  pesaient  d’abord  sur  les 
seuls  citoyens  des  cités;  mais  de  bonne  heure  on  y 
soumit  ceux  des  incolae  qui  y  avaient  un  véritable  domi¬ 
cile  ".  Le  citoyen  était  lié  à  son  omgo  et  par  suite  astreint 
rigoureusement  aux  charges  quelle  comportait6;  les 
incolae  ne  pouvaient  non  plus  renoncer  à  Vincolatus 
qu’après  en  avoir  rempli  toutes  les  obligations7.  Les 
personnes  qui  possédaient  seulement  des  propriétés 
dans  une  cité  n  étaient  tenues  qu’aux  charges  dites 
intribulion.es  s.  La  perte  de  sa  fortune  ne  dispensait  le 
contribuable  que  momentanément*. 

La  gestion  des  tnunera  subit  la  même  évolution  que 
le  recrutement  des  curies  et  des  magistratures  munici- 
pales.  Au  début,  ils  pèsent  sur  les  propriétaires  qui  ont 
une  fortune  suffisante  et  sur  la  population  urbaine,  en 
épargnant  sans  doute  la  plèbe  rurale10;  puis,  peu  à  peu, 
lorsque  les  magistrats  se  recrutent  dans  la  curie  au  lieu 
de  devenir  décurions  en  sortant  de  charge,  on  s’adresse 
surtout  aux  décurions11;  et  enfin,  depuis  le  mc  siècle 
ap.  J.-C.,  les  munera  pèsent  presque  exclusivement  sur 
les  décurions,  sauf  naturellement  les  charges  patrimo¬ 
niales  que  continuent  à  subir  tous  les  propriétaires12. 

L  administration  des  munera  devient  donc  alors  une  des 
occupations  principales  des  décurions  13  ;  il  y  a  un  ordre 
des  munera  dans  la  curie  ;  il  faut  avoir  passé  par  tous 
les  munera  pour  avoir  l’immunité  et  pour  pouvoir  sortir 
de  la  curie lf.  Ce  sont  les  décurions  eux-mêmes  qui 
se  distribuent  les  charges;  sous  Justinien  seulement  on 
adjoint  pour  cette  répartition  aux  décurions  les  princi¬ 
paux  citoyens  et  l’évêque13.  Par  suite  de  cette  évolution, 
le  mot  municipes  désigne  souvent  maintenant  les  seuls 
lécurions"’.  Ils  se  déchargent  d’ailleurs,  comme  on  le 
verra,  sur  les  classes  inférieures,  d’un  certain  nombre 
de  services  qui  constituent  des  munera  secondaires. 

111.  Classement.  —  La  liste  des  munera  a  beaucoup 
varié  selon  les  villes  et  les  régions  17  ;  en  outre  il  y  a  eu, 
entre  l’Occident  romain  et  l’Orient  grec,  une  différence 
considérable  dont  les  textes  juridiques  ne  tiennent  pas 
suffisamment  compte.  Les  jurisconsultes  ont  divisé  les 
munera  en  deux  grandes  catégories  :  les  charges  person¬ 
nelles  ( munera  personne,  personalia ,  corporalia ,  cor- 
poris  vexât io)  et  les  charges  patrimoniales  [munera  patri- 
moniorum ,  pecuniaria) 18 .  Mais  cette  division  n’a  rien 
'l’absolu.  Beaucoup  de  charges  personnelles  pouvaient, 

1  Dig.  50,5,  1.  2  Ibid.  50,  4,  9;  50,  4,26,  §10.  -  3  Ibid.  50,  I,  15,2:  CW. 

Just.  4, 44,  17;  10, 51, 4  (menace  de  confiscation  ;  paiement  d'une  somme  égale  parle 
complice  ;  mais  le  père  qui  a  cédé  ses  biens  à  son  fils  sans  fraude  est  exempt  des  munera 
patrimoniaux).  —  ’*  Cod.  Tlieod.  12,  1,  12  (l’émigrant  subit  les  munera  dans  les  deux 
cités).  —  B  Dig .  50.  I,  34;  50,  4,  3  et  29  ;  50,  16,  18;  Cod.  Just.  10,  39,  3;  10,  40, 

J',i-  j*  après  le  décret  de  Tergeste  ( Corp .  inscr.  lat.  5,  532),  à  l'époque  de  Trajan,  il 
1 1  Hait  encore  1  autorisation  impériale  pour  y  soumettre  les  incolae.  —  6  Cod.  Just. 

C’  33,  4;  Philoslr.  Vit.  soph.  2,  30,  p.  272.  Les  affranchis  ont  l 'origo  des  patrons 
[Di9-  5°.  *.3,  §  8).  —7  Dig.  50,  1,  34,  37.  —  8  Ibid.  50,  4,  14,  §  2  ;  6,  §  5  ;  18, 
p1  et  2S-  —  9  Ibid.  50,  4,  4,  §§  1-2;  50,  5,  10,  §  3;  27,  1,  7;  Cod.  Just.  loi  52^ 
j’;  -  10  Dig.  50,  5,  1.  §  2.  —  11  Ibid.  50,  4,  17,  §  1  ;  18,  §  11  ;  Front.  Ep.  2,  il. 

■'  a  explique  la  formule  si  fréquente  sur  les  inscriptions  :  omnibus  lionoribus  et 
"‘aneribus  functus.  —  12  Cod.  Tlieod.  7,  4,  32;  8,  2,  3;  8,  21,  30,  46;  9,  53,  131, 

't;1;  10>  «,  1;  11,  23,  2;  12,  5,  2;  12,  6,  8  et  20;  16,  8,2;  Cod.  Just.  10,  55, 

J'0B-  Just ■  17,  4,  §  1;  128,  §  16;  Basil.  Ep.  389;  Syn.  Ep.  18,  19;  Liban.  Or.  lj 
3'  US,  11  ;  182,  [o  ;  3i5  .  R,  p_  224 .  541,  g  .  575,  13  (^J  Rciske)  ;  Ep.  ad  A  ristae- 
net.  384  (éd.  Wolf).  -  13  Cod.  Theod.  8,  4,  I  ;  13  13,  2  et  16  ;  Cod.  Just.  11,  9,6  ; 


en  vertu  de  l’usage  ou  de  la  loi  de  la  cité,  obliger  à  des 
dépenses  pécuniaires;  beaucoup  de  charges  patrimo¬ 
niales  comportaient  également  des  travaux  corporels  et 
intellectuels.  On  appela  munera  rnixta  les  charges  qui 
réunissaient  ces  deux  caractères  ,J.  La  marque  distinc¬ 
tive  des  charges  patrimoniales  était  de  reposer  sur  la 
propriété  et  d’imposer  des  dépenses  pécuniaires20.  Hiles 
frappaient  donc  tous  les  propriétaires  fonciers;  quand 
elles  atteignaient  également  ceux  qui  n’étaient  ni  citoyens 
de  la  cité,  ni  incolae ,  elles  portaient  le  nom  spécial 
d  intributiones.  Inversement,  les  citoyens  et  les  incolae , 
non  propriétaires  fonciers,  en  étaient  exempts,  sauf  les 
banquiers21.  Au  Bas-Empire,  un  grand  nombre  de  charges 
personnelles  se  transformèrent  en  charges  patrimoniales. 

Beaucoup  d e  munera,  de  curae  rentraient  au  débutdans 
les  attributions  des  magistrats;  c’étaient  probablement 
ceux  que  les  jurisconsultes  appelaient  munera  honori- 
bus  cohaerentia  ;  par  exemple  les  duumvirs,  les  édiles, 
le  curator  reipublicae  étaient,  comme  magistrats,  char¬ 
gés,  soit  au  compte  de  la  ville,  soit  à  leurs  frais,  de  la 
construction  ou  de  la  réparation  des  bâtiments  publics, 
de  l’entretien  des  routes,  de  l’adjudication  des  impôts  et 
des  travaux  publics.  Beaucoup  de  ces  attributions  furent 
enlevées  postérieurement  aux  magistrats,  transférées  à 
des  curateurs  spéciaux  et  formèrent  des  munera  indé¬ 
pendants.  Mais,  d’autre  part,  il  y  eut  en  sens  inverse 
concentration  entre  les  mains  du  curator  reipublicae  de 
beaucoup  de  mandats  qui  avaient  appartenu  d'abord  aux 
magistrats  ou  aux  curateurs  de  l’époque  intermédiaire 

[CURATOR  CIVIT-ATIS,  MAGISTRATUS  MUNICIPALIS] . 

IV.  Exemptions.  —  L’exemption  des  charges  s’appelait 
immunitas.  Elle  ne  portait  le  plus  souvent  que  sur  les 
charges  personnelles.  Sauf  concession  spéciale,  elle 
n’était  pas  héréditaire.  Les  principales  causes  de  dispense 
étaient  : 

1°  L  âge.  Au-dessous  de  vingt-cinq  ans  et  au-dessus 
de  soixante-dix  ans,  on  était  dispensé,  sauf  quelques 
exceptions  locales,  des  charges  personnelles22;  mais  la 
personne  qui,  n’ayant  pas  encore  rempli  de  fonction 
publique,  acquérait  après  1  âge  de  soixante-dix  ans  une 
fortune  considérable  pouvait,  en  cas  de  nécessité,  sup¬ 
porter  les  munera  rnixta  23 . 

2°  Les  infirmités.  Elles  étaient  laissées  à  l'appréciation 
du  gouverneur,  en  l’absence  de  règle  fixe  ;  mais  elles  ne 
dispensaient  jamais  des  charges  purement  pécuniaires21. 

3°  L’absence  dans  l’intérêt  de  l’État  et,  par  extension, 
dans  l’intérêt  de  la  ville,  pendant  un  an  dans  le  premier 
cas,  pendant  deux  ans  dans  le  second  cas  après  la  fin  du 
mandat20;  ou  l’absence  légitime,  par  exemple  pour  un 
appel  devant  l’empereur,  qui  exige  un  voyage  à  Borne26. 


'  ’  1  •’  —  rm - »  -  ”•  L.WU.  jiicw.  12, 

1,  5,  75,  109,  127,  189;  Dig.  50,  4,  18,  §  11.  11  y  a  l’addition  du  mot  excusatus  au 
nom  de  plusieurs  décurions  sur  l’album  de  Thamugadi  (Corp.  inscr.  lat.  8,  suppl 
17903).  —  13  Cod.  Just.  1,  4,  26,  §§  1-3;  Nov.  Just.  128,  16.  —  10  Cod  Theod  7 
2,2:7,  21,  3;  8,  4,  8,  §  1  ;  8,  ;§  1,  51,  5  10,»  3,  5  ;  13,1,17;  î  3,  5,  16^  34;l3',l’ 
41  ;  16,  2,  6;  iVor.  Valent.  111,  lit.  3.  —  17  Dig.  50,  4,  1,  §  2.  —  18  Jbid.  50,  4,  4 
§  2;  3,  §  14;  6,  §  5;  14,  §  2;  18,  §§  10  et  21;  49,  18,  2,  §  1  ;  50,  5,  2,  §  4 ;  8  §V 
Cod.  Theod.  7,  20,  6  ;  12,  1,  191  ;  Cod.  Just.  10,  41,  3  et  10;  10,  49,  8  ;  10  62  1  • 
12,  47,  1.  -  19  Dig.  50,  4,  18  pr.  26,  27,  28.  -  20  Ibid.  50,  4,1  §  3-  50’  5  ’u’ 
-  21  Ibid.  50,  4,  6,  §§  4-5;  18,  §§  21-23;  Plin.  Ep.  10,  35.  -  22  Dig.  j7  j  J  „ 

§  1  ;  50,  5,  2;  50,  6,  3  et  5,  §  I  ;  Cod.  Just.  10,  41,  5;  Frout.  Ep.  2,  7.  Dans  la  loi 
de  la  colonia  Julia  Genetiva  l’âge  exlrème  était  de  soixante  ans  pour  les  corvées  (cf 
Varr.  dans  Non.  p.  523)  ;  à  Rome  la  limite  était  soixante  ans  en  général  soixante- 
dix  ans  pour  les  tutelles.  -23  Dig.  50,6,5  pr.  -  24  Cod.  Just.  10  50  3- 
Dig.  50,  2,  7,  §  1  ;  50,  5,  2,  §  7,  3.  —  25  Dig.  50,  1,  7  et  8,  §  1  ;  4,  fi,  35;  37, 
1,  10  pr,  et  §§  1-3;  50,  5,  4;  Cod.  Just.  5,  64,  2;  10,  40,  2*  10  63  Q  —  2Ï  Din 
50,5,8.  ’ 


MUJN 


—  2040 


Une  loi  de  Dioclétien  et  de  Maximien  accorda  aux  jeunes 
gens  qui  s’absentaient  pour  leurs  études  la  dispense  des 
charges  non  patrimoniales'. 

4-  Le  nombre  d’enfants.  Cette  exemption,  qui  ne  p.orte 
d  ailleurs,  sauf  quelques  exceptions,  que  sur  les  charges 
personnelles2,  ne  paraît  pas  avoir  été  établie  par  la 
législation  d’Auguste 3.  Elle  est  accordée  en  Italie  au 
pere  de  quatre  .enfants,  dans  les  provinces  au  père  de 
cinq  enfants,  soit  en  puissance,  soit  émancipés  :  les 
entants  adoptifs  ne  comptent  pas,  non  plus  que  les 
enfants  morts,  à  moins  qu’ils  ne  soient  morts  à  la 
guerre;  le  fils  captif  ne  confère  pas  l’exemption,  sauf 
s’il  meurt  en  captivité*. 

o"  Les  métiers  et  les  professions. 

A.  Les  fermiers  et  les  collecteurs  des  impôts.  Ils  ont  l’im¬ 
munité  complète  pour  le  maintien  des  garanties  du  fisc 
Il  en  est  de  même  au  Bas-Empire  des  colons  des  terres 
impériales,  sauf  quand  ils  ont  une  fortune  suffisante5. 

B.  Les  prêtres.  La  fonction  de  sacerdos  provinciae 
comportant  des  dépenses  qui  la  classent  parmi  les  charges 
Patrimoniales,  les  sacerdotales  ont,  comme  dédommage¬ 
ment,  l’exemption  des  charges  personnelles  pour  le  reste 
de  leur  vie,  jusqu’à  l’époque  d’Arcadius  qui  la  supprime  «. 
Les  prêtres  chrétiens  eurent  d’abord  l’exemption  des 
charges  personnelles  à  partir  de  Constantin,  qui  dis¬ 
pensa  également  des  charges  extraordinaires  et  du 
logement  des  soldats  ceux  qui  étaient  curiales  d’origine  ; 
mais  ils  restèrent  en  principe  soumis  aux  charges 
purement  patrimoniales  [senatüs  municipalis]  7. 

C.  Les  soldats  au  service.  Ils  ont  l’immunité  des 
charges  personnelles,  mais  supportent  les  charges  patri¬ 
moniales,  sauf  les  angariae  et  le  logement  des  hôtes  8. 
In  certain  nombre  de  professions  qui  se  rattachent  à 
1  armée  paraissent  dispenser  aussi  des  charges  les  plus 
lourdes  9;  mais  nous  ne  savons  pas  exactement  jusqu’où 
va  cette  dispense,  et  le  texte  de  Tarrutenus  Paternus  qui 
la  contient  pourrait  à  la  rigueur  ne  s’appliquer  qu’aux 
corvée»  militaires. 

D.  Les  vétérans.  Un  édit  d’Auguste  paraît  leur  avoir 
accordé  une  immunité  dont  on  ne  sait  pas  exactement 
l’étendue.  Un  texte  de  200  ap.  J.-C.  parle  des  cinq  ans 
de  repos  dont  ils  jouissent  après  leur  congé10.  C’est 
Septime-Sévère  qui  parait  avoir  réglé  leur  situation. 

Les  soldats  renvoyés  honteusement  sont  exclus  des 
honneurs  et  soumis  aux  charges  ;  les  soldats  renvoyés 
pour  maladie  ou  vieillesse  avant  les  vingt  ans  de  service 
[causaria  missio)  et  les  vétérans  qui  ont  eu  Yhonesta 
missio  sont  complètement  dispensés  des  charges  person¬ 
nelles.  Us  supportent  encore  les  charges  patrimoniales 
jusqu’à  la  fin  du  mc  siècle  ;  à  l’époque  de  Dioclétien,  ils 
paraissent  être  dispensés  des  angariae  et  du  logement 


MUN 


des 


accorde 


immunité 
ils 

aux  jeux 


s  hôtes;  puis  Constantin  leur 
complète  11 . 

E.  Les  athlètes  émérites  tic  i  i- 

001 0btenu  lrois  ««»«-»»«  dont  unè  aùSm”iSnesq;a"d 
romains  ou  aux  grands  jeux  de  la  Grèce  » 

1'.  Les  médecins  et  les  professeurs  publics  p,„ 

naissance  pour  Musa,  Auguste  avait  accordé!  1 
aux  médecins'3.  Nous  ne  savons  pas  exactement^ ,  7 

date  cette  immunité  fut  étendue  ■»,»  'Tent  à  quelle 

est  en  tout  cas  antérieure  à  Hadrien1*.  Un  reTcritld  '  ^ 
par  Antonin  à  l'Asie,  mais  probablement  applieaMe^ 
1  «O»»*  l'immunité  :  dans  les  petd  s  vi  L 

.  cinq  médecins,  trois  sophistes,  trois  JammV  ’ 
dans  les  villes  moyennes,  sièges  du  conventus  7171 
médecins,  quatre  sophistes,  quatre  grammairiens  -  dans 

capitale  de  la  province,  à  dix  médecins,  cinq  rhéteurs 
cmq  grammairiens 1R.  Les  curies  peuvent 
mais  non  augmenter  ces  chiffres.  Les  médecins  et  les 
professeurs  doivent  avoir  reçu  une  nomination  officielle 
exercer  dans  leur  ville  natale  ou  à  Rome,  remplir  leurs 
devoirs  Les  médecins  impériaux  et  les  médecins  ordi 
naires  de  Rome  et  plus  tard  de  Constantinople  jouissent 
de  la  meme  immunité.  Elle  est  d’abord  partielle,  puis 
complété  au  moins  depuis  Constantin16.  Les  intéressés 
peuvent  naturellement  accepter  les  charges  comme  les 
magistratures"  :  on  sait  quel  rôle  politique  ont  joué  les 
sophistes  et  les  autres  professeurs  dans  les  cités  de 
1  Orient  grec.  Les  philosophes,  dont  le  nombre  n’était 
pas  déterminé,  eurent  au  début,  sous  Vespasien,  Hadrien 
et  Antonin,  la  même  immunité  que  les  autres  profes¬ 
seurs;  ils  étaient  dispensés  des  tutelles,  des  mimera 
sordida  et  supportaient  les  charges  patrimoniales  ;  au 
IVe  siècle,  ils  paraissent  avoir  l’immunité  complète,  mais 
en  très  petit  nombre18.  Les  professeurs  de  droit  eurent 
l’immunité,  d’abord  seulement  à  Rome,  puis,  à  partir  de 
Constantin,  dans  les  autres  villes  19. 

G.  Les  corporations  chargées  d’un  service  public, 
d  un  munus  publicum.  Elles  ont  une  immunité  plus  ou 
moins  complète20. 

1°  Les  navicularii  ont  la  dispense  complète  avant 
l’époque  d’Hadrien21. 

2"  Sous  les  Antonins,  les  negotiatores  frumentarii 
étaient  dispensés  des  honneurs  et  des  charges,  s’ils 
concouraient  à  l’approvisionnement  de  Rome  avec  la 
plus  grande  partie  de  leur  fortune.  H  en  était  de  même 
des  negotiatores  olearii  qui  avaient  cinq  ans  de  com¬ 
merce  22.  Ces  exemptions  furent  étendues  un  peu  plus 
tard  à  toutes  les  grandes  corporations  chargées  de  l'ap¬ 
provisionnement  de  Rome  :  cependant  les  membres 
riches  des  corporations  n’en  jouissaient  pas23. 

3°  Les  corporations  purement  romaines  eurent  en 


1  Cod.Just.  10,40,  1-2.  2  Dig.  50, 6,  3,  5,  §  2;  Cod.Just.  10,  41,  5  et  7.  -3  Dig. 

50,  6,5,  2.  —  h  Ibid.  50,  5,  2,  §§  2  et  5,  14;  Cod.  Just.  10,  51,  3  cl  6.  Trois  enfants 
dispensent  de  la  legatio  {Cod.  Just.  10,  03,  1).  —  3  Dig.  50,  6,  5.  §§  2  et  10-1 1  ;  50, 

1,  38,  §  1  ;  50,  5,  8,  §  1.  —  0  Cod.  Just.  10,  41,  8  ;  Cod.  Theod.  12,  1,  75  ;  7,  13,’ 
ü-,  Dig.  50,  4,  18,  §  24;  Symm.  Ep.  4,  61  ;  10,  61.  En  428  Théodose  11  et  Vale’nli- 
nien  111  dispensent  de  la  fourniture  des  recrues  les  sacerdotales  de  la  province 
d  Afrique  {Cod.  Theod.  7,  13,  22).  A  l’époque  de  César,  les  ponlifes  et  les  augures 
de  la  colonie  Julia  Gvnetiva  sont  dispensés,  eux  et  leurs  enfants,  de  la  milice  et 
des  charges  personnelles  {Corp.  iriser,  lat.  2,  suppl.  5439).  —  7  Cod.  Theod.  16, 

2,  1,2,  5,  7,  8,  9.  —  8  Dig.  50,  4,  3,  §  1  ;  18,  §§  24,  29  ;  50,  5,  10,  §2.-9  Ibid. 
50,  6,  6.  —  10  Aegxjpt.  Urkunden  aus  den  Museen  zu  Berlin ,  n°*  6284  et  180. 
—  n  Dig.  50,  5,  7  et  11  ;  50,  4,  18,  §§  24,  29;  Cod.  Theod.  7,  20,  2,  6;  Cod.  Just. 
10,  55,  1  ;  7,  64,  9;  10,  54,  1-3.  —  12  Cod.  Just.  10,  53,  l.  un.  —  13  Dio.  Cass.  53, 
30;  50,  4,  30  ;  Suet.  Aug.  42.  —  14  Dig.  50,  4,  18,  §30.-15  Ibid.  27,  1,  6,  §§1-2; 
Frag.  Vatic.  149;  Corp.  inscr.  gr.  3178  (I.ettre  de  Septime-Sévère  à  Smyrne  sur 


l’immunité  du  sophiste  Claudius  Rufinus).  Les  maîtres  des  écoles  primaires  n  avaient 
pas  l’immunité,  mais  le  gouverneur  devait  veiller  à  ce  qu’ils  ne  fussent  pas  sur¬ 
chargés  {Dig.  50,5,  2,  §  8).  —  16  Dig.  50,  5,  9  ;  Frag.  Vatic.  149;  Cod.  Just.  10, 
52,  1  à  11;  10,  46,  I;  12,  41,  8;  Instit.  I,  25,  15;  Cod.  Theod.  13,  3;  H,  16,  15 
et  18;  13,  3,  5;  Liban.  Ep.  ad  Aburgium,  825;  ad  Tlieodorum,  823  ;  ad  Proclam 
824;  ad  Eusebium ,  789;  Or.  Il,  p.  79,  15;  Benndorf  und  Niemann,  Beisen  in 
Lglcien  und  Karien,  p.  78  (Sidyina).  —  n  Cod.  Theod.  13,  3,  I  ;  Dig.  50,  6,  2. 
Corp.  inscr.  gr.  3178.  —  18  Frag.  Vatic.  149;  Dig.  27,  I,  6,  §  12;  50,  4,  18,  §  30, 
50,  5,  8,  §  4;  10,  §  2  ;  Cod.  Theod.  13,  3,  7,  8  ;  Cod.  Just.  10,  41,  6  ;  10,  52,  8  et  11. 
—  19  Cod.  Just.  10,  52,  6;  Cod.  Theod.  13,  3,  1  ;  Dig.  27,  1,  6,  §  12;  Frag.  Vatic. 
150.  —  20  Dig.  50,  6,  6,  §  3.  Voir  Wallzing,  Étude  historique  sur  les  corporations 
professionnelles  chez  les  Romains,  11,  p.  16-18,  174-246,  271-346.  -’1  Dig.  50, 

6,  5,  §§  3-5;  50,  2,  9,  §  I  ;  50,  5,  9,  §  I  ;  Cod.  Theod.  13,  5,  10.  —  22  Dig.  50,  4, 
5;  50,  5,  9,  §  1  ;  cf.  Vit.  Alex.  22.  —  23  Dig.  27,  1,  17,  §  2,  26;  50,  5,  6, 


MUN 


—  2041 


MUN 


général  l’exemption  de  la  tutelle,  des  munera  sordida  et 
ex traordinaria ,  de  la  collatio  equorum  et  de  la  milice  *. 
Les  collegiati  (pompiers)  de  Constantinople1  2  eurent 
des  privilèges  analogues. 

4°  Constantin  exempta  des  charges  personnelles  dans 
toutes  les  villes  trente-six  professions  libérales  ou 
industries  d’art,  dont  nous  avons  la  liste3.  Il  est  donc 
probable  que  presque  toutes  les  corporations  d’arts  et 
de  métiers  libéraux  eurent  l’exemption  au  moins  des 
charges  personnelles. 

IJ.  Les  sénateurs  de  Rome  et,  plus  tard,  de  Constan¬ 
tinople4 *.  Au  début,  la  qualité  de  sénateur  de  l’empire 
dispensa  complètement  des  munera  personnels;  puis  il 
fallut  protéger  les  curies  municipales  contre  la  désertion 
des  riches  propriétaires,  et  alors  on  distingua  deux  cas 
principaux  :  quand  un  sénateur  n’avait  de  lien  à  l’égard 
d’aucune  ville,  il  était  exempt  des  charges,  lui  et  sa 
famille3;  quand  un  sénateur,  décurion  d'origine,  arri¬ 
vait  au  Sénat  après  avoir  passé  par  toutes  les  charges 
municipales  6,  ses  enfants  et  ses  biens  restaient  soumis 
à  la  curie,  sauf  quelques  exceptions7;  ainsi  Honorius 
exempta  les  enfants  des  sénateurs  illustres-,  Théodose  II 
obligea  les  enfants  des  sénateurs  spectabiles  et  des 
sénateurs  illustres  à  faire  remplir  par  un  représentant 
leurs  obligations  municipales8;  depuis  Zénon  le  privi¬ 
lège  fut  restreint  aux  patrices,  consuls,  préfets  du 
prétoire,  maîtres  de  la  milice  et  à  quelques  autres  fonc¬ 
tionnaires9 *.  Quant  aux  charges  patrimoniales,  les  séna¬ 
teurs  supportent  régulièrement  les  intribution.es-,  ils 
sont  dispensés  des  munera  sordida,  extraor dinaria , 
viliora 10  ;  mais  sur  ce  dernier  point  les  exemptions 
varient  selon  les  nécessités  dinnoment;  ainsi,  depuis  387, 
de  nombreuses  lois  obligent  les  sénateurs  à  contribuer 
à  la  réparation  des  routes  et  des  ponts,  à  loger  les 
soldats,  à  fournir  des  conscrits  (, tirones ) 11 . 

I.  Les  fonctionnaires  impériaux.  Ceux  qui  sont  séna¬ 
teurs  jouissent  des  immunités  qu’on  vient  de  voir.  Aux 
autres  on  appliqué,  pendant  qu’ils  sont  en  service  actif, 
ce  principe  que  l’absence  dans  l’intérêt  de  l’État  confère 
l'immunité  pendant  la  durée  de  la  fonction  et  encore  un 
an  après  qu’elle  a  pris  fin  12.  Tous  les  fonctionnaires 
d  une  certaine  importance,  y  compris  leurs  assesseurs 
officiels  {comités),  ont  donc  la  dispense  des  tutelles  et 
des  charges  personnelles,  probablement  aussi  de  celles 
des  charges  patrimoniales  qui  comportent  un  travail  per¬ 
sonnel,  et  sûrement  des  charges  patrimoniales  extraor¬ 
dinaires  ( munera  extraor  dinaria  sive  sordida),  le  plus 
souvent  aussi  de  la  fourniture  des  chevaux  et  des 
conscrits13.  Ils  continuent  à  jouir  de  ces  avantages  après 
leur  retraite. 

Les  fonctionnaires  d’ordre  inférieur,  en  service  aelif, 

1  Symm.  Ep.  10,  27;  I)ig.  50,  6,  6,  §12.-2  Cod.  Jnst.  4,  03,  5.  —  3  Cod. 

Uieod.  13,  4,  2-3.  —  4  Voir  Kiihn,  Die  stüdtische  und  b&rgerliche  Verfassung , 
p.  224-220  ;  Lécrivain,  Le  Sénat  romain  depuis  Dioclétien ,  p.  80-91.  —  S  Cod. 
Tl'Cod.  12,  |,  52,  180;  JS,  35,  3.  —  6  Ibid.  12,  1  ;  14,  29,  57,  58,  65,  69,  74,  77, 

l0G,  HO,  130,  155,  187.  —  7  Ibid.  12,  1,  14,  69,  74,  86,  93,  122,  123  §  4,  155. 
~iJbid.  12,  1,  155,  187.  —  9  Cod.  Just.  10,  31,  64.  —  10  Ibid.  12,  1,  4;  Cod. 

Tlle°d.  11,  10,  15;  7,  6,  1  ;  11,  15,  I.  —  H  Cod.  Tlieod.  7,  8,  1;  7,  13,  13-14;  Cod. 
Just-  12,  40,  10.  —  12  Dig.  27,  1,  10  pr.  §  I  ;  Frag.  Vatic.  222.  —  13  Dig.  50,  5, 
ls>  §  I;  4,  6,  32,  33  §  2,  35,  36;  27,  1,  41  §  2;  Cod.  Tlieod.  11,  16,  14,  15,  18; 

14,  15;  11,  18,  1;  11,  17.  —  14  Ibid.  8,  4,  1  ;  8,  7,  5,  0;  7,  1,  8.  —  15  Ibid. 

6’  2<ù  1,  4;  6,  35,  14.  —  10  Ibid.  6,  35,  14.—  n  Ibid.  8,  4,  11  ;  8,  3,  1.  —  18  Cod. 

J,,st •  12,  5,  2;  Cod.  Tlieod.  6,  23,  3,  4;  11,  18,  1  ;  6,  3  5,  1,  3,  4,  5.  -  19  Cod. 

T,<rod.  12,  1,  21  ;  12,  5,  2.  —  20  C.  i.  I.  2  suppl.  5439,  c.  80  ;  Cod.  Just.  12,  64,  2  ; 

^0D>  Just.  128,  16.  —  21  Surtout  d’après  Dig.  50,  4,  1-18;  mais  la  liste  est  incorn- 

H  'le,  car  il  y  a  souvent  renvoi  à  des  curae  analogues.  Nous  laissons  de  côté 


ont,  à  peu  près,  les  mêmes  dispenses;  ils  jouissent  des 
privilèges  de  la  retraite  au  bout  d’un  certain  nombre 
d’années  :  pour  la  plupart  des  officiales,  il  faut  vingt- 
cinq  ans  de  service'4;  Julien  et  Théodose  II  n’exigent 
que  quinze  ans  pour  les  employés  des  quatre  scrinia , 
des  deux  trésors  principaux  (largitiones  et  res  privata), 
des  préfets  du  prétoire  et  pour  les  agentes  in  rebus 15  ; 
Théodose  II  ne  maintient  les  vingt-cinq  ans  que  pour  les 
cohortales  des  gouverneurs  de  province  ,6.  La  retraite 
confère  en  général  la  dispense  de  la  curie,  c’est-à-dire 
des  charges  personnelles,  quelquefois  dans  certains  ser¬ 
vices  ou  dans  certaines  provinces  des  avantages  spéciaux, 
tels  que  la  dispense  de  charges  extraordinaires11;  en 
outre,  les  employés  du  palais  et  des  administrations 
centrales  ont  régulièrement  l’exemption  des  munera 
sordida  et  du  logement  des  soldats;  c’est  prouvé  par 
exemple  pour  les  cubicularii,  les  decuriones  et  silen- 
tiarii,  les  agentes  in  rebus,  les  scriniarii,  les  officiales 
des  comtes  des  largitiones  sacrae  et  de  la  res  privata, 
les  admissionales,  tous  les  palatini  qui  relèvent  du 
cornes  dornesticorum,  et  du  magister  officiorum.  Sous 
Constantin  cette  dernière  exemption  passait  même  aux 
fils  et  aux  petits-fils  1 8  ;  mais  on  ne  sait  pas  si  cette 
extension  fut  maintenue. 

J.  Les  anciens  duumvirs  et  les  anciens  flammes  muni¬ 
cipaux  sont  dispensés  de  la  plupart  des  charges  per¬ 
sonnelles19. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  le  mode  de 
reddition  des  comptes.  Dans  la  loi  de  la  colonie  Julia 
GeneLiva,  quiconque  a  exercé  une  cura  doit  rendre 
compte  au  Sénat  dans  les  cent  cinquante  jours.  Sous 
l’Empire,  le  curateur  d’un  munus  a  la  disposition  de 
l’argent  sous  le  contrôle  du  curator  reipublicae  20. 

Y.  Munera  personnels21.  —  1°  La  tutelle  [tutela]  et 
les  différentes  curatelles  du  droit  civil. 

2°  La  legatio,  le  mandat  de  député  de  la  ville  auprès  de 
l’empereur,  du  Sénat,  des  patrons  [legatio,  p.  1036-1038]. 

3°  Le  mandat  d 'actor,  de  syndicus,  de  defensor.  Au 
début,  les  villes  étaient  représentées  en  justice  parleurs 
magistrats.  Il  en  était  encore  ainsi  dans  la  loi  de  la 
colonie  Julia  Genetiva,  à  la  fin  de  la  République22;  le 
magistrat,  agissant  comme  procurator,  devait  donner, 
s’il  était  demandeur,  la  caution  de  rato  et,  s’il  était 
défendeur,  la  caution  judicalum  solvi  ;  puis  on  finit  par 
admettre  la  représentation  des  villes  en  justice  ;  ce  fut 
le  mandat  de  l 'actor23,  en  Orient  sgndikos,  ekdikos, 
appelé  aussi  defensor  reipublicae,  advocatus,  causi- 
dicus 24,  Ttpootxoç,  ffuvTqyopo; 25.  Quand  la  ville  est  défen¬ 
deresse,  Y  actor  doit  fournir  la  caution  judicatum  solvi ; 
quand  elle  est  demanderesse,  il  doit  être  nommé  par  les 
deux  tiers  des  décurions  inscrits,  au  début  pour  une 

certaines  charges  particulières  à  l’Égypte,  ainsi  la  stratégie  du  nôme  (Édit  du  préfet 
Tibère  Alexandre,  C.  i.  gr.  4957, 1.  32-35).  —  22  Iex  col.  Jul.  Genet.  c.  95.  —  23  Dig. 
50,4,  t  §  2,  16  §  3,  18  §  13;  3,  4,  1  §§  1-2  ;  37,  1,  3,  4;  3,  3,  74;  C.  i.  gr.  355, 
1.  55;  Philoslr.  V’ft.  soph.  I,  25,  8;  C.  i.  I.  9,  2827;  10,  4904;  11,  2714;  12,  2250; 
V.  Ruggiero,  Dizionario,  1,  68;  llabel  dans  Pauly-Wissowa,  Real -Encycl.  I,  330. 

—  24  Defensor  ordinis  et  civium  (C.  i.  I.  11,  2115);  defensor  civitatis  (3,  586)  ; 
def.  rei  publicae  (5,  4459;  9,  2354;  Orelli,  3908);  def.  publions  (C.  i.  I.  8,  8826, 
11825);  def.  coloniae  (4,  768,  1032,  109  4);  def.  genlis  (8,  8270);  def.  causarum 
publicarum  (8,  14784);  causarum  praymaticus  (Ürambacli,  Inscr.  Rhen.  1279; 
Orelli,  4981)  ;  patronus  causarum  (C.  i.  I.  5,  7375;  10,  4560);  advocatus  publicus 
(C.  t.  I.  11,  414);  ad.  reipublicae  (8,  20164,  10899,  4602,  4604;  11,  5416);  ad. 
populi  (11,  2119,  3336);  causidicus  (C.  i.  I.  5,  5894  ;  Wilmanns,  2472;  Bramhach, 
1088).  Voir  Ruggiero,  Dizionario,  1,  181;  Kubitschek  dans  Pauly-Wissowa,  I,  439. 

—  25  Bull,  de  corr.  hell.  9,  268,  274;  10,  148;  C.  i.  gr.  1839,  1841,  1843,  2795  ; 
Inscr.  gr.  of  Brit.  Mus.  4,  893;  Le  Bas-Waddington,  1598  bis. 


MUN 


—  2042  — 


MUN 


a  (Taire  déterminée,  pins  tard  pour  toutes  les  affaires  en 
général;  il  est  assimilé  à  un  procurator  praesentis  ;  il 
n'est  pas  astreint  à  la  caution  de  rato  ;  c'est  à  la  ville  et 
non  à  lui  qu’appartient  Yactio  judicati  ;  il  peut  faire  une 
dénonciation  de  nouvel  œuvre,  et  même  stipuler  pour  la 
ville  et  lui  procurer  ainsi  une  action  utile1  [actor, 

DEFENSOR,  EKDIKOI,  SYNDICOl]. 

4°  Le  mandat  de  judex  ou  de  recuperator2. 

5°  La  fonction  d’irënarque  [irenarcua]  3. 

6°  La  fonction  de  liménarque  [limenarcua]  4 *. 

7°  La  fonction  de  nyctostratège  [nyktostrategos]. 

8°  La  fonction  de  gardien  des  archives,  archaeota ,  de 
maisons  communales". 

9°  La  charge  de  quaestor ,  qui  est  tantôt  une  magistra¬ 
ture,  tantôt  un  munus 6  [magistratus  municipalis]. 

10°  La  charge  des  mastigophores,  auxiliaires  des 
agonothètes  et  des  curatores  ludorum  pour  la  police 
des  jeux7 . 

11°  La  charge  d'assesseur  dans  le  conseil  des  magis¬ 
trats. 

12°  La  charge  de  scribe,  de  greffier  pour  transcrire  les 
actes  de  la  curie,  des  magistrats  ordinaires  et  des  magis¬ 
trats  chargés  du  cens  [scriba]  8. 

13°  La  charge  de  xenoparochoi 9  [hospitium,  p.299]. 

14°  La  charge  de  curator  calendarii  [calendarium]  . 

13°  La  charge  de  logographi,  tabularii ,  censualés, 
pour  la  confection  du  cens,  la  tenue  des  registres  des¬ 
tinés  aux  collecteurs  des  impôts,  aux  cxactores.  En  cas 
d’infraction  à  leurs  devoirs,  ils  encourent  au  Bas-Empire 
des  peines  corporelles.  Il  est  probable  que  les  curatores 
tabularum ,  signalés  sur  deux  inscriptions,  ont  égale¬ 
ment  un  munus  personnel 10 * *. 

16°  La  charge  de  curatores ,  exactores  ad  colligendos 
. civitatum  publicos  reditus ,  pecuniae  pro  capitibus , 
chargés  de  recouvrer  les  revenus  et  les  impôts  muni¬ 
cipaux,  ou  le  tributum  capitis,  dû  à  l’État  n;  plus  tard, 
après  Constantin,  la  perception  des  impôts  de  l’État  et 
municipaux  deviendra,  comme  on  le  verra,  une  charge 
du  patrimoine. 

17°  La  cura  praediorum  publicorum,  l’entretien  des 
biens-fonds  municipaux,  qui  passe  plus  tard  au  curator 
reipublicae'2. 

18°  La  cura  annonae i3.  Elle  donne  lieu  en  général  à 
un  grand  nombre  de  charges  personnelles,  par  exemple  : 


A  Les  personnages  chargés,  sous  la  direction  de 
fonctionnaires  impériaux,' de  la  caisse  des  alimenta  1 
quaestores  alimentorum",  pecuniae  alimentariae *•  Z 
curator  reipublicae  alimentorum ,  le  quaestor  alimen 
torum  Caesaris 16  [alimentarii  pueri  et  puellae] 

B.  Pour  Y  area  frumentaria,  le  praepositus  pecunial 
f  ruinent cir lue 17 ,  le  quaestor  pecuniae  frumentariae,  en 

gïec  Tot|j.iaç  tiov  <7£ircovix(jüv  }£pY|[j.aTCüv  1 8, 


C.  Les  exactores  annonae ,  chargés  de  percevoir  les 
contributions  en  nature  que  doivent  certains  proprié¬ 
taires19.  Cette  charge  sera  patrimoniale  au  Bas-Empire 

D.  Les  citoyens  chargés  d’acheter  pour  la  ville  le  blé 
et  l’huile,  à  savoir  :  les  curatores  annonae 20,  les  cura¬ 
tores  frumentï ,  rei  frumentariae,  f ruinent o  compa - 
rando 21,  un  curator  ad  siliginem  emendam 2a,  les 
sitones  (atTtùvoct)23,  les  eùO-^via p/a;24,  les  curatores  olei 25 
(êXanovia,  IXaiojvai) 26  [cura  annonae,  p.  1614-1615], 

E.  Les  curatores  annonae  dividendâe ,  annonae 
plebis ,  annonae  populo  praebitae  pour  la  vente  en 
nature  ou  la  distribution  gratuite  du  blé  dans  les  villes21. 

F.  Les  curatores  pistrinorum  pour  les  boulangeries 
publiques. 

G.  Les  episcopi,  qui  praesunt  puni  et  cetcris  vena- 
libus  rebus ,  pour  la  vente  du  pain  dans  les  villes28. 

19°  La  cura  ludorum.  Les  jeux  ont  lieu  sous  la  direc¬ 
tion  des  duumvirs,  des  édiles,  des  magistri  fanorum29. 
Mais  ce  service  donne  lieu  à  beaucoup  de  curae  On 
trouve  des  curatores  publici  muneris 30,  sans  doute 
identiques  aux  munerarii 31. 

La  cura  equorum  circensium  ou  curulium  (apy-aio- 
Tpoaaa),  le  soin  des  chevaux  du  cirque,  est  une  charge 
tantôt  personnelle,  tantôt  patrimoniale32.  En  Orient  il  y 
a  comme  directeurs  des  jeux  le  gymnasiarque  et  l’ago- 
nothète  [gymnasiarcua,  agonotuetes]. 

20°  Le  soin  de  chauffer  les  bains  publics,  la  calefactio 
balnei  publici ,  qui  incombe  au  curator  balnein.  La 
fourniture  du  bois  nécessaire  est  dans  beaucoup  de  villes 
une  charge  patrimoniale  ;  ainsi,  à  Antioche  elle  pèse  sur 
les  curiales34. 

21°  Le  service  dans  la  milice  municipale.  Il  figure, 


sous  la  République,  dans  la  loi  de  la  colonie  Julia  Gene- 
tiva  35  et  dans  la  lex  Acilia  repetundarum 36.  U  se  peut 
que  sous  l’Empire  il  y  ait  eu  encore  des  levées  munici¬ 
pales  dans  des  villes  situées  aux  frontières3'.  Tels  ont 


1  Dig.  3,  4,  3.6  g§  1  et  3,  10  ;  3,  3, 17  §2,  18,  19,  20-25  ;  Frag.  Vatic.  321.  —2  Dig. 

50,  4,  18  g  14  ;  50,  5,  1 3  ;  27,  1,  6  §  8  ;  Frag.  Vatic.  194,  197  ;  Lex  col.  Jul.  Genet.  95. 

—  3  11  parait  y  avoir  eu  dans  l’Occident  des  magistrats  analogues  (Aug.  Ep.  159; 
cf.  les  asserlores pacis  de  la  lex  W’isigothorum,  2,  1,1.  16  et  26).  —  4  Aux  textes 
cités  dans  l’article  limenaiicha,  ajouter  :  Ath.  Mitth.  9,  18  (Cyzique)  ;  Inscr.  gr. 
sept.  1826  (Tliespies).  —  S  Dig.  50,  4,  18  §  10.  Sur  les  archives,  àç/sTa,  voir 
Mommsen,  Strafrecht,  p.  519.  —  6  C.  i.  I.  5,  6520;  8,  12  382.  —  7  Dig.  50,  4,  18» 
§17.-8  Ibid.  50,  4,  18  §  17  ;  C.  i.  I.  9,  2675,  3101,  5190;  10,  3906,  4620,  4905. 

—  9  Dig.  50,  4,  18,  §  10.  — >0  Ibid.  50,  4,  18  §§  8-10;  Cod.  Just.  10,  19;  10,  69,2; 

Cod.  Theod.  8,  2,  4;  8,  4,  8  §  1  ;  Sid.  Ep.  4,  10;  C.  i.  I.  12,  525  ( curator  tabulari 
publici );  14,  375-376  ( tabularum  et  librorum  curator ).  —  11 * * *  Dig.  50,  4,  18  §§  8-9. 

Peut-être  faut-il  ranger  ici  le  curator  pecuniae publicae  exigendae  et  attribuendae 

d’Ostie  (C.  i.  I.  14,  375-376).  —  12  Cod.  Just.  10,  69,  2;  Cod.  Theod.  8,  2,  4;  8,  4, 

8  §  1.  —  13  Dig.  50,  1,  21  ;  50,  4,  3  §  12,  18  §  5,  8,  12.  Voir  Hirschfeld,  Die  Getreide 

Vericaltung  der  rôm.  Kaiserzeit  ( Philol .  XXIV,  1870,  1  sq.);  Ruggiero,  Dizio- 

nario ,  I,  470-480.  —  H  C.  i.  I.  5,  7468,  8808,  4384;  9,  5849,  981,  4976,  3434,  3384; 

10,  1216,  5920,  5928,  3910,  1138;  11,  6357,  6369,  4389.  —  15  Ibid.  10,  4582,  47, 

4570;  11,  4389.  —  16  Ibid.  9,  3923,  2354;  11,  417,  3123.  Voir  Henzen,  Annal,  dell' 

Istit.  1844,  p.  33;  1849,  p.  253;  Hirschfeld,  Untersuch.  p.  116.  —  17  C.  i.  I.  9, 

2354.  —  16  Ibid.  9,  2603  ;  Bull,  de  corr.  hell.  25,  1901,  p.  63  et  67.  —  19  Dig.  50,  4, 

18  §  8  ,  25.  —  20  C.  i.  I.  9,  2663,  3437,  3922-23,  3908,  3949,  3437;  8,  2757;  10, 

5419;  14,  2972,  3014.  On  trouve  aussi  :  cur.  pecuniae  annonariae  (10,  5928),  eur. 

annonae  frumentariae  populique  (9,  4071),  praefectus  annonae  (Rev.  Philol.  1847, 

356).  —  21  C.  i.  I.  6,  16417;  9,  2603;  10,  451,  1491,  1216,  4559,  5928,  7239;  12. 

4363  ;  cf.  Front.  Ep.  2,  Il  ( legalio  de  re  frumentaria).  —  22  Dig.  3,  5,  29. 


-  23  Ibid.  50,  4,  18  §  5;  50,  8,  12  §  3;  50,  5,  2;  27,  1,  6  §8;  Bull,  de  corr.  hell. 
272  ;  12,  193;  17,  282;  18,  264;  C.  i.  att.  3,  645,  708  ;  Ath.  Mitth.  10,  170;  he 

as-Waddington,  L.  c.  57,  610,  647,  1248;  C.  i.  gr.  1370,  1125,  2882,  2927,  2029, 
)30,  3080,  3419,  3422,  3490,  3945,  4413,  4278  K.  add.  Plus  tard  ils  paraissent  aussi 
,oir  administré  les  fonds  sous  le  contrôle  du  curateur  {Cod.  Just.  10,  27,  -.  ig. 

),  8,  2  §§  4-6).  —  24  Berlin.  Sitzungsbericht.  1888,  876;  Bull,  de  corr.  he  .  -■■  j 
i,  86,  88  ;  C.  i.  gr.  3080,  4240;  Arch.  epigr.  Mitth.  aus  Oesterr.  Ungarn,  H,  •  j 
n  Irouve  aussi  :  eû6o<ri âpw  (Slerret,  The  Wolfe  Exped.  n°  317),  £7iaP^’  E  1 
eie„v;«<;  (C.  i.  gr.  1  186,  5895,  5973).  -  25  Dig.  50,  4,  18  §!  ;  Le 
iaddington,  L.  c.  499  ;  Plin.  Ep.  ad  Trai.  23;  Cod.  Just.  4,  31,  3;  Co  .  1  • 

>,  u,  2.  —26  Dig.  27,  I,  6  §  8  ;  50,  4,  18  §  5  ;  C.  i.  gr.  355;  Bull.  dec0Jr;  ‘ 

|,  73,  306,  473;  Ath.  Mitth.  12,  177;  Le  Bas-Waddington,  1177.  -  2;  L.  t.  .  . 
137  ;  10,  5419;  It,  4389.  -  28  Dig.  50,  4,  18  §§  7  et  12.  -  »  «  1  asouvent  des 
ihventions  impériales  (Cod.  Theod.  12,  1,  109;  Liban.,  hp.  ad  ns  ^ 
dieu  attribue  à  la  nourriture  des  chevaux  le  revenu  de  terres  donn  es  a 
Jisopogon,  370-371).  -  30  C.  i.  I.  3,  539;  8,  24,  1225.  9,  447,  708,  3025,  , 

,0;  10,  1785,  4043.  6090,  6240;  12,  .585,  3290;  .4,  2.  14  2972,  OH.JOIL 
■  31  Ibid.  3,  296;  8,  16  558,  16  560;  5,  4399;  9,  1540,  1663;  10,  ■  - 

unerarius  est  souvent  joint  à  celui  de  magistrats  qui  onl  douné  des  je  ' 

-  32  Dig.  50,  4,  1  §  2;  Cod.  Just.  10,  41,  4;  10,  40,  5;  12,  50,  7  Cod.  Theod. 

';  Liban.  I,  p.  316;  II,  p.  576  B;  llieron.  ViC  //i,anon.  2°  (M>gnc^^  ^ 
XXIII).  -  33  Dig.  50,  4,  1  §  2,  18  §  5;  C.  l.  L  2,  5C10;  53_]_%5  g8  103. 
ntioch.  p.  358,  376;  Ad  Icarium,  p.  456  ;  De  vita  sua,  p.  • 

.  36  c.  79  C.  .  I.  I,  no  198).  -  37  Tac.  ffist.  1,  67  ;  4,  28.  Vo.r  Cagnat,  De 
palibus  et  provincialibus  militiis  ;  Mommsen,  Hermes ,  22,  p-  04b  sl 


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—  20 i3  — 


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pu  être  par  exemple  les  hastiferi  civitatis  Mattiacorum 
et  les  soldats  citoyens  de  Tomi1.  Quant  au  service  dans 
l’armée  romaine,  il  est  plutôt  considéré  théoriquement 
comme  un  droit  civique  que  comme  une  charge. 

22°  Les  travaux  publics.  Ils  comportent,  sous  la  direc¬ 
tion  des  duumvirs,  des  édiles  et  du  curator  reipublicae , 
un  grand  nombre  de  curateurs  spéciaux  : 

A.  Eaux.  On  trouve  :  la  cura  custodiendi  aquae- 
ductus 2;  des  curatores  aquae ,  aquarum ,  aquaeduc- 
lus 3  ;  un  tribunus  aquarum  et  un  curator  aquae  Tibur- 
linae  à  fibur  +;  un  praefectus  aquae  h  Moguntiacum5, 
un  fonctionnaire  analogue  à  Hadrianopolis 6  [cura 
aquarum,  p.  1617]. 

B.  Confÿructions  navales7. 

C.  Bâtiments  publics.  On  trouve  les  curatores  ad 
cxstruenda  vel  reficienda  aedificia  publica 8,  curatores 
operum  publicorum  9,  dans  les  pays  de  langue  grecque 
les  èpyeiriffTXTac  ,0,  les  £7tt(TTXXat  [EPISïATESj,  les  £7Tt|XSÀ'qT0tt 
[epimélêtai],  les  commissaires  indiqués  par  la  formule 
operi  praefuit  “.  Ils  se  subdivisaient,  selon  les  travaux, 
en  curatores  thermarum ,  aedium 1S,  etc.;  un  curator 
pecuniae  publicae  et  operum  publicorum  paraît  réunir 
deux  attributions13.  Ces  commissaires  ont  une  assez 
grande  responsabilité,  car  ils  traitent  à  leurs  risques  et 
périls  avec  les  entrepreneurs  ( redemptores)u ,  reçoivent 
les  fonds,  sont  comptables,  doivent  les  intérêts  des 
sommes  qui  restent  entre  leurs  mains15.  Mais  il  est  pro¬ 
bable  qu’ils  ne  sont  ainsi  choisis  par  les  curies  que  pour 
les  petits  travaux  ;  pour  les  grandes  constructions,  surtout 
quand  il  y  a  une  subvention  impériale,  c’est  l’empereur 
ou  le  gouverneur  qui  désigne  le  curator  ;  tantôt  il  dirige 
réellement  les'travaux,  tantôt  il  les  contrôle  seulement 
comme  expert;  il  est  sans  doute  alors  payé15. 

D.  Entretien  des  temples,  pour  lequel  il  y  a  des 
curatores  templi  ou  fani'\ 

E.  Contrôle  de  l’entretien  des  rues  et  des  routes,  pour 
lequel  il  y  a  des  curatores  viarum ,  viarum  sternen- 
darum ,  des  viocuri 18,  mais  peu  nombreux,  car  cette 
attribution  appartient  généralement  aux  édiles. 

F.  Corvées  ( operae ).  D’après  la  loi  de  la  colonie  Julia 
Genetiva19,  les  citoyens  sont  tenus  chaque  année;  de 
quatorze  à  soixante  ans, pour  tout  travail  public [munitio), 
de  cinq  jours  d 'operae  manuelles:  ceux  qui  ont  des 
pimenta  plaustraria  doivent  trois  jours  d 'operae 
d  attelage  pour  chaque  paire  de  bœufs.  Ce  système  avait 
du  s’appliquer  au  début  à  presque  tous  les  travaux 
municipaux,  mais  il  fut  restreint  ensuite  par  le  système 
du  1  adjudication.  On  en  a  d’autres  exemples  de  la  fin  de 


la  llépublique  et  encore  de  l’époque  impériale  pour 
l’Afrique20.  Ces  corvées  sont  à  la  fois  personnelles  et 
patrimoniales. 

23°  Les  transports  de  l’État. 

A.  La  camelasia  (xxp.rtXa<;ta),  le  soin  et  la  conduite  des 
chameaux  destinés  au  transport  des  bagages  de  l’armée  21 . 

B.  La  tenue  des  mansiones,  relais,  étapes  dans  les 
marches  militaires22. 

C.  Le  transport  et  la  surveillance  du  transport  des 
objets  qui, appartiennent  à  l’État  ou  qui  sont  mis  à  sa 
disposition  par  les  cités23,  tels  que  :  chevaux  ( anima - 
lium  producendorum  cura),  recrues  ( tironum  produc- 
tio ),  argent,  habits,  provisions,  annona  (oaT-qyéx24, 
annonae  prosecutio)** . 

D.  La praebitio  ou  exhibitio  angariarum ,  la  direction 
des  angariae ,  chariots  attelés  de  deux  paires  de  bœufs 
avec  une  charge  de  1500  livres26  [cursus  publicus]. 

24°  La  poste  [cursus  publicus]. 

25°  La  surveillance,  sur  les  frontières,  des  burgarii , 
esclaves  qui  gardent  le  burgus 27. 

26°  Au  Bas-Empire,  la  surveillance  des  magasins  qui 
renferment  les  marchandises  de  l’État  et  surtout  les 
approvisionnements  militaires  ( praepositi ,  custodes  hor- 
reorum ) 28 . 

VI.  Munera  patrimonii.  —  Ils  comprennent,  comme 
on  l’a  vu,  les  charges  patrimoniales  proprement  dites  et 
les  charges  mixtes  qu’il  est  souvent  impossible  de  dis¬ 
tinguer  nettement.  Au  Bas-Empire  on  rattache  également 
aux  patrimoines  un  certain  nombre  de  munera ,  dits 
sordida ,  dont  beaucoup  ont  plutôt  lecaraclère  de  charges 
personnelles. 

1°  L’obligation  pour  les  propriétaires  de  recevoir,  à 
tour  de  rôle,  les  hôtes  :  soldats,  fonctionnaires  ( hospitis 
recipiendi  munus ,  £7rt<rra0p.ta)  [hospitium,  p.  299  ;  hos- 

PITIUM  MILITARE]  29 . 

2°  L’obligation  pour  les  propriétaires  de  livrer  une 
quote-part  de  leurs  récoltes,  surtout  en  blé,  à  des  prix 
déterminés,  soit  à  l’État,  soit  aux  villes  ;  ainsi,  à  Athènes 
on  doit  livrer  aux  collecteurs  le  fiers  ou  le  huitième  de 
1  huile  au  prix  du  marché.  L'elaemporia  (fourniture 
d  huile)  à  Alexandrie  est  probablement  une  charge 
analogue30. 

3"  L  obligation  de  fournir  des  bêtes  de  somme  ou  de 
Irait  pour  le  service  de  la  poste  ou  pour  les  transports  de 
1  État  ( munus  rei  vehicularis).  Ce  sont  les  angariae  et 
ver  edi  ;  le  veredus  est  le  cheval  de  courrier  dont  la  charge 
est  fixée  à  30  livres31.  La  fourniture  des  agminales  equi 
{vel  mulae)  vel  paraverédi ,  c’est-à-dire  de  chevaux  et 


I  0v.  Trist.  4,  I,  73;  Wilmanns,  2278.  Pour  d'autres  exemples, voir  xiagistratüs 

«raioiPALis,  p.  1543.  —  2  Di  g.  50,4  81,  §6;  cf.  Liban.  Or.  46  (II,  p.  47GR).  —  3  C.  i. 
1  -234,  2353,  3922;  10,  1805,  0094;  14,  172  add.  —  4  Ibid.  10,  6427;  14,  3674. 

1  Brambacli,  lnscr.  Bhen.  1329.  —  6  C.  i.  gr.  3797  c.  —  '  Dig.  50,  4, 
18  S  10  ;  *9,  18,  5.  —  3  Ibid.  50,  4,  18  §  10;  50,  4,  4  pr.  ;  50,  10,  1.  —  9  C.  i.  I. 

’■  285,  568;  5,  6649;  9,  3923,  4201;  10,  3759,  3910,  1799;  14,  373,  2590,  2922;  8, 

,,|S-  10  O.  i.  gr.  3491,  3936;  Gr.  lnscr.  of  Brit.  Mus.  3,  529;  Bull,  de  corr. 

H1-  *>  292;  15,  545;  Le  Bas-Waddinglon,  Voy.  arch.  992,  1586,  1730,  2816,  2747. 
~  11  C.  i.  I.  9,  2197,  5576;  Dig.  50,  10,  2  §  1.  —  12  C.  i.  I.  9,  1419;  11,  1310, 

4l‘  '  2922;  3,  4447.  —  13  Ibid.  II,  3258.  A  C.  i.  I.  H,  1421,  une  cura  est 

d'Huiée  à  un  duumvir  et  à  des  decemprimi.  —  14  Dig.  50,  10  2  §  I.  —  16  Ibid. 
•]  b  17  §7;  50,  8,  9  pr.  —  16  Plin.  Ep.  10,  4G,  48;  C.  i.  I.  9,  1160,  1419;  10, 
l"11'.  hurles  curateurs  de  ce  genre  au  Bas-Empire,  voir  Cod.  Theod.  15,  I,  24. 

II  C ■  *'•  b  10,  4873;  14,  4091,  9;  Bôm.  Mitth.  2,  292.  A  C.  i.  I.  3,  6839-6846, 
'(  !  a  ul>  curator  arcae  sanctuariae.  —  18  Dig.  50,  4,  18  §  15  ;  43,  23,  2  ;  C.  i.  I.  9, 
-*7),  lo,  5714.  —  19  L.  c  c.  98.  Il  avait  dû  en  être  ainsi  à  Rome  à  l'origine  (Cic. 
Verr-  5,  19,  48;  De  rep.  5,  2,-3;  Liv.  1,  56,  1).  —  20  C.  i.  I.  9,  6257;  8,  8701, 
'-8;  cf.  les  operae  ducs  par  les  colons  aux  propriétaires  ou  aux  fermiers  [lati- 

P-  967-968],  -  21  Dig.  50,  4,  1  §  2,  18  §  1 1  ;  Strab.  16,  4,  23,  p.  783. 


-  22  Dig.  50,  4,  18  §  10;  Cod.  Just.  12,  36,  11;  Cod.  Theod.  12,  1,  21,  où  les 
propriétaires  chargés  de  ce  soin  s'appellent  praepositi  mansionum.  —  23  Dig  50, 
4,  18  §  3  ;  Cod.  Just.  12,  52,  1  ;  Cod.  Theod.  11,  10,  1-2  ;  11,  t,  21-22  ;  7,  10  :  7, 
2,  15;  Nov.  Theod.  12  §  3.  -  24  Liban.  Or.  t.  III,  p.  156,  10;  Ep.  ad  Euphemium, 
210;  Ad  Leontium,  1524.  —  23  Ath.  Mitth.  10,  336.  —  26  Dig.  50,  4,  18  §  4; 
Cod.  Theod.  8,  5,  4,  10,  tl  ;  6,  29,  5  ;  10,  66  ;  Cod.  Just.  11,  38,  1  ;  12,  IG,  3  ;  10, 
42,  1  ;  Dittenb.  Syll.  inscr.  gr.  2‘  éd.  932  (litiptiu’a  4vT«ftïwv);  Liban.  II,  p.  551  b' 
549.  Le  mot  angariae  désigne  aussi  les  véhicules  traînés  par  des  ânes  et  les  animaux 
eux-mêmes.  Voir  Seeck,  Angariae  dans  Pauly-Wissowa,  Beal-Encycl.  I,  2,  2184. 

27  Dittenberger,  L.  c.  (ImutXCux.  poufYajiuv  xaî  fçouçSv)  ;  voir  Cod.  Theod.  7,  14. 
-28  Cod.  Theod.  12,  6;  12,  5,  2  ;  12,  1,  21,  49  ;  7,  4,  1  ;  12,  10,  1.  —  29  Dig.  50^ 
4,  3  §|  13-14  ;  27,  1,  6  §  8;  50,  5,  11  ;  Cic.  Ad  Alt.  5,  16,  3  ;  5,  21,  7  ;  1 3  52  2 
Ad  Quint.  1,  1,9;  Verr.  2,  1,  25,  65;  Plin.  Paneg.  20;  V.  Anton,  ’l-  Eumeu;’ 
Paneg.  4,  14;  Sic.  Flacc.  De  cond.  agr.  p.  165;  Dio  Cass.  41,  8;  47,  14;  Jul. 
Or.  1.  p.  21  ;  C.  i.  gr.  4551  ;  Bull,  de  corr.  hell.  10,  404.  —  30  Dig.  7,  1,  27,  3; 
50,  4,  18  §§  19  et  25;  Cod.  Theod.  8,  5,  3;  Grom.  vet.  p.  165;  Dittenb.  Z.  c. 
(ScvEKTfopîo  itoWuoî  «trou);  C.  i.  gr.  355,  —  31  Dig.  50,  4,  1  §  1,  18  §  24  ,  29; 
50,  5,  10  §2,  11  ;  Cod.  Theod.  8,  5;  Liban.  Or.  Il,  p.  182.  192  ;  Bull,  dell’  Jstit. 
1877,  p.  107.  Dittenberger,  l.  c.  415. 


MUN 


—  2044  — 


MUN 


de  mules  pour  les  routes  de  traverse  est  considérée  au 
Bas-Empire  comme  un  rnunus  sordidum  *.  Le  service  de 
la  poste  exige  aussi  des  navires  ( naves  angarii) 2 
[CURSUS  PUBLICUS] . 

4°  L'obligation  de  nourrir  les  chevaux  pour  les  jeux 
(rnunus  equos  curules  alendi).  Cette  charge  personnelle 
se  transforme  souvent  en  charge  patrimoniale3. 

5°  L’obligation  de  fournir  des  prestations  pour  l’en¬ 
tretien  des  rues,  des  routes  et  des  ponts  (rnunus  viae 
sternendae ,  viarum  et  pontium  solficitudo ),  qu’il  ne 
faut  pas  confondre  avec  la  charge  personnelle  du  même 
nom.  Pour  les  routes,  il  s’agit  tant  de  l’entretien  des 
anciennes  que  de  la  création  des  nouvelles  4.  L’État  fait 
les  grandes  routes  ;  les  villes,  les  petites.  Déjà  dans  les 
Douze  Tables,  le  riverain  est  obligé  d’entretenir  sa  por¬ 
tion  de  route3,  et  il  en  est  ainsi  sous  la  République  6 
et  sous  l’Empire.  La  lex  Julia  impose  cette  obligation 
au  riverain  à  Rome  et  dans  les  mille  pas  en  dehors  de 
Rome  7.  Le  propriétaire  doit  soit  une  quote-part  en 
argent  (praediorum  collatio  viae  sternendae ) 8,  soit 
surtout  des  corvées  (operaé)  manuelles  et  d’attelage9.  Il 
en  est  encore  ainsi  au  Bas-Empire,  où  cette  obligation, 
classée  pendant  longtemps  parmi  les  munera  sordida ,0, 
est  une  des  plus  lourdes  qui  pèsent  sur  la  propriété  et  ne 
comporte  presque  aucune  dispense11.  On  applique  le 
même  régime  aux  ponts12. 

6°  L’obligation  de  fournir  des  prestations  analogues 
pour  les  égouts  et  les  aqueducs13;  la  quote-part  en 
argent  s’appelle  cloaearium,  pro  aquae  forma  ;  les  pro¬ 
priétaires  des  champs  traversés  par  les  aqueducs  doivent 
les  curer,  moyennant  l’exemption  des  autres  charges 
extraordinaires  u. 

7°  Le  soin  et  la  construction  des  bâtiments  publics, 
des  murailles  et  des  ports  des  villes.  Les  frais  sont 
supportés  tantôt  par  le  budget  municipal,  tantôt  par  les 
propriétaires  qui  fournissent  soit  des  matériaux  (species), 
soit  des  operae ls.  Cette  obligation  fait  partie  au  Bas- 
Empire  des  munera  sordida ,  ainsi  que  l’entretien  des 
hospices  (hospitalium  domorum  cura) l6. 

8°  Le  sacerdolium  [sacerdos].  On  peut  y  rattacher 
l’impôt  spécial  fourni  jusqu’en  393  en  Syrie  par  les 
terres  sénatoriales  pour  la  Syriarchia'1 . 

9°  La  tironum  et  equorum  praestalio,  la  vestium 
militarium  collatio,  la  fourniture  de  chevaux,  de  recrues 
et  de  vêtements  militaires.  La  fourniture  des  chevaux 
et  des  vêtements  à  l’État  pouvait  être  remplacée  par  une 
contribution  pécuniaire18.  C’était  un  impôt  extraor¬ 
dinaire.  Il  en  était  de  même  de  la  fourniture  des 


recrues19,  qui  ne  comportait  presque  aucune  dispense 
Cette  dernière  donnait  lieu  d’autre  part  à  trois  chai  ' 
mixtes,  la  prototypia  et  la  capitularia  ou  temonaZ 
functio.  La  prototypia  paraît  avoir  consisté  dans  h 
charge  d’acheter  des  recrues  pour  le  compte  des  pro' 
pnétaires  imposés  et  fut  supprimée  en  37320  La  (u  . 
tularia  ou  temonaria  functio  (capituli  atque  temonîs 
nécessitas ,  temonarius ),  classée  quelquefois  parmi  les 
munera  sordida ,  était  l’obligation  de  recueillir  l’impôt 
de  remplacement  des  recrues,  Yaurum  tironicum*' . 
Ln fin  les  turmarii  étaient  chargés  de  réunir  les  recrues 22 

10°  La  fourniture  des  approvisionnements  militaires 
de  Yannona  militarisé. 

Il"  La  levée  des  impôts  dus  à  l’État  ou  aux  villes. 
Cette  charge,  qu  on  a  vue  d  abord  personnelle,  s’est 
transformée  dès  la  fin  du  111e  siècle  ap.  J.-C.  en  une 
charge  patrimoniale  mixte,  souvent  classée  parmi  les 
munera  sordida ,  une  des  plus  lourdes  qui  pèsent  sur  la 
propriété  foncière.  Elle  comprend  un  certain  nombre  de 


fonctions.  En  Orient  quelques  textes  obscurs  men¬ 
tionnent  la  protostasia ,  qui  paraît  être  l’obligation  poul¬ 
ies  propriétaires  d’une  cité  de  présider  à  la  levée  de 
l’impôt  foncier  sous  leur  responsabilité  personnelle21; 
en  3G1  Constance  parait  avoir  fait  peser  une  responsa¬ 
bilité  analogue  sur  les  sénateurs  de  chaque  cité  par 
rapport  à  l’impôt  foncier  des  terres  sénatoriales23.  En 
général,  dans  l’empire,  la  curie  de  chaque  cité,  ou  sim¬ 
plement  le  groupe  des  principales  ou  des  decemprimi, 
répartit  son  contingent  d’impôts  entre  les  contribuables 
d’après  les  registres  du  cens;  l’impôt  est  alors  perçu  par 
un  ou  plusieurs  collecteurs,  susceptores ,  qui  au  début 
sont  pris  parmi  tous  les  propriétaires,  puis,  au  Bas- 
Empire,  quelquefois  parmi  les  officiales  du  gouverneur, 
le  plus  souvent,  surtout  en  Occident,  parmi  les  décurions, 
chargés  de  cette  corvée  pendant  un  an  à  tour  de  rôle  96. 
En  Orient  il  y  a  eu  pendant  longtemps,  au  lieu  de  sus¬ 
ceptores,  des  commissions  de  dix  ou  de  vingt  collecteurs, 
decaproti21 ,  icosaproti 28  (decemprhnalus ,  decaprotia ), 
pris  dans  le  sénat  municipal,  qui  pouvaient  être  réélus 
et  avaient  en  même  temps  d’autres  fonctions  [decaproti!. 
S’il  y  a  des  restes  à  recouvrer  soit  pour  l’impôt  ioncier, 
soit  pour  Yannona  ou  les  diverses  prestations  civiles  et 
militaires  en  nature  (species),  après  les  susceptores  inter¬ 
viennent  les  exactores,  pris  au  Bas-Empire  soit  parmi 
les  officiales  du  gouverneur,  soit  dans  la  curie.  Dans  ces 
différentes  fonctions,  les  décurions  supportent  de  lourdes 
responsabilités  qu’on  voit  apparaître  dès  le  111°  siècle 
ap.  J.-C.29.  En  cas  de  négligence,  de  malversation,  de 


l  Dig.  50,  4,  18  §  21;  Cod.  Theod.  8,  5,  3,  6,  11,  17,  28,  30,  34;  11,  10, 
1.  15,  18;  Cod.  Just.  12,  51,  19;  -Sid.  Apoll.  Ep.  5,  7;  Nov.  Major.  7,  §  13. 

—  2  Cod.  Theod.  8,  5,  48;  Cod.  Just.  Il,  9,  7;  Dig.  50,  4,  18  §  29;  49,  18, 

4  §  1  ;  Liban.  Or.  111,  p.  157.  -  3  Dig.  50,  4,  1  §  2.  —  4  Ibid.  43,  7,  3;  43,  8, 

2  §  22;  50,  4,  14  §  2  ;  50,  5,  11  ;  Cod.  Just.  Il,  64,  1.  —  8  7,  7  ;  cf.  Fest.  p.  371 

s.  ».  Viae.  —  0  Cic.  Pro  Caec.  19,  54;  Pro  Font.  8,  17  ;  Verr.  1,59,  154;  Ascon. 
p.  200;  Sic.  Place,  p.  146;  Liv.  6,  4,  6.  —  7  C.  i.  I.  1,  206,  1.  20-23,  53.  —  8  Dig. 

7,  1,  27  §  3;  19,  1,  13  §  6  ;  43,  8,  2  §  22 ;  50,  5,  Il  ;  49,  18,  4;  Cod.  Just.  8,  13,  6  ; 

Cod.  Theod.  15,3,  1,  3,  4,  5,  G  ;  Paul.  5,6,2.  —9  Sic.  Place,  p.  140.—  10  Jusqu’en 
423  (Cod.  Theod.  15,  3,  6;  H,  16,  15  et  18).  —  H  Cod.  Theod.  15,  3.  —  12  Ibid. 
15,  3,  6;  15,  1,  30;  11,  16,  15,  18;  11,  10,  2.  —  13  Ibid.  15,  1,  23.  -  14  Dig.  7, 
1,  27  §  3;  30,  1,  39  §  5;  Orom.  vet.  p.  349;  Cod.  Theod.  15,  2.  —  15  Cod.  Theod. 
15,  1  ;  4,  15,  18  ;  Liban.  Or.  in  Tisamcnem,  p.  447,  éd.  Morelli.  —  16  Cod.  Theod. 
H,  16,  15,  18  ;  15,  1,  34.  —  17  Dig.  50,  4,  17  ;  Cod.  Just.  10,  42,  8  ;  10,  61,  1  ;  Cod. 
Theod.  15,  9,  2  ;  6,  2,  1.  —  18  Cod.  Theod.  11,  17;  11,  18  ;  7,  23  ;  7,  6.  Le  collec¬ 
teur  des  vêlements  ( susceptor  vestium )  avait  une  sorte  de  munus  personnel. 

—  19  Syn.  Ep.  79;  Nov.  Valent.  111,  fit.  6,  3  ;  Cod.  Theod.  7,  13;  Vegel.  1,  7. 

—  20  Cod.  Theod.  6,  35,  3;  7,  13,  7  ( proto ...;  au  passage  correspondant  de  Cod. 
Just.  12,  29,  2,  il  y  a  pentaprotiae).  —21  Cod.  Theod.  11,  16;  7,  13,  7;  7,  18,  3; 


6,  35,  3  ;  Symm.  Ep.  9,  10;  Syn.  Ep.  79.  —  22  Cod.  Theod.  6,  35,  3.  —  -  1 2  ■ 

7,  4,  21.  24  Cod.  Just.  10,  42,  8;  10,  62,  3;  Cod.  Theod.  11,  23,  1,  1,  4;  ,  , 

3.  Nous  adoptons  l'interprétation  de  Godefroy.  —  26  Cod.  Theod.  U,  -  <  • 

-20  Jbid.  12,  6;  11,  7,  14;  6,  35,  6;  8,  3,  1  ;  Nov.  Major.  2  §  16;  Nov  MartJ 
§  3;  Theodor.  Ep.  42;  Dig.  50,  1,  17  §  7.  Ils  s'appellent  aussi  allecti  (to  . 

9,  35,  2;  11,  16,  15,  18;  12,  6,  12).  -  27  Dig.  50,  4,  1  §  1,  3  §  10,  ,  âs  -  -  ’ 

Arist.  I,  p.  523  D;  II,  p.  443  K;  Rev.  des  et.  gr.  6,  158,  iC3;  4,  !  •  ^  ‘ 

3490  ,  3491,  2264,  2264  b,  4289,  4413,  2939,  2930,  4415,  3732,  394.,  9,  3*^. 

2639,  3201,  3490,  3491,  3496;  Ath.  Mitlh.  I,  347;  6,  167,  168,  ’  ’  '  ’ 

10,  118,  170;  12,  175,  177,  180;  Journ.  of  hell.  stud ,15,  117 4  Bu  L  d^ 

10,  410,  415,  160;  11,  99,  100,  105,  457;  12,  84,  86,  88;  lo,  ,  ’  ’  iM  0f 

ro.vski,  Stüdte  Pamphyliens,  I,  n"  58-60;  Ramsay,  ilies  aH(  ;6,  443; 

Phrygia ,  p.  472,  n»  314.  -  28  Rev.  des  ét.  gr  6;  58;  BulLe  md 

Pctersen-Luschan,  Reisen  in  Lykien,  n“  6,.  oir  .  _  29  Dig. 5P> 

Dekaprotia  (Beitrûge  zur  alten  Geschichte,\,  1,  fasc.  U  P-  *  , .  7  9,  12, 

4,  3  §  10;  II,  18,  26;  Cod.  Theod.  6,  22,  3  ;  8,  8,  9;  JJ.  [dmcUons 

.6,  20;  II,  30,  12;  12,  1,  8,  14,  1.7;  12,  6  22;  Nov  Major.* §~  {Essai 

la  distinction  des  susceptores  et  des  exactoi  es  avec  1  10). 

sur  les  finances  et  la  comptabilité  publique  chez  es  ont 


MUN 


—  2045  — 


MUN 


dol,  1  Etat  attaque  successivement  les  décurions  collec- 
teurs,  leurs  cautions,  ceux  qui  les  ont  présentés  ( nomi - 
natores,  creatores )  et  le  reste  de  la  curie.  Les  décurions 
et  subsidiairement  la  curie  sont  également  respon¬ 
sables  des  simples  reliquats  1  et  même  de  l’impôt 
foncier  des  terres  abandonnées,  des  arjri  deserti2. 
La  même  responsabilité  pèse  sur  les  officiales.  Il  faut 
ranger  parmi  les  charges  du  même  genre  la  suscep- 
tura  vini  en  Afrique3 *,  et  la practoriah  Alexandrie  et 
en  Égypte  4  [exactio]. 

Au  Bas-Empire  sont  rangées  parmi  les  munera 
sordida  les  charges  suivantes  : 

12°  La  panis  excoctio  pollinis  conficiendi  cura,  pré¬ 
paration  du  pain  et  de  la  farine  à  fournir  aux  soldats5. 

13°  La  calcis  excoctio ,  materia ,  lignum,  tabulât  a , 
operae ,  fourniture  de  chaux,  de  bois,  de  matériaux,  les 
corvées  pour  les  besoins  de  l’armée5. 

14°  La  carbonis  praebitio ,  fourniture  de  charbon, 
tantôt  ordinaire,  pour  la  fabrication  de  la  monnaie  et 
des  armes,  tantôt  extraordinaire1 *. 

15°  La  legalis  atque  allectis  sumptuum  collai io,  la 
contribution  aux  frais  de  voyage  des  députés  et  des 
collecteurs  d’impôts3. 

16°  Le  pistrini  obsequium  9,  le  soin  de  la  boulangerie 
publique,  qui  paraît  correspondre  à  l’ancien  munus 
personnel. 

17°  Le  pastus  primipili ,  le  transport  aux  cantonne¬ 
ments  et  la  distribution  aux  soldats  des  approvisionne¬ 
ments  qui  constituent  Yannona  mil i taris,  c’est-à  dire  du 
pain,  du  vin,  du  vinaigre,  de  l’huile,  du  lard,  de  la 
viande  fraîche,  de  la  paille  et  du  foin  10.  Ce  service  appa¬ 
raît  dès  la  fin  du  ly"  siècle  ap.  J.-C.  D’abord  confié  aux 
centurions  primipiles,  il  a  été  imposé  ensuite  aux  em¬ 
ployés  des  magistrats  provinciaux,  aux  cohortales  :  ils 
ont,  à  ce  titre,  de  nombreux  avantages,  des  privilèges, 
mais  sont  soumis  à  une  responsabilité  pécuniaire  qui 
s’étend  à  leurs  héritiers11. 

VIL  Agents  subalternes.  —  Pour  un  certain  nombre 
de  charges  personnelles  et  patrimoniales,  les  décurions 
ont  des  aides,  par  exemple  les  tabularii ,  scribae ,  logo- 
graphi ,  censuales  qu’on  a  vus  et  qui  exercent  un  munus 
personnel;  ils  ont  sous  leurs  ordres  les  collèges  d’arti¬ 
sans  municipaux  qui  n’ont  pas  l’immunité,  c’est-à-dire 
les  collegiati 12  chargés  à  tour  de  rôle  d 'operae,  par 
exemple  du  soin  d’effectuer  les  transports  de  l’État  et  de 
conduire  les  bêtes  jusqu’au  territoire  de  lacité  voisine  ’3, 


et  aussi  les  collèges  d’artistes  dramatiques  astreints  à 
des  services  dans  les  jeux14.  A  Sitifis  les  pistores  publi- 
cae  annonae  paraissent  être  un  collège  de  ce  genre 
soumis  aux  décurions15.  A  Antioche,  sous  .1  ulien,  Libanius 
distingue  600  décurions  chargés  des  liturgies  et 
600  autres  qui  les  exécutent  de  leurs  bras  ;  ailleurs  il 
cite  un  décurion  qui  devait  tout  faire  par  lui-même, 
faute  d’aides16. 

VIII.  L’Orient  grec.  —  Le  régime  de  l’Orient  grec 
diffère  considérablement  sous  le  Haut-Empire  de  celui 
de  l’Occident  latin  1 7.  Sans  doute  la  distinction  théorique 
y  existe  aussi  entre  les  magistratures  (àp^atj  d’un  côté  et 
les  liturgies  et  les  ûmrjpeŒtai  de  l’autre  18,  mais  en  fait  ces 
expressions  sont  souvent  synonymes  et  montrent  la. 
confusion  de  toutes  les  institutions19.  Par  exemple,  on 
ne  sait  si  la  gymnasiarchie  et  l’agonothésie  sont  des 
magistratures  ou  des  munera.  La  vraie  séparation  est 
entre  les  offices  onéreux  et  ceux  qui  ne  le  sont  pas.  Or 
la  plupart  des  offices  publics  sont  onéreux  et  obliga¬ 
toires,  sauf  les  magistratures  politiques  supérieures, 

1  archontat  et  la  charge  de  xoîî  ovjfAou  [magis- 

tratus  municipalis,  p.  1552].  La  richesse  est  devenue  la 
principale  condition  d’accès  aux  emplois  publics  qui 
sont  ouverts  même  aux  étrangers20,  aux  femmes,  aux 
enfants.  Dans  les  liturgies  telles  que  la  gymnasiarchie, 
l’agonothésie,  la  panégyriarchie,  la  fourniture  de  repas 
publics  (éffTiasstç,  ôvjgoOûtvt'ai),  les-  femmes  n’exercent 
sans  doute  pas  les  fonctions  actives,  mais  fournissent 
l’argent21  ;  de  même  la  gestion  active  appartient  aux 
parents,  au  nom  des  enfants22.  Il  suffit  qu’il  y  ait  un 
patrimoine.  C’est  ainsi  qu’on  en  arrive  à  nommer  à  des 
fonctions  publiques  des  morts  et  des  dieux  pour  tirer 
parti  de  successions  et  de  caisses  de  temples23.  L’opinion 
publique  impose  les  liturgies  aux  riches,  même  quand  la 
loi  les  en  dispense24  ;  elles  s’accumulent  souvent  dans  les 
mêmes  mains  et  pendant  plusieurs  années;  il  n’y  a  plus 
aucune  règle25.  Les  différents  sacerdoces,  prêtrise,  sté- 
phanéphorie,  prophétie,  sont  deven  us  surtout  des  liturgies 
très  coûteuses26.  La  plupart  des  fonctions  comportent, 
outre  les  dépenses  régulières,  I’honoraria  summa,  taxe 
fixe  payée  à  l’entrée,  dont  le  minimum  est  fixé  par  la  loi, 
mais  que  les  riches  peuvent  augmenter,  et  qui  *  est 
affectée  à  des  œuvres  d’utilité  publique27.  Cri.  Lêcrivain. 

MUNYCHIA  ou  MUNICHIA.  —  Fête  en  l’honneur 
d’Artémis  Munychia  ou  Munichia.  Artémis  était  adorée 
sous  ce  nom  dans  la  presqu’île  du  Pirée  *,  à  Sicyone2,  à 


1  Dig.  50,  4,  1  §  I,  18  §§  26-27,  12,  1,  54;  Non.  Mar.t.  2  §  14;  Tiieodor.  Ep 
41  —  2  Dig.  50,  4,  18  §27;  Cod.  Just.  H,  59,  I  ;  Cod.  Theod.  Il,  1,  4;  Noi 
128, 160.  Sur  l'impôt  des  agri  deserti  e t  le  régime  do  Vadjectio,  voir  Zacharie 
von  Lingenthal,  Gescli.  des  griech.  rôm.  Redits,  §  58;  Lêcrivain,  Mélanges  o 
t  f.cole  de  Rome,  1889,  p.  381-388  ;  Monnier,  Etudes  de  droit  byzantin  { Nouv .  rei 
dst.  de  droit,  1892,  p.  125-104,  330-352,  497-542,  637-672).  —  3  Dig.  50,  4,  18  §21 
—  +  Ibid.  50,  4,  18  §  19,  où  il  faut  rétablir  avec  Mommsen  le  mot  practorit 
'I  après  les  itpàx-cojEs  àpyuptxJiv  des  papyrus  égyptiens  ( Aegypt .  Urkunden,  n0!  1; 
*25,  429,  662).  —  6  Cod.  Theod.  11,  16,  15,  18.  —  6  Ibid.  11,  16,  3,  15,  li 

1  Ibid,  i  l,  16,  15,  18.  —  8  Ibid.  —  9  Ibid.  ■ — 10  Voir  Godefroy  ad  Cod.  Theoi 
I,  1.  —Il  Dig.  34,  4,  23;  Cod.  Theod.  12,  4;  8,  4,  3,  7,  8,  10,  11,  13,  16;  12, 
7!)’  103;  Cod.  Just.  1,  3,  27;  12,  47,  2;  12,  57,  13,  14;  12,  62,  1-1  ;  7,  73,  1  ;  t 
14,  4. —  12  Celle  hypothèse  de  Kuhn  (L.  c.  p.  78-82)  a  été  reprise  et  fortifiée  p; 
"altzing  (L.  c.  II,  p.  174-246).  —  13  Cod.  Theod.  14,7;  6,  30,  16  ;  7,  20,  12  ;  7,  2 

3  ;  8,  4,  8  §  1  ;  12,  19,  t  ;  H,  10,  1  ;  Nov.  Major.  7  §  3  ;  Valent.  III,  tit.  34,  §  : 

—  14 Godefroy,  Ad  Cod.  Theod.  16,  10,  17.  — 15  C.  i.  I.  8,  8440.  -  15  Liban.  Or.  I 

''-G  0  i  L  P-  182.  —  11  Voir  Isid.  Lévy,  Études  sur  la  vie  municipale  de  l'As , 

sous  les  Antonins  (Rev.  des  ét.  gr.  12,  1899,  p.  254-266).  —  18  C.  i.  gr.  3402  ;  L 

fias-Waddinglon,  Z.  c.  III,  1601  a.  —  »  Bull,  de  corr.  hell.  1883,  p.  272  ;  1885,  p.  12f 

h  44.  20  C.  î.  gr  3524,  2943.  —  21  Voir  Paris,  Quatenus  feminae  res  publiée 

m  ^ sia  minore  Romanis  imperantibus  attigerint ,  p.  42-07.  —  22  c.  i.  gr.  2787 

VI. 


Le  Bas-Waddington,  57;  Bull,  de  corr.  hell.  lt,p.  31;  18,  p.  541;  Lanckorowski, 
L.  c.  no  58-00,  où  une  femme  de  Sillyon,  qui  est  décaprote,  démiurge,  gymna- 
siarque,  exerce  la  démiurgie  au  nom  d'un  fils  et  la  gymnasiarchie  au  nom  d'une 
fille.  —  23  Bull,  de  corr.  hell.  1889,  p.  518;  1890,  p.  607;  1894,  p.  216,  n°  3 
n.  5;  Rev.  Pliilol.  1878,  p.  259;  Ath.  Mitth.  1881,  p.  42,  121  ;  C.  i.  gr.  2827" 
2850  c  ;  Rev.  des  ét.  gr.  6,  p.  155.  -  2t  C.  i.  gr.  3178.  —  25  Le  Bas-Waddington! 
1601  a,  C.  i.  gr.  2771,  2789,  3462,  3490;  Ath.  Mitth.  19,  p.  30;  Rev.  des  ét.  gr. 
1893,  p.  176,  n”  10;  Bull,  de  corr.  hell..  12,  p.  85,  I.  7-8  ;  15,  p.  484.  —  26  Q.  i.  gr 
2758.  -  27  Ibid.  2987  B,  3948;  Ath.  Mitth.  9,  p.  18;  Bull,  de  corr.  hell.  8, 
p.  389;  Site.  Ber.  Berl.  Akad.  1888,  p.  867,  no  14,  1.  17-18.  —  Bibliographie! 
Mommsen,  Die  Stadtrechte  der  lateinischen  Gemeinden  Salpensa  und  Malaca 
(Abhand.  d.  Sachs.  Gesell.  der  Wissensch.  III,  1885,  p.  362-488);  Kuhn,  Die 
stüdtische  und  bürgerliclie  Verfassung  des  rôm.  Reichs,  Leipzig,  1864-65  ; 
\\ illems,  Le  droit  public  romain,  3fl  éd.  Paris-Louvain,  1874,  p  383-463  • 
Houdoy,  Le  droit  municipal,  Paris,  1876  ;  Mispoulct,  Les  institutions  politiques 
des  Romains,  Paris,  1883,  II,  p.  128-129;  Mommsen  et  Marquardt,  Manuel  des 
antiquités  romaines,  trad.  fr.  1889,  VIII,  1,  p.  184-187;  Liebenam,  Stâdte- 
verwallung  im  rômischen  Kaiscrreiche,  Leipzig,  1900  ;  Seeck,  Geschichtc  des 
Untergangs  der  antiken  Welt,  Berlin,  1901,  II,  p  ®50-®99 
MUNYCHIA  ou  MUNICHIA.  1  Xen.  Hell.  Il,  4,Ԥ  11  ;  Suid.  x. 

—  2  ciem.  Alex.  Coh.  ad  gentes,  4. 


257 


MUN 


2046  — 


MUR 


Pygéla,  petite  ville  d'Ionie',  etàCyzique2.  De  ces  cultes, 
le  plus  important  et  le  mieux  connu  est  celui  que  la  déesse 
recevait  au  Pirée.  Il  est  d’ailleurs  vraisemblable  que  c’est 
de  là  qu’il  fut  transporté  en  Ionie,  puis  à  Cyzique3. 

Nous  connaissons  le  culte  d’Artémis  Munychia  au 
Pirée  par  quelques  passages  d’auteurs4  et  par  plusieurs 
documents  épigraphiques5.  Xénophon  nous  apprend  que 
le  sanctuaire  de  la  déesse  se  trouvait  dans  la  péninsule 
même  du  Pirée,  près  du  Bendideion 11  ;  d’après  Wachsmuth, 
il  couronnait  le  sommet  des  collines  qui  forment  cette 
presqu’île7.  De  deux  passages  de  Lysias8  et  de  Démo- 
sthène9,  on  a  cru  pouvoir  inférer  que  le  sanctuaire 
d’Artémis  Munychia  jouissait  du  droit  d’asile;  voici  à 
quoi  se  réduisait,  semble-t-il,  ce  privilège  :  «  Les  citoyens 
qui  se  croyaientinjustementsoumis  aux  charges  delatrié- 
rarchie  pouvaient,  en  attendant  que  leurs  réclamations 
fussent  jugées,  trouver  dans  le  temple  d’Artémis  un 
refuge  momentané  contre  les  mesures  de  répression 
dont  ils  auraient  été  l’objet  de  la  part  des  Aposto- 
leis  10.  »  Ce  sanctuaire  possédait  des  biens  mobiliers,  en 
particulier  des  sommes  qu’en  numéraire  il  prêtait  à 
intérêt,  comme  un  grand  nombre  de  temples  athéniens11. 

D’après  Plutarque  12,  les  Athéniens  célébraient  la  fête 
d’Artémis  Munychia  le  16  du  mois  de  Munychion,  date 
anniversaire  de  la  bataille  de  Salamine  ;  ce  jour-là,  la 
pleine  lune  avait  brillé  dans  le  ciel  pour  éclairer  la 
victoire  des  Grecs.  À  propos  de  cette  fête,  les  documents 
anciens  nous  permettent  de  préciser  deux  détails  :  1°  on 
olfrait  à  la  déesse  des  gâteaux  autour  desquels  étaient 
plantées  de  petites  torches  allumées13;  2°  les  éphèbes 
d’Athènes  faisaient,  dans  le  port  de  Munychie,  une 
course  en  bateaux  ou  régate;  les  bateaux  qui  servaient 
à  cette  régate  étaient,  semble-t-il,  consacrés14. 

D’autre  part,  plusieurs  gavants  modernes  pensent  que 
les  Munychia  étaient  purement  et  simplement  une 
variante  des  Brauronia  13.  Sans  doute  il  y  a  de  curieuses 
analogies  entre  la  légende  d’Artémis  Brauronia  et  ce 
qu’on  racontait  sur  Artémis  Munychia;  il  est  fort  possible 
que  les  cultes  des  deux  Artémis  de  Brauron  et  de  Muny¬ 
chie  se  soient  ressemblés  ;  mais  ce  ne  sont  pas  là  des 
raisons  suffisantes  pour  confondre  les  deux  fêtes  et 
pour  attribuer  a  priori  aux  Munychia  les  mêmes  céré¬ 
monies  qu’aux  Brauronia,  en  particulier  1  àpxteuaiç 1G. 

Suivant  leur  habitude,  les  anciens  cherchèrent  à 
expliquer  l’origine  du  culte  d’Artémis  Munychia.  D’après 
les  lexicographes,  en  particulier  d’après  Suidas1’,  ce 
culte  aurait  été  institué  dans  la  presqu  île  du  Pirée  par 
un  roi  légendaire,  Munychos  ou  Munichos.  Ce  roi  était 
sans  doute  un  héros  local  éponyme;  car  on  a  trouvé  au 
Pirée  une  inscription  votive,  qui  lui  est  dédiée  en  ces 
termes  :  [o  ôeïva]  ’ETu^otpg.ou  àvéO^xsv  Motmyco  18. 

Une  autre  légende  atteste  la  haute  antiquité  de  ce 
culte19.  Un  Athénien  avait  tué  une  ourse,  qui  était 
nourrie  dans  la  sanctuaire  d’Artémis  Munychia.  Aussitôt 
la  colère  de  la  déesse  se  manifesta  par  plusieurs  fléaux, 


i  Slrab.  XIV,  1,  §20.-2  Corp.  inscr.  gr.,  3657;  Alitth.  des  Athen.  arcli.  Inst. 
1882,  p.  155.  —  3  c.  inscr.  gr.,  loc.  cit.;  Alitth.  des  Athen.  arch.  Inst.  1882, 
p.  158.  —  4  Xen.  Loc.  cit.  ;  Lys.  C.  Agor.;  Demoslh.  Pro  coron.  §  107  ;  Plut. 
De  glor.  Athen.  7;  Suid.  s.  v.  *AvàffT«Tou  —  3  C.  att.  I,  215,  273  ;  II,  467, 
468,  470,  471.  —  6  Xen.  L.  cit.  —  7  Wacbsmulh,  Die  Sladt  Athen  im  Alterth. 
II,  p.  137.  —  s  Lys.  L.  c.  —  9  Demosth.  L.  c.  —  l»  Voir  l'art,  asyi-ia. 

_  Il  c.  i.  att.  1,  215,  273.  —  12  L.  C.  —  13  Suid.  s.  V.  'Aviira-coi.  —  14  C.  i. 

att.  II,  467,  408,  470,  471.  —  10.  Aug.  Mommsen,  Die  Peste  der  Sladt  Athen, 
1898,  p.  453.  —  I®  Voir  brauronia,  I,  p.  749.  —  n  S.  u.  "EjiSajo;.  —  ’8  C.  i. 

4itt.  II,  1341  4;  cf.  Wachsmuth,  Op.  cit.  II,  p.  138,  n.  3.  —  19  Suid  L.  I. 


peste,  famine,  etc.,  qui  fondirent  sur  l’Attique  Un 
oracle,  consulté,  répondit  que  pour  apaiser  la  colère 
d’Artémis,  il  fallait  qu’un  Athénien  lui  immolât  sa 
propre  fille.  Embaros  consentit  à  ce  cruel  sacrifice  à 
condition  que  le  sacerdoce  de  la  déesse  lui  fût  réservé 
à  lui  et  à  ses  descendants.  Mais,  au  lieu  d’immoler  sa 
fille,  il  la  cacha  dans  l’adyton  du  sanctuaire,  et  sacrifia  à  la 
déesse  une  chèvre.  De  ceLte  légende,  deux  traits  surtout 
sont  à  retenir  :  Artémis  Munychia  se  rattache  au  cycle  de 
l’Artémis  taurique  et  des  autres  divinités  féminines  qui 
exigeaient  des  victimes  humaines;  d’autre  part,  la  subs¬ 
titution  attribuée  à  Embaros  fait  allusion  à  l’époque  où 
les  sacrifices  humains  furent  abolis  dans  la  plupart  des 
cultes  et  remplacés  par  des  sacrifices  d’animaux. 

De  nos  jours,  plusieurs  tentatives  ont  été  faites  sans 
résultat  sérieux,  soit  pour  découvrir  l’étymologie  de 
l’épithète  Moovuyia  dans  la  langue  grecque  ou  dans  les 
idiomes  sémitiques,  soit  pour  expliquer  les  origines  du 
culte  de  la  déesse  20.  Il  est  vraisemblable  que  Mouvuvta  est 
une  épithète  topique,  locale,  comme  Bpaupovfa,  et  qu’Ar- 
témis  Munychia  signifiait  simplement  :  l’Artémis  adorée 
à  Munychie.  Quant  au  culte  lui-même,  la  légende  d’Em- 
barosne  suffit  pas  pour  que  l’on  y  voie  un  culte  d’origine 
sémitique.  Les  sacrifices  humains  ont  existé  dans  toutes 
les  religions  de  l’antiquité. 

Aux  yeux  des  Grecs  de  l’époque  classique,  Artémis 
Munychia  était  une  déesse  lunaire,  qui  jouait  un  rôle 
important  dans  la  navigation  et  que  l’on  adorait  dans 
les  villes  maritimes  [diana]  21 . 

On  a  cru  retrouver,  sur  quelques  monnaies  de  Pygéla 
en  Ionie,  l’image  de  la  déesse.  Ces  monnaies  présentent 
au  droit  une  tète  de  déesse  jeune,  diadémée.  Le  type  n’a 
rien  de  particulier22.  J.  Toutain. 

MUREX.  —  Coquille  hérissée  de  pointes,  particulière¬ 
ment  celle  dont  on  tire  la  pourpre.  Le  nom  a  été  étendu  à 


la  pourpre  elle-même  [purpura]  . 

Chausse-trape  armée  de  pointes  [tribulus]. 

MURI  A  (''AÀp.Tj).  —  Saumure,  sauce  piquante,  ana¬ 
logue  au  garum.  C’est  aussi  un  assaisonnement  très 
relevé  qui  devait  jouer  le  rôle  de  nos  sauces  d  anchois  . 
En  effet,  on  le  fabriquait  avec  des  intestins  de  poissons  2, 


en  particulier  de  thons,  tandis  que  pour  le  garum  on 
employait  les  maquereaux.  D’après  Martial1,  la  murin 
était  inférieure  en  qualité  au  garum.  La  plus  réputée 
venait  d’ Antipolis  (Antibes),  de  Thurii  (Sybaris)  et  de 
Dalmatie4.  Le  résidu  de  la  fabrication,  appelé  alec  ou 
allex B,  servait  d’assaisonnement  à  bon  marché6. 

On  donnait  aussi  ce  nom  à  la  saumure  qu’on  ajoutait  au 
vi  n  pour  le  préparer  et  le  conserver  ‘ ,  et  a  la  salaison  dans 

laquelle  on  conservait  les  légumes  et  les  olives  .  E. 

MURRHINA  VASA.  —  Il  ne  saurait  être  ici  question 
de  discuter  ni  même  d’exposer  les  opinions  nombreus 
qui,  depuis  trois  siècles,  ont  été  formulées  par  des  ai-; 
chéologues  et  des  minéralogistes  sur  la  substance  aem 
vases  murrhins  et  sur  la  nature  de  cette  murrha  (W«. 


Roscher,  Lexik.  der  griech.  und  r/im.  Mythol.  s.  246: 

,,  Op.  cit.  II,  p.  .39.  -2.  Wachsmuth,  Md.  -  22  8^fcon’ 

:ber,  L.  cit.  ;  Head ,  But.  num.  p.  508.  -  B, «**“™-*™  ’er 

griech.  und  rôm.  Mythol.  s.  v.-,  Aug.  Mommsen,  û'e'** 

».  Wachsmuth,  Die  Stadt  *  Gais,  IB, 

DRIA.  1  Hor.  Sat.  Il,  4,  Gj;  I  ers.  Sat.  M,  1  >  '  3  xm  to3 ;  Aur. 

4.-343  -  2  Plin.  Nat.  hist.  XXVI,  4  (11)'-  XXXI,  93  (43).  -  3  «  ;  p|jn 

'ne  vir.  Ht.  GG.  _  4  P, in.  L.  C.  94  (43).  -  «  Voir  Coin*.  X1[,  ». 

95  (44)  ;  Mart.  Epigr  Ui,  77  ;  XI,  S7'  “  7  C‘L  f.  IV,  lti,  6d.  Teubner). 


MUR 


—  2017  — 


MUR 


u'jpptT tj;  Xt'Qoç,  myrrhitis)  qui  avait  la  couleur  et  même, 
disait-on,  l’odeur  de  la  myrrhe,  et  qui  servait  à  fabriquer 
ces  vases  [gemmae].  Nous  citerons  seulement  les  princi- 
paux  passages  des  auteurs  anciens  qui  ont  été  la  base 
essentielle  de  tant  de  controverses. 

Pline  dit  qu’on  extrait  des  entrailles  de  la  terre  les 
inurrhins,  de  même  que  le  cristal  1  ;  puis  il  donne  ces 
détails:  «  Les  murrhina  nous  viennent  de  l’Orient.  On 
les  y  trouve  dans  plusieurs  régions  peu  connues,  princi¬ 
palement  dans  le  royaume  des  Parthes,  en  Carmanie. 
On  pense  que  cette  substance  se  condense  sous  terre  par 
l’effet  de  la  chaleur.  Jamais  les  murrhina  n’excèdent  en 
volume  les  proportions  de  petits  abaques,  et  rarement 
leurs  parois  dépassent  en  épaisseur  celles  d’un  verre  à 
boire.  L’éclat  en  est  doux,  et  même  ils  sont  plutôt  luisants 
qu’éclatants  ;  mais  on  y  estime  particulièrement  la  variété 
des  couleurs  produites  par  les  veines  de  leur  pourtour, 
qui  offrent  les  nuances  de  la  pourpre,  du  blanc  et  d’une 
troisième  couleur  de  feu,  puis  semblent  se  fondre  gra¬ 
duellement,  comme  si  la  pourpre  pâlit  ou  que  la  couleur 
lactée  passât  au  rouge.  D’aucuns  prisent  surtout  les 
bords  minces  et  certains  reflets  internes  qui  rappellent 
ceux  de  l’arc-en-ciel;  d’autres  préfèrent  les  parties  opa¬ 
ques,  considérant  comme  un  défaut  la  translucidité  ou 
la  diaphanéité.  On  admire  aussi  les  grains,  les  verrues 
qui  ne  font  pas  saillie,  mais  qui  sont  sessiles,  comme 
parfois  les  taches  de  la  peau  sur  le  corps  humain;  on 
apprécie  même  l’odeur  qu’ils  exhalent2.  »  Pline  raconte 
en  outre  que  Pompée,  le  premier,  fit  connaître  aux 
Romains  les  vases  murrhins  et  qu’à  la  suite  de  son 
triomphe  sur  Mithridate  il  en  déposa  six  dans  le  trésor 
du  temple  de  Jupiter  Capitolin.  Avec  la  matière  des 
inurrhins,  on  fit  des  abaques,  des  plats  ;  chaque  jour 
s  accrut  davantage,  à  Rome,  l’engouement  pour  les 
murrhina ,  si  bien  qu’on  vit  se  vendre  70  talents  un 
vase  murrhin  dont  la  contenance  ne  dépassait  pas 
six  sextiers.  Le  personnage  consulaire  qui  se  servait  de 
ce  vase  se  passionna  pour  lui  au  point  qu’il  en  rongea  le 
bord,  et  ceci  ne  fit  qu’en  accroître  le  prix  (il  estmanifeste 
qu  ici  Pline  se  fait  l’écho  d’un  conte  populaire).  Ce  même 
personnage,  que  Pline  ne  nomme  point,  avait  réuni 
une  collection  de  vases  murrhins  ;  Néron  se  les  ap¬ 
propria  et  ils  étaient  si  nombreux  qu’il  put  en  garnir 
la  scène  d’un  petit  théâtre  où  il  aimait  à  chanter  de¬ 
vant  ses  intimes.  On  comptait  et  on  se  montrait  les 
débris  d’un  vase  murrhin  comme  si  c’eût  été  le  corps 
d’Alexandre.  T.  Petronius  cassa  un  vase  murrhin  qui 
avait  coûté  300  talents,  pour  ne  pas  le  voir  tomber  aux 
roaiüs  de  Néron  3. 

hes  modernes,  interprétant  diversement  ces  récits  où 
exagération  et  même  la  fable  ont  une  part  évidente,  se 
sont  à  l’envi  évertués  à  démontrer  que  les  vases  murrhins 

I I  o 1 6 n t  en  pâte  de  verre,  en  onyx,  en  agate,  en  sardoine, 

III  spath-fluor,  en  benjoin,  en  écaille,  en  nacre,  en 
opale,  en  albâtre,  en  ambre  jaune,  en  ambre  gris,  en 
Corne  f°ndue,  en  porcelaine  de  Chine.  Tout  bien  pesé  et 

11  dégageant  de  la  légende  le  récit  de  Pline  et  les  autres 
,:ruoignages  anciens,  il  nous  semble  que  l’opinion  la 


plus  vraisemblable  est  celle  qu’a  exprimée  Winckelmann  L 
Le  père  de  l’archéologie  croit  qu’on  désignait  sous  le 
nom  de  murrhina ,  deux  espèces  de  vases  ou  d’autres 
objets:  les  murrhins  proprement  dits  en  agate,  sardoine 
ou  sardonyx,  et  ce  que  nous  appellerons  les  faux  mur¬ 
rhins,  en  pâte  vitreuse  à  doubles  ou  triples  couches 
multicolores,  semi-translucides,  qui  étaient  imités  des 
premiers,  leur  ressemblaient  et  servaient  aux  mêmes 
usages.  Dans  le  langage  courant,  le  terme  de  murrhina 
s  appliquait  aussi  bien  aux  uns  qu’aux  autres.  Les 
anciens  se  servaient  de  même,  pour  leurs  cachets,  soit  de 
pierres  fines  gravées,  soit  de  pâtes  vitreuses  qui  n’étaient 
que  des  imitations  de  véritables  gemmes5.  Nous  donnons 
nous-mêmes  vulgairement  le  nom  de  perles  aux  vraies 
et  aux  fausses  perles;  le  nom  de  cristal ,  à  la  fois  au  cris¬ 
tal  de  roche  et  aux  plus  limpides  produits  de  nos  usines 
de  cristallerie.  «  Le  caractère,  dit  Winckelmann,  que 
Pline  donne  aux  vases  murrhins  est  celui  de  la  belle 
sorte  d  agate  qu’on  appelle  sardonique,  parce  qu’elle  est 
composée  en  partie  de  sardoine _ 11  parle  aussi  de  mur¬ 

rhins  factices,  c’est-à-dire  de  ceux  avec  lesquels  l’art  de 
la  verrerie  des  anciens  avait  cherché  à  imiter  les  vérita¬ 
bles  vases  murrhins.  »  C’est  probablement  des  faux  mur¬ 
rhins  qu  il  s  agit  dans  un  passage  où  Arrien  dit  qu’on 
en  fabrique  à  Thèbes,  dans  la  Haute-Égypte,  en  même 
temps  que  des  vases  de  verre5.  Properce  parle  de  vases 
murrhins  cuits  au  four,  chez  les  Parthes  7.  Pline  enfin 
définit  le  murrhinum  vitrum  d’Alexandrie  :  quod  pic - 
turae  genere  murrhina  pocula  imitatur  \ 

Si  1  on  tient  compte  de  la  distinction  que  nous  venons 
de  proposer,  on  verra  que  les  contradictions  des  auteurs 


portant  à  des  murrhins  en  pâte  de  verre,  certains  autres 
a  des  murrhins  en  une  matière  naturelle  qui  ne  saurait 
être  autre  chose  que  les  variétés  de  l’agate  ou  de  la  sar¬ 
donyx.  A  moins  de  déclarer,  ce  qui  serait  une  hypothèse 
inadmissible,  qu’aucun  vase  murrhin  de  l’antiquité  ne 
nous  est  parvenu,  nous  devons  reconnaître  les  murrhins, 
d  une  part  dans  les  vases  d’agate  ou  de  sardonyx,  d’autre 
part,  dans  les  vases  en  pâte  de  verre  qui  imitent  les  pre¬ 
miers.  Les  qualités  que  Pline  reconnaît  aux  murrhins 
en  général  sont:  translucidité,  éclat  tempéré,  veines 
stratifiées  offrant  les  nuances  de  la  pourpre,  du  blanc,  du 
feu,  atténuations  qui  marient  et  fondent  ces  couleurs, 
pâleur,  reflets  de  l’arc-en-ciel,  taches  opaques,  verrues: 
tous  ces  caractères  ne  se  rencontrent-ils  pas  dans  les 
deux  catégories  de  monuments  si  rares  de  nos  musées 
que  nous  proposons  d’englober  sous  la  dénomination  de 
murrhins'!  Properce 9  compare  la  couleur  fauve  de  l’onyx 
au  murrhin  ;  Martial  semble  désigner  ce  que  nous  appe¬ 
lons  la  sardoine  mamelonnée  ou  nuageuse  lorsqu’il  dit  • 
maculosae  pocula  myrrhae ».  Les  anciens  placent  côte  à 

CO  e,  comme  étant  les  objets  d’étagère  les  plus  merveilleux 

lesvases  murrhins,  les  vases  de  cristal,  les  vases  d’onyx"’ 
Dans  le  Digeste  le  législateur  se  demande  si  les  murrhins 
et  les  cristaux  doivent  être  compris  dans  la  vaisselle  à 
cause  de  leur  caractère  précieux*2 ;  ailleurs,  nous  lisons 
cette  phrase  :  murrhina  vasa  in  gemmis  non  esse  Caius 


XXXVU8*'  1  P1T’  ZÜt\  T1-  XXXÜI’  2’  2-  -  2  Plin-  XXXVIR  8. 
i,„ron  .  xvil,  *  Winckelmann,  Descr.  des  pierres  gravées  du 

iiilrn,,  e  *‘0Sch'  p'  ®01;  E-  Bal>elon,  Catal.  des  camées  de  la  Bibl.  nat 

i  ^  p.  IP  sq.  _  b  Les  anciens  Égyptiens  donnaient  au  verre  lui-même 

L  nom  de  pierre,  tantôt  celui  de  gemme ,  tantôt  celui  de  pierre  fondue  : 


W.  Froehner,  La  , verrerie  antique,  p.  5  et  4( 
tant  l’expression  du  Périple  est  Mi* 

Hist.  nat.  XXXVI,  67,  2.  _  9  prop.  g 

VIII,  18,  5;  Sen.  Ep.  lit);  Mart.  III,  82  •’ iv’  8 
Dig.  XXXIII,  10,  3.  ’ 


5  Arr.  Mare  rubr.  6  ;  pour- 
-  7  Prop.  IV,  5,  2.  -  8  piin. 

•  *0  Mart.  X,  80-  —  ltPaus. 
Lauipr.  Elagab.  32.  —  12  Paul. 


MUR 


—  2048  — 


MUR 


ait 1  ;  s’il  pouvait  y  avoir  doute  dans  le  classement  des 
inurrhins  parmi  les  gemmes,  c’est  que  la  matière  ne  per 
mettait  pas  de  les  séparer;  la  distinction,  pour  le  législa¬ 
teur,  reposaitsur  l’usage  différent  auquel  étaientdestinés 
les  vases  murrhins  et  les  gemmes. 

Parmi  les  murrhins  en  pâte  vitreuse  (faux  murrhins) 
conservés  dans  nos  musées,  nous  citerons  :  le  vase  des 
Vendanges,  au  musée  de  Naples2,  le  vase  Barberini  ou 
de  Portland  au  Musée  Britannique3,  un  bel  unguen- 
tarium  de  style  pompéien4  et  quelques  beaux  frag¬ 
ments  du  même  genre  conservés  au  Cabinet  des  mé¬ 
dailles5.  Ces  vases,  qu’on  appelle  parfois  des  verres  dou¬ 
blés ,  sont  décorés,  sur  leur  panse,  de  scènes  en  relief  qui 
se  détachent  en  blanc  laiteux  sur  le  fond  bleu  foncé  ou 
brun  semi-translucide. 

Les  murrhins  vrais  de  sardonyx  les  plus  célèbres  sont 
le  canthare  dionysiaque  appelé  Coupe  de  Ptolémée,  au 
Cabinet  des  médailles6,  et  quelques  autres  vases  du  même 
Musée,  qui  sont  encore  pourvus  de  la  monture  que  le 
moyen  âge  leur  adapta  7  ;  l’aiguière  du  trésor  de  Saint- 
Maurice  d’Agaune8;  la  tasse  Farnèse  au  Musée  de 
Naples9  ;  le  vase  de  Mantoue  au  musée  de  Brunswick10. 
La  galerie  d’Apollon,  au  Musée  du  Louvre,  les  trésors  des 
églises  de  Monza,  de  Saint-Marc  de  Venise  et  d’autres 
encore,  ont  quelques  vases  en  pierres  précieuses,  géné¬ 
ralement  sans  sujets  gravés,  qui  doivent  aussi  rentrer 
dans  la  catégorie  dès  vases  murrhins. 

Les  gens  du  moyen  âge  et  les  modernes  n’ont  eu  qu'une 
voix,  comme  les  anciens,  pour  admirer  ces  vases  aux 
reflets  chatoyants,  dont  les  parois  sont  tantôt  unies,  tan¬ 
tôt  recouvertes  de  scènes  en  relief,  affouillées  dans  la 
gemme  diaprée.  Aussi,  la'plupart  des  vases  murrhins  par¬ 
venus  jusqu'à  nous  n’ont  jamais  été  perdus:  toujours 
considérés  comme  les  plus  précieux  des  joyaux,  ils  nous 
ont  été  transmis  de  générations  en  générations  à  travers 
les  âges,  en  passant  des  temples  païens  dans  les  églises 
du  moyen  âge  où  ils  servirent  souvent  au  culte  chrétien, 
munis  de  montures  d’orfèvrerie  dans  le  goût  du  jour  et 
qui,  parfois,  sont  aussi  précieuses  pour  l’histoire  de  l’art 
que  le  monument  original  lui-mème".  E.  Babelon. 

MURUS.  Tetyoç.  —  Mur  en  général,  et  plus  particulière¬ 
ment  mur  d’enceinte,  de  clôture,  de  soutènement,  ayanf 
pour  fonction  d’enclore  un  espace  découvert  ou  de  soute¬ 


nir  des  terres.  Nous  renvoyons  au  mot  paries  (toî-,  0  ) 
pour  les  murs  destinés  à  clore  des  espaces  couverts  1  '  ’ 
Il  nous  est  impossible  d’examiner  ici  les  nombreuses 
variétés  de  maçonneries  que  l’on  peut  grouper  sous  la 
rubrique  murus.  Nous  essaierons  de  suivre  l’évolulion 
des  modes  de  construction  depuis  les  temps  primitifs  en 
établissant  les  classifications  et  en  décrivant  les  types 
principaux  qui  résultent  de  la  nature  des  matériaux 
employés,  de  l’outillage,  de  la  main-d’œuvre,  de  la 
destination,  éléments  qui  sont  en  rapports  étroits  avec 
le  développement  général  de  la  civilisation,  avec  le  carac¬ 
tère  et  les  besoins  de  la  société  aux  différentes  époques 
et  dans  les  divers  pays  helléniques. 

I.  Période  primitive  ( mycénienne ).  —  On  a  longtemps 
posé  en  principe  que  le  plus  ancien  système  de  construc¬ 
tion  était  représenté,  dans  les  pays  grecs,  parla  maçonne¬ 


rie  mégalithique,  c’est-à-dire  par  l’emploi  de  pierres 
énormes,  brutes  et  irrégulièrementassemblées  sans  aucun 
mortier2.  Or,  les  découvertes  de  Théra,  de  Troie,  de 
Cnossos,  deTiryntheet  de  Mycènes  infirment  cette  théorie. 
Les  ruines  des  villages  préhistoriques  de  Thérasia  et  de 
Théra,  que  les  géologues  et  les  archéologues  font  remon¬ 
ter  aux  environs  de  l’an  200U  av.  J. -G.3,  présentent  des 
murs  de  clôture  et  d’habitation  bâtis  en  blocs  de 
lave,  pour  la  plupart  bruts  et  non  stratifiés  :  c’est  seule¬ 
ment  aux  angles  qu’on  observe  des  blocs  taillés  et  dispo¬ 
sés  en  assises  horizontales.  On  y  relève  aussi  l’emploi 
d’un  mortier  de  terre  rougeâtre  et  d’un  chaînage  en 
longrines  d’olivier  noyées  dans  le  corps  des  murs  pour 
assurer  la  solidarité  de  l’ensemble.  A  l’intérieur,  les 
murs  étaient  enduits  d’un  crépi  en  mortier  de  terre  rouge, 
parfois  recouvert  d’un  badigeon  à  la  chaux,  sur  lequel 
était  appliquée  une  décoration  polychrome.  A  Troie4,  le 
mur  d’enceinte  de  la  première  ville  est  épais  de  2  m.  50, 
composé  d’un  massif  de  pierres  calcaires  non  taillées,  la 
face  externe  étant  légèrement  talutée  ;  les  murs  d’habi¬ 
tation,  de  50  à  60  centimètres  d’épaisseur,  se  composent 
de  petites  pierres  jointes  avec  de  l’argile  suivant  des  lits 
presque  horizontaux,  et  parfois  disposées  obliquement  à 
la  manière  de  Yopus  spicatum  romain  ”.  On  y  remarque 
aussi  des  traces  d’enduit.  Mais  ce  sont  surtout  les  murs 
de  la  seconde  ville,  contemporaine  de  Mycènes,  beaucoup 
mieux  conservés,  qui  présentent  les  particularités  les  plus 


1  Ulp.  Dig.  XXXIV  2,  19,  20.  -  2  Ach.  Deville,  Hist.  de  l'art  de  la  verrerie 
dans  l'antiquité,  pl.  x  et  xi  ;  E.  Babelon,  La  gravure  en  pierres  fines,  p.  147- 

_ 3  w.  Froehner,  La  verrerie  antique,  p.  84  sq.  ;  Murray,  A  catal.  of  engraved 

gems  in  the  British  Muséum,  p.  225,  n»  2312.  —  4  E.  Babelon,  Catal.  des 
Camées  n»  023  ;  j'ai  classé  à  tort  ce  beau  vase  parmi  les  imitations  modernes  de 
la  fin  du  XVIIIe  siècle  ;  un  manuscrit  de  Peircsc  m  a  prouvé,  depuis  lors,  qu  il 
avait  appartenu  à  cet  illustre  collectionneur,  au  commencement  du  xvu»  siècle. 
—  6  E.  Bableon ,  Op.  cit.  n»s  369,  370,  371,  372;  il  en  existe  aussi  quelques-uns  dans 
des  collections  privées.  W.  Froehner,  Op.  cit.  p.  85cl  pl.  xxxm.— <>  E.  Babelon,  Op. 
cit.n°  368.  —  1  Ibid.  n»s  373  à  378.  -  8  Ed.  Aubert,  Le  trésor  de  Saint-Maurice 
d’Agaune,  pl.  xvi  à  xvui.  —  9  B.  Quaranta,  Mus.  Borbon.  t. XII,  p.47  ;  F.  Lenorroant 
etRobiou,  Chefs-d’œuvre  de  l'art  antique,  lre  série,  l.  II,  pl.  xxx-xxxi;  A.  Furtwaen- 
gler.  Die  antiken  Gemmen,  pl.  liv  et  lv.  —  10  Gerhard,  dans  lArch.  Zett. 
t.  VIII,  4'  livr.  ;  cf.  Ylllustr.  Zeit.  de  Leipzig,  1873,  et  ÏAllgem.  Kunstcliron. 
1895,  10e  livr.  ;  King,  Natur.  histor.  of  gems,  p.  225;  Br.  Bûcher  et  A.  Gnaulh, 
Das  Kuns thandwerk ,  pl.  i.xxxiji-lxxxvi  (Stuttgart,  1894).  —  H  Voici  les  prin 
cipaux  ouvrages  où  a  été  traitée  la  question  des  vases  murrhins  :  Nicolas 
Guibert,  Assertio  de  vasis  murrhinis  (Francfort,  1597);  Biscari,  Ragionamento 
de'  vasi  murrini  (1787)  ;  Larcher,  dans  les  Mémoires  de  V Acad,  des  Inscr. 
et  B. -Lettres,  t.  XLI11,  1776-1779,  p.  228  sq.  ;  Le  Blond,  même  recueil, 
p.  217;  Isid.  Christ,  De  murrinis  veterum  disquisiho,  Leipzig,  1743;  Fr. 
Ehregott,  De  murrinis  veterum  disquisitio,  Rome,  1752;  J. -G.  Rothe,  De 
murrhinis,  Chenmitz,  1782;  Winckelmann,  Descr.  des  pierres  gravées  du  baron 
de  Stosch,  p.  501;  A. -F.  von  Veltheim,  Ueber  die  Vasa  murrina,  Helmstaedt, 
1791  •  Mongez,  Compte  rendu  des  trav.  de  l'Institut,  15  prairial  an  V,  et  Mémoires 
de  î Institut  national ,  an  VII,  t.  Il,  Littéral,  p.  133;  J.  Hager,  Descr.  des 


édailles  chinoises  du  Cab.  des  médailles  de  France ,  1805,  p.  150  sq.  ;  Milhn, 
itrod.  à  l’étude  des  pierres  gravées,  2'  éd.  1797,  p.  28;  Bossi,  dans  le  Magasin 
icyclop.  juillet  1808  ;  Lanjuinais,  dans  1  e  Magasin  encyclnp.  août  1808;  de  Rosières, 
tns  les  Mémoires  de  l'Expédition  d’Égypte,  Antiquités,  t.  VI,  P;  227  sq_, 
jhmieder,  Ueber  die  Murrinen,  Brieg,  1830;  Thiersch,  dans  les  Abhandl.  a. 
ayer.  Akad.  1835,  cl.  I,  p.  443  sq.;  F.  Corsi,  Memoria  di  vasi  murrmi, Atome, 
330  ;  le  même,  Trattato  delle  piètre  anticlie ,  Rome,  1833,  p.  166  a  ,  -  ’ 

ms  les  Annali  dell'  Istituto,  1839,  p.  97;  Lagrange,  Excursus  à  la  su.te  du  JJe 
’nef.  de  Sénèque,  éd.  Lemaire;  Costa  de  Macedo,  Memoria  sob, re  n  ias* 
urrhinos,  Lisbonne,  1842;  Ch.  Lenormaut,  dans  la  Revarcheol.  sep  . 
cudant,  Traité  élém.  de  minéralogie,  p.  718  ;  Régnault,  Cours  <  ■ 

„, §  576;  Kopp,  Gesch.  der  Chemie,  IV,  p.  72;  Ach.  Dev.Ue,  B, s  de  là  * 

, rie  dans  l'antiquité,  P.  H  à  14;  C.-W.  King  The  bei 

179;  II.  Blümncr,  Technologie  und  Terminal,  der  Gewe  t 
■riech.  und  Rbmer,  1884,  t.  111,  p.  876; 

'.assical  limes,  p.  141  ;  Marquardl,  Manuel, Vie  prntc  es  ’  5,4/.  nat. 

•ad.  fr.  de  V.  Henry,  1893;  E.  Babelon,  Catal.  des  Camées  de  la  Biol.  J 

itrod.  p.  19,  Paris,  1897.  _  2  Voir  Blümncr, 

MURL'S.  1  Promis.  Vocab.  lat.  di  architt.  p.  •  g6; 

’echnol.  der  Gewerbe  und  Künste,  111,  P-  W.  ”  oliq'1  ’  ’is5-19L 

orceix  et  Mamet,  Bull.  de  l'Ecole  « 

99-203;  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  lait,  VL  p.  R-  iao 3  ■  Rericht  über 

tar  Z  A„„r.  ta  Troja  ta,  ,«•:  «*■ 

ie  im  Jahre  IS93  in  Troja  veranstalteten  ^usJr'  ,  173, 

e  l’art,  VI,  p.  .05  sq.  et  VII,  p.  70  sq.  -  0  Perrot-Clnp.cz, 

s.  39. 


MUR 


—  2049  — 


MUR 


curieuses.  Le  mur  d’enceinte,  qui  règne  sur  tout  le  péri¬ 
mètre  de  l'acropole,  sert  de  soutènement  dans  la  partie 
inférieure  qui  va  du  niveau  de  la  plaine  au  niveau  de 
l’esplanade  intérieure,  et  de  rempart  dans  la  partie  supé¬ 
rieure  qui  émergeait  au-dessus  de  l’aire  enclose.  La 
partie  inférieure  constitue  un  énorme  soubassement  de 
;î  m.  50  à  4  mètres  d’épaisseur  en  pierres  grossièrement 


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Fig.  5173. 


par  endroits  un 
sises  réglées  (fl g 
part  proprement 


taillées  de  45  centimètres 
de  long  sur  25  de  haut, 
liées  au  mortier  de  boue  ; 
ces  pierres  forment  deux 
parements  à  lits  presque 
horizontaux  enfermant  un 
blocage  de  petits  moel¬ 

lons  ;  la  lace  externe  est 
talutée  en  pente  douce 
avec  une  inclinaison  d'en¬ 
viron  45°  ;  la  face  interne 
est  verticale.  On  observe 
appareil  en  pierres  taillées  et  à  as- 
5173)1.  Au-dessus  de  ce  socle,  le  rem- 


dit,  moins  épais  (2  mètres),  se  com¬ 
posait  de  carreaux  de  pisé  (argile  mêlée  à  de  la  paille 
ou  du  foin  hachés  et  séchée  au  soleil)  reliés  par  un 
mortier  de  boue.  Un  crépi  d’argile  fine  protégeait 
contre  les  pluies  les  parements  égalisés.  Un  chaînage  de 
bois  encastré  dans  la  masse  répartissait  les  pesées  et 
régularisait  les  lits  de  briques.  Par  endroits  ce  mur 
s’épaissit  en  redan  de  4  mètres  d’épaisseur;  ailleurs,  il 
est  contrebuté  intérieurement  par  des  contreforts  de 

1  m.  60  de  large  sur  1  m.  60  de  saillie,  à  des  distances  de 
,")  mètres.  Peut-être  ce  dernier  dispositif  servait-il  non 
seulement  à  soutenir  le  mur,  mais  aussi  à  supporter  un 
tablier  de  bois  mobile,  destiné  à  élargir  le  terre-plein 
supérieur  des  courtines,  expédient  signalé  à  la  lin  de  l’ar¬ 
ticle  munitio  fi  propos  des  murs  d’Aoste.  En  effet,  à  Troie, 
la  crête  ne  se  terminait  probablement  pas  par  des  créneaux, 
mais  par  une  galerie  de  bois.  Le  mur  était  aussi  flanqué 
de  tours  de  3  mètres  de  large  sur  2  mètres  de  saillie,  pla¬ 
cées  à  des  distances  variant  de  6  m.  50  à  10  et  20  mètres. 

Les  mêmes  procédés  de  construction  se  retrouvent, 
toutes  proportions  gardées,  dans  les  habitations  de  la 
même  ville.  Les  murs  des  palais  reposent  sur  une  ligne 
de  fondations  de  1  mètre  à  1  m.  30  de  profondeur,  sup¬ 
portant  un  socle  apparent  de  pierres  plates  de  1  m.  50  de 
hauteur  moyenne,  disposées  en  assises  horizontales;  le 
corps  même  du  mur,  de  1  mètre  à  1  m.  50  d’épaisseur,  se 
compose  de  carreaux  d’argile  mêlée  de  paille  hachée 
(65  centimètres  de  long,  15  centimètres  de  large,  10  à 
to centimètres  de  haut),  assemblés  par  un  mortier  d’argile 
plus  fine  coupée  de  paille  plus  menue,  avec  des  joints 
de  3  à  4  centimètres  d’épaisseur  (tig.  51 7-4) 2  :  un  chaînage 
en  forme  de  grillage,  composé  de  pièces  longitudinales 
affleurant  au  parement  et  de  longrines  transversales 
15  centimètres  de  large  sur  45  de  haut)  traversant  la 
masse  et  distantes  de  4  mètres  en  4  mètres,  était  encastré 
suivant  la  disposition  que  montre  la  figure  5175  em¬ 
pruntée  à  une  restauration  de  Durm3.  Un  crépi  d’argile 
blanche  recouvrait  les  surfaces.  La  tranche  des  antes, 
dont  les  saillies  étaient  particulièrement  exposées  à 
s’épaufrer,  était  protégée  par  un  revêtement  en  madriers 


1  Uorpfeld,  Bcricht,  fig.  9.  —  2  Pcrrot-Chipiez,  Ibid.  VI,  p.  181,  fig.  41.  Croquis 
de  Durm.  —  ;<  Baukunst  d.  Griechen ,2,  p.  28,  fig.  19.  —  '*  Annual  of  British 


de 25  centimètres  de  côté,  dressés  sur  un  socle  de  pierre. 

C’est  la  même  technique,  qu’on  pourrait  appeler  celle 
de  la  brique  crue  armée ,  que  suivirent  les  constructeurs 
des  palais  de  Tiryntbe  et  de  Mycènes.  Le  seul  procédé 
de  liaison  usité  est  le  mortier  de  terre  délayée,  pure  ou 


Fig.  51/ 


mêlée  de  paille  hachée;  la  chaux  pure  n’entre  que  dans 
la  composition  des  crépis  ou  des  badigeons,  largement 
employés  à  Mycènes  dans  les  intérieurs  et  sur  les  aires 
de  terre  battue.  Le  mortier  de  chaux  et  de  sable,  ainsi  que 
labrique  cuite  au  four,  sont  inconnus.  Les  revêtements 
de  bois  et  de  grandes  dalles  de  pierre,  dans  les  intérieurs,  à 


Fig.  5175. 

la  naissance  des  murs,  et  sur  les  tranches  des  antes,  sont 
d’un  usage  courant. 

Concurremment  avec  cette  technique,  originaire  d’O- 
rient  (Chaldée),  et  dont  les  procédés  expéditifs  et  éco¬ 
nomiques  ne  se  perdirent  jamais,  se  développa  en  Crète  et 
en  Argolide  celle  de  la  maçonnerie  de  pierres  de  carrière. 
A  Cnossos  et  à  l’haestos,  les  murs  des  palais  récemment 
déblayés  par  MM.  Evans  et  Halberr  \  se  composent,  sur 
une  hauteur  parfois  de  deux  étages,  de  moellons  noyés 
dans  du  mortier  de  terre,  sans  intervention  d’une  arma¬ 
ture  de  madriers.  Ils  reposent  sur  un  socle  de  carreaux 
de  tuf  et  sont  revêtus  à  leur  base  de  grandes  dalles  de 
calcaire  blanc  de  1  mètre  de  haut  sur  2  mètres  de  large 
(fig.  5176)  ’.  Les  tètes  des  antes  sont  protégées,  non  plus 

School  at  Athens,  VI,  VII,  VIII,  1899-1902  ;  —  Mon.  Antichid.  Lincei,XU,  1902,  p.  8 
cl  s.,  pl.  o  à  7  ;  XIII,  1903,  p.  1 3,  fig.  2. —  5  J.  Evans,  The  palace  ofKnossos,  fig.  69. 


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MUR 


—  2050  — 


MUR 


par  des  madriers,  mais  par  de  longuesdalles  appliquées. 
La  Crète,  grâce  aux  ressources  de  son  sol  en  pierres  de 
construction,  gràceà  l’outillage  perfectionné  etaux  leçons 
qu’elle  avait  pu  recevoir  de  l’Égypte,  paraît  avoir  été 
1  initiatrice  de  la  Grèce  dans  cette  technique  de  la  maçon¬ 
nerie  en  pierre,  que  les  Hellènes,  par  une  série  de  progrès, 


portèrent  à  la  perfection.  L’application  la  plus  ancienne 
et  aussi  la  plus  libre,  dans  la  Grèce  propre,  des  procédés 
crélois,  apparaît  dans  le  mur  nord  du  grand  mégaron 
de  Mycènes.  La  brique  crue  est  exclue  ;  le  corps  du  mur 
se  compose  d’éclats  et  de  quartiers  de  roche  noyés  dans 
l’argile.  Mais,  d’une  part,  le  constructeur  est  resté  fidèle 

aux  traditions  delà  maçonnerie 
en  brique  crue  armée,  en  con¬ 
servant  ici  l’emploi  du  boisage 
encastré  :  application  mala¬ 
droite,  car  les  matériaux  nou¬ 
veaux  n'ayant  plus  l’élasticité 
plastique  del’argile,  si  quelque 
longrine  venait  àpourrir,  il  en 
résultait  un  vide,  des  tasse¬ 
ments  brusques  et  des  chutes 
de  la  partie  supérieure  (fig. 
5177)  1 .  D’autre  part,  il  a  en¬ 
core  innové  sans  plus  de  logi¬ 
que,  en  insérant  dans  cette 
maçonnerie  en  menus  maté¬ 
riaux,  d’énormes  échantillons 
de  pierre  parée,  tels  que  ceux  qu’employait  de  son  temps 
l’architecture  militaire. 

Ce  qu’il  y  a,  en  effet,  de  plus  original  dans  les  ruines 
de  Mycènes  et  de  Tirynthe,  et,  par  rapport  aux  monu¬ 
ment  de  Troie  et  de  Crète,  de  plus  moderne,  ce  sont  ces 
remparts  énormes,  avec  les  escaliers,  les  couloirs,  les 
casemates,  qu’ils  renferment  dans  leurs  épaisseurs  de 
plus  de  10  mètres.  La  tradition  mythologique  qui  plaçait 
à  Tirynthe  le  berceau  d’Hercule2,  l’épithète  homérique 
Tety.ôeacra  appliquée  à  cette  ville3,  semblent  attester 
l'étonnement  du  monde  achéen  devant  une  œuvre  colos¬ 
sale  dont  la  nouveauté  fit  sensation.  La  légende  ultérieure 


recueillie  par  Strabon*  et  par  Pausanias8  attribuait 
travail  à  des  ouvriers  étrangers,  les  Cyélopes.  On  ne  sait 
dans  quelle  mesure  les  maîtres  d’œuvre  au  service  des 
anactes  achéens  étaient  ou  non  originaires  du  pays  En 
tout  cas,  les  moindres  détails  de  leur  travail  attestent  une 
adaptation  très  logique  et  très  pratique  des  ressources 
locales  en  matériaux  et  en  main-d’œuvre  avec  la  destina 
lion  de  la  construction.  Les  maîtres  du  pays  voulaient 
une  forteresse  d’une  solidité  à  toute  épreuve.  Les  roches 
calcaires  de  l’Argolide,  qui  fournissaient  à  volonté  soit 
des  blocs  éboulés  susceptibles  d’ètre  employés  presque 
sans  façon  a  1  état  quasi  brut,  soit  des  pierres  naturelle¬ 
ment  stratifiées  en  plans  de-lit  réguliers,  déterminèrent 
les  divers  appareils  qui  coexistent  dans  ces  murailles. 


Le  plus  simple  est  désigné  sous  le  nom  de  cyclopéen. 
Il  se  compose  de 
blocs  bruts  ou  très 
sommairement  dé¬ 
grossis  au  marteau 
sur  leur  face  ex¬ 
terne;  les  façons 
plus  soignées  sont 
réservées  aux  pier¬ 
res  d’angle.  Plu¬ 
sieurs  de  ces  blocs 
mesurent  2  mè¬ 
tres  et  3  mètres  de 
long  sur  1  m.  10  à 
1  m.  50  de  haut  et  1  mètre  à  1  m.  50  d’épaisseur6.  Mais 
ce  mégalithisme,  qu’on  a  longtemps  .  con  sidéré,  d’après 
Pausanias,  comme  le  caractère  essentiel  de  ces  construc¬ 


tions,  est  moins  général  que  localisé  dans  certaines 
parties  exposées  à  de  formidables  pesées,  telles  que 
linteaux,  seuils,  montants  de  portes.  Même  dans 
l’appareil  cyclopéen,  on  reconnaît  aujourd’hui  l’usage 
d’un  mortier  de  terre',  qui  garnissait  les  joints  irréguliers; 
de  plus,  les  interstices  entre  les  gros  blocs  étaient 
bouchés  par  de  petites  pierres  de  remplissage  également 
noyées  dans  le  mortier.  Tel  est  l’appareil  qui  se  présente 
avec  toute  sa  rusticité  primitive  dans  le  mur  de  l'Acro¬ 
pole  de  Mideia  en  Argolide \  à  Mycènes  (fig.  5178) 8,  et 
avec  un  dressage  de  la  pierre  déjà  plus  soigné  et  une 
tendance  à  l’horizontalité  des  assises,  dans  une  portion 
du  rempart  occidental  de  Tirynthe.  Les  avantages  de 
cet  appareil  étaient  la  résistance  et  aussi  la  rapidité 
et  l’économie  résultant  de  la  façon  sommaire  de  la  pierre; 
à  une  époque  où  l’outillage  de  bronze  ne  pouvait  attaquer 
la  pierre  dure  qu’à  condition  d’être  renouvelé  ou  affûté 
constamment,  les  tailles  soignées  devaient  être  réservées 
aux  parties  délicates  ou  aux  constructions  d’apparat.  Le 
charroi  à  de  faibles  distances  des  carrières  ainsi  que  le 
montage  de  ces  blocs  énormes  avec  une  machinerie  rudi¬ 
mentaire  et  avec  les  ressources  d’une  main-d’œuvre 
abondante,  représentaient,  à  cette  époque,  moins  de 
difficulté  et  de  dépense  que  leur  équarrissage  ou  leur 


débit  en  petits  matériaux. 

L’appareil  dit  pélasgique,  souvent  confondu  avec  le 
précédent  ou  avec  tous  les  appareils  irréguliers,  n  est 
qu’un  cyclopéen  atténué  et  moins  fruste.  Les  matériaux 


!  D'après  un  croquis  de  Dorpfeld,  reproduit  dans  Perrot-Cliipiez,  Hist.  de  l'art , 
VI,  fig.  177,  p.  480.  —  2  Apollod.  Mb.  II,  2,  1.  —  3  II.  H,  559.  —  4  Strab. 
VIII,  6,  il.  —  5  Paus.  II,  6,  4;  25,  8;  IX,  26,  5.  —  6  Sur  Tirynthe,  voir 
Schliemann  et  Dürpfeld,  Tirynthe.  Sur  Mycènes,  Sclilieinann,  Mycènes ,  et  Tsountas, 


Muxrjvcu.  En  général,  Perrot-Chipiez,  Hist.  de  l’art ,  VI,  p.  482  sq.  —  ’  1  errot- 
Cliipiez,  O.  I.  p.  475,  fig.  176.  —  8  Portion  du  mur  N.-E.  de  l'acropole,  d  apres 
SlcCTeii,  Karten  von  Mykenai,  Tcxl.  p.  23;  Perrot-Cliipiez,  O.  I.  M,  P-  491, 
fig.  183. 


MUR 


2051  — 


MUR 


y  sont  de  moindre  échantillon,  avec  déjà  plus  de  façon 
sur  le  parement  et  aux  angles,  et  avec  une  tendance  à  la 
régularité  horizontale  des  assises  (lig.  5179)  *. 


Fig.  5179. 


Le  sol  de  l'Argolide  fournissait  aussi  des  bancs  de 
roches  strati liées,  d’où  la  pierre  sortait  naturellement 
délitée  :  il  suffisaitde  dresser  à  la  scie  au  sable. les  plans 
de  joints  et  les  parements.  De  l’emploi  de  ces  pierres 
résulte  l 'appareil  réglé ,  dit  trapézoïdal ,  lorsque  les 
joints  sont  biais,  et  rectangulaire „  s’ils  sont  verticaux. 
L’appareil  trapézoïdal  n’est  pas  systématiquement  em¬ 
ployé  à  Tirynthe  et  à  Mycènes  ;  il  le  fut  beaucoup  plus  aux 
époques  suivantes.  La  figure  5180  le  représente,  combiné 


avec  l’appareil  à  décrochement,  dans  un  mur  de  soutène¬ 
ment  près  du  Dipylon  à  Athènes2.  L’appareil  rectangu¬ 
laire,  déjà  constaté  àTroie(fig.  5173),  est  employé  à  Mycè¬ 
nes,  sous  le  cyclopéen,  dans  les  parties  basses  du  mur  où 
d  rendait  1  escalade  moins  aisée,  dans  le  voisinage  des 
Portes,  et  surtout  dans  les  avenues  et  les  voûtes  des  plus 
luxueuses  tombes  à  coupole,  à  Mycènes  et  à  Orchomène. 
O  est  figuré  sur  un  fragment  de  vase  d’argent  trouvé 
à  Mycènes,  qui  représente  le  siège  d’une  ville  dont  les 
maisons  sont  enfermées  derrière  un  rempart  sans  cré¬ 
neaux  (lig.  5181) 3.  Les  carreaux  vsont  assemblés  àjoints 
bruts,  sans  interposition  de  mortier,  mais  sans  qu’on  se 
soucie  encore  de  faire  exactement  tomber  les  lignes  de 
joint  sur  le  milieu  des  lignes  de  lit,  comme  dans  les 
appareils  hellén iques  de  l’époque  classique.  —  Les  progrès 
'le  1  outillage  et  de  la  taille  expliquent  la  vogue  de  deux 
appareils  plus  récents  que  les  précédents,  dont  ils  déri¬ 


vent  :  1°  l'appareil  à  décrochement ,  compromis  entre 
l’appareil  réglé  et  l’appareil  pélasgique  :  il  a  l’avantage 
d’atténuer  les  déchets,  mais  l’inconvénienl  de  rompre  la 
régularité  des  lignes  de  lit  et  des  lignes  de  joint.  La 


Fig.  5181. 


ligure  5180  le  représente  combiné  avec  le  trapézoïdal1; 
2°  1  appareil  polygonal ,  probablement  le  plus  récent  : 
c’est  un  perfectionnement  de  l’appareil  pélasgique  par 
les  procédés  de  taille  des  pierres  d’assises  réglées.  Écono¬ 
mique  et  expéditif  comme  le  pélasgique,  il  a  en  plus  la 
cohésion  des  assises  réglées  grâce  à  la  précision  de  ses 
joints.  On  emploie  pour  le  polygonal  des  pierres  dont  on 
se  conLente  de  ravaler  el  d’aviver  les  arêtes  naturelles; 
on  les  assemble  a  joints  vifs  (parfois  cernés  d’un  refend 
ciselé),  sans  mortier  ni  pierres  de  remplissage  et  suivant 
leurs  angles  correspondants.  La  netteté  des  joints  suppose 
1  emploi  d  outils  de  fer,  et  de  la  fausse  équerre  qui  sert 
au  maçon  a  reporter  1  angle  d  une  pierre  sur  une  autre 
(lig.  5182)  Ce  polygonal  apparaît  dans  les  parties  les 
plus  récentes 
de  l’enceinte  de 
Mycènes,  celles 
qui  on  tété  l’ob¬ 
jet,  longtemps 
après  la  péri  ode 
achéenne,  de 
remaniements  Fig.  sirs. 

ou  de  répara¬ 
tions.  Il  fut  très  en  vogue  pendant  la  période  ar¬ 
chaïque,  du  vne  au  Ve  siècle,  et  même  plus  tard, 
pour  les  ouvrages  militaires,  les  soutènements  de 
tei lasses  et  de  gradins  de  théâtre  (àvàXegga),  pour  les 
périboles ,  plus  rarement  pour  les  murs  de  cellas.  Sa 
ditlusion  est  due  à  son  économie.  C’est  à  tort  qu’on  l’a 
considéré  longtemps  comme  un  mode  de  construction 
très  ancien.  La  figure  5183  représente  un  fragment  de 
l’enceinte  d’Érétrie,  d’après  une  photographie  6.  On 
trouve,  en  Phocide,  une  variante  curieuse  de  cet  appareil  : 
les  contours  des  pierres,  au  lieu  d’être  à  angles  vifs,  sont 
à  angles  mousses,  arrondis  et  sinueux.  Nous  citerons  le 


1  Portion  du  mur  occidental  i 
1 'ryn the,  fig.  135;  Perrot-Chipiez,  O. 
>mch  der  griech.  Architect.  fig.  45; 

àç/'OuoX.  1891,  pl.  h,  2. 


e  l’Acropole  de  Tirynthe,  Scliliemann, 
l.  VI,  p.  270,  fig.  172.  -  2  Durai.  Hand- 
Perrot-Chipiez,  O.  I.  VII,  p.  328,  fig.  149. 
4  De  beaux  exemples  se  trouvent  aussi 


dans  le  mur  qui  encadre  la  porte  du  Nord, 
pl.  i.xv)  et  dans  le  puissant  soutènement  de  la 
Probestücke,  pl.  xxx).  —  B  D'après  Durm 
—  »  Perrot-Chipiez,  O.  I.  VU,  p.  329,  fig.  |5( 


à  Mycènes  (Expéd.  de  Marée,  II 
terrasse  de  la  Pnyx  à  Athènes  (Gell. 
,  fiaukunst  der  Griech.  fig.  16. 


Ml!  K 


—  2052 


MU  H 


soutènement  polygonal  de  Delphes  (fig.  5184) 1 ,  le  mur 
d’enceinte  d’Abae2,  et,  en  Attique,  la  partie  polygonale 
du  mur  de  cel/a  au  vieux  temple  de  lihamnonte3 . 


Fig.  5183. 


Tels  sont  les  procédés  que  l’époque  achéenne  légua 
aux  Hellènes.  De  l’Argolide,  ils  se  propagèrent  en  Bëo- 
tie,  où  se  trouvent  d’imposants  spécimens  d’appareil 
cyclopéen  dans  les  restes  des  digues  du  lac  Copaïs,  cons¬ 
truites  par  les  Minyens4;  d’appareils  à  assises  réglées 
dans  le  tombeau  de  Minyas  à  Orchomène5.  L’île  de 
Gha,  dans  le  lac  Copaïs,  avec  son  enceinte  pélasgique  et 
les  restes  de  son  palais,  rappelle  la  technique  mycénienne 


Fig.  5184. 


et  crétoise  6.  Les  procédés  de  fortification  pélasgique  ont 
aussi  laissé  des  souvenirs  importants  sur  l’Acropole 
d’Athènes7,  où  ils  remontent  à  l'époque  des  rois.  Ils  se 
propagèrent  dans  la  Grèce  du  Nord,  en  Llolie,  en  Acar- 
nanie  \  en  Épire,  en  Thessalie,  et  de  là  dans  toute  1  Ita¬ 
lie,  où  nous  les  retrouverons  plus  loin,  dans  les  îles  et  en 
Asie  Mineure,  dans  les  contrées  soumises  à  la  Lydie. 

IL  Période  hellénique.  —  De  l’héritage  mycénien,  les 
Hellènes  abandonnèrent  les  appareils  cyclopéens  etpélas- 
giques.  La  manœuvre  des  matériaux  colossaux,  avec  les 
nouvelles  conditions  de  la  main-d’œuvre  dans  les  répu¬ 
bliques  helléniques,  cessait  d’être  pratique  et  écono¬ 
mique;  le  système  des  petites  acropoles  blindées  de 
remparts  énormes,  oùles  anactes  mettaient  leurs  trésors 
en  sûreté,  ne  répondait  plus  au  régime  des  cites  hellé- 

i  Perrot-Chipie*,  O.  I.  VII,  p.  330,  fig.  151,  d’après  un  croquis  de  Tournaire.  - 

2  Gell.  Probestilclce,  pi.  xxv.  —  3  Perrot-Chipiez,  VII,  p.  331,  fig.  1  j3.  *  Cara  anis, 

Bull,  de  corr.  hell.  1892.  p.  134.  -  5  Ausgr.  in  Orchom.  ( Zeitsch . 

t  XXVIII);  Perrot-Chipiez,  VI,  p.  438  sq.  -  6  De  Ridder,  Bull,  de  corr.  hell.  XVIII, 

p.  271  •  Noack.  Athen.  Mitth.  t.  XIX,  p.  405.  -  7  E.  Curlius,  Stadtgeschxchte,  p.  48; 

Perrot-Chipiez,  VI,  p.  422  sq.  —  »  Voir  Heuzey,  Le  Mont  Olympe  et  V Acarname  ; 


niques,  qui  plaçaient  leurs  richesses  sous  la  sauvegarde 
des  dieux  et  des  armées  nationales,  ni  aux  nécessités 
défensives  des  grandes  villes  centralisées,  ni  au  progrès 
de  l’armement  et  de  la  guerre  de  siège.  Mais  rien  de  ce 
qui  put  être  adapté  aux  besoins  des  sociétés  nouvelles 
ne  fut  perdu.  Les  maçons  du  temps  de  Përiclès  et  d’Épa- 
minondas  continuèrent  àemployerles  procédés  primitifs 
de  leurs  prédécesseurs  troyens,  crétois  et  achéens,  con¬ 
curremment  avec  une  technique  perfectionnée. 

C’est  ainsi  que  l’architecture  militaire  et  l'architecture 
privée  trouvèrent  encore  leur  compte  dans  l’emploi  delà 
brique  crue  armée.  L 'Iliade  décrit  le  rempart  construit 
parles  Grecs  devant  Troie;  il  se  compose  de  moellons, 
de  terre  pilonnée  et  de  brique  crue  avec  un  chaînage 
encastré9.  Ce  procédé  archaïque,  loin  de  tomber  en 
désuétude,  se  trouva  convenir  le  mieux  à  l’édification 
des  vastes  enceintes  urbaines  du  Ve  et  du  iv°  siècle,  parce 
qu’il  était  rapide,  économique  et  amortissait  le  mieux 
les  coups  du  litliobole  et  du  bélier 10.  Tel  était,  au  v°  siècle, 
le  rempart  de  l’ancienne  Mantinée,  détruit  en  .385  par 
Agésipolis  à  l’aide  d’un  cours  d’eau  détourné11.  Il  fut 
reconstruit  après  371  sur  un  socle  de  pierres  (xpYjiu'ç)  plus 
élevé  (de  1  à  2  mètres)  pour  mettre  la  brique  à  l’abri  de 
l’inondation.  Ce  soubassement  isolant  reposait  sur  une 
ligne  de  fondations  peu  profondes,  et  se  composait  de 
deux  parements  parallèles  servant  de  cadre  à  un  blo¬ 
cage  de  moellons  (),t0oX6Yï|p.a)  noyés  dans  la  terre.  Le 
parement  externe,  en  grosses  pierres  appareillées  de  la 
façon  la  plus  variée  soit  en  assises  réglées  à  joints  verti¬ 
caux,  soit  en  appareil  trapézoïdal,  ou  polygonal,  est 


entouré  d’un 
ruisseau  cir¬ 
culaire  faisant 
office  de  fossé, 
et  destiné  à 
contrarier  les 
mines  et  atta¬ 
ques  au  pied 
du  mur  ;  l’eau 
ne  baigne  pas 
d’ailleurs  le 
pied  même  du 


socle,  mais  en  est  séparée  par  une  risberme  en  terre  taluj 
lée,  de  3  à  4  mètres  de  large,  destinée  à  prévenir  le  glisse¬ 
ment  d’une  muraille  dont  les  fondations  ne  pouvaien 
pénétrer  profondément  dans  le  sous-sol  où  la  nappe  phré¬ 
atique  apparaît  à  1  ou 
montre  ce  dispositif,  qui  _ 

breuses  variantes  de  détail.  On  constate  l’emploi, 


2  mètres  de  fond.  La  figure  0185** 
présente  d’ailleurs  de  nom- 
’  ’  dans  le 
des 


parement  externe,  de  pierres  en  bou  tisses  plongean  ,  a 
intervalles  réguliers,  dans  la  masse  du  blocage.  La 
de  contre-parement,  au  niveau  de  1  aire  enc  ose,  .  “  " 
pierres  plus  petites.  Le  corps  du  rempart,  en  q 
crues,  n’a  plus  laissé  de  traces  mais  des  mas  es  d ^argile 


qui  en  provenaient  ont  été  retrouvées 
portes.  Ce  qui  subsiste  des  remparts 
Mégalopolis  atteste  que  ces 


a  i intérieur 
de  Tégée  et  de 
enceintes  avaient  été  cons- 


.  .  a  11  XII  29,  259,  el  le  rem- 

lummer,  Akarnanien  ;  Woodhouse,  Aetoha.  •  g .  Euripid.  Antiop- 

le  la  ville  des  Phéaciens,  Odyss.  VI,  44-40; cf.  JL  ,  ■ -  Diod.  xv,  li; 

Polyb.  VI, 57, 7.  —  10  Voir  mdkitio.  on’  ]o  éje  môme  strata- 

VIII, 8,  7;  Fougères,  Mantinée,  p.  417sq.  Cimona  P  5  _  i2  fougères, 

contre  les  mors  d'Eion  à  l’aide  du  Slrymon  ;Paus.  VIII,  8,  9). 

‘inée,  p.  158,  fig-  33. 


MUR 


—  2033  — 


MUR 


truites  d’après  le  même  système1.  Le  devis  de  la  repa¬ 
rution  de  l’enceinte  d’Athènes  2,  dans  le  dernier  tiers  du 
[V°  sièle,  nous  montre  que  les  pierres  du  socle,  haut  seu¬ 
lement  de  quelques  pieds,  étaient  disposées  en  lits  hori¬ 
zontaux  avec  quelques  décrochements,  et  à  joints  mon¬ 
tants  obliques,  ajustés  au  ciseau  dans  le  voisinage  des 
parements;  à  l’intérieur  du  massif,  qui  était  en  pierres 
et  non  en  blocage,  les  interstices  entre  les  pierres  étaient 
bouchés  avec  des  moellons  assujettis  par  des  coins  d'oli¬ 
vier  ou  remplis  de  mortier  d’argile  mêlée  de  paille 
hachée.  Le  corps  du  mur  était  en  briques  crues  (TtXfvOoç), 
liées  au  mortier  de  terre  délayée,  avec  un  chaînage  de 
solives  longitudinales  (Opâvot)  et  transversales  (’évoscaoi). 
Le  sommet  du  mur  formait  une  galerie  crénelée  recou¬ 
verte  d'un  toit.  Tel  était  aussi  le  mur  construit  par  les 
Péloponnésiens  devant  Platées,  d’après  Thucydide3. 

L’architecture  continua  aussi  à  faire  un  large  emploi 
de  labrique  crue  pour  les  habitations  privées,  et  même, 
dans  certains  pays,  en  Argolide,  à  Épidaure,  en  Arcadie, 
en  Élide,  en  Phocide  et  ailleurs,  pour  les  édifices  publics, 
temples  et  bâtiments  administratifs.  Les  murs  de  beau¬ 
coup  de  maisons  à  la  campagne,  et  même  dans  des 
villes  comme  Athènes,  étaient  en  brique  crue  :  l’industrie 
llorissante  des  Toiywpûyot,  voleurs  qui  cambriolaient  les 
logis  en  perçant  des  ouvertures  dans  les  murailles,  l'atteste 
clairement4.  Des  restes  d’édifices  publics  construits  en 
brique  crue  ont  été  retrouvés  à  Olympie  (Iléraion)  5, 


Fig.  518G.  —  Soubassement  du  Bouleutérion  de  Manlinée. 


à  Épidaure' (portique  de  Colys) c,  à  Mantinée  (Iléraion, 
temple  de  Zeus,  Bouleutérion)7.  La  figure  518G  8  repré¬ 
sente  l’appareil  composite  du  socle  en  pierres  de  ce  dernier 
édifice,  avec  une  partie  de  substructions,en  conglomérat 
d’appareil  hellénique  à  bossages.  Les  auteurs  citent, 
comme  bâtis  en  briques  crues,  un  temple  de  Panopée  en 
Phocide9,  le  vieux  temple  d’Apollon  à  Mégare10,  les 
deux  temples  de  Patras  et  les  palais  de  Crésus  à  Sardes  et 
de  Mausole  à  Halicarnasse  H.  A  l’intérieur,  le  mur  de 
l’IIéraion  d’Olympie  était  contrebuté  par  des  contreforts 
saillants. 

Mais,  en  même  temps,  la  maçonnerie  de  pierres  appa¬ 
reillées  prenait  un  nouvel  essor,  grâce  à  l’outillage  de 
fer12;  de  plus,  la  décadence  du  mégalithisme  obligeait  les 
constructeurs  à  rechercher  la  stabilité  non  plus  dans  la 
lourdeur  des  matériaux,  mais  dans  la  perfection  géomé¬ 
trique  de  l’assemblage  à  joints  vifs.  On  continua  à  con¬ 
struire  des  murs  en  moellons  non  travaillés,  simplement 
noyés  dans  le  mortier  de  terre,  pour  les  fortifications 
qu’improvisaient  les  troupes  en  campagne,  dépourvues 
d’outils  et  pressées  par  le  temps  :  tel  était  ce  mur  élevé 
par  les  Athéniens  à  Pylos,  avec  des  pierres  triées  d’après 
leur  forme  (Xt'Ôoi  XoydSs;)  et  liées  avec  de  la  boue  que  les 
soldats  portaient  sur  leurs  mains  croisées  derrière  leur 

1  Bérard,  Bull.  corr.  hell.  1892,  p.  529  sq  ;  Gardner,  Loring,  etc.  Excavations  at 
Megalopolis.  —  2  Choisy,  Études  épigr.sur  l’archit.  gr.  2e  étude.  —  3Thucyd.  111,21. 
—  4  Aristoph.  Nub.  1327  ;  Ban.  807  ;  Plut.  505.  Ce  genre  de  vol  prospère  aujourd'hui 
encore  dans  les  villages  d’Asie  Mineure  construits  en  pisé.  Les  restes  de  la  vieille 
Athènes,  autour  de  la  colline  de  la  Pnyx,  supposent  des  murs  de  brique  crue  (Perrot, 

VI. 


dos13.  Cette  construction,  dite  Xoyâoïjv,  n  était  qu  une 
application  expéditive  de  l’appareil  pélasgique.  Llb* 
exigeait  surtout  du  coup  d’œil  de  la  part  des  ouvriers 
chargés  de  trier  des  pierres  aux  angles  concordants  . 
cette  catégorie  de  maçons  s’appelaient  XiQoXoyot,  par 
opposition  aux  XiOonpyot',  épanneleurs,  et  aux  Xi0o;ooi, 
ravaleurs.  Il  arrivait  aussi  que,  par  une  survivance  des 
anciens  usages,  on  continuait  à  employer  les  chaînages 
de  bois  dans  les  maçonneries  de  moellons  :  tel  ce  mur 
du  Pirée,  composé  d’assises  de  pierres  qui  alternaient 
avec  des  lignes  de  madriers  parfois  longs  de  10  mètres  **. 

Les  exemples  cités  plus  haut,  d’enceintes  en  briques 
crues,  proviennent  de  villes  bâties  en  plaine.  Dans  les 
régions  montagneuses,  qui  constituent  la  plus  grande 
partie  de  la  Grèce,  c’était  uniquement  à  la  pierre  qu’on 
avait  recours.  La  plupart  des  enceintes  urbaines  ne  sont 
pas  antérieures  au  Ve  siècle  13.  En  fait  de  fortifications,  les 
plus  grandes  villes  ne  possédaient  jusqu’alors  qu  une 
acropole  et  quelques  tours  de  guette  et  fortins  d  arrêt 
sur  les  passages  de  leurs  frontières.  Tant  que  dura  1  état 
y.arx  xaijxa ç  [komé],  les  villes  restèrent  ouvertes.  Dans 
le  courant  du  ve  et  du  ive  siècle,  on  sentit  le  besoin  de 
mettre  les  grandes  agglomérations  en  état  de  défense. 
Alors  surgirent  partout  les  remparts  ;  on  citait,  au 
début  du  iv"  siècle,  comme  des  exceptions,  les  villes 
restées  sans  enceinte,  comme  Sparte  qui  ne  fut  fortifiée 
que  par  Nabis,  et  comme  Iléraia  encore  .  ouverte  du 
temps  de  Xénophon  16.  D’ordinaire,  la  construction  d’une 
enceinte  fortifiée  suivait  d’assez  près  le  synœcisme.  A 
part  les  exceptions  citées  plus  haut,  dans  les  terrains  où 
la  roche  est  presque  plus  abondante  que  la  terre,  les  villes 
optèrent  pour  des  remparts  de  pierres.  Les  appareils  les 
plus  variés,  réguliers  et  irréguliers,  polygonal,  à  assises 
réglées,  à  décrochement,  à  joints  obliques,  furent  em¬ 
ployés  concurremment.  Les  plus  remarquables  parmi  ces 
enceintes  sont  les  Longs-Murs  d’Athènes,  les  remparts 
de  Stymphale,  de  Phénéos,  de  Cleitor,  de  Psophis,  de  Phi- 
galie,  d’Aléa  en  Arcadie,  des  villes  de  Triphylie,  notam¬ 
ment  de  Lépréon,  de  Samicon,  d’Epéon,  de  la  Nouvelle- 
Messène,’  et  les  très  nombreuses  forteresses  d’Étolie  et 
d’Acarnanie  (OEniadae, 
le  sanctuaire  de  Ther- 
mon),  de  Phocide  (Éla- 
tée,  Abae),  de  Phtiolide 
et  de  Thessalie  (Thèbes 
de  Phliotide),  etc.  Le 
mouvement  gagna  tout 
le  monde  hellénique,  les 
îles,  l’Asie  Mineure.  La 
plupart  de  ces  murs  sont 
construits  sur  le  même 
principe  :  un  double  parement  de  pierres  taillées  enca¬ 
drant  un  blocage  de  moellons,  sur  une  épaisseur  de  4  à 
5  mètres.  Les  Longs-Murs  d’Athènes,  construits  sous  Thé- 
mislocle,  reposaient,  dans  certaines  parties  maréca¬ 
geuses,  sur  des  fondations  liées  à  la  chaux  17,  sans  que, 
pourtant,  le  mortier  de  chaux  fût  encore  employé  comme 
lien  dans  le  corps  des  murs.  Ce  qui  reste  de  ces  murs 

O.  I.  VI,  p. 420;  VIII,  p.  55  ; Curtius,  Stadtgesch,p\.  m).— 5  Olympia  W.Baudenkmüler, 
p.  31.  —  G  Paus.  II,  27, 7;  Xavvadias,  ‘Av<x<rxao.  èv  'Et.iS<xûçco.— 7  Fougères,  Mantinée , 
p.  180  sq. — 8  Ibid.  p.  175,  fig.  43.—  9  Paus.  X,  4,  3. — 10  I<j.  J,  42, 5. _  11  Vitruv.  II,  8,  9. 
—  l2EiS4fiaXi0ouçyixa,Thucj'd.lV,66.  —  ISThucyd.  IV,  4,  66.  —  H  C.  B.  Acad,  fuser. 
1867-8,  p.  219.  — 15  Perrot,  O.  I.  VIII,  p.  2.  —  10  Hellen.  III,  2,  27.  —  17  Pl„t.  Cim.  13. 

258 


Fig.  5187.  —  Rempart  de  Messène. 


MUR 


—  2054  — 


MUR 


montre  un  bel  appareil  à  assises- réglées  et  à  parement 
soigneusement  dressé.  11  en  est  de  même  de  la  forteresse 
d'Iléétioneia,  au  Pirée,  construite  par  Conon  en  393-4  ’ . 
Mais  le  chef-d’œuvre  du  genre  est  le  rempart  de  la  Nou- 
velle-Messène,  construit  en  371,  tout  en  pierres  dispo¬ 
sées  en  assises  horizontales,  sans  blocage,  intérieur  et 
sur  une  épaisseur  de  2  mètres  (fig.  5187) 2. 

Pour  des  remparts  de  vaste  circuit,  l’usage  des  assises 
réglées  et  des  pierres  soigneusement  dressées  ne  pou¬ 
vait  être  qu’un  luxe  exceptionnel.  Quel  qu’en  soit  l’ap¬ 
pareil,  la  pierre  de  rempart  présente  d’ordinaire  beaucoup 
de  saillie.  Cette  facture  fruste  lui  est  presque  nécessaire, 
puisqu’elle  est  une  condition  de  solidité  pour  un  ouvrage 
exposé  aux  coups  des  machines  de  siège.  Mais,  dès  l’épo¬ 
que  mycénienne,  on  avait  entrevu  l'idéal  dans  un  appa¬ 
reil  à  assises  strictement  horizontales,  à  parement  lisse, 
à  joints  vifs  [murus,  fig.  5176].  C’est  celui  auquel  font  allu¬ 
sion  les  poèmes  homériques  dans  les  termes  de  cjea-rot  XtOoi, 
de  même  qu'ils  célèbrent  les  mixivoi  Xîôot  ou  murs  de  moel¬ 
lons  par  opposition  aux  murs  de  brique  crue,  et  les  murs  - 
couverts  d’un  enduit  (àTCGaTt'XpûvTs;  àXsi'cfaxoç).  Ce  qui,  dans 
l’architecture  militaire  et  funéraire  de  l’époque  archaïque, 
n’est  encore  qu'e  tâtonnement,  devient  un  procédé  cons¬ 
cient  et  sûr  de  lui-même  au  vc  siècle.  Ce  fut  surtout  l'ar¬ 
chitecture  religieuse,  naturellement  soucieuse  d’eflets 
esthétiques,  qui  contribua  au  perfectionnement  des 
anciens  procédés.  Durant  la  période  archaïque  qui  va  du 
viiic  au  début  du  ve  siècle,  les  constructeurs  emploient 
de  préférence  la  pierre  tendre,  tuf  ou  calcaire  coquillier, 
qui  se  débite  aisément  à  la  scie  et  se  prête  aux  combi¬ 
naisons  géométriques.  Le  tuf  entre  dans  les  substruc- 
lions  d’un  nombre  assez  notable  de  temples  archaïques  : 
on  l’a  retrouvé  à  Corinthe,  à  Sunium,  au  Ptoïon,  à 
l'Acropole  d’Athènes,  à  Égine,  à  Eleusis,  à  Olympie,  en 
Sicile,  en  larges  assises.  Là  où  il  était  apparent,  on  en 
dissimulait  les  rugosités  et  les  trous  à  l’aide  d  enduit  de 
stuc  polychromé.  Mais  le  progrès  suprême  fut  réalisé  par 
l’emploi  architectural  du  marbre  dans  le  milieu  du 
ve  siècle.  Les  carriers  du  Pentélique  et  les  Xiôoupyoi  athé¬ 
niens  du  temps  de  Périclès  devinrent  les  maîtres  de  toute 
la  Grèce,  après  avoir  été  eux-mêmes  les  disciples  des 
sculpteurs  dans  le  traitement  d'une  matière  facile  à  dres¬ 
ser,  mais  précieuse  et  délicate  et  qui  exige  des  mains 
adroites  et  attentives.  La  technique  du  marbre  pentélique 
poussait  à  la  tinesse  et  à  l’exécution  sans  défauts.  Les 
constructeurs  athéniens  des  murs  de  cellas  arrivèrent 
logiquement  à  dégager  des  errements  antérieurs  une 
méthode  précise,  qui  se  résume  dans  les  principes  sui¬ 
vants  :  1°  Régularité  mathématique  de  l’appareil,  soumis 
à  la  règle  des  proportions.  Chaque  pierre  devient  unité 
dans  l’ensemble  ;  ses  dimensions  et  sa  figure  sont  par 
conséquent  calculées  de  façon  a  contribuer  à  1  harmonie 
générale3.  Le  principe  de  l’assise  horizontale  à  joints 
verticaux  devient  absolu,  avec  ce  perfectionnement  que 
le  joint  vertical  tombe  exactement  sur  le  milieu  du  car¬ 
reau  sous-jacent.  Lorsque  toutes  les  assises  ont  même 
hauteur,  on  a  l’iTÔoogov  de  Vitruve,  que  les  modernes 
appellent  appareil  hellénique.  Lorsque  des  assises  de 
hauteur  différente  alternent,  on  a  le  ^suôwo'Sogov  4. 

i  hall.  corr.  Ml.  XI,  p.  1-29  et  200.  -  2  Expéd.  de  Morée,  I,  pl.  xxxix, 

fig  c.  _ Voir  les  calculs  fie  proportions  de  M.  Clioisy,  Ét.  épigr.  à  propos 

de  l  ÉrecIitlieion  et  de  l’Arsenal  de  Pliilon.  —  *  Vitr.  II,  8,  5.  —  ü  Fabricius, 
De  architeet.  graeca  comment,  epigr.  1881  ;  Clioisy,  Études  épigr.  4“  ét  de. 


2°  Exclusion  de  tout  liant  entre  les  pierres,  qui 
doivent  s’ajuster  à  joints  vifs  d’une  précision  telle  qu'ils 
soient  presque  invisibles.  Pour  assurer  la  cohésion  do 
l’ensemble,  on  remplace  le  mortier  par  des  agrafes  métal¬ 
liques  scellées  au  plomb  dans  la  masse.  3°  Les  ravale¬ 
ments  sont  poussés  jusqu’au  polissage,  de  façon  que  les 
plans  de  parement  soient  bien  lisses.  A  l’article  struc¬ 
tura  on  décrira  les  procédés  de  taille,  de  dressement  et 
d’assemblage  qui  permettaient  de  réaliser  cette  concep¬ 
tion  théorique,  On  sait  par  le  devis  de  Livadie  11  quelles 
minutieuses  prescriptions  étaient  imposées  par  les  admi¬ 
nistrations  aux  entrepreneurs  pour  le  dressage  des  faces, 
leur  ravalement,  la  recoupe  des  joints,  la  pose,  les  scel¬ 
lements.  La  moindre  malfaçon  gâtait  irrémédiablement 
un  bloc  coûteux  ;  tout  accident  de  manœuvre  pouvait 
causer  une  épaufrure.  De  là,  l’habitude  de  ne  donner  aux 
pierres  qu’une  taille  préparatoire  dans  le  chantier.  Au 
vie  siècle,  on  aplanissait  sur  toute  leur  étendue  les  faces 
de  lit;  au  ve  siècle  on  arrive  à  plus  de  précision,  en 
démaigrissant  les  faces  par  champlevé,  ne  laissant  que 
le  long  des  arêtes  une  surface  de  contact  soigneusement 
ciselée  et  polie  de  10  à  15  centimètres  (fig.  5188) fi.  Les  plans 
de  lit  étaient  réglés  au  rouge  :  on  présentait  contre  la  face 
à  dresser,  un  plateau  de  marbre  chargé  de  sanguine;  les 
points  qui  se  marquaient  de  rouge  étaient  à  repolir  \  Pour 
prévenir  les  accidents  pendant  le  bardage,  on  laisse  les 
faces  de  parement  à  l’état  d’ébauche,  et  le  ravalement 
s’exécute  sur  le  tas,  en  prenant  pour  guides  des  refends 


ciselés  qui  servent  d’amorces  pour  le  travail.  Parfois  on 
eut  l’idée  de  conserver  comme  éléments  décoratifs  les 
bossages  encadrés  par  ces  refends  :  ce  parti  était  adopté 
surtout  pour  les  appareils  de  pierre  plus  grossière  que 
le  marbre  ;  on  en  a  un  exemple  dans  la  figure  5186.  Le  bar¬ 
dage  des  pierres  était  préparé  par  des  entailles  ou  c  es 

tenons  saillants  destinés  à  maintenir  les  cordages  ;  partois 

ces  tenons,  au  lieu  d’être  ravalés  après  la  pose,  ur  > 
conservés  comme  ornements.  Sur  le  mur  des  Propy  evs 
ils  subsistent  parce  que  le  temps  a  manqué  pour  pai  air 
travail.  Les  pierres  montées  étaient  ensuite  serrees  a  J 
sur  les  assises  à  l’aide  d’encoches  où  l’on  engageait  ex 
mité  d’un  levier  ou  d’une  pince  qui  chassait  doucem^  J ^ 
pierre  à  sa  place  :  les  figures  5189,  5190  et  51  Qn 

la  place  de  ces  encoches  et  la  manœuvre  des  • 

en  trouve  d’autres  dans  les  pierres  du  temp  6  ée  à 

cule  à  Agrigente.  La  liaison  des  pierres  était  ass  » 

,  y  vil  <8*  Pcrrot-Cliip‘ezi  1 

—  CKoldewcy .Antik.üaurested.  Insel  Lesbos,\.  ,  -  ■  Choisy,  U'isL 

p.  320,  fig.  148.-1  Devis  de  Livadie,  I.  108,  122,  15*.  8  U  aPr 

de  l'archit.  I,  p.  274. 


MUR 


—  2033  — 


MUR 


Fier.  5189. 


l'époque  archaïque,  par  des  goujons  de  bois  ou  de  bronze; 
à  partir  du  ve  siècle  on  se  servit  surtout  de  ferrements, 

crampons  en 
forme  de  z  ou 
de  double  T 
ou  d’H  ou  de 
N  et  goujons 
scellés  au 
plomb  dans 
des  mortai  - 
ses1.  Les  fer¬ 
rements  en 
queue  d’a  - 

ronde  semblent  plus  récents  et  sont  surtout  usités  à 
l'époque  macédonienne.  La  figure  5188  montre  la  place 

des  crampons  et  celle 
des  goujons2. 

L’appareil  à  assi¬ 
ses  réglées  comporte 
d’ordinaire,  à  la  nais¬ 
sance  du  mur,  un 
soubassement  com¬ 
posé  de  deux  rangées 
de  dalles  dressées 
sur  leur  champ  et  séparées  par  un  vide  qui  sert  à  assé¬ 
cher  la  base  du  mur  (fig.  5192) 3.  Sur  cette  plinthe  iso¬ 
lante  et  qui  fait  une 
légère  saillie  sur  le 
parement,  les  car¬ 
reaux  étaient  assem¬ 
blés  suivant  divers 
procédés  : 

1°  Lits  unique¬ 
ment  composés  de 
parpaings  (Siâxovoi), 
c’est-à-dire  que  l’é¬ 
paisseur  du  mur  est  composée  par  les  mêmes  pierres 
allant  d’un  parement  à  l’autre.  C’est  un  mode  archaïque 
usité  au  vi°  siècle  (fig.  5192). 

2°  Les  assises  de  parpaings 
alternent  avec  celles  des  car¬ 
reaux  posés  sur  les  deux  lignes 
de  parement  (fig.  5193)  L 
3°  Les  parpaings  alternent 


>•! 

;  yM 

XI 

, -A 

Fig.  5192. 


Fig.  5i93. 


à  chaque  assise  avec  des  carreaux  posés  sur  les  deux 
lignes  de  parement  avec  un  vide  intermédiaire.  Tel  est 
l’appareil  du  mur  d’Assos,  représenté  par  la  figure  5194 6. 
Dans  quelques  murs,  les  assises  de  carreaux  alternent 


de  distance  en  distance  avec  des  lignes  de  dalles 
plus  plates  qui  rappellent  à  l’œil  les  anciens  chaînages 


apparents.  Tel  est  le  mur  du  marché  d’Ægae,  représenté 
par  la  figure  5195  6,  et  le  mur  de  l’édifice  du  mont 
Ocha  (fig.  5196) 7. 


Fig.  5195.  —  Mur  du  marché  d’Ægae. 


4°  Aux  angles,  prédomine  l’appareil  à  besace  et,  à 
partir  du  ive  siècle,  l’appareil  à  crossettes,  c’est-à-dire 


Fig.  5196.  —  Sanctuaire  du  mont  Ocha. 

à  pierres  coudées,  signalé  dans  le  devis  de  l’arsenal  de 
Philon,  bâti  vers  340.  D’ordinaire  la  pierre  d’angle  est 


1  Thucydide  (I,  93)  signale,  dans  l'appareil  des  Longs-Murs  d’Athènes,  des 
ferrements  apparents ;  cf.  Perrot- Chipiez,  O.  I.  VII,  pl.  xl.  —  2  Durm,  Bau- 
kunst  d.  Griech.%,  fig.  59.  —  3  Perrot,  O.  I.  VI,  p.  729,  fig.  321.  — 4-  Perrot, 


O.  I.  VII,  p.  336,  fig.  159.  —  5  Texier,  Description,  pl.  xi  ;  Perrot,  O.  I. 
VU,  p.  335,  fig.  157.  —  6  Perrot,  O.  I.  VII,  p.  340,  fig.  162.  —  7  Voy.  forxax, 
p.  1258. 


MUR 


MUR 


—  2056  — 


égale  à  une  pierre  d'appareil  augmentée  de  la  largeur 
d’un  triglyphe  *. 

III.  Période  hellénistique  et  gréco-romaine.  —  Les 
seuls  progrès  que  pouvait  encore  faire  l’art  de  bâtir  en 
Grèce  devaient  être  plus  économiques  et  utilitaires 
qu’esthétiques.  L’art  de  la  pierre  équarrie  avait  dit  son 
dernier  mot  et  ne  devait  être  renouvelé  que  par  l’adoption 
de  l’arc  romain.  L’appareil  particulier  à  l’époque  macé¬ 
donienne  est  celui  que  Vitruve  appelle  l’sjjnrXexTov  (far- 
tura)~.  Le  mur  est  construit  suivant  le  mode  n°  3,  et 
l’espace  compris  entre  les  assises  de  parement  est  rempli 
de  blocage,  suivant  le  système  depuis  longtemps  employé 
pour  les  murs  d’enceinte.  Mais  les  deux  innovations  qui 
modifièrent  le  plus  profondément  les  habitudes  de  la 
construction  et  permirent  d’édifier  avec  économie  et 
rapidité  de  colossales  bâtisses  en  menus  matériaux, 
furent  l’adoption  de  la  brique  cuite,  qui  fait  en  Grèce 
sa  première  apparition  dans  le  Philippeion  d’Olympie3, 
et  celle  du  mortier  de  chaux  et  de  sable  (xovta,  àggoxovia) 
[caementum]  qu’on  trouve  employé  comme  liant  dans  les 
murs  de  schistes  des  maisons  deDélos  au  iPsiècleav.  J.-C.4 
[domus].  Les  champs  de  fouilles  d’Olympie,  d’Épidaure,  de 
Man tinée attestent,  à  l’époque  gréco-romaine,  un  trèslarge 
emploi  de  la  brique  cuite,  qui  se  substitue  à  la  brique 
crue  et  au  moellon.  La  pierre  appareillée  à  la  grecque, 
avec  emploi  des  cintres  et  voûtes  clavées,  prédomine 
.dans  les  monuments  publics  des  villes  gréco-romaines 
d’Asie  Mineure.  Dès  lors,  la  distinction  n’est  plus  très 
nette  entre  la  technique  grecque  et  la  technique  romaine. 

IV.  PÉRIODE  DITE  PÉLASGIQUE  EN  ITALIE.  —  NOUS  avons 
vu  que  les  procédés  de  construction  mycénienne  avaient 
gagné  l’Italie.  Nombreuses  sont  les  enceintes  d’appareil 
pélasgique,  polygonal  et  à  décrochement.  Comme  spéci- 
.  men  de  cyclopéen,  on  peut  citer  le  mur  de  la  ville  des 
Aurunccs,  d’une  remarquable  rusticité3.  Pour  les  autres, 
nous  nous  contenterons  de  renvoyer  aux  recueils  de 
Petit-Radel  et  de  Gell;  ces  appareils  se  rapprochent  de 
la  technique  fruste  des  enceintes  de  la  Grèce  du  Nord, 
Ëtolie,  Acarnanie  et  Épire.  Les  pierres  y  sont  plus  som¬ 
mairement  façonnées  qu’en  Grèce  et  rappellent  davantage 
l’aspect  de  quartiers  de  roc.  Une  mention  spéciale  est 
due  aux  tours  et  bastions  de  l’enceinte  de  Norba6,  dont 
les  parements  sont  assez  fortement  talutés,  dispositif 
dont  la  Grèce  n’offre  pas  d’exemple1.  G.  Fougères. 

Rome.  —  Les  premiers  murs  romains  que  nous  con¬ 
naissions,  les  seuls  d’époque  reculée  dont  nous  ayons 
gardé  des  exemples  sont  faits  de  grands  matériaux, 
de  blocs  de  pierre  quadrangulaires.  Tel  est  le  mur 
préhistorique  de  la  Borna  quadrata,  à  l’angle  ouest 
du  Palatin 8,  ou  encore  celui  de  l’enceinte  dite  de 
Servius9,  le  premier  bâti  de  tuf,  le  second  de  pépérin,  le 
mode  étant,  d’ailleurs,  le  même.  Si  nous  possédions  des 
spécimens  certains  de  construction  privée  d’une  date 
ancienne,  nous  y  constaterions  sans  doute  1  emploi  de 
petits  matériaux;  car  le  blocage  fut  usité  de  très  bonne 
heure  pour  les  soubassements  et  les  fondations  (par 
exemple,  sous  le  tabularium'0).  Dans  l’état  actuel  de  notre 
savoir,  nous  devons  descendre  plus  bas.  Depuis  le  Ier  siècle 


av.  J.-C.,  c’est  un  procédé  communément  employé  pour 
les  murs  aussi  bien  par  l’État  que  parles  particuliers  -  et 
dès  lors  les  deux  modes,  grand  appareil' et  blocage,  sont 
usités  concurremment.  Il  convient  donc,  prenant' pour 
base  la  nature  des  matériaux  employés,  de  considérer 
successivement  :  1°  les  murs  en  grand  appareil;  2°  les 
murs  en  blocage  ;  3°  les  murs  faits  concurremment  de 
blocage  et  de  grosses  pierres  de  taille.  Il  va  sans  dire 
d’ailleurs,  que  pour  traiter  la  question  à  fond,  il  faudrait 
tenir  compte  des  produits  de  l’architecture  romaine  dans 
les  différentes  provinces  de  l’Empire  aux  différentes 
époques  ;  voir  ce  qui,  dans  chacune  d’elles,  est  dû  aux 
traditions  locales,  ce  qui  provient  del’influence  de  Rome- 
suivre  les  modifications  de  détail  nécessitées  par  le  genre 
des  matériaux  que  le  pays  lui-même  fournissait,  etc. 
Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  ces  détails  et  nous 
devons  rester  dans  les  généralités  en  envisageant  surtout 
les  bâtiments  élevés  à  Rome  ou  en  Italie. 

1°  Grand  appareil.  —  C’est  là  un  mode  de  construc¬ 
tion  qui  jusqu’au  dernier  siècle  avant  notre  ère  était  cou¬ 
ramment  employé  dans  les  monuments,  à  Rome.  M.  Middle- 
ton  remarque  11  que  depuis  les  temps  les  plus  reculés 
jusqu’à  l’Empire,  les  dimensions  des  blocs  de  pierre 
utilisés  étaient  à  peu  près  constantes  :  ils  mesuraient 
deux  pieds  romains  en  profondeur  et  autant  en  hauteur. 
Dans  les  édifices  soignés  la  longueur  des  pierres  était  de 
quatre  pieds,  de  telle  sorte  qu’une  pierre  posée  en  long 
correspondait  exactement  à  deux  pierres  placées  en 
boutisses.  Cela  permettait  de  disposer  alternativement 
les  matériaux  dans  l’un  ou  l’autre  sens,  suivantle  système 
développé  par  Vitruve 12  :  «  Les  Grecs  posent  leurs  pierres 
à  plat  et  font  dans  toute  la  longueur  du  mur  des 
assises  en  liaison  ;  ces  pierres,  qui  de  chaque  parement 
vont  se  réunir  à  l’intérieur  pour  former  l’épaisseur  des 
murs,  les  rendent  déjà  fort  solides  ;  mais  ils  placent  encore 
de  deux  en  deux  des  pierres  à  double  parement  (Sia-rJvot), 
qui,  en  traversant  les  murs  dont  elles  lient  les  deux 
faces,  en  assurent  la  solidité.  »  Ces  pierres  de  taille  étaient 
posées  l’une  sur  l’autre  sans  mortier.  Ce  n’est  pas  que. 
celui-ci  fût  inconnu  :  on  en  trouve  dans  le  Tullianum , 
dont  la  date,  on  le  sait 13,  est  fort  ancienne  ;  mais  l’emploi 
en  était  tout  différent  de  celui  que  nous  en  faisons  actuel¬ 
lement  :  il  ne  liait  pas  les  blocs  ensemble,  mais  servait 
à  égaliser  les  lits  et  les  surfaces  des  joints.  M.  Middleton 
a  signalé  ce  fait  pour  la  vieille  maçonnerie  appelée 
«  temple  de  Jupiter  Stator  »,  au  Palatin,  et  pour  un  mur 
de  pépérin  qui  existe  au  pied  du  tabularium  u.  Vers  la 
fin  de  la  République  et  sous  l’Empire,  les  blocs  étant 
taillés  avec  plus  de  perfection,  l’emploi  des  lits  de  ciment 
devint  inutile,  si  bien  que  la  présence  de  mortier  à  Rome 
dans  un  mur  d’appareil  soigné  indiquerait  plutôt 

l’archaïsme  que  la  décadence1’. 

Pour  assurer  la  solidité  du  mur,  on  se  servait  seulement 
de  crampons  de  fer  (jamais  de  cuivre)  scellés  de  plonm  • 
Ces  pièces  de  métal  étaient  soit  recourbées  pai  1  extrénn 
et  pénétraient  dans  l’intérieur  du  bloc,  soit  forgées 
queues  d’aronde  etinsérées  dans  des  creux  de  meme  onne 
ménagés  à  la  surface  des  pierres  de  taille  (hg-  519/) 


i  Clioisy,  Ét.  épigr.  L'arsen.  de  Philon.  —  2Vilr.  II,  8,  7;  Plin.  XXXVI,  171. 

_  3  Paus.  V,  20,  5.  —  4  Bull.  corr.  hellén.  VIII,  p.  473.  —  8  Duruy,  Sût.  des 

Romains ,  I,  p.  i-xxxix.  —  6  Gell,  Probestücke,  pi.  xui  ;  Duruy,  Ibid.  p.  xi.v. 
—  7  Gf.  l'enceinte  de  Megara  Hyblaea;  Perrot,  O.  I.  VIII,  p.  6.  —  8  Middleton,  The 
remains  of  ancient  Rom,  I,  p.  115  sq.  et  fig.  17;  0.  Ricliler,  Topog.  der  Stadt 


m  (2*  édit.)  p.  31  ;  Homo,  Topogr.  rom.  p.  381.  —  9  Midd  c  on,  p-  -  ^ 

Richter,  p.  43  et  taf.  S.  —  10  Middleton,  p.  370,  fig.  48.  P-  • 

12  Vilruv.  I,  8.  —  13  Middleton,  p.  152  eq  ;  Richter,  p.  •  j  38. 
14  Middleton,  I,  p.  377,  fig.  48;  II,  p.  94,  fig.  61.  -  0  ■  ’  ’ 

10  Vilruv.  Il,  8,  4.  - 17  Cf.  Clioisy,  L’art  de  bâtir  chez  les  Romains,  p. 


MUR 


—  2057  — 


MUR 


2°  Petit  appareil.  —  Le  procédé  de  construct  ion  en  grand 
a]>pareil  était  aussi  solide  que  flatteur  àl'œil  ;  mais  il  avait 
l'inconvénient  d’être  dispendieux.  Les  Romains  en 
employèrent  très  fréquemment  un  autre  plus  écono- 


Fig.  5197.  —  Crampons. 


inique,  dont  l’élément  principal  était  le  blocage  ou  amas 
de  petits  matériaux  irréguliers  réduits  en  fragments  et 
reliés  les  uns  aux  autres  par  du  mortier.  La  com¬ 
position  du  blocage  et  son  mode  de  fabrication  ont  été 
étudiés  à  l’article  caementum.  Un  mur  ainsi  formé  se  nom¬ 
mait  muras  caementicius  1 .  La  construction  en  petits 
matériaux  prit  à  Rome  même  une  grande  extension, 
surtout  parce  qu’il  existait  dans  la  campagne  de  grands 
lits  de  pouzzolane  qui,  mêlée  à  de  la  chaux,  formait  un 
excellent  mortier2;  ailleurs  on  employait  la  chaux  et  le 
gros  sable.  La  nature  des  pierres  que  l’on  mélangeait  à 
ce  mortier  dépendait  naturellement  du  pays  et  de  la 
composition  géologique  du  sol.  On  n’hésitait  pas  à  y 
employer  même  du  marbre  si  l’on  y  trouvait  quelque 
avantage.  Ainsi  dans  la  ville  de  Simittu,  en  Proconsulaire, 
bâtie  à  côté  de  la  carrière  du  marbre  numidique,  les 
murs  les  plus  communs  sont  faits  avec  les  déchets  de 
l’exploitation3.  A  Rome,  jusqu’au  temps  de  César,  on 
utilise  des  fragments  de  tuf,  plus  rarement  de  pépérin  ; 
sous  l’Empire,  c’est  soit  du  travertin,  soit  des  briques 
cassées,  soit  même  des  morceaux  de  marbre,  par  exemple 
dans  les  murs  restaurés  du  palais  de  Flaviens  4. 

Quelquefois,  dans  les  constructions  massives,  le  mur 
était  totalement  et  uniquement  formé  de  blocage.  Tels 
étaient  les  murs  de  la  villa  impériale  qui  s’élevait  dans 
les  «  Jardins  de  Salluste»,  murs  qui  ont  été  détruits 
en  1885 5.  Mais  la  plupart  du  temps  on  les  recouvrait 
d'un  revêtement  de  pierres  plus  ou  moins  grosses.  Comme 
ce  revêtement  lui-même  était  généralement  recouvert 
d’un  enduit,  cette  addition  n’avait  pas  pour  but  de  modi¬ 
fier  agréablement  l’aspect  de  la  muraille,  mais  bien  d’en 
assurer  la  solidité.  A  cet  effet,  on  garnissait  la  surface  du 
blocage  de  morceaux  de  pierres,  de  formes  variées, 
régulièrement  taillées  sur  la  face  extérieure,  brutes  dans 
la  partie  qui  pénétrait  la  maçonnerie.  On  distingue  plu¬ 
sieurs  catégories  de  murs  de  cette  sorte,  suivant  la  façon 
dont  les  pierres  étaient  taillées  et  disposées  : 

a.  Opus  incertum.  —  Les  pierres  employées  au  revê¬ 
tement  sont  de  forme  irrégulière  (lig.  5198).  Vitruvequali- 
fiait  ce  système  de  antiquum 6,  et  c’est,  en  effet,  le  mode 
de  construction  en  petit  appareil  le  plus  ancien:  on  le 
pratiquait  à  Rome  au  ne  siècle  av.  J.-C.,  et  l’on  en  cite 


des  exemples  de  cette  époque  (mur  au  pied  des  Scalae 
Caci ,  sur  le  Palatin,  séries  de  chambres  de  Y  Em¬ 
porium,  près  de  l'Aventin,  maisons  bâties  contre  la 
I  muraille  dite  de  Servi  us,  por- 
j  tique  Aemilia,  etc.)  7.  C’est  à 
'  cette  catégorie  qu’il  faut  ratta¬ 
cher  le  procédé  de  bâtisse  si¬ 
gnalé  par  Vitruve  et  attribué 
par  lui  aux  Grecs8;  les  Ro¬ 
mains  n’ont  pas  de  termes  spé¬ 
ciaux  pour  le  désigner,  bien 
qu’ils  en  aient  fait  un  fréquent  emploi  :  «  Les  Grecs, 
dit-il,  se  contentent,  au  lieu  de  pierres  de  .taille,  de 
cailloux  ou  de  briques  dures  qu’ils  arrangent  comme 
des  assises  de  pierres  en  les  posant  en  liaison  les 
unes  sur  les  autres,  ce  qui  donne  à  cette  espèce  de 
maçonnerie  une  solidité  que  rien  ne  peut  ébranler.  Elle 
se  fait  de  deux  manières  :  l’une  que  l’on  appelle  laoSogov 
et  l’autre  'j/euoi<7Ôoogov.  L'isodomum  est  celle  dont  toutes 
les  assises  ont  une  égale  hauteur;  la  pseudisodomum, 
celle  dont  les  assises  sont  dissemblables  et  inégales.  » 
Encore,  pour  assurer  la  solidité  de  ces  murailles  qui, 
prolongées  sur  une  trop  grande  surface,  auraient  pu 
s’écrouler,  avait-on  soin  souvent  de  les  diviser  de  distance 
en  distance  par  des  montants  de  pierres  de  taille,  placées 


Fig.  5199.  —  Petit  appareil  avec  moulants  de  grosses  pierres. 


parfois  alternativement  en  hauteur  et  en  largeur,  et  qui, 
formant  arrachements  dans  la  maçonnerie,  en  augmen¬ 
taient  la  cohésion  (fig.  5199) 9. 

b.  Opus  reticulatum.  —  Les  pierres  du  mur  étaient 
taillées  avec  soin  en  forme  de 
losange  et  disposées  de  telle 
sorte  qu’elles  couraient  en  dia¬ 
gonales  ;  l’aspect  ressemblait  à 
celui  d’un  filet  étendu  (fig. 

5200)10.  Les  angles  de  la  mu¬ 
raille  étaient  formés  de  pierres 
plus  grandes,  coupées  en  ligne 
droite  d’un  côté,  en  pointe  de 
l’autre,  de  façon  à  se  terminer  elles  aussi  en  losange. 
Ce  procédé,  usité  dans  tout  le  monde  romain,  depuis  le 
Ier  siècle  av.  J.-C.  jusqu’au  ne  siècle  après,  était  fort  en 
vogue  au  début  de  l’Empire  ( quo  nunc  omnes  utuntur , 
dit  Vitruve  “).  Il  cessa  bientôt  d’être  employé  seul;  on 
prit  l’habitude  de  revêtir  de  briques  les  angles  des  murs 
(fig.  5201) 12  et  aussi  de  couper  la  surface  même  de 
la  muraille  par  des  bandes  de  briques,  les  parties 
réticulées  ne  formant  plus  que  de  larges  panneaux-  au 


Fig.  5200. 


L 'opus  reticulatum. 


1  Corp.  inscr.  lat.  IX,  3138.  —2  Vitruv.  II,  6.  —  3  R.  Cagnal,  Explorations  en 
'Tunisie,  II,  p.  109.  —  *  Middleton,  Op.  cit.  p.  45.  —  S  Ibid.  p.  45.  —  6  Vitruv. 
Il,  8.  —7  Middleton,  Op.  cit.  I,  p.  52;  Lanciani,  The  ruins  of  ancien t  Rome,  p.  40 


et  fig.  17.  —  8  Vitruv.  Loc.  cit.  —  9  Pan  de  mur  à  Henchir  Abd  el- Basset  (Tunisie), 
d’après  une  photographie.  —  10  Middleton,  p.  52,  fig.  4B.  —  U  Vitruv.  L,  c, 
—  12  Middleton,  p.  53,  fig.  5. 


MUR 


—  2058 


MUR 


milieu  d'une  muraille  de  briques  (lig.  5202) L  On  ad¬ 
met  2  qu’à  Rome  le  «  réticulé  »  n’apparaît  pas  sans 


Fig.  5201.  —  Appareil  réticulé  en  briques. 


mélange  de  briques  après  Tibère  et  que,  plus  le  siècle 
avance,  plus  les  parties  réticulées  diminuent.  La  villa 


Fig.  5202.  —  Mur  de  Pompéi. 


d’Hadrien  à  Tivoli  constitue  un  des  exemples  les  plus 
tardifs  de  l’emploi  de  Yoims  reticulatum. 

c.  O p us  testaceum  ou  lateritium.  —  A  partir  du  début 
du  iie  siècle  se  développe  l’usage  du  revêtement  complet 

1  Mazois,  Ruines  de  Pompéi,  11,  pl.  v.  —  2  Middlelon,  Op.  cit.  p.  54  ;  Lanciani, 
The  ruins  of  ancient  Rom,  p.  45  et  fig.  18.  —  3  Choisy,  L  art  de  bâtir  chez 


de  briques  qui,  d'ailleurs,  s’était  .introduit  depuis  le 
ic‘  siecle  av>  J-‘c-  et  cIui  dura  jusqu’à  la  lin  de  l’Empire 
Pour  assurer  la  solidité  du  mur,  on  faisait  usage  de 
briques  triangulaires  dont  la  base  constituait  la  surface 
extérieure  de  la  maçonnerie,  tandis  que  le  sommet 
pénétrait  dans  le  blocage  et  s’y  insérait  solidement.  Pour 
former  liaison  dans  l’épaisseur  des  massifs,  on  les  traver¬ 
sait  à  divers  niveaux  par  des  assises  de  très  grandes 
briques  dont  l'effet  était  de  rattacher  ensemble  les  deux 
parements  :  ces  assises  comprenaient  souvent  plusieurs 
carrelages  superposés  (fig.  5203) 3.  M.  Lanciani  donne  sur 
ce  procédé  de  construction,  à  Rome,  une  règle  chronolo¬ 


gique  précieuse  :  Plus  le  liL  de  ciment  qui  sépare  les 
briques,  dit-il4,  est  ténu,  plus  la  construction  est  an¬ 
cienne  ;  au  début  les  briques  sont  si  étroitement  serrées 
qu’on  aperçoit  à  peine  entre  elles  une  ligne  de  ciment; 
à  la  fin  du  111e  siècle  la  ligne  de  ciment  .est  plus  large 
que  la  ligne  de  briques. 

d.  O  pus  mixtum.  —  Les  auteurs  anciens  n’ont  pas  de 
mots  pour  désigner  ce  genre  de  construction  et  le  terme 


Fig.  5204.  —  L ’opus  mixtum. 


a  été  créé  par  les  modernes  :  il  ne  fut  guère  usité,  du 
reste,  avant  la  fin  du  111e  siècle.  L’emploi  de  la  nuque 
est  combiné  avec  celui  des  pierres,  les  unes  et  les  autres 
alternant  par  bandes  plus  ou  moins  larges.  ,  ’ 

l’exemple  le  plus  ancien  que  l’on  possède  est  le  mui  •  ^ 
rieur  du  Cirque  de  Maxence,  bâti  en  309  ap.  A  -  •  • 


les  Romains,  p.  26  et  27. 
Richter,  p.  530. 


4  Lanciani,  Op.  cit.  p.  46. 


S  Middlelon,  p-  62  5 


MUR 


—  2059 


MUS 


donnons  le  dessin  d’un  pan  de  mur  des  petits  thermes 
de  l’Est  à  Timgad 1 ,  qui  appartiennent  à  une  époque  assez 
basse  ;  ce  détail  seul  le  prouverait  (tig.  5204).  On  y  dis¬ 
lingue  très  nettement  l’emploi  alterné  de  la  brique  et  de 
la  pierre. 

Dans  la  plupart  de  ces  murs  on  remarque  aujourd’hui, 
de  distance  en  distance,  des  cavités  rectangulaires  qui 
souvent  les  traversent  de  part  en  part.  Elles  sont  produites 
par  les  échafaudages  qui  ont  servi  jadis  à  les  construire, 
be  travail  achevé,  on  abandonnait  au  milieu  de  la  maçon¬ 
nerie  les  solives  d’échafaudage,  en  se  contentant  de  scier 


Fig.  5205.  —  Madriers  traversant  les  blocages. 


les  parties  qui  dépassaient.  Les  morceaux  de  madriers 
qui  demeuraient  ainsi  enclavés  au  milieu  du  massif  de 
blocage  et  de  pierres  se  sont  pourris  à  la  longue  en  lais¬ 
sant  vide  la  place  qu’ils  occupaient  (tig.  5205) 2. 

3°  Combinaison  du  grand  appareil  et  du  blocage.  — 
Par  un  procédé  qui  tient  le  milieu  entre  les  deux  précé- 
dents,  les  Romains  ont  parfois  employé  les  pierres  de 
taille  et  le  blocage.  «  Conservez  un  vide  au  milieu  des 
parements  de  la  muraille,  dit  Yitruve3;  remplissez-le  de 
pierres  cassées  ou  de  briques,  ou  de  cailloux  disposés  1 
t  omme  la  pierre  de  taille,  et  avec  des  crampons  de  fer  ou 
du  plomb  liez  les  deux  parements.  »  Ce  système  écono¬ 
mique  a  été  appliqué  très  fréquemment  pour  les  construc¬ 
tions  fortes  élevées  à  la  tin  de  l’Empire  :  c’est  la  caracté¬ 
ristique  des  murailles  de  villes  ou  de  forteresses  édifiées 
aux  moments  de  crise  dans  les  différentes  parties  du 
monde  romain.  Le  noyau  de  la  muraille  était  fait  de 
débris  de  toute  nature,  pierres,  fragments  de  sculptures 
ou  d’inscriptions,  recueillis  dans  les  ruines  des  villes 
qu’il  s’agissait  de  fortifier  et  noyés  dans  le  mortier  4. 

1  Ballu  et  Gag'nat,  Timgad ,  p.  294.  —  2  Choisy,  Op.  cit.  p.  25.  —  3  Vitruv. 

Il,  8.  —  4  C’est  ainsi  qu’ont  été  bâties  la  plupart  des  murailles  qui 
entouraient  aux  bas  temps  les  villes  de  la  Gaule,  Bordeaux,  Saintes,  Lutèce, 
^ns,  etc.  On  vient  encore  de  trouver  dernièrement  un  pan  de  l’enceinle 
romaine  de  Sens  ainsi  constitué  (Bull.  arch.  du  Comité,  1903,  p.  225  et  fig.  1). 

—  1  Un  exemple  très  curieux  de  mur  en  grand  appareil  recouvert  d'un  enduit  de 
stuc  est  fourni  par  le  temple  de  Dougga,  en  Tunisie.  Les  Byzantins  en  ont  fait 
u'i  réduit  fortifié  ;  sur  un  point  où  le  mur  antique  de  la  cella  a  servi  d’appui  à  une 
lorlification  ultérieure,  on  voit  encore  toute  la  couche  anlique  de  stuc  emprisonnée 
cuire  la  muraille  romaine  et  celle  que  les  Byzantins  y  ont  appliquée.  —  B  Vitruv. 

—  Bibuogfiaphie.  C.  Promis,  Vocaboli  latini  di  architettura,  Turin,  1875  ; 
Oliveri,  Diss.  sopra  aie.  mon.  petasgi  ;  J.-J.  Middleton,  Cyclopian  walls,  Lond. 

Petit-Radel,  Antiq.  I,  p.  345;  Rech.  sur  les  mon.  cycl.  Paris,  1841;  Gell, 

P robestücke  v.  Stüdtemauern,  Munich,  1841  ;  Dodwell,  Cyclop.  orpelasg.  Remains 
111  Greece  and  Italy  (trad.  fr.),  Paris,  1834;  Forclihacnmer,  Kyklop.  Mauern 
Griechenl,  Kiel,  1847  ;  Blümner,  Technologie,  111,  p.  84  sq.  ;  Durm,  Raukunst  der 
,J>'iechen,  1892;  Choisy,  Hist.  de  l'architecture,  I,  1899;  Perrot-Chipiez,  Hist.  de 
P'rt,  l.  VI,  VII,  VIII.  —  Choisy,  L'art  de  hdlir  chez  tes  Romains,  1873  ; 

H-  Blümner,  Technologie  und  Terminologie  der  Gewerbe  und  Kûnste,  1884,  l.  III, 


La  surface  extérieure  des  murs,  en  petit  et  même  en 
grand  appareil,  n’était  pas,  comme  nous  l’avons  dit, 
visible  à  l’œil  nu;  on  la  dissimulait  sous  un  enduit 5  ou 
sous  des  placages  plus  ou  moins  précieux.  Il  sera  traité 
à  l’article  paries  des  revêtements  de  diverses  sortes 
appliqués  plus  ordinairement  aux  murs  des  habitations 
ou  des  temples  qu’aux  murs  de  clôture. 

Nous  n’avons  parlé  jusqu’ici  que  de  murs  faits  de 
pierres  grosses  ou  petites;  il  en  existait  aussi  en  maté¬ 
riaux  moins  solides,  pour  les  cloisons,  par  exemple. 
Vitruve  a  consacré  un  passage  de  son  traité6  aux  cloi¬ 
sons  de  bôis,  dont  il  a  surtout  montré  les  inconvénients  : 
«  Je  voudrais,  dit-il,  qu’on  n’eût  point  inventé  les  murs  de 
bois,  car  autant  ils  sont  commodes  par  le  peu  de  temps  et 
de  place  qu’exige  leur  construction,  autant  ils  sont  dan¬ 
gereux  et  préjudiciables,  en  ce  qu’ils  semblent  être  des 
fagots  tout  prêts  pour  l’incendie.  Il  y  a  plus;  si  vous  les 
recouvrez  d’un  enduit,  il  s’y  fera  des  crevasses  le  long 
des  montants  et  des  traverses,  car,  sous  le  crépi  dont  on 
les  couvre,  ces  bois  prennent  l’humidité  qui  les  gonfle; 
puis  quand  ils  viennent  à  sécher,  ils  se  rétrécissent  et 
par  cet  amincissement  font  fendre  l’enduit,  quelque  solide 
qu’il  soit.  »  Naturellement  nous  n’avons  gardé  aucun 
exemple  de  ces  murailles  légères.  R.  Cagnat. 

MUSAE  (Moucat).  Les  Muses.  —  I.  Signification  primi¬ 
tive  des  Muses.  —  L’étymologie  du  mot  goijffa  (variantes 
dialectales  :  goTca,  g&Gct,  gwa1),  en  dépit  du  très  grand 
nombre  d’explications  proposées  tant  par  les  anciens  1 
que  parles  modernes3,  reste  encore  trop  incertaine  pour 
qu’on  en  puisse  tirer  quelque  lumière  sur  la  nature 
primitive  des  Muses. 

Sur  cette  question  d’origine  les  mythologues  modernes 
se  séparent  en  deux  écoles  très  opposées.  Pour  les  uns. 
les  Muses  ne  seraient  qu’une  abstraction  déifiée,  la  per¬ 
sonnification  du  don  poétique.  Le  mot  goüsa,  selon  la 
remarque  d’O.  Rie  ‘,  l’un  des  tenants  de  cette  première 
opinion,  aen  effet  trois  acceptions  distinctes  :  1°  un  sens 
abstrait  ou  subjectif  :  «  inspiration,  enthousiasme, 
faculté  poétique  »;  2°  un  sens  concret  ou  objectif  : 
«  chant,  poésie,  musique  »  c’est-à-dire  composition 
musicale  ou  poétique5;  3°  un  sens  personnifié  :  «  Muse, 
considérée  comme  divinité  ».  Les  deux  derniers  sens  ne 
seraient,  selon  O.  Bie,  que  le  développement  historique 
du  premier.  L’étude  des  textes  est  peu  favorable  à  cette 
genèse.  Des  trois  significations  indiquées,  c’est  en  effet 
la  signification  personnifiée  qui  nous  apparaît  le  plus 
anciennement  :  elle  est  déjà,  comme  on  sait,  très  fré¬ 
quente,  même  dans  l'Iliade*.  Un  peu  plus  tard  nous 
trouvons  dans  YOdgssée  et  dans  les  hymnes  homériques 

p.  132  et  suiv.  ;  Middlelon,  Remains  of  ancient  Rome  (1892)  ;  Parker,  Archaeology 
of  Rome  (1874)  vol.  I,  part.  II  ;  Lanciani,  The  ruins  and  excavations  of  ancient 
Rome,  1897,  p.  43  et  suiv. 

MUSAE.  l  Cramer,  Anecd.  Ox.  p.  278;  Pape,  Lex.  d.  griech.  Eigen.  s.  v. 
Moffera.  —  2  Plat.  Cl’atyl.  40G  a  :  ;J~',  toJ  [xüitOki;  Coruut.  Theolog.  graee.  com- 
pend.  XIV,  14,  éd.  Lang  :  àrtb  viR  (nitreu;,  Toutltm  Çï]T>)tT!w;  ;  Suid.  s.  V.  Moùtra  :  f, 
Y»S<ri5  àitb  -CO  J  p3,  -rb  Çht3  J  Diod.  Sic.  IV,  7  :  àitb  toù  ptùeiv  toù;  àvOçûitouç  ;  Plut.  De 
frat.  am.  G,  p.  480  F  ;  S|xou  outrai.  Voir  encore  Etym.  magn.  s.  i>.  ;  Phot.  s.  v. 
Ii3v,  etc.  —  3  Voir  un  résumé  des  diverses  étymologies  modernes  dans  Decharme, 
Les  Muses,  p.  9,  n.  I ,  et  Rodiger,  Die  Musen  (dans  Jahrb.  f.  class.  Philol.  8  Suppl. 
Band),  p.  255.  Actuellement  deux  étymologies  fort  différentes  se  partagent  la 
faveur  des  linguistes.  D'après  Brugmann,  Indogerm.  Forsch.  3,  253  sq.  Moùtra  = 
*|xovtia,  même  racine  que  ^avi'a  el  et  désignerait  «  die  geistige  Erregung 

des  epischen  Sangers,  die  Begeisterung  und  Inspiration  ».  Une  autre  étymologie, 

«  non  seulement  ingénieuse,  mais  presque  sûre  »,  dit  M.  V.  Henry  (Rev.  des  êLgr. 
n»  70,  p.  297),  explique  jouira  par  mont-ia,  «  Oréade  »,  nymphe  des  montagnes! 

—  4  Roscher,  Lexik.  der  gr.  u.  rôm.  Mythol.  s.  v.  Musen,  p.  3238.  —  5  pius 
lard  même  le  mot  u  outra  a  pris  le  sens  de  telle  ou  telle  science  particulière. 

—  6  I  1,  004;  11,491;  XI,  21S  ;  XIV,  508  ;  XVI,  112. 


MUS 


—  2000  — 


MUS 


l’acception  objective Quant  au  sens  subjectif ,  il  faut, 
pour  en  découvrir  quelques  rares  exemples,  descendre 
jusqu’au  vc  siècle2.  Comment  croire,  dès  lors,  qu'il  soit 
primitif?  D’autres  savants,  avec  plus  de  raison,  ce  nous 
semble,  attribuent  à  la  religion  des  Muses  une  origine 
naturaliste.  Les  Muses  auraient  été  primitivement  des 
nymphes  des  montagnes  et  des  eaux.  Celte  conception 
s’étaie  d’abord  sur  plusieurs  textes  lexicographiques. 
Hésychius,  dans  une  glose,  identifie  formellement  Muses 
et  Nymphes3.  Et  Étienne  de  Byzance4,  Suidas5,  le  scho- 
liaste  de  Théocrite 6  affirment,  d’autre  part,  que  les 
Muses,  chez  les  Lydiens,  portaient  le  nom  de  Nymphes. 

A  l’appui  de  cette  thèse  on  peut  encore  invoquer  les 
épithètes  géographiques  des  Muses.  L’épithète  rtispiocç, 
par  exemple,  les  désigne  comme  originaires  du  mont 
Piéros7.  On  les  appelait  Hi^Xr/oe;  du  nom  de  la  source 
Pimpléia,  en  Piérie  8.  Une  autre  épithète,  celle  de 
Libethrides ,  fait  allusion  à  leur  plus  ancien  sanctuaire 
Piérien,  le  Libéthrion ,  dont  le  nom  seul  suffit  à  indiquer 
la  situation  au  bord  d’un  ruisseau  ou  d’un  canal  (Xetê-q- 
6pov) 9.  Enfin  les  Muses  étaient  appelées  aussi  ’OXug7ttào£ç, 
c’est-à-dire  habitantes  du  mont  Olympe,  tout  proche  de 
la  Piérie10.  Ces  épithètes  locales,  qui  nous  reportent 
aux  plus  lointaines  origines  du  culte  des  Muses,  nous 
le  montrent  donc  établi  dès  le  principe  sur  les  mon¬ 
tagnes,  près  des  cours  d’eau  et  des  fontaines.  C’est, 
en  des  sites  pareils  que  nous  trouvons  installés,  aux 
époques  les  plus  diverses,  les  sanctuaires  des  Muses. 
Ainsi,  lorsqu’une  colonie  Piérienne  apporta  en  Béotie 
leur  culte,  ce  fut  sur  un  point  de  la  chaîne  de  l’Hélicon 
(qu’en  regret  de  la  patrie  absente  elle  appela  Libéthrion) 
et  près  de  deux  sources,  dénommées  l’une  Libéthrias , 
l’autre  Piéra ,  qu’elle  fonda  un  sanctuaire  des  Muses 
Libéthrides  ;  ce  sanctuaire  existait  encore  au  temps  de 
Pausanias11.  Tout  un  canton  de  l’Hélicon,  du  reste,  était 
spécialement  dédié  aux  Muses  :  on  connaît  les  noms  des 
sources  Hippocrène  et  Aganippè,  des  tleuves  Permesse  et 
Olméios,  et  leur  intime  association  avec  la  légende  et 
le  culte  de  ces  divinités  poétiques12.  A  Corinthe,  la 
source  Pirène  était  également  consacrée  aux  Muses  13. 
A  Trézène,  on  les  honorait  sous  le  nom  d'Ai'dalides 
(apow,  arroser)14.  A  Delphes,  tout  près  de  la  fontaine  Cas- 
talie,  elles  avaient  un  hiéron  13.  Selon  Pindare,  c’étaient 
les  Muses  qui  avaient  fait  jaillir,  aux  portes  de  Thèbes, 
la  fontaine  Dirkè16.  Plutarque,  dans  le  Banquet  des 
sept  sages 17,  mettant  en  scène  Solon,  lui  fait  adresser, 
sans  doute  d’après  un  antique  usage,  des  libations 
communes  aux  Muses  et  aux  divinités  marines  Poséidon 
et  Amphitrite.  Enfin  Épicharme,  dans  une  comédie  inti¬ 
tulée  les  Muses,  énumérait,  selon  Tzetzès18,  sept  de  ces 
divinités  :  Nilo,  Tritoè,  Asopo,  Heptaporè,  Acheloïs, 
Titoplo  (?),  Rhodia19.  Or  tous  ces  noms,  à  part  Titoplo 
qui  parait  altéré,  sont  des  noms  de  fleuves.  Que  le  poète 
les  eût  forgés  pour  la  circonstance,  rien  n’est  plus  pro¬ 
bable;  car  ils  sont  fort  exactement  accommodés  au  rôle, 

l  Od.  XXIV.  62  ;  Hymn.  ad  Merc.  447  ;  Ad  Pan.  13.—  2  Aesch.  Eum.  308  ;  Sopli. 
Trach.  043  ;  Eurip.  Troad.  120;  Aristopli.  Nub.  1030;  Plat.  Cratyl.  428  C.  3  S.  Vt 
-  4  s.  v.  Top )8os.  —3  S.v.  vippo».  —  «  VII,  92.  —  7  Hesiod.  Sc.  Hcr.  206  ; 
Sol.  4,  2;  Eurip.  Med.  830;  Hesych.  s.  v.  mepISe;.  —  8  Hesycli.  s.  v.  nlic%(()>at  ; 
Scli.  Apoll.  Rhod.  I,  26;  Fest.  s.  v.  Pimpleides  Musae;  Sial.  Sylv.  I,  4,  20  ;  II,  2, 
37;  Mari.  XI,  3,  1;  XII,  11,  3,  etc.  —9  Verg.  Egl.  VII,  21  ;  cf.  Serv.  Ad  h.  I.; 
Hesycli.  s.  v.  AdS^Opov.  —  10  llom.  U.  II,  491  ;  Hxjmn.  Merc.  450,  etc.  ;  Heuzey, 
Le  mont  Olympe ,  p.  95.  —  H  IX,  34,  4.  Le  dernier  nom  (dans  les  mss.  nÉTja)  a 
été  rectifié,  à  peu  près  sûrement,  par  Buttmann.  — 12  Paus.  IX,  29-31  ;  P.  Decharme, 
JVot.  sur  les  ruines  de  Vhiéron  des  Muses ,  dans  Arch.  des  miss,  scienti /.  IV, 


qu’il  leur  a  prêté  dans  sa  pièce,  de  divinités  pêcheuses 
chargées  de  pourvoir  de-poisson  le  banquet  des  dieux 20> 
Mais  Épicharme  eût-il  pu  avoir  même  l’idée  d’une  sem- 
blable  fonction,  si  la  croyance  commune  de  son  temps 
n  avait  vu  en  elles  des  divinités  fluviales?  Cette  origine 
fluviale  des  Muses  est  encore  confirmée  par  leurs  rapports 
légendaires  avec  Dionysos,  qui,  nous  apprend  Plutarque 
n’était  pas  seulement  le  dieu  du  vin,  mais  encore  celui 
«  de  la  nature  humide21  »,  et,  d’autre  part,  avec  les 
Sirènes,  à  la  fois  divinités  des  eaux  et  habiles  chan¬ 
teuses22.  La  même  conception  se  retrouve  exprimée 
plus  clairement  encore  dans  la  mythologie,  sous  la  forme 
figurée  de  mariages  et  de  naissances.  C’était,  disait-on, 
de  l’union  de  Calliopè  avec  le  fleuve  thrace  OEagros 
qu’était  né  Orphée23;  Melpomène,  ou,  selon  d’autres, 
Terpsichore  s’était  unie  au  fleuve  Achéloos  pour  enfanter 
les  Sirènes24.  Aimée  du  fleuve  Strymon,  Euterpe  avait 
donné  naissance  à  Rhésos23.  Tant  d’indices  etsi  concor¬ 
dants  ne  permettent  guère  le  doute.  Les  Muses,  à  nos 
yeux,  ont  été  originairement  de  simples  génies  des 
eaux.  Mais  par  quel  travail  de  l’imagination  hellénique 
se  sont-elles,  de  cette  humble  origine,  élevées  jusqu’au 
rang  de  divinités,  patronnes  et  inspiratrices  du  chant  et 
de  la  poésie?  C’est  ce  qu’il  est  malaisé  de  dire.  «  Faut-il 
croire  que  chez  les  premières  populations  de  la  Grèce  le 
sentiment  de  l’harmonie  musicale  s’éveilla  d’abord  au 
bruit  de  l’eau,  à  l’harmonie  naturelle  des  fleuves  et  des 
torrents?  Les  paroles  mesurées  et  cadencées,  les  modula¬ 
tions  de  la  voix  humaine  ne  parurent-elles  que  les  échos 
des  grandes  voix  de  la  nature  qui  se  communiquait  aux 
hommes?  »  Telle  est  l’explication  que  propose,  sans  s’y 
arrêter  d’une  façon  ferme,  M.  Decharme26.  Celle  de 
M.  Rôdiger  est  sensiblement  différente  27.  Il  voit  dans  les 
Muses  fluviales,  de  même  qu’en  Dionysos  auquel  elles 
sont  souvent  associées,  un  symbole  de  la  nature,  qui, 
assoupie  en  hiver,  renaît  au  printemps.  Au  printemps, 
les  torrents  des  montagnes  rompent  leurs  entraves  de 
glace,  et,  bondissant  en  cascades  du  haut,  des  rochers, 
remplissent  de  leurs  murmures  harmonieux  les  vallées, 
où  ils  ramènent  la  joie  et  la  vie.  L’homme  primitif,  qui, 
au  retour  de  la  jeune  saison,  sentait  son  cœur  se  rouvrir 
à  l’allégresse  et  les  chants  éclore  sur  ses  lèvres,  attribua 
tout  naturellement  aux  Muses,  c’est-à-dire  aux  eaux 
bruissantes,  cette  douce  influence.  Et  ainsi  il  fut  amené 
à  les  concevoir  comme  les  divines  dispensatrices  du 
chant  et  de  la  poésie. 

IL  Origine  et  expansion  du  culte  des  Muses.  —  C  est 
dans  la  Piérie,  sur  les  confins  de  la  Thessalie  et  de  la 
Macédoine,  que  parait  avoir  pris  naissance  la  religion 
des  Muses.  Là,  sur  les  monts  Olympos  et  Piéros,  aux 
bords  des  sources  Piinpleia  et  Libéthron,  la  légende  et 
la  poésie  plaçaient  leurs  plus  anciens  sanctuaires  •  _ 
l’époque  historique,  le  souvenir  de  ces  lointaines  ori¬ 
gines  ne  s’était  pas  encore  effacé.  Dans  les  dernières 
années  du  ve  siècle  nous  voyons  en  effet  un  prince, 


2»  sér.  (1867),  p.  169  sq.  -  '3  Pers.  Sat.  prol.  4;  Stal.  Sylv.  I,  *>  25-  ^  C. 

Sept.  sap.  conv.  4,  p.  150  A;  Paus.  H,  31,  3.  -  15  Plut.  Pyth.  orac  ^ 

_  16  Art».  V,  74.  -  U  p.  104  D  -  »  AdHenod  Op.  34). 

moins  connus,  Heptaporos  et  Rhodia,  von  om.  •  ’  ’  ...  304  D;  cf. 

-20  Alhen.  III,  P.  85  C  ;  VIL  P.  320  C.  -  *  34’ 

Decharme,  Les  Muses ,  p.  34;  Rüdiger,  Die  Musen  p.  -60  sq.  g  4  70oD; 

3;  Steph.  Byz.  a.  v.  ;  Euslath.  Ad  II.  I,  201  ;  XXXVII,  439 

IX,  14,  5-0,  p,  746  C.  -  -3  Apollod.  I,  3,  -  •  Y  _  2„  ,lod.  L.  I. 

éd.  Davis.  -  24  Apollod.  I,  3,  4;  Apoll.  Rhod. AV,  893  sq  Didol. 

_20O  l  p  38.  —  21  O.  I.  p.  201.  —  28Pau9.  IX,  34.4;  Strab.  IX,  2,  p-  332, 


MUS 


2061 


MUS 


protecteur  des  lettres  et  des  arts,  Archélaos  dê  Macédoine, 
instituer  dans  ce  même  canton,  à  Dion,  en  souvenir  de 
l’ancien  culte  délaissé,  une  fête  brillante  des  Muses,  avec 
des  concours  scéniques,  qui  durait  neuf  jours.1.  Que  la 
religion  des  Muses  ait  eu  son  berceau  en  une  contrée, 
(|ui,  à  l’époque  classique,  nous  apparaît  parmi  les  plus 
arriérées  et  les  plus  dénuées  de  culture,  on  pourrait  au 
premier  abord  s’en  étonner.  Mais  n’oublions  pas.  d’une 
part,  que  la  Piérie  a  subi  postérieurement  un  changement 
de  population3.  Occupée  primitivement  par  les  Thraces, 
elle  fut  ensuite  subjuguée  par  les  Macédoniens,  «  race 
à  tous  égards  moins  fine  que  la  race  thrace,  et  en  par¬ 
ticulier  bien  plus  indifférente  à  l’égard  des  choses 
divines3  ».  Secondement,  et  surtout,  il  faut  se  rap¬ 
peler  l’infinie  distance  qui  sépare  des  Muses  classiques, 
considérées  comme  dispensatrices  de  la  civilisation  et 
des  arts,  les  Muses  Piériennes,  modestes  divinités  des 
eaux  bruissantes. 

Mais  c’est  en  Béotie,  autour  de  l’IIélicon,  que  la  véné¬ 
ration  des  Muses  s’est  constituée  définitivement  et  a  jeté 
le  plus  d’éclat'1.  Par  une  de  ces  prétentions  habituelles 
à  la  vanité  grecque,  les  Béotiens  revendiquaient  ce  culte 
comme  autochtone 5.  Mais  tout,  au  contraire,  révèle 
qu’il  avait  été  importé  chez  eux  par  une  immigration 
thrace.  C’est  ce  qu’affirme  Strabon6.  Et,  sur  ce  point, 
la  tradition  historique  est  encore  confirmée  par  les  noms 
géographiques  que  les  Piériens  transportèrent  avec  eux 
en  Béotie.  Ainsi  le  nom  même  de  la  montagne  béotienne 
des  Muses,  l’Hélicon,  n’est  autre  que  celui  d’un  fleuve 
de  Piérie7.  De  la  Piérie  aussi  vient  le  nom  de  Libéthrion, 
donné  à  la  partie  de  la  chaîne  de  l'Hélicon  proche  de 
Coronée  8.  Enfin  deux  sources  voisines,  consacrées  aux 
Muses,  s’appelèrent,  nous  l’avons  déjà  dit,  Libéthrias  et 
Piéra9.  En  cette  nouvelle  patrie  le  culte  des  Muses 
retrouvailles  montagnes  abruptes,  les  vallées  ombreuses, 
les  eaux  vives,  tous  les  sites  en  un  mot  où  il  avait  pris 
naissance.  Il  s’établit  d’abord  à  Ascra,  patrie  d’Hésiode10. 
Plus  tard,  Ascra  ayant  été  détruite  par  les  Thespiens, 
ceux-ci  s’emparèrent  de  la  surveillance  et  de  la  direction 
du  culte11.  Tout  le  canton  de  Thespies  était,  du  reste, 
dédié  aux  Muses,  et  Pausanias,  dans  une  énumération 
sèche  mais  précise,  a  décrit  toutes  les  statues  et  œuvres 
d’art  qui  s’y  pressaient13.  Sur  les  fêtes  appelées  Mouusîa, 
qui  se  célébraient  à  Thespies  tous  les  cinq  ans,  voyez  l’ar¬ 
ticle  mouseia .  Les  Muses  primitives,  importées  par  la 
colonie  Piérienne  qui  fonda  Ascra,  n’étaient,  selon  la 
tradition,  qu’au  nombre  de  trois13.  Pausanias  nous 
a  transmis  leurs  noms,  Mélété  (méditation),  Mnémé 
(mémoire),  Aoidé  (chant),  correspondant  aux  trois  prin¬ 
cipales  parties  de  l’art  des  rhapsodes.  Mais  ces  appella¬ 
tions  abstraites  dénoncent,  semble-t-il,  une  époque  bien 
postérieure.  Ce  qui  est  plus  sùr,  c’est  que  dès  le  temps 

I  Diod.  Sic.  XVII,  IG,  3.  —  2  Strab.  X  16,  p.  404,  éd.  Did. ;  cf.  IX,  25, 
p.  352.  —  3  Paus.  IX,  29,  3.  —  4  Plusieurs  écrivains  avaient  décrit  Yliiéron 
et  les  fêtes  des  Muses  sur  l’Hélicon.  Selon  Ath.  XIV,  p.  G29  A,  Amphion  de 
Thespies  avait  composé  un  ouvrage  en  plusieurs  livres  sur  le  Mouaeïov;  et  le  scho- 
üaste  d’Homère,  11.  XIII,  21,  cite  un  ouvrage  de  Nicocratès,  mçt  xoCf  lv  'EXixwvi 
&lùivoç;  cf.  Paus.  IX,  30-31.  —  5  Selon  eux,  le  culte  des  Muses  avait  été  fondé  sur 
1  Hélicon  par  les  Aloades,  Ephialtès  et  Otos,  Paus.  IX,  29  ;  cf.  en  sens 
contraire  Diod.  V,  50.  —  6  IX,  2,  p.  352,  éd.  Didot;  X,  3,  p.  404.  —  7  Paus. 
IX,  30,  8.  —  S  IX,  34,  4.  —  9  Ibid .  —  10  IX, 29,  1.  —  H  IX,  31,  3. 
—  *2 IX,  30-3 i.  —  13  IX,  29,  2.  —14  Theog.  76-79.  —  15  Plut.  Pyth.  orac. 
17,  p.  402  C.  —  10  Symp.  IX,  14,  2,  p.  744  C.  —  17  Clitodem.  fr.  1  (Frcigrn.  hist. 
Qr.  1,  p.  359,  éd.  Millier).  —  «  Paus.  I,  25,  8.  —  19  I,  19,  5.  —  20  I,  2,  5.  —  21  J, 
30,  2.  —  22  Rôdiger,  O.  I.  p.  281  sq.  —  23  Pers.  Sat.  prol.  4;  Stat.  Sylv.  I,  4,  25. 

VI. 


d’Hésiode,  au  vne  siècle,  le  nombre  neuf  avait  prévalu, 
et  nous  trouvons  déjà  fixés  chez  ce  poète  les  noms  que 
conserveront  les  Muses  pendant  toute  la  durée  de  la 
religion  hellénique11. 

Aucun  sanctuaire  des  Muses  n’eut  en  Grèce  un  éclat 
comparable  à  celui  de  l’Hélicon.  Toutefois  elles  étaient 
vénérées  en  maints  autres  lieux,  en  particulier  à  Delphes 
où  parait  s’être  produite  leur  conjonction  avec  Apollon. 
Originairement  les  deux  cultes  étaient  distincts.  Mais 
l’analogie  de  certaines  de  leurs  fonctions  finit  par  les 
rapprocher  et  les  confondre.  Apollon,  dieu  de  la  cithare, 
devint  tout  naturellement  le  chef  du  chœur  dansant  et 
chantant  des  Muses  :  d’où  son  nom  d’Apollon  Musagète. 
11  y  avait,  nous  l’avons  vu,  à  Delphes,  une  source  des 
Muses  et  une  fête  des  Muses  1S.  Quant  aux  noms  que  leur 
attribue  Plutarque,  Nété,  Mésé ,  Ilypatè,  empruntés  aux 
trois  cordes  de  la  lyre,  ils  sont  fort  probablement  le 
produit  d’un  symbolisme  assez  récent10. 

A  Athènes  aussi  le  culte  des  Muses  est  sûrement 
d’importation  thrace.  Ce  qui  en  témoigne,  c’est  le  nom 
d’Hélicon,  donné  à  une  colline  qui  borde  lTlissos17.  Une 
autre  colline,  au  sud-ouest  de  l'Acropole,  s’appelait,  de 
leur  nom,  Mouaetov18.  Sur  les  bords  de  l’ Ilissos  elles 
étaient  adorées  sous  le  titre  de  Muses  Ilissiades 19. 
Leurs  statues  se  voyaient  dans  le  temple  de  Dionysos 
Melpoménos20.  Enfin  Platon  avait  placé  dans  l’Académie 
un  autel  en  leur  honneur21. 

Nous  trouvons  la  mention  du  culte  des  Muses  dans  un 
très  grand  nombre  d’autres  localités  de  la  Grèce  propre, 
des  colonies  et  des  îles  qu’il  suffira  de  mentionner22  :  à 
Corinthe,  où  la  source  Pirène  leur  était  consacrée23, 
à  Sicyone,où  l’une  des  Muses  s’appelait  Polymathia  2\  à 
Trézène26,  Sparte 20,  Messène27,  Olympie28,  Mégalopolis20, 
Tégée30,  Amphipolis  31 ,  Stagire32,  Alexandrie  33,  dont  le 
fameux  Musée  [muséum]  leur  doit  son  nom,  et  où  Ptolémée 
Philadelphe  institua  en  leur  honneur  et  en  celui  d’Apol¬ 
lon  des  fêtes  magnifiques,  à  Aphrodisias  34,  Aptéra  de 
Crète39,  Lesbos30,  Paros31,  Théra38,  Chios39,  Ambra- 
cie40,  Syracuse41,  Métaponte 42,  Crotone43,  Thurii44, 
Tarente45,  etc.  Enfin,  à  la  suite  des  lettres  grecques,  les 
Muses* pénétrèrent  dans  le  Latium.  Ce  fut,  selon  la  tra¬ 
dition,  Numa,  qui,  le  premier,  leur  consacra  aux  portes 
de  Rome  un  bois  arrosé  par  plusieurs  fontaines  et,  en 
particulier,  par  la  célèbre  fontaine  Egérie  40.  Les 
Romains  les  appelèrent,  soit,  pàr  une  simple  transcrip¬ 
tion  de  leur  nom  grec,  Musae ,  soit,  par  assimilation  à 
des  déesses  indigènes  de  l’inspiration  prophétique, 
Camenae  (primitivement  Casmenae—Cannenae,  cf.  Car¬ 
men)47.  Les  Muses  latines  héritèrent  naturellement  de 
toutes  les  attributions  de  leurs  sœurs  grecques.  Chez  le 
vieux  poète  Naevius,  cette  identification  est  déjà  faite 
( novem  Jovis  concordes  fïlias  sonores 43). 

—  24  plut.  Symp.  IX,  14,  6,  p.  746  E.  —  23  Paus.  II,  31,  3,  Stepli.  Byz.  s  v. 

’AçSaKSe;.  —  26  Paus.  Iir,  17,  5.  —  27  IV,  31,  10.  —  28  V,  14,  10.  _  29  VIII, 

3-2,  2.  —  30  VIII,  47,  3.  —  31  Schol.  Eur.  Rhes.  346.  —  32  Theophr.  Hist.  plant. 
IV,  16,  3;  Plin.  XVI,  133.  —  33  Vitruv.  VII,  Praef.;  Ath.  I,  p.  22  D; 

Strab.  XVII,  1,  p.  974  extr.  (éd.  Didot).  —  34  Lebas,  Voy.  arch.  ( Inscript .), 
III,  p.  378.  — •  33  Steph.  Byz.  s.  v.  "Aitreça.  C’est  là  que  la  légende  plaçait  la 
scène  du  conflit  des  Sirènes  et  des  Muses.  —  36  Alhen.  XIV,  p.  635  A. 

—  37  Thiersch,  Par.  Insclir.  n.  18.  —  38  Corp.  inscr.  gr.  II,  2448.  —  39  Ibid.  H, 
2214.  —  40  Plin.  XXXV,  66.  —  41  Eurip.  vit.  83.  —  42  Diog.  Laert.  VIII,  1,  15; 
Iambl.  Pyth.  vit.  170;  Porphyr.  Pyth.  vit.  57.  —  43  Iambl.  O.  I.  45,  50,  264; 
Porphyr.  O.  I.  4.  —  44  Schol.  Theocr.  VII,  78.  —  43  p0lyb.  VIII,  25  (27),  11. 

—  46  Tit.  Liv.  I,  21  Plut.  Nvm.  8.  —  47  Varr.  De  ling.  lat.  VII,  20.  Voir  l’article 
camenae.  —  48  Nae\  reliq.  éd.  Klussmann,  p.  52. 


259 


MUS 


—  2062  — 


MUS 


III.  Les  Muses  dans  la  littérature.  —  C’est  dans  les 
poèmes  homériques  que  les  Muses  nous  apparaissent 
pour  la  première  fois.  Mais  leur  nombre  n’y  est  pas 
encore  fixé  :  tantôt,  comme  au  début  de  l'Iliade  et  de 
l'Odyssée,  le  poète  s’adresse  à  une  Muse  unique.  Tantôt, 
par  exemple  au  début  du  Catalogue  des  vaisseaux ,  il  les 
invoque  au  pluriel  comme  un  chœur  collectif1.  A  la 
vérité,  les  Muses  novénaires  sont  citées  une  fois  dans 
l’ Odyssée,  mais  c’est  au  chant  XXIV,  très  postérieur  au 
reste  du  poème2.  La  filiation  généalogique  des  Muses  ne 
parait  pas,  non  plus,  bien  établie  encore  chez  Homère.. 
Si,  à  plusieurs  reprises,  il  nomme  Zeus  leur  père  3, 
nulle  part  par  contre  il  ne  fait  mention  de  leur  mère.  Ce 
n’est  que  dans  l'Hymne  à  Hermès,  bien  plus  récent  que 
les  deux  grands  poèmes  homériques,  que  Mnémosynè 
est  dite  la  mère  des  Muses  4.  Chez  Homère  la  fonction 
des  Muses  est  double,  par  rapport  aux  dieux  et  par 
rapport  aux  hommes.  Dans  l’Olympe  elles  ont  surtout 
pour  rôle  de  charmer  les  loisirs  de  la  vie  divine  :  pendant 
les  festins  des  immortels,  alors  qu’Apollon  tient  la 
phorminx ,  elles-mêmes  chantent,  en  alternant,  de  leur 
belle  voix  5.  Sur  terre,  déesses  de  la  mémoire  ou,  plus 
généralement,  dp  passé,  elles  sont  les  inspiratrices  des 
poètes  :  «  Dites-moi  maintenant,  Muses  qui  habitez  les 
demeures  olympiennes  (car  vous  êtes  déesses,  vous  êtes 
présentes  à  toute  chose,  vous  savez  toute  chose,  tandis 
que  nous,  nous  n’entendons  que  la  renommée,  et  nous 
ignorons  les  choses  mêmes),  dites-moi  quels  furent  les 
princes  et  les  chefs  des  fds  de  Danaos6.  »  C’est  à  ce  titre 
de  témoins  et  dépositaires  du  passé  qu’Homère  les 
invoque  au  début  de  ses  deux  poèmes.  C’est  à  ce  titre 
encore  qu’au  cours  de  son  récit,  chaque  fois  qu’un  détail 
semble  lui  échapper,  il  les  appelle  au  secours  de  sa 
mémoire  défaillante".  Enfin,  dans  l'Odyssée 8,  Homère 
dit  expressément,  à  propos  de  l’aède  Démodocos,  que  ce 
sonl  les  Muses  qui  l’ont  instruit. 

Dans  la  Théogonie  hésiodique  la  figure  des  Muses 
apparaît  déjà  bien  plus  précise  et  plus  distincte.  Entre 
Homère  et  Hésiode  s’est  poursuivi  un  lent  travail  de 
fusion  et  de  coordination,  qui  a  fixé  en  partie  déjà  les 
légendes  et  pourvu  les  dieux  et  les  héros  d’une  filiation. 
De  ce  travail,  auquel  ont  contribué  plus  que  tous  les 
autres  les  poètes  de  l’Hélicon,les  Muses  aussi  ont  profité. 
Leur  nombre,  leurs  noms,  leur  généalogie  sont  arrêtés 
désormais  de  façon  définitive.  La  Théogonie  en  nomme 
neuf  :  Clio,  Euterpe,  Thalie,  Melpomène,  Terpsichore, 
Erato,  Polymnie,  Uranie  et  Calliope,  toutes  filles  de  Zeus 
et  de  Mnémosynè  9.  Sur  leur  habituelle  résidence,  le 
prologue  de  la  Théogonie,  assemblage  indistinct  de 
plusieurs  rédactions  primitivement  indépendantes,  pré¬ 
sente  deux  versions  inconciliables.  Selon  l’une,  les 
Muses  habitent  l’Hélicon  10  :  c’est  là  qu’après  avoir  baigné 
leur  beau  corps  dans  les  eaux  du  Permesse,  de  l’Hippo- 
crène  ou  de  l’Olméios,  elles  exécutent  leurs  chœurs 
gracieux11.  C’est  de  là  que  la  nuit,  enveloppées  d’un 
nuage,  elles  s'en  vont  parcourir  la  terre,  faisant  retentir 
leur  voix  harmonieuse,  et  inspirant  les  poètes12.  Plus 
loin,  au  contraire,  l’auteur,  fidèle  à  la  tradition  primitive, 
place  les  Muses  en  Piérie,  non  loin  de  la  dernière  cime 

1  11.  Il,  48 1.  —  2  V.  CO.  —  3  II.  Il,  491;  Od.  I,  10;  VIII,  488.  —  4  V,  429. 
De  môme  dans  Hésiode,  Theog.  53,  915.  —  6  II.  I,  604-5.  —  6  Ibid.  Il,  485-6. 
—  7  Ibid.  XI,  218.  —  8  VIII,  488.  —  9  76-79  53,  915.  —  10  V.  1-2.  —  11  V.  5  sq. 
_  12  V.  9  sq.  —  13  v.  42.  —  14  V.  38.  —  15  V.  32.  —  16  V.  —  sq.  —  '7  Voir  plus 


et  des  neiges  de  l’Olympe13.  Tout  en  restant  à  peu  près 
les  mêmes  que  chez  Homère,  leurs  attributions,  chez 
Hésiode,  ont  cependant  quelque  chose  de  plus  philoso¬ 
phique  et  de  plus  abstrait.  Dans.  l’Olympe  «  elles 
charment,  dit  le  poète,  la  sublime  intelligence  de  Zeus 
leur  père,  unissant  leur  voix  pour  dire  le  présent  et 

l’avenir  et  le  passé  14  ».  Sur  terre  elles  inspirent  les  poètes 

auxquels  «  elles  soufflent  une  voix  divine  pour  annoncer 
ce  qui  sera  et  ce  qui  fut 16  ».  Mais  leur  influence  s’étend 
même  au  delà  de  la  poésie.  Ce  sont  elles  qui  confèrent 
aux  rois  de  l’époque  homérique,  en  même  temps  juges 
du  peuple,  l’éloquence  et  la  persuasion  qui  apaisent  les 
discordes16.  Toutes  ces  fonctions,  les  Muses  les  exercent 
en  commun,  car,  bien  que  chacune  d’elles  désormais  ait 
son  nom,  elles  n’ont  pas  encore  de  physionomie  person¬ 
nelle  et  distincte.  Ces  noms  mêmes,  auxquels  on  essaiera 
plus  tard  de  rattacher  par  des  artifices  étymologiques'les 
divers  genres  littéraires,  ne  sont  encore  que  de  simples 
épithètes,  sans  signification  précise11.  Calliope  est  la 
seule  qu’Hésiode  distingue  de  ses  sœurs  :  «  elle  est,  dit-il, 
la  première  de  toutes,  car  elle  s’attache  aux  rois  véné¬ 
rés18».  Peut-être  par  ce  langage  figuré  la  désigne-t-il 
déjà  comme  la  Muse  de  la  poésie  épique,  ce  qui  sera 
plus  tard  son  attribution  habituelle. 

La  poésie,  après  Hésiode,  resta  généralement  fidèle  à 
la  généalogie  des  Muses,  telle  qu’il  l’avait  formulée  dans 
la  Théogonie.  Notons  pourtant  quelques  divergences. 
Certains  poètes,  tels  que  Mimnerme19  et  Alcman 20,  admet¬ 
taient,  antérieurement  aux  Muses,  filles  de  Zeus,  une 
génération  de  Muses  plus  anciennes,  filles  d’Ouranos  et 
de  Gê21.  Épicharme  citait,  comme  parents  des  Muses, 
Piéros  et  Pimplea22.  Aratus  connaît  quatre  Muses,  filles 
de  Zeus  et  de  Plusia23.  Mais  ce  sont  là,  en  somme,  de 


pures  fantaisies  de  poètes,  qui  ne  sauraient  prendre  place 
dans  la  mythologie.  De  même  lorsque  Eumélos  fait 
d’Apollon  le  père  des  Muses 24  ou  quand  Euripide  dit  que 
la  blonde  Ilarmonia  enfanta  les  neuf  sœurs  chez  les 
Athéniens 2S,  ce  n’est  là  qu’un  langage  figuré  qu’on  aurait 
tort  de  prendre  au  pied  de  la  lettre. 

IV.  Les  Muses  dans  l’art.  —  La  plus  ancienne  représen¬ 
tation  des  Muses  dont  la  littérature  fasse  mention  est 
celle  que  décrit  Hésiode,  comme  ayant  figuré  sur  le  bou¬ 
clier  d’Héraclès26.  On  y  voyait  Apollon,  au  milieu  de 
l’assemblée  des  immortels,  jouant  de  la  phorminx ,  et  les 
Muses  qui  chantaient.  Sur  le  célèbre  coffret  de  Kypselos, 
exécuté  vers  650-020  av.  J.-C.,  était  sculpté,  selon 
Pausanias21,  le  même  sujet:  le  chœur  gracieux  des 
Muses  (yapieiç  Ap°^on  guidant  leui  chant. 

Ainsi,  aussi  haut  que  nous  puissions  remonter,  nous 
trouvons  déjà  les  Muses  associées  dans  l’art  avec  Apollon 
citharède.  Ni  dans  l’un  ni  dans  l’autre  de  ces  deux  textes 
le  nombre  des  Muses  n’est  indiqué.  Mais,  ce  nombre 
ayant  été  fixé  à  neuf  par  Hésiode  lui-même,  c’est  pro¬ 
bablement  le  chiffre  que  nous  devons  admettre  dans 
passage  du  Bouclier  d'Héraclès.  Et,  dans  le  tex  e 
Pausanias,  le  mot  yp poç  implique  tout  au  moins,  a 
qu’il  semble,  un  total  d’exécutants  supérieur  a  tro  s. 

Quant  aux  attributs,  les  Muses,  sur  ces  deux  monumen 

np  Hemble.nt  en  avoir  eu  aucun.  Leurs  fonctions  i 


bas  §  V.  —  18  Theog. 
7  init.  —  21  Cf.  Cic. 
et  d.  6.  —  23  Ibid.  1. 
—  27  l’aus.  V,  18,  4. 


79-80.  —  ,9 
De  nat.  deor. 
—  24  Ibid.  6. 


„  iv  29  4  —  20  Diod.  Sic.  IV, 

U'  o|  L  22  Tzetz.  Ad  ffesiod.  Op. 
KMed.  833.  -  29  Scut.  H,-,  205. 


MUS 


_  2063  — 


danses  et  chant,  sont  communes  à  toutes.  Et,  par  suite, 
c’est  à  peine  une  conjecture  de  les  imaginer  sur  les  deux 
monuments,  entièrement  pareilles,  toutes,  de  costume  et 
d’attitude,  comme  nous  le  verrons  dans  le  Vase  François. 

Ce  type,  en  grande  partie  négatif  et  impersonnel, 
des  Muses  est  celui  qui  s’offre  encore  à  nous  sur  les 
plus  anciennes  représentations  lîgurées  que  nous  possé¬ 
dons,  sur  les  vases  à  figures  noires.  Nous  y  voyons  un 
nombre  infini  d’images  féminines,  toutes  semblables, 
debout,  ou  dansant,  souvent  avec  une  fleur  à  la  main, 
mules  ou  formant  cortège  à  quelque  divinité,  Apollon, 
Dionysos,  Athéna.  Sont-ce  des  Charités,  des  Nymphes, 
des  Ménades,  ou  des  Muses?  Rien  ne  permet  de  le 
décider.  Pour  toutes  ces  déesses  secondaires  l’art  grec 
ne  dispose  encore  à  cette  époque  que  d’un  seul  type, 
à  peu  près  impersonnel.  Sans  doute  il  y  a  quelque 
raison,  lorsque  ces  personnages  féminins  sont  groupés 
avec  Apollon  citharède,  ou  jouent  de  la  cithare  ou  de  la 
tlùte,  ou  chantent,  de  les  regarder  comme  des  Muses. 
Mais  cela  n’est  jamais  une  certitude1.  Le  seul  vase  à 
figures  noires  qui  nous  offre  une  représentation  authen- 
lique  des  Muses  est  le  célèbre  Vase  François  2.  Encore 
les  inscriptions  seules  nous  permettent-elles  cette  iden- 
lilicalion  ;  car  huit  des  figures  sont  absolument  sem¬ 
blables  entre  elles,  toutes  droites,  vêtues"  d’un  costume 
rigide,  et  sans  aucun  attribut.  Seule  la  neuvième, 
Calliope,  qui  marche  en  tète  du  cortège,  se  distingue  de 
ses  compagnes,  et  par  son  attitude  (elle  se  présente  de 
face,  tandis  que  les  autres  s’avancent 
de  profil),  et  par  la  syrinx  à  neuf  trous 
dont  elle  joue  (fig.  5206).  A  part  deux  di¬ 
vergences  qui  ne  sont  peut-être  que  des 
lapsus  (Stésichore  pour  Terpsichore,et 
Polymnis  au  lieu  de  Polymnia),  les 
noms  qui  accompagnent  ces  figures 
s’accordent  avec  ceux  delà  Théogonie. 
Quant  à  l’absence  d’Apollon  dans  ce 
groupe,  elle  s’explique  de  la  façon  la 
plus  naturelle.  Le  sujet  représenté  est, 
comme  on  sait,  le  cortège  nuptial  de 
Thétis  et  de  Pélée.  Or  Apollon  y  figu¬ 
rait3  sur  un  char,  en  compagnie  de$ 
autres  divinités  supérieures.  Ne  pou¬ 
vant  être  en  deux  endroits  à  la  fois, 
il  a  cédé  ici,  pour  la  circonstance,  son 
rôle  de  Musagète  à  Calliope. 

Sur  les  vases  plus  récents  à  figures 
rouges  abondent  également  les  per¬ 
sonnages  féminins,  de  type  uniforme. 
Cependant  certains  indices  extérieurs  permettent,  a 
I  occasion,  d’y  reconnaître  avec  certitude  des  Muses  . 
Tantôt  le  peintre  a  pris  soin  lui-même  d  indiquer  les 
noms  de  ses  personnages.  D’autres  fois  il  leur  a  mis  en 
main  certains  attributs  significatifs,  tels  que  le  papyrus 
et  les  tablettes.  Ailleurs  c)est  la  présence  d’Apollon  ou 
d’un  poète  légendaire  (Musée,  Thamyris)  au  milieu  des 
Muses  qui  permet  d’identifier  celles-ci.  Enfin  il  est  des 
mythes,  par  exemple  la  lutte  entre  Apollon  et  Marsyas, 


Fig.  5206.  —  Calliope. 


1  Voir  0.  Bie,  De  Musar.  imagin.  (dissert,  inaug.  Berlin,  1887),  p.  10; 
Id.  s.  v.  Alusen,  dans  Rosclier,  Lexxk.  der  Mythol.  Il,  p.  3-243  sq.  2  U  icn. 
Vorlegebl.  1888,  ser.  2,  taf.  1-2;  Furtwaengler  et  Ueichhold,  Griecli.  Yasenmal., 
pl.  i.  _  3  Nous  disons  «  y  figurait  »,  car  le  quatrième  char  sur  lequel  étaient 
debout  Apollon  et  Artémis  est  en  fort  mauvais  état.  *  0.  Bie,  De  Mus. 


MUS 

où  les  Muses  ont  leur  place  et  leur  rôle  marqués  par  la 
tradition.  Grâce  à  ces  indices,  nous  pouvons  fixer  es 
traits  généraux  de  lu  représentation  des  Muses  a  cette 
époque.  Rien  de  plus  variable  sur  ces  vases  que  leur 
nombre;  chose  curieuse,  alors  que  tous  les  en  res, 
depuis  un  jusqu’à  huit,  s’y  rencontrent,  seul,  le  nom 
neuf  ne  s’y  trouve  pas  une  seule  fois.  Peut-être,  cepen¬ 
dant,  aurait-on  tort  de  tirer  de  là  quelque  conclusion .  G  est  , 
comme  on  sait,  l’un  des  procédés  les  plus  habitue  s  e 
l’art  grecque  de  suggérer  l’idée  d’un  ensemble  par  que  - 
ques-uns  de  ses  détails  ou  de  ses  éléments.  L’onomas¬ 
tique  des  Musès  est,  sur  ces  monuments,  conforme  en 
général  au  catalogue  d’Hésiode.  Notons  pourtant  quelques 
variantes  :  Sr^i/dp-r,,  Xofovtxvi,  MéXouaa,  MsXeXwaa  (?).  En 
ce  qui  concerne  les  attributs,  ils  peuvent  se  ranger  en 
deux  classes  :  il  y  a  d’abord  ceux  qui  sont  communs  aux 
Muses  et  à  une  foule  d’autres  divinités  secondaires  :  cas¬ 
sette,  couronne,  guirlande  de  fleurs,  etc.  Plus  intéres¬ 
sants  pour  nous  sont  les  insignes  propres  aux  Muses  : 
harpe,  flûte,  papyrus,  tablettes.  Ce  sont,  comme  on  voit, 
les  instruments  nécessaires  à  la  composition  et  à  1  exe¬ 
cution  musicales  et  poétiques.  Mais  ce  qui  frappe  sur¬ 
tout,  c’est  l’arbitraire  qui  préside  presque  partout  à  la 
répartition  de  ces  attributs.  Terpsichore,  par  exemple, 
porte  ici  un  trigônon ,  là  une  lyre,  ailleurs  une  flûte. 
Thalie,  parée  sur  tel  vase  d'une  couronne,  porte  sur  tel 
autre  une  lyre  et  une  cassette3.  Preuve  manifeste  que 
les  Muses,  à  cette  époque,  n’ont  pas  encore  d’attributions 
fixes  et  personnelles  :  dans  la  répartition  des  fonctions  et 
des  insignes,  le  peintre  n’obéit  qu’à  son  caprice.  L’aspect 
de  ces  figures  divines  est  gracieux,  élégant,  très  peu 
différent  de  celui  des  mortelles.  Gestes  et  attitudes 
varient,  comme  de  juste,  à  l’infini.  Parmi  les  motifs  les 
plus  fréquents  et  qui  tendent  à  devenir  typiques,  il  con¬ 
vient  cependant  de  citer  les  suivants  :  Muse  assise, 
Muse  debout,  sans  appui,  ou  appuyée  contre  un  cippe, 
ou  le  pied  posé  sur  un  rocher,  Muse  dansant,  Muse 
jouant  de  la  flûte  ou  de  la  cithare,  ou  se  préparant 
à  jouer  de  l’un  de  ces  instruments,  Muse  tenant  en 
main  un  papyrus  qu’elle  lit,  Muse  avec  la  main  gau¬ 
che  posée  sur  la  hanche,  et  la  droite  tendue  en 
avant,  etc.15  Par  ces  attitudes  variées,  empruntées  sans 
doute  pour  la  plupart  à  la  statuaire  contemporaine,  les 
peintres  de  vases  obvient  ingénieusement  à  la  monotonie 
de  neuf  figures  pareilles,  que  n’avait  pas  su  éviter  le 
peintre  archaïque  du  vase  François.  Dans  l’agencement 
des  personnages,  par  triades7  ou  plus  souvent  par 
couples,  nous  constatons  la  même  recherche  de  la 
diversité  et  de  l’intérêt.  Tous  ces  motifs  se  retrouvent, 
par  exemple,  sur  une  hydrie  de  Vulci  (fig.  5207) 
qui  figure  Apollon  et  sept  Muses  8.  On  y  voit  quatre 
couples,  ainsi  disposés  :  1°  Apollon  citharède,  et  une 
Muse,  qui  lui  fait  face,  lisant  un  papyrus  ouvert  ;  2°  deux 
Muses,  l’une  debout  avec  un  barbiton ,  l’autre  assise  avec 
une  cithare  ;  3°  deux  Muses,  l’une  debout,  le  pied  gauche 
appuyé  sur  un  rocher,  et  qui  tient  de  la  main  droite  des 
tablettes  ouvertes,  l’autre  assise  qui  joue  de  la  double 
flûte;  4° deux  Muses,  l’une  debout,  la  main  droite  tendue 

imag.  p.  11;  Id.  dans  Rosclier,  Lexilc.  p.  3244  sep  —  3  O.  Bie  p.  13;  Id.  dans 
Rosclier,  Lexik.  II,  p.  3246.  —  6  0.  Bie,  p.  16.  —  1  Exemples  :  Élit,  céramogr. 
2,  86;  Panofka,  Mus.  Blacas ,  p.  18,  Anm.  22.  —  8  Gerhard,  Trinsksch. 
u.  Gefâsse,  II,  17,  18;  cf.  Collignon,  Annal.  Fac.  Bordeaux,  I,  1879,  p.  117 
et  planche. 


MUS 


—  20  G  i 


MUS 


en  avant  et  la  gauche  posée  sur  la  hanche,  qui  semble 
déclamer,  1  autre  qui  danse.  Ce'  vase  nous  représente 
sans  doute  assez  fidèlement  le  type  artistique  des  Muses 
au  ve  siècle,  tel  qu’il  s’était  peu  à  peu  constitué  sous 
l'influence  des  œuvres  du  grand  art. 

Ces  dernières  (à  part  peut-être  une  exception  dont  il 
sera  question  plus  bas)  ont  malheureusement  toutes 
disparu.  Faute  de  mieux,  rapportons  du  moins  ce  qu’en 
disent  les  auteurs  anciens.  Aux  confins  du  vie  et  du 
ve  siècle  nous  trouvons,  d’abord,  la  triade  célèbre  exé¬ 
cutée  à  Sicyone  par  Aristoclès,  Ilagéladas  et  Canachos. 
Ce  groupe,  d’après  le  peu  que  nous  en  savons,  témoignait 
déjà  d'un  certain  effort  pour  conférer  aux  Muses  une 


personnalité.  Au  témoignage  d’Anlipater  de  Sidon  1 
chacune  d’elles  en  effet  portait  un  attribut  distinct  :  la 
première  une  lyre,  la  seconde  un  barbiton,  la  troisième 
une  flûte.  C’est  vers  la  même  époque  sans  doute  qu’il 
faut  placer  l’exécution,  par  le  sculpteur  mitylénien  Les- 
bothémis,  d’une  Muse  tenant  en  main  une  sambykè  2. 
Au  ve  siècle  citons  les  Muses  de  Praxias,  qui,  groupées 
avec  Léto,  Artémis  et  Apollon,  décoraient  à  Delphes  le 
fronton  du  temple  d’Apollon3.  Malheureusement  nous  ne 
savons  rien  sur  l’attitude,  les  attributs,  le  nombre  même 
des  personnages  de  cette  sculpture.  Même  absence 
de  renseignements  sur  plusieurs  œuvres  renommées 
du  siècle  suivant.  Ce  sont  d’abord  un  groupe  de  neuf 


Fig.  5207.  —  Apollon  et  les  Muses. 


Muses,  par  Képhisodotos,  placées  sur  l’Hélicon  \  un 
second  groupe  également  novénaire,  qui  se  voyait  au 
même  endroit,  œuvre  commune  de  Képhisodotos,  Stron- 
gylion  et  Olympiodoros  (qui  avaient  exécuté  chacun  trois 
statues) 5,  et  enfin  un  groupe  des  Muses  et  de  Zeus,  à 
Mégare,  par  Lysippe 6.  Peut-être  même  y  a-t-il  lieu 
d’adjoindre  à  cette  liste  une  œuvre  plus  célèbre  encore, 
les  Thespiades  de  Praxitèle.  Il  est  admis  en  effet  assez 
généralement  aujourd’hui  que  cette  œuvre,  qui  figurait 
à  Thespies,  à  côté  de  YEros  du  même  sculpteur,  et  qui, 
plus  tard,  fut  transportée  à  Rome  par  Mummius,  était 
une  représentation  des  Muses7.  Si  cette  hypothèse  était 
prouvée,  on  serait  sans  doute  en  droit  de  reconnaitie 
dans  ces  Thespiades  le  prototype  de  toutes  ces  Muses  du 

1  Anthol.  grâce.  2,  15,  35.  -  2  Alh.  IV,  182  F.  -  3  Pans.  X,  19,4  Ce 
fronton  n’a  pas  été  retrouvé  dans  les  fouilles  de  Delphes  ;  cf.  Ho  molle,  Bu  . 
corr.  hcll. ,  1894,  p.  175;  1901,  p.  457.  —  4  Paus.  IX,  30,  1.  —  6  Ibid.  —  6  I. 
43-  6,  _  7  plia.  XXXIV,  09;  Cic.  In  Yerr.  IV,  2.  Voir  Max.  Mayer,  Alh. 


siècle,  si  nombreuses  et  si  pareilles  :  jeunes  femmes 
les  du  chiton  et  de  Y  himation,  plus  semblable  a  des 
[■telles  qu’à  des  déesses,  toutes  praxitéliennes  par  a 
ce  et  la  fine  élégance  des  formes  et  des  attitudes  . 
s,  à  défaut  des  Thespiades,  le  hasard  des  fouit  les 
is  a  rendu  plusieurs  figures  de  Muses,  qui,  se  on  oi 
larence,  proviennent,  elles  aussi,  de  Praxi  e  <- 
me  ou  du  moins  de  son  atelier.  A  Mantinee,  en  188/, 
;ole  française  a  mis  au  jour  trois  bas-reliefs,  ig  1 
utte  de  Marsyas  et  d’Apollon  en  présence  des >  Muse  • 
tel  était  exactement,  d’après  Pausamas,  le  suj 
lantinée  par  Praxitèle  sur  la  base  d’un  groupe  repr 
liant  Apollon,  Léto  et  Artémis-.  L^denttncatton^s 
s-reliefs  retrouvés  avec  l’œuvre  mention  ^ 

th.  XVII,  1892,  p.  261.  -  »  O.  Bie  dans  ^Muitinée,  P-  343’ 

3  Fougères,  Bull,  de  corr.  hell.  (1888),^  X  ,  P-  ^  ^  *>«*• 

à  IV.  —  10  VIII,  9,  1  :  toütwv  «citoituilva  P"'  f  '  .  j\jantinêe,  p-  5i4r- 

gères,  l.  I.  corrige,  avec  raison,  ce  semble,  Moue*  e 


MUS 


MUS 


—  20G5  — 


périégète  ne  paraît  donc  pas  contestable*.  Et  dès  lors 
il  nous  est  permis  d’y  voir  un  spécimen  précieux  du  type 
des  Muses  au  ive  siècle  (fig.  5208).  Sur  la  première  plaque 
0n  voit  trois  personnages:  Apollon,  tenant  en  main  la 
cithare  ;  Marsyas,  jouant  de  la  flûte  ;  entre  eux  un  esclave 
..cythe.  Sur  la  seconde  plaque  sont  trois  autres  figures 
debout:  une  Muse,  lisant  dans  un  volumen ;  une  autre, 
,m  volumen  en  main,  qui  écoute  la  précédente,  une 
troisième  qui  de  sa  main 
droite  tend  en  avant  une 
petite  cithare.  La  dernière 
plaque  nous  montre  une 
Muse  debout,  la  double 
llûte  en  main  ;  une  Muse 
également  debout,  qui 
songe,  enveloppée  dans 
son  manteau,  et  enfin  une 
Muse  assise,  tenant  un 
instrument  en  forme  de 
guitare.  Existait-il  une 
quatrième  dalle,  non  en¬ 
core  retrouvée,  qui  portait 
aussi  trois  Muses,  de  façon 
à  faire  un  total  de  neuf?  Les 
opinions,  sur  ce  point, 
sont  partagées  -,  Quoi 
qu’il  en  soit,  on  découvre 
dans  cette  œuvre  un  très 
visible  effort  de  composi¬ 
tion  pour  intéresser  à  une 
même  action  toutes  ces 
divinités.  Rien  de  plus  na¬ 
turel,  en  particulier,  et  de 
plus  heureux  que  l’ordon¬ 
nance  du  second  groupe. 

Celle  des  Muses  qui  a  les 
yeux  fixés  sur  un  volu¬ 
men,  y  lit  sans  doute  à 
haute  voix  la  condamna¬ 
tion  de  Marsyas  ;  la  se¬ 
conde  écoute  ;  la  troisième, 
d’un  geste  ingénument 
expressif,  confirme  le  ju¬ 
gement  de  sa  sœur.  Sur  la 
troisième  plaque,  la  com¬ 
position  est  plus  lâche  et 
se  rattache  moins  étroite¬ 
ment  ù  l’action,  mais 
l’auteur  a  su  du  moins  y 
varier  ingénieusement  les 
attitudes  et  les  attributs. 


A  propos  de  ces  bas-reliefs, 
il  nous  faut  répéter  deux  remarques,  déjà  faites  précé¬ 
demment  à  propos  des  vases  à  figures  rouges.  Dune 
part,  les  attributs  affectés  aux  Muses  y  sont  encore  exclu¬ 
sivement  empruntés  à  la  musique  et  à  la  déclamation. 
D’autre  part,  leur  distribution  reste  encore  très  libre  et 
très  capricieuse  ;  c’est  ce  que  prouvent  à  la  fois  un  double 
emploi  et  une  lacune  :  deux  des  Muses  de  Mantinée  ont 
en  effet  le  volumen ,  aucune  par  contre  ne  porte  la  lyre. 

L’époque  alexandrine  marque  la  date  essentielle  dans 


le  développement  et  la  constitution  du  type  des  Muses. 
C’est  le  temps  où,  la  réflexion  scientifique  s’éveillant 
l’érudition  naissante  s’essaie  à  classer  méthodiquemen 
par  genres  les  multiples  objets  de  l’activité  intellectuelle 
et  particulièrement  littéraire.  De  ces  premiers  essais  de 
classification  devait  naturellement  naître  l’idée  de  mettre 
à  la  tête  de  chaque  genre,  comme  patronne  et  inspi¬ 
ratrice,  une  des  neuf  Muses.  Mais,  avant  d’aboutir  à  un 

système  unique  et  accepte 
de  tous,  ce  travail  d’adap¬ 
tation  dura  plusieurs  siè¬ 
cles.  La  difficulté  en  effet 
était  double.  Il  fallait 
d’abord,  puisqu  il  y  avait 
neuf  Muses,  faire  choix  de  ' 
neuf  genres,  à  l’exclusion 
de  tous  les  autres.  Or,  s’il 
était  facile  de  s’entendre 
sur  les  arts  essentiels, 
épopée,  lyrisme,  drame, 
histoire,  éloquence,  nom¬ 
bre  de  genres  secondaires, 
au  contraire,  avaient  un 
droit  à  peu  près  égal  à 
figurer  sur  la  liste.  Entre 
eux  c’était  donc  le  caprice 
individuel  qui  choisissait 
arbitrairement.  Un  second 
obstacle,  c’était  l’impré¬ 
cision  de  la  plupart  des 
attributs.  Tel  était  le  cas 
de  la  cithare,  du  volumen , 
des  tablettes.  Ce  n’est,  en 
effet,  que  par  une  conven¬ 
tion  postérieure,  que  la 
cithare,  aux  derniers  jours 
de  l’antiquité,  deviendra 
le  symbole  exclusif  du  ly¬ 
risme.  Sur  les  monuments 
alexandrins  elle  figure  en¬ 
core  à  volonté  le  lyrisme 
ou  l’épopée.  De  même  le 
volumen  n’a  pas  toujours 
symbolisé  l’épopée,  ni  les 
tablettes  l’histoire  ;  ces 
deux  instruments  de  l’art 
d’écrire  ont  eu,  à  l’origine, 
une  signification  beau¬ 
coup  plus  large.  Ainsi 
donc,  un  effort  très  sen¬ 
sible  pour  individualiser  les  neuf  Muses  en  identifiant 
chacune  avec  un  art  distinct,  mais  beaucoup  d’incer¬ 
titude  encore  et  de  fantaisie  dans  les  adaptations  propo¬ 
sées,  tel  est,  à  l’époque  alexandrine,  le  caractère  équi¬ 
voque  de  la  représentation  des  Muses.  C’est  ce  qui  nous 
apparaîtra  clairement  par  l’étude  de  quelques  monuments 
figurés  de  ce  temps.  Considérons,  par  exemple,  le  bas- 
relief  d’Archélaos  de  Priène  connu  généralement  sous  le 
nom  d 'Apothéose  d'Homère  (fig.  5209) 3 ,  une  base  d’autel 
découverte  à  Halicarnasse  (fig.  5210) 4,  et  les  Muses  d’Am- 


Fig.  5208.  —  Reliefs  de  Mantinée. 


*  M.  Coll ignon,  Bisl.  de  la  sculpt.  gr.  H,  P-  258  sq.  -  *  0.  Bie,  dans  Roscher, 
Lexilc.  p.  3249  sq.  ;  Fougères,  Mantinée ,  l.  c.  -  3  Duruv,  But.  des  Grecs,  I,  p.  44o  ; 
S.  Reinach,  Gaz.  arch.  1887,  pl.  xvm  ;  0.  Bie,  Die  Mus.  in  d.  ant.  Kunst.  Berlin, 


1887,  p.  50  sq.;  Id.  dans  Roscher,  Lexik.  p.  39.65-6;  et  surtout  le  travail  récent  de 
C.  Watzinger,  63”  R  inckelmanns-progr.  1903.  —  4  Trendelenhurg,  36e  Berl.  Winc- 
I  kelmanns-progr.  1876;  0.  Bie,  Die  Alusen.  p.  43  sq.  ;  Watzinger,  L.  c.,  pl.  u. 


MUS  —  20(16  —  MUS 


bràcie,  groupe  en  marbre  que  les  monnaies  de  Pomponius 
Musa,  monnaies  du  1er  siècle  av.  J  .-C.,  nous  permettent  de 
restituer  assez  exactement  l.  Les  motifs  que  nous  rencon¬ 
trons  sur  ces  monuments  se  peuvent  répartir  en  deux 
classes  très  distinctes.  Les  uns,  héritage  de  l’époque  pré¬ 


cédente,  nous  sont  déjà  connus-.  Toutefois,  même  à  propos 
de  ceux-là,  une  remarque  s’impose  :  c’est  qu’entre  eux 
l’art  alexandrin  opère  une  sélection  :  cinq  ou  six  sont  en 
faveur  à  l’exclusion  presque  complète  des  autres.  C’est 
ainsi  que  sur  les  trois  monuments  que  nous  venons  de 


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T-:  v . 


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rer.  GtJIITZWLLA 


Fig.  5209.  _  Zcus,  Apollon  et  les  Muses  dans  V Apothéose  d  Homère. 


citer  l’on  retrouve  :  la  Muse  au  volumen ,  la  Muse  aux 
tablettes,  la  Muse  à  la  flûte,  la  Muse  à  la  lyre,  la  Muse  à 
la  cithare,  la  Muse  aux  bras  enveloppés  dans  son  hima¬ 
tion.  Ce  sont  là  des  types  définitivement  constitués 
auxquels  l’époque  romaine  n’aura  plus  qu’à  assigner  une 
fonction  précise  et  un  nom.  Mais  à  ces  motifs  tradition- 


;  il  nous  faut  en  ajouter  trois  autres,  entièrement 
veaux  :  la  Muse  au  masque  tragique,  la  Muse  au  mas 
comique,  la  Muse  à  la  sphère.  Ces  troisa 
paraissent  pas  toutefois  simultanément.  Si  e 
ef  de  Priène  nous  montre  déjà  lasphère  astrononi  ^ 
deux  masciues  v  manquent  encore.  Sur  la  jase  e 


l  0.  Bic,  Ibid.  p.  24  sq.  ;  Slicglilz,  Num.  am.  rom.  66;  Babelon,  Monn. 


de  la  répub  L  rom.  II,  p-  360  sq. 


MUS 


—  20G7  — 


MUS 


licarnasse  au  contraire,  nous  voyons  le  masque  tragique, 
tandis  que  Ie  masque  de  comédie  et  la  sphère  font 


défaut.  Ce  n’est  que  sur  les  reproductions  monétaires  du 
groupe  d’Ambracie  que  s’offrent  les  trois  attributs  réunis. 


Fi»'  5210.  —  Ces  Muses  sur  le  monument  d'Halicarnasse. 


Fis.  5211.  —  Thalic. 


Au  masque  de  tragédie  s’associent  ordinairement  d’autres 
symboles,  qui  en  confirment  et  précisent  le  sens  :  la 
massue  et  la  peau  de  lion,  attributs 
du  rôle  d’Héraclès,  quelquefois 
l’épée  empruntée  au  rôle  du  roi. 
La  Muse  tragique  d’Ambracie  a 
déjà  tous  ces  accessoires.  De  même 
le  masque  comique  est  ordinaire¬ 
ment  accompagné  du  pedum ,  attri¬ 
but  dont  le  sens  n’est,  du  reste, 
pas  clair.  On  peut  y  voir  soit  le 
souvenir  d’une  conception  primi¬ 
tive  de  Thalie,  considérée  comme 
Muse  de  l’agriculture  (voir  plus 
bas),  soit  plus  vraisemblablement 
un  symbole  emprunté  au  rôle  du 
paysan  de  comédie.  Quant  à  la 
Muse  à  la  sphère,  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  qu’à  l’époque  dont  nous 
parlons  elle  ne  désigne  pas  encore,  comme  plus  taid, 
la  science  astronomique,  mais  plutôt  la  poésie  astro¬ 
nomique,  sœur  cadette  de  l’épo¬ 
pée,  dont  Aratos,  dans  ses  «hatvô- 
gsva,  venait  alors  de  donner  le 
EêW  chef-d’œuvre.  On  a  même  sup¬ 
posé,  non  sans  vraisemblance, 
que  cette  Muse  avait  été  inventée 
à  Pella,  à  la  cour  d’Antigone 
Gonatas,  où  Aratos  passa  la  plus 
grande  partie  de  sa  vie1.  En 
résumé,  le  travail  de  classifica¬ 
tion  des  Muses  a  donc  abouti,  à 
l’époque  alexandrine,  aux  résul¬ 
tats  suivants  :  1°  trois  Muses 
sont  dès  lors  en  possession  de 
leurs  attributs  et  de  leurs  fonc¬ 
tions  propres  :  ce  sont  les  Muses 
de  la  tragédie,  de  la  comédie,  et 
de  l’astronomie  ;  —  2°  six  autres 
types  tendent  également  à  prévaloir  ;  mais  leur  fonction 
varie  encore  au  gré  de  la  fantaisie  de  chaque  artiste  : 

1  0.  Bie,  dans  Roschcr,  Lexilc.  p.  3261-2.  -  2  Voir,  par  exemple,  sur  le  bas- 
relief  de  Priime  et  sur  la  base  d'Halicarnasse,  une  Muse  dansant,  d’après  un  type 
fréquent  sur  les  vases.  Sur  la  Muse  au  volume,  voir  S.  Reinach,  L.  c.,  et  Pollier- 
Reinach,  Nécropole  de  Myrina ,  p.  420,  pl.  xxxiv.  3  Sur  le  bas-relief  de  Priène  il 
y  a  une  Musc  debout,  sans  attribut,  écoulant.  —  4  Sur  la  base  d'Halicarnasse,  se 


Fig.  5212.  —  Melpomène. 


Fig.  5213.  —  Erato. 


ce  sont  les  Muses  au  volumen ,  aux  tablettes,  à  la  flûte, 
à  la  lyre,  à  la  cithare,  et  la  Muse  drapée  ;  —  3°  toutefois 
cette  ébauche  de  système  laisse 
encore  une  large  part  au  caprice 
individuel.  Sur  presque  tous  les 
monuments  de  ce  temps  d’autres 
types  voisinent  en  effet  avec  ceux 
que  nous  venons  de  mentionner  -, 
et  il  n’est  pas  rare  non  plus  d’y 
rencontrer  plusieurs  figures  sans 
attributs3,  ou  le  même  attribut 
assigné  à  deux  figures4.  Pour  que 
la  classification  des  Muses  fût 
achevée,  trois  choses  restaient  donc 
à  faire  :  arrêter  le  type  encore 
flottant  de  six  d’entre  elles,  assi¬ 
gner  à  chacune  sa  fonction  pro¬ 
pre,  enfin  répartir  de  façon  défini¬ 
tive  entre  les  neuf  sœurs  les  noms 
hésiodiques.  Telle  fut  la  besogne  de  1  époque  romaine  . 

Parmi  les  groupes  les  plus  remarquables  de  cette 
période,  il  convient  de  citer  d’abord 
les  peintures  murales  d’Herculanum, 
actuellement  au  Musée  du  Louvre. 

Au  bas  de  ces  huit  figures  (la  neu¬ 
vième  manque)  se  lit  une  inscription, 
indiquant  le  nom  de  chaque  Muse 
et  sa  fonction.  Thalie,  de  la  main 
gauche,  porte  le  masque  comique,  et 
dans  la  droite  le  pedum  (inscription  : 

©aXsia  x.o>p.wBtav  (fig.  5211).  Erato 
joue  de  la  cithare  (’Epocxw  <j/a.Xxptav) 

(fig.  5213).  Melpomène,  tenant  de  la 
main  gauche  le  masque  tragique, 
s’appuie  de  l’autre  sur  la  massue 
(MeXuoptévir)  xpaycoBtav)  (fig.  5212).  Po¬ 
lymnie,  sans  attribut,  l’index  de  la 
main  droite  posé  sur  les  lèvres,  Fig. 5214.— Terpsiehore. 
songe  (lToXû[x.via  |j.'j0oui;).  Terpsichore 
joue  de  la  lyre  (Tspij/i/op-ri  Xupxv)  (fig.  5214).  Calliope, 
en  une  attitude  méditative,  tient  de  ses  deux  mains 


voient  deux  Muses  songeuses,  drapées,  l'une  le  menton  dans  sa  main,  l’autre  le  corps 
penché  en  avant  sur  un  pilier.  Les  sarcophages  Pacca  et  Medici,  qui  sont  à  peu  près 
du  même  temps,  présentent,  chacun,  deux  fois  les  tablettes  [Annal.  Instit.  4871 , 
tav.  D,  E  ;  0.  Bie,  Die  Musen,  p.  53  ;  Id.  dans  Roscher,  Lexik.  p.  3269-70).  —  6  p\tt. 
Ercol.  11,  lav.  ii-ix;  Hclbig,  WandgemSlde  von  Vesuv  verschtit.  Stâdte,  n.  838  sq. 


MUS 


—  2068  — 


MUS 


un  volumen  roulé  (KïXÀiq7ty|  7ronr)jji.a).  Toutes  ces  figures 
sont  debout.  Les  deux  suivantes  se  présentent  assises. 
Uranie  (fig.  5213),  soutenant  de  la  main  gauche  le 

globe  eéleste,  en  désigne 
un  point  à  l’aide  d’une 
baguette  qu’elle  tient  de 
l’autre  main  (pas  d’ins¬ 
cription).  Clio  lit  dans 
un  volumen  déroulé, 
qu’elle  tient  de  la  main 
gauche  ;  à  ses  pieds  est 
un  scrinium  contenant 
six  autres  manuscrits 
roulés  (KXetw  latoptav) 
(fig.  5216).  La  neuvième 
figure,  qui  a  disparu, 

Fig.  52io.  -  Uranie.  était  évidemment  Eu- 

terpe  avec  la  double 
flûte.  Du  même  temps  à  peu  près  sont  sans  doute  les 
huit  statues  en  marbre  du  Vatican,  provenant  de  la  villa 
Cassius1.  Les  attributs  des  Muses  y  sont  exactement 
les  mêmes  que  sur  la  peinture  d’Herculanum,  si  ce  n’est 
que  l’auteur  attribue  à  Calliope  un  diptychon  2  ;  manque 
également  dans  ce  groupe  Euterpe.  Ainsi  donc  l’accord 


sur  les  types  individuels  des  Muses  semble,  û  cette  éno 
enfin  établi.  Il  n’est  pas  arrivé  toutefo'is  à  une  LuT* 
immuable  et  canonique.  Ce  qui  le  prouve,  c’est  ” 
exemple,  une  peinture  '  ’  pai‘ 

murale  d’Herculanum 
inédite,  citée  par  O. 

Bie3,  où  se  voient  en¬ 
core  deux  Muses  (Eu¬ 
terpe  etCalliope  ?)  pour¬ 
vues  du  même  attribut, 
la  flûte  ;  ce  sont  cer¬ 
tains  fragments  de  va¬ 
ses  d’Arezzo  4,  à  ins¬ 
criptions,  sur  lesquels 
Clio  se  présente  sans 
attributs,  Euterpe  avec 
la  lyre  6,  Terpsichore 
avec  le  volumen,  Cal-  Fig.  521c.  —  cüo. 

liope  avec  le  pedum. 

On  pourrait  citer  beaucoup  d’autres  exceptions  encore. 
Sur  ce  point,  la  liberté  des  poètes  est,  du  reste,  égale  à 
celles  des  artistes.  Ainsi  Horace  prête  comme  insignes  à 
Polymnie  le  barbitos  6,  à  Clio  la  lyre  ou  la  flûte  \  à  Cal¬ 
liope  la  flûte  ou  la  cithare  8.  Chez  Virgile  et  Ovide  même 


Fig.  5217.  —  Les  Muses  sur  un  sarcophage  romain 


fantaisie  dans  la  distribution  des  attributs  entre  les 
Muses.  Ce  n’est  guère  que  sur  les  sarcophages  des  der¬ 
niers  temps  que  cette  répartition  se  répète  avec  une 
rigueur  et  une  monotonie  canoniques.  On  sait  combien 
est  considérable  le  nombre  des  sarcophages  sur  lesquels 
le  défunt,  d’ordinaire  un  poète  ou  un  savant,  est  repré¬ 
senté  entouré  du  chœur  des  Muses,  souvent  même 
accompagné  d’Apollon  et  de  Minerve 9.  Sur  d’autres 
est  reproduite  la  querelle  de  Marsyas  et  d’Apollon  jugée 
par  les  Muses,  ou  le  combat  des  Muses  et  des  Sirènes10. 
Quelques-uns  de  ces  cercueils  sculptés  remontent  à  une 
haute  antiquité'1.  Mais  la  majeure  partie  date  cependant 
des  derniers  temps  de  l’empire  romain  et  ne  sont  plus  que 
des  produits  industriels.  La  figure  5217,  qui  reproduit  un 


sarcophage  actuellement  au  Louvre  12,  montre  ce  qu  ils 
conservent  quelquefois  de  beauté. 

V.  Noms  et  fonctions  des  Muses.  —  La  personnalité  de 
chaque  Muse  est  la  résultante  de  trois  éléments,  qui  no 
se  sont  pas  constitués  simultanément  :1e  type  artistique, 
la  fonction  et  le  nom.  Nous  avons  vu  précédemment  avec 
quelle  lenteur  s’établit  l’association  fixe  du  type  et  do  la 
fonction.  Parallèlement  à  ce  premier  travail,  mais  avec 
plus  de  lenteur  encore,  s’en  accomplissait  un  secon 
tendant  à  pourvoir  chaque  Muse  d’un  nom  peimanent. 
A  ce  point  de  vue,  nous  pouvons  distinguer  dans  1  lus 
toire  des  Muses  trois  phases.  Au  début,  les  Muses  formen 
un  chœur  impersonnel  de  neuf  divinités,  entre  lesque  es 
le  caprice  des  artistes  et  des  poètes  répartit  libremen 


»  Visconli,  Mus.  Pio  Clem.  J,  17-27.  —  2  Voir  sur  l'attribut  de  Clio  et  de  Calliope, 
Ilelbig,  O.  I.  p.  t72.  —  3  Roscher,  Lexilc.  p.  3274-5.  —  4  Bull.  Instit.  1884,  p.  49; 
Not.  d.  scavi,  1884,  p.  377.  —  5  Euterpe  tient  aussi  une  lyre  dans  une  peinture  de 
Pompei,  représentant  Orphée  entouré  par  les  Muscs  (Helbig,  O.  I.  n.  893;  Atlas, 
pl.  x).  Les  autres  Muses  sont  sans  attribut.  Cinq  sont  nommées.  —  6  üd.  I,  i,  33. 


7  1,  12,  1.  -  8  lit,  4,  1.  -  »  Énumération  de  ces  sarcophages  dans  A  nna^ 
si.  1801,  p.  122.  -10  Pour  les  plumes  dont  la  tête  des  Muses  es  s0“*  3J!ophagc9 
moire  de  leur  victoire  sur  les  Sirènes,  voir  sirenae.  hellénistique. 

ccaet  Mcdici  cités  plus  haut  n.  4,  p.  2067,  qui  datent  de  poque  _37gi 

12  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pl.  cev,  45  ;  Frohner,  Notice  de  la  scu  p  ■ 


MUS 


2069 


MUS 


]os  attributs,  les  fondions  elles  noms.  Un  peu  plus  tard, 
entre  le  ve  et  le  me  siècle,  le  type  artistique  des  Muses 
commence  à  émerger;  à  cette  époque  on  peut  déjà  parler 
de  la  Muse  à  la  lyre,  de  la  Muse  à  la  flûte,  de  la  Muse 
aux  tablettes,  etc.  Mais  aucune  fonction  ni  dénomination 
fixe  n’est  encore  attachée  à  chacun  de  ces  attributs, 
plus  tard  encore,  dans  la  période  alexandrine,  s’établit, 
an  moins  pour  certaines  Muses,  un  accord  à  peu  près 
permanent  entre  l’attribut  et  la  fonction  :  les  deux  Muses 
au  masque  symbolisent  dès  lors  la  tragédie  et  la  comé¬ 
die,  et  la  Muse  au  globe  est  reconnue  comme  patronne 
de  l’astronomie.  Mais  il  serait  prématuré  encore  d’attri¬ 
buer  en  propre  à  ces  personnifications  tel  ou  tel  des 
noms  hésiodiques.  Ces  noms,  les  poètes  non  seulement 
alexandrins,  mais  même  romains,  les  transportent  d’une 
Muse  à  l’autre  au  seul  gré  de  leur  fantaisie.  Horace,  par 
exemple,  dans  ses  odes,  invoque  successivement  comme 
patronnes  de  la  poésie  lyrique  Euterpe1,  puis  Polym¬ 
nie2,  et  enfin  Melpomène3.  Ailleurs,  il  nomme  comme 
Muse  de  la  poésie,  entendue  dans  son  sens  le  plus  géné¬ 
ral,  Thalie  *  qui,  chez  son  contemporain  Virgile,  n’est 
que  la  Muse  particulière  de  la  pastorale8.  D’après  Plu¬ 
tarque,  Polymnie  avait,  de  son  temps  encore,  des  attri¬ 
butions  fort  incertaines  :  les  uns  en  faisaient  la  patronne 
du  genre  historique0,  les  autres  une  divinité  qui  pré¬ 
side  à  la  faculté  d’apprendre  et  de  se  souvenir1.  Chez  le 
même  écrivain,  Clio  est  présentée  comme  la  Muse  du 
panégyrique  8,  Euterpe  comme  celle  de  l’étude  de  la 
nature 9,  Thalie  comme  la  présidente  des  banquets 
joyeux,  qu’animent  le  chant  et  la  musique10. 

Malgré  ces  dissidences  persistantes,  il  reste  vrai  cepen¬ 
dant  que,  sur  chaque  Muse,  il  s’était  établi,  vers  la  fin 
de  l’antiquité,  une  conception  généralement,  sinon  una¬ 
nimement  acceptée.  C’est  cette  conception  dernière  qu’il 
nous  faut  maintenant  exposer,  en  y  joignant,  autant  que 
faire  se  peut,  la  série  des  variations  qui  l’ont  précédée. 

Clio,  d’après  l’étymologie,  est  la  Muse  qui  donne  la 
gloire  (xXéoç) 11 .  Et  par  là  s’explique  la  diversité  des 
genres  littéraires  dont  le  patronage  lui  a  été  successive¬ 
ment  attribué  :  hymnes12,  panégyrique13,  histoire.  Mais 
c’est  cette  dernière  attribution  qui,  avec  le  temps,  a 
prévalu.  Sur  presque  tous  les  monuments  conservés,  en 
particulier  sur  la  fresque  d’Herculanum  (fig.  5216),  Clio 
nous  apparaît  comme  la  Muse  de  l’histoire.  Son  attribut 
essentiel  est  le  volumen  qu’elle  déroule. 

Euterpe,  ainsi  que  l’indique  son  nom,  fut  primitivement 
une  divinité  de  la  joie  et  du  plaisir.  Elle  a  pour  attribut  la 
double  flûte.  Celle-ci  étant  l’instrument  par  excellence  du 
culte  dionysiaque,  on  a  supposé  non  sans  vraisemblance 
qu’Euterpe,  à  l’origine,  avait  fait  partie  du  joyeux  cortège 
de  Dionysos  plutôt  que  de  la  troupe  savante  d’Apollon.  A 
part  quelques  variantes  dues  à  la  fantaisie  individuelle  14, 
cette  Muse  a  de  tout  temps  présidé  au  jeu  de  la  flûte. 

Thalie  a  été  sans  doute  à  l’origine  la  déesse  qui  «  fait 
croître  et  fleurir  »  les  plantes  (ÔâXXw).  Et  nous  la  trouvons, 
en  effet,  citée  parfois  comme  Muse  de  la  végétation  ou 
de  l’agriculture  13.  C’est  à  ce  titre  encore,  ou  du  moins 
par  une  dérivation  directe  de  ce  primitif  emploi,  que 

1  Od.  I,  1,  33.  —  2  Ibid.  —  3  III,  30,  IG;  IV,  3,  1.  —  4  IV,  G,  25. 

—  5  Ecl.  VI,  2.  —  6  Symp.  IX,  14,  1,  p.  743  D.  —  7  0.  I.  IX,  14,  7, 
p.  740  E.  —8  Ibid.  IX,  14,  1,  p.  743  U.  —  9  Ibid.  IX,  14,  7,  p.  740  E. 

—  10  Ibid.  IX,  14,  7,  p.  74G  F.  —  U  Diod.  Sic.  IV,  7;  cf.  l'expression  homé- 
rique  *7, la  àvSçlüv.  —  12  Hor.  Od.  I,  12,  1.  —  13  Plut.  Symp.  IX,  14,  1,  p.  743  D. 

—  11  Plut.  Symp.  IX,  14,  7,  p.  740  E;  Corin.  Theoloy.  gr.  compend.  XIV,  p.  10 

VI. 


Virgile,  au  début  de  sa  sixième  églogue,  l’invoque  comme 
patronne  de  ^a  poésie  pastorale.  Ailleurs,  et  par  une 
conséquence  non  moins  naturelle,  Thalie  préside  aux 
plaisirs  et  aux  divertissements  rustiques 1G,  en  particulier 
à  ces  mascarades  avinées  (xtogoç),  par  lesquelles  les 
paysans  grecs  célébraient  les  Dionysies  champêtres4'. 
Enfin,  la  comédie  grecque  étant  issue  du  cômos,  il  était 
naturel  que  Thalie  devînt  aussi  la  Muse  du  drame  comi¬ 
que.  Telle  est,  à  l’époque  romaine,  son  unique  fonction. 
Ses  attributs  essentiels  sont  le  masque  comique  et  le 
pedum.  Le  lierre  ou  le  pampre  qui  parent  généralement 
sa  tête,  rappellent  encore  son  origine  agreste. 

L’étymologie  du  nom  de  Melpomène  autorise  à  croire 
qu’elle  fut  d’abord  la  Muse 
qui  inspire  les  chants 
(géX7togat).  Et  c’est  dans  ce 
sens  tout  général  qu’Ho- 
race  l’invoque  encore  à 
plusieurs  reprises l8.  Ce 
n’est  qu’assez  tardivement 
qu’elle  est  devenue  la 
Muse  exclusive  de  la  tra¬ 
gédie.  Évolution  qui  se 
comprendrait  difficile  - 
ment,  si  l’on  ne  se  souve¬ 
nait  que  Dionysos  est 
quelquefois  qualifié,'’  lui 
aussi,  de  Me/poménos  19. 

Celte  similitude  de  nom 
semble  attester  entre  Mel¬ 
pomène  et  Dionysos  des 
rapports  primitifs  par  les¬ 
quels  s’explique  sans  doute  le  choix  de  cette  Muse, 
comme  patronne  de  la  tragédie  dionysiaque.  Quoi  qu’il 
en  soit,  les  attributs  ordinaires  de  Melpomène  sont  le 
masque  tragique  et  la  massue.  A  la  place  de  celle-ci, 
Melpomène  porte  quelquefois  le  poignard  ou  l’épée. 
D’autres  fois  la  massue  est  accompagnée  de  la  peau 
de  lion,  attribut  également  dérivé  du  rôle  d’Héraclès. 
Entre  ses  sœurs,  la  Muse  tragique  se  distingue  par  un 
air  de  majesté  sévère,  auquel  ajoutent  encore,  comme 
dans  une  statue  bien  connue  du  Louvre,  ses  proportions 
parfois  colossales.  L’exagération  de  la  taille  vise,  en  pa¬ 
reil  cas,  à  donner  l’impression  du  monde  héroïque  et 
surhumain  que  la  tragédie  met  en  scène.  Signalons  en¬ 
core  l’attitude  originale  de  Melpomène  sur  la  statue  du 
Vatican  (fig.  52T8),  comme  sur  nombre  d’autres  monu¬ 
ments.  La  Muse  de  la  tragédie  s’y  montre  debout,  le  pied 
gauche  relevé  et  posé  sur  un  rocher20.  Le  sens  de  cette 
attitude  (qui  de  Melpomène  s’est  propagée,  du  reste,  à 
d'autres  Muses)  interprété  de  façons  très  diverses  et  par¬ 
fois  fantaisistes,  reste  obscur21. 

Terpsichore,  en  conformité  avec  son  nom,  présida 
d’abord  aux  chœurs  de  danse  22.  Mais  on  sait  quelle  fut 
de  tout  temps,  en  Grèce,  l’intime  association  de  la  danse 
et  du  chant.  Aussi,  à  1  époque  plus  récente,  Terpsichore 
est-elle  devenue  la  Muse  de  la  poésie  lyrique23.  La  lyre 
est  son  attribut  propre. 

2,  éd.  Lang.  -  <3  Schol.  Apoll.  III,  I  ;  Plut.  Symp.  IX,  14,  4,  p.  745  A. 

—  16  Plut.  O.  I.  IX,  14,  7,  p.  740  F.  —  17  Schol.  Luc.  Imag.  p.  342,  10. 

—  18  Od.  I,  24,  2;  III,  30,  10;  IV,  3,  1.  —  19  Paus.  I,  2,  4.  —  20  Vus.  Pio  Cl. 
I,  pl.  XIX  ;  Clarac,  Sculpt.  pl.  dxiii,  n°  1044.  —  21  Sur  cette  attitude,  voir  Pottier- 
Reinach,  Nécropole  de  Myrina,  p.  409.-22  plat.  Phaedr.  p.  259  C.  —  23  Anthol. 
lat.  I,  88,  p.  101,  éd.  A.  Riese;  Auson.  ldyl.  XX. 


260 


MUS 


—  2070  — 


Très  peu  différent  du  précédent  est  le  type  d’Érato. 
Elle  a  pour  attribut  la  cithare  et  symbolise  la  poésie 
érotique.  Cette  interprétation,  par  voie  étymolo¬ 
gique,  se  rencontre  déjà  chez  Platon  *.  Elle  devient 
ensuite  générale.  C’est  Érato  qu’Apollonius  de  Rhodes 
invoque  au  troisième  chant  de  ses  Argonaiitiques , 
avant  de  raconter  les  amours  de  Médée  et  de  Jason. 
Et,  si  Virgile  l’appelle  au  début  du  septième  chant  de 
l’Énéide,  c’est  qu’à  ses  yeux  l’hymen  d’Ënée  et  de 
Lavinie  est  l’événement  principal  de  la  seconde  partie 
du  poème.  Souvent  Érato  ne  se  distingue  de  Terpsi- 
chore  que  par  les  traits  plus  vivants  et  plus  pas¬ 
sionnés  de  sa  physionomie. 

Selon  une  étymologie  qui  ne  paraît  pas  douteuse, 
Polymnie  (ttûXûç,  ugvoç)  est  la  Muse  qui  inspire  les 
hymnes,  c’est-à-dire  les  chants  en  l’honneur  des  dieux 
et  des  héros  2.  Tel  est  le  sens  de  l’inscription  qui  figure 
au  bas  de  son  image  dans  lafresque d’Herculanum  :  rioXu|j.via 
péôouç,  car  les  mythes  sont  la  matière  ordinaire  des 
hymnes.  C’est  encore  en  ce  sens,  ou  peut-être,  d’une 
manière  plus  générale,  comme  patronne  de  la  poésie 
lyrique  que  l’invoque  Horace3.  Mais  une  seconde  étymo¬ 
logie  (iroXu;,  [i-vsia)  paraît  avoir  eu  cours  dans  l’antiquité4, 
d’après  laquelle  Polymnie  aurait  présidé  à  la  faculté 
d’apprendre  et  de  se  souvenir5.  Et  avec  cette  interpréta¬ 
tion  s’accordent  la  plupart  des  représentations  qui  nous 
sont  parvenues.  Polymnie  s’y  montre  toujours  dans 
l’attitude  de  la  méditation  ou  du  souvenir,  tout  le  haut 
du  corps  étroitement  enveloppé  dans  son  manteau,  et 
tantôt  le  menton  appuyé  sur  la  main  droite,  tantôt 
l'index  appliqué  sur  la  bouche.  Souvent  aussi,  et  c’est  là 
une  attitude  qui  s’harmonise  avec  l’expression  songeuse 
de  sa  physionomie,  elle  se  tient  le  buste  penché  en 
avant,  et  les  coudes  appuyés  sur  un  piédestal  ou  un 
rocher.  Par  plusieurs  de  ces  traits  Polymnie  se  rap¬ 
proche  beaucoup  de  Mnémosyné,  mère  des  Muses,  de 
laquelle  il  n’est  pas  toujours  facile  de  la  distinguer  G. 
C’est  sans  doute  ce  silence  expressif  et,  en  particulier, 
ce  doigt  posé  sur  la  bouche  qui  amenèrent  les  Romains 
des  derniers  siècles  à  voir  en  Polymnie  la  patronne 
d’un  genre,  qui  jouissait  alors  d’une  vogue  bien  dispro¬ 
portionnée  à  son  importance  et  à  son  mérite,  la  panto¬ 
mime.  C’est  l’emploi  que  lui  attribuent  Ausone  et  divers 
poètes  de  l’Anthologie  7. 

Uranie  n’a  pris,  comme  nous  l’avons  vu,  qu’assez  tard 
le  rôle  et  les  insignes  de  Muse  de  l’astronomie.  Et  elle 
doit  évidemment  cette  attribution  à  son  nom  (Oùpavîa,  la 
céleste) 8.  Uranie  a  pour  symboles  habituels  dans  Partie 


MUS 


elle  désigne  sur  la  sphère  la  position  des  12^7^ 
empire  .romain,  l’astrologie  revendiqua  tout  nabi? 
lement  comme  patronne  cette  Muse9  Les  Si 
agrandissant  sa  fonction,  en  firent' la  Muse01?6?’ 
nature  universelle*0.  '  de  a 


Entre  ses  compagnes,  Calliope  est  la  première  pour  1W 
et  la  dignité».  C’est  le  rang  d’honneur  que  lui  assigne 
déjà  la  Théogonie  et  que  nous  lui  voyons  également  sur 
le  Vase  François  (fig.  5206).  Quant  à  ses  fonctions  elles 
ont  beaucoup  varié  selon  les  temps.  Mais  toujours  elles 
dérivent  clairement  de  l’étymologie  de  son  nom.  Elle  est  la 
Muse  «à  la  belle  voix  12  ».  Et,  par  suite,  on  l’a  considérée 
souvent  comme  la  source  de  l’inspiration  prophétique 
à  l’égal  d’Apollon  lui-même*3.  C’est  là,  sans  doute,  Stà 
signification  la  plus  ancienne.  Toutefois  il  semble  bien 
que  chez  Homère  elle  soit  regardée  comme  la  Muse  propre 
de  l’épopée  u.  Mais  cette  conception  n’a,  du  reste,  rien 
de  contradictoire  avec  la  précédente,  puisque  l’épopée 
était  alors  le  seul  genre  poétique.  Assez  souvent  aussi 
Calliope  passe  pour  la  patronne  de  l’éloquence 15 ;  et  on 
confirmait  ingénieusement  cette  opinion,  qui  se  trouve 
déjà  chez  Platon,  à  l'aide  de  quelques  vers  d’Hésiode19. 
Enfin,  dans  les  derniers  temps,  la  littérature  et  l’art  sem¬ 
blent  d’accord  pour  restituer  à  Calliope  son  rôle  de  Muse 
du  poème  épique*7.  A  travers  tant  de  significations  diffé¬ 
rentes,  le  type  de  celte  Muse  demeure  assez  constant. 
Elle  a  pour  symboles  le  Stylus  et  les  tablettes.  C’est  tout 
à  fait  par  exception  que  sur  la  peinture  d’Herculanum  elle 


porte  le  volumen ,  comme  Clio.  O.  Navarre. 

MUSCARHJM.  [AutcuroS-rp  —  Chasse-mouches, 

époussetoir,  éventail.  L’usage  du  chasse-mouches  parait 
être  venu  d’Orient  en  Grèce*,  puis  à  Rome.  On  en  lit 
avec  la  queue  du  bœuf  terminée  par  une  touffe  de  poils2 
ou  avec  les  crins  de  la  queue  du  cheval,  d’où  l’emploi 
pour  désigner  cette  queue  même  du  nom  de  musca- 
rium 3  ;  on  en  fit  aussi  en  plumes4  comme  les  éventails, 
avec  lesquels  les  chasse-mouches  sont  souvent  confondus 
[flabellum].  Ils  avaient,  en  effet,  non  seulement  l’em¬ 
ploi  que  leur  nom  désigne,  mais  servaient  aussi  à  épous¬ 
seter5  et  à  éventer. 

Dans  une  inscription  de  Pompëi 6,  le  même  nom  est 
donné  à  un  meuble  où  l’on  serrait  des  tablettes  pour  les 
mettre  à  l’abri  des  mouches.  E.  Saglio. 

MUSCITLUS.  —  I.  Appareil  qui  protégait  les  assié¬ 
geants  travaillant  à  une  tranchée  [oppugnatio]. 

II.  —  Petite  embarcation*.  On  en  connaît  la  forme 
par  la  mosaïque  encore  inédite  d’Althiburus  (Medeina  en 


•  L.  I.  —  2  Etym.  magn.  s.  v.  EOoùiuAo;  ;  Diod.  Sic.  IV,  7.  —  3  Od. 

I,  I,  33.  —  4  Plut.  Symp.  IX,  H,  I,  p.  743  {D.  —  S  O.  1  IX,  14,  7,  p.  746 

D-E.  Dans  le  même  passage  Plutarque  identifie  Polyrnnia,  ainsi  entendue,  avec  la 
Muse  appelée  Polymathia  par  les  Sicyoniens.  —  11  Cassiod.  Var.  IV,  51  :  «  orcliis- 
tarum  loquacissimae  inanus,  linguosi  digiti,  silentium  clamosum,  expositio  tacila, 
quam  musa  Polyhymnia  reperisse  narratur  ».  — 7  Auson.  L.  I.  ;  Anth.  lat.  I.  I. 
—  »  Voir  déjà  Plat.  Phaedr.  259  D.  — 9  Anthol.  gr.  Jacobs,  IX,  505.  —  iû  Cornut. 

O.  I.  XIV,  p.  17,  4,  éd.  Lang.  —  il  Hesiod.  Théo  y.  79 ;  Plat.  L.  I.  ;  Appollod. 

I,  3,  1 .  —  12  plat.  L.  I.  :  ieéçi  te  oèpavbv  xat  Xôyouç  oùaat  ôeiouç  te  xai  àvOpumtvou;  (Uranie 
et  Calliope).  —  13  Elle  est  invoquée  de  celte  façon  toute  générale  par  l’auteur  de 
l’hymne  homérique  au  Soleil  (XXXI,  2),  par  Alcraan  (Lyr.  gr.  Bergk,  3e  éd.  p.  45), 
par  Horace,  Od.  111,  4,  1  ;  cl’.  Philost.  Heroic.  XX,  3.  —  14  C’est  à  elle  sans  doute 
que  songe  le  poète,  lorsqu'il  invoque  la  Museau  début  de  scs  deux  poèmes.  — 15  Plat. 
Phaedr.  I.  L;  Plut.  Symp.  IX,  14,  7,  p.  74C  D;  Cornut.  O.  I.  XIV,  p.  17,  0,  éd. 
Lang.  —  i6  Theoy.  80  sq.  —  17  Auson.  L.  l.\  cf.  l'inscription  sur  la  peinture 
d’Ilerculauum  :  KcOXott]  itotr.na.  — Biblioohaphif..  Gyraldus,  Syntagma  de  Musis, 
t.  1,  p.  555,  des  Œuvres,  éd.  Jensius;  Heyne,  Musar.  religio,  1766  ;  Creuzer,  Sym- 
bolik,  2e  éd.  t.  III,  p.  261  sq.  ;  Petersen,  De  Musar.  apud  Graec.  orig.  numéro  nomi- 
nibusque  ( Miscell .  Uafn.  1,  p.  79  sq.)  ;  G.  Hermann,  De  Musis  f. luvialibus  Epichar- 


mi  et  Eumeli,  1819  =  Opusc.  II,  p.  288  sq.  ;  Bultmann,  Mythologus,  I,  P-  -,3  stI-  > 
Guédéonoff,  Groupes  de  Mus.  antiq.  (Annal.  Instit.  1852);  Schillbach,  De  Musis, 
1853;  Deilers,  Ueb.  die  Verehrung  der  Mus.  bei  den  Gr.  1868;  Decliarme,  Les 
Muses,  1869;  Krause,  Musen,  Grazien,  Horen  u.  Nymphen,  1871;  Rôdigei,  Die 
Musen  ( Jahrb .  f.  class.  Philol.  8  Suppl,  p.  253  sq.)  ;  Trendelenburg,  Due  sarco- 
fagi  con  rappres.  dette  Musc  (Annal.  Instit.  1871);  Oberg,  Mus.  typi  monum. 
veteribus  expressi,  1873;  0.  Bie,  De  Musar  imag.  quaest.  selectae  (dissert,  inaug. 
Berlin,  1887);  Die  Mus.  in  der  antik.  Kunst,  1887,  et  l’article  du  même  dans  Ros- 
cher,  Ausfükrl.  Lexik.  der  gr.  u.  rôtn.  Mytliolog.  Il,  p.  3238  sq.  Les  Myt  io 
f/ies  grecques  de  Maury,  Decharme  Preller,  (jerliard,  Welcker  ont  dis  C^P‘ 
consacrés  aux  Muses.  Voir  aussi  les  Deukmâler  de  Baumeisler,  1887,  p.  ’ | 1 1  ’  07 
MUSCARHJM.  1 ,  De  Perse  (Menand.  ap.  Athen.  XI,  10;  Poil.  X,  27,  9+)  ou 

l’on  en  fait  encore  avec  la  queue  du 


de  l’Inde  (Aelian.  Hist.  anim.  XV,  14)  où  1 


_  2  Mart.  XIV,  71  : 


yak.  On  le  trouve  représenté  sur  les  monuments  assyriens. 
muscarium  bubulum.  —  3  Veget.  Vet.  VI,  1,  1;  VI,  2,  2,  VI,  3  et  4. 

XIV,  67  :  muscaria  pavonina.  —  5  Mart.  XIV,  71.  0  Romane  i,  >  j 

Pompeii,  p.  168.  ,  nr.yjt 

MUSCULUS.  1  Isid.  Or.  XIX,  1,  14  :  «  navigium  curtum  »  ;  Boecking,  a  ■ 

dign.  Or.  p.  454. 


MUS 


—  2071 


MUS 


Tunisie),  où  toutes  sortes  d’embarcations  sont  repré¬ 
sentées  avec  leurs  noms  en  grec  et  en  latin.  Au-dessous 


de  celle  qu’on  voit  (fîg.  5219)  on  lit  MVSCVLVS  et  au- 
dessus  MTAION'.  E.  S. 

MUSEUM,  Mouuetov,  désigne  un  lieu  consacré  aux 
Muses.  Tel  est  par  excellence  le  Mou<reïov  de  l’Hélicon  '. 
A  Athènes  même,  l’appellation  .de  la  colline  dite  Moucetov 
n’a  pas  sans  doute  d’autre  origine,  quoique  Pausanias 
l’attribue  à  la  présence  du  tombeau  du  poète  Musée2. 

Il  y  a  à  peine  changement  de  sens  lorsque  nous  trou¬ 
vons  la  désignation  de  Mou<reïov  appliquée  au  lieu  où  se 
réunit  une  école  philosophique,  comme  l’école  pythago¬ 
ricienne3.  Non  seulement  l’on  y  cultive  les  études  aux¬ 
quelles  président  les  Muses,  mais  on  peut  dire,  dans  une 
certaine  mesure  au  moins,  que  les  écoles  offrent  un 
emplacement  consacré  aux  Muses  :  Diogène  Laërce  rap¬ 
porte,  par  exemple,  que  dans  l’Académie  Speusippe  plaça 
des  images  des  Charités  et  que  le  Perse  Mithridate  y 
consacra  aux  Muses  la  statue  de  Platon  par  Silanion4. 

Il  en  est  presque  de  même  encore  lorsqu’il  s’agit  du 
célèbre  établissement  fondé  à  Alexandrie  par  les  Pto¬ 
lémées,  auquel  s’applique  d’une  façon  toute  particulière 
le  nom  de  Moueretov  5  et  dont  l’idée  d’ailleurs  dut  leur  être 
inspirée  par  les  philosophes  appelés  de  Grèce  à  leur 
cour6.  La  direction,  en  effet,  en  était  confiée  à  un  grand 
prêtre  qui  y  représentait  le  culte  des  Muses  7.  Il  semble 
bien,  de  plus,  qu’entre  le  Moutreïov  alexandrin  et  le 
Mou<t£ïov  de  Thespies  certaines  relations  aient  existé  8. 
Outre  que  les  Lagides  entretenaient  avec  l’Hélicon  d’ami¬ 
cales  relations,  une  inscription  récemment  découverte9 
rend  assez  vraisemblable  que,  sur  les  revenus  des  capi¬ 
taux  affectés  à  leur  fondation,  une  part  était  régulière¬ 
ment  prélevée  en  faveur  du  sanctuaire  des  Muses  10. 

L’honneur  de  la  création  revient-il  à  Ptolémée  Soter  ou 
à  Ptolemée  Philadelphe?  Il  n’est  guère  possible  de  le 
décider,  d’autant  qu’évidemment  elle  ne  fut  pas  l’œuvre 
d’un  jour  et  que,  si  le  premier  inaugura  l’entreprise, 
notamment  par  la  réunion  de  la  bibliothèque,  la  mise  à 

'  La  Blanclière  et  Gauckler,  Catalogue  du  Musée  Alaoui,  1897,  p.  32,  n“  1  GO  ; 
Gauckler,  C.  rendus  de  l' Acad,  des  Inscr.  1898,  p.  642. 

MUSEUM.  1  Philostr.  Vit.  Apoll.  XXIV,  162.  Athénée,  XIV,  629  a,  nous 
apprend  qu’un  certain  Amphion  de  Thespies  avait  composé  un  ouvrage  en 
plusieurs  livres  mot  tv  'Etnxwvi  Moomtou.  ——2  1,  25,  8.  —  3  Diog.  Laert. 
Vit.  phit.  VIII,  1,  15;  cf.  Plin.  Hist.  nat.  XVI,  32,  où  il  est  question  du 
Muséum  de  Stagire.  —  4  IV,  1,  1  ;  III,  25.  —  5  Sur  le  Musée  d’Alexandrie, 
G.  Parthey,  Das  alexandrin.  Muséum ,  Berlin,  1838  ;  Wcniger,  Dns  alexandrin. 
Muséum  (231  lift  d.  Sammt.  wiss.  Vortràg.  v.  Virchow  u.  Holtzendorff ),  Berlin, 
1875;  Couat,  La  poésie  alexandrine,  chap.  i,  p.  1-27;  A.  et  M.  Croiset,  Hist.  de  la 
litt.  gr.  t.  V,  p.  13.  —  6  Couat,  p.  H.  —  7  Slrab.  XVII,  794.  —  8  Hollcaux,  Rev. 
des  ét.  gr.  1897,  p.  33.—  9  Jamot,  Bull.  corr.  hell.  1895,  p.  379-385.  —  1 9  Ilolleaux , 
p.  34.  —  11  Voir  l’indication  des  textes  douteux  et  la  discussion  dans  Couat,  qui  se 
décide  pour  Ptolémée  Philadelphe,  p.  9-11.  Parthey  tient  pour  Philadelphe,  p.  35-49  ; 
Wcniger  pour  Soter,  p.  9.  —  12  Slrab.  XVII,  793  ;  Couat,  p.  13-14.  —  13  Parthey, 


exécution  complète  des  plans  peut  appartenir  au 
second  n.  Il  y  a  plus  de  certitude  sur  1  emplacement.  Le 
Musée  faisait  partie  des  constructions  royales  qui  se 
succédaient,  attenantes  les  unes  aux  autres,  le  long  du 
grand  port12  :  malgré  les  divergences  d’opinions  émises  '  , 
il  peut  donc  être  approximativement  situé.  Les  batiments 
comprenaient  un  promenoir,  une  exèdre,  où  sans  doute 
les  membres  s’assemblaient  pour  leur  travail  et  les 
affaires  importantes,  et  une  grande  salle  ou  oecus  où  se 
prenaient  les  repas  en  commun14.  Vouloir,  comme  on  la 
tenté13,  reconstituer  davantage  leur  architecture  serait 
tirer  du  passage  où  Vitruve  expose  les  règles  de  la  cons¬ 
truction  des  oeci  égyptiens 16  plus  qu’il  ne  comporte.  Il  est 
seulement  probable,  à  raison  des  études  qui  s  y  faisaient, 
que  des  dépendances  considérables  contenaient  des  salles 
d’anatomie,  desappareils  astronomiques,  etc. 11.  D  autres 
textes  aussi  donnent  à  croire  que  le  Musée  se  complétait 
par  un  jardin  d’acclimatation  pour  les  plantes  exotiques 
et  des  parcs  où  étaient  réunis  les  animaux  des  espèces 
les  plus  rares  18.  Il  en  résultait,  on  le  voit,  les  ressources 
les  plus  précieuses  pour  les  lettrés  et  les  savants,  choisis 
par  le  roi,  qui  y  étaient  logés  et  nourris  aux  frais  de 
l’état19.  Auteurs  et  professeurs,  leur  enseignement  con¬ 
sistait  surtout  en  causeries  et  en  recherches  en  commun  ; 
peut-être,  pourtant,  comprenait-il  quelques  cours  suivis 
pour  des  adolescents  20.  Les  renseignements  malheureu¬ 
sement  nous  manquent  sur  cette  vie  intérieure  du  Musée 
et  tout  ce  que  l’on  peut  affirmer  est  que  l’organisation 
en  tenait  à  la  fois  et  du  temple,  nous  l’avons  dit  au 
début,  et  de  l’académie  et  de  l’université21. 

Les  empereurs  romains  succédèrent  aux  Ptolémées 
dans  le  patronage  du  Musée  22.  Claude  joignit  à 
l’ancien  Musée  un  nouvel  établissement,  auquel  il  donna 
son  nom,  pour  qu’on  y'  récitât  chaque  année  ses 
œuvres  23.  Hadrien  le  fréquenta  durant  son  séjour 
à  Alexandrie  et  ne  dédaigna  pas  d’y  poser  des  ques¬ 
tions  et  même  d’en  indiquer  les  solutions  24.  Sous 
Aurélien,  une  guerre  civile  détruisit  le  quartier  de  Bru- 
chium  tout  entier25.  On  a  pensé  que  le  Musée  dut  alors 
disparaître26.  Le  témoignage  d’Ammien  Marcellin,  tou¬ 
tefois,  n’en  dit  mot  et  rien  n’empêche  que,  soit  à  la 
même  place,  soit  ailleurs,  il  ait  survécu27. 

La  substitution  du  sens  figuré  au  sens  propre  a  fait 
dire  à  un  auteur  comique  cité  par  Athénée  qu’Athènes 
était  le  Mouastov  de  la  Grèce 28.  Varron,  de  la  même 
manière,  parle  du  muséum  de  sa  villa  des  environs  de 
Casinum,  entendant  sans  doute  par  là  un  lieu  particuliè¬ 
rement  propre  à  ces  doctes  entretiens  que  maints  auteurs 
latins,  Cicéron  en  particulier,  ont  affectionné  de  donner 
comme  cadres  à  leurs  écrits  29. 

Le  français  «  musée  »  se  rattache  à  la  même  idée  de  lieu 

p.  18-34.  —  14  Slrab.  XVII,  794;  Couat,  p.  15- 16.  —  15  Couat,  p.  16.  —  16  Vitruv. 
VI,  3.  —  17  Couat,  L.  c.  —  18  Aeliau.  De  nat.  anim.  XVII,  3  ;  Allien-  V,  196  ; 
XIV,  654  c;  Weniger,  p.  14;  Couat,  L.  c.  ;  Croiset,  p.  13.  —  19  Slrab.  XVII,  794; 
l'hilostr.  Vit.  soph.  XXII,  3.  —  20  Couat,  p.  17.  —  21  Croiset,  L.  c.  —  22  Strab! 
XVII,  794.  —  23  Suet.  Claud.  42;  Athen.  VI,  240  b.  —  24  Spart.  Hadr.  20,  2. 
—  25  Animian.  XXII,  16.  —  26  Couat,  p.  17.  —  27  U  y  avait  à  Antioche,  jointe  au 
temple  des  Muses,  une  bibliothèque  fondée  par  Antiochus  Philopator  avec  des  fonds 
légués  à  cet  usage  (Malalas,  Chron.  éd.  de  Bonn,  p.  235  ;  C.-O.  Müller,  Antiqu. 
Antioch.  I,  26;  II,  16),  mais  on  ne  saurait  en  conclure  à  l’existence  d'un  Moumïov 
analogue  à  celui  d  Alexandrie.  Du  Moumïov  de  Tarente,  mentionne  par  l’olybe, 

VIII,  27,  11  ;  29,  1,  nous  ne  savons  rien.  —  28  Athen.  V,  187  d. _ 29  Varr.  R. 

rust.  III,  5,  9;  De  \  it,  Onom.  s.  v.  :  de  là  le  récit  de  Ligorio  que  de  nombreux 
hennés  de  philosophes  y  auraient  été  découverts  (Uülsen,  Rôm.  Mitth.  1901, 
p.  20. ).  I line,  de  son  côté,  mentionne  les  édifices  que  l’on  appelle  musea  (Hist. 
nat.  XXXVI,  154),  mais  sans  dire  en  quoi  ils  consistent. 


MUS 


—  2072  — 


MUS 


cher  aux  Muses1  ;  mais,  alors  que,  sous  la  forme 
«  muséum  »,  nous  avons  gardé  au  mot,  dans  notre 
Muséum  d’histoire  naturelle  par  exemple,  à  la  fois  école 
de  haut  enseignement,  musée  proprement  dit  et  jardin 
botanique  et  zoologique,  une  acception  presque  aussi 
compréhensive  que  celle  de  l’établissement  d’Alexandrie, 
«  musée  »  aété  réduit  au  sens  restreint  de  collection  d’objets 
ayant  un  caractère  artistique  ou  scientifique.  Ni  le  monde 
grec,  au  moins  à  son  déclin  et  en  particulier  à  la  cour  des 
Attalides^-,  ni  Rome,  de  son  côté,  n’ont  ignoré  de  telles 
collections,  mais  nous  ne  voyons  pas  qu’on  y  ait  appliqué 
la  qualification  de  [t-ouadov  ou  de  muséum.  Ét.  Michon. 

MUSICA.  —  I.  Définition. —  Le  mot  musique  [\ nousocVj, 
musica)  a  chez  les  anciens  un  sens  large  et  un  sens  étroit. 
Au  sens  large,  il  désigne  l’ensemble  de  la  culture  intel¬ 
lectuelle,  ou,  si  l’on  veut,  littéraire,  opposée  à  la  culture 
des  facultés  corporelles  que  groupe  le  terme  de  gymnas¬ 
tique  [educatio].  L’homme  sans  éducation  est  un  agoutio;, 
ou,  comme  disait  1  empereur  Claude,  otvsu  g.ou(nxTjç 1 . 

Au  sens  étroit,  g-oua-xi]  esta  peu  près  synonyme  du  mot 
français  qui  en  dérive;  toutefois  les  anciens  comprenaient 
dans  la  musique,  outre  des  notions  scientifiques  que 
nous  faisons  rentrer  dans  l’acoustique,  les  mouvements 
de  danse  qui' accompagnaient  souvent  le  chant  [saltatio], 
et  le  texte  poétique  lui-même.  L’œuvre  musicale  com¬ 
plète  comporte  ainsi  trois  éléments  :  mouvement  cor¬ 
porel,  chant,  poème-.  Si  la  théorie  et  le  langage  vulgaire 
les  considèrent  comme  relevant  d’un  même  art,  c’est 
d’abord  que,  en  fait,  le  même  artiste  créait,  dans  la  plu¬ 
part  des  cas,  les  paroles,  la  mélodie,  les  figures  de  danse  ; 
c’est  ensuite  que  la  poésie  grecque,  même  récitée,  pré¬ 
sente  des  caractères  musicaux  de  même  nature  que  le 
chant  proprement  dit:  la  durée  inégale  des  syllabes  d’où 
résulte  le  rythme,  l’accent  d’acuité  (tôvoç)  d’où  résulte 
la  mélodie  naturelle  du  langage3.  Ainsi  l’image  delà 
Muse  primitive,  de  la  fée  des  montagnes  (gou-rja),  dan¬ 
sant  et  chantant  une  ballade  dans  quelque  vallée  om¬ 
breuse  de  l’Hélicon,  plane  sur  tout  le  développement  de 
la  musique  antique  et  maintient  jusqu’au  bout  l’unité 
essentielle  de  l'œuvre  musicale  [musae,  p.  2059]. 

IL  Divisions.  —  Les  théoriciens,  depuis  Lasos  cl'Her- 
mione4jusqu’à  Aristide Quintilien,  ont  tenté  maintesfois 
une  classification  rationnelle  des  différentes  branches  de 
la  musique,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  un  programme 
complet  d’enseignement  musical.  La  plus  satisfaisante 
de  ces  tentatives5  peut  se  résumer  ainsi  : 

A.  Partie  théorique.  —  I.  Notions  scientifiques  (acous¬ 
tique  musicale).  —  1.  ’Api9g.y]Tixôv  ;  2.  tputnxôv. 

IL  Éléments  techniques.  —  1.  Harmonique  ;  2.  ryth¬ 
mique;  3.  métrique. 

B.  Partie  pratique.  —  I.  Composition5  (yp-^cTixdv  ou 
àTtepyaffTixdv).  —  1.  Mélopée  ;  2.  rythmopée  ;  3.  versi¬ 
fication  (XéÇtç). 

IL  Interprétation  (!;xyyeXtixôv).  —  U  Jeu  des  instru¬ 
ments  (ôpY«vtx-/j);2.chant((»Stx-/]);  3.  mimique  (înroxpi  T(Xlj). 

III.  Notions  d’harmonique.  Genres  de  mélopée.  —  Le  sys¬ 
tème  harmonique  des  Grecs,  ancêtre  delà  musique  euro¬ 
péenne  moderne,  a  pour  point  de  départ,  pour  cellule 
élémentaire,  le  tétracorde  hellénique,  c’est-à-dire 

l  Je  n'ai  pas  vu  la  brochure  de  E.  Curlius,  Kunstmuseen,  ihre  Gesch.  v. 
Bestim.  Berlin,  1870. —  2  Frankel,  Jahrb.  d.  lnstit.  1 S9 1 ,  p.  49-60  Pontremoli 
et  Collignon.  Pergame,  p.  toi  et  193-198. 

MUSICA.  1  Rev.  ét.  juiv.  XXXI,  165  sq.  —  2  Ki'v^di?  dùuo-to. 


un  groupe  de  quatre  sons  dont  les  extrêmes  so 
la  quarte  juste,  et  qui  a  toujours  les  plus  petits 
valles  au  grave.  L  intonation  des  deux  sons  «  mobiW 
intermédiaires  varie  suivant  le  «  genre  »  de  la  mélonél 
et  a  toujours  eu  quelque  chose  d’un  peu  flottant  Dïn! 
le  genre  diatonique  la  progression,  du  grave  à  l’ail 
est  :  demi-ton,  ton,  ton  (le  ton  est,  en  principe,  la  diffèl 
rence  entre  une  quinte  et  une  quarte  justes)  Dans  I 
genre  chromatique  :  demi-ton,  demi-ton,  tierce  mineure 
Dans  le  genre  enharmonique  :  quart  de  ton,  quart  de 
ton,  tierce  majeure.  Dans  ces  deux  derniers  genres  le 
groupe  des  deux  petits  intervalles  est  dit  «  le  resserré  » 
(ttuxviîv).  De  ces  trois  «  genres  »  de  mélopée,  le  diatonique 
est  le  plus  naturel  et  le  plus  usuel.  Le  chromatique,  dont 
la  vogue  ne  date  que  de  la  fin  du  ve  siècle,  s’emploie 
rarement  à  l’état  pur;  on  lui  emprunte  des  notes  pour 
varier,  pour  colorer  les  mélodies  diatoniques  (d'où  son 
nom  de  xp“g<*).  Quant  au  genre  enharmonique,  il  faut 
en  chercher  l’origine  dans  un  état  rudimentaire  de  la 
musique  grecque,  où  le  tétracorde  se  réduisait  à  un  tri- 
corde  du  type:  demi-ton,  tierce  majeure.  Cette  progres¬ 
sion  (qu’on  pourrait  appeler  genre  spondiaque )  se  ren¬ 
contrait  dans  certains  vieux  airs  de  libation,  conservés 
par  la  liturgie;  elle  se  retrouve  dans  le  tétracorde  infé¬ 
rieur  de  la  gamme  des  hymnes  delphiques.  Plus  tard, 
probablement  sous  l’influence  de  la  mélopée  asiatique 
où,  de  nos  jours  encore,  les  petits  intervalles  sont  en 
faveur,  le  derni-ton  initial  fut  subdivisé  en  deux  intervalles 
sensiblement  égaux  :  on  obtint  ainsi  l’enharmonique 
proprement  dit  (àpgovta,  assemblage,  accord  de  la  lyre) 
qui  fit  fureur  au  ve  siècle,  domina  la  théorie  comme  la 
pratique  musicales,  et  inspira  les  règles  de  la  notation. 
Au  IVe  siècle,  battu  en  brèche  par  le  chromatique,  l’en¬ 
harmonique  tomba  peu  à  peu  en  désuétude  ;  on  lui  repro¬ 
chait  avec  raison  que  la  deuxième  note  du  tétracorde  ne 
pouvait  être  déterminée  par  une  chaîne  de  consonances 
(quartes  ou  quintes)  et,  par  conséquent,  n’était  pas  sus¬ 
ceptible  d’une  intonation  tout  à  fait  juste.  Dès  le  temps 
d’Aristoxène  (dernier  tiers  du  ive  siècle)  l’enharmonique 
n’est  plus  guère  qu’un  souvenir. 

Les  progressions  indiquées  pour  les  genres  diatonique 
et  chromatique  sont  les  progressions  normales,  celles 
qui  peuvent  s’obtenir  par  des  chaînes  de  consonances. 
Mais  il  en  existait  d’autres  qui  jouirent  d’une  faveur 
plus  ou  moins  prolongée  :  ainsi  le  diatonique  «  mou  » 
(1/2  ton,  3/4  de  ton,  5/4  de  ton),  le  chroma  «  mou  » 
(1/3,  1/3,  1  et  5/6),  etc.  Presque  chaque  école  avait  sa 
«  nuance  »  (/pool)  préférée,  que  les  harmoniciens  (Aris- 
toxène)  déterminaient  un  peu  grossièrement  en  fractions 
de  ton,  d’après  l’oreille,  tandis  que  les  canoniciens 
(Archytas,  Eratosthène,  Didyme,  Ptolémée)  calculaient, 
pour  chaque  son,  la  longueur  de  corde  correspondante, 
et  s’efforcaient  d’exprimer  chaque  intervalle  (de  deux 

71  -f~ 

sons  consécutifs)  par  un  rapport  de  la  forme  -  :1  aP“ 

pareil  qui  servait  à  ces  mesures  était  le  monocorde  ou 
canon.  Au  temps  de  la  prépondérance  du  genre  enhar¬ 
monique,  l’intervalle  initial  du  tétracorde  diatonique  ou 
chromatique  est  très  souvent  identifié  à  1  intervalle 

klïiç,  Arist.  Quint,  p.  32.  — -  3  AojiôSs;  Aristox.  p.  18.  JÙ 

Capella,  p.  352.  —  5  Arist.  Quint,  p.  8.  —  0  Certains  auteurs 
rentrer  les  trois  sections  de  cette  branche  dans  les  sections  concspont? 

A,  II. 


{jteXqiSia , 


MUS 


—  2073  — 


initial  de  l’enharmonique  :  il  vaut  donc  à  peu  près  un 
quart  de  ton  ( diésis )  au  lieu  d’un  demi-ton. 

IV.  Modes  grecs  nationaux  *.  —  Les  gammes  (<7u<7T%axa) 
se  composent  de  plusieurs  tétracordes  superposés.  11  est 
d’usage  d’envisager  la  gamme  dans  les  limites  d’une  oc¬ 
tave  :  c’estl’étendue  qu’embrassaitle  clavierde  la  lyre  pri¬ 
mitive  ;  au  delà,  les  mêmes  sons  se  répètent  en  principe 
à  l’octave  aiguë  ou  grave.  Les  gammes  purement  hellé¬ 
niques  ont  toutes,  pour  élément  commun,  le  tétracorde 
hellénique  défini  plus  haut  ;  seule  la  manière  de  combi¬ 
ner  les  tétracordes  variait  selon  les  différentes  tribus  et 
caractérisait  les  «  modes  »  nationaux  (ipgovîat).  Deux 
tétracordes  hélléniques  séparés  par  un  ton  «  disjonctif  » 
constituent  l’octave  dorienne  (Swpnnu),  par  exemple, 
dans  le  genre  diatonique  :  Mi  Fa  Sol  La  —  Si  Ut  Ré  Mi. 
Deux  tétracordes  «  conjoints»  par  une  note  commune 
caractérisent,  semble-t-il,  la  gamme  ionienne  primitive 
(iaert)  qui,  on  le  voit,  se  tenait  dans  les  limites  d’une 
septième 2.  Pour  rattraper,  avec  cette  combinaison, 
l’étendue, de  l’octave,  il  fallait  ou  bien  répéter  au  grave  le 
son  le  plus  aigu  :  Ré — Mi  Fa  Sol  LA  Si  bémol  Ut  Ré  : 
c’est  le  mode  éolien  (atoXttjTÎ),  —  ou,  au  contraire,  répéter 
à  l’aigu  le  son  le  plus  grave  :  Mi  Fa  Sol  LA  Si  bémol  Ut 
Ré— Mi  :  c’est  la  gamme  de  Lamproclès3,  improprement 
confondueau  ive  siècle  avec  le  mode  mixolydien.  On  voit 
que  toutes  ces  gammes  helléniques  ont  entre  elles  un 
grand  air  de  famille,  ce  qui  justifie  les  critiques,  cités 
par  Aristote,  qui  les  groupaient  sous  le  nom  commun  de 
«  famille  dorienne4  ».  Les  notes  qui  les  composent  ont 


A  Système  disjoint 


$ 


f  f  |  f  f  |  £  |  ?  |  | 

S  ^  $ 


0  o~ 


o  <>- 


9  O 


Jfjpates  Moyenne  Disjointes 


Fig.  5220. 


reçu  des  noms  particuliers,  hypate ,  parhypate ,  licha- 
nos ,  mise,  paramèse,  trite,  paranète,  note,  d’après  leur 
position  ou  fonction  (ôévagtç)  dans  le  tétracorde  inférieur 
[moyennes)  ou  supérieur  [conjointes  ou  disjointes),  sans 
égard  à  leur  hauteur  absolue  :  ce  sont  des  noms  compa¬ 
rables  à  nos  termes  de  fondamentale,  médiante,  domi¬ 
nante,  etc.  Quand  plus  tard  le  clavier  des  lyres  et  cithares 
fut  étendu  au  grave,  on  créa  un  nouveau  tétracorde  (hy- 
pales)  dont  les  sons  reçurent  des  désignations  calquées 
sur  celles  du  tétracorde  inférieur.  Le  diagramme  ci-joint 


1  D.-B.  Monro,  The  modes  of  ancient  greek  music,  Oxford,  1894.  Je  n'acccpte 
Pas  les  conclusions  de  cc  livre.  —  2  Nous  sommes  très  mal  renseignés  sur  ce 
mode.  Aristide  Quintilicn,  le  seul  auteur  qui  l'ail  décrit,  donne  pour  la  forme 
enharmonique  la  progression  suivante  :  Mi,  Mi  et  quart,  Fa,  La,  Ut,  Ré.  Il  manque 
sans  doute  une  note  dans  le  tétracorde  supérieur,  apparemment  le  Si  bémol. 
La  gamme  ainsi  complétée  serait  diatono-enliarmonique.  —  3  Plut.  Mus.  16. 
Ce  Lamproclès  qui,  d’après  ce  texte,  a  vécu  après  les  grands  tragiques  doit  être 


(fig.  5220)  résume  ces  dénominations  1°  pour  les  instru¬ 
ments  à  système  disj oi  n t  f  type  dorien),  2°  pour  les  instru¬ 
ments  à  système  conjoint  (type  ionico-éolien)  ’.  finale¬ 
ment,  dans  les  instruments  perfectionnés  de  1  époque 
alexandrine  et  romaine,  on  ajouta  encore  à  1  aigu  un 
tétracorde  supplémentaire  ( hyperbolées ),  dont  les  notes 
sont  dénommées  comme  celles  du  tétracorde  supérieur, 
puis  au  grave  le  proslambanomàne  ;  enfin,  1  on  intercala, 
dans  la  série  des  tétracordes  du  système  disjoint,  le  tetra- 
corde  conjoint  ou  du  .moins  sa  seule  note  utile,  la  trite 
(fig.  5221). 

Pour  revenir  à  l’octave  modale,  composée  de  deux 
tétracordes  conjoints  ou  disjoints,  il  importe  de  remar¬ 
quer  qu’elle  a  une  note  maîtresse  (t)ye[*<uv)  autour  de 
laquelle  pivote  la  mélodie.  Cette  note,  équivalente  à  notre 
«  tonique  »,  est  le  son  le  plus  aigu  du  tétracorde  infé¬ 
rieur,  la  mèse6.  Ainsi  l’octave  dorienne  Mi  Fa  Sol  LA  — 
Si  Ut  Ré  Mi  équivaut  en  réalité  à  notre  gamme  mineure 
de  La,  sous  sa  forme  «  descendante  ». 

V.  Modes  barbares.  Système  des  sept  harmonies.  —  En 
dehors  de  ces  modes  nationaux,  la  musique  grecque 
utilisa  de  bonne  heure  d’autres  gammes,  empruntées  à 
des  peuples  asiatiques  avec  lesquels  les  Grecs  au  vu0  et 
au  vie  siècle  entretenaient  d’étroits  rapports  de  civilisa¬ 
tion:  ce  sont  les  «  modes  »  phrygien  et  lydien,  sur  la  véri¬ 
table  structure  desquels  nous  sommes  mal  renseignés7. 
Il  semble  que  les  gammes  de  ces  peuples  étaient  fondées 
sur  des  tétracordes  d’un  type  différent  du  tétracorde 
hellénique  (le  tétracorde  lydien  diatonique  avait  le  demi- 
ton  à  l’aigu,  le  tétracorde  phrygien  l’avait  au  milieu); 
de  plus,  leur  construction  ne  paraît  pas  avoir  été  symé¬ 
trique.  A  leur  tour  les  musiciens  grecs  s'inspirèrent  de 
ces  modèles  barbares  pour  créer  de  toutes  pièces  des 
types  d’octaves  nouveaux  :  tels  furent  le  mode  appelé 
plus  tard  hypolydien  (c’est-à-dire  «  quasi-lydien  »)  de 
Polymnastos8,  le  mixolydien  (combinaison  d’un  tétra¬ 
corde  hellénique  et  d’un  tétracorde  dorien)  attribué  à 
Sappho,  peut-être  aussi  le  locrien  de  Xénocritos. 

C’est  au  milieu  du  ve  siècle  que  la  diversité  des  modes 
atteignit  son  apogée;  compositeurs  et  philosophes  s’at¬ 
tachèrent  à  définir  le  caractère  esthétique  (t|9o;)  propre 
à  chacun  d’eux  et  à  le  respecter  dans  l’emploi  pratique  : 
le  dorien,  mode  de  la  chorale  apollinique,  était  grave 
et  viril  ;  l’éolien,  mode  de  la  citharodie,  se  rapprochait 
du  dorien,  avec  un  caractère  plus  «  actif  »  ;  le  phrygien, 
enthousiaste,  convenait  à  l’aulétique  et  au  dithyrambe  ; 
le  lydien  «  aigu  »  et  le  mixolydien  aux  lamentations 
funèbres  ;  le  lydien  «  grave  »  et  l’iastien  aux  airs  volup¬ 
tueux.  Plus  tard,  quand  le  parcours  des  instruments 
et  des  mélodies  se  fut  amplifié,  on  voulut  pouvoir,  au 
cours  d’un  même  morceau,  selon  les  nuances  de  la  pensée 
musicale,  passer  d’un  mode  à  l’autre,  exécuter  des  «  mo¬ 
dulations  modales  ».  Pour  atteindre  ce  but,  il  fallut 
rendre  les  octaves  modales  réductibles  entre  elles,  ce 
qu’elles  n’avaient  pas  été  jusque-là  ;  il  est  probable  que 
leur  structure,  et  conséquemment  leur  éthos,  subit  à  cette 
occasion  de  sérieuses  altérations  ;  cela  est  même  attesté 


distingué  de  l’auteur  du  vieil  hymne  à  Athéna  (Schol.  Aristoph.  Nub.  967);  il 
est  identique  au  dithyrambiste  cité  par  Athénée,  XI,  491  C.  —  4  Polit.  IV  3. 
—  3  Les  rondes  désignent  les  sons  fixes  (tpOôy-ot  ItrcùitEç),  les  noires  les  sons 
mobiles,  variables  selon  le  genre  (?0.  xivoùjitvoi).  —  6  Aristot.  Prob.  XIX,  20 
33,  36;  Met.  IV,  il,  5.  —  7  Nous  ne  le  sommes  que  par  les  descriptions  d’Arist. 
Quint,  p.  21,  qui  ne  donne  que  les  types  enharmoniques  et  dont  le  texte  n’est  pas 
intact.  —  8  plut.  Mus.  29. 


MUS 


MUS 


—  2074  — 


formellement  pour  le  mode  mixolydien.  Les  change¬ 
ments  durent  porter  principalement  sur  les  modes  bar¬ 
bares,  qu’il  s’agissait  d’approprier  à  des  cithares  accor¬ 
dées  en  tétracordes  grecs.  Ce  travail  de  remaniement 
aboutit  à  un  système  de  sept  octaves  modales,  dont  le 
diagramme  fut  dressé  pour  la  première  fois  par  Erato- 


~  immédiats  d'Aristoxèno  • 

sacré  par  l’autorité  de  ce  dernier,  il  esL  PMtlS  •  ’  COn' 

jusqu’à  la  fin  de  l’antiquité.  En  jetant  1,  V  "nmuable 
tableau  («g.  HH),  il  est  Lie  de  voi^  £  ~  « 
d'octaves  y  ont  été  formées  par  un  procédé  purem”! 
mécanique  :  col»,  de  la  permutation  des  internes 


Partant,  par  exemple,  de  l'octave  dorienne,  diatonique  ou 
chromatique,  indéfiniment  prolongée  à  l’aigu,  on  a  pris 
successivement  pour  origine  chacun  des  degrés  de  cette 
octave,  sans  rien  changer  à  la  série  des  notes,  et  les 


gammes  ainsi  obtenues  ont  reçu  les  unes  des  noms 
nouveaux,  les  autres  les  noms  des  modes  traditionnels 
dont  elles  se  rapprochaient  le  plus.  Exact  pour  le  ive  siècle 
et  les  époques  suivantes,  ce  tableau  n’a  qu’un  rapport 


Tableau  des  7  octaves  modales  dans  les  genres  diatonique  et  chromatique 


Phrygien/ 


DorLens 


Hijpohfdien/ 


Jfgpophrggim^ 


n: 


éloigné  avec  le  système  original  du  vie  et  du  ve  siècle. 

VI.  Des  tons.  —  A  l’origine,  chaque  mode  avait  sa 
tessiture  traditionnelle  et  invariable  ;  en  d’autres  termes, 
les  mélodies  écrites  dans  un  mode  s’exécutaient  toujours 
à  la  même  hauteur  :  les  notions  de  ton  et  de  mode  se 

l  Arislox.  p.  6.  Le  diagramme  était  adapté  au  genre  enharmonique.  —  2  Certains 
modes  paraissent  avoir  comporté  deux  tons  différents,  auxquels  on  attribuait  un  éthos 
distinct  :  ainsi  s’expliquerait  ladistinctiondulydien  tendu  (ctùvtovo;)  et  du  lydien  rchi- 


5222. 

confondaient  2.  Peu  à  peu  on  se  relâcha  de  cette  corres¬ 
pondance  rigoureuse.  Citliaristes  et  aulètes  ne  se  mettant 
pas  d’accord,  une  fâcheuse  anarchie  s’introduisit  dans  le 
classement  et  la  nomenclature  des  tons.  Aristoxène  y 
mit  un  terme  en  constituant  un  système  qui,  dans  ses 

ché(àvEt|iÉv»),  jrctXapà)  ;  de  même  pour  les  deux  iasti.  Il  y  a  cependant  une  objection  à 
cette  explication  :  c’est  que  les  diagrammes  du  «  lydieu  »  et  du  syntonolydien  c  ici 
Arist.  Quiut.  diffèrent  non  seulement  par  la  hauteur,  mais  par  1  ordre  des  interva  es. 


MUS 


2075  — 


MUS 


grandes  lignes,  subsiste  encore  aujourd’hui.  Faisant 
abstraction  des  variétés  modales,  il  considéra  les  tons 
(rpoTtoi)  comme  les  transpositions,  à  différentes  hauteurs, 
d’une,  seule  et  même  échelle  de  onze  sons,  celle  des 
cithares  doriennes  de  son  temps1  [suprà,  flg.  5220,  A).  Il 
admit  treize  étages  de  transposition,  espacés  de  demi -ton 
en  demi-ton,;  il  supposait  ainsi  implicitement  un  genre 
d’accord  équivalent  à  notre  «  gamme  tempérée  ». 
Malheureusement,  en  ce  qui  concerne  la  nomenclature 
des  tons,  Aristoxène  ne  s’affranchit  pas  complètement  de 
l'ancien  usage.  Les  sept  échelles  de  transposition  princi¬ 
pales  (qu’on  est  convenu  de  représenter  par  nos  tons  à 
bémols)  reçurent  les  noms  des  sept  modes  d’Eratoclès 
d’après  la  règle  suivante  :  chaque  ton  porte  le  nom  du 
mode  dont  le  schéma ,  la  succession  d’intervalles  se 
retrouve  dans  la  section  de  son  échelle  correspondante 
à  l’octave  moyenne  (ou  chorale)  des  voi  x(Fa*-Fa3,  d’après 


la  convention  généralement  adoptée).  Les  nouveaux  tons 
intercalés  par  Aristoxène  empruntèrent  leurs  dénomina¬ 
tions  aux  tons  primitifs  voisins,  avec  une  épithète 
distinctive  (lydien  grave ,  mixolydien  aigu ,  etc.).  Les 
successeurs  d’Aristoxène  modifièrent  légèrement  son 
tableau  :  1°  en  prenant  pour  échelle  type  celle  de  la  nou¬ 
velle  cithare  «  parfaite  »  de  quinze  sons  (deux  octaves); 
2°  en  portant  le  nombre  des  tons  à  quinze  (dont  les  trois 
plus  aigus  reproduisent  à  l’octave  supérieure  les  trois 
premiers)  ;  3°  en.  ressuscitant  les  vieilles  dénominations 
modales  d 'iastien  et  d 'éolien  pour  les  appliquer  arbitrai¬ 
rement  à  deux  tons  intercalaires  ;  4°  etsurtoutpar  l’ingé¬ 
nieuse  convention  que  les  suffixes  hypo  et  hyper  repré¬ 
sentent  respectivement  les  tons  plus  grave  et  plus  aigu 
d’une  quarte  que  le  ton  simple  de  même  radical.  Le  tableau 
ci-joint  (fig.  5223)  résume  cette  nouvelle  nomencla¬ 
ture  :  nous  avons  placé  entre  parenthèses  les  noms  corres- 


I  ableau  d.es  tons  représentés  par  leurs  proslambanomenês  (initiale  gtrave) 
et  leur  armure  en  notation  moderne 


pondants  du  système  d’Arisloxône.  Ajoutons  que  tous  les 
théoriciens  n’acceptèrent  pas  ces  innovations:  Ptolémée, 
par  exemple,  s’en  tient  aux  sept  tons  primitifs  (à  bémols) 
et  les  enferme  tous  dans  le  parcours  d’une  seule  et  même 
double  octave  à  intervalles  variables,  ressuscitant  ainsi 
l’ancienne  confusion  du  mode  et  du  ton,  qui  devait  engen¬ 
drer  l’absurde  nomenclature  des  tons  ecclésiastiques. 

VIL  De  la  mélopée.  —  L’emploi  artistique  des  éléments 
harmoniques  constitue  la  mélopée.  A  l’origine,  elle  fut 
d'une  extrême  simplicité,  contente  d’un  petit  nombre  de 
sons  (oXtyoy.opSi'a)  et  resserrée  dans  d’étroites  limites 
'yrevoy  wpta)  ;  elle  acquit  ensuite  plus  de  richesse,  d’am¬ 
pleur  et  de  variété,  surtout  à  partir  du  triomphe  du 
«  nouveau  style  »,  dans  la  seconde  moitié  du  ve  siècle.  On 
vit  alors  les  cantilènes  dépasser  de  beaucoup  les  limites 
de  l’octave,  opérer  des  modulations  fréquentes  de  genre, 
de  mode,  de  ton,  s’agrémenter  d’ornements  divers 
tnélisme,  compisme,  térétisme,  etc.).  Le  procédé  le  plus 
usuel  pour  moduler  était  le  passage  du  tétracorde  disjoint 
au  conjoint  et  vice  versa ;  les  hymnes  delphiques  en 
offrent  plusieurs  exemples.  Ils  nous  montrent  aussi  en 
ucLion  les  diverses  sortes  de  mouvement  mélodique 
énumérés  par  les  théoriciens  :  répétition  du  son  (jiexTEîa), 
mouvement  rectiligne  (àyojy/i),  entrelacement  (-rrXoxvj),  etc. 
La  mèse  (tonique)  occupe  le  centre  de  la  mélodie  et 

1  C  est  la  cithare  de  Timothée;  ce  fait  est  aujourd’hui  confirmé  par  le 

uome  nouvellement  découvert  des  Perses ,  vers  242.  —  2  Prob.  XIX,  20. _  3  Arist. 

Ihunt.  P-  30.  —  '<■  Dion.  Hal.  De  comp.  verb.  II.  —  B  |1  n’est  pas  impossible  que  la 
mélopée  primitive  des  aèdes  n’ait  pas  été  autre  chose  qu’une  récitation  intensifiée, 


reparaît  fréquemment 3,  surtout  à  la  fin  des  phrases, 
mais  la  cadence  finale  s’opère  indifféremment  sur  la 
mèse  ou  sur  l’hypate. 

Chaque  genre  de  composition  avait  ses  tons  préférés, 
consacrés  par  l’usage;  le  ton  lydien  était  le  plus 
répandu  de  tous.  Quant  aux  régions  de  la  voix,  le  chant 
tragique  affectionnait  la  région  grave,  le  dithyrambe 
la  région  moyenne,  le  nome  (solo  de  concert)  la  région 
élevée,  ou  voix  de  ténor3.  Dans  les  compositions  vocales, 
la  mélopée  artificielle  se  modelait-elle  sur  la  «  mélodie 
naturelle  »,  résultant  de  la  succession  des  syllabes 
accentuées  et  atones?  Il  faut  h  cet  égard  faire  une  dis¬ 
tinction.  Dans  la  poésie  chorale,  ou,  plus  généralement, 
strophique,  une  pareille  concordance  eût  constitué  —  on 
le  comprend  sans  peine  —  une  quasi-impossibilité,  tout 
au  moins  une  entrave  insupportable  au  génie  poétique; 
nous  savons  donc  positivement  que  l’accent  naturel  n’y 
jouait  aucun  rôle4.  Il  n’en  est  pas  de  même  du  chant 
non  antistrophique  :  dans  les  «  hymnes  »  delphiques, 
dans  la  chanson  de  Seikilos,  dans  les  petits  préludes  à 
la  Muse,  le  compositeur  s’efforce  de  tenir  compte  de  la 
place  des  accents  naturels;  les  sommets  mélodiques 
tombent  régulièrement  sur  des  syllabes  toniques  ;  l’accent 
circonflexe  se  traduit  généralement  par  une  note  aiguë 
suivie  d’une  grave  \  Ce  qui  était  une  gêne  pour  les 

guidée  par  les  accents  naturels.  D’après  Denys  d’Halicarnasse,  la  syllabe  tonique 
est  plus  haute  d’une  quinte  que  l’alone;  la  tonique  atténuée  (finale  grave)  avait  sans 
doute  une  valeur  intermédiaire  (tierce?),  la  circonflexe  descendait  de  la  quinte  à  la 
tierce,  l’anti-circontlexe  moulait  de  la  tierce  à  la  quinte. 


MUS 


—  2076  — 


grands  talents  devenait  un  soutien  et  un  guide  pour  les 
petits.  Les  hymnes  de  Mésomède  (époque  d’Hadrien) 
n  offrent  plus  aucune  trace  de  ces  coïncidences  ;  mais  peut- 
être  la  nature  de  l’accent  tonique  avait-elle  déjà  changé, 
à  III.  Harmonie  simultanée  *.  —  Lamusique  grecque  fut, 
à  l’origine,  rigoureusement  homophone.  L’ hétérophonie 
fut  introduite  dans  la  citharodie,  dit-on,  par  Àrchiloque, 
qui,  le  premier,  employa  un  accompagnement  divergeant 
du  chant;  dans  lamusique  purement  instrumentale,  elle 
résulta  de  l’adoption  de  l’aulos  à  deux  tuyaux,  qui  émet¬ 
tait  toujours  deux  sons  à  la  fois.  Le  solo  de  cithare, 
modelé  sur  l’aulëtique,  admit  aussi  un  jeu  à  deux  parties  : 
la  mélodie,  produite  avec  le  plectre  ;  la  partie  d’accompa¬ 
gnement,  produite  par  l’attouchement  direct -des  cordes. 
Enfin  le  duo  concertant  de  tlùte  et  de  cithare  était 
à  fortiori  hétérophone.  Il  faut  remarquer  que  dans  tous 
ces  cas  l’harmonie  simultanée  se  réduit  à  deux  notes; 
l'accord  de  trois  sons,  fondement  de  l’harmonie  moderne, 
est  resté  inconnu  des  anciens.  En  outre,  l’hétérophonie 
resta  exclue  de  la  musique  vocale  proprement  dite  : 
l’antiquité  n’a  connu  ni  duos  ni  trios  véritables  ;  les 
chœurs  chantaient  à  l’unisson  ou  à  l’octave.  Là  où  elle 
est  admise,  l’harmonie  simultanée  emploie  tantôt  des 
accords  consonants,  tantôt  des  accords  dissonants  (on  sait 
que  les  tierces  et  sixtes  étaient  rangées  dans  cette  der¬ 
nière  catégorie),  mais  la  cadence  finale  s’opère  sur 
l’iinisson  (ou  l’octave).  Enfin,  contrairement  à  l’usage 
moderne,  la  mélodie,  le  «  chant  »  est  toujours  ou 
presque  toujours  au  grave 2. 

IX.  Principes  de  rytumique  musicale.  —  Le  rythme  joue 
dans  la  musique  antique  un  rôle  au  moins  aussi  impor¬ 
tant  que  la  mélodie  :  il  est  l’élément  mâle,  la  mélodie  l’élé¬ 
ment  femelle,  selon  Aristide  Quintilien.Dans  l’art  classique, 
jusque  vers  le  milieu  du  Ve  siècle,  la  primauté  appartient 
au  rythme  ;  c’est  en  lui  principalement  que  résident  la 
variété,  l’invention,  la  puissance  expressive  ;  «  les  anciens, 
dit  un  critique  du  ive  siècle,  étaient  cpiÀôppuôjxot,  ceux 
d’aujourd’hui  sont  <ptXopLeXeïç 3  ».  Le  développement  de  la 
théorie  rythmique  a  été  longtemps  obscurci  par  l’étroite 
liaison  de  la  musique  avec  la  poésie,  qui  a  ses  rythmes 
naturels,  analogues  mais  non  identiques  au  rythme 
musical.  Aristoxène  le  premier  a  établi  les  principes  de 
ce  dernier,  qui  peuvent  se  résumer  ainsi.  Toute  phrase 
musicale  se  divise  en  petites  sections  de  durée  sensible¬ 
ment  égale,  les  mesures  (7;o8eç).  Cette  division  est  mar¬ 
quée  pour  l’oreille  soit  par  l’alternance  régulière  de  sons 
longs  et  brefs,  soit  par  un  mouvement  corporel  qui  sert 
à  battre  la  mesure;  ce  mouvement  consiste  le  plus  sou¬ 
vent  dans  l’élévation  (apct?)  et  l’abaissement  (Oeut;)  succes¬ 
sifs  du  pied,  parfois  armé  d’un  appareil  sonore,  la  xpouTtsÇa 
(l’accent  d’intensité,  le  temps  fort  proprement  dit  de  la 
musique  moderne,  n’existe  pas).  On  distingue  les  mesures 
suivant  qu’elles  commencent  par  le  levé  ou  par  le  frappé, 
suivant  qu’elles  sont  simples  ou  composées  (le  nombre 
total  des  battements  ne  pouvant  dépasser  quatre),  suivant 
leur  longueur  évaluée  en  «  temps  premiers  »4  (c’est-à- 
dire  en  durées  minimes,  non  divisibles  mélodiquement), 
mais  surtout  suivant  le  rapport  de  durée  entre  le  frappé  et 
le  levé.  Quand  ce  rapport  est  de  1  :  1,  la  mesure  est  de 
genre  égal  ou  dactylique;  quand  il  est  comme  2:1,  elle 

i  Gubrauer,  Zur  F  rage  der  Mehrstimmiykeit  in  der  griech.  Musik,  Mélanges  Hertz 
1888,  p.  177  suiv.  —  2  Prob.  XIX,  1 2.—  3  Plut.  Mus.  21  (d’après  Aristoxène).  —  Los  lon¬ 
gueurs  maxima  admises  par  JArisloxène  sont  16,  18  ou  25  temps  premiers  selon  le 


MUS 


est  de  genre  double  ou  iambiquc.  Un  troisième 
qui  paraît  d’origine  phrygienne,  admet  le  rapport  !  )’ 
c’est  le  genre  hémioie  ou  péonique,  d’un  caractère 
fébrile.  Les  mesures  les  plus  usitées  sont,  en  notait 
moderne,  le  2/4  (dactyles),  le  6/8  (diiambe  ou  dactvle 
ïambique,  ditrochée  ou  crétique,  choriambeoubacchi,  Y 
le  3/4  (ionique  majeur  ou  mineur),  le  C  (double  ananet 
ou  prosodiaque).  Viennent  ensuite  le  3/8,  le  5/8 
5/4  (épibate),  2/2  (grand  spondée),  3/2  (orthios  Ln  î 
trochee),  8/8  ou  10/8  (dochmius),  12/8  (glyconiqùe)  I  es 
mesures  simples  ou  composées  se  groupent  en  membres 
(xtoXa),  ceux-ci  en  périodes,  systèmes,  péricopes,  etc 
La  rythmopée  classique -affectionne  la  division  en  cou¬ 
plets  ou  strophes  similaires  ;  le  nouveau  style  (à  partir  de 
440  environ)  abandonne  la  coupe  antistrophique  pour  la 
coupe  commatique  ou  libre  et  recherche  de  moins  en 
moins  la  symétrie.  Pour  remplir  les  cadres  de  la  mesure, 
le  compositeur  distribue  à  son  gré  les  durées  sonores,’ 
qui  peuvent  mesurer  de  1  à  5  temps  premiers,  et  les 
silences,  tout  en  respectant  la  division  en  battements. 
A  la  vérité,  un  levé  peut  être  syncopé  mélodiquement 
avec  le  frappé  qui  le  précède  ou  le  suit,  mais  une  note 
ne  peut  pas  être  coupée  en  deux  entre  deux  battements, 
à  moins  d’absorber  complètement  le  levé.  En  géné¬ 
ral,  la  musique  antique  use  bien  plus  librement  des 
changements  de  mesure  que  la  nôtre.  Non  seulement 
elle  combine  volontiers  des  mesures  à  3/4  et  à  6/8 
(choriambes  et  diiambes,  ioniques  majeurs  et  dilro- 


chées,  etc.),  mais  elle  associe  dans  un  membre  des 
mesures  d’un  nombre  inégal  de  temps  premiers  (par 
exemple  le  2/4  avec  le  3/8  ou  le  6/8)  et  rien  ne  prouve 
qu’on  les  ramenât  toujours  à  une  durée  égale  par  un 
changement  d’allure  (aycoy/).  A  plus  forte  raison  les 
membres  successifs  d’une  même  période  ou  strophe 
peuvent-ils  appartenir  à  des  genres  différents. 

X.  Correspondance  du  rythme  naturel  et  du  rythme 
musical  dans  le  chant  vocal.  —  La  langue  grecque  se 
compose  de  syllabes  longues  et  brèves;  la  versification 
est  fondée  sur  leur  alternance  :  elle  est  quantitative ,  et 
ses  pieds  sont  de  véritables  mesures.  Quand  on  mettait 
des  vers  en  musique,  le  compositeur  était  donc  amené  à 
respecter  les  durées  naturelles  des  syllabes,  d’après  la 
règle  que  la  longue  vaut  deux  brèves.  Le  rythme  des  vers 
chantés  coïncidait  ainsi  absolument  avec  celui  des  vers 
déclamés.  Tel  a  dû  être  le  cas  de  la  musique  vocale  la  plus 
ancienne,  chants  épiques  des  aèdes,  nomes  citharodiques 
de  Terpandre,  etc.  A  mesure  que  les  musiciens  s’habi¬ 
tuèrent  à  faire  eux-mêmes  le  texte  poétique  de  leurs  airs, 
que  la  musique  se  développa  et  prit  conscience  de  ses  res¬ 
sources,  elle  s’émancipa  peu  à  peu  de  cettecorrespondance 
trop  rigoureuse.  Le  principe  ne  fut  jamais  abandonné 
formellement,  mais  on  admit  de  nombreux  tempéraments 
destinés  à  donner  à  la  rythmopée  plus  de  souplesse  et 
d’expression.  Ainsi  la  syllabe  longue  du  texte  put  être 
représentée,  selon  les  cas,  par  une  durée  sonore  de  2, 

4  ou  même  5  temps  premiers,  et  cette  durée  elle-même  put 
être  fragmentée  par  la  mélodie  en  2,  3,  4,  5  sons  ditb 
rents5  (ce  genre  de  roulades,  encore  nouveau  au  temps 
d’Euripide,  est  raillé  par  Aristophane).  On  put  aussi  insé 
rer  des  temps  vides  (silences)  à  la  fin  ou  au  milieu  d  un 


re.  —  Ü  II  est  plus  douteux  que  la  syllabe  brève  puisse  être  représentée  par  'leux 
ubles  croches  »  ;  toutefois  la  dernière  mesurede  l’air  de  Seikilos  offre  une  ic 
logue,  une  syllabe  longue  représentée  par  deux  doubles  croches  et  une  i 


MUS 


—  2077  — 


MUS 


vers  — levers  élégiaque  en  est  le  premier  exemple  —  et 
peut-être,  par  un  changement  d’àycoy/],  égaliser  la  durée 
musicale  de  pieds  différents.  Enfin,  dans  l’articulation  de 
la  cantilène  en  membres,  périodes  et  strophes,  le  com¬ 
positeur  ne  tient  presque  aucun  compte  des  divisions  du 
sens.  Ces  licences  ne  se  sont  pas  introduites  en  un  jour  et 
n’ont  pas  prévalu  au  même  degré  dans  toutes  les  écoles, 
dans  tous  les  styles  :  ainsi  les  longues  allongées,  absor¬ 
bant  un  levé  du  rythme,  sont  inconnues  dans  la  chan¬ 
son  lesbienne;  ailleurs  elles  ont  été  d’abord  réservées 
à  la  fin  des  couplets  (catalexis),  qu’elles  servent  à  souli¬ 
gner  ;  plus  tard  seulement  on  a  étendu  cette  licence  à  la 
lin,  puis  au  corps  du  membre.  De  même  la  décomposition 
mélodique  de  la  longue  du  trochée,  de  l’iambe,  du  péon, 
n’a  été  admise  que  petit  à  petit;  il  semble  qu’elle  ne  l’ait 
jamais  été  dans  le  dactyle.  (On  ne  doit  pas  ranger  au 
nombre  des  licences  musicales  l’emploi,  aux  places 


impaires  des  rythmes  iambiques,  du  spondée  irrationnel  : 
c’est  au  contraire  une  licence  de  la  versification  popu¬ 
laire,  que  la  musique  vocale  a  subie  et  essayé  de  res¬ 
treindre.)  D’une  manière  générale,  on  peut  dire  que  la 
corrélation  entre  le  rythme  naturel  et  le  rythme  effectif 

Notation  mstrinnentale  " 


est  devenue  de  moins  en  moins  exacte  avec  le  progrès  de 
la  musique  :  le  iexte  d’une  ode  d’Alcée  ou  de  Sappho, 
lu  naturellement,  si  nous  savions  sûrement  le  scander, 
reproduirait  sans  doute  exactement  le  rythme  du  mor¬ 
ceau  chanté;  une  strophe  de  Pindare  ou  d’Eschyle,  quoi¬ 
qu’elle  ne  se  compose  plus,  à  proprement  parler,  de 
vers,  laisse  entrevoir  encore  assez  facilement  le  rythme 
musical  ;  tandis  que  le  rythme  réel  d’une  monodie  d’Euri¬ 
pide  ou  d’une  àvaêoXvj  de  Timothée  ne  peuvent  se  recons¬ 
truire  qu’il  coups  de  conjectures  extrêmement  incertaines, 
à  peu  près  comme  le  rythme  d’un  air  de  Lulli  d’après 
celui  des  paroles  du  livret.  Les  trop  rares  spécimens  de 
musique  notée  qui  nous  sont  parvenus  de  l’antiquité  1 
nous  donnent  à  cet  égard  une  leçon  de  prudence  et  de 
modestie.  Qui,  par  exemple,  en  présence  du  texte  nu  du 
premier  xÆÀov  de  l’air  de  Seikilos  ocov  Çr jç  cpat'vou  aurait 
pu  en  deviner  le  rythme,  réel,  révélé  par  la  notation  ? 

J  J  J-  JT]  J. 

XI.  Notation  musicale  2.  —  La  musique  grecque  a 
deux  systèmes  de  notation  mélodique,  dont  le  second 
est  d’ailleurs  calqué  sur  le  premier.  Ils  s’employaient 
indifféremment,  comme  nous  l’ont  appris  les  hymnes 
delphiques  ;  mais  quand,  par  exception,  on  notait  à  la  fois 
le  chant  et  l’accompagnement  d’un  air,  le  premier  système 
était  réservé  à  la  partie  instrumentale,  le  second  à  la  partie 
vocale  3.  Les  notes  se  plaçaient  au-dessus  des  paroles4. 

Le  premier  système,  ou  système  «  dorien  »,  a  été  créé  à 
une  époque  où  prédominait  le  genre  enharmonique  et  où 
le  nombre  des  tons  était  fort  limité  (vG  siècle).  Dans  sa 
partie  essentielle  (fig.  5225),  il  se  compose  d’une  série  de 
quinze  signes,  d’origine  probablement  alphabétique,  affec¬ 
tés  aux  «  sons  fixes  »  des  tétracordes  alors  en  usage; 
l’ensemble  forme  une  double  octave  éolienne.  (On  est 
convenu  de  représenter  cette  double  octave  par  le  par¬ 
cours  La-La ,  afin  que  les  signes  primitifs  coïncident  tous 
avec  des  touches  blanches  du  clavier.)  Pour  la  notation 
des  «  sons  mobiles  »,  chaque  signe  primitif  (ôpôôv)  est, 
en  principe,  susceptible  de  deux  renversements  :  le  pre¬ 
mier  renversement  (signe  couché,  àvso’xpaaij.Evov)  hausse 
la  note  initiale  d’un  quart  de  ton,  le  second  renverse¬ 
ment  (signe  retourné,  àireaTpapqjiÉvov)  la  hausse  d’un  demi- 
ton,  par  exemple  C  l_j  ]  ,  Mi,  Mi  et  quart,  Fa. 

Lr 


Fig.  5225. 


La  notation  des  tétracordes  enharmoniques  se  trouve 
ainsi  exprimée  de  la  manière  la  plus  facile  et  la  plus  par¬ 
lante.  Pour  les  deux  autres  genres,  on  admet  que  le 
second  son  du  tétracorde  (parhypate)  est  en  principe 
identique  à  la  parhypate  enharmonique  et  on  le  désigne 
en  conséquence  par  le  même  caractère.  Quant  au  troi¬ 
sième  degré  (lichanos),  il  est  noté,  dans  le  chromatique, 
par  le  signe  de  lalichanos  enharmonique  affecté  d’un  trait 

1  Ce  sont  un  fragment  de  1  ’Oreste  d'Euripide  (papyrus  Rainer),  les  deux 
hymnes  à  Apollon  découverts  à  Delphes  par  l'École  française,  la  chanson 
de  Seikilos  gravée  sur  une  pierre  de  Tralles,  plus  les  quatre  airs  anciennement 
connus  par  des  manuscrits  byzantins,  savoir:  deux  proèmes  à  la  Muse  par  un 
anonyme,  et  deux  hymnes  (à  Némésis,  à  Hélios)  par  Mésomèdc.  —  2  p.  Beller- 

VI. 


diacritique;  dans  le  diatonique,  par  le  signe  primitif 
correspondant  à  sa  hauteur  réelle.  Ce  procédé,  on  le  voit, 
ne  se  prête  bien  qu'à  la  notation  des  tétracordes  commen¬ 
çant  parun  signe  primitif.  Quand,  par  suite  du  dévelop¬ 
pement  du  système  tonal,  on  eut  à  noter  des  tétracordes 
commençant  par  un  signe  retourné  (touche  noire  du 
clavier),  il  fallut  adopter  une  nouvelle  convention  ayant 
pour  base  le  tétracorde  chromatique  normal  (tonié)  :  la 

mann,  Die  Tonleitern  und  Musiknoten  der  Oriechen ,  Berlin,  1847.  —  3  Arist. 
Quint,  p.  20.  —  k  Quand  une  syllabe  est  fractionnée  en  deux  ou  plusieurs 
sons  par  la  mélodie,  certains  textes  répètent  la  voyelle  ou  la  diphtongue  autant  de 
fois  qu’il  y  a  de  notes  (hymnes  delphiques,  papyrus  d'Oreste):  d’autres  textes  se 
contentent  de  grouper  celles-ci  par  une  accolade  ou diyphen  (air  de  Seikilos). 

261 


MUS 


—  2078 


parhypate  (2*  degré)  chromatique  ou  diatonique  se  nota 
alors  par  le  signe  primitif  immédiatement  supérieur,  la 
lichanos  (3,:  degré)  chromatique  par  ce  même  signe 
retourné  Le  système  est  ainsi  affecté  d’une  fâcheuse 
disparate. 

Le  système  «  ionien  »  emploie  les  vingt-quatre  lettres 
de  1  alphabet  ionien.  Sous  leur  forme  ordinaire,  groupées 
trois  par  trois  et  dans  l’ordre  descendant  de  la  gamme, 

Notation  „  vocale  " 

7  F^l  RV  SI  yx<t>  VT  C  R  fl 


MUS 


elles  représentent  le  parcours  Sol  bémol»  à  Fn*  v 
«  chorale  »;  chaque  triade  correspond  note  nom-  l  T 
une  triade  de  signes  doriens  (signe  primitif  et  w,  T,  4 

renversements)  (11g.  5226),  et  l'emploi  de  cessinnes! 

la  notation  des  tétracordes  est  exactement  cLu/s” 
celui  des  signes  doriens  correspondants.  Au-dessous  « 
au-dessus  de  l'octave  chorale,  on  emploie  de  nouveau  I. 
memes  lettres,  renversées  ou  tronquées.  '  ' S 


OZNMAKI  QHZUf 


Quand  le  clavier  mélodique  s’éleva  à  l’aigu  au-dessus 
de  La3,  les  deux  notations  reprirent  les  signes  de 
1  octave  immédiatement  inférieure  et  les  reproduisirent 
à  l’octave  en  les  affectant  d’un  accent.  Nous  donnons 

Ton  lydi  en 

7  1  R  V  4»  C  P  n  M  1 


comme  spécimen  (fig.  5227)  la  notation  complète  du  ton 
lydien  —  le  plus  usuel  —  dans  les  deux  systèmes 
Le  système  de  notation  se  complète  par  un  certain 
nombre  de  signes  rythmiques,  qui  se  placent  au-dessus 


0H  TU  ZEAIT^  Al  M'U 


ru_bFCoDrl< 


C  u  3  x  M  A  \  l'<' 


des  signes  mélodiques;  ils  ne  s’emploient  dans  la  musi¬ 
que  vocale  que  lorsque  la  durée  des  sons  ne  résulte  pas 
immédiatement  de  la  valeur  naturelle  des  syllabes  du  texte. 
A  oici  ces  signes  avec  leur  traduction  en  notation  moderne, 
fondée  sur  1  assimilation  de  la  brève  à  notre  croche  : 

Durées  sonores. 

Temps  premier  ^  ou  rien  =  J 
Longue  de  2  temps  _  —  J 

-  3  =j. 

-  i  l_J  =  J 

-  s  LU  =  JJ 

Air  de  Serkilos 


Durées  vides  (silences). 

Silence  de  1  temps  (Xeï.upa)  2  \=  y 

—  2  —  ( •KpôaQcm: )  ■  "7*  =  \ 

—  3  —  3  ~k  =yy 

4  —  *7*  =  _ 

Ënfin  le  levé  de  la  mesure  (àP<nç)  est  indiqué  par  un 
point  (ffTtygvi)  placé  au-dessus  du  signe  mélodique4. 

Nous  donnons  comme  spécimen  de  notation  antique  le 
fac-similé  (fig.  5229)  et  la  transcription  en  notation  mo¬ 
derne  (fig.  5528)  de  l’air  de  Seikilos  (pierre  de  Tralles)  :  c’est 
l’échantillon  le  plus  complet  qui  nous  soit  parvenu.  Il  faut 


remarquer  que  la  transcription  mélodique,  fondée  sur  la 
convention  ci-dessus  (assimilation  des  signes  primitifs  aux 
touches  blanches),  ne  correspond  pas  exactement  au  diapa¬ 
son  antique:  elle  est  trop  haute  d’environ  une  tierce  mineure. 

La  connaissance  de  la  notation  doit  avoir  été  asséz 
répandue  à  1  époque  hellénistique  ;  on  ne  s’expliquerait 
pas  autrement  la  peine  qu’on  a  prise  de  graver  sur 
marbre  les  hymnes  delphiques  et  la  chanson  de  Tralles. 

1  La  notation  enharmonique  des  nouveaux  lélracordes  est,  en  théorie,  identique 
à  leur  notation  chromatique,  mais  en  fait,  lorsqu'ils  entrèrent  en  usage,  l’enharmo¬ 
nique  ne  s  employait  plus.  2  Ce  signe  est  aussi  quelquefois  employé  (comme  notre 


Vers  la  fin  de  l’antiquité  elle  paraît  n’être  plus  comprise 
que  des  spécialistes;  quelques-uns  même  en  parlent 
comme  d’une  chose  du  passé. 

XII.  Instruments  s.  —  Les  instruments  de  musique 
antiques  appartiennent  à  trois  catégories  :  instruments 
à  cordes,  instruments  à  vent,  instruments  à  percussion. 
Ces  derniers  (tambourins,  castagnettes,  cymbales,  sistres) 
n’ont  guère  d’emploi  que  dans  des  cérémonies  orgias- 

point)  pour  allonger  de  moitié  la  durée  d'une  longue  de  2  temps  (hymnes  de  Wé- 
somède).  —  3  Ou  encore  peut-être  (papyrus  d'Oreste ).  — f  Anon.  Bellerm.  85. 
—  B  F.  Esmann,  De  organis  GraecorUm  musicis,  Rostock,  1880  (réunion  de  textes). 


MUS 


—  2079  — 


MUS 

tiques  d’origine  barbare1  ;  nous  les  laisserons  de  côté 
[tympanum]. 

Les  instruments  à  cordes  vraiment  grecs  sont  la  lyre 
et  la  cithare,  qui  ne  diffèrent  que  par  des  détails  de 
construction  [lyha].  Leur  caractère  commun  est  d’avoir 
des  cordes  de  longueur  égale  (primitivement  au  nombre 


de  sept)  qui  vibrent  à  vide,  ébranlées  soit  directement  à 
l’aide  des  doigts  ('|/xXXsiv),  soit  par  le  moyen  d’un  crochet 
appelé  plectre.  D’autres  instruments  à  cordes  d’origine 
exotique  furent  en  usage  à  l’époque  archaïque  et  de 
nouveau  à  l’époque  alexandrine  et  romaine.  Quelques- 
uns  sont  du  même  type  que  la  lyre-cithare  et  ne  s’en  dis¬ 
tinguent  que  par  la  forme  ( barbitos ,  pectis  ?)  ou  le 
nombre  des  cordes  ( magadis );  d’autres  appartiennent  à 
la  famille  des  harpes  ( tricjonon ,  sambyke )  ou  à  celle  des 
luths  ( pandoura ). 

Parmi  les  instruments  à  vent ,  le  plus  important  est 
l 'aulos  double,  qui  parait  être  d’origine  phrygienne 
[tibia]  :c’estune  sorte  de  clarinette  à  deux  tuyaux,  munis 
chacun  d’une  anche.  Il  a  subi  dans  la  suite  des  temps 
de  nombreux  perfectionnements;  il  y  en  avait  diverses 
variétés,  distinguées  par  les  dimensions,  le  timbre,  le 
ton,  etc.  2.  Le  monaule ,  la  cornemuse,  la  flûte  traversière 
( plagiaule )  s’employaient  plus  rarement.  La  syringe 
polycalame  ou  flûte  de  Pan,  dont  les  sept  tuyaux  rap¬ 
pellent  les  sept  cordes  de  la  lyre,  est  restée  un  instru¬ 
ment  rustique;  mais  l’orgue  ou  hydraulis,  inventée  par 
l’Alexandrin  Ctésibios  [uydraulus],  et  qu’on  peut  définir 

*  vFÔ3ou  [iovov  Ttapa<rxs‘ja<mxà,  Alh.  XIV,  63G  C.  —  2  Aristox.  ap.  Atli.  XIV, 
034  E.  —  3  Ps.  Plat.  Min.  318;  Aristot,  Polit.  VIII,  5;  Plut.  Mus.  18.  — 4  Poli. 
IV,  84;  Strab.  IX,  p.  421,  —  i>  Poil.  IV,  83,  A  l’époque  impériale  ou 


une  syringe  géante  où  les  pompes  et  les  soufflets  rem¬ 
placent  le  poumon  de  l’homme,  a  joui  d  une  grande 
faveur  à  l’époque  post-classique.  Les  instruments  de 
cuivre  en  usage  chez  les  Grecs  se  résument  dans  la  trom¬ 
pette  droite  ((77.X7tty;)  venue  d’Étrurie  ;  à  la  bonne 
époque,  elle  n’a  d’emploi  que  dans  les  fanfares  mili¬ 
taires  et  agonistiques. 

XIII.  Des  divers  genres  de  composition  musicale.  —  La 
composition  et  la  pratique  musicales  comprenaient  un 
grand  nombre  débranchés,  qui  n’ont  pas  toutes  fleuri  à 
la  même  époque.  La  plupart  d’entre  elles  font  l’objet 
d’articles  spéciaux  dans  ce  dictionnaire  ;  nous  nous  con¬ 
tenterons  donc  d’une  énumération  rapide,  où  nous  sui; 
vrons  un  ordre  systématique,  très  différent  du  dévelop¬ 
pement  chronologique. 

a.  Musique  instrumentale  (xpouct?).  —  1.  Aulétique 
(■|/iX-q  auX-rjcrt;).  —  En  admettant  même  que  l 'aulos  soit 
indigène  en  Grèce,  le  jeu  savant  de  l’instrument,  le  solo 
aulétique,  a  été  importé  vers  le  vne  siècle  par  une  école 
de  musiciens  phrygiens,  que  résume  et  symbolise  le  nom 
d’Olympos.  Leurs  airs  (vogoî)  sobres,  mais  expressifs, 
excitaient  encore  l’enthousiasme  des  générations  très  pos¬ 
térieures3.  Ce  sont  ces  artistes  qui  ont  introduit  en  Grèce 
les  modes  barbares  (phrygien,  lydien)  et  le  genre  enhar¬ 
monique.  Bientôt  les  Grecs  se  mirent  à  leur  école.  Le 
solo  de  flûte  fut  inscrit  dès  le  début  au  concours  musical 
des  jeux  Pythiques  où  Sacadas  d’Argos  triompha  trois  fois 
de  suite  (582  et  suiv.)  ;  le  morceau  imposé  aux  concurrents 
(nomos  pythique)  avait  un  sujet,  un  plan,  des  divisions 
déterminés  et  un  caractère  imitatif  \  Au  vie  siècle,  l’école 
aulétique  la  plus  florissante  est  celle  d’Argos  (Sacadas, 
Pythocrite  de  Sicyone)  ;  au  vc  et  au  ive,  c’est  celle  de 
Thèbes,  où  une  série  de  virtuoses  éminents  perfection¬ 
nèrent  l’instrument  et  ses  procédés  (Diodore,  Pronomos, 
Antigénidas,  etc.).  La  supériorité  des  aulètes  thébains 
s’affirma  au  concours  de  369,  organisé  par  Épaminondas. 
Le  solo  de  flûte  resta  jusqu’à  la  fin  de  l’antiquité  un  des 
numéros  essentiels  des  concours  musicaux.  Outre  le 
solo,  le  duo  concertant  (o-uvauXta)  fut  admis  au  concours 
des  Panathénées  6.  Le  solo  de  flûte  accompagné  d’un 
chœur  (choraulie)  sera  mentionné  plus  loin  (e,3). 

2.  Citharistique  (^Aat)  xtOâptsiç).  —  Le  solo  de  cithare, 
introduit,  au  concours  pythique  en  558,  est  une  imitation 
du  solo  d’aulos  dont  il  a  emprunté  les  noms  et  les  formes. 

Il  ne  comportait  pas,  en  général,  l’emploi  du  plectre.  Ce 
genre  fut  perfectionné  par  Lysandre  de  Sicyone  (ve  siècle) 6, 
puis  parStratonicos  d’Athènes  (iv°  siècle).  Il  était  cepen¬ 
dant  moins  estimé  que  la  citharodie  et  récompensé  moins 
généreusement  dans  les  concours.  On  devait  aussi  à 
Lysandre  la  choro-citharistique ,  où  le  solo  de  cithare 
s’accompagne  d’un  chœur  accessoire  ;  cette  variété,  pen¬ 
dant  de  la  choraulie,  est  fréquemment  représentée  dans 
les  concours  de  l’époque  impériale. 

3.  Duo  d  aulos  et  de  cithare  (kvauXoç  xtQxpiaiç).  —  Né 
dans  l’école  d’Epigonos  d’Ambracie,  ce  genre  fut  égale¬ 
ment  perfectionné  par  Lysandre  de  Sicyone. 

4.  Solo  de  trompette.  —  Ce  genre  longtemps  dédaigné 
fut  admis  au  concours  d’Olympie  en  396  av.  J.-C.  et  figure 
depuis  le  n°  siècle  dans  un  grand  nombre  d’agones  musi¬ 
caux,  en  tete  de  la  liste.  Il  s  agissait  surtout  de  sonner 

distingue  dans  les  concours  Vaulète  qui  joue  seul  et  celui  qui  joue 

avec  l’accompagnement  d'un  chœur  (7o }«%).  —  6  Philoch  ap  Ath  XIV 
637  F,  r’ 


MUS 


2080  — 


Ires  fort  :  Epitadès,  dil-on,  se  faisait  entendre  à  50  stades 
(9  kilomètres)  ;  un  autre  spécialiste,  Hérodorc  de  Mégare, 
soufflait  dans  deux  trompettes  à  la  fois! 

5.  Symphonie  instrumentale.  —  C’est  à  l’époque 
alexandrine  et  romaine  seulement  qu’on  voit  apparaître 
les  orchestres  nombreux,  composés  de  flûtes  et  de  lyres, 
auxquelles  se  mêlaient  parfois  des  trompettes.  Toutefois, 
dans  tous  les  exemples  connus,  les  voix  humaines  ont  leur 
part  dans  le  concert  :  c’est  une  «  symphonie  avec  chœurs  *». 

b.  Musique  vocale  ( avec  accompagnement  instru- 
tn entai)  ~  (p.eAo;).  —  1.  Citharodie  (xiOaptoBla)  [citiia- 
roedüs].  —  Voici  le  genre  national  par  excellence  :  l’ar¬ 
tiste,  un  ténor,  revêtu  d’un  costume  spécial,  citante  en 
s  accompagnant  sur  la  cithare  de  concert  (àataxtç)  ;  dans  les 
intervalles  du  chant,  il  exécute  des  interludes  instru¬ 
mentaux.  La  citharodie  fut  d’abord  cultivée  avec  méthode 
dans  l’école  lesbienne  3,  dont  le  nom  le  plus  célèbre  est 
celui  de  Terpandre  d’Antissa  :  il  triompha  au  concours 
musical  des  Carnées  institué  à  Lacédémone  en  676  U 
L’école  lesbienne  maintint  sa  supériorité  jusqu’à  Peri- 
cleitos  (vie  siècle).  Ses  œuvres  étaient  des  proèmes  et 
surtout  des  nom, es  (vogot  xiôapwSixot),  dont  les  mélodies 
pouvaient  s  adapter  à  un  texte  variable.  Le  nome,  con¬ 
sacré  à  Apollon,  avait  des  divisions  obligatoires  5,  un 
caractère  grave  et  religieux  ;  son  mode  était  généralement 
l’éolien,  son  rythme  l’hexamètre.  Dans  la  seconde  moitié 
du  ve  siècle,  le  caractère  du  nome,  déjà  ébranlé  par  Lasos 
d’Hermione,  fut  transformé  par  Phrynis  de  Mitylène 
(vainqueur  aux  Panathénées  de  446)  6  et  Timothée  de 
Milet  (mort  vers  360),  dont  le  principal  successeur  fut 
Polyidos.  Il  devint  un  grand  air  à  programme,  dont  le 
sujet  était  pris  soit  dans  la  mythologie,  soit  dans 
l’histoire.  Il  employait  des  rythmes  libres  à  l’instar  du 
dithyrambe,  usait  largement  des  modulations  et  des 
ornements  du  style  «  varié  ».  Le  nome  citharodique 
resta  la  pièce  de  résistance  de  tous  les  concours  musi¬ 
caux  (il  figure  aux  Pythies  dès  l'origine)  jusqu’à  la  fin 
de  1  antiquité;  c’était  le  plus  largement  récompensé, 
partant  le  plus  estimé  de  tous  les  exercices.  Nous  pou¬ 
vons  encore  suivre  sa  décadence  à  travers  les  hymnes 
delphiques  (n°  siècle  av.  J. -C.)  jusqu’aux  hymnes  plats  et 
secs  de  Mésomède  (ne  siècle  ap.  J.-C.) 7. 

2.  Lyrodie  (Aopwota).  —  On  peut  réunir  sous  cette 
rubrique  toutes  les  odes  ou  chansons  (cpBat,  piX-rj)  plus 
ou  moins  profanes,  destinées  à  l’exécution  monodique, 
avec  accompagnement  d'un  instrument  à  cordes  (lyre, 
barbiton,  pectis,  magadis,  sarnbyque,  clepsiambe).  Le 
trait  le  plus  général  de  la  chanson  est  la  division  en  cou¬ 
plets,  ordinairement  assez  courts,  dont  le  rythme  et  la 
mélodie  se  répètent  indéfiniment;  le  plus  souvent  tous 
les  couplets  sont  chantés  par  le  même  artiste;  quelque¬ 
fois  cependant  chaque  couplet  a  son  chanteur  différent 
et  la  lyre  passe  de  main  en  main  avec  la  coupe  et  le 
myrte  (sco/ion).  Au  surplus,  les  compositions  lyro- 
diques  offrent  la  plus  grande  variété  dans  les  sujets 
(chansons  à  boire,  chansons  d’amour,  chansons  satiri¬ 
ques,  invocations  à  la  divinité,  etc.);  dialectes,  rythmes, 
mélopée  ne  sont  pas  moins  divers.  L’ode  adopta  dès  le 
début  (Archiloque)  les  rythmes  ternaires,  inconnus  à  la 


MUS 

citharodie  primitive,  les  combinaisons  de  rythmes  b»  • 
genes  et  1  accompagnementdivergcnt.  La  période  créatri  ° 
du  genre  est  le  vu-  elle  vi- siècle  avec  Archiloque  de  P, 

(\ ers  6o0),  Alcee  et  Sappho  de  Lesbos  (vers  580)  pvnlp  ' <>S 
et  Anacréon  de  Téos  (vers  530).  j'  ylherme 

3  Aulodie  (aùAwBta).  -  A  la  différence  de  la  citharodie 
aulodie  exige  le  concours  de  deux  artistes  :  le  clrm'e  ’ 
(aulode)  et  l'instrumentiste  (aulôte).  Ce  genre  parait  ' 
été  anciennement  cultivé  dans  le  Péloponnèse  où  Va* 
attribuait  au  fabuleux  Ardalos  de  Trézène,  puis  à  Clonas 
de  Tégde  (vers  660)  les  premiers  ■*■£££? 
i  autl*es  furent  composes  par  Polymnastos  de  Colophon 
(vers  600).  L’aülodie  fit  une  apparition  éphémère  au 
concours  pythique  (582,  Echembrotos  d’Arcadie)  •  elle 
se  maintint  au  concours  des  Panathénées  8,  à  Oropos  et 
ailleurs,  mais  ne  jouit  jamais  d’une  faveur  comparable  \ 
celle  de  la  citharodie  et  disparut  de  tous  les  agones  à 
1  epoque  impériale.  Cette  défaveur  s’explique  par  le  carac¬ 
tère  lugubre  de  l’aulodie  (l’élégie  primitive  rentre  dans 
ce  genre  9)  et  aussi  par  la  raison  que  l’une  des  parties  de 
l’aulos,  doublantnécessairement  le  chant,  étouffait  l’autre. 

4.  Chorale  op^tmxvj).  —La poésie  chorale 

existe  à  l’état  rudimentaire  dès  l’époque  homérique10, 
mais  elle  ne  prit  tout  son  développement  que  dans  les 
sociétés  doriennes  en  raison  de  leur  organisation  mili¬ 
taire  et  de  l’éducation  collective  qu’y  recevait  la  jeunesse. 
Son  berceau  est  la  Crète;  de  là  au  vu-  siècle  elle  émigré 
dans  le  Péloponnèse  avecThalétas  et  célèbre  ses  premiers 
triomphes  à  Lacédémone  (Gymnopédies,  01.  28,  G66 
av.  J.-C.).  Au  vie  siècle  et  dans  dans  la  première  moitié 
du  vc  elle  règne  sur  tout  le  monde  grec  ;  les  fêtes  reli¬ 
gieuses,  les  réjouissances  locales  en  l’honneur  des 
vainqueurs  aux  concours  athlétiques  lui  donnent  un 
immense  essor.  Elle  décline  ensuite  rapidement  devant  les 
progrès  du  drame  et  du  virtuosisme.  La  chorale  pro¬ 
prement  dite  est  principalement  sous  l’invocation  d’Apol¬ 
lon.  Le  chœur  est  composé  soit  d’adultes,  soit  d’adoles¬ 
cents  (garçons  ou  filles);  les  sexes  ne  sont  jamais  mêlés, 
mais  bien  quelquefois  les  âges.  Le  chant  s’exécute  toujours 
à  1  unisson  ou  à  l’octave  11  ;  il  est  régulièrement(sauf  dans 
Y  hymne  propre)  accompagné  de  mouvements  de  danse, qui 
peuvent  être  confiés  à  un  groupe  spécial  (hyporchème); les 
airs  processionnels  ou  prosodia  s’exécutent  en  marchant 
lentement;  on  doit  en  distinguer  les  airs  de  marche  mili¬ 
taire  ( embatêria ),  dont  les  anapestes  avaient  une  allure 
vive.  En  raison  de  son  caractère  orchestique,  l’ode  chorale 
est  toujours  divisée  en  strophes  similaires,  plus  longues 
que  les  couplets  de  l’ode  lesbienne,  et  groupées  par  couples 
(strophe  et  anlistrophej  ;  à  partir  de  Stésichore,  chaque 
couple  est  suivie  d’une  épode,  ordinairement  d’un  dessin 
différent  :  c’est  la  disposition  triadique.  L’accompagne¬ 
ment  instrumental,  très  soigné,  est  confié  tantôt  à  la  flûte 
(prosodies),  tantôtà  la  cithare  (hymnes),  quelquefois  aux 
deux  instruments.  Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  le  détail 
des  sujets,  des  rythmes  et  des  mélodies.  Disons  seulement 
que  les  grammairiens  avaient  divisé  les  odes  chorales  en 
un  grand  nombre  de  variétés  qui  ne  sont  pas  toujours 
bien  nettement  définies  :  hymnes,  prosodies,  péans, 
hyporchèmes,  parthénies,  thrènes,  hyménées,  scolies, 


—  1  Atb.  V,  201  F  (Callixenos)  ;  Sen.  Ep.  84;  Maxim.  Tyr.  XXXII,  4;  Vopisc.  Carin. 
19.  -  L  art  antique  ignore  la  musique  vocale  pure.  —  3  II  est  impossible  d’accep¬ 

ter  comme  historiques  les  renseignements  sur  les  anciens  citharèdes  sacerdotaux  de 
Delphes,  Chrysolhémis,  Philammon,  etc.  (Procl.  Chrest.  p.  245,  etc.).  —  4  Ath. 


XIV,  635  E  (IJellanicos,  Sosibios).  —  3  Poil.  IV,  66.  —  «  Schol.  Nub.  971. 
—  7  Sur  les  parodisles  de  la  citharodie,  cf.  Ath.  XIV,  638  B.  —  8  Corp.  msci . 
att.  Il,  965.  —  9  Plut.  Mus.  8;  Paus.  X,  7,  5.  —  10  11,  I,  472  (péan)  ;  XXIV,  719 
(thrène);  Herod.  IV,  35.  —  il  Prob.  XIX,  18. 


MUS 


—  20X1 


MUS 


encômia,  épinicies,  etc.  Nous  reparlerons  du  dithy¬ 
rambe.  Les  grands  maîtres  du  genre  choral  peuvent  se 
répartir  en  deux  groupes  :  l’école  archaïque  avec  Thalé- 
las  de  Gortyne  (vers  630),  Xénodamos  de  Cythère, 
Xénocritos  de  Locres;  l’école  classique  avec  Alcman, 
Stésichore  d’Himère  (mort  en  556),  Ibycos  de  Rhégium, 
Simonide  de  Céos  (556-468),  son  neveu  Bacch.ylide, 
et  le  plus  illustre  de  tous,  le  Thébain  Pindare  (522-448). 

c.  Déclamation  avec  accompagnement  instrumental. 

—  Ce  genre,  comparable  à  notre  «  mélodrame  »,  est  connu 
sous  le  nom  de  TrxpaxaTaXoyTj  (quasi-récitation).  L’inven¬ 
tion  en  était  attribuée  à  Archiloque1.  11  s’appliquait  à 
des  poésies  iambiques  et  l’accompagnement  était  exécuté 
sur  un  instrument  appelé  clepsiambe  2.  Plus  tard,  il  est 
question  de  tétramètres  (trocliaïques?)  déclamés  de  la 
même  manière  par  l’acteur  Nicostratos  3.  La  paracata- 
logé  fut  introduite  aussi  dans  le  drame,  où  les  Problèmes'* 
signalent  son  caractère  tragique  quand  elle  s’intercale 
dans  les  parties  chantées;  elle  pénétra  enfin  dans  le 
dithyrambe  (Crexos). 

d.  Danse  avec  accompagnement  instrumental.  —  Dans 
l’ancienne  musique,  cette  combinaison  est  surtout  repré¬ 
sentée  par  certaines  danses  collectives,  militaires  comme 
la  pyrrliique  dorienne  5,  ou  mimétiques,  les  unes  et  les 
autres  ordinairement  accompagnées  par  la  flûte.  A 
l’époque  romaine  appartient  le  ballet  mythologique  ou 
pantomime,  dont  les  règles  furentprécisées  par  les  fameux 
danseurs  Bathylle  et  Pylade  (sous  Auguste).  L’intérêt  de 
lapantomime  se  concentre  sur  le  protagoniste,  le  premier 
danseur.  L’orchestre  est  nombreux  et  varié  (flûtes, 
syringes,  cymbales)  ;  un  chœur  chantant  explique  l’action 
[saltatio]  et  marque  la  mesure  avec  le  bruyant  scabillum. 

e.  Compositions  complexes.  —  1.  Tragédie  et  drame 
satyrique.  —  Ce  genre  appartient  presque  exclusivement 
à  l’Attique.  La  tragédie  primitive,  née  du  culte  de 
Dionysos,  est  toute  lyrique  et  dansante  ;  le  lieu  même  où 
elle  s’exécute  porte  le  nom  de  plate-forme  de  danse 
(opy/jCTpa).  Après  l’introduction  des  acteurs  et  de  l’action, 
la  tragédie  se  complique.  Il  faut  alors  distinguer  :  1°  les 
parties  dialoguées  (trimètres  iambiques,  tétramètres  . 
trocliaïques)  qui  étaient  simplement  récitées,  très  proba¬ 
blement  sans  aucun  accompagnement  instrumental; 

2°  les  morceaux  déclamés  aux  sons  de  la  flûte 
(TOpaxaTaXoY^),  qui  comprennent  les  trimètres  insérés 
entre  des  stropheslyriques  etprobablementles  anapestes, 
soit  du  chœur  (ou  coryphée),  soit  des  personnages  ;  3°  les 
parties  proprement  chantées,  avec  accompagnement  de 
Hâte,  plus  rarement  de  cithare.  Dans  la  tragédie  et 
le  drame  satyrique  de  la  première  moitié  du  ve  siècle 
(Pratinas,  Phrynichus,  Eschyle),  les  morceaux  chantés 
appartiennent  presque  exclusivement  au  chœur;  les  plus 
développés  (les  <yT<x<7iga)  ont  la  disposition  générale  des 
odes  choriques  de  l’époque  et  sont,  comme  elles,  accom¬ 
pagnés  de  mouvements  de  danse,  la  grave  éggÉXe-.a  dans  la 
tragédie,  lapétulante  cdxivvtç  dans  le  drame  satyrique.  Tou¬ 
tefois  les  couples  successives  de  strophes  (ordinairement 
trois  ou  quatre)  ne  sont  pas  similaires  et  la  série  s’en  ter¬ 
mine  par  une  épode  unique.  A  côté  des  chants  développés 

1  Plut.  Mus.  28.  — 2  Athen.  XIV,  636  B.  Par  opposition  à  ces  iambes  décla¬ 
més  on  appelait  méliambes  es  iambes  chantés  (Archiloque,  Kerkidas,  etc.). 

—  3  Xen.  Synip.  IV,  3.  —  4  XIX,  G.  —  5  Sur  la  pyrrliique  dionysiaque,  cf.  Ath. 
XIV,  631  A.  —  6  Arist.  Poet.  18.  —  7  Bull.  corr.  hell.  X VII I,  85  :  il  est 
exécuté  par  un  aulète;  on  l'avait  donc  transcrit  pour  la  flûte,  ce  qui  prouve  qu'il 


du  chœur,  réguliers  ou  épisodiques,  intervient  souvent 
un  xojjtgô;  ou  chant  alterné  entre  le  chœur  et  les  acteurs, 
qui  a  d’ordinaire  un  caractère  thrénétique;  la  disposition 
en  est  également  antistrophique.  Dans  la  seconde  moitié 
du  v°siècle,  sous  l’influence  du  style  nouveau,  les  chants 
du  chœur  perdent  peu  à  peu  en  longueur,  en  variété 
rythmique  et  en  intérêt  jusqu’à  devenir,  avec  Agathon, 
de  simples  hors-d’œuvre  (IgôôXiga) 6.  En  revanche,  les 
chants  de  la  scène  se  développent;  à  côté  du  commos  on 
voit  apparaître  dès  monodies,  des  chants  alternés  entre 
acteurs  seuls;  les  uns  et  les  autres  renoncent  bientôt  à 
la  coupe  antistrophique  pour  adopter  la  forme  libre 
(commatique)  du  nouveau  dithyrambe.  On  insère  aussi  ’ 
des  intermèdes  purement  instrumentaux,  comme  ce 
xiQâp'.agcc  des  Bacchantes  d’Euripide  mentionné  dans  une 
inscription  de  Delphes  7.  Les  dernières  tragédies  de 
Sophocle  et  d’Euripide,  comme  celles  d’Agathon,  ont 
ainsi  le  caractère  de  véritables  opéras-comiques,  où  les 
airs  détachés  (comme  la  fameuse  monodie  du  Phrygien 
dans  YOreste),  chantés  par  des  virtuoses  célèbres,  étaient 
la  partie  essentielle  et  se  gravaient  dans  la  mémoire  des 
auditeurs;  en  présence  des  exigences  croissantes  du 
public,  le  poète,  pour  en  composer  la  mélodie,  prenait 
parfois  des  collaborateurs  spéciaux  8.  En  général,  la 
mélopée  tragique  se  tient  dans  le  genre  diatonique;  le 
chromatique,  introduit  par  Agathon,  ne  put  s’accli¬ 
mater  9.  Les  modes  favoris  sont  le  dorien  et  le  mixo- 
lydien  pour  les  chants  du  chœur,  l’hypodorien  et 
l’hypophrygien  pour  ceux  des  acteurs. 

2.  Comédie.  —  La  comédie  attique,  au  temps  de  la 
guerre  du  Péloponnèse,  présente  les  mêmes  éléments 
musicaux  que  la  tragédie  :  dialogue  parlé,  chœurs, 
chants  des  acteurs.  Mais  dans  la  distribution  des  parties 
lyriques  il  y  a  des  différences  très  notables  que  nous  ne 
pouvons  étudier  ici.  Le  chœur,  plus  nombreux  (vingt- 
quatre  choreutesau  lieu  de  quinze),  se  divise  souvent  en 
demi-chœurs;  sa  danse  est  l’audacieux  xopoa?.  Les  mélo¬ 
dies  de  Cratinos,  les  rythmes  d’Aristophane  furent  jus¬ 
tement  célèbres.  La  comédie  moyenne  a  perdu  le  chœur, 
mais  conservé  quelques  ariettes  ;  il  semble  qu’elles  aient 
disparu  dans  la  comédie  nouvelle10. 

3.  Dithyrambe  et  chœur  cyclique.  —  Le  dithyrambe, 
organisé,  dit-on,  par  Arion  de  Méthymne  à  Corinthe, 
introduit  par  Lasos  d’Hermione  à  Athènes,  où  il  forma 
l’objet  d’un  important  concours  aux  Panathénées,  n’est 
àl’origine  qu’une  variété  de  l’ode  chorale,  mais  consacrée 
à  Dionysos  au  lieu  d’Apollon  [dithyrambus].  Le  chœur  de 
cinquante  exécutants  tourne  en  rond  autour  de  l’autel  (d’où 
le  nom  de  xuxXcoç  y< >poç)  [cyclicus  ciiorus]  ;  l’aulète  se 
tient  au  milieu  ;  la  danse  est  la  Tupêacia  ;  les  rythmes  et 
la  disposition  antistrophique  sont  semblables  à  ceux  des 
autres  odes  chorales,  mais  le  mode  dominant  est  le 
phrygien.  Dès  cette  époque  les  dithyrambistes  paraissent 
avoir  traité  avec  prédilection  des  sujets  héroïques  ;  les 
grammairiens  rangeaient  dans  la  classe  des  dithyrambes 
certaines  odes  épiques  de  Xénocritos,  de  Praxilla  et  de 
Bacchylide,  qui  ne  se  distinguent  guère  de  la  lyrique 
apollinique.  Depuis  le  milieu  du  vu  siècle,  une  série  de 

était  à  deux  parties.  -  8  Vit.  Eurip.;  cf.  Arisloph.  Ran.  944,  1408,  1452 
-  9  Plut.  Quaest.  symp.  III,  1  ;  Mus.  20.  La  question  si  le  fr.  de  YOreste 
est  chromatique  ou  enharmonique  divise  les  savants.  —  10  Sur  la  musique 
des  genres  dramatiques  parodiques  (hilarodie,  magodie  ou  lysiodie,  Ath.  XIV 
620  et  Sur  celle  du  mime  nous  manquons  de  renseignements  précis. 


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novateurs  (Mélanippidès,  Télestès,Crexos,  Philoxène  etc  ) 
transformèrent  profondément  le  dithyrambe  et  en  firent 
reeUement  un  genre  nouveau,  qui  prit  rang  parmi  les 
genres  dramatiques  avec  la  tragédie  et  la  comédie.  A 
cote  du  chœur  on  introduisit  des  solistes,  tantôt  chan- 
an  ,  tantôt  déclamant  (TrapaxaTaXoyq)  ;  le  récit  devint 
une  action  ;  parfois  la  cithare  doublait  la  flûte.  La  coupe 
antistrophique  fut  abandonnée  pour  les  tirades  libres 
(avaooÀat)U  un  style  imagé  jusqu’à  l’incohérence,  une 
variété  déconcertante  de  rythmes,  une  mélopée  savante 
sensuelle  et  fleurie,  chargée  de  modulations  et  de  chro¬ 
matismes,  souvent  imitative  (on  tâchait  de  rendre  l’effet 
de  la  tempête,  les  cris  de  Sémélé  en  mal  d’enfant,  etc  ) 
tels  sont  les  traits  qui  caractérisent  le  style  du  nouveau 
dithyrambe.  D'abord  la  cible  des  poètes  comiques,  il 
conquit  de  haute  lutte  le  public  athénien,  puis  la  Grèce 
entière  et  produisit  des  chefs-d’œuvre  longtemps  clas¬ 
siques;  il  exerça  aussi  sur  le  développement  du  nome  de 
Timothée  et  de  la  tragédie  d’Euripide  une  profonde 
influence 3.  Le  nome  citharodique  deTerpandre,  le  dithy¬ 
rambe  de  Philoxène,  tels  sont  les  deux  pôles  de  la  musique 
grecque,' les  deux  termes  qui  mesurent  son  évolution  et 
résument  son  histoire  :  l’antithèse  du  style  «  éducatif  et 
ancien  (ir«i8eimx<$ç,  àpyato;  xpouc-ç)  et  du  style  «  thé⬠
tral,  chatoyant  et  populaire  »  (ôsarptxôç,  ttoixiào;, 
cptXxvOpwTio;  TpÔ7rûç)  4.  A  1  époque  hellénistique  et  romaine, 
le  dithyrambe-opéra  a  presque  disparu;  le  chœur  cycli¬ 
que  existe  encore,  mais  très  réduit  en  nombre  :  il  est 
devenu  l’accessoire  et  l’aulète  le  principal  ;  sous  le 
nom  de  xéxXtoç  aùXTj-nrjç,  plus  tard  de  /opauX-r^,  c’est  celui-ci 
qui  figure  le  premier,  et  souvent  seul,  sur  le  catalogue 
des  vainqueurs;  il  reçoit  un  prix  qui  n’est  dépassé  que 
par  celui  du  citharède. 

XIV.  De  l’éducation  musicale  B.  —  La  musique  grecque, 
malgré  la  pénurie  des  ressources  qu’elle  a  mises  en  œuvre 

même  aux  époques  de  son  plus  grand  raffinement,  a  cer¬ 
tainement  exercé  sur  les  âmes  un  empire  au  moins  com¬ 
parable  à  celui  qui  appartientde  nosjoursàson  héritière G. 
Avec  des  moyens  limités,  elle  produisait  des  effets  sai¬ 
sissants.  Les  simples  mais  divines  mélodies  de  Terpandre 
et  d  Olympos  suscitaient  encore,  après  trois  siècles,  les 
transports  de  Platon,  d’Aristote,  d’Aristoxène.  L’art  plus 
compliqué  qui  surgit  depuis  la  seconde  moitié  du  Ve  siècle 
ne  provoqua  pas  un  moindre  enthousiasme  :  beaucoup 
d’Athéniens  savaient  par  cœur  les  cantilènes  d’Euripide 
et,  captifs  en  Sicile,  se  rachetèrent  en  les  chantant 7;  à 
Abdère,  Y Euripidomanie  prit  le  caractère  d’un  véritable 
délire  8.  Le  tempérament  des  Grecs  parait  donc 
avoir  été  extrêmement  sensible  aux  impressions 
musicales;  elles  retentissaient  dans  tout  l’organisme,  soit 
pour  l’exalter,  soit  pour  le  calmer,  soit  pour  le  porter  à 
la  volupté  et  à  la  mollesse.  Les  Pythagoriciens  firent  à  ce 
sujet  des  observations  intéressantes  et  cherchèrent  à  en 
tirer  parti  pour  les  mœurs  ;  beaucoup  de  philosophes  les 
suivirent  dans  cette  voie,  et  tout  n’était  pas  illusion  dans 
leurs  théories.  L’importance  que  les  moralistes  y  attachent 
et  en  général  1  abondance  de  la  littérature  musicale  (tech¬ 
nique, philosophique, mathématique, historique)  nous  font 


en!rem,r  1"«  '»  m»»ique  a  joué  dans  la  viede,  r„ 
rôle  considérable,  beaucoup  plus  considérable  ouo  l »  "" 
du  dessin  malgré  l'apparence  contraire  qui  résulte  .i"''’ 
nous  de  la  disparition  presque  complète  de  leurnro.l. 
musicale,  alors  qu'il  subsiste  tant  de  milliers  de  sta  '0" 
et  de  vases.  Aussi  bien,  la  preuve  décisive  de  il 
dérance  sociale  de  la  musique  nous  est  fourni Prep°n' 
pbace  qu’elle  a  tenue  de  tout  temps  dans  l’éduc.-n  ^  !a 
1  enfance  et  de  la  jeunesse,  i,uaisUZLTnT^e 
mtrodu.t  que  tardivement  et  non  sans  résistance  *  ® 

Des  1  epoque  homérique  »  il  faut  bien  que  les  enfin, 
nobles  aient  appris'  à  chanter,  puiscrue  les  « 
entonnent  le  péan  en  allant  au  combat,  que' les  femme* 
exécutent  unlhrène  alterné  aux  funérailles,  que  Pénéln  ^ 
et  Créé  chantent  en  tissant  Les  classes  laborieuses 
elles-memes  n  ignorent  pas  un  chant  naïf  et  néanmoins 
<  <  |à  réglé  pendant  les  vendanges  un  enfant  psalmodie 
16 /m°f  e“  8  accompagnant  de  la  lyre,  et  les  vendangeurs 
i c pondent  par  des  danses  mêlées  de  chants  lâ.  Parmi  le« 
chansons  de  métiers  dont  nous  possédons  une  assez 
longue  énumération13,  beaucoup  doivent  remonter  Y 
une  epoque  très  ancienne.  L’utilité  .du  rythme  pour  le 
travail  individuel  ou  collectif  est  une  des  sources  de  la 
musique  et  a  dû  être  aperçue  de  bonne  heure14  -  des 
terres  cuites  très  archaïques  en  font  foi.  Au-dessus  de 
cette  éducation  musicale  rudimentaire,  il  faut  admettre 
chez  les  «  héros  »  d’Homère  des  études  ou  tout  au 
moins  une  pratique  plus  approfondie  :  Achille  charme 
ses  loisirs  en  chantant  les  gloires  des  preux  (xXdoc 
àvopoïv)  ;  il  s’accompagne  sur  une  phorminx  de  grand 
prix  qu’il  a  choisie  parmi  les  dépouilles  d’une  ville  prise 
d’assaut 16 .  Remarquons  qu’on  ne  retrouve  pas  dans 
Y  Odyssée  de  scène  de  ce  genre  :  les  nobles  attablés  se 
plaisent  à  ouïr  les  aèdes  chantant  des  récits  épiques  aux 
sons  de  la  phorminx,  mais  n’essaient  pas  de  rivaliser 
avec  eux.  L’écart  commence  à  se  dessiner  entre  les  talents 
de  l’amateur  et  ceux  du  professionnel. 

Dans  les  sociétés  aristocratiques,  Ioniens  du  viic  siècle, 
Éoliens  et  Doriens  du  vie,  la  culture  musicale  est  insé¬ 
parable  d’une  éducation  distinguée  :  l’idéal  du  «  cheva¬ 
lier  »  grec  est  Achille,  auquel  on  prête  pour  maître  de 
•musique  le  centaure  Chiron,  ou  Héraclès  instruit  dans  le 


même  art  par  Linos.  La  musique  à  cette  époque  n’est 
pas  seulement  enseignée  pour  elle-même,  comme  un  art 
d’agrément lü  :  on  y  voit,  surtout  dans  les  cités  dorien- 
nes,  un  véritable  instrument  de  moralité,  une  institution 
d’État  avec  des  règles  fixes;  sainement  entendue,  elle 
doit  former  les  esprits  à  l’équilibre,  à  la  mesure,  à  la 
discipline,  tempérer  les  courages,  sans  les  amollir,  épurer 
l’âme  de  Lous  les  instincts  bas  et  sauvages.  Tel  estle7iaio£u- 
rtxo;  TpoTroç,  le  style  «  éducatif  >■>  et  naturellement  religieux. 

Il  faut  ajouter  que,  dans  ces  effets  éthiques  prêtés  à  la 
musique  par  les  anciens  législateurs  et  leurs  admirateurs 
du  vc  et  du  iv°  siècle,  il  est  difficile  de  faire  la  part  de  la 
mélodie,  du  rythme  et  de  la  poésie  elle-même;  car 
si  l’aulétique  commence  à  prendre  son  essor,  ce  n’en  est 
pas  moins  la  musique  vocale  qui  domine  dans  l’ensei¬ 
gnement  comme  dans  la  pratique,  solo  religieux  ou  pro- 


l  Aristot.  Poet.  15;  Ath,  VIII,  311;  XIII,  5C4.  —  2  Arist.  Rhet.  III,  C 
3  Su1,  les  parodistes  du  dithyrambe,  cf.  Ath.  I,  19  F.  —  1  Naturellement  i 
y  eu^  des  musiciens  archaïsants,  surtout  dans  le  Péloponnèse;  cf.  Arislox.  ap 
Plut.  Mus.  21.  —  B  Sakellarios,  Die  musikalische  Jugendbildwng  im  griech 
Alterthum,  Athènes,  1885.  —  0  Beyer,  Ueber  den  Werth  der  Afusi/c  im  Aller 
thum,  Dresde,  1839;  principaux  textes  :  Plat.  liesp.  III,  401  D  ;  IV,  424  C;  Aristot 


Pol.  VIII,  3  et  5;  Plut.  Qwest,  symp.  VII,  5;  Ath.  XIV,  623  E;  Cic.  De  legg. 
II,  15,  38;  Quint.  I,  10,  32.  —  T  Plut.  Nie.  29.  —  8  Luc.  Quomod.  histor.  1. 
—  9  Aristot.  Polit.  V,  2,  3.  —  10  fiuhrauer,  Musikgeschichtliehes  aus  Borner , 
Lauban,  1886.  —  Il  e  Cl,  *  221.  —  12  s  569.  —  13  Ath.  XIV,  018  D.  —  «•  Cf.  le 
beau  livre  de  Biicher,  Arbeit  und  Rhythmus.  — '  '  I,  18G-9.  Paris  est  aussi  un  ama¬ 
teur  de  la  xlOaoi;,  I’  54.  —  10  'ilSovŸjç  ÿràpcv,  Arist,  Pol.  Mil,  2,  3, 


MUS 


—  2083  — 


MUS 


fane  à  Lesbos,  lyrisme  choral  en  Crète,  dans  le  Pélopon¬ 
nèse,  et,  vers  l’époque  des  guerres  médiques,  dans  le 
monde  grec  tout  entier. 

Nous  sommes  mal  renseignés  sur  l’éducation  en  Ionie 
et  à  Lesbos;  mais  il  suffit  de  remarquer  qu’Archiloque, 
Alcée,  Anacréon  appartenaient  aux  plus  grandes  familles 
de  leurs  patries  respectives,  pour  s’assurer  que  la  mu¬ 
sique  faisait  partie  du  programme  de  l’éducation  noble. 
Les  deux  sexes  participaient  également  à  cette  culture 
musicale  :  dans  les  panégyries  de  Délos,  décrites  par 
l’auteur  de  l’Hymne  a  Apollon  Délien,  les  «  vierges  dé- 
liades  »  exhibent  en  public  leurs  talents.  Lesbos,  au 
temps  de  Sappho,  offre  le  spectacle  extraordinaire  d’une 
sorte  d’université  féminine  de  poésie  et  de  musique, 
divisée  en  écoles  rivales. 

En  Crète,  où  l’éducation  avait  un  caractère  militaire 
très  accusé,  le  côté  intellectuel  de  l’instruction  n’était 
guère  représenté  que  par  la  musique  ;  la  danse,  très  pra¬ 
tiquée,  est  le  lien  entre  celle-ci  et  la  gymnastique 
pïrrhicha].  Dès  l'enfance,  les  jeunes  Crétois  apprenaient 
des  airs,  des  hymnes  spécifiés  par  les  lois1.  Plus  tard, 
enrégimentés  dans  leurs  àyéXat,  ils  chantaient  les  péans 
de  Thalétas  et  d’autres  poètes  nationaux  ;  la  flûte  et  la  lyre 
réglaient  leurs  exercices,  leurs  simulacres  de  batailles. 
La  chanson  de  table  n’était  pas  moins  en  honneur  :  le 
scolion  du  Crétois  Ilybrias  est  le  chef-d’œuvre  du  genre. 

D’après  la  tradition,  c’est  de  la  Crète  que  Lacédémone 
aurait  tiré  ses  institutions  musicales;  Thalétas  en  aurait  été 
le  missionnaire.  Non  seulement  la  musique  avait  à  Sparte 
sa  place  dans  l’éducation  de  la  classe  dirigeante,  mais 
elle  constituait  pour  elle  un  véritable  privilège.  Encore 
au  ive  siècle,  quand  les  Thébains  envahirent  la  Laconie, 
les  h  ilotes  refusèrent  de  leur  chanter  les  airs  «  nationaux  » 
de  Terpandre,  d’Alcman  et  de  Spendon,  «  parce  que  leurs 
seigneurs  ne  le  leur  permettaient  pas2  ».  Cette  éducation 
musicale  comportait  avant  tout  le  chant  choral  du  péan 
et  des  embatéria,  la  danse  année,  la  marche  rythmée,  mais 
aussi  le  jeu  de  la  cithare  et,  paraît-il,  celui  de  la  flûte  3. 
Elle  se  continuait  pendant  toute  la  vie  :  aux  Gymno- 
pédies,  aux  Ilyacinthies,  les  chœurs  d’enfants,  de  jeunes 
gens,  d’hommes  faits  rivalisaient  d’ardeur.  Les  banqùets 
communs  ( syssitia )  se  terminaient  par  un  péan  chanté  en 
chœur  et  des  fragments  d’élégie  chantés  à  tour  de 
rôle  A  Les  jeunes  filles  étaient  associées  dans  une  large 
mesure  aux  études  musicales  et  aux  fêtes  brillantes  qui 
en  étaient  le  couronnement  :  le  parlhénée  d’Alcman  nous 
fait  entrevoir  un  coin  de  ce  gracieux  tableau,  un  chœur 
de  jeunes  Lacédémoniennes  dressées  à  la  danse  et  au 
chant  choral  par  un  maître  de  ballet  lydien,  assisté 
d’aulètes  phrygiens.  Une  fois  adoptées  par  l’État  et  con¬ 
sacrées  par  une  longue  tradition,  les  formes  musicales 
étaient  réputées  immuables  et  lesmagistrats  s’opposaient, 
au  besoin  par  la  force,  à  toutes  innovations  soit  dans  le 
nombre  des  cordes  de  la  lyre,  soit  dans  le  style  des 
mélodies  ;  en  dehors  des  anecdotes  contradictoires  et 
suspectes  sur  Terpandre,  Phrynis  et  Timothée,  ce  con¬ 
servatisme  rigoureux  est  aujourd’hui  confirmé  par  le 
témoignage  de  Timothée  lui-même5. 

Les  institutions  musicales  de  Sparte  se  propagèrent 

1  Ephor.  fr.  64,  Muller  ;  Ps.  Heracl.  (Aristot.),  Fragm.  hist.gr.  Il,  211.  Le  rensei- 
finement  d'Elicn  (  Var .  hist.  II,  39)  qu’il  sapprenaient  à  chanter  les  lois,  jAtxà  -rtvoç 
lAeXiuSfa;,  me  parait  reposer  sur  une  confusion  des  deux  sens  du  mot  vôjao^.  —  2  plut. 
Lyc.  28.  —3  Chamaeleon  ap.  Ath.  IV,  184  D  ;  Aristot.  Pot.  VIII,  G,  G.  —  4  Ath.  XIV, 


plus  ou  moins  dans  les  autres  États  dorions  du  Pélopon¬ 
nèse  (Argos,  Pellène,  Sicyone)  et  surtout  en  Arcadie.  A 
l’époque  de  Polybe,  c’est  là  qu’elles  s’étaient  le  mieux  con¬ 
servées  :  l’étude  de  la  musique  y  était  obligatoire  jus¬ 
qu’à  trente  ans;  tous  les  ans  la  jeunesse  libre  se  présentait 
au  théâtre  dans  des  exhibitions  publiques  et  des  con¬ 
cours.  Seulement,  par  une  concession  au  goût  du  siècle, 
outre  les  hymnes  et  les  péans  traditionnels,  on  avait  fait 
une  place  dans  les  programmes  aux  nomes  du  nouveau  • 
style,  ceux  de  Timothée  et  de  Philoxène  °.  Si  nous 
citons  ici  ce  fait  en  dehors  de  sa  place  chronologique, 
c’est  que  le  fond  de  ces  institutions  est  ancien:  un 
témoignage  autorisé  fait  remonter  au  vne  siècle  l’orga¬ 
nisation  des  à7i&Set1;stç  arcadiennes  7  ;  Aristoxène  vante 
la  sévérité  des  lois  musicales  en  vigueur  à  Mantinée8. 

Au  vie  siècle  et  pendant  la  première  moitié  du  ve,  le 
merveilleux  épanouissement  du  lyrisme  choral  suppose 
dans  le  monde  grec  tout  entier  un  développement 
remarquable  de  la  culture  musicale  parmi  les  classes 
nobles  et  bourgeoises,  tout  au  moins  du  chant  et  de  l’or- 
chestique.  Partout  les  odes  chorales  étaient  chantées 
et  dansées  non  par  des  artistes  de  métier,  mais  par  des 
jeunes  gens  et  des  enfants  de  famille  dressés  ad  hoc  par 
un  maître  de  chœur  ;  les  intitulés  des  seules  épinicies  de 
Pindare  et  de  Bacchylide  nous  ont  conservé  toute  une 
liste  de  cités  grandes  et  petites  qui  devenaient,  suivant  les 
hasards  des  concours  athlétiques,  le  théâtre  de  brillantes 
séances  de  ce  genre.  Comme  le  plus  souvent  le  maestro 
ne  pouvait  y  présider  lui-même,  on  voit  qu’à  côté  d’un 
personnel  de  chanteurs  au  moins  dégrossis,  ces  fêtes 
lyriques  supposent,  dans  toutes  les  villes,  l’existence  de 
professionnels  capables  d’en  préparer  et  d’en  diriger 
l’exécution.  L’invention,  ou  tout  au  moins  la  propagation 
de  la  notation  musicale  doit  se  rattacher  à  ce  vaste  mou¬ 
vement;  Pindare  expédiait  même  au  delà  des  mers  ses 
partitions  notées. 

A  Athènes  9,  où  la  musique  fleurit  surtout  depuis  les 
Pisistratides,  la  chorale  «  apollinique  »  n’a  jamais  poussé 
de  racines  profondes;  mais  le  chant  collectif  des  ingénus 
était  largement  mis  à  réquisition  dans  les  chœurs  tragiques 
et  comiques  et  dans  les  chœurs  cycliques  du  dithyrambe. 

En  outre,  la  chanson  de  table,  sous  la  forme  particulière  du 
scolion ,  y  resta  longtemps  à  la  mode;  les  chanteurs  se 
passaient  de  main  en  main  la  coupe,  la  lyre  et  le  myrte  : 
il  fallait  savoir  non  seulement  chanter  un  air,  mais  im¬ 
proviser  des  paroles  et  s’accompagner  de  l’instrument. 
Aussi  l’étude  des  éléments  de  la  musique,  particulièrement 
du  chant  et  du  jeu  de  la  lyre,  faisait-elle  partie  de  toute 
éducation  digne  de  ce  nom,  et  les  jeunes  gens  de  famille 
qui  s’y  montraient  réfractaires,  comme  le  jeune  Thémis- 
tocle,  étaient-ils  mal  notés10.  L’instruction  musicale,  à 
laquelle  l’État  restait  complètement  étranger  comme  aux 
autres  branches  de  l’instruction  —  bien  qu’une  prétendue 
loi  de  Solon  la  déclarât  obligatoire11,  —  se  donnait  géné¬ 
ralement  à  1  ccole,  par  les  soins  du  xtOapni'njc;12  [cituarista] 
Nous  renvoyons  pour  les  détails  à  l’article  educatio, 
où  ce  sujet  a  été  traité,  et  aux  vases  peints  de  Douris, 
d’Euthymidès  et  autres  qui  y  sont  énumérés  ou  repro¬ 
duits  (fig.  2598  à  2603). 

630  F.  —  S  Perses,  v.  219  sq.  —  6  Polyb.  IV,  20.  —  1  Plut.  Mus.  9  (Héraclide) 

—  s  Ibid.  32.  —  9  Sur  l’éducation  musicale  à  Athènes,  cf.  surtout  P.  Girard, 
L'éducation  athénienne,  p.  1G1  sq  ;  Couat,  Aristophane,  ch.  vin.  —  10  plut. 
Them.  2.-11  Plat.  Crit.  50  D.-  12  Télés  Stob.  Flor.  98,  72)  l’appelle  àfl,o.n.<i?. 


MUS 


—  2084  — 


Un  point  à  noter,  c'est  que  d’après  le  témoignage  con¬ 
cordant  des  vases  et  des  auteurs1  l’élude  de  Y  aidas, 
dans  la  première  moitié  du  ve  siècle,  rentrait  dans  l’ensei¬ 
gnement  élémentaire  au  même  titre  que  celle  de  la 
lyre.  Tous  les  ingénus,  selon  Aristote,  savaient  en  jouer 
et  s  en  faisaient  gloire.  Vers  le  milieu  du  siècle  une  réac¬ 
tion  se  produisit  contre  l’usage  de  cet  instrument  auquel 
on  reprochait:  1°  d’être  d’origine  barbare,  2°  d’amollir 
l’âme,  3°  de  déformer  les  traits  du  visage.  La  polémique 
déguisée  sous  forme  de  mythe  se  poursuivit  dans  la 
poésie  et  même  dans  la  sculpture  :  Mélanippidès  mit  en 
vers  la  légende  de  Marsyas  et  d’Athéna2,  Myron  la  mit 
en  bronze.  On  prétend  que  l’aversion  du  jeune' Alcibiade 
contre  1  usage  de  Yaulos  ne  fut  pas  étrangère  à  la  défa¬ 
veur  où  tomba  cet  instrument3;  mais  il  est  probable 
que  la  véritable  raison  de  son  abandon,  d’ailleurs  très 
graduel  %  fut  la  nécessité  de  trouver  place  dans  l’en¬ 
seignement  scolaire  pour  les  nouvelles  matières  mises  à  la 
mode  par  l’influence  des  sophistes  :  obligé  de  choisir 
entre  les  deux  instruments,  on  conserva  le  seul  qui  eût 
un  caractère  vraiment  hellénique,  la  lyre,  et  qui  était 
d’ailleurs  d’un  apprentissage  moins  difficile.  11  en  fut 
autrement  à  Thèbes,  où  Yaulos  était  devenu  peu  à  peu  un 
instrument  national  et  où  la  législation  en  prescrivait 
l’emploi  dans  les  actes  importants  de  la  vie5.  Encore  au 
temps  de  la  jeunesse  d’Épaminondas  les  fils  de  famille 
apprenaient  à  s’en  servir,  aussi  bien  que  de  la  cithare0. 

Dès  la  seconde  moitié  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  il 
semble  que  le  virtuosisme  d’une  part,  l’éducation  nou¬ 
velle  de  1  autre  aient  fait  du  tort  chez  les  Athéniens  à 
l’enseignement  traditionnel  de  la  musique.  Le  Phidip- 
pidès  des  Nuées  déclare  qu’il  est  niais  de  jouer  de  la 
lyre  à  table  et  de  chanter  comme  une  femme  en  train  de 
moudre  du  grain.  Les  vieux  poètes  sont  passés  démodé, 
mais  on  se  bouscule  pour  enteudre  les  airs  lascifs  d’un 
Cxnésippe  '.  Ces  tendances  s’accusèrent  au  ivc  siècle 
avec  1  abandon  du  scolion ,  la  décadence  de  la  chorale 
dramatique  et  la  prépondérance  prise  par  les  solistes 
même  dans  le  dithyrambe.  D’autre  part,  beaucoup  de  pro¬ 
fesseurs,  entraînés  par  les  progrès  de  l’art,  tentaient 
d'introduire  dans  l’enseignement  élémentaire  les  raffi¬ 
nements  d’exécution  et  les  modulations  savantes  que 
les  virtuoses  avaient  mis  à  la  mode.  Les  philosophes, 
comme  les  comiques  8,  combattent  ces  tendances  et 
insistent  pour  conserver  à  l’enseignement  musical  son 
caractère  simple  et  éthique.  Platon  condamne  tous  les 
«  traits  »  et  même  tout  accompagnement  non  à  l’unis¬ 
son  du  chant  9.  Aristote  range  la  flûte  et  la  cithare 
(celle-ci  permise  par  Platon)  parmi  les  instruments 
techniques  dont  l’étude  ne  sied  pas  à  des  ingénus10.  On 
discutait  aussi  sur  les  «  modes  »  qui  convenaient  à  la 
jeunesse  :  Platon,  à  cet  égard,  est  plus  exclusif  et  moins 
bien  informé  qu’Aristote  Mais  l’un  et  l’autre  se  ral¬ 
lient  à  l’axiome  fondamental  de  Damon,  «  que  l’on 'ne 
peut  rien  changer  à  la  musique  sans  ébranler  profondé¬ 
ment  l’État 12  ». 

En  même  temps  que  s’affaiblissait  l’enseignement  élé- 


s  ouvraient  p0ur  leg 
musi- 


MUS 

mentaire  des  cours  supérieurs  ouvraient  P( 
adultes  désireux  de  pousser  plus  avant  les  études  m  • 
cales,  surtout  en  théorie,  sans  vouloir  pour  cela  a 
des  professionnels  ;  ce  senties  écoles  des 
saurait  accepter  la  tradition  d’après  laquelle  le  cUhal^ 
btratomcos,  si  fameux  pour  ses  bons  mots  (vers  ^ 
aurait  ouvert  la  première  école  de  ce  genre13  ml  °i  ’ 
dernier  tiers  du  siècle,  Arisloxène  de  Tarente  donna  à’cet 
enseignement  le  plus  grand  éclat  et  une  largeur  de  vn 
toute  philosophique,  ë  de  vues 

Nos  renseignements  sur  ^éducation  musicale  à  répo 
ue  alexandrine  sont  nombreux,  mais  fragmentaires- 
î  “e  S  en  deSaSe  une  vue  d’ensemble  bien  nette  A 
tout  prendre,  il  semble  que  dans  la  Grèce  d’Europe 
maigre  la  multiplication  et  l’éclat  des  concours  musicaux’ 
on  assiste  à  une  décadence  lente  mais  continue.  Strabon’ 
qui  écrit  à  la  fin  de  cette  période,  parle  bien  des  préten’ 
Dons  pédagogiques  des  maîtres  de  musique  »  comme 
d  un  fait  actuel,  mais  le  contexte  prouve  qu’il  y  a  ià 

surtout  des  réminiscences  littéraires.  En  réalité,  les  études 
musicales  paraissent  avoir  été  alors  l’apanage  des  privi¬ 
légiés  de  la  fortune,  de  ceux  qui  se  groupaient  désor¬ 
mais  dans  les  collèges  éphébiques;  la  masse  s’en  désin¬ 
téressait  de  plus  en  plus.  Il  y  a  pourtant  des  exceptions. 
La  plus  notable,  déjà  citée,  est  celle  de  l’Arcadie  1B. 
Polybe  attribue  la  férocité  des  Cynæthéens  au  fait  que, 
seuls  des  peuples  arcadiens,  ils  avaient  abandonne  les 
institutions  musicales  des  ancêtres.  Aux  Arcadiens  il 
faut  peut-être  ajouter  les  Crétois  ;  deux  curieux  décrets 
de  Cnossos  et  de  Priansos10  accordent  des  honneurs  à  un 
ambassadeur  de  Téos,  entre  autres  raisons,  parce  qu’il  a 
exécuté  plusieurs  fois  p.sxà  xtOxpaç  des  airs  de  Timothée  et 
de  Polyidos  «  et  de  nos  vieux  poètes  nationaux  »,  xaXwç 
xa’t  wç  7tpo<TY|xev  àvBpc  ’TrsTraioeugsvw.  Mais  si  ces  décrets  prou¬ 
vent  1  attachement  durable  des  Crétois  à  leurs  vieilles 
traditions  musicales,  ils  semblent  bien  indiquer  aussi 
que,  livrés  à  leurs  seules  ressources,  ils  n’étaient  plus  en 
mesure  de  les  honorer.  Mentionnons  encore  Delphes,  où 
les  inscriptions  attestent  l’existence  de  chœurs  annuels 
d  enfants,  instruits  par  un  yopootoaaxaXoç  officiel  n. 

Dans  l’Asie  Mineure  antérieure,  où  l’époque  hellénis¬ 
tique  représente  une  véritable  renaissance,  les  choses  se 
présentent  sous  un  aspect  plus  favorable.  Les  cités, 
anciennes  ou  nouvelles,  y  exerçaient  sur  l’éducation  un 
contrôle  sérieux,  et  les  études  musicales  étaient  floris¬ 
santes  non  seulement  dans  les  collèges  d’éphèbes 
[epüebi],  mais  encore  dans  les  écoles  plus  élémentaires 
correspondant  à  nos  lycées.  A  Téos,  par  exemple,  où  le 
système  d’éducation  fut  réorganisé  systématiquement 
grâce  a  la  libéralité  d’un  certain  Polylhrous,  on  voit 
figurer  parmi  les  professeurs  un  xiOapurxTjç  ou  ^âXxTjç,  au 
traitement  annuel  de  700  drachmes,  chargé  d’enseigner 
la  musique  aux  éphèbes,  et  même  aux  enfants  pendant 
les  deux  dernières  années  de  leur  séjour  à  l’école;  le  pro¬ 
gramme  comprend  les  notions  générales  de  solfège 
(gouffixà),  le  jeu  de  la  lyre  avec  plectre  (xiôaplÇetv)  et  sans 
plectre  (J/âXXstv);  les  élèves  donnent  des  concerts  annuels 


1  Arislot.  Pol.  X IH,  6,  5-7;  Ath.  IV',  184  D;XIV,  617  B.  Scènes  de  banquet 
énumérées  par  P.  Girard,  Éducation  athénienne ,  p.  1G5,  note  3  ;  scènes  d’école, 
Jhid.  p.  IGG.  —  2  Ath.  XIV,  610  EF.  —3  pi„t.  Aie.  2;  A.  Gell.  XV,  17  (Pamphila). 

—  4  Xen.  Mem.  1,  2,  27.  —  B  Ph,t.  pelop,  t9.  _  s  Nep.  Ep.  2.  —  7  Aristoph. 
Nub.  1357  ;  Eupolis,  fr.  139.—  *  Nub.  9G8.  —  1  Leyes,  VII,  812  I);  cf.  Protag.  312  B. 

—  10  Arisl.  Pol.  loc.  cil.  ;  Plat.  Besp.  III,  399  U.  —  11  Plat.  Itesp.  III,  399  AC.  — 


12  Ibid.  IV,  424  C.  Sur  les  talents  musicaux  dos  fommeS  libres,  voir  les  peintures 
énumérées  à  l’art,  citiiaiusta,  note  12  (et  rapproebez-en  la  belle  stèle  de  Nico  à  Nau 
cratis).  Au  v*  siècle  quelques  peintures  montrent  aussi  des  femmes  ingénues  jouant  e 
la  flûte.  —  13  Phaen.  ap.  Ath.  VIII,  352  C.  —  HStrab.  I,  2,  3.  Ce  texte  n'est  pas  très 
exactement  analysé,  suprà,  11,  2,  473.  —  IG  Polyb.  IV,  20. —  1,1  Le  Bas-Wadd.  . 
Mineure,  81  et  82  (Michel,  Recueil,  G5  et  GG).  —  17  Bull.  corr.  hell.  XVIII,  91  • 


MUS 


MUS 


—  208”; 


(aTtoSetçetç)  au  bouleutérion  Une  aulre  inscription  de  la 
même  ville  mentionne  des  prix  de  Xgdç,  de  xt9a 
de  citharédie,  de  ^ejioyoaspla  (?),  de  fuXoypaafa  (?),  de 
comédie  et  de  tragédie2.  A  Chios  un  fragment  de  pal¬ 
marès  comprend  également  des  prix  de  ^Xp'ç  et  de 
xtGaptffpôç  pour  les  enfants3.  A  Magnésie  du  Méandre, 
probablement  dans  un  collège  d’éphèbes,  nous  trouvons 
des  prix  de  (AeXoypaipfe,  xtGxptaptoç  et  xiGapwotx4-. 

b  époque  impériale  est  à  tous  égards  la  continuation  de 
1  époque  hellénistique.  Dans  la  Grèce  d’Europe  appauvrie 
et  dépeuplée,  la  culture  désintéressée  de  la  musique  se 
réfugie  de  plus  en  plus  dans  les  collèges  d’éphèbes 
epiiebi] .  Ainsi  à  Athènes  le  personnel  enseignant  de 
l’éphébie  comporte  désormais  un  maître  de  musique  5, 
qui,  au  temps  d  Hadrien,  était  chargé  spécialement  d’en¬ 
seigner  aux  jeunes  gens  les  hymnes  composés  en  l’hon¬ 
neur  de  l’empereur6.  Le  gymnase  dit  Diogeneion  parait 
avoir  été  le  siège  principal  des  études  musicales7;  au 
temps  de  Plutarque  le  stratège  préside  à  la  «  montre  » 
annuelle  (àixdoetSiç)  des  étudiants.  En  Asie  Mineure  nous 
trouvons  à  Notion  8,  à  Stratonicée  \  la  mention  d’hymnes 
occasionnels  ou  annuels  chantés  par  des  enfants  libres 
des  deux  sexes  ;  à  Pergame,  sous  Marc-Aurèle,  les  éphèbes 
chantent  quatre  hymnes10.  Mais  ces  faits  deviennent 
exceptionnels,  et  la  pénurie  de  chanteurs  volontaires, 
indice  du  relâchement  des  études  musicales  dans  la  bour¬ 
geoisie,  oblige  de  recourir  à  la  constitution  de  collèges 
spéciaux  [hymnus,  hymnodus]  ou  au  concours  des  artistes 
dionysiaquesI 11.  11  n’y  a  guère  qu’Alexandrie  qui  demeure 
un  foyer  très  actif  de  culture  musicale;  tout  le  monde, 
selon  Athénée,  y  pinçait  peu  ou  prou  de  la  cithare  et  les 
liâtes  les  plus  variées  étaient  en  usage  :  on  connaît  la 
passion  du  dernier  Ptolémée  pour  cet  instrument.  Le 
public  affamé  de  concerts  avait  l’oreille  merveilleusement 
exercée  et  tel  qui  ne  savait  pas  lire  reconnaissait  au 
passage  la  moindre  fausse  note  d’un  cithariste  12. 

XV.  Des  artistes  professionnels  et  des  concours.  — 

A  côté  de  la  culture  désintéressée,  libérale  de  la  musique 
par  les  ingénus,  on  trouve  en  Grèce,  dès  les  temps  les 
plus  anciens,  des  musiciens  professionnels,  qui  se  consa¬ 
crent  entièrement  à  cet  art,  et  exhibent  leurs  talents  le 
plus  souvent  moyennant  un  salaire.  Les  aèdes  de  l’époque 
homérique  appartiennent  déjà  à  cette  catégorie13;  elle  se 
multiplie  avec  les  progrès  de  l’art  et  le  goût  croissant 
du  public  pour  les  exécutions  musicales. 

La  considération  sociale  qui  s’attachait  à  ces  artistes 
a  varié  suivant  les  temps,  les  pays,  les  circonstances.  A 
l'époque  homérique,  où  les  métiers  en  général  (SrjgioepYot) 
sont  tenus  en  estime,  l’aède,  comparable  au  jongleur  du 
moyen  âge,  est  un  personnage  honoré,  choyé,  qui  s’insi¬ 
nue  souvent  dans  la  confiance  des  grands  u.  Plus  tard,  à 
mesure' que  les  préjugés  de  caste  se  développent,  et  que 
•se  répand  l’idée  que  l'homme  libre  doit  tout  son  temps  à 
la  guerre  et  aux  affaires  d’État,  les  musiciens  souffrent 
du  discrédit  général  qui  enveloppe  les  professions 


mercenaires  même  employées  au  plaisir  du  public.  Le 
mot  d’Antisthène  au  sujet  de  l’aulète  Isménias:  «  Un  si 
bon  joueur  de  flûte  doit  être  un  mauvais  homme  15  », 
résume  cetétat  d’esprit  qui  ne  se  rencontre  pas  seulement 
dans  les  aristocraties,  mais  même  dans  des  États  préten¬ 
dus  démocratiques.  Aristote  y  sacrifie  largement16. 

11  faut  pourtant  faire  une  distinction.  Quelques  ar¬ 
tistes,  les  plus  éminents,  cumulaient  les  dons  d’exécutant 
et  ceux  de  compositeur,  et  même,  au  moins  pendant 
longtemps,  de  poète.  En  pareil  cas,  le  prestige  qui  s’atta¬ 
chait  au  génie  créateur  s’étendait  à  l’interprète,  et  de 
pareils  hommes  pouvaient,  sans  déroger  ni  déchoir, 
tirer  parti  de  leur  double  talent.  Tel  fut  le  cas  de  la 
plupart  des  grands  ci tharèdes  jusqu’au  ive  siècle,  depuis 
Arion  et  Terpandre  jusqu’à  Timothée,  de  certains  poètes 
choriques  qui  dirigeaient  eux-mêmes,  en  jouant  de  la 
cithare,  l’exécution  de  leurs  œuvres  (Thalétas,  Alcman), 
même  de  quelques  aulètes  comme  Sacadas  qui  eut  sa 
statue  a  l’Ilélicon l7.  En  général,  la  citharédie  paraît  avoir 
été  plus  estimée  que  l’aulétique,  longtemps  abandonnée 
à  des  étrangers  et  à  des  esclaves  18.  Pratinas  met  dure¬ 
ment  à  leur  place  les  aulètes  qui,  probablement  dans  le 
dithyrambe,  voulaient  prendre  le  pas  sur  le  chœur,  et  y 
réussirent  en  effet19. 

A  défaut  de  considération,  les  virtuoses  qui  n’étaient 
que  virtuoses  pouvaient  acquérir  la  fortune.  Quelques- 
uns,  comparables  à  nos  ténors  ou  pianistes  modernes  les 
plus  exigeants,  demandaient  pour  paraître  en  public  des 
sommes  considérables  :  le  citharède  Amoibeus  (première 
moitié  du  ni®  siècle)  se  faisait  payer  un  talent  attique 
(6  000  francs)  par  concert20.  D’autres  affichaient  un  luxe 
ridicule  dans  leurs  vêtements  et  leurs  instruments  21. 

De  ces  sommités  de  1  art  on  descendait,  par  une  gamme 
continue,  jusqu’au  cithariste  ambulant,  jusqu’aux 
joueuses  de  flûte  et  de  lyre  (tj/aXxptat,  xiGaptüxptat),  demi- 
artistes,  demi-courtisanes,  tarifées  par  les  astynomes  athé¬ 
niens  (à  2  drachmes  par  séance,  prix  maximum)  et  qu’on 
tirait  au  sort  quand  plusieurs  clients  se  les  disputaient 22. 

A  l’époque  hellénistique  et  romaine,  les  préjugés  de  la 
liberté  disparaissent  avec  ses  vertus,  et  désormais  on 
accorde  aux  virtuoses  non  seulement  la  considération, 
mais  les  honneurs  publics,  les  couronnes,  les  statues 
réservés  jadis  aux  guerriers  et  aux  hommes  d’État.  Méné- 
clès  de  Téos  en  Crète,  le  citharède  Anaxénor  à  Magnésie 
en  sont  deux  exemples23  entre  beaucoup.  Ulpien  écrit  : 
Utile  videtur  ut  neque  thymelici  (artistes  de  concert) 
neque  xystici  ignominiosi  liabeantur 2i. 

L  instruction  technique  des  virtuoses  se  faisait  dans 
des  écoles  particulières  où  un  maître  réputé  groupait  un 
petit  nombre  de  disciples  ou,  pour  mieux  dire,  d’apprentis 
autour  de  sa  personne.  Entre  ces  écoles  il  y  avait  souvent 
de  vives  rivalités,  comme,  au  temps  d’Aristoxène,  entre 
les  aulètes  de  l’école  de  Dorion  et  ceux  de  l’école  d’Anti- 
genidès2'.  Le  prix  des  leçons  pouvait  être  fort  élevé  : 
Timothée  demandait  le  double  aux  élèves  qui  avaient 


I  Dittenb.  Syll.2,  523;  cf.  l’inscr.  de  la  même  ville  ( Syll.1 ,  234)  instituant  des 

e liants  annuelsde  garçons  et  de  filles  en  l’honneur  de  la  reine  Apollonis.  —  2  Coi-p. 
inscr.  gr.  3088  (Michel,  913).  M.  Gcvaert  se  trompe  en  croyant  qu'il  s'agit  d’une 
ecole  professionnelle  (d’un  «  conservatoire  »  d’artistes  dionysiaques).  —  3  Syll  2, 
524.  4  Ibid.  525.  -  S  Corp.  inscr.  att.  111,  1122  sq.  (supra,  11,  I,  028  b,  note 

135).  _  G  Corp.  inscr.  att.  III,  1128.  _  7  Plut.  Quaest.  symp.  IX,  J,  1. 
— 8  Bull.  corr.  hell.  XVIII,  218.—  9  Corp.  inscr.  gr.  2715.  —  10  Ibid.  3538. 

II  Le  rhéteur  Aristide  dresse  un  chœur  spécial  de  jeunes  esclaves  pour  chanter 
sos  élucubrations  (J,  p.  330  Dind.).  —  12  Ath.  IV,  170  E;  cf.  Dio  Cass.  LXXY'II 

VI. 


-  13  Orf.XVII  5,  etc.  -  14  0(1.  IX,  386,  etc.  -  15  Plut.  Pericl.  1.  Tout  le  passage 
est  a  lire.  -  g  Pol.  VIII,  0  ;  S,d™?  «5  vlv  ntu0£ÇUy  xjivopev  tïv«t  iUà  6„t.- 

xomçav  xou  (3<xvaü(rou;  oî)  «rujASaivei  Y‘Yve,T®at'  —  17  Paus.  IX  30  2  _  18  Ath  XIV 

624  B.  -  19  Id.  XIV,  017  C.  -  20  kl.  XIV,  023  D  (Aristéas).’  -  *f  pu„  XXXVII  5  • 
Lucian.  Adv.  indoct.  8.  -  22  Aristot.  Bcsp.  ath.  50.  _  23  Michel,  n«  65  et’oo- 
strab  XIV,  I,  41  ;  cf.  aussi  Corp.  inscr.  gr.  3425  (Philadelphie?  statue  élevée  à  un 
citharède,  etc.);  Corp.  tnscr.  att.  III,  129  (statue  élevée  à  un  ou  profes¬ 

seur  de  chant).  En  général,  cf.  Koehler,  Gemischto  Schriften  VI  *09  -  24  Di., 
III,  2,  4.  -28  pi„t.  Mu».  U.  ’  '  S’ 


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déjà  été  commencés  ailleurs1.  Pour  les  artistes  de  bas 
étage,  les  joueuses  de  flûte,  il  y  avait  des  écoles  spéciales 
qui  ressemblaient  beaucoup  à  des  lupanars  2. 

Nombreuses  étaient  pour  les  musiciens  les  occasions 
de  se  produire  dans  la  vie  privée  et  publique  des  Grecs. 
Mariages,  obsèques,  danses,  marches,  réclamaient  leur 
concours.  L’un  de  leurs  emplois  les  plus  anciens  et  les 
plus  constants  était  le  dîner  d’apparat  et  surtout  la  fin 
du  dîner  [acroama].  Déjà  l'Iliade  l’enseignait0  : 

jxoXtcyj  op/T,c7 tu;  te,  rà  yâp  t ’àvaOvjjxaTa  oxitoç. 

A  l’époque  homérique,  cet  emploi  était  dévolu  aux 
aèdes.  Plus  tard,  à  l’époque  «  lyrique  »,  les  profession¬ 
nels  sont  moins  demandés,  parce  que  les  convives  exé¬ 
cutaient  eux-mêmes  le  concert.  Mais  la  tradition  du 
souper  en  musique  se  maintient  dans  les  somptueuses 
demeures  des  tyrans  et  des  rois  hellénisés  :  Polycrate  à 
Samos,  les  Pisistratides  à  Athènes,  les  Aleuades  en  Thes- 
salie,  les  Deinoménides  et  les  Denys  à  Syracuse,  les  rois 
de  Macédoine  avant  et  après  Philippe,  bien  d’autres 
monarques  grands  ou  petits,  ont  leurs  musiciens  de  cour 
et  de  table  comme  leurs  poètes  et  leurs  bouffons  attitrés. 

Dès  la  seconde  moitié  du  ve  siècle,  avec  le  luxe  crois¬ 
sant  des  particuliers,  les  musiciens  gagés,  chanteurs  et 
chanteuses,  joueuses  de  flûte,  de  harpe,  de  lyre,  et  de 
tympanon,  refont  leur  apparition  aux  festins  privés4; 
ils  n’en  disparaîtront  plus  jusqu’àla  lin  de  l’antiquité. 

Dans  les  cérémonies  religieuses,  prières,  libations, 
sacrifices,  processions  de  toute  espèce,  Yaulos  jouait  le 
principal  rôle,  mais  les  règles  fixes  de  la  tradition  ne  per¬ 
mettaient  pas  à  la  virtuosité  de  s’y  déployer  librement". 
Au  théâtre  elle  règne  sans  partage,  et  à  partir  du 
ive  siècle  le  monde  musical  est  une  théâtrocratie G. 

Les  représentations  et  les  auditions  théâtrales,  presque 
toujours  rattachées  à  des  fêtes  religieuses,  prenaient 
volontiers  la  forme  de  concours,  àyooveç  [ludi],  dont  la 
périodicité  est  le  caractère  le  plus  saillant.  Les  concours 
ont  joué  un  rôle  énorme  dans  la  propagation  du  goût 
musical  et  dans  le  développement  des  procédés  de  l’art. 
Nous  ne  pouvons  aborder  ici  cet  intéressant  sujet  1.  Con¬ 
tentons-nous  de  rappeler  que  dans  le  terme  de  {jtouctxot 
àycSvsç  (opposé  à  yugvtxol),  gouffixôç  est  pris  au  sens  large 
et  que  par  conséquent  le  programme  de  ces  concours  a 
compris  de  tout  temps  des  exercices  (rhapsodie,  poésie 
épique,  concours  de  hérauts,  etc.)  qui  ne  rentrent  pas 
dans  le  cadre  de  la  musique  proprement  dite.  Les  plus 
anciens  concours  musicaux  sont  celui  des  Carnées  de 
Lacédémone,  institué,  dit-on,  en  676,  et  celui  des  Pythies 
de  Delphes  qui  date  de  582 8.  A  Athènes  les  exercices 
musicaux  furent  introduits  dans  le  concours  des  Pana¬ 
thénées  vers  450.  Le  nombre  des  concours  de  ce  genre, 
quelquefois  greffés  sur  d’anciens  concours  gymniques,  se 
multiplia  beaucoup  à  l’époque  classique  et  plus  encore 
à  l’époque  hellénistique  et  romaine  (surtout  en  Asie 
Mineure);  plusieurs  de  ces  nouveaux  àywvsç  pouartxoi' 
balancèrent  ou  même  éclipsèrent  la  renommée  des  plus 


célèbres  d’autrefois  ;  citons  seulement  les  Sotéries  de 
Delphes,  les  Mouseia  de  Thespies,  les  Ptoia  d’Acræphia' 
les  Charitesia  d’Orchomène,les  jeux  d’Aphrodisias.  Les 
prix  étaient  tantôt  en  argent,  tantôt  purement  honori¬ 
fiques  ;  le  programme  variait  suivant  les  temps  et  les  lieux' 

Les  concours  musicaux,  célébrés  d’abord  dans  des  em¬ 
placements  sacrés  mal  définis,  émigrent  à  partir  du 
iv°  siècle  dans  les  théâtres,  qui  commencent  alors  à  sur¬ 
gir.  Bientôt  (vers  390?)  une  distinction  s’établit,  suivant 
l’emplacement  des  exécutants,*- entre  les  àySve;  ax^vtxoi  et 
les  àywvs;  9uij.eXixoi'  :  ces  derniers  correspondent^  peu  près 
à  notre  musique  de  concert  (citharèdes,  citharistes  au- 
lètes,  trompettes9);  les  seconds  aux  tragédies,  comé¬ 
dies,  poèmes  satyriques  et  dans  certains  cas  à  la 
choraulie  (dithyrambe,  etc.).  Presque  toutes  les  villes  où 
avaient  lieu  des  concours  musicaux  se  contentaient  d’un 
seul  théâtre,  sauf  à  employer,  suivant  les  cas,  le  Xoysïov 
ou  l'orchestre  (thymélé).  Mais  Athènes,  depuis  Périclès, 
était  dotée  d’une  salle  de  concert  couverte,  spécialement 
destinée  aux  auditions  musicales  proprement  dites, 
l’Odéon,  et  cette  heureuse  innovation  ne  contribua  pas 
peu  à  rehausser  l’éclat  du  concours  des  Panathénées  ; 
elle  ne  fut  même  pas  étrangère  à  la  direction  nouvelle 
que  prit  à  partir  de  446  (victoire  de  Phrynis)  le  nome 
citharodique.  Plus  tard,  Hérode  Atticus,  en  170  ap.  J.-C., 
construisit  à  Athènes  un  second  Odéon. 

A  côté  des  concours  musicaux,  il  faut  faire  une  place  aux 
simples  concerts  (àxpoâgaTa)  et  aux  festivals,  qui  existent 
dès  une  époque  très  ancienne  (l’hymne  homérique  à 
Apollon  délien  en  décrit  un)  mais  qui  se  multiplient  sur¬ 
tout  à  l’époque  hellénistique.  Le  festival  musical  donné 
à  l’occasion  des  noces  d’Alexandre10,  celui  qui  accompa¬ 
gnait  à  Alexandrie  la  procession  quinquennale  des  Dio- 
nysies  11 ,  sont  célèbres.  A  ce  dernier  commencent  à 
apparaître  les  effets  de  masses,  si  recherchés  par  le  goût 
alexandrin  et  romain  :  un  chœur  de  trois  cents  chanteurs 
soutenu  par  un  orchestre  de  trois  cents  citharistes. Nombre 
de  représentations  et  concerts  de  l’époque  post-classique, 
payés  soit  par  une  ville,  soit  par  un  riche  particulier, 
n’ont  plus  le  caractère  agonistique  :  ce  sont  des  «  tour¬ 
nées  wdontles  conditions  et  le  prix  sont  débattus  avec 
un  artiste  ou  une  compagnie  ;  en  général  on  se  contentait 
sans  doute  d’y  reprendre  les  chefs-d’œuvre  consacrés. 

A  l’époque  classique  les  artistes,  sauf  les  acteurs,  tra¬ 
vaillent  isolément  ;  tout  au  plus  un  maître  groupe-t-il 
autour  de  lui  quelques  élèves.  Il  en  fut  autrement  à  par¬ 
tir  de  la  fin  du  ivc  siècle  :  la  multiplication  des  théâtres, 
des  concours,  des  fêtes  de  tout  genre,  qui  condamnait 
les  artistes  à  une  vie  perpétuellement  nomade,  1  insuffi¬ 
sance  croissante  des  ressources  musicales  offertes  par  la 
bourgeoisie  locale,  font  sentir  la  nécessité  d’une  organi¬ 
sation  nouvelle.  Alors  se  forment  les  puissantes  corpora¬ 
tions  d’artistes  dionysiaques  [dionysiaci  artifices], ^syndi 
cats  privilégiés,  organisés  comme  de  véritables  Ltats  et 
qui  englobent  peu  àpeu  tousles  talents  artistiques,  pot  tes, 
compositeurs,  acteurs  et  chanteurs12,  artistes  oajvtxoi  e 


l  Quint.  II,  3,  3.  —  2  Isocr.  Antidos.  287  (Didot).  —  3  A  152.  —  <•  Plat. 
Coin.  (I,  G20  Koek)  ap.  Alli.  XV,  665.  De  môme  aux  obsèques  on  faisait 
venir  des  musiciens  cariens  (Plat.  Leges,  VII,  800,  etc.).  —  3  B’aulos  accom¬ 
pagnait  aussi  certains  exercices  athlétiques  :  Stheneia  d’Argos,  pcnlatlile  d’O- 
lympie  (Plut.  Mus.  26).  - —  6  Plat.  Leges ,  III,  700.  —  7  Reiscli,  De  certa- 
minibus  musicis,  Vienne,  1885;  lo.  Frei,  De  certaminibus  thymelicis,  Bâle, 
1900  ;  K.  von  Jan,  Die  mvsilcal.  Festspiele  der  Grieclicn  dans  Verhandl.  der  39  ten 
Philologenversammlurtg.  —  8  On  ne  saurait  accepter  comme  historiques  les  Pythies 


i«  siècle  où  Terpandre  aurait  été  couronné  quatre  fois.  9  ^  01  dr®  P 
:ons(ant  où  les  concours  sont  énumérés  dans  les  inscriptions  (e  qui  ' 
adre  à  l’ordre  où  ils  étaient  célébrés)  est  celui-ci  :  »■***«>  «"* *  |  j 

xi,  ««**..*.  A  009  eXe!C‘CeS  T  Frei, 

ix  Èy/w|Uo'j  êrnxoJ,  È-yzco^fou  ioyixoù',  mr,fuxo>v,  oaXiturtiov,  xpOT  __  Oll 

it.  p.  20).  -  10  Ath.  XII,  538 iB  (Charès).  -  »  M.  V,  20.  F  (Ch.  «p  ^ 
liera  pas  que  dans  la  tragédie  nouvelle  1  acteur,  a  cause  <  < 
rlonblé  d’un  chanteur  exercé. 


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ôufisAixot,  costumiers,  décorateurs.  Après  avoir  formé  pen¬ 
dant  1  époque  hellénistique  une  dizaine  de  grandes  asso¬ 
ciations  territoriales,  mais  qui  ne  s’interdisaient  nulle¬ 
ment  de  rayonner  au  delà  de  leur  circonscription  propre 
jusque  dans  les  cours  les  plus  lointaines,  les  artistes 
dionysiaques  finissent  par  se  fondre  au  temps  des  Anto- 
nins  dans  une  compagnie  unique  qui  embrasse  le  monde 
gréco-romain  tout  entier.  Les  artistes  dionysiaques  ont 
été  les  principaux  agents  de  la  propagation  de  la  musique 
grecque  dans  les  vastes  contrées  ouvertes  à  la  civilisation 
hellénique  par  les  conquêtes  d’Alexandre  d’abord,  ensuite 
par  celles  de  Rome  ;  la  capitale  de  l’empire  draina  de 
plus  en  plus  tous  les  talents  hors  ligne,  mais  il  restait  un 
champ  assez  vaste  pour  les  artistes  de  second  ordre,  et 
les  troupes  de  province  avaient  leurs  étoiles. 

XVI.  La  musique  a  Rome1.  —  Rome  a  eu  très  ancienne¬ 
ment  les  germes  d’un  art  musical  original,  mais  dont  le 
détail  est  mal  connu  et  qui  n’a  pas  pu  se  développer  en 
présence  des  musiques  étrangères.  Cette  musique  indi¬ 
gène  comportait  des  hymnes  religieux  comme  celui  des 
Frères  Arvales,  des  complaintes  funèbres  ( naeniae ),  des 
chansons  joyeuses  et  satiriques  (fescennina)  ;  à  table,  les 
convives  chantaient  à  tour  de  rôle  les  gesta  ma iorum  au 
son  de  la  tibia Celle-ci  était,  avec  quelques  trompettes, 
de  caractère  liturgique  ou  militaire  (, lituus ,  tuba,  cornu), 

1  instrument  de  musique  principal,  et  quoique  le  nom  en 
ait  été  rattaché  à  une  origine  étrangère  (phrygienne), 
l’ancienneté  du  collegium  tibicinum  ferait  croire  à  l’exis¬ 
tence  d’un  type  de  flûte  vraiment  indigène.  L’Ëtrurie,  où 
le  goût  de  la  musique  était  fort  développé  et  qui  avait  même 
des  agones  musicaux  à  la  grecque,  introduisit  à  Rome, 
au  v°  siècle,  ses  aulètes  et  ses  baladins  (mimes). 

Au  siècle  suivant  commence  l’invasion  de  la  musique 
grecque  elle-même,  d’abord  les  instruments  à  cordes  [ci¬ 
ta  ajusta],  ensuite  lamusique  de  théâtre.  Le  drame  romain, 
calqué  sur  la  tragédie  grecque  dessuccesseurs  d’Euripide, 
comporte  de  nombreux  cantica,  les  uns  chantés  par  le 
chœur  (il  manque  toutefois  dans  la  comédie),  les  autres 
par  les  acteurs,  et  ces  cantica  ont  tout  à  fait  le  caractère 
d’ariettes  [canticum]  ;  il  y  avait,  en  outre,  des  préludes  et 
sans  doute  des  interludes  pour  flûte  seule3.  L’accompa¬ 
gnement  des  cantica  était  également  confié  à  la  flûte 
dont  on  employait,  selon  les  cas,  diverses  variétés  [tibia]. 
Les  poètes  romains  ne  paraissent  pas  avoir  composé 
eux-mêmes  les  mélodies  de  leurs  drames  ;  Plaute  et 
Térence  ont  employé  à  cet  effet  des  «  esclaves  »,  c’est- 
à-dire  sans  doute  des  captifs  grecs.  A  côté  de  ces  pas¬ 
tiches,  le  public  romain  prit  goût  peu  à  peu  à  des  exécu¬ 
tions  de  musique  purement  grecque  par  des  artistes 
helléniques.  Au  premier  festival  de  ce  genre,  offert  par 
le  préteur  L.  Anicius  après  ses  victoires  d’Illyrie  (167  av. 
J.-C.),  le  public,  dans  sa  grossière  ignorance,  força  les 
virtuoses  à  exécuter  tons  à  la  fois  des  airs  différents  et  à 
se  battre  à  coups  de  poing4.  Mais  le  goût  ne  tarda  pas 
à  se  former,  surtout  dans  la  classe  dirigeante.  Dès  146 
les  artistes  dionysiaques  font  leur  apparition  à  Rome,  et, 
malgré  la  résistance  de  Scipion  Émilien 5,  malgré  un 
décret  éphémère  proscrivant  les  instruments  étrangers6, 
la  musique  hellénique  prend  définitivement  racine  à 
Rome  et  pénètre  dans  l’éducation  de  la  jeunesse  ingénue. 

1  Friedlander,  Sittengeschichte  Homs,\\\ 8,  035-372. —  2  Cic.  T  use.  IV,  2.. —  3  Cic. 
Acad.  I,  2,7. —  <■  Polyb.  ap.  Atli.  XIV, 315  B. —  «Macrob.  Sat.  Il,  10. —  OCassiod. 
Chron.  039,  —7  Vopisc.  Car  in,  19. —  8  Sen.  Ep.  81, —  9  Hor.  Af  202, —  10  A  mm.  Marc. 


MUS 

I  Bientôt  même  Rome  eut  scs  poètes  lyriques,  dont  les 
compositions,  inspirées  de  l’école  lesbienne,  étaient,  en 
partie  du  moins,  destinées  au  chant  monodique  ou  choral 
(Laevius,  Catulle,  Horace).  Dans  les  occasions  solennelles, 
on  recrutait  facilement  un  chœur  dejeunes  garçons  et  de 
jeunes  filles  des  meilleures  familles  pour  chanter  l’hymne 
officiel.  La  musique  plus  ou  moins  grecque  avait  sa 
place  dans  les  processions,  les  obsèques,  les  triomphes. 

Encore  au  temps  de  Cicéron  le  dilettantisme  musical 
poussé  jusqu’à  la  virtuosité  était  mal  noté.  Ce  préjugé 
disparaît  sous'  l’Empire.  Non  seulement  le  goût  de  la 
musique,  la  mélomanie  raffinée,  mais  encore  les  talents 
d’amateur  sont  alors  fort  répandus  dans  la  noblesse. 
Norbanus  Flaccus  jouait  de  la  trompette,  Calpurnius  Piso 
de  la  lyre,  Thraséa  chantait  des  airs  de  tragédie.  Parmi  les 
dames  de  la  haute  société  le  chant,  la  cithare  trouvaient 
des  adeptes  passionnées.  La  cour  donnait  l’exemple. 
Un  grand  nombre  d’empereurs  ou  de  princes,  Caligula, 
Britannicus,  Titus,  Hadrien,  Commode,  Héliogabalc, 
Alexandre  Sévère  sont  des  amateurs  distingués  ;  Néron  les 
surpasse  tous  par  son  talent,  ses  prétentions  à  être  pris 
pour  un  artiste  professionnel  et  son  cabotinage  effréné. 

A  l’époque  impériale,  la  musique  atoujours  sa  place  dans 
les  offices  du  culte,  surtout  dans  les  cérémonies  bruyantes 
des  religions  orientales.  Mais  son  véritable  domaine  est  le 
théâtre,  et,  dans  certains  cas,  l’amphithéâtre.  Le  drame 
proprement  dit  (tragédie,  comédie)  disparaît  ;  en  son  lieu 
s’installent  le  mime  et  surtout  le  ballet  mythologique  ou 
pantomime ,  organisé  sous  Auguste  (22  av.  J.-C.)  et  pro¬ 
bablement  d’origine  alexandrine'.  Sa  popularité  fut  im¬ 
mense  et  durable,  en  dépit  ou  à  cause  du  caractère 
lascif  et  bruyant  de  sa  musique  surchargée  de  fioritures. 

Le  théâtre  sert  en  outre  à  des  concerts  de  toute  espèce  : 
vastes  exécutions  orchestrales  d’instruments  divers  asso¬ 
ciés  ensemble7,  chœurs  monstres  8,  soli  de  citharèdes  et 
d’aulètes,.  airs  détachés  de  tragédies  chantés  par  l’ac¬ 
teur  en  masque  et  costume  ;  même  les  églogues  de  Virgile 
et  les  héroïdes  d’Ovide  se  déclament  en  musique.  Les 
instruments  sont  ceux  des  Grecs,  mais  renforcés  parfois 
de  parties  métalliques  qui  en  corsent  le  timbre9  ;  l’orgue 
est  aussi  à  la  mode.  Vers  la  fin  de  l’antiquité  on  signale 
des  cithares  de  dimensions  colossales10. 

Si,  par  le  caractère  de  ses  festivals  musicaux,  la  Rome 
impériale  rappelle  la  Londres  actuelle,  elle  lui  ressemble 
aussi  par  la  domination  fastueuse  et  insolente  des  vir¬ 
tuoses.  Quelquefois  italiens  (tel  le  Sarde  Tigellius  sous 
César),  plus  souvent  grecs  ou  alexandrins",  les  rois  de  la 
flûte,  delacithare  et  delà  harpe  tiennent  une  place  émi¬ 
nente  dans  la  société.  Choyés  par  les  grands  seigneurs, 
aimés  par  les  iemmes  de  1  aristocratie,  ils  font  payer  un  prix 
tou  leurs  exhibitions  etleurs  leçons  :  même  l’avare  Vespa- 
sien  alloua  200000  sesterces  à  deux  citharèdes  qui  s’étaient 
produits  à  la  réouverture  du  théâtre  de  Marcellus.  Méso- 
mède,  sous  Hadrien,  futpensionnésur  la  cassette  impériale, 
et  soixante  ans  plus  tard  Caracalla  lui  érigea  un  cénotaphe. 

Les  concours  musicaux  (agones) eurent  quelque  peine  à 
s’acclimater  à  Rome.  Les  premiers  paraissent  avoir  été 
donnés  en  17  ap.  J.-C.  au  théâtre  de  Pompée  1S.  Néron 
cherchaàen  faire  une  institution  régulière,  quinquennale, 
mais  les  Neronia  13  n’eurent  qu’une  existence  éphémère' 

XIV,  6,  18.-  n  Les  citharèdes  Terpnos,  Ménécrale,  Diodore  sous  Néron,  Chryso-ono 
sous  Donatien,  l’aulète  Cauos  de  Ilhodes  sous  Galba  ;  le  trigoniste  Alexandre  d’Alexan¬ 
drie  au  temps  d’Alliénée(  183  E),  etc.- ü Eph.  Epigr.  VIII,  225.- 13  Sue!  Ver  1 J 


MUS 


—  2088  — 


Plus  heureux,  Domitien  fonda  en  86  les  jeux  Capitolins 
[capitolini  Lum]  qui  se  maintinrent;  ils  étaient  célébrés 
tous  les  quatre  ans  dans  le  magnifique  Odéon  du  Champ 
de  Mars  qui  pouvait  renfermer  dix  mille  spectateurs  ;  il  y 
avait,  au  moins  à  l’origine,  des  prix  pour  lacitharédie,  la 
citharistique,  le  solo  d’aulos  et  la  chorocitharistique *. 
Naples  avait  précédé  Rome  dans  cette  voie, Nîmes  l’y  suivit. 

Dans  la  vie  privée  des  Romains,  la  musique  est  sur¬ 
tout  représentée  à  l’heure  du  dîner  ;  l’usage  en  était  si 
général  que  même  les  repas  modestes  ne  s’en  passaient 
pas  volontiers  ;  chez  les  riches,  elle  déployait  toutes  ses 
bruyantes  magnificences,  au  point  de  fatiguer  les  déli¬ 
cats.  Quelques-uns  de  ces  concerts  de  table  étaient,  il 
est  vrai,  tout  helléniques  d’inspiration:  un  ami  d’Aulu- 
üelle  faisait  chanter  à  des  chœurs  de  garçons  et  de 
fillettes  des  odes  de  Sappho  et  d’Anacréon  2;  mais  d’ordi¬ 
naire  il  y  avait  plus  de  faste  et  moins  de  goût.  De  grands 
seigneurs  (comme  les  boyards  russes  avant  l’émancipa¬ 
tion  des  serfs)  entretenaient  de  véritables  orchestres  d’es¬ 
claves,  pueri  symphoniaci,  qui  les  suivaient  dans  leurs 
déplacements.  A.  leurs  interminables  buveries  défilaient 
instrumentistes,  chanteurs  et  chanteuses  de  toute  natio¬ 
nalité  ;  les  voluptueuses  Gaditanes  faisant  claquer  les 
castagnettes,  les  ambubaiae  syriennes  ou  égyptiennes 
pinçaient  de  la  sambyque  ou  du  psaltérion.  Dans  le 
festin  de  Trimalcion  tout  se  fait  en  musique,  même  le 
dépeçage  des  viandes  et  le  nettoyage  des  tables.  Les 
“culptures  des  sarcophages  romains  ont  conservé  l’image 
3t  comme  le  regret  de  ces  dîners  mélodieux. 

Fortement  imprégnée  d’éléments  orientaux,  la  musique 
romaine,  par  son  caractère  sensuel  et  bruyant,  devait 
éveiller  les  scrupules  de  l’Église  chrétienne  naissante. 
Dans  leurs  craintes,  plusieurs  Pères  de  l’église  au  ive  et 
auv°siècle  vont  jusqu’à  condamner  absolument  l’usage  du 
chant  et  des  instruments  dans  le  culte  ;  mais  cette  doctrine 
trop  austère  ne  put  triompher,  et,  grâce  aux  efforts 
d’Ambroise,  l’église  latine  fut  dotée  d’un  répertoire  de 
psaumes,  chantés  en  chœur,  où  se  perpétua  probablement 

l  Domit.  4.  —  2  Gell.  XIX,  9.  —  Bibliographie.  Sources.  Les  prin¬ 
cipaux  traités  techniques  ont  été  réunis  dans  les  collections  de  Meibom 
(Amst.  1652)  et  de  Jan  ( Lips.  1895);  la  plupart  ont  été  traduits  en  fran¬ 
çais  par  C.-E.  Ruelle  (1870-1898).  Mentionnons  en  outre  les  éditions  d’Aris- 
toxène  par  Marquard  (1868),  Westphal  (1883-1893)  et  Macran  (1902)  ;  d’Aristide 
Quintilien  par  0.  Jalm  (1882)  et  Caesar  (1861,  la  rhythmique  seulement);  de 
Plutarque,  De  Musica  par  Volkmann  (1856).  Westphal  (1865),  II.  Weil  et 
Th.  Reinach  (1900);  de  Ptolémée,  Porphyre  et  Bryenne  par  Wallis  (1699), 
de  l'Anonyme  De  Musica  par  Bellermann  (1841),  de  Théon  de  Smyrne  par 
Hiller  (1878,  Irad.  fr.  par  J.  Dupuis,  1892),  de  Boèce  par  Friedlein  (1867, 
trad.  ail.  par  O.  Paul,  1872),  de  divers  textes  par  A. -J. -H.  Vincent,  Notices 
et  extraits  des  manuscrits,  XVI,  2  (1847).  Les  restes  de  musique  grecque  sont 
réunis  commodément  dans  les  Melodiarum  reliquiae  de  Jan  (Lips.  1899). 
—  Ouvrages  modernes  (pour  les  sujets  spéciaux,  voir  aux  articles  correspon¬ 
dants  ou  aux  paragraphes  du  présent  article).  Histoires  générales  de  la  musique: 
Burney  (1776-89),  Chappel  (1873  sq.)  en  anglais,  Amhros  (I,  3e  éd.  1887)  en  alle¬ 
mand,  Lavoix  en  français.  —  Ouvrages  d'ensemble  sur  la  musique  antique  :  Boeckh, 
De  metris  Pindari,  Lips.  1811  ;  R.  Westphal,  Griechische  Jlhythmik  und  Harmo- 
ni/e  (1863,  1867,  1886);  Die  Musik  des  griechischen  Alterthums,  Leipz.  1883; 

F. -A.  Gevaert,  Histoire  et  théorie  de  la  musique  de  l’antiquité,  Gand,  1875-1881  ; 
La  mélopée  antique  dans  le  chant  de  l’église  latine,  1895;  Problèmes  musicaux 
d'Aristote  (avec  Vollgraff;,  1903;  H.  Gleditsch  dans  le  Handbuch  de  I.  von  Muller 
(II,  3),  3e  éd.  1901.  —  Esthétique  et  philosophie  musicales  :  E.  Gobiot,  De  musicae 
apud  veteres  cum  philosophia  conjunctione,  Paris,  1898;  H.  Abert,  Die  Lehrevom 
Ethos  in  der  griechischen  Musik,  Leipzig,  1899.  Pour  plus  de  détails,  voir  les  biblio¬ 
graphies  du  Jahresbericht  de  Bursian  par  Guhrauer  (1885)  et  K.  von  Jan  (1900). 

MUS  IV  LM  OPUS.  l  Furietli,  De  musivis,  p.  3;  Ciampini ,  Y  et.  monumenta, 
p.77;  Redslob,  Ueberden  Ausdruck  Mosaik,  Zeitschr.  d.  deutsch. Morgcnl.  Gescll- 
sch.  XIV,  p.  663  sq.  —  2  Le  Viel,  Essai  sur  la  peinture  en  mosaïque,  p.  13  sq.  ;  Gur- 
Jitt,  Ueber  die  Mosaik ,  Arch.  Schr.  p.  162  sq.  ;  Artaud,  Hist.  abr.  de  la  pein¬ 
ture  en  mosaïque,  p.  5;  Bûcher,  Gesch.  d.  techn.  Künste,p.  97,  d’après  Engelmann, 
qui  rapproche  l'expression  muséum  opus  du  mot  latin  musaeum  employé  par  Pline, 
Hist.  nat.  XXXVI,  42;  XXXV11,  6,  dans  un  sens  différent  ;  Blumncr,  Techn.  und 


MUS 

la  tradition  cle  la  mélopée  hellénique.  Théodore  iipIM 

MUSIVUM  OPUS.  Mosaïque.  —  D, ‘/Initions 
mot  d  étymologie  incertaine,  paraît  dériver,  non  do 

I  hebreu  maskith,  comme  on  l’a  parfois  supposé  *  inais 
du  grec-,  et  présente  avec  le  mot  Montra  d’étroits  rm 
ports,  sinon  de  filiation  directe,  du  moins  de  parenté" 

II  apparaît  pour  la  première  fois  dans  un  texte  latin  ï 
1  époque  de  Dioclétien  3.  L’orthographe  fut  longue  à  se 
fixer.  Jusqu’au  moyen  âge,  on  écrivait  indifféremment: 
muséum  %  musium  b,  ou  musivum  8.  A  l’origine 

vum  ne  désigné  que  la  peinture  murale  en  cubes  d’émail 1 
Ce  genre  spécial,  d’abord  plus  en  honneur  en  Orient  qu’à 
Rome,  prit  partout,  à  partir  de  Constantin,  une  impor 
tance  prépondérante.  Le  mot  qui  le  définissait  en  arriva 
a  designer  la  mosaïque  dans  le  sens  le  plus  général,  c’est- 
à-dire  l’art  de  décorer  des  surfaces  architecturales  quel¬ 
conques  au  moyen  de  petits  fragments  de  pierre,  de  terre 
cuite  ou  de  verre,  de  coloration  diverse  ou  uniforme, 
exactement  juxtaposés  dans  un  lit  de  ciment,  ou  ils 
affleurent  tous  au  même  niveau  et  qui  assure  là  cohé¬ 
sion  de  l’ensemble.  Le  mosaïste  s’appelait  musivarius  \ 
museiarius\  musearius10.  Peut-être  à  l’origine  le  musi- 
varius  n  était-il  que  l’artiste  en  musivum  c’est-à-dire 
celui  qui  décoraiten  cubes  d’émail  desmurs  et  des  voûtes, 
le  tessellarius  n,  tesseràrius  12  ou  simplement  pavimen- 
tarius  celui  qui  exécutait  sur  le  sol  les  pavements  his¬ 
toriés  en  cubes  de  marbre.  Les  expressions  grecques  qui 
correspondent  à  musivum ,  telles  que  |xgu<7eïov,  goua'îwu.a, 
gouffetüxri;,  ’épyov  (XEg&'j<7ojp.£vov,  gouaatxôv 13,  ne  font  que 
traduire  le  mot  latin  u  et  n’apparaissent  que. fort  tard, 
la  plupart  seulement  dans  la  période  byzantine. 

A  l’époque  classique,  pas  plus  en  Grèce  qu’à  Rome,  il 
n’existe  de  terme  pour  désigner  la  mosaïque  en  général. 
Le  nom  des  produits  de  cet  art  dépend  de  leur  nature  et 
de  la  place  qu’ils  occupent.  Les  pavements  historiés 
sont  appelés  en  grec  :  ÀiôôaTptoxov i5,  en  latin,  litho- 
strolon 16,  appellation  d’ensemble  qui  englobe  toutes  les 
espèces  de  pavimenta ,  le  sectile ,  le  vermiculatum  et  le 

Termin.  der  Gewerbe  und  Kilnste ,  III.  p.  326  sq.  —  3  Spart.  Pesccnn.  Nig.  6,  8. 

—  4  Trebell.  Poil.  Trig.  tyr .  25,  4:  pictura  est  de  museo ;  Corp.  inscr.  lat.  Vill» 
903,  1323,  2657;  IX,  6281  ;  Orelli-Hcnzen,  6599.  —  5  Spart.  L.  c.  0,  8  : pictum  de 
musivo.  —  6  August.  Civ .  Dei,  XVI,  8,  1  :  quae  musivo  picta  sunt;  Orelli,  3323. 

—  ^  La  Corda  et  Saumaise,  cités  par  Furietti,  p.  4  sq.  ont  les  premiers  reconnu  que  le 

mot  musivum  ne  concernequc  la  mosaïque  murale  appliquée  contre  les  parois  courbes, 
camerae  (voûtes),  absides  (absides), fct  non  sur  les  pavimenta  ;  Furietti  a  malheureu¬ 
sement  fait  prévaloir  l’opinion  contraire,  et  sa  thèse,  admise  sans  conteste,  a  obscurci 
une  question  que  rend  cependant  très  claire  la  précision  des  textes  suivants  :  C.  i.  I. 
VIII,  1323  :  cameram  opereinuseo  exornaoit  ;  Orelli,  3323  :  fontem  opéré  musivo  exor- 
navit  ;  SparL  Pèse.  Nig.  6,8  :  inporticu  cur va  pictum  de  museo  ;  Stat.  Silv.  I,  5, 
42-43  :  effulgent  camerae ,  vario  fastigia  vitro  inspecies  animosque  ;  Symm. 

VIII,  Ep.  42,  dans  Migne,  Patrol.  XVI II,  p.  32  :  novurn  musivi  genus  et  intentatum... 
ornandis  cameris  \  Plin.  XXXVI,  189  :  puisa  ex  humo pavimènta  in  caméras  tran- 
siere ,  e  vitro  ;  Sen.  Ep.  86,  6,  nisi  vitro  absconditur  caméra  ;  cf.  Visconti  Mus.  Pio. 
Clem.  VII,  p.  80  sq.  ;  Gurlilt,  L.  c.\  Loriquet,  La  mos.  des  Promenades  à  Reims , 
p.  81,  n.  2;  Blünmer,  L.  c.  p.  332  ;  Ducangc  et  Forcellini,  s.  v.  —  8  Cod.  Just.  X, 
64,  1  ;  Cod.  Theod.  XIII,  4,  2;  Cassiod.  Var.  VII,  5  ;  Orelli ,  4238.  —  3  C.  i.  L  VI, 
9647.—  10  Ed.  DioclNl I,  6.—  H  Le  Code  de  Tbéodose,  l.  c .,  distingue  les  tessellarii 
des  musivarii  ;  cf.  C.  i.  I.  IV,  4502  et  7044  ;  Orelli,  2965. —  ^  Mos.  de  Porciano, 

C.  i.  I.  XI,  p.  1223,  6730,  n.  3.  —  *3  Steph.  Thés.  s.  v.  —  14  Gurlitt,  Arch.  Schr. 
p.  162  sq.,  qui  fait  venir  musivum  de  tuou<mov.  —  1°  C’est  d  abord  un  dallage  do 
pierre,  Sopb.  Antig.  1204.  Le  mot  n’est  appliqué  qu’assez  tard  à  la  mosaïque  :  Arrian. 
Epict.  IV,  7,  37;  Corp.  inscr.  gr.  2643.  On  disait  de  môme  MoXo^a  ou  e$aso« 
XcXiOw|Jkévov  :  Poli.  VII,  121,  et,  à  l’époque  byzantine,  •iyjooXoyr.p.a,  -iri<pï3o; 

lmb  'j/vjoïSoç,  ijjyjŒtSwv  re/vT],  de  J/îjçot, dés,  et  pour  désignci  lt  mosais 
•i/eœoôixrj;  :  C.  /.,  gr.,  2025;  Ducange,  Gloss,  s.  v.  Musivaria  ars.  Letronn e,  Lettres 
d'un  antiquaire ,  p.  314  ;  Schmidt  Ath.  Mittheil ,  V,  74  ;  cf.  Galou.  I,  p.  19  K  ,  G 1  c£* 
Nyss.  Or.  de  S.  Theod.  mart.  dans  Migne,  XLVI,  p.  740  A;  Greg.  Naz.  Or.  10,  p.  -48 
(édit.  Colon.);  Anth.  Planud.  247.—  16  Plin.  XXXVI,  184  ;  Pavimenta  origmem 
apud  Graecos  liabent  elaborata  ante  picturae  rahone  donec  lithostrata  expu  ete 
eam;  Ibid.  189  :  lithostrota  coeptavere  jarn  sub  Sitlla ;  Varr.  De  le  rust.  ^  i 
1, 10  :  villam...  pavimentis  nobilibus  lithostvotis  spectandam  ;  Capit.  Goid.  3-, 


MUS 


—  2089  — 


MUS 


lessellaïum.  Les  tableaux  rapportés,  qu’on  insère  tout 
faits  dans  les  pavements  ou  dans  les  revêtements  en 
marbre  des  murailles,  prennent  le  nom  d”ép.6Xiqp».a,  en 
latin  emblema  *.  Il  n’existe  pas  de  terme  dans  les  langues 
anciennes  pour  désigner  la  mosaïque  en  relief.  Ce  genre 
n’était,  pas  connu.  Tous  les  spécimens  prétendus  anciens 
qu’on  en  a  signalés  jusqu’ici  sont  l’œuvre  de  faussaires 
modernes2. 

Nombre  des  mosaïques  antiques.  —  L’usage  de  la 
mosaïque  était  extrêmement  répandu  dans  le  monde 
antique,  surtout  à  l’époque  romaine  et  sous  les  empe¬ 
reurs.  On  l’employait  sur  le  sol  et  contre  les  murs.  La 
plupart  des  revêtements  de  ce  genre  ont  été  détruits 
par  le  temps  ou  par  la  main  des  hommes.  Ceux  qui 


sont  parvenus  jusqu’à  nous  sont  en  nombre  infime,  en 
comparaison  de  la  quantité  des  œuvres  qui  nous  échap¬ 
pent,  soit  qu’elles  gisent  encore  sous  terre,  attendant  le 
hasard  d'une  découverte,  soit  qu’elles  aient  irrémédia¬ 
blement  disparu,  sans  que  personne  ait  pris  la  peine 
d’en  conserver  le  souvenir.  Il  nous  reste  cependant 
beaucoup  plus  de  mosaïques  antiques  qu’on  ne  le  croit 
généralement,  même  en  ne  Lenant  compte  que  des  sujets 
figurés,  à  l’exclusion  des  motifs  purement  ornementaux, 
si  abondants  qu’il  faut  renoncer  à  en  dresser  une  statis¬ 
tique.  En  1901,  un  spécialiste  en  la  matière,  Eugène 
Müntz,  évaluait  les  premiers  à  sept  cents  au  maximum  ’. 
Il  faut  au  moins  tripler  ce  chiffre  pour  approcher.de  la 
vérité.  Pour  notre  part,  nous  avons  déjà  inventorié  plus 


Fig.  5230.  —  Mosaïque  d’El  Alia  (Tunisie),  réparée  dans  l’antiquité. 


de  deux  mille  mosaïques  gréco-romaines  à  sujets  figurés 
provenant  de  plus  de  quatre  cents  localités  différentes  ; 
et  ce  premier  essai  de  catalogue  général  présente  certai¬ 
nement  encore  bien  des  lacunes. 

Date  des  mosaïques.  —  Les  mosaïques  antiques  que 
nous  connaissons  se  répartissent  très  inégalement  sui¬ 
vant  les  périodes,  et  il  n’est  pas  toujours  facile  de  les 
classer  par  ordre  chronologique.  Jusqu’à  l’époque  chré- 

l  La  distinction  est  nettement  établie  par  les  textes  suivants  :  Varr.  De  re 
rust.  III,  2,  4  :  num  quid  emblema  aut  lithostroton ;  Lucil.  v.  993,  éd. 
Lachmann  :  Quam  lepida  lexis  compostae  est  tesserulae  omnes ,  arte  pavimenlo 
atque  emblemate  vermiculato  (leçon  de  M.  le  prof.  Fr.  Marx).  —  2  La  liste 
de  ces  faux,  avec  leur  bibliographie,  a  été  dressée  par  Engelnianu,  Veber 
Mosaikreliefs,  dans  Muséum  fur  Philologie,  XXIX,  561  sq.  Ajouter  :  Mo- 
saico  romano  de  relieve,  perten.  a  Don  Alvaro  gil  Maestre  dans  le  U  oit:  tin  de 
la  Soc.  Espaii.  de  Excursiones,  1893,  p.  73  sq.  ;  cl.  Michon,  Une  prétendue 
mosaïque  antique,  dans  les  Mém.  des  antiq.  de  France,  1894,  p.  302  sq.; 
Engelmann,  Arch.  Zeit.  XXXI,  1873,  p.  128  sq.  ;  1876,  p.  42,  et  Bullett.  1872, 
p.  98;  Jahrb.  d.  arch.  Inst.  XII,  1897,  p.  195;  Mus.  Pio.  Clcm.  VII,  p.  80,  n.  a, 
prétendus  fragments  de  mosaïque  en  relief  découverts  dans  les  voûtes  du  crypto- 
portique  de  la  villa  Uadriana.  —  3  E.  Müntz,  Projet  d'un  Corpus  des  mosaïques 
païennes  et  chrétiennes  jusqu’au  ix“  siècle  inclusivement,  tirage  autogra- 
pliié  de  la  communication  faite  à  l’Association  internationale  des  Académies  an 
Congrès  de  Paris,  en  1901  ;  cf.  C.  rend.  Acad.  1901,  p.  298.  —  ’>  L’on  ne  connaît 
que  deux  mosaïques  païennes  portant  une  date  consulaire  :  celle  du  temple  de 
Terracine,  qui  mentionne  un  Sulpicius  Galba,  Ser.  f.  cos.  sans  doute  le  futur 
empereur  Galba,  natif  de  Terracine  et  consul  en  33  pour  la  première  fois,  ou 
son  frère  C.  Sulpicius  Galba,  consul  en  22  ap.  J.-C.,  eu  tout  cas  pas  le  consul  de 
l’an  144  avant  notre  ère,  comme  le  croient  Mommsen  et  La  Blanclière  ;  cf.  Bull.  1842, 


lienne,  les  œuvres  de  ce  genre  ne  présentent  presque 
jamais  d’inscription  qui  permette  de  les  dater  l.  D’autre 
part,  aucune  des  indications  que  l’on  peut  tirer  de  la 
nature  des  matériaux  qui  les  composent,  du  choix  des 
sujets,  de  la  manière  dont  ils  sont  rendus,  n’est  assez 
sûre  pour  qu’on  puisse  lui  accorder  la  valeur  d’un  cri¬ 
térium  infaillible  et  applicable  à  tous  les  cas.  Chaque 
siècle  apporte  avec  lui  son  contingent  de  combinaisons 

p.  99  et  fig.  p.  176;  La  Blanchère,  Terracine,  p.  88;  Rohden-Dessau,  Prosopogra- 
phia,  III,  p.  282  sq.  ;  C.  i.  I.  I,  576  et  X,  6323;  celle  d’Avencbes  qui  présente  les 
noms  de  Pompeianus  et  d’Avilus,  consuls  en  209  ap.  J.-C.:  Spon,  Decker,  cur. 
d'Ant.  p.  32;  Wild,  Apolog.  d'Avenches,  p.  178;  Schmidt,  Antiquités  d' Av.  et  de 
Culm,  p.  22;  Bursian,  Aventicum,  p.  24,  n.  3  ;  Hettuer-Wilmowsky,  Bôrn.  M  osai  le 
aus  Trier,  p.  10,  n.  I.  Une  mosaïque  de  Trêves  est  datée  approximativement  par 
le  nom  de  M.  Piaonius  Viclorinus,  tribun  des  prétoriens,  l’usurpateur  qui  régna 
sur  la  Gaule  en  269-270;  Hettner-Wilmowsky,  Ibid.  V  et  5  sq.  et  Ljhner,  Fuehrer 
durcli  das  Prov.  Mus.  iur  Trier,  1897,  p.  9.  A  l’époque  chrétienne,  les  mosaïques 
annulaires  présentent  assez  souvent  des  épitaphes  datées,  surtout»  en  Afrique.  Par 
exemple,  à  Lemta  (427)  :  C.  i.  lat.  VIII,  Il  127  ;  (429),  Ibid.  1 1  129  ;  à  Sertei  (444  et 
467)  :  Bull.  arch.  1888,  p.  428  sq.  435  sq.  et  pl.  xui;  à  Sélif  (454)  :  Gauckler,  Bull, 
arch.  1892,  p.  124,  pl.  xv  ;  à  Ténès  (457)  :  C.  i.  I.  VIII,  9693  et  peut-être  aussi  9694; 
à  Tipasa  (467?)  :  Ibid.  9313  ;  à  Orléansville  (tombe  double  :  468  et  474)  :  Ibid.  9713, 
et  Bev.  afr.  I,  dessin  de  la  p.  480;  (tombe  de  Reparalus  en  475)  :  Ibid.  19  709;  à. 
Sidi  Ferruch  (seconde  moitié  du  v'  siècle)  :  Ibid.  9271  ;  à  Tébessa  (508)  :  Ibid. 
2013  =  16516.  Une  épitaphe  grecque  de  Madaba  en  Palestine  est  datée  de  579, 
Nuovo  Bull,  di  arch.  crist.  1902,  p.  134.  On  rencoulre  aussi  dans  quelques 
basiliques  chrétiennes  des  dédicaces  commémoratives  en  mosaïque  exactement 
datées,  par  exemple  à  Orléansville  (21  nov.  324),  C.  i.  I.  VIII,  9708  ;  à  Kabr- 
[  Hiram,  Bayet,  Becherches ,  p.  79  sq. 


mus 


el  cio  sujets  nouveaux,  qui  s’ajoutent  aux  précédents 
ma.s  ne  les  excluent  pas.  Dans  beaucoup  de  basiliques 
dU  6mpS  de  Constantin,  certains  pavements  rappellent 
encore  ceux  que  l'on  rencontre  à  Pompéi,  tandis  que 
t  autres,  tout  voisins  et  contemporains  des  premiers 
ne  présentent  que  des  motifs  d'invention  tardive  carac- 
tenstiques  de  l’époque  chrétienne. 

A  defaut  du  style,  le  lieu  de  provenance  permet  sou¬ 
vent  de  dater  les  mosaïques.  Ainsi,  celles  des  maisons 
greco-romaines  de  Délos  ne  peuvent  être  postérieures  à 
la  destruction  de  la  ville  par  Archélaos  en  86  avant  notre 
ore  ^  ni  celles  de  Pompéi  à  l’éruption  du  Vésuve  de 
<m  /9  ap.  J.-C.  Par  contre,  les  pavements  historiés 
les  plus  anciens  de  la  Grande-Bretagne  ne  sauraient 
guere  etre  anterieurs  au  règne  d’IIadrien3.  Ceux  de 
Thamugadi  (Timgad),  colonie  romaine  de  Trajan  ne 
peuvent  remonter  plus  haut  que  le  début  du  second 
f.iede  de  notre  ère4.  On  peut  aussi  déduire  approxima- 
tivement  la  date  d’une  mosaïque  de  celle  de  l’édifice 
auquel  elle  appartient.  Il  est  vrai  que,  dans  les  monu¬ 
ments  antiques  ayant  servi  longtemps,  les  pavements 
historiés  que  l’on  retrouve  sous  les  décombres  sont  bien 
inrement  ceux  qui  furent  établis  au  moment  de  la  cons¬ 
truction.  Parfois  même  ils  sont  postérieurs  de  plusieurs 
centaines  d’années  à  la  fondation  de  l 'édifice  qu’ils  ornent. 
Ainsi,  dans  le  temple  d’Olympie  3,  le  beau  pavement  du 
portique  d’entrée,  où  l’on  a  voulu  voir  le  plus  ancien 
spécimen  de  la  mosaïque  en  Grèce,  ne  remonte  certaine¬ 
ment  pas  plus  haut  que  le  début  de  l’occupation  romaine. 

Sous  le  frottement  des  pas,  les  pavements  s’usent 
vile.  Il  faut  les  réparer  souvent,  ou  même  les  refaire  de 
toutes  pièces  quand  ils  sont  trop  endommagés.  Beau¬ 
coup  de  mosaïques  romaines  présentent  des  traces 
très  apparentes  de  plusieurs  restaurations  successives 
(fig.  Ô230) 6.  Tantôt  on  se  bornait  à  les  rapiécer;  tantôt 
on  îecouvrait  tout  le  pavement  primitif  d’une  couche 
nouvelle  de  mosaïque,  en  ayant  soin  de  conserver  au- 
dessous  l’ancien  lit  cimenté  qui  servait  ainsi  à  augmenter 
la  stabilité  et  la  siccité  du  sous-sol.  Dans  les  maisons  du 
quartier  de  Dermech  à  Carthage7,  dans  celles  d’Oudna8, 

1  on  rencontre  jusqu  à  trois  et  quatre  couches  de  mo¬ 
saïques  superposées,  entre  lesquelles  se  sont  parfois 
glissées  quelques  monnaies  qui  déterminent  approxi¬ 
mativement  l’époque  des  divers  remaniements. 

Les  renseignements  tirés  de  l’examen  des  lieux  offrent 
donc  à  la  chronologie  de  précieux  points  de  repère  : 
les  mosaïques  datées  servent  à  classer  celles  qui  ne  le  sont 
pas.  Elles  jalonnent  la  roule  que  doit  suivre  l’historien. 

Origines.  —  L'idée  première  de  la  mosaïque  est 
venue  de  l’Orient  9.  Deux  mille  cinq  cents  ans  avant 
notre  ère,  les  Chaldéens  employaient  déjà,  pour  la 


décoration  de  leurs  palais  d’argile,  un  nrnr,m  •  . 

approche.  Dans  un  édifice  en  ruines  détratrô  *  <,Ul  Sen 
à  Ouarka,  l’ancienne  Erech  r,lne  .  |,a''  Loft"» 
ornée  de  chevrons,  de  spirales  et  de  loif'!  S 
rouges  et  noirs,  «gérés  au  nto.ven  d l  ZTS 


F.g.  5231.  -  Mosaïque  orientale  en  cônes  de  lerre  cuite. 

cuite  dont  chacun  était  teinté  à  sa  mr-n*  •  r-  ■ 
d’une  de  ces  trois  couleurs.  Les  sommets  de  ceVcTnes' 
nous  dans  le  pisé,  disparaissaient  dans  l’éDaissr.  i’ 
la  construction,  tandis  que  les  bases  resLf  .  ° 
visibles  au  dehors,  dessinaient  par  la  juxtanositin311  T 
ours  tons  différents  une  véritable  ino-  °  ° 

saïque  (fig.  5231,  5232). 

L’usage  de  ce  procédé  s’était  sans  doute 
répandu  dans  toute  la  basse  Chaldée.  Si 
l’on  n’en  a  retrouvé  jusqu’ici  aucune  trace 
a  Telia  (Sirpourla)  “,  Taylor  a  signalé 
dans  les  ruines  d’Abou-Shareïn  12  la  pré¬ 
sence  de  cônes  du  même  genre,  dont  la 
base  était  teintée  en  noir.  La  mosaïque  ne 
semble  pas  avoir  été  employée  à  Babylone, 
ni  en  Assyrie,  ni  en  Perse  13  :  l’on  ne  sau- 
iait,  en  ellet,  sans  abus  de  langage,  appli¬ 
quer  ce  nom  aux  dallages  polychromes 
qui,  d’après  le  livre  d'Eslher  **,  formaient 
les  pavements  du  palais  d’Assuérus,  ni  aux  combinai¬ 
sons  de  briques  émaillées  qui  revêtaient  les  parois  des 
monuments  royaux  de  Khorsabad,  de  Ninive  et  de  Suse. 

Par  contre,  le  ca¬ 
ractère  inaltérable  de 
ce  genre  de  décora¬ 
tion  devait  le  faire 
tout  particulièrement 
apprécier  en  Egypte, 
dans  ce  pays  où  la  du¬ 
rée  d’une  œuvre  d’art 
importe  plus  que  sa 
beauté.  On  l’y  em¬ 
ploya  de  très  bonne 


Fig.  5232. -Cône 
à  base  colorée. 


Fig.  5233.  —  Plaquette  de  faïence. 


heure  pour  l’ornementation  des  murs  et  même  de  cer¬ 
tains  objets  mobiliers.  Dans  la  pyramide  à  degrés  de 
Sakkarah18,  le  caveau  de  Zosiri,  roi  de  la  mc  dynastie, 
était  aux  trois  quarts  revêtu  de  plaquettes  émaillées 
oblongues,  légèrement  convexes  et  munies  d’un  glacis 
verdâtre  au  dehors,  plates  à  la  face  interne.  Une  saillie 


l  P.  Paris,  Bull,  corr.hell.  1884,  p.  492;  Couve,  fouilles  à  Délos,  Ibid.  1895, 
p.  462.  II  ne  nous  parait  cependant  pas  démontré  que,  dès  cette  époque,  Pile  ait'été 
totalement  abandonnée.  —  2  Pljn.  jun.  VI,  Ep.  16  et  20.—  3  Morgan,  Boni.  brit.  mosaic 
pavements,  p.  15  sq.  —  4  C.  i.  I.  VIII,  p.  259.  —  5  Expéd.  de  AJ  orée,  I,  pl.  lxiv  ; 
Buclier,  Gesch.  der  techn.  Künste,  p.  102,  fig.  19;  Baumeister,  Denkm.  d.  klass.Al- 
terlh.  p.  927,  fig.  998-999  ;  Lelronne,  Lettres  d’un  antiq.  p.  314.  —  c  Fragment  d'un 
grand  pavement,  conservé  au  Musée  du  Bardo,  qui  ornait  le  salon  d'apparat  d'une  vil  la 
romaine  à  El  Alia  (côte  du  Sabel  tunisien).  II  représente  une  pêche  à  la  seine.  Le  premier 
pêcheur  halant  le  filet  est  entièrement  refait,  le'second  à  demi;  le  pavillon  demi- 
circulaire,  placé  à  droite  perpendiculairement  aux  autres  constructions,  est  aussi  de 
la  seconde  main;  cf.  Gauckler,  C.  r.  de  l'Acad.  des  inscr.  1898,  p.  828,  et  Marche 
du  serv.  des  antiq.  de  Tunis  en  1898,  p.  7;  Schulten,  Arc  h.  Anzeiq.  1900,  2,  p.  66 
»q.  et  fig.  2.  —7  Gauckler,  Marche  du  serv.  1897,  p.  7  ;  Bull.  arch.  du  Comité .  1903, 
p.  412  sq.  —  8  Gauckler,  Monum.  Piot,  1897,  p.  187,  213,  225.  —  9  Furielti, 

O,  l.  p.  2J  ;  Ciampini,  Ibid.  p.  78;  Le  Viel,  Ibid.  p.  2  sq.  ;  Sticglitz,  Arch.  d  I 


Bankunsl  I,  p.  276;  Engelmann,  Bhein.  Mus.  N.  F.  XXIX,  p.  561  sq.  ;  Artaud, 
Ibid.  p.  2  sq.  ;  Blümner,  Ibid.  III,  p.  324,  etc.  —  *«  Loflus,  Tr avals  and 
researches,  p.  187  à  189;  cf.  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'Art,  II,  p.  293  sq.  et 
fig.  119  et  120;  P.  Girard,  La  Peint,  ant.  p.  59.  —  U  Perrot  et  Chipiez,  Ibid. 
—  12  Taylor,  Journ.  of  the  r.  asiat.  soc.  XV,  411.  —  13  On  a  cependant  signalé, 
sur  la  plate-forme  qui  soutenait  les  palais  achéménides  do  Persépolis,  un  pavement 
composé  de  cailloux  de  couleur  insérés  dans  un  ciment  et  polis  après  coup,  sorte 
de  premier  essai  de  mosaïque  grossière;  cf.  the  l'imes,  9  sept.  1892,  et  Macmillans 
Magazine,  fév.  1893,  cités  par  S.  Reinach,  Chr.  d’Or,  2”  sér.  p.  192.  )+  Esther, 

I,  6  :  pavimentum  smaragdino  et  pario  stratum  lapide,  quod  mira  varietate  pic- 
tura  decorabat.  —  15  Minutoli,  Beise  zum  Tempel  des  Jup.  Amm.  pl.  xxviu, 
Valcriani,  Nuova  lllustr.  istor.  monum.  d.  Basso  et  d.  Alto  Eyyplo,  pl.  c 
(par  Segato);  Borchardt,  Pie  Thür  aus  der  S  tuf enpyramide  bel  Sakhaia,  dans 
Zeitschr.  fïir  Aeg.  Sprach.  XXX,  p.  83  sq.  ;  Perrot  et  Chipiez,  Ibid.  1,  p.  s-3  sfb  > 
Maspero,  Hist.  anc.  des  peuples  de  l'Orient,  1,  p.  243  et  fig. 


MUS 


2091  — 


MUS 


carrée  percée  d’un  trou  servait  à  les  assembler  par  der¬ 
rière  en  rangées  horizontales  au  moyen  de  tiges  en  bois 
((ig.  5233)  *.  En  outre,  les  trois  bandes  qui  encadraient 
l’une  des  portes  du  tombeau  étaient  historiées  aux  titres 
du  Pharaon,  les  hiéroglyphes  s’enlevant  en  bleu,  en 
rouge,  en  vert,  en  jaune  sur  un  fond  chamoisé  (fig.  5234). 
Dans  une  tombe  de  Meïdoum 2,  hiéroglyphes  et  ligures 
ont  été,  par  endroits,  dessinés  en  creux  et  remplis  jus- 


Fig.  5234.  —  Porte  de  tombeau  égyptien  incrustée  de  faïence. 


qu’au  bord  de  cailloux  multicolores  qui  donnent  à  la 
décoration  un  éclat  surprenant. 

Le  temple  que  Ramsès  111  bâtit  à  Tell  Yahoudî ,  dans 
le  Delta,  avait  ses  colonnes  et  ses  murs  recouverts  de 
pièces  de  faïence  multicolores,  rosaces,  quarts  de  cercle, 
oves,  représentations  d’oiseaux,  d’hommes  et  d’ani¬ 
maux.  Tantôt  le  motif,  personnage  ou  figure  géomé¬ 
trique,  a  été  modelé  et  cuit  d’une  seule  pièce,  tantôt  il 
est  formé  d’éléments  rapportés,  incrustés  dans  la  couche 
du  ciment  3.  D’autre  part,  certaines  inscriptions  de 
Karnak,  dès  le  temps  de  Thoutmosis  III,  avaient  leurs 
hiéroglyphes  rehaussés  de  plaques  de  faïence  analogues  \ 
A  Tell  el  Amarna  B,  les  frises  historiées  des  murailles  sont 
incrustées,  non  plus  de  pâtes  vitrifiées,  mais  de  pierres 
dures,  obsidienne,  quartz,  albâtre,  calcaire  jaune,  serpen¬ 
tine  verte,  porphyre  rouge  et  granit  noir.  Enfin,  quelques 
tombes  thébaines6  avaient  leur  façade  couronnée  d’une 
frise  de  cônes  en  terre  cuite,  rappelant  ceux  d 'Ouarka  par 
le  rôle  décoratif,  tout  en  différant  de  ceux-ci  par  l'invoca¬ 
tion  religieuse  gravée  qu’ils  présentent  sur  leur  surface. 

Sous  la  xxe  et  la  xxie  dynastie,  la  mosaïque  était  aussi 
employée  pour  orner  des  cercueils  en  bois.  Celui  de  la 
reine  Uazmît,  au  Caire1,  est  agrémenté  de  figures  et  de 
lettres,  en  plaques  de  pierres  dures,  cornaline,  lapis,  feld¬ 
spath,  d’émaux  ou  de  verres,  découpées  et  fixées  sur  une 
couche  de  plâtre  fin  doré.  Le  célèbre  panneau  du  Musée 
de  Turin8,  dont  nous  devons  à  l’obligeance  de  M.  le  pro¬ 
fesseur  Schiaparelli  de  pouvoir  publier  ici  pour  la  pre- 


mièrefois  un  fragment  (li  g.  5235),  semble  avoir  appartenu 
au  couvercle  du  sarcophage  d’un  prêtre  égyptien.  L’on 
ne  connaît  d’une  façon  précise  ni  la  provenance,  ni  la 
date  de  ce  précieux  morceau,  mais  l’on  a  tout  lieu  de 
croire  qu’il  a  été  trouvé  à  Gebel-Touna  et  qu’il  remonte 
au  Nouvel  Empire,  peut-être  même  à  l’époque  saite.  Il 
présente  cinq  colonnes  d'hiéroglyphes  en  pâtes  de  verre, 
en  lapis  et  en  corna¬ 
line,  incrustées  en 
plein  bois.  Certaines 
de  ces  figures  se  com¬ 
posent  d’une  seule 
plaquette  monochro¬ 
me  artistement  dé¬ 
coupée,  comme  dans 
Yopus  sectile  romain  ; 
d’autres,  notamment 
les  oiseaux,  sont  for¬ 
mées  par  la  juxtapo¬ 
sition  d’une  multi¬ 
tude  de  parcelles  di¬ 
versement  colorées  et 
correspondent  exactement  au  travail  en  vermiculatum . 

Au  Fayoum,  vers  le  début  et  jusqu’au  milieu  de  l’époque 
ptolémaïque,  la  mosaïque  fut  aussi  employée  pour  les 
stèles  et  les  tombes.  Près  de  Haouarâ,  \rassalli  a  découvert 
plusieurs  cercueils  habillés  de  mosaïques  multicolores  en 
pierres  et  en  verres,  dont  chaque  élément  est  taillé  et 
ciselé  à  la  pointe  avec  une  finesse  merveilleuse  9. 

C’est  évidemment  à  la  même  série  d’objets  mobiliers 
que  se  rattache  le  coffre  ou  le  siège  en  bois  de  cyprès, 
dontM.  Evans  a  découvert  en  IÜ02  les  débris  très  muti¬ 
lés  dans  la  chambre  du  trône  du  palais  de  Knossos,  en 
Crète 10.  Ce  meuble  devait  être  bordé  d’une  frise  incrustée, 
se  composant  de  plaquettes  de  faïence,  les  unes  planes, 
les  autres  en  relief,  peintes  de  sujets  divers  :  guerriers, 
maisons,  animaux  ou  feuillages. 

Enfin  la  mosaïque  de  pierre  ou  de  verre  servait  aussi 
à  décorer  des  figurines  telles  que  la  grenouille  du  musée 
égyptien  au  Louvre  des  bijoux  tels  que  l’épervier 
incrusté  de  smaltes,  du  Musée  de  Turin  ;  des  scarabées, 
des  taureaux  ailés,  des  édicules  montés  sur  or,  ou  ces 
plaques  en  bronze  découpé  du  Musée  de  Boulaq  qui  rap¬ 
pellent  l’aspect  des  émaux  cloisonnés  chinois  12 . 

Mais  de  tous  ces  procédés,  qui  se  rapprochent  plus  ou 
moins  de  celui  de  la  mosaïque,  aucun  ne  reçoit  son 
application  sur  le  sol.  Que  ce  soit  en  Orient,  en  Égypte 
ou  en  Grèce,  jusqu’au  in°  siècle  avant  notre  ère,  l’on  ne 
rencontre  nulle  part  d’autres  pavements  historiés  que 
ceux  de  stucs,  enluminés  au  pinceau.  La  révolution  archi¬ 
tecturale  qui  se  produisit  à  partir  de  cette  époque,  substi¬ 
tuant  dans  les  édifices  les  revêtements  de  marbre  à  ceux 
de  brique  ou  de  chaux,  eut  pour  premier  effet  de  faire 
descendre  la 'mosaïque  sur  le  sol  et  d’en  chasser  la 
fresque13.  De  la  folie  du  marbre,  qui  sévissait  alors  dans 
tout  le  monde  alexandrin,  naquit  la  mosaïque  proprement 


O 

D  000 
0  00  0 

09 


cf+.cit. 


'ig.  5235.  —  Hiéroglyphes  en  incrustations. 


1  Perrot  et  Chipiez,  Ibid.  fig.  555,  556,  557.  —  2  Maspero,  Les 

Mastabas  de  l’ancien  empire ,  p.  470.  —  3  Perrot  et  Chipiez,  Ibid.  p.  824 
et  fig.  558,  559,  500.  Spécimens  ail  Musée  de  Boulaq,  Catal.  édit.  1897,  n0'  403- 
404,  472  à  475  bis,  p.  137  sq.  Autres  édifices  décorés  de  même  à  Memphis,  Perrot, 
Ibid.-,  à  Mit-Rahineh,  Jomard,  Descr.  ant.  V,  p.  543  et  atlas,  pl.  i.xsxvn,  fig.  t. 
—  4  Renseignement  fourni  par  M.  Maspero.  —  à  Sleindorff,  Arcli.  Anzeig.  1893, 
p.  04;  Sittl,  Arch.  d.  Künst  dans  Handbuch  d.  Iclass.  Altertli.  Wissenseh.  d’hvan 
von  Miiller,  p.  .301,  §  258.  —  0  Rhind,  Thèbes,  ifs  tombs  and  their  tenants. 


р.  136.  —  '  Renseignement  de  A1.  Maspero.  —  8  Artaud,  Hist.  de  la  peint,  en 
mos.  p.  3.  —  9  Renseignement  de  M.  Maspero.  —  10  Evans,  Knossos  excavations. 
1902,  dans  The  annual  of  the  British  scliool  at  Athens,  VIII,  p.  t9  sq.  fig.  8.  9. 
—  il  Musée  du  Louvre,  n»  d'invent.  3043  (ancien  fonds).  —  12  Perrot  et  Chipiez.  L. 

с.  p.  826;  Mariellc,  Xotice  du  Musée  de  Boulaq,  p.  09.  Au  Louvre,  de  beaux 
bijoux  incrustés  d’émail,  de  l'époque  de  Ramsès  11,  pectoral  orné  du  vautour  ou  de 
l’épervier,  etc.,  il»’  d'invent,  704,  705,  707.  —  13  plin.  XXXVI,  184  et  47  ;  voir  »ar- 
Mon,  p.  1597  sq. 


riw  lü'ff-1  •4,'“  deS  P,ol<m««.  *»»  l’influence  de 

dgypltnneTo,„le,,rP0Sant  “  formul<*  aux 

Prennes,  quelle  se  constitua  définitivement  comme 
on  ai  ind  épendant,  ayant  ses  procédés  et  son  domaine 
propres.  Alexandrie  fut,  selon  toute  apparence  la  sou  ce 
-.que  d:„ù  jaillirent  deux  courant/' lün  ,e  p 

SnTnlt^u.lpirt”"^  Grèce-  •**“  Ro-’ 

^7eq',eenéC0,er0^.  -  Dalad^  «cote. 

lielléniaue  jnP,.em'ere  a  l>our  d°maine  propre  l’Orient 
hellénique.  Toute  grecque  d’allure  et  de  style,  elle  se 

maintient  toujours  dans  les  limites  de  la  logique  et  du 

non  «T’  Tu  S'ad°nne  de  PréK«nce  à  la  décoration  des 
mutai  lies  et  des  voûtes,  et  n'admet  les  pavements  liisto- 

nes  qu  a  la  condition  de  justifier  leur  présence  sur  le  sol 
P  quelque  prétexte  ingénieux  tel  que  celui  des 

•  O  UI  siècle  avant  notre  ère,  elle  brille  d’un  vif 

”s  es  °P^‘e»teS  capitales  des  royaumes  hellénis¬ 
tiques  fondes  par  les  successeurs  d’Alexandre.  Comme 
eux,  elle  est  ruinée  par  la  conquête  romaine,  mais  ne 
disparaît  cependant  pas  tout  entière,  ainsi  qu’on  le  croit 
généra  ement.  Si  l’on  en  perd  à  peu  près’  toute  trace 

•  rieUrS  6S’  CG  n’estPas  que  les  ateliers 
grecs  n  aient  rien  produit  à  cette  époque;  mais  la  destruc- 
ion  des  édifices  qu  ils  décorèrent  provoqua  l’anéantisse- 
men  des  mosaïques  murales  qui  constituaient  leur  spé¬ 
cialité  tandis  que  les  pavements  historiés  exécutés  par 
es  ateliers  romains  subsistaient  sur  le  sol,  malgré  l’écrou¬ 
lement  des  parois. 

Moins  favorisés  de  commandes  que  leurs  rivaux 
romains,  les  mosaïstes  grecs  n’en  continuent  pas 
moins  à  exercer  leur  art  en  Orient,  pendant  toute 
la  duree  de  1  Empire  ;  et  lorsque,  l’axe  du  monde 
antique  s  étant  déplacé,  Constantin  transporte  sa  capi¬ 
tale  a  Byzance,  il  trouve  l’école  grecque  parfaitement 
préparée  à  orner  ses  palais  et  à  fixer  en  traits  ineffa¬ 
çables  sur  les  murs  des  basiliques  la  gloire  du  chris¬ 
tianisme  triomphant. 

Soutenus  désormais  par  la  faveur  du  monarque,  ali¬ 
mentés  par  les  richesses  qui  affluent  à  la  cour  impériale, 
es  ateliers  de  Constantinople  gagnent  tout  ce  que  les 
invasions  et  les  guerres  civiles  font  perdre  à  ceux  de 
Borne.  Ils  supplantent  d’abord  ceux-ci  dans  les  pays  de 
culture  hellénique;  puis,  envahissant  par  Ravenne  l’Ita¬ 
lie  elle-même,  ils  leur  font  concurrence  sur  leur  propre 
terrain,  dont  ils  s’emparent  définitivement  à  partir  du 
règne  de  Justinien. 

Tout  autres  ont  été  les  destinées  de  la  mosaïque 
romaine.  Elle  s’est  développée  plus  tard.  Ce  n’est  qu’au 
temps  de  Sylla  2,  que  les  premiers  mosaïstes  venus 
d’Alexandrie  ou  des  îles  de  l’Archipel 3  s’installent  dans 
la  capitale.  Mais  ils  y  reçoivent  aussitôt  un  accueil 
enthousiaste.  Par  ses  avantages  pratiques,  par  sa 

J  piln-  xxxvl’  l8i;  Stat.  Silo.  I,  3,55;  Sid.  Apoll.  Garni,  23,  50.— 2  pijn.  XXXVI, 

189.  -  Eà|«o;,  à  Pompéi,  voy.  fig.  5237  ;  cf.  Lucas,  Dus  Mosaik  der 

Ansto .  dans  Mitt.  arch.  Inst.  Rom,  XVII,  p.  127,  avec  la  bibliographie.  -  4  Suet. 

acs  .  O  Luc,].  993,  Lachmann.  —  6  Sen.  Quaest.  nat.  VI,  31,  3  :  in  balneo 
tessellas  quibus  solum  erat  stratum  ;  Plin.  XXXVI,  184,  187.  —  7  Les  tesserae  set- 
vent  à  établir  les  carrelages  sub  dioo  :  Vitruv.  VII,  1 , 6,  pavimentum e  fessera  grandi  ; 

111  ’  C  '  3  acP*’  J’  3  ’  10’  33-  Parfois  les  dés  de  mosaïque  portent  un 

nom  différent  et  sont  appelés  en  grec,  Athen.  V,  p.  207  c;  Euslalli.  Ad 

t  I/f  i/cc  Y\  II  -)II7  r.  inan  />  •  ■ 


MUS 


ni  vvif  c  - p.  *t\j  i  v  \  Hills  la.  II).  Ad 

Odyss  XXII,  -97,  p.  1927,  01;  en  latin,  abaculi,  Plin,  XXXVI,  199 ,  veluti  cum 
calcul/  fiant  quos  quidam  abaculos  appellant  aliquos  et  pluribus  modis  versico- 


richesse  et  son  éclat,  et  plus  encore  neni.A, , 
efloi  t  qu’il  s’impose,  leur  art  est  l'ail  ^  Rar  le  ^nt 
Homain  positif,  fastueux  et  tenace  ^ 

guste,  la  mosaïque  devient  l’ohif»!  v  d’Au- 

Mais  la  vo^ueinorlXou^6;^6111611,1^^- 
sa  décadence.  Par  l’abus  qu’on  en  fait  Vn ^  qUebienlôt 
a  en  fausser  le  caractère.  La  mosaïcrue  rn  &mVe  V'le 
forme  en  un  genre  factice,  dontle  sort  est  U-”*3  S6  Uans' 
celui  du  peuple  qui  l’accommode  à  sa  fanH ,ip  à 
à  tous  ses  caprices,  fût-ce  aux  dépens  de  làw61  6  pHe 
la  vraisemblance.  A  la  suite  de^  1,  •  ,  •  ^lcIue  el  de 

mosaïque  pénètre  en  Occident  jusqu'au  fn”  ™perlales>  >« 
les  plus  reculées.  Mais 

chute,  et  dès  le  vr  siècle  de  notre  ère  hmosX  8  S“ 
sa  voit  forcée  de  céder  la  p.ace 

c  ces  deux  écoles  de  mosaïque  celle  de  P  * 
cel.e  de  Rome,  nous  ne  pouvons'  en, 2 i/ « 
que  dans  ses  rapports  avec  la  seconde  qui  seule  rPnh 
tout  entière  dans  le  cadre  de  cet  article 
La  mosaïque  ROMAINE.  —  Les  aenrt>*  In 

l'?pw!  téssellatu m,  le  vermiculatum.  -  Les  RomaTns 
n  avaient  pas  de  la  mosaïque  la  même  conception  que 
nous.  Au  lieu  de  la  considérer  comme  un  art  unique,  sous 
quelque  aspect  qu’elle  se  présente,  ils  la  séparaient  en 
plusieurs  genres,  assez  distincts  pour  qu’on  se  gardât  de 
jamais  les  reunir  sous  une  même  rubrique  :  d’une  part  la 
mosaïque  murale  ou  musivum  ;  de  l’autre,  les  pavements 
historiés,  qui  se  divisaient  eux-mêmes  en  deux  classes  • 

1  opus  tessellatum  et  le  vermiculatum. 

Ces  deux  épithètes  définissent  la  forme  des  éléments 
qu’emploie  le  mosaïste  dans  l’un  ou  l’autre  cas. 

Dans  le  pavimentum  tessellatum  \  il  n’utilise  qu’un 
seul  type,  le  dé  rectangulaire,  plus  ou  moins  grand  suivant 
le  degré  de  finesse  de  l’ouvrage,  mais  toujours  identique 
sur  une  même  surface,  et  toujours,  disposé  de  la  même 
manière,  en  quadrillage  (fig.  5236)  :  on  lui  donne  le  nom 
de  tesserula  J  ou  tessella  °,  c’est-à-dire  petite  tessère, 
diminutif  de  fessera,  carreau  1  (de  récuapa,  quatre). 

Dans  la  peinture  en  vermiculatum,  épithète  associée, 
suivant  les  cas,  aux  mots  pavimentum  8,  crustae  ou 
emblema  ’,  mais  jamais  à  opus ,  l’artiste  emploie  des  élé¬ 
ments  minuscules,  plus  petits  que  les  tessellae  et  très 
variés  déformé,  le  plus  souvent  arrondis  ou  incurvés.  11 
les  dispose  en  lignes  sinueuses,  dissymétriques,  qui  sui¬ 
vent  exactement  le  contour  des  figures,  s’élargissent  ou 
s  amincissent  pour  modeler  les  formes,  et  rappellent 
1  aspect  des  chapeleLs  d’anneaux  du  ténia.  Delà,  sans 
doute,  1  épithète  caractéristique  de  vermiculatum  10 
(fig.  5236)  11 . 

Mais  l’opposition  qui  existe  entre  ces  deux  genres  de 
mosaïque  ne  se  borne  pas,  comme  on  le  croit  souvent,  à 
1  emploi  d’éléments  de  formes  différentes.  Ils  n’ont  rien  de 
commun,  du  moins  dans  leur  constitution  primitive  :  ni 
1  origine,  ni  la  destination,  ni  le  caractère. 

Genèse  et  caractères  de  l'opus  tessellatum.  —  L 'opus 


lores.  —  8  August.  De  ord.  I,  \,  2;  cf.  Orclli,  4240  :  Vermiculum  straveYunt. 
—  9  Lucil.  L.  c.  Plin.  XXXV,  1. —  10  On  a  beaucoup  discuté  sur  le  sens  exact  et 
l’élymologic  du  mot  vermiculatum  ;  cf.  Furietti,  p.  13  sq.  ;  Ciampini,  p.  78  sq.  ; 
Gurlitt,  p.  ICO  sq.  ;  Visconti,  Mus.  Pio.Clem.  Vil,  80;  G. -P.  Secchi,  Il  Musaico 
Anton,  rappres.  la  scuola  degli  Alleti ,  Roma  1843,  et  le  compte  rendu  d’Henzen, 
Dullelt.  1843  p.  124  sq.  ;  Blüraner,  III,  p.  329  AJarquardt-Mau,  La  vie  privée  des 
■Rom.  Irad  franc.  II,  p.  J276.  —  H  Fig.  523G  :  Tôte  de  l’Hiver,  fragment  de  la  mosaï¬ 
que  de  Neptune  et  les  quatre  Saisons,  découverte  en  1902  à  Cliebba  (Saliet 


que  ue  ixcpiune  ci  les  quaire  baisons,  decouverte  en  îuuz  a  tneuiw 
Tunisien)  ;  Gaucklcr,  Illustration ,  22  nov.  1902,  p.  400,  voy.  la  fig.  3253  ;  Marche  du 
service  en  1902,  p.  19  sq.  ;  Bull.  arch.  du  Comité  1902,  p.  100  sq.,  107. 


I 


MUS 

t  esse  l  latum  est  un  genre  de  revêtement  architectural  de 
nature  mixte.  Il  est  né  d’une  sorte  de  compromis  entre 
le  placage  de  marbre  et  l’enduit  de  chaux.  Il  combine  les 
avantages  de  ces  deux  procédés  et  en  supprime  les  inconvé- 


Kig.  5230.  —  Mosaïque  de  Chcbba  (Tunisie)  en  opus  vermiculalum. 


nients.  Mais  avant  d’arriver  à  les  fondre  en  lui  d’une 
manière  parfaite,  il  a  dû  passer  par  une  série  de  formes 
intermédiaires  qui  établissent  la  transition  entre  lui  et 
chacun  d’eux  :  d’une  part  les  diverses  variétés  de  Yopus 
signinum,  de  l’autre  celles  de  l'opus  sectile. 

Opus  signinum.  —  L 'opus  signinum  est  un  mélange 
à  proportions  définies 1  de  brique  pilée  et  de  chaux,  qui 
produit  un  ciment  de  teinle  rougeâtre,  remarquablement 
plastique  et  imperméable.  Il  tire  son  nom  de  la  ville  de 
Segnae,  renommée  pour  l’excellence  de  ses  tuiles.  Ce 
genre  ne  diffère  du  pavement  grec  cimenté  décrit' par 
Pline2,  que  par  la  substitution,  dans  la  couche  superfi¬ 
cielle,  de  la  brique  pilée  au  charbon  et  à  la  cendre.  C’est 
surtout  en  Italie  qu’on  l’emploie,  aux  deux  premiers 
siècles  avant  et  après  notre  ère.  On  n’en  trouve  nulle  trace 
dans  les  maisons  de  Délos3.  A  Pompéi4,  il  se  rencon¬ 
tre  à  chaque  pas,  surtout  dans  les  thermes  publics  et  pri¬ 
vés,  et  dans  les  maisons  particulières,  où  il  recouvre  le 
sol  des  vestibules,  des  cuisines,  des  salles  à  manger,  des 

1  Vitr.  VIII,  7,  14  ;  Plin.  XXXV,  16o  :  Quid  non  excogitat  vita  fractis  etiam 
testis  utendo  sic  ut  Jirmius  durent ,  tunsis  calce  addita  quae  vocant  Signina?  quo 
gener  etiam  pavimenta  excogitavit ;  Ibid.  XVII,  4G  ;  Vitr.  II,  43  ;  V,  11,  4;  Coluni. 
I,  6,  12;  VIII,  15,  3;  17,  l  ;  IX,  l  2;  Dig.  XLII  21,  I  ;  Pallad.  I,  0,  4;  17,  1;  40,  4/ 
—  2  Plin.  XXXVI,  187  :  Unum  gcnus  graecanici.  Solo  fistucato  mjicitur  rudus  aut 
testaceum  pavimentum  :  dein  spisse  calcatis  carbonibus  inducitur  sabulo,  calce  ac 
favilla  mixtis...  est  forma  terrena.  Si  vero  cote  depolitum  est ,  nigri  pavimenti 
vision  obtinet  ;  Vitr.  VII,  4,  5  ;  Artaud,  L.  c.  p.  10  ;  Bliimner,  p.  IGG.  —  3  P.  Paris, 
Fouilles  à  Délos,  Bull.  corr.  hell.  1884,  p.  439  — 4  Mazois,  Les  ruines  de  Pompéi , 
texte  f.  p.  23;  A.  Mau,  Führer  durch  Pompéi ,  p.  10.  Blümncr  regrette  avec  raison, 
L.  c.  p.  107,  l’absence  de  toute  étude  technique  approfondie  concernant  les  pave¬ 
ments  d’Herculanum  et  de  Pompéi.  —  0  Mau,  Gesch.  d.  décor.  Wandmalerei  in 
Pompéi ,  p.  54  sq.;  Artaud,  L.  c.  p.  125;  Loriquet,  L.  c.  p.  81.  —  0A  Pompéi 
les  pavements  de  ce  genre  sont  contemporains  de  la  période  samnitique  ou  du  tuf: 
Mau,  Bull.  1874,  p.  206  ;  1879,  p.  130;  1881,  p.  124;  1885,  p.  86  sq.  et  90.  Dans 
le  sud  de  la  France,  l'on  en  a  trouvé  à  Vienne,  à  Orange,  à  Nîmes  :  Artaud,  p.  77, 
pl.  xvi,  2,  p.  79,  83,  90,  91,  95,  109.  En  Afrique,  ces  pavements  se  rencontrent  assez 

vu 


MUS 

impluvia ,  le  fond  et  les  parois  des  piscines,  des  réser¬ 
voirs,  des  fontaines  :  partout  enfin  où  l’on  a  besoin  d’un 
pavement  facile  à  nettoyer  etqui  no  se  laisse  pénétrer  ni 
par  la  poussière,  ni  par  l’humidité,  ni  par  les  insectes. 

Mais  Yopus  signinum  proprement  dit  s’use  vite.  Pour 
augmenter  sa  résistance,  et  aussi  pour  varier  l’aspect  trop 
uniforme  et  rehausser  l’éclat  de  sa  surface  sombre  et  terne, 
l’on  imagine  d’insérer  dans  la  masse  encore  molle  du 
ciment,  des  lapilli  (en  italien  sassolini),  petites  pierres 
brillantes  et  claires  faisant  corps  avec  lui  au  moment  de 
la  prise,  et  susceptibles  de  recevoir  ensuite  le  même  poli. 

Ce  sontd’abord  de  simples  cailloux  de  rivière  ",  ou  des 
galets  de  plage,  conservant  la  forme  arrondie  que  leur 
ont  donnée  les  eaux  et  que  l’on  se  contente  de  noyer 
dans  le  mortier  ( pavimentum  barbaricum,  en  italien  :  ler- 
razzo );  puis  des  fragments  de  plaquettes,  de  calcaire,  de 
travertin, de  marbreou  de  porphyre  de  diverses  couleurs, 
brisées  au  marteau  ( opus  segmentation )  et  gardant  l’irré¬ 
gularité  de  contours  des  cassures.  On  les  répartit  au 
hasard  à  la  surface  de  la  couche  d 'opus  signinum.  C’est  le 
procédé  moderne,  dit  alla  veneziana s. 

Enfin,  par  un  nouveau  progrès  7,  l'on  s’avise  de  tailler 
le  marbre  blanc  dont  on  incruste  la  couche  de  ciment  en 
petits  dés,  tous  semblables,  et  l’on  dispose  ceux-ci  en 
semis  d’étoiles,  ou  bien  en  files  régulières,  qui  servent  à 
tracer  sur  le  fond  uniformément  rougeâtre  de  légers 
réseaux  de  broderie.  L'on  se  sert  de  ce  procédé 
pour  indiquer  les  principales  divisions  des  appartements, 
les  seuils  de  la  maison,  de  la  c.our  et  des  chambres,  les 
limites  de  Y  impluvium,  l’emplacement  des  lits  et  de  la 
table  dans  le  triclinium s,  de  l’alcôve  dans  le  cubiculum 9. 
Parfois  de  courtes  inscriptions  saluent  l’hôte  dès  la  rue,  ou 
lui  souhaitent  la  bienvenue  au  seuil  du  péristyle  :  «  Bon¬ 
jour,  bonne  santé,  bonne  chance  »  :  Ilave  l0,  salve ,  salve 
lucru[m] 11 .  Ce  procédé  sert  aussi  parfois  à  tracer  sur  le 
sol  des  temples  des  textes  commémoratifs.  Par  exemple, 
à  Rome,  dans  le  Sanctuaire  élevé  par  L.  Furius  Purpu- 
reo  à  Jupiter  Jurarius,  la  dédicace  suivante  se  détachait 
en  pointillé  sur  un  fond  d 'opus  signinum  :  C.  Volcaci. 
C.  f.  har.  de  stipe  Jovi  Jurario....  \m\onimentom  12. 
Ce  texte,  approximativement  daté  de  150  avant  notre  ère. 
peut  être  considéré  comme  l’un  des  plus  anciens  spéci¬ 
mens  actuellement  connus  de  ce  genre  de  mosaïque. 

A  l’origine,  les  lignes  pointillées  qui  forment  la  mo¬ 
saïque  sur  opus  signinum  sont  grêles,  et  ne  se  com¬ 
posent  que  d’une  seule  file  de  cubes.  Mais  bientôt  elles 
s’enflent  en  larges  bandes.  Les  traits  se  multiplient,  se 
doublent  et  se  croisent  :  la  broderie  recouvre  peu  à  peu 
tout  le  canevas,  et  Yopus  signinum  finit  par  ne  plus  être 

souvent  dans  les  maisons  romaines  du  temps  des  premiers  Antonins,  notamment  à 
Oudna  (Uthina),  maison  aux  Chapiteaux  composés,  et  à  Carthage,  quartier  des 
Thermes  d’Antonju.  D  une  façon  générale,  lorsqu'une  ruine  romaine  présente  plusieurs 
mosaïques  superposées,  de  divers  types,  le  pavement  alla  veneziana  occupe  toujours 
la  place  inférieure,  ce  qui  démontre  bien  que  ce  genre  de  mosaïque  rudimentaire  a 
précédé  les  autres.  Mau,  Bull.  1879,  p..  130  ;  18S5,  p.  8G  (Pompéi)  ;  cf.  Artaud,  L.  c. 
p.  79  (Sainte-Colombe,  près  Vienne),  p.  83  et  pl.  xvi,  2  (Vienne),  p.  111  (Lyon).  On 
le  trouve  parfois  associé  à  la  mosaïque  en  cliiaroscuro  qui  est  aussi  un  gcure  très 
ancien  :  Artaud,  L.  c.  p.  91  (Orange).  —  7  A  Pompéi,  les  pavements  en  opus  signi¬ 
num  incrustés  de  dés  de  marbre  blanc  sont  généralement  postérieurs  à  la  période 
samnitique;  cf.  Mau,  Bull.  1881,  p.  12G,  et  1885,  p.  87  sq.  —  S  Mau,  Bull.  1877, 
p.  lliS  ;  1874,  p.  93.  —  9  Ibid.  1877,  p.  1G7  ;  1881,  p.  123,  124.  —  10  Gusman, 
Pompéi,  fig.  de  la  p.  326  :  Ostium  de  la  Casa  del  Fauno.  —  u  Niccolini,  1,  Case  di 
Pompéi ,  C.  di  Sirico,  pl.  i,  n°  22;  cf.  pour  une  autre  inscription  du  même  genre, 
mais  mutilée,  Mau,  Bull.  1885,  p.  91  sq.  ;  Ritschl,  Priscae  latinit.  mon.  p.  52 
et  pl.  i.ix,  A;  Canina,  Bull.  1854,  p.  37;  C.  inscr.  lat.  I,  1103;  VI,  379. 
—  12  M.  Besnier,  File  Tihérine  dans  l'antiq.  p.  255  sq'.  ;  Ritschl,  L.  c.  p.  52. 

263 


—  2093  — 


—  2094 


MU  b 

que  l'invisible  support  de  la  croûte  de  cubes  qui  envahit 
louie  sa  surface',  et  la  transforme  en  mosaïque, 
lace  de  cette  évolution  mii  Hû 

conduit  à  la  mosaïque,  se  produit  un  mouvemen^analogue 

ma, s  inverse,  qui  aboutit  au  même  résultat  en  ,  arlam 
d  “  ‘«ut  différent  :  l'opu.  secile.  P 

a'1'  °PUS  Snti,e  ou  pavimentum  sec- 
,Z.  ’  entendre  11110  sort0  *  marqueterie  archi- 

dêcoupées  qTelw  e"  aSSembla*e  d0  lamelles 
necoupees  que  1  on  fixe  contre  les  parois,  sur  le  sol  ou 

.  .  ,e  l0i  murs’  au  m°y°n  d’une  colle.  La  matière  de  ces 

éléments  varie.  Parfois  c'est  la  terre  cuite,  moulée  en 

Unies  icsiae,  pavimentum  testaceum,  spicalum ’)  Mais  h 

brique  „e  convient  guère  aux  pavement  étau  pot  s 

f  agile,  et  s'usant  vite.  On  lui  préfère  do™  des  nZZZ 

P  ns  résistants,  tels  que  le  tuf,  le  calcaire,  ou  mieux  le 

r,l,vrbee’l0Uhme,UX  e"COre  les  r0clles  ôfuptives  :  le  por- 
ainsi  nn  °  aSa  le’  8  granit'  L'opta  alexandrinum  *, 
"T  T  n  fU‘ inVenléà  Alexandrie,  et  non 

paice  qu  Alexandre  Severe  l’introduisit  à  Rome  «  n  ad 
met  que  deux  porphyres,  le  violet  pourpre  d'Égypte’  mar- 

l 7J°ZrZCUm  ’•  *}  ie;'ert'  S°UVenl  dit  4  ^t  serpen- 

■  „  ii  ...  ’  ux  Cl  se  font  réciproquement  valoir 

Orient  T  UrS  C°uleurs  complémentaires.  En 
nh  pp  »  1  86  76nt  lGS  princiPales  carrières  de  por¬ 

phyre  ,  ce  genre  de  pavement,  d’une  extrême  dureté  et 

heure  nCheSSe’  fut  partout  adoPté  de  très  bonne 

heu  e,  pour  recouvrir  le  sol  des  édifices  publics  Par 

contre,  jusqu  a  la  période  byzantine,  il  demeura  peu 

au’  1  fall  ?  ’  *  CUUSe  dela  cherté  de  la  matière  première 

qu  il  fallait  importer  de  loin. 

lestafT6  r?,  élémeintS  dG  Vopus  sectile  diffèl*e  selon 
s  cas  Tantôt  le  marbrier  compose  avec  eux  des  motifs 

géométriques.  Il  les  taille  à  la  scie  en  figures  régu- 

lerei,  ,  triangles  (trigoni),  carrés  ( abaci ,  quadrati ), 

osanges  l rhombi,  scutulae  ?)  hexagones  [favi)  ;  puis  il 

es  assemble  en  damiers  (opus  pavimentum  ou  quadra- 

un  ),en  étoiles  (scutulatum12),  en  épis  (spicatum  13j, 

en  mds  d  abeilles  Aux  figures  rectilignes,  qui  sont 

plus  simples  e  les  premières  en  date,  s’ajoutent 

bientôt  le  cercle,  le  demi-cercle,  le  quart  de  cercle  (orbe») 

ftr 1 :  r-  rr 

ampn  ,  Alex.  Sev.  2o,7  :  Alexandrinum  opus  marmoris,  de  duo  bus  rnar 
moribus,  hoc  est  porfyretico  et  lacedaemonio  primas  instruit.  Au  dire  1 
même  l.ampnde,  qui  se  contredit  d'ailleurs,  Héliogabale  lit  paver  à' opus  alexan¬ 
drinum  les  cours  du  Palatin  et  leur  donna  son  nom  :  Hellj.  c.  U  strlvU  et 

™rrvr"ieï,  Pht"U  >n  P,,hUi0-  ' UaS  Antoninianas 

Corp  inscr  or  ^  W  ealrc  %°s-  Uormos  et  Copies, 

187(f'J  70-  m-  ’  ,1  '  "  d’E°-  ’’  ,3°>  i53'  170  '  Bruzza,  Annali, 

1  P-  <  ,  umner,  p.  15  sq.  avec  tous  les  textes  ;  Marquardt,  p.  271  Voir 
esart.  p.  1600,  et  lapidés,  p.  931;  PauS.  III,  21 ,  4-;  II,  3,  5-Pli„  XX  S  VI 

-*7  Tafe,  «  XVI’  ^  Sid’  AP°'-  ^  *•  3S'  Crud.  C.  Symmi  Il,  247.’ 
rafel,  De  marmore  vxndi  veterum ,  Abh.  der  philos,  philol  Cl  der 

tayr.  Akad  d  W.ssensch.  1.1,  1837,  p.  ,31  sq/paustino  cL  ntlle 
W  1°? J  ’  ’  1833,  p-  203  Sf,‘:  Blümuer>  !>•  i8  sq.  -  s  O  moi  1er 

P  ni  a Letronne’  h  p-  «o;  Biaï:; 

F»  Sf  T  r  p  VII,  1,4;  Ibid.  XIX,  13;  Plin.  XXXVI,  50;  XXXV,  2  ;  Scn. 

,dlvJTcL  ^  »«»****.  WH 

,  ,  ..'l  ■  ’  ■  J,a  iai  c,  &tst-  des  n>’ts  industriels,  II,  p.  399.  — U  C  inscr 

OsUel  ctonicaioarc  ^  =  °P"S  ^ratarium  ;  Léo 

ria  et  guadrataria.  -  K  Plin  xxxvi’  fss”’  7  \"’n’  /  7  ^ 

scutula  est  loi,,  e  -  X  ’  ’  Cf'  “USS‘  Pa,lad'  ’’  9’  5-  Le  sens  de 

'I,.  ,  i  6  :  ‘  °n  1)eut  se  dema“der  si  ce  terme  ne  désignerait  nas 

plutôt  des  baguettes  en  forme  de  règles  (de  «,,^1  i  -  x  ,  ^ 

il  i*  >  o  i  •  r  °  '  e  <TXUTa/k*j»  bâton)  que  des  losanges  •  cf 

Henzen,  d  apres  Secch  .  Bull.  1843  d  1*r,  i  q  »  c  * 

,  p.  î-o.  —  13  Imitant  les  pavinienta  testacea 


~  MUS 

qui  rappellent  la  forme  des  testae  de  briques  et  m 
c  les,  servent  à  simuler  des  imbrications  d’écailles  (0T 
testaceum,  imbricatum)  ou  des  chapelets  d’épines  7 
Les  bordures  de  ces  combinaisons  géométriques  snm 
ormees  de  baguettes  parallèles,  ou  se  coupant  à  anl 
dioit,  de  manière  a  dessiner  des  bandeaux  plats  ou  ï,. 
Jalons  rompus,  des  grecques  et  des  méandres  '  p-lrf0°'S 
entrecroisés  en  labyrinthe.  ’  P  rf°‘s 

Ce  genre  d 'opus  sectile  a  été  employé  en  Italie  dè«  i 
3èbu,  du  ,»  siècle  avant  notre  ère.  César  emportait  ^  ! 

danS  «*.  e^Pédilions  des  pavimenta  seailia  T, 
on  i  encontre  déjà  à  Pompéi  quelques  spécimens  dé  ce 
genre  sur  le  sol,  sur  les  murs  ou  sur  les  enseignes» 
antot  aussi,  le  marbrier,  renonçant  au  décor  abstrail 
copie  des  formes  et  des  êtres  réels.  Ceux-ci  variant  à  l’in  ’ 
im,  le  procédé  employé  pour  les  reproduire  se  complique 
artiste  ajoure  une  dalle  de  marbre  d’après  les  con 
tours  d  un  poncif;  puis  il  comble  les  vides  ainsi  obtenus 
en  y  emboîtant  des  plaquettes  d’un  marbre  différent 
(c/ustae)  %  qui  reproduisent  exactement  en  plein  le 
meme  modèle.  Les  figures  se  détachent  ainsi  en  silhouettes 
monochromes  sur  un  fond  uni,  comme  les  enluminures 
de  1  ancienne  Egypte.  L’incrustation  *•  en  marbre  (i incrus - 
tatio)  n  admet  le  plus  souvent  que  deux  tons  figurés 
clair  sur  un  fond  sombre  dans  la  décoration  murale’ 
sombre  sur  un  fond  clair  dans  les  pavements.  Le  coloris 
reste,  dans  ce  cas,  tout  à  fait  conventionnel  n. 

Parfois,  au  contraire,  l’incrustateur  s'ingénie  à  repro¬ 
duire  exactement,  non  seulement  les  contours,  mais 
aussi  les  couleurs  réelles  des  figures  *\  Il  découpe  alors 
les  crustae  dans  les  brèches  multicolores  d’Orienl,  capri¬ 
cieusement  veinées,  les  marbres  numidiques  aux  tons 
de  chair  et  d’ivoire,  le.  lapis-lazuli  bleu  de  ciel,  la  serpen- 
pentine  et  la  malachite  vert  de  mer,  l’albâtre  à  demi 
transparent’9. 

Ce  genre  d  incrustation  de  marbre  ne  joue  le  plus 
souvent  dans  la  décoration  qu’un  rôle  secondaire.  Il 
sut  a  composer  les  guirlandes  et  les  rinceaux  qui  bor¬ 
dent  les  dallages  ou  garnissent  les  frises  des  murailles. 
Cependant,  en  quelques  cas,  le  marbrier  arrive  à  exécu¬ 
ter  de  véritables  tableaux  :  combats  d’animaux  féroces  20, 
scènes  orgiastiques  21,  satyres  et  Bacchantes  22,  enlè- 

spicata  du  teric  cuite  (appelés  aujourd  liui  en  Italie  spin  a  dipesce);  cf.  Artaud, 

L.  c.  p.  17.  u  Suet.  Caes.  4G  ;  Vitr.  VII,  l.  Pavements  en  opus  sectile 
géométrique  à  Pompéi,  Mau,  Bull.  1885,  p.  92,  87  ;  Mazois,  Les  ruines  de  Pompéi , 
l\  ,  pl.  xi, vu,  fîg.  4;  Neslutt,  On  Wall  décorations  in  sectile  icorlc  as  used  by 
the  II oman ,  with  spécial  refer.  to  the  décor,  of  the  pal.  of  the  Bassi 
at  B.  dans  Archaeologia ,  XLV,  p.  271  et  pi.  xvti,  1  et  2.  Enseignes  en 
opus  sectile,  à  Pompéi,  Gusman,  Pompéi ,  p.  213,  3  lig.  A  Rome,  pavements 
du  Palatin,  au  musée  des  Thermes  de  Dioclétien  :  Tomassetti,  Mitt.  arc/i. 
Inst.  Rom ,  I,  p.  6.  —  Vô  Plin.  XXXV,  2,  3;  XXXVI,  47;  Sen.  Ep.  SG,  6;  Dig. 
XIX,  1,  17,  3;  J  sid.  Orig.  XIX,  13;  Vitr.  VII,  5,  1;  Sid.  Apoll.  Ep.  II,  2;  !d. 
Carm.  22,  140.  Pour  la  technique  de  ce  genre  d 'opus  sectile ,  cf.  Labartc,  Hist.  des 
arts  ind.  Il,  mosaïque,  §  7,  p.  395  sq.  pl.  lix;  Salzenberg,  Altchrisl.  Baudenlc.  von 
Consl.  p.  28;  Alex.  Nesbitt,  Archaeologia ,  XLV,  p.  207  sq.  ;  Visconti,  Mus.  Pio- 
Clem.  VII,  p.  80;  Müntz,  La  mos.  chrét.  I,  p.  8;  G.  Tomassetti,  Il  musaico  marin. 
Colonn.  dans  Mitt.  arch.  Inst.  Rom.  I,  p  1  sq.  et  pl.  i.  —  Incrustatio  dans 
Dig.  Mil,  2,  13;  L,  10,  70,  §  2;  Jncrustare ,  Ibid.  VIII,  2,  13;  Lucan.  Phars. 

—  H  Par  exemple  la  femme  se  mettant  un  bracelet  au  pied,  du 
Musée  de  Naples,  provenant  de  Pompéi,  figure  en  marbre  blanc  sur  fond 
noirâtre  :  Migliozzi,  Museo  naz.  di  JVapoli,  1870,  p.  54  (qui  y  voit  à  tort 
une  tireuse  d’épines),  Viola,  Pompéi  e  la  regione  soit.  p.  78,  n°  39;  Mau, 
Bull.  1874,  p.  198.  Le  tableau  était  probablement  encastré  dans  un  mur. 

—  18  Cassiod.  Var.  I,  0.  —  19  Nesbitt,  L.  c.  p.  274;  Marquardt,  L.  c.  p.  279. 

—  20  Nesbitt,  L.  c.  lig.  p.  274;  cf.  p.  281  et  pl.  xxi;  Müntz,  L.  c.  fig.  de  la  p.  13; 
Ciampini,  VeU  mon.  I,  c.  vu,  p.  52  sq.  pl.  xxu,  2,  3;  Montfaucon,  Diar.  ital.p.  107. 

—  21  Au  musée  de  Naples,  provenant  de  Pompéi,  lnv.  du  Mus.  n°  9979;  Tomas- 
sctli,  L.  c.  p.  G,  no  3.  —  22  Même  musée  lnv.  du  Mus.  n°  9977;  Tomassetti, 

L.  c.  p.  0,  n°  2. 


MUS 


—  209o  — 


MUS 


vement  d  Ilylas  Romulus  et  Rémus  et  la  louve  de 
Home  ,  cortège  solennel  d’un  consul6.  Ce  genre  d’in¬ 
crustation  correspond  au  procédé  a  commesso  des 
ateliers  florentins  actuels  '.  Il  fut  certainement  inventé 

—  en  Orient,  danslespaysoù  les  marbres  précieux  abondent, 
et  devait  y  jouir  d’une  grande  faveur  3.  Par  contre,  s’il 
faut  en  cioire  Pline,  il  n  a  été  introduit  en  Italie  qu’asscz 
tard,  sous  le  principat  de  Claude  6.  On  le  connaît  à 
peine  a  Pompéi  7.  A  Rome,  il  ne  s’est  jamais  acclimaté 
complètement.  Les  magnifiques  tableaux  de  la  basilique 
de  Junius  Bassus,  qui  remontent  au.plus  tôt  à  l’an  317  de 
notre  ère,  portent  un  cachet  évident  d’exotisme 8 .  Le  style 
des  figures  est  tout  oriental  ;  la  bordure  de  la  chlamyde 
sous-tendue  est  brodée  de  figures  purement  égyptiennes9. 

Quelles  que  soient  d’ailleurs  la  matière  et  la  forme  de 
l'opus  sectile ,  ce  genre  de  revêtement  architectural  ne 
convient  guère  qu’aux  parois  verticales  et  planes.  Il  n’est 
ni  assez  solide  pour  résister  longtemps  au  frottement 
des  pas  sur  le  sol,  ni  assez  souple  pour  épouser  les 
surfaces  des  colonnes,  des  absides,  des  voûtes,  des  cou¬ 
poles.  D’une  part,  en  effet,  les  crustae  n’étant  pas 
enfoncées  dans  la  paroi  qu’elles  recouvrent,  mais  sim¬ 
plement  appliquées  contre  celle-ci,  ne  font  pas  suffi¬ 
samment  corps  avec  elle.  Au  moindre  accident  qui  vient 
à  se  produire,  tassement  de  la  maçonnerie,  retrait  de  la 
colle,  choc  imprimé  à  la  surface,  le  revêtement  se  soulève 
et  s’écaille.  D’autre  part,  s’il  est  facile  de  débiter  à  la 
scie  10  le  marbre  en  dalles  plates  pour  l’adapter  à  des 
parois  unies,  il  est  infiniment  plus  malaisé  de  le  façonner 
suivant  les  formes  creuses  ou  bombées  qui  seraient 
nécessaires  pour  assurer  son  exacte  adhérence  aux 
voûtes  et  aux  absides.  Et  la  difficulté  augmente  avec  les 
dimensions  données  aux  plaquettes.  Aussi  le  marbrier 
fut-il  amené  à  diminuer  peu  à  peu  la  taille  des  crustae  et 
à  simplifier  leur  forme  au  point  d’en  arriver  à  adopter 
un  seul  type  uniforme,  le  plus  simple  et  le  plus  régulier 
de  tous,  le  carreau  (abacus11  ou  fessera,  àëâxoç),  et 
celui-ci,  diminuant  lui-même  de  volume,  finit  par 
devenir  Yabaculus ,  la  lesserula  ou  tessella,  en  grec  : 
àêaxt'iT xoç.  Et  c’est  ainsi  que  sur  les  absides  et  sur  les 
voûtes,  la  marqueterie  de  marbre  fait  place  au  musivum 
en  petits  cubes  d’émail,  sur  les  pavements,  au  tessellatum 
en  cubes  de  marbre. 

L’ opus tessellatum'3  n’est  donc,  à  l’origine,  qu’un  car¬ 
relage  dont  les  éléments  ont  été  réduits  à  leur  plus  simple 
expression,  un  ingénieux  perfectionnement  de  l'opus  sec¬ 
tile.  Il  ne  supplante  pas  le  procédé  dont  il  dérive  :  il  se 
borne  à  le  suppléer  dans  les  rôles  que  celui-ci  est  impuis¬ 
sant  à  tenir.  Le  premier  convient  mieux  aux  murailles 
étendues,  unies  et  droites;  le  second  aux  pavements. 

Issu  de  Yopus  sectile ,  Yopus  tessellatum  reste  long¬ 
temps  esclave  de  ses  origines.  Jusqu'au  milieu  du 
icr  siècle  de  notre  ère,  le  mosaïste  semble  même  prendre 

1  Ciampini,  Vet.  mon.  I,  pl.  xxiv;  Minutoli,  Ueber  d.  Anferligung  u.  d. 
Nütcanwcnd.  d.  farb.  Glaser  bei  d.  Alten,  pl.  iv  ;  Nesbitt,  L.  c.  pl.  xvm. 

—  2  Ciampini,  L.  c.  1,  pl.  xxm;  de  Rossi,  Bull.  arch.  crist.  1871,  p.  47 
sq.  ;  Nesbitt,  L.  c.  p.  288,  pl.  xvm;  Visconti,  Mus.  Pio.  Clem.  VII,  p.  80. 

—  3  G.  Tomassetti,  Boni.  Mitth.  I,  p.  1  sq.  et  pl.  i;  Bull.  1838,  p.  112;  Arch. 
Zeit.  XLIII,  1885,  p.  297  sq.  —  4  Labarte,  L.  c.  p.  295  sq.  —  5  Nesbitt,  L.  c. 
p.  208  sq.  —  0  Plin.  XXXV,  jam  coepimus  et  lapide  pingere.  Hoc  Claudii 
principatu  inventurn  ;  cf.  Plin.  Jbid.  50.  —  7  La  liste  donnée  par  Tomassetti,  L.  c. 
p.  G,  ne  comporte  que  trois  numéros.  —  8  De  Rossi,  Bull,  di  arch.  crist.  1871, 
p.  47  sq.  pl.  i-iv  ;  Nesbitt,  L.  c.  p.  279  ;  Ciampini,  L.  c.  I,  pl.  xxi;  Marquardt,  L.  c. 
p.  280.  —  9  Nesbitt,  L.  c.  p.  273;  Ciampini,  L.  c.  p.  58  sq.  et  pl.  xxm,  xxiv. 

—  10  Plin.  XXXVI,  47  et  50,  51-53;  marmor,  p.  1598.  —  n  Plin.  XXXV,  2,  Non 
placent  jam  abaci.  Ce  sens  doit  être  ajouté  à  ceux  qu'indique  l'article  auacus  du 


à  tache  de  dissimuler  l’importance  de  la  transformation 
technique  dontson  art  est  le  produit.  Au  lieu  «le  profiter  de 
la  multiplication  des  éléments  dont  il  peut  disposer  et  de  la 
réduction  de  leur  taille  pour  varier  et  assouplir  le  coloris, 
il  se  cantonne  strictement  dans  la  gamme  très  restreinte 
des  tons  habituels  de  Yopus  sectile,  le  noir  et  le  blanc, 
relevés  de  quelques  notes  rouges,  jaunes  et  olivâtres.  Il  les 
applique  de  la  même  manière,  par  larges  taches  d’une  op¬ 
position  bien  tranchée.  De  même,  en  disposant  les  cubes, 
il  les  groupe  en  séries  compactes  et  symétriques  qui 
rappellent  l’aspect  massif  des  crustae13 ,  et  parfois  même 
imitent  les  veines  des  marbres  diversement  colorés**. 

Le  même  parti  pris  se  montre  dans  le  choix  des 
thèmes  décoratifs  et  dans  la  façon  de  les  rendre.  Lorsque 
le  mosaïste  adopte  le  décor  géométrique,  il  le  maintient 
dans  les  limites  qui  conviennent  à  un  placage,  rejetant 
les  motifs  à  trois  dimensions,  pour  s’en  tenir  uniquement 
aux  figures  planes.  S’il  imite  les  effets  de  la  peinture  en 
sectile ,  il  se  borne  à  reproduire  les  objets  réels  en 
silhouettes  monochromes,  à  simuler,  le  plus  souvent  en 
noir  sur  un  fond  blanc,  en  clair-obscur  ( chiaroscuro , 
comme  disent  les  Italiens),  l’ombre  qu’ils  projettent  sur 
les  parois.  Ce  décor  en  ombres  chinoises  se  rencontre 
surtout  en  iLalie,  ce  qui  lui  a  fait  donner  par  Artaud  le 
nom  erroné  de  «  genre  étrusque  »  15. 

Le  mosaïste  en  tessellatum  se  borne  donc  d’abord 
systématiquement  à  des  représentations  schématiques 
d’où  le  modelé,  le  relief  et  la  perspective  sont  exclus.  Il 
reste  ainsi  fidèle  aux  lois  de  Yopus  sectile.  Mais  ce  n’est 
ni  par  routine  ni  par  impuissance  qu’il  s’y  attache.  Elles 
s’imposent  nécessairement  à  lui,  en  raison  du  caractère 
architectural  et  de  la  destination  utilitaire  de  ses  oeuvres. 

Genèse  et  caractère  de  la  mosaïque  en  vermiculatum. 
—  lout  autre  est  le  vermiculatum.  C’est  un  genre  de 
peinture.  Il  joue  à  l’égard  des  revêtements  de  marbre  le 
même  rôle  que  la  fresque  à  l’égard  de  l’enduit  et  la  pein¬ 
ture  d’émail  à  l’égard  de  la  brique.  Au  lieu  de  poudres 
diversement  teintées  que  le  peintre  délaye  dans  l’eau 
gommée,  qu’il  pétrit  dans  la  cire,  ou  qu’il  mélange  à  des 
tondants  vitrifiables,  et  qu’il  applique  ensuite  au  pin¬ 
ceau,  le  mosaïste  juxtapose  des  parcelles  monochromes 
massives.  Celles-ci  présentent  le  double  avantage  d’as¬ 
surer  la  durée  de  ses  tableaux  et  de  leur  donner  un 
éclat,  une  intensité,  une  profondeur  de  coloris  que  ne 
sauraient  atteindre  les  autres  procédés. 

L'opus  vermiculatum  a  été  probablement  inventé  en 
Égypte.  Ses  premiers  essais  remontent  à  une  haute  anti¬ 
quité.  Mais  le  mosaïste,  ne  disposant  d’abord  pour 
échantillonner  sa  palette  que  de  quelques  gemmes  et 
d  un  petit  nombre  d  émaux,  dut  se  borner  longtemps  à 
composer  des  oeuTres  d  un  cadre  très  réduit.  Jusqu’au 
ive  siècle  avant  notre  ère,  il  se  contente  d’orner  des 
bijoux16,  à  la  manière  de  ceux  que  l’on  fabrique  aujour- 


Liiciionnaire. 


“  i  MU.  AAA  V  i. 


-  niubdiqueb  mutant  1  opus  sectile,  à  Pompéi: 
Mazois  L.  c.  II,  pl.  xl  ;  Roux  et  Barré,  Herculanum  et  Pompéi, \ ,  pl  u,  nl)  Vj  VI>  VIM 
xii,  xvu  ;  Niccolini,  Le  Case  ed  i  monumenti  Pompéi ,  Maison  di  Lucre  cio’  1 ,  1  8 
maison  du  poète  tragique,  I,  24  et  25;  Bordures  diverses,  II,  pl.  xxvm  et  xlvii 
—  1  *  Artaud,  Z.  c.  p.  1 19  (Sainte-Colombe,  près  Vienne).  Mosaïques  inédites 
du  même  genre  découvertes  à  Carthage,  à  l'ouest  de  l'amphithéâtre,  et  à 
Elkantara  dans  l'île  de  Djerba  (Tunisie),  dans  la  grande  basilique  chrétienne 
(fouilles  de  la  Direction  des  Antiquités  de  Tunisie,  1901).  —  <3  Artaud  Z  c- 
p.  21,  91,  93.  A  part  Artaud,  qui  se  contente  de  baptiser  ce  genre,  sans 
l'étudier,  personne  lie  s'est  aperçu  jusqu'ici  que  la  mosaïque  romaine  en  mo¬ 
nochrome  constitue  un  genre  spécial,  nettement  caractérisé.  —  lfi  Bracelets  et 
appliques  d’or  du  musée  égyptien  du  Couvre,  incrustés  d’émaux  de  diverses 
couleurs. 


dÏHJi  à  Venise  (mosaïque  d'émail),  ou  i  Home  (mosaïque 

P  ')  b,en  d’incruster  des  meubles,  des  coffres 
des  sarcophages 1  fp  nv»  *  h  ^onrçs, 

ou  de  l'ébéniste".  ’  '  ,u  Un  aux,ba're  de  l'orfèvre 

D  ailleurs,  pour  simplifier  sa  lèche,  il  ne  oeint  m,e 
î  h'  'glÎT  ,'Solées’  1ui  ne  dépassent  guère  le  format 

«  og £  ^7lUre’  etqU  i‘  iB“"*  da"' »  W 

plâtre  '  PreC'eUX  0U  br»"“'  >>ois,  stuc  ou 


de 


par  contre;  lorsque,  àl’époque  ptolémaïque,  les  progrès 

ejJ  f ’e  dU  V6rre  et  Ouverture  de  Nombreuses 

varientT  ^  decouleur2  augmentent  la  quantité 

utilise  mqU  eftdiminuentleprixdes matériaux  qu’il 

son  offerteTnn1  6  U8e.deB~“0“™  es  naturelles  qui  lui 
sont  ofTe  tes  pour  accroître  les  dimensions  de  ses  figures 

et  en  mu lUpher  le  nombre.  Puis  il  les  réunit,  en  étendant 

détachent0^  f  ^  3U  f°nd  SUr  le(Iuel  elles  se 

le  tachent.  Enfin,  rompant  avec  les  traditions  de  la 

fresque  égyptienne,  il  cesse  de  les  aligner  à  la  file 

Unif0rme;  11  les  en  proîondeÜr 

d’elles  P  ,  T/11,  m  GU  réeL11  fait  circuler  autour 

d  elks  1;U1'  et  ]a  Ornière  et  cherche,  au  moyen  du 

™  61  dG  la  PersPective,  à  donner  l’illusion  de 

Ainsi  définitivement  constitué,  Yopus  vermiculatum 
exerce  son  action  dans  le  même  domaine  que  la  peinture 
S  . 1  présente  avec  1  opus  tessellatum  de  très  étroits  rap¬ 
ports  au  point  de  vue  technique,  il  s’en  distingue  nette¬ 
ment  par  son  essence.  Le  peintre  en  mosaïque  emprunte 
es  modèles  a  la  nature  ;  il  les  copie  en  toute  liberté  ne 
cherchant  qu  a  faire  oeuvre  exacte  et  vivante,  et  compose 
a  oisir  au  gre  de  sa  fantaisie,  de  véritables  tableaux  de 
chevalet.  Ces  emblemas  sont  recherchés  à  l’égal  des  plus 
précieuses  œuvres  d’art.  On  les  paie  souvent  fort  cher.  On 
leur  prodigue  leségards  que  nous  accordons  aujourd’hui 
a  une  toile  de  maître  ou  à  un  tapis  de  collection.  L’ama¬ 
teur  leur  reserve  la  place  d’honneur  dans  son  logis.  S’il 
applique  1  emblema  contre  un  mur,  c’est  dans  le  laraire 
ou  Uecus bien  en  vue  et  à  bonne  hauteur3.  S’il  l’étend 
ur  le  sol,  il  le  place  en  pleine  lumière*  ;  généralement  dans 
1  impluvium,  sub  Jove ,  parce  que  c’est  l’endroit  le  mieux 
éclairé  de  la  pièce,  et  aussi  le  mieux  abrité,  car  l’on  évite 
d  y  marcher  pour  ne  pas  souiller  la  surface  réceptrice 
qui  verse  ses  eaux  dans  la  citerne.  Dans  tous  les  locaux 
reserves  au  plaisir  et  au  délassement  Yemblema  a  sa 
place  marquée  :  dans  un  exèdre,  au  milieu  des  causeurs 
assis  en  demi-cercle  sur  le  banc  du  pourtour;  au  centre 
une  salle  a  manger,  pour  charmer  les  yeux  des  convives 
a  longes  sur  le  triclinium  qui  l’encadre;  dans  une 
chambre  a  coucher,  faisant  face  au  lit,  afin  de  préparer 

1  Sarcophage  de  Turin.  Voir  la  fig.  5235.  Le  musée  éevDtien  d,.  i . 

dèidncrdusÎatioér°glyPÎeS  0,1  °PM  Ct  “  vermie^tum  d'émail  proven^N 

dinciuslations  analogues,  mais  privées  de  leur  support  en  Lois  -  2  Voir 

!  o*’  P'  159'-  ~  3  Tableaux  ^  mosaïque  appliqués  contre  les  murs  de 

la  casa  di  Apollo  à  Pompéi  :  les  Grâces  Achille  à 

ÏÏV  **  1839’ p-  7G;  “«• 

_4’R.  ?e!’|P'  39li  et  r'"'  Autre  niosaiclue  murale,  Bull.  1874,  p  198 

Rien  de  plus  caractéristique  à  ce  point  de  vue  que  la  mosaïque  d'Alexandre' 

Z  Zz  :  .T:  “t r,r à  •  “■»*.  r.  %.  «“  2 

no,  b  VIII,  pl.  a,  u,  Overheck-Mau,  p.  315  et  347,  plan  37,  elc.  Tout  est  calculé 
dans  la  construction,  placée  entre  cour  et  jardin,  pour  mettre  en  pleine  valeur  le 
cl  .ef-d  œuvre  quelle  abr.te  en  le  garantissant  contre  toute  chance  de  déaradation 
On  pouvait  creu  er  autour  du  tableau  sur  la  bande  de  tessellatum  ménCée  Z 
pies  pour  empêcher  de  marcher  sur  l’opus  vermiculatum ,  ü  ailfeurs  0,1° entrait 
rarement  dans  le  pavillon.  Les  deux  portiques  du  xyste  et  du  péribo.e  qui  Îon 
gent  le  pavillon,  largement  ouvert  sur  chacun  d’eux,  permettent  de  contempler 
la  mosaïque  sans  avoir  besoin  de  pénétrer  dans  la  pièce.  Le  sujet  même  de  la 


des  re^s  agréables  au  dormeur  qui  laisse  errer  s,,.- 1  • 
son  regard  avant  de  s’assoupir.  V emblema  est  Lit 
etre  contemplé,  et  non  foulé  aux  pieds.  I  ’0m  P°Ur 
1  encastre  dans  un  pavement  prend  toujours  schn  V 
1  isoler  par  un  cadre,  et  de  ménager  tout  a„tm,  „  ’  de 
circulation  de  larges  bandes  à' opus  sectile  ou  deT^ 
sellatum  Bien  que  faisant  désormais  partie  intégrant 
d  un  revetement  architectural,  l 'emblema  reste  J T' 
était  dans  1  atelier  du  mosaïste  :  un  tableau  II  -n  dU  ' 
toujours  le  caractère  d’une  œuvre  d’art.  '  erve 
L  opus  tessellatum  et  -la  peinture  en  vermiculnt, 
sont  donc  deux  genres  bien  distincts.  Ils  diffèrent  d’n 
gine,  de  méthode  et  de  but.  Mais  ils  ont  une  technirit 
ana  ogue,  et  leur  action  s’exerce  sur  les  mêmes  surfaces 
Aussi  réagissent-,  1s  l’un  sur  l’autre  :  d’abord  simplement 
associes,  ,1s  se  pénètrent  peu  à  peu,  et  finissent  par  se 
confondre.  Les  changements  que  subissent  leur  techninue 
et  leur  style  au  cours  de  celle  évolution  eu  caracté,"sem 
es  phases,  et  permettent  de  diviser  l’histoire  de  la  mo¬ 
saïque  en  trois  périodes  : 

Divisions  de  V histoire  de  la  mosaïque.  - 1»  La  période 
alexandrine  ou  augustéenne ,  qui  s’étend  des  origines  à  h 
1.0  du  r-  siècle  de  notre  ère;  2-  1»  période  romaine  ou 
antonimenne ,  qui  comprend  le  n*  et  le  me  siècle  -  3»  ]a 
période  chrétienne  ou  constantmienne,  qui  part  du 
ive  siècle  pour  se  prolonger  jusqu’au  moyen  âge.  Mais 
ces  divisions  n’ont  rien  d’absolu.  L’évolution  de  la 
mosaïque  se  fait  graduellement,  sans  saccades;  elle  ne 
procède  pas  toujours,  et  en  tous  lieux,  d’une  manière 
identique.  Deux  œuvres  contemporaines  semblent  parfois 
appartenir  à  des  périodes  différentes.  Le  classement  des 
œuvres  d  art  qui  ne  sont  pas  exactement  datées  reste  for¬ 
cément  toujours  quelque  peu  arbitraire. 

I.  Période  alexandrine  ou  augustéenne.  —  La  mo¬ 
saïque  proprement  dite  apparaît  pour  la  première  fois  dans 
le  monde  antique  après  la  mort  d’Alexandre  6,  et  reste 
pendant  près  de  deux  cents  ans  confinée  dans  les  pays 
grecs  du  bassin  oriental  delà  Méditerranée.  C’est  d’abord 
un  art  de  grand  luxe,  dont  les  coûteux  produits  consti¬ 
tuent  l’apanage  envié  de  quelques  demeures  princières. 
bien  ne  démontre  mieux  1  extrême  rareté  des  œuvres 
exécutées  durant  cette  période  initiale  que  la  disette  des 
documents  qui  la  concernent.  Nous  ne  possédons  jusqu’ici 
aucune  mosaïque  que  l’on  puisse  sûrement  dater  d’une 
époque  antérieure  au  milieu  du  11e  siècle nvk  notre  ère  6, 
et  bien  faible  encore  est  le  nombre  de  celles  dont  les 
textes  nous  ont  conservé  le  souvenir.  S’il  fallait  croire 
une  anecdote  de  Galien,  fort  suspecte,  et  que  nous 
rejetons  pour  notre  part,  il  y  aurait  déjà  eu  à  Corinthe, 
avant  324,  des  pavements  en  mosaïque  dans  une  maison 

mosai<|uo  nilotique  de  seuil,  avec  ses  serpents  et  ses  crocodiles,  semble  barrer  le 
passage  au  visiteur.  C  est  une  sorte  de  garde-fou,  comme  la  plupart  des  bordures 
analogues.  —  »  Raoul  Rochette,  Peint,  cuit.  inéd.  p.  392;  Blümner,  L.  c.  p.  325; 
Marquardt,  L.  c.  p.  277,  n.  4.  —  <»  Rien  ne  permet  d’affirmer  que  les  mosaïques  du 
palais  macédonien  de  Palatitza,  fouillé  par  MM.  Heuzey  et  Daumet,  soient  anté¬ 
rieures  à  cette  date.  En  aucun  cas,  elles  ne  peuvent  remonter  au  siècle  de  Périclès  ; 
cf.  Heuzey  et  Daumet,  Un  palais  grec  en  Macédoine ,  1872,  et  Mission  de  Macé¬ 
doine,  1875,  ct  P.  Monceaux,  art.  domus,  dans  le  Dict.  p.  34G  sq.  et  fig.  2503.  Les 
maisons  fouillées  à  Délos  par  MM.  P.  Paris  (Bull.  corr.  hell.  1884,  p.  473  sq.  et 
pl.  xx  et  xxi),  S.  Reinach  (Ibid.  1884,  p.  17G)  et  Couve  (Ibid.  1895,  p.  402  sq.) 
datent  de  la  dernière  période  de  l’occupation  de  l’île  :  leurs  pavements,  retrouvés 
presque  intacts  et  sans  trace  d’usure,  ont  du  être  établis  fort  peu  de  temps  avant  la 
destruction  de  la  ville  par  Archelaos,  en  8G  avant  notre  ère,  à  supposer  du  moins 
que  Délos  ait  été  entièrement  évacuée  dès  cette  époque,  ce  qui  n’est  pas  démontré; 
cf.  domus,  p.  347  et  fig.  2504  =  P.  Paris,  L.  c.  pl.  xxi.  Plan  d’une  maison  dont  la 
cour  est  ornée  de  dauphins  dessinés  par  une  simple  ligne  bleue  sur  fond  blanc 
Duruy,  Hist.  des  Grecs ,  II,  p.  20G. 


MUS  _  2097  — 

particulière,  où  fWquehtaitDiogène  le  Cynique  Presque 
à  la  meme  epoque.au  dire  de  Douris»,  DÇmétrius  de 
PLolere  décora  son  palais  de  pavements  historiés,  ce  qui 
fut  considère  alors  comme  un  trait  de  prodigalité  inouïe. 

Dapres  Moschtou »  Hiéron  de  Syracuse  fit  construire 
un  vaisseau  co  ossal  dont  les  cabines  étaient  pavées  de 

tableaux  en  petites  pierres  rapportées,  de  diverses  cou- 
leurs,  qui  figu- 


MUS 


raient  toute  17- 
llade.  D’après 
Kallixenos4-,  Pto- 
lémée  IV  Philo- 
pator  avait  éga¬ 
lement  fait  orner 
un  vaisseau 
d’apparat  de  co¬ 
lonnes  en  mosaï¬ 
que.  Mais  les  cir- 
conlocutionsdont 
se  servent,  pour 
définir  le  procédé 
de  la  mosaïque, 
les  auteurs  con¬ 
temporains  que 
compile  Athénée 
laissent  supposer 
que  jusqu’au  nc 
siècle  av.  J.-C. 3, 
cet  art  n’était  pas 
encore  assez  ré¬ 
pandu  en  Grèce 
pour  avoir  reçu 
une  appellation 
spéciale. 

Enfin,  Pline  6 
nous  apprend, 
sans  préciser 
l'époque  ,  qu’à 
Pergame  ,  sans 
doute  sous  la 
dynastie  des  Atlales, 
exécuta  1  asorôtos  oecos, 


un 


Fig.  5237.  —  Mosaïque  signée  de'  Dioskouridès  de  Samos  (Pompéi). 

mosaïste  nommée  Sosos 
ainsi  nommé  parce 


mentionnés  à  Rome  par  Lucilius  7.  Au  dire  de  Pline  8, 
Sylla  dota  le  temple  de  la  Fortune  à  Préneste  (quelques 
éditeurs  lisent  Ravenne)  d’un  lithostrote  fait  de  crustae 
minuscules. 

Ee  premier  étage  de  la  scène  du  théâtre  que  fit  bâtir 
Marcus  Scaurus9  pendant  son  édilité,  dès  58  avant 
notre  ère,  était  revêtu  de  verre,  e  vitro ,  ce  qui  peut 

aussi  bien  s’en¬ 
tendre  de  petits 
dés  assemblés  en 
musivum  opus 
que  de  plaques  ” 
de  verre  de  di¬ 
mensions  plus 
grandes.  César  10 
emportait  avec  lui 
dans  ses  campa¬ 
gnes  des  dalles 
recouvertes  d’o- 
pus  secti/e  ou  de 
tessellatum ,  dont 
il  faisait  paver  le 
sol  de  sa  tente. 

Tous  les  genres 
de  mosaïque 
étaient  donc  con¬ 
nus  en  Italie  bien 
avant  le  principat 
d’Auguste.  Mais 
leur  emploi  ne 
semble  s’être  réel¬ 
lement  répandu 
que  dans  les  pre¬ 
mières  années  de 
notre  ère.  A  Pom¬ 
péi,  les  seules 
mosaïques  qui 
semblent  remon¬ 
ter  à  une  épo¬ 
que  antérieure 


qu’il 
a 


îeprésentait  par  terre  les  reliefs  d'un  repas  qu'on 
coutume  d’enlever  avec  un  balai  et  qui  semblaient 
y  avoir  été  laissés  par  mégarde  ;  et  que  ce  même 
artiste  fît  aussi  des  colombes  buvant,  perchées  sur  le 
bord  d  un  canthare.  Voilà  tout  ce  que  nous  savons 
sur  les  débuts  de  la  mosaïque  dans  les  pays  hellénis¬ 
tiques. 

A  partir  du  moment  où  elle  pénètre  en  Italie,  nous 
sommes  un  peu  mieux  renseignés.  Les  pavements  et  les 
emblemas  en  vermiculatum  sont  pour  la  première  fois 


1  Galon.  Protrept.  8  =  I,  p.  19  K;  Lctronne,  lettres  d'un  antiq.  à  un  artiste, 
p.  3118,  en  conclut  à  tort  que  les  Grecs  pratiquaient  l’art  de  la  mosaïque 
dés  le  v"  siècle  av.  J.-C.  Marquardt,  L.  c.  p.  277,  n.  4.-2  Alhen.  XII 
p.  542  D.  -  3  Id.  v,  p.  207  C.  -  4  Jd.  V,  p.  200  E.  -  0  Alhen.  V,  207  C  ! 

taiiTa...  ev  axtffxot;  (ruy-/tijxlvov  ix  itavrotiuv  ïlâwv;  Ibid.  XII,  p.  542  [)  ■ 

«vôtva  TE  TÎO/.Aÿ.  Titv  ISaOlûV...  S  lOETEÊTtOtXlXjAEVQC  UTEO  Sr,ÜIO'JoySv  J  cf.  BlÜUinCr,  L.  C. 

P-  125,  n.  5.  — 0  Plin.  XXXVI,  184.  —  ^  Plin.  cilant  Lucil.  XXXVI,  185;  cf.  Cic- 

Ve  orat.  III,  43,  171;  Orat.  44,  149;  Brut.  79,  274;  (Juinlil.  XX,  4,  113 

—  8  Plin.  XXXVI,  189,  \lithostroton\  parvulis  certe  crustis  extat  hodieque,  quod 
in  Fortunue  delubro  Havenate  [ Praenesle ]  feeit.  Rien  ne  prouve  qu'il  s'agisse 
ici  d’un  pavement  en  vermiculatum,  comme  on  le  suppose  généralement.  Le  texte 
de  Pline  semble  plutôt  désigner  un  travail  en  opus  sectile.  En  tout  cas,  le 

lithostrote  exécuté  par  ordre  de  Sylla  n'a  pas  le  moindre  rapport  avec  la  mosaïque 


sont  celles  delamaisondu  Faune  etd'un  trèspetit  nombre 
de  demeures  analogues 1  ' .  Par  con  tre,  le  nombre  des  œuvres 
que  nous  a  léguées  la  période  des  Césars  est  déjà  consi¬ 
dérable,  bien  que  la  mosaïque  reste  encore  à  cette  époque 
reservée  a  une  clientèle  tout  aristocratique.  Presque 
toutes  proviennent  de  Rome  ou  des  cités  campaniennes 
détruites  par  le  Vésuve.  En  dehors  de  l’Italie,  l’on  ne 
rencontre,  avant  le  temps  des  Antonins,  que  bien  peu  de 

pavements  historiés,  et  seulement  en  Sicile,  dans  quelques 

POds  de  Proconsulaire12,  à  Caesarea  de  Maurétanie13, 
dans  la  Gaule  Narbonaise  “,  et  peut-être  aussi  en 
Tarraconaise  et  en  Bétique13. 


mlotique  de  Pales trina  (Préneste),  qu  remonte  au  temps  d’Hadrien.  -  9  Pjin 
XXXVI  114.  -  10  Suet.  Cacs.  40,  tessellata  et  sectilia  pavimenta.  _  n  D’après 
Mau ,  Fülirer  durch  Pompex,  p.  72  sq.  la  maison  date  de  la  période  samnitLe 
ii  siècle  avant  notre  ère).  Les  mosaïques  ne  nous  semblent  pas  remonter  plus 

et  Utiaue  mi3  M  ,  •Prem,Cr  S,èClC  T"1  n°tre  ère’  -  12  A  Pliage,  Hadrumète, 
et  ut, que.  _  3  Mosaïque  en  vermiculatum  sur  quatre  tuiles  (emblema)  recouvrant 

un  tombeau  du  premier  siecle,  approximativement  daté  par  le  voisinage  d’autres 
sépultures  portant  des  épitaphes  d’affranchis  des  rois  Juba  II  et  Ptolémée  (Gauck Ïr 
But  .  arcF  du  Comité,  p  93,  9  et  10).  Le  seul  fragment  bien  conservé  repé! 

ente  un  Triton  et  deux  Néréides  dont  l’une  est  portée  par  une  panthère  marine  • 
Gauckler,  dfiiwe  de  Cherchel,  p.  64,  n.  5;  Gsell,  Mon.  ont.  de  VMq  H  p  104' 

'n  al  ica.  imeS’  A,X*  Vienne  61  L50"-  -  13  A  Emporiae,  Tarraco;  ‘ cLl,’ 


MUS 


2098  — 


MUS 


Oien  que  de  provenance  italienne  pour  la  plupart, 
les  œuvres  de  la  période  augustéenne  conservent  le 
caractère  d’un  art  d’importation  récente  et  encore  à  demi 
étranger.  Elles  gardent  le  cachet  alexandrin.  Les  artistes 
qui  les  exécutent  ont  des  noms  grecs,  et  signent  en  grec  1 
leurs  ouvrages,  comme  ce  Dioskouridès  de  Samos  dont 
la  signature  apparaît  sur  deux  des  plus  jolis  tableaux  en 
mosaïque  de  Pompéi  (fig.  5237).  Ils  empruntent  leurs 
sujets  soit  à  la  Grèce,  soit  à  l’Égypte  des  Ptolémées,  et 
dans  la  manière  de  les  rendre,  ils  manifestent  encore  ce 
goût  de  la  mesure  et  de  la  logique  qui  est  le  propre  de  la 
race  hellénique.  C  est  pourquoi  ils  respectent  le  principe 
de  la  séparation  des  genres  :  le  vermicu latum, le  tessella- 
tum,  le  musivum  conservent  chacun,  à  l’époque  augus¬ 
téenne,  les  particularités  qui  les  distinguent  à  l’origine, 
et  règlent  leur  emploi  d’une  façon  rationnelle. 

Le  peintre  en  vermiculatum  copie  la  réalité  et  vise  au 
trompe-1  œil  (fig.  5238)  2.  Aussi,  pour  arriver  à  rendre 


avec  exactitude  l’extrême  complexité  d'aspect  de  ses 
modèles,  lui  faut-il  multiplier  le  nombre,  varier  à 
l’infini  la  forme  et  la  couleur  des  éléments  dont  il  com¬ 
pose  ses  tableaux.  11  emploie  de  préférence  les  pierres 
naturelles,  car  elles  ont  souvent  un  éclat,  un  velouté  que 
ne  sauraient  atteindre  les  produits  fabriqués,  si  parfaits 
fussent-ils,  un  fondu  et  un  dégradé  que  les  plus  habiles 
verriers  de  Venise  n’arriveront  jamais  à  égaler,  même 
avec  les  vingt-cinq  mille  nuances  dont  ils  disposent 
aujourd’hui.  Les  nombreuses  carrières  en  pleine  exploi- 

l  Deux  scènes  de  musique  théâtrale  :  1°  Acteurs  debout  jouant  de  divers 
instruments  (voir  la  fig.  5237)  ;  2°  Orchestre  de  trois  femmes  masquées  assises, 
Corp.  inscr.  gr.  III,  5866  4;  k'aibel,  Inscr ■  gr.  Sic.  Ital.  I,  703,  avec  la 
bibliographie;  H.  Lucas,  Das  Mosaik  der  Aristo,  dans  Mitt.  Arch.  Inst.  Hom. 
p.  127,  2,  avec  compléments  bibliographiques;  Gusman,  Pompei ,  fig.  de  la  p.  194, 
pl.  xn,  et  p.  423,  La  signature  d’un  autre  mosaïste  grec  :  'Hçàxkiïo;,  apparaît 
sur  l 'Asarôton  découvert  dans  la  vigne  Lupi  du  Lalran  à  Rome,  Corp.  inscr. 
gr.  III,  6153;  Kaibel,  Inscr.  gr.  S.  I.  I,  1245;  Bull.  1833,  p.  81  sq.  ;  1834,  p.  13; 
1853,  p.  51  ;  Helbig,  Musées  de  Home,  trad.  Toutain,  p.  518  sq.  n®  694,  avec  la 
bibliographie;  ajouter  ;  Lucas,  L.  c.  n®  3.  Sur  une  mosaïque  de  Pergame  remon¬ 
tant  à  la  même  époque,  l’on  trouve  la  signature  du  mosaïste  grec  Hephaistiou  ; 
Fraenkel,  Inschr.  von  Pergarn.  Il,  p.  504,  n”  46  a  ;  Arch.  Anzeig.  1902,  p.  2. 
—  2  Fig.  5238  :  mosaïque  d'excdre  découverte  à  Carthage  (quartier  des  Thermes)  ; 
Gauckler,  Alarche  du  serv.  des  Ant •  en  t901 ,  p.  11;  Fouilles  de  Tunisie 
Bev.  arch.  1902,  11,  p.  383  et  pl.  xx,  2.  Comp.  sur  un  vase  chalcidien  du 
vie  siècle,  trouvé  en  Italie,  un  exemple  de  trompe-l’œil  analogue  :  quatre  gazelles 
réunies  également  par  une  tête  unique,  E.  Pottier,  Vases  ant.  du  Louvre,  salle  E, 


talion  dans  toute  l’étendue  de  l’empire  fournisse 
abondance  au  mosaïste  les  marbres  de  couleur  dont  1'.' 
besoin  3.  Pour  certaines  nuances  rares,  pour  les  t,'  ! 
granités,  pour  ceux  qui  doivent  ressortir  d’une  mani°nS 
particulièrement  éclatante,  il  utilise  les  roches  érupti^ 
telles  que  le  basalte,  le  granit,  le  porphyre,  la  serpent!!? 
et  quelques  gemmes  plus  ou  moins  précieuses,  la  maj  ’ 
chite,  le  lapis-lazuli,  le  jaspe,  la  cornaline.4.  Pour  rendre 
la  transparence  de  l’eau,  le  ruissellement  des  corps  c  îr 
émergent  de  sa  surface,  le  chatoiement  des  écailles  de 
poisson  dans  les  scènes  marines,  il  emploie  les  agates° 
les  onyx  et  l’albâtre.  Enfin,  pour  quelques  teintes' que 
les  pierres  ne  donnent  pas,  le  bleu  foncé,  la  plupart  des 
verts,  le  jaune  vif  et  le  rouge  de  Saturne,  il  a  recours 
aux  pâtes  de  verre  opaques  ou  à  demi  transparentes  ’1 
11  n’emploie  presque  jamais  la  brique. 

La  matière  première,  débitée  à  la  scie  en  baguettes  ou 
en  dés,  était  sans  doute,  autrefois  comme  aujourd’hui 
triée  et  classée  suivant  les  couleurs  dans  les  divers  com¬ 
partiments  d’un  casier  placé  à  portée  du  mosaïste.  Celui- 
ci  choisissait  dans  cet  assortiment  les  cubes  qui  répon¬ 
daient  le  mieux  aux  couleurs  du  modèle.  Il  les  taillait  sur 
le  coupoir  en  lamelles,  en  arcs,  en  triangles,  en  disques 
suivant  les  exigences  du  dessin  et  du  modèle.  Peut-être 
achevait-il  de  les  façonner  à  la  meule,  pour  qu’ils  pussent 
s’adapter,  sans  laisser  d’interstices,  aux  parcelles  voisines 
déjà  placées.  Ainsi  préparés,  ces  éléments,  d’une  infinie 
diversité  de  nuances,  peuvent  atteindre  un  degré  de 
finesse  extrême  :  dans  la  mosaïque  des  colombes  du 
Musée  du  Capitole,  on  en  compte  jusqu’à  ItiO  par  once 
romaine  carrée6,  soit  une  vingtaine  par  centimètre  carré. 

Un  tel  travail  exige  beaucoup  de  temps.  Les  mosaïques 
du  vaisseau  dMiéron  occupèrentpendant  un  an  trois  cent 
soixante  ouvriers  ".  Le  peintre  en  vermiculatum  ne  peut 
donc  aller  de  chantier  en  chantier  exécuter  ses  tableaux 
directement  sur  les  parois.  Il  reste  dans  son  atelier, 
comme  le  font  les  mosaïstes  modernes,  etc’està  domicile 
qu’il  prépare  les  embtemas ,  que  l’on  encastrera  ensuite 
dans  une  muraille  ou  dans  un  pavement.  Mais  il  ne 
procède  pas  comme  l’ouvrier  de  Venise,  qui,  sur  un  simple 
carton  ou  le  dessin  est  tracé  à  l’avance,  colle  à  l’envers 
•les  cubes  correspondants,  obtenant  ainsi  une  sorte  de 
galette  d’émail,  que  l’on  expédie  telle  quelle  à  destination, 
et  que  l’on  applique  ensuite,  en  la  retournant,  sur  la 
couche  encore  molle  du  ciment.  Vemblema  constitue 
déjà  àlui  seul  unevéritable  mosaïque,  comme  ces  tableaux 
portatifs  qui  sortent  aujourd’hui  des  ateliers  du  Vatican. 

Le  mosaïste  prépare  d’abord  le  moule  de  Vemblema. 
C’est  une  caisse  ayant  exactement  la  forme  et  les  dimen¬ 
sions  que  l’on  veut  donner  au  tableau.  Le  fond  se  compose 

pl.  LVI1  et  n»  807.  —  3  Plin.  XXXVI,  54.  Voir  la  liste  des  principales  carrières  à 
l'époque  romaine  dans  Part,  marmor,  p.  4 G04  sq.  ;  cf.  Eliminer,  L.  c.  p.  8  sq. , 
Bruzza,  Annali,  XL II,  1870,  p.  106  sq.  ;  Marquardt,  L.  c.  Il,  p.  265.  Liste  des 
marbres  utilisés  pour  la  mosaïque  :  Artaud,  L.  c.  p.  127  sq.  ;  Morgan,  Rom.  Brxt. 
mosaic.  pavements,  d’après  G.  Aitchison,  p.  284  sq.  Pour  les  matériaux  employés 
dans  les  mosaïques  de  Pompéi,  cf.  Annali ,  1838,  p.  153.  —  4  Müntz,  La  peinture  en 
mosaïque,  Rev.  des  Peux  Mondes,  1"  juillet  1882,  p.  166,  et  De  l’ornement,  dans 
les  mosaïques,  dans  la  Rev.  des  arts  décor.  VI,  p.  296;  cf.  Sen.  Ep.  86;  Lamprid. 
Heliog.  33.  —  Les  tableaux  en  vermiculatum,  faits  exclusivement  de  parcelles  ic 
pierre,  sout  très  rares.  On  ne  peut  guère  citer  que  la  mosaïque  des  colombes  di  a 
villa  Hadriana,  Helbig,  L.c.  I,  p.  328  sq.  avec  la  bibliographie  ;  et  celle  de  Tljf 
et  du  Minotaure,  de  Chieti,  Annali  1838,  p.  153.  —  6  Furietti,  De  mus.  p.  30. 
l 'asarôton  d’  Heraklitos  au  musée  de  Latran,  les  morceaux  (verre  ou  mai  lu  e)  son 
plus  fins  encore  :  7500  par  palme  carrée  au  lieu  de  6450,  d’après  Braun,  Ituin.  uni 
Museen  Roms ,  p.  752;  cf.  Helbig,  L.  c.  1,  n®  694,  avec  la  bibliographie.  Dans  a 
mosaïque  de  Palestrina,  qui  semble  dater  du  règne  d’Hadrien,  1  on  compte  tllc®I_e 
jusqu’à  56  parcelles  par  once  carrée  :  Müntz,  L.  c.  p.  166.  —  7  Alhen.  V,  p. 


MUS 


—  2099 


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ordinairement  d’une  dalle  de  marbre,  bien  lisse  et  huilée  ; 
les  parois,  de  madriers  démontables  réunis  et  fixés.  Le 
mosaïste  remplit  cette  caisse  d’une  couche  de  ciment 
très  lin  à  prise  lente,  qui  ne  dépasse  pas  deux  centi- 
mèties  d  épaisseur,  et  dans  laquelle  il  enfonce  les  cubes. 
La  mosaïque  terminée,  et  le  mastic  parfaitement  sec,  on 
fixe  sur  la  caisse  un  couvercle,  ce  qui  permet  de  trans¬ 
porter  Yemblema  même 
à  de  longues  distances 
sans  risque  d’accidents. 

Une  fois  parvenu  à  pied 
d’œuvre,  on  le'démoule, 
et  on  l’insère  dans  la 
cavité  préparée  pour  le 
recevoir.  Ce  procédé, 
aucun  auteur  ancien  ne 
le  décrit,  mais  la  nature 
du  sous-sol  des  mosaï¬ 
ques  de  la  période  au- 
gustéenne  ne  laisse  au¬ 
cun  doute  sur  son  em¬ 
ploi.  Dans  la  plupart 
des  mosaïques  en  tes- 
sellatum  servant  de 
cadre  à  un  tableau  en 
vermiculatum ,  le  ci¬ 
ment  de  la  partie  cen¬ 
trale  diffère  de  celui  du 
pourtour.  Il  arrive 
même  que  les  raccords 
restent  très  visibles  à 
la  surface  U  Parfois, 
comme  à  Salzbourg  2  ou 
à  Chebba  \  Yemblema 
est  encastré  après  coup  dans  un  pavement  décoratif 
avec  lequel  il  n’a  pas  le  moindre  rapport.  Dans  ce  cas, 
l’on  est  obligé  pour  l’établir  de  mutiler  quelques  mé¬ 
daillons  déjà  existants  et  de  détruire  l’harmonie  de  la 
composition  primitive.  Enfin  dans  quelques  cas,  comme 
pour  la  mosaïque  des  colombes  de  la  villa  Iladriana4, 
l'on  a  retrouvé  dans  le  sol,  sous  Yemblema ,  la  dalle 
de  support  qui  a  servi  à  le  placer. 

1  Far  exemple,  daas  uue  mosaïque  couvrant  la  terrasse  d’un  hypogée  de  la  (In 
du  ier  siècle  à  Soussc,  le  seuil  en  vermiculatum  représentant  le  déchargement  d’un 
bateau  de  commerce  a  été  maladroitement  encastré  dans  un  pavement  en  tcssellatum  ; 
cf.  La  Blanchère  et  Gaucklcr,  Cat.  du  mus.  Alaoui.  p.  10  A,  n°  G.  —  2 Trois  groupes 
de  lutteurs  encastrés  dans  un  pavement  décoratif  où  sont  figurés  des  médaillons 
d’Acheloüs,  Pan  et  Ganymèdc.  Arneth,  Arch.  Anule/cten,  1851,  et  Tafeln  zu  den 
Sitsungsber.  der  ph.  hist .  Cl.  von  Wien,  pl.  vu;  0.  Jahn,  Arch.  Zeit.  1862,  p.  330, 
n°  64;  Arch.  epigr.  Mitt.  aus  Œsterreich.  V,  p.  176.  — 3  Paysage  marin,  encastré 
dans  un  pavement  décoratif  qui  figurait  dans  uue  série  de  médaillons,  d’une  part 
Orphée  charmant  les  animaux,  de  l'autre  Arion  sur  le  dauphin,  entouré  de  poissons. 
Gaucklcr,  Bull.  arch.  du  Comité,  1002,  p.  171,  et  mieux  Illustration ,  22  nov.  1002, 
p.  406.  —  4  Furietti,  L.  c.  p.  33,  en  tire  argument  pour  démontrer  que  la 
mosaïque  des  colombes  qu'il  découvrit  dans  la  villa  Hadriana  est  l’œuvre  origi¬ 
nale  de  Sosos  de  Pergame,  et  c’est  pourquoi  il  insiste  sur  ce  point.  Il  est  très  pro¬ 
bable  que  tous  les  autres  tableaux  en  vermiculatum  de  même  provenance,  et  (pii 
semblent  pour  la  plupart  beaucoup  plus  anciens  que  le  palais  lui-même,  étaient 
établis  de  la  même  façon.  Cette  question  n’a  pas  été  étudiée.  De  môme  personne  ne 
s’est  préoccupé  d’étudier  scientifiquement  à  Pompéi  les  particularités  que  peuvent 
présenter  le  ciment  de  support  et  le  lit  sous-jacent  des  mosaïques.  Les  fouilles 
faites  dans  ces  dernières  années  en  Tunisie  ont  jeté  quelque  clarté  sur  cette  ques¬ 
tion.  Voir  la  collection  d’échantillons  récemment  constituée  au  Musée  du  Bardo. 

—  3  Emblemas  montés  sur  tuile  ;  à  Pompéi,  portrait  de  jeune  femme  0,20X0,18, 
Gusman,  Pompéi ,  p.  424  et  fig.  ;  sur  une  dalle  de  tut,  fragment  mutilé  appliqué 
contre  un  mur,  Mau,  Mitt.  d.  arch.  Jnstit.  Boni.  Vil,  p.  12  et  111,  n.  1,  et  Notizie , 
1890,  p.  328.  A  Rome,  deux  tuiles  de  0,50X0,50  trouvées  sur  TEsquilin,  figurant 
1°  le  mois  de  mai?  maius;  2°  deux  personnages,  l’un  tendant  à  l’autre  une  statuette, 
Popolo  Rumanoy  19  nov.  1876;  Mau,  Arch.  Zeit.  1877,  p.  25.  Au  musée  de  Lyon, 


Pour  de  petits  tableaux,  lemosaïste  se  contente  souvent 
d’étendre  la  couche  de  mastic  non  plus  dans  une  caisse 
démontable,  mais  sur  une  dalle  de  tuf  ou  une  tuile 
champlevée3  :  le  moule  fait  corps  avec  la  mosaïque, 
l’accompagne  dans  la  paroi  et  l’encadre  de  ses  rebords. 
Mais,  de  toutes  façons,  la  monture  augmente  toujours  le 
poids  du  tableau,  au  point  que  celui-ci,  pour  rester 

maniable,  ne  saurait 
guère  dépasser  un  mètre 
carré  de  superficie.  A 
une  seule  exception 
près,  les  emblemas  de 
Pompéi  sont  même  loin 
d’atteindre  celte  limite; 
la  plupart  ont,  au  maxi¬ 
mum,  les  dimensions 
d’une  grande  tuile, 
O  m.  60  de  hauteur  sur 
0  m.  80  de  largeur. 

En  restreignant  le 
format  de  ses  œuvres, 
la  technique  spéciale 
du  vermiculatum  en¬ 
trave  également  son 
mode  d’expression.  Elle 
lui  interdit  l’ampleur,  la 
liberté  d’allures,  la 
spontanéité  de  la  fres¬ 
que.  L 'emblema  augus- 
téen  se  rapproche  plutôt 
de  la  miniature,  dont  il 
a  la  finesse  et  la  délica¬ 
tesse  de  coloris.  Son 
aspect  éveille  surtout 
l’idée  d’une  broderie  sur  canevas,  au  point  de  tapisserie. 
Le  procédé  est  trop  lent  pour  que  le  mosaïste  puisse  tra¬ 
vailler  d’après  nature.  Il  copie  des  cartons,  empruntant 
la  plupart  du  temps  ses  modèles  à  des  tableaux  en  vogue. 
Il  s’adresse  de  préférence  aux  peintres  contemporains, 
surtout  aux  maîtres  alexandrins,  qui  font  fureur  à  Rome 
et  dans  toute  l’Italie,  et  avec  lesquels  il  a  d’autant  plus 
d’affinité  qu'il  est  souvent  leur  compatriote. 

mosaïque  inédite  de  0,50  sur  0,50,  venant  d'Italie  et  donnée  en  1883  par  L. 
Carrand,  Triton  et  Néréide  donnant  à  boire  à  un  tigre  marin.  A  Home, 
fragment  (scène  champêtre  et  bachique),  Caylus,  Recueil ,  III,  p.  227  et 
pl.  LIX.  Dans  les  catacombes  :  fragment  d'un  combat  de  coqs  au  Musée  de  Latran, 
de  Rossi,  Bull,  di  arch.  criât.  1867,  p.  83,  et  divers  fragments  figurant  des  oiseaux, 
des  fleurs,  des  chrismes,  Boldelti,  Romasot ter.  1632,  p.  407, et  Müntz,  Lamos.  chrét. 
pendant  les  premiers  siècles,  p.  86  sq.  Deux  mosaïques  de  Centocelle  (scène  éro¬ 
tique  et  masque  comique)  :  Helbig,  Bull.  1866,  p.  170  sq.;  Eugelmann,  Arch. 
Anzeig.  XXV,  5“  sér.  14,  et  Arch.  Zeit.  XXXI,  p.  71.  En  Italie  (Rome?)  enlève- 
ment  d'Europe  :  Ciampini,  Vet.  mon.  I,  p.  83,  pl.  xxxiv,  il0  2.  A  la  Déserte,  près 
Lyon,  fragment  (poissons  et  draperie),  Artaud,  L.  c.  p.  109.  A  Carthage,  plusieurs 
fragments  très  mutilés  dans  des  maisons  du  quartier  des  thermes  d’Antonin  :  Gau- 
ckler,  Bull.  arch.  du  comité ,  1903,  p,  414;  à  Bir  Djcbburra,  poissons  et  amour 
sur  un  dauphin;  autres  au  Musée  Saint-Louis  de  Carthage,  notamment  Cat.  som. 
du  Musée  arch.  p.  14,  n»  70.  A  Sousse,  fragment  0,57  X  0,30,  Laniste  arrêtant  deux 
gladiateurs  aux  prises  :  La  Blanchcre  et  Gauckler,  Catal.  du  Musée  Alaoui,  A.  165, 
p.  32;  autres  découverts  dans  la  nécropole  du  ior  siècle:  Saladin,  Bull.  arch. 
du  comité,  1892,  p.  317  sq.;  Gauckler,  Gouvel,  Hanezo,  Musée  de  Sousse,  p.  5, 
n°  8.  A  Etique,  sujet  mythologique  :  d'Uérisson,  Miss.  arch.  en  Tunisie,  p.  106. 

A  Oudna,  six  asarôta  encadrant  un  tableau  qui  figure  un  faisan  sur  des  casseroles  : 
au  total,  sept  emblemas  sur  tuiles,  encastrés  dans  un  même  pavement  décoratif  : 
Gauckler,  La  maison  des  Laberii  à  Uthina,  Monum.  et  Além.  Piot,  111,  p.  213  sq.  et 
n.  1  ;  La  Blanchère  et  Gauckler,  Catal. du  Musée  Alaoui,  A.  151  et  152,  p.  30.  A  Cher- 
chel,  scène  marine  sur  quatre  tuiles  juxtaposées,  Gauckler,  Musée  de  Chercliel, 
p.  64,  u.  5  ;  Gsell,  Mon.  ant.  de  l  Alg.  II,  p.  104,  n°  15.  Les  mosaïques  portatives 
en  sectilc  et  en  tessellatum  qu’emportait  César  dans  ses  expéditions  étaient 
probablement  aussi  montées  sue  tuile,  Suel.  Caes.  46. 


MUS 


MUS 


—  2100  — 


Tout  est  alexandrin  dans  ses  tableaux,  les  sujets  et 
les  mœurs,  les  personnages,  et  les  costumes  \  les  paysages, 
la  faune,  la  flore,  et  jusqu'aux  moindres  accessoires  :  les 
squelettes  -  et  les  crânes3  qui  rappellent  aux  convives 
assemblés  dans  une  salle  de  banquet,  que  la  vie  est 


uuurwj  ut  q 

candélabres 


<-1  ii  tant  oc 


u  en 


i  Ut  lpc 

,  les  masques  de  théâtre8;  et  dans  l 
bordures  ou  sur  les  seuils6,  les  guirlandes  de  feuillant 
de  fleurs  et  de  fruits,  agrémentées  de  cerceaux,  de  bande¬ 
lettes  et  de  tympanons.  Le  peintre  en  verviiculatum 


Fig.  5240.  —  Emblemas  encastrés  dans  l’obus  tessellatum.  Mosaïque  de  Salzbourg. 


aborde  tous  les  genres.  Mais  qu'il  s’inspire  de  la  mytho¬ 
logie  ou  de  l’histoire,  qu’il  se  borne  à  conter  quelque 

1  A  Home,  mosaïque  égyptienne  de  l’Avcntin  :  Furielli,  p.  46;  Artaud,  p.  27; 
isiaque,  de  Prima  Porta  :  Notizie  d.  scavi,  1892,  p.  112;  Marrucclii,  Bull.  d. 
commise,  munie,  di  Borna,  1892,  p.  ICO;  G.  Bénédite,  Mèl.  de  l'École  de  Borne, 
XIII,  1893,  p.  49,  sq.  et  pl.  i.  Sur  cette  mosaïque,  les  deux  personnages  sont  arbi¬ 
trairement  teintés,  l’un  de  vert,  l'autre  de  rouge,  suivant  le  formulaire  rituel  du 
peintre  égyptien  pour  les  scènes  funéraires  et  religieuses.  —  2  Mosaïque  de  la  via 
Appia  à  Rome  (Musée  des  Tliermes)  avec  l’inscription  yv.7,8i  «tkutov  :  Tyskiewicz, 
Bev.  arch.  1890,  p.  135;  Guida  del  museo  nazion.  p.  71,  n"  5;  Arch.  Zeit. 
XXIV,  184,  rem.  05  ;  Duruy,  fJist .  des  Bomains,  V,  fig.  de  la  p.  659  ;  cf.  l’art,  larvae. 
Mos.  d’Herculanum,  Monaco,  Guide,  p.  27,  n°  9978;  Gusman,  Pompei,  p.  354. 
—  3  Mos.  de  Pompéi,  Bull.  arch.  napol.  1855,  pl.  iv,  2;  Giorn.  degli  scavi,  III, 
p.  9;  de  Pelra  Giorn.  d.  scavi  di  Pompéi,  n.  s.  II,  col.  181-182;  III,  col.  19,  pl.  n; 
Niccolini,  Case,  II,  ûescr.  gener.  pl.  xlviii;  Monaco,  Guide,  p.  27,  n“  109.982;  cf. 
larvae.  —  4  Mos.  de  Pompéi  :  Monaco,  Guide,  p.  31,  ri»*  10012-13  ;  Roux  et  Barré, 
L.  c.  V,  pl.  xvi.  — 8  Mos.  de  Pompéi  :  Monaco,  Guide,  p.  28,  n°  109087;  p.  27, 
n°  109  679  ;  mos.  de  la  villa  Hadriana  :  1°  Piranesi,  Ospitali,  38;  Mus.  Pio  Clem. 
VII,  p.  238  et  pl.  xlix;  Penna,  Viaggio,  IV,  102;  2“  Mus.  Pio  Clem.  VII,  p.  238, 
pl.  xlix  a;  Penna,  102;  3°  quatre  tableaux  groupés  en  un  seul  par  le  restaurateur, 
Mus.  Pio  Clem.  VII,  p.  235,  pl.  xlviii;  Penua,  IV,  100;  Helbig,  I,  p.  169  sq.  ; 
Pistolesi,  V  pl.  uxjdlrauu,  Buinen  und  Mus.  Bonis,  p.  367;  cf.  Wiuuefeld,  L.  c. 


anecdote  familière,  qu’il  peigne  un  visage  de  femme  à 
la  manière  des  portraitistes  du  Fayourn  \  qu’il  figure 

p.  88  et  151;  Gusman,  la  Villa  Hadriana,  p.  219,  sq.  ;  fig.  316,  317,  318;  mos. 
de  l’Avcnlin  à  Rome  :  Furielti,  p.  43  et  pl.  n  ;  mos.  d’Iieraklilos  (six  masques 
scéniques)  :  Bull.  1833,  p.  81  à  85;  1834,  p.  13  ;  1653,  p.  51  sq.  ;  Helbig,  I,  p.  518  sq. 
n°  C94;  Kaibel,  Corp.  inscr .  gr.  Sic.  liai.  n°  1245,  avec  la  bibliographie.  Mos.  sur 
tuile  de  Cenlocelle  (voir  p.  2099  note  5).  —  6  A  Pompéi,  (génie  bachique  sur  un  lion, 
notre  fig.  5239)  :  Bull.  1831,  p.  20  et  25  ;  Niccolini,  Casa  del  Fauno,  pl.  ni  ;  Fiorelli, 
Pomp.  ant.  hist.  H,  p.  242;  Monaco.  Guide ,  p.  29,  il»  9991  ;  F.  Marx,  Mitt.  d.  d. 
Instit.  Rom.  VII,  p.  20  sq.  ;  voir  aussi  les  autres  bordures  des  emblemas  et  la  guir¬ 
lande  à  masques  de  la  maison  du  Faune,  connues  par  d’innombrables  reproductions, 
mos.  d’Hcrculanum  :  Not.  d.  scavi,  I,  p.  26  ;  bordures  et  mosaïques  du  meme  style  a  la 
villa  Hadriana  :  Furietti,  p.  54  et  pl.  v;  Penna,  Viaggio,  III,  62;  Foggiui,  Aï  us. 
cap.  I V,  p.  183  ;  Helbig,  II,  p.  194,  n°  963  ;  bordure  détachée  de  la  mosaïquedes  co¬ 
lombes,  à  Dresde  :  Winckclmann,  Mon.  ined.  p.  97;  Caylus,  Recueil,  I,  p- 
Hettner ,  Antiken  in  Dresden,  n°  228  ;  autre  à  la  villa  Albani  :  Morcelli,  Fea,  Visconti, 
Descr.de  la  V.  A.p.  144;  mos.  de  Rome,  Furietti,  p.  58  et  pl.  iv.  Voir  aussi  la  fig.  5--±I* 
—  7  Mos.  de  Pompéi  :  Gusman,  p.  424  et  fig.  ;  cf.  pour  les  portraits  peints  de  I  ompéi . 
Mariolt,  Family  portraits  at  Pompei  ( The  arch.  journ.  mars  189/);  Gusman,  L. 
c.  p.  408  à  414  et  figures,  et  collection  d’aquarelles  à  l’École  des  Beaux-Ails  de 
Paris;  pour  ceux  du  Fayourn  :  P.  Girard,  La  peinture  antique ,  p.  249  sq.  fig-  1 k*  a 
155  (Fayourn),  201  (Pompéi).  Ci.  l’art,  imago,  p.  407  sq.  et  fig.  39/5. 


MUS 


—  2101 


MUS 


un  groupe  de  colombes  buvant  dans  un  canthare1,  ou 
un  asarôton 2,  c  est  toujours  la  Grèce  ou  l’Égypte  qui 
alimentent  ses  compositions.  Parfois  il  représente  quel¬ 
que  dieu  de  l’Olympe,  mais  en  le  choisissant  avec  ce  tact 
exquis  dont  ne  se  départit  jamais  le  Grec,  même  le  plus 
sceptique.  Respectant  dans  la  religion  antique  tout  ce 
qui  demeure  respectable,  le  mosaïste  se  garde  d’exposer 
aux  souillures  des  pas  les  images  sacrées  des  puissances 
qui  gardent  un  empire  sur  les  âmes  3.  Il  se  borne  à 
représenter  les  divinités  que  l’homme  s’associe  dans 
toutes  les  circonstances  de  sa  vie  journalière  :  Dionysos 
et  les  génies  bachiques4,  Iléraklès 5,  Poséidon  et  Am- 
phitrite  b,  Aphrodite  et  les  Amours  7;  ou  encore  ces  demi- 
dieux  d’idylles,  qui  symbolisent  les  forces  et  les  formes 
de  la  nature  :  Fleuves8  et  Montagnes9,  Nymphes  et 
Faunes10,  Tritons  et  Néréides11. 

Lorsque  le  mosaïste  vise  à  la  grande  peinture,  c’est 
aux  légendes  helléniques  qu’il  demande  ses  sujets,  par 
exemple  celles  des  Centaures12,  des  Amazones13,  des 
Argonautes  u.  Il  retrace  les  hauts  faits  de  Jason’15,  de 
Persée16.  La  victoire  de  Thésée  sur  le  Minotaure  11  est 
l’un  de  ses  thèmes  favoris  ;  car  elle  lui  permet  de  rem¬ 
plir  tout  un  pavement  d’une  composition  unique  et 
d’associer  intimement  dans  le  même  ouvrage  les  deux 
genres  opposés  de  mosaïque  :  le  vermiculatum  qui  sert 
à  peindre  les  divers  épisodes  du  voyage  en  Crète,  et  le 
tessellatum  dont  le  dédale  géométrique  figure  sur  le 
sol  le  plan  du  labyrinthe  (fig.  5240)  18.  Il  représente 
aussi  les  principaux  événements  du  cycle  troyen  :  le 


jugement  de  Pâris19,  l’enlèvement  d'Hélène20,  le  sacri- 
lice  d’Iphigénie  21,  Achille  à  Scyros  22,  Achille  traînant 


Fig.  5211.  —  L’Académie  de  Platon.  Mosaïque  de  Terre  Annunziala. 


le  cadavre  d’Hector  23,  ou  accueillant  les  supplications 
de  Priam24,  Ulysse  sortant  de  l’antre  de  Polyphème25, 


1  Répliques  du  tableau  de  Sosos  de  Pergame  décrit  par  Pline,  XXXVI,  181: 
à  la  villa  Hadriana,  Furietti,  p.  29  sq.  et  pl.  i  ;  Hclbig,  Guide ,  p.  328,  no  450, 
avec  la  bibliographie;  ajouter  Winnefeld,  L.  c.  p.  152,  Gusman,  L.  c.  p.  220 
et  hors  texte  u  ;  à  Pompéi  (six  colombes),  inventaire  du  Musée  de  Naples, 
n°  114  283;  (deux  perroquets  et  une  colombe),  Monaco,  Guide,  p.  29,  n»  9992  ; 
à  Rome  (deux  colombes  buvant),  Lanciani,  bull.  d.  comm.  munie,  di  Borna , 
1 87 6,  p.  20,  peut-être  aussi  le  tableau  central,  entièrement  détruit,  de  la 
mosaïque  d’Hcraklitos,  Helbig,  1,  p.  519  (deux  perroquets);  Bull.  Soc.  antiq. 
de  France ,  1902,  p.  155;  à  Utiquc,  trois  oiseaux  buvant  dans  un  vase  :  d’ Hé¬ 
risson,  Mission  en  Tunisie ,  p.  174;  cf.  la  mosaïque  murale  du  mausolée  de 
Galla  Placidia,  à  Ravenne  (v®  siècle).  —  2  Pljn.  XXXVI,  184;  Stat.  Silv.  I,  3, 
55;  Sid.  Apoll.  Carm.  23,  58.  Répliques  de  l’asarôton  de  Sosos  de  Pergame: 
à  Rome,  mos.  d’Heraklitos  ;  à  Sousse?  Bull.  1845,  p.  108;  à  Oudna,  mos.  sur 
tuiles  (voir  p.  2099,  n.  5);  cf.  la  mosaïque  de  Makrib-Thala  (milieu  du  iv°  siècle) 
lableau  central,  non  identifié  jusqu’ici,  entouré  d’une  bordure  rectangulaire  avec 
fabriques  et  bâtiments  ruraux,  Moll,  Ann.  Coiîst.  1858-9,  p.  183;  Gsell,  Mon. 
ant.  de  l’Alg.  II,  p.  106,  n«  37.  —  3  La  triade  Capitoline,  Demeter  et  Koré,  Cybèle, 
Isis  n’apparaissent  jamais  sur  les  pavements  augustéens.  Apollon  n’est  figuré  que 
sous  le  déguisement  du  berger  poursuivant  Daphné  :  mos.  de  Pompéi?  Monaco, 
Guide ,  p.  123,  il"  27  708.—  '*  Mos.  de  Pompéi  et  d’Herculanuîtî  (Dionysos,  Lykourgos 
et  Ambrosia):  Malz,  Arch.  Zeit.  XX VII,  pl.  xxi,  2,  3  ;  Monaco,  Guide, 28,  n«  9988  ; 
(Dionysos  et  la  panthère)  :  Ibid.  p.  28,  no  9983.  —  5  Héraklès  et  Omphale,  M.  de 
Porto  d'Anzio  (Anlium)  Berichte  der  sac  fis .  Gesellsçh.  d.  Wiss.  1855,  p.  227; 
Roux  et  Barré,  L.  c.  V,  pl.  xxx;  Hclbig,  I,  p.  297,  n®  414  avec  la  bibliographie; 
Mos.  d’Italie?  au  Musée  de  Madrid,  inv.  3G10  llleraklcs  et  le  centaure  Nessos)  : 
Roscher,  Lexikon ,  s.  v.  Nessos ,  et  fig.  p.  286;  Arch.  Anzeig.  1894,  p.  8,  n°  8; 
mos.  de  Rome  (Héraklès  frappant  un  centaure)  :  Furietti,  p.  56  ;  Beltori,  Picturae 
antiq.  p.  31,  pl.  xxi.  —  6  Mos.  de  Pompéi  (Neptune  et  Amphitrite)  :  Bull.  1871, 
p.  177.  R.  Engelmann,  Lützows  Zeitschr.  VII,  p.  255;  Monaco,  Guide,  p.  30  sq. 
no  10007;  Giorn.  d.  scavi  di  P.,  n.  s.,  Il,  pl.  i,  p.  36  ;  Overbeck,  Griech.  Kunstmyth . 
Il,  p.  311  et  Atlas,  XIII,  n°  13. —  7  Mos.  de  Pompéi  (amours  enchaînant  un  lion)  : 
Monaco,  Guide ,  p.  26  sq.;  nios.  d’Hcrculamim  (amour  et  sirène)  :  Ibid.  p.  27, 
n°  9981.  —  8  Mos.  du  cimetière  des  Officiales  à  Carthage  (peut-être  le  Nil)  : 
Gauckler,  Bull.  arch.  du  comité,  1896,  p.  154;  La  Blanchère  et  Gauckler,  Calai, 
du  Musée  Alaoui,  p.  30,  A,  no  153.  —  9  Mos.  d’Herculanum  :  Monaco,  Guide,  p.  28, 
n°  9984  ;  mos.  d’Ostie  :  Visconti,  Annali,  1857,  p.  293  ;  Overbeck,  Griech.  Kunstmyth. 
p.  657.  —  10  Mos.  de  Pompéi  (Faune  et  nymphe)  :  Bull.  1831,  p.  19,  25.  —  H  Mos. 
sur  tuile  du  Musée  de  Lyon,  et  de  Cherchel,  Caesarea de  Mauritanie  (voirp.  2097, 
n.  13).  —  12  Mos.  de  la  villa  Hadriana,  de  Rome,  au  Musée  de  Madrid,  citées,  n.  5; 
cf.  aussi  mos.  d’Otricoli,  Helbig,  I,  p.  206,  et  fragment  trouvé  sur  l’Esquilin,  au 
Musée  de  Dresde,  Jahrbuch,  IV,  p.  173.  —  13  Légende  de  l’Amazone  Penthésilée  : 
mos.  des  Ouled  Agla  (111e  siècle,  d’après  un  modèle  plus  ancien),  Gsell,  Bec.  Const. 
XVII,  p.  238  sq.  et  pl.  p.  230.  —  **  Épisode  d’Hylas  ;  deux  mos.  du  temps 
d’Hadrien  :  à  la  Baneza,  Bull.  Soc.  antiq.  de  France,  1900,  p.  280  sq.  avec  croquis; 
cf.  Aterie  e  Borna,  III,  p.  354;  et  à  Sainte-Colombe  près  de  Vienne,  Ibid.  1902, 

vi. 


p.  133  sq.  et  pl.  ;  cf.  un  tableau  en  opus  sectile  de  la  basilique  de  Jnnius  Bassus,  cité 
p.  2095,  n.  9.  —  13  Mos.  de  Vienne  :  Jason  parlant  sur  l’Argo,  mariage  de  Jason  et  de 
Médée  (époque  anloninienne,  d’après  un  modèle  plus  ancien)  :  Bull.  1868,  p.  48  sq. 

—  H>  Mos.  de  l’ile  de  Wight  (époque  antoninienne)  :  Morgan,  Bomano-brilish 
pavements ,  p.  27,  234  sq.  et  pl.  en  couleurs.  —  n  Deux  mos.  de  Pompéi  :  1°  Bull. 
1836,  p.  7  ;  Annali,  1838,  p.  152;  Zalin,  II,  50  ;  2"  Annali ,  1838,  p.  154;  mosaïque 
de  Cliieti  :  Allegranza,  Opusc.  p.  232  sq.;  Neapel  antik.  Bildverke ,  p.  433,  n”  28; 
Annali,  1838,  p.  152;  Monaco,  Guide,  p.  31  ;  mos.  de  Moladi  Gaeta  ;  Pasq.  Mattéi, 
Poliorama  pittoresco,  1842,  n»  H  ;  Bull.  Napol.  I.  p.  98  sq.  ;  cf.  les  mos.  sui¬ 
vantes  de  la  période  antoninienne:  à  Aix  (époque  d'Hadrien',  Arlaud,  p.  101. 
pl.  xlviii ;  Millin,  Voy.  dans  le  midi  de  ta  France ,  II,  p.  239  et  atlas,  pl.  xxxiv;  à 
Orbe  (le  labyrinthe)  :  lilliogr.  de  Ronstetten,  au  Serv.  des  mon.  liist.  du  canton  de 
Vaud,  Bull.  1848,  p.  52;  autre  (abandon  d'Ariadne),  Bull.  1863,  p.  193  sq.  ; 
à  Bosscaz  en  Valais  :  Allg.  Zeit.  1845,  p.  2491,  n»  312;  Kunstblatt,  1845,  p.  383, 
n"  92;  O.  Jalm,  Arch.  Beitrüge,  p.  269  sq.  ;  à  Cormerod,  près  d’Avenehes  ;  Artaud, 
p.  103  ;  Bursian,  A  veut.  Helv.  pl.  xxix,  p.  58  -Alitt.  Ant.  Gesellsçh.  Zurich,  XVI,  5  ;  à 
Verdes  (Loir-et-Cher),  Enlart,  Man.  d'arcli.  franc,  p.  722  ;  mos,  de  Vienne,  au  Musée 
de  Lyon  (médaillon  dans  la  grande  mos.  de  l’ivresse  de  Bacchus):  Cal.  des  musées 
de  Lyon,  p.  207  ;  mos.  de  Sousse  :  Guérin,  I,  p.  109  sq.  ;  de  Villefosse,  Rev.  de  l’Afr. 
fr.  VI,  n»  32,  p.  389  et  394;  Doublet,  C.  rend.  Acad.  1892,  p.  318  sq.  et  fig.  de  la 
p.  319;  Hannezo,  Congrès  del’Afas  à  Carthage,  1896,  II,  p.  817,  et  Const.  XXVI, 
pl.  u  :  Carton,  Ibid.  XXXV,  p.  63  sq.;  cf.  Stephani,  Der  Kampf.  zw.  Thés,  und 
Minotaur.  p.  45  sq.;  O.  Jalm,  Arch.  Beitrüge,  IX,  Thcseus-Ariadnee,  p.  25 1  sq.  ; 
E.  Münlz,  Et.  iconogr.  p.  14  sq.  —  18  La  fig.  5240  reproduit  la  mos.  de  Salzbourg 
d’après  Arneth,  Arch.  Analekten,  1851,  atlas,  pl.  v;  cf.  Jahrb.  d.  arch.  Jnst. 
Berlin,  X II,  1892,  p.  174;  A.  Bolliger,  Salzburger  Mosaikfussboden,  Kl.  Schrift. 
Il,  p.  284  sq  ;  O.  Jahn,  L.  c.  p.  252,  avec  la  bibliographie.  Sur  les  parements  en 
labyrinthe,  et  les  jeux  d’enfant  auxquels  il  donnait  lieu,  cf.  Plin.  XXXVI,  96- 

—  19  Mos.  de  Lambèse  (antoninienne)  :  Beury,  B.  de  Const.  XXVIII,  1983,  p.  99. 
(Ou  plutôt  Thésée  abandonnant  Ariadne);  cf.  à  l’époque  chrétienne,  la  mos.  de 
la  cathédrale  de  Pesaro  :  Carducci,  Sul  gran  m.  scop.  inPesaro,  et  Engelmann 
Im  neuen  Beich,  1872,  p.  407  sq.  —  20  Mos.  de  Varhély,  Sarmisagethusa  (antonin.)  ; 
Arneth,  Arch.  Analekt.,  Sitz.  Ber.  d.  Wien.  ak.  1851,  VI,  p.  282  sq.  ;  pl.  xvi 
et  atlas,  Overbeck,  Kunstmyth.  II,  p.  148.  —  21  Mos.  d’Ampurias  :  Heydemann] 
Arch.  Zeit.XXXU,  p.  7  sq.  et  pl.  xiv  ;  E.  Hübner,  Bull.  1860,  p.  157  ;  Antik.  Bildtv. 
in  Madrid,  p.  280  ;  de  Witte,  Bull,  des  antiq.  de  France,  1876,  p.  89  sq.  ;  de  Ville- 
fosse,  Ibid.  1892,  p.  192.  —  22  Deux  mos.  de  Pompéi  :  Bull.  1839,  p.  76;  1841, 
p.  99;  Gusman,  Pompéi,  p.  396  sq.  et  fig.;  mos.  de  Sainte-Colombe,  près  Vienne 
(antonin.),  Artaud,  p.  78  et  pl.  xvm,  xix;  mos.  de  Sparte  :  Hirschfeld,  Bull.  1873. 
p.  213;  R.  Weil,  Mitt.  ans  Athen,  I,  p.  175;  Dressel  et  Milchhoefer,  Ibid.  II, 
p.  429,  no  280  sq.  ;  Engelmann,  Arch.  Zeit.  XXXIX,  p.  129  sq.  et  pl.  vi.  —  23  Mos.’ 
de  Nîmes,  A.  Pelet,  Les  mos.  de  Nîmes,  p.  6,  no  l  ;  Bazin,  Nîmes  gallo-romain, 
p.  265.  —  24  Mos.  de  Varhély,  Sarmisagethusa  (antonin.)  :  Arnelli,  Analekten, 
1851,  atlas,  pl.  xv.  —  25  Mos.  de  Baccano,  Ad  Baccanas  :  Bull.  1873,  p.  132- 
Guida  del  Mus.  naz.  p.  91. 


264 


MUS 


—  2102  — 


Ulysse  el  les  Sirènes  sans  faire  cependanl  des  lableanx 
homériques  1  abus  qui  altira  aux  peinlres  de  l'ancienne 
ecole  les  critiques  de  Vitruve  2. 

d'Issuf.bre  la1gl0irc  milUairedeln  «rtce  dans  la  bataille 
a  issus  %  sa  gloi¬ 
re  littéraire  dans 
l’Académie  de  Pla¬ 
ton  (fig.  5241)  *. 

C  est  aux  distrac¬ 
tions  favorites  des 
Grecs  que  se  rap¬ 
portent  la  plupart 
des  tableaux  de 
genre  augustéens, 
ceux  qui  retracent 
des  scènes  de  thé⬠
tre  5  ou  des  cou¬ 
lisses  (fig.  144)  G, 
ceux  qui  repré¬ 
sentent  les  luttes 
de  la  palestre  \  le 
jeu  de  Yascolias- 
mos  (fig.  572)  8, 
ou  les  combats  de 
coqs  (fig.  213)  9. 

Les  paysages,  trai 


MUS 


Fig.  5242.  Mosaïque  do  la  villa  Hadriana. 


tés  à  la  manière  du  peintre  Ludius  10  et  toujours  com¬ 
posés  avec  art, reproduisent  1  aspect  escarpé  et  sauvage  des 


rochers  de  l’Attique,  refuges  des  Centaures  (fig  Sc>«9x 
les  eaux  de  l’Hellespont  12,  ou  bien  les  prairies  V  ,  ’ 
iorêts  de  Sicile  qui  servent  de  cadre  aux  scènes  a  S 
poemes  de  Tliëocrite  13,  ou  encore  les  marais  nilotiques 

du  delta  d’Égypte 
(Og.  5243)  u,  par_ 
semés  de  lotus  en 

fleurs  ou  de  touffes 

de  papyrus,  peu¬ 
plés  d’ibis,  d’hip¬ 
popotames  et  de 

crocodiles.  Ce  sont 
des  tableaux  idylli¬ 
ques,  à  lafois réa¬ 
listes  et  conven¬ 
tionnels,  où  les 
dieux  se  mêlent 

aux  hommes,  où  la 
nature  arrangée  en 

vue  du  décor  est 
agrémentée  de  dé¬ 
tails  pittoresques, 
de  «  fabriques  », 
sanctuaires  rusti¬ 
ques,  autels,  sta¬ 
tues, arbres  sacrés, 
pâtres  conduisent, 


et  animée  de  troupeaux  que  des 
de  scènes  de  chasse  ou  de  combats  de  fauves 


15 


1  Mos.  de  For  Marancio,  près  de  Rome  ( chiaroscuro )  :  Pislolcsi,  1 V,  1- 
Hclbig,  1,  p.  1,  avec  la  bibliogr.  -  2  Vitr.  VII,  5,  2.  -  3  Mos.  de’  Pompéi,’ 
(voir  la  noie  1  de  la  page  suivante).  -  4  Mos.  de  Sarsina,  Winckelmann,  Mon. 
med.  II,  p.  242,  pl.  ci.xxxv;  Laborde,  Mos.  d’Italica,  p.  91  ;  Helbig,  L.  c.  Il, 
p.  94  sq.  n°  85/  ;  Petersen.  Mitt.  d.  d.  arch.  Inst.  Itom.  XII,  1897,  p.  328 
sq.  et  fig.  de  la  p.  329;  Diels,  Jahrb.  Beiblatt,  p.  120,  122,  175.  Mos 
de  Torre  Annunziata  (voir  notre  fig.  5241)  :  Sogliano,  Not.  d~' scavi,  1897^ 
p.  337,  et  Platone  nell'  Accad.  avec  pl.  et  la  bibliogr.  ;  Petersen,  L.  c.  p  328 
et  fig.;  Hermes,  1902,  p.  128;  V.  c.  Chiappelli-Slein,  Arch.  f.  Gesch.  d.  Philos. 
XI,  p.  171,  qui  veulent  y  reconnaître  les  sept  sages  de  la  Grèce.  Les  mosaïques 
à  médaillons  hexagonaux  qui  figurent  en  buste  les  sept  sages  de  la  Grèce,  telles 
que  la  mosaïque  de  Cologne  (voir  plus  loin)  et  le  fragment  de  l’Aventin  ( Chilon ), 
Annali,  1846,  p.  132;  Monum.  pl.  ccxv  ;  Visconti,  Icon.  grecque ,  pl.  xi.  forment 
une  série  toute  différente,  très  postérieure  en  date.  —  S  Acteurs  comiques.  Deux 
mosaïques  de  Pompéi  signées  Dioskourides  (voir  p.  2098,  n.  1)  ;  cf.  la  mosaïque 
antoninienne  d’Aix  en  Provence  (acteurs  comiques),  Artaud,  L.  c.  p.  103  et  pl.  xux; 
Fauris  Saint- Vincent,  Rec.  de  div.  monum.  d'antiq.  trouvés  en  Provence,  1805,’ 
pl.  xi  ;  Millin,  Voy.  dans  le  midi  de  la  France,  pl.  xxxm;  Calvet,  Dissert,  sur 
quelques  mos.  des  anciens,  manuscr.  p.  25  ;  H  .  Gibert,  Catal.  du  Musée  d’Aix, 
11"  351  à  366  ;  mosaïque  de  Porcareccia  (au  Vatican  ;  scènes  de  tragédie)  :  Millin, 
Descr.  d’une  mos.  ant.  pl.  x,  xvm,  xix,  xxiv  ;  Wieseler,  Theatergeb.  pl.  vu,  5,  et 
VIII,  1,2,/;  Artaud,  L.  c.p.  21  ;  Ribbeck,  Die  rôm.  Trag.  p.  603  ;  Baumeister,  Denk- 
müeler,  p.  1854  et  pl.  en  couleurs  i.xxvm  et  lxxix;  mos.de  Grand  (Vosges),  m»  siècle, 
au  Musée  d  Épinal,  Jullian,  Gallia,  p.  163  (aquarelle  au  Musée  de  Saint-Germain), 
S.  Reinach,  Catal.  p.  231.  —  6  Mos.  de  Pompéi,  voir  choiu:oia,  p.  1117,  fig.  1421; 

mos.  d  Hcrculanum  (athlète  armé  du  ceste),  Monaco,  Guide,  p.  31 ,  n°  10  010. _  7  Mos 

sur  tuile  de  Sousse  (lauiste  et  lutteurs).  A  la  série  palestrique  se  rattachent  les’ 
mosaïques  qui  figurent  la  lutte  d'Eros  et  de  Par.  (fin  du  i"-  et  n«  siècle);  mos.  de 
Baccano  :  Bull.  1873,  p.  132;  Bie,  Jahrb.  d.  arch.  Inst.  Berlin,  IV,  p.  135;  mos- 
de  Vienne  :.Arlaud,  p.  61  sq.  et  pl.  vi;  Jalin,  Sachs.  Bericht.  1869,  p.  33,  rem.  88i 
t.atal.  Musée  Lyon,  p.  207,  n»  19;  mos.  de  Lyon  :  Artaud,  p.  56  sq.  et  pl.  vî 
Jalin,  L.  I.  ;  Catal.  musées  de  Lyon,  p.  206,  m-12;  cf.  aussi  mosaïque  de  Vienne 
(amours  s'exerçant  à  la  lutte  et  au  pugilat)  :  Artaud,  p.  85  sq.  pl.  xxx  et  xxxi;  Cal. 
mus.de  Lyon,  p.  206,  n"  17;  cf.  la  mos.  en  chiaroscuro  du  prolhyrum  des  petits 
thermes  de  Pompéi  (Gusman,  Pompéi,  p.  168  sq.  fig.  de  la  p.  169).  Les  emblemas  des 
thermes  de  Giglhi  (Bougrara,  en  Tunisie),  figurant  des  lutteurs  aux  prises,  ne 
remontent  qu'au  milieu  du  u'  siècle  :  mos.  inédites  découvertes  dans  les  fouilles 
de  la  Direction  des  ant.  de  Tunisie,  Gauckler,  communie,  à  l’Acad.  des  Inscr.  séance 
du  16  octobre  1903,  Rev.  crit.  26  oct.  p.  340.  —  8  Mos.  du  musée  de  Berlin,  Arch. 
Zeit.  184/,  pl.  IX,  1  ;  voir  askoijamos,  fig.  572.—  9  Mosaïque  de  Pompéi  :  Bull.  1836, 
p.  8,  Zahn,  Die  schônst.  Orn.  in  Pomp.  II,  50;  Monaco,  Guide,  p.  27,  n»  9982; 
autre  :  Monaco,  Ibid.  10003;  Gusman,  Pompéi ,  fig.  de  la  p.  184;  autre  (deux  coqs 
combattant,  seuls),  musée  de  Naples,  photogr.  Alinari,  n»  12614;  cf.  Jalin,  Arch. 
Beitr&ge,  XVIII,  Hahnenkümpfe.  p.  437  sq.  —  10  Vitr.  VII,  5,  2  ;  Plin.  XXXV,  1 16. 

il  Mos.  de  la  villa  Hadriana,  au  Musée  de  Berlin  :  Piranesi,  Ospitali,  37;  Penna, 
Viaggio  pitt.  délia  villa  Adriana,  IV,  101  Monum.  d.  Inst.  IV,  50;  Annali,  1848, 
p.  198  sq.  ;  Baumeister,  Denkmaeler,  p.  863,  fig.  941;  Wipnefeld,  Die  villa  de j 


Iladrian  bei  Tivoli,  p.  88  sq.  et  151 .  P.  Girard,  La  peinture  antique,  p.  205,  fig.  115  • 

Monaco  V  d  P’oif°’  ^  ~  ^  M°S'  d  Herc,llanum  (Phryxus  et  Hellé), 

Îo  /IT’  10  °05-  “  13  M°S-  d  Hèrculanum  :  Monaco,  Guide,  p.  28, 

1  je’  T'  dC  a  V‘lla  Hadriana’  de  1Ave,ltil1  à  Rome:  voir  plus  loin,  note  15. 

*-ur  es  mos.  nilotiques,  cf.  G.  Lumbroso,  L’Egitto  dei  Greci  e  dei 
Romani  chap  ,-.n,  •  et  Rivista  di  filai.  III,  1875,  p.  200  s,,.  A  Pompéi  :  les  trois 
seuils  du  pavillon  de  la  mosaïque  d’Alexandre,  Bull.  1832,  p.  H,  49  et  fig.  p.  29; 
1813,  p.  16,  Roux  et  Barré,  L.  c.  V,  pl.  xxvm  ;  Monaco,  Guide,  p.  29,  n»  9990’ 
Gerspach,  La  Mosaïque,  fig.  p.  29  et  p.  30,  n»  l.  Sujet  analogue  sur  la  plinthe  d  une 
ontaine  :  Annali  civili  delle  due  Sicilie,  1833,  I,  fasc.  V,  p.  57.  A  Rome: 
mos.de  1  Avenlm  au  Musée  des  Thermes,  Lanciani,  Bull.  1870,  p.  80;  E.  de  Ruggiero, 
Catal.  dei  Museo  Kirclier,  I,  p.  265  sq.  ;  Liénard,  Gaz.  arch.  VI, ’p.  170,  pl.  xxv;’ 
Duruy,  Hist.  des  Rom.  V,  fig.  de  la  p.  679;  cf.  aussi  Guida  dei  Mus.  naz.  n  elle 
«////  Diocle~.  p.  .17,  n»+l.  Au  musée  du  Capitole  :  Bull.  d.  comm.  arch.  di  Roma, 
1881,  p.  238  ;  bordure  de  la  mos.  d' Béraklitos,  au  Musée  de  Latran,  Bull.  1833, 
p.  81  sq.;  Helbig,  trad.  Toutain,  n»  694,  p.  518  sq.  ;  Corp.  inscr.  gr.  III,  n»  6153; 
Kaibel,  Inscr.  gr.  Sicil.  /faî.  1245,  avec  la  bibliogr.  A  la  villa  Albani  :  Winckelmann, 
Mon.  ined.  indice  dei  rami,  p.  13  ;  Morcelli,  Fea,  Visconti,  Descr.  de  la  villa  Albani, 
R*  ~9,  11  A  Tibur  (villa  Hadriana)  actuellement  au  cabinet  des  masques  du 

Vatican  .  de  Villefosse,  L.  c.  p.  16,  n.  3.  A  Prato  Rotatoro  ( Pyryos )  bordure  de  la 
mos.  de  Neilodoros  :  de  Longpérier,  Ann.  Soc.  antiq.de  France,  1852,  p.  93; 
Benndorff,  Bull.  1866,  p.  231  ;  Engelmann,  Metallcaestus  dans  Jahresb.  d.  Ost. 
arch.  Inst,  in  Wien,  VI,  1903,  p.  54  sq.  et  fig.  26;  de  Villefosse,  Bull.  arch.  du 
comité,  1903,  p.  18.  A  Préneste  (Palestrina)  :  mos.  de  l'Égypte  vue  à  vol  d'oiseau 
(fig.  5243);  la  copieuse  bibliographie  de  ce  pavement  célèbre  aété  donnée  par  G.  Lum¬ 
broso,  L.  c.  p.  14  sq.  et  Rivista  cli  filol.  III,  1875, p.  201,  et  Kaibel,  Inscr.  gr.  Sicil. 
liai.  1302;  Maspero,  les  peintures  des  tombes  égyptiennes  et  la  mosaïque  de  Pales- 
Irina,  Gaz.  arch.  1879,  p.  77  sq.  et  O.  Maruechi,  Nuova  osserv .  sut.  mos.  di  Palest. 
Bull.  comm.  di  Roma ,  1895,  p.  26  sq.  et  pl.  u,  m.  A  Villelaure,  Labandc  et  de 
Villefosse,  Bull.  arch.  du  comité,  1903,  p.  7,  14  sq.  et  pl.  n  avec  la  bibliogr.  A 
Sousse,  divers  fragments  d'un  même  pavement,  Doublet,  Rev.  arch.  I.  II,  1892, 
p.  217,  pl.  xxi ;  La  Blanehère  et  Gauckler,  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  10,  n"'  2,  3,  4; 
Gauckler  et  Gouvel,  Musée  municip.  de  Sousse,  p.  33,  n»  7,  pl.  ix,  2.  A  El  Alia 
Gauckler  et  Gouvet,  Ibid.  p.  25,  n°.l,  pl.  vm,  avec  la  bibliographie.  —  R»  Mos. 
du  triclinium  nord  du  palais  de  la  villa  Hadriana  :  1°  combat  de  centaures  et  de 
tigres  (note  11);  2°  lion  et  taureau,  au  Musée  du  Vatican,  salle  des  animaux, 
125,  Penna,  Viaggio,  IV,  104;  Winnefeld,  L.  c.  p.  88  et  151;  3»  paysage  avec 
troupeau  de  chèvres,  Ibid.  113;  Penna,  IV,  105;  H.  Heydemann,  Arch. 
Anzeig.  XXV,  61  sq.  ;  Raoul  Rochette,  Lettre  arch.  I,  p.  153  sq.  ;  4“  autre  paysage 
semblable,  Ibid.  Penna,  IV,  107;  Hclbig,  L.  c.  I,  p.  170;  Mus.  Pio  Clem.  Vil,  p.  88 
et  pl.  iv.  Ces  quatre  emblemas  symétriques  semblent  beaucoup  plus  anciens  que  le 
pavement  dans  lequel  ils  ont  été  encastrés  au  commencement  du  ue  siècle;  cf.  Gus¬ 
man,  La  villa  Hadriana,  p.  226  sq.  et  fig.  320,  321,  322.  Mos.  trouvées  sur  l'Aventin, 
à  Rome  :  1°  paysage  avec  animaux  (souvent  attribué  à  la  villa  Hadriana),  Furietti, 
p.  44  et  pl.  m  ;  Foggini,  Museo  Capit.  IV,  p.  183,  vignette  de  la  p.  197;  Braun, 
Ituinen  und  Mus.  Roms,  p.  837,  n°2;  Winnefeld,  p.  152,  n.  5;  Helbig,  II,  P-  1®*, 
n“  962;  ;  Gusman,  L.  c.  fig.  3^3  ;  2°  paysage  sur  les  bords  d’un  lac  :  Furietti,  p-  F4, 


MUS 


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MUS 


Le  mosaïste  augustéen  s’efforce  d’éviter  la  banalité  et 
le  terre  à  terre,  même  dans  les  scènes  les  plus  simples. 
Les  sujets  de  ses  tableaux  trahissent  parfois  une 
recherche  excessive  et  constituent  de  vraies  énigmes 
pour  quiconque  n  a  pas  été  élevé  à  la  grecque.  La 
mosaïque  romaine  reste  encore,  au  icr  siècle  de  notre  ère, 
un  art  tout  aristocratique.  Ne  vivant  guère  que  des  com¬ 
mandes  d’une  clientèle  de  grands  seigneurs  ou  de  hauts 
fonctionnaires  tout  imbus  de  la  culture  hellénique,  elle 
s’efforce  de  se  plier  à  leurs  exigences  idéalistes  moins 


délicates  plutôt  que  de  flatter  les  goûts  du  vulgaire. 

Le  raffinement  que  l’on  constate  dans  le  choix  des 
sujets  se  retrouve  également  dans  la  manière  de  les 
rendre.  Les  tableaux  en  vermiculatum  sont  composés 
avec  un  soin  extrême.  A  ce  point  de  vue,  la  bataille 
d’issus,  si  souvent  décrite  et  reproduite,  est  un  chef- 
d’œuvre  Dans  la  peinture  de  ce  combat,  qui  met  aux 
prises  deux  empires  et  règle  les  destins  du  monde, 
l’artiste  arrête  l’action  au  moment  décisif.  En  avant  de 
ses  escadrons,  Alexandre  vient  de  transpercer  de  sa  lance 


Fig.  5243.  —  Paysage  du  Nil.  Fragment  de  la  mosaïque  de  Paleslrina. 


le  commandant  de  la  cavalerie  des  Perses2  sous  les  yeux 
de  Darius.  Le  Grand  Roi  est  debout  sur  son  char,  fuyant 
déjà;  son  geste,  l'effroi  peint  sur  son  visage  ne  sont  pas 
moins  expressifs  que  l’impétuosité  du  vainqueur.  Tout 
dans  l’ensemble  de  la  composition  comme  dans  ses 
moindres  détails  concourt  à  l’effet  général.  C’est  un 
modèle  de  la  peinture  historique. 

Dans  les  mérites  d’une  telle  œuvre,  quelle  peut  être 
la  part  du  mosaïste  ?  Il  est  difficile  de  le  dire.  Le  plus 
souvent,  nous  ne  connaissons  son  modèle  que  par  la 
copie  qu’il  en  a  faite.  Parfois  cependant,  nous  avons 
conservé  diverses  répliques  du  même  prototype,  peintes 
les  unes  à  la  fresque,  les  autres  en  mosaïque.  Tel  est  le 
cas  pour  la  célèbre  composition  de  Polygnote  :  Achille 
reconnu  par  Ulysse  à  Scyrosi.  Les  copies  que  l’on 
en  rencontre  à  Pompéi  offrent  diverses  variantes;  mais, 
tandis  que  les  peintures  sont  toujours  encombrées  de 

Nerinius,  De  templo  et  coenobio  SS.  Bonifacii  et  Atexii ,  p.  36G,  pl.  xm;  3°-7°.  com¬ 
bat  de  loup  et  de  taureau  ;  chasseur  sur  un  cheval  poursuivant  un  taureau  ;  chasseur 
sur  un  éléphant,  poursuivant  un  taureau;  chasseur  attaquant  un  ours  à  l’épieu.  Mos. 
symétriques,  trouvées  ensemble  dans  le  jardin  de  Sainle-Sabinc,  en  même  temps 
qu’une  scène  isiaque  transportée  au  Vatican,  d’un  caractère  tout  alexandrin  :  Furictti, 
p.  46  sq.  ;  Ficoroni,  Delle  sinrjolarita  di  Borna ,  II,  2,  p.  15.  Mos.  d’IIerculanum, 
Not.  d.  scavi,  I.  p.  26;  Monaco,  Guide,  p.  28,  n°  0084.  Mos.  de  Populonia  (marine}, 


comparses,  Lycomède,  ses  filles,  des  soldats  grecs, 
Yemblema  de  la  casa  di  Apollo i,  par  exemple,  ne 
conserve  que  le  nombre  de  protagonistes  strictement 
indispensable  à  l’intelligence  de  la  scène  :  Ulysse  qui 
tend  lepée,  Achille  qui  la  saisit,  Déïdamie  qui  s’enfuit 
terrifiée.  Donc,  le  mosaïste  ne  décalque  pas  son  modèle; 
il  l’imite  librement,  le  modifie  au  besoin.  Il  élague,  il 
élaguera  de  plus  en  plus  tout  ce  qui  dans  l’original  lui 
paraîtra  d’un  intérêt  secondaire.  Autant  que  possible,  il 
réduit  le  nombre  des  figures  à  trois  ou  quatre  au  plus.  Mais 
il  n’agitainsi  que  pour  donner  plus  de  vigueur  au  tableau 
en  concentrant  l’attention  sur  les  personnages  essentiels, 
parfois  aussi  pour  simplifier  son  travail.  Il  n’a  pas  à  se 
préoccuper  de  la  place  qui  sera,  plus  tard,  assignée  à 
ses  œuvres,  au  sortir  de  son  atelier.  11  compose  une 
peinture,  et  non  un  pavement. 

On  ne  peut  s’étonner  de  la  vogue  extraordinaire  dont 

Bull.  1843,  p.  150.  —  t  A  Pompéi,  maison  du  Faune.  Voir  principalement  Gervi- 
nus,  Kl.  Sçhr.  VII,  p.  435  sq.;  Niecolini,  Quadro  in  musaico  scop.  in  Pompéi,  1832, 
iUus.  Borb.  VIII,  pl.  30;  O.  Muller,  Kl.  Schr.  IV,  p.  40;  Denkm.  d.  ait..  Kunst. 
pl.  I.Y,  273  ;  Welcker,  Kl.  Schr.  111,  p.  400,  1 13  ;  Finali,  Sala  del  gran  Mos.  Pom- 
peiano,  1858;  Gerspach,  La  Mosaïque,  p.  20  sq.  —  2  Le  propre  frère  de  Darius, 
Oriatbes,  d'après  Q.  Curce  (II,  11;  voir  aussi  le  récit  de  Diodore,  XVII,  33- 
—  3  llelbig,  Wandgem.  p.  280  sq.  n"  1296  sq.  —  4  Gusman,  Pomp.  p.’  396,  et  fig. 


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jouirent  les  mosaïstes  pendant  toute  la  durée  de  l'Empire 
romain.  Il  semble  que  leur  condition  sociale  fût  assez 
relevée  et  qu’on  les  entourât  de  la  même  considération 
que  les  peintres.  Une  épitaphe  nous  fait  connaître  un  rnu- 
saiarius ,  Ti-Julius  Nicephorus,  affranchi  de  Tibère,  qui 
deuiit  être  riche,  car  il  possédait  lui-même  des  affran¬ 
chis  des  deux  sexes '.Deux  inscriptions  de  Périnthe  men¬ 
tionnent  un  mosaïste  P.  Aelius  Harpocration,  surnommé 
Proclus2,  mort  à  quatre-vingts  ans,  laissant  un  fils  atta¬ 
ché  à  la  même  profession  et  parvenu  au  rang  de  sénateur. 
L  édit  de,  Dioclétien1  tixe  le  salaire  du  mustvarius  à 
00  deniers  par  jour,  tandis  que  le  lapidarius ,  par 
exemple,  n'en  reçoit  que  50.  Enfin  Constantin  dispense 
les  mosaïstes  des  charges  publiques  au  même  titre  que 
les  architectes,  les  peintres  et  les  sculpteurs4.  Sans  doute 
beaucoup  n  étaient  que  des  esclaves  de  l’empereur  ou  de 
grandes  familles  travaillant  pour  le  compte  de  leur 
maître ,  d  autres  au  contraire,  affranchis  ou  ingénus,  tra¬ 
vaillaient  pour  leur  propre  compte,  possédaient  un  atelier 
où  ils  iormaient  des  élèves5  et  signaient  leurs  œuvres6. 

Tessellatum  augustéen.  —  Il  n’en  est  pas  de  même 
pour  1  ôpus  tessellatum.  Ce  genre  de  mosaïque  ne  se 
rencontre  que  sur  le  sol  et  ne  se  compose  guère  que  de 
marbre.  A  l’époque  augustéenne,  il  constitue  encore  un 
luxe.  Dans  les  édifices  publics,  où  il  n’apparaît  que 
rarement,  il  est  réservé  aux  parties  les  plus  importantes, 
la  cella  des  temples,  la  scène  des  théâtres,  les  salles  de 


Fig.  5241.  —  Mosaïque  sur  un  hypocauste.  Thermes  de  Stabia 

réunion  des  thermes;  dans  les  maisons  particulières, 
aux  appartements  de  réception,  et  aussi  au  prothyrum 
que  l’on  voit  de  la  rue  et  où  le  propriétaire  aime  à  faire 
parade  de  sa  richesse.  Enfin,  il  sert  à  paver  les  caveaux 
funéraires  ou  la  terrasse  des  mausolées. 

Le  rôle  de  la  mosaïque  en  tessellatum  est  avant  tout 
d’utilité  pratique.  L’essentiel  pour  un  pavement  de  ce 
genre,  c’est  d’être  solide,  plan  et  lisse.  Le  support  des 
cubes  doit  être  parfaitement  étanche  et  stable,  afin  de  pré¬ 


server  la  mosaïque  des  glissements  et  des  infiltrations  a 
sous-sol.  Le  meilleur  est  celui  que  constitue  une  vmï|U 
en  maçonnerie.  Aussi  l’architecte  a-t-il  soin  de  ni- J," 
dans  ses  constructions,  les  caves  et  les  citernes  sous  1P« 
locaux  qui  comportent  une  décoration  en  mosaïque-  P| 
réciproquement  le  mosaïste  chargé  de  décorer  le  sol  d’ùne 
habitation  cherche  à  tirer  parti  de  toutes  les  surfaces 
favorables,  même  lorsque  celles-ci  se  trouvent  à  décou 
vert,  par  exemple  dans  la  cour  centrale1.  D’une  façon 
générale,  la  présence  dans  des  maisons  romaines  d’une 
mosaïque  parfaitement  conservée  indique  presque  tou¬ 
jours  1  existence  d’une  citerne  sous-jacente  8. 

Dans  les  thermes,  on  réserve  ordinairement  les 
pavements  de  ce  genre  aux  salles  à  hypocauste 
(suspensurae)  \  Voici  comment  l’on  procède'  dans  ce 
cas.  Sur  un  premier  dallage  légèrement  incliné  vers  la 
bouche  qui  répandra  l’air  chaud  dans  le  sous-sol  on 
dispose  des  piliers  de  briques  ayant  tous  deux  pieds  de 
hauteur,  de  telle  façon  que  les  tuiles  carrées,  de  deux 
pieds  de  côté,  qu’ils  doivent  supporter,  reposent  chaque 
fois  de  leurs  quatre  angles  sur  quatre  piliers  différents,' 
et  se  rejoignent  toutes  exactement.  Sur  l’aire  ainsi 
obtenue,  l’on  étend  une  couche  de  mortier  de  tuileaux, 
épaisse  de  0  m.  06  a  0  m.  OH,  puis  une  couche  de  ciment 
plus  fin,  épaisse  de  0  m.  02  à  Om.  03,  enfin  la  croûte 
des  cubes  10  (fîg.  5244). 

A  défaut  de  voûtes  ou  d’hypocaustes,  lorsque  le  pave¬ 
ment  doit  reposer  directement  sur  le  sol,  on  prend 
pour  le  dresser  les  précautions  suivantes.  Sur  la  terre 


soigneusement  nivelée,  battue  â  la  hie  et,  le  cas  échéant, 
drainée  par  des  canaux,  on  étend  d’abord  un  épais  con¬ 
glomérat  de  cailloux  gros  comme  le  poing,  le  statumerr, 
puis  un  lit  de  mortier  de  neuf  pouces  au  moins,  composé 
de  trois  parts  de  pierrailles  pour  une  de  chaux,  que  l’on 
dame  longtemps,  le  rudus ;  enfin"  une  couche  de  ciment 
fait  de  trois  parts  de  tuileaux  concassés,  pour  une  de 
chaux,  épaisse  de  six  doigts  au  moins,  le  nucléus ,2.  On 
a  soin  de  donner  une  légère  pente  au  pavement,  en  l’in¬ 
clinant  vers  le  coin  de  la  pièce  où  s’ouvre  la  bouche 
d’égout  qui  recueillera  les  eaux  de  lavage  ou  de  pluie. 
Sur  l’aire  ainsi  établie,  le  mosaïste  étend,  au  fur  et  à 
mesure  de  l’avancement  de  son  travail,  une  mince  couche 
de  ciment  à  prise  lente,  dans  laquelle  il  enfonce  les  cubes 
tous  à  la  même  hauteur.  Pour  bien  égaliser  la  surface,  il 
s’aide  de  la  règle  et  du  niveau  (ad  regulam  et  libellam ) 13. 
La  mosaïque  terminée  et  solidifiée,  il  enlève  avec  une 
ratissoire  les  bavures  de  ciment  qui  débordent,  puis 
polit  soigneusement  l’ouvrage,  en  le  passant  successi¬ 
vement  au  sable  fin,  au  grès,  à  la  poudre  d’émeri 14 
(/'ricatura,  levigatio,politura). 


l  C.  i.  I.  VI,  9647.  —  2  C.  i.  gr.  2024,  2025;  décret  lui  accordant  une  statue, 
lreéd.  Stuttgart  1859,  H.  Bruun,  Gesch.  d.  gr.  Künstler,  II,  p.  313.  —  3  Ed. 
Diocl.  VII,  6.  —  4  Cod.  Thcod.  XIII,  4,  2  ;  Bayet,  Iiech.  pour  l'hist.  de  la  peint. 

en  Orient,  p.  46.  —  SA  Lillebonne,  Sennius  Félix,  voir  p.  2118.  _ 6  Voir  les 

listes  de  H.  Bruun,  L.  I.  p.  311  sq.  ;  E.  Müntz,  Étude  icon.  et  arch.  p.  3  sq.  ;  de 
Laurière,  Mos.  de  Girone  (Extrait  du  Bull.  AJonum.  1887,  p.  12  à  10)  ;  Lucas, 
Mos.  des  Aristo,  Mitth.  d.  Arch.  Inst.  Rom.  XVII,  p.  126  sq.  Ces  listes  doivent 
être  rectifiées  et  complétées,  voir  Gauckler,  Coram.  à  la  Soc.  des  Antiq.  de  Fr.. 
17  février  1904.  —  7  La  grande  mosaïque  de  Neptune  et  les  Saisons  (plus  loin, 
fig.  5253),  à  laquelle  il  ne  manquait  pas  un  cube,  était  établie  au-dessus  d'un  grand 
réservoir.  —  8  La  citerne  se  trouve  généralement  placée  sous  l’oecus  ou  le  triclinium , 
lorsque  la  cour  centrale  est  plantée  enjardinel.  Le  réservoir  est  sous  la  cour  centrale, 
celle-ci  est  tout  entière  revêtue  de  mosaïque.  Par  exemple  à  Délos,  maison  de  Philos¬ 
tratos,  et  autre  maison  voisine,  P.  Paris,  Bull.  corr.  hell.  1884,  p.  476  et  490,  pi.  xx 
et  XXI  ;  à  Oudna,  maison  à  atrium  central,  Gauckler,  Domaine  desLaberii;  Mém.Piot, 
p.  183  et  n.  3;  à  Carthage,  maison  de  la  Volière,  Illustration,  4  avril  1903,  p.  224 


avec  tîg.  —  9  Vilr.  V,  10  (11),  2;Pallad.  I,  40;  Plin.  XXVI,  3;  Bliimncr,  Technologie , 
111,  p.  337  sq.  et  lig.  43  ;  voir  hypocaustum,  p.  345  sq.  avec  la  bibliogr.  —  111  Fig.  5244, 
caldarium  des  lhermesde  Stabic,  d'après  A.  Blouet,  Thermes  de  Caracalla,  pl.  xm  ; 
Rcynaud,  Traité d'archit.  2'  part.  pl.  i.xivetp.  450  ;  cf.  Mazois,  Ruines  de  Pompéi,  11. 
pl.  lu,  n°2;  Gusman,  L.  c.  p.  167  ;  Lyson,  Reliq.  britann.  rom.,  Il,  pl-  xvl,‘! 
pl.  u,  ni,  iv,  xx,  xxv,  xxvi,  xxx,  xxxi.  et  An  account  of  rom.  antiq.  discov.  ut 
Woodchester,  p.  12  sq.  pl.  xxu,  xxvm;  Archaeologia,  XLVI,  2,  p.  337  sq.  pl.  xn, 
n»  2  ;  Buckman  et  Newmarck,  Remains  of  Rom.  art,  p.  65,  fig.  5  et  pl.  vm  (thermes 
de  Corinium );  Archaeol.  VII,  pl.  xvu  (Brecknock)  ;  Bossler,  Die  Romerstâtte  bel 
Bilbel,  p.  31;  Schônwisner,  De  ruderibus  laconici  caldariique  rom.  in  solo 
Budensi  repertis,  Budae,  1778  (Allhofen),  Jahr.  d.  Ver.  v.  Alterth.  im  Rheml. 
LXXIV,  pl.  x;  LXXIX,  pl.  ir,  fig.  16  (Baden);  Loriquet,  la  mosaïque  des  Prome¬ 
nades,  p.  89  sq.  pl.  i,  fig.  3,  3  bis,  3  ter.  —  H  Artaud,  L.  c.  p.  1"24  sq.  ;  Loriquet,  L. 
c.  p.  88  sq.  —  12  Vitr.  VII,  1,2;  Plin.  XXXVI,  186  sq.  ;  Pallad.  I,  9,  2sq.;cf. 
Blümncr,  L.  I.  p.  100  sq.  ;  Artaud,  L.  c.  p.  123  sq.;  Loriquet,  L.  O.  p.  87  sq. 
—  13  Vitr.  VII,  I,  4.  —  14  Labarle,  Bist.  des  arts  industr.  II,  p-  335. 


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2105  — 


Les  pavements  en  tessellatum  n’étaient  pas  exclusive¬ 
ment  réservés  au  rez-de-chaussée.  Ils  pouvaient  aussi  être 
établis  sur  des  terrasses  voîitées  ou  même,  avec  un  sur¬ 
croît  de  précautions,  sur  la  charpente  d’un  étage. 


La  matière  dont  ils  se  composent,  au  i"  siècle  de  notre 
ère,  est  généralement  le  marbre  de  Grèce  ou  de  Luna, 
très  rarement  le  calcaire  ordinaire  ou  le  schiste,  presque 
jamais  la  brique.  Les  couleurs  sont  peu  nombreuses.  Le 


Fig.  5245.  —  Payement  en  mosaïque,  à  Pompéi. 


mosaïste  emploie  surtout  le  blanc  et  le  noir.  Dans  le 
champ  les  dessins  se  détachent  le  plus  souvent  en  noir 
sur  un  fond  blanc  ;  dans  la  bordure,  en  blanc  sur  un  fond 
noir.  Le  rouge,  le  jaune  et  l’olivâtre  n’interviennent 
que  pour  rehausser  le  coloris  de  quelques  touches 
claires.  Les  dés  sont  toujours  carrés.  Suivant  les  pa¬ 
vements,  leurs  dimensions  varient  de  Om.  04  à  0  m.  005 


de  côté.  Mais  chaque  ouvrage  n’admet  qu’un  seul  calibre. 

De  la  forme  des  cubes  dérive  celle  des  dessins.  Le 
système  de  la  décoration  en  tessellatum  demeure  d’abord 
strictement  orthogonal.  Les  mosaïques  les  plus  anciennes 
ne  présentent  guère  que  des  motifs  en  damier  et  des 
combinaisons  de  lignes  cà  angles  droits  :  quadrillages, 
filets,  bandes,  rayures,  dentelures,  et  toute  la  série 


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—  2106  — 


MUS 


des  grecques,  de  quelque  nom  qu’on  les  appelle  : 
redans,  ressauts,  créneaux,  frettes,  guillochis,  méandres, 
grecques  carrées,  rectangulaires,  allongées,  triangu¬ 
laires,  polygonales,  alternées,  entrelacées  en  labyrinthe, 
involutees,  révolutées,  syriaques,  en  nappe,  rubanées! 
doublées,  inclinées,  rampantes,  opposées,  coudées,  rom¬ 
pues  et  isolées  '  .Parfois  un  bandeau  tourelé,  crénelé,  percé 
de  portes  et  de  fenêtres,  comme  l’enceinte  d’un  palais  for¬ 
tifié,  borde  l’ensemble  (fig.  5245);  il  entoure  un  motif  en 
labyrinthe  :  c’est  le  schéma  de  l’antre  du  Minotaure 
(fig.  5_  i0)  .  La  sobriété  tout  hellénique  des  pavements 
dt  ce  genie  répondait  au  style  sévère  des  placages  de 
marbre  qui  revêtaient  les  murailles  des  palais  ptolé- 
maiques  d’Alexandrie.  De  l’Égypte  et  de  la  Grèce,  ils  se 
répandirent  dans  l’Occident  latin,  mais  en  s’y  transfor¬ 
mant  bientôt. 

En  Italie,  a  1  époque  augustéenne,  les  marbres  de 
couleur  étaient  encore  coûteux  et  rares.  Aussi  lesrempla- 
çait-on  généralementpar  le  stuc,  surtout  dans  les  maisons 
privées.  De  là  une  liberté  d’allures  beaucoup  plus 
giande  pour  la  décoration  des  murs,  laquelle  influe  sur 
celle  des  pavements  correspondants. 

Dans  les  maisons  les  plus  anciennes  de  Pompéi,  le 
décorateur  se  borne  à  simuler  sur  les  murs  des  motifs 
géométriques  d  opus  sectile ,  tout  plats  ou  à  bossages, 
répartis  dans  une  série  de  panneaux  que  bordent  en 
haut  la  saillie  d  une  frise,  en  bas  celle  d’une  cimaise,  à 
droite  et  à  gauche,  des  pilastres  verticaux  3.  Dans  ce  cas, 
le  mosaïste  se  contente,  lui  aussi,  de  feindre  sur  le  sol 
un  revêtement  de  crustae  polygonales,  soit  assemblées 
directement,  soit  séparées  par  des  baguettes  qui  les  font 
ressortir  et  produisent  l’illusion  d’un  décor  à  bossage  *. 

Ce  système  de  décoration  se  prête  à  un  nombre  illi¬ 
mité  de  combinaisons.  Mais  les  plus  compliquées  se 
décomposent  toutes  en  éléments  très  simples  :  le  carré, 
le  ti  iangle  rectangle  que  forme  le  demi-carré  coupé  sui¬ 
vant  une  diagonale,  le  triangle  équilatéral,  le  losange, 
l’hexagone.  Les  quadrillages,  les  étoiles,  les  nids 
d’abeilles  n’utilisent  le  plus  souvent  qu’un  seul  type  de 
crustae.  Parfois  les  éléments  varient  de  périmètre,  mais 
en  gardant  tous  leurs  côtés  égaux.  Les  réseaux  les  plus 
complexes  peuvent  être  obtenus  au  moyen  d’une  seule 
dimension  de  lignes.  Dans  le  champ  de  la  mosaïque,  le 
décor  polygonal  se  maintient  tout  entier  dans  un  seul 
plan,  comme  celui  des  panneaux  verticaux  auxquels  il 
correspond.  Par  contre,  dans  les  bordures,  qui  répondent 
à  la  saillie  des  frises  et  des  cimaises,  il  cherche  à  donner 
1  illusion  du  relief,  et  simule  des  ornements  rubanés  ou 
polyédriques,  briques,  chevrons,  pointes  de  diamant, 
crans  et  denticules  5. 

Au  début  du  premier  siècle  de  notre  ère,  la  décoration 
murale  change  de  caractère.  L’aspect  des  parois  se  mou¬ 
vementé  et  se  diversifie.  A  l’incrustation  s’associe  la 


peinture;  aux  lignes  droites,  les  courbes  -  m  a- 
absta't  et  géométrique,  les  formes  réelles  et’»iï!uil““.r 

en  est  de  meme  des  pavements.  L’introduction  i  ’ 
décor,  d’abord  exclusivement  rectilig^  du  cerdfeTj6 
ses  divisions,  l’enrichit  de  toute  la  série  des  rosaces  des 
imbrications,  des  écailles  et  des  peltes  7.  Dans  les  ’hn 
dures  apparaissent  les  postes  et  les  flots,  les  cordons  lll 
torsades,  et  ces  entrelacs  en  chaînettes  8  carartfV  ■ 
tiques  des  deux  premiers  siècles,  qu’il  faut  se  garder 

Puis  aux  motifrC  ,  lreSSeS’  P°Stérieures  en  date. 

ms  aux  motifs  géométriques  commencent  à  se  joindre 

quelques  formes  plus  souples,  empruntées  au  règne 
végétal,  surtout  à  la  flore  égyptienne.  Le  lotus,  sa  feuille 
sa  fleur  en  bouton,  à  demi-ouverte,  pleinement  épanouie 
dissequee  en  pistil,  étamine  ou  pétale,  inspirent  au 
mosaïste  des  fleurons  stylisés,  des  rosettes,  despalmettes 
des  thyrses  d’un  caractère  tout  alexandrin  H.  Sur  les  seuils 
des  portes  ou  au  pourtour  des  pavements  se  développent 
déjà  quelques  rinceaux  fleuris.  Mais  ces  frises  d’un 
caractère  nerveux  et  sobre,  n’admettent  encore  que  des 
plantes  à  la  structure  vigoureuse  et  simple,  aux  contours 
nettement  accusés,  le  lotus,  le  lierre  et  l’aristoloche 
plutôt  que  la  vigne  et  l’acanthe,  qui  sont  trop  finement 

découpées  et  conviennent  mieux  aux  guirlandes  délicates 
du  vermiculatum. 

Enfin  commencent  à  paraître  des  figures  animées, 
d  abord  simples  modèles  d’école  dessinés  suivant  les 
formules  du  répertoire  courant,  dauphins,  hippocampes 
(fig.  5245),  sphinx  **,  puis  plus  vivantes  et  plus  réalistes. 
A  l’exemple  des  peintures  murales  qui  jettent  dans  le 
vide  d’un  panneau  un  génie,  un  griffon,  un  Pégase  tra¬ 
versant  1  espace,  les  ailes  éployées,  un  groupe  de  danseurs 
si  léger  qu  il  semble  planer  dans  les  airs,  le  pavement 
admet  parfois  quelque  image  animale,  ou  même  humaine. 
Mais,  tandis  que  le  peintre  représente  les  êtres  sous 
leur  aspect  réel,  le  mosaïste  se  borne  à  simuler  leur 
ombre  projetée  sur  le  sol.  Ainsi  dans  la  palestre  des 
petits  thermes  de  Pompéi,  les  murailles  de  la  salle 
d  exercices  sont  ornées  en  trompe-l’œil  de  groupes 
d  athlètes  étroitement  enlacés.  Au  contraire,  sur  le  pave¬ 
ment  du  prothyrum  se  détachent  seulement  deux 
silhouettes  de  lutteurs  s’apprêtant  à  en  venir  aux  mains12. 
Elles  forment  deux  taches  sombres  tout  unies,  sans 
modelé,  à  peine  traversées  par  quelques  filets  blancs  qui 
précisent  les  principales  divisions  de  la  structure  anato¬ 
mique.  Les  figures  sont  simplement  juxtaposées,  non 
assemblées.  Il  n’y  en  a  jamais  plus  de  deux  ou  trois  dans  le 
même  ouvrage,  le  plus  souvent  une  seule.  Et  le  mosaïste 
ne  les  emploie  que  là  où  elles  sont  réellement  utiles, 
surtout  dans  le  prothyrum,  où  elles  jouent  un  rôle  ana¬ 
logue  à  celui  des  enseignes.  Ici,  c’est  un  chien  de  garde 
enchaîné  qui  se  jette  hors  de  sa  niche  en  aboyant  d’un 
air  furieux  pour  écarter  les  importuns  [canis,  fig.  1122]; 


1  Par  exemple  à  Pompéi  :  Mazois,  Pompéi,  t.  II,  pl.  xiv,  fig.  I  et  3;  XV,  fig.  2, 
pl.xi.vi, et  t.  IV,  pl. XXIII,  fig.  4;  Rouxel  Barre,  Herculanum  et  Pompéi,  t.  V,  pi.  n, 
vi,  lx’  x,llt  xvll>  xviii  ;  Niccolini,  Case  di  Pompéi,  t.  I,  maison  du  Poêle  tragique, 
pl.  in  ;  maison  de  la  Deuxième  fonlaine,  pl.  i;  maison  du  Faune,  pl.  u,  7;  J.  Passe- 
pont,  Étude  des  ornements,  p.  101  sq.  et  fig.  des  p.  107  Olympio),  109  (Pompéi), 
116  n"  22,  122  n"  55  (Pompéi),  123  n«  56  (Herculanum),  n»  59  (Naples),  128  n»  85 
(Pompéi).  -  Fig.  5245,  mos.  de  Pompéi,  cf.  mos.  des  lliermes  d’Oslie.  Duruy, 
Hist.  des  Rom.  11  p.  579.  Mos.  de  la  villa  Hadriana  :  Gusman,  L.  c.  p.  225, 
fig.  327.  Plusieurs  mosaïques  de  Pompéi  :  Bull.  1862,  p.  238  ;  1881,  p.  175  ;  Niccolini, 
Descr.  genér.  II,  pl.  v;  Roux  et  Barré,  V,  pl.  iv.  Plusieurs  mos.  de  Nimes  :  Artaud, 
p.  93,  pl.  xxxix,  et  96,  pl,  xli;  A.  Pelet,  Les  mosaïques  de  Nimes,  p.  20,  n°  7. 
Autres  à  Orange,  à  Marseille,  à  Capodimonle  :  Artaud,  p.  113  et  pl.  lui.—  3  Style 


d'incrustation  ;  cf.  Gusman,  Pompéi,  p.  364  sq.  pl.  ix,  1  et  2;  P.  Girard,  La  peint, 
ant.  p.  320  sq.  fig.  203,  et  surtout  Mau,  Gesch.  der  décorât.  Wandmal.  in  Pornpeji, 
p.  1 1  sq.  et  Allas,  pl.  î,  u. —  1  Imitation  de  bossages,  par  ex.  à  Pompéi  :  Niccolini,  II, 
pl.  xxviii  et  xl vu;  Roux  et  Barré,  L.  c.  V,  pl.  m,  v,  vi,  îx,  xu.  —  5  Par  ex.  a  Pom¬ 
péi.  Niccolini,  I,  Maison  du  Faune,  pl.  i,  7  ;  II,  pl.  xxvm;  Roux  et  Barré,  L.  c. 
pl.  il,  ix,  pl.  xxvm  (bordure  de  la  mos.  d’Alexandre),  pl.  xxxu. —  fi  Gusman,  L.  c. 
p.  366  sq.  fig.  des  p.  305,  309,  370,  371  ;  IJ.  Girard,  L.  c.  fig.  204,  205  ;  Mau,  L.  c. 
p.  289  sq.  et  Atlas,  pl.  v  sq.  —  Roux  et  Barré,  L.  c.  pl.  i,  v,  vi,  x,  xi,  xm,  xu, 
xix.  —  S  Ibid.  pl.  xxx.  —  9  Ibid.  pl.  î,  v,  xu,  xm,  xvu,  xvm,  xix.  —  10  Ibid. 
pl.  ix,  xv  ;  Gusman,  L.  c.  fig.  de  la  p.  422.  —  n  Par  exemple;  à  Pompéi  ;  Niccolini, 
11,  Descr.  génér.  pl.  v,  xxx  ;  Roux  et  Barré,  L.  c.  pl.  i  ;  Bull.  188i,  p.  123  ;  à  Délos  ■ 
P.  Paris,  R II II. corr.  hell.  1884,  p.  473  sq.—  12  Gusman,  p.  168  sq.  et  fig.  de  la  p.  I«9. 


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une  inscription  nous  avertit  que  la  bête  est  méchante  et 
qu  il  faut  s  en  méfier  :  Cave  canem l;  Cave  torquatum  2. 
Ailleurs,  ce  sont  des  ligures  d’animaux,  faisant  allusion 
peut-être  au  cognomen  du  propriétaire  de  l’habitation  : 
un  ours  (Ursus),  un  sanglier  [Aper),  un  loup  [Lupus). 
Ces  deux  dernières  figures  sont  associées,  dans  le  ves¬ 
tibule  de  la  maison  dite  de  Blandus,  à  des  attributs 
marins  3. 

Musivum  augustéen.  —  Le  musivum  opus  est  la 
mosaïque  en  cubes  d’émail  réservée  à  la  décoration  des 
parois.  L’on  donne  souvent  à  ce  genre  spécial  le  nom  de 
mosaïque  byzantine  \  parce  que  les  Byzantins  l’adop¬ 
tèrent  à  l’exclusion  de  tout  autre  ;  mais  il  ne  leur  doit 
pas  sa  naissance.  Nous  avons  vu  qu’il  s’est  constitué 
plusieurs  siècles  avant  l’ère  chrétienne  dans  les  officines 
des  ornemanistes  alexandrins  6.  Il  se  développe  surtout 
dans  les  pays  grecs,  mais  il  se  répand  aussi  de  très 
bonne  heure  dans  l’Occident  latin,  bien  avant  que  le 
mot  musivum  n’apparaisse  dans  un  texte  écrit  ou  dans 
une  inscription.  Il  y  reste  en  usage  pendant  toute  la 
durée  de  l’Empire.  Le  nombre  des  mosaïques  d’émail  de 
l’époque  romaine  a  dû  être  considérable.  Mais  la  plupart 
ont  disparu  avec  les  murs  qui  les  supportaient.  Il  ne  nous 
reste  guère  d’autres  peintures  en  musivum  6  que  celles 
qu’a  préservées  le  Vésuve  en  ensevelissant  Pompéi. 

A  l’époque  augustéenne,  la  mosaïque  d’émail  est  sur¬ 
tout  employée  à  orner  les  fontaines,  les  colonnes  et  les 
niches  des  maisons  particulières,  les  piscines  des  bains 
privés  7.  L’artiste  en  musivum  se  sert  de  matériaux  cuits, 
surtout  de  pâtes  vitrifiées,  transparentes  ou  opaques. 
Celles-ci  sont  trop  fragiles  et  trop  glissantes  pour  qu’on 
puisse  en  paver  le  sol.  Par  contre,  elles  conviennent 
mieux  que  le  marbre  au  revêtement  des  parois  verticales. 
Elles  sont  plus  légères;  leurs  arêtes  vives  et  leurs  angles 
aigus  s’insinuent  plus  exactement  dans  le  ciment  et 
s’accrochent  avec  plus  de  ténacité  aux  alvéoles  qu’elles 
remplissent. 

Le  coloris  reste  nécessairement  fort  simple  et  même 
heurté,  la  verrerie  antique  ne  produisant  qu’une  gamme 
de  tons  très  restreinte.  Les  cubes  dorés  sont  encore,  • 
sinon  absolument  inconnus  8,  du  moins  inusités.  Les 
fonds  sont  généralement  d’un  bleu  foncé,  très  agréable  à 
1  œil.  Le  blanc  miroiterait  trop  et  ne  soutiendrait  pas 
assez  les  figures,  qui  paraîtraient  suspendues  dans  le 
vide  9.  D’ailleurs,  lemailleur  antique  ne  sait  pas  encore 
obtenir  cette  couleur  à  l’état  de  pureté  et  d’opacité  par¬ 
faites.  Pour  d’autres  nuances  qui  font  aussi  défaut,  telles 
que  la  plupart  des  rouges,  le  mosaïste  a  recours  aux 
terres  cuites,  aux  laves,  aux  calcaires  ferrugineux  à 
demi  calcinés.  Parfois  il  mêle  à  l’émail  la  nacre  des  coquil¬ 
lages,  dont  il  compose  surtout  des  bordures  en  relief ,0. 

l  Reproduite  souvent  ;  par  exemple,  Mus.  Dorb.  II,  p.  56  ;  Niccolini,  I,  pl.  xxm ; 
Monaco,  Guide ,  p.  30,  n»  10  002.  Autres  analogues,  Monaco,  Ibid.  p.  31,  n»  MO  063; 
(jwrti.  discavi,  III,  p.  169.  — s  Au  Musée  de  Chantilly  :  Müntz,  Bec.  des  Deux  Mondes, 
juillet  1882,  p.  167.-  3  Gusman,  Pompéi,  p.  293  et  figures.  Cf.  mos.  de  Délos  • 
Couve,  Bull.  corr.  hell.  1805,  p.  503.  -  4  E.  Müntz,  La  mos.  chrét.  pend,  les 
prem.  siècles,  p.  10  sq.  —  S  Ibid.  p.  11,  n.  2.  —  6  p|j„.  XXXVI,  ISO  et  114- 
Sen.  Bp.  86,  0;  Stat.  Silv.  I,  5,  42.  -  7  Blümner,  III,  p.  332  sq.  ;  Müntz,  L.  c. 
p.  10  sq.  Fontaines  en  mosaïque  d’émail  et  coquillages  :  à  Pompéi,  dans  les  maisons 
délia  Grande  fontana,  délia  Seconda  fontana,  del  Orso,  dei  Scienzati,  di  Lu- 
cresio  :  Bull.  1838,  p.  192;  1883,  p.  150  sq  ;  Overbcck-Mau,  p.  355;  Fiorelli, 
Peser,  d.  Pomp.  p.  125  et  415  ;  Niccolini,  L.  c.  I,  pl.  n.,  et  Arte  Pompeiana, 
pl.  XXXV!  ;  Gerspach,  La  mos.  p.  8;  Müntz,  L.  c.  p.  17;  Gusman,  p.  310et  pl.  xii  ;  voir 
fons,  p.  1235  et  fig.  3156  (maison  del  Centenaio I;  Gusman,  p.  311  sq.  et  332. 
Colonnes  :  du  vaisseau  de  Ptolémée  Philopator,  Athen.  d’après  Kallixenos,  5, 
206  à  Pompéi,  :  Bull.  1837,  p.  184;  Annali,  1838  p.  191  ;  Overbeck-Mau,  p.  38  . 


Quel  que  soit  l’ouvrage  à  exécuter,  l'artiste  est  obligé 
de  travailler  directement  sur  la  paroi,  dont  la  forme 
courbe  et  le  relief  mouvementé  interdisent  l’emploi  de 
1  emblema.  Il  applique,  sur  un  premier  revêtement  en 
ciment  de  tuileaux  d’excellente  qualité,  un  çnastic  forte¬ 
ment  lié  de  gomme  adragante  et  quelquefois  mélangé 
de  bitume  ou  de  résine.  Il  y  enfonce  les  cubes  un  à  un, 
après  leur  avoir  donné  au  coupoir  la  forme  convenable  : 
uniformément  rectangulaire  et -assez  grosse  pour  les 
fonds,  infiniment  variée  et  souvent  très  line  pour  les 
figures 11 . 

Mais  la  composition  n’est  plus  livrée  ici  au  seul  caprice 
du  mosaïste.  Le  cadre  impose  le  sujet.  Aux  fontaines 
conviennentles  scènes  marines, les  Tritons  et  les  Néréides, 
les  algues,  les  dauphins,  les  poissons  et  les  coquillages. 
Aux  colonnes,  les  guirlandes  et  les  bouquets,  les  nœuds 
de  ruban,  les  bandelettes  en  spirale,  les  écailles  imitant 
le  tronc  rugueux  du  palmier,  les  bagues  historiées  de 
ligures  vivantes,  les  frises  de  quadrupèdes  qui  se  pour¬ 
chassent  en  galopant  [columna,  fig.  1785].  De  l’ordon¬ 
nance  architecturale  dépendent  le  choix,  la  grandeur,  la 
disposition  des  motifs.  Le  mosaïste  pompéien  a-t-il  à 
décorer  1  une  de  ces  niches  cintrées  qu’abrite  une  édicule 
à  ironton  triangulaire  et  d’où  jaillit  un  jet  d’eau  retom¬ 
bant  dans  un  bassin,  il  s’efforce  de  faire  ressortir  par 
un  décor  approprié  le  rôle  spécial  de  chaque  ligne  et 
1  importance  relative  des  diverses  parties  delà  construc¬ 
tion.  Au  milieu  du  tympan  il  pose  de  face  un  Triton  à  la 
queue  bifide,  dont  les  extrémités  divergentes  allongent 
leurs  volutes  sans  cesse  décroissantes  vers  les  deux  angles 
du  fronton  '".Il  souligne  de  bandeaux  plats  les  divisions 
de  1  architrave.  Contre  la  voûte  de  la  niche,  il  applique 
la  coquille  aux  nervures  rayonnantes  qui  sert  de  couche 
à  l’Anadyomène13.  Au-dessous,  il  entoure  le  jet  d’eau 
d’une  frise  demi-circulaire,  où  Neptune  surgit  des  Ilots 
au  milieu  de  son  peuple  marin.  Aux  écoincons  qui  enca¬ 
drent  l’arcade  sont  réservées  des  figures  aériennes,  Vic¬ 
toires,  Génies,  Amours,  auxquelles  leurs  ailes  éployées 
donnent  un  aspect  triangulaire  u.  Enfin  des  thyrses  et  des 
candélabres  dressés  le  long  des  piliers,  font  ressortir  leur 
verticalité,  tandis  qu  au  lond  du  bassin  garni  de  coquil¬ 
lages,  des  poissons  semblent  évoluer  dans  l’eau  de  la 
fontaine  [fons,  fig.  3156]. 

Ainsi  se  manifeste  déjà,  à  1  époque  d  Auguste,  ce  carac¬ 
tère  architectural  de  la  figure  vivante  que  l’on  a  cru  long¬ 
temps  appartenir  en  propre  à  la  mosaïque  byzantine.  Le 
mode  de  décoration  des  basiliques  chrétiennes  ne  diffère 
pas  essentiellement  de  celui  des  fontaines  de  Pompéi. 
L’inspiration  changera  de  nature.  Aux  Éros  succéderont 
les  anges;  aux  monstres  de  la  fable,  les  bêtes  de  l’Apoca¬ 
lypse;  aux  divinités  de  l’Olympe,  Jésus-Christ,  la  Vierge 

Niccolini,  II,  Peser,  gêner,  pl.  lxiii;  Mus.  Borb.  XII,  p.  8,  et  XIV,  pl.  xi.vih 
Jahn,  Ornam.  ait.  klass.  Kunst.  pl .  lix  ;  Monaco,  Guide,  p.  30,  n”  9995-6  Gusman 
p.  373  et  fig.;  voir  columna,  p.  1351  et  fig.  1785.  Dans  le  triclinium  de  la  maison 
d’Apollon,  les  colonnes  étaient  revêtues  de  coquillages  :  E.  Breton  Pompeia 
p.  253.  -  8  D’après  Artaud,  L.  c.  p.  18,  et  Müntz,  L.  c.  p.  34,  le  palais  de  Néron 
était  inscrusté  de  verre  doré,  d’où  son  nom  de  maison  d'or-,  mais  Suétone,  Ber. 
ch-  XX!tI> lle  d'k  r*en  de  pareil.  Nous  croyons,  avec  Engelmann,  Bhein.  Mus  ,  N  S 
XXIX,  p.  583,  que  l’emploi  des  cubes  dorés  ne  remonte  pas  plus  haut  que  le  début 
du  III»  siècle  ap.  J.-C.,  bien  que  Furietli,  p.  50,  prétende  avoir  recueilli  quelques 
cubes  de  ce  genre  dans  les  décombres  de  la  villa  Hadriana,  construite  au  début 
du  u*  siècle;  Cf.  Gauckler,  Bull,  arcli.  du  Comité,  1903,  p.  419  sq  -  9  Gerspach 
La  mos.  p.  250  sq.  -  10  Voir  surtout  la  fontaine  aux  masques,  Gusman,  p.  310.’ 
-H  Voir  pour  la  technique  antique,  Blümner,  Technol.  III,  p.  333-  cf  pour  la  tecl. 
nique  actuelle,  Labarte,  Hist.  des  arts  ind.  II,  p.  335;  Gerspach,  L.  e  p  235  sq 
-  12  Fontaine  de  la  maison  delV  Orso.  -  n  lbid.  -  n  /bid.  et  maison  di  Lucres, ç. 


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et  les  Saints.  Mais  les  principes  qui  règlent  la  composition 
demeureront  immuables,  car  ilsreposent  sur  un  fondement 
rationnel,  la  constante  adaptation  de  la  figure  au  cadre. 

II.  Période  antoninienne.  —  Ainsi,  à  l’époque  augus- 
téenne,  les  divers  genres  de  mosaïques  restent  encore 
tout  à  fait  distincts.  Chacun  d'eux  a  sa  place  à  part  sur 
le  sol  ou  sur  les  parois,  son  champ  d’action  nettement 


délimité,  sa  technique,  ses  sujets,  son  style  caractëris 
tiques.  Deux  siècles  plus  tard,  tout  est  confondu.  Sur 
pavement  du  temps  de  Dioclétien,  on  n'arrive  plus1"' 
reconnaître  où  commence  le  vermiculatum,  où  finit  l . 
tessellatum.  Les  mosaïques  de  l’époque  desAntonins  et 
des  Sévères  forment  la  transition. 

A  partir  de  la  fin  du  siècle  de  notre  ère,  la  mosaïque 


Fig  5246.  —  Plan  des  bains  de  Pompeianus, 

est  devenue  un  art  tout  romain.  Plus  que  tout  autre,  elle 
bénéficie  des  bienfaits  de  la  paix  qui  règne  dans  l’em¬ 
pire.  Elle  se  développe  avec  le  bien-être  général.  Ses  pro¬ 
grès  suivent  ceux  du  luxe  architectural,  qui  augmente 
sans  cesse.  Son  emploi  se  répand  dans  tous  les  édifices 
publics,  surtout  dans  les  thermes  devenus  le  centre  habi¬ 
tuel  de  la  vie  sociale  [thermae],  le  lieu  de  réunion  où 
tous  viennent  chercher  repos  et  distractions.  Les  moin¬ 
dres  cités  consacrent  à  leurs  bains  de  somptueux  édi¬ 
fices  dont  les  voûtes  et  le  sol  sont  décorés  d’immenses 
mosaïques  1 ,  et  les  revêtements  des  thermes  privés,  tels 
que  ceux  de  Pompeianus  à  l’Oued  Athmenia  en  Numidie 2 
(fig.  5246),  ou  desLaberii  à  Utliina  (Oudna)  dans  la  Pro- 

l  Cf.  la  liste  des  tliermes  ornés  de  mosaïque  donnée  par  R.  YVollastou,  Thermae 
Romano-Britann.  or  the  Rom.  battis  found  in  ltaly,  Britain,  France ,  Switzerland, 
elc.  Lond,,  1869.  —  2  Fig.  5246,  Poulie,  Bec.  de  Const.  XIX,  p  431  sq.  pl.  xix; 
planches  hors  texte,  suppl.  au  Rec.  de  Const.  XXIV,  1880;  Plans  et  mosaïques  des 
bains  de  Pompeianus  près  de  l'OuedAthmèma,  Boissier,  L'Afr.  rom.  2°  éd.p,153sq.  ; 


à  l’Oued  Athménia  (province  de  Constanline). 

consulaire  (fig.  5249)  3 ,  rivalisent  de  magnificence  avec 
ceux  des  établissements  municipaux.  La  mosaïque  sert  a 
orner  les  maisons  particulières,  les  plus  humbles  comme 
les  plus  riches,  à  la  ville  comme  à  la  campagne. Elle  envahit 
tous  les  appartements,  même  les  plus  retirés,  le  gynécée, 
les  chambres  à  coucher,  les  communs,  la  cuisine  et  les 
chambres  d’esclaves.  Elle  pénètre  dans  la  demeure  des 
morts,  et  pave  les  caveaux  des  colutnbaria  et  des  mau¬ 
solées. 

De  l'Italie  elle  se  répand  dans  les  provinces.  Les  voyages 
d’IIadrien  contribuent  à  la  propager  dans  tout  1  empire. 
Parmi  les  ouvriers  d’art  que  l’empereur  entraîne  à  sa 

suite,  se  trouvent  des  maîtres  mosaïstes  chargés  de  déco 

Duruy,  Hist.  des  Rom.  VII,  pl.  de  la  p.  24;  Tissot,  Géogr.  de  la  pr.  rom.^  d.AjC 
1,  p.  360  sq.  pl.  i-iv;  Usell,  Mon.  ant.  de  l'Alg.  Il,  p.  23  sq.  et  p.  108,  n-  -  - 
fig.  88;  Corp.  inscr.  lat.  YIU  10  889-91  ;  Voy.  aussi  f.quus,  "g. 

—  3  Gauckler,  Le  dom.  des  Laber'n  à  Uthina ,  Mon.  Piot  Hl>  P-  Sl'’  * 
et  fig.  12:  La  Blanchcre  el  Gauckler,  Cat.  .1 lus.  Alaoui ,  p.  -9,  n  1+3 


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rer  les  monuments  que  le  souverain  sème  sur  son  pas¬ 
sage.  Ceux-ci  se  fixent  parfois  à  demeure  dans  les  centres 
où  ils  ont  fait  escale.  Ils  y  ouvrent  une  officine  et  forment 
des  élèves.  Ils  choisissent  de  préférence  les  chefs-lieux 
administi atifs  ou  ils  trouvent  1  appui  et  les  commandes 
du  gouverneur  et  des  fonctionnaires  qui  l’entourent.  Ils 
s  établissent  aussi  dans  les  riches  emporia  maritimes  et 
fluviaux,  où  le  transport  par  eau  facilite  l’importation 
des  marbres  de  Grèce,  d  Italie  et  d'Afrique,  et  où  le 
monde  des  trafiquants  et  des  armateurs  leur  assure  une 
clientèle  plus  opulente,  et  aussi  plus  capable  d’apprécier 
leui  art,  que  celle  des  barbares  à  peine  romanisés  de 
1  intérieur  des  terres.  Ailleurs,  ce  qui  les  attire  c’est  le 
voisinage  de  carrières  impériales,  qui  leur  fournissent 
la  matière  première  en  abondance  et  à  bon  marché. 

Dès  le  début  du  11e  siècle  de  notre  ère,  de  nombreux 
ateliers  fonctionnent  dans  toutes  les  contrées  qui 
bordent  le  bassin  occidental  de  la  Méditerranée.  Dans 
le  sud  de  la  Gaule,  les  plus  importants  se  trouvent  à 
Nemausus  (Nîmes)1,  Aquae  Sextiae  (Aix)  2,  Vienna 3 
(Vienne),  Lugdunum  (Lyon)4.  En  Espagne,  à  Barcino 
(Barcelone)  J,  Tarraco  (Taragone)  °,  Italien  1 ,  Ampurias 
(■ Emporiae )8.  Dans  la  Proconsulaire  9,  à  Carthago  (Car¬ 
thage)10,  à  U  tien  (Utique)11,  Utliina  (Oudna)12,  Hadru - 
metuin  (Sousse)  13,  Sur  les  côtes  de  Numidie  et  de  Mau- 
rétan  ie,  à  II ippo  Regius  (Bône) '-4,  à  loi  Caesarea  1 0  (Cher- 
chel),  dans  l’intérieur  du  pays,  à  Lambaesis  (Lambèse) 16, 


résidence  de  la  iiP  légion  Auguste  que  visita  l’empereur 
Hadrien,  et  à  Thatnugocli  (Timgad)  sa  voisine  17. 

Au  temps  des  Sévères,  les  ateliers  se  multiplient  encore. 
Ils  essaiment  jusque  dans  les  provinces  les  plus  recu¬ 
lées  de  l’Empire.  L’on  en  rencontre  dans  tout  le  sud  et 
le  centre  de  la  Bretagne  18,  notamment  à  Londinium 
(Londres)19  et  à  Corinium  (Cirencester) 20  ;  dans  la  Gaule 
Belgique,  à  Juliobona  (Lillebonne) 21,  à  Durocorlorum 
Reims) 22  ;  au  nord  et  à  l’est  de  la  Celtique  :  à  Augusla 
Treverorum  (Trêves)23,  à  Augustodunum  (Autun) 24,  à 
Aventicum  Itelvetiorum  (Avenches) 23  ;  en  Germanie,  à 
Col  onia  Agrippina  (Cologne)26;  en  Rhétie,  à  Augusla 
UmtfeZfGorim(Augsbourg)27;  en  Norique,à  Salzbourg  28; 
en  Pannonie,  à  Carnuntum  (Petronell) 29  ;  en  Dacie,  à 
Sarmisagethusa  (Varhély) 30  ;  et  même  dans  les  pays 
grecs:  en  Achaïe,  à  Sparte31;  en  Asie  Mineure,  à 
Cyzique32,  à  Halicarnasse  33,  et  jusqu’à  Zeugma  ir  près 
de  1  Euphrate.  En  Espagne,  ils  pénètrent  jusqu’au  fond 
de  la  Lusitanie,  à  Rielves33,  à  E mérita  (Mérida)36.  En 
Afrique,  où  l’abondance  et  la  variété  des  marbres  de  cou¬ 
leur  3‘  favorisent  particulièrement  l’essor  de  la  mosaïque, 
les  ateliers  se  multiplient  de  tous  côtés  :  sur  les  hauts 
plateaux,  à  Thugga  (Dougga) 38,  Allhiburus  (Médeina) 39, 
7’/<cmYe(Tébessa)40,CîW«(Constantine)41,N<7//?s(Sélif)42, 
Ausia  (Aumale)43,  aux  Ouled  Agla  {Equizetuml)^  ;  sur 
les  côtes,  surtout  à  Meninx  (El  Kantara  dans  Pile  de 
Djerba)  4S,  Gigthi  (Bougrara)  4G,  Rusicade  (Philippe- 


1  Cf.  surtout  :  A.  Pelet,  Les  mos.  de  Nîmes  (1522-1804),  Nîmes,  1876  ; 
Bazin,  Mimes  gallo-romain,  p.  201  sq.  ;  Artaud,  p.  84  sq.  ;  G.  Maruéjol' 
Mos.  du  mariage  d'Admète,  et  liev.  de  Nemausa,  passim;  A.  Allmer,  E.  et  F. 
Gcrmer-Durand,  Inscrip.  ant.  de  Nîmes,  passim.  —  2  Artaud,  p.  99  sq.  ; 
Calvet,  Dissert,  sur  quelques  mosaïques  des  anciens,  manuscrits  de  la 
bibliotli.  d'Avignon,  Calai.  II,  p.  381;  Fauris  Saint-Vincent,  liée,  de  divers 
monum.  d'antiq.  trouvés  en  Prov.  Paris,  1805  ;  Millin,  Voyage  dans  le 
midi  de  la  France ,  pi.  xxxm-xxxvi  ;  H.  Gibert,  Cat.  du  musée  d'Aix,  1882, 
n»  331  sq.  —  3  Artaud,  p.  81  sq.  117;  Bull.  1867,  p.  193  sq.  ;  1862,  p.  153  sq.  | 
1868,  p.  49  sq.;  Cat.  somm.  des  musées  de  Lyon,  p.  207.  —  4  Artaud,  ûescr.  des 
mosaïq.  de  Lyon,  Ibid.  p.  37  sq.  et  La  mosaïque  des  jeux  du  cirque,  l.yon.  1806; 
Cat.  somm.  des  musées  de  Lyon,  p.  204  sq.  —  3  Hübner,  Annali,  1863,  ’p.  135 
sq.  ;  Bull.  1800,  p.  151.  —  6  Bûcher,  Gesch.  d.  teck.  Kunst,  p.  100  et  (ig.  21  ; 
de  Laborde,  Itescr.  d’un  pavé  en  mos.  déc.  dans  l’anc.  ville  d'Italica, *  iSOi, 
p.  102  et  pl.  XX  ;  Ann.  Soc.  des  anliq.  de  France ,  1854,  p.  108.  —  7  De  Laborde, 
Op.  I.  ; Ephem.  epigr.  IX,  I,  p.  75  :  Baetica,  n»  192.  —  8  Hübner,  Bull.  1860, 
p.  157  :  Heydemann,  Arch .  Zeit.  XXVII,  1869,  p.  7  sq.  et  pi.  xiv  ;  de  Villefosse,  Bull’ 
de  la  Soc.  des  ant.  1892,  p.  192.  -  9  De  Villefosse,  Mosaïques  récemment  'décou¬ 
vertes  en  Afrique,  Rev.  de  l'Afr.  fr.  VI,  1887,  p.  371  sq.  ;  Toulain,  Les  cités  rom. 
de  la  Tunisie,  p.  112  sq.;  Gauckler,  La  mosaïque  romaine  en  Afrique,  Tour  du 
monde ,  1890,  p.  329  sq.  —  10  Audollent,  Carthage  romaine,  p.  659  sq,  avec  la 
bibliogr.  n  D  Hérisson,  Mission  arch.  en  Tunisie,  passim;  Morgan,  Rom 
brit.  mos.  pavem.  p.  247  et  pl.  cclxxii  sq.  et  pl.  p.  275;  N.  Davis,  Karthago 
und  seine  Ueberreste,  éd.  ail.  p.  295  sq.;  Cat.  Brit.  Mus.  n»  65  sq.;  Cat.  somm. 
marbres  du  Louvre,  n»  1799  sq.  —  12  Rev.  arch.  III,  1840,  p.  142  sq.  et  pl.  i.  ;  Doublet, 
Musée  d  Alger,  p.  52  sq.  pl,  xvu  ;  Gauckler,  Mon.  et  nié  ni .  Piot,  III,  1897. 
La  Blanchère  et  Gauckler,  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  23  sq.  n»«  103  à  152.  —  13  Gau¬ 
ckler,  Cornet  et  llannezo,  Musées  de  Sousse-,  de  Villefosse,  L.  c.  p.  373  sq.  ;  Han- 
nezo,  Les  déc.  de  mos.  à  Sousse,  Afas,  Congrès  de  Carthage ,  II,  p.  816  sq. , 
La  Blanchère  et  Gauckler,  O.  I.  p.  9  sq.  A,  n»s  1  à  0  et  165;  La  Blanchère,  Coll. 
Mus.  Alaoui,  p.  20  sq.;  Pellissier,  Rev.  arch.  1844,  p.  811;  Doublet,  Ibid!  1892; 
11,  p.  217  sq.;  Doublet,  C.  rend.  Acad.  Inscr.  1892,  p.  318  sq.  ;  Gauckler,  Les 
mos.  de  l'arsenal  de  Sousse,  Ibid.  1897,  II,  p.  8  sq.  —  14  Gsell,  Mon.  ant.  de  l’Alg. 
Il,  p.  100,  n»  20  sq.  avec  la  bibliogr.  —  15  Gsell,  Ibid.  p.  103  sq.  n“s  9  à  15,  et 
190  sq.  avec  la  bibliogr.  ;  de  Villefosse,  L.  I.  p.  378  sq.  ;  Gauckler,  Musée  de  Chcr- 
chel,  p.  04,  n»  5;  Waillc,  De  Caesareae  monum.  quae  supersunt,  p.  34  sq.  ;  Rev. 
Afr.  1902,  p.  20  sq.  et  pl.  vu  ;  Ibid.  1903,  p.  99  sq.  pl.  u  et  vin.  — 10  Gsell,  O.  c. 
p.  106  sq.  n°*  30  à  33  ;  de  Villefosse,  Gaz.  arch.  V,  1879,  p.  144  Sq.  263  sq.  et 
pl.  xxu  Gagnai,  L'armée  rom.  d'Afr.  p.  537  sq.  ;  Musée  de  Lambèse,  p.  38. 
—  n  Gsell,  O.  c.  p.  1 10,  n»>  52-54 avec  la  bibliogr.;  Cagnat  et  Ballu,  Musée  de  Tim¬ 
gad,  1903,  p.  34  sq.  et  pl.  xm  et  xiv;  Ballu,  Guide  illustré  de  Timgad,  54  fi».  25, 
p.  01,  fig.  29,  p.  94,  fig.  41  —  18  S.  Lysons,  Reliquiae  Britannicae  Romunae 
London,  1813;  W.  Fowler,  Roman  mosaïcs  ;  Morgan,  Romano-british  Pavements 
1880.  —  19  Morgan,  p.  170  sq.  avec  la  bibliogr.  ;  It.  Wollaston,  Thermal 
Rom.  Britann.  p.  34.  —  20  Lysons  11,  n«  part.  pl.  vsq.;  Morgan,  p.  80  sq.  ; 
Buckman  et  Newmark,  Remains  of  art  in  Cirencester,  London,  1850;  Wollaston 
O.  I.  p.24.  — 21  Cochet,  Rev.  arch.  XXII,  p.  31 1  sq.  Id.  La  mos.  de  Lillebonne,  Bolbec! 
1879;  E.  Cliatel,  Notice  sur  la  mos.  de  Lillebonne,  Caen,  1873'  Renier  C  ' 

VI. 


Acad,  des  inscr.  VI,  p.  30  sq.;  Gaz.  arch.  X,  1885,  p.  99  sq.  pl.  xm,  xtv;  Arch. 
Zeit.  XXIX,  18/2,  p.  46  sq.  — 22  Ch.  Loriquet,  La  mosaïque  des  promenades  et 
autres  mosaïques  trouvées  à  Reims.  1862;  Id.  Reims  pendant  la  domination 
romaine ;  E.  Fleury,  La  civilisation  et  l'art  des  Romains  dans  la  Gaule  Bel¬ 
gique,  Reims.  —  23  Hettner  et  von  Wilmowsky,  Rom.  Mosaïken  aus  Trier  und 
dessein  Ungegend,  Trier,  1873;  von  Wilmowsky,  Der  Dom  zu  Trier,  1874;  1,1. 
Die  rôm.  Villa  zu  Nennig  und  ihr  Mosaik,  Bonn,  1865;  Lebner,  Fûhrer  durch 
dus  prov.  Muséum  zu  Trier,  p.  39  sq.  ;  Heltner,  Westd.  Zeitsch.  X,  1891,  p.  248 
sq.;  XIV,  1895,  p.  102,  n»  68;  XV,  1890,  n»  55,  et  Antik.  Denkm.  I,  pl.  xi.vn  à 
XI.1X  ;  Bonn.  Jahrb.  LVII,  p.  228  ;  CII1,  p.  234  ;  Schmidt,  Die  Jagdvilla  zu  Fliessem, 
Tner,  <843.  —  21  Artaud,  p.  114  sq.;  Annali,  1874,  p.  22,  n»  00,  avec  la  bibliogr. 

—  2j  Schmidt,  Antiq.  d' Avenches  ;  G.  de  Bonstellen,  Bec.  d'antiq.  suisses,  1855  et 
suppl.  1867  ;  E.  Dunant,  Guide  i/l.  du  Musée  d’ Avenches,  Lausanne  1900-  Bur- 
sian,  Aventic.  Helvetior.  -  20  H.  Düntzer,  Vers.  d.  roem.  AUerth.  d.'  Mus. 
Wallraf-Richartz.  p.  12  n»  30,  p.  82  n»  168  sq.  avec  la  bibliogr.  —  27  Furielti, 
p.  59;  Gruter,  Inscript,  i,  p.  336  ;  Velser,  lies  Augustanae  Vindelic.  p.  237  sq 

-  28  E.  von  Sacken,  Mitt.  d.  Centr.  Comm.  XVIII,  p.  26  ;  Arch.  Zeit.  1874,  p.  toi' 

—  29  c.  A.  Bôttiger,  Salzburger  Mosaïkfussboden ,  1821;  Bull.  1841, p  125;Arneth, 
Arch.  Analekten ,  1851,  Album,  pl.  v  sq.;  O.  Jahn,  Arch.  Zeit.  XX,  1860,  p.  330 

-  30  Arneth,  Arch.  Analekten,  1851,  pl.  xv  sq.  ;  Ch.  Boner,  Siebenburgen  Land 
und  Leute ,  Leipzig,  1868,  cité  par  Bûcher,  p.  100.  —  31  Hirschfeld,  Bull.  1873, 
p.  213;  Dressel  et  Milchhoefer,  Mitt.  aus  Atlien,  II,  1877,  p.  427;  Engelmann, 
Arch.  Zeit.  XXXIX,  1881,  p.  130  etpl.  vi.  —32  Mos.  transportées  au  Musée  de  Cons¬ 
tantinople,  phologr.  communiquée  par  M.  Joubin.  —  33  Bull.  1860,  p.  1013  sq.  ;  Arch. 
Anzeig.  X\  I,  p.  115  sq.  ;  C.  T.  Newton,  Hist.  of  discov.  al  Halic.  ;  Morgan,  p.  250 
S.p  ;  Handbook  to  the  gr.  and  rom.  ant.  in  the  Br.  Mus.  London,  1903,  p.  S2  cl 
2f7'.-  W  Jahrb-  d-  <L  arch-  Instit.  Berlin.,  Beiblatt,  1900.  p.  109  sq.  avec  la 
bibliogr.  —  3b  p.  Arnal,  Descub.  de  los  pavim.  ( mosaycos )  de  Rielves.  —  30  Corp. 
inscr.  lat.  II,  492.  —  37  Voy.  marmor,  p.  1604  avec  la  bibliogr.  Ajouter  :  Cagnal, 
Les  mines  et  les  carr.  de  la  Tunisie  dans  l’antiq.,  dans  la  France  en  Tunisie,  1897, 
p.  122  sq.  —  38  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité,  1901,  p.  231  sq.  cl  190*,  n  «r,- 
Merlin,  Mélanges  de  Rome,  1902,  p.  69  sq.  et  pl.  m.  -  39  Gauckler,  C.  r.  Acid. 

inscr.  1898,  p.  642  sq.  ;  La  Blanchère  et  Gauckler,  L.  c.  p.  32,  nos  166-168  _ 40  Gsell 

Mon.  ant.  Atg.  11,  p.  109,  n»  47  sq.  et  Musée  de  Tébessa,  p.  04  sq.  pl.  y,,  2  et 
pl.  IX  avec  la  bibliogr.;  de  Villefosse,  L.  c.  p.  384  sq.  et  pl.  n;  Corp.  inscr.  lat. 
VHI,  16  667;  planches  en  couleurs  de  Chabassière,  publiées  parla  Soc.  arch.  de  Cons- 
tautine  en  1888.  —41  Gsell,  Mon.ant.  de  l'Alg.  II,  p.  104,  n»*  16  sq.  avec  la  bibliogr  ■ 
Bavo.sié,  Explor.  I,  p.  6-7  ;  Delamare,  Expiai- .  pl.  cxxxvm-cxi.v..  -  42  Gsell  O  V 
p.  109,  no  46;  R.  deConst.  XVI,  p.  301  sq.  el  pl.  v.  ;  lat.  C.  i.  VIII,  18  51o’  Mos 
d'Ain-Temouchent,  près  de  Sétif,  Gsell,  O.  I.  p.  101,  n<  I  -,  R.  de  Const  XXVII* 
p.  245  sq.  et  pl.;  C.  i.  I.  VIII,  8509.  Mos.  de  Bordj-Redir,  au  sud-ouest  de  Sétif' 
Gsell  O.  I.  p.  102,  „0  6.  _  43  Gsell,  O.  I.  p.  ,02,  3-4;  Doublet,  Musée  d'Alger 

p.  93  sq.  pl.  xv-xvt  avec  la  bibliogr.  -  44  Gsell,  O.  L  p.  108,  no  41  et  Rer  de 
Const  XXVII,  1892,  p.  230  sq.  avec  la  bibliogr.  Planche  hors  lexte,  en  couleurs 
publiée  par  la  Soc.  arch.  de  Constantineeu  1892.  -  43  Bull.  arch.  du  Comité  1885 
p  121  sq.  etpl.  iv ;  Ibid.  t887,  p.  446  sq.;  C.  i.  I.  VIII,  11  059.  _  «  BuÙ 

du  Comité,  1885,  p.  125;  Fouilles  de  la  Direction  des  Antiquités  de  Tunisie,* 
Bev.  critique,  1903,  p.  340. 


265 


—  2110  — 


MUS 


ville)',  Saldac  (Bougie)  2,  Cartonna  (Ténès)  3,  Portus 
Magnus  (Sainl-Leu)U  et  jusqu  a  Tingis  (Tanger)8. 
Chacun  deux  devient  un  foyer  artistique  qui  rayonne  à 
distance.  En  Afrique,  les  mosaïstes  d '  Hadrumetum  cir¬ 
culent  le  long  de  la  côte  du  Sahel,  décorant,  l'une  après 
l'autre,  les  luxueuses  villas  de  plaisance  8  que  les  plan- 
l(‘urs,  enrichis  par  la  culture  de  l'olivier,  construisent  au 
bord  de  la  mer  afin  d’y  passer  la  saison  chaude.  L'atelier 
d 'Aventicum  inonde  de  ses  produits  toute  la  région  envi¬ 
ronnante  :  Cormerod  \  Yvonand  *,  Urba  (Orbe)6, 
Eburodunum  (Yverdon) ,0,  Culm  u  et  Bumplitz  '  -  près  de 
Berne,  peut-être  même  Ilerzogenbuchsee  ,3. 

La  plupart  de  ces  officines  choisissent  dans  le  réper- 
loii e  courant  de  1  imagerie  antoninienne  quelques  thèmes 
typiques  qu’elles  reproduisent  de  préférence.  Quelques- 
unes  disposent  en  outre  de  modèles  plus  rares  qu’elles 
sont  seules  à  posséder.  Ainsi  l’épisode  virgilien  de 
Darès  et  Entelle  traité  par  les  mosaïstes  d'Aquae  Sextiae, 
que  l’on  rencontre  à  Aix  même  et  à  Villelaure,  localité 
voisine,  ne  se  trouve  nulle  part  ailleurs ,l. 

Ces  ateliers,  travaillant  simultanément  à  Rome  et  dans 
les  provinces,  produisent  chaque  année  un  nombre  con¬ 
sidérable  de  mosaïques.  Ils  leur  donnent  parfois  des  pro¬ 
portions  énormes.  A  Pompéi,  les  plus  grands  pavements 
en  tessellatum  dépassent  rarement  4  cà  5  mètres 
de  côté.  Au  temps  des  Antonins,  ils  atteignent  souvent 
100  mètres  carrés  d'un  seul  tenant  et  même  davantage, 
non  seulement  dans  les  édifices  publics,  mais  dans  les 
simples  habitations  privées,  comme  la  maison  de  Soro- 
thus  à  Sousse  l0.  Toute  cette  étendue  arrive  à  se  couvrir 
de  sujets  figurés.  Dans  les  pavements  oii  le  vermiculatum 
est  associé  au  tessellatum ,  le  tableau  central  s’agrandit 
aux  dépens  du  décor  géométrique  qui  l’encadre,  et  finit 
par  le  réduire  à  une  simple  bordure. 

Le  goût  s’oblitère,  l’amour  du  faste  l’emporte  sur  le 
respect  des  convenances  artistiques.  L’affranchi  parvenu, 
le  provincial  enrichi  qui  fait  construire,  tient  avant  tout 
a  éblouir.  Il  faut  que  chez  lui  l’on  marche  sur  des  pierres 
précieuses,  que  l’on  foule  aux  pieds  des  œuvres  d’art18.  Le 
format  nécessairement  restreint  de  Vemblema  ne  saurait 
plus  suffire.  On  y  renonce.  Dès  le  milieu  du  n°  siècle, 
quelle  que  soit  la  nature  de  sa  tâche,  le  mosaïste  l’exé¬ 
cute  toujours  directement  sur  le  sol. 

1"  Vermiculatum  antoninien.  —  Les  conséquences 
de  ce  changement  lui  donnent  la  portée  d’une  véritable 
révolution  dans  l’art  de  la  mosaïque.  Le  seul  obstacle 
qui  s’opposait  encore  à  la  fusion  des  genres  disparaît. 
Les  mosaïstes  en  vermiculatum  et  en  tessellatum  tra¬ 
vaillent  désormais  côte  à  côte.  Ils  sortent  du  même  ate¬ 
lier.  Souvent  l’un  d’eux  exécute  à  lui  seul  les  diverses 
parties  du  pavement.  L’œuvre  en  acquiert  plus  d’unité. 

L  artiste  qui  compose  à  la  fois  le  tableau  et  son  encadre- 

i-  Delamare,  Explor.  p.  19  sq.  ;  Gsell,  O.l.W,  p.  22  ot  I08,n»*3.  —  2  Gsell,  O.  I. 
p.  102  sq.  nos  7  et  8,el  Rec.de  Consl .  XXVII,  p.  243  sq.  Planche  en  couleurs  publiée 
par  la  Soc.  arcli.  de  Conslanline  en  1892.  —  3  Reinacli,  Ru//,  arch.  du  Comité, 
1893,  p.  81.  —  4  Gsell,  O.  I.  p.  20  sq.  avec  la  bibliogr.  ;  p.  109,  nos  44  et  43;  de 
Villefosse,  O.  I.  p.  394  sq.  et  pl.  iv  ;  p  213-237,  pi.  iv-vi  ;  Robert,  Jakrb.  d.  arch. 

Inst.  V,  1890;  La  Blanchère,  Musée  d'Oran,  p.  40  sq.  et  pl.  n-vi.  _  3  Rail,  des 

anliq.  de  France,  1881,  p.  97  sq.  —  0  Notamment  à  Ivsiba,  Kenissia,  Mokenine, 
Thapsus,  El  Alia,  El-Aerg,  Cliebba,  El  Djem  ( Thysdrus );  cf.  Gaucklcr,  Marche  du 
service  des  ant.,  I89G  et  années  suiv.  passim.  —  7  Bursian,  Avcnt.  Helo.  p.  55 
et  pl.  xxix  ;  Mitt.d.  ant.  Gesellseh.  Zürich.XV  1,5;  Jaliri,  Arch.  Beitr.  p.  271. 

—  »  Bursian,  L.  c.  pl.  xxm;  Bonsletten,  Recueil,  suppl.  Il,  p.  10  et  pl.xiv;  Millin, 
Gai.  Myth.  n«  423,  pl.  cvii  (sous  le  nom  de  mos.  de  Grandson)  ;  Zurlaubcn, 

1  uhleaux  de  la  Suisse,  pl.  cxcvn,  I  (mosaïque  de  Cheyres).  —  9  Bursian,  Mos.  von 


ment  est  naturellement  amené  à  les  assortir  l’un  à  U 
II  ménage  les  transitions,  mêle  les  figures  animées" '■!! 
motifs  géométriques,  simplifie  les  premières,  assounlh 
les  seconds.  Chargé  par  les  Laberii  de  décorer  d’un 
sujet  bachique  Vaseux  de  leur  villa  d’Uthina  (Oudna )  je 


mosaïste  place  au  centre  de  la  salle  le  groupe  de  Dio¬ 
nysos  faisant  don  de  la  vigne  au  roi  Ikarios,  tableau 
rappelant  par  la  taille  et  l’aspect  Yemblema  pompéien. 
Mais  il  l’entoure,  au  lieu  d’un  cadre  rectiligne  et  rigide, 
d'une  vigne  luxuriante,  où  circule  tout  un  peuple 
d’ Amours  vendangeurs,  puis  d’une  guirlande  de  fruits, 
de  fleurs  et  de  masques  dionysiaques,  et  enfin  de  rosaces 
symétriques  qu’isole  un  treillis  de  feuillage17.  Ainsi,  au 
temps  des  Antonins,  le  motif  central  déborde  sur  l’enca- 


Orbe ,  Mitt.  ant.  Zurich.  XVI,  II,  cah.  i;  Bonstcllen,  Recueil,  suppl.  II,  pl.  xvi-xix  , 
lithogr.  de  Bonsletten  (Thésée  et  Ariadne);  Bull.  1843,  p.  52,  et  1853,  p.  103  sq. 

—  10 Mitt.  Zurich .  XIV,  p.  75  ;  Levade,  Dict.  géogr.  du  canton  de  Vaud ,  1824,  \e^y, 
s.  r.  —  il  Schmidt,  Antiq.  d' Avenches  et  de  Culm ,  p.  81  sq.  pl.  n,  2  eliv.  Ibid. 
p.  1 18.  —  13  Annali ,  1874,  p.  267  ;  Bursian,  Avent.  Helv.  p-  56,  pl.  xxiv.  i^Mos. 
d'Aix,  II.  Gibert,  Musée  d'Aiæ ,  1882,  p.  226  sq.  avec  la  bibliogr.  ;  mos.  de  Villelaure, 
Lubande  et  de  Villefosse,  Bull.  arch.  du  Comité ,  1903,  p.  8  sq.  et  20  sq.  pl.  n,  a'ec 
la  bibliogr.;  cf.  Gaucklcr,  Mosaïques  romaines  de  Provence,  Ibid.  1901,  p.  3+0. 

—  13  Exactement  137  métrés  carrés.  La  Blanchère  et  Gaucklcr,  Cat.  du  Must.e 

Alaoui ,  p.  9,  A  n°  1,  avec  la  bibliogr.  Dans  les  thermes  publics  les  paiements  pure 
nient  ornementaux  atteignent  parfois  200  ou  300  mètres  de  superficie  d  un  seul  tcnanl, 
et  môme  davantage.  —  16  Sen.  Ep.  86,  1,0;  Apul.  Met.  V,  1.  11  Gaucklei, 

dom.  des  Laberii  à  Uthina ,  Mon.  et  Mèm.  Piot ,  III,  p.  208  sq.  et  pl.  xxl  S,I- 


MUS 


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MUS 


drement,  la  figure  vivante  envahit  le  décor  géométrique. 

A  partir  des  Sévères,  c’est  le  contraire  qui  se  produit. 
L’ornementation  architecturale  se  dessèche  et  se  raidit. 
Les  combinai¬ 
sons  purement 
linéaires  res¬ 
treignent  le 
champ  des  ta¬ 
bleaux  animés. 

Sur  les  parois, 
les  paysages,  les 
figures  vivantes 
et  les  fines  ner¬ 
vures  en  léger 
relief  qui  carac¬ 
térisent  les  pan¬ 
neaux  de  stuc 
ouvragé  de  l’é¬ 
poque  augus- 
Léonne  *,  ont 
fait  place  à  un 
amas  de  cais¬ 
sons  polygo¬ 
naux,  ornés  de 
lourds  fleurons 
que  séparent  de 
massives  cloi  - 
sons  aussi  lar¬ 
ges  qu’eux-mê¬ 
mes  2. 

Sur  les  pave¬ 
ments  corres¬ 
pondants,  se  dé¬ 
veloppe  un  ré¬ 
seau  géométri¬ 
que  analogue, 
qui  part  du  mi- 
li-eu  de  la  pièce 
pour  s’étendre 
jusqu’aux  mu¬ 
railles.  Le  pé¬ 
rimètre  du  ta¬ 
bleau  central 
sert  de  base  à  la 
construction.  Il 
varie  de  forme, 
suivant  le  plan 
des  locaux  et  la 
disposition  des 
toitures.  Dans 
les  salles  ron¬ 
des,  trifoliées,  quadrifoliées,  dans  celles  qui  sont  voûtées 
en  coupole,  il  est  circulaire,  et  la  composition  se  propage 
par  anneaux  concentriques.  Ce  décor  en  rosaces  convient 
surtoutaux  thermes.  11  est  particulièrement  fréquent  en 

1  Slucs  des  bains  de  Livic  au  Palatin,  de  la  Farnésinc,  des  thermes  de  Tilus,  des 
tombeaux  de  la  voie  latine  et  de  Pompéi.  Cf.  Colligiion,  Rev.  de  l  art  anc.  et  mocl.  I. 
p.  97  sq.  204  sq.  ;  Franz  WicklioiT,  Die  Wiener  Genesis,  Vienne,  1895  ;  Th.  Schreiber, 
Die  iener  Dr  unnenrehe  fs  ans  Palazzo  Grimant ,  Leipzig,  1888  ;  J.  Lessingct  A. Mau, 
Waud  and  Dcckenschmuck .  ein  rom.  Hanses  ans  dcr  Zeit  des  Augustus ,  Monum. 
ined.  Berlin,  sq.,  n°  971,  avec  la  bibliogr.  el  suppl.  en  1891,  L  32-36;  Monum.  VI, 
pl.  x lui  sq.  ;  Hclbig,  Irad.  Toulain,  II,  p.  203.  -  2  (if.  par  exemple,  A.  Blouel,  Restaur. 
des  th.  d' Antonin.  Caracalla ,  pl.  vm,  ix,  xv.  —  3 S.  Lysons,  Reliq.  Britann.  romanae , 
t  I,pl.  i  sq.  (Horkstow-hall),  v  sq.  (Cireucester), jx  (Lilllecote  Park),  xvm sq.  (Withing- 
tonLxxn  sq.  (Woodcbcsler)  ;  I.  111,  pl.  i  sq.  (Bignor)  ;  cf.  K.  Wollaston,  Thcrmae  rom. 


Grande-Bretagne  où,  au  ur  siècle  de  notre  ère,  il  appa¬ 
raît,  par  exemple,  dans  les  bains  publics  ou  prives  de 
Ilorkstow-liall,  f  fi  g.  5247),  de  Cirencestcr  (Corinium),  de 

Withington,  de 
Woodchester.de 
Bignor,  de  Lit- 
tlecole-Park 
Par  contre, 
quand  le  plan 
de  la  salle  est 
rectiligne,  et 
qu’elle  est  re¬ 
couverte  d'un 
toiten  charpente 
ou  de  berceaux 
voûtés,  le  ta¬ 
bleau  central  est 
carré,  hexago¬ 
nal,  octogonal, 
et  le  réseau  se 
développe  par 
bourgeonne¬ 
ment  sur  les  cô¬ 
tés. 

L’abondance, 
la  variété  et  la 
dissémination 
des  œuvres  de 
ce  genre  défient 
toute  classifica¬ 
tion.  D’une  fa¬ 
çon  générale, les 
plus  anciennes 
sont  les  plus 
simples.  Au 
temps  des  Anto- 
nins,les  mosaïs¬ 
tes  d’Italie,  de 
Provence,  de  Bé- 
tique  et  d’Afri¬ 
que  s’en  tien¬ 
nent  presque 
toujours  au  type 
quadrangulaire 
et  subordonnent 
encore  l’enca¬ 
drement  au  ta¬ 
bleau,  en  don¬ 
nant  au  carré 
central  un  côté 
double,  ou  tri¬ 
ple,  ou  quadruple  de  celui  des  casiers  qui  l'entourent 
(fig.  52-48)  L  Au  temps  des  Sévères,  ce  qui  domine  c'est 
le  système  hexagonal,  très  en  faveur  dans  la  Gaule 
Celtique,  en  Germanie,  en  Bretagne3.  Ici  les  éléments 

britann.  et  Morgan,  Rom.  brit.  mosuïc  parem.  passim.  —  4  Fig.  5i48  Mos.  de  Nîmes. 
Cf.  G.  Maruéjol,  La  mos.  du  mariage  d’Admète ,  Nîmes,  1884;  E.  Falgairollc,  La 
mosaïque  d’Admète ,  cxlr.  du  Bull,  monum.  Tours,  1884;  Mowat,  Bull,  des  Antiq. 
de  France,  1884,  p.  81  el  155  s<[.  Nombreuses  mosaïques  de  ce  type  dans  le  sud  de  la 
France,  surtout  à  Nîmes,  Vienne,  Lyon;  en  Suisse  à  Avenclies,en  Bétique  à  Cartima  ; 
disposition  très  rare  au  contraire  en  Afrique.  —  5  Par  exemple  pour  le  tvpe  hexa¬ 
gonal  simple  la  mosaïque  îles  sept  sages  de  la  Grèce,  à  Cologne  :  Diinlzer,  Ver:,  d. 
rom.  Altertk.  d.  Mus.  Wallraf-Richardtz,  q-,  12  sq.  n«  30  avec  la  bibliogr.  Type 
exagonal  étoilé,  la  mosaïque  des  jours  de  la  semaine  et  du  zodiaque  à  Bir  Ghana 
(Tunisie),  La  Blanclièrc  et  Gauckler,  Cat.du  Musée  A/àoui,  p.  tt,  A  n“  10  el  pl.  i. 


Fig.  5248.  —  Le  Mariage  d'Admète.  Mosaïque  de  Nîmes. 


MUS 


1»1  L  O 


—  2112  — 


sont  forcément  tous  égaux.  Quant  aux  combinaisons  ba¬ 
sées  sur  l'octogone,  elles  sont  généralement  d’époque 
tardive  (fin  du  me  siècle),  et  plus  rares.  Ne  pouvant 
arriver  à  remplir  une  surface  sans  le  secours  de  poly¬ 
gones  accessoires,  le  carré,  le  losange  et  le  triangle,  elles 
aboutissent  vite  à  une  extrême  complication  (voir  plus 
loin,  fi  g.  5232)  '. 

Ainsi  la  peinture  en  mosaïque  prend  insensiblement 

I  aspect  d  une  sorte  de  marqueterie  de  marbre  dont  chaque 
crusta  enferme  une  figure.  Le  cadre  géométrique 
pénètre  et  morcelle  le  tableau  animé.  A  mesure  que  ses 
lignes  se  multiplient  et  s’étalent,  les  motifs  qu’elles 
isolent  se  rétrécissent  et  se  simplifient. 

La  maladresse  croissante  des  artistes  est  évidemment 
pour  beaucoup  dans  cette  évolution.  Il  faut  moins  de 
talent  pour  tracer  à  la  règle  et  au  compas  une  construc¬ 
tion  géométrique  que  pour  dessiner  à  main  levée  une 
figure  vivante.  Mais  le  changement  de  système  dans  la 
décoration  est  surtout  la  conséquence  des  simplifications 
qu  impose  a  la  technique  des  mosaïques,  la  suppression 
de  Yemblema.  N’étant  plus  obligé  de  limiter  ses  œuvres 
au  format  d  une  tuile,  le  mosaïste  enfle  leurs  dimensions. 

II  accroît  la  taille  et  multiplie  le  nombre  de  ses  figures. 
En  augmentant  de  proportions,  celles-ci  perdent  forcé¬ 
ment  beaucoup  de  leur  finesse.  Pour  arriver  à  remplir 
de  plus  grands  espaces,  on  augmente  la  grosseur  des 
cubes,  et  1  on  diminue  le  nombre  des  tons  en  supprimant 
les  couleurs  rares  et  chères.  On  renonce  par  économie 
à  l’emploi  des  pierres  précieuses  telles  que  le  lapis,  les 
jaspes,  les  onyx.  En  Italie  et  en  Afrique,  on  s’efforce  de 
remplacer  celles-ci  par  les  brèches  importées  d’Orient,  par 
celles  de  Numidie  et  les  albâtres  de  Mauritanie.  Les  car¬ 
rières  impériales  des  Alpes,  des  Pyrénées  orientales,  de 
la  Sierra  Nevada  offrent  également  aux  ateliers  de  Pro¬ 
vence,  de  Tarraconaise,  de  Bétique  un  assortiment  suf¬ 
fisant  de  marbres  de  diverses  couleurs.  Mais  dans  les 
pays  lointains  comme  la  Bretagne  et  la  Germanie,  où  la 
matière  première  est  rare,  de  qualité  médiocre,  mal 
exploitée,  il  devient  de  plus  en  plus  difficile  de  dégrader 
les  tons.  Plus  de  fondu  dans  le  modelé:  les  méplats 
sont  aussi  nettement  arrêtés  que  des  facettes  de  polyèdre, 
les  teintes  opposées  se  succèdent  sans  transition.  La  con¬ 
ventions  introduitdans  le  coloris,  qui  devient  plus  heurté, 
moins  scrupuleusement  exact,  mais  souvent  aussi,  il  faut 
le  reconnaître,  plus  vigoureux  et  plus  personnel,  car  le 
mérite  de  l’artiste  croit  avec  les  difficultés  de  sa  tâche. 
Aussi,  sous  les  premiers  Antonins,  le  mosaïste  romain 
dépasse-t-il  parfois  en  virtuosité  les  maîtres  alexandrins 
du  temps  d’Auguste. 

La  composition  se  transforme,  elle  aussi,  à  mesure 
fju'elle  prend  plus  d’étendue.  Dans  les  emblemas ,  les 
perspectives  aériennes  et  lointaines,  les  plans  étagés  ou 
fuyants  ne  choquent  en  rien  le  bon  sens,  puisque  ce 


sont  là  des  tableaux  uniquement  destinés  au  plaisir  do 
yeux  et  sur  lesquels  on  se  garderait  de  passer.  Mais  il 
serait  absurde  de  donner  un  aspect  analogue  aux  nave 
vemenls  historiés  qui  occupent  toute  la  superficie  d'unë 
salle.  On  ne  marche  pas  sur  le  vide.  Le  mosaïste  sun- 
prime  donc  le  fond  dans  ses  tableaux.  Pins  de  ciel  ni  . 
d’architecture,  ni  de  paysages,  plus  de  plein  air  ni  de 
perspective  !  Les  figures  se  détachent  désormais  sur  une 
aire  uniformément  blanche,  et  se  présentent  toutes  sur 
le  même  plan.  L’on  renonce  même  bientôt  à  les  grouper 
Chacune  d’elles  forme  un  tout  indépendant,  reposant  sur 
un  socle  isolé  2,  comme  une  figurine,  ce  qui  permet  à 
1  artiste  de  les  disposer  à  son  gré  sur  le  sol. 

Ce  procédé  est  d’un  emploi  commode  pour  garnir  de 
vastes  surfaces,  mais  il  est  dangereux  pour  l’unité  de  la 
composition.  Le  mosaïste  use  et  abuse  des  facilités  nou¬ 
velles  qui  lui  sont  offertes.  Il  ne  sait  plus  se  borner.  Au 
lieu  de  dramatiser  ses  œuvres  à  la  manière  du  peintre 
augustéen,  en  concentrant  toute  l’action  dans  l’épisode 
décisif,  il  se  laisse  aller  au  procédé  facile  et  banal  de 
1  énumération  :  au  lieu  de  résumer,  il  développe.  S'il 
veut  représenter  une  chasse,  comme  à  Lillebonne  ou  à 
Carthage  3,  il  décrit  d'abord  les  préparatifs,  le  départ  de 
la  maison  d’habitation,  l’arrêt  devantle  sanctuaire  où  l’on 
sacrifie  a  Diane,  la  poursuite  des  fauves,  et  enfin  le  retour 
des  chasseurs  chargés  de  gibier.  Puis,  comme  les  figures 
ne  sont  plus  assemblées,  l’artiste  cède  à  la  tentation  de 
les  isoler  tout  à  fait,  même  quand  elles  font  partie  d'un 
ensemble.  Par  exemple,  il  n’hésite  pas  à  séparer  par  une 
large  tresse  d’encadrement  deux  gladiateurs  qui  se 
meuvent  l’un  contre  l'autre  4  ,  ou  un  chasseur  et  la  bêle 
qu’il  poursuit  5.  Tantôt  le  mosaïste  dissémine  les  images 
analogues  dans  les  divers  compartiments  d’un  vaste 
casier  géométrique,  tantôt  il  les  aligne  sur  des  registres 
superposés  à  la  manière  des  fresques  de  l’ancienne 
Égypte 6,  ou  bien  les  dispose  en  frises  concentriques  autour 


du  motif  principal 1 .  Parfois  même  il  tourne  les  différentes 
figures  d’une  même  composition  en  sens  divers  sui¬ 
vant  la  place  qu’elles  occupent  et  l’effet  qu’elles  doivent 
produire.  Ainsi,  dans  un  atrium  de  la  maison  des  Laberii 
àOudna  (fig.  5249),  où  l’on  accède  de  trois  côtés  différents, 
les  groupes  figurés  à  droite  et  à  gauche  du  tableau  cham¬ 
pêtre  qui  occupe  Y  impluvium  sont  dirigés  vers  les  portes 
latérales,  tandis  que  ceux  du  milieu  font  face  à  l’entrée 
principale  8.  D’autre  part,  la  suppression  de  Yemblema , 
obligeant  l’artiste  à  travailler  directement  sur  le  sol,  le 
force  aussi  à  tenir  plus  de  compte  du  cadre  architectural 
qui  l’entoure.  La  disposition  générale  et  les  divisions  du 
local  déterminent  celles  du  pavement,  son  caractère,  le 
choix  des  sujets.  Dans  un  atrium,  le  seuil  recevra  une 
inscription,  quelques  attributs  décoratifs,  ou  un  simple 
fleuron;  Y  impluvium,  des  scènes  de  plein  air;  les  entre- 
colonnements,  une  frise  d’animaux;  l’espace  couvert  du 


*  Mos.  des  poêles  cl  des  muses  signée  Monnus  à  Trêves,  (voir  la  noie  3  de  la 
p.  21 18  et  fig.  5232).  La  grande  mosaïque  de  Nennig,  près  de  Trêves,  qui  est  de  la 
même  époque  et  probablement  du  même  atelier,  présente  une  disposition  plus 
compliquée  encore;  cf.  Wilmowsky,  Die  rôm.  Villa  zu  Trier ,  ihr  Mosaïk,  1865, 
pl.  i  sq.  La  combinaison  d'octogones  juxtaposés  et  de  carrés,  la  plus  simple 
et  la  plus  fréquente,  est  la  plus  ancienne  (début  du  ni®  siècle).  Elle  est  très 
fréquente  à  Vienne  et  à  Avencbes.  —  2  Par  exemple  dans  les  mos.  d'Orphée  : 
d'Oudna  (thermes  des  Laberii),  Guuckler,  L.  c.  p.  219  et  fig.  12;  La  Blan- 
chére  et  Gauckler,  L.  c.  p.  30,  n»  148  et  pl.  vin  ;  de  Palerme  :  Aubé, 
Arcfi.  miss.  2e  série,  VII,  p.  34  sq.  ;  d'Yvonand-Grandson  (\oir  p.  2110,  note  8); 
cf.  Jahr.  d.  d.  arch.  Inst.  Berlin,  1898,  XIII,  p.  136,  n°  5.  —  3  Mos.  de 
Lillebonne  (voir  p.  2109,  n.  21)  ;  mos.  de  Carthage  (lazaret),  Gauckler,  Afas,  Nantes, 


1898,  p.  1 77  sq.  cl  Marche  du  service,  1897, p.  7  ;  C.  rend.  Acad.  d.  /user.  1898, 
p.  643.  —  '*  Mos.  de  Reims  ;  Loriquel,  La  mosaïque  des  Promenades ,  pl.  vin  ; 
Bull.  1861,  p.  113  sq.  ;  Bel',  arch.  1860,  II,  p.  434  sq.  pl.  xvn.  —  B  Mos. 
de  Carthage  :  Rev.  arch.  1850,  VII,  p.  200  sq.  et  pl.  cxi.m  ;  C.  inscr.  lat.  VIII,  10  539  , 
Cat.  sornm.  des  marbres  ant.  du  Louvre,  n0’  1788-1793.  —  6  Par  exemple  la  mos. 
de  Carlhage  (lazaret)  ;  cf.  note  3.  —7  Par  exemple  la  mos.  d’Orphée,  à  Woodcbestei, 
Morgan,  L.  c.  p.  74  sq.  et  pl.  avec  la  hibliogr.  ;  à  Horkslow-hall,  Lysous,  L.  c.  1, 
pl.  m,  IV,  et  Morgan,  p.  136  sq.  (cf.  notre  fig.  5247).  L’arrangement  analogue  de 
la  mos.  d’Otricoli  au  Musée  du  Vatican  est  en  grande  partie  moderne,  Mus.  Pio 
Clem.  VII,  40;  Pistolesi,  V,  102;  Duruy,  Hist.  des  Bom.  II,  p.  355;  Helbig,  trad. 
Toutain,  I,  p.  206  sq.  —  8  Gauckler,  Mon.  et  mém.  Piot ,  III,  p.  200  pl.  xxu;  Cat. 
du  Musée  Alaoui,  p.  24,  A  n0  105  et  pl.  vi. 


MUS 


—  2113  — 


MUS 


pourtour,  un  pavement  décoratif  imitant  une  treille, 
ou  reproduisant  le  dessin  de  la  charpente  de  toiture; 
le  tablinum  et  les  deux  alae ,  des  tableaux  carrés  qui 


répondent  aux  portraits  des  ancêtres  et  aux  peintures  de 
chevalet  accrochés  aux  murailles1.  Dans  un  triclinium , 
le  tableau  central  occupant  l’espace  reste  libre  au  milieu 


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Fig.  5249.  —  Plan  de  la  maison  des  Laberii,  à  Oudna. 


des  trois  lits  prendra  la  forme  d’un  T,  renversé  du  côté 
de  l’entrée  (fl g.  3230) 2.  Dans  un  oecus,  le  vestibule  sera 
jonché  d’un  semis  de  fleurs  et  de  fruits;  les  trois  baies 

1  Voir  par  exemple  le  plan  de  la  maison  des  Laberii  à  Oudna,  fig.  5249. 
—  2  Fig.  5250.  Mos.  de  Saint-Leu  (Portvs  Magnus).  Plan  dressé  par  Viala  de  Sor¬ 
bier  :  Rev.  afr.  VI,  p.  462  sq.  ;  VII.  p.  227  sq.  XIII,  p.  68  sq.  ;  XXXVIII,  p.  229  sq.  Il  ; 
Demaeght  et  de  Villefosse,  Bull.  ant.  afr.  II,  p.  117  sq.  et  pl.  v,  et  Rev.  de  VAfr. 
franc.  1887,  p.  394  sq.  etpl.  îv;  Robert,  Jahr.d.  arch.  Instit.  V,  p.  217  sq.  pl.iv-vi  ; 
La  Blanchère,  Musée  d’Oran,  p.  40  sq.  pl.  u-vt;  Gsell,  Mon.  ant.  de  V A  lg.  II,  p.  19  sq.  et 
fig.  87,  p.  109,  no  44;  cf  l’art,  i.atona,  p.  983,  fig.  4358.  Autres  mos.  de  triclinium  ;  à 
Sousse,mos.  de  l'arsenal,  Gauckler,  Rev.  arch.  1897,  p.  16  sq.  pl.  ix  bis  etpl.  x-xn  ; 
Gaucklcr  et  Gouvet,  Musée  mun.  de  Sousse,  p.  29,  n°  3  et  pl.  ;  autres  (scènes  niloti- 


de  l’entrée  présenteront  des  chasses  ou  des  combats 
d’animaux,  ou  encore  des  monstres  marins,  dont  les  corps 
allongés  conviennent  particulièrement  aux  frises  rectan- 

ques),  Gauckler  et  Gouvet,  Ibid.  p.  33,  n°  7 avec  la  bibliogr.  ;  à  Médéina  ( Althiburus ) 
;  scènes  marines), Gauckler,  C.  r.Acad.  inscr.  1898,  p.  642  sq.;  La  Blanchère  et  Gauckler, 
Cat.  du  Musée  Alaoui,  p.  32,  n°  168;  à  Oudna  (Ulhina).  mos.  décorative  dans  la 
maison  au*  Chapiteaux  composés;  mos.  à  décor  végétal  dans  la  maison  du  Millet, 
Gauckler.  Mon.  et  mém.  Piot,  111,  p.  184,  note  ;  à  Carthage,  près  des  ports,  scène  de 
chasse,  mos.  inédite,  fouilles  de  la  Direction  des  Ant.  en  1903  ;  à  Bulla  Begia,  fouilles 
de  1903,  motifs  décoratifs.  Les  mosaïques  en  T  se  rencontrent  surtout  en  Afrique; 
cf.  pourtant  mos.  analogues  à  Vienne  en  France,  Bull.  Soc.  des  Antig.  1807,  p.  173 
sq.  et  Bull.  1  868,  p.  48  sq.  el  à  Nîmes,  Pelel,  Les  mos.  de  Ni  mes,  p.  36  sq.  n°  XX. 


MUS 


—  2114 

gulaires  des  seuils  ou  des  entre-colonnements  ;  le  milieu 
de  la  pièce,  bien  éclairé  par  la  lanterne  ouverte  dans 


MUS 


la  toiture  et 
nettement  dé¬ 
limité  par  la 
colonnadequi 
soutientcelle- 
ci,  sera  réser¬ 
vé  à  la  grande 
peinture,  tan¬ 
dis  que  la  zo¬ 
ne  extérieure, 
où  l’on  circule 
de  préféren¬ 
ce,  ne  présen¬ 
tera  que  des 
motifs  géo¬ 
métriques  1 . 

Enfin,  dans 
l’exèdre  de¬ 
mi-circulaire 
du  fond  se 
développera 
une  figure 
en  éventail'  : 
paon  faisant 
laroue,ou  tête 
d’Océan  2. 

En  outre, 
les  tableaux 
diffèrent  de 
nature  sui¬ 
vant  que  l’édi¬ 
fice  est  public 
ou  privé.  A 
chaque espèce 
de  monu¬ 
ments  cor¬ 
respond  une 
série  appro¬ 
priée  de  mo¬ 
saïques.  Les 
temples, 
d’une  décora¬ 
tion  toujours 
sévère  et  so¬ 
bre,  n’admet¬ 
tent  sur  le  sol 
que  de  rares 
ornements, 
d’un  caractère 
religieux  :  par 
exemple,  les 
symbolesetles 
instruments 

du  sacrifice  taurobolique  dans  le  Mithraeum  d’Ostie3 
ou  bien  une  maxime  morale  comme  à  l’entrée  d’un  sanc¬ 
tuaire  annexe  du  temple  d’Esculape  à  Lambôse  :  Bo- 

1  Par  exemple  l’oecus  de  la  maison  des  Laberii  à  Ulliiua,  Gauckler,  L.  c. 
p.  207  sq.  pl .  xx  sq .  Voir  la  fig.  5249.  —  2  paon  à  Bir  Ghana,  La 
Blanchère  et  Gauckler,  Cat.  du  Musée  Alaoui,  p.  Il  n*  II,  et  pl.  ii  ;  et  à 
Sousse,  Gauckler  et  Gouvet,  Mus.  du  Sousse ,  p.  35,  n°  13,  Pour  les  tètes 
d’Océan,  voir  p.  2115,  noie  10.  —  3  Annali,  1808,  p.  400  sq. .  Alonum. 
Y  J  IL  pl.  lx,  fig.  2  et  3.  Autre:  Mitt.  d.  d.  arch.  1 nsf .  Rom.  1,  1880,  p.  193 


Fig.  5250.  —  Mosaïque  de  triclinium  trouvée  k  Porlus  Magnus  (Saint-Leu,  Algérie). 


nUS  inl/a ’  melior  «*«*•  Les  locaux  destinés  aux 
mons  de  confréries  religieuses  ne  sont  guère  plU8  ^ 

Cependant, 

dans  la  basi- 
lica  nilaria- 
na  des  den- 
drophores  du 
Gélius,  à  Ro¬ 
me3,  une  ins¬ 
cription  limi¬ 
naire  adresse 
un  vœu  de  • 
bon  augure  à 
ceux  qui  pas¬ 
sent  le  seu il  ; 
Intranllbus 

hic  deos  pro- 
pitios  et  ba- 
silic[ae]Hila- 
ricinac  :  elle 
est  accompa¬ 
gnée  d’une  fi¬ 
gure  symbo¬ 
lique,  repré¬ 
sentant  le 
mauvais  œil 
sur  lequel  est 
perchée  la 
chouette  sata¬ 
nique,  et 
qu’attaquent 
de  toutes 
parts  une  hor¬ 
de  de  bêtes 
préservant  la 
basilique  de 
toute  influen¬ 
ce  maligne. 
Les  pave¬ 
ments  histo¬ 
riés  ne  con¬ 
viennent  guè¬ 
re  aux  mar¬ 
chés,  aux  ba¬ 
siliques,  aux 
portiques  où 
circule  sans 
cesse  une  fou¬ 
le  •  affairée 
dont  les  lour¬ 
des  chaussu¬ 
res  auraient 
vite  fait  d’user 
la  mosaïque. 

Ün  n’y  trouve 

que  par  exception,  sur  le  sol  incrusté  de  gros  cubes,  une 
inscription  dédicatoire,  ou  un  motif  décoratif,  jamais 
de  figures  animées.  Par  contre,  dans  les  thermes  publics 

sq.  —  4  C.  i.  lat.  VIII,  2384  clp.  303  sq.  ;  Gsell,  Mon.  ont.  du  l'Alg.  L  P-  * 111 
note  3  (bililiogr.)  et  p.  142.  —  5  C.  L.  Visconti,  Bull,  comun.  1889,  p.  18  sq.  ph  b  11  ■ 
Gatti,  Notizie,  1889,  p.  398  sq.  ;  1890,  p.  79,  113;  Hiilse»,  Mitth.  d.  arch.  Inst. 
Rom.  VI,  1891,  p.  109  sq.  et  lig.  ;  cf.  Bicnkowski,  Malocchio,  dans  1  Eranos  t  in- 
dobonensis ,  1893,  p.  283  sq. ,  Jahreshefte,  VI,  p.  23;  Conze,  Jahrhuchy  1 890, 
p.  137,  il"  2;  Perdrizet,  Bull,  de  a  soc.  des  Antiq.  1903,  p.  JCt  sq. 


MIS 


MUS 


-  2115  — 


où  le  baigneur  se  promène  les  pieds  nus,  ou  chaussé  de 
légères  sandales,  le  peintre  en  mosaïque  donne  libre  car¬ 
rière  à  sa  fantaisie  1 .  Dès  l’entrée,  il  souhaite  au  visiteur 
un  bon  bain,  tout  en  l’engageant- à  payer  son  écot  :  «Donne 
un  as  aujourd’hui  ;  demain,  je  te  le  garantis,  tu  te  bai¬ 
gneras  gratis2  !  »  Bene  laces  !  ose  (=  lwdie)  a[ssem]  des , 
cras  gratis  :  res  tuta  !  Sa/vu[s ]  lave  s ]  e[t]  bono  ejus  qui 
fieri  jussit  ex  s[uo  parcimonio].  11  peuple  la  piscine  et 
les  étuves  des  innombrables  habitants  de  l’élément 
humide,  divinités,  monstres  et  poissons,  et  de  tous  les 
pêcheurs  qui  en  exploitent  les  richesses,  montés  sur 
des  navires  de  tous  genres  et  munis  des  engins  les  plus 
variés  (fig.  5251) *.  Dans  les  salles  de  repos  ou  de 
conversation,  il  amuse  l'œil  de  la  reproduction  des 

l  Sen.  Ep.  LXXXV1,  S  sq.  ;  Slat.  Sijlv.  I,  5  ;  Mar t.  VI,  42  ;  IX,  76  ;  Luc.  Hipp.  5  sq. 
Sid.  Apol.ll,  2;  cf.  Marquardt,  Vie  privée  des  Romains,  I,  p.  323  sq.  ;  Wollaslon, 
Thermae  Rom.  Britann.  1 8G4-,  passiin  ;  Gsell,  Mon.  ant.  de  l'Alg.  I,  p.  2 1 1  sq.  (liste 
complète  des  thermes  d’Algérie  avec  indication  des  mosaïques)  ;  voir  bai.neaf.,  p.  G62, 
—  2  Thermes  de  Khalfoun,  près  de  Sétif  :  C.  i.  I.  VIII,  8124  etp.  970,  et  de  Rossi. 
Bull,  crist.  1877,  p.  68.  A  Brescia  :  Bene  lava  —  salvum  lotum,  C.  i.  I.  V,  4500. 
A  Timgad,  dans  les  thermes  des  Filadelfi  (1903)  :  salvu[m ]  lotu[m\.  Peut-être  aussi 
à  Sétif  :  C.  i.  I.  VIII,  8510.  —  3  Fig.  525 1  :  fragment  d’une  mosaïque  des  thermes 
privés  à  Médeina  ( Althiburus i,  Gaucklcr,  C.  r.  Acad,  lnscr.  1898,  p.  042  sq.  ;  l.a 
Blanchèrc  et  Gaucklcr,  Cat.  du  Musée  Alaoui,  n"  166.  Sujets  fréquents  surtout  dans 
les  thermes  d’Afrique,  par  exemple  :  à  Aïn  Témouchent,  près  de  Sétif  (thermes 
privés),  Gsell,  Bec.  de  Const.  XXVII,  p.  245  sq.  et  pl.  Id.  Mon.  anl.Alg.  p.  101  ;  à 
Bône  ( Hippo  Begius),  thermes  privés?  planche  annexée  au  fasc.  XXIV  du  Bull, 
d’acad.  ;  Hipp.  et  Papier,  p.  29  sq.  ;  Gsell,  L.  c.  II,  p.  22  et  p.  106,  n°  27  ;  peut-être 
aussi  :  Ibid,  n*  26  ;  à  Bougie,  Gsell,  Bec.  de  Const.  p.  243  sq.  et  Mon.  ant.  de  l’Alg. 

II,  p.  102  sq.  avec  la  bililiogr  ;  k  Carthage?  Bev.  arclt.  V,  p.  634;  Bull.  1849,  p.  153  sq.  ; 
Annali,  1852,  p.  353  sq.  ;  Monum.  V,  p.  38  ;  Morgan,  p.  242  et  pl.  de  la  p.  267  ;  Cat. 
Brit.  Mus.  n°  68;  k  Malifou  ( Busguniae ),  Chardon,  Bull,  arc/i.  du  Comité,  1900. 
p.  148  sq.  ;  Gsell,  L.  c.  I,  p.  232,  no  10,  et  II,  p.  107,  n»  34  ;  k  Oudna  ( Uthina )?  Bev. 
arch.  Il,  p.  327  ;  Doublet,  Mus.  d'Alger,  p.  52  et  pl.  xvn  ;  k  Oued  Alliménia  (bains 
de  Pompeianus),  Tissot,  Géogr.  comp.  de  l’ Afr.  rom.  I,  p.  495,  pl.  n,  «  divinités 
numides  »,  trois  néréides;  k  Tébessa  ( Theveste ),  planche  de  Chabassière  annexée 
au  Bec.  de  Const.  XXIV  et  p.  202  sq.  ;  de  Villefosse,  Ibid.  p.  234  sq.  et  pl.  et 
Bev.  de  l’Afr.  franc.  1887,  p.  384  sq.  et  pl.  n  ;  Gsell,  L.  c.  p.  109,  n°  47,  et  Mus.  de 
Tébessa,  p.  64  et  pl.  vin,  1  ;  à  Timgad  Gagnai  et  Ballu,  Mus.  de  Timgad,  p.  39  sq.  Sur  les 
sujets  marins  ornant  les  thermes,  cf.  O.  Jahn,  Arch.  Zeit.  1860,  p.  113.  —  4  Mos. 
figurant  les  chars  courant  dans  le  cirque.  A  Barcelone,  Annali,  1863,  p.  135  sq.  et 
pl.;  Bull.  1860,  p.  151  ;  voir  cmccs,  p.  1190,  fig.  1520.  A  Gafsa  ;  La  Blanchère  et 
Gauckler,  Cat.  du  Musée  Alaoui ,  p.  12  A,  n»  19  cl  pl.  n  (époque  chrétienne) .  A  Gi- 
rone  :  de  Laurière,  La  mos.  rom.  de  Girone,  Bull,  monum.  1887,  p.  225  sq.,  avec 
fig.  et  Girbal,  Memoria  acerca  del  M.  r.  descub.  en  la  heredad  llamada  Torre  de 
Bell-Loch,  Girone,  1876.  A  Italica,  A.  de  Laborde,  Bescr.  d’un  pavé  en  mos.  déc. 
dans  l’anc.  u.  d'italica,  1802,  p.  19  sq.  pl.  i  sq.  A  Lyon,  Artaud,  Mos.  repr.  les 
jeux  du  cirque,  Lyon,  1806,  et  Bescr.  des  mos.  de  Lyon  et  des  mos.  de  la  France, 
p.  39  sq.  et  pl.  i  à  IV ;  Cat.  Mus.  Lyon,  p.  204,  no  11  ;  voir  cincus,  fig.  1523. 
A  Sennecey  le  Grand,  C.  r.  Acad,  des  inscr.  1898,  p.  16  sq.  Mos.  d  aurigcs 
(souvent  dans  des  maisons  particulières)  :  k  Baccano,  Bull.  1873,  p.  133.  A  Car¬ 
thage  (thermes  privés  près  de  l’amphithéâtre),  l'aurige  Scorpianus,  C.  i.  I.  VIII, 
12589,  et  de  Villefosse,  Bull.  Soc.  antiq.  Fr.  1900,  p.  80  sq.  ;  les  quatre  auriges 
Bene[na]tus,  Quiriacus.  Ciprianus,  Ce[le]rius  (ép.  chrél.)  ;  Bev.  arch.  VII,  1850, 
p.  260  sq. ,  pl.  CXL1II  ;  C.  i.  I.  VIII,  10  539;  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité, 
1901, p. 232,  n°2;  Bull.  Soc.  antiq.  Fr.  1903,  p.154;  Cat.  somm.des  mos.  ant.  du 
Louvre,  n»*  1788-89,  1790-93.  A  Dougga,  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité,  1901, 
p.  231  sq.  et  Bev.  arch.  1902,  II,  pl.  xx  ;  Merlin,  AI  il.  de  Borne,  1902,  p.  74  sq.  et 
pl.  m.  A  Nîmes,  Ménard,  Hist.  de  Nîmes ,  VII,  p.  191,  n»  3  et  pl.  ni  ;  Artaud,  L.  c. 
p.  94.  A  Ostie,  Mût.  d.  arch.  Instit.  Bom,  I,  p.  193  sq.  A  Paisy-Cosdon,  Bull.  arch. 
du  Comité,  1884,  p.  150,  270  sq.  A  Riclves,  P.  Arnal,  L.  c.  cité  par  Arlaud.  A  Rome  : 
thermos  de  la  via  Flaminia  (chiaroscuro),  E.  Caelani  Lovatelli,  Acad,  dei  Lincei, 
Mcmorie,  3“  série,  VII,  p.  152  et  pl.  et  p.  250;  (Palais  Farnèse)  Mél.  de  Borne, 
1886,  p.  327  sq.  et  pl.  ix  ;  (Hypogée  de  la  via  Appia)  C.  i.  I.  VI,  2,  p.  iv, 
10  203  =  33  978;  autre  :  Bull.  comm.  di  Borna,  1877,  p.  265  sq.  n»  1.  A  Sainte- 
Colornbe-lez-Vienne,  Bull.  arch.  1894,  p.  224  sq.  pl.  xiv.  A  Trêves,  M  estd.  Zeitschr., 
Korresp.  bl.  XIV,  p.  102,  n»  CS,  et  XV,  n»  55.  —  B  Mos.  de  gladiateurs  :  Augsbourg, 
Gruter,  p.  336;  C.  i.  I.  III.  5835  a  avec  la  bibliogr.  A  Aulun,  Artaud,  p.  114. 
A  Bignor  (amours  en  gladiateurs),  Arch.  Britann.  XVIII,  I,  p.  203;  Lysons,  L.  c. 

III.  pl.  XVI  et  XIX  ;  Morgan,  L.  c.  p.  205.  A  Cologne,  mos.  inédite  au  Musée  Wallraf- 
Uichartz,  gladiateurs  cl  lanistes  dans  l’amphithéâtre  avec  inscriptions  diverses. 
A  Flacé-les-Mûcon,  C.  r.  Acad,  inscr.  1893,  p.  I06sq.cl  Bev.  arch.  XXII,  p.  107. 
A  Kreulznach,  Jahrbuch,  X,  1895,  p.  95  et  210.  A  Nennig,  Wilmowsky,  Bie  rôm. 
Villa  zu  Nennig,  pi.  ix.  A  Rome;  mos.  Massimi  (au  Musée  de  Madrid),  Wiuckclmann, 
Mon.  ined.  II,  2,  p.  258  sq.  p.  197;  Hiibner,  Antilce  Bitdw.  in  Madrid,  p.  196, 
11»»  399,  406;  C.  i.  I.  VI,  2,  n»  10  205,  p.  1341  avec  la  bibliogr.  ;  aulre  (via 
Appia),  C.  i.  I.  VI,  10203  —  33978;  autre  (porta  Sanlo  Sébastian®);  Bull.  1872, 
p.  73;  aulre,  Bull,  comun.  1895,  p.  272.  A  Sousse,  sur  un  tombeau  (fouilles  de 
1903).  A  Tusculum,  (mos.  Borghèse),  C.  i.  I.  VI,  2,  n»  10206  et  p.  1341;  Bull.  1834, 
p.  194  sq.  ;  Henzen,  Explic.  mus.  Burgh.  pi.  i,  ni,  Rome  18  45;  Hclhig,  II,  p.  135  sq. 
A'Reims,  Bull.  ‘1861,  p.  113  sq.  et  Loriquet,  La  mosaïque  des  promenades. 


spectacles  du  cirque  et  de  l’amphithéâtre,  courses  de 
chevaux  *,  ou  combats  de  gladiateurs5;  ou  bien,  il  otïre 
aux  oisifs  la  distraction  d’une  sorte  de  jeu  de  1  oie  6. 
Hercule  et  ses  travaux1,  Mercure  protecteur  desathlètes  \ 
les  groupes  de  lutteurs  et  les  scènes  de  palestre  9  appa¬ 
raissent  surtout  dans  les  gymnases  réservés  aux  exercices 
physiques;  la  tète  barbue  et  limoneuse  de  l’Océan,  dans 
les  nymphées  et  les  fontaines  demi-circulaires1". 

Aux  monuments  publics  conviennent  les  sujets  em¬ 
pruntés  à  la  vie  sociale.  Dans  les  édifices  privés,  la  décora¬ 
tion  prendau  contraire  un  caractère  tout  personnel.  Le  pro¬ 
priétaire  ne  s'intéresse  guère  qu'aux  tableaux  qui  le  tou¬ 
chent  directement.  Il  tient  à  être  mis  en  scène  nommé¬ 
ment,  lui11,  ses  amis12,  ses  esclaves13,  ses  chevaux1  \ 

pl.  xviii,  10;  autre  :  Bull,  des  antiq.  de  France,  1890,  p.  328;  Travaux  de  l  Acad, 
de  Reims,  1900,  p.  337  sq.  et  planche.  A  Vienne,  Artaud,  L.  c.  p.  85,  pl.  xxx  et  xxxi , 
Cat.  du  Musée  de  Lyon ,  p.  207.  Autres  :  Bull.  arch.  1890.  p.  86,  et  1892,  p.  89. 
—  6  Bev.  de  Const.  XXIV,  p.  211  sq.  et  pl.  annexe  de  Chabassière;  de  Villefosse, 
Ibid.  p.  240  sq.,  Ben.  Afr.  fr.  1887,  p.  388  sq.  pl.  m,  et  C.  r.  Acad,  inscr.  1888, 
p.  137;  Bull,  des  antiq.  de  France,  1886,  p.  265  et  26S  ;  C.  i.  I.  VIII,  16  667  ;  Gsell, 
,1/0)1.  ant.de  l’Alg.  I,  p.  234,  n»  26;  II, p.  109, n» 48  et  Mus.  de  Tebessa,\>.  67  sq.  pl.  ix, 

I.  Autre  tabula  lusoria  découverte  k  Timgad  dans  une  construction  faisant  face  aux 

grands  thermes  du  sud,  Cagnat  et  Ballu,  Mus.  de  Timgad,  p.  35  et  fig.  p.  34.  1  Mos. 

d'Herculc  k  :  Avenches  (Hercule et  Alitée),  Caspari,  Héraklès  und  Antaios  zu  Al*. 
Schweiz.  Anz.  1869,  p.  7.  Braindeam  (id.),  Morgan,  p.  223.  Garlama  (les  douze 
travaux),  Bull.  1861,  p.  170,  1  ;  Annali,  1862,  p.  288  sq.  pl.  q;  Hiibner,  Ant.  Bildw. 
in  Madrid,  p.  310,  n°  827.  Oudna  (Hercule  couronné)  :  La  Blanchère  et  Gauckler, 
Cat.  du  Musée  Alaoui,  p.  28,  A  n»  133  et  pl.  vm  ;  Pitney  (Hercule  et  l’hydre  de, 
Lerne),  Morgan,  p.  98.  Saint-Leu  (Hercule  et  Chiron),  voir  fig  5250;  Saint- 
Paul-Trois-Châteaux  (Hercule  et  Hésione)  :  Bull.  Soc.  d'arch.  de  la  Brome,  1884, 
p.  444  sq.  et  pl.  ;  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité,  1901,  p.  342  sq.  —  8  Thermes 
de  Giglhi,  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  séance  du  16  oct.  1903.  Mos.  de  Nîmes, 
Arlaud,  p.  90.  —  9  Cherche!  (thermes  de  l’ouest)  :  Gsell,  Mon.  ant.  de  tAlg, 

II,  p.  103,  n»  94  avec  la  bibliogr.  Gigthi  (thermes  du  centre)  :  voir  p.  2109,  n.  46, 
Thermes  d’Ostie  ( chiaroscuro )  .  Annali,  1857,  p.  334  sq.  el  pl.  m;  Monuments,  VI, 
pl.  xi,  n°  7.  Rome  (thermes  de  Caracalla)  :  Secchi,  Il  mus.  Antoniniano  rappr .  ta 
scuolo  degli  atlil.  Roma,  1843  ;  Helbig,  I.  p.  467  et  524  sq.  n»  704.  Autres  mosaïques 
d'athlètes  à  :  Tusculum  ( chiaroscuro )  Bull,  1862,  p.  17  sq.  182;  Annali,  1863, 
p.  397  sq.  ;  Monum.  VI,  et  pl.  m  ;  Mitt.  d.  arch.  Inst.  Bom.  X,  p.  120  sq.  ; 
Palras,  Arch.  Anzeig.  Berlin,  XII,  1897,  p.  63;  Pyrgos  (mos.  de  Nilodore),  voir 
p.  2121,  n.  2.  Athlète  vainqueur  dans  la  tabula  lusoria  de  Tebessa,  voir  plus  haut 
note  6.  —  10  Tête  d’Océan  en  mosaïque,  dans  un  nymphée  en  sigma  lunaire 
(iTïyfxaionSéç)  d'Anlioche  :  Jean  Malalas,  éd.  Dindorf,  p.  302;  cf.  Gsell,  Bec.  de  Const. 
XXVII,  p.  244.  Autres  k  :  Aix,  de  Caumont,  Abécéd.  arch.  p.  62,  60;  Bull.  arch. 
du  Comité ,  1890,  p.  40.  Aïn-Témouchent,  près  de  Sétif  ;  Bev.  afr.  I,  p.  122  sq.  ; 
Gsell,  Bec.  de  Const.  XXVII,  p.  245  sq.  ;  C.  i.  I.  VIII,  509.  Bir  Chana  :  La 
Blanchère  et  Gauckler,  Cat.  du  Musée  Alaoui,  p.  H,  n»  12  et  pl.  n.  Bougie 
(2  semblables)  :  Gsell,  Mon.  ant.  de  l'Alg.  Il,  p.  102,  n»  :  7  et  8,  et  Bec.  de  Const. 
XXVII,  p.  243  sq.  ;  Ibid.  XXV,  p.  427,  et  XXVI,  p.  409.  Carthage,  Bev.  arch.  V, 
p.  634;  Bull.  1849,  p.  153  sq.  ;  Annali,  1852,  p.  353  sq.  ;  Monumenti,  V,  pi.  xxxvm  ; 
Morgan,  p.  242  et  267  avec  pl.;  Cat.  Brit.  Mus.  n°  68.  Cherchel,  Waille,  Bev.  afr. 
1903,  pl.  n.  Italien  (sur  la  mosaïque  du  cirque),  voir  plus  haut.  Medeina,  voir 
notre  fig.  5252.  Montréal,  Bull.  arch.  du  Comité,  1890,  p.  38  sq.  et  pl.  i.  Oudna 
(exèdre  de  l'oeeus  dans  la  villa  aux  Chapiteaux  comp.)  :  voir  plus  haut.  Orbe  :  Bull. 
1848,  p.  52;  lilhogr.  Bonstetlen.  Palcrme  (peut-être  le  médaillon  central  de  la  mo¬ 
saïque  de  la  Piazza  Vittoria,  modifié  par  le  restaurateur  antique),  Overbeck,  Ber.  d. 
slichs.  Geseltsch.  1 873,  p.  125.  Rome  (au  Musée  des  thermes),  phot.  Moscioni,  n"  10  335. 
Sidi  el  Hani  :  La  Blanchère  et  Gauckler,  Cat.  du  Musée  Alaoui,  p.  12,  n*  13. 
Sainte-Rustice  :  Artaud,  p.  18;  Bull.  1834,  p.  157  sq.;  de  Carsalade  de  Pont,  Bull, 
arch.  1890,  p.  40  et  fig.  (titre  erronél.  Sousse  :  Gauckler,  Bev.  arch.  1897,  II, 
p.  15.  Vienne,  Artaud,  p.  1 17  ;  Bull.  arch.  1890,  p.  39  et  fig.  ;  de  Caumont,  Abécéd. 
arch.  p.  66;  Delorme,  Bescr.  des  Musées  de  Vienne,  p.  235  et  fig.  ;  autre  ;  Bull. 
1867,  p.  193  sq.  Vilbcl  (médaillon  central  actuellement  détruit  ?)  :  Gsell,  Bec.  de 
Const.  L.  I.  ;  cf.  Arch.  Zeit.  XVIII,  pl.  cxliii.  Withington  :  Lysons,  Beliq.  Brit. 
Bom.  II,  pl.  xix  ;  Morgan,  p.  78  ;  Duruy,  Hist.  des  Bom.  VU,  p.  413.  —  U  Pompeia¬ 
nus  k  l’Oued  Athménia,  L.  c.  et  Tissot,  Géogr.  comp.  I,  p.  361  et  pl.  i  et  iv  ;  cf. 
Boissier,  Afrique  romaine,  2e  édit.  p.  157  sq.  ;  Fructus  k  Oudna,  Gauckler,  L.  c. 
et  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  28,  A  n”  137  ;  cf.  aussi  Ibid,  n"  i 38.  —  12  Neantus,  Cesso- 
nius,  Cresconius  k  l’Oued  Athménia,  L.  c.  Cf.  mos.  :  de  Carthage,  Gauckler,  C. 
r.  Ac.  inscr.  1893,  p.  643;  de  Lillcbonne,  L.  c.  ;  d’Oudna,  Gauckler,  L.  c.  p.  208, 
pl.  xxm,  et  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  23,  A  n»  104.  —  13  Myro  et  Victor  h  Oudna  :  Cat 
Mus.  Alaoui,  p.  28,  A  n»  137  ;  Liber,  Biaz'l  k  l'Oued  Athménia.  —  14  A  Cherchel  ; 
Muccosus,  cheval  de  C  laudius)  S  a  binus.  Bull,  épigr.  1881,  p.  109;  1882,  pl.  xvn; 
Gsell,  L.  c.  p.  103,  n°  13;  à  Forryville  :  Alcides  et  Biomedes,  chevaux  de  Sidonius, 
Gauckler,  Bull.  arch.  Comité,  p.  165  sq.;  Viollier,  Ibid.  p.  470  sq.  ;  k  El  Kantara 
(Meninx),  Ceruleus,  Ispicatus,  Luxuriosus,  Botrocaleus,  Ibid.  1885,  p.  122,  et 
Corp.  inscr.  lat.  VIII,  11059;  k  l'Oued  Athménia,  les  chevaux  de  Pompeianus  ; 
Pullentianus,  Belicatus,  Titas,  Scholasticus,  Polydoxus,  Altus,  Le.-,  k  Sousse, 
les  chevaux  de  Sorotlnis  :  Amor,  Bominator,  Adorandus,  Crinitus,  Ferox,  Pegasus, 
La  Blanchère,  Coll.  Mus.  Alaoui,  p.  20  sq.  et  Musées  de  Sousse,  p.  3  sq.  avec  la 
bibliogr.  ;  cf.  l’art,  kqul's. 


MUS 


—  2116 


ses  cliiens  *,  ses  troupeaux1 2,  son  domaine3 4.  11  faut 
qu  on  lui  retrace  les  épisodes  les  plus  agréables  de 
sa  vie  journalière,  les  festins,  la  chasse,  la  pêche, 
le  canotage,  les  plaisirs  de  l'amour.  Sur  le  seuil  des 
pièces  divers  apotropaia ,  animaux  ou  attributs  sym¬ 
boliques,  écartent  le  mauvais  œil  \  tandis  qu’une 
courte  inscription  définit  le  caractère  du  local  :  eedo, 
ce  ne  mu  s,  une  salle  à  manger 5  ;  bene  dnrmio,  une 
chambre  à  coucher  6 *  ;  ad  aprum ,  ad  leonem  \  deux 
cabinets  de  repos  symétriques,  l’un  pour  l’été,  l’au¬ 
tre  P°ui  1  hiver,  1  un  a  l’ombre,  l’autre  au  soleil,  ce 
qu’indiquent,  d’une  part,  le  lion  caniculaire  du  zodia¬ 
que  et,  de  l’autre,  le  sanglier  des  chasses  hivernales; 
put  eus  aquae ,  l'orifice  de  la  citerne  8;  fons  peren- 
nts,  une  fontaine 9 *  D’autres  seuils  nomment  le  pro¬ 
priétaire  et  lui  souhaitent  joie  et  profit,  à  lui,  à 
sa  Camille  et  à  ses  visiteurs  :  Genio  populi  Lambesis 
féliciter,  et  qui  in  Aeli  Rufi  [intr]av[e]ris  annos 
dulees  habet[o]  )u,  ou  bien  :  in  his  praedis  viras, 
cum  tuis  omnibus,  muftis  annis  il.  La  cour  centrale, 
qui  entoure  le  péristyle,  présente  des  scènes  marines 
lorsqu’elle  joue  uniquement  le  rôle  d 'impluvium  ali¬ 
mentant  la  citerne  12.  Si,  au  contraire,  elle  est  om¬ 
bragée  d’arbres,  égayée  de  plates-bandes  fleuries  et 
•de  buissons,  l’on  y  figure  les  animaux  d’une  basse- 
cour  ou  d’une,  volière13.  L’ornementation  des  appar¬ 
tements  d  apparat,  oecus,  exèdre,  atrium,  est  trop 
variée  pour  qu’il  se  produise  toujours  une  adapta¬ 
tion  précise  du  sujet  au  local.  Souvent  l’on  jux¬ 
tapose  dans  le  même  ensemble  quatre  ou  cinq  ta¬ 
bleaux  très  différents  de  caractère  **.  Pourtant, 

dans  les  salles  de  festins,  le  mosaïste  représente 
de  préférence  des  scènes  de  banquet1",  ou  de  ven¬ 
danges  ir',  des  asarôta 17 ,  des  natures  mortes18, 
des  victuailles  19  ;  dans  les  salons  de  réception,  dans 

1  E  dora  tus  et  Mustela  à  Oudna,  Gauckler,  L.  c.  p.  208,  pl.  xxm;  Castus  et 

Fidelis  à  1  Oued  Alhménia,  L.  c.  —  2  A  Oudna,  maison  de3  Laberii,  Gauc¬ 
kler,  L.  c.  p.  200  et  pl.  xxn.  —  3  Campus  dilectus  à  Sousse,  domaine  de 
Sorothus,  mosaïque  citée  de  Villefosse,  lieu,  de  VA.fr.  franc.  1887,  p.  374;  cf. 
mosaïques  citées  à  Carthage,  Scorpianus  in  adamatu[m],  à  Ferryville,  à  l’Oued 
Athménia,  à  Mrakib  Tliala,  à  Oudna,  à  Sousse,  à  Tabarka.  —  i  Par  exemple  : 
mosaïque  du  seuil  de  la  maison  d  Jndustrius  à  Oudna,  avec  l’inscription  inexpliquée 
oes-aks  et  un  emblème  prophylactique  en  fer  à  cheval  que  l’on  rencontre  souvent 
en  Afrique  :  Gauckler,  Mon.  et  Mém.  L  c.  p.  184,  n.  ;  Cal.  du  Musée  Alaoui, 
p.  28,  A  n»  139;  cf.  Bull.  arch.  du  Comité,  1901,  p.  14t.  —  8  a  Pompéi,  Bull. 
1874,  p.  93.  —  G  A  Brindisi,  Artaud,  O.  c.  p.  13.  —  ’  A  Sousse,  Corp.  inscr.  lot. 
VIII,  I  l  150;  C.  r.  Acad,  inscr.  1887,  p.  379  sq.  ;  La  Blanchère,  Coll,  du  musée 
Alaoui,  p.  18.  Le  lion  en  mosaïque  de  l'aile  droite  dans  la  maison  du  Faune  à 
Pompéi,  Bull.  1832,  p.  50,  et  Roux  et  Barré,  L.  c.  V,  pl.  xxxii,  doit  avoir  une 
signification  analogue.  —  8  A  Pompéi:  Bull.  1874,  p.  92  ;  à  Rome  :  Not.  d. 
scavi,  1877,  p.  311;  C.  i.  I.  VI,  4,  no  2981.  —  9  Mos.  de  Rome,  C.  i.  I.  VI, 
pars  A,  29  821.  —  10  A  Lambèse,  C.  i.  I.  VIII,  2GOO.  —  H  A  Elchc  :  Hübner,  Ephem. 
epiyr.  Il,  addit.  IX,  1,  p.  133,  n°  351  avec  la  bibliogr.  Mos.  d’Ostie,  aujourd’hui 
détruite,  avec  l’inscription  Félix  /-ami lia.  Mos.  de  Salzbourg  :  hic  habitat  félicitas, 
luhil  intere(s)t  mali ,  Bull.  1841,  p.  125.  Mos.  de  Pompéi  :  Lucrum  yaudium, 
Bull.  1878,  p.  90.  A  Gigthi,  dans  une  villa  suburbaine,  seuil  à  inscription  mutilée 
se  terminant  par  vita  (inédit,  fouilles  de  1903).  A  Timgad,  au  centre  td’une  salle 
des  1  hernies  :  Filadelfîs  vita  (fouilles  de  1903).  A  Ilalicarnasse,  au  centre  d’une 
pièce,  souhaits  analogues,  en  grec  :  Bull.  1860,  p.  106.  Ile  môme  à  Salemi  (Sicile), 
Not.  s.  ccv.  1895,  p.  356.  A  Cherehel  :  Leye  et  crêpa,  C.  i.  I.  VIII,  9421. 

—  12  Par  ex.  dans  la  maison  à  atrium  contrai  à  Oudna  :  Gauckler,  L.  c. 
p.  183,  noie.  —  13  Maison  romaine  de  l’Odéon  à  Carthage  :  Gauckler,  Illustr. 

4  avril  1903,  p.  224  et  fig.  —  14  Par  ex.  dans  le  triclinium  de  la  maison  romaine 

de  l'Arsenal  de  Sousse  :  mos.  de  l’cxèdre,  [fleurs  et  fruits;  du  vestibule,  tête 

d  Océan  et  scènes  de  pêche  ;  du  seuil,  nymphes  et  fleuves;  du  triclinium,  qua¬ 

drupèdes  divers  et  enlèvement  de  Ganvmède  ;  cf  Gauckler,  Bev.  arch.  1897,  II, 

p.  8  sq.  et.  pl.  ix  bis.  —  13  Banquets  :  à  Cartilage,  1°  Cat.  somm.  Louvre,  n»  1796; 

Reinach,  Bull.  arch.  Comité,  1889,  p.  356  sq.  pl.  ix  ,  2»  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr. 

1898,  p.  643;  Tour  du  Monde,  1896,  p.  332  et  fig.;  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  31, 

A  n°  162.  A  Oslie,  Martha,  L'arch.  étrusque  et  rom.  p.  263.  Esclave  focarius  à 

Bir  Ghana  :  de  Villefosse,  Bull.  arch.  Comité,  1894,  p.  308  sq.  fig.  p.  309.  Esclaves 

versant  à  boire  :  deux  mosaïques  d’Oudna  :  Gauckler,  Mon.  et  mém.  Piot,  III, 


MUS 


l  ig.  5251.  —  Mosaïque  des  thermes  de  Medeina. 

des  tableaux  de  plein  air,  chasse 20,  pêche  et  cano- 


p.  183,  noie,  et  184  ;  Cat.  du  mus.  Alaoui ,  p.  28,  A,  n09  1  37  et  138.  —  16  Par  ex.  à 
Oudna,  Gauckler,  L.  c.  p.  208,  pl.  xxi  ;  Cat.  AJ us.  Alaoui ,  p.  23,  A,  n°  103  et  pl.  v. 
A  Sousse,  Gauckler,  Rev.  arch.  1897,  11,  p.  18  et  pl.  îx  ;  Musée  mun.  de  Sousse , 
p.  30  et  pl.  vi,  1.  —  17  Cités  plus  haut.  —  1b  Par  exemple,  à  Koma  Vecchia,  sur 
la  voie  Prénestine  :  Helbig,  Mus.  Roms.  1,  p.  261,  n°  363.  —  13  Par  exemple,  à 
Carthage,  mosaïque  inédite  d’une  maison  voisine  de  l’Odéon  (fouilles  de  1903)  : 
Gauckler,  Illustr.  4  avril  1903,  p.  224.  O  El  Djem,  mos.  inédites  (fouilles  de  1904). 

20  Scènes  de  chasse,  par  exemple,  à  :  Rulla  Begia  (Tunisie),  mosaïque  inédite, 
fouilles  de  la  Direction  des  Antiquilés,  1903.  Bologne,  Not.  d.  scavi,  1892,  p.  258  sq.  ; 
Bordj  Redir,  Gsell,  Mon.  ant.  de  V Alg.  II,  p.  102,  n®  G.  Carthage,  1°  Rousseau,  Rev. 
arch.  VII,  1850,  p.  260,  pl.  cxliii  ;  2®  Morgan,  p.  250  ;  3®  Morgan,  p.  273  ;  4°  Delattre, 
Cosmos,  1888,  p.  295;  5°  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  1898,  p.  643;  6®  Gauckler, 
C.  r.  Acad,  inscr.  1899,  p.  158;  7®  Gauckler  (fouilles  de  1903),  mosaïque  inédite 
de  triclinium,  près  des  ports;  8°  Ibid,  mosaïque  murale  inédite,  maison  près  de 
l’Odéon.  Conslantine,  de  Villefosse,  Rev.  arch.  I,  1876,  p.  15;  Gsell,  O.  I.  p.  104, 
n°  17.  Cherehel,  Gsell,  Ibid.  p.  103,  n®  H  ;  Waille,  Rev.  afr.  1903,  p.  99  sq.  et 
pl.  vui  ;  autre,  Waille,  Dépêche  algérienne,  12  janvier  1904.  Corcyre,  Bull.  1849, 
p.  87.  East  Coke,  Morgan,  p.  100.  Elche,  Hübner,  Ephem.  epigr.  IX,  addit.  1, 
p.  133,  n®  351  ;  Arch.  Anseig.  1899,  p.  198  sq.  fig.  1.  Gaubert,  près  de  Terrasson, 
de  Villefosse,  Bull.  arch.  du  Comité,  1903,  p.  30,  n®  5.  Framplon,  Morgan,  p.  243. 
Ilalicarnasse  (Enée  et  Didon,  Méléagre  et  Atalante),  Bull.  1860,  p.  104  sq.  ;  Morgan, 
p.  256  sq.  et  pl.  ;  Cat.  B  rit.  Mus.  nos  6,  7,  8.  Lillebonne,  voir  p.  2118,  n.  1.  Oderzo, 
Notisie  scavi,  1891,  p.  143.  Oglet-Alha  (Tunisie),  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité, 
1899,  p.  166  sq.  et  pl.  vu.  Orbe,  Bull.  1863,  p.  193  sq.  Orléausville,  Gsell,  L.  c.  p.  108, 
n°  42;  Corp.  inscr.  lat.  Vil  J ,  21518.  Ormes,  Bull,  du  Comité  de  la  langue  de  La 
France,  1856,  p.  45.  Oslie,  Annali ,  1857,  p.  296.  Oued  Athménia,  Gsell,  L.  c.  p.  25. 
Oudna  (deux),  Gauckler,  L.  c.  p.  208  et  pl.  xxm,  et  p.  184.  Pentima,  Not.  d.  scavi, 
1891,  p.  171.  Rome,  Furietti,  p.  46  ;  autre,  Bull,  comun.  di  Borna,  1889,  p.  491  sq. 
autre,  près  de  la  porte  San  Lorcnzo  (1903).  Ténès,  Bull.  arch.  du  Comité,  1893, p.  81. 
Ulique,  Morgan,  L.  c.  Vienne  (triclinium),  Bull.  Soc.  antiq.  1867,  p.  173  sq.  ;  Bull. 
1868,  p.  48  sq.  Villelaure,  Bull.  arch.  du  Comité,  p.  10  sq.  27  sq.  et  pl.  i.  Wes- 
lerhofen,  Arch.  Anzeig.XN ,  1857,  p.  11.  Et  les  chasses  des  paysages  niloliques 
cités  p.  2102,  n.  14.  Combats  d’animaux  :  tableaux  rectangulaires  d’entre-colonnement 
dans  les  atriums  :  à  Conslantine,  L.  c.  ;  à  Lyon,  Artaud,  p.  75  ;  à  Oudna, 
Gauckler,  Mon.  et  mém.  Piot,  l.  c.  et  Cat.  Mus.  Alaoui ,  p.  25  sq.  A,  nos  112  à  119  ;  a 
Ulique,  Cat.  somm.  du  Louvre,  n°  1799  ;  cf.  les  tableaux  analogues  de  la  période  augus- 
téenne,  cités  plus  haut,  trouvés  dans  la  villa  Hadriana  et  à  Rome,  sur  lAvenlin. 


MUS 


—  2117  — 


MUS 


lage\  Iravaux  agricoles2.  Dans  les  gynécées,  l’on  re¬ 
présente  Eros  et  Psyché3,  Pégase  soigné  par  les  Nym¬ 
phes'’,  Achille 
parmi  les  filles 
de  Lycomède 5, 
la  toilette  de 
l’Hermaphro¬ 
dite6,  Vénus  à 
sa  toilette,  ai¬ 
dée  par  les 
Amours7;  dans 
le  cubiculum, 
des  tableaux 
mythologiques 
de  circonstan¬ 
ce  :  le  sommeil 
d’Endymion  \ 

Ariadne  endor¬ 
mie  surprise 
par  Bacchus  \ 
puis  des  scènes 
érotiques  de 
tous  genres  et 
pour  tous  les 
goûts,  réalistes 
ou  mythologi¬ 
ques,  Ménades 
et  Satyres  10, 


Mosaïque  dêxèdre,  à 
Weslcrhofen,  L.  c. 

Mos.  de  trifolium ,  à 
Tabarka,  Cat.  Mus. 

Alaoui,  p.  13,  A, 
noi  23,  24.  Tableau 
central  formé  de  deux 
groupes  superposés,  à 
Sousse  (redoute  des 
chasseurs),  Musées  de 
Sousse,  Salle  d’hon¬ 
neur,  p.  5,  n“  5.  Mo¬ 
saïque  de  bordure,  à 
Orbe  :  Ho  ns  le  tien,  Re- 
cueil,  suppl.  II,  pi.  xv, 
p.  16.  —  1  Surtout  en 
Afrique  :  par  exemple 
à  Carthage,  La  Blan- 
chère  et  Gauckler,  Cat . 

Mus.  Alaoui ,  p.  10, 

A  n“  7  et  pl.  ui  ;  autre, 

Gauckler,  C.  r.  Acad, 
inscr.  1899,  p.  158  ; 
aulres,  Gauckler, Ihdl. 
arch.  duComité,  1903, 

р.  413  (exèdre)  et 
414.  Chebba,  Gauckler, 

Marche  du  service , 

1902,  p.  20  et  lllustr. 

20  nov.  1902,  p.  400. 

El  Alla  :  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  1899,  p.  580  sq.  Médeina  (fig.  5251),  Gauckler,  L. 

с.  elCat.  Mus.  Alaoui,  p.32,nos16C,  1G7,  1 68. Oudna,  Gauckler,  L.  c.  passim  et  Cat. 
Mus.  Alaoui,  p.  24  sq.  n°s  110,  i-i.,  III,  124.  Sousse,  Gauckler,  Rev.  arch.  1897, 
II,  p.  8  sq.  pl.  xi  ;  Musées  de  Sousse,  p.  29,  n»  2  et  pl.  vi,  fig.  2.  Utique  (exèdre), 
Cat.  sonim.  Louvre,  n»  1802  ;  aulres,  au  British  Muséum,  n“s  65  et  C0;  Morgan, 
p.  247,  pl.  cc.i.xxu  etcci.xxv;  cf.  aussi  les  paysages  nilotiques  cilés  p.  2102,  n.  14. 
—  2  A  Ainay,  près  de  Lyon  :  Artaud,  p.  100  sq.  pl.  u  ;  Baccano,  Bull.  1873, 
p.  134.  Morton  (Wight),  Morgan,  p.  25  et  pl.  p.  234.  Oderzo,  Notizie  scavi, 
1391,  p.  143.  Orbe,  Bull.  1848,  p.  52  ;  Bursian,  M.  von  Orbe,  Mitth.  Antiq.  Zurich, 
XVI,  2e  cah.  I,  avec  pl.;  Bonslctten,  Recueil,  p.  40,  pl.  xix.  Oudna,  Gauckler,  L.  c. 
p.  200,  205  et  pl.  xxu;  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  24,  A,  n°  105,  et  26,  n»  120.  Sainl- 
lïomain-cn-Gal,  près  de  Vienne,  C.  r.  Inscr.  1891,  p.  180  sq.  ;  Bull,  antiq.  Fr. 
1891, p.  109  sq.;  Bull.  arch.  du  Comité,  1891, p.  317  sq.  ;  l.afaye,  extr.  de  la  Rev. 
arch.  1892  etpl.  ;  Cat.  somm.  du  Louvre,  no  1334.  Vienne  (détail  de  la  mosaïque 
des  Gargattes),  Cat.  Mus.  de  Lyon,  p.  207,  n»  16.  Woodchester,  Morgan,  p.  77. 
—  3  Avec  l’inscription  :  Omnia  dei  sunt.  Agimur ,  non  agimus,  de  Villefosse 
C.  r.  Acad,  inscr.  1891,  p.  28  sq.  —  4  Sainte-Marie,  Mission  à  Carthage, 
p.  38;  Bull  épigr,  1886,  p.  142,  il»  382.  —  SA  Vienne  :  Artaud,  p.  78  sq.  et 


Nymphes  et  Faunes11,  Léda  et  Je  Cygne  n,  Vénus  et 
Adonis  l3,  ou  l’enlèvementde  Ganymèdc11  ;  dans  les  ther¬ 
mes  privés  at¬ 
tenant  à  la  mai¬ 
son  du  maître, 
de  vastes  pay¬ 
sages  qui  figu- 
rentson  domai¬ 
ne  13.  Dans  les 
caveaux  de 
mausolées,  le 
pavemen  l  si¬ 
mule  une  tête 
fie  Gorgone,  16 
(apo  trop  a  i  o  n 
souvent  figuré 
aussi  dans  les 
habitations  et 
les  thermes), 
ou  un  Génie 
funèbre  i7,  ou 
bien  quelque 
scène  relative 
aux  dieux  des 
enfers,  par 
exemple  Pluton 
ravissant  Pro¬ 
serpine 


I  8 


Fig.  5252.  —  Les  Muscs  et  les  Poètes.  Mosaïque  de  Trêves,  signée  Monnus. 


pl.  xviii,  xix  (oecus)  ; 
cf.  la  mos.  de  Poni 
péi,  citée  p.  2103 
n.  I.  - —  6  A  Timgad  : 
Cagnat  el  Ballu,  Mus. 
de  Timgad,  p.  30  el 
pl.  xiii ;  Gsell,  c. 

р.  110,  u«  54.-7  A 
Ü  u  d  n  a  ;  G  a  u  c  k  1  c  r ,  37  r  ni . 
Piot,  1897,  p.  184,  et 
Musée  Alaoui,  p.  27, 
A,  no  130.  —  8  A 
Oudna  :  Gauckler,  L. 

с.  p.  204  pl.  xxui,  et 
Mus.  Alaoui,  p.  27,  A, 
n°  128.  A  Nîmes,  Bull . 
des  antiq.  de  Fr.  1884» 
p.  1 50 e 1 150.  —  9  Mos. 
d’Ariadne  endormie 
surprise  par  Bacchus  '■ 
à  Avenches,  Schmidt, 
Recueil  d'ant.  suisses, 
p.  22  et  pl.  i  ;  Bursian, 
Avent.  Helr.  p.  59  sq. 
pl.  xxxi-xxxii;  à  Bavay, 
Caylus,  Rec.  d’ant.  Il, 
p.  399  ;  à  Salzbourg  : 
Ariielh,  Arch.  Ana- 
lekt.  pl.  v.  Bacchus  en- 

e  ..  ...  levant  Ariadne  ;  à 

.  ousse,  mosaïque  non  identifiée  jusqu’ici,  décrite  par  llannezo,  Afas,  Conorès  de  Car¬ 
thage  1890,  p.  817.-  10  A  Avenches,  sur  la  même  mosaïque qu’Ariadne  ctBacchus, 
Schmidt,  L.  c.  ;  a  Sousse,  Gauckler  et  Gouvet,  Mus.  de  Sousse,  p.  31  no  c  et  pl  ,  x  • 

1901’  P’23-  11  A  Centocelle  (mos.  augustéenne),  Arch, 
Zeit.  XXV,  p.  14.  12  Mos.  de  Sousse,  Gauckler  et  Gouvet,  Le  p  34  n»  8 

-  '3  Mos.  de  Tarragone  :  Laborde,  Italien,  p.  102,  pl.  xx  (identification  dou¬ 
teuse)  ;  cf.  mosaïque  de  Marseille,  Frœhner,  Cat.  Marseille,  p.  220  «  Baigneuse  » 

-  H  Mos.  de  Sousse,  Gauckler  et  Gouvel,  L.  c.  p.  34,  „o  9;  cf.  au  même 
endroit,  la  mos.  de  triclinium,  citée  plus  haut;  Vienne,  Bull.  1862  p  153  s„  . 
autres  à  Bignor,  Morgan,  p.  203  et  pl.  ;  Baccano,  Bull.  1873,  p.  131  ■  Carnuntum 
Arch.  Zeit.  1874,  p.  164,  et  E.  von  Sacken,  Mitt.  centr.  Comm.  Wien  XVIII 

P:,f ;  ÎS  ' 93  S,‘-  -  13  Th—  ^  Pompeianus  à  l’Oued  AUimenm 

cités  p.  .118,11.2,  cl.  mos.  analogues:  a  Carthage,  fragment  inédit  (fouilles  Gauckler 
en  1903)  ;  a  Mrakib  Thala,  Gsell,  L.  c.  Il,  p.  108,  n»  37  ;  à  Oudna,  Gauckler,  Mon  Piot 
L  e.  et  Musée  Alaoui,  p.  24,  105  et  pl.  v,  ;  à  Tabarka  (ferme  Godmet),  Musée 

fsÏTn  P20  Y ”*  ~  “  T°mbeaU  dË  k  V°ic  Uti-’  >  Rome,  Bull. 

1870,  p.  201  sq.  et  plan  p.  I9a  (chiaroscuro).  -  n  Ibid.  Furietti,  p.  56  ;  Ciampini 

\et.  mon.  Il,  .,  p.  4.  -  i»  A  Rome  (via  Portuens e);  Bull,  comun.  1885,  p  17L  et 

266 


MIS 


—  2118  — 


MUS 


Ces  œuvres  si  diverses  ont  entre  elles  un  lien  commun': 
elles  sont  romaines  et  non  plus  grecques.  Ce  changement 
essentiel  est  naturellement  beaucoup  plus  sensible  au 
fond  des  provinces  qu’à  Rome  même.  Les  artistes  alexan¬ 
drins,  venus  en  Italie  à  l’époque  d’Auguste,  ont  fait 
souche  d’élèves  latins.  Ceux-ci,  essaimant  à  leur  tour 
dans  les  provinces,  ont  formé  des  ouvriers  indigènes. 
La  mosaïque  de  Lillebonne  (Juliobona)  est  l’œuvre  de 
T.  Sennius  Félix,  venu 
de  Pouzzoles,  c[ivis] 

Puteo/anus,  et  de  son 
apprenti  Amoi\  de  la 
tribu  gauloise  des  Ka- 
lètes,  c[ivis]  K[aleta- 
m<s]  *.  Le  personnel 
des  ateliers  provin¬ 
ciaux  est  donc  romain, 
ou  romanisé.  Il  en  est 
de  même  des  modèles. 

Sans  doute  les  œuvres 
des  peintres  alexan¬ 
drins  restent  encore  en 
faveur  à  Rome  au  temps 
des  Antonins.  Mais 
leurs  tableaux,  même 
lorsqu’ils  sontexécutés 
sur  des  panneaux  de 
bois  portatifs,  sont  trop 
fragiles  pour  supporter 
de  longs  voyages.  Ils 
sont  conservés  avec  un 
soin  jaloux,  dans  les 
galeries  des  amateurs 
italiens  2.  On  ne  les 
connaît,  au  loin,  que 
par  de  sommaires  cro¬ 
quis.  Les  chefs-d’œuvre  de  l’art  hellénistique  ne  sont 
guère  transmis  aux  ateliers  provinciaux  que  roma- 
nisés  par  des  répliques  en  ronde  bosse,  statues  ou 
bas-reliefs,  et  plus  encore  par  tous  ces  menus  pro¬ 
duits  des  industries  d’art  italiennes,  les  figurines  et 


Fig.  5253.  —  Neptune  et  les  Saisons.  Mosaïque  de  Chebba  (Tunisie). 


les  lampes  d’argile,  les  pierres  gravées  et  les  médaille 
dont  les  fabricants  italiens  inondent  tout  ppmn- 
D  ailleurs,  l’imagerie  romaine  est  la  seule  qui  n  >U< 
encore  être  comprise  et  appréciée  de  la  clientèle  nlT 
naire  des  mosaïstes  du  iue  siècle  de  notre  ère  I  a  ■  •  • 
devient  de  plus  en  plus  indifférente,  sinon  '  touiTna 
étrangère  à  la  culture  hellénique.  Si  quelque  grand 
seigneur,  quelque  haut  fonctionnaire  établi  sur  les  bords 

du  Rhin  011  de  la  Mo¬ 
selle  fait  encore  poin¬ 
te  sur  le  sol  des  por¬ 
traits  de  philosophes 
de  poètes  grecs 
(“g-  5252)3,  on  ne  lit 
plus  ceux-ci  que  dans 
des  traductions.  La  fa¬ 
veur  du  public  va  aux 
auteurs  latins.  Homè¬ 
re  est  détrôné  au  pro¬ 
fit  de  Virgile  *.  Lnée 
etDidon  5,  Romulus  et 
Rémus  et  la  louve  nour¬ 
ricière  0  font  oublier 
Achille,  Ulysse  et  les 
héros  nationaux  de 
1  llellade.  Des  dieux  de 
l’Olympe,  on  ne  con¬ 
naît  plus  guère  que  les 
aventures  racontées 
par  Ovide  7.  Les  mé¬ 
tamorphoses  amou¬ 
reuses  de  Jupiter  four¬ 
nissent  un  thème 
inépuisable  de  com¬ 
positions  très  goûtées. 
La  légende  d’Ëros  et 
Psyché  apparaît  aussi  sur  les  pavements,  mais  c’est 
parce  qu’elle  a  été  mise  à  la  mode  par  Apulée  s. 
D’une  façon  générale,  L’artiste  préfère  mettre  en  scène 
de  grandes  collectivités  mythologiques  telles  que  Bac- 
chus  et  son  thiase  9,  Diane  escortée  de  ses  nym- 


1$8G,  p.  107;  autre  (villa  Corsini),  Furietti,  p.  57,  et  Bcllori,  Lucernae,  pl.  xvii. 
A  Ostie,  Annali ,  1857,  p.  293  ;  cf.  à  Pompéi,  Mau,  AJ  Ht.  arch.  Inst.  /loin.  VII,  p.  12. 

—  l  C.  i.  lat.  XIII,  3225.  Nous  adoptons  la  lecture  de  Hirschfeld,  au  lieu  de  c(ivis) 
lc(arthaginiensis)  comme  lisent  Renier,  C.  r.  Acad,  inscr.  VI,  p.  30  sq.  et  de 
Villefosse,  Ibid.  XIX,  p.  345,  et  Gaz.  arch.  1885,  p.  99  sq.  La  lecture  C(aii)  /’( ilius ), 
proposée  par  Jullian,  Gallia,  1892,  p.  122,  est  impossible,  le  k  étant  certain. 

—  2  Pliilostr.  Imagines  ;  cf.  Bougot,  Une  galerie  antique  de  soixante-quatre  ta¬ 
bleaux,  Paris,  1881  ;  E.  Bertrand,  Un  critique  d'art  dans  l'ant.  Philostrate  et  son 
école ,  Paris,  1881  ;  Girard,  La -peint,  ant.  p.  318.  —  3  Fig.  3252.  Mos.  des  Muses 
et  des  écrivains  grecs,  signée  Monnus,  à  Trêves  :  Heltncr,  Westd.  Zeilschr.  X,  1891, 
p.  248  sq.  et  Ant.  Denkm.  I,  pl.  xi.vnà  xi.ix  ;  Leliner,  Führerd.  d.  Provins.  Mus.  su 
Trier ,  p.  39  sq.  ;  à  Salonc,  mos.  de  Sapbo  et  des  Muses  (fouilles  de  1903). 
Mos.  des  Philosophes  grecs,  à  Cologne,  citée  p.  21 1 1 ,  n.5;cf.  aussi  :  à  Trêves  (cxèdre) 
un  pocle  ou  savant,  Jahrbnch.  Beibl.  1900,  p.  31  ;  à  Morton  Farm  (Wiglit)  (seuil)  un 
astronome,  Morgan,  p.  28  et  pl.  de  la  p.  23  4;  à  Rome,  portrait  de  Cliilon  :  Artaud, 
p.  14;  à  Palerme,  dans  la  mos.  de  la  Piazza  Vittoria,  trois  médaillons  repré¬ 
sentant  des  poètes  ou  des  philosophes,  assis  comme  le  Virgile  de  Sousse,  Arch. 
Zeit.  XXVII,  p.  38  ;  Bull.  1870,  p.  8  sq.  ;  Aubé,  Arch.  miss.  VII,  p.  28  sq.  ;Overbeck, 
Périclité  d.  sachs.  Gesell.  1873,  p.  91  sq.  et  pl.  n.  —  4  Macroh.  Saturn.  éd.  Eyssen- 
hardl,  V,  17,  5;  Gauckler,  les  mos.  virgiliennes  de  Sousse,  Mon.  et  Mèm.  Plot ,  IV, 
p.  233  sq.  et  pl.  xx  (portrait  de  Virgile)  et  fig.  2  (Adieux  d’Enée  et  de  Didon). —  5  A  Ua- 
licarnasse  (Enée  et  Didon  chassant)  :  Arch.  Anzeig.  XVI,  p.  115  sq.  ;  Bull.  1800, 
p.  104  sq.  ;  Morgan,  p.  257  et  pl.  Autres  mosaïques  virgiliennes  (Darès  et  Entoile) 
à  Villelaure  et  à  Aix,  L.  c.  ;  Vulcain  et  les  Cyclopes,  à  Dougga,  Gauckler,  Bull, 
arch.  du  Comité,  1902,  p.  215-216;  Merlin,  C.  r.  Acad,  inscr.  1902,  II,  p.  745. 

—  6  Mosaïque  d’Aldborough  :  Morgan,  p.  140;  cf.  la  mosaïque  en  opus  sectile  de 
Marino,  Bull.  1838,  p.  112.  —  "  Les  mosaïques  ovidiennes.  sont  extrêmement 
nombreuses  et  très  variées.  Par  exemple  :  mos.  des  Amours  de  Jupiter,  aux  Oulcd- 
Agla,  Gsoll,  Mon.  de  l'Alg.  IL  p.  108,  et  à  Paierie,  voy.  note  3.  Mos.  de  l’enlève¬ 


ment  d’Europe  :  à  Aquilée,  Arch.  Anzeig.  XXII,  p.  185.  Arles  :  Gauckler,  Bull, 
arch.  1901.  p.  33G  sq.  Baccano,  Pull.  1873,  p.  131  ;  El  Djem  :  Bull.  arch.  1897, 
p.  37G;  Halicarnassc  :  Bull.  1800,  p.  106;  Morgan,  p.  249;  Mrakib-Thala  :  GscIL 
L.  c.  p.  107,  n°  35  ;  Naix  :  Demangeot,  Mos.  gréco-rom.  p.  29,  et  Bull,  antiq.  de  Fr. 
1878,  p.  173;  1880,  p.  135;  Oudna  :  Gauckler,  L.  c.  et  Musée  Alaoui,  p.  27,  n°  125 
et  pl.  vu;  Palcstrina  :  Furietli,  p.  55;  Ciampini,  V et.  mon.  I,  ch.  x,  p.  82  etpl.  xxxm  ; 
autre  (sur  tuile),  Ciampini,  0.  I.  pl.  xxxiv,  n»  2  et  p.  83;  Sparte  :  Bull.  1873,  p.  213; 
Arch.  Zeit.  1881,  pl.  vi,  2.  Léda  et  le  cygne  :  à  Aumale  :  Gsell,  L.  c.  p.  102,  n°  4. 
Baccano  :  Bull.  1873,  p.  131  (ou  llébé  et  l’aigle?)  ;  Ruggiero,  Cat.  del  ijiuseo  Kirchcr , 
p.  279.  Dalmalic  :  Arch.  Zeit .  1873,  p.  136.  Lambèse  :  Gsell,  L.  c.  p.  107,  n°3l. 
Sousse  :  Gauckler  et  Gouvct,  Musée  de  Sousse ,  p.  34,  n°  8.  Pasiphaé  et  Dédale,  à 
Mrakib  Tliala  :  Gsell,  L.  c.  p.  107.  Métamorphose  d’Actéon  :  Cagnat  et  lîallu, 
Musée  de  Timgad ,  p.  38  sq.  pl.  xiv.  Narcisse,  à  Vaison  :  Gauckler,  Mos.  rom.  de 
Provence ,  Bull.  arch.  1901,  p.  341  sq.  Méléagre  et  Atalante,  à  Halicarnassc  :  Pull. 
18G0,  p.  105;  Newton,  Discov.  2,  1283;  Morgan,  p.  248  et  247,  pl.;  Cat.  Prit. 
Mus.  nos  G,  7,  8.  Lyon  (Ainay),  Artaud,  p.  G4  sq.  et  pl.  ix  ;  Annali ,  1843,  p.  2<>2. 
Mansfield  Woodhousc  :  Miinlz,  Bev.  des  arts  décor,  sept.  1886,  p.  78.  Apollon  et 
Daphné  :  à  Lillebonne,  voy.  note  1  ;  Timgad,  mosaïque  inédite  (fouilles  do  1903) , 
cf.  mosaïque  augusléenne  citée  p.  2101,  n.  3.  —  y  Apul.  Met.  I\-\I  :  mosaïques 
de  Carthage  et  d’Utique  déjà  citées.  —  9  Triomphe  de  Bacchus  :  à  Ainay,  Pull. 
1861,  p.  144;  Conslantine?  Gsell,  Mon.  ant.  Alg.  II,  p.  105;  Saint-Leu,  Musée 
d'Oran ,  p.  70  sq.  pl.  vu  c  Gsell,  L.  c.  p.  21  et  pl.  i.xxxvu;  Sousse,  Gauckler,  Bev. 
arch.  1897,  II,  p.  18  cl  pl.  ix,  et  Musée  mun.  de  Sousse ,  p.  30  et  pl.  vi,  I, 

Pyrgos,  Bull.  1843,  p.74;  1866,  p.  231 ,  n®  1.  Bacchus  combattant  dans  l’Inde  :  à  Tus- 

culum,  Canina,  Desc.  dell.  ant  Tusc.  1841,  pl.  xliv-xlv  ;  Bellori-Causs.  p.  94  et  pi-  m, 
Guida  del  mus.  naz.  nelle  Terme ,  p.  91,  n  °7  a.  Dionysos  et  Ikarios,  el  vendanges, 
à  Oudna,  Gauckler,  L.  c.  p.  208,  pl.  xxi;  Cat.  Mus.  Alaoui,  p.  23,  A,  n°  103  el 
pl.  v.  B.  et  Ampelos?  à  Kourba,  Ibid.  p.  23,  A,  n"  102,  pl.  v.  B.  avec  une  panthère  ou 
un  tigre  :  à  Bavay,  Caylus,  II,  p.  399;  Djidjelli,  Gsell  et  Bertrand,  Musée  de  Philip- 


MUS 


211 9 


MUS 


plies  1 ,  Neptune  el  son  peuple  2,  Vénus  et  les  Amours  ", 
Apollon  et  les  Muses  \  car  les  figures  si  variées  de  ces 
cortèges  lui  facilitent  le  remplissage  de  plus  vastes 
surfaces.  Le  mythe  d’Orphée  charmant  les  animaux  ’ 
n’acquiert  tant  de  faveur  à  partir  du  111e  siècle  que  parce 
qu’il  fournit  une  occasion  de  grouper  autour  du  chantre 
divin  toutes  sortes  d’animaux,  habitués  à  se  fuir  et  non 
à  frayer  ensemble. 

Mais  aux  types  individualistes  et  nettement  caracté¬ 
risés  de  la  mythologie  grecque,  le  mosaïste  préfère  encore 
les  figures  allégoriques  de  la  religion  romaine,  plus  abs¬ 
traites  et  par  cela  même  d’un  placement  plus  commode  : 
la  Terre  °,  l’Abondance  7,  la  Victoire  8,  l’Année  9.  Celles 
qui  sont  associées  par  séries  de  quatre,  de  sept,  de 

peville,  p.  69,  pl.  x,  fig.  2,  et  Gsell,  Mon.  mit.  de  l'Alg.  Il,  p.  105  sq.  nos  23,  24  ; 
Erétrie  (Eubéel,  Bull.  1848,  p.  40;  Halicarnasse,  Morgan,  pl.  <le  la  p.  262  et  Cat. 
Brit.  Mus.  n®  20  ;  Londres,  Morgan,  p.  187;  Rome,  Bartoli-Bellori,  Lucernae, 
pl.  xiv  et  p.  23;  Sagonte,  Caylus,  II,  p.  364  sq.  et  pl.  ;  Slunsfield,  Morgan,  p.  110; 
Tarente,  Mitt.  d.  arch.  Inst.  Boni.  X,  p.  90;  Sainte-Colombe,  près  Vienne  (et  les 
Saisons),  Artaud,  p.  118,  pl.  lvIi.  Buste  de  Bacclius  et  les  Saisons:  à  Carthage, 
maison  de  Scorpianus;  Lamhcse,  Gsell,  Mon.  ant.  A  Ig.  II,  p.  106,  n®  30  avec  la 
bibliogr.  ;  Morton  file  de  Wiglil),  Morgan,  p.  23  et  234  et  pl.  ;  Oudna,  Gauckler,  L  c. 
p.  183,  note,  mos.  Abria.  Baechus,  satyres  et  ménades  à  l’ilney,  Morgan,  p.  98,  etc. 
Pan  et  génie  bachique,  à  Halicarnasse,  Morgan,  p.  262  sq.  Lykourgos  et 
Ambrosia  :  'à  Narbonne,  Cat.  Mus.  Nçtrb.  n®  349,  et  Riols,  Bull.  comm.  arch. 
Narb.  1891,  p.  288  sq.  et  pl.  ;  Morton-Farm  (Wiglil),  Morgan,  p.  19  sq.  234  et  pl. 
Pan  luttant  avec  Eros  :  à  Baccano,  Halicarnasse,  Lyon,  Sainte-Colombe,  mosaïques 
citées.  Pan,  nymphes  et  faunes,  satyres  et  ménades,  à  :  Avenches,  Schmidt,  L.  c.  ;v 
Bignor,  Morgan,  p.  203  et  pl.  ;  Carthage,  Gauckler,  Bail,  arcli.  du  Comité,  1903, 
p.  415,  et  autre,  inédite,  fouilles  de  1903;  Dellys,  Gsell,  L.  c.  II,  p.  103,  n'  22; 
Oudna,  Gauckler,  L.  c.  fig.  9,  et  Musée  Alaoui,  p.  24,  n°  107  ;  Palerme,  mos.  citée 
p. 2118,n. 3;  Saint-Leu  (fig.  5250,  bordure)  ;  Sousse,  mos.  citée  p.  21 13,  n.  2.  Silène 
livre  sur  un  âne,  à  Chcbba,  Gauckler,  Marche  du  service,  1902,  p.  20.  Buste  de  Silène  : 
Oudna,  Gauckler,  L.  c.  fig.  10  et  Musée  Alaoui,  p.  24  et  n®  108.  Priape,  au  Musée  de 
Madrid,  Bull,  de  la  B.  Acad,  de  Madrid,  XX,  p.  102.—  l  Diane  couchée,  un  chien 
à  ses  pieds,  à  Nîmes  :  A.  Pelel,  Les  mos.  de  Ninies  (1 522-1804),  p.  28  sq.  D.  avec  un 
lévrier  ou  avec  un  cerf,  à  Oudna  (2),  La  Blanchère  et  Gauckler,  Musée  Alaoui,  p.  27, 
il05  131132.  D.  au  bain  et  Actéon,  à  Timgad,  Musée  de  Timgad,  p.  38  sq.  pl.  xiv. 

I).  et  Callisto,  à  Villelaure,  Bull.  arch.  L.  c.  pl.  i.  Sacrifices  à  D.,à  Lillebonne,  voir 
p.  2109,  n.  20:  à  Carthage,  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  1898,  p.  643.  Inscription  Diana 
erenatrici,  à  Metz,  Caylus,  V,  p.  326. —  2  Voir  plusieurs  mosaïques  déjà  citées.  Les 
tableaux  de  tritons,  néréides,  monstres  marins  et  poissons  divers  sont  trop  nombreux, 
surtout  en  Afrique,  pour  pouvoir  être  énumérés  ici. —  a  Surtout  Vénus  Anadyomène  : 
par  ex.  à  Carthage,  Gauckler,  Bull.  arch.  1899,  p.  148  et  165;  Halicarnasse,  Morgan, 
pl.  de  la  p.  249  et  Cat.  Brit.  Mus.  n®  5,  sous  le  nom  d'Amphitrile;  Hippone,  mos. 
cilée;  Nebeur,  La  Blanchère  et  Gauckler,  Musée  Alaoui,  p.  12.  n®  14;  Orbe,  Bull. 
1663,  p.  193  sq.;  Oudna,  Gauckler,  Mém.  Piot,  III,  p.  184,  note,  et  Musée  Alaoui, 
p.  26  et  n»  123  ;  Tébessa,  Gsell,  Musée  de  Tébessa,  p.  64  et  note  4.  Vénus  dans  une 
barque  conduite  par  des  amours  :  à  Utique,  d'Hérisson,  Mission  en  Tunisie,  p.  188  ; 
Cat.  somm.  Louvre,  n®  1801.  Vénus  et  Amours  :  El  Djein,  mos.  inédite,  fouilles  de 
1904.  Amours  :  chevauchant  un  taureau  et  une  chèvre  :  à  Baccano,  Bull.  1873,  p. 
134  ;  un  paon  et  un  cygne  :  à  Hippone,  Papier,  Bull.  Acad,  Hipp.  XXIV,p.  30  ;  un 
dauphin  (ou  Arion?)  :  à  Ostie,  Annali,  1857,  p.  334  ;  Chebba,  Gauckler,  Illustr.  1902, 

L.  c.  \  Vinlimiglia,  Bull.  1873,  p.  29.  Amours  dirigeant  des  courses  de  poissons,  à 
Sousse,  de  Villcfosse,  Bec.  de  l'Afr.  franc.  1887,  p.  380,dig.  el  pl.  i  ;  Cat.  somm.  du 
Louvre,  n»  1797.  Am. nageant  avec  des  dauphins,  à  Utique  :  Ibid,  n®  1803.  Am.  sur 
une  amphore,  à  Lucera:  Not.  d.  scavi,  1899,  p.  275.  Am.  brisant  son  arc;  caressant 
un  dauphin  ;  avec  Hymen,  à  Nîmes,  Artaud,  p.  94  et  1 13.  Am.  portant  une  couronne, 
un  panier,  des  bandelettes  :  à  Sarmisagcthusa,  Arneth,  Anale/cten,  pl.  xvn  et  xvm  ; 
portant  des  corbeilles  de  fruits  avec  l'inscription  :  Bonum  Eventum  bene  colite,  à 
Woodchcstcr,  Lysons,  L.  c.  ;  tirant  de  l'arc,  à  Zeugma  :  Jahrbuch  Berlin,  1900, 
p.  109  sq.  Amours  jardiniers,  à  Pitney,  Morgan,  p.  98  ;  gladiateurs  à  Bignor,  Morgan, 
p.  205  et  pl;  athlètes  à  Vienne,  Cat.  Mus.  Lyon,  p.  207,  n®  17  ;  bestiaires,  à  Bulla 
Begia,  mos.  inédite  (fouilles  1903);  pêcheurs,  dans  nombre  de  mosaïques  marines 
citées.  Amour  combattant  Pan  :  mos.  citées,  p.  2102,  n.  7.—  '•  Apollon  jouant  de  la 
lyre,  à  Oudna,  Gauckler,  p.  2113,  n.  2  ;  Mém.  Piot,  III,  p.  184  note,  et  M usée  Alaoui, 
p.  28,n«  136;  à  Lilllccote  Park,  Lysons,  1,  pl.  ix;  dans  la  forêt  de  Brotonne,  Cat. 
Mus.  Rouen,  1868,  p.  8  J  (ou  Orphée  ?).  Apollon  et  Marsyas,  à  :  Baccano,  Bull.  1873, 
p.  128  sq.;  Overbeck,  Griech.  Kunstm.  I,  p.  454;  Saint-Leu  fig.  5250.  Apollon- 
llélios  :  à  Oudna,  Gauckler,  p.  199  et  fig.  6,  et  Musée  Alaoui,  p.  24,  n®  109  ter  ;  Pa¬ 
ïenne,  mos.  de  la  Piazza  Viltoria  ;  Lambèse  (avec  Séléné),  Gsell,  L.  c.  107,  n»  32. 
Apollon-Hélios?  avec  les  signes  du  zodiaque,  Munster,  près  de  Bingen,  Jahrbuch 
Berlin,  1897,  XII,  Bibl.  p.  12.  Les  Muses  :  à  Baccano,  Bull.  1873,  p.  130;  Italica, 
mosaïque  cilée  ;  Montemayor  ( Olia ),  Bull.  1862,  p.  249  ;  Merida,  mos.  de  Seleucus  el 
Anthus,  Corp.  inscr.  lat.  11.  p.  61,  n”  492;  à  Trêves,  mos.  de  Monnus,  voir  fig.  5252. 
—  6  Mos.  d'Orphée  charmant  les  animaux  à  :  Aix,  litbograph.  Reinard  dans  Rouard, 
Pouilles  de  1843-4, p.  8  sq.  ;  Mayas.  Pittor.  XIII,  p.  352  grav.  ;  de  Caumont,  Conqr. 
arch.  p.  379  sq.  et  grav.  ;  Giberl,  Cotai.  I,  p.  368  ;  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité, 
1901,  p.  338  sq.  Avenches  (détruite),  dessin  Courli,dans  Anzeig.  fürschweiz.  Alterth. 
1899,  p.  II.  Barton,  Univers,  art  invent.  p.  3.  Blanzy,  Bull.  Acad.  Laon,  IX, 


neuf,  de  douze,  par  exemple  les  symboles  des  phénomènes 
cosmiques  à  révolution  régulière,  conviennent  particu¬ 
lièrement  au  remplissage  des  mosaïques  a  compartiments 
polygonaux.  Les  quatre  Saisons  (fig.  5233)  lü,  les  quatre 
Vents  M,  les  quatre  Factions  du  Cirque  *■  servent  a  meu¬ 
bler  les  coins  des  pavements  carrés,  quels  que  soient  le 
sujet  et  la  disposition  du  tableau  central.  Les  sept  jours 
de  la  semaine,  ou  les  sept  planètes13,  les  sept  Sages  de 
la  Grèce  11  trouvent  tout  naturellement  leur  place  dans 
les  sept  compartiments  adjacents  d’un  motif  hexagonal, 
tandis  que  les  douze  cases  qui  doublent  parfois  la  pre¬ 
mière  zone  de  polygones  entourant  le  tableau  central, 
reçoivent  les  figures  des  douze  mois  de  1  année  ou  les 
douze  signes  du  zodiaque16.  Fnfin  les  neuf  cases  du  sys- 

p.  28;  X,  p.  40;  Fleury,  Antiq.  et  mon.  dép.  Aisne,  II,  1878,  p.  20,  el  Roscher, 
Lexilcon,  s.  v.  fig.  14,  col.  1191.  Cagliari,  Tarin,  Mém.  acad.  sc.  Turin,  1803, 
p.  53  sq.  Carnuntum,  E.  von  Sacken,  Mitt.  Centr.  Comm'  XVIII,  p.  26.  Chebba, 
Gauckler,  Illustr.  1902,  L.  c.  Cherchcl  (chrétienne),  Gsell,  L.  c.  p.  104,  n»  14  avec 
la  bibliogr.  Cirenccster,  Morgan,  p.  18.  Constanline  (chrétienne),  Gsell.  L.  c. 
p.  105,  n“  20.  Horkstow  Hall,  Lysons,  Beliq.  Rom.  Britann.  I,  pl.  m-iv.  Jérusalem 
(chrétienne),  Bull.  arch.  Comité,  1901,  p.  110,  121,  et  C.  r.  Acad,  inscr.  1901, 
p.  223,  252.  Liltlecole  Park  (Willshire),  Laborde,  Mos.  d’/lalica,  p.  95;  Fovvler, 
Plates  of  twenty  mos.  pavem.  Morton-Farm  (Wight),  Morgan,  p.  27  et  215.  Nevvton- 
Sl-Loe,  prés  de  Bath,  Morgan,  p.  102.  Oudna,  Gauckler,  L.  c.  fig.  12,  et  Musée 
Alaoui,  p.  29,  n®  148,  pl.  vin.  Palerme,  Bull.  1870,  p.  9;  Aubé,  Arch.  miss.  sc. 
2“  série,  Vil,  p.  36  sq.  ;  Pérouse  ( chiaroscuro ),  Bull.  1876,  p.  234  sq.  ;  1877,  p.  5  sq.  ; 
Bull,  antiq.  Fr.  1878,  p.  50.  Rome  ( chiaroscuro ).  Not.  d.  scavi,  1894,  p.  314, 
408,  477;  Mitt  Inst.  Rom.  VIII,  p.  293.  Rolbenburg,  Arch.  Anzeig.  VH,  p.  Il, 
et  19.  Roltweil,  Bonn.  Jahrb.  LXXI,  p.  27  ;  0.  Gruppe,  dans  Roscher,  Lexilcon, 
s.  v.  col.  1192  avec  la  bibliogr.  Santa  Marinella,  près  de  Civita  Vecchia,  Bull. 
1838,  p.  3,  et  1840,  p.  115.  Sousse  (singe  parodiant  Orphée),  de  Villefosse,  Bull, 
ant.  Afr.  1887,  p.  380.  Tanger,  Bull.  Soc.  antiq.  1881,  p.  97,  et  1883,  p.  319  sq. 
Utique?  Ibid.  p.  319  sq.  Vienne  (1860),  Bev.  arch.  1860,  p.  128  (Sainte-Colombe, 
au  Musée  de  Lyon),  Artaud,  p.  119  sq.  et  pl.  lviu  ;  Ibid.  (1899),  Bull.  arch.  Comité , 
1899,  p.  103.  Withington,  Lysons,  Il  sq.  pl.  xix.  Wintertou  (Lincolnshire),  Vet. 
Mon.  1747,  II,  pl.  îx,  1,  2,  3;  Morgan,  p.  135.  Woodchester,  Lysons,  II,  pl.  xxn, 
xxvi  sq.  el  Account  of  rom.  antiq.  at  W.  1797,  pl.  vu.  Yverdon,  Rocliat,  Mitt. 
Zurich,  XIV,  1861-63,  p.  75.  Yvonand-Cheires  :  de  Bonstetten,  Recueil,  suppl.  Il 
pl.  xiv,  et  Millin,  Galerie  myth.  pl.  evit,  423.  Cf.  Knapp,  Orpheus  üarst.  p.  29  sq.; 
0.  Gruppe,  dans  Roscher,  Lexilcon,  s.  v.  col.  1190  sq.  ;  S.  Reinach,  Bev.  arch. 
1903,  II,  p.  126  sq.  —  6  Mos.  de  Sentinum,  Bull.  1846,  p.  1 01  ;  Annali,  1 864, 
p.  384;  R.  Engelmann,  Arch.  Zeit.  XXXV,  9  et  pl.  ni.  —  7  Mos.  de  Carthage  : 
Cagnat,  Mém.  antiq.  de  Fr.  LVII,  1898,  p.  251  sq.  etpl.  iv.  Peul-êlre  plutôt  la  Terre, 
ou  Démêler  et  lacclios  ;  comp.  avec  le  médaillon  central  de  la  mos.  de  Kourba 
déjà  citée.  —  8  A  Carthage,  Morgan,  p.  250.  A  Sarmisagethusa,  Arneth,  Ana- 
leleten,  pl.  xvu  et  xvm  a.  Victoire  et  aurige  à  Trêves,  Westd.  Zeitsch.  XIV,  n“  68, 
et  XV,  u®  59.  — 9  Mos.  de  Bône  (Hippone)  :  de  Villefosse,  Bull.  arch.  du  Comité. 

1901,  p.  444  sq.pl.  xxxm,  et  Gsell,  L.  c.  p.  106,  n®  28;  mos.  de  Rome,  Bull,  munie. 
111,  p.  240;  mos.  de  Sentinum,  citée  n.  G.  —  10  Liste  de  23  mos.  des  Saisons  donnée 
par  de  Villefosse  :  Gaz.  arch.  V,  1879,  p.  148  sq.  Ajouter  les  suivantes  :  Aumale, 
Doublet,  Mus.  d’Alger,  pl.  xv-xvi.  Bône  (l'Année  et  les  Saisons),  L.  c.  pl.  xxxii', 
Carthage  (Mois  el  Saisons),  Cagnat,  Mém.  antiq.  Fr.  LVII,  p.  253  sq.  et  pl.  iv  ;  autre. 
Miss.  cath.  1 883, p.  107  ;  autres  (maison  de  Scorpianus)  inédites  ;  (Saisons  et  masques 
de  théâtre),  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité,  1903,  p.  415  ;  deux  autres  inédites  (1903), 
maisons  près  de  l’Odéon.  Chebba  (S.  et  Neptune)  (fig.  5253),  Bull.  arch.  du  Comité, 

1902,  p.  109  sq.  el  Illustr.  1902,  L.  c.  Jahrbuch  d.  arch.  Inst.  1903,  p.  99.  Cyzique, 
Musée  de  Constantinople  (photo.  Joubin).  Morton-Farm  (Wight),  Morgan,  p.  25  et 
pl.  ccxxxiv.  Naix  (S.  et  Europe),  voir  p.  2118,  n.  7,  Nîmes  (S.  et  aurige),  Ménard, 
L.  c.  Orbe  (S.  el  jours  de  la  semaine).  Bull.  1803,  p.  193  sq.  Autre  (S.,  Ariadne  et 
divers),  Bull.  18  48,  p.  52  et  lith.  Bonstetten.  Oudna,  Gauckler,  L.  c.  p.  183  note. 
Pitney,  Morgan,  p.  98  sq.  Poligny  ;  Bruand,  Dissert,  sur  un  monum.  1816,  avec  pl.; 
Artaud,  p.  114.  Rome  :  Bull.  com.  di  Borna,  XIII,  p.  171  sq.  Sainte-Colombe  :  deux 
mos.  découv.  en  1899,  Bull.  arch.  du  Comité,  1899,  p.  103  sq.  Autre  en  1902,  Bull, 
antiq.  Fr.  1902,  p.  155.  Saint-Romain-en-Gal  (Travaux  de  l'année),  voir  p.  21 17,  n.  2. 
Thruxton,  Morgan,  p.  221.  Timgad,  Boeswilhvald,  Cagnat,  Ballu,  Timgad,  p.  260  sq, 
fig.  120.  Trêves,  mos.  de  Monnus,  fig.  5252.  —  11  Mos.  d'Avenches,  Annali,  1874. 
p.  267.  Carlbage,  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  1899,  p.  158.  Franiplon  (2),  Lysons, 
L.  c.  I,  pl.  iv  et  vu.  Morton,  Morgan,  p.  27  etpl.  ccxxxiv.  Poligny  L.  c.  ;  cf.  à  Rome 
( Notlius ),  Not.  d.  scavi,  1876,  p.  73  ;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  4,  29824,  et  (Boreas 
spirat).  Ibid.  29  820.  —  12  Mos.  de  Sainte-Colombe,  de  Villefosse,  Bull.  arch. 
Comité,  1894,  p.  224  sq.  el  pl.  xiv.  —  13  Mos.  de  Bir  Cliana,  Musée  Alaoui, 
p.  11,  n”  10,  pl.  i  ;  Bramdeam,  Morgan,  p.  223  ;  Orbe,  Bull.  1863,  p.  193  sq.; 
Vienne  (2),  Bull.  1868,  p.  48  sq.  et  Cat.  somm.  Musées  de  Lyon,  g.  207,  n®  16  (ivresse 
de  Baechus).  Le  globe  céleste  et  les  sept  planèles  (système  hexagonal),  à  Sainte- 
Colombe  :  Arlaud,  p.  81  et  pl.  xxu.  —  14  Mos.  de  Cologne,  citée  p.  21)1,  n.  5  ;  de 
Rome,  Annali,  1846,  p.  132,  et  Monument  i,  pl.  cixv.  —  li>Mos.  de  BirChana,  citée; 
cf.  aussi,  mos.  de  Monnus  à  Trêves,  et  d'Avenches  (fragment  circulaire),  Schmidt 
L.  c.  p.  58  sq.  pl.  xxv,  2.-  lu  Cf.  la  liste  de  Strzygowski  :  Die  Calenderbilder  der 
Chronogr.  von  Jalire  354,  p.  44  sq.  Système  polygonal  :  à  Trêves,  mos.  de 
Monnus  ;  à  Carthage,  Beulé,  Fouilles  à  Carthage.  Système  circulaire  :  à  Carlbage, 


MUS 


2120 


MUS 


tème  octogonal  permettent  de  grouper  les  neuf  Muses 
(flg.  5252) 

Ces  ligures  mythologiques  ont  perdu  presque  tout 
caractère  religieux  :  ce  ne  sont  plus  guère  que  des 
motifs  décoratifs.  D'ailleurs,  le  public  romain,  pratique 
avant  tout,  s  intéresse  moins  aux  dieux  qu’aux  hommes, 
aux  spéculations  des  philosophes  et  aux  fictions  des 
Poètes  qu’aux  scènes  de  la  vie  réelle.  Il  demande  au 
mosaïste  de  lui  peindre  la  nature  telle  qu’elle  est,  sans 
1  arranger  en  tableaux  d  idylle,  de  se  montrer  exact, 
précis,  savant.  Il  veut  être  instruit  en  même  temps  que 
charmé.  Le  goût  de  plus  en  plus  vif  que  la  société 
romaine  manifeste  pour  l’érudition  incite  les  artistes  à 
emprunter  les  sujets  de  leurs  tableaux  aux  sciences,  à 
la  géographie,  à  l’histoire  naturelle,  plutôt  qu’à  la 
littérature.  Aux  scènes  dramatiques  ou  anecdotiques, 
succèdent  sur  le  sol  les  catalogues  figurés  avec  légendes 
explicatives,  parfois  bilingues,  grecques  et  latines,  et 
avec  citations  de  textes  à  l'appui,  telle,  par  exemple, 
la  nomenclature  des  divers  types  de  bateaux  de  plaisance 
ou  de  commerce  du  pavement  des  thermes  de  Medeina 
(lig.  5251)  2  ;  ou  bien  des  énumérations  de  cités  "  ou 
de  provinces  romaines  4,  cartes  de  géographie  repré¬ 
sentant  toute  une  ville  ou  même  tout  un  pays  vu  à  vol 
d'oiseau  %  comme  la  mosaïque  de  Palestrina  ü,  qui  figure 
l’Égypte  vue  à  vol  d’oiseau,  premier  terme  d’une  série 
dont  la  mosaïque  byzantine  de  la  Terre  Sainte,  à  Madaba7, 
est  actuellement  le  plus  récent  échantillon  connu;  ou 
encore  des  collections  de  quadrupèdes  8,  de  poissons  9, 
d’oiseaux  10,  de  plantes  “,  de  fruits 12  classés  par  espèces, 
qui  semblent  autant  de  planches  détachées  d’un  atlas  de 
botanique  ou  de  zoologie.  A  l’époque  augustéenne,  le 
peintre  en  mosaïque  s'efforcait  d’exprimer  les  passions 
humaines  :  chacun  de  ses  tableaux  était  un  petit  drame. 
Au  me  siècle  de  notre  ère,  le  genre  didactique  a  pris  le 
pas  sur  tous  les  autres.  Le  mosaïste  n’est  plus  un 
artiste  :  c’est  un  érudit. 

2°  Le  tessellatum  antoninien.  —  Les  mosaïques  en 
tessellatum  de  la  période  antoninienne  sont  innombrables 
et  infiniment  variées.  On  peut  les  classer  en  trois  caté¬ 
gories  suivant  la  nature  des  éléments  qui  composent  leur 
décor  :  crustae ,  rinceaux,  silhouettes  monochromes. 

I.  —  Les  pavements  imitant  l’incrustation  en  opus 
sectile  sont  réservés  aux  portiques,  aux  couloirs,  aux 
vestibules  et  aux  communs.  Les  grandes  lignes  du 
dessin  y  correspondent  aux  sections  des  crustae  qui  sont 
censées  recouvrir  le  sol.  Par  suite,  le  réseau  est  encore 
exclusivement  géométrique.  Il  reproduit  les  motifs  usités 


a  l’epoque  augustéenne,  mais  en  les  compliquant  D,n  . 
un  même  pavement,  le  mosaïste  varie  les  dimensions 
crustae  du  même  type.  Il  mêle  les  types  différents 
associant  les  formes  rectilignes  aux  circulaires  les 
polygones  aux  disques  et  aux  ovales.  Le  coloris  est  moins 
s.mple  :  le  rouge,  le  jaune,  le  brun  et  le  verdâtre  sont 
employés  presque  autant  que  le  noir.  L’étendue  des  sur 
faces  réservées  au  fond  blanc  diminue. 

D’autre  part,  lorsque,  dans  la  décoration  des  parois  la 
mode  substitue  aux  placages  de  marbre  les  reliefs  géo¬ 
métriques  en  stuc,  le  mosaïste  est  amené  à  simuler 
lui  aussi  sur  le  sol,  au  lieu  d’un  assemblage  de  crustae 
tout  unies,  des  séries  de  caissons  séparés  par  des  cloi¬ 
sons  saillantes  à  relief  simulé,  de  telle  sorLe  que  le 
pavement  prend  l’aspect  d’un  plafond  retourné.  De 
même,  les  bordures  en  mosaïque,  qui  touchent  à  la  base 
des  murailles  et  semblent  répondre  à  leur  couronnement, 
imitent  par  symétrie  la  bordure  d’un  toit  en  charpente, 
avec  les  extrémités  des  chevrons  qui  dépassent  u,  où 
bien  une  corniche  en  pierre,  ornée  de  rais  de  cœur, 
d'oves  et  de  denLicules  u.  D’une  façon  générale,  les 
bandes  et  les  filets  d’encadrement  se  multiplient,  s’élar¬ 
gissent  et  se  diversifient.  Les  grecques  s’enchevêtrent; 
les  (lots  se  recroquevillent.  L’entrelacs  se  substitue  à 
la  chaînette  et  à  la  torsade.  Les  tresses  s’étalent;  leur 
contexture  se  resserre.  Les  lignes  droites  s’infléchissent. 
Les  arcs  de  cercle  font  place  aux  festons  sinueux.  Les 
angles  s’arrondissent  et  les  formes  ondulent. 

IL  —  Le  décora  rinceaux  se  rencontre  surtout  dans  les 
maisons  particulières.  Il  s’inspire  souvent  de  ces  treilles 
et  de  ces  tonnelles  qui  égaient  les  murailles  et  recouvrent 
d’un  toit  de  verdure  les  patios  des  habitations  du  Midi. 
Sur  le  fond  blanc  du  sol,  l’artiste  applique  l’assemblage 
symétrique  de  lattes  et  de  cerceaux  auxquels  s’accroche 
le  feuillage10.  Parfois  aussi,  il  supprime  le  support  qui 
règle  l’expansion  des  rameaux  ;  les  ceps  de  vigne,  les 
bouquets  d’acanthe,  les  gerbes  de  roseaux  et  les  tiges 
de  blé  développent  alors  librement  sur  le  pavement  tout 
l’imprévu  de  leurs  thyrses,  de  leurs  volutes  eL  de  leurs 
rinceaux  10.  Ou  bien  le  mosaïste  reproduit  sur  le  sol  les 
festons  des  guirlandes  qu’à  l’occasion  des  fêtes  l’on 
suspend  aux  colonnades  des  portiques  et  aux  plafonds 
des  salles  d’apparat17.  Les  artistes  du  second  siècle 
excellent  dans  ce  décor  végétal,  si  frais,  si  vivant,  si 
varié,  tour  à  tour  léger  et  délicat  avec  la  vigne  et  l’olivier, 
somptueux  avec  les  feuilles  charnues  de  l’acanthe.  Plus 
tard,  les  formes  se  raidissent  et  se  disciplinent.  Aux 
rinceaux  capricieux  de  la  vigne,  succède  le  feuillage 


Corp.  inscr.lat.  12 588,  et  Cagnat.  Mém .  antiq.  de  Fr.  LV1I,  p.  253  sq.  cl.  pl.  îv.  La 
mos.  découverte  par  Davis,  à  Carthage  (système  octogonal),  ne  peut  pas  représenter 
les  mois  comme  on  l’a  supposé,  puisqu'il  n’y  a  que  huit  figures  :  Davis,  Carthaqo 
and  lier  remains ,  p.  180  sq.  et  pl.  ;  Franks.  p.  224  sq.  ;  Morgan,  p.  250  sq.  Fragments 
d’une  mosaïque  analogue  à  Calane  (Janvier  et  Mars),  Universal  Art  mventory , 
p.  8  ;  à  Rome  (Mai),  Not.  d.  scavi ,  1870,  p.  180;  Bull.  comm.  1870,  p.  212;  Corp. 
inscr.  lut.  VI,  4,  29  823;  (Juin),  Artaud,  p.  27;  Furietti,  p.  45.  —  l  Mos.  de  Trêves, 
voir  p.  2118,  n.  3;  autres:  mos.  de  Baccano,  Bull.  1873,  p.  130;  Muses,  à  Mérida, 
Roscher,  Leœikori ,  s.u.col.  3287. —  2  La  Blanchère  et  Gauckler,  Musée  Alaoui,  p. 
32,  n°  16G  ;  Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr  1898,  p.  042  sq.  Aulrcs  scènes  nautiques  :  à 
Rome,  navire  arrivant  au  port,  Bull.  comm.  1878,  p.  270;  Jahrb.  Berlin ,  IV,  1889, 
p.  92  et  201,  fig.  9;  à  Veii,  embarquement  d’un  éléphant,  Cagnat,  L'ami  des  mo- 
num.  XIV,  1900,  p.  07  sq.  et  fig.  ;  Not.  d.  scavi,  1899,  p.  158  ;  G.  Galli,  Bull.  com. 
1900,  p.  117  sq.  fig.  1  ;  à  Sousse  :  débarquement  de  marchandises  à  la  douane,  La 
Blanchère  et  Gauckler,  O.  I.  p.  10,  no  G  et  pl.  i  ;  Gauckler,  Tour  du  Monde ,  pl.  c  et 
fig.  —  3  Mos.  d’Halicarnasse  :  Bull.  1800,  p.  106:  Morgan,  L.  c.  p.  259  sq.;  cf. 
mos.  de  Catane  (Alexandrie,  ou  l’Afrique?)  :  Bull.  1872,  p.  97  sq.  —  4  Mos.  de 
Zeugma  (Bircdschik)  sur  l’Euphrate,  Jahrb.  Berlin ,  1900,  p.  109  sq.  ;  cf.  Arch. 
Zeit.  XLIII,  1885.  Arch.  Anzeig.  1893,  p.  101;  Mise.  Inv.  du  Mus.  de  Berlin , 
7079. —  5  Fragm.  inédit  do  Carthage,  fouilles  Gauckler,  1904.  —  G  Citée  p.  2103, 


fig.  5243. —  7  Parmi  les  très  nombreuses  éludes  concernant  la  mos.  de  Madaba,  cf. 
surtout  C.  r.  Acad,  inscr.  1897,  p.  140,  158;  Bev.  biblique ,  1897,  p.  105,  sq.,  avec 
pl.  hors  texte;  E.  Stevenson,  Di  un  ins.  pavim.  in  mus.  esprim.  la :  qcogr.  dei 
luoghi  sanli ,  Nuovo  Bull,  di  arch.  crisf.  1897,  p.  45,  sq.  et  pl.;  Schullen.  Die 
Mosaikkarte  von  Madaba,  avec  pl.;  Clermont  Ganncau,  C.  r.  Acad,  inscr.  1901, 
p.  553,  sq.;  Ph.  Berger,  Ibid.,  1897,  p.  21 1 , 457. —  8  Mos.  africaines  de  Djemila,  d’Oudna, 
d’EI  Djem.  —  9  Mos.  africaines  de  Sousse,  Carthage,  etc.  —  10  Mos.  africaines  de  Car¬ 
thage,  Oudna,  El  Djem  (1904),  etc.  —  n  Mos.  africaines  de  Sousse,  Carthage,  El  Djem 
(1904),  etc.  —  12  Mos.  de  l’arsenal  à  Sousse,  Cf.  sur  toute  cette  série,  Miintz,  Etud. 
icon.  p.  33  sq. —  13  Par  exemple  la  bordure  de  la  mos.  des  Cyclopes  à  Dougga,  p.  21 18, 
n.  5.  —  14  Bordure  de  la  mos.  nilotiqued'El  Alia.p.  2104,  n.  14. —  Parexcmple  dans 
la  maison  des  Labcrii  à  Oudna  :  Gauckler,  L.  c.  p.  200  et  pl.  xxii,  et  Musée  Alaoui ,  pl. 
vi  (portique  d’atrium).  —  16  Par  exemple  les  mosaïques  de  ïoecus  de  la  maison  des 
Labcrii,  à  Oudna  :  Gauckler,  L.  c.  pl.  v;  de  Yoccus  de  la  maison  de  1  Arsenal,  à 
Sousse  :  Gauckler  et  Gouvet,  Musées  de  Sousse,  pl.  vi,  I  ;  de  Kourba,  Musée  Alaoui, 
pl.  v  ;  de  la  maison  de  Sertius,  Ballu,  Guide  :  illustré  de  Timgad,  fig.  de  la  p.  61  ;  et 
des  thermes  des  fouilles  de  Filadclfi ,  1903,  à  Timgad,  cf.  aussi  à  Oudna,  la  mosaïque 
du  Millel  :  Gauckler,  L.  c.  p.  183,  note.  —  17  Par  exemple  la  mosaïque  du  triclinium 
de  la  maison  voisine  de  l’Odéon,  à  Carthage  (1903)  et,  à  Luc-en-Diois,  la  mosai'quo 
signée  0*  Amitcius  Architcctus,  l.  c. 


MUS 


—  2121 


MUS 


régulier  et  symétrique  du  laurier  ;  le  lierre  affecte  des 
contours  géométriques;  les  découpures  de  l’acanthe 
s’aiguisent  en  dents  de  scie  L  Tout  le  décor  végétal 
se  stylise,  et  prend  peu  à  peu  l’aspect  sec  et  guindé, 
la  symétrie  artificielle  de  l'ornementation  byzantine. 

III.  —  Au  temps  des  premiers  Anlonins,  les  pavements  à 
silhouettes  monochromes  sont  encore  fréquents  en 
Italie;  ils  apparaissent  aussi  quelquefois  dans  le  sud  de 
la  Gaule.  Partout  ailleurs,  ils  sont  très  rares.  Ils  servent 
principalement  à  décorer  les  grandes  salies  des  thermes, 
qu’ils  remplissent  de  figures  multiples,  dirigées  en  tous 
sens:  athlètes  (fig.  5254)  2,  auriges  3,  monstres  marins  b 
On  les  rencontre  souvent  aussi  dans  les  caveaux  des  mau¬ 
solées  5.  Mais  la  suppression  du  procédé  de  Y emblema 
entraîne  la  disparition  de  ce  genre  de  peinture  simplifiée. 
La  mosaïque  en  monochrome  n’avait  d’autre  raison  d’être 
que  de  suppléer  sur  les  grands  pavements  à  1  insuffisance 
de  format  des  tableaux  en  vermiculatum.  Du  moment 
que  ceux-ci  peuvent  remplir  toute  la  place,  la  peinture 
rudimentaire  qui  en  tenait  lieu  d’abord  s’efface  devant 
eux.  Pour  mieux  dire,  elle  se  transforme  à  leur  contact. 
Elle  leur  emprunte  l’art  de  modeler  et  de  colorer  les 
figures  et  conserve  sa  manière  toute  conventionnelle  de 
les  disposer,  donnant  ainsi  naissance  au  genre  hybride, 
signalé  plus  haut,  où  les  figures  représentées  en  trompe- 
l’œil,  mais  sans  perspective  ni  profondeur,  se  dispersent 
en  tous  sens,  sur  un  fond  tout  uni.  A  partir  du  m°  siècle, 
l'usage  de  la  mosaïque  à  figures  monochromes  est  par¬ 
tout  abandonné  G. 

3 0  Le  musivum  antoninien.  —  Pour  la  peinture  murale 
en  musivum ,  comme  pour  les  pavemenls  historiés  en 
marbre,  l'époque  antoninienne  est  une  période  de  tran¬ 
sition.  Mais  il  est  difficile  de  rien  préciser  faute  de  docu¬ 
ments.  Presque  tous  ont  péri  ;  cependant,  l’on  ne  peut 
douter  de  leur  existence.  Les  auteurs  latins  et  les  inscrip¬ 
tions  du  temps  des  Antonins  et  des  Sévères  mentionnent 
souvent  des  camerae,  revêtues  de  mosaïques  de  verre  7. 
Et  d’autre  part,  il  arrive  fréquemment  qu’au  cours  de 
fouilles  pratiquées  dans  les  édifices  dont  les  pavements 
ne  comportent  d’autre  matière  que  le  marbre,  l’on 
recueille,  dans  les  décombres  de  la  surface,  des  smaltes 
diversement  colorés  qui  ne  peuvent  provenir  que  de  la 
décoration  des  voûtes.  Toutefois  le  musivum  restait 
encore  à  cette  époque  un  revêtement  de  grand  luxe.  Les 
smaltes  étaient  à  Rome  matière  rare  et  coûteuse.  On  n’en 
fabriquait  guère  en  Italie.  On  les  demandait  aux  indus¬ 
triels  alexandrins  qui  fournissaient  le  monde  entier. 

1  Par  ex.  les  bordures  des  nios.  du  trifolium  de  Tabarka  :  Musée  Alaoui,  pl.  ni, 
nos  25,  20,  27.  • —  2  Fig.  525 i.  Mos.  de  Neilodoros,  nom  du  pugiliste  vainqueur 
au  combat  du  cesle  et  non,  comme  on  l  a  cru,  celui  du  mosaïste.  Trouvée  à 
prato  rolatore,  près  de  Santa  Scvera,  Bull.  1800,  p.  231;  Engelmann,  Jahresb.  d. 
(ht.  arch.  Instit.  VI.  1003,  p.  34  sq.  fig.  20.  Autres  mos.  d'alhictes  en  chiaroscuro  : 
à  Home,  Bull.  corn.  1880,  p.  49.  Tusculum  :  Annali,  1863,  p.  397  sq.  ;  Monument i , 
VI-VII.  Oslio  :  Annali ,  1857,  p.  334  sq.  :  Arch.  Zeit.  XXV,  5*. —  3  Mos.  de  Rome  : 
Le  Blant,  Mél.  de  Rome ,  1886,  p.  327  sq.  et  pl.  ix.  —  '*  A  Rome  :  Ibid.  p.  328; 
autre  :  Furietti,  De  mus.,  p.  51  sq.;  Bellori,  Pict.  ant.  Rome,  I,  pl.  xvi  sep  xix; 
autre  :  Bull.  1834,  p.  107;  à  Tarquinii  :  Bull.  1829,  p.  197  sq.  ;  1831,  p.  4  à 
Luccra  :  A 'ot.  d.  scavi,  1899,  p.  275;  à  Mcvania  :  Furietti,  p.  56;  Ciampini,  11,2, 
p.  4;  à  Ostie  :  Annali,  1857,  p.  334.  —  5  Tombeaux  de  la  voie  latine  :  Bull.  18"6, 
p.  199  sip  plan,  p.  193;  delà  via  Asinaria  ;  Furietti,  p.  56;  Bartoli-Bellori,  Vet. 
sepulcr.  Rom.  p.  41,  pl.  ux;  de  la  villa  Corsini  :  Furietti,  p.  57;  Bartoli-Bellori, 
p.  23  et  pl.  xiv.  A  Ostie,  Annali,  1857,  p.  293.  —  0  La  mos.  monochrome  citée  par 
Müntz,  Études  iconogr.  p.  13  sq.  comme  ayant  appartenu  à  l'ancien  pavement  du 
mausolée  de  Sainte-Constance  (époque  constautinienne),  n’est  connue  que  par  des 
inscriptions  sujettes  à  caution.  11  s'agit  sans  doute  d'un  pavement  en  opus  sectile. 
Cf.  Dict.  d’arch,  et  lit.  chrét.  p.  951,  avec  la  bibliogr.  —  7  Voir  p.  2088  n.  7. 
—  8  Vopisc.  Vit.  Aurel.  (Tcubner,  11,  167,  33). —  9E.  Müntz,  La  mos.  chrét. pend, 
les  prem.  siècles,  1, p. 35  ;  Gauckler  Bull,  du  Comité,  1903,  p.  419  sq.  ;  Furietti,  p.  50 


Parmi  les  contributions  en  nature  que  I  empereur  Auré- 
lien  imposa  à  l’Égypte,  le  verre  figure  au  premier 


Fig.  5255-.  —  Mosaïque  en  monochrome  de  Santa  Scvera  (Pyrgos). 


parfois  déjà  rehaussée  d'or.  L’on  a  retrouvé  dans  les 
débris  des  voûtes  du  Palatin  et  des  Thermes  de  Cara- 
calla  9,  des  cubes  de  verre  transparents  et  incolores,  dont 
la  face  supérieure  conservait  quelques  parcelles  du  pré¬ 
cieux  métal,  appliqué  en  couche  très  mince,  presque 
translucide  10.  La  mosaïque  en  cubes  de  verre  trouvait 
sa  place  dans  tous  les  édifices  qui  comportent  des  parois 
courbes,  mais  surtout  dans  les  thermes11,  les  septi- 
zonia  l2,  lesexèdres13  et  les  fontaines. 

Le  système  de  décoration  des  surfaces  peu  étendues, 
rapprochées  du  sol  et  destinées  à  être  vues  de  près,  telles 
quelesniches  de  fontaines  et  d’absides,  ne  différait  guère 
du  genre  rococo ,  en  vogue  à  Pompéi,  à  en  juger  du  moins 
par  les  rares  spécimens  que  Ton  a  retrouvés  à  Ostie  u, 
dans  la  villa  impériale  ad  Gallinas ,  près  de  Rome  1S, 
dans  les  thermes  privés  d’El  Aerg,  sur  la  côte  du  Sahel 
africain16,  et  dans  les  maisons  voisines  des  Thermes 
d’Antonin  à  Carthage 

Quant  aux  revêtements  des  surfaces  architecturales, 
placées  à  une  grande  hauteur  et  très  vastes,  telles  que 
les  voûtes  et  les  coupoles  des  palais  impériaux  et  des 
thermes,  ceux  du  baptistère  de  Sainte-Constance  à 
Home18  permettent  de  s’en  faire  une  idée  approximative 

(villa  Hadriana). —  '0  Cubes  dorés,  sur  une  mos.  du  me  siècle  à  Médeiua  :  Gauckler, 
Bull.  arch.  du  Comité,  1903,  p.  419,  c.  A  Utique  ;  de  Villcfosse,  Bull,  antiq.  de  Fr. 
1893,  p.76;  et  Gauckler,  L.  c.  —  n  A  Cherchel,  Rev.  de  l’Afr.  I,  p.  303;  Gauckler, 
Musée  de  Cherchel,  p.  64.  A  Tébessa,  Bec.  de  Const.  XXIV,  p.  221.  ARoyat,  Bull.  1883, 
p.  186.  —  12  A  Lambèse,  C.  i.  I.  VIII,  2657. —  13. Spart.  Pèse.  Niger,  6,  8.  Abside 
de  l’oecus  dans  la  maison  de  l’Arsenal,  à  Soussc  ;  Gauckler,  Rev.  arch.  1897,11,  p.  15 
sq.  (fond  blanc,  en  oubes  de  marbre  ;  dessins  en  smaltes  mêlés  de  marbre).  Autre  mos. 
murale  du  même  genre  dans  la  maison  voisine  de  l'Odéon  à  Carthage  (Gauckler, 
lllustr.  1903,  L.  c.).  —  14  Not.  d.  scavi,  1892,  p.  112. —  13  Annali,  1864,  p.  174  sq. 
pl.  l,  m  3;  Benndorf  et  Schoene,  Die  ant.  Bildw.  des  Lateran  Mus.  p.  384,  u°  551  ; 
llelbig,  Guide,  I,  p.  521,  n»  698. —  16  L).  Novak,  Fouilles  d’une  villa  rom.  (Ass.  hist. 
pour  V  Afr.  du  Nord),  III,  p/14.  —  17  Gauckler,  Bull.  arch.  du  Comité,  1903,  p.  414. 
—  I»  Cf.  De  Rossi,  Musaici,  fasc.  XVIII  ;  voy.  la  bibliogr.  dans  Dict.  d'arch.  et  lit. 
chrét.  1904,  p.  940  sq.  ;  Pérâté,  L’arch.  chrét.  p.  189sq.;  Vilct,  Journ.  des  savants, 
1862,  p.  717  sq.;  Claussc,  Basil,  et  mos.  chrét.  I,  p.  110  sq.  fig.  p.  121;  Labarte 
Hist.  des  arts  ind.  Il,  p.  337  sq.  ;  E.  Müntz,  Notes  sur  les  mos.  chrét.  d’ Italie,  Rev. 
arch.  1875  ,  p.  225  sq.  et  1878,  pl.  xi,  p.  353  sq.  ;  V.  Schullze,  Arch.  der  altchr. 
Kunst,  p.223  sq.  ;  H.  Holtzinger,  Die  altchr.  und  bgz.  Baulc,  p.  57  sq.  ;  F.  X.  Kraus, 
Gesch.  der  christl.  Kunst.,  405  sq.  A.  Venturi,  Stor.  d.  arte  italiana,  I,  p.  uo 
sq.  fig.  90  à  101;  L.  Lefort,  Deux  mos.  chrét.  du  iv»  siècle,  extr.  de  VEnseign. 
chrét.  du  16  avril  1894,  p.  9  sq. 


MUS 


2122  — 


MUS 


L’édifice  est,  il  est  vrai,  postérieur  de  quelques  années  • 
à  la  période  constantinienne,  ayant  été  bâti  par  Cons¬ 
tantin  au  début  du  iv°  siècle,  mais  le  style  de  la  déco¬ 
ration  est  encore  tout  classique  et  l’inspiration  presque 
entièrement  païenne.  Il  se  compose  d’une  rotonde  à  cou¬ 
pole,  entourée  d'une  galerie  circulaire,  voûtée  en  berceau. 

Le  revêtement  de  la  coupole  est  aujourd’hui  détruit,  mais 
il  existait  encore  au  xvic  siècle,  et,  s’il  faut  en  croire  les 
dessins  de  Francesco  d’Olanda  ’  et  les  notes  de  Pompeo 
LJgonio  2  et  d’O.  Panvinio  3  qui  l’ont  étudié  surplace, 
il  comportait  une  vaste  composition,  remarquablement 
ordonnée.  Suivant  un  ingénieux  artifice  d’école,  très 
usité  au  temps  des  Ahtonins,  le  spectateur  placé  sous  la 
coupole  est  censé  naviguer  sur  un  lac,  que  sillonne  en 
tous  sens,  au  premier  plan,  un  peuple  de  génies 
Pêcheurs.  Dans  le  lointain  se  développe  en  amphithéâtre 
la  ligne  circulaire  du  rivage,  qu’annoncent  des  bordi- 
gues,  des  écueils,  des  îlots.  Ce  paysage  est  symétrique¬ 
ment  divisé  en  douze  berceaux  par  des  touffes  d'acanthe 
en  éventail  d’où  surgissent  des  cariatides.  Celles-ci  sup¬ 
portent  un  second  étage  de  rinceaux,  qui  ombragent 
d’abord  de  nouveaux  cartouches  plus  petits,  puis  se  rami¬ 
fient  en  volutes  de  plus  en  plus  étroites,  et  finissent  par 
rejoindre  le  sommet  de  la  coupole.  Le  revêtement  de  la 
voûte  annulaire,  trop  souvent  restauré,  conserve  cepen¬ 
dant,  dans  ses  grandes  lignes,  sa  disposition  primitive. 

Il  se  divise  en  douze  compartiments,  l’un  voûté  en  cou¬ 
pole,  les  onze  autres  en  berceau.  Ceux-ci  sont  décorés 
de  compositions  variées  qui  se  répondent  deux  par  deux  : 
simples  quadrillages  où  alternent  croisettes  et  rosaces  4  ; 
semis  de  branches  et  de  fleurs  éparpillés  sur  le  fond 
blanc,  motif  copié  de  quelque  pavement  conçu  dans  le 
style  des  asarota* ,  médaillons  en  forme  de  caissons, 
enfermant  des  fleurons,  des  brebis,  des  oiseaux,  des  mas¬ 
ques  juvéniles,  des  figures  ailées  d’Éros  et  de  Psyché  6  ; 
enfin  deux  tableaux  de  vendanges7.  Les  ceps  de  vigne 
jaillissent  de  la  corniche  qui  supporte  la  voûte,  et  trans¬ 
forment  celle-ci  en  une  vaste  tonnelle  oit  voltigent  divers 
oiseaux,  becquetant  les  grappes  que  cueillent  des  enfants 
nus.  Sur  la  corniche  circulent  de  lourds  chariots  traînés 
par  des  bœufs.  Ils  portent  la  récolte  au  pressoir,  où  trois 
vignerons  piétinent  le  raisin.  Au  milieu  des  tableaux 
apparaît  d’une  part  le  buste  d’un  jeune  homme,  peut- 
être  le  césar  Crispus,  de  l’autre  celui  d’une  jeune  femme, 
peut-être  Constantine,  fille  de  Constantin  8. 

Les  scènes  de  vendange  du  baptistère  de  Sainte- 
Constânce  présentent  d’étroits  rapports  avec  nombre  de 
pavements  historiés  de  l’époque  antouinienne,  surtout 
ceux  de  Curubis  (Kourba 9)  et  d  Uthina  (Oudna  ,0)  dans  la 
Proconsulaire.  D’autre  part,  les  portraits  qui  ornent  le 
sommet  de  la  voûte  ne  constituent  eux-mêmes  en  aucune 
façon  une  nouveauté.  Sans  doute,  ils  précèdent  en  date 
les  médaillons  chrétiens  de  Flavius  Julius  Julianus  et  de 
Maria  Simplicia  Rustica,  exécutés  à  la  fin  du  ivc  siècle 
dans  la  catacombe  de  Cyriaque  II,  et  les  images  de  Théo- 

1  Gravure  de  San  Llartoli,  d’après  le  dessin  original  conservé  àTEscurial,  Ciampini, 

V et.  mon.  II,  1,  pl.  i,  et  De  sacris  aedificiis ,  p.  130  sq.  pl.  xxx  sq.;  Estampe  de 
la  bibliothèque  nationale  reproduite  dans  Claussc,  L.  c.  p.  121  ;  cf.  aussi  Garrucci, 
Storia  del  arte  crist.  pl.  cciv  sq.  2  Manuscrit  de  la  bibl.  de  Ferrarc,  publié  par 
Müntz,  Notes  sur  les  mos.  chrét.  de  V Italie ,  dans  Rev.  arch.  1878,  H,  p.  355  sq. 

—  3  Notes  manuscrites  insérées  dans  le  traité  De  praestantia  basilic.  S.  Pétri >  à  la 
bibliothèque  du  Vatican;  reproduites  par  Müntz,  Rev.  arch.  1875,  p.  225  sq.  ; 
cf.  Clausse,  L.  c.  p.  119.  note  1.  —  4  Venturi,  L.  c.  fîg.  90,  91,  92.  —  î>  Ibid.  tig. 
93,94;  cf.  motif  presque  identique  de  la  cour  centrale,  dans  la  maison  voisine  de 
rOdéon  à  Carthage  :  Gauckler,  llluslr.  1903,  L.  c.  et  autre  analogue  à  El  L)jcm 


donc  à  Naples  ,2,  do  Justinien,  de  Théodora  et  des  ner 
sonnages  de  leur  suite  à  Saint-Vital  de  Ravenne'  Mais 
bien  avant  le  règne  de  Constantin,  le  peintre  en  musivum 
exécutait  des  portraits  en  smaltes.  Spon  prétend  avoir 
reconnu  dans  le  fronton  du  Parthénon  les  figures  en 
mosaïque  d’Hadrien  et  de  Sabine  13.  Dans  un  pavillon  de 
ses  jardins,  Commode  avait  fait  représenter  parmi  ses 
lavons  Pescennius  Niger,  portant  les  attributs  du  culte 
d'Isis  u.  Enfin  dans  le  palais  qu’ils  édifièrent  sur  le  mont 
Caelius,  les  deux  Télricus  se  firent  peindre  en  mosaïque 
d’émail,  recevant  de  l’empereur  Aurélien  la  robe  pré¬ 
texte  et  lui  offrant  le  sceptre,  la  couronne  et  la  chlamyde 
impériale  '3.  Le  décor  du  baptistère  de  Sainte-Constance 
est  donc  encore  tout  traditionnel,  comme  l’étaient  pro¬ 
bablement  aussi  les  tableaux  en  musivum  qui,  au  dire 
de  Saint-Augustin,  représentaient  sur  l’esplanade  du 
port  de  Carthage  toutes  sortes  de  personnages,  de  bêtes 
et  de  monstres16, 

Tant  que  l’inspiration  de  la  peinture  murale  en  cubes 
d’émail  reste  romaine  et  païenne,  celle-ci  conserve  un 
caractère  réaliste  et  pittoresque.  Elle  s’adapte  avec  infini¬ 
ment  d’ingéniosité  et  de  souplesse  aux  formes  et  aux 
divisions  des  édifices  qu’elle  décore,  mais  reste  cepen¬ 
dant  essentiellement  distincte  de  l’architecture.  Les  murs 
ne  sont  pour  elle  que  le  support  de  ses  tableaux,  et  elle 
s’efforce  plutôt  d’en  masquer  la  présence  que  de  la  faire 
ressortir.  Au  spectateur  qui,  placé  au  centre  du  tombeau  de 
Sainte-Constance,  lèveles  yeux  vers  les  voûtes,  le  mosaïste 
cherche  à  faire  oublier  l’écran  opaque  qui  le  sépare  de  la 
calote  céleste.  11  étale  autour  de  lui  de  vastes  perspectives, 
l’abrite  sous  un  berceau  de  feuillage,  au  travers  duquel 
filtre  la  lumière  du  jour.  Le  fond  blanc  ou  azur  sur  lequel 
se  détachent  les  rameaux  lui  sert  à  figurer  l’atmosphère 
qui  la  baigne.  Sous  la  chape  maçonnée,  le  mosaïste 
installe  le  décor  de  plein  air. 

III.  Période  chrétienne.  —  1°  Mosaïques  de  pavement 
en  pierre.  —  A  partir  du  ive  siècle,  la  peinture  en  vermi- 
culaturn  ne  se  distingue  plus  de  Vopus  tessellatum ,  et 
les  deux  genres,  désormais  confondus,  déclinent  rapi¬ 
dement.  Comme  tous  les  arts  à  production  lente,  la 
mosaïque  a  besoin  de  paix  et  de  sécurité.  L’on  ne  s’avise 
guère  d’entreprendre  des  œuvres  de  longue  haleine, 
lorsque  l’on  vit  au  jour  le  jour.  D’ailleurs  l’apprentissage 
de  la  mosaïque  nécessite  plusieurs  années  d’un  travail 
assidu.  Or  les  troubles  qui  bouleversent  l’Empire  pen¬ 
dant  la  période  des  trente  Tyrans  ruinent  les  ateliers  où 
les  élèves  s’initiaient  lentement  aux  procédés  du  maître. 
En  diverses  provinces,  il  devient  impossible  de  recruter 
des  mosaïstes.  En  260,  l’un  des  principaux  foyers  de 
culture  romaine  en  Celtique,  Autun,  est  mis  à  sac  par 
Tétricus.  Peu  d’années  après  le  désastre,  Constance, 
restaurant  la  cité,  n’arrive  plus  à  trouver  sur  place  les 
ouvriers  d’art  nécessaires,  qu’il  lui  faut  faire  venir  de  la 
Bretagne  17.  Puis  les  invasions  des  barbares  succèdent 
aux  guerres  civiles.  La  Germanie,  la  Gaule  et  l’Espagne, 

(1904).  —  6  Venturi,  fig.  97  à  100.  —  7  Ibid.  fig.  95  et  90.  —  »  rératé,  L.  c. 
p.  193.  —  9  La  Blanchcre  et  Gauekler,  Musée  Alaoui ,  p.  23,  n°  103  et  pl.  '• 

—  10  Gauekler,  Mon.  et  Méin.  Piot ,  1897,  p.  208,  pl.  xxi,  et  Mus.  Alaoui,  pl. 

n°  103.  —  U  Müntz,  La  nw^.  chrét,  pend,  les  prem.  siècles,  p.  70  sep;  S. 
d’Agincourt,  H.  de  l'Art,  Peinture,  pl.  xiii,  n°5  25,  32;  de  Rossi  Musaici,  l.  c. 
pl.;  Gerspach,  La  mosaïque,  fig.  p.  43;  Pératé,  L.  c.  p.  48,  fig.  21.  12  Procop. 

Pist.  Goth.,  I,  p.  24,  Corp.  script,  hist.  byz.  Rome,  1833,  2e  part.  p.  U*1 
s<[.  ;  Muratori,  1 lcr.  liai,  script  A,  1 ,  p.  203.  —  10  Spon,  cité  par  Artaud, 
p.  29.  —  '4  Spart.  Pèse.  Niger,  0,  8.  —  Treb,  Poil.  Trig.  tyrann.  2a.  4. 

—  10  August.  Civ.  Dei,  10,  8.  —  '7  Eu-  mon.  Paneg.  V,  21. 


MUS 


2123  — 


l’Italie  elle-même  sont  successivement  envahies.  En  402, 
Honorius  es!  forcé  de  transférer  le  siège  du  gouverne¬ 
ment  dans  les  marais  de  Ravenne,  sous  la  protection  de 
la  Hotte  d’Illyrie.  En  410,  Alaric  prend  Rome  et  la  sac¬ 
cage.  En  476,  le  nom  même  de  l’Empire  est  aboli. 

Désormais,  malgré  la  protection  des  papes,  la  mosaïque 
romaine  est  condamnée  à  mort.  Tout  lui  manque  à  la  fois, 
la  matière  première  et  les  modèles,  les  ateliers  et  les 
commandes.  Les  simples  particuliers  renoncent  au  luxe 
des  pavements  historiés.  Pour  revêtir  de  mosaïques  le 
sol  de  ses  appartements,  il  faut  être  riche,  ou  vouloir 
le  paraître,  Or  les  fortunes  privées  sont  détruites,  ou  se 
cachent  pour  échapper  au  collecteur.  Les  ressources 
publiques  se  concentrent  entre  les  mains  du  monarque 
et  de  l'Église.  Aussi  l'emploi  delà  mosaïque  est-il  presque 
exclusivementréservé  aux  palais  impériaux  etaux  édifices 
religieux,  basiliques,  baptistères,  couvents,  chapelles 
funéraires,  où  la  décoration  prend  un  caractère  officiel. 
Le  mosaïste  n’a  plus  le  choix  ni  des  sujets,  ni  de 
l’ordonnance  de  ses  œuvres.  Ce  n’est  qu’un  manœuvre 
qui  travaille  à  la  tâche,  une  sorte  de  peintre  en  bâtiment, 
que  l’on  paie  à  tant  le  pied  carré,  parfois  par  souscrip¬ 
tion  publique  1 .  Il  n’a  plus  le  droit  de  signer  ses  tableaux  : 
lorsque,  sur  un  pavement,  apparaît  un  nom  propre, 
suivi  de  la  formule  ordinaire  fecit  ou  tessellavit ,  ce  n'est 
plus  celui  de  l’artiste  qui  a  conçu  et  exécuté  le  travail, 
mais  celui  du  client  qui  en  a  fait  les  frais  2.  La  médio¬ 
crité  des  œuvres  justifie  amplement  le  dédain  que  l'on 
marque  au  mosaïste.  Les  pierres  qu’il,  emploie  sont  de 
plus  en  plus  grossières.  Les  carrières  de  marbre 
s’épuisent  ou  sont  abandonnées.  Il  devient  impossible  de 
transporter  leurs  produits  à  distance.  La  mer  est  infestée 
de  pirates.  Les  routes  sont  peu  sûres,  et  cessent  d’être 
praticables,  faute  d’entretien.  Le  mosaïste  ne  dispose 
plus  en  chaque  endroit  que  des  ressources  lapidaires 
locales.  Il  lui  faut  remplacer  le  marbre  par  les  calcaires 
ferrugineux  ou  cuprifères,  les  grès  carbonifères  et  l’ar¬ 
doise.  A  la  taille,  ces  matériaux  de  qualité  inférieure  se 
débitent  en  lamelles  ou  s’effritent.  Aussi  ne  peut-on  les 
couper  qu’à  angles  droits,  en  dés  de  grandes  dimensions, 
ce  qui  exclut  le  procédé  du  vermicu  latum.  Puis  leur 
coloris  est  terne,  la  gamme  des  tons  très  limitée.  La 

■  Sur  les  pavements  payés  par  cotisations  des  fidèles,  cf.  Miinlz,  Etudes 
iconogr.  :  les  pavements  historiés  du  ive  au  xn*  siècle,  p.  7  sq..  —  2  En 
Italie  :  à  Aquilée,  Bartoli,  Antich.  d'Aquileja,  Venise,  1879,  p.  340  sq. 
Brescia  :  Marini,  dans  Veter.  script,  nova  coll.  de  Maï,  V,  p.  120.  Inziuo, 
près  de  Brescia  :  Bartoli,  L.  c.  p.  343  sq.  Grado  :  Marini,  L.  c.  V,  126. 
Pesaro  :  Miinlz,  L.  c.  p.  1 1  sq.  avec  la  liililiogr.  ;  Bull.  1851,  p.  203;  1852,  p.  25, 
37;  1876,  p.  36  sq.  Trieste  :  Müntz,  L.  c.  p.  5,  avec  la  bibliogr.  Vérone  :  Maffei, 
Mus.  Veronense ,  p.  208  et  gravure.  En  Afrique  :  à  Bordj-el-  Youdi,  Gauckler,  Bull, 
arch.  du  Comité,  1898,  p.  137  sq.  et  335;  de  Villefossc,  Bull,  antiq.  de  Fr.  1898. 
p.  207  et  pl.  Carthage  :  Gauckler,  l.  c.,  1897,  p.  447,  n°  274.  Djcmila  :  C.  i.  I.  VIII, 
8344-48;  Ravoisié,  Explor.  de  l'Alg.,  1,  pl.  eu  et  i.in;  Dclamare,  pl.  civ,  3;  Müntz, 
L.  c.  p.  10  ;  Gsell,  Mon.  de  l'Alg.  Il,  p.  190.  Hammam-I.if  (synagogue)  :  C.  i.  I.  VIII, 
12457,  avec  la  bibliogr.  lleucbir  Guesseria  :  C.  i.  I.  VIII,  2335;  Guyon,  Voyage 
d'Alger  au  Ziban,  p.  128  ;  Gsell,  L.  c.  p.  204.  Kherbct  Guidra  :  Gsell,  L.  c.  p.  207. 
Sériana  :  Gsell,  L.  c.  p.  255;  Bec.  de  Const.  XXX,  p.  99,  pl.  vu.  Sélif  :  C.  i.  I. 
VIII,  8629;  Bec.  de  Const.  XVI,  p.  278;  autre,  Poinssot,  Bec.  de  Const.  XXII, 
p.  207.  Thala  :  Gauckler,  Bull,  du  Comité,  1901,  p.  142,  n°  71.  Tigzirt  :  Gsell, 
L.  c.  p.  300.  —  3  Sur  l'entrelacs  dans  la  mosaïque  antique  en  général,  cf.  Müntz, 
Études  icon.  p.  146  sq.  En  Angleterre  :  Morgan,  Boni.  brit.  pavem.  p.OOsq.  et  pl. 
Exemples  de  pavements  décoratifs  chrétiens  (pl.  en  couleurs)  en  Algérie,  dans 
Ballu,  Monastère  byzantin  de  Tébessa.  pl.  vi,  vu,  vin  (Tébcssa);  Brochai,  Bull,  du 
Comité,  1888,  pl.  xm  (Serlei)  ;  Dclamare,  Explor.  pl.  cli-clii  (Conslanline)  ;  Gsell, 
Bech.  arch.  en  Algérie,  pl.  v  (Sainte  Salsa,  à  Tipasa);  Bavoisié,  Explor.  I, 
pl.  i.ii—i.i n  (Djemila)  ;  II,  pl.  xxxiv  (Guelma).  En  Tunisie,  cf.  la  riche  série  de 
types,  encore  inédite,  rassemblée  au  Musée  du  Bardo,  et  la  maquette  coloriée 
de  la  basilique  byzantine  de  Dermcch,  Ibid.  Gauckler,  Marche  du  service  en  1899, 
p.  G  sq.  ;  Ibid.  1900,  p.  19  ;  cf.  aussi,  à  Trêves  :  Wilmowsky,  Hbm.  Mos.  uus  Trier 


brique,  les  roches  minéralisées  que  1  on  roussil  eu  les 
soumettant  à  une  haute  température,  suppléent  a  1  insuf¬ 
fisance  des  rouges.  Mais  pour  les  bleus,  les  verts,  les 
jaunes  vifs,  il  faut  bien  recourir  aux  smaltes  et  1  on  ne 
peut  toujours  s’en  procurer,  ni  les  payer. 

Les  tons  de  la  verdure  manquant  à  la  palette,  le  décor 
végétal  disparaît,  à  moins  que  le  mosaïste  n  attribue  aux 
plantes  et  aux  rameaux  des  teintes  automnales,  rousses, 
brunes  ou  jaunâtres.  A  l’infinie  variété  des  formes  natu¬ 
relles  se  substitue  l’insignifiance  monotone  des  entrelacs3, 
Ceux-ci  se  ramènent  à  un  très  petit  nombre  de  types, 
imitant  les  motifs  qui  décorent  les  tissus  brodés  ou  les 
tapis  de  sparterie:  la  tresse,  la  natte,  la  torsade,  le  feston  ; 
elle  mosaïste  n’a  d’autre  moyen  d’en  varier  1  uniformité, 
que  de  multiplier  les  lignes  du  réseau  à  la  façon  des  ara¬ 
besques,  de  manière  à  former  un  décor  si  compliqué  que 
l’œil  s’y  perd.  Le  répertoire  des  sujets  figurés  se  res¬ 
treint  dans  les  mêmes  proportions.  La  ruine  des  cites 
entraîne  la  destruction  des  œuvres  d’art  et  la  perte  des 
cahiers  de  modèles  conservés  dans  les  ateliers.  Les  chefs- 
d’œuvre  du  passé  tombent  dans  l’oubli.  11  n’y  a  plus 
d’artistes  qui  soient  capables  d’en  créer  de  nouveaux. 
L’ignorance  limite  étroitement  le  nombre  des  composi¬ 
tions  d’école. 

Le  fanatisme  le  réduit  plus  encore.  Le  christianisme 
triomphant  proscrit,  avec  le  culte  des  idoles,  touLe  l’ima¬ 
gerie  païenne.  L’anthropomorphisme  mythologique  est 
expulsé  du  domaine  de  l’art.  De  toutes  les  figures  de  la 
fable,  les  seules  que  l’on  tolère  encore  sont  celles  dont 
le  symbolisme  s’accommode  aux  croyances  nouvelles. 
Orphée,  le  chantre  divin  qui  charme  les  bêtes  fauves,  est 
considéré  comme  un  précurseur  des  prophètes,  et  son 
image  tend  peu  à  peu  à  se  confondre  avec  celle  du  bon 
Pasteur4.  La  légende  de  Psyché  symbolise  les  souffrances 
et  les  épreuves  de  l’âme  qui  valent  au  fidèle  le  bonheur 
éternel5.  Le  labyrinthe  est  l’image  des  séductions  du 
monde  G,  et  Thésée  terrassant  le  Minotaure  correspond  à 
David  combattant  Goliath  \  L’orlhodoxie  chrétienne 
admet  également  les  figures  qui  personnifient  les  forces, 
les  révolutions,  la  fécondité  de  la  nature  8  :  les  Saisons  IJ, 
les  Mois  10,  l’Année  ",  le  Soleil  et  la  Lune  12,  où  l’on  peut 
voir  des  symboles  de  la  résurrection  promise,  de  la  vie 

und  Umgegend,  9  pl.  en  couleurs.  A  Cologne  et  divers,  Aus’ni  Weerth,  Der. 
Mosaikboden  in  St-Géréon,  passim  (Cologne).  —  4  Mos.  chrétiennes  d’Orphée  à 
Chercher?  Constanline?  Jérusalem,  citées  p.  21 19,  n.  5)  ;  cf.  pour  le  type,  Péralé, 
L' Arch.  chrét.  p.  65  sq.;  V.  Schultze,  Arch.  der  altchr.  Kunst,  p.  178  sq.  ;  Kraus. 
Gesch.  d.  altchr.  Kunst,  p.  214,  sq.  ;  A.  Heussner,  Die  altchr.  Orpheusdarst. 
Cassel,  1893.  —  5  Mos.  des  voûtes  annulaires  de  Sainte-Constance  :  Vculuri,  L.  c. 
fig.  97  à  100  ;  Kraus,  Ibid.  p.  213  sq.,  406,  fig.  321.  Pour  le  type,  cf.  Péralé,  L.  c. 
p.  G4  sq.  ;  V.  Schultze,  Ibid.  p.  179  sq.  et  368.  —  G  Inscription  métrique  en  mosaïque 
de  l’église  Saint-Savin,  de  Plaisance  :  Ciampi,  Dell’  istoria  eccl.  di  Piacenza,  Plai¬ 
sance,  1031,  p.  241  ;  cf.  inscr.  métrique  analogue  à  l.ucques,  citée  par  Enlart,  Mau. 
d’arch.  franc,  p.  722.  Autres  labyrinthes  dans  des  basiliques  :  en  Italie,  à  San 
Vitale  de  Ravenne,  Santa  Maria  in  Traslevere  et  Sanla-Maria  in  Aquiro  de  Iîome. 
Brindisi,  Müntz,  D.  c.  et  Doublet,  C.  r.  Acad,  inscr.  1892,  p.  322  sq.  En  France, 
à  Amiens,  Arras,  Bayeux,  Chartres,  Saint-Quentin,  Saint  Orner,  Sens  :  Enlart,  O.  I. 
p.  719  sq.  En  Afrique,  à  Orléansville  (mosaïque  avec  l’inscription  :  Sancta  ecclesia ), 
Corp.  inscr.  lat.  VIII,  9710. —  7  Mos.  de  Pavie  :  Ciampini,  V et.  mon.  Rome, 
1747,  I,  pl.  xxxi,  I  et  2,  p.  82  et  dessin  plus  complet  cité  par  Müntz,  L.  c.  p.  15, 
noie  I  (avec  les  signes  du  zodiaque,  et  les  travaux  ou  plaisirs  de  chaque  mois); 
cf.  aussi  mos.  du  dôme  de  Crémone  :  Müntz,  L.  c.  p.  17  sq.  et  fig.  —  8  Miinlz.  L.  c. 
p.  26  sq.  ;  Pératé,  L.  c.  p.  60  sq.  ;  Schultze,  L.  c.  p.  374  sq.  ;  Kraus,  I.  c.  p.  203  sq.  ; 
Aus’m  Wcerlh,  Der  Mosaikboden  in  St-Géréon  zu  Coin,  passim.  —  9  Mos.  de 
Kabr-Hiram,  Olranlc,  Reggio,  Reims.  —  >0  Sur  le  type,  cf.  Strz.vgowski,  Die 
Calenderbilder  des  Chronogr.  von  Jahre  3ù4,  p.  44  sq.  Mos.  d'Aoste,  Aus’m 
Wcerlh,  L.  c.  pl.  ix  ;  cf.  mos.  analogues  à  Kabr-Hiram,  Olranle,  Saiilt-Michel 
Majeur  de  Pavie,  Saint-Savin  de  Plaisance,  Reims,  Saint-Berlin,  Saint-Omer,  Saint- 
Géréon  de  Cologne,  Tournus.  Zodiaque  en  opus  sectile  à  San  Minialo  et  au  baptistère 
de  Florence  ;  cf.  Auson.  Eclogar.  —  U  Mos.  d’Aoste.  Ibid.  —  12  Mos.  d'Aoste,  Ibid. 


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sortant  de  la  mort  comme  le  printemps  succède  à  l’hiver, 
le  jour  à  la  nuit;  les  quatre  Éléments  *,  les  quatres  Points 
cardinaux 2,  les  quatre  Vents  3,  l'Océan  4,  les  quatre 
Fleuves  assimilés  à  ceux  du  Paradis  5;  toute  la  troupe 
des  génies  bachiques  et  des  amours,  prototypes  des 
anges,  et  tous  les  monstres,  proches  parents  des  bêtes  de 
l’Apocalypse,  dauphins,  hippocampes,  griffons,  centaures, 
sirènes,  dragons  et  gorgones  6  qui  ne  sont  plus  que  de 
simples  ornements  [simplex  ornarnentum  '),  dont  la 
signification  est  oubliée.  Mais  l’Église  interdit  avec  la 
dernière  rigueur  toute  image  qui  de  près  ou  de  loin  rap¬ 
pelle  1  idolâtrie  [ad  idolatriae  titulum  pertinentes  8). 

Pour  combler  le  gouffre  qu’elle  creuse  ainsi  dans  son 
î  épertoire  de  sujets,  elle  ne  trouve  à  offrir  au  mosaïste  que 
quelques  légendes  bibliques  empruntées  au  symbolisme 
primitif  des  catacombes  et  qui  disparaissent  de  bonne 
heure  .  Daniel  dans  la  fosse  aux  lions  9,  Jonas  et  le 
monstre  marin  1 0 ,  le  sacrifice  d’Abraham  “,  les  trois 
Hébreux  dans  la  fournaise  12,  puis  une  monotone  série 
de  figures  symboliques,  personnages,  animaux  et  attri¬ 
buts  divers,  figés  dans  un  petit  nombre  de  types 
immuables  *.3  :  le  pêcheur  et  le  poisson,  le  navire  et 
I  ancre,  le  Bon  Pasteur  et  l’agneau,  le  lion,  le  coq,  le 
paon,  le  phénix,  le  dragon,  le  lièvre,  le  palmier  et  les 
palmes,  la  couronne,  la  vigne  et  le  raisin,  la  grenade,  le 
1ns  elle  rosier  fleuri,  le  flambeau  et  le  trépied,  le  calice, 
qui  apparaissent  indistinctement  dans  tous  les  genres  de 
sanctuaires,  et  d  une  banalité  telle  que  l’on  n’éprouve 
aucun  scrupule  à  les  piétiner.  Par  contre,  certaines  images 
d  un  symbolisme  plus  précis  et  d'un  caractère  religieux 
plus  accusé  reçoivent  une  affectation  plus  spéciale.  Le  cerf 
et  labiche  buvant  aux  quatres  fleuves,  la  colombe  du  Sai nt- 
Esprit  sont  généralement  réservés  à  la  décoration  des 
baptistères  u.  L’orant  et  Forante  apparaissent  sur  les 
mosaïques  tumulaires  15.  Toutes  les  variétés  du  chrisme 


et  de  la  croix  figurentaussi  surlesrevêtemehts  desol  m,; 
seulement  dans  les  régions  des  basiliques  où  ne  pénètre 
que  le  prêtre,  près  de  l’autel;  ou  bien  dans  les  endroits 
ou  1  on  ne  marche  que  pieds  nus,  par  exemple  dans  les 
cuves  baptismales  iG,  et  plutôt  encore  sur  les  tombeaux 
que  le  respect  des  morts  interdit  de  fouler  aux  pieds  n 
Par  contre,  défense  expresse  est  faite  au  mosaïste  dé 
représenter  sur  le  sol  le  Christ  ou  la  Vierge,  les  saints 
ou  les  apôtres  et  tout  le  personnel  du  nouvel  anthrono 
morphisme  18  ;  ce  serait  profaner  les  images  divines. 

Ainsi,  l’orthodoxie  chrétienne  retire  au  mosaïste  ses 
anciens  modèles  et  lui  interdit  d’en  créer  de  nouveaux • 
arrachant  à  la  tradition  païenne,  elle  l’empêche  en' 
même  temps  de  se  christianiser.  Le  triomphe  de  la  foi 
catholique  porte  un  coup  fatal  à  la  mosaïque  de  pave¬ 
ment,  en  1  arrêtant  brusquement  dans  une  évolution  qu’il 
a  lui-même  provoquée. 


L  artiste  dispose  sans  doute  encore  du  vaste  réper¬ 
toire  de  modèles  que  lui  offrent  la  nature  et  la  vie.  Il 
arrive  parfois  à  remplir  toute  une  basilique,  comme 
celle  de  Kabr-Hiram  l9,  de  motifs  extrêmement  variés, 
qui  ne  comportent  que  des  rinceaux  et  des  plantes,  des 
figures  animales,  et  quelques  bustes  symboliques,  sans 
aucun  caractère  sacré.  Ce  décor  trouve  surtout  sa  place 
dans  les  monuments  profanes.  L’on  rencontre  encore, 
ça  et  là,  surtout  en  Afrique  où  les  traditions  classiques  se 
conservent  plus  longtemps,  les  motifs  habituels  de 
1  époque  païenne  :  dans  des  thermes  publics,  quelques 
scènes  empruntées  aux  combats  du  cirque  et  aux 
courses  de  l’hippodrome;  dans  les  habitations  privées, 
des  paysages,  des  banquets,  des  chasses,  des  pêches20  ; 
sur  les  caissons  des  tombeaux  21,  des  portraits  funé¬ 
raires'".  Dans  un  batiment  annexe  de  la  basilique  de 
1  Oued  ftamel  en  lunisie,  l’un  des  pavements  représente 
un  chantier  de  construction,  peut-être  celui  du  monu- 


1  Mos-  d'Hildesheim.  —  2  Mos.  de  Sainl-Remy  de  Reims.  —  3  Mos.  de 
Kabr-Hiram  ;  de  Die.  —  4  Mos.  de  Reims.  —  5  Mos.  de  Die,  Artaud,  p.  87 
et  pl.  xxxiii  et  G.  Vallier,  la  mos.  du  Paradis  terrestre  à  Die,  Hall.  Soc , 
d  arch.  et  de  stat.  de  la  Drôme ,  XI,  1S76,  p.  57  sq.  et  pi.  ;  Béni  Hassen  (en  Tunisie). 
C.  ï.  /.  VIII,  H  134.  Baptistères:  de  Bir  Ftoulia  à  Carthage  :  Cosmos,  1888,  p.  463; 
1892,  p.  461;  Gauckler,  Marche  du  service  eu  1891,  p.  7;  de  l'Oued  Ramcl  en 
Tunisie  :  Gauckler,  C.  r .  Acad.  1901,  p.  604,  et  Bull,  du  Comité,  p.  211.  —  6  Liste 
donnée  par  Müntz,  L.  c.  p.  36  sq.  ;  cf.  aussi  Müntz,  Jlev.  des  Deux  Mondes ,  juillet 
1882,  p.  176  sq.;  Kraus,  L.  c.,  p.  212,  sq.  ;  Pératé,  p.  54  sq.  ;  Schultze,  p.  320 
sq.  '  Kraus,  L.  c.  p.  213.  —  8  Ibid.  —  9  Caveau  funéraire  de  Blos- 
sius  Honoratus  à  Bordj  cl  ^oudi,  Gauckler,  —  10  Mos.  de  la  basilique  de 
Bordj  el  Youdi  ;  Gauckler,  Marche  du  service  en  1901 ,  p.  16  sq.  et  Bull,  du 
Comité ,  1901,  p.  223.  Mos.  de  Casale  :  Aus’m  Weerth,  L.  c.  —  H  Mos.  de  :  Tigzirt, 
Gsell,  Mon.  ant.  Alg.  II,  p.  300;  Novarc;  Saiut-Remi  de  Reims. — 12Mos.de 
Carthage  :  Delattre,  C.  r.  Hipp.  1893,  p.  39.  Autres  sujets  bibliques  à  Ivica  (îles 
Baléares),  de  Laurière,  Bull,  monum.  1892,  p.  141  sq.  et  pi.  cl.  La  liste  donnée 
par  Müntz,  L.  c.  p.  50  sq.  comprend  surtout  des  mos.  des  xi-xne  siècles.  —  13  Mos. 
beaucoup  trop  nombreuses  pour  qu’on  puisse  les  énumérer  ici.  Pour  les  types,  cf. 
Kraus,  L.  c.  p.  91  à  133.  —  14  Sicut  cervus  désirât  ad  fontes  aquarum ,  ita  désirât 
anima  ad  te,  Domine ,  mos.  du  baptistère  de  Salone,  Annali,  1850,  p.  139; 
Lanza,  Monum.  Salonitani  inediti ,  1856,  p  18  sq.  pl.  u  ;  cf.  mos.  de  Bir  Ftouha, 
à  Carthage,  el  de  l’Oued  Ramcl,  citées  plus  liant.  —  15  Par  exemple  mos.  africaines 
de  Carthage,  Kherbet  Guidra,  Lemla,  Sfax,  Tabarka,  Tebessa;  cf.  La  Blanchère, 
Tombes  en  7nos.  de  Thabraca  ;  La  Blanchère  el  Gauckler,  Musée  Alaoui,  p.  14  sq.  A, 
nos  29  à  86,  et  pl.  îv  (Carthage,  Lemla)  ;  Brochin,  Bull.  arch.  Comité ,  1888,  p.  428, 
434,  pl.  xui  (Scrtei)  ;  Ilannezo  el  Féméliaux,  Ibid.  1900,  p.  150  sq.  (Sfax);  Gauckler, 
Ibid.  1901,  p.  139  sq.  (Tabarka);  Ballu,  Mon.  byz  Tebessa,  pl.  v;  Corp.  inscr. 
lat.  VIII,  passim.  —  16  par  exemple  à  Hammam  Lif,  à  Hcnchir  Hakaïma,  à  Sfax  : 
Gauckler,  C.  r.  Acad,  inscr.  1901,  p.  604.  —  17  Voir  l'énumération  de  la  note  15; 
autres  mos.  tumulaires  à  Malifou,  Orléansville,  Sétif,  Ténès,  Tipasa  en  Algérie,  et 
Bou  Ficha,  Henchir  ben  Hassen,  Sousse,  Utique  en  Tunisie.  —  18  Digest.  I, 
titre  VIII;  Müntz,  L.  c.  p.  47.  Par  exception,  sur  une  mos.  tumulaire  de  Tabarka 
apparaît  un  personnage  nimbé,  peut-être  le  Christ,  ou  saint  Étienne?  Cf.  La 
Blanchère  et  Gauckler,  Musée  Alaoui,  p.  18,  n°  56,  pl.  iv.  Par  contre,  la  mosaïque 
découverte  près  de  Damous  el  Karita  à  Carthage,  tableau  tout  païen  de  caractère, 
où  le  P.  Delattre  avait  cru  reconnaître  l’image  de  sainte  Perpétue,  représente 
en  réalité  Vénus  vietrix.  Celle  fausse  attribution  a  cependant  été  maintenue  par 


Kraus,  Gesch.  der.  christl.*  hunst,  p.  424,  ti g.  328  sous  la  rubrique  erronée  de  : 
«  Mosaïque  de  Cherchel  »,  et  par  II.  Lcclerq  dans  le  Dictionn.  d' Arch.  chrét. 
et  de  liturgie,  art.  «  Actes  des  Martyrs  »,  p.  437  sq.,  fig.  84.  Cf.  C.-A.  Lavi- 
gerie,  De  l'utilité  d’une  mission  permanente  à  Carthage,  p.  52,  pl.  v;  P.  Allard, 
Notes  d'archéologie,  Lettres  chrétiennes,  1881,  p.  291,  29.  Pératé,  L'arch.  chrét., 
p.  233,  fig.  159;  Ficker,  Theolog.  Litteratur  Zeitung,  1894,  p.  164,  qui  prétend 
reconnaître  dans  cette  mosaïque  la  représentation  d’un  hermaphrodite.  Cf.  :  Gau¬ 
ckler,  Musée  de  Cherchel,  p.  64,  n.  5  ;  H.  Thédenat,  Bull,  critique ,  15  juillet  1881. 
Toutes  les  reproductions  de  cette  mosaïque  publiées  jusqu’ici  sont  inexactes. 

—  19  Renan,  Mission  de  Phénicie,  p.  607  sq.  et  pl.  xux  ;  C.  r.  Acad,  inscr. 
1862,  p.  153,  157  sq.  ;  J.  Durand,  Annales  arch.  XXXIII,  p.  278;  XXIV,  p.  5,  205, 
209,  286,  288  ;  Müntz,  L.  c.  p.  44  sq.  ;  Cac.  somm.  des  marbres  du  Louvre, 
nos  2230,  2236.  La  mos.  de  Kabr  Iliram  date  de  la  fin  du  iv°  siècle  (389  d’après  l’ère 
des  Séleucides),  ainsi  que  l’a  bien  vu  M.  Bayet.  Ilech.  pour  l'hist.  de  la  peint,  et 
sculpt.  en  Orient ,  p.  79  sq.  et  non  de  575  (d’après  l’èrc  de  Sidon)  comme  le  croyait 
Renan.  Elle  est  tout  antique,  et  non  byzantine  de  tradition  et  de  style.  Voy. 
E.  Michon,  L’inscr.  en  mos.  de  la  basil.  de  Medeba,  et  la  mos.  de  Kabr  Hiram, 
comparez  aux  pavements  des  basiliques  africaines  du  iv«  siècle  à  :  Djcmila,  Ravoisié, 
Explor.  1,  p.  63  sq.  pl.  i.i-m  ;  Delamare,  Explor.  pl.  civ,  fig.  3,  et  Gsell,  L.  c.  Il, 
p.  194  sq.  avec  la  bibliogr.  Kherbet  Guidra  (Scrtei),  Gsell,  Mélanges  de  Bossi , 
1892,  p.  345-358  et  fig.  1  sq.  Orléansville,  Prévost,  Bev.  arch.  IV,  p.  659  sq,  et 
plan;  V,  p.  372  sq.  ;  VIII,  p.  566  sq.  ;  Gsell,  L.  c.  p.  236  sq.  Malifou  (Busguniae), 
Chardon,  Bull,  du  Comité,  1900,  p.  129  sq.  et  pl.  v;  Gsell,  L.  c.  Il,  p.  222  sq.  : 
Sidi-Ferruch,  Berbruggcr,  Bev.  afr.  V,  1861,  p.  355  sq.;  Gsell,  L.  c.  p-  258  sq. 

—  20  Villa  de  Sidonius  (iv®  siècle)  dans  le  fundus  Bassianus,  à  Ferryville  sur  le 
golfe  de  Bizerlc  (chevaux,  paysages,  pèche),  Gauckler,  Marche  du  service,  1902, 
p.  14  sq.  ;  Bull,  du  Comité ,  1902,  p.  172;  Viollier,  Ibid.  p.  470  sq.  A  Carthage 
(banquet)  :  Gauckler,  C.  r.  Acad.  Inscr.  1898,  p.  643;  Tour  du  Monde,  1896, 
p.  332  et  fig.  ;  Musée  Alaoui,  p.  31,  n°  162.  —  21  par  exemple  à  Carthage  (chasse 
et  jeux  du  cirque),  Rousseau,  Bev.  arch.  VII,  1850,  p.  260  sq.  et  pl.  cxi.m;  cl. 
Gauckler,  Bull.  Antiq .  de  Fr.  1903,  p.  154,  et  Mém.  Soc.  Antiq.  1904,  avec  la 
bibliogr.;  à  Gafsa  (Hippodrome),  La  Blanchère  et  Gauckler,  Musée  Alaoui ,  p.  12, 
n°  19  elpl.  ii.  —  22  H  y  a  toujours  dans  la  représentation  de  Forante  ou  de  I  orant 
sur  les  mos.  tumulaires  (liste  donnée  plus  haut)  une  intention  iconique  et  une  cci- 
tainc  recherche  de  la  ressemblance.  Cf.  D.  Cabrol,  Dtct.  d  arch.  chrét.  1903,  III, 
Afrique ,  p.  718;  cf.  aussi  pour  les  portraits  funéraires,  surtout  dans  les  cata¬ 
combes,  Pératé,  L.  c.  p.  47  sq.:  Müntz,  L.  c.  p.  70  sq.  et  les  manuels  déjà  cites. 


MUS 


MUS 


ment  lui-même  avec  les  maçons,  les  tailleurs  de  pierre 
et  les  charpentiers  au  travail  Mais  l’imitation  directe 
de  la  nature  exige  de  l’artiste  un  talent  et  une  habileté 
dont  il  a  cessé  d’être  capable.  Le  mosaïste  n’a  plus  aucune 
notion  ni  de  la  perspective  ni  de  l’anatomie  artistiques. 
Il  ne  sait  plus  ni  dessiner,  ni  peindre.  Aussi  s’efforce-t-il 
de  suppléer  par  l’épigraphie  à  la  faiblesse  de  ses  produc¬ 
tions.  Il  accompagne  ses  compositions  pittoresques  de 
légendes  explicatives,  dont  elles  n’ont  d’ailleurs  que 
trop  besoin  2.  De  pompeux  panégyriques  en  quasi- 
vers  3  exaltent  la  magnificence  des  édifices  dont  ils 
ornent  le  pavement.  Les  portraits  funéraires  sont  accom¬ 
pagnés  d’épitaphes  relatant  le  nom,  l’àge,  la  profession 
du  défunt 4.  Peu  à  peu  l’inscription  se  développe  en  un 
poème  amphigourique  qui  vante  les  vertus  et  les  mérites 
du  mort  :  elle  envahit  tout  le  champ  du  tableau,  et  finit 
par  éliminer  entièrement  le  sujet  figuré  5. 

Ainsi  dévoyée,  stérilisée,  paralysée,  la  mosaïque  de 
pavement  perd  toute  raison  d’être.  Elle  disparaît.  Mais 
son  agonie  est  lente  et  se  prolonge  jusqu’en  plein  moyen 
âge  6.  Dans  les  basiliques  du  vmc  et  du  ixc  siècle,  on 
rencontre  souvent  encore  des  pavements  historiés  à 
demi  païens  qui,  malgré  leur  aspect  barbare,  conservent 
très  visible  l’empreinte  romaine  et  classique. 

2 0  Mosaïque  murale  en  émail.  —  Tandis  que  les  pave¬ 
ments  de  marbre  tombent  ainsi  en  une  irrémédiable 
décadence,  la  peinture  murale  en  mosaïque  d’émail 
atteint  son  apogée.  De  la  place  secondaire  qu’elle  occu¬ 
pait  dans  la  décoration  architecturale,  elle  s’avance  au 
premier  rang,  et  devient  l’art  officiel  par  excellence  7. 
Le  musivarius ,  passant  à  la  solde  de  l’État,  seconde 
l’action  des  pouvoirs  publics,  et  les  aide  à  consacrer  le 
nouvel  ordre  de  choses  qui  résulte  du  triomphe  de  l’Église 
et  de  l'avènement  de  la  monarchie  absolue.  Il  contribue, 
pour  sa  part,  à  rehausser  le  prestige  du  souverain,  en 
augmentant  l’éclat  des  somptueux  édifices  qui  s’élèvent 
de  tous  côtés  à  la  gloire  de  Dieu  et  de  l’Empire 8  ;  et  c’est 
à  lui  aussi  que  s’adresse  l’Église  pour  arrivera  créer  de 
toutes  pièces,  d’une  façon  définitive  et  immuable,  le 
vaste  cycle  de  figures  et  de  tableaux  mystiques  qui  doit 
à  l’avenir  servir  de  fond  commun  à  tous  les  artistes 
chrétiens9.  La  mosaïque  murale  s’empare  ainsi  du  rôle 
et  des  sujets  réservés  à  la  grande  peinture.  Cette  faveur 
inouïe,  elle  la  doit  surtout  à  la  création  de  l’empire 
d’Orient.  Celui-ci  introduit  la  pompe  asiatique  dans  les 
provinces  grecques  et  jusqu’en  Italie.  Répandant  partout 
le  goût  du  faste  et  de  la  magnificence,  il  amène  à  pré¬ 
férer  au  coloris  clair  et  discret  de  la  fresque,  la  splendeur 

1  Gaucklcr,  C.  r.  Acad,  inscr.  1898,  p.  613.  —  2  Par  ex.  à  Aïn-Témouchent, 
prés  de  Sélif,  deux  distiques  tracés  sous  une  tôle  d’Océan  :  C.  inscr.  lat.  8509  ; 
Gscll,  lier,  de  Const.  XVII, 'p.  245  sq.  et  pi.  cl  Mon.  de  l'Alg.  Il,  p.  101,  n°  1  ; 
à  Fcrryville,  inscription  de  six  hexamètres  acrostiches,  accompagnant  un  paysage 
maritime  :  Gaucklcr,  Marche  du  service  en  1902 ,  p.  15.  —  3  Dans  les  bains  : 
par  ex.  à  Klicrba  ( Tigava ),  C.  i.  I.  VIII,  10  940,  et  Gsell,  L.  c.  II,  p.  216  sq.  Dans 
les  basiliques  :  à  Matifou,  L.  c.  p.  2124,  n.  19  ;  Orléansvillc,  Ibid,  et  C.  i.  I.  9708 
à  9712;  Sidi-Ferruch,  C.  i.  I.  VIII,  9271  :  Tipasa  (baptistère), Gsell,  L.  c.  p.  321 
(basilique  de  Saiulc-Salsa),  Ibid.  p.  327  sq.  et  Iiech.  arch.  en  Algérie ,  p.  23  sq. 
(chapelle  d'Alexandre);  Saint-Gérand,  Bull,  du  Comité,  1892,  p.  406  sq.  et 
pl.  xxxii-xxxui;  Gsell,  Ibid.  p.  333  sq.  avec  la  bibliogr.  Près  de  Fériana,  inscription 
absidalc  inédite.  —  4  Cf.  la  riche  série  de  mosaïques  tumulaires  de  Tabarka 
Carthage,  Lemta,  Kherbet  Guidra  ( Sertei ),  Tébessa,  citées  p.  2124,  n.  17 
notamment  celle  de  Félix  navicularius  ab  oriis  Semis  ;  La  Blauchère  et  Gauckler 
Musée  A  laoui,  p.  19,  n"  66  et  pl .  iv.  —  5  Par  ex.  à  Tipasa,  les  épitaphes  en  quasi 
versus  de  l’évèque  Alexandre  cl  de  plusieurs  fidèles  enterrés  dans  la  même  chapelle  : 
Bull,  du  Comité,  1892,  p.  471  sq.,  479  sq.  —  6  Cf.  Münlz,  Ét.  iconogr.  1, 
Les  pavements  historiés  du  ivc  au  xu'  siècle,  p.  1-63  ;  Aus'm  Weerth,  lier 
Mosaikboden  in  Saint-  Gei'eon  su  Coin,  nebst  den  damit  verivandten  Mosaikboden 

VU 


et  l’éclat  des  surfaces  incrustées  d’émail l0.  D  autre  part,  a 
l’exemple  des  basiliques  et  des  monastères  de  Syrie  et 
d’Asie  mineure,  l’architecture  religieuse  se  transforme  “. 
Partout  les  courbes  se  substituent  aux  droites,  les 
arcades  aux  plates-bandes.  Les  voûtes  et  les  coupoles 
remplacent  les  toitures  en  charpente,  étendant  ainsi  dans 
d’énormes  proportions  l’espace  réservé  à  la  peinture  en 
mosaïque,  et  lui  offrant  un  champ  d’action  incomparable 
dans  le  développement  harmonieux  et  la  succession 
ininterrompue  de  leurs  surfaces  unies,  parfaitement 
symétriques  12. 

La  paix  qui  règne  en  Orient  et  qui  assure  la  prospérité 
des  provinces  grecques  et  asiatiques,  y  favorise  le  dévelop¬ 
pement  des  industries  d’art.  Constantin  attire  les  mo-  - 
saïstes  dans  sa  nouvelle  capitale  par  divers  privilèges, 
notamment  l’exemption  des  charges  publiques  13 .  Ils  y 
trouvent  en  abondance  la  matière  première  et  les  modèles. 
Appelés  par  l’empereur,  les  verriers  d’Alexandrie  ont 
transporté  à  Constantinople  leurs  ateliers  et  leurs  secrets 
et  y  forment  des  élèves.  Ceux-ci,  dépassant  vite  en  habileté 
leurs  maîtres,  inventent  de  nouveaux  procédés.  Les 
fabriques  byzantines  sont  bientôt  universellement  renom¬ 
mées  pour  l’excellence  de  leurs  produits.  Elles  fournissent 
au  mosaïste  les  pâtes  les  plus  variées  et  les  plus  fines  : 
opaques,  translucides,  transparentes,  argentées  et  dorées, 
et  toute  la  gamme  des  couleurs,  sans  doute  insuffisam¬ 
ment  nuancées  encore,  mais  riches,  franches,  intenses11. 

L’art  lui-même  se  régénère  à  Constantinople  sous 
l’influence  des  chefs-d’œuvre  que  l’empereur  y  accumule, 
dépouillant  de  leurs  trésors  les  plus  luxueuses  cités  de 
l’Europe  et  de  l’Asie  15.  La  capitale  tout  entière  devient 
un  incomparable  musée  où  se  rencontrent  deux  civilisa¬ 
tions  opposées,  jusque-là  étrangères  l’une  à  l’autre, 
deux  traditions  d’art  essentiellement  distinctes  :  l’Orient 
fastueux,  hiérarchique  et  mystique,  attachant  plus 
de  prix  à  la  richesse  de  la  matière  ouvrée  qu’à  la 
beauté  des  formes,  stylisant  tout  décor,  épris  du  fantas¬ 
tique  et  du  bizarre,  vivant  dans  la  fiction  et  dans  le  rêve  ; 
et  l’Occident  gréco-romain,  rationaliste  et  réaliste, 
admirateur  passionné  delà  nature  vivante  dont  il  s’efforce 
de  reproduire  avec  exactitude  la  souplesse  infinie  et 
l’harmonieuse  beauté  1C.  Au  contact  de  l’art  oriental,  la 
mosaïque  romaine  se  transforme  lentement,  allant  du 
naturalisme  pittoresque  qui  caractérise  l’antiquité  clas¬ 
sique,  au  symbolisme  hiératique  purement  byzantin. 
Nombreuses  sont  les  œuvres  qui  marquent  les  étapes  de 
cette  évolution.  Celle-ci  se  prolonge  du  règne  de  Cons¬ 
tantin  à  celui  de  Justinien  :  brusque  et  rapide  dans  la 

Italien.  —  7  Münlz,  Une  ind.  d'art  à  ressusciter,  ravis,  1898,  p.  7  sq.  ;  La  peint, 
en  mosaïque,  Rev.  des  Deux  Mondes,  juillet  1882,  p.  173  sq.  —  8  Ciampini, 
De  sacris  aedif.  a  Constantino  magno  constructis,  1693,  passim;  Bayet,  Iiech. 
pour  servir  à  l'hist.  de  la  peint,  en  Orient,  1879,  p.  44  sq.  et  76  sq.  ;  Id. 
L'art  bgs.  p.  30;  Pévalé,  L’arch.  chrét.  p.  169  sq.;  Gerspach,  La  mosaïque, 
p.  33  sq.  —  lJ  Bayet,  L.  c.  p.  47  sq.  —  10  Müntz,  L.  I.  ;  Diehl,  Justinien  et  la  civil, 
bgs.  au  vi“  siècle,  p.  657  ;  Ravenne,  p.  41-42;  Bayet,  L'Art  bgs.  p.  37.  —  il  Choisy, 
L’Art  de  bâtir  ches  les  Bgzantins,  p.  151  sq.  ;  Mobilier,  Hist.  gén.  des  arts 
appl.  à  l'industrie  :  les  ivoires,  p.  14  sq.  ;  Slrz.ygowski,  Orient  oder  Rom.  p.  150 
sq.  ;  de  Vogue,  Archit.  civile  et  relig.  de  la  Syrie  centrale  du  iv*  au  vu*  siècle, 
avant-propos,  et  Les  Eglises  de  Terre  Sainte,  —  ,2  Choisy,  L.  c.  ;  Pératé, 
L.  c.  p.  181  sq.  —  13  Cod.  Theod,  XIII,  til.  IV,  2;  Bayet,  Ibid.  p.  46.  —  H  Müntz, 
La  mos.  chrét.,  p.  24  sq.  Jusqu'au  vne  siècle  les  émaux  blancs  sont  très  rares, 
et  pour  celte  couleur,  le  mosaïste  est  souvent  encore  obligé  de  recourir  au  marbre 
comme  le  faisaient  les  Romains, par  exemple  à  Saint-Vital  de  Ravenne  :  Münlz,  L.  c, 
p.  33.  Pour  les  cubes  dorés  ou  argentés,  cf.  Münlz,  L.  c.  p.  34  sq. — 10  Allard,  L'art 
païen  sous  les  empereurs  chrétiens,  1879,  p.  173  sq.;  Bayet,  L’art  bys.  p.  22  sq. 
—  10  Cf.  Strzygowski,  Orient  oder  Rom-,  Diehl,  Justinien  et  la  civil,  bys.  au 
VI-  s.  p.  657  sq.  ;  Choisy,  Hist.  de  l'archit.  11,  p.  82;  Bayet,  L’art  bys,  p.  102  sq, 

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nouvelle  capitale  et  dans  les  pays  grecs,  tout  asiatisés  ; 
plus  hésitante  à  Rome  1  qui  renonce  avec  peine  aux 
traditions  classiques;  sagement  progressive  à  Ravenne, 
qui  est  placée  à  mi-distance  des  deux  centres  rivaux,  et 
où  leurs  influences  opposées  s’équilibrent  et  se  fondent 
en  un  ensemble  homogène  2. 

Tandis  que  les  mosaïques  murales  du  temps  de  Cons¬ 
tantin,  comme  celles  du  mausolée  de  Sainte-Constance 


sont  d’une  pittoresque  richesse  et  d’une  variété  pro 
gieuse,  mais  d’un  caractère  si  mal  défini  qu’on  a 
contester  leur  origine  chrétienne,  dès  la  fin  du  ir 
une  iconographie, nouvelle  apparaît.  Aux  naïves  figllre! 
du  symbolisme  chrétien  primitif  3,  plus  humaines 
que  divines,  succèdent  des  types  mystiques  nettement 
déterminés,  des  portraits  hiératiques  conformes  aux 
enseignements  de  l’Écriture  et  aux  descriptions  de  l’Apo 


calypse,  et  qui  fondent  définitivement  la  tradition  chré¬ 
tienne.  La  gracieuse  image  du  Bon  Pasteur  adolescent 
cède  la  place  à  la  figure  barbue,  noble  et  majestueuse  du 
Christ  triomphant 4.  Autour  du  Seigneur,  la  Vierge,  les 
prophètes,  les  apôtres,  les  saints  revêtent  des  traits  dis¬ 
tincts  et  individuels  5.  L'art  symbolique  se  fixe  sous  la 
discipline  chaque  jour  plus  étroite  de  l’Église.  Mais  les 
motifs  antiques  reparaissent  encore  çà  et  la.  Les  guir¬ 
landes  de  fleurs  et  de  fruits,  les  rinceaux  de  feuillages 
où  voltigent  des  oiseaux  couvrent  les  murs  de  bien  des 

1  Barbet  de  Jouy,  Les  mos.  chrêt.  des  basil.  et  des  églises  de  Rome,  i  S57  ;  Clausse, 
Basil,  et  mos.  chrêt.  p.  lit  srj.  ;  cf.  Vitet,  Études  sur  L’hist.  de  l'art,  1"  série,  p.  248  ; 
ld.  Journal  des  Savants,  1802,  1863,  passim;  Labarte,  L.  c.  p.  336  sq.  ;  Kraus, 
Gesch.  d.  christl.  Kunst ,  1,  p.  403,  sq.  —  2  Sur  le  caractère  mixte  de  la  mos.  à 
Ravenne,  cf.  surtout  Bayet,  Recherches,  p.  80  sq.  ;  Diehl,  Ravenne,  1886;  ld.  Jus¬ 
tinien,  1903,  p.  629  sq.;  Ricliler,  Die  Mosaikboden  von  Ravenna.  Pour  le  reste  de 
la  bibliogr.  voir  les  manuels  et  Kraus,  L.  c.,  p.  427,  n.  2.-3  Pératé,  L.  c.  p.  69 
sq.  ;  Kraus,  R.  Encycl.  der  chr.  Alterth.  art.  Symbol.  —  4  J.  Damasecn.  Ep.  ad 


édifices  chrétiens,  à  Rome,  à  Ravenne,  à  Capoue  et  à 
Naples6.  Dans  le  mausolée  de  Placidie1,  le  Bon  Pasteur, 
imberbe,  paît  ses  brebis  au  milieu  d’un  paysage  aux 
plans  variés,  parmi  les  rochers,  les  fleurs  et  les  arbustes; 
les  quatre  évangélistes  sont  drapés  à  la  romaine,  et 
entre  eux  apparaît  encore  le  motif  classique  des  colombes 
buvant  dans  une  coupe,  mis  à  la  mode  huit  cents  ans 
auparavant  par  Sosos  de  Pergame.  Dans  le  baptême 
du  Christ  (fig.  5255)  qui  couronne  la  voûte  du  baptistère 
des  orthodoxes,  le  Jourdain  est  personnifié  comme  les 

Theophilum  imp.  c.  m;  Bayet,  Recherches  pour  servir  à  l'hist.  de  la  peint, 
en  Orient,  p.  48  sq.  avec  la  bibliographie;  Schullze,  L.  c.  p.  341;  Kraus,  O.  I. 
II,  7  sij.  ;  ld.  Gesch.  d.  christl.  Kunst,  I,  p.  179  sq.  —  e  Bayet,  L.  c.  p.  51  sq.  ; 
Schullze,  L.  c.  p.  354  sq.  —  6  Pératé,  L.  c.  p.  203  sq.  —  7  Garrucci,  Stor.  d.  arte 
crist.  pl.  ccxxix-ccxxxm ;  Photogr.  Ricci,  66  à  77;  Bayet,  Rech.,  p.  83;  Pératé, 
L.  c.  p.  224  sq.  et  fig.  147  ;  Müntz,  Une  industrie  d'art  à  ressusciter,  Paris,  1898, 
p.  9  sq.  ;  Schullze,  L.  c.  p.  1S7  à  207 ;  Kraus,  L.  c.  p.  203  sq.  Pour  la  biblio¬ 
graphie,  voir  les  manuels. 


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Fleuves  du  paganisme  Enfin,  dans  l’abside  de  la  basi¬ 
lique  de  Sainte-Pudentienne  à  Rome,  derrière  l’admirable 
groupe  du  Christ  et  des  apôtres,  se  développe  la  perspec¬ 
tive  du  Viminal  avec  les  grandioses  constructions  qui  le 
couronnaient  à  la  fin  du  ive  siècle  2  (fîg.  52,%). 

Au  milieu  du  siècle  suivant,  dans  la  série  des  tableaux 
historiques  de  l’église  de  Sainte-Marie-Majeure  3,  édifiée 
à  Rome  par  le  pape  Sixte  III,  l’influence  orientale 
s  accuse  davantage.  Elle  apparaît  surtout  dans  la  richesse 
nouvelle  des  costumes  et  de  l’architecture,  la  simplifica¬ 
tion  des  perspectives,  l’abandon  du  décor  végétal,  l’éclat 
des  couleurs  et  de  l’or  partout  répandu  à  profusion.  Mais 


la  belle  ordonnance  de  la  composition,  la  correction  des 
attitudes  et  du  modèle,  la  vivacité  de  l’action  et  parfois 
quelques  détails  pittoresques  rappellent  encore  les  meil¬ 
leures  traditions  de  l’art  antique 

L'évolution  se  poursuit  et  se  termine  au  vi*  siècle. 
C’est  l’époque  où  la  mosaïque  chrétienne,  en  pleine  pos¬ 
session  de  ses  formules  et  de  ses  types,  arrive  à  produire 
à  Ravenne  des  chefs-d’œuvre  dont  l’éclat  et  le  charme 
ne  seront  ni  dépassés,  ni  même  égalés  plus  tard. 

A  Saint-Apollinaire-Nouveau5 ,  lapeinture  en  mosaïque, 
transformée  par  la  Renaissance  chrétienne,  atteint  sa 
forme  la  plus  parfaite.  Elle  y  apparaît  dans  toute  la 


Fig-  5236.  —  Mosaïque  absidale  de  l'église  Sainte-Pudentienne,  à  Rome. 


noblesse,  la  simplicité,  la  puissance  expressive  de  sa- 
décoration  hiéraLique,  sans  présenter  encore  cette  rai¬ 
deur  et  cette  sécheresse  qui  caractériseront  les  œuvres  des 
époques  suivantes.  Mais  c’est  déjà  un  art  essentiellement 
impersonnel,  où  tout  est  prévu  et  calculé  d’avance  et  qui 
ne  laisse  plus  aucune  place  à  la  libre  fantaisie  de  l’artiste. 
Celui-ci,  placé  sous  le  contrôle  de  l’Église,  s’astreint,  en 
outre,  à  se  plier  à  toutes  les  exigences  de  l’architecture. 
Le  clergé  règle  le  choix  et  la  distribution  des  sujets^  la 
répartition  des  scènes.  Le  groupement  des  figures,  leurs 
attitudes,  leur  coloris  dépendent  de  la  forme  et  des 
dimensions  des  parois  qu’elles  doivent  recouvrir. 

Description  théorique  de  la  décoration  en  mosaïque 
des  basiliques.  —  Les  sujets  diffèrent  suivant  les  divi¬ 
sions  du  sanctuaire  G.  Dans  la  conque  de  l’abside,  centre 
mystique  de  l’édifice,  apparaît  l’image  du  Christ  triom¬ 
phant,  donnant  la  loi  au  monde.  Dans  le  chœur,  où  le 

l  San  Giovanni  in  fonte;  Garrucci,  O.  I.  fig.  227  ;  Pliot.  Ricci,  PH.  Comparez 
à  la  même  personnification  dans  le  baptistère  des  Ariens,  Garrucci,  241  ;  Pliot. 
Ricci,  285  ;  cf.  Scliultze,  L.  c.  p.  375;  Kraus,  L.  c.  p.  205  et  429,  fig.  330  ; 
lloltzingcr,  p.  78  sq.  —  2  De  Rossi,  Musaici,  fasc.  14;  Pératé,  L.  c.  p.  208  sq.  et 
fig.  140.  Bibliogr.  dans  les  manuels.  Reproductions  dans  Clausse,  Basil,  et  mos. 
chrét.  pl.  delà  p.  144,  en  couleurs,  cl  dans  Rabarte,  Hist.  arts  indust.  pl.  lvit, 
p.  338  sq.  Kraus,  L.  c.  pl.  I.  —  3  Garrucci,  IV,  pl.  ccxi-ccxu;  de  Rossi,  AJusaici , 
fasc.  24,  25;  Pératé,  L.  c.  p.  215  sq.  ;  Scliultze,  O.  c.  p.  233  sq,  ;  Kraus  L.  c.  p.  41i' 
sq.  —  4  Pératé,  L.  c.  p.  220.  —  &  Garrucci,  pl.  ccxi.ii-ccli  ;  Pliot.  Ricci,  97- 140  ; 
Deliio  et  Bezold,  pl.  xvi,  xix  ;  von  Quast,  Die  altchr.  Bauwerlce  in  Bavenna ,  p.  19 


sacrifice  de  la  messe  se  célèbre  chaque  jour,  les  tableaux 
des  murailles  rappellent  les  holocaustes  préparatoires 
d’Abel,  d’ Abraham  et  de  Melchissédec,  tandis  que  du 
sommet  de  la  coupole,  la  colombe  mystique  semble 
descendre  au  milieu  des  saints  et  des  apôtres  qui  forment 
cercle  autour  d’elle.  Dans  la  nef,  où  se  presse  le  peuple 
des  fidèles,  s’avancent  processionnellement  vers  l’autel 
de  longues  files  de  martyrs,  tandis  qu’au-dessus  du  Christ 
se  déroulent  en  tableaux  variés  l’histoire  du  peuple  hébreu, 
les  épisodes  de  la  vie  du  Christ,  les  scènes  où  le  Seigneur 
prend  contact  avec  les  hommes.  L’action  est  lente  et  grave, 
presque  nulle,  telle  qu’il  convient  à  un  sanctuaire  où 
doivent  régner  le  recueillement  et  le  silence.  Les  diverses 
figures,  désormais  fixées  dans  des  types  immuables,  se 
succèdent  dans  l’ordre  de  préséance  établi  par  l’ortho¬ 
doxie.  Une  fois  approuvées,  placées  et  hiérarchi¬ 
sées  par  l’Église,  elles  prennent  l’attitude  commandée 

sq.  pl.  vu;  Schultze,  Loc.  cit.  p.  210  sq.  fig.  64,  65;  Pératé,  Loc.  cit.  p.  233  sq. 
fig.  153  à  165;  Bayet,  Iiech.  p.  98  sq.  ;  Hollzinger,  L.  c.  p.  68  sq.  et  fig.  66  à  68. 
Kraus,  L.  c.  p.  433  sq.  —  6  Cette  description  théorique  est  une  synthèse 
d'éléments  divers,  se  rapportant  aux  principaux  édifices  religieux  des  v«  et 
VI»  siècles  en  Italie,  surtout  aux  basiliques  et  aux  baptistères  de  Ravenne,  aux 
oratoires  du  I.alran  et  aux  églises  de  Sainte-Pudentienne,  Sainte-Marie-Majeure, 
Saint-Paul  hors  les  murs,  Sainte-Sabine,  Saint-André-in-Catabarbara,  Saints- 
Cosme-et-Damien,  à  Rome,  et  enfin  à  divers  monuments  de  la  même  époque,  moins 
bien  conservés  et  moins  caractéristiques,  à  Papoue,  à  Milan,  à  Naples;  Pératé,  £  e 
p.  184  sq. 


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par  le  rôle  architectural  qu’elles  ont  à  remplir 

Caractère  architectural  de  la  décoration  murale  en 
mosaïque.  La  décoration  est  rigoureusement  équi¬ 
librée  dans  son  ensemble.  De  part  et  d’autre  de  l'axé 
central,  tout  se  répond  et  s’oppose  avec  une  parfaite 
symétrie.  Les  personnages  et  les  attributs  apparaissent 
en  nombre  égal  à  droite  et  à  gauche  de  la  figure  mystique 
dont  ils  forment  le  cortège. 

L(  ur  caractère  varie  suivant  la  place  qu’ils  occupent. 

Les  lignes  verticales  du  corps  humain  conviennent  aux 
surfaces  qui  se  développent  en  hauteur;  les  formes  hori¬ 
zontalement  allongées  des  quadrupèdes,  brebis,  agneaux, 
permettent  de  les  aligner  à  la  file  sur  les  bandes  étroites 
des  Irises,  qui  reçoivent  aussi  de  longues  inscriptions 
dédicatoires;  la  forme  sensiblement  triangulaire  des 
anges  aux  ailes  éployées  et  des  figures  symboliques 
des  Évangiles,  également  , -ailées,  les  destine  au  rem¬ 
plissage  des  écoinçons  flanquant  les  arcs,  et  des  trompes 
qui  soutiennent  les  coupoles. 

Selon  la  forme  et  le  développement  de  la  paroi  qui  les 
supporte,  les  diverses  figures  sont  tantôt  isolées,  tantôt 
appariées,  par  deux  2,  par  quatre  3,  par  douze  par 
vingt-quatre s.  Elles  se  dressent,  s’inclinent,  se  pros¬ 
ternent,  pyramident  ou  rayonnent.  Dans  la  conque  de 
l'abside  qui  domine  l'autel,  l’axe  central  vers  lequel  se 

dirigenttousles  regards  est  nettement  indiqué  par  l’assem¬ 
blage  des  trois  figures  superposées  qui  symbolisent  la 
Trinité.  Celles-ci  s’élargissent  du  haut  vers  le  bas  à 
mesure  que  divergent  les  rayons  qui,  du  sommet  de  la 
conque,  descendent  en  éventail  vers  la  demi-circonférence 
de  base.  La  colombe  du  Saint-Esprit  plane  au  zénith.  Au- 
dessous  d’elle,  la  main  du  Père  sort  de  la  nue  pour 
montrer  aux  fidèles  la  couronne  des  éternelles  récom¬ 
penses.  Puis  apparaît  la  figure  du  Christ  assis  sur  un 
trône  massif,  lequel  repose  sur  la  montagne  sacrée  d’où 
jaillissent  les  quatre  fleuves  du  Paradis.  A  droite  et  à 
gauche  s’inclinent  symétriquement  en  signe  d’hommage 
saint  Pierre  et  saint  Paul,  suivis  parfois  d’une  troupe 
d’apôtres  et  de  saints,  et  des  deux  Églises.  Enfin,  deux 
palmiers,  jouant  le  rôle  de  portants,  ferment  la  scène  des 
deux  côtés  et  l’ombragent  de  leurs  rameaux  tlexibles 
qui  vont  se  rejoindre  au  sommet  de  la  voûte. 

Sur  la  frise  horizontale  qui  souligne  la  conque,  proces- 
sionnentdeux  troupeaux  symétriques  d’agneaux.  Partant 
des  deux  villes  saintes,  Jérusalem  la  cité  juive  et 
Bethléem  où  naît  Jésus,  placées  aux  deux  extrémités 
opposées,  ils  se  dirigent  au  centre  vers  l’Agneau  de 
l'Apocalypse,  debout  sur  la  montagne  de  Sion. 

L’arc  de  la  tribune  qui  encadre  l’abside  figure  de 
nouveau,  en  son  milieu,  l’Agneau  divin,  mais  égorgé  et 
étendu  sur  un  trône.  Derrière  lui  se  dresse  la  croix;  à 
droite  età  gauche,  les  sept  candélabres;  au  dessous,  dans 
les  deux  écoinçons,  vingt-quatre  vieillards  l’adorent, 
tendant  vers  lui  des  palmes  et  des  couronnes  et  inclinant 
leur  corps  parallèlement  à  l’inflexion  de  l’arc,  tandis  que 
sur  les  deux  piliers  verticaux  qui  soutiennent  celui-ci  se 
dressent,  immobiles  comme  des  statues,  dans  une  atti- 

1  Sur  le  rôle  architectural  assigné  à  la  figure  vivante  repose  tout  le 
système  décoratif  de  la  peinture  murale  en  mosaïque  aux  v'  et  vi®  siècles 
de  notre  ère.  Cependant,  parmi  les  savants  qui  ont  le  plus  consciencieuse¬ 
ment  étudié  et  le  mieux  compris  la  mosaïque  antique,  E.  ilüntz  (Une 
industrie  d'art  à  ressusciter,  Paris,  1898,  p.  14)  est  presque  seul  à  avoir 
effleuré  cette  question  :  çf.  aussi  Pératé,  L.  c.  p.  181,  —  2  Les  deux  Églises, 


tude  méditative,  Pierre  et  Paul,  propagateurs  de  la  f0j 
chez  les  Juifs  et  chez  les  Gentils. 

Au  sommet  de  la  calotte  sphérique  qui  recouvre  le 
chœur,  rayonne  au  milieu  d’une  gloire  que  cerne  une 
couronne,  l’étoile,  la  croix,  le  triangle  mystique,  ou  la 
colombe  cruciforme.  La  zone  circulaire,  qui  occupe  la 
base  de  la  coupole,  se  partage  en  quartiers  triangulaires 
dont  chacun  est  rempli  par  la  figure  conique  d’un  apôtre 
marchant  h  grands  pas,  les  jambes  largement  arquées! 
Puis  des  statues  de  saints  impassibles,  debout  dans  des 
niches  cintrées,  alternent  avec  les  fenêtres  percées  dans 
le  cylindre  des  tambours,  tandis  que  les  symboles  des 
quatre  évangélistes  éploient  leurs  ailes  triangulaires 
dans  les  angles  des  trompes  qui  supportent  l’ensemble 

Enfin,  la  monotonie  des  larges  pans  de  murs  latéraux 


Fig.  5257.  —  Mosaïque  de  la  nef  de  Saint-Apollinaire-Nouveau,  à  Ravenne. 


qui  soutiennent  le  toit  de  la  nef  est  rompue  par  trois 
zones  superposées  de  figures,  chacune  d’elles  jouant  un 
rôle  différent  (fig.  5257)  6.  Celle  du  bas,  d’un  caractère 
tout  architectural,  représente  une  longue  théoriede  saints 
ou  de  saintes  qui  se  dressent  tout  droits  comme  les 
piliers  d’une  colonnade  de  cloître  :  leurs  robes  blanches 
rectangulaires  et  leurs  nimbes  arrondis,  taches  claires 
rassortant  avec  éclat  dans  la  pénombre,  produisent  l'illu¬ 
sion  des  ouvertures  cintrées  qui  donnent  passage  à  la 
lumière  du  jour,  tandis  que  les  palmiers  épanouis  en 

l’ancienne  Loi  et  la  nouvelle  :  Jérusalem  et  Bethléem,  saint  Pierre  et  saint  Paul. 
—  3  Les  quatre  évangélistes,  les  quatre  fleuves.  —  '*  Les  douze  apôtres, 
les  douze  brebis.  —  5  Vingt-quatre  vieillards  adoranls  ou  orants  ;  vingt-quatre 
saints  ou  saintes.  —  6  Rien  de  plus  typique,  à  ce  point  de  vue,  que  la 
décorai  ion  de  la  nef  de  Saint  Apollinaire-Nouveau,  dont  notre  figure  5257  reproduit 
un  fragment. 


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éventail  qui  alternent  avec  les  saints,  représentent  le? 
colonnes  elles-mêmes  et  les  arceaux  qu’elles  supportent. 
La  zone  intermédiaire  est  toute  sculpturale  d’aspect  : 
dans  les  intervalles  des  fenêtres,  des  prophètes  ou  des 
apôtres,  tenant  des  livres  fermés  ou  de  grands  parche¬ 
mins,  et  abrités  par  des  conques  en  coquille,  jouent  le 
rôle  de  statues,  meublant  des  niches  qui  alternent  avec 
les  baies  évidées  de  la  paroi.  Seule  la  partie  supérieure 
de  la  décoration  atfecte  un  caractère  franchement  pic¬ 
tural.  Elle  représente,  dans  une  rangée  de  tableaux  rec¬ 
tangulaires,  tous  de  mêmes  dimensions,  des  scènes  his¬ 
toriques  de  l’Ancien  et  du  Nouveau  Testament  destinées 
à  l’instruction  des  fidèles  qui  remplissent  la  nef. 

L’architecture  détermine  non  seulementle  groupement 
et  l’attitude  des  figures,  mais  même  le  choix  des  couleurs. 
Les  fonds  sont  toujours  largement  ménagés.  Leur  ton 
est  éclatant,  bleu  intense  ou  doré,  car  leur  lumière  arti¬ 
ficielle  doit  remplacer  la  clarté  du  jour.  Loin  de  chercher 
à  faire  oublier  la  paroi,  ils  en  accusent  la  présence.  Sur 
leur  surface  uniforme,  les  figures  se  détachent  en 
sombre  ou  en  clair,  suivant  qu’il  est  nécessaire  de  ren¬ 
forcer  ou  d’atténuer  les  lignes,  de  charger  ou  d’alléger 
les  masses.  Le  mosaïste,  ne  disposant  que  d’un  petit 
nombre  de  tons,  procède  forcément  par  larges  touches, 
juxtaposant  les  couleurs  tranchées,  supprimant  les 
nuances  intermédiaires.  Mais  cette  imperfection  de  la 
technique,  qui  serait  intolérable  sur  le  sol,  est  un  avan¬ 
tage  pour  les  mosaïques  murales,  destinées  à  être  vues 
de  loin.  A  distance,  la  dureté  des  oppositions  se  perd 
dans  l’harmonie  générale  de  l’ouvrage  ;  l’énergie  du 
coloris  fait  saillir  les  figures,  leur  donne  un  relief  d’une 
vigueur  incomparable  *. 

Décoration  en  mosaïque  des  édifices  profanes.  —  Cette 
décoration  suit  les  mêmes  principes  et  applique  les  mêmes 
formules  que  celle  des  sanctuaires.  L’empereur  est  le 
représentant  de  Dieu  dans  l’ordre  temporel,  comme  le 
Christ  dans  l’ordre  religieux.  Les  dignitaires  de  la  cour, 
les  hauts  fonctionnaires  de  l’Empire  correspondent  aux 
apôtres  et  aux  saints  ;  les  sujets,  aux  fidèles.  La  hiérarchie 
civile,  strictement  graduéeconnne  la  hiérarchie  religieuse, 
détermine  avec  autant  de  rigueur  l’ordre  de  préséance  des 
figures  el  leur  balancement  symétrique.  L’ornementation 
est  aussi  riche,  le  coloris  aussi  éclatant  dans  les  palais  que 

1  Bayet,  Jtecherchcs,  p.  102  sq.  et  L’art  byz.  p.  02  sq.  —  2  Cassiotlor. 
Var.  VII,  5;  cf.  Iloltzinger,  L.  c.  p.  71  sq.  —  3  Procop.  Bell.  Goth.  I, 
24.  Un  autre  portrait  de  Théodoric  le  représente  triomphant,  armé  de  la 
lance  et  du  bouclier,  entre  les  figures  symboliques  de  Rome  relevée  de  ses 
ruines  et  de  Ravenne  vaincue,  s’avançant  en  humble  suppliante  :  Miinlz,  La 
peint,  en  mos.  L.  c.  p.  170.  —  4  procop.  De  aedif.,  I,  10;  Diehl,  Justinien, 
p.  80.  Les  mosaïques  de  Saint-Vital  de  Ravenne  permettent  de  se  faire  une  idée 
d  cl  magnificence  de  ces  tableaux.  —  Bibliographie.  Ciampini,  Vetera  monimenta 
in  quibus  prâecipue  musiva  opéra...  Roma,  1090-99;  Furietti,  De  musivis, 
Rome,  1752;  Pierre  le  Viel,  Essai  sur  la  peint,  en  mosaïque,  Paris,  1708  ;  Fouge- 
roux  de  Boudaroy,  Traité  sur  la  fabrique  des  mosaïques,  à  la  suite  des  Recher¬ 
ches  sur  tes  ruines  d' Herculanum,  Paris,  1770;  Haeffelin,  Observ.  sur  la  mos. 
des  anciens,  dans  les  Comment.  Iiist.  Academiae  Theodoro-Palatinae,  V,  n“  3, 
p.  89  sq.  Mannheim,  1783;  Calvet,  Dissert,  sur  les  mos.  des  anciens,  et  plus  par¬ 
ticulièrement  sur  celles  qui  ont  été  découvertes  près  de  la  ville  d'Aix  en  Pro¬ 
vence  au  mois  de  juin  1790.  Ms.  de  la  Bibliothèque  d’Avignon,  il0  2345;  Gurlilt 
(J. -G.),  Ueber  die  Mosaik,  Magdeburg,  1798;  Hirt,  Des  différentes  espèces  de 
mosaïques  chez  les  anciens,  trad.  de  l’allemand  dans  les  Mêm.  de  l'Ac.  des  Sc.  et 
B.-Lettres,  1801,  cl.  de  B. -Lettres,  Paris,  1801  ;  Tarin,  Descr.  d'un  ancien  ouvrage 
en  mosaïque  suivie  de  remarques  sur  ce  genre  de  peinture,  Mém.  de  l’Acad.  de 
Turin,  XIII,  Turin,  1803  ;  Spreti,  Compendio  istorico  dell’  arte  di  comporre  i 
musaico  con  la  descrizionc  de  musaici  antichi  che  trovansi  nelle  basiliche  di 
Ravenna,  Ravenne,  1804;  Lysons,  Reliquiae  Britannica  Romanae,  containing 
figures  of  roman  antiquities  discovered  in  varions  parts  of  England,  Londres, 
1813  ;  Caylus,  Essai  sur  la  manière  de  peindre  en  marbre,  Mém.  de  l’Acad.  des 
Inscr.  t.  XXIX;  A.  de  Laborde,  Descr.  d’un  pavé  en  mosaïque  découvert  dans 


dans  les  basiliques,  car  la  majesté  impériale  doit  être 
entourée  de  la  même  splendeur  que  la  majesté  divine. 

Malheureusement,  des  nombreuses  mosaïques  profanes 
du  v°  et  du  vi° siècle,  il  ne  nous  reste  plus  que  de  rares  et 
courtes  descriptions.  L’on  ne  peut  s’étonner  de  la  dispa¬ 
rition  de  ces  revêtements.  La  piété  des  fidèles  respecta  la 
peinture  d’émail  des  basiliques.  Leur  conservation  fut 
souvent  mieux  assurée  encore  jmr  le  mauvais  goût  des 
prêtres  qui,  pour  rajeunir  l’aspect  de  leurs  églises,  les 
faisaient  recouvrir  d’un  épais  enduit  de  stuc  qu’on  peignait 
à  volonté.  Mais  les  palais  impériaux  eurent  à  subir  les 
injures  du  temps  et  des.  hommes.  Celui  de  Théodoric 
à  Ravenne  fut  dépouillé  de  son  splendide  revêtement  par 
Charlemagne,  qui  fit  gratter  des  voûtes  tous  les  cubes 
d’émail  pour  en  orner  sa  résidence  d'Aix-la-Chapelle  2. 
D’autres  mosaïques  tombèrent  de  vétusté,  s’écaillant  par 
morceaux  comme  ce  portrait  du  Forum  de  Naples  qui 
figurait  le  roi  des  Golhs  3.  Les  magnifiques  tableaux  qui 
ornaient  le  palais  de  Justinien  ne  nous  sont  connus  que 
par  Procope  L  Ils  représentaient,  d’après  l’historien 
grec,  les  guerres  et  les  combats  du  règne,  les  villes  prises 
en  Italie  et  en  Afrique,  le  retour  à  Constantinople  de  Béli¬ 
saire  victorieux,  suivi  de  son  armée,  de  son  butin,  des 
rois  Goths  et  Vandales  prisonniers,  et  solennellement 
accueilli  par  Justinien  et  Théodora  et  leur  cortège  de 
sénateurs  en  habits  de  fête. 

De  ces  exemples,  il  parait  résulter  qu’au  temps  de 
Justinien,  quelque  soit  le  décor,  sacré  ou  profane,  dont 
le  mosaïste  est  chargé,  celui-ci  a  pour  thème  unique  les 
hommages  rendus  au  souverain.  Dans  les  palais  comme 
dans  les  sanctuaires,  toutes  les  scènes,  tous  les  gestes  se 
confondent  désormais  en  un  acte  de  perpétuelle  adoration. 

Un  nouveau  cycle  commence,  purement  byzantin.  Le 
rôle  de  la  mosaïque  antique  est  désormais  fini. 

D’une  façon  générale,  son  histoire  peut  se  résumer 
ainsi  :  De  ses  origines,  jusqu’à  la  fin  du  ier  siècle  de 
notre  ère,  la  mosaïque  reste  un  art  alexandrin,  idéa¬ 
liste,  aristocratique.  Au  temps  des  Antonins  et  de  Sévère, 
elle  se  romanise  et  devient  naturaliste  et  démocratique. 
A  partir  du  triomphe  de  l’Église  chrétienne  et  de 
l’établissement  de  la  monarchie  absolue,  elle  se  trans¬ 
forme  à  la  mode  byzantine  pour  prendre  un  caractère 
officiel,  mystique,  théocratique.  P.  Gauckler. 

l'ancienne  ville  d'Italica,  Paris,  1832;  Artaud,  Hist.  abrégée  de  la  peinture  en 
mosaïque,  suivie  de.  la  descr.  des  mosaïques  de  Lyon  et  du  midi  de  la  France, 
Lyon,  1835,  avec  Atlas  ;  Lctronnc,  Lettres  d'un  antiquaire  à  un  artiste,  Paris,  1830- 
Sccchi,  Il  musaico  Antoniniano  rappresentante  la  scuola  de  gliatleti,  Rome,  1843  ; 
Visconti,  Mus.  Pio.  Clementino,  VII,  p.  238  sq.  Milan,  1818-22;  Barbet  de  Jouy, 
Les  mos.  chrétiennes  des  basiliques  et  des  églises  de  Rome,  Paris,  1857;  Haas, 
Ueber  Mosaik  malerei,  Mitth.  d.  k.  k.  central  Kommission  Wien,  1859,  p.  173  sq.; 
Loriquet,  La  mosaïque  des  promenades  et  autres  trouvées  à  Reims,  Reims,  1802; 
Vitet,  Dissert,  sur  les  mosaïques  chrétiennes,  dans  le  Journal  des  Savants,  1802, 
1803;  de  Rossi  (J. -B.),  Musaici  cristiani  e  Saggi  dei  pavimenti  delle  chiese  di 
Roma  anteriori  al  secolo  A4',  Rome,  1870  sq.;  Universal  Art  inventory  :  Mosaics 
and  stained  glass,  South  Kensington  Muséum,  1870;  E.  Aus’m  VVeerth,  Der 
Mosaikboden  in  Saint-Gereon  zu  Côln,nebst  den  damit  verwandten  Mosaikboden 
Italiens,  Bonn,  1873  ;  J.  Labarte,  Hist.  des  arts  industriels,  II,  p.  233  à  414,  Paris, 
1873;  Engelmanu,  Ueber  Mosaik  reliefs,  Extr.  du  Rhein.  Muséum  fur  Philologie. 
N.  F.  f.  XXIX,  1874  p.  501-589;  Br.  Bûcher,  Gesch.  d.  lechn.  Kilnste,  I,  ch. 
ni,  p.  95-151,  1875;  A.  Dareel,  La  mosaïque,  Gazette  des  Beaux-Arts,  t.  I  ;  E 
Didron,  Du  rôle  décoratif  de  la  peinture  en  mosaïque,  Gazette  des  Beaux-Arts. 
mai  1875,  p.  442-459  ;  G.  Berger,  Notes  sur  la  mosaïque,  Extr.  du  Bull,  de  l’Union 
centrale  des  Beaux-Arts  appliqués  à  l’industrie,  Paris,  1870;  Appell,  Christian 
mosaics  Picture  :  a  catalogue  of  reproduction  of  christ,  mosaics  exliibited  in  the 
South  liensington  Muséum,  Londres,  1877;  Ch.  Bayet,  Recherches  pour  servir  à 
l'hist.  de  la  peinture  et  de  la  sculpture  chrétiennes  en  Orient,  Paris  1879  -  F  -X 
Ixraus,  Real  Encyklopüdie  der  christl.  Alterthümer,  II,  p.  419  Sq.,  Freibur  -, 
1882-1880;  E.  Miintz,  La  peinture  en  mosaïque,  Revue  des  Deux  Mondes,  1"  juil¬ 
let  1882,  p.  102  à  183  ;  Notes  sur  les  mos.  chrétiennes  de  Vital  fasc.  1-VHI,  Paris, 


MUT 


—  2130  — 


MUT 


MÜSTEA.  Mufftéa.  —  Jeu  usité  chez  les  Grecs.  C’était 
peut-être  un  jeu  de  poursuite,  où  les  joueurs  formaient 
une  chaîne  en  face  de  l'adversaire  qui  devait  les  prendre, 
comme  dans  la  Queue  du  chat.  Mais  rien  n’est  moins 
certain  1 .  Georges  Lafaye. 

MUTATIO  [CURSUS  PUBLICUS,  p.  1G55]. 

MUTUUM.  Droit  grec. —  Le  prêt  de  consommation, 
correspondant  au  mutuum  du  droit  romain,  et  surtout 
le  piêt  d  argent,  était  très  fréquent  dans  le  droit  grec, 
et  notamment  à  Athènes.  Les  orateurs,  dans  leurs  plai¬ 
doyers,  ont  souvent  à  s’en  occuper.  Parmi  les  discours 
qui  nous  sont  parvenus  et  qui  renferment  de  précieux 
renseignements  à  ce  sujet,  nous  citerons  le  Trapézitique 
d’Isocrate,  les  plaidoyers  de  Démosthène  contre  Timo¬ 
thée,  contre  Callipe  et  contre  Dionysodore,  plusieurs  Ttxoa- 
Ypacpucot  Xoyoi  du  même  auteur  contre  Zénothémis,  Apa- 
tourios,  Phormion,  Lacritos,  Panténète,  et  pour  Phor- 
mion.  Nous  avons  malheureusement  à  regretter  la  perte 
de  plusieurs  plaidoyers  de  Lysias  ayant  trait  spéciale¬ 
ment  à  des  questions  de  prêt,  ypéwç  \ 

A  la  différence  du  prêt  à  usage  ou  commodat  ( commo - 
datum)  qui  est  toujours  gratuit,  le  prêt  de  consomma¬ 
tion  peut  entraîner  non  seulement  la  restitution  d’un 
objet  ou  d’une  somme  de  même  valeur,  mais  encore  le 
paiement  d  une  indemnité  pour  la  jouissance  delà  chose 
prêtée.  Cette  indemnité  porte  le  nom  d’intérêts,  tôxoi. 
Nous  avons  précédemment  exposé  [foenus,  p.  1214  et  s.] 
la  théorie  du  prêt  à  intérêts  dans  le  droit  grec. 

Le  contrat  de  prêt,  qu’il  soit  simple  ou  à  intérêt,  ne 
requiert  aucune  formalité2.  11  peut  donc  avoir  lieu  avec 
ou  sans  écrit.  Dans  le  premier  cas,  il  est  désigné,  mais 
par  des  auteurs  d’une  époque  relativement  récente,  par 
les  expressions  ystpôoorov,  àaûyYpatpov 3.  On  a  enseigné 
qu’à  la  différence  dans  la  forme  correspondait  une  diffé¬ 
rence  dans  le  fond,  et  que  la  forme  la  plus  simple,  la 
forme  verbale,  n’aurait  été  employée  que  pour  le  prêt  sans 
intérêts4.  Mais  le  texte  d’Hésychius  sur  lequel  on  s’est 
fondé  ne  nous  paraît  point  assez  explicite  pour  entraîner 
une  dérogation  aux  principes  généraux  du  droit  attique, 
qui  reconnaissaient  la  même  force  à  toutes  les  conven¬ 
tions,  quelle  que  soit  leur  forme.  11  nous  semble  d’autant 
moins  décisif  que  Pollux  et  Diodore  de  Sicile s  ne  font 
aucune  allusion  à  la  distinction  que  l’on  a  imaginée 

Le  prêt,  lorsqu’il  est  verbal,  peut  même  avoir  lieu  sans 
témoins  1 .  Mais  c’était  là  un  fait  exceptionnel,  qui  n’inter- 

1874-1884;  Etudes  iconograph.  et  archéologiques  sur  le  Moyen  âge,  I  ;  Les  pave 
ments  historiés  du  iv'  au  xu°  siècle,  Paris,  1887  ;  De  l'ornementation  dans  les  mos. 
de  l'antiquité  et  du  moyen  âge,  Rev.  des  arts  décoratifs,  avril  cl  sept.  1880, 
juillet-août  et  sept.  1888  ;  La  mos.  chrétienne  pendant  les  premiers  siècles , 
Paris,  1893;  Une  industrie  d’art  ancienne  à  ressusciter,  Paris,  1898;  Projet  d’un 
Corpus  des  mosaïques  païennes  et  chrétiennes  jusqu'au  ix"  siècle  inclusivement, 
Paris,  1901,  circulaire  autographiée  ;  H.  Blümner,  Technologie  und  Terminologie 
der  Gewerbe  und  Künste  bei  Griechen  und  Rômern,  III,  p.  323-343,  Leipzig,  1884; 
Morgan,  Romano-british  mosaic  pavenænts  :  a  history  of  their  discovery  and 
a  record  and  interprétation  of  their  designs,  Londres,  1886  ;  Héron  de  Villefosse, 
Les  mosaïques  récemment  découvertes  en  Afrique,  exlr.  de  la  Revue  de  l'Afrique 
franc.,  Paris,  1887  ;  Baumeister,  Denkmüler  des  klass.  Alterth&ms,  s.  v.  p.  927-933 
(Von  Roliden),  1887;  J.  N.  von  Wilmowsky,  Rom.  Mosaiken  ans  Trier  und  dessen 
Umgegend,  Préface  de  F.  Hettner,  p.  1-10  et  t -23,  Trêves,  1888  ;  Marligny,  Dictionn. 
des  antiquités  chrétiennes,  s.  v.  p.  485-490,  3®  édit.  Paris,  1889;  Cari  Elis,  Die 
Mosaik  und  Glasmalerei,  Leipzig,  1891;  Gerspach,  La  mosaïque,  Paris,  1893  ; 
Marquardt-Mau,  trad.  Henry,  La  vie  privée  des  Romains,  II,  p.  274-282,  Paris,  1893  ; 
G.  Clausse,  Basiliques  et  mosaïques  chrétiennes,  Italie,  Sicile,  Paris,  1893  ; 
D.  Victor  Schultzc,  Archüologie  der  altchrist.  Kunst,  das  Mosaik,  p.  00  sq.  197  à 
241,  Munich,  1895;  Iwan  von  Muller,  Handbuch  der  klass.  Alterth.  Wissenschaft, 
t.  VI  ;  K.  Sittl,  Archüologie  der  Kunst,  p.  302  sq.  741  sq.  Munich,  1895  ;  P.  Gauckler, 
La  mosaïque  romaine  en  Afrique,  dans  le  Tour  du  Monde,  1890,  n°  42,  p.  329-332  ; 
Id.  Des  principes  d'une  classification  raisonnée  des  mos.  africaines,  Afas,  Congrès 
de  Carthage,  1896,  I,  p.  278  sq.  ;  F.-X.  Kraus,  Gescli.  der  christl.  Kunst,  p.  399  sq., 


venait  qu  entre  amis,  et  la  prudence  imposait  aux  caniK 
listes  plus  de  précautions.  On  appelait  donc  des  témoins" 
pour  assister  à  la  conclusion  du  contrat  et  au  versement 
des  deniers8.  Les  prêteurs  vraiment  diligents  ne  se  con¬ 
tentaient  point  de  réunir  des  témoins.  Ils  prenaient  soin 
en  leur  présence,  de  rédiger  un  écrit,  qu’ils  leur  faisaient 
signer0.  Cet  écrit  portait  le  nom  de  auYYpacp7j  et  pouvait 
être  également  désigné  par  l’expression  plus  générale 
cugêrjXouov  10.  Enfin,  pour  soustraire  le  titre  aux  dangers 
de  destruction  ou  d’altération,  on  le  déposait  chez  un 
tiers,  ordinairement  chez  un  trapézite,  et  des  témoins 
étaient  encore  appelés  à  assister  à  ce  dépôt11.  Lorsque  ce 
prêt  était  consenti  par  un  trapézite,  on  suivait  les  formes 
spéciales  aux  opérations  faites  par  les  banquiers12. 

Le  prêteur  pouvait  se  fier  à  la  parole  de  l’emprunteur 
et  ne  lui  réclamer  aucune  garantie;  mais  c’était  là  l’excep¬ 
tion.  Ordinairement  le  débiteur  fournissait  à  son  créan¬ 
cier  des  sûretés  soit  personnelles,  c’est-à-dire  des  cau¬ 
tions,  soit  réelles,  c’est-à-dire  des  gages  ou  des  hypo¬ 
thèques.  Les  plaidoyers  des  orateurs  athéniens  fournis¬ 
sent  plusieurs  exemples  de  prêts  garantis  par  des 
cautions 13.  En  dehors  d’Athènes,  une  inscription  de 
Gythion  parle  de  cautions  en  terres,  k'fqùctq  èvyxfouc, 
exigées  de  ceux  qui  reçoivent  un  prête  de  sommes  léguées 
aux  villes,  et  dont  l’intérêt  doit  servir  à  des  distributions 
annuelles.  Mais  il  est  assez  difficile  de  savoir  ce  qu’il 
faut  entendre  précisément  par  là15.  Les  obligations  de 
l’emprunteur  sont  plus  fréquemment  garanties  par  des 
constitutions  d’hypothèques10.  Le  prêteur  pouvait  aussi 
faire  insérer  dans  l’acte  une  clause  qui  lui  permettait, 
s’il  n’était  pas  payé  à  l’échéance,  de  saisir  directement  les 
biens  de  l’emprunteur  sans  avoir  à  recourir  à  la  justice 
et  comme  s’il  avait  obtenu  un  jugement,  xaôx7isp  èxStxT,?17. 

Le  contrat  de  prêt  est,  en  ce  qui  concerne  la  capacité 
des  parties,  soumis  aux  principes  généraux.  Ainsi  une 
femme  ne  peut  y  figurer  valablement,  soit  comme  prê¬ 
teuse,  soit  comme  emprunteuse,  si  elle  n’est  pas  auto¬ 
risée  de  son  kyrios18. 

Le  prêt  est  permis,  en  principe,  pour  une  opération  quel¬ 
conque.  Par  exception,  il  est  interdit,  sous  peine  de  confis¬ 
cation  de  la  créance,  de  prêter  de  l’argent  sur  un  navire  ou 
sur  une  cargaison,  lorsque  l’armateur  ne  s’engage  pas  à 
l’apporter  à  Athènes  des  céréales  ou  d’autres  marchan¬ 
dises19.  On  voulait  ainsi  empêcher  que  les  capitaux  du 
pays  ne  fussent  employés  au  profit  d’une  autre  place20. 

Fribourg  en  Brisgau,  1896-1900;  St.  Gsell,  Les  monuments  antiques  de  l'Algéri: , 
II,  p.  100  sq.  Paris,  1901.  Listes  de  mosaïstes,  voir  p.  2104,  note  6. 

MUSTEA.  1  Hesych.  s.  V.  :  «  natScct  vt;  èittTcXou|juvq  xataXû&vT«  toù;  IZùpypvzui  ».  Le 
texte  est  sûrement  altéré.  L’hypothèse  est  de  Grasberger,  Erzichung  u.  Unterricht 
im  klass.  Alterth.  I,  1,  p.  149.  Elle  repose  sur  le  mot  xcetaYùov-ra,  qui  semble  une 
corruption  de  xa-takijo ura  ;  ef.  Becqde  Fouquicres,  Jeux  des  anciens  -,  1873,  p.  282. 

MUTUUM  l  Voir  l’énumération  de  ces  plaidoyers  ap.  Meier,  Schumann  et 
Lipsius,  Der  attische  Proccss,  p.  681.  — 2  Cf.  Platner,  Process,  t.  II,  p.  349; 
Meier,  Schumann  et  Lipsius,  p.  684;  Caitlemer,  Contrat  de  prêt,  p.  9;  Guiraud, 
La  propriété  foncière  en  Grèce,  p.  279.  Cf.  sur  les  formes  des  actes  de  prêt, 
dans  le  droit  gréco-égyptien,  Caillemer,  Les  papyrus  grecs,  p.  1 1  sq.  ;  Dareste,  dans 
Nouv.  rev.  hist.  du  droit,  1894,  p.  691.  —  3  Poil.  Il,  152;  Hesych.  s.  v.  ^npoJ»«v  ; 
Diod.  Sic.  I,  79.  —  4  Sieveking,  Das  \  Seedarlehcn  des  Altertums,  p.  28. 
—  3  Loc.  cit.  —  6  Cf.  Beauchet,  Rist.  du  droit  privé  de  la  République  athénienne, 
t  IV,  p.  236. — 7  Rcmostb.  C.  Timoth.  §  2.— 8  Demoslh.  C.  Phornt.%30.—  «  Demosth. 
C.  Lacnt.  §  13  ;  C.  Dionys.  §  1. —  i<>  Meier,  Schomann  et  Lipsius,  p. 684.— 11  Demosth. 
C.  Lacrit.  §  14;  C.  Phorm.  §6. —  12  Voir  à  ce  sujet  Beauchet,  t.  IV,  p.  48.  ,3  Lvs. 

De  bon.  Aristoph.  §  22;  Demosth.  C.  Apatar.  §  7  ;  Isocr.  Trapez.  §  37.—  14  Le  Bas- 
YVaddiuglon,  Voy.  archéol.U'Aa,\,  13.— 15  Cf.  Lécrivain , Le  cautionnement  dansle 
droit  grec  classique,  dans  Mém.  de  l’Acad.  des  sciences,  etc.,  de  Toulouse,  18.ii-, 
p.  209;  Beauchet,  t.  IV,  p.  238.  —  16  Beauchet,  t.  III,  p.  197.  —  U  Voir  supra, 
article  foenus,  p.  1218.  —  '8  Beauchet,  t.  11,  p.  362,  et  t.  IV,  p.  239.  1  lu 

mosth.  C.  Lacrit.  §  51  ;  C.Theocr.  §  13.  —  20  Thonissen,  Le  droit  pénal  de  la 
Républiq.  ath.  p.  400. 


MUT 


2131 


MUT 


La  somme  prêtée  doit  être  remboursée  à  l’époque  fixée 
par  la  convention.  Le  remboursement  peut  toutefois, 
ainsi  que  le  montre  une  inscription  de  Lébadéc1,  s’effec¬ 
tuer  par  annuités,  comprenant  en  même  temps  le  capital 
et  les  intérêts.  Si  le  débiteur  néglige  de  remplir  son 
engagement,  il  devient  67:£p%£po<;  et  il  est  exposé  à  toutes 
les  conséquences  qu’entraîne,  en  général,  l’inexécution 
des  obligations.  Il  encourt  notamment  la  clause  pénale 
qui  a  pu  être  stipulée  pour  ce  cas2. 

Pour  obtenir  le  remboursement  de  la  somme  prêtée, 
le  prêteur  a,  outre  les  actions  réelles  qui  peuvent  résul¬ 
ter  à  son  profit  de  la  constitution  d’un  gage  ou  d’une 
hypothèque,  plusieurs  actions  personnelles  à  sa  disposi¬ 
tion.  Il  peut  d’abord,  dans  le  droit  attique,  recourir  à 
l’action  générale,  commune  à  tous  les  contrats,  et  rece¬ 
vable  dans  le  cas  où  ils  n’étaient  pas  exécutés,  à  savoir 
la  Six-/)  ffu|i.êoXatwv  ou  <7uv07]xtov  TrapaSottjewç,  qui  ne  présen¬ 
tait  ici  aucun  caractère  particulier3. 

La  seconde  action  ouverte  au  prêteur,  et  qui  alors, 
comme  l’indique  son  nom,  était  naturellement  indiquée 
en  cas  de  prêt,  c’est  la  oiY/j  ^pswç  4.  Le  prêteur  peut,  en 
troisième  lieu,  exercer  la  StY/j  àcpopjxvjç,  qui  n’est  point 
une  action  générale  en  matière  de  prêt,  mais  qui 
s’applique  à  une  hypothèse  spéciale.  L’à^opg-rç  est  la 
somme  d’argent  fournie  par  un  commanditaire  à  un 
négociant  pour  que  celui-ci  l’emploie  à  son  commerce 
[aphormè].  La  o txvj  àifopgTiç  peut  donc  être  définie  l’action 
intentée  par  un  commanditaire  contre  le  gérant  d’une 
entreprise  commerciale  afin  d’obtenir  la  restitution  de  la 
mise  qu’il  a  versée  dans  le  fonds  social s.  Une  quatrième 
action  ouverte  au  prêteur  est  la  oiY*]  àpyupiou  [argyriou 
dikè].  On  peut  se  demander  enfin  si  le  prêteur  n’a  point 
à  sa  disposition  la  oixt)  pXàëviç.  La  question  est  controver¬ 
sée.  Dans  une  opinion,  on  dit  que  ce  serait  donner  à 
cette  action  une  trop  grande  extension  et  l’on  décide 
qu’en  l’absence  de  circonstances  spéciales  donnant  nais¬ 
sance  à  une  pXaêr)  proprement  dite,  cette  action  reste 
étrangère  aux  relations  naissant  du  contrat  de  prêt. 
Dans  une  autre  opinion,  l’action  pXixê^ç  peut  servir  au 
contraire  à  poursuivre  l’exécution  des  engagements 
naissant  d’un  contrat  et  à  réprimer  leur  violation  6. 

On  n’est  pas  d’accord  non  plus  sur  le  point  de  savoir 
si  les  différentes  actions  qui  compétent  au  prêteur  contre 
l’emprunteur  sont  de  la  compétence  des  thesmotètes  1 
ou  de  celle  des  Quarante  8.  Dans  tous  les  cas,  nous 
savons,  par  le  traité  d’Aristote  nouvellement  découvert 9, 
que  les  Ettjxytoyf-ïî  avaient  pour  mission  d’introduire 
devant  les  tribunaux,  avec  d’autres  affaires  présentant 
un  même  caractère  d’urgence,  les  actions  en  restitution 
d’un  petit  capital  (à<popfjcrç)  emprunté  pour  faire  des 
affaires  sur  le  marché.  L.  Beauchet. 

Droit  romain.  —  Le  mutuum  est  le  prêt  de  consomma¬ 
tion  du  droit  moderne  (Code  civil,  a.  1892  et  suiv.).  C’est 

1  Corp.  inscr.  gr.  sept.  3034.  —  2  Demostb.  C.  Nicostr.  §  10;  cf. 
Beauchet,  t.  IV,  p.  239.  —  3  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  097.  —  4  Voir  supra, 
foenus,  p.  1218.  —  S  Caillemer,  Contrat  de  prêt,  p.  29  ;  Beauchet,  t.  IV,  p.  241. 

—  0  Voir  l'art,  blabès  dikè  et  Beauchet,  t.  IV,  p.  393  sq.  —  7  Voir  en  ce 
sens  Platner,  t.  II,  p.  362;  Meier  et  Schumann,  lrc  éd.  p.  08.  —  8  Eu  ce  sens 
Lipsius,  sur  Meier  et  Schumann,  p.  81  et  697.  —  9  Arist.  Constit.  Ath.  c.  52. 

—  10  Gaius,  2  Aureor.  Dig.  XL1V,  7,  1,  2.  —  H  Plaut.  Trin.  III,  3,  32  ;  Cat. 
De  re  rust.  5,  3;  Paul.  28  ad  Ed.  Dig.  XII,  1,2:  Appellata  est  mutui  dalio  ab 
eo  quod  de  meo  tuum  fit.  —  *2  Plaut.  Trin.  II,  4,  38  ;  Lucil.  ap.  Non.  Marc.  138,  19. 
— 13  Cat.  ap.  Sen.  De  bcnef.  V,  7,  6;  Jul.  ap.  Afric.  4  Ouaest.  Dig.  XVI,  1,  17  pr. 

—  HScn.  De  benef.  VII,  4,  8;  Paul.  2  Sent.  Dig.  XII,  1,  34,  1.  — 15  Gaius,  III,  90. 

—  10 Plaut.  Pers.  1,  1,  5;  Naev.  ap.  A.  Gell.  II,  19,  6;  Pompon.  G  ex  Plaut.  Dig. 


un  contrat  par  lequel  une  personne  transfère  à  une  autre 
la  propriété  d’une  certaine  quantité  de  choses  qui  se  con¬ 
somment  par  le  premier  usage,  à  charge  de  rendre  au 
prêteur,"  à  une  époque  convenue,  une  quantité  équivalente 
de  choses  de  même  qualité  10.  L’acte  du  prêteur  est  dési¬ 
gné  par  l’expression  mutuum  dure  11  ou  facere  12  ;  celui 
de  l’emprunteur  par  l’expression  mutuareyi  ou  mutuum 
sumeren.  Le  mutuum  ne  peut  avoir  pour  objet  que  des 
quantités13,  c’est-à-dire  des  choses  qui,  d'après  les  usages 
du  commerce,  sont  considérées  comme  équivalentes  entre 
elles  malgré  leurs  différences  individuelles  :  de  l’argent16, 
des  denrées  17.  En  cela  le  mutuum  diffère  du  commodat 
ou  prêt  à  usage  qui  a  toujours  pour  objet  un  corps  cer¬ 
tain18  que  l’emprunteur  doit  rendre  in  specie  [commoda- 
tum,  t.  II,  p.  1409]. 

I.  Histoire  du  contrat  de  mutuum.  —  Le  mutuum  n'a 
reçu  le  caractère  de  contrat  qu’à  une  époque  relative¬ 
ment  récente.  Pendant  longtemps,  ce  fut  un  pacte  sans 
valeur  juridique.  C’était  un  bon  office,  un  de  ces  services 
qu’on  se  rend  entre  amis  ,9.  Le  prêteur  s’en  remettait, 
pour  le  remboursement,  à  la  loyauté  de  l’emprunteur  20. 
Aux  derniers  siècles  de  la  République,  le  mutuum  fut 
indirectement  sanctionné  par  application  du  principe 
qu’on  ne  doit  pas  s’enrichir  injustement  aux  dépens 
d’autrui 21.  L’emprunteur,  qui  refusait  de  rembourser  à 
l’échéance,  pouvait  y  être  judiciairement  contraint  au 
moyen  de  l’action  de  la  loi  per  condictionem  introduite 
par  la  loi  Silia  [lex,  p.  1164,  n.  30].  Dans  la  suite,  on  a 
donné  effet  à  la  convention  qui  accompagne  la  remise  de 
la  quantité  prêtée.  Cette  convention  a  été  élevée  au  rang 
de  contrat  :  elle  doit  être  conclue  de  part  et  d’autre  en 
vue  de  faire  naître  une  obligation  de  restituer  dans  des 
conditions  déterminées22. 

Il  y  eut  dès  lors  deux  sortes  de  prêts  de  consomma¬ 
tion  sanctionnés  par  la  loi  romaine  :  le  foenus  et  le 
mutuum  ;  le  premier  résultant  d’un  acte  solennel,  le 
second  se  formant  sans  aucune  solennité  ;  l’un  réservé 
aux  citoyens  romains,  l’autre  accessible  aux  pérégrins; 
le  premier  imposant  à  l’emprunteur  l’obligation  de  paver 
des  intérêts  en  sus  du  capital,  le  second  essentiellement 
gratuit23  [foenus,  p.  1223].  Ces  deux  sortes  de  prêt 
coexistèrent  pendant  un  certain  temps  :  le  foenus  est 
encore  mentionné  sous  le  règne  de  Claude  dans  un 
document  législatif  24.  Mais,  tandis  que  le  foenus  était 
mal  vu 23,  l’opinion  publique  était  favorable  au  mutuum 26 , 
dont  l’usage  cessa  d’être  restreint  aux  rapports  entre 
amis.  Tite-Live  en  cite  un  exemple  de  l’an  535  de  R.  :  les 
Carthaginois  étant  venus  à  Rome  apporter  l’argent  du 
tribut  qui  leur  avait  été  imposé,  les  questeurs  leur 
déclarèrent  que  cet  argent  n’était  pas  de  bon  aloi 
et  qu’il  contenait  un  quart  d’alliage.  Pour  parfaire  la 
différence,  les  envoyés  Carthaginois  durent  emprunter 
de  l’argent  à  titre  de  mutuum 21 .  Si  le  mutuum  n’avait  eu 

XII,  I,  8;  Jul.  7  Disp.,  eod.  18.  —  17  Cic.  De  leg.  agr.  II,  30,  83.  On  peut  même 
prêter  des  poissons  :  Varr.  De  re  rust.  III,  17,  3;  Plin.  Hist.  nat.  IX,  55,  77. 
—  18  Les  choses  qui  se  consomment  parle  premier  usage  ne  peuvent  faire  l’objet 
d’un  commodal  que  si  elles  sont  prêtées  ad  pompam  et  ostentationem  :  Ulp.  28  ad 
Ed.  Dig.  XIII,  5,  3,  0  ;  Gaius,  I  De  verb.  oblig.,  Eod.  tit.  4.  —19  Cat.  De  re  rust. 

4.  —  20  H  y  avait  là  un  creditum  ;  cf.  Ulp.  26  ad  Ed.  Dig.  XII,  I,  1,  1. _ 21  Cf. 

Ed.  Cuq,  Instit.  jurid.  des  Domains,  t.  Il,  p.  492  et  493.  —  22  Paul.  2  Inst. 
Dig.  XLIV,  7,  3,  1.  —  23  Paul.  2  Sent.  Dig.  XX,  2,  8.  —  24  Voir  plus 
haut,  t.  V,  p.  1135,  n.  11.  —  23  Cic.  Pro  Cael.  7,  13.  —  26  Non.  Marc.  439, 
20  :  ffonestius  ( fenore  est)  mutuum,  quod  sub  amico  affectu  fiat  meum  tuum 
usu  temporis  necessarii.  —  27  Ti  t .  Liv.  XXXII,  2:  Pecunia  liomac  mutua 
sumpta. 


MUT 


—  2132  — 


MUT 


à  cette  époque  une  valeur  juridique,  les  Carthaginois 
eussent  difficilement  trouvé  des  capitalistes  romains 
disposés  à  leur  prêter  la  somme  dont  ils  avaient  besoin. 

Pour  rendre  le  mutuum  vraiment  pratique  dans  les 
rapports  d  affaires,  il  fallait  fournir  au  prêteur  le  moyen 
d  obtenir  une  compensation  pour  l'usage  de  son  argent, 
tout  en  évitant  les  abus  auxquels  donnait  lieu  l’emploi 
du  foenus.  La  solution  consista  à  juxtaposer  au  mutuum 
un  contrat  spécial  conférant  au  prêteur  le  droit  d'exiger 
des  intérêts  ( usurae ).  Le  mutuum  était  en  ce  cas  suivi 
d  une  stipulation  ( stipufatio  subjecta  ').  On  dit  alors 
qu’il  y  a  pecunia  foenebris-  ou  foenerata  \  et  non  cjra- 
tuitu  pecunia.  Grâce  à  cette  séparation  de  la  convention 
relative  au  capital  et  du  contrat  relatif  aux  intérêts, 
1  emprunteur  cessa  d’être  à  la  merci  du  prêteur  :  il  fut 
impossible,  par  exemple,  de  convenir  à  l’avance  que  les 
intérêts  non  payés  se  convertiraient  en  capital4.  En 
même  temps  on  rendait  manifeste  ce  fait,  que  la  pro¬ 
messe  d  intérêts  émanait  de  la  libre  volonté  de  l’emprun¬ 
teur  [usurae]. 

Dans  la  suite,  le  principe  de  la  séparation  des  deux 
conventions  n’a  pas  été  rigoureusement  observé  en  pra¬ 
tique,  sinon  en  théorie.  On  a  cherché  à  l’éluder  par  des 
expédients  :  tantôt  on  déduisait  du  capital  le  montant 
des  intérêts  qui  se  trouvaient  ainsi  payés  d’avance  6  ; 
tantôt,  après  avoir  conclu  le  mutuum ,  on  stipulait 
séance  tenante  le  paiement  des  intérêts  et  du  capital  :  la 
stipulation  ayant  un  effet  novatoire,  les  règles  sur  le 
mutuum  cessaient  d’être  applicables 6,  l’unité  de  contrat 
était  obtenue  7.  Cette  conséquence  fut  d’ailleurs  repous¬ 
sée  par  certains  jurisconsultes,  et  l’on  ne  peut  affirmer 
qu’elle  ait  prévalu8.  D’autre  part,  la  loi  elle-même  a 
écarté  le  principe  pour  le  mutuum  de  denrées  :  au  milieu 
du  me  siècle  de  notre  ère,  sous  l'influence  du  droit  péré- 
grin,  un  rescrit  de  l’empereur  Philippe  permit  à  ceux  qui 
empruntent  du  blé  ou  de  l’orge  de  s’engager,  par  un  pacte 
joint  au  mutuum ,  à  rendre  plus  qu’ils  n’ont  reçu  9  [par¬ 
tum].  C’est  seulement  pour  le  mutuum  d’argent  qu’on  a  de 
tout  temps  maintenu  la  règle  qu’on  ne  peut  s’obliger  à 
rendre  une  somme  supérieure  à  celle  qu’on  a  touchée  i0. 

II.  Conditions  requises  pour  la  formation  du  mu¬ 
tuum.  —  Le  mutuum  est  classé  parmi  les  contrats  réels 11  ; 
il  exige  pour  sa  formation  :  1°  un  accord  des  volontés; 
les  parties  doivent  avoir  l’intention  de  faire  naître 
actuellement  l2,  ou  tout  au  moins  sous  condition 13, 
l’obligation  de  restituer;  2°  le  transfert  de  la  propriété 
de  la  quantité  prêtée  u.  Ce  transfert  a  lieu  sans  solen¬ 
nité:  une  simple  tradition  suffit,  car  les  choses  qui  se 
pèsent,  se  comptent  ou  se  mesurent  sont  des  res  nec 
mancipi.  La  propriété  est  donc  acquise  à  l’emprunteur 
dès  qu’il  prend  possession  de  la  quantité  qui  vient  d’être 

1  Marcel  lus,  ap.  Ulp.  29  ad  Ed.  Dig.  XV,  3, 10,  3  ;  Paul.  4  Resp,  Dig.  XXII,  1,  9  pr. 

—  2  Papin.1 1  Resp.  Dig.  XXII,  1,  9  pr.  ;  Paul.  2  Sent.  Dig.  XII, 1,  34,1;  Sev.,  Anton. 
Cod.  Just.  IV,  32,  3.  —  3  Afric.  8  Quaesl.  Dig.  XIX,  5,  24.  —  4  Marrfan.  14  Inst. 
Dig.  XXII,  1,  29.  —  5Scaev.  28  Dig.  Dig.  XLV,1,  122  pr.;Ulp.  76  ad  Ed.  Dig.  XLIV. 
4,  2,  6.  —  6  Pompon.  24  ad  Sab.  Dig.  XLVI,  2,  7.  —  7  Ulp.  26  ad  Sali.  Dig.  XII, 
6,  1. —  8  Au  milieu  du  ni'  siècle,  Modestin  affirme  que  l’obligaliou  se  forme  re  et 
verbis  (2  Rcg.  Dig.  XLIV,  7,  52  pr.);  cf.  Éd.  Cuq,  Instit.  jurid.  t.  II,  p.  374,  n.  2. 

—  9  Cod.  Just.  IV,  32,  23.  —  10  Paul.  3  ad  Ed.  Dig.  II,  14,  17  pt\.  Cette  règle  n'est 
pas  contredite  par  un  autre  fragment  de  Paul  (cité  à  la  note  23,  p.  2131)  qui,  en  cas 
de  prêt  sans  intérêt,  permet  au  créancier  de  retenir  les  fruits  de  la  chose  qui  lui  a 
été  remise  en  gage,  jusqu’à  concurrence  d'une  somme  égale  au  taux  légal  des  inté¬ 
rêts.  Ce  texte  doit  s’entendre,  comme  l'a  proposé  D.  Godefroy,  du  cas  où  l’emprun¬ 
teur  esten  demeure.  —  U  Gaius,  III,  90.  —  12  Cels.  5  Dig.  Dig.  XII,  I,  32  ;  Paul.  2 
Inst.  Dig.  XLIV,  7,  3,  1.  —  13  Ulp.  26  ad  Ed.  Dig.  XII,  1,  7  ;  Pompon.  6  ex  Plaul. 
Eod.  tit.  8.  —  14  Inst.  Il,  8;  2.  —  13  Paul,  28  ad  Ed.  Dig.  XII,  I,  2,  4.  —  13  Inst. 


pesée,  comptée  ou  mesurée.  Mais  il  faut  pour  cela  que  le 
prêteur  soit  lui-même  propriétaire  des  choses  qu’il  a 
livrées,  sinon  il  n’y  aura  pas  mutuum'*.  L’emprunteur 
pourra  être  évincé  par  le  propriétaire  si  les  choses  n’ont 
pas  été  consommées  ;  dans  le  cas  contraire,  il  sera  pour- 
su  ivi  par  lui  comme  s’étant  enrichi  i  nj ustement  aux  dépens 
d’autrui.  Alors  même  que  le  propriétaire  ne  réclamerait 
pas,  le  prêteur  qui  s’aperçoit  de  son  erreur  pourra  exiger 
la  restitution  de  ce  qu’il  a  livré  en  se  fondant,  non  pas  sur 
le  mutuum  puisqu’il  est  nul,  mais  sur  l’enrichissement 
sans  cause  de  l’emprunteur  18. 

La  formation  du  mutuum  a  été  facilitée  par  un  cer¬ 
tain  nombre  de  règles  introduites  par  la  jurisprudence 
classique  :  1°  Anciennement,  il  était  nécessaire  que  la 
livraison  fût  faite  par  le  prêteur  lui-même  17  ;  mais  au 
second  siècle  de  notre  ère'8,  lorsqu’on  eut  admis  qu’on 
pourrait  transmettre  ou  acquérir  la  possession  par  l’in¬ 
termédiaire  d’autrui  [possessio],  on  put  faire  un  prêt  pour 
le  compte  d’autrui  *9.  Cette  manière  de  prêter  devint  d’un 
usage  journalier:  celui  qui  voulait  faire  un  prêt  priait 
son  banquier  de  compter  l’argent  en  son  nom  à  l’emprun¬ 
teur  20.  —  2°  On  peut  remettre  à  l’emprunteur  une  mar¬ 
chandise  pour  la  vendre,  en  l’autorisant  à  garder  le  prix 
de  vente  à  titre  de  prêt2'.  —  3°  On  peut  aussi  remettre 
des  objets  pour  un  prix  déterminé  et  convenir  que  le 
prix  d’estimation  sera  considéré  comme  argent  prêté22. 

—  4°  On  peut  convenir  avec  un  débiteur  que  l’argent 
qu’il  détient  à  titre  de  dépôt  ou  de  mandat,  lui  sera 
laissé  à  titre  de  prêt23.  Il  suffit  même  de  déléguer  une 
créance  à  l’emprunteur,  ou  de  s’obliger  envers  un  tiers 
délégué  par  lui.  La  délégation  équivaut  à  la  remise  de 
l’argent24. 

Le  mutuum  exige  pour  sa  formation  une  troisième 
condition  :  la  capacité  des  parties  contractantes.  Le  prê¬ 
teur  doit  être  capable  d’aliéner,  l’emprunteur  capable  de 
s’obliger  d’après  le  droit  commun.  Par  exception,  il  est 
interdit  aux  gouverneurs  des  provinces  de  faire  un 
prêt23  ;  aux  fils  de  famille  d’emprunter  de  l’argent.  Cette 
dernière  prohibition,  qui  n’avait  pas  déraison  d’être  à 
l’époque  antique  où  les  fils  de  famille  étaient  incapables 
de  contracter,  a  été  introduite  par  la  loi  Claudia  de 
l’an  47,  pour  les  emprunts  remboursables  à  la  mort  du 
père  [lex  Claudia,  p.  1133,  n.  11].  Sous  Vespasien, 
cette  prohibition  a  été  généralisée  par  le  sénatus-con- 
sulte  Macédonien  et  appliquée  à  tout  emprunt  contracté 
par  un  fils  de  famille,  quelle  qu’en  soit  l’échéance26.  Le 
mutuum  d’argent  conclu  au  mépris  du  sénatus-con- 
sulte  n’est  pas  nul  de  plein  droit:  il  donne  naissance  à 
une  obligation  naturelle21,  il  peut  être  validé  parla  ratifi¬ 
cation  du  père  de  famille28;  mais  le  magistrat  refusera 
d’accueillir  la  demande  en  remboursement  qui  serait 

11,  8,  2;  Jul.  10  Dig.  Dig.  XII,  i,  19,  I.  —  U  Paul,  28  ad  Ed.  Eod.  tit.  2,  3  : 
Mutuum  esse  non  potest  nisi  pi'oficiscatur  pecunia .  —  18  Cf.  Ed.  Cuq,  Distit. 
jurid.  t.  II,  p.  213.  —  19  Sur  les  effets  du  mutuum  ainsi  conclu,  voir  Gcrardin, 
De  la  représentation  dans  le  mutuum ,  Nouv.rev.  histor.  de  droit,  1900,  t.  XXIV. 

—  20  Arisl.,  Jul.  ap.  Ulp.  26  ad  Ed.  Dig.  XII,  1,  9,  8.  —  21  Ulp.  Eod.  lit.  11  pf. 

—  22  Diocl.  Cod.  Just.  IV,  2,  8.  -  23  Ulp.  26  ad  Ed,  Dig.  XII,  1,  9,  9;  Jul.  ap. 
Afric.  8  Ouaest.  Dig.  XVII,  1,  34.  —  21  Cels.  5  Dig.  Dig.  XII,  1,  32;  Papin.  3  Resp. 
Dig.  XIV,  3,  19,  3.  —  23  Modesl.  10  Pandecl.  Dig.  XII,  1,  33,  —  20  Ulp.  29  ad  Ed. 
Dig.  XIV,  6,  1  pr.  ;  Suet.  Vespi  11;  cf.  Iliibner,  Ad  Sen.  cons.  Macedo 
nianum,  1798  ;  Lobcnstern,  De  Sen.  cons.  Afacedoniano,  1828;  Riedel,  Ad 
Sen.  cons.  Macedonianum,  1861  ;  Dückcrs,  De  Sen.  cons.  Macedoniano, 
1866;  Maudry,  Das  gemeine  Eamiliengûterreeht,  1871,  t.  I,  p.  431;  Ed. 
Cuq,  Distit.  jurid.  t.  II,  p.  388-389.  —  27  Paul.  30  ad  Ed.  Dig.  XIV,  6,  10, 
Marcell.  ap.  Ulp.  30  ad  Ed.  Dig.  XII,  1,  14.  —  28  Ulp,  29  ad  Ed.  Dig.  Xl\,  6,  ,, 
§§  Il  et  15. 


MUT 


—  2133  — 


MYS 


formée  par  le  prêteur  ;  ou,  s’il  y  a  doute  sur  la  contra¬ 
vention,  il  permettra  au  fils  de  famille  d’opposer  l’excep¬ 
tion  senatus  consulti  Macedoniani  pour  que  le  juge  exa¬ 
mine  si  le  sénatus-consulte  a  été  violé1  [senatus  CONSUL¬ 
TAI,  EXCEPTIO]. 

III.  Obligation  résultant  du  mutuum.  —  Le  mutuum 
est  un  contrat  unilatéral  ;  il  donne  naissance  à  une  obli¬ 
gation  unique  à  la  charge  de  l’emprunteur:  rendre,  à 
l’époque  convenue,  une  quantité  équivalente  à  celle  qu’il 
a  reçue.  Cette  quantité  doit  être  composée  de  choses  du 
même  genre  et  de  la  même  qualité2.  L’obligation  de 
rendre  subsiste,  même  si  la  quantité  prêtée  a  péri  par  cas 
fortuit  chez  l’emprunteur3.  ' 

IV.  Preuve  du  mutuum.  —  Cette  preuve  se  fait  de 
plusieurs  manières  :  soit  par  témoins,  soit  par  écrit. 
L’écrit  peut  être  porté  sur  le  registre  du  créancier  ( expen - 
silatio)  ou  de  son  banquier  qui  a  compté  l’argent  à  sa 
place  (mensae  ratio)  *.  Pour  plus  de  sécurité,  on  le  faisait 
enregistrer  sur  les  livres  d’un  ou  de  plusieurs  amis  5  ou 
de  pararii6  ;  ou  bien  l’on  exigeait  des  témoins  qui 
apposaient  leur  sceau  sur  l’écrit  ( signatores )  \  Sous 
l’Empire,  l’usage  d’un  écrit  signé  par  l'emprunteur  ( eau - 
tio,  chirographum)  et  revêtu  de  son  sceau  était  très 
répandu8.  Surtout  pour  les  prêts  d  argent,  le  prêteur 
exigeait  la  remise  préalable  du  reçu  ;  de  là  un  abus  pos¬ 
sible  lorsque  le  prêteur  ou  son  banquier  refusait  de 
compter  l’argent  au  signataire  du  billet.  Celui-ci  pouvait 
sans  doute  se  défendre  contre  la  poursuite  du  porteur  du 
billet  en  prouvant  qu’il  n’avait  pas  reçu  l’argent  (excep¬ 
tion  non  numeratae pecuniae)9 ,  ou  même  se  faire  resti¬ 
tuer  son  billet  en  prouvant  que  l’engagement  était  sans 
cause10.  Mais  cette  preuve  était  parfois  bien  difficile 
lorsqu’il  ne  pouvait  invoquer  les  livres  du  banquier11 
et,  dans  le  cas  où  il  ne  réussissait  pas  a  la  fournir,  il 
restait  lié  par  sa  signature.  Antonin  Caracalla  jugea 
utile  de  modifier  ici  les  règles  ordinaires  en  matière  de 
preuve12  :  il  imposa  au  porteur  du  billet  l’obligation  de 
prouver  que  l’argent  avait  été  compté13  [chirographum, 
t.  II,  p.  1103].  Pour  bénéficier  de  cette  dérogation  au 
droit  commun,  il  faut  que  l’exception  non  numeratae 
pecuniae  soit  invoquée  dans  1  année  1  * ,  mais  le  signataiie 
du  billet  peut  se  ménager  la  faculté  d’opposer  en  tout 
temps  cette  exception  en  adressant  une  protestation  au 
magistrat.  Dans  l’un  et  l’autre  cas,  il  y  a  querela  non 
numeratae  pecuniae.  Le  délai  d’un  an  accordé  au  débiteur 
a  été  élevé  à  cinq  ans  par  Dioclétien15,  puis  réduit  à 
deux  ans  par  Justinien16.  Si  la  querela  est  reconnue 
mal  fondée,  la  Novelle  XVIII  (cap.  8)  édicte  la  peine  du 
double  contre  le  plaideur  téméraire. 

V.  Sanction  du  mutuum.  —  Le  mutuum  est  un  con¬ 
trat  de  droit  strict  :  il  est  sanctionné,  à  l’époque  clas- 

l  Ulp.  Eod.  tit.  7,  §  10  ;  9,  §3.-2  Pompon.  27  ad  Sab.  Dig.  XII,  1,3-3  Gaius, 

2  Aur.  Dig.  XLIV,  7,  1,  4.  —  4  Aul.  Gell.XJV,2,  7  ;  cf.  Donal.  in  Terent.  Phorm.  V, 
8,  29,  cl  les  papyrus  gréco-égyptiens [Corp.  papyr.  Rainer.  I,  la).  °  Ilor.  Sat.  II, 

3  09  :  Scribe  decem  a  Nerio...  Adde  Cicatae  nodosi  tabulai  centum.  —  6  Sen.  De, 

‘  b'enef.  III,  la  :  Hle  per  tabulas  plurium  nomina  interpositis  parariis  facit. 

—  7  Ibid.  Il,  23.  —  8  Nombreux  exemples  dans  les  quittances  du  banquier  de 
Pompéi,  I,.  Caecilius  Jucundus;  cf.  Zangmeister,  Corp.  inscr.  lat.  suppl.  au  vol.  IV, 
p.  278;  Erman,  Zeitschrift  der.Samgny-Stiftu.ng,  R.-A.,  1899,  t.  XX,  p.  186. 
J  9  ulp.  76  ad  Ed.  Dig.  XUV,  4,  4,  §  16  ;  7  Disput.  Dig.  XVII,  1 , 29  pr.  —  10  Alex. 
Scv.  Cod.  Just.  IV,  30,  7;  Gord.  II,  6,  4;  Diocl.  IV,  9,  4.  —  U  Paul.  3  ad  Ed.  Dig. 
Il,  13,9,  3;  cf.  Mitteis,  Trapezitika ,  1899.  —  12  Cf.  Henry  Mounier,  Études  de 
droit  byzantin,  t.  II,  1901,  p.  77.  —  «  Cod.  Just.  IV,  30,  3.  —  H  Anton.  C.arac. 
Cod.  Just.  IV,  30,  4;  Alex.  Sev.  IV,  30,  8.  —  13  Cod.  Bermog.  1.  —  16  Cod.  Just. 
IV,  30,  14.  —  n  Gaius,  IV,  41,  49  et  50.  —  l»  Ulp.  27  ad  Ed.  Dig.  XIII,  3,  1  pr.  ; 
fc.'sur  l’interpolation  de  ce  texte,  Lenel,  Essai  de  reconstitution  de  l'Édit  perpé- 

VI. 


sique,  par  l’action  certae  pecuniae  creditae  ,  ou  par  la 
condictio  certae  rciltriticaria),  suivant  qu’il .a  pour  objet 
de  l’argent  ou  des  denrées18.  La  sanction  du  prt  t 
d’argent  est  particulièrement  rigoureuse  :  1°  le  deman¬ 
deur,  qui  réclame  plus  qu’il  ne  lui  est  dû,  perd  son  pio- 
cès  ;  il  est  déchu  de  son  droit19  [pluspetitio]  ;  2°  le  juge 
ne  peut  modifier  le  chiffre  de  la  condamnation  fixé  dans 
la  formule  20  ;  3°  le  défendeur  qui  conteste  la  dette  peut 
engager  avec  son  adversaire  un  pari  du  tiers  (sponsio  et 
restipulatio  tertiae  partis)  :  si  le  demandeur  perd  son 
procès,  il  paie  au  défendeur  un  tiers  de  la  somme  recla¬ 
mée,  à  titre  de  dommages-intérêts;  s’il  obtient  gain  de 
cause,  le  défendeur  est  condamné  à  payer  un  tiers  en  sim 
de  la  somme  due21  ;  4°  d’après  la  loi  Rubria  [cap.  xxi, 
lex,  p.  1162,  n.  44],  celui  qui  ne  répond  pas  in  jure  à 
une  action  tendant  à  payer  une  certa  crédita  pecunia , 
ou  qui  ne  se  défend  pas  [sponsione  judicioque)  est  traité 
comme  un  judicatus:  il  est  tenu  pour  condamné  et  peut 
être  emmené  par  le  demandeur  dans  sa  prison  privée, 
sur  l’ordre  du  magistrat  ;  5°  le  demandeur  peut  déférer 
au  défendeur  le  serment  nécessaire  [jusjurandum,  p.  ‘  4, 
n.  1].  Édouard  Guq. 

MYOPARON  [paron]. 

MYRIOI.  —  Nom  de  l’assemblée  fédérale  de  la  Ligue 
Arcadienne  [arcadicum  foedus,  p.  366-307  . 

MYRRHA  [SACRIFICIUM,  UNGUENTA,  VINUm]. 

MYSIA  (Môffia).  —  Fête  célébrée  par  les  habitants  de 
Pelléné  en  Achaie,  dans  le  Mûd-ov,  enceinte  consacrée 
à  Déméter  Mysia.  Pausanias  1  dit  que  ce  nom  provient 
de  celui  de  Mysios,  qui  avait  donné  l’hospitalité  à  la 
déesse,  près  d’Argos  [ceres,  p.  1025,  n.  131].  Le  même 
auteur  nous  apprend2  que  la  fête  durait  sept  jours;  les 
hommes  y  assistaient  les  deux  premiers  jours,  puis 
laissaient  seules  les  femmes  qui,  pendant  la  nuit,  accom¬ 
plissaient  certains  rites.  Alors  aucun  être  mâle,  pas 
même  un  chien,  dit  le  périégète,  ne  devait  rester  dans 
l’enceinte  sacrée.  Le  quatrième  jour,  les  hommes  et 
les  femmes  se  réunissaient  de  nouveau,  et  en  s’abordant 
ils  s’accablaient  mutuellement  de  railleries,  trait  qu’on 
retrouve  dans  d’autres  fêtes  [gepuyrismoi].  IIunziker. 

MYSTERIA.  —  A  côté  des  cérémonies  et  des  fêtes  de 
la  religion  publique,  il  y  avait  des  cérémonies  et  des 
fêtes  d’une  forme  secrète,  les  Mystères,  qui  exigeaient 
une  préparation  spéciale,  une  initiation,  et  compor¬ 
taient  des  révélations  particulières  avec  l'obligation  du 
secret.  L’histoire  des  Mystères  est  un  des  chapitres  les 
plus  obscurs  de  la  religion  grecque.  Le  secret  a  été 
bien  gardé1.  Nous  sommes  réduits  sur  la  plupart  des 
points  à  des  conjectures  et  nous  n’avons  de  renseigne¬ 
ments  étendus  que  pour  les  Mystères  de  Déméter  à 
Eleusis,  des  Cabires  à  Samothrace,  et  d'Isis. 

tuel,  trad.  Pcltier,  l.  I,  1901,  p.  269.  —  19  Cf.  Éd.  Cuq,  Instit.  jurid.  t.  II., 
p.  743,  n.  3.  —  20  Gaius,  IV,  52.  —  21  Cf.  Éd.  Cuq,  Op.  cit.  t.  I,  p.  609. 
—  Bibliographie.  Huscbke,  Die  Lehre  d-s  rômischen  Rechts  vom  Darlehn , 
1882;  Ortolan  et  J.-E.  Labbé,  Explication  historique  des  Instituts  de  Jus¬ 
tinien,  12»  éd.  1884,  t.  III,  p.  138;  Accarias,  Précis  de  droit  romain ,  4»  éd.  1891, 
t.  II,  p.  230 ;  Morilz  Voigt,  Rômische  Rechtsgeschichte,  1892-1902,  t.  I,  p.  616; 
t.  II,  p.  899;  Karlowa,  Itômische  Rechtsgeschichte,  t.  II,  1893,  p.  591;  HvJ 
Roby,  Roman  Private  Law  in  the  times  of  Cicero  and  of  the  Antonines,  1902 
l.  II,  p.  66;  Éd.  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  des  Romains,  1891-1902,  l.  I, 
p.  630;  t.  U,  p.  381. 

MYSIA.  l  H,  18,  3.  —  2  VII,  27,  9;  cf.  Cornut.  De  nat.  deor.  28,  et  Osann. 
Ad  h.  I. 

MYSTERIA.  l  On  peut  se  demander  quels  renseignements  il  y  avait  dans  les 
livres  qu’auraient  écrits  sur  les  Mystères  Cléantlic,  Mélanlhios,  Icesius,  Demetrius 
de  Scepsis,  Sotadès  d’Athènes,  Arignote  de  Samos. 


268 


MYS 


—  2134  — 


MYS 


I.  Caractères  généraux.  —  Les  rapports  des  peuples 
primitifs  avec  la  divinité  se  présentent,  en  général,  sous 
deux  formes  principales,  selon  que  la  divinité  est  conçue 
comme  un  être  fini,  voisin  et  parent  de  l’homme,  ou 
comme  un  être  infini,  redoutable  A  la  première  forme 
correspondent  la  religion  simple,  la  mythologie  épique 
avec  son  monde  déterminé  de  dieux  et  de  héros,  les 
représentations  anthropomorphiques,  les  rites  précis, 
un  état  desprit  calme;  à  la  deuxième  la  religion 
mystique,  la  conception  plus  ou  moins  panthéiste  des 
dieux  comme  forces  naturelles,  les  représentations  allé¬ 
goriques  de  leur  passion ,  les  attributs  symboliques, 
1  exaltation  de  1  âme.  Les  Mystères  ne  sont  donc  pas  un 
accident,  mais  une  forme  générale  et  nécessaire  de  la  vie 
religieuse.  Historiquement,  ils  se  sont  développés  plus 
rapidement  chez  les  peuples  orientaux,  phrygiens, 
lydiens,  thraces  et  dans  la  race  dite  pélasgique  que 
chez  les  peuples  grecs,  romains  et  germains  primitifs  : 
mais,  même  chez  ces  derniers,  ils  devaient  nécessai¬ 
rement  apparaître  avec  le  développement  de  la  pensée 
religieuse  et  philosophique. 

IL  Origines.  —  Les  Mystères  ne  sont  donc  ni  d'an¬ 
ciennes  incantations,  analogues  à  celles  des  peuples 
sauvages,  destinées,  par  exemple  à  Eleusis,  à  faire 
obtenir  de  bonnes  récoltes;  ni  d’anciens  cultes  locaux 
qui  seraient  devenus,  à  l’époque  historique,  l’apanage  de 
familles  sacerdotales  et  qui  auraient  imposé  aux  étran¬ 
gers  des  formalités  d’initiation2. 

La  nécessité  d’un  enseignement  préalable  s’explique 
naturellement  par  le  caractère  de  la  religion  à  laquelle 
correspondent  les  Mystères.  Comment  s’expliquer  l’obli¬ 
gation  du  secret,  maintenue,  par  exemple  à  Eleusis, 
jusqu’à  une  époque  où  presque  tous  étaient  initiés  et  où 
il  n’y  avait  plus  rien  à  cacher?  Est-ce  parce  que  chaque 
ville  avait  ses  dieux  protecteurs,  qu’elle  devait  cacher 
aux  étrangers,  qu’il  fallait  préserver  de  tout  dégât,  de 
tout  enlèvement,  et  qu’ainsi  beaucoup  de  temples  ne 
s’ouvraient  qu’une  fois  par  an  ou,  en  général,  aux  seuls 
prêtres  parce  qu’ils  renfermaient  des  Palladia  de  ce 
genre3?  Mais  on  a  fait  remarquer  justement  que  ce 
genre  de  secret  était  plus  exclusif  que  mystérieux,  qu’il 
ne  tenait  qu’à  des  raisons  politiques  et  qu’à  l’époque 
historique  tous  les  cultes  auraient  dû  devenir  mystérieux, 
puisqu'ils  avaient  tous  eu,  à  l’époque  primitive,  ce  carac¬ 
tère  local  et  exclusif.  Il  ne  faut  pas  attacher  plus  d'im¬ 
portance  aux  raisons  locales  ou  fondées  sur  le  caractère 
d’un  culte  qui  excluaient  du  sanctuaire  ou  de  certains 
actes  religieux  telle  ou  telle  catégorie  de  personnes,  par 
exemple  du  temple  de  Leukothéa  à  Chéronée  les  esclaves 
et  les  Ëtoliens,  de  celui  d’Athéna  sur  l’Acropole  d’Athè¬ 
nes  les  Doriens,  de  celui  d’Héra  à  Argos  et  à  Amorgos 
les  étrangers4.  Nous  rejetons  également  l’hypothèse3 
que  d’anciens  cultes  des  Pélasges  seraient  devenus 
mystérieux  parce  que  ces  peuples  vaincus  et  asservis 
auraient  continué  à  les  pratiquer  en  secret.  L’hypothèse 

1  Voir  Preller,  Mysteria  ( Pauhj's  Real-Encycl.),  p.  334.  —  2  Théories  de  Lobeck, 
A  glaophamus,  p.  270;  Goblet  d’Alviclla,  De  quelques  problèmes  relatifs  aux  Mys¬ 
tères  d' Eleusis  {Rrv.de  l'hist.  des  relig.  XLVI,  p.  173-203).  — 3  Herod.  6,  134-135  ; 
Dem.  59,  76;  Plut.  Cleom.  8;  Paus.  9,  16,4;  9,25,3;  6,  19,1;  Pliil.  Enarrat.  in 
Cant.  Cant.  p.  722,  Minuc.  Félix.  Octav.  24,  266;  Lyd.  De  ostent.  7,  p.  24.  Voir 
Lobeck,  L.  c.  p.  270-282.  —  4  Herod.  5,  72;  6,  81;  Plut.  Qu.  rom.  16;  Pans.  3,  20, 
3;  3,  22,  7  ;  Ath.  Mitth.  1,  p.  3  42.  Autres  cas  analogues:  Plut.  Qu.gr .  40;  Paus.  7, 
5,  8;  Cic.  Verr.  4,  45,  100.  — 5  Ottf.  Muller,  Eleusinia  (Allgem.  Encyclop .);  Bloch, 
Hora  und.  Demeler  (Roscher,  Lexik,  der  griech.  und  rom.  Myt/iol.  p.  1337-1338). 


la  plus  probable  est  celle  de  Preller6:  l’obligation  du 
secret  découle  de  la  sainteté  même  des  rites.  Le  silence 
est  nécessaire  dans  la  cérémonie7,  comme  marque 
d’attention  ;  il  est  encore  nécessaire  après  la  cérémonie, 
parce  qu’on  ne  doit  pas  profaner  les  choses  saintes  en 
les  répétant,  en  les  imitant  en  dehors  de  l’initiation. 

Ottfried  Muller8  a  démontré  que  c’était  dans  le  culte 
des  divinités  clithoniennes  et  productrices,  essentiel¬ 
lement  pélasgiques,  qu’avaient  dû  se  développer  le  plus 
particulièrement  et  le  plus  tôt  les  rites  mystiques.  Mais 
il  a  tiré  de  ce  principe  juste  des  conséquences  exagérées 
en  considérant  comme  chthoniennes  toutes  les  divinités 
pour  lesquelles  il  y  a  eu  des  ^Mystères.  Si  Déméter  et  le 
Dionysos  primitif,  celui  des  plus  anciennes  fêtes  triété- 
riques,  ont  eu  ce  caractère,  nous  ne  savons  pas  exac¬ 
tement  quel  était  celui  du  Zeus  crétois  dont  les  Mystères 
passaient  pour  très  anciens9. 

L’apparition  des  rites  mystiques  remonte  probable¬ 
ment  à  une  très  haute  antiquité,  à  l’époque  même  de 
l’établissement  des  tribus  grecques  dans  la  Grèce.  Si 
l’époque  homérique  les  passe  presque  entièrement  sous 
silence,  c’est  sans  doute  parce  que  les  rhapsodes  ont 
compris  que  l’élément  héroïque  s’accommode  mal  de 
l’élément  mystique;  d’ailleurs  les  rites  de  l’évocation 
des  morts  par  Ulysse  et  les  épithètes  que  porte  Dio¬ 
nysos  10  laissent  voir  que  l’épopée  suppose  déjà  les  plus 
importants  des  dogmes  et  des  mythes  des  Mystères  11 . 

III.  Développement  historique  et  influences  étran¬ 
gères.  —  Comme  le  montrent  les  Mystères  de  l’Asie 
Mineure  et  de  la  Phrygie,  nés  du  fonds  de  traditions 
religieuses  commun  à  ces  peuples  et  aux  Grecs,  les 
cultes  pélasgiques  pouvaient  spontanément  donner  nais¬ 
sance  aux  Mystères  grecs.  Mais  cependant  il  faut  faire 
ici  une  large  part  aux  influences  étrangères,  même  pour 
l’époque  primitive.  On  a  mis  hors  de  doute  l’influence 
de  la  Thrace  pour  les  Mystères  de  Dionysos  [Baccuus, 
dionysia].  Celle  de  l’Égypte  pour  Déméter  est  également 
certaine.  C’est  à  tort  qu’on12  a  souvent  rejeté  sur  ce 
point  les  assertions  unanimes  des  auteurs  grecs13,  en 
prétendant  qu’ils  avaient  été  trompés  par  des  analogies 
superficielles,  par  les  assertions  mensongères,  les  rap¬ 
prochements  arbitraires  des  prêtres  égyptiens.  Les 
témoignages  qu’on  a  sur  la  marine  égyptienne  pour  la 
sixième  dynastie,  surtout  pour  Thoutmès  III,  sur  l’exis¬ 
tence  d’un  empire  égyptien  dans  le  bassin  de  la  mer 
Égée  du  xvnc  au  xinc  siècle,  les  découvertes  d’objets 
égyptiens  dans  la  tombe  dite  de  Minyas  à  Orchomène, 
dans  celles  de  Mycènes,  dans  une  nécropole  d’Eleusis 
antérieure  au  vme  siècle14,  et  surtout  les  découvertes 
récentes  faites  à  Cnossoslàen  Crète  ont  confirmé  les 
textes  classiques  et  prouvé  que  l’Égypte  a  été  en  rap¬ 
ports  directs  avec  la  Grèce  au  moins  dès  le  xvi°  siècle. 
Ce  n’est  donc  pas  sans  raison  que  les  Grecs  ont  assi¬ 
milé  Déméter  et  Dionysos  avec  Isis  et  Oisiris.  Isis  et 
Déméter  sont  toutes  les  deux  des  déesses  de  l’agriculture 

—  6  Preller,  L.  c.  —  7  Philostr.  Vit.  soph.  1,  15,  17.  —  8  L.  c.  —  8  üiodor.  5,  <7. 

—  10  II.  G,  130.  —  U  C'esl  aussi  l'opinion  de  Gruppe,  Orpheus ,  p.  1073  (Roscher, 
L.c.).  —  12  Lobeck,  L.  c.  p.  1102;  Maury.  Hist.  des  religions  de  la  Grèce ,  2, 
p.  303.  —  13  Diod.  I,  29,  97;  4,  25,  I  ;  Herod.  2,  40-49,  171.  —  U  Voir  Foucart. 
Uech.  sur  l'origine  et  la  nature  des  myst.  d’Eleusis  (I),  p.  11-12;  Les  grands 
myst.  d’Eleusis,  personnel,  cérémonies  (II),  p.  148-155;  ’Eyrm.  &j/..  1898,  p.  30- 
122,  pl.  ii-vi.  M.  Foucart  indique  en  outre  la  ressemblance  entre  le  lac  sacré  de  Délos 
et  les  étangs  sacrés  des  temples  égyptiens.  —  13  Voir  Wolters,  Jahrb.  des  arch. 
Inst.  1900,  Anzeig.  p.  141-151  ;  Evans,  dans  Annual  Brit.  sch.  AI  liens,  t  .VII  à  VIII. 


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et  de  la  civilisation1.  11  y  a  une  ressemblance  étroite 
entre  la  mission  de  Triptolème  et  celle  d’Osiris2.  Osiris 
est  aussi,  en  Égypte,  le  roi  des  Enfers3.  Nous  savons, 
d’autre  part,  que  la  religion  d’Isis  avait,  en  Égypte,  des 
représentations  sacrées  de  l’histoire  de  la  déesse,  que 
ne  connaissaient  pas  les  profanes  et  que  les  initiés  ne 
devaient  pas  révéler4 S *,  et  que  l’initiation  garantissait  le 
bonheur  dans  l’autre  monde  s.  Certains  rites  grecs,  la 
nécessité  pour  l’hiérophante  d’avoir  une  voix  juste, 
pour  les  mystes  d’avoir  une  voix  intelligible,  l’obli¬ 
gation  de  ne  révéler  qu’aux  initiés  le  nom  vériLable  des 
dieux  des  Mystères  paraissent  également  s’expliquer  par 
des  croyances  égyptiennes fi. 

On  a  répondu  victorieusement 7  à  l’objection  que 
chez  les  Égyptiens  il  y  a  le  couple  Isis  et  Osiris,  tandis 
que  chez  les  Grecs  Osiris  a  disparu  et  n’a  été  remplacé 
que  plus  tard  par  Dionysos  :  le  culte  classique  d’Éleusis 
a  caché  le  culte  plus  ancien  d’une  divinité  chthonienne, 
mâle  et  femelle,  appelée  «  le  dieu  et  la  déesse  »,  b  Oebç  xa't  vj 
6eâ,  qui  figure  sur  une  inscription  du  ve  siècle  av.  J.-C. 
à  côté  de  Déméter,  Coré,  Triptolème  et  Eubouleus  8,  sur 
des  bas-reliefs  où  le  dieu  s’appelle  Pluton9;  elle  a 
encore  un  prêtre  à  l’époque  d'Hadrien  10,  et  le  culte  de 
Pluton  a  été  restauré  sous  l’administration  de  l'ora¬ 
teur  Lycurgue.  Dans  l’Attique,  le  dieu  mâle,  que  le 
dieu  des  Enfers  Aidoneus  représente  encore  dans 
l'hymne  homérique  à  Déméter,  a  été  démembré  de 
bonne  heure  en  héros  Triptolemos  et  Eubouleus,  syno¬ 
nyme  de  Pluton,  et  la  déesse  s’est  décomposée  en  deux 
déesses,  Déméter  et  Coré,  dont  le  rôle  est  devenu  prépon¬ 
dérant.  Nous  constatons  la  même  évolution  dans  les  îles 
où  le  culte  primitif  s’est  souvent  mieux  conservé.  A 
Myconos11  on  trouve,  d’une  part,  Zeus  Chthonios  et  Gè 
Chlhonia,  de  l’autre  Déméter,  Coré  et  Zeus  Bouleus;  à 
Paros,  où  Hérodote  appelle  Déméter  une  divinité  chtho¬ 
nienne,  on  trouve  Déméter,  Coré,  Zeus  Eubouleus12. 
Amorgos,  Délos,  Cnide  possèdent  la  même  triade  13;  à 
Hermione  et  Asine,  la  vieille  divinité  tellurique  dont  on 
célèbre  encore  très  tard  la  fête,  les  yôovta,  a  formé  aussi 
une  Déméter  Chthonia,  une  Coré  et  un  dieu  infernal, 
Clymenos  14. 

A  quel  moment  la  divinité  primitive  a-t-elle  subi  la 
transformation  et  les  dédoublements  qu’on  vient  de 
voir  et  reçu  la  légende  de  Déméter  et  de  Coré?  On  peut 
remonter  jusqu’à  l’époque  probable  de  la  fondation  des 
colonies  ioniennes  de  l'Asie  Mineure  et  de  l’Archipel, 
jusqu’au  xie  siècle.  C’est  vraisemblablement  par  les  fon¬ 
dateurs  de  ces  colonies  que  la  triade  dite  éleusinienne, 
de  Déméter,  de  Coré  et  de  Zeus  Eubouleus,  a  éLé  importée 
dans  les  Cyclades,  et  ailleurs,  ainsi  à  Ëphèse  et  à 
Milet15.  Elle  s’est  propagée  rapidement  aussi  dans  les 

1  A  l’époque  postérieure  les  prêtres  révèlent  aux  mystes  le  caractère 
tellurique  d' Isis  (Heliodor.  9,  9,  362);  cf.  Lactanl.  Inst.  1,  21.  —  2  plut. 
De  Is.  et  Os.  13;  Diod.  1,  14,  19-23;  Serv.  Georg.  1,  19.  —  3  Herod.  21,  2  3. 
—  4  Herod.  2,  171  ;  Plut.  De  Is.  et  Os.  27;  Jamblich.  De  myster.  Aegypt 
6,  3;  Philosophoumen.  5,  7;  Paus.  10,  32,  9.  —  3  Voir  Maspero,  Études 
de  myth.  et  d’arch.  égypt.  II,  p.  14.  —  6  Paus.  8,  38;  Herod.  2,  61,  170-171. 

Voir  Foucart,  I,  p.  29-38.  La  mention  de  la  barque  ( Corp .  inscr.  att.  4, 
p.  169,  I.  17-18)  suppose  peut-être  aussi  une  imitation  à  Eleusis  de  la  pêche 
sacrée  des  Mystères  égyptiens,  encore  usitée  chez  des  isiaques  de  Callipolis  (Bull, 
de  cor r.  hell.  1877,  p.  410).  — 7  Foucart,  Bull,  de  corr.  hell.  1883,  7,  p.  387-404; 

Rech.  I,  p.  23-29.  Voir  l’art,  eususinia,  p.  544-546.  —  3  C.  i.  att.  4,  p.  62.  _ 

9  Ath.  Mitth.  16,  p.  4;  17,  p.  127.  —  10  C.  i.  att.  3,  1109.  —  il  Dittenberger, 

S  y  II.  2"  éd.  n°  615,  1.  26,  15-18.  —  12  Herod.  6,  134;  ’ASriv.  a,  p.  15.  —  1-3  Ath. 

Mitth.  1,  p.  334;  cf.  Dittenberger,  Z.  c.  753  ;  Bull.de  corr. hell.  1890,  p.  505,  n.  4; 

Newton,  Halicarnassus ,  II,  p.  714.  —  14  Strab.  8,6,  12;  Paus.  2,  33,  4-10; 


autres  parties  du  monde  grec.  Éleusis  paraît  tirer  son 
nom  d’une  épithète  de  la  divinité,  évT|Xu<ii7],  eiXetOuia,  qui 
rappelle  son  séjour  légendaire  dans  beaucoup  de  loca 
lités.  Déméter  avait  le  surnom  d'Éleusinie  dans  plu¬ 
sieurs  endroits  de  la  Laconie,  de  la  Béotie,  de  1  Ai- 
cadie16,  et  on  ne  peut  admettre  que  cette  épithète  soit 
venue  partout  d’Éleusis;  il  y  avait  le  mois  Eleusinios  a 
Théra  et  à  Olus  en  Crète17;  en  Béotie,  près  du  lac 
Copaïs,  il  y  avait  eu  une  Eleusis  disparue18;  une  insciip- 
tion  archaïque  de  Laconie  mentionne  le  concours  des 
Eleuhynia 19 .  Beaucoup  de  Mystères,  par  exemple  ceux 
de  Despoina  dans  l  Arcadie,  paraissent  aussi  anciens 
que  ceux  d’Éleusis. 

L’influence  de  l’Égypte  sur  les  Mystères  de  Déméter 
parait  donc  incontestable.  Mais  peut-être  y  a-t-il  eu  aussi 
l'influence  simultanée  des  Mystères  béotiens  de  Dio¬ 
nysos.  Les  plus  anciennes  fêtes  de  Dionysos,  du  dieu 
de  la  végétation,  les  Triétériques  du  Cithéron  et  du  Par¬ 
nasse,  les  A’noXetat  d'Orchomène  avaient  en  effet  aussi 
un  caractère  mystérieux  par  l'exclusion  des  hommes, 
l’inspiration  divine,  les  rites  purificatoires,  les  initia¬ 
tions.  Euripide,  dans  les  Bacchantes,  y  voit  de  vrais 
Mystères  soumis  à  la  loi  du  secret20. 

Pendant  cette  période,  le  caractère  agraire  domine 
encore  dans  les  fêtes  de  ces  divinités  chthoniennes  trans¬ 
formées.  Ce  sont  les  Haloa ,  les  Chloia,  les  A alamaiu2* , 
et  en  général  les  Thesmophoria.  Les  Haloa  ont  gardé 
jusqu’à  la  fin  le  caractère  de  Mystères,  avec  une  ini¬ 
tiation  accessible  aux  femmes  seules,  un  échange  d  apo¬ 
strophes  grossières,  la  représentation  des  organes  des 
deux  sexes,  l'interdiction  d’un  certain  nombre  d  ali¬ 
ments,  tels  que  la  grenade,  la  pomme,  les  oiseaux  de 
basse  cour,  les  œufs,  le  rouget,  le  squale22.  Il  en  est  de 
même  des  Thesmophories  :  partout  elles  sont  célébrées 
exclusivement  par  les  femmes,  de  naissance  civique, 
mariées  légalement  et  qui  doivent  s’abstenir  de  rapports 
charnels  pendant  la  fête  et  sans  doute  quelque  temps 
auparavant23.  Elles  comportent  certainement  une  initia¬ 
tion  ;  c'est  attesté  pour  Smyrne,  pour  Myconos24,  et 
plusieurs  textes  appellent  cette  fête  de  l'Attique  les 
Mystères  d’Halimus25;  à  Athènes,  la  direction,  le  droit 
de  sacrifier  et  d’initier  appartiennent  à  la  prêtresse  de 
Déméter20.  Ces  Mystères  n’ont  pas  encore  de  rapport 
avec  la  vie  future;  ils  n’expriment  symboliquement  que 
la  fécondité  universelle. 

11  est  probable  que  les  Mystères  des  Grands  Dieux  ont 
eu  la  même  origine  et  le  même  développement.  C’est  sur 
le  culte  d’une  divinité  pélasgique  et  chthonienne  anté¬ 
rieure  que  s’est  greflé  partout,  à  Samothrace,  à  Délos,  à 
Imbros,  à  Lemnos,  àThèbes,àAndania,le  culte  desCabires 
phéniciens  devenus  les  Grands  Dieux.  A  Samothrace,  la 

Atlien.  14,  624  E;  C.  i.  gr.  1194;  Le  Bas-Waddington,  Voy.  arch.  Pelop.  159  b. 

—  13  Strab.  14,  1,  3;  Herod.  6,  13;  9,  97.  —  16  Paus.  3,  20,  5;  8,  25,  2;  8,  29,  5; 
9,  4,  3;  Plut.  Aristid.  11.  —  17  C.  i.  gr.  2448,  H,  8;  III,  4;  2554.  —  18  Strab. 
9,  p.  407.  —  19  Inscr.  gr.  antiguiss.  79.  —  20  Euripid.  Baccli.  470;  Diod.  4,  3; 
Paus.  t,  40,  5;  2,  7,  6;  2,  37,  2-3;  10,  0,  2;  Stat.  A cliill.  1,  592;  voir  Lobeck, 
L.  c.  672,  693;  Maury,  L.c.  2,  p.  200-202;  art.  bacchus,  p.  632-633.  —  21  A  Eleusis, 
C.  i.  att.  4,  2,  614  4,  1.  9;  à  Milet  et  dans  les  colonies  de  Milet,  Cyzique  et  Olbia, 
il  y  a  le  mois  Ka7a^aiùv  (C.  i.  gr.  2082,  3663  A;  Arch.  Zeit.  1876,  p.  128). 

—  22  Scliol.  ad  Lucian.  Dial,  meretr.  7,  4,  dans  Rhein.  Mus.  1870,  p.  557. 
Tôpffer  (Attische  Genealogie,  p.  94)  rapporte  à  cette  fête  l'initiation  de  la  prêtresse 
des  Philaïdes  (Hesych.  s.  v.  du'UsïSai).  —  23  Scliol.  ad  Lucian.  L.  c.  ;  Paus.  4,  17, 
1;  Herodot.  6,  16;  Diltenberger,  L.  c.  615;  voir  Preller,  Demeter  und  Perse- 
phone,  p.  343.  —  24  C.  i.  gr.  3194;  Diltenb.  L.  c.  615,  1.  23.  —  25  Clern.  Alex. 
Protrept.  2,  p.  67-92  ( Patr .  gr.  I.  VIII);  Arnob.  Adv.  gent.  5,  2.  —  26  Dcm.  59, 
116. 


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déesse  femelle  s’est  décomposée  en  deux  déesses,  Axieros, 
Àxiokersa  (Déméter,  Coré),  et  les  dieux  mâles  les  Cabires 
ont  été  assimilés  à  d’autres  dieux  d’origine  pélasgique, 
Axiokersos  à  Zeus,  Hadès  ou  llephaistos,  plus  tard  à 
Dionysos,  et  Casmilos  à  Hermès,  plus  tard  à  Dionysos 
jeune  [Cabiri,  1,  p.  757’  1 .  Nous  ne  savons  rien  de  précis 
sur  Délos, 2  ni  sur  Imbros  où  la  vieille  divinité  était  sans 
doute  Hermès  ’T(/.6pagoç3.  A  Lemnos  c’est  à  Héphaistos, 
le  dieu  chthonien  du  feu,  qu’avait  été  assimilé  le  principal 
Cabire,  et  ce  sont  probablement  les  Mystères  d’Héphaistos 
qui  ont  subsisté  sous  le  nom  de  Mystères  des  Grands 
Dieux4.  A  Thèbes,  les  Mystères  desCabires remonteraient, 
d'après  Pausanias  s,  à  une  très  haute  antiquité;  mais  la 
partie  la  plus  ancienne  du  Cabirion  qu’on  a  retrouvé  ne 
parait  pas  antérieure  au  vie  ou  au  v°  siècle  av.  J.-C., 
et  l’existence  de  deux  fosses  à  sacrifices  prouve  qu’ici 
encore  le  culte  des  Cabires  s'était  ajouté  à  un  vieux 
culte  chthonien  ;  le  Cabire  principal  fut  identifié  avec 
Dionysos  et  le  Cabire  secondaire  avec  un  Dionysos  jeune, 
car  une  coupe  représente  le  premier  avec  les  traits  de 
Dionysos  et  le  second  comme  un  enfant  jouant 6.  Nous 
savons  d’autre  part  que  Déméter  Ivabeiria  et  Coré  avaient 
un  temple  voisin  du  Cabirion;  elles  avaient  donc  été 
associées  au  culte  des  Cabires,  plus  tôt  que  ne  le  dit  la 
légende  rapportée  par  Pausanias1,  et  c’est  probablement 
dans  leur  temple  qu’avaient  lieu  les  Mystères;  le  Cabirion 
n’était  qu’un  temple  secondaire.  A  Andania  nous  ne 
savons  pas  exactement  quels  étaient  les  dieux  des 
Mystères8;  Pausanias  donne  Déméter  et  Coré  (Hagna); 
l’inscription  ne  cite  que  les  Grands  Dieux  auxquels  sont 
associés  plusieurs  dieux  et  déesses  qui  reçoivent  des 
sacrifices  au  moment  de  la  fête,  Déméter,  Apollon 
Carneios,  Hermès,  Hagna,  la  nymphe  de  la  source.  Les 
vrais  dieux  des  Mystères  paraissent  donc  être  les  Grands 
Dieux;  cependant  le  rôle  que  jouent  des  figurantes  dans 
la  représentation  sacrée  nous  fait  croire  que  Déméter  y 
avait  sa  place.  Nous  trouvons  donc  probablement  ici  encore 
une  triade  mystique  composée  de  Déméter  et  des  Cabires, 
dont  le  culte  a  continué  un  ancien  culte  chthonien. 

IY.  Le  problème  de  la  vie  future.  —  Nous  arrivons 
ensuite  à  une  deuxième  période,  où  dans  tous  les 
Mystères  en  général  s’introduit  un  élément  nouveau,  le 
problème  de  la  destinée  humaine,  la  croyance  à  l’im¬ 
mortalité  de  l’âme.  Le  terrain  avait  été  préparé  parles 
progrès  de  la  civilisation,  de  la  pensée  religieuse  et 
philosophique.  Mais  faut-il  croire  que  cette  notion  de 
l'immortalité  de  lame  serait  sortie  par  une  évolution 
naturelle  de  la  religion  primitive  et  naturaliste  des 
Grandes  Déesses  d'Ëleusis,  ou  faut-il  encore  ici  admettre 
l’emprunt  à  l’Égypte  de  la  doctrine  de  la  vie  future  ?  La 
seconde  opinion  paraît  la  plus  vraisemblable.  Elle  est 
fortifiée  par  l’extraordinaire  ressemblance  qu'il  y  a  entre 
les  Mystères  d'Isis  et  ceux  de  Déméter9.  A  quelle  époque 

1  Voir  Roscher,  Lexik.  Megaloi  Theoi,  p.  2522-2541.  —  2  Jamblich,  Vit. 
Pijth.  28,  151.  Sur  la  découverte  du  temple  des  Cabires,  voir  Bull,  de  corr.  hell. 
7,  p.  334.  —  3  Eustalli.  ad  Dionys.  Perieg.  524;  Stcph.  Byz.  s.  v.  'I(i6fo5;  Cic.  De 
nat.  deor.  1,  42,  119;  Jamblich.  Vit.  Pyth.  28,  151  ;  Bull,  de  corr.  hell.  VII,  1883, 
p.  164-166.  —  4  Accius,  Philoct.  fr.  2;  Philoslr.  Heroic.  740.  —  5  9,  25,  5. 
—  6  Ath.  Mitth.  13,  87,  fig.  3,  laf.  îx.  A  côté  des  prêtres  des  Cabires,  il  y  avait 
des  xaêtjLàpxai,  d’abord  quatre,  puis  trois,  puis  deux  ( lnscr .  Gr.  sept.  2428). 
_  7  4,  1,  7.  —  8  Le  Bas-Waddington,  L.  c.  326  a,  avec  le  commenlaire  de 
Foucart;  Dittenberger,  L.  c.  653  ;  Sauppe,  Die  Mysttrieninschrift  von  Andania , 
Gotting.  1860;  Paus.  4,  33,  5.  — 9  Lenormant,  qui  combat  cette  opinion,  admet 
d’ailleurs  sur  ce  point  l'analogie  des  doctrines  des  deux  pays  [eleusinia,  p.  549 
g  n  96],  —  10  Frag.  201  (éd.  Didot).  —  u  Dumont  et  Chaplain,  Céram.  de  la 


s’est  produite  cette  innovation  ?  Quand  apparaissent,  à 
côté  des  anciens  Mystères,  des  Haloa,  des  Thesmophoria 
les  nouveaux  Mystères,  ouverts  aux  deux  sexes,  qui  com¬ 
portent  plusieurs  degrés  d’initiation  et  garantissent  lc 
bonheur  après  la  mort  ?  A  propos  du  culte  éleusinien 
Hésiode  ne  cite  pas  les  Mystères10,  mais  ils  sont  dans 
l’hymne  homérique  à  Déméter  [eleusinia,  p.  574  B],  On 
peut  donc  accepter  la  date  du  vu®  siècle  av.  J.-C. 
pour  Éleusis.  Le  même  changement  a  dû  aussi  se 
produire  à  Samothrace.  Le  vu®  siècle  est  précisément  la 
date  où  les  Ioniens  d’Asie  Mineure  et  les  Grecs  insulaires 
entrent  en  contact  direct  et  définitif  avec  l’Égypte,  par  la 
fondation  de  Naucratis  et  de  Daplinæ,  dans  le  Delta  du 
Nil  11 .  C’est  probablement  un  peu  plus  lard,  dans  la 
première  moitié  du  vi°  siècle  12,  qu’il  y  eut  une  sorte  de 
fusion  des  Mystères  dionysiaques  et  des  Mystères  des 
Grandes  Déesses,  que  Dionysos,  encore  absent  dans 
l’hymne  homérique,  supplanta  définitivement  le  vieux 
dieu  pélasgique  Pluton-Hadès,  et  que  dans  certains 
endroits,  comme  à  Lerne,  à  ses  anciennes  fêtes  furent 
associées  Déméter  et  Coré  l3. 

A  partir  de  ce  moment  nous  assistons  à  un  immense 
développement  des  Mystères  que  favorisent  l’extension 
du  commerce,  des  relations  de  la  Grèce  avec  les  pays 
voisins,  l’affluence  des  métèques  et  des  esclaves  étrangers, 
les  nouveaux  besoins  moraux,  le  progrès  de  la  croyance 
à  l’immortalité  de  l’âme  qui  exige  de  nouvelles  purifica¬ 
tions,  de  nouvelles  garanties  pour  la  vie  future.  La  reli¬ 
gion  d’Éleusis  s’étend  dans  tout  le  monde  grec,  soit  par 
la  fondation  de  Mystères  similaires,  soit  par  la  trans¬ 
formation  d’anciens  cultes  pélasgiques.  On  s’efforce  par¬ 
tout,  au  détriment  de  la  vérité  historique,  comme  le 
montrent  les  traditions  recueillies  par  Pausanias,  d’assi¬ 
miler  à  Déméter  et  à  Coré  de  vieilles  divinités  locales, 
d’attribuer  à  Éleusis  l’origine  de  tous  les  Mystères. 

D’autre  part  les  Orphiques  introduisent  quelques  in¬ 
novations  dans  les  Mystères.  On  a  souvent  exagéré 
l’influence  de  l’orphisme  sur  ce  point  [orpiieus].  La 
cosmogonie  de  l’orphisme,  sa  doctrine  de  l'autre  vie 
fondée  sur  la  métempsycose  et  la  palingénésie  n’ont 
certainement  jamais  pénétré  dans  les  Mystères.  Mais 
c’est  l’orphisme  qui  a  fait  entrer  à  Éleusis  la  légende  du 
Dionysos  Zagreus,  très  probablement  représentée  dans 
les  Mystères14,  qui,  n’étant  au  fond  que  la  légende 
d’Osiris,  venait  probablement  aussi  de  l’Égypte,  peut-être 
par  l’intermédiaire  de  la  Crète13.  L’orphisme  a  dû  aussi 
influer  sur  d'autres  Mystères,  par  exemple  à  Samothrace 
[cabiri,  p.  757]  ;  une  coupe  trouvée  au  Cabirion  de  Thèbes  16 
montre  des  personnages  et  des  noms  orphiques,  l’homme 
primitif  G  paTÔXaoç,  un  personnage  féminin  lipa-eiot  17,  le 
mot  Mi'toç  (semence)18. 

A  partir  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  la  Grèce  est 
envahie  parles  Mystères  étrangers,  de  plus  en  plus  com- 

Gréce  propre.  1,  p.  308  ;  Mallet,  Les  premiers  établissements  des  Grecs  en  Égypte , 
dans  le  tome  XII  des  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire  ;  Poltier,  Calai,  des  vases 
du  Louvre,  p.  492.  —  12  Art.  eleusinia,  p.  549  B;  Gruppe  dans  Roscher,  O.  c.  Or- 
pheus.  p.  1096-1098.  —  13  De  Bas-Waddington,  L.  c.  142  b.—  14  Theodor.  p.  819-822 
(Patrol.gr.  t.  LXXXIII);  Firmic .  De  error.  prof,  relig.  6;  Plut.  De  ls.et  Os.  25; 
Cletn.  Alex.  L.  c.  La  représentation  de  la  barque  (note  6,  p.  2135)  se  rattacherait  à 
cette  légende.  —  15  Diod.  5.64.  Le  rôle  que  Lenormant  [eleusinia,  p.  550  B]  attribue 
dans  ces  innovations  orphiques  à  la  famille  des  Lykomides  qui  aurait  eu,  apres  380, 
après  les  Keryces,  l’office  de  la  dadouchie  (d’après  Bossler,  De  gentibus  et  fami- 
liis  Atticae ),  est  faux  ;  des  inscriptions  de  Delphes  ont  prouvé  que  les  Keryces  n’ont 
iamais  été  dépossédés  de  ces  fonctions  (voir  Foucart,  Mémoire,  11,  p.  47-49). -1 « Voir 
note  6.  —  V'  V.  Kaibel,  Hermes,  25,  p.  98.—  Clem.  Alex.  Strom.  5,  p.  . 


—  2137  — 


MYS 

pliqués,  déréglés;  la  Phrygie,  l’Asie  Mineure,  la  Syrie, 
l’Égypte  introduisent  les  cultes  de  Sabazios,  d  Attis, 
de  Cybèle,  d'Aphrodite,  d’Isis,  soit  publiquement, 
soit  dans  les  thiases.  Ils  agissent  et  réagissent  les  uns 
sur  les  autres. 

Y.  Les  Mystères  dans  le  monde  romain.  —  Le  monde 
romain  reçoit  dès  la  République  et  agrandit  considérable¬ 
ment  sous  l’Empire  cet  héritage  de  la  Grèce,  de  1  Orient 
et  de  l’Égypte.  Le  syncrétisme  religieux  qui  se  développe 
surtout  à  partir  du  nc  siècle  ap.  J.-C.1,  la  préoccu¬ 
pation  de  plus  en  plus  marquée  de  la  vie  future,  la  mul¬ 
tiplication  des  confréries  religieuses  favorisent  encore 
l’extension  des  Mystères.  C’est  dans  les  Mystères  que  les 
dévots  cherchent  l’union  mystique  avec  la  divinité.  Ce  sont 
les  Mystères  que  les  païens  opposent  au  christianisme. 
Ils  sont  plus  populaires  que  jamais  ;  presque  tous  les 
dieux  ont  les  leurs  ;  il  en  naît  de  nouveaux,  par  exempie 
ceux  de  Mithra  [mithra].  C’est  une  mode  que  de  se 
faire  initier  au  plus  grand  nombre  possible  de  Mystères 
pour  y  trouver  la  vérité  universelle2.  Les  doctrines  phi¬ 
losophiques  affectent  des  formes  mystérieuses  3.  Les 
'  charlatans  font  des  parodies  des  Mystères  :  sous  Marc- 
Aurèle,  Alexandre  le  Paphlagonien  institue  à  Abon  les 
Mystères  de  son  dieu  Glycon,  en  exclut  les  chrétiens,  les 
épicuriens,  les  athées,  y  célèbre  la  naissance  d  Apollon, 
d'Esculape  et  de  Glycon,  le  mariage  de  la  mère 
d'Alexandre  avec  Podalire,  fils  d’Esculape,  les  amours 
d’Alexandre  avec  la  Lune,  la  naissance  de  la  femme  de 
Rutilien  4.  L'acharnement  avec  lequel  Clément  d’Alexan¬ 
drie,  Arnobe,  Laclance  s’attaquent  aux  enseignements 
des  Mystères  montrent  quelle  importance  ils  conservaient 
à  la  fin  du  paganisme.  Ils  paraissent  d’ailleurs  alors  s’être 
fondus  les  uns  dans  les  autres,  avoir  accepté  de  nouvelles 
interprétations  philosophiques.  La  philosophie  néopla¬ 
tonicienne  parait  s’être  introduite  dans  les  enseignements 
des  hiérophantes  d’Éleusis5,  et  inversement  les  xsXexat 
théurgiques  des  néoplatoniciens,  avec  leurs  incantations, 
leurs  sacrifices,  peuvent  être  considérées  comme  des 
Mystères  philosophiques. 

Plaçons-nous  de  préférence  à  la  fin  de  1  histoire  de  la 
Grèce  indépendante  pour  étudier  les  Mystères. 

VI.  Terminologie.  —  Trois  mots  ont  désigné  les 
Mystères  :  TeXexat,  opyia6,  jj.ucT7jpia;enlatin,le  mot  initia  ■ 
)jC  mot  opyta,  qui  a  eu  au  débutunsens  très  large,  a  fini 
par  désigner  surtout  les  transports  extatiques  du  culte 
de  Dionysos.  Le  mot  teXstŸ),  d’abord  aussi  d  extension 
très  large,  a  désigné  dans  un  sens  restreint  l’état  que  pro¬ 
cure  l’accomplissement  des  rites,  la  perfection  de  1  initia¬ 
tion  8.  MuoxVjptov  9  vient  de  (j.ûu>,  fermer  la  bouche10,  et 
signifie  le  secret,  le  culte  secret,  les  actes  rituels  et  aussi 
les  objets  du  culte  (xà  pwaxtxx,  xâàî tô^Tixa).  Mûdxixoç  a  pris 
par  extension  le  sens  de  symbolique,  d  allégorique 

VIL  Classement.  —  Les  listes  que  nous  avons  des 
Mystères  sont  très  incomplètes  12  et  il  est  difficile  de  les 
classer  systématiquement  13.  On  peut  cependant  dis¬ 
tinguer  :  les  fêtes  mystiques  avec  ou  sans  initiation,  les 


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Mystères  complets,  les  Mystères  des  tlnases,  les  Mystères 
orphiques. 

A.  Les  fêtes  mystiques.  —  1°  Les  Dionysies  [racculs, 

moNYsu].  Ce  sont  des  fêtesorgiastiques,  surtout  nocturnes. 

On  a  vu  le  caractère  des  anciennes  fêtes  triétériques  de 
Dionysos,  célébrées  d’abord  dans  la  Béotie,  puis  a  Delphes 
où  tous  les  neuf  ans  la  fête  mystérieuse  dite  'Hpov.ç 
célébrait  le  retour  de  Sémélé  de  l’enfer  l4,  et  dans  une 
foule  d’autres  villes  grecques15,  ainsi  à  Lerne,  à  Magnésie 
du  Méandre16,  peut-être  à  Sparte  où  il  y  avait  vers  le 
Taygète,  à  côté  de  l’ancienne  ville  de  Bryseai,  un  temple 
de  Dionysos  ouvert  aux  seules  femmes  n.  Plus  tard  c’est 
le  nouveau  Dionysos  mystique,  devenu  chthonien  par  son 
assimilation  avec  Hadès  et  son  union  avec  Déméter,  qui 
est  le  dieu  des  Mystères  dionysiaques  célébrés  soit 
officiellement,  comme  ceux  de  la  Grande  Grèce,  soit  dans 
des  thiases  et  des  corporations  d’orgéons,  en  Grece,  en 
Italie,  à  Rome  [bacchanalia].  Quant  aux  fêtes  de  Dionysos 
à  Athènes,  il  est  probable  qu’il  y  avait  des  rites  mysté¬ 
rieux  aux  Lénéennes,  puisque  l’archonte-roi  y  jouait  un 
rôle  avec  les  épimélètes  des  Mystères.  Aux  Anthe»téries  il  \ 
avait  le  deuxième  jour  une  cérémonie  mystérieuse  à  la 
fois  au  vieux  temple  de  Dionysos  à  Limnai,  ouvert  seule¬ 
ment  pour  cette  fête18-,  et  dans  le  Bucoléion,  local  de 
l’archonte-roi  :  le  rôle  principal  appartenait  à  la  Basilissa, 
femme  du  Basileus,  qui  devait  être  Athénienne  de  nais¬ 
sance  et  n’avoir  été  mariée  qu’une  fois,  et  aux  Gerairai 
(yspapaî)  choisies  par  l’archonte-roi  parmi  les  matrones. 
Elles  juraient  sous  l’assistance  du  hiérokeryx  de  remplir 
les  conditions  nécessaires,  de  ne  rien  révéler  ;  elles  accom¬ 
plissaient  certains  rites  à  quatorze  autels;  la  Basilissa 
entrait  dans  le  Bucoléion  et,  avec  des  rites  inconnus,  con¬ 
tractait  avec  Dionysos  le  mariage  secret  dont  nous  ne 
connaissons  pas  le  sens  i9. 

2°  Les  halo  a  et  les  thesmophoria  de  l’Attique,  fêtes 
déjà  vues  [ceres].' 

3°  Les  Thesmophoria  du  monde  grec  [ceres]  20. 
Ajoutons  ici  quelques  détails.  A  Pellène,  en  Achaïe,  les 
Thesmophoria  du  Myseon  duraient  sept  jours;  pendant 
deux  jours  la  fête  était  commune  aux  deux  sexes;  le 
troisième  était  réservé  aux  femmes  avec  des  rites 
nocturnes;  puis  les  hommes  étaient  de  nouveau 
admis21.  A  Smyrne,  le  collège  des  Mystes  de  Déméter 
Thesmopkoros  avait  à  sa  tète  deux  femmes  des  premières 
familles,  les  QsoXôyoi  22. 

4°  En  Arcadie,  Acacesion  près  de  LycosouraetThelpusa 
avaient  le  très  ancien  culte  mystérieux  de  Despoina 
[eleusinia,  p.  544-545  ;  ceres,  p.  1028]  ;  à  Acacesion  il  y 
avait  un  megaron  souterrain,  le  rituel  était  affiché  dans 
un  portique  23,  et  on  y  a  trouvé  récemment  une  inscrip¬ 
tion  24  qui  contient  les  prescriptions  suivantes  :  on  ne 
devait  porter  dans  le  temple  ni  bijoux  d’or,  ni  bagues,  ni 
vêtements  de  pourpre  ou  brodés  de  fleurs  ou  de  couleur 
foncée,  ni  sandales;  les  hommes  ne  devaient  pas  être 
couverts,  les  femmes  ne  devaient  ni  avoir  les  cheveux 
relevés,  ni  se  faire  initier  étant  enceintes  ou  allaitant. 


t  V.  Révilie,  La  religion  à  Rome  sous  les  Sévères,  p.  142  sq.  —  2  Apul. 
Apol.  140.  —  3  Tertull.  Ad  Valent.  1  ;  Porphyr.  Vit.  Plot.  p.  104  (éd. 
Dklot);  Euseb.  Praep.  ev.  5,  5,  5.—  4  Lucian.  Alex.  38  sq.  —3  Eunap.  V. 
Porphyr.  p.  457;  V.  Maxim,  p.  474-475  (éd.  Didot)  ;  Theodor.  L.  c.  -  6  TO.^ 
d'abord  dans  Hésiode  pour  les  fêles  de  Dionysos  (Apotlodor.  2,  2,  2);  cf.  Diod.  5, 
49  ;  Plut.  Thés.  25.  d'abord  dans  l'hymne  à  Déméter  et  la  loi  de  Solon  ( Di  g . 

47,  22,  4);  Paus.  4,  2;  Plut.  Caes.  10.  —  7  Varr.  De  re  rust.  3,  1.  —  8  Ol  eete- 
)n»;iuvôi  'Ejheï,  les  initiés  d’Hermès  (Bull,  de  corr.  hell.  7,p.  164-106,'.  —  9  D'abord 


dans  Herod.  2,  51.  —  10  D'où  |»-jeïv  initier,  |iutï»8oti  être  initié  (avec  l'accusatif). 

—  U  Voir  Lobeck,  L.  c.  p.  85-87.  —  12  Clem.  Alex.  L.  c.  —  *3  Essais  de 
classement  dans  Preller,  L.  c.  —  *4  Plut.  Qu.  gr.  12.  —  13  Diod.  4,  3. 

—  18  Voir  p.  2136,  note  13  ;  Rev.  ét.  gr.  1890,  p.  352.  —  U  Paus.  3,  20,  4.  —  18  Dem. 

59,  76.  —  19  Id.  59,  78;  Poil.  8,  108;  Etym.  magn.  227,  35;  Harpocr. 

Hesych.  s.  v.  yE?aptt;,  Aristot.  Atli.  Pol.  3,  5.  —  20  Voir  Roscher,  Lexik. 

art.  Kore  und  Demeter,  p.  1284-1379,  -  21  Paus.  7,  27,  9-10.  —  22  C.  i.  gr. 

I  3194,  3200.  —  23  Paus.  8,  37,  8-9;  8,  38,  5;  8,  27,  6.  —  2<  Ditlenberger,  L.  c.  939. 


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MYS 


5°  A  Ëpidaure  et  à  Égine  la  fête  de  Damia  et  Auxesia, 
divinités  chthoniennes,  assimilées  plus  tard  à  Déméter 
et  à  Coré  ;  les  rites  rappelaient  les  Thesmophories  ;  les 
femmes  échangeaient  des  injures  ;  chaque  divinité  avait 
un  collège  de  dix  prêtres  qui  conduisaient  les  chœurs; 
Ëpidaure  seule  avait  la  partie  mystérieuse  du  culte1. 

6°  La  fêté  annuelle  d’Héphaistos  ou  des  Grands  Dieux 
a  Lemnos  :  pendant  les  neuf  jours  où  un  navire  allait 
à  Délos  chercher  le  feu  nouveau,  les  feux  restaient 
éteints  ;  il  y  avait  des  purifications,  des  expiations,  des 
appels  à  des  dieux  chthoniens  ;  les  hommes  et  les  femmes 
observaient  la  continence  2. 

"u  La  fête  des  Dioscures,  des  àvaxreç  7taîo£ç,  à  Àmphissa 
de  Loeride3. 

8°  Les  Mystères  de  Zeus  dont  nous  ne  savons  presque 
rien.  A  Cnossos  de  Crète,  le  mythe  de  Zeus,  en  parti¬ 
culier  ses  noces  avec  liera,  avaient  des  représentations 
publiques4  :  faut-il  croire,  avec  Preller  B,  que  la  fête  du 
dieu  du  ciel  avait  lieu,  non  pas  la  nuit,  dans  un  enclos 
secret,  mais  de  jour,  en  plein  air,  sans  préparation  spé¬ 
ciale  et  qu’elle  n’en  comportait  pas  moins  des  actes 
mystérieux?  Cette  explication  est  satisfaisante;  il  y 
avait  probablement  en  effet  de  vrais  Mystères  :  Pythagore, 
initié  par  les  Curètes,  purifié  avec  une  pierre  de  foudre, 
couvert  de  la  toison  d’une  brebis  noire,  aurait  pénétré 
dans  l'antre  du  mont  Ida  et  vu  le  siège  où  Zeus  était  né 6. 
Il  y  avait  au  Comyrion,  dans  l’enceinte  sacrée  de  Pana- 
mara,  près  de  Stratonicée  en  Carie,  des  Mystères  sans 
doute  de  Zeus  Kc-güpi&ç 7. 

9°  Le  culte  d’Hécate  pratiqué  à  Lagina  de  Carie8,  à 
Samothrace  sur  la  colline  zérinthienne  9,  à  Égine  où  il 
y  avait  probablement  des  rites  expiatoires  et  où  on  deman¬ 
dait  à  la  déesse  de  protéger  contre  la  folie  l0. 

10°  Les  Mystères  de  Thétis,  déesse  d'origine  chtho- 
nienne,  dont  nous  ne  connaissons  guère  que  le  nom11. 

11°  Le  culte  orgiastique  de  Rhéa,  confondu  de  bonne 
heure  avec  celui  de  Cybèle12,  en  Troade,  en  Phrygie,  en 
Grèce. 

12°  Les  Mystères  d’Aphrodite  à  Chypre13.  En  Thessalie 
elle  avait  une  fête  ouverte  seulement  aux  femmes. 

13°  Les  Mystères  d’Artémis  à  Perge  en  Pamphylie  **. 

B.  Les  Mystères  complets. 

1°  Les  Mystères  dits  des  Grands  Dieux  à  Samothrace  et 
dans  les  lieux  qu’on  a  vus  [cabiri]13. 

2°  Les  Mystères  d’Isis  [isis,  p.  582-585]. 

3°  Les  Mystères  d’Éleusis  [eleusinia].  Il  faut  y  rattacher 
les  Mystères  qui  en  dérivent,  dans  les  mondes  grec  et 
romain  ;  l’article  ceres  [p.  1023-1034]  16  a  déjà  énuméré 
avec  leurs  particularités  ceux  de  Lerne,  d’Hermione, 
d’Andania,  de  Phénéos,  de  Cyzique,  de  Syracuse.  Ajou¬ 
tons  encore  les  cultes  de  Pellène1';  de  Phlius  où 

l  Paus.  2,  30,  4;  Herod.  5,  82-83  ;  un  hiérophante  d’Épidaure  ap.  C.  i.  gr.  1176. 
—  2  Voir  note  4,  p.  2136.  —  3  Pans.  10,  38,  7  ;  maison  ne  savait  pas  exactement 
-si  c'étaient  les  Dioscures  ou  les  Curètes.  —  4  Diod.  5,  72,  3  ;  5,  77,  3. 
_  5  L.  c.  —  6  Just.  20,  4  ;  Val.  Max.  8,  7,  ext.  2  ;  Porphyr.  Vit. 
Pytk.  13.  —  7  Bull.  corr.  hell.  1887,  11,  p.  385,  n«  3,  1.  26-27  ;  1888,  12, 
ip.  249,  n.  4;  p.  102,  n»  22.  —  »  Strab.  4,  2,  25;  Newton,  L.  C.  2,  554;  Le 
Bas-Waddington,  L.  c.  As.  Min.  519;  Bull.  corr.  hell.  1881,  p.  187.  —  9  Schol. 
Aristopli.  Pax,  277;  Slrab.  6,  3,  20;  Suid.  s.  V.  Znpjvtiov.  —  1°  Paus.  2,  30,  2; 
Plut.  De  fac.  in  orb.  lun.  29,  8  ;  Lucian.  JVavig.  15;  Strab.  10,  3,  10;  C.  i.  lut.  6, 
1779.  _  u  ciem.  Alex.  L.  c.  —  <2  Paus.  2,3,4;  Strab.  10,  p.  469.  — 13  Clem.  Alex, 
y..  c.  —  n  Strab.  4,  p.  G07  ;  Orig.  C.  Cels.  6,  22,  p.  647.  —  15  Voir  note  1,  p.  2136. 

_ 16  Roscher,  O.  c.  Kore  und  Demeter,  p.  1284-1379. —  17  Paus.  7,  27,  9-10;  art. 

eACCHUS,  p.  596  B.  —  !»  Paus.  2,  14,  1  ;  art.  bacchus,  p.  596  A.  —  19  Paus.  I,  43,  2; 
Elym.  magn.  s.  v.  ’Avaxxi]8çtî.  —  20  Paus.  8,29,  1.  —  21  M.  8,  6,  2;  Le  Bas-Wad- 
■dinglon,  L.  c.  Pélop.  352  A,  1.  19  ;  voir  Fougères,  Mantinée,  p.  206-267.  —  22  paus. 


les  Mystères  pentétériques  avaient  un  hiérophante  qui 
pouvait  se  marier18;  de  Mégare  au  rocher  Anakletra 19  ;  de 
Trapezus  d’Arcadie20;  de  Mégalopolisqui  avait  un  immense 
telesterion  ;  de  Mantinée  où  Coré  avait  un  collège  de 
prêtres  annuels,  les  Kopayot,  avec  la  fête  des  Choragia, 
des  Mystères  où  on  représentait  le  retour  de  Coré  sur  là 
terre,  une  procession  où  la  statue  de  la  déesse  recevait 
l’hospitalité  chez  une  femme  de  la  ville  et  rentrait  au 
temple,  accessible  au  public  pour  cette  circonstance21  ;  de 
Sicyone  où  les  hommes  et  les  femmes  avaient  des  locaux 
spéciaux  pour  la  fête  de  Déméter  Prostasia 22  ;  de  Béolie  où 
nous  ne  connaissons  que  de  nom  la  fête  des  ÈTrayOr, 23  ; 
de  Mytilène  2t;  de  Paros  55  ;  d’Éphèse  où  il  y  avait  sans 
doute  des  Mystères  à  côté  des  Thesmophories26  ;  de  Néa- 
polis  (Naples21).  En  Italie,  il  faut  voir  une  imitation  des 
Mystères  d’Éleusis  dans  la  fête  annuelle  que  les  femmes 
célébraient  à  Borne,  au  mois  d’août,  en  l’honneur  de 
Cérès,  dès  la  deuxième  guerre  punique,  et  qui  est  sans 
doute  identique  à  ces  Mystères  de  Cérès,  dont  parle  Cicé¬ 
ron28,  les  seuls  qu’il  permette  aux  femmes  :  pendant 
toute  la  fête,  les  femmes  ornées  de  bandelettes  et  d’une 
coiffure  spéciale,  vêtues  de  blanc,  devaient  s'abstenir  de 
pain  et  probablement  garder  la  continence  ;  la  scène 
principale  des  représentations  était  les  Orci  nuptiae , 
sans  doute  une  hiérogamie28.  C’est  sûrement  aussi  le 
culte  de  Déméter  qui  a  transformé  et  revêtu  d’un  carac¬ 
tère  mystérieux,  probablement  après  la  prise  de  Tarente, 
en  272,  le  vieux  culte  romain  de  la  bona  Dca  [bonadea, 
l,  p.  723]  :  ouvert  aux  femmes  seules,  il  a  un  caractère 
public  ;  l’État  offre  le  sacrifice  par  la  femme  d’un  magis¬ 
trat  dans  la  maison  duquel  a  lieu  la  fête,  et  par  les 
Vestales;  la  prêtresse  s’appelle  damiatrix  ;  on  con¬ 
naît  comme  rites  des  abstinences,  le  sacrifice  d’une 
truie,  l’emploi  du  vin  sous  un  autre  nom,  une  veillée 
sacrée  30. 

C.  Les  Mystères  des  thiases  [tiuasos|.  —  Les  cultes  des 
thiases,  sauf  celui  du  Dionysos  mystique,  sont  presque 
tous  étrangers;  pratiqués  surtout  par  les  étrangers  et 
les  esclaves,  ils  ont  pour  caractères  communs  les  purifi¬ 
cations,  les  danses  orgiasliques,  les  symboles  d’un  natu¬ 
ralisme  grossier.  Les  purifications  et  les  expiations  indi¬ 
quées  parlesagyrtes,  métragyrtes,  ménagyrtes  [agyrtae, 
I,  p.  169],  effacentles  fautes,  assurent  lebonheur  après  la 
mort31.  Les  principaux  dieux  connus  sont: 

1°  Sabazios  [sabazios].  Les  Mystères  thraces  32  de  Saba- 
zios  avaient  passé  dans  la  Grèce  et  l’Asie  Mineure,  et  s’y 
étaient  confondus  en  partie  avec  ceux  de  Cybèle  et  sur¬ 
tout  ceux  de  Dionysos.  Dans  l’Asie  Mineure,  le  Dionysos 
de  beaucoup  dethiasesestsans  doute  Dionysos  Sabazios  ; 
les  mysles  s’appellent  souvent  (îouxoXot.  A  Pergame33  on 
trouve  un  àpyiëo üxo)xç  (archibuculusiu), des ûu.vootoâ<jxaXct, 

2,11,3.-23  plut.  De  Is.  et  Os.  69.  —  24  C.  i.  gr.  2177.  -  23  Sleph.  Byz.  s.  v. 
Ilàço;;  Hesych.  s.  v.  KaSàfvo,;  C.  i.  gr.  2388  :  voir  noie  12,  p.  2135.  —  26  Flrab.  14, 
p.  633;  Dillenberger,  L.  c.  G55.  —  27  Stat.  Silu.  4,  8,  50.  —  -s  Leg.  12,  21,  37. 
—  29  Fest,  p.  154  ;  Arnob.  5,  16  ;  Tertull.  De  moncg.  17  ;  De  pall.  4;  Serv.  Georg. 
1,344:  Ephem.  epigr.  4,  866;  C.  i.  I.  6,  1779;  voir  Wissovva,  Beligion  und 
Kultus  der  Borner ,  p.  245-246  ( Handb .  d.  kl.  Altert.  B  issensch.  V,  +). 

_  30  Fest.  p.  52;  Cic.  De  har.  resp.  37;  AdAtt.  I,  12,  3;  1,  13,  3;  Ascon.  p.  43- 

47;  Serv.  A  en.  8,  314;  Juv.  2,  86;  9,  117;  Plut.  Caes.  9-10;  Cic.  19,  Qu. 
rom.  20;  Macrob.  Sat.  1,  12,  25;  Laclanl.  Inst.  1, 22,  9;  Tertull.  Ad  nat.  2,  9  ; 
voir  Wissowa,  L.  c.  p.  177-178.  —  31  Plat.  Pol.  2,  p.  364;  Plut.  Apoph.  lac. 
p.  276;  Déni.  19,  249;  Thcophr.  Charac.  1,  16;  Jamblich.  De  myst.  Aegypt.  3,  10. 
Voir  Foucart,  Des  assoc.  relig.  chez  les  Grecs,  p.  176.  —  32  Euripid.  Blies.  9/0- 
973;  Heuzey,  Mission  de  Macédoine ,  p.  128;  art.  bacchcs,  p.  597  ;  cistopuori,  ci>ta 
mystica.  -  33  Hermès,  1872,  p.  39;  il  y  a  aussi  à  Périnthe  un  b.n Msolo;  et  un 
(Eph.  épigr.  3,  p.  23,  n°  605).  -  34  Orelli,  Inscript.  2335,  2352. 


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des  <ret>.Vjvio». 1 ,  un  cliorège  ;  à  Anollonia  2,  un  Xtxvocpôpo;, 
un  [î&uxoXoç,  un  x'.ffxo'pôpoç,  un  xpocxTjptaxôç,  une  àpyiêaffirapa , 
à  Téos 3,  les  mystes  de  Dionysos  Syitxvsio?  ;  à  Smyrne  S 
les  mystes  de  Dionysos  Briseus  avec  un  |îàxyoç,  un 
TtaxpopuiffTTi;,  un  ûfjtvooodç.  A  Alhènes,  dans  le  thiase  de 
Sabazios5,  à  l'époque  de  Démosthène,  les  fidèles,  cou¬ 
ronnés  de  peuplier  blanc  et  de  fenouil,  faisaient  pendant 
le  jour  des  processions,  où  figuraient  la  corbeille  aux 
gâteaux  sacrés  et  le  van  mystique,  aux  cris  de  :  eùol 
caëoï,  Ü7)ç  axx7)ç  ;  la  nuit  avaient  lieu  les  purifications 
et  l'initiation,  dirigées  par  une  prêtresse  ;  un  lecteur, 
àva yvciffxr,;,  lisait  sans  doute  les  formules  à  l'initié  ;  le 
purificateur,  xaôapxv];,  portait  la  nébride;  1  initié  était 
arrosé  avec  l’eau  du  cratère,  frotté  avec  1  argile  et  le  son, 
et  répétait  la  formule  :  «  J’ai  fui  le  mal,  j  ai  trouvé  le 
mieux»;  il  y  avait  certainement  une  époptie  avec  une 
hiérogamie,  l’union  de  Zeus  transformé  en  serpent  avec  sa 
fille  Coré-Pherephatta,  d'où  naissait  Sabazios  à  la  figure 
de  taureau.  Un  acte  symbolique  était  1  introduction  du 
serpent  par  le  haut  du  vêtement  des  initiés6.  On  peut 
rattacher  à  Dionysos  Sabazios  Isodaites  et  Nycteleos, 
dont  les  thiases  célébraient  des  Mystères  avec  initiation 
et  époptie  [isodaites]7. 

2°  Adonis,  dontle  culte,  pratiqué  surtout  par  les  femmes 
et  les  courtisanes,  avait  des  rites  orgiastiques  et  des 
Mystères  d’un  naturalisme  grossier8. 

3°  Attis  et  Cybèle  [cybele]9.  Les  Mystères  phrygiens 
de  Cybèle,  dont  les  légendes  étaient  analogues  a  celles 
d’isis ,0,  s’étaient  répandus  dans  l’Asie  Mineure,  en 
Grèce,  souvent  mélangés  à  d'autres  cultes,  à  ceux  de 
Rhéa,  d’Hermès11.  A  Athènes  lesOrgéons  du  Pirée  célé¬ 
braient  les  Mystères  d’Attis  avec  des  purifications,  des 
exhibitions  d’objets  sacrés,  des  représentations,  une 
époptie  ;  certains  actes  des  Mystes  étaient  indiqués  par 
la  formule,  analogue  ù  celle  d  Éleusis  :  «  J  ai  mangé  dans 
le  tympanon,  j’ai  bu  dans  la  cymbale,  je  suis  devenu 
myste  d’Attis  ,2.  » 

4°  Bendis  [bendis,  I,  p.  6S6]  et  Cotytto  [cotytto,  II, 
p.  1351].  Dans  les  thiases  de  Cotytto,  les  initiés  avaient  à 
peu  près  les  mêmes  rites  que  ceux  de  Sabazios  ;il  y  avait  la 
purification  par  l’eau,  comme  l’indique  lemotpxixxai,etles 
mêmes  objets  symboliques  que  pour  Cybèle,  le  tambour 
et  la  toupie 13 . 

D.  Les  Mystères  orphiques.  —  Les  plus  anciens  écrits 
orphiques,  composés  probablement  à  1  époque  de  Pisis- 
trate14,  étaient  le  résultat  d’un  syncrétisme  religieux  et 
philosophique,  le  mélange  de  nombreux  éléments,  grecs, 
orientaux,  phrygiens,  et  surtout  égyptiens  )o;  aussi  y  a- 
t-il  des  rapports  nombreux  entre  les  cultes  de  1  Attique  et 
la  littérature  orphique16.  La  théologie  orphique  sur  le 

1  Cf.  Lucian.  De  sait.  79.  -  2  C.  i.  gr.  2052.  -  3  Le  Bas-Waddington,  !..  c.  As. 
Afin.  106.  —  4  C.  i.  gr.  3173,  3176,  3190,3195.  —  “  Aristoph.  Lysist.  386-390; 
Vesp.  9;  Dcm.  18,  239,  259-260;  Schol.  ad  Dem.  313,  26;  431,  25;  Strab.  10,  3, 
18  ;  Plut!  De  snp.  7;  Bekk.  An.  293,  13;  Lucian.  Tragodop.  30.  —  6  Diod.  4,  4, 
Clem.  Alex.  L.  c.\  Arnob.  c.  5;  Firm.  Mat.  c.  2.  -  '  Hyper.  Fr.  214,  215,  217; 
Vit.  X.  Orat.  Nyp.  20;  Athen.  13,  590  D;  Plut.  Qu.gr.  112;  Serv.  Ad  Aen.  4, 

302.  _  8  Clein.  Alex.  L.  c.  ;  Dipliil.  Frag.  24,  v.  38-40.  —  9  Foucart,  Assoc. 

p.  84-100,  et  catalogue  n°  4,  1.  6-8,  p.  191.  -  1»  Cornut.  De  nat.  deor.  c.  28. 

—  U  Dion.  Hal.  1,  61  ;  Herod.  4,  76;  Paus.  7,  17,  5;  2,  3,  4;  Hcrod.  1,11;  Lucian. 
De  deaSyr.  15;  Schol.  Aristoph.  Vesp.  876;  Schol.  Homcr.  II.  6,  130;  Julian. 
Oral.  5,  p.  218;  Clem.  Alex.  L.  c.  ;  Thcodor.  L.  c.  ;  Marin.  Vit.  Procl.  33 

—  12  Firm.  Matern.  De  error.  prof,  relig.  18,  éd.  Halm.  —  l'*Strah.  10,4/9; 
Eupol.  Frag.  7  et  10;  Hesych.  s.  ».  Kotutto  ;  Athen.  4,  192  ;  Suid.  s.  v. 
Kotu;;  Tertull.  Adv.  Valent.  12,  161  ;  Juven.  2,  92;  Philosophoum.  p.  117,  119  ; 
Bekk!  An.  246,  19.  Voir  Lobeck,  L.  c.  p.  1007-1024.  -  14  Herod.  7,  6;  Paus.  8,  37, 
5.-15  Herod.  2,  81  ;  Diod.  1,  96.  —  16  Voir  Lobeck,  L.  c.  p.  585,  754,  les  hymnes 
orphiques,  18,  40-42;  la  série  des  hymnes  76-78  concorde  avec  le  rituel  éleusinien. 


2139  — 

péché  originel  de  l’homme,  sur  la  palingenesie  des  âmes, 
impliquait  la  nécessité  de  purifications,  d  abstinences, 
d’expiations  pour  le  bonheur  dans  1  autre  vie  1  .  Llle  se 
communiqua  comme  une  initiation.  C  est  à  tort  qu  on 
a  souvent  considéré  les  orphiques  comme  un  ordre 
véritable,  une  secte18;  il  n’y  avait  d’une  part  que  des 
prêtres  privés,  les  orphiques  de  Platon  19,  les  orphéo- 
télestes  dont  parlent  d’autres  textes20,  d’autre  part*  des 
thiases  isolés  qui  se  rattachaient  à  Orphée  comme 
fondateur,  et  suivaient  les  préceptes  communs  de  la  vie 
orphique,  dont  les  principaux  étaient  les  purifications, 
l’interdiction  de  la  viande  des  animaux,  des  fèves,  l’ense¬ 
velissement  des  morts  dans  le  lin  et  non  dans  la  laine21. 
Les  exercices  religieux  communs,  prières,  représenta¬ 
tions  des  îepot  Xôyot,  révélation  de  formules  pour  guider 
les  défunts  aux  enfers,  étaient  de  véritables  Mystères 
soumis  à  la  loi  du  secret 22.  Nous  ne  savons  les  dates  ni 
du  début  ni  de  la  fin  de  ces  thiases  ;  mais  ils  ont  duré 
fort  longtemps  comme  le  prouve  l’abondance  des  écrits 
orphiques.  C’est  vraisemblablement  pour  des  thiases  de 
la  Grande  Grèce  qu’a  été  composé,  au  moins  au  ive  siècle 
av.  J.-C.,  à  l'exemple  du  Livre  des  Morts  égyptien  et 
sans  doute  aussi  des  révélations  d  Éleusis,  un  rituel  en 
vers  évidemment  d’origine  orphique23,  destiné  à  guider 
le  défunt  aux  Enfers  par  des  indications  très  précises,  à 
le  mener  sans  danger  au  séjour  des  bienheureux,  et  qu’il 
emportait  avec  lui.  On  a  trouvé  des  fragments  de  ce 
rituel,  devenus  sans  doute  de  simples  amulettes,  gravés 
sur  des  lames  d’or,  dans  des  tombeaux,  à  Pétilia,  à  Thu- 
rii  et  aussi  à  Eleutherna  en  Crète24;  ils  nomment  des 
divinités  orphiques,  Phanès,  Euclès,  Eubouleus,  Persé- 
phonè  appelée  aussi  Despoina.  On  a  conjecturé  aussi  avec 
raison  que  les  hymnes  orphiques  n’étaient  pas  des 
fictions  littéraires2*,  mais  qu’ils  avaient  été  écrits  pour 
une  confrérie  orphique  (Xaot)  dontlesmembres  s’appellent 
mystes,  p.uo"rt7ioXo!,  àpyioœ/àvTa;,  qui  a  un  boukolos , (\u\  offre 
des  sacrifices,  célèbre  des  veXeraf,  des  opyta  26. 

VIII.  Règlements  et  personne!.  —  Nous  avons  vu  les 
détails  connus  pour  les  fêtes  mystiques  et  les  Mystères 
orphiques  et  des  thiases.  A  partir  d’une  cerlaine  époque 
les  règlements  furent  affichés  dans  plusieurs  villes  à  la 
porte  du  temple  :  ainsi  à  Acacésion,  à  Pliénéos  [ceres, 
p.  1028  B],  à  Andania27.  A  Phlius  une  partie  des  scènes 
mystiques  était  peinte  sur  un  portique28. 

Pour  les  Mystères  d'Isis  et  de  Samot-hrace,  nous  ren¬ 
voyons  aux  articles  isis  et  cabiri. 

1°  Éleusis.  —  L’article  eleusinia  a  exposé  en  général 
les  règlements  et  le  personnel  [p.  553  B-  556  B].  Nous 
avons  à  exposer  ici  le  détail  des  fonctions  29. 

A.  Les  Eumolpides  et  les  Keryces.  A  l’époque  histo- 

Voir  Gruppe,  Orpheus  (Roscher,  O.  c.  p.  1132-1137).  —  U  Plat.  Cratgl. 
400  e;  Phaidr.  62  6;  Gorg.  §  105;  Protag.  p.  272;  Apul.  Apol.  p.  142; 
Paus.  9,  30,  3;  Plut.  De  Pyth.  orac.  p.  668  ;  Euripid.  Hipp.  95t.  —  18  Hé¬ 
rodote  (2,  81)  n'a  pas  ce  sens.  —  19  Pol.  2,  364  e.  —  20  Plut.  Apopht.  la ,  . 
Leotych.  2,  3;  Theophr.  Cliarac.  16.  —  2'  Eurip.  Hipp.  946;  Plut.  Sept.  sap. 
conv.  15,  38;  Plat.  Leg.  6,  782  D;  Hieron.  Ad  Jovin.  2,  p.  206.  Voir 
Lobeck,  L.  c.  p.  244-245.  —  22  Euseb.  Praep.  ev.  5,  5,  189;  13,  12;  Firm. 
Mat.  Astron.  VII  praef.  p.  493.  —  23  Une  des  plus  anciennes  pièces  orphi¬ 
ques  était  une  descente  aux  enfers,  une  xaTiSa/ri;  s!;  "ASau.  —  24  Inscr.  gr. 
Sicil.  et  liai.  638,  642;  Journ.  of  hell.  stud.  3,  114;  Bull.  corr.  hell.  1893, 
p.  177.  M.  Foucart  ( Recherches ,  I,  p.  76-71)  signale  des  analogies  avec  des 
croyances  égyptiennes,  notamment  la  peur  de  la  soif,  la  transformation  du 
défunt  en  dieu.  Gruppe  (Orpheus,  l.  c.  1 124-1131)  signale  des  analogies  entre 
ces  vers  et  d'autres  morceaux  orphiques.  —  25  Contre  Lobeck,  L.  c.  359  et 
Kern,  Hermes,  1889,  498.  —  26  Hymn.  orph.  1,  9  ;  4,  9  ;  6,  11  ;  9,  12  ;  43,  10;  49,  7. 

_ 27  Ditlenberger,  L.  c.  653,  1.  37.  —  2 i  Philosophoum.  p.  144  éd  Miller)  — 

29  Surtout  d'après  Foucart,  Rcch.,  11. 


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rique,  mais  peut-être  seulement  depuis  la  chute  de 
la  royauté1,  ces  deux  familles  sont  maîtresses  des  Mys¬ 
tères2.  Elles  ont  avec  l’archonte-roi,  les  lftéropes  et  les 
quatre  épimélètes[EPiMELETAi,  p.  078-682]  l'intendance  du 
temple,  mais  non  l’administration  de  la  fortune  des  deux 
déesses  qui  appartient  à  des  trésoriers  et  aux  épistates 
d’Eleusis  [epistatf.s,  p.  703] 3  ;  elles  fournissent  les 
spondophores  4;  c’est  en  leur  nom  que  le  hiérophante  et 
le  dadouque  font  la  proclamation  [éleusinia,  p.  536-537], 
invitent  les  villes  helléniques  à  consacrer  à  Déméter  et 
à  Coré  les  prémices  de  leur  récolte  5. 

Les  Eumolpides  [eumolpidai].  Ajoutons  ici  que  les 
Eumolpides  possèdent  seuls  les  objets  sacrés,  xà  tepol,  ont 
seuls  la  liste  des  mystes  admis  à  l’initiation6.  Il  n’est 
pas  prouvé  qu’ils  aient  constitué  un  tribunal  pour  les 
affaires  d’impiété1. 

Les  Keryces  possèdent  sans  doute  un  local  à  Eleusis 
dans  l’enceinte  sacrée  ;  ils  fournissent  pour  les  Mystères 
le  dadouque,  le  hiéroceryx,  leô  Itù  pwgcu  et  un  des  quatre 
épimélètes  8. 

B.  Les  autres  familles  attachées  au  culte,  xôc  ylv-ri  xi. 
-7rept  xw  0£c69.  On  connaît  les  <i>tÀXeï2xi  qui  fournissent 
la  prêtresse  de  Déméter  et  de  Coré,  les  Kpoxomoai 10,  les 
Koipojvioxt,  les  Eùoxvsgot11,  les  'buxaXtoxi 12,  les  BouÇuy*i  '3- 

C.  La  îepi  yepouata,  connue  seulement  par  deux  inscrip¬ 
tions  de  l’époque  impériale  et  dont  on  ne  connaît  ni  la 
composition  ni  la  compétence14. 

D.  Le  hiérophante,  o  t'epocpivx-q;.  Désigné  à  vie  par  le 
sort  dans  la  famille  des  Eumolpides15,  il  peut  se  marier, 
au  moins  jusqu’à  l’époque  des  Antonins16;  il  a  eu,  au 
riioins  depuisla  fin  duiue  siècle  av.  J.-C.,  l’hiéronymat17  ; 
il  porte  pendant  les  cérémonies  la  robe  en  laine  couleur 
de  pourpre  avec  des  broderies  et  le  bandeau  (cxpotptov) 18  ; 
il  dirige  les  Mystères,  envoie  les  spondophores 19,  sur¬ 
veille  la  préparation  des  mystes20,  fait  la  proclamation 
du  concert  avec  le  dadouque21,  prend  une  part  active 
aux  cérémonies  de  l’initiation,  joue  avec  la  prêtresse 
l’union  de  Zeus  et  de  la  déesse,  montre  aux  mystes  les 
objets  sacrés,  dit  les  formules  secrètes.  En  outre,  il 
intervient  dans  les  cérémonies  des  autres  temples 
d’Eleusis,  désigne  les  citoyens  chargés  d’offrir  un  ban¬ 
quet  sacré  à  Pluton,  à  Athènes2-  ;  il  conduit  la  procession 
des  Kalamaia  avec  le  démarque  et  le  collège  des  prê¬ 
tresses  ;  il  annonce  la  fête  des  irpo-ripoffia.  et  assiste  avec 
les  prêtresses  d’Eleusis  à  la  veillée  sacrée23;  dès  le 
vc  siècle  av.  J.-C.,  aux  grands  et  aux  petits  Mystères,  il 
touche  de  chacun  des  mystes  une  redevance  d  une  obole 


par  jour  ;  à  l’époque  romaine,  il  surveille  les  poids  et 
mesures  des  marchands  pendant  la  fête 24  ;  sous  l’Empire, 
il  a  une  place  au  premier  rang  au  théâtre  de  Dionysos  ;  il 
ligure  avec  le  dadouque,  le  b  lui  [îwaio  et  le  hiéroceryx 
parmi  les  àeitxixot  nourris  au  prytanée  ;  il  est  une  sorte 
de  chef  du  culte  et  a  souvent  occupé  les  plus  hautes 
fonctions  publiques25. 

E.  Le  dadouque  [daducues,  t.  II,  p.  24], 

F.  Le  hiérocèryx  (b  îspoxripu!;),  le  héraut  sacré26;  élu  à 
vie  parmi  les  Keryces27,  il  fait  aux  mystes  les  proclama¬ 
tions  nécessaires,  recommande  le  silence,  assiste  à  toute 
l’initiation,  reçoit  de  chaque  myste  une  demi-obole  par 
jour;  il  a  sous  l’Empire  un  siège  au  théâtre  de 
Dionysos  28. 

G.  Le  b  I711  peogeü  [epi  bômô,  t.  II,  p.  659]. 

H.  Le  ,î>ociouvxr1i;  xoiv  Oeoïv,  chargé  de  garder  et  d’entre¬ 
tenir  les  objets  sacrés,  d'annoncer  leur  arrivée  à  Athènes 
à  la  prêtresse  d’Athéna29. 

I.  Le  ’laxy aycüYÔç,  élu  à  vie,  chargé  de  conduire  à 
Eleusis  et  d’en  ramener  le  jeune  Iacchos  [iaccuos]  ;  il  a 
le  titre  de  prêtre  et  un  siège  au  théâtre30. 

J.  Le  if  peu;  Oeoù  xai  6eï;,  qui  a  peut-être  un  rôle  dans 
les  Mystères31. 

K.  Le  Ilavay-/,;,  qui  a  un  siège  d’honneur  au  théâtre, 
mais  dont  on  ignore  les  fonctions32. 

L.  Les  prêtresses.  Il  n’y  a  pas,  comme  on  l’a  cru,  de 
hiérarchie  féminine,  parallèle  à  celle  des  prêtres.  1°  Les 
deux  hiérophantides  (al  iepocpdlvxiSe;),  une  pour  Déméter, 
une  pour  Coré,  choisies  à  vie  parmi  les  Eumolpides33  ; 
on  connaît  surtout  celle  de  Déméter  ;  elle  est  hiéronyme, 
peut  se  marier,  prend  part  à  l’initiation,  a  peut-être  un 
siège  au  théâtre34.  2°  Les  Upeiai  TtavayEï;,  prêtresses 
astreintes  au  célibat  ;  elles  président  au  festin  des 
femmes  pendant  la  fête  des  Ilaloa,  prennent  part  à  la 
procession  des  Kalamaia  et  à  la  veillée  sacrée  du 
7  Pyanepsion  35,  sont  logées  et  entretenues  à  Eleusis  aux 
frais  des  Déesses,  portent  les  objets  sacrés  au  passage 
des  lacs,  le  14  Boédromion 36.  3°  La  prêtresse  de  Déméter 
(■/]  tépsia  xft;  AvjaTjxpo;) 3  ‘ .  Élue  à  vie  parmi  les  Philaides, 
elle  représente  sans  doute  le  plus  ancien  culte  d  Eleusis 
et  habite  dans  l’enceinte  sacrée38  :  elle  préside  à  1  initia¬ 
tion  des  Ilaloa 39  ;  elle  sacrifie  avec  l’hiérophante  aux 
Grandes  Déesses,  célèbre  avec  lui  l’hiérogamie;  égale  a 
l’hiérophante,  elle  a  été  souvent  en  conflit  avec  lui40. 
4°  La  Aasipixi;  [daeirites,  t.  II,  p.  9]41. 

M.  Les  Muy|9!vxs;  àç’laxia;  [ELEUSINIA,  p.  554  A,  557  B, 
558  A] 42 . 


i  Foucart  le  conclut  de  ce  que  le  fondateur  légendaire  d'Ephèse,  An- 
droclès,  fds  du  roi  Codros,  aurait  emporté  les  objets  sacrés  (Slrab.  14,  I,  3). 
_  2  Privilège  confirmé  dans  la  convention  conclue  après  la  chute  des  Trente 
entre  leurs  partisans  réfugiés  à  Eleusis  et  Athènes  (Aristot.  Ath.  pol.  39). 
_  3  C.  i.  att.  4,  p.  199,  1.  31-34.  -  4  Ibid.  2,  C05.  -  S  Ibid.  4,  1,  p.  60. 
_  6  Rev.  ét.  gr.  1893,  p.  330;  C.  i.  att.  4,  597  i,  p.  149;  4,  p.  170, 
n0  c23  c  ]  19  _7  Ap.  Dem.  59,  1 16,  et  Plut.  Alcib.  22,  il  s’agit  des  hél.astes; 

dans  l’affaire  de  Dinarch.  Frayai.  p.  451  et  463,  on  ne  connaît  pas  les  juges  Les 
Eumolpides  avaient  plutôt  l’arbitrage  (Schol.  Dem.  L.  c.  p.  COI,  26).  ^ur  eut 

rôle  dans  le  culte  d’Apollon  délien  et  pylhien,  voir  Foucart,  L.  c.  p.  13-16.  -  »  » 
faut  ainsi  rectifier  l’art,  eumolpidai,  p.  551  B,  n.  4,  d’après  la  nouvelle  lecture  Iule 
par  Foucart,  L.  c.  p.  17-18  de  C.  i.  att.  2,  1345  et  ’E =.%•  1894’  P‘  ’ 
_  io  Paus.  1,  38.  —  11  Lyc.  Fragm.  56,  60.  —  12  Paus.  1,  37;  C.  i.  att.  ,  P-  '  i 

1.21.  _  13  Schol.  Aristid.  3,  473  ;  ’Eo.  ’An.  1900,  p.  74-86.  —  14  C.  i.  att.  3,  702; 

•Ec.  -  A n-  >883,  P-  78.  —  16  Paus.  2,  14;  ’Eo.  ’A?-/..  1883,  p.  81  ;  1895,  p.  ! 
Schol.  de  Palhmos  (Bull.  corr.  helt.  1877,  p.  152).  -  16  Bull,  corr.liell.  89o, 
p  j 28  ;  Paus.  2,  14.  —  U  Lucian.  Lexiph.  10;  ’Eo.  ’AfX.  *883,  p-  79;  C.  i.  a  .  , 
<j00.  —  18  Lys.  6,  51;  Plut.  Alcib.  22;  Aristid.  5  ;  ’Eo.  ’Af/..  1895,  p.  114.  —  ,s>  •  *• 
ntt  A  597  C  —  20  Dio.  Chrys.  17,  273.  —  21  Voir  eleus.nia,  p.  565  A,  et  Foucart, 
L  C  p.  109-111.  -  22  C.  i.  att.  2  ,  948.  -  23  ,bid.  4,  477  c;  ’Eo.  ’A„,  1895,  p.  99. 


—  24  Ditlenberger,  L.  c.  G46  ;  C.  i.  att.  2  ,  476,  1.  48.  —  23  C.  i.  att.  3,  271  et 
index;  Bull.  corr.  hcll.  1895,  p.  113;  ’E=.  A?x-  >895,  p.  114;  Plut.  Num.  9.  Voir 
dans  Foucart,  L.  c.  p.  43-45,  la  liste  des  hiérophantes  antérieurs  à  l’Empire.  -  ^  C. 
i.  att.  4,  1,  p.  133;  Plut.  Alcib.  22;  Xen.  Ilell.  2,  4,  20.  —  21  Pas  de  texte  formel. 

—  23  Sopatr.  p.  116  (Rhet.  gr.  VII,  éd.  Walz);  C.  i.  att.  3,  264;  4,  1,  p.  133,  204, 

1.  98.  _  29  Dittenberger,  L.  c.  032,  1.  17;  C.  i.  att.  4,  1,  p.  133;  Uesych.  s.  v. 
♦«.SfuvTViî.  —  3°  c.  i.  att.  3,  262.  Voir  art.  eledsima,  p.  557  B.  -  31  C.  i.  att.  3, 
1108'  °  add.  p.  352,  n°  1620.  Ap.  Dittenberger,  646,1.  130-134, la  restitution  est  in¬ 
certaine  —  *32  C.  i.  att.  3,  226,  716,  717,  add.  70  a;  Etym.  magn.  s.  v.  (hoW.o;. 
_  33  C’est  certain  pour  la  première,  probable  pour  la  seconde  (Bull.  corr.  hell. 
1895  P  113)  —  34  Phot.  s.  h.  v.  ;  Istros,  Frag.  20  ;  ’Eo.  ’A?X.  1885,  p.  149;  1900, 
n  74-86;  C.  i.  att.  3,  331,  737,  900,  901,  914.  -  3b  Schol.  Lucian.  L.  c.  ;  Dem. 
Frag.  1,  ’Eo.  ’Af7.  1893,  p.  99.  -  36  Dittenberger,  L.  c.  541.  -  37  A  1  époque 
romaine,  à  ET.  ’AK.  1897,  p.  52,  n»  23,  il  y  a  l’addition  :  Kdf,;.  -  »  “■  »• 

att  2  add.  p.  516,  1.  17;  p.  518,  1.  74-75;  4,  p.  200,  1.  93.  -  39  Schol.  Lucian- 
L  c  •  Suid.  s.  v.  Sa,;  C.  i.  att.  4,  p.  198,  834  b.  -  40  Dem.  59,  1 16  ;  Dinarch. 
Fraàm  P  451,  467  (éd.  Didot).  -  *'  Prêtresse  ou  prêtre  d'après  les  manuscrits 
de  Poilu*  (1,  35).  -  42  ’Eo.  ’A W.  1885,  p.  143  ;  C.  i.  att.  2,  1388  ;  3  809,  828  83 
908,  910,  91  1.  D’après  Foucart  (L  e.  p.  97-99),  ces  enfants  représenteraient  la  clé 
symbolisée  par  le  foyer  public. 


MYS 


—  2141 


MYS 


N.  Les  employés  subalternes,  le  vciixofoç  chargé  d'en¬ 
tretenir  le  matériel  du  temple1,  le  7tup^ôpo;  qui  apprête 
et  entretient  le  feu  pour  le  sacrifice  2,  l’OSpavô;  qui 
fournit  l’eau  lustrale  3  [neocoros,  pyrpiioros]. 

O.  L’archonte-roi  avec  ses  deux  parèdres.  Chargé 
spécialement  des  Mystères,  il  a  la  police  de  la  fête4;  au 
retour  d’Éleusis  il  fait  son  rapport  au  sénat,  afferme  les 
domaines  de  Déméter5. 

P.  Les  épimélètes  des  Mystères  [epimeletai  ton  myste- 
riôn,  t.  II,  p.  678  A-682  B]8. 

Q.  L’archonte  éponyme.  Il  dirige  seulement  une  céré¬ 
monie  ajoutée  tardivement  7,  la  procession  au  temple 
d'Asclépios,  les  17-18  Boedromion,  pour  les  Epidauria 
instituées  après  l’arrivée  à  Athènes,  en  421  av.  J.-C  ,  du 
dieu  Asclépios,  appelé  d’Épidaure  par  les  Athéniens  8. 

R.  Les  exégètes  [exegetae,  t.  II,  p.  884].  Outre  les 
trois  exégètes  officiels,  il  y  a  les  trois  exégètes  particuliers 
des  Eumolpides,  qui  figurent  dans  les  cérémonies9. 

S.  Les  éphèbes.  Au  iv°  siècle  les  éphèbes,  cantonnés 
il  Eleusis,  escortent  probablement  les  objets  sacrés  à 
Athènes;  au  u"  siècle,  partant  d’Athènes,  ils  vont  au- 
devantdes  objets  sacrés,  escortentla procession  d’Iacchos  ; 
au  temple  d’Éleusis,  ils  soulèvent  les  bœufs  des  sacrifices 
et  consacrent  une  phiale  aux  déesses10;  sous  l’Empire, 
ils  escortent  les  objets  sacrés  à  l’aller  et  au  retour11. 

T.  Les  hiéropes.  Au  vc  siècle  av.  J.-C.,  ce  sont  proba¬ 
blement  les  hiéropes  d’Éleusis  (oi  ’EXsucavôôsv) 12  ;  plus 
tard,  les  hiéropes  temporaires  chargés  du  sacrifice 
qu’offre  le  sénat13. 

2°  Andania'1*.  —  Les  fonctionnaires  spéciaux  sont  : 

1°  cinq  commissaires  électifs,  chargés  de  recueillir  et  de 
remettre  à  un  épimélète  les  revenus  des  Mystères  ;  2°  dix 
commissaires  électifs,  âgés  de  quarante  ans  au  moins, 
assermentés,  ornés  du  bandeau  de  pourpre,  qui  ont  la 
surveillance  générale  des  Mystères,  jugent,  infligent  des 
amendes  de  vingt  drachmes,  délibèrent  avec  les  hieroi\ 

3°  les  liieroi  (tepoi),  annuels,  tirés  au  sort  parmi  les  plus 
nobles  citoyens,  assermentés,  sans  doute  déjà  initiés, 
ornés  de  bonnets  de  laine  blanche;  aidés  par  le  héraut, 
le  joueur  de  flûte,  le  devin,  l’architecte,  ils  gardent  la 
cassette  des  livres  rituels,  font  observer  les  règlements, 
fouetter  et  expulser  les  contrevenants,  avec  l’aide  de 
vingt  d’entre  eux,  choisis  comme  paêoo^ôpoi,  jugent  les 
délits  commis  pendant  les  fêtes  ou  au  marché,  vérifient 
les  victimes  fournies  par  les  entrepreneurs,  les  fourni¬ 
tures  pour  les  bains,  règlent  la  construction  des  trésors, 
l’emplacement  du  marché  ;  4°  les  hierai  (i'epxi),  femmes 
mariées,  tirées  au  sort  par  le  gynaeconome,  ornées  du 
bonnet  de  laine  blanche  et  dont  le  costume  ordinaire  ne 
doit  pas  valoir  plus  de  deux  mines.  A  côté  d’elles,  il  y  a 

1  C.  i.  att.  4,  834  ê,  col.  I,  1.  4(i.  —  2  Poil.  1,  25;  E®.  Aoy.  1000,  p.  74- 
gfi.  —  3  Hesycli.  s.  h.  v.  -r-  4  Aristot.  Ath.  Pol.  57;  Lys.  fi,  4.  11  est 
peu  probable  qu’il  ail  interdit  les  Mystères  aux  gens  indignes;  le  texte  de 
Pollux  (8,  90)  n’est  que  le  résumé  d’Aristot.  Ath.  Pol.  57.  —  B  Andoc. 
1,  111;  Aristot.  L.  c.  47;  C.  i.  att.  4,  p.  32,  1.  25;  p.  199,  1.  30-33.  —  «  M.  Fou- 
cart  (L.  c.  p.  76-79)  croit  qu’il  y  en  a  toujours  eu  quatre.  —  7  Aristot.  L.  c.  56,  4. 
_ s  Voir  Girard,  L’Asclepieion  d' Athènes,  p.  43;  Foueart,  L.  c.  p.  115-120;  I  an¬ 
cienne  opinion  sur  l’origine  des  Epidauria,  d  après  Philostr.  Vit.  Apoll.  4,  17-18 
(ei.f.usinia,  p.  566  B),  a  été  renversée  par  les  inscriptions  de  l’Asclépieion  qui  indi¬ 
quent  l’arrivée  d’Asclépios  le  1"  Boédromion  421,  l'hospitalité  qu'il  reçoit  des 
Déesses,  la  construction  d'un  hiéron  et  d’une  enceinte  sacrée  par  un  certain  Télé- 
machos.’ etc.  (C.  i.  att.  2,  1442,  1649,  1650;  Ath.Mittlu  1896,  p.  314).  —  9  C.  i. 
att.  2,  834  b,  add.  p.  516.  -  l»  Ibid.  2,  467,  468,  470  ;  4,  1,  p.  64,  1.  21.  -  u  Ibid. 
3,  5;  Dittenbcrger,  L.  c.  652.  —  12  Dittenberger,  L.  c.  640,  1.  119.  — 13  C.  i.  att.  2, 

g-2  _  14  Note  50.  P.  2136,n.  8.  — 15  On  trouve  aussi  :  oî  tiIoùhevoi  à  Andania  ; 

pà*/oÇ, l’initié  de  Bacchus  (Schol.  Ariutoph.  Eq.  408).  L’àç/aïo;  d  ulle  inscrip¬ 

tion  de  Magnésicesl  peut-être  sur  épx’t ^atr,((Jtev.  ét.  gr.  1890,  p.  352).  A  L.i.  gr. 

VI. 


des  jeunes  filles  appelées  aussi  iepat',  dont  le  costume 
ne  doit  pas  valoir  plus  de  cent  drachmes.  Elles  ne 
doivent  avoir  pendant  la  procession  ni  bijoux  d  or,  ni 
fard,  ni  bandeau,  ni  cheveux  relevés,  ni  chaussures 
autres  qu’en  feutre  ou  faites  avec  le  cuir  des  victimes  ; 

3°  le  gynaeconome;  6°  l’agoranome  urbain,  qui  a  la 
police  du  marché,  des  eaux,  des  bains,  l’inspection  des 
tentes.  A  la  procession  prennent  part  le  prêtre  et  la 
prêtresse  des  Grands  Dieux,  l’agonothète,  les  sacrifica¬ 
teurs,  les  joueurs  de  flûte,  les  liieroi ,  les  hierai  des  deux 
catégories,  la  Qotvafgdaxpta  et  ses  aides,  chargées  de  pré¬ 
parer  le  banquet  sacré  de  Déméter,  une  prêtresse  de 
Déméter  ’  tTrrc&opôpp.  la  prêtresse  de  Démeter  à  Aigila. 

IX.  Conditions  de  l'initiation.  —  Le  nom  générique 

du  candidat  à  l’initiation  est  [lûct t]ç15.  En  général,  il  y 
a  deux  degrés,  la,  simple  et  Yknoivzdct  (d’où 

£77077X7,1;),  séparés  par  un  intervalle  plus  ou  moins  long. 
Pour  Éleusis,  Samothrace  et  les  Mystères  d’isis,  nous 
renvoyons  aux  articles  eleusinia  (p.  556-558)10,  cabiri,  isis. 
On  a  vu  dans  les  thiases  des  77axpop.ô<7xo(i.  A  Andania,  il 
y  a  des  7tpwxo[2.û<îxat  qui  paient  une  redevance,  portent  un 
bandeau  en  cuir  doré  ou  une  couronne  de  laurier;  les 
mystes  hommes  sont  pieds  nus  et  en  habits  blancs  ;  les 
vêtements  des  femmes  ne  doivent  pas  valoir  plus  de 
cent  drachmes,  ceux  des  petites  filles  plus  d’une  mine, 
ceux  des  esclaves  plus  de  cinquante  drachmes.  Partout  des 
mystagogues1  ‘  (g<j<7xaY«yot,  d’où  pu£tv,  jj.u<7xo(ywY£ÏV  i  à 
Thèbes,  18  donnent  une  instruction  prépara¬ 

toire.  A  Andania  il  y  a  une  liste  officielle  de  mysta¬ 
gogues.  A  Éleusis  ce  sont  exclusivement  des  Eumolpides 
et  des  Keryces19;  mais  tout  Athénien  déjà  initié  peut 
sans  doute  recommander  un  étranger20.  Le  mystagogue 
n’indique  probablement  que  le  cérémonial,  les  réponses 
à  faire.  Pour  les  conditions  de  l’initiation  à  Éleusis, 
Samothrace  et  dans  les  Mystères  d’isis,  nous  renvoyons 
aux  articles  eleusinia  (p.  556-538),  cabiri,  isis.  On  trouve 
partout  :  1°  des  observances  diététiques,  fondées  sur  des 
idées  mystiques,  soit  avant,  soit  pendant  les  Mystères, 
l’interdiction  de  certains  aliments,  en  particulier  des  fèves 
et  des  légumes  analogues21;  2°  l’obligation  du  secret. 

X.  L'initiation™.  —  Elle  alieu  partout  dans  des  locaux 
spéciaux,  xsXecxvipiov,  àvaxxopov,  parfois  pieyapov  [cabiri, 
eleusinia,  p.  558B-563A].  Elle  comprend  quatre  parties 
essentielles 23  ’.  1°  la  purification,  xâQocpat;  ;  2°  les  rites  et 
sacrifices  qui  accompagnent  l’initiation,  cdçxacK;  ;  3°  l’ini¬ 
tiation,  xeXexYj,  jjLÛ7)ffn;;  4°  l’époptie,  £~o7txeta. 

1°  La  purification.  Elle  est  partout  nécessaire,  soit 
pour  aborder  les  Mystères  avec  la  pureté  nécessaire,  soit 
pour  échapper  aux  conséquences  des  mauvaises  actions24. 
A  Samothrace  il  y  a  en  outre  une  confession. 

1207-1211  et  Le  Bas-Waddingloil,  O.  c.  Pélop.  159  e,  il  y  a  peut-être  des  listes  d’initiés 
de  Déméter  à  Hermione.  U  y  a  peut-être  des  figures  symboliques  d’initiées  sur  un 
bas-relief  de  Lerné  (Le  Bas-Waddington,  L.  c.  42).  —  16  11  n’est  pas  probable  que  les 
mystes  d’Éleusis  aient  payé  une  redevance  à  l’État  au  iv»  siècle  av.  J.-C.  — 17  Mot 
appliqué  aussi  aux  périégètes  qui  montraient  les  curiosités  (Strab.  17,  812;  Cic. 
Verr.  4,  50,  59).  —  18  In.  gr.  sept.  2428.  —  19  C.  i.  att.  4,  1,  1,  1.  35.  —  20  Ainsi 
s'expliquent  Dem.  59,  21,  et  Andoc.  1,  132;  Andocidc  n’élait  pas  un  Keryce.  — 
21  Plut.  Q.  rom.  95;  Artemid.  1,  65,  p.  58.  Voir  Lobeck,  p.  247-249.  —  22  Clem. 
é’tfx.  L.  c.  ;  Tertull.  Adv.  nat.  1,  51;  Apol.  p.  8;  Plut.  De  educ.  14;  Philostr. 
Vit.  Apoll.  1,  15,  17;  Jambl.  Vit.  Pyth.  17,  152;  Gregor.  Nazian.  Or.  33,  532  c; 
Macrob.  Somn.  1,  2,  19;  Firm.Mal.  Astrol.  7.  — 23  Athen.  2,  p.  40  D;  Hermias, 
Schol.  in  Plat.  Phaidr.  30,  p.  158.  Dans  Théo.  Smyrn.  [Matliem.  1,  p.  18)  la 
quatrième  partie  est  probablement  la  collation  de  grades  dans  les  thiases,  la  cin¬ 
quième  est  le  bonheur  donné  par  l’époptie.  —  24  Le  texte  (C.  i.  att.  4,  1,  p.  60, 
1.  35)  prouve,  contre  Lenormant  (eleusinia,  p.  565  B-566  A)  qu’à  Éleusis  les  mystes 
sortaient  non  par  la  Voie  Sacrée,  mais  vers  la  route  de  Phalère  pour  aller  se 
purifier  non  dans  les  lacs,  mais  dans  la  mer. 


269 


MYS 


—  2142  — 


MYS 


2°  La  ffûcTXffi;.  Elle  se  compose  de  sacrifices,  de  pro¬ 
cessions,  de  chants,  de  danses  qui  ont  lieu  soit  avant, 
soit  pendant,  soit  après  les  Mystères,  avec  un  caractère 
orgiastique,  modéré  dans  les  Mystères  grecs,  désordonné 
dans  les  Mystères  orientaux1.  Dans  la  dernière  période 
on  ajouta  des  tauroboles  en  différents  endroits  2. 

3°-4°  L’initiation  etl’époptie,  qui  ont  lieu  généralement 
la  nuit.  Il  est  probable  qu’il  y  avait  des  mots  de  passe, 
des  signes  de  reconnaissance,  surtout  pour  l’époptie 
(signa,  symbola ,  monument  a) 3  [eleusinia,  p.  571]. 

Les  spectacles  et  les  enseignements  des  nuits  mysti¬ 
ques  se  ramènent^  d’après  les  textes,  à  trois  parties  :  va 
Spa>|A£va,  tï  oEixvôp.£va,  xx  7,£yop.sva,  les  actes,  les  exhibi¬ 
tions,  les  paroles. 

A.  Les  actes.  —  Une  première  catégorie  comprend 
d’abord  le  spectacle  essentiel,  le  drame  mystique,  la 
représentation  symbolique  de  la  légende  divine  [IS1S 
eleusinia,  p.  577-579].  Nous  ne  savons  pas  exactement 
en  quoi  ce  drame  diffère  de  la  légende  populaire  connue. 
On  a  essayé  sans  succès4  de  prouver  pour  Eleusis  que 
certains  détails,  par  exemple  les  bons  offices  rendus 
par  les  gens  d’Eleusis  à  la  déesse,  l’épisode  de  Celeus, 
la  mission  de  Triptolème,  étaient  les  traits  particuliers 
qu’on  ne  devait  pas  divulguer  :  tout  cela  était  fort  connu. 
Les  représentations  étaient  mimiques;  les  acteurs 
paraissent  avoir  été  les  prêtres  et  les  prêtresses  b ;  à 
Andania  les  Lierai  représentent  les  déesses;  à  Eleusis, 
le  hiérophante  joue  un  rôle  en  plusieurs  circonstances, 
notamment  dans  l’hiérogamie  qu'il  célèbre  avec  la  prê¬ 
tresse  de  Déméter.  En  second  lieu,  il  y  a  des  actes  sym¬ 
boliques,  commémoratifs,  exécutés  par  les  initiés.  On 
a  vu  ceux  des  thiases  et,  dans  les  cultes  de  Déméter  et 
de  Cybèle,  les  formules  qui  indiquent  la  prise  en 
commun  d’une  collation. 

B.  Les  exhibitions ,  soit  des  objets  sacrés,  soit  des 
spectacles  des  enfers.  —  L’exhibition  des  objets  sacrés 
(xà  Upà,  àirôp^xa)  est  la  partie  la  plus  importante, 
puisque  c’est  de  là  que  venait  le  nom  de  l’hiérophante 
(ô  leptt  (paivwv)  •.  Il  y  a  probablement  deux  catégories 
d’objets  sacrés,  d’un  côté  les  attributs  ordinaires  connus 
et  de  l’autre  les  statues  mystérieuses  inconnues  '.  A 
Eleusis,  les  attributs  sont  les  objets  que  renferment  le 
calatho's  et  la  ciste,  et  sans  doute  aussi  la  cymbale,  le 
kernos  [eleusinia,  p.  569  B]  ;  dans  le  culte  de  Dionysos,  les 
serpents,  le  thyrse,  la  nébride,  le  phallus,  la  pomme,  la 
balle,  le  disque,  la  toupie,  etc.;  dans  les  Mystères  de 
Thétis,  l’origan,  la  lampe,  l’épée,  le  ctéis;  on  a  vu  ceux 
de  Cvbèle  et  d’Attis.  Plus  importantes  sont  les  statues, 
enfermées  en  temps  ordinaire  dans  les  chapelles  et 

;  *  sr.£‘ “ 

zz&w-r»  T_  - 

de  plus  (Co/p.  p  140;  Firm.  Mat.  De  err.  prof.  rehg.  p.  10; 

p1  "  Mü  ior  4  2,  25  (Mystères  de  Dionysos).  —  +  Foucart,  -ffecA.  , 

p,au  .  A/'L  glor.  4  .  P,aCp.  eu.  3,  117)  n'es  qu  une 

interprétation  cosmogonique  de  l'initiation  ;  il  compare  l^oph^e  au  dé=, 
ï Souque  au  soleil,  Fépibomios  5  la  lune,  le  h^roceryx  a  ie, ur  .  -  ***£; 
V«.  *»«•  4,  .3,  156  ;  , limer.  ^^Zdoc.  1, 

Î or.  *7.  762;  Aelian.  Frag. 

x":  -  T 

O-  16,  «61  Sopjt.  ****-%  3,  P-  B’’ 

ÜA'ÏÆ  Ur.  *01  Pragm.  in  Slob.  ™r.  ISO.  »  1  Ap-1.  Met.  H, 


portées  sous  des  voiles  dans  les  processions  \  C’est  à 
ces  statues  que  se  rapportent  la  plupart  des  textes  sur  les 
visions  des  nuits  mystiques,  sur  les  cpxo-gaxx  que 
les  hiérophantes  montrent  éclairés  par  une  vive 
lumière9. 

D’autre  part,  on  reconnaît  aujourd’hui  que  les  Mystères 
en  général  devaient,  par  l’initiation,  donner  l’assurance 
du  bonheur  dans  l’autre  vie.  La  plupart  de  nos  textes, 
depuis  l’hymne  à  Déméter  jusqu’à  ceux  de  la  plus 
basse  époque,  ne  se  rapportent  guère  qu’à  Eleusis 10  ;  mais 
on  peut  leur  attribuer  une  extension  générale.  Or  les 
réflexions  et  les  impressions  provoquées  par  les  repré¬ 
sentations  et  les  visions  n’eussent  pas  suffi  à  donner 
aux  mystes  la  confiance  nécessaire.  Plusieurs  textes11 
prouvent,  pour  les  Mystères  de  Déméter  et  d’Isis,  une 
représentation  des  enfers,  une  promenade  des  initiés  au 
monde  souterrain  :  il  devait  y  avoir  dans  une  première 
partie  la  descente  aux  enfers,  la  marche  dans  les  ténèbres, 
au  milieu  des  monstres  ;  dans  une  seconde  partie,  par 
une  brusque  transition,  l’arrivée  au  séjour  des  immortels 
dans  la  lumière.  Mais  ce  spectacle  n’était  sans  doute 
encore  qu’une  partie  de  la  révélation  et  la  moins  secrète, 
puisque  Lucien  12  et  Aristophane 13  ont  pu  dans  une 
certaine  mesure  la  reproduire;  elle  de\ait  comporter 

des  paroles,  des  explications. 

C.  Les  paroles. —  On  reconnaît  généralement,  aujour¬ 
d’hui  qu’il  n’y  avait  pas  dans  les  Mystères,  à  l’époque 
classique,  d’enseignement  dogmatique.  Les  rites,  les 
spectacles  provoquaient  des  impressions  religieuses  et 
constituaient  seulement  un  enseignement  symbolique 
dont  le  fond  était  la  croyance  à  l’immortalité  de  l’âme1''. 
Rappelons-nous  d’autre  part  que  les  Grecs  attribuaient 
à  l’initiation  le  pouvoir  de  faire  revenir  les  initiés  des 
enfers 1(i.  Les  paroles  mystérieuses  des  hiérophantes 11 
sont  donc  probablement,  non  pas  des  hymnes18,  mais 
des  formules  empruntées  au  Livre  des  Morts  égyptien, 
analogues  à  celles  des  rituels  orphiques,  qui  donnaient 
•  des  indications  précises  pour  le  voyage  aux  enfers  et  les 
moyens  d’y  échapper  à  tous  les  dangers 1J. 

L’hiérophante  possédait-il  une  doctrine  plus  ele\ee. 
Il  connaissait  certainement  mieux  que  la  masse  des 
initiés  le  sens  symbolique  des  légendes-9;  mais  nen 
n’autorise  à  lui  attribuer  pour  l’époque  classique  une 
doctrine  ésotérique  complète.  C’est  seulement  plus  tard 
qu’il  put  l’acquérir,  comme  nous  l’avons  vu,  à  1  époque 
du  syncrétisme  religieux  et  philosophique,  à  a-t-i  eu  en 
outre,  dans  les  Mystères,  un  enseignement  moral  .Nous 
savons  seulement  qu’il  y  avait  quelques  préceptes 
morale  écrits  dans  le  temple  d’Eleusis 21 .  Ch.  Lfxrivain. 

p.  366 ;  Dio  Chrys.  il,  p.  387.  -  »  Catajl  22.  -  «  *«»■ 

Lu  Contre  les  anciennes  théories  de  Warburton  ^  '  ^ 

lot.  in  Syn.  Oral.  p.  48;  Gale,,  De  !*>  P 25  ;  Plat. 

Voir  l'art,  eleusinia,  p.  574-575.  -  1^  bunpid.  Ha  /  •  ■ 

.  .  .  _  p  ,,8  0  50;  Philos tr.  Vit.  soph.  2,  20,  p.  -ai, 

'  ,  ;L3  p  ao  -18  Hypothèse  de  Prcller,  L.  c.  A  après  Luc.-n, 

3,  713;  E».  A n.  1883,  p.  31.  »  _  20  Thcodor.  L.  c. 

Pseud.  38.  -  19  voir  Foucarl,  ^«re,  L  p.  Recherche"* 

—  21  Micron.  In  Jovxn.  2,  14,  34  .  1BI'10']1'  _  c[euzer  S  i, mbolik  und  AI  y  tha¬ 
ïes  Mystères  du  paganisme,  -•  éd  ans,  i  ^  1829  ;  Guigniaut,  Jieli- 

logie,  trad  Guigniaut  ;  Lobock  g  aop  ■  (  ^  sw,  les  Mystères  de 

nions  de  l  antiquité,  t.  Kl,  3  pai  -  P-  g  t  XXl,  2°  part.); 

lu  Grèce  en  général  (Mém.  de  VAcad.  Inscr e  j «lles-l  •  _  ' Encyclop.)  ;  Fre.ler, 
Otlfried  Müller,  Orchomenos,  p.  453  ■  ^  Hist,  des  religions  de 

Mysteria  (Paulij  s  Dcal-  °P’  V'  »97_380’.  t.  111,  p.  66-337  ;  Mommsen,  Die 

la  Grèce  antique ,  Paris,  18.V7,  t.  ,  P-  ,ean  Réville,  La  religion  a 

Peste  der  Stadt  Athen  im  Altertum  lcip^  ^  ^  ^  S(aats. 

Dôme  sous  tes  Sévères,  Taris,  188 P.  „  .]  v  3  p.  (16-126);  Lang. 
altertliümer  ( Handb .  der  klass.  Mtertums-Missens.  v,  ,P 


—  2143  — 


MYS 


MYS 

MYSTRUM,  MûffTfov.  —  Mesure  pour  les  liquides.  Le 
nom,  qui  signifie  cuillère,  indique  un  emploi  analogue 
à  celui  du  cochlear  pour  de  petiles  quantités,  particuliè¬ 
rement  dans  1  usage  de  la  médecine.  Le  mystron  valait 
le  double  du  cochlear  et  la  moitié  du  cyathus.  Mais  on 

Mythologie,  Muai  and  Religion,  Londres,  1887  ;  Dielil,  Excursions  archéologiques 
en  Gièce,  Paiis,  1890,  p.  277-309;  Rubensolin,  Rie  Mysterienheiligthmner  in 
Eleusis  und  Samothrake,  Berlin,  1892;  Preller-Robert,  Griech.  Mythologie, 
4“  éd.  Berlin,  1894,  t.  1,  p.  749,  847-804;  TôplTer,  Attische  Généalogie,  Berlin, 
1889  ;  Foucart,  Des  associations  religieuses  chez  les  Grecs,  Paris,  1873  ;  Recherches 
sur  l’origine  et  la  nature  des  Mystères  d'Éleusis;  les  Grands  Mystères  d'Éleu- 
sis,  personnel,  cérémonies  ( Extrait  des  Mém.  de  l’Acad.  des  Inscr.  et  belles- 


rencontre  des  évaluations  différentes  et  aussi  la  distinc¬ 
tion  d’un  giya  /xvffxpov  et  d’un  g.ôsTpov  pixpiv  ou  puxpôxEpov, 
qui  doivent  provenir  d’anciens  systèmes  égyptiens 
introduits  par  les  médecins  alexandrins  dans  la  pratique 
des  Grecs1.  E.  S. 

lettres,  189G,  t.  XXXV,  2,  p.  1-84;  1900,1.  XXXVIl.p.  1-130);  Gruppe,  Die  griech. 
hutte  und  Mythen,  I,  Leipzig,  1887  ;  Rosclier,  Lexi/c.  der  griich.  und  rom. 
Mytholog.  art.  Dionysos,  p.  1085-1080  ;  Kora  und  Demeter.  p.  1284-1379;  Mega- 
loi  Theoi,  p.  2522-2541  ;  Orpheus,  p.  1090-1113  ;  Schoemann-Lipsius,  Griech.  Alter- 
tliümer,  Berlin,  1902,  II,  p.  212-214,  377,  378-419. 

MYSTRUM.  l  Pour  plus  de  détails,  voir  Hultsch,  Griech.  und  rôm.  Métrologie ■ 
2e  éd.  p.  G3G  scj. 


8348-00.  —  Corbeil,  Imprimerie  Éd.  CrétiL 


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